Philippe Ridet (Rome, correspondant) La silhouette reste élancée, mince, sèche. L’habit noir comme il se doit. Le cheveu légèrement teint. Phil Manzanera, 64 ans, né Philip Geoffrey Targett-Adams à Londres, il y a 64 ans, a été pendant dix ans le guitariste du groupe de art rock (ou glamrock pour certains), Roxy Music, fondé par Brian Ferry et Brian Eno. Anglais par son père, colombien par sa mère, il n’en finit pas d’explorer le métissage de ses origines et de sa musique. Ayant vécu à Cuba, à Hawaï, au Venezuela, il sait faire jongler salsa, rock’n’roll et meringue.Comme si cela ne suffisait pas, il a appris récement qu’un de ses grands-pères, musicien à Londres au début du siècle dernier, était originaire de Naples. Une influence de plus. Qu’il va pouvoir développer à sa guise en devenant Maestro Concertatore, autrement dit directeur musical du 18e festival La nuit de la tarentelle, du 4 au 22 août, dans les Pouilles. Un événement dont le concert final, à Melpignano (2 000 habitants) attire chaque année 150 000 personnes ferventes, entre bougeotte et transe. La tarentelle est une danse censée imiter et/ou conjurer les effets de la morsure d’une tarentule.Orchestre de 90 musiciens« Je n’en avais jamais entendu parler, avoue le guitariste, de passage à Rome, vendredi 27 mars pour rencontrer la presse. J’ai commencé à écouter la pizzica [la musique très rythmée qui accompagne les danseurs]. Je suis tombé sous le charme. J’ai tout de suite donné mon accord aux organisateurs. » « Et puis, ajoute celui qui a produit aussi bien Steve Winwood, John Cale ou le Pink Floyd tardif, comment résister à l’honneur d’être appelé  Maestro ? » Un honneur qu’ont connu avant lui Stewart Copeland, le batteur de Police, le compositeur Goran Bregovic ou le pianiste Ludovico Einaudi.Le guitariste va devoir faire travailler l’orchestre de 90 musiciens à raison de quatre jours par mois jusqu’à l’ouverture du festival. Il dit vouloir, à cette occasion, lancer un pont entre la Pizzica, dont les origines se confondent avec celles de la Grèce antique, et les musiques d’Amérique latine qu’il connaît bien. « Mêler les cultures aide à savoir d’où l’on vient  ».Identité ouverteLe métissage est justement le credo de cette manifestation devenue une des plus populaires d’Europe, comme l’a rappelé le président du conseil régional des Pouilles, le charismatique et atypique Nichi Vendola (communiste, catholique, militant homosexuel et discoureur logorrhéique) qui achève son deuxième et dernier mandat. « Nous avons choisi notre programme comme un miroir. La tarentelle est la revendication d’une identité ouverte, curieuse. Une fête des différences. Le Maestro doit en tenir compte. »Mais tiendra-t-il la guitare, au moins au cours du concert final ? « J’espère bien, répond Phil Manzanera, je ne vois pas comment on pourrait m’en empêcher ». Après tout, il est le nouveau Maestro Concertatore !Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.03.2015 à 12h20 • Mis à jour le27.03.2015 à 16h24 | Guy Dutheil La facture du crash de l’Airbus risque d’être lourde pour la Lufthansa, maison mère de la Germanwings. Enfin surtout pour le pool d’assureurs de la compagnie allemande. Même si la Convention de Montréal de mai 1999 plafonne l’indemnisation des victimes à environ 145 000 euros par personne, Allianz et les autres assureurs devront s’acquitter d’un total de près de 21 millions d’euros pour la mort des 144 passagers, mardi dans les Alpes-de-Haute-Provence.Allianz, chef de file du pool des assureurs de la Lufthansa, a déjà versé à la compagnie, mercredi 25 mars, tout juste vingt-quatre heures après le drame, six millions d’euros d’indemnités pour la perte de l’Airbus A320, un appareil sorti des chaînes de Toulouse en 1991.Un risqueMais, estiment certains avocats, Germanwings et Lufthansa pourraient avoir à débourser des sommes bien supérieures aux indemnités de base. Notamment s’il est prouvé que les compagnies allemandes, la maison mère et sa filiale, ont failli dans l’exécution de leur mission. Des familles de victimes pourraient s’adresser à la justice pour comprendre pourquoi le copilote Andreas Lubitz a pu rester seul dans le cockpit. Toutefois, selon la réglementation aérienne allemande en vigueur, les pilotes ont l’autorisation de s’absenter à certains moments, notamment pour aller satisfaire des besoins naturels.Lire aussi :Crash de l’A320 : l’hypothèse de l’acte volontairePour d’autres experts en revanche, les assureurs de la Lufthansa n’auront rien de plus à payer que les indemnités prévues. Sauf, ajoutent-ils, si des familles de victimes, par exemple, réussissent à prouver que la compagnie savait que son copilote pouvait représenter un risque. Une accusation potentiellement plus coûteuse pour la Lufthansa notamment après que la presse allemande a révélé, jeudi 26 mars, qu’Andreas Lubitz aurait traversé, il y a quelques années un épisode dépressif lourd. Le copilote aurait, à l’époque, arrêté alors sa formation de pilote pour ne la reprendre que plusieurs années après. M. Lubitz a été recruté par la Germanwings en septembre 2013.Lire aussi :Le copilote de la Germanwings aurait subi une grave dépressionGuy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.03.2015 à 11h36 • Mis à jour le27.03.2015 à 13h01 | Guy Dutheil Les conditions du crash de l’A320 de la Germanwings n’ont pas vraiment surpris les pilotes. Quand, en 2001, après les attentats du 11-Septembre, les autorités américaines ont imposé à toutes les compagnies aériennes de nouvelles mesures de sécurité pour restreindre l’accès au cockpit des avions, notamment des portes blindées dotées de codes de sécurité, « c’est même la première chose à laquelle ils avaient pensé », affirme Patrick Magisson, commandant de bord sur A320 chez Air France et également pilote instructeur.Ces dispositions ont « inversé » la logique qui prévalait « depuis les débuts de l’aviation », déplore-t-il. Avant le 11 septembre 2001, « la sécurité » des passagers primait sur « la sûreté » de l’avion. Selon M. Magisson, « les portes et leurs systèmes de sécurité, tels qu’ils ont été conçus, ont inversé cette priorité ». Depuis 2001, c’est « la sûreté » de l’avion qui l’emporterait. Un retournement qui avait été « dénoncé à l’époque par la fédération internationale des syndicats de pilotes de ligne », se souvient M. Magisson.Après le drame de la Germanwings, les pilotes pourraient donc obtenir gain de cause. Très souvent, « les accidents majeurs d’avion ont donné lieu par le passé à des évolutions réglementaires, rappelle la Direction générale de l’aviation civile. Mais tout dépendra des résultats de l’enquête menée par le Bureau d’enquêtes et d’analyses [BEA] ».« Changement de procédures »Sans attendre les conclusions du BEA, de nombreuses compagnies aériennes et des fédérations et syndicats de pilotes exigent déjà la présence en permanence de deux personnes dans le cockpit des avions pendant les vols. En pratique, lorsque l’un des deux pilotes sortira du cockpit, il devra être remplacé, pendant son absence, par un stewart ou une hôtesse. Jeudi 26 mars, la fédération allemande du secteur aérien (BDL) a fait savoir qu’elle réclamerait la mise en œuvre de la « règle des deux personnes dans le cockpit ». Certaines compagnies ont même décidé de passer immédiatement à l’acte.Comme souvent, ce sont les transporteurs à bas coûts qui sont les plus rapides à réagir. Norwegian Airlines et easyJet ont ainsi annoncé, dès jeudi 26 mars, « un changement de procédures ». A partir de vendredi 27, ces deux concurrentes de la Germanwings ont décidé que « deux membres de l’équipage seront présents en permanence dans le cockpit » des avions pendant les vols. Elles ont été imitées par la compagnie régulière islandaise Icelandair.Lire aussi :A320 : des failles dans le suivi psychologique des pilotes ?Au Canada, c’est le gouvernement fédéral qui a décidé, jeudi, d’imposer, avec effet immédiat pour toutes les compagnies aériennes du pays, la présence de deux personnes en permanence dans le cockpit. Aux Etats-Unis, en revanche, le maintien de deux personnes dans la cabine de pilotage « n’est pas systématique », explique M. Magisson. Il n’est obligatoire que dans les avions qui ne disposent pas de porte de cockpit blindée.De son côté, Air France signale qu’elle exploite ses avions « conformément aux règlements de l’Agence européenne de la sécurité aérienne en vigueur ». Toutefois, si la réglementation venait à changer, notamment avec l’obligation de faire venir un personnel navigant commercial dans le cockpit à chaque sortie d’un pilote, la compagnie s’adaptera. Si bien sûr les nouvelles dispositions ne fragilisent pas, par ailleurs, la sécurité du vol.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kn0ph"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kn0ph", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Jacqué L’usine automobile conjointe de PSA et Mitsubishi en Russie a annoncé, vendredi 27 mars, la prochaine suspension de sa production et la suppression d’une centaine de postes. L’usine de Kaluga, au sud de Moscou, « suspend la production des modèles Citroën C4 Sedan et Peugeot 408 du 27 avril au 10 juillet 2015 » et « celle des véhicules tout terrain (Mitsubishi Outlander et Pajero Sport) jusqu’au 12 mai », selon un communiqué de la coentreprise.Après l’annonce du retrait d’Opel et de Chevrolet de Russie, mi-mars, ainsi que celui de Seat, c’est un nouveau coup dur pour l’automobile russe, en pleine bérézina… Les perspectives sur le marché russe « ne sont pas bonnes, non seulement à court terme mais aussi à moyen et long terme », expliquait mi-mars, le patron d’Opel, Karl-Thomas Neumann, dans une interview au journal allemand Handelsblatt.Lire aussi :Opel se retire de RussieLes ventes de la filiale de GM se sont effondrées de 86 % en février par rapport au même mois de 2014. Depuis le 1er janvier, la chute s’établit à 82 % (sur un an) pour un marché russe qui est globalement en repli de 32 % ; cette année, la marque a écoulé 1 900 véhicules, contre plus de 10 000 un an plus tôt…C’est que le marché russe est habitué aux soubresauts depuis le début des années 2000. En 2005, le marché, qui était en train d’exploser, avait déjà connu un important trou d’air. En 2012, alors que le pays affichait 2,9 millions d’immatriculations, les analystes prédisaient que la Russie allait dépasser, en 2015, le marché allemand, où il s’immatricule 3,2 millions de voitures. À cette date, les constructeurs envisageaient 3,5 millions de ventes à l’horizon 2015.Las, la crise en Ukraine et la chute du prix du pétrole, l’une des principales ressources en devises du pays, ont plongé l’économie russe dans le chaos. Le secteur automobile a été l’un des premiers à souffrir de l’inflation galopante du rouble. Après une baisse de 5 % des ventes en 2013, à 2,8 millions d’unités, le marché s’est encore contracté de 10 % en 2014, à 2,5 millions d’unités.« Il ne faut pas quitter le pays dans la tempête »Dans ce contexte, tous les constructeurs réduisent leur exposition au marché. L’alliance Renault-Nissan (dont les ventes ont chuté de 25 % en deux mois), qui détient AvtoVAZ, le constructeur de Lada, a décidé de suspendre la production quelques semaines sur ses sites le temps d’écouler les stocks. De plus, le groupe poursuit la restructuration à marche forcée de sa filiale russe avec le départ programmé de 1 100 cadres en 2015.Volkswagen (− 27 %) a aussi mis entre parenthèses la production et tente de conserver sa part de marché, en baissant ses ventes dans les limites du marché. Mais Seat a déjà annoncé son retrait du marché, trop difficile pour une marque importée.Ford (– 70 %) ou Toyota (– 27 %) font pour l’instant le gros dos. « Nous cherchons à maintenir notre performance malgré l’effondrement du marché, explique Didier Leroy, chargé de la zone pour Toyota. Nous allons poursuivre les investissements dans notre usine de Saint-Pétersbourg en 2015 afin de préparer le lancement de notre Rav4, un SUV, en 2016. » Ford a également annoncé la multiplication de nouveaux modèles pour sauvegarder son ancrage russe.Le plus offensif reste le groupe Hyundai-Kia. Depuis le début de l’année, les deux marques ont multiplié les rabais et ramasser pas moins de 7 points de parts de marché. Depuis le début de l’année, le groupe sud-coréen détient 20,1 % du marché, contre 13,1 % sur la même période de 2014. Malgré l’inflation, les ventes de Hyundai ont augmenté de 4 %, tandis que Kia reculait de 2,4 % pour un marché en chute de 38 %… Autres groupes en progression, à rebours du marché : Mercedes et BMW, les deux marques consolident leur position.Désormais, pour 2015, Opel attend un marché russe à 1,5 million d’unités, moitié moins qu’en 2012… « Il est très volatil. Il peut baisser énormément très vite et remonter également rapidement… En gros, il ne faut pas quitter le pays dans la tempête. Il faut faire le gros dos et être prêt quand il redémarrera », rappelle un spécialiste du pays.Lire aussi :Automobile : le réveil de l’EuropePhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.03.2015 à 08h26 • Mis à jour le27.03.2015 à 18h02 Le parquet de Düsseldorf a fait savoir, vendredi 27 mars, qu'Andreas Lubitz avait dissimulé qu'il faisait l'objet d'un arrêt maladie le jour de l'accident [communiqué en allemand, au format PDF]. Les enquêteurs ont retrouvé chez le jeune copilote des formulaires d'« arrêts maladie détaillés ».« Le fait que les certificats d'incapacité de travail, qui étaient récents et même datés pour le jour des faits, ont été déchirés appuie l'hypothèse qu'il a caché sa maladie à son employeur et à ses collègues de travail », a expliqué le parquet, sans préciser la nature de sa pathologie. Germanwings a confirmé que la compagnie n'a jamais reçu d'arrêt maladie.Pas de message sur un projet de suicideDes documents découverts lors de perquisitions menées dans son appartement de Düsseldorf et dans la maison familiale de la localité de Montabaur attestent par ailleurs que le copilote suivait un traitement médical. Par contre, aucune lettre d'adieux ou courrier annonçant un acte prémédité n'a été découvert.Le copilote allemand, qui aurait délibérément provoqué la catastrophe de l'Airbus A320 de Germanwings mardi dans les Alpes-de-Haute-Provence, avait été soigné en 2009 pour un « épisode dépressif grave » et fait l'objet d'une prise en charge psychiatrique pendant un an et demi, selon le tabloïd allemand Bild.D'après le quotidien, qui affirme avoir consulté des documents de l'Autorité de supervision du transport aérien allemande (Luftfahrt Bundesamt, LBA), Andreas Lubitz avait un « suivi médical régulier particulier ». Des informations transmises par Lufthansa, maison mère de Germanwings au LBA, assure Bild. Carsten Spohr, le patron de la compagnie aérienne allemande, avait confirmé jeudi que le jeune pilote avait interrompu sa formation commencée en 2008 « pendant un certain temps » sans fournir plus d'explications. A cette époque, selon Bild, il souffrait « de dépression et de crises d'angoisse ».Rupture sentimentale ?D'après le journal britannique The Times, Lufthansa savait bien qu'Andreas Lubitz était dépressif. Comme Bild, le quotidien de Londres évoque une rupture sentimentale récente, tandis que le Frankfurter Allgemeine Zeitung s'en tient au « syndrome d'épuisement professionnel ».Des enquêteurs ont perquisitionné jeudi les deux domiciles d'Andreas Lubitz, à Düsseldorf et à Montabaur, emportant l'unité centrale d'un ordinateur, ainsi que deux grands sacs bleus et un carton visiblement pleins. Contrairement à ce que déclarent plusieurs médias, les enquêteurs n'ont pas fait de découverte significative, a fait savoir Susanna Heusgen, une porte-parole de la police de Düsseldorf. The Daily Telegraph affirmait dans la matinée que les policiers avaient fait des découvertes « importantes ».Un psychologue doit consulter vendredi les documents du LBA, affirme Bild. Des éléments qui seront ensuite récupérés par les autorités judiciaires allemandes et françaises.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kqwrh"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kqwrh", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Adéa Guillot (Athènes, correspondance) C’est une visite qui ne fait pas les gros titres mais qui a pourtant son importance. Jacques de Watteville, le secrétaire d’Etat suisse aux questions financières internationales, a rencontré, jeudi 26 mars, à Athènes, le secrétaire d’Etat Nikos Pappas, le bras droit du premier ministre grec, Alexis Tsipras. « Nous avons noté une véritable volonté de renforcer la collaboration entre nos deux pays. En 2014, nous avions fait un certain nombre de propositions au précédent gouvernement, mais qui n’ont pas été suivies », affirme le responsable suisse.Lire aussi :Le gouvernement grec attendu sur les réformesEngager la lutte conte l’évasion et la fraude fiscale est l’une des promesses fortes de Syriza, le parti de la gauche radicale grecque, aujourd’hui au pouvoir. Il veut faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat en rapatriant ou en taxant une partie des avoirs grecs placés illégalement en Suisse et affirmer sa volonté de s’attaquer à l’oligarchie financière.« Il n’existe pas de données fiables sur le montant exact des avoirs grecs dans la Confédération, précise M. de Watteville. Le dernier chiffre disponible de la Banque nationale [BNS] date de 2013 et évoque le montant de 6,6 milliards de francs suisses [6,3 milliards d’euros], mais ce chiffre brut ne dit rien du pourcentage taxable. »Outil « sous-exploité »Concrètement, les Suisses ont proposé, dans l’immédiat, le renforcement du recours à l’accord bilatéral existant entre la Grèce et la Confédération sur la double imposition. « Cet outil permet d’avancer à court terme sur des cas de suspicion d’évasion fiscale ; il a été sous-exploité ces dernières années », souligne-t-on côté suisse. Selon une source gouvernementale grecque, « seules quinze demandes de transmission de données fiscales ont été réalisées dans ce cadre par le précédent gouvernement ».A l’horizon 2017-2018, la Grèce, membre de l’Union européenne, devrait aussi entrer dans le programme d’échanges automatique des données, dont le principe a été paraphé à Bruxelles le 19 mars.Les discussions ont également porté sur la fameuse « liste Lagarde », du nom de l’ancienne ministre française de l’économie et des finances, Christine Lagarde – aujourd’hui directrice générale du Fonds monétaire international –, qui avait remis, en octobre 2010, à son homologue grec la liste de plus de 2 000 Grecs détenant des comptes auprès de la filiale suisse de la banque HSBC.« Cette liste a été volée par l’ancien employé de la banque, Hervé Falciani. Nous ne pouvons pas collaborer sur la base d’un vol, mais cela ne veut pas dire que les personnes citées sur cette liste soient dans l’immunité totale. Si d’autres indices permettent de remonter jusqu’à elles, alors il existe d’autres outils pour ouvrir une enquête », affirme M. de Watteville. Athènes veut avancer vite sur ce dossier.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.03.2015 à 19h42 • Mis à jour le27.03.2015 à 12h19 | Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) et Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kng01"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kng01", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Après le premier choc causé par la catastrophe de l’A320 de Germanwings qui a causé la mort mardi de 150 personnes dont, finalement 75 Allemands, l’Allemagne en a subi un second, jeudi 26 mars, en apprenant les circonstances de celle-ci.L’hypothèse, jugée légitime par le procureur de Marseille, d’un acte suicidaire du copilote, qui, seul dans la cabine de pilotage, a volontairement provoqué la chute de l’appareil, a apporté une « une nouvelle dimension, presque inconcevable » à cette tragédie, selon les mots d’Angela Merkel. La chancelière a en effet éprouvé le besoin de prononcer à nouveau une courte déclaration devant les caméras sur le sujet.Lire aussi : Le copilote a actionné les commandes pour faire descendre l’avionElle était déjà intervenue mardi en direct de la chancellerie et, bien sûr, aux côtés de François Hollande et de Mariano Rajoy, sur les lieux du drame. Ce jeudi, elle n’avait rien de particulier à annoncer. Plus « Mutti » (mère de la nation) que jamais, Angela Merkel a simplement dit qu’elle « était touchée exactement comme la plupart des gens » et elle a tenu à « répéter » la « promesse » faite la veille : « Le gouvernement et l’administration vont faire tout ce qui est possible pour soutenir les enquêteurs. »Cette nouvelle intervention s’explique très vraisemblablement par la pression médiatique. Depuis mercredi, la plupart des chaînes télévisées bouleversent leurs programmes et diffusent en continu des informations et des commentaires sur la catastrophe. Bien entendu, depuis jeudi midi, c’est la personnalité du copilote qui focalise l’attention. D’abord nommé comme il se doit en Allemagne par son prénom et la seule initiale de son nom, le copilote de Germanwings a très vite été explicitement identifié.Jeune homme normal, plutôt joyeux, ambitieuxAndreas Lubitz venait d’une petite ville appelée Montabaur 12 500 habitants, dans le Land de Rhénanie-Palatinat. Ses parents vivaient là depuis longtemps, dans une maison confortable. Il habitait à côté d’un aérodrome, il était devenu membre de l’association de vol à voile locale il y a quatorze ans, puis avait passé son premier brevet de pilote. Il était revenu à l’automne dernier où il avait rafraîchi son brevet. Il était sportif et avait plusieurs fois participé à des marathons, notamment celui de la Lufthansa.Selon les reporters de la chaîne Phoenix sur place, Andreas Lubitz était un jeune homme parfaitement normal, plutôt joyeux, ambitieux. Son rêve était de devenir un jour pilote de la Lufthansa, il s’était préparé à cette carrière. L’école de pilotage de la Lufthansa est une des meilleures du monde : rater l’examen d’entrée à quelques points est déjà une référence qui permet aux jeunes pilotes de trouver du travail dans une autre compagnie. Andreas Lubitz avait effectué sa formation à l’école de pilotage de Brême puis à Phoenix, aux Etats-Unis. Onze mois après sa formation, un délai jugé « pas inhabituel » par Lufthansa, il avait commencé à piloter. Il était copilote sur A320 depuis l’automne 2013.Le président de l’association aéronautique, Klaus Radke, qui l’a formé au pilotage, s’est dit choqué et désemparé par la nouvelle et avoue n’avoir « aucune explication ». Klaus Radke, qui est chef d’une entreprise de matériel technique industriel, a précisé : « Je l’ai connu comme un garçon très gentil, drôle, poli. »Victime d’un burn-out en 2009 ?Selon le Spiegel Online, les amis d’Andreas Lubitz croient savoir qu’il avait interrompu sa formation de pilote en 2009 pour cause de burn-out. Jeudi, en début d’après-midi, Carsten Spohr, le président de Lufthansa, maison mère de Germanwings, avait fait part de cette interruption mais n’avait pas voulu en révéler la cause.De toute façon, le copilote avait ensuite repassé avec succès tous les tests d’aptitude et était « à 100 % capable de piloter », selon Carsten Spohr, lui-même ancien pilote. Si, au cours de sa formation, le futur pilote subit des examens psychologiques, ce n’est plus le cas par la suite, a reconnu Carsten Spohr. Au bord des larmes, celui-ci a affirmé « ne pas avoir le moindre indice sur ce qui a pu pousser le copilote à commettre cet acte horrible ». Selon lui, « quelles que soient les mesures de sécurité que vous pouvez avoir dans une société, quelle que soit la rigueur des procédures, rien ne pourrait empêcher un tel acte isolé ».Lire : Le crash de l'A320 de Germanwings, minute par minuteCécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au MondeFrédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.03.2015 à 18h14 • Mis à jour le26.03.2015 à 18h24 | Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Après avoir figuré parmi les pays les plus dynamiques en termes de croissance du produit intérieur brut (PIB) à la fin de l’année 2014, l’Espagne accélère encore le rythme. Au premier trimestre 2015, son PIB aurait augmenté de 0,8 %, selon le rapport trimestriel de la Banque d’Espagne. En glissement annuel, cela signifie une croissance de 2,5 % et pour 2015, la banque centrale espagnole s’attend à une croissance de 2,8 %, soit 0,8 point de plus que les dernières prévisions. Les facteurs qui expliquent ce comportement positif de l’économie sont variés.Le triple effet BCE, euro, pétroleLa Banque d’Espagne souligne l’impact positif des mesures de la Banque centrale européenne (BCE), de la dépréciation de l’euro et de la baisse du prix du pétrole dans la croissance du PIB.L’amélioration des conditions de financement de l’Espagne, avec un taux d’intérêt de moins de 1,2 % pour les obligations à 10 ans, est également soulignée. Elle améliore la capacité de l’Espagne à respecter ses objectifs de réduction de déficit (de -5,5 % du PIB en 2014 à -4,2 % en 2015) et à investir dans l’économie.L’amélioration des conditions de financement a également une incidence positive sur les investissements réalisés par les entreprises privées en Espagne.La consommation toujours en hausseLa consommation des foyers espagnols poursuit sa phase expansive, qui avait commencé fin 2014. Le pouvoir d’achat a augmenté grâce à une baisse des prix, qui devrait se poursuivre cette année, avec une inflation légèrement négative, de – 0,2 %.2015, année électorale chargée qui se terminera par des élections générales, a aussi commencé avec une baisse des impôts et un remboursement de 25 % de la prime de Noël, supprimée en décembre 2012, alimentent cette augmentation de la consommation, tout comme le bon comportement de l’emploi.L’investissement immobilier, qui a commencé à montrer des signes de redressement fin 2014 devrait augmenter de 4,2 % en 2015.Les créations d’emplois450 000 emplois ont été créés en 2014. Pour la première fois lors d’une sortie de crise, l’Espagne est ainsi parvenue à créer des emplois avec une croissance inférieure à 2 %.La réforme du travail, qui a flexibilisé le marché de l’emploi, favorisé des baisses de salaires et réduit les coûts du licenciement, pourrait avoir joué un rôle décisif.Le revers de la médaille étant l’augmentation de la précarité, avec des contrats à temps partiel, à durée déterminée et aux salaires réduits.Selon la Banque d’Espagne, le taux de chômage devrait encore reculer mais à un rythme lent. A 23,7 % des actifs fin 2014, il devrait passer à 22,2 % en 2015 et se maintenir encore au-dessus de 20 % jusqu’en 2016.Les exportations toujours soutenuesLe rôle des exportations dans la reprise de la croissance est moins flagrant qu’en 2014. Celles-ci devraient encore augmenter de 5,2 % en 2015, mais moins que les importations (+6,2 %).Le tourisme se confirme comme un secteur clé de l’activité espagnole, avec des records de visiteurs étrangers, notamment dû à l’instabilité en Afrique du Nord.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Guy Dutheil Le crash volontaire de l'Airbus A320 de la Germanwings, qui a fait 150 victimes mardi 24 mars, pose des questions sur le suivi psychologique des pilotes.Chez Air France, ce suivi se fait en plusieurs étapes. Tout d'abord, explique Eric Prévot, commandant de bord pour Air France sur Boeing 777, « il y a une sélection à l'embauche qui s'attache à évaluer les comportements en groupe des pilotes ». En pratique, les pilotes sont réunis par groupe de six pour tester « leurs facultés cognitives et psychologiques, leur esprit d'équipe », poursuit M. Prévot. Cette phase permet de « valider qu'il n'y a pas de contre-indications à l'exercice des responsabilités de la fonction de commandant de bord ». De fait, tout pilote recruté par Air France est un futur commandant de bord.Outre cette « détection à la sélection », tous les pilotes doivent honorer chaque année cinq rendez-vous obligatoires pour avoir le droit de voler pour la compagnie aérienne. Ils doivent se soumettre à une visite médicale effectuée par le Centre d'expertise médicale des personnels navigants, une autorité médicale indépendante qui délivre, ou non, un certificat d'aptitude physique et mentale.Simulateur de vol et rendez-vousChaque année, les pilotes doivent aussi passer une visite pour le compte de la médecine du travail. Elle vérifie notamment que les navigants supportent bien physiquement et psychologiquement les décalages horaires et les nombreuses semaines loin de leurs domiciles et de leurs familles.Une autre étape importante consiste en quatre séances de simulateur de vol. A cette occasion, des situations complexes, avec de forts facteurs de stress, sont proposées aux pilotes. Lors de ces séances, « on ne peut pas faire illusion sur son état psychologique », signale le commandant de bord. « C'est un instant de vérité ! » Chez Air France, les pilotes sont rassemblés par groupe de 80 autour d'un chef pilote qui peut arrêter à tout moment un pilote s'il ne le juge plus apte à piloter.Enfin, les navigants ont, chaque année, rendez-vous avec la direction des opérations aériennes de la compagnie. L'occasion là aussi pour un pilote d'exposer d'éventuels problèmes psychologiques ou personnels. Selon M. Prévot : « Si un pilote manque l'un de ces cinq rendez-vous, il ne vole plus pour Air France. »Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.03.2015 à 16h17 • Mis à jour le12.03.2015 à 16h20 Abonnée aux mesures de rigueur depuis 2008, même si celles-ci ont été officiellement levées depuis octobre 2014, et passée pas loin de la faillite en 2010, sauvée par un plan d’aide international, l’Irlande redresse la tête. Son économie a progressé de 4,8 % sur l’année 2014, contre une croissance de 0,2 % en 2013, a annoncé, jeudi 12 mars, l’institut irlandais des statistiques. Le gouvernement en place à Dublin attendait, il y a quelques mois encore, une hausse de 4,7 % du produit intérieur brut (PIB).Cette dynamique, en dépit d’un ralentissement sur les derniers mois de 2014, devrait se confirmer en 2015, puisque les prévisions de croissance du PIB irlandais vont de + 3,5 % pour la Commission européenne à + 3,9 % pour Dublin.« L’Irlande a bénéficié de ses liens commerciaux très proches avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni, deux des principaux moteurs de la croissance mondiale ces douze derniers mois », ce qui a dopé ses exportations et donc sa croissance, souligne Alan McQuaid, économiste chez Merrion Stockbrokers, cité par l’AFP.« Mais l’aspect le plus encourageant de cette reprise, c’est le rebond de la demande intérieure », pour la première fois depuis 2010, la chute de l’euro devant aussi « constituer un énorme avantage », ajoute-t-il, car elle va doper la compétitivité des industries basées dans le pays.L’euro au plus bas depuis 2003 face au dollarChiffres volatilsLes chiffres de la croissance de l’Irlande sont à prendre avec précaution : ils sont très volatils, en raison de la taille relativement modeste de cette économie et du fait de la présence importante d’entreprises multinationales des secteurs de la pharmacie et des nouvelles technologies, dont les résultats sont sensibles à la conjoncture.L’Irlande a connu six années d’austérité. Au total, cette « consolidation » budgétaire (marquée par des hausses d’impôts, la création d’une taxe foncière, la baisse des salaires des fonctionnaires de 11 % en moyenne…) a représenté 20 % du PIB. Toutes les banques irlandaises ont été nationalisées, au moins partiellement. Au bord du défaut de paiement, l’Irlande a dû faire appel fin 2010 à un plan de sauvetage du Fonds monétaire international (FMI) et de l’Union européenne.Le déficit a lentement été réduit, ce qui a permis à l’Irlande de retrouver la confiance des marchés financiers. Le pays a pu sortir du plan de sauvetage fin 2013. Il a obtenu une restructuration partielle de sa dette, qui s’élève à 114,8 % de son PIB. En octobre 2014, lors la présentation du budget 2015, le gouvernement irlandais a officiellement mis fin à la rigueur.L’Irlande sort à petits pas de sept années d’austéritéLes traces de l’austéritéMais les mesures d’austérité ont laissé des traces. La décision du gouvernement de taxer l’eau potable, engagement pris dans le cadre du plan d’aide financière, passe par exemple très mal et a provoqué nombre de manifestations ces derniers mois.Par ailleurs, au plan politique, l’Alliance anti-austérité (AAA), un mouvement d’extrême gauche créé en mai 2014, « surfe » sur ces ressentiments et ambitionne de marcher dans les pas de Syriza, en Grèce, et Podemos, en Espagne.En Irlande, l'Alliance anti-austérité rêve de marcher dans les pas de Syriza et Podemos 12.03.2015 à 14h44 • Mis à jour le12.03.2015 à 16h02 La Banque centrale européenne (BCE) a racheté pour 9,8 milliards d’euros de dettes en trois jours, a indiqué, jeudi 12 mars, Benoît Cœuré, membre du directoire de la BCE, lors d’un colloque financier à Paris. Il a assuré que la BCE était ainsi « exactement sur la bonne voie » pour atteindre son objectif, à savoir un volume de 60 milliards d’euros par mois dans le cadre de son programme d’assouplissement quantitatif (quantitative easing ou QE), lancé lundi.Lire aussi : Que vaut le plan de la BCE ?Ce « bazooka » monétaire se traduit par des rachats massifs d’obligations d’Etat sur le marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise. Ce programme, à 1 140 milliards d’euros au total, vise à contrer les pressions déflationnistes pesant sur le Vieux Continent, en relançant le crédit et l’activité.La BCE donne le coup d’envoi à ses rachats géants de dettes publiquesEn se posant en acheteur massif de dette souveraine, la BCE pousse les investisseurs vers des actifs plus risqués, au premier rang desquels les actions. D’où, d’ailleurs, la hausse des indicateurs boursiers, comme à Paris où, mercredi, le CAC 40 a touché les 5 000 points en séance.Le CAC 40 renoue avec son niveau d’avant-criseLe lancement du programme de la BCE a aussi eu pour effet de faire grimper le prix des obligations d’Etat et d’abaisser leur rendement (qui évolue à l’inverse de la demande) : mercredi, le rendement des OAT françaises a atteint un plus bas historique, à 0,459 %. Celui des Bund allemand est passé sous le seuil des 0,2 %.Quant au cours de l’euro, il a touché 1,0511 dollar mercredi soir, son plus bas niveau depuis fin mars 2003. Une baisse que la BCE souhaitait obtenir en augmentant la quantité d’euros en circulation, afin de favoriser les exportateurs européens.Des doutes avaient été émis, ces dernières semaines, sur la capacité de la BCE de « capter » autant de dettes que ce qu’elle a annoncé. M. Cœuré a jugé que ces craintes d’une pénurie de titres n’étaient pas fondées. Selon lui, il ne faut pas « sous-estimer le marché » et sa capacité à créer des actifs susceptibles de finir dans les coffres de l’institution monétaire.Et si la BCE faisait face à… une pénurie de dette publique ? 12.03.2015 à 12h58 Les services de renseignements britanniques n'ont pas violé la loi, mais cette dernière doit être modernisée pour offrir plus de « transparence » : ce sont les conclusions d'un rapport parlementaire rendu public ce jeudi, après dix-huit mois d'enquête. Une commission d'enquête avait été mise en place après les révélations du lanceur d'alerte Edward Snowden, qui avaient notamment montré que le GCHQ, les services de renseignement britanniques, étaient le principal allié de la NSA américaine dans son gigantesque programme de surveillance du Web.La conclusion du rapport devrait soulever de nombreuses protestations – plusieurs organisations de défense des droits de l'homme ont porté plainte contre le gouvernement britannique, arguant que sa collaboration très active à un programme de surveillance global était une violation des droits de l'homme. En février, ils avaient obtenu une première victoire judiciaire.Lire : Le programme de surveillance de masse britannique jugé illégalLes députés de la commission sur le renseignement qui ont mené l'enquête et rédigé ce rapport ont été à plusieurs reprises accusés d'être trop proches des services de renseignement et de défendre davantage leurs intérêts que ceux des citoyens britanniques, note le Guardian. Le président de la commission, sir Malcolm Rifkin, a dû démissionner de ses fonctions en raison de son implication dans une affaire de trafic d'influence.Le rapport note toutefois que le cadre législatif actuel, dispersé entre plusieurs textes, devrait être rendu plus clair. Il recommande le vote d'une loi unique encadrant les activités de renseignement et plaide pour l'instauration de davantage d'outils de contrôle et de transparence sur les activités du GCHQ. Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Alors que le gouvernement grec et ses créanciers internationaux – l’ex-« troïka », désormais appelé « groupe de Bruxelles » – devaient se retrouver, jeudi 12 mars, à Athènes, pour un début d’examen de la situation des finances publiques du pays, les autorités grecques ont commencé, le même jour, à lever un peu le voile sur celle-ci. Il apparaît ainsi que le budget de l’Etat grec reste excédentaire, avant la charge des intérêts de la dette (solde dit « primaire »), mais que cet excédent s’effiloche considérablement.Selon le ministère des finances, l’excédent primaire pour mois de janvier s’élève ainsi à 419 millions d’euros. Mais il était encore de 1,8 milliard d’euros sur la même période un an plus tôt, en janvier 2014.La baisse tient notamment au fait que les rentrées fiscales se font beaucoup moins bien : ces recettes ont chuté de plus de 1 milliard d’euros sur le seul mois de janvier cette année. Cette chute aurait été compensée en février, assure le ministère des finances, qui ne donne toutefois pas encore les chiffres précis pour ce mois.La « troïka » est de retour à Athènes6 milliards d’euros de remboursements en marsLors d’un entretien à la télévision grecque, mercredi soir, le ministre des finances, Yanis Varoufakis, a déclaré qu’il attendait entre 6 et 8 milliards de rentrées fiscales liées à la TVA et à une nouvelle loi restant encore à voter, organisant le recouvrement en mensualités des impayés d’impôts.Le problème, c’est que le pays doit faire face, pour le seul mois de mars, à environ 6 milliards d’euros de remboursements de prêts, dont 1,5 milliard au seul Fonds monétaire international (FMI).M. Varoufakis a déclaré qu’il avait de quoi payer retraites et salaires pour le mois en cours, mais laissé ouverte la perspective de ne pas faire face à d’autres échéances, comme certaines factures à des fournisseurs ou des retours sur impôts.La Grèce continue à émettre des bons du Trésor pour se financer, mais à des taux de plus en plus élevés. Par ailleurs, le gouvernement grec puise dans les caisses de la sécurité sociale et utilise les subventions européennes destinées, à l’origine, au financement des banques.La grande inconnue de l’état réel des finances grecquesAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) C’est peu dire que les Allemands n’apprécient pas les menaces brandies mardi 10 mars tant par le premier ministre grec Alexis Tsipras que par le ministre de la justice Nikos Paraskevopoulos. « Ça suffit », estime l’éditorialiste de Bild. « Seuls ceux qui ne sont qu’à moitié forts font du bruit », remarque Die Welt. Les deux journaux conservateurs du groupe Springer approuvent la fermeté du gouvernement allemand à l’égard d’Athènes.La presse régionale est souvent plus dure encore. « Signe de leur impuissance, l’arrogance avec laquelle Alexis Tsipras et son ministre des finances insistent sur le paiement d’autres réparations révèle une immaturité effrayante », écrit par exemple le Straubinger Tagblatt. Seul Le Quotidien de Sarrebruck juge que l’Allemagne a un « devoir moral » face à la Grèce. Il propose donc la création d’un « fonds d’avenir germano-grec » pour tenter de résoudre ce différend. De même, le grand quotidien de centre gauche, la Süddeutsche Zeitung, juge que « moralement, l’Allemagne devrait se sentir dans l’obligation de faire preuve de beaucoup de patience face à Athènes, malgré les provocations du premier ministre Tsipras ».Saisie d’avoirs allemandsRevenant sur les réparations de guerre qu’il dit vouloir réclamer à l’Allemagne, le premier ministre a affirmé mardi devant le Parlement « que le nouveau gouvernement grec a pour objectif de se pencher sur le sujet avec sensibilité et responsabilité, par le dialogue et la coopération, et il attend la même chose du gouvernement allemand, pour des raisons politiques, historiques et symboliques ». « C’est un devoir envers notre Histoire, envers les combattantes et combattants du monde entier qui ont donné leur vie pour vaincre le nazisme », a-t-il ajouté.De son côté, le ministre de la justice a menacé mercredi de donner son feu vert à l’application d’une décision de la Cour suprême grecque de 2000 qui jugeait possible la saisie d’avoirs allemands en compensation des crimes commis par les nazis. Cette décision, qui ne fut jamais appliquée, fut prise à la suite d’une plainte des proches des victimes du massacre de Distomo, dans le centre du pays, condamnant l’Allemagne à leur verser 28,6 millions d’euros mais qui ne fut jamais appliquée.Parmi les biens que possède l’Allemagne, se trouvent l’Institut Goethe, l’Institut d’archéologie et deux écoles situées respectivement à Athènes et à Thessalonique. Ces dédommagements ne constituent qu’une petite partie de ce que réclament les Grecs. Entre le remboursement d’un emprunt forcé accordé au régime nazi et les réparations des dommages causés par la guerre, la facture s’élèverait, selon une étude de la Cour des comptes grecque, à une somme comprise entre 269 et 332 milliards d’euros. Comme la dette de la Grèce se monte à 320 milliards d’euros, nombre d’Allemands jugent la coïncidence troublante.AgacementMercredi, les porte-parole du gouvernement allemand ont, une nouvelle fois, rejeté l’ensemble de ces demandes, sans cacher un certain agacement. La question des réparations et des dédommagements de guerre est « définitivement close, c’est notre conviction », a déclaré Steffen Seibert, porte-parole d’Angela Merkel. Alors que le gouvernement grec établit un lien direct entre les négociations qu’il mène actuellement avec Bruxelles et ces réparations, le porte-parole de Wolfgang Schäuble, ministre des finances a affirmé que des « reproches tournés vers le passé ne seraient d’aucun secours dans le contexte du travail actuel que nous avons à mener avec le gouvernement grec ».Même si beaucoup, à Berlin, pensent que cette offensive du gouvernement a surtout pour objectif de faire oublier aux Grecs que la « troïka » (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) est de retour, sous une autre forme, cette escalade verbale laisse mal augurer de l’avenir des négociations. Si pour le moment les députés de la CDU soutiennent très majoritairement la position du gouvernement, les tensions sont réelles au sein de la CSU bavaroise. Huit députés de ce parti, dont l’ancien ministre des transports Peter Ramsauer, ont d’ailleurs voté contre la prolongation du plan d’aide à Athènes le 27 février.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.03.2015 à 11h03 • Mis à jour le12.03.2015 à 11h20 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) L’affaire se complique. L’ancien policier tchétchène Zaour Dadaïev, principal suspect dans l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov, tué par balles le 27 février à Moscou, se rétracte. Ses aveux mis en avant par les enquêteurs russes auraient été extorqués sous les coups, ont dénoncé, mardi 10 mars, deux membres d’une commission des droits de l’homme qui ont pu lui rendre visite dans la prison de Lefortovo où cet homme de 31 ans, mis en examen par un tribunal de Moscou, est incarcéré depuis son interpellation. Furieux, le comité d’enquête russe a réagi en dénonçant une « intrusion inadmissible » dans le cadre d’une affaire criminelle, destinée à « empêcher une enquête complète et objective ». Cet organisme, chargé de tous les dossiers sensibles en Russie, a annoncé que les visiteurs de M. Dadaïev allaient « être convoqués » pour interrogatoire.« Il y a des raisons de croire que Zaour Dadaïev a avoué sous la torture », affirme Andreï Babouchkine, l’un des représentants du Conseil des droits de l’homme, une institution rattachée au Kremlin, qui était accompagné de la journaliste Eva Merkatcheva. « Nous ne pouvons pas affirmer qu’il a été torturé (…), mais nous avons découvert de nombreuses blessures sur son corps », a-t-il ajouté, cité par l’AFP, en évoquant des « écorchures » de menottes sur les poignets et les jambes.« Tueurs à gages »Selon ces deux témoins, M. Dadaïev, qui a quitté les forces spéciales tchétchènes le 28 février, soit le lendemain de la mort de Boris Nemtsov, a affirmé avoir passé « deux jours, menotté avec un sac en tissu sur la tête » après son arrestation en Ingouchie, une république voisine de la Tchétchénie où il réside. L’ancien policier, qualifié de « vrai patriote de la Russie » par le président tchétchène Ramzan Kadyrov le soir même de son arrestation, s’est plaint également d’avoir été privé de nourriture pendant quarante-huit heures et de n’avoir pu boire que « trois ou quatre gorgées d’eau » durant cette période. « On me criait tout le temps : “C’est toi qui as tué Nemtsov ?” Je répondais que non », a déclaré M. Dadaïev, d’après les propos rapportés par M. Babouchkine. Le principal suspect se trouvait avec un ami au moment de son arrestation, selon ses dires. Les policiers « ont dit que si j’avouais, ils allaient le relâcher, a-t-il déclaré, toujours selon son interlocuteur. J’ai accepté en pensant que j’allais ainsi le sauver. Je pensais que lorsque je serais emmené à Moscou, je pourrais dire devant le tribunal toute la vérité, dire que je suis innocent. Mais le juge ne m’a pas donné la parole ».Quatre autres suspects, tous originaires du Caucase du Nord, également incarcérés, continuent pour leur part de clamer leur innocence. Pour ajouter à la confusion, l’agence russe Interfax citait, mercredi soir, une source anonyme « proche de l’enquête » affirmant que Zaour Dadaïev ne revenait pas sur ses aveux.Le climat est de plus en plus délétère. Mercredi, le journal indépendant Novaïa Gazeta a affirmé que des « tueurs à gages en provenance de Tchétchénie » avaient établi une liste de personnalités russes à abattre, dont Alexeï Venediktov, rédacteur en chef de la radio Echo de Moscou, et l’ex-oligarque russe Mikhaïl Khodorkovski. Le même jour, Olga Pismanen, assistante de M. Khodorkovski, annonçait avoir découvert une couronne mortuaire près de la porte de son domicile.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Que l’on parle de « troïka », des « institutions » ou désormais du « groupe de Bruxelles », le résultat est le même. Pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir à Athènes, fin janvier, le gouvernement d’Alexis Tsipras a accepté d’entrer dans des discussions techniques avec les représentants des principaux créanciers de la Grèce, la Banque centrale européenne (BCE), le Fonds monétaire international (FMI) et la Commission européenne. Et ces discussions auront lieu, pour partie, sur le sol grec.Jeudi 12 mars, des experts du « groupe de Bruxelles » seront ainsi présents à Athènes. C’est ce qui a été décidé mercredi, lors d’un premier rendez-vous, à Bruxelles, entre des équipes du gouvernement grec et des représentants de l’ex-« troïka ». Ce déplacement dans la capitale grecque a pour objectif de récolter directement les données des ministères et des administrations grecques pour commencer à se faire une idée précise de l’état des finances publiques. « Impossible de tout faire depuis Bruxelles, il faut aller dans les administrations publiques, les ministères », insiste-t-on chez les créanciers d’Athènes.Cette perspective provoque toutefois des crispations côté grec, M. Tsipras n’ayant eu de cesse de répéter que la « troïka » ne reviendrait pas en Grèce. Dans un entretien à la télévision grecque, mercredi soir tard, le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis, a exclu toute visite dans les ministères. Par conséquent, les rencontres, jeudi, se dérouleront « dans un lieu dévolu à Athènes », a expliqué M. Varoufakis. « Probablement un hôtel », a-t-il ajouté.Athènes espère « conclure l’évaluation d’ici au 20 avril »Pour les créanciers, il s’agit de mener une “revue” des finances de l’Etat grec, comme celles qui étaient conduites du temps de la « troïka » et de négocier un paquet de réformes à mettre en place en échange de la poursuite de l’aide financière internationale.La grande inconnue de l’état réel des finances grecques« Les Grecs auraient voulu, mercredi, qu’on discute tout de suite de la liste préliminaire de réformes envoyées début mars par M. Varoufakis, mais ce n’est pas la manière de procéder que souhaitent les Européens », croit savoir une source européenne.De son côté, M. Varoufakis a confirmé que « l’on avait plus parlé de la méthode que des réformes elles-mêmes », tout en espérant « conclure l’évaluation d’ici au 20 avril » pour obtenir au plus vite la dernière tranche de prêts (7,2 milliards d’euros) à laquelle la Grèce peut prétendre. « Nous devons sécuriser de toutes les façons possibles des liquidités pour les trois prochains mois », a précisé le ministre grec des finances mercredi soir.6 milliards d’euros en remboursements de prêtsLors de son entretien à la télévision grecque, M. Varoufakis est resté vague sur l’état du budget grec, refusant de préciser si un excédent primaire (avant la charge des intérêts de la dette) était ou non encore possible. Il a aussi précisé qu’il attendait entre 6 et 8 milliards d’euros de rentrées fiscales liées à la TVA et à une nouvelle loi restant encore à voter organisant le recouvrement en mensualités des impayés d’impôts.Le pays doit faire face, pour le seul mois de mars, à environ 6 milliards d’euros en remboursements de prêts. Yanis Varoufakis a déclaré qu’il avait de quoi payer retraites et salaires pour mars, mais laisse ouvert la perspective de ne pas payer certaines factures à des fournisseurs ou des retours sur impôts.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Benoît Vitkine La perspective de voir l’Ukraine tomber en faillite s’éloigne. Mercredi 11 mars, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé un programme d’aide d’un montant de 17,5 milliards de dollars (16,5 milliards d’euros), étalé sur une période de quatre ans.Une première tranche de 9 milliards d’euros sera versée au cours de l’année 2015. Cette somme viendra s’ajouter aux 4,2 milliards déjà versés par l’institution dans le cadre d’un plan d’aide, conclu en avril 2014.Cette décision du FMI était attendue. Elle éloigne le risque de défaut de l’Ukraine, mais n’offre qu’un répit momentané au pays, en récession quasi ininterrompue depuis deux ans. Ce n’est pas tant le niveau de la dette publique (72 % du PIB) qui pose problème qu’un risque de liquidité. Les réserves de change de la Banque centrale sont quasiment à sec, à 6 milliards d’euros. Soit seulement de quoi couvrir un mois d’importations.L’intervention du FMI est d’autant plus vitale qu’elle ouvre la voie à d’autres aides, versées cette fois par l’Union européenne, les États-Unis et la Banque mondiale. Les contours de ce plan plus ambitieux sont encore flous mais il pourrait, selon le FMI, porter sur un total de plus de 20 milliards d’euros.Rééchelonnement d’une partie de la detteUne autre mesure est dans les tuyaux : la ministre des finances, Natalie Jaresko, entend ouvrir les discussions avec les créditeurs du pays pour rééchelonner une partie de la dette. Une quinzaine de milliards d’euros pourraient être concernés, mais les négociations s’annoncent difficiles avec la Russie, créditeur important de Kiev.Depuis un an, la monnaie ukrainienne, la hryvnya, a perdu 66 % de sa valeur face au dollar et près de 40 % au cours du dernier mois. Sa chute s’est accélérée depuis le 5 février, lorsque la Banque centrale, à la demande du FMI, a cessé d’intervenir pour défendre la monnaie.« Les autorités ukrainiennes continuent à démontrer un solide attachement aux réformes », a assuré Christine Lagarde, la directrice du FMI, notant que le pays avait maintenu une discipline budgétaire « dans un contexte très difficile ».L’Ukraine a perdu le contrôle de ses poumons industriels dans l’est du pays, qui représentaient 15 % de son PIB et le quart de ses exportations. La guerre contre la Russie lui coûte 8 millions de dollars par jour, malgré le fragile cessez-le-feu en vigueur depuis un mois.Ukraine : l’Europe renonce à sanctionner la RussieLe Fonds a toutefois prévenu : le versement des tranches d’aide du plan validé mercredi sera soumis à la mise en œuvre de réformes drastiques pour assainir les comptes publics du pays, faire baisser le niveau de la corruption ou encore restructurer le secteur bancaire. Depuis la chute du président Viktor Ianoukovitch, il y a plus d’un an, ces réformes tardent à être votées ou appliquées.Le gouvernement ukrainien a donné des gages de bonne volonté en annonçant, début mars, le triplement du prix du gaz pour les ménages et la hausse de 70 % du tarif du chauffage. Le secteur de l’énergie est en première ligne, avec notamment la privatisation envisagée de la compagnie nationale Naftogaz, mais les mesures d’austérité comprennent aussi, entre autres, une diminution du montant des retraites.Dangereux appauvrissement de la populationCes mesures ont un coût social élevé. Cette semaine, le président ukrainien Petro Porochenko a appelé la nation à « regarder la vérité en face ». « Tant qu’il y aura la guerre, il n’y aura pas d’investissement en Ukraine », a-t-il prévenu. « Notre pays n’avait pas connu d’année aussi difficile depuis la seconde guerre mondiale », s’inquiétait la gouverneure de la Banque centrale le 30 décembre 2014.Le ministre de l’économie, Aivaras Abromavicius, mettait, lui, en garde récemment contre les effets pervers de ces mesures drastiques. « Avec l’actuel taux de change, les salaires sont en dessous de 200 dollars mensuels et ceci, c’est la porte ouverte à la corruption. Nous devons voter une réforme administrative qui nous permette de réduire fortement les effectifs et augmenter les salaires de ceux qui seront restés en place. »Il y a quelques semaines, une source à Kiev confiait craindre plus encore les conséquences déstabilisatrices pour le pays de cette crise que celles nées de la guerre. Cet homme, haut responsable des services de sécurité, citait, pour illustrer le dangereux appauvrissement de la population, son propre exemple : entre la baisse de son salaire nominal et l’effondrement de la monnaie, son revenu est passé en un an de 2 000 à 250 dollars.Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.03.2015 à 16h51 • Mis à jour le13.03.2015 à 16h57 En dépit des réserves de l’Allemagne et contre toutes les bonnes pratiques des banques centrales, la Banque centrale européenne (BCE) a finalement décidé d’appliquer un programme massif de rachat de dettes souveraines. Abandonnons un peu les chiffres et intéressons-nous aux principes et aux conséquences de long terme de cette décision.Il n’y a aucune raison de penser que les pays, qui pour la grande majorité ne parviennent déjà pas à contrôler l’expansion de leur dette, y parviendront davantage demain. La question est maintenant la suivante : que se passera-t-il lorsque ces États seront en défaut de paiement ?Le « quantitative easing » de la BCE fait plonger les taux et l’euroTous les pays dits riches finiront tôt ou tard par constater un défaut de paiement partiel plus ou moins important de sorte que les banques centrales constatant ce défaut rééquilibreront leur bilan par une dépréciation relative de leur monnaie. Mais comme tous les pays seront dans une situation plus ou moins équivalente, les valeurs relatives des grandes monnaies ne changeront pas beaucoup. Pour le consommateur l’impact sera apparemment neutre. On pourrait ainsi d’ailleurs reproduire un deuxième cycle d’émission du Trésor suivi d’un deuxième abandon de créance et ainsi de suite, sans fin. L’intérêt pour les États étant évidemment de court-circuiter le marché, lequel, s’il constatait un défaut de paiement, fermerait le robinet du financement, tandis qu’il est facile pour une banque centrale d’émettre sans fin de la monnaie.Pourquoi l’accroissement monétaire ne génère-t-il pas d’inflation ?Mais la question suivante est évidemment que devient toute cette monnaie émise par la ou les banques centrales ? Comment se fait-il que toute cette monnaie ne se traduise pas par de l’inflation, dans un contexte de stabilité économique ? La réponse est en réalité fort simple.Lorsqu’on indique que moins de 1 % des personnes détiennent la moitié de la richesse mondiale cela signifie, que dans une économie hypertrophiée, certaines richesses dépassent de beaucoup les besoins de consommation des bénéficiaires. Cette monnaie, que l’on pourrait appeler de l’hyper-épargne, ne peut donc être recyclée directement. Cette hyper-épargne est stockée et mise à disposition sur le marché qui bénéficie ainsi d’un accès aisé à la monnaie et des taux très bas.Ceci est une raison précise de l’accroissement continu de la masse monétaire qui est passée de 5 % à plus de 20 % de l’activité en l’espace de quarante ans. Une grande partie de cette monnaie excédentaire, vient financer les dettes souveraines. Les États forcent ainsi le recyclage de cette monnaie et lorsque les États tomberont en défaut de paiement, ils auront ainsi forcé cette épargne excédentaire à un recyclage économique qui malheureusement touchera aussi indistinctement les petits épargnants.Nous devons alors distinguer deux cas :- En cas de défaillance sur des bons du Trésor cédés à des institutions privées, nous constatons une réduction de la masse monétaire car les épargnants perdent leur argent.- Dans le deuxième cas, la banque centrale émet de la monnaie pour équilibrer son bilan lorsqu’elle rachète des bons du Trésor. Lorsqu’un Etat fait défaut sur ces bons rachetés par les banques centrales, la monnaie émise… reste émise.Pour comprendre les ajustements possibles du système économique dans ce deuxième cas, nous devons comprendre les relations entre la monnaie et le système économique et cette relation ne nous est plus donnée (très schématiquement) par la relation :Quantité de monnaie en circulation = Niveau d’activité x Niveau des prixMais par la relation :Quantité de monnaie en circulation = (Niveau d’activité x Niveau des prix) + hyper-épargneCela signifie que l’ajustement économique relativement à ces sur-émissions monétaires repose, non pas sur deux, mais sur trois facteurs. Nous pouvons assimiler le terme de l’équation « niveau des prix x niveau d’activité » à un fond de roulement économique, c’est-à-dire que l’économie a besoin d’une certaine quantité de monnaie pour fonctionner.Si la variation de la quantité de monnaie excède la variation « naturelle » de l’activité alors les prix ou l’activité augmenteront, ou si le système manque de monnaie, le système trouve un nouvel équilibre en abaissant les prix ou l’activité, ou les deux tel qu’observé en 1933 aux États-Unis.Austérité ou endettement ? Un choix impossibleEn maintenant l’activité via l’endettement, les États tendent à maintenir une activité pour les plus modestes mais aussi à maintenir le processus d’accumulation de l’hyper-épargne. C’est pour cela, d’ailleurs, que la part de cette hyper-épargne ne cesse de croître relativement à la richesse.Ainsi, si l’accroissement de la masse monétaire via le programme d’achat par les banques centrales ne génère aucune inflation, c’est que cette monnaie alimente principalement cette hyper-épargne. La réflexion vaut d’ailleurs aussi pour la monnaie créée par les banques de second rang.Si les États pratiquaient une politique d’austérité, le système manquerait chaque jour un plus d’argent du fait des prélèvements liés à l’hyper-épargne. Le système tendrait donc à s’effondrer en prix et en activité car il manquerait de plus en plus d’argent, lequel serait capté par l’hyper-épargne.En d’autres termes, le choix pour les États se résume à accroître leur endettement pour stabiliser l’activité et les prix et continuer à alimenter l’hyper-épargne ou pratiquer l’austérité et voir le système s’effondrer en prix et en activité faute de monnaie.Ceux qui nous ont suivis jusqu’ici n’auront aucune difficulté à comprendre que l’impasse monétaire et budgétaire des États provient directement de l’hypertrophie économique. Ce qui revient à dire que notre système devenu trop gros entraîne une répartition très inégale de la richesse, à l’origine précisément des désordres monétaires.À court et moyen terme, aucun Etat ne laissera les prix et surtout l’activité s’effondrer. On ne peut donc pas dire que l’hypertrophie monétaire conduira à un effondrement économique.On peut seulement dire que l’hypertrophie économique, lorsqu’elle s’accompagne d’une importante disparité de revenus, entraîne des désordres monétaires dont la seule conséquence possible est une défaillance des États sur leurs dettes souveraines.Bruno Mortier (Audit & Risk Management, Solvay) Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La rencontre avec le premier ministre grec, Alexis Tsipras, vendredi 13 mars au matin à Bruxelles, a été l’occasion pour le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, de dire qu’il faut qu’Athènes se consacre désormais pleinement au travail avec les représentants de ses créanciers (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne et Mécanisme européen de stabilité). Et à la Commission on laisse entendre que, si les choses avancent suffisamment rapidement, Athènes pourrait toucher très vite une partie de la dernière tranche du deuxième plan d’aide international.Grèce : le budget de l’Etat reste excédentaire, mais de peu« La situation [financière] du pays est sérieuse, il faut que les trois ou quatre jours qui viennent soient des jours productifs. C’est aux Grecs de se mettre maintenant durement au travail », a expliqué une source européenne après l’entrevue.Un conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement a lieu le 19 mars à Bruxelles. Il pourrait être l’occasion, soluigne-t-on à Bruxelles, d’évoquer un premier versement de prêts, si toutefois, d’ici là, Athènes s’engage, de manière ferme et concrète, sur un paquet de réformes avec ses créanciers. La Grèce, dans le cadre de son deuxième plan d’aide, doit encore recevoir environ 7 milliards d’euros d’aide.Si Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro), a déjà évoqué cette possibilité il y a une dizaine de jours, la position de la Commission risque d'alimenter les soupçons de complaisance chez les tenants de la fermeté. Berlin verrait d’un très mauvais œil cette possibilité de versements anticipés, pour parer à l’urgence financière grecque.Le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble a d’ailleurs jugé qu'il ne pouvait « exclure » une sortie désordonnée de la Grèce de l'euro - un « Grexident » - si le gouvernement d'Alexis Tsipras ne parvenait pas à un accord avec ses créanciers internationaux.Le commissaire européen, Pierre Moscovici, a estimé, vendredi dans un entretien au journal allemand der Spiegel qu'une sortie de la Grèce de l'euro serait une « catastrophe » qui pourrait annoncer « le début de la fin » pour la zone euro.Le gouvernement grec accepte l’assistance de la CommissionPar ailleurs, selon une source européenne, M. Tsipras, qui a acté, jeudi, une collaboration avec l’OCDE sur ses projets de réformes, a également accepté de demander l’assistance technique de l’Union européenne : les équipes de ce que l’on appelle la « task force Grèce », constituée au sein de la Commission européenne, devraient reprendre leur travail.Depuis près de quatre ans, cette équipe d’une soixantaine de personnes (dont près d’une trentaine en Grèce) assiste, à la demande, les différents gouvernements grecs, pour les aider à mettre en place les réformes réclamées par les créanciers.Côté Commission, c’est le vice-président, Valdis Dombrovskis, qui devrait superviser les travaux de cette « task force ». Il devrait travailler en coordination avec des experts des autres directions de la Commission (marché intérieur, concurrence, immigration…).Les Grecs devraient, eux aussi, constituer leur propre « assistance technique » pour discuter avec les Européens. Et le « superviseur » de cette équipe pourrait être le ministre délégué aux affaires européennes, Nikolaos Chountis.Cela permet de montrer que les discussions entre Athènes et ses créanciers ne sont plus aussi unilatérales que par le passé.Pierre Moscovici, le commissaire à l’économie, restera, lui, chargé de la puissante direction générale « Ecfin » et donc des équipes de la Commission (une quinzaine de personnes), qui travaillent au sein du « Groupe de Bruxelles ».Yanis Varoufakis, le flamboyant ministre des finances grec, n’aurait donc pas part directement aux négociations. En tout cas, c’est ce que souhaiteraient les Européens.L’amnistie fiscale proposée par Athènes à l’étudeLes Grecs ont commencé, jeudi à Athènes, à travailler avec les représentants de l’ex-« troïka » des créanciers, désormais appelé « Groupe de Bruxelles ». Ce qui est considéré à Bruxelles comme un très bon signal.L’objectif de ces réunions est de faire un état des lieux de l’état des finances grecques, de l’état de trésorerie des différentes administrations. Et aussi d’étudier quelles réformes peuvent être mises en place rapidement.La grande inconnue de l’état réel des finances grecquesLe gouvernement d’Alexis Tsipras a annoncé qu’il voulait mettre sur les rails rapidement ses mesures d’aide humanitaire pour les foyers les plus en difficulté dans le pays (électricité gratuite, aide alimentaire, accès aux soins).Les créanciers veulent savoir avec quel argent ces mesures d’urgence peuvent être financées.Par ailleurs, ils discutent déjà, selon une source européenne, de la mesure proposée par le ministre des finances, Yanis Varoufakis, qui consiste à proposer aux citoyens grecs ayant des arriérés d’impôts, une sorte d’amnistie fiscale et un étalement de leurs paiements.Le but est de faire rentrer le plus vite possible quelques milliards d’euros dans les caisses de l’Etat. Les experts du « Groupe de Bruxelles » étudieraient notamment comment rendre cette mesure moins injuste pour tous les Grecs qui, eux, ont payé l’impôt.Recettes fiscales plus faibles que prévuSur les deux premiers mois de l'année, les recettes fiscales ont atteint 7,298 milliards d'euros, soit 13,8 % (ou 1,17 milliard d’euros) de moins qu'attendu, a précisé le ministère des finances.L'excédent de l'Etat central ressort à 1,243 milliard d'euros sur janvier-février, contre 1,411 milliard prévu, a-t-il ajouté dans un communiqué.Ce montant n'intègre pas les comptes de la Sécurité sociale grecques, ni ceux des collectivités locales, et il diffère des données que suivent les créanciers internationaux. Il traduit néanmoins une amélioration de la situation financière d'Athènes.Athènes veut se donner les moyens de faire face aux remboursements d’empruntsCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.03.2015 à 11h15 • Mis à jour le13.03.2015 à 15h21 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L’Islande n’entrera pas dans l’Union européenne (UE) et n’adoptera pas l’euro : Reykjavik a fait savoir officiellement à la Lettonie, qui préside actuellement le Conseil européen, et à la Commission de Bruxelles, qu’elle retirait sa candidature à l’adhésion.« L’Islande n’est plus un pays candidat et demande à l’UE d’agir en conséquence », a indiqué ce courrier, jeudi 12 mars. Vendredi matin, la Commission ne réagissait pas. « Nous examinons le dossier, cela va prendre du temps », commentait une porte-parole de Federica Mogherini, la haute représentante et vice-présidente de la Commission.Bruxelles ne voit pas d’un bon œil ce retrait, qui est un signal plutôt négatif et dénote de la perte du pouvoir d’attraction de l’ensemble communautaire, ainsi que de la monnaie unique. La décision islandaise n’est toutefois pas une totale surprise : le gouvernement de centre droit, qui a été mis en place en 2013, s’était engagé à mettre fin au processus commencé en 2009 par la coalition de gauche alors au pouvoir.En six ans, l’UE a perdu son pouvoir d’attractionLa démarche enclenchée à l’époque avait été rapide en comparaison au sort réservé à d’autres candidats comme la Serbie, la Turquie ou la Bosnie. Les négociations ont démarré dès 2010 au niveau ministériel et, en théorie, l’Islande était promise à devenir le 29e membre de l’UE, après la Croatie, intégrée en 2013. Son dossier apparaissait comme plus simple, plus favorable, voire plus logique puisque le pays avait déjà intégré quelque 70 % de la législation européenne.Les dirigeants et l’opinion, terrassés par la crise financière et bancaire qui avait mis à mal les institutions du pays, considéraient l’Europe comme une bouée de sauvetage. Et une entrée dans l’euro comme un remède à la dépréciation de la couronne, qui avait perdu jusqu’à 50 % de sa valeur au plus fort de la crise d’un secteur bancaire hypertrophié, dont l’effondrement avait fait des victimes dans de nombreux pays. La faillite de la banque Icesave, en 2008, avait notamment touché des milliers de Britanniques et de Néerlandais.La classe politique avait été vivement critiquée pour avoir négligé les mises en garde des pays scandinaves et de la Grande-Bretagne quant à la disproportion entre la taille du pays (320 000 habitants) et celle de ses banques. Dans un rapport dévoilé en 2010, une commission d’enquête parlementaire avait dénoncé « l’extrême négligence » de l’ancien premier ministre conservateur, Geir Haarde, et de l’ex-gouverneur de la banque centrale, David Oddsson.C’est un gouvernement de gauche, dirigé par Johanna Sigurdardottir, qui allait devoir apurer les comptes, accepter un plan de rigueur du Fonds monétaire international, gérer les créances extérieures et redresser une économie malade.Lire aussi l’entretien avec Sigmundur David Gunnlaugsson « Intégrer l'UE serait incompatible avec certains intérêts fondamentaux de l'Islande »Le pays, qui cultivait fièrement son indépendance et mettait en avant son « miracle économique » et son confort de vie presque inégalé – attesté par une première place au palmarès mondial du développement humain en 2009 –, était contraint de changer radicalement de cap. Aujourd’hui, son produit intérieur brut reste inférieur à celui de 2008 et il a du mal à intégrer sur le marché du travail ses nombreux jeunes diplômés.Dès mars 2010, les électeurs avaient envoyé un signal en rejetant massivement, lors d’un référendum, un projet d’accord financier avec Londres et La Haye pour le règlement de la dette d’Icesave.Le camp des eurosceptiques renforcéCe résultat aboutissait, de fait, à remettre en question la candidature à l’UE. Depuis, les difficultés d’une série de pays, dont la Grèce, ont fait réfléchir les Islandais.La perspective d’un abandon de l’euro par Athènes, qui n’est officiellement pas souhaitée par les dirigeants européens mais n’est pas exclue, ainsi que la promesse d’un référendum au Royaume-Uni, sur le maintien ou non dans l’Union, ont renforcé le camp eurosceptique. Une vague nationaliste a même déferlé sur le pays.La population est également focalisée sur la question des quotas de pêche et la « guerre du maquereau », qui oppose Bruxelles et Reykjavik. La présence de l’Islande au sein de l’Association européenne de libre-échange et de l’Espace économique européen lui permet d’exporter le produit de sa pêche sans barrières tarifaires.Mais un conflit est apparu en 2010 quand l’Islande a décidé, contre l’avis de la Commission, de relever ses quotas de pêche. Les pressions de Bruxelles sur le pays pour le forcer à revoir sa politique ont favorisé le rejet du projet d’intégration.Lire également : L'Islande a sauvé ses pêcheursAvec un taux de chômage redescendu à 3 %, un tourisme en plein boom et des dettes sur les biens immobiliers des particuliers en partie effacées, le pays estime ne plus avoir besoin de l’Europe. Il se contentera de rester membre de l’espace sans passeport de Schengen et de l’OTAN.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Michel Bezat Ce qui devait arriver arriva… Préparée depuis un an, l’arrivée d’EDF sur le chantier de l’EPR construit par Areva à Olkiluoto (Finlande) se précise et elle sera l’une des premières illustrations du « rapprochement » des deux groupes réclamé par le gouvernement. Dans les prochaines semaines, les deux piliers de la filière nucléaire française et le consortium TVO, client finlandais d’Areva, signeront un accord tripartite prévoyant que l’électricien travaillera « aussi bien en support d’Areva que de TVO dans le cadre d’une mission d’ingénierie d’envergure », indique Le Figaro dans son édition du 13 mars.En revanche, EDF exclut d’investir dans ce projet dont la dérive des coûts explique en partie les difficultés actuelles d’Areva, qui vient d’annoncer une perte nette de 4,8 milliards d’euros en 2014.Ni le prix ni le calendrier ne pourront être tenusC’est Luc Oursel, alors patron d’Areva, qui était allé voir son homologue d’EDF, Henri Proglio, à la demande de TVO, pour obtenir l’assistance du géant de l’atome civil dans une phase très délicate pour ce réacteur de troisième génération, le plus puissant au monde (1 650 MW) : la fin des travaux d’électro-mécanique, la mise en place du contrôle commande, cerveau de la centrale, et plus critique encore, les essais du réacteur qui démarreront en 2017. Une phase pour laquelle le futur exploitant TVO ne se sent visiblement pas les reins assez solides.En 2003, quand le groupe Areva créé deux ans plus tôt décroche le marché finlandais avec l’allemand Siemens, il sous-estime le prix en proposant une centrale clé en main pour 3 milliards d’euros. Il s’engage sur un calendrier de construction intenable (quatre ans) pour une « tête de série », où les ingénieurs essuient toujours tous les plâtres !Sa présidente, Anne Lauvergeon, décide aussi de conduire le chantier sans EDF, qui a pourtant l’expérience de la construction des 58 réacteurs du parc nucléaire français, alors qu’Areva n’a jamais été maître d’œuvre de tels projets.Dès le début des travaux, en 2005, il s’avère que ni le prix ni le calendrier ne pourront être tenus : l’EPR coûtera finalement quelque 9 milliards et n’entrera pas en service avant 2018, avec neuf ans de retard.Pour Philippe Knoche, directeur général d’Areva, qui a piloté le chantier entre 2006 et 2009, il n’est plus question de se lancer seul dans une telle aventure.Arbitrage internationalDans un entretien aux Echos, vendredi, Mme Lauvergeon reconnaît « forcément une part de responsabilité » dans les difficultés actuelles de son ancienne entreprise. Elle note que l’EPR d’Olkiluoto « coûtera trois fois plus cher que prévu, mais comme celui construit par EDF à Flamanville (Manche) ».« Beaucoup de grands projets complexes ont vu l’addition s’envoler », ajoute-t-elle en citant les programmes de l’A380 d’Airbus ou du B777X de Boeing. Elle incrimine la forte hausse des prix du béton et de l’acier dans les années 2000. Mais également TVO et STUK, l’autorité de sûreté nucléaire locale, qui n’ont jamais respecté les délais de certification des équipements, ce qui a retardé le chantier.Un arbitrage international à plus de deux milliards d’euros oppose aujourd’hui TVO à Areva. Ce lourd contentieux n’a pas favorisé les Français : en décembre 2014, le parlement finlandais a choisi le russe Rosatom – malgré les tensions politiques entre Moscou et les Occidentaux sur l’Ukraine – pour la construction d’un sixième réacteur nucléaire.Passage obligéL’aventure finlandaise aura au moins permis de tirer deux enseignements. Un tandem EDF-Areva est un passage obligé pour décrocher des marchés. A Abou Dhabi, les émiratis avaient réclamé en vain la participation du premier exploitant mondial de réacteurs et finalement opté pour l’offre du coréen Kepco. EDF doit donc reprendre la main et jouer son rôle historique d’architecte-ensemblier.En outre, les deux sociétés doivent travailler – ce qu’elles font depuis des mois – à une forte baisse du prix de l’EPR si elles veulent l’exporter. Sans pour autant réduire la sûreté, qui explique en partie le coût de l’EPR.Car d’importants marchés sont en vue : la Chine, où deux EPR sont déjà en cours de construction ; en Inde, où les négociations menées par Areva ne semblent guère avancer ; et en Arabie saoudite, où les Japonais, les Américains et les Coréens sont également en lice. Vendu en plus grand nombre, le réacteur français de troisième génération pourrait alors bénéficier d’un effet de série. Et devenir – enfin – compétitif.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Pour leur retour à Athènes, jeudi 12 mars, les experts de l’ex-« troïka », désormais baptisée « Groupe de Bruxelles », ont deux priorités : obtenir une image claire de l’état des finances publiques grecques, ainsi qu’une explication détaillée de la manière dont le gouvernement d’Alexis Tsipras entend faire face aux besoins financiers du pays, confronté à de lourdes échéances de remboursement de prêts dans les semaines qui viennent.Ce n’est qu’après avoir fait cette évaluation que les experts des créanciers de la Grèce s’attaqueront à l’analyse de l’état d’avancement des réformes promises par Athènes. Ce volet de la mission devrait débuter la semaine prochaine.Jeudi, M. Tsipras et le secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), José Angel Gurria, ont annoncé un partenariat sur la mise en place de réformes (sur la fiscalité ou la concurrence, par exemple), dont Athènes espère qu'il sera une preuve de sa bonne volonté réformatrice.Jeu de pistesC’est un drôle de jeu de pistes, qui s’est ouvert, jeudi, pour tenter de localiser les représentants des créanciers de la Grèce. Le ministre des finances, Yanis Varoufakis, a déclaré, mercredi, que ces représentants de la Commissions européenne, de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI) seront maintenus à l’abri des regards, « dans un lieu dédié » de la capitale – « probablement leur hôtel », a précisé M. Varoufakis –, où leur seront livrées les « données » nécessaires à l’évaluation de l’état des finances grecques.En soit, rien de bien différent de la façon dont fonctionnaient déjà les experts de l’ex-« troïka », souvent confinés par le précédent gouvernement au Hilton, et qui ne sortaient de cet hôtel de luxe d’Athènes que pour aller rencontrer le ministre des finances.La « troïka » est de retour à AthènesPlus d’accès aux données depuis décembre 2014Le premier objectif de cette mission est d’obtenir une image claire de l’état des finances grecques, alors que plus aucune information ne remontait à Bruxelles depuis décembre 2014 et le début du processus électoral qui a porté, le 25 janvier, le parti de la gauche radicale Syriza au pouvoir.La Grèce doit également préciser à ses partenaires de quelle manière seront couverts les besoins financiers du pays jusqu’à fin mars, mois durant lequel d’importantes échéances se succèdent avec 6 milliards d’euros à rembourser, dont 1,5 milliard au FMI.De lourdes échéancesAprès un premier versement de près de 300 millions effectué vendredi 6 mars, le FMI, qui a prêté 32 milliards d’euros au total à la Grèce, attendait un deuxième remboursement de 334 millions d’euros vendredi 13 mars, puis un troisième, le 16 mars et encore un autre le 20 mars.Le pays devra aussi rembourser au FMI 420 millions d’euros en avril, 900 millions en mai et 1,45 milliard en juin. Juillet et août seront aussi compliqués, car la BCE attendra alors 6,7 milliards d’euros.Selon le ministère des finances, la Grèce a dégagé en janvier un excédent primaire (hors charge de la dette) s’élevant à 419 millions d’euros. Il était encore de 1,8 milliard d’euros sur la même période un an plus tôt.Quatre sources de revenusPour financer ces échéances, le gouvernement d’Alexis Tsipras compte sur quatre sources de revenus. Il entend d’abord continuer à utiliser les bons du Trésor : le pays a levé, mercredi 11 mars, 1,3 milliard d’euros à trois mois, à un taux d’intérêt encore en hausse par rapport à la précédente émission.Les principales acheteuses de ces obligations sont les banques grecques dont les liquidités restent soumises au bon vouloir de la BCE. Celle-ci a toutefois procédé jeudi à un nouveau relèvement de 600 millions d’euros du plafond du financement d’urgence (ELA) dont peuvent bénéficier les établissements grecs, portant à 69,4 milliards d’euros la somme disponible.Selon des données publiées, jeudi, par la Banque de Grèce, les prêts ELA qu’elle-même effectue ont représenté 65,64 milliards d’euros en février, contre 5,2 milliards en janvier. Dans le même temps, la BCE n’acceptant plus la dette souveraine grecque comme collatéral depuis le 4 février, les prêts de l’institution monétaire de Francfort contre garantie ont chuté de 53 %, à 38,61 milliards d’euros contre 82,24 milliards en janvier.Le gouvernement grec veut aussi « emprunter » aux caisses de sécurité sociale du pays. C’est pourquoi il a déposé, jeudi 12 mars, un amendement au projet de loi sur la gestion de la crise humanitaire actuellement en cours d’examen au Parlement, permettant de transférer au Fonds commun de la Banque de Grèce quelque 2 milliards d’euros de liquidités bancaires de ces organismes (caisses de retraite, sécurité sociale, agence pour l’emploi, etc.).Troisième piste : augmenter les recettes fiscales. Un projet de loi vient d’être soumis, jeudi, à la consultation publique. Il vise à permettre le remboursement d’impayés d’impôts en 100 mensualités et prévoyant une amnistie pour les contribuables décidant de rembourser l’ensemble de leurs dettes fiscales d’un coup.Bruxelles n’a pas été prévenu de cette initiative, qui devrait commencer à être étudiée par le « Groupe de Bruxelles », car il faut faire rentrer très vite de l’argent dans les caisses grecques.Enfin, et surtout, la Grèce espère pouvoir, d’ici au 20 avril, bénéficier de la dernière tranche de prêts (7,2 milliards d’euros) prévue dans le cadre de la prolongation de l’accord d’aide financière, décidée le 20 février lors d’une réunion de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro).Escalade verbale entre Athènes et BerlinAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.03.2015 à 20h02 • Mis à jour le12.03.2015 à 22h46 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La nouvelle bataille de Waterloo n'aura pas lieu : la Belgique a prudemment retiré son projet de frapper une pièce de 2 euros à l'occasion du bicentenaire de l'affrontement, le 18 juin prochain. La pièce, qui devait porter au dos l'image du célèbre lion trônant sur une butte, au-dessus de la plaine où furent écrasées les armées de Napoléon, ne verra pas le jour. La diplomatie française s'y est opposée. Elle a jugé que « les symboles négatifs pour une fraction de la population européenne » pouvaient être préjudiciables alors que les gouvernements de la zone euro « tentent de renforcer l'unité et la coopération au sein de l'union économique et monétaire ».Le projet, ont fait valoir des responsables français, risquait d'entraîner « une réaction défavorable » dans l'Hexagone, compte tenu du fait que Waterloo a « une résonance particulière dans la conscience collective, au-delà de la simple évocation d'un fait militaire ».Comme le lion, la France a (un peu) rugi au sein d'un très confidentiel « sous-comité des pièces », dépendant de l'instance qui réunit les directeurs du trésor des Etats de l'eurozone. L'ambassade de France à Bruxelles et la représentation permanente auprès de l'Union européenne minimisent l'affaire, soulignant qu'elle a été cantonnée à « un niveau purement technique ». « Mais il est vrai que nous n'étions pas spécialement enthousiastes », ajoute un porte-parole. Inutile d'interroger les ambassades britanniques : elles rient sous cape mais rappellent que leur pays n'est pas membre de la zone euro…Une perte de 1,5 million d'euros à comblerLa Belgique savait que Paris, appuyée par d'autres capitales, aurait pu exiger un vote des ministres européens des finances. Elle a donc remisé son projet. Le ministre des finances, le nationaliste flamand Johan Van Overtveldt s'est toutefois dit « un peu surpris ». La Monnaie royale devait frapper au total 270 000 pièces, dont 180 000 étaient déjà sorties des presses. Il en résultera une perte de 1,5 million d'euros. Que le ministère tentera de combler en diffusant une pièce purement commémorative, d'une valeur fictive de 2,5 euros, qui ne devra pas être soumise à l'approbation des Etats.Si le gouvernement belge n'entend pas envenimer la querelle, une responsable syndicale a, elle, confié à l'AFP sa colère et son incompréhension. D'autant, affirme-t-elle, que la Monnaie de Paris a installé son propre distributeur au pied de la Butte du Lion. On peut y acheter, pour 2 euros, une médaille représentant Napoléon en bicorne… ou le lion.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.03.2015 à 19h55 • Mis à jour le13.03.2015 à 17h30 | Maxime Vaudano, Alexandre Pouchard et Samuel Laurent Les eurodéputés Front national (FN) et leurs assistants sont dans le viseur de Martin Schulz. Comme le révélait Le Monde le 10 mars, le président social-démocrate du Parlement européen a saisi les instances anti-fraude de l'Union européenne (UE) des cas d'une vingtaine de collaborateurs. Ils sont soupçonnés d'être rémunérés par l'Europe tout en faisant autre chose que travailler pour le mandat européen de leur député. Le préjudice pourrait atteindre 7,5 millions d'euros.Lire : Qui sont les frontistes visés par l’enquête européenne pour fraude ?Ce type de pratique n'est pas nouveau. En 2011, le Parlement avait traîné des pieds avant de rendre public un rapport dénonçant ce type d'abus. Certains partis et députés profitaient de la manne offerte par le Parlement pour rémunérer des salariés employés à faire autre chose. Depuis, l'assemblée strasbourgeoise a tenté de mieux réguler le rôle et le statut des assistants.Néanmoins, comme nous l'avons découvert en passant au crible les 234 assistants des 74 eurodéputés français, les pratiques douteuses subsistent, et pas seulement au FN. Comment nous avons travaillé Nous avons récupéré sur le site du Parlement européen la liste des assistants déclarés par chaque eurodéputé français, qu'ils soient « locaux » ou accrédités au Parlement. Puis nous avons recherché, nom par nom, s'ils exerçaient d'autres fonctions, en nous concentrant sur deux activités : les responsabilités qu'ils pouvaient avoir au sein du parti de leur eurodéputé et l'exercice éventuel d'autres mandats électifs.Cliquez ici pour accéder aux données1. Des assistants aux rôles et statuts différents selon les partisQuel budget pour les assistants ? Chaque eurodéputé dispose d'une somme mensuelle de 21 500 euros pour rémunérer des assistants. Il est libre d'en embaucher le nombre qu'il veut, dans certaines limites. Certains n'en ont que trois, d'autres cinq. La moyenne pour les eurodéputés français est plutôt de quatre.De même, ils peuvent avoir deux statuts : accrédités au Parlement ou locaux. Là encore, une certaine disparité règne : certains eurodéputés n'ont aucun assistant local, d'autres à l'inverse en ont plus en local qu'au Parlement.if (!window.Highcharts) {') .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } .subtitre{ display:block; }$("#container_1426169459190 .graphe").css("height", 450)$("#container_1426169459190 .title").empty()if ("Nombre et statut des assistants parlementaires"!= ""){Nombre et statut des assistants parlementaires")}$("#container_1426169459190 .subtitle").empty()if ("Par formation politique française"!= ""){Par formation politique française")}$(function () {Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher' }});$("#container_1426169459190 .graphe").highcharts({chart:{ backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, type: "bar", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "", _blank ); } } }},colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"],credits:{ enabled:true, text:"", position: { align: "right", x: -15, y: -5 },},title: { text: ""},subtitle: { text: ""},plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true }},yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }]}, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' }}],xAxis:{ type:"linear", categories:["Parti Radical - UDI","Sans étiquette","Europe Écologie","L'union pour les Outremer","MoDem","PRG","PS","FN-RBM","UMP","Front de Gauche","Nous Citoyens","UDI"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }]},tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:true, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: ""},legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10},series:[ { "name": "Assistants accrédités", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 3 ], [ "", 5 ], [ "", 18 ], [ "", 3 ], [ "", 8 ], [ "", 2 ], [ "", 27 ], [ "", 38 ], [ "", 38 ], [ "", 7 ], [ "", 1 ], [ "", 2 ] ], "color": "#0386c3" }, { "name": "Assistants locaux", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", null ], [ "", 1 ], [ "", 6 ], [ "", 1 ], [ "", 4 ], [ "", 1 ], [ "", 16 ], [ "", 25 ], [ "", 26 ], [ "", 7 ], [ "", 1 ], [ "", 2 ] ], "color": "#FFc832" }]})});var chart = $('#container_1426169459190 .graphe').highcharts();if (0== 0){ $("#axeY2").hide() $(".invis").hide() $(".invis2").hide()} else { $("#axeY2").show() $(".invis").show() $(".invis2").show()}C'est une première différence entre les partis : chez les eurodéputés français écologistes, on compte en moyenne 3 assistants accrédités pour un local quand au Front de gauche ou au FN, ils se répartissent à égalité entre les deux échelles.2. Assistant parlementaire et… élu régional : les cumuls du FN17/63 En faisant le compte des mandats électifs exercés par des assistants parlementaires d'eurodéputés, un parti se détache nettement des autres : le Front national. Sur 63 assistants, pas moins de 17 sont élus locaux ! Si l'on compare avec l'UMP, qui compte 65 assistants, seuls six ont un mandat local. De même pour le PS (43 assistants, 3 mandats locaux).if (!window.Highcharts) {') .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } .subtitre{ display:block; }$("#container_1426169486405 .graphe").css("height", 450)$("#container_1426169486405 .title").empty()if ("Assistants parlementaires ayant un mandat électif ou une fonction dans le parti"!= ""){Assistants parlementaires ayant un mandat électif ou une fonction dans le parti")}$("#container_1426169486405 .subtitle").empty()if ("Nombre d'assistants par formation politique"!= ""){Nombre d'assistants par formation politique")}$(function () {Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher' }});$("#container_1426169486405 .graphe").highcharts({chart:{ backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, type: "bar", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "", _blank ); } } }},colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"],credits:{ enabled:true, text:"", position: { align: "right", x: -15, y: -5 },},title: { text: ""},subtitle: { text: ""},plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true }},yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }]}, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' }}],xAxis:{ type:"linear", categories:["Europe Écologie","Front de Gauche","FN-RBM","L'union pour les Outremer","Mouvement Démocrate","Nous Citoyens","Parti Radical - UDI","Parti radical de gauche","Parti socialiste","Sans étiquette","UDI","UMP"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }]},tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:true, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: ""},legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10},series:[ { "name": "Mandats électifs", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 1 ], [ "", 4 ], [ "", 17 ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", 3 ], [ "", 1 ], [ "", null ], [ "", 6 ] ], "color": "#0386c3" }, { "name": "Fonctions au sein du parti", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 3 ], [ "", 5 ], [ "", 23 ], [ "", null ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", null ], [ "", 1 ], [ "", 7 ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", 4 ] ], "color": "#FFc832" }]})});var chart = $('#container_1426169486405 .graphe').highcharts();if (0== 0){ $("#axeY2").hide() $(".invis").hide() $(".invis2").hide()} else { $("#axeY2").show() $(".invis").show() $(".invis2").show()}Surtout, concernant le FN, on trouve des cas qui posent question : outre des conseillers municipaux élus de petites communes, on compte également quatre conseillers régionaux (Frédéric Boccaletti élu en PACA, France Jamet en Languedoc-Roussillon, Eric Vilain en Lorraine et Bruno Bilde dans le Nord-Pas-de-Calais).Or, si l'on peut concevoir aisément qu'un mandat de conseiller d'un village soit compatible avec des fonctions d'assistant parlementaire, c'est moins vrai pour un conseiller régional, qui constitue un travail à part entière, rémunéré entre 1 500 et 2 600 euros brut par mois.Le Front national n'est cependant pas le seul dans ce cas : François Delapierre, assistant de Jean-Luc Mélenchon, est également conseiller régional en Ile-de-France.Autre cas répandu : le cumul des activités d'assistant parlementaire et de conseiller municipal de grandes villes. Là encore, le FN se distingue, avec des élus à Perpignan (Alexandre Bolo, assistant de Louis Aliot, dont le mandat n'es pas rémunéré), à Suresnes (Laurent Salles), Rambouillet (Philippe Chevrier), Givors, Toulon…Mais là encore, il n'est pas seul dans ce cas. Le Front de gauche et, dans une moindre mesure, le PS ou l'UMP comptent plusieurs cas de cumul d'un mandat municipal d'une ville de taille importante et d'une fonction d'assistant parlementaire.3. Des assistants qui travaillent pour le partiOutre ces mandats électifs, l'autre sujet qui attise les soupçons de l'Office européen de lutte antifraude (OLAF) est celui des responsabilités exercées par les assistants au sein des partis. L'OLAF s'est étonné que 20 assistants de députés frontistes figurent dans l'organigramme de la direction nationale du FN. Là encore, si le FN n'est pas le seul dont les collaborateurs d'eurodéputés ont des occupations multiples, il se distingue clairement.if (!window.Highcharts) {') .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } .subtitre{ display:block; }$("#container_1426169512116 .graphe").css("height", 450)$("#container_1426169512116 .title").empty()if ("Part d'assistants ayant une fonction partisane ou un mandat électoral"!= ""){Part d'assistants ayant une fonction partisane ou un mandat électoral")}$("#container_1426169512116 .subtitle").empty()if ("Par formation au parlement européen"!= ""){Par formation au Parlement européen")}$(function () {Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher' }});$("#container_1426169512116 .graphe").highcharts({chart:{ backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, type: "column", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "", _blank ); } } }},colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"],credits:{ enabled:true, text:"", position: { align: "right", x: -15, y: -5 },},title: { text: ""},subtitle: { text: ""},plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true }},yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }]}, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' }}],xAxis:{ type:"linear", categories:["L'Union pour les Outremer","Parti Radical ","UDI","Sans étiquette","UMP","Europe Écologie","Parti socialiste","Mouvement Démocrate","Parti radical de gauche","FN-RBM","Front de Gauche","Nous Citoyens"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:-90 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }]},tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"% ", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 2, xDateFormat: ""},legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10},series:[ { "name": "Part d'assistants ayant un mandat électoral", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", 16.67 ], [ "", 6.15 ], [ "", 4.17 ], [ "", 6.98 ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", 28.57 ], [ "", 28.57 ], [ "", null ] ], "color": "#0386c3" }, { "name": "Part d'assistants ayant une fonction partisane", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", 7.69 ], [ "", 12.5 ], [ "", 16.28 ], [ "", 16.67 ], [ "", 33.33 ], [ "", 36.51 ], [ "", 42.86 ], [ "", 50 ] ], "color": "#FFc832" }]})});var chart = $('#container_1426169512116 .graphe').highcharts();if (0== 0){ $("#axeY2").hide() $(".invis").hide() $(".invis2").hide()} else { $("#axeY2").show() $(".invis").show() $(".invis2").show()}24/63 Nous avons compté 24 assistants exerçant par ailleurs des responsabilités partisanes sur les 63 collaborateurs d'élus FN ou RBM.C'est nettement plus que le PS (7 cas sur 43 assistants), le Front de gauche (6 cas sur 24) ou l'UMP (5 cas sur 65).Parmi les exemples les plus frappants, citons Bruno Bilde (conseiller spécial de Marine Le Pen, membre du bureau politique, de la commission d'investiture et du comité central du parti) ; Catherine Griset, chef de son secrétariat ; Guillaume l'Huillier, directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen ; ou Micheline Bruna, secrétaire personnelle du président d'honneur du parti frontiste.Si le FN est clairement au-dessus des autres formations par le volume d'assistants ayant des responsabilités dans le parti, il n'est pas le seul. Tous deux assistants de Jean-Luc Mélenchon, Aigline de Vincens de Causans et François Delapierre occupent également des fonctions dans la direction du Parti de gauche. La première comme élu au bureau national, le second comme secrétaire national. Deux de leurs collègues y occupent des fonctions moins stratégiques : Juliette Prados comme attachée de presse et Laurent Maffeïs, l'ex-directeur de cabinet de M. Mélenchon, comme responsable du secteur « études » du parti.On peut aussi citer le cas d'Isabelle Sicart, chef de cabinet de François Bayrou à la présidence du MoDem et assistante parlementaire de Marielle de Sarnez. Ou encore celui de Lionel Moisy de Cala, conseiller en communication du député UMP Bernard Accoyer et assistant parlementaire de Renaud Muselier.Au PS, on compte des cas qui posent question aussi, comme Frédéric Faravel, à la fois membre du bureau fédéral du Val-d'Oise, du bureau du comité régional d'Ile-de-France, du bureau national des adhésions et assistant parlementaire au Sénat de Marie-Noëlle Lienemann, tout en étant également collaborateur de l'eurodéputé Emmanuel Maurel.1/3 Des assistants candidats. Autre comptage qui pose question : pas moins de 19 des assistants parlementaires du Front national sont candidats aux élections départementales, sur un total de 63. Ce chiffre est largement supérieur à celui du PS, par exemple (2 candidats sur 43 assistants) ou de l'UMP (aucun). 4. Des irrégularités pas forcément illégalesCes cas posent question. Sont-ils pour autant illégaux ? Ce sera aux instances européennes de trancher. Mais il semble difficile d'estimer la réalité du travail d'un assistant parlementaire, et ce qu'il peut faire ou non sur son temps de travail ou en dehors. A quel moment travaille-t-il pour le parti plutôt que pour le mandat européen de son élu ? Et comment le certifier ?Longtemps flou, le statut des assistants parlementaires est étroitement réglementé depuis 2008. Le règlement applicable reconnaît deux catégories de collaborateurs parlementaires :Les assistants « accrédités », « en poste » dans l'un des trois lieux de travail du Parlement européen (Strasbourg, Bruxelles, Luxembourg) pour y exercer « des tâches qui sont directement liées aux travaux accomplis par un ou plusieurs députés dans l'exercice de leurs fonctions [...] au Parlement européen ». Leur contrat est directement pris en charge par l'assemblée strasbourgeoise.Les assistants « locaux » qui « assistent » les eurodéputés dans leur Etat membre d'élection. Ils sont directement en contrat avec leur député.Le code de conduite sur lequel s'est appuyé le Parlement européen pour déclencher son enquête contre les assistants du FN précise que « seuls peuvent être pris en charge les frais correspondant à l'assistance nécessaire et directement liée à l'exercice du mandat parlementaire des députés ». « Ces dépenses ne peuvent en aucun cas couvrir des frais liés à la sphère privée des députés ». Le document stipule plus loin que le Parlement européen ne saurait financer « les contrats conclus avec les groupes ou partis politiques » représentés dans l'Hémicycle : l'argent public européen ne doit donc pas alimenter leurs dépenses courantes des mouvements politiques en tant que tel.Pour condamner d'éventuels députés fraudeurs, l'OLAF devra donc établir que leurs assistants se consacrent effectivement à d'autres tâches que celles pour lesquelles ils sont rémunérés par les fonds de l'UE.La question des rémunérations est à cet égard la clé. En décembre, Le Parisien avait interrogé le FN pour savoir si, dans plusieurs cas de cumul, les assistants percevaient une double rémunération. Ce dernier n'avait pas souhaité répondre.Maxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.03.2015 à 16h17 • Mis à jour le12.03.2015 à 16h20 Abonnée aux mesures de rigueur depuis 2008, même si celles-ci ont été officiellement levées depuis octobre 2014, et passée pas loin de la faillite en 2010, sauvée par un plan d’aide international, l’Irlande redresse la tête. Son économie a progressé de 4,8 % sur l’année 2014, contre une croissance de 0,2 % en 2013, a annoncé, jeudi 12 mars, l’institut irlandais des statistiques. Le gouvernement en place à Dublin attendait, il y a quelques mois encore, une hausse de 4,7 % du produit intérieur brut (PIB).Cette dynamique, en dépit d’un ralentissement sur les derniers mois de 2014, devrait se confirmer en 2015, puisque les prévisions de croissance du PIB irlandais vont de + 3,5 % pour la Commission européenne à + 3,9 % pour Dublin.« L’Irlande a bénéficié de ses liens commerciaux très proches avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni, deux des principaux moteurs de la croissance mondiale ces douze derniers mois », ce qui a dopé ses exportations et donc sa croissance, souligne Alan McQuaid, économiste chez Merrion Stockbrokers, cité par l’AFP.« Mais l’aspect le plus encourageant de cette reprise, c’est le rebond de la demande intérieure », pour la première fois depuis 2010, la chute de l’euro devant aussi « constituer un énorme avantage », ajoute-t-il, car elle va doper la compétitivité des industries basées dans le pays.L’euro au plus bas depuis 2003 face au dollarChiffres volatilsLes chiffres de la croissance de l’Irlande sont à prendre avec précaution : ils sont très volatils, en raison de la taille relativement modeste de cette économie et du fait de la présence importante d’entreprises multinationales des secteurs de la pharmacie et des nouvelles technologies, dont les résultats sont sensibles à la conjoncture.L’Irlande a connu six années d’austérité. Au total, cette « consolidation » budgétaire (marquée par des hausses d’impôts, la création d’une taxe foncière, la baisse des salaires des fonctionnaires de 11 % en moyenne…) a représenté 20 % du PIB. Toutes les banques irlandaises ont été nationalisées, au moins partiellement. Au bord du défaut de paiement, l’Irlande a dû faire appel fin 2010 à un plan de sauvetage du Fonds monétaire international (FMI) et de l’Union européenne.Le déficit a lentement été réduit, ce qui a permis à l’Irlande de retrouver la confiance des marchés financiers. Le pays a pu sortir du plan de sauvetage fin 2013. Il a obtenu une restructuration partielle de sa dette, qui s’élève à 114,8 % de son PIB. En octobre 2014, lors la présentation du budget 2015, le gouvernement irlandais a officiellement mis fin à la rigueur.L’Irlande sort à petits pas de sept années d’austéritéLes traces de l’austéritéMais les mesures d’austérité ont laissé des traces. La décision du gouvernement de taxer l’eau potable, engagement pris dans le cadre du plan d’aide financière, passe par exemple très mal et a provoqué nombre de manifestations ces derniers mois.Par ailleurs, au plan politique, l’Alliance anti-austérité (AAA), un mouvement d’extrême gauche créé en mai 2014, « surfe » sur ces ressentiments et ambitionne de marcher dans les pas de Syriza, en Grèce, et Podemos, en Espagne.En Irlande, l'Alliance anti-austérité rêve de marcher dans les pas de Syriza et Podemos 23.03.2015 à 12h01 • Mis à jour le23.03.2015 à 17h32 Si elle sortait de l'Union européenne (UE), la Grande-Bretagne verrait son produit intérieur brut (PIB) amputé de manière permanente de 2,2 % d'ici à 2030 ; une perte que des accords de libre-échange avec ses anciens partenaires ne suffiraient pas à eux seuls à compenser, estime le centre de réflexion Open Europe (rapport au format PDF, en anglais).Le « Brexit » (mot-valise composé de British – « anglais » – et d'exit, qui signifie « sortie ») est notamment soutenu par les eurosceptiques du United Kingdom Independence Party (UKIP – le Parti de l'indépendance du Royaume-Uni), et certains membres du Parti conservateur.Divers scénariosLe premier ministre, David Cameron, a promis, s'il est réélu, de renégocier les relations entre la Grande-Bretagne et l'Union européenne avant d'organiser, avant la fin 2017, un référendum sur le maintien du pays dans l'UE. Les prochaines élections législatives – le 7 mai –, promettent d'être serrées, les sondages ne voyant aucun parti disposer de la majorité absolue à Westminster.Le Parti travailliste se dit attaché à l'Europe, mais souhaite une reforme des institutions. Seuls les libéraux démocrates, qui font partie de la coalition au pouvoir avec les conservateurs, sont franchement europhiles.Selon Open Europe, en cas de sortie de l'Union européenne, le meilleur scénario possible pour la Grande-Bretagne serait, outre un accord de libre-échange avec l'Europe, une dérégulation très poussée de son économie et une ouverture quasi totale des échanges commerciaux avec le reste du monde.Dans ce cas, le PIB en 2030 serait de 1,6 % supérieur à ce qu'il pourrait être en cas de maintien dans l'Union, ajoute Open Europe, qui note cependant que les travailleurs britanniques seraient alors confrontés à la concurrence de pays à coûts plus bas.Pour Open Europe, le pire des scénarios pour la Grande-Bretagne est une sortie de l'Union européenne, suivie d'une série de mesures protectionnnistes. François Bougon, Aymeric Janier, Audrey Fournier, Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Philippe Ridet (Rome, correspondant) Les médias européens se penchent, lundi 23 mars, sur les résultats des élections départementales en France, en pointant le retour victorieux de l’ancien président Nicolas Sarkozy, le score moins élevé qu’annoncé pour l’extrême droite et Marine Le Pen et la défaite du Parti socialiste, dans une France où s’installe le tripartisme. En Allemagne« L’extrême droite est à un niveau plus faible qu’attendu – l’UMP de Sarkozy sort victorieuse du scrutin », titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung, ajoutant que « l’ancien président est parvenu à empêcher que le Front national ne devienne le premier parti de France ». Le quotidien allemand (conservateur) note cependant que le parti de Marine Le Pen – bien qu’étant en deçà des 30 % d’intentions de vote que lui prédisaient les sondages d’avant-scrutin – a réussi à faire sauter le verrou du bipartisme.Pour le Spiegel, même si le FN n’a pas rencontré le triomphe escompté, il « peut être optimiste, car par rapport à 2011, le parti a enregistré un bond de 9 % ». « La vérité, c’est que l’avance de l’extrême droite modifie la tectonique de la Ve République en faveur du tripartisme. Jusqu’à présent, la vie politique était rythmée par l’alternance gauche–droite », explique l’hebdomadaire. Enfin, pour la Süddeutsche Zeitung, « le Front national propage en français ce que Syriza fait en grec. Ou ce que scande dans la rue Podemos, la nouvelle coalition de gauche espagnole : que les nations souffrent au nom de l’Europe, car l’austérité bruxelloise plonge les masses dans la misère ». Cependant, dans Die Welt, Sascha Lehnartz, le correspondant du quotidien allemand (conservateur) à Paris, estime qu’il est prématuré de tirer des conséquences de ce scrutin pour l’avenir de la France et, plus largement, de l’Europe. Il estime ainsi que, même si le Front national enregistre son meilleur score jusqu’ici, les chances de Marine Le Pen d’accéder à la présidence en 2017 ne sont pas « démesurément grandes ». « Dans le pire des cas, elle réussira à atteindre le même niveau que son père en 2002. Elle a de bonnes chances de se qualifier pour le second tour, mais elle perdra – même si ce ne sera pas aussi net que Jean-Marie Le Pen contre Jacques Chirac », anticipe-t-il.En ItalieLa presse italienne, relève notre correspondant Philippe Ridet, consacre de nombreuses pages aux résultats des élections françaises qui se partagent la « une » des plus grands quotidiens avec l’OPA du colosse chinois de la Chimie ChemChina sur le constructeur de pneumatiques Pirelli et la décision du maire de Milan, Giuliano Pisapia, de ne pas se représenter pour un second mandat en 2016. Tous mettent en relief la performance de l’UMP, l’enracinement du Front national et la nouvelle déroute du Parti socialiste.Pour le quotidien La Stampa, qui note que le FN échoue à devenir le premier parti de France, « le mal n’est pas guéri ». « Le vrai défi de cette élection était de savoir si Marine Le Pen était parvenue vraiment à transformer le vieux parti outrancier de son père en première force », écrit Cesare Martinetti, ancien correspondant à Paris du quotidien piémontais. La réponse est non. « Pour cause de scrutin majoritaire, elle n’obtiendra que quelques élus. Dimanche prochain, la géographie politique de la France aura changé en faveur de la droite de Nicolas Sarkozy et non de l’extrême droite. »La Repubblica (gauche) s’attarde plus longuement sur le cas de Manuel Valls sous la plume de Bernardo Valli. Le premier ministre est crédité d’avoir limité « avec énergie » la montée annoncée du FN. Valli s’attarde longuement sur la « convergence » entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. « Sarkozy a décalqué, point par point, le programme de l’extrême droite (…) sauf sur l’Europe et la monnaie unique. Ainsi a-t-il soufflé à Marine Le Pen la place de première formation de France. »Pour les médias italiens, le résultat de ce premier tour met un terme « à la parenthèse Charlie », comme l’écrit Massimo Nava dans Il Corriere Della Sera. « Dix ans après la révolte dans les banlieues, les problèmes d’intégration, d’immigration, de sécurité restent les mêmes, aggravés par la montée de l’islamisme radical. » « Dans ce contexte, conclut-il, la France est le laboratoire le plus intéressant des tendances et des tensions qui tourmentent le Vieux Continent. Elle est le grand malade affligé d’une vague populiste, incapable de se réformer et donc d’exercer un rôle de leader en Europe. »En Belgique« Du bleu, mais pas du bleu Marine ! », titre Le Soir de Bruxelles, qui souligne cependant que le FN dépasse son score des élections européennes, relève Jean-Pierre Stroobants, du bureau européen du Monde. Le quotidien relève aussi une participation en légère hausse. Pour La Libre Belgique, « Nicolas Sarkozy fait barrage à la vague locale du FN ». Malgré tout, affirme le quotidien, l’extrême droite « stagne à un niveau très élevé ». « Le FN n’est pas encore le premier parti de France », souligne le quotidien néerlandophone De Standaard. « C’est la collaboration entre la droite et le centre qui a fait en sorte que le FN, contre toute attente, échoue à atteindre son objectif. »« C’est un échec pour Le Pen », écrit le journal néerlandais De Volkskrant. Qui reprend les déclarations de Nicolas Sarkozy quant aux similitudes entre le programme du FN et l’extrême gauche. « Les socialistes sont sanctionnés, même s’ils ont mené une campagne violente contre le Front national », note quant à lui NRC-Handelsblad. Ces élections départementales, peu populaires en général, ont en outre été compliquées par le fait qu’une réforme inachevée ne permettait pas de savoir quel serait le rôle exact des futurs élus, relève le journal de Rotterdam.En EspagnePour les quotidiens espagnols El Pais et El Mundo, l’UMP de Nicolas Sarkozy a freiné Marine Le Pen. « Le triomphe de Sarkozy, le plus important de sa formation dans ce type d’élections, renforce son leadership », juge le premier. Pour le second, « la coalition entre le parti conservateur emmené par Nicolas Sarkozy (UMP) et les centristes a marqué la soirée et a gâché la fête à Marine Le Pen et ses amis ».Le journal conservateur ABC estime, lui, que « la France penche à droite et à l’extrême droite, tout en sanctionnant avec sévérité la politique de François Hollande et la division de la gauche ». Audrey FournierAymeric JanierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteFrançois BougonChef adjoint au service InternationalSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalistePhilippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Deux mois après son élection à la tête du gouvernement grec, Alexis Tsipras se rend enfin à Berlin. Comme il se doit, le premier ministre sera reçu à la chancellerie avec les honneurs militaires, lundi 23 mars. Après un entretien prévu d’une heure quinze avec Angela Merkel, les deux dirigeants européens s’adresseront à la presse à 18 h 15 avant de dîner à la chancellerie… à l’heure allemande.Chacun, ces derniers jours, a tenté de dédramatiser l’enjeu de cette rencontre. Dès le 19 mars au matin, avant de se rendre au Conseil européen de Bruxelles, Mme Merkel avait dit devant le Bundestag qu’il ne fallait pas attendre de « solution » à la crise grecque ce lundi. Elle avait surtout clairement laissé entendre qu’elle ne souhaitait pas que la Grèce sorte de l’euro. « Le monde nous regarde », avait-elle lancé, réaffirmant que « si l’euro échoue, l’Europe échoue ». Par ailleurs, avait-elle conclu, « peut-être est-il temps de nous souvenir comment nous avons réussi cette merveilleuse transformation d’un continent de guerre en une Europe unie : avec de la créativité et le respect des traités, avec des principes établis autant qu’avec de la compréhension mutuelle et une disponibilité pour les compromis. » Créativité, compromis… Autant de termes rarement entendus ces jours-ci à Berlin.Lire aussi :Grèce : il y a urgence pour trouver un compromisLundi matin, la presse allemande annonçait que M. Tsipras devrait présenter une liste des réformes qu’il entend mener pour éviter à son pays d’être en défaut de paiement dès lundi soir à Berlin. Et dans un entretien à la Süddeutsche Zeitung de ce lundi, le ministre grec des affaires étrangères, Nikos Kotzias, appelle à trouver une solution davantage politique que juridique au différend entre les deux pays sur les réparations de guerre que, selon Athènes, l’Allemagne devrait payer à la Grèce.Une opinion allemande hostileNéanmoins la tension est palpable en Allemagne. Si Angela Merkel semble prête à se montrer conciliante, ce n’est pas le cas de nombre de responsables politiques. Et pas seulement au sein de la CDU. Concernant la liste des réformes que doit présenter Athènes, Thomas Oppermann, le chef du groupe social-démocrate au Bundestag, a dit « attendre [de M. Tsipras] qu’il présente cette liste lors de ses discussions avec la chancelière lundi » .« Je veux savoir une fois pour toutes si la Grèce est prête ou non à réformer. » Alors que l’opinion allemande est très hostile à la gauche grecque, le Parti social-démocrate ne veut absolument pas apparaître proche de Syriza. Mais la situation de Mme Merkel n’est pas facile pour autant. Samedi, le quotidien Bild envisageait un scénario selon lequel une majorité des députés de la CDU pourrait, en juin, voter contre un troisième plan d’aide à Athènes. Celui-ci ne serait approuvé par le Bundestag que grâce aux voix de l’opposition et du Parti social-démocrate. On n’en est certes pas là, mais cette hypothèse est révélatrice des tensions qui agitent les conservateurs allemands.Lire aussi :L’Allemagne débat de sa dette envers la GrèceMais l’Allemagne est mal à l’aise face à la Grèce. L’élection d’Alexis Tsipras à l’issue d’une campagne résolument anti-allemande a rouvert bien des plaies. Samedi, la « une » du Spiegel a provoqué de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Un montage montre une Angela Merkel rayonnante devant des officiers nazis posant en 1941 devant l’Acropole. Titre du dossier : « Le Quatrième Reich ».L’Allemagne est-elle vraiment devenue une « superpuissance » qui dicte sa loi aux autres en Europe ? Si l’hebdomadaire répond plutôt par la négative, il donne la parole à plusieurs Européens (dont le français Emmanuel Todd) qui ne partagent pas cet avis. Qu’un journal allemand puisse donner l’impression qu’il compare, même indirectement, la chancelière aux officiers nazis n’a pas été du goût de tous et la direction du journal a dû se défendre en reprochant à ses critiques de faire preuve de mauvaise foi.En fait, peu importe. Cet épisode, tout comme la polémique sur le doigt d’honneur que le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis, aurait adressé à l’Allemagne avant d’être élu – et qui est sans doute le fruit d’un canular –, est surtout intéressants par ce qu’il révèle des relations actuelles à fleur de peau entre Berlin et Athènes.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.03.2015 à 21h48 • Mis à jour le22.03.2015 à 11h24 « Nous avons un objectif, faire annuler cette loi. » Après des années d'austérité, des dizaines de milliers d'Irlandais ont manifesté samedi 21 mars à Dublin pour dénoncer la décision du gouvernement de facturer l'eau du robinet, jusqu'alors gratuite.Ce rassemblement, dernier d'une série qui a réuni jusqu'à plusieurs dizaines de milliers de personnes depuis septembre, a fortement mobilisé. Si la police irlandaise s'est refusée à donner un chiffre de participation, les organisateurs ont estimé le nombre de manifestants à 80 000 tandis que la chaîne de télévision RTE a évoqué 30 000 à 40 000 personnes dans les rues de la capitale irlandaise.#irishwater #irishwaterprotest #WATERPROTESTS #watercharges #ireland #Dublin http://t.co/x0GEb2HCu1— Ciara Byrne (@ciarabyrne)require(["twitter/widgets"]);Les premières factures, pour le premier trimestre de l'année, doivent arriver dans les boîtes aux lettres des Irlandais le mois prochain. Pour le gouvernement, cela permettra d'introduire la « clarté et l'accessibilité » dans la tarification de l'eau.Mais pour Deirdre, une manifestante originaire de Dublin, il s'agit surtout d'une mesure d'austérité de trop alors que le pays compte plus de 10 % de chômeurs et que le retour de la croissance économique, qui s'élevait à 4,8 % en 2014, tarde à se faire sentir pour une grande partie de la population.« Ce n'est pas juste au sujet de l'eau, que nous payons déjà avec nos impôts. Il s'agit aussi des coupes dans les retraites, de l'impôt foncier. J'ai encore la chance d'avoir mon emploi, mais il n'y a pas eu de hausse de salaire depuis six ans, tandis que les nouvelles taxes, elles, se sont multipliées. »Appels à ne pas payerParmi les manifestants, nombreux étaient ceux qui brandissaient des drapeaux aux couleurs du parti d'opposition et anti-austérité Sinn Féin. D'autres arboraient un drapeau grec, évocation du mouvement Syriza, ou soutenaient l'Alliance anti-austérité, qui s'inspire du mouvement désormais à la tête de la Grèce. La députée du Parti socialiste Ruth Coppinger a appelé la foule à ne pas payer. « D'ici dix jours, chaque famille dans ce pays va recevoir sa facture. Le seul moyen d'obtenir la suppression de cet impôt est de ne pas payer en masse. »Lire : En Irlande, l'Alliance anti-austérité rêve de marcher dans les pas de Syriza et PodemosDublin s'était engagé à introduire cette taxe sur l'eau dans le cadre du plan d'aide financière du Fonds monétaire international et de l'Union européenne adopté en 2010 pour sauver son économie de la faillite. En novembre, le gouvernement avait fait marche arrière sur certains points, réduisant notamment le montant de la facture réclamée aux foyers irlandais (qui sera comprise entre 60 et 160 euros) et renonçant à les faire payer au mètre cube consommé. Mais il refuse d'abandonner sa réforme qui doit mettre fin à une exception au sein de l'UE, qui remonte à 1997.Lire (édition abonnés) : L’Irlande sort à petits pas de sept années d’austérité 21.03.2015 à 10h58 • Mis à jour le21.03.2015 à 12h48 « La corruption pue, la société corrompue pue », a lancé samedi 21 mars le pape François aux habitants du quartier défavorisé de Scampia à Naples, en avertissant que « tous, nous avons la possibilité d'être corrompus et de glisser vers la délinquance ».Le pape a lancé cet appel très ferme, en évitant de parler directement de mafia dans ce quartier emblématique des grands problèmes sociaux de Naples :« Ceux qui prennent la voie du mal volent un morceau d'espérance à eux-mêmes, à la société, à tant de gens honnêtes, à la bonne réputation de la ville, à son économie »Lire aussi, en édition abonnés : Le pape François dans l’ex-enfer de GomorraAppel à se convertir « à l'amour et à la justice »« Comme un animal mort pue, la corruption pue, la société corrompue pue, et un chrétien qui fait entrer en lui la corruption pue », a-t-il martelé sur la place Jean Paul II du quartier, où le pape polonais s'était rendu en 1990. « La vie à Naples n'a jamais été facile, mais elle n'est jamais triste, sa grande ressource est la joie », a tempéré François, chaleureusement applaudi par la foule.Assis sur un podium au milieu de centaines d'enfants, le pape a fustigé « ceux qui prennent la voie du mal (et) volent un morceau d'espérance à eux-mêmes, à la société, à la bonne réputation de la ville, à son économie ». Le pape a ensuite célébré une messe devant quelque 100 000 fidèles, sur la place du Plebiscito. Il a dénoncé le trafic de drogue et a appelé les mafieux de la Camorra, sans toutefois les citer, à « se convertir à l'amour et à la justice » :« Il est toujours possible de retourner à une vie honnête. Ces sont des mères en larmes qui le demandent dans les églises de Naples. »Il a exhorté Naples à vivre un nouveau « printemps » pour « un avenir meilleur », « sans se réfugier dans le passé ».Les mesures de sécurité sont drastiques, d'autant que le pape devait circuler en voiture sur un total de 25 km. Selon la presse locale, 3 000 agents des forces de l'ordre, dont des tireurs d'élite sur les toits, sont déployés. Stéphane Lauer (New York, correspondant) La fracturation hydraulique va commencer à être encadrée par le gouvernement américain. Celui-ci a effectivement annoncé, vendredi 20 mars, une série de règles contraignantes concernant cette technique de forage notamment utilisée dans l’extraction du gaz et du pétrole de schiste. Cette régulation, vivement contestée par les entreprises du secteur, était en cours de discussion depuis 2012.La fracturation hydraulique, qui consiste à injecter de l’eau, du sable et des produits chimiques dans le sous-sol pour y récupérer le pétrole et le gaz difficiles à extraire, suscite de plus en plus d’opposition aux États-Unis. « Il y a beaucoup de crainte et d’inquiétude de la part du public, particulièrement à propos de la sécurité de l’eau souterraine et de l’impact de ces opérations », explique Sally Jewell, la secrétaire à l’Intérieur, c’est-à-dire la responsable de l’exploitation des ressources naturelles et de la gestion des terres publiques aux États-Unis.Le Bureau de gestion des terrains (BLM) du département de l’Intérieur a reçu des contributions de plus de 1,5 million de particuliers et d’associations. « Nous pensons que ces normes sont essentielles », ajoute-t-elle soulignant que la réglementation actuelle date d’il y a 30 ans et qu’elle n’est plus adaptée à la situation actuelle.Secrets industrielsLes mesures annoncées vendredi vont obliger les groupes pétroliers et gaziers à renforcer l’étanchéité de leurs puits et des tests seront systématiquement effectués pour vérifier la qualité des parois en ciment censées empêcher la contamination des nappes phréatiques. Les sociétés devront aussi publier dans un délai des 30 jours quels produits chimiques elles injectent dans le sol pour permettre l’extraction.Ce sujet est une question sensible pour les compagnies pétrolières, qui sont très jalouses de leurs secrets industriels. Ainsi, récemment, en Caroline du Nord, Halliburton a fait un intense lobbying pour faire passer une loi, qui condamne toute personne qui divulguerait la liste des produits chimiques utilisés pour la fracturation hydraulique.Avant de commencer un forage, les compagnies pétrolières et gazières devront également fournir davantage d’informations concernant le stockage des fluides toxiques utilisés. Elles devront par ailleurs sécuriser les eaux usées dans des réservoirs couverts, au lieu de les évacuer, comme c’est parfois le cas, dans des fosses creusées à même le sol.Les compagnies devront aussi détailler comment elles comptent éliminer ces produits toxiques. Enfin, elles auront à fournir plus d’informations concernant les réserves d’eau situées à proximité du forage afin que celles-ci soient protégées.Un impact limitéCe premier pas vers une réglementation est toutefois limité dans la mesure où elle ne vise que les terrains qui sont la propriété de l’Etat fédéral. Cela ne représente que 11 % du gaz naturel exploité et 5 % des gisements de pétrole. Environ 100 000 puits sont concernés au total. La grande majorité de l’extraction se déroule en effet sur des espaces privés ou appartenant aux États fédérés, qui restent libres d’appliquer leurs propres règles.Certains, comme New York, ont interdit totalement la fracturation, tandis que d’autres, comme le Colorado, ont commencé à réguler le secteur. Mais beaucoup sont encore muets sur le sujet.Cela n’a pas empêché les compagnies pétrolières de protester vigoureusement contre cette nouvelle réglementation. Elles craignent notamment que ces mesures commencent à inspirer certains États pour mettre en place des règles plus contraignantes. Elles dénoncent également les coûts que cela va engendrer.Même si les mesures interviennent à un mauvais moment pour l’industrie, alors que le prix du baril a chuté de 50 % en un an, l’impact financier serait relativement limité. Le montant global pour le secteur a été évalué par le gouvernement à 32 millions de dollars (29,5 millions d’euros) par an, soit à peine 1 % du coût d’exploitation moyen d’un puits.Protestations du lobby pétrolierLa réaction du lobby pétrolier a néanmoins été immédiate. Quelques minutes après la publication des nouvelles règles, l’Independent Petroleum Association of America a déposé plainte, qualifiant ces mesures de « réaction à des préoccupations non fondées ».Pour Barry Russell, le responsable de l’organisation, « De la Californie à la Pennsylvanie, l’industrie du pétrole et du gaz naturel a joué un rôle crucial dans la relance de l’économie américaine, et la fracturation hydraulique a été la clé de cette renaissance. Cette nouvelle réglementation fédérale va ajouter des coûts pour nos producteurs indépendants », proteste-t-il, pronostiquant que le dispositif va conduire à faire fuir les investissements et peser sur les créations d’emplois.Vingt-quatre heures auparavant, le sénateur républicain de l’Oklahoma, James Inhofe, a tenté de couper l’herbe sous le pied du gouvernement en proposant une législation visant à interdire à l’Etat fédéral de réguler la fracturation hydraulique, laissant le champ libre aux Etats fédérés. En annonçant cette nouvelle réglementation, Barack Obama a ouvert un nouveau front avec les Républicains, désormais majoritaires au Congrès.Lire aussi :Obama veut réduire de 40 % les émissions de méthane d’ici à 2025 Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.03.2015 à 18h54 • Mis à jour le20.03.2015 à 19h19 Après expiration du délai légal de dix-huit mois de détention provisoire prévu par le code pénal, le fondateur et dirigeant du parti grec d'inspiration néonazie, Aube dorée, a été libéré de prison, vendredi 20 mars. Nikos Michaloliakos, 57 ans, est assigné à résidence.Lire aussi : La chute de Nikolaos Michaloliakos, « le petit Führer grec »Mis en examen pour « direction et participation à une organisation criminelle » – en lien avec sa formation politique – et d'autres délits, il est interdit de quitter le territoire. La justice l'autorise cependant à sortir sous escorte pour assister aux séances du Parlement. Un autre député d'Aube dorée, Yannis Lagos, poursuivi dans le cadre de l'assassinat du militant antifasciste Pavlos Fyssas, a également été remis en liberté conditionnelle. Il lui est interdit de quitter le pays et de participer à des rassemblements publics.Lire : Grèce : qui sont les néonazis du parti Aube dorée ? Soixante-douze personnes jugéesLes deux hommes ont été arrêtés quelques jours après l'assassinat de M. Fyssas, le 18 septembre 2013. Le chanteur de 34 ans avait été poignardé par Yorgos Roupakias, 45 ans, qui avait reconnu les faits et confirmé son appartenance à Aube dorée. Son meurtre a marqué le lancement d'une enquête inédite contre cette formation, d'inspiration xénophobe et antisémite. Lire : « Grèce : un rappeur antifasciste tué par un néonazi »Les principaux cadres, députés, ex-députés et de nombreux membres d'Aube dorée ont ainsi été interpellés et placés en détention provisoire. Le numéro deux du parti, Christos Pappas, doit par ailleurs être remis en liberté conditionnelle le 29 mars. Au total, 72 personnes seront jugées dans le cadre de cette affaire à partir du 20 avril.Lire (édition abonnés) : La Grèce sous le choc de la violence d’Aube doréeEntrée pour la première fois au Parlement lors des législatives de 2012 avec 18 députés, Aube dorée a maintenu son score lors des législatives du 25 janvier, où elle est arrivée en troisième position et a fait réélire 17 députés, dont certains sont toujours sous les verrous.Lire aussi (édition abonnés) : Aube dorée, en troisième position, crie victoire 20.03.2015 à 16h42 • Mis à jour le20.03.2015 à 20h12 L'Ukraine tente d'obtenir de ses créanciers l'effacement d'une partie de sa dette. Depuis le 12 mars, Kiev a engagé des négociations avec ses bailleurs privés et publics avec l'objectif de dégager 15 milliards de dollars (14 milliards d'euros) d'allègement dans le cadre d'un plan d'aide international de 40 milliards de dollars (envrion 37 milliards d'euros) sur quatre ans.Mais les discussions s'annoncent « compliquées », a annoncé, vendredi 20 mars, la ministre des finances, Natalie Jaresko. « Cette restructuration va requérir un mélange d'extension de maturité, de réduction du coupon [les intérêts] et du [montant] principal », a-t-elle expliqué la ministre au centre de recherches Council on Foreign Relations, à New York.Mme Jaresko dit ne pas connaître dans le détail l'identité des détenteurs de la dette ukrainienne, échangeable sur les marchés, et notamment des 3 milliards de dollars (2,8 milliards d'euros) prêtés par Moscou à Kiev en 2013, et qui doivent être remboursés d'ici à la fin de l'année.Des incertitudesAffaiblie économiquement par le conflit dans l'Est, l'Ukraine devrait voir sa dette publique flamber à 94 % de son produit intérieur brut en 2015, contre 40,6 % en 2013. Selon Mme Jaresko, Kiev et ses créanciers ont intérêt à ce que le pays revienne sur une trajectoire « viable » et « soit en position de rembourser sa dette ». « Nous n'y sommes pas encore », a-t-elle reconnu, ajoutant que les discussions devront être achevées d'ici à mai.Lire aussi (édition abonnés) : L’économie ukrainienne au bord de l’effondrementLe Fonds monétaire international (FMI), qui contribue à hauteur de 17,5 milliards de dollars (16 milliards d'euros) au plan d'aide, craint que certains bailleurs du pays rechignent à accepter des pertes. Ces derniers « ont naturellement feint d'être surpris », mais « jusqu'à maintenant, nous avons à peu près le sentiment que tout le monde nous soutient », a assuré la ministre.Le conflit dans l'est du pays fait peser de nombreuses incertitudes sur l'issue des discussions et sur le scénario du FMI d'un retour à la croissance dès 2016 et pour Mme Jaresko :« Il y a beaucoup de pièces du puzzle qui ne sont pas prévisibles (...). C'est difficile de prédire si nous serons proches de ces prévisions s'il y a un choc extérieur ou si le cessez-le-feu ne tient pas. » Maryline Baumard En 2014, l’Europe a enregistré 626 000 demandes d’asile, soit une hausse de 44 % en un an. Parmi eux, 20 % sont des Syriens, selon les dernières statistiques Eurostat. Laissera-t-on longtemps encore ces familles entières traverser la Méditerranée aux mains de passeurs, pour tenter d’être reconnues comme des réfugiés ? Cette question est sous-jacente dans la lettre que vient d’adresser le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterres. Une missive qui liste une série de propositions concrètes.Renonçant à attendre une initiative politique qui ne vient pas, las de voir les bateaux sombrer, les Nations unies ont donc pris les devants. Vendredi 19 mars, l’agence de l’organisation internationale ouvrait le débat sur le sujet, à Paris avec la presse. Elle souhaite encourager une large réflexion entre la Commission européenne, les États et d’autres parties prenantes concernées pour répondre aux problèmes de la migration en mer Méditerranée et pour sauver des vies.En 2014, 3 419 personnes ont péri noyées en tentant de rallier l’Europe. C’est devenu la route la plus dangereuse du monde et elle risque de faire plus de victimes en 2015 qu’en 2014. Depuis le 1er janvier, en effet, quelque 470 personnes ont déjà trouvé la mort ou sont portées disparues, contre 15 sur la même période en 2013.Par son initiative, le HCR veut réveiller une Europe barricadée derrière ses frontièresLe HCR souhaite donc la mise en place d’une opération européenne d’envergure pour la recherche et le sauvetage en mer. Une opération similaire à Mare Nostrum, l’initiative italienne de sauvetage qui a pris fin l’année dernière, faute de relais pris par l’Europe. La nouvelle version, dont rêve le HCR, serait gérée conjointement par les Etats et n’aurait rien à voir avec Frontex, l’agence de surveillance des frontières extérieures de Schengen, qui sauve occasionnellement des naufragés, mais dont ce n’est pas la vocation première. Pour l’heure, les Etats s’y refusent, car ils estiment que cela créerait un appel d’air. Le HCR souhaite aussi la mise en place de compensations européennes versées aux compagnies maritimes pour les pertes subies pendant le sauvetage de personnes en détresse. À l’heure actuelle, certains cargos commencent en effet à se dérouter pour ne plus croiser les routes des migrants… C’est en effet sur les gardes-côtes italiens et sur les initiatives privées que repose aujourd’hui le secours.Répartition inégalePar son initiative, le HCR veut réveiller une Europe barricadée derrière ses frontières et aider à penser globalement le sujet des migrations. Elle préconise donc une meilleure répartition de l’accueil des demandeurs d’asile entre les États. Aujourd’hui, ces demandes vont très majoritairement vers l’Allemagne et la Suède. La première a enregistré un tiers de demandes en 2014, la seconde 13 %. La France et l’Italie arrivent ensuite avec 10 % chacune, et une baisse de 5 % des demandes pour la France.Face à cette répartition inégale, le HCR propose une solidarité européenne permettant une répartition plus égale, mais aussi une prise en charge mutualisée des entrants en Europe. L’Italie et la Grèce, principales portes d’entrées dans l’espace Schengen, pourraient, si les recommandations étaient suivies, bénéficier d’un appui pour accueillir les demandeurs d’asile. Aujourd’hui ces deux pays se sentent largement abandonnés et en profitent pour ne pas se plier à toutes les obligations internationales… Sur le problème plus spécifique des Syriens, et ses 4 millions de réfugiés extérieurs, le HCR propose une initiative pilote. Il préconise le transfert direct des réfugiés secourus en mer vers différents pays d’Europe, selon une répartition équitable. À l’heure actuelle, on est bien loin de l’« équité » puisque la France a par exemple accepté 1 000 réfugiés syriens sélectionnés comme vulnérables par le HCR, quand l’Allemagne a ouvert ses portes à 20 000. Le HCR préconise l’utilisation du parrainage privé, de visas humanitaires et de visas étudiants ou de travail par les États pour faire entrer ces victimes de la guerre. « La proposition du HCR comprend également des efforts visant à assurer que des programmes robustes pour le soutien à l’intégration nationale soient développés, et que les réfugiés reçoivent l’aide dont ils ont besoin pour contribuer à nos sociétés », déclarait récemment Vincent Cochetel, le responsable Europe du HCR.Toutes ces propositions ont toutes chances de se heurter au mur des raisonnements politiques. En prise avec des opinions publiques de plus en plus frileuses, car victimes du chômage, les gouvernants préfèrent l’immobilisme à des actions qui pourraient être perçues comme un entrebâillement de la porte des entrées légales. Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.03.2015 à 16h36 | Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Andorre, ex-paradis fiscal engagé sur la voie de la « rédemptio »n depuis 2010 (introduction progressive d’impôts, accords de coopération fiscale signés avec ses voisins…) et qui a signé, en juin 2014, la déclaration de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui l’engage à mettre fin au secret bancaire, se serait bien passée de cette mauvaise publicité.Mardi 10 mars, l’une des cinq banques de la principauté, la Banque privée d’Andorre (BPA) a été pointée du doigt par le réseau de lutte contre le crime financier américain (FinCEN). Dépendant du département du Trésor des Etats-Unis, cet organisme a décidé de classer BPA dans la liste des banques sur lesquelles il porte « des soupçons de premier ordre de blanchiment d’argent. »Immédiatement, l’Institut national andorran des finances (INAF), l’autorité de régulation, a décidé de prendre le contrôle de l’établissement afin d’assurer le respect des normes sur le blanchiment des capitaux, mais aussi « garantir la continuité opérative de BPA, protéger les clients et veiller au respect du nom et de l’intégrité de la place financière andorran », a expliqué le chef du gouvernement de l’Andorre, Antoni Marti.D’autre part, une enquête interne a été ouverte, le Trésor américain ayant directement mis en cause trois « hauts responsables » de la banque soupçonnés d’avoir facilité des opérations de blanchiment liées au crime organisé, en particulier russe et chinois, et à la corruption. Ces fonds rentraient ensuite dans le système financier américain, via des comptes de BPA dans des banques américaines.ÉVASION FISCALE PRÉSUMÉEÀ Madrid, la nouvelle n’est pas passée inaperçue. BPA opère en Espagne via Banco de Madrid, filiale à 100 %, qu’elle a achetée en 2011. Suivant le modus operandi de son homologue andorran, la Banque d’Espagne a pris le contrôle de Banco de Madrid dès le soir même.Banco de Madrid est apparue dans la presse ces derniers mois dans le cadre de l’enquête sur la fortune cachée la famille de l’ancien président de la région autonome catalane, Jordi Pujol, dont six membres ont été mis en examen, en 2014, dans un scandale d’évasion fiscale présumée.C’est via cet établissement que la famille Pujol avait régularisé une partie de son patrimoine, quatre millions d’euros, conservé en Andorre.Selon le rapport du FinCEN, un des hauts responsables de BPA aurait aussi été impliqué dans une autre affaire, qui a fait grand bruit en Espagne : celle du réseau de Gao Ping, un collectionneur chinois d’art contemporain installé à Madrid et arrêté en octobre 2012 avec plus de 80 personnes pour des délits présumés d’évasion fiscale, d’extorsion, de corruption, de prostitution, de jeu illégal ou encore de trafic de drogue.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.03.2015 à 14h18 C'était une épée de Damoclès qui planait au dessus de la Couronne espagnole. Le Tribunal suprême, plus haute juridiction espagnole, a finalement rejeté mercredi 11 mars une demande de reconnaissance de paternité d'une Belge concernant le roi Juan Carlos, 77 ans.Ingrid Sartiau, une Belge âgée d'une quarantaine d'années, avait fait une demande de paternité, assurant être le fruit d'une liaison entre Juan Carlos et sa mère. Le Tribunal suprême a choisi d'accepter le recours de Juan Carlos déposé en février contre cette demande. La haute juridiction a logiquement rejeté dans la foulée le recours d'Ingrid Sartiau.Lire aussi (en abonnés) : La monarchie espagnole n’en a pas fini avec les frasques de Juan CarlosLa femme belge avait déposé cette demande après que Juan Carlos avait perdu son immunité totale en abdiquant au profit au profit de son fils Felipe VI, en juin. L'arrêt du Tribunal suprême, dont les attendus n'ont pas été communiqués, ne peut désormais être contesté que devant le Tribunal constitutionnel.Mme Sartiau affirme avoir été conçue par Juan Carlos avec sa mère au milieu des années 1960 avant qu'il ne devienne roi ; il a épousé Sophie de Grèce, future reine Sofia, en 1962. Juan Carlos est devenu roi d'Espagne en 1975 après la mort du dictateur Francisco Franco. Après trente-neuf ans de règne, il a abdiqué dans l'espoir de redorer le blason de la monarchie, alors que les dernières années de son règne ont été entachées par une série de scandales, dont celui pour corruption dans lequel est impliqué sa plus jeune fille, Cristina, âgée de 49 ans. L'ancien monarque avait également dû faire des excuses publiques inédites après une chasse à l'éléphant au Botswana en 2012, alors que l'Espagne s'enfonçait dans la crise. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Les réunions techniques entre les représentants des principaux créanciers de la Grèce et ceux du gouvernement Tsipras ont commencé mercredi 11 mars à partir de 14 heures à Bruxelles, dans un des bâtiments de la Commission européenne.Devaient être présents, côté créanciers, Rishi Goyal pour le le Fonds monétaire international (FMI), Declan Costello, pour la Commission européenne, et Klaus Mazuch, pour la Banque centrale européenne (BCE), qui pourrait être prochainement remplacé par un collègue, Rasmus Rüffer, membre lui aussi de la BCE.Ces trois chefs de mission sont en réalité les responsables de l’ex-« troïka », que l’on appelle désormais « institutions » à Bruxelles, pour ménager les susceptibilités grecques.Devaient aussi participer aux discussions des représentants du Mécanisme européen de stabilité (MES), le principal créancier de la Grèce (environ 40 % de la dette grecque).Pourquoi Athènes accepte de composer avec la « troïka »Côté grec, le secrétaire général chargé de la politique budgétaire, Nikos Theocharakis, devait mener la délégation, accompagné de collaborateurs du vice-premier ministre, Yiannis Dragasakis, et d’Elena Panariti, collègue, elle, du ministre des finances, Yanis Varoufakis.Selon une source européenne, les discussions pourraient ne durer que quelques heures, au plus tard se terminer le lendemain, jeudi 12 mars.Car pour l’essentiel, il s’agirait surtout de discuter « procédure » : quels sont les sujets à aborder en premier ? De quelles données les experts des créanciers ont-ils besoin ? Qui peut les leur fournir ? Quels seront les interlocuteurs dans les prochaines semaines ?Derrière ces différentes interrogations, la « vraie » question qui devait aussi être abordée mercredi, c’est de savoir dans quel état sont les caisses du gouvernement d’Alexis Tsipras : quasiment vides ? Est-il vrai que le pays pourrait manquer de liquidités dès avril ?« Pas assez de données concrètes »« Les membres des institutions n’ont pas rencontré officiellement les responsables grecs depuis décembre 2014. Ils ne disposent d’aucune donnée concrète sur l’état des finances du pays », affirme une autre source européenne.A ce stade, c’est le plus grand flou côté créanciers. « Nous n’avons pas assez de données concrètes, nous ne savons pas si la Grèce dégage un surplus primaire. Ou de combien de liquidités ses administrations disposent », expliquait ainsi une source européenne haut placée lors de la dernière réunion de l’Eurogroupe, lundi 9 mars.Aux abois, la Grèce doit convaincre ses créanciersTant que cette « photographie » des finances grecques pour les trois à quatre mois qui viennent n’est pas établie, impossible de se mettre sérieusement à négocier un quelconque plan de réformes avec le gouvernement Tsipras.Or, c’est uniquement si cette négociation est menée à son terme que la Grèce recevra les quelque 7,2 milliards d’euros de prêts qui restent encore à libérer dans le cadre du deuxième plan d’aide au pays.La « troïka » sans relais à AthènesUne autre source européenne assure, mercredi, que les créanciers ne disposent d’aucun relais à Athènes, qui puisse renseigner très précisément les créanciers sur l’état financier du pays.La Commission européenne a bien une représentation sur place avec des membres de la « troïka », mais ils n’auraient pas accès directement aux données des ministères.Quant à la BCE, sa vision concerne essentiellement les flux des dépôts dans les banques grecques. Pour le tout début du mois de mars, elle n’a pas relevé de tendance générale, ni de situation trop alarmante : certains jours, les dépôts ont augmenté, d’autres, au contraire, ils ont baissé.Or, Athènes fait face à des échéances importantes : quelque 6 milliards d’euros d’emprunts doivent être remboursés par l’Etat sur le seul mois de mars. Les recettes fiscales ont fortement diminué ces derniers mois : selon des chiffres publiés la semaine dernière dans la presse grecque, elles auraient chuté de 17 % en janvier.De la difficulté de collecter l’impôt en GrèceVérifier sur place les comptes grecsLe ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, a assuré qu’il avait de quoi payer retraites et salaires, mais il a laissé ouvert la perspective de ne pas payer d’autres obligations, comme certaines factures à des fournisseurs ou des retours sur impôts. Et le gouvernement appelle les hommes politiques grecs comme l’ensemble des citoyens à rapatrier leur argent en Grèce.Aujourd’hui, le gouvernement d’Alexis Tsipras indique qu’il peut communiquer lui-même ces les données relatives aux finances grecques aux experts des « institutions ». Le président du Bureau des conseillers économiques du gouvernement grec, le professeur Giorgos Chouliarakis, était ainsi à Athènes, mardi 10 mars, pour coordonner la récolte des données financières réclamées par les créanciers.Ces derniers, pour leur part, insistent toutefois pour déléguer des représentants à Athènes afin de pouvoir vérifier sur place les comptes grecs. Impossible de se faire une idée précise d’ici, sans rencontrer, sur le terrain, des responsables dans les différentes administrations grecques, répète-t-on à Bruxelles depuis quelques jours. « Des représentants des institutions viendront en support de la mission technique à Bruxelles », a confirmé la Commission européenne, mercredi, sans préciser cependant quand. La presse grecque parlait de jeudi 12 mars.Deux milliards pris dans le fonds de la Sécu ?Pour « boucler » ses fins de mois, le gouvernement de M. Tsipras pourrait aller piocher dans les fonds des organismes de Sécurité sociale et transférer vers le Fonds commun de la banque centrale grecque (FC-BCG) une partie de ces liquidités.Près de 2 milliards d’euros seraient ainsi visés, alors que le FC-BCG gère aujourd’hui près de 8 milliards d’euros de liquidités.Reste que les dirigeants de ces organismes sont peu disposés à autoriser ces transferts de leurs liquidités bancaires vers le Fonds commun. Ils sont notamment échaudés par l’expérience de la décote de dette privée grecque (PSI), en avril 2012, au cours de laquelle ils ont perdu pas mal d’argent.Démission à la tête de l’Agence pour l’emploiThéodoros Ambatzoglou, le gouverneur de l’Agence nationale grecque pour l’emploi (OAED), a d’ailleurs démissionné, lundi 9 mars, notamment parce qu’il refusait de transférer 130 millions d’euros vers le Fonds commun de la BCG.La nouvelle responsable de l’OAED, Maria Karamessini s’est, quant à elle, prononcée, dès mercredi 11 mars, en faveur d’une telle opération. OAED pourrait transférer au Fonds commun une partie de ses liquidités bancaires (non pas de ses réserves) sous la forme de bonds d’une validité comprise entre cinq et dix-sept mois à un taux d’intérêt de 2 %.Le transfert à l’Etat grec de 555 millions d’euros, issus du Fonds grec de stabilisation financière, a, par ailleurs, été validé mardi, après un long week-end de négociations entre le gouvernement grec et le Mécanisme européen de stabilité (MES). Ce fonds, doté de 50 milliards d’euros au total, est destiné à recapitaliser les banques. Il a notamment été utilisé en 2012 pour renflouer les principaux établissements financiers du pays.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Correspondant) Face à des députés qui l’interrogeaient sur la présence d’anciens militaires belges au sein de l’organisation terroriste Etat islamique (EI), le ministre belge de la défense, Steven Vandeput, a indiqué, mardi 10 mars, que quatre combattants au moins avaient été identifiés. Deux d’entre eux seraient toujours engagés dans les combats. L’un a été envoyé de l’armée en 2008, après la révélation de ses liens avec des milieux radicaux, l’autre a dû démissionner avant le début de la guerre en Syrie, a indiqué le ministre.Le troisième ancien militaire identifié a été tué dans les combats, le quatrième, blessé, a regagné la Belgique. Jugé pour désertion, il a été renvoyé de l’armée.Des salafistes dans l’armée belgeLe fait que ces quatre djihadistes aient, en toute hypothèse, reçu une instruction de type militaire inquiète les députés, qui jugent insuffisantes les mesures en place pour repérer des éléments suspects au sein des forces armées. M. Vandeput assure toutefois qu’un examen sévère et un suivi approfondi de toutes les recrues ont été mis en place. Une version en partie contestée, les syndicats et certains élus affirmant que l’armée et son service de renseignements manquent cruellement de moyens pour mener de telles missions.Le service civil de renseignement, la Sûreté de l’Etat, s’avoue quant à lui incapable d’assurer, sur le long terme, la surveillance des centaines de Belges revenus dans leur pays après avoir séjourné en Syrie ou en Irak. Un rapport du comité de surveillance des services, partiellement dévoilé par le quotidien De Standaard mercredi, doit être discuté à huis clos à la chambre des députés.En février, un jeune combattant rallié à l’EI menaçait la Belgique et la France d’attentats. Il a été identifié comme un ancien militaire, ambulancier dans la marine et formé au combat durant une phase d’instruction de 3 mois. Un autre militaire, converti et radicalisé, a lui été condamné à 40 mois de prison en 2013 pour avoir recruté des combattants.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.03.2015 à 10h44 • Mis à jour le11.03.2015 à 11h13 | Jean-Michel Bezat Le secteur du raffinage est plus que jamais en crise en Europe, notamment en France, et il n’échappera pas à une sévère restructuration. Elle se traduira par la fermeture de 25 % à 30 % des sites d'ici à 2035-2040, soit 20 à 30 raffineries sur 79 (contre 101 en 2007).C’est ce sombre tableau que le président de l'Union française des industries pétrolières (UFIP), Francis Duseux, a dressé, mardi 10 mars, précisant que les exploitants Total, Esso, Petroplus, LyondellBasel et Ineos ont perdu 3,5 milliards d’euros en France entre 2009 et 2014.Dans l’Hexagone, la raffinerie Total de La Mède (Boûches-du-Rhône) devrait être la dernière sur une liste de fermetures ou de reconversions qui ont frappé Reichstett (Bas-Rhin), Dunkerque (Nord), Petit-Couronne (Seine-Maritime) et Berre (Bouches-du-Rhône) au cours des quatre dernières années.Les premières réunions d’information entre la direction du site de Total et les syndicats ont eu lieu.Total perd plus de 150 millions de dollars à La MèdeTotal, dont les cinq raffineries encore en service représentent la moitié des capacités françaises, a accusé, à lui seul, une perte de 200 millions de dollars (188 millions d’euros) en 2014, dont plus de 150 millions de dollars pour La Mède.Le directeur général du géant pétrolier, Patrick Pouyanné, a annoncé en février 2015 la division par deux de la production du site britannique de Lindsey d’ici à la fin 2016 et la suppression de 30 % de ses effectifs.Total veut s’adapter à la baisse du prix du pétroleM. Pouyanné dévoilera « au printemps » un plan de restructuration des installations françaises qui n’entraînera « ni licenciements ni fermeture de sites », a-t-il prévenu. Il s’y est engagé auprès des syndicats et du gouvernement, y compris lors de sa rencontre avec le chef de l’Etat, François Hollande, début février.A la Mède, qui produit 153 000 barils par jour, l’activité de raffinage de brut sera remplacée par la production de biocarburants à base d’huiles végétales, ont indiqué les syndicats à l’issue de deux réunions avec les dirigeants de Total.« A la Mède, il y a Total et rien d’autre »S’il n’y a pas de licenciements ni de mobilité forcée, le site ne pourra sans doute pas employer les 430 salariés actuellement en activité, s’inquiètent les syndicats.A la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), également déficitaire mais dans de moindres proportions, le groupe pétrolier a choisi d’investir pour en rétablir la rentabilité.Baisse de la demande de produits pétroliers finisLes raffineries européennes souffrent depuis plusieurs années de la baisse de la demande de produits pétroliers finis en Europe, en particulier d'essence, et de la concurrence d’installations plus performantes au Moyen-Orient et en Inde. Quant aux Etats-Unis, ils importent moins d’essence et traitent de plus en plus leur pétrole de schiste.Le taux d'utilisation des sites européens est ainsi tombé de 89 % en 2005 à 79 % en 2013, rappelle Francis Duseux, par ailleurs patron d’Esso France, un niveau où ils ont « du mal à être profitables ».La marge brute des raffineries européennes s'est établie à 22 euros par tonne en 2014 (et à 20 euros en moyenne entre 2009 et 2013), alors qu’il faudrait 30 euros pour équilibrer les coûts, calcule-t-il. La remontée à 45 euros en janvier et février ne change pas la donne : les surcapacités sont trop importantes.A cela s’ajoute, selon l’UFIP, des réglementations anti-pollution européennes – et françaises –, qui renchérissent les coûts et dont le patronat du secteur réclame l’assouplissement.La stratégie du patron de Total face au choc pétrolierJean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Abel Mestre Plusieurs frontistes sont visés par une vaste enquête européenne pour fraude, comme l’a révélé Le Monde dans son édition datée du 11 mars. Ainsi, 29 assistants des 23 députés européens du Front national sont suspectés de bénéficier de rémunérations versées par le Parlement européen, tout en travaillant exclusivement pour le FN sur le territoire français.Alerté de ces soupçons, le président du Parlement européen, l’allemand Martin Schulz, a saisi lundi l’Office européen antifraude, l’OLAF, et alerté dans le même temps la ministre française de la justice, Christiane Taubira, de faits pouvant s’apparenter à un financement illicite de parti politique. Le parquet national financier devrait être saisi de ce dossier. Pour le moment, Marine Le Pen rejette avec force toute accusation de fraude et promet déposer une plainte contre Martin Schulz pour « dénonciation calomnieuse ».Le FN au cœur d’une enquête pour fraudeSi les situations des vingt-neuf personnes concernées ne sont pas toutes les mêmes – certains ne viennent jamais au FN et entretiennent des relations plus que distantes avec le parti –, les cas les plus problématiques pour le parti d’extrême droite sont les vingt cadres figurant sur son nouvel organigramme, qui date de fin février. Ces derniers sont soit des assistants d’élus au Parlement européen – quatre étant des assistants « accrédités », donc censément basés dans les institutions à Bruxelles ou Strasbourg –, soit des assistants « locaux », c’est-à-dire implantés dans les circonscriptions. Parmi eux, plusieurs proches des dirigeants du FN.Le cabinet entier de Jean-Marie Le Pen est concernéGuillaume L’Huillier, directeur de cabinet du vieux chef, et Micheline Bruna, sa secrétaire particulière, sont tous deux des assistants « locaux » d’élus européens. Le premier auprès de Bruno Gollnisch, élu dans le Sud-Est, la seconde auprès de M. Le Pen lui-même. Gérald Gérin, un intime de M. Le Pen est, lui, l’assistant parlementaire de Marie-Christine Arnautu, vice-présidente du parti et proche de la famille Le Pen.L’entourage de Marine Le Pen n’est pas épargnéPlusieurs conseillers de la présidente du FN sont des assistants « locaux » – comme Bruno Bilde et l’économiste Philippe Murer. Le cas de M. Bilde illustre la raison des soupçons des services de l’europarlement : il est adjoint au maire d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) et est, malgré tout, rattaché à Sophie Montel, eurodéputée du Grand-Est. « Je redige les interventions orales et écrites de Mme Montel. Je viens de signer mon contrat et je suis encore en période d’essai... En plus je vais systématiquement au Parlement! Cette enquête me semble complètement aberrante! », se défend pour sa part Bruno Bilde.Autre proche de Marine Le Pen repérée par les services du parlement : Florence Lagarde. Si cette inconnue du grand public n’occupe aucune fonction au sein du FN, elle est la présidente de Jeanne, le microparti de Marine Le Pen. Cette structure est au centre d’une enquête ouverte en avril 2014 par les juges Renaud Van Ruymbeke et Aude Buresi. Les magistrats s’interrogent sur le rôle joué auprès des candidats FN par Jeanne et la société Riwal, fondée par Frédéric Chatillon, un proche de Mme Le Pen et de Mme Lagarde.Frédéric Chatillon, proche de Marine Le Pen, a été mis en examenLes amis de Florian Philippot sont aussi visésHuit cadres sur les quinze qui dépendent du numéro 2 du FN dans l’organigramme frontiste sont sur la liste du Parlement européen. Parmi eux, se trouvent des très proches de Florian Philippot. Il en va ainsi de Joffrey Bollée son « directeur de cabinet, chargé de mission aux affaires régaliennes et responsables argumentaires », assistant local de M. Philippot et Aloïs Navarro, « chargé de mission aux affaires économiques », rattaché à Sophie Montel. Marie-Amélie Dutheil de la Rochère, « chargée de mission aux affaires européennes et internationales », est, quant à elle, l’assistante parlementaire de M. Philippot.Avant le premier tour des élections départementales, fixé au 22 mars, cette enquête pourrait, en tout cas, constituer un sérieux problème politique pour le FN qui n’hésite jamais à pointer et vilipender les supposés errements des autres partis, notamment le Parti socialiste, accusé par Marion Maréchal Le Pen, de « voler les Français ».Abel MestreJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.03.2015 à 20h42 La Suède a décidé de ne pas renouveler son accord de coopération militaire signé avec l'Arabie saoudite en 2005, a annoncé mardi 10 mars le premier ministre social-démocrate, Stefan Löfven. « Il sera rompu », a déclaré M. Löfven à la radio publique SR depuis Kiev, à propos de cet accord qui était controversé au sein de la majorité de gauche en raison de la question des droits de l'homme.En 2014, selon cet accord modeste, Riyad avait acheté pour 338 millions de couronnes (37 millions d'euros) d'armement suédois. La coalition entre sociaux-démocrates et Verts débattait en interne depuis son accession au pouvoir, au mois d'octobre, de l'opportunité de renouveler cet accord arrivant à échéance en mai. Les Verts militent traditionnellement contre la vente d'armes aux « dictatures » et considèrent que l'Arabie saoudite en est une. Quant aux sociaux-démocrates, même s'ils étaient seuls au pouvoir à l'époque où cet accord fut paraphé, ils apparaissaient très divisés sur la question.Cette décision est rendue publique peu après un incident diplomatique entre les deux pays, l'Arabie saoudite ayant empêché la ministre des affaires étrangères suédoise, Margot Wallström, de prononcer un discours prévu lors d'une réunion de la Ligue arabe au Caire. La ministre, qui revendique une « politique étrangère féministe », avait irrité Riyad en dénonçant les « méthodes moyenâgeuses » de la justice saoudienne contre le blogueur Raef Badaoui, flagellé pour « insulte à l'islam ».M. Löfven, qui n'a pas donné de raison à cette décision, a cependant indiqué qu'elle avait été arrêtée « depuis un certain temps » et que les événements du Caire n'y avaient rien changé. L'opposition de centre droit en Suède appelait le gouvernement à prolonger l'accord, soulignant le risque de miner la crédibilité de la Suède en tant que partenaire commercial. Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Dans les rangs de l’ancienne majorité, on ironise sur le retour de la « troïka ». Aux yeux de la gauche de la gauche, l’heure, pour le gouvernement d’Alexis Tsipras devrait être « à la désobéissance ou à la rupture »… En Grèce, mardi 10 mars, les réactions sont parfois cinglantes au lendemain d’une réunion de l’Eurogroupe, qui a vu le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis accepter que les experts de la « troïka » des créanciers du pays (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international, Commission européenne) entament une mission d’expertise technique de l’état des finances grecques et des projets de réformes du gouvernement, dès mercredi 11 mars.Il faut dire que cela faisait des semaines que le gouvernement de M. Tsipras déclarait, à qui voulait l’entendre, qu’il n’était plus question de subir la tutelle de cette troïka, dont il contestait à la fois les méthodes, le caractère non démocratique et les résultats désastreux.Pourquoi Athènes accepte de composer avec la « troïka »« Mêmes personnes, même protocole »Imposée par les voisins européens de la Grèce comme un préalable à tout versement d’une aide financière, la « revue » à laquelle va se livrer la troïka va se traduire par « la venue à Athènes des mêmes personnes, pour discuter des mêmes ministères, pour mettre en œuvre le même protocole », a tenu à souligner Kostas Karagounis, le porte-parole du parti d’opposition conservateur Nouvelle Démocratie. Sur le site internet ISKRA, qui relaie les opinions de "la plateforme de gauche", un courant dissident interne à Syriza, le parti de M. Tsipras, au pouvoir, l’article principal de réaction à l’Eurogroupe d’hier était titré « L’étau qui se resserre autour de la gorge de la Grèce », et invitait le gouvernement « à la désobéissance ou à la rupture ».La plateforme de gauche est certes un courant minoritaire, mais qui entend faire pression sur le gouvernement Tsipras pour qu’il ne renonce pas à ses promesses de campagne d’en finir avec l’austérité et avec la mise sous tutelle internationale, dont la troïka était devenue le symbole.Changement sémantique insuffisantAlors, certes, le gouvernement grec insiste sur le fait que l’on ne parle plus de troïka, mais des « institutions », et que les experts de celles-ci ne reviendront pas à Athènes. L’abandon du mot troïka était acquis depuis l’accord conclu le 20 février entre la Grèce et ses créanciers sur une prolongation du plan d’aide pendant quatre mois. Le premier rendez-vous entre les équipes du gouvernement grec et celles des « institutions » aura lieu à Bruxelles.« La troïka, comme nous la connaissions, appartient au passé, ainsi que la pratique visant à autoriser des membres de la troïka à venir parler directement avec les ministres à Athènes », a insisté le porte-parole du gouvernement, Gabriel Sakellaridis sur une chaîne de télévision grecque, mardi matin.« Le ministre des finances, Yanis Varoufakis parlera avec "les institutions", les décisions seront prises au niveau politique et des discussions de cadres techniques se tiendront à Bruxelles », a-t-il ajouté.Mais ces changements sémantiques et de lieu d’intervention ne constituent pas un baume suffisamment apaisant. D’autant moins que le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble a, lundi, encore utilisé le terme de "troïka". Et que, de son côté, Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, a affirmé que les discussions techniques se passeront aussi à Athènes.En tout cas, un député grec, issu des rangs du parti de la gauche radicale Syriza, veut voir dans « l’insistance de Schäuble à utiliser de nouveau ce terme, au moment même où l’Eurogroupe oblige la Grèce à entamer immédiatement la mission de contrôle, le signe d’une grande suffisance et marque le désir d’humilier notre gouvernement en lui retirant jusqu’aux victoires les plus symboliques. »« Au moins le gouvernement se bat pour nous »« Ce n’est pas sur le fond qu’il y a des tensions, car l’accord du 20 février conclu avec l’Eurogroupe prévoit bien que le gouvernement grec et ses créanciers doivent travailler ensemble pour encore quatre mois, en mettant en place une mission d’évaluation des réformes. C’est sur la forme, sur le "où" et "avec qui" », explique l’économiste Georges Pagoulatos.Mais, selon ce dernier « il semble logique pourtant que des rencontres aient lieu aussi à Athènes, car les éléments techniques sont ici, dans les ministères. Il faut un contact direct et continu jusqu’à la fin de l’évaluation. »Pour autant, une majorité de Grecs semble continuer de soutenir le gouvernement d’Alexis Tsipras comme Roula Dimitriadou, cliente mardi matin d’un magasin de bijoux fantaisie à Athènes. « Nous voyons bien qu’ils veulent le faire plier et peut-être vont-ils y parvenir, mais au moins, lui, il essaie, il négocie, il se bat pour nous », pense la jeune femme.Besoin urgent de liquiditésAthènes possède en fait une marge de manœuvre assez faible dans les négociations car, l’Etat grec a un besoin urgent de liquidités. En mars, il doit décaisser 6 milliards d’euros au total en remboursements de prêts. Et ne recevra la dernière tranche du deuxième plan d’aide (environ 7 milliards d’euros) qu’une fois la « mission » technique de la troïka terminée et l’accord sur les réformes bouclé.« Le gouvernement a prévenu à plusieurs reprises ces derniers jours qu’il avait de quoi payer les retraites et les salaires des prochaines semaines mais en laissant ouvert la perspective de ne pas payer d’autres obligations, comme certaines factures à des fournisseurs ou des retours sur impôts, souligne M. Pagoulatos. La pression liée au niveau des liquidités est donc réelle mais aucun gouvernement, celui-là comme les autres, ne peut se permettre de ne pas rembourser les emprunts à nos créanciers internationaux. » « Tous les hommes politiques et les citoyens grecs doivent rapatrier leur argent en Grèce. Nous menons une bataille dans laquelle chaque euro compte », a quant à lui déclaré le ministre d’État, Alekos Flambouraris mardi matin à la télévision grecque.Jeroen Dijsselbloem, l’homme que le dossier grec a rendu populaireAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) Le groupe allemand Bertelsmann, un des plus grands groupes médias du monde, voit dans la formation continue et le e-learning (apprentissage sur Internet) de fortes perspectives de croissance ces prochaines années. Le groupe multiplie actuellement les investissements dans ce secteur et espère engranger, grâce à ce nouveau segment d’activité, un chiffre d’affaires à long terme d’un milliard d’euros. Bertelsmann ambitionne, entre autres, de devenir un grand acteur mondial du e-learning, a annoncé le groupe, mardi 31 mars, lors de sa conférence de presse annuelle.« Partout dans le monde, on voit émerger un énorme besoin d’offre de formations de qualité. Grâce au numérique, la formation va devenir plus accessible, moins chère et plus individuelle », a expliqué Thomas Rabe, PDG de Bertelsmann mardi.Le groupe se concentre sur trois segments du marché, jugés particulièrement attractifs : le e-learning, ou la formation continue pour les entreprises et les utilisateurs finaux, la formation supérieure et les services liés à la formation, en lien avec les universités les plus prestigieuses du monde dans le domaine de la santé.Réseau mondial d’établissements d’enseignement« Ces trois segments promettent de forts taux de croissance. Ils sont fragmentés, avec de nombreuses petites et moyennes entreprises qui veulent croître et ont donc besoin de partenaires internationaux et financièrement solides comme Bertelsmann », a poursuivi M. Rabe.Au service de cette stratégie, Bertelsmann a réalisé ces six derniers mois d’importants investissements. Il a d’abord racheté, fin octobre 2014, le groupe Relias Learning, un des plus gros prestataires de formation du marché américain, avec un portefeuille de plus de 4 000 entreprises clientes et 2 millions d’utilisateurs privés. C’est le plus gros investissement du groupe allemand sur le marché américain depuis le rachat de Random House en 1998.Pour Bertelsmann, « Relias offre d’importantes perspectives de croissance parce qu’il est porté par cinq tendances de fond au plan mondial : la formation continue, la santé, la régulation, l’externalisation et la numérisation ».En février, le groupe allemand a annoncé la formation d’un réseau mondial d’établissements d’enseignement supérieur pour la médecine et les sciences humaines, nommé Arist. Mardi, Bertelsmann a annoncé en outre l’augmentation de sa participation dans Synergis Education, une entreprise américaine qui propose notamment aux universités des cursus entièrement en ligne.Les activités médias stagnent ou reculentLa formation doit devenir à long terme le troisième pilier d’activité du groupe, à côté des médias et de la prestation de services. Cette stratégie doit permettre à Bertelsmann de renforcer ses activités génératrices de croissance, alors que certaines de ses activités traditionnelles sont en stagnation ou en recul.C’est le cas de son groupe de presse Gruner + Jahr, qui enregistre une baisse de son chiffre d’affaires de 13,3 % sur un an, à 1,7 milliards d’euros, dû à la vente de certains actifs et au recul des ventes de magazines et de la publicité.Le groupe RTL a, lui, vu son chiffre d’affaire stagner, à 5,8 milliards d’euros (– 0,3 %) notamment à cause de la légère baisse du chiffre d’affaires de ses filiales françaises, la chaine M6 et la radio RTL.La branche édition reste cependant très solide : la filiale Penguin Random House, depuis 2013 le premier éditeur d’ouvrages d’intérêt général du monde, a vu son chiffre d’affaires bondir de 25,2 % en un an, grâce à de nombreux best-sellers en langue anglaise.Bertelsmann a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires total de 16,7 milliards d’euros (+ 3,1 %), sa marge opérationnelle reste stable, à 14,2 %.Cécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au Monde Cédric Pietralunga (envoyé spécial à Berlin) Après la compétitivité, l’investissement. Persuadé que la croissance et donc l’emploi ne repartiront pas en France sans une reprise de l’investissement, malgré les concessions faites par le gouvernement aux entreprises pour rétablir leurs marges (CICE, pacte de compétitivité, etc.), Emmanuel Macron a décidé d’accélérer et de faire de ce thème sa feuille de route pour les prochains mois.Première illustration avec l’annonce par le ministre de l’économie, lors d’une visite à Berlin, mardi 31 mars, à l’occasion du 17e conseil des ministres franco-allemand, du lancement d’un programme commun d’investissement avec l’Allemagne.« Les investissements et l’innovation sont décisifs si nous voulons que nos entreprises soient productives et que nos citoyens bénéficient d’un niveau de vie élevé », ont déclaré M. Macron et Sigmar Gabriel, son homologue allemand, lors de cette visite.« L’Europe souffre d’un retard d’investissement accumulé au cours des dernières années », estiment les deux ministres, pour qui ce programme « s’attaque à l’une des causes profondes de la croissance lente que l’Europe connaît actuellement ».M. Macron estime que le niveau des investissements en France est inférieur de 40 milliards d’euros par rapport à la période d’avant crise.S’intégrer dans le « plan Juncker »Concrètement, ce programme d’investissement, qui a vocation à s’intégrer dans le « plan Juncker » en cours de définition, doit s’articuler autour de neuf projets, portant sur la transition énergétique, le numérique et les PME innovantes.Lire aussi :Plan Juncker : les Etats européens se font tirer l’oreilleParmi les dossiers les plus avancés, la création d’un fonds de capital-risque européen doit permettre de palier « le manque de financement des jeunes entreprises innovantes ».« L’Allemagne et la France proposent d’abonder de 2,5 à 5 milliards d’euros le Fonds européen d’investissement [FEI] pour lui permettre de financer davantage les entreprises européennes en phase de développement et qui ne trouvent souvent de l’argent qu’aux États-Unis », explique-t-on dans l’entourage de M. Macron.De même, les deux pays envisagent de lancer rapidement un programme de modernisation des réseaux européens transfrontaliers de transport de gaz et d’électricité et proposent de créer un fonds pour « soutenir les efforts [des entreprises] en matière d’efficacité et de transition énergétique. »Un projet de création d’une zone frontière franco-allemande dotée d’un réseau à très haut débit est également annoncé, avec comme objectif d’en faire une région pilote pour « accompagner la numérisation dans des secteurs essentiels tels que l’éducation, la santé, les transports, l’énergie et l’administration publique ».« Mais le choix de cette zone n’a pas encore été arrêté », précise-t-on au cabinet de M. Macron.Promouvoir l’« industrie 4.0 »Enfin, différents dispositifs sont à l’étude pour aider les PME et les ETI à accélérer leurs investissements dans de nouvelles méthodes de production et s’engager dans ce que les Allemands appellent « l’industrie 4.0 », c’est-à-dire l’utilisation de technologies numériques dans le processus de fabrication, un secteur où Siemens est particulièrement présent.Lire aussi :L’Allemagne cherche à marier vieille industrie et jeunes poussesLa Banque européenne d’investissement (BEI) pourrait notamment être mobilisée pour « permettre un meilleur accès aux financements pour les biens matériels et immatériels ».Reste à savoir si cette liste d’initiatives ira au delà des déclarations d’intention, la plupart de ces mesures ayant vocation à s’intégrer au plan Juncker.« Il s’agit de propositions que la France et l’Allemagne veulent porter auprès de leurs voisins européens, explique-t-on dans l’entourage de M. Macron. Mais il faudra attendre cet été voire l’automne pour savoir ce qui est retenu par la Commission européenne et connaître le montant d’investissement finalement débloqué. »Cédric Pietralunga (envoyé spécial à Berlin)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.03.2015 à 11h22 • Mis à jour le31.03.2015 à 13h15 | Marie Charrel C’est l’un des plus grands défis que devra relever la zone euro ces prochaines années. Selon les chiffres publiés, mardi 31 mars, par Eurostat, le taux de demandeurs d’emploi dans l’union monétaire s’est établi à 11,3 % en février, contre 11,4 % en janvier. Il s’agit de son niveau le plus faible depuis mai 2012. En mai 2013, il culminait à 12,1 %. « La bonne nouvelle, c’est que le chômage reflue enfin », commente Diego Iscaro, économiste Europe chez IHS Global Insight. La mauvaise, c’est qu’il reflue beaucoup trop lentement ».Dans le détail, la situation est très contrastée d’un État à l’autre. Alors que l’Allemagne est proche du plein-emploi avec un taux de demandeurs d’emplois à 4,8 %, l’Italie connaît une légère hausse de son chomâge à 12,7 %, la France restant stable à 10,6 %.En Espagne, 23,7 % des actifs sont sans emploi – même si ce taux devrait reculer à un rythme lent. La Grèce, elle, continue d'enregistrer le plus fort taux de chômage (26 % selon les dernières données disponibles, datant de décembre).En moyenne, la reprise de l’emploi européen est donc bien plus poussive qu’aux États-Unis, ou au Royaume-Uni, où le taux de chômage est respectivement tombé à 5,5 % à 5,7 %. « Ce n’est pas seulement parce que ces pays affichent un taux de croissance plus élevé : leur marché du travail est également plus dynamique », précise Maxime Sbaihi, économiste chez Bloomberg.Une reprise trop faibleLa zone euro est aujourd’hui dans une situation particulièrement complexe. La reprise y est trop faible pour permettre une véritable décrue du chômage. Et le maintient d’un taux de chômage élevé handicape la croissance. « Tant que le nombre de demandeurs d’emploi reste élevé, il n’y a pas de franche hausse de salaires et donc, pas de véritable redémarrage de la consommation », résume Jessica Hind, chez Capital Economics.Lire aussi :La zone euro n’a pas retrouvé son PIB d’avant la criseSelon ses calculs, les salaires ne commenceront en moyenne à augmenter dans la zone euro que lorsque le chômage sera repassé sous la barre des 9 %. Ce qui n’arrivera pas avant… début 2019 au mieux, selon les prévisions du Fonds monétaire international. Pour rappel, en 2007, le taux de chômage de l’union monétaire était de 7,5 %.Par chance, la consommation européenne est aujourd’hui soutenue par une béquille bienvenue en ces circonstances : les pressions déflationnistes. D’après Eurostat, l’inflation en zone euro est ainsi restée négative en mars, avec un taux annuel à – 0,1 %, après – 0,6 % en janvier et – 0,3 % en février.Le coup de pouce du tassement des prix« Le tassement des prix, en particulier ceux de l’énergie, est un coup de pouce non négligeable au pouvoir d’achat, compensant la stagnation des salaires », commente Philippe Waechter, chez Natixis AM.Mieux : il regonfle également la confiance des ménages. Celle-ci a en effet retrouvé son niveau de 2007, selon la Commission.Toute la question est de savoir combien de temps ce coup de pouce durera. Et s’il permettra que la croissance devienne auto-entretenue, c’est-à-dire basée sur des fondamentaux suffisamment solides pour qu’elle puisse se passer des mesures de relance massive de la Banque centrale européenne.Si les prix de l’énergie recommencent à monter, alors que le cercle vertueux entre hausse des salaires et consommation n’est pas enclenché, la reprise européenne pourrait connaître un nouveau coup de mou.Le poids du chômage de longue duréeD’autant que le bol d’air offert par la désinflation ne résout en rien le problème du chômage de longue durée. « C’est l’une des plus graves séquelles laissées par la crise, et il faudra des années encore avant qu’elle ne s’estompe », explique M. Sbaihi.En France, 43 % des chômeurs sont ainsi sans emploi depuis plus d’un an, selon Pôle Emploi. Un niveau record. En 2009, ils n’étaient que 30 %. Et la durée d’inactivité complète ne cesse d’augmenter : elle est aujourd’hui de 538 jours en moyenne en France, contre 391 jours il y a six ans… Les chiffres sont tout aussi inquiétants en Espagne (50 %), en Italie (57 %), en Irlande (60 %) et en Grèce (73 %).L’ennui, c’est qu’une partie de ces chômeurs longue durée ne retrouveront jamais d’emploi. En conséquence, le taux de chômage structurel, celui qui ne diminue pas, même une fois la croissance revenue, ne cesse d’augmenter depuis le début de la crise. D’après l’OCDE, il se rapproche aujourd’hui de la barre des 9 % dans la zone euro.Des réformes lentes à produire leurs effetsLes États membres s’attaquent-ils au problème ? Pas vraiment. Certes, nombre d’entre eux ont entrepris des réformes visant à flexibiliser leur marché du travail. En Italie, le premier ministre Matteo Renzi, via le « Job act », a instauré un contrat de travail unique. En France, le Crédit impôt compétitivité emploi (CICE) contribuera également à la création de postes.Lire aussi : Les entreprises adoptent très progressivement le CICE« Malheureusement, ces réformes ne stimuleront l’emploi qu’après un certain temps », prévient Clemente de Lucia, chez BNP Paribas. Surtout, aucun gouvernement n’a vraiment prévu de renforcer les mesures spécifiquement dédiées aux chômeurs longue durée, comme les formations ou stages.Et pourtant : s’il ne se résorbe pas rapidement, ce phénomène rognera sensiblement la croissance future dans les pays les plus concernés. Lorsqu’ils se découragent, les chômeurs longue durée finissent en effet par quitter définitivement le marché du travail. La baisse de la population active, c’est-à-dire du nombre de personnes contribuant à la richesse nationale, produit alors des dégâts irrémédiables.« À terme, le risque est que l’écart entre l’Allemagne et le reste de la zone euro se creuse encore, au détriment la cohésion de l’union monétaire », prévient M. Iscaro. Avant de rappeler que la divergence des trajectoires économiques entre les pays membres est l’un des maux à l’origine de la crise de 2008.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.03.2015 à 10h42 • Mis à jour le31.03.2015 à 11h40 | Dominique Gallois et Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) La diplomatie devait être à l’honneur du 17e conseil des ministres franco-allemand à Berlin, mardi 31 mars. Ce n’est pas tous les ans que les participants à cet exercice quelque peu rituel peuvent se féliciter d’un accord de cessez-le-feu, si imparfait soit-il. L’accord de « Minsk 2 » conclu le 12 février entre la Russie, l’Ukraine, les séparatistes, l’Allemagne et la France a de bonnes chances d’être élevé au rang de mythe franco-allemand. Jamais on n’avait vu un président français et un chancelier allemand s’investir autant – au nom de l’Europe – pour parvenir à un accord entre deux pays tiers. Survenu un mois après la manifestation historique à Paris en faveur de la liberté d’expression après les attaques djihadistes, dont une des images les plus fortes reste la photo d’Angela Merkel posant amicalement sa tête sur l’épaule de François Hollande, cet accord a redonné un élan certain au « couple franco-allemand ».L’accord entre les deux dirigeants s’appuie sur le travail des deux ministres des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier et Laurent Fabius. Depuis son entrée en fonctions en décembre 2013, le ministre allemand n’a eu de cesse de chercher à davantage coopérer avec son homologue. A la fois par conviction et par intérêt. Travailler avec son collègue français permettait également à ce social-démocrate de peser davantage face à Mme Merkel. Alors que Paris et Berlin étaient rarement d’accord en 2013 et 2014 sur les questions économiques, l’accent mis sur la diplomatie était également un moyen pour les deux capitales de trouver un terrain d’entente. Coopération plus étroiteA l’occasion, notamment, de la crise en Ukraine, Frank-Walter Steinmeier et Laurent Fabius n’ont cessé d’être en contact et de se voir. Si le 20 février 2014, ils ont associé leur homologue polonais, Radoslaw Sikorski, à leur visite audacieuse à Kiev auprès du président Ianoukovitch, l’Allemand et le Français ont par la suite pris leurs distances avec M. Sikorski, jugé trop hostile à Moscou pour être un intermédiaire crédible. De plus, MM. Steinmeier et Fabius ont innové en effectuant ensemble des visites officielles à l’étranger. En avril, ils se sont rendus en Géorgie et en Moldavie (des pays où Berlin a plus d’influence que Paris), puis dans la foulée en Tunisie (plus proche de Paris). En octobre, les deux ministres sont allés au Nigeria. Lundi 30 mars, ils auraient dû coprésider à Astana (Kazakhstan) la première conférence régionale commune d’ambassadeurs français et allemands. Si, finalement, les deux ministres sont restés à Lausanne pour la conférence sur le nucléaire iranien, la rencontre entre ambassadeurs s’est bel et bien tenue.« Frank-Walter [Steinmeier] a dit à sa femme de ne pas s’inquiéter. Quand il n’était pas avec elle, il était avec moi », plaisante Laurent FabiusFrank-Walter Steinmeier a été le premier ministre allemand des affaires étrangères à participer à un conseil des ministres français (le 14 mai), et Laurent Fabius a eu droit au même honneur à Berlin, en novembre. Les deux ministres se voient si souvent qu’à l’issue de ce conseil M. Fabius a rapporté l’anecdote suivante : « Frank-Walter [Steinmeier] a dit à sa femme de ne pas s’inquiéter. Quand il n’était pas avec elle, il était avec moi. »Si la France continue de regretter à mi-mot que l’Allemagne ne prenne pas davantage de responsabilité en Afrique et si l’Allemagne juge toujours que la France s’engage un peu rapidement dans certaines missions à l’issue incertaine, la coopération entre les deux pays est incontestablement plus étroite qu’auparavant. D’ailleurs, ce conseil des ministres devrait être l’occasion d’annoncer un accord important dans un domaine connexe : la défense. L’Allemagne a finalement décidé de participer, à hauteur de 200 millions d’euros, à la construction du troisième satellite de la composante spatiale optique (CSO), un programme de satellite « espion » lancé par la France en 2010.Différend sur l’IranL’Allemagne, bien qu’apportant les deux tiers de l’investissement, bénéficiera de très peu de retombées industrielles. Tous les satellites CSO sont fabriqués à Toulouse, chez Airbus Defence and Space, Thales Alenia Space fournissant l’optique. En échange, Berlin sera le principal acteur industriel dans un autre domaine, celui des drones de surveillance Male (Moyenne altitude longue endurance). Soutenu par trois pays, l’Allemagne, la France et l’Italie, et leurs industriels, Airbus Group, Dassault Aviation et Finmeccanica, ce projet, s’il aboutit, devrait voir le jour à l’horizon 2025.Reste un point de différence entre la France et l’Allemagne : les négociations sur le nucléaire iranien, alors que les négociations devaient se terminer à Lausanne, le 31 mars. Même si l’Allemagne a tenu à taire ses divergences avec Paris depuis la relance des négociations, l’attitude jugée jusqu’au-boutiste de Laurent Fabius sur ce dossier a provoqué une réelle incompréhension teintée d’inquiétude chez son partenaire allemand.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteDominique GalloisJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La date butoir est passée. Et le dossier grec est toujours ouvert. Il y a quelques jours encore, pourtant, le lundi 30 mars avait été présenté comme l’ultime limite au-delà de laquelle les négociations entre le gouvernement grec et ses créanciers internationaux ne devaient pas se prolonger, si l’on ne voulait pas voir la Grèce, en mal de liquidités, s’approcher du précipice financier.Finalement, l’urgence financière n’apparaît plus si urgente. Et les discussions entre Athènes et le « groupe de Bruxelles » (l’ex-« troïka » composée du Fonds monétaire international, de la Banque centrale européenne et de la Commission européenne, plus le mécanisme européen de stabilité), menées durant tout le week-end jusqu’à la mi-journée lundi, vont se poursuivre. Avec le même menu : s’accorder sur les réformes à mettre en œuvre afin que le pays puisse bénéficier d’une aide financière de 7,2 milliards d’euros.Mais les discussions entre Athènes et ses créanciers achoppent sur les « lignes rouges » – réforme des retraites, libéralisation du marché du travail – qui avaient déjà entraîné la fin du précédent gouvernement grec, celui d’Antonis Samaras. Le blocage est donc bien réel.Que propose Athènes ?Le gouvernement grec a formulé, vendredi 27 mars, une liste d’une vingtaine de mesures, chiffrées. Son contenu a opportunément « fuité », lundi, dans la presse grecque. Y figurent des mesures de lutte contre la fraude fiscale, mais aussi contre le trafic de carburant et d’alcool. Ces deux dernières actions pourraient rapporter 250 millions d’euros, selon le gouvernement. Le contrôle des comptes ouverts à l’étranger par des Grecs pourrait, lui, conduire à rapatrier 725 millions alors qu’un changement du code fiscal pourrait générer 300 millions d’euros.Lire aussi :Evasion fiscale : la Suisse va coopérer avec la GrèceLe gouvernement grec propose aussi la création d’une structure de défaisance (« bad bank ») pour faire face à l’accumulation des créances douteuses dans les banques. Athènes s’engage par ailleurs à limiter les départs anticipés à la retraite pour soulager un régime déjà mal en point. Le pays se refuse en revanche à toute augmentation des taxes dans le secteur clé du tourisme. Et les recettes attendues cette année des privatisations sont de 1,5 milliard d’euros, au lieu des 2,2 milliards prévus dans le programme de sauvetage de la Grèce.Au total, le plan grec prévoit plus de 3 milliards de recettes nouvelles pour l’année 2015. Il est aussi construit sur un budget en excédent primaire (avant charge de la dette) de 1,5 % du PIB et non de 3 %, ce qui doit donner un peu de marges financières. Le gouvernement grec table par ailleurs sur une croissance de 1,4 % de l’économie grecque.Que répondent les créanciers ?Du côté des créanciers, le ton a changé. Les discussions sont « constructives », précise Margaritis Schinas, porte-parole de la Commission européenne. Mais, si les Européens sont prêts à des compromis, leur base de travail reste la liste de réformes sur laquelle s’était engagé le précédent gouvernement grec d’Antonis Samaras.Lire aussi :Le rude apprentissage européen de la GrèceComme en décembre 2014, les bailleurs de fonds de la Grèce continuent notamment d’exiger une réforme des retraites et une libéralisation plus poussée du marché du travail. Ce que refuse Athènes : « Comment exiger de nous que nous négociions sur des engagements antérieurs à l’élection du 25 janvier, qui nous a portée au pouvoir, alors que nous avons, depuis, signé l’accord du 20 février nous autorisant à proposer nos propres réformes, du moment qu’elles sont budgétées », s’énerve-t-on côté grec. Quel est désormais le calendrier ?Il y aura, mercredi 1er avril, un « Euro Working Group », c’est-à-dire une réunion des responsables des Trésors des 19 pays membres de la zone euro. Mais il ne devrait s’agir que d’un point d’étape sur les négociations en cours, à en croire des sources bruxelloises.Si, pendant un temps, le principe d’un déblocage anticipé partiel des 7,2 milliards d’euros d’aides semblait acquis, il serait aujourd’hui de nouveau compromis. « C’est à l’Eurogroupe de décider les sommes qu’il faut débourser. C’est une décision politique », précise le vice-président de la Commission en charge de l’euro, Valdis Dombrovskis.A en croire de nombreuses sources bruxelloises, l’Eurogroupe ne sera convoqué, au mieux, qu’après la Pâques catholique (le 6 avril).Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.03.2015 à 22h00 • Mis à jour le31.03.2015 à 07h11 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Ce devait être un discours appelant au consensus national. Un moment historique en Grèce où le premier ministre Alexis Tsipras allait demander aux partis d'opposition leur soutien clair dans le cadre des douloureuses négociations en cours entre la Grèce et ses créanciers. La discussion d'urgence au Parlement demandée par Alexis Tsipras s'est transformée, lundi 30 mars, en foire d'empoigne entre le chef du gouvernement Syriza et ses adversaires. Un spectacle décevant de surenchère entre tous les chefs de parti, autant sur les questions économiques que sociales, alors que la recherche d'un consensus apparaissait aujourd'hui plus que nécessaire.Le gouvernement d'Antonis Samaras en ligne de mireL'objectif de cette réunion était « d'informer le Parlement de l'évolution des négociations », mais dans un court discours de moins de vingt minutes, Alexis Tsipras n'est que très peu revenu sur les négociations en cours à Bruxelles. Le premier ministre s'est en revanche montré très offensif sur le bilan tronqué, selon lui, laissé par le précédent gouvernement conservateur dirigé par Antonis Samaras. « Au lieu des 3,5 % d'excédent primaire que vous aviez promis au peuple grec pour 2014 nous avons trouvé un excédent d'à peine 0,3 % du PIB, s'élévant à peine à 592 millions d'euros », a lancé le premier ministre.« Nous avons hérité d'un déficit de 2,5 milliards d'euros. [...] Quelles réformes avez vous vraiment mené pendant ces cinq années d'austérité ? Le licenciement de fonctionnaires ? La fermetures d'écoles et d'hôpitaux ? La Grèce n'avait pas besoin de ces réformes-là ! »Lire : Grèce : les négociations sur les réformes devraient se prolongerAlexis Tsipras a certes évoqué quelques-unes des mesures encore en cours de discussion avec les créanciers – comme la lutte contre le trafic de carburant et d'alcool ou contre la fraude fiscale – mais n'a que survolé l'accord du 20 février avec les créanciers. « Allez-vous soutenir notre tactique de négociations pour mettre fin à l'austérité ou allez-vous continuer à vous faire le porte-parole des vues néolibérales les plus extrêmes européennes ? », a finalement demandé le premier ministre. La réponse du président du parti conservateur Nouvelle Démocratie (ND), Antonis Samaras, qui a tout aussi longuement pris la parole juste après M. Tsipras, n'a pas été moins partisane.« Mensonges au peuple grec »« Pourquoi nous avoir fait venir ici ce soir ? Pour rejeter vos fautes sur nous ? Où sont ces informations sur les négociations que vous deviez nous donner ? », a répliqué, visiblement énervé, M. Samaras. Avant de se lancer à son tour dans un long discours de décrédibilisation de l'action du gouvernement. L'ex-premier ministre a également ajouté :«  Nous avons lutté pour sortir des mémorandums et vous nous y ramenez. Vous devriez arrêter vos mensonges au peuple grec. Les gens n'ont pas voté pour vous pour que vous provoquiez un accident et la sortie de la Grèce de la zone euro ! »Attaques contre la politique migratoireL'agitation est encore montée d'un cran dans l'assemblée lorsque le conservateur s'est attaqué à la politique migratoire libérale d'Alexis Tsipras en termes polémiques, provoquant une intervention musclée de la présidente de la Vouli, Zoé Konstantopoulou, exigeant qu'aucun propos raciste ne soit prononcée dans le Parlement.Lire : M. Tsipras en quête d’un consensus national face aux créanciers de la GrèceDu pain bénit pour le leader du parti néonazi Aube dorée, Nikos Michaloliakos, tout juste libéré de prison, et qui s'est à la suite de M. Samaras empressé d'attaquer le gouvernement sur la question de l'immigration. Loin, très loin des préoccupations économiques qui sont aujourd'hui la priorité de tout gouvernement en Grèce.Dans une intervention se voulant plus mesurée, le président du parti de centre gauche To Potami, Stavros Theodorakis, a demandé au gouvernement plus de clarté sur ses objectifs et sur la teneur des négociations, exigeant des réponses sur les privatisations, la fiscalité, tout en affirmant « Nous sommes avec vous sur la question de la renégociation de la dette, inéluctable. »Voir aussi : Athènes cherche argent désespérémentEn fin de compte, ce moment de la vie parlementaire grecque a plus ressemblé à une ambiance de pré-campagne électorale qu'à une tentative d'union nationale. Pas de quoi créer ce front grec en mesure de négocier en position de force avec des créanciers dont l'unité s'est, elle, renforcée ces dernières semaines.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.03.2015 à 15h43 • Mis à jour le31.03.2015 à 09h32 | Eric Albert (Londres, correspondance) Le Parlement britannique a officiellement été dissous, lundi 30 mars. Le premier ministre britannique, David Cameron, s’est ensuite rendu à Buckingham Palace, pour une dernière rencontre avec la reine. Après cinq années d’une coalition entre les conservateurs et les démocrates libéraux, c’est le lancement officiel de la campagne des élections législatives qui doivent se tenir jeudi 7 mai. Passage en revue des grands enjeux de ce scrutin.Aucun favori ne se dégageIl s’agit d’un des scrutins les plus serrés de l’histoire britannique récente. Les sondages donnent les travaillistes et les conservateurs au coude-à-coude, avec chacun 33 % des voix environ. Ed Miliband, le leader du Labour, peine à convaincre et son niveau d’approbation est très faible, mais son parti est plus populaire que lui. Pour David Cameron, à la tête des tories, c’est l’inverse : après cinq ans au pouvoir, il demeure relativement apprécié, mais son parti est souvent considéré comme dogmatique, cherchant à imposer des coupes budgétaires quel que soit le coût social. Les deux tendances s’annulent, si bien que l’issue la plus probable est qu’aucune majorité absolue ne se dégage à la Chambre des communes.Derrière cet affrontement, le vrai phénomène de cette campagne électorale est l’émergence de nombreux partis secondaires. En 1951, le Parti travailliste et le Parti conservateur récoltaient 97 % des voix. Aujourd’hui, ils n’en ont plus que les deux tiers.Succès du UKIP et du Scottish National PartyEn Angleterre, les antieuropéens du United Kingdom Independence Party (UKIP) sont ceux qui profitent le plus de la fragmentation des votes. Malgré une légère baisse ces dernières semaines, ils sont actuellement en troisième place dans les sondages, avec entre 12 et 15 % d’intentions de vote, surfant sur un double message : anti-Europe et anti-immigration. Mais avec un soutien dispersé à travers le pays, ils ne devraient pas obtenir plus de 4 ou 5 députés sur 650.En Ecosse en revanche, où le UKIP n’arrive pas à percer, le grand favori est le Scottish National Party (SNP), le parti indépendantiste. Sa défaite au référendum sur l’indépendance en septembre 2014, beaucoup plus serrée que prévu, lui a servi de tremplin : les sondages le donnent en tête en Ecosse, avec 43 % des voix, loin devant les travaillistes (27 %), qui dominent habituellement les urnes. Le SNP pourrait obtenir jusqu’à 40 députés, un tremblement de terre politique.Reste enfin le Parti des démocrates libéraux. Traditionnel refuge des protestataires, il s’est effondré depuis qu’il a accepté de former une coalition avec les conservateurs. Mais il conserve plusieurs bastions locaux et pourrait encore obtenir suffisamment de députés pour influencer le résultat final.Face à ces très nombreuses incertitudes, deux scénarios se dessinent. Le premier est le statu quo : une coalition entre les conservateurs et les démocrates libéraux ou, à défaut d’un accord formel, une entente entre les deux partis au cas par cas. Le second est un gouvernement travailliste minoritaire, c’est-à-dire ne disposant pas d’une majorité absolue, le Labour ayant exclu tout rapprochement formel avec le SNP, pourtant de centre gauche. Là encore, un soutien vote par vote resterait possible.L’économie au cœur du débatLe sujet qui domine de très loin la campagne est l’économie. Les conservateurs en ont fait leur message central et le répètent sur tous les tons : ils demandent un deuxième mandat pour terminer leur « plan économique de long terme ». Ils ont pour eux une bonne conjoncture : la croissance était de 2,6 % en 2014 et le chômage, qui a fortement baissé, est désormais de 5,7 %. Et si le déficit budgétaire reste important (5,2 % du PIB), il a été divisé de moitié depuis leur arrivée au pouvoir. Pour David Cameron, confier les clés de Downing Street aux travaillistes serait mettre en danger cette amélioration : « Il y a cinq ans, le Royaume-Uni était au bord du gouffre. Bien sûr, tout n’est pas réparé. Mais le pays est de nouveau sur pied. » Il promet de poursuivre le programme d’austérité, pour arriver à l’équilibre budgétaire d’ici à 2019.Les travaillistes répliquent que l’amélioration économique n’a bénéficié qu’aux plus riches et que le pouvoir d’achat des Britanniques a baissé depuis que les conservateurs sont arrivés au pouvoir en 2010. Pourtant, eux aussi promettent une période d’austérité, mais assurent que le rythme de leurs coupes budgétaires serait environ moitié moins rapides que celles des conservateurs. Selon Ed Miliband, aller plus vite risquerait de mettre en péril le National Health System, le système de santé britannique, entièrement gratuit.L’Europe en filigraneDavid Cameron a promis, s’il est réélu, d’organiser un référendum afin de décider si son pays doit rester dans l’Union européenne. Il évite cependant le sujet, qui divise profondément son parti. Ed Miliband, en revanche, se sert de l’argument comme d’un repoussoir : « Jouer avec notre place au sein de l’Union européenne est dangereux. (…) C’est la recette de deux années d’incertitudes, pendant lesquelles les investissements vont fuir. » Pour le leader travailliste, c’est une façon de s’attirer les faveurs d’un patronat britannique qui souhaite rester dans l’UE.Dernier thème à dominer les débats : celui de l’immigration, que conservateurs et travaillistes promettent de réduire. Depuis dix ans, entre 200 000 et 300 000 personnes entrent au Royaume-Uni chaque année, un niveau sans précédent. Les deux principaux partis sont sur une ligne très similaire sur le sujet, promettant de faire baisser ce niveau. Mais aucun n’a su, pour l’instant, expliquer comment il comptait s’y prendre. L’immigration venant de l’Union européenne représente désormais la moitié du flux et elle est garantie par le principe de la libre circulation des personnes. C’est l’argument-clé du UKIP : seule une sortie de l’UE permettrait de retrouver « le contrôle des frontières ».Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) D’un côté, les bailleurs de fonds internationaux de la Grèce; à ce stade, ils ne se satisfont pas des propositions de réformes faites, vendredi 27 mars, par le gouvernement grec et ils ne sont pas encore prêts à débloquer une aide financière de plus de 7 milliards d’euros. De l’autre, Syriza ; le parti au pouvoir à Athènes a réaffirmé les « lignes rouges » qu’il convient, selon lui, de ne pas franchir dans les discussions engagées avec les créanciers du pays…C’est dans ce contexte, que le premier ministre grec, Alexis Tsipras, devait chercher, lundi soir, à obtenir un consensus national. Il veut créer un bloc face à l’ex-« troïka » – Fonds monétaire international (FMI), Banque centrale (BCE) et Commission européennes – dont il considère qu’elle « semble prête à jouer la montre et à laisser la situation financière grecque empirer » afin de « nous contraindre à prendre des mesures qui sont à l’opposé de notre programme », précise une source grecque proche des négociations.M. Tsipras a donc prévu de s’adresser, à 20 heures (heure grecque), devant l’assemblée plénière du Parlement, à Athènes. Le premier ministre devrait ainsi demander leur soutien aux responsables des principaux partis d’opposition. « Il est temps que chacun décide de qui il veut soutenir – la Grèce ou pas – et qu’il le dise haut et fort », affirme-t-on au gouvernement.17 pages de propositions et 35 d’analyse chiffréeDes sources gouvernementales grecques assuraient, dimanche, avoir fourni « dix-sept pages de propositions et trente-cinq d’analyse chiffrée, qui présentent à nos interlocuteurs nos actions à court, moyen et long terme pour faire entrer de l’argent dans les caisses de l’Etat ». Mais la liste d’une vingtaine de réformes présentée par Athènes, et qui prévoit 3 milliards d’euros de recettes nouvelles pour l’Etat, ne satisfait pas pleinement à Bruxelles. Lire aussi :La Grèce expose ses projets de réformes« Ils insistent sur de nouvelles atteintes au droit du travail, mais c’est une ligne rouge pour nous », affirme-t-on au gouvernement. Ces fameuses « lignes rouges » ont d’ailleurs été réaffirmées à M. Tsipras lors d’une réunion, dimanche, du secrétariat général de son parti de la gauche radicale, Syriza. « Pas touche aux retraites, aux salaires et au droit du travail », résume, sans ambiguïté, un membre du comité directeur de Syriza. Le gouvernement, répète, lui, qu’il « s’est engagé auprès du peuple grec à ne pas prendre de mesures récessives », comme de nouvelles baisses de salaires ou des retraites.« Négociations menées par des amateurs »A ce stade toutefois, ni les conservateurs de la Nouvelle démocratie (ND), ni les socialistes du Pasok, ni le parti de centre gauche, To Potami, ne semblent prêts à donner un chèque en blanc au gouvernement de M. Tsipras. « Il ne faut pas nous considérer comme acquis », a prévenu Antonis Samaras, de la ND, alors que Stavros Théodorakis, de To Potami, a parlé de « fiasco des négociations, menées par des amateurs ».« Je suis optimiste sur une fin heureuse, très prochainement, de cette première phase de négociations et sur la normalisation de la situation », a déclaré, dimanche, le premier ministre grec, dans un entretien publié par l’hebdomadaire Realnews.En tout cas, tant à Bruxelles qu’à Athènes, on ne s’attend pas à une solution rapide. « Nous n’en sommes pas encore là », a indiqué, lundi, le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas, interrogé sur une finalisation de la liste des mesures de redressement qu’Athènes s’est engagée à soumettre à ses bailleurs de fonds.Et l’idée d’un Eurogroupe d’urgence, longtemps annoncé pour ce début de semaine, semble avoir été repoussée de plusieurs jours. Probablement après Pâques.Lire aussi :Grèce : les négociations sur les réformes devraient se prolongerAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Luc Leroux (Marseille, correspondant) Lors d'un point presse, lundi matin 30 mars, Oliver Wagner, directeur opérationnel de Germanwings, a détaillé la logistique mise en place par le groupe Lufthansa qui a déjà permis d'accueillir 325 proches à Marseille, puis sur le site de la catastrophe à Seyne-les-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence). Le centre d'assistance aux familles du crash, qui se situe à l'hôtel Intercontinental à Marseille et pour lequel 90 personnes sont mobilisées, sera notamment « maintenu aussi longtemps que nécessaire ».Les proches des victimes accueillis étaient majoritairement Allemands – 100 à 150 personnes –, Espagnols mais certains sont aussi venus du Mexique, du Japon, de Colombie, du Venezuela et d'Argentine. «On s'attend à ce que d'autres personnes viennent dans les prochains jours, semaines et mois, a précisé Oliver Wagner. Certaines veulent revenir et seront accueillis à Marseille. »Trois vols à destination de Marseille ont été affrétés la semaine dernière afin de répondre aux familles qui souhaitaient se rendre au plus tôt sur les lieux de l'accident. Désormais, les acheminements depuis l'étranger se font sur des vols réguliers, mais aussi en train et en bus.Logistique d'urgenceLufthansa a fait appel à la société Kenyon, basée à Londres et spécialisée dans l'organisation de la logistique d'urgence, qui a dépêché à Marseille 32 personnes. S'y ajoutent « 58 spécialistes dans l'assistance aux familles », principalement du personnel de la compagnie appartenant à une « équipe spéciale d'assistance ».Dans ce centre, « les familles et amis des victimes trouvent du repos, du soutien psychologique, de l'assistance médicale si nécessaire, a précisé M. Wagner. Les familles décident de rester autant de temps qu'elles le souhaitent ». La garde des jeunes enfants est prise en charge. Des transports sont organisés vers Seyne-les-Alpes, allers-retours rapides ou séjours plus longs avec hébergement sur place, selon le souhait des familles.« La plus grave crise connue par la compagnie »Dans cet hôtel cinq-étoiles qui surplombe le Vieux-Port de Marseille, « la vie privée doit être respectée et les familles ont demandé à ce que leur soit épargnée la fréquentation des médias », a indiqué la compagnie. Répétant qu'une aide de 50 000 € par victime sera versée – non imputable sur de futurs dommages et intérêts –, Oliver Wagner a convenu que le crash du vol Barcelone-Düsseldorf est « la plus grave crise connue par la compagnie ». « C'est la première fois qu'une telle opération d'assistance est organisée mais jamais un tel accident n'a frappé la compagnie », a-t-il reconnu.Présent la semaine dernière à Haltern am See (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) auprès des familles de lycéens décédés dans l'accident, le patron de Germanwings a assuré qu'il a connu « le jour le plus triste de [sa] vie. Les familles m'ont demandé pourquoi. Elles ne comprennent pas et moi non plus ».Luc Leroux (Marseille, correspondant)Journaliste au Monde Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le week-end a été studieux pour le gouvernement grec et ses créanciers internationaux du « groupe de Bruxelles » (l’ex- « troïka »). Au menu : l’examen des propositions de réformes formulées, vendredi 27 mars, par Athènes, qui si elles reçoivent un feu vert du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque centrale européenne (BCE), de la Commission européenne et du Mécanisme européen de stabilité (MES), doivent permettre de commencer à débloquer la dernière tranche d’aide financière (environ 7 milliards d’euros) dont doit bénéficier la Grèce.Les réunions du « Groupe de Bruxelles » doivent s’achever lundi en milieu de journée. Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, fera, quant à lui, un état des lieux des discussions avec ses créanciers, lundi, vers 20 heures, devant le Parlement de son pays. Mais, à ce stade, il ne semble pas qu’il y ait encore d’accord en vue. D’autant que les Européens considèrent désormais que la situation financière de la Grèce n’est pas aussi critique que cela.« Nous n'en sommes pas encore là », a indiqué, lundi, le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas, interrogé sur une finalisation de la liste des mesures de redressement qu'Athènes s'est engagée à soumettre à ses bailleurs de fonds.« Passer la barre de l’Eurogroupe »Un « euroworking group » – c’est-à-dire une réunion des directeurs du Trésor des dix-neuf pays de la zone euro –, devrait se tenir mercredi 1er avril, mais seulement si les Grecs « proposent des réformes suffisantes », selon une source européenne. Il faudra donc très probablement attendre après Pâques pour voir le sujet se « cristalliser », avec la convocation d’un nouvel Eurogroupe, l’instance qui réunit les ministres des finances de la zone euro.Si les discussions du week-end se sont déroulées « dans un bon climat de coopération », du point de vue d’un responsable grec, cité par l’agence Reuters, pour un haut responsable de la zone euro « les Grecs n’ont pas soumis une liste de réformes. Ils ont simplement montré des idées ».« Beaucoup plus de travail technique est nécessaire pour les transformer en quelque chose de suffisamment complet et crédible qui puisse être soumis aux ministres des finances de l’union monétaire », a appuyé un autre responsable européen, également cité par Reuters. « Le but est que ce soit, au final, susceptible de passer la barre de l’Eurogroupe », expliquait, dès vendredi, une source bruxelloise.Athènes propose une vingtaine de mesuresLe gouvernement grec a présenté, vendredi, une liste des réformes regroupant une vingtaine de mesures. Celles-ci, selon lui, doivent permettre d’augmenter les recettes de l’Etat de 3 milliards d’euros en 2015.« Ces recettes supplémentaires ne seront en aucun cas le produit d’une réduction des traitements ou des retraites. La liste ne comporte pas de mesures à caractère récessif, mais s’attaquera pour la première fois au revenu des riches », ont indiqué des sources gouvernementales à Athènes.Le document évoque, par ailleurs, le fait qu’Athènes entend bâtir un budget dont l’excédent primaire (c’est-à-dire hors service de la dette) sera de 1,5 % du produit intérieur brut (PIB) en 2015, soit moitié moins que l’objectif figurant dans le programme de renflouement de l’Union européenne (UE) et du FMI, ce qui permettra de dégager quelques marges de manœuvre financières. Le gouvernement grec table, d’autre part, sur une croissance de 1,4 %.Dans les mesures évoquées figure, en première ligne, la lutte contre la fraude fiscale, avec la mise en place, par exemple, de connexions directes entre les entreprises et les services fiscaux du pays.Lire aussi :Evasion fiscale : la Suisse va coopérer avec la GrèceOn y trouve également une augmentation possible de la TVA, sans toutefois plus de précisions à ce stade sur le type de produits ou de services concernés, ou encore la taxation des jeux en ligne.Dans le cadre d’un changement total de l’attitude de l’Etat vis-à-vis des chaînes de télévision grecques, le gouvernement de M. Tsipras envisagerait – ainsi que la loi l’exige, mais sans que celle-ci ait jamais été appliquée – que ces antennes paient des redevances pour l’octroi de leurs licences.Le programme détaillé devrait aussi aborder le fonctionnement du système de retraites, même si Athènes a d’ores et déjà exclu un report de l’âge de départ. « C’est une liste qui ne touche ni aux retraites ni aux salaires », affirme une source grecque proche des négociations.Le gouvernement devrait aussi chercher à lutter contre le travail clandestin et s’engager à ne pas entraver les privatisations, même s’il compte toujours exercer un contrôle sur les sociétés concernées après leur cession au privé.En dehors du montant global de 3 milliards d’euros de revenus supplémentaires annoncé pour cette année, aucun autre chiffre n’a filtré.Les conditions d’un feu vertDans l’esprit des Européens, il n’est pas question de convoquer un nouvel Eurogroupe si les propositions grecques sont trop éloignées de ce qu’ils attendent, à la suite des accords du 20 février. Les prêts restant à verser dans le cadre du dernier plan d’aide à la Grèce ne seront débloqués qu’une fois que les ministres des finances de la zone euro auront donné leur feu vert à ces réformes.De quoi dépend ce feu vert ? C’est là que le flou règne du côté des créanciers d’Athènes. Ils veulent des réformes « réalistes », « utiles » et, surtout, qui préservent l’équilibre des finances publiques du pays. C’est-à-dire que, idéalement, chaque mesure qui entraînerait des dépenses nouvelles doit être financée par une autre qui assurerait des rentrées d’argent.« Les discussions entre Athènes et ses créanciers se sont normalisées », constate une source diplomatique. « Mais là ou cela bloque, précise-t-elle, ce sont sur les réformes qui étaient dans le second plan d’aide et sur lesquelles un accord n’avait pas été trouvé avec Antonis Samaras [le prédécesseur (de centre droit) de M. Tsipras]. Il s’agit de la hausse de la TVA, de la réforme des retraites et du marché du travail ». « Comme il est politiquement très compliqué pour l’actuel premier ministre grec de faire valider de telles réformes par le Parlement de son pays, le “groupe de Bruxelles” discute avec les Grecs pour savoir par quoi les remplacer. L’idée étant qu’il faut en effet trouver d’autres rentrées fiscales », explique cette même source.Lire aussi :Alexis Tsipras joue l’apaisement à BerlinIl y a donc une marge d’appréciation et de négociation. Le président de l’Eurogroupe, le néerlandais Jeroen Dijsselbloem, a déjà fait savoir à plusieurs reprises que, si des progrès significatifs avaient été accomplis par Athènes et si un accord était obtenu, alors le versement d’une première tranche de prêt (1 à 2 milliards d’euros, sur les 7 milliards) pourrait advenir rapidement.L’urgence financière soudain moins… urgenteA Bruxelles, vendredi, les « institutions » – l’ex-troïka – disaient vouloir prendre le temps pour examiner la liste des réformes. Pourtant, il y a une semaine, l’heure était encore à l’urgence. Beaucoup assuraient qu’il fallait la tenue d’un Eurogroupe au plus tard le lundi 30 mars ou le mardi 31. Car sinon la Grèce risquait le défaut de paiement le 8 avril.La situation financière du pays n’est-elle plus aussi urgente ? « On s’aperçoit qu’il reste des réserves d’argent dans différentes administrations », glisse une source européenne. Des sources proches du premier ministre, Alexis Tsipras, qualifiaient, vendredi, de « scénarios fantaisistes » les rumeurs d’un défaut de paiement en cas de non-versement de la tranche de prêt de 7,2 milliards d’euros.Le 9 avril, Athènes doit rembourser plus de 450 millions d’euros au FMI, le 14, il faudra racheter pour 1,4 milliard d’euros de bons du Trésor. Et encore pour 1 milliard d’euros le 17 avril.Durant le week-end, le gouvernement grec a laissé entendre qu’il devrait procéder, finalement, à la privatisation du port du Pirée, contrairement à ce qu’il avait annoncé initialement. L’opération pourrait lui rapporter 500 millions d’euros.Lire aussi :Le gouvernement grec devrait finalement privatiser le port du PiréeAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.03.2015 à 09h14 • Mis à jour le30.03.2015 à 11h08 Alors que les discussions sont en cours avec les créanciers internationaux de la Grèce sur les réformes à mettre en œuvre, qui permettront de débloquer une nouvelle aide financière, le gouvernement grec a indiqué, durant le week-end, qu’il entendait finalement procéder à la privatisation du port du Pirée.L’Etat grec cédera sa participation majoritaire dans les semaines à venir, a déclaré, lors d’une visite de ministres grecs en Chine, le vice-premier ministre, Yannis Dragasakis, cité par l’agence de presse Chine nouvelle.Il s’agit d’un revirement du gouvernement d’Alexis Tsipras. Car, à peine élu, celui-ci avait annoncé qu’il annulait une série de privatisations lancées par le précédent gouvernement, dont celle de ses deux plus grands ports, au Pirée et à Thessalonique.Lire aussi :Coup d’arrêt aux privatisations en GrèceUn gain de 500 millions d’eurosCette décision avait provoqué la colère de la Chine. Le groupe chinois Cosco figurait parmi les cinq candidats retenus par le précédent gouvernement pour le rachat de la participation de 67 % de l’Etat dans le port du Pirée.Lire aussi :Au Pirée, les dockers se réjouissent, les Chinois défendent leurs droitsCosco et les autres candidats au rachat « peuvent faire une offre très intéressante », a déclaré Yannis Dragasakis. Selon l’agence Chine nouvelle, ce dernier a laissé entendre que Cosco tenait la corde dans ce dossier, qui pourrait être bouclé dans les semaines à venir.La nécessité de trouver des liquidités semble s’être imposée au gouvernement grec. L’agence Reuters, citant une source proche du dossier grec, indique que la Grèce serait à court d’argent dès le 20 avril si le pays n’arrive pas à convaincre ses partenaires européens de lui verser de nouveaux fonds. La vente de la participation dans le port du Pirée pourrait rapporter 500 millions d’euros. 30.03.2015 à 15h43 • Mis à jour le30.03.2015 à 16h39 | Eric Albert (Londres, correspondance) Le Parlement britannique a officiellement été dissous, lundi 30 mars. Le premier ministre britannique, David Cameron, s’est ensuite rendu à Buckingham Palace, pour une dernière rencontre avec la reine. Après cinq années d’une coalition entre les conservateurs et les démocrates libéraux, c’est le lancement officiel de la campagne des élections législatives qui doivent se tenir jeudi 7 mai. Passage en revue des grands enjeux de ce scrutin.Aucun favori ne se dégageIl s’agit d’un des scrutins les plus serrés de l’histoire britannique récente. Les sondages donnent les travaillistes et les conservateurs au coude-à-coude, avec chacun 33 % des voix environ. Ed Miliband, le leader du Labour, peine à convaincre et son niveau d’approbation est très faible, mais son parti est plus populaire que lui. Pour David Cameron, à la tête des tories, c’est l’inverse : après cinq ans au pouvoir, il demeure relativement apprécié, mais son parti est souvent considéré comme dogmatique, cherchant à imposer des coupes budgétaires quel que soit le coût social. Les deux tendances s’annulent, si bien que l’issue la plus probable est qu’aucune majorité absolue ne se dégage à la Chambre des communes.Derrière cet affrontement, le vrai phénomène de cette campagne électorale est l’émergence de nombreux partis secondaires. En 1951, le Parti travailliste et le Parti conservateur récoltaient 97 % des voix. Aujourd’hui, ils n’en ont plus que les deux tiers.Succès du UKIP et du Scottish National PartyEn Angleterre, les antieuropéens du United Kingdom Independence Party (UKIP) sont ceux qui profitent le plus de la fragmentation des votes. Malgré une légère baisse ces dernières semaines, ils sont actuellement en troisième place dans les sondages, avec entre 12 et 15 % d’intentions de vote, surfant sur un double message : anti-Europe et anti-immigration. Mais avec un soutien dispersé à travers le pays, ils ne devraient pas obtenir plus de 4 ou 5 députés sur 650.En Ecosse en revanche, où le UKIP n’arrive pas à percer, le grand favori est le Scottish National Party (SNP), le parti indépendantiste. Sa défaite au référendum sur l’indépendance en septembre 2014, beaucoup plus serrée que prévu, lui a servi de tremplin : les sondages le donnent en tête en Ecosse, avec 43 % des voix, loin devant les travaillistes (27 %), qui dominent habituellement les urnes. Le SNP pourrait obtenir jusqu’à 40 députés, un tremblement de terre politique.Reste enfin le Parti des démocrates libéraux. Traditionnel refuge des protestataires, il s’est effondré depuis qu’il a accepté de former une coalition avec les conservateurs. Mais il conserve plusieurs bastions locaux et pourrait encore obtenir suffisamment de députés pour influencer le résultat final.Face à ces très nombreuses incertitudes, deux scénarios se dessinent. Le premier est le statu quo : une coalition entre les conservateurs et les démocrates libéraux ou, à défaut d’un accord formel, une entente entre les deux partis au cas par cas. Le second est un gouvernement travailliste minoritaire, c’est-à-dire ne disposant pas d’une majorité absolue, le Labour ayant exclu tout rapprochement formel avec le SNP, pourtant de centre gauche. Là encore, un soutien vote par vote resterait possible.L’économie au cœur du débatLe sujet qui domine de très loin la campagne est l’économie. Les conservateurs en ont fait leur message central et le répètent sur tous les tons : ils demandent un deuxième mandat pour terminer leur « plan économique de long terme ». Ils ont pour eux une bonne conjoncture : la croissance était de 2,6 % en 2014 et le chômage, qui a fortement baissé, est désormais de 5,7 %. Et si le déficit budgétaire reste important (5,2 % du PIB), il a été divisé de moitié depuis leur arrivée au pouvoir. Pour David Cameron, confier les clés de Downing Street aux travaillistes serait mettre en danger cette amélioration : « Il y a cinq ans, le Royaume-Uni était au bord du gouffre. Bien sûr, tout n’est pas réparé. Mais le pays est de nouveau sur pied. » Il promet de poursuivre le programme d’austérité, pour arriver à l’équilibre budgétaire d’ici à 2019.Les travaillistes répliquent que l’amélioration économique n’a bénéficié qu’aux plus riches et que le pouvoir d’achat des Britanniques a baissé depuis que les conservateurs sont arrivés au pouvoir en 2010. Pourtant, eux aussi promettent une période d’austérité, mais assurent que le rythme de leurs coupes budgétaires serait environ moitié moins rapides que celles des conservateurs. Selon Ed Miliband, aller plus vite risquerait de mettre en péril le National Health System, le système de santé britannique, entièrement gratuit.L’Europe en filigraneDavid Cameron a promis, s’il est réélu, d’organiser un référendum afin de décider si son pays doit rester dans l’Union européenne. Il évite cependant le sujet, qui divise profondément son parti. Ed Miliband, en revanche, se sert de l’argument comme d’un repoussoir : « Jouer avec notre place au sein de l’Union européenne est dangereux. (…) C’est la recette de deux années d’incertitudes, pendant lesquelles les investissements vont fuir. » Pour le leader travailliste, c’est une façon de s’attirer les faveurs d’un patronat britannique qui souhaite rester dans l’UE.Dernier thème à dominer les débats : celui de l’immigration, que conservateurs et travaillistes promettent de réduire. Depuis dix ans, entre 200 000 et 300 000 personnes entrent au Royaume-Uni chaque année, un niveau sans précédent. Les deux principaux partis sont sur une ligne très similaire sur le sujet, promettant de faire baisser ce niveau. Mais aucun n’a su, pour l’instant, expliquer comment il comptait s’y prendre. L’immigration venant de l’Union européenne représente désormais la moitié du flux et elle est garantie par le principe de la libre circulation des personnes. C’est l’argument-clé du UKIP : seule une sortie de l’UE permettrait de retrouver « le contrôle des frontières ».Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) D’un côté, les bailleurs de fonds internationaux de la Grèce; à ce stade, ils ne se satisfont pas des propositions de réformes faites, vendredi 27 mars, par le gouvernement grec et ils ne sont pas encore prêts à débloquer une aide financière de plus de 7 milliards d’euros. De l’autre, Syriza ; le parti au pouvoir à Athènes a réaffirmé les « lignes rouges » qu’il convient, selon lui, de ne pas franchir dans les discussions engagées avec les créanciers du pays…C’est dans ce contexte, que le premier ministre grec, Alexis Tsipras, devait chercher, lundi soir, à obtenir un consensus national. Il veut créer un bloc face à l’ex-« troïka » – Fonds monétaire international (FMI), Banque centrale (BCE) et Commission européennes – dont il considère qu’elle « semble prête à jouer la montre et à laisser la situation financière grecque empirer » afin de « nous contraindre à prendre des mesures qui sont à l’opposé de notre programme », précise une source grecque proche des négociations.M. Tsipras a donc prévu de s’adresser, à 20 heures (heure grecque), devant l’assemblée plénière du Parlement, à Athènes. Le premier ministre devrait ainsi demander leur soutien aux responsables des principaux partis d’opposition. « Il est temps que chacun décide de qui il veut soutenir – la Grèce ou pas – et qu’il le dise haut et fort », affirme-t-on au gouvernement.17 pages de propositions et 35 d’analyse chiffréeDes sources gouvernementales grecques assuraient, dimanche, avoir fourni « dix-sept pages de propositions et trente-cinq d’analyse chiffrée, qui présentent à nos interlocuteurs nos actions à court, moyen et long terme pour faire entrer de l’argent dans les caisses de l’Etat ». Mais la liste d’une vingtaine de réformes présentée par Athènes, et qui prévoit 3 milliards d’euros de recettes nouvelles pour l’Etat, ne satisfait pas pleinement à Bruxelles. Lire aussi :La Grèce expose ses projets de réformes« Ils insistent sur de nouvelles atteintes au droit du travail, mais c’est une ligne rouge pour nous », affirme-t-on au gouvernement. Ces fameuses « lignes rouges » ont d’ailleurs été réaffirmées à M. Tsipras lors d’une réunion, dimanche, du secrétariat général de son parti de la gauche radicale, Syriza. « Pas touche aux retraites, aux salaires et au droit du travail », résume, sans ambiguïté, un membre du comité directeur de Syriza. Le gouvernement, répète, lui, qu’il « s’est engagé auprès du peuple grec à ne pas prendre de mesures récessives », comme de nouvelles baisses de salaires ou des retraites.« Négociations menées par des amateurs »A ce stade toutefois, ni les conservateurs de la Nouvelle démocratie (ND), ni les socialistes du Pasok, ni le parti de centre gauche, To Potami, ne semblent prêts à donner un chèque en blanc au gouvernement de M. Tsipras. « Il ne faut pas nous considérer comme acquis », a prévenu Antonis Samaras, de la ND, alors que Stavros Théodorakis, de To Potami, a parlé de « fiasco des négociations, menées par des amateurs ».« Je suis optimiste sur une fin heureuse, très prochainement, de cette première phase de négociations et sur la normalisation de la situation », a déclaré, dimanche, le premier ministre grec, dans un entretien publié par l’hebdomadaire Realnews.En tout cas, tant à Bruxelles qu’à Athènes, on ne s’attend pas à une solution rapide. « Nous n’en sommes pas encore là », a indiqué, lundi, le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas, interrogé sur une finalisation de la liste des mesures de redressement qu’Athènes s’est engagée à soumettre à ses bailleurs de fonds.Et l’idée d’un Eurogroupe d’urgence, longtemps annoncé pour ce début de semaine, semble avoir été repoussée de plusieurs jours. Probablement après Pâques.Lire aussi :Grèce : les négociations sur les réformes devraient se prolongerAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Luc Leroux (Marseille, correspondant) Lors d'un point presse, lundi matin 30 mars, Oliver Wagner, directeur opérationnel de Germanwings, a détaillé la logistique mise en place par le groupe Lufthansa qui a déjà permis d'accueillir 325 proches à Marseille, puis sur le site de la catastrophe à Seyne-les-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence). Le centre d'assistance aux familles du crash, qui se situe à l'hôtel Intercontinental à Marseille et pour lequel 90 personnes sont mobilisées, sera notamment « maintenu aussi longtemps que nécessaire ».Les proches des victimes accueillis étaient majoritairement Allemands – 100 à 150 personnes –, Espagnols mais certains sont aussi venus du Mexique, du Japon, de Colombie, du Venezuela et d'Argentine. «On s'attend à ce que d'autres personnes viennent dans les prochains jours, semaines et mois, a précisé Oliver Wagner. Certaines veulent revenir et seront accueillis à Marseille. »Trois vols à destination de Marseille ont été affrétés la semaine dernière afin de répondre aux familles qui souhaitaient se rendre au plus tôt sur les lieux de l'accident. Désormais, les acheminements depuis l'étranger se font sur des vols réguliers, mais aussi en train et en bus.Logistique d'urgenceLufthansa a fait appel à la société Kenyon, basée à Londres et spécialisée dans l'organisation de la logistique d'urgence, qui a dépêché à Marseille 32 personnes. S'y ajoutent « 58 spécialistes dans l'assistance aux familles », principalement du personnel de la compagnie appartenant à une « équipe spéciale d'assistance ».Dans ce centre, « les familles et amis des victimes trouvent du repos, du soutien psychologique, de l'assistance médicale si nécessaire, a précisé M. Wagner. Les familles décident de rester autant de temps qu'elles le souhaitent ». La garde des jeunes enfants est prise en charge. Des transports sont organisés vers Seyne-les-Alpes, allers-retours rapides ou séjours plus longs avec hébergement sur place, selon le souhait des familles.« La plus grave crise connue par la compagnie »Dans cet hôtel cinq-étoiles qui surplombe le Vieux-Port de Marseille, « la vie privée doit être respectée et les familles ont demandé à ce que leur soit épargnée la fréquentation des médias », a indiqué la compagnie. Répétant qu'une aide de 50 000 € par victime sera versée – non imputable sur de futurs dommages et intérêts –, Oliver Wagner a convenu que le crash du vol Barcelone-Düsseldorf est « la plus grave crise connue par la compagnie ». « C'est la première fois qu'une telle opération d'assistance est organisée mais jamais un tel accident n'a frappé la compagnie », a-t-il reconnu.Présent la semaine dernière à Haltern am See (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) auprès des familles de lycéens décédés dans l'accident, le patron de Germanwings a assuré qu'il a connu « le jour le plus triste de [sa] vie. Les familles m'ont demandé pourquoi. Elles ne comprennent pas et moi non plus ».Luc Leroux (Marseille, correspondant)Journaliste au Monde Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le week-end a été studieux pour le gouvernement grec et ses créanciers internationaux du « groupe de Bruxelles » (l’ex- « troïka »). Au menu : l’examen des propositions de réformes formulées, vendredi 27 mars, par Athènes, qui si elles reçoivent un feu vert du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque centrale européenne (BCE), de la Commission européenne et du Mécanisme européen de stabilité (MES), doivent permettre de commencer à débloquer la dernière tranche d’aide financière (environ 7 milliards d’euros) dont doit bénéficier la Grèce.Les réunions du « Groupe de Bruxelles » doivent s’achever lundi en milieu de journée. Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, fera, quant à lui, un état des lieux des discussions avec ses créanciers, lundi, vers 20 heures, devant le Parlement de son pays. Mais, à ce stade, il ne semble pas qu’il y ait encore d’accord en vue. D’autant que les Européens considèrent désormais que la situation financière de la Grèce n’est pas aussi critique que cela.« Nous n'en sommes pas encore là », a indiqué, lundi, le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas, interrogé sur une finalisation de la liste des mesures de redressement qu'Athènes s'est engagée à soumettre à ses bailleurs de fonds.« Passer la barre de l’Eurogroupe »Un « euroworking group » – c’est-à-dire une réunion des directeurs du Trésor des dix-neuf pays de la zone euro –, devrait se tenir mercredi 1er avril, mais seulement si les Grecs « proposent des réformes suffisantes », selon une source européenne. Il faudra donc très probablement attendre après Pâques pour voir le sujet se « cristalliser », avec la convocation d’un nouvel Eurogroupe, l’instance qui réunit les ministres des finances de la zone euro.Si les discussions du week-end se sont déroulées « dans un bon climat de coopération », du point de vue d’un responsable grec, cité par l’agence Reuters, pour un haut responsable de la zone euro « les Grecs n’ont pas soumis une liste de réformes. Ils ont simplement montré des idées ».« Beaucoup plus de travail technique est nécessaire pour les transformer en quelque chose de suffisamment complet et crédible qui puisse être soumis aux ministres des finances de l’union monétaire », a appuyé un autre responsable européen, également cité par Reuters. « Le but est que ce soit, au final, susceptible de passer la barre de l’Eurogroupe », expliquait, dès vendredi, une source bruxelloise.Athènes propose une vingtaine de mesuresLe gouvernement grec a présenté, vendredi, une liste des réformes regroupant une vingtaine de mesures. Celles-ci, selon lui, doivent permettre d’augmenter les recettes de l’Etat de 3 milliards d’euros en 2015.« Ces recettes supplémentaires ne seront en aucun cas le produit d’une réduction des traitements ou des retraites. La liste ne comporte pas de mesures à caractère récessif, mais s’attaquera pour la première fois au revenu des riches », ont indiqué des sources gouvernementales à Athènes.Le document évoque, par ailleurs, le fait qu’Athènes entend bâtir un budget dont l’excédent primaire (c’est-à-dire hors service de la dette) sera de 1,5 % du produit intérieur brut (PIB) en 2015, soit moitié moins que l’objectif figurant dans le programme de renflouement de l’Union européenne (UE) et du FMI, ce qui permettra de dégager quelques marges de manœuvre financières. Le gouvernement grec table, d’autre part, sur une croissance de 1,4 %.Dans les mesures évoquées figure, en première ligne, la lutte contre la fraude fiscale, avec la mise en place, par exemple, de connexions directes entre les entreprises et les services fiscaux du pays.Lire aussi :Evasion fiscale : la Suisse va coopérer avec la GrèceOn y trouve également une augmentation possible de la TVA, sans toutefois plus de précisions à ce stade sur le type de produits ou de services concernés, ou encore la taxation des jeux en ligne.Dans le cadre d’un changement total de l’attitude de l’Etat vis-à-vis des chaînes de télévision grecques, le gouvernement de M. Tsipras envisagerait – ainsi que la loi l’exige, mais sans que celle-ci ait jamais été appliquée – que ces antennes paient des redevances pour l’octroi de leurs licences.Le programme détaillé devrait aussi aborder le fonctionnement du système de retraites, même si Athènes a d’ores et déjà exclu un report de l’âge de départ. « C’est une liste qui ne touche ni aux retraites ni aux salaires », affirme une source grecque proche des négociations.Le gouvernement devrait aussi chercher à lutter contre le travail clandestin et s’engager à ne pas entraver les privatisations, même s’il compte toujours exercer un contrôle sur les sociétés concernées après leur cession au privé.En dehors du montant global de 3 milliards d’euros de revenus supplémentaires annoncé pour cette année, aucun autre chiffre n’a filtré.Les conditions d’un feu vertDans l’esprit des Européens, il n’est pas question de convoquer un nouvel Eurogroupe si les propositions grecques sont trop éloignées de ce qu’ils attendent, à la suite des accords du 20 février. Les prêts restant à verser dans le cadre du dernier plan d’aide à la Grèce ne seront débloqués qu’une fois que les ministres des finances de la zone euro auront donné leur feu vert à ces réformes.De quoi dépend ce feu vert ? C’est là que le flou règne du côté des créanciers d’Athènes. Ils veulent des réformes « réalistes », « utiles » et, surtout, qui préservent l’équilibre des finances publiques du pays. C’est-à-dire que, idéalement, chaque mesure qui entraînerait des dépenses nouvelles doit être financée par une autre qui assurerait des rentrées d’argent.« Les discussions entre Athènes et ses créanciers se sont normalisées », constate une source diplomatique. « Mais là ou cela bloque, précise-t-elle, ce sont sur les réformes qui étaient dans le second plan d’aide et sur lesquelles un accord n’avait pas été trouvé avec Antonis Samaras [le prédécesseur (de centre droit) de M. Tsipras]. Il s’agit de la hausse de la TVA, de la réforme des retraites et du marché du travail ». « Comme il est politiquement très compliqué pour l’actuel premier ministre grec de faire valider de telles réformes par le Parlement de son pays, le “groupe de Bruxelles” discute avec les Grecs pour savoir par quoi les remplacer. L’idée étant qu’il faut en effet trouver d’autres rentrées fiscales », explique cette même source.Lire aussi :Alexis Tsipras joue l’apaisement à BerlinIl y a donc une marge d’appréciation et de négociation. Le président de l’Eurogroupe, le néerlandais Jeroen Dijsselbloem, a déjà fait savoir à plusieurs reprises que, si des progrès significatifs avaient été accomplis par Athènes et si un accord était obtenu, alors le versement d’une première tranche de prêt (1 à 2 milliards d’euros, sur les 7 milliards) pourrait advenir rapidement.L’urgence financière soudain moins… urgenteA Bruxelles, vendredi, les « institutions » – l’ex-troïka – disaient vouloir prendre le temps pour examiner la liste des réformes. Pourtant, il y a une semaine, l’heure était encore à l’urgence. Beaucoup assuraient qu’il fallait la tenue d’un Eurogroupe au plus tard le lundi 30 mars ou le mardi 31. Car sinon la Grèce risquait le défaut de paiement le 8 avril.La situation financière du pays n’est-elle plus aussi urgente ? « On s’aperçoit qu’il reste des réserves d’argent dans différentes administrations », glisse une source européenne. Des sources proches du premier ministre, Alexis Tsipras, qualifiaient, vendredi, de « scénarios fantaisistes » les rumeurs d’un défaut de paiement en cas de non-versement de la tranche de prêt de 7,2 milliards d’euros.Le 9 avril, Athènes doit rembourser plus de 450 millions d’euros au FMI, le 14, il faudra racheter pour 1,4 milliard d’euros de bons du Trésor. Et encore pour 1 milliard d’euros le 17 avril.Durant le week-end, le gouvernement grec a laissé entendre qu’il devrait procéder, finalement, à la privatisation du port du Pirée, contrairement à ce qu’il avait annoncé initialement. L’opération pourrait lui rapporter 500 millions d’euros.Lire aussi :Le gouvernement grec devrait finalement privatiser le port du PiréeAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.03.2015 à 09h14 • Mis à jour le30.03.2015 à 11h08 Alors que les discussions sont en cours avec les créanciers internationaux de la Grèce sur les réformes à mettre en œuvre, qui permettront de débloquer une nouvelle aide financière, le gouvernement grec a indiqué, durant le week-end, qu’il entendait finalement procéder à la privatisation du port du Pirée.L’Etat grec cédera sa participation majoritaire dans les semaines à venir, a déclaré, lors d’une visite de ministres grecs en Chine, le vice-premier ministre, Yannis Dragasakis, cité par l’agence de presse Chine nouvelle.Il s’agit d’un revirement du gouvernement d’Alexis Tsipras. Car, à peine élu, celui-ci avait annoncé qu’il annulait une série de privatisations lancées par le précédent gouvernement, dont celle de ses deux plus grands ports, au Pirée et à Thessalonique.Lire aussi :Coup d’arrêt aux privatisations en GrèceUn gain de 500 millions d’eurosCette décision avait provoqué la colère de la Chine. Le groupe chinois Cosco figurait parmi les cinq candidats retenus par le précédent gouvernement pour le rachat de la participation de 67 % de l’Etat dans le port du Pirée.Lire aussi :Au Pirée, les dockers se réjouissent, les Chinois défendent leurs droitsCosco et les autres candidats au rachat « peuvent faire une offre très intéressante », a déclaré Yannis Dragasakis. Selon l’agence Chine nouvelle, ce dernier a laissé entendre que Cosco tenait la corde dans ce dossier, qui pourrait être bouclé dans les semaines à venir.La nécessité de trouver des liquidités semble s’être imposée au gouvernement grec. L’agence Reuters, citant une source proche du dossier grec, indique que la Grèce serait à court d’argent dès le 20 avril si le pays n’arrive pas à convaincre ses partenaires européens de lui verser de nouveaux fonds. La vente de la participation dans le port du Pirée pourrait rapporter 500 millions d’euros. 30.03.2015 à 05h55 • Mis à jour le30.03.2015 à 11h11 La campagne pour les législatives du 7 mai débute officiellement lundi 30 mars en Grande-Bretagne, à cinq semaines et demie d'un scrutin qui s'annonce très indécis.Lire : Royaume-Uni : Cameron donné vainqueur du premier débat télévisé avant les législativesIllustration de cette incertitude, deux sondages publiés dimanche donnent des résultats exactement inverses : l'un crédite les conservateurs du premier ministre, David Cameron, d'une avance de quatre points sur le Labour, l'autre donne le même écart en faveur des travaillistes d'Ed Miliband.Un scrutin qui s'annonce très indécisUn point fait cependant l'unanimité des instituts d'enquête : aucun parti ne remportera une majorité à lui seul. Le paysage politique est très fragmenté et un premier débat télévisé organisé jeudi opposera, outre les chefs des deux grands partis, les dirigeants de cinq autres formations.Tout laisse prévoir d'intenses tractations avant et après le scrutin, en l'absence de majorité absolue (326 sièges sur 650). Faute de vainqueur, le gouvernement sortant aurait la priorité pour tenter de former un gouvernement viable. Les conservateurs pourraient alors reconduire la coalition inédite à laquelle ils ont dû se résoudre en 2010. Mais leurs alliés libéraux-démocrates pourraient choisir de gouverner pour changer avec les travaillistes.En revanche les divers scénarios de coalition incluant le Parti de l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP – United Kingdom Independence Party) à droite ou le Parti indépendantiste écossais (SNP – Scottish National Party) à gauche, voire les combinaisons arc-en-ciel, ont été a priori exclus par les formations concernées.Lire (édition abonnés) : Royaume-Uni : le UKIP en quête de respectabilitéConformément à un rituel ancré dans la tradition, David Cameron se rendra lundi matin à Buckingham Palace pour demander à la reine Elizabeth l'autorisation de dissoudre le Parlement, mettant fin symboliquement à cinq ans de gouvernement de coalition entre les conservateurs et les libéraux démocrates.Economie, immigration et système de santéLe chef du gouvernement, qui brigue un nouveau mandat « pour finir le travail », tiendra ensuite un premier meeting dans une circonscription rurale, pendant que le Labour présentera son programme pour les entreprises.Le vote du 7 mai comprend plusieurs enjeux de taille pour l'avenir du Royaume-Uni, à commencer par son appartenance à l'Union européenne, que David Cameron a promis de soumettre à référendum d'ici à 2017 s'il est réélu, ainsi que la question de l'équilibre des pouvoirs entre le gouvernement de Londres et l'Ecosse, où le parti indépendantiste est favori.Le déficit budgétaire (5,6 % du PIB en 2013-2014), l'avenir du National Health Service (NHS), le système de santé public cher au cœur des Britanniques mais à court d'argent, et l'immigration, sujet mis en avant par le UKIP, seront également les grands thèmes de la campagneLire (édition abonnés) : En Grande-Bretagne, la campagne s’américanise 29.03.2015 à 05h29 • Mis à jour le29.03.2015 à 15h50 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ks21y"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ks21y", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Le commandant de l'Airbus A320 de Germanwings a hurlé à son copilote, soupçonné d'avoir délibérément précipité l'appareil avec 150 personnes à bord contre le massif de l'Estrop, d'ouvrir la « foutue porte » du cockpit, alors que les passagers hurlaient quelques minutes avant la catastrophe, selon les enregistrements du vol écoutés et publiés par Bild am Sonntag.Lire : Le crash de l'A320 de Germanwings, minute par minuteLes données de la boîte noire récupérée sur les lieux du crash, dans le sud-est de la France, déjà évoquées jeudi par le procureur de la République de Marseille, avaient montré que le copilote avait verrouillé la porte du cockpit après la sortie momentanée du commandant de bord, avant de précipiter l'avion vers le sol. Mais il n'avait pas détaillé la teneur des échanges entre les deux hommes.Echanges banals au début du volSelon l'édition dominicale du quotidien allemand Bild, qui a écouté ces enregistrements, les vingt premières minutes du vol sont l'occasion d'échanges banals entre le pilote, Patrick S., et son copilote, Andreas Lubitz. Il explique notamment à ce dernier qu'il n'a pas eu le temps d'aller aux toilettes au départ, à Barcelone.A 10 h 27, l'appareil atteint son altitude de croisière (environ 11 600 mètres), le pilote demande à Lubitz de préparer l'atterrissage à Düsseldorf. Ce dernier prononce quelques mots : « J'espère », « On verra ». Ensuite, le copilote dit au commandant qu'il peut « maintenant » aller aux toilettes. Deux minutes s'écoulent, le pilote confirme à son copilote qu'il peut « prendre les commandes ».On entend un siège qui recule, une porte qui se referme : le commandant est sorti du cockpit pour aller aux toilettes. Andreas Lubitz est seul aux commandes. A 10 h 29 : « L'appareil commence à descendre », note Bild.« Pour l'amour de Dieu, ouvre la porte ! »A 10 h 32, les contrôleurs aériens français tentent de contacter l'appareil, en vain. Dans l'avion, presque au même moment, une alarme retentit. Peu après, on entend un « claquement fort », comme si quelqu'un essayait de rentrer dans le cockpit, écrit Bild. Puis la voix du pilote : « Pour l'amour de Dieu, ouvre la porte ». Lubitz s'est enfermé, seul aux commandes. En arrière-fond, les passagers commencent à crier, note le journal.A 10 h 35, il y a de nouveaux coups « métalliques contre la porte du cockpit », que le pilote essaie manifestement d'ouvrir à la hache. Puis, quatre-vingt-dix secondes plus tard, nouvelle alarme, alors que l'appareil est à 5 000 mètres d'altitude. Le commandant crie : « Ouvre cette foutue porte ! » A 10 h 38, on entend la respiration du copilote, silencieux, dans le cockpit.Vers 10 h 40, l'Airbus touche une montagne, on entend les cris des passagers. Ce sont les derniers bruits sur l'enregistrement, écrit Bild. Andreas Lubitz est soupçonné d'avoir volontairement fait chuter mardi l'Airbus A320 de Germanwings dans les Alpes françaises, alors qu'il était aux commandes, entraînant la mort de 149 personnes en plus de la sienne.Lire aussi : Stupeur en Allemagne après les premiers éléments d’analyse du crash de l’A320Samedi, le journal allemand avait publié une interview d'une hôtesse de l'air présentée comme une ancienne petite amie de Lubitz, qui renforçait la piste selon laquelle le jeune copilote souffrait de troubles psychiatriques. Un autre journal allemand, Welt am Sonntag, a affirmé que les enquêteurs ont découvert au domicile de Lubitz « de très nombreux médicaments » destinés à soigner des « maladies psychiques ».Vendredi, le parquet de Düsseldorf avait expliqué que des attestations d'arrêt maladie avaient été retrouvées déchirées chez Andreas Lubitz. Aucune lettre d'adieu dévoilant un acte prémédité à l'origine de la catastrophe n'a été retrouvée. Selon Bild et le New York Times, le jeune homme souffrait en outre de gros problèmes de vue susceptibles de remettre en cause son aptitude à piloter.Sur les lieux du crash, les enquêteurs ont pour l'instant « isolé 78 ADN disctincts », ceux-ci devront être comparés à ceux des familles des victimes pour identification, a indiqué dimanche le procureur de Marseille Brice Robin. L'aménagement d'un chemin d'accès, accessible pour des véhicules tout terrain, est en cours de réalisation et pourrait être terminé d'ici à lundi soir, a-t-il également expliqué. Cet accès permettra notamment l'évacuation de grosses pièces de carlingue, difficiles à hélitreuiller. Philippe Ridet (Rome, correspondant) L’Américaine Amanda Knox et l’Italien Raffaele Sollecito, son amant au moment des faits, ne sont donc pas coupables du meurtre de la Britannique Meredith Kercher, retrouvée à demi nue, violée et poignardée dans son appartement, en 2007 à Pérouse. Ils étaient étudiants Erasmus, beaux, aisés, fumeurs de joints parfois et assez libres de leurs corps et leurs sentiments.Le succès d’un fait divers tient à peu de chose : un visage, un décor, une histoire. Le visage ? c’est avant tout celui d’Amanda. Tour à tour séraphique ou cruel, angélique ou buté, botticellien ou diabolique. C’est aussi celui de Raffaele Sollecito, un peu Jacques Perrin dans ses premiers rôles, un peu benêt aussi, parfois. Pour le décor, Pérouse, une des villes les plus universitaires d’Italie, est imbattable. Juchée sur une colline dominant l’Ombrie. Magnifique, simplement magnifique. L’histoire ? Celle d’amours qui se font et se défont sans manière. Sur cette trame, certains ont voulu projeter la version gore de L’Auberge espagnole ou réecrire celle d’Un Diable au paradis (Henry Miller) revue par Charles Manson.Mais il faut encore autre chose : des coups de théâtre, une narration haletante, et des positions tranchées. L’affaire Knox-Sollecito-Kercher n’en manqua pas. Une enquête un peu bâclée, des indices minces comme une tranche de Culatello, des aveux un peu trop sollicités, un fuyard, Rudy Guede, retrouvé et condamné à seize ans de prison pour le viol de Meredith, mais pas pour son meurtre. Et des journalistes pour faire monter le soufflé. Se faisant le plus souvent les défenseurs d’une thèse que les témoins d’une procédure, les médias ont transformé l’affaire en derby intercontinental.Un meurtre sans vrai coupable à ce jourPour les Américains, Amanda était innocente, et la justice italienne, incompétente ; pour les Anglais, à la recherche d’un coupable du meurtre de leur compatriote, Amanda ne pouvait qu’avoir tué Meredith au cours d’un jeu sexuel qui aurait mal tourné. Et les Italiens ? Un peu partagés entre ceux pour qui l’innocence de Raffaele ne faisait aucun doute et ceux pour qui le jeune homme pâle aurait été un jouet timide entre les mains d’Amanda la tentatrice.Et la justice ? Elle aussi y a mis du sien pour faire de cette histoire LE fait divers de ce début de millénaire. Cinq procès de la première instance à la cassation qui ont balancé à deux reprises entre la thèse de la culpabilité totale des « amants diaboliques » (25 et 26 ans de prison) et leur totale innocence (acquittement), entre des convictions – et qui n’en a pas ? – et des preuves. Or, celles-ci manquaient. C’est ce qu’a rappelé, tard dans la nuit, vendredi 27 mars, la cour de cassation, saisie pour la deuxième fois, en acquittant Amanda Knox et Raffaele Sollecito.Ils vont pouvoir reprendre leur vie interrompue. Elle à Seattle, aux Etats-Unis, où les contrats mirifiques l’attendent, lui dans les Pouilles, d’où il est originaire. Ils ont fait quatre ans de prison pour rien et s’apprêtent à demander de sérieux dommages et intérêts. Reste la douleur de la famille de Meredith, confrontée à un meurtre sans vrai coupable à ce jour.Mais n’en déplaise aux accrocs de cette affaire, son arrêt est définitif. Il n’y aura pas de sixième acte, de sixième saison. On pourra en écrire des livres (c’est déjà fait), en tirer des films ou des téléfilms (c’est fait aussi), mais la phase judiciaire est close. Comme à la fin d’une série trop longtemps vue, il restera chez certains une impression de vide, de désœuvrement. Une seule solution pour y échapper : parler d’autre chose.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.03.2015 à 03h49 Le tombeau de Richard III a été dévoilé vendredi 27 mars, dernière étape de la réinhumation en grande pompe du monarque anglais mort à la guerre il y a cinq siècles et dont le squelette a été retrouvé par hasard dans un parking en 2012.Le bloc de 2,3 tonnes a été taillé dans de la pierre claire venue de Swaledale, un territoire qui autrefois appartenait au roi dans le Yorkshire (nord). Rectangulaire, la pierre tombale est orientée vers l'est, le dessus est légèrement incliné et une croix y est gravée sur plusieurs centimètres de profondeur. La pierre tombale a été installée sur un socle en marbre noir, sur lequel est inscrit le nom du roi, ses dates de naissance et de décès (1452-1485), son blason et sa devise « Loyaulte me lie » (« La loyauté me lie »).Richard III avait été enterré jeudi en la cathédrale de Leicester, dans le centre de l'Angleterre, lors d'une cérémonie grandiose retransmise en direct à la télévision. « Le tombeau du roi Richard III fait désormais partie intégrante de la cathédrale de Leicester », a déclaré la porte-parole de la cathédrale, Liz Hudson, qui s'attend à la venue de nombreux visiteurs.Le souverain, mort à la guerre en 1485 après seulement deux ans de règne, avait une sinistre réputation. Le faste incroyable des célébrations depuis dimanche a contribué à réhabiliter l'image de ce roi maudit aux yeux du public.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kn5vt"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kn5vt", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 27.03.2015 à 18h48 • Mis à jour le27.03.2015 à 19h15 Frappée par un séisme de magnitude 5,8 qui avait fait 309 morts et près de 70 000 sinistrés, le centre-ville de L'Aquila, capitale de la région italienne des Abruzzes, est figée dans ses ruines depuis le 6 avril 2009. La situation ne devrait pas se prolonger, a estimé le maire de la ville, Massimo Cialente.« Tout sera remis en état en 2017 », a-t-il affirmé à Rome, où il participait à une cérémonie de remise de prix dédiée aux victimes du tremblement de terre. « Le centre historique n'a été reconstruit qu'à 3 % et 3,5 milliards [d'euros] sont encore nécessaires pour achever les travaux, en plus des 4 milliards déjà dépensés », a cependant détaillé l'élu interrogé par l'Agence France-Presse (AFP).Pour Franco Gabrielli, le chef de la protection civile italienne, interrogé par l'AFP, l'annonce du maire semble un peu prématurée : « La priorité est de mettre au point un plan des zones sismiques à risques dans cette région et dans le pays, seulement après nous pourrons organiser les travaux de manière efficace. » Près de 40 000 personnes sont toujours logées dans les habitations de fortune, construites en quelques mois après le séisme à la périphérie de la ville.Lire aussi notre reportage, réalisé en 2009 après le séisme : A L’Aquila, l’effondrement de la ville et des hommesCorruption et malversationGangrenés par les cas de malfaçon, de malversation, de corruption et les procès en tous genres liés à la gestion de l'après-séisme, les chantiers de L'Aquila font régulièrement la « une » des médias italiens ces six dernières années. Il y a quelques semaines, l'un des principaux entrepreneurs chargés des travaux avait été arrêté pour collaboration présumée avec la Camorra, la mafia napolitaine.Massimo Cialente avait annoncé sa démission en janvier 2014 à la suite d'une affaire de corruption impliquant des membres de son administration, avant de revenir sur sa décision quelques jours plus tard.Lire aussi le post de blog : Le maire de L’Aquila démissionne : stupeur après tremblementEn 2012, sept scientifiques de la Commission « grands risques » avaient été condamnés à six ans de prison ferme par le tribunal de L'Aquila, pour avoir manqué à leur devoir d'information vis-à-vis des habitants au sujet des risques potentiels d'un tremblement de terre. Ils ont été reconnus non coupables en appel en novembre 2014. La Cour de cassation se prononcera sur leur sort dans les mois qui viennent. Philippe Ridet (Rome, correspondant) La silhouette reste élancée, mince, sèche. L’habit noir comme il se doit. Le cheveu légèrement teint. Phil Manzanera, 64 ans, né Philip Geoffrey Targett-Adams à Londres, il y a 64 ans, a été pendant dix ans le guitariste du groupe de art rock (ou glamrock pour certains), Roxy Music, fondé par Brian Ferry et Brian Eno. Anglais par son père, colombien par sa mère, il n’en finit pas d’explorer le métissage de ses origines et de sa musique. Ayant vécu à Cuba, à Hawaï, au Venezuela, il sait faire jongler salsa, rock’n’roll et meringue.Comme si cela ne suffisait pas, il a appris récement qu’un de ses grands-pères, musicien à Londres au début du siècle dernier, était originaire de Naples. Une influence de plus. Qu’il va pouvoir développer à sa guise en devenant Maestro Concertatore, autrement dit directeur musical du 18e festival La nuit de la tarentelle, du 4 au 22 août, dans les Pouilles. Un événement dont le concert final, à Melpignano (2 000 habitants) attire chaque année 150 000 personnes ferventes, entre bougeotte et transe. La tarentelle est une danse censée imiter et/ou conjurer les effets de la morsure d’une tarentule.Orchestre de 90 musiciens« Je n’en avais jamais entendu parler, avoue le guitariste, de passage à Rome, vendredi 27 mars pour rencontrer la presse. J’ai commencé à écouter la pizzica [la musique très rythmée qui accompagne les danseurs]. Je suis tombé sous le charme. J’ai tout de suite donné mon accord aux organisateurs. » « Et puis, ajoute celui qui a produit aussi bien Steve Winwood, John Cale ou le Pink Floyd tardif, comment résister à l’honneur d’être appelé  Maestro ? » Un honneur qu’ont connu avant lui Stewart Copeland, le batteur de Police, le compositeur Goran Bregovic ou le pianiste Ludovico Einaudi.Le guitariste va devoir faire travailler l’orchestre de 90 musiciens à raison de quatre jours par mois jusqu’à l’ouverture du festival. Il dit vouloir, à cette occasion, lancer un pont entre la Pizzica, dont les origines se confondent avec celles de la Grèce antique, et les musiques d’Amérique latine qu’il connaît bien. « Mêler les cultures aide à savoir d’où l’on vient  ».Identité ouverteLe métissage est justement le credo de cette manifestation devenue une des plus populaires d’Europe, comme l’a rappelé le président du conseil régional des Pouilles, le charismatique et atypique Nichi Vendola (communiste, catholique, militant homosexuel et discoureur logorrhéique) qui achève son deuxième et dernier mandat. « Nous avons choisi notre programme comme un miroir. La tarentelle est la revendication d’une identité ouverte, curieuse. Une fête des différences. Le Maestro doit en tenir compte. »Mais tiendra-t-il la guitare, au moins au cours du concert final ? « J’espère bien, répond Phil Manzanera, je ne vois pas comment on pourrait m’en empêcher ». Après tout, il est le nouveau Maestro Concertatore !Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Ridet (Rome, correspondant) L’Américaine Amanda Knox et l’Italien Raffaele Sollecito, son amant au moment des faits, ne sont donc pas coupables du meurtre de la Britannique Meredith Kercher, retrouvée à demi nue, violée et poignardée dans son appartement, en 2007 à Pérouse. Ils étaient étudiants Erasmus, beaux, aisés, fumeurs de joints parfois et assez libres de leurs corps et leurs sentiments.Le succès d’un fait divers tient à peu de chose : un visage, un décor, une histoire. Le visage ? c’est avant tout celui d’Amanda. Tour à tour séraphique ou cruel, angélique ou buté, botticellien ou diabolique. C’est aussi celui de Raffaele Sollecito, un peu Jacques Perrin dans ses premiers rôles, un peu benêt aussi, parfois. Pour le décor, Pérouse, une des villes les plus universitaires d’Italie, est imbattable. Juchée sur une colline dominant l’Ombrie. Magnifique, simplement magnifique. L’histoire ? Celle d’amours qui se font et se défont sans manière. Sur cette trame, certains ont voulu projeter la version gore de L’Auberge espagnole ou réecrire celle d’Un Diable au paradis (Henry Miller) revue par Charles Manson.Mais il faut encore autre chose : des coups de théâtre, une narration haletante, et des positions tranchées. L’affaire Knox-Sollecito-Kercher n’en manqua pas. Une enquête un peu bâclée, des indices minces comme une tranche de Culatello, des aveux un peu trop sollicités, un fuyard, Rudy Guede, retrouvé et condamné à seize ans de prison pour le viol de Meredith, mais pas pour son meurtre. Et des journalistes pour faire monter le soufflé. Se faisant le plus souvent les défenseurs d’une thèse que les témoins d’une procédure, les médias ont transformé l’affaire en derby intercontinental.Un meurtre sans vrai coupable à ce jourPour les Américains, Amanda était innocente, et la justice italienne, incompétente ; pour les Anglais, à la recherche d’un coupable du meurtre de leur compatriote, Amanda ne pouvait qu’avoir tué Meredith au cours d’un jeu sexuel qui aurait mal tourné. Et les Italiens ? Un peu partagés entre ceux pour qui l’innocence de Raffaele ne faisait aucun doute et ceux pour qui le jeune homme pâle aurait été un jouet timide entre les mains d’Amanda la tentatrice.Et la justice ? Elle aussi y a mis du sien pour faire de cette histoire LE fait divers de ce début de millénaire. Cinq procès de la première instance à la cassation qui ont balancé à deux reprises entre la thèse de la culpabilité totale des « amants diaboliques » (25 et 26 ans de prison) et leur totale innocence (acquittement), entre des convictions – et qui n’en a pas ? – et des preuves. Or, celles-ci manquaient. C’est ce qu’a rappelé, tard dans la nuit, vendredi 27 mars, la cour de cassation, saisie pour la deuxième fois, en acquittant Amanda Knox et Raffaele Sollecito.Ils vont pouvoir reprendre leur vie interrompue. Elle à Seattle, aux Etats-Unis, où les contrats mirifiques l’attendent, lui dans les Pouilles, d’où il est originaire. Ils ont fait quatre ans de prison pour rien et s’apprêtent à demander de sérieux dommages et intérêts. Reste la douleur de la famille de Meredith, confrontée à un meurtre sans vrai coupable à ce jour.Mais n’en déplaise aux accrocs de cette affaire, son arrêt est définitif. Il n’y aura pas de sixième acte, de sixième saison. On pourra en écrire des livres (c’est déjà fait), en tirer des films ou des téléfilms (c’est fait aussi), mais la phase judiciaire est close. Comme à la fin d’une série trop longtemps vue, il restera chez certains une impression de vide, de désœuvrement. Une seule solution pour y échapper : parler d’autre chose.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.03.2015 à 03h49 Le tombeau de Richard III a été dévoilé vendredi 27 mars, dernière étape de la réinhumation en grande pompe du monarque anglais mort à la guerre il y a cinq siècles et dont le squelette a été retrouvé par hasard dans un parking en 2012.Le bloc de 2,3 tonnes a été taillé dans de la pierre claire venue de Swaledale, un territoire qui autrefois appartenait au roi dans le Yorkshire (nord). Rectangulaire, la pierre tombale est orientée vers l'est, le dessus est légèrement incliné et une croix y est gravée sur plusieurs centimètres de profondeur. La pierre tombale a été installée sur un socle en marbre noir, sur lequel est inscrit le nom du roi, ses dates de naissance et de décès (1452-1485), son blason et sa devise « Loyaulte me lie » (« La loyauté me lie »).Richard III avait été enterré jeudi en la cathédrale de Leicester, dans le centre de l'Angleterre, lors d'une cérémonie grandiose retransmise en direct à la télévision. « Le tombeau du roi Richard III fait désormais partie intégrante de la cathédrale de Leicester », a déclaré la porte-parole de la cathédrale, Liz Hudson, qui s'attend à la venue de nombreux visiteurs.Le souverain, mort à la guerre en 1485 après seulement deux ans de règne, avait une sinistre réputation. Le faste incroyable des célébrations depuis dimanche a contribué à réhabiliter l'image de ce roi maudit aux yeux du public.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kn5vt"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kn5vt", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 27.03.2015 à 18h48 • Mis à jour le27.03.2015 à 19h15 Frappée par un séisme de magnitude 5,8 qui avait fait 309 morts et près de 70 000 sinistrés, le centre-ville de L'Aquila, capitale de la région italienne des Abruzzes, est figée dans ses ruines depuis le 6 avril 2009. La situation ne devrait pas se prolonger, a estimé le maire de la ville, Massimo Cialente.« Tout sera remis en état en 2017 », a-t-il affirmé à Rome, où il participait à une cérémonie de remise de prix dédiée aux victimes du tremblement de terre. « Le centre historique n'a été reconstruit qu'à 3 % et 3,5 milliards [d'euros] sont encore nécessaires pour achever les travaux, en plus des 4 milliards déjà dépensés », a cependant détaillé l'élu interrogé par l'Agence France-Presse (AFP).Pour Franco Gabrielli, le chef de la protection civile italienne, interrogé par l'AFP, l'annonce du maire semble un peu prématurée : « La priorité est de mettre au point un plan des zones sismiques à risques dans cette région et dans le pays, seulement après nous pourrons organiser les travaux de manière efficace. » Près de 40 000 personnes sont toujours logées dans les habitations de fortune, construites en quelques mois après le séisme à la périphérie de la ville.Lire aussi notre reportage, réalisé en 2009 après le séisme : A L’Aquila, l’effondrement de la ville et des hommesCorruption et malversationGangrenés par les cas de malfaçon, de malversation, de corruption et les procès en tous genres liés à la gestion de l'après-séisme, les chantiers de L'Aquila font régulièrement la « une » des médias italiens ces six dernières années. Il y a quelques semaines, l'un des principaux entrepreneurs chargés des travaux avait été arrêté pour collaboration présumée avec la Camorra, la mafia napolitaine.Massimo Cialente avait annoncé sa démission en janvier 2014 à la suite d'une affaire de corruption impliquant des membres de son administration, avant de revenir sur sa décision quelques jours plus tard.Lire aussi le post de blog : Le maire de L’Aquila démissionne : stupeur après tremblementEn 2012, sept scientifiques de la Commission « grands risques » avaient été condamnés à six ans de prison ferme par le tribunal de L'Aquila, pour avoir manqué à leur devoir d'information vis-à-vis des habitants au sujet des risques potentiels d'un tremblement de terre. Ils ont été reconnus non coupables en appel en novembre 2014. La Cour de cassation se prononcera sur leur sort dans les mois qui viennent. Philippe Ridet (Rome, correspondant) La silhouette reste élancée, mince, sèche. L’habit noir comme il se doit. Le cheveu légèrement teint. Phil Manzanera, 64 ans, né Philip Geoffrey Targett-Adams à Londres, il y a 64 ans, a été pendant dix ans le guitariste du groupe de art rock (ou glamrock pour certains), Roxy Music, fondé par Brian Ferry et Brian Eno. Anglais par son père, colombien par sa mère, il n’en finit pas d’explorer le métissage de ses origines et de sa musique. Ayant vécu à Cuba, à Hawaï, au Venezuela, il sait faire jongler salsa, rock’n’roll et meringue.Comme si cela ne suffisait pas, il a appris récement qu’un de ses grands-pères, musicien à Londres au début du siècle dernier, était originaire de Naples. Une influence de plus. Qu’il va pouvoir développer à sa guise en devenant Maestro Concertatore, autrement dit directeur musical du 18e festival La nuit de la tarentelle, du 4 au 22 août, dans les Pouilles. Un événement dont le concert final, à Melpignano (2 000 habitants) attire chaque année 150 000 personnes ferventes, entre bougeotte et transe. La tarentelle est une danse censée imiter et/ou conjurer les effets de la morsure d’une tarentule.Orchestre de 90 musiciens« Je n’en avais jamais entendu parler, avoue le guitariste, de passage à Rome, vendredi 27 mars pour rencontrer la presse. J’ai commencé à écouter la pizzica [la musique très rythmée qui accompagne les danseurs]. Je suis tombé sous le charme. J’ai tout de suite donné mon accord aux organisateurs. » « Et puis, ajoute celui qui a produit aussi bien Steve Winwood, John Cale ou le Pink Floyd tardif, comment résister à l’honneur d’être appelé  Maestro ? » Un honneur qu’ont connu avant lui Stewart Copeland, le batteur de Police, le compositeur Goran Bregovic ou le pianiste Ludovico Einaudi.Le guitariste va devoir faire travailler l’orchestre de 90 musiciens à raison de quatre jours par mois jusqu’à l’ouverture du festival. Il dit vouloir, à cette occasion, lancer un pont entre la Pizzica, dont les origines se confondent avec celles de la Grèce antique, et les musiques d’Amérique latine qu’il connaît bien. « Mêler les cultures aide à savoir d’où l’on vient  ».Identité ouverteLe métissage est justement le credo de cette manifestation devenue une des plus populaires d’Europe, comme l’a rappelé le président du conseil régional des Pouilles, le charismatique et atypique Nichi Vendola (communiste, catholique, militant homosexuel et discoureur logorrhéique) qui achève son deuxième et dernier mandat. « Nous avons choisi notre programme comme un miroir. La tarentelle est la revendication d’une identité ouverte, curieuse. Une fête des différences. Le Maestro doit en tenir compte. »Mais tiendra-t-il la guitare, au moins au cours du concert final ? « J’espère bien, répond Phil Manzanera, je ne vois pas comment on pourrait m’en empêcher ». Après tout, il est le nouveau Maestro Concertatore !Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.03.2015 à 12h20 • Mis à jour le28.03.2015 à 00h46 | Guy Dutheil La compagnie aérienne Germanwings, dont un avion s'est écrasé mardi avec 150 personnes à son bord, a annoncé vendredi 27 mars aux proches des victimes « jusqu'à 50 000 euros par passager » pour faire face aux dépenses immédiates. Cette première aide, indépendante des indemnités qui devraient être versées par ailleurs au titre de la responsabilité de la compagnie, ne devra en aucun cas être remboursée, a précisé le porte-parole à l'AFP, confirmant une information du quotidien berlinois Tagesspiegel.Selon Holger Hopperdietzel, un avocat spécialisé dans le transport aérien, Lufthansa pourrait avoir à verser entre plusieurs dizaines de milliers et plusieurs centaines de milliers d'euros par victime, une fois que les proches auront exercé leurs demandes d'indemnisation.La facture du crash de l’Airbus risque au final d’être lourde pour la Lufthansa, maison mère de la Germanwings. Enfin surtout pour le pool d’assureurs de la compagnie allemande. Même si la Convention de Montréal de mai 1999 plafonne l’indemnisation des victimes à environ 145 000 euros par personne, Allianz et les autres assureurs devront s’acquitter d’un total de près de 21 millions d’euros pour la mort des 144 passagers, mardi dans les Alpes-de-Haute-Provence.Allianz, chef de file du pool des assureurs de la Lufthansa, a déjà versé à la compagnie, mercredi 25 mars, tout juste vingt-quatre heures après le drame, six millions d’euros d’indemnités pour la perte de l’Airbus A320, un appareil sorti des chaînes de Toulouse en 1991.Un risqueMais, estiment certains avocats, Germanwings et Lufthansa pourraient avoir à débourser des sommes bien supérieures aux indemnités de base. Notamment s’il est prouvé que les compagnies allemandes, la maison mère et sa filiale, ont failli dans l’exécution de leur mission. Des familles de victimes pourraient s’adresser à la justice pour comprendre pourquoi le copilote Andreas Lubitz a pu rester seul dans le cockpit. Toutefois, selon la réglementation aérienne allemande en vigueur, les pilotes ont l’autorisation de s’absenter à certains moments, notamment pour aller satisfaire des besoins naturels.Lire aussi :Crash de l’A320 : l’hypothèse de l’acte volontairePour d’autres experts en revanche, les assureurs de la Lufthansa n’auront rien de plus à payer que les indemnités prévues. Sauf, ajoutent-ils, si des familles de victimes, par exemple, réussissent à prouver que la compagnie savait que son copilote pouvait représenter un risque. Une accusation potentiellement plus coûteuse pour la Lufthansa notamment après que la presse allemande a révélé, jeudi 26 mars, qu’Andreas Lubitz aurait traversé, il y a quelques années un épisode dépressif lourd. Le copilote aurait, à l’époque, arrêté alors sa formation de pilote pour ne la reprendre que plusieurs années après. M. Lubitz a été recruté par la Germanwings en septembre 2013.Lire aussi :Le copilote de la Germanwings aurait subi une grave dépressionGuy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.03.2015 à 11h36 • Mis à jour le27.03.2015 à 13h01 | Guy Dutheil Les conditions du crash de l’A320 de la Germanwings n’ont pas vraiment surpris les pilotes. Quand, en 2001, après les attentats du 11-Septembre, les autorités américaines ont imposé à toutes les compagnies aériennes de nouvelles mesures de sécurité pour restreindre l’accès au cockpit des avions, notamment des portes blindées dotées de codes de sécurité, « c’est même la première chose à laquelle ils avaient pensé », affirme Patrick Magisson, commandant de bord sur A320 chez Air France et également pilote instructeur.Ces dispositions ont « inversé » la logique qui prévalait « depuis les débuts de l’aviation », déplore-t-il. Avant le 11 septembre 2001, « la sécurité » des passagers primait sur « la sûreté » de l’avion. Selon M. Magisson, « les portes et leurs systèmes de sécurité, tels qu’ils ont été conçus, ont inversé cette priorité ». Depuis 2001, c’est « la sûreté » de l’avion qui l’emporterait. Un retournement qui avait été « dénoncé à l’époque par la fédération internationale des syndicats de pilotes de ligne », se souvient M. Magisson.Après le drame de la Germanwings, les pilotes pourraient donc obtenir gain de cause. Très souvent, « les accidents majeurs d’avion ont donné lieu par le passé à des évolutions réglementaires, rappelle la Direction générale de l’aviation civile. Mais tout dépendra des résultats de l’enquête menée par le Bureau d’enquêtes et d’analyses [BEA] ».« Changement de procédures »Sans attendre les conclusions du BEA, de nombreuses compagnies aériennes et des fédérations et syndicats de pilotes exigent déjà la présence en permanence de deux personnes dans le cockpit des avions pendant les vols. En pratique, lorsque l’un des deux pilotes sortira du cockpit, il devra être remplacé, pendant son absence, par un stewart ou une hôtesse. Jeudi 26 mars, la fédération allemande du secteur aérien (BDL) a fait savoir qu’elle réclamerait la mise en œuvre de la « règle des deux personnes dans le cockpit ». Certaines compagnies ont même décidé de passer immédiatement à l’acte.Comme souvent, ce sont les transporteurs à bas coûts qui sont les plus rapides à réagir. Norwegian Airlines et easyJet ont ainsi annoncé, dès jeudi 26 mars, « un changement de procédures ». A partir de vendredi 27, ces deux concurrentes de la Germanwings ont décidé que « deux membres de l’équipage seront présents en permanence dans le cockpit » des avions pendant les vols. Elles ont été imitées par la compagnie régulière islandaise Icelandair.Lire aussi :A320 : des failles dans le suivi psychologique des pilotes ?Au Canada, c’est le gouvernement fédéral qui a décidé, jeudi, d’imposer, avec effet immédiat pour toutes les compagnies aériennes du pays, la présence de deux personnes en permanence dans le cockpit. Aux Etats-Unis, en revanche, le maintien de deux personnes dans la cabine de pilotage « n’est pas systématique », explique M. Magisson. Il n’est obligatoire que dans les avions qui ne disposent pas de porte de cockpit blindée.De son côté, Air France signale qu’elle exploite ses avions « conformément aux règlements de l’Agence européenne de la sécurité aérienne en vigueur ». Toutefois, si la réglementation venait à changer, notamment avec l’obligation de faire venir un personnel navigant commercial dans le cockpit à chaque sortie d’un pilote, la compagnie s’adaptera. Si bien sûr les nouvelles dispositions ne fragilisent pas, par ailleurs, la sécurité du vol.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kn0ph"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kn0ph", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Jacqué L’usine automobile conjointe de PSA et Mitsubishi en Russie a annoncé, vendredi 27 mars, la prochaine suspension de sa production et la suppression d’une centaine de postes. L’usine de Kaluga, au sud de Moscou, « suspend la production des modèles Citroën C4 Sedan et Peugeot 408 du 27 avril au 10 juillet 2015 » et « celle des véhicules tout terrain (Mitsubishi Outlander et Pajero Sport) jusqu’au 12 mai », selon un communiqué de la coentreprise.Après l’annonce du retrait d’Opel et de Chevrolet de Russie, mi-mars, ainsi que celui de Seat, c’est un nouveau coup dur pour l’automobile russe, en pleine bérézina… Les perspectives sur le marché russe « ne sont pas bonnes, non seulement à court terme mais aussi à moyen et long terme », expliquait mi-mars, le patron d’Opel, Karl-Thomas Neumann, dans une interview au journal allemand Handelsblatt.Lire aussi :Opel se retire de RussieLes ventes de la filiale de GM se sont effondrées de 86 % en février par rapport au même mois de 2014. Depuis le 1er janvier, la chute s’établit à 82 % (sur un an) pour un marché russe qui est globalement en repli de 32 % ; cette année, la marque a écoulé 1 900 véhicules, contre plus de 10 000 un an plus tôt…C’est que le marché russe est habitué aux soubresauts depuis le début des années 2000. En 2005, le marché, qui était en train d’exploser, avait déjà connu un important trou d’air. En 2012, alors que le pays affichait 2,9 millions d’immatriculations, les analystes prédisaient que la Russie allait dépasser, en 2015, le marché allemand, où il s’immatricule 3,2 millions de voitures. À cette date, les constructeurs envisageaient 3,5 millions de ventes à l’horizon 2015.Las, la crise en Ukraine et la chute du prix du pétrole, l’une des principales ressources en devises du pays, ont plongé l’économie russe dans le chaos. Le secteur automobile a été l’un des premiers à souffrir de l’inflation galopante du rouble. Après une baisse de 5 % des ventes en 2013, à 2,8 millions d’unités, le marché s’est encore contracté de 10 % en 2014, à 2,5 millions d’unités.« Il ne faut pas quitter le pays dans la tempête »Dans ce contexte, tous les constructeurs réduisent leur exposition au marché. L’alliance Renault-Nissan (dont les ventes ont chuté de 25 % en deux mois), qui détient AvtoVAZ, le constructeur de Lada, a décidé de suspendre la production quelques semaines sur ses sites le temps d’écouler les stocks. De plus, le groupe poursuit la restructuration à marche forcée de sa filiale russe avec le départ programmé de 1 100 cadres en 2015.Volkswagen (− 27 %) a aussi mis entre parenthèses la production et tente de conserver sa part de marché, en baissant ses ventes dans les limites du marché. Mais Seat a déjà annoncé son retrait du marché, trop difficile pour une marque importée.Ford (– 70 %) ou Toyota (– 27 %) font pour l’instant le gros dos. « Nous cherchons à maintenir notre performance malgré l’effondrement du marché, explique Didier Leroy, chargé de la zone pour Toyota. Nous allons poursuivre les investissements dans notre usine de Saint-Pétersbourg en 2015 afin de préparer le lancement de notre Rav4, un SUV, en 2016. » Ford a également annoncé la multiplication de nouveaux modèles pour sauvegarder son ancrage russe.Le plus offensif reste le groupe Hyundai-Kia. Depuis le début de l’année, les deux marques ont multiplié les rabais et ramasser pas moins de 7 points de parts de marché. Depuis le début de l’année, le groupe sud-coréen détient 20,1 % du marché, contre 13,1 % sur la même période de 2014. Malgré l’inflation, les ventes de Hyundai ont augmenté de 4 %, tandis que Kia reculait de 2,4 % pour un marché en chute de 38 %… Autres groupes en progression, à rebours du marché : Mercedes et BMW, les deux marques consolident leur position.Désormais, pour 2015, Opel attend un marché russe à 1,5 million d’unités, moitié moins qu’en 2012… « Il est très volatil. Il peut baisser énormément très vite et remonter également rapidement… En gros, il ne faut pas quitter le pays dans la tempête. Il faut faire le gros dos et être prêt quand il redémarrera », rappelle un spécialiste du pays.Lire aussi :Automobile : le réveil de l’EuropePhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.03.2015 à 08h26 • Mis à jour le28.03.2015 à 06h43 Le parquet de Düsseldorf a fait savoir, vendredi 27 mars, qu'Andreas Lubitz avait dissimulé qu'il faisait l'objet d'un arrêt maladie le jour de l'accident [communiqué en allemand, au format PDF]. Les enquêteurs ont retrouvé chez le jeune copilote des formulaires d'« arrêts maladie détaillés ».« Le fait que les certificats d'incapacité de travail, qui étaient récents et même datés pour le jour des faits, ont été déchirés appuie l'hypothèse qu'il a caché sa maladie à son employeur et à ses collègues de travail », a expliqué le parquet, sans préciser la nature de sa pathologie. Germanwings a confirmé que la compagnie n'a jamais reçu d'arrêt maladie.Pas de message sur un projet de suicideDes documents découverts lors de perquisitions menées dans son appartement de Düsseldorf et dans la maison familiale de la localité de Montabaur attestent par ailleurs que le copilote suivait un traitement médical. Par contre, aucune lettre d'adieux ou courrier annonçant un acte prémédité n'a été découvert.Le copilote allemand, qui aurait délibérément provoqué la catastrophe de l'Airbus A320 de Germanwings mardi dans les Alpes-de-Haute-Provence, avait été soigné en 2009 pour un « épisode dépressif grave » et fait l'objet d'une prise en charge psychiatrique pendant un an et demi, selon le tabloïd allemand Bild.D'après le quotidien, qui affirme avoir consulté des documents de l'Autorité de supervision du transport aérien allemande (Luftfahrt Bundesamt, LBA), Andreas Lubitz avait un « suivi médical régulier particulier ». Des informations transmises par Lufthansa, maison mère de Germanwings au LBA, assure Bild. Carsten Spohr, le patron de la compagnie aérienne allemande, avait confirmé jeudi que le jeune pilote avait interrompu sa formation commencée en 2008 « pendant un certain temps » sans fournir plus d'explications. A cette époque, selon Bild, il souffrait « de dépression et de crises d'angoisse ».Rupture sentimentale ?D'après le journal britannique The Times, Lufthansa savait bien qu'Andreas Lubitz était dépressif. Comme Bild, le quotidien de Londres évoque une rupture sentimentale récente, tandis que le Frankfurter Allgemeine Zeitung s'en tient au « syndrome d'épuisement professionnel ».Des enquêteurs ont perquisitionné jeudi les deux domiciles d'Andreas Lubitz, à Düsseldorf et à Montabaur, emportant l'unité centrale d'un ordinateur, ainsi que deux grands sacs bleus et un carton visiblement pleins. Contrairement à ce que déclarent plusieurs médias, les enquêteurs n'ont pas fait de découverte significative, a fait savoir Susanna Heusgen, une porte-parole de la police de Düsseldorf. The Daily Telegraph affirmait dans la matinée que les policiers avaient fait des découvertes « importantes ».Un psychologue doit consulter vendredi les documents du LBA, affirme Bild. Des éléments qui seront ensuite récupérés par les autorités judiciaires allemandes et françaises.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kqwrh"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kqwrh", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Adéa Guillot (Athènes, correspondance) C’est une visite qui ne fait pas les gros titres mais qui a pourtant son importance. Jacques de Watteville, le secrétaire d’Etat suisse aux questions financières internationales, a rencontré, jeudi 26 mars, à Athènes, le secrétaire d’Etat Nikos Pappas, le bras droit du premier ministre grec, Alexis Tsipras. « Nous avons noté une véritable volonté de renforcer la collaboration entre nos deux pays. En 2014, nous avions fait un certain nombre de propositions au précédent gouvernement, mais qui n’ont pas été suivies », affirme le responsable suisse.Lire aussi :Le gouvernement grec attendu sur les réformesEngager la lutte conte l’évasion et la fraude fiscale est l’une des promesses fortes de Syriza, le parti de la gauche radicale grecque, aujourd’hui au pouvoir. Il veut faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat en rapatriant ou en taxant une partie des avoirs grecs placés illégalement en Suisse et affirmer sa volonté de s’attaquer à l’oligarchie financière.« Il n’existe pas de données fiables sur le montant exact des avoirs grecs dans la Confédération, précise M. de Watteville. Le dernier chiffre disponible de la Banque nationale [BNS] date de 2013 et évoque le montant de 6,6 milliards de francs suisses [6,3 milliards d’euros], mais ce chiffre brut ne dit rien du pourcentage taxable. »Outil « sous-exploité »Concrètement, les Suisses ont proposé, dans l’immédiat, le renforcement du recours à l’accord bilatéral existant entre la Grèce et la Confédération sur la double imposition. « Cet outil permet d’avancer à court terme sur des cas de suspicion d’évasion fiscale ; il a été sous-exploité ces dernières années », souligne-t-on côté suisse. Selon une source gouvernementale grecque, « seules quinze demandes de transmission de données fiscales ont été réalisées dans ce cadre par le précédent gouvernement ».A l’horizon 2017-2018, la Grèce, membre de l’Union européenne, devrait aussi entrer dans le programme d’échanges automatique des données, dont le principe a été paraphé à Bruxelles le 19 mars.Les discussions ont également porté sur la fameuse « liste Lagarde », du nom de l’ancienne ministre française de l’économie et des finances, Christine Lagarde – aujourd’hui directrice générale du Fonds monétaire international –, qui avait remis, en octobre 2010, à son homologue grec la liste de plus de 2 000 Grecs détenant des comptes auprès de la filiale suisse de la banque HSBC.« Cette liste a été volée par l’ancien employé de la banque, Hervé Falciani. Nous ne pouvons pas collaborer sur la base d’un vol, mais cela ne veut pas dire que les personnes citées sur cette liste soient dans l’immunité totale. Si d’autres indices permettent de remonter jusqu’à elles, alors il existe d’autres outils pour ouvrir une enquête », affirme M. de Watteville. Athènes veut avancer vite sur ce dossier.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.03.2015 à 19h42 • Mis à jour le27.03.2015 à 12h19 | Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) et Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kng01"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kng01", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Après le premier choc causé par la catastrophe de l’A320 de Germanwings qui a causé la mort mardi de 150 personnes dont, finalement 75 Allemands, l’Allemagne en a subi un second, jeudi 26 mars, en apprenant les circonstances de celle-ci.L’hypothèse, jugée légitime par le procureur de Marseille, d’un acte suicidaire du copilote, qui, seul dans la cabine de pilotage, a volontairement provoqué la chute de l’appareil, a apporté une « une nouvelle dimension, presque inconcevable » à cette tragédie, selon les mots d’Angela Merkel. La chancelière a en effet éprouvé le besoin de prononcer à nouveau une courte déclaration devant les caméras sur le sujet.Lire aussi : Le copilote a actionné les commandes pour faire descendre l’avionElle était déjà intervenue mardi en direct de la chancellerie et, bien sûr, aux côtés de François Hollande et de Mariano Rajoy, sur les lieux du drame. Ce jeudi, elle n’avait rien de particulier à annoncer. Plus « Mutti » (mère de la nation) que jamais, Angela Merkel a simplement dit qu’elle « était touchée exactement comme la plupart des gens » et elle a tenu à « répéter » la « promesse » faite la veille : « Le gouvernement et l’administration vont faire tout ce qui est possible pour soutenir les enquêteurs. »Cette nouvelle intervention s’explique très vraisemblablement par la pression médiatique. Depuis mercredi, la plupart des chaînes télévisées bouleversent leurs programmes et diffusent en continu des informations et des commentaires sur la catastrophe. Bien entendu, depuis jeudi midi, c’est la personnalité du copilote qui focalise l’attention. D’abord nommé comme il se doit en Allemagne par son prénom et la seule initiale de son nom, le copilote de Germanwings a très vite été explicitement identifié.Jeune homme normal, plutôt joyeux, ambitieuxAndreas Lubitz venait d’une petite ville appelée Montabaur 12 500 habitants, dans le Land de Rhénanie-Palatinat. Ses parents vivaient là depuis longtemps, dans une maison confortable. Il habitait à côté d’un aérodrome, il était devenu membre de l’association de vol à voile locale il y a quatorze ans, puis avait passé son premier brevet de pilote. Il était revenu à l’automne dernier où il avait rafraîchi son brevet. Il était sportif et avait plusieurs fois participé à des marathons, notamment celui de la Lufthansa.Selon les reporters de la chaîne Phoenix sur place, Andreas Lubitz était un jeune homme parfaitement normal, plutôt joyeux, ambitieux. Son rêve était de devenir un jour pilote de la Lufthansa, il s’était préparé à cette carrière. L’école de pilotage de la Lufthansa est une des meilleures du monde : rater l’examen d’entrée à quelques points est déjà une référence qui permet aux jeunes pilotes de trouver du travail dans une autre compagnie. Andreas Lubitz avait effectué sa formation à l’école de pilotage de Brême puis à Phoenix, aux Etats-Unis. Onze mois après sa formation, un délai jugé « pas inhabituel » par Lufthansa, il avait commencé à piloter. Il était copilote sur A320 depuis l’automne 2013.Le président de l’association aéronautique, Klaus Radke, qui l’a formé au pilotage, s’est dit choqué et désemparé par la nouvelle et avoue n’avoir « aucune explication ». Klaus Radke, qui est chef d’une entreprise de matériel technique industriel, a précisé : « Je l’ai connu comme un garçon très gentil, drôle, poli. »Victime d’un burn-out en 2009 ?Selon le Spiegel Online, les amis d’Andreas Lubitz croient savoir qu’il avait interrompu sa formation de pilote en 2009 pour cause de burn-out. Jeudi, en début d’après-midi, Carsten Spohr, le président de Lufthansa, maison mère de Germanwings, avait fait part de cette interruption mais n’avait pas voulu en révéler la cause.De toute façon, le copilote avait ensuite repassé avec succès tous les tests d’aptitude et était « à 100 % capable de piloter », selon Carsten Spohr, lui-même ancien pilote. Si, au cours de sa formation, le futur pilote subit des examens psychologiques, ce n’est plus le cas par la suite, a reconnu Carsten Spohr. Au bord des larmes, celui-ci a affirmé « ne pas avoir le moindre indice sur ce qui a pu pousser le copilote à commettre cet acte horrible ». Selon lui, « quelles que soient les mesures de sécurité que vous pouvez avoir dans une société, quelle que soit la rigueur des procédures, rien ne pourrait empêcher un tel acte isolé ».Lire : Le crash de l'A320 de Germanwings, minute par minuteCécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au MondeFrédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.03.2015 à 17h13 • Mis à jour le09.03.2015 à 17h16 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Une longue liste de remises de décorations et d’honneurs signées par le président russe Vladimir Poutine a été rendue publique lundi 9 mars sur le portail officiel du gouvernement. Parmi les dizaines de noms présents dans ce document de 25 pages, deux sont parmi les plus controversés du moment, Ramzan Kadyrov et Andreï Lougovoï.Le premier, président de la république autonome de Tchétchénie, a fait une intervention remarquée dimanche 8 mars après la présentation devant un tribunal de cinq hommes d’origine tchétchène, suspectés d’avoir participé au meurtre de l’opposant russe Boris Nemtsov, en plein cœur de Moscou, le 27 février. Quelques heures plus tard, sur son compte Instagram, Ramzan Kadyrov avait qualifié Zaour Dadaïev, un ancien membre des forces spéciales tchétchènes considéré par les enquêteurs comme le principal suspect, de « vrai patriote de la Russie ».Loin de prendre ses distances avec le responsable tchétchène, qu’il a lui-même propulsé en 2007 à la tête de cette république musulmane membre de la fédération de Russie, le président Poutine a signé dimanche le décret remettant l’Ordre de l’honneur à M. Kadyrov pour ses « réalisations exceptionnelles », ses « activités sociales », et ses « nombreuses années de travail assidu ».« Compassion » et « humanité »Ce n’est pas la première fois que le dirigeant tchétchène est ainsi honoré. Il y a plus de dix ans, il s’était vu décerné le titre de « Héros de la Russie », suivi d’une médaille du Courage reçue en 2003, et une autre pour services rendus à la patrie en 2006. Parmi les prix publics remis à M. Kadyrov, il faut encore signaler une récompense octroyée pour sa « compassion » et son « humanité » à travers son soutien aux « enfants et veuves » de la Tchétchénie, un territoire ravagé par deux conflits meurtriers contre l’armée russe.Le second personnage controversé dans la liste publiée lundi est Andreï Lougovoï, député de la Douma sous l’étiquette des libéraux-démocrates, le parti du nationaliste Vladimir Jirinovski, qui s’est vu de son côté décerner la médaille de l’Ordre du mérite pour la patrie en raison de sa « grande activité au développement des relations législatives et parlementaires ». Ancien agent du KGB (les services secrets russes, remplacés depuis par le FSB), M. Lougovoï est soupçonné d’avoir participé en 2006, à Londres où il se trouvait alors, au meurtre d’Alexandre Litvinenko, empoisonné au polonium et décédé peu après. La Grande-Bretagne demande son extradition, que la Russie refuse. Coïncidence : le procès de l’affaire Litvinenko s’est ouvert dans la capitale britannique le 27 janvier dernier.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le ministre des finances néerlandais, Jeroen Dijsselbloem, s’est déclaré officiellement candidat à un deuxième mandat à la tête de l’Eurogroupe, l’instance qui réunit les ministres des finances de la zone euro, lundi 9 mars, dans le journal néerlandais Volkskrant.Le seul candidat déclaré jusqu’à présent était le ministre espagnol de l’économie, Luis de Guindos. Ce dernier a reçu le soutien de la chancelière allemande, Angela Merkel, en août 2014. Le renouvellement n’a lieu qu’en juillet.Art du compromisM. Dijsselbloem avait succédé à Jean-Claude Juncker à la tête de l’Eurogroupe début 2013. Ce social-démocrate avait été choisi notamment parce qu’il sait se montrer ferme, tout en privilégiant l’écoute et l’art du compromis.Il a d’ailleurs plutôt bien géré ces dernières semaines le dossier grec : il a su faire le grand écart entre les plus apposés au premier ministre grec, Alexis Tsipras (c’est-à-dire les Allemands et les Espagnols), et à son ministre des finances, YanisVaroufakis.Lire aussi : Jeroen Dijsselbloem, l’inconnu réputé fin négociateurJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis, a agité, dimanche 8 mars, la menace d’organiser un référendum si les propositions de réforme faites par Athènes pour débloquer une aide financière ne sont pas acceptées. Mais les Grecs, eux, considèrent, à une large majorité, que le gouvernement d’Alexis Tsipras doit vite trouver un « compromis honorable » avec ses partenaires européens pour éviter une sortie de la zone euro. C’est ce que révèle un sondage publié, lundi, par le quotidien Efimerida Ton Syntakton.Selon cette enquête, 69,9 % des personnes interrogées pensent qu’Athènes devrait rechercher un « compromis honorable » pour résoudre la crise, contre 27,4 % qui pensent, au contraire, que M. Tsipras doit refuser tout compromis, au risque de devoir abandonner l’euro.La publication de ce sondage survient quelques heures avant que M. Varoufakis revienne plaider sa cause devant ses homologues de la zone euro : il doit leur présenter, au cours d’une réunion de l’Eurogroupe à Bruxelles, un plan de réformes, conformément à l’engagement pris, le 21 février, par le gouvernement grec, en échange d’une prolongation de quatre mois de l’actuel plan d’aide financière. Etablir la liste des réformes à réaliserLa réunion de l’Eurogroupe, lundi, est la cinquième, depuis le 11 février, consacrée au « cas grec ». La question centrale y sera la suivante : quelles mesures mettre sur les rails ? Comment les financer, sachant que l’Eurogroupe exige que, globalement, elles ne grèvent pas les finances publiques grecques ?Il s’agit aussi de s’accorder sur la "revue", la mission que la « troïka » des créanciers de la Grèce (Banque centrale et Commission européennes, Fonds monétaire international) doit mener pour que le pays reçoive les 7 milliards d’euros du programme d'aide qui restent à verser.Vendredi 6 mars, M. Varoufakis a fait parvenir à Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, une première liste de sept réformes : un paquet d’aides pour les foyers grecs les plus démunis (rétablissement de l’électricité, accès aux soins, etc.), une mesure visant à augmenter les recettes de l’Etat par l’allocation de licences à des sites de paris en ligne, un projet d’amnistie fiscale pour régler en partie le problème des énormes arriérés d’impôts (76 milliards d’euros)…M. Varoufakis fait même une proposition inattendue pour lutter contre la fraude à la TVA : former des agents du fisc amateurs pour des missions ponctuelles, y compris en recrutant des touristes traquant en caméra cachée les commerçants…Obtenir un feu vert de la « troïka » avant tout accord politique européenLes propositions faites par le gouvernement grec vont plutôt dans le sens de ce que demande la zone euro, qui considère prioritaire une réforme fiscale pour mettre fin à des années d’impéritie des gouvernements grecs en la matière, et de faire entrer de manière substantielle l’impôt dans les caisses de l’Etat.Pourtant, cette liste de réformes ne devrait pas être examinée formellement en Eurogroupe, lundi. En effet, elle doit d’abord « être discutée plus avant et détaillée avec la troïka » des créanciers, rappelle-t-on dans l’entourage de Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe.La « précondition » au déblocage de fonds pour la Grèce « est une conclusion des discussions avec la troïka et un avis positif de ces institutions », a renchéri le secrétaire d’Etat allemand aux finances, Steffen Kampeter, à la radio publique Deutschlandfunk.Un aval technique avant un feu vert politique, en clair. Et non l’inverse. C’est aussi ce que veulent les créanciers.Le problème, c’est que le gouvernement grec n’a cessé, ces derniers mois, de dénoncer les méthodes de la troïka. Alors, certes, le terme de « troïka » a été officiellement gommé au profit de celui d’« institutions ». Mais, ces derniers jours, si les contacts ont été intenses, les négociations n’ont à proprement parler pas commencé dans le format « institutions ».« On a déjà perdu deux semaines [depuis le dernier Eurogroupe], il faut se mettre au travail, et plutôt aujourd'hui que demain », a déclaré M. Dijsselbloem en arrivant à Bruxelles, lundi.L’urgence, selon les créanciers, est donc d’aller à Athènes chercher les chiffres qui permettront d’avoir une idée précise de l’état de santé financier du pays - vérifer notamment que l'Etat dégage encore un surplus primaire (avant remboursement des intérêts de la dette).Mais il n’est pas question que la Grèce négocie avec les institutions les unes et les autres séparément. La revue doit être menée par toutes les institutions, formant équipe.Pas de versement d’aide envisagé à ce stadeCôté européen, il n’est pas question, à ce stade, de discuter du versement d’une aide financière. Le message reste le même : la Grèce ne peut espérer toucher par anticipation la dernière tranche du deuxième plan d’aide (un peu plus de 7 milliards d’euros) que si elle avance concrètement sur les réformes.Quant à l’ouverture d’une discussion le plus vite possible, comme demandé par M. Varoufakis, sur un troisième plan d’aide à la Grèce, elle n’est pas non plus au menu de lundi.Grèce : la BCE veut voir, avant de croire et… financerProblème : en ajoutant les besoins de fonctionnement de l’Etat et les remboursements d’emprunts au FMI, ce sont près de 6 milliards d’euros qu’Athènes va devoir décaisser au total en mars. Une somme considérable pour un pays financièrement fragile : la presse fait notamment état d’un retard de 2 milliards d’euros dans les recettes de l’Etat.La Grèce face à un calendrier serré et chargé de remboursementsCertaines sources européennes laissent toutefois entendre qu’en Grèce, certaines administrations ont du cash, qui pourrait-être utilisé dans l'urgence, si besoin. Et que, par ailleurs, en ce qui concerne les dépôts dans les banques et les flux de capitaux, la situation fluctuante : flux positifs certains jours, négatifs d’autres jours.« Nous devons faire attention à ce que la situation ne continue pas à se détériorer en Grèce. Ce qui m’inquiète, c’est que tout le monde n’a pas encore compris, au sein de l’Union européenne, le sérieux de la situation en Grèce », a toutefois prévenu, dimanche, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, dans un entretien au journal allemand Die Welt.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anthony Hernandez Renaud Lavillenie toujours perché au-delà de 6 m, un triplé français inédit au 60 m haies, des relayeuses françaises du 4 × 400 m qui prennent goût à la victoire, des Belges qui gagnent en famille ou presque au 4 × 400 m, des athlètes tchèques qui font honneur à leur pays et des Russes qui dominent encore une fois le classement des médailles... Malgré un plateau maigre en vedettes, les 33es Championnats d'Europe en salle ont finalement offert un agréable spectacle au public nombreux – 52 284 spectateurs au total du 5 au 8 mars – et chaleureux de l'O2 Arena de Prague. Les Russes conservent le leadership vaille que vailleAnnoncés en difficulté avec le cataclysme du dopage qui frappe son athlétisme, les Russes ont encore réussi à remporter le classement des médailles. Grâce à six médailles d'or et deux médailles d'argent, ils devancent les Français (3 en or , 1 en argent et 1 en bronze) et les Britanniques, qui remportent cependant le plus grand nombre de médailles (9 mais seulement 2 en or). >> Lire : Dopage, le rude hiver de l'athlétisme russeLa Russie peut remercier ses athlètes féminines puisqu'elles sont quatre à avoir ramené l'or. Au rayon des championnes d'Europe russes, on peut citer la spécialiste de la hauteur Mariya Kuchina, la perchiste Anzhelika Sidorova, la triple sauteuse Ekaterina Koneva et la coureuse de 3 000 m Yelena Korobkina. Si l'équipe de France est deuxième du classement des médailles, cette performance est à relativiser puisque son total de médailles (5) est moins important que celui de ses trois derniers Championnats d'Europe en salle (2009 : 6 ; 2011 : 12 ; 2013 : 9). Vingt-quatre pays ont rapporté au moins une médaille à la maison, ce qui montre l'homogénéité de la compétition. Quelques déceptions, de belles confirmations pour les BleusEn cette année de Championnats du monde, en août à Pékin, de nombreuses têtes d'affiche de l'athlétisme français ont fait défection à Prague : pas de Mahiedine Mekhissi, de Christophe Lemaitre, de Pierre-Ambroise Bosse ou encore de Jimmy Vicaut. Compte tenu de la délégation présente lors de cet Euro en salle, le bilan est plutôt bon, même s'il n'a rien d'exceptionnel.>> Lire : Lavillenie remporte un titre de plusAu rayon des déceptions, on trouve l'élimination en qualifications du spécialiste de la longueur Kafétien Gomis et la cinquième place en finale de la double championne d'Europe Eloyse Lesueur. Dans les épreuves combinés, Antoinette Nana Djimou (quadruple championne d'Europe) a cédé devant la jeune garde et ne se classe que cinquième du pentathlon.Ceux que l'on attendait ont répondu présent. Renaud Lavillenie, vedette de ces championnats, a remporté un quatrième titre européen consécutif en salle, le septième européen et le neuvième au niveau international (JO 2012 et Mondiaux en salle 2012). Malgré trois essais ratés à 6,17 m (record du monde à 6,16 m), l'athlète de l'année 2014, véritable accro à la compétition, a même réussi le record des championnats avec un saut à 6,04 m. >> Lire : triplé français inédit au 60 m haiesAu 60 m haies, le triplé que l'on escomptait avant la compétition en épluchant les bilans européens s'est finalement réalisé. Et ce n'est jamais chose aisée. Mais c'est Pascal Martinot-Lagarde, que l'on attend plus sur 110 m haies, qui l'a emporté devant Dimitri Bascou et le jeune Wilhem Belocian. Les hurdlers français confirment la densité impressionnante de leur niveau.Les relayeuses du 4 × 400 m – Floria Gueï, Eléa Mariama  Diarra, Agnès Raharolahy et Marie Gayot – ont conservé le titre que les Bleues avaient acquis à Zurich en plein air l'an passé. Dernière relayeuse en Suisse pour une remontée fantastique, Gueï a, cette fois-ci, bien lancé la course. Marie Gayot, finaliste en individuel, a conservé jusqu'au bout la première place.>> Lire : Les Françaises championnes d'Europe du 4 × 400 mA l'heptathlon, malgré une belle compétition – ils ont tous deux battu leur record personnel –, ni Gaël Quérin (4e) ni Bastien Auzeil (6e) n'ont réussi à monter sur le podium.Le 1 500 m masculin, la course des championnatsLa nationalité du vainqueur joue un peu, mais la fantastique remontée du Tchèque Jakub Holusa a rendu électrique l'ambiance de l'O2 Arena de Prague. Loin derrière le Turc Ozbilen, qui paraissait intouchable, pendant la majorité de la course, Holusa a été porté par son public pour dépasser sur la ligne d'arrivée son adversaire d'origine kenyane. Il a même battu le record national tchèque pour s'imposer en 3 min 37 s 68. Samedi, un autre Tchèque avait triomphé mais avec une telle avance sur ses poursuivants que le suspense était moindre. Le coureur Pavel Maslak avait dominé avec presque une seconde d'avance le 400 m pour remporter un nouveau titre. Il est désormais champion du monde en salle et champion d'Europe en plein air et en salle de la distance. Globalement, les Tchèques ont réussi leur championnat à domicile en terminant quatrième du classement des médailles (2 en or, 1 en argent et trois en bronze).La famille Borlée et Julien Watrin offre l'or à la Belgique au 4 × 400 m Les Borlée n'en finissent plus de porter l'athlétisme belge à bout de bras. Les trois frères Jonathan, Kévin et Dylan, associé à Julien Watrin, ont remporté le relais 4 × 400 m devant la Pologne. Les relayeurs belges, entraînés par un certain Jacques... Borlée, père des trois champions, ont même battu le record national de la distance en 3 min 2 s 87. Dylan Borlée avait déjà accroché l'argent du 400 m individuel. Pour ajouter à l'extraordinaire, la famille compte une athlète de plus : la sœur Olivia Borlée, non présente à Prague, est tout de même vice-championne olympique (2008) et médaillée de bronze mondiale (2007) du 4 × 100 m...Sprint : L'évidence Dafne Schippers, Richard Kilty confirmeLa reine du sprint européen, la Néerlandaise Dafne Schippers, a affirmé encore un peu plus son statut. Double championne d'Europe du 100 et du 200 m à Zurich l'an passé, elle a remporté à Prague le 60 m en battant son record personnel (7 s 05).  Chez les hommes, le Britannique Richard Kilty a surclassé ses adversaires. Il s'impose en 6 s 49 devant les Allemands Blum (6 s 56) et Reus (6 s 56). Déjà champion du monde en salle de la distance à Sopot l'an passé, Kilty prouve encore une fois son affection pour la salle. Tout près d'un record du monde inattenduBien que désormais à chaque sortie, les observateurs s'attendent à un nouveau record du monde de saut à la perche grâce à la maestria de Renaud Lavillenie (6,04 m à Prague), c'est au pentathlon que ces 33es championnats d'Europe sont passés le plus proche d'un record du monde. La jeune Britannique de 22 ans, Katarina Johnson-Thompson, a manqué pour 13 points le record détenu par l'Ukrainienne Natallia Dobrynska depuis les Mondiaux en salle d'Istanbul en 2012 (5 000 contre 5 013 points).Taupek, la mascotte à roulettesLes mascottes sont les impondérables des compétitions sportives. Elles prêtent souvent le flanc aux moqueries. Celle du Mondial de football 1998 en France, Footix, est d'ailleurs entrée dans le langage courant pour désigner un connaisseur autoproclamé de foot, un supporteur capable de changer de clubs favoris au gré des résultats. A Prague, c'est une petite taupe de dessins animés qui a tenté d'animer les trois jours de compétition. De son nom français Taupek, Krteček a été créé dans les années 50 par le peintre et illustrateur Zdenek Miller. Le dessin animé a été diffusé de 1957 à 2002 à la télévision publique tchèque. Il met en scène les aventures de Taupek, à la démarche maladroite, et de ses amis à poils et à fourrure. Dans l'enceinte praguoise de l'O2 Arena, la mascotte est montée sur roulettes, ce qui lui procure un aspect étrange. Ses actions se limitent à saluer le public. On est loin des multiples talents de Cooly – perchiste, sprinteuse, facétieuse –, l'inimitable mascotte des derniers Championnats d'Europe en plein air de Zurich. Bonus en vidéo : le finish détonant du Tchèque Holusa sur 1 500 mAnthony HernandezJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) L’excédent commercial de la Chine a atteint un niveau record en février 2015, sous l’effet de l’amélioration de la demande de ses grands partenaires et de la chute du prix du pétrole, mais aussi du ralentissement de la consommation nationale.Le surplus du commerce extérieur de « l’atelier du monde » a atteint 60,6 milliards de dollars (55,8 milliards d’euros) au deuxième mois de l’année, selon les données publiées, dimanche 8 mars, par les douanes chinoises.Les exportations de la Chine ont bondi de 48,9 % en février par rapport au même mois l’année précédente, pour atteindre 169 milliards de dollars, et ce alors qu’elles avaient subi une contraction de 3,2 % en janvier.Effet de calendrierCette progression est d’abord liée au calendrier. Le Nouvel An lunaire tombait le 19 février cette année, de sorte que les usines chinoises ont fortement travaillé en amont de la semaine de congés, pendant laquelle l’économie tourne au ralenti, tandis que cette fête avait eu lieu à la fin du mois de janvier l’an dernier.Même malgré cet effet de base, les ventes de la Chine au reste du monde enregistrent une réelle progression : elles gagnent 15 % sur les mois de janvier et février cumulés. La reprise en Amérique est une source de demande majeure, les livraisons de la Chine vers les Etats-Unis progressant de 21 % sur les deux premiers mois de l’année. Elles gagnent 13 % à destination de l’Europe.« Les exportations continuent d’apporter un soutien bienvenu à la croissance, à l’heure où la demande intérieure est morose », constate Louis Kuijs, économiste de la Royal Bank of Scotland sur la Chine, dans une note rédigée dimanche.Car les importations de la Chine baissent de 20,5 % en février sur un an, confirmant la tendance, après les 19,9 % de chute relevés en janvier. La baisse du cours du baril de pétrole ces derniers mois est un facteur explicatif important, mais il n’est pas le seul.Demance intérieure affaiblieLa demande intérieure chinoise est réellement affectée par le ralentissement de la croissance. Après avoir constaté une progression de 7,4 % du produit intérieur brut (PIB) de la deuxième économie de la planète sur l’ensemble de l’année 2014, en deçà de l’objectif établi, les dirigeants chinois ont annoncé, jeudi 5 mars, qu’ils visaient environ 7 % de croissance pour l’économie chinoise en 2015.Parmi les objectifs présentés lors de la session annuelle de l’Assemblée nationale populaire, actuellement en cours, le premier ministre, Li Keqiang, a également précisé que la Chine tablait sur une croissance de 6 % de son commerce extérieur cette année.L’objectif d’une progression de 7 % du volume cumulé des importations et exportations n’avait pas été atteint en 2014, les échanges de la Chine avec le reste du monde ne gagnant que 3,4 % sur l’ensemble de l’année.Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.03.2015 à 10h50 • Mis à jour le09.03.2015 à 10h00 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2j0wrv"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2j0wrv", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Un Russe d'origine tchétchène a reconnu, dimanche 8 mars, avoir participé au meurtre de l'opposant Boris Nemtsov. Il était présenté à un tribunal moscovite en compagnie de quatre autres suspects. Ces arrestations arrivent un peu plus d'une semaine après l'assassinat de l'ex-vice-premier ministre sous la présidence de Boris Eltsine, dans les années 1990, qui a choqué l'opposition du pays.Lire l'éditorial du Monde : Boris Nemtsov victime d'un climat de haineÂgé d'une trentaine d'années, Zaour Dadaïev, qui a servi 10 ans dans une unité des forces spéciales tchétchènes selon l'agence de presse TASS, a été arrêté samedi en Ingouchie, république voisine de la Tchétchénie, dans l'instable Caucase russe. La « participation de Dadaïev au meurtre a été confirmée par ses aveux », a annoncé la juge Natalia Mouchnikova.Selon TASS, Dadaïev avait été décoré pour son « courage dans l'accomplissement de son devoir militaire » en 2010 par le ministre russe de l'intérieur de l'époque, Rachid Nourgaliev. « Je connaissais Zaour Dadaïev sous le jour d'un vrai patriote russe. (...) C'était l'un des soldats les plus courageux et méritants de son régiment », a déclaré sur son compte Instagram le dirigeant de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, qui dit ne pas comprendre les motifs de son arrestation.Kadyrov évoque un lien avec la tuerie de « Charlie Hebdo »Au lendemain de l'assassinat de Boris Nemtsov, M. Kadyrov avait estimé que ce meurtre avait été « organisé par les services de renseignement de l'Occident, à la recherche de tous les moyens pour provoquer un conflit intérieur en Russie ». « Quiconque connaît Zaour sait que c'est un homme profondément religieux qui avait été comme tous les musulmans choqué par les caricatures de Charlie Hebdo », a précisé le dirigeant tchétchène. Les services de sécurité russe ont annoncé travailler sur de multiples pistes après l'assassinat de Boris Nemtsov, y compris sur le soutien affirmé par Boris Nemtsov aux victimes des attentats de janvier à Paris. Ils ont ainsi évoqué une piste islamiste comme celle de nationalistes russes mécontents de la critique fait par Nemtsov du rôle de la Russie dans la crise ukrainienne.Lire : Meurtre de Boris Nemtsov : les faits et les hypothèsesParmi les quatre autres suspects, deux frères originaires d'Ingouchie ont été arrêtés dans cette région. Les deux autres dans la région de Moscou. « Les suspects ont nié leur implication dans ce crime mais les enquêteurs ont les preuves de leur participation », a déclaré un représentant du tribunal cité par les agences de presse.Lors de la lecture des dossiers de l'enquête, le tribunal a indiqué que ces suspects étaient soupçonnés au titre de l'article 105 alinéa 2 du Code criminel russe sur les « assassinats commis par un groupe de personnes agissant dans le but de s'enrichir ou sur commande », d'après l'agence de presse russe TASS. Cette formulation semble indiquer que les enquêteurs poursuivent l'hypothèse d'un meurtre commandité. Tous ont été placés en détention pour deux mois, jusqu'au 28 avril.Une source policière, citée par l'agence de presse Interfax, a indiqué qu'un sixième suspect a été tué par l'explosion d'une grenade dans un suicide apparent lorsque son domicile a été encerclé par les forces de l'ordre à Grozny, capitale de la Tchétchénie. Lire le portrait (en édition abonnés) : Boris Nemtsov, du jeune ministre réformateur d’Eltsine au critique virulent de Poutine Anthony Hernandez Pour Renaud Lavillenie, le grand frisson de son quatrième titre européen en salle consécutif, décroché samedi 7 mars à Prague, aura finalement eu lieu la veille en qualifications. Passé proche d'un zéro pointé à 5,70 m, le recordman du monde s'en était sorti in extremis au troisième essai.Samedi après-midi, il n'a pas manqué son entrée en matière lors de la finale. Juste après avoir écouté La Marseillaise au garde-à-vous, en l'honneur des trois hurdlers tricolores, auteurs vendredi d'un triplé inédit sur 60 m haies, Renaud Lavillenie a pris la tête du concours une première fois à 5,75 m. Ils ont été deux à pouvoir lui répondre à 5,80 m : le Russe Gripich et le Polonais Lisek. Une réponse de courte durée puisqu'un deuxième saut à 5,90 m a suffi au perchiste français.Lors de ces 33es championnats d'Europe en salle, Lavillenie a donc franchi une quatorzième fois la barre mythique des 6 mètres pour s'imposer avec un saut à 6,04 m. Il a échoué par trois fois à battre son propre record du monde à 6,17 m. Même s'il a été dépossédé l'an passé de son record, Sergueï Bubka a encore de la marge. C'est à 44 reprises que le « Tsar » a lui survolé les 6 mètres.En République tchèque, en l'absence des sauteurs en hauteur Bohdan Bondarenko et Ivan Ukhov ou bien encore des sprinteurs Christophe Lemaitre ou James Dasaolu, Renaud Lavillenie tient lieu d'incontestable vedette. Insatiable, l'athlète de l'année 2014, une première française, ne refuse jamais une compétition et l'occasion offerte d'agrandir son palmarès. Ainsi, il compte désormais douze médailles européennes, mondiales et olympique, dont neuf en or. Depuis ses premiers championnats d'Europe en 2009 à Turin, le licencié de Clermont n'a jamais été battu dans cette compétition, que cela soit en plein air ou en indoor (7 titres). « Je veux faire grandir ma collection de médailles. Je ne suis pas quelqu'un qui s'entraîne pour s'entraîner. J'aime la compétition. Et je ne veux rien laisser à mes adversaires », déclarait-il avant le début des épreuves. >> Lire : « L'égoïsme est nécessaire pour réussir »Alors qu'on l'espère à chaque sortie capable de battre son propre record du monde (6,16 m), Renaud Lavillenie s'apprête à relever un autre grand défi cette année. En août à Pékin, lors des Mondiaux en plein air, il tentera de remporter le seul titre qui se refuse encore à lui. Plus fort que jamais, le Français voudra conjurer le mauvais sort. En effet, par trois fois, à Berlin (2009), à Daegu (2011) et à Moscou (2013), la consécration mondiale s'est déjà dérobée. Un peu plus tôt dans l'après-midi, la spécialiste du saut en longueur Eloyse Lesueur n'a pas réussi de miracle. La double championne d'Europe a encore du travail devant elle pour arriver à maîtriser sa nouvelle technique : le double ciseau. Avec un bond à 6,73 m, elle ne prend que la cinquième place d'un concours remporté par la Serbe Ivana Spanovic (6,98 m).Dans l'épreuve du 400 m féminin, la Française Marie Gayot a pris la cinquième place d'une course remportée par l'Ukrainienne Pyhyda. Le 400 m masculin a, lui, été survolé par le favori du public, le Tchèque Pavel Maslak. Le champion du monde en salle de la distance a relégué le Belge Dylan Borlée, son dauphin, à plus d'une seconde (45 s 24 contre 46 s 72).Anthony HernandezJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.03.2015 à 09h48 • Mis à jour le08.03.2015 à 18h04 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Grèce, acte cinq. Mêmes acteurs. Et mêmes revendications des différents protagonistes. Ou presque. Lundi 9 mars, les ministres des finances de la zone euro (l’Eurogroupe) se réunissent une nouvelle fois (la cinquième depuis le 11 février), à Bruxelles. Et, à cette occasion, le bras de fer entre le gouvernement grec et ses créanciers devrait reprendre. De plus belle.Quand le premier, financièrement aux abois, continue de réclamer que l’on desserre « la corde autour de [son] cou », comme l’a dit, vendredi 6 mars, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, c’est-à-dire qu’on lui consente, temporairement, des aides financières, les seconds rétorquent : les réformes, d’abord les réformes… Celles sur lesquelles le premier ministre grec et son ministre des finances, Yanis Varoufakis, ont accepté de s’engager, le 21 février, en échange d’une extension de quatre mois du deuxième plan d’aide au pays.Dimanche, M. Varoufakis a encore fait monter la pression, en évoquant la possibilité de nouvelles élections, voire d'un référendum sur un accord sur la dette : si les ministres de la zone euro n'acceptent pas les principales réformes proposées par la Grèce pour débloquer la prochaine tranche de l'aide dont elle a cruellement besoin, « il pourrait y avoir des problèmes », a averti M. Varoufakis dans un entretien publié par le Corriere della Serra.« Nous pouvons revenir à des élections. Organiser un référendum, a-t-il déclaré. Comme me l'a dit notre Premier ministre, nous ne sommes pas encore collés à nos sièges. »TRÊVE DE COURTE DURÉEEn définitive, la trêve aura été de très courte durée après l’accord de principe arraché lors de l’Eurogroupe du 21 février – et validé le 24 février – au bout de trois semaines de psychodrame. Les négociations entre le gouvernement de M. Tsipras et le reste de la zone euro sur les conditions de l’aide financière à la Grèce ont recommencé ces derniers jours. Lors de la réunion de lundi, la question centrale sera la suivante : quelles mesures mettre sur les rails, comment les financer, sachant que l’Eurogroupe exige que, globalement, elles ne grèvent pas les finances publiques grecques ?Vendredi 6 mars, M. Varoufakis a fait parvenir à Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, une première liste de sept réformes. Un paquet d’aides pour les foyers grecs les plus démunis (rétablissement de l’électricité, accès aux soins, etc.), une mesure visant à augmenter les recettes de l’Etat par l’allocation de licences à des sites de paris en ligne, un projet d’amnistie fiscale pour régler en partie le problème des énormes arriérés d’impôts (76 milliards d’euros)…M. Varoufakis fait même une proposition inattendue pour lutter contre la fraude à la TVA. A en croire la version de sa lettre publiée in extenso par le Financial Times, il s’agirait de former des agents du fisc amateurs pour des missions ponctuelles, y compris en recrutant des touristes traquant en caméra cachée les commerçants…« Le président de l'Eurogroupe a adressé [vendredi] en fin de soirée une lettre en réponse au ministre des Finances Varoufakis, a dit le responsable à Athènes. Il a répondu favorablement au ministre grec, soulignant la nécessité de poursuivre les négociations. »PAS DE CHANGEMENT DE MÉTHODECes propositions vont dans le sens de ce que demande la zone euro, qui considère prioritaire une réforme fiscale pour mettre fin à des années d’impéritie des gouvernements grecs en la matière, et de faire entrer de manière substantielle l’impôt dans les caisses de l’Etat. Pourtant, elles ne devraient pas être discutées formellement en Eurogroupe, lundi. « Cela doit d’abord être discuté avec les institutions », expliquent plusieurs sources européennes.De fait, les créanciers de la Grèce (Banque centrale européenne, Commission européenne, Fonds monétaire international) ont fait une concession sémantique au gouvernement Tsipras, en acceptant d’abandonner le terme de « troïka », l’équipe d’inspecteurs qui les représente et qui, depuis 2010, négocie pied à pied avec les politiques grecs. A Bruxelles, on ne parle plus que des « institutions ».Mais les Européens n’ont pas cédé sur la méthode : les réformes grecques doivent d’abord être négociées entre Athènes et les « institutions », avant d’être validées au niveau politique, en Eurogroupe. Or, Syriza n’a cessé, ces derniers mois, de dénoncer les méthodes de la « troïka » et ses technocrates sans légitimité démocratique. « Nous voulons que les techniciens discutent avec les techniciens et les politiques avec les politiques », indique une source diplomatique grecque à Bruxelles.Du coup, ces derniers jours, si les contacts ont été intenses, les négociations n’ont à proprement parler pas commencé dans le format « institutions », avec les représentants de la BCE, de Bruxelles et du FMI. « Les Grecs semblent vouloir s’écarter des niveaux techniques pour revenir au politique mais le message va demeurer, lundi, qu’il faut travailler avec l’Eurogroupe et les institutions », ajoute une autre source diplomatique européenne.6 MILLIARDS D’EUROS À REMBOURSER EN UN MOISAutre point de friction : les besoins financiers de la Grèce. Le pays a annoncé, vendredi, avoir remboursé un prêt de 310 millions d’euros au FMI. En ajoutant les besoins de fonctionnement de l’Etat et un autre remboursement au FMI de 1,5 milliard, ce sont près de 6 milliards d’euros qu’Athènes va devoir décaisser au total en mars. Une somme considérable pour un pays financièrement fragile.Le gouvernement Tsipras espérait beaucoup de la BCE, qui a suspendu, début février, un des deux canaux de financement des banques grecques, quand Athènes refusait encore le principe de l’extension du deuxième plan d’aide. Mais jeudi 5 mars, l’institution n’a pas donné suite à ses demandes : Athènes doit d’abord se mettre d’accord sur son programme de réformes avec ses créanciers.Même message, pour l’instant intransigeant, des Européens : la Grèce ne peut espérer toucher par anticipation la dernière tranche du deuxième plan d’aide (un peu plus de 7 milliards d’euros) que si elle avance concrètement sur les réformes. Quant à l’ouverture d’une discussion le plus vite possible, comme demandé par M. Varoufakis, sur un troisième plan d’aide à la Grèce, elle n’est pas non plus au menu de lundi. « On parle de la conclusion du deuxième plan uniquement », précisent des sources à Bruxelles. « Si nous sortons de l’Eurogroupe, lundi soir, avec un engagement sans ambiguïté à poursuivre le travail, ce sera déjà bien », relevait, très prudente, une source européenne vendredi. « Il est très important que cet Eurogroupe soit un succès, nous y travaillons tous », a reconnu le gouverneur de la Banque de Grèce, Yannis Stournaras.M. JUNCKER À LA RECHERCHE D’UN COMPROMISEst-on à nouveau parti pour des semaines de tensions maximales entre Athènes, Berlin et les autres capitales ? Côté Européens, la question est de savoir si Athènes va vouloir, ou va pouvoir, se conformer aux exigences de ses créanciers. « Tsipras n’a pas été élu pour faire les réformes que les Européens exigent de lui », constatent, lucides, des sources diplomatiques à Bruxelles.La position très dure des gouvernements conservateurs de la zone euro à l’égard de M. Tsipras, et l’attitude jugée désinvolte, voire arrogante en Eurogroupe, de M. Varoufakis, n’arrangent rien.Le fait que M. Tsipras ait sollicité Jean-Claude Juncker pour une rencontre n’est, dans ce contexte, pas innocent. Le président de la Commission européenne « a eu un nombre de fois incalculable » le premier ministre grec au téléphone, en février, selon une source bruxelloise et a beaucoup travaillé pour que l’accord du 24 février soit trouvé.« Nous devons faire attention à ce que la situation ne continue pas à se détériorer en Grèce. Ce qui m'inquiète, c'est que tout le monde n'a pas encore compris, au sein de l'Union européenne, le sérieux de la situation en Grèce », a prévenu M. Juncker, dans un entretien au journal allemand Die Welt, paru dimanche.M. Juncker travaille à la recherche d’un compromis, mais ne veut surtout pas donner l’impression d’interférer avec le travail de l’Eurogroupe. Le rendez-vous aura lieu, mais pas avant lundi. Plus probablement dans les 15 jours qui suivront la réunion des ministres.Chypre au menu de l’EurogroupeIl sera aussi question de Chypre à l’Eurogroupe, lundi 9 mars. Comme la Grèce, ce pays fait encore partie des pays sous « programme », ayant été secouru par l’Eurozone, à hauteur de 10 milliards d’euros, à partir de 2013. Les ministres des finances des dix-neuf pays de la zone euro recevront des informations actualisées sur le sixième examen, toujours en cours, par la « troïka », des créanciers du pays – Commission de Bruxelles, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international –, de l’application des réformes demandées en échange de l’aide. Il est prévu la mise en œuvre d’un cadre légal des saisies immobilières pour les emprunteurs ne pouvant rembourser leur prêt, afin que les banques puissent gérer leurs créances douteuses et améliorer leurs conditions de prêt en faveur de l’économie réelle. Mais cela fait des mois que le gouvernement de coalition, à Nicosie, refuse de mettre en place cette mesure impopulaire.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anthony Hernandez On attendait le sacre de Dimitri Bascou et c'est finalement son compatriote Pascal Martinot-Lagarde qui s'est montré le plus rapide en finale du 60 m haies vendredi 6 mars à Prague. Grâce à la troisième place du dernier Français, le jeune Wilhem Belocian (19 ans), l'équipe de France réalise un triplé inédit dans cette épreuve. En 2014, les tricolores Pascal Martinot-Lagarde et Garfield Darien avaient pris la deuxième et la troisième place des Mondiaux en salle de Sopot.Avant cette première française, seules deux nations européennes avaient réussi un doublé sur 60 m haies : les Pays-Bas, en 2007, à Birmingham (Gregory Sedoc et Marcel van der Westen), et la Lettonie, en 1996, à Stockholm (Igors Kazanovs et Guntis Peders). En 1973 et en 1983, les hurdlers de la RDA avaient occupé à deux reprises la première et la troisième place du podium. Au niveau mondial, les Etats-Unis ont réussi à deux reprises à glisser deux athlètes sur le podium : en 1995 (or pour Allen Johnson et argent pour Courtney Hawkins) et en 2006 (or pour Terrence Trammell et bronze pour Dominique Arnold).>> Lire : Lavillenie en vedette, les Russes attendus au tournantA Zurich, lors des derniers championnats d'Europe en plein air (août 2014), Dimitri Bascou avait d'abord exulté, pensant décrocher sa première médaille européenne, le bronze du 110 m haies. Puis, alors que cette soirée au Letzigrund avait déjà donné son lot de rebondissements avec la disqualification de Mahiedine Mekhissi pour cause de strip-tease intempestif, le hurdler avait lui aussi été déclassé pour avoir marché dans le couloir de son voisin. Une cause bien plus fréquente en athlétisme. C'est finalement le grand favori, Pascal Martinot-Lagarde, qui avait récupéré la médaille de bronze.Dans l'enceinte bien remplie de l'O2 Arena de Prague, malgré une saison hivernale compliquée, c'est le détenteur du record de France du 110 m haies, Pascal Martinot-Lagarde, qui parvient enfin à décrocher l'or d'une grande compétition. Traditionnellement handicapé en salle par son départ moyen, le licencié de Montgeron a confirmé son potentiel.>> Lire aussi : Pascal Martinot-Lagarde, dépasser les obstaclesDimitri Bascou, deuxième meilleur performeur mondial de la discipline cette année (seul le Cubain Ortega est allé plus vite, en 7 s 45), a été cette fois devancé à la régulière par son compatriote. Auteur de son meilleur temps de l'année en demi-finale (7 s 46), le Martiniquais n'a pas craqué totalement mais a cédé sous la pression de Martinot-Lagarde, auteur de son meilleur chrono de l'année en finale.Né en 1987 à Schoelcher, anciennement Case-Navire, rebaptisé en 1889 du nom de Victor Schoelcher, à l'origine de l'abolition de l'esclavage en France et dans ses colonies, Dimitri Bascou peut tout de même être satisfait. A 27 ans, le licencié de Créteil n'avait jusqu'alors à son palmarès international qu'une médaille d'argent aux Jeux méditerranéens de 2009. « Belocian fera partie des très grands »Le jeune Wilhem Belocian confirme lui son immense potentiel. A seulement 19 ans, il s'offre pour sa première sélection chez les grands un premier podium. Recordman du monde junior du 60 m haies (7 s 48) et du 110 m haies (12 s 99), le Guadeloupéen a tout l'avenir devant lui. Il s'entraîne toujours sur son île natale, licencié au club du Stade lamentinois (Lamentin). Interrogée par Le Monde en février dernier, la triple championne olympique Marie-José Pérec n'avait pas tari d'éloges : « Je lui ai trouvé une bourse de 15 000 euros. J'essaie de faire de petites choses qui aident les athlètes. C'est ma propre lecture, mais je sais qu'il fera partie des très grands. » Dans les autres finales du jour, la Britannique Katarina Johnson-Thompson est passée à un souffle du record du monde du pentathlon. Pour moins d'une seconde au terme de la dernière épreuve du 800 m, elle échoue à 13 points du record détenu par l'Ukrainienne Dobrynska (5 000 contre 5 013). La Française Antoinette Nana Djimou, quadruple championne d'Europe (deux en salle, deux en plein air), ne prend que la quatrième place.Au lancer du poids, l'Allemand David Storl (21,93 m) glane une nouvelle médaille d'or, la troisième européenne. A la longueur, le Suédois Michel Torneus s'est imposé grâce à un saut à 8,30 m. Enfin, le 60 m haies féminin a été remporté par la Biélorusse Alina Talay.Anthony HernandezJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Le premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte, a déclaré, jeudi 5 mars, qu’il préférait voir des combattants néerlandais qui auraient rejoint des groupes terroristes mourir au combat plutôt que revenir au pays pour y commettre des attentats. « Si le choix se pose en ces termes, je le fais. Beaucoup de citoyens pensent comme moi », a indiqué le chef du gouvernement de coalition libéral-travailliste. Il s’exprimait à la télévision lors d’un débat préélectoral pour les élections à la Première chambre, le Sénat néerlandais, le 11 mars.M. Rutte affrontait notamment, sur cette question, le chef du parti centriste et proeuropéen D66. Le leader de cette formation, Alexander Pechtold, s’est demandé si un premier ministre pouvait s’exprimer de cette manière, quitte à heurter les familles, les enfants ou des proches des personnes concernées. De 150 à 200 Néerlandais seraient partis pour la Syrie et l’Irak. « Dans un Etat de droit, il faut souhaiter qu’ils soient jugés par un tribunal, pas qu’ils meurent dans le désert », a estimé M. Pechtold.« Mon devoir est de protéger mon pays »« Ceux qui sont là-bas apprennent à tuer, à fabriquer des bombes. S’ils voyagent et adhèrent à une organisation criminelle, ils savent ce qu’ils font. Il est crucial d’éviter qu’ils reviennent pour commettre des attentats. Mon devoir est de protéger mon pays », a répondu le dirigeant libéral.« Geert Wilders est absent ce soir mais sa pensée est présente », a répliqué M. Pechtold, dont le parti est donné comme l’un des deux grands favoris pour le scrutin provincial qui aura lieu mercredi 11 mars. L’autre est le Parti pour la liberté (PVV) de M. Wilders, qui fait traditionnellement de la lutte contre l’islam et l’immigration le principal thème de ses campagnes.Une fois élus, les dirigeants des provinces choisiront les membres de la Première Chambre, le Sénat, où la coalition actuelle n’a pas la majorité. Elle y détient 30 sièges sur 75, ce qui la force à chercher l’appui de partis d’opposition – dont D66 – pour faire adopter certains de ses projets. La situation de M. Rutte devrait s’aggraver, compte tenu de l’apparente impopularité des deux formations au pouvoir.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Le premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte, a déclaré, jeudi 5 mars, qu’il préférait voir des combattants néerlandais qui auraient rejoint des groupes terroristes mourir au combat plutôt que revenir au pays pour y commettre des attentats. « Si le choix se pose en ces termes, je le fais. Beaucoup de citoyens pensent comme moi », a indiqué le chef du gouvernement de coalition libéral-travailliste. Il s’exprimait à la télévision lors d’un débat préélectoral pour les élections à la Première chambre, le Sénat néerlandais, le 11 mars.M. Rutte affrontait notamment, sur cette question, le chef du parti centriste et proeuropéen D66. Le leader de cette formation, Alexander Pechtold, s’est demandé si un premier ministre pouvait s’exprimer de cette manière, quitte à heurter les familles, les enfants ou des proches des personnes concernées. De 150 à 200 Néerlandais seraient partis pour la Syrie et l’Irak. « Dans un Etat de droit, il faut souhaiter qu’ils soient jugés par un tribunal, pas qu’ils meurent dans le désert », a estimé M. Pechtold.« Mon devoir est de protéger mon pays »« Ceux qui sont là-bas apprennent à tuer, à fabriquer des bombes. S’ils voyagent et adhèrent à une organisation criminelle, ils savent ce qu’ils font. Il est crucial d’éviter qu’ils reviennent pour commettre des attentats. Mon devoir est de protéger mon pays », a répondu le dirigeant libéral.« Geert Wilders est absent ce soir mais sa pensée est présente », a répliqué M. Pechtold, dont le parti est donné comme l’un des deux grands favoris pour le scrutin provincial qui aura lieu mercredi 11 mars. L’autre est le Parti pour la liberté (PVV) de M. Wilders, qui fait traditionnellement de la lutte contre l’islam et l’immigration le principal thème de ses campagnes.Une fois élus, les dirigeants des provinces choisiront les membres de la Première Chambre, le Sénat, où la coalition actuelle n’a pas la majorité. Elle y détient 30 sièges sur 75, ce qui la force à chercher l’appui de partis d’opposition – dont D66 – pour faire adopter certains de ses projets. La situation de M. Rutte devrait s’aggraver, compte tenu de l’apparente impopularité des deux formations au pouvoir.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste David Revault d'Allonnes (Luxembourg, envoyé spécial) Le président est d’humeur badine. « Ça fait vingt-trois ans qu’il n y a pas eu de visite d’un président. Parce que c’était trop près, sans doute », tacle-t-il à l’intention de ses prédécesseurs Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, qui n’avaient pas fait le déplacement, à la différence de François Mitterrand. François Hollande se déplaçait au Luxembourg, vendredi 6 mars, sous un soleil presque printanier et dans une atmosphère d’entente totalement cordiale. Loin, très loin, des polémiques sur l’optimisation fiscale et les pratiques du Grand-Duché en la matière.Pas de vagues, donc. Dès son accueil par le grand duc et la grande duchesse, devant le palais de Luxembourg-Ville, le président a pu appliquer et constater cette aimable position en saluant les badauds agglutinés. Des Français, pour la plupart – plus de 40 000 ressortissants résident dans le pays (sur un total de 550 000 habitants) et plus de 80 000 transfrontaliers y travaillent. Et plutôt affables. « Les Français vous accueillent avec le soleil et avec le sourire. Ça change », dit l’un. « Ça fait plaisir d’avoir un président comme vous », dit l’autre. « Je suis là depuis soixante-cinq ans, c’est un petit paradis. C’est beau de vous voir comme ça », ajoute une troisième personne. Mais pas question d’évoquer d’emblée le thème du « paradis » fiscal et de répondre aux questions qui fâchent. Du moins pas avant l’entretien, en son palais, avec le grand duc.« Le Luxembourg ne bloquera rien »« Quand on a des amis, on va les voir », réitère François Hollande, un peu plus tard devant le Monument national de la solidarité, après une cérémonie d’hommage aux morts de la seconde guerre mondiale. Après avoir symboliquement trempé la pointe d’un sabre dans les flammes, le président en profite pour délivrer, pour la première fois depuis plusieurs mois, un pronostic optimiste sur l’imminence d’un retour de la croissance : « Il y a des nouvelles qui sont plutôt bonnes, mais pas encore confirmées. Ce dont nous devons nous assurer, c’est d’accompagner, amplifier, la reprise qui maintenant est là. »Pour François Hollande, « la reprise est là »Quant au premier ministre luxembourgeois, le libéral Xavier Bettel, après avoir accueilli et salué un à un tous les journalistes français, il ne tarit pas d’éloges sur son hôte du jour : « Vous êtes un grand président », lâche-t-il devant la presse, flagorneur, en référence à son action diplomatique sur le dossier ukrainien.Ce n’est qu’après un déjeuner avec M. Bettel, au château de Senningen, que la question de l’optimisation fiscale est posée, à l’occasion d’une conférence de presse commune. Le premier ministre, de bonne guerre, défend les pas accomplis par le Grand-Duché en la matière, en l’occurence l’autorisation de l’échange automatique d’informations fiscales à partir de 2017 : « Ce pays est un pays en évolution. On a décidé l’échange d’informations. C’est réducteur de croire que le Luxembourg, ce n’est que ça. La plus grosse boîte au Luxembourg, c’est Arcelor Mittal. » Et M. Bettel, qui gouverne en coalition un pays qui prendra la présidence de l’Union européenne au deuxième semestre 2015, d’assurer : « Croyez-moi, que ce soit au niveau européen ou international, le Luxembourg ne bloquera rien. »Signature de contratsSaluant ces évolutions du Grand-Duché, le président se montre sur ce point fort urbain : « Il y a eu des progrès considérables accomplis, notamment ces derniers mois, car il y a eu la volonté d’avoir, en Europe, les mêmes règles pour que la fraude puisse être effectivement combattue. » Mais M. Hollande tempère tout de même : « J’appelle le Luxembourg à aller aussi loin que possible. » Après quoi l’exercice de questions-réponses est interrompu plus vite que prévu puisque, comme le rappelle M. Bettel, « le grand duc nous attend ».L’impressionnant cortège officiel serpente sur une petite route de campagne, entre des collines verdoyantes. Direction le siège de la Société européenne des satellites (SES), pour une visite du site et la signature de deux contrats entre SES et Airbus Defense and Space, pour la réalisation d’un satellite, d’une part, et entre SES et Arianespace de l’autre, pour le lancement d’un autre engin.Après quoi le président français et les dirigeants luxembourgeois se rendent sur le site d’Esch-Belval, présenté comme un modèle de reconversion de friche industrielle en logements, entreprises et pôle universitaire. « On ne va pas parler que de fiscalité, la dimension industrielle est très importante », prévenait l’Elysée avant la visite au Luxembourg, dont plus de 30 % du PIB est constitué par le secteur financier.Ce programme a été parfaitement respecté. L’escapade présidentielle devait s’achever vendredi soir avec la traditionnelle rencontre avec la communauté française, puis le dîner offert par le couple grand-ducal au palais. Entre bons amis, et sans aucun motif de fâcherie.David Revault d'Allonnes (Luxembourg, envoyé spécial)Grand reporter au service politique. En charge de l'ElyséeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.03.2015 à 14h48 • Mis à jour le06.03.2015 à 16h24 | Anthony Hernandez Prague, envoyé spécialDevant le bâtiment imposant, deux hockeyeurs figés dans le bronze – l'un relaçant son patin, l'autre étreignant une belle patineuse — rappellent l'amour inconditionnel des Tchèques pour le hockey sur glace. De fait, l'O2 Arena de Prague, qui accueille du 6 au 8 mars les 33e Championnats d'Europe d'athlétisme en salle, est sortie de terre à l'occasion des Mondiaux de hockey en 2004. A l'époque baptisée Sazka Arena, cette salle multiusage peut, selon la configuration, accueillir 18 000 spectateurs en concert, comme celui de Madonna en 2006, 17 000 fans de crosses et de palets — l'équipe de hockey du Slavia Prague y joue toute l'année — ou bien 11 000 amateurs d'athlétisme.Jusqu'à dimanche, 643 athlètes de 49 nations europénnes — Israël est membre de l'Association européenne d'athlétisme — s'affrontent dans 26 épreuves (13 masculines et 13 féminines). Comme traditionnellement, et ce d'autant plus en année de Championnat du monde (à Pékin, du 22 au 30 août 2015), le plateau de cet Euro en salle se révèle assez peu riche en vedettes. D'une part, l'athlétisme en salle exclut des épreuves telles que le 200 mètres, le 400 mètres haies ou le relais 4 × 100 mètres, ainsi que les épreuves de fond et la quasi-totalité des lancers, à l'exception du poids. D'autre part, beaucoup des meilleurs athlètes goûtent assez peu les compétitions en salle.Vendredi, les quatre premiers titres de champion d'Europe en salle seront décernés au lancer de poids et au saut en longueur masculin ainsi qu'aux 60 mètres haies hommes et femmes. Le lancer de poids et la longueur masculines ont d'ailleurs bien mal commencé, jeudi, pour la délégation tricolore. Kafétien Gomis a échoué à se qualifier hier pour la finale avec un saut à 7,65 mètres, tandis que les lanceurs Gaëtan Bucki (19,73 m) et Tumatai Dauphin (18,95 m) ont également manqué la finale.Mais c'est au saut à la perche que Renaud Lavillenie a fait vendredi une belle frayeur au public tchèque et au clan français, qui ont bien failli être privés prématurément de la vedette de ces championnats. Le recordman du monde a échoué deux fois à 5,70 mètres avant de franchir cette barre au troisième essai et se qualifier pour la finale de samedi. Une preuve de plus que le saut à la perche reste une épreuve difficile à maîtriser. A noter que Valentin, le frère de Renaud Lavillenie, s'est également qualifié pour la finale.Lavillenie et Schippers en tête d'afficheNon, l'O2 Arena de Prague ne sera pas le lieu d'un duel au sommet entre l'Ukrainien Bonarenko et le Russe Uhkov, codétenteurs du record d'Europe du saut en hauteur avec 2,42 mètres, ni même le théâtre gêné d'un nouveau strip-tease du Français Mahiedine Mekhissi ou bien le public enthousiaste d'un dernier tour de piste dévastateur de l'imprévisible champion français. L'enceinte praguoise ne verra pas non plus les meilleurs sprinteurs européens, puisque ni les Britanniques James Dasaolu (champion d'Europe en titre du 100 m) et Harry Aikines (médaillé de bronze), ni les Français Christophe Lemaitre, toujours réticent à s'aligner sur la distance du 60 m qui ne favorise pas son départ, et Jimmy Vicaut, qui n'en finit plus de se débattre avec des problèmes de blessures, n'ont inscrit la compétition à leur programme.Une fois de plus, le Français Renaud Lavillenie sera l'indiscutable tête d'affiche de ces Championnats d'Europe en salle. Il tentera de remporter à Prague un quatrième titre d'affilée, performance inédite. L'athlète de l'année 2014 ne refuse jamais une compétition et l'occasion offerte d'agrandir son immense palmarès (11 médailles olympique, européennes et mondiales dont 8 en or) : « Je veux faire grandir ma collection de médailles. Je ne suis pas quelqu'un qui s'entraîne pour s'entraîner. J'aime la compétition. Et je ne veux rien laisser à mes adversaires. » Véritable accro aux sautoirs, il est l'un des seuls à pouvoir battre un record du monde, le sien (6,16 m). Au-dessus de la mêlée, il a déjà franchi à quatre reprises cette saison la barre des 6 mètres (6,02 m à Berlin le 14 février). Les Polonais Piotr Lisek et Robert Sobera devraient se partager les restes et en sont réduits à prier pour une éventuelle défaillance du Charentais, défaillance qui a été toute proche vendredi en qualifications.Lire : Dafne Schippers, l'heptathlète devenue reine du sprintChez les femmes, la Néerlandaise Dafne Schippers, double championne d'Europe à Zurich du 100 mètres et du 200 mètres, tentera de confirmer son statut de révélation du sprint. Ses 7 secondes 9 la placent en quatrième position des bilans mondiaux, derrière des pointures comme l'Ivoirienne Ahouré, la Jamaïcaine Burchell ou l'Américaine Bartoletta. Lors de cet Euro, l'heptathlète de formation devra se méfier de la Britannique Dina Asher-Smith et de l'Allemande Verena Sailer.Qui peut détrôner les Russes ?En 33 éditions, la Russie a remporté les dix derniers classements des médailles. A ces dix victoires consécutives, on peut ajouter 13 succès de l'URSS et un de l'équipe unifiée de l'ex-URSS en 1992. Loin derrière, les Allemands l'ont emporté onze fois mais une seule fois en tant que nation unifiée (en 1998, à Valence). La France l'a emporté une fois en 2011 à domicile à Paris-Bercy, à égalité avec les incontournables Russes. La seule autre nation à avoir triomphé de l'ultradomination russe et allemande est la Tchécoslovaquie, en 1984 à Göteborg.Lire aussi : Le rude hiver de l'athlétisme russeOui mais voilà. Si en temps normal, le classement des médailles semble promis à l'athlétisme russe, celui-ci traverse une crise sans précédent. Depuis la diffusion d'un documentaire détonant sur la chaîne allemande ARD, l'omerta du dopage a volé en éclats. Le président de la fédération russe, Valentin Balakhnichev, a démissionné, et l'entraîneur en chef Valentin Maslakov a été limogé. Avec une délégation privée de nombreuses têtes d'affiche, la France ne semble en tout cas pas en mesure d'en profiter. Les chances françaisesEn dehors du cas particulier Lavillenie, les principales chances tricolores se portent sur la championne du monde en salle et la double championne d'Europe, Eloyse Lesueur, tentera de maîtriser sa nouvelle technique du double ciseau pour remporter un nouveau titre au saut en longueur. Au pentathlon, Antoinette Nana-Djimou ne devrait pas être loin d'un nouveau podium européen (déjà 2 en salle). Au 400 m et au 4 × 400 m, Marie Gayot et Floria Gueï auront leur mot à dire même si la Britannique Bundy-Davies paraît au-dessus du lot. Vendredi matin, les deux Françaises se sont qualifiées pour les demi-finales de l'après-midi grâce respectivement au premier et au quatrième chronos.Lire aussi : Floria Gueï, seule en pisteDans l'épreuve du 60 mètres haies, toujours très appréciée des Français, Dimitri Bascou possède une belle marge sur ses adversaires européens (7 s 48). Derrière, à quelques centièmes, c'est son jeune compatriote Wilhem Belocian, recordman du monde junior du 60 m haies et du 110 m haies, qui tient la corde avec un chrono de 7 s 53 réalisé à Aubière lors des derniers Championnats de France en salle. Plus loin, le recordman français du 110 m haies, Pascal Martinot-Lagarde, plus en difficulté sur le 60 m haies, peut tout à fait se mêler à la lutte pour le podium. Vendredi matin, les trois hurdlers ont tous rejoint les demi-finales et pourquoi ne pas rêver à 18 h 55 d'un triplé français en finale. Maslak et Hejnoa, la relève d'un athlétisme tchèque au riche passéL'athlétisme tchèque — et son devancier tchécoslovaque — reste l'une des valeurs sûres du continent européen. S'il n'a plus vraiment son lustre d'antan, les immenses champions tchèques ne manquent pas : le coureur Emil Zatopek, la locomotive tchèque aux quatre titres olympiques (1948 à 1952), le lanceur de javelot Jan Zelezny, toujours détenteur du record du monde de la spécialité (98,48 m en 1996), la coureuse double championne du monde Jarmila Kratochvilova, détentrice du record du monde du 800 m depuis… 1983 (1 min 53 s 28), ainsi que plus près de nous les décathloniens Tomas Dvorak (triple champion du monde de 1997 à 2001) et Roman Sebrle (champion olympique en 2004 et champion du monde en 2007).Cette année à Prague, les deux leaders de l'athlétisme tchèque se nomment Pavel Maslak et Zuzana Hejnova. Le premier est champion d'Europe et du monde en salle du 400 m (2014 à Sopot), la seconde est championne du monde du 400 m haies (2013 à Moscou). En tête des bilans européens, une seconde d'avance sur le deuxième, le Polonais Zalewski, Pavel Maslak n'a pas caché sa confiance en lui : « Ce n'est jamais une obligation de gagner mais je suis assez confiant, explique-t-il au Monde. Je pense qu'il ne devrait pas être difficile de défendre mon titre acquis à Göteborg en 2013, parce que la plupart de mes concurrents ne courent pas en salle. Au-delà de ça, j'aimerais bien montrer quelque chose de spécial ici devant mon public et ma famille qui vont me supporter. »Pour Zuzana Hejnova, les choses sont bien différentes. En l'absence de son épreuve fétiche au programme de la compétition, la championne de 400 mètres haies s'alignera sur 800 mètres et sur le relais 4 × 400 mètres. Elle ne cache pas au Monde que sa participation est due à la perspective de courir à domicile : « Je pense que je n'aurais pas fait la saison indoor si les championnats ne s'étaient pas déroulés en République tchèque. C'est une grande motivation. M'aligner sur 800 m est simplement une expérience, et je n'attends pas de résultats particuliers. » Zuzana Hejnova a déjà les yeux tournés vers les Mondiaux de Pékin et surtout vers Rio en 2016 : « Je me concentre sur la défense de mon titre mondial cette année mais définitivement les JO sont mon objectif principal désormais. »Anthony HernandezJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.03.2015 à 11h23 La Grèce a remboursé la première tranche, d'un montant de 310 millions d'euros, d'un prêt du Fonds monétaire international (FMI) arrivant à échéance ce mois-ci, a-t-on appris vendredi 6 février de source gouvernementale.L'Etat grec a ainsi honoré l'une des premières échéances d'un calendrier financier nourri : au total, il est censé payer 1,5 milliard d'euros au FMI d'ici à la fin du mois de mars. Mais Athènes connaît semble-t-il des difficultés pour honorer ses obligations financières, très lourdes ce mois-ci, à hauteur de 6 milliards d'euros.la bce ferme face à athènesLe premier ministre grec, Alexis Tsipras, souhaite rencontrer le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, la semaine prochaine, après les propos fermes de la Banque centrale européenne (BCE) jeudi sur l'aide qu'elle apporte au pays.Vendredi matin, le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung rapporte que M. Tsipras avait demandé rendez-vous à M. Juncker pour ce vendredi, mais que cela n'avait pas été possible.La Grèce aurait souhaité que la BCE élève le plafond des rachats de bons du Trésor par les banques grecques, mais l'institution n'a pas donné suite à cette demande. Jeudi, le président de la BCE, Mario Draghi, a conditionné une aide supplémentaire à la réalisation des réformes promises par le gouvernement de M. Tsipras.De premières réformes devraient être présentées lundi par le ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, à ses homologues de l'Eurogroupe. « Il est très important que cet Eurogroupe soit un succès, nous y travaillons tous », a expliqué le gouverneur de la Banque de Grèce, Yannis Stournaras, vendredi à l'issue d'une rencontre avec M. Tsipras. Claire Guélaud L’euro est passé, jeudi 5 mars, sous 1,10 dollar, pour la première fois depuis septembre 2003. Pour Patrick Artus, économiste en chef de Natixis, cette dépréciation est une bonne nouvelle pour l’industrie française. A une condition toutefois : que cette baisse ne soit pas trop rapide.L’euro au plus bas depuis 2003 face au dollarLa baisse de l’euro face au dollar est-elle une bonne nouvelle pour la France ?L’effet net de la dépréciation de l’euro sera positif pour l’économie française, car, compte tenu du niveau de gamme de nos produits, nos exportations sont sensibles à la variation des prix. Nous gagnerons plus en exportant davantage que ce que nous allons perdre avec des importations renchéries.Néanmoins, il ne faut pas surestimer l’importance du gain lié à la baisse de l’euro. Prenons un exemple : depuis l’été 2014, le prix du baril de pétrole en dollars est passé d’environ 115 à 60 dollars (104 à 54 euros), l’euro était ramené de 1,40 à 1,10 dollar. A ce niveau-là, on a perdu avec la dépréciation de l’euro la moitié du gain que nous avons enregistré sur le prix du pétrole en dollars.A qui profite l’euro faible ?La dépréciation de l’euro entraîne des transferts massifs. C’est un bon point pour l’industrie qui va regagner des parts de marché. C’est un mauvais point pour les ménages qui vont, par exemple, payer plus cher leur énergie, ou pour l’ensemble des acheteurs de matières premières.Compte tenu de l’état de l’économie française et de ses fragilités, c’est plutôt une bonne chose de soutenir l’industrie.Jusqu’où l’euro peut-il baisser ? Jusqu’où ce recul est-il souhaitable ?Je ne suis pas sûr que l’on puisse poser la question en ces termes. Plus que la question du niveau de la monnaie unique par rapport au dollar, c’est celle de la rapidité de sa dépréciation qui importe.En règle générale, on estime qu’un gain de compétitivité de 10 % – une dépréciation de l’euro d’autant – conduit à une augmentation des exportations de 7 %. Mais encore faut-il pour cela que l’industrie ait les capacités de production suffisantes pour vendre à l’export. Une baisse extrêmement rapide ne serait pas une bonne chose, car l’industrie n’aurait probablement pas les moyens d’y répondre faute d’avoir investi suffisamment ces dernières années.En fin de compte, qu’est-ce qui fait baisser l’euro ? La Banque centrale européenne s’apprête à injecter des liquidités avec son programme d’assouplissement quantitatif (quantitative easing ou QE) à partir du 9 mars. Les rachats de dettes publiques et privées vont conduire à la baisse des taux d’intérêt qui seront proches de zéro ou négatifs.La BCE donne le coup d’envoi à ses rachats de dettesCela va inciter les investisseurs en obligations à se tourner vers les obligations étrangères. Cette sortie attendue de capitaux fera baisser l’euro. Parallèllement, le QE devrait aussi faire monter les actions. Autrement dit, l’euro ne baisse que si les sorties de capitaux en obligations étrangères dépassent les entrées de capitaux liées à la hausse des actions. C’est ce que l’on a constaté au Japon. En revanche, au Royaume-Uni, en 2012, la livre sterling s’est appréciée. Il est donc assez difficile de dire quels seront les effets du programme lancé par Mario Draghi, le président de la BCE.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.03.2015 à 09h12 • Mis à jour le06.03.2015 à 09h45 | Audrey Tonnelier Il n’a pas encore commencé, mais ses effets se font d’ores et déjà sentir. Et tout d’abord sur la « valeur » de l’euro. Le plan massif de rachat de dettes publiques (« quantitative easing » ou « QE ») débutera réellement lundi 9 mars, a annoncé, jeudi 5 mars, Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE). Mais, sans même attendre cette date fatidique, l’euro a plongé sous la barre de 1,10 dollar, jeudi soir.La BCE donne le coup d’envoi à ses rachats de dettesJamais depuis septembre 2003 la monnaie unique européenne n’avait atteint un tel niveau. Vendredi matin, l’euro se reprenait toutefois légèrement, repassant juste au-dessus de ce seuil symbolique.C’est que la réunion du conseil des gouverneurs de la BCE, délocalisée (comme deux fois l’an) de Francfort à Chypre, était particulièrement attendue. « Super Mario » y a précisé les modalités du QE, ultime « bazooka » pour réanimer la croissance en zone euro. L’objectif ? Contrer les pressions déflationnistes pesant sur le Vieux Continent, en relançant le crédit et l’activité. En achetant des dettes souveraines, la BCE va en amoindrir les rendements (qui évoluent à l’inverse de la demande), poussant ainsi les investisseurs vers des actifs plus risqués, comme les actions ou les dettes d’entreprises.Mais, en augmentant la quantité d’euros en circulation, l’institut espère aussi clairement faire baisser la monnaie unique face au dollar, favorisant au passage les exportateurs européens.« Agir sur le taux de change »Déjà, début septembre 2014, lorsque la BCE avait annoncé une baisse de ses taux et le lancement d’un programme de rachat d’ABS (asset-backed securities), ces titres adossés à des créances notamment de PME, ainsi que d’obligations sécurisées d’institutions financières de la zone euro, l’institution n’avait pas caché ses intentions : il s’agissait certes de soutenir la croissance vacillante de la zone euro et enrayer le risque déflationniste, mais aussi de faire baisser l’euro.Peu après cette réunion, Ewald Nowotny, le gouverneur de la Banque d’Autriche, avait d’ailleurs confirmé que l’objectif était « d’agir sur le taux de change ». Un tabou majeur était alors tombé, car rarement un membre de l’institution ne s’était montré aussi clair sur ce point. Ce pari de la baisse de l’euro est d’ores et déjà réussi, semble-t-il.Audrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.03.2015 à 20h27 • Mis à jour le05.03.2015 à 22h21 Un magistrat a renvoyé devant la justice quarante personnes, jeudi 5 mars, dont trois anciens trésoriers du Parti populaire inculpés dans une affaire de corruption d'élus qui empoisonne la droite depuis plus de six ans. Le juge Pablo Ruz, de l'Audience nationale, haut tribunal espagnol spécialisé dans le traitement des dossiers complexes, a ainsi clos un volet de l'enquête sur l'affaire dite « Gürtel », portant sur les années 1999 à 2005.Cette affaire, portant sur des largesses dont auraient profité des élus en échange de contrats, touche Madrid et deux villes des environs, Pozuelo et Majadohonda, de même que la station balnéaire d'Estepona. Elle gêne le Parti populaire, au pouvoir depuis 2011, avant de nombreux rendez-vous électoraux – notamment des municipales et régionales partielles en mai, et des législatives à la fin de l'année – alors que la campagne est centrée sur les deux sujets inquiétant le plus les Espagnols : le chômage et la corruption.Des fonds d'origine illiciteCe parti, sans être directement poursuivi, est mis en cause pour avoir profité de fonds d'origine illicite, en lien avec les malversations d'un maire de Pozuelo. Il devrait en principe rembourser à ce titre les sommes indûment perçues, et le juge lui réclame une caution de 245 000 euros. Cette enquête avait aussi entraîné la démission de la ministre de la santé, Ana Mato, à la fin de novembre 2014, mise en cause, sans être poursuivie, pour avoir profité d'argent obtenu illégalement par son ancien mari, Jesus Sepulveda, l'ex-maire de Pozuelo poursuivi.Le nom de Mme Mato avait été cité dans le dossier la veille d'une intervention très attendue devant le Parlement du chef du gouvernement, Mariano Rajoy, sur la corruption touchant la droite comme la gauche, mais aussi des syndicats, des chanteurs et même un gendre de l'ancien roi Juan Carlos. Le principal mis en cause dans ce volet de l'affaire Gürtel, l'ancien trésorier du PP Luis Barcenas, se voit imposer une caution civile de 88 millions d'euros. L'homme d'affaires accusé d'avoir mis en place le système, Francisco Correa, se voit lui réclamer une caution de 60 millions. 05.03.2015 à 16h16 • Mis à jour le05.03.2015 à 16h19 La Banque centrale européenne (BCE) n’est pas encore prête à rouvrir le robinet à liquidités pour les banques grecques, coupé début février. Mario Draghi, le président de l’institution monétaire européenne a certes déclaré, jeudi 5 mars, que celle-ci est prête à remettre en place un régime de faveur permettant aux établissements bancaires grecs de se refinancer auprès de la BCE. Mais il a aussitôt précisé que cela ne pourra se faire que « sous réserve que les conditions soient respectées ». Ce qui n’est pas le cas pour le moment, selon lui.La BCE - mais c’est vrai aussi des autres créanciers de la Grèce - attend en l’occurrence du gouvernement d’Alexis Tsipras qu’il détaille les réformes qu’il veut faire, ainsi que comment il compte les financer. Athènes est supposée communiquer ce détail lors d’une réunion des ministres de finances de la zone euro (Eurogroupe), lundi 9 mars.Le gouvernement grec s’est engagé à cette communication à l’issue de l’accord conclu lors de la précédente réunion de l’Eurogroupe, le 26 février, qui a prolongé de quatre mois (jusque fin juin) le plan d’aide à la Grèce.L’Eurogroupe parvient à un accord avec la GrèceIl avait alors été signifié aux Grecs qu’ils ne pourraient compter sur la dernière tranche de ce plan (environ 7 milliards d’euros) que lorsqu’ils auraient démontré leur volonté de mettre en place les réformes sur lesquelles ils se sont engagés.Mais le gouvernement d’Alexis Tsipras, qui doit faire face à un certain nombre de remboursements d’emprunts en mars, tablait, ces derniers jours, sur le fait de pouvoir obtenir une certaine souplesse.La Grèce face à un calendrier serré et chargé de remboursementsAthènes compte notamment que ses créanciers versent dès mars une partie des quelque 7 milliards d’euros de prêts du programme d’aide en cours. La question sera évoquée lundi lors de l’Eurogroupe.L’autre piste pour la Grèce était d’obtenir de la BCE que cette dernière remette en place le robinet à liquidités en direction des banques grecques. Qui sont aussi les principales acheteuses des obligations souveraines helléniques, à travers lesquelles le pays se finance à court terme.La réponse de M. Draghi a été claire et nette.Grèce : le coup de semonce, très politique, de la BCE Guy Dutheil L’enthousiasme du groupe Dubreuil n’aura duré que quinze jours ! Deux semaines seulement après avoir annoncé en fanfare la reprise de la compagnie Corsair International au tour-opérateur TUI France, le groupe Dubreuil, propriétaire d’Air Caraïbes, a brutalement décidé, jeudi 5 mars, de renoncer à ce rachat. La maison mère d’Air Caraïbes a signifié, sèchement, « l’arrêt des discussions ». Une rupture confirmée par TUI France selon lequel « le groupe Dubreuil et le groupe TUI ont mis fin à leurs discussions relatives au projet de transaction ».Ni le groupe Dubreuil, ni TUI France, ni même les organisations de Corsair, réunies en intersyndicale, n’ont souhaité expliquer les raisons de la fin du projet de reprise de la compagnie aérienne. Toutefois, celle-ci intervient à la veille d’un nouveau mouvement de grève prévu du vendredi 6 au dimanche 8 mars, qui promettait d’être massivement suivi. Comme les précédents jours de grève qui avaient rassemblé de 90 % à 95 % des personnels. La rupture consommée, l’intersyndicale a levé son préavis de grève.Des promesses qui n’ont pas convaincuA l’origine, la maison mère d’Air Caraïbes imaginait que ce rachat se ferait en douceur. Elle pouvait croire avoir acheté la paix sociale chez Corsair en promettant par avance qu’il n’y aurait « pas de plan social ». Le groupe Dubreuil s’était même engagé à conserver la marque Corsair et à ne pas supprimer de lignes aériennes. Las, ses promesses n’ont pas convaincu les 1 158 salariés de Corsair. Inquiets surtout après les déclarations de Marc Rochet, président du directoire d’Air Caraïbes, qui s’était fixé comme « objectif (…) la remise au profit de Corsair » structurellement en pertes.Le patron d’Air Caraïbes invitait déjà les 1 158 salariés de Corsair à faire des « efforts de productivité ». A l’appel des syndicats qui exigeaient des « garanties » en matière d’emplois, les personnels avaient lancé un premier mouvement de grève du 28 février au 2 mars. Le groupe Dubreuil aurait-il été effrayé par le coût de ces grèves ? Selon les syndicats, elles auraient déjà coûté 4 millions d’euros à Corsair obligé d’affréter des avions et de remplacer les équipages.Risque juridiqueOutre un gouffre financier, le groupe Dubreuil pouvait aussi redouter un risque juridique. En cause, la volonté du groupe de créer une nouvelle société où auraient été logés les onze long-courriers A350 commandés pour constituer la future flotte de la compagnie. Les salariés de Corsair auraient été invités à la rejoindre mais à des conditions sociales revues à la baisse. M. Rochet avait déjà prévenu les pilotes, les hôtesses et stewards qu’ils devraient travailler plus, passant de 750 heures à 800 heures par an. Pire, redoutaient les syndicats, une « sélection » des personnels aurait été instaurée à l’entrée de la nouvelle société. Une démarche en contradiction, signalent certains, avec le code du travail qui garantirait le maintien des contrats de travail des personnels en cas de reprise de leur société.Cette brutale rupture met un coup d’arrêt, au moins provisoirement, au projet du groupe Dubreuil de constituer un opérateur aérien français dominant à destination des Antilles. Avec le renfort de Corsair, Air Caraïbes aurait transporté près de 2,5 millions de passagers par an, soit 52 % de part de marché sur cette route, contre 43 % pour Air France, l’actuel leader. Justement, Air France aurait vu d’un bon œil cette amorce de consolidation qui aurait eu le mérite de rationaliser le marché sur cette destination.Il n’empêche, si la reprise de Corsair a échoué, elle est toujours à vendre. TUI France n’en veut plus, lassée de devoir éponger des déficits chroniques. Pour s’en débarrasser, TUI serait même prêt à recapitaliser Corsair en réinjectant une fois pour toutes 17 millions d’euros. Après le groupe Dubreuil, TUI pourrait aller frapper à la porte d’IAG, maison mère de British Airways, que l’on a dit un temps interessé par Corsair. Sollicité, le groupe britannique n’a souhaité faire « aucun commentaire ».Lire aussi : En rachetant Corsair, Air Caraïbes devient le leader sur les Antilles  Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.03.2015 à 13h57 • Mis à jour le04.03.2015 à 18h24 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance (avec Cécile Ducourtieux, à Bruxelles) Le gouvernement grec a-t-il les moyens de faire face aux échéances de remboursement de prêts qui se profilent dans les prochains jours ? La question agite l’Europe. D’autant qu’à l’issue de l’accord avec l’Eurogroupe, le 26 février, qui a prolongé de quatre mois (jusque fin juin) le plan d’aide à la Grèce, il a été signifié au gouvernement d’Alexis Tsipras qu’il ne pourra compter sur la dernière tranche de ce plan (environ 7 milliards d’euros) qu’au mieux en avril, quand il aura démontré sa volonté de mettre en place les réformes sur lesquelles il s’est engagé.Quelles sont les toutes prochaines échéances ?La Grèce doit rembourser 875 millions d’euros de Bons du Trésor vendredi 6 mars, principalement détenus par les banques étrangères (pour 750 millions). Mais le même jour Athènes devra aussi rembourser 310 millions d’euros au Fonds monétaire international (FMI).Ce même FMI, qui a prêté 32 milliards d’euros au total à la Grèce, attend un deuxième remboursement de 334 millions d’euros, le 13 mars, puis un troisième, le 16 mars et encore un autre le 20 mars, soit 1,5 milliard au total.Tout confondu, bons du Trésor et FMI, les remboursements en mars dépassent 6 muilliards d’euros. Et de nouvelles lourdes échéances se profilent ensuite dès le mois de juin.Par ailleurs, le gouvernement grec devra aussi trouver un peu plus de 200 millions d’euros pour financer les mesures sociales contenues dans son projet de loi, déposé mercredi au Parlement, pour lutter contre la crise humanitaire.De quels moyens dispose Athènes ?La Grèce a levé, mercredi 4 mars, 1,138 milliard d’euros en bons du Trésor à 6 mois. La somme permettra en l’occurrence de couvrir les 750 millions de bons du Trésor à rembourser vendredi.Les banques grecques, qui ont déjà dans leurs tiroirs pour 575 millions d’euros de bons, ont logiquement participé à l’échange, mais pas les banques étrangères, qui possèdent aujourd’hui pour 875 millions d’euros de bons du trésor grec.Selon le quotidien grec Kathimerini, à défaut d’une participation des banques étrangères à l’opération, une partie de la levée des bons du trésor aurait été couverte par le Fonds Public de la banque de Grèce.Selon l’Organisme pour la gestion de la dette publique (PDMA), le taux d’intérêt des nouveaux bons du Trésor proposés mercredi a été de 2,97 %, alors qu’il était de 2,75 % en février.Mais les échéances les plus lourdes à venir sont celles du FMI. « Le FMI est prioritaire. Nous ferons sortir le sang de la pierre pour le rembourser », a promis le ministre des finances, Yanis Varoufakis.Athènes répète depuis plusieurs jours qu’elle ne connaît pas de problème de liquidités et sera en mesure de faire face à ce délicat mois de mars. Plusieurs solutions de financement sont mises en avant par le gouvernement grec.- Athènes réclame depuis plusieurs semaines que lui soient versés les quelque 1,8 milliard d’euros qui correspondent aux profits réalisés par les banques centrales nationales européennes suite à des achats d’obligations grecques, et qui reviennent de droit à la Grèce.- Les Grecs tablent aussi sur le fait que la banque centrale européenne (BCE) remette en place le robinet à liquidités qu’elle avait en grande partie fermé début février au motif qu’Athènes refusait encore le principe de l’extension du deuxième plan d’aide. La BCE pourrait trancher sur cette question jeudi 5 mars.- Le gouvernement Tsipras compte par ailleurs que les créanciers versent dès mars une partie des quelque 7 milliards d’euros de prêts du programme d’aide en cours. Le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble a prévenu qu' « aucun euro ne sera versé avant » que la Grèce n’ait rempli ses engagements.Le Bundestag vote sans entrain la prolongation du plan d’aide à la GrèceMais le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a déclaré, lundi, au Financial Times qu’en échange de réformes rapides et de « progrès », un possible premier versement de fonds pourrait intervenir dès courant mars. « Ce n’est pas du tout une mauvaise proposition », a estimé Yanis Varoufakis qui a promis de présenter une liste de six réformes concrète à l’Eurogroupe du lundi 9 mars.Quelles réformes pourrait présenter Athènes le 9 mars à l’Eurogroupe ?Selon des sources gouvernementales grecques, les six pistes de réformes sont les suivantes :- lutte contre la crise humanitaire (coupons alimentaires, logement pour les sans-abri, aide au paiement du courant, etc..). Un projet de loi sur ces questions est déjà en examen au parlement grec.- réforme administrative.- projet de loi sur la réglementation des arriérés de dettes à l’Etat ou à la sécurité sociale- réforme de l’administration fiscale.- activation d’un Conseil fiscal indépendant.- création d’un nouveau corps de contrôleurs fiscaux.Le gouvernement grec attendu sur les réformesPar ailleurs, le gouvernement grec a décidé de remettre à plus tard un certain nombre de mesures promises pendant la campagne électorale mais qui auraient un impact trop grand sur le budget de l’Etat. Or, selon l’accord conclu le 20 février à l’Eurogroupe, Athènes s’est engagée à ne prendre aucune initiative unilatérale susceptible de modifier l’équilibre budgétaire pour les quatre prochains mois.L’impôt sur la propriété (Enfia) devrait être maintenu pour encore quelques mois, avec une baisse possible comprise entre 15 % et 20 %, avant d’être progressivement transformé, d’ici à fin 2015, en impôt sur les grosses propriétés.Le relèvement du plafond de non-imposition de 5 000 à 12 000 euros, devrait intervenir « pas à pas » d’ici à fin 2015 et non dès la déclaration de revenus de cette année.Sur la question des privatisations, des sources gouvernementales indiquent qu’il serait exclu de privatiser les compagnies de gestion des eaux ou de l’énergie, mais elles restent floues sur le reste des biens publics.Grèce : polémique autour des privatisationsOù en est le sujet renégociation de la dette grecque ?M. Varoufakis aimerait ouvrir le chapitre de la renégociation de la dette grecque dès la fin avril. Le ministre des finances grec plaide pour une restructuration « intelligente », tout en prenant acte qu’un effacement serait inacceptable pour ses créanciers.« Une décote est un gros mot. Je l’ai appris. Tout comme nous ne voulons pas entendre parler du mot "troïka", nos créanciers ne veulent pas entendre parler du mot décote. C’est quelque chose que je comprends », a déclaré M. Varoufakis au quotidien allemand des affaires Handelsblatt, lundi 2 mars.« Nous pourrions reconvertir une partie des crédits que nous avons reçus du Fonds de sauvetage européen (FESF) en obligations, dont le coupon et les remboursements seraient indexés sur l’évolution de notre produit intérieur brut », a-t-il avancé.Adéa Guillot (Athènes, correspondance (avec Cécile Ducourtieux, à Bruxelles)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Et si l’Allemagne enregistrait cette année une croissance de 2 % ? Après le rebond de + 0,7 % du dernier trimestre de l’année 2014, cette hypothèse optimiste ne paraît plus invraisemblable. « L’Allemagne croit au boom », titre, mercredi 4 mars, le Handelsblatt, quotidien des affaires. Deux instituts ont d’ailleurs déjà sauté le pas. La Deutsche Bank, qui prévoit une croissance de 2 %, et Allianz, qui mise sur 2,1 %. Sur l’ensemble de l’année 2014, le produit intérieur brut (PIB) avait progressé de 1,6 %D’autres instituts s’apprêteraient dans les semaines à venir à réviser à la hausse leurs propres prévisions. Le gouvernement a relevé les siennes, fin janvier, à 1,5 %, contre 1,3 % précédemment. L’augmentation de 3,4 % des salaires annuels, accordée la semaine dernière dans la métallurgie, montre que le patronat est également optimiste.Plusieurs raisons à cela. D’abord il apparaît que la stagnation de la croissance au troisième trimestre 2014, qui avait surpris tout le monde, était en partie due à Volkswagen. Non que le géant de l’automobile aille mal, au contraire. Mais, en 2014, les vacances scolaires en Basse-Saxe ne se sont terminées que le 11 septembre. Résultat : l’usine de Wolfsburg, cœur industriel du groupe, a tourné au ralenti jusque mi-septembre, impactant l’ensemble de l’économie allemande.Plus fondamentalement, la croissance s’avère soutenue par la consommation. La baisse du pétrole a permis aux Allemands d’économiser 3,5 milliards d’euros au second semestre, a calculé la Bundesbank. Surtout, non seulement les salaires réels grimpent mais l’emploi augmente.Selon une étude publiée, mardi 3 mars, par les chercheurs de l’agence pour l’emploi, en 2014, non seulement le nombre d’actifs augmente (de 0,9 %, à 42,7 millions d’actifs), mais chacun travaille en moyenne davantage. (1 371 heures, + 0,6 %). La baisse du chômage ne repose donc pas uniquement sur l’emploi précaire. Le volume d’heures travaillées (58,5 milliards d’heures, +1,5 %) n’a jamais été aussi élevé depuis 1992.INVESTISSEMENTS PUBLICS SUPPÉMENTAIRESPar ailleurs, le gouvernement soutient également la demande. L’année 2014 s’est achevée sur un excédent public plus élevé qu’annoncé initialement. L’an passé, les comptes publics allemands (Etat fédéral, états régionaux, communes et caisses de sécurité sociale) ont dégagé un excédent de 18 milliards d’euros, contre 100 millions en 2013. Pour la première fois, même l’Etat fédéral est excédentaire.Résultat : le ministre des finances, Wolfgang Schäuble, peut lâcher du lest, tout en préservant le sacro-saint équilibre budgétaire. Mardi, il a annoncé qu’il consacrerait 5 milliards d’euros (d’ici à 2018) supplémentaires pour les investissements publics. Une somme qui s’ajoute aux 10 milliards déjà annoncés en 2014.Quinze milliards d’euros sur trois ans, cela commence à ne pas être négligeable : le ministère des finances les compare aux 30 milliards d’investissements publics réalisés jusqu’ici chaque année.Par ailleurs, sans avoir fourni de chiffre, le ministère des finances a indiqué qu’étant données les tensions internationales, « la sécurité intérieure et extérieure » bénéficieraient d’un coup de pouce dans le budget 2017, une fois que le ministère de la Défense aura clairement indiqué ses besoins.Enfin, l’euro faible continue de favoriser les exportations. Les nouvelles commandes à l’industrie ont enregistré, en février, leur plus forte hausse en sept mois, indique ce mercredi l’enquête de l’institut Markit réalisée auprès des directeurs d’achat.« Même si les taux de croissance restent inférieurs aux niveaux observés à la fin de l’an dernier, l’amélioration du sentiment économique et l’euro faible devraient favoriser la demande au cours des mois à venir », estime cet institut.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.03.2015 à 10h33 | Maxime Vaudano Depuis le début de l’année, le secrétaire d’Etat au commerce extérieur, Matthias Fekl martèle les exigences françaises sur la question très controversée des tribunaux d’arbitrage dans les accords de libre-échange négociés par l’Union européenne, comme le futur traité transatlantique TTIP/Tafta. Pour Paris, les mécanismes de règlement des différends entre les investisseurs et les Etats (ISDS, comme on les appelle) doivent être profondément réformés, ou disparaître des traités.Ce message a été brouillé, fin février, par la fuite d’une note confidentielle du secrétariat général aux affaires européennes (SGAE). Dans ce document de quatre pages, ce service, rattaché à Matignon, recommandait aux eurodéputés français une « approche plus prudente » vis-à-vis de l’ISDS. En clair : qu’ils ne s’opposent pas « catégoriquement » à son inclusion dans le traité transatlantique.Matthias Fekl, qui assure n’avoir jamais validé cette note, réaffirme dans un entretien au Monde la position de la France sur ce sujet.Les avis divergent-ils, sur la question de l’arbitrage, entre Matignon et le quai d’Orsay ?Non, il n’y a qu’une seule position française : celle que j’ai communiquée en janvier, après la publication des conclusions de la consultation menée par la Commission européenne. Nous avons bâti un consensus, d’abord avec l’Allemagne, puis avec tous les sociaux-démocrates européens, sur un agenda de réforme du mécanisme de règlement des différends.La note du secrétariat général aux affaires européennes ne reflète pas la position française. Il y a eu un dysfonctionnement administratif. Un rectificatif va d’ailleurs être envoyé aux parlementaires sur la question de l’ISDS.Comment expliquer que les auteurs de la note travaillent parallèlement à vous ?C’est la définition même du dysfonctionnement. J’ai demandé à ce qu’il y ait une enquête pour savoir ce qu’il s’était passé. On verra quelle conséquence tirer de cette affaire.Pourquoi a-t-il fallu tant de temps pour que la France prenne conscience des dérives de l’ISDS ?La France a toujours émis des réserves, dès l’époque de Nicole Bricq [ministre du commerce extérieur de juin 2013 à janvier 2014]. Je ne crois pas qu’on soit à la traîne de l’Allemagne, comme on le dit souvent.Des dérives et abus ont été observés au cours des dernières années dans l’arbitrage. Il ne s’agit plus simplement pour des entreprises de se défendre contre des décisions arbitraires, mais désormais de s’attaquer frontalement à des choix démocratiques – paquet de cigarette neutre pour l’Australie, sortie du nucléaire pour l’Allemagne – avec des milliards d’euros à la clé. Il s’agit pour ces entreprises de faire payer aux contribuables les choix qu’ils ont faits en tant que citoyens.Nous attendions les résultats de la consultation européenne sur l’ISDS pour ouvrir la phase d’action et mettre sur la table des propositions concrètes pour inventer de nouveaux modes de règlement des différends entre les investisseurs et les Etats.Cela signifie-t-il qu’un ISDS, quelle que soit sa forme, doit forcément être introduit entre l’Union européenne, le Canada et les États-Unis, dotés de systèmes juridictionnels performants ?Pas forcément. La France n’était pas demandeuse de ce type de chose dans les négociations. Toutes les options restent sur la table : le retrait pur et simple de l’ISDS ou l’invention de quelque chose de nouveau.Il ne faut pas que des juridictions secrètes puissent faire ce qu’elles veulent dans leur coin.Comment améliorer le système actuel pour prévenir les dérives ?Il faut inventer quelque chose de neuf, qui ne soit plus de l’arbitrage, mais une nouvelle manière de régler des différends, en intégrant les juridictions publiques dans la procédure.Outre la création d’un mécanisme d’appel des décisions, nous réfléchissons à la création d’une cour permanente [avec par exemple des juges fixes plutôt que des arbitres choisis à chaque affaire, N.D.L.R.]. Cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais c’est une piste importante.Il faut aussi travailler sur les questions de conflits d’intérêts et de déontologie dans l’arbitrage, et pouvoir infliger des amendes pour recours abusif aux entreprises qui utilisent l’ISDS à des fins dévoyées.Enfin, il est déterminant de clarifier les notions juridiques trop floues (comme l’« expropriation indirecte », le « traitement juste et équitable » ou les « attentes légitimes » des investisseurs) qui permettent des interprétations trop larges et des dérives.Les principes doivent être clairs et permettre de garantir le droit à réguler des Etats. Il ne faut pas que des juridictions secrètes puissent faire ce qu’elles veulent dans leur coin.» Lire : Arbitrage privé : pourquoi le traité Europe-Canada est inquiétantLes négociations du traité transatlantique sont toujours en cours, mais n’est-il pas trop tard pour réviser l’ISDS dans l’accord Europe-Canada (CETA), conclu en septembre ?Nous ne pouvons nous contenter de peser sur les négociations du traité transatlantique, encore en cours, car l’ISDS pose des questions de principe. Ses dérives récentes sont inacceptables, quel que soit le pays ami avec lequel on négocie (États-Unis ou Canada).Les négociations du CETA sont certes achevées, mais il n’est pas encore ratifié. Son processus de « toilettage juridique » est encore en cours [et il peut donc être révisé, N.D.L.R.].Qui devrez-vous convaincre en priorité ? Les partenaires européens, ou les Américains et les Canadiens ?Il faudra convaincre beaucoup de monde, car c’est quelque chose de neuf. Tout le monde a l’habitude que l’ISDS soit dans les accords commerciaux depuis des décennies. Mais ce n’est pas pour ça que c’est bien.La France n’est pas seule à décider, mais elle est fidèle à sa tradition diplomatique et à son message universaliste quand elle propose autre chose pour l’avenir.Maxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.03.2015 à 09h23 • Mis à jour le04.03.2015 à 18h30 Plusieurs mineurs ont trouvé la mort lors d'un coup de grisou dans une mine de charbon à Donetsk, dans l'est de  l'Ukraine, mercredi 4 mars. Les corps de dix travailleurs ont été retrouvés, ont annoncé les autorités de Kiev et les séparatistes, qui contrôlent la zone. Le sort de 23 autres mineurs reste encore inconnu, a ajouté l'administration de la région de Donetsk, fidèle à Kiev, dans un communiqué.Le président ukrainien, Petro Porochenko, a présenté dans la matinée ses condoléances aux familles des victimes, et son porte-parole a annoncé qu'une journée de deuil serait décrétée après la confirmation du nombre de morts. Plusieurs accidents mortelsSelon un responsable syndical, « au moment de l'explosion, 207 mineurs se trouvaient au fond du puits, dont 53 dans la zone touchée ». D'après lui, « cinq mineurs avec des brûlures graves sont sortis de la zone touchée ». Des séparatistes affirment pour leur part que 230 personnes y travaillaient au moment de l'accident. La mine de Zassiadko, qui compte 10 000 employés, a été ces dernières années le théâtre de plusieurs accidents mortels. Une série d'explosions en novembre-décembre 2007 y avaient fait 106 morts. Cinquante-cinq gueules noires avaient été également tuées par un coup de grisou à Zassiadko en 2001 et 50 en 1999.Sauvetage difficileLe sauvetage des mineurs est rendu difficile en raison de l'opposition des forces en présence. Donetsk est contrôlée par les rebelles prorusses, en guerre avec l'armée loyaliste. Selon plusieurs témoins, les abords de la mine sont donc gardés par des insurgés armés. Le premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, a affirmé mercredi qu'il avait ordonné l'envoi de sauveteurs ukrainiens sur place mais que les séparatistes ne les avaient pas laissé entrer sur le territoire qu'ils contrôlent.« Si les rebelles avaient accepté l'aide de l'Ukraine, les mineurs auraient pu être sauvés », a assuré Mykola Volynko, président du Syndicat des mineurs du Donbass, bassin qui comprend les deux régions rebelles de Donetsk et de Louhansk. Lire aussi notre reportage (en abonnés) : La guerre en sourdine des mineurs du Donbass Eric Albert (Londres, correspondance) L’immobilier de luxe à Londres « devient un refuge pour l’argent volé du monde entier », selon un rapport publié, mercredi 4 mars, par Transparency International. Si le phénomène est connu, l’association de lutte contre la corruption lève pour la première fois un coin du voile sur son ampleur. Elle révèle que 40 725 propriétés à Londres sont possédées par des sociétés enregistrées dans les paradis fiscaux, cachant l’identité réelle de leur détenteur. Cela représente plus de six kilomètres carrés de la capitale britannique, selon une analyse exclusive du Land Registry (la base de données enregistrant les propriétés).Dans les quartiers les plus chers, cette pratique est désormais monnaie courante. A Westminster, 9,2 % des propriétés sont possédées à travers des sociétés offshore. La proportion est de 7,3 % à Kensington et Chelsea, et de 4,5 % à la City. Ces sociétés sont presque toutes enregistrées dans les paradis fiscaux de l’aire d’influence britannique : îles Vierges britanniques (34 %), Jersey (14 %), île de Man (8,5 %), Guernesey (8 %), Panama (3,5 %)… Bien sûr, l’utilisation d’une société offshore pour acheter une propriété ne signifie pas nécessairement qu’il s’agit de blanchiment d’argent, ni même d’évasion fiscale. Mais la police britannique confirme que l’immobilier de luxe à Londres est l’un des « canaux » préférés pour légitimer des sommes volées.« Dans presque toutes nos enquêtes de corruption internationale, nous trouvons des propriétés de luxe », explique Jon Benton, le directeur de l’unité anti-corruption de Scotland Yard. Pour ce rapport de Transparency International, il a accepté pour la première fois de publier les statistiques de son travail. Entre 2004 et 2014, son unité a ouvert des enquêtes de corruption sur des propriétés à Londres d’une valeur totale de 180 millions de livres (250 millions d’euros). Mais de l’aveu même de M. Benton, « il ne s’agit très probablement que de la partie émergée de l’iceberg ».Pour la police, les enquêtes sont particulièrement compliquées à mener. Il est difficile de pousser les îles Vierges britanniques à révéler l’identité du détenteur d’une société, par exemple. Les forces de l’ordre britanniques concentrent donc la moitié de leurs enquêtes sur Jersey, qui coopère avec le Royaume-Uni.Impression de ville fantômeDans certaines rues des beaux quartiers de Londres, la nuit, l’impression de ville fantôme domine. Une grande partie des appartements et des maisons de luxe est inhabitée. Pour leurs propriétaires, il ne s’agit que d’un investissement, dans lequel ils passent quelques semaines ou quelques mois chaque année.Saïd Kadhafi était de ceux-là. Le fils de l’ancien dictateur libyen possédait une magnifique villa d’une valeur de 12 millions d’euros à Hampstead, un chic quartier surplombant Londres. Avec 700 mètres carrés, sept chambres et cinq salons, une piscine intérieure et un cinéma privé, elle était parmi les plus luxueuses de sa rue, surnommée « l’allée des millionnaires ».Sans la révolution libyenne, son réel propriétaire n’aurait jamais été démasqué officiellement : la maison avait été achetée par Capitana Seas Limited, une société enregistrée aux îles Vierges britanniques.Pourquoi Londres attire-t-elle autant le blanchiment d’argent ? L’explication vient partiellement des liens historiques avec les paradis fiscaux. La présence à la City d’armées d’avocats, de fiscalistes et de banques d’affaires aide également. Mais c’est aussi la respectabilité d’une grande capitale européenne qui séduit.« Souvent, le blanchiment d’argent s’accompagne d’un blanchiment de réputation, souligne Nick Maxwell, l’auteur du rapport de Transparency International. Les acheteurs de biens immobiliers embauchent aussi une agence de communication, pour faire leur promotion. »M. Maxwell épingle aussi le rôle des intermédiaires, qui rendent le blanchiment d’argent possible. Pour chaque transaction immobilière, au moins un agent immobilier, un notaire et une banque ont été mobilisés. Si les établissements bancaires semblent prendre le travail de lutte contre le blanchiment d’argent de plus en plus au sérieux, les agents immobiliers sont en revanche particulièrement passifs. Car la loi ne leur demande que de se renseigner sur le vendeur, pas sur l’acheteur. Ce dernier est en principe supervisé par son notaire.Transparency International pointe cependant une lueur d’espoir. « Nous sommes à un tournant », espère M. Maxwell. Le Royaume-Uni est en train de passer une loi pour créer un registre des bénéficiaires d’entreprise. Il ne sera donc plus possible d’acheter une propriété anonymement. Du moins pour les entreprises enregistrées au Royaume-Uni.Pour l’instant, cette loi ne s’appliquera pas aux paradis fiscaux. Néanmoins, le G20, lors de sa dernière réunion à Brisbane en novembre 2014, a entériné le principe de registres de bénéficiaires d’entreprise dans chacun de ses pays membres. Il reste à les mettre en place, mais c’est peut-être le début de la fin d’une ère d’immunité.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.03.2015 à 13h19 L'Ukraine a affirmé mardi 3 mars avoir obtenu l'accord de l'Allemagne, de la France et de la Russie pour renforcer le rôle de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), afin que cette dernière puisse déployer des observateurs sur les points chauds de la ligne de front, dans l'est de l'Ukraine, où des violations de la trêve ont été constatées.Cet accord a été obtenu lors d'une conversation téléphonique entre Angela Merkel, François Hollande, Vladimir Poutine et Petro Porochenko, a assuré la présidence ukrainienne dans un communiqué diffusé dans la nuit de lundi à mardi. « Les interlocuteurs ont soutenu la proposition ukrainienne de déployer des observateurs de l'OSCE dans tous les endroits où le cessez-le-feu est violé, en commençant par dix localités » des régions de Donetsk et de Lougansk, dont une partie est sous contrôle des séparatistes prorusses, selon la même source.« UN RÔLE PLUS IMPORTANT »Les autorités allemandes, françaises et russes ont également fait état de cette conversation dans leurs communiqués respectifs sans toutefois mentionner l'accord sur le déploiement des observateurs dans les points chauds, proposé par Kiev. Les quatre dirigeants « sont convenus que l'OSCE devrait jouer un rôle encore plus important dans la surveillance du cessez-le-feu et le retrait des armes. Ils ont demandé à l'OSCE de publier un rapport quotidien sur les développements en cours », a expliqué le porte-parole d'Angela Merkel, Steffen Seibert. La situation en Ukraine connaît « des progrès », mais doit être encore « améliorée », a pour sa part déclaré la présidence française.Selon les agences de presse russes, Mme Merkel a encore suggéré lors de cet entretien l'organisation d'une rencontre au niveau des vice-ministres des affaires étrangères vendredi à Berlin pour œuvrer à l'application des accords de paix. Aucune confirmation officielle de cette réunion n'a pu être obtenue dans l'immédiat. Le cessez-le-feu est officiellement entré en vigueur en Ukraine le 15 février, mais Kiev et les rebelles prorusses se sont ensuite mutuellement accusés d'avoir violé la trêve et les séparatistes ont depuis repris la ville stratégique de Debaltsevo. Par ailleurs, trois soldats gouvernementaux ont été tués, et neuf autres, blessés, au cours des dernières vingt-quatre heures, a-t-on appris mardi de source militaire ukrainienne. Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Lundi 2 mars dans la soirée, la Commission nationale du marché des valeurs (CNMV), l’autorité boursière, a annoncé officiellement la décision du géant de l’immobilier espagnol Martinsa Fadesa d’engager un processus de liquidation. Les banques, qui avaient signé un accord pour lui permettre de restructurer et échelonner sa dette en 2011, n’ont pas approuvé son dernier plan. Celui-ci prévoyait de capitaliser la dette en échange de 70 % de la compagnie.Martinsa Fadesa laisse un passif de près de 6,995 milliards d’euros de dettes, dont 3,2 milliards auprès des banques. Elle n’a, pour les éponger, que 2,392 milliards d’euros d’actifs, soit un « trou » de 4,6 milliards.Pourquoi cette faillite est-elle symbolique ?La fin de Martinsa Fadesa est symbolique à trois titres. Tout d’abord, parce que le groupe est né en 2006, en plein boom de l’immobilier. En rachetant un autre groupe immobilier, Fadesa, pour 4 milliards d’euros, la compagnie Martinsa était alors devenue le premier promoteur de logements du pays, avec 13 milliards d’euros d’actifs immobiliers.Fernando Martin, son président, pensait avoir trouvé la poule aux œufs d’or. L’Espagne construisait alors autant de logements que l’Allemagne et la France réunies. Les banques prêtaient sans compter aux particuliers et aux promoteurs. Et les « seigneurs de la brique », comme M. Martin, semblaient régner sur le pays. Figure emblématique des nouveaux milliardaires espagnols, il avait même un temps présidé le Real Madrid.Martinsa Fadesa est également symbolique parce que, lorsque la bulle éclata en 2008, à peine deux ans après sa naissance, l’entreprise fit trembler le pays en annonçant la plus grande cessation de paiement jamais enregistrée, prélude à la crise financière espagnole.Avec près de 7 milliards d’euros de dettes, près de 45 banques parmi ses créanciers, elle mit trois ans à sortir de la cessation de paiement. En 2011, elle parvint à trouver un accord avec les banques, sans doute beaucoup trop ambitieux, pour solder sa dette en huit ans.Symbolique, cette faillite l’est par ailleurs parce qu’elle témoigne des nouvelles relations du secteur immobilier avec les banques. Depuis décembre 2013, incapable de faire face aux échéances financières auprès de ses créanciers, Martinsa Fadesa négocie avec ses banques, en vain.Les établissements financiers espagnols, qui ont dû multiplier les provisions sur les actifs toxiques ces dernières années, ne prennent plus de risques. Or, Martinsa Fadesa a encore affiché 313 millions d’euros de pertes en 2014. Bien que ce soit moitié moins que l’année précédente et que son chiffre d’affaires ait augmenté de 18 % en 2014, les banques ont, cette fois, préféré abandonner le groupe.L’assainissement du secteur immobilier espagnol est-il fini ?Non. La faillite de Martinsa Fadesa pourrait bien ne pas être la dernière. Le groupe Reyal Urbis, en cessation de paiement depuis deux ans, tente de négocier avec les banques pour effacer 80 % de sa dette, qui s’élève à près de 4 milliards d’euros. Il pourrait annoncer, lui aussi, sa liquidation courant mars, si aucun accord n’est trouvé.Cependant, l’assainissement du secteur est très avancé. Des dizaines de promoteurs ont déjà fait faillite depuis le début de la crise et les banques ont transféré 80 milliards d'euros d’actifs « toxiques » à la Sareb, une « bad bank » publique, chargée de mettre sur le marché par lots et à prix cassés l’héritage empoisonné de la bulle immobilière.À présent, l’immobilier semble montrer des signes de reprise, bien que timides. Après sept années de chute, le nombre de prêts immobiliers a légèrement augmenté, pour la première fois, en 2014 (+1,6 %). Le nombre d’autorisations pour de nouvelles constructions aussi (+ 1,7 %). Et dans sept régions d’Espagne, les prix sont repartis à la hausse, en particulier aux Baléares, en Cantabrie et aux Canaries. Enfin, en 2014, les banques sont parvenues à réduire pour la première fois le volume d’actifs immobiliers toxiques.« Le secteur se récupère doucement, convient l’économiste Julio Rodriguez, ancien président de la banque hypothécaire. Des fonds d’investissements internationaux ont acheté des promotions immobilières. On voit davantage de demandes. Néanmoins, il faudra du temps pour terminer cet assainissement. Nous partons de niveaux qui sont des minimums historiques en termes de construction et de ventes de logements. Et, fin 2013, l’Espagne comptait 570 000 logements neufs vides dont certains, sans doute, ne se vendront jamais. »L’immobilier pèse-t-il encore beaucoup sur l’économie et les banques espagnoles ?Oui. Selon les calculs du quotidien El Pais, à partir des résultats présentés ces derniers jours par les sept principales banques du pays, celles-ci ont bouclé 2014 avec 125 milliards d’euros de crédits et actifs immobiliers toxiques (impayés, saisies, terrains vagues,…). C’est énorme mais c’est quand même 7 milliards d’euros de moins qu’en 2013.Pour couvrir ces risques, les banques ont réalisé d’importantes provisions, qui couvrent 60 milliards d’euros. Les comptes de résultats de ces établissements ont donc déjà reflété en grande partie les pertes liées aux actifs pourris. Et des faillites, comme celles de Martinsa Fades, sont en grande partie déjà décomptées.En 2012, l’Espagne avait dû demander à Bruxelles une aide de 40 milliards d’euros pour son secteur financier et nationaliser plusieurs banques. Le temps semble venu de récupérer une partie des fonds injectés alors par le biais de la Sareb, qui a vendu des promotions à des fonds internationaux, ou par la vente d’actions de Bankia, banque nationalisée, qui retrouve la santé.« Il est probable que, de temps en temps, le gouvernement doive payer quelques nouvelles factures, au titre par exemple du schéma de protection des actifs, une sorte d’assurance couverte par le Frob, le fonds public de restructuration bancaire, pour les banques qui ont absorbé des établissements pourris, souligne M. Rodriguez. Mais ce ne sera plus aussi spectaculaire que ça l’a été. »Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Nathalie Guibert Le secrétaire général de l’OTAN, le Norvégien Jens Stoltenberg, était à Paris lundi 2 mars, où il a évoqué la situation en Ukraine avec François Hollande. A l’issue de cet entretien, le président français a renouvelé son appel au respect du cessez-le-feu décidé à Minsk le 12 février : « Nous ne devons pas ­tolérer la moindre dérogation. » Les dirigeants russe, français, allemand et ukrainien se sont entretenus dans la soirée par téléphone. M. Stoltenberg a répondu aux questions du Monde sur la crise ukrainienne.Quelle est votre évaluation de la situation sur le terrain en Ukraine, depuis les accords conclus à Minsk le 12 février sur un cessez-le-feu ?Le cessez-le feu est fragile mais il tient. C’est déjà un progrès par rapport à la situation antérieure. L’important maintenant est de tout faire pour s’assurer que le cessez-le-feu dure, que toutes les armes soient retirées du front, et que les observateurs de l’OSCE [Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe] puissent avoir accès au terrain, ce qui n’est pas encore le cas. Nous avons vu des mouvements d’armes, mais il n’est pas possible de dire s’ils recouvrent un retrait réel comme le prévoit l’accord de Minsk, ou s’il s’agit d’un repositionnement des armes.Combien y a-t-il de soldats russes aujourd’hui en Ukraine ? Le président ukrainien, Petro Porochenko, parle de 9 000 hommes ?Je ne vais pas donner de nombre précis. Ce que je peux dire, c’est que nous avons vu au cours des derniers mois un accroissement substantiel du soutien russe aux séparatistes : de l’entraînement, mais aussi la fourniture d’équipements lourds, plusieurs centaines de pièces, des blindés, de l’artillerie, des systèmes avancés de défense aérienne. C’est une violation des accords de Minsk de septembre 2014 et, bien sûr, une violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Aussi appelons-nous la Russie à cesser de soutenir les séparatistes.Nous avançons ces éléments sur la base de notre propre renseignement, de sources ouvertes, de rapports d’ONG, de l’OSCE. Et aujourd’hui, un rapport de l’ONU confirme que la Russie soutient les séparatistes. Nous disposons donc de nombreuses sources, incluant des soldats et leurs familles en Russie.Avez-vous noté des mouvements russes autour de Marioupol ? Craignez-vous une offensive dans cette région ?Je ne peux donner de détails car cela relève de la protection de notre renseignement, mais nous avons constaté une accumulation significative de forces russes, dans l’est ukrainien comme le long des frontières. Les Russes ont des forces en grand nombre de part et d’autre de la frontière ukrainienne. Ils ont des moyens pour continuer le combat. S’ils font le moindre geste pour tenter de prendre des parts plus importantes de territoires, il y aura une réaction internationale très forte. De nombreux pays l’ont déjà déclaré de façon très claire.Donc si Marioupol est prise, ce sera un tournant ?Cela remettra complètement en cause tout ce que nous avons tenté de construire depuis des mois en faveur d’une solution pacifique, par la négociation. La communauté internationale a dit que cela serait inacceptable.Combien de temps va durer ce conflit, selon vous ?Nous devons être prêts à ce qu’il dure longtemps. Mais nous devons travailler à ce qu’une solution soit trouvée dès que possible. Ce qui souligne combien la situation en Ukraine est sérieuse, c’est qu’elle fait partie d’un schéma que nous avons déjà vu en d’autres circonstances. La Russie a utilisé la force en Géorgie, violant la souveraineté de ce pays, en essayant de contrôler l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, et en passant des traités avec ces régions. Elle a fait de même en Moldavie et en Transnistrie. Puis nous avons vu l’annexion illégale de la Crimée. Et maintenant, elle utilise la force pour déstabiliser l’est de l’Ukraine. Ce n’est donc pas la première fois, le seul exemple.Que faire ?Nous devons apporter un soutien politique fort à l’Ukraine. Nous soutenons le processus de paix, et nous lui fournissons une aide concrète : aide à la modernisation de ses forces armées, aux centres de commandement, aide logistique, médicale. Nous le faisons au travers de cinq trust-funds.Un général américain vient de dire que l’OTAN devait « être préparée pour l’Ukraine ». Cela veut-il dire que l’Alliance doit se préparer à l’escalade ?La meilleure réponse à ce qui se passe est de renforcer nos propres capacités de défense. Nous devons rester unis dans l’OTAN. Nous nous préparons, au sens où nous sommes en train d’adapter notre posture de défense, notre défense collective, aux faits qui se déroulent sous nos yeux en Ukraine.« La Russie a utilisé la force pour intimider ses voisins et changer ses frontières »Nous avons accru notre présence dans l’est de l’Alliance, ce que nous avons appelé la mission de réassurance : cinq fois plus d’avions dans les airs, des exercices avec des troupes au sol, des bateaux dans la mer Baltique et la mer Noire. Nous allons aussi renforcer notre force de réaction en doublant son effectif, de 13 000 à 30 000 hommes. Et nous développons sa réactivité en créant une force « fer de lance » d’environ 5 000 hommes – une brigade – dont l’élément leader pourra être déployé en quarante-huit heures.De plus, nous sommes en train d’installer six unités de commandement de l’OTAN dans six pays alliés de l’Est, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie, la Bulgarie. Ces pays n’avaient pas de structures de l’OTAN. Ils vont en outre établir des liens forts entre leur défense nationale et les forces multinationales de l’OTAN.La France doit-elle faire plus et fournir une aide militaire directe ?Je remercie le président Hollande pour son engagement personnel, ses efforts pour atteindre une solution négociée. Pour le reste, en ce qui concerne la fourniture d’armes notamment, il appartient à chaque Etat de décider la nature du soutien qu’il apporte. L’OTAN n’a pas d’armes. Mais l’Ukraine a le droit de se défendre et de recevoir l’aide d’autres pays.Les pays de l’OTAN lisent-ils clairement les intentions de Vladimir Poutine ?Nul besoin de spéculer sur ses intentions, il suffit de regarder ses actes. Son attitude a été assurée et dans de nombreux cas agressive. La Russie a été violente, elle a agi en violation de la loi internationale. Elle a utilisé la force pour intimider ses voisins et changer ses frontières. L’OTAN ne recherche pas la confrontation avec la Russie. Nous sommes toujours en quête d’une relation plus constructive et coopérative. Mais nous ne ferons jamais de compromis sur les valeurs sur lesquelles est fondée notre sécurité.Nous devons être fermes pour créer la base du dialogue. Il n’y a pas de contradiction. Au contraire. Avec une défense collective forte, nous créons la base du dialogue. La Russie doit comprendre qu’il est de son intérêt comme du nôtre, non d’affronter l’OTAN, mais de coopérer.Depuis le début de la crise, les Alliés sont convaincus que M. Poutine ne touchera pas au territoire de l’OTAN. Quelle est sa ligne rouge ?Nous ne voyons pas de menace immédiate contre un pays de l’OTAN. Mais nous voyons ce schéma en Géorgie, en Moldavie, en Ukraine. C’est pourquoi nous répondons par le plus grand renforcement de notre défense collective depuis la fin de la guerre froide. Car nous devons être sûrs que nous pourrons à l’avenir, dans un nouvel environnement sécuritaire, continuer à défendre chaque allié. Chaque adversaire qui voudrait attaquer un pays de l’OTAN doit savoir que cela reviendrait à les attaquer tous. L’OTAN est fondée sur le principe du « un pour tous, tous pour un ».Quelles seraient les conditions de la mise en œuvre de cette solidarité par l’article 5 du traité de l’Atlantique nord, si l’Estonie, par exemple, était déstabilisée sans un usage évident de la force par la Russie ?Je ne veux pas spéculer. Nous voulons être capables de protéger tous les alliés, y compris l’Estonie. C’est la raison pour laquelle nous avons des avions pour la police du ciel en Estonie, des bateaux au large de l’Estonie. C’est pour cela aussi que nous développons notre expertise dans le domaine de la guerre hybride, du cyber, ou que nous mettons en place une stratégie maritime, des capacités de renseignement et de reconnaissance, ainsi qu’une force commune de drones de surveillance.Nous assistons à une guerre hybride, qui est une combinaison de moyens militaires et non militaires, d’actions ouvertes et clandestines, de désinformation et de propagande, de cyberattaques. C’est exactement pour cela que nous accroissons la réactivité de nos forces. Car le préavis pourra être très court.L’OTAN ou un de ses membres ont-ils conduit des cyberattaques dans le conflit en Ukraine ?L’OTAN est une organisation défensive. Nous ne lançons pas d’attaques. Mais nous aidons les Ukrainiens à développer leur défense contre les attaques cyber.Nathalie GuibertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Jacqué Croissance, bénéfices, recrutements… Cela faisait sept ans que l’industrie automobile européenne n’avait plus utilisé ce vocabulaire. Comme devrait le démontrer le Salon de l’auto de Genève, qui ouvre ses portes à la presse mardi 2 mars, le secteur est en train de sortir du marasme et de retrouver un certain optimisme. « On sent une atmosphère bien plus détendue chez les constructeurs », confirme Laurent Petizon, du cabinet AlixPartners.« C’est que l’on constate une vraie reprise des ventes partout sur le continent », explique Jacques Rivoal, le patron du groupe Volkswagen en France. Après trois années de chute continue des immatriculations, pour toucher un seuil à 11,8 millions de véhicules particuliers en 2013, le marché se redresse. En 2014, les ventes ont progressé de 5,6 %, passant la barre des 12,5 millions d’unités. L’année 2015 a commencé sur les mêmes bases : les immatriculations ont progressé de 6,7 % dans toute l’Europe.« Sur le continent, le marché devrait évoluer de 3 % à 4 % cette année », prévoit Flavien Neuvy, de l’Observatoire Cetelem. Le cabinet d’audit EY anticipe la même croissance, tandis qu’IHS s’attend à une croissance de 3 % du marché en 2015. Les constructeurs, échaudés par les années précédentes, restent prudents. PSA s’attend à 1 % de croissance, Renault est plus optimiste avec une fourchette de 1 % à 2 % de progression cette année. « Beaucoup d’indicateurs sont au vert en 2015, reprend M. Neuvy. Tout d’abord, l’optimisme revient avec la reprise progressive de l’économie. Tous les pays du continent anticipent une croissance de leur produit intérieur brut (PIB) cette année. Etant donné la forte corrélation entre l’amélioration des indicateurs macroéconomiques et le marché automobile, les ventes devraient reprendre. Les entreprises vont, dans un premier temps, renouveler leur flotte. Dans un second temps, si le chômage baisse, les particuliers vont racheter des véhicules. » Que le marché progresse de 1 % à 4 %, l’Europe ne renouera pas avant l’année 2020 avec un niveau de 16 millions d’immatriculations, celui enregistré avant la crise de 2007. « Nous sommes dans un scénario de croissance molle, indique M. Petizon. Nous ne sommes pas à l’abri d’une bonne surprise, avec la chute à la fois de l’euro et du pétrole, ainsi que la persistance du crédit très abordable, mais il faudra encore attendre pour voir un décollage du marché. » Pour l’instant, le marché européen se redresse grâce à la croissance du marché britannique (9,3 % de croissance en 2014), portée par les taux de crédit très bas, ainsi qu’au rétablissement des marchés étrillés par la crise comme l’Espagne (18,4 %), l’Irlande (29,6 %), le Portugal (34,8 %) ou la Grèce (21,3 %). « Tous ces marchés reviennent de très très loin, rappelle Denis Martin, chargé de la zone Europe chez PSA. Si le marché espagnol se redresse, il faut se méfier, car il est aidé par une prime à l’achat… Pour l’instant, le vent de la reprise se fait sérieusement attendre. » REPRISE DES GAINSMalgré la faiblesse du marché, la majorité des constructeurs ont renoué avec les bénéfices sur le Vieux Continent. « Depuis 2007, la région Europe n’avait pas été rentable pour PSA sauf sur l’année 2010, qui avait été marquée par les primes à la casse », rappelait récemment Jean-Baptiste de Chatillon, le directeur financier de PSA. Volkswagen et Renault dégagent également des profits en Europe.Fiat a retrouvé les bénéfices opérationnels sur la zone au dernier trimestre 2014 et s’attend à une sérieuse reprise de ses gains en 2015. « En limitant au maximum les lancements de nouveaux modèles, et donc les frais afférents, Fiat a fait d’importantes économies. Heureusement qu’il est dans le vert en Europe ! En attendant, il n’a rien à offrir en concession, mise à part son dernier dérivé de la Fiat 500, le 500 X », commente Bertrand Rakoto, du cabinet D3 Intelligence.Seuls les constructeurs américains continuent à essuyer de lourdes pertes en Europe, qui inclut, selon leur comptabilité, la Russie, actuellement en pleine déconfiture. Ford a affiché 900 millions d’euros de pertes, en baisse d’un demi-milliard, tandis que General Motors, et sa filiale locale Opel-Vauxhall, ont encore accumulé dans la zone 1,2 milliard d’euros de pertes en 2014, contre 900 millions un an plus tôt.« Les constructeurs ont renoué avec les bénéfices pour deux raisons principales, souligne M. Petizon. Tout d’abord, les nouveaux véhicules mis en vente ont rencontré du succès, à l’image des Captur de Renault, de la 2008 ou de la 308 de Peugeot… Comme cela fonctionne bien, et qu’en plus c’est plus rentable, les constructeurs gagnent de l’argent. Ensuite, ils ont également bénéficié de leurs efforts de restructuration. »AUGMENTATION DES VOLUMESAprès les fermetures d’usines (Aulnay-sous-Bois en région parisienne, Bochum en Allemagne, etc.) ou de lignes de production sur certains sites, les groupes ont baissé leur capacité de production tout en augmentant les volumes produits. Selon le cabinet Inovev, la production automobile européenne a augmenté de 3,6 % en 2014 par rapport à 2013, à 16,20 millions de véhicules particuliers et utilitaires.Mécaniquement, le taux d’utilisation des usines est remonté. Et les pertes chroniques ont été en partie effacées. Désormais, « à chaque frémissement du marché, les constructeurs réussissent à gagner de l’argent. Ils ont tellement serré les coûts, qu’ils profitent désormais de la moindre brise », constate M. Petizon.Et cette reprise en permet une autre, encore très modeste, celle de l’emploi. En Italie, Fiat devrait recruter 1 500 personnes cette année pour son site de Melfi (dans la province italienne de Potenza), qui assemble la Jeep Renegade et le 500 X. En février, Renault a annoncé l’embauche de 1 000 personnes pour ses usines françaises et ses services d’ingénierie, tandis que Ford étoffe ses équipes pour accélérer les cadences de production. De bon augure.Philippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) L’excédent commercial de la Chine a atteint un niveau record en février 2015, sous l’effet de l’amélioration de la demande de ses grands partenaires et de la chute du prix du pétrole, mais aussi du ralentissement de la consommation nationale.Le surplus du commerce extérieur de « l’atelier du monde » a atteint 60,6 milliards de dollars (55,8 milliards d’euros) au deuxième mois de l’année, selon les données publiées, dimanche 8 mars, par les douanes chinoises.Les exportations de la Chine ont bondi de 48,9 % en février par rapport au même mois l’année précédente, pour atteindre 169 milliards de dollars, et ce alors qu’elles avaient subi une contraction de 3,2 % en janvier.Effet de calendrierCette progression est d’abord liée au calendrier. Le Nouvel An lunaire tombait le 19 février cette année, de sorte que les usines chinoises ont fortement travaillé en amont de la semaine de congés, pendant laquelle l’économie tourne au ralenti, tandis que cette fête avait eu lieu à la fin du mois de janvier l’an dernier.Même malgré cet effet de base, les ventes de la Chine au reste du monde enregistrent une réelle progression : elles gagnent 15 % sur les mois de janvier et février cumulés. La reprise en Amérique est une source de demande majeure, les livraisons de la Chine vers les Etats-Unis progressant de 21 % sur les deux premiers mois de l’année. Elles gagnent 13 % à destination de l’Europe.« Les exportations continuent d’apporter un soutien bienvenu à la croissance, à l’heure où la demande intérieure est morose », constate Louis Kuijs, économiste de la Royal Bank of Scotland sur la Chine, dans une note rédigée dimanche.Car les importations de la Chine baissent de 20,5 % en février sur un an, confirmant la tendance, après les 19,9 % de chute relevés en janvier. La baisse du cours du baril de pétrole ces derniers mois est un facteur explicatif important, mais il n’est pas le seul.Demance intérieure affaiblieLa demande intérieure chinoise est réellement affectée par le ralentissement de la croissance. Après avoir constaté une progression de 7,4 % du produit intérieur brut (PIB) de la deuxième économie de la planète sur l’ensemble de l’année 2014, en deçà de l’objectif établi, les dirigeants chinois ont annoncé, jeudi 5 mars, qu’ils visaient environ 7 % de croissance pour l’économie chinoise en 2015.Parmi les objectifs présentés lors de la session annuelle de l’Assemblée nationale populaire, actuellement en cours, le premier ministre, Li Keqiang, a également précisé que la Chine tablait sur une croissance de 6 % de son commerce extérieur cette année.L’objectif d’une progression de 7 % du volume cumulé des importations et exportations n’avait pas été atteint en 2014, les échanges de la Chine avec le reste du monde ne gagnant que 3,4 % sur l’ensemble de l’année.Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.03.2015 à 10h50 • Mis à jour le08.03.2015 à 18h29 Au lendemain de l'arrestation, samedi 7 mars, de deux suspects dans l'assassinat de Boris Nemtsov, les services chargés de l'enquête ont annoncé qu'ils avaient maintenant arrêté un total de cinq personnes.Elles ont été présentées dimanche au tribunal, où l'une d'entre elles, Zaour Dadaïev, a avoué avoir participé au meurtre, a annoncé la juge Natalia Mouchnikova. Elle a décidé de le placer en détention jusqu'au 28 avril. Trois des quatre autres suspects se sont déclarés non coupables.Lire l'éditorial du Monde : Boris Nemtsov victime d'un climat de haineL'arrestation de Zaour Dadaïev avec Anzor Goubachev avait été annoncée samedi par le service fédéral de sécurité russe (FSB). Selon l'agence publique RIA Novosti, Dadaïev était le chef adjoint d'un bataillon de la police tchétchène, tandis que Goubachev travaillait pour une société privée de sécurité à Moscou.Dimanche matin, un porte-parole de la commission d'enquête avait fait savoir que trois autres suspects avaient été arrêtés.Lire : Meurtre de Boris Nemtsov : les faits et les hypothèsesCes arrestations arrivent un peu plus d'une semaine après l'assassinat de l'opposant russe, abattu de quatre balles dans le dos le 27 février au pied du Kremlin. Quant au motif de cet assassinat, les hypothèses sont nombreuses, les alliés de Nemtsov y voyant la main du Kremlin et des services spéciaux russes tandis que le président Vladimir Poutine parlait de « provocation » destinée à déstabiliser le pays.Les enquêteurs disaient en début de semaine n'écarter aucune piste, envisageant tout aussi bien celle des islamistes pour le soutien de Boris Nemtsov à l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo, que celle de nationalistes russes mécontents de sa critique du rôle de la Russie dans la crise ukrainienne. Lire le portrait (en édition abonnés) : Boris Nemtsov, du jeune ministre réformateur d’Eltsine au critique virulent de Poutine Anthony Hernandez Pour Renaud Lavillenie, le grand frisson de son quatrième titre européen en salle consécutif, décroché samedi 7 mars à Prague, aura finalement eu lieu la veille en qualifications. Passé proche d'un zéro pointé à 5,70 m, le recordman du monde s'en était sorti in extremis au troisième essai.Samedi après-midi, il n'a pas manqué son entrée en matière lors de la finale. Juste après avoir écouté La Marseillaise au garde-à-vous, en l'honneur des trois hurdlers tricolores, auteurs vendredi d'un triplé inédit sur 60 m haies, Renaud Lavillenie a pris la tête du concours une première fois à 5,75 m. Ils ont été deux à pouvoir lui répondre à 5,80 m : le Russe Gripich et le Polonais Lisek. Une réponse de courte durée puisqu'un deuxième saut à 5,90 m a suffi au perchiste français.Lors de ces 33es championnats d'Europe en salle, Lavillenie a donc franchi une quatorzième fois la barre mythique des 6 mètres pour s'imposer avec un saut à 6,04 m. Il a échoué par trois fois à battre son propre record du monde à 6,17 m. Même s'il a été dépossédé l'an passé de son record, Sergueï Bubka a encore de la marge. C'est à 44 reprises que le « Tsar » a lui survolé les 6 mètres.En République tchèque, en l'absence des sauteurs en hauteur Bohdan Bondarenko et Ivan Ukhov ou bien encore des sprinteurs Christophe Lemaitre ou James Dasaolu, Renaud Lavillenie tient lieu d'incontestable vedette. Insatiable, l'athlète de l'année 2014, une première française, ne refuse jamais une compétition et l'occasion offerte d'agrandir son palmarès. Ainsi, il compte désormais douze médailles européennes, mondiales et olympique, dont neuf en or. Depuis ses premiers championnats d'Europe en 2009 à Turin, le licencié de Clermont n'a jamais été battu dans cette compétition, que cela soit en plein air ou en indoor (7 titres). « Je veux faire grandir ma collection de médailles. Je ne suis pas quelqu'un qui s'entraîne pour s'entraîner. J'aime la compétition. Et je ne veux rien laisser à mes adversaires », déclarait-il avant le début des épreuves. >> Lire : « L'égoïsme est nécessaire pour réussir »Alors qu'on l'espère à chaque sortie capable de battre son propre record du monde (6,16 m), Renaud Lavillenie s'apprête à relever un autre grand défi cette année. En août à Pékin, lors des Mondiaux en plein air, il tentera de remporter le seul titre qui se refuse encore à lui. Plus fort que jamais, le Français voudra conjurer le mauvais sort. En effet, par trois fois, à Berlin (2009), à Daegu (2011) et à Moscou (2013), la consécration mondiale s'est déjà dérobée. Un peu plus tôt dans l'après-midi, la spécialiste du saut en longueur Eloyse Lesueur n'a pas réussi de miracle. La double championne d'Europe a encore du travail devant elle pour arriver à maîtriser sa nouvelle technique : le double ciseau. Avec un bond à 6,73 m, elle ne prend que la cinquième place d'un concours remporté par la Serbe Ivana Spanovic (6,98 m).Dans l'épreuve du 400 m féminin, la Française Marie Gayot a pris la cinquième place d'une course remportée par l'Ukrainienne Pyhyda. Le 400 m masculin a, lui, été survolé par le favori du public, le Tchèque Pavel Maslak. Le champion du monde en salle de la distance a relégué le Belge Dylan Borlée, son dauphin, à plus d'une seconde (45 s 24 contre 46 s 72).Anthony HernandezJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.03.2015 à 09h48 • Mis à jour le08.03.2015 à 18h04 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Grèce, acte cinq. Mêmes acteurs. Et mêmes revendications des différents protagonistes. Ou presque. Lundi 9 mars, les ministres des finances de la zone euro (l’Eurogroupe) se réunissent une nouvelle fois (la cinquième depuis le 11 février), à Bruxelles. Et, à cette occasion, le bras de fer entre le gouvernement grec et ses créanciers devrait reprendre. De plus belle.Quand le premier, financièrement aux abois, continue de réclamer que l’on desserre « la corde autour de [son] cou », comme l’a dit, vendredi 6 mars, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, c’est-à-dire qu’on lui consente, temporairement, des aides financières, les seconds rétorquent : les réformes, d’abord les réformes… Celles sur lesquelles le premier ministre grec et son ministre des finances, Yanis Varoufakis, ont accepté de s’engager, le 21 février, en échange d’une extension de quatre mois du deuxième plan d’aide au pays.Dimanche, M. Varoufakis a encore fait monter la pression, en évoquant la possibilité de nouvelles élections, voire d'un référendum sur un accord sur la dette : si les ministres de la zone euro n'acceptent pas les principales réformes proposées par la Grèce pour débloquer la prochaine tranche de l'aide dont elle a cruellement besoin, « il pourrait y avoir des problèmes », a averti M. Varoufakis dans un entretien publié par le Corriere della Serra.« Nous pouvons revenir à des élections. Organiser un référendum, a-t-il déclaré. Comme me l'a dit notre Premier ministre, nous ne sommes pas encore collés à nos sièges. »TRÊVE DE COURTE DURÉEEn définitive, la trêve aura été de très courte durée après l’accord de principe arraché lors de l’Eurogroupe du 21 février – et validé le 24 février – au bout de trois semaines de psychodrame. Les négociations entre le gouvernement de M. Tsipras et le reste de la zone euro sur les conditions de l’aide financière à la Grèce ont recommencé ces derniers jours. Lors de la réunion de lundi, la question centrale sera la suivante : quelles mesures mettre sur les rails, comment les financer, sachant que l’Eurogroupe exige que, globalement, elles ne grèvent pas les finances publiques grecques ?Vendredi 6 mars, M. Varoufakis a fait parvenir à Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, une première liste de sept réformes. Un paquet d’aides pour les foyers grecs les plus démunis (rétablissement de l’électricité, accès aux soins, etc.), une mesure visant à augmenter les recettes de l’Etat par l’allocation de licences à des sites de paris en ligne, un projet d’amnistie fiscale pour régler en partie le problème des énormes arriérés d’impôts (76 milliards d’euros)…M. Varoufakis fait même une proposition inattendue pour lutter contre la fraude à la TVA. A en croire la version de sa lettre publiée in extenso par le Financial Times, il s’agirait de former des agents du fisc amateurs pour des missions ponctuelles, y compris en recrutant des touristes traquant en caméra cachée les commerçants…« Le président de l'Eurogroupe a adressé [vendredi] en fin de soirée une lettre en réponse au ministre des Finances Varoufakis, a dit le responsable à Athènes. Il a répondu favorablement au ministre grec, soulignant la nécessité de poursuivre les négociations. »PAS DE CHANGEMENT DE MÉTHODECes propositions vont dans le sens de ce que demande la zone euro, qui considère prioritaire une réforme fiscale pour mettre fin à des années d’impéritie des gouvernements grecs en la matière, et de faire entrer de manière substantielle l’impôt dans les caisses de l’Etat. Pourtant, elles ne devraient pas être discutées formellement en Eurogroupe, lundi. « Cela doit d’abord être discuté avec les institutions », expliquent plusieurs sources européennes.De fait, les créanciers de la Grèce (Banque centrale européenne, Commission européenne, Fonds monétaire international) ont fait une concession sémantique au gouvernement Tsipras, en acceptant d’abandonner le terme de « troïka », l’équipe d’inspecteurs qui les représente et qui, depuis 2010, négocie pied à pied avec les politiques grecs. A Bruxelles, on ne parle plus que des « institutions ».Mais les Européens n’ont pas cédé sur la méthode : les réformes grecques doivent d’abord être négociées entre Athènes et les « institutions », avant d’être validées au niveau politique, en Eurogroupe. Or, Syriza n’a cessé, ces derniers mois, de dénoncer les méthodes de la « troïka » et ses technocrates sans légitimité démocratique. « Nous voulons que les techniciens discutent avec les techniciens et les politiques avec les politiques », indique une source diplomatique grecque à Bruxelles.Du coup, ces derniers jours, si les contacts ont été intenses, les négociations n’ont à proprement parler pas commencé dans le format « institutions », avec les représentants de la BCE, de Bruxelles et du FMI. « Les Grecs semblent vouloir s’écarter des niveaux techniques pour revenir au politique mais le message va demeurer, lundi, qu’il faut travailler avec l’Eurogroupe et les institutions », ajoute une autre source diplomatique européenne.6 MILLIARDS D’EUROS À REMBOURSER EN UN MOISAutre point de friction : les besoins financiers de la Grèce. Le pays a annoncé, vendredi, avoir remboursé un prêt de 310 millions d’euros au FMI. En ajoutant les besoins de fonctionnement de l’Etat et un autre remboursement au FMI de 1,5 milliard, ce sont près de 6 milliards d’euros qu’Athènes va devoir décaisser au total en mars. Une somme considérable pour un pays financièrement fragile.Le gouvernement Tsipras espérait beaucoup de la BCE, qui a suspendu, début février, un des deux canaux de financement des banques grecques, quand Athènes refusait encore le principe de l’extension du deuxième plan d’aide. Mais jeudi 5 mars, l’institution n’a pas donné suite à ses demandes : Athènes doit d’abord se mettre d’accord sur son programme de réformes avec ses créanciers.Même message, pour l’instant intransigeant, des Européens : la Grèce ne peut espérer toucher par anticipation la dernière tranche du deuxième plan d’aide (un peu plus de 7 milliards d’euros) que si elle avance concrètement sur les réformes. Quant à l’ouverture d’une discussion le plus vite possible, comme demandé par M. Varoufakis, sur un troisième plan d’aide à la Grèce, elle n’est pas non plus au menu de lundi. « On parle de la conclusion du deuxième plan uniquement », précisent des sources à Bruxelles. « Si nous sortons de l’Eurogroupe, lundi soir, avec un engagement sans ambiguïté à poursuivre le travail, ce sera déjà bien », relevait, très prudente, une source européenne vendredi. « Il est très important que cet Eurogroupe soit un succès, nous y travaillons tous », a reconnu le gouverneur de la Banque de Grèce, Yannis Stournaras.M. JUNCKER À LA RECHERCHE D’UN COMPROMISEst-on à nouveau parti pour des semaines de tensions maximales entre Athènes, Berlin et les autres capitales ? Côté Européens, la question est de savoir si Athènes va vouloir, ou va pouvoir, se conformer aux exigences de ses créanciers. « Tsipras n’a pas été élu pour faire les réformes que les Européens exigent de lui », constatent, lucides, des sources diplomatiques à Bruxelles.La position très dure des gouvernements conservateurs de la zone euro à l’égard de M. Tsipras, et l’attitude jugée désinvolte, voire arrogante en Eurogroupe, de M. Varoufakis, n’arrangent rien.Le fait que M. Tsipras ait sollicité Jean-Claude Juncker pour une rencontre n’est, dans ce contexte, pas innocent. Le président de la Commission européenne « a eu un nombre de fois incalculable » le premier ministre grec au téléphone, en février, selon une source bruxelloise et a beaucoup travaillé pour que l’accord du 24 février soit trouvé.« Nous devons faire attention à ce que la situation ne continue pas à se détériorer en Grèce. Ce qui m'inquiète, c'est que tout le monde n'a pas encore compris, au sein de l'Union européenne, le sérieux de la situation en Grèce », a prévenu M. Juncker, dans un entretien au journal allemand Die Welt, paru dimanche.M. Juncker travaille à la recherche d’un compromis, mais ne veut surtout pas donner l’impression d’interférer avec le travail de l’Eurogroupe. Le rendez-vous aura lieu, mais pas avant lundi. Plus probablement dans les 15 jours qui suivront la réunion des ministres.Chypre au menu de l’EurogroupeIl sera aussi question de Chypre à l’Eurogroupe, lundi 9 mars. Comme la Grèce, ce pays fait encore partie des pays sous « programme », ayant été secouru par l’Eurozone, à hauteur de 10 milliards d’euros, à partir de 2013. Les ministres des finances des dix-neuf pays de la zone euro recevront des informations actualisées sur le sixième examen, toujours en cours, par la « troïka », des créanciers du pays – Commission de Bruxelles, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international –, de l’application des réformes demandées en échange de l’aide. Il est prévu la mise en œuvre d’un cadre légal des saisies immobilières pour les emprunteurs ne pouvant rembourser leur prêt, afin que les banques puissent gérer leurs créances douteuses et améliorer leurs conditions de prêt en faveur de l’économie réelle. Mais cela fait des mois que le gouvernement de coalition, à Nicosie, refuse de mettre en place cette mesure impopulaire.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anthony Hernandez On attendait le sacre de Dimitri Bascou et c'est finalement son compatriote Pascal Martinot-Lagarde qui s'est montré le plus rapide en finale du 60 m haies vendredi 6 mars à Prague. Grâce à la troisième place du dernier Français, le jeune Wilhem Belocian (19 ans), l'équipe de France réalise un triplé inédit dans cette épreuve. En 2014, les tricolores Pascal Martinot-Lagarde et Garfield Darien avaient pris la deuxième et la troisième place des Mondiaux en salle de Sopot.Avant cette première française, seules deux nations européennes avaient réussi un doublé sur 60 m haies : les Pays-Bas, en 2007, à Birmingham (Gregory Sedoc et Marcel van der Westen), et la Lettonie, en 1996, à Stockholm (Igors Kazanovs et Guntis Peders). En 1973 et en 1983, les hurdlers de la RDA avaient occupé à deux reprises la première et la troisième place du podium. Au niveau mondial, les Etats-Unis ont réussi à deux reprises à glisser deux athlètes sur le podium : en 1995 (or pour Allen Johnson et argent pour Courtney Hawkins) et en 2006 (or pour Terrence Trammell et bronze pour Dominique Arnold).>> Lire : Lavillenie en vedette, les Russes attendus au tournantA Zurich, lors des derniers championnats d'Europe en plein air (août 2014), Dimitri Bascou avait d'abord exulté, pensant décrocher sa première médaille européenne, le bronze du 110 m haies. Puis, alors que cette soirée au Letzigrund avait déjà donné son lot de rebondissements avec la disqualification de Mahiedine Mekhissi pour cause de strip-tease intempestif, le hurdler avait lui aussi été déclassé pour avoir marché dans le couloir de son voisin. Une cause bien plus fréquente en athlétisme. C'est finalement le grand favori, Pascal Martinot-Lagarde, qui avait récupéré la médaille de bronze.Dans l'enceinte bien remplie de l'O2 Arena de Prague, malgré une saison hivernale compliquée, c'est le détenteur du record de France du 110 m haies, Pascal Martinot-Lagarde, qui parvient enfin à décrocher l'or d'une grande compétition. Traditionnellement handicapé en salle par son départ moyen, le licencié de Montgeron a confirmé son potentiel.>> Lire aussi : Pascal Martinot-Lagarde, dépasser les obstaclesDimitri Bascou, deuxième meilleur performeur mondial de la discipline cette année (seul le Cubain Ortega est allé plus vite, en 7 s 45), a été cette fois devancé à la régulière par son compatriote. Auteur de son meilleur temps de l'année en demi-finale (7 s 46), le Martiniquais n'a pas craqué totalement mais a cédé sous la pression de Martinot-Lagarde, auteur de son meilleur chrono de l'année en finale.Né en 1987 à Schoelcher, anciennement Case-Navire, rebaptisé en 1889 du nom de Victor Schoelcher, à l'origine de l'abolition de l'esclavage en France et dans ses colonies, Dimitri Bascou peut tout de même être satisfait. A 27 ans, le licencié de Créteil n'avait jusqu'alors à son palmarès international qu'une médaille d'argent aux Jeux méditerranéens de 2009. « Belocian fera partie des très grands »Le jeune Wilhem Belocian confirme lui son immense potentiel. A seulement 19 ans, il s'offre pour sa première sélection chez les grands un premier podium. Recordman du monde junior du 60 m haies (7 s 48) et du 110 m haies (12 s 99), le Guadeloupéen a tout l'avenir devant lui. Il s'entraîne toujours sur son île natale, licencié au club du Stade lamentinois (Lamentin). Interrogée par Le Monde en février dernier, la triple championne olympique Marie-José Pérec n'avait pas tari d'éloges : « Je lui ai trouvé une bourse de 15 000 euros. J'essaie de faire de petites choses qui aident les athlètes. C'est ma propre lecture, mais je sais qu'il fera partie des très grands. » Dans les autres finales du jour, la Britannique Katarina Johnson-Thompson est passée à un souffle du record du monde du pentathlon. Pour moins d'une seconde au terme de la dernière épreuve du 800 m, elle échoue à 13 points du record détenu par l'Ukrainienne Dobrynska (5 000 contre 5 013). La Française Antoinette Nana Djimou, quadruple championne d'Europe (deux en salle, deux en plein air), ne prend que la quatrième place.Au lancer du poids, l'Allemand David Storl (21,93 m) glane une nouvelle médaille d'or, la troisième européenne. A la longueur, le Suédois Michel Torneus s'est imposé grâce à un saut à 8,30 m. Enfin, le 60 m haies féminin a été remporté par la Biélorusse Alina Talay.Anthony HernandezJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Le premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte, a déclaré, jeudi 5 mars, qu’il préférait voir des combattants néerlandais qui auraient rejoint des groupes terroristes mourir au combat plutôt que revenir au pays pour y commettre des attentats. « Si le choix se pose en ces termes, je le fais. Beaucoup de citoyens pensent comme moi », a indiqué le chef du gouvernement de coalition libéral-travailliste. Il s’exprimait à la télévision lors d’un débat préélectoral pour les élections à la Première chambre, le Sénat néerlandais, le 11 mars.M. Rutte affrontait notamment, sur cette question, le chef du parti centriste et proeuropéen D66. Le leader de cette formation, Alexander Pechtold, s’est demandé si un premier ministre pouvait s’exprimer de cette manière, quitte à heurter les familles, les enfants ou des proches des personnes concernées. De 150 à 200 Néerlandais seraient partis pour la Syrie et l’Irak. « Dans un Etat de droit, il faut souhaiter qu’ils soient jugés par un tribunal, pas qu’ils meurent dans le désert », a estimé M. Pechtold.« Mon devoir est de protéger mon pays »« Ceux qui sont là-bas apprennent à tuer, à fabriquer des bombes. S’ils voyagent et adhèrent à une organisation criminelle, ils savent ce qu’ils font. Il est crucial d’éviter qu’ils reviennent pour commettre des attentats. Mon devoir est de protéger mon pays », a répondu le dirigeant libéral.« Geert Wilders est absent ce soir mais sa pensée est présente », a répliqué M. Pechtold, dont le parti est donné comme l’un des deux grands favoris pour le scrutin provincial qui aura lieu mercredi 11 mars. L’autre est le Parti pour la liberté (PVV) de M. Wilders, qui fait traditionnellement de la lutte contre l’islam et l’immigration le principal thème de ses campagnes.Une fois élus, les dirigeants des provinces choisiront les membres de la Première Chambre, le Sénat, où la coalition actuelle n’a pas la majorité. Elle y détient 30 sièges sur 75, ce qui la force à chercher l’appui de partis d’opposition – dont D66 – pour faire adopter certains de ses projets. La situation de M. Rutte devrait s’aggraver, compte tenu de l’apparente impopularité des deux formations au pouvoir.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste David Revault d'Allonnes (Luxembourg, envoyé spécial) Le président est d’humeur badine. « Ça fait vingt-trois ans qu’il n y a pas eu de visite d’un président. Parce que c’était trop près, sans doute », tacle-t-il à l’intention de ses prédécesseurs Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, qui n’avaient pas fait le déplacement, à la différence de François Mitterrand. François Hollande se déplaçait au Luxembourg, vendredi 6 mars, sous un soleil presque printanier et dans une atmosphère d’entente totalement cordiale. Loin, très loin, des polémiques sur l’optimisation fiscale et les pratiques du Grand-Duché en la matière.Pas de vagues, donc. Dès son accueil par le grand duc et la grande duchesse, devant le palais de Luxembourg-Ville, le président a pu appliquer et constater cette aimable position en saluant les badauds agglutinés. Des Français, pour la plupart – plus de 40 000 ressortissants résident dans le pays (sur un total de 550 000 habitants) et plus de 80 000 transfrontaliers y travaillent. Et plutôt affables. « Les Français vous accueillent avec le soleil et avec le sourire. Ça change », dit l’un. « Ça fait plaisir d’avoir un président comme vous », dit l’autre. « Je suis là depuis soixante-cinq ans, c’est un petit paradis. C’est beau de vous voir comme ça », ajoute une troisième personne. Mais pas question d’évoquer d’emblée le thème du « paradis » fiscal et de répondre aux questions qui fâchent. Du moins pas avant l’entretien, en son palais, avec le grand duc.« Le Luxembourg ne bloquera rien »« Quand on a des amis, on va les voir », réitère François Hollande, un peu plus tard devant le Monument national de la solidarité, après une cérémonie d’hommage aux morts de la seconde guerre mondiale. Après avoir symboliquement trempé la pointe d’un sabre dans les flammes, le président en profite pour délivrer, pour la première fois depuis plusieurs mois, un pronostic optimiste sur l’imminence d’un retour de la croissance : « Il y a des nouvelles qui sont plutôt bonnes, mais pas encore confirmées. Ce dont nous devons nous assurer, c’est d’accompagner, amplifier, la reprise qui maintenant est là. »Pour François Hollande, « la reprise est là »Quant au premier ministre luxembourgeois, le libéral Xavier Bettel, après avoir accueilli et salué un à un tous les journalistes français, il ne tarit pas d’éloges sur son hôte du jour : « Vous êtes un grand président », lâche-t-il devant la presse, flagorneur, en référence à son action diplomatique sur le dossier ukrainien.Ce n’est qu’après un déjeuner avec M. Bettel, au château de Senningen, que la question de l’optimisation fiscale est posée, à l’occasion d’une conférence de presse commune. Le premier ministre, de bonne guerre, défend les pas accomplis par le Grand-Duché en la matière, en l’occurence l’autorisation de l’échange automatique d’informations fiscales à partir de 2017 : « Ce pays est un pays en évolution. On a décidé l’échange d’informations. C’est réducteur de croire que le Luxembourg, ce n’est que ça. La plus grosse boîte au Luxembourg, c’est Arcelor Mittal. » Et M. Bettel, qui gouverne en coalition un pays qui prendra la présidence de l’Union européenne au deuxième semestre 2015, d’assurer : « Croyez-moi, que ce soit au niveau européen ou international, le Luxembourg ne bloquera rien. »Signature de contratsSaluant ces évolutions du Grand-Duché, le président se montre sur ce point fort urbain : « Il y a eu des progrès considérables accomplis, notamment ces derniers mois, car il y a eu la volonté d’avoir, en Europe, les mêmes règles pour que la fraude puisse être effectivement combattue. » Mais M. Hollande tempère tout de même : « J’appelle le Luxembourg à aller aussi loin que possible. » Après quoi l’exercice de questions-réponses est interrompu plus vite que prévu puisque, comme le rappelle M. Bettel, « le grand duc nous attend ».L’impressionnant cortège officiel serpente sur une petite route de campagne, entre des collines verdoyantes. Direction le siège de la Société européenne des satellites (SES), pour une visite du site et la signature de deux contrats entre SES et Airbus Defense and Space, pour la réalisation d’un satellite, d’une part, et entre SES et Arianespace de l’autre, pour le lancement d’un autre engin.Après quoi le président français et les dirigeants luxembourgeois se rendent sur le site d’Esch-Belval, présenté comme un modèle de reconversion de friche industrielle en logements, entreprises et pôle universitaire. « On ne va pas parler que de fiscalité, la dimension industrielle est très importante », prévenait l’Elysée avant la visite au Luxembourg, dont plus de 30 % du PIB est constitué par le secteur financier.Ce programme a été parfaitement respecté. L’escapade présidentielle devait s’achever vendredi soir avec la traditionnelle rencontre avec la communauté française, puis le dîner offert par le couple grand-ducal au palais. Entre bons amis, et sans aucun motif de fâcherie.David Revault d'Allonnes (Luxembourg, envoyé spécial)Grand reporter au service politique. En charge de l'ElyséeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.03.2015 à 14h48 • Mis à jour le06.03.2015 à 16h24 | Anthony Hernandez Prague, envoyé spécialDevant le bâtiment imposant, deux hockeyeurs figés dans le bronze – l'un relaçant son patin, l'autre étreignant une belle patineuse — rappellent l'amour inconditionnel des Tchèques pour le hockey sur glace. De fait, l'O2 Arena de Prague, qui accueille du 6 au 8 mars les 33e Championnats d'Europe d'athlétisme en salle, est sortie de terre à l'occasion des Mondiaux de hockey en 2004. A l'époque baptisée Sazka Arena, cette salle multiusage peut, selon la configuration, accueillir 18 000 spectateurs en concert, comme celui de Madonna en 2006, 17 000 fans de crosses et de palets — l'équipe de hockey du Slavia Prague y joue toute l'année — ou bien 11 000 amateurs d'athlétisme.Jusqu'à dimanche, 643 athlètes de 49 nations europénnes — Israël est membre de l'Association européenne d'athlétisme — s'affrontent dans 26 épreuves (13 masculines et 13 féminines). Comme traditionnellement, et ce d'autant plus en année de Championnat du monde (à Pékin, du 22 au 30 août 2015), le plateau de cet Euro en salle se révèle assez peu riche en vedettes. D'une part, l'athlétisme en salle exclut des épreuves telles que le 200 mètres, le 400 mètres haies ou le relais 4 × 100 mètres, ainsi que les épreuves de fond et la quasi-totalité des lancers, à l'exception du poids. D'autre part, beaucoup des meilleurs athlètes goûtent assez peu les compétitions en salle.Vendredi, les quatre premiers titres de champion d'Europe en salle seront décernés au lancer de poids et au saut en longueur masculin ainsi qu'aux 60 mètres haies hommes et femmes. Le lancer de poids et la longueur masculines ont d'ailleurs bien mal commencé, jeudi, pour la délégation tricolore. Kafétien Gomis a échoué à se qualifier hier pour la finale avec un saut à 7,65 mètres, tandis que les lanceurs Gaëtan Bucki (19,73 m) et Tumatai Dauphin (18,95 m) ont également manqué la finale.Mais c'est au saut à la perche que Renaud Lavillenie a fait vendredi une belle frayeur au public tchèque et au clan français, qui ont bien failli être privés prématurément de la vedette de ces championnats. Le recordman du monde a échoué deux fois à 5,70 mètres avant de franchir cette barre au troisième essai et se qualifier pour la finale de samedi. Une preuve de plus que le saut à la perche reste une épreuve difficile à maîtriser. A noter que Valentin, le frère de Renaud Lavillenie, s'est également qualifié pour la finale.Lavillenie et Schippers en tête d'afficheNon, l'O2 Arena de Prague ne sera pas le lieu d'un duel au sommet entre l'Ukrainien Bonarenko et le Russe Uhkov, codétenteurs du record d'Europe du saut en hauteur avec 2,42 mètres, ni même le théâtre gêné d'un nouveau strip-tease du Français Mahiedine Mekhissi ou bien le public enthousiaste d'un dernier tour de piste dévastateur de l'imprévisible champion français. L'enceinte praguoise ne verra pas non plus les meilleurs sprinteurs européens, puisque ni les Britanniques James Dasaolu (champion d'Europe en titre du 100 m) et Harry Aikines (médaillé de bronze), ni les Français Christophe Lemaitre, toujours réticent à s'aligner sur la distance du 60 m qui ne favorise pas son départ, et Jimmy Vicaut, qui n'en finit plus de se débattre avec des problèmes de blessures, n'ont inscrit la compétition à leur programme.Une fois de plus, le Français Renaud Lavillenie sera l'indiscutable tête d'affiche de ces Championnats d'Europe en salle. Il tentera de remporter à Prague un quatrième titre d'affilée, performance inédite. L'athlète de l'année 2014 ne refuse jamais une compétition et l'occasion offerte d'agrandir son immense palmarès (11 médailles olympique, européennes et mondiales dont 8 en or) : « Je veux faire grandir ma collection de médailles. Je ne suis pas quelqu'un qui s'entraîne pour s'entraîner. J'aime la compétition. Et je ne veux rien laisser à mes adversaires. » Véritable accro aux sautoirs, il est l'un des seuls à pouvoir battre un record du monde, le sien (6,16 m). Au-dessus de la mêlée, il a déjà franchi à quatre reprises cette saison la barre des 6 mètres (6,02 m à Berlin le 14 février). Les Polonais Piotr Lisek et Robert Sobera devraient se partager les restes et en sont réduits à prier pour une éventuelle défaillance du Charentais, défaillance qui a été toute proche vendredi en qualifications.Lire : Dafne Schippers, l'heptathlète devenue reine du sprintChez les femmes, la Néerlandaise Dafne Schippers, double championne d'Europe à Zurich du 100 mètres et du 200 mètres, tentera de confirmer son statut de révélation du sprint. Ses 7 secondes 9 la placent en quatrième position des bilans mondiaux, derrière des pointures comme l'Ivoirienne Ahouré, la Jamaïcaine Burchell ou l'Américaine Bartoletta. Lors de cet Euro, l'heptathlète de formation devra se méfier de la Britannique Dina Asher-Smith et de l'Allemande Verena Sailer.Qui peut détrôner les Russes ?En 33 éditions, la Russie a remporté les dix derniers classements des médailles. A ces dix victoires consécutives, on peut ajouter 13 succès de l'URSS et un de l'équipe unifiée de l'ex-URSS en 1992. Loin derrière, les Allemands l'ont emporté onze fois mais une seule fois en tant que nation unifiée (en 1998, à Valence). La France l'a emporté une fois en 2011 à domicile à Paris-Bercy, à égalité avec les incontournables Russes. La seule autre nation à avoir triomphé de l'ultradomination russe et allemande est la Tchécoslovaquie, en 1984 à Göteborg.Lire aussi : Le rude hiver de l'athlétisme russeOui mais voilà. Si en temps normal, le classement des médailles semble promis à l'athlétisme russe, celui-ci traverse une crise sans précédent. Depuis la diffusion d'un documentaire détonant sur la chaîne allemande ARD, l'omerta du dopage a volé en éclats. Le président de la fédération russe, Valentin Balakhnichev, a démissionné, et l'entraîneur en chef Valentin Maslakov a été limogé. Avec une délégation privée de nombreuses têtes d'affiche, la France ne semble en tout cas pas en mesure d'en profiter. Les chances françaisesEn dehors du cas particulier Lavillenie, les principales chances tricolores se portent sur la championne du monde en salle et la double championne d'Europe, Eloyse Lesueur, tentera de maîtriser sa nouvelle technique du double ciseau pour remporter un nouveau titre au saut en longueur. Au pentathlon, Antoinette Nana-Djimou ne devrait pas être loin d'un nouveau podium européen (déjà 2 en salle). Au 400 m et au 4 × 400 m, Marie Gayot et Floria Gueï auront leur mot à dire même si la Britannique Bundy-Davies paraît au-dessus du lot. Vendredi matin, les deux Françaises se sont qualifiées pour les demi-finales de l'après-midi grâce respectivement au premier et au quatrième chronos.Lire aussi : Floria Gueï, seule en pisteDans l'épreuve du 60 mètres haies, toujours très appréciée des Français, Dimitri Bascou possède une belle marge sur ses adversaires européens (7 s 48). Derrière, à quelques centièmes, c'est son jeune compatriote Wilhem Belocian, recordman du monde junior du 60 m haies et du 110 m haies, qui tient la corde avec un chrono de 7 s 53 réalisé à Aubière lors des derniers Championnats de France en salle. Plus loin, le recordman français du 110 m haies, Pascal Martinot-Lagarde, plus en difficulté sur le 60 m haies, peut tout à fait se mêler à la lutte pour le podium. Vendredi matin, les trois hurdlers ont tous rejoint les demi-finales et pourquoi ne pas rêver à 18 h 55 d'un triplé français en finale. Maslak et Hejnoa, la relève d'un athlétisme tchèque au riche passéL'athlétisme tchèque — et son devancier tchécoslovaque — reste l'une des valeurs sûres du continent européen. S'il n'a plus vraiment son lustre d'antan, les immenses champions tchèques ne manquent pas : le coureur Emil Zatopek, la locomotive tchèque aux quatre titres olympiques (1948 à 1952), le lanceur de javelot Jan Zelezny, toujours détenteur du record du monde de la spécialité (98,48 m en 1996), la coureuse double championne du monde Jarmila Kratochvilova, détentrice du record du monde du 800 m depuis… 1983 (1 min 53 s 28), ainsi que plus près de nous les décathloniens Tomas Dvorak (triple champion du monde de 1997 à 2001) et Roman Sebrle (champion olympique en 2004 et champion du monde en 2007).Cette année à Prague, les deux leaders de l'athlétisme tchèque se nomment Pavel Maslak et Zuzana Hejnova. Le premier est champion d'Europe et du monde en salle du 400 m (2014 à Sopot), la seconde est championne du monde du 400 m haies (2013 à Moscou). En tête des bilans européens, une seconde d'avance sur le deuxième, le Polonais Zalewski, Pavel Maslak n'a pas caché sa confiance en lui : « Ce n'est jamais une obligation de gagner mais je suis assez confiant, explique-t-il au Monde. Je pense qu'il ne devrait pas être difficile de défendre mon titre acquis à Göteborg en 2013, parce que la plupart de mes concurrents ne courent pas en salle. Au-delà de ça, j'aimerais bien montrer quelque chose de spécial ici devant mon public et ma famille qui vont me supporter. »Pour Zuzana Hejnova, les choses sont bien différentes. En l'absence de son épreuve fétiche au programme de la compétition, la championne de 400 mètres haies s'alignera sur 800 mètres et sur le relais 4 × 400 mètres. Elle ne cache pas au Monde que sa participation est due à la perspective de courir à domicile : « Je pense que je n'aurais pas fait la saison indoor si les championnats ne s'étaient pas déroulés en République tchèque. C'est une grande motivation. M'aligner sur 800 m est simplement une expérience, et je n'attends pas de résultats particuliers. » Zuzana Hejnova a déjà les yeux tournés vers les Mondiaux de Pékin et surtout vers Rio en 2016 : « Je me concentre sur la défense de mon titre mondial cette année mais définitivement les JO sont mon objectif principal désormais. »Anthony HernandezJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.03.2015 à 11h23 La Grèce a remboursé la première tranche, d'un montant de 310 millions d'euros, d'un prêt du Fonds monétaire international (FMI) arrivant à échéance ce mois-ci, a-t-on appris vendredi 6 février de source gouvernementale.L'Etat grec a ainsi honoré l'une des premières échéances d'un calendrier financier nourri : au total, il est censé payer 1,5 milliard d'euros au FMI d'ici à la fin du mois de mars. Mais Athènes connaît semble-t-il des difficultés pour honorer ses obligations financières, très lourdes ce mois-ci, à hauteur de 6 milliards d'euros.la bce ferme face à athènesLe premier ministre grec, Alexis Tsipras, souhaite rencontrer le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, la semaine prochaine, après les propos fermes de la Banque centrale européenne (BCE) jeudi sur l'aide qu'elle apporte au pays.Vendredi matin, le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung rapporte que M. Tsipras avait demandé rendez-vous à M. Juncker pour ce vendredi, mais que cela n'avait pas été possible.La Grèce aurait souhaité que la BCE élève le plafond des rachats de bons du Trésor par les banques grecques, mais l'institution n'a pas donné suite à cette demande. Jeudi, le président de la BCE, Mario Draghi, a conditionné une aide supplémentaire à la réalisation des réformes promises par le gouvernement de M. Tsipras.De premières réformes devraient être présentées lundi par le ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, à ses homologues de l'Eurogroupe. « Il est très important que cet Eurogroupe soit un succès, nous y travaillons tous », a expliqué le gouverneur de la Banque de Grèce, Yannis Stournaras, vendredi à l'issue d'une rencontre avec M. Tsipras. Claire Guélaud L’euro est passé, jeudi 5 mars, sous 1,10 dollar, pour la première fois depuis septembre 2003. Pour Patrick Artus, économiste en chef de Natixis, cette dépréciation est une bonne nouvelle pour l’industrie française. A une condition toutefois : que cette baisse ne soit pas trop rapide.L’euro au plus bas depuis 2003 face au dollarLa baisse de l’euro face au dollar est-elle une bonne nouvelle pour la France ?L’effet net de la dépréciation de l’euro sera positif pour l’économie française, car, compte tenu du niveau de gamme de nos produits, nos exportations sont sensibles à la variation des prix. Nous gagnerons plus en exportant davantage que ce que nous allons perdre avec des importations renchéries.Néanmoins, il ne faut pas surestimer l’importance du gain lié à la baisse de l’euro. Prenons un exemple : depuis l’été 2014, le prix du baril de pétrole en dollars est passé d’environ 115 à 60 dollars (104 à 54 euros), l’euro était ramené de 1,40 à 1,10 dollar. A ce niveau-là, on a perdu avec la dépréciation de l’euro la moitié du gain que nous avons enregistré sur le prix du pétrole en dollars.A qui profite l’euro faible ?La dépréciation de l’euro entraîne des transferts massifs. C’est un bon point pour l’industrie qui va regagner des parts de marché. C’est un mauvais point pour les ménages qui vont, par exemple, payer plus cher leur énergie, ou pour l’ensemble des acheteurs de matières premières.Compte tenu de l’état de l’économie française et de ses fragilités, c’est plutôt une bonne chose de soutenir l’industrie.Jusqu’où l’euro peut-il baisser ? Jusqu’où ce recul est-il souhaitable ?Je ne suis pas sûr que l’on puisse poser la question en ces termes. Plus que la question du niveau de la monnaie unique par rapport au dollar, c’est celle de la rapidité de sa dépréciation qui importe.En règle générale, on estime qu’un gain de compétitivité de 10 % – une dépréciation de l’euro d’autant – conduit à une augmentation des exportations de 7 %. Mais encore faut-il pour cela que l’industrie ait les capacités de production suffisantes pour vendre à l’export. Une baisse extrêmement rapide ne serait pas une bonne chose, car l’industrie n’aurait probablement pas les moyens d’y répondre faute d’avoir investi suffisamment ces dernières années.En fin de compte, qu’est-ce qui fait baisser l’euro ? La Banque centrale européenne s’apprête à injecter des liquidités avec son programme d’assouplissement quantitatif (quantitative easing ou QE) à partir du 9 mars. Les rachats de dettes publiques et privées vont conduire à la baisse des taux d’intérêt qui seront proches de zéro ou négatifs.La BCE donne le coup d’envoi à ses rachats de dettesCela va inciter les investisseurs en obligations à se tourner vers les obligations étrangères. Cette sortie attendue de capitaux fera baisser l’euro. Parallèllement, le QE devrait aussi faire monter les actions. Autrement dit, l’euro ne baisse que si les sorties de capitaux en obligations étrangères dépassent les entrées de capitaux liées à la hausse des actions. C’est ce que l’on a constaté au Japon. En revanche, au Royaume-Uni, en 2012, la livre sterling s’est appréciée. Il est donc assez difficile de dire quels seront les effets du programme lancé par Mario Draghi, le président de la BCE.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.03.2015 à 13h48 • Mis à jour le01.03.2015 à 18h52 Des dizaines de milliers de manifestants – 70 000 selon les organisateurs ; 16 000 selon la police – ont manifesté dimanche 1er mars dans le centre de Moscou en hommage à Boris Nemtsov, l'opposant et ancien vice-premier ministre russe assassiné à quelques mètres du palais présidentiel dans la nuit de vendredi à samedi.Par son ampleur, ce rassemblement dépasse largement le nombre de manifestants habituels de l'opposition ces derniers temps et rappelle les grandes manifestations organisées en 2011 et 2012 contre Vladimir Poutine. Une partie des manifestants ne pouvait toujours pas participer à la marche en milieu d'après-midi, les sorties du métro au point de rassemblement étant quasiment bloquées par une foule compacte.On pouvait lire sur les pancartes tenues par les manifestants à Moscou « Il est mort pour l'avenir de la Russie », « Je n'ai pas peur » ou « Il s'est battu pour une Russie libre », selon des journalistes sur place. Parmi les autres slogans, certains font référence aux manifestants ukrainiens du soulèvement de Maïdan, à Kiev en février 2014, tel « Les héros ne meurent jamais ».#Moscou, foule monstre pour #Nemstov http://t.co/OYR3Hn7HTf— Mandraud Isabelle (@mandraud)require(["twitter/widgets"]);Des milliers de manifestants à #Moscou brandissent le portrait de #Nemstov http://t.co/zsyqwczLMc— Mandraud Isabelle (@mandraud)require(["twitter/widgets"]);Manifestation en mémoire de #Nemtsov, #Moscou http://t.co/JSIhLCKLaR— Mandraud Isabelle (@mandraud)require(["twitter/widgets"]);A Saint-Pétersbourg, la deuxième ville du pays, plus de 6 000 personnes se sont également rassemblées pour honorer la mémoire de Nemtsov, selon la police.Des centaines de personnes ont également rendu hommage à Boris Nemtsov en province, notamment à Ekaterinbourg, dans l'Oural, et Tomsk, en Sibérie. Quelques heures avant d'être assassiné, M. Nemtsov, avait appelé, sur les ondes de la radio Echo de Moscou, à manifester dimanche dans la capitale contre « l'agression de Vladimir Poutine » en Ukraine.Lire : La mort de Nemtsov allonge la liste des assassinats politiques en RussieDéfilé à ParisA Paris, quelques dizaines de personnes ont défilé à l'appel de l'association Russie Libertés pour réclamer une enquête internationale indépendante pour retrouver « responsables » et « coommanditaires » de l'assassinat.Dès samedi, des milliers de Russes ont déposé des bouquets de fleurs et allumé des bougies sur le pont de Moscou où Boris Nemtsov a été assassiné. « C'est un coup dur pour la Russie. Si les opinions politiques sont sanctionnées de cette manière, alors ce pays n'a plus d'avenir », a dit Sergueï Mitrokhine, un responsable de l'opposition, qui croit à l'assassinat politique.Le Kremlin croit à une machinationLes enquêteurs, eux, ne semblent pas embrasser cette piste sérieusement, évoquant, pêle-mêle, un meurtre lié à ses opinions sur l'Ukraine venu d'« éléments radicaux » de la population, la piste islamiste en raison de son soutien affiché à Charlie Hebdo ou encore celle d'un règlement de comptes privé. Surtout, le Kremlin, par la voix de Vladimir Poutine, qui a condamné un meurtre « lâche et cynique », croit y voir une machination destinée à déstabiliser le pouvoir.Lire : Meurtre de Boris Nemtsov : les faits et les hypothèsesDmitri Peskov, porte-parole du président de la Russie, a rapporté que Vladimir Poutine a déclaré que cet « assassinat brutal portait les marques d'un meurtre commandité et avait tout d'une provocation ». « Manifestement, il faut que le sang coule pour que des troubles éclatent dans le centre de Moscou », a commenté Guennadi Ziouganov, le chef du Parti communiste. Ivan Melnikov, un autre responsable du Parti communiste, a estimé qu'il s'agissait d'une « provocation destinée à relancer l'hystérie antirusse à l'étranger ».« Pas par hasard », selon Petro PorochenkoPour Petro Porochenko, le président de l'Ukraine, qui accuse Moscou d'envoyer des troupes combattre avec les séparatistes dans l'est de son pays en guerre, Boris Nemtsov « était un pont entre l'Ukraine et la Russie, et ce pont a été détruit par les coups de feu d'un assassin ». « Je pense que ce n'est pas par hasard », a-t-il ajouté.Dans une interview accordée au début de février au site Internet Sobesednik.ru, Nemtsov avait avoué craindre « un peu » pour sa vie en raison de ses prises de position contre Vladimir Poutine. L'opposant avait également envisagé de demander l'asile politique en Lituanie en 2012, craignant des persécutions, avait déclaré Andrius Kubilius, ancien premier ministre lituanien. Lire (édition abonnés) : Boris Nemtsov, du jeune ministre réformateur d’Eltsine au critique virulent de PoutineUn député ukrainien arrêté à MoscouLe député ukrainien Alexeï Gontcharenko a été arrêté à Moscou par la police en marge de la marche en hommage à Boris Nemtsov. S'il portait un t-shirt à l'effigie de l'opposant, la police russe assure l'avoir interpellé pour une raison totalement distincte des récents évènements : elle l'accuse d'avoir participé à l'incendie meurtrier d'un bâtiment public à Odessa (sud de l'Ukraine) en mai 2014, qui avait entraîné la mort de 40 personnes, pour la plupart militants pro-russes. Le président du parlement ukrainien a réclamé sa libération immédiate au nom de l'immunité diplomatique des députés ukrainiens. 01.03.2015 à 06h41 • Mis à jour le01.03.2015 à 10h29 L'opposition russe avait prévu de longue date de marcher à Moscou, le 1er Mars. Seulement, le rassemblement qui devait être une manifestation anti-Poutine va se transformer en cérémonie d'hommage à Boris Nemtsov, dimanche.Le féroce adversaire du Kremlin, qui était aussi l'un des organisateurs de la marche initiale, a été assassiné à quelques mètres du palais présidentiels, vendredi soir. Quelques heures avant, il appelait à la radio les Russes à manifester contre « l'agression de Vladimir Poutine » en Ukraine. Il a reçu quatre balles dans le dos, tirées d'une voiture par un ou plusieurs individus toujours en fuite.Lire : La mort de Nemtsov allonge la liste des assassinats politiques en Russie« LIGNE ROUGE »Faute de viser le président Poutine, la marche, qui démarrera à 15 heures (13 heures en France), devra, selon Leonid Volkov, l'un des organisateurs, marquer un « moment tragique » à la hauteur de « l'ampleur de la ligne rouge que nous avons maintenant franchie » avec cet assassinat. Plusieurs dizaines de milliers de personnes y sont attendues, la ville de Moscou ayant autorisé l'événement pour une jauge de 50 000 personnes maximum. Dès samedi, des milliers de Russes ont déposé des bouquets de fleurs et allumé des bougies sur le pont de Moscou où Boris Nemtsov a été assassiné. « C'est un coup dur pour la Russie. Si les opinions politiques sont sanctionnées de cette manière alors ce pays n'a plus d'avenir », a dit Sergueï Mitrokhine, un responsable de l'opposition, qui croit à l'assassinat politique.LE KREMLIN CROIT À UNE MACHINATIONLes enquêteurs, eux, ne semblent pas embrasser cette piste sérieusement, évoquant pêle-mêle, un meurtre lié à ses opinions sur l'Ukraine venu d'« éléments radicaux » de la population, la piste islamiste en raison de son soutien affiché à Charlie Hebdo ou encore celle d'un règlement de comptes privé. Surtout, le Kremlin, par la voix de Vladmir Poutine, qui a condamné un meurtre « lâche et cynique », croit y voir une machination destinée à déstabiliser le pouvoir.Lire : Meurtre de Boris Nemtsov : les faits et les hypothèsesLe président russe a déclaré que cet « assassinat brutal portait les marques d'un meurtre commandité et avait tout d'une provocation », avait immédiatement dit son porte-parole, Dmitri Peskov. « Manifestement, il faut que le sang coule pour que des troubles éclatent dans le centre de Moscou », a commenté le chef du Parti communiste Guennadi Ziouganov. Un autre responsable du parti, Ivan Melnikov, a estimé qu'il s'agissait d'une « provocation destinée à relancer l'hystérie antirusse à l'étranger ».« PAS PAR HASARD » SELON POROCHENKOPour le président ukrainien Petro Porochenko, qui accuse Moscou d'envoyer des troupes combattre avec les séparatistes dans l'est de son pays en guerre, Boris Nemtsov « était un pont entre l'Ukraine et la Russie, et ce pont a été détruit par les coups de feu d'un assassin ». « Je pense que ce n'est pas par hasard », a-t-il ajouté.Dans une interview accordée début février au site internet Sobessedniki.ru, l'opposant avait avoué craindre « un peu » pour sa vie en raison de ses prises de position contre Vladimir Poutine. Boris Nemtsov avait également envisagé de demander l'asile politique en Lituanie en 2012, craignant des persécutions, avait déclaré Andrius Kubilius, ancien premier ministre lituanien. Lire (édition abonnés) : Boris Nemtsov, du jeune ministre réformateur d’Eltsine au critique virulent de Poutine 28.02.2015 à 20h53 • Mis à jour le01.03.2015 à 17h28 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Yasar Kemal, le plus populaire des écrivains de langue turque, est mort samedi 28 février à l’âge de 92 ans, des suites d’une grave pneumonie. Depuis le 14 janvier, le romancier était dans un état critique, maintenu sous respiration artificielle à l’hôpital de Sisli (Istanbul). Le ministre de la culture, Omer Celik, a déploré la perte d’une « grande âme ». L’ancien président Abdullah Gül a salué l’« intellectuel aux positions libres et indépendantes ». Sa dépouille sera inhumée, lundi 2 mars, au cimetière de Zincirlikuyu (Sisli) au centre d’Istanbul.Les Turcs pleurent leur romancier préféré, le chantre de l’Anatolie profonde qui, de sa plume alerte et colorée, sut si bien décrire la nature et les mœurs austères des villageois, ces grands oubliés du tournant modernisateur voulu par Kemal Atatürk dans les années 1920.Né en même temps que la République turqueAuteur de trente-cinq romans, Yasar Kemal dressa comme personne le tableau de la Turquie rurale, prise en tenaille entre la tradition et la dynamique de transformation de la société. C’est à travers son œuvre que l’intelligentsia occidentalisée allait découvrir l’autre Turquie, conservatrice et religieuse, que l’exode rural allait bientôt précipiter vers les villes.Yasar Kemal, de son vrai nom Kemal Sadık Gökçeli, est né en même temps que la République turque, en 1923, à Osmaniye, dans une famille de paysans kurdes qui avait fui, quelques années plus tôt, la région du lac de Van pour s’établir plus au Sud, dans les environs d’Adana. L’endroit, peuplé de riches propriétaires terriens et de paysans pauvres, est dominé par la chaîne des monts Taurus, qui servira de toile de fond à ses romans.Lorsque Kemal voit le jour, son père Sadi Kemal a 50 ans, sa mère, Nigar, 17 ans. A 5 ans, l’enfant perd l’œil droit. Ensuite, son père est assassiné devant lui, à la mosquée. Des années plus tard, lorsque sa mère lui demande de tuer l’assassin de son père, comme le veut la coutume. L’adolescent refuse.Premières nouvelles à 20 ansAmoureux de la vie, il compose des poèmes et n’a pas son pareil pour gratter le saz (instrument à cordes traditionnel) et imiter les bardes. La tradition orale influencera toute son œuvre par la suite.A 9 ans, le jeune Kemal entre à l’école primaire, pour deux ans seulement, car il doit subvenir aux besoins de sa mère. Il sera ramasseur de coton, gardien de nuit, employé du gaz, maçon, conducteur de tracteur, employé de bibliothèque à Adana. Cet emploi est celui qu’il préfère. Il dévore alors avec passion les auteurs de la littérature mondiale, dont Cervantes, Stendhal, Garcia Marquez. Il a 20 ans quand ses premières nouvelles sont publiées.Accusé, à la fin des années 1940, d’avoir cherché à créer un syndicat de tractoristes, il est arrêté, ses écrits sont confisqués. Lorsqu’il demande à les récupérer, le chef de la police de Kadirli (région d’Adana) lui explique qu’ils ont servi de combustible pour le poêle du commissariat.La notoriété avec « Mehmet »Accusé de « propagande communiste », il est acquitté après plusieurs mois passés en prison. Bientôt, il s’achète une machine à écrire et vivote en offrant ses services comme écrivain public. En 1951, la chance lui sourit, il est engagé par le quotidien Cumhurriyet. Ses reportages sont vite remarqués, entre autres, une série d’articles qu’il rédige sur les enfants des rues. C’est à ce moment-là qu’il prend le pseudonyme Yasar Kemal. En 1952, il épouse Thilda Serrero, une intellectuelle polyglotte qui traduira ses romans et sera emprisonnée à plusieurs reprises elle aussi.La notoriété vient en 1955, avec la publication de Mehmet le Mince. Mehmet, héros épique, est une sorte de Robin des bois, un bandit plein de panache qui défend les simples paysans des pratiques féodales de l’Aga (riche propriétaire terrien). Sous les traits de Mehmet, décliné au long d’une vaste saga publiée de 1955 à 1987, se cache l’oncle maternel de l’auteur, Mayro, un rebelle haut en couleur, tué dans un accrochage avec la police à l’âge de 25 ans.En 2003, durant un séminaire consacré à son œuvre à l’université Bilkent d’Istanbul, le romancier racontera dans quelles conditions il avait rédigé Mehmet le Mince : « Cet hiver-là fut des plus glacial à Istanbul. Je n’avais pas un sou pour m’acheter du bois de chauffage. Enroulé dans une vieille couverture, je tapais sur ma vieille machine à écrire, à laquelle manquaient pas mal de lettres. »Militant de gaucheEcrivain engagé, militant de gauche, l’homme a passé une bonne partie de sa vie dans les couloirs des tribunaux pour sa défense ou celle de ses amis. Infatigable porte-parole des laissés-pour-compte, il est condamné à de courts séjours derrière les barreaux en 1966, puis en 1971. A la fin des années 1970, las des persécutions, il s’installe en Suède, avec Thilda, pour deux ans.En 1996, il se retrouve à nouveau sur le banc des accusés. La Cour de sûreté de l’Etat le condamne à un an et huit mois de prison pour avoir dénoncé le sort des Kurdes dans un article intitulé « Le ciel noir de la Turquie ». Grâce à la mobilisation internationale, il ne les fera pas, sa peine sera commuée.Lauréat de nombreux prix, Yasar Kemal avait été pressenti à plusieurs reprises pour le Nobel de littérature, lequel sera finalement attribué en 2006 à l’écrivain stambouliote Orhan Pamuk, représentant de la Turquie « en col blanc ». Personnage réservé, presque secret, le romancier avait coutume de dire : « Je n’écris pas sur des problèmes, je n’écris pas pour un public, je n’écris pas pour moi-même, j’écris, c’est tout. »Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.02.2015 à 18h58 • Mis à jour le28.02.2015 à 19h48 Après l'Autriche et la Suède, le mouvement islamophobe Pegida, né en Allemagne, a organisé samedi 28 février son premier rassemblement au Royaume-Uni, réunissant quelque 400 personnes à Newcastle. Dans le même temps, une contre-manifestation rassemblait sous la bannière « Newcastle Uni »  près de 2 000 personnes pour dénoncer l'exportation du mouvement sur le territoire britannique.« Les deux rassemblements se sont déroulés sans problème », a indiqué Laura Young, de la police de Northumbria. Cinq personnes ont été arrêtées pour des « incidents isolés », sans que l'on sache à quelle manifestation elles participaient.« Pegida sensibilise. Nous voulons que le gouvernement prenne note et qu'il chasse les djihadistes et les extrémistes musulmans de nos rues », a déclaré dans le cortège Donna Trainor, l'une des organisatrices de Pegida UK, qui appelait sur sa page Facebook à « une manifestation pacifique où des personnes de tous horizons vont se rassembler pour s'unir contre l'islam extrémiste, rien d'autre ».Parmi les contre-manifestants figurait notamment le député d'extrême gauche George Galloway, qui assurait représenter les « millions » de Britanniques qui « condamnent l'idée qu'un groupe nazi allemand vienne dans le nord-est de l'Angleterre pour essayer de semer le trouble ».Un mouvement qui s'essoufleDepuis le 20 octobre, les rangs des manifestants du mouvement allemand Pegida (les Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident) n'avaient cessé de grossir à Dresde, ville située dans l'ancienne Allemagne de l'Est communiste, rassemblant jusqu'à 25 000 personnes le 12 janvier, après les attaques djihadistes à Paris.Mais la mobilisation s'est fortement essoufflée après la démission de Lutz Bachmann, le fondateur du mouvement, le 21 janvier, à la suite de la parution dans la presse d'une photo le montrant grimé en Adolf Hitler, et de la défection de plusieurs de ses grandes figures.Lire (édition abonnés) : En Allemagne, Pegida en voie d’autodissolutionLe retour du fondateur à la tête du mouvement, depuis le 23 février, a donné lieu à un rassemblement de 5 000 personnes à Dresde, en légère hausse par rapport aux précédentes manifestations. Des rassemblements ont également eu lieu en Suède et en Autriche, mais ont été éclipsés, comme au Royaume-Uni, par des contre-manifestations beaucoup plus importantes.Voir notre reportage : A Dresde, berceau du mouvement Pegida contre « l'islamisation de l'Europe » 28.02.2015 à 17h38 • Mis à jour le01.03.2015 à 13h34 Le harcèlement, la prison, l'exil, mais aussi la mort. Avec l'assassinat de l'ancien vice-premier ministre Boris Nemstov, dans la nuit de vendredi à samedi à Moscou, la liste des morts d'opposants au Kremlin depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine s'est encore allongée.Mis sur écoute, plusieurs fois interpellé, perquisitionné, Boris Nemstov se savait physiquement menacé ; il avait d'ailleurs confié il y a une quinzaine de jours à l'hebdomadaire Sobesednik sa peur d'être assassiné. Non sans raison : en Russie, et même à l'étranger, nombre de personnalités politiques, journalistes ou activistes ont payé de leur vie leur opposition au Kremlin. Voici quelques-uns des principaux noms d'une liste qui en comporte des dizaines d'autres : « Novaïa Gazeta », le journal martyr Le 7 octobre 2006, la journaliste d'investigation Anna Politkovskaïa, 48 ans, qui dénonçait notamment les atteintes aux droits de l'homme en Tchétchénie et l'autoritarisme de Vladimir Poutine dans le journal Novaïa Gazeta, est tuée par balles dans le hall de son immeuble à Moscou. Lire notre sélection d'archives : 7 octobre 2006 : assassinat d'Anna PolitkovskaïaCinq suspects – dont quatre Tchétchènes – ont été jugés et reconnus coupables du meurtre en 2014, mais le commanditaire de l'assassinat court toujours, et son nom n'a jamais été publiquement évoqué.Six autres journalistes ou collaborateurs de Novaïa Gazeta ont été tués entre 2000 et 2009, dont Natalia Estemirova, 50 ans, qui a succédé à Anna Politkovskaïa. Egalement militante des droits de l'homme et représentante en Tchétchénie de l'ONG Memorial, elle est enlevée le 15 juillet 2009 à Grozny et retrouvée morte quelques heures plus tard en Ingouchie, république voisine du Caucase russe. Elle dénonçait les exactions du pouvoir local.Le 19 janvier 2009 Stanislas Markelov, 34 ans, et Anastassia Babourova, 25 ans, sont tués par balle en pleine rue à Moscou alors qu'ils sortaient d'une conférence de presse.Lire notre reportage (abonnés) : En Russie, des journalistes sous contrôle La mort, jusqu'à l'étranger Menacés, certains, au fil des années, ont opté pour l'exil. Mais s'installer loin de la Russie ne protège pas pour autant de la mort. Le 23 novembre 2006, un ancien agent des services de renseignement russes collaborant avec le MI6 britannique, Alexandre Litvinenko, meurt, empoisonné au polonium, après avoir pris le thé avec deux hommes d'affaires et ex-agents du KGB.  « Les salauds m'ont eu (...) mais ils n'auront pas tout le monde », a-t-il déclaré avant de mourir.En mai 2007, le Royaume-Uni demande à la Russie d'extrader l'un des deux hommes, Andreï Lougovoï, mais le parquet général russe rejette la demande en invoquant la constitution russe, qui ne prévoit pas de possibilité d'extradition de nationaux vers d'autres Etats.L'affaire Litvinenko provoque alors une forte détérioration des relations entre la Russie et la Grande-Bretagne, qui expulsent mutuellement plusieurs diplomates.En mars 2013, c'est l'ex-oligarque et milliardaire Boris Berezovski, 67 ans, réfugié au Royaume-Uni après être entré en conflit avec Vladimir Poutine, qui est retrouvé mort dans la salle de bain de sa résidence d'Ascot (sud-ouest de Londres), un morceau de tissu autour du cou. L'enquête s'abstient de trancher entre assassinat et suicide, une hypothèse rejetée par son entourage.Lire (en édition abonnés) : Boris Berezovski portait les secrets de la Russie post-soviétique Ancien proche de Boris Berezovski, le député et président du parti Russie libérale, Sergueï Iouchenkov, 52 ans, est abattu le 17 avril 2013 avec un pistolet muni d'un silencieux à l'entrée de son immeuble à Moscou.L'OPPOSITION DÉNONCE UN MEURTRE ET APPELLE À MANIFESTERLa mort de Boris Nemstov a de nouveau créé un choc. De Paris, où le président français François Hollande a dénoncé un « assassinat odieux », à Washington, qui a exhorté Moscou « à rapidement mener une enquête impartiale et transparente », les réactions des capitales occidentales se sont succédé.Alors que Vladimir Poutine parle à la provocation, l'opposition dénonce un assassinat : « Savoir si Poutine a donné l'ordre d'assassiner Boris Nemtsov n'est pas le véritable point. C'est sa dictature. Sa propagande perpétuelle sur les ennemis de l'Etat », a twitté le joueur d'échecs Garry Kasparov.Boris Nemstov avait appelé, trois heures avant sa mort, à la tenue dimanche 1er mars d'un vaste rassemblement pour dénoncer la mauvaise gestion par le Kremlin de la grave crise économique que traverse la Russie en raison des sanctions occidentales et de la chute des prix du pétrole.Les autorités de la ville de Moscou ont autorisé l'opposition à organiser à la place une marche, qui pourra rassembler jusqu'à 50 000 participants, en mémoire de l'opposant. 28.02.2015 à 03h42 • Mis à jour le28.02.2015 à 16h45 A l'antenne d'une radio moscovite trois heures à peine avant sa mort, l'ancien ministre Boris Nemtsov, virulent critique du Kremlin, appelait les auditeurs à manifester dans un discours enflammé sur le dossier ukrainien et le président Vladimir Poutine.Vendredi 27 février, pendant 45 minutes, la voix grave, le ton sérieux, l'opposant a présenté ses propositions pour « changer la Russie », n'hésitant pas à couper ses interlocuteurs, deux journalistes d'Ekho Moskvy. Sans surprise, le rassemblement anticrise qu'il organisait, dimanche dans la banlieue de la capitale, occupe une place de choix dans l'interview, plus proche dans les faits du monologue.« Cette marche demande l'arrêt immédiat de la guerre avec l'Ukraine, elle exige que [le président russe Vladimir] Poutine cesse son agression. »Boris Nemtsov livre ensuite sa position sur la grave crise économique que traverse la Russie.« La cause de la crise, c'est l'agression [de l'Ukraine], qui a été suivie des sanctions, puis des fuites de capitaux, tout ça à cause de l'agression insensée contre l'Ukraine que mène Poutine. »« La force de la loi »A l'instar de Kiev et des Occidentaux, l'homme assure que Moscou a envoyé des troupes soutenir les séparatistes prorusses dans l'est du pays. Des allégations que le Kremlin a toujours démenties.Lorsqu'une journaliste évoque la Crimée, péninsule ukrainienne rattachée à la Russie en mars après un référendum, et assure que la population souhaitait rejoindre le pays, l'opposant tranche d'un ton catégorique, résumant en deux mots toutes ses convictions : « La force de la loi ».« La population voulait vivre en Russie, j'en conviens. Mais la question est ailleurs : il ne faut pas faire selon ses volontés, mais selon la loi et il faut respecter la communauté internationale. »Mettre les hommes politiques corrompus devant les tribunaux, couper de moitié le budget militaire et augmenter celui de l'éducation... Les propositions se succèdent, mais Boris Nemtsov n'est pas dupe : « L'opposition n'a pas beaucoup d'influence sur les Russes actuellement. »Et ce dernier de plaider pour l'octroi d'une heure d'antenne par semaine sur l'une des principales chaînes de télévision nationale. « Quand on concentre le pouvoir entre les mains d'une seule personne, cela ne peut mener qu'à la catastrophe. A une catastrophe absolue », avertit celui qui était l'un des rares à oser encore critiquer Vladimir Poutine.« Je n'ai pas si peur »Deux semaines avant son assassinat, dans un entretien à l'hebdomadaire russe Sobessednik, Boris Nemtsov confiait ses craintes sur sa sécurité et celle de sa famille. Interrogé sur la possibilité que Vladimir Poutine s'en prenne à lui, il répondait : «Vous savez, oui... un peu. [...] Mais malgré tout, je n'ai pas si peur de lui. Si j'avais très peur, je ne dirigerais pas un parti d'opposition et je ne ferais pas ce que je fais. » 28.02.2015 à 00h28 • Mis à jour le28.02.2015 à 21h46 L'essentielBoris Nemtsov est mort, tué par balle, dans la nuit de vendredi à samedi au pied du Kremlin. Les enquêteurs parlent d'« assassinat planifié ».Ancien ministre de Boris Eltsine, il avait incarné la génération des jeunes réformateurs des années 1990 avant de devenir un opposant virulent de Vladimir Poutine.Les autorités ont autorisé l'opposition à organiser dimanche une marche dans Moscou en mémoire de l'opposant.Il y a une quinzaine de jours, il confiait, dans une interview à l'hebdomadaire Sobesednik, sa peur d'être assassiné. Dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 février, alors qu'il marchait dans le centre de Moscou, Boris Nemtsov a été abattu, quatre balles ayant été tirées dans son dos. Il est tombé à quelques mètres du Kremlin : tout un symbole pour celui qui fut de tous les combats face au pouvoir en place.Ancien ministre de Boris Eltsine, l'homme de 55 ans avait incarné la génération des jeunes réformateurs des années 1990, avant de devenir un virulent critique du président Vladimir Poutine, qu'il comptait défier à nouveau dimanche en manifestant.Plusieurs fois interpellé par les forces de l'ordre lors de rassemblements de protestation au pouvoir en place, il avait aussi subi des perquisitions et été mis sur écoute, sans jamais cesser de dénoncer la corruption de ce qu'il appelait le « système oligarchique » en vigueur au pays des tsars.TRÈS PROCHE DE BORIS ELTSINELe teint toujours bronzé, l'air séducteur malgré de grands yeux noirs pochés de cernes, Boris Nemtsov, physicien de formation, avait commencé sa carrière peu avant l'effondrement de l'URSS. Il avait été élu en 1990 au Soviet suprême, le parlement soviétique.Après avoir été gouverneur de la région de Nijni-Novgorod, à 400 km à l'est de Moscou, il avait entamé une ascension fulgurante sous la présidence de Boris Eltsine. De mars 1997 à août 1998, il avait obtenu le poste de vice-premier ministre chargé du secteur énergétique et des monopoles, secteur très convoité, ce qui lui valait d'être régulièrement dénoncé par le Kremlin comme un homme politique lié aux oligarques qui ont profité de la vague de privatisations des années 1990.Le premier président de la Russie démocratique, dont il était très proche, avait envisagé un temps d'en faire son dauphin, avant de lui préférer le chef du FSB (ex-KGB), Vladimir Poutine. Limogé en août 1998, Boris Nemtsov a basculé dans l'opposition lorsque son rival a pris les rênes du pays.Aux législatives de 1999, l'opposant est élu à la Douma – chambre basse du parlement – et rejoint le parti libéral SPS (l'Union des forces de droite), dont il dirige une fraction qui se distingue par ses critiques virulentes envers le gouvernement en place. Son opposition au pouvoir se fait de plus en plus tranchante après les élections législatives de 2007, qu'il dénonce comme « les plus malhonnêtes de l'histoire de la Russie ».ASPERGÉ D'AMMONIACUn an plus tard, en 2008, après avoir échoué à se présenter à l'élection présidentielle comme candidat unique d'une opposition affaiblie par sa disparité, il décide de créer le mouvement Solidarnost, sous l'égide de l'ex-champion d'échecs Garry Kasparov.Mais c'est surtout aux côtés d'Alexeï Navalny qu'il s'affichera comme figure de proue des manifestations qui ont secoué Moscou pendant l'hiver 2011-2012. Après la réélection de Vladimir Poutine au Kremlin en mai 2012, il a continué à dénoncer les dépenses jugées excessives du président et la corruption, notamment lors de la tenue des Jeux olympiques d'Hiver à Sotchi, sa ville natale, en 2014. Cinq ans plus tôt, alors candidat à la mairie de cette localité des bords de la mer Noire, il avait d'ailleurs été aspergé d'ammoniac par des inconnus dans la rue.En 2012, craignant d'être arrêté et mis en prison, il avait envisagé de demander l'asile en Lituanie, avant d'y renoncer, selon le premier ministre lituanien de l'époque, Andrius Kubilius.Plus récemment, Boris Nemtsov avait pris parti dans le conflit qui ravage depuis plus de dix mois l'est de l'Ukraine. Organisateur de plusieurs marches pacifiques en soutien à Kiev, il avait récemment réaffirmé sur son compte Facebook, qu'à ses yeux, l'annexion de la Crimée était illégale. Selon Ksenia Sobtchak, autre figure de l'opposition, Boris Nemtsov travaillait à un rapport sur la présence de forces russes en Ukraine, que le Kremlin nie avec acharnement. « Il allait révéler des preuves convaincantes de l'implication des forces armées russes en Ukraine, a abondé le président ukrainien Pero Porockenko. Quelqu'un avait très peur de cela, ils l'ont tué ».L'influence de ce vétéran de l'opposition, très présent sur les réseaux sociaux, semblait cependant diminuer au profit de la nouvelle génération incarnée par Alexeï Navalny, de 17 ans son benjamin.C'est d'ailleurs avec lui qu'il avait appelé à la tenue dimanche 1er mars d'un vaste rassemblement pour dénoncer la mauvaise gestion par le Kremlin de la grave crise économique que traverse la Russie en raison des sanctions occidentales et de la chute des prix du pétrole. Après la mise sous écrou de son cadet, mi-février, il en avait repris le flambeau.Les autorités de la ville de Moscou ont autorisé l'opposition à organiser, dimanche, une marche, qui pourra rassembler jusqu'à 50 000 participants, à travers le centre de la capitale russe en mémoire de l'opposant.Lire aussi en édition abonnés : Navalny en prison pour le priver de manifestation 27.02.2015 à 22h20 Près de cinq millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire en raison du conflit dans l'est de l'Ukraine, a estimé l'Organisation des nations unies (ONU) vendredi 27 février. « Il y a vraiment une crise humanitaire dans les zones tenues par les séparatistes », a souligné le coordinateur pour l'aide humanitaire des Nations unies en Ukraine, Neal Walker, de passage à Bruxelles pour inciter les institutions européennes à contribuer à une nouvelle levée de fonds de 316 millions de dollars lancée cette semaine.L'ONU estime que 4,7 millions de personnes se trouvant en territoire séparatiste, dans les zones de combats ou à proximité immédiate, ont besoin d'assistance. Par ailleurs, 300 000 personnes se sont réfugiées dans d'autres régions du pays et un million à l'étranger pour fuir le conflit qui a fait 5 800 morts en dix mois.« ACCALMIE MOMENTANÉE »« Nous avons vu une accalmie momentanée dans les combats ces dernières vingt-quatre heures et espérons vraiment que le cessez-le-feu va tenir pour nous permettre de répondre à ces besoins humanitaires critiques », a ajouté le coordinateur de l'ONU. Il faut construire « des abris d'urgence », des équipements sanitaires, raccorder l'eau, et « il y a un besoin désespéré de médicaments », a énuméré M. Walker. Jusqu'ici, « le conflit a fait qu'il était très difficile de travailler, il nous faut aussi vérifier que l'aide va seulement aux personnes vulnérables et à personne d'autre ».Lire l'analyse (édition abonnés) : Les zones d’ombre de l’accord de Minsk« Ces gens ont vécu dans des circonstances extrêmement difficiles, sous les bombardements constants (…) ils se sont cachés dans les caves et sous-sols, ont vécu sans sanitaires, souvent sans nourriture, manquant d'eau et de chauffage », a-t-il décrit.M. Walker a aussi relativisé l'impact humanitaire de la récente interruption de l'approvisionnement en gaz des territoires séparatistes par Kiev. « Qu'il y ait du gaz ou non, de nombreux bâtiments n'ont pas de chauffage. Leurs vitres sont toutes cassées, ou leurs toitures, trouées », a-t-il expliqué. « La question de l'abri et du chauffage n'a pas seulement à voir avec le gaz, mais surtout avec un cessez-le-feu viable, une paix viable », a-t-il insisté.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2h4nn8"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2h4nn8", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 05.03.2015 à 16h16 • Mis à jour le05.03.2015 à 16h19 La Banque centrale européenne (BCE) n’est pas encore prête à rouvrir le robinet à liquidités pour les banques grecques, coupé début février. Mario Draghi, le président de l’institution monétaire européenne a certes déclaré, jeudi 5 mars, que celle-ci est prête à remettre en place un régime de faveur permettant aux établissements bancaires grecs de se refinancer auprès de la BCE. Mais il a aussitôt précisé que cela ne pourra se faire que « sous réserve que les conditions soient respectées ». Ce qui n’est pas le cas pour le moment, selon lui.La BCE - mais c’est vrai aussi des autres créanciers de la Grèce - attend en l’occurrence du gouvernement d’Alexis Tsipras qu’il détaille les réformes qu’il veut faire, ainsi que comment il compte les financer. Athènes est supposée communiquer ce détail lors d’une réunion des ministres de finances de la zone euro (Eurogroupe), lundi 9 mars.Le gouvernement grec s’est engagé à cette communication à l’issue de l’accord conclu lors de la précédente réunion de l’Eurogroupe, le 26 février, qui a prolongé de quatre mois (jusque fin juin) le plan d’aide à la Grèce.L’Eurogroupe parvient à un accord avec la GrèceIl avait alors été signifié aux Grecs qu’ils ne pourraient compter sur la dernière tranche de ce plan (environ 7 milliards d’euros) que lorsqu’ils auraient démontré leur volonté de mettre en place les réformes sur lesquelles ils se sont engagés.Mais le gouvernement d’Alexis Tsipras, qui doit faire face à un certain nombre de remboursements d’emprunts en mars, tablait, ces derniers jours, sur le fait de pouvoir obtenir une certaine souplesse.La Grèce face à un calendrier serré et chargé de remboursementsAthènes compte notamment que ses créanciers versent dès mars une partie des quelque 7 milliards d’euros de prêts du programme d’aide en cours. La question sera évoquée lundi lors de l’Eurogroupe.L’autre piste pour la Grèce était d’obtenir de la BCE que cette dernière remette en place le robinet à liquidités en direction des banques grecques. Qui sont aussi les principales acheteuses des obligations souveraines helléniques, à travers lesquelles le pays se finance à court terme.La réponse de M. Draghi a été claire et nette.Grèce : le coup de semonce, très politique, de la BCE Guy Dutheil Finalement, Air Caraïbes ne devrait pas constituer le premier groupe aérien sur les Antilles. Jeudi 5 mars, le groupe familial Dubreuil, propriétaire d’Air Caraïbes, a « confirmé l’arrêt des discussions » entamées avec TUI France pour le rachat de sa compagnie aérienne Corsair International. « Le groupe Dubreuil et le groupe TUI ont mis fin à leurs discussions relatives au projet de transaction », indiquait Corsair sans plus d’explications.L’arrêt de la transaction est brutal. Il intervient deux semaines seulement après l’annonce, le 16 février, de la cession de Corsair au groupe Dubreuil. A l’époque, Pascal de Izaguirre, PDG de Corsair considérait Air Caraïbes comme son «allié naturel » de Corsair. De son côté, Air Caraïbes se rêvait déjà en leader sur la destination des Antilles. Un flux annuel de près de 2,4 millions de passagers. En additionnant les forces des deux compagnies, le groupe Dubreuil avait pour objectif de composer un groupe aérien 100 % français fort de plus de 50 % de parts de marché sur les Antilles. Au passage, le nouvel ensemble chipait la place de leader à Air France.Un renoncement à la veille d’une nouvelle grèveNi le groupe Dubreuil, ni même les organisations de Corsair, réunies en intersyndicale, n’ont souhaité expliqué les raisons de la fin du projet de reprise de la compagnie aérienne. Toutefois, celle-ci intervient à la veille d’un nouveau mouvement de grève prévu du vendredi 6 au dimanche 8 mars . Il promettait d’être massivement suivi. Comme les précédents jours de grève qui avaient rassemblé de 90% à 95% de grèvistes.La maison-mère d’Air Caraïbes imaginait que ce rachat se ferait en douceur. Elle croyait ainsi avoir acheté la paix sociale chez Corsair en promettant par avance, qu’il n’y aurait « pas de plan social ». Le groupe Dubreuil s’était même engagé à conserver la marque et à ne pas surpprimer de lignes aériennes. Las, la promesse n’a pas convaincu les 1 158 salariés de Corsair. A l’appel des syndicats, les personnels ont lancé un premier mouvement de grève du 28 février au 2 mars. Ils voulaient obtenir des « garanties » pour leurs emplois.La direction voulait des « efforts de productivité »Les salariés redoutaient un plan de départs rampant. Inquiets surtout après les déclarations de Marc Rochet, président du directoire d’Air Caraïbes, qui s’était fixé comme « objectif (...) la remise au profit de Corsair » structurellement en pertes. Pour y parvenir, le patron d’Air Caraïbes invitait déjà les 1 158 salariés de Corsair à faire des « efforts de productivité ».Le groupe Dubreuil «  a trop communiqué et de manière un peu abusive » sur sa gestion sociale de la reprise de Corsair, explique un ancien cadre de la compagnie. L’idée de la direction de la maison-mère d’Air Caraïbes était de créer une nouvelle société, aux conditions sociales bien moins avantageuses, pour y accueillir les personnels de Corsair. Tous les salariés n’y auraient pas trouvé leur place. A l’occasion du transfert de Corsair vers la nouvelle entité, les syndicats redoutaient « une sélection ».Corsair reste à vendreIl n’empêche, si la reprise par Air Caraïbes a échoué, Corsair est toujours à vendre. TUI France, filiale du tour-opérateur allemand TUI, cherche à se débarrasser au plus vite de sa compagnie aérienne en France. Fatigué de devoir mettre sans cesse la main à la poche pour éponger les déficits chroniques de Corsair. Pour assurer la cession au groupe Dubreuil, TUI était prêt, semble-t-il, à recapitaliser sa compagnie aérienne en réinjectant une fois pour toutes 17 millions d’euros. Après le groupe Dubreuil, TUI pourrait aller frapper à la porte de British Airways que l’on a dit un temps interessée par le rachat de Corsair.Lire aussi : En rachetant Corsair, Air Caraïbes devient le leader sur les Antilles  Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.03.2015 à 13h57 • Mis à jour le05.03.2015 à 14h56 Les députés allemands ont adopté jeudi 5 mars une loi plafonnant les hausses de loyer qui doit enrayer l'envolée des prix locatifs dans certaines agglomérations allemandes. Dans les villes comme Munich, Hambourg et Berlin, les hausses de loyers, qui peuvent aller jusqu'à 30 % ou 40 % entre deux locations, font que les classes moyennes sont repoussées à la périphérie.Le texte prévoit qu'en cas de mise en location d'un bien, le loyer n'excède pas 10 % du « loyer moyen d'usage » dans la ville ou le quartier concerné. La disposition s'appliquera à certaines villes ou zones densément peuplées préalablement définies par les Etats régionaux, et ne concernera pas la mise en location de logements neufs ou rénovés de fond en comble. La loi doit « contribuer à ce que les loyers restent abordables aussi pour des gens qui gagnent normalement leur vie », avait promis en la présentant le ministre de la justice et de la protection des consommateurs, Heiko Maas, à l'origine du texte.« PAS D'EFFET DU TOUT »Le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD – Sozialdemokratische Partei Deutschlands), dont est issu M. Maas et qui gouverne depuis décembre 2013 avec les conservateurs d'Angela Merkel, avait fait de ce thème une promesse de campagne pour les législatives de 2013. « C'est une journée à marquer d'une pierre blanche pour les locataires en Allemagne », a jugé dans un communiqué jeudi l'association de protection des locataires Mieterbund, appelant les Etats régionaux, les Länder, à adopter rapidement une liste fournie de localités où la loi s'appliquera.Mais « les nombreuses exceptions et limites posées à la loi jettent une ombre », a tempéré le président de l'association, Lukas Siebenkotten. Renate Künast, figure de proue du parti d'opposition écologiste, a estimé que le nouveau dispositif avait « plus de trous qu'un fromage » et n'aurait « pas beaucoup, voire pas d'effet du tout ».Un autre volet de la loi concerne le recours aux agents immobiliers. Ils devront à l'avenir être rémunérés par les propriétaires en quête d'un locataire, et non plus par ce dernier. Les agents immobiliers, qui craignent que les propriétaires n'aient plus recours à leurs services, dénoncent une disposition anticonstitutionnelle. Ils mettent en garde contre le risque que les propriétaires répercutent de toute façon ces frais supplémentaires sur les locataires. 05.03.2015 à 11h29 • Mis à jour le05.03.2015 à 11h57 | Jean Pisani-Ferry (commissaire général de France Stratégie) Cinq ans après la première crise grecque, les divergences économiques et sociales persistent au sein de la zone euro. L’apparente dynamique de convergence s’est brutalement inversée, laissant apparaître un divorce entre les pays qui ont su renouer avec la croissance et ceux qui se sont engagés dans une spirale récessive.Il n’est pas très difficile de comprendre le pourquoi d’une telle divergence. Tous les pays qui avaient connu au cours des premières années de l’euro une prospérité gagée sur le crédit ont lourdement chuté ensuite.Plus difficile est de savoir si, la purge une fois passée, les forces de convergence vont reprendre le dessus ou si les écarts vont au contraire perdurer.La thèse optimiste fait confiance aux mécanismes d’ajustement par les prix. La crise a été l’occasion d’une correction à la baisse des salaires. Le redressement de la compétitivité de l’Irlande ou de l’Espagne est avéré, et se traduit par un rééquilibrage des comptes extérieurs. Il serait maintenant temps de recueillir les fruits des efforts consentis.Cette analyse néglige cependant plusieurs difficultés.Qui a raisonLa première est la dette accumulée : dette publique bien sûr, mais aussi dette privée des ménages et des entreprises. Celle-ci constitue un fardeau pour l’avenir. L’Irlande et l’Espagne continuent ainsi à porter une dette extérieure de l’ordre de 100 % du produit intérieur brut (PIB). Il va falloir, pour ne pas l’accroître, que davantage de capital s’investisse dans les secteurs exportateurs et que davantage de travail s’y engage.Or, et c’est le deuxième facteur, les déboires passés se traduisent aussi par la faiblesse de l’investissement : en Grèce l’investissement en équipement des entreprises n’a atteint l’an dernier que 36 % de son niveau d’avant-crise. Or un déficit prolongé d’investissement amoindrit le potentiel de croissance.Les migrations sont un troisième facteur possible : un pays dont la population active s’exile pour chercher du travail voit son potentiel productif se réduire.L’agglomération géographique des activités à forte valeur ajoutée joue enfin contre le rééquilibrage. En 2000, le nord de la zone euro concentrait 46,5 % de la valeur ajoutée industrielle ; en 2013, c’était 51,5 %.Il est tôt pour dire qui a raison, des optimistes ou des pessimistes. Mais force est de constater que l’Europe a tout misé sur la thèse optimiste. Elle ne s’est pas dotée des instruments d’une politique active de convergence. Il est temps, au moins, de réfléchir à ce qu’ils pourraient être.Instrument public d’investissementLa première priorité est d’assurer un bon fonctionnement du marché des capitaux. L’épargne placée sur des dépôts bancaires en Allemagne ne retournera pas financer l’investissement en Europe du Sud. Il faut donc créer les conditions pour y orienter des flux d’investissement en actions. C’est tout l’enjeu de la construction de ce qu’on nomme dans le jargon de la Commission l’« union des marchés de capitaux ».L’Europe a aussi besoin d’un instrument public d’investissement. Par-delà son impact potentiel de court terme, l’enjeu du plan Juncker de promotion de l’investissement est d’élargir la gamme des instruments financiers communs en mesure de participer davantage à la prise de risques.Il faut aussi réformer les instruments de subvention. L’Europe ne manque pas de moyens, mais elle les utilise mal. Mieux vaudrait introduire de la flexibilité et de la conditionnalité dans ses dispositifs, afin de s’en servir pour appuyer les politiques de croissance d’envergure européenne et inciter les États à concourir aux priorités communes.Il faut enfin évoquer la fiscalité. La différenciation des taux d’imposition sur les sociétés est une manière d’attirer des investissements dans les zones moins prospères. En Europe cependant, la fiscalité sur les sociétés fait l’objet d’une concurrence dépourvue de tout encadrement. Il n’est pas interdit d’espérer qu’un groupe de pays européens se réveille et mette en place un cadre de coordination de leurs politiques fiscales. Ce serait un grand progrès.Jean Pisani-Ferry (commissaire général de France Stratégie) Alain Beuve-Méry La France ne peut pas appliquer un taux réduit de TVA à la fourniture de livres électroniques contrairement aux livres papier, ce qu’elle fait depuis trois ans, en appliquant un taux réduit à 5,5 %, identique au taux dont bénéficie le livre imprimé. Cette querelle envenime les relations entre la Commission européenne et la filière du livre en France, soutenue à l’unisson par les pouvoirs publics de gauche, comme de droite. La réponse ne faisait pourtant guère de doute.La Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) a tranché. Elle a rendu un arrêt, jeudi 5 mars, suite à une saisine de la Commission européenne estimant que la France et le Luxembourg contreviennent bien à la réglementation européenne, en appliquant un taux de TVA réduit sur le livre numérique, respectivement de 5,5 % pour la France et de 3 % pour le Luxembourg, où Amazon a son siège social en Europe.Campagne viralePour la Commission, le livre numérique est en effet considéré comme un service, dès lors selon son raisonnement, il doit être assujetti au taux classique de 20 % et ne doit pas bénéficier d’un régime dérogatoire. Pour les autorités françaises, au contraire, le livre quel que soit son support doit être considéré comme un bien de première nécessité et elles plaident en faveur d’un alignement des taux entre livres papiers et digitaux.Dans un passé récent, la Commission européenne a obtenu gain de cause, contre l’Espagne qui avait baissé son taux de TVA sur les livres numériques à 4 % et qui a été obligé de le remonter à 21 % actuellement. La surprise serait en effet que la Cour accepte le point de vue de la France et estime qu’une TVA réduite puisse s’appliquer aux livres numériques diffusés par téléchargement ou en streaming.Anticipant un arrêt européen qui contraindrait la France à repasser à un taux normal de TVA de 20 % sur le livre numérique, le Syndicat national de l’édition (SNE) française a décidé de prendre les devants et de lancer une campagne virale sur les réseaux sociaux, intitulé unlivreestunlivre.eu. Sur le site du même nom qui fonctionne en français et en anglais, les internautes sont invités à distinguer ce qui est livre de ce qui n’est pas un livre, sur le mode de « Ceci n’est pas une pipe » de Magritte. Le SNE a aussi créé le hashtag #ThatIsNotABook.Il s’agit de montrer qu’un livre est une œuvre qui ne change pas, quel que soit son support, et que dans ces conditions, il apparaît absurde de le taxer différemment », explique Christine de Mazières, secrétaire générale de SNE. Mais pour obtenir un changement des règles européennes en matière fiscale, il faut un accord de tous les membres de l’Union européenne. Or pour l’instant le Royaume-Uni et le Danemark s’opposent à ce que le livre numérique soit retiré de la liste des biens et services et puisse à partir de là, bénéficier d’un taux de TVA réduit.Pour les éditeurs, le retour à un taux de TVA normal entraînera immanquablement un enchérissement du prix du livre numérique, puisqu’ils ont l’intention de répercuter en tout ou partie, de cette hausse sur la valeur faciale des livres numériques.Reste qu’en France, même si les ventes de livres numériques ont progressé de 45 % en valeur, atteignant 63,8 millions d’euros et de 60 % en volume, avec 8,3 millions de livres téléchargés, selon les données de l’institut GfK, le livre numérique ne pèse que faiblement dans le chiffre d’affaires des éditeurs. Il représente aujourd’hui 1,6 % du chiffre d’affaires total des éditeurs et 2,4 % des volumes. Sébastien Rouault, chargé du panel Livre à l’institut GfK considère que la décision de Bruxelles va poser « une équation économique difficile » et il ne prévoit, dans ces conditions, une progression du livre numérique que de 40 % en France en 2015.L’offre illimitée de livres illégale en France, les éditeurs divisés Alain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.03.2015 à 13h57 • Mis à jour le04.03.2015 à 18h24 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance (avec Cécile Ducourtieux, à Bruxelles) Le gouvernement grec a-t-il les moyens de faire face aux échéances de remboursement de prêts qui se profilent dans les prochains jours ? La question agite l’Europe. D’autant qu’à l’issue de l’accord avec l’Eurogroupe, le 26 février, qui a prolongé de quatre mois (jusque fin juin) le plan d’aide à la Grèce, il a été signifié au gouvernement d’Alexis Tsipras qu’il ne pourra compter sur la dernière tranche de ce plan (environ 7 milliards d’euros) qu’au mieux en avril, quand il aura démontré sa volonté de mettre en place les réformes sur lesquelles il s’est engagé.Quelles sont les toutes prochaines échéances ?La Grèce doit rembourser 875 millions d’euros de Bons du Trésor vendredi 6 mars, principalement détenus par les banques étrangères (pour 750 millions). Mais le même jour Athènes devra aussi rembourser 310 millions d’euros au Fonds monétaire international (FMI).Ce même FMI, qui a prêté 32 milliards d’euros au total à la Grèce, attend un deuxième remboursement de 334 millions d’euros, le 13 mars, puis un troisième, le 16 mars et encore un autre le 20 mars, soit 1,5 milliard au total.Tout confondu, bons du Trésor et FMI, les remboursements en mars dépassent 6 muilliards d’euros. Et de nouvelles lourdes échéances se profilent ensuite dès le mois de juin.Par ailleurs, le gouvernement grec devra aussi trouver un peu plus de 200 millions d’euros pour financer les mesures sociales contenues dans son projet de loi, déposé mercredi au Parlement, pour lutter contre la crise humanitaire.De quels moyens dispose Athènes ?La Grèce a levé, mercredi 4 mars, 1,138 milliard d’euros en bons du Trésor à 6 mois. La somme permettra en l’occurrence de couvrir les 750 millions de bons du Trésor à rembourser vendredi.Les banques grecques, qui ont déjà dans leurs tiroirs pour 575 millions d’euros de bons, ont logiquement participé à l’échange, mais pas les banques étrangères, qui possèdent aujourd’hui pour 875 millions d’euros de bons du trésor grec.Selon le quotidien grec Kathimerini, à défaut d’une participation des banques étrangères à l’opération, une partie de la levée des bons du trésor aurait été couverte par le Fonds Public de la banque de Grèce.Selon l’Organisme pour la gestion de la dette publique (PDMA), le taux d’intérêt des nouveaux bons du Trésor proposés mercredi a été de 2,97 %, alors qu’il était de 2,75 % en février.Mais les échéances les plus lourdes à venir sont celles du FMI. « Le FMI est prioritaire. Nous ferons sortir le sang de la pierre pour le rembourser », a promis le ministre des finances, Yanis Varoufakis.Athènes répète depuis plusieurs jours qu’elle ne connaît pas de problème de liquidités et sera en mesure de faire face à ce délicat mois de mars. Plusieurs solutions de financement sont mises en avant par le gouvernement grec.- Athènes réclame depuis plusieurs semaines que lui soient versés les quelque 1,8 milliard d’euros qui correspondent aux profits réalisés par les banques centrales nationales européennes suite à des achats d’obligations grecques, et qui reviennent de droit à la Grèce.- Les Grecs tablent aussi sur le fait que la banque centrale européenne (BCE) remette en place le robinet à liquidités qu’elle avait en grande partie fermé début février au motif qu’Athènes refusait encore le principe de l’extension du deuxième plan d’aide. La BCE pourrait trancher sur cette question jeudi 5 mars.- Le gouvernement Tsipras compte par ailleurs que les créanciers versent dès mars une partie des quelque 7 milliards d’euros de prêts du programme d’aide en cours. Le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble a prévenu qu' « aucun euro ne sera versé avant » que la Grèce n’ait rempli ses engagements.Le Bundestag vote sans entrain la prolongation du plan d’aide à la GrèceMais le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a déclaré, lundi, au Financial Times qu’en échange de réformes rapides et de « progrès », un possible premier versement de fonds pourrait intervenir dès courant mars. « Ce n’est pas du tout une mauvaise proposition », a estimé Yanis Varoufakis qui a promis de présenter une liste de six réformes concrète à l’Eurogroupe du lundi 9 mars.Quelles réformes pourrait présenter Athènes le 9 mars à l’Eurogroupe ?Selon des sources gouvernementales grecques, les six pistes de réformes sont les suivantes :- lutte contre la crise humanitaire (coupons alimentaires, logement pour les sans-abri, aide au paiement du courant, etc..). Un projet de loi sur ces questions est déjà en examen au parlement grec.- réforme administrative.- projet de loi sur la réglementation des arriérés de dettes à l’Etat ou à la sécurité sociale- réforme de l’administration fiscale.- activation d’un Conseil fiscal indépendant.- création d’un nouveau corps de contrôleurs fiscaux.Le gouvernement grec attendu sur les réformesPar ailleurs, le gouvernement grec a décidé de remettre à plus tard un certain nombre de mesures promises pendant la campagne électorale mais qui auraient un impact trop grand sur le budget de l’Etat. Or, selon l’accord conclu le 20 février à l’Eurogroupe, Athènes s’est engagée à ne prendre aucune initiative unilatérale susceptible de modifier l’équilibre budgétaire pour les quatre prochains mois.L’impôt sur la propriété (Enfia) devrait être maintenu pour encore quelques mois, avec une baisse possible comprise entre 15 % et 20 %, avant d’être progressivement transformé, d’ici à fin 2015, en impôt sur les grosses propriétés.Le relèvement du plafond de non-imposition de 5 000 à 12 000 euros, devrait intervenir « pas à pas » d’ici à fin 2015 et non dès la déclaration de revenus de cette année.Sur la question des privatisations, des sources gouvernementales indiquent qu’il serait exclu de privatiser les compagnies de gestion des eaux ou de l’énergie, mais elles restent floues sur le reste des biens publics.Grèce : polémique autour des privatisationsOù en est le sujet renégociation de la dette grecque ?M. Varoufakis aimerait ouvrir le chapitre de la renégociation de la dette grecque dès la fin avril. Le ministre des finances grec plaide pour une restructuration « intelligente », tout en prenant acte qu’un effacement serait inacceptable pour ses créanciers.« Une décote est un gros mot. Je l’ai appris. Tout comme nous ne voulons pas entendre parler du mot "troïka", nos créanciers ne veulent pas entendre parler du mot décote. C’est quelque chose que je comprends », a déclaré M. Varoufakis au quotidien allemand des affaires Handelsblatt, lundi 2 mars.« Nous pourrions reconvertir une partie des crédits que nous avons reçus du Fonds de sauvetage européen (FESF) en obligations, dont le coupon et les remboursements seraient indexés sur l’évolution de notre produit intérieur brut », a-t-il avancé.Adéa Guillot (Athènes, correspondance (avec Cécile Ducourtieux, à Bruxelles)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Et si l’Allemagne enregistrait cette année une croissance de 2 % ? Après le 0,7 % du dernier trimestre de l’année 2014, cette hypothèse ne paraît plus invraisemblable. Deux instituts ont déjà sauté le pas : Allianz, qui mise sur 2,1 %, et la Deutsche Bank, qui prévoit une croissance de 2 % (au lieu de 1,4 % précédemment). D’autres instituts s’apprêteraient dans les semaines à venir à réviser leurs prévisions à la hausse. Le gouvernement a relevé les siennes fin janvier à 1,5 %. L’augmentation de 3,4 % des salaires annuels accordée fin février aux 4 millions de métallurgistes montre que le patronat est également optimiste.Plusieurs raisons à cela. D’abord, il apparaît que la stagnation de la croissance au troisième trimestre 2014 qui a surpris tout le monde était en partie due à Volkswagen. Non que le géant de l’automobile aille mal, au contraire. Mais en 2014, les vacances scolaires en Basse-Saxe ne se sont terminées que le 11 septembre. Résultat : l’usine de Wolfsburg, cœur industriel du groupe, a tourné au ralenti jusqu’à la mi-septembre, impactant l’ensemble de l’économie allemande.Plus fondamentalement, la croissance s’avère soutenue par la consommation. La baisse du pétrole a permis aux Allemands d’économiser 3,5 milliards d’euros au second semestre, a calculé la Bundesbank. Surtout, non seulement les salaires réels grimpent depuis 2012, mais cela ne semble pas fini. Les 3,4 % accordés aux métallurgistes correspondent à la plus forte augmentation de salaires réels consentie depuis des décennies dans cette branche.Cela n’empêche pas l’emploi d’augmenter. BMW vient d’annoncer son intention de créer 5 000 emplois en Allemagne en 2015 dont 2 000 à Ratisbonne (Bavière) où le taux de chômage n’est que de 3,5 %. Plus généralement, selon une étude publiée mardi 3 mars par les chercheurs de l’agence pour l’emploi, non seulement le nombre d’actifs augmente en 2014 (de 0,9 % à 42,7 millions d’actifs) mais chacun travaille en moyenne davantage. (1 371 heures, + 0,6 %).La baisse du chômage ne repose donc pas uniquement sur les petits boulots. En fait, tant l’emploi stable (environ 30 millions de personnes) que l’emploi précaire augmentent. Au niveau national, le chômage est repassé en février sous la barre des 7 % (6,9 %). Le volume d’heures travaillées (58,5 milliards d’heures, + 1,5 %) n’a jamais été aussi élevé depuis 1992. Les Allemands sont d’autant plus enclins à consommer qu’ils sont optimistes et que la baisse des taux d’intérêt rend leurs placements moins attractifs. « L’Allemagne joue enfin son rôle de locomotive. (…) C’est de bon augure pour 2015 », commentait mercredi Philippe Waechter, économiste chez Natixis.A la faveur d’un euro faibleDe son côté, le gouvernement soutient également la demande. L’année 2014 s’est achevée avec un excédent public plus élevé qu’annoncé initialement. L’an passé, les comptes publics allemands (Etat fédéral, Etats régionaux, communes et caisses de sécurité sociale) ont engrangé un excédent de 18 milliards d’euros, contre 100 millions en 2013. Pour la première fois, même l’Etat fédéral est excédentaire. Résultat : le ministre des finances, Wolfgang Schäuble, peut lâcher du lest tout en préservant le sacro-saint équilibre budgétaire.Mardi, il a annoncé qu’il consacrerait 5 milliards d’euros (d’ici à 2018) supplémentaires aux investissements publics. Une somme qui s’ajoute aux 10 milliards déjà annoncés en 2014. 15 milliards sur trois ans, cela commence à ne pas être négligeable : le ministère des finances les compare aux 30 milliards d’investissements publics réalisés jusqu’ici chaque année. Les allocations familiales devraient également recevoir sous peu un coup de pouce. Par ailleurs, sans avoir fourni de chiffre, le ministère des finances a indiqué qu’étant donné les tensions internationales, « la sécurité intérieure et extérieure » bénéficierait de plus de crédits dans le budget 2017, une fois que le ministère de la défense aura clairement indiqué ses besoins.Enfin l’euro faible continue de favoriser les exportations. Les nouvelles commandes à l’industrie ont enregistré en février leur plus forte hausse en sept mois, indiquait mercredi l’enquête de l’institut Markit réalisée auprès des directeurs d’achat. « Même si les taux de croissance restent inférieurs aux niveaux observés à la fin de 2014, l’amélioration du sentiment économique et l’euro faible devraient favoriser la demande au cours des mois à venir », estime cet institut.Mais attention à l’euphorie : « Le rythme de croissance sous-jacente de l’économie allemande est plus faible que ce que les derniers chiffres suggèrent », affirme Ferdinand Fichtner de l’institut d’économie allemande (DIW) de Berlin. A ses yeux, tant les tensions dans la zone euro autour de la Grèce que le conflit avec la Russie constituent des dangers qui sont loin d’être négligeables. Pour le seul premier trimestre, le DIW prévoit, malgré tout, une croissance de 0,5 %.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.03.2015 à 10h33 | Maxime Vaudano Depuis le début de l’année, le secrétaire d’Etat au commerce extérieur, Matthias Fekl martèle les exigences françaises sur la question très controversée des tribunaux d’arbitrage dans les accords de libre-échange négociés par l’Union européenne, comme le futur traité transatlantique TTIP/Tafta. Pour Paris, les mécanismes de règlement des différends entre les investisseurs et les Etats (ISDS, comme on les appelle) doivent être profondément réformés, ou disparaître des traités.Ce message a été brouillé, fin février, par la fuite d’une note confidentielle du secrétariat général aux affaires européennes (SGAE). Dans ce document de quatre pages, ce service, rattaché à Matignon, recommandait aux eurodéputés français une « approche plus prudente » vis-à-vis de l’ISDS. En clair : qu’ils ne s’opposent pas « catégoriquement » à son inclusion dans le traité transatlantique.Matthias Fekl, qui assure n’avoir jamais validé cette note, réaffirme dans un entretien au Monde la position de la France sur ce sujet.Les avis divergent-ils, sur la question de l’arbitrage, entre Matignon et le quai d’Orsay ?Non, il n’y a qu’une seule position française : celle que j’ai communiquée en janvier, après la publication des conclusions de la consultation menée par la Commission européenne. Nous avons bâti un consensus, d’abord avec l’Allemagne, puis avec tous les sociaux-démocrates européens, sur un agenda de réforme du mécanisme de règlement des différends.La note du secrétariat général aux affaires européennes ne reflète pas la position française. Il y a eu un dysfonctionnement administratif. Un rectificatif va d’ailleurs être envoyé aux parlementaires sur la question de l’ISDS.Comment expliquer que les auteurs de la note travaillent parallèlement à vous ?C’est la définition même du dysfonctionnement. J’ai demandé à ce qu’il y ait une enquête pour savoir ce qu’il s’était passé. On verra quelle conséquence tirer de cette affaire.Pourquoi a-t-il fallu tant de temps pour que la France prenne conscience des dérives de l’ISDS ?La France a toujours émis des réserves, dès l’époque de Nicole Bricq [ministre du commerce extérieur de juin 2013 à janvier 2014]. Je ne crois pas qu’on soit à la traîne de l’Allemagne, comme on le dit souvent.Des dérives et abus ont été observés au cours des dernières années dans l’arbitrage. Il ne s’agit plus simplement pour des entreprises de se défendre contre des décisions arbitraires, mais désormais de s’attaquer frontalement à des choix démocratiques – paquet de cigarette neutre pour l’Australie, sortie du nucléaire pour l’Allemagne – avec des milliards d’euros à la clé. Il s’agit pour ces entreprises de faire payer aux contribuables les choix qu’ils ont faits en tant que citoyens.Nous attendions les résultats de la consultation européenne sur l’ISDS pour ouvrir la phase d’action et mettre sur la table des propositions concrètes pour inventer de nouveaux modes de règlement des différends entre les investisseurs et les Etats.Cela signifie-t-il qu’un ISDS, quelle que soit sa forme, doit forcément être introduit entre l’Union européenne, le Canada et les États-Unis, dotés de systèmes juridictionnels performants ?Pas forcément. La France n’était pas demandeuse de ce type de chose dans les négociations. Toutes les options restent sur la table : le retrait pur et simple de l’ISDS ou l’invention de quelque chose de nouveau.Il ne faut pas que des juridictions secrètes puissent faire ce qu’elles veulent dans leur coin.Comment améliorer le système actuel pour prévenir les dérives ?Il faut inventer quelque chose de neuf, qui ne soit plus de l’arbitrage, mais une nouvelle manière de régler des différends, en intégrant les juridictions publiques dans la procédure.Outre la création d’un mécanisme d’appel des décisions, nous réfléchissons à la création d’une cour permanente [avec par exemple des juges fixes plutôt que des arbitres choisis à chaque affaire, N.D.L.R.]. Cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais c’est une piste importante.Il faut aussi travailler sur les questions de conflits d’intérêts et de déontologie dans l’arbitrage, et pouvoir infliger des amendes pour recours abusif aux entreprises qui utilisent l’ISDS à des fins dévoyées.Enfin, il est déterminant de clarifier les notions juridiques trop floues (comme l’« expropriation indirecte », le « traitement juste et équitable » ou les « attentes légitimes » des investisseurs) qui permettent des interprétations trop larges et des dérives.Les principes doivent être clairs et permettre de garantir le droit à réguler des Etats. Il ne faut pas que des juridictions secrètes puissent faire ce qu’elles veulent dans leur coin.» Lire : Arbitrage privé : pourquoi le traité Europe-Canada est inquiétantLes négociations du traité transatlantique sont toujours en cours, mais n’est-il pas trop tard pour réviser l’ISDS dans l’accord Europe-Canada (CETA), conclu en septembre ?Nous ne pouvons nous contenter de peser sur les négociations du traité transatlantique, encore en cours, car l’ISDS pose des questions de principe. Ses dérives récentes sont inacceptables, quel que soit le pays ami avec lequel on négocie (États-Unis ou Canada).Les négociations du CETA sont certes achevées, mais il n’est pas encore ratifié. Son processus de « toilettage juridique » est encore en cours [et il peut donc être révisé, N.D.L.R.].Qui devrez-vous convaincre en priorité ? Les partenaires européens, ou les Américains et les Canadiens ?Il faudra convaincre beaucoup de monde, car c’est quelque chose de neuf. Tout le monde a l’habitude que l’ISDS soit dans les accords commerciaux depuis des décennies. Mais ce n’est pas pour ça que c’est bien.La France n’est pas seule à décider, mais elle est fidèle à sa tradition diplomatique et à son message universaliste quand elle propose autre chose pour l’avenir.Maxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.03.2015 à 09h23 • Mis à jour le05.03.2015 à 11h33 Plusieurs dizaines de mineurs sont morts, tués par un coup de grisou dans une mine de charbon à Donetsk, dans l'est séparatiste de l'Ukraine, mercredi 4 mars. « Les corps de 32 mineurs ont été retrouvés », et un autre est toujours porté disparu, a précisé jeudi le « ministère séparatiste des situations d'urgence » dans un communiqué. Le précédent bilan publié mercredi soir faisait état de 17 morts et de 16 disparus.Les secouristes remontent progressivement les corps à la surface de la terre où l'on a commencé à procéder à leur identification, ajoute le communiqué. Le président ukrainien, Petro Porochenko, a présenté ses condoléances aux familles des victimes, et déclaré une journée de deuil national jeudi. Plusieurs accidents mortelsLe sauvetage des mineurs a été rendu difficile par l'opposition des forces en présence. Donetsk est contrôlée par les rebelles prorusses, en guerre contre l'armée loyaliste. Le premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, avait affirmé mercredi avoir ordonné l'envoi de sauveteurs ukrainiens sur place mais que les séparatistes ne les avaient pas laissé entrer sur le territoire qu'ils contrôlent.« Si les rebelles avaient accepté l'aide de l'Ukraine, les mineurs auraient pu être sauvés », avait alors regretté Mykola Volynko, président du Syndicat des mineurs du Donbass, bassin qui comprend les deux régions rebelles de Donetsk et de Lougansk. La mine de Zasyadko, qui compte 10 000 employés, a été ces dernières années le théâtre de plusieurs accidents mortels. Une série d'explosions en novembre-décembre 2007 y avaient fait 106 morts. Cinquante-cinq gueules noires avaient été également tuées par un coup de grisou à Zasyadko en 2001, et 50 en 1999.Lire aussi notre reportage (édition abonnés) : La guerre en sourdine des mineurs du Donbass Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Après l’annonce, au début du mois, de la création d’une commission du Parlement grec sur les réparations allemandes de la seconde guerre mondiale, la présidente de la Vouli, Zoé Konstantopoulou, a confirmé, mardi 17 mars, la constitution d’une commission d’audit sur la dette grecque.« L’objectif est de déterminer l’éventuel caractère odieux, illégal ou illégitime des dettes publiques contractées par le gouvernement grec », a précisé Mme Konstantopoulou lors d’une conférence de presse, faisant allusion à plusieurs affaires de corruption et à l’opacité qui entoure l’achat d’armes par son pays.L’incorruptible de la Vouli, figure de Syriza« Le peuple a le droit de demander que la partie de la dette qui est illégale – si cela est avéré à l’issue de la commission – soit effacée », a-t-elle ajouté. L’article 7 du règlement adopté en mai 2013 par l’Union européenne (UE) prévoit en effet qu’« un Etat membre faisant l’objet d’un programme d’ajustement macroéconomique réalise un audit complet de ses finances publiques afin, notamment, d’évaluer les raisons qui ont entraîné l’accumulation de niveaux d’endettement excessifs ainsi que de déceler toute éventuelle irrégularité » (Règlement UE 472/2013 du 21 mai 2013« relatif au renforcement de la surveillance économique et budgétaire des Etats membres de la zone euro »).Une annonce explosiveMais l’annonce de la création de cette commission est explosive alors que le gouvernement grec, qui a longtemps souhaité un effacement d’un pan de la dette, semble s’être rendu, ces dernières semaines, aux arguments de ses créanciers et ne parle plus désormais que de rééchelonnement.Début mars, le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis, a pris acte du refus de ses interlocuteurs européens d’entendre parler d’une décote de la dette (un effacement pur et simple). « Une décote est un gros mot. Je l’ai compris, a expliqué M. Varoufakis. Il y a des solutions plus intelligentes. Nous pourrions reconvertir une partie des crédits que nous avons reçus du fonds de sauvetage européen [FESF] en obligations. Le coupon et les remboursements seraient ainsi indexés sur l’évolution de notre produit intérieur brut [PIB].Formellement la nouvelle commission d’audit devrait commencer ses travaux le 3 avril et présenter ses premières conclusions en juin. Soit au moment précis où l’accord conclu le 20 février entre la Grèce et ses créanciers arrivera à échéance, et où le moment d’ouvrir un nouveau chapitre de la renégociation de la dette sera venu.Cette commission parlementaire sera composée en partie de scientifiques et de juristes grecs mais aussi d’une dizaine de spécialistes de l’audit de renommée internationale.« Une dette illégitime viole les traités »« Nous allons étudier dans le détail la constitution de la dette ces dernières années, depuis le début de l’action de la “troïka” [les bailleurs de fonds du pays – Banque centrale européenne, Commission de Bruxelles et Fonds monétaire international] mais aussi revenir sur la période antérieure à 2010 », avance le belge Eric Toussaint, du Comité pour l’abolition de la dette du Tiers-Monde (CADTM). ce dernier a été choisi par Mme Konstantopoulou pour diriger techniquement les travaux de la commission sur l’audit. « Une dette illégitime viole les traités ou les conventions internationales mais aussi les droits humains fondamentaux et c’est ce que nous allons nous attacher à déceler », ajoute M. Toussaint.Pour un véritable audit de la dette grecqueUne fois les résultats de cette commission connus, et pour peu qu’ils concluent à l’illégitimité d’une partie de la dette grecque, rien n’obligera cependant les créanciers du pays à accepter le principe d’un effacement pur et simple de leurs créances. Mais « le gouvernement grec pourra alors prendre la décision souveraine de ne pas payer », assure M. Toussaint. « Notre commission a pour but de donner des arguments solides et scientifiques pour soutenir, ensuite, une décision politique qui appartient au gouvernement grec », ajoute-t-il.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) C’est derrière les barreaux, alors qu’il purgeait une peine de quinze jours de prison pour avoir distribué des tracts en compagnie de Boris Nemtsov à la sortie d’une bouche de métro, que l’avocat russe Alexeï Navalny, 38 ans, figure de l’opposition à Vladimir Poutine, a appris la mort de son ami, tué par balles en plein cœur de Moscou, à deux pas du Kremlin, le 27 février.La manifestation que les deux opposants préparaient pour le 1er mars s’est transformée en hommage funéraire. Ce lundi 16 mars, dix jours après sa sortie de prison, Alexeï Navalny a reçu Le Monde dans ses vastes bureaux un peu vides, situés dans une galerie commerciale de Moscou. Le blogueur anticorruption dit être financé par « 20 000 donateurs » anonymes qui soutiennent son combat.Lire : l’intégralité de l’entretienQui a tué Boris Nemtsov selon vous ? Quel est votre avis sur l’enquête qui a mis en avant la piste tchétchène ?J’exclus tout à fait que cet assassinat ait été possible sans autorisation du pouvoir. Je peux vous confirmer qu’ayant été moi-même sous contrôle du FSB [services de sécurité et de renseignement russes], comme l’était Boris Nemtsov, il est impossible qu’ils n’aient pas vu les tueurs et ce qui se préparait. Soit ils ont agi ensemble, soit ils ont laissé faire.Pendant les quinze jours que j’ai passés en prison, j’ai lu Boukovski [ancien dissident soviétique, cofondateur en 2008 avec Nemtsov d’une organisation démocrate] et je m’amusais de ses descriptions quand les agents du KGB faisaient la queue pour lui à la boulangerie… Je ne crois pas à un ordre direct du Kremlin, mais plutôt à une déclaration informelle de Vladimir Poutine et des dirigeants disant à Ramzan Kadyrov [le président de la République de Tchétchénie] : « On espère ­votre aide contre la 5e colonne. » Et Kadyrov a bien compris cet appel.Je le répète, je ne crois pas à un ordre direct au cours d’une réunion bien organisée, mais à une sorte de feu vert, oui. Lui dire « J’apprécie ton travail » suffit. Regardez la cérémonie filmée dans un stade de Grozny [le 28 décembre 2014] où Kadyrov exhorte 20 000 hommes en armes « à prendre des initiatives » et à « suivre les ordres de Vladimir Poutine ». Il n’a d’ailleurs pas eu honte d’affirmer que le principal suspect était un « vrai patriote de Russie », comme s’il disait, « oui, il a tué, mais c’est un bon patriote ».Lire : La piste tchétchène privilégiée par Moscou après le meurtre de Boris NemtsovVous ne croyez pas à la piste d’extrémistes islamistes ?Pas du tout ! Mais cette version est très intéressante pour le Kremlin. Ça ne vous plaît pas, la censure ? Faites attention aux extrémistes ! Vous allez manifester ? Attention… L’assassinat de Boris Nemtsov sert les intérêts du pouvoir, pour faire peur, pas seulement à l’opposition mais aussi à toute l’élite. Aujourd’hui, on évoque une « liste » de personnes visées, on ne parle plus dans l’opposition de politique, mais de sécurité !Boris aurait pu devenir président, il avait travaillé dans le système. Depuis Staline, une règle non écrite faisait qu’on ne s’en prenait pas, pour le tuer, à un membre du système. Lors de la dernière conversation que j’ai eue avec Nemtsov, et alors que je lui redisais que j’étais sous pression permanente, il m’avait répondu : « Poutine m’empêchera de participer aux élections, mais il ne fera rien contre moi car, lorsque j’ai été au gouvernement, nos bureaux étaient à côté. »On a tué Boris Nemtsov de façon « démonstrative », et aucun garde du corps n’aurait pu le protéger. C’était cela le message : « Même si vous pensez être protégé, ne rejoignez pas l’opposition. » Je savais qu’il préparait un rapport sur la présence de soldats russes en Ukraine sur la base de faits très concrets. Sur son compte Facebook, il avait d’ailleurs mis en avant celle de combattants de Kadyrov envoyés en Ukraine avec la bénédiction du Kremlin. Mais nous avons sous-estimé la détermination de Vladimir Poutine et de son entourage à défendre le pouvoir non d’un empire, mais d’un empereur, qui veut l’être à vie.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.03.2015 à 12h06 • Mis à jour le17.03.2015 à 14h37 | Alexandre Piquard « A partir du mois prochain, Politico aura, dans les deux centres de décision politique et réglementaire du monde – Washington et Bruxelles –, plus de journalistes qu’aucune autre publication. » Le site d’information américain a montré ses muscles, dans le communiqué qui a annoncé, mardi 17 mars, le lancement de sa version européenne, le 21 avril. Il devrait effectivement avoir une rédaction égale ou supérieure à celle de ses concurrents, médias spécialisés ou grands journaux généralistes.Lancé en 2007 aux Etats-Unis, Politico revendique aujourd’hui 300 journalistes et s’est imposé comme une source incontournable pour ceux qui veulent suivre de près les réformes en cours et les coulisses de la politique sous la présidence Obama.>> Lire : Politico, dans les coulisses d’une presse d’avant-gardeLe site explique vouloir décliner ce modèle en Europe, avec une équipe de 40 à 50 personnes, dont toutes ne seront toutefois pas installées à Bruxelles, certains étant correspondants dans les grandes capitales européennes (Paris, Londres, Berlin…) Son adresse Internet sera Politico.eu.Une équipe puissanteDans son communiqué, Politico détaille les noms de onze rédacteurs recrutés à Bruxelles : parmi ces personnes, un ancien correspondant en Pologne de l’hebdomadaire économique britannique The Economist, une journaliste américaine du quotidien tabloïd New York Post, une pigiste berlinoise du Wall Street Journal ou du New York Times… Il y aura aussi des journalistes de European Voice, une agence spécialisée acquise par Politico. L’équipe va être dirigée par Matthew Kaminski, un ancien du Wall Street Journal.Un autre nom est largement mis en avant par Politico : celui de Ryan Heath, qui aura la lourde tâche de produire l’équivalent bruxellois de « Playbook », la lettre matinale sur les coulisses de la politique américaine, lue par tous les décideurs de Washington et rédigée par la star Mike Allen.Ryan Heath a un profil « d’insider » absolu puisqu’il a travaillé pour la Commission européenne sous la présidence de José Manuel Barroso et été porte-parole de la commissaire Nellie Kroes. Transfuge de la politique et de la technocratie, il devra faire preuve de son indépendance et éviter le soupçon de conflits d’intérêts.Entre généralistes et médias spécialisésFace à cette équipe généreuse, le quotidien économique britannique Financial Times, considéré comme une référence sur les affaires européennes, ne dispose pour l’heure que de cinq personnes à Bruxelles (plus deux basés à Londres mais dédiés à l’Europe). Il envisage de recruter une personne pour renforcer son suivi des questions de concurrence économique. Le Monde a lui deux personnes sur place.L’irruption de Politico sur la scène européenne souligne les concurrences nouvelles auxquelles les grands médias généralistes sont confrontés : challengés sur Internet par des sites très grand public comme le Huffington Post, ils font aussi parfois face à des publications spécialisées. Politico a ainsi une partie accessible à tous, gratuitement, outre ses lettres payantes sur des thèmes comme l’énergie.L’agence de presse française AFP a une rédaction importante à Bruxelles, avec vingt personnes dont dix-huit journalistes (rédacteurs et autres métiers), mais elle a une couverture moins spécialisée que celle prévue par Politico.Du côté des médias spécialisés, le site américain devra compter avec l’Agence Europe, qui est parfois décrite comme le « journal officiel » des institutions européennes. Treize journalistes travaillent pour le site de cette publication quotidienne. Plus modeste, Europolitics se définit comme « le numéro un de l’information européenne indépendante » et a bonne réputation. Créé en 1972, le service a connu divers rachats et édite désormais un quotidien, un service Web et un magazine trimestriel, et propose, comme Politico, du contenu premium payant.L’agence Euractiv, dédiée à l’actualité européenne, revendique elle 12 rédacteurs à Bruxelles et 40 employés au total, dans 12 pays. Contexte, un pure player français qui se qualifie de « journal des politiques publiques françaises et européennes », a lui deux rédacteurs à Bruxelles et il en recrute actuellement deux autres.Un modèle économique plurielPour Politico, tout l’enjeu sera de réussir à transformer ces moyens pléthoriques en succès économique. Pour son aventure européenne, la publication a créé une joint-venture avec un partenaire puissant, le groupe de presse allemand Axel Springer.Politico ne publie pas ses chiffres mais le site serait rentable aux Etats-Unis. Une grosse part des revenus provient de la vente, pour plusieurs milliers d’euros par an, de ses lettres thématiques ; 80 des 300 journalistes américains de Politico sont chargés de les produire. Le reste provient de la publicité qui est insérée dans les newsletters, mais aussi dans les publications papier distribuées gratuitement sur les lieux de pouvoir. Sur ce modèle, 30 000 exemplaires seront ainsi imprimés quotidiennement en Europe, à Bruxelles et dans les capitales. Aux Etats-Unis, ces supports sont truffés de réclames pour des industries ou des lobbies. Enfin, Politico organise des conférences et des événements.Pour sa fête de lancement à Bruxelles, le 23 avril, le site américain a annoncé la présence du président du Conseil européen, Donald Tusk, du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stollenberg, ou encore du commissaire européen chargé du marché numérique unique, Andrus Ansip. Mais aussi de « quelques chefs de gouvernement ». A confirmer.Alexandre PiquardJournaliste médiasSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Ridet (Rome, correspondant) L’usage et les bonnes manières veulent que l’on prévienne au moins ses voisins lorsqu’on organise une fête. En annonçant, à l’occasion du deuxième anniversaire de son pontificat et du cinquantenaire de la fin du concile Vatican II, vendredi 13 mars, un jubilé extraordinaire consacré à la « miséricorde », du 8 décembre 2015 au 20 novembre 2016, le pape François ne s’est pas donné cette peine. L’Etat italien et la ville de Rome n’ont été mis dans la confidence qu’in extremis, bien que l’événement puisse attirer 10 millions de pèlerins à la recherche de pardon et d’indulgences plénières dans une Ville éternelle toujours au bord de la rupture.Pour Rome, qui se voit proposer sa 29e Année sainte depuis l’an 1 300, l’événement relève presque de la routine. La dernière, dite « jubilé de l’an 2000 », fut un succès marqué par un afflux de près de 30 millions de visiteurs supplémentaires. Ayant reçu pour l’occasion des financements exceptionnels, la ville où rien ne marche mais tout fonctionne en avait profité pour repeindre ses façades, lancer la construction d’une nouvelle ligne de métro (toujours inachevée), restaurer ses principaux monuments, reboucher quelques trous dans ses rues et profiter de retombées économiques non négligeables. Mais il s’agissait alors d’une Année sainte ordinaire, de celles qui se déroulent tous les vingt-cinq ans. Rome avait eu le temps de voir venir…FébrilitéMême si le pape semble vouloir se contenter d’un jubilé modeste et franciscain, l’annonce inopinée de l’ouverture prochaine de la porte sainte des quatre basiliques majeures de Rome suscite une certaine fébrilité. « Nous sommes prêts et nous serons à la hauteur de nos responsabilités », a fait savoir le maire, Ignazio Marino, dès vendredi. Pourtant, le gouvernement en doute, qui préférerait confier la supervision de l’événement à un commissaire nommé par l’exécutif plutôt qu’au seul élu et à ses services.« Nous sommes prêts », répètent les fonctionnaires chargés de la régularité des travaux qui vont être engagés pour l’occasion… Pourtant, ces derniers mois, Rome s’est surtout distinguée par la mise au jour d’un vaste réseau de corruption mêlant responsables politiques et mafieux, infiltrant les appels d’offres comme des souris dans une meule d’Emmental. « Les travaux prévus pour le jubilé seront contrôlés un par un », prévient Alfonso Sabella, l’adjoint qui, au sein de la municipalité, est chargé de la légalité et de la transparence. « Nous sommes prêts », a aussi répété le ministre de l’intérieur Angelino Alfano, qui garantit par avance que la « sécurité sera assurée ».Tournage du dernier James BondPour la Ville éternelle, candidate à l’organisation des Jeux olympiques de 2024, l’événement aura aussi valeur de test grandeur nature pour le fonctionnement de ses services (transports publics, collecte des ordures, etc.) et sa réputation. Afin de rassurer ses interlocuteurs, la mairie met en avant le bon fonctionnement des cérémonies qui ont eu lieu il y a près d’un an pour la double canonisation des papes Jean Paul II et Jean XXIII. Elle tire également argument du tournage qui s’achève actuellement sur les bords du Tibre, du film Spectre, le dernier James Bond, pour faire valoir les qualités et l’efficacité de son accueil. Alors que depuis un mois, la troupe du réalisateur Sam Mendes a transformé la ville en set cinématographique, symbolisant le retour des grandes productions hollywoodiennes en Italie, un seul incident est à déplorer : l’acteur Daniel Graig s’est légèrement blessé au cuir chevelu au volant de son Aston Martin DB10 en roulant à tombeau ouvert sur un nid-de-poule.Mais pour le reste, tout s’est bien passé. Les Romains semblent prendre avec une relative bonne humeur les rues fermées à la circulation, les bus déviés et les interdictions de stationner. Pour l’occasion, certains quartiers ont été nettoyés avec vigueur et la ville a reçu 1 million d’euros de la production. Deux cents personnes ont même trouvé un « petit boulot » sur le tournage. François pourra-t-il faire moins que l’agent secret de Sa Majesté ?Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.03.2015 à 17h06 • Mis à jour le16.03.2015 à 20h03 La police des polices britannique a annoncé lundi 16 mars avoir ouvert une enquête à la suite de plaintes accusant des policiers d'avoir couvert les agissements d'un réseau de pédophiles, qui a impliqué des responsables politiques et des institutions publiques dans les années 1970 à 2000.Ces policiers sont soupçonnés d'avoir « supprimé des preuves, (…) ralenti ou interrompu des investigations [et] couvert des délits du fait de l'implication de membres du Parlement ou d'officiers de police », précise la commission indépendante sur les plaintes à l'encontre de la police (IPCC), dans un communiqué publié sur son site Internet.L'IPCC, qui compte étudier 14 plaintes, a souligné qu'il s'agissait « d'accusations de corruption parmi les plus graves de l'histoire ». Une enquête de la police est par ailleurs en cours sur les sévices infligés à enfants qui auraient été commis au cours de ces années.Des députés soupçonnésEn décembre, une victime présumée, identifiée sous le nom de Nick, avait raconté aux enquêteurs comment lui et plusieurs autres garçons étaient conduits à plusieurs adresses de Londres et de la périphérie de la capitale britannique, y compris sur des bases militaires, où ils étaient abusés sexuellement par des groupes d'hommes.Il avait aussi accusé des députés et d'autres personnalités de premier plan d'être liées au meurtre de trois enfants, âgés de 7 à 16 ans.L'été dernier, des révélations de presse confirmées par les ministères concernés avaient montré que 114 dossiers relatifs à des accusations de sévices sexuels infligés à des enfants entre 1979 et 1999 avaient disparu. Un de ces dossiers portait, selon la presse, sur l'implication de députés et d'autres personnalités politiques.Lire aussi (édition abonnés) : La révélation de plusieurs scandales de pédophilie bouleverse le Royaume-UniDavid Cameron, le premier ministre britannique, avait promis en juillet « de faire toute la lumière » et d'« explorer toutes les pistes pour découvrir la vérité sur ce qui s'est passé ». 16.03.2015 à 09h48 Le 16 mars 2014, la Russie annexe la Crimée lors d'un référendum local, non reconnu par la communauté internationale et dénoncée le 27 mars par l'Assemblée générale de l'ONU. Faut-il accepter ce fait accompli, alors que les tensions persistent entre Moscou et Kiev?- La droite française est devenue l'agent d'influence de Vladimir Poutine. En France, les dirigeants de la droite, atteints de poutinolâtrie, ont perdu la raison dans la lecture du conflit en Ukraine, selon un collectif de signataires parmi lesquels l’historien Alain Besançon, l’économiste Boris Najman ou le philosophe Philippe Raynaud.- La guerre dans le Donbass divise davantage la société russe, par Georges Nivat, professeur honoraire à l'université de Genève. Depuis la mort de Boris Nemtsov, une dissidence plus affichée prend forme en Russie. Mais l'annexion de la Crimée semble avoir été acceptée. Denis Cosnard Séduire les entreprises étrangères, les convaincre que la France n’est pas un pays affreusement compliqué et en déclin, les inciter à y investir sans tarder… François Hollande est reparti à la charge, lundi 16 mars. A l’Elysée, le président de la République devait passer la matinée avec les dirigeants d’une poignée de filiales d’entreprises qui ont choisi l’Hexagone, comme Siemens et Roche, afin de « saluer leur succès » et de les montrer en exemple. Objectif : accélérer ainsi la reprise des investissements étrangers en France.Après trois ans de baisse, le nombre de projets lancés par des groupes internationaux est en effet remonté de 8 % en 2014, selon les pointages de l’agence nationale Business France. Cette structure publique a comptabilisé 740 décisions de ce type, qu’il s’agisse d’implantations nouvelles, d’extensions de sites existants ou de rachats d’entreprises en difficulté. Sur ce critère, 2014 constitue l’un des deux meilleurs exercices enregistrés depuis dix ans.Investir en France, « yes we can »« Cette hausse marque une inversion de tendance, se réjouit Muriel Pénicaud, la directrice générale de Business France. On sent un frémissement. Il ne faut pas mollir pour autant. Car nous ne sommes pas seuls à vouloir attirer les investissements étrangers qui arrivent en ce moment en Europe. C’est le moment d’y aller à fond ! »Trop tôt pour crier victoirePour les responsables publics, il est effectivement beaucoup trop tôt pour crier victoire. D’abord, la reprise de 2014 n’est pas due spécifiquement aux efforts de la France : toute l’Europe a bénéficié d’une hausse des investissements étrangers, évaluée à 17 % par Business France. La part de marché de l’Hexagone en Europe tend donc à décliner un peu.Une situation qui s’explique. D’un côté, les déclarations de l’ex-ministre de l’économie Arnaud Montebourg contre certains patrons comme ceux de Mittal ou Titan n’ont pu que renforcer les doutes des investisseurs. Même effet pour le décret pris par le bouillant ministre en mai 2014, en pleine bataille autour d’Alstom, pour allonger la liste des secteurs stratégiques dans lesquels les investissements internationaux sont soumis à une autorisation préalable du gouvernement. « Cela a suscité des questions pendant un mois, puis les gens ont compris que les autres pays font exactement la même chose, et que les interdictions sont très rares… puisque il n’y en a eu aucune »,tempère Mme Pénicaud.D’un autre côté, la mise en place du crédit d’impôt pour l’investissement et l’emploi (CICE) et la baisse de certaines charges sont de nature à renforcer l’attractivité de la France. Mais au total, l’image du pays reste un peu brouillée.Baisse du nombre d’emploisEnsuite et surtout, la légère progression du nombre d’investissements cache une baisse, au contraire, du nombre d’emplois concernés. Les projets décidés en 2014 ne doivent, en effet, permettre de créer ou sauvegarder que 25 478 emplois, selon les estimations des pouvoirs publics. C’est 14 % de moins qu’en 2013, et la plus mauvaise performance depuis douze ans. Ces dernières années, l’impact sur l’emploi des projets internationaux n’a cessé de décliner. Un problème majeur, car si François Hollande, Manuel Valls et leurs ministres sillonnent la planète pour répéter dans toutes les langues « La France est un pays pro-entreprises », c’est bien pour que cela crée des emplois. Or le compte y est de moins en moins.Fini le temps des énormes usines, comme celle inaugurée par Toyota à Valenciennes (Nord) en 2001, qui avait entraîné la création de 4 000 postes d’un coup. Désormais, les projets les plus massifs dépassent rarement 200 emplois. A l’image de la nouvelle unité chimique installée par l’américain Hexcel Fibers à Roussillon (Rhône-Alpes), une des opérations majeures de 2014, qui a permis le recrutement de 120 personnes.Les nouveaux habits des investissements chinois en FranceAu fil des ans, « les investissements changent, avec une forte progression du nombre de projets dans des activités à forte valeur ajoutée », constate-t-on chez Business France. En 2014, davantage de sociétés ont ainsi décidé d’implanter des sièges sociaux ou des centres de recherche et développement. A la clé, des emplois haut de gamme mais en quantité restreinte. Les investissements dans la production, eux, drainent toujours moins d’emplois, un reflet de la profonde crise de l’industrie en France.Faut-il craindre les investissements chinois en France ?Denis CosnardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Adrien Pécout On avait quitté Philippe Saint-André furibard à Paris, on le retrouve euphorique à Rome. Dimanche 15 mars en fin d'après-midi, heureux de leur net succès sur l'Italie (29-0), le sélectionneur du XV de France a livré un bel exemple de « pax romana » avec ses joueurs. Ces mêmes joueurs qu'il avait pourtant qualifiés de « starlettes », voilà deux semaines, au lendemain de leur piteuse défaite à domicile contre le pays de Galles.Du positif, du positif, rien du positif. A l'issue de cet avant-dernier match du Tournoi des six nations, en conférence de presse dans les entrailles du Stadio Olimpico, « PSA » a complimenté ses joueurs avec un zèle qui semblerait presque déplacé vu le piètre rendement de l'Italie : « On a pris le match par le bon bout, et dans un contexte difficile, c'est une belle victoire. Il faut dire quand ça ne va pas, mais il faut aussi féliciter quand c'est bien. Aujourd'hui on a vu une vraie équipe. Ce n'est pas un match parfait, mais aujourd'hui, je retiens uniquement le positif. »Par rapport aux titulaires alignés contre le pays de Galles, le manageur avait procédé à huit changements, dont quatre pour cause de blessures. Vainqueur timoré de l'Ecosse en match d'ouverture (15-8), le XV de France restait sur deux défaites dans la compétition, en Irlande (18-11) et donc, devant un public du Stade de France désabusé, contre le pays de Galles (20-13).Le succès obtenu à Rome aura au moins le mérite de réconcilier en public Philippe Saint-André et ses hommes. Sur le plan comptable, il permet même à la France de rester en course pour boucler le Tournoi des six nations 2015, samedi 21 mars, à une très hypothétique première place ex aequo. Ce miracle nécessiterait un alignement des planètes : une victoire française en Angleterre, mais aussi une défaite de l'Irlande en Ecosse et du pays de Galles en Italie....Rendez-vous en Coupe du mondeDans l'immédiat, Saint-André peut surtout se féliciter d'avoir évité l'affront d'une troisième défaite de rang en Italie. Rossés en 2011 puis 2013, les Bleus avaient subi deux camouflets lors de leurs précédents déplacements face à l'adversaire a priori le plus faible du Six nations (la France pointe à la 7e place du classement international, l'Italie, à la 14e). Un adversaire que les Bleus croiseront à nouveau dès le 19 septembre prochain, en Angleterre, pour leur premier match de la Coupe du monde 2015.En attendant, face aux médias, Thierry Dusautoir verse lui aussi dans l'autosatisfaction. Elu homme du match, le troisième-ligne toulousain de l'équipe de France fêtait son cinquantième match en qualité de capitaine, record en cours. Il souligne « l'envie » , « l'appétit», voire « la révolte» qui a animé l'équipe : « L'équipe a bien répondu au niveau mental. C'est bien que les joueurs aient fait abstraction de l'extérieur pour vraiment se concentrer sur ce match et le gagner. » Désigné à la vindicte populaire pour ses loupés contre le pays de Galles (à peine 50 % de réussite au pied), Camille Lopez a ainsi refait surface. L'ouvreur de Clermont a réussi ses deux pénalités en première période, devant les 67 000 spectateurs de l'Olimpico. Sorti à la pause en raison d'un hématome à une cuisse, il cédera sa place à un Jules Plisson lui aussi à créditer d'une réussite optimale : deux transformations et deux pénalités en deuxième période.Victime pour sa part d'une fracture du nez, le demi d'ouverture du Stade français a gardé le sourire au sortir des vestiaires : « Sur le terrain, j'ai vu des mecs fiers de ce porter ce maillot, des mecs avec le sourire. On n'avait pas vu ça depuis longtemps. Le discours de Philippe il y a deux semaines [ses critiques au lendemain de France-Galles] nous a peut-être donné un petit coup de pied au c... », lâchera le jeune homme de 23 ans, dont la précédente convocation en équipe de France remontait à l'an dernier, presque jour pour jour, contre l'Ecosse.Une faible adversitéAu-delà de ces témoignages enthousiastes, il y aurait pourtant à redire. Sur la faiblesse de l'adversaire, d'abord : étonnante tombeuse de l'Ecosse à Murrayfield il y a quinze jours (22-19), l'Italie a cette fois faibli sous le poids de la défense française, bien en place. De fait, la plupart des joueurs transalpins évoluent d'ordinaire à Zebre ou Trévise... des clubs englués dans les profondeurs de la Ligue celte.Second bémol de taille, la France aura dû attendre une bonne demi-heure pour vraiment entrer dans la partie. Trop brouillonne, elle dut s'en remettre en première mi-temps aux deux pénalités de Lopez et à celle de Spedding (9-0 à la pause), également auteur d'un raté en début de match. Dusautoir justifie ce démarrage difficile :« Un match de rugby, ça se construit. La première période n'était peut-être pas intéressante au niveau de la production, mais ça a permis de bien finir ce match. » Pour les essais, il faudra en effet attendre celui du deuxième-ligne Yoann Maestri (46e minute). Le Toulousain conclura un déboulé de l'arrière bayonnais Scott Spedding, qui remplaçait cet après-midi le Racingman Brice Dulin, écarté à la suite match contre les Gallois. Entré en cours de jeu, le centre toulonnais Mathieu Bastareaud inscrira à son tour le sien dans les ultimes instants (80e).Un match plus compliqué qu'il n'y paraît, donc, en dépit des sourires affichés. Le deuxième-ligne du Stade français, Alexandre Flanquart, s'en contentera pour ce soir : « On avait besoin de faire un gros match, si ce n'est dans le jeu, au moins dans l'engagement. Je pense qu'on a réussi à le faire. Maintenant, il faut redescendre sur terre et se préparer pour la semaine prochaine. » Samedi 21 mars, pour le moment en tête du Tournoi des six nations avec l'Irlande et le pays de Galles, l'Angleterre promet une opposition autrement plus relevée que celle de l'Italie. Adrien PécoutJournaliste au Monde 15.03.2015 à 18h05 • Mis à jour le15.03.2015 à 19h02 Philippe Saint-André peut souffler. Après deux défaites d'affilée en Irlande (18-11) puis contre les Gallois (20-13), son XV de France s'est rassuré, dimanche 15 mars, au Stade olympique de Rome, en dominant l'Italie (29-0) lors de l'avant-dernier match du Tournoi des six nations.« On a pris le match par le bon bout ,et dans un contexte difficile, c'est une belle victoire. C'est une bonne journée, avec beaucoup de sourires dans le vestiaire. On les a usés physiquement, on les a bien pris à la gorge en défense », s'est félicité le sélectionneur tricolore, malgré une première période poussive.Jacques Brunel, l'entraîneur français de l'Italie, s'est montré beau joueur : « J'ai trouvé l'équipe de France solide, mais ça on le savait, même si elle n'avait pas de résultats. Elle a pesé réellement en défense, elle nous a contrés sur la conquête du ballon. La France n'a pris que deux essais depuis le début du Tournoi ». « L'élément primordial dans ce match, ce n'est pas la pluie, c'est surtout la défense française, qui nous a gênés dans les phases de conquête et dans la construction de notre jeu », a analysé le technicien.Distancée au classement par l'Angleterre, l'Irlande et le pays de Galles (3 victoires chacun), la France de PSA a su assurer l'essentiel dans la froidure romaine pour finalement obtenir sa deuxième victoire en quatre matchs dans la compétition, après son succès inaugural contre l'Ecosse (15-8).Défaites en Italie en 2011 et en 2013Les chances d'accrocher la première place ex aequo du Tournoi restent tributaires d'un incroyable concours de circonstances (une victoire contre l'Angleterre, et dans le même temps une défaite des Gallois en Italie et des Irlandais en Ecosse), mais ce succès aura au moins le mérite de mettre les Bleus en confiance face à l'adversaire contre qui elle ouvrira la Coupe du monde 2015, le 19 septembre.Humilié lors de ses deux dernières sorties à Rome, en 2011 puis 2013, le XV de France n'avait plus gagné en Italie depuis 2009. En première mi-temps, les Bleus ont d'abord construit leur succès grâce à trois pénalités : deux de Lopez (29e et 35e) et une de Spedding (40e+1), qui avait pourtant loupé sa première tentative. Une leçon de réalisme pour des Italiens qui avaient eux échoué à deux reprises plus tôt dans la partie.L'Angleterre pour finirTrès pauvre en première période, le match s'est animé au retour des vestiaires. La France réussira même à inscrire deux essais : par l'intermédiaire de son deuxième ligne toulousain Yoann Maestri, à la conclusion d'une chevauchée de Spedding (46e) ; puis par le centre toulonnais Mathieu Bastareaud, entré en fin de match pour faire valoir sa force de frappe (80e+2). Jules Plisson, entré à la place de Camille Lopez à la mi-temps, a réussi les deux transformations et a également inscrit deux pénalités (42e et 58e).Remise en selle par cette deuxième victoire en quatre matchs, l'équipe de France bouclera son Tournoi des six nations samedi 21 mars, dans le temple londonien de Twickenham, pour un crunch périlleux qui l'opposera à des Anglais en pleine réussite. Les Anglais sont en tête du Tournoi après la défaite irlandaise au pays de Galles.  21.03.2015 à 21h48 • Mis à jour le22.03.2015 à 11h24 « Nous avons un objectif, faire annuler cette loi. » Après des années d'austérité, des dizaines de milliers d'Irlandais ont manifesté samedi 21 mars à Dublin pour dénoncer la décision du gouvernement de facturer l'eau du robinet, jusqu'alors gratuite.Ce rassemblement, dernier d'une série qui a réuni jusqu'à plusieurs dizaines de milliers de personnes depuis septembre, a fortement mobilisé. Si la police irlandaise s'est refusée à donner un chiffre de participation, les organisateurs ont estimé le nombre de manifestants à 80 000 tandis que la chaîne de télévision RTE a évoqué 30 000 à 40 000 personnes dans les rues de la capitale irlandaise.#irishwater #irishwaterprotest #WATERPROTESTS #watercharges #ireland #Dublin http://t.co/x0GEb2HCu1— Ciara Byrne (@ciarabyrne)require(["twitter/widgets"]);Les premières factures, pour le premier trimestre de l'année, doivent arriver dans les boîtes aux lettres des Irlandais le mois prochain. Pour le gouvernement, cela permettra d'introduire la « clarté et l'accessibilité » dans la tarification de l'eau.Mais pour Deirdre, une manifestante originaire de Dublin, il s'agit surtout d'une mesure d'austérité de trop alors que le pays compte plus de 10 % de chômeurs et que le retour de la croissance économique, qui s'élevait à 4,8 % en 2014, tarde à se faire sentir pour une grande partie de la population.« Ce n'est pas juste au sujet de l'eau, que nous payons déjà avec nos impôts. Il s'agit aussi des coupes dans les retraites, de l'impôt foncier. J'ai encore la chance d'avoir mon emploi, mais il n'y a pas eu de hausse de salaire depuis six ans, tandis que les nouvelles taxes, elles, se sont multipliées. »Appels à ne pas payerParmi les manifestants, nombreux étaient ceux qui brandissaient des drapeaux aux couleurs du parti d'opposition et anti-austérité Sinn Féin. D'autres arboraient un drapeau grec, évocation du mouvement Syriza, ou soutenaient l'Alliance anti-austérité, qui s'inspire du mouvement désormais à la tête de la Grèce. La députée du Parti socialiste Ruth Coppinger a appelé la foule à ne pas payer. « D'ici dix jours, chaque famille dans ce pays va recevoir sa facture. Le seul moyen d'obtenir la suppression de cet impôt est de ne pas payer en masse. »Lire : En Irlande, l'Alliance anti-austérité rêve de marcher dans les pas de Syriza et PodemosDublin s'était engagé à introduire cette taxe sur l'eau dans le cadre du plan d'aide financière du Fonds monétaire international et de l'Union européenne adopté en 2010 pour sauver son économie de la faillite. En novembre, le gouvernement avait fait marche arrière sur certains points, réduisant notamment le montant de la facture réclamée aux foyers irlandais (qui sera comprise entre 60 et 160 euros) et renonçant à les faire payer au mètre cube consommé. Mais il refuse d'abandonner sa réforme qui doit mettre fin à une exception au sein de l'UE, qui remonte à 1997.Lire (édition abonnés) : L’Irlande sort à petits pas de sept années d’austérité 21.03.2015 à 10h58 • Mis à jour le21.03.2015 à 12h48 « La corruption pue, la société corrompue pue », a lancé samedi 21 mars le pape François aux habitants du quartier défavorisé de Scampia à Naples, en avertissant que « tous, nous avons la possibilité d'être corrompus et de glisser vers la délinquance ».Le pape a lancé cet appel très ferme, en évitant de parler directement de mafia dans ce quartier emblématique des grands problèmes sociaux de Naples :« Ceux qui prennent la voie du mal volent un morceau d'espérance à eux-mêmes, à la société, à tant de gens honnêtes, à la bonne réputation de la ville, à son économie »Lire aussi, en édition abonnés : Le pape François dans l’ex-enfer de GomorraAppel à se convertir « à l'amour et à la justice »« Comme un animal mort pue, la corruption pue, la société corrompue pue, et un chrétien qui fait entrer en lui la corruption pue », a-t-il martelé sur la place Jean Paul II du quartier, où le pape polonais s'était rendu en 1990. « La vie à Naples n'a jamais été facile, mais elle n'est jamais triste, sa grande ressource est la joie », a tempéré François, chaleureusement applaudi par la foule.Assis sur un podium au milieu de centaines d'enfants, le pape a fustigé « ceux qui prennent la voie du mal (et) volent un morceau d'espérance à eux-mêmes, à la société, à la bonne réputation de la ville, à son économie ». Le pape a ensuite célébré une messe devant quelque 100 000 fidèles, sur la place du Plebiscito. Il a dénoncé le trafic de drogue et a appelé les mafieux de la Camorra, sans toutefois les citer, à « se convertir à l'amour et à la justice » :« Il est toujours possible de retourner à une vie honnête. Ces sont des mères en larmes qui le demandent dans les églises de Naples. »Il a exhorté Naples à vivre un nouveau « printemps » pour « un avenir meilleur », « sans se réfugier dans le passé ».Les mesures de sécurité sont drastiques, d'autant que le pape devait circuler en voiture sur un total de 25 km. Selon la presse locale, 3 000 agents des forces de l'ordre, dont des tireurs d'élite sur les toits, sont déployés. Stéphane Lauer (New York, correspondant) La fracturation hydraulique va commencer à être encadrée par le gouvernement américain. Celui-ci a effectivement annoncé, vendredi 20 mars, une série de règles contraignantes concernant cette technique de forage notamment utilisée dans l’extraction du gaz et du pétrole de schiste. Cette régulation, vivement contestée par les entreprises du secteur, était en cours de discussion depuis 2012.La fracturation hydraulique, qui consiste à injecter de l’eau, du sable et des produits chimiques dans le sous-sol pour y récupérer le pétrole et le gaz difficiles à extraire, suscite de plus en plus d’opposition aux États-Unis. « Il y a beaucoup de crainte et d’inquiétude de la part du public, particulièrement à propos de la sécurité de l’eau souterraine et de l’impact de ces opérations », explique Sally Jewell, la secrétaire à l’Intérieur, c’est-à-dire la responsable de l’exploitation des ressources naturelles et de la gestion des terres publiques aux États-Unis.Le Bureau de gestion des terrains (BLM) du département de l’Intérieur a reçu des contributions de plus de 1,5 million de particuliers et d’associations. « Nous pensons que ces normes sont essentielles », ajoute-t-elle soulignant que la réglementation actuelle date d’il y a 30 ans et qu’elle n’est plus adaptée à la situation actuelle.Secrets industrielsLes mesures annoncées vendredi vont obliger les groupes pétroliers et gaziers à renforcer l’étanchéité de leurs puits et des tests seront systématiquement effectués pour vérifier la qualité des parois en ciment censées empêcher la contamination des nappes phréatiques. Les sociétés devront aussi publier dans un délai des 30 jours quels produits chimiques elles injectent dans le sol pour permettre l’extraction.Ce sujet est une question sensible pour les compagnies pétrolières, qui sont très jalouses de leurs secrets industriels. Ainsi, récemment, en Caroline du Nord, Halliburton a fait un intense lobbying pour faire passer une loi, qui condamne toute personne qui divulguerait la liste des produits chimiques utilisés pour la fracturation hydraulique.Avant de commencer un forage, les compagnies pétrolières et gazières devront également fournir davantage d’informations concernant le stockage des fluides toxiques utilisés. Elles devront par ailleurs sécuriser les eaux usées dans des réservoirs couverts, au lieu de les évacuer, comme c’est parfois le cas, dans des fosses creusées à même le sol.Les compagnies devront aussi détailler comment elles comptent éliminer ces produits toxiques. Enfin, elles auront à fournir plus d’informations concernant les réserves d’eau situées à proximité du forage afin que celles-ci soient protégées.Un impact limitéCe premier pas vers une réglementation est toutefois limité dans la mesure où elle ne vise que les terrains qui sont la propriété de l’Etat fédéral. Cela ne représente que 11 % du gaz naturel exploité et 5 % des gisements de pétrole. Environ 100 000 puits sont concernés au total. La grande majorité de l’extraction se déroule en effet sur des espaces privés ou appartenant aux États fédérés, qui restent libres d’appliquer leurs propres règles.Certains, comme New York, ont interdit totalement la fracturation, tandis que d’autres, comme le Colorado, ont commencé à réguler le secteur. Mais beaucoup sont encore muets sur le sujet.Cela n’a pas empêché les compagnies pétrolières de protester vigoureusement contre cette nouvelle réglementation. Elles craignent notamment que ces mesures commencent à inspirer certains États pour mettre en place des règles plus contraignantes. Elles dénoncent également les coûts que cela va engendrer.Même si les mesures interviennent à un mauvais moment pour l’industrie, alors que le prix du baril a chuté de 50 % en un an, l’impact financier serait relativement limité. Le montant global pour le secteur a été évalué par le gouvernement à 32 millions de dollars (29,5 millions d’euros) par an, soit à peine 1 % du coût d’exploitation moyen d’un puits.Protestations du lobby pétrolierLa réaction du lobby pétrolier a néanmoins été immédiate. Quelques minutes après la publication des nouvelles règles, l’Independent Petroleum Association of America a déposé plainte, qualifiant ces mesures de « réaction à des préoccupations non fondées ».Pour Barry Russell, le responsable de l’organisation, « De la Californie à la Pennsylvanie, l’industrie du pétrole et du gaz naturel a joué un rôle crucial dans la relance de l’économie américaine, et la fracturation hydraulique a été la clé de cette renaissance. Cette nouvelle réglementation fédérale va ajouter des coûts pour nos producteurs indépendants », proteste-t-il, pronostiquant que le dispositif va conduire à faire fuir les investissements et peser sur les créations d’emplois.Vingt-quatre heures auparavant, le sénateur républicain de l’Oklahoma, James Inhofe, a tenté de couper l’herbe sous le pied du gouvernement en proposant une législation visant à interdire à l’Etat fédéral de réguler la fracturation hydraulique, laissant le champ libre aux Etats fédérés. En annonçant cette nouvelle réglementation, Barack Obama a ouvert un nouveau front avec les Républicains, désormais majoritaires au Congrès.Obama veut réduire de 40 % les émissions de méthane d’ici à 2025 Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.03.2015 à 18h54 • Mis à jour le20.03.2015 à 19h19 Après expiration du délai légal de dix-huit mois de détention provisoire prévu par le code pénal, le fondateur et dirigeant du parti grec d'inspiration néonazie, Aube dorée, a été libéré de prison, vendredi 20 mars. Nikos Michaloliakos, 57 ans, est assigné à résidence.Lire aussi : La chute de Nikolaos Michaloliakos, « le petit Führer grec »Mis en examen pour « direction et participation à une organisation criminelle » – en lien avec sa formation politique – et d'autres délits, il est interdit de quitter le territoire. La justice l'autorise cependant à sortir sous escorte pour assister aux séances du Parlement. Un autre député d'Aube dorée, Yannis Lagos, poursuivi dans le cadre de l'assassinat du militant antifasciste Pavlos Fyssas, a également été remis en liberté conditionnelle. Il lui est interdit de quitter le pays et de participer à des rassemblements publics.Lire : Grèce : qui sont les néonazis du parti Aube dorée ? Soixante-douze personnes jugéesLes deux hommes ont été arrêtés quelques jours après l'assassinat de M. Fyssas, le 18 septembre 2013. Le chanteur de 34 ans avait été poignardé par Yorgos Roupakias, 45 ans, qui avait reconnu les faits et confirmé son appartenance à Aube dorée. Son meurtre a marqué le lancement d'une enquête inédite contre cette formation, d'inspiration xénophobe et antisémite. Lire : « Grèce : un rappeur antifasciste tué par un néonazi »Les principaux cadres, députés, ex-députés et de nombreux membres d'Aube dorée ont ainsi été interpellés et placés en détention provisoire. Le numéro deux du parti, Christos Pappas, doit par ailleurs être remis en liberté conditionnelle le 29 mars. Au total, 72 personnes seront jugées dans le cadre de cette affaire à partir du 20 avril.Lire (édition abonnés) : La Grèce sous le choc de la violence d’Aube doréeEntrée pour la première fois au Parlement lors des législatives de 2012 avec 18 députés, Aube dorée a maintenu son score lors des législatives du 25 janvier, où elle est arrivée en troisième position et a fait réélire 17 députés, dont certains sont toujours sous les verrous.Lire aussi (édition abonnés) : Aube dorée, en troisième position, crie victoire 20.03.2015 à 16h42 • Mis à jour le20.03.2015 à 20h12 L'Ukraine tente d'obtenir de ses créanciers l'effacement d'une partie de sa dette. Depuis le 12 mars, Kiev a engagé des négociations avec ses bailleurs privés et publics avec l'objectif de dégager 15 milliards de dollars (14 milliards d'euros) d'allègement dans le cadre d'un plan d'aide international de 40 milliards de dollars (envrion 37 milliards d'euros) sur quatre ans.Mais les discussions s'annoncent « compliquées », a annoncé, vendredi 20 mars, la ministre des finances, Natalie Jaresko. « Cette restructuration va requérir un mélange d'extension de maturité, de réduction du coupon [les intérêts] et du [montant] principal », a-t-elle expliqué la ministre au centre de recherches Council on Foreign Relations, à New York.Mme Jaresko dit ne pas connaître dans le détail l'identité des détenteurs de la dette ukrainienne, échangeable sur les marchés, et notamment des 3 milliards de dollars (2,8 milliards d'euros) prêtés par Moscou à Kiev en 2013, et qui doivent être remboursés d'ici à la fin de l'année.Des incertitudesAffaiblie économiquement par le conflit dans l'Est, l'Ukraine devrait voir sa dette publique flamber à 94 % de son produit intérieur brut en 2015, contre 40,6 % en 2013. Selon Mme Jaresko, Kiev et ses créanciers ont intérêt à ce que le pays revienne sur une trajectoire « viable » et « soit en position de rembourser sa dette ». « Nous n'y sommes pas encore », a-t-elle reconnu, ajoutant que les discussions devront être achevées d'ici à mai.Lire aussi (édition abonnés) : L’économie ukrainienne au bord de l’effondrementLe Fonds monétaire international (FMI), qui contribue à hauteur de 17,5 milliards de dollars (16 milliards d'euros) au plan d'aide, craint que certains bailleurs du pays rechignent à accepter des pertes. Ces derniers « ont naturellement feint d'être surpris », mais « jusqu'à maintenant, nous avons à peu près le sentiment que tout le monde nous soutient », a assuré la ministre.Le conflit dans l'est du pays fait peser de nombreuses incertitudes sur l'issue des discussions et sur le scénario du FMI d'un retour à la croissance dès 2016 et pour Mme Jaresko :« Il y a beaucoup de pièces du puzzle qui ne sont pas prévisibles (...). C'est difficile de prédire si nous serons proches de ces prévisions s'il y a un choc extérieur ou si le cessez-le-feu ne tient pas. » Maryline Baumard En 2014, l’Europe a enregistré 626 000 demandes d’asile, soit une hausse de 44 % en un an. Parmi eux, 20 % sont des Syriens, selon les dernières statistiques Eurostat. Laissera-t-on longtemps encore ces familles entières traverser la Méditerranée aux mains de passeurs, pour tenter d’être reconnues comme des réfugiés ? Cette question est sous-jacente dans la lettre que vient d’adresser le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterres. Une missive qui liste une série de propositions concrètes.Renonçant à attendre une initiative politique qui ne vient pas, las de voir les bateaux sombrer, les Nations unies ont donc pris les devants. Vendredi 19 mars, l’agence de l’organisation internationale ouvrait le débat sur le sujet, à Paris avec la presse. Elle souhaite encourager une large réflexion entre la Commission européenne, les États et d’autres parties prenantes concernées pour répondre aux problèmes de la migration en mer Méditerranée et pour sauver des vies.En 2014, 3 419 personnes ont péri noyées en tentant de rallier l’Europe. C’est devenu la route la plus dangereuse du monde et elle risque de faire plus de victimes en 2015 qu’en 2014. Depuis le 1er janvier, en effet, quelque 470 personnes ont déjà trouvé la mort ou sont portées disparues, contre 15 sur la même période en 2013.Par son initiative, le HCR veut réveiller une Europe barricadée derrière ses frontièresLe HCR souhaite donc la mise en place d’une opération européenne d’envergure pour la recherche et le sauvetage en mer. Une opération similaire à Mare Nostrum, l’initiative italienne de sauvetage qui a pris fin l’année dernière, faute de relais pris par l’Europe. La nouvelle version, dont rêve le HCR, serait gérée conjointement par les Etats et n’aurait rien à voir avec Frontex, l’agence de surveillance des frontières extérieures de Schengen, qui sauve occasionnellement des naufragés, mais dont ce n’est pas la vocation première. Pour l’heure, les Etats s’y refusent, car ils estiment que cela créerait un appel d’air. Le HCR souhaite aussi la mise en place de compensations européennes versées aux compagnies maritimes pour les pertes subies pendant le sauvetage de personnes en détresse. À l’heure actuelle, certains cargos commencent en effet à se dérouter pour ne plus croiser les routes des migrants… C’est en effet sur les gardes-côtes italiens et sur les initiatives privées que repose aujourd’hui le secours.Répartition inégalePar son initiative, le HCR veut réveiller une Europe barricadée derrière ses frontières et aider à penser globalement le sujet des migrations. Elle préconise donc une meilleure répartition de l’accueil des demandeurs d’asile entre les États. Aujourd’hui, ces demandes vont très majoritairement vers l’Allemagne et la Suède. La première a enregistré un tiers de demandes en 2014, la seconde 13 %. La France et l’Italie arrivent ensuite avec 10 % chacune, et une baisse de 5 % des demandes pour la France.Face à cette répartition inégale, le HCR propose une solidarité européenne permettant une répartition plus égale, mais aussi une prise en charge mutualisée des entrants en Europe. L’Italie et la Grèce, principales portes d’entrées dans l’espace Schengen, pourraient, si les recommandations étaient suivies, bénéficier d’un appui pour accueillir les demandeurs d’asile. Aujourd’hui ces deux pays se sentent largement abandonnés et en profitent pour ne pas se plier à toutes les obligations internationales… Sur le problème plus spécifique des Syriens, et ses 4 millions de réfugiés extérieurs, le HCR propose une initiative pilote. Il préconise le transfert direct des réfugiés secourus en mer vers différents pays d’Europe, selon une répartition équitable. À l’heure actuelle, on est bien loin de l’« équité » puisque la France a par exemple accepté 1 000 réfugiés syriens sélectionnés comme vulnérables par le HCR, quand l’Allemagne a ouvert ses portes à 20 000. Le HCR préconise l’utilisation du parrainage privé, de visas humanitaires et de visas étudiants ou de travail par les États pour faire entrer ces victimes de la guerre. « La proposition du HCR comprend également des efforts visant à assurer que des programmes robustes pour le soutien à l’intégration nationale soient développés, et que les réfugiés reçoivent l’aide dont ils ont besoin pour contribuer à nos sociétés », déclarait récemment Vincent Cochetel, le responsable Europe du HCR.Toutes ces propositions ont toutes chances de se heurter au mur des raisonnements politiques. En prise avec des opinions publiques de plus en plus frileuses, car victimes du chômage, les gouvernants préfèrent l’immobilisme à des actions qui pourraient être perçues comme un entrebâillement de la porte des entrées légales. Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.03.2015 à 11h44 • Mis à jour le20.03.2015 à 11h50 Après l'arrestation la veille d'un quatrième homme, la police danoise a annoncé, vendredi 20 mars, l'arrestation d'un cinquième homme « soupçonné de complicité dans les actions de l'assaillant les 14 et 15 février » lors des attentats de Copenhague qui avaient endeuillé le Danemark.« Comme hier [jeudi], la police a fait plusieurs perquisitions en lien avec l'arrestation », ont précisé les forces de l'ordre dans un communiqué. Jeudi, un quatrième homme avait été arrêté. Il devait être déféré vendredi devant un juge en même temps que la personne qui vient d'être arrêtée.Trois hommes sont déjà en détention, deux depuis le 16 février et le troisième depuis le 27 février, inculpés pour complicité avec l'auteur des attentats, Omar El-Hussein, un Danois de 22 ans d'origine palestinienne.Le 14 février, lourdement armé, El-Hussein avait ouvert le feu sur un centre culturel de Copenhague où se déroulait un débat sur la liberté d'expression, tuant une personne, un réalisateur de 55 ans, avant de prendre la fuite. Dans la nuit du 14 au 15 février, il avait abattu un homme de 37 ans qui montait la garde devant la synagogue de Copenhague où était célébrée une bar-mizvah avant d'être tué à l'aube lors d'un échange de tirs avec la police.Lire le décryptage : Comment le Danemark fait face à la menace djihadiste Guy Dutheil Etirer un peu l’avion ? Le doter de nouveaux moteurs ? Ou alors, plus simplement, équiper l’actuel appareil d’un nombre plus élevé de sièges ? C’est cette dernière option que la direction du constructeur européen Airbus étudie aujourd’hui pour faire évoluer le A380, ce gros-porteur entré en service voici sept ans, mais dont les ventes ne sont pas vraiment à la hauteur des premières espérances.L’idée, qui a la préférence de l’avionneur, consisterait à optimiser la cabine à deux ponts de l’appareil (les classes « première » et « affaires » sur le pont supérieur, la classe « économique » sur le pont inférieur). Cela permettrait de disposer d’un plus grand nombre de sièges « économiques » et « business », de porter de 525 à 800 passagers la capacité totale de l’avion et donc d’améliorer la rentabilité des vols pour les compagnies aériennes.C’est que, depuis des années déjà, ces dernières ne sont pas pleinement satisfaites par cet avion, qui, s’il est l’un des préférés des passagers, se révèle coûteux (son prix catalogue est de 428 millions de dollars). Après avoir, dans un premier temps, réclamé une version allongée de l’appareil, pour y disposer de plus de places, et donc diminuer les coûts au siège, elles demandent également désormais... Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)  Que faut-il retenir du mini-sommet de la zone euro consacré à la Grèce, qui s’est tenu, jeudi 19 mars 2015 dans la soirée, en marge d’un conseil européen à Bruxelles ? Ce rendez-vous de près de trois heures a rassemblé un comité restreint : le président français, François Hollande, la chancelière allemande, Angela Merkel, le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, celui de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, celui de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le premier ministre grec, Alexis Tsipras.A-t-il été de nature à « faire bouger » des positions – celles du gouvernement grec, de ses créanciers, des pays de la zone euro – qui, depuis la réunion de l’Eurogroupe (dont les membres sont les ministres des finances des 19 pays de la zone euro) du 20 février, n’avaient pas vraiment évolué ?Quels sont les engagements pris au terme de cette réunion ?Les différents interlocuteurs de M. Tsipras lui ont répété qu’il devait respecter l’accord trouvé lors de la réunion de l’Eurogroupe du 20 février dernier. Et qu’il y avait urgence. « On a un accord dont il faut respecter les termes », ont seriné à l’unisson Mme Merkel et M. Hollande. Concrètement, Athènes doit chiffrer l’état des finances grecques, entrer en négociation sur une liste crédible de réformes et ne pas prendre de mesures qui coûtent de l’argent à l’État sans en discuter au préalable avec ses créanciers, contrairement à ce qui a pu se passer avec les « mesures humanitaires », adoptées mercredi 18 mars par le Parlement grec.Ces mesures doivent permettre de rétablir l’électricité pour les ménages ne pouvant plus payer leurs factures, d’attribuer une aide au logement à 30 000 foyers et d’accorder une aide alimentaire à 300 000 Grecs.La Grèce va répondre de façon « constructive » aux demandes de réformes de ses créanciers, qu'une équipe d'experts a été chargée de rédiger, a promis, vendredi amtin, le ministère grec des finances dans un communiqué.La tranche de prêts restant à débourser dans le cadre du deuxième plan d’aide au pays (environ 7,2 milliards d’euros) ne sera versée qu’une fois cet exercice achevé.« Trop de temps a été perdu », a relevé M. Hollande, à la fin du mini-sommet. Fin février, les Européens avaient convenu d’un premier rendez-vous avec Athènes à la fin du mois d’avril, afin de vérifier l’état d’avancement de l’accord du 20 février.Mais, sur le terrain, l’équipe de techniciens représentant les créanciers (BCE, Commission européenne, Fonds monétaire international) et chargée de négocier les réformes, n’a pas encore pu vraiment démarrer son travail.Le retour des « men in black » à AthènesPrésente à Athènes depuis le 12 mars, celle-ci ne pourrait pas travailler dans de bonnes conditions. Les équipes, isolées dans un hôtel de la capitale grecque, ne peuvent se déplacer dans les ministères, selon plusieurs sources européennes. Mario Draghi, le président de la BCE, a beaucoup insisté sur ces problèmes logistiques jeudi soir, selon une source proche des discussions.Que sait-on de l’état des finances grecques ?Jeudi soir, le premier ministre grec a assuré à ses collègues autour de la table que son pays serait à court de liquidités début avril. On a par ailleurs appris, selon des sources financières, que 300 millions d’euros avaient été retirés des comptes dans les banques grecques dans la seule journée de mercredi, accroissant la fragilité de ces dernières.Le Parlement grec crée une commission pour auditer la dettePour éviter un accident (panique des épargnants, contrôle des capitaux…), les dirigeants européens, qui redoutent un défaut de paiement partiel du pays dans les jours ou les semaines qui viennent, se sont engagés à « accélérer le calendrier ».L’Eurogroupe « se tient prêt à se réunir dès que possible », est-il indiqué dans les conclusions de la réunion. Si l’urgence financière se concrétise, cette instance pourra apprécier, en fonction des progrès accomplis côté grec, s’il y a lieu ou non d’accorder au pays un versement anticipé afin d’éviter le pire. Une situation qui pourrait se produire dès la fin de la semaine prochaine, si l’on en croit les propos alarmistes de M. Tsipras.M. Tsipras aura-t-il été réceptif au message européen ? Cela fait plus d’une semaine qu’un message de fermeté et d’urgence est adressé, en boucle, au gouvernement grec – à Berlin, Bruxelles et ailleurs en Europe. Ce mini-sommet n’a donc pas apporté de changement de tonalité.Il s’agissait toutefois d’un rendez-vous politique, de haut niveau. Qui plus est demandé par M. Tsipras lui-même.Ce mini-sommet lui permettra peut-être de mieux « vendre » la nécessité des réformes et un droit de regard des Européens à l’aile la plus radicale de son parti, Syriza. M. Tsipras a d’ailleurs obtenu, jeudi soir, une réassurance politique sur le fait que les réformes seront certes négociées avec les Européens, mais pas imposées par Bruxelles.Il s’agit d’un point essentiel pour Athènes, qui accuse l’ex- « Troïka » de ses créanciers (devenue « Groupe de Bruxelles ») d’avoir, depuis quatre ans, bafoué la souveraineté du pays et dicté des mesures d’austérité trop coûteuses socialement.Plus les Grecs sont pauvres, plus leurs revenus ont fondu avec la criseLe format resserré du mini-sommet a permis à des hauts dirigeants, en qui M. Tsipras a, a priori plus confiance, de dire des choses désagréables au premier ministre.Pour les Européens, ce « G7 » de la zone euro devait aussi permettre de faire baisser la pression qui était montée ces derniers jours, notamment entre l’Allemagne et la Grèce (demandes de réparations de guerre côté Athènes, le ministre grec des finances Yanis Varoufakis ridiculisé par les médias allemands). Au point que les scénarios de Grexit recommençaient à tourner et que la perspective d’un compromis s’estompait.L’Europe s’inquiète d’un « Grexit » par accidentLe rendez-vous du lundi 23 mars entre M. Tsipras et Mme Merkel, sur l’invitation de cette dernière, à Berlin, devrait permettre de poursuivre ce travail d’apaisement.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Après avoir figuré parmi les pays les plus dynamiques en termes de croissance du produit intérieur brut (PIB) à la fin de l’année 2014, l’Espagne accélère encore le rythme. Au premier trimestre 2015, son PIB aurait augmenté de 0,8 %, selon le rapport trimestriel de la Banque d’Espagne. En glissement annuel, cela signifie une croissance de 2,5 % et pour 2015, la banque centrale espagnole s’attend à une croissance de 2,8 %, soit 0,8 point de plus que les dernières prévisions. Les facteurs qui expliquent ce comportement positif de l’économie sont variés.Le triple effet BCE, euro, pétroleLa Banque d’Espagne souligne l’impact positif des mesures de la Banque centrale européenne (BCE), de la dépréciation de l’euro et de la baisse du prix du pétrole dans la croissance du PIB.L’amélioration des conditions de financement de l’Espagne, avec un taux d’intérêt de moins de 1,2 % pour les obligations à 10 ans, est également soulignée. Elle améliore la capacité de l’Espagne à respecter ses objectifs de réduction de déficit (de -5,5 % du PIB en 2014 à -4,2 % en 2015) et à investir dans l’économie.L’amélioration des conditions de financement a également une incidence positive sur les investissements réalisés par les entreprises privées en Espagne.La consommation toujours en hausseLa consommation des foyers espagnols poursuit sa phase expansive, qui avait commencé fin 2014. Le pouvoir d’achat a augmenté grâce à une baisse des prix, qui devrait se poursuivre cette année, avec une inflation légèrement négative, de – 0,2 %.2015, année électorale chargée qui se terminera par des élections générales, a aussi commencé avec une baisse des impôts et un remboursement de 25 % de la prime de Noël, supprimée en décembre 2012, alimentent cette augmentation de la consommation, tout comme le bon comportement de l’emploi.L’investissement immobilier, qui a commencé à montrer des signes de redressement fin 2014 devrait augmenter de 4,2 % en 2015.Les créations d’emplois450 000 emplois ont été créés en 2014. Pour la première fois lors d’une sortie de crise, l’Espagne est ainsi parvenue à créer des emplois avec une croissance inférieure à 2 %.La réforme du travail, qui a flexibilisé le marché de l’emploi, favorisé des baisses de salaires et réduit les coûts du licenciement, pourrait avoir joué un rôle décisif.Le revers de la médaille étant l’augmentation de la précarité, avec des contrats à temps partiel, à durée déterminée et aux salaires réduits.Selon la Banque d’Espagne, le taux de chômage devrait encore reculer mais à un rythme lent. A 23,7 % des actifs fin 2014, il devrait passer à 22,2 % en 2015 et se maintenir encore au-dessus de 20 % jusqu’en 2016.Les exportations toujours soutenuesLe rôle des exportations dans la reprise de la croissance est moins flagrant qu’en 2014. Celles-ci devraient encore augmenter de 5,2 % en 2015, mais moins que les importations (+6,2 %).Le tourisme se confirme comme un secteur clé de l’activité espagnole, avec des records de visiteurs étrangers, notamment dû à l’instabilité en Afrique du Nord.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Guy Dutheil Le crash volontaire de l'Airbus A320 de la Germanwings, qui a fait 150 victimes mardi 24 mars, pose des questions sur le suivi psychologique des pilotes.Chez Air France, ce suivi se fait en plusieurs étapes. Tout d'abord, explique Eric Prévot, commandant de bord pour Air France sur Boeing 777, « il y a une sélection à l'embauche qui s'attache à évaluer les comportements en groupe des pilotes ». En pratique, les pilotes sont réunis par groupe de six pour tester « leurs facultés cognitives et psychologiques, leur esprit d'équipe », poursuit M. Prévot. Cette phase permet de « valider qu'il n'y a pas de contre-indications à l'exercice des responsabilités de la fonction de commandant de bord ». De fait, tout pilote recruté par Air France est un futur commandant de bord.Outre cette « détection à la sélection », tous les pilotes doivent honorer chaque année cinq rendez-vous obligatoires pour avoir le droit de voler pour la compagnie aérienne. Ils doivent se soumettre à une visite médicale effectuée par le Centre d'expertise médicale des personnels navigants, une autorité médicale indépendante qui délivre, ou non, un certificat d'aptitude physique et mentale.Simulateur de vol et rendez-vousChaque année, les pilotes doivent aussi passer une visite pour le compte de la médecine du travail. Elle vérifie notamment que les navigants supportent bien physiquement et psychologiquement les décalages horaires et les nombreuses semaines loin de leurs domiciles et de leurs familles.Une autre étape importante consiste en quatre séances de simulateur de vol. A cette occasion, des situations complexes, avec de forts facteurs de stress, sont proposées aux pilotes. Lors de ces séances, « on ne peut pas faire illusion sur son état psychologique », signale le commandant de bord. « C'est un instant de vérité ! » Chez Air France, les pilotes sont rassemblés par groupe de 80 autour d'un chef pilote qui peut arrêter à tout moment un pilote s'il ne le juge plus apte à piloter.Enfin, les navigants ont, chaque année, rendez-vous avec la direction des opérations aériennes de la compagnie. L'occasion là aussi pour un pilote d'exposer d'éventuels problèmes psychologiques ou personnels. Selon M. Prévot : « Si un pilote manque l'un de ces cinq rendez-vous, il ne vole plus pour Air France. »Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.03.2015 à 13h58 • Mis à jour le26.03.2015 à 16h42 | Martin Untersinger lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kng01"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kng01", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});L'Airbus A320 de la Germanwings aurait dû atterrir à Düsseldorf, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le mardi 24 mars. Il s'est écrasé moins de trois quarts d'heure après son décollage de Barcelone, en Espagne.Voici, minute par minute, le déroulé de ce vol sur la foi des enregistrements sonores du cockpit rendus publics par le procureur de Marseille, des informations du Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA) et du site FlightRadar.10 heures : L'Airbus A320-211, opérant le vol 4U9525 de la compagnie Germanwings, décolle de l'aéroport de Barcelone, en Espagne, à destination de Düsseldorf.Entre 10 heures et 10 h 20 : Pendant les vingt premières minutes de vol, « il ne se passe rien d'anormal », a rapporté Brice Robin, le procureur de Marseille lors d'une conférence de presse, jeudi 26 mars. L'avion entretient jusqu'ici un contact normal avec le contrôle aérien français, selon le BEA.D'après les enregistrements de la cabine issus de l'une des deux boîtes noires, le comportement et les échanges entre le pilote et le copilote sont normaux depuis le début du vol. Leur discussion est même « joviale », a précisé le procureur de Marseille.10 h 27 : L'avion atteint une altitude de croisière de 38 000 pieds, au large de Toulon (Var).Avant 10 h 31 : Le commandant entame le briefing, c'est-à-dire le passage en revue de la fin du trajet du vol et des différentes procédures à suivre en vue de l'atterrissage à l'aéroport de Düsseldorf. Les réponses du copilote sont « laconiques », selon le procureur de Marseille.10 h 30 : Pour la dernière fois, l'A320 entre en contact avec le contrôle aérien au sol. L'un des deux pilotes indique « Direct IRMAR merci 18G ».Il montre ainsi qu'il a pris bonne note de l'ordre que vient de lui donner le contrôleur aérien de se diriger directement vers le point de passage « IRMAR » et le remercie en rappelant l'indicatif radio de l'appareil : il s'agit d'une communication normale.Entre le briefing et 10 h 31 : Le pilote quitte son poste, vraisemblablement pour se rendre aux toilettes. Il demande au copilote de prendre les commandes, selon le procureur de Marseille.10 h 31 : L'Airbus amorce sa descente, alors que le copilote est seul dans le cockpit. Selon le procureur de Marseille, le copilote a volontairement pressé « un bouton, pour une raison que nous ignorons totalement mais qui peut s'analyser comme une volonté de détruire cet avion ».>> Lire aussi : Seul dans le cockpit, le copilote a actionné les commandes pour faire descendre l'A320Entre le départ du commandant de bord et le crash : Le pilote, de retour des toilettes, demande à plusieurs reprises l’ouverture de la porte du cockpit selon la procédure habituelle, en tapant un code et en se signalant par visiophone. Sans succès. Il tape ensuite sur la porte de la cabine, de plus en plus fortement. Le copilote ne répond pas, « volontairement », selon le procureur.Le contrôle au sol puis la tour de contrôle de Marseille tentent à de multiples reprises de contacter l’avion par radio. La tour demande également de passer le transpondeur de l'avion en mode alerte, ce qui lui aurait permis d'être prioritaire sur les autres aéronefs en cas d'atterrissage d'urgence, puis aux avions alentours de servir de relais radio. Le copilote ne réagit pas.10 h 35 : La Direction générale de l'aviation civile (DGAC), conformément aux procédures et en constatant la descente et le silence radio de l'appareil, donne l'alerte. Ce type d'alerte, dite « DETRESFA », s'accompagne du décollage d'avions de chasse pour tenter de rejoindre, en vol, l'Airbus A320. Dans les secondes qui précèdent le crash : Les coups sur la porte du cockpit, blindée, se font de plus en plus violents, pour « défoncer la porte » selon le procureur. Les alarmes avertissant de l'approche du sol se font entendre, ainsi que des cris de passagers. Jusqu’à cet instant « la respiration du copilote, qui reste silencieux, est normale ».10 h 40 m 47 s : L'Airbus A320 est pour la dernière fois détecté par un radar français, à une altitude quasi identique à celle où a été retrouvée l'épave.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kix6p"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kix6p", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.03.2015 à 12h58 • Mis à jour le26.03.2015 à 16h44 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kng01"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kng01", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Deux jours après le crash de l'Airbus A320 de la compagnie aérienne Germanwings, le procureur général de Marseille, Brice Robin, a tenu une conférence de presse, jeudi 26 mars, lors de laquelle il a révélé le contenu de la boîte noire de l'avion qui a été récupérée.Selon les premières conclusions de l'enquête, le copilote – et non le pilote comme nous l'avions indiqué dans un premier temps par erreur – a actionné les commandes pour faire descendre l'appareil : une action qui, selon M. Robin, « ne peut être que volontaire ». Lufthansa, maison-mère de la compagnie Germanwings, a indiqué qu'elle n'avait, pour l'heure, « pas le moindre indice » sur ses motivations.Le copilote seul dans la cabine de pilotageLes vingt premières minutes de l'enregistrement ne révèlent rien de particulier. Ont seulement été captées des conversations anodines entre le pilote et le copilote.Au bout d'un moment, « on entend le commandant de bord demander au copilote de prendre les commandes » de l'appareil, pour, probablement « assouvir ses besoins naturels », raconte Brice Robin. Suivent le bruit d'un siège qui recule et celui d'une porte qui se ferme. Le copilote, Andreas Lubitz, âgé de 28 ans, se retrouve alors seul dans la cabine de pilotage.Embauché en septembre 2013 par la Germanwings, il est le moins expérimenté des deux (il comptait 630 heures de vol, contre plus de 6 000 heures pour son collègue). Lire : Que sait-on d'Andreas Lubitz, le copilote de l'A320 de Germanwings ?C'était donc lui qui était aux commandes de l'avion lorsque ce dernier a percuté le massif de l'Estrop, entre Digne-les-Bains et Barcelonnette. A ce moment-là, le commandant de bord se trouvait hors du cockpit – et non le copilote comme nous l'avions écrit dans un premier temps sur la foi d'une source haut placée.Voir notre synthèse : Crash de la Germanwings : le commandant de bord était coincé à l'extérieur du cockpit avant l'accidentUne « action volontaire » pour amorcer la descenteSelon le procureur, c'est à ce moment-là, lorsque le copilote est seul dans le cockpit, « qu'il manipule les boutons du “flight monitoring system” pour actionner la descente de l'appareil », continue le procureur, précisant que « l'action ne peut être que volontaire ».Plusieurs appels du commandant, depuis l'extérieur de la cabine, ont été enregistrés par le CVR. L'homme s'identifie, notamment via la caméra de surveillance située sur le côté de la porte. Le copilote, alors aux commandes de l'avion, ne répond pas.Des bruits de respiration jusqu'à l'impactLa tour de contrôle de l'aéroport de Marseille a lancé de nombreux appels à l'appareil, lui réclamant notamment d'émettre un code de détresse. La tour demande également à d'autres avions de faire un relais radio pour contacter l'Airbus. Aucune réponse.« On entend un bruit de respiration humaine à l'intérieur de la cabine jusqu'à l'impact final », précise le procureur, ce qui indique que le copilote était vivant tout au long de la descente de l'avion. Le procureur ajoute :« Aucun message de détresse ou d'urgence n'a été reçu par les contrôleurs aériens et aucune réponse n'a été apportée à l'ensemble des appels des différents contrôleurs aériens. L'interprétation la plus plausible pour nous est que le copilote, par une abstention volontaire, a refusé d'ouvrir la porte de la cabine de pilotage au commandant de bord et a actionné le bouton commandant la perte d'altitude. »Lire : Les cinq étapes du suivi psychologique des pilotes d'Air FranceEntre-temps, l'A320 est passé de quelque 12 000 mètres d'altitude à 2 000 mètres, la hauteur de la montagne contre laquelle il finit par s'abîmer. Des alarmes se déclenchent alors pour signifier à l'équipage la proximité du sol. « Là, on entend des coups cherchant à défoncer la porte. »« Juste avant l'impact final, on entend le bruit de ce qui est probablement un premier impact sur un talus », précise le procureur. L'avion glissera ensuite le long de ce talus pour aller percuter la montagne à 700 km/h. « Une volonté de détruire l'avion »Cette attitude « peut être analysée comme une volonté de détruire cet avion ». Pour le moment, impossible de se prononcer sur les raisons du comportement du copilote. Le procureur a reconnu que l'hypothèse d'une volonté de se suicider de la part du copilote est « légitime ».lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2knf0r"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2knf0r", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 26.03.2015 à 09h11 • Mis à jour le26.03.2015 à 10h51 Les proches des victimes de l'accident de l'Airbus A320 de Germanwings sont attendues, jeudi 26 mars, dans les Alpes-de-Haute-Provence, à proximité des lieux où s'est écrasé l'appareil transportant 150 personnes – 144 passagers et 6 membres d'équipage – mardi.Lire les dernières informations : Crash de la Germanwings : le copilote était coincé à l'extérieur du cockpit avant l'accidentDeux avions partiront de Düsseldorf et Barcelone pour Marseille afin de permettre aux proches des disparus de se rendre à proximité des lieux de la catastrophe, a annoncé le patron de la Lufthansa. De là, ils rejoindront par la route la région de Digne-les-Bains, chef-lieu des Alpes-de-Haute-Provence et situé à quelques dizaines de kilomètres de Seyne-les-Alpes et du Vernet, les deux petits villages de montagne les plus proches des lieux du drame. Deux autocars en provenance d'Espagne étaient en outre attendus dans la nuit de mercredi à jeudi à Digne, où un dispositif d'accueil a été mis en place.« Au plus près »Au total, selon l'adjoint à la sécurité de la ville de Digne, Bernard Aymes, ce sont plusieurs centaines de personnes qui devraient converger vers Seyne-les-Alpes et Le Vernet, où deux chapelles ardentes ont été dressées. Selon une source proche de l'enquête, les familles n'iront toutefois pas sur les lieux-mêmes de la chute mais « seront amenées au plus près, c'est-à-dire au niveau du Vernet ».Au moins 51 Espagnols, 72 Allemands – dont 16 adolescents d'Haltern revenant d'un échange scolaire et deux bébés – et trois Américains sont morts dans ce crash, ont précisé leurs gouvernements respectifs. Les victimes sont d'une quinzaine de nationalités différentes.Lire aussi : Crash de l'A320 : les premiers corps des victimes évacués Maryline Baumard Le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) a rendu public jeudi 26 mars son rapport 2014. Décryptage en dix points. 1- Les demandes ont flambé de 45 % par rapport à 2013 Quelque 866 000 personnes ont demandé le statut de réfugié en 2014 dans un des 44 pays industrialisés. C’est 45 % de plus qu’en 2013 et on atteint là quasiment le record des 900 000 demandeurs de 2012. 2- L’Europe a enregistré une hausse de 47 % Les demandes déposées dans un pays européen ont crû quasiment à la même vitesse que le total des demandes déposées. Si l’on resserre le périmètre aux 28 Etats de l’UE, la hausse n’est que de 44 %.3. L’Allemagne est le pays le plus prisé du monde Avec 173 100 demandeurs, l’Allemagne est le plus convoité des pays pour un demandeur d’asile. Suivent ensuite les Etats-Unis (121 200), la Turquie (87 800), la Suède (75 100) et l’Italie (63 700). A eux seuls, ces cinq pays reçoivent 60 % de la demande mondiale.4. La Suède compte le plus de demandeurs d’asile pour 1 000 habitants Avec 24 demandeurs pour 1 000 habitants, ce pays nordique bat tous les records en concentration de la demande. Vient ensuite Malte (avec 17,5 demandeurs pour 1 000 habitants), puis le Luxembourg (12,6) et la Suisse (12,3).5. Les cinq pays nordiques connaissent la plus forte hausse en Europe Avec un bond de 38 % des dossiers reçus en un an, la Suède engrange désormais 70 % des demandes faites dans un pays nordique. Ce qui n’empêche pas le Danemark de connaître, lui, une hausse de 96 % de ses demandeurs. Mais il part de plus bas.6. L’Italie a connu une progression fulgurante de la demande Si l’on observe la demande dans les pays du Sud, on se rend compte que l’Italie a enregistré une très forte augmentation des demandeurs, comme la Turquie (+ 95 %). En Italie, le phénomène est évidemment dû aux débarquements d’embarcations venues de l’autre côté de la Méditerranée.7. La France est en légère baisse Avec 1,2 % de demandes de moins, la France s’inscrit dans la liste des rares pays d’Europe qui sont moins demandés en 2014 qu’en 2013. Comme la Norvège (- 6,4 %) ou le Portugal (- 6 %). Alors qu’elle était le 3e pays le plus prisé en 2012 et 2 013, elle perd trois rangs et passe à la 6e place.Lire aussi : Les demandes d'asile explosent en Allemagne, mais restent stables en France8. Canada et Etats-Unis connaissent eux aussi une forte hausse Le Canada a enregistré un tiers de demandes de plus qu’en 2013 et les Etats-Unis, 44 % de plus. Australie et Nouvelle-Zélande connaissent, eux, une baisse de 23 %.9. Les demandeurs sont avant tout syriens (149 600) ou irakiens Viennent ensuite les Afghans, les Serbes ou Kosovars et les Erythréens. Le nombre des Syriens a flambé en 2014. Il a doublé par rapport à 2013 et a été multiplié par 17 par rapport à 2011. C’était déjà la première nationalité en termes de demandes d’asile en 2013. Et ça l’est plus encore en 2014.10. Le nombre d’Ukrainiens en quête d’une protection a crû de 998 % en 2014 L’Ukraine est ainsi passée du rang de 40e pays demandeur à celui de 14e . Dans la liste des pays dont les ressortissants ont beaucoup plus demandé l’asile en 2014 qu’en 2013, on trouve ensuite la Gambie (+ 187 %), la Syrie (166), l’Erythrée (117), le Honduras (110 ) et le Sénégal (103 ). #container_1427388718682{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1427388718682{ height:500px; } #container_1427388718682 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1427388718682 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1427388718682 .subtitre{ display:block; }Nombre de demandes d'asile déposées par paysLes six pays listés ci-dessous sont ceux qui ont enregistré le plus de dossiers de réfugiés en 2014, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies. (function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1427388718682", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "spline", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://www.unhcr.org/551128679.html#_ga=1.261437133.177882780.1427384539", "_blank" ); } } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#633010","#F19300","#28beaa","#f70000","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"UNHCR", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"Nombre de demandes d'asile" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:0, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"datetime", categories:null, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value:%Y}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:" dossiers", shared:true, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "%Y" }, legend:{ enabled:true, layout:"vertical", verticalAlign:"middle", align:"right", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Allemagne", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 1262304000000, 41330 ], [ 1293840000000, 45740 ], [ 1325376000000, 64540 ], [ 1356998400000, 109580 ], [ 1388534400000, 173070 ] ], "color": "#0386c3" }, { "name": "Etats-Unis ", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 1262304000000, 49310 ], [ 1293840000000, 70030 ], [ 1325376000000, 78410 ], [ 1356998400000, 84400 ], [ 1388534400000, 121160 ] ], "color": "#FFc832" }, { "name": "Turquie", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 1262304000000, 9230 ], [ 1293840000000, 16020 ], [ 1325376000000, 26470 ], [ 1356998400000, 44810 ], [ 1388534400000, 87820 ] ], "color": "#633010" }, { "name": "Suède", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 1262304000000, 31820 ], [ 1293840000000, 29650 ], [ 1325376000000, 43890 ], [ 1356998400000, 54260 ], [ 1388534400000, 75090 ] ], "color": "#F19300" }, { "name": "Italie", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 1262304000000, 10050 ], [ 1293840000000, 40360 ], [ 1325376000000, 17350 ], [ 1356998400000, 25720 ], [ 1388534400000, 63660 ] ], "color": "#28beaa" }, { "name": "France", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 1262304000000, 48070 ], [ 1293840000000, 52150 ], [ 1325376000000, 55070 ], [ 1356998400000, 60230 ], [ 1388534400000, 59030 ] ], "color": "#f70000" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Patrick Roger Le déficit public en 2014, intégrant le budget de l’Etat, la Sécurité sociale et les collectivités territoriales, s’établit à 4 % en 2014, selon les chiffres communiqués jeudi 26 mars par l’Insee, au lieu de 4,4 % prévu en loi de finances rectificative.Une bonne nouvelle pour le gouvernement avant le nouveau rendez-vous européen fixé en avril, lors duquel les Etats membres vont devoir présenter leur programme de stabilité budgétaire et un programme national de réformes. Ce résultat va permettre aux responsables français d’aborder l’échéance dans de meilleures conditions alors que la Commission européenne, dans ses recommandations rendues publiques le 27 février, demandait à la France des efforts plus significatifs en 2015 et en 2016 pour ramener son déficit sous les 3 % en 2017.Dépenses moindres que prévuCe petit pas – le déficit était de 4,1 % en 2013 – n’en est pas moins accueilli avec satisfaction par le gouvernement. Dès mercredi soir, Manuel Valls ne résistait pas au plaisir de laisser entendre que le résultat de 2014 serait meilleur que prévu. « On avait prévu 4,4 %, ce sera sans doute autour de 4 % », annonçait le premier ministre, invité sur France 3. Il s’est dit persuadé que 2015 verrait « le retour de la croissance et de la confiance ».Lire aussi :L’heureuse surprise du déficit public en 2014Pour le ministre des finances, Michel Sapin, ce résultat montre que « nous avons fait des efforts normaux et nécessaires ». Pour les trois quarts, en effet, cette réduction du déficit est due à des dépenses moins élevées que prévu, alors que le montant des prélèvements obligatoires, lui, reste globalement stable. Le gouvernement se trouve ainsi conforté vis-à-vis de Bruxelles. Alors que la trajectoire des finances publiques transmise à Bruxelles prévoyait 4,1 % de déficit en 2015 – la Commission, quant à elle, recommandait un objectif de 4 % –, M. Sapin table désormais sur un déficit public de 3,8 % en 2015. #container_1427367423559{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1427367423559{ height:500px; } #container_1427367423559 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1427367423559 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1427367423559 .subtitre{ display:block; }Le déficit public de la France 2006-2014(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1427367423559", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'default' } this.credits.element.onclick = function(){} } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"Insee ", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"linear", categories:["2006","2007","2008","2009","2010","2011","2012","2013","2014"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 2, xDateFormat: "" }, legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Déficit public en % du PIB", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 2.5 ], [ "", 2.7 ], [ "", 3.4 ], [ "", 7.5 ], [ "", 7 ], [ "", 5.2 ], [ "", 4.8 ], [ "", 4.3 ], [ "", 4 ] ], "color": "#0386c3" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window); Patrick RogerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.03.2015 à 03h06 • Mis à jour le26.03.2015 à 15h23 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kkuvw"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kkuvw", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});La boîte noire retrouvée sur le site du crash de l'A320 de la Germanwings a parlé. La conduite du copilote, seul aux commandes au moment du crash, « peut s'analyser comme une volonté de détruire l'avion », a déclaré le procureur de la République de Marseille Brice Robin, devant des journalistes réunis à l'aéroport de Marignane, près de Marseille.Lire le compte-rendu de la conférence du procureur : Seul dans le cockpit, le copilote a actionné les commandes pour faire descendre l'A320Andreas Lubitz est bien celui qui a actionné les commandes activant la descente de l'appareil et a refusé d'ouvrir la porte au commandant de bord qui avait momentanément quitté le cockpit et cherchait à y rentrer. « A ce stade, rien ne permet de dire qu'il s'agit d'un attentat terroriste, on verra l'environnement de cette personne », a précisé M. Robin. Le copilote, qui était âgé de 28 ans, avait une « centaine d'heures sur cet appareil ».Lire : Que sait-on d'Andreas Lubitz, le copilote de l'A320 de Germanwings ?Selon un enquêteur interrogé auparavant par le New York Times, « on peut entendre que [l'un des pilotes à l'extérieur du cockpit] essaie de défoncer la porte ». Une information confirmée par le procureur de la République de Marseille. Des alarmes se sont déclenchées pour signifier à l'équipage la proximité du sol. Aucun message de détresse ou d'urgence n'a été reçu par les contrôleurs aériens et aucune réponse n'a été apportée à l'ensemble des appels des différents contrôleurs aériens.Lire : Crash de l’A320 : l’hypothèse de l’acte volontaireLa deuxième boîte noire toujours recherchée La seconde boîte noire, dite « FDR » (flight data recorder, enregistreur des données de vol), est toujours recherchée. Son « enveloppe » a été retrouvée, mais pas encore la boîte noire elle-même, a précisé François Hollande mercredi après-midi. Le directeur du BEA a démenti toutes les rumeurs faisant état de son éparpillement en plusieurs petits morceaux. Cette seconde boîte enregistre, elle, seconde par seconde, tous les paramètres sur une durée de vingt-cinq heures de vol (vitesse, altitude, trajectoire, etc.).Le procureur de Marseille a précisé que « le relevage des corps a commencé depuis hier après-midi [mercredi après-midi], la chaîne d'identification par ADN est lancée ». Plusieurs centaines de personnes, familles ou proches des victimes, venues d'Allemagne et d'Espagne, sont arrivées dans le sud-est de la France. Une fois acheminées vers les lieux de la catastrophe, elles doivent être accueillies dans les chapelles ardentes dressées dans deux localités, Seyne-les-Alpes et Le Vernet.Lire : Les familles des victimes de l'A320 attendues près du lieu du crashlmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kkann"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kkann", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Stéphane Lauer (New York, correspondant) L’indice Nasdaq a dépassé, lundi 2 mars, les 5 000 points pour la première fois depuis quinze ans. La dernière fois que cet indice avait franchi ce cap, c’était en pleine bulle Internet, le 27 mars 2000.Mais comparaison n’est pas raison. Même si certains s’inquiètent de la valorisation de certains titres cotés sur le Nasdaq, la situation de 2015 diffère sur bien des points de celle d’il y a quinze ans.Un indice qui a beaucoup évoluéD’abord, le Nasdaq n’a plus tout à fait le même profil. La part des entreprises du secteur de la high-tech s’est considérablement réduite. Le secteur représentait 57 % de l’indice à la fin de 1999 contre seulement 43 % aujourd’hui. La baisse est notamment spectaculaire dans le domaine du software, qui pesait en 2000 un quart de l’indice. En 2015, seules 10 % des entreprises appartiennent à ce secteur.Le Nasdaq a longtemps été surnommé l’indice du secteur technologique. Mais aujourd’hui, il est surtout le baromètre des valeurs de croissance.D’autre part, un certain toilettage a été effectué : le Nasdaq ne compte plus que 2 568 sociétés contre 4 715 en 1999. En revanche, la capitalisation moyenne a plus que doublé (1,16 contre 2,95 milliards de dollars).On pourrait imaginer que c’est l’éclatement de la bulle de 2000 qui a emporté avec elle la plupart des sociétés qui ont disparu depuis. En fait, c’est surtout la concentration qui explique la réduction du nombre d’entreprises cotées.Les fusions-acquisitions sont à l’origine de plus de 53 % du phénomène, alors que les faillites ne représentent qu’un peu plus de 17 %, selon les données publiées par le Nasdaq.Des « têtes d’affiche » différentesPar ailleurs, les champions d’hier ne sont pas nécessairement ceux d’aujourd’hui. Dans les dix premières capitalisations Worldcom (5e) ou Sun Microsystem (8e) étaient en bonne place. Le premier a sombré corps et biens lors d’une faillite retentissante en 2002, tandis que le second s’est fait racheter par Oracle en 2009.Microsoft a perdu sa première place au bénéfice d’Apple. Mais en quinze ans le recul de la capitalisation du groupe fondé par Bill Gates est spectaculaire : elle a chuté de 243 milliards de dollars, soit 40 % à 363 milliards de dollars !Ce qui permet a Apple de faire désormais largement la course en tête avec une capitalisation de 755 milliards.Des niveaux de valorisation plus « normaux »Reste la question qui taraude beaucoup d’observateurs : ce franchissement des 5 000 points ne signifie-t-il pas que la bulle spéculative est de retour ?En fait, lorsqu’on regarde les niveaux de valorisation des sociétés qui composent le Nasdaq, ils n’ont plus grand-chose à voir avec ce qu’ils étaient il y a quinze ans. Le ratio cours sur bénéfice (le price-to-earnings ratio, ou PER) était en moyenne de 152 à la fin de 1999, il n’est aujourd’hui que de 26, selon les données de FactSet. Par exemple, Yahoo était valorisé 787 fois ses profits contre 36 fois actuellement. Apple 37 contre 17 aujourd’hui.Le grand décalage des marchésStéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.03.2015 à 13h58 • Mis à jour le02.03.2015 à 14h24 « J'ai le droit de quitter la Russie, je ne suis pas un suspect. Je suis témoin et j'ai donné toutes les informations que j'avais, j'ai tout fait pour aider l'enquête. » Ganna Douritska, mannequin ukrainienne de 23 ans habitant à Bila Tserkva, à 70 km de Kiev, se trouvait avec Boris Nemtsov sur un pont à deux pas du Kremlin lorsque ce dernier a été assassiné par balle vendredi. « Les enquêteurs m'interrogent et ne me disent pas quand je serai libérée et pourquoi ils me retiennent ici. On m'explique que c'est pour des raisons de sécurité », a déclaré la jeune femme dans une interview à la chaîne d'opposition russe Dojd, lundi 2 mars.La jeune femme, qui affirme se trouver « dans l'appartement d'un ami à Moscou », a par ailleurs reconnu être « dans un état psychologique très difficile » et « se sentir mal ». Elle s'est refusée à évoquer les hypothèses à propos du meurtre : « Je ne pense rien (...), je ne sais pas qui a fait ça. » « Je ne sais pas comment l'assassin s'est approché, il était derrière moi, a-t-elle dit. Je veux rentrer à la maison, chez ma mère, mais je suis sous protection et on ne m'autorise pas à sortir. »Interrogée par la télévision ukrainienne, la mère de Ganna, Inna, a de son côté dit craindre pour la sécurité de sa fille. « Je pense qu'ils veulent la piéger, faire d'elle une coupable », a-t-elle dit dans une interview à la chaîne 1+1. Inna Douritska affirme que les enquêteurs russes veulent lier le meurtre de Boris Nemtsov à la crise ukrainienne, alors que l'opposant avait dénoncé quelques heures avant sa mort « l'agression » du président russe Vladimir Poutine en Ukraine, où le conflit dans l'Est séparatiste prorusse a fait 6 000 morts en dix mois. « J'en appelle au président ukrainien et au ministère des affaires étrangères afin qu'ils aident à faire revenir ma fille à la maison. Elle est innocente », a lancé Mme Douritska.Lire : Boris Nemtsov victime d'un climat de haine 02.03.2015 à 13h13 • Mis à jour le02.03.2015 à 17h36 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) Le nouveau président italien, Sergio Mattarella, a troqué la Maserati pour la Fiat et le jet privé pour le vol régulier. Goût des choses simples ou calcul ­politique ? Les membres de l’équipage et les voyageurs du vol Alitalia reliant Rome à Palerme ce samedi 14 février n’en reviennent toujours pas. Ils ont vu ce jour-là monter à bord de l’appareil, comme n’importe lequel des 200 passagers, leur nouveau président de la ­République, Sergio Mattarella, élu deux semaines plus tôt. Celui-ci s’en allait, comme souvent le week-end, retrouver sur sa terre natale ses amis, sa famille, son coiffeur – à qui il doit le volume impeccable de sa belle chevelure blanche. Il vient aussi fleurir la tombe de son épouse, décédée il y a trois ans, et de son frère, assassiné pour le compte de la Mafia en 1980. Tous deux reposent au cimetière de Castellammare del Golfo.Pour les Italiens, cet aller-retour sur un vol régulier et avec un billet payé par ses soins est une première. Avant lui, tous les présidents avaient utilisé, pour une question de sécurité et peut-être de prestige, un des appareils de la flotte de l’Etat. Les présidents, mais également certains premiers ministres. C’est ainsi qu’à Noël, Matteo Renzi s’est rendu avec toute sa famille à la station de sports d’hiver de Courmayeur. Aux frais du contribuable.Ancien professeur de droit, plusieurs fois parlementaire, ex-membre de la Cour constitutionnelle, Sergio Mattarella, dont les sourires sont aussi rares que les discours, sait qu’il aura du mal à se hisser au niveau de popularité de son prédécesseur, Giorgio Napolitano. Ce dernier était surnommé le « roi ­Giorgio » en raison de ses manières compassées, de son habileté à surmonter les crises et d’une légende qui voudrait qu’il soit le fils naturel du dernier roi ­d’Italie. En neuf ans au pouvoir, sa cote de bonnes opinions est rarement tombée au-dessous de… 80 %.La Panda de l'ère nouvelleAussi le nouvel élu mise-t-il beaucoup – au moins dans un premier temps – sur sa réputation d’austérité, de probité et sur la simplicité de ses manières. C’est ainsi qu’on le vit monter dans une Fiat Panda grise pour se rendre au domicile d’un de ses enfants à Rome, la veille de son élection. Cette modeste Panda, qui tranche singulièrement avec les Lancia et autres ­Maserati dans lesquelles les hommes politiques italiens aiment à se faire promener, a tout de suite été interprétée comme annonciatrice d’une nouvelle ère. On nous permettra d’attendre un peu avant de se prononcer définitivement sur la question…Mais à peine était-il rentré de Palerme que Sergio ­Mattarella réservait une nouvelle surprise à ses compatriotes. Dans quelques mois, le temps d’aménager les lieux et de transférer quelques services, le palais du Quirinal, où il réside et travaille, sera ouvert tous les jours aux visites, une possibilité jusqu’alors offerte seulement les dimanches, et encore, de 8 h 30 à midi.« Je veux souligner le lien entre le Quirinal et l’histoire de notre pays », a écrit Sergio Mattarella le 16 février dans un communiqué. De nouvelles salles de ce palais de 1 200 pièces, construit à partir de 1 538 pour les papes, seront ouvertes aux touristes. Y compris son bureau, les jours où il sera en visite officielle.Lire aussi : Sergio Mattarella, un président italien au-dessus de tout soupçonCette décision n’est pas seulement un acte de ­générosité. Même si les Italiens sont fiers de l’apparat qui orne la fonction de président de la République, ils en connaissent aussi le prix. Les 110 500 mètres carrés (jardins compris) du Quirinal sont une « danseuse » dont l’entretien annuel s’élève à 228 millions d’euros, en comptant les salaires des 1 700 personnes (forces de l’ordre, salariés divers, conseillers) qui y travaillent. Bien que réduit par Giorgio Napolitano de 78 millions d’euros, ce budget dépasse celui de la Maison Blanche (136,5 millions d’euros pour 454 salariés), de l’Elysée (112,5 millions d’euros, 941 salariés) ou de ­Buckingham Palace (57 millions d’euros, 300 serviteurs). En temps de crise, ça fait désordre, même si les Italiens ne sont plus à un scandale près.En rendant à ses concitoyens une partie de l’effort qu’ils consentent pour l’entretenir dans tout le luxe dû à sa fonction, le modeste Sergio Mattarella démontre qu’il sait aussi faire de la politique. Les premiers sondages attestent qu’il a déjà marqué les esprits. Sa cote de confiance approche les 50 %. Pas si mal pour un homme encore inconnu il y a trois semaines.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Audrey Tonnelier La production manufacturière en Europe reste en croissance, portée notamment par la faiblesse de l’euro. Mais cette progression est très très légère. Et, surtout, cette expansion masque des disparités géographiques importantes, la France continuant, notamment, à se situer en queue de peloton, avec un recul persistant de l’activité.Les résultats définitifs des enquêtes mensuelles d’opinion Markit auprès des directeurs d’achat du secteur manufacturier en Europe, publiés lundi 2 mars, montrent que l’indice PMI de la zone euro s’est établi à 51 en février, comme en janvier. La première estimation, publiée le 20 février, donnait toutefois l’indice à 51,1,Lorsque l’indice PMI dépasse les 50 points, c’est signe que l’activité progresse, tandis qu’elle se replie s’il est inférieur à ce seuil.Le sous-indice des nouvelles commandes à l’export a atteint son plus haut niveau depuis juillet 2014 et celui de l’emploi son plus haut niveau depuis avril 2014.L’emploi repart dans les entreprises de taille moyenne en EuropeMême si l’indice PMI se situe à son plus haut niveau depuis six mois, « le secteur manufacturier de la zone euro a à peine progressé en février, illustrant le malaise qui continue de peser sur l’économie industrielle de la région dans son ensemble », relativise toutefois Chris Williamson, économiste en chef de Markit.Surtout, insiste-t-il, cet indice global « masque de fortes divergences entre les rythmes de croissance des différents pays, le dynamisme enregistré en Irlande contrastant fortement avec la morosité du secteur manufacturier français. » Quelle est la situation en France ?La France fait exception en Europe : l’activité dans le secteur manufacturier s’y est contractée pour le dixième mois consécutif. L’indice global du secteur est ressorti à 47,6 contre 49,2 en janvier, un niveau légèrement en deçà de sa première estimation (47,7).Le volume des nouvelles commandes diminue une nouvelle fois, l’indice atteignant 45,0 contre 47,8 en janvier, soit la plus forte contraction depuis août. Le volume des nouvelles commandes à l’export diminue pour le dixième mois consécutif, à un rythme cependant moins marqué qu’auparavant.L’indice de l’emploi recule légèrement, à 48,5 contre 48,9 en janvier, signalant un onzième mois consécutif de suppressions de postes.Pourquoi la France reste-t-elle lanterne rouge de la zone euro ?« La France n’a pas encore réussi à restaurer un circuit économique efficient. D’une part, la consommation, indispensable à la production, n’a pas redémarré assez fortement. D’autre part, les entreprises restent dans un climat de défiance important, notamment en raison de l’instabilité fiscale actuelle », explique Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank.La situation hexagonale est d’autant plus inquiétante que même les pays périphériques d’Europe du Sud, autrefois les plus touchés par la crise, ont retrouvé une dynamique positive.En Italie, l’activité du secteur manufacturier a progressé en février pour la première fois en cinq mois. En Espagne, elle a également augmenté, et les nouvelles commandes ont atteint leur plus haut niveau depuis près de huit ans, bénéficiant du retour de la demande.« Ces deux pays bénéficient d’un rebond automatique après des années d’austérité, justifie M. Dembik. Par ailleurs, ils ont engagé des réformes fortes, leur assurant la lisibilité économique que n’a pas la France. »Ces éléments sont-ils de mauvais augure pour la croissance française ?Même si elle a notablement reculé en vingt ans, l’industrie reste le second secteur de contribution à l’économie française (20 % du PIB), derrière les services. Surtout, « c’est dans l’industrie que le pays peut s’illustrer en termes de compétitivité produits », souligne M. Dembik.Partant, le marasme persistant de ce secteur n’augure rien de bon pour la croissance française. « Même si on devrait être en ligne avec les 1 % de croissance prévus par le gouvernement en 2015, la France reste dans une situation de stagnation économique, notamment parce qu’il n’y a pas de créations d’emplois », conclut M. Dembik.« Le potentiel d’exportation de la France est sévèrement entamé »Audrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.03.2015 à 11h39 • Mis à jour le02.03.2015 à 14h26 Le ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, plaide pour une restructuration « intelligente » de la dette de la Grèce, tout en prenant acte qu'un effacement serait inacceptable pour ses créanciers, dans une interview au quotidien allemand des affaires Handelsblatt, publiée lundi 2 mars.« Une décote est un gros mot. Je l'ai appris. Tout comme nous ne voulons pas entendre parler du mot “troïka”, nos créanciers ne veulent pas entendre parler du mot “décote”. C'est quelque chose que je comprends », a déclaré M. Varoufakis . « Il y a des solutions plus intelligentes. Nous pourrions reconvertir une partie des crédits que nous avons reçus du fonds de sauvetage européen FESF en obligations, dont le coupon et les remboursements seraient indexés sur l'évolution de notre produit intérieur brut. »« NÉGOCIER UN PACTE DE CROISSANCE »Les partenaires de la Grèce ont consenti la semaine dernière à prolonger jusqu'à juin leur programme d'aide au pays. D'ici là, Athènes et ses partenaires doivent se mettre d'accord sur un nouveau contrat, et le gouvernement d'Alexis Tsipras doit mettre en œuvre une série de réformes. « Je ne veux pas que l'Etat continue à s'endetter. Le nouvel accord que nous voulons négocier d'ici à fin juin doit consister en un pacte de croissance, qui s'appuierait sur des investissements du secteur privé », a plaidé M. Varoufakis.Lire le compte-rendu : La Grèce reçoit un premier feu vert pour prolonger le plan d'aideSelon lui, « si nous renouons avec la croissance et qu'une partie de notre dette est restructurée intelligemment, sans que le niveau nominal ne change, le problème de la dette peut être résolu ». La Grèce fait toutefois face à d'importantes échéances financières en mars, qu'elle aura du mal à honorer.« Nous avons des engagements vis-à-vis du Fonds monétaire international en mars et en avril. Dans le même temps, la Banque centrale européenne nous doit des intérêts d'un montant de 1,9 milliard d'euros perçus sur des obligations grecques. Nous proposons qu'une partie de cet argent serve au remboursement des prêts du FMI », poursuit le ministre, reprenant une suggestion qu'il a déjà faite à plusieurs reprises.Lire aussi : La Grèce réclame toujours une renégociation de sa dette Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Inhabituelle, la rapidité de la réaction de Vladimir Poutine a donné le ton. Dans l’heure qui a suivi l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov, tué par balles au pied du Kremlin peu avant minuit, vendredi 27 février, le chef de l’Etat, par l’entremise de son porte-parole Dmitri Peskov a dénoncé un « meurtre prémédité » et une « provocation ». Ce dernier argument, qualifié de « méprisant » par l’opposition, a été abondamment repris par les médias proches du pouvoir, tout comme les théories échafaudées par le comité d’enquête de la Fédération de Russie, un organisme chargé de toutes les affaires sensibles dans le pays.Moscou : la foule dénonce un climat de haineEvoquant une « victime sacrificielle », un autre porte-parole, Vladimir Markine, a, dès vendredi soir, esquissé plusieurs scénarios, parmi lesquels « une provocation » destinée « à déstabiliser la Russie », une action de « ceux qui utilisent tous les moyens pour atteindre leur but politique », jusqu’à la piste « islamo-terroriste » en raison des positions favorables à Charlie Hebdo de la victime.Tout en présentant ses condoléances à la mère de la victime, âgée de 87 ans, qui a défilé dimanche, anonyme, parmi les manifestants, le chef de l’Etat a par la suite annoncé qu’il superviserait lui-même, à titre personnel, l’enquête confiée à un groupe formé par des enquêteurs du FSB (services de sécurité), du ministère de l’intérieur et du comité d’enquête.« Aucune menace »Ce dernier a promis une récompense de 3 millions de roubles (45 000 euros) à toute personne susceptible de fournir des informations. Aucune revendication ni aucun élément, à ce stade, ne permet de privilégier une piste ou de désigner les auteurs de cet assassinat. Mais fallait-il ajouter, comme le fit dans la foulée M. Peskov : « Avec tout le respect dû à la mémoire de Boris Nemtsov, il ne représentait aucune menace pour Vladimir Poutine. Si nous comparons avec les niveaux de popularité de Poutine et du gouvernement, celui de Boris Nemtsov dépassait à peine celui d’un citoyen moyen » ?« Probablement, c’était le but [des assassins], tuer à côté du Kremlin de sorte que certains puissent en tirer des conclusions », affirmait, dès samedi, l’agence Ria-Novosti, ajoutant : « Les partisans de Nemtsov et certains Occidentaux ont réagi immédiatement comme s’ils connaissaient ce fait d’avance. » Plusieurs médias ont repris la thèse défendue par les partisans du Kremlin selon laquelle cet assassinat « sert les intérêts des ennemis de la Russie ». La jeune Ukrainienne de 23 ans, Anna Douritskaïa, qui marchait au côté de Boris Nemtsov au moment du drame, n’a pas été épargnée non plus par les commentaires peu gracieux. Placée sous surveillance policière, elle ne peut pas quitter le territoire, ont fait savoir les enquêteurs, qui n’ont pas fini de l’interroger.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marie Charrel Les prix ont reculé de 0,3 % dans la zone euro en février, selon les premières estimations publiées, lundi 2 mars, par Eurostat. C’est mieux qu’en janvier, où le recul avait été de 0,6 %. En cause, principalement : le recul des prix de l’énergie (- 7,9 % en février sur un an) observé depuis l’été 2014. Dans les pays du sud, notamment la Grèce et le Portugal, le taux de chômage élevé et le tassement des salaires pèsent également.Ce moindre recul des prix est probablement temporaire et devrait s’estomper à partir d’avril. Il n’en reste pas moins inquiétant aux yeux de nombreux économistes. Et il met la Banque centrale européenne (BCE) dans une position délicate.Quels sont les pays où les prix baissent le plus ?Selon les chiffres publiés vendredi 27 février, les prix à la consommation en Allemagne ont progressé de 0,1 % sur un an, après avoir reculé pour la première fois depuis 2009 en janvier (- 0,4 %). Mais, selon l’indice des prix harmonisé européen, qui permet une comparaison entre pays, c’est à un recul de 0,1 % qu’a dû faire face l’Allemagne.Ce chiffre est néanmoins meilleur que prévu : nombre d’économistes estiment qu’il y a là la preuve que les tensions déflationnistes s’estompent outre-Rhin.En revanche, les prix italiens et espagnols ont respectivement reculé de 0,2 % et 1,2 % sur un an. Sans surprise, les états du sud de la zone euro, où les salaires se sont tassés (voire ont reculé) et où les séquelles de la crise sont les plus dures, sont les plus exposés aux tensions déflationnistes.En Slovénie, les prix ont également reculé de 0,4 % sur un an. Le détail pour la France sera publié le 12 mars par l’Insee (celui des autres pays dans la foulée), mais là aussi, le chiffre devrait être négatif, ou proche de zéro.Inflation en France : « une situation presque inédite en soixante ans »La zone euro risque-t-elle la déflation ?L’inflation dans la zone euro reste ainsi loin de la cible de 2 % de la BCE, et elle n’est pas repassée au-dessus de cette barre depuis janvier 2013.Cela fait dire à nombre d’économistes que le risque de déflation - un recul généralisé, durable et auto-entretenu des prix dans l’union monétaire - est élevé. Un scénario inquiétant, car il serait le signe qu’une économie à l’arrêt.Pour l’instant, la zone euro n’est pas tombée dans cette spirale, et la légère amélioration de février est de bon augure.Reste que la situation de l’union monétaire est très fragile. Un nouveau choc, politique ou économique, pourrait la faire basculer dans la déflation.Que fait la BCE pour lutter contre le risque déflationniste ?Pour contrer cette menace, la BCE a mis en œuvre plusieurs mesures ces derniers mois. Elle a baissé son taux directeur au plus bas (0,05 %) et lancé plusieurs outils non-conventionnels, tels que les prêts géants aux banques (les « TLRO ») ou les rachats de créances titrisées d’entreprises (les ABS) sur les marchés.Le 22 janvier, elle a annoncé qu’elle se lancerait dans l’assouplissement quantitatif (quantitative easing en anglais, ou QE). Une politique qui consiste à racheter massivement des dettes publiques de la zone euro, dans l’espoir que cela maintienne des taux d’intérêt bas pour longtemps et que cela fasse baisser encore un peu l’euro face au dollar – le tout, dans l’espoir de raviver le crédit, les prix et la croissance.La Banque centrale européenne lève le voile sur ses débatsAu total, la BCE prévoit de racheter jusqu’à 1 040 milliards d’euros de dettes publiques et ce, à partir du mois de mars. Lors de sa réunion du jeudi 5 mars, qui se tiendra exceptionnellement à Chypre, l’institution pourrait dévoiler de nouveaux détails quant à ce programme. Et elle est attendue au tournant.Le « QE » sera-t-il efficace pour relancer la croissance et les prix ?Les doutes se multiplient déjà sur l’efficacité du QE. Pour qu’il fonctionne, il faudra que la BCE trouve des investisseurs à qui racheter des obligations souveraines. Et ce ne sera pas simple.Les banques et assureurs, qui détiennent la dette de qualité visée par la BCE, en particulier les titres allemands, finlandais ou français, n’ont pas la moindre envie de s’en séparer. Ils ne sauraient pas quels autres actifs sûrs acheter à la place… D’autant que les nouvelles réglementations financières les contraignent à détenir des titres les moins risqués possible.« C’est simple, aujourd’hui, personne ne veut vendre ses obligations à la BCE », confie un gérant de fonds. D’autres restent néanmoins convaincus que l’institution dispose de marges de manœuvre en la matière, ou saura les trouver.Mario Draghi, le président de l’institution, devra convaincre, lors de la réunion de la BCE du 5 mars, qu’il parviendra à atteindre ses objectifs, et détailler comment.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Simon Piel Son témoignage a déjà contraint UBS à verser en 2009 une amende de 780 millions de dollars (696 millions d’euros) aux Etats-Unis. La banque suisse a aussi dû rompre le secret bancaire et transmettre l’identité de 4 450 clients américains soupçonnés d’avoir fraudé le fisc. C’est désormais la justice française que Bradley Birkenfeld, 50 ans, ex-cadre de la banque, veut aider. Vendredi 27 février, pendant près de douze heures, il a témoigné à Paris devant le juge d’instruction du pôle financier Guillaume Daieff, qui enquête sur les pratiques de la banque en France.UBS, la banque suisse qui fraude aussiMise en examen pour démarchage bancaire illicite et blanchiment de fraude fiscale, UBS conteste les faits qui lui sont reprochés. « La crédibilité [de M. Birkenfeld], qui a fait des pieds et des mains pour être invité par le juge français, qui a dû recevoir une autorisation spéciale d’un juge américain pour pouvoir voyager du fait de son statut judiciaire de liberté surveillée et qui n’a jamais travaillé dans les activités sur lesquelles porte l’instruction, devrait être très limitée », commente la banque. S’il refuse de préciser quelles informations il a transmises au magistrat français, M. Birkenfeld décrit un système d’incitation à l’évasion fiscale pensé comme un « business plan ».Il raconte les voyages aux Etats-Unis depuis Genève où il travaillait, équipé d’ordinateurs sécurisés, pour aller rencontrer les riches clients américains mais aussi, et surtout, pour en recruter d’autres. « En cas de problème, la consigne était claire : rendez-vous à l’ambassade suisse », se souvient-il dénonçant ainsi la complicité du gouvernement de la Confédération. Ce sont les mêmes pratiques qui sont aujourd’hui reprochées en France à UBS.Un homme riche, très riche M. Birkenfeld n’hésite pas à parler d’« extorsion de fonds » de banque à Etats. Un terme plus souvent utilisé pour parler de la mafia. Mais il n’en a cure. Sa bataille est déjà gagnée. En 2009, le fisc américain a reconnu la crédibilité de son témoignage : « Les informations complètes fournies par ce dénonciateur étaient exceptionnelles, à la fois par leur ampleur et par leur étendue » et ont permis des « actions sans précédent contre UBS ». Pour le récompenser, le fisc américain lui a fait un chèque de 104 millions de dollars, soit, après impôt, 78 millions de dollars. Il est aujourd’hui riche, très riche. C’est d’ailleurs dans la suite d’un sublime palace parisien qu’il reçoit Le Monde lors de son passage à Paris. Mais dit-il, « c’est normal, compte tenu des milliards que le fisc américain a pu récupérer » grâce à lui. « J’ai fait cela parce que c’était la bonne chose à faire, explique-t-il. Ceux qui m’accusent d’avoir fait cela pour l’argent se trompent. En 2005, lorsque j’ai commencé par faire des signalements en interne, la loi prévoyant de récompenser les lanceurs d’alertes n’existait pas. »« Une justice corrompue »Bradley Birkenfeld n’a pas de mots assez durs contre la justice américaine qui l’a envoyé en prison pour complicité de blanchiment de fraude fiscale parce qu’il n’avait pas dénoncé son plus gros client. Sa période de probation doit s’arrêter en 2015. « Seul le lanceur d’alerte a été en prison dans cette histoire, dit-il. La justice américaine a montré à quel point elle pouvait se montrer incompétente, voire corrompue. »A Paris, l’enquête ouverte en avril 2012 progresse. Trois mandats d’arrêt européens ont été délivrés à l’attention du directeur de la gestion de fortunes pour l’Europe de l’Ouest et de deux responsables du département France International en Suisse. Les magistrats ont par ailleurs envoyé une commission rogatoire internationale à la justice allemande. Le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie possède en effet un disque dur chargé de données où pourraient figurer les noms de contribuables français qui ont fraudé le fisc avec l’aide d’UBS.En France, l’affaire UBS a aussi en partie éclaté à la faveur d’informations transmises par d’anciens salariés d’UBS avec qui M. Birkenfeld se veut solidaire. « Les lanceurs d’alertes ne font que parler de ce qui devrait être si la loi était appliquée. » Il envisage d’ailleurs de participer financièrement à la création d’un centre à Paris pour aider les lanceurs d’alertes et « éduquer » les gens sur ces démarches qui ne sont pas toujours comprises.« This is the grand lie »Il se souvient avoir vu des chargés d’affaires du desk France de Genève en visite à Paris en quête de grandes fortunes. Notamment lors d’une exposition consacrée à Rodin qu’il avait organisée en 2003. « Ces pratiques n’appartiennent pas au passé », explique-t-il. Et de citer Singapour, Dubaï ou Macau comme des places financières protégées des regards indiscrets.Quand on lui demande s’il détient encore des secrets sur UBS. Son regard s’allume : « Oui. Plus qu’ils ne le pensent. Malheureusement pour eux, j’ai gardé beaucoup d’informations. “This is the grand lie”, et je l’expliquerai encore et encore. J’aide la France aujourd’hui mais j’ai déjà aidé d’autres gouvernements. UBS, comme d’autres banques, s’est montrée tellement arrogante et cupide qu’elle a cru que cela ne finirait jamais. Mais nous sommes en train de tourner la page. »Simon PielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Jacqué Le Salon de l’automobile de Genève ouvre ses portes mardi 2 mars. Pour la première fois depuis sept ans, les acteurs de l’industrie automobile européenne auront de réels motifs de satisfaction.Reprise des ventesLe marché européen se redresse, après trois années de chute des immatriculations, celles-ci étant descendues jusqu’à 11,8 millions de véhicules (particuliers) en 2013. En 2014, les ventes ont progressé, passant la barre des 12,5 millions d’unités. L’année 2015 a commencé sur les mêmes bases : les immatriculations ont augmenté de 6,7 %. En France, les ventes de voitures neuves sont en hausse de 4,1 % en février, après une croissance de près de 6 % en janvier, selon les chiffres du Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA), publiés lundi 2 mars.Pour les analystes des sociétés Cetelem, EY ou IHS, le marché européen devrait croître de 3 % ou 4 % sur l’ensemble de l’année. Les constructeurs, échaudés par les années précédentes, se montrent plus prudents. PSA s’attend par exemple à 1 % de croissance, Renault à 1 % à 2 %.Pour autant, l’Europe ne renouera pas avant 2020 avec les 16 millions d’immatriculations, qui étaient son niveau d’avant la crise de 2007.Retour aux bénéficesMalgré la faiblesse du marché, la majorité des constructeurs a renoué avec les bénéfices sur le Vieux Continent. « Depuis 2007, la région Europe n’avait pas été rentable pour PSA, sauf sur l’année 2010, qui avait été marquée par les primes à la casse », rappelait récemment Jean-Baptiste de Chatillon, le directeur financier de PSA.Volkswagen et Renault dégagent également des bénéfices en Europe. Tout comme Fiat qui a renoué avec les bénéfices opérationnels sur la zone au dernier trimestre 2014 et s’attend à une sérieuse reprise de ses gains en 2015.Les restructurations ont porté leurs fruits et les lancements de nouveaux véhicules ont été des succès (à l’image des Captur de Renault, de la 2008 ou de la 308 de Peugeot…).Augmentation du taux d’utilisation des usines et (un peu) de l’emploiLes industriels européens ont baissé leurs capacités de production, en fermant des usines entières, ou des lignes de production. Et sur celles qu’il leur reste, ils ont augmenté les volumes produits. Selon le cabinet Inovev, la production automobile européenne a augmenté de 3,6 % en 2014 par rapport à 2013, à 16,20 millions de véhicules particuliers et utilitaires.PSA vend un premier bout de son usine d’Aulnay-sous-BoisLa reprise permet une relance, encore très modeste, de l’emploi. Fiat devrait recruter 1 500 personnes cette année pour son site de Melfi, qui assemble la Jeep Renegade et le 500 X. Renault a annoncé le recrutement de 1 000 personnes pour ses usines françaises et ses services d’ingénierie.Renault annonce 1 000 embauches en France en 2015Philippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.03.2015 à 09h00 • Mis à jour le02.03.2015 à 11h05 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2igcoz"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2igcoz", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Au lendemain de la marche en hommage à Boris Nemtsov, qui a réuni des dizaines de milliers de Moscovites, 70 000 selon un organisateur – un nombre qui rappelle par son ampleur les grandes manifestations organisées en 2011 et 2012 contre le président Vladimir Poutine –, la presse russe se faisait l'écho, lundi 2 mars, du choc causé par le meurtre de l'opposant et ancien vice-premier ministre russe, assassiné vendredi près du Kremlin.« Les réactions à l'assassinat de Boris Nemtsov ont été extraordinaires, à la mesure de cet homme », salue le quotidien Kommersant, qui voit dans la mort de l'opposant celle « de la politique ». Ce meurtre « constitue une barrière psychologique que vient de franchir la Russie, et elle ne sera plus jamais la même », prévient pour sa part le quotidien financier Vedomosti. « Beaucoup de gens ont dit après l'assassinat “Nous nous sommes réveillés dans un autre pays”. Oui, et certains se sont réveillés tout court », souligne le journal, qui a qualifié de « marche contre la peur » le rassemblement en hommage à Boris Nemtsov.Lire le compte-rendu : Moscou : des dizaines de milliers de Russes ont rendu hommage à Boris NemtsovAlors que les autorités ont déclaré étudier toutes les pistes pour retrouver les meurtriers, certains médias dénoncent le « climat de peur » instauré par le Kremlin. « Cela fait longtemps – au moins un an – que nous vivons dans un pays où la dissidence est assimilée à la trahison, pour laquelle on peut être tué », lance Vedomosti, qui rappelle que « la guerre, tout comme les tueurs à gages, sont faciles à lancer, mais bien plus difficiles à arrêter ». « DÉSTABILISATION RADICALE »De son côté, le journal d'opposition Novaïa Gazeta, qui publiait un entretien réalisé avec Boris Nemtsov en avril, rappelle que l'opposant recevait régulièrement des menaces de mort, sans pour autant y croire. « Eh bien oui, ils le peuvent : me tuer je ne sais pas, mais m'envoyer en prison certainement », déclarait l'opposant, qui se disait « immunisé ». Pour le journal, « au lieu d'avoir un Maïdan », mouvement populaire qui a mené il y a un an à Kiev à la destitution du président ukrainien, « Moscou a obtenu le Donbass », région de l'est de l'Ukraine déchirée par les combats entre les séparatistes prorusses et l'armée ukrainienne.Seul le quotidien populaire Komsomolskaïa Pravda dit ne pas croire à un crime motivé politiquement. « Qui de nous tue ici pour des raisons purement politiques ? Voyons, nous ne sommes pas en Ukraine (...). Pour l'argent, on tue. Pour de la politique, non », soutient le journal.Mais selon Novaïa Gazeta, peu importe, le résultat est le même : « L'assassinat de Nemtsov c'est un point de non-retour, une déstabilisation radicale de la situation politique en Russie dont les conséquences ne sont pas encore imaginables », s'inquiète le journal. Les répercussions de son meurtre pourraient toucher jusqu'à la politique étrangère de la Russie et « devenir un solide argument en faveur des partisans d'une politique dure à l'égard de Moscou », s'alarme enfin Kommersant.Lire aussi : Meurtre de Boris Nemtsov : les faits et les hypothèses Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) La Chine se prépare à un nouveau ralentissement de la croissance de son économie. L’« objectif » officiel pour l’année 2015 sera dévoilé par le premier ministre, Li Keqiang, lors de la session annuelle de l’Assemblée nationale populaire, qui s’ouvrira jeudi 5 mars.L’ambition d’atteindre 7,5 % de progression du produit intérieur brut (PIB) en 2014 n’ayant pas été tenue – la croissance avait été de 7,4 %, son rythme le plus faible depuis 1990 –, la plupart des observateurs s’attendent à ce que la tête du parti fixe cette fois un cap plus modeste, probablement autour de 7 %. Un chiffre confirmé par la publication d’un rapport d’un institut d’études travaillant pour le gouvernement, le State Information Center, qui indique que la croissance devrait se situer à 7 % sur un an au premier trimestre.Signaux contradictoiresLes statistiques les plus récentes apportent toutefois des signaux contradictoires. L’indice PMI des directeurs d’achats publié, lundi, par la banque HSBC montre que l’activité manufacturière chinoise a rebondi en février, alors que l’indice PMI officiel, diffusé dimanche par le gouvernement chinois, indique, lui, qu’il y a eu une contraction pour le deuxième mois consécutif de l’activité des usines chinoises, malgré une légère amélioration par rapport à janvier.Pour Annabel Fiddes, économiste à Markit, la firme de données économiques ayant compilé l’indice pour HSBC, « la nouvelle baisse des commandes à l’exportation suggère que la demande internationale s’est encore affaiblie ». Elle relève que « les entreprises manufacturières continuent de sabrer dans leurs effectifs, tandis que le recul des prix traduit la persistance des pressions déflationnistes ». Face aux difficultés persistantes du secteur manufacturier, la banque centrale chinoise (PBOC) a annoncé samedi 28 février la réduction de son taux d’emprunt à un an, qui passe à 5,35 %, contre 5,6 % auparavant, tandis que la rémunération des dépôts sur une année tombe de 2,75 % à 2,5 %. Le taux d’inflation est, quant à lui, à un niveau particulièrement faible (les prix n’ont progressé que de 0,8 % en janvier), tandis que le marché immobilier continue de tourner au ralenti, soulignant la nécessité d’une nouvelle impulsion.La Chine engage de nouvelles mesures de soutien à ses banques Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.03.2015 à 17h07 • Mis à jour le24.03.2015 à 17h39 Quelques heures après le crash, mardi 24 mars, d'un Airbus A320 de la compagnie Germanwings dans les Alpes-de-Haute-Provence, de nombreux enquêteurs ont été dépêchés sur place pour comprendre ce qui a pu conduire au drame. Dans le même temps, une enquête a été ouverte par le pôle « accident collectif » du parquet de Marseille qui s'est saisi de l'enquête. Selon les premières informations communiquées par le président de la République, François Hollande, il y aurait peu d'espoir que l'une des 150 personnes à bord ait survécu.Suivez la situation en direct : Crash d'un Airbus A320Lire aussi : Ce que l'on sait du crash de l'Airbus A320Les gendarmes spécialisés dans les accidents aériens de la section de recherche de Vélizy-Villacoublay devaient arriver sur les lieux dans l'après-midi. L'avion s'est écrasé dans un massif de moyenne montagne, dont l'altitude est comprise entre 2 000 et 2 500 mètres. « Ce n'est accessible que par les airs, il y a très peu de chemins, c'est très compliqué de progresser à pied », a expliqué le lieutenant-colonel de gendarmerie Jean-Paul Bloin présent à Seyne-les-Alpes, une commune voisine du site du crash où une chapelle ardente et un PC opérationnel ont été installés. « Les hélicoptères ne peuvent pas se poser, nous allons recourir à la technique du treuillage », a-t-il ajouté, précisant : « Rien n'a encore été touché tant que les enquêteurs ne sont pas là. »L'avion s'est écrasé sur une zone d'un hectare environ, à flanc de pente. « Il y a beaucoup de débris éparpillés, ce sera extrêmement compliqué pour relever les éléments et opérer », a ajouté le militaire, évoquant aussi la présence de « quelques gros débris, peut-être une demi-douzaine ». Des équipes du BEA, d'Airbus et de la LufthansaSept hélicoptères, deux Puma de la gendarmerie et cinq Dragon de la sécurité civile, ont été dépêchés sur la zone de l'accident, où un coordinateur aérien devrait être installé pour coordonner les moyens aéroportés. Par ailleurs, 360 sapeurs-pompiers des départements des Alpes-de-Haute-Provence, des Hautes-Alpes, du Vaucluse, du Var, des Bouches-du-Rhône et des Alpes-Maritimes, ainsi que du bataillon des marins-pompiers de Marseille, ont été envoyés en renfort. Des moyens logistiques et de désincarcération ont été également envoyés, notamment de l'éclairage pour pouvoir poursuivre les opérations durant la nuit.Une équipe du Bureau d'enquête et d'analyse (BEA), l'autorité française responsable des enquêtes de sécurité dans l'aviation civile, a été envoyée sur place et devrait être rejointe rapidement par une équipe de son homologue allemand. Soixante-sept Allemands étaient en effet à bord de l'appareil.De son côté, Airbus a annoncé qu'il allait envoyer une équipe d'experts sur le site de l'accident pour apporter assistance aux enquêteurs. « En ligne avec l'annexe 13 de l'OACI (Organisation de l'aviation civile internationale), une équipe de conseillers techniques va être déployée pour apporter assistance au BEA français chargé de l'enquête » de sécurité, indique l'avionneur européen dans un communiqué. Une équipe de la Lufthansa est également en route.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kfpeu"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kfpeu", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 24.03.2015 à 15h16 • Mis à jour le24.03.2015 à 18h23 | Guy Dutheil et Martin Untersinger A 10 heures précises, ce mardi 24 mars 2015, l'Airbus A320-211 immatriculé D-AIPX de la compagnie Germanwings a quitté les pistes de l'aéroport international El-Prat de Barcelone, en Espagne, à destination de Düsseldorf, en Allemagne. Quelques heures auparavant, il avait fait le trajet en sens inverse : il avait décollé de l'aéroport de Düsseldorf à 7 heures et une minute et avait atterri dans la capitale catalane peu avant 9 heures.Les données recueillies par un réseau de récepteurs radio amateurs puis agrégées par Flightradar permettent d'avoir un aperçu de son vol. Après son décollage de l'aéroport de Barcelone, l'avion a survolé la mer Méditerranée, gagnant peu à peu de l'altitude. Il atteint 30 000 pieds (9 km) à 10 h 17 au milieu du golfe du Lion, puis 38 000 pieds (11,5 km) à 10 h 27, au large de Toulon (Var). Sa vitesse était stable, autour de 470 nœuds (870 km/h). Des altitudes et une vitesse qui n'étaient pas anormales pour un vol moyen-courrier.Suivez l'évolution de la situation en direct : Crash d'un Airbus A320« Perte radio »Selon les informations obtenues par Le Monde, c'est l'ingénieur de permanence de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) qui a déclenché l'alerte. A 10 h 30, l'ingénieur a informé sa hiérarchie « d'une perte radio avec l'avion ».En pratique, un avion doit se connecter à intervalles réguliers par radio avec les contrôleurs au sol. Cette fois, l'A320 de la Germanwings n'a plus répondu aux multiples appels. Outre le défaut de communications par radio avec l'équipage de la Germanwings, l'ingénieur de permanence a aussi constaté que l'appareil ne suivait pas sa route et perdait de l'altitude. « C'est donc la conjonction entre la perte de contact radio et la mise en descente de l'appareil qui a conduit le contrôleur aérien a déclencher la phase de détresse, la Détresse FA », ajoute encore la DGAC.Immédiatement, pour prévenir notamment tout acte de terrorisme, un avion de chasse de l'armée de l'air est allé au contact de l'appareil ainsi qu'un hélicoptère de la gendarmerie.En regardant les données de Flightradar, on voit qu'entre 10 h 31 et 10 h 32, alors qu'il commence à survoler les contreforts des Alpes, l'Airbus entame une forte descente. Cette dernière est régulière : il ne s'agit pas d'une chute à pic. Pour une raison encore inconnue, il descend à environ 1 kilomètre par minute, à vitesse constante jusqu'à 10 h 41, au moment où les radars amateurs perdent sa trace. La compagnie Germanwings affirme pour sa part que la chute a duré huit minutes, et qu'elle a perdu le contact à 10 h 53.UPDATE #Germanwings #4U9525 had a linear descent around -3,000ft/min http://t.co/wFg8KTSve2 http://t.co/WJ7xIxubXz— AirLive.net (@airlivenet)require(["twitter/widgets"]);L'un des A320 les plus âgés en circulationLa veille, lundi 23 mars, un autre avion de la compagnie Germanwings avait assuré la liaison entre Barcelone et Düsseldorf en suivant exactement le même chemin. Il avait survolé sans encombre l'endroit où l'Airbus A320 s'est écrasé, avant de se poser, à midi, à Düsseldorf.Lire : L’A320, le best-seller d’AirbusL'A320, fabriqué par Airbus, est un modèle d'avion extrêmement répandu, notamment pour les vols moyen et court-courriers. Le modèle qui s'est écrasé faisait partie des Airbus A320 les plus âgés encore en circulation : construit en 1990, il avait été mis en service en 1991 par la compagnie allemande Lufthansa. Les premiers modèles de ce type d'A320 ont été mis en service à la toute fin des années 1980. Le D-AIPX avait effectué 46 700 décollages pour un total de 58 300 heures de vol, a précisé Airbus dans un communiqué.Utilisé par Germanwings, filiale de Lufthansa, pendant un an (entre juillet 2003 et juillet 2004) il avait repris sa place dans la flotte Lufthansa, et avait même reçu un nom, « Mannheim ». L'avion avait recommencé à voler sous les couleurs de Germanwings depuis la fin du mois de janvier.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kfpeu"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kfpeu", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterGuy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Yohan Blavignat Selon les dernières informations de Météo France, les conditions météo étaient « particulièrement calmes au moment du crash » de l’airbus A320 de la compagnie allemande Germanwings, mardi 24 mars aux alentours de 11 heures. L’avion s’est écrasé dans le massif des Trois-Evêchés, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Les hélicoptères de la gendarmerie ont repéré l’appareil au sud de la commune de Méolans-Revel, à 12 kilomètres de Barcelonnette.Lire aussi : Crash de l’Airbus A320 de Germanwings : ce que l’on saitLe temps était alors sec et le ciel totalement dégagé durant toute la matinée avec un vent faible, voire nul. Météo France ajoute que « des nuages dangereux comme des cumulonimbus n’étaient pas présents ».Des crêtes de plus de 2 500 mètres d’altitudePourtant, sur la commune de Méolans-Revel, la pluie a fait son apparition ce matin avec un vent à 7 km/h, selon le site de Météo France. Les seules zones concernées par des pluies et des orages étaient le golfe du Lion et la Méditerranée que l’avion avait survolés en début de matinée.Non loin de cette commune se trouve le plus haut sommet du massif, la tête de l’Estrop, à 2 961 mètres d’altitude, situé à l’extrémité sud-ouest des Trois-Evêchés, entre Digne-les-Bains, Gap et Barcelonnette. En bordure de la zone des Alpes, l’altitude des crêtes est supérieure à 2 500 mètres. A l’inverse, les montagnes au sud et à l’ouest de ce sommet dépassent rarement les 2 000 mètres. Ce massif est prisé des amateurs de sports d’hiver avec trois stations – Val d’Allos, Pra Loup et Saint-Jean Montclar – et de canyonisme avec deux descentes exceptionnelles et de haut niveau, Male Vesse et Bussing.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kfpeu"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kfpeu", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Yohan Blavignat Guy Dutheil L’A320, qui s'est écrasé mardi 24 mars dans les Alpes de Haute-Provence avec 150 personnes à son bord, était un avion de la compagnie allemande Germanwings. Cet appareil, qui est le grand succès commercial d’Airbus, a permis à l’avionneur européen de passer devant Boeing au moins sur le segment d’activité court et moyen-courrier.Depuis son entrée en service en 1988, l’A320 − et plus largement la famille A320, qui comprend aussi l’A319 et l’A321 − est le best-seller d’Airbus. L’avionneur en a déjà livré 6 194 et il en a encore 5 085 dans ses carnets de commandes. En pratique, un A320 décolle dans le monde toutes les deux secondes.Suivez la situation en direct : Crash d'un Airbus A320Le succès de cet avion va de pair avec la montée en puissance des compagnies low cost, des Ryanair et autres EasyJet en Europe ou AirAsia et Lion Air en Asie. Pour preuve, il y a tout juste deux ans, la compagnie à bas coût indonésienne Lion Air a commandé 230 modèles A320. Une commande évaluée à 24 milliards de dollars (21,9 milliards d’euros). Le plus gros contrat de l’histoire d’Airbus. Et ce n’était pas une première pour Lion Air. Un an plus tôt, en février 2012, elle avait déjà passé commande de 230 Boeing 737, le rival de l’A320. Cette fois le contrat était valorisé 22,4 milliards de dollars.Hausse de la cadence de productionLa demande est telle que Boeing et Airbus sont obligés de hausser régulièrement leurs cadences de production. Fin février, à Munich, à l’occasion de la présentation de ses résultats annuels, Tom Enders, président du groupe Airbus, a indiqué que dès le premier trimestre 2017, cinquante A320 sortiront chaque mois des chaînes de l’avionneur contre 42 aujourd’hui.Même réaction pour Boeing. L’américain, qui sort de ses chaînes 42 avions 737 chaque mois, a fait savoir qu’il allait en produire 47 par mois en 2017 avant de monter à 52 exemplaires mensuels en 2018.Les deux constructeurs profitent aussi de la concurrence entre les low cost et les compagnies régulières. Pour contrer Ryanair et EasyJet, Lufthansa avait aussi commandé, au début 2013, 102 Airbus pour 9 milliards de dollars.Lire aussi : Crash d'un A320 : Germanwings, la filiale « low cost » de LufthansaGuy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Clément Guillou Le témoignage de Lance Armstrong devant la Commission indépendante pour la réforme du cyclisme (CIRC) n'est pas de nature à justifier une réduction de sa suspension, explique au Monde le directeur général de l'Agence mondiale antidopage (AMA), David Howman. L'ex-septuple vainqueur du Tour de France, déchu pour dopage en 2012 suite à l'enquête de l'Agence américaine antidopage (Usada), est suspendu à vie de toute compétition sportive. Dans l'espoir de voir sa suspension réduite et de pouvoir participer notamment à des courses de triathlon, le Texan avait accepté de témoigner en Suisse devant la CIRC dont le rapport a été publié par l'Union cycliste internationale (UCI) le 9 mars.Depuis la publication du rapport, Lance Armstrong aurait rencontré Travis Tygart, le directeur de l'Usada et responsable de sa chute, comme le rapportent plusieurs médias américains. C'est en effet à l'Usada qu'appartient le pouvoir de modifier la sanction.« Son témoignage ne valait pas grand-chose »Interrogé mardi 24 mars en marge d'une réunion à Lausanne, David Howman, assure :« La CIRC n'a pas recommandé à l'AMA de réduire sa suspension. Il n'a donné aucune information, à quiconque, de nature à provoquer une réévaluation de sa suspension. Son témoignage ne valait pas grand-chose. »Après la publication dudit rapport, le président de l'UCI, Brian Cookson, s'était déjà montré réservé sur l'hypothèse d'une remise de peine pour Lance Armstrong, renvoyant la balle à l'Usada. « Je n'ai aucune envie d'être le président qui a laissé Armstrong s'en tirer », avait indiqué le Britannique à quelques journalistes.La commission avait pointé dans son rapport la « différence frappante » entre la suspension à vie imposée à Armstrong et celle de six mois réservée à ses anciens coéquipiers, ainsi récompensés pour avoir dit ce qu'ils savaient. C'est d'ailleurs avec cet appât d'une réduction de suspension que la CIRC avait convaincu le Texan de venir s'exprimer devant elle, à deux reprises.Il n'est pas sûr que l'ancien coureur, aujourd'hui âgé de 43 ans, ait encore des éléments à révéler sur le dopage dans le peloton et ses relations avec l'UCI, tant les deux sujets ont été examinés de près dans les enquêtes de l'Usada et de la CIRC.Lance Armstrong pourrait cependant, selon le Daily Mail, participer à une opération caritative en faveur de la lutte contre la leucémie durant le prochain Tour de France, en roulant un jour avant la course. Une hypothèse qui inquiète l'UCI et que ne souhaitent pas commenter les organisateurs du Tour.Clément GuillouJournaliste au Monde Guy Dutheil L'A320 qui s'est écrasé mardi 24 mars dans les Alpes de Haute-Provence avec 150 personnes à son bord était un avion de la compagnie allemande Germanwings.Suivez la situation en direct : Crash d'un Airbus A320Germanwings est la filiale à bas coûts de la compagnie allemande Lufthansa. L'équivalent de Transavia France, la petite low-cost d'Air France. Lancée en 2002, Germanwings opère une flotte composée de soixante-seize Airbus de la famille A320 (A319, A320 et A321). Une flotte assez récente puisque la moyenne d'âge des avions est de moins de 14 ans.Toutefois, l'appareil qui s'est écrasé, mardi 24 mars, était plus ancien. Il était entré en service à la fin de l'année 1990 bien avant que Germanwings ne soit créée. Pour la low cost, il s'agit du premier crash de sa jeune histoire, mais du troisième pour la maison-mère Lufthansa. Elle a notamment perdu un Airbus A320 qui s'est écrasé en 1993 en Pologne.En 2012, Lufthansa avait cependant reconnu que l'un de ses avions Germanwings avait frôlé l'accident fin 2010, en raison de problèmes d'intoxication par des vapeurs d'essence ayant quasiment fait perdre connaissance à l'un des pilotes. Le capitaine, muni d'un masque à oxygène, avait finalement fait atterrir l'avion à l'aéroport de Cologne.BUT DÉFENSIFA l'origine, le lancement de Germanwings avait un but défensif pour Lufthansa. Avec sa filiale à bas coût, la compagnie allemande voulait contrer l'expansion des low-costs, notamment EasyJet et Ryanair. Au fur et à mesure des années, les low-costs sont parvenues à capter un peu plus de 40 % du trafic court et moyen courrier en Europe. Principalement au détriment des compagnies régulières.Aujourd'hui, toutes les grandes compagnies sont flanquées d'une filiale à bas coûts. Air France-KLM opère Transavia et le groupe IAG, maison-mère de British Airways, détient Vueling. Il y a deux ans, Lufthansa a décidé de pousser le développement de sa filiale à bas coûts en lui confiant quasiment tous ses vols court et moyen courrier. Un modèle déjà utilisé par British Airways. Alors que Lufthansa a fait de l'aéroport de Francfort, son hub, Germanwings est elle basée principalement sur l'aéroport de Cologne.L'accident de l'A320 de la Germanwings pourrait remettre en cause la stratégie de développement dans le low-cost choisie par Lufthansa. Après Germanwings, spécialisée dans les vols court et moyen courrier, la compagnie allemande avait créé une autre filiale, Eurowings, qui serait elle intégralement consacrée aux destinations long-courrier à bas coûts.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kg3zp"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kg3zp", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Guy Dutheil L'Airbus A 320 qui s'est écrasé mardi 24 mars dans la région dans les Alpes-de-Haute-Provence, avec 150 personnes à son bord, était un appareil de la compagnie Germanwings, filale low-cost de la Lufthansa. Les causes de la tragédie ne sont pas connues pour l'heure. Nous republions ici notre article de janvier sur le poids grandissant du low-cost dans le secteur aérien en Europe.L'essor des compagnies aériennes low cost au détriment des compagnies « historiques » ne se dément pas en Europe :  les passagers des compagnies européennes classiques privilégient toujours un peu plus les transporteurs à bas coûts. Bilan de l'année 2014.Un rapport de un à deux pour la croissanceSi l'on regarde la croissance du trafic passageren 2014, la palme revient à un représentant des compagnies traditionnelles : IAG, maison mère de Bristish Airways totalise 15 % de passagers en plus, soit 77,3 millions au total. Ce bond s'explique par l'intégration des résultats de Vueling, sa filiale espagnole à bas coûts.Chez les acteurs du low cost, easyJet, la plus rentable des compagnies européennes, devance, avec une hausse de 6,5 % du trafic passager (à 65,3 millions), sa rivale irlandaise Ryanair : cette dernière a vu son trafic passager progresser de 6 %, à 86,4 millions de personnes, confortant ainsi la place de leader européen qu'elle détient depuis 2010. Si l'on compare les taux de croissance des deux principaux acteurs du low cost aérien et ceux affichés par l'ensemble des compagnies classiques (Air France, Lufthansa et autres British Airways), on voit que la hausse moyenne enregistrée par ces dernières n'est que de 2,7 %.Lire aussi : Ryanair et easyJet : des compagnies low cost championnes d'Europe des bénéficesUn podium inchangéLa compagnie allemande Lufthansa approche les 107 millions de passagers transportés au total quand on englobe ses différentes marques (Lufthansa, Germanwings, Swiss, Austrian). Elle conserve ainsi son rang de numéro un européenne. Mais elle le doit à ses lignes long-courriers, car, pour les seuls vols intra-européens, elle totalise un peu plus de 79,2 millions de passagers. Soit moins que Ryanair : la compagnie à bas coût revendique 86,4 millions de passagers.Air France-KLM conserve de justesse sa troisième place. Le groupe, présidé par Alexandre de Juniac, a réuni 77,4 millions de passagers au total, soit une très légère hausse de 0,5 %.Une offre low cost qui n'est « pas encore stabilisée »Le poids pris par les compagnies à bas coûts Ryanair et d'easyJet ne devrait pas se réduire avant un petit moment : au moins dans les quatre ou cinq prochaines années, indique-t-on chez les compagnies régulières. Le temps pour les Transavia, Vueling ou Germanwings, filiale low cost de Lufthansa, de monter en puissance. « L'offre low cost n'est pas encore stabilisée. Elle va continuer à croître », signale un cadre dirigeant d'une compagnie classique. À l'en croire, « Il y a en Europe un vrai potentiel notamment vers les villes de taille moyenne ».Air France bousculé en Europe et en AsieAir France ne totalise que 52,7 millions de passagers sur les liaisons intra-européennes, soit un recul de 35 000 passagers. La faute, pour partie, à la grève des pilotes, lors de la deuxième semaine de septembre.Plus encore que le conflit avec ses navigants, Air France-KLM souffre de l'impact de la restructuration de son réseau domestique : face à la concurrence de plus en plus dure des compagnies à bas coûts, Air France-KLM a engagé une politique sinon de fermetures de lignes en tout cas de réduction du nombre des fréquences de certaines dessertes.La seule « vraie satisfaction » pour le groupe est Transavia, sa filiale low cost. L'an dernier, elle aura transporté 9,9 millions de passagers, soit une progression de 11,4 %.Lire aussi : Les bénéfices d'Air France s'effilochentMis à mal par les low cost en Europe, Air France-KLM est aussi bousculé par la montée en puissance des compagnies du Golfe sur ses lignes long-courriers. Notamment en Asie. Alors que les Emirates, Qatar Airways et autres Etihad, qui achètent des avions neufs à tour de bras, font le plein de passagers en Asie, le remplissage des appareils d'Air France-KLM a stagné d'une année sur l'autre.Il y a là-bas « une explosion du trafic mais qui profite totalement aux compagnies du Golfe. Ce sont elles qui poussent le trafic » à la hausse, fait-on valoir du côté du groupe franco-néerlandais. Cette concurrence acharnée a pour conséquence « une pression sur les prix ». Au point que chez Air France-KLM, on redoute de ne « pouvoir maintenir les lignes déficitaires. »Il reste qu'en France, Air France peut encore voir venir. La compagnie présidée par Frédéric Gagey y détient 77 % de part de marché.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Dans les rangs de l’ancienne majorité, on ironise sur le retour de la « troïka ». Aux yeux de la gauche de la gauche, l’heure, pour le gouvernement d’Alexis Tsipras devrait être « à la désobéissance ou à la rupture »… En Grèce, mardi 10 mars, les réactions sont parfois cinglantes au lendemain d’une réunion de l’Eurogroupe, qui a vu le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis accepter que les experts de la « troïka » des créanciers du pays (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international, Commission européenne) entament une mission d’expertise technique de l’état des finances grecques et des projets de réformes du gouvernement, dès mercredi 11 mars.Il faut dire que cela faisait des semaines que le gouvernement de M. Tsipras déclarait, à qui voulait l’entendre, qu’il n’était plus question de subir la tutelle de cette troïka, dont il contestait à la fois les méthodes, le caractère non démocratique et les résultats désastreux.Pourquoi Athènes accepte de composer avec la « troïka »« Mêmes personnes, même protocole »Imposée par les voisins européens de la Grèce comme un préalable à tout versement d’une aide financière, la « revue » à laquelle va se livrer la troïka va se traduire par « la venue à Athènes des mêmes personnes, pour discuter des mêmes ministères, pour mettre en œuvre le même protocole », a tenu à souligner Kostas Karagounis, le porte-parole du parti d’opposition conservateur Nouvelle Démocratie. Sur le site internet ISKRA, qui relaie les opinions de "la plateforme de gauche", un courant dissident interne à Syriza, le parti de M. Tsipras, au pouvoir, l’article principal de réaction à l’Eurogroupe d’hier était titré « L’étau qui se resserre autour de la gorge de la Grèce », et invitait le gouvernement « à la désobéissance ou à la rupture ».La plateforme de gauche est certes un courant minoritaire, mais qui entend faire pression sur le gouvernement Tsipras pour qu’il ne renonce pas à ses promesses de campagne d’en finir avec l’austérité et avec la mise sous tutelle internationale, dont la troïka était devenue le symbole.Changement sémantique insuffisantAlors, certes, le gouvernement grec insiste sur le fait que l’on ne parle plus de troïka, mais des « institutions », et que les experts de celles-ci ne reviendront pas à Athènes. L’abandon du mot troïka était acquis depuis l’accord conclu le 20 février entre la Grèce et ses créanciers sur une prolongation du plan d’aide pendant quatre mois. Le premier rendez-vous entre les équipes du gouvernement grec et celles des « institutions » aura lieu à Bruxelles.« La troïka, comme nous la connaissions, appartient au passé, ainsi que la pratique visant à autoriser des membres de la troïka à venir parler directement avec les ministres à Athènes », a insisté le porte-parole du gouvernement, Gabriel Sakellaridis sur une chaîne de télévision grecque, mardi matin.« Le ministre des finances, Yanis Varoufakis parlera avec "les institutions", les décisions seront prises au niveau politique et des discussions de cadres techniques se tiendront à Bruxelles », a-t-il ajouté.Mais ces changements sémantiques et de lieu d’intervention ne constituent pas un baume suffisamment apaisant. D’autant moins que le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble a, lundi, encore utilisé le terme de "troïka". Et que, de son côté, Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, a affirmé que les discussions techniques se passeront aussi à Athènes.En tout cas, un député grec, issu des rangs du parti de la gauche radicale Syriza, veut voir dans « l’insistance de Schäuble à utiliser de nouveau ce terme, au moment même où l’Eurogroupe oblige la Grèce à entamer immédiatement la mission de contrôle, le signe d’une grande suffisance et marque le désir d’humilier notre gouvernement en lui retirant jusqu’aux victoires les plus symboliques. »« Au moins le gouvernement se bat pour nous »« Ce n’est pas sur le fond qu’il y a des tensions, car l’accord du 20 février conclu avec l’Eurogroupe prévoit bien que le gouvernement grec et ses créanciers doivent travailler ensemble pour encore quatre mois, en mettant en place une mission d’évaluation des réformes. C’est sur la forme, sur le "où" et "avec qui" », explique l’économiste Georges Pagoulatos.Mais, selon ce dernier « il semble logique pourtant que des rencontres aient lieu aussi à Athènes, car les éléments techniques sont ici, dans les ministères. Il faut un contact direct et continu jusqu’à la fin de l’évaluation. »Pour autant, une majorité de Grecs semble continuer de soutenir le gouvernement d’Alexis Tsipras comme Roula Dimitriadou, cliente mardi matin d’un magasin de bijoux fantaisie à Athènes. « Nous voyons bien qu’ils veulent le faire plier et peut-être vont-ils y parvenir, mais au moins, lui, il essaie, il négocie, il se bat pour nous », pense la jeune femme.Besoin urgent de liquiditésAthènes possède en fait une marge de manœuvre assez faible dans les négociations car, l’Etat grec a un besoin urgent de liquidités. En mars, il doit décaisser 6 milliards d’euros au total en remboursements de prêts. Et ne recevra la dernière tranche du deuxième plan d’aide (environ 7 milliards d’euros) qu’une fois la « mission » technique de la troïka terminée et l’accord sur les réformes bouclé.« Le gouvernement a prévenu à plusieurs reprises ces derniers jours qu’il avait de quoi payer les retraites et les salaires des prochaines semaines mais en laissant ouvert la perspective de ne pas payer d’autres obligations, comme certaines factures à des fournisseurs ou des retours sur impôts, souligne M. Pagoulatos. La pression liée au niveau des liquidités est donc réelle mais aucun gouvernement, celui-là comme les autres, ne peut se permettre de ne pas rembourser les emprunts à nos créanciers internationaux. » « Tous les hommes politiques et les citoyens grecs doivent rapatrier leur argent en Grèce. Nous menons une bataille dans laquelle chaque euro compte », a quant à lui déclaré le ministre d’État, Alekos Flambouraris mardi matin à la télévision grecque.Jeroen Dijsselbloem, l’homme que le dossier grec a rendu populaireAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.03.2015 à 13h59 • Mis à jour le10.03.2015 à 14h07 La Cour de cassation italienne, qui pourrait rendre sa décision dans la journée, a commencé, mardi 10 mars, à examiner l'affaire du « Rubygate », un scandale sexuel pour lequel l'ex-chef du gouvernement Silvio Berlusconi a été condamné en première instance à sept ans de prison, mais acquitté en appel.Le procureur de la juridiction suprême a demandé aux juges d'annuler l'acquittement dont a bénéficié Silvio Berlusconi, et de le renvoyer devant une cour d'appel. La décision de la Cour aura des conséquences sur le destin politique de M. Berlusconi, qui dirige toujours le parti de centre droit Forza Italia.Lire : Acquitté, Silvio Berlusconi retrouve un second souffleL'ex-Cavaliere, que ses partisans défendent, assurant qu'il est « victime d'un harcèlement judiciaire intolérable », comme l'a déclaré son conseiller politique Giovanni Toti, a sans attendre la décision de la Cour de cassation décidé de hausser le ton envers le gouvernement de Matteo Renzi.Il a ainsi ordonné à ses élus à la Chambre des députés de ne pas voter mardi un projet de loi modifiant la Constitution, auquel il avait pourtant collaboré, prétextant l'attitude « arrogante » de M. Renzi, qui a fait élire un président de la République, Sergio Mattarella, auquel M. Berlusconi était opposé.Plus d'une quinzaine de ses députés ont rendu publique mardi une lettre dans laquelle ils affirment qu'ils se conformeront à la décision de leur chef, par « loyauté » envers lui, tout en soulignant leur désaccord avec cette ligne politique.« Sauve-qui-peut »La « clairvoyance politique de Berlusconi a pratiquement disparu » le jour de sa condamnation définitive pour fraude fiscale, en août 2013, juge le politologue Giovanni Orsina, de l'université Luiss, à Rome. « Nous savons qu'il est dans le coma politiquement, mais nous ne savons pas quand il rendra son dernier soupir. De nouveaux problèmes judiciaires pourraient accélérer ce moment », a-t-il déclaré. Si la Cour de cassation devait annuler l'acquittement, « ce serait bien plus difficile pour Silvio Berlusconi de contrôler son parti (...), et cela aiderait M. Renzi », a poursuivi l'expert, évoquant une ambiance de « sauve-qui-peut » au sein de Forza Italia.Dans l'affaire du Rubygate, du nom de la jeune Marocaine Karima El-Mahgroub, dite Ruby, Silvio Berlusconi a été condamné pour prostitution de mineure et abus de pouvoir en juin 2013, en première instance, à sept ans de prison et à une interdiction à vie de mandat public.Le tribunal l'avait reconnu coupable d'avoir rémunéré des prestations sexuelles de la jeune femme lorsque celle-ci était encore mineure et d'avoir fait pression sur la préfecture de Milan pour la faire relâcher lorsqu'elle avait été arrêtée pour un larcin.Silvio Berlusconi, 78 ans, a toujours nié avoir eu des rapports sexuels avec Karima El-Mahgroub lors de fêtes que des témoins ont décrites comme osées voire obscènes, avec séances de striptease et de déguisement, devenues mondialement célèbres sous le nom de soirées « bunga-bunga ». M. Berlusconi, même si la Cour de cassation confirme son acquittement, reste poursuivi à Bari et à Naples dans deux procès pour corruption, et exclu du Sénat.Voir : Berlusconi, vingt ans de procès 10.03.2015 à 08h17 • Mis à jour le10.03.2015 à 08h52 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La « Troïka », le retour… Certes le terme n’est désormais plus en usage : on lui a désormais substitué celui des « institutions ». Mais, pour la Grèce, le résultat est le même : à l’issue de la brève réunion, lundi 9 mars, de l’Eurogroupe (ministres finances de la zone euro), le gouvernement d’Alexis Tsipras s’est vu imposer - et a accepté - de « traiter » avec les équipes d’experts du Fonds monétaire international (FMI), de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne (BCE).Aux abois, la Grèce doit convaincre ses créanciersLa charge symbolique pour Athènes est considérable. Le gouvernement grec n’avait en effet eu de cesse, jusqu’à présent, de répéter qu’il refusait de repasser sous les fourches de la troïka, en dénonçant ses méthodes, son caractère non démocratique et ses résultats contre-productifs pour l’économie grecque.Les Grecs eux-mêmes percevaient très mal ces « revues » de la troïka - comme on le dit dans le jargon de l’Eurogroupe -, ressenties comme une « mise sous tutelle » du pays.Mais le gouvernement grec, qui pensait pouvoir « zapper » l’étape de la troïka et aboutir à un accord politique préalable, n’a guère eu le choix : de l’examen par « les institutions » de ses projets de réformes, communiqués vendredi 6 mars, dépend le versement des aides financières au pays.« Nous avons perdu deux semaines »Or, l’Etat grec est aux abois. En mars, il doit décaisser 6 milliards d’euros au total en remboursements de prêts. Et il ne recevra la dernière tranche du deuxième plan d’aide (environ 7 milliards d’euros) qu’une fois la « mission » technique terminée et l’accord sur les réformes bouclé.Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, a bien accusé réception de la liste préliminaire envoyée par Athènes. Mais il a été très clair : celle-ci doit d’abord être négociée avec les représentants des « institutions ». Elle n’a même pas été discutée en Eurogroupe lundi.« Nous allons enfin pouvoir nous mettre au travail, nous avons perdu deux semaines », a déclaré M. Dijsselbloem, lundi soir à Bruxelles. « Nous avons trouvé un processus qui n’humiliera pas le peuple grec », a répondu le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis, qui s’est défendu d’avoir « perdu son temps » ces quinze derniers jours : « nous avons travaillé activement au plan de réformes. »Les Grecs pressent leur gouvernement de trouver un « compromis honorable »Comment va se dérouler l’expertise menée par « les institutions » ?Lundi, l’Eurogroupe a conduit à un accord sur la procédure à suivre avec la Grèce. Yanis Varoufakis, le grand argentier du pays, a accepté que les représentants de ses principaux créanciers (BCE, FMI, Commission) entament une mission d’expertise technique dès mercredi 11 mars.Pour ne pas trop froisser les susceptibilités grecques, la première réunion aura lieu à Bruxelles. Mais des rendez-vous auront également lieu à Athènes ultérieurement.En quoi va consister cette mission d’expertise ?Si Bruxelles impose cette mission au gouvernement du leader de la gauche radicale Alexis Tsipras, c’est que les Européens veulent disposer d’un état des lieux plus précis des finances grecques.Il s’agit de pouvoir se lancer ensuite en connaissance de cause dans une négociation globale sur une liste de réformes définitive avec Athènes, comme convenu lors du précédent Eurogroupe (le 24 février).« Nous n’avons toujours pas assez de données concrètes, nous ne savons pas si, actuellement, la Grèce dégage un surplus primaire. Ou de combien de liquidités ses administrations disposent », explique une source européenne haut placée.Les « institutions » adopteront-elles des méthodes différentes de celles de la troïka ?« Tout le monde sait que les institutions doivent travailler de manière plus politique », assurait, lundi soir, une source européenne haut placée. Un rapport d’enquête très étayé du Parlement européen, début 2014, avait dénoncé l’absence de contrôle démocratique de la troïka.« Les discussions seront « semi-politiques », elles se dérouleront de chefs de cabinets à chefs de cabinets. Ces derniers [les vrais visages de la troïka] iront peut-être à Athènes, mais pas tout de suite », précise encore cette source.Jean-Claude Juncker lui-même, avait appelé à des changements durant sa campagne pour la présidence de la Commission européenne : « à l’avenir, nous devrions être en mesure de remplacer la troïka par une structure plus légitimement démocratique et plus comptable de ses actes. » Le ministre des finances français, Michel Sapin est allé dans le même sens, lundi : « Autant je suis exigeant vis-à-vis de la Grèce pour qu’on commence vraiment à travailler, autant je suis persuadé qu’on doit rompre avec les méthodes précédentes qui ont abouti à des perceptions politiquement insupportables pour les Grecs et pour le gouvernement grec. » Mais tous les ministres européens ne partagent pas ce point de vue conciliant : le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble a commis un lapsus remarqué, en lâchant le terme « troïka » au détour d’une conversation, en arrivant à l’Eurogroupe lundi.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Fabrice Lhomme et Gérard Davet Déjà visé par une enquête judiciaire à Paris, ouverte pour blanchiment en bande organisée, le Front National va devoir faire face à un deuxième front. Les instances du parlement européen ont en effet saisi, lundi 9 mars, l’Office européen de lutte anti-fraude (OLAF), des cas litigieux de 20 assistants parlementaires engagés par les 24 députés européens du parti dirigé par Marine Le Pen.Ces assistants sont pour la plupart présents dans l’organigramme du FN, certains d’entre eux occupant des postes stratégiques : conseillers spéciaux de Marine Le Pen – cinq assistants européens – , ou au cabinet du président d’honneur du FN, Jean-Marie Le Pen, - 3 assistants européens. Les adresses figurant dans leurs contrats d’exécution donnent même, pour 19 d’entre eux, les coordonnées du siége du FN, à Nanterre.Un préjudice qui dépasserait 7, 5 millions d’eurosOr, ces assistants, qu’ils soient locaux, c’est-à-dire implantés dans les circonscriptions, ou accrédités, c’est-à-dire censément basés dans les institutions européennes, à Bruxelles ou Strasbourg, sont fortement suspectés de ne jamais travailler sur le front européen. Un peu comme leurs députés, connus pour leur abstentéisme. Ils sont pourtant appointés sur le budget européen, l’un d’entre eux coûtant à la communauté, par exemple, 10 535 euros bruts mensuels.Le préjudice dépasserait sur la législature actuelle un montant de 7 500 000 euros. Le président du Parlement européen, l’Allemand Martin Schulz, a donc décidé de saisir les organes d’enquête de cette possible fraude au budget européen, en vertu de ses prérogatives. En effet, ces pratiques vont à l’encontre du règlement interne du Parlement européen – soit les mesures d’application du statut du député européen, et notamment l’article 33-2.Par ailleurs, dans un courrier qu’il adresse à Christiane Taubira, la ministre française de la justice, il l’avertit de son initiative, et lui révèle des faits qui pourraient inciter le parquet national financier à se saisir du dossier. Les pratiques décrites pourraient être assimilées à du financement illicite d’un parti politique.Fabrice LhommeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteGérard DavetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.03.2015 à 17h13 • Mis à jour le09.03.2015 à 17h16 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Une longue liste de remises de décorations et d’honneurs signées par le président russe Vladimir Poutine a été rendue publique lundi 9 mars sur le portail officiel du gouvernement. Parmi les dizaines de noms présents dans ce document de 25 pages, deux sont parmi les plus controversés du moment, Ramzan Kadyrov et Andreï Lougovoï.Le premier, président de la république autonome de Tchétchénie, a fait une intervention remarquée dimanche 8 mars après la présentation devant un tribunal de cinq hommes d’origine tchétchène, suspectés d’avoir participé au meurtre de l’opposant russe Boris Nemtsov, en plein cœur de Moscou, le 27 février. Quelques heures plus tard, sur son compte Instagram, Ramzan Kadyrov avait qualifié Zaour Dadaïev, un ancien membre des forces spéciales tchétchènes considéré par les enquêteurs comme le principal suspect, de « vrai patriote de la Russie ».Loin de prendre ses distances avec le responsable tchétchène, qu’il a lui-même propulsé en 2007 à la tête de cette république musulmane membre de la fédération de Russie, le président Poutine a signé dimanche le décret remettant l’Ordre de l’honneur à M. Kadyrov pour ses « réalisations exceptionnelles », ses « activités sociales », et ses « nombreuses années de travail assidu ».« Compassion » et « humanité »Ce n’est pas la première fois que le dirigeant tchétchène est ainsi honoré. Il y a plus de dix ans, il s’était vu décerné le titre de « Héros de la Russie », suivi d’une médaille du Courage reçue en 2003, et une autre pour services rendus à la patrie en 2006. Parmi les prix publics remis à M. Kadyrov, il faut encore signaler une récompense octroyée pour sa « compassion » et son « humanité » à travers son soutien aux « enfants et veuves » de la Tchétchénie, un territoire ravagé par deux conflits meurtriers contre l’armée russe.Le second personnage controversé dans la liste publiée lundi est Andreï Lougovoï, député de la Douma sous l’étiquette des libéraux-démocrates, le parti du nationaliste Vladimir Jirinovski, qui s’est vu de son côté décerner la médaille de l’Ordre du mérite pour la patrie en raison de sa « grande activité au développement des relations législatives et parlementaires ». Ancien agent du KGB (les services secrets russes, remplacés depuis par le FSB), M. Lougovoï est soupçonné d’avoir participé en 2006, à Londres où il se trouvait alors, au meurtre d’Alexandre Litvinenko, empoisonné au polonium et décédé peu après. La Grande-Bretagne demande son extradition, que la Russie refuse. Coïncidence : le procès de l’affaire Litvinenko s’est ouvert dans la capitale britannique le 27 janvier dernier.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le ministre des finances néerlandais, Jeroen Dijsselbloem, s’est déclaré officiellement candidat à un deuxième mandat à la tête de l’Eurogroupe, l’instance qui réunit les ministres des finances de la zone euro, lundi 9 mars, dans le journal néerlandais Volkskrant.Le seul candidat déclaré jusqu’à présent était le ministre espagnol de l’économie, Luis de Guindos. Ce dernier a reçu le soutien de la chancelière allemande, Angela Merkel, en août 2014. Le renouvellement n’a lieu qu’en juillet.Art du compromisM. Dijsselbloem avait succédé à Jean-Claude Juncker à la tête de l’Eurogroupe début 2013. Ce social-démocrate avait été choisi notamment parce qu’il sait se montrer ferme, tout en privilégiant l’écoute et l’art du compromis.Il a d’ailleurs plutôt bien géré ces dernières semaines le dossier grec : il a su faire le grand écart entre les plus apposés au premier ministre grec, Alexis Tsipras (c’est-à-dire les Allemands et les Espagnols), et à son ministre des finances, YanisVaroufakis.Lire aussi : Jeroen Dijsselbloem, l’inconnu réputé fin négociateurJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis, a agité, dimanche 8 mars, la menace d’organiser un référendum si les propositions de réforme faites par Athènes pour débloquer une aide financière ne sont pas acceptées. Mais les Grecs, eux, considèrent, à une large majorité, que le gouvernement d’Alexis Tsipras doit vite trouver un « compromis honorable » avec ses partenaires européens pour éviter une sortie de la zone euro. C’est ce que révèle un sondage publié, lundi, par le quotidien Efimerida Ton Syntakton.Selon cette enquête, 69,9 % des personnes interrogées pensent qu’Athènes devrait rechercher un « compromis honorable » pour résoudre la crise, contre 27,4 % qui pensent, au contraire, que M. Tsipras doit refuser tout compromis, au risque de devoir abandonner l’euro.La publication de ce sondage survient quelques heures avant que M. Varoufakis revienne plaider sa cause devant ses homologues de la zone euro : il doit leur présenter, au cours d’une réunion de l’Eurogroupe à Bruxelles, un plan de réformes, conformément à l’engagement pris, le 21 février, par le gouvernement grec, en échange d’une prolongation de quatre mois de l’actuel plan d’aide financière. Etablir la liste des réformes à réaliserLa réunion de l’Eurogroupe, lundi, est la cinquième, depuis le 11 février, consacrée au « cas grec ». La question centrale y sera la suivante : quelles mesures mettre sur les rails ? Comment les financer, sachant que l’Eurogroupe exige que, globalement, elles ne grèvent pas les finances publiques grecques ?Il s’agit aussi de s’accorder sur la "revue", la mission que la « troïka » des créanciers de la Grèce (Banque centrale et Commission européennes, Fonds monétaire international) doit mener pour que le pays reçoive les 7 milliards d’euros du programme d'aide qui restent à verser.Vendredi 6 mars, M. Varoufakis a fait parvenir à Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, une première liste de sept réformes : un paquet d’aides pour les foyers grecs les plus démunis (rétablissement de l’électricité, accès aux soins, etc.), une mesure visant à augmenter les recettes de l’Etat par l’allocation de licences à des sites de paris en ligne, un projet d’amnistie fiscale pour régler en partie le problème des énormes arriérés d’impôts (76 milliards d’euros)…M. Varoufakis fait même une proposition inattendue pour lutter contre la fraude à la TVA : former des agents du fisc amateurs pour des missions ponctuelles, y compris en recrutant des touristes traquant en caméra cachée les commerçants…Obtenir un feu vert de la « troïka » avant tout accord politique européenLes propositions faites par le gouvernement grec vont plutôt dans le sens de ce que demande la zone euro, qui considère prioritaire une réforme fiscale pour mettre fin à des années d’impéritie des gouvernements grecs en la matière, et de faire entrer de manière substantielle l’impôt dans les caisses de l’Etat.Pourtant, cette liste de réformes ne devrait pas être examinée formellement en Eurogroupe, lundi. En effet, elle doit d’abord « être discutée plus avant et détaillée avec la troïka » des créanciers, rappelle-t-on dans l’entourage de Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe.La « précondition » au déblocage de fonds pour la Grèce « est une conclusion des discussions avec la troïka et un avis positif de ces institutions », a renchéri le secrétaire d’Etat allemand aux finances, Steffen Kampeter, à la radio publique Deutschlandfunk.Un aval technique avant un feu vert politique, en clair. Et non l’inverse. C’est aussi ce que veulent les créanciers.Le problème, c’est que le gouvernement grec n’a cessé, ces derniers mois, de dénoncer les méthodes de la troïka. Alors, certes, le terme de « troïka » a été officiellement gommé au profit de celui d’« institutions ». Mais, ces derniers jours, si les contacts ont été intenses, les négociations n’ont à proprement parler pas commencé dans le format « institutions ».« On a déjà perdu deux semaines [depuis le dernier Eurogroupe], il faut se mettre au travail, et plutôt aujourd'hui que demain », a déclaré M. Dijsselbloem en arrivant à Bruxelles, lundi.L’urgence, selon les créanciers, est donc d’aller à Athènes chercher les chiffres qui permettront d’avoir une idée précise de l’état de santé financier du pays - vérifer notamment que l'Etat dégage encore un surplus primaire (avant remboursement des intérêts de la dette).Mais il n’est pas question que la Grèce négocie avec les institutions les unes et les autres séparément. La revue doit être menée par toutes les institutions, formant équipe.Pas de versement d’aide envisagé à ce stadeCôté européen, il n’est pas question, à ce stade, de discuter du versement d’une aide financière. Le message reste le même : la Grèce ne peut espérer toucher par anticipation la dernière tranche du deuxième plan d’aide (un peu plus de 7 milliards d’euros) que si elle avance concrètement sur les réformes.Quant à l’ouverture d’une discussion le plus vite possible, comme demandé par M. Varoufakis, sur un troisième plan d’aide à la Grèce, elle n’est pas non plus au menu de lundi.Grèce : la BCE veut voir, avant de croire et… financerProblème : en ajoutant les besoins de fonctionnement de l’Etat et les remboursements d’emprunts au FMI, ce sont près de 6 milliards d’euros qu’Athènes va devoir décaisser au total en mars. Une somme considérable pour un pays financièrement fragile : la presse fait notamment état d’un retard de 2 milliards d’euros dans les recettes de l’Etat.La Grèce face à un calendrier serré et chargé de remboursementsCertaines sources européennes laissent toutefois entendre qu’en Grèce, certaines administrations ont du cash, qui pourrait-être utilisé dans l'urgence, si besoin. Et que, par ailleurs, en ce qui concerne les dépôts dans les banques et les flux de capitaux, la situation fluctuante : flux positifs certains jours, négatifs d’autres jours.« Nous devons faire attention à ce que la situation ne continue pas à se détériorer en Grèce. Ce qui m’inquiète, c’est que tout le monde n’a pas encore compris, au sein de l’Union européenne, le sérieux de la situation en Grèce », a toutefois prévenu, dimanche, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, dans un entretien au journal allemand Die Welt.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anthony Hernandez Renaud Lavillenie toujours perché au-delà de 6 m, un triplé français inédit au 60 m haies, des relayeuses françaises du 4 × 400 m qui prennent goût à la victoire, des Belges qui gagnent en famille ou presque au 4 × 400 m, des athlètes tchèques qui font honneur à leur pays et des Russes qui dominent encore une fois le classement des médailles... Malgré un plateau maigre en vedettes, les 33es Championnats d'Europe en salle ont finalement offert un agréable spectacle au public nombreux – 52 284 spectateurs au total du 5 au 8 mars – et chaleureux de l'O2 Arena de Prague. Les Russes conservent le leadership vaille que vailleAnnoncés en difficulté avec le cataclysme du dopage qui frappe son athlétisme, les Russes ont encore réussi à remporter le classement des médailles. Grâce à six médailles d'or et deux médailles d'argent, ils devancent les Français (3 en or , 1 en argent et 1 en bronze) et les Britanniques, qui remportent cependant le plus grand nombre de médailles (9 mais seulement 2 en or). >> Lire : Dopage, le rude hiver de l'athlétisme russeLa Russie peut remercier ses athlètes féminines puisqu'elles sont quatre à avoir ramené l'or. Au rayon des championnes d'Europe russes, on peut citer la spécialiste de la hauteur Mariya Kuchina, la perchiste Anzhelika Sidorova, la triple sauteuse Ekaterina Koneva et la coureuse de 3 000 m Yelena Korobkina. Si l'équipe de France est deuxième du classement des médailles, cette performance est à relativiser puisque son total de médailles (5) est moins important que celui de ses trois derniers Championnats d'Europe en salle (2009 : 6 ; 2011 : 12 ; 2013 : 9). Vingt-quatre pays ont rapporté au moins une médaille à la maison, ce qui montre l'homogénéité de la compétition. Quelques déceptions, de belles confirmations pour les BleusEn cette année de Championnats du monde, en août à Pékin, de nombreuses têtes d'affiche de l'athlétisme français ont fait défection à Prague : pas de Mahiedine Mekhissi, de Christophe Lemaitre, de Pierre-Ambroise Bosse ou encore de Jimmy Vicaut. Compte tenu de la délégation présente lors de cet Euro en salle, le bilan est plutôt bon, même s'il n'a rien d'exceptionnel.>> Lire : Lavillenie remporte un titre de plusAu rayon des déceptions, on trouve l'élimination en qualifications du spécialiste de la longueur Kafétien Gomis et la cinquième place en finale de la double championne d'Europe Eloyse Lesueur. Dans les épreuves combinés, Antoinette Nana Djimou (quadruple championne d'Europe) a cédé devant la jeune garde et ne se classe que cinquième du pentathlon.Ceux que l'on attendait ont répondu présent. Renaud Lavillenie, vedette de ces championnats, a remporté un quatrième titre européen consécutif en salle, le septième européen et le neuvième au niveau international (JO 2012 et Mondiaux en salle 2012). Malgré trois essais ratés à 6,17 m (record du monde à 6,16 m), l'athlète de l'année 2014, véritable accro à la compétition, a même réussi le record des championnats avec un saut à 6,04 m. >> Lire : triplé français inédit au 60 m haiesAu 60 m haies, le triplé que l'on escomptait avant la compétition en épluchant les bilans européens s'est finalement réalisé. Et ce n'est jamais chose aisée. Mais c'est Pascal Martinot-Lagarde, que l'on attend plus sur 110 m haies, qui l'a emporté devant Dimitri Bascou et le jeune Wilhem Belocian. Les hurdlers français confirment la densité impressionnante de leur niveau.Les relayeuses du 4 × 400 m – Floria Gueï, Eléa Mariama  Diarra, Agnès Raharolahy et Marie Gayot – ont conservé le titre que les Bleues avaient acquis à Zurich en plein air l'an passé. Dernière relayeuse en Suisse pour une remontée fantastique, Gueï a, cette fois-ci, bien lancé la course. Marie Gayot, finaliste en individuel, a conservé jusqu'au bout la première place.>> Lire : Les Françaises championnes d'Europe du 4 × 400 mA l'heptathlon, malgré une belle compétition – ils ont tous deux battu leur record personnel –, ni Gaël Quérin (4e) ni Bastien Auzeil (6e) n'ont réussi à monter sur le podium.Le 1 500 m masculin, la course des championnatsLa nationalité du vainqueur joue un peu, mais la fantastique remontée du Tchèque Jakub Holusa a rendu électrique l'ambiance de l'O2 Arena de Prague. Loin derrière le Turc Ozbilen, qui paraissait intouchable, pendant la majorité de la course, Holusa a été porté par son public pour dépasser sur la ligne d'arrivée son adversaire d'origine kenyane. Il a même battu le record national tchèque pour s'imposer en 3 min 37 s 68. Samedi, un autre Tchèque avait triomphé mais avec une telle avance sur ses poursuivants que le suspense était moindre. Le coureur Pavel Maslak avait dominé avec presque une seconde d'avance le 400 m pour remporter un nouveau titre. Il est désormais champion du monde en salle et champion d'Europe en plein air et en salle de la distance. Globalement, les Tchèques ont réussi leur championnat à domicile en terminant quatrième du classement des médailles (2 en or, 1 en argent et trois en bronze).La famille Borlée et Julien Watrin offre l'or à la Belgique au 4 × 400 m Les Borlée n'en finissent plus de porter l'athlétisme belge à bout de bras. Les trois frères Jonathan, Kévin et Dylan, associé à Julien Watrin, ont remporté le relais 4 × 400 m devant la Pologne. Les relayeurs belges, entraînés par un certain Jacques... Borlée, père des trois champions, ont même battu le record national de la distance en 3 min 2 s 87. Dylan Borlée avait déjà accroché l'argent du 400 m individuel. Pour ajouter à l'extraordinaire, la famille compte une athlète de plus : la sœur Olivia Borlée, non présente à Prague, est tout de même vice-championne olympique (2008) et médaillée de bronze mondiale (2007) du 4 × 100 m...Sprint : L'évidence Dafne Schippers, Richard Kilty confirmeLa reine du sprint européen, la Néerlandaise Dafne Schippers, a affirmé encore un peu plus son statut. Double championne d'Europe du 100 et du 200 m à Zurich l'an passé, elle a remporté à Prague le 60 m en battant son record personnel (7 s 05).  Chez les hommes, le Britannique Richard Kilty a surclassé ses adversaires. Il s'impose en 6 s 49 devant les Allemands Blum (6 s 56) et Reus (6 s 56). Déjà champion du monde en salle de la distance à Sopot l'an passé, Kilty prouve encore une fois son affection pour la salle. Tout près d'un record du monde inattenduBien que désormais à chaque sortie, les observateurs s'attendent à un nouveau record du monde de saut à la perche grâce à la maestria de Renaud Lavillenie (6,04 m à Prague), c'est au pentathlon que ces 33es championnats d'Europe sont passés le plus proche d'un record du monde. La jeune Britannique de 22 ans, Katarina Johnson-Thompson, a manqué pour 13 points le record détenu par l'Ukrainienne Natallia Dobrynska depuis les Mondiaux en salle d'Istanbul en 2012 (5 000 contre 5 013 points).Taupek, la mascotte à roulettesLes mascottes sont les impondérables des compétitions sportives. Elles prêtent souvent le flanc aux moqueries. Celle du Mondial de football 1998 en France, Footix, est d'ailleurs entrée dans le langage courant pour désigner un connaisseur autoproclamé de foot, un supporteur capable de changer de clubs favoris au gré des résultats. A Prague, c'est une petite taupe de dessins animés qui a tenté d'animer les trois jours de compétition. De son nom français Taupek, Krteček a été créé dans les années 50 par le peintre et illustrateur Zdenek Miller. Le dessin animé a été diffusé de 1957 à 2002 à la télévision publique tchèque. Il met en scène les aventures de Taupek, à la démarche maladroite, et de ses amis à poils et à fourrure. Dans l'enceinte praguoise de l'O2 Arena, la mascotte est montée sur roulettes, ce qui lui procure un aspect étrange. Ses actions se limitent à saluer le public. On est loin des multiples talents de Cooly – perchiste, sprinteuse, facétieuse –, l'inimitable mascotte des derniers Championnats d'Europe en plein air de Zurich. Bonus en vidéo : le finish détonant du Tchèque Holusa sur 1 500 mAnthony HernandezJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) C’est l’autre dossier « chaud » du moment au niveau européen. Parallèlement au « cas grec », qui, inscrit au menu de la réunion des ministres des finances de la zone euro (Eurogroupe), lundi 9 mars, mobilise les énergies et crée des tensions entre les Européens depuis des semaines, le « cas français » suscite aussi des crispations – dans une moindre proportion toutefois.C’est que la question des déficits publics de la France, qui sera examinée mardi 10 mars par les ministres de l’économie de l’Union européenne (Ecofin), est presque aussi délicate, politiquement, que la question du financement de la Grèce.Mardi, les argentiers européens doivent adopter la recommandation publiée par la Commission européenne, fin février, concernant l’Hexagone. Or, l’acceptation de cette recommandation est tout sauf évidente pour nombre de partenaires de la France. Surtout pour les petits pays.Pour la troisième fois de suite, Paris s’est vu accorder un délai pour respecter le fameux pacte de stabilité et de croissance, qui impose, théoriquement, que le déficit public soit inférieur ou au pire égal à 3 % du produit intérieur brut (PIB) du pays.La Commission de Bruxelles considère qu’il faut laisser à la France, pourtant dans la procédure de « déficits excessifs » depuis 2008 et qui attend un déficit nominal d’encore 4,1 % du PIB en 2015, deux années supplémentaires pour mettre ses finances publiques en conformité avec le pacte européen. C’est-à-dire jusqu’en 2017.Risque-t-elle d’être retoquée mardi ? C’est peu probable, assurent plusieurs sources européennes : l’Allemagne, un des pays les plus « légalistes », attachés à une application sans faille du traité de stabilité, a fait savoir ces derniers mois, qu’il fallait respecter les avis de la Commission.Traitement de faveurLes débats pourraient néanmoins être vifs, mardi, certains ministres des finances autour de la table ayant peut-être envie de « refaire le match ». De fait, la réunion du collège de la Commission européenne qui avait, le 25 février, statué sur la recommandation pour la France, avait été particulièrement vive.Les commissaires du camp conservateur (le Letton Valdis Dombrovskis, la Polonaise Elzbieta Bienkowska, la Danoise Margrethe Vestager, la Suédoise Cecilia Malmström, l’Allemand Gunther Oettinger…) ont défendu une ligne dure : pour eux, il fallait sanctionner Paris pour n’avoir pas pris « les actions effectives » nécessaires afin de corriger les trajectoires budgétaires 2013 et 2014. Et/ou passer directement au volet « correctif » de la procédure pour déséquilibres excessifs, c’est-à-dire entrer dans une quasi-mise sous surveillance du pays. Ces commissaires étaient toutefois minoritaires. Leur ligne n’a donc pas prévalu, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, ayant tranché pour les deux ans de délai.Au-delà de ce nouveau répit accordé à la France, ces mêmes « super ministres » européens se sont aussi montrés ulcérés par le fait que la Bruxelles accorde à la France la possibilité de ne produire qu’un effort structurel de réduction du déficit (sans tenir compte des effets de la conjoncture) de 0,5 point de PIB cette année, au lieu du 0,8 point recommandé par le Conseil européen de juin 2013.Au bout du compte, c’est surtout le fait qu’une fois de plus un grand pays de la zone euro bénéficie d’un traitement de faveur qui passe très mal auprès d’autres membres de l’union monétaire. De fait, ils n’ont pas tout à fait tort.Mais il apparaît impossible, pour Bruxelles, de statuer sur la deuxième économie de la zone euro sans penser à l’impact qu’un traitement plus sévère de l’Hexagone aurait sur l’ensemble de l’union. N’accorder qu’un an à Paris pour revenir sous les 3 % de déficit serait prendre le risque de plonger le pays en récession.Impatience à son combleLa Croatie aussi va faire l’objet d’une revue particulière de la Commission européenne ce printemps, avec le risque de tomber dans la procédure de déséquilibres excessifs. Pour autant, son cas inquiète beaucoup moins à Bruxelles.La question française est d’autant plus aiguë, qu’en ce moment, la crise latente avec la Grèce – en pleine renégociation des conditions de son aide financière – renvoie les pays de la zone euro à la nécessité du respect strict du pacte de stabilité et de croissance.Ce traité a été renforcé en 2011, précisément pour tenter de redonner confiance dans une zone monétaire menacée à l’époque de désintégration, car composée de membres aux trajectoires économiques et budgétaires trop divergentes.Ces deux ans de délai constituent pourtant tout sauf un cadeau pour Paris. Déjà, pour corriger la trajectoire 2015, et réaliser l’effort structurel minimal de 0,5 point exigé par Bruxelles, il faudra trouver environ 4 milliards d’euros supplémentaires d’économies, d’ici à la fin avril.A ce moment-là, par ailleurs, Paris sera attendu sur son programme national de réformes et sur sa trajectoire budgétaire pour 2016 et 2017, qui devra être mise à jour pour prendre en compte les ajustements demandés par la Commission. Celle-ci recommande un déficit public de 4 % du PIB en 2015, de 3,4 % en 2016 et de 2,8 % en 2017, alors que le gouvernement français table jusqu’à présent sur respectivement 4,1 %, 3,6 % et 2,7 %.En outre, le solde structurel devra être de 0,8 % en 2016, et même de 0,9 % en 2017, en pleine année présidentielle… Ce qui, au vu des prévisions économiques de Bruxelles, nécessiterait d’aller trouver environ 30 milliards d’euros d’économies supplémentaires, en plus des 50 milliards que le gouvernement a promis de réaliser dans les trois ans (dont 21 milliards dès 2015).A Paris, on estime ce « chemin » soutenable : grâce à la faiblesse de l’euro et des cours du pétrole, la croissance pourrait s’avérer plus soutenue. Et on espère encore, d’ici à mai, calculette et experts à l’appui, convaincre la Commission, qu’avec les réformes, réaffirmées le 18 février par le premier ministre Manuel Valls (projet de loi Rebsamen sur le dialogue social, des retraites complémentaires dans le privé, etc.), les efforts structurels pour 2016 et 2017 seront bien atteints.Mais l’exécutif français sait qu’il ne peut pas tergiverser. Le président François Hollande s’est d’ailleurs engagé à trouver les 4 milliards d’euros d’économies nouvelles, dans un entretien au Parisien, le 4 mars. L’impatience de certains partenaires de la France est à son comble. Si le 10 juin (trois mois après l’adoption par le conseil, mardi, de la recommandation pour la France), des « actions suivies d’effets » n’ont pas été prises, Paris sera à nouveau sérieusement menacé. Par une sanction, qui serait inédite et humiliante. Ou par un basculement dans la procédure de déséquilibres excessifs, qui serait une première pour un pays de la zone euro.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Mardi 10 mars, les ministres des finances de l’Union européenne ont validé le règlement, qui définit le fonctionnement du Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS), le fameux « plan de relance Juncker », à 315 milliards d’euros, voulu par le président de la Commission européenne.Le texte pourra ensuite être examiné par le Parlement européen, probablement à partir du mois d’avril. Si tout se passe bien – s’il n’y a pas trop de divergences entre les eurodéputés et le Conseil (les ministres) –, il sera définitivement adopté en juin et opérationnel en septembre. Comme prévu par Jean-Claude Juncker, quand il a fait l’annonce de son plan, en novembre 2014.Le plan Juncker approuvé sans enthousiasmeNécessité d’un texte législatifS’il met tant de temps à décoller, c’est que ce plan nécessite un texte législatif européen. Il est en effet fondé sur 21 milliards d’euros de garanties, dont 16 milliards d’euros apportés par des fonds communautaires : mais, pour que ces sommes soient « reroutées » vers le FEIS, une validation par les institutions communautaires est nécessaire. Et cela prend au bas mot plusieurs mois.Mardi, les ministres des finances européens devraient donc acter le fait que c’est la Banque européenne d’investissement (BEI), une institution financière créée par le traité de Rome, ayant participé au financement d’à peu près tous les grands projets d’infrastructures du Vieux Continent ces cinquante dernières années, qui va prendre en charge la gestion du FEIS.Elle a d’ailleurs déjà commencé à se mettre au travail, sur demande de la Commission européenne, sans attendre la validation du règlement.Depuis quelques semaines, ses équipes font le tri parmi les près de 2 000 projets éligibles au FEIS, envoyés par les 28 pays de l’Union, afin d’identifier ceux qui sont les plus avancés et n’ont plus besoin que de quelques centaines de millions d’euros pour démarrer.Des annonces pourraient intervenir dès ce mois-ci. Des sources concordantes évoquent notamment un projet en Grèce, évidemment, très symbolique.Les ministres se mettront aussi d’accord sur la gouvernance du fonds. Le comité de pilotage, qui définit les grandes orientations d’investissement, ne devrait finalement être composé que de représentants de la BEI et de la Commission européenne, pour l’instant, les seuls actionnaires du FEIS.Les Etats ne siégeront pas, ni aucun autre investisseur (fonds de pension, etc.), même s’ils annonçaient vouloir confier directement, dans les semaines ou les mois qui viennent, quelques milliards d’euros au FEIS.Droit de regardPas question de « politiser » ce fonds, de prendre le risque qu’un des membres du comité de pilotage veuille introduire des critères d’investissement qui ne soient pas seulement liés à la pertinence économique et financière des projets. Ce serait, en effet, le meilleur moyen de faire fuir les investisseurs privés, alors que l’intention du FEIS est précisément de les attirer en majorité.Un comité d’investissement, chargé de valider les projets éligibles au FEIS, devrait, lui, être composé de directeurs de la BEI. Aucun contrôle des investissements par le Parlement européen n’a été prévu par le texte qui sera validé mardi.Pas sûr que les eurodéputés ne demandent pas, ultérieurement, un droit de regard. Pour éviter que l’argent aille en priorité aux pays et aux projets présentant les plus grandes perspectives de profits : en Allemagne, dans les pays du nord de l’Europe, par exemple.Vendredi 6 mars, le président François Hollande a annoncé que la France consacrera 8 milliards d’euros au FEIS. L’Allemagne a, de son côté, proposé au total 15 milliards. Et l’Espagne, 1,5 milliard. C’est certes un bon point pour le plan Juncker.Mais ces sommes n’iront pas directement au fonds, comme espéré au début par le président de la Commission : elles interviendront, en « co-investissement » aux projets français, allemands ou espagnols, à côté du FEIS.Plan Juncker : soutien a minima de Paris et BerlinPour « séduire » les Etats et les inciter à investir, M. Juncker avait pourtant proposé que les milliards versés par les pays à son fonds ne soient pas pris en compte comme du déficit public supplémentaire au moment de l’examen du respect du Pacte de stabilité et de croissance. L’argument n’a visiblement pas porté.Plan Juncker : il faut saisir sa chance !Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.03.2015 à 10h58 • Mis à jour le21.03.2015 à 12h48 « La corruption pue, la société corrompue pue », a lancé samedi 21 mars le pape François aux habitants du quartier défavorisé de Scampia à Naples, en avertissant que « tous, nous avons la possibilité d'être corrompus et de glisser vers la délinquance ».Le pape a lancé cet appel très ferme, en évitant de parler directement de mafia dans ce quartier emblématique des grands problèmes sociaux de Naples :« Ceux qui prennent la voie du mal volent un morceau d'espérance à eux-mêmes, à la société, à tant de gens honnêtes, à la bonne réputation de la ville, à son économie »Lire aussi, en édition abonnés : Le pape François dans l’ex-enfer de GomorraAppel à se convertir « à l'amour et à la justice »« Comme un animal mort pue, la corruption pue, la société corrompue pue, et un chrétien qui fait entrer en lui la corruption pue », a-t-il martelé sur la place Jean Paul II du quartier, où le pape polonais s'était rendu en 1990. « La vie à Naples n'a jamais été facile, mais elle n'est jamais triste, sa grande ressource est la joie », a tempéré François, chaleureusement applaudi par la foule.Assis sur un podium au milieu de centaines d'enfants, le pape a fustigé « ceux qui prennent la voie du mal (et) volent un morceau d'espérance à eux-mêmes, à la société, à la bonne réputation de la ville, à son économie ». Le pape a ensuite célébré une messe devant quelque 100 000 fidèles, sur la place du Plebiscito. Il a dénoncé le trafic de drogue et a appelé les mafieux de la Camorra, sans toutefois les citer, à « se convertir à l'amour et à la justice » :« Il est toujours possible de retourner à une vie honnête. Ces sont des mères en larmes qui le demandent dans les églises de Naples. »Il a exhorté Naples à vivre un nouveau « printemps » pour « un avenir meilleur », « sans se réfugier dans le passé ».Les mesures de sécurité sont drastiques, d'autant que le pape devait circuler en voiture sur un total de 25 km. Selon la presse locale, 3 000 agents des forces de l'ordre, dont des tireurs d'élite sur les toits, sont déployés. Stéphane Lauer (New York, correspondant) La fracturation hydraulique va commencer à être encadrée par le gouvernement américain. Celui-ci a effectivement annoncé, vendredi 20 mars, une série de règles contraignantes concernant cette technique de forage notamment utilisée dans l’extraction du gaz et du pétrole de schiste. Cette régulation, vivement contestée par les entreprises du secteur, était en cours de discussion depuis 2012.La fracturation hydraulique, qui consiste à injecter de l’eau, du sable et des produits chimiques dans le sous-sol pour y récupérer le pétrole et le gaz difficiles à extraire, suscite de plus en plus d’opposition aux États-Unis. « Il y a beaucoup de crainte et d’inquiétude de la part du public, particulièrement à propos de la sécurité de l’eau souterraine et de l’impact de ces opérations », explique Sally Jewell, la secrétaire à l’Intérieur, c’est-à-dire la responsable de l’exploitation des ressources naturelles et de la gestion des terres publiques aux États-Unis.Le Bureau de gestion des terrains (BLM) du département de l’Intérieur a reçu des contributions de plus de 1,5 million de particuliers et d’associations. « Nous pensons que ces normes sont essentielles », ajoute-t-elle soulignant que la réglementation actuelle date d’il y a 30 ans et qu’elle n’est plus adaptée à la situation actuelle.Secrets industrielsLes mesures annoncées vendredi vont obliger les groupes pétroliers et gaziers à renforcer l’étanchéité de leurs puits et des tests seront systématiquement effectués pour vérifier la qualité des parois en ciment censées empêcher la contamination des nappes phréatiques. Les sociétés devront aussi publier dans un délai des 30 jours quels produits chimiques elles injectent dans le sol pour permettre l’extraction.Ce sujet est une question sensible pour les compagnies pétrolières, qui sont très jalouses de leurs secrets industriels. Ainsi, récemment, en Caroline du Nord, Halliburton a fait un intense lobbying pour faire passer une loi, qui condamne toute personne qui divulguerait la liste des produits chimiques utilisés pour la fracturation hydraulique.Avant de commencer un forage, les compagnies pétrolières et gazières devront également fournir davantage d’informations concernant le stockage des fluides toxiques utilisés. Elles devront par ailleurs sécuriser les eaux usées dans des réservoirs couverts, au lieu de les évacuer, comme c’est parfois le cas, dans des fosses creusées à même le sol.Les compagnies devront aussi détailler comment elles comptent éliminer ces produits toxiques. Enfin, elles auront à fournir plus d’informations concernant les réserves d’eau situées à proximité du forage afin que celles-ci soient protégées.Un impact limitéCe premier pas vers une réglementation est toutefois limité dans la mesure où elle ne vise que les terrains qui sont la propriété de l’Etat fédéral. Cela ne représente que 11 % du gaz naturel exploité et 5 % des gisements de pétrole. Environ 100 000 puits sont concernés au total. La grande majorité de l’extraction se déroule en effet sur des espaces privés ou appartenant aux États fédérés, qui restent libres d’appliquer leurs propres règles.Certains, comme New York, ont interdit totalement la fracturation, tandis que d’autres, comme le Colorado, ont commencé à réguler le secteur. Mais beaucoup sont encore muets sur le sujet.Cela n’a pas empêché les compagnies pétrolières de protester vigoureusement contre cette nouvelle réglementation. Elles craignent notamment que ces mesures commencent à inspirer certains États pour mettre en place des règles plus contraignantes. Elles dénoncent également les coûts que cela va engendrer.Même si les mesures interviennent à un mauvais moment pour l’industrie, alors que le prix du baril a chuté de 50 % en un an, l’impact financier serait relativement limité. Le montant global pour le secteur a été évalué par le gouvernement à 32 millions de dollars (29,5 millions d’euros) par an, soit à peine 1 % du coût d’exploitation moyen d’un puits.Protestations du lobby pétrolierLa réaction du lobby pétrolier a néanmoins été immédiate. Quelques minutes après la publication des nouvelles règles, l’Independent Petroleum Association of America a déposé plainte, qualifiant ces mesures de « réaction à des préoccupations non fondées ».Pour Barry Russell, le responsable de l’organisation, « De la Californie à la Pennsylvanie, l’industrie du pétrole et du gaz naturel a joué un rôle crucial dans la relance de l’économie américaine, et la fracturation hydraulique a été la clé de cette renaissance. Cette nouvelle réglementation fédérale va ajouter des coûts pour nos producteurs indépendants », proteste-t-il, pronostiquant que le dispositif va conduire à faire fuir les investissements et peser sur les créations d’emplois.Vingt-quatre heures auparavant, le sénateur républicain de l’Oklahoma, James Inhofe, a tenté de couper l’herbe sous le pied du gouvernement en proposant une législation visant à interdire à l’Etat fédéral de réguler la fracturation hydraulique, laissant le champ libre aux Etats fédérés. En annonçant cette nouvelle réglementation, Barack Obama a ouvert un nouveau front avec les Républicains, désormais majoritaires au Congrès.Obama veut réduire de 40 % les émissions de méthane d’ici à 2025 Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.03.2015 à 18h54 • Mis à jour le20.03.2015 à 19h19 Après expiration du délai légal de dix-huit mois de détention provisoire prévu par le code pénal, le fondateur et dirigeant du parti grec d'inspiration néonazie, Aube dorée, a été libéré de prison, vendredi 20 mars. Nikos Michaloliakos, 57 ans, est assigné à résidence.Lire aussi : La chute de Nikolaos Michaloliakos, « le petit Führer grec »Mis en examen pour « direction et participation à une organisation criminelle » – en lien avec sa formation politique – et d'autres délits, il est interdit de quitter le territoire. La justice l'autorise cependant à sortir sous escorte pour assister aux séances du Parlement. Un autre député d'Aube dorée, Yannis Lagos, poursuivi dans le cadre de l'assassinat du militant antifasciste Pavlos Fyssas, a également été remis en liberté conditionnelle. Il lui est interdit de quitter le pays et de participer à des rassemblements publics.Lire : Grèce : qui sont les néonazis du parti Aube dorée ? Soixante-douze personnes jugéesLes deux hommes ont été arrêtés quelques jours après l'assassinat de M. Fyssas, le 18 septembre 2013. Le chanteur de 34 ans avait été poignardé par Yorgos Roupakias, 45 ans, qui avait reconnu les faits et confirmé son appartenance à Aube dorée. Son meurtre a marqué le lancement d'une enquête inédite contre cette formation, d'inspiration xénophobe et antisémite. Lire : « Grèce : un rappeur antifasciste tué par un néonazi »Les principaux cadres, députés, ex-députés et de nombreux membres d'Aube dorée ont ainsi été interpellés et placés en détention provisoire. Le numéro deux du parti, Christos Pappas, doit par ailleurs être remis en liberté conditionnelle le 29 mars. Au total, 72 personnes seront jugées dans le cadre de cette affaire à partir du 20 avril.Lire (édition abonnés) : La Grèce sous le choc de la violence d’Aube doréeEntrée pour la première fois au Parlement lors des législatives de 2012 avec 18 députés, Aube dorée a maintenu son score lors des législatives du 25 janvier, où elle est arrivée en troisième position et a fait réélire 17 députés, dont certains sont toujours sous les verrous.Lire aussi (édition abonnés) : Aube dorée, en troisième position, crie victoire 20.03.2015 à 16h42 • Mis à jour le20.03.2015 à 20h12 L'Ukraine tente d'obtenir de ses créanciers l'effacement d'une partie de sa dette. Depuis le 12 mars, Kiev a engagé des négociations avec ses bailleurs privés et publics avec l'objectif de dégager 15 milliards de dollars (14 milliards d'euros) d'allègement dans le cadre d'un plan d'aide international de 40 milliards de dollars (envrion 37 milliards d'euros) sur quatre ans.Mais les discussions s'annoncent « compliquées », a annoncé, vendredi 20 mars, la ministre des finances, Natalie Jaresko. « Cette restructuration va requérir un mélange d'extension de maturité, de réduction du coupon [les intérêts] et du [montant] principal », a-t-elle expliqué la ministre au centre de recherches Council on Foreign Relations, à New York.Mme Jaresko dit ne pas connaître dans le détail l'identité des détenteurs de la dette ukrainienne, échangeable sur les marchés, et notamment des 3 milliards de dollars (2,8 milliards d'euros) prêtés par Moscou à Kiev en 2013, et qui doivent être remboursés d'ici à la fin de l'année.Des incertitudesAffaiblie économiquement par le conflit dans l'Est, l'Ukraine devrait voir sa dette publique flamber à 94 % de son produit intérieur brut en 2015, contre 40,6 % en 2013. Selon Mme Jaresko, Kiev et ses créanciers ont intérêt à ce que le pays revienne sur une trajectoire « viable » et « soit en position de rembourser sa dette ». « Nous n'y sommes pas encore », a-t-elle reconnu, ajoutant que les discussions devront être achevées d'ici à mai.Lire aussi (édition abonnés) : L’économie ukrainienne au bord de l’effondrementLe Fonds monétaire international (FMI), qui contribue à hauteur de 17,5 milliards de dollars (16 milliards d'euros) au plan d'aide, craint que certains bailleurs du pays rechignent à accepter des pertes. Ces derniers « ont naturellement feint d'être surpris », mais « jusqu'à maintenant, nous avons à peu près le sentiment que tout le monde nous soutient », a assuré la ministre.Le conflit dans l'est du pays fait peser de nombreuses incertitudes sur l'issue des discussions et sur le scénario du FMI d'un retour à la croissance dès 2016 et pour Mme Jaresko :« Il y a beaucoup de pièces du puzzle qui ne sont pas prévisibles (...). C'est difficile de prédire si nous serons proches de ces prévisions s'il y a un choc extérieur ou si le cessez-le-feu ne tient pas. » Maryline Baumard En 2014, l’Europe a enregistré 626 000 demandes d’asile, soit une hausse de 44 % en un an. Parmi eux, 20 % sont des Syriens, selon les dernières statistiques Eurostat. Laissera-t-on longtemps encore ces familles entières traverser la Méditerranée aux mains de passeurs, pour tenter d’être reconnues comme des réfugiés ? Cette question est sous-jacente dans la lettre que vient d’adresser le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterres. Une missive qui liste une série de propositions concrètes.Renonçant à attendre une initiative politique qui ne vient pas, las de voir les bateaux sombrer, les Nations unies ont donc pris les devants. Vendredi 19 mars, l’agence de l’organisation internationale ouvrait le débat sur le sujet, à Paris avec la presse. Elle souhaite encourager une large réflexion entre la Commission européenne, les États et d’autres parties prenantes concernées pour répondre aux problèmes de la migration en mer Méditerranée et pour sauver des vies.En 2014, 3 419 personnes ont péri noyées en tentant de rallier l’Europe. C’est devenu la route la plus dangereuse du monde et elle risque de faire plus de victimes en 2015 qu’en 2014. Depuis le 1er janvier, en effet, quelque 470 personnes ont déjà trouvé la mort ou sont portées disparues, contre 15 sur la même période en 2013.Par son initiative, le HCR veut réveiller une Europe barricadée derrière ses frontièresLe HCR souhaite donc la mise en place d’une opération européenne d’envergure pour la recherche et le sauvetage en mer. Une opération similaire à Mare Nostrum, l’initiative italienne de sauvetage qui a pris fin l’année dernière, faute de relais pris par l’Europe. La nouvelle version, dont rêve le HCR, serait gérée conjointement par les Etats et n’aurait rien à voir avec Frontex, l’agence de surveillance des frontières extérieures de Schengen, qui sauve occasionnellement des naufragés, mais dont ce n’est pas la vocation première. Pour l’heure, les Etats s’y refusent, car ils estiment que cela créerait un appel d’air. Le HCR souhaite aussi la mise en place de compensations européennes versées aux compagnies maritimes pour les pertes subies pendant le sauvetage de personnes en détresse. À l’heure actuelle, certains cargos commencent en effet à se dérouter pour ne plus croiser les routes des migrants… C’est en effet sur les gardes-côtes italiens et sur les initiatives privées que repose aujourd’hui le secours.Répartition inégalePar son initiative, le HCR veut réveiller une Europe barricadée derrière ses frontières et aider à penser globalement le sujet des migrations. Elle préconise donc une meilleure répartition de l’accueil des demandeurs d’asile entre les États. Aujourd’hui, ces demandes vont très majoritairement vers l’Allemagne et la Suède. La première a enregistré un tiers de demandes en 2014, la seconde 13 %. La France et l’Italie arrivent ensuite avec 10 % chacune, et une baisse de 5 % des demandes pour la France.Face à cette répartition inégale, le HCR propose une solidarité européenne permettant une répartition plus égale, mais aussi une prise en charge mutualisée des entrants en Europe. L’Italie et la Grèce, principales portes d’entrées dans l’espace Schengen, pourraient, si les recommandations étaient suivies, bénéficier d’un appui pour accueillir les demandeurs d’asile. Aujourd’hui ces deux pays se sentent largement abandonnés et en profitent pour ne pas se plier à toutes les obligations internationales… Sur le problème plus spécifique des Syriens, et ses 4 millions de réfugiés extérieurs, le HCR propose une initiative pilote. Il préconise le transfert direct des réfugiés secourus en mer vers différents pays d’Europe, selon une répartition équitable. À l’heure actuelle, on est bien loin de l’« équité » puisque la France a par exemple accepté 1 000 réfugiés syriens sélectionnés comme vulnérables par le HCR, quand l’Allemagne a ouvert ses portes à 20 000. Le HCR préconise l’utilisation du parrainage privé, de visas humanitaires et de visas étudiants ou de travail par les États pour faire entrer ces victimes de la guerre. « La proposition du HCR comprend également des efforts visant à assurer que des programmes robustes pour le soutien à l’intégration nationale soient développés, et que les réfugiés reçoivent l’aide dont ils ont besoin pour contribuer à nos sociétés », déclarait récemment Vincent Cochetel, le responsable Europe du HCR.Toutes ces propositions ont toutes chances de se heurter au mur des raisonnements politiques. En prise avec des opinions publiques de plus en plus frileuses, car victimes du chômage, les gouvernants préfèrent l’immobilisme à des actions qui pourraient être perçues comme un entrebâillement de la porte des entrées légales. Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.03.2015 à 11h44 • Mis à jour le20.03.2015 à 11h50 Après l'arrestation la veille d'un quatrième homme, la police danoise a annoncé, vendredi 20 mars, l'arrestation d'un cinquième homme « soupçonné de complicité dans les actions de l'assaillant les 14 et 15 février » lors des attentats de Copenhague qui avaient endeuillé le Danemark.« Comme hier [jeudi], la police a fait plusieurs perquisitions en lien avec l'arrestation », ont précisé les forces de l'ordre dans un communiqué. Jeudi, un quatrième homme avait été arrêté. Il devait être déféré vendredi devant un juge en même temps que la personne qui vient d'être arrêtée.Trois hommes sont déjà en détention, deux depuis le 16 février et le troisième depuis le 27 février, inculpés pour complicité avec l'auteur des attentats, Omar El-Hussein, un Danois de 22 ans d'origine palestinienne.Le 14 février, lourdement armé, El-Hussein avait ouvert le feu sur un centre culturel de Copenhague où se déroulait un débat sur la liberté d'expression, tuant une personne, un réalisateur de 55 ans, avant de prendre la fuite. Dans la nuit du 14 au 15 février, il avait abattu un homme de 37 ans qui montait la garde devant la synagogue de Copenhague où était célébrée une bar-mizvah avant d'être tué à l'aube lors d'un échange de tirs avec la police.Lire le décryptage : Comment le Danemark fait face à la menace djihadiste Guy Dutheil Etirer un peu l’avion ? Le doter de nouveaux moteurs ? Ou alors, plus simplement, équiper l’actuel appareil d’un nombre plus élevé de sièges ? C’est cette dernière option que la direction du constructeur européen Airbus étudie aujourd’hui pour faire évoluer le A380, ce gros-porteur entré en service voici sept ans, mais dont les ventes ne sont pas vraiment à la hauteur des premières espérances.L’idée, qui a la préférence de l’avionneur, consisterait à optimiser la cabine à deux ponts de l’appareil (les classes « première » et « affaires » sur le pont supérieur, la classe « économique » sur le pont inférieur). Cela permettrait de disposer d’un plus grand nombre de sièges « économiques » et « business », de porter de 525 à 800 passagers la capacité totale de l’avion et donc d’améliorer la rentabilité des vols pour les compagnies aériennes.C’est que, depuis des années déjà, ces dernières ne sont pas pleinement satisfaites par cet avion, qui, s’il est l’un des préférés des passagers, se révèle coûteux (son prix catalogue est de 428 millions de dollars). Après avoir, dans un premier temps, réclamé une version allongée de l’appareil, pour y disposer de plus de places, et donc diminuer les coûts au siège, elles demandent également désormais... Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)  Que faut-il retenir du mini-sommet de la zone euro consacré à la Grèce, qui s’est tenu, jeudi 19 mars 2015 dans la soirée, en marge d’un conseil européen à Bruxelles ? Ce rendez-vous de près de trois heures a rassemblé un comité restreint : le président français, François Hollande, la chancelière allemande, Angela Merkel, le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, celui de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, celui de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le premier ministre grec, Alexis Tsipras.A-t-il été de nature à « faire bouger » des positions – celles du gouvernement grec, de ses créanciers, des pays de la zone euro – qui, depuis la réunion de l’Eurogroupe (dont les membres sont les ministres des finances des 19 pays de la zone euro) du 20 février, n’avaient pas vraiment évolué ?Quels sont les engagements pris au terme de cette réunion ?Les différents interlocuteurs de M. Tsipras lui ont répété qu’il devait respecter l’accord trouvé lors de la réunion de l’Eurogroupe du 20 février dernier. Et qu’il y avait urgence. « On a un accord dont il faut respecter les termes », ont seriné à l’unisson Mme Merkel et M. Hollande. Concrètement, Athènes doit chiffrer l’état des finances grecques, entrer en négociation sur une liste crédible de réformes et ne pas prendre de mesures qui coûtent de l’argent à l’État sans en discuter au préalable avec ses créanciers, contrairement à ce qui a pu se passer avec les « mesures humanitaires », adoptées mercredi 18 mars par le Parlement grec.Ces mesures doivent permettre de rétablir l’électricité pour les ménages ne pouvant plus payer leurs factures, d’attribuer une aide au logement à 30 000 foyers et d’accorder une aide alimentaire à 300 000 Grecs.La Grèce va répondre de façon « constructive » aux demandes de réformes de ses créanciers, qu'une équipe d'experts a été chargée de rédiger, a promis, vendredi amtin, le ministère grec des finances dans un communiqué.La tranche de prêts restant à débourser dans le cadre du deuxième plan d’aide au pays (environ 7,2 milliards d’euros) ne sera versée qu’une fois cet exercice achevé.« Trop de temps a été perdu », a relevé M. Hollande, à la fin du mini-sommet. Fin février, les Européens avaient convenu d’un premier rendez-vous avec Athènes à la fin du mois d’avril, afin de vérifier l’état d’avancement de l’accord du 20 février.Mais, sur le terrain, l’équipe de techniciens représentant les créanciers (BCE, Commission européenne, Fonds monétaire international) et chargée de négocier les réformes, n’a pas encore pu vraiment démarrer son travail.Le retour des « men in black » à AthènesPrésente à Athènes depuis le 12 mars, celle-ci ne pourrait pas travailler dans de bonnes conditions. Les équipes, isolées dans un hôtel de la capitale grecque, ne peuvent se déplacer dans les ministères, selon plusieurs sources européennes. Mario Draghi, le président de la BCE, a beaucoup insisté sur ces problèmes logistiques jeudi soir, selon une source proche des discussions.Que sait-on de l’état des finances grecques ?Jeudi soir, le premier ministre grec a assuré à ses collègues autour de la table que son pays serait à court de liquidités début avril. On a par ailleurs appris, selon des sources financières, que 300 millions d’euros avaient été retirés des comptes dans les banques grecques dans la seule journée de mercredi, accroissant la fragilité de ces dernières.Le Parlement grec crée une commission pour auditer la dettePour éviter un accident (panique des épargnants, contrôle des capitaux…), les dirigeants européens, qui redoutent un défaut de paiement partiel du pays dans les jours ou les semaines qui viennent, se sont engagés à « accélérer le calendrier ».L’Eurogroupe « se tient prêt à se réunir dès que possible », est-il indiqué dans les conclusions de la réunion. Si l’urgence financière se concrétise, cette instance pourra apprécier, en fonction des progrès accomplis côté grec, s’il y a lieu ou non d’accorder au pays un versement anticipé afin d’éviter le pire. Une situation qui pourrait se produire dès la fin de la semaine prochaine, si l’on en croit les propos alarmistes de M. Tsipras.M. Tsipras aura-t-il été réceptif au message européen ? Cela fait plus d’une semaine qu’un message de fermeté et d’urgence est adressé, en boucle, au gouvernement grec – à Berlin, Bruxelles et ailleurs en Europe. Ce mini-sommet n’a donc pas apporté de changement de tonalité.Il s’agissait toutefois d’un rendez-vous politique, de haut niveau. Qui plus est demandé par M. Tsipras lui-même.Ce mini-sommet lui permettra peut-être de mieux « vendre » la nécessité des réformes et un droit de regard des Européens à l’aile la plus radicale de son parti, Syriza. M. Tsipras a d’ailleurs obtenu, jeudi soir, une réassurance politique sur le fait que les réformes seront certes négociées avec les Européens, mais pas imposées par Bruxelles.Il s’agit d’un point essentiel pour Athènes, qui accuse l’ex- « Troïka » de ses créanciers (devenue « Groupe de Bruxelles ») d’avoir, depuis quatre ans, bafoué la souveraineté du pays et dicté des mesures d’austérité trop coûteuses socialement.Plus les Grecs sont pauvres, plus leurs revenus ont fondu avec la criseLe format resserré du mini-sommet a permis à des hauts dirigeants, en qui M. Tsipras a, a priori plus confiance, de dire des choses désagréables au premier ministre.Pour les Européens, ce « G7 » de la zone euro devait aussi permettre de faire baisser la pression qui était montée ces derniers jours, notamment entre l’Allemagne et la Grèce (demandes de réparations de guerre côté Athènes, le ministre grec des finances Yanis Varoufakis ridiculisé par les médias allemands). Au point que les scénarios de Grexit recommençaient à tourner et que la perspective d’un compromis s’estompait.L’Europe s’inquiète d’un « Grexit » par accidentLe rendez-vous du lundi 23 mars entre M. Tsipras et Mme Merkel, sur l’invitation de cette dernière, à Berlin, devrait permettre de poursuivre ce travail d’apaisement.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.03.2015 à 00h51 • Mis à jour le20.03.2015 à 11h06 L'Union européenne a trouvé, jeudi 19 mars, un accord de principe pour prolonger ses sanctions économiques contre la Russie jusqu'à la fin de l'année, en les « liant clairement » à la « mise en œuvre complète » des accords de paix de Minsk sur l'Ukraine.Lire (en éditions abonnés) : Les zones d’ombre de l’accord de MinskLes chefs d'Etat et de gouvernement des 28 « ont décidé que la durée des sanctions contre la Russie [...] devrait être clairement liée à la mise en œuvre complète des accords de Minsk, en gardant à l'esprit que cela n'est envisagé que d'ici au 31 décembre 2015 », indiquent les conclusions du sommet européen. « Les décisions nécessaires seront prises dans les prochains mois », ajoutent les dirigeants européens, en se disant « prêts à prendre de nouvelles mesures si nécessaire ».Sanctions qui arrivent à échéance cet étéLes sanctions économiques ont été adoptées le 31 juillet 2014, après la destruction en vol au-dessus de l'Ukraine orientale d'un Boeing de la Malaysia Airlines. Elles ont été alourdies le 8 septembre après que la Russie a été accusée d'avoir fait entrer des troupes et des armes lourdes sur le territoire ukrainien pour stopper l'avancée des troupes loyalistes.Ces mesures, qui ont durement frappé l'économie russe, arrivent à échéance un an après, soit cet été. Au sein de l'UE, les tenants de la ligne dure plaidaient pour une décision de les prolonger dès maintenant, afin de maintenir la pression sur le président russe, Vladimir Poutine. Mais une majorité d'États membres voulaient se donner plus de temps.« Notre intention commune est très claire, nous devons maintenir nos sanctions jusqu'à la mise en œuvre complète [des accords] de Minsk », a insisté le président du conseil, Donald Tusk, citant la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, François Hollande, qui avaient parrainé en février les accords de Minsk 2.Ces accords ont instauré un cessez-le-feu fragile sur le terrain. Le calendrier de mise en œuvre de plusieurs dispositions, notamment le contrôle de ses frontières par Kiev, s'étend jusqu'à la fin de cette année.Lire aussi notre reportage : L'an I de la Crimée Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) En plein conflit entre Athènes et ses partenaires européens, une fondation allemande apporte de l’eau au moulin des Grecs, sans les exonérer de leurs responsabilités. Jeudi 19 mars, la fondation Hans Böckler, proche de la confédération syndicale DGB, a présenté une étude portant sur l’évolution des revenus en Grèce, de 2008 à 2013.Pour ce faire, deux universitaires, Tassos Giannitsis (université d’Athènes) et Stavros Zografakis (université agricole d’Athènes), ont épluché les données de 260 000 foyers fiscaux représentatifs. Tassos Giannitsis est très connu en Grèce. Sans être membre du Pasok, cet intellectuel a été conseiller du premier ministre Konstantinos Simitis, de 2000 à 2004.Selon cette étude, les revenus des ménages grecs, qui étaient en moyenne de 23 100 euros avant impôts en 2008, sont tombés à 17 900 euros en 2012, soit une baisse de 23 %. Sur la période allant de 2009 à 2013, le recul des salaires et des revenus est de 19 %. En raison de la chute du salaire minimum et de l’affaiblissement des conventions collectives, les salariés des entreprises publiques ont même perdu 25 % de leurs revenus. Certes, les salaires avaient auparavant augmenté bien davantage que les gains de productivité mais les chercheurs estiment que la moitié environ de cette chute des revenus n’est pas justifiée par un éventuel nécessaire « rattrapage ». Ils soulignent aussi que les effets de ce recul du pouvoir d’achat sur l’économie réelle ont été plus importants que ce qu’avaient prévu les institutions internationales. « Comparée à 2009, la masse salariale de 2013 a été inférieure de 25 milliards d’euros et la demande intérieure a même chuté de 53 milliards d’euros. En revanche, les exportations n’ont progressé que de 3,8 milliards, une augmentation particulièrement faible au vu des réductions du coût de travail imposées », notent-ils.Surtout, plus les Grecs sont pauvres, plus ils ont vu leur revenu fondre. Les deux chercheurs ont en effet étudié l’évolution de chaque décile. Les 10 % des foyers les plus modestes (le 1er décile) ont vu leurs revenus avant impôt s’effondrer de 86 % entre 2008 et 2012. Pour les 2e et 3e déciles, la baisse a été respectivement de 51 % et de 31 %. Entre le 4e et le 7e décile, la baisse a été comprise entre 25 % et 18 %. Quant aux 30 % des foyers les plus riches, ils ont perdu entre 20 % et 17 %. En 2012, près d’un tiers des foyers disposaient d’un revenu annuel inférieur à 7000 euros.Les réformes fiscales n’ont rien arrangé. Les impôts directs ont, selon les chercheurs, progressé de 53 % depuis le début de la crise et les impôts indirects de 22 %. Mais, plutôt que de s’en prendre aux professions exonérées d’impôts ou à la fraude fiscale – phénomènes qui se chiffrent, selon M. Giannitsis entre 6 % et 8 % du PIB –, les gouvernements ont surtout davantage imposé les Grecs les plus modestes. Selon les deux chercheurs, les 50 % des Grecs les moins riches ont vu leur pression fiscale bondir de 337 %, alors que l’autre moitié a vu la sienne progresser de 9 % seulement.Si tous les Grecs ont souffert, tous n’ont donc pas été logés à la même enseigne. Les fonctionnaires n’ont perdu « que » 8 % de leurs revenus de 2009 à 2013. Soit parce que, dans les faits, les baisses de salaire n’ont pas pu être mises en œuvre, soit parce que la justice s’y est opposée. Du coup, les fonctionnaires, qui gagnaient déjà en moyenne 35 % de plus que les employés du secteur privé en 2009, touchaient 45 % de plus que ces derniers quatre ans plus tard. Et comme les gouvernements ont cherché à protéger les fonctionnaires, dont ils avaient considérablement augmenté le nombre avant la crise, l’effort a été massivement supporté par le secteur privéAutre phénomène peu connu : à côté du taux de chômage, qui a bondi de 7 % à 26 % entre 2008 et 2014, la Grèce a connu une explosion des préretraites. Dans le secteur privé, celles-ci ont progressé de 14 % et même 48 % dans l’administration. Une façon pour les gouvernements de répondre à l’une des exigences de la Troïka (Fonds monétaire international, banque centrale européenne, Commission européenne) à savoir réduire le nombre de fonctionnaires, tout en préservant la paix sociale. Résultat : les caisses de retraites sont aujourd’hui dans une situation extrêmement difficile.À Berlin, M. Giannitsis a jugé que la situation de la Grèce était autant due aux gouvernements grecs qu’à la « Troïka ». Si celle-ci n’a pas créé les problèmes de la Grèce, elle ne les a pas résolus, estime-t-il. Moins diplomate, Gustav Horn, directeur scientifique de la fondation Hans Böckler juge, lui, « inévitable » un troisième plan d’aide à la Grèce.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Charrel Jets de pierres, voitures brûlées, affrontements avec la police… Mercredi 18 mars, Francfort, la capitale financière de l’Allemagne a été le théâtre de heurts entre manifestants anti-austérité (près de 6 000) et forces de l’ordre, mobilisées en nombre pour l’occasion.La manifestation était organisée à l’appel de Blockupy, alliance de divers mouvements anticapitalistes, comme Attac, de syndicats et de partis politiques venus de toute l’Europe, en particulier de Grèce et d’Espagne. Leur objectif : protester contre la politique de la Banque centrale européenne (BCE), qui inaugurait ce jour-là son nouveau siège. « Nous désirons une autre Europe », scandaient les manifestants.Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-5509b3e0609e9'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 9\r\n \r\n \r\nPoubelles et voitures incendi\u00e9es. Jets de pav\u00e9s contre la mairie de la ville. Jets de pierres contre les policiers aux abords du vieil op\u00e9ra. ... De premiers incidents ont eu lieu dans la nuit de mardi \u00e0 mercredi, puis mercredi en d\u00e9but de matin\u00e9e.\r\nCr\u00e9dits : Michael Probst \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Poubelles et voitures incendi\u00e9es. Jets de pav\u00e9s contre la mairie de la ville. Jets de pierres contre les policiers aux abords du vieil op\u00e9ra. ... De premiers incidents ont eu lieu dans la nuit de mardi \u00e0 mercredi, puis mercredi en d\u00e9but de matin\u00e9e.","source":"Michael Probst \/ AP","index":0,"position":1,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/economie\/portfolio\/2015\/03\/18\/a-franfort-le-mouvement-blockupy-reclame-une-autre-europe-sociale-et-democratique_4595718_3234.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 9\r\n \r\n \r\nLa manifestation est organis\u00e9e \u00e0 l\u2019appel de Blockupy, alliance de diff\u00e9rents mouvements de protestation, syndicats et partis politiques. Les organisateurs attendent au moins 10 000 manifestants.\r\nCr\u00e9dits : KAI PFAFFENBACH \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"La manifestation est organis\u00e9e \u00e0 l\u2019appel de Blockupy, alliance de diff\u00e9rents mouvements de protestation, syndicats et partis politiques. Les organisateurs attendent au moins 10 000 manifestants.","source":"KAI PFAFFENBACH \/ REUTERS","index":1,"position":2,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/economie\/portfolio\/2015\/03\/18\/a-franfort-le-mouvement-blockupy-reclame-une-autre-europe-sociale-et-democratique_4595718_3234_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 9\r\n \r\n \r\nParmi les intervenants de la manifestation, figurent des repr\u00e9sentants du mouvement altermondialiste Attac, des syndicats, un repr\u00e9sentant du parti de gauche radicale grec Syriza, dont est issu le Premier ministre Alexis Tsipras, ou encore Miguel Urban du mouvement espagnol Podemos, parti-aust\u00e9rit\u00e9 en t\u00eate des sondages pour les prochaines l\u00e9gislatives.\r\nCr\u00e9dits : KAI PFAFFENBACH \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Parmi les intervenants de la manifestation, figurent des repr\u00e9sentants du mouvement altermondialiste Attac, des syndicats, un repr\u00e9sentant du parti de gauche radicale grec Syriza, dont est issu le Premier ministre Alexis Tsipras, ou encore Miguel Urban du mouvement espagnol Podemos, parti-aust\u00e9rit\u00e9 en t\u00eate des sondages pour les prochaines l\u00e9gislatives.","source":"KAI PFAFFENBACH \/ REUTERS","index":2,"position":3,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/economie\/portfolio\/2015\/03\/18\/a-franfort-le-mouvement-blockupy-reclame-une-autre-europe-sociale-et-democratique_4595718_3234_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 9\r\n \r\n \r\n\"Nous nous battons pour une autre Europe, sociale et d\u00e9mocratique\", a affirm\u00e9 Roland S\u00fc\u00df, membre de Blockupy et du mouvement altermondialiste Attac en Allemagne.\r\nCr\u00e9dits : MICHAEL DALDER \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\"Nous nous battons pour une autre Europe, sociale et d\u00e9mocratique\", a affirm\u00e9 Roland S\u00fc\u00df, membre de Blockupy et du mouvement altermondialiste Attac en Allemagne.","source":"MICHAEL DALDER \/ REUTERS","index":3,"position":4,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/economie\/portfolio\/2015\/03\/18\/a-franfort-le-mouvement-blockupy-reclame-une-autre-europe-sociale-et-democratique_4595718_3234_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 9\r\n \r\n \r\nLa police francfortoise a mobilis\u00e9 plusieurs milliers d'hommes, des dizaines de canons \u00e0 eau ainsi que des h\u00e9licopt\u00e8res.\r\nCr\u00e9dits : Michael Probst \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"La police francfortoise a mobilis\u00e9 plusieurs milliers d'hommes, des dizaines de canons \u00e0 eau ainsi que des h\u00e9licopt\u00e8res.","source":"Michael Probst \/ AP","index":4,"position":5,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/economie\/portfolio\/2015\/03\/18\/a-franfort-le-mouvement-blockupy-reclame-une-autre-europe-sociale-et-democratique_4595718_3234_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 9\r\n \r\n \r\n\"Ce d\u00e9ploiement policier est l'un des plus importants jamais organis\u00e9s dans la ville\", a d\u00e9clar\u00e9 une porte-parole de la police. Fin mars 2012, des d\u00e9bordements en marge d'une manifestation anticapitaliste \u00e0 Francfort s'\u00e9taient sold\u00e9s par un bless\u00e9 dans les rangs de la police et d'importantes d\u00e9gradations dans le centre-ville.\r\nCr\u00e9dits : MICHAEL DALDER \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\"Ce d\u00e9ploiement policier est l'un des plus importants jamais organis\u00e9s dans la ville\", a d\u00e9clar\u00e9 une porte-parole de la police. Fin mars 2012, des d\u00e9bordements en marge d'une manifestation anticapitaliste \u00e0 Francfort s'\u00e9taient sold\u00e9s par un bless\u00e9 dans les rangs de la police et d'importantes d\u00e9gradations dans le centre-ville.","source":"MICHAEL DALDER \/ REUTERS","index":5,"position":6,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/economie\/portfolio\/2015\/03\/18\/a-franfort-le-mouvement-blockupy-reclame-une-autre-europe-sociale-et-democratique_4595718_3234_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 9\r\n \r\n \r\nUn p\u00e9rim\u00e8tre de s\u00e9curit\u00e9 a \u00e9t\u00e9 \u00e9difi\u00e9 autour du nouveau b\u00e2timent de la BCE, deux tours de verres entrelac\u00e9es situ\u00e9es dans le quartier d'Ostend, dans l'est de Francfort.\r\nCr\u00e9dits : KAI PFAFFENBACH \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un p\u00e9rim\u00e8tre de s\u00e9curit\u00e9 a \u00e9t\u00e9 \u00e9difi\u00e9 autour du nouveau b\u00e2timent de la BCE, deux tours de verres entrelac\u00e9es situ\u00e9es dans le quartier d'Ostend, dans l'est de Francfort.","source":"KAI PFAFFENBACH \/ REUTERS","index":6,"position":7,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/economie\/portfolio\/2015\/03\/18\/a-franfort-le-mouvement-blockupy-reclame-une-autre-europe-sociale-et-democratique_4595718_3234_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 9\r\n \r\n \r\nOccup\u00e9 depuis fin novembre 2014 par les \u00e9quipes de la BCE (2 600 personnes), ce nouveau si\u00e8ge aura co\u00fbt\u00e9 1,2 milliard d'euros, au lieu des 850 millions d\u2019euros pr\u00e9vus initialement.\r\nCr\u00e9dits : KAI PFAFFENBACH \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Occup\u00e9 depuis fin novembre 2014 par les \u00e9quipes de la BCE (2 600 personnes), ce nouveau si\u00e8ge aura co\u00fbt\u00e9 1,2 milliard d'euros, au lieu des 850 millions d\u2019euros pr\u00e9vus initialement.","source":"KAI PFAFFENBACH \/ REUTERS","index":7,"position":8,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/economie\/portfolio\/2015\/03\/18\/a-franfort-le-mouvement-blockupy-reclame-une-autre-europe-sociale-et-democratique_4595718_3234_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 9\r\n \r\n \r\nDes policiers arr\u00eatent un manifestant bless\u00e9 dans les affrontements avec les forces de l'ordre.\r\nCr\u00e9dits : MICHAEL DALDER \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des policiers arr\u00eatent un manifestant bless\u00e9 dans les affrontements avec les forces de l'ordre.","source":"MICHAEL DALDER \/ REUTERS","index":8,"position":9,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/economie\/portfolio\/2015\/03\/18\/a-franfort-le-mouvement-blockupy-reclame-une-autre-europe-sociale-et-democratique_4595718_3234_8.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Pour Blockupy, la BCE incarne en effet les politiques d’austérité imposées à certains pays européens, et responsables, selon eux, de l’appauvrissement de peuples.Ces reproches sont-ils justifiés ? Pas toujours. Voici pourquoi.La BCE est-elle responsable des politiques d’austérité en Europe ?Pas vraiment. Et dans tous les cas, bien moins que ne le disent les manifestants de Blockupy. « La BCE est un membre crucial de l’ignoble “troïka” [la Commission européenne, la BCE et le Fonds monétaire international (FMI), les bailleurs de fonds des pays en difficulté], qui, avec le Conseil de l’Union européenne [UE] ont promu l’austérité et les privatisations, avec comme conséquences un appauvrissement et une précarisation d’une grande partie de la population en Europe », peut-on lire sur le site du mouvement.C’est oublier que la BCE, indépendante des gouvernements, n’est pas responsable de la politique budgétaire des Etats membres. Elle ne s’occupe en effet que du volet monétaire : elle régule la quantité de monnaie en circulation, le loyer de l’argent – c’est-à-dire le coût du crédit, aujourd’hui au plus bas. Gendarme bancaire depuis novembre 2014, elle vérifie aussi que les plus gros établissements européens sont assez solides pour bien financer l’économie et font ce qu’il faut pour le rester.Les politiques budgétaires, c’est-à-dire le choix de couper dans les dépenses publiques ou non, d’augmenter les impôts ou non, relèvent des gouvernements, dans le cadre qu’ils ont choisi de respecter ensemble pour construire la zone euro. Comme par exemple, la cible de 3 % du produit intérieur brut (PIB) pour le déficit budgétaire, censée éviter que les dérives des finances publiques d’un Etat n’entraîne tous les autres dans la tourmente.En d’autres termes, si la France, la Belgique, l’Espagne ou encore l’Italie ont pris des mesures de rigueur pendant la crise, c’est parce que leur gouvernement l’a choisi. En grande partie sous la pression des marchés financiers, et souvent de Bruxelles, certes. Mais pas parce que la BCE le leur a demandé.Le cas des pays entrés sous assistance internationale entre 2010 et 2013 – la Grèce, l’Irlande, le Portugal et Chypre (l’Espagne a seulement reçu une aide pour ses banques) – est différent. Les politiques de rigueur y ont en partie été dictées par la troïka, dont la BCE faisait partie.Mais faire porter le seul chapeau à la BCE est réducteur. D’abord, parce que ses experts étaient en retrait au regard de ceux du FMI et de Bruxelles, bien plus en première ligne. De fait, en 2012, le FMI lui-même a fait son mea culpa, en reconnaissant qu’il avait sous-estimé l’impact récessif des mesures demandées à Athènes.De plus, lorsque la crise des dettes battait son plein, que les spéculateurs attaquaient la Grèce ou le Portugal, la BCE ne s’est pas contentée d’assister aux revues de la troïka, passive. Elle a déployé une série d’armes inédites, telles que son programme de rachats de dettes publiques (OMT), qui a mis un terme au risque d’explosion de la zone euro.Aurait-elle pu en faire plus ? Peut-être. Reste que pendant la crise, aucune institution ni gouvernement ne s’est autant relevé les manches pour sauver la monnaie unique.Exerce-t-elle un chantage aux réformes sur la Grèce ?Le 4 février, la BCE a fermé l’un de ses guichets de refinancement aux banques grecques, en refusant les obligations souveraines et les dettes garanties par Athènes qu’elle acceptait jusque-là de prendre en garantie (les « collatéraux »). Beaucoup ont qualifié cette décision de « coup d’Etat financier ». Les « maîtres non élus de Francfort » auraient ainsi voulu mettre les Grecs au pied du mur, afin de les contraindre à mettre en œuvre les réformes réclamées par la troïka.Ce n’est pas tout à fait exact. C’est d’abord sur les partenaires européens d’Athènes que la BCE a voulu mettre la pression. Sa crainte était que ceux-ci tardent à se mettre d’accord, fassent traîner les négociations en longueur, en lui laissant la responsabilité de financer toute seule la Grèce. Or, cela ne relève pas de sa mission. Accorder un régime de faveur à un pays en particulier est interdit par ses statuts – ceux-ci sont définis, faut-il le rappeler, par les Etats membres eux-mêmes.Si elle acceptait, avant le 4 février, de prendre les bons du Trésor grecs en garantie, pourtant classés en catégorie « spéculative » par les agences de notation, c’était uniquement parce que le plan d’aide en vigueur jusque-là lui garantissait que le pays ne risquait pas de faire défaut. Et donc, qu’elle n’essuierait jamais de pertes. « Son rôle n’est pas de prendre tous les risques à la place des investisseurs privés : on le lui reprocherait », remarque Eric Dor, économiste à l’IÉSEG (école de management).En somme, là aussi, la BCE est un peu trop facilement pointée du doigt. Si Athènes et les autres capitales européennes ne parviennent pas à s’entendre sur l’aménagement de l’aide à la Grèce, au risque que celle-ci finisse par sortie de la zone euro, ce n’est pas de son fait. Mais bien de celui de Berlin, d’Athènes, de Paris, de Bruxelles…Abuse-t-elle de son pouvoir ?Depuis la crise, la BCE a vu ses pouvoirs se renforcer considérablement. Il lui est parfois arrivé de sortir de son rôle purement monétaire pour envoyer un message politique aux Etats. Le sujet est sensible. Explosif, même, car en théorie, l’institution agit en toute indépendance des gouvernements.« En vérité, la position de la BCE est délicate », explique Alan Lemangnen, chez Natixis. « Elle est le reflet des défaillances de la zone euro elle-même : cela met tout le monde un peu mal à l’aise », ajoute Eric Dor.Le 19 novembre 2010, Jean-Claude Trichet, à l’époque président de la BCE, avait envoyé une lettre au ministre irlandais des finances, Brian Lenihan. Dévoilée il y a peu, celle-ci a fait scandale dans l’île verte. Le Français menaçait de couper les liquidités d’urgence, indispensables à la survie des banques irlandaises, si Dublin n’entrait pas sous un plan de sauvetage européen. Ce que le gouvernement irlandais fit presque aussitôt… Le même bras de fer s’est rejoué en 2013 avec Chypre.La BCE abuse-t-elle donc de sa position pour dicter sa loi aux Etats ? Peut-être. Mais il faut rappeler que si elle s’est permis de faire des recommandations pendant la crise, c’est aussi parce qu’il fallait bien que quelqu’un le fasse. On a tendance à l’oublier, mais les investisseurs ne faisaient alors plus confiance aux pays périphériques et pariaient sur l’explosion de la monnaie unique. Il était urgent de redresser les déficits – ou d’en montrer la volonté – pour éteindre l’incendie.Puisque les Etats européens étaient incapables de parler d’une seule voix, la BCE a retroussé ses manches. « Elle a comblé, parfois avec maladresse, le vide politique européen », reconnaît un diplomate.Est-elle responsable du chômage élevé au sud de la zone euro ?« La BCE a empiré la situation en Italie (…), elle est responsable du chômage élevé », a dénoncé, mercredi 18 février à Francfort, Eleonora Forenza, une députée européenne communiste italienne venue défiler. Là encore, l’institution fait un bouc émissaire bien facile.Si le chômage a bondi dans le sud de la zone euro, c’est d’abord du fait de la violente récession qui a explosé en 2009, suite à la crise financière de 2008. Celle-ci, faut-il le rappeler, est née de l’énorme bulle des crédits immobiliers – les fameux « subprimes » – qui a éclaté aux Etats-Unis en 2007. Cette envolée du nombre de demandeurs d’emploi est aussi le résultat de choix économiques pas toujours pertinents faits par certains pays européens dans les années 2000, comme la spécialisation excessive de l’Espagne dans l’immobilier.Enfin, si la reprise européenne est aujourd’hui moins vigoureuse que celle observée aux Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, c’est aussi le résultat des errements de la gouvernance économique de la zone euro, bien trop focalisée sur la seule question des finances publiques.Or, ces errements sont moins le fait de Mario Draghi, le président de la BCE, que de celui de la Commission européenne et des Etats eux-mêmes.La nouvelle tour de la BCE a-t-elle coûté trop cher ?A l’origine, la construction du nouveau siège devait coûter 850 millions d’euros. Mais finalement, la note s’est élevée à 1,2 milliard. Les coûts ont dérapé. Motif ? L’envolée des prix des matériaux de construction. Mais aussi la gestion du chantier parfois chaotique, et pas toujours bien maîtrisée. Résultat, les travaux ont pris trois ans de retard.Malgré ces dérapages, la BCE a entièrement financé l’addition sur ses fonds propres. Le coût total, de 1,2 milliard d’euros, représente un peu moins que les bénéfices réalisés en 2013 (1,4 milliard d’euros), notamment grâce aux intérêts touchés sur les titres que la Banque centrale détient en réserve. Surtout, posséder ces locaux permettra de réaliser des économies à moyen terme. Une opération gagnante, donc.Cet argument a un peu de mal à passer dans les pays mis sous tutelle de la troïka et auprès des militants de Blockupy. Ils estiment que la banque centrale ne s’est pas appliquée à elle-même la rigueur réclamée à Dublin, Athènes ou Lisbonne.Peut-on améliorer le fonctionnement de l’institution ?Bien sûr. Née en 1999, la BCE est une institution jeune : son homologue suédoise a été créée en 1668 ! À bien des égards, elle cherche encore ses marques, et la liste des pistes qui permettraient d’améliorer son fonctionnement est longue.Certains économistes estiment qu’il faudrait commencer par revoir son mandat. Aujourd’hui, celui-ci est d’assurer la stabilité des prix, avec une cible d’inflation de 2 % sur le moyen terme.D’autres banques centrales, comme celle des Etats-Unis, ont également pour mission de veiller au plein-emploi. Pourquoi ne pas confier cette tâche à la BCE ?Mais, là encore, se concentrer uniquement sur l’institut monétaire serait une erreur. Aujourd’hui, la BCE est la seule institution véritablement transnationale en zone euro, et c’est bien là le problème. Elle n’a pas d’équivalent côté budgétaire, ni politique.Entre le « semestre européen », le « two-pack », le « six-pack », les gouvernances européennes sont aujourd’hui si bureaucratiques et complexes que plus personne n’y comprend rien, y compris les « experts » et les gouvernements eux-mêmes…En d’autres termes, la BCE concentre aujourd’hui des critiques et des reproches qui devraient en vérité s’adresser à l’ensemble des institutions européennes, qu’il faudrait revoir en profondeur. Une tâche immense, à laquelle les Etats n’ont pas tous envie de se confronter. Pour eux aussi, pointer du doigt Francfort est souvent plus simple que prendre leurs responsabilités…Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Audrey Tonnelier Le cumul de poursuites pénales et administratives en matière boursière a été jugé non conforme à la Constitution par le Conseil constitutionnel, mercredi 18 mars. Véritable coup de tonnerre juridique, cette décision rend impossible la tenue du « procès EADS ». Dans cette affaire, sept dirigeants et ex-dirigeants du groupe européen d’aéronautique et de défense (rebaptisé depuis Airbus Group), dont l’ancien coprésident, Noël Forgeard, et son ancien numéro deux, Jean-Paul Gut, étaient soupçonnés de délit d’initiés ; deux actionnaires de référence de l’époque, les groupes Daimler et Lagardère, étaient aussi visés.Le Conseil constitutionnel rend impossible le procès EADSLa justice les soupçonnait de s’être enrichis indûment en vendant leurs stock-options, principalement en novembre 2005 et mars 2006, alors qu’ils auraient eu connaissance d’informations privilégiées quant aux difficultés des programmes A350 et A380 du groupe.Pourquoi le procès EADS n’aura-t-il pas lieu ?Les prévenus avaient déjà été jugés par l’Autorité des marchés financiers (AMF) en 2009. Cette dernière, à la surprise générale, les avait blanchis. Leurs avocats avaient alors posé aux Sages de la rue de Valois deux questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) : en substance, il s’agissait de savoir si une procédure consistant à poursuivre une seconde fois les mêmes personnes pour des faits identiques était valable.Le Conseil constitutionnel a donc répondu par la négative. Le tribunal correctionnel de Paris, chargé du dossier EADS, n’a désormais plus d’autre choix que de constater l’extinction de l’action publique.La décision du Conseil constitutionnel était-elle attendue ? Non. La majorité des avocats, y compris dans le camp des prévenus, n’osaient rêver à une annulation pure et simple du procès. En France en effet, en matière boursière comme dans d’autres domaines (droit fiscal, ordres professionnels…), justice administrative et justice pénale coexistent.Ce fut le cas dans l’affaire des fausses factures d’Altran. En 2007, l’AMF avait infligé des amendes allant de 500 000 à 1 million d’euros à d’anciens dirigeants de cette société de services informatiques. Cela n’avait pas empêché le tribunal correctionnel de Paris de se saisir du dossier.Le 26 septembre 2014, cinq personnes ont été condamnées à des peines de prison avec sursis et à des amendes allant jusqu’à 2,5 millions d’euros pour des délits d’initié lors de l’offre publique d’achat (OPA) menée en 2003 par Alcan sur Pechiney. Or, elles avaient déjà été sanctionnées par l’AMF en 2008.Pourquoi le Conseil a-t-il tranché en ce sens ? Aujourd’hui, le principe du cumul des sanctions est de plus en plus régulièrement remis en cause. Le 4 mars 2014, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) de Strasbourg avait rappelé (arrêt « Grande Stevens ») le principe du non bis in idem (« pas deux fois pour la même chose »), condamnant l’Italie dans une affaire de diffusion d’informations trompeuses sur le capital de Fiat. Cet arrêt de la CEDH a considéré que les prévenus, déjà sanctionnés administrativement par la Consob (l’AMF italienne), n’auraient pas dû l’être au pénal.Une nouvelle directive européenne sur les abus de marché a également repris, en avril 2014, ce principe du non bis in idem.Ces décisions faisaient figure d’épée de Damoclès pour la France. « Le Conseil constitutionnel a tiré les conséquences de la décision de la CEDH : il interdit le principe de la double poursuite, tout en limitant cette interdiction au droit boursier », apprécie Patrice Spinosi, avocat à la Cour de cassation, qui a défendu plusieurs personnes physiques dans le dossier EADS.Par ailleurs, seuls les non-professionnels sont concernés par cette décision. Pour les autres, le cumul des sanctions est toujours possible.La double poursuite est-elle interdite dans tous les domaines ? Non. En dehors des affaires boursières, une sanction disciplinaire pourra toujours faire l’objet de poursuites pénales.Les autres autorités administratives comme la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), ou l’Autorité de la concurrence…) ne sont pas concernées, de même que la sphère fiscale ou les ordres professionnels (médecins, avocats…).« Pour le grand public, procéder autrement aurait été incompréhensible », pointe un pénaliste. Exemple : un médecin dont la patiente serait décédée à la suite d’une erreur médicale pourra être jugé par son ordre (et le cas échéant radié), sans que cela l’exonère d’un procès au pénal.D’autres dossiers que celui d’EADS sont-ils concernés ?Une petite dizaine de dossiers boursiers sont actuellement en cours (Altran, Pechiney, Sacyr…) et sont donc potentiellement concernés.Le Conseil constitutionnel a donné au législateur jusqu’au 1er septembre 2016 pour élaborer une loi encadrant ces pratiques.Dans l’intervalle, c’est la première juridiction à se saisir d’un dossier (AMF ou justice pénale) qui le conservera, alors que jusqu’à présent, l’AMF pouvait transmettre au parquet les dossiers lui semblant relever de son ministère, tout en continuant en parallèle sa propre enquête.Les cas de doubles sanctions étaient cependant rares : moins de dix dossiers sur 300 depuis 2010.Comment faut-il faire évoluer la loi ?C’est toute la question. De part et d’autre, on a déjà commencé à plancher sur de possibles réformes. Un groupe de travail interministériel procède à un état des lieux de la jurisprudence, tandis que l’AMF doit rendre un rapport sur le sujet dans les prochaines semaines.Jusqu’à présent, le système dual possédait l’avantage de la rapidité : il faut en moyenne deux à trois ans à l’AMF pour constituer et instruire les dossiers, contre dix à douze années au pénal. « Cela tient à la spécialisation des enquêteurs de l’AMF et aux moindres possibilités de recours à chaque phase de l’instruction », explique un bon connaisseur de ces procédures.Les « pro-AMF » arguent qu’il ne s’agit pas, en l’occurrence, d’une justice au rabais. Depuis 2010, la commission des sanctions de l’AMF peut infliger des amendes allant jusqu’à 100 millions d’euros (contre 10 millions d’euros auparavant), contre 1,5 million au maximum au pénal. En revanche, l’AMF ne peut pas prononcer de peines de prison.De son côté, la justice pénale – et notamment le nouveau Parquet national financier créé en 2014 – possède un pouvoir d’investigation plus important : il peut par exemple perquisitionner sans autorisation. Mais sa lenteur lui fait perdre en efficacité pédagogique et dissuasive.Enfin, certains pointent les incohérences du système dual où deux enquêtes coexistaient : « Un prévenu a l’obligation de coopérer avec l’AMF, alors qu’au pénal, il a le droit de se taire », souligne Thomas Baudesson, avocat chez Clifford Chance et conseil d’Alain Flourens, un cadre d’EADS.Si l’idée de mettre en place une juridiction ad hoc est évoquée, la piste privilégiée semble être celle d’un « aiguillage » des dossiers, à l’image de ce qui se pratique au Royaume-Uni. Reste à savoir selon quels critères il se ferait, et qui, de l’AMF ou du parquet, prendrait la décision.Audrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des finances et Sigmar Gabriel, son collègue de l’économie étaient on ne peut plus détendus – et complices – mercredi 18 mars quand ils ont présenté, devant la presse, les grandes orientations des budgets de l’Allemagne pour les années 2016 à 2019.Difficile pour un observateur non initié de deviner que le premier est l’un des dirigeants de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière Angela Merkel et que le deuxième est le président du Parti social-démocrate (SPD). C’est notamment ce dernier qui a décoché les flèches les plus assassines en direction de la Grèce.Si les deux hommes ont paru détendus, c’est surtout parce qu’ils sont convaincus que la croissance de leur pays restera robuste. Ils envisagent une progression du produit intérieur brut (PIB) de l’Allemagne de 1,5 % en 2015, puis de 1,6 % en 2016 et de 1,3 % chacune des années suivantes.L’Etat présentera, pour les années à venir, et comme en 2015, un budget en équilibre, voire symboliquement en très léger excédent. M. Schäuble s’y était engagé devant les électeurs.Si Sigmar Gabriel soutient sans réserve cette orthodoxie budgétaire, c’est parce que dans le même temps, les dépenses et les recettes devraient augmenter. Elles passeront de 302,6 milliards d’euros en 2015 à 312,5 milliards en 2016, puis à 318,9 milliards en 2017, à 327 milliards en 2018 et enfin à 334 milliards en 2019.Enveloppe supplémentaire pour la défenseCeci est évidemment très théorique, ne serait-ce que parce qu’il y a de nouvelles élections en 2017, mais le signal politique est clair : l’Allemagne dépensera davantage que par le passé. Dans quels domaines ? Une vingtaine de milliards d’euros seront consacrés aux « dépenses d’avenir » (infrastructures, réseaux à haut débit…) ainsi qu’au désendettement des communes et à l’aide au développement.Par ailleurs, les budgets relevant de la sécurité (armée et police) recevront un nouveau coup de pouce. Celui de la défense, qui est de 33 milliards d’euros, devrait passer à 34,2 milliards en 2016, puis grimper progressivement jusqu’à 35 milliards en 2019. Sur la période qui va de 2016 à 2019, ce ministère devrait ainsi disposer d’une enveloppe supplémentaire de 8 milliards d’euros. Cela devrait permettre à l’Allemagne d’augmenter sa participation aux actions de l’OTAN, comme elle s’y est engagée.Si les tensions internationales et les multiples problèmes techniques qui affectent actuellement une bonne partie des équipements de la Bundeswehr, l’armée allemande, justifient cet effort accru, l’opposition – et plus discrètement le ministère des finances – fait remarquer que ces deux dernières années, le ministère de la défense à rendu au budget deux milliards d’euros qui n’avaient pas été utilisés ; il souffre manifestement autant d’un problème d’organisation que d’un manque de moyen.Les instituts de conjoncture optimistesSi les dépenses augmentent mais que le budget reste équilibré, c’est évidemment parce que les recettes progressent aussi. Les revenus fiscaux devraient ainsi passer de 280 milliards d’euros en 2015 à 322 milliards en 2019.Par ailleurs, le ministère des finances compte sur une vingtaine de milliards d’euros d’autres ressources, comme les gains que lui reverse chaque année la Bundesbank, la banque centrale du pays. Prudent, M. Schäuble n’a intégré aucune recette émanant de l’hypothétique future taxe sur les transactions financières internationales.Ce projet de budget pour 2016 devrait être adopté par le conseil des ministres le 1er juillet. Il n’est pas exclu que M. Schäuble dispose d’une marge de manœuvre supplémentaire, puisque les principaux instituts de conjoncture prévoient pour cette année une croissance supérieure au 1,5 % retenu par le gouvernement.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Eric Albert (Londres, correspondance) George Osborne a tenu promesse. Le chancelier de l’Echiquier a annoncé, mercredi 18 mars, à l’occasion de la présentation du budget britannique, l’instauration d’un impôt sur les « bénéfices détournés » des multinationales. Surnommé « taxe Google », et annoncé pour la première fois en décembre 2014, ce prélévement sera voté par le Parlement la semaine prochaine et mis en place en avril.Dans son budget 2015, M. Osborne table sur des recettes fiscales minimales la première année, puis de 275 millions de livres (380 millions d’euros) la deuxième année et de 360 millions de livres l’année suivante.L’objectif de la « taxe Google » est de mettre fin aux pratiques des grandes multinationales qui déclarent artificiellement des profits dans des pays à faible imposition, alors que leur chiffre d’affaires est réalisé ailleurs. Les géants de l’Internet – de Google à Amazon – se sont particulièrement illustrés en la matière.Trois pistes pour « mieux » taxer Google, Facebook et consortsLondres a donc décidé d’imposer à 25 % tous les « bénéfices détournés ». Il s’agit d’un taux plus élevé que celui qui est appliqué sur les profits des sociétés. Ce dernier passera, lui, à 20 % en avril ; une façon d’inciter les entreprises à abandonner toute mauvaise pratique.« A l’avant-garde des réformes fiscales »Tout le problème sera cependant d’identifier ces fameux « bénéfices détournés ». Pour cela, une nouvelle règle est créée pour forcer les entreprises qui réalisent des transactions avec des clients britanniques à avoir une existence légale au Royaume-Uni, au-delà d’un chiffre d’affaires minimum. L’application précise de cette « règle » demeure cependant floue et l’idée est très critiquée par les spécialistes.« Cela va au-delà des normes internationales et cela positionne le chancelier de l’Echiquier à l’avant-garde des réformes fiscales », estime Chris Sanger, le directeur des questions fiscales à Ernst & Young (EY). Il fait cependant remarquer que la décision de M. Osborne semble simplement être une façon d’aller au-devant des décisions de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui est en train de négocier avec de nombreux pays l’instauration de nouvelles normes fiscales afin d’éviter la pratique des profits détournés.Mercredi, la Commission européenne a pour sa part proposé d’imposer aux Etats l’échange automatique des données sur leurs « tax rulings », c’est-à-dire leurs décisions fiscales concernant les entreprises.Bruxelles veut mieux détecter les pratiques fiscales abusivesEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.03.2015 à 14h50 • Mis à jour le18.03.2015 à 14h52 Yannis Kiourtsakis, écrivainLes ministres des finances de la zone euro ont donc fini par conclure un compromis avec le nouveau gouvernement grec. C’est le moindre mal car un « grexit » [sortie de la Grèce de la zone euro] serait catastrophique pour tous. Mais l’organe de plus en plus technocratique qu’est devenu, sous la houlette de l’Allemagne, l’Eurogroupe, peut-il mesurer le drame qui, depuis cinq ans, a ruiné des milliers de foyers grecs, défait le tissu social, miné la légitimité des partis hier encore dominants et vidés le pays d’une bonne partie de sa jeunesse productive ? Peut-il surtout comprendre que le résultat des élections du 25 janvier était tout autre chose qu’une montée des extrêmes ou une dérive populiste comme le prétendent maints dirigeants européens ? À savoir la délivrance du corps électoral de la peur qui avait plombé son choix aux législatives de 2012 ; autrement dit une victoire de la liberté, de la démocratie et de la politique sur la tyrannie de l’économisme.C’est plus que douteux, quand le souci des chiffres remplace le souci des hommes. Cela seule une Europe politique équilibrée, résolue à combler son déficit démocratique pourrait le faire. Faute de cette résolution on ira d’un accord bancal à un autre qui, pour vouloir gagner du temps face au gonflement inexorable des dettes, ne fait que le perdre, en négligeant l’urgence de rétablir une solidarité effective entre nos peuples. Comment en effet ne pas tirer la leçon amère de ces dernières années que les Grecs ont apprise mieux que tout autre peuple d’Europe : que notre monnaie prétendument commune a creusé chaque jour davantage le fossé économique et social entre les pays du Nord et du Sud à l’encontre de l’objectif proclamé de l’Union, qui était leur convergence ; que la cure administrée depuis 2010 par le directoire économique qui nous a de facto gouvernés, s’est avérée aussi inefficace que désastreuse rendant impossible toute réforme en profondeur ; et que l’Europe d’aujourd’hui dépourvue de vision politique ne cesse de nourrir l’incompréhension entre nos peuples, les égoïsmes nationaux, les replis identitaires, la xénophobie, la résurgence de l’extrême droite.NaufrageDepuis le début de ce naufrage, de nombreux Grecs qui se sentent profondément Européens s’interrogent sur ce mal de l’Europe comme sur les maux propres à leur société. Ils remontent au début du XIXe siècle, quand la Grèce renaissante a lié, pour le meilleur et pour le pire, son sort à celui du Vieux continent. Événement fondateur s’il en est sans lequel on ne peut comprendre ce qui se passe aujourd’hui. Figurez-vous d’une part une société archaïque, plus proche du monde d’Homère que de la modernité industrielle et capitaliste de l’Europe à laquelle elle désirait pourtant s’intégrer sans jamais y parvenir tout à fait jusqu’à ce jour. Et de l’autre, une Europe arrogante traitant bien souvent la Grèce comme un pays semi-colonisé, avec la complicité, il faut le dire, de maints de nos dirigeants – nous l’avons de nouveau vécu avec consternation ces dernières années.Cette histoire s’est répétée tout au long des XIXème et XXème siècles avec l’indépendance des Balkans, puis de tous les pays colonisés par l’Europe à travers le monde. C’est elle qui éclaire, en grande partie, les drames présents de notre planète. Aujourd’hui nous sommes tous embarqués dans le même navire. Il n’y a pas de crise qui ne soit à la fois intérieure et extérieure : voyez le fléau djihadiste qui nous assaille du dehors comme du dedans ; voyez la montée nouvelle de l’antisémitisme et de l’islamophobie en Europe qui ne peut qu’alimenter le cercle infernal de la violence. C’est sans doute parce qu’on ne peut plus ignorer cette situation qu’on est parvenu au compromis du 20 février.Mais pour faire face à la crise de civilisation que connaît l’Europe, il faut dépasser la vision financière des choses. Dans ce monde qui ne cesse de se rétrécir, tout se tient : l’économie, la politique, la justice, l’éthique, la culture. Si nous ne trouvons pas les moyens d’ébranler la dictature d’une économie n’ayant d’autre finalité qu’elle-même sur toutes les autres sphères de l’action humaine, celles-ci finiront par être complètement vidées de leur substance, qui donne un sens à nos vies. Au XIXème siècle l’Europe a aidé les Grecs à retrouver la continuité plusieurs fois millénaire de leur civilisation, qui a été occultée par les siècles de l’occupation ottomane.Curieusement la crise actuelle a un effet semblable : elle nous fait redécouvrir la valeur pérenne de notre langue, occultée cette fois par l’ivresse consumériste d’hier. C’est que des mots tels qu’économie, politique, démocratie, si familiers à tous les peuples, conservent dans nos esprits leur sens primordial, étymologique : économie (mot formé de oïkos et de nomos) signifiant l’administration ou la loi qui régit une maison ; politique, l’activité au service de la polis (la cité) ; démocratie, la souveraineté du démos (le peuple). Or de quoi avons-nous tous besoin aujourd’hui si ce n’est de fonder la loi de notre maison commune sur la politique, entendue dans le plein sens du terme, puis de fonder celle-ci sur une régénération de la démocratie en souffrance ?Cela nous permettrait peut-être de retrouver au-delà des « marchés » - ces lieux de spéculation qui conduisent si souvent à l’entre-destruction des hommes – l’agora en tant que lieu privilégié du dialogue, donc aussi de la démocratie. La renaissance de celle-ci serait-elle d’abord la victoire du sens des mots, si affreusement perverti par la langue de bois de notre technocratie postdémocratique ? Pensons à cette utopie. Car sans la boussole qu’elle nous procure la vision de l’Europe Unie n’aura pas d’avenir. C’est pourquoi si nos partenaires européens comprenaient enfin le drame grec, cela pourrait les aider à mieux se comprendre eux-mêmes, à retrouver leurs propres racines et à donner une légitimité nouvelle à nos institutions.Yannis Kiourtsakis est notamment l’auteur de deux romans traduits en français, Le Dicôlon et Double exil, Verdier, 2011 et 2014. Philippe Jacqué Opel se retire du marché russe. La filiale européenne du constructeur américain General Motors (GM) l’a annoncé mercredi 18 mars, ajoutant qu’elle va également fermer, d’ici à la fin de l’année, son usine de Saint-Pétersbourg qui emploi un millier de salariés.Les perspectives sur le marché russe « ne sont pas bonnes, non seulement à court terme mais aussi à moyen et long terme », a justifié le patron de Opel, Karl-Thomas Neumann, dans une interview au journal allemand Handelsblatt. Les ventes de la filiale de GM se sont effondrées de 86 % en février par rapport au même mois de 2014. Depuis le 1er janvier, la chute s’établit à 82 % (sur un an) pour un marché qui est globalement en repli de 32 % ; cette année, la marque a écoulé 1 900 véhicules, contre plus de 10 000 un an plus tôt…Opel a expliqué dans un communiqué que la décision se traduirait par une charge de 600 millions de dollars (565 millions d’euros) dans les comptes de GM, une nouvelle perte qui vient s’ajouter à celles enregistrées par le géant américain en 2014, qui atteignaient 1,2 milliard d’euros…Une Bérézina pour tout le secteurCe sont les marques Opel et Chevrolet qui vont se retirer du marché russe, complètement pour la première et à l’exception de certains modèles ciblés pour la deuxième. Le partenariat avec le russe GAZ pour la fabrication de Chevrolet sera aussi stoppé. A l’avenir GM veut « se concentrer sur le segment premium du marché russe », à savoir les marques Cadillac et une poignée d’« icônes américaines » de Chevrolet.Le constructeur américain n’est pas le seul à subir une telle bérézina en Russie… C’est que le marché est habitué aux soubresauts depuis le début des années 2000. En 2005, le marché qui était en train d’exploser, avait déjà connu un important trou d’air. En 2012, alors que le pays affichait 2,9 millions d’immatriculations, les analystes prédisaient que la Russie allait dépasser, en 2015, le marché allemand, où il s’immatricule 3,2 millions de voitures. A cette date, les constructeurs envisageaient 3,5 millions de ventes à l’horizon 2015.Las, la crise en Ukraine et la chute du prix du pétrole, l’une des principales ressources en devises du pays, ont plongé l’économie russe dans le chaos. Le secteur automobile a été l’un des premiers à souffrir de l’inflation galopante du rouble. Après une baisse de 5 % des ventes en 2013 à 2,8 millions d’unités, le marché s’est encore contracté de 10 % en 2014, à 2,5 millions d’unités.Réduire l’exposition à un marché sinistréDans ce contexte, tous les constructeurs réduisent leur exposition au marché. L’alliance Renault-Nissan (dont les ventes ont chuté de 25 % en deux mois), qui détient AvtoVAZ, le constructeur de Lada, a décidé de suspendre la production quelques semaines sur ses sites le temps d’écouler les stocks. De plus, le groupe poursuit la restructuration à marche forcée de sa filiale russe avec le départ programmé de 1 100 cadres en 2015.Volkswagen (– 27 %) a aussi mis entre parenthèses la production et tente de conserver sa part de marché, en baissant ses ventes dans les limites du marché. PSA et Mitsubishi font également tourner leur usine de Kaluga au ralenti et revoient le prix de leurs véhicules au jour le jour selon l’évolution quotidienne du rouble. Lors des résultats annuels de PSA, Carlos Tavares, le président du directoire du groupe avait rappelé son ambition de diviser par deux ses pertes opérationnelles sur place malgré la chute du marché. Sur deux mois, les ventes du constructeur français se sont effondrées de 80 %…Hyunday-KIA à l’offensiveFord (– 70 %) ou Toyota (– 27 %) font le gros dos. « Nous cherchons à maintenir notre performance malgré l’effondrement du marché, explique Didier Leroy, chargé de la zone pour Toyota. Nous allons poursuivre les investissements dans notre usine de Saint-Pétersbourg en 2015 afin de préparer le lancement de notre Rav4, un SUV, en 2016 ». Ford a également annoncé la multiplication de nouveaux modèles pour sauvegarder son ancrage russe.Le plus offensif reste le groupe Hyundai-Kia. Depuis le début de l’année, les deux marques ont multiplié les rabais et ramasser pas moins de 7 points de parts de marché. Depuis le début de l’année, le groupe sud-coréen détient 20,1 % du marché, contre 13,1 % sur la même période de 2014. Malgré l’inflation, les ventes de Hyundai ont augmenté de 4 %, tandis que Kia reculait de 2,4 % pour un marché en chute de 38 %… Autres groupes en progression, à rebours du marché : Mercedes et BMW ; les deux marques consolident leur position.Désormais, pour 2015, Opel attend un marché russe à 1,5 million d’unités, moitié moins qu’en 2012… « Il est très volatil. Il peut baisser énormément très vite et remonter également rapidement… En gros, il ne faut pas quitter le pays dans la tempête. Il faut faire le gros dos et être prêt quand il redémarrera », rappelle un spécialiste du pays.Automobile : le réveil de l’EuropePhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Arnaud Leparmentier Enfin de la lumière. Nous attendons avec impatience le 6 mai. A Florence, ce sera jour de renaissance. L’institut universitaire européen concocte pour ce jour-là une Déclaration Schuman 2.0 – il faut bien faire moderne. Un nouveau texte fondateur censé relancer l’Europe comme le fit le ministre des affaires étrangères dans le salon de l’Horloge, le 9 mai 1950. Que faire, alors que l’Union part à vau-l’eau ? La première étape consiste à établir un diagnostic, et les universitaires de Florence, notamment leur directeur Joseph Weiler ainsi que l’historien Federico Romero, se sont employés à débusquer quelques erreurs d’analyses ou changements fondamentaux intervenus depuis le lancement de l’aventure européenne qui devait aboutir à la création des Etats-Unis d’Europe.L’Europe est allemande. Problème : Berlin n’assume pas son hégémoniePremier postulat désormais caduc : l’Europe, c’était d’abord une aventure portée par deux pays égaux, la France et l’Allemagne. La chute du mur de Berlin a brisé cette parité fondatrice. Il a fallu un quart de siècle pour s’en apercevoir complètement, l’Allemagne ayant eu à digérer sa réunification et à exorciser son passé. La prise de pouvoir allemande a été accélérée par le déclin français engagé sous l’ère Chirac-Jospin. La thèse qui voulait qu’un accord franco-allemand suffise à entraîner les autres pays européens ne vaut plus. Les capitales européennes engagent un dialogue direct avec Berlin. Même le premier ministre grec Tsipras a fini par accepter de... Anne Michel et Audrey Tonnelier La décision est tombée. Mercredi 18 mars, le Conseil constitutionnel a jugé non conforme le cumul de poursuites pénales et administratives en matière boursière, rendant impossible la tenue du procès EADS.Ce procès, ouvert le 3 octobre 2014, n’avait duré qu’une journée. Il aurait dû porter sur la possible culpabilité de sept dirigeants et ex-dirigeants de l’avionneur (rebaptisé depuis Airbus Group), dont l’ancien coprésident d’EADS, Noël Forgeard, son ancien numéro deux, Jean-Paul Gut. Etaient également visés deux actionnaires de référence de l’époque, les groupes Daimler et Lagardère.La justice les soupçonnait de s’être enrichis indûment en vendant leurs stock-options, principalement en novembre 2005 et mars 2006, alors qu’ils auraient eu connaissance d’informations privilégiées quant aux difficultés des programmes A350 et A380 du groupe.Mais une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), posée par les avocats des prévenus le 3 octobre, avait tout remis en cause. Ces derniers avaient demandé aux sages de se prononcer sur la validité d’une procédure consistant à poursuivre une seconde fois les mêmes personnes pour des faits identiques - le principe du non bis in idem (pas deux fois pour la même chose).En effet, les prévenus avaient déjà été jugés par l’Autorité des marchés financiers (AMF) en 2009. Qui plus est, le gendarme de la Bourse les avait, à l’époque, blanchis. Lire aussi notre décryptage : Le « procès EADS » en cinq questionsLe 28 janvier, la Cour de cassation avait transmis la QPC au Conseil constitutionnel. Le tribunal correctionnel de Paris, chargé du dossier EADS, n’a donc désormais d’autre choix que de constater l’extinction de l’action publique.« Choisir entre AMF et justice pénale »« Le Conseil constitutionnel suit les arguments que j’avais développés dans les affaires EADS et Altran [affaire de fausse information financière passée au tribunal correctionnel en 2014] », a réagi Frédéric Peltier, l’avocat d’Alain Flourens, l’un des cadres mis en cause. « Pour l’avenir, en matière de droit boursier, il faudra choisir entre l’Autorité des marchés financiers (AMF) et la justice pénale. » Cette situation pose de nouvelles questions en matière de délits financiers. La première option (AMF) est de loin la plus rapide, mais elle n’offre pas le même pouvoir d’investigation que la justice et ne permet pas de prononcer des peines de prison.Quant à la seconde, via le nouveau Parquet national financier créé en 2014, elle est plus lente et perd ainsi de son efficacité pédagogique et dissuasive. Un véritable débat sur la répression des délits financiers va donc devoir s’ouvrir.Audrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteAnne MichelJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Denis Cosnard Vingt ans, c’est le bel âge pour Eurotunnel. Après avoir frôlé la faillite en 2007, l’exploitant du tunnel sous la Manche inauguré le 6 mai 1994 est désormais une machine à cash parfaitement huilée. Pour preuve, les résultats publiés mercredi 18 mars. Sortie du rouge en 2007, l’entreprise est à présent nettement bénéficiaire : elle a dégagé un profit avant impôt de 56 millions d’euros en 2014, contre 20 millions l’année précédente. Et elle progresse plus vite que prévu.« Nous avions fixé comme objectif d’atteindre 500 millions d’excédent brut d’exploitation en 2015, nous réalisons cet objectif avec un an d’avance », se félicite la direction.Jacques Gounon, le PDG qui a remis Eurotunnel sur les rails, est persuadé que le mouvement va se poursuivre. Il a même révisé à la hausse les objectifs financiers. Le groupe vise dorénavant un excédent brut d’exploitation de 535 millions en 2015, qui monterait à 580 millions en 2016.Un plan de sauvetage efficaceLes actionnaires se frottent les mains. Le dividende va augmenter de 20 % cette année. Quant à l’action Eurotunnel, elle n’arrête pas de monter depuis l’été 2013. En Bourse, Eurotunnel vaut désormais 6,8 milliards d’euros, 85 % de plus qu’il y a trois ans.Clairement, le plan de sauvetage financier a été efficace. La dette nette a été ramenée de 9 milliards à 3,5 milliards d’euros, et ne constitue plus un problème. Parallèlement, l’activité est en nette progression, « tirée par la reprise économique en Grande-Bretagne et les signes d’amélioration en Europe ».Le trafic reste certes loin des projections initiales. En 2014, quelque 10,4 millions de passagers ont utilisé l’Eurostar, au lieu des 30 millions espérés il y a vingt ans. Mais leur nombre ne cesse de croître, et celui des trains de marchandises plus encore. En un an, le chiffre d’affaires a ainsi progressé de 7 % à taux de change constant, à 1,2 milliard d’euros.Seul vrai souci : sous la pression de la justice britannique, Eurotunnel va devoir stopper son activité de transport par ferries, encore déficitaire mais en plein essor. A partir du 9 juillet, le groupe n’aura plus le droit de faire circuler, entre Calais et Douvres, les trois bateaux qu’il avait rachetés à l’ex-compagnie SeaFrance. Il les a mis en vente en janvier, et a reçu quatre marques d’intérêt. Des discussions vont débuter avec ces candidats.Denis CosnardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.03.2015 à 09h19 • Mis à jour le18.03.2015 à 10h11 La police serbe a arrêté, mercredi 18 mars, sept hommes accusés d'être impliqués dans le massacre de près de 8 000 musulmans bosniens commis par les forces serbes de Bosnie en 1995, à Srebrenica, dans l'est de cette ex-république yougoslave, a annoncé le procureur chargé du dossier.Près de huit mille hommes et garçons musulmans avaient été tués par l'armée de la République serbe de Bosnie, dirigée par le général Ratko Mladic, dans l'enclave de Srebrenica en juillet 1995, à quelques mois de la fin de la guerre de Bosnie, ce qui en fait le pire massacre commis en Europe depuis la seconde guerre mondiale. Les sept hommes sont des ex-policiers ayant appartenu à une unité spéciale de la police serbe bosnienne, a précisé le procureur chargé des crimes de guerre dans un communiqué. Ils sont accusés « d'avoir commis des crimes de guerre contre la population », notamment d'être impliqués dans le meurtre de mille musulmans à Kravica, dans la région de Srebrenica, en juillet 1995. Le parquet précise que d'autres personnes sont recherchées dans les pays voisins pour leur rôle dans cette tuerie.Plus de mille hommes et adolescents musulmans ont été exécutés sommairement dans un entrepôt agricole à Kravica après la prise de l'enclave de Srebrenica par les forces serbes de Bosnie. Les hommes qui avaient été incarcérés dans cet entrepôt faisaient partie de groupes de musulmans qui avaient tenté de fuir l'enclave au moment où les forces serbes de Bosnie en prenaient le contrôle.Après avoir été rassemblés « par centaines » sur une plaine, ces prisonniers ont été enfermés dans l'entrepôt et tués par des membres des forces policières et militaires serbes de Bosnie, selon plusieurs verdicts prononcés en Bosnie-Herzégovine pour ces crimes.Reconnu comme génocide en 2007Ce massacre a été reconnu en 2007 comme génocide par la Cour internationale de justice (CIJ), plus haut organe judiciaire des Nations unies.Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) a inculpé 20 accusés en tout pour le massacre de Srebrenica, dont le général Mladic, 72 ans, ainsi que le chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic, 69 ans. Leurs procès pour génocide, qui portent également sur d'autres événements de la guerre de Bosnie, dont le siège de Sarajevo, sont en cours à La Haye.Le TPIY a inculpé vingt accusés en tout pour le massacre de Srebrenica, et plusieurs anciens officiers serbes de Bosnie ont été condamnés à des lourdes peines de prison.A la fin de janvier, le TPIY a confirmé en appel les condamnations à perpétuité pour le génocide de Srebrenica de deux anciens responsables militaires serbes de Bosnie, l'ancien lieutenant-colonel Vujadin Popovic, 57 ans, et l'ancien colonel Ljubisa Beara, 75 ans. Plusieurs procès pour génocide contre des anciens militaires et policiers se sont déroulés devant la justice bosnienne.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x11s1rz"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x11s1rz", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne a présenté, mercredi 18 mars, sa réponse législative au scandale LuxLeaks, révélé, en novembre 2014, par un certain nombre de médias, dont Le Monde. Le commissaire chargé des affaires économiques et financières, Pierre Moscovici, en charge du dossier fiscalité, propose d’amender la directive « Coopération administrative » en introduisant l’échange automatique et obligatoire entre Etats membres de leurs « tax rulings », c’est-à-dire de leurs décisions fiscales « anticipées » concernant les entreprises.Il n’est pas question d’interdire ces pratiques. Mais de remédier à une situation où les Etats membres de l’Union ignorent les pratiques fiscales de leurs voisins concernant des entreprises, notamment en matière transfrontalière (prix de transfert entre deux filiales d’une société, par exemple), ce qui peut avoir des conséquences dommageables sur leurs assiettes fiscales.Certaines entreprises exploitent ce manque de transparence en vue de réduire artificiellement leur contribution fiscale.Evasion fiscale : tout sur les secrets du LuxembourgPayer là où sont faits les bénéficesPratiquement, pour éviter ces effets d’aubaine, la Commission propose de fixer un calendrier strict : « Tous les trois mois, les autorités fiscales nationales devront envoyer à tous les autres Etats membres un rapport succinct sur toutes les décisions fiscales en matière transfrontière qu’elles ont délivrées », explique-t-elle. Les Etats membres pourront alors demander des précisions sur telle ou telle décision.Cet échange systématisé d’informations sur les décisions fiscales « devrait permettre aux Etats membres de détecter certaines pratiques fiscales abusives imputables à certaines entreprises et de réagir en prenant les mesures qui s’imposent », estime la commission.« Nous ne tolérerons plus les entreprises qui évitent de payer leur juste part d’impôts ni les régimes fiscaux qui permettent de tels comportements. Nous devons garantir que le lieu où les entreprises réalisent réellement leurs bénéfices est aussi le lieu où elles sont imposées », déclare Pierre Moscovici.La Commission européenne lance une enquête sur des « tax rulings » en BelgiqueLe texte de la commission va être soumis au Conseil (Etats membres) et au Parlement européen. Etant donné le "momentum" politique créé par l’affaire LuxLeaks, il pourrait ne pas y rencontrer trop de résistances.Définir une assiette commune pour l’impôt sur les sociétésCe sera une autre histoire concernant la proposition que la Commission a dit aussi vouloir mettre à l’étude, mercredi : l’introduction de nouvelles mesures de transparence, consistant à obliger les multinationales à rendre publics les profits réalisés par leurs filiales, pays par pays. En amendant la directive « Droit des actionnaires », par exemple.Cette mesure est défendue, au Parlement européen, par le groupe des Verts. Mais en collège, à la Commission, elle suscite déjà des interrogations. Et elle est vue d’un mauvais œil par les lobbies des multinationales.Enfin, « avant l’été », la Commission veut s’attaquer à un autre chantier encore plus compliqué : comme elle s’y était engagée lors de la révélation des LuxLeaks, elle souhaite remettre en discussion une proposition de directive sur l’assiette commune consolidée pour l’impôt sur les sociétés (ACCIS).Présentée une première fois par la Commission en 2011, cette proposition s’est jusqu’à présent heurtée à la mauvaise volonté d’une partie des Etats membres, Royaume-Uni, Irlande, Luxembourg, Pays-Bas. Or, aucune disposition fiscale ne peut être définitivement adoptée, dans l’Union, sans l’unanimité de ses membres.LuxLeaks : le Parlement européen met en place une commission « spéciale »La "commission spéciale" du Parlement européen sur les LuxLeaks aidera peut-être : son président, l’eurodéputé français Alain Lamassoure (UMP), a dit qu’une de ses priorités sera, précisément, de rouvrir le débat sur l’assiette fiscale consolidée.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.03.2015 à 16h42 L'Ukraine tente d'obtenir de ses créanciers l'effacement d'une partie de sa dette. Mais les discussions s'annoncent « compliquées », a annoncé, vendredi 20 mars, la ministre des finances, Natalie Jaresko.Depuis le 12 mars, Kiev a engagé des négociations avec ses bailleurs privés et publics avec l'objectif de dégager 15 milliards de dollars (14 milliards d'euros) d'allègement dans le cadre d'un plan d'aide international de 40 milliards de dollars (envrion 37 milliards d'euros) sur quatre ans.« Cette restructuration va requérir un mélange d'extension de maturité, de réduction du coupon [les intérêts] et du [montant] principal », a expliqué la ministre au centre de recherches Council on Foreign Relations, à New York.Mme Jaresko dit ne pas connaître dans le détail l'identité des détenteurs de la dette ukrainienne, échangeable sur les marchés, et notamment des 3 milliards de dollars (2,8 milliards d'euros) prêtés par Moscou à Kiev en 2013, et qui  doivent être remboursés d'ici à la fin de l'année.Des incertitudesAffaiblie économiquement par le conflit dans l'Est, l'Ukraine devrait voir sa dette publique flamber à 94 % de son produit intérieur brut en 2015, contre 40,6 % en 2013. Selon Mme Jaresko, Kiev et ses créanciers ont intérêt à ce que le pays revienne sur une trajectoire « viable » et « soit en position de rembourser sa dette ». « Nous n'y sommes pas encore », a-t-elle reconnu, ajoutant que les discussions devront être achevées d'ici à mai.Lire aussi (édition abonnés) : L’économie ukrainienne au bord de l’effondrementLe Fonds monétaire international (FMI), qui contribue à hauteur de 17,5 milliards de dollars (16 milliards d'euros) au plan d'aide, craint que certains bailleurs du pays rechignent à accepter des pertes. Ces derniers « ont naturellement feint d'être surpris », mais « jusqu'à maintenant, nous avons à peu près le sentiment que tout le monde nous soutient », a assuré la ministre.Le conflit dans l'est du pays fait peser de nombreuses incertitudes sur l'issue des discussions et sur le scénario du FMI d'un retour à la croissance dès 2016 et pour Mme Jaresko :« Il y a beaucoup de pièces du puzzle qui ne sont pas prévisibles (...). C'est difficile de prédire si nous serons proches de ces prévisions s'il y a un choc extérieur ou si le cessez-le-feu ne tient pas. » Maryline Baumard En 2014, l’Europe a enregistré 626 000 demandes d’asile, soit une hausse de 44 % en un an. Parmi eux, 20 % sont des Syriens, selon les dernières statistiques Eurostat. Laissera-t-on longtemps encore ces familles entières traverser la Méditerranée aux mains de passeurs, pour tenter d’être reconnues comme des réfugiés ? Cette question est sous-jacente dans la lettre que vient d’adresser le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterres. Une missive qui liste une série de propositions concrètes.Renonçant à attendre une initiative politique qui ne vient pas, las de voir les bateaux sombrer, les Nations unies ont donc pris les devants. Vendredi 19 mars, l’agence de l’organisation internationale ouvrait le débat sur le sujet, à Paris avec la presse. Elle souhaite encourager une large réflexion entre la Commission européenne, les États et d’autres parties prenantes concernées pour répondre aux problèmes de la migration en mer Méditerranée et pour sauver des vies.En 2014, 3 419 personnes ont péri noyées en tentant de rallier l’Europe. C’est devenu la route la plus dangereuse du monde et elle risque de faire plus de victimes en 2015 qu’en 2014. Depuis le 1er janvier, en effet, quelque 470 personnes ont déjà trouvé la mort ou sont portées disparues, contre 15 sur la même période en 2013.Par son initiative, le HCR veut réveiller une Europe barricadée derrière ses frontièresLe HCR souhaite donc la mise en place d’une opération européenne d’envergure pour la recherche et le sauvetage en mer. Une opération similaire à Mare Nostrum, l’initiative italienne de sauvetage qui a pris fin l’année dernière, faute de relais pris par l’Europe. La nouvelle version, dont rêve le HCR, serait gérée conjointement par les Etats et n’aurait rien à voir avec Frontex, l’agence de surveillance des frontières extérieures de Schengen, qui sauve occasionnellement des naufragés, mais dont ce n’est pas la vocation première. Pour l’heure, les Etats s’y refusent, car ils estiment que cela créerait un appel d’air. Le HCR souhaite aussi la mise en place de compensations européennes versées aux compagnies maritimes pour les pertes subies pendant le sauvetage de personnes en détresse. À l’heure actuelle, certains cargos commencent en effet à se dérouter pour ne plus croiser les routes des migrants… C’est en effet sur les gardes-côtes italiens et sur les initiatives privées que repose aujourd’hui le secours.Répartition inégalePar son initiative, le HCR veut réveiller une Europe barricadée derrière ses frontières et aider à penser globalement le sujet des migrations. Elle préconise donc une meilleure répartition de l’accueil des demandeurs d’asile entre les États. Aujourd’hui, ces demandes vont très majoritairement vers l’Allemagne et la Suède. La première a enregistré un tiers de demandes en 2014, la seconde 13 %. La France et l’Italie arrivent ensuite avec 10 % chacune, et une baisse de 5 % des demandes pour la France.Face à cette répartition inégale, le HCR propose une solidarité européenne permettant une répartition plus égale, mais aussi une prise en charge mutualisée des entrants en Europe. L’Italie et la Grèce, principales portes d’entrées dans l’espace Schengen, pourraient, si les recommandations étaient suivies, bénéficier d’un appui pour accueillir les demandeurs d’asile. Aujourd’hui ces deux pays se sentent largement abandonnés et en profitent pour ne pas se plier à toutes les obligations internationales… Sur le problème plus spécifique des Syriens, et ses 4 millions de réfugiés extérieurs, le HCR propose une initiative pilote. Il préconise le transfert direct des réfugiés secourus en mer vers différents pays d’Europe, selon une répartition équitable. À l’heure actuelle, on est bien loin de l’« équité » puisque la France a par exemple accepté 1 000 réfugiés syriens sélectionnés comme vulnérables par le HCR, quand l’Allemagne a ouvert ses portes à 20 000. Le HCR préconise l’utilisation du parrainage privé, de visas humanitaires et de visas étudiants ou de travail par les États pour faire entrer ces victimes de la guerre. « La proposition du HCR comprend également des efforts visant à assurer que des programmes robustes pour le soutien à l’intégration nationale soient développés, et que les réfugiés reçoivent l’aide dont ils ont besoin pour contribuer à nos sociétés », déclarait récemment Vincent Cochetel, le responsable Europe du HCR.Toutes ces propositions ont toutes chances de se heurter au mur des raisonnements politiques. En prise avec des opinions publiques de plus en plus frileuses, car victimes du chômage, les gouvernants préfèrent l’immobilisme à des actions qui pourraient être perçues comme un entrebâillement de la porte des entrées légales. Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.03.2015 à 11h44 • Mis à jour le20.03.2015 à 11h50 Après l'arrestation la veille d'un quatrième homme, la police danoise a annoncé, vendredi 20 mars, l'arrestation d'un cinquième homme « soupçonné de complicité dans les actions de l'assaillant les 14 et 15 février » lors des attentats de Copenhague qui avaient endeuillé le Danemark.« Comme hier [jeudi], la police a fait plusieurs perquisitions en lien avec l'arrestation », ont précisé les forces de l'ordre dans un communiqué. Jeudi, un quatrième homme avait été arrêté. Il devait être déféré vendredi devant un juge en même temps que la personne qui vient d'être arrêtée.Trois hommes sont déjà en détention, deux depuis le 16 février et le troisième depuis le 27 février, inculpés pour complicité avec l'auteur des attentats, Omar El-Hussein, un Danois de 22 ans d'origine palestinienne.Le 14 février, lourdement armé, El-Hussein avait ouvert le feu sur un centre culturel de Copenhague où se déroulait un débat sur la liberté d'expression, tuant une personne, un réalisateur de 55 ans, avant de prendre la fuite. Dans la nuit du 14 au 15 février, il avait abattu un homme de 37 ans qui montait la garde devant la synagogue de Copenhague où était célébrée une bar-mizvah avant d'être tué à l'aube lors d'un échange de tirs avec la police.Lire le décryptage : Comment le Danemark fait face à la menace djihadiste Guy Dutheil Airbus pourra-t-il échapper encore longtemps à la mise en chantier d’un A380 Neo, une nouvelle version, allongée, remotorisée, moins gourmande en carburant, de son gros-porteur, entré en service voici sept ans, mais dont les ventes ne sont pas aussi satisfaisantes que cela ? Pas sûr, tant la pression de certains de ses clients augmente pour obtenir la sortie d’un tel appareil.Tim Clark, le PDG d’Emirates, le réclame régulièrement. Le patron de la compagnie de Dubaï a de nouveau sollicité l’avionneur européen, dans un entretien au Financial Times, le 17 mars. Il attend d’Airbus un « business plan » pour un A380 Neo avant la fin mars.Airbus peut difficilement faire la sourde oreille. Emirates n’est pas un client comme un autre. A elle seule, la compagnie du Golfe a rempli près de la moitié (44 %) du carnet de commandes d’A380. Au total, Emirates est le client de 140 des 317 appareils commandés au total auprès d’Airbus.Avant de prendre une décision, le constructeur de l’appareil s’emploie à calmer le jeu avec Emirates. « Il s’agit d’une discussion avec un client et pas d’un conflit », fait savoir la direction du groupe. Et d’ajouter : « notre client exprime un besoin et nous regardons ce qu’il est possible de faire. »Passer de 525 à 800 passagersEn pratique, Airbus ne veut pas se précipiter. A Toulouse, au siège de l’avionneur, l’heure n’est plus aux investissements d’importance mais à la rentabilité des programmes déjà lancés. Car la mise en œuvre d’un A380 Neo coûterait cher. Pour l’avionneur, la facture serait de 1,5 milliard à 2 milliards d’euros. Ce dernier a d’ailleurs fait savoir qu’un Neo coûterait 10 % du prix du programme initial.Airbus a aussi d’autant moins envie de remettre la main à la poche que le programme A380 arrive enfin à l’équilibre en 2015, plus de sept ans après son entrée en service.Avant de débourser une telle somme, le groupe réfléchit donc à toutes les possibilités d’amélioration des capacités de l’A380 actuel. Celle qui a sa préférence consisterait à optimiser la cabine à deux ponts de l’appareil. Cela permettrait de transporter plus de passagers et donc de faire gagner de l’argent aux compagnies.Une des solutions imaginées est de placer les classes Première et Affaires sur le pont supérieur, le pont inférieur étant alors réservé aux passagers de la classe économique. De la sorte, fait savoir Airbus, les compagnies pourraient disposer tout à la fois d’un plus grand nombre de sièges « économiques » et « business » dans l’avion.Agencé en trois classes, Première, Affaires et Economique, un A380 peut emporter aujourd’hui 525 passagers. Avec une cabine intégralement dédiée à la classe économique, l’avion pourrait transporter jusqu’à 800 passagers.Prendre une décision « avant 2017 »En outre, la production d’un A380 Neo ne relève pas de la seule décision d’Airbus. Pour faire voler l’avion, il lui faut des moteurs. Des deux motoristes qui équipent l’avion géant – Engine Alliance et Rolls Royce – seul le second serait prêt à se lancer dans l’aventure Neo.Toutefois, le motoriste britannique, comme Airbus, veut la garantie d’un certain carnet de commandes avant de s’engager. En clair, les deux sociétés voudraient que les futures compagnies clientes signent pour « 200 à 300 avions ».Le Neo offrirait aussi beaucoup d’avantages pour Airbus. Il lui permettrait de faire perdurer le programme A380, l’avion préféré des passagers, et de conserver « l’outil industriel ». Aujourd’hui, indique l’avionneur européen « nous n’avons plus que quatre ans et demi de production d’A380 devant nous ». Pour poursuivre, sans rupture, avec la production d’un A380 Neo, « Airbus doit prendre sa décision avant 2017 ». De telle sorte, le nouvel « avion pourrait entrer en service en 2020 ».Si Airbus choisit le Neo, les commerciaux de l’avionneur devraient rapidement débuter leur « Authorization to offer » (ATO). C’est une étape incontournable avant le démarrage de tout nouveau programme ; elle permet aux constructeurs de faire le tour des compagnies aériennes pour tester leur appétence pour un nouvel avion.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)  Que faut-il retenir du mini-sommet de la zone euro consacré à la Grèce, qui s’est tenu, jeudi 19 mars 2015 dans la soirée, en marge d’un conseil européen à Bruxelles ? Ce rendez-vous de près de trois heures a rassemblé un comité restreint : le président français, François Hollande, la chancelière allemande, Angela Merkel, le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, celui de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, celui de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le premier ministre grec, Alexis Tsipras.A-t-il été de nature à « faire bouger » des positions – celles du gouvernement grec, de ses créanciers, des pays de la zone euro – qui, depuis la réunion de l’Eurogroupe (dont les membres sont les ministres des finances des 19 pays de la zone euro) du 20 février, n’avaient pas vraiment évolué ?Quels sont les engagements pris au terme de cette réunion ?Les différents interlocuteurs de M. Tsipras lui ont répété qu’il devait respecter l’accord trouvé lors de la réunion de l’Eurogroupe du 20 février dernier. Et qu’il y avait urgence. « On a un accord dont il faut respecter les termes », ont seriné à l’unisson Mme Merkel et M. Hollande. Concrètement, Athènes doit chiffrer l’état des finances grecques, entrer en négociation sur une liste crédible de réformes et ne pas prendre de mesures qui coûtent de l’argent à l’État sans en discuter au préalable avec ses créanciers, contrairement à ce qui a pu se passer avec les « mesures humanitaires », adoptées mercredi 18 mars par le Parlement grec.Ces mesures doivent permettre de rétablir l’électricité pour les ménages ne pouvant plus payer leurs factures, d’attribuer une aide au logement à 30 000 foyers et d’accorder une aide alimentaire à 300 000 Grecs.La Grèce va répondre de façon « constructive » aux demandes de réformes de ses créanciers, qu'une équipe d'experts a été chargée de rédiger, a promis, vendredi amtin, le ministère grec des finances dans un communiqué.La tranche de prêts restant à débourser dans le cadre du deuxième plan d’aide au pays (environ 7,2 milliards d’euros) ne sera versée qu’une fois cet exercice achevé.« Trop de temps a été perdu », a relevé M. Hollande, à la fin du mini-sommet. Fin février, les Européens avaient convenu d’un premier rendez-vous avec Athènes à la fin du mois d’avril, afin de vérifier l’état d’avancement de l’accord du 20 février.Mais, sur le terrain, l’équipe de techniciens représentant les créanciers (BCE, Commission européenne, Fonds monétaire international) et chargée de négocier les réformes, n’a pas encore pu vraiment démarrer son travail.Le retour des « men in black » à AthènesPrésente à Athènes depuis le 12 mars, celle-ci ne pourrait pas travailler dans de bonnes conditions. Les équipes, isolées dans un hôtel de la capitale grecque, ne peuvent se déplacer dans les ministères, selon plusieurs sources européennes. Mario Draghi, le président de la BCE, a beaucoup insisté sur ces problèmes logistiques jeudi soir, selon une source proche des discussions.Que sait-on de l’état des finances grecques ?Jeudi soir, le premier ministre grec a assuré à ses collègues autour de la table que son pays serait à court de liquidités début avril. On a par ailleurs appris, selon des sources financières, que 300 millions d’euros avaient été retirés des comptes dans les banques grecques dans la seule journée de mercredi, accroissant la fragilité de ces dernières.Le Parlement grec crée une commission pour auditer la dettePour éviter un accident (panique des épargnants, contrôle des capitaux…), les dirigeants européens, qui redoutent un défaut de paiement partiel du pays dans les jours ou les semaines qui viennent, se sont engagés à « accélérer le calendrier ».L’Eurogroupe « se tient prêt à se réunir dès que possible », est-il indiqué dans les conclusions de la réunion. Si l’urgence financière se concrétise, cette instance pourra apprécier, en fonction des progrès accomplis côté grec, s’il y a lieu ou non d’accorder au pays un versement anticipé afin d’éviter le pire. Une situation qui pourrait se produire dès la fin de la semaine prochaine, si l’on en croit les propos alarmistes de M. Tsipras.M. Tsipras aura-t-il été réceptif au message européen ? Cela fait plus d’une semaine qu’un message de fermeté et d’urgence est adressé, en boucle, au gouvernement grec – à Berlin, Bruxelles et ailleurs en Europe. Ce mini-sommet n’a donc pas apporté de changement de tonalité.Il s’agissait toutefois d’un rendez-vous politique, de haut niveau. Qui plus est demandé par M. Tsipras lui-même.Ce mini-sommet lui permettra peut-être de mieux « vendre » la nécessité des réformes et un droit de regard des Européens à l’aile la plus radicale de son parti, Syriza. M. Tsipras a d’ailleurs obtenu, jeudi soir, une réassurance politique sur le fait que les réformes seront certes négociées avec les Européens, mais pas imposées par Bruxelles.Il s’agit d’un point essentiel pour Athènes, qui accuse l’ex- « Troïka » de ses créanciers (devenue « Groupe de Bruxelles ») d’avoir, depuis quatre ans, bafoué la souveraineté du pays et dicté des mesures d’austérité trop coûteuses socialement.Plus les Grecs sont pauvres, plus leurs revenus ont fondu avec la criseLe format resserré du mini-sommet a permis à des hauts dirigeants, en qui M. Tsipras a, a priori plus confiance, de dire des choses désagréables au premier ministre.Pour les Européens, ce « G7 » de la zone euro devait aussi permettre de faire baisser la pression qui était montée ces derniers jours, notamment entre l’Allemagne et la Grèce (demandes de réparations de guerre côté Athènes, le ministre grec des finances Yanis Varoufakis ridiculisé par les médias allemands). Au point que les scénarios de Grexit recommençaient à tourner et que la perspective d’un compromis s’estompait.L’Europe s’inquiète d’un « Grexit » par accidentLe rendez-vous du lundi 23 mars entre M. Tsipras et Mme Merkel, sur l’invitation de cette dernière, à Berlin, devrait permettre de poursuivre ce travail d’apaisement.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.03.2015 à 00h51 • Mis à jour le20.03.2015 à 11h06 L'Union européenne a trouvé, jeudi 19 mars, un accord de principe pour prolonger ses sanctions économiques contre la Russie jusqu'à la fin de l'année, en les « liant clairement » à la « mise en œuvre complète » des accords de paix de Minsk sur l'Ukraine.Lire (en éditions abonnés) : Les zones d’ombre de l’accord de MinskLes chefs d'Etat et de gouvernement des 28 « ont décidé que la durée des sanctions contre la Russie [...] devrait être clairement liée à la mise en œuvre complète des accords de Minsk, en gardant à l'esprit que cela n'est envisagé que d'ici au 31 décembre 2015 », indiquent les conclusions du sommet européen. « Les décisions nécessaires seront prises dans les prochains mois », ajoutent les dirigeants européens, en se disant « prêts à prendre de nouvelles mesures si nécessaire ».Sanctions qui arrivent à échéance cet étéLes sanctions économiques ont été adoptées le 31 juillet 2014, après la destruction en vol au-dessus de l'Ukraine orientale d'un Boeing de la Malaysia Airlines. Elles ont été alourdies le 8 septembre après que la Russie a été accusée d'avoir fait entrer des troupes et des armes lourdes sur le territoire ukrainien pour stopper l'avancée des troupes loyalistes.Ces mesures, qui ont durement frappé l'économie russe, arrivent à échéance un an après, soit cet été. Au sein de l'UE, les tenants de la ligne dure plaidaient pour une décision de les prolonger dès maintenant, afin de maintenir la pression sur le président russe, Vladimir Poutine. Mais une majorité d'États membres voulaient se donner plus de temps.« Notre intention commune est très claire, nous devons maintenir nos sanctions jusqu'à la mise en œuvre complète [des accords] de Minsk », a insisté le président du conseil, Donald Tusk, citant la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, François Hollande, qui avaient parrainé en février les accords de Minsk 2.Ces accords ont instauré un cessez-le-feu fragile sur le terrain. Le calendrier de mise en œuvre de plusieurs dispositions, notamment le contrôle de ses frontières par Kiev, s'étend jusqu'à la fin de cette année.Lire aussi notre reportage : L'an I de la Crimée Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) En plein conflit entre Athènes et ses partenaires européens, une fondation allemande apporte de l’eau au moulin des Grecs, sans les exonérer de leurs responsabilités. Jeudi 19 mars, la fondation Hans Böckler, proche de la confédération syndicale DGB, a présenté une étude portant sur l’évolution des revenus en Grèce, de 2008 à 2013.Pour ce faire, deux universitaires, Tassos Giannitsis (université d’Athènes) et Stavros Zografakis (université agricole d’Athènes), ont épluché les données de 260 000 foyers fiscaux représentatifs. Tassos Giannitsis est très connu en Grèce. Sans être membre du Pasok, cet intellectuel a été conseiller du premier ministre Konstantinos Simitis, de 2000 à 2004.Selon cette étude, les revenus des ménages grecs, qui étaient en moyenne de 23 100 euros avant impôts en 2008, sont tombés à 17 900 euros en 2012, soit une baisse de 23 %. Sur la période allant de 2009 à 2013, le recul des salaires et des revenus est de 19 %. En raison de la chute du salaire minimum et de l’affaiblissement des conventions collectives, les salariés des entreprises publiques ont même perdu 25 % de leurs revenus. Certes, les salaires avaient auparavant augmenté bien davantage que les gains de productivité mais les chercheurs estiment que la moitié environ de cette chute des revenus n’est pas justifiée par un éventuel nécessaire « rattrapage ». Ils soulignent aussi que les effets de ce recul du pouvoir d’achat sur l’économie réelle ont été plus importants que ce qu’avaient prévu les institutions internationales. « Comparée à 2009, la masse salariale de 2013 a été inférieure de 25 milliards d’euros et la demande intérieure a même chuté de 53 milliards d’euros. En revanche, les exportations n’ont progressé que de 3,8 milliards, une augmentation particulièrement faible au vu des réductions du coût de travail imposées », notent-ils.Surtout, plus les Grecs sont pauvres, plus ils ont vu leur revenu fondre. Les deux chercheurs ont en effet étudié l’évolution de chaque décile. Les 10 % des foyers les plus modestes (le 1er décile) ont vu leurs revenus avant impôt s’effondrer de 86 % entre 2008 et 2012. Pour les 2e et 3e déciles, la baisse a été respectivement de 51 % et de 31 %. Entre le 4e et le 7e décile, la baisse a été comprise entre 25 % et 18 %. Quant aux 30 % des foyers les plus riches, ils ont perdu entre 20 % et 17 %. En 2012, près d’un tiers des foyers disposaient d’un revenu annuel inférieur à 7000 euros.Les réformes fiscales n’ont rien arrangé. Les impôts directs ont, selon les chercheurs, progressé de 53 % depuis le début de la crise et les impôts indirects de 22 %. Mais, plutôt que de s’en prendre aux professions exonérées d’impôts ou à la fraude fiscale – phénomènes qui se chiffrent, selon M. Giannitsis entre 6 % et 8 % du PIB –, les gouvernements ont surtout davantage imposé les Grecs les plus modestes. Selon les deux chercheurs, les 50 % des Grecs les moins riches ont vu leur pression fiscale bondir de 337 %, alors que l’autre moitié a vu la sienne progresser de 9 % seulement.Si tous les Grecs ont souffert, tous n’ont donc pas été logés à la même enseigne. Les fonctionnaires n’ont perdu « que » 8 % de leurs revenus de 2009 à 2013. Soit parce que, dans les faits, les baisses de salaire n’ont pas pu être mises en œuvre, soit parce que la justice s’y est opposée. Du coup, les fonctionnaires, qui gagnaient déjà en moyenne 35 % de plus que les employés du secteur privé en 2009, touchaient 45 % de plus que ces derniers quatre ans plus tard. Et comme les gouvernements ont cherché à protéger les fonctionnaires, dont ils avaient considérablement augmenté le nombre avant la crise, l’effort a été massivement supporté par le secteur privéAutre phénomène peu connu : à côté du taux de chômage, qui a bondi de 7 % à 26 % entre 2008 et 2014, la Grèce a connu une explosion des préretraites. Dans le secteur privé, celles-ci ont progressé de 14 % et même 48 % dans l’administration. Une façon pour les gouvernements de répondre à l’une des exigences de la Troïka (Fonds monétaire international, banque centrale européenne, Commission européenne) à savoir réduire le nombre de fonctionnaires, tout en préservant la paix sociale. Résultat : les caisses de retraites sont aujourd’hui dans une situation extrêmement difficile.À Berlin, M. Giannitsis a jugé que la situation de la Grèce était autant due aux gouvernements grecs qu’à la « Troïka ». Si celle-ci n’a pas créé les problèmes de la Grèce, elle ne les a pas résolus, estime-t-il. Moins diplomate, Gustav Horn, directeur scientifique de la fondation Hans Böckler juge, lui, « inévitable » un troisième plan d’aide à la Grèce.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.03.2015 à 14h13 • Mis à jour le20.03.2015 à 12h16 Alors qu’Athènes est au bord du défaut de paiement, le gouvernement dirigé par Alexis Tsipras tempère son intransigeance. Stratégie destinée à inventer une autre politique ou impuissance à satisfaire ses partisans?- L’Europe doit aider Alexis Tsipras à se modérer, par Petros Stangos, professeur de droit européen à l’université Aristote de Thessaloniki (Grèce) et chercheur-résident à l’Institut d’études avancées de Nantes. L’épreuve du pouvoir devrait amener Syriza et l’ensemble de la gauche grecque à tempérer ses positions. L’Europe doit l’y aider en proposant un véritable compromis.- Grèce : sortir de l’impuissance nationale, par Mathieu Burnel, restaurateur et membre du groupe de Tarnac. En Grèce, le divorce entre les promesses et les actes du nouveau gouvernement est manifeste. Alexis Tsipras n’est qu’un apparatchik social-démocrate enferré dans le carcan national. Il est temps de renouer avec le combat internationaliste contre la mondialisation. Petros Stangos (Professeur de droit européen à l’université Aristote de Thessaloniki) Avec la victoire électorale de Syriza, le 25 janvier, et la formation, deux jours après, d’un gouvernement largement dominé par lui, c’en est fini de la gauche grecque, telle que nous la connaissions jusqu’à aujourd’hui.L’accession de Syriza à un pouvoir gouvernemental quasi monopolistique (délimité par le jeu de la démocratie parlementaire) marque la fin de la longue période de l’« alternance de régime », qui a débuté en Grèce, en 1974, avec la chute du régime dictatorial militaire, lui-même héritier du régime oppressif de la démocratie parlementaire « couronnée », stabilisé après la défaite de la gauche communiste à l’issue de la sanglante guerre civile des années 1946-1949. Il est légitime qu’on qualifie les « quarante glorieuses » de l’alternance de régime comme une période de surenchère à gauche.Au cours de celles-ci, les hommes politiques, voire les citoyens ordinaires, appartenant à la gauche ou au centre, si ce n’est à la droite, se sont tous sentis obligés d’adhérer à des approches « progressistes » ou « sensibles au social », même si de pareilles prises de position relevaient du non-sens, même si elles étaient, d’évidence, préjudiciables à l’intérêt général et collectif.Patchwork étrangeÊtre de gauche était devenu, en Grèce, toutes ces années, l’équivalent d’appartenir à un patchwork étrange. Ceux qui se disaient de gauche n’étaient ni communistes, ni socialistes, ni anarchistes. Ils partageaient une vision confuse du monde, combinant sensibilité, romantisme et utopie avec des solutions pratiques. Ils s’efforçaient de combiner la rectitude politique avec le radicalisme, ce qui créait une pagaille intellectuelle complète. Ils pouvaient tout à la fois affecter des comportements marginalisés et bénéficier de l’appui des entreprises les plus puissantes et des familles les plus riches du pays.Syriza, en prenant en mains les rênes du pays, est maintenant mis au défi de se pencher sur les problèmes profonds de la Grèce, non résolus tout au long de ces décennies, dont la gauche elle-même est en grande partie responsable. Non pas parce qu’elle a, pendant ce temps, gouverné, mais tout au contraire parce qu’elle n’exerçait aucun pouvoir politique central et se contentait de représenter une force politique d’opposition sans limites.L’exemple de ses prises de position vis-à-vis de l’accueil des investissements étrangers en Grèce est très révélateur. Lorsque Syriza était dans l’opposition, il avait fomenté des actes de vandalisme contre les installations de l’entreprise canadienne qui exploite les riches minerais d’or de la Chalcidique et de la Thrace.Quelques jours après la formation du nouveau gouvernement, le ministre compétent a annoncé que le retrait de la concession des minerais aux Canadiens, qui avaient pourtant procédé à des investissements colossaux, demeure une priorité absolue pour Syriza. Or, afin de relancer l’économie du pays par le biais d’investissements étrangers, Syriza a joué la carte de la position géopolitique privilégiée de la Grèce et négocier avec les Russes et les Chinois, qui s’intéressent vivement d’avoir accès au marché européen avec comme tremplin le territoire grec, des concessions des ports, des aéroports d’Athènes et de Héraklion de Crète, de certaines autoroutes et des lignes centrales du réseau ferré.Vie en utopie impossibleSyriza deviendra-t-il un disciple des investissements étrangers en Grèce ? Les Canadiens sauvegarderont-ils les concessions de Chalcidique ou seront-ils traités de « mauvais capitalistes » en opposition aux « bons capitalistes » que seront les Chinois et les Russes ?Syriza aura désormais en face de lui d’autres formations de la gauche anticapitaliste, qui ne font pas partie de l’alliance rassemblée par Syriza. Celles-là n’aspirent pas à gouverner, sachant qu’une participation à l’exercice du pouvoir politique sonnerait la fin de l’utopie de gauche dont elles se réclament, leur interdirait de s’opposer à toute décision gouvernementale, de critiquer tout, sans aucun frais.C’est le tour de ces groupes et partis politiques de gauche de se faire taper sur les doigts. Et progressivement, Syriza et ses électeurs, ainsi que plusieurs milliers de citoyens hellènes, finiront par prendre conscience que ce dont ils ont rêvé pendant des décennies, mener une vie en utopie, est impossible, et qu’il faut prendre des engagements responsables, c’est-à-dire réalisables.L’immunité dont a bénéficié la gauche en Grèce n’a perduré aussi longtemps que parce qu’elle n’a jamais gouverné le pays. En le gouvernant, elle cessera d’être la gauche confuse qu’elle a été pendant plus d’un demi-siècle. Elle surmontera ses « maladies infantiles » (c’est le langage dont elle se sert pour dénoncer ses propres approches utopiques), et la Grèce tout entière sera affranchie de l’illusion de l’utopie.Vivre en communCette perspective n’est cependant réalisable que si l’Europe cesse de considérer qu’il n’y a chez elle que des règles juridiques qu’il faut à tout prix respecter, et que les aspirations d’un peuple, telles que celles des Hellènes exprimées par Syriza, ne valent rien. Si l’Europe ne se décampe pas de cette orthodoxie politico-juridique, elle impliquera que chaque pays membre dont la situation économique et financière est mise sous la surveillance de l’Union doit suspendre tout recours au verdict populaire aussi longtemps que la surveillance de l’Union perdure.Il est impératif que l’Europe façonne un compromis réaliste avec Syriza. Celui qui a été élaboré par l’Eurogroupe, le 20 février, ne possède pas cette qualité. Il est si vague et équivoque, que les Allemands le lisent comme s’il ordonnait la capitulation de Syriza aux obligations issues du programme, tandis que Syriza le lit comme s’il ouvrait la voie pour la renégociation globale des rapports de la Grèce, en tant que pays débiteur, avec cette Europe des créanciers mal-aimée.Si l’Europe refuse d’entrer dans un compromis viable, Syriza risque fort de tirer de cette promesse non tenue la matière d’une nouvelle utopie, qui piégera toute la société grecque dans un processus de régression continue.Par contre, d’une gouvernance exercée par un Syriza conforté par l’Europe, peut en revanche émerger, chez les Hellènes, une nouvelle perception largement acceptée, réaliste et moderne, de la vie qu’ils aspirent à vivre, et cette nouvelle perception se traduire par des actes de vivre en commun. Ceci s’accompagnant d’une érosion des partis politiques prétendant traditionnellement au pouvoir, ceux-là même qui avaient enfoncé la société dans l’immobilisme et la dépression. Et favorisant l’avènement au pouvoir d’une nouvelle génération de responsables, dotée de représentations nouvelles, et de comportements propres à l’édification de l’avenir.Petros Stangos est chercheur-résident à l’Institut d’études avancées de Nantes (2014-2015).Petros Stangos (Professeur de droit européen à l’université Aristote de Thessaloniki) Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Sur les images, diffusées par la chaîne de télévision espagnole La Sexta, apparaît un employé de la Banque privée d’Andorre (BPA) soucieux de trouver la meilleure façon de blanchir les fonds d’un client chinois, qui lui annonce des transferts de 100 millions d’euros par semaine. Il lui explique que la Suisse n’est plus aussi sûre qu’elle l’était mais que BPA peut faire circuler son argent afin d’éviter des tracas avec la justice…Depuis le 10 mars et l’annonce du FinCEN – l’organisme du Trésor américain chargé de lutter contre la délinquance financière – que BPA et Banco de Madrid, sa filiale espagnole à 100 %, ont servi au blanchiment de « plusieurs centaines de millions de dollars » provenant « du crime organisé international, de la corruption et du trafic d’êtres humains », rien ne va plus.Après la décision prise par l’Espagne et Andorre de prendre le contrôle des deux établissements, les clients ont commencé à retirer massivement leurs fonds. A tel point que le 16 mars, BPA a dû limiter les retraits à 2 500 euros par compte et par semaine, le Fonds public de restructuration bancaire espagnol (FROB) suspendant, pour sa part, les opérations de Banco de Madrid. Finalement, mercredi 18 mars dans la soirée, le FROB a annoncé sa décision de liquider l’établissement spécialisé dans la gestion de fortunes, avec quelque 15 000 clients privés et institutionnels en Espagne, et un total de 6 milliards d’euros d’actifs.Le Fonds de garantie des dépôts des établissements de crédit pourra restituer un maximum de 100 000 euros par client.Machines à blanchir des capitauxMais l’affaire ne devrait pas s’arrêter là. BPA et Banco de Madrid semblent avoir été de véritables machines à blanchir des capitaux, en échange de fortes commissions, aussi bien pour le crime organisé que pour des chefs d’entreprises ou des hommes politiques.Dans l’attente d’une liste exhaustive, on y trouve déjà des chefs présumés de la mafia russe, comme Andrei Petrov, et chinoise, comme Gao Ping, mais aussi la famille de l’ancien président de la région catalane, Jordi Pujol.Selon le quotidien espagnol El Mundo, le Service de prévention du blanchiment des capitaux (Sepblac) qui dépend du ministère de l’économie, enquête sur les mouvements de fonds de quatre anciens ministres et hauts fonctionnaires ayant servi sous le gouvernement de l’ancien chef d’Etat du Venezuela, Hugo Chavez.Déjà, le rapport du FinCEN avait pointé « des transferts d’une valeur de 4,2 milliards de dollars [3,9 milliards d’euros] en relation avec le blanchiment de capital vénézuélien », dont une partie liée à la compagnie pétrolière nationale PDVSA.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Anne-Aël Durand et Madjid Zerrouky Comme chaque accident d'avion, le crash de l'Airbus A320 de Germanwings, survenu mardi 24 mars dans les Alpes-de-Haute-Provence, relance les craintes sur la sécurité aérienne. La mort simultanée de 150 personnes a causé une vive émotion, particulièrement en Allemagne et en Espagne, pays d'origine de la plupart des victimes, accompagnée d'interrogations sur les causes du drame.Lire : Nationalités des victimes, boîtes noires... ce que l'on sait du crash de l'A320Dix fois plus de trafic, deux fois moins de mortsPourtant, malgré des accidents et des disparitions d'avions qui ont marqué les esprits durant l'année 2014, la sécurité aérienne a fait de grands progrès ces dernières années. Depuis 1970, les trajets en avion se sont démocratisés, notamment avec l'essor du low cost : le trafic aérien mondial a été multiplié par dix, passant de 300 millions à plus de 3 milliards de passagers transportés par an.Sur la même période, le nombre de morts dans des accidents aériens a tendance à baisser. Alors qu'en 1970, 2 250 personnes ont été tuées en avion dans le monde, on ne comptait que 1 328 victimes en 2014, et seulement 453 en 2013, année la plus sûre, selon le bureau d'archives des accidents d'avion.La probabilité pour chaque passager de mourir au cours d'un trajet en avion est donc passée d'un sur 138 000 en 1970 à un sur 2 349 000 en 2014. #container_1427281541078{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1427281541078{ height:500px; } #container_1427281541078 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1427281541078 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1427281541078 .subtitre{ display:block; }Toujours plus de passagers transportés mais moins de mortsComparaison entre le trafic aérien mondial (en millions de passagers) et le nombre de morts dans des accidents d'avion depuis 1970(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1427281541078", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:true, type: "line", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://data.worldbank.org/indicator/IS.AIR.PSGR/countries/1W?page=6&display=default", "_blank" ); } } } }, colors:["#fa736e","#1805ed","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"Banque mondiale", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"Morts" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:4000, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"Passagers (en millions)" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"datetime", categories:null, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value:%Y}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "%Y" }, legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Morts", "type": "column", "data": [ [ 0, 2250 ], [ 31536000000, 2216 ], [ 63072000000, 3311 ], [ 94694400000, 2815 ], [ 126230400000, 2621 ], [ 157766400000, 1861 ], [ 189302400000, 2414 ], [ 220924800000, 2450 ], [ 252460800000, 2042 ], [ 283996800000, 2511 ], [ 315532800000, 2203 ], [ 347155200000, 1506 ], [ 378691200000, 1957 ], [ 410227200000, 1921 ], [ 441763200000, 1281 ], [ 473385600000, 2969 ], [ 504921600000, 1764 ], [ 536457600000, 2058 ], [ 567993600000, 2307 ], [ 599616000000, 2504 ], [ 631152000000, 1631 ], [ 662688000000, 1964 ], [ 694224000000, 2291 ], [ 725846400000, 1760 ], [ 757382400000, 2018 ], [ 788918400000, 1829 ], [ 820454400000, 2778 ], [ 852076800000, 1769 ], [ 883612800000, 1721 ], [ 915148800000, 1150 ], [ 946684800000, 1586 ], [ 978307200000, 1539 ], [ 1009843200000, 1418 ], [ 1041379200000, 1233 ], [ 1072915200000, 767 ], [ 1104537600000, 1463 ], [ 1136073600000, 1298 ], [ 1167609600000, 981 ], [ 1199145600000, 886 ], [ 1230768000000, 1108 ], [ 1262304000000, 1130 ], [ 1293840000000, 828 ], [ 1325376000000, 800 ], [ 1356998400000, 453 ], [ 1388534400000, 1328 ] ], "color": "#fa736e" }, { "name": "Passagers transportés, en millions", "type": "line", "yAxis": "droit", "data": [ [ 0, 310.4 ], [ 31536000000, 331.6 ], [ 63072000000, 370 ], [ 94694400000, 401.6 ], [ 126230400000, 421.1 ], [ 157766400000, 432.3 ], [ 189302400000, 471.8 ], [ 220924800000, 513.3 ], [ 252460800000, 576.1 ], [ 283996800000, 648.4 ], [ 315532800000, 641.9 ], [ 347155200000, 640.6 ], [ 378691200000, 654.5 ], [ 410227200000, 685.1 ], [ 441763200000, 732.4 ], [ 473385600000, 783.2 ], [ 504921600000, 842.6 ], [ 536457600000, 904.8 ], [ 567993600000, 953.9 ], [ 599616000000, 983.2 ], [ 631152000000, 1025 ], [ 662688000000, 1133.2 ], [ 694224000000, 1145.4 ], [ 725846400000, 1142.3 ], [ 757382400000, 1233.2 ], [ 788918400000, 1302.9 ], [ 820454400000, 1391 ], [ 852076800000, 1455.1 ], [ 883612800000, 1467 ], [ 915148800000, 1562.3 ], [ 946684800000, 1674.1 ], [ 978307200000, 1655.2 ], [ 1009843200000, 1627.4 ], [ 1041379200000, 1665.3 ], [ 1072915200000, 1888.7 ], [ 1104537600000, 1970.1 ], [ 1136073600000, 2073 ], [ 1167609600000, 2209.1 ], [ 1199145600000, 2208.2 ], [ 1230768000000, 2249.5 ], [ 1262304000000, 2628.2 ], [ 1293840000000, 2786.9 ], [ 1325376000000, 2894 ], [ 1356998400000, 3023.3 ], [ 1388534400000, 3120 ] ], "color": "#1805ed" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Plus sûr que le rail ou la routeLe nombre de morts par accident d'avion est sans commune mesure avec le nombre de tués sur les routes, qui est estimé à 1,24 million de personnes par an, selon l'Organisation mondiale de la santé. Une étude réalisée en Europe, qui compare le nombre de morts par kilomètre parcouru, montre que l'avion est le moyen de transport le plus sûr, suivi de près par le train. Parmi les véhicules de transport routier, les deux-roues sont de loin les plus dangereux.L'erreur humaine, la plus meurtrièreHormis l'année 2014, la plus meurtrière en dix ans, le nombre des victimes est en baisse depuis le début des années 1970 (3 311 morts en 1972), quelles que soient les raisons. #container_1427283659087{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1427283659087{ height:500px; } #container_1427283659087 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1427283659087 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1427283659087 .subtitre{ display:block; }Principales origines des accidents aériens mortels depuis 1970Nombre de victimes et causes(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1427283659087", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "areaspline", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'default' } this.credits.element.onclick = function(){} } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"datetime", categories:null, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value:%Y}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "%Y" }, legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Erreurs humaines", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 0, 1313 ], [ 31536000000, 1010 ], [ 63072000000, 1414 ], [ 94694400000, 1016 ], [ 126230400000, 1022 ], [ 157766400000, 951 ], [ 189302400000, 1165 ], [ 220924800000, 1634 ], [ 252460800000, 667 ], [ 283996800000, 1437 ], [ 315532800000, 619 ], [ 347155200000, 794 ], [ 378691200000, 785 ], [ 410227200000, 1162 ], [ 441763200000, 620 ], [ 473385600000, 1501 ], [ 504921600000, 724 ], [ 536457600000, 646 ], [ 567993600000, 961 ], [ 599616000000, 1531 ], [ 631152000000, 551 ], [ 662688000000, 609 ], [ 694224000000, 1426 ], [ 725846400000, 992 ], [ 757382400000, 1104 ], [ 788918400000, 784 ], [ 820454400000, 1170 ], [ 852076800000, 1167 ], [ 883612800000, 928 ], [ 915148800000, 734 ], [ 946684800000, 890 ], [ 978307200000, 814 ], [ 1009843200000, 894 ], [ 1041379200000, 542 ], [ 1072915200000, 412 ], [ 1104537600000, 892 ], [ 1136073600000, 694 ], [ 1167609600000, 735 ], [ 1199145600000, 426 ], [ 1230768000000, 698 ], [ 1262304000000, 842 ], [ 1293840000000, 513 ], [ 1325376000000, 297 ], [ 1356998400000, 232 ], [ 1388534400000, 95 ] ], "color": "#0386c3" }, { "name": "Problèmes techniques", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 0, 282 ], [ 31536000000, 522 ], [ 63072000000, 262 ], [ 94694400000, 599 ], [ 126230400000, 508 ], [ 157766400000, 312 ], [ 189302400000, 628 ], [ 220924800000, 248 ], [ 252460800000, 826 ], [ 283996800000, 673 ], [ 315532800000, 682 ], [ 347155200000, 238 ], [ 378691200000, 273 ], [ 410227200000, 232 ], [ 441763200000, 204 ], [ 473385600000, 587 ], [ 504921600000, 452 ], [ 536457600000, 579 ], [ 567993600000, 251 ], [ 599616000000, 342 ], [ 631152000000, 455 ], [ 662688000000, 791 ], [ 694224000000, 410 ], [ 725846400000, 173 ], [ 757382400000, 498 ], [ 788918400000, 434 ], [ 820454400000, 979 ], [ 852076800000, 445 ], [ 883612800000, 427 ], [ 915148800000, 114 ], [ 946684800000, 340 ], [ 978307200000, 132 ], [ 1009843200000, 316 ], [ 1041379200000, 336 ], [ 1072915200000, 188 ], [ 1104537600000, 322 ], [ 1136073600000, 224 ], [ 1167609600000, 137 ], [ 1199145600000, 226 ], [ 1230768000000, 226 ], [ 1262304000000, 71 ], [ 1293840000000, 122 ], [ 1325376000000, 210 ], [ 1356998400000, 10 ], [ 1388534400000, 49 ] ], "color": "#FFc832" }, { "name": "Terrorisme, détournements et conflits", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 0, 68 ], [ 31536000000, 65 ], [ 63072000000, 264 ], [ 94694400000, 294 ], [ 126230400000, 216 ], [ 157766400000, 42 ], [ 189302400000, 173 ], [ 220924800000, 148 ], [ 252460800000, 60 ], [ 283996800000, 66 ], [ 315532800000, 119 ], [ 347155200000, 19 ], [ 378691200000, 100 ], [ 410227200000, 266 ], [ 441763200000, 150 ], [ 473385600000, 536 ], [ 504921600000, 247 ], [ 536457600000, 382 ], [ 567993600000, 777 ], [ 599616000000, 381 ], [ 631152000000, 329 ], [ 662688000000, 104 ], [ 694224000000, 26 ], [ 725846400000, 137 ], [ 757382400000, 136 ], [ 788918400000, 173 ], [ 820454400000, 147 ], [ 852076800000, 17 ], [ 883612800000, 148 ], [ 915148800000, 28 ], [ 946684800000, 89 ], [ 978307200000, 366 ], [ 1009843200000, 112 ], [ 1041379200000, null ], [ 1072915200000, 90 ], [ 1104537600000, 10 ], [ 1136073600000, null ], [ 1167609600000, 15 ], [ 1199145600000, null ], [ 1230768000000, null ], [ 1262304000000, 1 ], [ 1293840000000, null ], [ 1325376000000, null ], [ 1356998400000, null ], [ 1388534400000, 354 ] ], "color": "#ff3232" }, { "name": "Météo", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 0, 234 ], [ 31536000000, 176 ], [ 63072000000, 62 ], [ 94694400000, 166 ], [ 126230400000, 167 ], [ 157766400000, 225 ], [ 189302400000, 101 ], [ 220924800000, 148 ], [ 252460800000, 129 ], [ 283996800000, 99 ], [ 315532800000, 247 ], [ 347155200000, 169 ], [ 378691200000, 350 ], [ 410227200000, 72 ], [ 441763200000, 91 ], [ 473385600000, 205 ], [ 504921600000, 105 ], [ 536457600000, 200 ], [ 567993600000, 109 ], [ 599616000000, 52 ], [ 631152000000, 135 ], [ 662688000000, 306 ], [ 694224000000, 254 ], [ 725846400000, 211 ], [ 757382400000, 151 ], [ 788918400000, 98 ], [ 820454400000, 82 ], [ 852076800000, 53 ], [ 883612800000, 96 ], [ 915148800000, 83 ], [ 946684800000, 112 ], [ 978307200000, 110 ], [ 1009843200000, 76 ], [ 1041379200000, 279 ], [ 1072915200000, 23 ], [ 1104537600000, 8 ], [ 1136073600000, 213 ], [ 1167609600000, null ], [ 1199145600000, 7 ], [ 1230768000000, 12 ], [ 1262304000000, 68 ], [ 1293840000000, 59 ], [ 1325376000000, 29 ], [ 1356998400000, null ], [ 1388534400000, 163 ] ], "color": "#F19300" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);L'origine humaine reste le premier facteur d'accident. Depuis 1970, 40 000 personnes ont péri dans des crashs causés par des erreurs de pilotage ou par des défaillances dues aux équipes de maintenance au sol. L'année où les défaillances humaines ont causé le plus de morts est 1985 : le 12 août, le vol Japan Airlines JA8119 s'est écrasé sur une montagne japonaise après une erreur de maintenance, faisant 520 morts.Mais même ce facteur est en baisse constante depuis quarante-cinq ans, tout comme celui du nombre de victimes liées à des vices de fabrication des appareils. Les avions sont de plus en plus fiables.L'exception ukrainienneLe nombre de victimes de catastrophes provoquées par des actes terroristes, des détournements de vol et des actions armées, proche de zéro depuis les attentats du 11 septembre 2001, a brusquement bondi en 2014 : 354 personnes (civils ou militaires à bord d'avions de transport) ont perdu la vie au-dessus d'une seule région – l'est de l'Ukraine – et pour une même raison, des tirs venus du sol en lien avec le conflit qui oppose forces ukrainiennes et séparatistes prorusses. C'est ce qui s'est produit pour le vol MH17 de la Malaysia Airlines, abattu par un missile sol-air le 17 juillet 2014 avec 298 personnes à son bord.Anne-Aël DurandJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteMadjid ZerroukyJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Bruxelles dévoile ses ambitions en matière de numérique. Mercredi 25 mars, le vice-président de la commission européenne en charge du numérique, Andrus Ansip, a présenté les grandes orientations de l’institution communautaire en la matière.Le numérique fait partie des priorités du président Jean-Claude Juncker, entré en fonction en novembre dernier. Parmi les principaux chantiers : une réforme du copyright, la question de la régulation des plates-formes ou la lutte contre le « géoblocking ». Le but étant de créer un vrai marché intérieur du numérique alors qu’aujourd’hui, il est morcelé entre autant d’États membres.« Les gens doivent pouvoir être capables, en ligne, de traverser les frontières aussi facilement qu’ils le font dans la vie réelle. Les sociétés du numérique doivent être aidées afin que leur marché soit aux dimensions de l’Union et non limité à son marché national » a déclaré M. Ansip, mercredi. Le commissaire est originaire d’Estonie, un des pays considérés comme les plus connectés au monde.Territorialité des droitsConcernant la réforme du copyright, l’idée est de permettre qu’un bien culturel en ligne (film, vidéo, etc.) puisse être consommé (acheté au besoin), quel que soit le pays de localisation de l’internaute. Actuellement, les abonnements à de la vidéo à la demande ne sont le plus souvent pas « exportables » : même s’il paie son abonnement, un client ne peut consommer que s’il se trouve dans le pays où il a acheté son service. En cause, le modèle économique du cinéma et d’une partie de l’audiovisuel : la territorialité des droits. Les droits de diffusion d’un film sont achetés pays par pays.Pour remédier à cette situation, certains, à la Commission, plaidaient, ces dernières semaines, pour une remise à plat complète de ces droits. Au Parlement européen, l’unique députée du Parti pirate, Julia Reda, a publié un rapport remarqué, en février, prônant la création de licences universelles.Mais Les associations d’ayants-droits, notamment en France, sont montées au créneau avec constance, ces dernières semaines, pour dénoncer des changements qui mettraient à mal de manière irrémédiable, le modèle économique notamment du cinéma.Il semble qu’ils aient été en partie entendus : attachée à prendre en compte la rémunération des auteurs et des éditeurs, la commission ne prévoit pas de légiférer avant l’automne prochain (et non avant l’été comme prévu initialement).Consultation publiqueBruxelles veut aussi s’attaquer au « géoblocking », le fait que certains services ou produits en ligne puissent être achetés depuis certains pays et pas d’autres. Ou que le prix des biens, sur un même site, diffère considérablement selon le pays de l’acheteur. Ainsi des locations de voiture, en Belgique, par exemple, dont le prix peut varier du simple au double, selon la localisation du loueur au moment où il effectue sa transaction. C’est un sujet plutôt consensuel mais qui nécessite pas mal d’ingénierie réglementaire.Autre gros projet, plus polémique, lui, la « régulation des plates-formes ». C’est-à-dire, même si ce n’est pas évoqué frontalement par la commission, la régulation des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), ces quatre géants du web américain dont les chiffres d’affaires cumulés sont supérieurs au PIB du Danemark…La question est, entre autres, de savoir s’il faut considérer ces géants de l’internet uniquement au travers du prisme de la concurrence (comment mieux les réguler pour faire en sorte de corriger ce que d’aucuns pointent comme des distorsions, voire des abus). Ou alors estimer que ces groupes, devenus presque aussi puissants que des États, doivent désormais être considérés comme des sociétés faisant peser un risque systémique aux économies (comme les banques).La commission devrait lancer une consultation publique sur le sujet dans les semaines qui viennent. Dans l’institution, les avis sont partagés : il y a les tenants du laissez faire (Irlande, Danemark, Pays-Bas, Royaume-Uni) et les autres – France, Allemagne, Italie, Espagne, attachés à une meilleure répartition des profits entre les géants du net et les autres acteurs du numérique), et qui ne voudraient pas que le débat soit enterré.La décision finale – réguler ou pas les plates-formes dépendra aussi des conclusions de l’enquête que la commission mène depuis maintenant cinq ans sur Google pour abus de position dominante. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.03.2015 à 13h14 • Mis à jour le25.03.2015 à 18h03 | Guy Dutheil   Après les sondes Pitot, qui avaient été mises en cause dans l’accident de l’Airbus A330 du vol Air France Rio-Paris, le 31 mai 2009, au-dessus de l’Atlantique, des Airbus auraient à nouveau été victimes de phénomènes de givrage de sondes à la fin de l’année 2014. Cette fois, ce sont les sondes d’incidence, celles qui mesurent l’écoulement des filets d’air sur les ailes qui sont en cause, et non plus les sondes Pitot, qui enregistrent la vitesse de l’avion.A la fin 2014, selon nos informations, Airbus a émis les bulletins d’alerte opérationnelle (OEB) 48 et 49 après deux problèmes de givrages des sondes d’incidence, qui ont affecté un A321 de la Lufthansa et un autre Airbus d’une compagnie asiatique. Des alertes destinées aux personnels de maintenance. L’avionneur européen a aussi envoyé, simultanément, un « flight operation transmission », un bulletin d’alerte destiné cette fois aux personnels navigants. Airbus tient à rappeler que c’est la première fois qu’un tel incident survenait alors que l’A320 est entré en service en 1988, il y a plus de vingt-cinq ans.Le 5 novembre, un Airbus A321 de la Lufthansa qui effectuait la liaison entre Bilbao (Espagne) et Munich s’est mis brutalement en piqué alors qu’il venait tout juste d’atteindre son altitude de croisière quelques minutes après son décollage. En pratique, les sondes ont givré lors de la montée de l’appareil et sont restées bloquées lorsque l’avion a atteint son altitude de croisière. Ce givrage des sondes a trompé les automatismes de l’Airbus qui se sont immédiatement déclenchés pour faire piquer l’avion et lui éviter de décrocher.Débrancher les procédures automatiquesLes procédures automatiques de l’Airbus, trompées par les informations erronées qui leur parvenaient des sondes, croyaient que l’avion était toujours en phase de montée. Les pilotes de la Lufthansa ont eu toutes les peines du monde à récupérer les commandes de l’appareil. Il leur a fallu débrancher les procédures automatiques pour continuer leur route en pilotage manuel.Selon Airbus, les OEB émis après les deux incidents sont des « retours d’information ». « A chaque fois qu’il y a un problème, nous partageons l’information avec toutes les compagnies aériennes qui ont des Airbus dans leur flotte », fait savoir l’avionneur européen. Selon lui, plusieurs dizaines d’OEB sont émis par Airbus chaque année.Toutefois, si un givrage des sondes pouvait expliquer, en partie, la descente soudaine et assez rapide de l’Airbus de la Germanwings (environ 3 000 pieds par minute, soit 1 000 mètres), cela ne dit rien sur le silence radio de plus de huit minutes qui a été observé par l’avion jusqu’à son crash dans les Alpes-de-Haute-Provence.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 25.03.2015 à 09h43 • Mis à jour le25.03.2015 à 16h59 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Des responsables de la zone euro ont jugé que la Grèce ne pouvait pas légalement prétendre à la restitution de 1,2 milliard d’euros que réclame son gouvernement au Fonds européen de stabilité financière (FESF). La décision a été prise après discussion, mercredi 25 mars, entre des responsables du groupe de travail de l’Eurogroupe, qui prépare les réunions des ministres de Finances de la zone euro.Besoin urgentCela signifie qu’Athènes ne peut pas compter dans l’immédiat sur ces liquidités, dont elle a pourtant un besoin urgent. Suite à l’accord de l’Eurogroupe du 20 février sur l’extension de quatre mois du plan d’aide internationale à la Grèce (en tout 240 milliards d’euros dont il ne reste que 7 milliards de prêts à verser), la Grèce a, comme convenu, rendu au FESF 10,9 milliards d’euros d’obligations émises par le Fonds entre 2012 et 2014. Ces obligations n’avaient pas été utilisées : elles étaient destinées à recapitaliser les banques grecques qui n’en ont finalement pas eu besoin. Mais ces derniers jours, le gouvernement de la gauche radicale grecque, qui cherche désespérément de l’argent, a estimé qu’il avait rendu plus que nécessaire au FESF.La somme de 1,2 milliard, si Athènes avait réussi à la récupérer, aurait été un ballon d’oxygène bienvenu qui aurait rendu moins urgente la conclusion d’un accord en Eurogroupe. Elle aurait en effet pu permettre au gouvernement Tsipras, qui cherche désespérément des fonds, de « passer » le mois d’avril en évitant un défaut de paiement, aux conséquences politiques et économiques désastreuses.Lire aussi :Athènes reconnaît « un problème de liquidité » avant un sommet de crise européenAthènes pourrait se trouver à court d’argent dès le mois d’avril. Certains parlent du 8, d’autres du 20, personne ne sait vraiment à ce stade, selon plusieurs sources européennes haut placées. Le pays doit encore assurer un remboursement de 420 millions d’euros au FMI le 8 avril. Il faut aussi trouver, plus immédiatement, 1,5 milliard d’euros pour payer les salaires des fonctionnaires fin mars…La BCE fait pressionCependant, selon une information reprise par l’agence Reuters, mardi 24 mars, la Banque centrale européenne (BCE) a demandé aux banques grecques de ne pas augmenter leur exposition à la dette souveraine du pays, y compris en bons du Trésor. La BCE accroît ainsi la pression sur le gouvernement grec pour qu’il conclue un accord définitif avec ses principaux créanciers (Commission européenne – au travers du FESF, BCE, FMI).Selon une source proche du dossier : cet avertissement est en ligne avec les décisions déjà prises concernant la Grece en matière de politique monétaire. La BCE et la Banque de Grèce ont déjà fait savoir que les banques grecques ne devaient pas augmenter davantage leur exposition à la dette d’Etat grecque pour des raisons prudentielles.Après une période de très fortes tensions, mi-mars, les discussions ont repris à Athènes entre les représentants des créanciers du pays et les experts du gouvernement Tsipras. Ce dernier doit soumettre une liste de réformes « crédibles », « faisables », dans les jours qui viennent. Au plus tard lundi 30 mars a fait savoir Athènes, mardi. Tant que cette liste n’aura pas été validée en Eurogroupe, la Grèce ne pourra pas bénéficier des 7,2 milliards d’euros de prêts à verser encore dans le cadre du deuxième plan d’aide, qui se termine fin juin.Lire aussi :La grande inconnue de l’état réel des finances grecquesCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.03.2015 à 09h25 • Mis à jour le25.03.2015 à 10h53 Les ministres se sont succédé aux micros des journalistes pour livrer les dernières informations sur l'accident de l'A320. Une « pause » dans la campagne a été annoncée par Jean-Christophe Cambadélis.Bernard Cazeneuve fait le point sur le crash Le ministre de l'intérieur s'est exprimé dans la matinale de RTL, mercredi 25 mars, et est longuement revenu sur les circonstances du crash du vol Germanwings survenu mardi dans les Alpes-de-Haute-Provence :« Il y avait des mesures à prendre, d'abord sécuriser la zone du crash ; ce qui est indispensable pour éviter que d'autres personnes que les enquêteurs accèdent aux lieux du drame. Ensuite, il faut que l'enquête commence dès aujourd'hui, il faut des compétences de médecine légale, dix médecins vont arriver aujourd'hui. Enfin il y a l'accueil des familles, c'est notre rôle que l'accueil des familles soit fait dans les meilleures conditions. »« La majorité des passagers sont espagnols, allemands, mais il y a aussi d'autres nationalités, a-t-il fait savoir. Je ne veux pas donner d'information plus précise, le Quai d'Orsay fait son travail. » « L'hypothèse terroriste n'est pas privilégiée, a-t-il expliqué. L'avion n'a vraisemblablement pas explosé. »  La boîte noire retrouvée sur les lieux de l'accident (enregistreur phonique), est, a-t-il confirmé, « exploitable » et a été envoyée « dès mardi soir » au Bureau d'enquête et analyse.Il a rapidement rappelé le scénario des événements : « Cet avion perd sa trajectoire, le contrôle aérien essaie de prendre contact, constate que la trajectoire est déviée et que l'avion chute. A ce moment-là, on déclenche immédiatement le dispositif Sater [sauvetage auto-terrestre]. » Et de saluer « la rapidité avec laquelle les forces locales se sont mobilisées ». Lire : « Tout est pulvérisé, on ne peut même pas distinguer un avion »Ségolène Royal précise le scénario du crash de l'Airbus A320La minsitre de tutelle des transports, interviewée sur RMC mercredi matin, a affirmé que « toutes les hypothèses [étaient] envisageables », pour expliquer l'accident de l'A320, mais que la piste terroriste n'était « pas la piste privilégiée aujourd'hui ». Elle a également confirmé que « la boîte noire retrouvée sur les lieux du drame était bien “l'enregistreur phonique”, ce n'est pas encore la boîte noire des paramètres techniques ». « On saura dans la journée quel est le degré possible d'exploitation de cette boîte noire », a-t-elle précisé.Ségolène Royal a souligné avoir reçu un premier « rapport » des « contrôleurs aériens du centre d'Aix-en-Provence » présentant une chronologie « assez précise » de l'accident.« A 10 h 30, l'avion est pris en charge par le centre de navigation aérienne d'Aix-en-Provence. Il est à ce moment-là à 11 400 mètres d'altitude au-dessus de Bandol [Var]. Lors de ce dernier contact radio, le contrôle aérien avait indiqué au pilote de maintenir le niveau de vol à 11 400 mètres et de le recontacter ultérieurement. Et à ce moment-là, le pilote a confirmé. (…) Et une minute après, l'avion commence à descendre sans autorisation, donc il est rappelé par le contrôleur aérien, et à ce moment-là, il n'y a pas de réponse. (…) L'avion continue à descendre, le contrôle aérien donne l'alerte, à 10 h 35. A 10 h 40, l'avion n'est plus qu'à 2 000 mètres d'altitude et, à ce moment-là, il disparaît des radars. »Jean-Christophe Cambadélis optimiste et confiant à la veille du second tour des départementalesLe secrétaire général du Parti socialiste (PS), invité de la matinale de Radio Classique-LCI, a fait savoir qu'il avait « décidé de suspendre la campagne l'espace d'un après-midi, je ne me voyais pas polémiquer avec Nicolas Sarkozy » au lendemain de l'accident aérien qui a coûté la vie à 150 personnes.Il s'est néanmoins montré combatif face à ses adversaires en vue du second tour des élections départementales : « Je pense que Sarkozy est à la rue ; le matin, il est sur le “ni ni” ; le midi, il dit qu'il faut attaquer brutalement… Il pense qu'il faut faire “le ni ni”, mais il est contesté ! », s'est-il exclamé.« Je ne dis pas que nous allons gagner les départementales, mais il y a une contradiction entre le résultat national et le résultat départemental, a-t-il dit, préférant voir le verre à moitié plein, « je ne suis pas persuadé que ce que l'on a perçu au premier tour se verra au deuxième. » Interpellé sur la probable déroute du PS dans le Nord, il a répliqué : « S'il n'y avait pas eu la division, nous serions en tête de tous les cantons dans le Nord. » « J'observe que la gauche est unie au second tour, et que la droite est désunie. Il faut monter les digues pour lutter contre l'extrême droite. Vous verrrez que le nombre de conseillers du FN [Front national] sera au-dessous de 100, il y a un plafond de verre, dans ce pays, de gens qui n'acceptent pas la xénophobie du FN. »Récusant toute aveu d'échec du gouvernement dans l'issue de ces élections, il a souligné que « ce n'est pas le sort du gouvernement qui est en jeu, c'est celui des majorités ». Et « les gens ont apprécié que les socialistes aient imposé des binômes homme-femme ». « C'est normal que Manuel Valls reste, car les résultats économiques et sociaux sont là ; c'est un début, ça fait deux ans qu'on éponge les déficits de Nicolas Sarkozy », a-t-il conclu.  25.03.2015 à 06h32 • Mis à jour le25.03.2015 à 10h07 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kix6p"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kix6p", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Une importante et périlleuse opération de recherche reprend, mercredi 25 mars, pour tenter de retrouver en pleine montagne les restes des 150 victimes de l'accident d'un Airbus A320 de la compagnie allemande Germanwings qui s'est écrasé mardi dans le sud des Alpes pour des raisons inexpliquées.Lire : Ce que l'on sait du crash de l'Airbus A320 dans les AlpesLes recherches s'annoncent compliquées pour les plus de 300 gendarmes et 380 sapeurs-pompiers mobilisés, étant donné la dispersion des débris de l'avion sur près de 4 hectares à flanc de montagne, dans une zone très difficile d'accès, située entre Digne-les-Bains et Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence).Parmi les innombrables débris, aucun gros tronçon de fuselage n'a été aperçu. « Seul le train d'atterrissage a pu être identifié », a déclaré mardi soir un enquêteur de la gendarmerie. « Les plus grands morceaux de corps que nous avons repérés ne sont pas plus grands » qu'un attaché-case, a ajouté un de ses collègues.Lire aussi notre reportage : Dans les Alpes, l’avion de Germanwings s’est transformé en confettisNombreuses zones d'ombresOutre l'hélitreuillage des restes des victimes, les équipes devront aussi tenter de localiser la deuxième boîte noire de l'appareil. La première, retrouvée mardi, doit être analysée par le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) chargé des investigations techniques.Avec le contenu des enregistreurs de vol, les enquêteurs vont tenter d'éclaircir les nombreuses zones d'ombre de l'accident. On ne connaît pas pour l'instant la raison de la rupture de communication entre l'équipage et le contrôle aérien, qui a pris l'initiative de déclarer l'avion en détresse, ni les circonstances de la chute de l'appareil, qui a duré huit longues minutes. « A ce stade nous considérons qu'il s'agit d'un accident, et toute autre chose relèverait de la spéculation », a déclaré Heike Birlenbach, vice-présidente de Lufthansa, en conférence de presse à Barcelone.Le président français, François Hollande, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, sont attendus mercredi en début d'après-midi sur le lieu de la catastrophe.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kiky2"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kiky2", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 25.03.2015 à 00h54 • Mis à jour le25.03.2015 à 15h24 | Luc Leroux (Marseille, correspondant) et François de Bouchony (Digne, correspondant) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kgix8"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kgix8", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});« Pulvérisé ». Le mot revient dans la bouche de tous les secouristes qui se sont succédé sur les lieux du crash de l'Airbus A320 de Germanwings à dix kilomètres à l'est de la commune de Seyne-les-Alpes (Alpes-de-Haute Provence). Qu'ils portent l'uniforme rouge des sapeurs-pompiers, bleu de la gendarmerie nationale ou kaki de l'armée de l'air, tous décrivent un avion transformé en confettis. Ils parlent de taches blanches sur le sol comme des points de neige. Les restes épars de la carlingue.Lire : Ce que l'on sait du crash de l'Airbus A320 dans les Alpes« Tout est pulvérisé, il n'y a plus rien de discernable. On ne voit rien, on ne peut même pas distinguer un avion », témoigne le lieutenant Eric Sapet du groupe montagne des sapeurs-pompiers des Alpes-Maritimes, de retour de la zone. A bord d'un hélicoptère de la Sécurité civile, il a été hélitreuillé parmi les premiers secouristes déposés sur le flanc de la montagne, un terrain très escarpé de marnes et de ravines.Un gendarme, à la descente de son hélicoptère confie : « Je peux vous dire que ce n'est pas joli à voir ». Sur la demi-douzaine de gros débris visibles sur place, le militaire a identifié un train d'atterrissage, seul élément reconnaissable. Lorsqu'on l'interroge sur les corps, son visage se ferme, sa voix change de ton. « Le reste humain le plus important qu'on a vu n'est pas plus gros que cette valise », avoue-t-il en désignant un bagage de la brigade de recherche du groupe des transports aériens en charge de l'enquête.Mobilisation dans le massif des Trois EvêchésAu pied du village de Seyne-les-Alpes, quelques maisons à flanc de coteau, le terrain herbeux d'où s'envolent habituellement des planeurs s'est transformé en un immense poste central de secours. La mobilisation des secours a été exceptionnelle. « Dès qu'on a eu les premiers éléments sur la disparition d'un appareil, nous sommes très vite montés en puissance », a précisé Patricia Willaert, la préfète des Alpes-de-Haute Provence. Un vaste casernement dans cette vallée cernée de cimes enneigées, notamment celles du massif des Trois Evêchés, la direction prise par tous les hélicoptères et scrutée par tous les regards.A côté de grands dômes en bâches vertes servant d'abris aux planeurs, les camions bleus des gendarmes sont alignés. De l'autre côté du terrain, les sapeurs-pompiers venus des départements de Provence-Alpes-Côte d'Azur ont attendu toute la journée, l'arme au pied, l'heure d'intervenir. Très vite, l'espoir de retrouver un blessé a été abandonné. Au fil de l'après-midi, les sapeurs-pompiers ont donc regagné leurs casernes ne laissant sur place que des chenillettes, ces engins qui doivent permettre mercredi 25 mars d'accéder sur les lieux.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kix6p"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kix6p", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Opérer sur place est « extrêmement compliqué »Beaucoup plus massif que les autres, un hélicoptère de l'armée de l'air spécialisé dans la recherche des victimes sur terre et en mer, basé à Solenzara en Corse est arrivé sur zone une heure trente après le crash. Il a cependant repris les airs une fois acquise la certitude qu'il n'y aurait aucun survivant parmi les 150 personnes à bord du vol Barcelone-Düsseldorf.Selon le lieutenant-colonel Jean-Paul Bloy du groupe des forces aériennes de la gendarmerie nationale, un hélicoptère EC 135 équipé de caméras a été l'un des premiers appareils à survoler la zone de la catastrophe pour prendre des images destinées aux enquêteurs. Puis trois hélicoptères EC 145 embarquant des militaires du peloton de gendarmerie en haute montagne ont déposé ces spécialistes harnachés de mousquetons et portant des piolets. « Cela va être extrêmement compliqué pour opérer sur place », prévoyait Jean-Paul Bloy en milieu d'après-midi. Les débris de l'appareil et des corps sont disséminés sur une superficie de près de 4 hectares, dans une zone très abrupte, escarpée. Situés en face sud du massif de la montagne des Têtes, à 1 500 mètres d'altitude, les lieux ne sont pas enneigés mais le sol est très friable.En milieu d'après-midi, les gendarmes ont repris l'espoir de retrouver un survivant, des mouvements ayant été perçus sur la zone de l'accident. Il s'agissait d'un journaliste. Un escadron de gendarmerie mobile venu de Digne-les-Bains, a été dépêché sur les lieux pour « geler l'ensemble de la scène », selon le général David Galtier, commandant de la Légion de gendarmerie Sud de Provence-Alpes-Côte d'Azur. Des militaires devaient également passer la nuit en montagne pour sécuriser les lieux.Dans ce ballet d'hélicoptères qui opèrent des grands virages dans le ciel de la vallée de la Blanche, certains appareils déposent les officiels. Le premier sur place sera Brice Robin, procureur de la République de Marseille. Depuis le début de l'année, le tribunal de grande instance de Marseille est compétent pour conduire les enquêtes et les procès des catastrophes collectives. Sur place, il a annoncé l'ouverture d'une enquête pour homicides involontaires. Une dizaine de médecins légistes et trois anthropologues du service de médecine légale du CHU de la Timone à Marseille ont été mobilisés en vue de l'identification des corps « afin de les rendre aux familles le plus rapidement possible ».Lire aussi : Le parquet de Marseille se saisit de l'enquêtelmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kiky2"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kiky2", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Le procureur de la République de Marseille a également annoncé l'ouverture à Madrid d'une enquête par le parquet de l'Audience nationale. Une boîte noire de l'appareil a été retrouvée. Les enquêteurs de la brigade de recherches des transports aériens de Marseille ont commencé à descendre de leurs appareils des caissons en plastique blanc et vert contenant les premières pièces à conviction.Lire : La boîte noire retrouvée est endommagée mais exploitable« Lui, il passe pas La Sèche »Le ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve a visité la maison des jeunes de Seyne-les-Alpes où sera installée une chapelle ardente. A l'étage, dans le gymnase, des tables ont été préparées avec des boissons et des biscuits pour accueillir les familles des victimes du crash. « Nous sommes dans la compassion après ce drame terrible », a indiqué le ministre avant d'énumérer « les moyens exceptionnels » — dix hélicoptères, trois cents sapeurs-pompiers et autant de gendarmes. Les services municipaux de Seyne-les-Alpes ont apporté leur concours à l'organisation du plan de secours.« C'est bizarre, confie le gérant de l'Intermarché du village sur le parking duquel les cars régie des télévisions se sont installés. Quand on voit cela à la télé, on est spectateur, là c'est chez nous ». Au fond de la vallée de la Blanche, Thomas coupait du bois à l'heure de l'accident. « Je me suis dit “tiens c'est des avions de chasse qui passent” puis ça a fait un bruit plus fort, sourd, raconte le jeune bûcheron. Au bout de quelques minutes, j'ai vu des hélicoptères, j'ai dit à mon cousin : c'est la guerre ou quoi ? ».Jean-Pierre Roux, agriculteur à Chaudol, un hameau de La Javie, à une dizaine de kilomètres à vol d'oiseau du lieu de l'accident, est l'un des rares témoins. « Je sortais de ma bergerie avec mon ouvrier lorsqu'on a aperçu l'avion juste au-dessus de nous. Un gros avion de ligne mais qui ne volait pas très haut, je dirais à 1 000 mètres. » Il se dit : « Lui, il passe pas La Sèche », un sommet de 3 000 mètres. « On l'a vu disparaître derrière la colline. On n'a rien entendu, ni rien vu, ni bruit de choc, ni fumée. » Jean-Pierre Roux apprendra l'accident par son épouse. « Alors j'ai compris. Il volait avec un angle de descente tellement surprenant pour un gros avion dans un relief pareil. »Au Vernet, un village un peu plus bas dans la vallée de la Blanche d'« où est partie la première caravane pédestre vers les lieux du crash », Richard Bertrand, conseiller municipal, rapporte qu'il a vu une fumée dans le secteur du col de Mariaud. « J'ai pensé à un avion mais un petit. » Toute la journée, l'élu a accompagné en 4x4 les gendarmes chargés de sécuriser la zone sur la piste du col. « Là-haut, à quelques centaines de mètres de là, explique-t-il, un mur se dresse sur lequel l'appareil a frappé. Et en contrebas, des débris, rien que des débris. L'Airbus était pulvérisé. »>> Lire aussi : Les conditions météo étaient « particulièrement calmes »Luc Leroux (Marseille, correspondant)Journaliste au MondeFrançois de Bouchony (Digne, correspondant)Journaliste au Monde 15.03.2015 à 18h05 • Mis à jour le15.03.2015 à 18h54 Philippe Saint-André peut souffler. Après deux défaites d'affilée en Irlande (18-11) puis contre les Gallois (20-13), son XV de France s'est rassuré, dimanche 15 mars, au Stade olympique de Rome, en dominant l'Italie (29-0) lors de l'avant-dernier match du Tournoi des six nations.« On a pris le match par le bon bout ,et dans un contexte difficile, c'est une belle victoire. C'est une bonne journée, avec beaucoup de sourires dans le vestiaire. On les a usés physiquement, on les a bien pris à la gorge en défense », s'est exprimé le sélectionneur tricolore.Jacques Brunel, l'entraîneur français de l'Italie, s'est montré beau joueur : « J'ai trouvé l'équipe de France solide, mais ça on le savait, même si elle n'avait pas de résultats. Elle a pesé réellement en défense, elle nous a contrés sur la conquête du ballon. La France n'a pris que deux essais depuis le début du Tournoi ». « L'élément primordial dans ce match, ce n'est pas la pluie, c'est surtout la défense française, qui nous a gênés dans les phases de conquête et dans la construction de notre jeu », a analysé le technicien.Distancée au classement par l'Angleterre, l'Irlande et le pays de Galles (3 victoires chacun), la France de PSA a su assurer l'essentiel dans la froidure romaine pour finalement obtenir sa deuxième victoire en quatre matchs dans la compétition, après son succès inaugural contre l'Ecosse (15-8).Défaites en Italie en 2011 et en 2013Les chances d'accrocher la première place ex aequo du Tournoi restent tributaires d'un incroyable concours de circonstances (une victoire contre l'Angleterre, et dans le même temps une défaite des Gallois en Italie et des Irlandais en Ecosse), mais ce succès aura au moins le mérite de mettre les Bleus en confiance face à l'adversaire contre qui elle ouvrira la Coupe du monde 2015, le 19 septembre.Humilié lors de ses deux dernières sorties à Rome, en 2011 puis 2013, le XV de France n'avait plus gagné en Italie depuis 2009. En première mi-temps, les Bleus ont d'abord construit leur succès grâce à trois pénalités : deux de Lopez (29e et 35e) et une de Spedding (40e+1), qui avait pourtant loupé sa première tentative. Une leçon de réalisme pour des Italiens qui avaient eux échoué à deux reprises plus tôt dans la partie.L'Angleterre pour finirTrès pauvre en première période, le match s'est animé au retour des vestiaires. La France réussira même à inscrire deux essais : par l'intermédiaire de son deuxième ligne toulousain Yoann Maestri, à la conclusion d'une chevauchée de Spedding (46e) ; puis par le centre toulonnais Mathieu Bastareaud, entré en fin de match pour faire valoir sa force de frappe (80e+2). Jules Plisson, entré à la place de Camille Lopez à la mi-temps, a réussi les deux transformations et a également inscrit deux pénalités (42e et 58e).Remise en selle par cette deuxième victoire en quatre matchs, l'équipe de France bouclera son Tournoi des six nations samedi 21 mars, dans le temple londonien de Twickenham, pour un crunch périlleux qui l'opposera à des Anglais en pleine réussite. Les Anglais sont en tête du Tournoi après la défaite irlandaise au pays de Galles.  14.03.2015 à 18h21 Des salafistes, des hooligans et des associations anti-racistes ont manifesté samedi 14 mars à Wuppertal, dans l'ouest de l'Allemagne sous haute protection policière. Mille agents et des canons à eau ont été déployés pour encadrer les trois rassemblements distincts.Près de 400 personnes de la mouvance salafiste étaient attendues dans les rues de cette ville de Rhénanie du nord-Westphalie, proche de Düsseldorf, mais « l'affluence a été nettement moins importante », selon la police. La mobilisation du mouvement anti-islam Pegida de la région a également plus réduite que prévu. En revanche, la manifestation organisée à l'appel d'associations pour la tolérance et contre le racisme a rassemblé 700 personnes en début d'après-midi, soit le double de ce qui était attendu, ont estimé les forces de l'ordre.Hooligans versus « police de la charia »Les trois rassemblements n'ont pas été autorisés à défiler en raison du comportement violent de certains manifestants. En octobre, dans la ville voisine de Cologne, quarante-quatre policiers avaient été blessés dans des affrontements avec des hooligans qui avaient lancé des slogans anti-immigrés. Une poignée de salafistes avait également « patrouillé » dans les rues de Wuppertal (ouest) l'été dernier, se revendiquant d'une « police de la charia ». A plusieurs reprises ils avaient enjoint aux clients de discothèques à ne pas boire de l'alcool ou à ne pas écouter de la musique. L'affaire avait fait grand bruit, faisant réagir la chancelière Angela Merkel qui avait rappelé que personne n'était autorisé à se substituer à la police. Depuis, cette « police de la charia » n'a jamais refait parler d'elle.Lire : Allemagne : levée de boucliers contre la propagande islamiste Yves-Michel Riols Rarement une négociation diplomatique aura été aussi longue et complexe. Rarement, aussi, les enjeux auront été aussi importants : éviter la prolifération nucléaire au Moyen-Orient, l’une des régions les plus instables du monde. Les tortueux pourparlers sur le nucléaire iranien, amorcés en 2003, abordent leur dernière ligne droite. Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, et son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, doivent se retrouver, dimanche 15 mars, à Lausanne, en vue de parvenir, avant le 31 mars, à un accord politique fixant les grandes lignes d’un compromis, qui devra ensuite être complété par des annexes techniques d’ici au 30 juin.En prélude à cette intense phase de consultations, M. Zarif se rendra, lundi, à Bruxelles, pour s’entretenir, sous l’égide de l’Union européenne, avec les ministres des affaires étrangères français, allemand et britannique. Un déplacement destiné à souligner le caractère multilatéral de ces négociations, même si, dans les faits, elles sont surtout conduites par le tandem Zarif-Kerry. Les discussions se poursuivront, ensuite, en Suisse, sur les bords du lac Léman.La date butoir pour conclure ces tractations a déjà été reportée à deux reprises depuis l’accord intérimaire de novembre 2013 entre l’Iran et les pays du « P5 + 1 », comprenant les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, plus l’Allemagne. Celui-ci s’est traduit par un gel provisoire des activités nucléaires iraniennes et une levée partielle des lourdes sanctions internationales qui frappent l’Iran, soupçonné par les Occidentaux de chercher à se doter d’une bombe atomique sous le couvert d’un programme civil. Mais une nouvelle prolongation semble improbable. Le président américain, Barack Obama, qui subit la pression d’un Congrès méfiant envers Téhéran, s’y est publiquement opposé. « Le temps est compté et la pression se renforce sur les négociateurs », observe Ali Vaez, spécialiste de l’Iran à l’International Crisis Group.« Un accord est faisable »A l’approche de cette nouvelle échéance, les chancelleries occidentales affichent un optimisme prudent, qui tranche avec la tonalité sceptique qui prévalait jusqu’alors, notamment de la part de Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française. « Un accord est faisable, il n’y a pas de barrière fondamentale », assure un proche du dossier, pourtant réputé pour être un « faucon » sur cette question. « Mais on n’y sera qu’à la dernière heure, du dernier jour », avertit-il.L’objectif des pourparlers à Lausanne est d’arriver à un texte de « trois à quatre pages », selon une source bien informée, détaillant « les grands paramètres » d’un accord final. A ce stade, juge un diplomate, les obstacles ne sont plus « techniques ». A force de négocier depuis bientôt seize mois, « toutes les options ont été passées au crible, c’est maintenant aux Iraniens de faire un choix politique », assure-t-il.Une nouvelle prolongation des tractations paraît improbable. Le président Barack Obama s’y est publiquement opposéLes contours d’un éventuel compromis sont connus. Les questions clés portent sur la capacité d’enrichissement d’uranium de l’Iran, un combustible nécessaire à la fabrication d’une arme nucléaire, et les mécanismes de surveillance pour vérifier que Téhéran tient ses engagements dans le cadre d’un accord. « Sur l’enrichissement, il y a plus de terrain commun qu’auparavant », note Ali Vaez. Un diplomate impliqué dans le dossier juge « cohérent » le scénario faisant état d’une limitation du nombre de centrifugeuses iraniennes à environ 6 500, alors que le pays en possède près de 20 000, dont la moitié en activité.Le chiffre est plus élevé que celui envisagé à l’origine par les grandes puissances. En contrepartie, l’Iran s’engagerait à ne pas développer des centrifugeuses plus puissantes et aussi à exporter en Russie une partie significative de son stock d’uranium déjà enrichi, où il serait transformé pour rendre son utilisation à des fins militaires quasiment impossible.« Les principaux obstacles techniques semblent en voie de règlement, restent maintenant les questions politiques », remarque François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France en Iran. Elles sont, dit-il, de deux ordres : la durée de l’accord et le rythme de levée des sanctions qui étouffent l’Iran depuis 2006. Sur la durée, la France juge « insuffisante » une période de dix ans, évoquée par le président Obama, pendant laquelle l’Iran serait soumise à un régime d’inspections renforcées. Téhéran, de son côté, souhaiterait que ces mesures d’exceptions ne dépassent pas cinq ans.S’il subsiste des blocages, les avancées sont réellesMais pour l’Iran, l’enjeu essentiel est la levée des multiples sanctions (américaines, européennes et onusiennes) dont l’impact a été renforcé par la chute des cours du pétrole, la principale ressource du pays. C’est une priorité absolue pour le président Hassan Rohani, dont la crédibilité repose sur sa capacité à améliorer le niveau de vie des Iraniens pour contrer les radicaux du régime, opposés à la moindre concession sur le nucléaire. Les Iraniens exigent la suppression immédiate de l’ensemble des sanctions, une demande illusoire car elle priverait les Occidentaux de tout levier en cas de dérapage. Téhéran réclame avant tout la levée des sanctions de l’ONU qui maintiennent le pays dans un statut de paria et paralysent son développement : les entreprises hésitent à investir en Iran, de crainte de subir les foudres de la communauté internationale.Pour l’instant, les négociations portent sur la mise en place d’un échéancier sur le principe du donnant-donnant. Les Européens, qui ont moins de contraintes sur cette question que le président Obama, pourraient rapidement suspendre les sanctions de 2010 sur les secteurs pétrolier et bancaire. Une telle mesure aurait un impact conséquent en levant les restrictions sur les transactions financières, qui freinent les échanges, et en autorisant l’Iran à retrouver sa pleine capacité d’exportation de pétrole, évaluée à 2 millions de barils par jour, contre seulement 1 million autorisé aujourd’hui.Même s’il subsiste des blocages, les avancées sont réelles, relève Mark Fitzpatrick, de l’Institut international des études stratégiques de Londres. « Pour la première fois, dit-il, l’Iran accepte de négocier le principe d’une réduction de sa capacité d’enrichissement. En échange, les Occidentaux légitiment un programme nucléaire iranien qu’ils voulaient initialement enrayer. » Et si la négociation aboutie, poursuit-il, « elle passera alors pour l’un des plus importants accords de non-prolifération depuis la fin de la seconde guerre mondiale ».Yves-Michel RiolsJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.03.2015 à 16h51 • Mis à jour le13.03.2015 à 16h57 En dépit des réserves de l’Allemagne et contre toutes les bonnes pratiques des banques centrales, la Banque centrale européenne (BCE) a finalement décidé d’appliquer un programme massif de rachat de dettes souveraines. Abandonnons un peu les chiffres et intéressons-nous aux principes et aux conséquences de long terme de cette décision.Il n’y a aucune raison de penser que les pays, qui pour la grande majorité ne parviennent déjà pas à contrôler l’expansion de leur dette, y parviendront davantage demain. La question est maintenant la suivante : que se passera-t-il lorsque ces États seront en défaut de paiement ?Le « quantitative easing » de la BCE fait plonger les taux et l’euroTous les pays dits riches finiront tôt ou tard par constater un défaut de paiement partiel plus ou moins important de sorte que les banques centrales constatant ce défaut rééquilibreront leur bilan par une dépréciation relative de leur monnaie. Mais comme tous les pays seront dans une situation plus ou moins équivalente, les valeurs relatives des grandes monnaies ne changeront pas beaucoup. Pour le consommateur l’impact sera apparemment neutre. On pourrait ainsi d’ailleurs reproduire un deuxième cycle d’émission du Trésor suivi d’un deuxième abandon de créance et ainsi de suite, sans fin. L’intérêt pour les États étant évidemment de court-circuiter le marché, lequel, s’il constatait un défaut de paiement, fermerait le robinet du financement, tandis qu’il est facile pour une banque centrale d’émettre sans fin de la monnaie.Pourquoi l’accroissement monétaire ne génère-t-il pas d’inflation ?Mais la question suivante est évidemment que devient toute cette monnaie émise par la ou les banques centrales ? Comment se fait-il que toute cette monnaie ne se traduise pas par de l’inflation, dans un contexte de stabilité économique ? La réponse est en réalité fort simple.Lorsqu’on indique que moins de 1 % des personnes détiennent la moitié de la richesse mondiale cela signifie, que dans une économie hypertrophiée, certaines richesses dépassent de beaucoup les besoins de consommation des bénéficiaires. Cette monnaie, que l’on pourrait appeler de l’hyper-épargne, ne peut donc être recyclée directement. Cette hyper-épargne est stockée et mise à disposition sur le marché qui bénéficie ainsi d’un accès aisé à la monnaie et des taux très bas.Ceci est une raison précise de l’accroissement continu de la masse monétaire qui est passée de 5 % à plus de 20 % de l’activité en l’espace de quarante ans. Une grande partie de cette monnaie excédentaire, vient financer les dettes souveraines. Les États forcent ainsi le recyclage de cette monnaie et lorsque les États tomberont en défaut de paiement, ils auront ainsi forcé cette épargne excédentaire à un recyclage économique qui malheureusement touchera aussi indistinctement les petits épargnants.Nous devons alors distinguer deux cas :- En cas de défaillance sur des bons du Trésor cédés à des institutions privées, nous constatons une réduction de la masse monétaire car les épargnants perdent leur argent.- Dans le deuxième cas, la banque centrale émet de la monnaie pour équilibrer son bilan lorsqu’elle rachète des bons du Trésor. Lorsqu’un Etat fait défaut sur ces bons rachetés par les banques centrales, la monnaie émise… reste émise.Pour comprendre les ajustements possibles du système économique dans ce deuxième cas, nous devons comprendre les relations entre la monnaie et le système économique et cette relation ne nous est plus donnée (très schématiquement) par la relation :Quantité de monnaie en circulation = Niveau d’activité x Niveau des prixMais par la relation :Quantité de monnaie en circulation = (Niveau d’activité x Niveau des prix) + hyper-épargneCela signifie que l’ajustement économique relativement à ces sur-émissions monétaires repose, non pas sur deux, mais sur trois facteurs. Nous pouvons assimiler le terme de l’équation « niveau des prix x niveau d’activité » à un fond de roulement économique, c’est-à-dire que l’économie a besoin d’une certaine quantité de monnaie pour fonctionner.Si la variation de la quantité de monnaie excède la variation « naturelle » de l’activité alors les prix ou l’activité augmenteront, ou si le système manque de monnaie, le système trouve un nouvel équilibre en abaissant les prix ou l’activité, ou les deux tel qu’observé en 1933 aux États-Unis.Austérité ou endettement ? Un choix impossibleEn maintenant l’activité via l’endettement, les États tendent à maintenir une activité pour les plus modestes mais aussi à maintenir le processus d’accumulation de l’hyper-épargne. C’est pour cela, d’ailleurs, que la part de cette hyper-épargne ne cesse de croître relativement à la richesse.Ainsi, si l’accroissement de la masse monétaire via le programme d’achat par les banques centrales ne génère aucune inflation, c’est que cette monnaie alimente principalement cette hyper-épargne. La réflexion vaut d’ailleurs aussi pour la monnaie créée par les banques de second rang.Si les États pratiquaient une politique d’austérité, le système manquerait chaque jour un plus d’argent du fait des prélèvements liés à l’hyper-épargne. Le système tendrait donc à s’effondrer en prix et en activité car il manquerait de plus en plus d’argent, lequel serait capté par l’hyper-épargne.En d’autres termes, le choix pour les États se résume à accroître leur endettement pour stabiliser l’activité et les prix et continuer à alimenter l’hyper-épargne ou pratiquer l’austérité et voir le système s’effondrer en prix et en activité faute de monnaie.Ceux qui nous ont suivis jusqu’ici n’auront aucune difficulté à comprendre que l’impasse monétaire et budgétaire des États provient directement de l’hypertrophie économique. Ce qui revient à dire que notre système devenu trop gros entraîne une répartition très inégale de la richesse, à l’origine précisément des désordres monétaires.À court et moyen terme, aucun Etat ne laissera les prix et surtout l’activité s’effondrer. On ne peut donc pas dire que l’hypertrophie monétaire conduira à un effondrement économique.On peut seulement dire que l’hypertrophie économique, lorsqu’elle s’accompagne d’une importante disparité de revenus, entraîne des désordres monétaires dont la seule conséquence possible est une défaillance des États sur leurs dettes souveraines.Bruno Mortier (Audit & Risk Management, Solvay) Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La rencontre avec le premier ministre grec, Alexis Tsipras, vendredi 13 mars au matin à Bruxelles, a été l’occasion pour le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, de dire qu’il faut qu’Athènes se consacre désormais pleinement au travail avec les représentants de ses créanciers (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne et Mécanisme européen de stabilité). Et à la Commission on laisse entendre que, si les choses avancent suffisamment rapidement, Athènes pourrait toucher très vite une partie de la dernière tranche du deuxième plan d’aide international.Grèce : le budget de l’Etat reste excédentaire, mais de peu« La situation [financière] du pays est sérieuse, il faut que les trois ou quatre jours qui viennent soient des jours productifs. C’est aux Grecs de se mettre maintenant durement au travail », a expliqué une source européenne après l’entrevue.Un conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement a lieu le 19 mars à Bruxelles. Il pourrait être l’occasion, soluigne-t-on à Bruxelles, d’évoquer un premier versement de prêts, si toutefois, d’ici là, Athènes s’engage, de manière ferme et concrète, sur un paquet de réformes avec ses créanciers. La Grèce, dans le cadre de son deuxième plan d’aide, doit encore recevoir environ 7 milliards d’euros d’aide.Si Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro), a déjà évoqué cette possibilité il y a une dizaine de jours, la position de la Commission risque d'alimenter les soupçons de complaisance chez les tenants de la fermeté. Berlin verrait d’un très mauvais œil cette possibilité de versements anticipés, pour parer à l’urgence financière grecque.Le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble a d’ailleurs jugé qu'il ne pouvait « exclure » une sortie désordonnée de la Grèce de l'euro - un « Grexident » - si le gouvernement d'Alexis Tsipras ne parvenait pas à un accord avec ses créanciers internationaux.Le commissaire européen, Pierre Moscovici, a estimé, vendredi dans un entretien au journal allemand der Spiegel qu'une sortie de la Grèce de l'euro serait une « catastrophe » qui pourrait annoncer « le début de la fin » pour la zone euro.Le gouvernement grec accepte l’assistance de la CommissionPar ailleurs, selon une source européenne, M. Tsipras, qui a acté, jeudi, une collaboration avec l’OCDE sur ses projets de réformes, a également accepté de demander l’assistance technique de l’Union européenne : les équipes de ce que l’on appelle la « task force Grèce », constituée au sein de la Commission européenne, devraient reprendre leur travail.Depuis près de quatre ans, cette équipe d’une soixantaine de personnes (dont près d’une trentaine en Grèce) assiste, à la demande, les différents gouvernements grecs, pour les aider à mettre en place les réformes réclamées par les créanciers.Côté Commission, c’est le vice-président, Valdis Dombrovskis, qui devrait superviser les travaux de cette « task force ». Il devrait travailler en coordination avec des experts des autres directions de la Commission (marché intérieur, concurrence, immigration…).Les Grecs devraient, eux aussi, constituer leur propre « assistance technique » pour discuter avec les Européens. Et le « superviseur » de cette équipe pourrait être le ministre délégué aux affaires européennes, Nikolaos Chountis.Cela permet de montrer que les discussions entre Athènes et ses créanciers ne sont plus aussi unilatérales que par le passé.Pierre Moscovici, le commissaire à l’économie, restera, lui, chargé de la puissante direction générale « Ecfin » et donc des équipes de la Commission (une quinzaine de personnes), qui travaillent au sein du « Groupe de Bruxelles ».Yanis Varoufakis, le flamboyant ministre des finances grec, n’aurait donc pas part directement aux négociations. En tout cas, c’est ce que souhaiteraient les Européens.L’amnistie fiscale proposée par Athènes à l’étudeLes Grecs ont commencé, jeudi à Athènes, à travailler avec les représentants de l’ex-« troïka » des créanciers, désormais appelé « Groupe de Bruxelles ». Ce qui est considéré à Bruxelles comme un très bon signal.L’objectif de ces réunions est de faire un état des lieux de l’état des finances grecques, de l’état de trésorerie des différentes administrations. Et aussi d’étudier quelles réformes peuvent être mises en place rapidement.La grande inconnue de l’état réel des finances grecquesLe gouvernement d’Alexis Tsipras a annoncé qu’il voulait mettre sur les rails rapidement ses mesures d’aide humanitaire pour les foyers les plus en difficulté dans le pays (électricité gratuite, aide alimentaire, accès aux soins).Les créanciers veulent savoir avec quel argent ces mesures d’urgence peuvent être financées.Par ailleurs, ils discutent déjà, selon une source européenne, de la mesure proposée par le ministre des finances, Yanis Varoufakis, qui consiste à proposer aux citoyens grecs ayant des arriérés d’impôts, une sorte d’amnistie fiscale et un étalement de leurs paiements.Le but est de faire rentrer le plus vite possible quelques milliards d’euros dans les caisses de l’Etat. Les experts du « Groupe de Bruxelles » étudieraient notamment comment rendre cette mesure moins injuste pour tous les Grecs qui, eux, ont payé l’impôt.Recettes fiscales plus faibles que prévuSur les deux premiers mois de l'année, les recettes fiscales ont atteint 7,298 milliards d'euros, soit 13,8 % (ou 1,17 milliard d’euros) de moins qu'attendu, a précisé le ministère des finances.L'excédent de l'Etat central ressort à 1,243 milliard d'euros sur janvier-février, contre 1,411 milliard prévu, a-t-il ajouté dans un communiqué.Ce montant n'intègre pas les comptes de la Sécurité sociale grecques, ni ceux des collectivités locales, et il diffère des données que suivent les créanciers internationaux. Il traduit néanmoins une amélioration de la situation financière d'Athènes.Athènes veut se donner les moyens de faire face aux remboursements d’empruntsCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.03.2015 à 11h15 • Mis à jour le13.03.2015 à 15h21 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L’Islande n’entrera pas dans l’Union européenne (UE) et n’adoptera pas l’euro : Reykjavik a fait savoir officiellement à la Lettonie, qui préside actuellement le Conseil européen, et à la Commission de Bruxelles, qu’elle retirait sa candidature à l’adhésion.« L’Islande n’est plus un pays candidat et demande à l’UE d’agir en conséquence », a indiqué ce courrier, jeudi 12 mars. Vendredi matin, la Commission ne réagissait pas. « Nous examinons le dossier, cela va prendre du temps », commentait une porte-parole de Federica Mogherini, la haute représentante et vice-présidente de la Commission.Bruxelles ne voit pas d’un bon œil ce retrait, qui est un signal plutôt négatif et dénote de la perte du pouvoir d’attraction de l’ensemble communautaire, ainsi que de la monnaie unique. La décision islandaise n’est toutefois pas une totale surprise : le gouvernement de centre droit, qui a été mis en place en 2013, s’était engagé à mettre fin au processus commencé en 2009 par la coalition de gauche alors au pouvoir.En six ans, l’UE a perdu son pouvoir d’attractionLa démarche enclenchée à l’époque avait été rapide en comparaison au sort réservé à d’autres candidats comme la Serbie, la Turquie ou la Bosnie. Les négociations ont démarré dès 2010 au niveau ministériel et, en théorie, l’Islande était promise à devenir le 29e membre de l’UE, après la Croatie, intégrée en 2013. Son dossier apparaissait comme plus simple, plus favorable, voire plus logique puisque le pays avait déjà intégré quelque 70 % de la législation européenne.Les dirigeants et l’opinion, terrassés par la crise financière et bancaire qui avait mis à mal les institutions du pays, considéraient l’Europe comme une bouée de sauvetage. Et une entrée dans l’euro comme un remède à la dépréciation de la couronne, qui avait perdu jusqu’à 50 % de sa valeur au plus fort de la crise d’un secteur bancaire hypertrophié, dont l’effondrement avait fait des victimes dans de nombreux pays. La faillite de la banque Icesave, en 2008, avait notamment touché des milliers de Britanniques et de Néerlandais.La classe politique avait été vivement critiquée pour avoir négligé les mises en garde des pays scandinaves et de la Grande-Bretagne quant à la disproportion entre la taille du pays (320 000 habitants) et celle de ses banques. Dans un rapport dévoilé en 2010, une commission d’enquête parlementaire avait dénoncé « l’extrême négligence » de l’ancien premier ministre conservateur, Geir Haarde, et de l’ex-gouverneur de la banque centrale, David Oddsson.C’est un gouvernement de gauche, dirigé par Johanna Sigurdardottir, qui allait devoir apurer les comptes, accepter un plan de rigueur du Fonds monétaire international, gérer les créances extérieures et redresser une économie malade.Lire aussi l’entretien avec Sigmundur David Gunnlaugsson « Intégrer l'UE serait incompatible avec certains intérêts fondamentaux de l'Islande »Le pays, qui cultivait fièrement son indépendance et mettait en avant son « miracle économique » et son confort de vie presque inégalé – attesté par une première place au palmarès mondial du développement humain en 2009 –, était contraint de changer radicalement de cap. Aujourd’hui, son produit intérieur brut reste inférieur à celui de 2008 et il a du mal à intégrer sur le marché du travail ses nombreux jeunes diplômés.Dès mars 2010, les électeurs avaient envoyé un signal en rejetant massivement, lors d’un référendum, un projet d’accord financier avec Londres et La Haye pour le règlement de la dette d’Icesave.Le camp des eurosceptiques renforcéCe résultat aboutissait, de fait, à remettre en question la candidature à l’UE. Depuis, les difficultés d’une série de pays, dont la Grèce, ont fait réfléchir les Islandais.La perspective d’un abandon de l’euro par Athènes, qui n’est officiellement pas souhaitée par les dirigeants européens mais n’est pas exclue, ainsi que la promesse d’un référendum au Royaume-Uni, sur le maintien ou non dans l’Union, ont renforcé le camp eurosceptique. Une vague nationaliste a même déferlé sur le pays.La population est également focalisée sur la question des quotas de pêche et la « guerre du maquereau », qui oppose Bruxelles et Reykjavik. La présence de l’Islande au sein de l’Association européenne de libre-échange et de l’Espace économique européen lui permet d’exporter le produit de sa pêche sans barrières tarifaires.Mais un conflit est apparu en 2010 quand l’Islande a décidé, contre l’avis de la Commission, de relever ses quotas de pêche. Les pressions de Bruxelles sur le pays pour le forcer à revoir sa politique ont favorisé le rejet du projet d’intégration.Lire également : L'Islande a sauvé ses pêcheursAvec un taux de chômage redescendu à 3 %, un tourisme en plein boom et des dettes sur les biens immobiliers des particuliers en partie effacées, le pays estime ne plus avoir besoin de l’Europe. Il se contentera de rester membre de l’espace sans passeport de Schengen et de l’OTAN.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Michel Bezat Ce qui devait arriver arriva… Préparée depuis un an, l’arrivée d’EDF sur le chantier de l’EPR construit par Areva à Olkiluoto (Finlande) se précise et elle sera l’une des premières illustrations du « rapprochement » des deux groupes réclamé par le gouvernement. Dans les prochaines semaines, les deux piliers de la filière nucléaire française et le consortium TVO, client finlandais d’Areva, signeront un accord tripartite prévoyant que l’électricien travaillera « aussi bien en support d’Areva que de TVO dans le cadre d’une mission d’ingénierie d’envergure », indique Le Figaro dans son édition du 13 mars.En revanche, EDF exclut d’investir dans ce projet dont la dérive des coûts explique en partie les difficultés actuelles d’Areva, qui vient d’annoncer une perte nette de 4,8 milliards d’euros en 2014.Ni le prix ni le calendrier ne pourront être tenusC’est Luc Oursel, alors patron d’Areva, qui était allé voir son homologue d’EDF, Henri Proglio, à la demande de TVO, pour obtenir l’assistance du géant de l’atome civil dans une phase très délicate pour ce réacteur de troisième génération, le plus puissant au monde (1 650 MW) : la fin des travaux d’électro-mécanique, la mise en place du contrôle commande, cerveau de la centrale, et plus critique encore, les essais du réacteur qui démarreront en 2017. Une phase pour laquelle le futur exploitant TVO ne se sent visiblement pas les reins assez solides.En 2003, quand le groupe Areva créé deux ans plus tôt décroche le marché finlandais avec l’allemand Siemens, il sous-estime le prix en proposant une centrale clé en main pour 3 milliards d’euros. Il s’engage sur un calendrier de construction intenable (quatre ans) pour une « tête de série », où les ingénieurs essuient toujours tous les plâtres !Sa présidente, Anne Lauvergeon, décide aussi de conduire le chantier sans EDF, qui a pourtant l’expérience de la construction des 58 réacteurs du parc nucléaire français, alors qu’Areva n’a jamais été maître d’œuvre de tels projets.Dès le début des travaux, en 2005, il s’avère que ni le prix ni le calendrier ne pourront être tenus : l’EPR coûtera finalement quelque 9 milliards et n’entrera pas en service avant 2018, avec neuf ans de retard.Pour Philippe Knoche, directeur général d’Areva, qui a piloté le chantier entre 2006 et 2009, il n’est plus question de se lancer seul dans une telle aventure.Arbitrage internationalDans un entretien aux Echos, vendredi, Mme Lauvergeon reconnaît « forcément une part de responsabilité » dans les difficultés actuelles de son ancienne entreprise. Elle note que l’EPR d’Olkiluoto « coûtera trois fois plus cher que prévu, mais comme celui construit par EDF à Flamanville (Manche) ».« Beaucoup de grands projets complexes ont vu l’addition s’envoler », ajoute-t-elle en citant les programmes de l’A380 d’Airbus ou du B777X de Boeing. Elle incrimine la forte hausse des prix du béton et de l’acier dans les années 2000. Mais également TVO et STUK, l’autorité de sûreté nucléaire locale, qui n’ont jamais respecté les délais de certification des équipements, ce qui a retardé le chantier.Un arbitrage international à plus de deux milliards d’euros oppose aujourd’hui TVO à Areva. Ce lourd contentieux n’a pas favorisé les Français : en décembre 2014, le parlement finlandais a choisi le russe Rosatom – malgré les tensions politiques entre Moscou et les Occidentaux sur l’Ukraine – pour la construction d’un sixième réacteur nucléaire.Passage obligéL’aventure finlandaise aura au moins permis de tirer deux enseignements. Un tandem EDF-Areva est un passage obligé pour décrocher des marchés. A Abou Dhabi, les émiratis avaient réclamé en vain la participation du premier exploitant mondial de réacteurs et finalement opté pour l’offre du coréen Kepco. EDF doit donc reprendre la main et jouer son rôle historique d’architecte-ensemblier.En outre, les deux sociétés doivent travailler – ce qu’elles font depuis des mois – à une forte baisse du prix de l’EPR si elles veulent l’exporter. Sans pour autant réduire la sûreté, qui explique en partie le coût de l’EPR.Car d’importants marchés sont en vue : la Chine, où deux EPR sont déjà en cours de construction ; en Inde, où les négociations menées par Areva ne semblent guère avancer ; et en Arabie saoudite, où les Japonais, les Américains et les Coréens sont également en lice. Vendu en plus grand nombre, le réacteur français de troisième génération pourrait alors bénéficier d’un effet de série. Et devenir – enfin – compétitif.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Pour leur retour à Athènes, jeudi 12 mars, les experts de l’ex-« troïka », désormais baptisée « Groupe de Bruxelles », ont deux priorités : obtenir une image claire de l’état des finances publiques grecques, ainsi qu’une explication détaillée de la manière dont le gouvernement d’Alexis Tsipras entend faire face aux besoins financiers du pays, confronté à de lourdes échéances de remboursement de prêts dans les semaines qui viennent.Ce n’est qu’après avoir fait cette évaluation que les experts des créanciers de la Grèce s’attaqueront à l’analyse de l’état d’avancement des réformes promises par Athènes. Ce volet de la mission devrait débuter la semaine prochaine.Jeudi, M. Tsipras et le secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), José Angel Gurria, ont annoncé un partenariat sur la mise en place de réformes (sur la fiscalité ou la concurrence, par exemple), dont Athènes espère qu'il sera une preuve de sa bonne volonté réformatrice.Jeu de pistesC’est un drôle de jeu de pistes, qui s’est ouvert, jeudi, pour tenter de localiser les représentants des créanciers de la Grèce. Le ministre des finances, Yanis Varoufakis, a déclaré, mercredi, que ces représentants de la Commissions européenne, de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI) seront maintenus à l’abri des regards, « dans un lieu dédié » de la capitale – « probablement leur hôtel », a précisé M. Varoufakis –, où leur seront livrées les « données » nécessaires à l’évaluation de l’état des finances grecques.En soit, rien de bien différent de la façon dont fonctionnaient déjà les experts de l’ex-« troïka », souvent confinés par le précédent gouvernement au Hilton, et qui ne sortaient de cet hôtel de luxe d’Athènes que pour aller rencontrer le ministre des finances.La « troïka » est de retour à AthènesPlus d’accès aux données depuis décembre 2014Le premier objectif de cette mission est d’obtenir une image claire de l’état des finances grecques, alors que plus aucune information ne remontait à Bruxelles depuis décembre 2014 et le début du processus électoral qui a porté, le 25 janvier, le parti de la gauche radicale Syriza au pouvoir.La Grèce doit également préciser à ses partenaires de quelle manière seront couverts les besoins financiers du pays jusqu’à fin mars, mois durant lequel d’importantes échéances se succèdent avec 6 milliards d’euros à rembourser, dont 1,5 milliard au FMI.De lourdes échéancesAprès un premier versement de près de 300 millions effectué vendredi 6 mars, le FMI, qui a prêté 32 milliards d’euros au total à la Grèce, attendait un deuxième remboursement de 334 millions d’euros vendredi 13 mars, puis un troisième, le 16 mars et encore un autre le 20 mars.Le pays devra aussi rembourser au FMI 420 millions d’euros en avril, 900 millions en mai et 1,45 milliard en juin. Juillet et août seront aussi compliqués, car la BCE attendra alors 6,7 milliards d’euros.Selon le ministère des finances, la Grèce a dégagé en janvier un excédent primaire (hors charge de la dette) s’élevant à 419 millions d’euros. Il était encore de 1,8 milliard d’euros sur la même période un an plus tôt.Quatre sources de revenusPour financer ces échéances, le gouvernement d’Alexis Tsipras compte sur quatre sources de revenus. Il entend d’abord continuer à utiliser les bons du Trésor : le pays a levé, mercredi 11 mars, 1,3 milliard d’euros à trois mois, à un taux d’intérêt encore en hausse par rapport à la précédente émission.Les principales acheteuses de ces obligations sont les banques grecques dont les liquidités restent soumises au bon vouloir de la BCE. Celle-ci a toutefois procédé jeudi à un nouveau relèvement de 600 millions d’euros du plafond du financement d’urgence (ELA) dont peuvent bénéficier les établissements grecs, portant à 69,4 milliards d’euros la somme disponible.Selon des données publiées, jeudi, par la Banque de Grèce, les prêts ELA qu’elle-même effectue ont représenté 65,64 milliards d’euros en février, contre 5,2 milliards en janvier. Dans le même temps, la BCE n’acceptant plus la dette souveraine grecque comme collatéral depuis le 4 février, les prêts de l’institution monétaire de Francfort contre garantie ont chuté de 53 %, à 38,61 milliards d’euros contre 82,24 milliards en janvier.Le gouvernement grec veut aussi « emprunter » aux caisses de sécurité sociale du pays. C’est pourquoi il a déposé, jeudi 12 mars, un amendement au projet de loi sur la gestion de la crise humanitaire actuellement en cours d’examen au Parlement, permettant de transférer au Fonds commun de la Banque de Grèce quelque 2 milliards d’euros de liquidités bancaires de ces organismes (caisses de retraite, sécurité sociale, agence pour l’emploi, etc.).Troisième piste : augmenter les recettes fiscales. Un projet de loi vient d’être soumis, jeudi, à la consultation publique. Il vise à permettre le remboursement d’impayés d’impôts en 100 mensualités et prévoyant une amnistie pour les contribuables décidant de rembourser l’ensemble de leurs dettes fiscales d’un coup.Bruxelles n’a pas été prévenu de cette initiative, qui devrait commencer à être étudiée par le « Groupe de Bruxelles », car il faut faire rentrer très vite de l’argent dans les caisses grecques.Enfin, et surtout, la Grèce espère pouvoir, d’ici au 20 avril, bénéficier de la dernière tranche de prêts (7,2 milliards d’euros) prévue dans le cadre de la prolongation de l’accord d’aide financière, décidée le 20 février lors d’une réunion de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro).Escalade verbale entre Athènes et BerlinAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.03.2015 à 20h02 • Mis à jour le12.03.2015 à 22h46 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La nouvelle bataille de Waterloo n'aura pas lieu : la Belgique a prudemment retiré son projet de frapper une pièce de 2 euros à l'occasion du bicentenaire de l'affrontement, le 18 juin prochain. La pièce, qui devait porter au dos l'image du célèbre lion trônant sur une butte, au-dessus de la plaine où furent écrasées les armées de Napoléon, ne verra pas le jour. La diplomatie française s'y est opposée. Elle a jugé que « les symboles négatifs pour une fraction de la population européenne » pouvaient être préjudiciables alors que les gouvernements de la zone euro « tentent de renforcer l'unité et la coopération au sein de l'union économique et monétaire ».Le projet, ont fait valoir des responsables français, risquait d'entraîner « une réaction défavorable » dans l'Hexagone, compte tenu du fait que Waterloo a « une résonance particulière dans la conscience collective, au-delà de la simple évocation d'un fait militaire ».Comme le lion, la France a (un peu) rugi au sein d'un très confidentiel « sous-comité des pièces », dépendant de l'instance qui réunit les directeurs du trésor des Etats de l'eurozone. L'ambassade de France à Bruxelles et la représentation permanente auprès de l'Union européenne minimisent l'affaire, soulignant qu'elle a été cantonnée à « un niveau purement technique ». « Mais il est vrai que nous n'étions pas spécialement enthousiastes », ajoute un porte-parole. Inutile d'interroger les ambassades britanniques : elles rient sous cape mais rappellent que leur pays n'est pas membre de la zone euro…Une perte de 1,5 million d'euros à comblerLa Belgique savait que Paris, appuyée par d'autres capitales, aurait pu exiger un vote des ministres européens des finances. Elle a donc remisé son projet. Le ministre des finances, le nationaliste flamand Johan Van Overtveldt s'est toutefois dit « un peu surpris ». La Monnaie royale devait frapper au total 270 000 pièces, dont 180 000 étaient déjà sorties des presses. Il en résultera une perte de 1,5 million d'euros. Que le ministère tentera de combler en diffusant une pièce purement commémorative, d'une valeur fictive de 2,5 euros, qui ne devra pas être soumise à l'approbation des Etats.Si le gouvernement belge n'entend pas envenimer la querelle, une responsable syndicale a, elle, confié à l'AFP sa colère et son incompréhension. D'autant, affirme-t-elle, que la Monnaie de Paris a installé son propre distributeur au pied de la Butte du Lion. On peut y acheter, pour 2 euros, une médaille représentant Napoléon en bicorne… ou le lion.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.03.2015 à 18h06 La police turque a arrêté vendredi 13 mars trois personnes accusées d'avoir insulté le président islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan, sur Twitter. Les trois personnes, deux femmes et un homme, ont été interpellées à leur domicile et seront déférées devant un tribunal dans les prochains jours, a rapporté l'agence de presse officielle Anatolie.Selon les médias turcs, deux d'entre elles ont été interpellées à Istanbul, la troisième à Fethiye (sud-ouest).Dans une autre affaire, un étudiant de Kayseri (centre), condamné pour avoir qualifié le chef de l'Etat de « dictateur » lors d'une manifestation en 2013, a été arrêté alors qu'il avait jusqu'ici été laissé libre, a rapporté le quotidien Hürriyet. Aykulatap Avsar a été incarcéré à la prison de Kayseri où il devra purger une peine de quatorze mois de prison.Dérive autoritaireDepuis l'élection de M. Erdogan à la présidence de la République en août dernier, les poursuites pour « insulte au chef de l'Etat » se sont multipliées en Turquie, visant aussi bien artistes et journalistes que simples particuliers. Le barreau d'Istanbul a recensé au moins 84 procédures de ce type en six mois.L'opposition turque, qui dénonce régulièrement la dérive autoritaire du régime islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002, a exigé l'abrogation de l'article 299 du code pénal turc, qui punit toute personne qui « porte atteinte à l'image du président », estimant qu'il est contraire à la la liberté d'expression.Lire l'enquête (édition abonnés) : La « nouvelle Turquie » de Recep Tayyip Erdogan 13.03.2015 à 14h30 • Mis à jour le13.03.2015 à 17h02 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La rencontre avec le premier ministre grec, Alexis Tsipras, vendredi 13 mars au matin à Bruxelles, a été l’occasion pour le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, de dire qu’il faut qu’Athènes se consacre désormais pleinement au travail avec les représentants de ses créanciers (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne et Mécanisme européen de stabilité). Et à la Commission on laisse entendre que, si les choses avancent suffisamment rapidement, Athènes pourrait toucher très vite une partie de la dernière tranche du deuxième plan d’aide international.Grèce : le budget de l’Etat reste excédentaire, mais de peu« La situation [financière] du pays est sérieuse, il faut que les trois ou quatre jours qui viennent soient des jours productifs. C’est aux Grecs de se mettre maintenant durement au travail », a expliqué une source européenne après l’entrevue.Un conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement a lieu le 19 mars à Bruxelles. Il pourrait être l’occasion, soluigne-t-on à Bruxelles, d’évoquer un premier versement de prêts, si toutefois, d’ici là, Athènes s’engage, de manière ferme et concrète, sur un paquet de réformes avec ses créanciers. La Grèce, dans le cadre de son deuxième plan d’aide, doit encore recevoir environ 7 milliards d’euros d’aide.Si Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro), a déjà évoqué cette possibilité il y a une dizaine de jours, la position de la Commission risque d'alimenter les soupçons de complaisance chez les tenants de la fermeté. Berlin verrait d’un très mauvais œil cette possibilité de versements anticipés, pour parer à l’urgence financière grecque.Le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble a d’ailleurs jugé qu'il ne pouvait « exclure » une sortie désordonnée de la Grèce de l'euro - un « Grexident » - si le gouvernement d'Alexis Tsipras ne parvenait pas à un accord avec ses créanciers internationaux.Le commissaire européen, Pierre Moscovici, a estimé, vendredi dans un entretien au journal allemand der Spiegel qu'une sortie de la Grèce de l'euro serait une « catastrophe » qui pourrait annoncer « le début de la fin » pour la zone euro.Le gouvernement grec accepte l’assistance de la CommissionPar ailleurs, selon une source européenne, M. Tsipras, qui a acté, jeudi, une collaboration avec l’OCDE sur ses projets de réformes, a également accepté de demander l’assistance technique de l’Union européenne : les équipes de ce que l’on appelle la « task force Grèce », constituée au sein de la Commission européenne, devraient reprendre leur travail.Depuis près de quatre ans, cette équipe d’une soixantaine de personnes (dont près d’une trentaine en Grèce) assiste, à la demande, les différents gouvernements grecs, pour les aider à mettre en place les réformes réclamées par les créanciers.Côté Commission, c’est le vice-président, Valdis Dombrovskis, qui devrait superviser les travaux de cette « task force ». Il devrait travailler en coordination avec des experts des autres directions de la Commission (marché intérieur, concurrence, immigration…).Les Grecs devraient, eux aussi, constituer leur propre « assistance technique » pour discuter avec les Européens. Et le « superviseur » de cette équipe pourrait être le ministre délégué aux affaires européennes, Nikolaos Chountis.Cela permet de montrer que les discussions entre Athènes et ses créanciers ne sont plus aussi unilatérales que par le passé.Pierre Moscovici, le commissaire à l’économie, restera, lui, chargé de la puissante direction générale « Ecfin » et donc des équipes de la Commission (une quinzaine de personnes), qui travaillent au sein du « Groupe de Bruxelles ».Yanis Varoufakis, le flamboyant ministre des finances grec, n’aurait donc pas part directement aux négociations. En tout cas, c’est ce que souhaiteraient les Européens.L’amnistie fiscale proposée par Athènes à l’étudeLes Grecs ont commencé, jeudi à Athènes, à travailler avec les représentants de l’ex-« troïka » des créanciers, désormais appelé « Groupe de Bruxelles ». Ce qui est considéré à Bruxelles comme un très bon signal.L’objectif de ces réunions est de faire un état des lieux de l’état des finances grecques, de l’état de trésorerie des différentes administrations. Et aussi d’étudier quelles réformes peuvent être mises en place rapidement.La grande inconnue de l’état réel des finances grecquesLe gouvernement d’Alexis Tsipras a annoncé qu’il voulait mettre sur les rails rapidement ses mesures d’aide humanitaire pour les foyers les plus en difficulté dans le pays (électricité gratuite, aide alimentaire, accès aux soins).Les créanciers veulent savoir avec quel argent ces mesures d’urgence peuvent être financées.Par ailleurs, ils discutent déjà, selon une source européenne, de la mesure proposée par le ministre des finances, Yanis Varoufakis, qui consiste à proposer aux citoyens grecs ayant des arriérés d’impôts, une sorte d’amnistie fiscale et un étalement de leurs paiements.Le but est de faire rentrer le plus vite possible quelques milliards d’euros dans les caisses de l’Etat. Les experts du « Groupe de Bruxelles » étudieraient notamment comment rendre cette mesure moins injuste pour tous les Grecs qui, eux, ont payé l’impôt.Recettes fiscales plus faibles que prévuSur les deux premiers mois de l'année, les recettes fiscales ont atteint 7,298 milliards d'euros, soit 13,8 % (ou 1,17 milliard d’euros) de moins qu'attendu, a précisé le ministère des finances.L'excédent de l'Etat central ressort à 1,243 milliard d'euros sur janvier-février, contre 1,411 milliard prévu, a-t-il ajouté dans un communiqué.Ce montant n'intègre pas les comptes de la Sécurité sociale grecques, ni ceux des collectivités locales, et il diffère des données que suivent les créanciers internationaux. Il traduit néanmoins une amélioration de la situation financière d'Athènes.Athènes veut se donner les moyens de faire face aux remboursements d’empruntsCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.03.2015 à 11h15 • Mis à jour le13.03.2015 à 15h21 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L’Islande n’entrera pas dans l’Union européenne (UE) et n’adoptera pas l’euro : Reykjavik a fait savoir officiellement à la Lettonie, qui préside actuellement le Conseil européen, et à la Commission de Bruxelles, qu’elle retirait sa candidature à l’adhésion.« L’Islande n’est plus un pays candidat et demande à l’UE d’agir en conséquence », a indiqué ce courrier, jeudi 12 mars. Vendredi matin, la Commission ne réagissait pas. « Nous examinons le dossier, cela va prendre du temps », commentait une porte-parole de Federica Mogherini, la haute représentante et vice-présidente de la Commission.Bruxelles ne voit pas d’un bon œil ce retrait, qui est un signal plutôt négatif et dénote de la perte du pouvoir d’attraction de l’ensemble communautaire, ainsi que de la monnaie unique. La décision islandaise n’est toutefois pas une totale surprise : le gouvernement de centre droit, qui a été mis en place en 2013, s’était engagé à mettre fin au processus commencé en 2009 par la coalition de gauche alors au pouvoir.En six ans, l’UE a perdu son pouvoir d’attractionLa démarche enclenchée à l’époque avait été rapide en comparaison au sort réservé à d’autres candidats comme la Serbie, la Turquie ou la Bosnie. Les négociations ont démarré dès 2010 au niveau ministériel et, en théorie, l’Islande était promise à devenir le 29e membre de l’UE, après la Croatie, intégrée en 2013. Son dossier apparaissait comme plus simple, plus favorable, voire plus logique puisque le pays avait déjà intégré quelque 70 % de la législation européenne.Les dirigeants et l’opinion, terrassés par la crise financière et bancaire qui avait mis à mal les institutions du pays, considéraient l’Europe comme une bouée de sauvetage. Et une entrée dans l’euro comme un remède à la dépréciation de la couronne, qui avait perdu jusqu’à 50 % de sa valeur au plus fort de la crise d’un secteur bancaire hypertrophié, dont l’effondrement avait fait des victimes dans de nombreux pays. La faillite de la banque Icesave, en 2008, avait notamment touché des milliers de Britanniques et de Néerlandais.La classe politique avait été vivement critiquée pour avoir négligé les mises en garde des pays scandinaves et de la Grande-Bretagne quant à la disproportion entre la taille du pays (320 000 habitants) et celle de ses banques. Dans un rapport dévoilé en 2010, une commission d’enquête parlementaire avait dénoncé « l’extrême négligence » de l’ancien premier ministre conservateur, Geir Haarde, et de l’ex-gouverneur de la banque centrale, David Oddsson.C’est un gouvernement de gauche, dirigé par Johanna Sigurdardottir, qui allait devoir apurer les comptes, accepter un plan de rigueur du Fonds monétaire international, gérer les créances extérieures et redresser une économie malade.Lire aussi l’entretien avec Sigmundur David Gunnlaugsson « Intégrer l'UE serait incompatible avec certains intérêts fondamentaux de l'Islande »Le pays, qui cultivait fièrement son indépendance et mettait en avant son « miracle économique » et son confort de vie presque inégalé – attesté par une première place au palmarès mondial du développement humain en 2009 –, était contraint de changer radicalement de cap. Aujourd’hui, son produit intérieur brut reste inférieur à celui de 2008 et il a du mal à intégrer sur le marché du travail ses nombreux jeunes diplômés.Dès mars 2010, les électeurs avaient envoyé un signal en rejetant massivement, lors d’un référendum, un projet d’accord financier avec Londres et La Haye pour le règlement de la dette d’Icesave.Le camp des eurosceptiques renforcéCe résultat aboutissait, de fait, à remettre en question la candidature à l’UE. Depuis, les difficultés d’une série de pays, dont la Grèce, ont fait réfléchir les Islandais.La perspective d’un abandon de l’euro par Athènes, qui n’est officiellement pas souhaitée par les dirigeants européens mais n’est pas exclue, ainsi que la promesse d’un référendum au Royaume-Uni, sur le maintien ou non dans l’Union, ont renforcé le camp eurosceptique. Une vague nationaliste a même déferlé sur le pays.La population est également focalisée sur la question des quotas de pêche et la « guerre du maquereau », qui oppose Bruxelles et Reykjavik. La présence de l’Islande au sein de l’Association européenne de libre-échange et de l’Espace économique européen lui permet d’exporter le produit de sa pêche sans barrières tarifaires.Mais un conflit est apparu en 2010 quand l’Islande a décidé, contre l’avis de la Commission, de relever ses quotas de pêche. Les pressions de Bruxelles sur le pays pour le forcer à revoir sa politique ont favorisé le rejet du projet d’intégration.Lire également : L'Islande a sauvé ses pêcheursAvec un taux de chômage redescendu à 3 %, un tourisme en plein boom et des dettes sur les biens immobiliers des particuliers en partie effacées, le pays estime ne plus avoir besoin de l’Europe. Il se contentera de rester membre de l’espace sans passeport de Schengen et de l’OTAN.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Michel Bezat Ce qui devait arriver arriva… Préparée depuis un an, l’arrivée d’EDF sur le chantier de l’EPR construit par Areva à Olkiluoto (Finlande) se précise et elle sera l’une des premières illustrations du « rapprochement » des deux groupes réclamé par le gouvernement. Dans les prochaines semaines, les deux piliers de la filière nucléaire française et le consortium TVO, client finlandais d’Areva, signeront un accord tripartite prévoyant que l’électricien travaillera « aussi bien en support d’Areva que de TVO dans le cadre d’une mission d’ingénierie d’envergure », indique Le Figaro dans son édition du 13 mars.En revanche, EDF exclut d’investir dans ce projet dont la dérive des coûts explique en partie les difficultés actuelles d’Areva, qui vient d’annoncer une perte nette de 4,8 milliards d’euros en 2014.Ni le prix ni le calendrier ne pourront être tenusC’est Luc Oursel, alors patron d’Areva, qui était allé voir son homologue d’EDF, Henri Proglio, à la demande de TVO, pour obtenir l’assistance du géant de l’atome civil dans une phase très délicate pour ce réacteur de troisième génération, le plus puissant au monde (1 650 MW) : la fin des travaux d’électro-mécanique, la mise en place du contrôle commande, cerveau de la centrale, et plus critique encore, les essais du réacteur qui démarreront en 2017. Une phase pour laquelle le futur exploitant TVO ne se sent visiblement pas les reins assez solides.En 2003, quand le groupe Areva créé deux ans plus tôt décroche le marché finlandais avec l’allemand Siemens, il sous-estime le prix en proposant une centrale clé en main pour 3 milliards d’euros. Il s’engage sur un calendrier de construction intenable (quatre ans) pour une « tête de série », où les ingénieurs essuient toujours tous les plâtres !Sa présidente, Anne Lauvergeon, décide aussi de conduire le chantier sans EDF, qui a pourtant l’expérience de la construction des 58 réacteurs du parc nucléaire français, alors qu’Areva n’a jamais été maître d’œuvre de tels projets.Dès le début des travaux, en 2005, il s’avère que ni le prix ni le calendrier ne pourront être tenus : l’EPR coûtera finalement quelque 9 milliards et n’entrera pas en service avant 2018, avec neuf ans de retard.Pour Philippe Knoche, directeur général d’Areva, qui a piloté le chantier entre 2006 et 2009, il n’est plus question de se lancer seul dans une telle aventure.Arbitrage internationalDans un entretien aux Echos, vendredi, Mme Lauvergeon reconnaît « forcément une part de responsabilité » dans les difficultés actuelles de son ancienne entreprise. Elle note que l’EPR d’Olkiluoto « coûtera trois fois plus cher que prévu, mais comme celui construit par EDF à Flamanville (Manche) ».« Beaucoup de grands projets complexes ont vu l’addition s’envoler », ajoute-t-elle en citant les programmes de l’A380 d’Airbus ou du B777X de Boeing. Elle incrimine la forte hausse des prix du béton et de l’acier dans les années 2000. Mais également TVO et STUK, l’autorité de sûreté nucléaire locale, qui n’ont jamais respecté les délais de certification des équipements, ce qui a retardé le chantier.Un arbitrage international à plus de deux milliards d’euros oppose aujourd’hui TVO à Areva. Ce lourd contentieux n’a pas favorisé les Français : en décembre 2014, le parlement finlandais a choisi le russe Rosatom – malgré les tensions politiques entre Moscou et les Occidentaux sur l’Ukraine – pour la construction d’un sixième réacteur nucléaire.Passage obligéL’aventure finlandaise aura au moins permis de tirer deux enseignements. Un tandem EDF-Areva est un passage obligé pour décrocher des marchés. A Abou Dhabi, les émiratis avaient réclamé en vain la participation du premier exploitant mondial de réacteurs et finalement opté pour l’offre du coréen Kepco. EDF doit donc reprendre la main et jouer son rôle historique d’architecte-ensemblier.En outre, les deux sociétés doivent travailler – ce qu’elles font depuis des mois – à une forte baisse du prix de l’EPR si elles veulent l’exporter. Sans pour autant réduire la sûreté, qui explique en partie le coût de l’EPR.Car d’importants marchés sont en vue : la Chine, où deux EPR sont déjà en cours de construction ; en Inde, où les négociations menées par Areva ne semblent guère avancer ; et en Arabie saoudite, où les Japonais, les Américains et les Coréens sont également en lice. Vendu en plus grand nombre, le réacteur français de troisième génération pourrait alors bénéficier d’un effet de série. Et devenir – enfin – compétitif.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Pour leur retour à Athènes, jeudi 12 mars, les experts de l’ex-« troïka », désormais baptisée « Groupe de Bruxelles », ont deux priorités : obtenir une image claire de l’état des finances publiques grecques, ainsi qu’une explication détaillée de la manière dont le gouvernement d’Alexis Tsipras entend faire face aux besoins financiers du pays, confronté à de lourdes échéances de remboursement de prêts dans les semaines qui viennent.Ce n’est qu’après avoir fait cette évaluation que les experts des créanciers de la Grèce s’attaqueront à l’analyse de l’état d’avancement des réformes promises par Athènes. Ce volet de la mission devrait débuter la semaine prochaine.Jeudi, M. Tsipras et le secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), José Angel Gurria, ont annoncé un partenariat sur la mise en place de réformes (sur la fiscalité ou la concurrence, par exemple), dont Athènes espère qu'il sera une preuve de sa bonne volonté réformatrice.Jeu de pistesC’est un drôle de jeu de pistes, qui s’est ouvert, jeudi, pour tenter de localiser les représentants des créanciers de la Grèce. Le ministre des finances, Yanis Varoufakis, a déclaré, mercredi, que ces représentants de la Commissions européenne, de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI) seront maintenus à l’abri des regards, « dans un lieu dédié » de la capitale – « probablement leur hôtel », a précisé M. Varoufakis –, où leur seront livrées les « données » nécessaires à l’évaluation de l’état des finances grecques.En soit, rien de bien différent de la façon dont fonctionnaient déjà les experts de l’ex-« troïka », souvent confinés par le précédent gouvernement au Hilton, et qui ne sortaient de cet hôtel de luxe d’Athènes que pour aller rencontrer le ministre des finances.La « troïka » est de retour à AthènesPlus d’accès aux données depuis décembre 2014Le premier objectif de cette mission est d’obtenir une image claire de l’état des finances grecques, alors que plus aucune information ne remontait à Bruxelles depuis décembre 2014 et le début du processus électoral qui a porté, le 25 janvier, le parti de la gauche radicale Syriza au pouvoir.La Grèce doit également préciser à ses partenaires de quelle manière seront couverts les besoins financiers du pays jusqu’à fin mars, mois durant lequel d’importantes échéances se succèdent avec 6 milliards d’euros à rembourser, dont 1,5 milliard au FMI.De lourdes échéancesAprès un premier versement de près de 300 millions effectué vendredi 6 mars, le FMI, qui a prêté 32 milliards d’euros au total à la Grèce, attendait un deuxième remboursement de 334 millions d’euros vendredi 13 mars, puis un troisième, le 16 mars et encore un autre le 20 mars.Le pays devra aussi rembourser au FMI 420 millions d’euros en avril, 900 millions en mai et 1,45 milliard en juin. Juillet et août seront aussi compliqués, car la BCE attendra alors 6,7 milliards d’euros.Selon le ministère des finances, la Grèce a dégagé en janvier un excédent primaire (hors charge de la dette) s’élevant à 419 millions d’euros. Il était encore de 1,8 milliard d’euros sur la même période un an plus tôt.Quatre sources de revenusPour financer ces échéances, le gouvernement d’Alexis Tsipras compte sur quatre sources de revenus. Il entend d’abord continuer à utiliser les bons du Trésor : le pays a levé, mercredi 11 mars, 1,3 milliard d’euros à trois mois, à un taux d’intérêt encore en hausse par rapport à la précédente émission.Les principales acheteuses de ces obligations sont les banques grecques dont les liquidités restent soumises au bon vouloir de la BCE. Celle-ci a toutefois procédé jeudi à un nouveau relèvement de 600 millions d’euros du plafond du financement d’urgence (ELA) dont peuvent bénéficier les établissements grecs, portant à 69,4 milliards d’euros la somme disponible.Selon des données publiées, jeudi, par la Banque de Grèce, les prêts ELA qu’elle-même effectue ont représenté 65,64 milliards d’euros en février, contre 5,2 milliards en janvier. Dans le même temps, la BCE n’acceptant plus la dette souveraine grecque comme collatéral depuis le 4 février, les prêts de l’institution monétaire de Francfort contre garantie ont chuté de 53 %, à 38,61 milliards d’euros contre 82,24 milliards en janvier.Le gouvernement grec veut aussi « emprunter » aux caisses de sécurité sociale du pays. C’est pourquoi il a déposé, jeudi 12 mars, un amendement au projet de loi sur la gestion de la crise humanitaire actuellement en cours d’examen au Parlement, permettant de transférer au Fonds commun de la Banque de Grèce quelque 2 milliards d’euros de liquidités bancaires de ces organismes (caisses de retraite, sécurité sociale, agence pour l’emploi, etc.).Troisième piste : augmenter les recettes fiscales. Un projet de loi vient d’être soumis, jeudi, à la consultation publique. Il vise à permettre le remboursement d’impayés d’impôts en 100 mensualités et prévoyant une amnistie pour les contribuables décidant de rembourser l’ensemble de leurs dettes fiscales d’un coup.Bruxelles n’a pas été prévenu de cette initiative, qui devrait commencer à être étudiée par le « Groupe de Bruxelles », car il faut faire rentrer très vite de l’argent dans les caisses grecques.Enfin, et surtout, la Grèce espère pouvoir, d’ici au 20 avril, bénéficier de la dernière tranche de prêts (7,2 milliards d’euros) prévue dans le cadre de la prolongation de l’accord d’aide financière, décidée le 20 février lors d’une réunion de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro).Escalade verbale entre Athènes et BerlinAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.03.2015 à 20h02 • Mis à jour le12.03.2015 à 22h46 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La nouvelle bataille de Waterloo n'aura pas lieu : la Belgique a prudemment retiré son projet de frapper une pièce de 2 euros à l'occasion du bicentenaire de l'affrontement, le 18 juin prochain. La pièce, qui devait porter au dos l'image du célèbre lion trônant sur une butte, au-dessus de la plaine où furent écrasées les armées de Napoléon, ne verra pas le jour. La diplomatie française s'y est opposée. Elle a jugé que « les symboles négatifs pour une fraction de la population européenne » pouvaient être préjudiciables alors que les gouvernements de la zone euro « tentent de renforcer l'unité et la coopération au sein de l'union économique et monétaire ».Le projet, ont fait valoir des responsables français, risquait d'entraîner « une réaction défavorable » dans l'Hexagone, compte tenu du fait que Waterloo a « une résonance particulière dans la conscience collective, au-delà de la simple évocation d'un fait militaire ».Comme le lion, la France a (un peu) rugi au sein d'un très confidentiel « sous-comité des pièces », dépendant de l'instance qui réunit les directeurs du trésor des Etats de l'eurozone. L'ambassade de France à Bruxelles et la représentation permanente auprès de l'Union européenne minimisent l'affaire, soulignant qu'elle a été cantonnée à « un niveau purement technique ». « Mais il est vrai que nous n'étions pas spécialement enthousiastes », ajoute un porte-parole. Inutile d'interroger les ambassades britanniques : elles rient sous cape mais rappellent que leur pays n'est pas membre de la zone euro…Une perte de 1,5 million d'euros à comblerLa Belgique savait que Paris, appuyée par d'autres capitales, aurait pu exiger un vote des ministres européens des finances. Elle a donc remisé son projet. Le ministre des finances, le nationaliste flamand Johan Van Overtveldt s'est toutefois dit « un peu surpris ». La Monnaie royale devait frapper au total 270 000 pièces, dont 180 000 étaient déjà sorties des presses. Il en résultera une perte de 1,5 million d'euros. Que le ministère tentera de combler en diffusant une pièce purement commémorative, d'une valeur fictive de 2,5 euros, qui ne devra pas être soumise à l'approbation des Etats.Si le gouvernement belge n'entend pas envenimer la querelle, une responsable syndicale a, elle, confié à l'AFP sa colère et son incompréhension. D'autant, affirme-t-elle, que la Monnaie de Paris a installé son propre distributeur au pied de la Butte du Lion. On peut y acheter, pour 2 euros, une médaille représentant Napoléon en bicorne… ou le lion.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.03.2015 à 19h55 • Mis à jour le13.03.2015 à 17h30 | Maxime Vaudano, Alexandre Pouchard et Samuel Laurent Les eurodéputés Front national (FN) et leurs assistants sont dans le viseur de Martin Schulz. Comme le révélait Le Monde le 10 mars, le président social-démocrate du Parlement européen a saisi les instances anti-fraude de l'Union européenne (UE) des cas d'une vingtaine de collaborateurs. Ils sont soupçonnés d'être rémunérés par l'Europe tout en faisant autre chose que travailler pour le mandat européen de leur député. Le préjudice pourrait atteindre 7,5 millions d'euros.Lire : Qui sont les frontistes visés par l’enquête européenne pour fraude ?Ce type de pratique n'est pas nouveau. En 2011, le Parlement avait traîné des pieds avant de rendre public un rapport dénonçant ce type d'abus. Certains partis et députés profitaient de la manne offerte par le Parlement pour rémunérer des salariés employés à faire autre chose. Depuis, l'assemblée strasbourgeoise a tenté de mieux réguler le rôle et le statut des assistants.Néanmoins, comme nous l'avons découvert en passant au crible les 234 assistants des 74 eurodéputés français, les pratiques douteuses subsistent, et pas seulement au FN. Comment nous avons travaillé Nous avons récupéré sur le site du Parlement européen la liste des assistants déclarés par chaque eurodéputé français, qu'ils soient « locaux » ou accrédités au Parlement. Puis nous avons recherché, nom par nom, s'ils exerçaient d'autres fonctions, en nous concentrant sur deux activités : les responsabilités qu'ils pouvaient avoir au sein du parti de leur eurodéputé et l'exercice éventuel d'autres mandats électifs.Cliquez ici pour accéder aux données1. Des assistants aux rôles et statuts différents selon les partisQuel budget pour les assistants ? Chaque eurodéputé dispose d'une somme mensuelle de 21 500 euros pour rémunérer des assistants. Il est libre d'en embaucher le nombre qu'il veut, dans certaines limites. Certains n'en ont que trois, d'autres cinq. La moyenne pour les eurodéputés français est plutôt de quatre.De même, ils peuvent avoir deux statuts : accrédités au Parlement ou locaux. Là encore, une certaine disparité règne : certains eurodéputés n'ont aucun assistant local, d'autres à l'inverse en ont plus en local qu'au Parlement.if (!window.Highcharts) {') .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } .subtitre{ display:block; }$("#container_1426169459190 .graphe").css("height", 450)$("#container_1426169459190 .title").empty()if ("Nombre et statut des assistants parlementaires"!= ""){Nombre et statut des assistants parlementaires")}$("#container_1426169459190 .subtitle").empty()if ("Par formation politique française"!= ""){Par formation politique française")}$(function () {Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher' }});$("#container_1426169459190 .graphe").highcharts({chart:{ backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, type: "bar", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "", _blank ); } } }},colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"],credits:{ enabled:true, text:"", position: { align: "right", x: -15, y: -5 },},title: { text: ""},subtitle: { text: ""},plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true }},yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }]}, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' }}],xAxis:{ type:"linear", categories:["Parti Radical - UDI","Sans étiquette","Europe Écologie","L'union pour les Outremer","MoDem","PRG","PS","FN-RBM","UMP","Front de Gauche","Nous Citoyens","UDI"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }]},tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:true, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: ""},legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10},series:[ { "name": "Assistants accrédités", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 3 ], [ "", 5 ], [ "", 18 ], [ "", 3 ], [ "", 8 ], [ "", 2 ], [ "", 27 ], [ "", 38 ], [ "", 38 ], [ "", 7 ], [ "", 1 ], [ "", 2 ] ], "color": "#0386c3" }, { "name": "Assistants locaux", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", null ], [ "", 1 ], [ "", 6 ], [ "", 1 ], [ "", 4 ], [ "", 1 ], [ "", 16 ], [ "", 25 ], [ "", 26 ], [ "", 7 ], [ "", 1 ], [ "", 2 ] ], "color": "#FFc832" }]})});var chart = $('#container_1426169459190 .graphe').highcharts();if (0== 0){ $("#axeY2").hide() $(".invis").hide() $(".invis2").hide()} else { $("#axeY2").show() $(".invis").show() $(".invis2").show()}C'est une première différence entre les partis : chez les eurodéputés français écologistes, on compte en moyenne 3 assistants accrédités pour un local quand au Front de gauche ou au FN, ils se répartissent à égalité entre les deux échelles.2. Assistant parlementaire et… élu régional : les cumuls du FN17/63 En faisant le compte des mandats électifs exercés par des assistants parlementaires d'eurodéputés, un parti se détache nettement des autres : le Front national. Sur 63 assistants, pas moins de 17 sont élus locaux ! Si l'on compare avec l'UMP, qui compte 65 assistants, seuls six ont un mandat local. De même pour le PS (43 assistants, 3 mandats locaux).if (!window.Highcharts) {') .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } .subtitre{ display:block; }$("#container_1426169486405 .graphe").css("height", 450)$("#container_1426169486405 .title").empty()if ("Assistants parlementaires ayant un mandat électif ou une fonction dans le parti"!= ""){Assistants parlementaires ayant un mandat électif ou une fonction dans le parti")}$("#container_1426169486405 .subtitle").empty()if ("Nombre d'assistants par formation politique"!= ""){Nombre d'assistants par formation politique")}$(function () {Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher' }});$("#container_1426169486405 .graphe").highcharts({chart:{ backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, type: "bar", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "", _blank ); } } }},colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"],credits:{ enabled:true, text:"", position: { align: "right", x: -15, y: -5 },},title: { text: ""},subtitle: { text: ""},plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true }},yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }]}, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' }}],xAxis:{ type:"linear", categories:["Europe Écologie","Front de Gauche","FN-RBM","L'union pour les Outremer","Mouvement Démocrate","Nous Citoyens","Parti Radical - UDI","Parti radical de gauche","Parti socialiste","Sans étiquette","UDI","UMP"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }]},tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:true, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: ""},legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10},series:[ { "name": "Mandats électifs", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 1 ], [ "", 4 ], [ "", 17 ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", 3 ], [ "", 1 ], [ "", null ], [ "", 6 ] ], "color": "#0386c3" }, { "name": "Fonctions au sein du parti", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 3 ], [ "", 5 ], [ "", 23 ], [ "", null ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", null ], [ "", 1 ], [ "", 7 ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", 4 ] ], "color": "#FFc832" }]})});var chart = $('#container_1426169486405 .graphe').highcharts();if (0== 0){ $("#axeY2").hide() $(".invis").hide() $(".invis2").hide()} else { $("#axeY2").show() $(".invis").show() $(".invis2").show()}Surtout, concernant le FN, on trouve des cas qui posent question : outre des conseillers municipaux élus de petites communes, on compte également quatre conseillers régionaux (Frédéric Boccaletti élu en PACA, France Jamet en Languedoc-Roussillon, Eric Vilain en Lorraine et Bruno Bilde dans le Nord-Pas-de-Calais).Or, si l'on peut concevoir aisément qu'un mandat de conseiller d'un village soit compatible avec des fonctions d'assistant parlementaire, c'est moins vrai pour un conseiller régional, qui constitue un travail à part entière, rémunéré entre 1 500 et 2 600 euros brut par mois.Le Front national n'est cependant pas le seul dans ce cas : François Delapierre, assistant de Jean-Luc Mélenchon, est également conseiller régional en Ile-de-France.Autre cas répandu : le cumul des activités d'assistant parlementaire et de conseiller municipal de grandes villes. Là encore, le FN se distingue, avec des élus à Perpignan (Alexandre Bolo, assistant de Louis Aliot, dont le mandat n'es pas rémunéré), à Suresnes (Laurent Salles), Rambouillet (Philippe Chevrier), Givors, Toulon…Mais là encore, il n'est pas seul dans ce cas. Le Front de gauche et, dans une moindre mesure, le PS ou l'UMP comptent plusieurs cas de cumul d'un mandat municipal d'une ville de taille importante et d'une fonction d'assistant parlementaire.3. Des assistants qui travaillent pour le partiOutre ces mandats électifs, l'autre sujet qui attise les soupçons de l'Office européen de lutte antifraude (OLAF) est celui des responsabilités exercées par les assistants au sein des partis. L'OLAF s'est étonné que 20 assistants de députés frontistes figurent dans l'organigramme de la direction nationale du FN. Là encore, si le FN n'est pas le seul dont les collaborateurs d'eurodéputés ont des occupations multiples, il se distingue clairement.if (!window.Highcharts) {') .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } .subtitre{ display:block; }$("#container_1426169512116 .graphe").css("height", 450)$("#container_1426169512116 .title").empty()if ("Part d'assistants ayant une fonction partisane ou un mandat électoral"!= ""){Part d'assistants ayant une fonction partisane ou un mandat électoral")}$("#container_1426169512116 .subtitle").empty()if ("Par formation au parlement européen"!= ""){Par formation au Parlement européen")}$(function () {Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher' }});$("#container_1426169512116 .graphe").highcharts({chart:{ backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, type: "column", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "", _blank ); } } }},colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"],credits:{ enabled:true, text:"", position: { align: "right", x: -15, y: -5 },},title: { text: ""},subtitle: { text: ""},plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true }},yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }]}, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' }}],xAxis:{ type:"linear", categories:["L'Union pour les Outremer","Parti Radical ","UDI","Sans étiquette","UMP","Europe Écologie","Parti socialiste","Mouvement Démocrate","Parti radical de gauche","FN-RBM","Front de Gauche","Nous Citoyens"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:-90 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }]},tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"% ", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 2, xDateFormat: ""},legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10},series:[ { "name": "Part d'assistants ayant un mandat électoral", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", 16.67 ], [ "", 6.15 ], [ "", 4.17 ], [ "", 6.98 ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", 28.57 ], [ "", 28.57 ], [ "", null ] ], "color": "#0386c3" }, { "name": "Part d'assistants ayant une fonction partisane", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", 7.69 ], [ "", 12.5 ], [ "", 16.28 ], [ "", 16.67 ], [ "", 33.33 ], [ "", 36.51 ], [ "", 42.86 ], [ "", 50 ] ], "color": "#FFc832" }]})});var chart = $('#container_1426169512116 .graphe').highcharts();if (0== 0){ $("#axeY2").hide() $(".invis").hide() $(".invis2").hide()} else { $("#axeY2").show() $(".invis").show() $(".invis2").show()}24/63 Nous avons compté 24 assistants exerçant par ailleurs des responsabilités partisanes sur les 63 collaborateurs d'élus FN ou RBM.C'est nettement plus que le PS (7 cas sur 43 assistants), le Front de gauche (6 cas sur 24) ou l'UMP (5 cas sur 65).Parmi les exemples les plus frappants, citons Bruno Bilde (conseiller spécial de Marine Le Pen, membre du bureau politique, de la commission d'investiture et du comité central du parti) ; Catherine Griset, chef de son secrétariat ; Guillaume l'Huillier, directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen ; ou Micheline Bruna, secrétaire personnelle du président d'honneur du parti frontiste.Si le FN est clairement au-dessus des autres formations par le volume d'assistants ayant des responsabilités dans le parti, il n'est pas le seul. Tous deux assistants de Jean-Luc Mélenchon, Aigline de Vincens de Causans et François Delapierre occupent également des fonctions dans la direction du Parti de gauche. La première comme élu au bureau national, le second comme secrétaire national. Deux de leurs collègues y occupent des fonctions moins stratégiques : Juliette Prados comme attachée de presse et Laurent Maffeïs, l'ex-directeur de cabinet de M. Mélenchon, comme responsable du secteur « études » du parti.On peut aussi citer le cas d'Isabelle Sicart, chef de cabinet de François Bayrou à la présidence du MoDem et assistante parlementaire de Marielle de Sarnez. Ou encore celui de Lionel Moisy de Cala, conseiller en communication du député UMP Bernard Accoyer et assistant parlementaire de Renaud Muselier.Au PS, on compte des cas qui posent question aussi, comme Frédéric Faravel, à la fois membre du bureau fédéral du Val-d'Oise, du bureau du comité régional d'Ile-de-France, du bureau national des adhésions et assistant parlementaire au Sénat de Marie-Noëlle Lienemann, tout en étant également collaborateur de l'eurodéputé Emmanuel Maurel.1/3 Des assistants candidats. Autre comptage qui pose question : pas moins de 19 des assistants parlementaires du Front national sont candidats aux élections départementales, sur un total de 63. Ce chiffre est largement supérieur à celui du PS, par exemple (2 candidats sur 43 assistants) ou de l'UMP (aucun). 4. Des irrégularités pas forcément illégalesCes cas posent question. Sont-ils pour autant illégaux ? Ce sera aux instances européennes de trancher. Mais il semble difficile d'estimer la réalité du travail d'un assistant parlementaire, et ce qu'il peut faire ou non sur son temps de travail ou en dehors. A quel moment travaille-t-il pour le parti plutôt que pour le mandat européen de son élu ? Et comment le certifier ?Longtemps flou, le statut des assistants parlementaires est étroitement réglementé depuis 2008. Le règlement applicable reconnaît deux catégories de collaborateurs parlementaires :Les assistants « accrédités », « en poste » dans l'un des trois lieux de travail du Parlement européen (Strasbourg, Bruxelles, Luxembourg) pour y exercer « des tâches qui sont directement liées aux travaux accomplis par un ou plusieurs députés dans l'exercice de leurs fonctions [...] au Parlement européen ». Leur contrat est directement pris en charge par l'assemblée strasbourgeoise.Les assistants « locaux » qui « assistent » les eurodéputés dans leur Etat membre d'élection. Ils sont directement en contrat avec leur député.Le code de conduite sur lequel s'est appuyé le Parlement européen pour déclencher son enquête contre les assistants du FN précise que « seuls peuvent être pris en charge les frais correspondant à l'assistance nécessaire et directement liée à l'exercice du mandat parlementaire des députés ». « Ces dépenses ne peuvent en aucun cas couvrir des frais liés à la sphère privée des députés ». Le document stipule plus loin que le Parlement européen ne saurait financer « les contrats conclus avec les groupes ou partis politiques » représentés dans l'Hémicycle : l'argent public européen ne doit donc pas alimenter leurs dépenses courantes des mouvements politiques en tant que tel.Pour condamner d'éventuels députés fraudeurs, l'OLAF devra donc établir que leurs assistants se consacrent effectivement à d'autres tâches que celles pour lesquelles ils sont rémunérés par les fonds de l'UE.La question des rémunérations est à cet égard la clé. En décembre, Le Parisien avait interrogé le FN pour savoir si, dans plusieurs cas de cumul, les assistants percevaient une double rémunération. Ce dernier n'avait pas souhaité répondre.Maxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.03.2015 à 16h17 • Mis à jour le12.03.2015 à 16h20 Abonnée aux mesures de rigueur depuis 2008, même si celles-ci ont été officiellement levées depuis octobre 2014, et passée pas loin de la faillite en 2010, sauvée par un plan d’aide international, l’Irlande redresse la tête. Son économie a progressé de 4,8 % sur l’année 2014, contre une croissance de 0,2 % en 2013, a annoncé, jeudi 12 mars, l’institut irlandais des statistiques. Le gouvernement en place à Dublin attendait, il y a quelques mois encore, une hausse de 4,7 % du produit intérieur brut (PIB).Cette dynamique, en dépit d’un ralentissement sur les derniers mois de 2014, devrait se confirmer en 2015, puisque les prévisions de croissance du PIB irlandais vont de + 3,5 % pour la Commission européenne à + 3,9 % pour Dublin.« L’Irlande a bénéficié de ses liens commerciaux très proches avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni, deux des principaux moteurs de la croissance mondiale ces douze derniers mois », ce qui a dopé ses exportations et donc sa croissance, souligne Alan McQuaid, économiste chez Merrion Stockbrokers, cité par l’AFP.« Mais l’aspect le plus encourageant de cette reprise, c’est le rebond de la demande intérieure », pour la première fois depuis 2010, la chute de l’euro devant aussi « constituer un énorme avantage », ajoute-t-il, car elle va doper la compétitivité des industries basées dans le pays.L’euro au plus bas depuis 2003 face au dollarChiffres volatilsLes chiffres de la croissance de l’Irlande sont à prendre avec précaution : ils sont très volatils, en raison de la taille relativement modeste de cette économie et du fait de la présence importante d’entreprises multinationales des secteurs de la pharmacie et des nouvelles technologies, dont les résultats sont sensibles à la conjoncture.L’Irlande a connu six années d’austérité. Au total, cette « consolidation » budgétaire (marquée par des hausses d’impôts, la création d’une taxe foncière, la baisse des salaires des fonctionnaires de 11 % en moyenne…) a représenté 20 % du PIB. Toutes les banques irlandaises ont été nationalisées, au moins partiellement. Au bord du défaut de paiement, l’Irlande a dû faire appel fin 2010 à un plan de sauvetage du Fonds monétaire international (FMI) et de l’Union européenne.Le déficit a lentement été réduit, ce qui a permis à l’Irlande de retrouver la confiance des marchés financiers. Le pays a pu sortir du plan de sauvetage fin 2013. Il a obtenu une restructuration partielle de sa dette, qui s’élève à 114,8 % de son PIB. En octobre 2014, lors la présentation du budget 2015, le gouvernement irlandais a officiellement mis fin à la rigueur.L’Irlande sort à petits pas de sept années d’austéritéLes traces de l’austéritéMais les mesures d’austérité ont laissé des traces. La décision du gouvernement de taxer l’eau potable, engagement pris dans le cadre du plan d’aide financière, passe par exemple très mal et a provoqué nombre de manifestations ces derniers mois.Par ailleurs, au plan politique, l’Alliance anti-austérité (AAA), un mouvement d’extrême gauche créé en mai 2014, « surfe » sur ces ressentiments et ambitionne de marcher dans les pas de Syriza, en Grèce, et Podemos, en Espagne.En Irlande, l'Alliance anti-austérité rêve de marcher dans les pas de Syriza et Podemos Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) En plein conflit entre Athènes et ses partenaires européens, une fondation allemande apporte de l’eau au moulin des Grecs. Jeudi 19 mars, la fondation Hans Böckler, proche de la confédération syndicale DGB, a présenté une étude portant sur l’évolution des revenus en Grèce, de 2008 à 2013.Pour ce faire, deux universitaires, Tassos Giannitsis (université d’Athènes) et Stavros Zografakis (université agricole d’Athènes), ont épluché les données de 260 000 foyers fiscaux représentatifs. Tassos Giannitsis est très connu en Grèce. Sans être membre du Pasok, cet intellectuel a été un des conseillers du premier ministre Konstantinos Simitis, de 2000 à 2004.Les revenus ont chuté de 23 % entre 2008 et 2012Selon cette étude, les revenus des ménages grecs, qui étaient en moyenne de 23 100 euros avant impôts en 2008, sont tombés à 17 900 euros en 2012, soit une baisse de 23 %. Sur la période allant de 2009 à 2013, le recul des salaires et revenus est de 19 %. En raison de la chute du salaire minimum et de l’affaiblissement des conventions collectives, les salariés des entreprises publiques ont même perdu 25 % de leurs revenus.Si les chercheurs reconnaissent que les salaires avaient auparavant davantage augmenté que les gains de productivité, ils estiment que la moitié environ de cette chute des revenus n’est pas justifiée par un éventuel nécessaire « rattrapage ».Ils soulignent aussi que les effets de ce recul du pouvoir d’achat sur l’économie réelle ont été plus importants que ce qu’avaient prévu les institutions internationales.« Comparée à 2009, la masse salariale de 2013 a été inférieure de 25 milliards d’euros et la demande intérieure a même chuté de 53 milliards d’euros. En revanche, les exportations n’ont progressé que de 3,8 milliards, une augmentation particulièrement faible au vu des réductions du coût de travail imposées », notent-ils.Les 10 % de ménages les plus pauvres ont été les plus affectésPlus les Grecs sont pauvres, plus ils ont vu leur revenu fondre. Les deux chercheurs ont en effet étudié l’évolution de chaque décile. Les 10 % des foyers les plus modestes (le 1er décile) ont vu leurs revenus s’effondrer de 86 % entre 2008 et 2012.Pour les 2e et 3e déciles, la baisse a été respectivement de 51 % et de 31 %. Entre le 4e et le 7e décile, la baisse a été comprise entre 25 % et 18 %.Quant aux 30 % des foyers les plus riches, ils ont perdu entre 20 % et 17 %.La pression fiscale a été plus forte sur la population la moins richeLes réformes fiscales mises en œuvre ont, elles aussi, eu des effets très variés selon les catégories sociales. Les impôts directs ont, selon les chercheurs, progressé de 53 % depuis le début de la crise et les impôts indirects de 22 %.Mais, plutôt que de s’en prendre aux professions exonérées d’impôts ou à la fraude fiscale – phénomènes qui se chiffrent, selon M. Giannitsis entre 6 % et 8 % du PIB –, les gouvernements ont surtout davantage imposé les Grecs les plus modestes.Selon les deux chercheurs, les 50 % des Grecs les moins riches ont vu leur pression fiscale bondir de 339 %, alors que l’autre moitié a vu la sienne progresser de 9 % seulement.Les fonctionnaires ont été moins pénalisés que les salariés du privésSi tous les Grecs ont souffert, tous n’ont pas été logés à la même enseigne, loin de là. Selon les deux chercheurs, les fonctionnaires n’ont perdu « que » 8 % de leurs revenus de 2009 à 2013. Soit parce que, dans les faits, les baisses de salaire n’ont pas pu être mises en œuvre, soit parce que la justice s’y est opposée.Du coup, les fonctionnaires, qui gagnaient déjà en moyenne 35 % de plus que les employés du secteur privé en 2009, touchaient 45 % de plus que ces derniers quatre ans plus tard. Et comme les gouvernements ont cherché à protéger les fonctionnaires, dont ils avaient considérablement augmenté le nombre avant la crise, l’effort a été massivement supporté par le secteur privé.Les préretraites ont explosé, notamment dans le secteur publicAutre phénomène peu connu : à côté du taux de chômage, qui a bondi de 7 % à 2 % entre 2008 et 2014, la Grèce a connu une explosion des préretraites. Dans le secteur privé, celles-ci ont progressé de 14 %, un chiffre qui atteint même 48 % dans l’administration.Sans doute une façon pour les gouvernements grecs de répondre à l’une des exigences de la troïka, à savoir réduire le nombre de fonctionnaires, tout en préservant la paix sociale. Résultat : les caisses de retraites sont aujourd’hui dans une situation extrêmement difficile.À Berlin, M. Giannitsis n’a voulu commenter ni la crise actuelle ni la politique de Yanis Varoufakis, le ministre des finances, « mon collègue de l’université ».Il a jugé que la situation de la Grèce était autant due aux gouvernements grecs qu’à la « Troïka » de ses créanciers (Fonds monétaire international, banque centrale européenne, Commission européenne). Si celle-ci n’a pas créé les problèmes de la Grèce, elle ne les a pas résolus, estime-t-il.Moins diplomate, le professeur Gustav Horn, directeur de la fondation Hans Böckler juge, lui, « inévitable » un troisième plan d’aide à la Grèce.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.03.2015 à 12h17 • Mis à jour le19.03.2015 à 14h20 | Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Sur les images, diffusées par la chaîne de télévision espagnole La Sexta, apparaît un employé de la Banque privée d’Andorre (BPA) soucieux de trouver la meilleure façon de blanchir les fonds d’un client chinois, qui lui annonce des transferts de 100 millions d’euros par semaine. Il lui explique que la Suisse n’est plus aussi sûre qu’elle l’était mais que BPA peut faire circuler son argent afin d’éviter des tracas avec la justice…Depuis le 10 mars et l’annonce du FinCEN – l’organisme du Trésor américain chargé de lutter contre la délinquance financière – que BPA et Banco de Madrid, sa filiale espagnole à 100 %, ont servi au blanchiment de « plusieurs centaines de millions de dollars » provenant « du crime organisé international, de la corruption et du trafic d’êtres humains », rien ne va plus.Après la décision prise par l’Espagne et Andorre de prendre le contrôle des deux établissements, les clients ont commencé à retirer massivement leurs fonds. A tel point que le 16 mars, BPA a dû limiter les retraits à 2 500 euros par compte et par semaine, le Fonds public de restructuration bancaire espagnol (FROB) suspendant, pour sa part, les opérations de Banco de Madrid. Finalement, mercredi 18 mars dans la soirée, le FROB a annoncé sa décision de liquider l’établissement spécialisé dans la gestion de fortunes, avec quelque 15 000 clients privés et institutionnels en Espagne, et un total de 6 milliards d’euros d’actifs.Le Fonds de garantie des dépôts des établissements de crédit pourra restituer un maximum de 100 000 euros par client.Machines à blanchir des capitauxMais l’affaire ne devrait pas s’arrêter là. BPA et Banco de Madrid semblent avoir été de véritables machines à blanchir des capitaux, en échange de fortes commissions, aussi bien pour le crime organisé que pour des chefs d’entreprises ou des hommes politiques.Dans l’attente d’une liste exhaustive, on y trouve déjà des chefs présumés de la mafia russe, comme Andrei Petrov, et chinoise, comme Gao Ping, mais aussi la famille de l’ancien président de la région catalane, Jordi Pujol.Selon le quotidien espagnol El Mundo, le Service de prévention du blanchiment des capitaux (Sepblac) qui dépend du ministère de l’économie, enquête sur les mouvements de fonds de quatre anciens ministres et hauts fonctionnaires ayant servi sous le gouvernement de l’ancien chef d’Etat du Venezuela, Hugo Chavez.Déjà, le rapport du FinCEN avait pointé « des transferts d’une valeur de 4,2 milliards de dollars [3,9 milliards d’euros] en relation avec le blanchiment de capital vénézuélien », dont une partie liée à la compagnie pétrolière nationale PDVSA.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Un mini-sommet de la zone euro, en marge du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, à Bruxelles, aura lieu jeudi 19 mars dans la soirée. Au menu : la Grèce, financièrement aux abois et dont les relations avec ses partenaires européens et principaux créanciers se sont sérieusement détériorées.C’est le premier ministre grec, Alexis Tsipras, qui a demandé la tenue de cette réunion. Y participeront les protagonistes du dossier : le président français, François Hollande, la chancelière allemande, Angela Merkel, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, celui de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et celui de l’Eurogroupe (réunion des dix-neuf pays de la zone euro), Jeroen Dijsselbloem.Alexis Tsipras fait l’unanimité contre lui à BruxellesPetit tour d’horizon des enjeux de cette réunion de crise.Alexis Tsipras en quête d’un « accord politique » pour débloquer une aideLe premier ministre grec a dit vouloir décrocher un « accord politique ». C’est-à-dire, surtout, obtenir des créanciers du pays — BCE, Commission européenne, Fonds monétaire international (FMI) — qu’ils acceptent de libérer au plus vite une partie des prêts restant à verser dans le cadre du deuxième plan d’aide (environ 7 milliards d’euros).C’est que l’état des finances de la Grèce inquiète. Personne, en fait, ne sait précisément combien il reste d’argent dans les caisses de l’Etat grec. Tout le monde soupçonne que la situation est très tendue. Une équipe d’experts des créanciers (l’ex-« troïka », désormais appelée « groupe de Bruxelles ») est sur place, à Athènes, depuis une semaine, pour obtenir cette information.La Grèce connaît actuellement « un problème de liquidité » que pourrait résoudre le déblocage d'une tranche d'aide au pays mais ce versement bute sur l'« interprétation » de l'accord passé avec les partenaires européens en février, a indiqué, mercredi soir, le vice-premier ministre grec Ioannis Dragasakis dans une interview sur la chaîne grecque Alpha mercredi soir.Le gouvernement Tsipras a en tout cas fait voter, à une très large majorité, mercredi, sa « loi humanitaire », visant à aider les foyers les plus touchés par la crise dans le pays : une aide au logement à 30 000 foyers et une aide alimentaire à 300 000 personnes. Celle-ci coûterait quelques centaines de millions d’euros, qu’il faut trouver.Le retour des « men in black » à AthènesPar ailleurs, l’Etat grec doit encore faire face, vendredi, à une échéance de plus de 2 milliards d’euros de remboursements d’emprunts, et le gouvernement doit payer salaires et retraites à la fin de mars.Le Parlement grec crée une commission pour auditer la detteMercredi, il a annoncé avoir levé 1,3 milliard d’euros en bons du Trésor à trois mois. Et la BCE a relevé de 400 millions d’euros le plafond de son financement d’urgence (emergency liquidity assistance, ELA) des banques grecques, portant ce plafond à 69,8 milliards.Les Européens veulent d’abord des signes sur les réformes Les principaux créanciers de la Grèce ne devraient faire aucune concession. Ils devraient rappeler à M. Tsipras qu’un accord a été trouvé lors de l’Eurogroupe du 20 février : la Grèce s’était engagée à mettre en route un certain nombre de réformes (réforme fiscale, modernisation de l’administration, lutte contre la corruption…), en échange de la prolongation du plan d’aide.Or, aujourd’hui, sur ce terrain des réformes, les créanciers de la Grèce estiment que les négociations n’avancent pas assez vite avec l’équipe de techniciens qui les représente à Athènes. Tant qu’une partie au moins de l’accord du 20 février n’aura pas été achevée, pas d’argent pour Athènes, donc.Les Européens ont d’ailleurs hésité avant d’accepter cette réunion à Bruxelles avec M. Tsipras. Ils ne veulent pas lui permettre de « contourner » le niveau technique, pour tenter un accord politique. Il ne faut donc pas attendre grand-chose de la réunion de jeudi soir. Ce sont plutôt les prochains jours qui seront cruciaux.L’Europe se prépare à un « scénario catastrophe »Si les négociations techniques n’avancent pas de manière substantielle à Athènes, la situation du pays pourrait devenir critique.Elle est d’ores et déjà « dangereuse », a assuré, jeudi matin, le président du Parlement européen, Martin Schulz, sur la radio Deutschlandfunk. « Sur le court terme, 2 ou 3 milliards d’euros sont nécessaires pour assumer les engagements existants » et éviter une faillite, a-t-il indiqué.Plusieurs sources européennes haut placées estiment que l’Etat grec est menacé d’un défaut partiel dans les semaines qui viennent, en avril ou en mai.Or, compte tenu de l’exaspération manifestée par les partenaires de la Grèce, il n’est pas certain que ceux-ci feront un geste, à ce moment-là, pour verser de l’argent en urgence, même si M. Tsipras n’a pas assez avancé sur le programme de réformes.Dans un tel cas de figure, une panique des épargnants pourrait suivre, qui tenteraient d’aller retirer leur argent à la banque. L’Etat grec, pour éviter que son système bancaire ne tombe en quelques heures, devrait mettre en place un contrôle des capitaux.Preuve que l’inquiétude gagne : le ton s’est durci à Bruxelles ces dernières heures, et ce type de scénario catastrophe commence à être évoqué.Mercredi, à Berlin, le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble a estimé que « le temps est compté pour la Grèce », et qu’il devient « de plus en plus difficile de trouver des solutions » aux problèmes d’Athènes. « Je reste inquiet, je ne suis pas satisfait des progrès réalisés au cours des derniers jours et je voudrais que les uns et les autres se ressaisissent », a lancé, à Bruxelles le même jour, Jean-Claude Juncker.Jeroen Dijsselbloem a, lui, fait valoir, sur une radio néerlandaise, « qu’un pays qui a des problèmes n’a pas forcément à sortir de l’euro ». « Rappelez-vous le cas de Chypre », a-t-il lancé, qui avait dû décréter, du jour au lendemain, en mars 2013, un sévère contrôle des capitaux pour éviter leur fuite du pays. « Toutes sortes de scénarios sont imaginables », a ajouté M. Dijsselbloem.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 19.03.2015 à 00h45 • Mis à jour le19.03.2015 à 07h02 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) La « patience » de la Réserve fédérale (Fed) a trouvé ses limites, mercredi 18 mars. Le fameux mot qui signifiait qu’une hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis n’était pas imminente a disparu du vocabulaire de la banque centrale américaine.Mais si la Fed a franchi une nouvelle étape vers un resserrement monétaire, Janet Yellen, sa présidente, s’est empressée de préciser lors de sa conférence de presse que « la modification de notre message d’orientation ne doit pas être interprétée comme le fait que nous avons décidé du calendrier de la hausse [des taux] ». Si ce n’est que celle-ci reste « improbable lors de la réunion du comité monétaire d’avril », précise le communiqué de la Fed. En clair, de la patience à l’impatience, il n’y a qu’un pas que la banque centrale n’a pas encore voulu franchir pour relever ses taux, qui sont proches de zéro depuis 2008.Dès lors qu’il n’y a plus d’obstacle à une hausse des taux sur le plan du vocabulaire, celle-ci « pourrait être nécessaire à n’importe quelle réunion [du Comité de politique monétaire], suivant l’évolution de l’économie », a expliqué Mme Yellen. Ce qui sous-entend que la Fed pourrait agir dès le mois de juin. Dans son communiqué, la banque centrale indique qu’elle a besoin de constater une « amélioration supplémentaire » sur le marché du travail et une inflation plus forte avant de commencer à remonter ses taux.Voulant garder une certaine marge de flexibilité sur son calendrier, la Fed a soufflé le chaud et le froid sur sa perception de la reprise de l’économie américaine. Ainsi, s’agissant de la croissance, celle-ci s’est « quelque peu modérée », indique le communiqué. Le premier trimestre s’annonce effectivement moins dynamique qu’anticipé, en raison notamment d’un hiver rigoureux dans le nord-est et le Midwest.Indicateurs décevantsCes derniers jours, une batterie d’indicateurs décevants – qu’il s’agisse de la production industrielle, des ventes de détail ou des mises en chantier – est venue confirmer que le rythme de la reprise a ralenti au cours des trois premiers mois de l’année. La Fed en a pris acte en révisant à la baisse ses prévisions de croissance pour 2015, qui devrait désormais se situer dans une fourchette située entre 2,3 et 2,7 %, alors qu’en décembre 2014 elle tablait encore sur 2,6 à 2,7 %. Toutefois, Mme Yellen a dit constater « une force sous-jacente considérable dans l’économie américaine », et a ajouté : « En dépit d’un premier trimestre qui semble plus faible, nous prévoyons une bonne performance de l’économie. »En revanche, sur le front de l’emploi, le Comité de politique monétaire semble plus optimiste. Étant donné que le taux de chômage est tombé à 5,5 % en février, son plus bas niveau depuis sept ans, la Fed estime désormais que ce taux pourrait se situer entre 5 et 5,2 % à la fin de l’année.Mais une remontée des taux d’intérêt dépend également de l’évolution de l’inflation. Or celle-ci reste à des niveaux bas, en raison de la baisse des prix du pétrole et de la forte hausse du dollar, qui modère le coût des importations. Pour 2015, la Fed anticipe une inflation située entre 0,6 et 0,8 %, loin des 2 % qu’elle s’est fixée. Toutefois, le Comité de politique monétaire se dit « raisonnablement confiant » dans le fait que l’inflation va tendre à moyen terme vers cet objectif de 2 %. À court terme, la Fed estime que les prix ne devraient plus baisser, mais « rester à un niveau bas actuel » pour atteindre 1,7 à 1,9 % à la fin de 2016.Même si la reprise aux Etats-Unis semble bien engagée, quelques nuages demeurent encore. D’abord, la hausse violente du dollar commence à faire souffrir les entreprises exportatrices. Une remontée des taux ne ferait qu’accentuer le phénomène. Ensuite, la reprise sur le marché immobilier reste molle, tandis que la consommation n’est pas aussi dynamique qu’on aurait pu l’espérer, en dépit de la baisse des prix de l’essence censée apporter un supplément de pouvoir d’achat aux Américains. Par ailleurs, il y a toujours 6,6 millions de travailleurs à temps partiel qui recherchent un plein-temps, soit 50 % de plus que lorsque la crise financière a commencé. Enfin, la hausse des salaires se fait toujours attendre, même si Mme Yellen a expliqué qu’elle n’était pas une condition préalable à une hausse des taux.« La Réserve fédérale américaine risque de retarder la première hausse de taux d’intérêt en raison de la faible inflation et de l’appréciation du dollar », a estimé mercredi l’OCDE dans un rapport, tandis que Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), avait invité la veille des pays émergents à se préparer à une volatilité des flux de capitaux dans le sillage d’une hausse des taux américains. Bref, le resserrement monétaire se rapproche, mais la question de savoir quand il interviendra, elle, reste entière.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2jyfv5"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2jyfv5", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Des drapeaux, des ballons à foison, et trois mots accolés, « Crimée », « Sébastopol » et « Russie ». Plusieurs milliers de personnes sont venues au pied du Kremlin, à deux pas de l'endroit où a été assassiné l'opposant Boris Nemtsov, assister, mercredi 18 mars, aux célébrations de l'an I de l'annexion de la Crimée par la Russie. Un an, jour pour jour après le rattachement officiel de l'ancienne péninsule ukrainienne à la fédération, non reconnue par la communauté internationale, Vladimir Poutine s'est adressé quelques minutes à la foule, en fin d'après-midi, pour la remercier de son « soutien » et promettre que la Russie allait « surmonter tous les problèmes qui viennent de l'extérieur ».« Le nationalisme est dangereux et j'espère que les Ukrainiens le comprendront », a déclaré le président russe, sans craindre la contradiction. Avant lui, plusieurs orateurs se sont succédé pour exalter une ferveur patriotique débordante. « La Crimée a été sous occupation pendant 23 ans, on ne pouvait pas regarder des films russes, écouter de la musique russe », a lancé le député ultranationaliste Vladimir Jirinovski, avant de conseiller « d'aller se reposer là-bas, c'est le plus bel endroit du monde ». Brandies par des milliers de mains, les pancartes étaient à l'unisson, sous un slogan fédérateur : « tous ensemble », « ensemble pour toujours », « heureux ensemble ». Un tract était abondamment distribué, offrant le « choix » entre le désordre et la guerre, représentée par des images de destruction sur fond de drapeau américain ou la paix, avec le drapeau russe « et le soutien à Vladimir Poutine ».« Nous adorons notre président »« Nous adorons notre pays et notre président », affirmait Tatiana Petrova, 70 ans, au milieu des vivas. « Vous ne comprenez pas qu'ici, c'est une autre civilisation et vous autres Occidentaux arrivez avec vos valeurs, les droits de l'homme... » « C'est une grande fête », commentait devant la scène avec un grand sourire Sultan Hamzaev, membre du Conseil de la fédération de Russie d'origine daghestanaise. « Je suis venu avec toute mon équipe, 600 personnes. » Isolée, la Russie ? La question le fait rire : « Il y a des pays qui prennent des sanctions mais on ne peut pas parler d'isolement, puisqu'on peut aller et venir. Ma sœur, par exemple, vit en France. Ce sont des jeux d'élites... »La Crimée, cédée par Nikita Khrouchtchev en 1954, « est le berceau de la Russie », assurait une manifestante, pancarte en main. Mais pour Amnesty International, qui a publié, mercredi, un rapport détaillé sur la situation dans la péninsule, les nouvelles autorités locales fidèles à Moscou mènent sur place « une campagne ininterrompue d'intimidations pour faire taire les voix dissidentes ».Le même jour, une région séparatiste de Géorgie, l'Ossétie du Sud, a signé un traité « d'alliance et d'intégration » pour 25 ans avec la Russie, provoquant la colère de Tbilissi, qui a dénoncé « un pas vers l'annexion ». En vertu de cet accord signé par Vladimir Poutine et le dirigeant de l'Ossétie du Sud, Leonid Tibilov, les forces de sécurité et les douanes de cette région fusionneront avec leurs homologues russes. La Russie protégera en outre les frontières de cette région, théâtre d'un bref conflit il y a quelques années et dont elle a reconnu unilatéralement l'indépendance en 2008. Les Etats-Unis et l'Union européenne ont fait savoir qu'ils ne reconnaîtraient pas ce traité.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.03.2015 à 17h29 • Mis à jour le18.03.2015 à 19h03 | Marie Charrel Jets de pierres, voitures brûlées, affrontements avec la police… Mercredi 18 mars, Francfort, la capitale financière de l’Allemagne a été le théâtre de heurts entre manifestants anti-austérité (près de 6 000) et forces de l’ordre, mobilisées en nombre pour l’occasion.La manifestation était organisée à l’appel de Blockupy, alliance de divers mouvements anticapitalistes, comme Attac, de syndicats et de partis politiques venus de toute l’Europe, en particulier de Grèce et d’Espagne. Leur objectif : protester contre la politique de la Banque centrale européenne (BCE), qui inaugurait ce jour-là son nouveau siège. « Nous désirons une autre Europe », scandaient les manifestants.Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-550acd81ddd9a'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 9\r\n \r\n \r\nPoubelles et voitures incendi\u00e9es. Jets de pav\u00e9s contre la mairie de la ville. Jets de pierres contre les policiers aux abords du vieil op\u00e9ra. ... De premiers incidents ont eu lieu dans la nuit de mardi \u00e0 mercredi, puis mercredi en d\u00e9but de matin\u00e9e.\r\nCr\u00e9dits : Michael Probst \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Poubelles et voitures incendi\u00e9es. Jets de pav\u00e9s contre la mairie de la ville. Jets de pierres contre les policiers aux abords du vieil op\u00e9ra. ... De premiers incidents ont eu lieu dans la nuit de mardi \u00e0 mercredi, puis mercredi en d\u00e9but de matin\u00e9e.","source":"Michael Probst \/ AP","index":0,"position":1,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/economie\/portfolio\/2015\/03\/18\/a-franfort-le-mouvement-blockupy-reclame-une-autre-europe-sociale-et-democratique_4595718_3234.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 9\r\n \r\n \r\nLa manifestation est organis\u00e9e \u00e0 l\u2019appel de Blockupy, alliance de diff\u00e9rents mouvements de protestation, syndicats et partis politiques. Les organisateurs attendent au moins 10 000 manifestants.\r\nCr\u00e9dits : KAI PFAFFENBACH \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"La manifestation est organis\u00e9e \u00e0 l\u2019appel de Blockupy, alliance de diff\u00e9rents mouvements de protestation, syndicats et partis politiques. Les organisateurs attendent au moins 10 000 manifestants.","source":"KAI PFAFFENBACH \/ REUTERS","index":1,"position":2,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/economie\/portfolio\/2015\/03\/18\/a-franfort-le-mouvement-blockupy-reclame-une-autre-europe-sociale-et-democratique_4595718_3234_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 9\r\n \r\n \r\nParmi les intervenants de la manifestation, figurent des repr\u00e9sentants du mouvement altermondialiste Attac, des syndicats, un repr\u00e9sentant du parti de gauche radicale grec Syriza, dont est issu le Premier ministre Alexis Tsipras, ou encore Miguel Urban du mouvement espagnol Podemos, parti-aust\u00e9rit\u00e9 en t\u00eate des sondages pour les prochaines l\u00e9gislatives.\r\nCr\u00e9dits : KAI PFAFFENBACH \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Parmi les intervenants de la manifestation, figurent des repr\u00e9sentants du mouvement altermondialiste Attac, des syndicats, un repr\u00e9sentant du parti de gauche radicale grec Syriza, dont est issu le Premier ministre Alexis Tsipras, ou encore Miguel Urban du mouvement espagnol Podemos, parti-aust\u00e9rit\u00e9 en t\u00eate des sondages pour les prochaines l\u00e9gislatives.","source":"KAI PFAFFENBACH \/ REUTERS","index":2,"position":3,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/economie\/portfolio\/2015\/03\/18\/a-franfort-le-mouvement-blockupy-reclame-une-autre-europe-sociale-et-democratique_4595718_3234_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 9\r\n \r\n \r\n\"Nous nous battons pour une autre Europe, sociale et d\u00e9mocratique\", a affirm\u00e9 Roland S\u00fc\u00df, membre de Blockupy et du mouvement altermondialiste Attac en Allemagne.\r\nCr\u00e9dits : MICHAEL DALDER \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\"Nous nous battons pour une autre Europe, sociale et d\u00e9mocratique\", a affirm\u00e9 Roland S\u00fc\u00df, membre de Blockupy et du mouvement altermondialiste Attac en Allemagne.","source":"MICHAEL DALDER \/ REUTERS","index":3,"position":4,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/economie\/portfolio\/2015\/03\/18\/a-franfort-le-mouvement-blockupy-reclame-une-autre-europe-sociale-et-democratique_4595718_3234_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 9\r\n \r\n \r\nLa police francfortoise a mobilis\u00e9 plusieurs milliers d'hommes, des dizaines de canons \u00e0 eau ainsi que des h\u00e9licopt\u00e8res.\r\nCr\u00e9dits : Michael Probst \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"La police francfortoise a mobilis\u00e9 plusieurs milliers d'hommes, des dizaines de canons \u00e0 eau ainsi que des h\u00e9licopt\u00e8res.","source":"Michael Probst \/ AP","index":4,"position":5,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/economie\/portfolio\/2015\/03\/18\/a-franfort-le-mouvement-blockupy-reclame-une-autre-europe-sociale-et-democratique_4595718_3234_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 9\r\n \r\n \r\n\"Ce d\u00e9ploiement policier est l'un des plus importants jamais organis\u00e9s dans la ville\", a d\u00e9clar\u00e9 une porte-parole de la police. Fin mars 2012, des d\u00e9bordements en marge d'une manifestation anticapitaliste \u00e0 Francfort s'\u00e9taient sold\u00e9s par un bless\u00e9 dans les rangs de la police et d'importantes d\u00e9gradations dans le centre-ville.\r\nCr\u00e9dits : MICHAEL DALDER \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\"Ce d\u00e9ploiement policier est l'un des plus importants jamais organis\u00e9s dans la ville\", a d\u00e9clar\u00e9 une porte-parole de la police. Fin mars 2012, des d\u00e9bordements en marge d'une manifestation anticapitaliste \u00e0 Francfort s'\u00e9taient sold\u00e9s par un bless\u00e9 dans les rangs de la police et d'importantes d\u00e9gradations dans le centre-ville.","source":"MICHAEL DALDER \/ REUTERS","index":5,"position":6,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/economie\/portfolio\/2015\/03\/18\/a-franfort-le-mouvement-blockupy-reclame-une-autre-europe-sociale-et-democratique_4595718_3234_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 9\r\n \r\n \r\nUn p\u00e9rim\u00e8tre de s\u00e9curit\u00e9 a \u00e9t\u00e9 \u00e9difi\u00e9 autour du nouveau b\u00e2timent de la BCE, deux tours de verres entrelac\u00e9es situ\u00e9es dans le quartier d'Ostend, dans l'est de Francfort.\r\nCr\u00e9dits : KAI PFAFFENBACH \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un p\u00e9rim\u00e8tre de s\u00e9curit\u00e9 a \u00e9t\u00e9 \u00e9difi\u00e9 autour du nouveau b\u00e2timent de la BCE, deux tours de verres entrelac\u00e9es situ\u00e9es dans le quartier d'Ostend, dans l'est de Francfort.","source":"KAI PFAFFENBACH \/ REUTERS","index":6,"position":7,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/economie\/portfolio\/2015\/03\/18\/a-franfort-le-mouvement-blockupy-reclame-une-autre-europe-sociale-et-democratique_4595718_3234_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 9\r\n \r\n \r\nOccup\u00e9 depuis fin novembre 2014 par les \u00e9quipes de la BCE (2 600 personnes), ce nouveau si\u00e8ge aura co\u00fbt\u00e9 1,2 milliard d'euros, au lieu des 850 millions d\u2019euros pr\u00e9vus initialement.\r\nCr\u00e9dits : KAI PFAFFENBACH \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Occup\u00e9 depuis fin novembre 2014 par les \u00e9quipes de la BCE (2 600 personnes), ce nouveau si\u00e8ge aura co\u00fbt\u00e9 1,2 milliard d'euros, au lieu des 850 millions d\u2019euros pr\u00e9vus initialement.","source":"KAI PFAFFENBACH \/ REUTERS","index":7,"position":8,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/economie\/portfolio\/2015\/03\/18\/a-franfort-le-mouvement-blockupy-reclame-une-autre-europe-sociale-et-democratique_4595718_3234_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 9\r\n \r\n \r\nDes policiers arr\u00eatent un manifestant bless\u00e9 dans les affrontements avec les forces de l'ordre.\r\nCr\u00e9dits : MICHAEL DALDER \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des policiers arr\u00eatent un manifestant bless\u00e9 dans les affrontements avec les forces de l'ordre.","source":"MICHAEL DALDER \/ REUTERS","index":8,"position":9,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/economie\/portfolio\/2015\/03\/18\/a-franfort-le-mouvement-blockupy-reclame-une-autre-europe-sociale-et-democratique_4595718_3234_8.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Pour Blockupy, la BCE incarne en effet les politiques d’austérité imposées à certains pays européens, et responsables, selon eux, de l’appauvrissement de peuples.Ces reproches sont-ils justifiés ? Pas toujours. Voici pourquoi.La BCE est-elle responsable des politiques d’austérité en Europe ?Pas vraiment. Et dans tous les cas, bien moins que ne le disent les manifestants de Blockupy. « La BCE est un membre crucial de l’ignoble “troïka” [la Commission européenne, la BCE et le Fonds monétaire international (FMI), les bailleurs de fonds des pays en difficulté], qui, avec le Conseil de l’Union européenne [UE] ont promu l’austérité et les privatisations, avec comme conséquences un appauvrissement et une précarisation d’une grande partie de la population en Europe », peut-on lire sur le site du mouvement.C’est oublier que la BCE, indépendante des gouvernements, n’est pas responsable de la politique budgétaire des Etats membres. Elle ne s’occupe en effet que du volet monétaire : elle régule la quantité de monnaie en circulation, le loyer de l’argent – c’est-à-dire le coût du crédit, aujourd’hui au plus bas. Gendarme bancaire depuis novembre 2014, elle vérifie aussi que les plus gros établissements européens sont assez solides pour bien financer l’économie et font ce qu’il faut pour le rester.Les politiques budgétaires, c’est-à-dire le choix de couper dans les dépenses publiques ou non, d’augmenter les impôts ou non, relèvent des gouvernements, dans le cadre qu’ils ont choisi de respecter ensemble pour construire la zone euro. Comme par exemple, la cible de 3 % du produit intérieur brut (PIB) pour le déficit budgétaire, censée éviter que les dérives des finances publiques d’un Etat n’entraîne tous les autres dans la tourmente.En d’autres termes, si la France, la Belgique, l’Espagne ou encore l’Italie ont pris des mesures de rigueur pendant la crise, c’est parce que leur gouvernement l’a choisi. En grande partie sous la pression des marchés financiers, et souvent de Bruxelles, certes. Mais pas parce que la BCE le leur a demandé.Le cas des pays entrés sous assistance internationale entre 2010 et 2013 – la Grèce, l’Irlande, le Portugal et Chypre (l’Espagne a seulement reçu une aide pour ses banques) – est différent. Les politiques de rigueur y ont en partie été dictées par la troïka, dont la BCE faisait partie.Mais faire porter le seul chapeau à la BCE est réducteur. D’abord, parce que ses experts étaient en retrait au regard de ceux du FMI et de Bruxelles, bien plus en première ligne. De fait, en 2012, le FMI lui-même a fait son mea culpa, en reconnaissant qu’il avait sous-estimé l’impact récessif des mesures demandées à Athènes.De plus, lorsque la crise des dettes battait son plein, que les spéculateurs attaquaient la Grèce ou le Portugal, la BCE ne s’est pas contentée d’assister aux revues de la troïka, passive. Elle a déployé une série d’armes inédites, telles que son programme de rachats de dettes publiques (OMT), qui a mis un terme au risque d’explosion de la zone euro.Aurait-elle pu en faire plus ? Peut-être. Reste que pendant la crise, aucune institution ni gouvernement ne s’est autant relevé les manches pour sauver la monnaie unique.Exerce-t-elle un chantage aux réformes sur la Grèce ?Le 4 février, la BCE a fermé l’un de ses guichets de refinancement aux banques grecques, en refusant les obligations souveraines et les dettes garanties par Athènes qu’elle acceptait jusque-là de prendre en garantie (les « collatéraux »). Beaucoup ont qualifié cette décision de « coup d’Etat financier ». Les « maîtres non élus de Francfort » auraient ainsi voulu mettre les Grecs au pied du mur, afin de les contraindre à mettre en œuvre les réformes réclamées par la troïka.Ce n’est pas tout à fait exact. C’est d’abord sur les partenaires européens d’Athènes que la BCE a voulu mettre la pression. Sa crainte était que ceux-ci tardent à se mettre d’accord, fassent traîner les négociations en longueur, en lui laissant la responsabilité de financer toute seule la Grèce. Or, cela ne relève pas de sa mission. Accorder un régime de faveur à un pays en particulier est interdit par ses statuts – ceux-ci sont définis, faut-il le rappeler, par les Etats membres eux-mêmes.Si elle acceptait, avant le 4 février, de prendre les bons du Trésor grecs en garantie, pourtant classés en catégorie « spéculative » par les agences de notation, c’était uniquement parce que le plan d’aide en vigueur jusque-là lui garantissait que le pays ne risquait pas de faire défaut. Et donc, qu’elle n’essuierait jamais de pertes. « Son rôle n’est pas de prendre tous les risques à la place des investisseurs privés : on le lui reprocherait », remarque Eric Dor, économiste à l’IÉSEG (école de management).En somme, là aussi, la BCE est un peu trop facilement pointée du doigt. Si Athènes et les autres capitales européennes ne parviennent pas à s’entendre sur l’aménagement de l’aide à la Grèce, au risque que celle-ci finisse par sortie de la zone euro, ce n’est pas de son fait. Mais bien de celui de Berlin, d’Athènes, de Paris, de Bruxelles…Abuse-t-elle de son pouvoir ?Depuis la crise, la BCE a vu ses pouvoirs se renforcer considérablement. Il lui est parfois arrivé de sortir de son rôle purement monétaire pour envoyer un message politique aux Etats. Le sujet est sensible. Explosif, même, car en théorie, l’institution agit en toute indépendance des gouvernements.« En vérité, la position de la BCE est délicate », explique Alan Lemangnen, chez Natixis. « Elle est le reflet des défaillances de la zone euro elle-même : cela met tout le monde un peu mal à l’aise », ajoute Eric Dor.Le 19 novembre 2010, Jean-Claude Trichet, à l’époque président de la BCE, avait envoyé une lettre au ministre irlandais des finances, Brian Lenihan. Dévoilée il y a peu, celle-ci a fait scandale dans l’île verte. Le Français menaçait de couper les liquidités d’urgence, indispensables à la survie des banques irlandaises, si Dublin n’entrait pas sous un plan de sauvetage européen. Ce que le gouvernement irlandais fit presque aussitôt… Le même bras de fer s’est rejoué en 2013 avec Chypre.La BCE abuse-t-elle donc de sa position pour dicter sa loi aux Etats ? Peut-être. Mais il faut rappeler que si elle s’est permis de faire des recommandations pendant la crise, c’est aussi parce qu’il fallait bien que quelqu’un le fasse. On a tendance à l’oublier, mais les investisseurs ne faisaient alors plus confiance aux pays périphériques et pariaient sur l’explosion de la monnaie unique. Il était urgent de redresser les déficits – ou d’en montrer la volonté – pour éteindre l’incendie.Puisque les Etats européens étaient incapables de parler d’une seule voix, la BCE a retroussé ses manches. « Elle a comblé, parfois avec maladresse, le vide politique européen », reconnaît un diplomate.Est-elle responsable du chômage élevé au sud de la zone euro ?« La BCE a empiré la situation en Italie (…), elle est responsable du chômage élevé », a dénoncé, mercredi 18 février à Francfort, Eleonora Forenza, une députée européenne communiste italienne venue défiler. Là encore, l’institution fait un bouc émissaire bien facile.Si le chômage a bondi dans le sud de la zone euro, c’est d’abord du fait de la violente récession qui a explosé en 2009, suite à la crise financière de 2008. Celle-ci, faut-il le rappeler, est née de l’énorme bulle des crédits immobiliers – les fameux « subprimes » – qui a éclaté aux Etats-Unis en 2007. Cette envolée du nombre de demandeurs d’emploi est aussi le résultat de choix économiques pas toujours pertinents faits par certains pays européens dans les années 2000, comme la spécialisation excessive de l’Espagne dans l’immobilier.Enfin, si la reprise européenne est aujourd’hui moins vigoureuse que celle observée aux Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, c’est aussi le résultat des errements de la gouvernance économique de la zone euro, bien trop focalisée sur la seule question des finances publiques.Or, ces errements sont moins le fait de Mario Draghi, le président de la BCE, que de celui de la Commission européenne et des Etats eux-mêmes.La nouvelle tour de la BCE a-t-elle coûté trop cher ?A l’origine, la construction du nouveau siège devait coûter 850 millions d’euros. Mais finalement, la note s’est élevée à 1,2 milliard. Les coûts ont dérapé. Motif ? L’envolée des prix des matériaux de construction. Mais aussi la gestion du chantier parfois chaotique, et pas toujours bien maîtrisée. Résultat, les travaux ont pris trois ans de retard.Malgré ces dérapages, la BCE a entièrement financé l’addition sur ses fonds propres. Le coût total, de 1,2 milliard d’euros, représente un peu moins que les bénéfices réalisés en 2013 (1,4 milliard d’euros), notamment grâce aux intérêts touchés sur les titres que la Banque centrale détient en réserve. Surtout, posséder ces locaux permettra de réaliser des économies à moyen terme. Une opération gagnante, donc.Cet argument a un peu de mal à passer dans les pays mis sous tutelle de la troïka et auprès des militants de Blockupy. Ils estiment que la banque centrale ne s’est pas appliquée à elle-même la rigueur réclamée à Dublin, Athènes ou Lisbonne.Peut-on améliorer le fonctionnement de l’institution ?Bien sûr. Née en 1999, la BCE est une institution jeune : son homologue suédoise a été créée en 1668 ! À bien des égards, elle cherche encore ses marques, et la liste des pistes qui permettraient d’améliorer son fonctionnement est longue.Certains économistes estiment qu’il faudrait commencer par revoir son mandat. Aujourd’hui, celui-ci est d’assurer la stabilité des prix, avec une cible d’inflation de 2 % sur le moyen terme.D’autres banques centrales, comme celle des Etats-Unis, ont également pour mission de veiller au plein-emploi. Pourquoi ne pas confier cette tâche à la BCE ?Mais, là encore, se concentrer uniquement sur l’institut monétaire serait une erreur. Aujourd’hui, la BCE est la seule institution véritablement transnationale en zone euro, et c’est bien là le problème. Elle n’a pas d’équivalent côté budgétaire, ni politique.Entre le « semestre européen », le « two-pack », le « six-pack », les gouvernances européennes sont aujourd’hui si bureaucratiques et complexes que plus personne n’y comprend rien, y compris les « experts » et les gouvernements eux-mêmes…En d’autres termes, la BCE concentre aujourd’hui des critiques et des reproches qui devraient en vérité s’adresser à l’ensemble des institutions européennes, qu’il faudrait revoir en profondeur. Une tâche immense, à laquelle les Etats n’ont pas tous envie de se confronter. Pour eux aussi, pointer du doigt Francfort est souvent plus simple que prendre leurs responsabilités…Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Audrey Tonnelier Le cumul de poursuites pénales et administratives en matière boursière a été jugé non conforme à la Constitution par le Conseil constitutionnel, mercredi 18 mars. Véritable coup de tonnerre juridique, cette décision rend impossible la tenue du « procès EADS ». Dans cette affaire, sept dirigeants et ex-dirigeants du groupe européen d’aéronautique et de défense (rebaptisé depuis Airbus Group), dont l’ancien coprésident, Noël Forgeard, et son ancien numéro deux, Jean-Paul Gut, étaient soupçonnés de délit d’initiés ; deux actionnaires de référence de l’époque, les groupes Daimler et Lagardère, étaient aussi visés.Le Conseil constitutionnel rend impossible le procès EADSLa justice les soupçonnait de s’être enrichis indûment en vendant leurs stock-options, principalement en novembre 2005 et mars 2006, alors qu’ils auraient eu connaissance d’informations privilégiées quant aux difficultés des programmes A350 et A380 du groupe.Pourquoi le procès EADS n’aura-t-il pas lieu ?Les prévenus avaient déjà été jugés par l’Autorité des marchés financiers (AMF) en 2009. Cette dernière, à la surprise générale, les avait blanchis. Leurs avocats avaient alors posé aux Sages de la rue de Valois deux questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) : en substance, il s’agissait de savoir si une procédure consistant à poursuivre une seconde fois les mêmes personnes pour des faits identiques était valable.Le Conseil constitutionnel a donc répondu par la négative. Le tribunal correctionnel de Paris, chargé du dossier EADS, n’a désormais plus d’autre choix que de constater l’extinction de l’action publique.La décision du Conseil constitutionnel était-elle attendue ? Non. La majorité des avocats, y compris dans le camp des prévenus, n’osaient rêver à une annulation pure et simple du procès. En France en effet, en matière boursière comme dans d’autres domaines (droit fiscal, ordres professionnels…), justice administrative et justice pénale coexistent.Ce fut le cas dans l’affaire des fausses factures d’Altran. En 2007, l’AMF avait infligé des amendes allant de 500 000 à 1 million d’euros à d’anciens dirigeants de cette société de services informatiques. Cela n’avait pas empêché le tribunal correctionnel de Paris de se saisir du dossier.Le 26 septembre 2014, cinq personnes ont été condamnées à des peines de prison avec sursis et à des amendes allant jusqu’à 2,5 millions d’euros pour des délits d’initié lors de l’offre publique d’achat (OPA) menée en 2003 par Alcan sur Pechiney. Or, elles avaient déjà été sanctionnées par l’AMF en 2008.Pourquoi le Conseil a-t-il tranché en ce sens ? Aujourd’hui, le principe du cumul des sanctions est de plus en plus régulièrement remis en cause. Le 4 mars 2014, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) de Strasbourg avait rappelé (arrêt « Grande Stevens ») le principe du non bis in idem (« pas deux fois pour la même chose »), condamnant l’Italie dans une affaire de diffusion d’informations trompeuses sur le capital de Fiat. Cet arrêt de la CEDH a considéré que les prévenus, déjà sanctionnés administrativement par la Consob (l’AMF italienne), n’auraient pas dû l’être au pénal.Une nouvelle directive européenne sur les abus de marché a également repris, en avril 2014, ce principe du non bis in idem.Ces décisions faisaient figure d’épée de Damoclès pour la France. « Le Conseil constitutionnel a tiré les conséquences de la décision de la CEDH : il interdit le principe de la double poursuite, tout en limitant cette interdiction au droit boursier », apprécie Patrice Spinosi, avocat à la Cour de cassation, qui a défendu plusieurs personnes physiques dans le dossier EADS.Par ailleurs, seuls les non-professionnels sont concernés par cette décision. Pour les autres, le cumul des sanctions est toujours possible.La double poursuite est-elle interdite dans tous les domaines ? Non. En dehors des affaires boursières, une sanction disciplinaire pourra toujours faire l’objet de poursuites pénales.Les autres autorités administratives comme la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), ou l’Autorité de la concurrence…) ne sont pas concernées, de même que la sphère fiscale ou les ordres professionnels (médecins, avocats…).« Pour le grand public, procéder autrement aurait été incompréhensible », pointe un pénaliste. Exemple : un médecin dont la patiente serait décédée à la suite d’une erreur médicale pourra être jugé par son ordre (et le cas échéant radié), sans que cela l’exonère d’un procès au pénal.D’autres dossiers que celui d’EADS sont-ils concernés ?Une petite dizaine de dossiers boursiers sont actuellement en cours (Altran, Pechiney, Sacyr…) et sont donc potentiellement concernés.Le Conseil constitutionnel a donné au législateur jusqu’au 1er septembre 2016 pour élaborer une loi encadrant ces pratiques.Dans l’intervalle, c’est la première juridiction à se saisir d’un dossier (AMF ou justice pénale) qui le conservera, alors que jusqu’à présent, l’AMF pouvait transmettre au parquet les dossiers lui semblant relever de son ministère, tout en continuant en parallèle sa propre enquête.Les cas de doubles sanctions étaient cependant rares : moins de dix dossiers sur 300 depuis 2010.Comment faut-il faire évoluer la loi ?C’est toute la question. De part et d’autre, on a déjà commencé à plancher sur de possibles réformes. Un groupe de travail interministériel procède à un état des lieux de la jurisprudence, tandis que l’AMF doit rendre un rapport sur le sujet dans les prochaines semaines.Jusqu’à présent, le système dual possédait l’avantage de la rapidité : il faut en moyenne deux à trois ans à l’AMF pour constituer et instruire les dossiers, contre dix à douze années au pénal. « Cela tient à la spécialisation des enquêteurs de l’AMF et aux moindres possibilités de recours à chaque phase de l’instruction », explique un bon connaisseur de ces procédures.Les « pro-AMF » arguent qu’il ne s’agit pas, en l’occurrence, d’une justice au rabais. Depuis 2010, la commission des sanctions de l’AMF peut infliger des amendes allant jusqu’à 100 millions d’euros (contre 10 millions d’euros auparavant), contre 1,5 million au maximum au pénal. En revanche, l’AMF ne peut pas prononcer de peines de prison.De son côté, la justice pénale – et notamment le nouveau Parquet national financier créé en 2014 – possède un pouvoir d’investigation plus important : il peut par exemple perquisitionner sans autorisation. Mais sa lenteur lui fait perdre en efficacité pédagogique et dissuasive.Enfin, certains pointent les incohérences du système dual où deux enquêtes coexistaient : « Un prévenu a l’obligation de coopérer avec l’AMF, alors qu’au pénal, il a le droit de se taire », souligne Thomas Baudesson, avocat chez Clifford Chance et conseil d’Alain Flourens, un cadre d’EADS.Si l’idée de mettre en place une juridiction ad hoc est évoquée, la piste privilégiée semble être celle d’un « aiguillage » des dossiers, à l’image de ce qui se pratique au Royaume-Uni. Reste à savoir selon quels critères il se ferait, et qui, de l’AMF ou du parquet, prendrait la décision.Audrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des finances et Sigmar Gabriel, son collègue de l’économie étaient on ne peut plus détendus – et complices – mercredi 18 mars quand ils ont présenté, devant la presse, les grandes orientations des budgets de l’Allemagne pour les années 2016 à 2019.Difficile pour un observateur non initié de deviner que le premier est l’un des dirigeants de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière Angela Merkel et que le deuxième est le président du Parti social-démocrate (SPD). C’est notamment ce dernier qui a décoché les flèches les plus assassines en direction de la Grèce.Si les deux hommes ont paru détendus, c’est surtout parce qu’ils sont convaincus que la croissance de leur pays restera robuste. Ils envisagent une progression du produit intérieur brut (PIB) de l’Allemagne de 1,5 % en 2015, puis de 1,6 % en 2016 et de 1,3 % chacune des années suivantes.L’Etat présentera, pour les années à venir, et comme en 2015, un budget en équilibre, voire symboliquement en très léger excédent. M. Schäuble s’y était engagé devant les électeurs.Si Sigmar Gabriel soutient sans réserve cette orthodoxie budgétaire, c’est parce que dans le même temps, les dépenses et les recettes devraient augmenter. Elles passeront de 302,6 milliards d’euros en 2015 à 312,5 milliards en 2016, puis à 318,9 milliards en 2017, à 327 milliards en 2018 et enfin à 334 milliards en 2019.Enveloppe supplémentaire pour la défenseCeci est évidemment très théorique, ne serait-ce que parce qu’il y a de nouvelles élections en 2017, mais le signal politique est clair : l’Allemagne dépensera davantage que par le passé. Dans quels domaines ? Une vingtaine de milliards d’euros seront consacrés aux « dépenses d’avenir » (infrastructures, réseaux à haut débit…) ainsi qu’au désendettement des communes et à l’aide au développement.Par ailleurs, les budgets relevant de la sécurité (armée et police) recevront un nouveau coup de pouce. Celui de la défense, qui est de 33 milliards d’euros, devrait passer à 34,2 milliards en 2016, puis grimper progressivement jusqu’à 35 milliards en 2019. Sur la période qui va de 2016 à 2019, ce ministère devrait ainsi disposer d’une enveloppe supplémentaire de 8 milliards d’euros. Cela devrait permettre à l’Allemagne d’augmenter sa participation aux actions de l’OTAN, comme elle s’y est engagée.Si les tensions internationales et les multiples problèmes techniques qui affectent actuellement une bonne partie des équipements de la Bundeswehr, l’armée allemande, justifient cet effort accru, l’opposition – et plus discrètement le ministère des finances – fait remarquer que ces deux dernières années, le ministère de la défense à rendu au budget deux milliards d’euros qui n’avaient pas été utilisés ; il souffre manifestement autant d’un problème d’organisation que d’un manque de moyen.Les instituts de conjoncture optimistesSi les dépenses augmentent mais que le budget reste équilibré, c’est évidemment parce que les recettes progressent aussi. Les revenus fiscaux devraient ainsi passer de 280 milliards d’euros en 2015 à 322 milliards en 2019.Par ailleurs, le ministère des finances compte sur une vingtaine de milliards d’euros d’autres ressources, comme les gains que lui reverse chaque année la Bundesbank, la banque centrale du pays. Prudent, M. Schäuble n’a intégré aucune recette émanant de l’hypothétique future taxe sur les transactions financières internationales.Ce projet de budget pour 2016 devrait être adopté par le conseil des ministres le 1er juillet. Il n’est pas exclu que M. Schäuble dispose d’une marge de manœuvre supplémentaire, puisque les principaux instituts de conjoncture prévoient pour cette année une croissance supérieure au 1,5 % retenu par le gouvernement.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Eric Albert (Londres, correspondance) George Osborne a tenu promesse. Le chancelier de l’Echiquier a annoncé, mercredi 18 mars, à l’occasion de la présentation du budget britannique, l’instauration d’un impôt sur les « bénéfices détournés » des multinationales. Surnommé « taxe Google », et annoncé pour la première fois en décembre 2014, ce prélévement sera voté par le Parlement la semaine prochaine et mis en place en avril.Dans son budget 2015, M. Osborne table sur des recettes fiscales minimales la première année, puis de 275 millions de livres (380 millions d’euros) la deuxième année et de 360 millions de livres l’année suivante. Des chiffres à comparer aux presque 60 milliards d’euros que rapporte l’impôt sur les sociétés.L’objectif de la « taxe Google » est de mettre fin aux pratiques des grandes multinationales qui déclarent artificiellement des profits dans des pays à faible imposition, alors que leur chiffre d’affaires est réalisé ailleurs. Les géants de l’Internet – de Google à Amazon – se sont particulièrement illustrés en la matière.Trois pistes pour « mieux » taxer Google, Facebook et consortsLondres a donc décidé d’imposer à 25 % tous les « bénéfices détournés ». Il s’agit d’un taux plus élevé que celui qui est appliqué sur les profits des sociétés. Ce dernier passera, lui, à 20 % en avril ; une façon d’inciter les entreprises à abandonner toute mauvaise pratique.« L’objectif est que les entreprises paient l’impôt normal sur les sociétés. »Tout le problème sera cependant d’identifier ces fameux « bénéfices détournés ». Pour cela, la nouvelle loi identifie deux scénarios qu’elle entend supprimer. Le premier est le cas d’une entreprise qui vend à des clients au Royaume-Uni (par exemple via un site internet) mais dont l’entité juridique est enregistrée à l’étranger. Le fisc britannique pourra désormais sévir, en prenant en compte l’existence d’entrepôts ou d’employés au Royaume-Uni.Le deuxième scénario est celui des transactions intra-entreprises, très pratiquées par les multinationales. Il peut par exemple s’agir d’un « prêt » réalisé par la filiale luxembourgeoise d’une société, que la filiale britannique doit ensuite « rembourser », ce qui réduit d’autant ses bénéfices. Là encore, les autorités britanniques vont pouvoir sanctionner.Détail essentiel : le fisc aura le pouvoir de forcer le paiement de la « taxe Google ». L’entreprise ne pourra porter réclamation que dans un second temps, après un an. C’est l’inverse du système actuel, où les négociations fiscales se passent avant le versement par l’entreprise. « L’objectif est que les entreprises se disent que cela ne vaut pas la peine de prendre le risque et préfèrent payer l’impôt normal sur les sociétés », explique Andrea Leadsom, secrétaire d’Etat au Trésor. Cela explique, selon elle, que les rentrées fiscales de ce nouvel impôt soient limitées.« A l’avant-garde des réformes fiscales »La décision d’imposer cette « taxe Google » n’en inquiète pas moins le patronat. « Cela va au-delà des normes internationales et cela positionne le chancelier de l’Echiquier à l’avant-garde des réformes fiscales », estime Chris Sanger, le directeur des questions fiscales à Ernst & Young (EY). « Nous avons beaucoup de clients inquiets », ajoute Angela Savin, du cabinet d’avocats Norton Rose Fulbright. Elle ajoute que pour l’instant, il reste énormément d’incertitudes sur la façon dont la taxe fonctionnera, alors qu’elle entre en vigueur dans deux semaines.Par ailleurs, la décision de M. Osborne semble simplement être une façon d’aller au-devant des décisions de l’OCDE (Organisation pour la Coopération et le Développement Economique), qui est en train de mettre en place de nouvelles normes fiscales afin d’éviter la pratique des profits détournés. « Ces négociations sont une priorité pour nous, reconnait Mme. Leadson. Nous voulons mettre fin à l’évasion fiscale mais nous ne voulons pas mettre en danger nos investissements étrangers. »Enfin, M. Osborne a aussi annoncé une série de nouvelles mesures contre l’évasion fiscale. Celles-ci concernent notamment la TVA payée par des filiales à l’étranger d’entreprises britanniques, mais aussi les embauches effectuées via des agences de travail temporaire qui évitent certaines imposition. Au total, cela doit permettre au Trésor britannique de récolter 3,1 milliards de livres (4,2 milliards d’euros) sur cinq ans.Mercredi, la Commission européenne a pour sa part proposé d’imposer aux Etats l’échange automatique des données sur leurs « tax rulings », c’est-à-dire leurs décisions fiscales concernant les entreprises.Bruxelles veut mieux détecter les pratiques fiscales abusivesEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.03.2015 à 14h50 • Mis à jour le18.03.2015 à 14h52 Yannis Kiourtsakis, écrivainLes ministres des finances de la zone euro ont donc fini par conclure un compromis avec le nouveau gouvernement grec. C’est le moindre mal car un « grexit » [sortie de la Grèce de la zone euro] serait catastrophique pour tous. Mais l’organe de plus en plus technocratique qu’est devenu, sous la houlette de l’Allemagne, l’Eurogroupe, peut-il mesurer le drame qui, depuis cinq ans, a ruiné des milliers de foyers grecs, défait le tissu social, miné la légitimité des partis hier encore dominants et vidés le pays d’une bonne partie de sa jeunesse productive ? Peut-il surtout comprendre que le résultat des élections du 25 janvier était tout autre chose qu’une montée des extrêmes ou une dérive populiste comme le prétendent maints dirigeants européens ? À savoir la délivrance du corps électoral de la peur qui avait plombé son choix aux législatives de 2012 ; autrement dit une victoire de la liberté, de la démocratie et de la politique sur la tyrannie de l’économisme.C’est plus que douteux, quand le souci des chiffres remplace le souci des hommes. Cela seule une Europe politique équilibrée, résolue à combler son déficit démocratique pourrait le faire. Faute de cette résolution on ira d’un accord bancal à un autre qui, pour vouloir gagner du temps face au gonflement inexorable des dettes, ne fait que le perdre, en négligeant l’urgence de rétablir une solidarité effective entre nos peuples. Comment en effet ne pas tirer la leçon amère de ces dernières années que les Grecs ont apprise mieux que tout autre peuple d’Europe : que notre monnaie prétendument commune a creusé chaque jour davantage le fossé économique et social entre les pays du Nord et du Sud à l’encontre de l’objectif proclamé de l’Union, qui était leur convergence ; que la cure administrée depuis 2010 par le directoire économique qui nous a de facto gouvernés, s’est avérée aussi inefficace que désastreuse rendant impossible toute réforme en profondeur ; et que l’Europe d’aujourd’hui dépourvue de vision politique ne cesse de nourrir l’incompréhension entre nos peuples, les égoïsmes nationaux, les replis identitaires, la xénophobie, la résurgence de l’extrême droite.NaufrageDepuis le début de ce naufrage, de nombreux Grecs qui se sentent profondément Européens s’interrogent sur ce mal de l’Europe comme sur les maux propres à leur société. Ils remontent au début du XIXe siècle, quand la Grèce renaissante a lié, pour le meilleur et pour le pire, son sort à celui du Vieux continent. Événement fondateur s’il en est sans lequel on ne peut comprendre ce qui se passe aujourd’hui. Figurez-vous d’une part une société archaïque, plus proche du monde d’Homère que de la modernité industrielle et capitaliste de l’Europe à laquelle elle désirait pourtant s’intégrer sans jamais y parvenir tout à fait jusqu’à ce jour. Et de l’autre, une Europe arrogante traitant bien souvent la Grèce comme un pays semi-colonisé, avec la complicité, il faut le dire, de maints de nos dirigeants – nous l’avons de nouveau vécu avec consternation ces dernières années.Cette histoire s’est répétée tout au long des XIXème et XXème siècles avec l’indépendance des Balkans, puis de tous les pays colonisés par l’Europe à travers le monde. C’est elle qui éclaire, en grande partie, les drames présents de notre planète. Aujourd’hui nous sommes tous embarqués dans le même navire. Il n’y a pas de crise qui ne soit à la fois intérieure et extérieure : voyez le fléau djihadiste qui nous assaille du dehors comme du dedans ; voyez la montée nouvelle de l’antisémitisme et de l’islamophobie en Europe qui ne peut qu’alimenter le cercle infernal de la violence. C’est sans doute parce qu’on ne peut plus ignorer cette situation qu’on est parvenu au compromis du 20 février.Mais pour faire face à la crise de civilisation que connaît l’Europe, il faut dépasser la vision financière des choses. Dans ce monde qui ne cesse de se rétrécir, tout se tient : l’économie, la politique, la justice, l’éthique, la culture. Si nous ne trouvons pas les moyens d’ébranler la dictature d’une économie n’ayant d’autre finalité qu’elle-même sur toutes les autres sphères de l’action humaine, celles-ci finiront par être complètement vidées de leur substance, qui donne un sens à nos vies. Au XIXème siècle l’Europe a aidé les Grecs à retrouver la continuité plusieurs fois millénaire de leur civilisation, qui a été occultée par les siècles de l’occupation ottomane.Curieusement la crise actuelle a un effet semblable : elle nous fait redécouvrir la valeur pérenne de notre langue, occultée cette fois par l’ivresse consumériste d’hier. C’est que des mots tels qu’économie, politique, démocratie, si familiers à tous les peuples, conservent dans nos esprits leur sens primordial, étymologique : économie (mot formé de oïkos et de nomos) signifiant l’administration ou la loi qui régit une maison ; politique, l’activité au service de la polis (la cité) ; démocratie, la souveraineté du démos (le peuple). Or de quoi avons-nous tous besoin aujourd’hui si ce n’est de fonder la loi de notre maison commune sur la politique, entendue dans le plein sens du terme, puis de fonder celle-ci sur une régénération de la démocratie en souffrance ?Cela nous permettrait peut-être de retrouver au-delà des « marchés » - ces lieux de spéculation qui conduisent si souvent à l’entre-destruction des hommes – l’agora en tant que lieu privilégié du dialogue, donc aussi de la démocratie. La renaissance de celle-ci serait-elle d’abord la victoire du sens des mots, si affreusement perverti par la langue de bois de notre technocratie postdémocratique ? Pensons à cette utopie. Car sans la boussole qu’elle nous procure la vision de l’Europe Unie n’aura pas d’avenir. C’est pourquoi si nos partenaires européens comprenaient enfin le drame grec, cela pourrait les aider à mieux se comprendre eux-mêmes, à retrouver leurs propres racines et à donner une légitimité nouvelle à nos institutions.Yannis Kiourtsakis est notamment l’auteur de deux romans traduits en français, Le Dicôlon et Double exil, Verdier, 2011 et 2014. Philippe Jacqué Opel se retire du marché russe. La filiale européenne du constructeur américain General Motors (GM) l’a annoncé mercredi 18 mars, ajoutant qu’elle va également fermer, d’ici à la fin de l’année, son usine de Saint-Pétersbourg qui emploi un millier de salariés.Les perspectives sur le marché russe « ne sont pas bonnes, non seulement à court terme mais aussi à moyen et long terme », a justifié le patron de Opel, Karl-Thomas Neumann, dans une interview au journal allemand Handelsblatt. Les ventes de la filiale de GM se sont effondrées de 86 % en février par rapport au même mois de 2014. Depuis le 1er janvier, la chute s’établit à 82 % (sur un an) pour un marché qui est globalement en repli de 32 % ; cette année, la marque a écoulé 1 900 véhicules, contre plus de 10 000 un an plus tôt…Opel a expliqué dans un communiqué que la décision se traduirait par une charge de 600 millions de dollars (565 millions d’euros) dans les comptes de GM, une nouvelle perte qui vient s’ajouter à celles enregistrées par le géant américain en 2014, qui atteignaient 1,2 milliard d’euros…Une Bérézina pour tout le secteurCe sont les marques Opel et Chevrolet qui vont se retirer du marché russe, complètement pour la première et à l’exception de certains modèles ciblés pour la deuxième. Le partenariat avec le russe GAZ pour la fabrication de Chevrolet sera aussi stoppé. A l’avenir GM veut « se concentrer sur le segment premium du marché russe », à savoir les marques Cadillac et une poignée d’« icônes américaines » de Chevrolet.Le constructeur américain n’est pas le seul à subir une telle bérézina en Russie… C’est que le marché est habitué aux soubresauts depuis le début des années 2000. En 2005, le marché qui était en train d’exploser, avait déjà connu un important trou d’air. En 2012, alors que le pays affichait 2,9 millions d’immatriculations, les analystes prédisaient que la Russie allait dépasser, en 2015, le marché allemand, où il s’immatricule 3,2 millions de voitures. A cette date, les constructeurs envisageaient 3,5 millions de ventes à l’horizon 2015.Las, la crise en Ukraine et la chute du prix du pétrole, l’une des principales ressources en devises du pays, ont plongé l’économie russe dans le chaos. Le secteur automobile a été l’un des premiers à souffrir de l’inflation galopante du rouble. Après une baisse de 5 % des ventes en 2013 à 2,8 millions d’unités, le marché s’est encore contracté de 10 % en 2014, à 2,5 millions d’unités.Réduire l’exposition à un marché sinistréDans ce contexte, tous les constructeurs réduisent leur exposition au marché. L’alliance Renault-Nissan (dont les ventes ont chuté de 25 % en deux mois), qui détient AvtoVAZ, le constructeur de Lada, a décidé de suspendre la production quelques semaines sur ses sites le temps d’écouler les stocks. De plus, le groupe poursuit la restructuration à marche forcée de sa filiale russe avec le départ programmé de 1 100 cadres en 2015.Volkswagen (– 27 %) a aussi mis entre parenthèses la production et tente de conserver sa part de marché, en baissant ses ventes dans les limites du marché. PSA et Mitsubishi font également tourner leur usine de Kaluga au ralenti et revoient le prix de leurs véhicules au jour le jour selon l’évolution quotidienne du rouble. Lors des résultats annuels de PSA, Carlos Tavares, le président du directoire du groupe avait rappelé son ambition de diviser par deux ses pertes opérationnelles sur place malgré la chute du marché. Sur deux mois, les ventes du constructeur français se sont effondrées de 80 %…Hyunday-KIA à l’offensiveFord (– 70 %) ou Toyota (– 27 %) font le gros dos. « Nous cherchons à maintenir notre performance malgré l’effondrement du marché, explique Didier Leroy, chargé de la zone pour Toyota. Nous allons poursuivre les investissements dans notre usine de Saint-Pétersbourg en 2015 afin de préparer le lancement de notre Rav4, un SUV, en 2016 ». Ford a également annoncé la multiplication de nouveaux modèles pour sauvegarder son ancrage russe.Le plus offensif reste le groupe Hyundai-Kia. Depuis le début de l’année, les deux marques ont multiplié les rabais et ramasser pas moins de 7 points de parts de marché. Depuis le début de l’année, le groupe sud-coréen détient 20,1 % du marché, contre 13,1 % sur la même période de 2014. Malgré l’inflation, les ventes de Hyundai ont augmenté de 4 %, tandis que Kia reculait de 2,4 % pour un marché en chute de 38 %… Autres groupes en progression, à rebours du marché : Mercedes et BMW ; les deux marques consolident leur position.Désormais, pour 2015, Opel attend un marché russe à 1,5 million d’unités, moitié moins qu’en 2012… « Il est très volatil. Il peut baisser énormément très vite et remonter également rapidement… En gros, il ne faut pas quitter le pays dans la tempête. Il faut faire le gros dos et être prêt quand il redémarrera », rappelle un spécialiste du pays.Automobile : le réveil de l’EuropePhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Arnaud Leparmentier Enfin de la lumière. Nous attendons avec impatience le 6 mai. A Florence, ce sera jour de renaissance. L’institut universitaire européen concocte pour ce jour-là une Déclaration Schuman 2.0 – il faut bien faire moderne. Un nouveau texte fondateur censé relancer l’Europe comme le fit le ministre des affaires étrangères dans le salon de l’Horloge, le 9 mai 1950. Que faire, alors que l’Union part à vau-l’eau ? La première étape consiste à établir un diagnostic, et les universitaires de Florence, notamment leur directeur Joseph Weiler ainsi que l’historien Federico Romero, se sont employés à débusquer quelques erreurs d’analyses ou changements fondamentaux intervenus depuis le lancement de l’aventure européenne qui devait aboutir à la création des Etats-Unis d’Europe.L’Europe est allemande. Problème : Berlin n’assume pas son hégémoniePremier postulat désormais caduc : l’Europe, c’était d’abord une aventure portée par deux pays égaux, la France et l’Allemagne. La chute du mur de Berlin a brisé cette parité fondatrice. Il a fallu un quart de siècle pour s’en apercevoir complètement, l’Allemagne ayant eu à digérer sa réunification et à exorciser son passé. La prise de pouvoir allemande a été accélérée par le déclin français engagé sous l’ère Chirac-Jospin. La thèse qui voulait qu’un accord franco-allemand suffise à entraîner les autres pays européens ne vaut plus. Les capitales européennes engagent un dialogue direct avec Berlin. Même le premier ministre grec Tsipras a fini par accepter de... 29.03.2015 à 05h29 • Mis à jour le29.03.2015 à 15h50 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ks21y"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ks21y", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Le commandant de l'Airbus A320 de Germanwings a hurlé à son copilote, soupçonné d'avoir délibérément précipité l'appareil avec 150 personnes à bord contre le massif de l'Estrop, d'ouvrir la « foutue porte » du cockpit, alors que les passagers hurlaient quelques minutes avant la catastrophe, selon les enregistrements du vol écoutés et publiés par Bild am Sonntag.Lire : Le crash de l'A320 de Germanwings, minute par minuteLes données de la boîte noire récupérée sur les lieux du crash, dans le sud-est de la France, déjà évoquées jeudi par le procureur de la République de Marseille, avaient montré que le copilote avait verrouillé la porte du cockpit après la sortie momentanée du commandant de bord, avant de précipiter l'avion vers le sol. Mais il n'avait pas détaillé la teneur des échanges entre les deux hommes.Echanges banals au début du volSelon l'édition dominicale du quotidien allemand Bild, qui a écouté ces enregistrements, les vingt premières minutes du vol sont l'occasion d'échanges banals entre le pilote, Patrick S., et son copilote, Andreas Lubitz. Il explique notamment à ce dernier qu'il n'a pas eu le temps d'aller aux toilettes au départ, à Barcelone.A 10 h 27, l'appareil atteint son altitude de croisière (environ 11 600 mètres), le pilote demande à Lubitz de préparer l'atterrissage à Düsseldorf. Ce dernier prononce quelques mots : « J'espère », « On verra ». Ensuite, le copilote dit au commandant qu'il peut « maintenant » aller aux toilettes. Deux minutes s'écoulent, le pilote confirme à son copilote qu'il peut « prendre les commandes ».On entend un siège qui recule, une porte qui se referme : le commandant est sorti du cockpit pour aller aux toilettes. Andreas Lubitz est seul aux commandes. A 10 h 29 : « L'appareil commence à descendre », note Bild.« Pour l'amour de Dieu, ouvre la porte ! »A 10 h 32, les contrôleurs aériens français tentent de contacter l'appareil, en vain. Dans l'avion, presque au même moment, une alarme retentit. Peu après, on entend un « claquement fort », comme si quelqu'un essayait de rentrer dans le cockpit, écrit Bild. Puis la voix du pilote : « Pour l'amour de Dieu, ouvre la porte ». Lubitz s'est enfermé, seul aux commandes. En arrière-fond, les passagers commencent à crier, note le journal.A 10 h 35, il y a de nouveaux coups « métalliques contre la porte du cockpit », que le pilote essaie manifestement d'ouvrir à la hache. Puis, quatre-vingt-dix secondes plus tard, nouvelle alarme, alors que l'appareil est à 5 000 mètres d'altitude. Le commandant crie : « Ouvre cette foutue porte ! » A 10 h 38, on entend la respiration du copilote, silencieux, dans le cockpit.Vers 10 h 40, l'Airbus touche une montagne, on entend les cris des passagers. Ce sont les derniers bruits sur l'enregistrement, écrit Bild. Andreas Lubitz est soupçonné d'avoir volontairement fait chuter mardi l'Airbus A320 de Germanwings dans les Alpes françaises, alors qu'il était aux commandes, entraînant la mort de 149 personnes en plus de la sienne.Lire aussi : Stupeur en Allemagne après les premiers éléments d’analyse du crash de l’A320Samedi, le journal allemand avait publié une interview d'une hôtesse de l'air présentée comme une ancienne petite amie de Lubitz, qui renforçait la piste selon laquelle le jeune copilote souffrait de troubles psychiatriques. Un autre journal allemand, Welt am Sonntag, a affirmé que les enquêteurs ont découvert au domicile de Lubitz « de très nombreux médicaments » destinés à soigner des « maladies psychiques ».Vendredi, le parquet de Düsseldorf avait expliqué que des attestations d'arrêt maladie avaient été retrouvées déchirées chez Andreas Lubitz. Aucune lettre d'adieu dévoilant un acte prémédité à l'origine de la catastrophe n'a été retrouvée. Selon Bild et le New York Times, le jeune homme souffrait en outre de gros problèmes de vue susceptibles de remettre en cause son aptitude à piloter.Sur les lieux du crash, les enquêteurs ont pour l'instant « isolé 78 ADN disctincts », ceux-ci devront être comparés à ceux des familles des victimes pour identification, a indiqué dimanche le procureur de Marseille Brice Robin. L'aménagement d'un chemin d'accès, accessible pour des véhicules tout terrain, est en cours de réalisation et pourrait être terminé d'ici à lundi soir, a-t-il également expliqué. Cet accès permettra notamment l'évacuation de grosses pièces de carlingue, difficiles à hélitreuiller. Philippe Ridet (Rome, correspondant) L’Américaine Amanda Knox et l’Italien Raffaele Sollecito, son amant au moment des faits, ne sont donc pas coupables du meurtre de la Britannique Meredith Kercher, retrouvée à demi nue, violée et poignardée dans son appartement, en 2007 à Pérouse. Ils étaient étudiants Erasmus, beaux, aisés, fumeurs de joints parfois et assez libres de leurs corps et leurs sentiments.Le succès d’un fait divers tient à peu de chose : un visage, un décor, une histoire. Le visage ? c’est avant tout celui d’Amanda. Tour à tour séraphique ou cruel, angélique ou buté, botticellien ou diabolique. C’est aussi celui de Raffaele Sollecito, un peu Jacques Perrin dans ses premiers rôles, un peu benêt aussi, parfois. Pour le décor, Pérouse, une des villes les plus universitaires d’Italie, est imbattable. Juchée sur une colline dominant l’Ombrie. Magnifique, simplement magnifique. L’histoire ? Celle d’amours qui se font et se défont sans manière. Sur cette trame, certains ont voulu projeter la version gore de L’Auberge espagnole ou réecrire celle d’Un Diable au paradis (Henry Miller) revue par Charles Manson.Mais il faut encore autre chose : des coups de théâtre, une narration haletante, et des positions tranchées. L’affaire Knox-Sollecito-Kercher n’en manqua pas. Une enquête un peu bâclée, des indices minces comme une tranche de Culatello, des aveux un peu trop sollicités, un fuyard, Rudy Guede, retrouvé et condamné à seize ans de prison pour le viol de Meredith, mais pas pour son meurtre. Et des journalistes pour faire monter le soufflé. Se faisant le plus souvent les défenseurs d’une thèse que les témoins d’une procédure, les médias ont transformé l’affaire en derby intercontinental.Un meurtre sans vrai coupable à ce jourPour les Américains, Amanda était innocente, et la justice italienne, incompétente ; pour les Anglais, à la recherche d’un coupable du meurtre de leur compatriote, Amanda ne pouvait qu’avoir tué Meredith au cours d’un jeu sexuel qui aurait mal tourné. Et les Italiens ? Un peu partagés entre ceux pour qui l’innocence de Raffaele ne faisait aucun doute et ceux pour qui le jeune homme pâle aurait été un jouet timide entre les mains d’Amanda la tentatrice.Et la justice ? Elle aussi y a mis du sien pour faire de cette histoire LE fait divers de ce début de millénaire. Cinq procès de la première instance à la cassation qui ont balancé à deux reprises entre la thèse de la culpabilité totale des « amants diaboliques » (25 et 26 ans de prison) et leur totale innocence (acquittement), entre des convictions – et qui n’en a pas ? – et des preuves. Or, celles-ci manquaient. C’est ce qu’a rappelé, tard dans la nuit, vendredi 27 mars, la cour de cassation, saisie pour la deuxième fois, en acquittant Amanda Knox et Raffaele Sollecito.Ils vont pouvoir reprendre leur vie interrompue. Elle à Seattle, aux Etats-Unis, où les contrats mirifiques l’attendent, lui dans les Pouilles, d’où il est originaire. Ils ont fait quatre ans de prison pour rien et s’apprêtent à demander de sérieux dommages et intérêts. Reste la douleur de la famille de Meredith, confrontée à un meurtre sans vrai coupable à ce jour.Mais n’en déplaise aux accrocs de cette affaire, son arrêt est définitif. Il n’y aura pas de sixième acte, de sixième saison. On pourra en écrire des livres (c’est déjà fait), en tirer des films ou des téléfilms (c’est fait aussi), mais la phase judiciaire est close. Comme à la fin d’une série trop longtemps vue, il restera chez certains une impression de vide, de désœuvrement. Une seule solution pour y échapper : parler d’autre chose.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.03.2015 à 03h49 Le tombeau de Richard III a été dévoilé vendredi 27 mars, dernière étape de la réinhumation en grande pompe du monarque anglais mort à la guerre il y a cinq siècles et dont le squelette a été retrouvé par hasard dans un parking en 2012.Le bloc de 2,3 tonnes a été taillé dans de la pierre claire venue de Swaledale, un territoire qui autrefois appartenait au roi dans le Yorkshire (nord). Rectangulaire, la pierre tombale est orientée vers l'est, le dessus est légèrement incliné et une croix y est gravée sur plusieurs centimètres de profondeur. La pierre tombale a été installée sur un socle en marbre noir, sur lequel est inscrit le nom du roi, ses dates de naissance et de décès (1452-1485), son blason et sa devise « Loyaulte me lie » (« La loyauté me lie »).Richard III avait été enterré jeudi en la cathédrale de Leicester, dans le centre de l'Angleterre, lors d'une cérémonie grandiose retransmise en direct à la télévision. « Le tombeau du roi Richard III fait désormais partie intégrante de la cathédrale de Leicester », a déclaré la porte-parole de la cathédrale, Liz Hudson, qui s'attend à la venue de nombreux visiteurs.Le souverain, mort à la guerre en 1485 après seulement deux ans de règne, avait une sinistre réputation. Le faste incroyable des célébrations depuis dimanche a contribué à réhabiliter l'image de ce roi maudit aux yeux du public.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kn5vt"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kn5vt", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 27.03.2015 à 18h48 • Mis à jour le27.03.2015 à 19h15 Frappée par un séisme de magnitude 5,8 qui avait fait 309 morts et près de 70 000 sinistrés, le centre-ville de L'Aquila, capitale de la région italienne des Abruzzes, est figée dans ses ruines depuis le 6 avril 2009. La situation ne devrait pas se prolonger, a estimé le maire de la ville, Massimo Cialente.« Tout sera remis en état en 2017 », a-t-il affirmé à Rome, où il participait à une cérémonie de remise de prix dédiée aux victimes du tremblement de terre. « Le centre historique n'a été reconstruit qu'à 3 % et 3,5 milliards [d'euros] sont encore nécessaires pour achever les travaux, en plus des 4 milliards déjà dépensés », a cependant détaillé l'élu interrogé par l'Agence France-Presse (AFP).Pour Franco Gabrielli, le chef de la protection civile italienne, interrogé par l'AFP, l'annonce du maire semble un peu prématurée : « La priorité est de mettre au point un plan des zones sismiques à risques dans cette région et dans le pays, seulement après nous pourrons organiser les travaux de manière efficace. » Près de 40 000 personnes sont toujours logées dans les habitations de fortune, construites en quelques mois après le séisme à la périphérie de la ville.Lire aussi notre reportage, réalisé en 2009 après le séisme : A L’Aquila, l’effondrement de la ville et des hommesCorruption et malversationGangrenés par les cas de malfaçon, de malversation, de corruption et les procès en tous genres liés à la gestion de l'après-séisme, les chantiers de L'Aquila font régulièrement la « une » des médias italiens ces six dernières années. Il y a quelques semaines, l'un des principaux entrepreneurs chargés des travaux avait été arrêté pour collaboration présumée avec la Camorra, la mafia napolitaine.Massimo Cialente avait annoncé sa démission en janvier 2014 à la suite d'une affaire de corruption impliquant des membres de son administration, avant de revenir sur sa décision quelques jours plus tard.Lire aussi le post de blog : Le maire de L’Aquila démissionne : stupeur après tremblementEn 2012, sept scientifiques de la Commission « grands risques » avaient été condamnés à six ans de prison ferme par le tribunal de L'Aquila, pour avoir manqué à leur devoir d'information vis-à-vis des habitants au sujet des risques potentiels d'un tremblement de terre. Ils ont été reconnus non coupables en appel en novembre 2014. La Cour de cassation se prononcera sur leur sort dans les mois qui viennent. Philippe Ridet (Rome, correspondant) La silhouette reste élancée, mince, sèche. L’habit noir comme il se doit. Le cheveu légèrement teint. Phil Manzanera, 64 ans, né Philip Geoffrey Targett-Adams à Londres, il y a 64 ans, a été pendant dix ans le guitariste du groupe de art rock (ou glamrock pour certains), Roxy Music, fondé par Brian Ferry et Brian Eno. Anglais par son père, colombien par sa mère, il n’en finit pas d’explorer le métissage de ses origines et de sa musique. Ayant vécu à Cuba, à Hawaï, au Venezuela, il sait faire jongler salsa, rock’n’roll et meringue.Comme si cela ne suffisait pas, il a appris récement qu’un de ses grands-pères, musicien à Londres au début du siècle dernier, était originaire de Naples. Une influence de plus. Qu’il va pouvoir développer à sa guise en devenant Maestro Concertatore, autrement dit directeur musical du 18e festival La nuit de la tarentelle, du 4 au 22 août, dans les Pouilles. Un événement dont le concert final, à Melpignano (2 000 habitants) attire chaque année 150 000 personnes ferventes, entre bougeotte et transe. La tarentelle est une danse censée imiter et/ou conjurer les effets de la morsure d’une tarentule.Orchestre de 90 musiciens« Je n’en avais jamais entendu parler, avoue le guitariste, de passage à Rome, vendredi 27 mars pour rencontrer la presse. J’ai commencé à écouter la pizzica [la musique très rythmée qui accompagne les danseurs]. Je suis tombé sous le charme. J’ai tout de suite donné mon accord aux organisateurs. » « Et puis, ajoute celui qui a produit aussi bien Steve Winwood, John Cale ou le Pink Floyd tardif, comment résister à l’honneur d’être appelé  Maestro ? » Un honneur qu’ont connu avant lui Stewart Copeland, le batteur de Police, le compositeur Goran Bregovic ou le pianiste Ludovico Einaudi.Le guitariste va devoir faire travailler l’orchestre de 90 musiciens à raison de quatre jours par mois jusqu’à l’ouverture du festival. Il dit vouloir, à cette occasion, lancer un pont entre la Pizzica, dont les origines se confondent avec celles de la Grèce antique, et les musiques d’Amérique latine qu’il connaît bien. « Mêler les cultures aide à savoir d’où l’on vient  ».Identité ouverteLe métissage est justement le credo de cette manifestation devenue une des plus populaires d’Europe, comme l’a rappelé le président du conseil régional des Pouilles, le charismatique et atypique Nichi Vendola (communiste, catholique, militant homosexuel et discoureur logorrhéique) qui achève son deuxième et dernier mandat. « Nous avons choisi notre programme comme un miroir. La tarentelle est la revendication d’une identité ouverte, curieuse. Une fête des différences. Le Maestro doit en tenir compte. »Mais tiendra-t-il la guitare, au moins au cours du concert final ? « J’espère bien, répond Phil Manzanera, je ne vois pas comment on pourrait m’en empêcher ». Après tout, il est le nouveau Maestro Concertatore !Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.03.2015 à 12h20 • Mis à jour le28.03.2015 à 00h46 | Guy Dutheil La compagnie aérienne Germanwings, dont un avion s'est écrasé mardi avec 150 personnes à son bord, a annoncé vendredi 27 mars aux proches des victimes « jusqu'à 50 000 euros par passager » pour faire face aux dépenses immédiates. Cette première aide, indépendante des indemnités qui devraient être versées par ailleurs au titre de la responsabilité de la compagnie, ne devra en aucun cas être remboursée, a précisé le porte-parole à l'AFP, confirmant une information du quotidien berlinois Tagesspiegel.Selon Holger Hopperdietzel, un avocat spécialisé dans le transport aérien, Lufthansa pourrait avoir à verser entre plusieurs dizaines de milliers et plusieurs centaines de milliers d'euros par victime, une fois que les proches auront exercé leurs demandes d'indemnisation.La facture du crash de l’Airbus risque au final d’être lourde pour la Lufthansa, maison mère de la Germanwings. Enfin surtout pour le pool d’assureurs de la compagnie allemande. Même si la Convention de Montréal de mai 1999 plafonne l’indemnisation des victimes à environ 145 000 euros par personne, Allianz et les autres assureurs devront s’acquitter d’un total de près de 21 millions d’euros pour la mort des 144 passagers, mardi dans les Alpes-de-Haute-Provence.Allianz, chef de file du pool des assureurs de la Lufthansa, a déjà versé à la compagnie, mercredi 25 mars, tout juste vingt-quatre heures après le drame, six millions d’euros d’indemnités pour la perte de l’Airbus A320, un appareil sorti des chaînes de Toulouse en 1991.Un risqueMais, estiment certains avocats, Germanwings et Lufthansa pourraient avoir à débourser des sommes bien supérieures aux indemnités de base. Notamment s’il est prouvé que les compagnies allemandes, la maison mère et sa filiale, ont failli dans l’exécution de leur mission. Des familles de victimes pourraient s’adresser à la justice pour comprendre pourquoi le copilote Andreas Lubitz a pu rester seul dans le cockpit. Toutefois, selon la réglementation aérienne allemande en vigueur, les pilotes ont l’autorisation de s’absenter à certains moments, notamment pour aller satisfaire des besoins naturels.Lire aussi :Crash de l’A320 : l’hypothèse de l’acte volontairePour d’autres experts en revanche, les assureurs de la Lufthansa n’auront rien de plus à payer que les indemnités prévues. Sauf, ajoutent-ils, si des familles de victimes, par exemple, réussissent à prouver que la compagnie savait que son copilote pouvait représenter un risque. Une accusation potentiellement plus coûteuse pour la Lufthansa notamment après que la presse allemande a révélé, jeudi 26 mars, qu’Andreas Lubitz aurait traversé, il y a quelques années un épisode dépressif lourd. Le copilote aurait, à l’époque, arrêté alors sa formation de pilote pour ne la reprendre que plusieurs années après. M. Lubitz a été recruté par la Germanwings en septembre 2013.Lire aussi :Le copilote de la Germanwings aurait subi une grave dépressionGuy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.03.2015 à 11h36 • Mis à jour le27.03.2015 à 13h01 | Guy Dutheil Les conditions du crash de l’A320 de la Germanwings n’ont pas vraiment surpris les pilotes. Quand, en 2001, après les attentats du 11-Septembre, les autorités américaines ont imposé à toutes les compagnies aériennes de nouvelles mesures de sécurité pour restreindre l’accès au cockpit des avions, notamment des portes blindées dotées de codes de sécurité, « c’est même la première chose à laquelle ils avaient pensé », affirme Patrick Magisson, commandant de bord sur A320 chez Air France et également pilote instructeur.Ces dispositions ont « inversé » la logique qui prévalait « depuis les débuts de l’aviation », déplore-t-il. Avant le 11 septembre 2001, « la sécurité » des passagers primait sur « la sûreté » de l’avion. Selon M. Magisson, « les portes et leurs systèmes de sécurité, tels qu’ils ont été conçus, ont inversé cette priorité ». Depuis 2001, c’est « la sûreté » de l’avion qui l’emporterait. Un retournement qui avait été « dénoncé à l’époque par la fédération internationale des syndicats de pilotes de ligne », se souvient M. Magisson.Après le drame de la Germanwings, les pilotes pourraient donc obtenir gain de cause. Très souvent, « les accidents majeurs d’avion ont donné lieu par le passé à des évolutions réglementaires, rappelle la Direction générale de l’aviation civile. Mais tout dépendra des résultats de l’enquête menée par le Bureau d’enquêtes et d’analyses [BEA] ».« Changement de procédures »Sans attendre les conclusions du BEA, de nombreuses compagnies aériennes et des fédérations et syndicats de pilotes exigent déjà la présence en permanence de deux personnes dans le cockpit des avions pendant les vols. En pratique, lorsque l’un des deux pilotes sortira du cockpit, il devra être remplacé, pendant son absence, par un stewart ou une hôtesse. Jeudi 26 mars, la fédération allemande du secteur aérien (BDL) a fait savoir qu’elle réclamerait la mise en œuvre de la « règle des deux personnes dans le cockpit ». Certaines compagnies ont même décidé de passer immédiatement à l’acte.Comme souvent, ce sont les transporteurs à bas coûts qui sont les plus rapides à réagir. Norwegian Airlines et easyJet ont ainsi annoncé, dès jeudi 26 mars, « un changement de procédures ». A partir de vendredi 27, ces deux concurrentes de la Germanwings ont décidé que « deux membres de l’équipage seront présents en permanence dans le cockpit » des avions pendant les vols. Elles ont été imitées par la compagnie régulière islandaise Icelandair.Lire aussi :A320 : des failles dans le suivi psychologique des pilotes ?Au Canada, c’est le gouvernement fédéral qui a décidé, jeudi, d’imposer, avec effet immédiat pour toutes les compagnies aériennes du pays, la présence de deux personnes en permanence dans le cockpit. Aux Etats-Unis, en revanche, le maintien de deux personnes dans la cabine de pilotage « n’est pas systématique », explique M. Magisson. Il n’est obligatoire que dans les avions qui ne disposent pas de porte de cockpit blindée.De son côté, Air France signale qu’elle exploite ses avions « conformément aux règlements de l’Agence européenne de la sécurité aérienne en vigueur ». Toutefois, si la réglementation venait à changer, notamment avec l’obligation de faire venir un personnel navigant commercial dans le cockpit à chaque sortie d’un pilote, la compagnie s’adaptera. Si bien sûr les nouvelles dispositions ne fragilisent pas, par ailleurs, la sécurité du vol.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kn0ph"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kn0ph", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Jacqué L’usine automobile conjointe de PSA et Mitsubishi en Russie a annoncé, vendredi 27 mars, la prochaine suspension de sa production et la suppression d’une centaine de postes. L’usine de Kaluga, au sud de Moscou, « suspend la production des modèles Citroën C4 Sedan et Peugeot 408 du 27 avril au 10 juillet 2015 » et « celle des véhicules tout terrain (Mitsubishi Outlander et Pajero Sport) jusqu’au 12 mai », selon un communiqué de la coentreprise.Après l’annonce du retrait d’Opel et de Chevrolet de Russie, mi-mars, ainsi que celui de Seat, c’est un nouveau coup dur pour l’automobile russe, en pleine bérézina… Les perspectives sur le marché russe « ne sont pas bonnes, non seulement à court terme mais aussi à moyen et long terme », expliquait mi-mars, le patron d’Opel, Karl-Thomas Neumann, dans une interview au journal allemand Handelsblatt.Lire aussi :Opel se retire de RussieLes ventes de la filiale de GM se sont effondrées de 86 % en février par rapport au même mois de 2014. Depuis le 1er janvier, la chute s’établit à 82 % (sur un an) pour un marché russe qui est globalement en repli de 32 % ; cette année, la marque a écoulé 1 900 véhicules, contre plus de 10 000 un an plus tôt…C’est que le marché russe est habitué aux soubresauts depuis le début des années 2000. En 2005, le marché, qui était en train d’exploser, avait déjà connu un important trou d’air. En 2012, alors que le pays affichait 2,9 millions d’immatriculations, les analystes prédisaient que la Russie allait dépasser, en 2015, le marché allemand, où il s’immatricule 3,2 millions de voitures. À cette date, les constructeurs envisageaient 3,5 millions de ventes à l’horizon 2015.Las, la crise en Ukraine et la chute du prix du pétrole, l’une des principales ressources en devises du pays, ont plongé l’économie russe dans le chaos. Le secteur automobile a été l’un des premiers à souffrir de l’inflation galopante du rouble. Après une baisse de 5 % des ventes en 2013, à 2,8 millions d’unités, le marché s’est encore contracté de 10 % en 2014, à 2,5 millions d’unités.« Il ne faut pas quitter le pays dans la tempête »Dans ce contexte, tous les constructeurs réduisent leur exposition au marché. L’alliance Renault-Nissan (dont les ventes ont chuté de 25 % en deux mois), qui détient AvtoVAZ, le constructeur de Lada, a décidé de suspendre la production quelques semaines sur ses sites le temps d’écouler les stocks. De plus, le groupe poursuit la restructuration à marche forcée de sa filiale russe avec le départ programmé de 1 100 cadres en 2015.Volkswagen (− 27 %) a aussi mis entre parenthèses la production et tente de conserver sa part de marché, en baissant ses ventes dans les limites du marché. Mais Seat a déjà annoncé son retrait du marché, trop difficile pour une marque importée.Ford (– 70 %) ou Toyota (– 27 %) font pour l’instant le gros dos. « Nous cherchons à maintenir notre performance malgré l’effondrement du marché, explique Didier Leroy, chargé de la zone pour Toyota. Nous allons poursuivre les investissements dans notre usine de Saint-Pétersbourg en 2015 afin de préparer le lancement de notre Rav4, un SUV, en 2016. » Ford a également annoncé la multiplication de nouveaux modèles pour sauvegarder son ancrage russe.Le plus offensif reste le groupe Hyundai-Kia. Depuis le début de l’année, les deux marques ont multiplié les rabais et ramasser pas moins de 7 points de parts de marché. Depuis le début de l’année, le groupe sud-coréen détient 20,1 % du marché, contre 13,1 % sur la même période de 2014. Malgré l’inflation, les ventes de Hyundai ont augmenté de 4 %, tandis que Kia reculait de 2,4 % pour un marché en chute de 38 %… Autres groupes en progression, à rebours du marché : Mercedes et BMW, les deux marques consolident leur position.Désormais, pour 2015, Opel attend un marché russe à 1,5 million d’unités, moitié moins qu’en 2012… « Il est très volatil. Il peut baisser énormément très vite et remonter également rapidement… En gros, il ne faut pas quitter le pays dans la tempête. Il faut faire le gros dos et être prêt quand il redémarrera », rappelle un spécialiste du pays.Lire aussi :Automobile : le réveil de l’EuropePhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.03.2015 à 08h26 • Mis à jour le28.03.2015 à 06h43 Le parquet de Düsseldorf a fait savoir, vendredi 27 mars, qu'Andreas Lubitz avait dissimulé qu'il faisait l'objet d'un arrêt maladie le jour de l'accident [communiqué en allemand, au format PDF]. Les enquêteurs ont retrouvé chez le jeune copilote des formulaires d'« arrêts maladie détaillés ».« Le fait que les certificats d'incapacité de travail, qui étaient récents et même datés pour le jour des faits, ont été déchirés appuie l'hypothèse qu'il a caché sa maladie à son employeur et à ses collègues de travail », a expliqué le parquet, sans préciser la nature de sa pathologie. Germanwings a confirmé que la compagnie n'a jamais reçu d'arrêt maladie.Pas de message sur un projet de suicideDes documents découverts lors de perquisitions menées dans son appartement de Düsseldorf et dans la maison familiale de la localité de Montabaur attestent par ailleurs que le copilote suivait un traitement médical. Par contre, aucune lettre d'adieux ou courrier annonçant un acte prémédité n'a été découvert.Le copilote allemand, qui aurait délibérément provoqué la catastrophe de l'Airbus A320 de Germanwings mardi dans les Alpes-de-Haute-Provence, avait été soigné en 2009 pour un « épisode dépressif grave » et fait l'objet d'une prise en charge psychiatrique pendant un an et demi, selon le tabloïd allemand Bild.D'après le quotidien, qui affirme avoir consulté des documents de l'Autorité de supervision du transport aérien allemande (Luftfahrt Bundesamt, LBA), Andreas Lubitz avait un « suivi médical régulier particulier ». Des informations transmises par Lufthansa, maison mère de Germanwings au LBA, assure Bild. Carsten Spohr, le patron de la compagnie aérienne allemande, avait confirmé jeudi que le jeune pilote avait interrompu sa formation commencée en 2008 « pendant un certain temps » sans fournir plus d'explications. A cette époque, selon Bild, il souffrait « de dépression et de crises d'angoisse ».Rupture sentimentale ?D'après le journal britannique The Times, Lufthansa savait bien qu'Andreas Lubitz était dépressif. Comme Bild, le quotidien de Londres évoque une rupture sentimentale récente, tandis que le Frankfurter Allgemeine Zeitung s'en tient au « syndrome d'épuisement professionnel ».Des enquêteurs ont perquisitionné jeudi les deux domiciles d'Andreas Lubitz, à Düsseldorf et à Montabaur, emportant l'unité centrale d'un ordinateur, ainsi que deux grands sacs bleus et un carton visiblement pleins. Contrairement à ce que déclarent plusieurs médias, les enquêteurs n'ont pas fait de découverte significative, a fait savoir Susanna Heusgen, une porte-parole de la police de Düsseldorf. The Daily Telegraph affirmait dans la matinée que les policiers avaient fait des découvertes « importantes ».Un psychologue doit consulter vendredi les documents du LBA, affirme Bild. Des éléments qui seront ensuite récupérés par les autorités judiciaires allemandes et françaises.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2kqwrh"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2kqwrh", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Adéa Guillot (Athènes, correspondance) C’est une visite qui ne fait pas les gros titres mais qui a pourtant son importance. Jacques de Watteville, le secrétaire d’Etat suisse aux questions financières internationales, a rencontré, jeudi 26 mars, à Athènes, le secrétaire d’Etat Nikos Pappas, le bras droit du premier ministre grec, Alexis Tsipras. « Nous avons noté une véritable volonté de renforcer la collaboration entre nos deux pays. En 2014, nous avions fait un certain nombre de propositions au précédent gouvernement, mais qui n’ont pas été suivies », affirme le responsable suisse.Lire aussi :Le gouvernement grec attendu sur les réformesEngager la lutte conte l’évasion et la fraude fiscale est l’une des promesses fortes de Syriza, le parti de la gauche radicale grecque, aujourd’hui au pouvoir. Il veut faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat en rapatriant ou en taxant une partie des avoirs grecs placés illégalement en Suisse et affirmer sa volonté de s’attaquer à l’oligarchie financière.« Il n’existe pas de données fiables sur le montant exact des avoirs grecs dans la Confédération, précise M. de Watteville. Le dernier chiffre disponible de la Banque nationale [BNS] date de 2013 et évoque le montant de 6,6 milliards de francs suisses [6,3 milliards d’euros], mais ce chiffre brut ne dit rien du pourcentage taxable. »Outil « sous-exploité »Concrètement, les Suisses ont proposé, dans l’immédiat, le renforcement du recours à l’accord bilatéral existant entre la Grèce et la Confédération sur la double imposition. « Cet outil permet d’avancer à court terme sur des cas de suspicion d’évasion fiscale ; il a été sous-exploité ces dernières années », souligne-t-on côté suisse. Selon une source gouvernementale grecque, « seules quinze demandes de transmission de données fiscales ont été réalisées dans ce cadre par le précédent gouvernement ».A l’horizon 2017-2018, la Grèce, membre de l’Union européenne, devrait aussi entrer dans le programme d’échanges automatique des données, dont le principe a été paraphé à Bruxelles le 19 mars.Les discussions ont également porté sur la fameuse « liste Lagarde », du nom de l’ancienne ministre française de l’économie et des finances, Christine Lagarde – aujourd’hui directrice générale du Fonds monétaire international –, qui avait remis, en octobre 2010, à son homologue grec la liste de plus de 2 000 Grecs détenant des comptes auprès de la filiale suisse de la banque HSBC.« Cette liste a été volée par l’ancien employé de la banque, Hervé Falciani. Nous ne pouvons pas collaborer sur la base d’un vol, mais cela ne veut pas dire que les personnes citées sur cette liste soient dans l’immunité totale. Si d’autres indices permettent de remonter jusqu’à elles, alors il existe d’autres outils pour ouvrir une enquête », affirme M. de Watteville. Athènes veut avancer vite sur ce dossier.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.03.2015 à 17h06 La police des polices britannique a annoncé lundi 16 mars avoir ouvert une enquête à la suite de plaintes accusant des policiers d'avoir couvert les agissements d'un réseau de pédophiles, qui a impliqué des responsables politiques et des institutions publiques dans les années 1970 à 2000.Ces policiers sont soupçonnés d'avoir « supprimé des preuves, (…) ralenti ou interrompu des investigations [et] couvert des délits du fait de l'implication de membres du Parlement ou d'officiers de police », précise la commission indépendante sur les plaintes à l'encontre de la police (IPCC), dans un communiqué publié sur son site Internet.L'IPCC, qui compte étudier 14 plaintes, a souligné qu'il s'agissait « d'accusations de corruption parmi les plus graves de l'histoire ». Une enquête de la police est par ailleurs en cours sur les sévices infligés à enfants qui auraient été commis au cours de ces années.Des députés soupçonnésEn décembre, une victime présumée, identifiée sous le nom de Nick, avait raconté aux enquêteurs comment lui et plusieurs autres garçons étaient conduits à plusieurs adresses de Londres et de la périphérie de la capitale britannique, y compris sur des bases militaires, où ils étaient abusés sexuellement par des groupes d'hommes.Il avait aussi accusé des députés et d'autres personnalités de premier plan d'être liées au meurtre de trois enfants, âgés de 7 à 16 ans.L'été dernier, des révélations de presse confirmées par les ministères concernés avaient montré que 114 dossiers relatifs à des accusations de sévices sexuels infligés à des enfants entre 1979 et 1999 avaient disparu. Un de ces dossiers portait, selon la presse, sur l'implication de députés et d'autres personnalités politiques.Lire aussi (édition abonnés) : La révélation de plusieurs scandales de pédophilie bouleverse le Royaume-UniDavid Cameron, le premier ministre britannique, avait promis en juillet « de faire toute la lumière » et d'« explorer toutes les pistes pour découvrir la vérité sur ce qui s'est passé ». 16.03.2015 à 09h48 Le 16 mars 2014, la Russie annexe la Crimée lors d'un référendum local, non reconnu par la communauté internationale et dénoncée le 27 mars par l'Assemblée générale de l'ONU. Faut-il accepter ce fait accompli, alors que les tensions persistent entre Moscou et Kiev?- La droite française est devenue l'agent d'influence de Vladimir Poutine. En France, les dirigeants de la droite, atteints de poutinolâtrie, ont perdu la raison dans la lecture du conflit en Ukraine, selon un collectif de signataires parmi lesquels l’historien Alain Besançon, l’économiste Boris Najman ou le philosophe Philippe Raynaud.- La guerre dans le Donbass divise davantage la société russe, par Georges Nivat, professeur honoraire à l'université de Genève. Depuis la mort de Boris Nemtsov, une dissidence plus affichée prend forme en Russie. Mais l'annexion de la Crimée semble avoir été acceptée. Denis Cosnard Séduire les entreprises étrangères, les convaincre que la France n’est pas un pays affreusement compliqué et en déclin, les inciter à y investir sans tarder… François Hollande est reparti à la charge, lundi 16 mars. A l’Elysée, le président de la République devait passer la matinée avec les dirigeants d’une poignée de filiales d’entreprises qui ont choisi l’Hexagone, comme Siemens et Roche, afin de « saluer leur succès » et de les montrer en exemple. Objectif : accélérer ainsi la reprise des investissements étrangers en France.Après trois ans de baisse, le nombre de projets lancés par des groupes internationaux est en effet remonté de 8 % en 2014, selon les pointages de l’agence nationale Business France. Cette structure publique a comptabilisé 740 décisions de ce type, qu’il s’agisse d’implantations nouvelles, d’extensions de sites existants ou de rachats d’entreprises en difficulté. Sur ce critère, 2014 constitue l’un des deux meilleurs exercices enregistrés depuis dix ans.Investir en France, « yes we can »« Cette hausse marque une inversion de tendance, se réjouit Muriel Pénicaud, la directrice générale de Business France. On sent un frémissement. Il ne faut pas mollir pour autant. Car nous ne sommes pas seuls à vouloir attirer les investissements étrangers qui arrivent en ce moment en Europe. C’est le moment d’y aller à fond ! »Trop tôt pour crier victoirePour les responsables publics, il est effectivement beaucoup trop tôt pour crier victoire. D’abord, la reprise de 2014 n’est pas due spécifiquement aux efforts de la France : toute l’Europe a bénéficié d’une hausse des investissements étrangers, évaluée à 17 % par Business France. La part de marché de l’Hexagone en Europe tend donc à décliner un peu.Une situation qui s’explique. D’un côté, les déclarations de l’ex-ministre de l’économie Arnaud Montebourg contre certains patrons comme ceux de Mittal ou Titan n’ont pu que renforcer les doutes des investisseurs. Même effet pour le décret pris par le bouillant ministre en mai 2014, en pleine bataille autour d’Alstom, pour allonger la liste des secteurs stratégiques dans lesquels les investissements internationaux sont soumis à une autorisation préalable du gouvernement. « Cela a suscité des questions pendant un mois, puis les gens ont compris que les autres pays font exactement la même chose, et que les interdictions sont très rares… puisque il n’y en a eu aucune »,tempère Mme Pénicaud.D’un autre côté, la mise en place du crédit d’impôt pour l’investissement et l’emploi (CICE) et la baisse de certaines charges sont de nature à renforcer l’attractivité de la France. Mais au total, l’image du pays reste un peu brouillée.Baisse du nombre d’emploisEnsuite et surtout, la légère progression du nombre d’investissements cache une baisse, au contraire, du nombre d’emplois concernés. Les projets décidés en 2014 ne doivent, en effet, permettre de créer ou sauvegarder que 25 478 emplois, selon les estimations des pouvoirs publics. C’est 14 % de moins qu’en 2013, et la plus mauvaise performance depuis douze ans. Ces dernières années, l’impact sur l’emploi des projets internationaux n’a cessé de décliner. Un problème majeur, car si François Hollande, Manuel Valls et leurs ministres sillonnent la planète pour répéter dans toutes les langues « La France est un pays pro-entreprises », c’est bien pour que cela crée des emplois. Or le compte y est de moins en moins.Fini le temps des énormes usines, comme celle inaugurée par Toyota à Valenciennes (Nord) en 2001, qui avait entraîné la création de 4 000 postes d’un coup. Désormais, les projets les plus massifs dépassent rarement 200 emplois. A l’image de la nouvelle unité chimique installée par l’américain Hexcel Fibers à Roussillon (Rhône-Alpes), une des opérations majeures de 2014, qui a permis le recrutement de 120 personnes.Les nouveaux habits des investissements chinois en FranceAu fil des ans, « les investissements changent, avec une forte progression du nombre de projets dans des activités à forte valeur ajoutée », constate-t-on chez Business France. En 2014, davantage de sociétés ont ainsi décidé d’implanter des sièges sociaux ou des centres de recherche et développement. A la clé, des emplois haut de gamme mais en quantité restreinte. Les investissements dans la production, eux, drainent toujours moins d’emplois, un reflet de la profonde crise de l’industrie en France.Faut-il craindre les investissements chinois en France ?Denis CosnardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Adrien Pécout On avait quitté Philippe Saint-André furibard à Paris, on le retrouve euphorique à Rome. Dimanche 15 mars en fin d'après-midi, heureux de leur net succès sur l'Italie (29-0), le sélectionneur du XV de France a livré un bel exemple de « pax romana » avec ses joueurs. Ces mêmes joueurs qu'il avait pourtant qualifiés de « starlettes », voilà deux semaines, au lendemain de leur piteuse défaite à domicile contre le pays de Galles.Du positif, du positif, rien du positif. A l'issue de cet avant-dernier match du Tournoi des six nations, en conférence de presse dans les entrailles du Stadio Olimpico, « PSA » a complimenté ses joueurs avec un zèle qui semblerait presque déplacé vu le piètre rendement de l'Italie : « On a pris le match par le bon bout, et dans un contexte difficile, c'est une belle victoire. Il faut dire quand ça ne va pas, mais il faut aussi féliciter quand c'est bien. Aujourd'hui on a vu une vraie équipe. Ce n'est pas un match parfait, mais aujourd'hui, je retiens uniquement le positif. »Par rapport aux titulaires alignés contre le pays de Galles, le manageur avait procédé à huit changements, dont quatre pour cause de blessures. Vainqueur timoré de l'Ecosse en match d'ouverture (15-8), le XV de France restait sur deux défaites dans la compétition, en Irlande (18-11) et donc, devant un public du Stade de France désabusé, contre le pays de Galles (20-13).Le succès obtenu à Rome aura au moins le mérite de réconcilier en public Philippe Saint-André et ses hommes. Sur le plan comptable, il permet même à la France de rester en course pour boucler le Tournoi des six nations 2015, samedi 21 mars, à une très hypothétique première place ex aequo. Ce miracle nécessiterait un alignement des planètes : une victoire française en Angleterre, mais aussi une défaite de l'Irlande en Ecosse et du pays de Galles en Italie....Rendez-vous en Coupe du mondeDans l'immédiat, Saint-André peut surtout se féliciter d'avoir évité l'affront d'une troisième défaite de rang en Italie. Rossés en 2011 puis 2013, les Bleus avaient subi deux camouflets lors de leurs précédents déplacements face à l'adversaire a priori le plus faible du Six nations (la France pointe à la 7e place du classement international, l'Italie, à la 14e). Un adversaire que les Bleus croiseront à nouveau dès le 19 septembre prochain, en Angleterre, pour leur premier match de la Coupe du monde 2015.En attendant, face aux médias, Thierry Dusautoir verse lui aussi dans l'autosatisfaction. Elu homme du match, le troisième-ligne toulousain de l'équipe de France fêtait son cinquantième match en qualité de capitaine, record en cours. Il souligne « l'envie » , « l'appétit», voire « la révolte» qui a animé l'équipe : « L'équipe a bien répondu au niveau mental. C'est bien que les joueurs aient fait abstraction de l'extérieur pour vraiment se concentrer sur ce match et le gagner. » Désigné à la vindicte populaire pour ses loupés contre le pays de Galles (à peine 50 % de réussite au pied), Camille Lopez a ainsi refait surface. L'ouvreur de Clermont a réussi ses deux pénalités en première période, devant les 67 000 spectateurs de l'Olimpico. Sorti à la pause en raison d'un hématome à une cuisse, il cédera sa place à un Jules Plisson lui aussi à créditer d'une réussite optimale : deux transformations et deux pénalités en deuxième période.Victime pour sa part d'une fracture du nez, le demi d'ouverture du Stade français a gardé le sourire au sortir des vestiaires : « Sur le terrain, j'ai vu des mecs fiers de ce porter ce maillot, des mecs avec le sourire. On n'avait pas vu ça depuis longtemps. Le discours de Philippe il y a deux semaines [ses critiques au lendemain de France-Galles] nous a peut-être donné un petit coup de pied au c... », lâchera le jeune homme de 23 ans, dont la précédente convocation en équipe de France remontait à l'an dernier, presque jour pour jour, contre l'Ecosse.Une faible adversitéAu-delà de ces témoignages enthousiastes, il y aurait pourtant à redire. Sur la faiblesse de l'adversaire, d'abord : étonnante tombeuse de l'Ecosse à Murrayfield il y a quinze jours (22-19), l'Italie a cette fois faibli sous le poids de la défense française, bien en place. De fait, la plupart des joueurs transalpins évoluent d'ordinaire à Zebre ou Trévise... des clubs englués dans les profondeurs de la Ligue celte.Second bémol de taille, la France aura dû attendre une bonne demi-heure pour vraiment entrer dans la partie. Trop brouillonne, elle dut s'en remettre en première mi-temps aux deux pénalités de Lopez et à celle de Spedding (9-0 à la pause), également auteur d'un raté en début de match. Dusautoir justifie ce démarrage difficile :« Un match de rugby, ça se construit. La première période n'était peut-être pas intéressante au niveau de la production, mais ça a permis de bien finir ce match. » Pour les essais, il faudra en effet attendre celui du deuxième-ligne Yoann Maestri (46e minute). Le Toulousain conclura un déboulé de l'arrière bayonnais Scott Spedding, qui remplaçait cet après-midi le Racingman Brice Dulin, écarté à la suite match contre les Gallois. Entré en cours de jeu, le centre toulonnais Mathieu Bastareaud inscrira à son tour le sien dans les ultimes instants (80e).Un match plus compliqué qu'il n'y paraît, donc, en dépit des sourires affichés. Le deuxième-ligne du Stade français, Alexandre Flanquart, s'en contentera pour ce soir : « On avait besoin de faire un gros match, si ce n'est dans le jeu, au moins dans l'engagement. Je pense qu'on a réussi à le faire. Maintenant, il faut redescendre sur terre et se préparer pour la semaine prochaine. » Samedi 21 mars, pour le moment en tête du Tournoi des six nations avec l'Irlande et le pays de Galles, l'Angleterre promet une opposition autrement plus relevée que celle de l'Italie. Adrien PécoutJournaliste au Monde 15.03.2015 à 18h05 • Mis à jour le15.03.2015 à 19h02 Philippe Saint-André peut souffler. Après deux défaites d'affilée en Irlande (18-11) puis contre les Gallois (20-13), son XV de France s'est rassuré, dimanche 15 mars, au Stade olympique de Rome, en dominant l'Italie (29-0) lors de l'avant-dernier match du Tournoi des six nations.« On a pris le match par le bon bout ,et dans un contexte difficile, c'est une belle victoire. C'est une bonne journée, avec beaucoup de sourires dans le vestiaire. On les a usés physiquement, on les a bien pris à la gorge en défense », s'est félicité le sélectionneur tricolore, malgré une première période poussive.Jacques Brunel, l'entraîneur français de l'Italie, s'est montré beau joueur : « J'ai trouvé l'équipe de France solide, mais ça on le savait, même si elle n'avait pas de résultats. Elle a pesé réellement en défense, elle nous a contrés sur la conquête du ballon. La France n'a pris que deux essais depuis le début du Tournoi ». « L'élément primordial dans ce match, ce n'est pas la pluie, c'est surtout la défense française, qui nous a gênés dans les phases de conquête et dans la construction de notre jeu », a analysé le technicien.Distancée au classement par l'Angleterre, l'Irlande et le pays de Galles (3 victoires chacun), la France de PSA a su assurer l'essentiel dans la froidure romaine pour finalement obtenir sa deuxième victoire en quatre matchs dans la compétition, après son succès inaugural contre l'Ecosse (15-8).Défaites en Italie en 2011 et en 2013Les chances d'accrocher la première place ex aequo du Tournoi restent tributaires d'un incroyable concours de circonstances (une victoire contre l'Angleterre, et dans le même temps une défaite des Gallois en Italie et des Irlandais en Ecosse), mais ce succès aura au moins le mérite de mettre les Bleus en confiance face à l'adversaire contre qui elle ouvrira la Coupe du monde 2015, le 19 septembre.Humilié lors de ses deux dernières sorties à Rome, en 2011 puis 2013, le XV de France n'avait plus gagné en Italie depuis 2009. En première mi-temps, les Bleus ont d'abord construit leur succès grâce à trois pénalités : deux de Lopez (29e et 35e) et une de Spedding (40e+1), qui avait pourtant loupé sa première tentative. Une leçon de réalisme pour des Italiens qui avaient eux échoué à deux reprises plus tôt dans la partie.L'Angleterre pour finirTrès pauvre en première période, le match s'est animé au retour des vestiaires. La France réussira même à inscrire deux essais : par l'intermédiaire de son deuxième ligne toulousain Yoann Maestri, à la conclusion d'une chevauchée de Spedding (46e) ; puis par le centre toulonnais Mathieu Bastareaud, entré en fin de match pour faire valoir sa force de frappe (80e+2). Jules Plisson, entré à la place de Camille Lopez à la mi-temps, a réussi les deux transformations et a également inscrit deux pénalités (42e et 58e).Remise en selle par cette deuxième victoire en quatre matchs, l'équipe de France bouclera son Tournoi des six nations samedi 21 mars, dans le temple londonien de Twickenham, pour un crunch périlleux qui l'opposera à des Anglais en pleine réussite. Les Anglais sont en tête du Tournoi après la défaite irlandaise au pays de Galles.  14.03.2015 à 18h21 Des salafistes, des hooligans et des associations anti-racistes ont manifesté samedi 14 mars à Wuppertal, dans l'ouest de l'Allemagne sous haute protection policière. Mille agents et des canons à eau ont été déployés pour encadrer les trois rassemblements distincts.Près de 400 personnes de la mouvance salafiste étaient attendues dans les rues de cette ville de Rhénanie du nord-Westphalie, proche de Düsseldorf, mais « l'affluence a été nettement moins importante », selon la police. La mobilisation du mouvement anti-islam Pegida de la région a également plus réduite que prévu. En revanche, la manifestation organisée à l'appel d'associations pour la tolérance et contre le racisme a rassemblé 700 personnes en début d'après-midi, soit le double de ce qui était attendu, ont estimé les forces de l'ordre.Hooligans versus « police de la charia »Les trois rassemblements n'ont pas été autorisés à défiler en raison du comportement violent de certains manifestants. En octobre, dans la ville voisine de Cologne, quarante-quatre policiers avaient été blessés dans des affrontements avec des hooligans qui avaient lancé des slogans anti-immigrés. Une poignée de salafistes avait également « patrouillé » dans les rues de Wuppertal (ouest) l'été dernier, se revendiquant d'une « police de la charia ». A plusieurs reprises ils avaient enjoint aux clients de discothèques à ne pas boire de l'alcool ou à ne pas écouter de la musique. L'affaire avait fait grand bruit, faisant réagir la chancelière Angela Merkel qui avait rappelé que personne n'était autorisé à se substituer à la police. Depuis, cette « police de la charia » n'a jamais refait parler d'elle.Lire : Allemagne : levée de boucliers contre la propagande islamiste Yves-Michel Riols Rarement une négociation diplomatique aura été aussi longue et complexe. Rarement, aussi, les enjeux auront été aussi importants : éviter la prolifération nucléaire au Moyen-Orient, l’une des régions les plus instables du monde. Les tortueux pourparlers sur le nucléaire iranien, amorcés en 2003, abordent leur dernière ligne droite. Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, et son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, doivent se retrouver, dimanche 15 mars, à Lausanne, en vue de parvenir, avant le 31 mars, à un accord politique fixant les grandes lignes d’un compromis, qui devra ensuite être complété par des annexes techniques d’ici au 30 juin.En prélude à cette intense phase de consultations, M. Zarif se rendra, lundi, à Bruxelles, pour s’entretenir, sous l’égide de l’Union européenne, avec les ministres des affaires étrangères français, allemand et britannique. Un déplacement destiné à souligner le caractère multilatéral de ces négociations, même si, dans les faits, elles sont surtout conduites par le tandem Zarif-Kerry. Les discussions se poursuivront, ensuite, en Suisse, sur les bords du lac Léman.La date butoir pour conclure ces tractations a déjà été reportée à deux reprises depuis l’accord intérimaire de novembre 2013 entre l’Iran et les pays du « P5 + 1 », comprenant les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, plus l’Allemagne. Celui-ci s’est traduit par un gel provisoire des activités nucléaires iraniennes et une levée partielle des lourdes sanctions internationales qui frappent l’Iran, soupçonné par les Occidentaux de chercher à se doter d’une bombe atomique sous le couvert d’un programme civil. Mais une nouvelle prolongation semble improbable. Le président américain, Barack Obama, qui subit la pression d’un Congrès méfiant envers Téhéran, s’y est publiquement opposé. « Le temps est compté et la pression se renforce sur les négociateurs », observe Ali Vaez, spécialiste de l’Iran à l’International Crisis Group.« Un accord est faisable »A l’approche de cette nouvelle échéance, les chancelleries occidentales affichent un optimisme prudent, qui tranche avec la tonalité sceptique qui prévalait jusqu’alors, notamment de la part de Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française. « Un accord est faisable, il n’y a pas de barrière fondamentale », assure un proche du dossier, pourtant réputé pour être un « faucon » sur cette question. « Mais on n’y sera qu’à la dernière heure, du dernier jour », avertit-il.L’objectif des pourparlers à Lausanne est d’arriver à un texte de « trois à quatre pages », selon une source bien informée, détaillant « les grands paramètres » d’un accord final. A ce stade, juge un diplomate, les obstacles ne sont plus « techniques ». A force de négocier depuis bientôt seize mois, « toutes les options ont été passées au crible, c’est maintenant aux Iraniens de faire un choix politique », assure-t-il.Une nouvelle prolongation des tractations paraît improbable. Le président Barack Obama s’y est publiquement opposéLes contours d’un éventuel compromis sont connus. Les questions clés portent sur la capacité d’enrichissement d’uranium de l’Iran, un combustible nécessaire à la fabrication d’une arme nucléaire, et les mécanismes de surveillance pour vérifier que Téhéran tient ses engagements dans le cadre d’un accord. « Sur l’enrichissement, il y a plus de terrain commun qu’auparavant », note Ali Vaez. Un diplomate impliqué dans le dossier juge « cohérent » le scénario faisant état d’une limitation du nombre de centrifugeuses iraniennes à environ 6 500, alors que le pays en possède près de 20 000, dont la moitié en activité.Le chiffre est plus élevé que celui envisagé à l’origine par les grandes puissances. En contrepartie, l’Iran s’engagerait à ne pas développer des centrifugeuses plus puissantes et aussi à exporter en Russie une partie significative de son stock d’uranium déjà enrichi, où il serait transformé pour rendre son utilisation à des fins militaires quasiment impossible.« Les principaux obstacles techniques semblent en voie de règlement, restent maintenant les questions politiques », remarque François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France en Iran. Elles sont, dit-il, de deux ordres : la durée de l’accord et le rythme de levée des sanctions qui étouffent l’Iran depuis 2006. Sur la durée, la France juge « insuffisante » une période de dix ans, évoquée par le président Obama, pendant laquelle l’Iran serait soumise à un régime d’inspections renforcées. Téhéran, de son côté, souhaiterait que ces mesures d’exceptions ne dépassent pas cinq ans.S’il subsiste des blocages, les avancées sont réellesMais pour l’Iran, l’enjeu essentiel est la levée des multiples sanctions (américaines, européennes et onusiennes) dont l’impact a été renforcé par la chute des cours du pétrole, la principale ressource du pays. C’est une priorité absolue pour le président Hassan Rohani, dont la crédibilité repose sur sa capacité à améliorer le niveau de vie des Iraniens pour contrer les radicaux du régime, opposés à la moindre concession sur le nucléaire. Les Iraniens exigent la suppression immédiate de l’ensemble des sanctions, une demande illusoire car elle priverait les Occidentaux de tout levier en cas de dérapage. Téhéran réclame avant tout la levée des sanctions de l’ONU qui maintiennent le pays dans un statut de paria et paralysent son développement : les entreprises hésitent à investir en Iran, de crainte de subir les foudres de la communauté internationale.Pour l’instant, les négociations portent sur la mise en place d’un échéancier sur le principe du donnant-donnant. Les Européens, qui ont moins de contraintes sur cette question que le président Obama, pourraient rapidement suspendre les sanctions de 2010 sur les secteurs pétrolier et bancaire. Une telle mesure aurait un impact conséquent en levant les restrictions sur les transactions financières, qui freinent les échanges, et en autorisant l’Iran à retrouver sa pleine capacité d’exportation de pétrole, évaluée à 2 millions de barils par jour, contre seulement 1 million autorisé aujourd’hui.Même s’il subsiste des blocages, les avancées sont réelles, relève Mark Fitzpatrick, de l’Institut international des études stratégiques de Londres. « Pour la première fois, dit-il, l’Iran accepte de négocier le principe d’une réduction de sa capacité d’enrichissement. En échange, les Occidentaux légitiment un programme nucléaire iranien qu’ils voulaient initialement enrayer. » Et si la négociation aboutie, poursuit-il, « elle passera alors pour l’un des plus importants accords de non-prolifération depuis la fin de la seconde guerre mondiale ».Yves-Michel RiolsJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.03.2015 à 16h51 • Mis à jour le15.03.2015 à 20h43 En dépit des réserves de l’Allemagne et contre toutes les bonnes pratiques des banques centrales, la Banque centrale européenne (BCE) a finalement décidé d’appliquer un programme massif de rachat de dettes souveraines. Abandonnons un peu les chiffres et intéressons-nous aux principes et aux conséquences de long terme de cette décision.Il n’y a aucune raison de penser que les pays, qui pour la grande majorité ne parviennent déjà pas à contrôler l’expansion de leur dette, y parviendront davantage demain. La question est maintenant la suivante : que se passera-t-il lorsque ces États seront en défaut de paiement ?Le « quantitative easing » de la BCE fait plonger les taux et l’euroTous les pays dits riches finiront tôt ou tard par constater un défaut de paiement partiel plus ou moins important de sorte que les banques centrales constatant ce défaut rééquilibreront leur bilan par une dépréciation relative de leur monnaie. Mais comme tous les pays seront dans une situation plus ou moins équivalente, les valeurs relatives des grandes monnaies ne changeront pas beaucoup.Pour le consommateur l’impact sera apparemment neutre. On pourrait ainsi d’ailleurs reproduire un deuxième cycle d’émission du Trésor suivi d’un deuxième abandon de créance et ainsi de suite, sans fin. L’intérêt pour les États étant évidemment de court-circuiter le marché, lequel, s’il constatait un défaut de paiement, fermerait le robinet du financement, tandis qu’il est facile pour une banque centrale d’émettre sans fin de la monnaie.Pourquoi l’accroissement monétaire ne génère-t-il pas d’inflation ?Mais la question suivante est évidemment que devient toute cette monnaie émise par la ou les banques centrales ? Comment se fait-il que toute cette monnaie ne se traduise pas par de l’inflation, dans un contexte de stabilité économique ? La réponse est en réalité fort simple.Lorsqu’on indique que moins de 1 % des personnes détiennent la moitié de la richesse mondiale cela signifie, que dans une économie hypertrophiée, certaines richesses dépassent de beaucoup les besoins de consommation des bénéficiaires. Cette monnaie, que l’on pourrait appeler de l’hyper-épargne, ne peut donc être recyclée directement. Cette hyper-épargne est stockée et mise à disposition sur le marché qui bénéficie ainsi d’un accès aisé à la monnaie et des taux très bas.Ceci est une raison précise de l’accroissement continu de la masse monétaire qui est passée de 5 % à plus de 20 % de l’activité en l’espace de quarante ans. Une grande partie de cette monnaie excédentaire, vient financer les dettes souveraines. Les États forcent ainsi le recyclage de cette monnaie et lorsque les États tomberont en défaut de paiement, ils auront ainsi forcé cette épargne excédentaire à un recyclage économique qui malheureusement touchera aussi indistinctement les petits épargnants.Nous devons alors distinguer deux cas :- En cas de défaillance sur des bons du Trésor cédés à des institutions privées, nous constatons une réduction de la masse monétaire car les épargnants perdent leur argent.- Dans le deuxième cas, la banque centrale émet de la monnaie pour équilibrer son bilan lorsqu’elle rachète des bons du Trésor. Lorsqu’un Etat fait défaut sur ces bons rachetés par les banques centrales, la monnaie émise… reste émise.Pour comprendre les ajustements possibles du système économique dans ce deuxième cas, nous devons comprendre les relations entre la monnaie et le système économique et cette relation ne nous est plus donnée (très schématiquement) par la relation :Quantité de monnaie en circulation = Niveau d’activité x Niveau des prixMais par la relation :Quantité de monnaie en circulation = (Niveau d’activité x Niveau des prix) + hyper-épargneCela signifie que l’ajustement économique relativement à ces sur-émissions monétaires repose, non pas sur deux, mais sur trois facteurs. Nous pouvons assimiler le terme de l’équation « niveau des prix x niveau d’activité » à un fond de roulement économique, c’est-à-dire que l’économie a besoin d’une certaine quantité de monnaie pour fonctionner.Si la variation de la quantité de monnaie excède la variation « naturelle » de l’activité alors les prix ou l’activité augmenteront, ou si le système manque de monnaie, le système trouve un nouvel équilibre en abaissant les prix ou l’activité, ou les deux tel qu’observé en 1933 aux États-Unis.Austérité ou endettement ? Un choix impossibleEn maintenant l’activité via l’endettement, les États tendent à maintenir une activité pour les plus modestes mais aussi à maintenir le processus d’accumulation de l’hyper-épargne. C’est pour cela, d’ailleurs, que la part de cette hyper-épargne ne cesse de croître relativement à la richesse.Ainsi, si l’accroissement de la masse monétaire via le programme d’achat par les banques centrales ne génère aucune inflation, c’est que cette monnaie alimente principalement cette hyper-épargne. La réflexion vaut d’ailleurs aussi pour la monnaie créée par les banques de second rang.Si les États pratiquaient une politique d’austérité, le système manquerait chaque jour un plus d’argent du fait des prélèvements liés à l’hyper-épargne. Le système tendrait donc à s’effondrer en prix et en activité car il manquerait de plus en plus d’argent, lequel serait capté par l’hyper-épargne.En d’autres termes, le choix pour les États se résume à accroître leur endettement pour stabiliser l’activité et les prix et continuer à alimenter l’hyper-épargne ou pratiquer l’austérité et voir le système s’effondrer en prix et en activité faute de monnaie.Ceux qui nous ont suivis jusqu’ici n’auront aucune difficulté à comprendre que l’impasse monétaire et budgétaire des États provient directement de l’hypertrophie économique. Ce qui revient à dire que notre système devenu trop gros entraîne une répartition très inégale de la richesse, à l’origine précisément des désordres monétaires.À court et moyen terme, aucun Etat ne laissera les prix et surtout l’activité s’effondrer. On ne peut donc pas dire que l’hypertrophie monétaire conduira à un effondrement économique.On peut seulement dire que l’hypertrophie économique, lorsqu’elle s’accompagne d’une importante disparité de revenus, entraîne des désordres monétaires dont la seule conséquence possible est une défaillance des États sur leurs dettes souveraines.Bruno Mortier (Audit & Risk Management, Solvay) Christos Stylianides (Commissaire européen chargé de l’aide humanitaire et de la gestion des crises) Le conflit syrien, qui entre dans sa cinquième année, ne montre aucun signe d’apaisement. Depuis le début de la crise en 2011, plus de 11 millions de personnes ont été contraintes de fuir les zones de combat ou la Syrie pour trouver refuge dans des pays voisins. En Syrie, 12,2 millions de personnes, dont près de la moitié sont des enfants, ont besoin d’une aide humanitaire et les atteindre est de plus en plus difficile.La violence, le refus d’assurer l’accès aux personnes dans le besoin et les blocages administratifs sont autant d’entraves pour le personnel humanitaire. Près de 5 000 écoles ont été détruites, occupées ou prises pour cible par les parties au conflit, en violation flagrante du droit humanitaire international.Bachar Al-Assad, principal meurtrier de son peupleL’ampleur des besoins en matière de santé en Syrie est considérable, le nombre de décès suite aux maladies chroniques ou curables est plus important que comme une conséquence directe de la violence. Il est à craindre que le pays soit replongé dans une période sombre de la médecine.Les pénuries du personnel médical se généralisent, dans la mesure où ce dernier devient la cible des attaques de groupes armés, et que nombre d’entre eux ont fui le pays. La fourniture de médicaments ne peut répondre aux besoins et les services en obstétrique, gynécologie et pédiatrie sont indisponibles.3,35 milliards d’euros de l’EuropeLa crise syrienne amène les capacités d’accueil des pays voisins à leur point de rupture. Lors de mes récentes visites en Turquie, en Jordanie et au Liban, j’ai entendu de nombreux réfugiés parler de leur lutte quotidienne, de leur difficulté à trouver un emploi pour payer le loyer, les frais médicaux, ou envoyer leurs enfants à l’école. Avec leurs maigres économies et les restrictions sur l’emploi dans les pays d’accueil, les réfugiés sont impuissants à subvenir aux besoins de leur famille.Les écoles des pays d’accueil déploient des efforts considérables, et nombreuses sont celles à doubler les quarts de travail, dans le but d’intégrer les nouveaux étudiants. Les services de santé craquent sous le poids de la charge de travail. Il y a des pénuries d’eau et d’électricité en raison de l’augmentation de la demande et le prix des loyers a explosé.Après la détérioration de la situation sécuritaire, les frontières sont très surveillées, et les réfugiés en provenance de Syrie sont considérés avec méfiance. J’ai transmis aux gouvernements hôtes le message que leurs préoccupations sont bien comprises, mais les invite à continuer de respecter le droit humanitaire international et veiller à ce que les réfugiés soient protégés.Ainsi, le financement humanitaire de la crise a encore des difficultés à faire face à l’ampleur croissante des besoins des populations. L’Union européenne (UE) continue de soutenir, à la fois les réfugiés et les pays voisins de la Syrie qui les accueillent généreusement. L’Europe compte parmi les principaux donateurs d’aide humanitaire dans le cadre de la crise syrienne, et a contribué à hauteur de 3,35 milliards d’euros. L’Europe se mobilise, envoie un signal fort, et se montre solidaire du peuple syrien, qui a tant souffert.Un regard neufAu Liban, j’ai pu mesurer la différence qu’une approche commune entre différents instruments européens peut apporter, où les financements et l’expertise de différentes branches de l’UE ont des répercussions positives sur la vie des réfugiés syriens.Mais cela ne suffit pas. La communauté internationale doit intensifier son soutien. Sans fin prévisible de la crise, les donateurs d’aide humanitaire, les agences et les gouvernements doivent travailler étroitement afin de maintenir la protection et l’aide là où les besoins augmentent. Lors de la conférence annuelle des donateurs pour la Syrie prévue à la fin du mois au Koweït, la communauté internationale doit honorer ses obligations.Nous devons jeter un regard neuf sur l’aide fournie, garantir une meilleure utilisation des ressources limitées, une planification à plus long terme et faire la transition de la réaction immédiate aux crises vers la gestion dans la durée. Nous devons aussi établir des liens avec la communauté du développement.Face à ces besoins écrasants, il n’y a plus aucun doute aujourd’hui : l’aide humanitaire ne peut qu’atténuer les souffrances humaines. En parallèle, nous soutenons tous les efforts visant à mettre un terme aux combats et finalement trouver une solution politique à la crise. Ce sont d’énormes défis. Nous n’avons d’autre choix que de les attaquer de front. L’Histoire nous regarde.Christos Stylianides (Commissaire européen chargé de l’aide humanitaire et de la gestion des crises) 03.03.2015 à 13h19 L'Ukraine a affirmé mardi 3 mars avoir obtenu l'accord de l'Allemagne, de la France et de la Russie pour renforcer le rôle de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), afin que cette dernière puisse déployer des observateurs sur les points chauds de la ligne de front, dans l'est de l'Ukraine, où des violations de la trêve ont été constatées.Cet accord a été obtenu lors d'une conversation téléphonique entre Angela Merkel, François Hollande, Vladimir Poutine et Petro Porochenko, a assuré la présidence ukrainienne dans un communiqué diffusé dans la nuit de lundi à mardi. « Les interlocuteurs ont soutenu la proposition ukrainienne de déployer des observateurs de l'OSCE dans tous les endroits où le cessez-le-feu est violé, en commençant par dix localités » des régions de Donetsk et de Lougansk, dont une partie est sous contrôle des séparatistes prorusses, selon la même source.« UN RÔLE PLUS IMPORTANT »Les autorités allemandes, françaises et russes ont également fait état de cette conversation dans leurs communiqués respectifs sans toutefois mentionner l'accord sur le déploiement des observateurs dans les points chauds, proposé par Kiev. Les quatre dirigeants « sont convenus que l'OSCE devrait jouer un rôle encore plus important dans la surveillance du cessez-le-feu et le retrait des armes. Ils ont demandé à l'OSCE de publier un rapport quotidien sur les développements en cours », a expliqué le porte-parole d'Angela Merkel, Steffen Seibert. La situation en Ukraine connaît « des progrès », mais doit être encore « améliorée », a pour sa part déclaré la présidence française.Selon les agences de presse russes, Mme Merkel a encore suggéré lors de cet entretien l'organisation d'une rencontre au niveau des vice-ministres des affaires étrangères vendredi à Berlin pour œuvrer à l'application des accords de paix. Aucune confirmation officielle de cette réunion n'a pu être obtenue dans l'immédiat. Le cessez-le-feu est officiellement entré en vigueur en Ukraine le 15 février, mais Kiev et les rebelles prorusses se sont ensuite mutuellement accusés d'avoir violé la trêve et les séparatistes ont depuis repris la ville stratégique de Debaltsevo. Par ailleurs, trois soldats gouvernementaux ont été tués, et neuf autres, blessés, au cours des dernières vingt-quatre heures, a-t-on appris mardi de source militaire ukrainienne. Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Lundi 2 mars dans la soirée, la Commission nationale du marché des valeurs (CNMV), l’autorité boursière, a annoncé officiellement la décision du géant de l’immobilier espagnol Martinsa Fadesa d’engager un processus de liquidation. Les banques, qui avaient signé un accord pour lui permettre de restructurer et échelonner sa dette en 2011, n’ont pas approuvé son dernier plan. Celui-ci prévoyait de capitaliser la dette en échange de 70 % de la compagnie.Martinsa Fadesa laisse un passif de près de 6,995 milliards d’euros de dettes, dont 3,2 milliards auprès des banques. Elle n’a, pour les éponger, que 2,392 milliards d’euros d’actifs, soit un « trou » de 4,6 milliards.Pourquoi cette faillite est-elle symbolique ?La fin de Martinsa Fadesa est symbolique à trois titres. Tout d’abord, parce que le groupe est né en 2006, en plein boom de l’immobilier. En rachetant un autre groupe immobilier, Fadesa, pour 4 milliards d’euros, la compagnie Martinsa était alors devenue le premier promoteur de logements du pays, avec 13 milliards d’euros d’actifs immobiliers.Fernando Martin, son président, pensait avoir trouvé la poule aux œufs d’or. L’Espagne construisait alors autant de logements que l’Allemagne et la France réunies. Les banques prêtaient sans compter aux particuliers et aux promoteurs. Et les « seigneurs de la brique », comme M. Martin, semblaient régner sur le pays. Figure emblématique des nouveaux milliardaires espagnols, il avait même un temps présidé le Real Madrid.Martinsa Fadesa est également symbolique parce que, lorsque la bulle éclata en 2008, à peine deux ans après sa naissance, l’entreprise fit trembler le pays en annonçant la plus grande cessation de paiement jamais enregistrée, prélude à la crise financière espagnole.Avec près de 7 milliards d’euros de dettes, près de 45 banques parmi ses créanciers, elle mit trois ans à sortir de la cessation de paiement. En 2011, elle parvint à trouver un accord avec les banques, sans doute beaucoup trop ambitieux, pour solder sa dette en huit ans.Symbolique, cette faillite l’est par ailleurs parce qu’elle témoigne des nouvelles relations du secteur immobilier avec les banques. Depuis décembre 2013, incapable de faire face aux échéances financières auprès de ses créanciers, Martinsa Fadesa négocie avec ses banques, en vain.Les établissements financiers espagnols, qui ont dû multiplier les provisions sur les actifs toxiques ces dernières années, ne prennent plus de risques. Or, Martinsa Fadesa a encore affiché 313 millions d’euros de pertes en 2014. Bien que ce soit moitié moins que l’année précédente et que son chiffre d’affaires ait augmenté de 18 % en 2014, les banques ont, cette fois, préféré abandonner le groupe.L’assainissement du secteur immobilier espagnol est-il fini ?Non. La faillite de Martinsa Fadesa pourrait bien ne pas être la dernière. Le groupe Reyal Urbis, en cessation de paiement depuis deux ans, tente de négocier avec les banques pour effacer 80 % de sa dette, qui s’élève à près de 4 milliards d’euros. Il pourrait annoncer, lui aussi, sa liquidation courant mars, si aucun accord n’est trouvé.Cependant, l’assainissement du secteur est très avancé. Des dizaines de promoteurs ont déjà fait faillite depuis le début de la crise et les banques ont transféré 80 milliards d'euros d’actifs « toxiques » à la Sareb, une « bad bank » publique, chargée de mettre sur le marché par lots et à prix cassés l’héritage empoisonné de la bulle immobilière.À présent, l’immobilier semble montrer des signes de reprise, bien que timides. Après sept années de chute, le nombre de prêts immobiliers a légèrement augmenté, pour la première fois, en 2014 (+1,6 %). Le nombre d’autorisations pour de nouvelles constructions aussi (+ 1,7 %). Et dans sept régions d’Espagne, les prix sont repartis à la hausse, en particulier aux Baléares, en Cantabrie et aux Canaries. Enfin, en 2014, les banques sont parvenues à réduire pour la première fois le volume d’actifs immobiliers toxiques.« Le secteur se récupère doucement, convient l’économiste Julio Rodriguez, ancien président de la banque hypothécaire. Des fonds d’investissements internationaux ont acheté des promotions immobilières. On voit davantage de demandes. Néanmoins, il faudra du temps pour terminer cet assainissement. Nous partons de niveaux qui sont des minimums historiques en termes de construction et de ventes de logements. Et, fin 2013, l’Espagne comptait 570 000 logements neufs vides dont certains, sans doute, ne se vendront jamais. »L’immobilier pèse-t-il encore beaucoup sur l’économie et les banques espagnoles ?Oui. Selon les calculs du quotidien El Pais, à partir des résultats présentés ces derniers jours par les sept principales banques du pays, celles-ci ont bouclé 2014 avec 125 milliards d’euros de crédits et actifs immobiliers toxiques (impayés, saisies, terrains vagues,…). C’est énorme mais c’est quand même 7 milliards d’euros de moins qu’en 2013.Pour couvrir ces risques, les banques ont réalisé d’importantes provisions, qui couvrent 60 milliards d’euros. Les comptes de résultats de ces établissements ont donc déjà reflété en grande partie les pertes liées aux actifs pourris. Et des faillites, comme celles de Martinsa Fades, sont en grande partie déjà décomptées.En 2012, l’Espagne avait dû demander à Bruxelles une aide de 40 milliards d’euros pour son secteur financier et nationaliser plusieurs banques. Le temps semble venu de récupérer une partie des fonds injectés alors par le biais de la Sareb, qui a vendu des promotions à des fonds internationaux, ou par la vente d’actions de Bankia, banque nationalisée, qui retrouve la santé.« Il est probable que, de temps en temps, le gouvernement doive payer quelques nouvelles factures, au titre par exemple du schéma de protection des actifs, une sorte d’assurance couverte par le Frob, le fonds public de restructuration bancaire, pour les banques qui ont absorbé des établissements pourris, souligne M. Rodriguez. Mais ce ne sera plus aussi spectaculaire que ça l’a été. »Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Nathalie Guibert Le secrétaire général de l’OTAN, le Norvégien Jens Stoltenberg, était à Paris lundi 2 mars, où il a évoqué la situation en Ukraine avec François Hollande. A l’issue de cet entretien, le président français a renouvelé son appel au respect du cessez-le-feu décidé à Minsk le 12 février : « Nous ne devons pas ­tolérer la moindre dérogation. » Les dirigeants russe, français, allemand et ukrainien se sont entretenus dans la soirée par téléphone. M. Stoltenberg a répondu aux questions du Monde sur la crise ukrainienne.Quelle est votre évaluation de la situation sur le terrain en Ukraine, depuis les accords conclus à Minsk le 12 février sur un cessez-le-feu ?Le cessez-le feu est fragile mais il tient. C’est déjà un progrès par rapport à la situation antérieure. L’important maintenant est de tout faire pour s’assurer que le cessez-le-feu dure, que toutes les armes soient retirées du front, et que les observateurs de l’OSCE [Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe] puissent avoir accès au terrain, ce qui n’est pas encore le cas. Nous avons vu des mouvements d’armes, mais il n’est pas possible de dire s’ils recouvrent un retrait réel comme le prévoit l’accord de Minsk, ou s’il s’agit d’un repositionnement des armes.Combien y a-t-il de soldats russes aujourd’hui en Ukraine ? Le président ukrainien, Petro Porochenko, parle de 9 000 hommes ?Je ne vais pas donner de nombre précis. Ce que je peux dire, c’est que nous avons vu au cours des derniers mois un accroissement substantiel du soutien russe aux séparatistes : de l’entraînement, mais aussi la fourniture d’équipements lourds, plusieurs centaines de pièces, des blindés, de l’artillerie, des systèmes avancés de défense aérienne. C’est une violation des accords de Minsk de septembre 2014 et, bien sûr, une violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Aussi appelons-nous la Russie à cesser de soutenir les séparatistes.Nous avançons ces éléments sur la base de notre propre renseignement, de sources ouvertes, de rapports d’ONG, de l’OSCE. Et aujourd’hui, un rapport de l’ONU confirme que la Russie soutient les séparatistes. Nous disposons donc de nombreuses sources, incluant des soldats et leurs familles en Russie.Avez-vous noté des mouvements russes autour de Marioupol ? Craignez-vous une offensive dans cette région ?Je ne peux donner de détails car cela relève de la protection de notre renseignement, mais nous avons constaté une accumulation significative de forces russes, dans l’est ukrainien comme le long des frontières. Les Russes ont des forces en grand nombre de part et d’autre de la frontière ukrainienne. Ils ont des moyens pour continuer le combat. S’ils font le moindre geste pour tenter de prendre des parts plus importantes de territoires, il y aura une réaction internationale très forte. De nombreux pays l’ont déjà déclaré de façon très claire.Donc si Marioupol est prise, ce sera un tournant ?Cela remettra complètement en cause tout ce que nous avons tenté de construire depuis des mois en faveur d’une solution pacifique, par la négociation. La communauté internationale a dit que cela serait inacceptable.Combien de temps va durer ce conflit, selon vous ?Nous devons être prêts à ce qu’il dure longtemps. Mais nous devons travailler à ce qu’une solution soit trouvée dès que possible. Ce qui souligne combien la situation en Ukraine est sérieuse, c’est qu’elle fait partie d’un schéma que nous avons déjà vu en d’autres circonstances. La Russie a utilisé la force en Géorgie, violant la souveraineté de ce pays, en essayant de contrôler l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, et en passant des traités avec ces régions. Elle a fait de même en Moldavie et en Transnistrie. Puis nous avons vu l’annexion illégale de la Crimée. Et maintenant, elle utilise la force pour déstabiliser l’est de l’Ukraine. Ce n’est donc pas la première fois, le seul exemple.Que faire ?Nous devons apporter un soutien politique fort à l’Ukraine. Nous soutenons le processus de paix, et nous lui fournissons une aide concrète : aide à la modernisation de ses forces armées, aux centres de commandement, aide logistique, médicale. Nous le faisons au travers de cinq trust-funds.Un général américain vient de dire que l’OTAN devait « être préparée pour l’Ukraine ». Cela veut-il dire que l’Alliance doit se préparer à l’escalade ?La meilleure réponse à ce qui se passe est de renforcer nos propres capacités de défense. Nous devons rester unis dans l’OTAN. Nous nous préparons, au sens où nous sommes en train d’adapter notre posture de défense, notre défense collective, aux faits qui se déroulent sous nos yeux en Ukraine.« La Russie a utilisé la force pour intimider ses voisins et changer ses frontières »Nous avons accru notre présence dans l’est de l’Alliance, ce que nous avons appelé la mission de réassurance : cinq fois plus d’avions dans les airs, des exercices avec des troupes au sol, des bateaux dans la mer Baltique et la mer Noire. Nous allons aussi renforcer notre force de réaction en doublant son effectif, de 13 000 à 30 000 hommes. Et nous développons sa réactivité en créant une force « fer de lance » d’environ 5 000 hommes – une brigade – dont l’élément leader pourra être déployé en quarante-huit heures.De plus, nous sommes en train d’installer six unités de commandement de l’OTAN dans six pays alliés de l’Est, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie, la Bulgarie. Ces pays n’avaient pas de structures de l’OTAN. Ils vont en outre établir des liens forts entre leur défense nationale et les forces multinationales de l’OTAN.La France doit-elle faire plus et fournir une aide militaire directe ?Je remercie le président Hollande pour son engagement personnel, ses efforts pour atteindre une solution négociée. Pour le reste, en ce qui concerne la fourniture d’armes notamment, il appartient à chaque Etat de décider la nature du soutien qu’il apporte. L’OTAN n’a pas d’armes. Mais l’Ukraine a le droit de se défendre et de recevoir l’aide d’autres pays.Les pays de l’OTAN lisent-ils clairement les intentions de Vladimir Poutine ?Nul besoin de spéculer sur ses intentions, il suffit de regarder ses actes. Son attitude a été assurée et dans de nombreux cas agressive. La Russie a été violente, elle a agi en violation de la loi internationale. Elle a utilisé la force pour intimider ses voisins et changer ses frontières. L’OTAN ne recherche pas la confrontation avec la Russie. Nous sommes toujours en quête d’une relation plus constructive et coopérative. Mais nous ne ferons jamais de compromis sur les valeurs sur lesquelles est fondée notre sécurité.Nous devons être fermes pour créer la base du dialogue. Il n’y a pas de contradiction. Au contraire. Avec une défense collective forte, nous créons la base du dialogue. La Russie doit comprendre qu’il est de son intérêt comme du nôtre, non d’affronter l’OTAN, mais de coopérer.Depuis le début de la crise, les Alliés sont convaincus que M. Poutine ne touchera pas au territoire de l’OTAN. Quelle est sa ligne rouge ?Nous ne voyons pas de menace immédiate contre un pays de l’OTAN. Mais nous voyons ce schéma en Géorgie, en Moldavie, en Ukraine. C’est pourquoi nous répondons par le plus grand renforcement de notre défense collective depuis la fin de la guerre froide. Car nous devons être sûrs que nous pourrons à l’avenir, dans un nouvel environnement sécuritaire, continuer à défendre chaque allié. Chaque adversaire qui voudrait attaquer un pays de l’OTAN doit savoir que cela reviendrait à les attaquer tous. L’OTAN est fondée sur le principe du « un pour tous, tous pour un ».Quelles seraient les conditions de la mise en œuvre de cette solidarité par l’article 5 du traité de l’Atlantique nord, si l’Estonie, par exemple, était déstabilisée sans un usage évident de la force par la Russie ?Je ne veux pas spéculer. Nous voulons être capables de protéger tous les alliés, y compris l’Estonie. C’est la raison pour laquelle nous avons des avions pour la police du ciel en Estonie, des bateaux au large de l’Estonie. C’est pour cela aussi que nous développons notre expertise dans le domaine de la guerre hybride, du cyber, ou que nous mettons en place une stratégie maritime, des capacités de renseignement et de reconnaissance, ainsi qu’une force commune de drones de surveillance.Nous assistons à une guerre hybride, qui est une combinaison de moyens militaires et non militaires, d’actions ouvertes et clandestines, de désinformation et de propagande, de cyberattaques. C’est exactement pour cela que nous accroissons la réactivité de nos forces. Car le préavis pourra être très court.L’OTAN ou un de ses membres ont-ils conduit des cyberattaques dans le conflit en Ukraine ?L’OTAN est une organisation défensive. Nous ne lançons pas d’attaques. Mais nous aidons les Ukrainiens à développer leur défense contre les attaques cyber.Nathalie GuibertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Jacqué Croissance, bénéfices, recrutements… Cela faisait sept ans que l’industrie automobile européenne n’avait plus utilisé ce vocabulaire. Comme devrait le démontrer le Salon de l’auto de Genève, qui ouvre ses portes à la presse mardi 2 mars, le secteur est en train de sortir du marasme et de retrouver un certain optimisme. « On sent une atmosphère bien plus détendue chez les constructeurs », confirme Laurent Petizon, du cabinet AlixPartners.« C’est que l’on constate une vraie reprise des ventes partout sur le continent », explique Jacques Rivoal, le patron du groupe Volkswagen en France. Après trois années de chute continue des immatriculations, pour toucher un seuil à 11,8 millions de véhicules particuliers en 2013, le marché se redresse. En 2014, les ventes ont progressé de 5,6 %, passant la barre des 12,5 millions d’unités. L’année 2015 a commencé sur les mêmes bases : les immatriculations ont progressé de 6,7 % dans toute l’Europe.« Sur le continent, le marché devrait évoluer de 3 % à 4 % cette année », prévoit Flavien Neuvy, de l’Observatoire Cetelem. Le cabinet d’audit EY anticipe la même croissance, tandis qu’IHS s’attend à une croissance de 3 % du marché en 2015. Les constructeurs, échaudés par les années précédentes, restent prudents. PSA s’attend à 1 % de croissance, Renault est plus optimiste avec une fourchette de 1 % à 2 % de progression cette année. « Beaucoup d’indicateurs sont au vert en 2015, reprend M. Neuvy. Tout d’abord, l’optimisme revient avec la reprise progressive de l’économie. Tous les pays du continent anticipent une croissance de leur produit intérieur brut (PIB) cette année. Etant donné la forte corrélation entre l’amélioration des indicateurs macroéconomiques et le marché automobile, les ventes devraient reprendre. Les entreprises vont, dans un premier temps, renouveler leur flotte. Dans un second temps, si le chômage baisse, les particuliers vont racheter des véhicules. » Que le marché progresse de 1 % à 4 %, l’Europe ne renouera pas avant l’année 2020 avec un niveau de 16 millions d’immatriculations, celui enregistré avant la crise de 2007. « Nous sommes dans un scénario de croissance molle, indique M. Petizon. Nous ne sommes pas à l’abri d’une bonne surprise, avec la chute à la fois de l’euro et du pétrole, ainsi que la persistance du crédit très abordable, mais il faudra encore attendre pour voir un décollage du marché. » Pour l’instant, le marché européen se redresse grâce à la croissance du marché britannique (9,3 % de croissance en 2014), portée par les taux de crédit très bas, ainsi qu’au rétablissement des marchés étrillés par la crise comme l’Espagne (18,4 %), l’Irlande (29,6 %), le Portugal (34,8 %) ou la Grèce (21,3 %). « Tous ces marchés reviennent de très très loin, rappelle Denis Martin, chargé de la zone Europe chez PSA. Si le marché espagnol se redresse, il faut se méfier, car il est aidé par une prime à l’achat… Pour l’instant, le vent de la reprise se fait sérieusement attendre. » REPRISE DES GAINSMalgré la faiblesse du marché, la majorité des constructeurs ont renoué avec les bénéfices sur le Vieux Continent. « Depuis 2007, la région Europe n’avait pas été rentable pour PSA sauf sur l’année 2010, qui avait été marquée par les primes à la casse », rappelait récemment Jean-Baptiste de Chatillon, le directeur financier de PSA. Volkswagen et Renault dégagent également des profits en Europe.Fiat a retrouvé les bénéfices opérationnels sur la zone au dernier trimestre 2014 et s’attend à une sérieuse reprise de ses gains en 2015. « En limitant au maximum les lancements de nouveaux modèles, et donc les frais afférents, Fiat a fait d’importantes économies. Heureusement qu’il est dans le vert en Europe ! En attendant, il n’a rien à offrir en concession, mise à part son dernier dérivé de la Fiat 500, le 500 X », commente Bertrand Rakoto, du cabinet D3 Intelligence.Seuls les constructeurs américains continuent à essuyer de lourdes pertes en Europe, qui inclut, selon leur comptabilité, la Russie, actuellement en pleine déconfiture. Ford a affiché 900 millions d’euros de pertes, en baisse d’un demi-milliard, tandis que General Motors, et sa filiale locale Opel-Vauxhall, ont encore accumulé dans la zone 1,2 milliard d’euros de pertes en 2014, contre 900 millions un an plus tôt.« Les constructeurs ont renoué avec les bénéfices pour deux raisons principales, souligne M. Petizon. Tout d’abord, les nouveaux véhicules mis en vente ont rencontré du succès, à l’image des Captur de Renault, de la 2008 ou de la 308 de Peugeot… Comme cela fonctionne bien, et qu’en plus c’est plus rentable, les constructeurs gagnent de l’argent. Ensuite, ils ont également bénéficié de leurs efforts de restructuration. »AUGMENTATION DES VOLUMESAprès les fermetures d’usines (Aulnay-sous-Bois en région parisienne, Bochum en Allemagne, etc.) ou de lignes de production sur certains sites, les groupes ont baissé leur capacité de production tout en augmentant les volumes produits. Selon le cabinet Inovev, la production automobile européenne a augmenté de 3,6 % en 2014 par rapport à 2013, à 16,20 millions de véhicules particuliers et utilitaires.Mécaniquement, le taux d’utilisation des usines est remonté. Et les pertes chroniques ont été en partie effacées. Désormais, « à chaque frémissement du marché, les constructeurs réussissent à gagner de l’argent. Ils ont tellement serré les coûts, qu’ils profitent désormais de la moindre brise », constate M. Petizon.Et cette reprise en permet une autre, encore très modeste, celle de l’emploi. En Italie, Fiat devrait recruter 1 500 personnes cette année pour son site de Melfi (dans la province italienne de Potenza), qui assemble la Jeep Renegade et le 500 X. En février, Renault a annoncé l’embauche de 1 000 personnes pour ses usines françaises et ses services d’ingénierie, tandis que Ford étoffe ses équipes pour accélérer les cadences de production. De bon augure.Philippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.03.2015 à 01h20 • Mis à jour le03.03.2015 à 07h23 Le mouvement anti-islam allemand a réuni 6 200 personnes à Dresde dans l'est de l'Allemagne, lundi 2 mars. Après avoir souffert des divisions en son sein, celui-ci enregistre une nouvelle progression pour la troisième semaine consécutive.Voir notre reportage : A Dresde, berceau du mouvement Pegida contre « l'islamisation de l'Europe »Le creux de la mobilisation avait été atteint le 9 février, avec 2 000 partisans. Le 16, ils étaient 4 000, puis 5 000 une semaine plus tard. Pour leur 17e « promenade du soir », les « Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident » (Pegida) sont toutefois restés loin du record de 25 000 manifestants, enregistré le 12 janvier.Après la dispersion du cortège, une centaine d'entre eux se sont dirigés vers un camp de soutien aux réfugiés dressé sur la place de l'Opéra, avant que la police ne s'interpose, a rapporté l'agence allemande DPA. « Dehors ! Dehors ! », ont scandé les militants de Pegida, selon un reporter de la radio Mitteldeutschen Rundfunks.RETOUR DE LUTZ BACHMANNNé fin octobre à Dresde, Pegida a vu grossir ses rangs de semaine en semaine avant d'essaimer dans d'autres villes d'Allemagne puis à l'étranger, mobilisant sur des thèmes variés allant de l'« immigration qualitative » à la « démocratie directe ». Samedi, le mouvement avait rassemblé 375 personnes à Newcastle, au Royaume-Uni.Mais il a subi un coup d'arrêt fin janvier avec la démission de son leader, Lutz Bachmann, après la parution dans la presse d'une photo le montrant grimé en Adolf Hitler et la révélation de propos xénophobes sur les réfugiés. Une semaine plus tard, cinq autres dirigeants quittaient la tête du groupe, entraînant une nette dégringolade de sa capacité de mobilisation. Selon plusieurs médias, ils désapprouvaient à la fois la ligne du mouvement et le rôle occulte qu'y conservait M. Bachmann.Lire aussi en édition abonnés : En Allemagne, Pegida en voie d'autodissolutionPrésent à chaque manifestation, au point d'annoncer le 16 février un candidat Pegida aux prochaines municipales de Dresde, M. Bachmann a été officiellement réintégré lundi dernier au sein de la direction. Il a de nouveau pris la parole ce lundi, selon Mitteldeutschen Rundfunks, déplorant le désintérêt de la presse pour son mouvement. 02.03.2015 à 20h44 • Mis à jour le03.03.2015 à 09h44 Kiev et Moscou se sont accordés lundi 2 mars à Bruxelles pour assurer la poursuite des livraisons de gaz russe à l'Ukraine jusqu'à la fin du mois de mars. Le transit des achats de gaz de l'Union européenne (UE) par ce pays est donc sécurisé pour les prochaines semaines. La compagnie ukrainienne « Naftogaz s'engage à prépayer à Gazprom en mars des achats assurant la couverture de la consommation du pays. Gazprom garantit le transit des achats de gaz de l'UE et livrera à des points agréés entre les deux parties jusqu'à 114 millions de mètres cubes de gaz par jour à l'Ukraine sur la base des prépaiements reçus », précise l'accord publié au terme de plusieurs heures de négociations entre les ministres de l'énergie russe, Alexandre Novak, et ukrainien, Volodymyr Demtchichine.Une médiation européenne avait été lancée lundi à la suite d'une décision du géant russe Gazprom de commencer la semaine dernière à approvisionner en gaz les zones de l'est de l'Ukraine, sous contrôle des rebelles, au motif que Kiev avait cessé de le faire. Côté ukrainien, Naftogaz accusait lundi Gazprom de ne pas avoir livré tout le gaz qu'elle lui avait payé. Côté russe, le ministre de l'énergie avait quant à lui prévenu que Kiev, qui a depuis quelques mois obligation de payer son gaz à l'avance, pourrait bien épuiser son crédit dès la fin de cette semaine.Quinze millions de dollars à gazprom« Pour calmer les nerfs de nos collègues européens », qui craignent des perturbations dans les livraisons de gaz russe à l'Europe, l'ukrainien Naftogaz a annoncé dès vendredi avoir envoyé un premier versement de 15 millions de dollars à Gazprom pour ses achats du mois de mars.L'Europe se sent en effet directement concernée, puisqu'un arrêt des livraisons à l'Ukraine pourrait avoir rapidement une incidence sur l'acheminement des achats européens transitant par le pays. En 2014, 40 % environ des quelque 147 milliards de mètres cubes de gaz naturel russe importés par l'Europe ont transité par le territoire ukrainien. Le gaz russe représente 30 % environ de la demande européenne.Kiev et Moscou ont conclu en octobre 2014 avec la médiation de l'UE un accord sur le prix d'achat et les quantités livrables par Gazprom au groupe ukrainien Naftogaz qui expire à la fin du mois.Lire : L’Ukraine trouve un accord avec la Russie sur le gazLes discussions de lundi ne portaient que sur la mise en œuvre du « paquet hiver », l'accord conclu pour six mois en octobre 2014, a expliqué Anna-Kaisa Itkonen, la porte-parole pour l'énergie de la Commission européenne. Le « paquet printemps », qui garantira les livraisons pour les prochains mois, n'a pas été encore discuté. Stéphane Lauer (New York, correspondant) Quinze ans : c’est le temps qu’il aura fallu au Nasdaq pour franchir à nouveau le seuil des 5 000 points. L’indice a ainsi clôturé, lundi 2 mars à New York, en hausse de 0,90 %, à 5 008,10 points. La dernière fois que ce niveau avait été atteint, c’était en pleine « bulle Internet », le 27 mars 2000. Ce purgatoire boursier peut paraître relativement court par rapport aux vingt-cinq ans qu’il avait fallu au Dow Jones pour retrouver ses records d’avant la crise de 1929.Cette nouvelle poussée constitue le point d’orgue d’un mouvement haussier quasi continu depuis la fin de la crise de 2008. L’annonce, dimanche, du rachat du spécialiste américain des semi-conducteurs Freescale par le néerlandais NXP, pour 11,8 milliards de dollars (10,5 milliards d’euros), celui, lundi, d’Aruba Netwoks par Hewlett-Packard (coté toutefois sur le New York Stock Exchange, concurrent du Nasdaq) pour 2,7 milliards, ainsi que des chiffres rassurants sur l’évolution des salaires aux Etats-Unis, ont permis de donner le coup de pouce suffisant pour passer ce seuil symbolique, qui n’a seulement été atteint qu’au cours de sept séances dans l’histoire du Nasdaq.Comparaison n’est pas raisonDe quoi nous ramener à la veille de l’éclatement de la bulle Internet. Dans la foulée, l’indice s’était effondré jusqu’à 1 108 points, en octobre 2002. Mais comparaison n’est pas raison. Même si certains s’inquiètent de la valorisation actuelle de certains titres cotés sur le Nasdaq, la situation de 2015 est très différente de celle de 2000.D’abord, le Nasdaq a changé de visage. La part des entreprises de high-tech s’est considérablement réduite. Le secteur représentait 57 % de l’indice à la fin de 1999 contre seulement 43 % aujourd’hui. La baisse est notamment spectaculaire dans le domaine du software, qui pesait en 2000 un quart de l’indice. En 2015, c’est seulement 10 %. Le Nasdaq a longtemps été surnommé l’indice du secteur technologique. Mais aujourd’hui, il est surtout le baromètre plus large des valeurs de croissance.D’autre part, un certain tri a été effectué : le Nasdaq ne compte plus que 2 568 sociétés contre 4 715 en 1999. En revanche, la capitalisation moyenne a plus que doublé (1,16 contre 2,95 milliards de dollars). On pourrait imaginer que c’est l’éclatement de la bulle de 2000 qui a emporté avec elle la plupart des sociétés qui ont disparu depuis. En fait, la réduction du nombre d’entreprises cotées s’explique surtout par un vaste mouvement de fusions-acquisitions, qui est à l’origine de 53 % des disparitions. Les faillites, elles, ne représentent qu’un peu plus de 17 %, selon les données publiées par le Nasdaq.« Petits nouveaux »Par ailleurs, les champions d’hier ne sont pas nécessairement ceux d’aujourd’hui. Dans les dix premières capitalisations, WorldCom (5e) ou Sun Microsystems (8e) étaient en bonne place en 2000. Le premier a sombré corps et biens lors d’une faillite retentissante en 2002, tandis que le second s’est fait racheter par Oracle en 2009.Depuis, Microsoft a perdu sa première place au bénéfice d’Apple. Bien qu’encore deuxième au classement, la capitalisation du leader mondial des logiciels a néanmoins perdu de sa superbe. En quinze ans, sa valeur a chuté de 243 milliards de dollars, soit 40 % à 363 milliards de dollars. Ce qui permet à Apple de faire désormais largement la course en tête avec une capitalisation de 755 milliards.Derrière, l’arrivée d’une série de « petits nouveaux » a largement alimenté la hausse du Nasdaq. Le cours de Facebook a doublé en à peine trois ans, tandis que l’action Netflix, introduite à 15 dollars en 2002, en vaut aujourd’hui 477. Quant au constructeur automobile Tesla, le titre a été multiplié par 11,5 en même pas cinq ans.Reste la question qui taraude nombre d’observateurs : ce franchissement des 5 000 points ne signifie-t-il pas que la bulle spéculative est de retour ? En fait, lorsqu’on regarde les niveaux de valorisation, ils n’ont plus grand-chose à voir avec ce qu’ils étaient il y a quinze ans. Le ratio cours sur bénéfice – le price-to-earnings ratio (PER) – était en moyenne de 152 à la fin de 1999, il n’est aujourd’hui que de 26, selon les données de FactSet. Par exemple, Yahoo était valorisé 787 fois ses profits contre 36 fois actuellement. Le PER d’Apple est tombé de 37 à 17.Marché porteurAlors qu’en 2000 les investisseurs se contentaient la plupart du temps de promesses, quinze ans plus tard, ce sont d’abord des bénéfices sonnants et trébuchants qu’ils achètent. Même si les valorisations d’Apple ou de Google sont élevées, difficile de les accuser de vendre du vent comme c’était le cas de certaines sociétés à la fin des années 1990. Les résultats du quatrième trimestre, meilleurs que prévu dans l’ensemble, sont là pour en attester.Enfin, le Nasdaq bénéficie d’un marché porteur. Les montagnes de liquidités injectées par la Réserve fédérale (Fed) dans la foulée de la crise de 2008 ont constitué un puissant carburant pour porter la Bourse au sommet. Dans un contexte de reprise économique aux Etats-Unis, le Nasdaq n’est pas le seul à profiter de l’euphorie. Le S&P 500 et le Dow Jones gravitent également à des niveaux très élevés.Avec ces 5 000 points atteints, le Nasdaq est sur le point de connaître son neuvième trimestre consécutif de hausse, ce qui n’est jamais arrivé depuis sa création en 1971. Jusqu’à quand va durer cette série inédite ? C’est toute la question désormais.Le grand décalage des marchésStéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.03.2015 à 13h58 • Mis à jour le03.03.2015 à 11h35 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ijhnl"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ijhnl", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Empêchée d'assister aux obsèques de son compagnon Boris Nemtsov, Anna Douritska, mannequin ukrainienne de 23 ans, a pu quitter la Russie lundi 2 mars pour rejoindre Kiev, selon un porte-parole du ministère ukrainien des affaires étrangères.Présente au côté de l'opposant au moment de son assassinat sur un pont situé à deux pas du Kremlin, dans la soirée du 27 février, Anna Douritska avait affirmé précédemment, lors d'un entretien avec la chaîne de télévision câblée d'opposition Dojd, être retenue dans le pays par les autorités.« Je ne sais pas qui a fait ça (...), je ne sais pas comment l'assassin s'est approché, il était derrière moi », avait-elle alors dit, reconnaissant être « dans un état psychologique très difficile » et soulignant vouloir rentrer chez elle en Ukraine, auprès de sa mère. « J'ai le droit de quitter la Russie, je ne suis pas un suspect. Je suis témoin et j'ai donné toutes les informations que j'avais, j'ai tout fait pour aider les enquêteurs », avait insisté la jeune femme.Lire : Des responsables européens indésirables aux obsèques de Boris Nemtsov« Les enquêteurs m'interrogent et ne me disent pas quand je serai libérée et pourquoi ils me retiennent ici. On m'explique que c'est pour des raisons de sécurité », avait-elle ajouté.Interrogée par la télévision ukrainienne, la mère d'Anna, Inna, avait de son côté dit craindre pour la sécurité de sa fille. « Je pense qu'ils veulent la piéger, faire d'elle une coupable », a-t-elle dit dans une interview à la chaîne 1+1. Inna Douritska affirme que les enquêteurs russes veulent lier le meurtre de Boris Nemtsov à la crise ukrainienne, alors que l'opposant avait dénoncé quelques heures avant sa mort « l'agression » du président russe Vladimir Poutine en Ukraine, où le conflit dans l'Est séparatiste prorusse a fait 6 000 morts en dix mois. Lire : Boris Nemtsov victime d'un climat de haine 06.03.2015 à 19h13 • Mis à jour le06.03.2015 à 20h02 | Anthony Hernandez On attendait le sacre de Dimitri Bascou et c'est finalement son compatriote Pascal Martinot-Lagarde qui s'est montré le plus rapide en finale du 60 m haies vendredi 6 mars à Prague. Grâce à la troisième place du dernier Français, le jeune Wilhem Belocian (19 ans), l'équipe de France réalise un triplé inédit dans cette épreuve. En 2014, les tricolores Pascal Martinot-Lagarde et Garfield Darien avaient pris la deuxième et la troisième place des Mondiaux en salle de Sopot.Avant cette première française, seules deux nations européennes avaient réussi un doublé sur 60 m haies : les Pays-Bas, en 2007, à Birmingham (Gregory Sedoc et Marcel van der Westen), et la Lettonie, en 1996, à Stockholm (Igors Kazanovs et Guntis Peders). En 1973 et en 1983, les hurdlers de la RDA avaient occupé à deux reprises la première et la troisième place du podium. Au niveau mondial, les Etats-Unis ont réussi à deux reprises à glisser deux athlètes sur le podium : en 1995 (or pour Allen Johnson et argent pour Courtney Hawkins) et en 2006 (or pour Terrence Trammell et bronze pour Dominique Arnold).>> Lire : Lavillenie en vedette, les Russes attendus au tournantA Zurich, lors des derniers championnats d'Europe en plein air (août 2014), Dimitri Bascou avait d'abord exulté, pensant décrocher sa première médaille européenne, le bronze du 110 m haies. Puis, alors que cette soirée au Letzigrund avait déjà donné son lot de rebondissements avec la disqualification de Mahiedine Mekhissi pour cause de strip-tease intempestif, le hurdler avait lui aussi été déclassé pour avoir marché dans le couloir de son voisin. Une cause bien plus fréquente en athlétisme. C'est finalement le grand favori, Pascal Martinot-Lagarde, qui avait récupéré la médaille de bronze.Dans l'enceinte bien remplie de l'O2 Arena de Prague, malgré une saison hivernale compliquée, c'est le détenteur du record de France du 110 m haies, Pascal Martinot-Lagarde, qui parvient enfin à décrocher l'or d'une grande compétition. Traditionnellement handicapé en salle par son départ moyen, le licencié de Montgeron a confirmé son potentiel.>> Lire aussi : Pascal Martinot-Lagarde, dépasser les obstaclesDimitri Bascou, deuxième meilleur performeur mondial de la discipline cette année (seul le Cubain Ortega est allé plus vite, en 7 s 45), a été cette fois devancé à la régulière par son compatriote. Auteur de son meilleur temps de l'année en demi-finale (7 s 46), le Martiniquais n'a pas craqué totalement mais a cédé sous la pression de Martinot-Lagarde, auteur de son meilleur chrono de l'année en finale.Né en 1987 à Schoelcher, anciennement Case-Navire, rebaptisé en 1889 du nom de Victor Schoelcher, à l'origine de l'abolition de l'esclavage en France et dans ses colonies, Dimitri Bascou peut tout de même être satisfait. A 27 ans, le licencié de Créteil n'avait jusqu'alors à son palmarès international qu'une médaille d'argent aux Jeux méditerranéens de 2009. « Belocian fera partie des très grands »Le jeune Wilhem Belocian confirme lui son immense potentiel. A seulement 19 ans, il s'offre pour sa première sélection chez les grands un premier podium. Recordman du monde junior du 60 m haies (7 s 48) et du 110 m haies (12 s 99), le Guadeloupéen a tout l'avenir devant lui. Il s'entraîne toujours sur son île natale, licencié au club du Stade lamentinois (Lamentin). Interrogée par Le Monde en février dernier, la triple championne olympique Marie-José Pérec n'avait pas tari d'éloges : « Je lui ai trouvé une bourse de 15 000 euros. J'essaie de faire de petites choses qui aident les athlètes. C'est ma propre lecture, mais je sais qu'il fera partie des très grands. » Dans les autres finales du jour, la Britannique Katarina Johnson-Thompson est passée à un souffle du record du monde du pentathlon. Pour moins d'une seconde au terme de la dernière épreuve du 800 m, elle échoue à 13 points du record détenu par l'Ukrainienne Dobrynska (5 000 contre 5 013). La Française Antoinette Nana Djimou, quadruple championne d'Europe (deux en salle, deux en plein air), ne prend que la quatrième place.Au lancer du poids, l'Allemand David Storl (21,93 m) glane une nouvelle médaille d'or, la troisième européenne. A la longueur, le Suédois Michel Torneus s'est imposé grâce à un saut à 8,30 m. Enfin, le 60 m haies féminin a été remporté par la Biélorusse Alina Talay.Anthony HernandezJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Le premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte, a déclaré, jeudi 5 mars, qu’il préférait voir des combattants néerlandais qui auraient rejoint des groupes terroristes mourir au combat plutôt que revenir au pays pour y commettre des attentats. « Si le choix se pose en ces termes, je le fais. Beaucoup de citoyens pensent comme moi », a indiqué le chef du gouvernement de coalition libéral-travailliste. Il s’exprimait à la télévision lors d’un débat préélectoral pour les élections à la Première chambre, le Sénat néerlandais, le 11 mars.M. Rutte affrontait notamment, sur cette question, le chef du parti centriste et proeuropéen D66. Le leader de cette formation, Alexander Pechtold, s’est demandé si un premier ministre pouvait s’exprimer de cette manière, quitte à heurter les familles, les enfants ou des proches des personnes concernées. De 150 à 200 Néerlandais seraient partis pour la Syrie et l’Irak. « Dans un Etat de droit, il faut souhaiter qu’ils soient jugés par un tribunal, pas qu’ils meurent dans le désert », a estimé M. Pechtold.« Mon devoir est de protéger mon pays »« Ceux qui sont là-bas apprennent à tuer, à fabriquer des bombes. S’ils voyagent et adhèrent à une organisation criminelle, ils savent ce qu’ils font. Il est crucial d’éviter qu’ils reviennent pour commettre des attentats. Mon devoir est de protéger mon pays », a répondu le dirigeant libéral.« Geert Wilders est absent ce soir mais sa pensée est présente », a répliqué M. Pechtold, dont le parti est donné comme l’un des deux grands favoris pour le scrutin provincial qui aura lieu mercredi 11 mars. L’autre est le Parti pour la liberté (PVV) de M. Wilders, qui fait traditionnellement de la lutte contre l’islam et l’immigration le principal thème de ses campagnes.Une fois élus, les dirigeants des provinces choisiront les membres de la Première Chambre, le Sénat, où la coalition actuelle n’a pas la majorité. Elle y détient 30 sièges sur 75, ce qui la force à chercher l’appui de partis d’opposition – dont D66 – pour faire adopter certains de ses projets. La situation de M. Rutte devrait s’aggraver, compte tenu de l’apparente impopularité des deux formations au pouvoir.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste David Revault d'Allonnes (Luxembourg, envoyé spécial) Le président est d’humeur badine. « Ça fait vingt-trois ans qu’il n y a pas eu de visite d’un président. Parce que c’était trop près, sans doute », tacle-t-il à l’intention de ses prédécesseurs Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, qui n’avaient pas fait le déplacement, à la différence de François Mitterrand. François Hollande se déplaçait au Luxembourg, vendredi 6 mars, sous un soleil presque printanier et dans une atmosphère d’entente totalement cordiale. Loin, très loin, des polémiques sur l’optimisation fiscale et les pratiques du Grand-Duché en la matière.Pas de vagues, donc. Dès son accueil par le grand duc et la grande duchesse, devant le palais de Luxembourg-Ville, le président a pu appliquer et constater cette aimable position en saluant les badauds agglutinés. Des Français, pour la plupart – plus de 40 000 ressortissants résident dans le pays (sur un total de 550 000 habitants) et plus de 80 000 transfrontaliers y travaillent. Et plutôt affables. « Les Français vous accueillent avec le soleil et avec le sourire. Ça change », dit l’un. « Ça fait plaisir d’avoir un président comme vous », dit l’autre. « Je suis là depuis soixante-cinq ans, c’est un petit paradis. C’est beau de vous voir comme ça », ajoute une troisième personne. Mais pas question d’évoquer d’emblée le thème du « paradis » fiscal et de répondre aux questions qui fâchent. Du moins pas avant l’entretien, en son palais, avec le grand duc.« Le Luxembourg ne bloquera rien »« Quand on a des amis, on va les voir », réitère François Hollande, un peu plus tard devant le Monument national de la solidarité, après une cérémonie d’hommage aux morts de la seconde guerre mondiale. Après avoir symboliquement trempé la pointe d’un sabre dans les flammes, le président en profite pour délivrer, pour la première fois depuis plusieurs mois, un pronostic optimiste sur l’imminence d’un retour de la croissance : « Il y a des nouvelles qui sont plutôt bonnes, mais pas encore confirmées. Ce dont nous devons nous assurer, c’est d’accompagner, amplifier, la reprise qui maintenant est là. »Pour François Hollande, « la reprise est là »Quant au premier ministre luxembourgeois, le libéral Xavier Bettel, après avoir accueilli et salué un à un tous les journalistes français, il ne tarit pas d’éloges sur son hôte du jour : « Vous êtes un grand président », lâche-t-il devant la presse, flagorneur, en référence à son action diplomatique sur le dossier ukrainien.Ce n’est qu’après un déjeuner avec M. Bettel, au château de Senningen, que la question de l’optimisation fiscale est posée, à l’occasion d’une conférence de presse commune. Le premier ministre, de bonne guerre, défend les pas accomplis par le Grand-Duché en la matière, en l’occurence l’autorisation de l’échange automatique d’informations fiscales à partir de 2017 : « Ce pays est un pays en évolution. On a décidé l’échange d’informations. C’est réducteur de croire que le Luxembourg, ce n’est que ça. La plus grosse boîte au Luxembourg, c’est Arcelor Mittal. » Et M. Bettel, qui gouverne en coalition un pays qui prendra la présidence de l’Union européenne au deuxième semestre 2015, d’assurer : « Croyez-moi, que ce soit au niveau européen ou international, le Luxembourg ne bloquera rien. »Signature de contratsSaluant ces évolutions du Grand-Duché, le président se montre sur ce point fort urbain : « Il y a eu des progrès considérables accomplis, notamment ces derniers mois, car il y a eu la volonté d’avoir, en Europe, les mêmes règles pour que la fraude puisse être effectivement combattue. » Mais M. Hollande tempère tout de même : « J’appelle le Luxembourg à aller aussi loin que possible. » Après quoi l’exercice de questions-réponses est interrompu plus vite que prévu puisque, comme le rappelle M. Bettel, « le grand duc nous attend ».L’impressionnant cortège officiel serpente sur une petite route de campagne, entre des collines verdoyantes. Direction le siège de la Société européenne des satellites (SES), pour une visite du site et la signature de deux contrats entre SES et Airbus Defense and Space, pour la réalisation d’un satellite, d’une part, et entre SES et Arianespace de l’autre, pour le lancement d’un autre engin.Après quoi le président français et les dirigeants luxembourgeois se rendent sur le site d’Esch-Belval, présenté comme un modèle de reconversion de friche industrielle en logements, entreprises et pôle universitaire. « On ne va pas parler que de fiscalité, la dimension industrielle est très importante », prévenait l’Elysée avant la visite au Luxembourg, dont plus de 30 % du PIB est constitué par le secteur financier.Ce programme a été parfaitement respecté. L’escapade présidentielle devait s’achever vendredi soir avec la traditionnelle rencontre avec la communauté française, puis le dîner offert par le couple grand-ducal au palais. Entre bons amis, et sans aucun motif de fâcherie.David Revault d'Allonnes (Luxembourg, envoyé spécial)Grand reporter au service politique. En charge de l'ElyséeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.03.2015 à 14h48 • Mis à jour le06.03.2015 à 16h24 | Anthony Hernandez Prague, envoyé spécialDevant le bâtiment imposant, deux hockeyeurs figés dans le bronze – l'un relaçant son patin, l'autre étreignant une belle patineuse — rappellent l'amour inconditionnel des Tchèques pour le hockey sur glace. De fait, l'O2 Arena de Prague, qui accueille du 6 au 8 mars les 33e Championnats d'Europe d'athlétisme en salle, est sortie de terre à l'occasion des Mondiaux de hockey en 2004. A l'époque baptisée Sazka Arena, cette salle multiusage peut, selon la configuration, accueillir 18 000 spectateurs en concert, comme celui de Madonna en 2006, 17 000 fans de crosses et de palets — l'équipe de hockey du Slavia Prague y joue toute l'année — ou bien 11 000 amateurs d'athlétisme.Jusqu'à dimanche, 643 athlètes de 49 nations europénnes — Israël est membre de l'Association européenne d'athlétisme — s'affrontent dans 26 épreuves (13 masculines et 13 féminines). Comme traditionnellement, et ce d'autant plus en année de Championnat du monde (à Pékin, du 22 au 30 août 2015), le plateau de cet Euro en salle se révèle assez peu riche en vedettes. D'une part, l'athlétisme en salle exclut des épreuves telles que le 200 mètres, le 400 mètres haies ou le relais 4 × 100 mètres, ainsi que les épreuves de fond et la quasi-totalité des lancers, à l'exception du poids. D'autre part, beaucoup des meilleurs athlètes goûtent assez peu les compétitions en salle.Vendredi, les quatre premiers titres de champion d'Europe en salle seront décernés au lancer de poids et au saut en longueur masculin ainsi qu'aux 60 mètres haies hommes et femmes. Le lancer de poids et la longueur masculines ont d'ailleurs bien mal commencé, jeudi, pour la délégation tricolore. Kafétien Gomis a échoué à se qualifier hier pour la finale avec un saut à 7,65 mètres, tandis que les lanceurs Gaëtan Bucki (19,73 m) et Tumatai Dauphin (18,95 m) ont également manqué la finale.Mais c'est au saut à la perche que Renaud Lavillenie a fait vendredi une belle frayeur au public tchèque et au clan français, qui ont bien failli être privés prématurément de la vedette de ces championnats. Le recordman du monde a échoué deux fois à 5,70 mètres avant de franchir cette barre au troisième essai et se qualifier pour la finale de samedi. Une preuve de plus que le saut à la perche reste une épreuve difficile à maîtriser. A noter que Valentin, le frère de Renaud Lavillenie, s'est également qualifié pour la finale.Lavillenie et Schippers en tête d'afficheNon, l'O2 Arena de Prague ne sera pas le lieu d'un duel au sommet entre l'Ukrainien Bonarenko et le Russe Uhkov, codétenteurs du record d'Europe du saut en hauteur avec 2,42 mètres, ni même le théâtre gêné d'un nouveau strip-tease du Français Mahiedine Mekhissi ou bien le public enthousiaste d'un dernier tour de piste dévastateur de l'imprévisible champion français. L'enceinte praguoise ne verra pas non plus les meilleurs sprinteurs européens, puisque ni les Britanniques James Dasaolu (champion d'Europe en titre du 100 m) et Harry Aikines (médaillé de bronze), ni les Français Christophe Lemaitre, toujours réticent à s'aligner sur la distance du 60 m qui ne favorise pas son départ, et Jimmy Vicaut, qui n'en finit plus de se débattre avec des problèmes de blessures, n'ont inscrit la compétition à leur programme.Une fois de plus, le Français Renaud Lavillenie sera l'indiscutable tête d'affiche de ces Championnats d'Europe en salle. Il tentera de remporter à Prague un quatrième titre d'affilée, performance inédite. L'athlète de l'année 2014 ne refuse jamais une compétition et l'occasion offerte d'agrandir son immense palmarès (11 médailles olympique, européennes et mondiales dont 8 en or) : « Je veux faire grandir ma collection de médailles. Je ne suis pas quelqu'un qui s'entraîne pour s'entraîner. J'aime la compétition. Et je ne veux rien laisser à mes adversaires. » Véritable accro aux sautoirs, il est l'un des seuls à pouvoir battre un record du monde, le sien (6,16 m). Au-dessus de la mêlée, il a déjà franchi à quatre reprises cette saison la barre des 6 mètres (6,02 m à Berlin le 14 février). Les Polonais Piotr Lisek et Robert Sobera devraient se partager les restes et en sont réduits à prier pour une éventuelle défaillance du Charentais, défaillance qui a été toute proche vendredi en qualifications.Lire : Dafne Schippers, l'heptathlète devenue reine du sprintChez les femmes, la Néerlandaise Dafne Schippers, double championne d'Europe à Zurich du 100 mètres et du 200 mètres, tentera de confirmer son statut de révélation du sprint. Ses 7 secondes 9 la placent en quatrième position des bilans mondiaux, derrière des pointures comme l'Ivoirienne Ahouré, la Jamaïcaine Burchell ou l'Américaine Bartoletta. Lors de cet Euro, l'heptathlète de formation devra se méfier de la Britannique Dina Asher-Smith et de l'Allemande Verena Sailer.Qui peut détrôner les Russes ?En 33 éditions, la Russie a remporté les dix derniers classements des médailles. A ces dix victoires consécutives, on peut ajouter 13 succès de l'URSS et un de l'équipe unifiée de l'ex-URSS en 1992. Loin derrière, les Allemands l'ont emporté onze fois mais une seule fois en tant que nation unifiée (en 1998, à Valence). La France l'a emporté une fois en 2011 à domicile à Paris-Bercy, à égalité avec les incontournables Russes. La seule autre nation à avoir triomphé de l'ultradomination russe et allemande est la Tchécoslovaquie, en 1984 à Göteborg.Lire aussi : Le rude hiver de l'athlétisme russeOui mais voilà. Si en temps normal, le classement des médailles semble promis à l'athlétisme russe, celui-ci traverse une crise sans précédent. Depuis la diffusion d'un documentaire détonant sur la chaîne allemande ARD, l'omerta du dopage a volé en éclats. Le président de la fédération russe, Valentin Balakhnichev, a démissionné, et l'entraîneur en chef Valentin Maslakov a été limogé. Avec une délégation privée de nombreuses têtes d'affiche, la France ne semble en tout cas pas en mesure d'en profiter. Les chances françaisesEn dehors du cas particulier Lavillenie, les principales chances tricolores se portent sur la championne du monde en salle et la double championne d'Europe, Eloyse Lesueur, tentera de maîtriser sa nouvelle technique du double ciseau pour remporter un nouveau titre au saut en longueur. Au pentathlon, Antoinette Nana-Djimou ne devrait pas être loin d'un nouveau podium européen (déjà 2 en salle). Au 400 m et au 4 × 400 m, Marie Gayot et Floria Gueï auront leur mot à dire même si la Britannique Bundy-Davies paraît au-dessus du lot. Vendredi matin, les deux Françaises se sont qualifiées pour les demi-finales de l'après-midi grâce respectivement au premier et au quatrième chronos.Lire aussi : Floria Gueï, seule en pisteDans l'épreuve du 60 mètres haies, toujours très appréciée des Français, Dimitri Bascou possède une belle marge sur ses adversaires européens (7 s 48). Derrière, à quelques centièmes, c'est son jeune compatriote Wilhem Belocian, recordman du monde junior du 60 m haies et du 110 m haies, qui tient la corde avec un chrono de 7 s 53 réalisé à Aubière lors des derniers Championnats de France en salle. Plus loin, le recordman français du 110 m haies, Pascal Martinot-Lagarde, plus en difficulté sur le 60 m haies, peut tout à fait se mêler à la lutte pour le podium. Vendredi matin, les trois hurdlers ont tous rejoint les demi-finales et pourquoi ne pas rêver à 18 h 55 d'un triplé français en finale. Maslak et Hejnoa, la relève d'un athlétisme tchèque au riche passéL'athlétisme tchèque — et son devancier tchécoslovaque — reste l'une des valeurs sûres du continent européen. S'il n'a plus vraiment son lustre d'antan, les immenses champions tchèques ne manquent pas : le coureur Emil Zatopek, la locomotive tchèque aux quatre titres olympiques (1948 à 1952), le lanceur de javelot Jan Zelezny, toujours détenteur du record du monde de la spécialité (98,48 m en 1996), la coureuse double championne du monde Jarmila Kratochvilova, détentrice du record du monde du 800 m depuis… 1983 (1 min 53 s 28), ainsi que plus près de nous les décathloniens Tomas Dvorak (triple champion du monde de 1997 à 2001) et Roman Sebrle (champion olympique en 2004 et champion du monde en 2007).Cette année à Prague, les deux leaders de l'athlétisme tchèque se nomment Pavel Maslak et Zuzana Hejnova. Le premier est champion d'Europe et du monde en salle du 400 m (2014 à Sopot), la seconde est championne du monde du 400 m haies (2013 à Moscou). En tête des bilans européens, une seconde d'avance sur le deuxième, le Polonais Zalewski, Pavel Maslak n'a pas caché sa confiance en lui : « Ce n'est jamais une obligation de gagner mais je suis assez confiant, explique-t-il au Monde. Je pense qu'il ne devrait pas être difficile de défendre mon titre acquis à Göteborg en 2013, parce que la plupart de mes concurrents ne courent pas en salle. Au-delà de ça, j'aimerais bien montrer quelque chose de spécial ici devant mon public et ma famille qui vont me supporter. »Pour Zuzana Hejnova, les choses sont bien différentes. En l'absence de son épreuve fétiche au programme de la compétition, la championne de 400 mètres haies s'alignera sur 800 mètres et sur le relais 4 × 400 mètres. Elle ne cache pas au Monde que sa participation est due à la perspective de courir à domicile : « Je pense que je n'aurais pas fait la saison indoor si les championnats ne s'étaient pas déroulés en République tchèque. C'est une grande motivation. M'aligner sur 800 m est simplement une expérience, et je n'attends pas de résultats particuliers. » Zuzana Hejnova a déjà les yeux tournés vers les Mondiaux de Pékin et surtout vers Rio en 2016 : « Je me concentre sur la défense de mon titre mondial cette année mais définitivement les JO sont mon objectif principal désormais. »Anthony HernandezJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.03.2015 à 11h23 La Grèce a remboursé la première tranche, d'un montant de 310 millions d'euros, d'un prêt du Fonds monétaire international (FMI) arrivant à échéance ce mois-ci, a-t-on appris vendredi 6 février de source gouvernementale.L'Etat grec a ainsi honoré l'une des premières échéances d'un calendrier financier nourri : au total, il est censé payer 1,5 milliard d'euros au FMI d'ici à la fin du mois de mars. Mais Athènes connaît semble-t-il des difficultés pour honorer ses obligations financières, très lourdes ce mois-ci, à hauteur de 6 milliards d'euros.la bce ferme face à athènesLe premier ministre grec, Alexis Tsipras, souhaite rencontrer le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, la semaine prochaine, après les propos fermes de la Banque centrale européenne (BCE) jeudi sur l'aide qu'elle apporte au pays.Vendredi matin, le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung rapporte que M. Tsipras avait demandé rendez-vous à M. Juncker pour ce vendredi, mais que cela n'avait pas été possible.La Grèce aurait souhaité que la BCE élève le plafond des rachats de bons du Trésor par les banques grecques, mais l'institution n'a pas donné suite à cette demande. Jeudi, le président de la BCE, Mario Draghi, a conditionné une aide supplémentaire à la réalisation des réformes promises par le gouvernement de M. Tsipras.De premières réformes devraient être présentées lundi par le ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, à ses homologues de l'Eurogroupe. « Il est très important que cet Eurogroupe soit un succès, nous y travaillons tous », a expliqué le gouverneur de la Banque de Grèce, Yannis Stournaras, vendredi à l'issue d'une rencontre avec M. Tsipras. Claire Guélaud L’euro est passé, jeudi 5 mars, sous 1,10 dollar, pour la première fois depuis septembre 2003. Pour Patrick Artus, économiste en chef de Natixis, cette dépréciation est une bonne nouvelle pour l’industrie française. A une condition toutefois : que cette baisse ne soit pas trop rapide.L’euro au plus bas depuis 2003 face au dollarLa baisse de l’euro face au dollar est-elle une bonne nouvelle pour la France ?L’effet net de la dépréciation de l’euro sera positif pour l’économie française, car, compte tenu du niveau de gamme de nos produits, nos exportations sont sensibles à la variation des prix. Nous gagnerons plus en exportant davantage que ce que nous allons perdre avec des importations renchéries.Néanmoins, il ne faut pas surestimer l’importance du gain lié à la baisse de l’euro. Prenons un exemple : depuis l’été 2014, le prix du baril de pétrole en dollars est passé d’environ 115 à 60 dollars (104 à 54 euros), l’euro était ramené de 1,40 à 1,10 dollar. A ce niveau-là, on a perdu avec la dépréciation de l’euro la moitié du gain que nous avons enregistré sur le prix du pétrole en dollars.A qui profite l’euro faible ?La dépréciation de l’euro entraîne des transferts massifs. C’est un bon point pour l’industrie qui va regagner des parts de marché. C’est un mauvais point pour les ménages qui vont, par exemple, payer plus cher leur énergie, ou pour l’ensemble des acheteurs de matières premières.Compte tenu de l’état de l’économie française et de ses fragilités, c’est plutôt une bonne chose de soutenir l’industrie.Jusqu’où l’euro peut-il baisser ? Jusqu’où ce recul est-il souhaitable ?Je ne suis pas sûr que l’on puisse poser la question en ces termes. Plus que la question du niveau de la monnaie unique par rapport au dollar, c’est celle de la rapidité de sa dépréciation qui importe.En règle générale, on estime qu’un gain de compétitivité de 10 % – une dépréciation de l’euro d’autant – conduit à une augmentation des exportations de 7 %. Mais encore faut-il pour cela que l’industrie ait les capacités de production suffisantes pour vendre à l’export. Une baisse extrêmement rapide ne serait pas une bonne chose, car l’industrie n’aurait probablement pas les moyens d’y répondre faute d’avoir investi suffisamment ces dernières années.En fin de compte, qu’est-ce qui fait baisser l’euro ? La Banque centrale européenne s’apprête à injecter des liquidités avec son programme d’assouplissement quantitatif (quantitative easing ou QE) à partir du 9 mars. Les rachats de dettes publiques et privées vont conduire à la baisse des taux d’intérêt qui seront proches de zéro ou négatifs.La BCE donne le coup d’envoi à ses rachats de dettesCela va inciter les investisseurs en obligations à se tourner vers les obligations étrangères. Cette sortie attendue de capitaux fera baisser l’euro. Parallèllement, le QE devrait aussi faire monter les actions. Autrement dit, l’euro ne baisse que si les sorties de capitaux en obligations étrangères dépassent les entrées de capitaux liées à la hausse des actions. C’est ce que l’on a constaté au Japon. En revanche, au Royaume-Uni, en 2012, la livre sterling s’est appréciée. Il est donc assez difficile de dire quels seront les effets du programme lancé par Mario Draghi, le président de la BCE.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.03.2015 à 09h12 • Mis à jour le06.03.2015 à 09h45 | Audrey Tonnelier Il n’a pas encore commencé, mais ses effets se font d’ores et déjà sentir. Et tout d’abord sur la « valeur » de l’euro. Le plan massif de rachat de dettes publiques (« quantitative easing » ou « QE ») débutera réellement lundi 9 mars, a annoncé, jeudi 5 mars, Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE). Mais, sans même attendre cette date fatidique, l’euro a plongé sous la barre de 1,10 dollar, jeudi soir.La BCE donne le coup d’envoi à ses rachats de dettesJamais depuis septembre 2003 la monnaie unique européenne n’avait atteint un tel niveau. Vendredi matin, l’euro se reprenait toutefois légèrement, repassant juste au-dessus de ce seuil symbolique.C’est que la réunion du conseil des gouverneurs de la BCE, délocalisée (comme deux fois l’an) de Francfort à Chypre, était particulièrement attendue. « Super Mario » y a précisé les modalités du QE, ultime « bazooka » pour réanimer la croissance en zone euro. L’objectif ? Contrer les pressions déflationnistes pesant sur le Vieux Continent, en relançant le crédit et l’activité. En achetant des dettes souveraines, la BCE va en amoindrir les rendements (qui évoluent à l’inverse de la demande), poussant ainsi les investisseurs vers des actifs plus risqués, comme les actions ou les dettes d’entreprises.Mais, en augmentant la quantité d’euros en circulation, l’institut espère aussi clairement faire baisser la monnaie unique face au dollar, favorisant au passage les exportateurs européens.« Agir sur le taux de change »Déjà, début septembre 2014, lorsque la BCE avait annoncé une baisse de ses taux et le lancement d’un programme de rachat d’ABS (asset-backed securities), ces titres adossés à des créances notamment de PME, ainsi que d’obligations sécurisées d’institutions financières de la zone euro, l’institution n’avait pas caché ses intentions : il s’agissait certes de soutenir la croissance vacillante de la zone euro et enrayer le risque déflationniste, mais aussi de faire baisser l’euro.Peu après cette réunion, Ewald Nowotny, le gouverneur de la Banque d’Autriche, avait d’ailleurs confirmé que l’objectif était « d’agir sur le taux de change ». Un tabou majeur était alors tombé, car rarement un membre de l’institution ne s’était montré aussi clair sur ce point. Ce pari de la baisse de l’euro est d’ores et déjà réussi, semble-t-il.Audrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.03.2015 à 20h27 • Mis à jour le05.03.2015 à 22h21 Un magistrat a renvoyé devant la justice quarante personnes, jeudi 5 mars, dont trois anciens trésoriers du Parti populaire inculpés dans une affaire de corruption d'élus qui empoisonne la droite depuis plus de six ans. Le juge Pablo Ruz, de l'Audience nationale, haut tribunal espagnol spécialisé dans le traitement des dossiers complexes, a ainsi clos un volet de l'enquête sur l'affaire dite « Gürtel », portant sur les années 1999 à 2005.Cette affaire, portant sur des largesses dont auraient profité des élus en échange de contrats, touche Madrid et deux villes des environs, Pozuelo et Majadohonda, de même que la station balnéaire d'Estepona. Elle gêne le Parti populaire, au pouvoir depuis 2011, avant de nombreux rendez-vous électoraux – notamment des municipales et régionales partielles en mai, et des législatives à la fin de l'année – alors que la campagne est centrée sur les deux sujets inquiétant le plus les Espagnols : le chômage et la corruption.Des fonds d'origine illiciteCe parti, sans être directement poursuivi, est mis en cause pour avoir profité de fonds d'origine illicite, en lien avec les malversations d'un maire de Pozuelo. Il devrait en principe rembourser à ce titre les sommes indûment perçues, et le juge lui réclame une caution de 245 000 euros. Cette enquête avait aussi entraîné la démission de la ministre de la santé, Ana Mato, à la fin de novembre 2014, mise en cause, sans être poursuivie, pour avoir profité d'argent obtenu illégalement par son ancien mari, Jesus Sepulveda, l'ex-maire de Pozuelo poursuivi.Le nom de Mme Mato avait été cité dans le dossier la veille d'une intervention très attendue devant le Parlement du chef du gouvernement, Mariano Rajoy, sur la corruption touchant la droite comme la gauche, mais aussi des syndicats, des chanteurs et même un gendre de l'ancien roi Juan Carlos. Le principal mis en cause dans ce volet de l'affaire Gürtel, l'ancien trésorier du PP Luis Barcenas, se voit imposer une caution civile de 88 millions d'euros. L'homme d'affaires accusé d'avoir mis en place le système, Francisco Correa, se voit lui réclamer une caution de 60 millions. Yves-Michel Riols (Vienne, envoyé spécial) A l’approche de la date butoir du 30 juin pour parvenir à un accord sur le nucléaire iranien, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, est arrivé à Vienne, vendredi 26 juin dans la soirée, où il doit être rejoint, samedi, par Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, et son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif. « Sur les sujets majeurs, il y a encore des désaccords importants », a souligné, vendredi, un diplomate occidental. Etat des lieux des trois principaux blocages à surmonter pour arriver à un accord.Les inspectionsLes modalités du régime d’inspections pour s’assurer que l’Iran tient ses engagements constituent le « verrou » de tout futur accord, insiste une source diplomatique. Les Occidentaux veulent que les observateurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’instance de l’ONU qui sera chargée de vérifier l’application d’un accord, puissent avoir accès à tous les sites, y compris militaires. Ce cas de figure est rare mais l’AIEA a déjà conduit de telles missions, notamment au Japon et en Afrique du sud.Le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, a rejeté à plusieurs reprises de telles demandes, jugeant qu’elles allaient au-delà du protocole additionnel de l’AIEA que l’Iran s’est engagé à ratifier lors de l’accord-cadre de Lausanne, conclu le 2 avril, qui a fixé les principaux paramètres d’un compromis final entre Téhéran et les pays du « P 5+1 », regroupant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne. Ce protocole permet des inspections renforcées sur l’ensemble des lieux où il y a une suspicion d’activité nucléaire. « L’AIEA n’ira pas de façon routinière sur tous les sites militaires mais seulement dans les endroits où il y a des raisons de penser qu’il se passe des choses qui ont besoin d’être relevées », juge une source influente.Pour surmonter ce blocage, les diplomates tentent de négocier, à Vienne, les termes d’un « accès réglementé » aux sites iraniens. Il s’agit, précise un proche du dossier, de définir le périmètre d’action de l’AIEA et la durée du préavis à fournir aux autorités iraniennes avant de se rendre sur un site. « Il faut pouvoir mener des inspections ad hoc dans tous les domaines qui ne sont pas couverts par le protocole additionnel », insiste une source bien informée. Autrement dit, avoir accès à l’ensemble des endroits où sont conduites des recherches nucléaires même s’il n’y a pas d’activité nucléaire à proprement dit sur ces sites. Il est important, note cette source, de définir les mécanismes d’intervention de l’AIEA dans le cadre d’un accord « pour éviter que l’agence ne soit obligée, à l’avenir, de négocier, pied à pied, avec l’Iran chacune de ses missions ».Les sanctionsLa levée des sanctions internationales qui pénalisent durement l’économie iranienne est l’objectif prioritaire de Téhéran. C’est leur impact qui a poussé les Iraniens à reprendre les négociations en 2013, estiment les Occidentaux. « A ce stade, les attentes des uns ne correspondent pas à la disponibilité des autres », observe sobrement un diplomate.En d’autres termes, les pays du « P 5+1 » excluent toute levée immédiate des sanctions en cas d’accord, comme le demande régulièrement le Guide suprême iranien. « Il y aura un séquençage assez fin entre le retrait de certaines sanctions en fonction des gestes de l’Iran », souligne un expert. Parmi ces gestes, dit-il, figurent la mise en œuvre des inspections dans le cadre du protocole additionnel, l’aménagement de la centrale à eau lourde d’Arak, pour s’assurer qu’elle ne puisse pas produire du plutonium de qualité militaire, et des garanties sur les activités menées à Natanz, le plus important site d’enrichissement d’uranium, un combustible indispensable à la fabrication d’une bombe atomique.Même s’il y a un accord, les sanctions ne pourront pas commencer à être levées avant la fin 2015, précise cette source. Auparavant, l’AIEA devra certifier que l’Iran joue le jeu, ce qui prendra plusieurs mois. De plus, tout accord devra être approuvé par le Parlement iranien et sera également soumis à l’approbation du Congrès américain.La dimension militaireC’est l’un des points les plus délicats de la négociation. En novembre 2011, l’AIEA a demandé à l’Iran de fournir des explications sur onze points ayant trait à la possible dimension militaire – dite PDM – du programme nucléaire iranien au début des années 2000. Il s’agit, pour les pays du « P 5+1 » de faire toute la lumière sur les activités de militarisation menées dans le passé par l’Iran. A ce jour, Téhéran n’a répondu qu’à deux des onze points. D’où la demande récurrente de l’AIEA de pouvoir se rendre sur la base militaire de Parchin où l’Iran est soupçonné d’avoir effectué des recherches sur des détonateurs pouvant servir à une bombe nucléaire.Un accord final, souligne un proche du dossier, devra autoriser l’accès « aux personnes, aux sites et aux documents » relatifs à cette possible dimension militaire. « La vérification sur la PDM est désagréable pour les Iraniens car cela consiste à venir renifler chez eux, relève un diplomate occidental. On ne demande pas aux Iraniens de se confesser, mais si on veut coopérer à l’avenir, il faut savoir ce qui a été fait. »Yves-Michel Riols (Vienne, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) « Au peuple de parler sans pression ni chantage. » 1 h 20 du matin en Grèce (0 h 20 à Paris), samedi 27 juin : dans une déclaration très solennelle, le premier ministre Alexis Tsipras annonce qu’un référendum se tiendrait le 5 juillet sur le plan d’aide au pays. Selon des sources gouvernementales, la question posée sera : « Oui ou non à la proposition des créanciers » — Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire internationale.« Nous avons livré depuis cinq mois une bataille » a continué Alexis Tsipras. « Mais malheureusement les créanciers nous ont fait une proposition en forme d’ultimatum. [Nous] n’avons jamais cédé. Nous n’avons jamais trahi votre confiance (…). Nous allons répondre à l’ultimatum en consultant le peuple et je m’engage à respecter votre décision quelle qu’elle soit. »#tsipas annonce un referundum pour ou contre la proposition des creanciers le 5 juillet prochain. @lemondefr @c_ducourtieux— Adea_Guillot (@adea guillot)require(["twitter/widgets"]);Dans les cafés, pleins en ce vendredi soir, les écrans de télévision retransmettent en direct l’événement. « D’un seul coup le silence a été total », nous dira une heure plus tard Dimitris Latsos, serveur d’un café très fréquenté du quartier de Pangrati. « Tout le monde était sidéré. » Et puis le débat a commencé. « Entre d’un côté ceux l’insultant, l’accusant de conduire le pays à la ruine et ceux le félicitant et le traitant de héros. » Certains se sont levés pour aller chercher un peu d’argent dans les distributeurs voisins. Alors que ces dernières semaines, les Grecs les plus simples avaient résisté à l’impulsion d’aller retirer leur argent massivement à la banque, là en pleine nuit, vers 2 heures du matin, environ une vingtaine de personnes attendaient déjà devant chaque distributeur du quartier. « Je ne vais prendre que de quoi passer la semaine car je redoute que les banques ne soient fermées dès demain mais après je sais qu’ils vont organiser cela pour que l’on puisse sortir chaque semaine une certaine somme », croit savoir Athanssios, 23 ans, étudiant. Une référence aux mesures de contrôle des capitaux mis en place à Chypre au printemps 2013. Lire :Les créanciers d’Athènes suscitent incompréhension et colère chez les GrecsFierté contre consternationLe petit groupe est principalement composé à cette heure tardive de jeunes hommes qui étaient de sortie et le débat est là encore très vif. « C’est très bien qu’il nous demande notre avis », affirme ainsi Dyonisos, 25 ans, boulanger. « C’est une grosse connerie. L’économie va encore plus plonger », répond Stéfanos, 31 ans, ingénieur civil. Le même débat embrase alors les réseaux sociaux. Chez Syriza, le parti de la gauche radicale, le ton est à la fierté. « Enfin, la démocratie reprend ses droits sur la technocratie européenne et refuse de céder au chantage d’une Europe conservatrice », peut-on lire sur Internet. « Le peuple votera NON à l’accord j’en suis sür », affirme très vite le ministre du redressement productif, Panayiotis Lafazanis, à la tête d’un courant situé à l’aile gauche de Syriza.Dans l’opposition, c’est la consternation. Le député conservateur de Nouvelle Démocratie (ND), Kiriakos Mitsotakis, appelle sur Twitter à des élections immédiates. Antonis Samaras, le chef de ND, appelle lui à un référendum autour de la question : « Pour ou contre le maintien de la Grèce dans la zone euro. » « Nous ne tomberons pas dans ce piège. Ce n’est pas ce sur quoi le peuple doit se prononcer », répond-on au gouvernement. Le ministre d’Etat, Nikos Pappas, a prévenu que « quiconque associe la volonté d’un peuple de mettre fin à l’austérité à une sortie de l’Euro joue un jeu dangereux pour notre monnaie commune ». Et d’accuser sans détour « des cercles radicaux allemands ainsi que le Fonds monétaire international de jouer un jeu dangereux pour l’avenir de l’euro et de l’Europe ». Mais d’ici au référendum, dans neuf jours, que peut-il se passer ?Que fera la BCE ?Samedi est prévu à Bruxelles la tenue d’un Eurogroupe pour un nouveau tour de négociations entre la Grèce et ses créanciers. Les Européens vont-ils sous la pression revoir leur copie et faire de nouvelles propositions pour éviter une nouvelle période d’instabilité politique à l’issue incertaine pour la zone euro ? A Maximou (le Matignon grec), on affirme que Hollande et Merkel ont été prévenus du référendum.La question cruciale est désormais la suivante : quelle sera la réaction de la Banque centrale européenne (BCE) qui, grâce à une ligne de financement d’urgence – l’ELA –, assure la survie du secteur bancaire grec depuis plusieurs mois déjà ? Deux émissaires grecs, Euclide Tsakalotos et Yannis Dragassakis, doivent rencontrer samedi le gouverneur de la BCE, Mario Draghi. Dans un premier temps M. Draghi pourrait réagir en durcissant les conditions de financement du secteur bancaire grec par le biais d’une augmentation de la décote sur les collatéraux (garanties) acceptés pour les fonds obtenus via l’ELA.Au minimum la BCE va durcir des conditions pour les ELA qd défaut le 30 juin. Contrôle des capitaux dur à éviter dans ce cas. #Grèce #ECB— MarieCharrel (@Marie Charrel)require(["twitter/widgets"]);Tout l’enjeu pour MM. Dragassakis et Tsakalotos sera de convaincre la BCE de ne pas stopper tout bonnement l’ELA, la dernière source de liquidités pour l’économie grecque. Ce qui obligerait Alexis Tsipras à mettre en place un contrôle des capitaux. « Nous voulons avoir le temps de consulter notre peuple sans pressions intolérables financières pour que l’on puisse mener un débat démocratique sans chantage », martelaient cette nuit tous les membres de Syriza contactés par Le Monde.Si BCE decide de couper l aide d urgence aux banques grecques alors le controle des capitaux semble inevitable. Rencontre avec draghi today— Adea_Guillot (@adea guillot)require(["twitter/widgets"]);Techniquement, un vote nominatif doit se dérouler au Parlement qui a prévu de se réunir en assemblée plénière à 12 heures (heure grecque). Il faut la majorité absolue, 151 voix sur les 300 sièges que compte la Vouli, pour que le référendum soit lancé.Lire aussi (abonnés) :Pour les économistes, l’austérité en Grèce ne remplacera pas les réformesAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.06.2015 à 12h41 • Mis à jour le26.06.2015 à 13h12 L’ancien maître espion et ex-premier ministre russe dans les années 1990 Evgueni Primakov est mort vendredi 26 juin à Moscou à l’âge de 85 ans, ont annoncé les agences de presse russes.Directeur des services de renseignements extérieurs de 1991 à 1996, Evgueni Primakov était devenu chef de la diplomatie russe en 1996 avant d’être nommé premier ministre pendant quelques mois, de septembre 1998 à mai 1999.Le président russe, Vladimir Poutine, accordait une grande importance à l’opinion d’Evgueni Primakov, selon le porte-parole du Kremlin. Ce dernier a également déclaré qu’il « était un homme d’Etat, un scientifique, un homme politique. Il laisse derrière lui un grand héritage (…) particulièrement dans cette période troublée ».Etendre l’influence russe au Moyen-OrientTout au long de sa carrière, Evgueni Primakov s’est employé à faire entendre la voix de la Russie sur la scène internationale, en s’opposant à la montée en puissance des Etats-Unis. Fin connaisseur du Proche-Orient, il était devenu l’émissaire de Mikhaïl Gorbatchev à Bagdad après l’invasion du Koweït par l’Irak, sans cependant réussir à empêcher la guerre du Golfe en 1991.En tant que ministre des affaires étrangères, il fut ainsi un fervent défenseur de l’intérêt national et du multilatéralisme en tant qu’alternative à l’hégémonie américaine, notamment grâce au triangle Russie, Chine, Inde ; ce qui lui vallut une grande popularité au sein de la population. Sa politique étrangère fut marquée par une volonté d’étendre l’influence russe sur le Moyen-Orient.Lire : Kirghizistan : "Il s'agit d'une crise très sérieuse", selon Primakov« L’homme du patriotisme et de la probité »En septembre 1998, il avait été nommé chef du gouvernement par Boris Eltsine. La consécration pour cet ancien journaliste, correspondant au Moyen-Orient pour le journal soviétique Pravda. Il avait mis en œuvre des réformes difficiles, dont une réforme fiscale, mais ne resta finalement que quelques mois à ce poste après avoir refusé de renvoyer les ministres communistes de son gouvernement. Il fut alors congédié par M. Eltsine.Lorsqu’il occupait ces fonctions, Evgueni Primakov avait de manière très symbolique marqué la rupture entre la Russie et les Etats-Unis en ordonnant en mars 1999 aux pilotes le conduisant à Washington pour négocier l’aide du Fonds monétaire international de faire demi-tour au-dessus de l’Atlantique, après avoir appris les frappes de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord sur la Yougoslavie.Elu député en 1999, il s’était allié au maire de Moscou pour former une coalition d’opposition de centre gauche et briguer la présidence, en mars 2003. Il s’était finalement retiré, laissant le champ libre à Vladimir Poutine. Cette défaite avait signé la fin de ses rêves de conquérir le Kremlin. Il abandonna la campagne et se rallia à l’actuel président russe.Le président de la commission parlementaire pour les affaires étrangères, Konstantin Kosatchev, cité par l’agence de presse Tass, a salué un responsable qui « restera à jamais comme l’homme du patriotisme et de la probité » en Russie.En 2011, Primakov avait abandonné toutes ses fonctions et s’était retiré de la vie publique, ne donnant que de rares interviews. 26.06.2015 à 04h06 • Mis à jour le26.06.2015 à 08h04 Les échanges étaient tendus, dans la nuit du jeudi 25 au vendredi 26 juin, entre les dirigeants des Vingt-Huit. Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, a piqué un coup de sang devant ses homologues européens, durant un débat consacré aux migrants, dénonçant leur incapacité à s’entendre sur la prise en charge d’une partie des demandeurs d’asile arrivés en Italie, selon le récit fait par un participant.A l’origine de cette colère : l’absence de consensus entre les Etats membres sur les modalités de mise en place de quotas pour la répartition de 40 000 demandeurs d’asile arrivés en Italie et en Grèce, afin de soulager ces deux pays. Au lieu d’établir des quotas, comme l’avait proposé la Commission européenne en mai, les dirigeants ont décidé que la répartition se ferait sur la base du volontariat.Les Etats se sont donc entendus pour répartir 40 000 migrants dans l'UE, mais pas sur la clef de répartition qui restera volontaire #euco— jbchastand (@JB Chastand)require(["twitter/widgets"]);« Ou vous êtes solidaires, ou vous ne nous faites pas perdre notre temps. (…) Si vous voulez une base volontaire, si c’est ça votre idée de l’Europe, alors gardez-la pour vous. Nous nous débrouillerons seuls », s’est emporté Matteo Renzi.Lire :Grèce, immigration, Brexit : les dirigeants européens sur tous les fronts60 000 arrivées en Italie« Il n’y a pas d’accord entre les Etats pour des quotas obligatoires de migrants », avait déclaré à l’ouverture du sommet le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, dont le pays natal est opposé à ce dispositif. M. Tusk a soutenu l’idée d’un mécanisme fondé sur le volontariat, mais celui-ci « ne pourra être crédible qu’à la condition que les Etats prennent des engagements crédibles et significatifs d’ici à la fin du mois de juillet », avait-il souligné.« Si l’Europe choisit la solidarité, c’est bien. Si elle ne le fait pas, nous avons un “plan B” tout prêt. Mais qui frapperait surtout l’Europe en premier », avait averti Matteo Renzi deux semaines avant le sommet, menaçant de laisser passer chez ses voisins les migrants et les demandeurs d’asile affluant sur son territoire.Plus de 100 000 personnes sont clandestinement entrées dans l’UE depuis le début de l’année par la Méditerranée ou par la Turquie, selon l’agence européenne Frontex. Plus de 60 000 sont arrivés en Italie après une périlleuse traversée de la Méditerranée.Lire aussi le reportage :« Hier, ils vivaient comme nous, à Damas ou ailleurs » 25.06.2015 à 16h57 | Aude Lasjaunias A l’occasion d’une tournée en Europe et aux Etats-Unis, le Tchèque Vit Jedlicka, président autoproclamé de la micronation du Liberland a fait escale à Paris. Objectif annoncé : faire de sa république un Etat à part entière. Pas si simple, estime Stéphane-Bertin Hoffmann, auteur de La Reconnaissance des micronations ou l’utopie confrontée au droit (Editions Lulu.com, 2010).Qu’est-ce qu’une micronation ? N’importe qui peut-il en proclamer une ?Il y a généralement une confusion entre le concept « d’Etat » et celui de « nation », qui est sans doute liée au fait que les termes sont utilisés de manière interchangeable en langue anglaise. Ils renvoient pourtant à des idées très différentes. Le premier a un ancrage juridique : sa définition a été donnée dans un ensemble de textes de droit international, notamment la convention de Montevideo de 1933. Cette dernière fixe quatre critères : un territoire délimité sur lequel vit une population administrée par un gouvernement capable de nouer des relations diplomatiques avec d’autres Etats officiels.La nation relève pour sa part de la philosophie politique. Deux écoles de pensée en ont donné les contours. Celle dite allemande présente ce concept de manière « objective » : une communauté qui partage la même langue, la même culture, dans certains cas la même religion ; bref, un socle commun. L’autre vision, qui date du XIXe siècle environ et qualifiée de française propose une acception plus subjective de la chose. Une nation est le témoignage d’une volonté de vivre ensemble, d’une communauté de destin.Ces entités que l’on présente comme des micronations relèvent généralement de cette seconde définition. Elle n’a pas de valeur contraignante tant que personne d’autre que ses « membres » ne la reconnaît en tant que telle, lui confère aussi ce statut. A ce titre, si une nation peut être formée très facilement, ça n’est pas la même chose que de créer un Etat.Le Liberland a été proclamée sur un territoire considéré juridiquement comme terra nullius. Cette dimension peut-elle avoir une incidence sur sa reconnaissance par d’autres Etats ?Ce concept de droit international, qui signifie « territoire sans maître », se réfère aux terres qui n’appartiennent officiellement à aucun état, qui ne sont administrées par aucune autorité spécifique. Le différend frontalier entre la Serbie et la Croatie date d’une vingtaine d’années environ, au moment de l’éclatement de la Yougoslavie. Logiquement, l’un de ces deux Etats aurait dû obtenir ce territoire. Dans ce cas, le concept de « terre neutre » serait sans doute plus approprié que celui de terra nullius. On peut imaginer que son statut n’a pas encore été défini.Mais dans tous les cas, même s’si qu’il s’agit d’un « territoire sans maître », cette situation n’autorise pas une entité tierce à venir en prendre possession. Il n’y a pas d’acquisition possible de souveraineté sur ce territoire, et a fortiori pas à l’initiative d’un particulier. L’acquisition d’un territoire, pour être reconnue juridiquement comme telle, ne peut être réalisée que par une puissance étatique établie.De mon point de vue, il y a peu de chance que le Liberland accède à une reconnaissance. D’autres micronations ont en revanche d’ores et déjà soutenu cette initiative. Ce qui paraît logique d’ailleurs, elles nourrissent l’espoir de bénéficier de son potentiel crédit sur la scène internationale. Par ailleurs, quelques groupes politiques ultralibéraux ou libertariens aussi ont témoigné de leur appui. Mais l’idéologie sous-jacente à la création du Liberland sert là aussi leur propos.Y a-t-il eu des cas de reconnaissance de micronations ou de territoires contestés ?A la fin des années 2000, la Russie, le Venezuela et le Nicaragua ont officiellement reconnu les territoires géorgiens de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud. Il y a de multiples exemples d’entités séparatistes dont la souveraineté est reconnue par d’autres pays pour des raisons politiques. La reconnaissance est avant tout déclarative. Elle n’intervient que si les Etats y trouvent un intérêt. Il n’y a pas d’obligation de passer par les Nations unies.Je ne pense pas que l’on va assister à un tel phénomène dans le cas du Liberland. La démarche manque un peu de sérieux : on est face à un petit groupe de personnes qui ne contrôle pas réellement son territoire et dont la population n’est de facto pas permanente.Comment expliquer l’engouement populaire et médiatique observé pour le Liberland ?Il y a eu d’autres créations de micronations qui ont aussi attiré beaucoup d’attention. Pour n’en mentionner que deux : la principauté de Sealand – sur ancienne plate-forme de la marine anglaise en mer du Nord – et la principauté de Hutt River, près de Perth sur la côte ouest de l’Australie.Lire aussi en édition abonnés : Michael Bates, prince de "sam suffit"L’une comme l’autre soulevait des questionnements juridiques intéressants. Pour le Liberland, l’engouement est sans doute lié à la tournée européenne et américaine de son président, mais aussi à cette assise idéologique ultralibérale qui lui a apporté le soutien de groupes politiques établis.Aude LasjauniasJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Baptiste Chastand (Bruxelles, envoyé spécial) Rarement un Conseil européen aura été aussi attendu et incertain. Jeudi 25 et vendredi 26 juin, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne (UE) se retrouvent à Bruxelles pour discuter officiellement d’immigration, du référendum promis par David Cameron pour maintenir, ou non, son pays dans l’Union européenne, de l’avenir de la zone euro, de défense et du numérique. Mais il est quasiment certain que l’actualité grecque va également s’inviter à la table des dirigeants européens, faute d’accord à ce stade entre Alexis Tsipras et ses créanciers. Tour d’horizon d’un conseil explosif.La bataille des migrantsLa discussion doit être abordée en ouverture du conseil, à 16 heures, jeudi, et elle pourrait durer jusque tard dans la soirée. Les dirigeants européens doivent en effet tenter de trouver une réponse commune à la vague de migrants frappant à leurs portes via la Méditerranée, ou les Balkans. Jusqu’ici, chaque Etat a eu tendance à jouer sa propre partition, quitte à se renvoyer les migrants dans des conditions peu glorieuses.En réaction à la multiplication des drames en Méditerranée, la Commission européenne a proposé en mai d’introduire des quotas contraignants de répartition entre les différents pays de l’UE de 40 000 demandeurs d’asile recueillis par la Grèce et l’Italie. Cette proposition est inédite. Jusqu’ici, la règle est que le premier pays d’entrée des migrants doit être celui qui étudie la demande d’asile. Selon la Commission, les demandeurs l’asile seraient répartis dans toute l’UE dès qu’ils ont posé le pied sur le territoire européen pour que leur demande soit examinée.Si les chefs d’Etat et de gouvernement se disent majoritairement d’accord avec un tel principe, ils ont le plus grand mal à s’entendre sur les modalités pratiques. Pologne et Hongrie en tête, les pays d’Europe centrale ne veulent pas entendre parler de quotas contraignants fixés par Bruxelles. De leur côté, les grands pays d’Europe de l’Ouest contestent la « clef de répartition » proposée par la Commission, calculée selon plusieurs critères comme la population, la situation économique ou les efforts déjà accomplis. Pour ne rien arranger, la France repousse, depuis quelques jours à Vintimille, les réfugiés passés par l’Italie.Résultat : le projet de conclusions du conseil, consulté par Le Monde mercredi 24 juin, évoque un simple « accord » à donner sur le principe de la relocalisation – non obligatoire – de 40 000 demandeurs d’asile en deux ans. Les détails de cette mesure ne seront pas tranchés avant juillet. En revanche, les dirigeants européens comptent bien demander à l’agence européenne Frontex de s’impliquer davantage dans l’expulsion des migrants économiques dès qu’ils ont mis le pied sur le territoire européen. Autant de propositions à la fois nettement plus dures et moins ambitieuses que celles avancées par Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne.Lire aussi :L’Europe se déchire sur le sort des migrantsPremiers tours de table sur le BrexitC’est normalement au cours du dîner que David Cameron, le premier ministre britannique réélu confortablement en mai, doit détailler ses projets d’organisation d’un référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne. M. Cameron a promis lors de sa campagne d’organiser ce référendum d’ici à la fin 2017, en essayant auparavant d’obtenir un aménagement des traités, et des législations en vigueur, pour accorder plus d’autonomie à son pays. Pour l’instant, M. Cameron s’est bien gardé de détailler ses prétentions exactes.Selon plusieurs sources diplomatiques, il devrait continuer à entretenir le flou jeudi soir, se contentant d’une brève intervention. Il attendrait surtout que le processus soit officiellement lancé par le Conseil européen et le calendrier, détaillé. Dans un étonnant retournement de situation, il semble même désormais attendre que les chefs d’Etat européens lui fassent des propositions d’aménagement des règles de l’Union européenne. Les discussions de fonds sur ce sujet devraient donc être renvoyées à un prochain Conseil européen.Lire aussi :David Cameron contre le reste de l’EuropeRéfléchir à l’avenir de la zone euroEntre deux discussions sur l’Europe de la défense et le développement d’un marché numérique commun, les leaders européens devraient débattre vendredi matin du futur des institutions européennes, dans le but d’approfondir l’Union monétaire, après plus de cinq ans de crise des dettes. Ils ont notamment sur la table un rapport remis lundi 22 juin par les présidents des cinq institutions européennes les plus importantes (Jean-Claude Juncker, pour la commission, Donald Tusk, pour Conseil européen, Martin Schulz, à la tête du Parlement européen, Mario Draghi, pour la Banque centrale européenne, et Jeroen Dijsselbloem, pour l’Eurogroupe). Lire aussi :En pleine crise grecque, Bruxelles prône un renforcement de l’EurozoneCeux-ci réclament un renforcement de la zone euro pour éviter que la faillite d’un Etat, comme celle de la Grèce, puisse se reproduire. Ils souhaitent notamment faire converger davantage les politiques budgétaires, économiques et sociales. En raison de l’actualité ultra-prioritaire de la crise grecque, il semble toutefois peut probable que les chefs d’Etat et de gouvernement se lancent dans de longs débats sur l’avenir des institutions européennes. Ils devraient donc se contenter de suggérer d’approfondir ces réflexions dans les prochains mois.Trouver une solution d’urgence pour la GrèceOfficiellement, la situation grecque n’était pas à l’ordre du jour du Conseil européen. Mais les ministres des finances de la zone euro ont tenu jeudi après-midi une nouvelle réunion de l’Eurogroupe pour tenter de s’entendre sur le déblocage, contre des réformes, des 7,2 milliards d’euros d’aides nécessaires à la Grèce pour rembourser le FMI le 30 juin. Cette réunion a été suspendue jeudi en fin d’après-midi, les ministres des finances convenant de se retrouver samedi.La date-limite pour tomber d’accord est dimanche, les Parlements grecs et allemands devant approuver les mesures avant lundi soir. Les Grecs et les institutions représentant les créanciers (BCE, Commission et FMI) ne sont pas encore d’accord sur les mesures à adopter. Le principal différent réside dans le calendrier du vote des différentes mesures, Athènes et les créanciers s’étant globalement entendus pour augmenter la TVA et limiter les préretraites. Il s’agit aussi de savoir dans quelle mesure la question d’une éventuelle restructuration de la dette apparaitra dans le texte final.Si le sujet est suspendu à ce nouvel Eurogroupe, il est quasi-certain que les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro vont aussi en parler en marge du sommet. Ce sera probablement à ce niveau, entre Angela Merkel et Alexis Tsipras, que se décidera l’avenir de la Grèce dans la zone euro.Lire aussi :Nouvelle journée de négociations au forceps sur la GrèceJean-Baptiste Chastand (Bruxelles, envoyé spécial)Journaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Michel Bezat Ce n’est pas une retraite de Russie, encore moins une bérézina, juste le résultat d’un constat simple : le projet n’était pas économiquement viable. C’est pour cette raison que Total a décidé de retirer ses « billes » de Chtokman (Arctique russe). La compagnie française a annoncé, mercredi 24 juin, le « transfert » au géant russe Gazprom des 25 % qu’elle possède dans le projet de développement de ce champ gazier situé à 600 kilomètres au large de Mourmansk, au milieu d’une mer inhospitalière parcourue d’icebergs.Lire aussi :Gaz : Total cède à Gazprom ses parts dans le projet ChtokmanL’effondrement des prix des hydrocarbures, conjugué à l’explosion des coûts de développement des projets ces dix dernières années, a contraint les pétroliers à revoir leurs projets. Ce sont ceux dont le retour sur investissement est le plus incertain qui en font les frais. Et Chtokman a beau être un des plus importants gisements au monde, le projet était trop lourd financièrement (son coût est passé de 15 milliards à 30 milliards de dollars, soit 26,8 milliards d’euros), trop risqué technologiquement et trop hasardeux commercialement en raison de la baisse de la consommation de gaz en Europe et de la concurrence inattendue du gaz de schiste américain.Après le retrait du norvégien Statoil (24 %) dès 2012, Gazprom détient désormais 100 % de Shtokman Development AG, la société basée dans le canton suisse de Zug et chargée du développement et de l’exploitation du gisement. Les mots ont leur poids : Total a certes « transféré » sa participation à Gazprom, mais son patron, Patrick Pouyanné, ne s’interdit pas de revenir dans le jeu. Et son homologue russe, Alexeï Miller, s’est empressé de préciser qu’en cas de relance de Chtokman, la compagnie française serait la première invitée à travailler avec Gazprom.M. Poutine se frotte les mainsUn mois après son arrivée à la tête de Total, en octobre 2014, M. Pouyanné rencontrait Vladimir Poutine. « Nous sommes là pour longtemps », a-t-il assuré au président russe. Total fait tout pour boucler financièrement Yamal LNG, notamment avec des banques chinoises. Ce projet à 27 milliards de dollars, destiné à produire du gaz naturel liquéfié dans le grand Nord russe, à destination de l’Asie, est conduit par le groupe privé russe Novatek (60 %) associé à Total (20 %) et au pétrolier chinois CNPC (20 %).Crise ukrainienne ou pas, la Russie reste une « province » gazière sans équivalent pour les compagnies occidentales. Moscou joue cette carte au moment même où l’Union européenne cherche par tous les moyens à réduire sa dépendance au gaz russe. Bruxelles a encore subi un camouflet quand le 18 juin, à l’ouverture du Forum économique de Saint-Pétersbourg, Gazprom a créé la surprise en annonçant la signature d’une lettre d’intention ouvrant la voie à un doublement des capacités de transport de gaz entre la Russie et l’Allemagne. Cette fois, ce n’est pas Total mais l’anglo-néerlandais Shell, l’allemand EON et l’autrichien OMV qui étaient de la partie. Et en coulisse, M. Poutine se frottait les mains.Lire aussi :La Russie et la Grèce font bande à part sur le gazJean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Des milliers de personnes – plus de 9 000 selon l’Agence France-Presse – ont de nouveau manifesté pour le cinquième jour de suite à Erevan, la capitale de l’Arménie, pour protester contre l’augmentation des tarifs de l’électricité. Retranchés derrière une barricade bricolée à base de poubelles couchées et reliées entre elles par des cordes, les contestataires, en majorité jeunes, sont restés toute la nuit de mercredi 24 à jeudi 25 juin sur l’avenue du Maréchal-Bagramian, une grande artère de la ville qui mène tout droit à la résidence du président Serge Sarkissian.Les protestataires s’affirment déterminés à poursuivre le mouvement d’une ampleur inédite dans ce petit pays du Caucase d’à peine plus de 3 millions d’habitants. En Russie, où le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que « la situation était suivie attentivement », il n’en fallait pas plus pour que médias et politiques dénoncent un « électro-Maïdan » orchestré par Washington. En 2014, Erevan a choisi l’union économique eurasienne plutôt que le partenariat oriental avec l’UE. Moscou est le garant de la sécurité du pays face à l’Azerbaïdjan.« L’ambassade des Etats-Unis est activement impliquée dans les événements à Erevan, c’est l’une des plus importantes missions américaines à l’étranger », a vitupéré Igor Morozov, membre du Conseil de la Fédération de Russie, en traçant un parallèle avec le « coup d’Etat » en Ukraine. « Des centaines d’ONG étrangères fonctionnent en Arménie et essaient d’influencer l’opinion publique en la poussant vers un choix pro-occidental. Nous savons que ce choix a fait éclater l’Ukraine et continue de la déchirer », a renchéri Konstantin Kosatchev, le président de la commission des affaires étrangères du Conseil. A Erevan, des médias russes ont été interpellés par des marcheurs rendus furieux par les commentaires les assimilant à la révolte ukrainienne.Les manifestations, retransmises en direct par des chaînes privées, ont commencé le 19 juin à l’annonce d’une nouvelle augmentation, au 1er août, des tarifs de l’électricité – entre 16 % et 22 % –, jugée nécessaire par la compagnie arménienne détenue par le groupe russe Inter RAO. Cette hausse, la troisième en moins de deux ans, intervient dans un contexte social difficile en Arménie, qui subit le contrecoup sur sa propre monnaie de l’affaiblissement du rouble de son puissant voisin, son premier partenaire économique. Le chômage, évalué à 17 % de la population en 2014, atteindrait en réalité 20 %.« Non au pillage »« Le point de départ, c’est l’augmentation de l’électricité, mais cela va bien au-delà, souligne Ara Papian, fondateur du think-tank Modus Videndi Center, joint par téléphone. Personne ne peut être surpris. C’était clair que cela allait arriver parce que les gens vivent avec des salaires bas et qu’ils constatent qu’il y a toujours plus de corruption. » « Ce mouvement est populaire, insiste cet ancien ambassadeur, y compris parmi la police, à cause de cette corruption de la direction politique, des prix qui ne cessent d’augmenter. Les médias russes mentent en disant que les gens attaquent la police, et que l’ambassade américaine commande tout. »Le 19 juin, les rassemblements ont commencé devant l’opéra. Puis, le lendemain, les protestataires, emmenés par un groupe de jeunes sous le slogan « Non au pillage », ont commencé à marcher vers la résidence du président Sarkissian. Mardi, des échauffourées ont éclaté avec la police, qui a fait usage de canons à eau. Des journalistes ont été molestés et leur matériel saccagé. Ces heurts, qui ont fait vingt-cinq blessés, dont onze parmi les forces de sécurité, et ont conduit à 237 interpellations – toutes les personnes arrêtées ont été relâchées –, ont renforcé les rangs des manifestants. Mercredi, ils étaient très nombreux malgré une chaleur accablante, chantant et dansant dans le calme devant leur barricade de fortune. Peu de pancartes dans cette foule, hormis de simples dessins d’ampoule, ou le drapeau arménien brandi, et un cri repris en chœur, Votch talanin ! (« Non au pillage ! »)« Ce mouvement est populaire, y compris parmi la police, à cause de la corruption de la direction politique, des prix qui ne cessent d’augmenter », insiste Ara Papian, fondateur du think-tank Modus Videndi Center, joint par téléphoneDésorganisé, le mouvement a attiré de nombreux jeunes, filles et garçons, déterminés et parfois munis d’un masque de protection sanitaire, qui se disent apolitiques. Lors des cérémonies de commémoration du centenaire du génocide, au mois d’avril, l’opposition avait envisagé d’organiser un sit-in, mais sans convaincre. Usée, sans renouvellement de ses dirigeants, elle ne parvient pas à fédérer une société lassée du jeu politique.« Pour réussir, nous devons obtenir le soutien de toute la population, j’appelle tout le monde à s’y mettre, a lancé devant les caméras de la chaîne 1in, David Manoukian, l’un des leaders de la contestation. Ici, contrairement au Parti républicain [le parti du président], il y a beaucoup de gens qui ont des choses à dire. » « La protestation contre le gouvernement monte rapidement, difficile maintenant d’imaginer un retour au statu quo », a commenté Richard Giragosian, directeur du Centre des études régionales, sur son compte Twitter, ajoutant : « Les protestations ont peut-être réussi à franchir un “point de basculement”, les gens rejoignent [les cortèges] sentant la victoire, trop tard pour le gouvernement. » Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pierre Breteau, Mathilde Damgé, Samuel Laurent et Alexandre Pouchard Le site WikiLeaks, avec Libération et Mediapart, a révélé mardi 23 juin que trois présidents français, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, ont été régulièrement et directement espionnés par les Etats-Unis, avec la mise sur écoute de leurs téléphones ainsi que de ceux de membres du gouvernement et de la haute administration. La publication de ces informations surnommées « FrenchLeaks » ont entraîné l'organisation d'un conseil de défense à l'Elysée, mercredi matin, et la convocation au Quai d'Orsay de l'ambassadrice américaine à Paris.Ces nouvelles « fuites » de documents confidentiels issus de l'agence nationale de sécurité américaine (NSA) seront-elles suivies d'effets ? Les opérations de ce genre, souvent réalisées par des collaborations internationales entre médias, se multiplient depuis quelques années. Passage en revue des précédentes révélations massives.Juin 1971 : « Pentagon papers », aux origines du « leak »Octobre 2006 : naissance de WikiLeaksMai 2009 : le scandale des notes de frais des députés britanniquesAvril 2010 : la vidéo du « meurtre collatéral » en IrakOctobre 2010 : les « war logs » des guerres en Irak et en AfghanistanNovembre 2010 : le « Cablegate » révèle les dessous de la diplomatie américaineJanvier 2014 : « ChinaLeaks » et les révélations sur les « princes rouges »Novembre 2014 : les « Sony Leaks »Les fuites bancaires : « Offshore Leaks », « LuxLeaks », « SwissLeaks » Juin 1971 : « Pentagon papers », aux origines du « leak »En 1971, un analyste de la RAND Corporation qui travaille pour l'Etat, Daniel Ellsberg, communique au New York Times des extraits des 7 000 pages d'un rapport top-secret (en anglais) du département à la défense américain consacré aux relations entre le Vietnam et les Etats-Unis.Ces documents, connus depuis sous le nom de « Pentagon papers » (en anglais), étaient au départ une étude commandée par le secrétaire à la défense du président Johnson, Robert McNamara. Tout au long des 48 volumes de l'étude, les auteurs militaires et civils décrivent l'implication – aussi bien politique que militaire – des Etats-Unis dans la guerre du Vietnam de 1945 à 1967.Qu'apprend-on ?Les « papers » révèlent entre autres que le gouvernement américain a délibérément provoqué une escalade du conflit, bien avant l'engagement officiel des armées US en 1965, en bombardant d'abord le Nord-Vietnam puis secrètement le Laos. Le New York Times suggère que dès l'année 1964 – avant la présidentielle de novembre – le président Johnson avait impliqué les forces armées dans une escalade programmée, alors qu'il avait affirmé l'inverse lors de la campagne.Quelles conséquences ?Sortis pendant la présidence de Richard Nixon, les « Pentagon papers » ont eu des conséquences assez faibles sur le gouvernement alors en place – même si la presse a révélé que la publication a rendu Nixon fou de rage : « Mettons ces fils de pute en prison », avait-il demandé à son conseiller Henry Kissinger.En revanche, l'affaire prise en charge par la Cour suprême des Etats-Unis donne raison à la presse (en anglais) sur la publication des documents top-secrets. Les actions initiées par le procureur général Mitchell – l'équivalent américain du garde des sceaux – contre Daniel Ellsberg se terminent en 1973 – en plein scandale du Watergate – avec la levée de toutes les charges à l'endroit de l'ancien analyste. Octobre 2006 : naissance de WikiLeaksAu milieu des années 2000, une communauté de militants, autour notamment de Julian Assange, crée WikiLeaks, un site qui veut servir de plateforme mondiale, permettant à qui le souhaite d'y dévoiler des documents confidentiels.Qu'apprend-on ?Dès son lancement fin 2006, WikiLeaks publie des révélations embarrassantes, sur la corruption d'un ancien leader kenyan, mais aussi sur le fait que les Etats-Unis soustraient certains détenus de Guantanamo à la vue de la Croix-Rouge.En 2008, WikiLeaks publie des documents évoquant des activités illégales de la Banque Suisse, ce qui lui vaut un procès et sa suspension temporaire. La même année, les courriels de Sarah Palin, co-candidate républicaine avec John McCain à la présidence, sont publiés sur la plateforme. L'année suivante, WikiLeaks révèle encore des séries de documents, atour d'un scandale pétrolier au Pérou, ou sur les banques d'Islande.Quelles conséquences ?Dès cette époque, WikiLeaks suscite la méfiance des autorités de nombreux pays. Certaines de ses révélations, notamment sur la mauvaise gestion des banques islandaises, ont des conséquences concrètes. Mais le sujet deviendra bien plus important l'année suivante avec les « cable leaks ». Mai 2009 : le scandale des notes de frais des députés britanniquesEn juillet 2008, une taupe (dont on apprendra plus tard qu'elle agit par réaction contre le train de vie des parlementaires alors que les soldats vivent dans des conditions beaucoup plus difficiles) s'empare d'un CD-ROM contenant le détail des notes de frais des députés et le vend au journal le plus offrant. Le Daily Telegraph débourse 150 000 livres sterling pour obtenir le précieux support informatique et en fait un feuilleton à rebondissements, publiant des extraits de notes de frais toujours plus scandaleuses. Ce sera le début d'un scandale politique aboutissant à la démission de plusieurs députés et membres du gouvernement de Gordon Brown.Qu'apprend-on ?Les députés s'en donnent à cœur joie quand il s'agit de se faire rembourser les dépenses les plus farfelues : les factures dévoilées par les médias forment une véritable liste à la Prévert. Maison pour canards, nettoyage de douves, achats de films pornographiques et de barres chocolatées...Quelles conséquences ?Les notes de frais sont publiées dans leur intégralité sur le site du Parlement (mais certains éléments jugés sensibles, dont les adresses, ont été floutés). Une instance indépendante est également mise en place, l'Independent Parliamentary Standards Authority (Ipsa), mais elle a depuis été généreusement critiquée pour son inefficacité et son coût. Avril 2010 : la vidéo du « meurtre collatéral » en IrakC'est la vidéo qui va révéler WikiLeaks au grand public. Rendue publique en avril 2010, cet enregistrement pris depuis un hélicoptère Apache de l'armée américaine montre comment une dizaine de personnes, dont deux salariés de l'agence de presse Reuters, sont tuées car les militaires ont confondu un appareil photo avec un lance-grenade.Qu'apprend-on ?WikiLeaks publie une vidéo datant de 2007, où l'on voit une frappe aérienne américaine tuer par erreur deux journalistes de l'agence Reuters, puis une famille irakienne venue tenter d'aider, ce qui peut constituer un crime de guerre.A l'époque, l'armée américaine avait indiqué que les victimes avaient été tuées lors de combats avec des insurgés. La vidéo démontre le mensonge.Quelles conséquences ?L'armée américaine avait minimisé sa responsabilité dans la mort des journalistes, estimant, après enquête, que les pilotes avaient respecté les « règles d'engagement ». Même si les pilotes de l'hélicoptère Apache ne seront au final pas inquiétés, la vidéo contribue à lever le voile sur les bavures de l'armée américaine en Irak. Elle est obligée de s'expliquer.Autre conséquence : la « taupe » qui a envoyé cette vidéo à WikiLeaks, le soldat Manning, s'était confiée à un hacker qui l'avait ensuite dénoncé car les documents qui ont fuité « auraient pu coûter des vies directement ou indirectement ». Octobre 2010 : les « war logs » des guerres en Irak et en AfghanistanDébut 2010, le site publie, toujours grâce au soldat Manning, les « war logs », une série de documents de l'armée américaine autour de la guerre en Afghanistan et en Irak de 2004 à 2009. La fuite est conséquente et très embarrassante pour l'armée américaine, mais aussi pour la Maison Blanche : on peut y lire que les talibans gagnent du terrain en Afghanistan, mais les rapports routiniers montrent les bavures quotidiennes d'une armée en campagne.Qu'apprend-on ?Ces « war logs » détaillent plus de 100 000 morts en Irak, principalement civiles (plus de 66 000) mais également combattantes (24 000) ou encore des bavures au sein de la coalition internationales (près de 4 000). Mais ils montrent également les ratages réguliers d'une armée d'occupation : un sourd-muet abattu à un checkpoint pour ne pas avoir entendu un ordre (21 mars 2007) ou des bombardements de civils dûs à de mauvais renseignements. Les rapports montrent que dans ces bavures, l'autorité militaire cherche systématiquement à masquer sa responsabilité.Quelles conséquences ?La principale réaction des Etats-Unis a été, et continue d'être, de dénoncer la publication de ces documents, affirmant qu'ils portaient atteinte à l'effort de guerre. Le FBI a ainsi ouvert une enquête pour atteinte à la sécurité nationale contre WikiLeaks et son fondateur, Julian Assange. La NSA a par ailleurs demandé à ce que l'association soit classée comme « agent étranger malveillant », ce qui permettrait de la surveiller plus activement sans restriction, notamment concernant ses liens avec des citoyens américains. Novembre 2010 : le « Cablegate » révèle les dessous de la diplomatie américaineEn 2010, WikiLeaks change de méthode, et collabore avec plusieurs médias mondiaux pour publier le « Cablegate » : 250 000 messages confidentiels envoyés par les ambassades américaines à Washington.Qu’apprend-on ?Alors que les précédentes révélations de WikiLeaks n'avaient pas provoqué de répercussions majeures, le « Cablegate » fait l'effet d'une bombe. On peut en effet y lire la « vision du monde » de Washington au travers des propos, parfois durs, de ses ambassadeurs. L'administration américaine est dans l'embarras, et réagit en s'en prenant fortement à WikiLeaks. Mais des détracteurs du site estiment également que la diplomatie a besoin du secret, et qu'il est dommageable que ces câbles diplomatiques soient ainsi publiés.Quelles conséquences ?Le site est l'objet d'une énorme pression de la part des autorités américaines : Amazon, son hébergeur, décide de ne plus accueillir WikiLeaks sur ses serveurs, sans décision de justice à l'appui. Idem pour le prestataire de noms de domaine du site. WikiLeaks fait appel à la solidarité mondiale pour créer des « sites miroirs » hébergés un peu partout dans le monde. Janvier 2014 : « ChinaLeaks » et les révélations sur les « princes rouges »En janvier 2014, c'est la Chine et ses riches élites qui sont visées par une « fuite » massive. Une vaste enquête est publiée par le consortium international de journalistes d'investigation (ICIJ), en collaboration avec de nombreux journaux, dont Le Monde en France.Qu'apprend-on ?L'enquête révèle que plus de 20 000 clients de Chine ou de Hongkong sont liés à des compagnies offshore dans des paradis fiscaux. Parmi eux, de nombreux responsables du tout-puissant Parti communiste chinois (PCC) et leurs proches, comme Deng Jiagui, beau-frère du président Xi Jinping, ou encore Wen Jiabao, premier ministre de 2003 à 2013.Quelles conséquences ?Aussitôt après ces révélations, de nombreux sites de journaux impliqués dans les « ChinaLeaks », dont LeMonde.fr, ont été bloqués en Chine. Mais les accusations n'ont pas donné lieu à quelque poursuite que ce soit. Novembre 2014 : les « Sony Leaks »Le novembre 2014, Sony Pictures Entertainment (SPE), filiale américaine du groupe japonais, est victime d'un piratage massif de ses courriels et de ses documents internes. Dans la foulée, cinq films pas encore sortis et distribués par la société font leur apparition sur des sites pirates.Cinq mois plus tard, en avril 2015, WikiLeaks publie 30 000 documents et 173 000 courriels ainsi qu'une application en ligne pour chercher parmi toutes ces données. Le site justifie la publication de ces données par l'intérêt de voir « les rouages internes d'une entreprise multinationale influente ».Qu'apprend-on ?Ce « leak » donne des informations sur les visées stratégiques du groupe. On y apprend aussi des choses plus triviales comme le fait que les employés de SPE s'énervent de voir Adam Sandler à l'écran. On y trouve également des commentaires à l'endroit de l'égo d'Angelina Jolie ou sur la mise sur pied du biopic sur Steve Jobs.Quelles conséquences ?Première conséquence, la vice-présidente de SPE, Amy Pascal, a démissionné après la révélation d'un sous-entendu raciste à propos de Barack Obama dans un échange de courriels. Parmi les révélations du « leak », on trouve la fiche d'identité de Spider-Man qui selon l'accord entre SPE et Marvel doit être blanc, hétérosexuel, ne pas fumer, boire peu, etc.Dans ces courriels, on découvre également que des actrices comme Amy Adams ou Jennifer Lawrence ont droit à un pourcentage inférieur à celui de leurs collègues masculins sur les bénéfices du film American Bluff (ou American Hustle en anglais). Ces révélations ont alimenté un débat sur l'égalité des salaires entre hommes et femmes aux Etats-Unis.Au rayon des surprises, les courriels révèlent que l'acteur et réalisateur Ben Affleck a fait censurer un documentaire consacré à l'esclavage dans lequel les auteurs révélaient qu'un de ses ancêtres avait eu des esclaves.A la suite de ces attaques, les Etats-Unis – qui soupçonnent la Corée du Nord – ont annoncé de nouvelles sanctions économiques contre le régime de Kim Jong-Un, particulièrement dix personnalités et trois institutions. 2013-2015 : les fuites bancaires : « Offshore Leaks », « LuxLeaks », « SwissLeaks »Dans tous les cas, le principe est le même : rendre publics les mécanismes d'évasion fiscale dont profitent des individus et des entreprises.« OffshoreLeaks » en avril 2013. Dans l'ordre, les premières révélations sur les paradis fiscaux prennent forme grâce aux informations mises en commun par plusieurs datajournalistes et journalistes spécialisés réunis dans le cadre de l'ICIJ (le Consortium indépendant des journalistes d'investigation). Ce dernier a reçu près de 2,5 millions de documents (courriers électroniques, copies de papiers d'identités, lettres) par l'intermédiaire d'anciens salariés de deux entreprises de services financiers offshore.« Luxleaks » en novembre 2014. L'ICIJ est à nouveau à l'œuvre dans le scandale « LuxLeaks », qui a publié des accords fiscaux confidentiels provenant du cabinet d'audit PricewaterhouseCoopers (PwC) mais aussi d'autres sociétés d'audits et de cabinets d'avocats au Luxembourg, en novembre 2014.« SwissLeaks » en février 2015. « SwissLeaks » est le dernier volet en date des enquêtes sur l'évasion fiscale européenne par l'ICIJ. Il se base sur les archives numérisées dérobées chez HSBC Private Bank par Hervé Falciani, ancien employé de la banque.Qu'apprend-on ?BNP Paribas et Crédit Agricole ont aidé à la création de sociétés offshore dans des paradis fiscaux dans les années 1990 et 2000. Des noms connus s'égrènent : Rothschild, Ricci, le roi du Maroc… Dans le cas de « LuxLeaks » , l'affaire a mis en lumière les centaines de « tax rulings », ces décisions anticipées conclues au Luxembourg lorsque Jean-Claude Juncker, l'actuel président de la Commission, était premier ministre, et qui permettent aux multinationales de quasiment échapper à l'impôt. Avec « SwissLeaks », on apprend que 180,6 milliards d'euros auraient transité, à Genève, par les comptes HSBC de plus de 100 000 clients et de 20 000 sociétés offshore, entre novembre 2006 et mars 2007.Quelles conséquences ?La base de données d'« Offshore Leaks » sera ouverte au public, ouvrant la voie à d'autres révélations. Le patron d'une grande banque néerlandaise démissionne. Dans l'Hexagone, la sphère politique prendra acte de la pression publique et commencera à intensifier sa lutte contre la fraude fiscale.Avec « LuxLeaks », sous la pression de Bruxelles, Amazon va désormais déclarer ses revenus par pays et non dans son siège fiscal européen, le Luxembourg.Conséquence plus dommageable pour la liberté d'expression, le Français Edouard Perrin, qui a révélé le scandale « LuxLeaks », a été inculpé le 23 avril au Luxembourg, notamment pour « vol domestique » et « blanchiment ». Cette mise en examen est la troisième au Luxembourg, après celle d'un ancien collaborateur du cabinet d'audit PwC, Antoine Deltour, en décembre 2014, et d'un autre employé de PwC en janvier, d'où proviennent une grande partie des documents du LuxLeaks.Avec « SwissLeaks », l'enquête contre HSBC en France s'est accélérée : sa filiale suisse, HSBC Private Bank, a été mise en examen pour « complicité de blanchiment aggravé de fraude fiscale » et « complicité de démarchage illégal ». Au Royaume-Uni, les députés ont ouvert une enquête sur les pratiques d'HSBC. Au Brésil, une enquête a été ouverte par la justice. La banque négocie dans les autres pays (Suisse et Belgique). Elle a aussi fermé des comptes de non résidents à Jersey, une première.Pierre BreteauJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterMathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) La Cour constitutionnelle belge a adopté, jeudi 11 juin, un arrêt qualifié d’« historique », qui annule une loi de juillet 2013 sur la conservation des données liées à des communications électroniques et téléphoniques. Pour les juges belges, ces dispositions, discriminatoires et contraires aux principes d’égalité, violent la vie privée des citoyens et le secret de certaines professions.La loi, adoptée par le gouvernement belge et entrée en vigueur depuis l’automne dernier, obligeait les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) et les opérateurs de téléphonie – mobile et fixe – à conserver durant douze mois toutes les métadonnées (origine et destination des courriels, date et identité des sites visités, localisation et identification des appareils, etc.). L’obligation ne s’appliquait pas, en revanche, au contenu des communications.Les opérateurs avaient dû constituer des services spéciaux, chargés de répondre aux demandes de la police, des parquets ou des juges d’instruction. La sûreté de l’Etat et les services de renseignement militaires pouvaient également réclamer des informations.Directive européenne trop largeLe texte transposait en fait – en étendant son champ d’action – une directive européenne de 2006, cassée par la Cour de justice de Luxembourg, qui avait estimé que ces dispositions axées sur la lutte antiterroriste bafouaient les droits à la protection de la vie privée et à la protection des données, « sans limitation au strict nécessaire ». Les juges de Luxembourg avaient surtout mis en évidence le manque de garanties quant à l’encadrement de l’accès aux données.C’est en se fondant notamment sur cet arrêt de la Cour européenne que la Ligue des droits de l’homme belge et l’Ordre des barreaux francophones et germanophone de Belgique ont introduit un recours. Les avocats insistaient sur la mise en cause de leur secret professionnel, à la base de leurs relations avec leurs clients.Les juges constitutionnels ont donné raison aux plaignants, en relevant notamment que le texte du gouvernement ne liait pas la conservation des donnés à une quelconque menace pour la sécurité publique.Comparaison avec la loi sur le renseignement françaiseLe président de la Ligue des droits de l’homme, Me Alexis Deswaef, a dit espérer que cet arrêt aura l’effet d’un « électrochoc » pour le gouvernement. Son confrère Jean-François Henrotte, représentant des barreaux, souligne, dans le quotidien Le Soir, que « la plupart des Etats européens ont abandonné la mise en place de législations de ce type ». Toutefois, « on observe l’effet inverse en France, avec l’adoption d’une loi sur le renseignement, mais il faut replacer tout cela dans le contexte des récents attentats », nuance l’avocat.Lire aussi :Après un débat focalisé sur le terrorisme, le Sénat vote largement la loi sur le renseignementDu côté de la police et de la justice, les réactions de dépit sont nombreuses. Les spécialistes prédisent des enquêtes plus longues et plus complexes. Philippe Van Linthout, coprésident de l’Association des juges d’instruction, estime que les garanties offertes par la loi pour éviter les abus étaient suffisantes et pouvaient entraîner des sanctions.L’arrêt a visiblement eu l’effet d’une douche froide pour le gouvernement du libéral Charles Michel. Les ministres de la justice, de l’agenda numérique et de la vie privée promettaient d’examiner attentivement la décision de la Cour avant de proposer, le cas échéant, un nouveau texte, négocié dans le cadre du Parlement du Benelux.Lire aussi :Le Conseil constitutionnel se prononcera sur l’accès administratif aux données de connexionJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.06.2015 à 11h28 • Mis à jour le12.06.2015 à 13h43 L’affaire n’ira donc pas plus loin. Le parquet fédéral allemand a annoncé, vendredi 12 juin, le classement sans suite de l’enquête sur l’espionnage présumé du téléphone portable de la chancelière allemande par la NSA, l’agence de sécurité américaine.La justice allemande estime ne pas avoir trouvé suffisamment de preuves pour qu’il y ait matière à un procès. Les accusations « ne peuvent pas être prouvées légalement dans le cadre du droit pénal », selon le parquet de Karlsruhe, dans le sud-ouest du pays.Le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert, n’a pas souhaité commenter cette décision mais il a toutefois ajouté :« Cela ne concerne pas en priorité le portable ou les communications (de Mme Merkel), ça concerne tous les citoyens (...) Il s’agit de savoir si le droit allemand est respecté par nos partenaires. Cela concerne les différences d’opinion que nous avons avec nos partenaires sur l’équilibre à tenir entre l’exigence de sécurité et la protection des données personnelles »Lire aussi :La justice intervient dans l’affaire d’espionnage qui gêne Angela MerkelVirevolte diplomatiqueL’Allemagne avait été choquée à l’été 2013 par les révélations de l’ancien consultant de la NSA Edward Snowden portant sur un vaste système de surveillance des conversations téléphoniques et des communications des Allemands pendant plusieurs années.Le scandale avait profondément affecté la relation de Berlin avec les Etats-Unis, traditionnellement très étroite. « L’espionnage entre amis, cela ne va pas du tout », avait alors déclaré Angela Merkel.Cette dernière soupçonnait aussi la NSA d’avoir écouté les communications de son propre téléphone portable. Elle avait fait savoir que « le gouvernement fédéral avait obtenu des informations selon lesquelles le téléphone portable de la chancelière pourrait être écouté par les services américains ». Le président américain Barack Obama avait alors exclu de futures opérations d’espionnage de Mme Merkel, laissant de facto entendre qu’elles avaient eu lieu dans le passé. Le procureur fédéral allemand, Harald Range, avait annoncé l’ouverture d’une enquête en juin 2014 sur les écoutes présumées de la chancelière par la NSA.Lire aussi :Liaisons dangereuses entre services secrets allemands et américains 11.06.2015 à 20h04 • Mis à jour le11.06.2015 à 20h56 Le copilote de l’A320 de la compagnie Germanwings qui a précipité l’avion dont il avait le contrôle le 24 mars dans les Alpes-de-Haute-Provence, faisant 150 morts, dont lui-même, avait vu « 41 médecins en cinq ans », dont 7 dans le mois précédant le crash, a déclaré jeudi 11 juin le procureur de Marseille.Andreas Lubitz, « soucieux de sa santé et [qui] craignait de perdre la vue », souffrait d’une grave dépression, d’une « psychose accompagnée de troubles de la vue sans résultats organiques », a expliqué Brice Robin lors d’une conférence de presse à Paris, à l’issue d’une rencontre avec les familles des victimes.Lire aussi :Crash de l’avion Germanwings : le copilote avait « répété » son gesteLubitz était inapte à voler, selon certains de ses médecinsDes médecins ayant reçu le copilote comme patient avaient d’ailleurs estimé avant le crash qu’il était inapte à voler, sans toutefois prévenir la compagnie aérienne en raison du secret médical en vigueur outre-Rhin.En Allemagne, les médecins risquent la prison s’ils divulguent des informations sur leurs patients, sauf preuve que ces derniers ont l’intention de commettre un crime ou de nuire à eux-mêmes.Au cours d'un entretien de plus de quatre heures avec les proches, le procureur a par ailleurs annoncé que les fragments humains non identifiables des victimes du crash seraient inhumés dans « une sépulture collective » dans la ville du Vernet, à quelques kilomètres de la zone de l'accident.Ouverture d’une information judiciaire pour homicides involontairesLe procureur a annoncé l’ouverture prochaine d’une information judiciaire contre X pour homicides involontaires et qui sera confiée à trois juges d’instruction. « Le droit pénal français m’interdit d’ouvrir une information judiciaire pour assassinat, puisque l’auteur est décédé », a expliqué Brice Robin.Une sépulture collective pour les fragments humains non identifiablesLes fragments humains non identifiables des victimes du crash seront inhumés dans « une sépulture collective » dans la ville du Vernet (Alpes-de-Haute-Provence), à quelques kilomètres de la zone de l’accident, a également assuré M. Robin.« Tout ce qui a été anatomiquement identifiable est passé dans la chaîne d’identification. L’autorité publique a décidé d’une sépulture collective au Vernet pour les fragments humains non identifiables », a déclaré le procureur, précisant que le lieu avait été choisi pour sa proximité de la zone du crash.Près de trois mois après la tragédie qui a fait 150 morts, seuls les corps de 44 victimes allemandes ont été transférés outre-Rhin, par un vol spécial mardi. Lufthansa, maison mère de Germanwings, a annoncé mercredi qu’un deuxième vol devait transférer une trentaine de dépouilles de Marseille à Barcelone le 15 juin et les rapatriements dans les 18 pays d’origine des victimes être « achevés à la fin de juin ».Lire aussi :Les corps de 44 victimes du crash de Germanwings sont arrivés en Allemagne 11.06.2015 à 19h03 L’ambassadrice américaine auprès de l’ONU, Samantha Power, s’est livrée à un violent réquisitoire contre le rôle de Moscou dans la guerre en Ukraine. En déplacement à Kiev, elle a dénoncé jeudi 11 juin « les mensonges éhontés » de la Russie qui « arme et finance » les séparatistes prorusses de l’Est et « combat à leurs côtés ».Lire aussi :Reprise des combats dans l'est de l'Ukraine« L’accent mis sur l’Ukraine au Conseil de sécurité est important parce que cela me permet au nom des États-Unis d’exposer les preuves de plus en plus nombreuses de l’agression russe, de son obscurcissement [de la situation] et de ses mensonges éhontés », a déclaré la diplomate face à plusieurs centaines d’Ukrainiens réunis dans le Palais d’octobre, à deux pas de la place Maïdan.Mme Power a rappelé l’« occupation de la Crimée par les troupes russes » qui a duré trois semaines avant son annexion en mars 2014, ce « que la Russie avait nié à l’époque mais qu’elle a depuis admis ». Le Kremlin « continue de nier » le fait que la Russie « forme, arme, finance » les séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine et « combat à leurs côtés », a-t-elle poursuivi.Lire aussi :Les pertes militaires russes en temps de paix sont désormais des secrets d’EtatKiev et les Occidentaux accusent le Kremlin d’équiper les rebelles et d’y avoir déployé des troupes régulières — jusqu’à 10 000 aux côtés de 33 000 rebelles selon le ministre ukrainien de la Défense. Malgré la multiplication des preuves sur la participation de soldats russes, Moscou dément toute implication dans le conflit qui a fait plus de 6 400 morts depuis avril 2014, ne concédant que la présence de « volontaires » russes partis de leur propre gré soutenir les combattants séparatistes.« Si la Russie continue de violer les règles sur lesquelles sont basées la paix et la sécurité internationale, les Etats-Unis continueront de lui en faire payer le prix », a poursuivi Samatha Power en référence aux sanctions occidentales contre Moscou.Le président américain Barack Obama et six autres chefs d’Etat des pays du G7 ont unanimement lié, lundi, la question de la levée des sanctions contre la Russie à « la mise en œuvre intégrale des accords de Minsk » de février sur un cessez-le-feu en Ukraine et au « respect de la souveraineté » de Kiev.Lire aussi :Le G7 affiche sa fermeté contre la Russie Philippe Ricard Ancien administrateur du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) Kemal Dervis fut ministre de l’économie de la Turquie entre 2001 et 2002. Il est toujours membre du Parti républicain des peuples (CHP), le parti social-démocrate et laïc arrivé en deuxième position lors des élections législatives du 7 juin, avec 132 élus sur 550, contre 258 au parti du président Recep Tayyip Erdogan (AKP).En quoi les élections du 7 juin marquent-elles un tournant pour la Turquie ?C’est la première fois que le gouvernement de l’AKP est en recul, passant de 49 % à 41 % des suffrages depuis les précédentes législatives. La formation perd sa majorité absolue. Même si elle reste puissante, il s’agit d’une défaite pour elle et pour Erdogan. L’autre nouveauté concerne la poussée du Parti démocratique des peuples (HDP), qui recueille 13 % des voix et disposera de 80 députés. C’est une formation d’origine kurde, rattachée au mouvement des sociaux-démocrates sur le plan européen, qui a su attirer au-delà de son fief géographique.Comment expliquez-vous cette percée ?Le parti s’est transformé pour devenir un vrai parti républicain d’envergure nationale. Il ne faut pas le réduire à sa dimension identitaire, car s’il s’était agi d’une formation prokurde sectaire, un tel succès n’aurait pas été possible. D’ailleurs, un tiers de ses candidats ne sont pas kurdes, et la formation a recueilli des voix aussi dans les régions non-kurdes. Elle porte un message de paix et d’unité, plutôt que de séparatisme, et défend les minorités en général, qu’elles soient ethniques, religieuses ou sociales. Elle défend, en particulier, les droits des homosexuels. La population turque est très diverse, et peut se reconnaître dans cette formation.Quelle coalition voyez-vous émerger après le scrutin ?Difficile de se prononcer. Quoi qu’il en soit, il est urgent de former un gouvernement, car la situation est très tendue sur le plan sécuritaire et économique. Les investisseurs ont besoin d’être rassurés. Nous accueillons deux millions de réfugiés en raison de la guerre en Syrie. La frontière est poreuse, et l’on peut imaginer que certains individus, ou groupes proches de l’Etat islamique, ne nous veuillent pas que du bien. On ne peut exclure le déclenchement de certaines violences. Ce scrutin peut-il faire évoluer la politique étrangère turque, plutôt ambiguë à l’égard de l’expansion de l’Etat islamique en Syrie et en Irak ?Le poids du HDP va désormais jouer un rôle dans le débat sur la sécurité et la politique extérieure. Ce parti a profité de l’engagement des Kurdes dans la bataille de Kobané contre l’EI, que le gouvernement turc a soutenu du bout des lèvres. Une partie de la communauté kurde s’est sentie trahie par le Parti pour la justice et le développement [AKP, le parti d’Erdogan], au point de ne plus voter pour elle. Sur le plan interne, les négociations de paix avec les Kurdes vont connaître un nouvel élan : elles pourraient avoir lieu dans le cadre parlementaire, pour préciser la réforme de la Constitution afin de reconnaître certains droits. Ce sera plus facile que de négocier par le truchement d’un prisonnier retenu sur une île [Abdullah Öcalan].Croyez-vous à la possibilité de nouvelles élections en cas de blocage ?Non, cette élection a été vraiment démocratique, et l’on doit en féliciter le gouvernement et l’AKP. Le scrutin indique clairement que le pays ne veut pas du modèle autoritaire proposé par M. Erdogan. Il va falloir apprendre à gérer la diversité issue des urnes. Mais ces résultats sont salués dans le pays et dans le monde. Il serait donc souhaitable qu’un gouvernement sorte de ce Parlement.Quel peut-être l’impact du scrutin sur les négociations avec l’Union européenne, aujourd’hui dans l’impasse ?Le processus doit être relancé. Les conservateurs européens doivent de nouveau tendre la main à la Turquie, dont le gouvernement doit lui aussi se réengager dans le processus. Il nous faut trouver la voie d’une destinée commune avec les pays de l’Union européenne, même si cela ne se fera pas de la même façon qu’entre la France et l’Allemagne, au sein de l’Union monétaire et de l’espace Schengen. On pourrait réfléchir à un statut comparable à celui que le Royaume-Uni cherche à préciser avant son référendum sur le maintien, ou pas, dans l’UE.Philippe RicardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.06.2015 à 12h49 • Mis à jour le11.06.2015 à 12h57 La Commission européenne a ouvert, jeudi 11 juin, une enquête formelle concernant certaines pratiques commerciales d’Amazon en matière de distribution de livres numériques, soupçonnant le géant du Net de pratiques anticoncurrentielles.L’enquête concerne certaines clauses des contrats signés par Amazon avec des maisons d’édition qui obligent les éditeurs à informer Amazon s’ils offrent des conditions plus favorables ou différentes à ses concurrents et à lui accorder des conditions analogues ou au moins aussi favorables.La Commission craint que cela n’entrave la concurrence et ne constitue un abus de position dominante de la part d’Amazon, le plus grand distributeur de livres numériques en Europe. L’enquête se concentrera dans un premier temps sur les livres numériques en anglais et en allemand, qui constituent les principaux marchés de livres numériques dans l’espace économique européen.« Il est de mon devoir de veiller à ce que les accords conclus par Amazon avec des maisons d’édition ne portent pas préjudice aux consommateurs en empêchant d’autres distributeurs de livres numériques d’innover et d’exercer une concurrence effective vis-à-vis d’Amazon », a expliqué la commissaire européenne chargée de la concurrence, Margrethe Vestager, dans un communiqué.Identifier les obstacles au commerce transfrontalierLa Commission rappelle que l’ouverture d’une enquête ne préjuge en rien de son issue, qui n’est soumise à aucun délai légal. Sa durée dépendra de divers éléments, dont la complexité de l’affaire, le degré de coopération de l’entreprise avec la Commission et l’exercice des droits de la défense.Amazon est déjà dans le collimateur de la Commission dans un autre dossier de concurrence, celui des rescrits fiscaux ou tax rulings. La Commission soupçonne le géant de la distribution par Internet d’avoir bénéficié d’un régime fiscal au Luxembourg lui apportant des avantages indus. Plusieurs autres multinationales font également l’objet d’enquêtes dans ce dossier : Fiat, Starbucks, Apple et McDonald’s.Lire aussi :La Commission européenne lance une enquête sur des « tax rulings » en BelgiqueLa Commission a aussi lancé en mars une vaste enquête sectorielle sur les pratiques anticoncurrentielles dans le secteur du commerce électronique au sein de l’UE, pour tenter d’identifier les obstacles au commerce transfrontalier érigés par les entreprises. Cette enquête concernera autant les biens que les contenus numériques ; ce qui place Amazon, tout comme Google, en première ligne.Lire aussi :Impôts : Amazon modifie ses pratiques face à l’offensive de Bruxelles Eric Albert (Londres, correspondance) Huit ans après sa première intervention pour sauver une banque, le Royaume-Uni fait les comptes. Et il est optimiste : l’intégralité du plan de sauvetage bancaire, réalisé au plus fort de la crise, pourrait finalement dégager un bénéfice. George Osborne, le chancelier de l’Echiquier, a révélé mercredi 10 juin que l’Etat espérait obtenir un gain net de 14 milliards de livres (19 milliards d’euros). Bien mieux que la perte prévue initialement en 2009, estimée alors dans une fourchette entre 20 et 50 milliards de livres.Lire aussi :Londres veut accélérer le retour au secteur privé des banques nationaliséesCe nombre, qui vient d’une étude que M. Osborne a commandé à la banque Rothschild, est pour lui une façon de faire avaler une pilule amère : la privatisation de Royal Bank of Scotland (RBS), dont l’Etat possède 80 %. Le chancelier a annoncé mercredi le début du retour de cet établissement au secteur privé. Mais ce processus va se faire à perte.En 2009, Londres avait injecté 45 milliards de livres dans RBS, en achetant sa participation à 502 pence par action. Aujourd’hui, le cours en Bourse se languit autour de 350 pence. Même en comptabilisant les dividendes et les nombreux frais que RBS a versés à l’Etat, la perte pour les contribuables s’élèverait à 7,2 milliards de livres, selon les calculs de Rothschild.Lire aussi :Retour à la case « privé » pour Royal Bank of ScotlandDilemme pour M. OsborneD’où le dilemme, résumé par M. Osborne : « Est-ce qu’on commence à vendre cette énorme participation majoritaire, bien que le prix demeure inférieur à ce que le chancelier de l’Echiquier a payé il y a sept ans ? Ou est-ce qu’on espère, contre toute attente, que quelque chose se passe ? »Pour lui, cela ne fait pas de doute, conserver la banque dans le giron de l’Etat serait une erreur. « Franchement, à court terme, le plus simple pour un politicien est de repousser la décision (…). Mais ce qui est facile ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse est ce qui est juste. » M. Osborne estime que la vente d’une première tranche de RBS permettra de faire monter le cours de Bourse. D’une part, cela enverrait un signal fort que la banque, après sept années de pertes consécutives, est enfin proche du redressement. D’autre part, la liquidité de l’action devrait s’améliorer (puisqu’il y en aura plus sur le marché) et cela devrait attirer plus d’investisseurs.M. Osborne est cependant prudent et signale que la vente complète des 80 % de participations va prendre « des années ». L’objectif, non affiché officiellement, est de terminer le processus d’ici 2020, date des prochaines élections législatives.Les autres banques nationalisées pourraient apporter un profit.Néanmoins, pour renforcer son argumentaire, le chancelier de l’Echiquier avait aussi besoin de prouver que le plan de sauvetage bancaire dans son ensemble – qui avait coûté entre 2007 et 2009 presque 150 milliards d’euros – pouvait dégager un bénéfice. Selon l’étude de Rothschild, à part RBS, toutes les autres banques nationalisées pourraient finalement apporter un profit.C’est particulièrement clair dans le cas de Lloyds Banking Group, dont l’Etat avait pris une participation de 41 %. Celle-ci a déjà été revendue à moitié, à un prix de l’action légèrement supérieur à celui de son acquisition. En comptant les frais et les dividendes, le bénéfice pour l’Etat pourrait atteindre 5,3 milliards de livres, si le reste de la privatisation se fait au même prix.Quant à Bradford & Bingley et Northern Rock, deux petits établissements entièrement nationalisés, il ne reste aujourd’hui que leurs portefeuilles de prêts, essentiellement immobiliers. Ceux-ci sont actuellement gérés par l’Etat et ils dégagent chaque année un bénéfice. L’un d’entre eux a aussi été mis en vente. Rothschild calcule que le gouvernement peut tirer 9,6 milliards de livres sur la vente de ces deux banques.Enfin, le gouvernement britannique a également touché ces dernières années 6,6 milliards de livres de frais en échange de garanties offertes à plusieurs établissements bancaires, dans lesquels il n’est pas intervenu directement.Si l’Etat britannique dégage un bénéfice sur son plan de sauvetage, il aura réussi là où les Etats-Unis ont échoué. Leur plan d’aide bancaire a coûté jusqu’à présent 30 milliards de dollars (26,6 milliards d’euros).Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Hache Le 22 juillet 2005, quelques semaines après les attentats meurtriers du 7 juillet et au lendemain d’une série de nouvelles attaques ratées dans les transports londoniens, Jean Charles de Menezes est abattu par erreur à la station de Stockwell par des policiers traquant celui qu’ils avaient pris pour un kamikaze. Le Brésilien, âgé de 27 ans, était en fait un citoyen innocent, électricien, victime d’une bavure restée impunie. Aucun policier n’a été condamné pour la mort du jeune homme.C’est cette absence de condamnation que la famille de Menezes conteste, mercredi 10 juin devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Le dossier a été déposé en janvier 2008, deux mois après que Scotland Yard avait été reconnue coupable de manquement à la sécurité publique. La police métropolitaine avait alors dû payer une amende d’environ 260 000 euros et le remboursement des frais de justice à la famille de Jean Charles de Menezes. Mais la justice n’avait pas tranché sur la bavure qui avait coûté la vie au Brésilien, abattu de sept balles dans la tête alors qu’il montait dans une rame de métro.Lire aussi : Scotland Yard coupable dans l'affaire MenezesPatricia da Silva, une cousine de Jean Charles de Menezes, a décidé de saisir la CEDH au titre de l’article 2 de la Convention européenne des droits de l’homme, intitulé « Droit à la vie ». Il permet d’encadrer le recours à la force meurtrière par l’Etat. Dans le cas de M. de Menezes, la Cour devra déterminer si la justice britannique devait condamner les onze policiers impliqués dans cette affaire. Un arrêt contre le Royaume-Uni aurait sans doute des conséquences sur le système judiciaire britannique. Mais la décision ne sera pas connue avant plusieurs mois.Pas de condamnation pour meurtreLe 17 juillet 2006, le service national des poursuites (en anglais Crown Prosecution Service, CPS), organe qui détermine si des personnes doivent être poursuivies en justice ou non, annonçait qu’aucun policier ne serait jugé pour le meurtre de M. de Menezes, faute de preuves suffisantes. Deux ans et demi plus tard et après avoir entendu tous les témoignages liés à l’affaire, Michael Wright, le coroner chargé de l’enquête, écartait toute possibilité pour son jury de considérer la mort de l’électricien comme un « meurtre ». Sans nier que les policiers pouvaient être en tort, il ne laissait pourtant au jury que deux choix : accréditer la thèse de « la légitime défense » défendue par Scotland Yard ou rendre un « open verdict », un « verdict ouvert », option lui permettant de reconnaître une mort suspecte sans pouvoir toutefois la qualifier d’homicide volontaire.Lire aussi : Menezes tué par balles mais sans meurtrierLa mort de Jean Charles de Menezes s’était produite quinze jours après les attentats meurtriers dans les transports de Londres. Le 7 juillet 2005, quatre kamikazes s’étaient fait exploser dans des rames de métro et dans un bus, faisant 52 victimes en plus des quatre terroristes et plus de 700 blessés. Le 21 juillet, une nouvelle série d’attentats à la bombe avait cette fois échoué. Habitant un immeuble surveillé par Scotland Yard dans le cadre de la recherche des terroristes présumés, de Menezes avait été pris par erreur pour Osman Hussein, l’un des suspects.Scotland Yard dans la tourmenteL’enquête a par la suite démontré les nombreuses erreurs commises par la police le 22 juillet 2005, comme le rapporte The Independent. Outre la méprise dans l’identification du suspect, il est apparu que les agents mobilisés n’auraient jamais dû laisser Jean Charles de Menezes prendre les transports en commun (un bus puis le métro) s’ils jugeaient qu’il représentait une menace terroriste. Une suite d’incompréhensions dans la communication entre les policiers et leurs supérieurs a ensuite mené à la mort du Brésilien, qualifiée de « tragique erreur » par Ian Blair, directeur de Scotland Yard à l’époque.Faisant face à une pression extrêmement importante due à la menace terroriste, Scotland Yard avait également été pointée du doigt pour « manquements graves » par la commission indépendante sur la police, qui avait rendu un rapport accablant en août 2007. Andy Hayman, chef des opérations spéciales au moment des faits, y était notamment accusé d’avoir menti sur l’identité de la victime pour protéger ses hommes. Une vidéo des caméras de surveillance de la station de Stockwell montrée au jury de l’enquête judiciaire a par la suite prouvé que la police métropolitaine avait menti sur les conditions de l’interpellation pour justifier la fusillade, notamment sur les habits que portait Jean Charles de Menezes et sur son attitude en traversant les couloirs de la station de métro.Lire aussi : Scotland Yard épinglée pour sa gestion de l'affaire MenezesDix ans après les faits, la famille de Menezes espère donc aujourd’hui que justice soit faite. Patricia da Silva sait que rien ne lui rendra son cousin. « Mais nous espérons que ce passage devant la CEDH permettra de changer la loi, dit-elle. Pour qu’aucune autre famille n’ait à subir ce que nous avons vécu. »Alexis HacheJournaliste au Monde Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Les responsables de la zone euro se préparent au pire. Ils craignent qu’un accord « réformes contre argent frais » entre Athènes et ses créanciers – Banque centrale européenne (BCE), Commission de Bruxelles et Fonds monétaire international (FMI) – ne puisse pas être trouvé. Et qu’un défaut de paiement grec, aux conséquences imprévisibles, advienne. D’ici quelques semaines, quand la Grèce, à court d’argent, se retrouvera dans l’incapacité de rembourser le FMI (1,6 milliard d’euros, dus au 30 juin), ou la BCE (3,5 milliards d’euros dus au 20 juillet).Pour la première fois depuis le début du bras de fer avec le gouvernement de la gauche radicale du premier ministre Alexis Tsipras, il y a maintenant presque cinq mois, ses partenaires de l’union monétaire « ont évoqué la nécessité de préparer un plan B, lors de la réunion des directeurs du Trésor de la zone euro, jeudi 11 juin, à Bratislava », assure une source européenne. Selon nos informations, ces responsables se seraient inquiétés du fait que la Grèce ne dispose pas d’une loi encadrant le contrôle des capitaux. En cas de défaut de paiement de l’Etat grec, les créanciers craignent un mouvement de panique des épargnants, entrainant des sorties massives de capitaux pouvant conduire des banques à la faillite.« Il y a une prise de conscience dans les institutions [BCE, FMI, Commission européenne] qu’il faut se préparer à un défaut de paiement de la Grèce », ajoutait vendredi une autre source européenne, pourtant d’habitude très prudente. Un scénario qui a provoqué la chute de la Bourse d’Athènes le même jour (– 5,92 %).« Prendre la mesure de la situation »« Nous devons évaluer toutes les possibilités, mais j’espère que les autorités grecques vont prendre la mesure de la situation », a dit à l’AFP, vendredi, Rimantas Sadzius, le ministre lituanien des finances. Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, qui se démène depuis des semaines pour éviter le scénario du pire, et qui a passé à nouveau deux longues heures avec M. Tsipras, jeudi à Bruxelles, « a fait à ce moment-là une dernière tentative pour rendre un “deal” possible », selon une source diplomatique.Ces messages alarmistes sont-ils un moyen d’obtenir de la Grèce le compromis décisif ? Probablement. Car même si Athènes a démenti, vendredi, que de telles discussions sur un défaut aient eu lieu, même si des sources gouvernementales ont relativité les menaces – « à chaque fois, ces cinq dernières années, que les négociations se sont tendues, on nous a dit que le “Grexit” était imminent ; les Grecs n’y croient plus » –, M. Tsipras a tout de même annoncé qu’il dépêchait une nouvelle fois à Bruxelles, samedi 13 juin, une équipe de négociateurs. Dont son bras droit, Nikos Pappas, avec dans ses bagages une proposition pour sortir de l’impasse. « Les négociations devraient reprendre dimanche et lundi et se conclure si les propositions grecques sont acceptables » précise une source à Bruxelles.Malgré ce nouveau signe d’ouverture, le sentiment était au pessimisme à Bruxelles, vendredi. Car cela fait plus de dix jours que les Européens se sont mis dans la situation de « faire le deal », depuis que la chancelière Merkel et le président Hollande ont réuni à Berlin, le 1er juin, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, et M. Juncker, afin qu’ils se mettent d’accord sur un projet d’accord commun.Or, malgré la multiplication des réunions au sommet, M. Tsipras n’a pas cédé. Il a fait une première série de « contre-propositions », le 8 juin, mais n’a pas semblé comprendre que les créanciers n’étaient plus prêts à transiger. « Ils ne peuvent pas aller plus loin dans le compromis. Cette proposition de début juin est la seule qui ait une chance de passer la barre d’un eurogroupe à dix-neuf membres de la zone euro », précisait une source proche des négociations, vendredi.Joug bruxelloisIl est proposé à Athènes une marge de manœuvre budgétaire (un surplus primaire, avant paiement des dettes), de 1 % de son produit intérieur brut (PIB) en 2015 (2 % en 2016, 3 % en 2017 et 3,5 % en 2018). « On a beaucoup desserré le verrou budgétaire », assure un responsable de haut niveau de la zone euro. Les créanciers exigeaient un objectif de 3,5 % pour 2015, avant l’arrivée de M. Tsipras au pouvoir.En revanche, les créanciers imposent à Athènes une nouvelle réforme des retraites et de la TVA. Mais, ils l’ont répété au premier ministre grec, ces derniers jours : ils sont flexibles. S’il refuse de supprimer les primes aux petites retraites ou d’instaurer une TVA à 23 % pour l’électricité, libre à lui de trouver des mesures alternatives.A Athènes, vendredi – signal inquiétant – les positions politiques se figeaient. Le vice-ministre de la sécurité sociale, Dimitris Stratoulis, proche de M. Tsipras, a couru les plateaux télé pour marteler qu’il n’était pas question que le gouvernement « cède aux pressions des créanciers et accepte de nouvelles baisses des retraites ». Tout au long de la journée, à mesure que les rumeurs de défaut grec enflaient à Bruxelles, Athènes a multiplié les notes aux médias expliquant pourquoi l’offre des créanciers ne pouvait être acceptée en l’état car, à part la revue à la baisse des objectifs d’excédent primaire, elle ne « reprenait aucune des propositions formulées ces quatre derniers mois par les négociateurs grecs ».L’exercice est de fait périlleux pour M. Tsipras, élu sur la promesse d’en finir avec le joug bruxellois, mais obligé de naviguer entre un parti, Syriza, qui menace de ne pas voter au Parlement un « mauvais accord » et une opinion publique partagée entre son désir d’en finir avec l’austérité et sa volonté de rester dans la zone euro.« Faire de la pédagogie »Ce qui inquiète aussi à Bruxelles, Paris ou Berlin, où le message lui a été clairement passé, c’est que le leader grec ne semble pas vouloir non plus accepter le « processus » de décision, les « règles du jeu européennes » que les créanciers veulent lui imposer. Malgré les heures passées par M. Juncker à « faire de la pédagogie » au leader grec. De fait, M. Tsipras a toujours dit vouloir un accord politique, et pourrait parier sur une résolution du conflit au Conseil européen des 25 et 26 juin.Ce sera trop tard, lui répètent ses partenaires. D’abord, il faut que la liste des réformes auxquelles s’engage Athènes soit validée par l’Eurogroupe. Une réunion de ce type est programmée le 18 juin à Luxembourg, il faudrait qu’elle soit conclusive. Puis l’accord doit décrocher le feu vert de plusieurs Parlements nationaux. Dont le Bundestag, pas un des plus favorables à Athènes…Ce processus prenant au bas mot une petite dizaine de jours, c’est pour cela qu’il « ne reste plus que quatre ou cinq jours utiles », confiait, vendredi, une source européenne proche des négociations, pour qu’un accord soit encore possible. Et que puisse être envisagé avant le 30 juin un déboursement de tout ou partie des 7,2 milliards d’euros encore à verser à la Grèce dans le cadre de son plan d’aide internationale.« Personne ne veut passer pour le responsable de l’échec des négociations », ont confié ces derniers jours au Monde des sources diplomatiques, pour expliquer les efforts répétés, à tous les niveaux, notamment au plus haut, pour décrocher un accord. « Surtout Angela Merkel », ajoute une de ces sources. « La chancelière veut aider Tsipras, elle pense qu’il est comme un étudiant en médecine à qui on demande de faire une opération à cœur ouvert », croyait savoir une source diplomatique européenne, vendredi.A la BCE, en l’absence de signal fort avant le 18 juin, on réfléchit à la conduite à tenir. Faut-il envoyer un signal aux marchés ? Une réunion des gouverneurs devrait se tenir mercredi 17 « la question d’une réponse adéquate à la situation y sera soulevée », selon une source européenne. « Si le risque d’un défaut grec grandit, la BCE devra probablement faire une annonce aux marchés » expliquait une source de même niveau ce printemps, quand déjà les inquiétudes sur un possible accident de paiement, à Athènes, étaient apparues.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.06.2015 à 23h26 • Mis à jour le13.06.2015 à 00h46 La militante Ada Colau, tête de liste d’une plateforme d’« indignés », sera investie samedi maire de Barcelone avec les voix d’indépendantistes et de socialistes qui lui permettront d’avoir la majorité absolue, ont annoncé leurs partis vendredi 12 juin.Lire (en édition abonnés) :Manuela Carmena et Ada Colau, deux « indignées » maires de Madrid et BarceloneAda Colau, une des égéries du mouvement des « indignés », était en principe sûre d’être maire, étant arrivée première aux municipales du 24 mai, sa liste obtenant 11 élus. Elle sera aussi soutenue par ERC, un parti de gauche indépendantiste disposant de 5 sièges et les socialistes (quatre sièges).Un plan choc pour BarceloneCette militante anti-expulsions de 41 ans va ainsi devenir la première femme à la tête de Barcelone, qui compte 1,6 million d’habitants. « Nous allons voter pour l’investiture d’Ada Colau par sens des responsabilités parce que nous croyons en l’union des personnes engagées pour la justice sociale, le progrès et le bien-être », a annoncé vendredi Alfred Bosch, chef de file d’ERC dans la ville.Vendredi soir, le conseil du parti socialiste à Barcelone a pris la même décision, selon son candidat Jaume Colboni. Un élu du petit parti antilibéral CUP s’est également engagé à la soutenir. Comme à Madrid, la droite avait tenté de convaincre les socialistes de former une alliance contre la candidate, accusée de menacer l’ordre établi, pour éviter que Barcelone ne devienne « la capitale des anti-systèmes ». Sa tentative n’a pas été suivie d’effet.Ada Colau, qui sera investie samedi à partir de 17 heures, devra cependant nouer des alliances pour obtenir une majorité stable au-delà de cette séance de prise de fonctions, son conseil municipal étant très divisé, avec sept forces en présence. Elle entend en effet mettre en œuvre un plan de choc contre les inégalités à Barcelone, prévoyant de stopper les expulsions de logements, de baisser les tarifs de l’énergie et de mettre en place un revenu minimum de 600 euros. 12.06.2015 à 15h12 • Mis à jour le12.06.2015 à 17h31 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) La Cour constitutionnelle belge a adopté, jeudi 11 juin, un arrêt qualifié d’« historique », qui annule une loi de juillet 2013 sur la conservation des données liées à des communications électroniques et téléphoniques. Pour les juges belges, ces dispositions, discriminatoires et contraires aux principes d’égalité, violent la vie privée des citoyens et le secret de certaines professions.La loi, adoptée par le gouvernement belge et entrée en vigueur depuis l’automne dernier, obligeait les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) et les opérateurs de téléphonie – mobile et fixe – à conserver durant douze mois toutes les métadonnées (origine et destination des courriels, date et identité des sites visités, localisation et identification des appareils, etc.). L’obligation ne s’appliquait pas, en revanche, au contenu des communications.Les opérateurs avaient dû constituer des services spéciaux, chargés de répondre aux demandes de la police, des parquets ou des juges d’instruction. La sûreté de l’Etat et les services de renseignement militaires pouvaient également réclamer des informations.Directive européenne trop largeLe texte transposait en fait – en étendant son champ d’action – une directive européenne de 2006, cassée par la Cour de justice de Luxembourg, qui avait estimé que ces dispositions axées sur la lutte antiterroriste bafouaient les droits à la protection de la vie privée et à la protection des données, « sans limitation au strict nécessaire ». Les juges de Luxembourg avaient surtout mis en évidence le manque de garanties quant à l’encadrement de l’accès aux données.C’est en se fondant notamment sur cet arrêt de la Cour européenne que la Ligue des droits de l’homme belge et l’Ordre des barreaux francophones et germanophone de Belgique ont introduit un recours. Les avocats insistaient sur la mise en cause de leur secret professionnel, à la base de leurs relations avec leurs clients.Les juges constitutionnels ont donné raison aux plaignants, en relevant notamment que le texte du gouvernement ne liait pas la conservation des donnés à une quelconque menace pour la sécurité publique.Comparaison avec la loi sur le renseignement françaiseLe président de la Ligue des droits de l’homme, Me Alexis Deswaef, a dit espérer que cet arrêt aura l’effet d’un « électrochoc » pour le gouvernement. Son confrère Jean-François Henrotte, représentant des barreaux, souligne, dans le quotidien Le Soir, que « la plupart des Etats européens ont abandonné la mise en place de législations de ce type ». Toutefois, « on observe l’effet inverse en France, avec l’adoption d’une loi sur le renseignement, mais il faut replacer tout cela dans le contexte des récents attentats », nuance l’avocat.Lire aussi :Après un débat focalisé sur le terrorisme, le Sénat vote largement la loi sur le renseignementDu côté de la police et de la justice, les réactions de dépit sont nombreuses. Les spécialistes prédisent des enquêtes plus longues et plus complexes. Philippe Van Linthout, coprésident de l’Association des juges d’instruction, estime que les garanties offertes par la loi pour éviter les abus étaient suffisantes et pouvaient entraîner des sanctions.L’arrêt a visiblement eu l’effet d’une douche froide pour le gouvernement du libéral Charles Michel. Les ministres de la justice, de l’agenda numérique et de la vie privée promettaient d’examiner attentivement la décision de la Cour avant de proposer, le cas échéant, un nouveau texte, négocié dans le cadre du Parlement du Benelux.Lire aussi :Le Conseil constitutionnel se prononcera sur l’accès administratif aux données de connexionJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.06.2015 à 11h28 • Mis à jour le12.06.2015 à 13h43 L’affaire n’ira donc pas plus loin. Le parquet fédéral allemand a annoncé, vendredi 12 juin, le classement sans suite de l’enquête sur l’espionnage présumé du téléphone portable de la chancelière allemande par la NSA, l’agence de sécurité américaine.La justice allemande estime ne pas avoir trouvé suffisamment de preuves pour qu’il y ait matière à un procès. Les accusations « ne peuvent pas être prouvées légalement dans le cadre du droit pénal », selon le parquet de Karlsruhe, dans le sud-ouest du pays.Le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert, n’a pas souhaité commenter cette décision mais il a toutefois ajouté :« Cela ne concerne pas en priorité le portable ou les communications (de Mme Merkel), ça concerne tous les citoyens (...) Il s’agit de savoir si le droit allemand est respecté par nos partenaires. Cela concerne les différences d’opinion que nous avons avec nos partenaires sur l’équilibre à tenir entre l’exigence de sécurité et la protection des données personnelles »Lire aussi :La justice intervient dans l’affaire d’espionnage qui gêne Angela MerkelVirevolte diplomatiqueL’Allemagne avait été choquée à l’été 2013 par les révélations de l’ancien consultant de la NSA Edward Snowden portant sur un vaste système de surveillance des conversations téléphoniques et des communications des Allemands pendant plusieurs années.Le scandale avait profondément affecté la relation de Berlin avec les Etats-Unis, traditionnellement très étroite. « L’espionnage entre amis, cela ne va pas du tout », avait alors déclaré Angela Merkel.Cette dernière soupçonnait aussi la NSA d’avoir écouté les communications de son propre téléphone portable. Elle avait fait savoir que « le gouvernement fédéral avait obtenu des informations selon lesquelles le téléphone portable de la chancelière pourrait être écouté par les services américains ». Le président américain Barack Obama avait alors exclu de futures opérations d’espionnage de Mme Merkel, laissant de facto entendre qu’elles avaient eu lieu dans le passé. Le procureur fédéral allemand, Harald Range, avait annoncé l’ouverture d’une enquête en juin 2014 sur les écoutes présumées de la chancelière par la NSA.Lire aussi :Liaisons dangereuses entre services secrets allemands et américains 11.06.2015 à 20h04 • Mis à jour le11.06.2015 à 20h56 Le copilote de l’A320 de la compagnie Germanwings qui a précipité l’avion dont il avait le contrôle le 24 mars dans les Alpes-de-Haute-Provence, faisant 150 morts, dont lui-même, avait vu « 41 médecins en cinq ans », dont 7 dans le mois précédant le crash, a déclaré jeudi 11 juin le procureur de Marseille.Andreas Lubitz, « soucieux de sa santé et [qui] craignait de perdre la vue », souffrait d’une grave dépression, d’une « psychose accompagnée de troubles de la vue sans résultats organiques », a expliqué Brice Robin lors d’une conférence de presse à Paris, à l’issue d’une rencontre avec les familles des victimes.Lire aussi :Crash de l’avion Germanwings : le copilote avait « répété » son gesteLubitz était inapte à voler, selon certains de ses médecinsDes médecins ayant reçu le copilote comme patient avaient d’ailleurs estimé avant le crash qu’il était inapte à voler, sans toutefois prévenir la compagnie aérienne en raison du secret médical en vigueur outre-Rhin.En Allemagne, les médecins risquent la prison s’ils divulguent des informations sur leurs patients, sauf preuve que ces derniers ont l’intention de commettre un crime ou de nuire à eux-mêmes.Au cours d'un entretien de plus de quatre heures avec les proches, le procureur a par ailleurs annoncé que les fragments humains non identifiables des victimes du crash seraient inhumés dans « une sépulture collective » dans la ville du Vernet, à quelques kilomètres de la zone de l'accident.Ouverture d’une information judiciaire pour homicides involontairesLe procureur a annoncé l’ouverture prochaine d’une information judiciaire contre X pour homicides involontaires et qui sera confiée à trois juges d’instruction. « Le droit pénal français m’interdit d’ouvrir une information judiciaire pour assassinat, puisque l’auteur est décédé », a expliqué Brice Robin.Une sépulture collective pour les fragments humains non identifiablesLes fragments humains non identifiables des victimes du crash seront inhumés dans « une sépulture collective » dans la ville du Vernet (Alpes-de-Haute-Provence), à quelques kilomètres de la zone de l’accident, a également assuré M. Robin.« Tout ce qui a été anatomiquement identifiable est passé dans la chaîne d’identification. L’autorité publique a décidé d’une sépulture collective au Vernet pour les fragments humains non identifiables », a déclaré le procureur, précisant que le lieu avait été choisi pour sa proximité de la zone du crash.Près de trois mois après la tragédie qui a fait 150 morts, seuls les corps de 44 victimes allemandes ont été transférés outre-Rhin, par un vol spécial mardi. Lufthansa, maison mère de Germanwings, a annoncé mercredi qu’un deuxième vol devait transférer une trentaine de dépouilles de Marseille à Barcelone le 15 juin et les rapatriements dans les 18 pays d’origine des victimes être « achevés à la fin de juin ».Lire aussi :Les corps de 44 victimes du crash de Germanwings sont arrivés en Allemagne 11.06.2015 à 19h03 L’ambassadrice américaine auprès de l’ONU, Samantha Power, s’est livrée à un violent réquisitoire contre le rôle de Moscou dans la guerre en Ukraine. En déplacement à Kiev, elle a dénoncé jeudi 11 juin « les mensonges éhontés » de la Russie qui « arme et finance » les séparatistes prorusses de l’Est et « combat à leurs côtés ».Lire aussi :Reprise des combats dans l'est de l'Ukraine« L’accent mis sur l’Ukraine au Conseil de sécurité est important parce que cela me permet au nom des États-Unis d’exposer les preuves de plus en plus nombreuses de l’agression russe, de son obscurcissement [de la situation] et de ses mensonges éhontés », a déclaré la diplomate face à plusieurs centaines d’Ukrainiens réunis dans le Palais d’octobre, à deux pas de la place Maïdan.Mme Power a rappelé l’« occupation de la Crimée par les troupes russes » qui a duré trois semaines avant son annexion en mars 2014, ce « que la Russie avait nié à l’époque mais qu’elle a depuis admis ». Le Kremlin « continue de nier » le fait que la Russie « forme, arme, finance » les séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine et « combat à leurs côtés », a-t-elle poursuivi.Lire aussi :Les pertes militaires russes en temps de paix sont désormais des secrets d’EtatKiev et les Occidentaux accusent le Kremlin d’équiper les rebelles et d’y avoir déployé des troupes régulières — jusqu’à 10 000 aux côtés de 33 000 rebelles selon le ministre ukrainien de la Défense. Malgré la multiplication des preuves sur la participation de soldats russes, Moscou dément toute implication dans le conflit qui a fait plus de 6 400 morts depuis avril 2014, ne concédant que la présence de « volontaires » russes partis de leur propre gré soutenir les combattants séparatistes.« Si la Russie continue de violer les règles sur lesquelles sont basées la paix et la sécurité internationale, les Etats-Unis continueront de lui en faire payer le prix », a poursuivi Samatha Power en référence aux sanctions occidentales contre Moscou.Le président américain Barack Obama et six autres chefs d’Etat des pays du G7 ont unanimement lié, lundi, la question de la levée des sanctions contre la Russie à « la mise en œuvre intégrale des accords de Minsk » de février sur un cessez-le-feu en Ukraine et au « respect de la souveraineté » de Kiev.Lire aussi :Le G7 affiche sa fermeté contre la Russie Philippe Ricard Ancien administrateur du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) Kemal Dervis fut ministre de l’économie de la Turquie entre 2001 et 2002. Il est toujours membre du Parti républicain des peuples (CHP), le parti social-démocrate et laïc arrivé en deuxième position lors des élections législatives du 7 juin, avec 132 élus sur 550, contre 258 au parti du président Recep Tayyip Erdogan (AKP).En quoi les élections du 7 juin marquent-elles un tournant pour la Turquie ?C’est la première fois que le gouvernement de l’AKP est en recul, passant de 49 % à 41 % des suffrages depuis les précédentes législatives. La formation perd sa majorité absolue. Même si elle reste puissante, il s’agit d’une défaite pour elle et pour Erdogan. L’autre nouveauté concerne la poussée du Parti démocratique des peuples (HDP), qui recueille 13 % des voix et disposera de 80 députés. C’est une formation d’origine kurde, rattachée au mouvement des sociaux-démocrates sur le plan européen, qui a su attirer au-delà de son fief géographique.Comment expliquez-vous cette percée ?Le parti s’est transformé pour devenir un vrai parti républicain d’envergure nationale. Il ne faut pas le réduire à sa dimension identitaire, car s’il s’était agi d’une formation prokurde sectaire, un tel succès n’aurait pas été possible. D’ailleurs, un tiers de ses candidats ne sont pas kurdes, et la formation a recueilli des voix aussi dans les régions non-kurdes. Elle porte un message de paix et d’unité, plutôt que de séparatisme, et défend les minorités en général, qu’elles soient ethniques, religieuses ou sociales. Elle défend, en particulier, les droits des homosexuels. La population turque est très diverse, et peut se reconnaître dans cette formation.Quelle coalition voyez-vous émerger après le scrutin ?Difficile de se prononcer. Quoi qu’il en soit, il est urgent de former un gouvernement, car la situation est très tendue sur le plan sécuritaire et économique. Les investisseurs ont besoin d’être rassurés. Nous accueillons deux millions de réfugiés en raison de la guerre en Syrie. La frontière est poreuse, et l’on peut imaginer que certains individus, ou groupes proches de l’Etat islamique, ne nous veuillent pas que du bien. On ne peut exclure le déclenchement de certaines violences. Ce scrutin peut-il faire évoluer la politique étrangère turque, plutôt ambiguë à l’égard de l’expansion de l’Etat islamique en Syrie et en Irak ?Le poids du HDP va désormais jouer un rôle dans le débat sur la sécurité et la politique extérieure. Ce parti a profité de l’engagement des Kurdes dans la bataille de Kobané contre l’EI, que le gouvernement turc a soutenu du bout des lèvres. Une partie de la communauté kurde s’est sentie trahie par le Parti pour la justice et le développement [AKP, le parti d’Erdogan], au point de ne plus voter pour elle. Sur le plan interne, les négociations de paix avec les Kurdes vont connaître un nouvel élan : elles pourraient avoir lieu dans le cadre parlementaire, pour préciser la réforme de la Constitution afin de reconnaître certains droits. Ce sera plus facile que de négocier par le truchement d’un prisonnier retenu sur une île [Abdullah Öcalan].Croyez-vous à la possibilité de nouvelles élections en cas de blocage ?Non, cette élection a été vraiment démocratique, et l’on doit en féliciter le gouvernement et l’AKP. Le scrutin indique clairement que le pays ne veut pas du modèle autoritaire proposé par M. Erdogan. Il va falloir apprendre à gérer la diversité issue des urnes. Mais ces résultats sont salués dans le pays et dans le monde. Il serait donc souhaitable qu’un gouvernement sorte de ce Parlement.Quel peut-être l’impact du scrutin sur les négociations avec l’Union européenne, aujourd’hui dans l’impasse ?Le processus doit être relancé. Les conservateurs européens doivent de nouveau tendre la main à la Turquie, dont le gouvernement doit lui aussi se réengager dans le processus. Il nous faut trouver la voie d’une destinée commune avec les pays de l’Union européenne, même si cela ne se fera pas de la même façon qu’entre la France et l’Allemagne, au sein de l’Union monétaire et de l’espace Schengen. On pourrait réfléchir à un statut comparable à celui que le Royaume-Uni cherche à préciser avant son référendum sur le maintien, ou pas, dans l’UE.Philippe RicardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.06.2015 à 14h13 • Mis à jour le23.06.2015 à 14h41 Quinze membres d’un réseau de traite d’êtres humains, qui forçaient des femmes et des enfants bosniens à voler et à mendier dans plusieurs villes en France, ont été arrêtés mardi 23 juin en Bosnie et en France, a annoncé la police bosnienne.Plusieurs enfants ont été découverts lors d’une perquisition dans une maison appartenant à ce réseau, à Zenica, dans le centre de la Bosnie, et ont été placés dans un centre d’accueil, a déclaré une porte-parole de la police bosnienne.« Il n’a pas été possible de déterminer [leur] identité ni celle de leurs parents », a ajouté la porte-parole, qui, « à ce stade de l’enquête », n’était pas en mesure de révéler le nombre d’enfants trouvés et leur âge, ni de dire s’ils avaient été enlevés ou s’ils appartenaient à des femmes exploitées par ce réseau.Sept personnes en tout ont été interpellés en Bosnie, où plusieurs perquisitions sont en cours. Une opération est menée parallèlement en France, où huit suspects ont été arrêtés, a indiqué la police. D’autres perquisitions, neuf au total, ont été menées en Bosnie, à Jajce (Centre), à Vlasenica (Est) et à Prijedor (Nord-Ouest).Chantages, menaces, intimidationsSelon la police bosnienne, plusieurs personnes d’origine bosnienne qui étaient en France de « potentielles victimes de ce trafic d’êtres humains ont été prises en charge » par des institutions. Les personnes arrêtées sont soupçonnées d’avoir recruté depuis 2012 plusieurs femmes et d’avoir organisé leur départ pour la France.« Sur place, elles ont été forcées à voler dans la rue et à leur remettre l’argent. Dans certains cas, les enfants aussi étaient les victimes », écrit la police dans un communiqué. Ces femmes et enfants ont fait l’objet de « chantages, de menaces, d’intimidations et d’autres violences physiques et psychiques », selon la même source.Les enquêteurs français et bosniens estiment que ce réseau a ainsi réalisé un « gain illicite de plus de 2 millions d’euros », un montant blanchi ensuite par des achats immobiliers et de voitures de luxe en Bosnie, précise-t-on. La Bosnie, ex-république yougoslave, parmi les pays les plus pauvres d’Europe, se trouve sur « la route des Balkans » souvent utilisée par des groupes criminels pour le trafic d’êtres humains, de drogue et d’armes vers les pays de l’Union européenne. Marie Charrel Au lendemain d’une journée de réunions de crise à Bruxelles, où se tenaient, lundi 22 juin, une réunion de l’Eurogroupe et un sommet des dirigeants de la zone euro, les positions d’Athènes et de ses créanciers se sont rapprochées.L’échéance du 30 juin, date à laquelle la Grèce doit avoir remboursé 1,6 milliard d’euros au Fonds monétaire international (FMI), se rapproche, et de nombreuses questions demeurent. Voici les réponses aux questions que vous nous avez posées lors du suivi en direct que nous consacrons à l’événement.Que se passera-t-il si Athènes ne rembourse pas les 1,6 milliard d’euros dus au FMI et les 3,5 milliards d’euros à la BCE ?Quelles peuvent être les conséquences pour la Grèce d’une sortie de la zone euro ?Et les conséquences d’un « Grexit » pour les autres Etats membres de l’UE ?La Grèce pourrait-elle quitter la zone euro sans quitter l’UE ?Existe-t-il une possibilité de sortie de crise sur le long terme ou ne faisons-nous que repousser l’échéance du « Grexit » et de la fragilisation de la zone euro ?Depuis le début des débats, on parle de la difficulté de la Grèce à rembourser de l’argent, condition nécessaire au déblocage de nouveaux fonds. N’y a-t-il pas une contradiction profonde dans cette démarche ?Augmenter les taux de TVA de l’électricité et abaisser les retraites permettra-t-il à ce pays miné par le chômage, la pauvreté et la récession de rembourser sa dette colossale ?Quels sont les taux auxquels les dettes grecques sont exposées ?Pourquoi la question de l’inflation n’est-elle pas mise sur la table ? Une inflation un peu plus forte (3 à 5 %) permettrait d’alléger la dette de tout le monde…Pourquoi reprocher aux Grecs une absence de cadastre alors que ce pays n’est réellement indépendant que depuis 1974 ?Puisque la troïka a donné des orientations à la Grèce depuis environ 2010, n’est-elle pas responsable en partie de la situation actuelle ?La troïka semble la seule « capitaine » à bord. Ne faudrait-il pas un contre-pouvoir ?  Que se passera-t-il si Athènes ne rembourse pas les 1,6 milliard d’euros dus au FMI et les 3,5 milliards d’euros à la BCE ?Il faut différencier les deux cas.Un non-remboursement du FMI (1,6 milliard dus le 30 juin) ne serait pas « trop » grave, car le FMI est un créancier plutôt conciliant : il offre plusieurs possibilités d’aménagement des remboursements. Et même si la Grèce ne remboursait pas le FMI à temps, le « défaut de paiement » ne serait pas notifié avant un mois. Cela laisse encore un délai pour les négociations.Le non-remboursement de la BCE (3,5 milliards d’euros le 20 juillet) serait bien plus grave. La BCE pourrait, en conséquence, suspendre ou réduire ses financements d’urgence (les ELA) aux banques grecques, qui seraient dès lors au bord de l’asphyxie. Le gouvernement grec aurait alors du mal à briser la spirale menant au Grexit.Lire aussi :Grèce : un défaut de paiement conduirait-il automatiquement au « Grexit » ?Quelles peuvent être les conséquences pour la Grèce d’une sortie de la zone euro ?Le scénario du « Grexit » plongerait le pays dans une période d’incertitudes dommageables politiquement et économiquement. Le gouvernement serait contraint d’instaurer un contrôle des capitaux pour limiter la fuite des dépôts.La valeur de la drachme s’effondrerait face à l’euro, ce qui ferait décoller le prix des produits importés, au détriment du pouvoir d’achat des Grecs. Il est vrai qu’avec une monnaie plus faible, l’économie grecque regagnerait en compétitivité. Mais comme le volume de ses exports est trois fois plus faible que celui de ses importations, le pays en profiterait peu.Et les conséquences d’un « Grexit » pour les autres Etats membres de l’UE ?Selon les économistes, un « Grexit » n’entraînerait pas de panique financière comme en 2012, car depuis les banques européennes ont réduit leur exposition à la Grèce. Il n’y aurait donc pas de « contagion financière », car les « courroies » de transmission sont coupées.En revanche, les Etats sont exposés à la dette grecque, par les prêts bilatéraux qu’ils lui ont accordés, et par les garanties qu’ils ont apportées au Fonds européen de stabilité financière (FESF), qui a prêté 142 milliards d’euros à la Grèce. Surtout, un « Grexit » aurait des conséquences politiques difficilement mesurables.La zone euro n’apparaîtrait plus comme une construction irréversible. L’idée même de la zone euro serait ébranlée. On peut redouter que l’intégration communautaire marque un coup d’arrêt, sur fond de montée des populismes.La Grèce pourrait-elle quitter la zone euro sans quitter l’UE ?Les traités communautaires précisent qu’il est possible de quitter l’UE, mais rien n’est prévu pour quitter la zone euro, l’adoption de la monnaie unique étant censée être irréversible. Un « Grexit » se ferait donc selon des termes inconnus. Et probablement dans le chaos. Certains analystes soutiennent qu’il impliquerait également une sortie de l’UE, mais d’autres disent que les dirigeants européens auraient tout de même intérêt à garder la Grèce dans l’UE, pour éviter qu’elle ne se rapproche de la Russie. Et surtout, malgré la crise, les Grecs restent profondément attachés à l’Europe.Existe-t-il une possibilité de sortie de crise sur le long terme ou ne faisons-nous que repousser l’échéance du « Grexit » et de la fragilisation de la zone euro ?Une nouvelle aide financière ne résoudra pas les problèmes de fond de la Grèce. Une nouvelle restructuration de la dette aiderait, mais là encore, cela ne suffira pas. Le défi, pour la Grèce, est de trouver un modèle économique viable, qui lui assurera une croissance solide, sur le long terme. Cette question est absente des débats.Depuis le début des débats, on parle de la difficulté de la Grèce à rembourser de l’argent, condition nécessaire au déblocage de nouveaux fonds. N’y a-t-il pas une contradiction profonde dans cette démarche ?Cela peut en effet sembler paradoxal : les créanciers prêtent à la Grèce… pour qu’elle les rembourse. Mais en vérité, c’est le principe même de l’endettement des Etats : ceux-ci empruntent en permanence en partie pour rembourser des dettes arrivant à échéance. Tant que la dette publique est soutenable – c’est-à-dire tant que les rentrées fiscales et le taux de croissance permettent de stabiliser le niveau de la dette –, ce n’est pas grave. De nombreux économistes, jugent que la Grèce n’atteindra cette « soutenabilité » que si l’on restructure à nouveau la dette publique grecque. Augmenter les taux de TVA de l’électricité et abaisser les retraites permettra-t-il à ce pays miné par le chômage, la pauvreté et la récession de rembourser sa dette colossale ?C’est toute la question. La priorité devrait être de définir un modèle de croissance. Quels secteurs sont susceptibles de tirer l’économie grecque ? Les services, le tourisme, ou encore les nouvelles technologies ? Dans tous les cas, il semble probable que la dette grecque sera d’une façon ou d’une autre allégée. Probablement par un allongement des maturités et un nouvel abaissement des taux d’intérêt.Quels sont les taux auxquels les dettes grecques sont exposées ?Les taux d’intérêt que la Grèce paie à ses créanciers publics sont très bas, et ont été réduits plusieurs fois depuis la restructuration de 2012. En moyenne, le taux de la Grèce est ainsi de 2,3 %, alors que celui de la dette allemande est à 2,37 %. Par ailleurs, la dette grecque a une « maturité » moyenne de 16 ans, contre 7 ans pour la dette française.Pourquoi la question de l’inflation n’est-elle pas mise sur la table ? Une inflation un peu plus forte (3 à 5 %) permettrait d’alléger la dette de tout le monde…En effet, l’inflation permet d’alléger la dette plus rapidement. L’ennui, c’est que l’inflation rogne également le pouvoir d’achat : dans le cas des Grecs, ce serait terrible.Pourquoi reprocher aux Grecs une absence de cadastre alors que ce pays n’est réellement indépendant que depuis 1974 ?Les dysfonctionnements de l’administration, à de nombreux niveaux, représentent l’un des problèmes majeurs dont souffre la Grèce. Ils compliquent singulièrement la levée des impôts, l’application des réformes et surtout nuisent à la qualité des services publics rendus aux Grecs. Certains économistes soulignent que la troïka (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne et Commission européenne) aurait dû se concentrer en priorité sur ces faiblesses-là, dès 2010.Puisque la troïka a donné des orientations à la Grèce depuis environ 2010, n’est-elle pas responsable en partie de la situation actuelle ?Probablement : certains économistes soulignent en effet que la troïka a sous-estimé l’impact récessif de ses mesures, et mal apprécié leurs conséquences dans un pays appartenant à une union monétaire. D’autres estiment qu’elle a sous-estimé les dysfonctionnements de l’administration grecque.Mais les Grecs sont également responsables. Ainsi, leurs comptes publics avaient été maquillés. La zone euro dans son ensemble est également responsable : elle aussi a mal évalué l’impact qu’a eu l’introduction de la monnaie unique sur l’économie grecque. En conclusion : cette crise est une tragédie européenne. Tout le monde est coupable.La troïka semble la seule « capitaine » à bord. Ne faudrait-il pas un contre-pouvoir ?Le Parlement européen a déjà, à plusieurs reprises, émis des propositions en ce sens. Il ne faut pas oublier que la troïka s’est créée pendant la panique de 2010, faute de mieux. Et elle disparaîtra avec la fin du plan d’aide à la Grèce. Pour les prochaines crises, d’autres mécanismes entreront en jeu, comme le « mécanisme européen de stabilité », au fonctionnement plus démocratique. En ce sens, la zone euro a appris des erreurs de la troïka…Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marc-Olivier Bherer For the American constitutionalist Bruce Ackerman, European hesitation regarding conflicts in Greece and Ukraine stems from the continent’s deep cultural crisis. A lack of understanding is undermining the European Union’s institutional legitimacy. To escape from this predicament, Europe’s 28 members have to reconnect with their citizens and strengthen ties with the United States.Europe is in a race against time to find an agreement that would allow Athens to pay its creditors. However, you claim that this is not the continent’s worst crisis. Why ?I’m convinced that a last minute solution will be reached on the Greek issue. This kind of confrontation is common in large blocs where the political scene consists of different regions fighting for resources. In the United States, the southern, less affluent regions attempt to make the northern regions share their wealth. It’s the same thing in Europe. French farmers have proven to be very efficient at this little game. Modern tensions regarding Greece’s future are therefore not surprising. The real issue is elsewhere: there is a legitimacy crisis in Europe.What kind of legitimacy crisis are you referring to given that all European governments are elected ?Let’s go back ten years, the French referendum on the European constitution in 2005 marked a turning point. In that era, France was still an economic power and was even doing better than Germany. What was Valéry Giscard d’Estaing doing? As President of the European convention that devised the EU’s constitutional project, he attempted to rally the continent’s citizens behind this text. The French method of treaty ratification by referendum served as an example. The British Prime Minister Tony Blair committed himself to organizing a comparable vote in his country if France voted yes.But, in an ironic twist, the French rejected their own method of legitimization on May 29, 2005. Since then, the EU has been attempting to sway the populace. The Lisbon treaty, which reuses certain elements of the constitutional project, was adopted in 2007 without passing through a peoples' vote, except in Ireland.Today, sadly, France is no longer equal to Germany, and the balance of power has changed. Europe is governed by Berlin, which prefers the technocratic route to popular sovereignty. Which leads us to this impasse on the Greek issue. German rigidity is unfortunate, but characteristic of an elite hostile to a popular movement like the one lead by the Greek Prime Minister Alexis Tsipras. France remains silent. It’s a shame !You mention conflicts between different approaches to achieving legitimacy. Could you go into more detail ?Europe tries to reconcile three constitutional traditions. There is first of all the revolutionary tradition, still maintained today by France but also by the United States and whose origin dates back to the 18th Century. Great importance is attached to the popular awakening and massive mobilizations in favor of fundamental changes. The referendum plays a decisive role in this case because it relies on popular sovereignty. One should remember its emergence during the French revolution, before Napoleon abused it, and much later how de Gaulle made use of it. In the United States, without a referendum, the Civil rights revolution of the 1960’s was spurred on by a massive popular movement.Second of all there is a more elite track, of which the most eminent examples in Europe are prevalent in Germany and Spain. The Germans are wary of popular movements since the rise of Nazism. After the Second World War, the reconstruction of political institutions and thereby the written constitution was entrusted to the elite. The Allies wanted to hold a referendum adopting this text, but the founders of the Federal Republic of Germany rejected the idea. For them, the parliamentary vote was enough. In Spain, we find a similar turn of events after the death of Franco in 1975. There was a large consensus amongst prominent Spaniards from Santiago Carrillo, head of the communist party to Vicente Enrique y Tarancón, cardinal of Madrid who dreaded the return of civil war and thus mass movements.There is finally a third tradition, this time British, where the governing class is sufficiently astute to contain revolutionary uprisings. Their power is maintained by making strategic concessions. This governing class knows how to integrate the most reasonable radicals into the institutional framework. Compared to the German system, the break with the public is not as definitive, except for the most extreme elements that are quickly marginalized.One senses your preference for the Franco-American tradition of popular involvement, but European voting generally expresses defiance against the EU. How can we overcome this ? One can only hope for the birth of a massive social movement, but you can’t order that. The financial crisis of 2008 and the ensuing debt crisis were generally followed by victories for the political right in Europe. It’s staggering! But let us recognize that the left still hasn't recovered from the death of Marxism.In these conditions, how are we to rally citizens? Together with my Stanford colleague James Fishkin, we propose the creation of collaborative polls, a model that we tested in 22 countries. What does it involve? We assemble a diverse range of citizens representing a given country for a day of debate. A document summarizing the issues at stake is handed out. We invite the politicians from all standpoints to express themselves for an hour in front of this assembly. Their propositions are then debated in small groups of 15 people. Then politicians have to answer their questions.Our studies have shown that this process has made citizens feel more engaged with politics. The creation of such debate days can revitalize polls before a vote and further mobilize citizens. Political representatives must also defend their positions in front of these groups, without the back up of their staff. These assemblies would have a deep civic signification. The United Kingdom should organize similar consultations in anticipation of the referendum on its eventual exit from the EU. Europe should do the same. The cost is minimal.What role can the United States play in the European crisis ?NATO is at the heart of the Ukrainian crisis. It’s one of the institutions that we share, but we now have to rebuild it. Alas! The tie between America and Europe has been broken. After the Second World War, the United Nations (UN) and other international institutions were set up to reconstruct global order. After the cold war, nothing was accomplished! The American president at the time, George W. H. Bush, was a product of American internationalism. He contemplated a new Marshall plan for Eastern Europe. But because of the Iraq war in 1991, the United States directed their attention to the Middle East and forgot about Europe. This trend was magnified by the tragic attacks on September 11.For the moment, Washington is still defending the Eastern European border against Russia. But time is running out because the military interventions of the last few years have worn the Americans out. They have come to prefer playing a less important role on the international stage.We have to change tack in the next ten years, at the end of which Europe will have to assume its defense responsibilities: rearming and creating a common military force. Stronger continental cohesion would be enough to make Russia, a superpower losing steam, back off. Vladimir Putin is suggesting nothing more than a watered down nationalism far from USSR communism, which had a universal scope and attracted followers abroad. Today, the Russian economy is winding down and the population is aging. It is unnecessary then to fear the return of the cold war. A little determination in our commitments would be enough to make the Russian adversary recede.You insist on the importance of an alliance between Americans and Europeans. On what basis can we reconstruct such an alliance ?The political project of the EU and the United States for the next 25 years should consist of defending the Enlightenment in demonstrating its relevance today. Social justice must also be put at the center of debate. We are witnessing an alarming accumulation of wealth. Europe lives, among other concerns, under the threat of xenophobic nationalism stemming both from the right and the left. In the United States, plutocracy reigns. Only a union between the EU and the United States can fight off these plagues.Bruce Ackerman is a law and political science professor at Yale University (Connecticut).English translation by Anna WindemuthFor a French version of the article, click here. Marc-Olivier BhererJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Martin Untersinger Les agences de renseignement, NSA (américaine) et GCHQ (britannique) en tête, concentrent leurs efforts à l’étranger sur la nécessaire lutte contre le terrorisme. Cet argument a été martelé pour défendre les espions éclaboussés par les scandales révélés par les documents d’Edward Snowden. Des documents fournis par M. Snowden publiés lundi 22 juin par le site The Intercept leur apportent, à nouveau, un démenti cinglant.On apprend en effet qu’une unité d’élite du GCHQ, le JTRIG (Joint Threat Research Intelligence Group), a été directement impliquée dans des procédures et des enquêtes de droit commun, voire de surveillance politique, en visant notamment « des groupes islamistes dans les écoles, le trafic de drogue et la criminalité financière », écrit The Intercept.L’un des documents est plus précis, puisqu’il mentionne la surveillance « de l’English Defense League [mouvement d’extrême droite britannique] » mais aussi la lutte contre des « criminels » ou des « hacktivistes [contraction de hacker et activiste] ». Plus loin, on peut lire que l’agence de Cheltenham a collaboré avec la Banque d’Angleterre, le ministère des affaires sociales, et travaillé sur des questions liées à la pêche ou l’agriculture et même sur des arnaques par téléphone. Bien loin de ses prérogatives théoriques.Plus frappant, certaines de ces opérations nationales ne relèvent pas du mode opératoire traditionnel du GCHQ qu’est le « SIGINT » (« renseignement électronique »). Un des documents liste les capacités du JTRIG en terme de « HUMINT » (« renseignement humain »), comme la mise sur pied de fausses pages Facebook ou Twitter pour « encourager et surveiller les discussions sur un sujet donné », ou la publication des vidéos de propagande sur YouTube. L’agence fait également part, dans un document, de ses besoins en matière de « psychologie comportementale » pour gagner en « influence sociale ».Et ce n’est pas le seul brûlot publié dimanche contre le GCHQ par The Intercept.Routeurs Cisco piratésSelon un document que reproduit le site d’information, le GCHQ serait parvenu à pirater des routeurs de la marque américaine Cisco. Les routeurs sont des sortes de gros ordinateurs, placés notamment sur les principaux nœuds d’échange d’Internet. Ils servent de poste d’aiguillage aux données qui y transitent : en étant capable d’y pénétrer, il est facile d’intercepter de grandes quantités d’information. C’est précisément ce qu’est parvenu à faire le GCHQ : un des documents précise que l’agence est en mesure d’intercepter les communications de « quasiment n’importe quel internaute au Pakistan ». Plus subtil : cet accès aux routeurs Cisco lui permet de dévier des pans entiers du trafic Internet vers ses propres dispositifs de surveillance, un petit peu comme si un pêcheur attirait des poissons vers ses filets. C’est justement avec Cisco que le gouvernement français a annoncé, il y a quelques mois, un partenariatLes espions anglais se sont aussi attaqués, explique The Intercept, à de nombreux logiciels grand public, notamment des programmes antivirus. L’objectif, retranscrit dans l’un des documents, est clair : « empêcher la détection de nos activités ». Les agences de renseignement se heurtent en effet de plein fouet aux éditeurs d’antivirus, dont le métier est justement de débusquer les tentatives de piratage. L’idée est donc de repérer les angles morts de leurs logiciels pour concevoir des outils indétectables.L’un des géants du secteur, Kaspersky, a récemment révélé les activités d’un groupe de pirates extrêmement puissant surnommé « Equation », que la plupart des observateurs soupçonnent d’être la NSA. Dans un autre article, The Intercept révèle par ailleurs que la NSA et le GCHQ ont mené une campagne agressive de surveillance à l’encontre de Kaspersky, entreprise basée à Moscou. Ils seraient notamment parvenus à intercepter des messages que des chercheurs en informatique du monde entier ont adressés à la firme pour l’avertir de failles dans ses produits, de manière à pouvoir en tirer profit avant qu’elles ne soient corrigées.Réinterprétation de la loiLe piratage des routeurs Cisco comme les attaques contre les logiciels antivirus ont été rendues possibles par du « reverse engineering ». Cette technique consiste à disséquer le code informatique d’un logiciel afin de mieux comprendre comment ce dernier fonctionne, et, en l’occurrence, d’identifier des failles que les espions peuvent exploiter.Cette activité de dépiautage est, dans la plupart des juridictions, considérée comme une grave infraction à la propriété intellectuelle. C’est la raison pour laquelle les activités du GCHQ en la matière devaient être avalisées par le gouvernement et justifiées par la loi. Pour cela, les juristes du service de renseignement ont exhumé un texte portant sur… le télégraphe, qui ne dit mot du « reverse engineering ». Le gouvernement a donné droit aux requêtes des agents.Pour Eric King, le directeur de l’ONG Privacy International, cela démontre une nouvelle fois la tendance de certains services de renseignement à pousser dans leurs retranchements les lois qui les encadrent :« La réinterprétation secrète de ses pouvoirs, de manière totalement inédite, qui n’ont pas été soupesés lors d’une procédure judiciaire, est le cœur des problèmes que pose le GCHQ. »Droit de surveiller des associationsTout n’est pas si noir pour le GCHQ. Au moment même où The Intercept publiait cette salve d’articles, un tribunal anglais se prononçait sur des opérations de surveillance menées par le GCHQ contre deux associations de défense des droits de l’homme. Là encore, les juges ont considéré que l’agence avait enfreint la loi. Mais ce jugement est loin d’être aussi défavorable qu’il semble l’être.Certains détails (durée de conservation des données, méconnaissance de certaines procédures) ont invalidé, aux yeux du tribunal, les opérations de surveillance. Mais les juges ont reconnu au GCHQ le droit de surveiller ces associations. La justice britannique « a reconnu le droit du GCHQ à surveiller des organisations de défense des droits de l’homme dans le monde, une pratique que le gouvernement britannique condamne souvent lorsqu’elle est exercée en Russie, en Chine ou au Moyen-Orient » note le quotidien The Guardian. Preuve que la toute-puissante agence de renseignement garde les coudées franches.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.06.2015 à 01h01 • Mis à jour le23.06.2015 à 07h27 Le sommet des dirigeants de la zone euro qui s’est tenu, lundi 22 juin, à Bruxelles, n’a pas débouché sur un accord entre le premier ministre grec, Alexis Tsipras, et ses créanciers. Il a toutefois permis de rapprocher les positions, avec de nouvelles propositions d'Athènes. « La balle est désormais dans le camp des autorités européennes », a d’ailleurs fait savoir dans la nuit de lundi à mardi Alexis Tsipras.Lire notre direct : Minute par minute : le sommet européen extraordinaire sur la GrèceDes avancées mais encore du travailLe ton était globalement à l’optimisme à l’issue du sommet de la zone euro, qui s’est prolongé tard dans la soirée. « Nous avançons vers un accord », s'est ainsi réjoui le président français François Hollande. Les propositions grecques constituent « un certain progrès » et « un bon point de départ pour de prochaines discussions », a reconnu de son côté la chancelière allemande Angela Merkel, tout en estimant qu’il restait « un travail intensif à effectuer ». Sur un ton également positif, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a estimé que « les nouvelles propositions grecques sont un pas en avant positif ». Ces propos ont toutefois été nuancés par la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, pour qui il reste « peu de temps, mais beaucoup de travail ».Lire aussi :Grèce : l’Eurogroupe considère qu’« il y a encore du travail à faire » avant un accordUne nouvelle réunion de l’Eurogroupe mercrediPour finaliser le travail qui reste à accomplir, une nouvelle réunion de l'Eurogroupe – les ministres des finances des 19 – aura lieu mercredi soir, veille d'un sommet européen prévu de longue date. Il s'agit de la troisième réunion de ce type en moins d'une semaine.#Grèce: Eurogroupe spécial mercredi prochain, soir... "Les Grecs ont fait une proposition qui représente une avancée majeure", Juncker— c_ducourtieux (@Cécile Ducourtieux)require(["twitter/widgets"]);« Je suis convaincu que nous allons parvenir à un accord final dans le courant de la semaine », a insisté le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui a opté pour la métaphore footballistique en rappelant qu'« on ne peut pas jouer les prolongations ».La Grèce doit en effet rembourser quelque 1,5 milliard d'euros au FMI dans huit jours, un paiement qu'elle ne peut honorer sans la reprise de l'aide financière de ses créanciers (7,2 milliards d'euros). Pour cela, un accord est nécessaire avec eux sur une série de réformes et de mesures budgétaires.La Grèce publie ses propositionsLe gouvernement grec a publié, dans la soirée, la liste complète de ses propositions aux créanciers. Dans ce document en 21 points, Athènes souligne qu'il s'agit du « résultat de négociations difficiles afin d'arriver à un accord qui ne touche pas les droits du travail et ne dissout pas la cohésion sociale mais donne une perspective, [...] et constitue une solution viable pour l'économie grecque sans frapper les bas et moyens revenus ».La partie grecque confirme qu'elle accepte le principe d'un budget en excédent primaire (le solde du budget hors charge de la dette) de 1 % cette année et 2 % l'an prochain, ce qui a longtemps été l'un des points d'achoppement des discussions. Sur l'épineux sujet du relèvement de la TVA, le gouvernement grec a accepté de n'appliquer le taux de TVA le plus bas (6 %) qu'aux médicaments et aux livres. Les Grecs souhaitent maintenir la TVA sur les services et les produits à 13 % et 23 %. Les créanciers ont réclamé lundi lors du sommet européen qu'Athènes augmente la TVA sur les hôtels et restaurants à 23 %.Le premier ministre grec Alexis Tsipras a estimé que ces propositions « dépassaient » les objectifs prescrits par les créanciers. « J'ai la sensation que [...] la balle se trouve dans le camp des autorités européennes », a-t-il déclaré devant la presse. « Notre proposition a été acceptée comme base de discussion par les institutions [créancières]. Les négociations continueront les deux prochains jours ».Lire notre décryptage :Réformes ou sortie de l’euro : comprendre la situation de la GrèceRestructuration de la dette : les leaders européens bottent en toucheLes leaders européens sont restés évasifs sur la question d'une restructuration de la dette grecque. « Ce n'est pas la question la plus urgente », a lancé Mme Merkel à propos d'un éventuel rééchelonnement de l'énorme dette publique, pesant quelque 180 % du PIB grec. M. Juncker a lui déclaré que « ce n'était pas le moment de discuter » de ce sujet.Merkel évite de répondre sur une éventuelle restructuration de la dette grecque— jbchastand (@JB Chastand)require(["twitter/widgets"]);Soucieux également de ne pas perturber ces progrès encore fragiles, le président français François Hollande a dit à la presse que « sur l'allongement des délais ou le reprofilage de la dette, cela ne pourrait venir que dans une seconde étape. »M. Tsipras a une nouvelle fois réclamé, après le sommet, une « dette viable ». De source grecque, on assurait « ne pas voir comment les institutions (la BCE, la Commission et le FMI) pourraient ne pas aborder le sujet » dans l'accord attendu prochainement. Samuel Laurent Face à la crise européenne provoquée par l’afflux de migrants, le gouvernement Valls a promis des mesures rapides. Il a proposé un plan en plusieurs points destiné à gérer l’arrivée de migrants en France : renforcement des contrôles, créations de « pôles éloignement » interservices, promotion de l’aide au retour…Lire : Un plan pour améliorer la prise en charge des migrantsMais il a également voulu répondre à l’engorgement des centres d’accueil pour demandeurs d’asile, en promettant un total de 10 500 places supplémentaires. Un chiffre qui ne suffira sans doute pas à pallier le manque de places dans les centres d’hébergement pour les demandeurs d’asile.1 - Quel accueil pour les demandeurs d’asile ?Un migrant peut demander l’asile en France si sa vie est menacée dans son pays d’origine pour des motifs politiques ou religieux, par exemple. Il dépose une demande qui doit être étudiée. Le temps de cet examen, le demandeur d’asile est, dans la mesure du possible, accueilli et hébergé.On comptait, en 2014, 25 410 places en centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA), qui sont gérées par l’Office français pour la protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Le gouvernement avait déjà lancé la construction de 5 000 places supplémentaires, chiffre qu’il a doublé, promettant désormais 10 500 places en plus à fin 2015. Mais l’afflux de demandeurs s’élève largement au-delà : en 2014, selon les chiffres du ministère, ce sont 64 811 demandes qui ont été formulées, dont 13 859 mineurs. Les places supplémentaires n’empêcheront donc pas certains demandeurs de dormir dehors.Lire notre reportage : A la frontière franco-italienne, l’incessant va-et-vient des migrants refoulés2 - Des délais de traitement de plusieurs annéesA son arrivée sur le territoire, un migrant dispose d’un délai de 21 jours pour constituer un dossier de demande d’asile, qu’il doit ensuite remettre à l’Ofpra. En 2014, les demandes d’asile mettaient en moyenne 205 jours à être traitées par l’Ofpra, qui faisait état d’un « stock » de près de 30 000 dossiers en souffrance.Voir notre grand format : A Paris, le parcours du combattant des demandeurs d’asile se poursuitEn attendant cette réponse, un migrant reçoit une autorisation de séjour provisoire (APS) et peut demander des aides : logement dans un CADA ou auprès d’une association, et, s’il n’a aucune ressource ni autre aide, une allocation temporaire d’attente (ATA) : 11,45 euros par jour (343,5 euros par mois). #container_14346165980{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14346165980{ height:500px; } #container_14346165980 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14346165980 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14346165980 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14346165980 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Délais moyen de traitement des dossiers par l'OFPRASource : Rapport parlementaire(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14346165980", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "areaspline", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["2009","2010","2011","2012","2013","1er semestre 2014"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Délai moyen de traitement des dossiers", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 118 ], [ "", 145 ], [ "", 174 ], [ "", 186 ], [ "", 204 ], [ "", 205 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " jours", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }} #container_14346169995{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14346169995{ height:500px; } #container_14346169995 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14346169995 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14346169995 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14346169995 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Traitement des dossiers par l'OFPRAEt "stock" de dossiers en souffrance(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14346169995", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "spline", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["2009","2010","2011","2012","2013","1er semestre 2014"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "*Stock global*", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 15000 ], [ "", 19000 ], [ "", 22500 ], [ "", 24500 ], [ "", 29900 ], [ "", 29800 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Nombre de dossier traités", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 35331 ], [ "", 37667 ], [ "", 42249 ], [ "", 46020 ], [ "", 46684 ], [ "", 25080 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}3 - Recours et appelsEn outre, si sa demande d’asile n’est pas acceptée, le migrant peut se tourner vers une instance d’appel : la CNDA (Cour nationale du droit d’asile), qui peut rejeter la décision de l’Ofpra et demander un nouvel examen. Or, la CNDA est encore plus engorgée que l’Ofpra : les délais peuvent s’étaler sur deux ans, voire plus.Si la CNDA refuse elle aussi la demande, le migrant reçoit une OQTF : obligation de quitter le territoire français, sous peine d’être expulsé par la force publique. Une OQTF peut également être l’objet d’un recours devant le tribunal administratif, qui peut suspendre la procédure.Le gouvernement a lancé, depuis 2013, une réforme de l’asile, qui prévoit une série d’améliorations destinées à accélérer les procédures. La loi, votée en première lecture fin 2014 par l’Assemblée, puis le Sénat, est en cours de réexamen par les députés.4 - Combiens de demandes acceptées ?La France, contrairement à certains clichés, n’est pas très généreuse dans l’octroi de l’asile. En 2014, sur 52 053 décisions rendues par l’Ofpra, seules 8 763 étaient positives, soit 16 % environ.La CNDA n’est pas plus généreuse : en 2014, elle a traité 37 345 recours, et prononcé 5 826 annulations de la décision de l’Ofpra, soit 15 % de réponses favorables.Au total, en cumulant les données de ces deux instances de décision, chaque année, ce sont 20 à 25 % des demandes qui sont acceptées, via l’Ofpra ou la CNDA. Un taux en hausse ces dernières années, mais dont la croissance reste inférieure à celle des demandes d’asile. #container_14349674380{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14349674380{ height:500px; } #container_14349674380 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14349674380 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14349674380 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14349674380 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Demandes d'asile acceptées depuis 2008La hausse des demandes est plus rapide que la hausse des acceptationsSource : Ministère de l'intérieur(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14349674380", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "areaspline", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["2008","2009","2010","2011","2012","2013","2014"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Demandes d'asile", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 42599 ], [ "", 47686 ], [ "", 48074 ], [ "", 52147 ], [ "", 55255 ], [ "", 60461 ], [ "", 59313 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Attributions d'asile", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 11484 ], [ "", 10401 ], [ "", 10377 ], [ "", 10755 ], [ "", 10028 ], [ "", 11428 ], [ "", 14589 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}5 - Une vague « sans précédent » ?Au-delà de l’actuel afflux de migrants, un peu de recul historique permet de voir que cette « vague », aussi exceptionnelle soit-elle, n’est pas inédite.On le constate : les demandes connaissent des « pics » réguliers : à la fin des années 1980, au début des années 2000, et depuis 2012. #container_14307466809{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14307466809{ height:500px; } #container_14307466809 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14307466809 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14307466809 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14307466809 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Le nombre de demandes d'asile enregistrées en FranceSource : HCR de l'ONU(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14307466809", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["1980","1981","1982","1983","1984","1985","1986","1987","1988","1989","1990","1991","1992","1993","1994","1995","1996","1997","1998","1999","2000","2001","2002","2003","2004","2005","2006","2007","2008","2009","2010","2011","2012","2013","2014"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Demandes d'asile enregistrées", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 19912 ], [ "", 19863 ], [ "", 22505 ], [ "", 22350 ], [ "", 21714 ], [ "", 28925 ], [ "", 26290 ], [ "", 27672 ], [ "", 34352 ], [ "", 61422 ], [ "", 54813 ], [ "", 47380 ], [ "", 28872 ], [ "", 27564 ], [ "", 25964 ], [ "", 20170 ], [ "", 17405 ], [ "", 21400 ], [ "", 22375 ], [ "", 30907 ], [ "", 38747 ], [ "", 54290 ], [ "", 58970 ], [ "", 59770 ], [ "", 58550 ], [ "", 49730 ], [ "", 30750 ], [ "", 29390 ], [ "", 35400 ], [ "", 42120 ], [ "", 48070 ], [ "", 52150 ], [ "", 55070 ], [ "", 60230 ], [ "", 59030 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Luxembourg, Envoyé spécial) Les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne ont décidé, lundi 22 juin au matin, à Luxembourg, de lancer la première phase de l’opération Eunavfor Med, destinée à démanteler les réseaux de passeurs opérant à partir de la Libye. « Notre cible, ce ne seront pas les migrants, mais bien ceux qui gagnent de l’argent à leur détriment », a insisté la haute représentante Federica Mogherini. Les Européens veulent souligner le fait que cette opération militaire n’est qu’un volet d’une « Stratégie pour la migration » élaborée récemment par la Commission de Bruxelles. Elle vise aussi, dans un scénario idéal, à œuvrer sur les causes des migrations, dans les pays d’origine et les pays de transit, insiste Mme Mogherini. Et à répartir les demandeurs d’asile et les réfugiés entre les Vingt-Huit, ce qui doit faire l’objet d’une nouvelle discussion au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement, jeudi et vendredi, à Bruxelles.Lire aussi :En Libye, après le sud saharien, la menace djihadiste gagne le littoralLa phase 1 de l’opération européenne vise officiellement à collecter des renseignements précis sur les passeurs, leur stratégie, leurs moyens et leur « modèle économique ». « Nous savons déjà beaucoup de choses sur les réseaux, mais pas assez pour atteindre toutes nos cibles », précise un diplomate européen.Eunavfor Med sera menée en liaison avec l’OTAN – qui poursuit en Méditerranée sa mission antiterroriste Active Endeavour, lancée en 2001 – et diverses agences onusiennes, l’agence européenne Frontex, etc. Une collaboration avec l’Union africaine et divers pays arabes est également évoquée, selon les modalités qui ne sont pas précisées à ce stade.Lire (en édition abonnés) : Le concept stratégique de l'OTAN à l'épreuve du réelCommandée depuis un quartier général européen établi à Rome, l’opération impliquera, dans un premier temps, une douzaine d’Etats membres de l’Union, « du Nord et du Sud ». Une dizaine fournit des équipements pour le lancement – dans quelques jours – de l’opération. Elle comportera initialement cinq navires de guerre, trois avions de reconnaissance et de patrouille, trois hélicoptères, deux sous-marins et deux drones. Le bateau de commandement sera italien mais ne transportera pas d’avions de combat. « Du moins au début ; pour la suite, on verra », précise une source diplomatique.Deux navires ont subi des tirs récemmentLe lancement de l’opération se fera « dans un environnement complexe », commente la même source, qui indique que deux navires marchands croisant au large des côtes libyennes ont subi des tirs récemment, à partir du sol et des airs. Des trafiquants ont, d’autre part, menacé des embarcations venues au secours de migrants.Les responsables d’Eunavfor Med estiment qu’elle sera totalement opérationnelle dans un mois. La suite ? Un passage éventuel à la phase 2. A savoir des interceptions en haute mer, puis dans les eaux libyennes, en cas de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU et d’un accord des autorités libyennes. Cela supposerait une nouvelle décision du Conseil. Comme pour un éventuel passage à la phase 3, visant à mettre hors service les embarcations des passeurs, en Libye.A ce stade, les responsables européens préfèrent éviter les questions sur ces évolutions possibles. Et ils nient farouchement vouloir s’impliquer dans une opération antiterroriste, même si une partie importante de la côte libyenne est sous le contrôle de l’Etat islamique. « Nous procéderons à une première évaluation dans un mois et nous étudierons ensuite la mise en œuvre éventuelle des étapes 2 et 3 », déclare une source militaire, qui affirme que la réflexion sur la suite de l’opération n’est pas encore engagée.Jean-Pierre Stroobants (Luxembourg, Envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 22.06.2015 à 11h55 • Mis à jour le22.06.2015 à 14h35 | Jean-Baptiste Chastand, Claire Guélaud, Claire Gatinois et Marie Charrel Sans accord rapide, la Grèce pourrait ne pas être en mesure de rembourser les 1,6 milliard d’euros qu’elle doit au Fonds monétaire international (FMI) le 30 juin. Un incident de paiement qui pourrait avoir des conséquences dramatiques, pour Athènes comme pour la zone euro. Tour d’horizon des questions qui se posent.Lire aussi :Un « Grexit » serait un terrible échec pour l’EuropeLa perspective du contrôle des capitauxLes Argentins l’avaient surnommé le « corralito », du nom de ce petit enclos dans lequel on enferme le bétail avant de l’emmener à l’abattoir. C’est dire si le contrôle des capitaux, instauré dans le pays en faillite fin 2001, fut peu apprécié. En cas de crise financière, la mesure reste toutefois un mal nécessaire. Adoptée lors de la crise asiatique des années 1990 en Malaisie ou en Thaïlande, en Islande en 2008 ou à Chypre en 2013, la restriction des sorties d’argent doit éviter un « bank run », des retraits massifs d’argent qui conduiraient à la banqueroute des banques et à l’assèchement de l’économie.En freinant les retraits, on cherche aussi à endiguer la chute de la monnaie lorsque le pays n’appartient pas à une union monétaire ou que sa devise n’est pas, ou plus, arrimée à une autre monnaie comme le dollar.Décidé dans l’urgence, le dispositif est rarement éphémère (entre six mois et deux ans en moyenne) et peut s’éterniser (jusqu’à six ans et demi en Islande). Rétablir la libre circulation de capitaux nécessite en effet de restaurer la confiance d’épargnants et d’investisseurs échaudés. Confrontée à des sorties massives de capitaux en 2014 - 2015, la Russie a évité d’en arriver là en mettant à contribution sa banque centrale pour canaliser la chute du rouble.La semaine dernière, en Grèce, les retraits bancaires se seraient élevés entre 4 et 6 milliards d’euros. La Grèce pourrait donc ne plus avoir d’autre option que ce « mal nécessaire ».Que prévoit le FMI en cas d’incident de paiement ?La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, l’a dit : il n’y aura pas de délai de grâce pour la Grèce. Autrement dit, les dispositions prévues en cas d’incident de paiement seront appliquées à la lettre. Elles peuvent théoriquement conduire dans les deux ans à l’exclusion de l’Etat concerné, sous réserve de l’approbation du conseil d’administration du Fonds, ce qui ne s’est jamais produit. Sur les 322 milliards d’euros de dette grecque, le FMI en détient 32 milliards.Dans son rapport 2014 sur ses opérations financières, le Fonds précise qu’en cas d’incident de paiement, l’administration du FMI demande au pays concerné le règlement rapide de ses arriérés. Dans l’attente, tout accès aux ressources financières du FMI et toute demande d’aide lui sont interdits.Dans le mois suivant la constatation d’un défaut, le directeur général ou la directrice générale notifie ce dernier au conseil d’administration, dont les 24 administrateurs représentent les 188 Etats membres du FMI.« Compte tenu de l’importance des sommes en jeu (1,6 milliard d’euros sur les 9 milliards dus par la Grèce en 2015 au FMI), cette déclaration au conseil d’administration serait faite rapidement », précise au Monde le Fonds.En l’absence persistante de règlement des arriérés, la directrice générale peut, au bout de deux mois, déposer une plainte qui est examinée par le conseil d’administration dans le mois qui suit. En général, l’accès aux ressources générales et aux droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI est suspendu. Une déclaration d’inéligibilité peut être prise dans l’année suivant le défaut, une communication étant alors faite à toutes les institutions financières à ce sujet.La procédure suit en théorie son cours : déclaration de non-coopération et suspension de toute assistance technique au bout de quinze mois ; suspension du droit de vote et de la représentation un an et demi après l’incident de paiement ; exclusion du FMI au bout de deux ans. Toutefois, plusieurs pays, notamment latino-américains, ont présenté des arriérés, sans jamais avoir été exclus.Du défaut de paiement au « Grexit »C’est le scénario noir : si elle ne rembourse pas ses créanciers, la Grèce pourrait devoir quitter la zone euro. De fait, sans accord avec la « Troïka » d’ici au 30 juin, Athènes pourrait se retrouver en défaut de paiement partiel. La nouvelle tranche d’aide de 7,2 milliards d’euros promise ne serait alors pas versée. Et le pays ne pourra pas rembourser les 1,6 milliard d’euros qu’il doit au FMI. « Les agences de notation ne dégraderaient pas automatiquement la note grecque, car le FMI est un créancier à part », remarque Diego Iscaro, économiste chez IHS Global Insight.Les finances publiques grecques se sont tellement dégradées ces derniers mois que même une nouvelle aide pourrait ne pas suffire. Et le remboursement des 3,5 milliards d’euros dus à la BCE le 20 juillet s’annonce lui aussi délicat. « Quel que soit le scénario, la réaction de la BCE sera déterminante », commente M. Iscaro.Les banques grecques ne survivent que grâce aux financements d’urgence ELA (« emergency liquidity assistance ») accordés par la BCE, par le biais de la Banque de Grèce. Un défaut de paiement, même partiel, pourrait amener l’institut monétaire à considérer que les banques grecques, qui détiennent 23 milliards d’euros de créances sur les pouvoirs publics du pays, ne sont plus solvables. Et suspendre les ELA, ce qui asphyxierait aussitôt les établissements bancaires hellènes.Outre l’instauration du contrôle des capitaux, le gouvernement Tsipras pourrait alors envisager plusieurs options pour remédier à l’assèchement des liquidités. « La première serait de payer retraités et fonctionnaires avec des reconnaissances de dette, qui seraient acceptées pour le paiement des impôts et des achats courants », estime Eric Dor, économiste à l’IESEG. Si son utilisation reste temporaire, cette forme de monnaie parallèle offrirait un délai supplémentaire au pays pour négocier avec ses partenaires. Dans ce cas de figure, le défaut de paiement ne conduirait pas automatiquement au « Grexit ».Deuxième option, convertir le bilan des banques grecques en nouvelle monnaie – la drachme –, avec laquelle la banque de Grèce financerait alors les établissements bancaires. Les dettes privées et publiques soumises au droit grec ainsi que les salaires, loyers et prix dans le commerce seraient également convertis. Mais une telle mesure se ferait dans la panique et s’accompagnerait d’incertitudes juridiques énormes. La réintroduction de la drachme équivaudrait de facto à une sortie de la zone euro.L’ennui, c’est qu’il n’existe aucune procédure dans les traités communautaires permettant de quitter l’union monétaire ou d’en expulser un membre. En d’autres termes : un « Grexit » organisé et se déroulant dans le calme serait peu probable.Lire aussi :En pleine crise grecque, Bruxelles prône un renforcement de l’EurozoneLes conséquences d’un « Grexit » pour la zone euroJamais un pays n’est sorti de la zone euro – ce n’est d’ailleurs pas prévu par les traités. Si la Grèce devait abandonner la monnaie unique, les conséquences financières en seraient toutefois limitées. Le risque d’une contagion à d’autres pays, comme l’Espagne ou le Portugal, est en effet bien moindre qu’en 2012, lorsque la zone euro ne disposait d’aucun instrument de solidarité. Depuis, la mise en place du Mécanisme européen de stabilité (MES) et de programmes de rachats de dette par la BCE devrait permettre d’éviter que le défaut grec fasse plonger d’autres pays.Sur un plan politique, un « Grexit » aurait en revanche des conséquences ravageuses. Cela montrerait que la construction européenne n’est pas irréversible. L’Union européenne, qui est déjà contestée par des partis europhobes en progression sur tout le continent, en sortirait encore un peu plus déstabilisée. Une fragilité politique qui pourrait affaiblir la confiance des marchés financiers dans la monnaie unique.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterJean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterClaire GatinoisJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteClaire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Aline Leclerc (Athènes, envoyée spéciale) Serait-ce un hommage à leurs ancêtres stoïciens ? Face aux Cassandre qui, dans la presse mondiale, s’affolent de la « panique » qui pourrait précéder la « catastrophe » – comprendre un défaut de paiement de la Grèce, précipitant une sortie du pays de la zone euro –, les Athéniens rencontrés opposent jusqu’ici un calme… olympien. Inquiets, oui. Paniqués, non.Lire aussi :En Grèce, en euro ou en drachmes : « Nous n’avons rien maintenant, nous n’aurons rien après »« Bien sûr qu’on est angoissés : sortir de l’euro, nous n’avons aucune idée d’à quoi cela pourrait ressembler. Mais cela fait déjà sept ans que l’on vit cette crise, on a fini par s’habituer », explique Stefanos Gidaris, graphiste de 31 ans qui cherche du travail. La moitié de sa petite allocation-chômage part dans son loyer, mais il peut compter sur l’argent qu’il avait mis prudemment de côté avant d’être licencié. Tout est à la banque, il n’a rien retiré.Jusqu’ici, les Athéniens ne se ruent pas vers les distributeurs pour sauver leur épargne. Ils ne stockent pas des denrées pour tenir un siège. Ils ne restent pas non plus prostrés chez eux, en espérant échapper à la foudre. Comme beaucoup d’Européens, ils ont fait ce week-end quelques courses au marché, se sont assis en terrasse pour boire leur boisson favorite, un café « frappé ». En soirée, rouge à lèvres et longue chevelure noire bien peignée, les jeunes filles gloussent toujours aux œillades des garçons. La vie ne s’est pas arrêtée.Lire aussi :A Athènes, « ce n'est pas vraiment la panique » face au risque de crise bancaire« C’est la crise économique d’accord, mais ce n’est pas pour ça qu’on doit mourir à petit feu, sourit le vieux Thassos Anastasiadris. On n’a rien à manger et on devrait rester enfermés, sans aller à la mer, au café ? Mais, ici, on pense, au contraire, qu’il faut être plus gai encore face aux difficultés » « Je recommencerai à ne manger que des pâtes et du riz »Les Grecs aiment à rappeler qu’ils en ont vu d’autres. « Ma grand-mère, qui a connu la guerre civile et la dictature, me dit souvent de ne pas m’inquiéter, que les choses vont s’arranger », confie Ira, 31 ans, psychologue. Beaucoup disent aussi que la vie est déjà tellement dure, qu’on n’a plus grand-chose à redouter. « Je ne sais pas quoi penser de ce qui se trame. Ce que je sais, c’est que j’ai été au chômage des mois, j’ai été expulsé deux fois de mon logement. Pire y a quoi ? J’aurai plus à manger ? Eh bien, je recommencerai à ne manger que des pâtes, du riz et des lentilles », annonce tranquillement Claude, cuisinier de 22 ans.« Catastrophe ? Un tremblement de terre, ça, c’est une catastrophe. Là, je n’en suis pas sûre, estime Katarina Iatropoulou, professeur à la retraite qui a vu sa pension amputée par le plan de 2010. Depuis sept ans, elle est aussi bénévole dans une association d’aide aux familles en difficulté dans son quartier de Keramikos. Rester dans la zone euro au prix de nouvelles mesures d’austérité ou en sortir, je ne sais pas ce qui est pire. » Lire aussi :Quel est l’état des banques grecques ?D’une classe plus aisée, Stergios, 53 ans, qui travaille dans la surveillance des marchés financiers, ne se laisse pas non plus gagner par la tension. « J’ai pris mes dispositions depuis longtemps pour l’essentiel de mon argent. Ceux qui avaient vraiment quelque chose à perdre n’ont plus rien à craindre des prochains jours : leur argent est déjà à l’abri. »Aline Leclerc (Athènes, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 22.06.2015 à 09h55 • Mis à jour le22.06.2015 à 13h55 | Isabelle Chaperon Autant, en 2011 et 2012, les banques européennes vivaient dans la hantise d’un « Grexit », autant cette fois-ci, elles observent avec un détachement relatif les négociations de la dernière chance entre Athènes et ses créanciers.De fait, la renégociation en 2012 de la dette grecque détenue par des banques et autres opérateurs privés, qui a privé ceux-ci de 50 à 75 % de leur créance, a réduit leur exposition.« Cela concerne la Grèce, c’est tout », tranche un dirigeant d’une grande banque française. « Nous nous sentons prêts. Nos plans d’urgence sont en place depuis la dernière crise grecque », poursuit un responsable des marchés.Alors, sereins, les dirigeants des établissements financiers ? « Pas complètement, nous craignons toujours les effets collatéraux auxquels nous n’avons pas pensé », ajoute ce responsable.« L’impact direct est minimal », souligne Frédéric Ponzo, associé du cabinet de consultants londonien GreySpark.Mais sur fond de grande volatilité des marchés, le spectre de ventes en chaîne ne peut être écarté.Isabelle ChaperonJournaliste au service EconomieSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Audrey Tonnelier Pour Agnès Benassy-Quéré, professeur à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et présidente déléguée du Conseil d’analyse économique (CAE), le problème grec ne se règlera pas en recourant uniquement à des mesures d’austérité.Lundi 22 juin se tenait un conseil extraordinaire des dirigeants de la zone euro pour tenter d’éviter un défaut de paiement grec et un « Grexit ». Etes-vous optimiste ?Dans ce dossier, plus personne n’agit de façon rationnelle. On pourrait très bien aboutir à un « Grexit » alors que ni Athènes, ni ses créanciers n’y ont intérêt. On discute sur moins de 2 milliards, à comparer aux 300 milliards de dette que les Grecs ont vis-à-vis de l’Europe (200 milliards dus aux partenaires européens et 100 milliards à l’eurosystème – mécanisme Target).Lire aussi :Grèce : plusieurs scénarios différentsMais c’est la souveraineté des uns qui s’oppose à la souveraineté des autres. D’un côté, le gouvernement grec, élu sur un programme précis et soutenu par la population (qui retire toutefois ses dépôts des banques). De l’autre, les pays européens qui ne veulent pas se voir contraints de payer pour la Grèce. Pensez, les dépenses de retraite grecques représentent 16 points de PIB, c’est deux fois plus qu’en Slovaquie, par exemple ! Les salaires sont également moins élevés à Bratislava qu’à Athènes. Difficile pour les pays les plus pauvres de la zone euro de digérer le fait qu’ils doivent aider la Grèce…Et ne parlons pas de certains membres émergents du Fonds monétaire international (FMI), qui sont vent debout contre les inégalités de traitement qu’engendre la crise grecque. Le Fonds avait été bien plus dur durant la crise asiatique de 1997.Comment en est-on arrivé là ?Le Parlement européen ne dispose pas du pouvoir d’imposer une solution, de dire « vous avez outrepassé les règles ». Résultat : le sort de la Grèce se retrouve entre les mains d’une institution technocratique, la Banque centrale européenne (BCE), qui agit dans le cadre de son mandat (assurer la stabilité monétaire).Lire aussi :La BCE agite le risque de panique bancaire en GrècePar deux fois, la semaine dernière, elle a relevé le plafond de refinancement des banques grecques pour leur éviter la faillite, compte tenu de l’ampleur des retraits. Elle n’avait pas d’autre choix car elle ne peut pas décider seule de faire sortir la Grèce de la zone euro en interrompant la fourniture de liquidités. Tant qu’il y a un espoir d’accord, aussi mince soit-il, la BCE poursuit son action.Cet espoir existe-t-il encore ?La date du 30 juin à laquelle Athènes doit rembourser 1,6 milliard d’euros au FMI n’est pas si importante, car un défaut sur le FMI ne signifie pas automatiquement un défaut sur les autres dettes. En revanche, en juillet, la Grèce doit rembourser plus de 6 milliards d’euros à la BCE. Même en cas d’accord à l’arraché, il est sans doute déjà trop tard pour mettre en place un vrai troisième plan d’aide à la Grèce : l’été arrive, il faudrait qu’il soit ratifié par le Bundestag allemand…Mais il reste encore quelques fonds de tiroirs. Environ 10 milliards d’euros de réserves du deuxième plan d’aide, destinés à recapitaliser les banques grecques, n’ont pas été utilisés. Les Européens pourraient accepter qu’ils soient réorientés.Le problème, c’est que le niveau de crédibilité du gouvernement grec est aujourd’hui nul. Les Grecs n’ont fait que de vagues promesses de réformes. Les créanciers, eux, attendent des mesures immédiates et un calendrier précis. C’est pour cela qu’ils insistent autant sur des mesures comme la réforme de la TVA.Là où le gouvernement Tsipras a raison, c’est qu’on ne réglera pas le problème grec en recourant uniquement à des mesures d’austérité. Il faut engager des réformes en matière de justice, de concurrence. Les prix baissent depuis deux ans, mais, depuis 2009, ils ont quand même augmenté de plus de 6 % quand les salaires nominaux reculaient de 15 % !Lire aussi :Les nouvelles propositions grecques jugées insuffisantesLa question des retraites, sur laquelle achoppent les discussions, est édifiante : le pays investit essentiellement pour ses concitoyens âgés, ce n’est pas un signe positif pour sa croissance. Trente pour cent des employés du secteur public sont en retraite avant 55 ans ! Dans le même temps, le système de protection sociale est faible, voire inexistant, donc de nombreuses familles vivent grâce à la retraite des grands-parents. C’est tout le système de protection social qui est à revoir.Compter uniquement sur l’austérité ne marche pas en Grèce. En Irlande, en 2010 [au moment du renflouement du pays par le FMI], la baisse des salaires a entraîné un rebond de la compétitivité, donc des exportations, et l’économie est repartie dès 2011. La Grèce est un pays fermé, le poids des emplois publics est très important et les exportations très faibles.Faut-il imposer le contrôle des capitaux ?Pour cela, il faudrait que le Parlement grec le décide, et il n’y est pas incité tant que la BCE poursuit son soutien. En effet, chaque jour, les fuites de capitaux hors de Grèce engendrent des dettes de la Banque centrale de Grèce à l’égard de l’eurosystème. Ce montant atteint aujourd’hui environ 100 milliards d’euros et renforce le poids de la Grèce dans les négociations : si demain la Grèce sort de la zone euro, les Européens ne récupéreront pas cet argent.Quel serait le coût d’un « Grexit » pour la France ?L’exposition officielle de la France au risque grec (Etat et Banque de France) est de l’ordre de 1 000 euros par personne. Ce n’est pas négligeable, même si, en cas de défaut, tout ne serait pas perdu. La Grèce est petite par son PIB mais est beaucoup plus grande par sa dette. Les Allemands en ont conscience, les Français beaucoup moins.Les Allemands craignent-ils davantage le « Grexit » que les Français ?Non. Les Allemands sont, dans l’ensemble, persuadés que si la Grèce sort de la zone euro, cela va renforcer cette dernière, car cela montrera aux autres membres de la zone euro qu’on ne peut pas impunément transgresser les règles. Un « Grexit » aurait surtout pour conséquence d’affaiblir la zone euro, en montrant que l’appartenance à la monnaie unique n’est pas irréversible.Lire aussi :Quelles seraient les conséquences d’un « Grexit » pour la zone euro ?De plus, penser qu’un « Grexit » supprimerait le problème grec, c’est se bercer d’illusion ! Prenez la question des migrants qui arrivent en Europe par la Grèce : affaibli, le pays ne pourra plus s’en occuper, ce sera à l’Europe de le faire. Les conséquences sociales et humanitaires d’un « Grexit » seraient majeures.Faut-il craindre un effet de contagion sur les marchés ?A court terme, la zone euro dispose des instruments pour l’éviter (QE – « quantitative easing », OMT – opérations monétaires sur titres –, MES – mécanisme européen de stabilité). Mais à plus long terme, au prochain choc économique ou politique, les marchés réagiraient sûrement avec violence, faisant de nouveau bondir les rendements des emprunts d’Etats les plus fragiles.Si le « Grexit » se produit, l’Union aura besoin d’une initiative d’intégration supplémentaire. Les Etats membres devront reconnaître que le « Grexit » est un échec de l’intégration européenne, que nous ne disposons pas des bonnes institutions pour mener à bien cette dernière et qu’il faudrait les créer.Audrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Ricard Ancien administrateur du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) Kemal Dervis fut ministre de l’économie de la Turquie entre 2001 et 2002. Il est toujours membre du Parti républicain des peuples (CHP), le parti social-démocrate et laïc arrivé en deuxième position lors des élections législatives du 7 juin, avec 132 élus sur 550, contre 258 au parti du président Recep Tayyip Erdogan (AKP).En quoi les élections du 7 juin marquent-elles un tournant pour la Turquie ?C’est la première fois que le gouvernement de l’AKP est en recul, passant de 49 % à 41 % des suffrages depuis les précédentes législatives. La formation perd sa majorité absolue. Même si elle reste puissante, il s’agit d’une défaite pour elle et pour Erdogan. L’autre nouveauté concerne la poussée du Parti démocratique des peuples (HDP), qui recueille 13 % des voix et disposera de 80 députés. C’est une formation d’origine kurde, rattachée au mouvement des sociaux-démocrates sur le plan européen, qui a su attirer au-delà de son fief géographique.Comment expliquez-vous cette percée ?Le parti s’est transformé pour devenir un vrai parti républicain d’envergure nationale. Il ne faut pas le réduire à sa dimension identitaire, car s’il s’était agi d’une formation prokurde sectaire, un tel succès n’aurait pas été possible. D’ailleurs, un tiers de ses candidats ne sont pas kurdes, et la formation a recueilli des voix aussi dans les régions non-kurdes. Elle porte un message de paix et d’unité, plutôt que de séparatisme, et défend les minorités en général, qu’elles soient ethniques, religieuses ou sociales. Elle défend, en particulier, les droits des homosexuels. La population turque est très diverse, et peut se reconnaître dans cette formation.Quelle coalition voyez-vous émerger après le scrutin ?Difficile de se prononcer. Quoi qu’il en soit, il est urgent de former un gouvernement, car la situation est très tendue sur le plan sécuritaire et économique. Les investisseurs ont besoin d’être rassurés. Nous accueillons deux millions de réfugiés en raison de la guerre en Syrie. La frontière est poreuse, et l’on peut imaginer que certains individus, ou groupes proches de l’Etat islamique, ne nous veuillent pas que du bien. On ne peut exclure le déclenchement de certaines violences. Ce scrutin peut-il faire évoluer la politique étrangère turque, plutôt ambiguë à l’égard de l’expansion de l’Etat islamique en Syrie et en Irak ?Le poids du HDP va désormais jouer un rôle dans le débat sur la sécurité et la politique extérieure. Ce parti a profité de l’engagement des Kurdes dans la bataille de Kobané contre l’EI, que le gouvernement turc a soutenu du bout des lèvres. Une partie de la communauté kurde s’est sentie trahie par le Parti pour la justice et le développement [AKP, le parti d’Erdogan], au point de ne plus voter pour elle. Sur le plan interne, les négociations de paix avec les Kurdes vont connaître un nouvel élan : elles pourraient avoir lieu dans le cadre parlementaire, pour préciser la réforme de la Constitution afin de reconnaître certains droits. Ce sera plus facile que de négocier par le truchement d’un prisonnier retenu sur une île [Abdullah Öcalan].Croyez-vous à la possibilité de nouvelles élections en cas de blocage ?Non, cette élection a été vraiment démocratique, et l’on doit en féliciter le gouvernement et l’AKP. Le scrutin indique clairement que le pays ne veut pas du modèle autoritaire proposé par M. Erdogan. Il va falloir apprendre à gérer la diversité issue des urnes. Mais ses résultats sont salués dans le pays et dans le monde. Il serait donc souhaitable qu’un gouvernement sorte de ce Parlement.Quel peut-être l’impact du scrutin sur les négociations avec l’Union européenne, aujourd’hui dans l’impasse ?Le processus doit être relancé. Les conservateurs européens doivent de nouveau tendre la main à la Turquie, dont le gouvernement doit lui aussi se réengager dans le processus. Il nous faut trouver la voie d’une destinée commune avec les pays de l’Union européenne, même si cela ne se fera pas de la même façon qu’entre la France et l’Allemagne, au sein de l’Union monétaire et de l’espace Schengen. On pourrait réfléchir à un statut comparable à celui que le Royaume-Uni cherche à préciser avant son référendum sur le maintien, ou pas, dans l’UE.Philippe RicardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.06.2015 à 12h49 • Mis à jour le11.06.2015 à 12h57 La Commission européenne a ouvert, jeudi 11 juin, une enquête formelle concernant certaines pratiques commerciales d’Amazon en matière de distribution de livres numériques, soupçonnant le géant du Net de pratiques anticoncurrentielles.L’enquête concerne certaines clauses des contrats signés par Amazon avec des maisons d’édition qui obligent les éditeurs à informer Amazon s’ils offrent des conditions plus favorables ou différentes à ses concurrents et à lui accorder des conditions analogues ou au moins aussi favorables.La Commission craint que cela n’entrave la concurrence et ne constitue un abus de position dominante de la part d’Amazon, le plus grand distributeur de livres numériques en Europe. L’enquête se concentrera dans un premier temps sur les livres numériques en anglais et en allemand, qui constituent les principaux marchés de livres numériques dans l’espace économique européen.« Il est de mon devoir de veiller à ce que les accords conclus par Amazon avec des maisons d’édition ne portent pas préjudice aux consommateurs en empêchant d’autres distributeurs de livres numériques d’innover et d’exercer une concurrence effective vis-à-vis d’Amazon », a expliqué la commissaire européenne chargée de la concurrence, Margrethe Vestager, dans un communiqué.Identifier les obstacles au commerce transfrontalierLa Commission rappelle que l’ouverture d’une enquête ne préjuge en rien de son issue, qui n’est soumise à aucun délai légal. Sa durée dépendra de divers éléments, dont la complexité de l’affaire, le degré de coopération de l’entreprise avec la Commission et l’exercice des droits de la défense.Amazon est déjà dans le collimateur de la Commission dans un autre dossier de concurrence, celui des rescrits fiscaux ou tax rulings. La Commission soupçonne le géant de la distribution par Internet d’avoir bénéficié d’un régime fiscal au Luxembourg lui apportant des avantages indus. Plusieurs autres multinationales font également l’objet d’enquêtes dans ce dossier : Fiat, Starbucks, Apple et McDonald’s.Lire aussi :La Commission européenne lance une enquête sur des « tax rulings » en BelgiqueLa Commission a aussi lancé en mars une vaste enquête sectorielle sur les pratiques anticoncurrentielles dans le secteur du commerce électronique au sein de l’UE, pour tenter d’identifier les obstacles au commerce transfrontalier érigés par les entreprises. Cette enquête concernera autant les biens que les contenus numériques ; ce qui place Amazon, tout comme Google, en première ligne.Lire aussi :Impôts : Amazon modifie ses pratiques face à l’offensive de Bruxelles Eric Albert (Londres, correspondance) Huit ans après sa première intervention pour sauver une banque, le Royaume-Uni fait les comptes. Et il est optimiste : l’intégralité du plan de sauvetage bancaire, réalisé au plus fort de la crise, pourrait finalement dégager un bénéfice. George Osborne, le chancelier de l’Echiquier, a révélé mercredi 10 juin que l’Etat espérait obtenir un gain net de 14 milliards de livres (19 milliards d’euros). Bien mieux que la perte prévue initialement en 2009, estimée alors dans une fourchette entre 20 et 50 milliards de livres.Lire aussi :Londres veut accélérer le retour au secteur privé des banques nationaliséesCe nombre, qui vient d’une étude que M. Osborne a commandé à la banque Rothschild, est pour lui une façon de faire avaler une pilule amère : la privatisation de Royal Bank of Scotland (RBS), dont l’Etat possède 80 %. Le chancelier a annoncé mercredi le début du retour de cet établissement au secteur privé. Mais ce processus va se faire à perte.En 2009, Londres avait injecté 45 milliards de livres dans RBS, en achetant sa participation à 502 pence par action. Aujourd’hui, le cours en Bourse se languit autour de 350 pence. Même en comptabilisant les dividendes et les nombreux frais que RBS a versés à l’Etat, la perte pour les contribuables s’élèverait à 7,2 milliards de livres, selon les calculs de Rothschild.Lire aussi :Retour à la case « privé » pour Royal Bank of ScotlandDilemme pour M. OsborneD’où le dilemme, résumé par M. Osborne : « Est-ce qu’on commence à vendre cette énorme participation majoritaire, bien que le prix demeure inférieur à ce que le chancelier de l’Echiquier a payé il y a sept ans ? Ou est-ce qu’on espère, contre toute attente, que quelque chose se passe ? »Pour lui, cela ne fait pas de doute, conserver la banque dans le giron de l’Etat serait une erreur. « Franchement, à court terme, le plus simple pour un politicien est de repousser la décision (…). Mais ce qui est facile ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse est ce qui est juste. » M. Osborne estime que la vente d’une première tranche de RBS permettra de faire monter le cours de Bourse. D’une part, cela enverrait un signal fort que la banque, après sept années de pertes consécutives, est enfin proche du redressement. D’autre part, la liquidité de l’action devrait s’améliorer (puisqu’il y en aura plus sur le marché) et cela devrait attirer plus d’investisseurs.M. Osborne est cependant prudent et signale que la vente complète des 80 % de participations va prendre « des années ». L’objectif, non affiché officiellement, est de terminer le processus d’ici 2020, date des prochaines élections législatives.Les autres banques nationalisées pourraient apporter un profit.Néanmoins, pour renforcer son argumentaire, le chancelier de l’Echiquier avait aussi besoin de prouver que le plan de sauvetage bancaire dans son ensemble – qui avait coûté entre 2007 et 2009 presque 150 milliards d’euros – pouvait dégager un bénéfice. Selon l’étude de Rothschild, à part RBS, toutes les autres banques nationalisées pourraient finalement apporter un profit.C’est particulièrement clair dans le cas de Lloyds Banking Group, dont l’Etat avait pris une participation de 41 %. Celle-ci a déjà été revendue à moitié, à un prix de l’action légèrement supérieur à celui de son acquisition. En comptant les frais et les dividendes, le bénéfice pour l’Etat pourrait atteindre 5,3 milliards de livres, si le reste de la privatisation se fait au même prix.Quant à Bradford & Bingley et Northern Rock, deux petits établissements entièrement nationalisés, il ne reste aujourd’hui que leurs portefeuilles de prêts, essentiellement immobiliers. Ceux-ci sont actuellement gérés par l’Etat et ils dégagent chaque année un bénéfice. L’un d’entre eux a aussi été mis en vente. Rothschild calcule que le gouvernement peut tirer 9,6 milliards de livres sur la vente de ces deux banques.Enfin, le gouvernement britannique a également touché ces dernières années 6,6 milliards de livres de frais en échange de garanties offertes à plusieurs établissements bancaires, dans lesquels il n’est pas intervenu directement.Si l’Etat britannique dégage un bénéfice sur son plan de sauvetage, il aura réussi là où les Etats-Unis ont échoué. Leur plan d’aide bancaire a coûté jusqu’à présent 30 milliards de dollars (26,6 milliards d’euros).Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexis Hache Le 22 juillet 2005, quelques semaines après les attentats meurtriers du 7 juillet et au lendemain d’une série de nouvelles attaques ratées dans les transports londoniens, Jean Charles de Menezes est abattu par erreur à la station de Stockwell par des policiers traquant celui qu’ils avaient pris pour un kamikaze. Le Brésilien, âgé de 27 ans, était en fait un citoyen innocent, électricien, victime d’une bavure restée impunie. Aucun policier n’a été condamné pour la mort du jeune homme.C’est cette absence de condamnation que la famille de Menezes conteste, mercredi 10 juin devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Le dossier a été déposé en janvier 2008, deux mois après que Scotland Yard avait été reconnue coupable de manquement à la sécurité publique. La police métropolitaine avait alors dû payer une amende d’environ 260 000 euros et le remboursement des frais de justice à la famille de Jean Charles de Menezes. Mais la justice n’avait pas tranché sur la bavure qui avait coûté la vie au Brésilien, abattu de sept balles dans la tête alors qu’il montait dans une rame de métro.Lire aussi : Scotland Yard coupable dans l'affaire MenezesPatricia da Silva, une cousine de Jean Charles de Menezes, a décidé de saisir la CEDH au titre de l’article 2 de la Convention européenne des droits de l’homme, intitulé « Droit à la vie ». Il permet d’encadrer le recours à la force meurtrière par l’Etat. Dans le cas de M. de Menezes, la Cour devra déterminer si la justice britannique devait condamner les onze policiers impliqués dans cette affaire. Un arrêt contre le Royaume-Uni aurait sans doute des conséquences sur le système judiciaire britannique. Mais la décision ne sera pas connue avant plusieurs mois.Pas de condamnation pour meurtreLe 17 juillet 2006, le service national des poursuites (en anglais Crown Prosecution Service, CPS), organe qui détermine si des personnes doivent être poursuivies en justice ou non, annonçait qu’aucun policier ne serait jugé pour le meurtre de M. de Menezes, faute de preuves suffisantes. Deux ans et demi plus tard et après avoir entendu tous les témoignages liés à l’affaire, Michael Wright, le coroner chargé de l’enquête, écartait toute possibilité pour son jury de considérer la mort de l’électricien comme un « meurtre ». Sans nier que les policiers pouvaient être en tort, il ne laissait pourtant au jury que deux choix : accréditer la thèse de « la légitime défense » défendue par Scotland Yard ou rendre un « open verdict », un « verdict ouvert », option lui permettant de reconnaître une mort suspecte sans pouvoir toutefois la qualifier d’homicide volontaire.Lire aussi : Menezes tué par balles mais sans meurtrierLa mort de Jean Charles de Menezes s’était produite quinze jours après les attentats meurtriers dans les transports de Londres. Le 7 juillet 2005, quatre kamikazes s’étaient fait exploser dans des rames de métro et dans un bus, faisant 52 victimes en plus des quatre terroristes et plus de 700 blessés. Le 21 juillet, une nouvelle série d’attentats à la bombe avait cette fois échoué. Habitant un immeuble surveillé par Scotland Yard dans le cadre de la recherche des terroristes présumés, de Menezes avait été pris par erreur pour Osman Hussein, l’un des suspects.Scotland Yard dans la tourmenteL’enquête a par la suite démontré les nombreuses erreurs commises par la police le 22 juillet 2005, comme le rapporte The Independent. Outre la méprise dans l’identification du suspect, il est apparu que les agents mobilisés n’auraient jamais dû laisser Jean Charles de Menezes prendre les transports en commun (un bus puis le métro) s’ils jugeaient qu’il représentait une menace terroriste. Une suite d’incompréhensions dans la communication entre les policiers et leurs supérieurs a ensuite mené à la mort du Brésilien, qualifiée de « tragique erreur » par Ian Blair, directeur de Scotland Yard à l’époque.Faisant face à une pression extrêmement importante due à la menace terroriste, Scotland Yard avait également été pointée du doigt pour « manquements graves » par la commission indépendante sur la police, qui avait rendu un rapport accablant en août 2007. Andy Hayman, chef des opérations spéciales au moment des faits, y était notamment accusé d’avoir menti sur l’identité de la victime pour protéger ses hommes. Une vidéo des caméras de surveillance de la station de Stockwell montrée au jury de l’enquête judiciaire a par la suite prouvé que la police métropolitaine avait menti sur les conditions de l’interpellation pour justifier la fusillade, notamment sur les habits que portait Jean Charles de Menezes et sur son attitude en traversant les couloirs de la station de métro.Lire aussi : Scotland Yard épinglée pour sa gestion de l'affaire MenezesDix ans après les faits, la famille de Menezes espère donc aujourd’hui que justice soit faite. Patricia da Silva sait que rien ne lui rendra son cousin. « Mais nous espérons que ce passage devant la CEDH permettra de changer la loi, dit-elle. Pour qu’aucune autre famille n’ait à subir ce que nous avons vécu. »Alexis HacheJournaliste au Monde 10.06.2015 à 17h46 • Mis à jour le11.06.2015 à 09h43 L’armée tunisienne a secouru, mercredi 10 juin, 356 personnes au large de la ville de Ben Guerdane, au sud du pays, a indiqué un responsable du Croissant-Rouge.Les migrants, parmi lesquels figurent des Soudanais, des Marocains, des Egyptiens, des Maliens, des Syriens et des Pakistanais, tentaient de rejoindre l’Italie depuis la Libye à bord d’une embarcation de fortune. A la suite d’une panne, ils ont dérivé au large de la Tunisie, a expliqué le responsable de la Croix-Rouge.Lire aussi :La Libye, plaque tournante de l’émigration dans le nord de l’AfriqueQuatre migrants, dont une femme enceinte, ont été transférés à l’hôpital. Selon la même source, 38 femmes et 7 enfants se trouvaient dans l’embarcation.Lire aussi :Naufrages en Méditerranée : Frontex et sa mission « Triton » mises en cause« On ne sait pas pour le moment où on va les héberger », a déclaré le Croissant-Rouge. Les rescapés de ce type d’incident sont pris en charge par cette association qui, par manque de moyens, doit parfois compter sur la générosité de riverains pour obtenir de la nourriture et des vêtements.Une traversée risquéeLes autorités tunisiennes font face à un flux de migrants africains fuyant la Libye et tentant de rallier l’Europe. Plus de 300 migrants africains ont été secourus en avril au large de Zarzis, à 50 kilomètres de Ben Guerdane, et 169 autres courant mars, selon le Croissant-Rouge.En 2015, plus de 100 000 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe via la Méditerranée, selon les chiffres annoncés mardi par le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR). Environ 54 000 personnes sont arrivées en Italie et 48 000 en Grèce.Lire aussi :Migrants : l’échec des Européens, pas de l’EuropeOr la traversée de la Méditerranée, à bord bien souvent de navires vétustes et surchargés, se révèle meurtrière. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), environ 1 770 hommes, femmes et enfants sont morts ou disparus cette année en tentant la traversée de la Méditerranée depuis le nord de l’Afrique et le Proche-Orient. Alain Salles Le scandale des écoutes rebondit en Pologne et provoque une véritable déflagration politique. La première ministre Ewa Kopacz a annoncé mercredi 10 juin la démission de six ministres, ou secrétaires d’Etat, et celle du président du Parlement, Radoslaw Sikorski, tous cités dans une affaire retentissante d’écoutes illégales. A la fin d’une conférence de presse, Mme Kopacz a demandé « pardon » aux Polonais. Elle avait annulé un déplacement à Bruxelles alors que le pays est en pleine tempête politique, deux jours après que l’homme d’affaires et militant politique Zbigniew Stonoga a publié sur sa page Facebook l’ensemble du dossier judiciaire sur les enregistrements, à leur insu, de plusieurs personnalités proches du parti au pouvoir, Plate-forme civique (PO, centre droit).Les 2 500 pages de l’enquête ont été postées sur Internet, lundi 8 juin, et le parquet a reconnu que les documents publiés étaient authentiques. L’homme d’affaires a été brièvement arrêté, mardi soir, pour violation du secret de l’instruction. Il reste sous contrôle policier et n’est pas autorisé à quitter le pays. Les documents montrent des procès-verbaux, des photographies, mais aussi les coordonnées de certains enquêteurs.Le président du Parlement, et ancien ministre des affaires étrangères, Radoslaw Sikorski avait estimé auparavant que ces fuites « démolissaient les institutions de l’Etat ». « C’est dévastateur pour le système basique de nos institutions », expliquait Jacek Cichocki, membre du cabinet de la première ministre Ewa Kopacz, avant d’être lui même contraint de démissionner.L’affaire a démarré en juin 2014, quand un hebdomadaire a rendu publiques plusieurs conversations dans des salons privés de deux restaurants de Varsovie. On y entendait un ancien ministre de l’économie discuter avec le président de la Banque de Pologne pour savoir si une dévaluation serait favorable à la PO pour les élections, ou le ministre des affaires étrangères de l’époque, Radoslaw Sikorski, critiquer les Etats-Unis.Langage ordurierSi elles ne révèlent guère de secrets d’Etat, c’est le ton de ces conversations au langage parfois ordurier et surtout l’impression de connivences entre personnes du même parti et du même monde, qui ont fait le plus de dégâts sur l’image du gouvernement et du parti de Donald Tusk, ancien premier ministre et aujourd’hui président du Conseil européen. C’est l’une des raisons de la défaite du président sortant, Bronislaw Komorowski, le 24 mai, face au candidat conservateur du parti d’opposition Droit et justice (PiS), Andrzej Duda.L’origine de ces écoutes, réalisées avec la complicité de certains membres du personnel des restaurants concernés, fait l’objet de plusieurs enquêtes. Certains y ont vu l’ombre de Moscou, d’autres des règlements de comptes plus triviaux. « Le bureau du procureur enquête sur les activités criminelles d’une bande organisée qui a essayé d’influencer le gouvernement et peut-être pire », a expliqué M. Sikorski. Il espère que le parquet « punira ceux qui sont coupables d’enregistrements et de publications illégales de données obtenues de façon criminelle ».L’homme au centre de ce nouveau scandale explique qu’il a trouvé par hasard les dossiers sur des serveurs internet chinois. Zbigniew Stonoga est un blogueur, qui a mené un combat populaire contre le fisc polonais. Il a été proche du Congrès de la Nouvelle droite, l’ancien parti d’extrême droite de Janusz Korwin-Mikke.Galvanisé par sa victoire surprise à l’élection présidentielle, le PiS espère emporter les élections législatives prévues à l’automne. La relance du scandale des écoutes risque d’affaiblir encore le parti au pouvoir PO. Le PiS a demandé mardi l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur ces fuites.Alain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.06.2015 à 16h01 • Mis à jour le10.06.2015 à 16h28 Le Vatican s’organise face à la multiplication des affaires de pédophilie qui gangrènent l’Eglise catholique depuis de nombreuses années. Le pape François a donné son feu vert, mercredi 10 juin, à la création d’une instance judiciaire à l’intérieur de la Congrégation pour la doctrine de la foi chargée de juger les évêques dans le cas où ils auraient couvert des abus sexuels commis par des prêtres dans leur diocèse.Lire : Le pape durcit les sanctions pénales contre la pédophilie au VaticanUn secrétaire spécialement nommé par le pape aura la responsabilité de cette nouvelle section. Son personnel « pourra aussi être employé pour les procès pénaux dans des cas d’abus de mineurs et d’adultes vulnérables [handicapés] de la part du clergé », a précisé le communiqué.Les associations d’anciennes victimes de prêtres pédophiles réclamaient cela depuis longtemps. Désormais, le fait pour un évêque d’avoir couvert les abus sur mineurs par des prêtres de son diocèse est un délit reconnu et puni par le Vatican.La commission pontificale de protection des mineurs et le « C9 », le groupe de cardinaux conseillers du pape, avaient recommandé cette mesure. Les plaintes seront reçues et transmises par les trois ministères du Vatican compétents pour les évêques à travers le monde : les congrégations pour les évêques, pour l’évangélisation des peuples et pour les Eglises orientales.Lire aussi :L'Eglise catholique américaine a versé 120 millions aux victimes de pédophilie Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Angela rencontrera-t-elle Alexis ? Alexis arrêtera-t-il de dire tout et son contraire ? Jean-Claude finira-t-il par arrêter de bouder et se réconciliera-t-il avec son « ami » Alexis ? Christine arrêtera-t-elle de manier le bâton et la carotte ? L’appel à « la raison » de François finira-t-il par avoir raison de tout ?Depuis quelques semaines, le « feuilleton » grec a tout du soap opera. Ses acteurs principaux vont de « sommets » infructueux en rendez-vous ratés, oscillent entre grandes promesses et petits mensonges, gros espoirs et énormes déceptions.Au point qu’aujourd’hui, les nerfs sont à vif. Et qu’à force de nuits blanches et de migraines, la plupart des acteurs pourraient bien se préparer « des nervous breakdown », pour paraphraser l’une des répliques culte du film Les Tontons flingueurs.Pourtant, il y a huit jours, l’accord « réformes contre argent frais » entre la Grèce et ses créanciers – Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international (FMI) – semblait à portée de main. Une impulsion politique notoire avait été donnée à Berlin, le 1er juin, par la chancelière allemande Angela Merkel et le président français, François Hollande.Mais, aujourd’hui, un accord paraît à nouveau hors de portée immédiate, tant le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a soufflé le chaud et le froid.Mercredi 10 juin, M. Tsipras pourrait s’entretenir avec Mme Merkel à Bruxelles, en marge du sommet Union européenne-Communauté des Etats d’Amérique latine et des Caraïbes (Celac). « Pourrait » … car ce rendez-vous n’était pas confirmé mercredi matin. Pas plus que ne l’était une éventuelle rencontre avec Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne.Néanmoins, tous les protagonistes du « drame » grec (dont Mme Merkel, M. Hollande, M. Tsipras et M. Juncker) sont à Bruxelles jusqu’à jeudi, dans le cadre de ce sommet UE-Celac. Et il paraît peu vraisemblable qu’ils n’abordent pas le sujet.Alexis Tsipras Le premier ministre grec « affole » ses interlocuteurs depuis quelques jours. Un certain nombre d’entre eux dénoncent ses volte-face. Ils lui reprochent de prendre certains engagements et de les démentir sitôt sorti des rendez-vous.Ainsi, le 3 juin, M. Tsipras avait rencontré M. Juncker à Bruxelles. Il avait alors promis de vite réagir à la proposition d’accord des créanciers. Mais, le 5 juin à Athènes, il tirait à boulets rouges sur ces propositions, qu’il qualifiait d’« absurdes » devant le Parlement grec.De sources convergentes côté créanciers, on assure aussi que les Grecs avaient accepté l’objectif d’un budget de l’Etat affichant un « surplus primaire » (avant paiement des dettes) de 1 % du produit intérieur brut en 2015. Mais, dans un document rendu public mardi 9 juin, Athènes ne s’engage que sur un excédent de 0,75 % en 2015.Le 3 juin encore, le gouvernement grec avait assuré qu’il acquitterait une première tranche de remboursement au FMI le 5 juin. « Ses mots étaient : ne vous inquiétez pas », a raconté Christine Largarde, la directrice générale du FMI. Mais, au dernier moment, le 4 juin, M. Tsipras a demandé un paiement groupé à la fin du mois.Lire aussi :La stratégie du « stop and go » d’Athènes irrite ses créanciersLa crainte de certains à Bruxelles est que M. Tsipras, qui a toujours dit qu’il voulait un accord politique sur le futur de son pays, « mise » tout sur le Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, à Bruxelles, les 25 et 26 juin, pour débloquer la situation.Jean-Claude Juncker Le président de la Commission est très remonté contre M. Tsipras, qu’il gratifiait pourtant, il y a peu encore, d’un « mon ami ». Mardi, il a indiqué qu’un nouveau rendez-vous avec le premier ministre grec serait une perte de temps.Pourtant, M. Juncker a été l’un des plus conciliants, ces dernières semaines, avec M. Tsipras, cherchant des voies de compromis. C’est d’ailleurs ce qu’il a rappelé, mardi, selon une source européenne : « La Commission s’est jusqu’à présent toujours montrée souple, et a agi avec respect à l’égard d’Athènes », a indiqué M. Juncker lors d’une réunion du collège des commissaires, avant d’ajouter : « Tsipras est en train de perdre un de ses derniers amis. »C’est le rendez-vous du 3 juin et l’intervention de M. Tsipras devant le Parlement grec, le 5 juin, qui ne sont pas « passés » : M. Juncker a accusé M. Tsipras d’avoir menti à ces deux occasions.Lire aussi :Grèce : M. Tsipras a perdu le soutien dont il bénéficiait à BruxellesAngela Merkel et François Hollande La chancelière allemande et le président français ont été contraints de s’impliquer directement dans le dossier grec ces dernières semaines. Alors qu’ils avaient souhaité que l’essentiel du travail permettant de dégager les termes d’un accord entre les créanciers et la Grèce soit mené au niveau « technique », ils ont dû prendre les choses en main politiquement.Ils ont ainsi convoqué en urgence une réunion le 1er juin à Berlin avec les principaux protagonistes de la crise grecque, parce que les discussions entre experts techniques n’avaient pas permis de surmonter les différends.Lire aussi :Les créanciers de la Grèce lui soumettent un projet d’accord« Quand on veut, on peut  » aboutir, mais  « chaque jour compte », a prévenu Mme merkel mercredi. « On n’a plus beaucoup de temps et donc, il faut travailler dur », avait-elle déjà insisté, dimanche 8 juin, lors de la conférence de presse finale du sommet du G7 qui se tenait en Bavière.« Je pense que maintenant il faut en appeler » à la raison, avait quant à lui plaidé, lors de ce même sommet, M. Hollande, assurant que « la raison conduit à aller à un bon rythme vers la conclusion d’un accord. » « Travaillons, allons vite et concluons », a-t-il lancé mercredi à Bruxelles.Les deux dirigeants sont sur la même ligne depuis le début du printemps. Ils veulent préserver la zone euro d’un accident grec (un défaut de paiement) aux conséquences incalculables. Tout comme M. Juncker, ils estiment qu’un Grexit créerait un précédent catastrophique, portant un coup terrible à l’intégrité de la zone euro, ainsi qu’au caractère irréversible de l’appartenance à cette zone. Sans oublier les conséquences géopolitiques redoutables d’une « mise au ban » de la Grèce.Christine Lagarde Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, est plus en retrait que les autres acteurs dans la gestion du dossier grec – certains le regrettent d’ailleurs à la Commission européenne. C’est surtout Poul Thomsen, un Danois de 60 ans, patron du « pôle » Europe du Fonds, qui est à la manœuvre.Néanmoins, Mme Lagarde était l’une des participantes du sommet politique du 1er juin, avec Mme Merkel et MM. Hollande et Juncker, destiné à donner un coup de pouce politique aux discussions.Elle incarne la rigidité qui est souvent reprochée, dans ce dossier, au FMI – ce dont l’institution se défend. Fin mai, dans un entretien au Frankfurter Allgemeine Zeitung, Mme Lagarde avait aussi provoqué de fortes réactions en déclarant que « la sortie de la Grèce » de la zone euro « est une possibilité », et qu’un « Grexit » ne signifierait pas « la fin de l’euro ».Mais si le FMI entretient des relations compliquées et dures avec le gouvernement Tsipras, il se trouve en phase avec ce dernier quand il plaide pour que l’accord entre Athènes et ses créanciers comporte un engagement à ouvrir une renégociation de la dette publique grecque.Lire aussi :Les dissensions demeurent entre les créanciers de la GrèceL’horloge Le « temps qui passe » est aussi « acteur » majeur du dossier grec. Car Athènes, dont les caisses sont quasi vides, a besoin de toucher d’ici au 30 juin tout ou partie des 7,2 milliards d’euros de prêts qui figurent dans le second plan d’aide dont le pays bénéficie.Au 30 juin, la Grèce doit en effet rembourser une grosse échéance au FMI (1,6 milliard d’euros) que le pays, de l’avis de nombreuses sources, ne sera pas capable d’honorer. Et le 30 juin marque aussi la fin du deuxième plan d’aide à Athènes : au-delà de cette date l’aide restante n’est théoriquement plus disponible.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Claire Gatinois (Strasbourg, envoyée spéciale) Il y eut d’abord le spectre du poulet au chlore, puis la peur du bœuf aux hormones et celle des OGM, et enfin l’affolement face à des tribunaux d’arbitrage censés permettre à une entreprise lésée d’attaquer un Etat. Machine à fantasmes ou source d’inquiétudes légitime, le projet de traité transatlantique de libre-échange (TTIP) entre l’Europe et les Etats-Unis sème la pagaille au Parlement européen.Mardi 9 juin, les députés européens, soucieux de la tournure des négociations sur le TTIP menées par la Commission, se sont accrochés sur la question de ces tribunaux, qualifiés par les plus radicaux d’« attentat contre la démocratie ». Et, faute de position commune, le vote a été reporté.Tout est parti d’une résolution fixant des lignes rouges à la négociation en cours (neutralisant, notamment, la question des tribunaux) qui devait être soumise au vote du Parlement mercredi. Finalement, les députés ne voteront ni pour ni contre ce texte. Officiellement en raison d’un nombre trop élevé d’amendements formulés. En réalité, il s’agit de « ne pas faire exploser la grande coalition », susurre Pervenche Berès, eurodéputée socialiste.Faute de compromis entre sociaux-démocrates (S&D) et conservateurs (PPE) européens, Martin Schulz, président du Parlement de Strasbourg, a préféré reporter le vote. Un nouveau rendez-vous devrait être fixé en juillet. D’ici là, l’objectif est que les parlementaires de gauche et de droite puissent s’entendre sur la résolution. Mais rien n’est moins sûr.« L’Europe doit se faire respecter »Les tribunaux d’arbitrages ne sont qu’une partie du « problème TTIP ». En quelques mois, le traité transatlantique s’est transformé en épouvantail pour une opinion publique de plus en plus eurosceptique et inquiète de voir son mode de vie revisité à la sauce américaine. Certains eurodéputés redoutent une bombe à retardement.A Strasbourg, hormis quelques férus de libre-échange, rares sont ceux capables d’assumer le projet à 100 %. « Les lignes ont beaucoup bougé ces derniers mois », constate Franck Proust (PPE). Favorable au TTIP, ce dernier accompagne son aval de mille et une précautions, réclamant, notamment, la transformation radicale des « ISDS », acronyme anglo-saxon pour désigner les tribunaux d’arbitrage. « On sait ce que l’on veut et ce que l’on ne veut pas. Le temps de la naïveté de l’Europe est révolu. L’Europe doit se faire respecter, dit-il. C’est ça ou rien. »Une attitude de « faux-cul », accuse l’écologiste José Bové, estimant qu’il faut aller bien plus loin dans la remise en cause du TTIP.« Il y a un tel niveau de défiance vis-à-vis de l’Europe. Les gens pensent que le TTIP est une sorte d’OTAN économique. Et ils ont raison », lâche Emmanuel Maurel (S&D). A l’écouter, M. Schulz a fait une erreur en reportant le vote de mercredi. Attendre, dit-il, ne fera que radicaliser les positions des uns et des autres. Or si le vote de mercredi n’était que consultatif, in fine, le Parlement aura le dernier mot lorsqu’il s’agira d’avaliser, ou non, le traité. « Moi je fais “comme si”, mais ce truc n’aboutira pas », pense déjà M. Maurel.Les anti-TTIP de la première heure, comme les Verts ou la gauche radicale, ne cachent pas leur satisfaction de voir le sujet virer à l’aigre. « Deux ans après le lancement avec youyous et un soutien très fort du Parlement, on est sorti de cet enthousiasme un peu béat des débuts », sourit Yannick Jadot (Verts). Quant à José Bové, croisé de la lutte anti-OGM, il prédit déjà au TTIP de « s’éteindre de sa belle mort », même si la bataille, reconnaît-il, n’est pas encore terminée.Claire Gatinois (Strasbourg, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.06.2015 à 08h20 • Mis à jour le30.06.2015 à 12h06 | Pierre Breteau, Alexandre Pouchard et Maxime Vaudano Une crise dans la crise. L’annonce faite le 27 juin par le premier ministre grec, Alexis Tsipras, de recourir à un référendum, le 5 juillet, pour demander aux Grecs s’ils acceptent ou non les propositions des créanciers a provoqué la rupture des négociations avec l’Eurogroupe, à quelques jours d’une échéance capitale pour Athènes. Le non-paiement de 1,6 milliard d’euros au Fonds monétaire international (FMI) le 1er juillet, puis de 3,5 milliards d’euros à la Banque centrale européenne (BCE), le 20 juillet, pourrait entraîner une faillite du pays et son éventuelle sortie de la zone euro.Lire tous nos articles sur la Grèce dans notre séquence spécialeDe la découverte, en 2009, par Georges Papandréou des comptes publics maquillés au référendum convoqué par Alexis Tsipras en passant par les huit plans d’austérité, tout comprendre avec notre chronologie interactive.Pour afficher le détail, cliquer sur les flèches dirigées vers le bas ou simplement sur les titres.Pierre BreteauJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Un déplacement de Marine Le Pen sur un marché suscite bien souvent un engouement peu commun, surtout en cette période de défiance envers la classe politique : « selfies », compliments, bousculades pour venir toucher la présidente du Front national comme si elle était une star de la chanson… Dans le Nord - Pas-de-Calais, ce phénomène est amplifié. Quand elle se rend à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), le fief où elle est implantée depuis huit ans, Mme Le Pen n’en finit plus de serrer les mains et d’embrasser les joues qu’on lui tend. C’est dire si la candidature qu’elle a annoncée, mardi 30 juin à Arras, comme tête de liste du FN pour les élections régionales de décembre en Nord - Pas-de-Calais – Picardie – la grande région issue de la nouvelle carte des territoires promulguée en janvier –, était attendue.Lire :A la veille des régionales, Marine Le Pen mène une double campagnePour la présidente du Front national, l’enjeu est de taille. La députée européenne sait qu’une défaite dans cette bataille risque de l’affaiblir à la veille de partir à la conquête de l’Elysée en 2017, son véritable objectif. Elle sait aussi qu’une éventuelle victoire serait difficile à gérer, compte tenu de la fusion des deux régions, qui s’annonce comme un véritable calvaire administratif, et de la proximité dans le temps avec la présidentielle, une fois encore. Mais cette région est aussi la plus à même de tomber dans l’escarcelle du Front national. Aux élections européennes de 2014, puis aux élections départementales de 2015, le parti d’extrême droite a largement surclassé ses adversaires en Nord - Pas-de-Calais et en Picardie. Avec 34,2 % des voix, puis 36,2 %, il a devancé Les Républicains de plus de dix points (24 % aux européennes et 25,8 % aux départementales) et le Parti socialiste de plus de quinze points (18,03 % et 23,5 %). Enfin, un sondage OpinionWay pour LCI et Le Figaro, publié mardi 30 juin, donne Mme Le Pen en tête des intentions de vote au premier tour, avec 33 % des suffrages, contre 26 % pour Xavier Bertrand, candidat Les Républicains, et 23 % pour Pierre de Saintignon, candidat PS. Dès lors, pourquoi se priver de sa meilleure locomotive ?Télescopage d’ambitionsLa présidente du FN va devoir affronter les critiques de ses adversaires sur le télescopage de ses différentes ambitions, régionale et présidentielle. Selon son entourage, la riposte est déjà prête. « Si elle est élue, elle pourrait se mettre en retrait de sa fonction pour pouvoir mener les derniers mois de la campagne présidentielle, sans doute à partir de janvier 2017 », explique un de ses proches. Marine Le Pen pourrait désigner au cours de la campagne régionale le nom de la personne qui lui succéderait à la tête de l’exécutif le temps de sa course à l’Elysée. Et son entourage de reprendre un des arguments les plus classiques des cumulards en campagne pour l’échelon supérieur : « Si elle gagne la présidentielle, elle en fera profiter les habitants de la région. Tout le monde comprend qu’elle a un destin présidentiel. Ses adversaires vont utiliser cet angle d’attaque, mais pendant ce temps-là, elle parlera de concret. » Cette candidature représente en tout cas un nouvel épisode de l’ancrage de Mme Le Pen dans la région, qui date de près de vingt ans. Avant de prendre pied à Hénin-Beaumont, la fille de Jean-Marie Le Pen s’était déjà présentée une première fois aux élections régionales dans le Nord - Pas-de-Calais, en 1998. A l’époque, elle émargeait sur les listes du Nord, et avait été élue. En 2002, aux législatives, elle traverse la frontière départementale et se présente à Lens. Mais c’est surtout à compter de 2007 que la cadette des filles Le Pen s’impose dans la région.Immigration et sécurité ne suffisent pasCette année-là, à la suite du revers cuisant essuyé par son père lors de l’élection présidentielle, Marine Le Pen est la seule candidate du FN à se qualifier pour le second tour des élections législatives. Le binôme qu’elle forme avec son suppléant Steeve Briois ne l’emporte pas, mais la défaite est alors considérée comme un événement fondateur. Pour elle, c’est même « un signal de la direction que le FN doit prendre à l’avenir. (…) Loin de vouloir se positionner sur l’échiquier politique, le Front doit rester un parti ni droite-ni gauche capable de rassembler ». Pour la future présidente du Front, une partie de sa ligne politique, en gestation depuis quelques années, se forge définitivement. « Le FN est un parti national, populaire et social. Il a vocation à attirer les électeurs déçus par le PS et le PC, qui s’occupent davantage des sans-papiers que de la défense des travailleurs », théorise à l’époque Mme Le Pen.Avec la réforme des collectivités "il y aura des perdants, des oubliés, des sacrifiés. Ils ont besoin d’un défenseur", plaide Marine Le Pen— Olivier Faye (@olivierfaye) 30 Juin 2015Bien avant la dominante souverainiste impulsée par Florian Philippot, Marine Le Pen s’est laissé convaincre, aux côtés des Héninois Steeve Briois et Bruno Bilde, que la fermeté sur l’immigration et la sécurité ne suffisait pas à convaincre les électeurs, et qu’il fallait parler « social ». Pour l’avocate, élevée dans le confort du manoir de Montretout dans les Hauts-de-Seine, le Nord - Pas-de-Calais fait office d’apprentissage accéléré de la réalité du terrain. « Parler avec ceux qui n’arrivent pas à boucler les fins de mois, ni à boucler le début d’ailleurs, je ne l’avais pas vu avant, reconnaissait-elle pendant la campagne présidentielle de 2012. J’ai vécu à Saint-Cloud, la pauvreté comme ça, la souffrance comme ça, la précarité comme ça, non, je ne l’avais jamais vue. » Aujourd’hui, c’est un terreau sur lequel elle prospère.Olivier Faye 29.06.2015 à 20h49 • Mis à jour le29.06.2015 à 20h54 Plus de 17 000 personnes, dont la plupart étaient des sympathisants de la Syriza, le parti du premier ministre, Alexis Tsipras, ont manifesté à Athènes et à Thessalonique en faveur du non au référendum, lundi 29 juin. Il s'agit de la deuxième manifestation de soutien à la politique du gouvernement depuis l'annonce de l'organisation d'un référendum sur l'acceptation ou non des mesures d'austérité imposées par les créanciers de la Grèce. L’exécutif grec a ouvertement appelé à voter non.Pas mal de monde http://t.co/Ycc64RBQtl— Adea_Guillot (@adea guillot)require(["twitter/widgets"]);#Grece manif pour le NON a l accord commence a Athenes http://t.co/mwWIVFD2ME— Adea_Guillot (@adea guillot)require(["twitter/widgets"]);Quelques heures auparavant, plusieurs dirigeants européens avaient mis les Grecs en garde, les appelant à voter oui, et insistant, à l’instar de Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, sur le fait qu'un non signifierait  « non à l'Europe ».Retrouvez dernières informations et le reportage sur la crise grecque par les journalistes du Monde :Tweets from https://twitter.com/lemondelive/lists/crise-grecque!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); 29.06.2015 à 17h58 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) Secrétaire fédéral du parti anti-euro et anti-immigration de la Ligue du Nord, député européen et allié au Front national au Parlement européen, Matteo Salvini prône la sortie de l’Italie de la zone euro. Pourtant, il ne soutient pas le premier ministre grec, Alexis Tsipras, qui a décidé d’un référendum, le 5 juillet, sur le plan d’aides à la Grèce.Vous êtes allé en Ecosse pour soutenir l’indépendance. Êtes-vous prêt à vous rendre à Athènes pour soutenir le « non » au référendum que le gouvernement grec organise ?Ce sont deux choses différentes. En Ecosse c’est l’avenir d’une nation qui était en jeu. En Grèce, ce sont les choix trompeurs du passé qui sont en cause. On ne décide pas d’organiser une consultation populaire avec les banques fermées, et l’eau jusqu’au cou.Pourtant, M. Tsipras rejette le modèle européen que vous combattez également…Je suis contre cette Europe, contre ces politiques assassines. Mais, si j’avais été à la place de Tsipras, je n’aurais pas attendu si longtemps avant de décider une consultation. Il n’a jamais mis en cause la monnaie unique, au nom d’une certaine idéologie de gauche.Vous êtes en faveur du « non », mais vous ne soutenez pas TsiprasOui, c’est comme ça. Tsipras est de gauche, même si je lui reconnais le mérite de remettre en cause les politiques européennes.Comment voyez-vous l’avenir de la Grèce ?J’espère avant tout que les Grecs retrouveront du travail et cesseront de payer pour les mauvaises politiques qui leur ont été imposées.Comment réagissez-vous en voyant les files d’attentes devant les banques en Grèce ? Est-ce que vous voulez pour l’Italie en la faisant sortir de la zone euro ?Il ne faut pas tout confondre : les queues devant les banques et la panique ne sont pas la conséquence de l’imminence du référendum mais de la politique que l’Europe a eue envers la Grèce au cours de ces dernières années.C’est pourtant ce qu’il risque de se passer si vous accédez au pouvoir.Je n’ai jamais pensé qu’un pays pouvait sortir de l’euro tout seul. C’est tous ensemble que nous devons claquer la porte.Il va vous falloir du temps pour convaincre tout le monde…Tous les pays finissent par changer d’avis.Matteo Renzi ne s’est pas exprimé depuis l’annonce du référendum grec. Pourquoi selon vous ?Je n’en sais rien. Au moins, comme ça, il ne dit pas de bêtises.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Maria Koutsovoulou (Professeur à ESCP Europe) et Pascal Morand (Directeur général adjoint de la CCI Paris Ile-de-France) Faut-il s’étonner de la perspective de plus en plus tangible d’un « Grexit » [contraction de Grèce et exit], de la supposée incapacité de la Grèce à rentrer dans le rang et à gérer ses problèmes structurels ?Est-il raisonnable de s’acharner à lui asséner qu’elle est un mauvais élève qui de surcroît met en danger les autres pays du sud de l’Europe voire l’Union économique et monétaire elle-même par un effet de contagion ? Faut-il imputer uniquement à la méthode de négociation d’Alexis Tsipras, pour contestable qu’elle apparaisse, la responsabilité totale de cet échec ?Pour comprendre la situation dans laquelle la Grèce se trouve aujourd’hui, il faut en revenir aux raisons qui l’ont amenée à adhérer à la monnaie unique et donner à la politique et à la culture la place qui leur reviennent.Nous savons bien que les conditions économiques légitimant l’instauration de la monnaie unique étaient alors loin d’être réunies : l’Europe n’était pas - tant s’en faut ! - une zone monétaire optimale et le problème était beaucoup plus aigu pour la Grèce. La participation à la monnaie unique était en tant que telle déraisonnable.Théorie du complotLe politique est intervenu en toutes circonstances, c’était déjà le cas avec le « deal » passé entre Helmut Kohl et François Mitterrand en 1989 : l’acceptation par la France de la réunification allemande en échange de l’acceptation par l’Allemagne de la monnaie unique.S’agissant de la Grèce, Constantin Mitsotakis, premier ministre de 1990 à 1993, déclara au Monde en novembre 1992 : « La sécurité et l’union politique sont essentielles. Quand je parle avec mes amis danois – qui ont dit non à Maastricht –, je leur dis vous pouvez vous permettre de voter contre l’Europe et la défense commune parce que vous n’avez pas de problèmes, dans le nord. S’ils étaient à notre place, isolés et entourés de dangers, ils n’auraient sans doute pas fait le même choix ».La complexité de la situation dans les Balkans et la proximité immédiate de la Turquie ont évidemment joué un rôle important, comme lors de l’entrée dans la Communauté européenne, où la Grèce avait été accueillie avec d’autant plus de chaleur qu’elle fut le berceau de l’Europe. Des réformes structurelles « classiques » furent mises en œuvre dès 1990 et la politique de la drachme forte, qui avait été instaurée de facto en 1987, fut confirmée.Tout Grec est insupporté par la corruption et le gaspillage, mais on ne peut envisager une réforme de l’Etat sans avoir à l’esprit que cet Etat, dans la conscience grecque, n’est pas digne d’être valorisé et écouté car il rappelle ce qu’il fut sous l’ère ottomaneUn premier prêt de 2,2 milliards d’ECU fut accordé début 1991. Toutefois, les caractéristiques structurelles de la culture et de l’économie grecques n’ont pas changé. La déesse Europe s’est transformée en Danaïdes, s’étonnant de ce que les Grecs ne lui en soient pas reconnaissants. Et la situation s’est détériorée après l’instauration de la monnaie unique, les salaires et les prix ayant augmenté bien au-delà de ce qu’une économie fragile pouvait endurer.La stabilité repose toujours sur un triptyque cohérent réunissant l’économie, la politique et la culture. La défaillance de l’un met l’ensemble en danger. Probablement la Grèce n’a-t-elle pu à ce jour réunir ces trois composantes. L’identité grecque moderne s’est historiquement formée autour de trois piliers : le sentiment de sa supériorité résultant de l’expansion de la culture et de la philosophie grecques, son héroïsme, réel ou idéalisé, incarné par sa capacité à résister et à survivre à travers les multiples épreuves subies (empire ottoman, occupation nazie, dictature des colonels) et enfin son sentiment de défiance qui s’exprime le plus souvent dans « la théorie du complot » définie comme « cet autre qui nous veut du mal ».L’Europe dogmatique et manipulatriceSi les sentiments de supériorité et d’héroïsme sont plus aisément compréhensibles car ils sont partagés par la plupart des nations, le sentiment de défiance est davantage une spécificité grecque. Cette défiance, dirigée envers l’autre en dehors de la Grèce, mais aussi envers l’autre au sein de la Grèce (à l’égard de l’Etat), est la clé de la compréhension de la posture grecque actuelle face aux différents fronts de la crise, économique, sociale, politique et européenne. C’est dans cette défiance exercée contre l’Europe perçue comme dogmatique et manipulatrice que se situe également l’explication de l’élection triomphante de Syriza et de la coalition de cette dernière avec le parti nationaliste des Grecs Indépendants.Quoi qu’il en soit, tout Grec est insupporté par la corruption et le gaspillage, mais on ne peut envisager une réforme de l’Etat sans avoir à l’esprit que cet Etat, dans la conscience grecque, n’est pas digne d’être valorisé et écouté car il rappelle immanquablement ce qu’il fut sous l’ère ottomane, qui n’est pas si ancienne.Sous un autre angle, l’Union économique et monétaire a déplacé le centre de gravité idéologique et culturel de l’Europe de Rome à Wittemberg : le pacte de stabilité et de croissance, conformément à l’éthique luthérienne, exhale une logique visant à donner le premier rôle au respect de l’écrit et de la règle et à l’effort, qui jamais ne doit se relâcher. L’Allemagne ne peut en être accusée, car elle est pénétrée de l’idée que la transgression des règles conduit au néant, ce que son histoire n’a pas démenti.Mais c’est une mutation qu’il est difficile d’assumer pour les pays du sud de l’Europe, davantage encore pour la Grèce, où l’Orthodoxie a donné à la voie empruntée par le christianisme la teneur d’un chemin de velours.L’euro étant un projet politique et culturel tout autant qu’il est économique, c’est aussi en fonction de ces trois champs qu’il faudra décrypter les résultats du référendum et concevoir ensuite, quels qu’en soient les résultats, une histoire partagée qui mettra un terme à l’incompréhension mutuelle et redonnera aux Grecs comme aux autres Européens une forme d’espérance.Maria Koutsovoulou (Professeur à ESCP Europe)Pascal Morand (Directeur général adjoint de la CCI Paris Ile-de-France) Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Angela Merkel n’avait plus eu recours à sa phrase fétiche depuis plusieurs semaines. Lundi, elle l’a répétée à trois reprises : « Si l’euro échoue, l’Europe échoue » a-t-elle dit. D’abord devant 600 invités réunis lundi matin à l’occasion des 70 ans de la CDU, puis lors de la conférence tenue dans l’après-midi aux côtés de Sigmar Gabriel (président du parti social-démocrate) à l’issue d’une réunion de crise tenue avec les dirigeants de la majorité mais aussi de l’opposition.Lire aussi :Pour Angela Merkel, c’est aux Grecs de trouver le moyen de sortir de la criseLes deux dirigeants ont tenu à mettre les Grecs en garde, tout en prenant soin de ne pas insulter l’avenir. La mise en garde : le référendum de dimanche est décisif pour le maintien de la Grèce dans la zone euro. Sigmar Gabriel, le vice-chancelier, a même été plus clair qu’Angela Merkel. Selon lui, la question posée est « oui ou non au maintien dans la zone euro ». Une formule qu’Angela Merkel, qui connaît la sensibilité des Grecs – un peuple qu’elle a qualifié de « fier » – a pris soin de ne pas employer.« Solidarité et efforts vont de pair »L’avenir : quelle que soit l’issue du référendum, les responsables européens sont prêts à « négocier ». Mais pas avant. « Une négociation avant le référendum n’a pas de sens » a indiqué dans la matinée Volker Kauder, président du groupe CDU au Bundestag. A Berlin, on dit qu’Angela Merkel n’était déjà pas favorable au sommet extraordinaire convoqué lundi 22 juin par Donald Tusk et qui, de fait, n’a pas servi à grand-chose. Elle est donc très « prudente » face à l’organisation d’un nouveau sommet européen cette semaine. Si elle veut bien négocier, l’Allemagne n’est pas prête à céder grand-chose. « La position ne changera pas : solidarité et efforts vont de pair », a indiqué Angela Merkel, qui a déploré que « la volonté de compromis [n’était] pas du côté grec » et que, dans une négociation, « personne ne peut obtenir 100 % ».Lire aussi :Pour Juncker, « un non des Grecs au référendum serait un non à l’Europe »Sigmar Gabriel a eu des mots très durs contre le gouvernement grec, estimant qu’Alexis Tsipras veut « politiquement, idéologiquement une autre zone euro ». Il a estimé que les Européens avaient déjà fait des propositions « généreuses » à la Grèce. Pas question d’aide « sans condition », a affirmé le vice-chancelier. A lire entre les lignes, il semble donc que l’Allemagne considère que l’Union européenne a davantage à perdre en faisant des concessions importantes à Athènes, pour maintenir la Grèce dans la zone euro, qu’à se montrer ferme face à M.Tsipras.Pas de voyage à Athènes pour Angela MerkelUn « Grexit » (la possibilité que la Grèce quitte l’Eurozone) ne serait donc pas forcément une catastrophe pour la zone euro. Sigmar Gabriel l’a d’ailleurs dit : « La zone euro demande plus d’engagements à ses membres et non pas moins d’engagements ». Pas question donc de céder face à Alexis Tsipras. Maintenant que le référendum est lancé, les Allemands espèrent manifestement que le oui va l’emporter, ce qui contraindrait Alexis Tsipras à démissionner.Mais, mieux que quiconque, Angela Merkel sait qu’elle n’a surtout pas intérêt à le dire ni même à le sous-entendre, car cela aurait un effet contre-productif. Interrogée sur un éventuel voyage à Athènes cette semaine, Angela Merkel a reconnu que, grâce aux « moyens de communication modernes », cela ne lui paraissait pas « utile ».Lire aussi :Comment la Grèce et la zone euro font face à l’urgenceFrédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.06.2015 à 11h18 • Mis à jour le30.06.2015 à 10h54 Cela fait un an et demi que la Turquie est engagée dans un impressionnant marathon d’élections. Les élections municipales du 30 mars 2014, puis l’élection présidentielle du 10 août, pour la première fois exprimées au suffrage universel dans l’histoire de la Turquie, dont j’étais l’un des candidats et, dernièrement, les élections législatives qui ont eu lieu le 7 juin 2015. Ce calendrier a été aussi celui de l’affirmation du Parti démocratique du peuple (HDP) sur la scène politique, de son organisation, de la clarification de sa ligne politique, de ses objectifs et de son programme.C’est durant cette même période que, menacés de toutes parts, victimes d’intimidations et d’agressions, nous avons subi des tirs sur les murs du siège de notre parti, les incendies criminels de nos véhicules de campagne même occupés par leur conducteur, les meurtres de nos militants pendant leurs activités électorales, la dispersion à la bombe de notre plus grand rassemblement, les attaques dirigées contre nos citoyens parfois massacrés, au travers d’actions provocatrices qui auraient pu conduire à une guerre civile.Malgré tout ce qui s’est passé, nous avons su traverser une étape fondée sur l’abnégation, la patience et la résistance, capable de susciter et d’organiser l’espoir. C’est grâce à la victoire commune de tous ceux qui partagent ces valeurs que nous sommes arrivés là où nous sommes. Les ruptures historiques, politiques et sociales ont toujours été l’aboutissement des processus historiques et des luttes.Les élections du 7 juin 2015 correspondent, de par leurs résultats, à un moment de rupture pour les peuples de Turquie et du Moyen-Orient. Les conséquences majeures de ce bouleversement historique sont la possibilité naissante pour les 80 députés du HDP d’organiser une opposition forte au sein du Parlement, et la victoire massive et inédite d’un parti de gauche, dans l’histoire politique de la Turquie. Ajoutons à ces avancées le fait que le mouvement politique kurde, animé depuis des décennies par la perspective d’un ancrage en Turquie, ait réussi à atteindre son objectif le 7 juin.Liberté, égalité et paixQuant aux répercussions immédiates des élections, rappelons la fin de l’hégémonie du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir depuis treize ans, la volatilisation du régime présidentiel que M. Recep Tayyip Erdogan rêvait d’imposer à la société, le réveil des citoyens de Turquie à un jour plus lumineux, le matin du 8 juin. En quelques mots, les vrais gagnants sont la liberté, l’égalité et la paix. L’oppression, l’autoritarisme et l’arrogance ont perdu.Cette victoire est la conquête commune de la gauche et de tous les réprouvés, celle des femmes, des écologistes, des jeunes, de tous ceux qui aspirent à une Constitution civile et démocratique, luttent contre la Constitution issue du putsch du 12 septembre 1980 et son barrage des 10 % qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde.Les plus grands architectes de ce triomphe sont les milliers de travailleurs du parti et tous les autres citoyens qui, sans être du HDP, ont soutenu notre projet de société. Quant à sa source d’inspiration, elle est à chercher dans l’histoire commune des mouvements socialistes de Turquie et du mouvement kurde, chez ceux qui ont résisté à Kobané et au parc Gezi.Cette victoire est la conquête commune de la gauche et de tous les réprouvés, celle des femmes, des écologistes, des jeunes, qui aspirent à une Constitution civile et démocratiqueDepuis la crise économique de 2008, dont les effets ont été différemment ressentis dans chaque pays, l’on assiste partout au monde à des déferlantes de transformations. Elles ont montré leur force dans le mouvement Occupy, en Amérique et en Europe, dans les Printemps arabes, au Moyen-Orient, et en Turquie, au travers de l’insurrection Gezi.Il ne faut évidemment pas perdre de vue que chacun de ces mouvements répondait à une évolution et une dynamique sociale spécifiques, mais le plus important maintenant est que Syriza en Grèce, Podemos en Espagne, et le HDP en Turquie, puissent amplifier ces transformations en cascade et les organiser.Au lendemain des événements de Gezi, il est devenu clair que l’AKP au pouvoir, chantre de la liberté et de la justice dans ses postures idéologiques des débuts, était en vérité à mille lieues de ces valeurs. Gezi avait réussi à faire rapidement reculer l’AKP dans le paysage idéologique. La société exprimait sa volonté d’échapper à l’asphyxie par un régime communautariste qui, arborant un mépris total pour la nature et le travail, s’était définitivement enfermé dans une idéologie au service du capital.Il s’agissait, bien sûr, pour le pouvoir d’un choix politique délibéré. C’est dans ce contexte que se sont accrues, pour le mouvement politique kurde et les forces de gauche de Turquie, les possibilités d’asseoir et de propager leur projet politique au travers de leurs valeurs de principe historiques. Le HDP a réussi à investir cet espace politique grâce un réseau d’unions et de solidarités.Une démocratie radicaleL’une des conclusions à tirer de ce processus historique est la nécessité de réfléchir sur de nouveaux mécanismes de représentation. Car, dans les domaines de la condition féminine, de la jeunesse et de l’écologie, il est indispensable, aujourd’hui, de concevoir des politiques locales, décentralisées, libérées des dominations hiérarchiques.Nous espérons répondre à cet impératif par la démocratie radicale définie dans notre programme et pratiquée au sein même de notre parti. La transposer dans la vie passe par un processus dont nous sommes tous comptables. Et ce n’est qu’ainsi que nous pourrons préparer le terrain pour la jeune génération désireuse de s’engager dans la politique.Ces élections nous ont aussi fourni la preuve de la faillite de la politique étrangère hégémonique, expansionniste et communautariste du parti actuellement au pouvoir. Le Moyen-Orient traverse une terrible période de guerres, de destructions et de massacres, où se dessinent de nouvelles frontières, émergent de nouvelles souverainetés et des ordres sociaux inédits.Appelée l’ère Davutoglu, cette dernière décennie de la politique étrangère de la Turquie, mise en place par l’ancien ministre des affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, est en réalité la triste histoire d’un échec total. Bien sûr, la part de la responsabilité de Recep Tayyip Erdogan dans ce fiasco est grande. On peut facilement deviner dans leurs déclarations ou insinuations le rêve de politique étrangère, irrationnelle et néo-ottomane de l’AKP, autoproclamé protecteur de tous les peuples du Moyen-Orient.Pendant la résistance kurde à Kobané, ce discours s’est durci en des termes inacceptables pour les Kurdes. Alors que l’immense majorité du monde démocratique soutenait l’héroïque résistance des combattantes kurdes face aux assassins du Daech, ainsi que l’abnégation des femmes et des hommes venus de partout – qui, poussés par une conscience internationaliste, ont défendu Kobané, où a été perpétré l’un des crimes contre l’humanité du XXIe siècle – et qu’on pouvait entrevoir dans ces résistances l’espoir d’une paix au Moyen-Orient, « la chute de Kobané ne tient qu’à un fil », ne cessait d’ironiser M. Erdogan.Discours communautaristeCes paroles ont définitivement éloigné de l’AKP une frange importante de la société, surtout les Kurdes. Il en a résulté non seulement la faillite de la politique extérieure du pays, mais aussi la quasi-disparition de l’AKP dans les villes kurdes. L’AKP s’est fourvoyé auprès des Kurdes à cause de sa politique anti-kurde, ses prises de position concernant Kobané et Rojava, ses rêves d’hégémonie au Moyen-Orient.Et le plus étrange est que ce parti persiste dans ce discours malgré l’échec de sa politique étrangère et son repli dans le pays. Tandis que les combattants des Unités de protection du peuple (YPG) et les combattantes des Unités de protection des femmes (YPJ) ont repris Talla Abyad à l’Etat islamique, après avoir courageusement défendu Kobané, l’AKP s’accroche toujours à son discours communautariste, en dressant les uns contre les autres dans ses politiques intérieure et extérieure.L’accession du HDP à une forte représentation au Parlement, en franchissant le barrage des 10 % au niveau national, a été la meilleure réponse à l’idéologie communautariste de l’AKP. Cette opposition incarne la conscience et la maturité politiques qui empêcheront, en Turquie, le discours nationaliste et communautariste de dominer sans partage. Lorsque, durant notre campagne électorale, notre rassemblement de Diyarbakir a été dispersé à la bombe, on a voulu pousser les citoyens à la guerre civile, mais nous sommes maintenant socialement si bien organisés que nous avons réussi à faire échouer cette tentative comme tant d’autres.Et le plus heureux est que le peuple ait acquis une conscience subtile des enjeux, beaucoup plus forte que dans les structures du parti. Cette conscience nous oblige à assumer de plus grandes responsabilités. Impulsée et organisée parmi les peuples de Turquie par le HDP, la conscience du rapprochement, de la fraternité et d’un destin partagé est pour le Moyen-Orient une évolution lourde d’espoir.Nous avons un rêveJ’ai évoqué, plus haut, les conséquences à court terme des élections du 7 juin 2015. Il faut sans tarder traiter certaines questions prioritaires. Et au premier chef, prendre rapidement des mesures pour stopper les assassinats de femmes impunis, faire voter par l’Assemblée les dispositifs capables de faire baisser les accidents-meurtres du travail, puis lancer une réflexion parlementaire afin de se doter d’une législation qui interdirait tout projet insensé, source de destructions écologiques.Mais le sujet le plus urgent et incontournable pour l’Assemblée et le futur gouvernement, c’est de commencer très rapidement la concertation, afin de doter la Turquie d’une Constitution démocratique, égalitaire, sociale et écologiste, fondée sur la structure sociale multi-identitaire, multiculturelle, multilingue, multiconfessionnelle du pays, garante des droits du travail.Nous avons, nous aussi, un rêve. C’est fonder la Nouvelle Vie [Manifeste politique du HDP, fondé sur la moralisation de la vie politique en Turquie, l’instauration d’une démocratie participative, la fraternisation des peuples, la reconnaissance de la pluralité ethnique, confessionnelle, linguistique et culturelle] sur les valeurs de la grande humanité.Selahattin DemirtaşNé en 1973, Selahattin Demirtaş est député et chef du Parti démocratique du peuple (HDP), parti pro-kurde en Turquie.D’origine kurde, il a conduit la liste du HDP aux dernières élections législatives le 7 juin 2015 et a créé la surprise en obtenant 13 % des voix, soit 80 députés. Son parti comptait 29 sièges dans l’Assemblée sortante.Ceci n’est assurément pas qu’une idée abstraite, mais un processus long et difficile qui exige de nous des responsabilités et des devoirs importants. Et comme jamais auparavant, nous sommes maintenant forts et enthousiastes pour le réaliser. Nous voulons porter haut la victoire de la dignité et de la vertu face à l’arrogance et le mépris, le triomphe du travail face aux spéculations du capital, et celui du pluralisme face à la pensée moniste et sclérosée.Nous désirons la gloire de la fraternité et de l’humanité contre les assassins qui massacrent notre peuple. Nous aspirons à renforcer l’unité et la solidarité de toutes les forces laborieuses, démocratiques et pacifistes de Turquie, à avancer d’un pas sûr vers la souveraineté démocratique des peuples. C’est tous ensemble que nous réaliserons nos aspirations. La conscience, la dignité et l’espérance sont à nos côtés (Traduction du turc par Ali Terzioglu).Selahattin Demirtaş (député, chef du Parti démocratique du peuple) Bastien Bonnefous et Patrick Roger La situation en Grèce va être « le sujet d’urgence de la semaine », explique l’Elysée, avec l’organisation dimanche 5 juillet du référendum sur le plan d’aide européen. Si François Hollande ne s’est pas entretenu durant le week-end avec le premier ministre grec, Alexis Tsipras, le chef de l’Etat a surveillé de près le risque d’un « Grexit » et la sortie du pays de la zone euro. Une réunion de travail s’est tenue dimanche en fin de journée à l’Elysée, avant un conseil restreint extraordinaire lundi 29 juin au matin.Lire aussi :Pour Juncker, « un non des Grecs au référendum serait un non à l’Europe »A l’issue de cette réunion, M. Hollande a déclaré qu’ « il y a toujours la possibilité d’un accord », précisant que la France « souhaite que la négociation puisse reprendre ». L’annonce, samedi, par M. Tsipras d’un référendum a surpris l’ensemble des dirigeants européens, mais le chef de l’Etat français s’est bien gardé de condamner publiquement cet appel au peuple grec, contrairement à son prédécesseur Nicolas Sarkozy qui avait fait pression en 2011 sur le premier ministre grec de l’époque Georges Papandréou pour qu’il renonce à son projet de référendum.« C’est le moindre des droits d’un Etat souverain que de consulter ses concitoyens », explique l’Elysée. « Quand on convoque le peuple, quand on lui demande d’exercer son choix souverain, ça ne se critique pas », a appuyé Manuel Valls dimanche matin. Le premier ministre a néanmoins regretté la décision prise de « manière unilatérale » par son homologue grec.Paris ne cache pas son amertume à l’encontre de M. Tsipras, estimant avoir toujours cherché une sortie de crise qui n’humilie pas la Grèce. « La France est le pays qui a le plus sincèrement essayé de poursuivre le dialogue. Cette voie a été rendue impossible par la décision de la Grèce d’organiser un référendum. Les Grecs ont claqué la porte, y compris à la France, alors que la position française a toujours été de défendre une solution globale et durable. Heureusement qu’on était là pour eux », s’agace Michel Sapin.« Les yeux grands ouverts »M. Hollande tente toujours de jouer un rôle de médiateur entre les responsables grecs et les autres acteurs européens, à commencer par le gouvernement allemand d’Angela Merkel. « Le président de la République se voit comme un facilitateur. Il fera tout pour que le dialogue se poursuive. Il estime qu’on peut encore trouver un point d’équilibre tout en s’inscrivant dans la dynamique collective européenne », explique son entourage.La France met néanmoins en garde les Grecs contre les conséquences d’un vote négatif le 5 juillet. « Personne ne souhaite que la Grèce sorte de la zone euro, mais c’est maintenant au peuple grec d’en décider. Il doit se prononcer les yeux grands ouverts car sa réponse sera interprétée par l’ensemble des partenaires européens ».La France plaide pour que la Banque centrale européenne continue de verser des liquidités à Athènes. « Couper les liquidités mettrait les Grecs dans une situation intenable, ça ne pourrait que davantage les pousser à voter non au référendum », s’inquiète un membre du gouvernement. Mais Paris est isolé face à ses partenaires européens, favorables à une sanction immédiate de la Grèce.Le scénario du « Grexit » est vu par l’exécutif comme la pire des solutions. A la fois pour la Grèce elle-même et pour l’avenir de l’Europe, mais aussi pour la France. D’abord pour des raisons économiques. La semaine dernière, un membre du gouvernement craignait que la sortie de la Grèce provoque « une nouvelle crise économique en Europe qui mettrait à mal le début de redémarrage de la croissance en France ».Lire aussi :Grèce : des risques de contagion limités, mais bien réelsEnsuite pour des raisons politiques. M. Hollande se verrait accuser par une partie de la gauche française, y compris jusqu’au sein de sa propre majorité, d’avoir voulu empêcher l’émergence en Europe d’une autre politique. Un procès qui compliquerait sa tâche pour rassembler la gauche à deux ans de la présidentielle. Enfin, l’exemple grec risquerait de crédibiliser le discours de Marine Le Pen qui est pour l’instant la seule à plaider pour une sortie de la France de la zone euro.Bastien BonnefousJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalistePatrick RogerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.06.2015 à 14h18 • Mis à jour le28.06.2015 à 16h50 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Dans un pays traumatisé par l’attentat de Sousse où au moins 15 touristes britanniques ont trouvé la mort, l’information « exclusive » du tabloïd The Sun est presque passée inaperçue. Le journal, connu pour ses manchettes tapageuses, les femmes à la poitrine nue de sa page 3 et son populisme, affirme avoir aidé à déjouer un attentat de l’Etat islamique (EI) qui devait viser l’un des défilés militaires organisés samedi 27 juin à l’occasion de l’« Armed Forces Day », la journée consacrée depuis 2009 à la célébration des forces armées britanniques.Lire aussi :Attentat de Sousse : la majorité des victimes sont britanniquesDans son édition datée de samedi matin, le quotidien racontait que l’un de ses journalistes d’investigation s’était fait recruter sur Internet par l’Etat islamique pour commettre un attentat-suicide à la bombe et avait reçu des instructions pour fabriquer un engin explosif, avant de tout dévoiler à Scotland Yard. L’affaire en dit probablement aussi long sur les méthodes d’un certain journalisme britannique (l’attentat prétendument déjoué est censé avoir été préparé par le reporter lui-même) que sur les méthodes de recrutement des islamistes.« Frapper durement les mécréants »La police a refusé de confirmer ces informations, mais elle a affirmé qu’« il est toujours très utile que des journalistes partagent avec nous des informations qui peuvent repérer une activité terroriste ou criminelle, comme l’a fait “The Sun” dans ce cas ». Dans un communiqué publié quelques heures avant les défilés du Jour des forces armées, Scotland Yard a « encouragé le public à assister normalement aux célébrations », assurant que la police « réactualisait constamment les mesures de sécurité s’agissant de manifestations publiques, prenant en comte les renseignements spécifiques et la menace globale ». Des parades rassemblant des milliers de spectateurs ont effectivement eu lieu comme prévu, samedi, dans de nombreuses villes britanniques.The Sun raconte que son journaliste, se présentant comme un candidat au djihad, a pris contact par le biais d’une messagerie cryptée avec Junaid Hussein, un Britannique qui dirige depuis Rakka (Syrie), fief de l’EI, le groupe CyberCaliphate, qui s’est fait connaître par ses cyberattaques contre les médias occidentaux.Lire aussi :« Tenir bon » face à « l’horreur islamiste » : la presse internationale se réveille avec la nauséeCe dernier aurait, selon le journal, encouragé son collaborateur à fabriquer un engin explosif pour commettre un attentat visant le défilé militaire prévu pour l’« Armed Forces Day » à Merton, un quartier du sud-ouest de Londres. Ce lieu aurait été choisi car il s’agissait de la parade la plus proche du lieu où, en 2013, le soldat britannique Lee Rigby a été sauvagement assassiné par deux islamistes, et parce que des soldats ayant servi en Irak et en Afghanistan étaient censés y défiler. « Ça sera énorme. Nous allons frapper durement les mécréants, inch Allah », aurait promis le commanditaire au reporter qualifié de « frère ». « Ils pensent pouvoir tuer des musulmans en Irak et en Afghanistan puis rentrer chez eux et vivre en sécurité. Nous les frapperons (…). Par Allah, tu ne seras pas gaspillé, frère. »Cocotte-minute et mort-aux-ratsJunaid Hussein aurait adressé au journaliste une liste des objets à acheter pour confectionner l’explosif à placer dans une cocotte-minute, ainsi que des conseils pour se les procurer sans attirer l’attention. Il aurait ensuite communiqué un manuel de montage de neuf pages rédigé en anglais. Les conseils auraient inclus des précisions rapportées minutieusement par le Sun, comme l’utilisation de mort-aux-rats destinée à aggraver les souffrances des victimes. Ou l’utilisation d’un sac à dos, comme lors des attentats contre le métro de Londres en 2005. Le prétendu candidat au martyre aurait enfin reçu l’ordre de laisser une vidéo de lui à diffuser après l’attentat, comprenant un serment d’allégeance à l’EI, des conseils aux « frères » vivant en Occident et un message aux non-croyants.Junaid Hussein est un Britannique originaire de Birmingham qui a fait parler de lui en 2011 lorsque, alors âgé de 17 ans et sous le pseudonyme de « Trick », il a publié en ligne des éléments du carnet d’adresses de l’ex-premier ministre Tony Blair, se revendiquant de l’idéologie libertaire du groupe de pirates Team Poison. Après avoir purgé six mois de prison pour ce délit, il a quitté le Royaume-Uni pour la Syrie en 2013.Depuis lors, sous le nom de Abou Hussein Al-Britani, il dirigerait le CyberCaliphate, groupe de hackers se réclamant de l’EI qui, depuis le début de 2015, a revendiqué le piratage du compte Twitter du commandement militaire américain au Moyen-Orient, puis de celui du magazine américain Newsweek, et, début avril, de la chaîne francophone TV5 Monde. Il aurait été en contact avec l’un des auteurs de l’attaque, en mai, près de Dallas (Texas), visant un lieu d’exposition où avait lieu un concours de caricatures de Mahomet.Lire aussi :TV5 Monde : un pirate peut en cacher un autrePhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Annick Cojean Juchés sur de hauts tabourets à la terrasse du café Apolonio, samedi 27 juin dans un quartier élégant d’Athènes, trois hommes discutent. Ils sont comme chez eux dans ce lieu où ils se retrouvent quatre ou cinq fois par semaine, pour boire un café frappé et parler de la vie, souvent de politique, avant de repartir chacun à son travail, dans son propre univers. Car en dehors de ces rendez-vous, ces trois hommes, dont le style de vie et les moyens sont manifestement différents, ne se fréquentent pas. « On est comme ça nous les Grecs. On adore parler politique en plein air. Comme à l’agora de l’Antiquité », lance l’un d’eux.Fotis P. a la soixantaine, une chaîne en or autour du cou, une chemise Lacoste rose, un pantalon blanc accordé à ses mocassins souples et sa crinière soignée. Il tire, l’air blasé, sur un énorme cigare. Il posséde un magazine de mode et un petit quotidien. Ilias L., 50 ans, affiche un air joyeux, juvénile, dans son polo bleu ciel et son jean foncé. Il est fonctionnaire à la région et gagne, dit-il très simplement, 600 euros par mois. Stefanos M., 40 ans, barbe et cheveux finement taillés et lunettes de soleil à la mode, est lui procureur, passionné par le droit, et garde un air un tantinet suffisant.Tous les trois ont à portée de main un téléphone portable qu’ils consultent fréquemment tandis qu’un komboloï trône sur la table. Et ce samedi 27 juin, comme dans tous les cafés du pays, le coup d’éclat provoqué par le premier ministre, Alexis Tsipras, annonçant un référendum sur les propositions de l’Europe, est au cœur de leur discussion. Récit.Lire aussi :Référendum en Grèce : Tsipras appelle à voter « non », la crainte d’un « Grexit » s’accentue« Fotis : Cela m’a stupéfié ! J’attendais des élections générales, mais certainement pas un référendum. Quelle absurdité ! Si on vote non, on se coupe de l’Europe. Et si c’est oui, comment Tsipras fera-t-il pour appliquer un plan auquel il ne croit pas ? On nage en plein délire !Ilias : Délire ? C’est au contraire du pragmatisme. Et Tsipras a raison. C’est au peuple, et à lui seul, de prendre ses responsabilités et de décider pour son avenir. On allait dans le mur ! Les propositions de la troïka signaient la mort de la Grèce. Celles de notre gouvernement étaient elles-mêmes dangereuses. Il faut quitter l’euro. D’urgence !Fotis : Tu es fou ! Quitter l’euro condamne la Grèce.Stefanos : Moi je suis choqué. En janvier on a élu un type pour qu’il prenne des décisions. Et voilà qu’il se décharge ? Il veut rester premier ministre, mais il nous file la responsabilité de décider à sa place, après cinq mois de négociations lamentables qui ont mis l’économie par terre ?… Ce type est un lâche.Ilias : C’est tout le contraire ! Tsipras est le grand leader qui va réveiller toute l’Europe.Stefanos : Je ne suis même pas sûr qu’il ait bien analysé la question constitutionnelle que pose son référendum-coup d’éclat. Car notre Constitution n’autorise pas son usage pour des décisions financières.Ilias : Oh ça va ! Il y a eu des tas de choses anticonstitutionnelles depuis cinq ans et personne ne moufte. Nos politiques sont à plat ventre devant Merkel et Schäuble.Lire aussi :Crise grecque : l’Eurogroupe passe au « plan B »Fotis : Trop facile d’accuser toujours le reste de l’Europe. Les vrais coupables, ce sont les Grecs. Ça fait des années qu’ils choisissent des hommes politiques désastreux.Ilias : Mais c’est l’Europe qui nous écrase ! Et la France me déçoit. J’espérais vraiment plus de solidarité de sa part. C’est le seul pays dans les années 80 à avoir soutenu l’entrée de la Grèce en Europe pour des raisons culturelles. Elle se fout bien de la culture aujourd’hui.Fotis : C’était une autre époque. La France d’aujourd’hui a ses propres problèmes de dette et de chômage.Illias : Eh bien si c’est chacun pour soi, ne parlons plus d’union ! Cela me dégoûte que l’économie prime sur tout.Stefanos : Cette Europe-là n’est pas idéale, mais on devrait quand même parvenir à un accord. Il faut des concessions et pas cette réaction immature d’un premier ministre qui cherche la gloire du martyr. On donne encore l’image du mauvais payeur qui espère échapper à ses dettes.Fotis : Pitoyable ! Je t’assure Ilias, ce référendum est une catastrophe qui va nous diviser. On continuera à boire un café ensemble, mais il ne faudra pas attendre longtemps pour que tu me traites de collabo et que je te traite de rouge !Ilias : Arrête ! La Grèce a changé. On a une vraie maturité pour décider de notre sort.Stefanos : Maturité ? Tu plaisantes ? Ça ne peut pas s’appliquer à Tsipras et son tour de passe-passe. Et je trouve affolant que 51 % de la population d’un pays puisse imposer son avis aux autres 49 % sur un sujet aussi grave. Quand on engage l’avenir de plusieurs générations, il faudrait une majorité de 80 %. » Fotis, l’homme au cigare, triturant toujours son téléphone, navigue sur Facebook. Les réseaux sociaux grecs se sont en effet enflammés, ils explosent de commentaires, d’invectives, de tracts et de caricatures. Les mots « humiliation » et « dignité » reviennent le plus souvent. Et celui de « colère ».« Fotis : Je viens de voir qu’un mouvement s’organisait pour inciter les gens à ne pas voter au référendum. Car s’il y a moins de 40 % de votants, le scrutin ne sera pas valable.Ilias : Un boycott ? Mais ce serait honteux ! C’est un sursaut qu’il faut ! Notre premier ministre a réveillé les Grecs qui en avaient besoin.Fotis : J’ai plutôt l’impression qu’il fait un chantage aux créanciers européens. Si ça marche et qu’ils reculent, je trouverais ça minable.Stefanos : Quand je pense qu’en 2011, Tsipras critiquait le référendum proposé par Papandreou sur le même sujet en parlant de jeu dangereux et de faillite…Lire aussi :A l’automne 2011, Georges Papandréou, déjà, choisissait la voie référendaireIlias : La situation d’aujourd’hui n’a rien à voir ! On est mûrs je vous dis !Fotis : C’est ça, cette maturité qui nous pousse au chaos… Ce n’est pas croyable cette propension qu’ont les Grecs à s’accrocher à leurs fantasmes en refusant la réalité. Moi je voterai oui à ce référendum. Sans le moindre doute.Illias : Et moi je voterai non. Il me reste à convaincre ma mère de 85 ans qui s’obstine à croire en l’Europe. Ça m’énerve. Et toi, Stefanos ?Stefanos : Le secret du vote est protégé, non ?Illias : Tu me fais rire ! Les Grecs ne sont jamais d’accord. Trois personnes, quinze opinions ! »Avant de les quitter, on leur demande s’ils ont couru retirer de l’argent à la banque. Illias brandit tout de suite un ticket issu d’un distributeur de billets : « Voyez ! Sur mon salaire de 600 euros, je viens d’en retirer 180. Cela me suffit pour plusieurs jours. Pas de panique ! » Stefanos, qui n’a pas dit pas le montant de son salaire, avoue être allé prendre 600 euros, « le maximum autorisé ». Quant à Fotis, il pousse un soupir fataliste en écrasant son cigare : « Je n’ai pas bougé. Avoir quelques billets dans la poche ne changerait rien sur le fond. Si on retourne à la drachme, on est tout simplement foutu. » Ilias lève alors les yeux au ciel et éclate de rire : « Allons ! Pour vivre en Grèce, pas besoin de beaucoup d’argent. On boit un café à une terrasse pour 1,30 euro. Puis l’on monte dans un tram avec 30 centimes et l’on peut passer gratuitement la journée à la plage. Alors… »Annick CojeanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Yves-Michel Riols (Vienne, envoyé spécial) A l'approche de la date butoir du 30 juin pour parvenir à un accord sur le nucléaire iranien, les pourparlers entrent dans une phase cruciale, à Vienne, entre l'Iran et les pays du « P5+1 » (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Allemagne). « Sur les sujets majeurs, il y a encore des désaccords importants », souligne un diplomate occidental. « Il va falloir beaucoup de calme et de sang froid pour y arriver »,poursuit-il. Etat des lieux des principaux blocages à surmonter pour aboutir à un accord.Les inspectionsLes modalités du régime d’inspections pour s’assurer que l’Iran tient ses engagements constituent le « verrou » de tout futur accord, insiste une source diplomatique. Les Occidentaux veulent que les observateurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’instance de l’ONU qui sera chargée de vérifier l’application d’un accord, puissent avoir accès à tous les sites, y compris militaires. Ce cas de figure est rare mais l’AIEA a déjà conduit de telles missions, notamment au Japon et en Afrique du sud.Le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, a rejeté à plusieurs reprises de telles demandes, jugeant qu’elles allaient au-delà du protocole additionnel de l’AIEA que l’Iran s’est engagé à ratifier lors de l’accord-cadre de Lausanne, conclu le 2 avril, qui a fixé les principaux paramètres d’un compromis final entre Téhéran et les pays du « P 5+1 », regroupant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne. Ce protocole permet des inspections renforcées sur l’ensemble des lieux où il y a une suspicion d’activité nucléaire. « L’AIEA n’ira pas de façon routinière sur tous les sites militaires mais seulement dans les endroits où il y a des raisons de penser qu’il se passe des choses qui ont besoin d’être relevées », juge une source influente.Pour surmonter ce blocage, les diplomates tentent de négocier, à Vienne, les termes d’un « accès réglementé » aux sites iraniens. Il s’agit, précise un proche du dossier, de définir le périmètre d’action de l’AIEA et la durée du préavis à fournir aux autorités iraniennes avant de se rendre sur un site. « Il faut pouvoir mener des inspections ad hoc dans tous les domaines qui ne sont pas couverts par le protocole additionnel », insiste une source bien informée. Autrement dit, avoir accès à l’ensemble des endroits où sont conduites des recherches nucléaires même s’il n’y a pas d’activité nucléaire à proprement dit sur ces sites. Il est important, note cette source, de définir les mécanismes d’intervention de l’AIEA dans le cadre d’un accord « pour éviter que l’agence ne soit obligée, à l’avenir, de négocier, pied à pied, avec l’Iran chacune de ses missions ».Les sanctionsLa levée des sanctions internationales qui pénalisent durement l’économie iranienne est l’objectif prioritaire de Téhéran. C’est leur impact qui a poussé les Iraniens à reprendre les négociations en 2013, estiment les Occidentaux. « A ce stade, les attentes des uns ne correspondent pas à la disponibilité des autres », observe sobrement un diplomate.En d’autres termes, les pays du « P 5+1 » excluent toute levée immédiate des sanctions en cas d’accord, comme le demande régulièrement le Guide suprême iranien. « Il y aura un séquençage assez fin entre le retrait de certaines sanctions en fonction des gestes de l’Iran », souligne un expert. Parmi ces gestes, dit-il, figurent la mise en œuvre des inspections dans le cadre du protocole additionnel, l’aménagement de la centrale à eau lourde d’Arak, pour s’assurer qu’elle ne puisse pas produire du plutonium de qualité militaire, et des garanties sur les activités menées à Natanz, le plus important site d’enrichissement d’uranium, un combustible indispensable à la fabrication d’une bombe atomique.Même s’il y a un accord, les sanctions ne pourront pas commencer à être levées avant la fin 2015, précise cette source. Auparavant, l’AIEA devra certifier que l’Iran joue le jeu, ce qui prendra plusieurs mois. De plus, tout accord devra être approuvé par le Parlement iranien et sera également soumis à l’approbation du Congrès américain.La dimension militaireC’est l’un des points les plus délicats de la négociation. En novembre 2011, l’AIEA a demandé à l’Iran de fournir des explications sur onze points ayant trait à la possible dimension militaire – dite PDM – du programme nucléaire iranien au début des années 2000. Il s’agit, pour les pays du « P 5+1 » de faire toute la lumière sur les activités de militarisation menées dans le passé par l’Iran. A ce jour, Téhéran n’a répondu qu’à deux des onze points. D’où la demande récurrente de l’AIEA de pouvoir se rendre sur la base militaire de Parchin où l’Iran est soupçonné d’avoir effectué des recherches sur des détonateurs pouvant servir à une bombe nucléaire.Un accord final, souligne un proche du dossier, devra autoriser l’accès « aux personnes, aux sites et aux documents » relatifs à cette possible dimension militaire. « La vérification sur la PDM est désagréable pour les Iraniens car cela consiste à venir renifler chez eux, relève un diplomate occidental. On ne demande pas aux Iraniens de se confesser, mais si on veut coopérer à l’avenir, il faut savoir ce qui a été fait. »Yves-Michel Riols (Vienne, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) « Au peuple de parler sans pression ni chantage. » 1 h 20 du matin en Grèce (0 h 20 à Paris), samedi 27 juin : dans une déclaration très solennelle, le premier ministre Alexis Tsipras annonce qu’un référendum se tiendrait le 5 juillet sur le plan d’aide au pays. Selon des sources gouvernementales, la question posée sera : « Oui ou non à la proposition des créanciers » — Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire internationale.« Nous avons livré depuis cinq mois une bataille » a continué Alexis Tsipras. « Mais malheureusement les créanciers nous ont fait une proposition en forme d’ultimatum. [Nous] n’avons jamais cédé. Nous n’avons jamais trahi votre confiance (…). Nous allons répondre à l’ultimatum en consultant le peuple et je m’engage à respecter votre décision quelle qu’elle soit. »#tsipas annonce un referundum pour ou contre la proposition des creanciers le 5 juillet prochain. @lemondefr @c_ducourtieux— Adea_Guillot (@adea guillot)require(["twitter/widgets"]);Dans les cafés, pleins en ce vendredi soir, les écrans de télévision retransmettent en direct l’événement. « D’un seul coup le silence a été total », nous dira une heure plus tard Dimitris Latsos, serveur d’un café très fréquenté du quartier de Pangrati. « Tout le monde était sidéré. » Et puis le débat a commencé. « Entre d’un côté ceux l’insultant, l’accusant de conduire le pays à la ruine et ceux le félicitant et le traitant de héros. » Certains se sont levés pour aller chercher un peu d’argent dans les distributeurs voisins. Alors que ces dernières semaines, les Grecs les plus simples avaient résisté à l’impulsion d’aller retirer leur argent massivement à la banque, là en pleine nuit, vers 2 heures du matin, environ une vingtaine de personnes attendaient déjà devant chaque distributeur du quartier. « Je ne vais prendre que de quoi passer la semaine car je redoute que les banques ne soient fermées dès demain mais après je sais qu’ils vont organiser cela pour que l’on puisse sortir chaque semaine une certaine somme », croit savoir Athanssios, 23 ans, étudiant. Une référence aux mesures de contrôle des capitaux mis en place à Chypre au printemps 2013. Lire :Les créanciers d’Athènes suscitent incompréhension et colère chez les GrecsFierté contre consternationLe petit groupe est principalement composé à cette heure tardive de jeunes hommes qui étaient de sortie et le débat est là encore très vif. « C’est très bien qu’il nous demande notre avis », affirme ainsi Dyonisos, 25 ans, boulanger. « C’est une grosse connerie. L’économie va encore plus plonger », répond Stéfanos, 31 ans, ingénieur civil. Le même débat embrase alors les réseaux sociaux. Chez Syriza, le parti de la gauche radicale, le ton est à la fierté. « Enfin, la démocratie reprend ses droits sur la technocratie européenne et refuse de céder au chantage d’une Europe conservatrice », peut-on lire sur Internet. « Le peuple votera NON à l’accord j’en suis sür », affirme très vite le ministre du redressement productif, Panayiotis Lafazanis, à la tête d’un courant situé à l’aile gauche de Syriza.Dans l’opposition, c’est la consternation. Le député conservateur de Nouvelle Démocratie (ND), Kiriakos Mitsotakis, appelle sur Twitter à des élections immédiates. Antonis Samaras, le chef de ND, appelle lui à un référendum autour de la question : « Pour ou contre le maintien de la Grèce dans la zone euro. » « Nous ne tomberons pas dans ce piège. Ce n’est pas ce sur quoi le peuple doit se prononcer », répond-on au gouvernement. Le ministre d’Etat, Nikos Pappas, a prévenu que « quiconque associe la volonté d’un peuple de mettre fin à l’austérité à une sortie de l’Euro joue un jeu dangereux pour notre monnaie commune ». Et d’accuser sans détour « des cercles radicaux allemands ainsi que le Fonds monétaire international de jouer un jeu dangereux pour l’avenir de l’euro et de l’Europe ». Mais d’ici au référendum, dans neuf jours, que peut-il se passer ?Que fera la BCE ?Samedi est prévu à Bruxelles la tenue d’un Eurogroupe pour un nouveau tour de négociations entre la Grèce et ses créanciers. Les Européens vont-ils sous la pression revoir leur copie et faire de nouvelles propositions pour éviter une nouvelle période d’instabilité politique à l’issue incertaine pour la zone euro ? A Maximou (le Matignon grec), on affirme que Hollande et Merkel ont été prévenus du référendum.La question cruciale est désormais la suivante : quelle sera la réaction de la Banque centrale européenne (BCE) qui, grâce à une ligne de financement d’urgence – l’ELA –, assure la survie du secteur bancaire grec depuis plusieurs mois déjà ? Deux émissaires grecs, Euclide Tsakalotos et Yannis Dragassakis, doivent rencontrer samedi le gouverneur de la BCE, Mario Draghi. Dans un premier temps M. Draghi pourrait réagir en durcissant les conditions de financement du secteur bancaire grec par le biais d’une augmentation de la décote sur les collatéraux (garanties) acceptés pour les fonds obtenus via l’ELA.Au minimum la BCE va durcir des conditions pour les ELA qd défaut le 30 juin. Contrôle des capitaux dur à éviter dans ce cas. #Grèce #ECB— MarieCharrel (@Marie Charrel)require(["twitter/widgets"]);Tout l’enjeu pour MM. Dragassakis et Tsakalotos sera de convaincre la BCE de ne pas stopper tout bonnement l’ELA, la dernière source de liquidités pour l’économie grecque. Ce qui obligerait Alexis Tsipras à mettre en place un contrôle des capitaux. « Nous voulons avoir le temps de consulter notre peuple sans pressions intolérables financières pour que l’on puisse mener un débat démocratique sans chantage », martelaient cette nuit tous les membres de Syriza contactés par Le Monde.Si BCE decide de couper l aide d urgence aux banques grecques alors le controle des capitaux semble inevitable. Rencontre avec draghi today— Adea_Guillot (@adea guillot)require(["twitter/widgets"]);Techniquement, un vote nominatif doit se dérouler au Parlement qui a prévu de se réunir en assemblée plénière à 12 heures (heure grecque). Il faut la majorité absolue, 151 voix sur les 300 sièges que compte la Vouli, pour que le référendum soit lancé.Lire aussi (abonnés) :Pour les économistes, l’austérité en Grèce ne remplacera pas les réformesAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.06.2015 à 12h41 • Mis à jour le26.06.2015 à 13h12 L’ancien maître espion et ex-premier ministre russe dans les années 1990 Evgueni Primakov est mort vendredi 26 juin à Moscou à l’âge de 85 ans, ont annoncé les agences de presse russes.Directeur des services de renseignements extérieurs de 1991 à 1996, Evgueni Primakov était devenu chef de la diplomatie russe en 1996 avant d’être nommé premier ministre pendant quelques mois, de septembre 1998 à mai 1999.Le président russe, Vladimir Poutine, accordait une grande importance à l’opinion d’Evgueni Primakov, selon le porte-parole du Kremlin. Ce dernier a également déclaré qu’il « était un homme d’Etat, un scientifique, un homme politique. Il laisse derrière lui un grand héritage (…) particulièrement dans cette période troublée ».Etendre l’influence russe au Moyen-OrientTout au long de sa carrière, Evgueni Primakov s’est employé à faire entendre la voix de la Russie sur la scène internationale, en s’opposant à la montée en puissance des Etats-Unis. Fin connaisseur du Proche-Orient, il était devenu l’émissaire de Mikhaïl Gorbatchev à Bagdad après l’invasion du Koweït par l’Irak, sans cependant réussir à empêcher la guerre du Golfe en 1991.En tant que ministre des affaires étrangères, il fut ainsi un fervent défenseur de l’intérêt national et du multilatéralisme en tant qu’alternative à l’hégémonie américaine, notamment grâce au triangle Russie, Chine, Inde ; ce qui lui vallut une grande popularité au sein de la population. Sa politique étrangère fut marquée par une volonté d’étendre l’influence russe sur le Moyen-Orient.Lire : Kirghizistan : "Il s'agit d'une crise très sérieuse", selon Primakov« L’homme du patriotisme et de la probité »En septembre 1998, il avait été nommé chef du gouvernement par Boris Eltsine. La consécration pour cet ancien journaliste, correspondant au Moyen-Orient pour le journal soviétique Pravda. Il avait mis en œuvre des réformes difficiles, dont une réforme fiscale, mais ne resta finalement que quelques mois à ce poste après avoir refusé de renvoyer les ministres communistes de son gouvernement. Il fut alors congédié par M. Eltsine.Lorsqu’il occupait ces fonctions, Evgueni Primakov avait de manière très symbolique marqué la rupture entre la Russie et les Etats-Unis en ordonnant en mars 1999 aux pilotes le conduisant à Washington pour négocier l’aide du Fonds monétaire international de faire demi-tour au-dessus de l’Atlantique, après avoir appris les frappes de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord sur la Yougoslavie.Elu député en 1999, il s’était allié au maire de Moscou pour former une coalition d’opposition de centre gauche et briguer la présidence, en mars 2003. Il s’était finalement retiré, laissant le champ libre à Vladimir Poutine. Cette défaite avait signé la fin de ses rêves de conquérir le Kremlin. Il abandonna la campagne et se rallia à l’actuel président russe.Le président de la commission parlementaire pour les affaires étrangères, Konstantin Kosatchev, cité par l’agence de presse Tass, a salué un responsable qui « restera à jamais comme l’homme du patriotisme et de la probité » en Russie.En 2011, Primakov avait abandonné toutes ses fonctions et s’était retiré de la vie publique, ne donnant que de rares interviews. 26.06.2015 à 04h06 • Mis à jour le26.06.2015 à 08h04 Les échanges étaient tendus, dans la nuit du jeudi 25 au vendredi 26 juin, entre les dirigeants des Vingt-Huit. Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, a piqué un coup de sang devant ses homologues européens, durant un débat consacré aux migrants, dénonçant leur incapacité à s’entendre sur la prise en charge d’une partie des demandeurs d’asile arrivés en Italie, selon le récit fait par un participant.A l’origine de cette colère : l’absence de consensus entre les Etats membres sur les modalités de mise en place de quotas pour la répartition de 40 000 demandeurs d’asile arrivés en Italie et en Grèce, afin de soulager ces deux pays. Au lieu d’établir des quotas, comme l’avait proposé la Commission européenne en mai, les dirigeants ont décidé que la répartition se ferait sur la base du volontariat.Les Etats se sont donc entendus pour répartir 40 000 migrants dans l'UE, mais pas sur la clef de répartition qui restera volontaire #euco— jbchastand (@JB Chastand)require(["twitter/widgets"]);« Ou vous êtes solidaires, ou vous ne nous faites pas perdre notre temps. (…) Si vous voulez une base volontaire, si c’est ça votre idée de l’Europe, alors gardez-la pour vous. Nous nous débrouillerons seuls », s’est emporté Matteo Renzi.Lire :Grèce, immigration, Brexit : les dirigeants européens sur tous les fronts60 000 arrivées en Italie« Il n’y a pas d’accord entre les Etats pour des quotas obligatoires de migrants », avait déclaré à l’ouverture du sommet le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, dont le pays natal est opposé à ce dispositif. M. Tusk a soutenu l’idée d’un mécanisme fondé sur le volontariat, mais celui-ci « ne pourra être crédible qu’à la condition que les Etats prennent des engagements crédibles et significatifs d’ici à la fin du mois de juillet », avait-il souligné.« Si l’Europe choisit la solidarité, c’est bien. Si elle ne le fait pas, nous avons un “plan B” tout prêt. Mais qui frapperait surtout l’Europe en premier », avait averti Matteo Renzi deux semaines avant le sommet, menaçant de laisser passer chez ses voisins les migrants et les demandeurs d’asile affluant sur son territoire.Plus de 100 000 personnes sont clandestinement entrées dans l’UE depuis le début de l’année par la Méditerranée ou par la Turquie, selon l’agence européenne Frontex. Plus de 60 000 sont arrivés en Italie après une périlleuse traversée de la Méditerranée.Lire aussi le reportage :« Hier, ils vivaient comme nous, à Damas ou ailleurs » 25.06.2015 à 16h57 | Aude Lasjaunias A l’occasion d’une tournée en Europe et aux Etats-Unis, le Tchèque Vit Jedlicka, président autoproclamé de la micronation du Liberland a fait escale à Paris. Objectif annoncé : faire de sa république un Etat à part entière. Pas si simple, estime Stéphane-Bertin Hoffmann, auteur de La Reconnaissance des micronations ou l’utopie confrontée au droit (Editions Lulu.com, 2010).Qu’est-ce qu’une micronation ? N’importe qui peut-il en proclamer une ?Il y a généralement une confusion entre le concept « d’Etat » et celui de « nation », qui est sans doute liée au fait que les termes sont utilisés de manière interchangeable en langue anglaise. Ils renvoient pourtant à des idées très différentes. Le premier a un ancrage juridique : sa définition a été donnée dans un ensemble de textes de droit international, notamment la convention de Montevideo de 1933. Cette dernière fixe quatre critères : un territoire délimité sur lequel vit une population administrée par un gouvernement capable de nouer des relations diplomatiques avec d’autres Etats officiels.La nation relève pour sa part de la philosophie politique. Deux écoles de pensée en ont donné les contours. Celle dite allemande présente ce concept de manière « objective » : une communauté qui partage la même langue, la même culture, dans certains cas la même religion ; bref, un socle commun. L’autre vision, qui date du XIXe siècle environ et qualifiée de française propose une acception plus subjective de la chose. Une nation est le témoignage d’une volonté de vivre ensemble, d’une communauté de destin.Ces entités que l’on présente comme des micronations relèvent généralement de cette seconde définition. Elle n’a pas de valeur contraignante tant que personne d’autre que ses « membres » ne la reconnaît en tant que telle, lui confère aussi ce statut. A ce titre, si une nation peut être formée très facilement, ça n’est pas la même chose que de créer un Etat.Le Liberland a été proclamée sur un territoire considéré juridiquement comme terra nullius. Cette dimension peut-elle avoir une incidence sur sa reconnaissance par d’autres Etats ?Ce concept de droit international, qui signifie « territoire sans maître », se réfère aux terres qui n’appartiennent officiellement à aucun état, qui ne sont administrées par aucune autorité spécifique. Le différend frontalier entre la Serbie et la Croatie date d’une vingtaine d’années environ, au moment de l’éclatement de la Yougoslavie. Logiquement, l’un de ces deux Etats aurait dû obtenir ce territoire. Dans ce cas, le concept de « terre neutre » serait sans doute plus approprié que celui de terra nullius. On peut imaginer que son statut n’a pas encore été défini.Mais dans tous les cas, même s’si qu’il s’agit d’un « territoire sans maître », cette situation n’autorise pas une entité tierce à venir en prendre possession. Il n’y a pas d’acquisition possible de souveraineté sur ce territoire, et a fortiori pas à l’initiative d’un particulier. L’acquisition d’un territoire, pour être reconnue juridiquement comme telle, ne peut être réalisée que par une puissance étatique établie.De mon point de vue, il y a peu de chance que le Liberland accède à une reconnaissance. D’autres micronations ont en revanche d’ores et déjà soutenu cette initiative. Ce qui paraît logique d’ailleurs, elles nourrissent l’espoir de bénéficier de son potentiel crédit sur la scène internationale. Par ailleurs, quelques groupes politiques ultralibéraux ou libertariens aussi ont témoigné de leur appui. Mais l’idéologie sous-jacente à la création du Liberland sert là aussi leur propos.Y a-t-il eu des cas de reconnaissance de micronations ou de territoires contestés ?A la fin des années 2000, la Russie, le Venezuela et le Nicaragua ont officiellement reconnu les territoires géorgiens de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud. Il y a de multiples exemples d’entités séparatistes dont la souveraineté est reconnue par d’autres pays pour des raisons politiques. La reconnaissance est avant tout déclarative. Elle n’intervient que si les Etats y trouvent un intérêt. Il n’y a pas d’obligation de passer par les Nations unies.Je ne pense pas que l’on va assister à un tel phénomène dans le cas du Liberland. La démarche manque un peu de sérieux : on est face à un petit groupe de personnes qui ne contrôle pas réellement son territoire et dont la population n’est de facto pas permanente.Comment expliquer l’engouement populaire et médiatique observé pour le Liberland ?Il y a eu d’autres créations de micronations qui ont aussi attiré beaucoup d’attention. Pour n’en mentionner que deux : la principauté de Sealand – sur ancienne plate-forme de la marine anglaise en mer du Nord – et la principauté de Hutt River, près de Perth sur la côte ouest de l’Australie.Lire aussi en édition abonnés : Michael Bates, prince de "sam suffit"L’une comme l’autre soulevait des questionnements juridiques intéressants. Pour le Liberland, l’engouement est sans doute lié à la tournée européenne et américaine de son président, mais aussi à cette assise idéologique ultralibérale qui lui a apporté le soutien de groupes politiques établis.Aude LasjauniasJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Baptiste Chastand (Bruxelles, envoyé spécial) Rarement un Conseil européen aura été aussi attendu et incertain. Jeudi 25 et vendredi 26 juin, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne (UE) se retrouvent à Bruxelles pour discuter officiellement d’immigration, du référendum promis par David Cameron pour maintenir, ou non, son pays dans l’Union européenne, de l’avenir de la zone euro, de défense et du numérique. Mais il est quasiment certain que l’actualité grecque va également s’inviter à la table des dirigeants européens, faute d’accord à ce stade entre Alexis Tsipras et ses créanciers. Tour d’horizon d’un conseil explosif.La bataille des migrantsLa discussion doit être abordée en ouverture du conseil, à 16 heures, jeudi, et elle pourrait durer jusque tard dans la soirée. Les dirigeants européens doivent en effet tenter de trouver une réponse commune à la vague de migrants frappant à leurs portes via la Méditerranée, ou les Balkans. Jusqu’ici, chaque Etat a eu tendance à jouer sa propre partition, quitte à se renvoyer les migrants dans des conditions peu glorieuses.En réaction à la multiplication des drames en Méditerranée, la Commission européenne a proposé en mai d’introduire des quotas contraignants de répartition entre les différents pays de l’UE de 40 000 demandeurs d’asile recueillis par la Grèce et l’Italie. Cette proposition est inédite. Jusqu’ici, la règle est que le premier pays d’entrée des migrants doit être celui qui étudie la demande d’asile. Selon la Commission, les demandeurs l’asile seraient répartis dans toute l’UE dès qu’ils ont posé le pied sur le territoire européen pour que leur demande soit examinée.Si les chefs d’Etat et de gouvernement se disent majoritairement d’accord avec un tel principe, ils ont le plus grand mal à s’entendre sur les modalités pratiques. Pologne et Hongrie en tête, les pays d’Europe centrale ne veulent pas entendre parler de quotas contraignants fixés par Bruxelles. De leur côté, les grands pays d’Europe de l’Ouest contestent la « clef de répartition » proposée par la Commission, calculée selon plusieurs critères comme la population, la situation économique ou les efforts déjà accomplis. Pour ne rien arranger, la France repousse, depuis quelques jours à Vintimille, les réfugiés passés par l’Italie.Résultat : le projet de conclusions du conseil, consulté par Le Monde mercredi 24 juin, évoque un simple « accord » à donner sur le principe de la relocalisation – non obligatoire – de 40 000 demandeurs d’asile en deux ans. Les détails de cette mesure ne seront pas tranchés avant juillet. En revanche, les dirigeants européens comptent bien demander à l’agence européenne Frontex de s’impliquer davantage dans l’expulsion des migrants économiques dès qu’ils ont mis le pied sur le territoire européen. Autant de propositions à la fois nettement plus dures et moins ambitieuses que celles avancées par Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne.Lire aussi :L’Europe se déchire sur le sort des migrantsPremiers tours de table sur le BrexitC’est normalement au cours du dîner que David Cameron, le premier ministre britannique réélu confortablement en mai, doit détailler ses projets d’organisation d’un référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne. M. Cameron a promis lors de sa campagne d’organiser ce référendum d’ici à la fin 2017, en essayant auparavant d’obtenir un aménagement des traités, et des législations en vigueur, pour accorder plus d’autonomie à son pays. Pour l’instant, M. Cameron s’est bien gardé de détailler ses prétentions exactes.Selon plusieurs sources diplomatiques, il devrait continuer à entretenir le flou jeudi soir, se contentant d’une brève intervention. Il attendrait surtout que le processus soit officiellement lancé par le Conseil européen et le calendrier, détaillé. Dans un étonnant retournement de situation, il semble même désormais attendre que les chefs d’Etat européens lui fassent des propositions d’aménagement des règles de l’Union européenne. Les discussions de fonds sur ce sujet devraient donc être renvoyées à un prochain Conseil européen.Lire aussi :David Cameron contre le reste de l’EuropeRéfléchir à l’avenir de la zone euroEntre deux discussions sur l’Europe de la défense et le développement d’un marché numérique commun, les leaders européens devraient débattre vendredi matin du futur des institutions européennes, dans le but d’approfondir l’Union monétaire, après plus de cinq ans de crise des dettes. Ils ont notamment sur la table un rapport remis lundi 22 juin par les présidents des cinq institutions européennes les plus importantes (Jean-Claude Juncker, pour la commission, Donald Tusk, pour Conseil européen, Martin Schulz, à la tête du Parlement européen, Mario Draghi, pour la Banque centrale européenne, et Jeroen Dijsselbloem, pour l’Eurogroupe). Lire aussi :En pleine crise grecque, Bruxelles prône un renforcement de l’EurozoneCeux-ci réclament un renforcement de la zone euro pour éviter que la faillite d’un Etat, comme celle de la Grèce, puisse se reproduire. Ils souhaitent notamment faire converger davantage les politiques budgétaires, économiques et sociales. En raison de l’actualité ultra-prioritaire de la crise grecque, il semble toutefois peut probable que les chefs d’Etat et de gouvernement se lancent dans de longs débats sur l’avenir des institutions européennes. Ils devraient donc se contenter de suggérer d’approfondir ces réflexions dans les prochains mois.Trouver une solution d’urgence pour la GrèceOfficiellement, la situation grecque n’était pas à l’ordre du jour du Conseil européen. Mais les ministres des finances de la zone euro ont tenu jeudi après-midi une nouvelle réunion de l’Eurogroupe pour tenter de s’entendre sur le déblocage, contre des réformes, des 7,2 milliards d’euros d’aides nécessaires à la Grèce pour rembourser le FMI le 30 juin. Cette réunion a été suspendue jeudi en fin d’après-midi, les ministres des finances convenant de se retrouver samedi.La date-limite pour tomber d’accord est dimanche, les Parlements grecs et allemands devant approuver les mesures avant lundi soir. Les Grecs et les institutions représentant les créanciers (BCE, Commission et FMI) ne sont pas encore d’accord sur les mesures à adopter. Le principal différent réside dans le calendrier du vote des différentes mesures, Athènes et les créanciers s’étant globalement entendus pour augmenter la TVA et limiter les préretraites. Il s’agit aussi de savoir dans quelle mesure la question d’une éventuelle restructuration de la dette apparaitra dans le texte final.Si le sujet est suspendu à ce nouvel Eurogroupe, il est quasi-certain que les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro vont aussi en parler en marge du sommet. Ce sera probablement à ce niveau, entre Angela Merkel et Alexis Tsipras, que se décidera l’avenir de la Grèce dans la zone euro.Lire aussi :Nouvelle journée de négociations au forceps sur la GrèceJean-Baptiste Chastand (Bruxelles, envoyé spécial)Journaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.06.2015 à 17h10 La ministre des affaires étrangères suédoise, Margot Wallström, a accusé mardi 9 juin l’Arabie saoudite d’user d’une « méthode moyenâgeuse » en condamnant au fouet le blogueur Raïf Badaoui connu en Occident.Lire aussi :Prison et coups de fouet confirmés pour Raïf Badaoui en Arabie saouditeMme Wallström était interrogée à Bruxelles par la radio publique suédoise SR à propos de la condamnation à 1 000 coups de fouet de M. Badaoui, confirmée dimanche par la Cour suprême saoudienne.Elle a réitéré des propos qui avaient provoqué une crise diplomatique entre Stockholm et Riyad en mars :« Mon opinion, c’est que c’est une peine moyenâgeuse. C’est une méthode moyenâgeuse qui n’a pas sa place dans une société qui autorise des médias libres et permet aux gens d’exprimer leur point de vue. »« Ce que j’en pense est tout à fait clair, et c’est apparu dans tous les médias, donc je n’ai pas changé d’avis à ce sujet », a-t-elle insisté.Tensions diplomatiques entre les deux pays depuis janvierRaïf Badaoui, animateur du site Internet Liberal Saudi Network et lauréat 2014 du prix Reporters sans frontières (RSF) pour la liberté de la presse, est emprisonné depuis 2012 et avait été condamné en novembre. Lundi, les Etats-Unis ont appelé l’Arabie saoudite à « annuler cette punition brutale », tandis que l’Union européenne a qualifié le châtiment d’« inacceptable » et « contraire à la dignité humaine ».Lire aussi :L'Union européenne et Washington demandent à Riyad de renoncer à fouetter Raïf BadouiLors d’une vague de protestations en Occident contre la peine infligée à M. Badaoui, Mme Wallström avait employé les termes les plus forts. « On se doit de protester contre ces méthodes quasi moyenâgeuses », avait-elle affirmé en janvier.L’Arabie saoudite avait immédiatement protesté, puis la crise s’était envenimée en mars, au moment où le gouvernement suédois décidait de ne pas renouveler un accord de coopération militaire avec Riyad. Mme Wallström avait été empêchée de prononcer un discours devant la Ligue arabe, à la demande des diplomates saoudiens.La conséquence la plus grave de cette crise a été la suspension de la délivrance de visas pour les Suédois, Riyad ayant également annoncé rappeler son ambassadeur en Suède. Le 2 avril, Stockholm a finalement assuré que les relations entre les deux pays étaient « normalisées ».Lire aussi : Riyad rappelle son ambassadeur à Stockholm après les déclarations d’une ministre suédoise Ghalia Kadiri Le dernier Parlement turc comptait 79 femmes, et le gouvernement d’Ahmet Davutoglu, au pouvoir depuis août 2014, qu’une seule femme sur vingt-six membres : Aysenur Islam, ministre de la famille et de la politique sociale. Mais l’entrée en force du Parti démocratique des peuples (HDP), un parti prokurde de gauche, à la Grande Assemblée nationale, a changé la donne. Avec 13 % des suffrages, le HDP, qui se dit ouvertement « féministe », enverra sur les bancs du nouveau Parlement 31 femmes sur ses 80 élus. Les islamo-conservateurs du Parti de la justice et du développement (AKP), du président Recep Tayyip Erdogan, ont, pour leur part, fait élire 41 députées, contre 46 en 2011. L’AKP est le seul parti à envoyer moins de femmes que lors de la précédente législature.La condition féminine en reculA son arrivée au pouvoir en 2002, l’AKP avait d’abord promu les droits des femmes, notamment à la faveur de la candidature de la Turquie à l’adhésion à l’Union européenne. Une décennie plus tard, le parti d’Erdogan a perdu cet élan et terni son image en restreignant l’accès à l’avortement, ou encore en encourageant le port du voile.Spécialiste de la Turquie contemporaine à l’Institut français des relations internationales (IFRI), la chercheuse Dorothée Schmid souligne que l’ère Erdogan est marquée par une régression de la culture égalitaire entre hommes et femmes en Turquie. « Ce n’est pas une question de législation mais de culture sociale », explique-t-elle. En effet, le recul de la condition féminine en Turquie se manifeste avant tout dans les discours au sein de l’espace public. « Les hommes sont perçus comme les moteurs de la société, tandis que la femme est reléguée à son rôle de mère », poursuit la chercheuse. En témoignent les multiples interventions d’Erdogan, qui a ainsi recommandé aux femmes d’avoir « au moins trois enfants » ou expliqué, en octobre 2014, que l’égalité hommes-femmes était « contraire à la nature humaine ». Quelques mois auparavant, son vice-premier ministre Bülent Arinç avait déclaré qu’une femme « ne [devait] pas rire fort en public ». Pour Jean Marcou, professeur à Sciences Po Grenoble, la condition des femmes en Turquie est en recul. « La situation est moins bonne que sous Kemal [Mustapha Kemal Atatürk, premier président de la République turque] dans les années 1930. »Recrudescence des violences faites aux femmesAutre symptôme de la dégradation du statut de la femme en Turquie, les violences qu’elles subissent ne cessent d’augmenter depuis quelques années. Selon un rapport sur la violence en Turquie, publié en 2014 par l’université Hacettepe d’Ankara, 40 % des femmes ont déjà été abusées physiquement au moins une fois dans leur vie, tandis qu’une femme sur dix a déjà subi des violences sexuelles domestiques.Lire aussi : Les droits des femmes turques sont-ils en régression ? En février, le décès d’Özgecan Aslan, une étudiante de 20 ans violée puis tuée à coups de barre de fer par un chauffeur de bus, avait incité des milliers de femmes à prendre la parole sur le harcèlement sexuel.Tragic case of #ÖzgecanAslan in Turkey prompts thousands of women to share tales of sexual abuse online #sendeanlat— BBCtrending (@BBC Trending)require(["twitter/widgets"]);Lire aussi : La Turquie rattrapée par la recrudescence des violences faites aux femmesLe meurtre de la jeune Özgecan est devenu le symbole de la colère qui monte en Turquie. Pendant la campagne des élections législatives, les associations féministes se sont mobilisées pour dénoncer les violences et ainsi faire barrage au parti du président Erdogan. Sur les réseaux sociaux, des centaines de femmes ont pris la pose, le dos tourné, en signe de refus de l’AKP. Une campagne qui a profité au parti HDP, défenseur assumé des droits des femmes et des minorités discriminées (Kurdes, chrétiens, homosexuels).#BayanYanı @bayanyaniWomen turn their back to protest Erdogan and AKP's Women's policy— bayanyani (@BayanYanı)require(["twitter/widgets"]);Ghalia Kadiri Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le geste est salué. Mais, à ce stade, il n’est pas encore jugé suffisant. Les deux textes « de propositions » que le gouvernement grec a communiqués, lundi 8 juin, au commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, sur les réformes à mettre en place afin de débloquer une aide financière de 7,2 milliards d’euros, ne représentent pas une avancée considérable du point de vue des créanciers du pays (Banque centrale européenne, Commission européenne, Fonds monétaire international). « Dans ce dossier, on fait deux pas en avant, un pas en arrière », relève une source proche des négociations.Les négociateurs grecs avaient fait des contre-propositions au « draft » d’accord rédigé en commun par les créanciers et remis en main propre par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker au premier ministre grec, Alexis Tsipras, mercredi 3 juin à Bruxelles. Ces contre-propositions portent sur la réforme des retraites et sur la TVA. Deux des principaux points qui opposent encore les parties, avec la question de la dette.Le « draft » d’accord demandait à Athènes d’équilibrer son régime de retraite (zéro déficit) et notamment de diminuer les primes destinées aux petites pensions. Il préconise également de soumettre les prix de l’électricité au taux de TVA de 23 %.« Combler les différends »Ces propositions avaient été qualifiées « d’absurdes » par M. Tsipras, lors d’un discours très offensif, vendredi 5 juin, devant le Parlement grec, destiné à recueillir l’assentiment des députés sur sa stratégie de négociation.Lire aussi :Athènes fait des contre-propositions à ses créanciersUne source gouvernementale grecque a aussi précisé que les deux textes supplémentaires remis lundi à Pierre Moscovici visaient « d’une part à combler les différends sur les questions de finances publiques et d’autre part à définir un plan de viabilité de la dette grecque ».Selon des sources gouvernementales grecques, les discussions ont aussi porté sur les moyens de combler le « trou » dans le financement du budget de l’Etat grec jusqu’à la fin de l’année 2016. Mais aucune proposition précise n’a filtré.Mercredi 10 juin, la chancelière allemande Angela Merkel doit s’entretenir avec le premier ministre grec.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.06.2015 à 12h40 • Mis à jour le09.06.2015 à 13h26 Dans son bras de fer avec la justice, le premier ministre social-démocrate roumain Victor Ponta, accusé de corruption, a obtenu le soutien du Parlement, dominé par sa majorité de centre gauche, mardi 9 juin.Par 231 voix contre 120, les députés ont rejeté la requête du parquet anticorruption qui demandait une levée de l’immunité parlementaire du premier ministre afin d’engager des poursuites pour conflit d’intérêts contre le premier ministre .Victor Ponta, 42 ans, reste poursuivi pour faux, complicité d’évasion fiscale et blanchiment d’argent du temps où il était avocat, entre 2007 et 2011. Mais sans levée de son immunité, la justice ne pourra pas poursuivre son enquête concernant le conflit d’intérêts, qui porte sur une période où Victor Ponta était premier ministre.« Une décision irresponsable »Après ce vote, le chef de l’Etat Klaus Iohannis (conservateur), rival de M. Ponta, a dénoncé « une décision irresponsable » et dommageable pour le pays. Comme une partie de l’opposition, il a demandé la démission du premier ministre. Ce dernier se dit innocent et victime d’une « tentative de coup d’Etat » orchestrée par l’opposition avec la complicité de la justice.La Roumanie, l’un des pays les plus pauvres de l’Union européenne, traverse une importante crise politique depuis que la justice a rendu publiques, vendredi, ses accusations contre le chef du gouvernement.Quelques heures avant le vote du Parlement, M. Ponta, qui a catégoriquement exclu de démissionner, a déclaré lors d’une rencontre avec des médias étrangers :« Rien n’entrave la poursuite de l’enquête pour que, tout d’abord, le procureur puisse établir si les soupçons me visant se confirment ou non. Je souhaite me présenter devant le procureur, présenter mon point de vue (…). Il est dans mon intérêt d’aller de l’avant, et je suis convaincu que cette affaire sera éclaircie. »M. Ponta a assuré que sa priorité était de maintenir la stabilité politique du pays, espérant que dès lundi prochain son gouvernement pourrait retourner à ses « projets importants », dont l’adoption d’un nouveau code fiscal et la reprise des négociations avec le Fonds monétaire international. « Une crise politique, créée de manière artificielle, serait un cadeau inattendu et inespéré pour la Russie », a-t-il lancé, évoquant le contexte régional compliqué, sur fond de « crise en Ukraine, en Moldavie ou encore en Grèce ».Lire aussi :Roumanie : Victor Ponta visé par une enquête pour corruption Yves-Michel Riols (Elmau (Allemagne), envoyé spécial) et Frédéric Lemaître (Elmau (Allemagne), envoyé spécial) La priorité, tant pour les Américains que les Européens, était d’afficher l’unité du G7 face à la Russie, un an après son exclusion de ce qui était alors le G8 à la suite de l’annexion de la Crimée par Moscou. Les dirigeants ont fait passer un message de fermeté sur l’Ukraine : l’heure n’est pas à la levée des sanctions contre la Russie, alors que Vladimir Poutine ne démontre aucun empressement à appliquer l’accord de Minsk, conclu en février, sous la pression de François Hollande et Angela Merkel.A l’issue du sommet, lundi 8 juin, François Hollande a jugé « vraisemblable » la prolongation des sanctions de l’Union européenne lors du prochain Conseil européen, les 25 et 26 juin, à Bruxelles. Mais pas question d’aller plus loin pour le moment. M. Hollande n’a pas estimé que les récentes violations du cessez-le-feu par les rebelles prorusses appelaient à une « aggravation » des sanctions. Un tel durcissement ne serait envisagé, a-t-il précisé, que s’il est « démontré que la Russie continue d’armer » et de soutenir activement les séparatistes, et si ceux-ci sabotent ouvertement les accords de Minsk.Au terme de la rencontre du G7, Barack Obama a reconnu qu’il y avait eu « discussion » sur le durcissement éventuel des sanctions contre la Russie. Dans son communiqué, les pays du G7 se déclarent prêts « à prendre d’autres mesures restrictives pour augmenter le coût pour la Russie si ses actions le rendent nécessaire ». M. Obama s’est montré cinglant envers Vladimir Poutine, lui reprochant d’isoler son pays en « poursuivant un désir erroné de recréer les gloires de l’empire soviétique ».Yves-Michel Riols (Elmau (Allemagne), envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteFrédéric Lemaître (Elmau (Allemagne), envoyé spécial)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Après avoir passé la nuit du dimanche 7 au lundi 8 juin dans sa résidence officielle de Tarabya, sur les bords du Bosphore, à Istanbul, où il avait suivi les résultats des élections législatives jusque tard dans la nuit, le président Recep Tayyip Erdogan a regagné Ankara lundi matin à l’aube. Mardi, il devait recevoir Ahmet Davutoglu, le chef de son Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur), pour le charger de former le nouveau gouvernement.Arrivé en tête du scrutin avec 40 % des voix et 258 sièges de députés (sur 550), l’AKP peut toujours former un gouvernement minoritaire, mais le chef de l’Etat a semblé exclure cette éventualité en déclarant, juste après la publication des résultats, qu’aucun parti ne pourrait gouverner seul.« Je pense que ces résultats, qui ne donnent à aucun parti l’occasion de former un gouvernement de parti unique, seront évalués ­sainement et raisonnablement par tous les partis », a souligné le président Erdogan, rappelant combien « la volonté de la nation » lui était « chère ».L’AKP face aux risques d’une coalition instableAprès le camouflet infligé à l’AKP par les électeurs dimanche – soit la perte de 2,7 millions de voix par rapport au scrutin législatif précédent, en 2011 –, la Turquie va devoir renouer avec les coalitions gouvernementales instables telles qu’elle les connaissait avant l’arrivée au pouvoir des islamo-conservateurs.Selon les résultats définitifs, le Parti républicain du peuple (CHP social-démocrate) est la deuxième force politique du pays, avec 132 élus, tandis que le Parti d’action nationaliste (MHP, droite) et le Parti de la démocratie des peuples (HDP, gauche) occupent la troisième place avec 80 députés chacun. Déjà, la formation du nouveau gouvernement prend des allures de quadrature du cercle.Peu ou pas d’alliés naturelsLe MHP a beau être perçu comme le partenaire de coalition le plus probable pour l’AKP, l’intéressé se fait prier. Conservateurs, nationalistes et enracinés dans la religion, les deux partis ont un ADN commun. Seulement voilà, le chef du MHP, Devlet Bahçeli, ne semble guère enclin à s’allier aux islamo-conservateurs. Il a piqué une colère lundi après avoir appris que le président russe, Vladimir Poutine, venait de féliciter Recep Tayyip Erdogan pour sa victoire. « Quelqu’un doit expliquer à ­Poutine que la Turquie n’est pas une république présidentielle. Plutôt que de féliciter Erdogan, il aurait dû lui souhaiter un bon rétablissement », a-t-il ironisé.Les deux autres partis d’opposition au sein du nouvel Hémicycle, le CHP et le HDP, ont, eux aussi, exclu de former un gouvernement de coalition avec le parti de M. Erdogan. Des tractations doivent tout de même avoir lieu en coulisses, puisque le vice-premier ministre Numan Kurtulmus a confié lundi à la presse que l’AKP allait tenter de former une coalition « dans les délais impartis ».L’hypothèse de nouvelles électionsSi aucun gouvernement n’est formé au bout de quarante-cinq jours, le président Erdogan devra dissoudre le Parlement et convoquer de nouvelles élections. Dans le camp islamo-conservateur, encore sous le choc des mauvais résultats de dimanche, nombreux sont ceux qui privilégient l’option d’un retour aux urnes, bien que le pari soit risqué.Après treize années d’une domination sans partage de la vie ­politique, l’AKP n’est plus en mesure de décider seul des grandes orientations du pays. Contesté pour son autoritarisme et son ambition démesurée, M. Erdogan ne fait plus recette. La mise sur pied d’une coalition risque de s’embourber, faisant revivre à la Turquie l’incertitude politique des années 1990-2000.Les postes de ministre de l’intérieur et de la justice seront au centre des marchandages. L’enjeu est important, car plus d’un millier de dossiers portant sur des députés soupçonnés de malversations pourraient être transmis aux ­tribunaux dès lors que leur ­immunité parlementaire cessera de les protéger.Erdogan sonné, le camp laïc requinquéLe chef historique de l’AKP était loin de s’attendre à un tel résultat, certain que le grand chelem réalisé jusque-là par son parti, vainqueur de tous les scrutins depuis 2002, allait se poursuivre. Considérée comme acquise, la victoire allait lui permettre de changer la Constitution dans le sens d’un régime présidentiel fort. Perdu dans ses rêves de ­grandeur, surtout depuis son déménagement dans un palais deux fois grand comme Versailles et doté d’un laboratoire d’analyse des aliments présidentiels, il n’a pu mesurer l’effritement de sa ­popularité. « Nous ne nous attendions pas du tout à ces résultats », a confié lundi à la presse le vice-premier ministre Bülent Arinç. « Je suis l’un des fondateurs du parti et, en quittant la vie politique, j’aurais aimé voir sa victoire, malheureusement cela n’a pas eu lieu », a regretté le vieux compagnon de route de M. Erdogan, qui a atteint la limite des trois mandats imposée par l’AKP à ses députés.Dans les rues d’Istanbul et ­d’Ankara, des électeurs grisés par la leçon infligée à M. Erdogan ont manifesté leur joie à coup de Klaxon et de cris de ralliement, dimanche et lundi. Sur la Toile, un site a fait son apparition, qui égrène le temps passé depuis que le président n’apparaît plus à la télévision. Un sentiment de soulagement l’emporte dans les milieux laïcs et intellectuels, satisfaits de voir s’éloigner la perspective d’une totale emprise de Recep Tayyip Erdogan sur le pays.Lire aussi :Turquie : Erdem Basci, vainqueur inattenduMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.06.2015 à 07h42 • Mis à jour le09.06.2015 à 13h05 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Après quelques jours de froid, les discussions pour aboutir à un accord entre Athènes et ses créanciers (Banque centrale européenne, Commission européenne, Fonds monétaire international) ont repris, lundi 8 juin, en marge du G7 en Allemagne, et ce malgré les forts différends qui se sont exprimés ces jours derniers.Le ministre d’état Nikos Pappas et le responsable de l’équipe grecque de négociation, Euclide Tsakalotos ont notamment rencontré, à Bruxelles, le commissaire européen à l’économie, Pierre Moscovici.Selon nos informations, les négociateurs grecs ont fait des contre-propositions au « draft » d’accord rédigé en commun par les créanciers et remis en main propre par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker au premier ministre grec, Alexis Tsipras, mercredi 3 juin à Bruxelles. Ces contre-propositions portent sur la réforme des retraites et sur la TVA. Deux des principaux points qui opposent encore les parties, avec la question de la dette.La Commission européenne a confirmé à l’agence Reuters, avoir bien reçu cette nouvelle proposition de la Grèce susceptible de débloquer de nouveaux financements. Elle a indiqué qu’elle est en train de l’étudier.Combler le « trou » du budget grecSelon des sources gouvernementales grecques, les discussions ont aussi porté sur les moyens de combler le « trou » dans le financement du budget de l’Etat grec jusqu’à la fin 2016. Mais aucune proposition précise n’a filtré.Une source gouvernementale grecque a aussi précisé que les deux textes supplémentaires remis lundi à Pierre Moscovici visaient « d’une part à combler les différends sur les questions de finances publiques et d’autre part à définir un plan de viabilité de la dette grecque ».Le « draft » d’accord demandait à Athènes d’équilibrer son régime de retraite (zéro déficit) et notamment de diminuer les primes destinées aux petites pensions. Il préconise également de soumettre les prix de l’électricité à un taux de TVA de 23 %.Ces propositions avaient été qualifiées « d’absurdes » par M. Tsipras, lors d’un discours très offensif, vendredi 5 juin, devant le Parlement grec, destiné à recueillir l’assentiment des députés sur sa stratégie de négociation.M. Juncker, pourtant l’un des plus conciliants envers Athènes, avait répliqué, samedi 6 juin, qu’il souhaitait que la Grèce reste dans la zone euro, mais qu’il n’était pas un magicien et qu’il ne pouvait « pas sortir un lapin de son chapeau. »Lire aussi :Grèce : M. Tsipras a perdu le soutien dont il bénéficiait à BruxellesAthènes cherche un accord politiqueLe gouvernement grec continue en fait de rechercher un accord politique. M. Tsipras compte sur sa rencontre, mercredi 10 juin à Bruxelles, avec la chancelière allemande, Angela Merkel et le président français, François Hollande pour dégripper la machine et relancer les négociations sur la base du nouveau train de propositions formulées par Athènes.Le ministre des finances, Yanis Varoufakis plaide, lui aussi, pour une plus grande implication des leaders européens. « Les dirigeants européens ont une responsabilité historique face au peuple. Celle d’arriver à une solution maintenant. S’il y a une volonté politique alors je suis sûr que ces dirigeants peuvent se décider en quelques heures », soutient M. Varoufakis dans un entretien, mardi, à l’agence de presse grecque ANA.Pour Athènes un accord doit englober la question de la renégociation de la dette. Mais pas forcément dans un avenir immédiat. L’idée d’un plan en deux temps, discutée au plus haut niveau depuis déjà plus d’une quinzaine de jours, est ainsi toujours sur la table.Deux scénarios possiblesDu côté des créanciers, on est plutôt sur une ligne de prolongation du plan d’aide en cours pour encore quelques mois, assorti d’un nouveau prêt et de nouvelles mesures d’économies.Au lieu des 7,2 milliards d’euros encore disponibles, les créanciers proposeraient alors jusqu’à 19 milliards d’euros, selon des chiffres parus mardi dans la presse grecque. Dans ce cadre, une partie des liquidités disponibles seraient libérées pour faire face aux échéances de juin (remboursement de 1,6 milliard d’euros au FMI d’ici au 30 juin).Les avis divergent toutefois chez les créanciers entre ceux qui prônent une prolongation de l’actuel plan jusqu’à l’automne et ceux qui aimeraient le porter jusqu’à mars 2016, date à laquelle se termine l’investissement du FMI en Grèce.Le gouvernement grec, lui, est plutôt favorable à la mise en place d’un nouvel accord, qu’il n’appelle pas « prolongation », mais « new deal », centré sur un allégement de la dette grecque (177 % du PIB) et une relance de la croissance.Athènes insiste pour que le principe et les modalités de cette renégociation de la dette soient inscrits dès à présent dans l’accord devant conclure l’actuel plan d’aide.Calendrier serréSi cette volonté de discuter, côté grec, se confirme, avec de nouvelles propositions de compromis sur la table, cela pourra justifier la tenue, probablement mercredi 10 juin à Bruxelles, en marge d’un sommet Europe-Amérique Latine, d’une nouvelle réunion de haut niveau entre M. Tsipras, M. Juncker, Mme Merkel et M. Hollande.Le « timing » pour un accord est de plus en plus serré. Pour qu’Athènes obtienne tout ou partie des 7,2 milliards d’euros qui restent à lui verser dans le cadre du deuxième plan d’aide à la Grèce – ce plan s’achève le 30 juin – il faut que dans les jours qui viennent un Eurogroupe (réunion des 19 ministres des finances de la zone euro) se réunisse pour valider la liste des réformes que les créanciers de la Grèce exigent encore du pays en échange de leur argent.Athènes a un besoin urgent d’argent frais : le pays n’a plus accès aux marchés financiers et n’aura pas les moyens, selon plusieurs sources proches des négociations, de rembourser le 1,6 milliard d’euros qu’il doit au FMI au 30 juin.Lire aussi :La Grèce retarde ses remboursements au FMIUn Eurogroupe « régulier » est prévu depuis de longue date à Luxembourg le 18 juin. Mais pour de nombreuses sources proches du dossier, il arrivera un peu tard : pour que les chèques soient envoyés à Athènes, il faut que ces envois soient validés par quelques parlements nationaux, dont le Bundestag.Certains Européens sont d’autant plus inquiets de la situation qu’ils craignent une détérioration très rapide de la solvabilité des banques grecques à mesure que les jours passent et que les échéances se rapprochent.Barack Obama appelle à « la flexibilité »« On n’a plus beaucoup de temps et donc, il faut travailler dur », a déclaré Mme Merkel, lundi, lors de la conférence finale du G7 en Bavière. « Les Grecs vont devoir faire des choix politiques difficiles qui seront bons pour eux sur le long terme », a pour sa part souligné le président américain Barack Obama, en appelant tout le monde à « la flexibilité ».Les Américains sont très inquiets des conséquences géopolitiques d’une sortie de la Grèce de la zone euro, Athènes ayant des liens privilégiés avec Moscou.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Yves-Michel Riols (Elmau, envoyé spécial) et Frédéric Lemaître (Elmau, envoyé spécial) Un accord sur le climat et un renforcement éventuel des sanctions contre la Russie : telles sont les principales conclusions du sommet du G7 qui s’est achevé, lundi 8 juin, dans le château-hôtel bavarois d’Elmau, en Allemagne.A moins de six mois de la conférence sur le climat de Paris (COP21), qui se tiendra du 30 novembre au 11 décembre, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, François Hollande, ont avant tout voulu mobiliser sur la lutte contre le réchauffement climatique.« Maintenir la hausse de la température au-dessous de 2 °C »L’objectif principal de cette rencontre, vue de Berlin et de Paris, a été atteint : confirmer l’engagement explicite des sept pays industrialisés (Etats-Unis, Japon, Canada, Allemagne, France, Royaume-Uni et Italie) de « maintenir la hausse de la température moyenne dans le monde au-dessous de 2 degrés celsius », selon les termes du communiqué final adopté à l’issue de cette réunion. Ce seuil avait été fixé lors de la conférence sur le climat de Copenhague en 2009 qui s’était soldée par un échec. Cette référence aux 2 degrés figure désormais dans le document approuvé par les pays du G7. Pour y parvenir, précise le texte, il faudra, d’ici à 2050, une réduction « des émissions mondiales de gaz à effet de serre » se situant « entre 40 et 70 % par rapport à 2010 ».Hôte du sommet, Angela Merkel a insisté sur le fait que le G7 se dit favorable à l’adoption à Paris de « règles contraignantes ». Même Greenpeace juge que la réunion d’Elmau a « tenu ses promesses ». Reste maintenant à mettre en musique cette ambition. Surtout que le G7 s’est montré moins précis sur les engagements financiers mis en place pour faciliter la transition énergétique des pays du Sud.Eviter de répéter l’erreur commise à CopenhagueDe son côté, le pésident français, François Hollande, a qualifié ces objectifs « d’ambitieux et réalistes », lors de sa conférence de presse, lundi. Pour M. Hollande, il faut maintenant poursuivre sur cette lancée pour obtenir un « préaccord » avant l’ouverture de la conférence sur le climat à Paris. La France insiste depuis des mois pour boucler un accord avant l’ouverture officielle de la conférence de Paris. Et ce afin d’éviter de répéter l’erreur commise à Copenhague, lorsque les délégations ont misé, à tort, sur l’implication tardive des chefs d’Etat et de gouvernement.Le texte de Paris, a poursuivi M. Hollande, devra préciser les « engagements » spécifiques des pays participants et des mécanismes de « financements » pour assurer la transition énergétique dans les pays en développement afin de leur permettre de « sauter une étape » sans « passer par la case fossile ».Pour atteindre ce but, encore faut-il que chacun alimente la cagnotte de ce vaste projet de « décarbonisation » de l’économie mondiale. M. Hollande a rappelé que l’objectif demeurait de récolter 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020. Un but qui n’est pas encore atteint. « Nous devons encore voir avec l’ensemble des acteurs, privés et publics, comment y arriver », a reconnu M. Hollande.L’autre priorité de ce G7 a été d’afficher une position de fermeté vis-à-vis de Moscou, exclu de ce forum l’année dernière après l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie. Alors que la situation en Ukraine demeure tendue, François Hollande a jugé « vraisemblable » la prolongation des sanctions adoptées contre la Russie par l’Union européenne lors du prochain Conseil européen, à la fin juin.Lire aussi :Le G7 ferme avec Moscou et « uni » face au terrorismeMême si le cessez-le-feu et les autres mesures de règlement du conflit contenues dans les accords de Minsk, conclus en février, sont loin d’être respectées, M. Hollande n’a toutefois pas estimé que ces violations appelaient à une « aggravation » des sanctions contre la Russie. Un tel durcissement serait envisagé, a-t-il précisé, s’il est « démontré que la Russie continue d’armer » et de soutenir activement les séparatistes prorusses de l’Est de l’Ukraine. Et si les autorités autoproclamées de ces régions sabotent ouvertement le processus de Minsk. En attendant, a affirmé M. Hollande, « il n’est pas question » de lever les sanctions contre la Russie.Lire aussi :Petro Porochenko : « Les accords de Minsk sont notre seule solution »Force est de constater que M. Hollande a adopté un ton nettement moins tranché que Barack Obama, qui avait dénoncé, dès son arrivée en Bavière, « l’agression russe en Ukraine ». A l’issue du sommet, le président américain a reconnu qu’il y avait eu « discussion » sur le durcissement éventuel de sanctions contre la Russie si le Kremlin continue de déstabiliser l’Ukraine. Il s’est montré offensif à l’égard du président russe, en se demandant si l’intérêt de Vladimir Poutine était d’isoler la Russie en « poursuivant un désir erroné de recréer les gloires de l’empire soviétique ». Quant à Mme Merkel, elle a insisté sur la « communauté de valeurs » que partagent les pays du G7. Une façon de dire que la Russie ne va pas de sitôt retrouver sa place à la table du G7.Lire aussi :L’Ukraine et la Grèce s’invitent au menu du G7Yves-Michel Riols (Elmau, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteFrédéric Lemaître (Elmau, envoyé spécial)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Benoît Vitkine (Kiev, envoyé spécial)   Incertaine jusqu’au tout dernier moment, la deuxième Gay Pride de l’histoire ukrainienne s’est tenue, samedi 6 juin à Kiev. Elle s’est achevée dans la violence.Les organisateurs de la « marche de l’égalité » avaient multiplié les précautions, et tenu secret jusqu’au dernier instant le lieu du rassemblement. Environ 200 personnes – plus que lors de l’édition 2013 – y ont participé, marchant quelques centaines de mètres le long des rives du Dniepr, dans le quartier excentré d’Obolon, protégées par un déploiement policier extrêmement imposant.Plusieurs diplomates européens étaient présents, ainsi que deux députés du parti du président, Petro Porochenko. En plus des drapeaux arc-en-ciel et des pancartes réclamant « l’égalité », quelques tambours avaient été sortis pour tenter de donner à l’événement un air festif, malgré les insultes et les menaces lancées par des contre-manifestants d’extrême droite. Comme en réponse au slogan nationaliste « L’Ukraine au-dessus de tout », les marcheurs ont scandé « Les droits de l’homme au-dessus de tout ».Des groupes d’extrême droite interpellésSeul incident notable pendant le défilé, un policier a été atteint par une bombe artisanale, laissant derrière lui une large flaque de sang. Mais les organisateurs avaient apparemment négligé un point : le moment de la dispersion du rassemblement. Celui-ci s’est vite mué en une course-poursuite effrénée entre policiers, contre-manifestants masqués et décidés à en découdre, et manifestants pris au piège dans le dédale des cours du quartier. On a pu voir des groupes de manifestants apeurés tenter d’arrêter des véhicules en pleine rue pour échapper aux coups, d’autres essayer d’échapper discrètement à la nasse.Une trentaine de membres de groupes d’extrême droite ont été interpellés, parfois violemment. Plusieurs blessés ont été emmenés à l’hôpital, dont au moins deux membres des forces de l’ordre.Les groupes d’extrême droite avaient très ouvertement fait part de leur intention d’empêcher la tenue du défilé. Dmitro Iaroch, dirigeant du parti ultranationaliste Pravy Sektor, avait notamment expliqué que malgré la mobilisation de nombre de ses membres sur le front, son groupe et d’autres groupes seraient bien présents. « Les représentants du mouvement politique et militaire Pravy Sektor seront obligés d’empêcher la réalisation de ces projets destructeurs des valeurs familiales, de la morale et de l’image traditionnelle des êtres humains », écrivait-il sur Facebook.« Tout ça sert les ennemis du pays, expliquait avant le début de la marche un jeune homme au look de skinhead mais venu, assurait-il, en « simple voisin ». « Comment vont réagir les gens des régions du Sud et de l’Est, où il y a encore des tensions, en voyant cette horreur ? L’Ukraine est un pays traditionaliste, et on veut nous pousser dans les bras de l’Europe décadente. » « Les autorités font le minimum »Avant de faire l’essentiel pour que les violences restent limitées, les autorités avaient de leur côté tout fait pour décourager les organisateurs. Vitali Klitschko, l’ancien boxeur devenu maire de Kiev, a laissé planer jusqu’au dernier jour la menace d’une interdiction, et sans cesse repoussé les réunions consacrées à la sécurité de l’événement. Il a aussi exhorté les organisateurs à reporter la marche « en raison de la guerre qui continue dans l’est de l’Ukraine ». En 2014, il la qualifiait d’« événement de divertissement ».C’est finalement le président Porochenko qui a paru trancher, vendredi lors d’une conférence de presse. Précisant que lui-même ne participerait pas à l’événement, le président a estimé qu’il ne voyait « aucune raison d’y faire obstruction, s’agissant d’un droit constitutionnel de chaque citoyen ukrainien ».Lire aussi notre entretien (abonnés) :Petro Porochenko : « Les accords de Minsk sont notre seule solution »Une interdiction paraissait également difficile à assumer vis-à-vis des partenaires européens de l’Ukraine. La garantie d’un traitement équitable des personnes homosexuelles sur leur lieu de travail fait par exemple partie des mesures réclamées par l’UE à Kiev avant de lui accorder un régime d’exemption de visa. Mais la loi antidiscrimination votée par le Parlement en 2014 ne fait aucune mention de l’orientation sexuelle.« Les autorités font le minimum, regrettait dans le défilé Anna Chariguina, un membre du Forum LGBT. Nous aussi, nous étions sur Maïdan, nous espérions que la démocratisation s’accompagnerait de plus de tolérance. Mais le climat est encore menaçant pour ceux d’entre nous qui osent afficher ouvertement leur sexualité. La guerre a radicalisé les esprits et mis sous le tapis ces sujets-là. »Benoît Vitkine (Kiev, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Voilà qui promet de gâcher un peu la « fête » du G7. Angela Merkel espérait ardemment un accord sur la Grèce afin que le sujet ne vienne pas encombrer les discussions et les esprits des grands de ce monde qu’elle reçoit ce week-end en Bavière. Il n’en sera rien. Dans un discours offensif devant son Parlement, vendredi 5 juin, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a formellement rejeté la proposition finale d’accord des créanciers du pays, remise en main propre deux jours plus tôt à Bruxelles, qui s’apparentait trop à un plan d’austérité supplémentaire pour le pays.Lire aussi :Grèce : Tsipras veut le retrait du plan « absurde » de ses créanciersDe plus, selon nos informations, des dissensions importantes demeurent entre le FMI et les créanciers européens, notamment sur la question de la dette grecque, alors qu’ils semblaient pourtant avoir trouvé une position commune, à la suite de la forte impulsion politique donnée par le président François Hollande et la chancelière Angela Merkel, à Berlin, le 1er juin. Les deux dirigeants suivent désormais les négociations grecques au jour le jour, voulant absolument éviter un défaut de paiement d’Athènes, aux conséquences politiques, voire géopolitiques, incalculables.Une situation politique très délicateVendredi 5 juin au soir, devant la Vouli (le Parlement), Alexis Tsipras a affirmé qu’il n’acceptait pas en l’état « les propositions absurdes » des créanciers et dénoncé le manque « d’éthique » de la stratégie d’étranglement financière choisie, selon lui, par les responsables européens pour pousser la Grèce à un compromis n’ayant rien d’un « accord d’intérêt mutuel » mais traduisant « une volonté d’humilier et de faire plier un peuple ». Il a tenté d’inviter les partis d’opposition à l’unité nationale, mais a suscité de virulentes critiques du parti conservateur et du parti de centre gauche To Potami, dont le président, Stavros Theodorakis, a dénoncé dans l’hémicycle « la stratégie de négociation » du gouvernement.Lire aussi :« Syriza fait partie de l’ancien système politique »Le premier ministre, porté au pouvoir en janvier sur la promesse d’en finir avec les « diktats » de Bruxelles, se trouve dans une situation politique particulièrement délicate. Il est pris en étau entre des créanciers peu disposés au compromis et une majorité parlementaire réclamant désormais ouvertement la rupture avec Bruxelles.Le « draft » de Bruxelles conditionne de fait le versement des 7,2 milliards d’euros restant dans le deuxième plan d’aide à la Grèce à une réforme des retraites (avec baisse des pensions) et à une hausse de la TVA, notamment pour l’électricité. Deux mesures inacceptables, a martelé M. Tsipras, vendredi soir. En revanche, la proposition des créanciers donne davantage de marge de manœuvre budgétaire à Athènes, au moins pour les trois prochaines années, fixant un objectif de surplus primaire (avant paiement des dettes) d’environ 1 % en 2015 (contre un objectif initial de 3,5 %). Sur ce point, selon nos informations, il y a désormais quasi-consensus entre la Grèce et ses créanciers.Le FMI campe sur ses positionsA ce stade, étant donné les déclarations de Tsipras, difficile d’envisager un accord final si les créanciers n’amendent pas un peu leur « draft ». Encore faudrait-il qu’ils s’entendent. Or les discussions sont vives, ces derniers jours, entre le FMI et la Commission européenne. Cette dernière continue à accuser l’organisation internationale de ne pas vouloir céder d’un pouce sur les retraites et la hausse de la TVA, et de pas prendre assez en compte la difficulté, voire l’impossibilité politique pour Tsipras de « vendre » de pareilles mesures à Athènes.Lire aussi :Grèce : le FMI hausse à nouveau le tonDe son côté, le Fonds se défend d’être trop rigide, mais prévient la Commission et le reste des pays de la zone euro, tous créanciers de la Grèce : si les réformes de structure exigées d’Athènes ne sont pas assez ambitieuses et radicales, le pays ne pourra pas rembourser son énorme dette (180 % du PIB, 320 milliards d’euros) au rythme auquel ils l’espèrent. Le FMI plaide aussi pour que l’accord final comporte un engagement très clair des créanciers d’ouvrir une renégociation de la dette, alors qu’à Berlin on préférerait reporter cette question à une négociation ultérieure, dans les mois qui viennent… Sur ce point, le Fonds rejoint le gouvernement Tsipras, qui insiste beaucoup, ces derniers jours, pour que l’accord aborde la question de la viabilité de la dette.Les plus optimistes espèrent encore un accord final entériné par un Eurogroupe avant la mi-juin, afin qu’Athènes puisse recevoir des premières tranches de prêt avant la fin du mois de juin. Peut-être faudra t-il une nouvelle impulsion politique pour débloquer les dernières tensions ? Le G7, dimanche 7 et lundi 8 juin, en sera peut-être l’occasion.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.06.2015 à 21h15 A deux jours des élections législatives en Turquie, deux personnes ont été tuées vendredi 5 juin à Diyarbakir, dans le sud-est du pays, dans deux explosions d'origine indéterminée survenues lors d'une réunion de campagne du principal parti kurde, a annoncé le ministre de l’agriculture. Plus de cent autres personnes ont été blessées par ces déflagrations, a-t-il ajouté.Ces explosions se sont produites à proximité d'un transformateur électrique situé sur une place de la ville, où des dizaines de milliers de partisans du Parti démocratique du peuple (HDP) étaient réunis pour entendre leur chef de file Selahattin Demirtas.Une campagne émaillée de nombreuses violencesLes premières informations ont fait état d'une explosion d'un transformateur électrique mais le ministre de l'énergie Taner Yildiz a remis en cause cette hypothèse, situant l'origine à « l'extérieur » de l'installation. « Notre inspection a clairement montré que la source de l'explosion n'était pas le transformateur », a-t-il affirmé à la presse.Selon des témoignages, les dégâts ont été causés par la seconde explosion, très forte, survenue dix minutes après la première.Cet incident intervient au terme d'une campagne électorale émaillée de nombreuses violences qui ont pour l'essentiel visé le HDP, dont le score dimanche est déterminant pour l'issue du scrutin.Lire aussi :Les Kurdes de Turquie se détournent d’Erdogan Adéa Guillot (Athènes, correspondance) « Aucun député grec ne peut voter en faveur de ces mesures. » Alexis Tsipras a ouvert, vendredi 5 juin au soir, par une fin de non-recevoir la discussion au Parlement grec sur la proposition d’accord des créanciers présentée le 2 juin à son gouvernement.Dans un discours d’une demi-heure seulement, le premier ministre a avoué « sa surprise » devant la proposition portée par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Junker, mardi soir. « Je n’aurais jamais pensé qu’ils nous présenteraient un texte ne reprenant aucun point des négociations de ces quatre derniers mois. »Alexis Tsipras voit dans cette proposition « un mauvais moment pour l’Europe » et dénonce le manque « d’éthique » de la stratégie d’étranglement financier choisie par les responsables européens pour pousser la Grèce à un compromis, bien loin de composer un « accord d’intérêt mutuel », mais traduisant « une volonté d’humilier et de faire plier un peuple ».Lire aussi :Grèce : ce qui bloque encoreEn en appelant à la « dignité » des Grecs, il a rappelé ses propres propositions pour sortir de la crise, insistant sur une baisse de l’excédent primaire (hors charge de la dette), sur la résolution de la question de la viabilité de la dette et se refusant catégoriquement à diminuer les retraites ou à augmenter de 10 points la TVA dans le secteur de l’énergie électrique. Soit le corpus même de la proposition des créanciers.Et pour mieux montrer sa détermination et sa fermeté, le premier ministre a annoncé la présentation au Parlement dans les tout prochains jours d’un projet de loi pour le rétablissement des conventions collectives. C’était l’une des mesures phares annoncées lors de sa campagne électorale, mais qu’il avait choisi de ne pas mener à terme tant que duraient les négociations. Une annonce très applaudie par les bancs des députés de son parti de la gauche radicale, la Syriza.« Vous n’avez pas négocié »Devant l’ensemble de ses ministres et d’un Parlement rempli à craquer, Alexis Tsipras a sommé les partis d’opposition de choisir leur camp. « Je veux entendre l’avis de l’opposition », a-t-il ainsi déclaré. « Auriez-vous accepté cette proposition ou allez-vous, comme nous, vous élevez contre ? »La réponse, cinglante, de l’ancien premier ministre conservateur (Nouvelle Démocratie) Antonis Samaras ne s’est pas fait attendre. « Vous n’avez pas négocié. Les créanciers vous demandent des efforts trois fois supérieurs à ce qu’ils nous demandaient et nous conduisent tout droit à un nouveau mémorandum. » Stavros Theodorakis, le président du parti de centre gauche To Potami (« La Rivière ») a contesté « la stratégie de négociation » du gouvernement, évoquant « une perte de temps catastrophique pour le pays » et accusant « une partie de la Syriza d’être antieuropéenne » et de vouloir en finir avec la zone euro. « A vous de clarifier votre position avec votre opposition interne. » Quand la moitié de « votre parti veut sortir de la zone euro, ce n’est plus du pluralisme » mais un danger pour le pays, a déclaré M. Theodorakis.Tsipras ne renonce pas à un accordLe discours du premier ministre, à la tonalité offensive, s’adressait avant tout au peuple grec d’une part — dont Alexis Tsipras affirme qu’il lui demande de « ne pas céder au chantage des créanciers » — mais aussi et surtout à sa propre majorité parlementaire, vent debout depuis quarante-huit heures.En choisissant de regrouper au 30 juin le paiement des 1,6 milliard d’euros dus au FMI, que la Grèce devait normalement payer en quatre tranches à partir d’aujourd’hui, Alexis Tsipras a gagné quelques semaines supplémentaires de négociation. La preuve pour lui de la volonté de son gouvernement « d’arriver à un accord définitif » qui permettra d’en finir avec « l’incertitude et les rumeurs de sortie de la Grèce de la zone euro ». M. Tsipras affirme « ne pas se fixer de limite dans le temps pour mener à terme ces négociations ».Lire aussi :La Grèce retarde ses remboursements au FMIPris en étau entre des créanciers peu disposés à aller plus loin dans le compromis et une majorité parlementaire réclamant désormais ouvertement la rupture, Alexis Tsipras a vendredi soir tenté d’inviter les partis d’opposition à l’unité nationale, tout en se posant en garant des « lignes rouges » martelées par son gouvernement depuis deux mois. Un grand écart qui montre avant tout à quel point il est devenu à tout gouvernement grec, celui-ci comme le précédent, d’arriver à faire adopter au Parlement de nouvelles mesures d’austérité.Lire aussi :Derrière les négociations avec les créanciers de la Grèce, l’identité de Syriza en questionAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.06.2015 à 15h57 • Mis à jour le05.06.2015 à 16h32 | Alain Salles De passage à Paris, le président du nouveau parti grec To Potami (« la rivière », centre), Stavros Theodorakis, brosse un bilan critique des premiers mois du gouvernement grec. Alors que le premier ministre Alexis Tsipras doit s’adresser vendredi au Parlement après un nouvel échec des négociations avec Bruxelles, M. Theodorakis n’exclut pas de participer à un gouvernement plus réformiste.Quel bilan faites-vous des premiers mois du gouvernement d’Alexis Tsipras ?Je voudrais être optimiste, mais je ne peux pas. Je ne crois pas que le gouvernement grec soit prêt à faire des réformes. Ils sont proeuropéens en Europe, mais populistes en Grèce. Syriza appartient à cet ancien système politique où les partis croient qu’ils peuvent s’en sortir avec des promesses. Alexis Tsipras s’inscrit dans cette tradition qui est un drame pour notre pays.Que reprochez-vous au gouvernement ?Le premier ministre dit des choses avec lesquelles nous sommes d’accord. Ce n’est pas un extrémiste, mais il ne fait rien pour changer la situation. Nous lui avons demandé, en vain, de donner la priorité à un projet de loi pour mettre fin aux rapports triangulaires entre les partis, les banques et les chaînes de télévision. Cela n’avance pas car les politiques gardent un moyen de pression sur les médias en les menaçant d’une intervention des banques pour qu’elles cessent de leur prêter de l’argent. Une telle loi ferait du bien à l’économie du pays et au journalisme. De même, nous avions demandé à ce que la loi prévoie un plafonnement qui permette aux personnes et aux entreprises d’échelonner le paiement de leurs arriérés d’impôts. Ils ne l’ont pas fait. Pourquoi les Grecs les plus riches qui doivent des dizaines de millions au fisc bénéficient-ils de ces aménagements ?Vous ne regrettez donc pas de ne pas participer à ce gouvernement ?Alexis Tsipras nous avait demandé de participer à un gouvernement qui aurait rassemblé de l’extrême droite (les Grecs indépendants) à l’extrême gauche. Je lui ai répondu que le pays avait besoin d’un gouvernement progressiste, plus large et plus ouvert, qui rassemble au-delà des partis. La plupart des ministres sont des cadres de Syriza qui ne font rien et qui passent leur temps à la télévision à expliquer ce que devraient faire les ministres français ou allemands.A quelles conditions y participeriez-vous ?S’il forme un gouvernement plus ouvert, nous sommes prêts à l’aider et à lui suggérer des noms de personnalités proeuropéennes et réformistes, à Potami et ailleurs, même au sein de Syriza. Mais il faut que ce soit une petite équipe efficace. Pour nous, les trois grandes réformes sont la justice, l’éducation et les privatisations. L’Etat pourrait conserver des parts dans les entreprises, mais les dirigeants doivent être nommés par ceux qui investissent. Tsipras dit qu’il est ouvert aux privatisations, mais la plupart de ses ministres expliquent qu’ils sont contre.Pensez-vous qu’il y aura de nouvelles élections ?Le gouvernement flirte avec l’idée de provoquer un nouveau scrutin. Ce seraient des élections qui auraient pour enjeu le retour à la drachme, l’ancienne monnaie grecque, ce qui serait une façon de jouer avec le feu. Il peut le faire s’il ne parvient pas à trouver un accord à Bruxelles. Mais s’il parvient à un accord – qu’on soutiendra au Parlement –, il risque d’être repoussé par une partie du Syriza. Un nouveau scrutin permettrait aux Grecs de valider l’accord et de repartir avec un Parlement plus rationnel. Ce pourrait être une solution. Mais je ne crois pas que Tsipras se lance dans un conflit avec les Grecs indépendants et sa gauche.Alain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.06.2015 à 11h52 • Mis à jour le05.06.2015 à 13h04 La Direction nationale anticorruption (DNA – l’agence anticorruption roumaine) a demandé, vendredi 5 juin, le lancement d’une procédure pénale contre le premier ministre, Victor Ponta (social-démocrate), soupçonné notamment de corruption, de complicité d’évasion fiscale, de blanchiment d’argent mais aussi de conflit d'intérêt, évasion fiscale et faux et usage de faux.La DNA va saisir la chambre des députés pour « formuler les demandes de poursuites pénales contre Ponta Victor-Viorel », qui est également député, a expliqué l’agence dans un communiqué.Appel à la démissionLe chef de l’Etat, Klaus Iohannis (conservateur), a annoncé dans la foulée avoir demandé la démission du premier ministre. Ces soupçons mettent le pays dans « une situation impossible », a déclaré M. Iohannis après s’être entretenu avec M. Ponta. « Le pire qui pourrait arriver est une crise politique », a-t-il déclaré.Le premier ministre s’était rendu vendredi à l’agence anticorruption pour être entendu dans une affaire de corruption présumée concernant l’un de ses alliés politiques. Le premier ministre avait créé la sensation auprès des journalistes toujours présents devant le siège de la DNA en arrivant en compagnie d’un avocat. Il nie en bloc les soupçons qui pèsent sur lui.Les enquêteurs le soupçonnent de conflit d’intérêts dans le cadre de ses fonctions de premier ministre, qu’il occupe depuis 2012. Ils s'intéressent aussi à ses agissements antérieurs, quand il était avocat, et à ses relations avec Dan Sova, ex-ministre des transports, qui fait lui aussi l’objet d’une enquête pour corruption et est soupçonné de complicité d’abus de pouvoirs dans trois dossiers. La DNA avait demandé à plusieurs reprises par le passé la levée de l’immunité de M. Sova, mais le Parlement l’avait toujours refusé.La Roumanie est soumise à une surveillance étroite de l’Union européenne en matière de lutte contre la corruption et d’indépendance de la justice, comme la Bulgarie voisine. Dans son dernier rapport de la fin de janvier, Bruxelles avait jugé la Roumanie « sur la bonne voie, mais avec des bémols ». Les experts critiquaient notamment l’absence de « dispositions claires relatives au respect de l’indépendance du pouvoir judiciaire » dans le code de conduite des parlementaires. Marie Jégo (Batman (Turquie), envoyée spéciale) Tout a commencé au début du mois de mai quand, les uns après les autres, les chefs des grandes tribus kurdes de la région de Batman (sud-est) ont annoncé haut et fort qu’ils n’allaient plus voter pour le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur au pouvoir) au moment des élections législatives du dimanche 7 juin. Jusque-là, pour tous les scrutins précédents, l’AKP avait pu compter sur le soutien d’une bonne partie de l’électorat kurde du sud-est du pays, mais cette époque est révolue.Déçus par la politique ambiguë du président Recep Tayyip Erdogan sur la question kurde, les grandes familles de la région, les clans Raman, Alpahanlar, Baravi, lui tournent désormais le dos au profit du Parti démocratique du peuple (HDP, gauche, prokurde), une petite formation susceptible de faire de l’ombre aux islamo-conservateurs.Dirigé par Selahattin Demirtas, un avocat charismatique de 42 ans, ancien fondateur d’une section d’Amnesty International à Diyarbakir, le HDP est bien placé pour franchir le seuil des 10 % de suffrages nécessaires, ce qui lui permettra d’envoyer cinquante-cinq députés au Parlement, contre vingt-neuf actuellement. De cette façon, le parti prokurde sera une véritable épine dans le talon de M. Erdogan, brisant son rêve d’avoir une majorité des deux tiers à l’Assemblée, qui lui permettrait de modifier la constitution pour s’attribuer davantage de pouvoir.Déçu d’ErdoganAssis à la terrasse d’un café au centre-ville de Batman, Burhan Saran, 49 ans, raconte comment il a décidé de voter HDP, après avoir démissionné de l’AKP, dont il était membre depuis 2003. L’homme est un ancien « gardien de village » (korucu), une milice kurde progouvernementale mise en place au moment de la guerre des années 1990 entre l’armée turque et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie). Bien que le HDP soit la vitrine politique légale du PKK, Burhan Saran a complètement tourné casaque, certain désormais que « seul le HDP est capable de contrer l’ambition présidentielle démesurée de M. Erdogan ». « Il m’a déçu, car il n’est pas allé au bout de ses promesses envers les Kurdes », explique Burhan. Il dit avoir perdu confiance « au moment du siège de Kobané », la ville kurde syrienne attaquée par les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI) à l’automne 2014. M. Erdogan avait alors prédit sa chute, tandis que son gouvernement s’était longtemps fait prier avant d’ouvrir la frontière pour laisser passer les combattants kurdes d’Irak et de Turquie.Burhan va entraîner dans son sillage un millier de personnes, soit les membres de son clan tenus de suivre sa consigne de vote. Depuis qu’il a pris sa décision, il occupe son temps libre à visiter les chefs de village situés autour du sien pour les convaincre de faire comme lui.« Commissions de persuasion »Le clan Raman, qui s’est massivement rallié au HDP, compte près de 20 000 électeurs. Celui d’Alpahanlar, dont est issu Mehdi Eker, le ministre de l’agriculture de l’actuel gouvernement AKP, est partagé. Près de 300 personnes ont rejoint le parti prokurde, les autres sont indécis. La plupart des tribus qui ont changé de camp étaient, depuis des lustres, des réservoirs de voix au service des partis conservateurs.Le libre arbitre est une notion relative dans ces régions kurdes où le mode de vie traditionnel est bien ancré. Un mot du chef, et les membres du clan obéissent. Le travail de persuasion est néanmoins fondamental. Pour rallier les clans, le HDP a mis le paquet. Par le biais du Congrès de la société démocratique, une organisation de la société civile réputée proche du PKK, des « commissions de persuasion » ont été mises en place. Elles sont composées d’une dizaine de membres, dignitaires religieux, « barbes blanches », anciens notables.Süleyman Özdemir, 70 ans, ancien cadre de la société pétrolière Tupras, à Batman, fait partie d’une de ces commissions. « Avec une dizaine de mes proches, nous sommes allés convaincre des personnes qui votaient jusqu’ici pour l’AKP ou le CHP [Parti républicain du peuple, l’ancien parti d’Atatürk aujourd’hui dans l’opposition] de ne plus le faire et de donner leurs voix au HDP », explique le vieil homme. « Ça se fait uniquement par le dialogue, la persuasion. On explique simplement à nos interlocuteurs à quel point le changement leur sera bénéfique », souligne-t-il. Son frère, Faris Özdemir, qui a fait naguère deux mandats de député au Parlement pour un parti de centre droit, se démène lui aussi pour ramener des voix au HDP.Le mouvement n’a pas tardé à gagner Adiyaman, Van, Suruc, où des milliers d’électeurs ont annoncé qu’ils changeaient de bord. A Siirt, quelques tribus arabes ont rejoint les Kurdes en signe de mécontentement. « Les Arabes ont compris que le HDP n’était pas un parti exclusivement fait pour les Kurdes et qu’il représentait les intérêts de toutes les minorités ethniques de ce pays », assure Süleyman.Retournement de situationDifficile de dire si les voix kurdes suffiront à changer la donne. Toutefois, le retournement de situation dans les régions du sud-est en dit long sur la popularité croissante du HDP. Réputé conservateur, attaché aux principes de l’islam sunnite, l’électorat kurde est en train de se tourner vers un parti de gauche enclin à défendre les droits des chrétiens, des femmes et des homosexuels. Selahattin Demirtas a obtenu 9,8 % des voix lors de la présidentielle d’août 2014, remportée par M. Erdogan au premier tour avec 52 % des voix. Il espère pouvoir améliorer ce score aux législatives du 7 juin.C’est la première fois depuis 2002 qu’un parti kurde se présente aux élections. D’habitude, les candidats prokurdes se présentaient en indépendants et, une fois élus, ils formaient un groupe au Parlement. Cette fois-ci, le HDP joue son va-tout. S’il parvient à franchir le seuil des 10 % imposé aux partis pour entrer au Parlement, il aura gagné son pari. En cas d’échec, toutes les voix qu’il aura recueillies iront à l’AKP, selon le système proportionnel en vigueur en Turquie.A la faveur du processus de paix lancé par les islamo-conservateurs, les Kurdes ont gagné en liberté et le courant politique issu du PKK a gagné du terrain. La plupart des municipalités des régions kurdophones sont entre ses mains. Le mouvement a sa propre police et ses propres tribunaux, prisés pour leur efficacité et leur respect de la coutume. Sabri Kaya, la trentaine, médecin à Diyarbakir, reconnaît avoir eu recours à cette justice parallèle pour régler un litige sur des terrains dans son village. Selon lui, les tribunaux coutumiers sont actifs dans la défense des femmes victimes de violence. « Les femmes vont voir les sages qui composent ces tribunaux quand elles veulent se plaindre de leurs maris violents ou volages, lesquels sont fortement incités à se corriger. C’est un outil assez efficace pour régler les problèmes », estime-t-il.Marie Jégo (Batman (Turquie), envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jacques Follorou Les services secrets allemands (BND), agissant pour le compte de l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA), ont espionné la France par l’intermédiaire du groupe de télécommunications Deutsche Telekom. Des documents internes à cette entreprise, la plus importante en Europe dans ce secteur, auxquels Le Monde a eu accès, montrent comment elle a intercepté, au moins de 2005 à 2008, sur ordre du BND, les flux de communications gérés par France Télécom et transitant par l’Allemagne.Les autorités allemandes, actuellement accusées de complicité d’espionnage avec la NSA, entre 2005 et 2015, des intérêts économiques et politiques européens, affirmaient qu’il était impossible de connaître l’identité des cibles visées, car les listes auraient été depuis détruites par leurs services secrets. Ces documents de Deutsche Telekom, détenus par la commission d’enquête parlementaire allemande sur les activités de la NSA et révélés par le député Verts autrichien Peter Pilz, attestent, au contraire, que France Télécom, devenue Orange en 2012, disposerait des moyens d’identifier les personnes ou entreprises espionnées grâce à ces pièces.Lire aussi :La France espionnée avec ses propres moyensPar ailleurs, les auditions, menées à huis clos par la commission d’enquête du Bundestag, de membres du BND et de Deutsche Telekom ont livré de nouveaux éléments sur la toile tissée par l’espionnage américain en Europe, et notamment en France. « Face à ces faits inacceptables, estime la députée européenne Eva Joly, associée à M. Pilz dans cette dénonciation de la surveillance américano-allemande, il faut qu’une enquête judiciaire soit ouverte au plus vite à Paris, c’est là qu’Orange a son siège social. La France ne peut pas rester sans réaction quand on voit que la Belgique, les Pays-Bas ou l’Autriche ont déjà déposé plainte. »La pleine intégration de Deutsche Telekom dans le dispositif de surveillance du BND et de la NSA date du 1er mars 2004. C’est la date qui figure au bas d’un protocole d’accord signé par Dieter Mayr pour le compte du directeur du BND et par Bernd Köbele, agissant pour le PDG du groupe de communication. Selon ce contrat, le groupe de télécommunication allemand, qui était, jusqu’en 1996, une filiale de la société publique Deutsche Bundespost, s’engage à intercepter, à l’insu des câblo-opérateurs, tels que France Télécom, le flux massif de données de communications transitant sur son territoire. Une pratique sans doute facilitée au fil des années puisque les deux opérateurs historiques français et allemand ont engagé, à partir de 2009, des rapprochements industriels.Quinze membres du BND à demeure« Ce protocole, explique M. Pilz, venait, pour Berlin, encadrer une activité jusque-là totalement débridée. Entre 2002 et 2004, il n’y avait aucune limite aux interceptions américaines et du BND via Deusche Telekom. » Ce qui permettait à la NSA de collecter massivement des données concernant des intérêts allemands. En théorie, le BND et la NSA n’espionnaient, d’après ce protocole, que le « transit » et non plus les intérêts nationaux. On a vu, depuis, que cela n’avait pas empêché les services américains d’espionner une entreprise comme Siemens.Quinze membres du BND étaient installés à demeure, dans les locaux de Deutsche Telekom. Pour la seule année 2005, selon les documents de la commission d’enquête du Bundestag, « 51 lignes de transit à destination de la France », transportant chacune des flux massifs d’informations, ont été interceptées. Le 4 décembre 2014, un membre du BND a expliqué aux parlementaires allemands le fonctionnement de ce détournement. « Les routes sont électriques ou de fibres optiques, cela veut dire qu’une bretelle de dérivation est installée (…). Une partie continue vers l’opérateur, (…) une autre partie va au BND. »A partir de 2005, l’ensemble du trafic intercepté a été renvoyé vers le centre d’interceptions, installé en Bavière, à Bad Aibling. Dans cette base, les opérateurs allemands travaillent aux côtés d’employés de la NSA dans le cadre du JSA (Joint Signal Activity). Tous ont connaissance de la nature des cibles américaines. Interrogé par la commission d’enquête du Bundestag, le directeur du BND, Gerhard Schindler, a indiqué, le 21 mai, qu’il n’y avait rien d’illégal à cela tant que cette collecte ne concernait pas des intérêts allemands.Deutsche Telekom a intercepté, pour le compte du BND, des flux de communications gérés par France Télécom et transitant par l’AllemagneLes cibles sont fixées par la NSA. En 2005, sur les 256 « lignes de transit » retenues, 94 lignes traversaient l’Union européenne, 40 connectaient des Etats membres de l’UE avec d’autres pays du continent comme la Suisse, la Russie, l’Ukraine ou la Turquie, 122 étaient raccordées avec des territoires dans le monde entier, notamment l’Arabie saoudite, le Japon ou la Chine. En revanche, tous les câbles concernant le Royaume-Uni, proche allié des Etats-Unis, ont été exclus de cette interception par le BND et la NSA.Les « sélecteurs » ou clés de recherche, comme des noms, des numéros de téléphone ou carte de crédit, permettent ensuite à la NSA d’analyser le flux de données collectées. Ce tri est notamment fait par trois centres désignés SCS (« Special Collection Service ») dans une note de la NSA datée du 31 juillet 2009. Deux se trouvent à Vienne et l’autre à Paris, lié, comprend-on, à l’ambassade des Etats-Unis.Les relevés d’interception de Deutsche Telekom sur les câbles gérés par France Télécom fournissent un certain nombre de caractéristiques techniques qui permettraient d’orienter les recherches sur l’identité des victimes de cet espionnage. Les principaux centres de traitement des données de l’opérateur historique français sont cités en clairs, comme à Reims ou à Paris. Reste à savoir si le groupe français, qui joue un rôle central dans le renseignement technique en France, sera disposé à lever le voile sur ces affaires sensibles sachant qu’Orange, comme l’a déjà démontré Le Monde, a joué exactement le même rôle que Deusche Telekom pour le compte des services secrets français…Jacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) L’issue du « dossier grec » va se jouer, pour une bonne part, vendredi 5 juin à Athènes. Sur le terrain politique. Entre Alexis Tsipras et sa majorité. Le premier ministre grec a annoncé, jeudi soir, sur son compte Twitter qu’il s’adressera au Parlement à 18 heures (17 heures, heure française) pour présenter la situation à l’ensemble des formations politiques.Tomorrow at 6pm, I will inform Parliament regarding the progress of the negotiation. #vouli #Greece http://t.co/no3nnoHJ2e— tsipras_eu (@Alexis Tsipras)require(["twitter/widgets"]);Les positions semblaient s’être un peu rapprochées, mardi, entre le gouvernement grec et ses créanciers – le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE) et la Commission européenne –, laissant même augurer d’un possible accord politique vendredi en fin de journée. Mais M. Tsipras doit faire face à une levée de boucliers de plusieurs membres, députés et même ministres du parti de gauche radicale Syriza, dont est issu le gouvernement. M. Tsipras doit donc rassurer et marquer sa volonté de ne pas céder sur un certain nombre de « lignes rouges ».Son discours sera attentivement scruté. A Bruxelles, le président la Commission europénne Jean-Claude Juncker est manifestement tétanisé par ce que le premier ministre grec pourrait dire.Lire aussi :La Grèce et ses créanciers échouent à aplanir leurs divergencesC’est à cette aune qu’il faut lire l’annonce inattendue, jeudi soir, par le gouvernement grec du regroupement en un seul versement, le 30 juin, de l’ensemble des remboursements dus au FMI, soit 1,6 milliard d’euros. Cela permet à M. Tsipras de gagner du temps, à la fois pour essayer de renégocier les termes de l’accord avec ses créanciers, mais aussi pour préparer sa majorité à endosser ce futur accord, qui risque d’avoir tout d’un nouveau programme d’austérité.« Pire que ce qu’ils exigeaient du précédent gouvernement »C’est aussi avec cet arrière-plan de politique intérieure qu’il convient de « décoder » le communiqué publié, jeudi soir, par les services d’Alexis Tsipras, dont le ton est particulièrement musclé : le premier ministre y souligne que l’« attitude » des créanciers « soulève des questions sur leur volonté d’aider à la conclusion d’un accord mutuellement bénéfique. »Un peu plus tôt, le premier ministre grec s’était entretenu au téléphone avec le président français, François Hollande et la chancelière allemande, Angela Merkel. Selon une source gouvernementale grecque, M. Tsipras aurait déclaré à ses partenaires que la proposition des créanciers « ne pouvait pas servir de base à la discussion car ne prenait pas en compte les quatre mois de négociations venant de s’écouler. »Ces messages s’adressent avant tout aux Grecs et surtout aux membres du parti majoritaire, Syriza. « Nous avions bon espoir d’arriver à un accord cette semaine et de régler ainsi notre premier versement au FMI comme prévu, mais l’intransigeance de la proposition de nos créanciers rend cela impossible. C’est pire que ce qu’ils exigeaient du précédent gouvernement conservateur ! », explique un membre de Syriza.Les points de blocage (les « lignes rouges ») concernent avant tout les réformes des retraites et de la TVA, demandées par les créanciers, ou encore la mention d’une future renégociation de la dette.« Syriza doit servir de rempart à l’austérité »Au plan intérieur grec, c’est aussi et surtout, à travers ces négociations, le positionnement politique du gouvernement de M. Tsipras qui est en jeu. Certains souhaitent un glissement progressif vers le centre gauche. D’autres le rejettent. Vendredi, les colonnes de tous les analystes grecs faisaient largement état de ce débat.Le leader de l’opposition conservatrice, Antonis Samaras multiplie ces derniers jours les appels à l’unité nationale, de même que le président du parti de centre gauche, La Rivière (To Potami), Stavros Théodorakis. Avec comme objectif évident la formation d’un gouvernement de coalition, traversant largement les clivages droite-gauche.« Nous ne laisserons pas ce scénario se produire, affirme Rudi Rinaldi, membre du comité directeur de Syriza. Un glissement vers le centre gauche n’est pas ce dont la Grèce a besoin aujourd’hui, et ce n’est pas non plus ce que le peuple grec nous a donné comme mandat. Au contraire, Syriza doit servir de rempart à l’austérité, pas la rendre encore plus dure. »Lire aussi :Athènes décide de retarder ses remboursements au FMIAu bout du compte, la Grèce a certainement gagné quelques jours de négociation supplémentaires, mais les problèmes aigus de liquidité demeurent. Et les doutes sur la stratégie de négociation du gouvernement aussi.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Munich, envoyé spécial) Trois jours avant l'ouverture du sommet du G7, dimanche à Elmau (Baviere), les anti-G7 se mobilisent. Jeudi 4 juin, jour férié et très ensoleillé en Bavière, environ trente-cinq mille personnes ont défilé dans Munich dans une ambiance très bon enfant.Si quelques banderoles s'en prenaient à Barack Obama et à la NSA, la principale cible des manifestants était moins le G7 proprement dit que le TTIP, l'accord de libre-échange que négocient actuellement l'Union européenne et les Etats-Unis. Les mots d'ordre de la manifestation étaient d'ailleurs : « Stopper le TTIP, sauver le climat, combattre la pauvreté. »Etonnement, Angela Merkel pourrait souscrire aux deux deniers points. Comme les manifestants, elle fait de la conférence de Paris sur le climat une priorité. Pour les nombreux ONG (Greenpeace, Attac...), partis (Les Verts, Die Linke, les Jeunes socialistes...) et syndicats (Verdi) qui appelaient à la manifestation, le TTIP est le nouveau cheval de Troie de la mondialisation. « No TTIP, No Fracking, No Frontex, No Monsanto » résumait une banderole. La lutte contre les OGM était également très présente dans les revendications. La veille, les militants avaient organisé un « G7 alternatif » dont les principaux orateurs étaient le Suisse Jean Ziegler et l'économiste indienne Jayati Ghosh.Les autorités sont en alerteJeudi, il était clair que c'était moins l'extrême gauche qui était descendue dans la rue que la classe moyenne bavaroise. La moyenne d'âge dépassait les 40 ans. Contrairement à ce que laissaient entendre les organisateurs, on aurait cherché en vain des slogans et des banderoles soutenant la Grèce.En fait, ce n'était pas à Munich mais à Garmisch-Partenkirchen que des violences sont attendues. Située à une quinzaine de kilomètres d'Elmau, la station de ski sera durant le week-end le lieu où se retrouveront les journalistes, les manifestants et dix-neuf mille policiers, un record dans l'histoire de la Bavière. Après les violents affrontements en février lors de l'inauguration du nouveau siège de la Banque centrale européenne à Francfort, les autorités sont en alerte.Plusieurs manifestations sont prévues samedi. Les autorités bavaroises évaluent entre deux mille et trois mille le nombre de manifestants prêts à en découdre physiquement. Les opposants au G7 ont prévenu qu'ils tenteraient d'aller à Elmau, et les forces de l'ordre ont prévenu qu'elles ne les laisseraient pas passer. D'ores et déjà, quarante conteneurs ont été installés sur un ancien terrain militaire américain (tout un symbole) pouvant servir de cellules à deux mille personnes. Des dizaines de juges et d'avocats sont également réquisitionnés pour juger — jour et nuit si nécessaire — des personnes soupçonnées d'avoir commis des actes violents. Pour Angela Merkel, ce sommet doit être celui « de l'harmonie ».Frédéric Lemaître (Munich, envoyé spécial)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Athènes a finalement décidé de se donner un peu de marge de manœuvre et a pris ses partenaires de négociation par surprise. Y compris le principal intéressé : le Fonds monétaire international (FMI). Celui-ci a confirmé, jeudi 4 juin au soir, qu’il venait tout juste de recevoir une demande de la Grèce de grouper ses remboursements au Fonds pour le mois entier au 30 juin.Athènes, qui devait envoyer un premier chèque de 300 millions d’euros au FMI le 5 juin, puis trois autres (336 millions d’euros le 12 juin, 560 le 16 et 336 le 19 juin), devrait donc faire un paiement global de 1,6 milliard d’euros le 30 juin, a précisé le FMI.C’est la première fois, depuis qu’ont commencé les premiers plans d’aide à la Grèce, en 2010, que le pays n’honore pas à temps une de ses échéances de remboursement.Lire aussi :Réformes ou sortie de l’euro : comprendre la situation de la GrèceLe Fonds a dû donner son feu vert automatiquement, car cette procédure de remboursement existe dans ses statuts, même si elle n’est que très rarement activée : jusqu’ici, seule la Zambie s’en était servi, dans les années 1980... Dans un communiqué, le FMI a précisé :« Selon une décision de notre directoire adoptée à la fin des années 1970, les pays membres [du Fonds] peuvent demander à grouper les différents remboursements dus sur un mois (ce n’est pas le cas pour le paiement des intérêts des prêts). La décision répondait à la difficulté administrative engendrée par ces multiples remboursements en une période de temps restreinte. »Cette demande d’Athènes au FMI a surpris et jeté un froid chez ses créanciers (BCE, UE), le gouvernement Tsipras ayant fait entendre à plusieurs reprises, ces derniers jours, que le paiement du 5 juin serait assuré. « Ne vous inquiétez pas », avait lancé, mercredi, Alexis Tsipras, le premier ministre grec, en sortant de son dîner de négociation, à Bruxelles, avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, s’était d’ailleurs déclarée « confiante » jeudi, dans le fait qu’Athènes allait payer sa dette à l’échéance du 5 juin, quelques heures seulement avant que la demande d’Athènes parvienne à Washington, siège du Fonds.Lire (édition abonnés) :Le rôle à part du FMI dans la crise grecquePourquoi le gouvernement Tsipras a t-il fait ce choix de dernière minute ?Probablement autant par tactique que par défiance à l’égard de ses partenaires : cela lui permet de lever une pression sur les négociations et de gagner quelques jours. Du temps nécessaire pour préparer sa majorité, les membres de son parti Syriza, à endosser le futur accord.Le pays dont les caisses sont quasi vides, avait, selon des sources européennes, les moyens de débourser les 300 millions d’euros du 5 juin. Mais probablement pas les 336 millions du 12 juin, sans parler des autres millions des jours d’après.S’il payait le FMI le 5, cela l’obligeait à décrocher un accord politique dans les heures ou les jours qui suivaient, afin que les prêts conditionnés à cet accord (en tout 7,2 milliards d’euros), puissent être débloqués rapidement.La perspective d’un accord est-elle compromise ?A priori cette demande d’Athènes au FMI ne devrait pas compromettre les négociations avec ses créanciers, estiment deux sources proches des discussions, « même si ce n’est pas très bon pour améliorer l’atmosphère des négociations» .Mais, si Angela Merkel espérait éviter que le sujet grec « pollue » son G7 (du 7 au 9 juin, en Bavière), c’est peut-être raté.Depuis le 1er juin, la chancelière pilote en quasi-direct les négociations avec le président François Hollande, les deux dirigeants voulant absolument éviter un défaut de paiement grec aux conséquences incalculables pour la zone euro.Lire aussi :En Allemagne, un « G7 alternatif » avant le sommet de dimancheSelon nos informations, jeudi soir, M. Tsipras a assuré la chancelière et le président français, qu’il n’était pas question pour lui de prolonger indéfiniement les négociations.Ce qu’espèrent toujours les parties, c’est un accord politique dans les jours qui viennent, probablement après le G7.Pour qu’un feu vert formel puisse être avalisé lors d’un Eurogroupe (réunion des 19 ministres des finances de la zone euro), idéalement avant le 11 ou le 12 juin. Et que les 7,2 milliards d’euros restant à verser à Athènes dans le cadre du deuxième plan d’aide au pays, puissent être versés dans la foulée, en tout cas avant le 30 juin, date d’extinction de ce plan.Quelle est la nature des blocages ?Le gouvernement Tsipras refuse encore la réforme radicale des retraites que voudrait lui imposer le FMI (une réforme avec un objectif de déficit zéro), le système de TVA à deux taux que proposent les créanciers (dont un taux à 23 %, y compris pour l’énergie).En revanche, selon nos informations, un accord est maintenant quasi acquis sur le niveau du surplus primaire (1 % en 2015, 2 % en 2016).Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.06.2015 à 15h44 • Mis à jour le04.06.2015 à 16h25 Aucune date n’a pour le moment été fixée, mais la privatisation totale de Royal Mail, la Poste britannique, sera bientôt effective. George Osborne, le ministre conservateur des finances, a annoncé jeudi 4 juin au Parlement que le gouvernement allait se désengager complètement de l’entreprise postale pour réduire la dette publique. Une majorité du capital de Royal Mail avait déjà été cotée à la Bourse de Londres en octobre 2013.« J’annonce aujourd’hui que le gouvernement va vendre les 30 % qui lui restent dans Royal Mail. C’est la meilleure chose à faire pour Royal Mail, ainsi que pour les entreprises et les familles qui en dépendent – et bien sûr aussi pour le contribuable », a-t-il expliqué devant les députés. Avec une action à 5,26 livres (environ 7 euros) mercredi soir, la vente pourrait rapporter jusqu’à 1,5 milliard de livres (un peu plus de 2 milliards d’euros).M. Osborne a également annoncé d’autres mesures économiques dans les ministères pour réduire le déficit public, qui a atteint 5,2 % lors de l’année budgétaire 2014-2015. Le gouvernement a promis de parvenir à l’équilibre budgétaire dès l’année 2018-2019. Ces nouvelles mesures devraient permettre de réduire la dette de 4,5 milliards de livres (6,17 milliards d’euros).Lire aussi : Avec Royal Mail Londres renoue avec les privatisations 04.06.2015 à 10h32 • Mis à jour le04.06.2015 à 10h35 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Les « révélations » ne vont pas apaiser les vives tensions perceptibles à Verviers, foyer djihadiste belge. Un quotidien populaire, La Dernière Heure, a affirmé, mercredi 3 juin, qu’une fête aurait eu lieu lors de l’autopsie de deux terroristes islamistes, tués lors de l’assaut de la police contre leur cache, dans la ville, le 15 janvier 2015. En réponse, les autorités judiciaires ont indiqué qu’une enquête avait été ouverte au début de la semaine par l’Inspection générale des services de police afin de déterminer ce qui s’est réellement passé dans la salle d’autopsie.Selon Christian De Valkeneer, le procureur général de Liège, qui s’est exprimé mercredi, une dizaine de photos auraient été prises à cette occasion, montrant « des gens qui boivent un verre ». Il n’aurait, en revanche, pas été question de fête, de danse et de chants au-dessus des deux cadavres, comme l’affirmait le journal. « C’est un comportement qui n’est nullement acceptable », a toutefois estimé le procureur général en évoquant la scène.Les autorités judiciaires et policières ont affirmé que les faits en question « portent atteinte à la dignité humaine » et que, même s’ils ne tombent pas sous le coup de la loi pénale, ils devraient entraîner des sanctions disciplinaires. Des médecins légistes, des assistants, des experts et des fonctionnaires de police assistent habituellement aux autopsies. La justice et la police feront « toute la clarté », a promis de son côté Claude Fontaine, le directeur général de la police judiciaire fédérale. Selon les premiers éléments, aucun policier n’a été identifié sur les photos.Menaces contre la policeL’autopsie pratiquée à Liège visait à déterminer si les forces spéciales qui avaient assiégé un appartement du centre de Verviers, dans l’est de la Belgique, avaient agi en état de légitime défense en ouvrant le feu sur les occupants. Ceux-ci, liés à la mouvance islamiste, préparaient apparemment des attentats contre des policiers. Un troisième homme, présent sur les lieux et affirmant s’y trouver par hasard, était sorti vivant de l’assaut.Lire aussi :La Belgique sous tension en raison de menaces terroristes persistantesLa tension dans cette petite ville proche de Liège, devenue un foyer islamiste au cours des dernières années, n’est pas retombée. Pour preuve, l’annulation, mercredi soir, d’une conférence sur le terrorisme et le radicalisme qui devait réunir des élus du Mouvement réformateur (libéral) et un expert, l’ex-journaliste et ex-agent de renseignement Claude Moniquet, directeur d’un centre d’étude sur la sécurité.Les autorités locales ont évoqué des menaces contre la police, suite aux révélations parues le matin même. Des mesures de protection particulières avaient été prises, ont indiqué les responsables des forces de l’ordre, mais les organisateurs ont préféré renoncer. « Nous sommes tristes et honteux pour ce pays, car le signal envoyé est celui d’une désespérante faiblesse », a commenté M. Moniquet.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La Grèce et ses créanciers – le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE), et la Commission européenne – ne sont pas encore parvenus, dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 juin, à s’entendre sur une liste de réformes à mettre en place pour débloquer rapidement une aide financière, vitale pour la survie financière du pays, à court d’argent.A ce stade, aucun accord n’a été trouvé au terme d’une réunion de cinq heures, à Bruxelles, entre le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, le patron de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem et le premier ministre grec, Alexis Tsipras.Une nouvelle réunion au sommet (politique) à Bruxelles pourrait avoir lieu vendredi 5 juin au soir, indique-t-on côté grec.Un « Euroworking group », réunissant les directeurs du Trésor de la zone euro était, lui, prévu jeudi 4 juin en début de soirée, qui pourrait déboucher sur la convocation, la semaine prochaine, d’un Eurogroupe (réunion des 19 ministres des finances de l’Eurozone), seule instance habilitée à avaliser un accord définitif.Si tout le monde se félicite du « bon climat dans lequel se sont déroulées [les] discussions » de mercredi soir, plusieurs points restent toujours en suspens.Ils apparaissent dans les documents résumant les propositions formulées par le gouvernement grec et celles élaborées par les créanciers de la Grèce.Lire aussi :Le feuilleton grec souffle le chaud et le froid sur les marchésLa question des retraites au centre des blocagesLes créanciers insistent, à la demande du FMI, sur la nécessité d’aller vers un régime de retraite affichant « zéro déficit ». Ils demandent donc des coupes à hauteur de 0,5 % du PIB en 2015 et de 1 % du PIB en 2016. Cela entraînerait notamment de nouvelles coupes dans les pensions mais aussi dans les retraites complémentaires. Il semblerait également, selon la presse grecque, que le FMI et Bruxelles demandent la suppression de l’EKAS, une prime destinée aux petites retraites, inférieures à 700 euros par mois, et qui va 30 à 230 euros par mois, selon les revenus.Le gouvernement grec ne veut pas entendre parler de ces mesures. « Des propositions qui posent sur la table l’idée de supprimer l’EKAS aux petits retraités » ne peuvent « naturellement faire l’objet d’aucune discussion », a déclaré M. Tsipras.Lire aussi :Le rôle à part du FMI dans la crise grecqueLa réforme de la TVA pose aussi problème Le gouvernement grec avait bon espoir de faire-valoir ses propositions de réforme de la TVA, avec la mise en place de trois niveaux de taxes : 6 % pour les médicaments et les livres, 11 % pour les aliments, l’énergie ou l’eau et 23 % pour le reste.Les créanciers insistent pour établir un régime à deux taux : 11 % pour les médicaments, les aliments et l’hôtellerie et 23 % pour tout le reste. M. Tsipras a insisté sur le fait qu’il ne peut accepter de voir « augmenter la TVA sur l’électricité de 10 points. »Des divergences persistent sur les réformes du droit du travailLes créanciers veulent le maintien des objectifs inscrits dans le mémorandum signé avec le précédent gouvernement. Athènes refuse toujours de changer le cadre des licenciements collectifs et veut rétablir les conventions collectives. Mais M. Tsipras n’a pas abordé cette question dans sa déclaration de mercredi soir, ce qui pourrait suggérer un compromis possible.Des frictions sur les privatisations dans l’énergie et le transportM. Tsipras est revenu, depuis plusieurs semaines, sur son refus initial général de réaliser les opérations de privatisation engagées par le précédent gouvernement. Il a esquissé un compromis possible autour de la privatisation de plusieurs aéroports, du port du Pirée, etc.Mais les créanciers souhaitent que les deux entreprises de production et de transport d’électricité (ADIME et Mikri DEY) soient privatisées. Ce à quoi se refuse le premier ministre grec.Le niveau de l’excédent du budget de l’Etat reste à calerPour amorcer une baisse du recours à l’endettement, les créanciers veulent que le gouvernement grec s’engage sur un solde positif pour le budget de l’Etat, avant paiement des intérêts de la dette : cet excédent primaire doit, selon eux, s’établir à 1 % en 2015, 2 % en 2016, 3 % en 2017 et 3,5 % en 2018.Pour limiter les coupes budgétaires et se dégager quelques marges de manœuvre financières, Athènes propose de se contenter d’un excédent primaire de 0,6 % en 2015 et 1,5 % en 2016Si Alexis Tsipras se félicite de la volonté affichée par les créanciers de mettre en place « des objectifs d''excédent primaires inférieurs à ceux établis dans les précédents programmes », il s’oppose à de nouvelles mesures d’austérité dans le contexte d’un pays qui « a vécu une véritable catastrophe économique et a perdu 25 % de son PIB ces cinq dernières années. »Bataille pour mentionner ou non une future restructuration de la detteL’autre « gros » point de blocage dans les discussions en cours est la question de la restructuration de la dette publique grecque, qui atteint 177 % du PIB, soit près de 320 milliards d’euros. A défaut d’ouvrir immédiatement ce chapitre, M. Tsipras aimerait que soit inscrit dans l’accord avec les créanciers le principe de propositions pour assurer la viabilité de cette dette.Toute la journée de mardi 3 juin, l’ensemble des députés et ministres grecs issus du parti de la gauche radicale Syriza sont montés au créneau pour exiger que mention soit faite dans le texte de cette nécessaire négociation dans un avenir proche. Selon le FMI, cela semble inévitable. Mais l’Allemagne, notamment, s’y oppose, car l’idée d’effacer une partie de la dette grecque après avoir engagé des milliards pour son maintien à flot (240 milliards d’euros depuis mai 2010) est très impopulaire. « Nous avons une confiance limitée envers nos partenaires sur cette question car nous redoutons un scénario à la Samaras », explique une source gouvernementale.En novembre 2012, les créanciers s’étaient engagés lors d’un Eurogroupe à ouvrir les discussions sur une restructuration de la dette dès que la Grèce aurait dégagé un excédent primaire. Mais en janvier 2014, le premier ministre conservateur de l’époque, Antonis Samaras avait annoncé que le pays venait, pour la première fois depuis dix ans, de dégager un excédent primaire. Les créanciers avaient alors refusé d’ouvrir les discussions promises sur la dette.Une aide financière nécessaire avant le 30 juinTout l’enjeu pour la Grèce est de se voir verser avant le 30 juin les 7,2 milliards d’euros, qui restent dans le cadre du deuxième plan d’aide au pays, initié en 2012.Avant le 30 juin, parce que c’est la date d’extinction de ce plan. Au-delà, sans accord, les 7,2 milliards ne seront plus « fléchés » pour Athènes.Avant le 30 juin aussi, parce que le pays doit faire face à de lourdes échéances de remboursement : 1,6 milliard d’euros au total pour le FMI en juin, dont 300 millions dès le 5 juin ; puis près de 8 milliards à la BCE entre juillet et août.Sur l’échéance du vendredi 5 juin, M. Tsipras a déclaré mercredi soir que le remboursement sera acquitté.Lire aussi :Grèce : le scénario d’un accord en deux tempsAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.06.2015 à 15h44 • Mis à jour le04.06.2015 à 16h25 Aucune date n’a pour le moment été fixée, mais la privatisation totale de Royal Mail, la Poste britannique, sera bientôt effective. George Osborne, le ministre conservateur des finances, a annoncé jeudi 4 juin au Parlement que le gouvernement allait se désengager complètement de l’entreprise postale pour réduire la dette publique. Une majorité du capital de Royal Mail avait déjà été cotée à la Bourse de Londres en octobre 2013.« J’annonce aujourd’hui que le gouvernement va vendre les 30 % qui lui restent dans Royal Mail. C’est la meilleure chose à faire pour Royal Mail, ainsi que pour les entreprises et les familles qui en dépendent – et bien sûr aussi pour le contribuable », a-t-il expliqué devant les députés. Avec une action à 5,26 livres (environ 7 euros) mercredi soir, la vente pourrait rapporter jusqu’à 1,5 milliard de livres (un peu plus de 2 milliards d’euros).M. Osborne a également annoncé d’autres mesures économiques dans les ministères pour réduire le déficit public, qui a atteint 5,2 % lors de l’année budgétaire 2014-2015. Le gouvernement a promis de parvenir à l’équilibre budgétaire dès l’année 2018-2019. Ces nouvelles mesures devraient permettre de réduire la dette de 4,5 milliards de livres (6,17 milliards d’euros).Lire aussi : Avec Royal Mail Londres renoue avec les privatisations 04.06.2015 à 10h32 • Mis à jour le04.06.2015 à 10h35 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Les « révélations » ne vont pas apaiser les vives tensions perceptibles à Verviers, foyer djihadiste belge. Un quotidien populaire, La Dernière Heure, a affirmé, mercredi 3 juin, qu’une fête aurait eu lieu lors de l’autopsie de deux terroristes islamistes, tués lors de l’assaut de la police contre leur cache, dans la ville, le 15 janvier 2015. En réponse, les autorités judiciaires ont indiqué qu’une enquête avait été ouverte au début de la semaine par l’Inspection générale des services de police afin de déterminer ce qui s’est réellement passé dans la salle d’autopsie.Selon Christian De Valkeneer, le procureur général de Liège, qui s’est exprimé mercredi, une dizaine de photos auraient été prises à cette occasion, montrant « des gens qui boivent un verre ». Il n’aurait, en revanche, pas été question de fête, de danse et de chants au-dessus des deux cadavres, comme l’affirmait le journal. « C’est un comportement qui n’est nullement acceptable », a toutefois estimé le procureur général en évoquant la scène.Les autorités judiciaires et policières ont affirmé que les faits en question « portent atteinte à la dignité humaine » et que, même s’ils ne tombent pas sous le coup de la loi pénale, ils devraient entraîner des sanctions disciplinaires. Des médecins légistes, des assistants, des experts et des fonctionnaires de police assistent habituellement aux autopsies. La justice et la police feront « toute la clarté », a promis de son côté Claude Fontaine, le directeur général de la police judiciaire fédérale. Selon les premiers éléments, aucun policier n’a été identifié sur les photos.Menaces contre la policeL’autopsie pratiquée à Liège visait à déterminer si les forces spéciales qui avaient assiégé un appartement du centre de Verviers, dans l’est de la Belgique, avaient agi en état de légitime défense en ouvrant le feu sur les occupants. Ceux-ci, liés à la mouvance islamiste, préparaient apparemment des attentats contre des policiers. Un troisième homme, présent sur les lieux et affirmant s’y trouver par hasard, était sorti vivant de l’assaut.Lire aussi :La Belgique sous tension en raison de menaces terroristes persistantesLa tension dans cette petite ville proche de Liège, devenue un foyer islamiste au cours des dernières années, n’est pas retombée. Pour preuve, l’annulation, mercredi soir, d’une conférence sur le terrorisme et le radicalisme qui devait réunir des élus du Mouvement réformateur (libéral) et un expert, l’ex-journaliste et ex-agent de renseignement Claude Moniquet, directeur d’un centre d’étude sur la sécurité.Les autorités locales ont évoqué des menaces contre la police, suite aux révélations parues le matin même. Des mesures de protection particulières avaient été prises, ont indiqué les responsables des forces de l’ordre, mais les organisateurs ont préféré renoncer. « Nous sommes tristes et honteux pour ce pays, car le signal envoyé est celui d’une désespérante faiblesse », a commenté M. Moniquet.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La Grèce et ses créanciers – le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE), et la Commission européenne – ne sont pas encore parvenus, dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 juin, à s’entendre sur une liste de réformes à mettre en place pour débloquer rapidement une aide financière, vitale pour la survie financière du pays, à court d’argent.A ce stade, aucun accord n’a été trouvé au terme d’une réunion de cinq heures, à Bruxelles, entre le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, le patron de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem et le premier ministre grec, Alexis Tsipras.Une nouvelle réunion au sommet (politique) à Bruxelles pourrait avoir lieu vendredi 5 juin au soir, indique-t-on côté grec.Un « Euroworking group », réunissant les directeurs du Trésor de la zone euro était, lui, prévu jeudi 4 juin en début de soirée, qui pourrait déboucher sur la convocation, la semaine prochaine, d’un Eurogroupe (réunion des 19 ministres des finances de l’Eurozone), seule instance habilitée à avaliser un accord définitif.Si tout le monde se félicite du « bon climat dans lequel se sont déroulées [les] discussions » de mercredi soir, plusieurs points restent toujours en suspens :Lire aussi :Le feuilleton grec souffle le chaud et le froid sur les marchésLa question des retraites au centre des blocagesLes créanciers insistent, à la demande du FMI, sur la nécessité d’aller vers un régime de retraite affichant « zéro déficit ». Ils demandent donc des coupes à hauteur de 0,5 % du PIB en 2015 et de 1 % du PIB en 2016. Cela entraînerait notamment de nouvelles coupes dans les pensions mais aussi dans les retraites complémentaires. Il semblerait également, selon la presse grecque, que le FMI et Bruxelles demandent la suppression de l’EKAS, une prime destinée aux petites retraites, inférieures à 700 euros par mois, et qui va 30 à 230 euros par mois, selon les revenus.Le gouvernement grec ne veut pas entendre parler de ces mesures. « Des propositions qui posent sur la table l’idée de supprimer l’EKAS aux petits retraités » ne peuvent « naturellement faire l’objet d’aucune discussion », a déclaré M. Tsipras.Lire aussi :Le rôle à part du FMI dans la crise grecqueLa réforme de la TVA pose aussi problème Le gouvernement grec avait bon espoir de faire-valoir ses propositions de réforme de la TVA, avec la mise en place de trois niveaux de taxes : 6 % pour les médicaments et les livres, 11 % pour les aliments, l’énergie ou l’eau et 23 % pour le reste.Les créanciers insistent pour établir un régime à deux taux : 11 % pour les médicaments, les aliments et l’hôtellerie et 23 % pour tout le reste. M. Tsipras a insisté sur le fait qu’il ne peut accepter de voir « augmenter la TVA sur l’électricité de 10 points. »Des divergences persistent sur les réformes du droit du travailLes créanciers veulent le maintien des objectifs inscrits dans le mémorandum signé avec le précédent gouvernement. Athènes refuse toujours de changer le cadre des licenciements collectifs et veut rétablir les conventions collectives. Mais M. Tsipras n’a pas abordé cette question dans sa déclaration de mercredi soir, ce qui pourrait suggérer un compromis possible.Des frictions sur les privatisations dans l’énergie et le transportM. Tsipras est revenu, depuis plusieurs semaines, sur son refus initial général de réaliser les opérations de privatisation engagées par le précédent gouvernement. Il a esquissé un compromis possible autour de la privatisation de plusieurs aéroports, du port du Pirée, etc.Mais les créanciers souhaitent que les deux entreprises de production et de transport d’électricité (ADIME et Mikri DEY) soient privatisées. Ce à quoi se refuse le premier ministre grec.Le niveau de l’excédent du budget de l’Etat reste à calerPour amorcer une baisse du recours à l’endettement, les créanciers veulent que le gouvernement grec s’engage sur un solde positif pour le budget de l’Etat, avant paiement des intérêts de la dette : cet excédent primaire doit, selon eux, s’établir à 1 % en 2015, 2 % en 2016, 3 % en 2017 et 3,5 % en 2018.Pour limiter les coupes budgétaires et se dégager quelques marges de manœuvre financières, Athènes propose de se contenter d’un excédent primaire de 0,6 % en 2015 et 1,5 % en 2016Si Alexis Tsipras se félicite de la volonté affichée par les créanciers de mettre en place « des objectifs d''excédent primaires inférieurs à ceux établis dans les précédents programmes », il s’oppose à de nouvelles mesures d’austérité dans le contexte d’un pays qui « a vécu une véritable catastrophe économique et a perdu 25 % de son PIB ces cinq dernières années. »Bataille pour mentionner ou non une future restructuration de la detteL’autre « gros » point de blocage dans les discussions en cours est la question de la restructuration de la dette publique grecque, qui atteint 177 % du PIB, soit près de 320 milliards d’euros. A défaut d’ouvrir immédiatement ce chapitre, M. Tsipras aimerait que soit inscrit dans l’accord avec les créanciers le principe de propositions pour assurer la viabilité de cette dette.Toute la journée de mardi 3 juin, l’ensemble des députés et ministres grecs issus du parti de la gauche radicale Syriza sont montés au créneau pour exiger que mention soit faite dans le texte de cette nécessaire négociation dans un avenir proche. Selon le FMI, cela semble inévitable. Mais l’Allemagne, notamment, s’y oppose, car l’idée d’effacer une partie de la dette grecque après avoir engagé des milliards pour son maintien à flot (240 milliards d’euros depuis mai 2010) est très impopulaire. « Nous avons une confiance limitée envers nos partenaires sur cette question car nous redoutons un scénario à la Samaras », explique une source gouvernementale.En novembre 2012, les créanciers s’étaient engagés lors d’un Eurogroupe à ouvrir les discussions sur une restructuration de la dette dès que la Grèce aurait dégagé un excédent primaire. Mais en janvier 2014, le premier ministre conservateur de l’époque, Antonis Samaras avait annoncé que le pays venait, pour la première fois depuis dix ans, de dégager un excédent primaire. Les créanciers avaient alors refusé d’ouvrir les discussions promises sur la dette.Une aide financière nécessaire avant le 30 juinTout l’enjeu pour la Grèce est de se voir verser avant le 30 juin les 7,2 milliards d’euros, qui restent dans le cadre du deuxième plan d’aide au pays, initié en 2012.Avant le 30 juin, parce que c’est la date d’extinction de ce plan. Au-delà, sans accord, les 7,2 milliards ne seront plus « fléchés » pour Athènes.Avant le 30 juin aussi, parce que le pays doit faire face à de lourdes échéances de remboursement : 1,6 milliard d’euros au total pour le FMI en juin, dont 300 millions dès le 5 juin ; puis près de 8 milliards à la BCE entre juillet et août.Sur l’échéance du vendredi 5 juin, M. Tsipras a déclaré mercredi soir que le remboursement sera acquitté.Lire aussi :Grèce : le scénario d’un accord en deux tempsAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.06.2015 à 04h52 • Mis à jour le04.06.2015 à 13h47 La Grèce et ses créanciers ne sont pas parvenus dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 juin à se mettre d’accord sur les réformes à mettre en place pour débloquer rapidement une tranche d’aide financière, vitale pour la survie financière du pays, à court d’argent. Une nouvelle réunion de haut niveau devrait avoir lieu vendredi soir à Bruxelles, selon plusieurs sources européennes, qui devrait réunir au minimum le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, et le patron de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem. .Aucun accord n’a été trouvé à l’issue du dîner de travail qui a réuni à Bruxelles le premier ministre grec, Alexis Tsipras, le patron de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le chef de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. Même si la Commission avait prévenu qu’il ne fallait pas trop en attendre, beaucoup espéraient que ce rendez-vous soit conclusif.Lire :Quels seront les contours d’un accord entre Athènes et ses créanciers ?Les divergences demeurentLe climat a été jugé globalement « constructif » et « positif », mais des divergences demeurent entre Athènes d’un côté et ses créanciers, UE et FMI, de l’autre. Chaque partie est en effet arrivée à la table des négociations avec son propre plan de réformes et l’ambition d’en faire la base des négociations.Le plan d’Athènes, de 46 pages, inclut, selon la presse grecque, une réforme de la TVA, l’unification graduelle des caisses de retraites, la suppression des retraites anticipées et une accélération des privatisations. Le programme des créanciers a lui été élaboré après la réunion lundi au pied levé entre les dirigeants français et allemand, le président de la BCE, Mario Draghi, et la patronne du FMI, Christine Lagarde.Dans ce plan des créanciers, « il y a des points que personne ne peut considérer comme une base de discussion », a jugé in fine M. Tsipras. La Grèce « a subi ces cinq dernières années une grande catastrophe économique […]. Des propositions comme couper dans les retraites les plus basses ou augmenter la TVA sur l’électricité ne peuvent être des bases de discussion ». « Le résultat est que la proposition grecque reste la seule proposition réaliste sur la table », a-t-il ajouté, tout en saluant des points positifs dans le plan des créanciers, comme « la proposition d’un excédent [primaire] plus faible » que celui de 3,5 % du PIB réclamé au départ.Le temps presseLe temps presse pour trouver un accord, alors que la Grèce, privée de versement de ses bailleurs de fonds depuis août, risque la faillite. Pour qu’un accord soit sur pied avant l’expiration du deuxième plan d’aide à la Grèce au 30 juin, le feu vert des créanciers et des 19 pays de la zone euro doit intervenir au plus tard lors de l’Eurogroupe du 18 juin.Dans ce contexte, les discussions vont reprendre dans les jours qui viennent, probablement avant le week-end, selon plusieurs sources européennes. Une réunion de l’Euro Working Group, l’instance qui prépare les Eurogroupe, aura lieu jeudi pour faire le point.Vendredi, Athènes doit rembourser une tranche de prêts de 300 millions d’euros au FMI, premier versement d’un total de 1,6 milliard d’euros dus à l’institution en juin. Un paiement qui devrait être honoré, a laissé entendre M. Tsipras. « Ne vous inquiétez pas », a-t-il lancé à la presse, à Bruxelles.Lire aussi :Dette grecque : les dirigeants européens partagés sur l’issue des négociations Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les événements se précipitent à Bruxelles alors qu’un accord entre Athènes et ses créanciers se précise, et que l’urgence financière en Grèce est de plus en plus alarmante. Mercredi soir, le premier ministre grec Alexis Tsipras devait être reçu à Bruxelles, par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. L’accord des Grecs ne devrait pas a priori être obtenu cette nuit.Pourquoi une nouvelle réunion et avec qui ?M. Juncker devait présenter officiellement une proposition conjointe d’accord des créanciers d’Athènes (Banque centrale européenne, Commission européenne, Fonds monétaire international) à M. Tsipras.Les deux hommes ont établi une certaine relation de confiance au cours de ces quatre derniers mois d’intenses négociations entre les Grecs et leurs créanciers.« Il s’agit de créer les conditions favorables à la convocation d’un Eurogroupe conclusif », dans les jours qui viennent, a précisé Margaritis Schinas, porte-parole de la Commission européenne, mercredi midi. Cette réunion aurait lieu la semaine prochaine.À Bruxelles, mercredi soir, selon nos informations, M. Tsipras devait aussi rencontrer Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, et des représentants de la BCE et du FMI. Mais pas Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds : « elle n’est pas en Europe », justifiait, mercredi, une source européenne.Un « Euroworking group », réunion préparatoire à l’Eurogroupe, programmée mercredi après midi, a été annulé, probablement au motif qu’il fallait d’abord attendre le résultat de ces rencontres au sommet avant d’aller plus loin dans la négociation.Quelles sont les réformes demandées par les créanciers ?À cette heure, le contenu de l’accord définitif, celui qui devra être validé par un Eurogroupe (réunion des 19 ministres des finances de la zone euro), est loin d’être encore connu.Les parties continuant à négocier d’arrache-pied, le document est en effet en constante évolution. Par ailleurs, ses contours dépendent de la rapidité avec laquelle Athènes et/ou ses créanciers parviendront à s’entendre.L’accord portera quoi qu’il en soit sur une liste de réformes que les Grecs devront s’engager à mettre sur les rails.Il y aura selon toute vraisemblance une réforme de la TVA, Athènes ayant d’ores et déjà accepté de réformer son système pour que cette taxe indirecte rapporte 960 millions d’euros, avec 3 taux différents : à 6 % pour les médicaments et les livres, à 11 % pour les aliments, l’énergie ou l’eau et à 23 % pour le reste.Le système des retraites devrait être révisé pour limiter les retraites anticipées, peut-être pour porter l’âge effectif de départ à la retraite à 67 ans (demande initiale du FMI) ou à 65 ans (proposition de la Commission européenne).Le Financial Times indique que, dans le « draft » d’accord des créanciers, c’est la position du FMI, le « zéro déficit » pour le régime de retraite, qui aurait prévalu.Une réforme du marché du travail et des mesures pour libéraliser encore davantage le marché des biens et services pourraient aussi être présents.Quel montant d’aides à la Grèce pourrait être débloqué en cas d’accord ?Théoriquement, il reste 1,8 milliard d’euros de prêts encore à verser dans le cadre du deuxième plan d’aide à la Grèce (activé en 2012), qui pourraient être logiquement débloqués dans le cadre de cet accord.Une autre somme (1,9 milliard d’euros), correspondant aux profits réalisés depuis 2010 par la BCE sur les rachats d’obligations souveraines grecques, est aussi susceptible d’être versée à Athènes. « C’est le chèque qui devrait partir le plus vite », estiment plusieurs sources européennes.Le FMI doit, de son côté, encore verser un prêt de 3,5 milliards d’euros à la Grèce, que l’institution pourrait elle aussi débloquer.Une restructuration de la dette est-elle prévue ?La restructuration de la dette (près de 180 % du PIB du pays), jugée insoutenable par beaucoup, y compris des dirigeants européens, ne devrait pas faire partie formellement de l’accord.À ce stade, les créanciers proposent de réduire le recours à l’endettement en forçant l’Etat grec à afficher un budget en surplus primaire (c’est-à-dire hors paiement des intérêts de la dette) de 1 % en 2015, de 2 % en 2016 et de 3 % en 2017, selon des informations de Reuters.Pour autant, selon plusieurs sources à Bruxelles, le sujet de la restructuration de la dette devrait faire l’objet d’une nouvelle négociation, qui s’ouvrira après que ce premier accord aura été avalisé.De plus en plus de sources à Bruxelles évoquaient d’ailleurs, ces derniers jours, la nécessité que l’accord en cours de finalisation contienne une extension du deuxième plan d’aide à la Grèce, qui se termine théoriquement le 30 juin.Cette extension pourrait être de deux, trois ou quatre mois. Il s’agirait en l’occurrence de se donner le temps de pouvoir négocier sur la dette. Le gouvernement Tsipras y tient. Mais le FMI aussi.Le deuxième plan a déjà été prolongé deux fois, de fin décembre 2014 à fin février 2015 et de fin février à fin juin cette année.Dans le cadre d’une nouvelle extension, certains suggèrent également que tout ou partie des 10,9 milliards d’euros mis de côté pour recapitaliser les banques grecques en cas de coup dur soient réaffectés.Cet argent est placé au sein du Mécanisme européen de stabilité, le fonds mis en place en urgence, en 2011, pour sauver les pays européens en faillite.En autoriser l’usage pourrait permettre à Athènes de payer les traites qu’elle doit à la BCE cet été, soit plus de 7 milliards d’euros à rembourser entre juillet et août.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.06.2015 à 14h24 • Mis à jour le03.06.2015 à 19h55 Les autorités ukrainiennes accusent les rebelles prorusses d’avoir attaqué mercredi, malgré la trêve en vigueur, les positions ukrainiennes dans l’est de l’Ukraine.« Depuis ce matin, Maryinka et Gueorguiivka », localités sous contrôle des forces ukrainiennes à environ 30 km du fief rebelle de Donetsk, « sont visées par d’intenses tirs », a indiqué le chef de la police de la région de Donetsk, loyal à Kiev. La ville de Maryinka est située à 15 km à l’ouest de capitale économique du Donbass, bastion des séparatistes. « L’ennemi tire sur Maryinka à l’aide de [camions lance-roquettes] Grad, et aussi avec des chars », a-t-il précisé. Selon un chef militaire rebelle, une quinzaine de combattants et de civils auraient été tués du côté des séparatistes.« A 3 heures, l’ennemi a commencé un bombardement massif de nos positions près de Maryinka et de Krasnogorivka (…). Il a utilisé des chars et de l’artillerie », a déclaré le porte-parole de l’armée ukrainienne. Plus de dix chars et jusqu’à mille hommes ont été envoyés contre les forces ukrainiennes.Il a ajouté que les postes de contrôle de Gueorguiivka et de Kourakhove (à environ 40 km de Donetsk) étaient fermés à la circulation en raison de ces tirs. Un porte-parole militaire ukrainien, Léonid Matioukhine, a confirmé que le poste de contrôle de Kourakhove était bien fermé mercredi.De son côté, le Kremlin a accusé l’armée ukrainienne de « provocations » et d’être « dans une large mesure » responsable de la situation actuelle dans la région.Le conflit entre l’armée ukrainienne et les rebelles a fait plus de 6 400 morts depuis son déclenchement en avril 2014. Kiev et l’Occident reprochent au Kremlin de soutenir et d’armer les séparatistes prorusses, ce que Moscou nie catégoriquement.Un nouveau cessez-le-feu est entré en vigueur le 15 février après la signature des accords de paix de Minsk 2, mais il reste très fragile et des combats se poursuivent dans plusieurs zones de l’Est rebelle. Mardi, une réunion à Minsk destinée à faire avancer les accords de paix a été reportée à une date ultérieure, Kiev accusant la Russie d’avoir « sapé » les pourparlers. Maxime Sbaihi (Economiste zone euro chez Bloomberg, à Londres) La zone euro dans sa forme actuelle est le résultat de décennies de métamorphoses. Tout a commencé avec une zone de libre-échange, promue plus tard au rang d’union douanière avant de devenir un marché commun et, enfin, d’aboutir à l’union monétaire telle que nous la connaissons. Jean Monnet a écrit en 1976 que « l’Europe se fera dans les crises et elle sera la somme des solutions apportées à ces crises ».La prochaine étape logique dans le processus d’intégration est celle d’une union budgétaire venant compléter la politique monétaire unique. Cela suppose aussi une nouvelle forme de gouvernance, afin que les décisions budgétaires soient pourvues d’une légitimité démocratique.Lire aussi :Marier Jean-Claude Juncker et Mario DraghiMais un tel changement ne peut être réalisé dans le dos des électeurs. Après d’épuisantes années d’austérité et de bricolage de crise, l’euroscepticisme a le vent en poupe. Toute perte de souveraineté qu’entraînerait une nouvelle vague d’intégration serait politiquement invendable. Comme Jean-Claude Juncker l’avait joliment résumé : « Nous savons tous ce qu’il faut faire, mais nous ne savons pas comment nous faire réélire une fois que nous l’avons fait ».Restructuration de la detteLa zone euro est aujourd’hui à la croisée de quatre chemins : le démantèlement, la séparation, le surplace ou l’intégration. Un démantèlement ou une séparation en plusieurs blocs marqueraient le retour à une fragmentation économique avec la réapparition de monnaies nationales. Un choix discutable pour des économies européennes aussi interdépendantes commercialement que financièrement.Le risque de voir les banques centrales profiter de leur indépendance retrouvée pour mener une guerre des devises continentale est non négligeable. Compte tenu de ses contradictions internes, la zone euro ne peut non plus rester dans sa forme actuelle si elle veut durer. Une coopération économique forte semble inévitable si ses membres veulent continuer à partager richesse et paix dans une économie mondialisée.Lire aussi :Pour une politique budgétaire et salariale européenneTrois mesures raisonnables et pratiques permettent de la renforcer sans toucher à la souveraineté de ses membres ni bouleverser ses institutions.La restructuration de la dette n’est pas interdite par les traités mais reste néanmoins un sujet tabou. Elle est pourtant la meilleure réponse à la question existentielle, lourde de plusieurs milliers de milliards, de la zone euro : comment réduire des dettes publiques records alors que croissance et inflation sont vouées à la modération et que les efforts d’austérité atteignent leurs limites ?Union européenne des marchés de capitauxLa restructuration offre une alternative à l’austérité poussive tout en permettant de lever l’ambiguïté qui a faussé l’évaluation du risque souverain avant la crise. L’astuce consiste à alléger le fardeau de la dette d’une manière ordonnée, en évitant les perturbations financières ou les phénomènes d’aléa moral. La palette d’instruments financiers à disposition est suffisamment large pour répondre à ces impératifs. Rappelons toutefois qu’il n’y a pas de solution miracle : une restructuration favorise toujours les débiteurs au détriment des créditeurs.L’économie européenne est trop dépendante de ses banques puisque les prêts bancaires représentent environ 80 % de la dette du secteur privé. Le problème a éclaté au grand jour pendant la crise quand ces dernières ont fermé le robinet du crédit aux premières secousses, sans aucune alternative de taille pour y remédier.L’idée est de créer cette alternative sous la forme d’une union des marchés de capitaux européenne venant compléter l’union bancaire. L’objectif est de réduire la fragmentation financière en encourageant les flux transfrontaliers. L’harmonisation des réglementations nationales est ici essentielle. L’enjeu est particulièrement important pour les PME, premier vivier d’emploi en Europe. Elles ne représentent qu’un dixième du marché de la titrisation européenne, lui-même étant cinq fois plus petit qu’aux Etats-Unis.Le marché du travail de la zone euro est davantage une juxtaposition de dix-neuf marchés nationaux qu’un seul marché commun. Les formes d’État-providence ainsi que l’organisation du dialogue social varient fortement entre pays membres. Certaines conventions du marché du travail qui affaiblissent le lien entre productivité et rémunération peuvent encore alimenter des déséquilibres salariaux au sein de la zone euro, sans possibilité de correction par les taux de change.Conseil de compétitivitéLes différences culturelles sont néanmoins trop fortes pour vouloir imposer un cadre commun. S’inspirant de la Belgique, l’économiste au think tank bruxellois Bruegel André Sapir propose une solution intermédiaire raisonnable sous la forme d’un conseil de compétitivité dans chaque état membre.Celui-ci endosserait le rôle de surveiller (et de comparer avec les voisins) des indicateurs de compétitivité puis de formuler des propositions d’évolution salariales lors des négociations entre partenaires sociaux. Des recommandations qui seraient non-contraignantes mais fourniraient un curseur précieux pour le débat public.Ces trois idées sont loin d’être des pansements. Leur mise en œuvre offrirait aux gouvernements une alternative à l’austérité, au secteur privé des nouvelles sources de financement, et à la compétitivité un nouvel œil bienveillant.Il est certainement trop tôt pour rêver, avec Victor Hugo et Winston Churchill, des Etats-Unis d’Europe. Le défi immédiat est de rendre la zone euro suffisamment robuste pour éviter les erreurs existentielles du passé sans trahir ses citoyens. La reprise aidera probablement à calmer leur défiance mais il faudra des années, voire des décennies, pour les réconcilier avec l’idée originale d’une monnaie unique. Donnons du temps au temps.Maxime Sbaihi (Economiste zone euro chez Bloomberg, à Londres) Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le FMI a toujours joué un rôle à part dans le sauvetage financier de la Grèce. Cela s’est encore vérifié ces derniers jours, alors que l’institution internationale a contribué à bloquer les négociations sur une liste de réformes contre des prêts supplémentaires à Athènes. Il exigeait encore, le week-end dernier, une réforme des retraites avec des baisses supplémentaires du niveau des pensions. Une demande inacceptable politiquement pour le gouvernement d’Alexis Tsipras.Fondé en 1944 pour assurer à l’époque la stabilité du système monétaire international (et en 1976, pour venir en aide aux pays en difficulté), le FMI n’a pas toujours joué le mauvais rôle dans le dossier grec. Au printemps 2010, quand il s’agissait de s’entendre – déjà – sur un sauvetage de la Grèce, qui menaçait de faire faillite et, à l’époque, d’entraîner l’ensemble de l’eurozone dans sa chute, c’était plutôt l’Allemagne qui se montrait la plus dure sur les mesures d’austérité devant être imposées à la Grèce.« Pompier »  des pays en criseLe 23 avril 2010, les pays de la zone euro ont fini par activer un (premier) plan d’aide à la Grèce, de 110 milliards d’euros. Dont 80 milliards de prêts en provenance de la zone euro et 30 milliards avancés par le FMI. Une somme énorme pour l’institution, compte tenu de la taille du pays (11 millions d’habitants), au regard des autres interventions du Fonds. C’est la première fois que le FMI intervient dans la zone euro. Si beaucoup d’acteurs à l’époque – Nicolas Sarkozy... Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La Grèce et l’Eurozone vivent à nouveau des jours cruciaux, alors que mercredi 3 juin, les créanciers du pays, – Fonds monétaire international, Commission européenne et Banque centrale européenne – étaient censés finaliser une proposition commune d’accord destinée à Athènes. Elle devait être remise en main propre le soir même par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, au premier ministre Alexis Tsipras. Un rendez-vous, confirmé mercredi en milieu de journée par M. Juncker lui-même, et auquel pourraient aussi assister, selon certaine ssources, Jeroen Dijsselbloem, le patron de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro), ainsi que des représentants du FMI et de la BCE. Une réunion des experts de l’Eurogroupe – un euro working group – devait aussi avoir lieu par téléphone dans la journée.Lire aussi :Les créanciers de la Grèce lui soumettent un projet d’accordCette proposition doit porter sur une série de réformes (des retraites, du droit du travail, de la TVA) que le gouvernement grec est censé mettre sur les rails en échange de prêts restant à verser par les créanciers (environ 7,2 milliards d’euros), dans le cadre du deuxième plan d’aide activé en 2012. Rien de précis n’avait filtré, mercredi. Selon nos informations, les créanciers pourraient proposer au gouvernement Tsipras, en contrepartie de cette liste de réformes, de solliciter une nouvelle prolongation du deuxième plan d’aide, qui doit normalement se terminer le 30 juin (il a déjà été prolongé deux fois…). Prolongation d’au moins trois mois, pour pouvoir commencer une nouvelle négociation, portant, cette fois, sur la restructuration de la dette grecque.Des haies ont certes été franchies ces derniers jours, avec la forte impulsion politique donnée par le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel pour pousser les parties à un accord, lors d’une rencontre au sommet, lundi, à Berlin. « Nous sommes confiants dans les chances d’un accord parce qu’il y a un travail franco-allemand extrêmement intense sur le sujet de la Grèce, les derniers jours l’ont montré et les prochains jours le montreront », a déclaré mercredi Emmanuel Macron, le ministre français de l’économie, après un entretien avec son homologue allemand Sigmar Gabriel.Mais pour qu’Athènes s’entende avec ses créanciers, que l’argent soit versé, et surtout qu’on en finisse avec cette incertitude politique délétère pour les finances et l’économie grecques (retombée en récession au deuxième trimestre), il reste encore pas mal de chemin à parcourir.Lire aussi :Le rôle à part du FMI dans la crise grecqueEffet boule de neigeIl y a encore cette échéance de remboursement d’Athènes au FMI, (300 millions dus au 5 juin) qui pourrait poser problème. Le gouvernement Tsipras a répété ces derniers jours qu’il paierait. Mais, mercredi, le porte-parole des parlementaires du parti Syriza au pouvoir, Nikos Filis, menaçait de ne pas le faire, « s’il n’y a aucune perspective d’accord d’ici vendredi ou lundi ». Un non paiement serait un premier pas vers un défaut grec, il pourrait entraîner un mouvement de panique des déposants grecs et, par un malheureux effet boule de neige, conduire rapidement à une insolvabilité des banques hellènes.Autre difficulté, dans les jours qui viennent : essentiellement politique, pour M. Tsipras. Il va devoir convaincre sa majorité parlementaire d’avaliser l’accord. Son parti de la gauche radicale, Syriza, n’a remporté qu’une majorité relative aux élections du 25 janvier (qui ont permis son accession au pouvoir), et ne peut compter que sur 149 sièges sur les 300 que compte le Parlement. Pas de quoi atteindre la majorité (151) et Tsipras s’est donc allié avec le parti des Grecs indépendants (ANEL), soit 13 voix supplémentaires. ANEL s’est jusqu’ici révélé un partenaire plutôt discipliné. On ne peut pas en dire autant des membres de Syriza…Ces dernières semaines, les divisions se sont renforcées au sein du parti. Certains de ses membres n’hésitent plus à menacer de ne pas voter l’accord. Ils reprochent à Tsipras ses concessions par rapport à son programme de campagne anti-austérité, qui prévoyait l’arrêt des privatisations ou se refusait à toute réforme du système des retraites. Autant de points sur lesquels M. Tsipras a reculé.Appels à la discipline de parti« Si les compromis exigés sont plus que ce qu’un parti de gauche radicale peut accepter, alors il y a un problème », affirme Loukas Axelos, un membre historique du parti. Lors de la réunion du comité directeur de Syriza, le 24 mai, M. Axelos a déposé une motion de censure contre la stratégie de négociation de Tsipras. Inquiet, ce dernier multiplie les appels à la discipline de parti. Le premier ministre fait un pari : personne chez Syriza ne voudra provoquer la chute du premier gouvernement de gauche de l’histoire récente de la Grèce, ou aller contre une opinion majoritairement opposée à la sortie de l’euro que ne manquerait pas d’engendrer l’échec des négociations avec les créanciers.Mardi 2 juin, le porte-parole de Syriza, Nikos Filis, a proposé de recourir aux élections en cas d’échec du vote au Parlement. Même son de cloche pour le ministre du travail Panos Skourletis : « Si l’accord proposé par les créanciers n’était pas honorable, alors le peuple devra être consulté ». Alexis Tsipras a lui même évoqué à plusieurs reprises l’idée d’un référendum en cas d’échec des négociations, afin de se faire clarifier par le peuple grec les contours de son mandat.Côté créanciers, l’accord, s’il est obtenu avec Tsipras, ne passera pas non plus comme une lettre à la poste. Il doit d’abord être validé en Eurogroupe (réunion des 19 ministres des finances de la zone euro). Puis par certains Parlements nationaux (l’Allemagne, peut-être la Finlande, les Pays-Bas). Et là, tout dépendra des contours de l’accord : s’il s’agit juste d’acter la liste des réformes avec les 7,2 milliards déjà « fléchés » pour Athènes, le Bundestag et les autres hémicycles ne devraient pas faire trop de problèmes.Lire aussi :Et si la Grèce ne remboursait pas le FMI ?Mais s’il est question d’une nouvelle extension du deuxième plan d’aide, voire, s’il est proposé, que les 10,9 milliards d’euros mis de côté il y a quelques années par les Européens pour assurer la recapitalisation éventuelle des banques grecques soient utilisés pour payer les remboursements dus par Athènes à la BCE cet été (plus de 7 milliards), l’aval du Bundestag devrait être plus difficile à obtenir…Lire aussi :Grèce : l’ex-députée socialiste Elena Panaritis renonce au FMI@Adea_GuillotAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.06.2015 à 15h51 • Mis à jour le02.06.2015 à 18h48 Grand artisan de la réunification de l’Allemagne, l’ancien chancelier allemand Helmut Kohl a subi deux opérations chirurgicales coup sur coup et « va bien compte tenu des circonstances », selon un communiqué de son bureau publié mardi 2 juin.Plus tôt, le magazine Bunte affirmait que l’homme de 85 ans avait été placé en soins intensifs à Heidelberg. Selon l’hebdomadaire, Helmut Kohl, en chaise roulante depuis un accident vasculaire cérébral, a subi une intervention chirurgicale à l’hôpital universitaire de Heidelberg, ville proche de son domicile de Ludwigshafen. L’hebdomadaire Der Spiegel avait indiqué que selon l’entourage de l’ex-chancelier, il aurait été « dans un état critique ».En fin d’après-midi, son bureau, qui gère ses affaires courantes en tant qu'ancien chancelier et ex-député, a assuré que M. Kohl avait été opéré début mai d’une hanche et a subi « ensuite une autre intervention ». Il « a très bien surmonté » la première opération, et « ira en rééducation en raison de sa nouvelle hanche » à l'issue de la seconde opération.A l’origine de la monnaie uniqueChef du gouvernement de 1982 à 1998, Helmut Kohl est le dirigeant allemand qui est resté en poste le plus longtemps depuis la seconde guerre mondiale. Outre la réunification allemande, menée à bien entre 1989 et 1990, il a poussé, avec le président français François Mitterrand, à la création de la monnaie unique européenne.Figure historique de l’Union chrétienne-démocrate (CDU, conservateurs), il est considéré comme celui à qui la chancelière actuelle Angela Merkel doit son ascension politique dans les années 90. Ces dernières années, l’ancien dirigeant conservateur a publiquement émis des doutes sur la manière dont l’actuelle chancelière a géré la crise de la dette dans la zone euro. 02.06.2015 à 11h02 • Mis à jour le03.06.2015 à 09h01 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance), Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Les représentants des créanciers de la Grèce (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne et Commission européenne) ont abouti, dans la soirée du mardi 2 juin, à un « draft » d’accord qu’ils soumettront au gouvernement grec d’Alexis Tsipras.« L’idée, c’est d’envoyer les propositions (...), puis d’enchaîner, peut-être, avec une conférence téléphonique avec Athènes », indiquait plus tôt une source européenne proche des négociations. Le « draft » porte sur une liste de réformes que la Grèce est censée mettre sur les rails pour pouvoir obtenir le déblocage des prêts encore disponibles (environ 7,2 milliards d’euros) dans le cadre du deuxième plan d’aide qui a été accordé au pays en 2012.Lire notre décryptage :Réformes ou sortie de l’euro : comprendre la situation de la Grèce« Il ne s’agit pas d’un ultimatum à Athènes – nous discutons depuis des semaines de ces réformes avec Tsipras – mais de mettre les choses en forme », explique une source proche des négociations. Il n'était pas clair dans l'immédiat si le gouvernement d'Alexis Tsipras, qui a annoncé mardi avoir soumis à ses bailleurs de fonds un projet de réformes « global » et « réaliste », allait accepter le projet d'accord mis au point par les créanciers.Le premier ministre grec a indiqué qu’il va rencontrer, mercredi soir, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne. Mais, à Bruxelles, ce rendez-vous n’est pas officiellement confirmé.Lors d'une visite, mardi, au ministère grec de l'éducation, M. Tsipras a déclaré que « la Grèce a présenté des propositions ». « Nous avons fait des concessions, ce qui est normal dans une négociation , mais nous avons présenté un plan réaliste pour sortir le pays de la crise », a-t-il précisé, ajoutant que « le dilemme est aujourd'hui entre une option de sortie de crise réaliste, ou une division de l'Europe ». Pour lui c'est désormais « aux dirigeants européens  » de trancher.Réunion mercrediUn « Euroworking group », une réunion (technique) préparatoire à un Eurogroupe (politique), réunissant au téléphone les directeurs des Trésors des 19 pays de l’Eurozone, doit se tenir mercredi 3 juin. Ce rendez-vous avait été programmé dès fin mai.S’il aplanit suffisamment de différends, il pourrait ouvrir la voie à la convocation d’un Eurogroupe exceptionnel sur la Grèce, d’ici à la fin de cette semaine, ou au tout début de la semaine prochaine.Car ce n’est qu’un feu vert des 19 ministres des finances de la zone euro – y compris le Grec Yanis Varoufakis – qui peut avaliser définitivement un accord entre Athènes et ses créanciers.Lire aussi :Qui sont les protagonistes de la crise de la dette grecque ?« Des progrès sont enregistrés, mais c’est vraiment insuffisant », a toutefois déclaré, mardi, le président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, dans un entretien à la télévision néerlandaise privée RTL 7.Lundi soir, une réunion d’urgence s’était tenue à Berlin entre les principaux protagonistes de la crise grecque : Mario Draghi pour la BCE, Christine Lagarde pour le FMI, la chancelière allemande Angela Merkel, le président français François Hollande et Jean-Claude Juncker pour la Commission européenne.M. Hollande et Mme Merkel veulent absolument sortir vite de l’impasse dans laquelle se trouve la zone euro, alors que la Grèce est au bord du défaut de paiement.Après des pourparlers intenses qui ont duré deux heures et demie, les dirigeants européens et le FMI ont voulu donner une impulsion politique décisive. M. Hollande est parti le premier, vers minuit. Les autres participants se sont éclipsés une demi-heure plus tard.Il semble que ce soit Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, qui soit restée la dernière dans le bureau de Mme Merkel, dont les lumières se sont éteintes peu avant 1 heure.Lire aussi :Tsipras obtient un début de politisation du dossier grecA Athènes, dans le même temps, le premier ministre grec Alexis Tsipras avait convoqué sa garde rapprochée au palais Maximou, sa résidence. En alerte, prêt à recevoir de Berlin un appel ou même un texte de compromis.A Paris, on espère trouver un accord avant ou autour du 5 juin. De même que Berlin, qui ne voudrait pas que le sujet grec envahisse « son » sommet du G7, à Elmau à partir du 7 juin. De fait, il y a urgence. Le 5 juin, la Grèce doit rembourser 300 millions d’euros au FMI. D’après plusieurs sources proches des négociations, Athènes peut trouver l’argent.Lire aussi :Et si la Grèce ne remboursait pas le FMI ?Mais la Grèce craint que si elle envoie ce chèque, sans l’assurance d’un accord avec Bruxelles dans la foulée, elle ne puisse pas assurer les remboursements suivants au Fonds (336 millions d’euros le 12 juin, 560 le 16 et 336 le 19 juin).Par ailleurs, pour que les prêts restant à verser (les 7,2 milliards) puissent l’être, il faut un accord en Eurogroupe (réunion des 19 ministres des finances de la zone euro), puis une validation par quelques parlements nationaux – dont le Bundestag.« La séquence est serrée, il ne faut pas traîner, l’accord politique doit intervenir dans les jours qui viennent », insistait une source proche des discussions, mardi.Lire aussi :Au G7 finance, le dossier grec occupe bien des conversationsTout faire pour empêcher un « Grexit »Sur la même ligne depuis le début du printemps, la chancelière allemande et le président français veulent préserver la zone euro d’un accident grec (un défaut de paiement) aux conséquences incalculables.Tout un tas d’analyses, des petites phrases ont fleuri ces derniers mois, suggérant qu’un « grexit », une sortie de la Grèce de la zone euro, aurait désormais des conséquences limitées, grâce aux pare-feux mis en place depuis la tempête financière des années 2008-2010 et les deux précédents sauvetages grecs (2010 et 2012) : l’Union bancaire, le Mécanisme européen de stabilité, etc.Mais les dirigeants français et allemands, et M. Juncker à la Commission, estiment qu’un Grexit créerait un précédent catastrophique, portant un coup terrible à l’intégrité et à l’irréversibilité de la zone euro. Et les conséquences géopolitiques d’une « mise au ban » de la Grèce seraient redoutables.C’est parce que le groupe de Bruxelles n’a pas réussi à surmonter ses différents, le week-end dernier, que la chancelière et le président français ont pris les choses en main politiquement, ces derniers jours.De l’autre coté de l’Atlantique, le porte-parole de la maison blanche Josh Earnest a de nouveau appelé, lundi, les différentes parties « à parvenir rapidement à un accord ». Les États-Unis redoutent toujours une déstabilisation mondiale de l’économie en cas de sortie de la Grèce de la zone euro.Encore un blocage sur les retraitesPour décrocher un accord, des compromis sont encore nécessaires, à Athènes, même si Tsipras, dans une tribune au Monde.fr, dimanche 31 mai, a dit avoir déjà pris sa part. Comme du côté des créanciers.Selon nos informations, le FMI bloque toujours sur une réforme des retraites, qu’il voudrait plus radicale. Ces dernières semaines, ses représentants demandaient une nouvelle baisse des pensions versées aux retraités.Le gouvernement Tsipras s’est dit prêt à faire des concessions, mais pas sur le niveau des pensions. Un compromis serait cependant en passe d’être trouvé entre le FMI et la Commission, qui plaide, elle, pour une réforme plus étalée dans le temps pour Athènes.Le niveau du trou budgétaire pour 2015 fait lui aussi débat. Les créanciers l’estiment à 3 milliards d’euros et souhaiteraient qu’Athènes prévoie 2 milliards d’euros de nouvelles économies. Le gouvernement grec estime avoir concédé suffisamment en proposant de récolter près d’1 milliard d’euros supplémentaires grâce à un changement du régime de la TVA.Lire aussi :Alexis Tsipras : « Non à une zone euro à deux vitesses »Ne pas créer une exceptionLe FMI est dans une situation délicate. Le fonds ne veut surtout pas donner l’impression de créer une exception avec la Grèce, à laquelle il a déjà prêté beaucoup (32 milliards d’euros depuis 2010). À son « board », beaucoup de grands pays émergents estiment qu’il a déjà été trop arrangeant avec Athènes.Pour autant, ni Paris, ni Bruxelles, ni surtout Berlin ne sont prêts à signer un accord avec Athènes sans le FMI. Le fonds a été le premier à se précipiter au chevet de la Grèce, en 2010, quand le pays, déjà, était au bord du gouffre. Ses règles de fonctionnement, son savoir-faire en matière d’aide d’urgence, manquaient à l’époque aux Européens, confrontés pour la première fois à la faillite de l’un des leurs.En mai 2010, tant Nicolas Sarkozy, alors président français, que le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble voulaient aider Athènes sans le recours à l’institution de Washington. « C’est la chancelière qui a imposé le FMI et elle avait raison », reconnaît aujourd’hui Wolfgang Schäuble.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteFrédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Maxime Vaudano Les tractations en cours entre les protagonistes de la crise grecque parviendront-elles à sortir enfin de l’impasse ? En ce début du mois de juin, la situation se tend chaque jour un peu plus car Athènes est confrontée aux échéances de plusieurs remboursements, auxquels elle ne pourra pas faire face faute d'un accord avec les « institutions » (ex-Troïka). Le point sur la situation.Quel est le problème ?Sur quoi bloquent les discussions ?Pourquoi une telle urgence ?Que se passerait-il en cas d'échec des discussions ?La Grèce peut-elle vraiment sortir de l'euro ?1. Quel est le problème ?Depuis l'arrivée au pouvoir du parti de la coalition de la gauche radicale grecque, Syriza, en janvier 2015, le premier ministre, Alexis Tsipras, négocie avec les créanciers internationaux d'Athènes un compromis qui lui permettrait d'alléger le poids de sa dette tout en bénéficiant de nouvelles aides.Lors la réunion de l'Eurogroupe du 20 février, les parties sont parvenues à un accord de principe : Athènes s'est engagée à soumettre une liste de réformes structurelles aux « institutions » (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne et Commission européenne) en échange du versement de la dernière tranche du deuxième plan d'aide international de 2012, jusqu'alors gelée – un prêt de 7,2 milliards d'euros.Problème : les discussions techniques patinent, car les créanciers de la Grèce jugent insuffisantes les propositions de réformes de M. Tsipras, qui veut ménager son électorat en limitant les politiques d'austérité.2. Sur quoi bloquent les discussions ?Le FMI, qui campe sur une ligne dure, réclame plus d'efforts au gouvernement grec, mettant en avant le respect de ses « principes ». Plus exigeant que les institutions européennes, il réclame notamment un report de l'âge de la retraite à 67 ans et une libéralisation du marché du travail.Alexis Tspiras s'est quant à lui défendu, dimanche 31 mai, dans une tribune au Monde de bloquer les négociations par son intransigeance, mettant en avant les concessions faites par son gouvernement depuis le mois de janvier : une réforme de la TVA et une poursuite du programme de privatisations. Ces derniers jours, les dirigeants grecs se sont même dits prêts à repousser de six mois à un an le plan anti-austérité annoncé pendant la campagne de Syriza.3. Pourquoi une telle urgence ?Parce qu'Athènes, qui n'a plus reçu aucune aide financière internationale depuis l'été 2014, a besoin de ces 7,2 milliards d'euros rapidement. Elle doit rembourser en juin pas moins de 1,6 milliard d'euros au FMI, et 6,7 milliards à la BCE en juillet et août. Or, si les réserves de l'Etat grec devraient suffire à honorer l'échéance de 306 millions due au FMI le 5 juin, les caisses seront vides pour les suivantes, les 12, 16 et 19 juin. Mais surtout, le plan d'aide international actuel arrive à échéance le 30 juin. En l'absence d'accord avec les « institutions » d'ici à la fin du mois, la Grèce pourrait donc dire adieu à ce nouveau prêt et connaître un défaut de paiement.C'est pourquoi les discussions, bloquées depuis plusieurs semaines, sont aujourd'hui dans une phase critique.Le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, a toutefois affirmé le 2 juin dans le Wall Street Journal que si elles n’avaient pas encore tout à fait abouti, les discussions commençaient à « porter leurs fruits ». Selon les informations du Monde, le « groupe de Bruxelles », constitué de représentants de l’administration grecque et des créanciers, devait se réunir mardi pour tenter de finaliser un brouillon d’accord, avant de l’envoyer à Athènes.Lire :Les créanciers de la Grèce lui soumettent un projet d’accordOutre le fait d'apporter un grand bol d'air aux Grecs, un compromis ouvrirait la voie à la négociation éventuelle d'un troisième plan d'aide international, qui pourrait intervenir en 2016.Lire aussi :Grèce : le scénario d’un accord en deux temps4. Que se passerait-il en cas d'échec des discussions ?A défaut d'un accord, « la Grèce, mais aussi l'Union européenne, vont entrer en territoire inconnu », a estimé le ministre grec de l'économie, Georges Stathakis, dans un entretien au journal Realnews. Incapable d'honorer ses dettes, Athènes devrait voir s'enclencher contre elle une procédure de « mise en défaut » de la part du FMI.Elle pourrait à la rigueur bénéficier d'un mois de sursis pour regrouper ses paiements en un seul – une solution qui a été appliquée pour la dernière fois en Zambie, dans les années 1980.Lire :Et si la Grèce ne remboursait pas le FMI ?Mais surtout, un effet boule de neige pourrait accentuer la défiance de tous ses créanciers et une panique des citoyens grecs. Et pour honorer ses paiements courants (comme le salaire des fonctionnaires), la Grèce pourrait être tentée d'imprimer des monnaies parallèles, à l'image de l'Argentine au début des années 2000. Dès lors, la sortie de la Grèce de la zone euro ne serait qu'une question de temps.Lire :La Grèce risque-t-elle le scénario argentin ?5. La Grèce peut-elle vraiment sortir de l'euro ?Sur cette question hautement sensible, qui alimente le débat depuis bientôt cinq ans, les avis divergent. Les Européens rechignent à évoquer ce scénario publiquement. Du ministre français des finances, Michel Sapin, au président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, tous les dirigeants européens s'opposent à un « Grexit ». A l'inverse, le FMI est beaucoup plus intransigeant. Pour faire monter la pression, sa patronne Christine Lagarde a prévenu fin mai dans une interview à la FAZ que la sortie de la Grèce de la zone euro était une « possibilité », et qu'elle ne signifierait pas « la fin de l'euro ».Juridiquement, les traités européens ne prévoient pas la possibilité pour un Etat de quitter la zone euro. La Commission européenne l'a rappelé le 5 janvier pour tenter de dissiper les rumeurs : l'appartenance d'un pays à la zone euro est « irrévocable ».Dès lors, deux possibilités s'offriraient à la Grèce si elle voulait le faire, comme l'expliquait déjà en 2011 l'économiste Eric Dor.La voie légale : elle sort de l'Union européenne (grâce à l'article 50 du traité de Lisbonne), puis y ré-adhère dans la foulée en négociant une exception lui permettant de ne pas avoir à entrer dans la zone euro (comme le Royaume-Uni, la Suède ou le Danemark l'ont fait dans les années 1990).La voie exceptionnelle : les Vingt-Huit amendent les traités européens pour y introduire une clause de sortie de la zone euro, pour permettre à la Grèce de quitter la monnaie unique sans devoir claquer la porte de l'UE. Il serait même possible, selon certains observateurs, de contourner le droit européen si tout le monde (Commission et Etats-membres) était d'accord.Maxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Une opération antiterroriste menée en Belgique lundi 8 juin a débouché sur 16 arrestations dans le milieu des combattants islamistes tchétchènes. Le parquet fédéral a indiqué que 21 perquisitions avaient été menées, au cours desquelles de nombreuses saisies auraient été opérées. Les plans d’un attentat qui devait être commis dans le pays ont été trouvés, a affirmé le parquet.Les services antiterroristes, aidés par leurs homologues américains, ont apparemment suivi la piste d’un jeune combattant rentré récemment de Syrie, où il a été blessé. Il aurait mis les enquêteurs sur la piste de deux groupes belges proches du Front Al-Nosra, un mouvement salafiste lié à Al-Qaida. Les deux cellules ont multiplié les contacts sur les réseaux sociaux au cours des derniers mois. Les autorités n’ont, à ce stade, pas fourni de détails sur l’identité des personnes appréhendées et leurs projets.Effectifs supplémentairesDans un communiqué publié lundi après-midi, le premier ministre, Charles Michel, a souligné « le travail acharné » de la police et de la justice qui, dit-il, a permis d’arrêter « des personnes qui représentent une véritable menace pour nos concitoyens ». Le ministre de l’intérieur, Jan Jambon, a annoncé des effectifs et des moyens supplémentaires pour les services antiterroristes. Ce sont « des investissements absolument nécessaires », a-t-il indiqué.La mobilisation des forces de sécurité est très intense depuis l’attentat contre le Musée juif de Belgique, à Bruxelles, en mai 2014. En janvier, les forces spéciales ont mené un assaut contre la cache d’un groupe djihadiste, à Verviers, dans l’est du pays. Deux occupants avaient été abattus.L’armée a été appelée à la rescousse pour protéger une série de sites sensibles et des bâtiments officiels, belges et européens. En 2014, le Belgique a traité 195 affaires liées au terrorisme. Et, selon le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw, ce nombre devrait croître cette année. Le parquet fédéral délivre notamment un mandat d’arrêt international pour toute personne localisée en Syrie.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.06.2015 à 09h52 • Mis à jour le08.06.2015 à 15h01 Le revers essuyé par le Parti de la justice et du développement (AKP) du président Recep Tayyip Erdogan a vivement ébranlé la Bourse d’Istanbul qui a chuté de 8 % à l’ouverture, lundi 8 juin. La banque centrale de Turquie a annoncé dans la foulée qu’elle baissait ses taux appliqués aux dépôts en devises à une semaine alors que la livre turque atteignait son niveau le plus bas face au dollar et à l’euro.Le cours de la livre turque a perdu environ 4 % face aux deux autres devises. Les taux seront donc abaissés de 4 à 3,5 % à partir de mardi 9 juin pour le dollar, et de 2 à 1,5 % pour l’euro. Après l’annonce de cette mesure, la livre turque s’échangeait à 2,76 dollars (-3,75 %) et 3,08 euros (-4 %). Adéa Guillot (Athènes, correspondance), Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le moins que l’on puisse dire c’est que le « dossier grec » n’a pas avancé d’un iota ce week-end. Au contraire. Dimanche, au sommet du G7, à Elmau (Allemagne) le président américain, Barack Obama, a certes lancé une mise en garde aux Européens, les pressant d’agir. Mais la « crise » s’est, au contraire, accentuée entre le gouvernement grec et ses créanciers. Tout particulièrement entre Athènes et la Commission européenne.Alors qu’il avait semblé, ces dernières semaines, que Bruxelles faisait preuve d’une certaine mansuétude à l’égard du premier ministre grec, Alexis Tsipras, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, a commenté, dimanche, de façon fort peu diplomatique le comportement du chef du gouvernement grec ces derniers jours. Au point que l’on peut se demander si M. Tsipras n’a pas « grillé » l’un des rares soutiens dont il bénéficiait.M. Juncker a accusé M. Tsipras d’avoir menti lors de leur rencontre à Bruxelles, mercredi 3 juin, à l’issue de laquelle M. Tsipras a rejeté un projet d’accord, puis encore vendredi, lors de son discours devant le Parlement, au cours duquel il avait qualifié les propositions des créanciers (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne) d’« absurdes ».« Il faut respecter un minimum de règles »« Il n’y a pas eu de négociation mercredi 3 juin parce que la partie grecque n’était pas en état de négocier. Mon ami, Alexis Tsipras m’a promis de me présenter une proposition alternative avant jeudi soir. Puis il a promis de me la présenter vendredi. Samedi, il voulait me téléphoner mais je n’avais toujours pas sa proposition », a raconté M. Juncker.Manifestement très remonté, M. Juncker a dit avoir été « un peu déçu par le discours du premier ministre grec au parlement d’Athènes vendredi dernier », reprochant à M. Tsipras d’avoir « présenté l’offre des trois institutions [les créanciers] comme à prendre ou à laisser », ce qui « n’était pas le message qui lui a été donné ».Lire aussi :Grèce : Tsipras veut le retrait du plan « absurde » de ses créanciers« Il a présenté l’offre des trois institutions comme étant la mienne et la mienne uniquement. Il sait parfaitement bien que ce n’est pas le cas. Et il sait parfaitement que durant la réunion que nous avons eue mercredi j’étais tout à fait prêt à discuter des principaux points de désaccord entre la Grèce et les trois institutions », ajouté M. Juncker, précisant que M. Tsipras « était [son] ami et il l’est encore, mais si l’on veut conserver l’amitié, il faut respecter un minimum de règles. »Une relation de confiance semblait s’être établieM. Juncker a d’autant plus de raisons d’être ulcéré que, jusqu’à présent, la Commission, et lui en particulier, ont tout fait pour maintenir le lien et faire le « trait d’union » entre Athènes et les positions rigoristes du gouvernement allemand et du FMI.Dès le début des négociations avec le gouvernement grec, M. Juncker s’est personnellement impliqué. « Il ne fait plus que cela ces dernières semaines » confient des proches. « Juncker a été huit ans durant président de l’Eurogroupe [2005 à 2013], il a suivi toute la crise grecque, il aime ce pays, il y a un vrai réseau », ajoute une source européenne.M. Juncker a essayé d’« épauler » M. Tsipras en lui proposant les services de la « task force Grèce » de la Commission, une équipe de techniciens prêts à aider l’administration à Athènes. Il a également demandé au vice-président de la Commission, Valdis Dombrovskis, de travailler, avec Athènes, à tenter de débloquer au plus vite les fonds structurels auxquels la Grèce pouvait prétendre.Une relation de confiance avait, semble t-il, réussi à s’établir entre M. Juncker et M. Tsipras, que près de vingt ans séparent. Le président de la Commission paraissait être l’un des rares interlocuteurs de haut niveau à qui M. Tsipras pouvait parler en baissant un peu la garde, le courant avec d’autres acteurs du dossier grec, notamment le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, ne passant vraiment plus.« Pas de nouvelle rencontre sans nouvelles propositions »Sur le fond, la Commission a par ailleurs beaucoup travaillé sur un projet d’accord, qui puisse être « endossable » politiquement par M. Tsipras. C’est Bruxelles, selon nos informations, qui a, la première, proposé de laisser à Athènes une marge de manœuvre budgétaire plus conséquente que prévu initialement par les créanciers (excédent primaire de 1 % du PIB du pays en 2015, 2 % en 2016 et 3 % en 2017).Concernant la réforme des retraites, la Commission plaidait pour des mesures moins dures que celles avancées par le FMI (qui veut qu’Athènes assure l’équilibre de son système dès 2015), voire pour que les mesures les plus radicales (allongement de la durée effective du travail, etc), soient remises à plus tard, quand l’économie du pays se serait redressée.Lire aussi :Grèce : ce qui bloque encoreAprès le rejet du projet d’accord par Athènes, mercredi 3 juin, la Commission était encore prête à travailler à un compromis. Elle apparaît désormais beaucoup plus réticente. « Il n’y aura pas de nouvelle rencontre Tsipras-Juncker organisée à Bruxelles avant que les Grecs ne reviennent avec quelque chose, de nouvelles propositions concrètes de compromis », assurait une source européenne, dimanche 7 juin.Pour autant, M. Juncker n’a jamais caché qu’il fera tout pour éviter un Grexit, une sortie de la Grèce de la zone euro. Il est donc probable qu’il saura surmonter son exaspération. Il y est bien parvenu avec le premier ministre britannique, David Cameron, qui a tout fait pour lui barrer la route de la présidence de la Commission européenne, en juillet 2014, mais avec qui il accepte désormais de discuter d’un nouveau contrat entre le Royaume-Uni et l’Europe.Rencontre à Berlin lundiEn attendant, le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis devait rencontrer, lundi 8 juin dans la matinée à Berlin, son homologue allemand Wolfgan Schäuble. Et M. Tsipras devrait rencontrer, mercredi à Bruxelles, François Hollande et Angela Merkel.L’objectif du gouvernement grec est de reprendre les négociations et de les faire avancer de façon à pouvoir présenter mercredi un nouveau document de propositions. Athènes semblerait prêt à accepter les niveaux d'excédent primaire fixés par les créanciers à condition qu’un compromis puisse être trouvé sur les retraites (et notamment la prime aux retraites les plus faibles) et sur la TVA (que la taxe sur l'énergie électrique ne passe pas à 23%).Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteFrédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.06.2015 à 00h55 Le mouvement anti-islam Pegida a remporté près de 10 % des suffrages dimanche 7 juin pour sa première participation à une élection en AllemagneSelon les résultats officiels provisoires, la candidate de Pegida, Tatjana Festerling, a récolté 9,6 % des votes lors des municipales dans son berceau de Dresde. Elle n’arrive qu’en quatrième position mais signe néanmoins une percée : le seul sondage rendu public, réalisé par l’Université technique de Dresde, ne lui accordait que 1 à 2 % des voix.Voir notre reportage : A Dresde, berceau de PegidaRassemblements moins importantsLe meilleur score a été signé par Eva-Maria Stange, candidate unique des sociaux-démocrates (SPD), des Verts et de la gauche radicale Die Linke, qui a récolté 36 % des suffrages. Aucun des candidats n’ayant toutefois réuni la majorité absolue, les électeurs voteront le 5 juillet lors d’un deuxième tour.Né à l’automne dans la capitale de la Saxe, Pegida — « Mouvement des Patriotes européens contre l’Islamisation de l’Occident » — a rassemblé mi-janvier 25 000 manifestants dans les rues de Dresde, son record. Désormais il ne réunit que quelques milliers de personnes lors de son rassemblement hebdomadaire.Avant que des dissensions parmi ses leaders ne l’affaiblissent, Pegida était parvenu à essaimer dans d’autres villes, offrant souvent un visage ouvertement xénophobe qui cadre mal avec le leitmotiv d’un pays « ouvert sur le monde » qu’évoquent habituellement les leaders des partis politiques allemands traditionnels.Lire aussi (édition abonnés) :En Allemagne, Pegida en voie d’autodissolution 07.06.2015 à 19h29 • Mis à jour le08.06.2015 à 10h40 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Les Luxembourgeois ont rejeté massivement, dimanche 7 juin, trois propositions de réforme soumise à un référendum. La première question portait sur l’octroi du droit de vote aux législatives pour les résidents étrangers, vivant depuis plus de dix ans au Grand-Duché et ayant déjà participé à un scrutin, municipal ou européen. La deuxième évoquait l’octroi du droit de vote à partir de 16 ans – au lieu de 18 actuellement. La troisième concernait une éventuelle limitation à dix ans au maximum pour l’exercice d’un mandat ministériel – l’ancien premier ministre Jean-Claude Juncker fut premier ministre durant dix-neuf années.Les électeurs qui se sont rendus aux urnes dans les 105 communes du pays (le vote est obligatoire au Luxembourg) ont voté massivement non aux trois questions : on ne relevait que 21,98 % d’électeurs favorables au vote des étrangers, 19,13 % pour le vote des jeunes et 30,07 % pour la limitation dans le temps de la fonction ministérielle. Des scores sans appel, très éloignés de ce qu’avaient annoncé les sondages.Même si les trois partis de sa coalition (libéral, socialiste et écologiste), appuyés par la gauche radicale, avaient appelé clairement à répondre par l’affirmative aux trois propositions, le premier ministre avait pris soin de préciser que, quel que soit le résultat, sa position ne serait pas affectée. « Ce ne sera pas un vote pour ou contre moi », avait indiqué le libéral Xavier Bettel, en poste depuis décembre 2013. Selon lui, il s’agissait simplement, par ce référendum consultatif, de donner la parole aux électeurs sur d’importantes questions, dont certaines auraient dû entraîner un changement de la Constitution – et une autre consultation. Dès dimanche soir, certains élus d’opposition réclamaient toutefois la démission du chef du gouvernement.Une population restée traditionalisteCe réformateur pressé aura, en tout cas, assez largement mésestimé la volonté de changement de ses concitoyens. Il avait dit vouloir faire du Grand-Duché « un pays moderne et reconnu comme tel » mais se heurte manifestement aux réticences d’une population restée plutôt traditionaliste, qui estime majoritairement (56 %, selon une récente enquête) que nationaux et étrangers « ne vivent pas vraiment ensemble », alors que ces derniers représentent 46 % de la population.Il paraît évident que le jeune dirigeant devra désormais freiner certaines de ses ardeurs, sauf à prendre le contre-pied d’une population qui ne l’a pas porté au pouvoir en raison d’un grand appétit de changement mais plutôt pour témoigner de sa lassitude à l’égard de Jean-Claude Juncker, empêtré en outre, à la fin de son mandat, dans un scandale concernant le fonctionnement des services secrets.Le parti chrétien social (CSV) de l’ex-premier ministre avait appelé à répondre par un triple non aux questions posées, comme le parti réformiste d’alternative démocratique (ADR), une formation conservatrice et populiste. Soucieux de ne pas être assimilé à ce parti classé à la droite de la droite, le CSV pourrait, pensent certains observateurs, annoncer à l’avenir une autre initiative en faveur du vote des étrangers. Ce n’est toutefois qu’une pure hypothèse désormais, compte tenu de l’ampleur du rejet exprimé dimanche.S’ils avaient obtenu le droit de vote, 35 000 résidents étrangers auraient pu prendre part aux futures élections législatives. Quelque 258 000 autres étrangers et Luxembourgeois âgés de moins de 18 ans n’ont pas le droit de vote, sur une population totale d’environ 550 000 personnes.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) C’est un énième « nouveau départ » pour la Deutsche Bank (DB), empêtrée dans une interminable crise depuis le début de la décennie. La première banque allemande a annoncé, dimanche 7 juin, la démission de ses deux codirigeants, Anshu Jain et Jürgen Fitschen, deux ans avant la fin de leur contrat. John Cryan, ancien haut dirigeant de la banque suisse UBS, doit prendre la tête de la banque dès le 1er juillet et mettre en œuvre la nouvelle stratégie annoncée fin avril.Cette démission met fin à plusieurs semaines de tension chez Deutsche Bank, où le mécontentement des actionnaires et des salariés était devenu assourdissant. Anshu Jain, considéré comme l’homme fort – et le plus critiqué – du duo dirigeants, devra quitter son poste dès la fin du mois. Jürgen Fitschen restera pour sa part aux côtés du nouveau PDG jusqu’en mai 2016, le temps d’assurer une transition en douceur après cette brutale démission. Après cette date, M. Cryan tiendra seul les rênes de la banque.DéfianceJamais, dans l’histoire de la banque, la défiance des actionnaires vis-à-vis de ses dirigeants n’avait été si clairement exprimée. Le 21 mai dernier, lors de l’assemblée générale, seuls 61 % des actionnaires avaient renouvelé leur confiance aux deux manageurs – contre 95 % habituellement... Marie Jégo (Istanbul, correspondante)   Les élections législatives de dimanche 7 juin sont déterminantes pour l’avenir du président islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan, 61 ans, aux manettes du pays depuis douze ans. Elu en août 2014 à cette fonction essentiellement honorifique en Turquie, M. Erdogan rappelle souvent qu’il parle « au nom du peuple ». Se sentant investi d’une mission, il veut faire basculer le pays d’un système parlementaire vers un régime présidentiel fort.Si son Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) rafle les deux tiers (367) des 550 sièges de députés au Parlement, il pourra modifier la Constitution et élargir ses pouvoirs. Avec 330 sièges, la convocation d’un référendum sera possible. A 229 sièges, il devra dire adieu à son projet d’hyper-présidence. Baisse de popularitéL’AKP, qui a remporté haut la main tous les scrutins depuis 2002, est assuré de rester le premier parti de Turquie. Mais sa popularité n’est plus ce qu’elle était. Selon les derniers sondages, les islamo-conservateurs sont crédités de 40 à 42 % des intentions de vote, un sérieux recul par rapport aux 49 % obtenus aux législatives de 2011.Selon une enquête publiée en mars par l’institut de sondages Gezici, 77 % des Turcs sont hostiles au régime présidentiel. Les électeurs de l’AKP ne sont pas les derniers, 64 % d’entre eux se disent opposés au projet caressé par leur chef. Plus largement, 72 % des personnes interrogées mettent en avant sa fibre autoritaire pour justifier leurs craintes.Une petite formation, le Parti démocratique du peuple (HDP, gauche, pro-kurde) pourrait faire perdre à l’AKP la majorité absolue au Parlement. Lors des élections précédentes, les islamo-conservateurs avaient bénéficié des deux tiers des voix de l’électorat kurde au sud-est du pays. La montée en popularité du HDP risque de changer la donne. Pour jouer les trouble-fête à l’Assemblée, le HDP doit franchir le seuil de 10 % des suffrages. En cas d’échec, toutes les voix recueillies par ce parti iront à l’AKP, selon le système proportionnel en vigueur en Turquie.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.06.2015 à 14h33 • Mis à jour le06.06.2015 à 15h54 | Benoît Vitkine (Kiev, envoyé spécial)   Incertaine jusqu’au tout dernier moment, la deuxième Gay Pride de l’histoire ukrainienne s’est tenue, samedi 6 juin à Kiev. Elle s’est achevée dans la violence.Les organisateurs de la « marche de l’égalité » avaient multiplié les précautions, et tenu secret jusqu’au dernier instant le lieu du rassemblement. Environ 200 personnes – plus que lors de l’édition 2013 – y ont participé, marchant quelques centaines de mètres le long des rives du Dniepr, dans le quartier excentré d’Obolon, protégées par un déploiement policier extrêmement imposant.Plusieurs diplomates européens étaient présents, ainsi que deux députés du parti du président, Petro Porochenko. En plus des drapeaux arc-en-ciel et des pancartes réclamant « l’égalité », quelques tambours avaient été sortis pour tenter de donner à l’événement un air festif, malgré les insultes et les menaces lancées par des contre-manifestants d’extrême droite. Comme en réponse au slogan nationaliste « L’Ukraine au-dessus de tout », les marcheurs ont scandé « Les droits de l’homme au-dessus de tout ».Des groupes d’extrême droite interpellésSeul incident notable pendant le défilé, un policier a été atteint par une bombe artisanale, laissant derrière lui une large flaque de sang. Mais les organisateurs avaient apparemment négligé un point : le moment de la dispersion du rassemblement. Celui-ci s’est vite mué en une course-poursuite effrénée entre policiers, contre-manifestants masqués et décidés à en découdre, et manifestants pris au piège dans le dédale des cours du quartier. On a pu voir des groupes de manifestants apeurés tenter d’arrêter des véhicules en pleine rue pour échapper aux coups, d’autres essayer d’échapper discrètement à la nasse.Une trentaine de membres de groupes d’extrême droite ont été interpellés, parfois violemment. Plusieurs blessés ont été emmenés à l’hôpital, dont au moins deux membres des forces de l’ordre.Les groupes d’extrême droite avaient très ouvertement fait part de leur intention d’empêcher la tenue du défilé. Dmitro Iaroch, dirigeant du parti ultranationaliste Pravy Sektor, avait notamment expliqué que malgré la mobilisation de nombre de ses membres sur le front, son groupe et d’autres groupes seraient bien présents. « Les représentants du mouvement politique et militaire Pravy Sektor seront obligés d’empêcher la réalisation de ces projets destructeurs des valeurs familiales, de la morale et de l’image traditionnelle des êtres humains », écrivait-il sur Facebook.« Tout ça sert les ennemis du pays, expliquait avant le début de la marche un jeune homme au look de skinhead mais venu, assurait-il, en « simple voisin ». « Comment vont réagir les gens des régions du Sud et de l’Est, où il y a encore des tensions, en voyant cette horreur ? L’Ukraine est un pays traditionaliste, et on veut nous pousser dans les bras de l’Europe décadente. » « Les autorités font le minimum »Avant de faire l’essentiel pour que les violences restent limitées, les autorités avaient de leur côté tout fait pour décourager les organisateurs. Vitali Klitschko, l’ancien boxeur devenu maire de Kiev, a laissé planer jusqu’au dernier jour la menace d’une interdiction, et sans cesse repoussé les réunions consacrées à la sécurité de l’événement. Il a aussi exhorté les organisateurs à reporter la marche « en raison de la guerre qui continue dans l’est de l’Ukraine ». En 2014, il la qualifiait d’« événement de divertissement ».C’est finalement le président Porochenko qui a paru trancher, vendredi lors d’une conférence de presse. Précisant que lui-même ne participerait pas à l’événement, le président a estimé qu’il ne voyait « aucune raison d’y faire obstruction, s’agissant d’un droit constitutionnel de chaque citoyen ukrainien ».Lire aussi notre entretien (abonnés) :Petro Porochenko : « Les accords de Minsk sont notre seule solution »Une interdiction paraissait également difficile à assumer vis-à-vis des partenaires européens de l’Ukraine. La garantie d’un traitement équitable des personnes homosexuelles sur leur lieu de travail fait par exemple partie des mesures réclamées par l’UE à Kiev avant de lui accorder un régime d’exemption de visa. Mais la loi antidiscrimination votée par le Parlement en 2014 ne fait aucune mention de l’orientation sexuelle.« Les autorités font le minimum, regrettait dans le défilé Anna Chariguina, un membre du Forum LGBT. Nous aussi, nous étions sur Maïdan, nous espérions que la démocratisation s’accompagnerait de plus de tolérance. Mais le climat est encore menaçant pour ceux d’entre nous qui osent afficher ouvertement leur sexualité. La guerre a radicalisé les esprits et mis sous le tapis ces sujets-là. »Benoît Vitkine (Kiev, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Yves-Michel Riols (Garmisch-Partenkirchen (Allemagne), envoyé spécial) et Frédéric Lemaître (Garmisch-Partenkirchen (Allemagne), envoyé spécial) Ce proche d’Angela Merkel ne se berce pas d’illusions. « Ce qu’il faut attendre du G7 ? De bien belles photos », dit-il, tout sourire. De fait, à quelques heures du sommet des sept pays les plus riches (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Italie et Japon) qui se tient les 7 et 8 juin à Elmau, dans le sud de l’Allemagne, les attentes sont faibles. En témoigne le « silence frappant » ces dernières semaines de la part des participants. Un signe qui ne trompe pas, selon Jan Techau, directeur Europe de la Fondation Carnegie. Une des raisons est que « le G7 n’est plus un mécanisme pertinent pour résoudre des problèmes », observe-t-il. « Son poids a diminué parce que le poids des pays qui le composent a, lui aussi, diminué. » De façon significative, les opposants au G7, qui ont commencé à faire entendre leurs voix, jeudi 4 juin, à Munich, dénoncent moins ce sommet des « maîtres du monde » comme auparavant, que le TTIP, l’accord de libre-échange que négocient actuellement les Etats-Unis et l’Union européenne.Pourtant, fidèle à sa réputation, Angela Merkel a minutieusement préparé « son » G7, rendant visite ces derniers mois à ses six homologues. A Elmau aussi, tout est planifié depuis des semaines. Les quinze pages du communiqué final sont quasiment bouclées, mais l’Ukraine et la Grèce pourraient à nouveau perturber le bel ordonnancement prévu. Les discussions entre Athènes et ses créanciers sont « plus près que jamais d’un accord », selon le premier ministre grec, Alexis Tsipras, mais de nombreux responsables politiques ne cachent pas leur scepticisme depuis l’annonce, jeudi soir, par Athènes de sa volonté de différer à la fin juin plusieurs versements au FMI.Lire :Athènes décide de retarder ses remboursements au FMIPour l’Ukraine, s’il faut s’attendre à une réprobation de la nouvelle escalade sur le terrain et à une réaffirmation du maintien des sanctions contre la Russie, toute la question sera de savoir où sera mis le curseur des condamnations. A la veille de la rencontre en Bavière, la France et l’Allemagne cherchent à atténuer la portée de la reprise des combats dans la région de Donetsk.« Préserver l’unité transatlantique face à Moscou »Reste à savoir comment les Américains réagiront face à cette retenue européenne, alors qu’ils se sont souvent irrités mezzo voce de la tendance du couple franco-allemand à traiter sur un pied d’égalité l’agresseur et l’agressé dans le conflit ukrainien. Toutefois, si Washington avait exprimé des réserves sur l’accord de Minsk, estimant qu’il ne faisait pas suffisamment pression sur le président Vladimir Poutine, les divergences avec les Européens se sont atténuées, estime Derek Chollet, ancien conseiller du président Obama, aujourd’hui expert au German Marshall Fund, un centre de réflexion. « Il y a un an, les Etats-Unis étaient sceptiques sur la capacité des Européens à adopter des sanctions contre la Russie et à s’y tenir, dit-il. Aujourd’hui, la priorité d’Obama sera de préserver l’unité transatlantique face à Moscou. »Dans un entretien accordé à trois journaux dont Le Monde, le président ukrainien Petro Porochenko insiste sur la « vertu » des accords de Minsk : « Depuis la mi-février, il n’y a pas eu d’offensive majeure. Mais il n’y a pas non plus de cessez-le-feu. Malgré cela, nous n’avons pas le choix : ces accords constituent notre seule solution. »Lire aussi (édition abonnés) :Petro Porochenko : « Les accords de Minsk sont notre seule solution »« Le poids du G7 a diminué parce que le poids des pays qui le composent a, lui aussi, diminué », estime Jan Techau, de la Fondation CarnegieL’autre grand sujet du sommet, choisi cette fois par Angela Merkel, est le climat. Lors du premier G7 qu’elle avait présidé, en 2007, la chancelière avait obtenu du président américain George W. Bush qu’il reconnaisse la réalité du changement climatique et son origine humaine. Pour ses compatriotes, elle est devenue la « chancelière du climat ». Une image que sa décision prise après la catastrophe de Fukushima, en 2011, de sortir du nucléaire civil n’a pu que renforcer. Mais le pari est loin d’être gagné et la sortie du nucléaire se traduit aussi en Allemagne par un essor du charbon, très polluant. Pour regagner une crédibilité quelque peu mise à mal sur ce terrain, Mme Merkel fait de la réussite de la conférence de Paris sur le climat, la COP 21, un enjeu personnel. Avec François Hollande, elle va plaider à Elmau pour que le G7 s’engage le plus précisément possible sur les objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre et sur les engagements financiers pour aider les pays du Sud à s’adapter au changement climatique.Lire aussi :Laurent Fabius : « Le financement est un point clé pour un accord sur le climat »Un enjeu international qui se double d’un enjeu national pour la chancelière, qui ne désespère pas de gouverner avec les Verts après 2017. De même, ce n’est pas un hasard si Angela Merkel a souhaité que ce G7 se penche également sur la résistance aux antibiotiques et la qualité du travail, notamment dans l’industrie textile des pays pauvres. Ce sont deux thèmes qui tiennent à cœur à ses électeurs, et lui permettent de peaufiner son image d’une chancelière proche des petites gens.Yves-Michel Riols (Garmisch-Partenkirchen (Allemagne), envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteFrédéric Lemaître (Garmisch-Partenkirchen (Allemagne), envoyé spécial)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Voilà qui promet de gâcher un peu la « fête » du G7. Angela Merkel espérait ardemment un accord sur la Grèce afin que le sujet ne vienne pas encombrer les discussions et les esprits des grands de ce monde qu’elle reçoit ce week-end en Bavière. Il n’en sera rien. Dans un discours offensif devant son Parlement, vendredi 5 juin, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a formellement rejeté la proposition finale d’accord des créanciers du pays, remise en main propre deux jours plus tôt à Bruxelles, qui s’apparentait trop à un plan d’austérité supplémentaire pour le pays.Lire aussi :Grèce : Tsipras veut le retrait du plan « absurde » de ses créanciersDe plus, selon nos informations, des dissensions importantes demeurent entre le FMI et les créanciers européens, notamment sur la question de la dette grecque, alors qu’ils semblaient pourtant avoir trouvé une position commune, à la suite de la forte impulsion politique donnée par le président François Hollande et la chancelière Angela Merkel, à Berlin, le 1er juin. Les deux dirigeants suivent désormais les négociations grecques au jour le jour, voulant absolument éviter un défaut de paiement d’Athènes, aux conséquences politiques, voire géopolitiques, incalculables.Une situation politique très délicateVendredi 5 juin au soir, devant la Vouli (le Parlement), Alexis Tsipras a affirmé qu’il n’acceptait pas en l’état « les propositions absurdes » des créanciers et dénoncé le manque « d’éthique » de la stratégie d’étranglement financière choisie, selon lui, par les responsables européens pour pousser la Grèce à un compromis n’ayant rien d’un « accord d’intérêt mutuel » mais traduisant « une volonté d’humilier et de faire plier un peuple ». Il a tenté d’inviter les partis d’opposition à l’unité nationale, mais a suscité de virulentes critiques du parti conservateur et du parti de centre gauche To Potami, dont le président, Stavros Theodorakis, a dénoncé dans l’hémicycle « la stratégie de négociation » du gouvernement.Lire aussi :« Syriza fait partie de l’ancien système politique »Le premier ministre, porté au pouvoir en janvier sur la promesse d’en finir avec les « diktats » de Bruxelles, se trouve dans une situation politique particulièrement délicate. Il est pris en étau entre des créanciers peu disposés au compromis et une majorité parlementaire réclamant désormais ouvertement la rupture avec Bruxelles.Le « draft » de Bruxelles conditionne de fait le versement des 7,2 milliards d’euros restant dans le deuxième plan d’aide à la Grèce à une réforme des retraites (avec baisse des pensions) et à une hausse de la TVA, notamment pour l’électricité. Deux mesures inacceptables, a martelé M. Tsipras, vendredi soir. En revanche, la proposition des créanciers donne davantage de marge de manœuvre budgétaire à Athènes, au moins pour les trois prochaines années, fixant un objectif de surplus primaire (avant paiement des dettes) d’environ 1 % en 2015 (contre un objectif initial de 3,5 %). Sur ce point, selon nos informations, il y a désormais quasi-consensus entre la Grèce et ses créanciers.Le FMI campe sur ses positionsA ce stade, étant donné les déclarations de Tsipras, difficile d’envisager un accord final si les créanciers n’amendent pas un peu leur « draft ». Encore faudrait-il qu’ils s’entendent. Or les discussions sont vives, ces derniers jours, entre le FMI et la Commission européenne. Cette dernière continue à accuser l’organisation internationale de ne pas vouloir céder d’un pouce sur les retraites et la hausse de la TVA, et de pas prendre assez en compte la difficulté, voire l’impossibilité politique pour Tsipras de « vendre » de pareilles mesures à Athènes.Lire aussi :Grèce : le FMI hausse à nouveau le tonDe son côté, le Fonds se défend d’être trop rigide, mais prévient la Commission et le reste des pays de la zone euro, tous créanciers de la Grèce : si les réformes de structure exigées d’Athènes ne sont pas assez ambitieuses et radicales, le pays ne pourra pas rembourser son énorme dette (180 % du PIB, 320 milliards d’euros) au rythme auquel ils l’espèrent. Le FMI plaide aussi pour que l’accord final comporte un engagement très clair des créanciers d’ouvrir une renégociation de la dette, alors qu’à Berlin on préférerait reporter cette question à une négociation ultérieure, dans les mois qui viennent… Sur ce point, le Fonds rejoint le gouvernement Tsipras, qui insiste beaucoup, ces derniers jours, pour que l’accord aborde la question de la viabilité de la dette.Les plus optimistes espèrent encore un accord final entériné par un Eurogroupe avant la mi-juin, afin qu’Athènes puisse recevoir des premières tranches de prêt avant la fin du mois de juin. Peut-être faudra t-il une nouvelle impulsion politique pour débloquer les dernières tensions ? Le G7, dimanche 7 et lundi 8 juin, en sera peut-être l’occasion.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.06.2015 à 21h15 A deux jours des élections législatives en Turquie, deux personnes ont été tuées vendredi 5 juin à Diyarbakir, dans le sud-est du pays, dans deux explosions d'origine indéterminée survenues lors d'une réunion de campagne du principal parti kurde, a annoncé le ministre de l’agriculture. Plus de cent autres personnes ont été blessées par ces déflagrations, a-t-il ajouté.Ces explosions se sont produites à proximité d'un transformateur électrique situé sur une place de la ville, où des dizaines de milliers de partisans du Parti démocratique du peuple (HDP) étaient réunis pour entendre leur chef de file Selahattin Demirtas.Une campagne émaillée de nombreuses violencesLes premières informations ont fait état d'une explosion d'un transformateur électrique mais le ministre de l'énergie Taner Yildiz a remis en cause cette hypothèse, situant l'origine à « l'extérieur » de l'installation. « Notre inspection a clairement montré que la source de l'explosion n'était pas le transformateur », a-t-il affirmé à la presse.Selon des témoignages, les dégâts ont été causés par la seconde explosion, très forte, survenue dix minutes après la première.Cet incident intervient au terme d'une campagne électorale émaillée de nombreuses violences qui ont pour l'essentiel visé le HDP, dont le score dimanche est déterminant pour l'issue du scrutin.Lire aussi :Les Kurdes de Turquie se détournent d’Erdogan Adéa Guillot (Athènes, correspondance) « Aucun député grec ne peut voter en faveur de ces mesures. » Alexis Tsipras a ouvert, vendredi 5 juin au soir, par une fin de non-recevoir la discussion au Parlement grec sur la proposition d’accord des créanciers présentée le 2 juin à son gouvernement.Dans un discours d’une demi-heure seulement, le premier ministre a avoué « sa surprise » devant la proposition portée par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Junker, mardi soir. « Je n’aurais jamais pensé qu’ils nous présenteraient un texte ne reprenant aucun point des négociations de ces quatre derniers mois. »Alexis Tsipras voit dans cette proposition « un mauvais moment pour l’Europe » et dénonce le manque « d’éthique » de la stratégie d’étranglement financier choisie par les responsables européens pour pousser la Grèce à un compromis, bien loin de composer un « accord d’intérêt mutuel », mais traduisant « une volonté d’humilier et de faire plier un peuple ».Lire aussi :Grèce : ce qui bloque encoreEn en appelant à la « dignité » des Grecs, il a rappelé ses propres propositions pour sortir de la crise, insistant sur une baisse de l’excédent primaire (hors charge de la dette), sur la résolution de la question de la viabilité de la dette et se refusant catégoriquement à diminuer les retraites ou à augmenter de 10 points la TVA dans le secteur de l’énergie électrique. Soit le corpus même de la proposition des créanciers.Et pour mieux montrer sa détermination et sa fermeté, le premier ministre a annoncé la présentation au Parlement dans les tout prochains jours d’un projet de loi pour le rétablissement des conventions collectives. C’était l’une des mesures phares annoncées lors de sa campagne électorale, mais qu’il avait choisi de ne pas mener à terme tant que duraient les négociations. Une annonce très applaudie par les bancs des députés de son parti de la gauche radicale, la Syriza.« Vous n’avez pas négocié »Devant l’ensemble de ses ministres et d’un Parlement rempli à craquer, Alexis Tsipras a sommé les partis d’opposition de choisir leur camp. « Je veux entendre l’avis de l’opposition », a-t-il ainsi déclaré. « Auriez-vous accepté cette proposition ou allez-vous, comme nous, vous élevez contre ? »La réponse, cinglante, de l’ancien premier ministre conservateur (Nouvelle Démocratie) Antonis Samaras ne s’est pas fait attendre. « Vous n’avez pas négocié. Les créanciers vous demandent des efforts trois fois supérieurs à ce qu’ils nous demandaient et nous conduisent tout droit à un nouveau mémorandum. » Stavros Theodorakis, le président du parti de centre gauche To Potami (« La Rivière ») a contesté « la stratégie de négociation » du gouvernement, évoquant « une perte de temps catastrophique pour le pays » et accusant « une partie de la Syriza d’être antieuropéenne » et de vouloir en finir avec la zone euro. « A vous de clarifier votre position avec votre opposition interne. » Quand la moitié de « votre parti veut sortir de la zone euro, ce n’est plus du pluralisme » mais un danger pour le pays, a déclaré M. Theodorakis.Tsipras ne renonce pas à un accordLe discours du premier ministre, à la tonalité offensive, s’adressait avant tout au peuple grec d’une part — dont Alexis Tsipras affirme qu’il lui demande de « ne pas céder au chantage des créanciers » — mais aussi et surtout à sa propre majorité parlementaire, vent debout depuis quarante-huit heures.En choisissant de regrouper au 30 juin le paiement des 1,6 milliard d’euros dus au FMI, que la Grèce devait normalement payer en quatre tranches à partir d’aujourd’hui, Alexis Tsipras a gagné quelques semaines supplémentaires de négociation. La preuve pour lui de la volonté de son gouvernement « d’arriver à un accord définitif » qui permettra d’en finir avec « l’incertitude et les rumeurs de sortie de la Grèce de la zone euro ». M. Tsipras affirme « ne pas se fixer de limite dans le temps pour mener à terme ces négociations ».Lire aussi :La Grèce retarde ses remboursements au FMIPris en étau entre des créanciers peu disposés à aller plus loin dans le compromis et une majorité parlementaire réclamant désormais ouvertement la rupture, Alexis Tsipras a vendredi soir tenté d’inviter les partis d’opposition à l’unité nationale, tout en se posant en garant des « lignes rouges » martelées par son gouvernement depuis deux mois. Un grand écart qui montre avant tout à quel point il est devenu à tout gouvernement grec, celui-ci comme le précédent, d’arriver à faire adopter au Parlement de nouvelles mesures d’austérité.Lire aussi :Derrière les négociations avec les créanciers de la Grèce, l’identité de Syriza en questionAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.06.2015 à 13h57 La campagne des élections législatives turques du 7 juin a fait, lundi 1er juin, un détour inattendu par les commodités présidentielles. Le chef de l’Etat, Recep Tayyip Erdogan, a mis le chef de l’opposition au défi de prouver que le siège de ses toilettes était… en or.Inédite, la polémique politico-sanitaire a été lancée par le président du Cumhuriyet Halk Partisi (CHP, « Parti républicain du peuple » – social-démocrate), Kemal Kiliçdaroglu. Ce dernier a pris pour cible le gigantesque et luxueux palais de M. Erdogan, signe selon lui de la folie des grandeurs et de la dérive autoritaire de l’homme fort du pays.Lors d’une réunion publique samedi à Izmir (ouest), il a dénoncé ces « messieurs d’Ankara » pour lesquels on a « construit des palais, livré des avions, acheté des voitures Mercedes (…) et des sièges en or [pour recouvrir] les toilettes ».Lire aussi :M. Erdogan s’offre un palais symbole de sa « nouvelle Turquie »« Si c’est le cas, je démissionnerai de la présidence » Lors d’un entretien dimanche soir sur la télévision publique TRT, M. Erdogan a très sérieusement répondu aux allégations de son adversaire en l’invitant à venir vérifier sur place. « Je l’invite à venir faire une visite (…) je me demande s’il sera capable de trouver un couvercle de toilettes en or dans une salle de bains », s’est amusé le chef de l’Etat. « Si c’est le cas, je démissionnerai de la présidence », a ajouté M. Erdogan. La présidence de la République a fait savoir lundi qu’elle avait envoyé une invitation officielle à M. Kiliçdaroglu.Inauguré à l’automne dernier, le nouveau palais présidentiel, qui compte un millier de pièces et coûté 490 millions d’euros, est l’une des cibles favorites des détracteurs du président islamo-conservateur.Lire aussi :Erdogan, à la fois sultan et Atatürk en son nouveau palaisAu pouvoir depuis 2002, l’Adalet ve Kalkınma Partisi (AKP – le « Parti de la justice et du développement ») de M. Erdogan se présente en favori, mais affaibli aux législatives, de dimanche. L’actuel chef de l’Etat espère y obtenir une forte majorité à sa main pour réformer la Constitution. 01.06.2015 à 12h04 • Mis à jour le01.06.2015 à 15h07 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) La première leçon des élections régionales et municipales, qui se sont déroulées dimanche 31 mai et dont les résultats définitifs ont été connus lundi, paraît claire : un an après le triomphe du président du conseil et du Parti démocrate (PD, centre gauche), avec près de 41 % des suffrages aux élections européennes, l’étoile de Matteo Renzi pâlit. Près de 23 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes dans sept régions (Ligurie, Vénétie, Toscane, Ombrie, Marches, Campanie et Pouilles) et plus de 1 000 communes.Si le centre gauche dirigera cinq exécutifs régionaux (il perd la Ligurie, gagne la Campanie alors que la Vénétie reste aux mains de la Ligue du Nord), le score total du PD se situe aux alentours de 23 % des suffrages au niveau national, selon les projections des instituts. Il devance le Mouvement 5 étoiles (18 %), le parti antieuropéen et anti-immigrés de la Ligue du Nord (12,5 %), Forza Italia (10,7 %), la formation de Silvio Berlusconi. A noter la faible participation : 52,2 % aux régionales et 65 % aux municipales. Soit, respectivement, 12 et 7 points de moins qu’aux scrutins précédents de même nature.« Loyalistes » et « frondeurs »M. Renzi a dû faire face à deux écueils qu’il n’a su éviter en tant que secrétaire du PD : un candidat dissident en Ligurie, qui a éparpillé les voix de gauche ; un candidat qualifié d’« imprésentable » en Campanie, en raison de sa condamnation en première instance pour « abus de pouvoir ». Si ce dernier, Vincenzo De Luca, s’est imposé de justesse, il risque d’être déclaré inéligible. Sa participation à ce scrutin a jeté une ombre sur un parti qui se veut exemplaire et a focalisé toute l’attention des médias sur sa personne.Ce résultat décevant est également un jugement sur sa politique et sa stratégie. Les réformes dont il se vante (marché du travail, mode de scrutin, école) et son alliance pour faire adopter certaines d’entre elles avec la droite berlusconienne ont divisé son parti entre « loyalistes » et « frondeurs » et désorienté l’électorat traditionnel de la gauche italienne. Malgré un retour de la croissance après trois ans de récession, le chômage n’a pas diminué (13 % de la population).Alors qu’il rêvait, il y a deux mois encore, d’un « grand chelem » en remportant les sept régions, il avait ramené son ambition à l’horizon d’un plus modeste « 4 à 3 ». « Ces élections ne sont pas un test pour le gouvernement », n’a-t-il cessé de répéter. Selon le quotidien la Repubblica du 1er juin, M. Renzi aurait dénoncé en privé « la gauche masochiste ».Lieux d’expérimentationPour autant, l’opposition est encore un vaste chantier. Malgré son long déclin, Silvio Berlusconi sauve les meubles, ayant réussi à imposer l’alliance de la droite (Forza Italia, Ligue du Nord et le petit parti post-fasciste Fratelli d’Italia) dans la région qu’elle a gagnée (la Ligurie) ou conservée (la Vénétie). A l’inverse, le candidat dissident de Forza Italia dans les Pouilles enregistre un résultat presque trois fois inférieur à celui du vainqueur.La nouvelle configuration sortie des urnes fait désormais de Matteo Salvini, le leader du parti anti-immigrés et anti-européen, allié du Front national au Parlement européen à Strasbourg, le pivot central d’une éventuelle et nécessaire recomposition. La Ligue distance nettement son partenaire en Ligurie, en Toscane et en Ombrie. De plus, M. Salvini n’a plus d’adversaire au sein de sa formation, puisque son rival, Flavio Tosi, candidat dissident en Vénétie, n’arrive qu’en quatrième position.Désormais, ­Matteo Salvini, le leader de la Ligue du Nord, est le pivot central d’une éventuelle recomposition de la droiteMais le vrai vainqueur de la consultation de dimanche est le Mouvement 5 étoiles (M5S). Alors que les élections locales s’étaient souvent soldées par des échecs cuisants en regard de son score obtenu aux scrutins sénatoriaux et législatifs de février 2013 (25 %), le « non-parti » fondé par le comique Beppe Grillo en 2009 confirme l’étiage que lui accordent les sondages. Dans certaines régions, et bien qu’il se soit présenté seul et sans aucune liste de soutien, il devient même le premier parti en nombre de voix.Réplique du séisme Podemos ou enracinement durable ? Les candidats du M5S ont tous confié qu’ils avaient ressenti au cours de leur campagne « une véritable adhésion » à leurs propositions, dont celle, notamment, d’un revenu minimum citoyen, et non plus la simple expression d’un vote protestataire. Mais le M5S s’est gardé de commenter les résultats du scrutin espagnol de crainte de devoir se prononcer sur une éventuelle alliance avec la gauche qu’il dénonce encore comme une « compromission ». Mais loin des feux médiatiques, les conseils régionaux dans lesquels les élus du Mouvement 5 étoiles viennent d’entrer en force pourraient se révéler de discrets lieux d’expérimentations.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Après quatre mois de laborieuses négociations, un accord entre Athènes et ses créanciers semble désormais à portée de main. Mais, pour qu’Athènes touche enfin son chèque d’environ 7,2 milliards d’euros et que le pays sorte de l’instabilité financière et économique qui le gangrène depuis le début du bras de fer avec ses créanciers, des compromis difficiles doivent encore être faits dans les heures et les jours qui viennent. Par Athènes. Mais aussi par les bailleurs les plus intransigeants du pays, à commencer par le Fonds monétaire international (FMI).Lundi 1er juin au matin, en tout cas, personne ne se risquait à commenter, à Bruxelles, Paris ou Berlin, la tribune particulièrement véhémente du premier ministre grec, Alexis Tsipras, parue la veille sur Lemonde.fr. Il dit, en substance, que la Grèce a fait sa part du chemin, et que les créanciers du pays (FMI, UE, BCE) doivent à leur tour bouger. « Si nous ne sommes pas encore arrivés à un accord avec nos partenaires, ce n’est pas à cause de notre intransigeance », assure le leader de la gauche radicale Syriza, qui a pris personnellement en charge, ces derniers jours, la laborieuse négociation avec les bailleurs de fonds du pays.Lire aussi :Grèce : l’ex-députée socialiste Elena Panaritis renonce au FMICes propos vont-ils peser sur les discussions ou, au contraire, pousser les dirigeants politiques européens, le président français, François Hollande et la chancelière allemande, Angela Merkel en tête, à prendre clairement et publiquement position pour une sortie de crise rapide ?Intensification des discussionsLes discussions sur la liste des réformes grecques à engager, contre l’aide internationale, se sont intensifiées ces derniers jours, y compris au plus haut niveau, pour sortir de l’impasse. Le « groupe de Bruxelles », des représentants des créanciers, a repris son travail mercredi 27 mai et s’est réuni une partie du week-endM. Tsipras a eu deux conversations téléphoniques en quatre jours avec M. Hollande et Mme Merkel, jeudi 28 mai et dimanche 31 mai. Ces derniers devaient à nouveau parler de la Grèce, lundi 1er juin à Berlin, avec Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, autre protagoniste-clé du dossier.Le peu qui a filtré de ces discussions au sommet est qu’Athènes espère un accord avant le 5 juin. Et que la Commission européenne, Paris et Berlin y travaillent aussi. A cette date, la Grèce doit rembourser 300 millions d’euros au FMI.Lire aussi :Et si la Grèce ne remboursait pas le FMI ?D’après plusieurs sources proches des négociations, Athènes peut trouver cet argent. Mais le gouvernement grec craint que, s’il envoie le chèque sans assurance d’un accord avec Bruxelles, il ne puisse pas assurer les remboursements suivants au FMI (336 millions d’euros le 12 juin, 560 millions le 16 et 336 millions le 19 juin)…Quel endettement ? Quelles échéances ?Montant de la dette : elle s’élève à 321 milliards d’euros, soit 177 % du PIB du pays. La Banque centrale européenne (BCE) en détient 27 milliards d’euros. L’Europe, par le Fonds européen de stabilité financière, a prêté 142 milliards d’euros et d’autres pays ont aussi consenti des prêts bilatéraux à hauteur de 52 milliards d’euros (dont 11,4 milliards d’euros pour la France).Remboursements auprès du FMI :  Athènes doit encore rembourser 25 milliards d’euros au Fonds monétaire international. 1,6 milliard d’euros doivent être remboursés en juin, et notamment 308 millions d’euros le 5 juin.Trouver un premier compromisLes Grecs misent donc sur un accord partiel portant sur une première série de réformes, les discussions les plus dures sur le système de retraites et le fonctionnement du marché du travail étant reportées.Le ministre des finances, Yanis Varoufakis, a ainsi suggéré de remettre à l’après-30 juin, date de la fin du deuxième plan d’aide au pays, un accord plus global qui aborderait aussi une restructuration de la dette publique. « Aucun accord ne peut rendre la situation grecque viable sans régler la question de la dette », a-t-il déclaré durant le week-end.Ce scénario d’un accord en deux phases circule beaucoup à Athènes ces derniers jours. Dans cette hypothèse, un premier compromis autour des réformes liées à la fiscalité (hausse de la TVA, lutte contre la fraude fiscale, maintien de l’impôt sur la propriété, etc..) pourrait s’accompagner du versement d’une partie des 7,2 milliards d’euros encore disponibles dans le cadre du deuxième plan d’aide.Cela permettrait à la Grèce de passer le cap difficile des remboursements au FMI de juin. Et à la BCE en juillet. Les points les plus difficiles de la négociation ne seraient pas abordés avant l’automne. Retraites et marché du travail toujours sujets de désaccordIl faut dire que, même si les positions des uns et des autres se sont rapprochées ces derniers jours, les discussions achoppent toujours sur les retraites et le marché du travail. Mais pas seulement.Le FMI plaide par exemple pour un report du départ à la retraite à 67 ans. A la Commission européenne, on souhaite différer la négociation sur une réforme des retraites ambitieuse.Sur le surplus primaire du budget de l’Etat grec (surplus budgétaire hors paiement des dettes), la Commission européenne propose seulement 1 % du PIB en 2015 (contre un objectif de 3 % encore en début d’année), 2 % en 2016 et 3 % en 2017. Les Grecs seraient d’accord, mais pas le FMI.Sur la TVA, les divergences demeurent aussi : Athènes a proposé une augmentation, censée rapporter environ 900 millions d’euros, mais les créanciers estiment que la TVA devrait rapporter au moins deux fois plus.Pas sans le FMICôté créanciers, un accord partiel serait envisageable, à condition cependant d’obtenir d’Athènes suffisamment de garanties sur certaines réformes (le niveau des rentrées fiscales, probablement). Mais certains commencent à trouver le FMI trop intransigeant, même si les créanciers demeurent pour l’instant unis.Le FMI, qui a déjà prêté des sommes record à la Grèce (32 milliards d’euros depuis 5 ans), veut absolument éviter de créer un précédent avec Athènes, en traitant le pays avec plus d’indulgence que d’autres.Berlin, Helsinki ou d’autres capitales européennes se rangent pour l’instant derrière cette position pour ménager des opinions publiques particulièrement hostiles à un nouveau plan d’aide à la Grèce.Quoi qu’il en soit, un accord avec la Grèce ne sera formellement validé que lors d’un Eurogroupe, la réunion des 19 ministres des finances. Et pas question que le FMI n’en soit pas, cela a clairement été répété par M. Juncker il y a quelques jours.La sortie de crise semble donc encore tout sauf imminente. « Mais les négociations, c’est comme une course, ce sont les derniers mètres qui sont souvent les plus durs », glisse une source proche des négociations, à Bruxelles.Le niveau des dépôts au plus basSelon les chiffres de la Banque de Grèce publiés vendredi 29 mai, le niveau des dépôts des particuliers et des entreprises a atteint son plus faible niveau depuis onze ans en Grèce. 30,7 milliards d’euros ont quitté les banques depuis le mois de novembre 2014. Sur le seul mois d’avril, cette fuite des capitaux a atteint 5 milliards d’euros. Aujourd’hui, le montant global de ces dépôts s’établit à 133,6 milliards d’euros.En recul aussi, les crédits au secteur privé, – 2,4 % en avril. Les crédits aux particuliers sont les plus touchés avec un recul de 3,1 % par rapport à avril 2014, mais les entreprises aussi ont toujours du mal à accéder à l’emprunt, avec un taux de variation annuel s’établissant à – 2 % en avril.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.05.2015 à 15h36 • Mis à jour le01.06.2015 à 13h29 | Alexis Tsipras (Premier ministre de la Grèce) Le 25 janvier, le peuple grec a pris une décision courageuse. Il a osé contester la voie à sens unique de l’austérité rigoureuse du Mémorandum, afin de revendiquer un nouvel accord. Un nouvel accord qui permette à la Grèce de retrouver le chemin de la croissance dans l’euro avec un programme économique viable et sans renouveler les erreurs du passé.Ces erreurs ont été payées cher par le peuple grec. En cinq ans, le chômage a grimpé à 28 % (60 % pour les jeunes), et le revenu moyen a diminué de 40 %, tandis que la Grèce, conformément aux statistiques d’Eurostat, est devenue l’Etat de l’Union européenne (UE) ayant l’indicateur d’inégalité sociale le plus élevé.Pis encore, malgré les coups durs qui ont été portés au tissu social, ce programme n’a pas réussi à redonner à l’économie grecque sa compétitivité. La dette publique a flambé de 124 % à 180 % du PIB. L’économie grecque, malgré les grands sacrifices de son peuple, est toujours piégée dans un climat d’incertitude continue engendrée par les objectifs non réalisables de la doctrine de l’équilibre financier, qui l’astreignent à rester dans un cercle vicieux d’austérité et de récession.Mettre fin au cercle vicieuxLe principal but du gouvernement grec au cours des quatre derniers mois est de mettre fin à ce cercle vicieux et à cette incertitude. Un accord mutuellement bénéfique, qui fixera des objectifs réalistes par rapport aux excédents tout en réintroduisant l’agenda du développement et des investissements – une solution définitive pour l’affaire grecque – est actuellement plus nécessaire que jamais. Par ailleurs, un tel accord marquera la fin de la crise économique européenne qui a éclaté il y a sept ans, en mettant fin au cycle de l’incertitude pour la zone euro.Aujourd’hui, l’Europe est en mesure de prendre des décisions qui déclencheront une forte reprise de l’économie grecque et européenne en mettant fin aux scénarios d’un « Grexit » (Grèce exit). Ces scénarios empêchent la stabilisation à long terme de l’économie européenne et sont susceptibles d’ébranler à tout moment la confiance tant des citoyens que des investisseurs en notre monnaie commune.Cependant, certains soutiennent que le côté grec ne fait rien pour aller dans cette direction parce qu’il se présente aux négociations avec intransigeance et sans propositions. Est-ce bien le cas ?Etant donné le moment critique, voire historique, que nous vivons, non seulement pour l’avenir de la Grèce, mais aussi pour celui de l’Europe, j’aimerais rétablir la vérité et informer de manière responsable l’opinion publique européenne et mondiale sur les intentions et les positions réelles du gouvernement grec.Après la décision de l’Eurogroupe du 20 février, notre gouvernement a soumis de nombreuses propositions de réformes visant à un accord qui associe le respect du verdict du peuple grec et celui des règles qui régissant le fonctionnement de la zone euro.Nous nous engageons notamment à réaliser des excédents primaires moins élevés pour 2015 et 2016 et plus élevés pour les années suivantes, étant donné que nous attendons une augmentation correspondante des taux de croissance de l’économie grecque.Une autre proposition importante est l’engagement à accroître les recettes publiques par le biais de la redistribution des charges à partir des citoyens à revenus moyens et faibles vers ceux qui ont des revenus élevés et qui, jusqu’à présent, s’abstenaient de payer leur part pour affronter la crise, étant donné que dans mon pays ils étaient protégés tant par l’élite politique que par la troïka, qui « fermait les yeux ».D’ailleurs, dès le premier jour, le nouveau gouvernement a montré ses intentions et sa résolution par l’introduction d’une mesure législative pour faire face à la fraude des transactions triangulaires en intensifiant les contrôles douaniers et fiscaux, afin de limiter la contrebande et l’évasion fiscale. Parallèlement, pour la première fois après de nombreuses années, les dettes des propriétaires des médias leur ont été imputées par l’Etat grec.PrivatisationsLe changement de climat dans le pays est clair. Il est également prouvé par le fait que les tribunaux accélèrent le traitement des dossiers pour que les jugements soient rendus dans des délais plus brefs lors d’affaires liées à l’évasion fiscale. Les oligarques qui étaient habitués à être protégés par le système politique ont toutes les raisons de perdre le sommeil.Il n’y a pas seulement les orientations générales, il y a aussi les propositions spécifiques que nous avons soumises lors des discussions avec les institutions qui ont couvert une grande partie de la distance qui nous séparait il y a quelques mois.Précisément, le côté grec a accepté de mettre en œuvre une série de réformes institutionnelles, telles que le renforcement de l’indépendance de l’Agence grecque de la statistique (Elstat), les interventions visant à accélérer l’administration de la justice, ainsi que les interventions dans les marchés de produits, afin d’éliminer les distorsions et les privilèges.De plus, bien que nous soyons diamétralement opposés au modèle des privatisations prôné par les institutions, parce qu’il n’offre pas de perspectives de développement et n’opère pas de transfert de ressources en faveur de l’économie réelle, mais en faveur de la dette – qui n’est de toute façon pas viable –, nous avons accepté de poursuivre avec quelques petites modifications le programme des privatisations, faisant ainsi preuve de notre intention d’aller vers un rapprochement.Nous sommes également tombés d’accord pour réaliser une grande réforme de la TVA en simplifiant le système et en renforçant la dimension de redistribution de la taxe, afin de réussir à augmenter tant le taux de recouvrement que les recettes.Nous avons déposé des propositions concrètes pour des mesures qui conduiront à une augmentation supplémentaire des recettes (contribution exceptionnelle sur les bénéfices très élevés, taxe sur les paris électroniques, intensification des contrôles des grands déposants-fraudeurs, mesures pour le recouvrement des créances arrivées à échéance en faveur de l’Etat, taxe spéciale sur les produits de luxe, appel d’offres pour les concessions de radiotélévision) qui ont été oubliées, comme par hasard, par la troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) pendant cinq ans, etc.Ces mesures visent à augmenter les recettes publiques, tout en évitant de contribuer à la récession puisqu’elles ne diminuent pas davantage la demande effective et n’imposent pas de nouvelles charges aux faibles et moyens revenus.Nous nous sommes mis d’accord pour mettre en œuvre une grande réforme du système de sécurité sociale avec l’unification des caisses d’assurance sociale, la suppression de dispositions autorisant à tort l’octroi de retraites anticipées, en augmentant de cette façon l’âge réel de la retraite.Nous devons tenir compte du fait que les pertes des caisses d’assurance sociale, qui ont conduit au problème de leur viabilité à moyen terme, sont principalement dues à des choix politiques dont la responsabilité incombe à la fois aux précédents gouvernements grecs et, surtout, à la troïka (la diminution des fonds de réserve des caisses de 25 milliards d’euros en raison du « Private sector involvement » en 2012 et surtout le taux de chômage très élevé, dû presque exclusivement au programme d’austérité extrême appliqué en Grèce depuis 2010).Finalement, malgré notre engagement de rétablir immédiatement les normes européennes en matière de droit du travail, qui a été complètement détricoté durant les cinq dernières années sous prétexte de compétitivité, nous avons accepté de mettre en œuvre une réforme du marché du travail après consultation du Bureau international du travail, et validée par lui.Ne plus toucher aux retraitesEn tenant compte de tout ce qui précède, on peut à juste titre se demander pourquoi les représentants des institutions persistent à dire que la Grèce ne présente pas de propositions.Pourquoi continuer d’arrêter de fournir des liquidités monétaires à l’économie grecque, alors que la Grèce a démontré qu’elle veut respecter ses obligations extérieures, avec le paiement depuis août 2014 de plus de 17 milliards d’euros en principal et intérêts (environ 10 % de son PIB), sans financement extérieur ?Finalement, quel est l’intérêt de ceux qui font fuiter dans la presse que nous ne sommes pas proches d’un accord, alors que celui-ci permettra de mettre un terme à l’incertitude politique et économique ressentie au niveau européen et mondial, qui se prolonge à cause de la question grecque ?La réponse non officielle de la part de certains est que nous ne sommes pas près d’un accord parce que le côté grec maintient ses positions pour rétablir les conventions collectives et refuse de diminuer davantage les retraites.Sur ces points, je dois fournir certaines explications : en ce qui concerne le premier, la position de la Grèce est que sa législation du travail doit correspondre aux normes européennes et ne peut pas violer de manière flagrante la législation européenne. Nous ne demandons rien de plus que ce qui est en vigueur dans les pays de la zone euro. Avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, nous avons fait une déclaration en ce sens.La Grèce est présentée comme le mauvais exemple que les autres Etats et peuples européens désobéissants ne devraient pas suivreEn ce qui concerne le second point, celui des retraites, la position du gouvernement grec est argumentée et logique. La diminution cumulée des retraites en Grèce pendant les années du Mémorandum est de 20 % à 48 % : actuellement 44,5 % des retraités reçoivent une retraite inférieure au seuil de pauvreté relative et, selon les données de l’Eurostat, 23,1 % des retraités vivent dans des conditions de risque de pauvreté et d’exclusion sociale.Cette situation, qui résulte de la politique du Mémorandum, ne peut être tolérable ni pour la Grèce ni pour aucun autre pays civilisé.Il faut donc dire les choses comme elles sont : si nous ne sommes pas encore arrivés à un accord avec nos partenaires, ce n’est pas à cause de notre intransigeance ou de positions incompréhensibles. Cela serait plutôt à cause de l’obsession de certains représentants institutionnels qui insistent sur des solutions déraisonnables en se montrant indifférents à l’égard du résultat démocratique des récentes élections législatives en Grèce ainsi qu’à l’égard des positions d’institutions européennes et internationales qui se disent prêtes à faire preuve de flexibilité pour respecter le verdict des urnes.Pourquoi cette obsession ? Une explication facile serait de dire qu’elle résulterait de l’intention de certains représentants institutionnels de couvrir l’échec de leur programme et d’obtenir en quelque sorte une confirmation de celui-ci. On ne peut pas d’ailleurs oublier que le FMI a publiquement reconnu, il y a quelques années, s’être trompé sur les effets dévastateurs des multiples coupes budgétaires imposées à la Grèce.Je pense que cette approche ne suffit pas pour expliquer les choses. Je ne crois pas que l’avenir de l’Europe pourrait dépendre de cette obsession de quelques acteurs.Les deux stratégies opposées de l’EuropeJ’arrive à la conclusion que la question grecque ne concerne pas exclusivement la Grèce, mais se trouve au centre d’un conflit entre deux stratégies opposées sur l’avenir de l’intégration européenne.La première vise l’approfondissement de l’intégration européenne dans un contexte d’égalité et de solidarité entre ses peuples et ses citoyens. Ceux qui soutiennent cette stratégie partent du fait qu’il est inadmissible de forcer le nouveau gouvernement grec à appliquer les mêmes politiques que les cabinets sortants, qui ont d’ailleurs totalement échoué. Sinon, nous serions obligés de supprimer les élections dans tous les pays qui sont soumis à un programme d’austérité.Nous serions aussi obligés d’accepter que les premiers ministres et les gouvernements soient imposés par les institutions européennes et internationales et que les citoyens soient privés de leur droit de vote jusqu’à l’achèvement du programme. Ils sont conscients que cela serait l’équivalent de l’abolition de la démocratie en Europe et le début d’une rupture inadmissible au sein de l’UE. Enfin, tout cela aboutirait à la naissance d’un monstre technocratique et à l’éloignement pour l’Europe de ses valeurs fondatrices.La deuxième stratégie conduit à la rupture et à la division de la zone euro et, de ce fait, de l’UE. Le premier pas dans cette direction serait la formation d’une zone euro à deux vitesses, où le noyau central imposerait les règles dures d’austérité et d’ajustement. Ce noyau central imposerait aussi un superministre des finances pour la zone euro, qui jouirait d’un pouvoir immense, avec le droit de refuser des budgets nationaux, même des Etats souverains, qui ne seraient pas conformes aux doctrines du néolibéralisme extrême.Pour tous les pays qui refuseraient de céder à ce pouvoir, la solution serait simple, la punition sévère : application obligatoire de l’austérité et, en plus, des restrictions aux mouvements des capitaux, des sanctions disciplinaires, des amendes et même la création d’une monnaie parallèle à l’euro.C’est de cette façon que le nouveau pouvoir européen cherche à se construire. La Grèce en est la première victime. Elle est déjà présentée comme le mauvais exemple que les autres Etats et peuples européens désobéissants ne devraient pas suivre.Mais le problème fondamental est que cette deuxième stratégie comporte des grands risques et ceux qui la soutiennent ne semblent pas en tenir compte. Cette deuxième stratégie risque d’être le début de la fin, puisqu’elle transforme la zone euro d’union monétaire en simple zone de taux d’échange. Mais, en plus, elle inaugure un processus d’incertitude économique et politique qui pourrait aussi transformer de fond en comble les équilibres dans l’ensemble du monde occidental.Aujourd’hui, l’Europe se trouve à la croisée des chemins. Après des concessions importantes du gouvernement grec, la décision repose, non plus entre les mains des institutions qui, à l’exception de la Commission européenne, ne sont pas élues et qui ne rendent pas des comptes aux peuples, mais entre les mains des leaders de l’Europe.Quelle stratégie pourrait l’emporter ? Celle d’une Europe de la solidarité, de l’égalité et de la démocratie ou bien celle de la rupture et finalement de la division ?Si certains pensent ou veulent bien croire que la décision que nous attendons ne concernera que la Grèce, ils se trompent. Je les renvoie au chef-d’œuvre d’Ernest Hemingway Pour qui sonne le glas ?Alexis Tsipras (Premier ministre de la Grèce) Philippe Ridet (Rome, correspondant) Tous divisés ou presque. À l’exception du Mouvement 5 Étoiles (M5S), la dernière née des formations politiques italiennes, les autres grands partis qui se présentent dimanche 31 mai aux suffrages de 20 millions d’électeurs dans plus de 1000 communes (dont Venise) et sept régions (Ligurie, Vénétie, Ombrie, Toscane, Marches, Campanie, Pouilles) sont divisés. C’est le cas au Parti Démocrate (PD centre gauche) dirigé par le Premier ministre Matteo Renzi, à Forza Italia (droite) propriété de Silvio Berlusconi ou à la Ligue du Nord (antieuropéen et anti-immigration). A chaque fois les leaders sont défiés par des « frondeurs », souligant comme l’explique le politologue Piero Ignazi « une forme de rebellion de la périphérie envers le centre du pouvoir ». Tour d’horizon.Les anti-Renzi se comptent en Ligurie. Le train des réformes guidé par le président du conseil et l’empreinte de plus en plus réformiste qu’il a donné au PD, ont laissé l’opposition interne déconfite. Elle n’a rien pu faire contre l’adoption de la réforme du code du travail qui libéralise le marché de l’emploi, rien contre celle du mode de scrutin aux élections législatives qui laisse entre les mains des chefs de partis le choix d’une bonne part des candidats, rien contre celle de l’instruction publique. Anciens communistes ou ex-compagnons de route de Matteo Renzi déçus par son virage libéral, ils rêvent de voir trébucher le premier ministre en Ligurie afin de le contraindre à gauchiser son programme. La candidate chois par le PD, Raffaela Païta, mise en examen pour avoir tardé à donner l’alarme lors des inondations de septembre 2014, est confrontée à la candidature du dissident Luca Pastorino, soutenu par Pipo Civati, autrefois ami de M. Renzi et Sergio Cofferati, ancien secrétaire général de la CGIL, le plus puissant et le plus à gauche des syndicats italiens. La dispersion des voix peut profiter à la candidate du M5S ou de Forza Italia et priver le chef gouvernement – qui espère triompher sur le score de 6 à 1 lors des régionales – d’une occasion de crier victoire.Lutte fratricide eau sein de la Ligue du Nord en Vénétie. A priori, c’est un combat générationnel que se livrent le Milanais Matteo Salvini, 42 ans leader de la Ligue, qui soutient le gouverneur sortant, Luca Zaia, et Flavio Tosi, maire de Vérone, 45 ans qui a décidé de se présenter également. Mais à y regarder de plus près, c’est l’éternel combat entre « les deux âmes de la Ligue » qui se joue. Depuis sa fondation, il y a plus de trente ans, le parti est la proie de tensions entre les Lombards, qui fournit les cadres, et les Vénètes qui remplissent les cars pour les meetings. Les uns et les autres se veulent l’expression de la « pureté » du parti. Mais M. Tosi a également d’autres idées sur l’évolution de la Ligue que M. Salvini a amarrée dans le sillage du Front national, avec lequel il est allié au Parlement européen. Le maire de Vérone aimerait se rapprocher de la droite traditionnelle dont le parti a toujours été un allié plus ou moins obéissant ; M. Salvini, souhaite au contraire faire de la Ligue qui, dans les sondages dépasse désormais Forza Italia, le pivot de toute alliance à venir. Si la région a peu de chances de passer à gauche, les scores obtenus respectivement par M. Zaia et M.Tosi permettront de jauger le rapport de force entre M. Salvini et son « frondeur ».Règlement de compte pour Forza Italia dans les Pouilles. Silvio Berlusconi a promis de se mettre « en retrait ». Il dit qu’il cherche un leader même s’il « n’en voit pas pour l’instant ». Mais à près de 79 ans, son déclin est déjà confirmé. Lassé d’attendre une éventuelle retraite du Caïman ou son adoubement comme héritier, le député européen Raffaele Fitto a décidé de mettre sur pied sa propre liste dans les Pouilles en débauchant purement et simplement le candidat de Forza Italia. Dans la foulée il a également annoncé son départ du parti et la création d’une fondation baptisée « Conservateurs et réformistes ». Le cadet, 46 ans, reproche à son aîné son opposition trop frileuse au gouvernement et sa navigation à vue. Se rêvant en David Cameron transalpin, il a décidé de faire des Pouilles, dont il est originaire, le lieu-clé de cette élection et le laboratoire de la « déberlusconisation » de la droite italienne. L’ancien Président du conseil lui promet de connaître le même sort que tous ceux qui se sont levés sur sa route et ont disparu des radars de la vie politique, comme Gianfranco Fini. « Forza Italia est désormais un chapitre clos », insiste le député européen. Mille fois pronostiquée, cette hypothèse est encore à vérifier.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 31.05.2015 à 00h40 • Mis à jour le31.05.2015 à 00h43 Le ministre de l'économie, Emmanuel Macron, estime que « l'avant-garde de la zone euro doit aller vers plus de solidarité et d'intégration », dans une interview à paraître dimanche 31 mai dans le Journal du Dimanche. Il précise que cette intégration doit passer par « un budget commun, une capacité d'endettement commune et une convergence fiscale ».Emmanuel Macron défend également l'idée d'une harmonisation des régimes sociaux ainsi que la création d'une assurance-chômage commune. Il reprend également l'idée émise par son homologue allemand, Wolfgang Schäuble, de créer un parlement de la zone euro.Deux vitessesLe ministre prône par ailleurs une Europe à deux vitesses : « Il faut accepter l'idée que l'Europe se fasse à deux vitesses, qu'il y ait une union solidaire et différenciée. Il y a une histoire à 28 (les pays membres de l’UE) et une histoire à 19 (Les pays membres de la zone euro)  », explique-t-il. Et d'ajouter que « l'Europe à 28 doit être plus simple, plus claire, plus efficace et continuer à avancer sur le numérique et l'énergie ».Sur l'objectif de plus d'intégration dans la zone euro, lire :Le « no, thanks » de Merkel et Hollande à Cameron Jérémie Lamothe L’organisation indépendantiste basque ETA a refait parler d’elle, jeudi 28 mai. Une opération, menée par la police judiciaire de Bayonne, la sous-direction antiterroriste de la PJ et la direction générale de la sécurité intérieure, en collaboration avec la Guardia Civil espagnole, a permis de découvrir des dizaines d’armes et plusieurs kilos d’explosifs, appartenant à l’organisation, dans une villa cossue de Biarritz.A lire : Comment ETA s’est implantée en FranceCe coup de filet rappelle que l’organisation indépendantiste est encore présente sur le territoire français. Ce qui n’a pas surpris Jean Chalvidant, spécialiste de la question basque, et auteur de plusieurs livres sur l’organisation, dont Secrets d’ETA (Picollec, 2012) : « D’après mes informations, il y aurait près de 150-200 étarras [militants d’ETA] en France, dont seulement une vingtaine directement opérationnels. Et on estime leur arsenal à environ 200 pistolets et revolvers et 5 000 kg d’explosifs. » Un désarmement rejetéPour ce membre du département de recherche sur les menaces criminelles contemporaines, à l’université Paris-II, il est très compliqué aujourd’hui de reconnaître des militants qui se sont fondus dans la société : « Ils vivent au grand jour, payent leur loyer et envoient leurs enfants au collège. L’image d’un étarra planqué dans un grenier fait partie du passé. »Même si ETA a renoncé à son activité armée en 2011, les militants indépendantistes rejettent, jusqu’ici, tout plan de désarmement. Une faute de la part d’ETA et du gouvernement espagnol pour Gorka Landaburu, directeur du mensuel espagnol Cambio 16 : « Depuis 2011, l’organisation est en stand-by. Le premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, veut une dissolution de l’organisation avant toute discussion sur les armes alors qu’ETA souhaite parler des armes, avant d’évoquer une dissolution. C’est une situation surréaliste. » Le chercheur Jean Chalvidant a une explication à ce statu quo : « Si ETA ne rend pas les armes, c’est qu’elle ne veut pas qu’elles servent à expliquer 300 assassinats, expertises balistiques à la clé, qui pourraient impliquer plusieurs de ses membres. » Lire aussi :Les aveux d’un repenti de l’ETA« Mariano Rajoy attend que la situation pourrisse »Mais si l’opération menée à Biarritz rappelle que la question basque n’est pas réglée, ce n’est plus une priorité en Espagne, selon Gorka Landaburu : « Madrid ne considère plus ETA comme un problème ni comme une priorité. Rajoy attend que la situation pourrisse, alors qu’il avait la possibilité de mettre un point final à l’organisation. C’est une erreur. » Le journaliste estime que ce dernier coup de filet sert surtout le gouvernement espagnol qui « avait besoin de redorer son blason après les élections municipales du 24 mai [marquées par la percée du parti Podemos] ».Depuis les attentats de la gare d’Atocha à Madrid en 2004, la question des terroristes djihadistes a supplanté celle des terroristes basques, précise Jean Chalvidant : « ETA est en phase terminale. Ce qui a permis aux services français et espagnols de se redéployer sur des objectifs et des cibles plus urgents, les djihadistes. »Après avoir arrêté la lutte armée en 2011, ETA s’est lancé dans le combat politique au sein des partis Sortu et EH Bildu. Lors des dernières élections municipales, le parti des indépendantistes de gauche EH Bildu a rassemblé près de 24 % des électeurs du Pays basque. Pour le chercheur Jean Chalvidant, « c’est un résultat inférieur à celui de 2011 (25,94 %), qui ne lui a pas permis de conserver des fiefs comme Saint-Sébastien, Bergara, Tolosa… La faute à un trop grand sectarisme. » Un constat partagé par Gorka Landaburu : « Depuis quatre ans, ils sont passés des pancartes à la gestion. Et les Basques sont très critiques contre leur travail car ils ont gouverné pour eux-mêmes. »Pour le directeur de Cambio 16, le statu quo va se poursuivre au moins jusqu’aux prochaines législatives, en décembre 2015 : « Il peut y avoir des opérations policières ponctuelles, pour faire pression sur ETA et montrer aux Espagnols que la lutte continue. Mais maintenant il faut trouver une solution durable beaucoup plus politique. »Lire aussi :Secrets d’ETAJérémie LamotheJournaliste au Monde 30.05.2015 à 02h17 • Mis à jour le31.05.2015 à 15h20 Plus de 5 000 migrants ont été secourus en Méditerranée depuis vendredi, a indiqué dimanche 31 mai Frontex, l’agence européenne chargée des frontières extérieures de l’espace Schengen. Les gardes-côtes italiens ont aussi retrouvé dix-sept cadavres sur plusieurs embarcations de fortune.Le nombre total de personnes secourues en 24 heures est l’un des plus élevés de ces dernières années, mais les gardes-côtes n’étaient pas en mesure de préciser s’il s’agissait d’un record. Jusqu’à présent, les journées les plus chargées de cette année avaient vu le sauvetage de 3 791 migrants le 12 avril et 3 690 le 2 mai. « Cela fonctionne beaucoup par vagues. Il peut y avoir plusieurs jours sans rien, puis de nombreuses arrivées d’un coup », a expliqué à l’AFP Flavio di Giacomo, porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en Italie.Vingt-cinq embarcations différentesDepuis vendredi, les appels au secours sont venus de vingt-cinq bateaux différents partis de Libye, selon l’agence Frontex, qui indique que cinq autres opérations de sauvetage concernant 500 migrants sont en cours. Des bateaux britanniques, maltais, belges et italiens, ainsi que des avions islandais et finlandais ont été déployés dans le cadre de cette opération. Les cadavres ont été retrouvés dans trois canots pneumatiques différents, à bord desquels se trouvaient également plus de 300 migrants en vie. Les gardes-côtes insistent régulièrement sur les conditions « extrêmes » endurées par les migrants : déshydratation, alternance de chaleur et de froid, violences subies avant le départ ou pendant la traversée.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2qoq5x"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2qoq5x", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});De nombreux migrants meurent également asphyxiés par des émanations des moteurs quand ils voyagent dans la soute d’un bateau de pêche, mais cela n’arrive pas sur les canots. Les opérations de secours de vendredi ont impliqué au moins quatre bâtiments de la marine militaire italienne, des bateaux des gardes-côtes et de la police douanière, ainsi que des navires militaires irlandais et allemand, des navires étrangers engagés dans l’opération européenne Triton et des cargos déroutés.1 770 morts depuis le début de l’annéeDepuis le début de l’année, plus de 40 400 immigrés clandestins ont débarqué en Italie, mais environ 1 770 hommes, femmes et enfants sont morts ou disparus en tentant la traversée, selon le dernier bilan de l’OIM, qui ne prend pas encore en compte les personnes secourues vendredi.Lire notre enquête (en édition abonnés) :Les négriers de la MéditerranéeCes arrivées, même massives, restent du niveau de l’année dernière en Italie, où les autorités avaient enregistré 41 243 arrivées entre le 1er janvier et le 31 mai 2014. La différence se fait surtout sentir en Grèce, où quelque 37 000 arrivées ont été enregistrées depuis le début de l’année, soit déjà 3 000 de plus que sur l’ensemble de l’année 2014, selon M. di Giacomo.Mercredi, la Commission européenne a demandé aux Etats membres de l’UE de prendre en charge 40 000 demandeurs d’asile originaires de Syrie et d’Erythrée arrivés en Italie et Grèce, en signe de solidarité avec Rome et Athènes, mais la démarche suscite de très sérieuses réserves, en particulier en France.Lire le décryptage :Quels pays accueilleraient le plus de migrants, après la proposition de la Commission ?Samedi, le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, s’est une nouvelle fois engagé à renflouer le chalutier dans le naufrage duquel quelque 800 migrants sont morts en avril – le pire drame des dernières décennies en Méditerranée – afin de donner une sépulture aux victimes et d’empêcher l’Europe d’« enfouir sa conscience à 387 mètres de profondeur ». 29.05.2015 à 19h30 • Mis à jour le30.05.2015 à 12h02 | Pierre Breteau Il y a dix ans, le 29 mai, 54,67 % des citoyens français rejetaient le projet de traité constitutionnel européen, ouvrant une crise en France et à l’échelle de l’Europe.Sur les 36 678 communes recensées par le ministère de l’intérieur, seules 6 669 avaient voté oui. A Leménil-Mitry, en Meurthe-et-Moselle, le taux de 100 % en faveur de la Constitution européenne ne traduisait même pas une réelle unanimité : quatre des cinq électeurs de la localité avaient glissé un bulletin « oui », le cinquième un blanc ou nul.Côté « non », huit communes avaient apporté 100 % de leurs voix aux nonistes, dont l’unique électeur à s’être déplacé à Saint-Elie en Guyane. Les sept autres à avoir donné toutes leurs voix au « non » étaient Majastres (Alpes-de-Haute-Provence), Caychax (Ariège), La Bâtie-des-Fonds et Eyroles (Drôme), Molring (Moselle), Lassale (Hautes-Pyrénées) et Balignac (Tarn-et-Garonne).France des villes contre France des campagnesAprès le vote, le résultat a beaucoup été analysé sous l’angle de la fracture entre les centres développés et les périphéries délaissées. L’analyse de la carte des résultats du référendum a montré une opposition entre les zones urbaines plus riches, favorables au « oui », et une campagne plutôt « noniste ».A l’échelle hexagonale, la carte des départements les plus touchés par le chômage recouvre presque exactement celle du vote pour le « non ». Ainsi, ce sont les départements du nord de la France qui ont le plus voté contre le traité constitutionnel, avec ceux du pourtour méditerranéen. A l’inverse, les départements de l’ouest de la France, où le chômage était plus faible, se sont majoritairement prononcés pour le « oui », ainsi que les zones les plus aisées du bassin parisien.Le référendum sur le traité constitutionnel européen a aussi frappé par le vote protestataire des classes moyennes, marquant une rupture de celles-ci avec l’histoire de la construction européenne. Alors qu’elles n’avaient voté qu’à 53 % contre le traité de Maastricht en 1992, 62 % d’entre elles ont voté contre le traité constitutionnel le 29 mai 2005.Comment lire cette carte ?Cette carte de la France métropolitaine représente la proportion de votes « oui » et de votes « non » lors du référendum sur le traité constitutionnel européen organisé en France le 29 mai 2005.Plus le rouge est foncé, plus la commune en question a voté fortement pour le « non ». Plus le vert est foncé, plus le résultat est important en faveur du « oui ». Zoomer et dézoomer pour voir plus clairement, passer la souris sur les communes pour afficher le résultat en détail.Pierre BreteauJournaliste au Monde 29.05.2015 à 11h29 • Mis à jour le29.05.2015 à 18h51 #MİTtırları Dünya bu Görüntülerin peşindeydi... İşte Erdoğan'ın yok dediği silahlar — cumhuriyetgzt (@cumhuriyet.com.tr)require(["twitter/widgets"]);Le quotidien turc Cumhuriyet a publié, vendredi 29 mai, des photos et une vidéo qui accréditent l’hypothèse, jusque-là farouchement démentie par le gouvernement islamo-conservateur d’Ankara, de livraisons d’armes aux rebelles extrémistes syriens début 2014.Une semaine avant les élections législatives turques, le journal d’opposition diffuse dans son édition papier et sur son site des images d’obus de mortier dissimulés sous des médicaments dans des camions, officiellement affrétés par une organisation humanitaire, interceptés en janvier 2014 par la gendarmerie turque près de la frontière syrienne.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_youtube#vFGWY51_wow"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "youtube", id: "vFGWY51_wow", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Selon Cumhuriyet, les camions interceptés convoyaient un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades. De fabrication russe, ces matériels ont été fournis par des pays de l’ancien bloc soviétique, ajoute le journal.Black-out médiatique imposéCette opération a viré au scandale politique lorsque des documents officiels publiés sur Internet ont affirmé que les camions appartenaient aux services de renseignements turcs (MIT) et transportaient armes et munitions destinées aux rebelles islamistes syriens en guerre contre le président Bachar Al-Assad.Soupçonné par ses alliés occidentaux de soutenir ces combattants, dont l’organisation djihadiste Etat islamique (EI), le gouvernement turc, dont le régime de Damas est devenu la bête noire, a toujours démenti ces accusations.Lire : L'étrange soutien de la Turquie aux réseaux djihadistes de SyrieLe gouvernement a imposé un black-out médiatique, y compris sur les réseaux sociaux, sur l’affaire et ouvert une enquête qui a déjà abouti au placement en détention d’une cinquantaine de personnes, gendarmes, militaires ou magistrats.Une enquête pour « terrorisme » ouverte contre le quotidienQuelques heures après les révélations de Cumhuriyet, un procureur d’Istanbul a annoncé dans un communiqué avoir ouvert une enquête judiciaire pour des faits de « terrorisme » contre le quotidien. Il a également requis l’interdiction de la publication d’images qui, a-t-il dit, « sont contraires à la réalité ». Un juge de la plus grande ville de Turquie a accédé à cette demande en ordonnant leur retrait immédiat d’Internet, a rapporté la presse turque.Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a attribué la responsabilité de ce scandale à l’organisation de l’imam Fethullah Gülen, un de ses anciens alliés, qu’il accuse depuis l’hiver 2013 de vouloir renverser le gouvernement. Dans une rare référence publique à l’affaire, M. Erdogan a déclaré à la mi-mai que la fouille des camions constituait une « trahison ».Le gouvernement turc n’a pas officiellement réagi aux allégations de Cumhuriyet. Mais un proche conseiller de M. Erdogan, Yigit Bulut, a menacé sur son compte Twitter : « Ceux qui trahissent cette nation sentiront personnellement la force de l’Etat. » 05.06.2015 à 15h57 • Mis à jour le05.06.2015 à 16h32 | Alain Salles De passage à Paris, le président du nouveau parti grec To Potami (« la rivière », centre), Stavros Theodorakis, brosse un bilan critique des premiers mois du gouvernement grec. Alors que le premier ministre Alexis Tsipras doit s’adresser vendredi au Parlement après un nouvel échec des négociations avec Bruxelles, M. Theodorakis n’exclut pas de participer à un gouvernement plus réformiste.Quel bilan faites-vous des premiers mois du gouvernement d’Alexis Tsipras ?Je voudrais être optimiste, mais je ne peux pas. Je ne crois pas que le gouvernement grec soit prêt à faire des réformes. Ils sont proeuropéens en Europe, mais populistes en Grèce. Syriza appartient à cet ancien système politique où les partis croient qu’ils peuvent s’en sortir avec des promesses. Alexis Tsipras s’inscrit dans cette tradition qui est un drame pour notre pays.Que reprochez-vous au gouvernement ?Le premier ministre dit des choses avec lesquelles nous sommes d’accord. Ce n’est pas un extrémiste, mais il ne fait rien pour changer la situation. Nous lui avons demandé, en vain, de donner la priorité à un projet de loi pour mettre fin aux rapports triangulaires entre les partis, les banques et les chaînes de télévision. Cela n’avance pas car les politiques gardent un moyen de pression sur les médias en les menaçant d’une intervention des banques pour qu’elles cessent de leur prêter de l’argent. Une telle loi ferait du bien à l’économie du pays et au journalisme. De même, nous avions demandé à ce que la loi prévoie un plafonnement qui permette aux personnes et aux entreprises d’échelonner le paiement de leurs arriérés d’impôts. Ils ne l’ont pas fait. Pourquoi les Grecs les plus riches qui doivent des dizaines de millions au fisc bénéficient-ils de ces aménagements ?Vous ne regrettez donc pas de ne pas participer à ce gouvernement ?Alexis Tsipras nous avait demandé de participer à un gouvernement qui aurait rassemblé de l’extrême droite (les Grecs indépendants) à l’extrême gauche. Je lui ai répondu que le pays avait besoin d’un gouvernement progressiste, plus large et plus ouvert, qui rassemble au-delà des partis. La plupart des ministres sont des cadres de Syriza qui ne font rien et qui passent leur temps à la télévision à expliquer ce que devraient faire les ministres français ou allemands.A quelles conditions y participeriez-vous ?S’il forme un gouvernement plus ouvert, nous sommes prêts à l’aider et à lui suggérer des noms de personnalités proeuropéennes et réformistes, à Potami et ailleurs, même au sein de Syriza. Mais il faut que ce soit une petite équipe efficace. Pour nous, les trois grandes réformes sont la justice, l’éducation et les privatisations. L’Etat pourrait conserver des parts dans les entreprises, mais les dirigeants doivent être nommés par ceux qui investissent. Tsipras dit qu’il est ouvert aux privatisations, mais la plupart de ses ministres expliquent qu’ils sont contre.Pensez-vous qu’il y aura de nouvelles élections ?Le gouvernement flirte avec l’idée de provoquer un nouveau scrutin. Ce seraient des élections qui auraient pour enjeu le retour à la drachme, l’ancienne monnaie grecque, ce qui serait une façon de jouer avec le feu. Il peut le faire s’il ne parvient pas à trouver un accord à Bruxelles. Mais s’il parvient à un accord – qu’on soutiendra au Parlement –, il risque d’être repoussé par une partie du Syriza. Un nouveau scrutin permettrait aux Grecs de valider l’accord et de repartir avec un Parlement plus rationnel. Ce pourrait être une solution. Mais je ne crois pas que Tsipras se lance dans un conflit avec les Grecs indépendants et sa gauche.Alain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.06.2015 à 11h52 • Mis à jour le05.06.2015 à 13h04 La Direction nationale anticorruption (DNA – l’agence anticorruption roumaine) a demandé, vendredi 5 juin, le lancement d’une procédure pénale contre le premier ministre, Victor Ponta (social-démocrate), soupçonné notamment de corruption, de complicité d’évasion fiscale, de blanchiment d’argent mais aussi de conflit d'intérêt, évasion fiscale et faux et usage de faux.La DNA va saisir la chambre des députés pour « formuler les demandes de poursuites pénales contre Ponta Victor-Viorel », qui est également député, a expliqué l’agence dans un communiqué.Appel à la démissionLe chef de l’Etat, Klaus Iohannis (conservateur), a annoncé dans la foulée avoir demandé la démission du premier ministre. Ces soupçons mettent le pays dans « une situation impossible », a déclaré M. Iohannis après s’être entretenu avec M. Ponta. « Le pire qui pourrait arriver est une crise politique », a-t-il déclaré.Le premier ministre s’était rendu vendredi à l’agence anticorruption pour être entendu dans une affaire de corruption présumée concernant l’un de ses alliés politiques. Le premier ministre avait créé la sensation auprès des journalistes toujours présents devant le siège de la DNA en arrivant en compagnie d’un avocat. Il nie en bloc les soupçons qui pèsent sur lui.Les enquêteurs le soupçonnent de conflit d’intérêts dans le cadre de ses fonctions de premier ministre, qu’il occupe depuis 2012. Ils s'intéressent aussi à ses agissements antérieurs, quand il était avocat, et à ses relations avec Dan Sova, ex-ministre des transports, qui fait lui aussi l’objet d’une enquête pour corruption et est soupçonné de complicité d’abus de pouvoirs dans trois dossiers. La DNA avait demandé à plusieurs reprises par le passé la levée de l’immunité de M. Sova, mais le Parlement l’avait toujours refusé.La Roumanie est soumise à une surveillance étroite de l’Union européenne en matière de lutte contre la corruption et d’indépendance de la justice, comme la Bulgarie voisine. Dans son dernier rapport de la fin de janvier, Bruxelles avait jugé la Roumanie « sur la bonne voie, mais avec des bémols ». Les experts critiquaient notamment l’absence de « dispositions claires relatives au respect de l’indépendance du pouvoir judiciaire » dans le code de conduite des parlementaires. Jacques Follorou Les services secrets allemands (BND), agissant pour le compte de l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA), ont espionné la France par l’intermédiaire du groupe de télécommunications Deutsche Telekom. Des documents internes à cette entreprise, la plus importante en Europe dans ce secteur, auxquels Le Monde a eu accès, montrent comment elle a intercepté, au moins de 2005 à 2008, sur ordre du BND, les flux de communications gérés par France Télécom et transitant par l’Allemagne.Les autorités allemandes, actuellement accusées de complicité d’espionnage avec la NSA, entre 2005 et 2015, des intérêts économiques et politiques européens, affirmaient qu’il était impossible de connaître l’identité des cibles visées, car les listes auraient été depuis détruites par leurs services secrets. Ces documents de Deutsche Telekom, détenus par la commission d’enquête parlementaire allemande sur les activités de la NSA et révélés par le député Verts autrichien Peter Pilz, attestent, au contraire, que France Télécom, devenue Orange en 2012, disposerait des moyens d’identifier les personnes ou entreprises espionnées grâce à ces pièces.Lire aussi :La France espionnée avec ses propres moyensPar ailleurs, les auditions, menées à huis clos par la commission d’enquête du Bundestag, de membres du BND et de Deutsche Telekom ont livré de nouveaux éléments sur la toile tissée par l’espionnage américain en Europe, et notamment en France. « Face à ces faits inacceptables, estime la députée européenne Eva Joly, associée à M. Pilz dans cette dénonciation de la surveillance américano-allemande, il faut qu’une enquête judiciaire soit ouverte au plus vite à Paris, c’est là qu’Orange a son siège social. La France ne peut pas rester sans réaction quand on voit que la Belgique, les Pays-Bas ou l’Autriche ont déjà déposé plainte. »La pleine intégration de Deutsche Telekom dans le dispositif de surveillance du BND et de la NSA date du 1er mars 2004. C’est la date qui figure au bas d’un protocole d’accord signé par Dieter Mayr pour le compte du directeur du BND et par Bernd Köbele, agissant pour le PDG du groupe de communication. Selon ce contrat, le groupe de télécommunication allemand, qui était, jusqu’en 1996, une filiale de la société publique Deutsche Bundespost, s’engage à intercepter, à l’insu des câblo-opérateurs, tels que France Télécom, le flux massif de données de communications transitant sur son territoire. Une pratique sans doute facilitée au fil des années puisque les deux opérateurs historiques français et allemand ont engagé, à partir de 2009, des rapprochements industriels.Quinze membres du BND à demeure« Ce protocole, explique M. Pilz, venait, pour Berlin, encadrer une activité jusque-là totalement débridée. Entre 2002 et 2004, il n’y avait aucune limite aux interceptions américaines et du BND via Deusche Telekom. » Ce qui permettait à la NSA de collecter massivement des données concernant des intérêts allemands. En théorie, le BND et la NSA n’espionnaient, d’après ce protocole, que le « transit » et non plus les intérêts nationaux. On a vu, depuis, que cela n’avait pas empêché les services américains d’espionner une entreprise comme Siemens.Quinze membres du BND étaient installés à demeure, dans les locaux de Deutsche Telekom. Pour la seule année 2005, selon les documents de la commission d’enquête du Bundestag, « 51 lignes de transit à destination de la France », transportant chacune des flux massifs d’informations, ont été interceptées. Le 4 décembre 2014, un membre du BND a expliqué aux parlementaires allemands le fonctionnement de ce détournement. « Les routes sont électriques ou de fibres optiques, cela veut dire qu’une bretelle de dérivation est installée (…). Une partie continue vers l’opérateur, (…) une autre partie va au BND. »A partir de 2005, l’ensemble du trafic intercepté a été renvoyé vers le centre d’interceptions, installé en Bavière, à Bad Aibling. Dans cette base, les opérateurs allemands travaillent aux côtés d’employés de la NSA dans le cadre du JSA (Joint Signal Activity). Tous ont connaissance de la nature des cibles américaines. Interrogé par la commission d’enquête du Bundestag, le directeur du BND, Gerhard Schindler, a indiqué, le 21 mai, qu’il n’y avait rien d’illégal à cela tant que cette collecte ne concernait pas des intérêts allemands.Deutsche Telekom a intercepté, pour le compte du BND, des flux de communications gérés par France Télécom et transitant par l’AllemagneLes cibles sont fixées par la NSA. En 2005, sur les 256 « lignes de transit » retenues, 94 lignes traversaient l’Union européenne, 40 connectaient des Etats membres de l’UE avec d’autres pays du continent comme la Suisse, la Russie, l’Ukraine ou la Turquie, 122 étaient raccordées avec des territoires dans le monde entier, notamment l’Arabie saoudite, le Japon ou la Chine. En revanche, tous les câbles concernant le Royaume-Uni, proche allié des Etats-Unis, ont été exclus de cette interception par le BND et la NSA.Les « sélecteurs » ou clés de recherche, comme des noms, des numéros de téléphone ou carte de crédit, permettent ensuite à la NSA d’analyser le flux de données collectées. Ce tri est notamment fait par trois centres désignés SCS (« Special Collection Service ») dans une note de la NSA datée du 31 juillet 2009. Deux se trouvent à Vienne et l’autre à Paris, lié, comprend-on, à l’ambassade des Etats-Unis.Les relevés d’interception de Deutsche Telekom sur les câbles gérés par France Télécom fournissent un certain nombre de caractéristiques techniques qui permettraient d’orienter les recherches sur l’identité des victimes de cet espionnage. Les principaux centres de traitement des données de l’opérateur historique français sont cités en clairs, comme à Reims ou à Paris. Reste à savoir si le groupe français, qui joue un rôle central dans le renseignement technique en France, sera disposé à lever le voile sur ces affaires sensibles sachant qu’Orange, comme l’a déjà démontré Le Monde, a joué exactement le même rôle que Deusche Telekom pour le compte des services secrets français…Jacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) L’issue du « dossier grec » va se jouer, pour une bonne part, vendredi 5 juin à Athènes. Sur le terrain politique. Entre Alexis Tsipras et sa majorité. Le premier ministre grec a annoncé, jeudi soir, sur son compte Twitter qu’il s’adressera au Parlement à 18 heures (17 heures, heure française) pour présenter la situation à l’ensemble des formations politiques.Tomorrow at 6pm, I will inform Parliament regarding the progress of the negotiation. #vouli #Greece http://t.co/no3nnoHJ2e— tsipras_eu (@Alexis Tsipras)require(["twitter/widgets"]);Les positions semblaient s’être un peu rapprochées, mardi, entre le gouvernement grec et ses créanciers – le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE) et la Commission européenne –, laissant même augurer d’un possible accord politique vendredi en fin de journée. Mais M. Tsipras doit faire face à une levée de boucliers de plusieurs membres, députés et même ministres du parti de gauche radicale Syriza, dont est issu le gouvernement. M. Tsipras doit donc rassurer et marquer sa volonté de ne pas céder sur un certain nombre de « lignes rouges ».Son discours sera attentivement scruté. A Bruxelles, le président la Commission europénne Jean-Claude Juncker est manifestement tétanisé par ce que le premier ministre grec pourrait dire.Lire aussi :La Grèce et ses créanciers échouent à aplanir leurs divergencesC’est à cette aune qu’il faut lire l’annonce inattendue, jeudi soir, par le gouvernement grec du regroupement en un seul versement, le 30 juin, de l’ensemble des remboursements dus au FMI, soit 1,6 milliard d’euros. Cela permet à M. Tsipras de gagner du temps, à la fois pour essayer de renégocier les termes de l’accord avec ses créanciers, mais aussi pour préparer sa majorité à endosser ce futur accord, qui risque d’avoir tout d’un nouveau programme d’austérité.« Pire que ce qu’ils exigeaient du précédent gouvernement »C’est aussi avec cet arrière-plan de politique intérieure qu’il convient de « décoder » le communiqué publié, jeudi soir, par les services d’Alexis Tsipras, dont le ton est particulièrement musclé : le premier ministre y souligne que l’« attitude » des créanciers « soulève des questions sur leur volonté d’aider à la conclusion d’un accord mutuellement bénéfique. »Un peu plus tôt, le premier ministre grec s’était entretenu au téléphone avec le président français, François Hollande et la chancelière allemande, Angela Merkel. Selon une source gouvernementale grecque, M. Tsipras aurait déclaré à ses partenaires que la proposition des créanciers « ne pouvait pas servir de base à la discussion car ne prenait pas en compte les quatre mois de négociations venant de s’écouler. »Ces messages s’adressent avant tout aux Grecs et surtout aux membres du parti majoritaire, Syriza. « Nous avions bon espoir d’arriver à un accord cette semaine et de régler ainsi notre premier versement au FMI comme prévu, mais l’intransigeance de la proposition de nos créanciers rend cela impossible. C’est pire que ce qu’ils exigeaient du précédent gouvernement conservateur ! », explique un membre de Syriza.Les points de blocage (les « lignes rouges ») concernent avant tout les réformes des retraites et de la TVA, demandées par les créanciers, ou encore la mention d’une future renégociation de la dette.« Syriza doit servir de rempart à l’austérité »Au plan intérieur grec, c’est aussi et surtout, à travers ces négociations, le positionnement politique du gouvernement de M. Tsipras qui est en jeu. Certains souhaitent un glissement progressif vers le centre gauche. D’autres le rejettent. Vendredi, les colonnes de tous les analystes grecs faisaient largement état de ce débat.Le leader de l’opposition conservatrice, Antonis Samaras multiplie ces derniers jours les appels à l’unité nationale, de même que le président du parti de centre gauche, La Rivière (To Potami), Stavros Théodorakis. Avec comme objectif évident la formation d’un gouvernement de coalition, traversant largement les clivages droite-gauche.« Nous ne laisserons pas ce scénario se produire, affirme Rudi Rinaldi, membre du comité directeur de Syriza. Un glissement vers le centre gauche n’est pas ce dont la Grèce a besoin aujourd’hui, et ce n’est pas non plus ce que le peuple grec nous a donné comme mandat. Au contraire, Syriza doit servir de rempart à l’austérité, pas la rendre encore plus dure. »Lire aussi :Athènes décide de retarder ses remboursements au FMIAu bout du compte, la Grèce a certainement gagné quelques jours de négociation supplémentaires, mais les problèmes aigus de liquidité demeurent. Et les doutes sur la stratégie de négociation du gouvernement aussi.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Munich, envoyé spécial) Trois jours avant l'ouverture du sommet du G7, dimanche à Elmau (Baviere), les anti-G7 se mobilisent. Jeudi 4 juin, jour férié et très ensoleillé en Bavière, environ trente-cinq mille personnes ont défilé dans Munich dans une ambiance très bon enfant.Si quelques banderoles s'en prenaient à Barack Obama et à la NSA, la principale cible des manifestants était moins le G7 proprement dit que le TTIP, l'accord de libre-échange que négocient actuellement l'Union européenne et les Etats-Unis. Les mots d'ordre de la manifestation étaient d'ailleurs : « Stopper le TTIP, sauver le climat, combattre la pauvreté. »Etonnement, Angela Merkel pourrait souscrire aux deux deniers points. Comme les manifestants, elle fait de la conférence de Paris sur le climat une priorité. Pour les nombreux ONG (Greenpeace, Attac...), partis (Les Verts, Die Linke, les Jeunes socialistes...) et syndicats (Verdi) qui appelaient à la manifestation, le TTIP est le nouveau cheval de Troie de la mondialisation. « No TTIP, No Fracking, No Frontex, No Monsanto » résumait une banderole. La lutte contre les OGM était également très présente dans les revendications. La veille, les militants avaient organisé un « G7 alternatif » dont les principaux orateurs étaient le Suisse Jean Ziegler et l'économiste indienne Jayati Ghosh.Les autorités sont en alerteJeudi, il était clair que c'était moins l'extrême gauche qui était descendue dans la rue que la classe moyenne bavaroise. La moyenne d'âge dépassait les 40 ans. Contrairement à ce que laissaient entendre les organisateurs, on aurait cherché en vain des slogans et des banderoles soutenant la Grèce.En fait, ce n'était pas à Munich mais à Garmisch-Partenkirchen que des violences sont attendues. Située à une quinzaine de kilomètres d'Elmau, la station de ski sera durant le week-end le lieu où se retrouveront les journalistes, les manifestants et dix-neuf mille policiers, un record dans l'histoire de la Bavière. Après les violents affrontements en février lors de l'inauguration du nouveau siège de la Banque centrale européenne à Francfort, les autorités sont en alerte.Plusieurs manifestations sont prévues samedi. Les autorités bavaroises évaluent entre deux mille et trois mille le nombre de manifestants prêts à en découdre physiquement. Les opposants au G7 ont prévenu qu'ils tenteraient d'aller à Elmau, et les forces de l'ordre ont prévenu qu'elles ne les laisseraient pas passer. D'ores et déjà, quarante conteneurs ont été installés sur un ancien terrain militaire américain (tout un symbole) pouvant servir de cellules à deux mille personnes. Des dizaines de juges et d'avocats sont également réquisitionnés pour juger — jour et nuit si nécessaire — des personnes soupçonnées d'avoir commis des actes violents. Pour Angela Merkel, ce sommet doit être celui « de l'harmonie ».Frédéric Lemaître (Munich, envoyé spécial)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Athènes a finalement décidé de se donner un peu de marge de manœuvre et a pris ses partenaires de négociation par surprise. Y compris le principal intéressé : le Fonds monétaire international (FMI). Celui-ci a confirmé, jeudi 4 juin au soir, qu’il venait tout juste de recevoir une demande de la Grèce de grouper ses remboursements au Fonds pour le mois entier au 30 juin.Athènes, qui devait envoyer un premier chèque de 300 millions d’euros au FMI le 5 juin, puis trois autres (336 millions d’euros le 12 juin, 560 le 16 et 336 le 19 juin), devrait donc faire un paiement global de 1,6 milliard d’euros le 30 juin, a précisé le FMI.C’est la première fois, depuis qu’ont commencé les premiers plans d’aide à la Grèce, en 2010, que le pays n’honore pas à temps une de ses échéances de remboursement.Lire aussi :Réformes ou sortie de l’euro : comprendre la situation de la GrèceLe Fonds a dû donner son feu vert automatiquement, car cette procédure de remboursement existe dans ses statuts, même si elle n’est que très rarement activée : jusqu’ici, seule la Zambie s’en était servi, dans les années 1980... Dans un communiqué, le FMI a précisé :« Selon une décision de notre directoire adoptée à la fin des années 1970, les pays membres [du Fonds] peuvent demander à grouper les différents remboursements dus sur un mois (ce n’est pas le cas pour le paiement des intérêts des prêts). La décision répondait à la difficulté administrative engendrée par ces multiples remboursements en une période de temps restreinte. »Cette demande d’Athènes au FMI a surpris et jeté un froid chez ses créanciers (BCE, UE), le gouvernement Tsipras ayant fait entendre à plusieurs reprises, ces derniers jours, que le paiement du 5 juin serait assuré. « Ne vous inquiétez pas », avait lancé, mercredi, Alexis Tsipras, le premier ministre grec, en sortant de son dîner de négociation, à Bruxelles, avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, s’était d’ailleurs déclarée « confiante » jeudi, dans le fait qu’Athènes allait payer sa dette à l’échéance du 5 juin, quelques heures seulement avant que la demande d’Athènes parvienne à Washington, siège du Fonds.Lire (édition abonnés) :Le rôle à part du FMI dans la crise grecquePourquoi le gouvernement Tsipras a t-il fait ce choix de dernière minute ?Probablement autant par tactique que par défiance à l’égard de ses partenaires : cela lui permet de lever une pression sur les négociations et de gagner quelques jours. Du temps nécessaire pour préparer sa majorité, les membres de son parti Syriza, à endosser le futur accord.Le pays dont les caisses sont quasi vides, avait, selon des sources européennes, les moyens de débourser les 300 millions d’euros du 5 juin. Mais probablement pas les 336 millions du 12 juin, sans parler des autres millions des jours d’après.S’il payait le FMI le 5, cela l’obligeait à décrocher un accord politique dans les heures ou les jours qui suivaient, afin que les prêts conditionnés à cet accord (en tout 7,2 milliards d’euros), puissent être débloqués rapidement.La perspective d’un accord est-elle compromise ?A priori cette demande d’Athènes au FMI ne devrait pas compromettre les négociations avec ses créanciers, estiment deux sources proches des discussions, « même si ce n’est pas très bon pour améliorer l’atmosphère des négociations» .Mais, si Angela Merkel espérait éviter que le sujet grec « pollue » son G7 (du 7 au 9 juin, en Bavière), c’est peut-être raté.Depuis le 1er juin, la chancelière pilote en quasi-direct les négociations avec le président François Hollande, les deux dirigeants voulant absolument éviter un défaut de paiement grec aux conséquences incalculables pour la zone euro.Lire aussi :En Allemagne, un « G7 alternatif » avant le sommet de dimancheSelon nos informations, jeudi soir, M. Tsipras a assuré la chancelière et le président français, qu’il n’était pas question pour lui de prolonger indéfiniement les négociations.Ce qu’espèrent toujours les parties, c’est un accord politique dans les jours qui viennent, probablement après le G7.Pour qu’un feu vert formel puisse être avalisé lors d’un Eurogroupe (réunion des 19 ministres des finances de la zone euro), idéalement avant le 11 ou le 12 juin. Et que les 7,2 milliards d’euros restant à verser à Athènes dans le cadre du deuxième plan d’aide au pays, puissent être versés dans la foulée, en tout cas avant le 30 juin, date d’extinction de ce plan.Quelle est la nature des blocages ?Le gouvernement Tsipras refuse encore la réforme radicale des retraites que voudrait lui imposer le FMI (une réforme avec un objectif de déficit zéro), le système de TVA à deux taux que proposent les créanciers (dont un taux à 23 %, y compris pour l’énergie).En revanche, selon nos informations, un accord est maintenant quasi acquis sur le niveau du surplus primaire (1 % en 2015, 2 % en 2016).Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.06.2015 à 15h44 • Mis à jour le04.06.2015 à 16h25 Aucune date n’a pour le moment été fixée, mais la privatisation totale de Royal Mail, la Poste britannique, sera bientôt effective. George Osborne, le ministre conservateur des finances, a annoncé jeudi 4 juin au Parlement que le gouvernement allait se désengager complètement de l’entreprise postale pour réduire la dette publique. Une majorité du capital de Royal Mail avait déjà été cotée à la Bourse de Londres en octobre 2013.« J’annonce aujourd’hui que le gouvernement va vendre les 30 % qui lui restent dans Royal Mail. C’est la meilleure chose à faire pour Royal Mail, ainsi que pour les entreprises et les familles qui en dépendent – et bien sûr aussi pour le contribuable », a-t-il expliqué devant les députés. Avec une action à 5,26 livres (environ 7 euros) mercredi soir, la vente pourrait rapporter jusqu’à 1,5 milliard de livres (un peu plus de 2 milliards d’euros).M. Osborne a également annoncé d’autres mesures économiques dans les ministères pour réduire le déficit public, qui a atteint 5,2 % lors de l’année budgétaire 2014-2015. Le gouvernement a promis de parvenir à l’équilibre budgétaire dès l’année 2018-2019. Ces nouvelles mesures devraient permettre de réduire la dette de 4,5 milliards de livres (6,17 milliards d’euros).Lire aussi : Avec Royal Mail Londres renoue avec les privatisations 04.06.2015 à 10h32 • Mis à jour le04.06.2015 à 10h35 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Les « révélations » ne vont pas apaiser les vives tensions perceptibles à Verviers, foyer djihadiste belge. Un quotidien populaire, La Dernière Heure, a affirmé, mercredi 3 juin, qu’une fête aurait eu lieu lors de l’autopsie de deux terroristes islamistes, tués lors de l’assaut de la police contre leur cache, dans la ville, le 15 janvier 2015. En réponse, les autorités judiciaires ont indiqué qu’une enquête avait été ouverte au début de la semaine par l’Inspection générale des services de police afin de déterminer ce qui s’est réellement passé dans la salle d’autopsie.Selon Christian De Valkeneer, le procureur général de Liège, qui s’est exprimé mercredi, une dizaine de photos auraient été prises à cette occasion, montrant « des gens qui boivent un verre ». Il n’aurait, en revanche, pas été question de fête, de danse et de chants au-dessus des deux cadavres, comme l’affirmait le journal. « C’est un comportement qui n’est nullement acceptable », a toutefois estimé le procureur général en évoquant la scène.Les autorités judiciaires et policières ont affirmé que les faits en question « portent atteinte à la dignité humaine » et que, même s’ils ne tombent pas sous le coup de la loi pénale, ils devraient entraîner des sanctions disciplinaires. Des médecins légistes, des assistants, des experts et des fonctionnaires de police assistent habituellement aux autopsies. La justice et la police feront « toute la clarté », a promis de son côté Claude Fontaine, le directeur général de la police judiciaire fédérale. Selon les premiers éléments, aucun policier n’a été identifié sur les photos.Menaces contre la policeL’autopsie pratiquée à Liège visait à déterminer si les forces spéciales qui avaient assiégé un appartement du centre de Verviers, dans l’est de la Belgique, avaient agi en état de légitime défense en ouvrant le feu sur les occupants. Ceux-ci, liés à la mouvance islamiste, préparaient apparemment des attentats contre des policiers. Un troisième homme, présent sur les lieux et affirmant s’y trouver par hasard, était sorti vivant de l’assaut.Lire aussi :La Belgique sous tension en raison de menaces terroristes persistantesLa tension dans cette petite ville proche de Liège, devenue un foyer islamiste au cours des dernières années, n’est pas retombée. Pour preuve, l’annulation, mercredi soir, d’une conférence sur le terrorisme et le radicalisme qui devait réunir des élus du Mouvement réformateur (libéral) et un expert, l’ex-journaliste et ex-agent de renseignement Claude Moniquet, directeur d’un centre d’étude sur la sécurité.Les autorités locales ont évoqué des menaces contre la police, suite aux révélations parues le matin même. Des mesures de protection particulières avaient été prises, ont indiqué les responsables des forces de l’ordre, mais les organisateurs ont préféré renoncer. « Nous sommes tristes et honteux pour ce pays, car le signal envoyé est celui d’une désespérante faiblesse », a commenté M. Moniquet.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La Grèce et ses créanciers – le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE), et la Commission européenne – ne sont pas encore parvenus, dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 juin, à s’entendre sur une liste de réformes à mettre en place pour débloquer rapidement une aide financière, vitale pour la survie financière du pays, à court d’argent.A ce stade, aucun accord n’a été trouvé au terme d’une réunion de cinq heures, à Bruxelles, entre le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, le patron de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem et le premier ministre grec, Alexis Tsipras.Une nouvelle réunion au sommet (politique) à Bruxelles pourrait avoir lieu vendredi 5 juin au soir, indique-t-on côté grec.Un « Euroworking group », réunissant les directeurs du Trésor de la zone euro était, lui, prévu jeudi 4 juin en début de soirée, qui pourrait déboucher sur la convocation, la semaine prochaine, d’un Eurogroupe (réunion des 19 ministres des finances de l’Eurozone), seule instance habilitée à avaliser un accord définitif.Si tout le monde se félicite du « bon climat dans lequel se sont déroulées [les] discussions » de mercredi soir, plusieurs points restent toujours en suspens.Ils apparaissent dans les documents résumant les propositions formulées par le gouvernement grec et celles élaborées par les créanciers de la Grèce.Lire aussi :Le feuilleton grec souffle le chaud et le froid sur les marchésLa question des retraites au centre des blocagesLes créanciers insistent, à la demande du FMI, sur la nécessité d’aller vers un régime de retraite affichant « zéro déficit ». Ils demandent donc des coupes à hauteur de 0,5 % du PIB en 2015 et de 1 % du PIB en 2016. Cela entraînerait notamment de nouvelles coupes dans les pensions mais aussi dans les retraites complémentaires. Il semblerait également, selon la presse grecque, que le FMI et Bruxelles demandent la suppression de l’EKAS, une prime destinée aux petites retraites, inférieures à 700 euros par mois, et qui va 30 à 230 euros par mois, selon les revenus.Le gouvernement grec ne veut pas entendre parler de ces mesures. « Des propositions qui posent sur la table l’idée de supprimer l’EKAS aux petits retraités » ne peuvent « naturellement faire l’objet d’aucune discussion », a déclaré M. Tsipras.Lire aussi :Le rôle à part du FMI dans la crise grecqueLa réforme de la TVA pose aussi problème Le gouvernement grec avait bon espoir de faire-valoir ses propositions de réforme de la TVA, avec la mise en place de trois niveaux de taxes : 6 % pour les médicaments et les livres, 11 % pour les aliments, l’énergie ou l’eau et 23 % pour le reste.Les créanciers insistent pour établir un régime à deux taux : 11 % pour les médicaments, les aliments et l’hôtellerie et 23 % pour tout le reste. M. Tsipras a insisté sur le fait qu’il ne peut accepter de voir « augmenter la TVA sur l’électricité de 10 points. »Des divergences persistent sur les réformes du droit du travailLes créanciers veulent le maintien des objectifs inscrits dans le mémorandum signé avec le précédent gouvernement. Athènes refuse toujours de changer le cadre des licenciements collectifs et veut rétablir les conventions collectives. Mais M. Tsipras n’a pas abordé cette question dans sa déclaration de mercredi soir, ce qui pourrait suggérer un compromis possible.Des frictions sur les privatisations dans l’énergie et le transportM. Tsipras est revenu, depuis plusieurs semaines, sur son refus initial général de réaliser les opérations de privatisation engagées par le précédent gouvernement. Il a esquissé un compromis possible autour de la privatisation de plusieurs aéroports, du port du Pirée, etc.Mais les créanciers souhaitent que les deux entreprises de production et de transport d’électricité (ADIME et Mikri DEY) soient privatisées. Ce à quoi se refuse le premier ministre grec.Le niveau de l’excédent du budget de l’Etat reste à calerPour amorcer une baisse du recours à l’endettement, les créanciers veulent que le gouvernement grec s’engage sur un solde positif pour le budget de l’Etat, avant paiement des intérêts de la dette : cet excédent primaire doit, selon eux, s’établir à 1 % en 2015, 2 % en 2016, 3 % en 2017 et 3,5 % en 2018.Pour limiter les coupes budgétaires et se dégager quelques marges de manœuvre financières, Athènes propose de se contenter d’un excédent primaire de 0,6 % en 2015 et 1,5 % en 2016Si Alexis Tsipras se félicite de la volonté affichée par les créanciers de mettre en place « des objectifs d''excédent primaires inférieurs à ceux établis dans les précédents programmes », il s’oppose à de nouvelles mesures d’austérité dans le contexte d’un pays qui « a vécu une véritable catastrophe économique et a perdu 25 % de son PIB ces cinq dernières années. »Bataille pour mentionner ou non une future restructuration de la detteL’autre « gros » point de blocage dans les discussions en cours est la question de la restructuration de la dette publique grecque, qui atteint 177 % du PIB, soit près de 320 milliards d’euros. A défaut d’ouvrir immédiatement ce chapitre, M. Tsipras aimerait que soit inscrit dans l’accord avec les créanciers le principe de propositions pour assurer la viabilité de cette dette.Toute la journée de mardi 3 juin, l’ensemble des députés et ministres grecs issus du parti de la gauche radicale Syriza sont montés au créneau pour exiger que mention soit faite dans le texte de cette nécessaire négociation dans un avenir proche. Selon le FMI, cela semble inévitable. Mais l’Allemagne, notamment, s’y oppose, car l’idée d’effacer une partie de la dette grecque après avoir engagé des milliards pour son maintien à flot (240 milliards d’euros depuis mai 2010) est très impopulaire. « Nous avons une confiance limitée envers nos partenaires sur cette question car nous redoutons un scénario à la Samaras », explique une source gouvernementale.En novembre 2012, les créanciers s’étaient engagés lors d’un Eurogroupe à ouvrir les discussions sur une restructuration de la dette dès que la Grèce aurait dégagé un excédent primaire. Mais en janvier 2014, le premier ministre conservateur de l’époque, Antonis Samaras avait annoncé que le pays venait, pour la première fois depuis dix ans, de dégager un excédent primaire. Les créanciers avaient alors refusé d’ouvrir les discussions promises sur la dette.Une aide financière nécessaire avant le 30 juinTout l’enjeu pour la Grèce est de se voir verser avant le 30 juin les 7,2 milliards d’euros, qui restent dans le cadre du deuxième plan d’aide au pays, initié en 2012.Avant le 30 juin, parce que c’est la date d’extinction de ce plan. Au-delà, sans accord, les 7,2 milliards ne seront plus « fléchés » pour Athènes.Avant le 30 juin aussi, parce que le pays doit faire face à de lourdes échéances de remboursement : 1,6 milliard d’euros au total pour le FMI en juin, dont 300 millions dès le 5 juin ; puis près de 8 milliards à la BCE entre juillet et août.Sur l’échéance du vendredi 5 juin, M. Tsipras a déclaré mercredi soir que le remboursement sera acquitté.Lire aussi :Grèce : le scénario d’un accord en deux tempsAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.06.2015 à 04h52 • Mis à jour le04.06.2015 à 13h47 La Grèce et ses créanciers ne sont pas parvenus dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 juin à se mettre d’accord sur les réformes à mettre en place pour débloquer rapidement une tranche d’aide financière, vitale pour la survie financière du pays, à court d’argent. Une nouvelle réunion de haut niveau devrait avoir lieu vendredi soir à Bruxelles, selon plusieurs sources européennes, qui devrait réunir au minimum le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, et le patron de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem. .Aucun accord n’a été trouvé à l’issue du dîner de travail qui a réuni à Bruxelles le premier ministre grec, Alexis Tsipras, le patron de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le chef de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. Même si la Commission avait prévenu qu’il ne fallait pas trop en attendre, beaucoup espéraient que ce rendez-vous soit conclusif.Lire :Quels seront les contours d’un accord entre Athènes et ses créanciers ?Les divergences demeurentLe climat a été jugé globalement « constructif » et « positif », mais des divergences demeurent entre Athènes d’un côté et ses créanciers, UE et FMI, de l’autre. Chaque partie est en effet arrivée à la table des négociations avec son propre plan de réformes et l’ambition d’en faire la base des négociations.Le plan d’Athènes, de 46 pages, inclut, selon la presse grecque, une réforme de la TVA, l’unification graduelle des caisses de retraites, la suppression des retraites anticipées et une accélération des privatisations. Le programme des créanciers a lui été élaboré après la réunion lundi au pied levé entre les dirigeants français et allemand, le président de la BCE, Mario Draghi, et la patronne du FMI, Christine Lagarde.Dans ce plan des créanciers, « il y a des points que personne ne peut considérer comme une base de discussion », a jugé in fine M. Tsipras. La Grèce « a subi ces cinq dernières années une grande catastrophe économique […]. Des propositions comme couper dans les retraites les plus basses ou augmenter la TVA sur l’électricité ne peuvent être des bases de discussion ». « Le résultat est que la proposition grecque reste la seule proposition réaliste sur la table », a-t-il ajouté, tout en saluant des points positifs dans le plan des créanciers, comme « la proposition d’un excédent [primaire] plus faible » que celui de 3,5 % du PIB réclamé au départ.Le temps presseLe temps presse pour trouver un accord, alors que la Grèce, privée de versement de ses bailleurs de fonds depuis août, risque la faillite. Pour qu’un accord soit sur pied avant l’expiration du deuxième plan d’aide à la Grèce au 30 juin, le feu vert des créanciers et des 19 pays de la zone euro doit intervenir au plus tard lors de l’Eurogroupe du 18 juin.Dans ce contexte, les discussions vont reprendre dans les jours qui viennent, probablement avant le week-end, selon plusieurs sources européennes. Une réunion de l’Euro Working Group, l’instance qui prépare les Eurogroupe, aura lieu jeudi pour faire le point.Vendredi, Athènes doit rembourser une tranche de prêts de 300 millions d’euros au FMI, premier versement d’un total de 1,6 milliard d’euros dus à l’institution en juin. Un paiement qui devrait être honoré, a laissé entendre M. Tsipras. « Ne vous inquiétez pas », a-t-il lancé à la presse, à Bruxelles.Lire aussi :Dette grecque : les dirigeants européens partagés sur l’issue des négociations Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les événements se précipitent à Bruxelles alors qu’un accord entre Athènes et ses créanciers se précise, et que l’urgence financière en Grèce est de plus en plus alarmante. Mercredi soir, le premier ministre grec Alexis Tsipras devait être reçu à Bruxelles, par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. L’accord des Grecs ne devrait pas a priori être obtenu cette nuit.Pourquoi une nouvelle réunion et avec qui ?M. Juncker devait présenter officiellement une proposition conjointe d’accord des créanciers d’Athènes (Banque centrale européenne, Commission européenne, Fonds monétaire international) à M. Tsipras.Les deux hommes ont établi une certaine relation de confiance au cours de ces quatre derniers mois d’intenses négociations entre les Grecs et leurs créanciers.« Il s’agit de créer les conditions favorables à la convocation d’un Eurogroupe conclusif », dans les jours qui viennent, a précisé Margaritis Schinas, porte-parole de la Commission européenne, mercredi midi. Cette réunion aurait lieu la semaine prochaine.À Bruxelles, mercredi soir, selon nos informations, M. Tsipras devait aussi rencontrer Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, et des représentants de la BCE et du FMI. Mais pas Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds : « elle n’est pas en Europe », justifiait, mercredi, une source européenne.Un « Euroworking group », réunion préparatoire à l’Eurogroupe, programmée mercredi après midi, a été annulé, probablement au motif qu’il fallait d’abord attendre le résultat de ces rencontres au sommet avant d’aller plus loin dans la négociation.Quelles sont les réformes demandées par les créanciers ?À cette heure, le contenu de l’accord définitif, celui qui devra être validé par un Eurogroupe (réunion des 19 ministres des finances de la zone euro), est loin d’être encore connu.Les parties continuant à négocier d’arrache-pied, le document est en effet en constante évolution. Par ailleurs, ses contours dépendent de la rapidité avec laquelle Athènes et/ou ses créanciers parviendront à s’entendre.L’accord portera quoi qu’il en soit sur une liste de réformes que les Grecs devront s’engager à mettre sur les rails.Il y aura selon toute vraisemblance une réforme de la TVA, Athènes ayant d’ores et déjà accepté de réformer son système pour que cette taxe indirecte rapporte 960 millions d’euros, avec 3 taux différents : à 6 % pour les médicaments et les livres, à 11 % pour les aliments, l’énergie ou l’eau et à 23 % pour le reste.Le système des retraites devrait être révisé pour limiter les retraites anticipées, peut-être pour porter l’âge effectif de départ à la retraite à 67 ans (demande initiale du FMI) ou à 65 ans (proposition de la Commission européenne).Le Financial Times indique que, dans le « draft » d’accord des créanciers, c’est la position du FMI, le « zéro déficit » pour le régime de retraite, qui aurait prévalu.Une réforme du marché du travail et des mesures pour libéraliser encore davantage le marché des biens et services pourraient aussi être présents.Quel montant d’aides à la Grèce pourrait être débloqué en cas d’accord ?Théoriquement, il reste 1,8 milliard d’euros de prêts encore à verser dans le cadre du deuxième plan d’aide à la Grèce (activé en 2012), qui pourraient être logiquement débloqués dans le cadre de cet accord.Une autre somme (1,9 milliard d’euros), correspondant aux profits réalisés depuis 2010 par la BCE sur les rachats d’obligations souveraines grecques, est aussi susceptible d’être versée à Athènes. « C’est le chèque qui devrait partir le plus vite », estiment plusieurs sources européennes.Le FMI doit, de son côté, encore verser un prêt de 3,5 milliards d’euros à la Grèce, que l’institution pourrait elle aussi débloquer.Une restructuration de la dette est-elle prévue ?La restructuration de la dette (près de 180 % du PIB du pays), jugée insoutenable par beaucoup, y compris des dirigeants européens, ne devrait pas faire partie formellement de l’accord.À ce stade, les créanciers proposent de réduire le recours à l’endettement en forçant l’Etat grec à afficher un budget en surplus primaire (c’est-à-dire hors paiement des intérêts de la dette) de 1 % en 2015, de 2 % en 2016 et de 3 % en 2017, selon des informations de Reuters.Pour autant, selon plusieurs sources à Bruxelles, le sujet de la restructuration de la dette devrait faire l’objet d’une nouvelle négociation, qui s’ouvrira après que ce premier accord aura été avalisé.De plus en plus de sources à Bruxelles évoquaient d’ailleurs, ces derniers jours, la nécessité que l’accord en cours de finalisation contienne une extension du deuxième plan d’aide à la Grèce, qui se termine théoriquement le 30 juin.Cette extension pourrait être de deux, trois ou quatre mois. Il s’agirait en l’occurrence de se donner le temps de pouvoir négocier sur la dette. Le gouvernement Tsipras y tient. Mais le FMI aussi.Le deuxième plan a déjà été prolongé deux fois, de fin décembre 2014 à fin février 2015 et de fin février à fin juin cette année.Dans le cadre d’une nouvelle extension, certains suggèrent également que tout ou partie des 10,9 milliards d’euros mis de côté pour recapitaliser les banques grecques en cas de coup dur soient réaffectés.Cet argent est placé au sein du Mécanisme européen de stabilité, le fonds mis en place en urgence, en 2011, pour sauver les pays européens en faillite.En autoriser l’usage pourrait permettre à Athènes de payer les traites qu’elle doit à la BCE cet été, soit plus de 7 milliards d’euros à rembourser entre juillet et août.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.06.2015 à 14h24 • Mis à jour le03.06.2015 à 19h55 Les autorités ukrainiennes accusent les rebelles prorusses d’avoir attaqué mercredi, malgré la trêve en vigueur, les positions ukrainiennes dans l’est de l’Ukraine.« Depuis ce matin, Maryinka et Gueorguiivka », localités sous contrôle des forces ukrainiennes à environ 30 km du fief rebelle de Donetsk, « sont visées par d’intenses tirs », a indiqué le chef de la police de la région de Donetsk, loyal à Kiev. La ville de Maryinka est située à 15 km à l’ouest de capitale économique du Donbass, bastion des séparatistes. « L’ennemi tire sur Maryinka à l’aide de [camions lance-roquettes] Grad, et aussi avec des chars », a-t-il précisé. Selon un chef militaire rebelle, une quinzaine de combattants et de civils auraient été tués du côté des séparatistes.« A 3 heures, l’ennemi a commencé un bombardement massif de nos positions près de Maryinka et de Krasnogorivka (…). Il a utilisé des chars et de l’artillerie », a déclaré le porte-parole de l’armée ukrainienne. Plus de dix chars et jusqu’à mille hommes ont été envoyés contre les forces ukrainiennes.Il a ajouté que les postes de contrôle de Gueorguiivka et de Kourakhove (à environ 40 km de Donetsk) étaient fermés à la circulation en raison de ces tirs. Un porte-parole militaire ukrainien, Léonid Matioukhine, a confirmé que le poste de contrôle de Kourakhove était bien fermé mercredi.De son côté, le Kremlin a accusé l’armée ukrainienne de « provocations » et d’être « dans une large mesure » responsable de la situation actuelle dans la région.Le conflit entre l’armée ukrainienne et les rebelles a fait plus de 6 400 morts depuis son déclenchement en avril 2014. Kiev et l’Occident reprochent au Kremlin de soutenir et d’armer les séparatistes prorusses, ce que Moscou nie catégoriquement.Un nouveau cessez-le-feu est entré en vigueur le 15 février après la signature des accords de paix de Minsk 2, mais il reste très fragile et des combats se poursuivent dans plusieurs zones de l’Est rebelle. Mardi, une réunion à Minsk destinée à faire avancer les accords de paix a été reportée à une date ultérieure, Kiev accusant la Russie d’avoir « sapé » les pourparlers. Maxime Sbaihi (Economiste zone euro chez Bloomberg, à Londres) La zone euro dans sa forme actuelle est le résultat de décennies de métamorphoses. Tout a commencé avec une zone de libre-échange, promue plus tard au rang d’union douanière avant de devenir un marché commun et, enfin, d’aboutir à l’union monétaire telle que nous la connaissons. Jean Monnet a écrit en 1976 que « l’Europe se fera dans les crises et elle sera la somme des solutions apportées à ces crises ».La prochaine étape logique dans le processus d’intégration est celle d’une union budgétaire venant compléter la politique monétaire unique. Cela suppose aussi une nouvelle forme de gouvernance, afin que les décisions budgétaires soient pourvues d’une légitimité démocratique.Lire aussi :Marier Jean-Claude Juncker et Mario DraghiMais un tel changement ne peut être réalisé dans le dos des électeurs. Après d’épuisantes années d’austérité et de bricolage de crise, l’euroscepticisme a le vent en poupe. Toute perte de souveraineté qu’entraînerait une nouvelle vague d’intégration serait politiquement invendable. Comme Jean-Claude Juncker l’avait joliment résumé : « Nous savons tous ce qu’il faut faire, mais nous ne savons pas comment nous faire réélire une fois que nous l’avons fait ».Restructuration de la detteLa zone euro est aujourd’hui à la croisée de quatre chemins : le démantèlement, la séparation, le surplace ou l’intégration. Un démantèlement ou une séparation en plusieurs blocs marqueraient le retour à une fragmentation économique avec la réapparition de monnaies nationales. Un choix discutable pour des économies européennes aussi interdépendantes commercialement que financièrement.Le risque de voir les banques centrales profiter de leur indépendance retrouvée pour mener une guerre des devises continentale est non négligeable. Compte tenu de ses contradictions internes, la zone euro ne peut non plus rester dans sa forme actuelle si elle veut durer. Une coopération économique forte semble inévitable si ses membres veulent continuer à partager richesse et paix dans une économie mondialisée.Lire aussi :Pour une politique budgétaire et salariale européenneTrois mesures raisonnables et pratiques permettent de la renforcer sans toucher à la souveraineté de ses membres ni bouleverser ses institutions.La restructuration de la dette n’est pas interdite par les traités mais reste néanmoins un sujet tabou. Elle est pourtant la meilleure réponse à la question existentielle, lourde de plusieurs milliers de milliards, de la zone euro : comment réduire des dettes publiques records alors que croissance et inflation sont vouées à la modération et que les efforts d’austérité atteignent leurs limites ?Union européenne des marchés de capitauxLa restructuration offre une alternative à l’austérité poussive tout en permettant de lever l’ambiguïté qui a faussé l’évaluation du risque souverain avant la crise. L’astuce consiste à alléger le fardeau de la dette d’une manière ordonnée, en évitant les perturbations financières ou les phénomènes d’aléa moral. La palette d’instruments financiers à disposition est suffisamment large pour répondre à ces impératifs. Rappelons toutefois qu’il n’y a pas de solution miracle : une restructuration favorise toujours les débiteurs au détriment des créditeurs.L’économie européenne est trop dépendante de ses banques puisque les prêts bancaires représentent environ 80 % de la dette du secteur privé. Le problème a éclaté au grand jour pendant la crise quand ces dernières ont fermé le robinet du crédit aux premières secousses, sans aucune alternative de taille pour y remédier.L’idée est de créer cette alternative sous la forme d’une union des marchés de capitaux européenne venant compléter l’union bancaire. L’objectif est de réduire la fragmentation financière en encourageant les flux transfrontaliers. L’harmonisation des réglementations nationales est ici essentielle. L’enjeu est particulièrement important pour les PME, premier vivier d’emploi en Europe. Elles ne représentent qu’un dixième du marché de la titrisation européenne, lui-même étant cinq fois plus petit qu’aux Etats-Unis.Le marché du travail de la zone euro est davantage une juxtaposition de dix-neuf marchés nationaux qu’un seul marché commun. Les formes d’État-providence ainsi que l’organisation du dialogue social varient fortement entre pays membres. Certaines conventions du marché du travail qui affaiblissent le lien entre productivité et rémunération peuvent encore alimenter des déséquilibres salariaux au sein de la zone euro, sans possibilité de correction par les taux de change.Conseil de compétitivitéLes différences culturelles sont néanmoins trop fortes pour vouloir imposer un cadre commun. S’inspirant de la Belgique, l’économiste au think tank bruxellois Bruegel André Sapir propose une solution intermédiaire raisonnable sous la forme d’un conseil de compétitivité dans chaque état membre.Celui-ci endosserait le rôle de surveiller (et de comparer avec les voisins) des indicateurs de compétitivité puis de formuler des propositions d’évolution salariales lors des négociations entre partenaires sociaux. Des recommandations qui seraient non-contraignantes mais fourniraient un curseur précieux pour le débat public.Ces trois idées sont loin d’être des pansements. Leur mise en œuvre offrirait aux gouvernements une alternative à l’austérité, au secteur privé des nouvelles sources de financement, et à la compétitivité un nouvel œil bienveillant.Il est certainement trop tôt pour rêver, avec Victor Hugo et Winston Churchill, des Etats-Unis d’Europe. Le défi immédiat est de rendre la zone euro suffisamment robuste pour éviter les erreurs existentielles du passé sans trahir ses citoyens. La reprise aidera probablement à calmer leur défiance mais il faudra des années, voire des décennies, pour les réconcilier avec l’idée originale d’une monnaie unique. Donnons du temps au temps.Maxime Sbaihi (Economiste zone euro chez Bloomberg, à Londres) Samuel Laurent Face à la crise européenne provoquée par l’afflux de migrants, le gouvernement Valls a promis des mesures rapides. Il a proposé un plan en plusieurs points destiné à gérer l’arrivée de migrants en France : renforcement des contrôles, créations de « pôles éloignement » interservices, promotion de l’aide au retour…Lire : Un plan pour améliorer la prise en charge des migrantsMais il a également voulu répondre à l’engorgement des centres d’accueil pour demandeurs d’asile, en promettant un total de 10 500 places supplémentaires. Un chiffre qui ne suffira sans doute pas à pallier le manque de places dans les centres d’hébergement pour les demandeurs d’asile.1 - Quel accueil pour les demandeurs d’asile ?Un migrant peut demander l’asile en France si sa vie est menacée dans son pays d’origine pour des motifs politiques ou religieux, par exemple. Il dépose une demande qui doit être étudiée. Le temps de cet examen, le demandeur d’asile est, dans la mesure du possible, accueilli et hébergé.On comptait, en 2014, 25 410 places en centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA), qui sont gérées par l’Office français pour la protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Le gouvernement avait déjà lancé la construction de 5 000 places supplémentaires, chiffre qu’il a doublé, promettant désormais 10 500 places en plus à fin 2015. Mais l’afflux de demandeurs s’élève largement au-delà : en 2014, selon les chiffres du ministère, ce sont 64 811 demandes qui ont été formulées, dont 13 859 mineurs. Les places supplémentaires n’empêcheront donc pas certains demandeurs de dormir dehors.Lire notre reportage : A la frontière franco-italienne, l’incessant va-et-vient des migrants refoulés2 - Des délais de traitement de plusieurs annéesA son arrivée sur le territoire, un migrant dispose d’un délai de 21 jours pour constituer un dossier de demande d’asile, qu’il doit ensuite remettre à l’Ofpra. En 2014, les demandes d’asile mettaient en moyenne 205 jours à être traitées par l’Ofpra, qui faisait état d’un « stock » de près de 30 000 dossiers en souffrance.Voir notre grand format : A Paris, le parcours du combattant des demandeurs d’asile se poursuitEn attendant cette réponse, un migrant reçoit une autorisation de séjour provisoire (APS) et peut demander des aides : logement dans un CADA ou auprès d’une association, et, s’il n’a aucune ressource ni autre aide, une allocation temporaire d’attente (ATA) : 11,45 euros par jour (343,5 euros par mois). #container_14346165980{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14346165980{ height:500px; } #container_14346165980 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14346165980 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14346165980 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14346165980 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Délais moyen de traitement des dossiers par l'OFPRASource : Rapport parlementaire(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14346165980", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "areaspline", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["2009","2010","2011","2012","2013","1er semestre 2014"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Délai moyen de traitement des dossiers", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 118 ], [ "", 145 ], [ "", 174 ], [ "", 186 ], [ "", 204 ], [ "", 205 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " jours", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }} #container_14346169995{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14346169995{ height:500px; } #container_14346169995 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14346169995 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14346169995 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14346169995 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Traitement des dossiers par l'OFPRAEt "stock" de dossiers en souffrance(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14346169995", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "spline", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["2009","2010","2011","2012","2013","1er semestre 2014"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "*Stock global*", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 15000 ], [ "", 19000 ], [ "", 22500 ], [ "", 24500 ], [ "", 29900 ], [ "", 29800 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Nombre de dossier traités", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 35331 ], [ "", 37667 ], [ "", 42249 ], [ "", 46020 ], [ "", 46684 ], [ "", 25080 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}3 - Recours et appelsEn outre, si sa demande d’asile n’est pas acceptée, le migrant peut se tourner vers une instance d’appel : la CNDA (Cour nationale du droit d’asile), qui peut rejeter la décision de l’Ofpra et demander un nouvel examen. Or, la CNDA est encore plus engorgée que l’Ofpra : les délais peuvent s’étaler sur deux ans, voire plus.Si la CNDA refuse elle aussi la demande, le migrant reçoit une OQTF : obligation de quitter le territoire français, sous peine d’être expulsé par la force publique. Une OQTF peut également être l’objet d’un recours devant le tribunal administratif, qui peut suspendre la procédure.Le gouvernement a lancé, depuis 2013, une réforme de l’asile, qui prévoit une série d’améliorations destinées à accélérer les procédures. La loi, votée en première lecture fin 2014 par l’Assemblée, puis le Sénat, est en cours de réexamen par les députés.4 - Combiens de demandes acceptées ?La France, contrairement à certains clichés, n’est pas très généreuse dans l’octroi de l’asile. En 2014, sur 52 053 décisions rendues par l’Ofpra, seules 8 763 étaient positives, soit 16 % environ.La CNDA n’est pas plus généreuse : en 2014, elle a traité 37 345 recours, et prononcé 5 826 annulations de la décision de l’Ofpra, soit 15 % de réponses favorables.Au total, en cumulant les données de ces deux instances de décision, chaque année, ce sont 20 à 25 % des demandes qui sont acceptées, via l’Ofpra ou la CNDA. Un taux en hausse ces dernières années, mais dont la croissance reste inférieure à celle des demandes d’asile. #container_14349674380{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14349674380{ height:500px; } #container_14349674380 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14349674380 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14349674380 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14349674380 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Demandes d'asile acceptées depuis 2008La hausse des demandes est plus rapide que la hausse des acceptationsSource : Ministère de l'intérieur(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14349674380", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "areaspline", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["2008","2009","2010","2011","2012","2013","2014"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Demandes d'asile", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 42599 ], [ "", 47686 ], [ "", 48074 ], [ "", 52147 ], [ "", 55255 ], [ "", 60461 ], [ "", 59313 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Attributions d'asile", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 11484 ], [ "", 10401 ], [ "", 10377 ], [ "", 10755 ], [ "", 10028 ], [ "", 11428 ], [ "", 14589 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}5 - Une vague « sans précédent » ?Au-delà de l’actuel afflux de migrants, un peu de recul historique permet de voir que cette « vague », aussi exceptionnelle soit-elle, n’est pas inédite.On le constate : les demandes connaissent des « pics » réguliers : à la fin des années 1980, au début des années 2000, et depuis 2012. #container_14307466809{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14307466809{ height:500px; } #container_14307466809 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14307466809 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14307466809 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14307466809 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Le nombre de demandes d'asile enregistrées en FranceSource : HCR de l'ONU(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14307466809", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["1980","1981","1982","1983","1984","1985","1986","1987","1988","1989","1990","1991","1992","1993","1994","1995","1996","1997","1998","1999","2000","2001","2002","2003","2004","2005","2006","2007","2008","2009","2010","2011","2012","2013","2014"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Demandes d'asile enregistrées", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 19912 ], [ "", 19863 ], [ "", 22505 ], [ "", 22350 ], [ "", 21714 ], [ "", 28925 ], [ "", 26290 ], [ "", 27672 ], [ "", 34352 ], [ "", 61422 ], [ "", 54813 ], [ "", 47380 ], [ "", 28872 ], [ "", 27564 ], [ "", 25964 ], [ "", 20170 ], [ "", 17405 ], [ "", 21400 ], [ "", 22375 ], [ "", 30907 ], [ "", 38747 ], [ "", 54290 ], [ "", 58970 ], [ "", 59770 ], [ "", 58550 ], [ "", 49730 ], [ "", 30750 ], [ "", 29390 ], [ "", 35400 ], [ "", 42120 ], [ "", 48070 ], [ "", 52150 ], [ "", 55070 ], [ "", 60230 ], [ "", 59030 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Luxembourg, Envoyé spécial) Les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne ont décidé, lundi 22 juin au matin, à Luxembourg, de lancer la première phase de l’opération Eunavfor Med, destinée à démanteler les réseaux de passeurs opérant à partir de la Libye. « Notre cible, ce ne seront pas les migrants, mais bien ceux qui gagnent de l’argent à leur détriment », a insisté la haute représentante Federica Mogherini. Les Européens veulent souligner le fait que cette opération militaire n’est qu’un volet d’une « Stratégie pour la migration » élaborée récemment par la Commission de Bruxelles. Elle vise aussi, dans un scénario idéal, à œuvrer sur les causes des migrations, dans les pays d’origine et les pays de transit, insiste Mme Mogherini. Et à répartir les demandeurs d’asile et les réfugiés entre les Vingt-Huit, ce qui doit faire l’objet d’une nouvelle discussion au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement, jeudi et vendredi, à Bruxelles.Lire aussi :En Libye, après le sud saharien, la menace djihadiste gagne le littoralLa phase 1 de l’opération européenne vise officiellement à collecter des renseignements précis sur les passeurs, leur stratégie, leurs moyens et leur « modèle économique ». « Nous savons déjà beaucoup de choses sur les réseaux, mais pas assez pour atteindre toutes nos cibles », précise un diplomate européen.Eunavfor Med sera menée en liaison avec l’OTAN – qui poursuit en Méditerranée sa mission antiterroriste Active Endeavour, lancée en 2001 – et diverses agences onusiennes, l’agence européenne Frontex, etc. Une collaboration avec l’Union africaine et divers pays arabes est également évoquée, selon les modalités qui ne sont pas précisées à ce stade.Lire (en édition abonnés) : Le concept stratégique de l'OTAN à l'épreuve du réelCommandée depuis un quartier général européen établi à Rome, l’opération impliquera, dans un premier temps, une douzaine d’Etats membres de l’Union, « du Nord et du Sud ». Une dizaine fournit des équipements pour le lancement – dans quelques jours – de l’opération. Elle comportera initialement cinq navires de guerre, trois avions de reconnaissance et de patrouille, trois hélicoptères, deux sous-marins et deux drones. Le bateau de commandement sera italien mais ne transportera pas d’avions de combat. « Du moins au début ; pour la suite, on verra », précise une source diplomatique.Deux navires ont subi des tirs récemmentLe lancement de l’opération se fera « dans un environnement complexe », commente la même source, qui indique que deux navires marchands croisant au large des côtes libyennes ont subi des tirs récemment, à partir du sol et des airs. Des trafiquants ont, d’autre part, menacé des embarcations venues au secours de migrants.Les responsables d’Eunavfor Med estiment qu’elle sera totalement opérationnelle dans un mois. La suite ? Un passage éventuel à la phase 2. A savoir des interceptions en haute mer, puis dans les eaux libyennes, en cas de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU et d’un accord des autorités libyennes. Cela supposerait une nouvelle décision du Conseil. Comme pour un éventuel passage à la phase 3, visant à mettre hors service les embarcations des passeurs, en Libye.A ce stade, les responsables européens préfèrent éviter les questions sur ces évolutions possibles. Et ils nient farouchement vouloir s’impliquer dans une opération antiterroriste, même si une partie importante de la côte libyenne est sous le contrôle de l’Etat islamique. « Nous procéderons à une première évaluation dans un mois et nous étudierons ensuite la mise en œuvre éventuelle des étapes 2 et 3 », déclare une source militaire, qui affirme que la réflexion sur la suite de l’opération n’est pas encore engagée.Jean-Pierre Stroobants (Luxembourg, Envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 22.06.2015 à 11h55 • Mis à jour le22.06.2015 à 14h35 | Jean-Baptiste Chastand, Claire Guélaud, Claire Gatinois et Marie Charrel Sans accord rapide, la Grèce pourrait ne pas être en mesure de rembourser les 1,6 milliard d’euros qu’elle doit au Fonds monétaire international (FMI) le 30 juin. Un incident de paiement qui pourrait avoir des conséquences dramatiques, pour Athènes comme pour la zone euro. Tour d’horizon des questions qui se posent.Lire aussi :Un « Grexit » serait un terrible échec pour l’EuropeLa perspective du contrôle des capitauxLes Argentins l’avaient surnommé le « corralito », du nom de ce petit enclos dans lequel on enferme le bétail avant de l’emmener à l’abattoir. C’est dire si le contrôle des capitaux, instauré dans le pays en faillite fin 2001, fut peu apprécié. En cas de crise financière, la mesure reste toutefois un mal nécessaire. Adoptée lors de la crise asiatique des années 1990 en Malaisie ou en Thaïlande, en Islande en 2008 ou à Chypre en 2013, la restriction des sorties d’argent doit éviter un « bank run », des retraits massifs d’argent qui conduiraient à la banqueroute des banques et à l’assèchement de l’économie.En freinant les retraits, on cherche aussi à endiguer la chute de la monnaie lorsque le pays n’appartient pas à une union monétaire ou que sa devise n’est pas, ou plus, arrimée à une autre monnaie comme le dollar.Décidé dans l’urgence, le dispositif est rarement éphémère (entre six mois et deux ans en moyenne) et peut s’éterniser (jusqu’à six ans et demi en Islande). Rétablir la libre circulation de capitaux nécessite en effet de restaurer la confiance d’épargnants et d’investisseurs échaudés. Confrontée à des sorties massives de capitaux en 2014 - 2015, la Russie a évité d’en arriver là en mettant à contribution sa banque centrale pour canaliser la chute du rouble.La semaine dernière, en Grèce, les retraits bancaires se seraient élevés entre 4 et 6 milliards d’euros. La Grèce pourrait donc ne plus avoir d’autre option que ce « mal nécessaire ».Que prévoit le FMI en cas d’incident de paiement ?La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, l’a dit : il n’y aura pas de délai de grâce pour la Grèce. Autrement dit, les dispositions prévues en cas d’incident de paiement seront appliquées à la lettre. Elles peuvent théoriquement conduire dans les deux ans à l’exclusion de l’Etat concerné, sous réserve de l’approbation du conseil d’administration du Fonds, ce qui ne s’est jamais produit. Sur les 322 milliards d’euros de dette grecque, le FMI en détient 32 milliards.Dans son rapport 2014 sur ses opérations financières, le Fonds précise qu’en cas d’incident de paiement, l’administration du FMI demande au pays concerné le règlement rapide de ses arriérés. Dans l’attente, tout accès aux ressources financières du FMI et toute demande d’aide lui sont interdits.Dans le mois suivant la constatation d’un défaut, le directeur général ou la directrice générale notifie ce dernier au conseil d’administration, dont les 24 administrateurs représentent les 188 Etats membres du FMI.« Compte tenu de l’importance des sommes en jeu (1,6 milliard d’euros sur les 9 milliards dus par la Grèce en 2015 au FMI), cette déclaration au conseil d’administration serait faite rapidement », précise au Monde le Fonds.En l’absence persistante de règlement des arriérés, la directrice générale peut, au bout de deux mois, déposer une plainte qui est examinée par le conseil d’administration dans le mois qui suit. En général, l’accès aux ressources générales et aux droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI est suspendu. Une déclaration d’inéligibilité peut être prise dans l’année suivant le défaut, une communication étant alors faite à toutes les institutions financières à ce sujet.La procédure suit en théorie son cours : déclaration de non-coopération et suspension de toute assistance technique au bout de quinze mois ; suspension du droit de vote et de la représentation un an et demi après l’incident de paiement ; exclusion du FMI au bout de deux ans. Toutefois, plusieurs pays, notamment latino-américains, ont présenté des arriérés, sans jamais avoir été exclus.Du défaut de paiement au « Grexit »C’est le scénario noir : si elle ne rembourse pas ses créanciers, la Grèce pourrait devoir quitter la zone euro. De fait, sans accord avec la « Troïka » d’ici au 30 juin, Athènes pourrait se retrouver en défaut de paiement partiel. La nouvelle tranche d’aide de 7,2 milliards d’euros promise ne serait alors pas versée. Et le pays ne pourra pas rembourser les 1,6 milliard d’euros qu’il doit au FMI. « Les agences de notation ne dégraderaient pas automatiquement la note grecque, car le FMI est un créancier à part », remarque Diego Iscaro, économiste chez IHS Global Insight.Les finances publiques grecques se sont tellement dégradées ces derniers mois que même une nouvelle aide pourrait ne pas suffire. Et le remboursement des 3,5 milliards d’euros dus à la BCE le 20 juillet s’annonce lui aussi délicat. « Quel que soit le scénario, la réaction de la BCE sera déterminante », commente M. Iscaro.Les banques grecques ne survivent que grâce aux financements d’urgence ELA (« emergency liquidity assistance ») accordés par la BCE, par le biais de la Banque de Grèce. Un défaut de paiement, même partiel, pourrait amener l’institut monétaire à considérer que les banques grecques, qui détiennent 23 milliards d’euros de créances sur les pouvoirs publics du pays, ne sont plus solvables. Et suspendre les ELA, ce qui asphyxierait aussitôt les établissements bancaires hellènes.Outre l’instauration du contrôle des capitaux, le gouvernement Tsipras pourrait alors envisager plusieurs options pour remédier à l’assèchement des liquidités. « La première serait de payer retraités et fonctionnaires avec des reconnaissances de dette, qui seraient acceptées pour le paiement des impôts et des achats courants », estime Eric Dor, économiste à l’IESEG. Si son utilisation reste temporaire, cette forme de monnaie parallèle offrirait un délai supplémentaire au pays pour négocier avec ses partenaires. Dans ce cas de figure, le défaut de paiement ne conduirait pas automatiquement au « Grexit ».Deuxième option, convertir le bilan des banques grecques en nouvelle monnaie – la drachme –, avec laquelle la banque de Grèce financerait alors les établissements bancaires. Les dettes privées et publiques soumises au droit grec ainsi que les salaires, loyers et prix dans le commerce seraient également convertis. Mais une telle mesure se ferait dans la panique et s’accompagnerait d’incertitudes juridiques énormes. La réintroduction de la drachme équivaudrait de facto à une sortie de la zone euro.L’ennui, c’est qu’il n’existe aucune procédure dans les traités communautaires permettant de quitter l’union monétaire ou d’en expulser un membre. En d’autres termes : un « Grexit » organisé et se déroulant dans le calme serait peu probable.Lire aussi :En pleine crise grecque, Bruxelles prône un renforcement de l’EurozoneLes conséquences d’un « Grexit » pour la zone euroJamais un pays n’est sorti de la zone euro – ce n’est d’ailleurs pas prévu par les traités. Si la Grèce devait abandonner la monnaie unique, les conséquences financières en seraient toutefois limitées. Le risque d’une contagion à d’autres pays, comme l’Espagne ou le Portugal, est en effet bien moindre qu’en 2012, lorsque la zone euro ne disposait d’aucun instrument de solidarité. Depuis, la mise en place du Mécanisme européen de stabilité (MES) et de programmes de rachats de dette par la BCE devrait permettre d’éviter que le défaut grec fasse plonger d’autres pays.Sur un plan politique, un « Grexit » aurait en revanche des conséquences ravageuses. Cela montrerait que la construction européenne n’est pas irréversible. L’Union européenne, qui est déjà contestée par des partis europhobes en progression sur tout le continent, en sortirait encore un peu plus déstabilisée. Une fragilité politique qui pourrait affaiblir la confiance des marchés financiers dans la monnaie unique.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterJean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterClaire GatinoisJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteClaire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Aline Leclerc (Athènes, envoyée spéciale) Serait-ce un hommage à leurs ancêtres stoïciens ? Face aux Cassandre qui, dans la presse mondiale, s’affolent de la « panique » qui pourrait précéder la « catastrophe » – comprendre un défaut de paiement de la Grèce, précipitant une sortie du pays de la zone euro –, les Athéniens rencontrés opposent jusqu’ici un calme… olympien. Inquiets, oui. Paniqués, non.Lire aussi :En Grèce, en euro ou en drachmes : « Nous n’avons rien maintenant, nous n’aurons rien après »« Bien sûr qu’on est angoissés : sortir de l’euro, nous n’avons aucune idée d’à quoi cela pourrait ressembler. Mais cela fait déjà sept ans que l’on vit cette crise, on a fini par s’habituer », explique Stefanos Gidaris, graphiste de 31 ans qui cherche du travail. La moitié de sa petite allocation-chômage part dans son loyer, mais il peut compter sur l’argent qu’il avait mis prudemment de côté avant d’être licencié. Tout est à la banque, il n’a rien retiré.Jusqu’ici, les Athéniens ne se ruent pas vers les distributeurs pour sauver leur épargne. Ils ne stockent pas des denrées pour tenir un siège. Ils ne restent pas non plus prostrés chez eux, en espérant échapper à la foudre. Comme beaucoup d’Européens, ils ont fait ce week-end quelques courses au marché, se sont assis en terrasse pour boire leur boisson favorite, un café « frappé ». En soirée, rouge à lèvres et longue chevelure noire bien peignée, les jeunes filles gloussent toujours aux œillades des garçons. La vie ne s’est pas arrêtée.Lire aussi :A Athènes, « ce n'est pas vraiment la panique » face au risque de crise bancaire« C’est la crise économique d’accord, mais ce n’est pas pour ça qu’on doit mourir à petit feu, sourit le vieux Thassos Anastasiadris. On n’a rien à manger et on devrait rester enfermés, sans aller à la mer, au café ? Mais, ici, on pense, au contraire, qu’il faut être plus gai encore face aux difficultés » « Je recommencerai à ne manger que des pâtes et du riz »Les Grecs aiment à rappeler qu’ils en ont vu d’autres. « Ma grand-mère, qui a connu la guerre civile et la dictature, me dit souvent de ne pas m’inquiéter, que les choses vont s’arranger », confie Ira, 31 ans, psychologue. Beaucoup disent aussi que la vie est déjà tellement dure, qu’on n’a plus grand-chose à redouter. « Je ne sais pas quoi penser de ce qui se trame. Ce que je sais, c’est que j’ai été au chômage des mois, j’ai été expulsé deux fois de mon logement. Pire y a quoi ? J’aurai plus à manger ? Eh bien, je recommencerai à ne manger que des pâtes, du riz et des lentilles », annonce tranquillement Claude, cuisinier de 22 ans.« Catastrophe ? Un tremblement de terre, ça, c’est une catastrophe. Là, je n’en suis pas sûre, estime Katarina Iatropoulou, professeur à la retraite qui a vu sa pension amputée par le plan de 2010. Depuis sept ans, elle est aussi bénévole dans une association d’aide aux familles en difficulté dans son quartier de Keramikos. Rester dans la zone euro au prix de nouvelles mesures d’austérité ou en sortir, je ne sais pas ce qui est pire. » Lire aussi :Quel est l’état des banques grecques ?D’une classe plus aisée, Stergios, 53 ans, qui travaille dans la surveillance des marchés financiers, ne se laisse pas non plus gagner par la tension. « J’ai pris mes dispositions depuis longtemps pour l’essentiel de mon argent. Ceux qui avaient vraiment quelque chose à perdre n’ont plus rien à craindre des prochains jours : leur argent est déjà à l’abri. »Aline Leclerc (Athènes, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 22.06.2015 à 09h55 • Mis à jour le22.06.2015 à 13h55 | Isabelle Chaperon Autant, en 2011 et 2012, les banques européennes vivaient dans la hantise d’un « Grexit », autant cette fois-ci, elles observent avec un détachement relatif les négociations de la dernière chance entre Athènes et ses créanciers.De fait, la renégociation en 2012 de la dette grecque détenue par des banques et autres opérateurs privés, qui a privé ceux-ci de 50 à 75 % de leur créance, a réduit leur exposition.« Cela concerne la Grèce, c’est tout », tranche un dirigeant d’une grande banque française. « Nous nous sentons prêts. Nos plans d’urgence sont en place depuis la dernière crise grecque », poursuit un responsable des marchés.Alors, sereins, les dirigeants des établissements financiers ? « Pas complètement, nous craignons toujours les effets collatéraux auxquels nous n’avons pas pensé », ajoute ce responsable.« L’impact direct est minimal », souligne Frédéric Ponzo, associé du cabinet de consultants londonien GreySpark.Mais sur fond de grande volatilité des marchés, le spectre de ventes en chaîne ne peut être écarté.Isabelle ChaperonJournaliste au service EconomieSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Audrey Tonnelier Pour Agnès Benassy-Quéré, professeur à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et présidente déléguée du Conseil d’analyse économique (CAE), le problème grec ne se règlera pas en recourant uniquement à des mesures d’austérité.Lundi 22 juin se tenait un conseil extraordinaire des dirigeants de la zone euro pour tenter d’éviter un défaut de paiement grec et un « Grexit ». Etes-vous optimiste ?Dans ce dossier, plus personne n’agit de façon rationnelle. On pourrait très bien aboutir à un « Grexit » alors que ni Athènes, ni ses créanciers n’y ont intérêt. On discute sur moins de 2 milliards, à comparer aux 300 milliards de dette que les Grecs ont vis-à-vis de l’Europe (200 milliards dus aux partenaires européens et 100 milliards à l’eurosystème – mécanisme Target).Lire aussi :Grèce : plusieurs scénarios différentsMais c’est la souveraineté des uns qui s’oppose à la souveraineté des autres. D’un côté, le gouvernement grec, élu sur un programme précis et soutenu par la population (qui retire toutefois ses dépôts des banques). De l’autre, les pays européens qui ne veulent pas se voir contraints de payer pour la Grèce. Pensez, les dépenses de retraite grecques représentent 16 points de PIB, c’est deux fois plus qu’en Slovaquie, par exemple ! Les salaires sont également moins élevés à Bratislava qu’à Athènes. Difficile pour les pays les plus pauvres de la zone euro de digérer le fait qu’ils doivent aider la Grèce…Et ne parlons pas de certains membres émergents du Fonds monétaire international (FMI), qui sont vent debout contre les inégalités de traitement qu’engendre la crise grecque. Le Fonds avait été bien plus dur durant la crise asiatique de 1997.Comment en est-on arrivé là ?Le Parlement européen ne dispose pas du pouvoir d’imposer une solution, de dire « vous avez outrepassé les règles ». Résultat : le sort de la Grèce se retrouve entre les mains d’une institution technocratique, la Banque centrale européenne (BCE), qui agit dans le cadre de son mandat (assurer la stabilité monétaire).Lire aussi :La BCE agite le risque de panique bancaire en GrècePar deux fois, la semaine dernière, elle a relevé le plafond de refinancement des banques grecques pour leur éviter la faillite, compte tenu de l’ampleur des retraits. Elle n’avait pas d’autre choix car elle ne peut pas décider seule de faire sortir la Grèce de la zone euro en interrompant la fourniture de liquidités. Tant qu’il y a un espoir d’accord, aussi mince soit-il, la BCE poursuit son action.Cet espoir existe-t-il encore ?La date du 30 juin à laquelle Athènes doit rembourser 1,6 milliard d’euros au FMI n’est pas si importante, car un défaut sur le FMI ne signifie pas automatiquement un défaut sur les autres dettes. En revanche, en juillet, la Grèce doit rembourser plus de 6 milliards d’euros à la BCE. Même en cas d’accord à l’arraché, il est sans doute déjà trop tard pour mettre en place un vrai troisième plan d’aide à la Grèce : l’été arrive, il faudrait qu’il soit ratifié par le Bundestag allemand…Mais il reste encore quelques fonds de tiroirs. Environ 10 milliards d’euros de réserves du deuxième plan d’aide, destinés à recapitaliser les banques grecques, n’ont pas été utilisés. Les Européens pourraient accepter qu’ils soient réorientés.Le problème, c’est que le niveau de crédibilité du gouvernement grec est aujourd’hui nul. Les Grecs n’ont fait que de vagues promesses de réformes. Les créanciers, eux, attendent des mesures immédiates et un calendrier précis. C’est pour cela qu’ils insistent autant sur des mesures comme la réforme de la TVA.Là où le gouvernement Tsipras a raison, c’est qu’on ne réglera pas le problème grec en recourant uniquement à des mesures d’austérité. Il faut engager des réformes en matière de justice, de concurrence. Les prix baissent depuis deux ans, mais, depuis 2009, ils ont quand même augmenté de plus de 6 % quand les salaires nominaux reculaient de 15 % !Lire aussi :Les nouvelles propositions grecques jugées insuffisantesLa question des retraites, sur laquelle achoppent les discussions, est édifiante : le pays investit essentiellement pour ses concitoyens âgés, ce n’est pas un signe positif pour sa croissance. Trente pour cent des employés du secteur public sont en retraite avant 55 ans ! Dans le même temps, le système de protection sociale est faible, voire inexistant, donc de nombreuses familles vivent grâce à la retraite des grands-parents. C’est tout le système de protection social qui est à revoir.Compter uniquement sur l’austérité ne marche pas en Grèce. En Irlande, en 2010 [au moment du renflouement du pays par le FMI], la baisse des salaires a entraîné un rebond de la compétitivité, donc des exportations, et l’économie est repartie dès 2011. La Grèce est un pays fermé, le poids des emplois publics est très important et les exportations très faibles.Faut-il imposer le contrôle des capitaux ?Pour cela, il faudrait que le Parlement grec le décide, et il n’y est pas incité tant que la BCE poursuit son soutien. En effet, chaque jour, les fuites de capitaux hors de Grèce engendrent des dettes de la Banque centrale de Grèce à l’égard de l’eurosystème. Ce montant atteint aujourd’hui environ 100 milliards d’euros et renforce le poids de la Grèce dans les négociations : si demain la Grèce sort de la zone euro, les Européens ne récupéreront pas cet argent.Quel serait le coût d’un « Grexit » pour la France ?L’exposition officielle de la France au risque grec (Etat et Banque de France) est de l’ordre de 1 000 euros par personne. Ce n’est pas négligeable, même si, en cas de défaut, tout ne serait pas perdu. La Grèce est petite par son PIB mais est beaucoup plus grande par sa dette. Les Allemands en ont conscience, les Français beaucoup moins.Les Allemands craignent-ils davantage le « Grexit » que les Français ?Non. Les Allemands sont, dans l’ensemble, persuadés que si la Grèce sort de la zone euro, cela va renforcer cette dernière, car cela montrera aux autres membres de la zone euro qu’on ne peut pas impunément transgresser les règles. Un « Grexit » aurait surtout pour conséquence d’affaiblir la zone euro, en montrant que l’appartenance à la monnaie unique n’est pas irréversible.Lire aussi :Quelles seraient les conséquences d’un « Grexit » pour la zone euro ?De plus, penser qu’un « Grexit » supprimerait le problème grec, c’est se bercer d’illusion ! Prenez la question des migrants qui arrivent en Europe par la Grèce : affaibli, le pays ne pourra plus s’en occuper, ce sera à l’Europe de le faire. Les conséquences sociales et humanitaires d’un « Grexit » seraient majeures.Faut-il craindre un effet de contagion sur les marchés ?A court terme, la zone euro dispose des instruments pour l’éviter (QE – « quantitative easing », OMT – opérations monétaires sur titres –, MES – mécanisme européen de stabilité). Mais à plus long terme, au prochain choc économique ou politique, les marchés réagiraient sûrement avec violence, faisant de nouveau bondir les rendements des emprunts d’Etats les plus fragiles.Si le « Grexit » se produit, l’Union aura besoin d’une initiative d’intégration supplémentaire. Les Etats membres devront reconnaître que le « Grexit » est un échec de l’intégration européenne, que nous ne disposons pas des bonnes institutions pour mener à bien cette dernière et qu’il faudrait les créer.Audrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.06.2015 à 22h00 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le « timing » n’a rien d’innocent. La commission européenne rendra public, lundi 22 juin, le « rapport des cinq présidents » sur l’avenir de l’Eurozone. L’exercice prospectif, signé par Jean-Claude Juncker, pour la commission, Donald Tusk, pour Conseil européen, Martin Schulz, à la tête du Parlement européen, Mario Draghi, pour la BCE, et Jeroen Dijsselbloem, pour l’Eurogroupe, tombe le jour d’un sommet européen décisif pour l’avenir de la Grèce, et peut-être de l’Eurozone.Il s’agit de montrer, alors que la menace de « Grexit », de sortie de la Grèce de la zone euro, n’a jamais parue aussi consistante, que les dirigeants veulent un net renforcement de l’Eurozone.Lire aussi :La Grèce intensifie ses tractations avant le sommet crucial de lundi« Consolider ses fondations »Le rapport souligne la nécessité de compléter une Union économique et monétaire encore bancale. Elle est aujourd’hui « comme une maison […] partiellement achevée. Lorsque la tempête a frappé [la crise], ses murs et sa toiture ont dû être rapidement renforcés ; il est grand temps de consolider ses fondations et d’accomplir la vocation de l’UEM en en faisant un lieu de prospérité ».De quelle manière ? En faisant davantage converger les politiques budgétaires, économiques et sociales. Pour que les économies puissent mieux réagir à des coups dur, alors qu’il est impossible de jouer sur le taux de change. » L’euro n’est pas seulement une monnaie, c’est un projet politique et économique. […] Ce destin commun impose à tous les membres de faire preuve de solidarité en temps de crise et de respecter les règles définies d’un commun accord. » dit le rapport.Lire notre éditorial :Un « Grexit » serait un terrible échec pour l’EuropeFaciliter la circulation des travailleursPour y parvenir, les cinq présidents proposent une séquence en deux étapes. La première, du 1er juillet 2015 au 30 juin 2017, consiste à mieux tirer parti des outils existants, à travailler sans changer les traités européens. La surveillance budgétaire devrait continuer à être éprouvée, idem pour la coordination des politiques économiques, encore embryonnaire. Le rapport suggère ainsi la création d’autorités nationales de compétitivité, pour « éviter les divergences économiques et de renforcer, au niveau national, l’adhésion aux réformes nécessaires «.Sur le volet social, les cinq présidents voudraient faciliter la circulation des travailleurs dans la zone euro, « par une meilleure reconnaissance des qualifications, un accès plus aisé aux emplois du secteur public pour les non-nationaux et une meilleure coordination des systèmes de sécurité sociale ».Dans un deuxième temps, « le processus de convergence serait rendu plus contraignant à travers un ensemble de critères définis conjointement ». Sur le mode des fameux objectifs d’un déficit public à 3 % du PIB prévu par le pacte de stabilité et de croissance européen. Ces normes communes concerneraient le marché du travail, la compétitivité, l’environnement des entreprises et l’administration publique. Il serait aussi opportun de réfléchir à des mécanismes « stabilisateurs », un embryon de budget de la zone euro, pour aider les pays à encaisser un coup dur, mais surtout pas à se substituer aux réformes structurelles.Une destinée qui dépendra beaucoup de la GrèceIl y a trois ans, l’ex-président du Conseil, Hermann Van Rompuy traçait déjà une feuille de route « pour la prochaine décennie », qui allait plus loin, évoquant la mutualisation des dettes. Berlin avait aussi poussé, en 2012, pour la mise en place, avec chaque capitale, de contrats portant sur les réformes à mener pour regagner de la compétitivité.Ce nouveau rapport va t-il rester sur une étagère ? Beaucoup dépendra de la Grèce… Jusqu’à présent, la volonté d’aller plus avant dans l’intégration n’était pas manifeste dans l’Eurozone, après cinq ans de crise où les pays ont dû céder un peu plus de souveraineté budgétaire à Bruxelles, accepter un mécanisme redistributif pour le sauvetage des Etats en faillite (le Mécanisme européen de stabilité) et bâtir un système de supervision centralisée des banques.Mais si l’accord de la dernière chance entre Athènes et ses créanciers devait « capoter », lundi, et la Grèce commencer à glisser sur la pente du défaut de paiement, puis du Grexit, l’envie d’aller plus loin pour éviter le risque de désintégration complète de l’édifice pourrait s’imposer.Lire aussi le reportage :En Grèce, en euro ou en drachmes : « Nous n’avons rien maintenant, nous n’aurons rien après »Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Bernard (Londres, correspondant) Dur réveil ce dimanche 21 juin pour les dizaines de milliers de personnes qui ont défilé samedi dans les rues de Londres contre l’austérité. Le ministre des finances, George Osborne, signe dans le Sunday Times une tribune où il confirme qu’il procédera bien à 12 milliards de livres (16,8 milliards d’euros) de coupes dans le budget qui doit être annoncé début juillet. Samedi après-midi, une imposante manifestation a parcouru les grandes artères de la capitale entre la Banque d’Angleterre, au cœur de la City, et le Parlement, en passant par Downing Street, aux cris de « Non à la guerre contre les pauvres ! », « Non aux coupes budgétaires ! », « Stoppons l’austérité maintenant » et « Dehors les Tories ! ». Un peu plus d’un mois après la victoire du premier ministre conservateur David Cameron, le peuple de gauche a voulu se rappeler au bon souvenir d’un gouvernement tout puissant face au Parti travailliste hébété par sa défaite et ses querelles de succession. M. Cameron, qui se targue d’avoir réduit à 5,5 % le taux de chômage et porté la croissance à 2,8 % en 2014, entend poursuivre la politique drastique de réduction des dépenses publiées qu’il a mise en œuvre depuis 2010.Des coupes encore flouesLe défilé, très coloré et plutôt joyeux, n’était pas organisé par le Labour, mais par le groupe « People’s assembly » et surtout par les syndicats. Curieusement, les manifestants ne faisaient aucunement référence à la situation en Grèce ou aux politiques d’austérité menées dans d’autres pays européens. D’autres défilés ont eu lieu simultanément à Liverpool et Glasgow marquant selon les organisateurs « le début d’une campagne de protestation, de grèves, d’actions directes et de désobéissance civile à travers le pays ». A Londres, les marcheurs, plutôt jeunes dans l’ensemble, ont dénoncé les menaces sur le système national de santé (NHS) public, sur l’éducation, ainsi que la montée de la pauvreté et des expulsions locatives liées à la réduction des prestations sociales. « Réduisez les dépenses militaires, pas les prestations sociales », « Défions la loi des Tories », proclamaient les pancartes. Des manifestants appelaient à « faire payer les banquiers, pas le peuple ». « Payez vos impôts ! », hurlaient-ils en passant devant les cafés Starbucks.Pas question d’écouter la rue, répond en substance George Osborne dans sa tribune du Sunday Times. Cosigné par le ministre du travail et des retraites, Iain Duncan Smith, ce texte confirme la volonté du gouvernement britannique de réduire les dépenses sociales de 12 milliards de livres sur un budget annuel de 220 milliards de livres. Ces 12 milliards de coupes faisaient partie du programme électoral du Parti conservateur, mais chacun pensait, avant les élections, que les Tories en modéreraient l’ampleur pour les rendre acceptables aux yeux des Libéraux-démocrates. La débâcle de ces derniers et le succès inattendu de M. Cameron lui laissent les mains libres, même si des voix se sont multipliées, ces dernières semaines, pour dénoncer les conséquences sociales d’une telle austérité.Lire aussi :David Cameron, les ambiguïtés d’une victoire surpriseLa nature précise des coupes n’est pas connue. Les aides au logement et les réductions d’impôts liés au nombre d’enfants devraient figurer parmi les premières visées, ciblant de fait les familles à bas revenus.« Assurer que le travail paie »Se réclamant du mandat donné par les électeurs, les deux ministres qualifient certaines prestations sociales de « largesses financées par la dette » et affirment qu’ils ne cesseront de combattre « la culture néfaste de la dépendance aux allocations », arguant qu’« une décennie » au moins sera nécessaire pour parvenir à un budget social « sain ».Ils ne cachent pas leur philosophie : la réduction des aides sociales est destinée à « assurer que le travail paie ». Largement entamée depuis le retour des conservateurs au pouvoir en 2010, la baisse des prestations sociales, s’ajoutant au regain de l’économie et aux pressions des agences pour l’emploi pour faire accepter les emplois existants, a effectivement déjà conduit des centaines de milliers de salariés britanniques à accepter des salaires très bas et des contrats précaires, tel que les « zero hour » ne garantissant aucun horaire de travail.Lire aussi :La Grande-Bretagne, royaume des travailleurs pauvresGeorge Osborne confirme aussi la décision de baisser de 26 000 à 23 000 livres (de 36 300 à 32 100 euros) le plafond annuel de prestations, toutes comprises, que peut percevoir un foyer, une mesure destinée elle aussi à inciter à la reprise d’emploi. Il compte aussi supprimer toute aide au logement pour les moins de 25 ans et réduire les crédits d’impôts accordés aux couples avec deux enfants. Le tout-puissant ministre des finances, qui rêve de succéder à M. Cameron en 2020, se paie même le luxe de faire la leçon aux travaillistes. Le Labour, en dépit de sa défaite, semble persévérer dans ses errements en matière d’aides sociales, écrit en substance le chancelier de l’Echiquier. Il appelle les dirigeants du Labour à « soutenir les prochaines économies que nous devons réaliser pour rendre notre système social plus juste et plus abordable ».Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le premier ministre grec Alexis Tsipras a multiplié durant tous le week-end les réunions au palais Maximou (l’équivalent de Matignon) afin de peaufiner ses propositions aux créanciers du pays avant l’Eurogroupe et le sommet européen de lundi 22 juin.Ces rencontres vont se poursuivre jusqu’à la dernière minute, lundi, mais cette fois avec les créanciers : M. Tsipras a rencontré, dimanche dans la soirée, les représentants de l’Union européenne, de la Banque centrale européenne et du Fond monétaire international avant même le sommet, pour leur présenter le fruit de ses négociations avec son gouvernement.Des marchés boursiers confiants« Nouvelle proposition grecque reçue par M. Juncker, Mme Lagarde et la Banque centrale européenne. Bonne base pour faire des progrès au sommet de la zone euro », a indiqué dans la nuit de dimanche à lundi Martin Selmayr, le chef de cabinet du président de la Commission, sur son compte Twitter. En allemand, sa langue maternelle, il a évoqué un processus qui s'est fait « aux forceps », alors que les propositions grecques étaient attendues dans l'après-midi de lundi par les créanciers.François Hollande a aussi estimé qu’un accord état « à portée de main », selon le président du Parti communiste français, Pierre Laurent, qui rencontrait le chef de l’Etat. Les marchés mondiaux semblent également confiants avant la réunion de lundi. La Bourse d’Athènes a grimpé de 7 %, dans l’espoir d’un accord avec les créanciers. Plusieurs autres indices boursiers suivaient cette tendance lundi matin : le CAC 40 (+ 2,70 % à l’ouverture), le DAX (+ 2,65 %) ou le Nikkei (1,3 %).Aucun détail n'a été fourni sur le contenu de ces propositions faites par Athènes pour obtenir le déboursement rapide de 7,2 milliards d'euros, promis de longue date, et qui doit lui permettre d'éviter à la fin du mois un défaut de paiement.La dette toujours au cœur des négociationsDans le même temps, le conseil des gouverneurs de la BCE doit tenir une nouvelle conférence exceptionnelle pour discuter d’un possible relèvement des financements d’urgence (ELA) aux banques grecques, alors que la perspective d’un défaut de paiement et d’une sortie de la Grèce de la zone euro, placent le système bancaire grec sur la corde raide.Lire aussi :En Grèce, en euro ou en drachmes : « Nous n’avons rien maintenant, nous n’aurons rien après »Au cœur des négociations figure toujours la dette grecque : au début du mois, Athènes estimait le déficit total du budget, pour 2015, à environ 1,1 % du PIB, soit 1,995 milliard d’euros, alors que la Commission assurait qu’« entre leurs calculs et les nôtres, il demeure un fossé de 2 milliards d’euros ». « Aujourd’hui nous sommes d’accord sur le gap de 2015, mais nous avons toujours une différence de 450 millions d’euros pour 2016 », a affirmé samedi matin le ministre d’Etat Alekos Flambouraris, un proche d’Alexis Tsipras, sur la chaîne privée grecque Méga. Et pour combler cet écart, Athènes doit arriver lundi à l’Eurogroupe prévu à 12 h 30 avec une liste précise de mesures.Le bras droit d’Alexis Tsipras, Nikos Pappas, et le chef des négociateurs grecs, Euclide Tsakalotos, se sont envolés dès samedi pour Bruxelles. Le premier ministre grec s’est, lui, entretenu, dimanche, au téléphone avec François Hollande, Angela Merkel et Jean-Claude Juncker, a qui il a déjà présenté les propositions grecques.Lire le reportage :Grèce : de l’incident de paiement à l’exclusion, ce que prévoit le FMIAugmentation des impôtsSelon des informations ayant fuité dans la presse grecque ce week-end, ces mesures tourneraient toujours autour d’une augmentation des revenus fiscaux, via d’abord un changement du régime de la TVA pouvant rapporter en l’état jusqu’à 1,4 milliard d’euros supplémentaires par an, mais aussi autour d’une hausse des impôts sur les entreprises réalisant un bénéfice supérieur à 500 000 euros (la semaine dernière, le plafond de la proposition grecque était fixé à 1 million d’euros de bénéfices).Athènes propose encore de réduire drastiquement ses dépenses militaires et se dit prêt à changer le régime des départs en préretraite dès 2016, sans période transitoire comme elle souhaitait initialement le faire. Sur ce dernier point, cela permettrait d’économiser 200 000 euros supplémentaires l’année prochaine.Si le gouvernement se refuse toujours à supprimer la prime aux faibles retraites (EKAS) ou à opérer des coupes horizontales sur l’ensemble des pensions, l’idée de diminuer les retraites complémentaires supérieures à 1 500 euros par mois serait sur la table.Athènes pour une renégociation de la dette publiqueLe gouvernement grec entend lundi insister pour qu’un processus « accompagné d’un calendrier précis » de la renégociation de la dette publique soit inscrit dans l’accord à venir, si accord il y a.Un « plan grec pour la dette », diffusé tout au long du week-end par la presse nationale, reprenait en partie les propositions déjà formulées il y a quelques mois par le ministre des finances Yanis Varoufakis, à savoir une indexation des taux de remboursement sur le taux de croissance du PIB, ainsi que la suppression de 50 % de la valeur nominale des obligations détenues par le Mécanisme européen de stabilité (141 milliards d’euros à ce jour).Voir notre vidéo : Comprendre le Mécanisme européen de stabilité en trois minutesEn cas d’échec des négociations, plusieurs ministres du gouvernement ont évoqué ces derniers jours le recours à des élections anticipées ou au référendum. « Dans tous les cas nous devrons alors consulter le peuple grec », prévenait samedi Alekos Flambouraris.Lire notre éditorial :Un « Grexit » serait un terrible échec pour l’Europe7 000 manifestants contre l’austérité à AthènesA la veille d’un nouveau sommet de l’Eurogroupe pour tenter de statuer sur le sort de la Grèce, plus de 7 000 personnes se sont rassemblées, selon la police grecque, dans le centre d’Athènes, pour protester contre la politique d’austérité en Grèce, dimanche 21 juin.Les manifestants ont reçu la visite de différentes personnalités du parti au pouvoir Syriza comme la présidente du Parlement Zoé Konstantopoulou ou le ministre de l’énergie Panagiotis Lafazanis, sur une place ornée de multiples banderoles comme « si nous ne les [les créanciers] arrêtons pas, ils ne s’arrêteront pas », « non à l’euro », ou « on ne peut pas faire chanter le peuple, le pays n’est pas à vendre ».Selon notre reporter sur place, de nombreux slogants prônaient la sortie de la zone euro.#Grece manif anti-austérité "La zone euro c'est le problème, en sortir est la solution" http://t.co/FW8uiKWbCL— aline_leclerc (@Aline Leclerc)require(["twitter/widgets"]);#grece Kaiti, 63 ans, retraitée "Rester ds la zone euro au prix de nvelles mesures d'austérité ou en sortir je ne sais pas ce qui est pire"— aline_leclerc (@Aline Leclerc)require(["twitter/widgets"]);#grece Manif anti-austérité Stefanos, 31 ans, graphiste au chômage "puisqu'on en est là, allons jusqu'au bout, sortons ds la zone euro"— Aline Leclerc (@aline_leclerc) 21 Juin 2015Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.06.2015 à 03h46 Le ministre belge des affaires étrangères, Didier Reynders, a annoncé samedi 20 juin le « déblocage », partiel dans un premier temps, des comptes des ambassades russes en Belgique qui avaient été gelés en application d'une décision de justice, suscitant la colère de Vladimir Poutine.Lire (en édition abonnés) :Affaire Ioukos : le gel des avoirs complique encore les relations avec MoscouLe ministre s'exprimait devant des journalistes belges l'accompagnant en déplacement officiel en Chine avec le roi Philippe. Ses propos ont été confirmés à l'AFP par un porte-parole de son ministère, Henrik Van de Velde. Le déblocage concerne dans un premier temps les comptes détenus par l'ambassade de Russie et les représentations permanentes russes auprès de l'UE et de l'Otan dans la banque ING, a dit M. Van de Velde.Les menaces de Moscou« Une solution a été trouvée pour débloquer en priorité ces comptes-là, qui sont les comptes de fonctionnement des ambassades, et le reste va suivre », a affirmé le porte-parole, citant les mots du ministre devant la presse à sa descente d'avion à Wuhan (Chine). Le ministère belge des affaires étrangères, a-t-il souligné, a « joué les rôles de bons offices entre les cabinets d'huissiers de justice [qui avaient exécuté la décision de gel] et les créditeurs », actionnaires de l'ex-groupe pétrolier Ioukos, réclamant cette saisine d'avoirs du gouvernement russe.La Cour d'arbitrage de La Haye avait condamné la Russie en 2014 à verser une indemnité de 50 milliards de dollars (37 milliards d'euros) aux actionnaires de Ioukos, groupe démantelé après l'arrestation en 2003 de l'oligarque et opposant au Kremlin Mikhaïl Khodorkovski. Les autorités russes n'ayant pas respecté cette injonction, les actionnaires avaient obtenu en compensation de faire geler des actifs russes notamment en Belgique et en France.Depuis 48 heures, Moscou émettait de vives protestations, menaçant les gouvernements français et belges d'appliquer des mesures identiques sur le territoire russe. « Nous allons défendre nos intérêts par voie de justice. Notre position est claire : la Russie ne reconnaît pas l'autorité de ce tribunal », avait déclaré vendredi le président russe Vladimir Poutine en allusion à la Cour de La Haye. 20.06.2015 à 22h09 • Mis à jour le20.06.2015 à 22h44 A l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, Philippe Leclerc, représentant en France du Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) a appelé Paris à améliorer les conditions permettant l'accueil des réfugiés. « La France doit prendre sa part, sa juste part pour une admission digne des réfugiés, en particulier les Syriens », a-t-il ainsi déclaré lors de la présentation à Lyon du rapport annuel de l'association Forum-Réfugiés-Cosi sur l'asile en France et en Europe.M. Leclerc pour le HCR a toutefois accordé un satisfecit à la France pour son projet de réforme du droit d'asile présentée mercredi et dont le vote n'est pas attendu avant fin juillet. « Nous sommes en faveur d'une réforme qui fasse la promotion d'une procédure de droit d'asile efficace et juste », a-t-il déclaré. Il a souhaité que la France puisse « enfin rejouer son rôle de protection des populations réfugiées » en octroyant les budgets nécessaires « à la mise en oeuvre des objectifs contenus dans la loi ».Lire aussi :Le plan timide du gouvernement face au drame des migrants« Proportionnellement à sa population, la France accueille beaucoup moins que la Suède, l'Italie ou l'Allemagne (...) la France prend sa part mais pas assez », a estimé Jean-François Ploquin, directeur général de l'association humanitaire basée à Lyon. Les puissances européennes cherchent depuis plusieurs semaines à s’unir pour établir une stratégie de régulation de l’afflux migratoire qui touche l’Europe depuis le début de l’année et peinent à s’accorder sur la répartition de l’accueil des demandeurs d’asile.Lire aussi :France, Italie et Allemagne cherchent un consensus sur la répartition des migrantsExplosion des demandes des Syriens, Soudanais et UkrainiensDepuis 2012, la France a accordé 3 450 visas à des réfugiés syriens, dont près de 500 en 2014, selon des chiffres du ministère de l'intérieur. Quelles que soient les nationalités, un total de 45 454 dossiers de première demande d'asile ont été enregistrés en 2014 par les services de l'État, 2,2 % de moins qu'en 2013. « Le nombre de premières demandes est à un niveau constaté au début des années 2000 (47 291 en 2001), loin des records de certaines années (61 422 en 1989 ; 52 204 en 2003 », relève Forum-Réfugiés dans son rapport.Lire aussi :A la frontière franco-italienne, l’incessant va-et-vient des migrants refoulésEn dépit d'une baisse de 4,6 %, soit 3 782 personnes, les ressortissants de République démocratique du Congo restent les premiers demandeurs d'asile en France, suivis par les Chinois, selon les données de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) reprises dans le rapport. Les Syriens (+ 136 %, soit 2 072 personnes) et les Soudanais (+139,4 %, soit 1 793) enregistrent une très forte hausse du nombre de demandes d'asile entre 2013 et 2014, de même que les Ukrainiens dont les dossiers ont explosé en un an (de 84 à 1 009, soit une hausse de 1 101,2 %).Lire aussi : De l'Erythrée à la France, trois migrants racontent leur parcours du combattant 26.06.2015 à 12h41 • Mis à jour le26.06.2015 à 13h12 L’ancien maître espion et ex-premier ministre russe dans les années 1990 Evgueni Primakov est mort vendredi 26 juin à Moscou à l’âge de 85 ans, ont annoncé les agences de presse russes.Directeur des services de renseignements extérieurs de 1991 à 1996, Evgueni Primakov était devenu chef de la diplomatie russe en 1996 avant d’être nommé premier ministre pendant quelques mois, de septembre 1998 à mai 1999.Le président russe, Vladimir Poutine, accordait une grande importance à l’opinion d’Evgueni Primakov, selon le porte-parole du Kremlin. Ce dernier a également déclaré qu’il « était un homme d’Etat, un scientifique, un homme politique. Il laisse derrière lui un grand héritage (…) particulièrement dans cette période troublée ».Etendre l’influence russe au Moyen-OrientTout au long de sa carrière, Evgueni Primakov s’est employé à faire entendre la voix de la Russie sur la scène internationale, en s’opposant à la montée en puissance des Etats-Unis. Fin connaisseur du Proche-Orient, il était devenu l’émissaire de Mikhaïl Gorbatchev à Bagdad après l’invasion du Koweït par l’Irak, sans cependant réussir à empêcher la guerre du Golfe en 1991.En tant que ministre des affaires étrangères, il fut ainsi un fervent défenseur de l’intérêt national et du multilatéralisme en tant qu’alternative à l’hégémonie américaine, notamment grâce au triangle Russie, Chine, Inde ; ce qui lui vallut une grande popularité au sein de la population. Sa politique étrangère fut marquée par une volonté d’étendre l’influence russe sur le Moyen-Orient.Lire : Kirghizistan : "Il s'agit d'une crise très sérieuse", selon Primakov« L’homme du patriotisme et de la probité »En septembre 1998, il avait été nommé chef du gouvernement par Boris Eltsine. La consécration pour cet ancien journaliste, correspondant au Moyen-Orient pour le journal soviétique Pravda. Il avait mis en œuvre des réformes difficiles, dont une réforme fiscale, mais ne resta finalement que quelques mois à ce poste après avoir refusé de renvoyer les ministres communistes de son gouvernement. Il fut alors congédié par M. Eltsine.Lorsqu’il occupait ces fonctions, Evgueni Primakov avait de manière très symbolique marqué la rupture entre la Russie et les Etats-Unis en ordonnant en mars 1999 aux pilotes le conduisant à Washington pour négocier l’aide du Fonds monétaire international de faire demi-tour au-dessus de l’Atlantique, après avoir appris les frappes de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord sur la Yougoslavie.Elu député en 1999, il s’était allié au maire de Moscou pour former une coalition d’opposition de centre gauche et briguer la présidence, en mars 2003. Il s’était finalement retiré, laissant le champ libre à Vladimir Poutine. Cette défaite avait signé la fin de ses rêves de conquérir le Kremlin. Il abandonna la campagne et se rallia à l’actuel président russe.Le président de la commission parlementaire pour les affaires étrangères, Konstantin Kosatchev, cité par l’agence de presse Tass, a salué un responsable qui « restera à jamais comme l’homme du patriotisme et de la probité » en Russie.En 2011, Primakov avait abandonné toutes ses fonctions et s’était retiré de la vie publique, ne donnant que de rares interviews. 26.06.2015 à 04h06 • Mis à jour le26.06.2015 à 08h04 Les échanges étaient tendus, dans la nuit du jeudi 25 au vendredi 26 juin, entre les dirigeants des Vingt-Huit. Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, a piqué un coup de sang devant ses homologues européens, durant un débat consacré aux migrants, dénonçant leur incapacité à s’entendre sur la prise en charge d’une partie des demandeurs d’asile arrivés en Italie, selon le récit fait par un participant.A l’origine de cette colère : l’absence de consensus entre les Etats membres sur les modalités de mise en place de quotas pour la répartition de 40 000 demandeurs d’asile arrivés en Italie et en Grèce, afin de soulager ces deux pays. Au lieu d’établir des quotas, comme l’avait proposé la Commission européenne en mai, les dirigeants ont décidé que la répartition se ferait sur la base du volontariat.Les Etats se sont donc entendus pour répartir 40 000 migrants dans l'UE, mais pas sur la clef de répartition qui restera volontaire #euco— jbchastand (@JB Chastand)require(["twitter/widgets"]);« Ou vous êtes solidaires, ou vous ne nous faites pas perdre notre temps. (…) Si vous voulez une base volontaire, si c’est ça votre idée de l’Europe, alors gardez-la pour vous. Nous nous débrouillerons seuls », s’est emporté Matteo Renzi.Lire :Grèce, immigration, Brexit : les dirigeants européens sur tous les fronts60 000 arrivées en Italie« Il n’y a pas d’accord entre les Etats pour des quotas obligatoires de migrants », avait déclaré à l’ouverture du sommet le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, dont le pays natal est opposé à ce dispositif. M. Tusk a soutenu l’idée d’un mécanisme fondé sur le volontariat, mais celui-ci « ne pourra être crédible qu’à la condition que les Etats prennent des engagements crédibles et significatifs d’ici à la fin du mois de juillet », avait-il souligné.« Si l’Europe choisit la solidarité, c’est bien. Si elle ne le fait pas, nous avons un “plan B” tout prêt. Mais qui frapperait surtout l’Europe en premier », avait averti Matteo Renzi deux semaines avant le sommet, menaçant de laisser passer chez ses voisins les migrants et les demandeurs d’asile affluant sur son territoire.Plus de 100 000 personnes sont clandestinement entrées dans l’UE depuis le début de l’année par la Méditerranée ou par la Turquie, selon l’agence européenne Frontex. Plus de 60 000 sont arrivés en Italie après une périlleuse traversée de la Méditerranée.Lire aussi le reportage :« Hier, ils vivaient comme nous, à Damas ou ailleurs » 25.06.2015 à 16h57 | Aude Lasjaunias A l’occasion d’une tournée en Europe et aux Etats-Unis, le Tchèque Vit Jedlicka, président autoproclamé de la micronation du Liberland a fait escale à Paris. Objectif annoncé : faire de sa république un Etat à part entière. Pas si simple, estime Stéphane-Bertin Hoffmann, auteur de La Reconnaissance des micronations ou l’utopie confrontée au droit (Editions Lulu.com, 2010).Qu’est-ce qu’une micronation ? N’importe qui peut-il en proclamer une ?Il y a généralement une confusion entre le concept « d’Etat » et celui de « nation », qui est sans doute liée au fait que les termes sont utilisés de manière interchangeable en langue anglaise. Ils renvoient pourtant à des idées très différentes. Le premier a un ancrage juridique : sa définition a été donnée dans un ensemble de textes de droit international, notamment la convention de Montevideo de 1933. Cette dernière fixe quatre critères : un territoire délimité sur lequel vit une population administrée par un gouvernement capable de nouer des relations diplomatiques avec d’autres Etats officiels.La nation relève pour sa part de la philosophie politique. Deux écoles de pensée en ont donné les contours. Celle dite allemande présente ce concept de manière « objective » : une communauté qui partage la même langue, la même culture, dans certains cas la même religion ; bref, un socle commun. L’autre vision, qui date du XIXe siècle environ et qualifiée de française propose une acception plus subjective de la chose. Une nation est le témoignage d’une volonté de vivre ensemble, d’une communauté de destin.Ces entités que l’on présente comme des micronations relèvent généralement de cette seconde définition. Elle n’a pas de valeur contraignante tant que personne d’autre que ses « membres » ne la reconnaît en tant que telle, lui confère aussi ce statut. A ce titre, si une nation peut être formée très facilement, ça n’est pas la même chose que de créer un Etat.Le Liberland a été proclamée sur un territoire considéré juridiquement comme terra nullius. Cette dimension peut-elle avoir une incidence sur sa reconnaissance par d’autres Etats ?Ce concept de droit international, qui signifie « territoire sans maître », se réfère aux terres qui n’appartiennent officiellement à aucun état, qui ne sont administrées par aucune autorité spécifique. Le différend frontalier entre la Serbie et la Croatie date d’une vingtaine d’années environ, au moment de l’éclatement de la Yougoslavie. Logiquement, l’un de ces deux Etats aurait dû obtenir ce territoire. Dans ce cas, le concept de « terre neutre » serait sans doute plus approprié que celui de terra nullius. On peut imaginer que son statut n’a pas encore été défini.Mais dans tous les cas, même s’si qu’il s’agit d’un « territoire sans maître », cette situation n’autorise pas une entité tierce à venir en prendre possession. Il n’y a pas d’acquisition possible de souveraineté sur ce territoire, et a fortiori pas à l’initiative d’un particulier. L’acquisition d’un territoire, pour être reconnue juridiquement comme telle, ne peut être réalisée que par une puissance étatique établie.De mon point de vue, il y a peu de chance que le Liberland accède à une reconnaissance. D’autres micronations ont en revanche d’ores et déjà soutenu cette initiative. Ce qui paraît logique d’ailleurs, elles nourrissent l’espoir de bénéficier de son potentiel crédit sur la scène internationale. Par ailleurs, quelques groupes politiques ultralibéraux ou libertariens aussi ont témoigné de leur appui. Mais l’idéologie sous-jacente à la création du Liberland sert là aussi leur propos.Y a-t-il eu des cas de reconnaissance de micronations ou de territoires contestés ?A la fin des années 2000, la Russie, le Venezuela et le Nicaragua ont officiellement reconnu les territoires géorgiens de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud. Il y a de multiples exemples d’entités séparatistes dont la souveraineté est reconnue par d’autres pays pour des raisons politiques. La reconnaissance est avant tout déclarative. Elle n’intervient que si les Etats y trouvent un intérêt. Il n’y a pas d’obligation de passer par les Nations unies.Je ne pense pas que l’on va assister à un tel phénomène dans le cas du Liberland. La démarche manque un peu de sérieux : on est face à un petit groupe de personnes qui ne contrôle pas réellement son territoire et dont la population n’est de facto pas permanente.Comment expliquer l’engouement populaire et médiatique observé pour le Liberland ?Il y a eu d’autres créations de micronations qui ont aussi attiré beaucoup d’attention. Pour n’en mentionner que deux : la principauté de Sealand – sur ancienne plate-forme de la marine anglaise en mer du Nord – et la principauté de Hutt River, près de Perth sur la côte ouest de l’Australie.Lire aussi en édition abonnés : Michael Bates, prince de "sam suffit"L’une comme l’autre soulevait des questionnements juridiques intéressants. Pour le Liberland, l’engouement est sans doute lié à la tournée européenne et américaine de son président, mais aussi à cette assise idéologique ultralibérale qui lui a apporté le soutien de groupes politiques établis.Aude LasjauniasJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Baptiste Chastand (Bruxelles, envoyé spécial) Rarement un Conseil européen aura été aussi attendu et incertain. Jeudi 25 et vendredi 26 juin, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne (UE) se retrouvent à Bruxelles pour discuter officiellement d’immigration, du référendum promis par David Cameron pour maintenir, ou non, son pays dans l’Union européenne, de l’avenir de la zone euro, de défense et du numérique. Mais il est quasiment certain que l’actualité grecque va également s’inviter à la table des dirigeants européens, faute d’accord à ce stade entre Alexis Tsipras et ses créanciers. Tour d’horizon d’un conseil explosif.La bataille des migrantsLa discussion doit être abordée en ouverture du conseil, à 16 heures, jeudi, et elle pourrait durer jusque tard dans la soirée. Les dirigeants européens doivent en effet tenter de trouver une réponse commune à la vague de migrants frappant à leurs portes via la Méditerranée, ou les Balkans. Jusqu’ici, chaque Etat a eu tendance à jouer sa propre partition, quitte à se renvoyer les migrants dans des conditions peu glorieuses.En réaction à la multiplication des drames en Méditerranée, la Commission européenne a proposé en mai d’introduire des quotas contraignants de répartition entre les différents pays de l’UE de 40 000 demandeurs d’asile recueillis par la Grèce et l’Italie. Cette proposition est inédite. Jusqu’ici, la règle est que le premier pays d’entrée des migrants doit être celui qui étudie la demande d’asile. Selon la Commission, les demandeurs l’asile seraient répartis dans toute l’UE dès qu’ils ont posé le pied sur le territoire européen pour que leur demande soit examinée.Si les chefs d’Etat et de gouvernement se disent majoritairement d’accord avec un tel principe, ils ont le plus grand mal à s’entendre sur les modalités pratiques. Pologne et Hongrie en tête, les pays d’Europe centrale ne veulent pas entendre parler de quotas contraignants fixés par Bruxelles. De leur côté, les grands pays d’Europe de l’Ouest contestent la « clef de répartition » proposée par la Commission, calculée selon plusieurs critères comme la population, la situation économique ou les efforts déjà accomplis. Pour ne rien arranger, la France repousse, depuis quelques jours à Vintimille, les réfugiés passés par l’Italie.Résultat : le projet de conclusions du conseil, consulté par Le Monde mercredi 24 juin, évoque un simple « accord » à donner sur le principe de la relocalisation – non obligatoire – de 40 000 demandeurs d’asile en deux ans. Les détails de cette mesure ne seront pas tranchés avant juillet. En revanche, les dirigeants européens comptent bien demander à l’agence européenne Frontex de s’impliquer davantage dans l’expulsion des migrants économiques dès qu’ils ont mis le pied sur le territoire européen. Autant de propositions à la fois nettement plus dures et moins ambitieuses que celles avancées par Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne.Lire aussi :L’Europe se déchire sur le sort des migrantsPremiers tours de table sur le BrexitC’est normalement au cours du dîner que David Cameron, le premier ministre britannique réélu confortablement en mai, doit détailler ses projets d’organisation d’un référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne. M. Cameron a promis lors de sa campagne d’organiser ce référendum d’ici à la fin 2017, en essayant auparavant d’obtenir un aménagement des traités, et des législations en vigueur, pour accorder plus d’autonomie à son pays. Pour l’instant, M. Cameron s’est bien gardé de détailler ses prétentions exactes.Selon plusieurs sources diplomatiques, il devrait continuer à entretenir le flou jeudi soir, se contentant d’une brève intervention. Il attendrait surtout que le processus soit officiellement lancé par le Conseil européen et le calendrier, détaillé. Dans un étonnant retournement de situation, il semble même désormais attendre que les chefs d’Etat européens lui fassent des propositions d’aménagement des règles de l’Union européenne. Les discussions de fonds sur ce sujet devraient donc être renvoyées à un prochain Conseil européen.Lire aussi :David Cameron contre le reste de l’EuropeRéfléchir à l’avenir de la zone euroEntre deux discussions sur l’Europe de la défense et le développement d’un marché numérique commun, les leaders européens devraient débattre vendredi matin du futur des institutions européennes, dans le but d’approfondir l’Union monétaire, après plus de cinq ans de crise des dettes. Ils ont notamment sur la table un rapport remis lundi 22 juin par les présidents des cinq institutions européennes les plus importantes (Jean-Claude Juncker, pour la commission, Donald Tusk, pour Conseil européen, Martin Schulz, à la tête du Parlement européen, Mario Draghi, pour la Banque centrale européenne, et Jeroen Dijsselbloem, pour l’Eurogroupe). Lire aussi :En pleine crise grecque, Bruxelles prône un renforcement de l’EurozoneCeux-ci réclament un renforcement de la zone euro pour éviter que la faillite d’un Etat, comme celle de la Grèce, puisse se reproduire. Ils souhaitent notamment faire converger davantage les politiques budgétaires, économiques et sociales. En raison de l’actualité ultra-prioritaire de la crise grecque, il semble toutefois peut probable que les chefs d’Etat et de gouvernement se lancent dans de longs débats sur l’avenir des institutions européennes. Ils devraient donc se contenter de suggérer d’approfondir ces réflexions dans les prochains mois.Trouver une solution d’urgence pour la GrèceOfficiellement, la situation grecque n’était pas à l’ordre du jour du Conseil européen. Mais les ministres des finances de la zone euro ont tenu jeudi après-midi une nouvelle réunion de l’Eurogroupe pour tenter de s’entendre sur le déblocage, contre des réformes, des 7,2 milliards d’euros d’aides nécessaires à la Grèce pour rembourser le FMI le 30 juin. Cette réunion a été suspendue jeudi en fin d’après-midi, les ministres des finances convenant de se retrouver samedi.La date-limite pour tomber d’accord est dimanche, les Parlements grecs et allemands devant approuver les mesures avant lundi soir. Les Grecs et les institutions représentant les créanciers (BCE, Commission et FMI) ne sont pas encore d’accord sur les mesures à adopter. Le principal différent réside dans le calendrier du vote des différentes mesures, Athènes et les créanciers s’étant globalement entendus pour augmenter la TVA et limiter les préretraites. Il s’agit aussi de savoir dans quelle mesure la question d’une éventuelle restructuration de la dette apparaitra dans le texte final.Si le sujet est suspendu à ce nouvel Eurogroupe, il est quasi-certain que les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro vont aussi en parler en marge du sommet. Ce sera probablement à ce niveau, entre Angela Merkel et Alexis Tsipras, que se décidera l’avenir de la Grèce dans la zone euro.Lire aussi :Nouvelle journée de négociations au forceps sur la GrèceJean-Baptiste Chastand (Bruxelles, envoyé spécial)Journaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Michel Bezat Ce n’est pas une retraite de Russie, encore moins une bérézina, juste le résultat d’un constat simple : le projet n’était pas économiquement viable. C’est pour cette raison que Total a décidé de retirer ses « billes » de Chtokman (Arctique russe). La compagnie française a annoncé, mercredi 24 juin, le « transfert » au géant russe Gazprom des 25 % qu’elle possède dans le projet de développement de ce champ gazier situé à 600 kilomètres au large de Mourmansk, au milieu d’une mer inhospitalière parcourue d’icebergs.Lire aussi :Gaz : Total cède à Gazprom ses parts dans le projet ChtokmanL’effondrement des prix des hydrocarbures, conjugué à l’explosion des coûts de développement des projets ces dix dernières années, a contraint les pétroliers à revoir leurs projets. Ce sont ceux dont le retour sur investissement est le plus incertain qui en font les frais. Et Chtokman a beau être un des plus importants gisements au monde, le projet était trop lourd financièrement (son coût est passé de 15 milliards à 30 milliards de dollars, soit 26,8 milliards d’euros), trop risqué technologiquement et trop hasardeux commercialement en raison de la baisse de la consommation de gaz en Europe et de la concurrence inattendue du gaz de schiste américain.Après le retrait du norvégien Statoil (24 %) dès 2012, Gazprom détient désormais 100 % de Shtokman Development AG, la société basée dans le canton suisse de Zug et chargée du développement et de l’exploitation du gisement. Les mots ont leur poids : Total a certes « transféré » sa participation à Gazprom, mais son patron, Patrick Pouyanné, ne s’interdit pas de revenir dans le jeu. Et son homologue russe, Alexeï Miller, s’est empressé de préciser qu’en cas de relance de Chtokman, la compagnie française serait la première invitée à travailler avec Gazprom.M. Poutine se frotte les mainsUn mois après son arrivée à la tête de Total, en octobre 2014, M. Pouyanné rencontrait Vladimir Poutine. « Nous sommes là pour longtemps », a-t-il assuré au président russe. Total fait tout pour boucler financièrement Yamal LNG, notamment avec des banques chinoises. Ce projet à 27 milliards de dollars, destiné à produire du gaz naturel liquéfié dans le grand Nord russe, à destination de l’Asie, est conduit par le groupe privé russe Novatek (60 %) associé à Total (20 %) et au pétrolier chinois CNPC (20 %).Crise ukrainienne ou pas, la Russie reste une « province » gazière sans équivalent pour les compagnies occidentales. Moscou joue cette carte au moment même où l’Union européenne cherche par tous les moyens à réduire sa dépendance au gaz russe. Bruxelles a encore subi un camouflet quand le 18 juin, à l’ouverture du Forum économique de Saint-Pétersbourg, Gazprom a créé la surprise en annonçant la signature d’une lettre d’intention ouvrant la voie à un doublement des capacités de transport de gaz entre la Russie et l’Allemagne. Cette fois, ce n’est pas Total mais l’anglo-néerlandais Shell, l’allemand EON et l’autrichien OMV qui étaient de la partie. Et en coulisse, M. Poutine se frottait les mains.Lire aussi :La Russie et la Grèce font bande à part sur le gazJean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Des milliers de personnes – plus de 9 000 selon l’Agence France-Presse – ont de nouveau manifesté pour le cinquième jour de suite à Erevan, la capitale de l’Arménie, pour protester contre l’augmentation des tarifs de l’électricité. Retranchés derrière une barricade bricolée à base de poubelles couchées et reliées entre elles par des cordes, les contestataires, en majorité jeunes, sont restés toute la nuit de mercredi 24 à jeudi 25 juin sur l’avenue du Maréchal-Bagramian, une grande artère de la ville qui mène tout droit à la résidence du président Serge Sarkissian.Les protestataires s’affirment déterminés à poursuivre le mouvement d’une ampleur inédite dans ce petit pays du Caucase d’à peine plus de 3 millions d’habitants. En Russie, où le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que « la situation était suivie attentivement », il n’en fallait pas plus pour que médias et politiques dénoncent un « électro-Maïdan » orchestré par Washington. En 2014, Erevan a choisi l’union économique eurasienne plutôt que le partenariat oriental avec l’UE. Moscou est le garant de la sécurité du pays face à l’Azerbaïdjan.« L’ambassade des Etats-Unis est activement impliquée dans les événements à Erevan, c’est l’une des plus importantes missions américaines à l’étranger », a vitupéré Igor Morozov, membre du Conseil de la Fédération de Russie, en traçant un parallèle avec le « coup d’Etat » en Ukraine. « Des centaines d’ONG étrangères fonctionnent en Arménie et essaient d’influencer l’opinion publique en la poussant vers un choix pro-occidental. Nous savons que ce choix a fait éclater l’Ukraine et continue de la déchirer », a renchéri Konstantin Kosatchev, le président de la commission des affaires étrangères du Conseil. A Erevan, des médias russes ont été interpellés par des marcheurs rendus furieux par les commentaires les assimilant à la révolte ukrainienne.Les manifestations, retransmises en direct par des chaînes privées, ont commencé le 19 juin à l’annonce d’une nouvelle augmentation, au 1er août, des tarifs de l’électricité – entre 16 % et 22 % –, jugée nécessaire par la compagnie arménienne détenue par le groupe russe Inter RAO. Cette hausse, la troisième en moins de deux ans, intervient dans un contexte social difficile en Arménie, qui subit le contrecoup sur sa propre monnaie de l’affaiblissement du rouble de son puissant voisin, son premier partenaire économique. Le chômage, évalué à 17 % de la population en 2014, atteindrait en réalité 20 %.« Non au pillage »« Le point de départ, c’est l’augmentation de l’électricité, mais cela va bien au-delà, souligne Ara Papian, fondateur du think-tank Modus Videndi Center, joint par téléphone. Personne ne peut être surpris. C’était clair que cela allait arriver parce que les gens vivent avec des salaires bas et qu’ils constatent qu’il y a toujours plus de corruption. » « Ce mouvement est populaire, insiste cet ancien ambassadeur, y compris parmi la police, à cause de cette corruption de la direction politique, des prix qui ne cessent d’augmenter. Les médias russes mentent en disant que les gens attaquent la police, et que l’ambassade américaine commande tout. »Le 19 juin, les rassemblements ont commencé devant l’opéra. Puis, le lendemain, les protestataires, emmenés par un groupe de jeunes sous le slogan « Non au pillage », ont commencé à marcher vers la résidence du président Sarkissian. Mardi, des échauffourées ont éclaté avec la police, qui a fait usage de canons à eau. Des journalistes ont été molestés et leur matériel saccagé. Ces heurts, qui ont fait vingt-cinq blessés, dont onze parmi les forces de sécurité, et ont conduit à 237 interpellations – toutes les personnes arrêtées ont été relâchées –, ont renforcé les rangs des manifestants. Mercredi, ils étaient très nombreux malgré une chaleur accablante, chantant et dansant dans le calme devant leur barricade de fortune. Peu de pancartes dans cette foule, hormis de simples dessins d’ampoule, ou le drapeau arménien brandi, et un cri repris en chœur, Votch talanin ! (« Non au pillage ! »)« Ce mouvement est populaire, y compris parmi la police, à cause de la corruption de la direction politique, des prix qui ne cessent d’augmenter », insiste Ara Papian, fondateur du think-tank Modus Videndi Center, joint par téléphoneDésorganisé, le mouvement a attiré de nombreux jeunes, filles et garçons, déterminés et parfois munis d’un masque de protection sanitaire, qui se disent apolitiques. Lors des cérémonies de commémoration du centenaire du génocide, au mois d’avril, l’opposition avait envisagé d’organiser un sit-in, mais sans convaincre. Usée, sans renouvellement de ses dirigeants, elle ne parvient pas à fédérer une société lassée du jeu politique.« Pour réussir, nous devons obtenir le soutien de toute la population, j’appelle tout le monde à s’y mettre, a lancé devant les caméras de la chaîne 1in, David Manoukian, l’un des leaders de la contestation. Ici, contrairement au Parti républicain [le parti du président], il y a beaucoup de gens qui ont des choses à dire. » « La protestation contre le gouvernement monte rapidement, difficile maintenant d’imaginer un retour au statu quo », a commenté Richard Giragosian, directeur du Centre des études régionales, sur son compte Twitter, ajoutant : « Les protestations ont peut-être réussi à franchir un “point de basculement”, les gens rejoignent [les cortèges] sentant la victoire, trop tard pour le gouvernement. » Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pierre Breteau, Mathilde Damgé, Samuel Laurent et Alexandre Pouchard Le site WikiLeaks, avec Libération et Mediapart, a révélé mardi 23 juin que trois présidents français, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, ont été régulièrement et directement espionnés par les Etats-Unis, avec la mise sur écoute de leurs téléphones ainsi que de ceux de membres du gouvernement et de la haute administration. La publication de ces informations surnommées « FrenchLeaks » ont entraîné l'organisation d'un conseil de défense à l'Elysée, mercredi matin, et la convocation au Quai d'Orsay de l'ambassadrice américaine à Paris.Ces nouvelles « fuites » de documents confidentiels issus de l'agence nationale de sécurité américaine (NSA) seront-elles suivies d'effets ? Les opérations de ce genre, souvent réalisées par des collaborations internationales entre médias, se multiplient depuis quelques années. Passage en revue des précédentes révélations massives.Juin 1971 : « Pentagon papers », aux origines du « leak »Octobre 2006 : naissance de WikiLeaksMai 2009 : le scandale des notes de frais des députés britanniquesAvril 2010 : la vidéo du « meurtre collatéral » en IrakOctobre 2010 : les « war logs » des guerres en Irak et en AfghanistanNovembre 2010 : le « Cablegate » révèle les dessous de la diplomatie américaineJanvier 2014 : « ChinaLeaks » et les révélations sur les « princes rouges »Novembre 2014 : les « Sony Leaks »Les fuites bancaires : « Offshore Leaks », « LuxLeaks », « SwissLeaks » Juin 1971 : « Pentagon papers », aux origines du « leak »En 1971, un analyste de la RAND Corporation qui travaille pour l'Etat, Daniel Ellsberg, communique au New York Times des extraits des 7 000 pages d'un rapport top-secret (en anglais) du département à la défense américain consacré aux relations entre le Vietnam et les Etats-Unis.Ces documents, connus depuis sous le nom de « Pentagon papers » (en anglais), étaient au départ une étude commandée par le secrétaire à la défense du président Johnson, Robert McNamara. Tout au long des 48 volumes de l'étude, les auteurs militaires et civils décrivent l'implication – aussi bien politique que militaire – des Etats-Unis dans la guerre du Vietnam de 1945 à 1967.Qu'apprend-on ?Les « papers » révèlent entre autres que le gouvernement américain a délibérément provoqué une escalade du conflit, bien avant l'engagement officiel des armées US en 1965, en bombardant d'abord le Nord-Vietnam puis secrètement le Laos. Le New York Times suggère que dès l'année 1964 – avant la présidentielle de novembre – le président Johnson avait impliqué les forces armées dans une escalade programmée, alors qu'il avait affirmé l'inverse lors de la campagne.Quelles conséquences ?Sortis pendant la présidence de Richard Nixon, les « Pentagon papers » ont eu des conséquences assez faibles sur le gouvernement alors en place – même si la presse a révélé que la publication a rendu Nixon fou de rage : « Mettons ces fils de pute en prison », avait-il demandé à son conseiller Henry Kissinger.En revanche, l'affaire prise en charge par la Cour suprême des Etats-Unis donne raison à la presse (en anglais) sur la publication des documents top-secrets. Les actions initiées par le procureur général Mitchell – l'équivalent américain du garde des sceaux – contre Daniel Ellsberg se terminent en 1973 – en plein scandale du Watergate – avec la levée de toutes les charges à l'endroit de l'ancien analyste. Octobre 2006 : naissance de WikiLeaksAu milieu des années 2000, une communauté de militants, autour notamment de Julian Assange, crée WikiLeaks, un site qui veut servir de plateforme mondiale, permettant à qui le souhaite d'y dévoiler des documents confidentiels.Qu'apprend-on ?Dès son lancement fin 2006, WikiLeaks publie des révélations embarrassantes, sur la corruption d'un ancien leader kenyan, mais aussi sur le fait que les Etats-Unis soustraient certains détenus de Guantanamo à la vue de la Croix-Rouge.En 2008, WikiLeaks publie des documents évoquant des activités illégales de la Banque Suisse, ce qui lui vaut un procès et sa suspension temporaire. La même année, les courriels de Sarah Palin, co-candidate républicaine avec John McCain à la présidence, sont publiés sur la plateforme. L'année suivante, WikiLeaks révèle encore des séries de documents, atour d'un scandale pétrolier au Pérou, ou sur les banques d'Islande.Quelles conséquences ?Dès cette époque, WikiLeaks suscite la méfiance des autorités de nombreux pays. Certaines de ses révélations, notamment sur la mauvaise gestion des banques islandaises, ont des conséquences concrètes. Mais le sujet deviendra bien plus important l'année suivante avec les « cable leaks ». Mai 2009 : le scandale des notes de frais des députés britanniquesEn juillet 2008, une taupe (dont on apprendra plus tard qu'elle agit par réaction contre le train de vie des parlementaires alors que les soldats vivent dans des conditions beaucoup plus difficiles) s'empare d'un CD-ROM contenant le détail des notes de frais des députés et le vend au journal le plus offrant. Le Daily Telegraph débourse 150 000 livres sterling pour obtenir le précieux support informatique et en fait un feuilleton à rebondissements, publiant des extraits de notes de frais toujours plus scandaleuses. Ce sera le début d'un scandale politique aboutissant à la démission de plusieurs députés et membres du gouvernement de Gordon Brown.Qu'apprend-on ?Les députés s'en donnent à cœur joie quand il s'agit de se faire rembourser les dépenses les plus farfelues : les factures dévoilées par les médias forment une véritable liste à la Prévert. Maison pour canards, nettoyage de douves, achats de films pornographiques et de barres chocolatées...Quelles conséquences ?Les notes de frais sont publiées dans leur intégralité sur le site du Parlement (mais certains éléments jugés sensibles, dont les adresses, ont été floutés). Une instance indépendante est également mise en place, l'Independent Parliamentary Standards Authority (Ipsa), mais elle a depuis été généreusement critiquée pour son inefficacité et son coût. Avril 2010 : la vidéo du « meurtre collatéral » en IrakC'est la vidéo qui va révéler WikiLeaks au grand public. Rendue publique en avril 2010, cet enregistrement pris depuis un hélicoptère Apache de l'armée américaine montre comment une dizaine de personnes, dont deux salariés de l'agence de presse Reuters, sont tuées car les militaires ont confondu un appareil photo avec un lance-grenade.Qu'apprend-on ?WikiLeaks publie une vidéo datant de 2007, où l'on voit une frappe aérienne américaine tuer par erreur deux journalistes de l'agence Reuters, puis une famille irakienne venue tenter d'aider, ce qui peut constituer un crime de guerre.A l'époque, l'armée américaine avait indiqué que les victimes avaient été tuées lors de combats avec des insurgés. La vidéo démontre le mensonge.Quelles conséquences ?L'armée américaine avait minimisé sa responsabilité dans la mort des journalistes, estimant, après enquête, que les pilotes avaient respecté les « règles d'engagement ». Même si les pilotes de l'hélicoptère Apache ne seront au final pas inquiétés, la vidéo contribue à lever le voile sur les bavures de l'armée américaine en Irak. Elle est obligée de s'expliquer.Autre conséquence : la « taupe » qui a envoyé cette vidéo à WikiLeaks, le soldat Manning, s'était confiée à un hacker qui l'avait ensuite dénoncé car les documents qui ont fuité « auraient pu coûter des vies directement ou indirectement ». Octobre 2010 : les « war logs » des guerres en Irak et en AfghanistanDébut 2010, le site publie, toujours grâce au soldat Manning, les « war logs », une série de documents de l'armée américaine autour de la guerre en Afghanistan et en Irak de 2004 à 2009. La fuite est conséquente et très embarrassante pour l'armée américaine, mais aussi pour la Maison Blanche : on peut y lire que les talibans gagnent du terrain en Afghanistan, mais les rapports routiniers montrent les bavures quotidiennes d'une armée en campagne.Qu'apprend-on ?Ces « war logs » détaillent plus de 100 000 morts en Irak, principalement civiles (plus de 66 000) mais également combattantes (24 000) ou encore des bavures au sein de la coalition internationales (près de 4 000). Mais ils montrent également les ratages réguliers d'une armée d'occupation : un sourd-muet abattu à un checkpoint pour ne pas avoir entendu un ordre (21 mars 2007) ou des bombardements de civils dûs à de mauvais renseignements. Les rapports montrent que dans ces bavures, l'autorité militaire cherche systématiquement à masquer sa responsabilité.Quelles conséquences ?La principale réaction des Etats-Unis a été, et continue d'être, de dénoncer la publication de ces documents, affirmant qu'ils portaient atteinte à l'effort de guerre. Le FBI a ainsi ouvert une enquête pour atteinte à la sécurité nationale contre WikiLeaks et son fondateur, Julian Assange. La NSA a par ailleurs demandé à ce que l'association soit classée comme « agent étranger malveillant », ce qui permettrait de la surveiller plus activement sans restriction, notamment concernant ses liens avec des citoyens américains. Novembre 2010 : le « Cablegate » révèle les dessous de la diplomatie américaineEn 2010, WikiLeaks change de méthode, et collabore avec plusieurs médias mondiaux pour publier le « Cablegate » : 250 000 messages confidentiels envoyés par les ambassades américaines à Washington.Qu’apprend-on ?Alors que les précédentes révélations de WikiLeaks n'avaient pas provoqué de répercussions majeures, le « Cablegate » fait l'effet d'une bombe. On peut en effet y lire la « vision du monde » de Washington au travers des propos, parfois durs, de ses ambassadeurs. L'administration américaine est dans l'embarras, et réagit en s'en prenant fortement à WikiLeaks. Mais des détracteurs du site estiment également que la diplomatie a besoin du secret, et qu'il est dommageable que ces câbles diplomatiques soient ainsi publiés.Quelles conséquences ?Le site est l'objet d'une énorme pression de la part des autorités américaines : Amazon, son hébergeur, décide de ne plus accueillir WikiLeaks sur ses serveurs, sans décision de justice à l'appui. Idem pour le prestataire de noms de domaine du site. WikiLeaks fait appel à la solidarité mondiale pour créer des « sites miroirs » hébergés un peu partout dans le monde. Janvier 2014 : « ChinaLeaks » et les révélations sur les « princes rouges »En janvier 2014, c'est la Chine et ses riches élites qui sont visées par une « fuite » massive. Une vaste enquête est publiée par le consortium international de journalistes d'investigation (ICIJ), en collaboration avec de nombreux journaux, dont Le Monde en France.Qu'apprend-on ?L'enquête révèle que plus de 20 000 clients de Chine ou de Hongkong sont liés à des compagnies offshore dans des paradis fiscaux. Parmi eux, de nombreux responsables du tout-puissant Parti communiste chinois (PCC) et leurs proches, comme Deng Jiagui, beau-frère du président Xi Jinping, ou encore Wen Jiabao, premier ministre de 2003 à 2013.Quelles conséquences ?Aussitôt après ces révélations, de nombreux sites de journaux impliqués dans les « ChinaLeaks », dont LeMonde.fr, ont été bloqués en Chine. Mais les accusations n'ont pas donné lieu à quelque poursuite que ce soit. Novembre 2014 : les « Sony Leaks »Le novembre 2014, Sony Pictures Entertainment (SPE), filiale américaine du groupe japonais, est victime d'un piratage massif de ses courriels et de ses documents internes. Dans la foulée, cinq films pas encore sortis et distribués par la société font leur apparition sur des sites pirates.Cinq mois plus tard, en avril 2015, WikiLeaks publie 30 000 documents et 173 000 courriels ainsi qu'une application en ligne pour chercher parmi toutes ces données. Le site justifie la publication de ces données par l'intérêt de voir « les rouages internes d'une entreprise multinationale influente ».Qu'apprend-on ?Ce « leak » donne des informations sur les visées stratégiques du groupe. On y apprend aussi des choses plus triviales comme le fait que les employés de SPE s'énervent de voir Adam Sandler à l'écran. On y trouve également des commentaires à l'endroit de l'égo d'Angelina Jolie ou sur la mise sur pied du biopic sur Steve Jobs.Quelles conséquences ?Première conséquence, la vice-présidente de SPE, Amy Pascal, a démissionné après la révélation d'un sous-entendu raciste à propos de Barack Obama dans un échange de courriels. Parmi les révélations du « leak », on trouve la fiche d'identité de Spider-Man qui selon l'accord entre SPE et Marvel doit être blanc, hétérosexuel, ne pas fumer, boire peu, etc.Dans ces courriels, on découvre également que des actrices comme Amy Adams ou Jennifer Lawrence ont droit à un pourcentage inférieur à celui de leurs collègues masculins sur les bénéfices du film American Bluff (ou American Hustle en anglais). Ces révélations ont alimenté un débat sur l'égalité des salaires entre hommes et femmes aux Etats-Unis.Au rayon des surprises, les courriels révèlent que l'acteur et réalisateur Ben Affleck a fait censurer un documentaire consacré à l'esclavage dans lequel les auteurs révélaient qu'un de ses ancêtres avait eu des esclaves.A la suite de ces attaques, les Etats-Unis – qui soupçonnent la Corée du Nord – ont annoncé de nouvelles sanctions économiques contre le régime de Kim Jong-Un, particulièrement dix personnalités et trois institutions. 2013-2015 : les fuites bancaires : « Offshore Leaks », « LuxLeaks », « SwissLeaks »Dans tous les cas, le principe est le même : rendre publics les mécanismes d'évasion fiscale dont profitent des individus et des entreprises.« OffshoreLeaks » en avril 2013. Dans l'ordre, les premières révélations sur les paradis fiscaux prennent forme grâce aux informations mises en commun par plusieurs datajournalistes et journalistes spécialisés réunis dans le cadre de l'ICIJ (le Consortium indépendant des journalistes d'investigation). Ce dernier a reçu près de 2,5 millions de documents (courriers électroniques, copies de papiers d'identités, lettres) par l'intermédiaire d'anciens salariés de deux entreprises de services financiers offshore.« Luxleaks » en novembre 2014. L'ICIJ est à nouveau à l'œuvre dans le scandale « LuxLeaks », qui a publié des accords fiscaux confidentiels provenant du cabinet d'audit PricewaterhouseCoopers (PwC) mais aussi d'autres sociétés d'audits et de cabinets d'avocats au Luxembourg, en novembre 2014.« SwissLeaks » en février 2015. « SwissLeaks » est le dernier volet en date des enquêtes sur l'évasion fiscale européenne par l'ICIJ. Il se base sur les archives numérisées dérobées chez HSBC Private Bank par Hervé Falciani, ancien employé de la banque.Qu'apprend-on ?BNP Paribas et Crédit Agricole ont aidé à la création de sociétés offshore dans des paradis fiscaux dans les années 1990 et 2000. Des noms connus s'égrènent : Rothschild, Ricci, le roi du Maroc… Dans le cas de « LuxLeaks » , l'affaire a mis en lumière les centaines de « tax rulings », ces décisions anticipées conclues au Luxembourg lorsque Jean-Claude Juncker, l'actuel président de la Commission, était premier ministre, et qui permettent aux multinationales de quasiment échapper à l'impôt. Avec « SwissLeaks », on apprend que 180,6 milliards d'euros auraient transité, à Genève, par les comptes HSBC de plus de 100 000 clients et de 20 000 sociétés offshore, entre novembre 2006 et mars 2007.Quelles conséquences ?La base de données d'« Offshore Leaks » sera ouverte au public, ouvrant la voie à d'autres révélations. Le patron d'une grande banque néerlandaise démissionne. Dans l'Hexagone, la sphère politique prendra acte de la pression publique et commencera à intensifier sa lutte contre la fraude fiscale.Avec « LuxLeaks », sous la pression de Bruxelles, Amazon va désormais déclarer ses revenus par pays et non dans son siège fiscal européen, le Luxembourg.Conséquence plus dommageable pour la liberté d'expression, le Français Edouard Perrin, qui a révélé le scandale « LuxLeaks », a été inculpé le 23 avril au Luxembourg, notamment pour « vol domestique » et « blanchiment ». Cette mise en examen est la troisième au Luxembourg, après celle d'un ancien collaborateur du cabinet d'audit PwC, Antoine Deltour, en décembre 2014, et d'un autre employé de PwC en janvier, d'où proviennent une grande partie des documents du LuxLeaks.Avec « SwissLeaks », l'enquête contre HSBC en France s'est accélérée : sa filiale suisse, HSBC Private Bank, a été mise en examen pour « complicité de blanchiment aggravé de fraude fiscale » et « complicité de démarchage illégal ». Au Royaume-Uni, les députés ont ouvert une enquête sur les pratiques d'HSBC. Au Brésil, une enquête a été ouverte par la justice. La banque négocie dans les autres pays (Suisse et Belgique). Elle a aussi fermé des comptes de non résidents à Jersey, une première.Pierre BreteauJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterMathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.06.2015 à 20h41 • Mis à jour le24.06.2015 à 20h46 Le parquet de Naples a requis mercredi 24 juin une peine de cinq ans de prison contre Silvio Berlusconi, selon des sources judiciaires, citées par l’agence italienne Agi. L’ancien président du conseil italien est accusé de corruption d’un sénateur.Le jugement devrait être prononcé le 8 juillet. Malgré tout, le Cavaliere, âgé de 78 ans, a toujours la possibilité de faire appel en cas de condamnation, ce qu’il a fait à maintes reprises dans le passé.Le parquet a également requis une peine de quatre ans et quatre mois de prison contre Valter Lavitola, un proche de Silvio Berlusconi. M. Lavitola aurait remis l’argent au sénateur corrompu.« Obsédé par la volonté de renvoyer M. Prodi à la maison »L’affaire remonte aux élections législatives de 2006, remportées de justesse par la coalition hétéroclite de gauche dirigée par Romano Prodi, qui ne disposait que d’une très courte majorité au Sénat. Quelques mois à peine après ces élections, Sergio De Gregorio, sénateur élu d’un des partis de la coalition majoritaire avait rejoint Silvio Berlusconi.Lire : Romano Prodi revendique sa victoire aux législativesCette décision avait rendu encore plus fragile l’exécutif, et accéléré la chute du gouvernement de gauche, qui avait jeté l’éponge en 2008, moins de deux ans après le scrutin. Selon le parquet, le Cavaliere a versé trois millions d’euros, dont deux en espèces, à Sergio De Gregorio pour le débaucher. Des faits reconnus par ce dernier devant des magistrats et dans la presse.Le procureur a dénoncé dans son réquisitoire « un investissement économique colossal visant à obtenir le seul résultat qui intéressait Berlusconi, obsédé par la volonté de renvoyer Prodi à la maison et d’en prendre le poste ». Romano Prodi est le seul homme de la gauche italienne à avoir réussi à battre à deux reprises Silvio Berlusconi lors d’élections législatives, en 1996 et en 2006.Le magnat des médias italien n’a été condamné qu’une seule fois, pour fraude fiscale, malgré les nombreux procès qu’il a dû affronter. En vertu de ce jugement, M. Berlusconi avait été contraint d’effectuer des travaux d’intérêt général dans un centre social spécialisé dans l’accueil de personnes âgées à Milan entre mai 2014 et mars 2015.Lire : Berlusconi, vingt ans de procès 02.06.2015 à 12h17 • Mis à jour le02.06.2015 à 12h51   #container_1433239519242{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1433239519242{ height:350px; } #container_1433239519242 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1433239519242 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1433239519242 .subtitre{ display:block; }Évolution des taux des crédits immobiliersDonnées au 1er trimestre(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1433239519242", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "area", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'default' } this.credits.element.onclick = function(){} } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"Observatoire crédit logement / CSA", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} %" }, min:0, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#d0d4d9", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"top", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"datetime", categories:null, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value:%Y}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#d0d4d9", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "top", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:" %", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 2, xDateFormat: "%Y" }, legend:{ enabled:false, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Taux des crédits immobiliers", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 978307200000, 5.62 ], [ 1009843200000, 5.08 ], [ 1041379200000, 4.56 ], [ 1072915200000, 4.08 ], [ 1104537600000, 3.63 ], [ 1136073600000, 3.5 ], [ 1167609600000, 3.96 ], [ 1199145600000, 4.67 ], [ 1230768000000, 4.52 ], [ 1262304000000, 3.61 ], [ 1293840000000, 3.58 ], [ 1325376000000, 3.9 ], [ 1356998400000, 3.07 ], [ 1388534400000, 3.02 ], [ 1420070400000, 2.11 ], [ 1420070400000, 2.02 ] ], "color": "#0386c3" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);La baisse des taux d’intérêt des crédits immobiliers s’est poursuivie au mois de mai, en dépit de la remontée du taux d’emprunt de la France sur le marché obligataire, selon l’étude publiée mardi 2 juin par l’observatoire Crédit logement-CSA.Les taux se sont établis à 2,01 % en moyenne le mois dernier, contre 2,03  % en avril. La sensible remontée, ces dernières semaines sur le marché obligataire, du taux d’emprunt à 10 ans de la France (ou OAT – obligations assimilables du Trésor), a suscité quelques inquiétudes.Référence pour les emprunts à taux fixe des particuliers, il pouvait en effet préfigurer une hausse des taux de crédit immobilier, qui évoluent à des niveaux historiquement bas après une baisse continue depuis septembre.Lire aussi :Crédit immobilier : la baisse des taux s’achèveMais pour les courtiers en crédit, les taux devraient rester à des niveaux historiquement bas jusqu’à la fin de l’année, et les quelques remontées observées ici ou là relèvent de « correctifs ponctuels » des politiques commerciales menées par les banques. Adéa Guillot (Athènes, correspondance), Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Les représentants des créanciers de la Grèce (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne et Commission européenne) travaillaient d’arrache-pied, mardi 2 juin après-midi, pour être en mesure d’envoyer au gouvernement grec d’Alexis Tsipras un « draft » d’accord dans les heures qui viennent.« L’idée, c’est d’envoyer les propositions d’ici ce soir, puis d’enchaîner, peut-être, avec une conférence téléphonique avec Athènes », indique une source européenne proche des négociations.Le « draft » porte sur une liste de réformes que la Grèce est censée mettre sur les rails pour pouvoir obtenir le déblocage des prêts encore disponibles (environ 7,2 milliards d’euros) dans le cadre du deuxième plan d’aide qui a été accordé au pays en 2012.« Il ne s’agit pas d’un ultimatum à Athènes – nous discutons depuis des semaines de ces réformes avec Tsipras – mais de mettre les choses en forme », explique une source proche des négociations.A Athènes on indiquait, en début d’après-midi, n’avoir reçu aucune proposition d’accord de la part de ses partenaires.Lors d'une visite, mardi, au ministère grec de l'éducation, Alexis Tsipras a déclaré que « la Grèce a présenté des propositions ». « Nous avons fait des concessions, ce qui est normal dans une négociation , mais nous avons présenté un plan réaliste pour sortir le pays de la crise », a-t-il précisé, ajoutant que « le dilemme est aujourd'hui entre une option de sortie de crise réaliste, ou une division de l'Europe ». Pour lui c'est désormais « aux dirigeants européens  » de trancher.Réunion mercrediUn « Euroworking group », une réunion (technique) préparatoire à un Eurogroupe (politique), réunissant au téléphone les directeurs des Trésors des 19 pays de l’Eurozone, doit se tenir mercredi 2 juin. Ce rendez-vous avait été programmé dès fin mai.S’il aplanit suffisamment de différends, il pourrait ouvrir la voie à la convocation d’un Eurogroupe exceptionnel sur la Grèce, d’ici à la fin de cette semaine, ou au tout début de la semaine prochaine.Car ce n’est qu’un feu vert des 19 ministres des finances de la zone euro – y compris le Grec Yanis Varoufakis – qui peut avaliser définitivement un accord entre Athènes et ses créanciers.Lire aussi :Qui sont les protagonistes de la crise de la dette grecque ?« Des progrès sont enregistrés, mais c’est vraiment insuffisant », a toutefois déclaré, mardi, le président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, dans un entretien à la télévision néerlandaise privée RTL 7.Lundi soir, une réunion d’urgence s’était tenue à Berlin entre les principaux protagonistes de la crise grecque : Mario Draghi pour la BCE, Christine Lagarde pour le FMI, la chancelière allemande Angela Merkel, le président français François Hollande et Jean-Claude Juncker pour la Commission européenne.M. Hollande et Mme Merkel veulent absolument sortir vite de l’impasse dans laquelle se trouve la zone euro, alors que la Grèce est au bord du défaut de paiement.Après des pourparlers intenses qui ont duré deux heures et demie, les dirigeants européens et le FMI ont voulu donner une impulsion politique décisive. M. Hollande est parti le premier, vers minuit. Les autres participants se sont éclipsés une demi-heure plus tard.Il semble que ce soit Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, qui soit restée la dernière dans le bureau de Mme Merkel, dont les lumières se sont éteintes peu avant 1 heure.Lire aussi :Tsipras obtient un début de politisation du dossier grecA Athènes, dans le même temps, le premier ministre grec Alexis Tsipras avait convoqué sa garde rapprochée au palais Maximou, sa résidence. En alerte, prêt à recevoir de Berlin un appel ou même un texte de compromis.A Paris, on espère trouver un accord avant ou autour du 5 juin. De même que Berlin, qui ne voudrait pas que le sujet grec envahisse « son » sommet du G7, à Elmau à partir du 7 juin. De fait, il y a urgence. Le 5 juin, la Grèce doit rembourser 300 millions d’euros au FMI. D’après plusieurs sources proches des négociations, Athènes peut trouver l’argent.Lire aussi :Et si la Grèce ne remboursait pas le FMI ?Mais la Grèce craint que si elle envoie ce chèque, sans l’assurance d’un accord avec Bruxelles dans la foulée, elle ne puisse pas assurer les remboursements suivants au Fonds (336 millions d’euros le 12 juin, 560 le 16 et 336 le 19 juin).Par ailleurs, pour que les prêts restant à verser (les 7,2 milliards) puissent l’être, il faut un accord en Eurogroupe (réunion des 19 ministres des finances de la zone euro), puis une validation par quelques parlements nationaux – dont le Bundestag.« La séquence est serrée, il ne faut pas traîner, l’accord politique doit intervenir dans les jours qui viennent », insistait une source proche des discussions, mardi.Lire aussi :Au G7 finance, le dossier grec occupe bien des conversationsTout faire pour empêcher un « Grexit »Sur la même ligne depuis le début du printemps, la chancelière allemande et le président français veulent préserver la zone euro d’un accident grec (un défaut de paiement) aux conséquences incalculables.Tout un tas d’analyses, des petites phrases ont fleuri ces derniers mois, suggérant qu’un « grexit », une sortie de la Grèce de la zone euro, aurait désormais des conséquences limitées, grâce aux pare-feux mis en place depuis la tempête financière des années 2008-2010 et les deux précédents sauvetages grecs (2010 et 2012) : l’Union bancaire, le Mécanisme européen de stabilité, etc.Mais les dirigeants français et allemands, et M. Juncker à la Commission, estiment qu’un Grexit créerait un précédent catastrophique, portant un coup terrible à l’intégrité et à l’irréversibilité de la zone euro. Et les conséquences géopolitiques d’une « mise au ban » de la Grèce seraient redoutables.C’est parce que le groupe de Bruxelles n’a pas réussi à surmonter ses différents, le week-end dernier, que la chancelière et le président français ont pris les choses en main politiquement, ces derniers jours.De l’autre coté de l’Atlantique, le porte-parole de la maison blanche Josh Earnest a de nouveau appelé, lundi, les différentes parties « à parvenir rapidement à un accord ». Les États-Unis redoutent toujours une déstabilisation mondiale de l’économie en cas de sortie de la Grèce de la zone euro.Encore un blocage sur les retraitesPour décrocher un accord, des compromis sont encore nécessaires, à Athènes, même si Tsipras, dans une tribune au Monde.fr, dimanche 31 mai, a dit avoir déjà pris sa part. Comme du côté des créanciers.Selon nos informations, le FMI bloque toujours sur une réforme des retraites, qu’il voudrait plus radicale. Ces dernières semaines, ses représentants demandaient une nouvelle baisse des pensions versées aux retraités.Le gouvernement Tsipras s’est dit prêt à faire des concessions, mais pas sur le niveau des pensions. Un compromis serait cependant en passe d’être trouvé entre le FMI et la Commission, qui plaide, elle, pour une réforme plus étalée dans le temps pour Athènes.Le niveau du trou budgétaire pour 2015 fait lui aussi débat. Les créanciers l’estiment à 3 milliards d’euros et souhaiteraient qu’Athènes prévoie 2 milliards d’euros de nouvelles économies. Le gouvernement grec estime avoir concédé suffisamment en proposant de récolter près d’1 milliard d’euros supplémentaires grâce à un changement du régime de la TVA.Lire aussi :Alexis Tsipras : « Non à une zone euro à deux vitesses »Ne pas créer une exceptionLe FMI est dans une situation délicate. Le fonds ne veut surtout pas donner l’impression de créer une exception avec la Grèce, à laquelle il a déjà prêté beaucoup (32 milliards d’euros depuis 2010). À son « board », beaucoup de grands pays émergents estiment qu’il a déjà été trop arrangeant avec Athènes.Pour autant, ni Paris, ni Bruxelles, ni surtout Berlin ne sont prêts à signer un accord avec Athènes sans le FMI. Le fonds a été le premier à se précipiter au chevet de la Grèce, en 2010, quand le pays, déjà, était au bord du gouffre. Ses règles de fonctionnement, son savoir-faire en matière d’aide d’urgence, manquaient à l’époque aux Européens, confrontés pour la première fois à la faillite de l’un des leurs.En mai 2010, tant Nicolas Sarkozy, alors président français, que le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble voulaient aider Athènes sans le recours à l’institution de Washington. « C’est la chancelière qui a imposé le FMI et elle avait raison », reconnaît aujourd’hui Wolfgang Schäuble.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteFrédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Maxime Vaudano Les tractations en cours entre les protagonistes de la crise grecque parviendront-elles à sortir enfin de l’impasse ? En ce début du mois de juin, la situation se tend chaque jour un peu plus car Athènes est confrontée aux échéances de plusieurs remboursements, auxquels elle ne pourra pas faire face faute d'un accord avec les « institutions » (ex-Troïka). Le point sur la situation.Quel est le problème ?Sur quoi bloquent les discussions ?Pourquoi une telle urgence ?Que se passerait-il en cas d'échec des discussions ?La Grèce peut-elle vraiment sortir de l'euro ?1. Quel est le problème ?Depuis l'arrivée au pouvoir du parti de la coalition de la gauche radicale grecque, Syriza, en janvier 2015, le premier ministre, Alexis Tsipras, négocie avec les créanciers internationaux d'Athènes un compromis qui lui permettrait d'alléger le poids de sa dette tout en bénéficiant de nouvelles aides.Lors la réunion de l'Eurogroupe du 20 février, les parties sont parvenues à un accord de principe : Athènes s'est engagée à soumettre une liste de réformes structurelles aux « institutions » (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne et Commission européenne) en échange du versement de la dernière tranche du deuxième plan d'aide international de 2012, jusqu'alors gelée – un prêt de 7,2 milliards d'euros.Problème : les discussions techniques patinent, car les créanciers de la Grèce jugent insuffisantes les propositions de réformes de M. Tsipras, qui veut ménager son électorat en limitant les politiques d'austérité.2. Sur quoi bloquent les discussions ?Le FMI, qui campe sur une ligne dure, réclame plus d'efforts au gouvernement grec, mettant en avant le respect de ses « principes ». Plus exigeant que les institutions européennes, il réclame notamment un report de l'âge de la retraite à 67 ans et une libéralisation du marché du travail.Alexis Tspiras s'est quant à lui défendu, dimanche 31 mai, dans une tribune au Monde de bloquer les négociations par son intransigeance, mettant en avant les concessions faites par son gouvernement depuis le mois de janvier : une réforme de la TVA et une poursuite du programme de privatisations. Ces derniers jours, les dirigeants grecs se sont même dits prêts à repousser de six mois à un an le plan anti-austérité annoncé pendant la campagne de Syriza.3. Pourquoi une telle urgence ?Parce qu'Athènes, qui n'a plus reçu aucune aide financière internationale depuis l'été 2014, a besoin de ces 7,2 milliards d'euros rapidement. Elle doit rembourser en juin pas moins de 1,6 milliard d'euros au FMI, et 6,7 milliards à la BCE en juillet et août. Or, si les réserves de l'Etat grec devraient suffire à honorer l'échéance de 306 millions due au FMI le 5 juin, les caisses seront vides pour les suivantes, les 12, 16 et 19 juin. Mais surtout, le plan d'aide international actuel arrive à échéance le 30 juin. En l'absence d'accord avec les « institutions » d'ici à la fin du mois, la Grèce pourrait donc dire adieu à ce nouveau prêt et connaître un défaut de paiement.C'est pourquoi les discussions, bloquées depuis plusieurs semaines, sont aujourd'hui dans une phase critique.Le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, a toutefois affirmé le 2 juin dans le Wall Street Journal que si elles n’avaient pas encore tout à fait abouti, les discussions commençaient à « porter leurs fruits ». Selon les informations du Monde, le « groupe de Bruxelles », constitué de représentants de l’administration grecque et des créanciers, devait se réunir mardi pour tenter de finaliser un brouillon d’accord, avant de l’envoyer à Athènes.Lire :Les créanciers de la Grèce finalisent un projet d’accordOutre le fait d'apporter un grand bol d'air aux Grecs, un compromis ouvrirait la voie à la négociation éventuelle d'un troisième plan d'aide international, qui pourrait intervenir en 2016.Lire aussi :Grèce : le scénario d’un accord en deux temps4. Que se passerait-il en cas d'échec des discussions ?A défaut d'un accord, « la Grèce, mais aussi l'Union européenne, vont entrer en territoire inconnu », a estimé le ministre grec de l'économie, Georges Stathakis, dans un entretien au journal Realnews. Incapable d'honorer ses dettes, Athènes devrait voir s'enclencher contre elle une procédure de « mise en défaut » de la part du FMI.Elle pourrait à la rigueur bénéficier d'un mois de sursis pour regrouper ses paiements en un seul – une solution qui a été appliquée pour la dernière fois en Zambie, dans les années 1980.Lire :Et si la Grèce ne remboursait pas le FMI ?Mais surtout, un effet boule de neige pourrait accentuer la défiance de tous ses créanciers et une panique des citoyens grecs. Et pour honorer ses paiements courants (comme le salaire des fonctionnaires), la Grèce pourrait être tentée d'imprimer des monnaies parallèles, à l'image de l'Argentine au début des années 2000. Dès lors, la sortie de la Grèce de la zone euro ne serait qu'une question de temps.Lire :La Grèce risque-t-elle le scénario argentin ?5. La Grèce peut-elle vraiment sortir de l'euro ?Sur cette question hautement sensible, qui alimente le débat depuis bientôt cinq ans, les avis divergent. Les Européens rechignent à évoquer ce scénario publiquement. Du ministre français des finances, Michel Sapin, au président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, tous les dirigeants européens s'opposent à un « Grexit ». A l'inverse, le FMI est beaucoup plus intransigeant. Pour faire monter la pression, sa patronne Christine Lagarde a prévenu fin mai dans une interview à la FAZ que la sortie de la Grèce de la zone euro était une « possibilité », et qu'elle ne signifierait pas « la fin de l'euro ».Juridiquement, les traités européens ne prévoient pas la possibilité pour un Etat de quitter la zone euro. La Commission européenne l'a rappelé le 5 janvier pour tenter de dissiper les rumeurs : l'appartenance d'un pays à la zone euro est « irrévocable ».Dès lors, deux possibilités s'offriraient à la Grèce si elle voulait le faire, comme l'expliquait déjà en 2011 l'économiste Eric Dor.La voie légale : elle sort de l'Union européenne (grâce à l'article 50 du traité de Lisbonne), puis y ré-adhère dans la foulée en négociant une exception lui permettant de ne pas avoir à entrer dans la zone euro (comme le Royaume-Uni, la Suède ou le Danemark l'ont fait dans les années 1990).La voie exceptionnelle : les Vingt-Huit amendent les traités européens pour y introduire une clause de sortie de la zone euro, pour permettre à la Grèce de quitter la monnaie unique sans devoir claquer la porte de l'UE. Il serait même possible, selon certains observateurs, de contourner le droit européen si tout le monde (Commission et Etats-membres) était d'accord.Maxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le premier ministre grec, Alexis Tsipras est peut-être en passe d’obtenir ce qu’il cherche depuis quatre mois, c’est-à-dire un règlement politique du dossier grec dans la dernière ligne droite.Il a en tout cas pu se satisfaire de la réunion très « politique » qui a eu lieu lundi 1er juin à Berlin : dans la soirée Angela Merkel, qui accueillait François Hollande, a réuni Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE) et Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI).Au menu de ce rendez-vous d’urgence : l’accélération des discussions entre la Grèce et ses créanciers afin de trouver une solution qui permette au pays d’éviter le défaut de paiement à la fin de la semaine, quand il devra rembourser des emprunts contractés auprès du FMI. Cette politisation des négociations a-t-elle porté ses fruits ? Il est trop tôt pour le dire.Ebauche d’accordÀ l’heure où les dirigeants européens et la patronne du FMI étaient réunis à Berlin, M. Tsipras avait convoqué sa garde rapprochée au palais Maximou (résidence du premier ministre) à Athènes.En alerte, prêt à recevoir de Berlin un appel ou, mieux encore, un texte de compromis, le premier ministre grec aura finalement dû se résoudre à clore cette réunion sans que rien ne soit tranché. Du moins officiellement.Car selon des sources proches des négociations, les créanciers auraient bien discuté autour d’une ébauche d’accord, sans pour autant s’entendre de manière définitive. Le FMI notamment se serait de nouveau montré assez ferme.Accélérer le processusLa seule volonté commune affichée est d’accélérer le processus et de faire pression sur le « groupe de Bruxelles » (les techniciens des créanciers), dont les travaux devaient reprendre dès mardi matin, pour arriver à dénouer les derniers points de conflit.La Commission, l’Allemagne et la France semblent désormais déterminées à maintenir à tout prix la Grèce dans la zone euro et poussent donc à trouver les moyens de sortir de l’impasse. Ils ne sont pas prêts pour autant à se passer du FMI, présent depuis le début dans la gestion du dossier grec, qui a prêté 32 milliards d’euros au pays, et reste le garant d’une certaine technicité du dossier.C’est en effet le FMI qui sait organiser le contrôle de l’avancée des réformes imposées à la Grèce, en échange des 240 milliards de prêts qu’elle a touchés au total de ses créanciers depuis 2010.Des désaccords persistentL’un des points de « crispation » dans les discussions demeure la question du système des retraites que le FMI veut voir réformer plus fortement. Dans une tribune publiée dimanche 31 mai sur LeMonde.fr, Alexis Tsipras a certes rappelé qu’il était prêt à un compromis.« Nous nous sommes mis d’accord pour mettre en œuvre une grande réforme du système de sécurité sociale avec l’unification des caisses d’assurance sociale, la suppression de dispositions autorisant à tort l’octroi de retraites anticipées, en augmentant de cette façon l’âge réel de la retraite », a-t-il écrit. Mais le premier ministre grec s’oppose à toute nouvelle baisse des pensions versées aux retraités. Or c’est sur ce point qu’insiste le FMI.Un désaccord persiste également sur le niveau du déficit affiché par le budget de l’Etat grec pour l’année 2015 et donc sur l’ampleur des mesures d’économies à réaliser pour le réduire. Les créanciers estiment le « trou » à 3 milliards d’euros et souhaiteraient qu’Athènes anticipe de nouvelles mesures permettant 2 milliards d’économies supplémentaires.Des « progrès sérieux »Là encore, le gouvernement grec estime avoir concédé suffisamment en proposant de récolter près d’un milliard d’euros supplémentaire, à travers un changement du régime de la TVA déjà bien difficile à faire passer. Il propose plutôt de s’attaquer à la fraude fiscale et d’améliorer la collecte des impôts – sans les augmenter pour autant.Par contre le niveau attendu de l’excédent primaire (hors charge de la dette) semble pouvoir être revu à la baisse pour les années 2015 et 2016 sans trop de problème maintenant.Des « progrès sérieux » sont faits mais il reste du « chemin à faire pour parvenir au bon accord », a déclaré, mardi matin, le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici au micro de France Inter. « On a avancé sur des questions concrètes », notamment sur la TVA et la réforme de l’administration en Grèce, mais le « temps presse », a ajouté le commissaire européen.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Antonin Sabot L’arrêté d’expulsion avait été affiché samedi 30 mai en préfecture. Depuis, les migrants qui campaient boulevard de La Chapelle à Paris, entre les stations de métro Barbès et La Chapelle, dans le 18e arrondissement, s’attendaient à être expulsés d’un jour à l’autre. Mardi 2 juin, la police a bouclé le périmètre aux alentours de 6 heures et a procédé à l’évacuation du camp, mettant en avant, comme souvent dans ce genre de cas, l’insalubrité et les risques sanitaires.Lire aussi :Dans nos sociétés pressées, le migrant est transparent« C’est une opération d’urgence et c’est dommage de devoir en arriver là », reconnaissait Pierre Henry, directeur général de France terre d’asile, présent sur place pour « garantir que ça se passe bien ». Avec Emmaüs, l’association avait aidé à établir, la semaine dernière, un « diagnostic » sur le nombre de personnes que comptait le campement, sur leur situation et sur la réponse à y apporter. Une liste de trois cent quatre-vingts personnes avait été établie. Parmi elles, la moitié relève de la demande d’asile et certaines auraient même déjà le statut de réfugié. Mais mardi matin, c’est justement cette liste qui pose problème. Alors que la police fait entrer petit à petit les migrants dans des autobus en partance pour toute l’Ile-de-France, beaucoup d’autres restent coincés derrière le cordon de sécurité. « Ils se lèvent tôt et certains partent prendre leur petit-déjeuner dans des associations, ou quittent un moment le camp », explique une bénévole de l’association Entraides citoyennes. Impossible pour eux de rejoindre leur tente et de récupérer leurs affaires. A chaque membre de France terre d’asile ou à un officiel qui s’approche ils tendent leurs papiers pour supplier de les laisser entrer. Au compte-gouttes, on laisse passer quelques femmes avec des poussettes. « On les trie sur le trottoir », proteste une militante.D’autres expliquent qu’ils n’étaient pas là au moment du recensement. Ils dormiront certainement dans la rue ce soir encore.« Tout ce qu’on cherche, c’est à les disperser, note, amer, Pascal Julien, conseiller de Paris écologiste, mais les solutions proposées ne sont que temporaires. » Une bonne moitié part en direction de La Boulangerie, un centre d’accueil de nuit pour personnes sans domicile fixe, les autres sont répartis dans toute la région. « Mais dans quinze jours ? » interrogent l’élu et des militants venus soutenir les migrants. « Vous pouvez être sûrs qu’ils vont se regrouper à nouveau », assure Pascal Julien. A chaque car qui s’en va, un petit groupe de militants tente de s’interposer un moment. Adresse quelques signes de soutien ou d’amitié aux personnes qui, dans le bus, font un petit geste de la main, un sourire un peu inquiet aux lèvres. « Je suis venu pour montrer qu’il y a un peu de solidarité, explique Christine, qui préfère ne pas donner son nom et dit habiter non loin de là. On venait souvent, le camp était sordide, ils n’avaient que trois toilettes pour quatre cents personnes et un seul point d’eau, mais des personnes dans une telle détresse ont besoin de se regrouper et d’être ensemble pour survivre. J’ai honte de ce qu’il se passe aujourd’hui », lâche-t-elle.« Risque d’épidémie »Mercredi 27 mai, le préfet de police de Paris, Bernard Boucault, avait fait état d’un « risque d’épidémie » justifiant une évacuation rapide. Des risques de dysenterie et des cas de gale avaient été rapportés par l’Agence régionale de santé dans un document à la fin du mois de mai. La ministre de la santé, Marisol Touraine, a d’ailleurs jugé mardi matin sur France Info que « le démantèlement de ce camp répond [ait] aussi à une exigence en termes sanitaires ».« Les campements sont des lieux qui en termes d’épidémie, en termes sanitaires sont toujours des risques (…), d’abord pour ceux qui y habitent », a commenté la ministre des affaires sociales. En matière de politique d’accueil de la France, Marisol Touraine a souligné que « la France accueille des migrants, [elle] n’est pas portes fermées, les yeux fermés sur la réalité du monde ». Chacun semble savoir que l’expulsion et les relogements ne sont que des solutions temporaires. Au moins deux cents personnes du camp seraient « en transit » vers d’autres pays. « Les femmes avec enfant relèvent de l’aide sociale à l’enfance de la ville », et les demandeurs d’asile des centres d’accueil, a détaillé le préfet. Pour les autres, en transit ou ne voulant pas demander l’asile, « une mise à l’abri temporaire » sera proposée.La Ville de Paris devrait également loger dans des hôtels soixante-quatorze personnes, dont les mineurs présents sur le camp. L’emplacement devait être ensuite nettoyé et une veille assurée sur le site, a-t-on indiqué de source proche de la Mairie.Aux abords du pont, place de La Chapelle, un journaliste interviewe un jeune homme qui dit appartenir au camp :- « Où allez-vous dormir ce soir ? » - « Ben ici », répond l’homme, le regard dans le vide. Le journaliste hésite un moment. - « Mais c’est évacué… »- « Oui, mais j’ai pas de famille, nulle part où aller. Alors je dois bien dormir ici… »Lire aussi :La « jungle » de La Chapelle bientôt évacuée Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-556d96b9622c0'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 11\r\n \r\n \r\nDans le campement se croisent de nombreuses nationalit\u00e9s : Erythr\u00e9ens, Soudanais, Marocains, Tunisiens...\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Dans le campement se croisent de nombreuses nationalit\u00e9s : Erythr\u00e9ens, Soudanais, Marocains, Tunisiens...","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":0,"position":1,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 11\r\n \r\n \r\nZaccharie, un Soudanais install\u00e9 dans le campement depuis six mois.\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Zaccharie, un Soudanais install\u00e9 dans le campement depuis six mois.","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":1,"position":2,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 11\r\n \r\n \r\nNe pas perdre les gestes du quotidien est essentiel. Une personne offre ses services de coiffeur \u00e0 un habitant du campement.\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Ne pas perdre les gestes du quotidien est essentiel. Une personne offre ses services de coiffeur \u00e0 un habitant du campement.","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":2,"position":3,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 11\r\n \r\n \r\nL\u2019association Une chorba pour tous a distribu\u00e9 plus de deux cent cinquante repas dans le campement. C'est la premi\u00e8re fois que l'association prenait cette initiative.\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"L\u2019association Une chorba pour tous a distribu\u00e9 plus de deux cent cinquante repas dans le campement. C'est la premi\u00e8re fois que l'association prenait cette initiative.","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":3,"position":4,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 11\r\n \r\n \r\nKaled, un migrant soudanais, mange son seul repas de la journ\u00e9e, offert par Une chorba pour tous.\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Kaled, un migrant soudanais, mange son seul repas de la journ\u00e9e, offert par Une chorba pour tous.","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":4,"position":5,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 11\r\n \r\n \r\nLes r\u00e9fugi\u00e9s vivent ici dans des conditions tr\u00e8s pr\u00e9caires. La pr\u00e9fecture \u00e9voque m\u00eame un risque \u00ab d'\u00e9pid\u00e9mie \u00bb.\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Les r\u00e9fugi\u00e9s vivent ici dans des conditions tr\u00e8s pr\u00e9caires. La pr\u00e9fecture \u00e9voque m\u00eame un risque \u00ab d'\u00e9pid\u00e9mie \u00bb.","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":5,"position":6,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 11\r\n \r\n \r\nUne r\u00e9fugi\u00e9e soudanaise pose avec son enfant devant le campement. Elle a d\u00e9pos\u00e9 une demande d'asile, mais n'arrive pas \u00e0 obtenir un logement.\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une r\u00e9fugi\u00e9e soudanaise pose avec son enfant devant le campement. Elle a d\u00e9pos\u00e9 une demande d'asile, mais n'arrive pas \u00e0 obtenir un logement.","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":6,"position":7,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 11\r\n \r\n \r\nDes repr\u00e9sentants de la mairie de Paris et d'associations humanitaires viennent rencontrer les migrants et proc\u00e9der \u00e0 un recensement dans le campement. Ici, la directrice d\u2019Emma\u00fcs solidarit\u00e9.\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des repr\u00e9sentants de la mairie de Paris et d'associations humanitaires viennent rencontrer les migrants et proc\u00e9der \u00e0 un recensement dans le campement. Ici, la directrice d\u2019Emma\u00fcs solidarit\u00e9.","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":7,"position":8,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 11\r\n \r\n \r\nLes tentes sont d\u00e9ploy\u00e9es entre les rails de la gare du Nord et la ligne 2 du m\u00e9tro.\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Les tentes sont d\u00e9ploy\u00e9es entre les rails de la gare du Nord et la ligne 2 du m\u00e9tro.","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":8,"position":9,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 11\r\n \r\n \r\nLa nuit tombe sur le campement. Difficile de dormir avec les passages incessants du m\u00e9tro.\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"La nuit tombe sur le campement. Difficile de dormir avec les passages incessants du m\u00e9tro.","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":9,"position":10,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200_9.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 11 \/ 11\r\n \r\n \r\nTout le monde n'a pas la chance de disposer d'une tente. Les derniers arriv\u00e9s dorment sur des matelas.\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Tout le monde n'a pas la chance de disposer d'une tente. Les derniers arriv\u00e9s dorment sur des matelas.","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":10,"position":11,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200_10.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Antonin SabotJournaliste au pôle vidéoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Angela Merkel, François Hollande, Jean-Claude Juncker, Mario Draghi et Christine Lagarde se sont séparés vers minuit, mardi 2 juin. La chancelière allemande, qui recevait à Berlin le président français et le président de la Commission européenne pour une rencontre avec une vingtaine de dirigeants d’entreprises industrielles européennes, lundi, de 19 heures à 21 heures, a organisé un minisommet de crise sur la Grèce en invitant le président de la Banque centrale européenne et la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) à les rejoindre dans la soirée.Il s’agissait de trouver une position commune pour les créanciers face à Athènes. Ceux-là exigent de la Grèce qu’elle entreprenne des réformes structurelles avant de débloquer une dernière tranche d’aide de quelque 7,2 milliards d’euros dont la Grèce a urgemment besoin.Lire :Grèce : le scénario d’un accord en deux tempsForte pression sur les négociateursApparemment, les cinq dirigeants ne sont pas parvenus à un accord. A l’issue de la rencontre, un négociateur a reconnu qu’il « restait encore deux ou trois points à régler » mais que François Hollande et Angela Merkel avaient fait une forte pression sur les négociateurs pour qu’ils trouvent « très rapidement » un accord entre eux avant d’en trouver un avec la Grèce. « Les négociateurs doivent rester en contact étroit entre eux et naturellement également avec le gouvernement grec », a indiqué la chancellerie.Dimanche soir, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, avait eu au téléphone Angela Merkel et François Hollande durant une heure. Un échange téléphonique qualifié de « constructif » par le porte-parole d’Angela Merkel. Les trois dirigeants s’étaient déjà longuement parlé le jeudi. Lundi soir, Alexis Tsipras n’a pas été associé aux discussions.Depuis plusieurs jours, le Fonds monétaire international semble plus intransigeant que les institutions européennes. Le FMI, qui a déjà prêté des sommes records à la Grèce (32 milliards d’euros depuis cinq ans), veut absolument éviter de créer un précédent avec Athènes en traitant le pays avec plus d’indulgence que d’autres.1,6 milliard d’euros à rembourser en juinDans un entretien accordé vendredi 29 mai au Frankfurter Allgemeine Zeitung, Christine Lagarde n’avait pas exclu une sortie de la Grèce de la zone euro, même si elle est ensuite revenue sur ses propos. Lors de la réunion des ministres des finances du G7, les 28 et 29 mai, les Européens, notamment le ministre français Michel Sapin, avaient « totalement exclu » que le FMI ne négociât pas aux côtés des institutions européennes. Mais un proche du dossier reconnaissait que « le FMI n’était pas dans la même logique et n’avait ni le même calendrier ni les mêmes procédures ».Lire aussi :Et si la Grèce ne remboursait pas le FMI ?Côté calendrier, la Grèce doit rembourser 1,6 milliard d’euros au FMI en juin en quatre tranches, dont 300 millions dès le 5 juin. Par ailleurs, Angela Merkel, qui préside le G7 les 7 et 8 juin à Ellmau, en Bavière, ne souhaite pas que le dossier grec perturbe « son » G7.Le gouvernement grec, lui, souffle le chaud et le froid. La semaine dernière, Yanis Varoufakis, ministre des finances grec, avait affirmé que la Grèce rembourserait ses créanciers dans les temps, « puisqu’il y aura un accord d’ici au 5 juin ». En revanche, dans une tribune publiée ce week-end par le journal Le Monde, le premier ministre, Alexis Tsipras, estimait que la Grèce avait pris les engagements que les créanciers attendaient d’elle. Et que c’était leur intransigeance qui empêchait la négociation en cours de s’achever.Lire aussi la tribune :Alexis Tsipras : « Non à une zone euro à deux vitesses »Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.06.2015 à 13h57 La campagne des élections législatives turques du 7 juin a fait, lundi 1er juin, un détour inattendu par les commodités présidentielles. Le chef de l’Etat, Recep Tayyip Erdogan, a mis le chef de l’opposition au défi de prouver que le siège de ses toilettes était… en or.Inédite, la polémique politico-sanitaire a été lancée par le président du Cumhuriyet Halk Partisi (CHP, « Parti républicain du peuple » – social-démocrate), Kemal Kiliçdaroglu. Ce dernier a pris pour cible le gigantesque et luxueux palais de M. Erdogan, signe selon lui de la folie des grandeurs et de la dérive autoritaire de l’homme fort du pays.Lors d’une réunion publique samedi à Izmir (ouest), il a dénoncé ces « messieurs d’Ankara » pour lesquels on a « construit des palais, livré des avions, acheté des voitures Mercedes (…) et des sièges en or [pour recouvrir] les toilettes ».Lire aussi :M. Erdogan s’offre un palais symbole de sa « nouvelle Turquie »« Si c’est le cas, je démissionnerai de la présidence » Lors d’un entretien dimanche soir sur la télévision publique TRT, M. Erdogan a très sérieusement répondu aux allégations de son adversaire en l’invitant à venir vérifier sur place. « Je l’invite à venir faire une visite (…) je me demande s’il sera capable de trouver un couvercle de toilettes en or dans une salle de bains », s’est amusé le chef de l’Etat. « Si c’est le cas, je démissionnerai de la présidence », a ajouté M. Erdogan. La présidence de la République a fait savoir lundi qu’elle avait envoyé une invitation officielle à M. Kiliçdaroglu.Inauguré à l’automne dernier, le nouveau palais présidentiel, qui compte un millier de pièces et coûté 490 millions d’euros, est l’une des cibles favorites des détracteurs du président islamo-conservateur.Lire aussi :Erdogan, à la fois sultan et Atatürk en son nouveau palaisAu pouvoir depuis 2002, l’Adalet ve Kalkınma Partisi (AKP – le « Parti de la justice et du développement ») de M. Erdogan se présente en favori, mais affaibli aux législatives, de dimanche. L’actuel chef de l’Etat espère y obtenir une forte majorité à sa main pour réformer la Constitution. 01.06.2015 à 12h04 • Mis à jour le01.06.2015 à 15h07 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) La première leçon des élections régionales et municipales, qui se sont déroulées dimanche 31 mai et dont les résultats définitifs ont été connus lundi, paraît claire : un an après le triomphe du président du conseil et du Parti démocrate (PD, centre gauche), avec près de 41 % des suffrages aux élections européennes, l’étoile de Matteo Renzi pâlit. Près de 23 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes dans sept régions (Ligurie, Vénétie, Toscane, Ombrie, Marches, Campanie et Pouilles) et plus de 1 000 communes.Si le centre gauche dirigera cinq exécutifs régionaux (il perd la Ligurie, gagne la Campanie alors que la Vénétie reste aux mains de la Ligue du Nord), le score total du PD se situe aux alentours de 23 % des suffrages au niveau national, selon les projections des instituts. Il devance le Mouvement 5 étoiles (18 %), le parti antieuropéen et anti-immigrés de la Ligue du Nord (12,5 %), Forza Italia (10,7 %), la formation de Silvio Berlusconi. A noter la faible participation : 52,2 % aux régionales et 65 % aux municipales. Soit, respectivement, 12 et 7 points de moins qu’aux scrutins précédents de même nature.« Loyalistes » et « frondeurs »M. Renzi a dû faire face à deux écueils qu’il n’a su éviter en tant que secrétaire du PD : un candidat dissident en Ligurie, qui a éparpillé les voix de gauche ; un candidat qualifié d’« imprésentable » en Campanie, en raison de sa condamnation en première instance pour « abus de pouvoir ». Si ce dernier, Vincenzo De Luca, s’est imposé de justesse, il risque d’être déclaré inéligible. Sa participation à ce scrutin a jeté une ombre sur un parti qui se veut exemplaire et a focalisé toute l’attention des médias sur sa personne.Ce résultat décevant est également un jugement sur sa politique et sa stratégie. Les réformes dont il se vante (marché du travail, mode de scrutin, école) et son alliance pour faire adopter certaines d’entre elles avec la droite berlusconienne ont divisé son parti entre « loyalistes » et « frondeurs » et désorienté l’électorat traditionnel de la gauche italienne. Malgré un retour de la croissance après trois ans de récession, le chômage n’a pas diminué (13 % de la population).Alors qu’il rêvait, il y a deux mois encore, d’un « grand chelem » en remportant les sept régions, il avait ramené son ambition à l’horizon d’un plus modeste « 4 à 3 ». « Ces élections ne sont pas un test pour le gouvernement », n’a-t-il cessé de répéter. Selon le quotidien la Repubblica du 1er juin, M. Renzi aurait dénoncé en privé « la gauche masochiste ».Lieux d’expérimentationPour autant, l’opposition est encore un vaste chantier. Malgré son long déclin, Silvio Berlusconi sauve les meubles, ayant réussi à imposer l’alliance de la droite (Forza Italia, Ligue du Nord et le petit parti post-fasciste Fratelli d’Italia) dans la région qu’elle a gagnée (la Ligurie) ou conservée (la Vénétie). A l’inverse, le candidat dissident de Forza Italia dans les Pouilles enregistre un résultat presque trois fois inférieur à celui du vainqueur.La nouvelle configuration sortie des urnes fait désormais de Matteo Salvini, le leader du parti anti-immigrés et anti-européen, allié du Front national au Parlement européen à Strasbourg, le pivot central d’une éventuelle et nécessaire recomposition. La Ligue distance nettement son partenaire en Ligurie, en Toscane et en Ombrie. De plus, M. Salvini n’a plus d’adversaire au sein de sa formation, puisque son rival, Flavio Tosi, candidat dissident en Vénétie, n’arrive qu’en quatrième position.Désormais, ­Matteo Salvini, le leader de la Ligue du Nord, est le pivot central d’une éventuelle recomposition de la droiteMais le vrai vainqueur de la consultation de dimanche est le Mouvement 5 étoiles (M5S). Alors que les élections locales s’étaient souvent soldées par des échecs cuisants en regard de son score obtenu aux scrutins sénatoriaux et législatifs de février 2013 (25 %), le « non-parti » fondé par le comique Beppe Grillo en 2009 confirme l’étiage que lui accordent les sondages. Dans certaines régions, et bien qu’il se soit présenté seul et sans aucune liste de soutien, il devient même le premier parti en nombre de voix.Réplique du séisme Podemos ou enracinement durable ? Les candidats du M5S ont tous confié qu’ils avaient ressenti au cours de leur campagne « une véritable adhésion » à leurs propositions, dont celle, notamment, d’un revenu minimum citoyen, et non plus la simple expression d’un vote protestataire. Mais le M5S s’est gardé de commenter les résultats du scrutin espagnol de crainte de devoir se prononcer sur une éventuelle alliance avec la gauche qu’il dénonce encore comme une « compromission ». Mais loin des feux médiatiques, les conseils régionaux dans lesquels les élus du Mouvement 5 étoiles viennent d’entrer en force pourraient se révéler de discrets lieux d’expérimentations.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Après quatre mois de laborieuses négociations, un accord entre Athènes et ses créanciers semble désormais à portée de main. Mais, pour qu’Athènes touche enfin son chèque d’environ 7,2 milliards d’euros et que le pays sorte de l’instabilité financière et économique qui le gangrène depuis le début du bras de fer avec ses créanciers, des compromis difficiles doivent encore être faits dans les heures et les jours qui viennent. Par Athènes. Mais aussi par les bailleurs les plus intransigeants du pays, à commencer par le Fonds monétaire international (FMI).Lundi 1er juin au matin, en tout cas, personne ne se risquait à commenter, à Bruxelles, Paris ou Berlin, la tribune particulièrement véhémente du premier ministre grec, Alexis Tsipras, parue la veille sur Lemonde.fr. Il dit, en substance, que la Grèce a fait sa part du chemin, et que les créanciers du pays (FMI, UE, BCE) doivent à leur tour bouger. « Si nous ne sommes pas encore arrivés à un accord avec nos partenaires, ce n’est pas à cause de notre intransigeance », assure le leader de la gauche radicale Syriza, qui a pris personnellement en charge, ces derniers jours, la laborieuse négociation avec les bailleurs de fonds du pays.Lire aussi :Grèce : l’ex-députée socialiste Elena Panaritis renonce au FMICes propos vont-ils peser sur les discussions ou, au contraire, pousser les dirigeants politiques européens, le président français, François Hollande et la chancelière allemande, Angela Merkel en tête, à prendre clairement et publiquement position pour une sortie de crise rapide ?Intensification des discussionsLes discussions sur la liste des réformes grecques à engager, contre l’aide internationale, se sont intensifiées ces derniers jours, y compris au plus haut niveau, pour sortir de l’impasse. Le « groupe de Bruxelles », des représentants des créanciers, a repris son travail mercredi 27 mai et s’est réuni une partie du week-endM. Tsipras a eu deux conversations téléphoniques en quatre jours avec M. Hollande et Mme Merkel, jeudi 28 mai et dimanche 31 mai. Ces derniers devaient à nouveau parler de la Grèce, lundi 1er juin à Berlin, avec Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, autre protagoniste-clé du dossier.Le peu qui a filtré de ces discussions au sommet est qu’Athènes espère un accord avant le 5 juin. Et que la Commission européenne, Paris et Berlin y travaillent aussi. A cette date, la Grèce doit rembourser 300 millions d’euros au FMI.Lire aussi :Et si la Grèce ne remboursait pas le FMI ?D’après plusieurs sources proches des négociations, Athènes peut trouver cet argent. Mais le gouvernement grec craint que, s’il envoie le chèque sans assurance d’un accord avec Bruxelles, il ne puisse pas assurer les remboursements suivants au FMI (336 millions d’euros le 12 juin, 560 millions le 16 et 336 millions le 19 juin)…Quel endettement ? Quelles échéances ?Montant de la dette : elle s’élève à 321 milliards d’euros, soit 177 % du PIB du pays. La Banque centrale européenne (BCE) en détient 27 milliards d’euros. L’Europe, par le Fonds européen de stabilité financière, a prêté 142 milliards d’euros et d’autres pays ont aussi consenti des prêts bilatéraux à hauteur de 52 milliards d’euros (dont 11,4 milliards d’euros pour la France).Remboursements auprès du FMI :  Athènes doit encore rembourser 25 milliards d’euros au Fonds monétaire international. 1,6 milliard d’euros doivent être remboursés en juin, et notamment 308 millions d’euros le 5 juin.Trouver un premier compromisLes Grecs misent donc sur un accord partiel portant sur une première série de réformes, les discussions les plus dures sur le système de retraites et le fonctionnement du marché du travail étant reportées.Le ministre des finances, Yanis Varoufakis, a ainsi suggéré de remettre à l’après-30 juin, date de la fin du deuxième plan d’aide au pays, un accord plus global qui aborderait aussi une restructuration de la dette publique. « Aucun accord ne peut rendre la situation grecque viable sans régler la question de la dette », a-t-il déclaré durant le week-end.Ce scénario d’un accord en deux phases circule beaucoup à Athènes ces derniers jours. Dans cette hypothèse, un premier compromis autour des réformes liées à la fiscalité (hausse de la TVA, lutte contre la fraude fiscale, maintien de l’impôt sur la propriété, etc..) pourrait s’accompagner du versement d’une partie des 7,2 milliards d’euros encore disponibles dans le cadre du deuxième plan d’aide.Cela permettrait à la Grèce de passer le cap difficile des remboursements au FMI de juin. Et à la BCE en juillet. Les points les plus difficiles de la négociation ne seraient pas abordés avant l’automne. Retraites et marché du travail toujours sujets de désaccordIl faut dire que, même si les positions des uns et des autres se sont rapprochées ces derniers jours, les discussions achoppent toujours sur les retraites et le marché du travail. Mais pas seulement.Le FMI plaide par exemple pour un report du départ à la retraite à 67 ans. A la Commission européenne, on souhaite différer la négociation sur une réforme des retraites ambitieuse.Sur le surplus primaire du budget de l’Etat grec (surplus budgétaire hors paiement des dettes), la Commission européenne propose seulement 1 % du PIB en 2015 (contre un objectif de 3 % encore en début d’année), 2 % en 2016 et 3 % en 2017. Les Grecs seraient d’accord, mais pas le FMI.Sur la TVA, les divergences demeurent aussi : Athènes a proposé une augmentation, censée rapporter environ 900 millions d’euros, mais les créanciers estiment que la TVA devrait rapporter au moins deux fois plus.Pas sans le FMICôté créanciers, un accord partiel serait envisageable, à condition cependant d’obtenir d’Athènes suffisamment de garanties sur certaines réformes (le niveau des rentrées fiscales, probablement). Mais certains commencent à trouver le FMI trop intransigeant, même si les créanciers demeurent pour l’instant unis.Le FMI, qui a déjà prêté des sommes record à la Grèce (32 milliards d’euros depuis 5 ans), veut absolument éviter de créer un précédent avec Athènes, en traitant le pays avec plus d’indulgence que d’autres.Berlin, Helsinki ou d’autres capitales européennes se rangent pour l’instant derrière cette position pour ménager des opinions publiques particulièrement hostiles à un nouveau plan d’aide à la Grèce.Quoi qu’il en soit, un accord avec la Grèce ne sera formellement validé que lors d’un Eurogroupe, la réunion des 19 ministres des finances. Et pas question que le FMI n’en soit pas, cela a clairement été répété par M. Juncker il y a quelques jours.La sortie de crise semble donc encore tout sauf imminente. « Mais les négociations, c’est comme une course, ce sont les derniers mètres qui sont souvent les plus durs », glisse une source proche des négociations, à Bruxelles.Le niveau des dépôts au plus basSelon les chiffres de la Banque de Grèce publiés vendredi 29 mai, le niveau des dépôts des particuliers et des entreprises a atteint son plus faible niveau depuis onze ans en Grèce. 30,7 milliards d’euros ont quitté les banques depuis le mois de novembre 2014. Sur le seul mois d’avril, cette fuite des capitaux a atteint 5 milliards d’euros. Aujourd’hui, le montant global de ces dépôts s’établit à 133,6 milliards d’euros.En recul aussi, les crédits au secteur privé, – 2,4 % en avril. Les crédits aux particuliers sont les plus touchés avec un recul de 3,1 % par rapport à avril 2014, mais les entreprises aussi ont toujours du mal à accéder à l’emprunt, avec un taux de variation annuel s’établissant à – 2 % en avril.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.05.2015 à 15h36 • Mis à jour le02.06.2015 à 10h35 | Alexis Tsipras (Premier ministre de la Grèce) Le 25 janvier, le peuple grec a pris une décision courageuse. Il a osé contester la voie à sens unique de l’austérité rigoureuse du Mémorandum, afin de revendiquer un nouvel accord. Un nouvel accord qui permette à la Grèce de retrouver le chemin de la croissance dans l’euro avec un programme économique viable et sans renouveler les erreurs du passé.Ces erreurs ont été payées cher par le peuple grec. En cinq ans, le chômage a grimpé à 28 % (60 % pour les jeunes), et le revenu moyen a diminué de 40 %, tandis que la Grèce, conformément aux statistiques d’Eurostat, est devenue l’Etat de l’Union européenne (UE) ayant l’indicateur d’inégalité sociale le plus élevé.Pis encore, malgré les coups durs qui ont été portés au tissu social, ce programme n’a pas réussi à redonner à l’économie grecque sa compétitivité. La dette publique a flambé de 124 % à 180 % du PIB. L’économie grecque, malgré les grands sacrifices de son peuple, est toujours piégée dans un climat d’incertitude continue engendrée par les objectifs non réalisables de la doctrine de l’équilibre financier, qui l’astreignent à rester dans un cercle vicieux d’austérité et de récession.Mettre fin au cercle vicieuxLe principal but du gouvernement grec au cours des quatre derniers mois est de mettre fin à ce cercle vicieux et à cette incertitude. Un accord mutuellement bénéfique, qui fixera des objectifs réalistes par rapport aux excédents tout en réintroduisant l’agenda du développement et des investissements – une solution définitive pour l’affaire grecque – est actuellement plus nécessaire que jamais. Par ailleurs, un tel accord marquera la fin de la crise économique européenne qui a éclaté il y a sept ans, en mettant fin au cycle de l’incertitude pour la zone euro.Aujourd’hui, l’Europe est en mesure de prendre des décisions qui déclencheront une forte reprise de l’économie grecque et européenne en mettant fin aux scénarios d’un « Grexit » (Grèce exit). Ces scénarios empêchent la stabilisation à long terme de l’économie européenne et sont susceptibles d’ébranler à tout moment la confiance tant des citoyens que des investisseurs en notre monnaie commune.Cependant, certains soutiennent que le côté grec ne fait rien pour aller dans cette direction parce qu’il se présente aux négociations avec intransigeance et sans propositions. Est-ce bien le cas ?Etant donné le moment critique, voire historique, que nous vivons, non seulement pour l’avenir de la Grèce, mais aussi pour celui de l’Europe, j’aimerais rétablir la vérité et informer de manière responsable l’opinion publique européenne et mondiale sur les intentions et les positions réelles du gouvernement grec.Après la décision de l’Eurogroupe du 20 février, notre gouvernement a soumis de nombreuses propositions de réformes visant à un accord qui associe le respect du verdict du peuple grec et celui des règles qui régissant le fonctionnement de la zone euro.Nous nous engageons notamment à réaliser des excédents primaires moins élevés pour 2015 et 2016 et plus élevés pour les années suivantes, étant donné que nous attendons une augmentation correspondante des taux de croissance de l’économie grecque.Une autre proposition importante est l’engagement à accroître les recettes publiques par le biais de la redistribution des charges à partir des citoyens à revenus moyens et faibles vers ceux qui ont des revenus élevés et qui, jusqu’à présent, s’abstenaient de payer leur part pour affronter la crise, étant donné que dans mon pays ils étaient protégés tant par l’élite politique que par la troïka, qui « fermait les yeux ».D’ailleurs, dès le premier jour, le nouveau gouvernement a montré ses intentions et sa résolution par l’introduction d’une mesure législative pour faire face à la fraude des transactions triangulaires en intensifiant les contrôles douaniers et fiscaux, afin de limiter la contrebande et l’évasion fiscale. Parallèlement, pour la première fois après de nombreuses années, les dettes des propriétaires des médias leur ont été imputées par l’Etat grec.PrivatisationsLe changement de climat dans le pays est clair. Il est également prouvé par le fait que les tribunaux accélèrent le traitement des dossiers pour que les jugements soient rendus dans des délais plus brefs lors d’affaires liées à l’évasion fiscale. Les oligarques qui étaient habitués à être protégés par le système politique ont toutes les raisons de perdre le sommeil.Il n’y a pas seulement les orientations générales, il y a aussi les propositions spécifiques que nous avons soumises lors des discussions avec les institutions qui ont couvert une grande partie de la distance qui nous séparait il y a quelques mois.Précisément, le côté grec a accepté de mettre en œuvre une série de réformes institutionnelles, telles que le renforcement de l’indépendance de l’Agence grecque de la statistique (Elstat), les interventions visant à accélérer l’administration de la justice, ainsi que les interventions dans les marchés de produits, afin d’éliminer les distorsions et les privilèges.De plus, bien que nous soyons diamétralement opposés au modèle des privatisations prôné par les institutions, parce qu’il n’offre pas de perspectives de développement et n’opère pas de transfert de ressources en faveur de l’économie réelle, mais en faveur de la dette – qui n’est de toute façon pas viable –, nous avons accepté de poursuivre avec quelques petites modifications le programme des privatisations, faisant ainsi preuve de notre intention d’aller vers un rapprochement.Nous sommes également tombés d’accord pour réaliser une grande réforme de la TVA en simplifiant le système et en renforçant la dimension de redistribution de la taxe, afin de réussir à augmenter tant le taux de recouvrement que les recettes.Nous avons déposé des propositions concrètes pour des mesures qui conduiront à une augmentation supplémentaire des recettes (contribution exceptionnelle sur les bénéfices très élevés, taxe sur les paris électroniques, intensification des contrôles des grands déposants-fraudeurs, mesures pour le recouvrement des créances arrivées à échéance en faveur de l’Etat, taxe spéciale sur les produits de luxe, appel d’offres pour les concessions de radiotélévision) qui ont été oubliées, comme par hasard, par la troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) pendant cinq ans, etc.Ces mesures visent à augmenter les recettes publiques, tout en évitant de contribuer à la récession puisqu’elles ne diminuent pas davantage la demande effective et n’imposent pas de nouvelles charges aux faibles et moyens revenus.Nous nous sommes mis d’accord pour mettre en œuvre une grande réforme du système de sécurité sociale avec l’unification des caisses d’assurance sociale, la suppression de dispositions autorisant à tort l’octroi de retraites anticipées, en augmentant de cette façon l’âge réel de la retraite.Nous devons tenir compte du fait que les pertes des caisses d’assurance sociale, qui ont conduit au problème de leur viabilité à moyen terme, sont principalement dues à des choix politiques dont la responsabilité incombe à la fois aux précédents gouvernements grecs et, surtout, à la troïka (la diminution des fonds de réserve des caisses de 25 milliards d’euros en raison du « Private sector involvement » en 2012 et surtout le taux de chômage très élevé, dû presque exclusivement au programme d’austérité extrême appliqué en Grèce depuis 2010).Finalement, malgré notre engagement de rétablir immédiatement les normes européennes en matière de droit du travail, qui a été complètement détricoté durant les cinq dernières années sous prétexte de compétitivité, nous avons accepté de mettre en œuvre une réforme du marché du travail après consultation du Bureau international du travail, et validée par lui.Ne plus toucher aux retraitesEn tenant compte de tout ce qui précède, on peut à juste titre se demander pourquoi les représentants des institutions persistent à dire que la Grèce ne présente pas de propositions.Pourquoi continuer d’arrêter de fournir des liquidités monétaires à l’économie grecque, alors que la Grèce a démontré qu’elle veut respecter ses obligations extérieures, avec le paiement depuis août 2014 de plus de 17 milliards d’euros en principal et intérêts (environ 10 % de son PIB), sans financement extérieur ?Finalement, quel est l’intérêt de ceux qui font fuiter dans la presse que nous ne sommes pas proches d’un accord, alors que celui-ci permettra de mettre un terme à l’incertitude politique et économique ressentie au niveau européen et mondial, qui se prolonge à cause de la question grecque ?La réponse non officielle de la part de certains est que nous ne sommes pas près d’un accord parce que le côté grec maintient ses positions pour rétablir les conventions collectives et refuse de diminuer davantage les retraites.Sur ces points, je dois fournir certaines explications : en ce qui concerne le premier, la position de la Grèce est que sa législation du travail doit correspondre aux normes européennes et ne peut pas violer de manière flagrante la législation européenne. Nous ne demandons rien de plus que ce qui est en vigueur dans les pays de la zone euro. Avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, nous avons fait une déclaration en ce sens.La Grèce est présentée comme le mauvais exemple que les autres Etats et peuples européens désobéissants ne devraient pas suivreEn ce qui concerne le second point, celui des retraites, la position du gouvernement grec est argumentée et logique. La diminution cumulée des retraites en Grèce pendant les années du Mémorandum est de 20 % à 48 % : actuellement 44,5 % des retraités reçoivent une retraite inférieure au seuil de pauvreté relative et, selon les données de l’Eurostat, 23,1 % des retraités vivent dans des conditions de risque de pauvreté et d’exclusion sociale.Cette situation, qui résulte de la politique du Mémorandum, ne peut être tolérable ni pour la Grèce ni pour aucun autre pays civilisé.Il faut donc dire les choses comme elles sont : si nous ne sommes pas encore arrivés à un accord avec nos partenaires, ce n’est pas à cause de notre intransigeance ou de positions incompréhensibles. Cela serait plutôt à cause de l’obsession de certains représentants institutionnels qui insistent sur des solutions déraisonnables en se montrant indifférents à l’égard du résultat démocratique des récentes élections législatives en Grèce ainsi qu’à l’égard des positions d’institutions européennes et internationales qui se disent prêtes à faire preuve de flexibilité pour respecter le verdict des urnes.Pourquoi cette obsession ? Une explication facile serait de dire qu’elle résulterait de l’intention de certains représentants institutionnels de couvrir l’échec de leur programme et d’obtenir en quelque sorte une confirmation de celui-ci. On ne peut pas d’ailleurs oublier que le FMI a publiquement reconnu, il y a quelques années, s’être trompé sur les effets dévastateurs des multiples coupes budgétaires imposées à la Grèce.Je pense que cette approche ne suffit pas pour expliquer les choses. Je ne crois pas que l’avenir de l’Europe pourrait dépendre de cette obsession de quelques acteurs.Les deux stratégies opposées de l’EuropeJ’arrive à la conclusion que la question grecque ne concerne pas exclusivement la Grèce, mais se trouve au centre d’un conflit entre deux stratégies opposées sur l’avenir de l’intégration européenne.La première vise l’approfondissement de l’intégration européenne dans un contexte d’égalité et de solidarité entre ses peuples et ses citoyens. Ceux qui soutiennent cette stratégie partent du fait qu’il est inadmissible de forcer le nouveau gouvernement grec à appliquer les mêmes politiques que les cabinets sortants, qui ont d’ailleurs totalement échoué. Sinon, nous serions obligés de supprimer les élections dans tous les pays qui sont soumis à un programme d’austérité.Nous serions aussi obligés d’accepter que les premiers ministres et les gouvernements soient imposés par les institutions européennes et internationales et que les citoyens soient privés de leur droit de vote jusqu’à l’achèvement du programme. Ils sont conscients que cela serait l’équivalent de l’abolition de la démocratie en Europe et le début d’une rupture inadmissible au sein de l’UE. Enfin, tout cela aboutirait à la naissance d’un monstre technocratique et à l’éloignement pour l’Europe de ses valeurs fondatrices.La deuxième stratégie conduit à la rupture et à la division de la zone euro et, de ce fait, de l’UE. Le premier pas dans cette direction serait la formation d’une zone euro à deux vitesses, où le noyau central imposerait les règles dures d’austérité et d’ajustement. Ce noyau central imposerait aussi un superministre des finances pour la zone euro, qui jouirait d’un pouvoir immense, avec le droit de refuser des budgets nationaux, même des Etats souverains, qui ne seraient pas conformes aux doctrines du néolibéralisme extrême.Pour tous les pays qui refuseraient de céder à ce pouvoir, la solution serait simple, la punition sévère : application obligatoire de l’austérité et, en plus, des restrictions aux mouvements des capitaux, des sanctions disciplinaires, des amendes et même la création d’une monnaie parallèle à l’euro.C’est de cette façon que le nouveau pouvoir européen cherche à se construire. La Grèce en est la première victime. Elle est déjà présentée comme le mauvais exemple que les autres Etats et peuples européens désobéissants ne devraient pas suivre.Mais le problème fondamental est que cette deuxième stratégie comporte des grands risques et ceux qui la soutiennent ne semblent pas en tenir compte. Cette deuxième stratégie risque d’être le début de la fin, puisqu’elle transforme la zone euro d’union monétaire en simple zone de taux d’échange. Mais, en plus, elle inaugure un processus d’incertitude économique et politique qui pourrait aussi transformer de fond en comble les équilibres dans l’ensemble du monde occidental.Aujourd’hui, l’Europe se trouve à la croisée des chemins. Après des concessions importantes du gouvernement grec, la décision repose, non plus entre les mains des institutions qui, à l’exception de la Commission européenne, ne sont pas élues et qui ne rendent pas des comptes aux peuples, mais entre les mains des leaders de l’Europe.Quelle stratégie pourrait l’emporter ? Celle d’une Europe de la solidarité, de l’égalité et de la démocratie ou bien celle de la rupture et finalement de la division ?Si certains pensent ou veulent bien croire que la décision que nous attendons ne concernera que la Grèce, ils se trompent. Je les renvoie au chef-d’œuvre d’Ernest Hemingway Pour qui sonne le glas ?Alexis Tsipras (Premier ministre de la Grèce) Philippe Ridet (Rome, correspondant) Tous divisés ou presque. À l’exception du Mouvement 5 Étoiles (M5S), la dernière née des formations politiques italiennes, les autres grands partis qui se présentent dimanche 31 mai aux suffrages de 20 millions d’électeurs dans plus de 1000 communes (dont Venise) et sept régions (Ligurie, Vénétie, Ombrie, Toscane, Marches, Campanie, Pouilles) sont divisés. C’est le cas au Parti Démocrate (PD centre gauche) dirigé par le Premier ministre Matteo Renzi, à Forza Italia (droite) propriété de Silvio Berlusconi ou à la Ligue du Nord (antieuropéen et anti-immigration). A chaque fois les leaders sont défiés par des « frondeurs », souligant comme l’explique le politologue Piero Ignazi « une forme de rebellion de la périphérie envers le centre du pouvoir ». Tour d’horizon.Les anti-Renzi se comptent en Ligurie. Le train des réformes guidé par le président du conseil et l’empreinte de plus en plus réformiste qu’il a donné au PD, ont laissé l’opposition interne déconfite. Elle n’a rien pu faire contre l’adoption de la réforme du code du travail qui libéralise le marché de l’emploi, rien contre celle du mode de scrutin aux élections législatives qui laisse entre les mains des chefs de partis le choix d’une bonne part des candidats, rien contre celle de l’instruction publique. Anciens communistes ou ex-compagnons de route de Matteo Renzi déçus par son virage libéral, ils rêvent de voir trébucher le premier ministre en Ligurie afin de le contraindre à gauchiser son programme. La candidate chois par le PD, Raffaela Païta, mise en examen pour avoir tardé à donner l’alarme lors des inondations de septembre 2014, est confrontée à la candidature du dissident Luca Pastorino, soutenu par Pipo Civati, autrefois ami de M. Renzi et Sergio Cofferati, ancien secrétaire général de la CGIL, le plus puissant et le plus à gauche des syndicats italiens. La dispersion des voix peut profiter à la candidate du M5S ou de Forza Italia et priver le chef gouvernement – qui espère triompher sur le score de 6 à 1 lors des régionales – d’une occasion de crier victoire.Lutte fratricide eau sein de la Ligue du Nord en Vénétie. A priori, c’est un combat générationnel que se livrent le Milanais Matteo Salvini, 42 ans leader de la Ligue, qui soutient le gouverneur sortant, Luca Zaia, et Flavio Tosi, maire de Vérone, 45 ans qui a décidé de se présenter également. Mais à y regarder de plus près, c’est l’éternel combat entre « les deux âmes de la Ligue » qui se joue. Depuis sa fondation, il y a plus de trente ans, le parti est la proie de tensions entre les Lombards, qui fournit les cadres, et les Vénètes qui remplissent les cars pour les meetings. Les uns et les autres se veulent l’expression de la « pureté » du parti. Mais M. Tosi a également d’autres idées sur l’évolution de la Ligue que M. Salvini a amarrée dans le sillage du Front national, avec lequel il est allié au Parlement européen. Le maire de Vérone aimerait se rapprocher de la droite traditionnelle dont le parti a toujours été un allié plus ou moins obéissant ; M. Salvini, souhaite au contraire faire de la Ligue qui, dans les sondages dépasse désormais Forza Italia, le pivot de toute alliance à venir. Si la région a peu de chances de passer à gauche, les scores obtenus respectivement par M. Zaia et M.Tosi permettront de jauger le rapport de force entre M. Salvini et son « frondeur ».Règlement de compte pour Forza Italia dans les Pouilles. Silvio Berlusconi a promis de se mettre « en retrait ». Il dit qu’il cherche un leader même s’il « n’en voit pas pour l’instant ». Mais à près de 79 ans, son déclin est déjà confirmé. Lassé d’attendre une éventuelle retraite du Caïman ou son adoubement comme héritier, le député européen Raffaele Fitto a décidé de mettre sur pied sa propre liste dans les Pouilles en débauchant purement et simplement le candidat de Forza Italia. Dans la foulée il a également annoncé son départ du parti et la création d’une fondation baptisée « Conservateurs et réformistes ». Le cadet, 46 ans, reproche à son aîné son opposition trop frileuse au gouvernement et sa navigation à vue. Se rêvant en David Cameron transalpin, il a décidé de faire des Pouilles, dont il est originaire, le lieu-clé de cette élection et le laboratoire de la « déberlusconisation » de la droite italienne. L’ancien Président du conseil lui promet de connaître le même sort que tous ceux qui se sont levés sur sa route et ont disparu des radars de la vie politique, comme Gianfranco Fini. « Forza Italia est désormais un chapitre clos », insiste le député européen. Mille fois pronostiquée, cette hypothèse est encore à vérifier.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 31.05.2015 à 00h40 • Mis à jour le31.05.2015 à 00h43 Le ministre de l'économie, Emmanuel Macron, estime que « l'avant-garde de la zone euro doit aller vers plus de solidarité et d'intégration », dans une interview à paraître dimanche 31 mai dans le Journal du Dimanche. Il précise que cette intégration doit passer par « un budget commun, une capacité d'endettement commune et une convergence fiscale ».Emmanuel Macron défend également l'idée d'une harmonisation des régimes sociaux ainsi que la création d'une assurance-chômage commune. Il reprend également l'idée émise par son homologue allemand, Wolfgang Schäuble, de créer un parlement de la zone euro.Deux vitessesLe ministre prône par ailleurs une Europe à deux vitesses : « Il faut accepter l'idée que l'Europe se fasse à deux vitesses, qu'il y ait une union solidaire et différenciée. Il y a une histoire à 28 (les pays membres de l’UE) et une histoire à 19 (Les pays membres de la zone euro)  », explique-t-il. Et d'ajouter que « l'Europe à 28 doit être plus simple, plus claire, plus efficace et continuer à avancer sur le numérique et l'énergie ».Sur l'objectif de plus d'intégration dans la zone euro, lire :Le « no, thanks » de Merkel et Hollande à Cameron 24.06.2015 à 18h24 • Mis à jour le24.06.2015 à 18h36 CollectifAlors qu’approchent la conférence des Nations unies sur le financement du développement à Addis-Abeba en juillet et la conférence Paris Climat 2015 en décembre, nous, organisations de la société civile francophones, appelons la France à saisir une opportunité historique, celle de changer l’avenir de millions de personnes en Afrique et dans le monde, en affectant les recettes de la taxe sur les transactions financières (TTF) européennes aux grandes urgences mondiales.Depuis 2012, la France est moteur dans la mise en place de la TTF dans onze Etats européens. Selon la Commission européenne, celle-ci devrait générer 35 milliards d’euros par an. En décidant d’en affecter une portion à la lutte contre le changement climatique et les grandes pandémies, la France peut montrer que la solidarité internationale peut sauver des vies fragilisées par la maladie et les aléas climatiques.La mobilisation politique et financière des Etats, les progrès scientifiques et la mise en place du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, ont permis d’obtenir des avancées considérables. La mortalité liée au paludisme a été divisée par deux depuis dix ans et, pour la première fois en 2014, le nombre de mises sous traitement antirétroviral a dépassé le nombre de nouvelles infections au VIH, laissant entrevoir une génération sans sida à l’horizon 2030.Mais les progrès accomplis sont fragiles et encore insuffisants. Avec 125 000 morts et 175 000 nouvelles infections dans le monde chaque mois, le VIH demeure une crise sanitaire et un frein au développement qu’il faut urgemment juguler. En Afrique subsaharienne, 6 adultes sur 10 et 8 enfants sur 10 n’ont pas accès à un traitement antirétroviral. Selon l’ONU, sans investissements massifs dans les cinq prochaines années, l’épidémie rebondira et deviendra de nouveau incontrôlable.En matière d’adaptation au changement climatique, les efforts consentis depuis Copenhague ont permis à de nombreuses communautés de faire face aux événements extrêmes de plus en plus violents et fréquents. Les systèmes d’alerte précoce, les digues, les méthodes de production et d’irrigation mieux adaptés ont permis de sauver des vies et d’éviter des famines.Mais, là aussi, les financements restent insuffisants : ils représentent entre 17 et 20 milliards de dollars (entre 15,20 et 17,89 milliards d’euros) par an répartis entre 137 pays en développement, dont seulement 20 % pour l’adaptation. Alors que les besoins pour l’Afrique seule sont de l’ordre de 7 à 15 milliards de dollars par an. Sans financements supplémentaires, 600 millions de personnes de plus risquent de souffrir de la faim en 2050.A la conférence d’Addis-Abeba, du 13 au 16 juillet, l’enjeu sera de mobiliser les ressources permettant d’offrir aux populations les plus pauvres et les plus vulnérables un développement durable, sain et adapté aux impacts du changement climatique. La réponse financière devra être suffisamment crédible pour faire émerger un accord ambitieux sur la réduction des risques climatiques à la COP21, et pour porter un coup d’arrêt à la mortalité et aux nouvelles infections dues à VIH, à la tuberculose et au paludisme. Une réponse commune des 11 Etats de la TTF européenne serait un signal fort.Au sommet de la Terre à Rio en 2012, puis devant l’Union africaine en 2013, François Hollande s’est engagé à ce que la TTF finance ces priorités mondiales. En 2015, un million de personnes ont signé une pétition appelant à respecter ces engagements. A la conférence d’Addis-Abeba, nous attendons de la France qu’elle annonce un sommet européen qui entérinera l’affectation commune de la TTF à la lutte contre les grandes pandémies et le changement climatique.Ce texte est signé par une coalition regroupant Coalition PLUS contre le Sida, Réseau Action Climat, Réseau Climat & Développement et une soixantaine d’associations de la société civile francophone, en grande partie africaines. La liste complète des signataires se trouve sur http://www.coalitionplus.org/ttf-europeenne-une-tribune-de-coalition-plus-dans-le-monde/ Jean-Michel Bezat Le groupe pétrolier Total a confirmé, mercredi 24 juin, le « transfert » au russe Gazprom des 25 % qu’il possédait dans le projet gazier géant de Chtokman, en mer de Barents (Arctique russe), confirmant une information du quotidien russe Vedomosti. Le développement de ce champ situé à 600 kilomètres de Mourmansk, et par 350 mètres de fond, avait été gelé en 2013, le groupe russe et la compagnie française n’ayant pas trouvé l’équilibre économique pour ce projet comportant d’énormes défis technologiques et financiers.Sanctions économiquesVedomosti indique que c’est au cours du Forum économique de Saint-Pétersbourg, mi-juin, que les patrons des deux compagnies, Alexeï Miller et Patrick Pouyanné, se sont entendus sur cette opération. Le retrait de Total s’explique essentiellement par les sanctions économiques infligées à la Russie dans le cadre de la crise ukrainienne, selon le journal. Il est désormais impossible de financer des projets en dollars.De plus, le schéma technique de développement de ce gisement – l’un des plus importants au monde avec ses 3 800 milliards de mètres cubes – « ne donnait pas une rentabilité acceptable », indique le document de référence de Total. Chtokman s’était traduit, en 2014, par l’inscription dans ses comptes d’une dépréciation de 350 millions de dollars (313 millions d’euros).La compagnie française suit ainsi les traces du norvégien Statoil (24 %), qui avait jeté l’éponge en 2012. La société Shtokman development AG, chargée du développement et de l’exploitation du gisement, est désormais contrôlée à 100 % par Gazprom, sans qu’il existe de projet clair de développement de ce gigantesque champ.Rentabilité aléatoireTotal n’a pourtant pas définitivement renoncé à un projet où il était entré en 2007. Il a confirmé, mercredi 24 juin, son « intérêt pour coopérer davantage sur le projet s’il devait entrer en phase active ». Il prévoyait, à l’origine, un bateau extrayant le gaz au large, dans une mer traversée par d’énormes icebergs, et son transfert par gazoduc sous-marin jusqu’à une usine de liquéfaction située près de Mourmansk.Une fois liquéfiée, une grande partie de ce gaz devait être acheminée vers les Etats-Unis. Mais ce marché s’est fermé au début de la décennie 2010 quand les Américains sont devenus autosuffisants grâce aux gaz de schiste, rendant la rentabilité encore plus aléatoire.Total se concentre désormais sur le projet Yamal LNG, un projet d’extraction et de production de gaz liquéfié dans le grand Nord, mais à terre cette fois. Le géant français partage l’effort d’investissement de 27 milliards de dollars avec le groupe privé russe Novatek et le pétrolier chinois CNPC.Lire aussi :Climat : l’industrie du gaz s’invite dans le débatTouché par l’interdiction de financer en dollars, les promoteurs de Yamal LNG se sont tournés vers d’autres devises. « La partie financement avance bien, on a maintenant les agences de crédit européennes qui sont dans les derniers « rounds » de négociations. Ca va permettre de stabiliser la tranche de financement en euro », a indiqué M. Pouyanné, le 29 mai, en marge de l’assemblée générale de Total. Quant aux fonds des banques chinoises, a-t-il ajouté, « on sera autour de 10 à 15 milliards de dollars ». Il pense disposer des fonds « avant la fin de l’année ».Lire aussi :Shell de nouveau autorisé à forer en ArctiqueJean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Claire Guélaud Pénalisé en 2014 par la faiblesse de la croissance, l’instabilité politique et l’existence de risques géopolitiques élevés, l’investissement des entreprises devrait rebondir dans le monde en 2015. Telle est la conviction de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced ou Unctad en anglais), qui prévoit une croissance des investissements directs étrangers (IDE) de 11 % en 2015, à 1 400 milliards de dollars (1 250 milliards d’euros).Dans l’édition 2015 de son rapport annuel sur l’investissement dans le monde, rendu public mercredi 24 juin à Genève, la Cnuced estime que les flux d’IDE devraient atteindre 1 500 milliards de dollars en 2016 et 1 700 milliards en 2017. Elle note qu’un tiers des entreprises multinationales prévoient d’accroître leurs dépenses entre 2015 et 2017.L’année dernière, les flux d’IDE ont diminué de 16 %, tombant à 1 200 milliards de dollars. Mais cette chute moyenne dissimule des disparités impressionnantes : une très forte chute (- 28 %, à 499 milliards de dollars) des IDE vers les pays développés, dont beaucoup étaient en quasi-stagnation économique ; une baisse sensible des flux de capitaux entrants en Amérique latine (- 16 %) et aux Caraïbes (- 14 % à 159 milliards de dollars) ; leur stagnation en Afrique à 54 milliards de dollars et leur dynamisme en Asie (+ 9 %, à 500 milliards de dollars), où l’on bat des records historiques. La Cnuced fait état d’un « désinvestissement de grande ampleur aux Etats-Unis ».La Chine premier pays bénéficiaireLes pays émergents et en développement se taillent la part du lion. Les flux d’IDE y ont augmenté de 2 % en 2014, pour atteindre le record de 681 milliards de dollars, soit 56,75 % du total des IDE entrants.La Chine reste le premier pays bénéficiaire de ces derniers. Les flux d’IDE ont augmenté de 16 % – un record toutes catégories – en Asie du Sud, à 41 milliards de dollars. La Cnuced fait état d’un record d’investissements en provenance des entreprises multinationales des pays du Sud.Près des deux tiers (63 exactement) du stock d’investissements concernent les services. C’est plus du double du secteur manufacturier, et bien plus que le secteur primaire (10 %).Les fusions et acquisitions transfrontalières ont connu un véritable renouveau, avec des opérations s’élevant à un total à 399 milliards de dollars. Le nombre de « deals » de plus d’un milliard de dollars conclus par des multinationales est passé de 168 en 2013 à 223 en 2014, du jamais vu depuis 2008.Parallèlement, le montant des sorties de capitaux a été de l’ordre de 200 milliards de dollars. Les investissements de capacité, en baisse de 2 %, se sont montés à 696 milliards. Les deux tiers d’entre eux ont été faits dans les pays en développement.L’Asie, premier investisseurL’Asie émergente est devenue la première région qui investit au monde. Par ailleurs, les multinationales des pays du Sud ont investi au total 468 milliards de dollars à l’étranger, soit une hausse de 23 %. Leur part dans les flux d’IDE est passé de 13 % en 2007 à 35 % en 2014, ce qui est un record.La Cnuced relève par ailleurs un paradoxe : la chute des investissements dans les différents pays développés négociant le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP en Anglais) – l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis – ou le Partenariat transpacifique (TPP).En revanche, les flux d’IDE ont augmenté de 5 %, à 133 milliards de dollars vers les dix pays membres de l’Asssociation des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean) et de 4 %, à 363 milliards de dollars, vers les seize pays négociant un partenariat régional (les dix pays de l’Asean et six autres : Australie, Chine, Inde, Japon, Corée du Sud, Nouvelle-Zélande). Ce paradoxe reflète notamment les inégalités de croissance entre régions du monde.Les IDE dans l’UE ont reculé de 11 %, à 289 milliards de dollars en 2014. Ils représentent 24 % de l’investissement total. Le Royaume-Uni en est le premier bénéficiaire européen avec 72 milliards de dollars d’entrées de capitaux.La France, avec 15 milliards de dollars d’IDE entrants en 2014, fait partie des 18 pays européens où l’investissement a reculé. En revanche, elle a progressé de la 15e place mondiale à la 8e place pour le montant de ses investissements à l’extérieur (43 milliards de dollars).Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.06.2015 à 16h18 | Anne Eveno Le groupe de BTP, de télécommunications et de médias Bouygues a refusé, mardi 23 juin, l’offre de rachat de sa filiale de téléphonie, Bouygues Telecom, pour plus de 10 milliards d’euros, formulée par Patrick Drahi, le patron du groupe Altice, maison mère de Numericable-SFR. Didier Pouillot, responsable secteur industrie des télécoms à l'Institut de l'audiovisuel et des télécommunications en Europe (Idate), analyse les conséquences de cette décision.L’échec de l’offre de Numericable-SFR sur Bouygues signifie-t-il que la consolidation dans le secteur des télécommunications en France n’aura pas lieu ?Non. A l’Idate, nous pensons que la perspective de cette consolidation, qui semblait pouvoir se matérialiser à court terme, vient de s’éloigner, mais certainement pas de disparaître. Cela fait plus d’un an que différents montages sont étudiés, repoussés.L’opération Numericable-SFR a montré qu’il était, dans la période, plus facile de mener à bien une opération répondant à une logique de convergence fixe-mobile.Cela ne signifie certainement pas, pas plus que le veto que vient d’opposer Bouygues à l’offre d’achat qui lui était faite, que l’histoire s’arrête là.Pourquoi la plupart des opérateurs plaident-ils en faveur de cette consolidation ?L’exploitation de réseaux de télécommunications est par nature une industrie capitalistique. C’est-à-dire que les opérateurs doivent en permanence investir pour maintenir, densifier et moderniser leurs infrastructures. Avec l’explosion du trafic de données, cet impératif est encore plus d’actualité.Or, leur financement repose sur la capacité des opérateurs à créer de la valeur. Aux Etats-Unis, le chiffre d’affaires des opérateurs mobiles [ils sont quatre] a progressé de 45 % entre 2009 et 2014 et leur EBITDA [résultat opérationnel avant amortissement] de 30 % dans la période.En France, le chiffre d’affaires des opérateurs a reculé de 22 % et leur EBITDA de 33 % ! Conséquence pour partie de cet écart de dynamiques : l’investissement des opérateurs mobiles a crû, en cinq ans, de 60 % aux États-Unis, mais d’à peine plus de 5 % en France !En 2014, l’investissement mobile par habitant est en moyenne le double aux Etats-Unis de ce qu’il est en France.Avec un marché à quatre opérateurs, la France est-elle à contre-courant de la tendance observée en Europe et dans le monde ?Nous l’avons maintes fois répété. L’industrie du mobile en France pourrait se singulariser en Europe, en conservant quatre opérateurs – alors que l’Allemagne, bientôt le Royaume Uni et probablement rapidement l’Italie n’en auront que trois.Lire aussi :Bouygues veut rester seul au téléphone, mais le peut-il ?La taille du marché français permet-elle à quatre opérateurs d’être rentables ? Si oui, à quelles conditions ?La taille du marché est effectivement un facteur primordial. Aux Etats-Unis, pour une population de 320 millions d’habitants, les quatre principaux opérateurs mobiles ont une part de marché de 94 % en termes de parc et les deux leaders, AT&T et Verizon, plus de 63 % à eux seuls (et une part plus grande encore des revenus et des marges de l’industrie).En France métropolitaine, quatre opérateurs desservent un marché d’à peine 65 millions d’habitants. Les économies d’échelle et, partant, la rentabilité, ne sont logiquement pas de même niveau : en 2014, la marge d’EBITDA par exemple est près de 10 points inférieure en France, même si dans les deux cas les moyennes masquent des réalités très contrastées selon les opérateurs.Un marché à trois opérateurs serait-il vraiment plus favorable pour les investissements ?Un marché plus concentré est favorable, non pas nécessairement à l’investissement en valeur, mais certainement à une meilleure rationalisation de l’investissement. D’autre part, les conséquences de la disparition d’un opérateur et de ses investissements peuvent être compensées par une accélération des investissements des opérateurs restants dans le déploiement des réseaux en fibre ou du haut débit mobile.Entre le retour à un monopole sur les infrastructures et la duplication intensive des infrastructures, il y a la place pour une concurrence entre un nombre limité d’infrastructures fixes et mobiles distinctes, avec des stratégies d’investissement différentes.Aux côtés des opérations de fusions-acquisitions, l’efficacité de l’investissement peut aussi donner lieu à des accords de mutualisation ainsi qu’à des offres de gros [vente de minutes de trafic], notamment auprès d’opérateurs virtuels.Mais avec un retour à un marché à trois opérateurs, ne courrons-nous pas risque d’une hausse des tarifs pour les consommateurs ?C’est évidemment une question très sensible et l’exemple autrichien, souvent avancé au cours des derniers jours, montre qu’il y a effectivement un risque. Toutefois, n’oublions pas que dans ce cas précis l’Autriche avait atteint un niveau de prix très bas dans les mobiles, l’un des plus bas d’Europe occidentale en 2012.En France, on pourrait utiliser le même argument, celui d’un niveau prix parvenus à un point bas dont les opérateurs chercheraient à sortir.Mais même dans un marché ramené à trois – perspective qui vient de s’éloigner –, dès lors que Free resterait dans le marché, avec une part aujourd’hui très modeste des revenus dans les mobiles, il aura sans doute toujours intérêt à maintenir la pression sur les prix.C’est à la fois sa « marque de fabrique » et certainement un élément qui lui permettra de continuer de pousser son avantage dans sa stratégie de conquête de parts de marché.Lire aussi :Bouygues Telecom rejette l’offre de SFR-NumericableAnne EvenoJournaliste au Monde 24.06.2015 à 15h45 • Mis à jour le24.06.2015 à 17h24 L’économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), Olivier Blanchard, a soulevé une question simple : « Quelle doit être la mesure des ajustements auxquels il incombe à la Grèce de procéder, et quels doivent être les efforts fournis par ses créanciers publics ? »En mai 2010, le gouvernement grec a procédé à un ajustement budgétaire s’élevant à 16 % de son produit intérieur brut (PIB) sur la période 2010-2013. La Grèce est ainsi passée d’un déficit budgétaire primaire (hors paiements d’intérêts de la dette) de plus de 10 % du PIB à un solde primaire équilibré en 2014. Dans le même temps, les « ajustements » ont consisté à réduire les dépenses publiques et le salaire minimum, à effectuer des privatisations au rabais, à supprimer les conventions collectives et à diminuer sévèrement les retraites.Le FMI avait initialement prévu que le PIB réel de la Grèce (ajusté à l’inflation) subirait une contraction d’environ 5 % sur la période 2010-2011, qu’il se stabiliserait en 2012 et qu’il se remettrait ensuite à augmenter. En réalité, il a chuté de 25 %, et n’a jamais pu remonter la pente. De plus, dans la mesure où le PIB nominal a diminué à partir de 2014, et continue de décliner, le ratio dette/PIB, censé se stabiliser en 2012, continue d’augmenter.Le FMI et les autres créanciers de la Grèce ont choisi de croire qu’une importante contraction budgétaire n’engendrerait qu’un effet temporaire sur l’activité économique, l’emploi et les impôts, et que les coupes effectuées sur les salaires, les retraites et les emplois publics auraient un... 24.06.2015 à 14h11 • Mis à jour le24.06.2015 à 17h37 | Florian Reynaud et William Audureau C’est avec prudence, embarras et un brin de pragmatisme que la presse américaine relaie depuis mardi 23 juin au soir la révélation, par WikiLeaks, Mediapart et Libération, de la mise sur écoute d’au moins trois présidents français (Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande) par l’Agence nationale de sécurité (National Security Agency, NSA), entre 2006 et 2012.La plupart des grands sites américains ne consacrent pour l’instant qu’une couverture très factuelle aux révélations. The New York Times et The Washington Post n’ont publié qu’un seul article chacun, repris de l’agence Associated Press (AP). Cette dernière relaie les informations avec précaution, insistant sur « l’absence de confirmation immédiate de l’authenticité des documents », tout en soulignant cependant que WikiLeaks avait déjà révélé de nombreux documents authentiques par le passé.« Embarras diplomatique » aux Etats-UnisThe Wall Street Journal avance avec la même prudence, évoquant des documents encore non authentifiés et la volonté politique de n’espionner « qu’en cas de menace pour la sécurité intérieure », citant un porte-parole du Conseil de la sécurité nationale. Le quotidien économique reconnaît toutefois que deux ans après les premières révélations d’Edward Snowden, ces nouvelles découvertes sont crédibles, et vont « probablement ajouter du feu aux relations transatlantiques déjà tendues à propos de la surveillance ».The Wall Street Journal estime par ailleurs que les relations franco-allemandes pourraient également en pâtir, alors que des révélations récentes du Monde ont montré que le Service fédéral de renseignement allemand (Bundesnachrichtendienst, BND) a pratiqué, en France, des surveillances téléphoniques pour le compte des Américains.Lire aussi :Deutsche Telekom a espionné la France pour le compte de la NSAAP se veut plus sobre. « Les nouvelles révélations devraient causer un embarras diplomatique pour les Américains, et ce même si les amis s’espionnent entre eux depuis des millénaires », explique l’agence américaine dans une dépêche depuis modifiée.Elle mentionne également le projet de loi sur le renseignement qui doit être voté définitivement mercredi 24 juin. « Les défenseurs de la vie privée et groupes de défense des droits de l’homme ont dénoncé cette loi de surveillance française votée mercredi, qui permettrait au gouvernement d’installer des boîtes noires pour collecter des métadonnées de chaque entreprise téléphonique et fournisseur d’accès à Internet dans l’espoir d’empêcher des attaques imminentes. » AP ajoute que la France affirme se différencier de la surveillance de grande ampleur des Etats-Unis.« Nouveau scandale d’espionnage » en EuropeDans la presse européenne, c’est plutôt l’agacement et l’inquiétude face à un « nouveau scandale d’espionnage », comme le rapporte El Pais, qui prédomine. Dans un climat d’incertitude, le quotidien italien La Repubblica, qui publie également les documents de WikiLeaks, se demande ainsi ouvertement si le site fondé par Julian Assange « détient des télégrammes diplomatiques concernant l’Italie et ses leaders ». De son côté, Der Spiegel, qui avait révélé au printemps que le BND avait collaboré avec la NSA, se contente de relever le contenu des documents de WikiLeaks, et le fait que « François Hollande se soit plaint auprès de la chancelière Angela Merkel que celle-ci ait abandonné les Grecs ».La BBC s’interroge sur la provenance des informations révélées par WikiLeaks. « Nous ne savons pas si ces matériaux viennent de documents volés par l’ancien consultant de la NSA Edward Snowden », déclare Gordon Corera, le spécialiste en sécurité de la BBC, sur le site de la radio britannique.The Guardian, qui consacrait dans la nuit la « une » de son site à la réunion d’urgence convoquée mardi soir par François Hollande, relève quant à lui les paradoxes de la loi sur le renseignement. « Ces révélations sont faites alors que la France donne à ses services de renseignement et de surveillance de nouveaux pouvoirs controversés pour combattre les réseaux djihadistes, avec davantage d’autorisations pour espionner les téléphones et surveiller massivement Internet », resitue le quotidien britannique.En Espagne, le quotidien El Pais rappelle également que le dernier amendement, finalement retiré, du projet de loi sur le renseignement français prévoyait même la possibilité d’espionner les étrangers de passage sur le territoire.En Amérique du Sud, la surprise prédomine, mais le ton reste mesuré. « La France est l’un des principaux alliés des Etats-Unis », ne manque pas de souligner le site brésilien O Globo, très engagé dans la dénonciation de la surveillance de la NSA.Russia Today, principal site d’information russe anglophone en ligne, connu pour ses positions critiques vis-à-vis des Etats-Unis, évoque de manière très affirmative « la première partie d’une série de documents prouvant que la NSA a espionné de hauts dignitaires français ».Florian ReynaudJournaliste au MondeWilliam AudureauJournaliste au Monde Raphaëlle Besse Desmoulières et Yves Bordenave Dans un entretien au Monde, Jean-Luc Mélenchon, député européen du Parti de gauche, estime que « les créanciers de la Grèce céderont ». « Nous allons nécessairement gagner sur l’essentiel », déclare le candidat du Front de gauche à la présidentielle de 2012.Estimez-vous qu’Alexis Tsipras, le premier ministre grec, puisse encore imposer ses vues face aux créanciers de son pays sans se renier ?Jean-Luc Mélenchon : J’ai confiance en lui ! Je connais aussi la dureté de ce qu’il affronte. La dette grecque a cessé depuis longtemps d’être une question financière : elle est exclusivement politique. Il s’agit de prouver qu’on ne peut désobéir aux libéraux. Mais si, par les violences de la Banque centrale, le système bancaire grec s’effondre, si la Grèce est mise en banqueroute, les Français devront payer 40 milliards d’euros et les Allemands 60 milliards. C’est inenvisageable. Si on trouve l’accord technique qui permet d’effacer la dette grecque par des mécanismes de rééchelonnement, tout le monde s’épargnera cette épreuve absurde. La responsabilité intégrale du danger repose sur Merkel et Schäuble [la chancelière et le ministre des finances allemands], qui ont parié sur la tension et l’inertie de Hollande. Joëlle Stolz (Vienne, correspondante) La décision risque de faire l’objet d’une vive controverse lors du Conseil européen des 25 et 26 juin à Bruxelles, censé examiner les dernières propositions de Bruxelles en faveur d’une répartition plus solidaire des demandeurs d’asile qui affluent vers les Vingt-Huit. Le gouvernement de Viktor Orban a décidé mardi 23 juin de suspendre l’accueil des migrants passés par son territoire pour déposer une demande d’asile dans l’Union européenne.La Commission européenne, qui a bien précisé qu’elle avait été informée de cette initiative par les voisins de la Hongrie, a aussitôt réagi et a demandé à Budapest « une clarification immédiate sur la nature et l’étendue (du) problème technique » invoqué pour justifier la suspension du règlement.« La barque est pleine, nous avons dépassé les limites de nos capacités d’accueil des réfugiés », a expliqué le porte-parole du gouvernement hongrois, Zoltan Kovacs, lors d’une rencontre avec des journalistes à Vienne, mardi. Les accords - dits de « Dublin III » - dénoncés de manière unilatérale par Budapest prévoient qu’un pays peut renvoyer un demandeur d’asile dans l’Etat par lequel il est passé pour entrer dans l’UE. Budapest redoute, au deuxième semestre, le reflux massif de milliers de personnes qui seraient rejetées par l’Allemagne, où elles ont déposé ces derniers mois une demande d’asile, après avoir transité par la Hongrie.« L’Autriche ne peut pas tolérer cela »La suspension décidée par le gouvernement Orban est « inacceptable » et aura des conséquences, a réagi mercredi l’Autriche, voisine de la Hongrie. « L’Autriche ne peut pas tolérer cela », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Sebastian Kurz à son homologue hongrois Peter Szijjarto, le mettant en garde contre des « effets négatifs ».La décision de suspendre cette convention intervient moins d’une semaine après celle de construire sur la frontière séparant la Hongrie de la Serbie, dans le sud du pays, une clôture de sécurité de quatre mètres de haut et 175 kilomètres de large. Budapest espère qu’elle va diminuer drastiquement le flot de réfugiés, comme cela a été le cas à la frontière grecque et à la frontière bulgare. Il est exclu que la police des frontières puisse tirer sur ceux qui escaladeraient malgré tout cet obstacle, a précisé M. Kovacs.L’opinion internationale s’est focalisée sur le drame des migrants en Méditerranée. Mais le problème est tout aussi préoccupant sur les voies terrestres, où opèrent aussi des réseaux organisés de trafic d’êtres humains. A elle seule, la Hongrie a déjà enregistré quelque 60 000 demandeurs d’asile en 2015, contre 43 000 pour toute l’année 2014, et quelques milliers les années précédentes. Actuellement, d’après les chiffres de l’organisme européen Frontex, entre 700 et 800 personnes pénètrent chaque jour de façon illégale dans le pays et se rendent aux gardes-frontière, qui relèvent leur identité ainsi que leurs empreintes digitales. Elles poursuivent ensuite, en général au bout de 24 heures, leur route vers l’Autriche et l’Allemagne.*Budapest refuse le principe de quotas contraignantsLa Hongrie n’a guère plus de 2 500 places dans ses centres d’accueil, mais envisage d’augmenter cette capacité, aujourd’hui totalement saturée. Alors que jusqu’en mars beaucoup de ces migrants étaient originaires du Kosovo, la majorité provient désormais d’Afghanistan, du Pakistan, de Syrie et du continent africain. Vérifier s’il s’agit de gens qui couraient un danger dans le pays où ils se trouvaient, est une tâche impossible, estiment les autorités hongroises, qui constatent que la Grèce, plus au sud, ne joue pas le jeu alors qu’elle est en fait la véritable « porte d’entrée » du continent. Budapest a aussi reçu des informations selon lesquelles la Macédoine a payé des billets de transport aux migrants, afin qu’ils gagnent plus vite la Serbie, puis la Hongrie.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2t9kzk"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2t9kzk", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Depuis des semaines, Budapest refuse le principe de quotas contraignants de répartition des demandeurs d’asile entre pays de l’UE, tels que proposés par la Commission européenne ce printemps. « Des quotas volontaires pourraient fonctionner », déclare M. Kovacs. Mais le gouvernement de Viktor Orban s’est aussi retrouvé sous le feu des critiques pour avoir lancé, en mai, une « consultation nationale » appuyée sur un questionnaire et des affiches dont de nombreuses ONG, et les Nations unies, déplorent le caractère tendancieux, car elles assimilent les migrants à un danger pour la sécurité nationale. Selon le porte-parole, environ 10 % des électeurs ont renvoyé ce questionnaire. Et 80 % d’entre eux réclament des mesures plus énergiques contre les migrants illégaux.Joëlle Stolz (Vienne, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.06.2015 à 11h09 • Mis à jour le24.06.2015 à 15h00 | Claire Guélaud Entre le gouvernement grec et le Fonds monétaire international (FMI) la tension reste forte. Mercredi 23 juin, le premier ministre, Alexis Tsipras a déploré « l'insistance de certaines institutions qui n'acceptent pas » les « mesures compensatoires » proposées par son gouvernement afin de tenir les objectifs financiers fixés par les créanciers du pays, a rapporté une source gouvernementrale, citée par l’AFP. M. Tsipras visait le FMI, a ajouté une autre source.Le gouvernement grec a en l’occurrence rejeté, mercredi, une contre-proposition que soumise par ses créanciers, comprenant surtout des souhaits du FMI, a indiqué à l'AFP une source gouvernementale grecque.« Cette contre-proposition » qui insiste, selon Athènes, sur la hausse des recettes de la TVA et sur des coupes plus importantes dans les dépenses publiques, intervient deux heures après que le Premier ministre grec Alexis Tsipras eut déploré que le FMI n'accepte pas « les mesures compensatoires » proposées par Athènes lundi, lors d'une réunion des dirigeants des pays de la zone euro à Bruxelles, jugées alors positives par les créanciers.Histoire orageusePourtant, dans l’histoire parfois orageuse des relations entre le FMI et la Grèce, l’institution de Washington n’est pas seulement ce grand méchant loup prêt à dévorer tout cru 10 millions de Grecs. La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, le redira-t-elle à lexis Tsipras, qu’elle rencontre mercredi 24 juin à Bruxelles ? Ou s’en tiendra-t-elle au seul examen de ses dernières propositions ? Elle reste en tout cas, depuis l’automne 2012,l’allié d’Athènes sur un point : celui de l’allégement de la dette hellène, dont les créanciers européens, eux, ne veulent pas entendre parler.Lire aussi :Le rôle à part du FMI dans la crise grecqueA cette époque, la négociation du deuxième plan d’aide à la Grèce avait donné lieu à un bras de fer entre Mme Lagarde et les dirigeants européens. Le Fonds voulait éviter de rajouter de la dette à la dette. Il a proposé que les Européens, en échange d’un plan d’ajustement en Grèce – autrement dit, d’austérité –, apportent leur aide financière à Athènes et acceptent d’alléger la dette publique si celle-ci dépassait 120 % du PIB à la fin de la décennie.Il s’agissait pour le Fonds de partir sur une base assainie et de redonner une perspective de croissance à la Grèce. En 2010, déjà, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel s’étaient opposés au FMI sur l’annulation partielle de la dette privée grecque. Deux ans plus tard, lors d’un Eurogroupe en novembre, Paris et Berlin n’ont accepté qu’avec réticence les termes de l’accord ébauchés par le Fonds.Lire aussi :Grèce : les Européens et le FMI divisésCompromisCe compromis reste valable même s’il a évolué pour tenir compte de la détérioration de l’économie hellène et de l’arrivée au pouvoir de Syriza. Les créanciers de la Grèce lui demandent désormais d’atteindre un objectif d’excédent budgétaire primaire (avant paiement des intérêts) de 1 % en 2015 et de 3,5 % en 2017 (initialement, les 3 % devaient être atteints cette année).Pour ce faire, ils proposent d’instaurer une TVA élargie et de réformer les retraites. Le chef économiste du FMI, Olivier Blanchard, a expliqué sur son blog cette dernière exigence : « Pourquoi insister sur les pensions ? Avec les salaires, elles représentent environ 75 % des dépenses primaires ; les 25 % restants ont déjà été réduits à leur plus simple expression. Les pensions constituent plus de 16 % du PIB [Produit intérieur brut], et les transferts du budget au système de retraites sont proches de 10 % du PIB. Nous estimons qu’il faut réduire les pensions de 1 % du PIB (sur 16 %), et qu’il est possible de le faire en protégeant les retraités les plus démunis ».26,7 milliards d’eurosM. Blanchard défend aussi la nécessité d’un nouvel effort des créanciers européens, sous la double forme d’une aide accrue et d’un allégement de la dette via un « long rééchelonnement des échéances à de faibles taux d’intérêt ». « Toute autre réduction de l’objectif d’excédent primaire, aujourd’hui ou demain, exigerait vraisemblablement des décotes », prévient-il.Le FMI estime avoir été très loin dans son soutien à la Grèce. Athènes a obtenu 30 milliards de dollars (26,7 milliards d’euros) d’aide, l’Ukraine et ses 50 millions d’habitants moitié moins. Les pays nouvellement entrés dans la zone euro en ont assez de subventionner un pays qui, contrairement au Portugal et à l’Irlande, a toujours été en retard dans ses remboursements. Les 188 Etats membres du FMI, parmi lesquels des émergents irrités par la persistance d’une crise grecque et par la fragilité de la zone euro, ne comprennent pas que le FMI mette encore au pot. Voilà pourquoi la balle est dans le camp des Grecs, mais aussi de leurs créanciers – et des contribuables – européens.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.06.2015 à 16h13 • Mis à jour le10.06.2015 à 16h19 Le parlement européen durcit le ton contre la Russie. Les eurodéputés ont demandé, mercredi 10 juin, à l’Union européenne (UE) de « réévaluer de manière critique » ses relations avec Moscou, en réaction à « l’agression contre l’Ukraine » et aux ingérences du Kremlin dans les politiques européennes.Lire aussi :Moscou a émis une « liste noire » de personnalités politiques de l’UE interdites sur le sol russeLes élus ont formulé leur position dans une résolution non contraignante largement adoptée par 494 d’entre eux. 135 ont voté contre et 69 se sont abstenus. À l’origine de cette déclaration, l’eurodéputé conservateur lituanien Gabrielius Landsbergis (PPE) se justifie : « Avec leur agression contre l’Ukraine et l’annexion de la Crimée, les dirigeants russes ont conduit nos relations à la croisée des chemins. Il revient au Kremlin de décider maintenant quelle direction elles prendront [vers un retour à la coopération ou plus d’isolement]. (...) Un changement en Russie peut, et va, venir de l’intérieur. En attendant, nous devons envoyer aux dirigeants russes le message fort que nous sommes unis avec les victimes de leur agression et ceux qui soutiennent les valeurs sur lesquelles l’Union européenne est fondée ».Lire aussi :Poutine joue la Grèce contre l’EuropeLes eurodéputés ont appelé les gouvernements européens à éviter de conclure des accords bilatéraux avec la Russie qui pourraient nuire à l’unité de l’UE face à Moscou. Cette résolution très critique a été adoptée le jour de la visite officielle du président russe Vladimir Poutine en Italie où il a été accueilli par le président du conseil italien Matteo Renzi.Les députés européens ont également dénoncé « l’ingérence de la Russie dans les démocraties de l’UE », notamment avec « le soutien et le financement des partis radicaux et extrémistes dans l’UE ». Ils ont ainsi demandé à la Commission et aux Etats membres de mettre en place un mécanisme pour surveiller l’aide financière, politique ou technique fournie par la Russie à des partis politiques et d’autres organisations dans l’UE.Lire aussi :Le Parlement européen réplique à la « liste noire » russePlacer la Hongrie sous « surveillance »L’hémicycle européen a également demandé mercredi à la Commission européenne de placer la Hongrie sous « surveillance » après les récentes déclarations de son chef de gouvernement Viktor Orban pour le rétablissement de la peine de mort et contre les immigrés. Or, son abolition est inscrite dans la Charte des droits fondamentaux de l’UE.Lire aussi :Les eurodéputés divisés face au cas Viktor OrbanLes eurodéputés déplorent « une menace systémique pour l’Etat de droit » en Hongrie qui pourrait justifier la mise en œuvre des sanctions prévues à l’article 7 du traité de l’UE, telles qu’une suspension des droits de vote au sein du Conseil européen. Ils « dénoncent » également la consultation publique sur l’immigration lancée par le gouvernement hongrois dans laquelle l’arrivée d’étrangers est associée à des menaces pour l’emploi et à des problèmes de sécurité dans le pays.Au moment du vote sur la résolution au Parlement européenn, Viktor Orban a été pour la première fois lâché par son propre camp. Le Parti populaire européen, sa famille politique, s’est majoritairement réfugié dans l’abstention. Le texte présenté par la gauche et le groupe libéral et démocrates a été adoptée par 362 voix contre 88 et 247 abstentions.Lire aussi :Viktor Orban fustige l’attitude de l’UE envers le Kremlin 10.06.2015 à 14h22 • Mis à jour le10.06.2015 à 16h35 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Angela rencontrera-t-elle Alexis ? Alexis arrêtera-t-il de dire tout et son contraire ? Jean-Claude finira-t-il par arrêter de bouder et se réconciliera-t-il avec son « ami » Alexis ? Christine arrêtera-t-elle de manier le bâton et la carotte ? L’appel à « la raison » de François finira-t-il par avoir raison de tout ?Depuis quelques semaines, le « feuilleton » grec a tout du soap opera. Ses acteurs principaux vont de « sommets » infructueux en rendez-vous ratés, oscillent entre grandes promesses et petits mensonges, gros espoirs et énormes déceptions.Au point qu’aujourd’hui, les nerfs sont à vif. Et qu’à force de nuits blanches et de migraines, la plupart des acteurs pourraient bien se préparer « des nervous breakdown », pour paraphraser l’une des répliques culte du film Les Tontons flingueurs.Pourtant, il y a huit jours, l’accord « réformes contre argent frais » entre la Grèce et ses créanciers – Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international (FMI) – semblait à portée de main. Une impulsion politique notoire avait été donnée à Berlin, le 1er juin, par la chancelière allemande Angela Merkel et le président français, François Hollande.Mais, aujourd’hui, un accord paraît à nouveau hors de portée immédiate, tant le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a soufflé le chaud et le froid.Mercredi 10 juin, M. Tsipras pourrait s’entretenir avec Mme Merkel à Bruxelles, en marge du sommet Union européenne-Communauté des Etats d’Amérique latine et des Caraïbes (Celac). « Pourrait » … car ce rendez-vous n’était pas confirmé mercredi matin. Pas plus que ne l’était une éventuelle rencontre avec Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne.Néanmoins, tous les protagonistes du « drame » grec (dont Mme Merkel, M. Hollande, M. Tsipras et M. Juncker) sont à Bruxelles jusqu’à jeudi, dans le cadre de ce sommet UE-Celac. Et il paraît peu vraisemblable qu’ils n’abordent pas le sujet.Alexis Tsipras Le premier ministre grec « affole » ses interlocuteurs depuis quelques jours. Un certain nombre d’entre eux dénoncent ses volte-face. Ils lui reprochent de prendre certains engagements et de les démentir sitôt sorti des rendez-vous.Ainsi, le 3 juin, M. Tsipras avait rencontré M. Juncker à Bruxelles. Il avait alors promis de vite réagir à la proposition d’accord des créanciers. Mais, le 5 juin à Athènes, il tirait à boulets rouges sur ces propositions, qu’il qualifiait d’« absurdes » devant le Parlement grec.De sources convergentes côté créanciers, on assure aussi que les Grecs avaient accepté l’objectif d’un budget de l’Etat affichant un « surplus primaire » (avant paiement des dettes) de 1 % du produit intérieur brut en 2015. Mais, dans un document rendu public mardi 9 juin, Athènes ne s’engage que sur un excédent de 0,75 % en 2015.Le 3 juin encore, le gouvernement grec avait assuré qu’il acquitterait une première tranche de remboursement au FMI le 5 juin. « Ses mots étaient : ne vous inquiétez pas », a raconté Christine Largarde, la directrice générale du FMI. Mais, au dernier moment, le 4 juin, M. Tsipras a demandé un paiement groupé à la fin du mois.Lire aussi :La stratégie du « stop and go » d’Athènes irrite ses créanciersLa crainte de certains à Bruxelles est que M. Tsipras, qui a toujours dit qu’il voulait un accord politique sur le futur de son pays, « mise » tout sur le Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, à Bruxelles, les 25 et 26 juin, pour débloquer la situation.Jean-Claude Juncker Le président de la Commission est très remonté contre M. Tsipras, qu’il gratifiait pourtant, il y a peu encore, d’un « mon ami ». Mardi, il a indiqué qu’un nouveau rendez-vous avec le premier ministre grec serait une perte de temps.Pourtant, M. Juncker a été l’un des plus conciliants, ces dernières semaines, avec M. Tsipras, cherchant des voies de compromis. C’est d’ailleurs ce qu’il a rappelé, mardi, selon une source européenne : « La Commission s’est jusqu’à présent toujours montrée souple, et a agi avec respect à l’égard d’Athènes », a indiqué M. Juncker lors d’une réunion du collège des commissaires, avant d’ajouter : « Tsipras est en train de perdre un de ses derniers amis. »C’est le rendez-vous du 3 juin et l’intervention de M. Tsipras devant le Parlement grec, le 5 juin, qui ne sont pas « passés » : M. Juncker a accusé M. Tsipras d’avoir menti à ces deux occasions.Lire aussi :Grèce : M. Tsipras a perdu le soutien dont il bénéficiait à BruxellesAngela Merkel et François Hollande La chancelière allemande et le président français ont été contraints de s’impliquer directement dans le dossier grec ces dernières semaines. Alors qu’ils avaient souhaité que l’essentiel du travail permettant de dégager les termes d’un accord entre les créanciers et la Grèce soit mené au niveau « technique », ils ont dû prendre les choses en main politiquement.Ils ont ainsi convoqué en urgence une réunion le 1er juin à Berlin avec les principaux protagonistes de la crise grecque, parce que les discussions entre experts techniques n’avaient pas permis de surmonter les différends.Lire aussi :Les créanciers de la Grèce lui soumettent un projet d’accord« Quand on veut, on peut  » aboutir, mais  « chaque jour compte », a prévenu Mme merkel mercredi. « On n’a plus beaucoup de temps et donc, il faut travailler dur », avait-elle déjà insisté, dimanche 8 juin, lors de la conférence de presse finale du sommet du G7 qui se tenait en Bavière.« Je pense que maintenant il faut en appeler » à la raison, avait quant à lui plaidé, lors de ce même sommet, M. Hollande, assurant que « la raison conduit à aller à un bon rythme vers la conclusion d’un accord. » « Travaillons, allons vite et concluons », a-t-il lancé mercredi à Bruxelles.Les deux dirigeants sont sur la même ligne depuis le début du printemps. Ils veulent préserver la zone euro d’un accident grec (un défaut de paiement) aux conséquences incalculables. Tout comme M. Juncker, ils estiment qu’un Grexit créerait un précédent catastrophique, portant un coup terrible à l’intégrité de la zone euro, ainsi qu’au caractère irréversible de l’appartenance à cette zone. Sans oublier les conséquences géopolitiques redoutables d’une « mise au ban » de la Grèce.Christine Lagarde Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, est plus en retrait que les autres acteurs dans la gestion du dossier grec – certains le regrettent d’ailleurs à la Commission européenne. C’est surtout Poul Thomsen, un Danois de 60 ans, patron du « pôle » Europe du Fonds, qui est à la manœuvre.Néanmoins, Mme Lagarde était l’une des participantes du sommet politique du 1er juin, avec Mme Merkel et MM. Hollande et Juncker, destiné à donner un coup de pouce politique aux discussions.Elle incarne la rigidité qui est souvent reprochée, dans ce dossier, au FMI – ce dont l’institution se défend. Fin mai, dans un entretien au Frankfurter Allgemeine Zeitung, Mme Lagarde avait aussi provoqué de fortes réactions en déclarant que « la sortie de la Grèce » de la zone euro « est une possibilité », et qu’un « Grexit » ne signifierait pas « la fin de l’euro ».Mais si le FMI entretient des relations compliquées et dures avec le gouvernement Tsipras, il se trouve en phase avec ce dernier quand il plaide pour que l’accord entre Athènes et ses créanciers comporte un engagement à ouvrir une renégociation de la dette publique grecque.Lire aussi :Les dissensions demeurent entre les créanciers de la GrèceL’horloge Le « temps qui passe » est aussi « acteur » majeur du dossier grec. Car Athènes, dont les caisses sont quasi vides, a besoin de toucher d’ici au 30 juin tout ou partie des 7,2 milliards d’euros de prêts qui figurent dans le second plan d’aide dont le pays bénéficie.Au 30 juin, la Grèce doit en effet rembourser une grosse échéance au FMI (1,6 milliard d’euros) que le pays, de l’avis de nombreuses sources, ne sera pas capable d’honorer. Et le 30 juin marque aussi la fin du deuxième plan d’aide à Athènes : au-delà de cette date l’aide restante n’est théoriquement plus disponible.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Claire Gatinois (Strasbourg, envoyée spéciale) Il y eut d’abord le spectre du poulet au chlore, puis la peur du bœuf aux hormones et celle des OGM, et enfin l’affolement face à des tribunaux d’arbitrage censés permettre à une entreprise lésée d’attaquer un Etat. Machine à fantasmes ou source d’inquiétudes légitime, le projet de traité transatlantique de libre-échange (TTIP) entre l’Europe et les Etats-Unis sème la pagaille au Parlement européen.Mardi 9 juin, les députés européens, soucieux de la tournure des négociations sur le TTIP menées par la Commission, se sont accrochés sur la question de ces tribunaux, qualifiés par les plus radicaux d’« attentat contre la démocratie ». Et, faute de position commune, le vote a été reporté.Tout est parti d’une résolution fixant des lignes rouges à la négociation en cours (neutralisant, notamment, la question des tribunaux) qui devait être soumise au vote du Parlement mercredi. Finalement, les députés ne voteront ni pour ni contre ce texte. Officiellement en raison d’un nombre trop élevé d’amendements formulés. En réalité, il s’agit de « ne pas faire exploser la grande coalition », susurre Pervenche Berès, eurodéputée socialiste.Faute de compromis entre sociaux-démocrates (S&D) et conservateurs (PPE) européens, Martin Schulz, président du Parlement de Strasbourg, a préféré reporter le vote. Un nouveau rendez-vous devrait être fixé en juillet. D’ici là, l’objectif est que les parlementaires de gauche et de droite puissent s’entendre sur la résolution. Mais rien n’est moins sûr.« L’Europe doit se faire respecter »Les tribunaux d’arbitrages ne sont qu’une partie du « problème TTIP ». En quelques mois, le traité transatlantique s’est transformé en épouvantail pour une opinion publique de plus en plus eurosceptique et inquiète de voir son mode de vie revisité à la sauce américaine. Certains eurodéputés redoutent une bombe à retardement.A Strasbourg, hormis quelques férus de libre-échange, rares sont ceux capables d’assumer le projet à 100 %. « Les lignes ont beaucoup bougé ces derniers mois », constate Franck Proust (PPE). Favorable au TTIP, ce dernier accompagne son aval de mille et une précautions, réclamant, notamment, la transformation radicale des « ISDS », acronyme anglo-saxon pour désigner les tribunaux d’arbitrage. « On sait ce que l’on veut et ce que l’on ne veut pas. Le temps de la naïveté de l’Europe est révolu. L’Europe doit se faire respecter, dit-il. C’est ça ou rien. »Une attitude de « faux-cul », accuse l’écologiste José Bové, estimant qu’il faut aller bien plus loin dans la remise en cause du TTIP.« Il y a un tel niveau de défiance vis-à-vis de l’Europe. Les gens pensent que le TTIP est une sorte d’OTAN économique. Et ils ont raison », lâche Emmanuel Maurel (S&D). A l’écouter, M. Schulz a fait une erreur en reportant le vote de mercredi. Attendre, dit-il, ne fera que radicaliser les positions des uns et des autres. Or si le vote de mercredi n’était que consultatif, in fine, le Parlement aura le dernier mot lorsqu’il s’agira d’avaliser, ou non, le traité. « Moi je fais “comme si”, mais ce truc n’aboutira pas », pense déjà M. Maurel.Les anti-TTIP de la première heure, comme les Verts ou la gauche radicale, ne cachent pas leur satisfaction de voir le sujet virer à l’aigre. « Deux ans après le lancement avec youyous et un soutien très fort du Parlement, on est sorti de cet enthousiasme un peu béat des débuts », sourit Yannick Jadot (Verts). Quant à José Bové, croisé de la lutte anti-OGM, il prédit déjà au TTIP de « s’éteindre de sa belle mort », même si la bataille, reconnaît-il, n’est pas encore terminée.Claire Gatinois (Strasbourg, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.06.2015 à 03h37 • Mis à jour le10.06.2015 à 10h32 Les obsèques d’une partie des victimes de l’accident de l’avion de Germanwings, qui a fait 150 morts le 24 mars dans les Alpes, vont enfin pouvoir avoir lieu. Les dépouilles de quarante-quatre Allemands sont arrivées à Düsseldorf, mardi 9 juin au soir. Elles ont transporté depuis Marseille par un avion spécialement affrété par la Lufthansa.La semaine dernière, les familles des 16 lycéens disparus de la petite ville de Haltern am See avaient écrit à la Lufthansa pour exprimer leur colère après le retard annoncé par la compagnie allemande dans le rapatriement des corps. Les proches des victimes étaient préoccupés de ne pas pouvoir récupérer les dépouilles à temps pour les obsèques, prévues à partir du 12 juin.Lufthansa les avait informées par un message « lapidaire », selon elles, de l’interruption de la procédure de rapatriement, en raison d’erreurs dans l’établissement des certificats de décès.Les autres victimes bientôt rapatriéesPourtant, en France, le maire de Prads-Haute-Bléone, (Alpes-de-Haute-Provence), Bernard Bartolini, qui a signé les 150 actes d’état civil, avait déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) qu’il n’y avait « pas de problème » mais de simples erreurs typographiques « sur des noms à consonance étrangère ». « Ça ne bloque rien du tout (…). Tous les actes sont partis depuis trois semaines, et à mesure que nous recevons les corrections demandées par le procureur, nous les faisons », avait-t-il expliqué.L’avocat de certaines des familles, Elmar Giemulla, a depuis ainsi confirmé dans un bref communiqué que « les obsèques pourront bien avoir lieu comme prévu ».« Après ce premier vol spécial pour Düsseldorf, les autres victimes seront rapatriées dans leur pays d’origine dans les prochaines semaines », a également annoncé Lufthansa.Rencontre jeudi en FranceEn France, le procureur a précisé à l’AFP qu’il devait rencontrer jeudi à Paris les proches des victimes, pour évoquer « les procédures d’identification » et de « rapatriement des corps », et « la restitution des effets personnels identifiés ou non identifiés ».M. Robin tiendra également une conférence de presse au ministère des affaires étrangères, aux côtés du colonel Simon-Pierre Delannoy, commandant de la section de recherche de la gendarmerie des transports aériens, et du colonel François Daoust, directeur de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale.Cent cinquante personnes, dont 72 Allemands, sont mortes le 24 mars lors de l’accident de l’A320 de Germanwings dans les Alpes françaises. Selon les enquêteurs, l’appareil a été précipité au sol par son copilote allemand, Andreas Lubitz, qui avait souffert dans le passé de graves troubles psychologiques.Lire : Seul dans le cockpit, le copilote a actionné les commandes pour faire descendre l'avion 09.06.2015 à 18h18 À 102 ans, Ingeborg Syllm-Rapoport a officiellement reçu, mardi 9 juin, son doctorat. Cette pédiatre allemande en avait été empêchée en 1938 par les nazis en raison de ses origines juives. La clinique universitaire de Hambourg a estimé dans un communiqué qu’elle était « probablement la plus âgée du monde » à se voir décerner ce diplôme.Le 15 mai dernier, elle avait enfin pu passer avec succès cet oral devant un jury de trois professeurs venus spécialement de Hambourg pour se rendre dans son appartement berlinois. « Après environ 80 ans, nous sommes enfin parvenus (…) à rétablir un petit peu de justice, cela nous remplit de satisfaction », a déclaré le président du conseil d’administration du centre médical universitaire d’Hambourg-Eppendorg, pendant la cérémonie de remise de diplôme.Une vie entre les Etats-Unis et l’AllemagneNée en 1912, Mme Syllm-Rapoport avait étudié la médecine à Hambourg avant de travailler en tant que médecin-assistant à l’Hôpital israélite de la ville en 1937 et 1938, période au cours de laquelle elle rédigea sa thèse de doctorat consacrée à la diphtérie. Mais elle ne put jamais la soutenir car les autorités universitaires national-socialistes, « en application des lois raciales en vigueur », l’en empêchèrent, a expliqué la clinique universitaire.Elle décide donc d’émigrer aux Etats-Unis en 1938. Elle deviendra pédiatre et y rencontrera son mari avec qui elle aura quatre enfants. Or, en 1952 le sénateur républicain Joseph MacCarthy entretient un climat de « chasse aux sorcières » contre tout sympathisant éventuel du bloc soviétique. Cette communiste convaincue revient donc en Allemagne avec son mari, à Berlin-est.En 1969, Mme Syllm-Rapoport y fonde, au sein de l’hôpital berlinois de la Charité, la première chaire de néonatalogie en Allemagne. Aujourd’hui, elle vit toujours dans son appartement de l’ex-Berlin Est, dans un quartier jadis réservé aux artistes et aux intellectuels. 09.06.2015 à 16h42 • Mis à jour le09.06.2015 à 16h54 | Ghalia Kadiri Le dernier Parlement turc comptait 79 femmes, et le gouvernement d’Ahmet Davutoglu, au pouvoir depuis août 2014, qu’une seule femme sur vingt-six membres : Aysenur Islam, ministre de la famille et de la politique sociale. Mais l’entrée en force du Parti démocratique des peuples (HDP), un parti prokurde de gauche, à la Grande Assemblée nationale, a changé la donne. Avec 13 % des suffrages, le HDP, qui se dit ouvertement « féministe », enverra sur les bancs du nouveau Parlement 31 femmes sur ses 80 élus. Les islamo-conservateurs du Parti de la justice et du développement (AKP), du président Recep Tayyip Erdogan, ont, pour leur part, fait élire 41 députées, contre 46 en 2011. L’AKP est le seul parti à envoyer moins de femmes que lors de la précédente législature.La condition féminine en reculA son arrivée au pouvoir en 2002, l’AKP avait d’abord promu les droits des femmes, notamment à la faveur de la candidature de la Turquie à l’adhésion à l’Union européenne. Une décennie plus tard, le parti d’Erdogan a perdu cet élan et terni son image en restreignant l’accès à l’avortement, ou encore en encourageant le port du voile.Spécialiste de la Turquie contemporaine à l’Institut français des relations internationales (IFRI), la chercheuse Dorothée Schmid souligne que l’ère Erdogan est marquée par une régression de la culture égalitaire entre hommes et femmes en Turquie. « Ce n’est pas une question de législation mais de culture sociale », explique-t-elle. En effet, le recul de la condition féminine en Turquie se manifeste avant tout dans les discours au sein de l’espace public. « Les hommes sont perçus comme les moteurs de la société, tandis que la femme est reléguée à son rôle de mère », poursuit la chercheuse. En témoignent les multiples interventions d’Erdogan, qui a ainsi recommandé aux femmes d’avoir « au moins trois enfants » ou expliqué, en octobre 2014, que l’égalité hommes-femmes était « contraire à la nature humaine ». Quelques mois auparavant, son vice-premier ministre Bülent Arinç avait déclaré qu’une femme « ne [devait] pas rire fort en public ». Pour Jean Marcou, professeur à Sciences Po Grenoble, la condition des femmes en Turquie est en recul. « La situation est moins bonne que sous Kemal [Mustapha Kemal Atatürk, premier président de la République turque] dans les années 1930. »Recrudescence des violences faites aux femmesAutre symptôme de la dégradation du statut de la femme en Turquie, les violences qu’elles subissent ne cessent d’augmenter depuis quelques années. Selon un rapport sur la violence en Turquie, publié en 2014 par l’université Hacettepe d’Ankara, 40 % des femmes ont déjà été abusées physiquement au moins une fois dans leur vie, tandis qu’une femme sur dix a déjà subi des violences sexuelles domestiques.Lire aussi : Les droits des femmes turques sont-ils en régression ? En février, le décès d’Özgecan Aslan, une étudiante de 20 ans violée puis tuée à coups de barre de fer par un chauffeur de bus, avait incité des milliers de femmes à prendre la parole sur le harcèlement sexuel.Tragic case of #ÖzgecanAslan in Turkey prompts thousands of women to share tales of sexual abuse online #sendeanlat— BBCtrending (@BBC Trending)require(["twitter/widgets"]);Lire aussi : La Turquie rattrapée par la recrudescence des violences faites aux femmesLe meurtre de la jeune Özgecan est devenu le symbole de la colère qui monte en Turquie. Pendant la campagne des élections législatives, les associations féministes se sont mobilisées pour dénoncer les violences et ainsi faire barrage au parti du président Erdogan. Sur les réseaux sociaux, des centaines de femmes ont pris la pose, le dos tourné, en signe de refus de l’AKP. Une campagne qui a profité au parti HDP, défenseur assumé des droits des femmes et des minorités discriminées (Kurdes, chrétiens, homosexuels).#BayanYanı @bayanyaniWomen turn their back to protest Erdogan and AKP's Women's policy— bayanyani (@BayanYanı)require(["twitter/widgets"]);Ghalia Kadiri Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le geste est salué. Mais, à ce stade, il n’est pas encore jugé suffisant. Les deux textes « de propositions » que le gouvernement grec a communiqués, lundi 8 juin, au commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, sur les réformes à mettre en place afin de débloquer une aide financière de 7,2 milliards d’euros, ne représentent pas une avancée considérable du point de vue des créanciers du pays (Banque centrale européenne, Commission européenne, Fonds monétaire international). « Dans ce dossier, on fait deux pas en avant, un pas en arrière », relève une source proche des négociations.Les négociateurs grecs avaient fait des contre-propositions au « draft » d’accord rédigé en commun par les créanciers et remis en main propre par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker au premier ministre grec, Alexis Tsipras, mercredi 3 juin à Bruxelles. Ces contre-propositions portent sur la réforme des retraites et sur la TVA. Deux des principaux points qui opposent encore les parties, avec la question de la dette.Le « draft » d’accord demandait à Athènes d’équilibrer son régime de retraite (zéro déficit) et notamment de diminuer les primes destinées aux petites pensions. Il préconise également de soumettre les prix de l’électricité au taux de TVA de 23 %.« Combler les différends »Ces propositions avaient été qualifiées « d’absurdes » par M. Tsipras, lors d’un discours très offensif, vendredi 5 juin, devant le Parlement grec, destiné à recueillir l’assentiment des députés sur sa stratégie de négociation.Lire aussi :Athènes fait des contre-propositions à ses créanciersUne source gouvernementale grecque a aussi précisé que les deux textes supplémentaires remis lundi à Pierre Moscovici visaient « d’une part à combler les différends sur les questions de finances publiques et d’autre part à définir un plan de viabilité de la dette grecque ».Selon des sources gouvernementales grecques, les discussions ont aussi porté sur les moyens de combler le « trou » dans le financement du budget de l’Etat grec jusqu’à la fin de l’année 2016. Mais aucune proposition précise n’a filtré.Mercredi 10 juin, la chancelière allemande Angela Merkel doit s’entretenir avec le premier ministre grec.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.06.2015 à 12h40 • Mis à jour le09.06.2015 à 13h26 Dans son bras de fer avec la justice, le premier ministre social-démocrate roumain Victor Ponta, accusé de corruption, a obtenu le soutien du Parlement, dominé par sa majorité de centre gauche, mardi 9 juin.Par 231 voix contre 120, les députés ont rejeté la requête du parquet anticorruption qui demandait une levée de l’immunité parlementaire du premier ministre afin d’engager des poursuites pour conflit d’intérêts contre le premier ministre .Victor Ponta, 42 ans, reste poursuivi pour faux, complicité d’évasion fiscale et blanchiment d’argent du temps où il était avocat, entre 2007 et 2011. Mais sans levée de son immunité, la justice ne pourra pas poursuivre son enquête concernant le conflit d’intérêts, qui porte sur une période où Victor Ponta était premier ministre.« Une décision irresponsable »Après ce vote, le chef de l’Etat Klaus Iohannis (conservateur), rival de M. Ponta, a dénoncé « une décision irresponsable » et dommageable pour le pays. Comme une partie de l’opposition, il a demandé la démission du premier ministre. Ce dernier se dit innocent et victime d’une « tentative de coup d’Etat » orchestrée par l’opposition avec la complicité de la justice.La Roumanie, l’un des pays les plus pauvres de l’Union européenne, traverse une importante crise politique depuis que la justice a rendu publiques, vendredi, ses accusations contre le chef du gouvernement.Quelques heures avant le vote du Parlement, M. Ponta, qui a catégoriquement exclu de démissionner, a déclaré lors d’une rencontre avec des médias étrangers :« Rien n’entrave la poursuite de l’enquête pour que, tout d’abord, le procureur puisse établir si les soupçons me visant se confirment ou non. Je souhaite me présenter devant le procureur, présenter mon point de vue (…). Il est dans mon intérêt d’aller de l’avant, et je suis convaincu que cette affaire sera éclaircie. »M. Ponta a assuré que sa priorité était de maintenir la stabilité politique du pays, espérant que dès lundi prochain son gouvernement pourrait retourner à ses « projets importants », dont l’adoption d’un nouveau code fiscal et la reprise des négociations avec le Fonds monétaire international. « Une crise politique, créée de manière artificielle, serait un cadeau inattendu et inespéré pour la Russie », a-t-il lancé, évoquant le contexte régional compliqué, sur fond de « crise en Ukraine, en Moldavie ou encore en Grèce ».Lire aussi :Roumanie : Victor Ponta visé par une enquête pour corruption Philippe Bernard (Londres, correspondant) Dur réveil ce dimanche 21 juin pour les dizaines de milliers de personnes qui ont défilé samedi dans les rues de Londres contre l’austérité. Le ministre des finances, George Osborne, signe dans le Sunday Times une tribune où il confirme qu’il procédera bien à 12 milliards de livres (16,8 milliards d’euros) de coupes dans le budget qui doit être annoncé début juillet. Samedi après-midi, une imposante manifestation a parcouru les grandes artères de la capitale entre la Banque d’Angleterre, au cœur de la City, et le Parlement, en passant par Downing Street, aux cris de « Non à la guerre contre les pauvres ! », « Non aux coupes budgétaires ! », « Stoppons l’austérité maintenant » et « Dehors les Tories ! ». Un peu plus d’un mois après la victoire du premier ministre conservateur David Cameron, le peuple de gauche a voulu se rappeler au bon souvenir d’un gouvernement tout puissant face au Parti travailliste hébété par sa défaite et ses querelles de succession. M. Cameron, qui se targue d’avoir réduit à 5,5 % le taux de chômage et porté la croissance à 2,8 % en 2014, entend poursuivre la politique drastique de réduction des dépenses publiées qu’il a mise en œuvre depuis 2010.Des coupes encore flouesLe défilé, très coloré et plutôt joyeux, n’était pas organisé par le Labour, mais par le groupe « People’s assembly » et surtout par les syndicats. Curieusement, les manifestants ne faisaient aucunement référence à la situation en Grèce ou aux politiques d’austérité menées dans d’autres pays européens. D’autres défilés ont eu lieu simultanément à Liverpool et Glasgow marquant selon les organisateurs « le début d’une campagne de protestation, de grèves, d’actions directes et de désobéissance civile à travers le pays ». A Londres, les marcheurs, plutôt jeunes dans l’ensemble, ont dénoncé les menaces sur le système national de santé (NHS) public, sur l’éducation, ainsi que la montée de la pauvreté et des expulsions locatives liées à la réduction des prestations sociales. « Réduisez les dépenses militaires, pas les prestations sociales », « Défions la loi des Tories », proclamaient les pancartes. Des manifestants appelaient à « faire payer les banquiers, pas le peuple ». « Payez vos impôts ! », hurlaient-ils en passant devant les cafés Starbucks.Pas question d’écouter la rue, répond en substance George Osborne dans sa tribune du Sunday Times. Cosigné par le ministre du travail et des retraites, Iain Duncan Smith, ce texte confirme la volonté du gouvernement britannique de réduire les dépenses sociales de 12 milliards de livres sur un budget annuel de 220 milliards de livres. Ces 12 milliards de coupes faisaient partie du programme électoral du Parti conservateur, mais chacun pensait, avant les élections, que les Tories en modéreraient l’ampleur pour les rendre acceptables aux yeux des Libéraux-démocrates. La débâcle de ces derniers et le succès inattendu de M. Cameron lui laissent les mains libres, même si des voix se sont multipliées, ces dernières semaines, pour dénoncer les conséquences sociales d’une telle austérité.Lire aussi :David Cameron, les ambiguïtés d’une victoire surpriseLa nature précise des coupes n’est pas connue. Les aides au logement et les réductions d’impôts liés au nombre d’enfants devraient figurer parmi les premières visées, ciblant de fait les familles à bas revenus.« Assurer que le travail paie »Se réclamant du mandat donné par les électeurs, les deux ministres qualifient certaines prestations sociales de « largesses financées par la dette » et affirment qu’ils ne cesseront de combattre « la culture néfaste de la dépendance aux allocations », arguant qu’« une décennie » au moins sera nécessaire pour parvenir à un budget social « sain ».Ils ne cachent pas leur philosophie : la réduction des aides sociales est destinée à « assurer que le travail paie ». Largement entamée depuis le retour des conservateurs au pouvoir en 2010, la baisse des prestations sociales, s’ajoutant au regain de l’économie et aux pressions des agences pour l’emploi pour faire accepter les emplois existants, a effectivement déjà conduit des centaines de milliers de salariés britanniques à accepter des salaires très bas et des contrats précaires, tel que les « zero hour » ne garantissant aucun horaire de travail.Lire aussi :La Grande-Bretagne, royaume des travailleurs pauvresGeorge Osborne confirme aussi la décision de baisser de 26 000 à 23 000 livres (de 36 300 à 32 100 euros) le plafond annuel de prestations, toutes comprises, que peut percevoir un foyer, une mesure destinée elle aussi à inciter à la reprise d’emploi. Il compte aussi supprimer toute aide au logement pour les moins de 25 ans et réduire les crédits d’impôts accordés aux couples avec deux enfants. Le tout-puissant ministre des finances, qui rêve de succéder à M. Cameron en 2020, se paie même le luxe de faire la leçon aux travaillistes. Le Labour, en dépit de sa défaite, semble persévérer dans ses errements en matière d’aides sociales, écrit en substance le chancelier de l’Echiquier. Il appelle les dirigeants du Labour à « soutenir les prochaines économies que nous devons réaliser pour rendre notre système social plus juste et plus abordable ».Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le premier ministre grec Alexis Tsipras multiplie ces dernières heures les réunions au palais Maximou (l’équivalent de Matignon) afin de peaufiner ses propositions aux créanciers du pays avant l’Eurogroupe et le sommet européen de lundi 22 juin.Après avoir discuté longuement, samedi, avec son équipe de négociateurs, il a convoqué dimanche à 11 heures son conseil des ministres afin de leur présenter les pistes de compromis.Au début du mois, les Grecs estimaient le déficit total du budget, pour 2015, à environ 1,1 % du PIB, soit 1,995 milliard d’euros, alors que la Commission assurait qu’« entre leurs calculs et les nôtres, il demeure un fossé de 2 milliards d’euros ».Lire notre reportage :A Athènes, « ce n'est pas vraiment la panique » face au risque de crise bancaire« Aujourd’hui nous sommes d’accord sur le gap de 2015, mais nous avons toujours une différence de 450 millions d’euros pour 2016 », a affirmé samedi matin le ministre d’Etat Alekos Flambouraris, un proche d’Alexis Tsipras, sur la chaîne privée grecque Méga. Et pour combler cet écart, Athènes doit arriver lundi à l’Eurogroupe prévu à 12 h 30 avec une liste précise de mesures. Le bras droit d’Alexis Tsipras, Nikos Pappas, et le chef des négociateurs grecs, Euclide Tsakalotos, se sont envolés dès samedi pour Bruxelles. Ils devraient rencontrer dimanche des représentants des créanciers afin d’avancer sur cette liste. M. Tsipras a présenté les propositions grecques lors d’entretiens téléphoniques avec la chancelière allemande, Angela Merkel, le président de la Commision européenne, Jean-Claude Junker, et le président français, François Hollande.Augmentation des impôtsSelon des informations ayant fuité dans la presse grecque ce week-end, ces mesures tourneraient toujours autour d’une augmentation des revenus fiscaux, via d’abord un changement du régime de la TVA pouvant rapporter en l’état jusqu’à 1,4 milliard d’euros supplémentaires par an, mais aussi autour d’une hausse des impôts sur les entreprises réalisant un bénéfice supérieur à 500 000 euros (la semaine dernière, le plafond de la proposition grecque était fixé à 1 million d’euros de bénéfices).Athènes propose encore de réduire drastiquement ses dépenses militaires et se dit prêt à changer le régime des départs en préretraite dès 2016, sans période transitoire comme elle souhaitait initialement le faire. Sur ce dernier point, cela permettrait d’économiser 200 000 euros supplémentaires l’année prochaine.Si le gouvernement se refuse toujours à supprimer la prime aux faibles retraites (EKAS) ou à opérer des coupes horizontales sur l’ensemble des pensions, l’idée de diminuer les retraites complémentaires supérieures à 1 500 euros par mois serait sur la table.Athènes pour une renégociation de la dette publiqueLe gouvernement grec entend lundi insister pour qu’un processus « accompagné d’un calendrier précis » de la renégociation de la dette publique soit inscrit dans l’accord à venir, si accord il y a.Un « plan grec pour la dette », diffusé tout au long du week-end par la presse nationale, reprenait en partie les propositions déjà formulées il y a quelques mois par le ministre des finances Yanis Varoufakis, à savoir une indexation des taux de remboursement sur le taux de croissance du PIB, ainsi que la suppression de 50 % de la valeur nominale des obligations détenues par le Mécanisme européen de stabilité (141 milliards d’euros à ce jour).En cas d’échec des négociations, plusieurs ministres du gouvernement ont évoqué ces derniers jours le recours à des élections anticipées ou au référendum. « Dans tous les cas nous devrons alors consulter le peuple grec », prévenait samedi Alekos Flambouraris.Lire notre éditorial :Un « Grexit » serait un terrible échec pour l’EuropeAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.06.2015 à 03h46 Le ministre belge des affaires étrangères, Didier Reynders, a annoncé samedi 20 juin le « déblocage », partiel dans un premier temps, des comptes des ambassades russes en Belgique qui avaient été gelés en application d'une décision de justice, suscitant la colère de Vladimir Poutine.Lire (en édition abonnés) :Affaire Ioukos : le gel des avoirs complique encore les relations avec MoscouLe ministre s'exprimait devant des journalistes belges l'accompagnant en déplacement officiel en Chine avec le roi Philippe. Ses propos ont été confirmés à l'AFP par un porte-parole de son ministère, Henrik Van de Velde. Le déblocage concerne dans un premier temps les comptes détenus par l'ambassade de Russie et les représentations permanentes russes auprès de l'UE et de l'Otan dans la banque ING, a dit M. Van de Velde.Les menaces de Moscou« Une solution a été trouvée pour débloquer en priorité ces comptes-là, qui sont les comptes de fonctionnement des ambassades, et le reste va suivre », a affirmé le porte-parole, citant les mots du ministre devant la presse à sa descente d'avion à Wuhan (Chine). Le ministère belge des affaires étrangères, a-t-il souligné, a « joué les rôles de bons offices entre les cabinets d'huissiers de justice [qui avaient exécuté la décision de gel] et les créditeurs », actionnaires de l'ex-groupe pétrolier Ioukos, réclamant cette saisine d'avoirs du gouvernement russe.La Cour d'arbitrage de La Haye avait condamné la Russie en 2014 à verser une indemnité de 50 milliards de dollars (37 milliards d'euros) aux actionnaires de Ioukos, groupe démantelé après l'arrestation en 2003 de l'oligarque et opposant au Kremlin Mikhaïl Khodorkovski. Les autorités russes n'ayant pas respecté cette injonction, les actionnaires avaient obtenu en compensation de faire geler des actifs russes notamment en Belgique et en France.Depuis 48 heures, Moscou émettait de vives protestations, menaçant les gouvernements français et belges d'appliquer des mesures identiques sur le territoire russe. « Nous allons défendre nos intérêts par voie de justice. Notre position est claire : la Russie ne reconnaît pas l'autorité de ce tribunal », avait déclaré vendredi le président russe Vladimir Poutine en allusion à la Cour de La Haye. 20.06.2015 à 22h09 • Mis à jour le20.06.2015 à 22h44 A l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, Philippe Leclerc, représentant en France du Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) a appelé Paris à améliorer les conditions permettant l'accueil des réfugiés. « La France doit prendre sa part, sa juste part pour une admission digne des réfugiés, en particulier les Syriens », a-t-il ainsi déclaré lors de la présentation à Lyon du rapport annuel de l'association Forum-Réfugiés-Cosi sur l'asile en France et en Europe.M. Leclerc pour le HCR a toutefois accordé un satisfecit à la France pour son projet de réforme du droit d'asile présentée mercredi et dont le vote n'est pas attendu avant fin juillet. « Nous sommes en faveur d'une réforme qui fasse la promotion d'une procédure de droit d'asile efficace et juste », a-t-il déclaré. Il a souhaité que la France puisse « enfin rejouer son rôle de protection des populations réfugiées » en octroyant les budgets nécessaires « à la mise en oeuvre des objectifs contenus dans la loi ».Lire aussi :Le plan timide du gouvernement face au drame des migrants« Proportionnellement à sa population, la France accueille beaucoup moins que la Suède, l'Italie ou l'Allemagne (...) la France prend sa part mais pas assez », a estimé Jean-François Ploquin, directeur général de l'association humanitaire basée à Lyon. Les puissances européennes cherchent depuis plusieurs semaines à s’unir pour établir une stratégie de régulation de l’afflux migratoire qui touche l’Europe depuis le début de l’année et peinent à s’accorder sur la répartition de l’accueil des demandeurs d’asile.Lire aussi :France, Italie et Allemagne cherchent un consensus sur la répartition des migrantsExplosion des demandes des Syriens, Soudanais et UkrainiensDepuis 2012, la France a accordé 3 450 visas à des réfugiés syriens, dont près de 500 en 2014, selon des chiffres du ministère de l'intérieur. Quelles que soient les nationalités, un total de 45 454 dossiers de première demande d'asile ont été enregistrés en 2014 par les services de l'État, 2,2 % de moins qu'en 2013. « Le nombre de premières demandes est à un niveau constaté au début des années 2000 (47 291 en 2001), loin des records de certaines années (61 422 en 1989 ; 52 204 en 2003 », relève Forum-Réfugiés dans son rapport.Lire aussi :A la frontière franco-italienne, l’incessant va-et-vient des migrants refoulésEn dépit d'une baisse de 4,6 %, soit 3 782 personnes, les ressortissants de République démocratique du Congo restent les premiers demandeurs d'asile en France, suivis par les Chinois, selon les données de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) reprises dans le rapport. Les Syriens (+ 136 %, soit 2 072 personnes) et les Soudanais (+139,4 %, soit 1 793) enregistrent une très forte hausse du nombre de demandes d'asile entre 2013 et 2014, de même que les Ukrainiens dont les dossiers ont explosé en un an (de 84 à 1 009, soit une hausse de 1 101,2 %).Lire aussi : De l'Erythrée à la France, trois migrants racontent leur parcours du combattant 20.06.2015 à 10h52 • Mis à jour le20.06.2015 à 17h26 L’impensable pourrait arriver. Si lundi 22 juin au soir ou mardi 23 juin aucun accord n’est trouvé au Conseil de la zone euro, un désolant et redoutable processus de « Grexit » risque de s’enclencher. Ce scénario que seuls les plus à droite des conservateurs ou les plus anti-européens sur l’échiquier politique imaginaient est en train de se matérialiser. « Nous devons tout faire pour que les discussions puissent aboutir à un compromis, a affirmé François Hollande, vendredi 19 juin, à Bratislava, mais à un compromis fondé sur les règles européennes. » Mais d’Eurogroupes en Conseils européens dont il ne sort rien, le bras de fer avec Athènes, depuis cinq mois, a provoqué de telles animosités qu’on ne voit plus quelle dynamique politique permettrait d’espérer un accord.Lire aussi :Pressions de l’Europe sur la Grèce avant un nouveau « sommet de la dernière chance »Qui pourrait tirer bénéfice d’un défaut de paiement de l’Etat grec débouchant sur le « Grexit », la sortie de la zone euro ? Certains analystes et économistes assurent qu’il ne ferait pas courir de risque systémique à la zone euro, écartant une contagion sur les obligations souveraines espagnoles, portugaises, belges, italiennes ou françaises. Les investisseurs internationaux font la part des choses en se fiant à l’existence de l’union bancaire et du Mécanisme européen de stabilité. D’autres jugent qu’il vaudrait mieux une purge douloureuse mais rapide, estimant que la Grèce ne parviendra pas avant longtemps à se passer de l’aide internationale, qu’elle n’est pas prête à assainir son économie et qu’elle va rester à la charge des Européens.La fin d’une certaine idée de la solidarité européenneLa vérité est que personne ne sait comment réagiront les marchés financiers quand le processus, inédit et sans doute long, du « Grexit » commencera à être enclenché. Ce qui est sûr, c’est qu’il abîmera un peu plus encore l’image et les fondements du projet européen. Quelle que soit la manière dont les chefs d’Etat justifieront leur position vis-à-vis du gouvernement d’Alexis Tsipras, on retiendra, selon les avis, que la zone euro a rejeté l’un des siens ou que l’un des siens s’est mis hors du jeu européen. Un terrible échec – dont les premiers à souffrir seront les Grecs eux-mêmes, déjà durement touchés par la crise.Lire aussi :Quel est l’état des banques grecques ?L’idée que l’adhésion à l’euro est irréversible serait du même coup très sérieusement écornée. Comment alors expliquer politiquement aux Européens qui en doutent – et ils sont nombreux – que l’euro est une monnaie qui vaut des sacrifices et qu’ils ont intérêt à continuer d’y adhérer ? Comment continuer à convaincre les investisseurs internationaux que l’euro est une devise d’avenir ?L’effet politique du « Grexit » ne serait pas moins dommageable. Pour des dirigeants européens qui ont bataillé pendant des mois, en 2010 et 2012, pour sauver la Grèce au prix de centaines de milliards d’euros, et qui lâcheraient prise aujourd’hui pour des sommes nettement moins importantes, l’image qu’ils donneraient serait celle d’une inconséquence politique et, avec elle, la fin d’une certaine idée de la solidarité européenne. L’impact en Grèce serait plus important encore. Portés par leur incontestable légitimité électorale, les dirigeants de Syriza ont choisi une forme d’intransigeance, repoussant des réformes impopulaires mais indispensables. Le prix politique et social serait considérable. La Grèce sombrerait dans l’inconnu alors qu’elle a tant besoin de réformes pour préserver son avenir.Lire le reportage :A Athènes, « ce n'est pas vraiment la panique » face au risque de crise bancaire Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Veillée d’armes dans la zone euro. Lundi 22 juin doit se tenir un conseil extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement à Bruxelles pour tenter d’éviter le pire en Grèce. C’est-à-dire un défaut de paiement aux conséquences imprévisibles. En attendant ce nouveau « sommet de la dernière chance », l’Europe a décidé, vendredi, de maintenir hors de l’eau la tête des banques grecques, fragilisées par les sorties de capitaux, sinon massives, du moins très régulières, auxquelles se livrent les Grecs.Mais les « partenaires » de la Grèce ont aussi maintenu la pression sur le gouvernement d’Alexis Tsipras, certains responsables européens indiquant que les ministres de la zone euro (Eurogroupe), qui se réuniront lundi avant le Conseil européen, plancheront sur le scénario d’un défaut de la Grèce. « Nous nous rapprochons du point où le gouvernement grec va devoir choisir entre accepter ce que je pense être une bonne proposition des créanciers ou aller droit vers le défaut de paiement », a prévenu Donald Tusk, président du Conseil européen, vendredi 19 juin au soir.PosturesLe ton est grave, l’heure aussi. Ces rendez-vous vont-ils enfin permettre au gouvernement de la gauche radicale d’Alexis Tsipras et aux représentants des créanciers, qui négocient depuis cinq mois, de s’entendre sur un accord « réformes contre argent frais » ? Tout le monde, en tout cas, est conscient de l’urgence. Car les sorties de capitaux se sont accélérées en Grèce : près de 5 milliards d’euros sur la semaine écoulée. Au point que la Banque centrale européenne a de nouveau relevé, vendredi, son programme de liquidités d’urgence de 1,8 milliard d’euros. « De quoi tenir deux jours ouvrés, jusqu’à lundi soir », selon une source européenne.Lire aussi :La BCE agite le risque de panique bancaire en GrèceAu-delà, sans accord, Athènes devra probablement instaurer un contrôle des capitaux ou, à tout le moins, un « bank holliday » (fermeture temporaire des guichets) pour préserver la solvabilité de ses banques. Et le 30 juin, la Grèce risque à la fois de faire défaut vis-à-vis du Fonds monétaire international (FMI), à qui elle doit rembourser 1,6 milliard d’euros, et d’avoir définitivement à renoncer aux 7,2 milliards d’euros de prêts que les créanciers sont encore censés lui verser.De quel côté va pencher la balance, lundi ? Accord ou rupture définitive ? Les avis sont partagés. Un premier camp pense que tout va finir par s’arranger. Ses arguments ? L’accord est tout proche. Il suffirait que M. Tsipras fasse les propositions alternatives qu’on lui réclame à Bruxelles, sur la réforme des retraites et de la TVA. Et que, de leur côté, les créanciers fassent un geste sur la dette grecque. C’est-à-dire que, par écrit, ils s’engagent à renégocier, le plus vite possible, un allégement. C’est ce que réclame M. Tsipras depuis le début.Lire aussi :La dette grecque, enjeu central du bras de fer entre Athènes et ses créanciers« On n’a plus le temps pour un accord global »Autre argument qui plaiderait en faveur d’un accord ? M.Tsipras a le pistolet sur la tempe. Il n’a rien à gagner à attendre « le jour d’après » le sommet de lundi. La situation des banques grecques est trop fragile, les marchés financiers auraient raison très vite de son gouvernement. Les autres leaders européens sont aussi dos au mur : la chancelière allemande Angela Merkel, le président français François Hollande, sont-ils vraiment prêts à laisser s’enclencher un processus de « Grexit », une sortie de la Grèce de la zone euro ?Beaucoup, à Bruxelles, sont optimistes : comme d’habitude en Europe, on finira par trouver une solution de dernière minute, à l’issue d’une longue nuit blanche. Plusieurs sources n’excluent pas un accord provisoire, un déboursement d’argent partiel, pour passer la marche du remboursement du FMI le 30 juin, avec une extension du plan d’aide. « De toute façon, on n’a plus le temps pour un accord global », estimait, vendredi, une source européenne haut placée.Lire aussi :A Athènes, « ce n'est pas vraiment la panique » face au risque de crise bancaireMais le camp des fatalistes est, lui aussi, très fourni. Pour eux, de jour en jour, la volonté politique de conclure un accord s’effiloche en Europe, Athènes et ses créanciers s’étant enfermés dans des postures dont on voit mal comment ils peuvent sortir. Les propos de M. Tsipras, jeudi 18 juin, accusant les créanciers de « piller » la Grèce, et les mots de Christine Lagarde, la patronne du FMI, le même jour, se demandant à propos des négociateurs grecs « s’il y a des adultes dans la salle », semblent rapprocher tout le monde du point de non-retour. Dans ce contexte, la visite, vendredi, de M. Tsipras à Moscou, et sa signature avec le président russe Vladimir Poutine d’un futur gazoduc russe en Grèce, n’a rien dû arranger.Une sortie de la Grèce de l’euro signerait « le début de la fin de la zone euro », a averti M. Tsipras, vendredi. Mais cette menace fait-elle encore peur ? « J’ai averti à plusieurs reprises M. Tsipras qu’il ne devait pas compter sur le fait que je peux empêcher à tout prix un échec des discussions », a indiqué le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui a pourtant beaucoup travaillé à rapprocher les points de vue. « Je ne comprends pas Tsipras », a par ailleurs avoué M. Juncker.Entre fatalisme et lassitudeLa plupart des ministres des finances de la zone euro le répétaient à l’Eurogroupe de jeudi 18 juin : pour qu’un accord soit trouvé, il faut que les Grecs viennent avec de nouvelles propositions, « crédibles ». Sinon, un sommet n’aura rien à examiner. Et « il faut une dynamique politique pour qu’un accord de dernière minute soit possible », mettait en garde, jeudi, une source européenne haut placée.Mme Merkel et M. Hollande, qui détiennent une des clés d’un accord, sont restés très prudents, vendredi. « Maintenant, le travail doit être fait. La Grèce doit pouvoir rester dans la zone euro ; à elle de prendre les décisions qui le lui permettront », a déclaré le président français. Le Conseil de la zone euro « n’est pas un lieu de négociation », il pourra simplement « constater un accord ou, ça peut arriver, constater un désaccord », a-t-il ajouté. Pour la chancelière, ce rendez-vous sera juste « consultatif », s’il n’y a pas de « base pour un accord ».En attendant, en Grèce, le calme domine. Entre fatalisme et lassitude, beaucoup de Grecs espèrent une résolution de la crise lundi. Quarante-neuf députés du parti de la gauche radicale Syriza ont, quant à eux, envoyé un courrier à la présidente du Parlement pour exiger la tenue d’une discussion autour de la question de la dette. Le parti appelle aussi à une nouvelle mobilisation de soutien au gouvernement dimanche soir et invite l’ensemble des peuples européens à participer à « une semaine de soutien à la Grèce ». Des mouvements sont annoncés tout au long de la semaine dans la plupart des capitales européennes.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Euzen « C’est le comité d’accueil qui arrive », scande fièrement un CRS en entrant sur le quai de la gare Menton-Garavan. Cette petite station située entre la ville italienne de Vintimille et Menton, coincée entre les falaises et la Méditerranée, est devenue le point d’arrêt de beaucoup d’Africains, venus d’Erythrée ou du Soudan.Vendredi 19 juin, à Garavan, deux estafettes de CRS attendent de pied ferme le train de 7 h 7. Mêlés aux frontaliers italiens allant travailler en France, deux jeunes hommes sont rapidement escortés sur le quai par les forces de l’ordre. Pas un mot n’est échangé. Le groupe se dirige lentement vers un gradé qui demande aux deux hommes de vider leurs poches avant de noter quelques mots sur son calepin. « Ils arrivent avec les camions », dit-il. « Ils », ce sont les douaniers. Ils viennent chercher les deux hommes, maintenant installés dans un Renault Trafic blanc banalisé ; direction le « bureau des douanes françaises ».Derrière ce vieux bâtiment de douaniers qui surplombe la Méditerranée, deux Algéco encerclés par des barrières de chantier font office de centre provisoire de rétention. Le balai continu d’estafettes blanches y amène des migrants par 4 ou 5, hommes et femmes, tous plutôt jeunes. Certains sont maintenant assis sur les gravillons éparpillés devant leurs logements de fortune. Et ils attendent. Il n’y aura bientôt plus de place. Un policier les surveille depuis un fourgon, porte ouverte. « Ils vont être amenés au centre de coopération franco-italien [situé à quelques centaines de mètres], et les Italiens viendront les récupérer, explique-t-il. « Il y en a beaucoup en ce moment, mais c’est normal, vu le dispositif ». Qui consiste en un triste retour à l’envoyeur.A Vintimille, le va-et-vient des migrantsA quelques kilomètres de là, devant la gare de Vintimille, côté italien, plusieurs centaines de migrants attendent, eux aussi, impassibles, près des carabiniers italiens ou à l’ombre sous le car port de la gare. La Croix-Rouge italienne et des bénévoles de l’Unicef passent de groupe en groupe.Hassan est arrivé il y a deux mois. Ce Soudanais de 32 ans a quitté son pays il y a deux ans, y laissant sa femme. « Il n’y a pas de liberté là-bas (…). Je ferai tout ce que je peux pour passer en France. Je vais patienter. » Au Darfour, il a vu son père se faire tuer, dit-il. En passant par la Libye, il a été le témoin de bagarres, de kidnappings, de la mort de certains de ses compagnons de voyage.Dans le hall de la gare presque vide, un groupe d’hommes tente d’acheter des billets de train dans une borne automatique, sans succès. Sur la gauche, une trentaine de personnes sont installées sur le sol d’un large couloir. En face de celui-ci, près d’un photomaton, d’autres migrants partagent un plus petit couloir avec des SDF.A 20 h 30, le hall de la gare s’anime. Un train va partir à 20 h 52 vers la France. Au même moment, un train arrive de Rome. Ils sont plusieurs migrants à en sortir. « Il y a tous les jours entre 50 et 100 nouveaux migrants », affirme un cheminot italien qui souhaite garder l’anonymat. Dans le train provenant de Milan qui va arriver plus tard dans la soirée, « on sait qu’il y a entre 25 et 30 migrants », dit-il. « C’est tous les jours comme ça. Ils vont essayer de passer la frontière, mais la police française va les arrêter à Menton et les ramener ici en bus, ou simplement à la frontière, et c’est la police italienne qui les ramènera ici. » « Un jour, ils vont rouvrir la frontière »Le soleil se couche. C’est l’heure de rompre le jeune du ramadan. Une prière s’organise sur la route à l’endroit où certains jouaient au foot. Un autre homme s’est isolé et prie agenouillé sur un bout de carton. D’autres se sont déjà réunis pour manger.Saïd a rencontré Hassan en Libye. Il vient du Darfour lui aussi. Mais, contrairement à Hassan, la France n’est pour lui qu’une étape vers l’Angleterre. Il a déjà essayé de passer la frontière. « Je vais repasser en train. Un jour, ils vont rouvrir la frontière et je pourrai aller jusqu’à Nice, puis Paris. De là, je partirai vers l’Angleterre. » Plus tard dans la soirée, les plus déterminés tentent leur chance dans le train de 21 h 50 ou celui de 22 h 40. Hassan et Saïd n’en sont pas. Depuis lundi, la frontière entre l’Italie et la France sur la route côtière a changé d’aspect. Après le grand portique qui sert de poste frontière, se massent des estafettes de la gendarmerie française, de la douane, des carabiniers italiens, puis les véhicules de la Croix-Rouge et d’autres organisations d’aide aux réfugiés.Et entre le muret bordant le littoral et la route, des barrières de chantier. Côté français, la plage est pleine de ses habituels baigneurs et vacanciers. Côté Italien, les parasols sont remplacés par des bâches tendues entre le muret et les rochers sur lesquels se sont réfugiés les migrants, une centaine d’hommes, femmes et enfants.Mustafa est très à l’aise. Il explique qu’ils sont là depuis une semaine, pour « attirer l’attention des gouvernements sur le sort de ceux qui sont à la gare » de Ventimille. Ce Soudanais de 21 ans parle anglais et sert d’interprète à ses camarades. Il veut aller étudier l’anglais à Newquay mais ne sait pas encore quand il tentera à nouveau sa chance. « La gare de Nice est remplie de policiers… Je vais peut-être attendre 7 jours, ou 5 ou 3 », dit-il en souriant. Lui aussi explique son voyage par la violence qu’il a vue au Darfour.« La France, c’est la seule route »En contrebas, une maman plie du linge sur un rocher. Ses enfants âgés d’une dizaine d’années se préparent à dormir. Le plus jeune se brosse les dents. Son frère sort un matelas de dessous une bâche pour l’installer à un endroit plus plat.Moubara est seul, adossé à un poteau. Après quelques minutes de méfiance, il déploie son large sourire. « Le Soudan, c’est très dangereux. Si je rentre, j’aurais de très gros problèmes, affirme-t-il sans vouloir en dire plus. Il a essayé de passer la frontière à plusieurs reprises, à pied, en bus et en train. A chaque fois, la police l’a arrêté. Il va continuer, tous les jours, parce que « la France, c’est la seule route » pour lui. Une militante de la coordination Presidio Permanente No Border Ventimilia s’indigne : « Le gouvernement doit les aider et arrêter de les brutaliser.  Lundi, raconte Valeria Colombera, la police les a délogés d’un endroit ombragé près d’une fontaine, où ils avaient trouvé refuge, puis a installé les barrières. »« Les flics n’ont pas chargé trop violemment », dit, quant à lui, Philippe de Botton. « Mais même s’ils ont à manger et à boire grâce aux associations et à la population mentonaise, explique ce membre de Médecins du monde, « ils sont fatigués et souffrent pour certains de dermatoses ou de déshydratation ».De l’autre côté de la route, Youssef Alaoui sirote un verre sur la terrasse du bar-tabac. Ce Mentonais de 32 ans passe tous les jours devant le campement. « Les premiers jours étaient chauds mais depuis ça, c’est beaucoup calmé. » Youssef ne comprend pas pourquoi ils sont là. « Certains passent en France, d’autres non. Je ne sais pas pourquoi. J’en ai vu 2 ou 3 passer à pied pendant la nuit sans problème. » Youssef espère que l’Union européenne va trouver une solution pour eux. « Ça fait mal au cœur de voir des êtres humains comme ça. »Voir aussi : A Paris, le parcours du combattant des demandeurs d’asile se poursuitPhilippe EuzenJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Natacha Valla (Directrice adjointe du Centre d'études prospectives et d'informations internationales (Cepii)) Il est temps de faire le point. Après une enfance (presque) paisible sous l’égide de son premier président, le Néerlandais Wim Duisemberg, la Banque centrale européenne (BCE) a traversé des épreuves qui ont trempé son caractère : sous l’apparence austère et conformiste qui sied au banquier central, ses successeurs Jean-Claude Trichet et Mario Draghi, chacun à sa manière, ont brisé de profonds tabous.D’abord, mai 2010 : défiant la prohibition du financement monétaire des Etats par la banque centrale, la BCE intervient sur le marché obligataire secondaire afin d’acheter de la dette souveraine émise par les Etats membres de la zone euro. Sérieuse brèche au sacro-saint « esprit » du Traité.Second tabou, les taux d’intérêt négatifs. Il est resté longtemps inconcevable que des rendements obligataires – encore moins des taux directeurs de banque centrale ! – puissent cesser d’être positifs (on paie pour prêter !) et ce de façon pérenne. Aujourd’hui, nous y sommes.Troisième tabou : la banque centrale et le politique. En maintenant la Grèce dans la zone euro, la BCE accomplit une action tout autant politique que si elle décidait de lui couper les vivres – c’est-à-dire la liquidité bancaire – et donc de l’en faire sortir.De paroxysme en paroxysmeSeulement voilà : fin juin 2015, la situation tourne au vinaigre. La crise grecque vole de paroxysme en paroxysme et prend ainsi une tournure tragicomique. Vus de loin, les atermoiements les plus récents ne font que rallonger une liste déjà trop longue de rebondissements qui n’en sont plus. L’œil s’est accoutumé aux sommets de la dernière chance avortés, aux conseils européens en urgence.Mais ne nous y trompons pas : pendant ce temps, de la richesse économique est détruite ; les difficultés sociales et la précarité s’accentuent ; l’instabilité politique se profile ; et – en réalité le plus pressant pour la BCE - les banques grecques sont chaque jour un peu plus au bord de l’asphyxie. Les retraits par les Grecs de leurs avoirs sur comptes bancaires se sont indéniablement accélérés ces dernières semaines. Ils auraient atteint 2 milliards d’euros en trois jours.Or, aucun système bancaire ne peut survivre sans assistance à une panique bancaire (« bank run »). Alors que la capitalisation des quatre grandes banques grecques, qui constituent à elles seules plus de 80 % du système bancaire grec, a subi une érosion spectaculaire, et où les risques de pertes sur les portefeuilles de prêts non performants sont plus élevés que jamais, autant dire que la catastrophe n’est pas loin.Si les fuites de dépôts continuent, la BCE, qui portait déjà le système bancaire grec à bout de bras par le biais de sa ligne de liquidité d’urgence dite « ELA » ([Emergency Liquidity Assistance], plus de 80 milliards d’euros), devra l’étendre très rapidement pour remplacer les dépôts disparus par des euros fraîchement émis. Mais il sera sans doute nécessaire de mettre aussi en place de contrôles sur les retraits et sur les sorties de capitaux des frontières.Issue idyllique, mais idéalisteEst-ce donc la fin d’une époque ? La BCE aurait-elle fait « tout ça pour ça » ? Une chose est sûre : dans tous les scénarios (sauf un !), la BCE restera pendant longtemps sur la ligne de front.Prenons une issue idyllique, mais malheureusement idéaliste : les négociations aboutissent, la Grèce (re)noue avec une gouvernance publique compatible avec la monnaie unique, la croissance redémarre, les emplois fleurissent : la BCE aura hérité d’une quantité de dette publique massive.Elle devra décider de son modus operandi pour la prochaine décade : « new normal », ou « exit » ? Quoi qu’elle choisisse, il lui faudra plusieurs années pour que la politique monétaire retrouve un rythme de croisière. Selon les autres scénarios réalistes, la BCE devra normaliser son énorme bilan, sa politique d’éligibilité du collatéral, ses multiples fournitures de liquidité au système bancaire, ses lignes de liquidité d’urgence, sans compter son rôle de superviseur, et – tout de même – la conduite des taux d’intérêt. La politique monétaire est devenue une marionnette qui requiert à la fois une main ferme et de la dextérité fine pour ne pas en emmêler les fils.Tous les scénarios, « sauf un » ?Imaginons que la Grèce sorte de la zone euro ; qu’un effet de contagion propulse l’Italie, le Portugal, l’Espagne, dans l’instabilité financière ; les autres Etats membres restent englués dans une rhétorique molle et incompréhensible du grand public ; les opinions publiques se braquent contre un projet européen perçu comme hostile, la monnaie unique disparaît. Beaucoup de « si », mais avec elle disparaîtrait aussi la BCE.Natacha Valla (Directrice adjointe du Centre d'études prospectives et d'informations internationales (Cepii)) 19.06.2015 à 16h18 • Mis à jour le19.06.2015 à 17h22 | Isabelle Mandraud (Saint-Pétersbourg, Russie, envoyée spéciale) Ministre russe des finances de 2000 à 2011 et à ce titre dernier représentant du courant libéral dans un gouvernement sous Vladimir Poutine, Alexeï Koudrine a répondu, vendredi 19 juin, aux questions du Monde, de RFI et de Radio France, en marge du forum économique international de Saint-Pétersbourg. Celui que l’on présente parfois comme un possible successeur à l’actuel premier ministre, Dmitri Medvedev, prédit la poursuite de la crise en Russie et presse Moscou de mener les réformes nécessaires.Comment réagissez-vous au gel des avoirs russes en France et en Belgique ?Il est évident que cela fait suite à la décision de la Cour internationale de la Haye [cette dernière a condamné en juillet la Russie à payer une indemnité de 37 milliards d’euros aux ex-actionnaires du groupe pétrolier Ioukos qui avaient été lésés lors du démantèlement], mais la Russie a engagé une procédure d’appel. La décision finale sera prise plus tard. Les mesures aujourd’hui sont donc temporaires, ce sont des actions préliminaires en quelque sorte et il aurait peut-être été préférable de les prendre un peu plus tard ou pas du tout dans l’attente. Pour le moment, cela me semble un peu prématuré. Mais quand la décision finale sera prise, la Russie devra la suivre.Lire aussi :La France et la Belgique gèlent les avoirs de MoscouPensez-vous que cela va affecter davantage les relations déjà tendues qu’entretiennent l’Union européenne et la Russie ?Oui, bien sûr, cela jette une ombre sur le système législatif russe et cela dégrade encore un peu plus l’image de la Russie. C’est un conflit politique. Il existe maintenant une méfiance, une incompréhension mutuelle et, ce qui est dommage, il n’y a pratiquement plus aucun effort réciproque. Il faut chercher à poursuivre ces efforts car les bases existent, dans le domaine des affaires, des banques, des voyages touristiques et culturels.Il n’y a pas de restriction, sauf concernant des personnes [la Russie a dressé une liste noire de responsables européens interdits d’entrée sur son territoire, en réaction aux sanctions européennes qui privent des personnalités russes de visa]. Il faut améliorer la confiance. La population russe a un point de vue négatif sur ce qui se passe et considère beaucoup d’événements comme injustes.Que pensez-vous de la venue du premier ministre grec, Alexis Tsipras, à Saint-Pétersbourg ?Il est ici comme invité. La Grèce fait tout ce qu’elle peut, elle mène beaucoup de réformes mais avec des restrictions politiques. Il faut faire attention à la patience des gens, à leur perception de ce qui est juste ou pas. C’est un facteur important (…). La balle est maintenant dans le camp de l’Union européenne qui doit décider ce qu’elle a l’intention de faire. On ne peut pas toujours faire des concessions à la Grèce mais, je veux le souligner encore une fois, elle fait tout ce qu’elle peut. C’est à l’Europe maintenant de décider.Sur la Russie, vous avez évoqué ici même l’idée d’une élection présidentielle anticipée… Dans quel but ?Il faut accélérer les réformes et je pense qu’avant les prochaines élections, c’est-à-dire dans les deux ou trois ans qui viennent, personne ne le fera. Or, la fenêtre de tir se ferme. Voilà pourquoi, j’ai cité Noursoultan Nazarbaïev [président du Kazakhstan qui vient d’être réélu après avoir avancé les élections]. Je le redis, nous sommes au milieu de la tempête. Plus tard, la situation s’améliorera mais nous devons encore nous attendre à une croissance faible et à une stagnation de notre économie. Bien sûr, cela sera douloureux. C’est la première fois depuis quinze ans que le niveau de vie baisse : les revenus réels ont régressé de 4,2 % en quatre mois, les salaires, de 10 %. A la fin de cette année, ce sera encore pire et cela risque de durer. Pour cela, je propose d’accélérer les réformes.Lire aussi :Avec la crise, les Russes consomment autrementQuelles réformes estimez-vous nécessaires en priorité ?C’est tout un ensemble qui concerne le système des retraites, le marché du travail, l’efficacité des entreprises publiques, la faiblesse des revenus des régions qui sont incapables aujourd’hui d’améliorer les infrastructures, l’éducation et la santé. Or, je ne vois pas, dans les deux ou trois ans qui viennent, de telles perspectives dessinées par le pouvoir actuel. Là réside mon inquiétude. Hier [lors d’une table ronde au forum économique de Saint-Pétersbourg], un vote auprès de 1 000 participants a montré que 50 % estiment que le pouvoir politique n’est pas prêt pour mener des réformes et 17 % jugent, dans le cas contraire, qu’elles seraient inefficaces. Autrement dit, plus de la moitié [des hommes d’affaire] sont pessimistes.Lire aussi :La Russie purge son système bancaireIsabelle Mandraud (Saint-Pétersbourg, Russie, envoyée spéciale)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 19.06.2015 à 12h47 • Mis à jour le19.06.2015 à 13h26 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La question de la dette est au cœur du bras de fer entre Athènes et ses créanciers. Elle menace de dégénérer en crise bancaire si aucun accord n’est trouvé dans les heures et les jours qui viennent.L’un des pays les plus endettés au mondeLe premier ministre grec, Alexis Tsipras, et son ministre des finances, Yanis Varoufakis, le disent depuis qu’ils sont aux commandes à Athènes, fin janvier : la dette du pays est insoutenable, il faut que ses créanciers (Banque centrale européenne, Commission européenne et Fonds monétaire international) acceptent d’en revoir les conditions. De fait, les chiffres donnent le vertige. La Grèce est l’un des pays du monde les plus endettés, avec un ratio dette/produit intérieur brut (PIB) les plus élevés au monde : 177 % du PIB, à environ 322 milliards d’euros. Yanis Varoufakis l’a encore rappelé à ses pairs de la zone euro, réunis à Luxembourg, jeudi 18 juin, pour un énième « Eurogroupe de la dernière chance », qui n’a débouché sur aucun accord.Lire aussi :Quel est l’état des banques grecques ?Ce que les Grecs demandentIls veulent que les créanciers s’engagent, par écrit, à entamer une négociation sur l’allégement de la dette, pour allonger sa maturité ou abaisser les taux d’intérêts. Plus de la moitié de l’ardoise grecque avait déjà été effacée en 2012 (environ 107 milliards d’euros), et, à l’époque, ce sont les créanciers privés qui avaient accepté de renoncer à environ 50 % de la valeur faciale de leurs créances. C’est la raison pour laquelle, aujourd’hui, la dette grecque est essentiellement détenue par des créanciers « publics » (Etats, FMI). Le but était de revenir à un ratio dette/PIB de 120 % environ. Mais l’austérité en Grèce a fait son œuvre, le PIB s’est effondré et aujourd’hui le ratio est remonté en flèche.Lire aussi :La BCE agite le risque de panique bancaire en GrèceDans une déclaration de novembre 2012, un Eurogroupe avait conclu que, « si nécessaire », une nouvelle discussion serait engagée sur la dette pour abaisser ce ratio dette/PIB, à condition que la Grèce parvienne à dégager un surplus primaire, et que « toutes les conditionnalités du programme [réformes contre prêts] soient remplies ». Depuis quelques semaines, selon nos informations, les discussions entre Athènes et ses créanciers portent sur ces engagements de 2012. Elles visent à faire apparaître ces engagements à nouveau dans un futur accord.La promesse non tenue de 2014Les Grecs veulent absolument quelque chose qui aille plus loin. Ils ont en effet le sentiment de s’être « fait avoir » en 2014. Au printemps de l’année dernière, Athènes avait annoncé avoir dégagé pour la première fois en dix ans un surplus primaire de 1,5 milliard d’euros en 2013 (avant service de la dette). Et espérait, donc, qu’une renégociation de sa dette s’engagerait. Mais les créanciers ont répondu au gouvernement de l’époque, celui du premier ministre de centre-droit Antonis Samaras, qu’il devait d’abord terminer la « cinquième revue » du deuxième plan d’aide, c’est-à-dire s’entendre sur une liste de réformes contre le déboursement futur de 7,2 milliards d’euros de prêts restant à verser… On en est toujours là aujourd’hui.Le FMI favorable à la réduction de la detteMais la volonté politique de s’engager au-delà des déclarations de 2012 manque du côté des créanciers, même si certains assurent qu’« il faut laisser des perspectives » à Athènes. Le FMI, qui, depuis des années, prône une réduction de la dette grecque, penche plutôt de ce côté. Mais tous sont d’accord à ce stade pour parler de la dette à condition, d’abord, qu’Athènes accepte enfin la liste des réformes proposées par les créanciers : réforme de la TVA, des retraites et objectif d’un surplus primaire de 1 % en 2015.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.06.2015 à 16h57 | Aude Lasjaunias A l’occasion d’une tournée en Europe et aux Etats-Unis, le Tchèque Vit Jedlicka, président autoproclamé de la micronation du Liberland a fait escale à Paris. Objectif annoncé : faire de sa république un Etat à part entière. Pas si simple, estime Stéphane-Bertin Hoffmann, auteur de La Reconnaissance des micronations ou l’utopie confrontée au droit (Editions Lulu.com, 2010).Qu’est-ce qu’une micronation ? N’importe qui peut-il en proclamer une ?Il y a généralement une confusion entre le concept « d’Etat » et celui de « nation », qui est sans doute liée au fait que les termes sont utilisés de manière interchangeable en langue anglaise. Ils renvoient pourtant à des idées très différentes. Le premier a un ancrage juridique : sa définition a été donnée dans un ensemble de textes de droit international, notamment la convention de Montevideo de 1933. Cette dernière fixe quatre critères : un territoire délimité sur lequel vit une population administrée par un gouvernement capable de nouer des relations diplomatiques avec d’autres Etats officiels.La nation relève pour sa part de la philosophie politique. Deux écoles de pensée en ont donné les contours. Celle dite allemande présente ce concept de manière « objective » : une communauté qui partage la même langue, la même culture, dans certains cas la même religion ; bref, un socle commun. L’autre vision, qui date du XIXe siècle environ et qualifiée de française propose une acception plus subjective de la chose. Une nation est le témoignage d’une volonté de vivre ensemble, d’une communauté de destin.Ces entités que l’on présente comme des micronations relèvent généralement de cette seconde définition. Elle n’a pas de valeur contraignante tant que personne d’autre que ses « membres » ne la reconnaît en tant que telle, lui confère aussi ce statut. A ce titre, si une nation peut être formée très facilement, ça n’est pas la même chose que de créer un Etat.Le Liberland a été proclamée sur un territoire considéré juridiquement comme terra nullius. Cette dimension peut-elle avoir une incidence sur sa reconnaissance par d’autres Etats ?Ce concept de droit international, qui signifie « territoire sans maître », se réfère aux terres qui n’appartiennent officiellement à aucun état, qui ne sont administrées par aucune autorité spécifique. Le différend frontalier entre la Serbie et la Croatie date d’une vingtaine d’années environ, au moment de l’éclatement de la Yougoslavie. Logiquement, l’un de ces deux Etats aurait dû obtenir ce territoire. Dans ce cas, le concept de « terre neutre » serait sans doute plus approprié que celui de terra nullius. On peut imaginer que son statut n’a pas encore été défini.Mais dans tous les cas, même s’si qu’il s’agit d’un « territoire sans maître », cette situation n’autorise pas une entité tierce à venir en prendre possession. Il n’y a pas d’acquisition possible de souveraineté sur ce territoire, et a fortiori pas à l’initiative d’un particulier. L’acquisition d’un territoire, pour être reconnue juridiquement comme telle, ne peut être réalisée que par une puissance étatique établie.De mon point de vue, il y a peu de chance que le Liberland accède à une reconnaissance. D’autres micronations ont en revanche d’ores et déjà soutenu cette initiative. Ce qui paraît logique d’ailleurs, elles nourrissent l’espoir de bénéficier de son potentiel crédit sur la scène internationale. Par ailleurs, quelques groupes politiques ultralibéraux ou libertariens aussi ont témoigné de leur appui. Mais l’idéologie sous-jacente à la création du Liberland sert là aussi leur propos.Y a-t-il eu des cas de reconnaissance de micronations ou de territoires contestés ?A la fin des années 2000, la Russie, le Venezuela et le Nicaragua ont officiellement reconnu les territoires géorgiens de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud. Il y a de multiples exemples d’entités séparatistes dont la souveraineté est reconnue par d’autres pays pour des raisons politiques. La reconnaissance est avant tout déclarative. Elle n’intervient que si les Etats y trouvent un intérêt. Il n’y a pas d’obligation de passer par les Nations unies.Je ne pense pas que l’on va assister à un tel phénomène dans le cas du Liberland. La démarche manque un peu de sérieux : on est face à un petit groupe de personnes qui ne contrôle pas réellement son territoire et dont la population n’est de facto pas permanente.Comment expliquer l’engouement populaire et médiatique observé pour le Liberland ?Il y a eu d’autres créations de micronations qui ont aussi attiré beaucoup d’attention. Pour n’en mentionner que deux : la principauté de Sealand – sur ancienne plate-forme de la marine anglaise en mer du Nord – et la principauté de Hutt River, près de Perth sur la côte ouest de l’Australie.Lire aussi en édition abonnés : Michael Bates, prince de "sam suffit"L’une comme l’autre soulevait des questionnements juridiques intéressants. Pour le Liberland, l’engouement est sans doute lié à la tournée européenne et américaine de son président, mais aussi à cette assise idéologique ultralibérale qui lui a apporté le soutien de groupes politiques établis.Aude LasjauniasJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Baptiste Chastand (Bruxelles, envoyé spécial) Rarement un Conseil européen aura été aussi attendu et incertain. Jeudi 25 et vendredi 26 juin, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne (UE) se retrouvent à Bruxelles pour discuter officiellement d’immigration, du référendum promis par David Cameron pour maintenir, ou non, son pays dans l’Union européenne, de l’avenir de la zone euro, de défense et du numérique. Mais il est quasiment certain que l’actualité grecque va également s’inviter à la table des dirigeants européens, faute d’accord à ce stade entre Alexis Tsipras et ses créanciers. Tour d’horizon d’un conseil explosif.La bataille des migrantsLa discussion doit être abordée en ouverture du conseil, à 16 heures, jeudi, et elle pourrait durer jusque tard dans la soirée. Les dirigeants européens doivent en effet tenter de trouver une réponse commune à la vague de migrants frappant à leurs portes via la Méditerranée, ou les Balkans. Jusqu’ici, chaque Etat a eu tendance à jouer sa propre partition, quitte à se renvoyer les migrants dans des conditions peu glorieuses.En réaction à la multiplication des drames en Méditerranée, la Commission européenne a proposé en mai d’introduire des quotas contraignants de répartition entre les différents pays de l’UE de 40 000 demandeurs d’asile recueillis par la Grèce et l’Italie. Cette proposition est inédite. Jusqu’ici, la règle est que le premier pays d’entrée des migrants doit être celui qui étudie la demande d’asile. Selon la Commission, les demandeurs l’asile seraient répartis dans toute l’UE dès qu’ils ont posé le pied sur le territoire européen pour que leur demande soit examinée.Si les chefs d’Etat et de gouvernement se disent majoritairement d’accord avec un tel principe, ils ont le plus grand mal à s’entendre sur les modalités pratiques. Pologne et Hongrie en tête, les pays d’Europe centrale ne veulent pas entendre parler de quotas contraignants fixés par Bruxelles. De leur côté, les grands pays d’Europe de l’Ouest contestent la « clef de répartition » proposée par la Commission, calculée selon plusieurs critères comme la population, la situation économique ou les efforts déjà accomplis. Pour ne rien arranger, la France repousse, depuis quelques jours à Vintimille, les réfugiés passés par l’Italie.Résultat : le projet de conclusions du conseil, consulté par Le Monde mercredi 24 juin, évoque un simple « accord » à donner sur le principe de la relocalisation – non obligatoire – de 40 000 demandeurs d’asile en deux ans. Les détails de cette mesure ne seront pas tranchés avant juillet. En revanche, les dirigeants européens comptent bien demander à l’agence européenne Frontex de s’impliquer davantage dans l’expulsion des migrants économiques dès qu’ils ont mis le pied sur le territoire européen. Autant de propositions à la fois nettement plus dures et moins ambitieuses que celles avancées par Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne.Lire aussi :L’Europe se déchire sur le sort des migrantsPremiers tours de table sur le BrexitC’est normalement au cours du dîner que David Cameron, le premier ministre britannique réélu confortablement en mai, doit détailler ses projets d’organisation d’un référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne. M. Cameron a promis lors de sa campagne d’organiser ce référendum d’ici à la fin 2017, en essayant auparavant d’obtenir un aménagement des traités, et des législations en vigueur, pour accorder plus d’autonomie à son pays. Pour l’instant, M. Cameron s’est bien gardé de détailler ses prétentions exactes.Selon plusieurs sources diplomatiques, il devrait continuer à entretenir le flou jeudi soir, se contentant d’une brève intervention. Il attendrait surtout que le processus soit officiellement lancé par le Conseil européen et le calendrier, détaillé. Dans un étonnant retournement de situation, il semble même désormais attendre que les chefs d’Etat européens lui fassent des propositions d’aménagement des règles de l’Union européenne. Les discussions de fonds sur ce sujet devraient donc être renvoyées à un prochain Conseil européen.Lire aussi :David Cameron contre le reste de l’EuropeRéfléchir à l’avenir de la zone euroEntre deux discussions sur l’Europe de la défense et le développement d’un marché numérique commun, les leaders européens devraient débattre vendredi matin du futur des institutions européennes, dans le but d’approfondir l’Union monétaire, après plus de cinq ans de crise des dettes. Ils ont notamment sur la table un rapport remis lundi 22 juin par les présidents des cinq institutions européennes les plus importantes (Jean-Claude Juncker, pour la commission, Donald Tusk, pour Conseil européen, Martin Schulz, à la tête du Parlement européen, Mario Draghi, pour la Banque centrale européenne, et Jeroen Dijsselbloem, pour l’Eurogroupe). Lire aussi :En pleine crise grecque, Bruxelles prône un renforcement de l’EurozoneCeux-ci réclament un renforcement de la zone euro pour éviter que la faillite d’un Etat, comme celle de la Grèce, puisse se reproduire. Ils souhaitent notamment faire converger davantage les politiques budgétaires, économiques et sociales. En raison de l’actualité ultra-prioritaire de la crise grecque, il semble toutefois peut probable que les chefs d’Etat et de gouvernement se lancent dans de longs débats sur l’avenir des institutions européennes. Ils devraient donc se contenter de suggérer d’approfondir ces réflexions dans les prochains mois.Trouver une solution d’urgence pour la GrèceOfficiellement, la situation grecque n’était pas à l’ordre du jour du Conseil européen. Mais les ministres des finances de la zone euro ont tenu jeudi après-midi une nouvelle réunion de l’Eurogroupe pour tenter de s’entendre sur le déblocage, contre des réformes, des 7,2 milliards d’euros d’aides nécessaires à la Grèce pour rembourser le FMI le 30 juin. Cette réunion a été suspendue jeudi en fin d’après-midi, les ministres des finances convenant de se retrouver samedi.La date-limite pour tomber d’accord est dimanche, les Parlements grecs et allemands devant approuver les mesures avant lundi soir. Les Grecs et les institutions représentant les créanciers (BCE, Commission et FMI) ne sont pas encore d’accord sur les mesures à adopter. Le principal différent réside dans le calendrier du vote des différentes mesures, Athènes et les créanciers s’étant globalement entendus pour augmenter la TVA et limiter les préretraites. Il s’agit aussi de savoir dans quelle mesure la question d’une éventuelle restructuration de la dette apparaitra dans le texte final.Si le sujet est suspendu à ce nouvel Eurogroupe, il est quasi-certain que les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro vont aussi en parler en marge du sommet. Ce sera probablement à ce niveau, entre Angela Merkel et Alexis Tsipras, que se décidera l’avenir de la Grèce dans la zone euro.Lire aussi :Nouvelle journée de négociations au forceps sur la GrèceJean-Baptiste Chastand (Bruxelles, envoyé spécial)Journaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Michel Bezat Ce n’est pas une retraite de Russie, encore moins une bérézina, juste le résultat d’un constat simple : le projet n’était pas économiquement viable. C’est pour cette raison que Total a décidé de retirer ses « billes » de Chtokman (Arctique russe). La compagnie française a annoncé, mercredi 24 juin, le « transfert » au géant russe Gazprom des 25 % qu’elle possède dans le projet de développement de ce champ gazier situé à 600 kilomètres au large de Mourmansk, au milieu d’une mer inhospitalière parcourue d’icebergs.Lire aussi :Gaz : Total cède à Gazprom ses parts dans le projet ChtokmanL’effondrement des prix des hydrocarbures, conjugué à l’explosion des coûts de développement des projets ces dix dernières années, a contraint les pétroliers à revoir leurs projets. Ce sont ceux dont le retour sur investissement est le plus incertain qui en font les frais. Et Chtokman a beau être un des plus importants gisements au monde, le projet était trop lourd financièrement (son coût est passé de 15 milliards à 30 milliards de dollars, soit 26,8 milliards d’euros), trop risqué technologiquement et trop hasardeux commercialement en raison de la baisse de la consommation de gaz en Europe et de la concurrence inattendue du gaz de schiste américain.Après le retrait du norvégien Statoil (24 %) dès 2012, Gazprom détient désormais 100 % de Shtokman Development AG, la société basée dans le canton suisse de Zug et chargée du développement et de l’exploitation du gisement. Les mots ont leur poids : Total a certes « transféré » sa participation à Gazprom, mais son patron, Patrick Pouyanné, ne s’interdit pas de revenir dans le jeu. Et son homologue russe, Alexeï Miller, s’est empressé de préciser qu’en cas de relance de Chtokman, la compagnie française serait la première invitée à travailler avec Gazprom.M. Poutine se frotte les mainsUn mois après son arrivée à la tête de Total, en octobre 2014, M. Pouyanné rencontrait Vladimir Poutine. « Nous sommes là pour longtemps », a-t-il assuré au président russe. Total fait tout pour boucler financièrement Yamal LNG, notamment avec des banques chinoises. Ce projet à 27 milliards de dollars, destiné à produire du gaz naturel liquéfié dans le grand Nord russe, à destination de l’Asie, est conduit par le groupe privé russe Novatek (60 %) associé à Total (20 %) et au pétrolier chinois CNPC (20 %).Crise ukrainienne ou pas, la Russie reste une « province » gazière sans équivalent pour les compagnies occidentales. Moscou joue cette carte au moment même où l’Union européenne cherche par tous les moyens à réduire sa dépendance au gaz russe. Bruxelles a encore subi un camouflet quand le 18 juin, à l’ouverture du Forum économique de Saint-Pétersbourg, Gazprom a créé la surprise en annonçant la signature d’une lettre d’intention ouvrant la voie à un doublement des capacités de transport de gaz entre la Russie et l’Allemagne. Cette fois, ce n’est pas Total mais l’anglo-néerlandais Shell, l’allemand EON et l’autrichien OMV qui étaient de la partie. Et en coulisse, M. Poutine se frottait les mains.Lire aussi :La Russie et la Grèce font bande à part sur le gazJean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Des milliers de personnes – plus de 9 000 selon l’Agence France-Presse – ont de nouveau manifesté pour le cinquième jour de suite à Erevan, la capitale de l’Arménie, pour protester contre l’augmentation des tarifs de l’électricité. Retranchés derrière une barricade bricolée à base de poubelles couchées et reliées entre elles par des cordes, les contestataires, en majorité jeunes, sont restés toute la nuit de mercredi 24 à jeudi 25 juin sur l’avenue du Maréchal-Bagramian, une grande artère de la ville qui mène tout droit à la résidence du président Serge Sarkissian.Les protestataires s’affirment déterminés à poursuivre le mouvement d’une ampleur inédite dans ce petit pays du Caucase d’à peine plus de 3 millions d’habitants. En Russie, où le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que « la situation était suivie attentivement », il n’en fallait pas plus pour que médias et politiques dénoncent un « électro-Maïdan » orchestré par Washington. En 2014, Erevan a choisi l’union économique eurasienne plutôt que le partenariat oriental avec l’UE. Moscou est le garant de la sécurité du pays face à l’Azerbaïdjan.« L’ambassade des Etats-Unis est activement impliquée dans les événements à Erevan, c’est l’une des plus importantes missions américaines à l’étranger », a vitupéré Igor Morozov, membre du Conseil de la Fédération de Russie, en traçant un parallèle avec le « coup d’Etat » en Ukraine. « Des centaines d’ONG étrangères fonctionnent en Arménie et essaient d’influencer l’opinion publique en la poussant vers un choix pro-occidental. Nous savons que ce choix a fait éclater l’Ukraine et continue de la déchirer », a renchéri Konstantin Kosatchev, le président de la commission des affaires étrangères du Conseil. A Erevan, des médias russes ont été interpellés par des marcheurs rendus furieux par les commentaires les assimilant à la révolte ukrainienne.Les manifestations, retransmises en direct par des chaînes privées, ont commencé le 19 juin à l’annonce d’une nouvelle augmentation, au 1er août, des tarifs de l’électricité – entre 16 % et 22 % –, jugée nécessaire par la compagnie arménienne détenue par le groupe russe Inter RAO. Cette hausse, la troisième en moins de deux ans, intervient dans un contexte social difficile en Arménie, qui subit le contrecoup sur sa propre monnaie de l’affaiblissement du rouble de son puissant voisin, son premier partenaire économique. Le chômage, évalué à 17 % de la population en 2014, atteindrait en réalité 20 %.« Non au pillage »« Le point de départ, c’est l’augmentation de l’électricité, mais cela va bien au-delà, souligne Ara Papian, fondateur du think-tank Modus Videndi Center, joint par téléphone. Personne ne peut être surpris. C’était clair que cela allait arriver parce que les gens vivent avec des salaires bas et qu’ils constatent qu’il y a toujours plus de corruption. » « Ce mouvement est populaire, insiste cet ancien ambassadeur, y compris parmi la police, à cause de cette corruption de la direction politique, des prix qui ne cessent d’augmenter. Les médias russes mentent en disant que les gens attaquent la police, et que l’ambassade américaine commande tout. »Le 19 juin, les rassemblements ont commencé devant l’opéra. Puis, le lendemain, les protestataires, emmenés par un groupe de jeunes sous le slogan « Non au pillage », ont commencé à marcher vers la résidence du président Sarkissian. Mardi, des échauffourées ont éclaté avec la police, qui a fait usage de canons à eau. Des journalistes ont été molestés et leur matériel saccagé. Ces heurts, qui ont fait vingt-cinq blessés, dont onze parmi les forces de sécurité, et ont conduit à 237 interpellations – toutes les personnes arrêtées ont été relâchées –, ont renforcé les rangs des manifestants. Mercredi, ils étaient très nombreux malgré une chaleur accablante, chantant et dansant dans le calme devant leur barricade de fortune. Peu de pancartes dans cette foule, hormis de simples dessins d’ampoule, ou le drapeau arménien brandi, et un cri repris en chœur, Votch talanin ! (« Non au pillage ! »)« Ce mouvement est populaire, y compris parmi la police, à cause de la corruption de la direction politique, des prix qui ne cessent d’augmenter », insiste Ara Papian, fondateur du think-tank Modus Videndi Center, joint par téléphoneDésorganisé, le mouvement a attiré de nombreux jeunes, filles et garçons, déterminés et parfois munis d’un masque de protection sanitaire, qui se disent apolitiques. Lors des cérémonies de commémoration du centenaire du génocide, au mois d’avril, l’opposition avait envisagé d’organiser un sit-in, mais sans convaincre. Usée, sans renouvellement de ses dirigeants, elle ne parvient pas à fédérer une société lassée du jeu politique.« Pour réussir, nous devons obtenir le soutien de toute la population, j’appelle tout le monde à s’y mettre, a lancé devant les caméras de la chaîne 1in, David Manoukian, l’un des leaders de la contestation. Ici, contrairement au Parti républicain [le parti du président], il y a beaucoup de gens qui ont des choses à dire. » « La protestation contre le gouvernement monte rapidement, difficile maintenant d’imaginer un retour au statu quo », a commenté Richard Giragosian, directeur du Centre des études régionales, sur son compte Twitter, ajoutant : « Les protestations ont peut-être réussi à franchir un “point de basculement”, les gens rejoignent [les cortèges] sentant la victoire, trop tard pour le gouvernement. » Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Pierre Breteau, Mathilde Damgé, Samuel Laurent et Alexandre Pouchard Le site WikiLeaks, avec Libération et Mediapart, a révélé mardi 23 juin que trois présidents français, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, ont été régulièrement et directement espionnés par les Etats-Unis, avec la mise sur écoute de leurs téléphones ainsi que de ceux de membres du gouvernement et de la haute administration. La publication de ces informations surnommées « FrenchLeaks » ont entraîné l'organisation d'un conseil de défense à l'Elysée, mercredi matin, et la convocation au Quai d'Orsay de l'ambassadrice américaine à Paris.Ces nouvelles « fuites » de documents confidentiels issus de l'agence nationale de sécurité américaine (NSA) seront-elles suivies d'effets ? Les opérations de ce genre, souvent réalisées par des collaborations internationales entre médias, se multiplient depuis quelques années. Passage en revue des précédentes révélations massives.Juin 1971 : « Pentagon papers », aux origines du « leak »Octobre 2006 : naissance de WikiLeaksMai 2009 : le scandale des notes de frais des députés britanniquesAvril 2010 : la vidéo du « meurtre collatéral » en IrakOctobre 2010 : les « war logs » des guerres en Irak et en AfghanistanNovembre 2010 : le « Cablegate » révèle les dessous de la diplomatie américaineJanvier 2014 : « ChinaLeaks » et les révélations sur les « princes rouges »Novembre 2014 : les « Sony Leaks »Les fuites bancaires : « Offshore Leaks », « LuxLeaks », « SwissLeaks » Juin 1971 : « Pentagon papers », aux origines du « leak »En 1971, un analyste de la RAND Corporation qui travaille pour l'Etat, Daniel Ellsberg, communique au New York Times des extraits des 7 000 pages d'un rapport top-secret (en anglais) du département à la défense américain consacré aux relations entre le Vietnam et les Etats-Unis.Ces documents, connus depuis sous le nom de « Pentagon papers » (en anglais), étaient au départ une étude commandée par le secrétaire à la défense du président Johnson, Robert McNamara. Tout au long des 48 volumes de l'étude, les auteurs militaires et civils décrivent l'implication – aussi bien politique que militaire – des Etats-Unis dans la guerre du Vietnam de 1945 à 1967.Qu'apprend-on ?Les « papers » révèlent entre autres que le gouvernement américain a délibérément provoqué une escalade du conflit, bien avant l'engagement officiel des armées US en 1965, en bombardant d'abord le Nord-Vietnam puis secrètement le Laos. Le New York Times suggère que dès l'année 1964 – avant la présidentielle de novembre – le président Johnson avait impliqué les forces armées dans une escalade programmée, alors qu'il avait affirmé l'inverse lors de la campagne.Quelles conséquences ?Sortis pendant la présidence de Richard Nixon, les « Pentagon papers » ont eu des conséquences assez faibles sur le gouvernement alors en place – même si la presse a révélé que la publication a rendu Nixon fou de rage : « Mettons ces fils de pute en prison », avait-il demandé à son conseiller Henry Kissinger.En revanche, l'affaire prise en charge par la Cour suprême des Etats-Unis donne raison à la presse (en anglais) sur la publication des documents top-secrets. Les actions initiées par le procureur général Mitchell – l'équivalent américain du garde des sceaux – contre Daniel Ellsberg se terminent en 1973 – en plein scandale du Watergate – avec la levée de toutes les charges à l'endroit de l'ancien analyste. Octobre 2006 : naissance de WikiLeaksAu milieu des années 2000, une communauté de militants, autour notamment de Julian Assange, crée WikiLeaks, un site qui veut servir de plateforme mondiale, permettant à qui le souhaite d'y dévoiler des documents confidentiels.Qu'apprend-on ?Dès son lancement fin 2006, WikiLeaks publie des révélations embarrassantes, sur la corruption d'un ancien leader kenyan, mais aussi sur le fait que les Etats-Unis soustraient certains détenus de Guantanamo à la vue de la Croix-Rouge.En 2008, WikiLeaks publie des documents évoquant des activités illégales de la Banque Suisse, ce qui lui vaut un procès et sa suspension temporaire. La même année, les courriels de Sarah Palin, co-candidate républicaine avec John McCain à la présidence, sont publiés sur la plateforme. L'année suivante, WikiLeaks révèle encore des séries de documents, atour d'un scandale pétrolier au Pérou, ou sur les banques d'Islande.Quelles conséquences ?Dès cette époque, WikiLeaks suscite la méfiance des autorités de nombreux pays. Certaines de ses révélations, notamment sur la mauvaise gestion des banques islandaises, ont des conséquences concrètes. Mais le sujet deviendra bien plus important l'année suivante avec les « cable leaks ». Mai 2009 : le scandale des notes de frais des députés britanniquesEn juillet 2008, une taupe (dont on apprendra plus tard qu'elle agit par réaction contre le train de vie des parlementaires alors que les soldats vivent dans des conditions beaucoup plus difficiles) s'empare d'un CD-ROM contenant le détail des notes de frais des députés et le vend au journal le plus offrant. Le Daily Telegraph débourse 150 000 livres sterling pour obtenir le précieux support informatique et en fait un feuilleton à rebondissements, publiant des extraits de notes de frais toujours plus scandaleuses. Ce sera le début d'un scandale politique aboutissant à la démission de plusieurs députés et membres du gouvernement de Gordon Brown.Qu'apprend-on ?Les députés s'en donnent à cœur joie quand il s'agit de se faire rembourser les dépenses les plus farfelues : les factures dévoilées par les médias forment une véritable liste à la Prévert. Maison pour canards, nettoyage de douves, achats de films pornographiques et de barres chocolatées...Quelles conséquences ?Les notes de frais sont publiées dans leur intégralité sur le site du Parlement (mais certains éléments jugés sensibles, dont les adresses, ont été floutés). Une instance indépendante est également mise en place, l'Independent Parliamentary Standards Authority (Ipsa), mais elle a depuis été généreusement critiquée pour son inefficacité et son coût. Avril 2010 : la vidéo du « meurtre collatéral » en IrakC'est la vidéo qui va révéler WikiLeaks au grand public. Rendue publique en avril 2010, cet enregistrement pris depuis un hélicoptère Apache de l'armée américaine montre comment une dizaine de personnes, dont deux salariés de l'agence de presse Reuters, sont tuées car les militaires ont confondu un appareil photo avec un lance-grenade.Qu'apprend-on ?WikiLeaks publie une vidéo datant de 2007, où l'on voit une frappe aérienne américaine tuer par erreur deux journalistes de l'agence Reuters, puis une famille irakienne venue tenter d'aider, ce qui peut constituer un crime de guerre.A l'époque, l'armée américaine avait indiqué que les victimes avaient été tuées lors de combats avec des insurgés. La vidéo démontre le mensonge.Quelles conséquences ?L'armée américaine avait minimisé sa responsabilité dans la mort des journalistes, estimant, après enquête, que les pilotes avaient respecté les « règles d'engagement ». Même si les pilotes de l'hélicoptère Apache ne seront au final pas inquiétés, la vidéo contribue à lever le voile sur les bavures de l'armée américaine en Irak. Elle est obligée de s'expliquer.Autre conséquence : la « taupe » qui a envoyé cette vidéo à WikiLeaks, le soldat Manning, s'était confiée à un hacker qui l'avait ensuite dénoncé car les documents qui ont fuité « auraient pu coûter des vies directement ou indirectement ». Octobre 2010 : les « war logs » des guerres en Irak et en AfghanistanDébut 2010, le site publie, toujours grâce au soldat Manning, les « war logs », une série de documents de l'armée américaine autour de la guerre en Afghanistan et en Irak de 2004 à 2009. La fuite est conséquente et très embarrassante pour l'armée américaine, mais aussi pour la Maison Blanche : on peut y lire que les talibans gagnent du terrain en Afghanistan, mais les rapports routiniers montrent les bavures quotidiennes d'une armée en campagne.Qu'apprend-on ?Ces « war logs » détaillent plus de 100 000 morts en Irak, principalement civiles (plus de 66 000) mais également combattantes (24 000) ou encore des bavures au sein de la coalition internationales (près de 4 000). Mais ils montrent également les ratages réguliers d'une armée d'occupation : un sourd-muet abattu à un checkpoint pour ne pas avoir entendu un ordre (21 mars 2007) ou des bombardements de civils dûs à de mauvais renseignements. Les rapports montrent que dans ces bavures, l'autorité militaire cherche systématiquement à masquer sa responsabilité.Quelles conséquences ?La principale réaction des Etats-Unis a été, et continue d'être, de dénoncer la publication de ces documents, affirmant qu'ils portaient atteinte à l'effort de guerre. Le FBI a ainsi ouvert une enquête pour atteinte à la sécurité nationale contre WikiLeaks et son fondateur, Julian Assange. La NSA a par ailleurs demandé à ce que l'association soit classée comme « agent étranger malveillant », ce qui permettrait de la surveiller plus activement sans restriction, notamment concernant ses liens avec des citoyens américains. Novembre 2010 : le « Cablegate » révèle les dessous de la diplomatie américaineEn 2010, WikiLeaks change de méthode, et collabore avec plusieurs médias mondiaux pour publier le « Cablegate » : 250 000 messages confidentiels envoyés par les ambassades américaines à Washington.Qu’apprend-on ?Alors que les précédentes révélations de WikiLeaks n'avaient pas provoqué de répercussions majeures, le « Cablegate » fait l'effet d'une bombe. On peut en effet y lire la « vision du monde » de Washington au travers des propos, parfois durs, de ses ambassadeurs. L'administration américaine est dans l'embarras, et réagit en s'en prenant fortement à WikiLeaks. Mais des détracteurs du site estiment également que la diplomatie a besoin du secret, et qu'il est dommageable que ces câbles diplomatiques soient ainsi publiés.Quelles conséquences ?Le site est l'objet d'une énorme pression de la part des autorités américaines : Amazon, son hébergeur, décide de ne plus accueillir WikiLeaks sur ses serveurs, sans décision de justice à l'appui. Idem pour le prestataire de noms de domaine du site. WikiLeaks fait appel à la solidarité mondiale pour créer des « sites miroirs » hébergés un peu partout dans le monde. Janvier 2014 : « ChinaLeaks » et les révélations sur les « princes rouges »En janvier 2014, c'est la Chine et ses riches élites qui sont visées par une « fuite » massive. Une vaste enquête est publiée par le consortium international de journalistes d'investigation (ICIJ), en collaboration avec de nombreux journaux, dont Le Monde en France.Qu'apprend-on ?L'enquête révèle que plus de 20 000 clients de Chine ou de Hongkong sont liés à des compagnies offshore dans des paradis fiscaux. Parmi eux, de nombreux responsables du tout-puissant Parti communiste chinois (PCC) et leurs proches, comme Deng Jiagui, beau-frère du président Xi Jinping, ou encore Wen Jiabao, premier ministre de 2003 à 2013.Quelles conséquences ?Aussitôt après ces révélations, de nombreux sites de journaux impliqués dans les « ChinaLeaks », dont LeMonde.fr, ont été bloqués en Chine. Mais les accusations n'ont pas donné lieu à quelque poursuite que ce soit. Novembre 2014 : les « Sony Leaks »Le novembre 2014, Sony Pictures Entertainment (SPE), filiale américaine du groupe japonais, est victime d'un piratage massif de ses courriels et de ses documents internes. Dans la foulée, cinq films pas encore sortis et distribués par la société font leur apparition sur des sites pirates.Cinq mois plus tard, en avril 2015, WikiLeaks publie 30 000 documents et 173 000 courriels ainsi qu'une application en ligne pour chercher parmi toutes ces données. Le site justifie la publication de ces données par l'intérêt de voir « les rouages internes d'une entreprise multinationale influente ».Qu'apprend-on ?Ce « leak » donne des informations sur les visées stratégiques du groupe. On y apprend aussi des choses plus triviales comme le fait que les employés de SPE s'énervent de voir Adam Sandler à l'écran. On y trouve également des commentaires à l'endroit de l'égo d'Angelina Jolie ou sur la mise sur pied du biopic sur Steve Jobs.Quelles conséquences ?Première conséquence, la vice-présidente de SPE, Amy Pascal, a démissionné après la révélation d'un sous-entendu raciste à propos de Barack Obama dans un échange de courriels. Parmi les révélations du « leak », on trouve la fiche d'identité de Spider-Man qui selon l'accord entre SPE et Marvel doit être blanc, hétérosexuel, ne pas fumer, boire peu, etc.Dans ces courriels, on découvre également que des actrices comme Amy Adams ou Jennifer Lawrence ont droit à un pourcentage inférieur à celui de leurs collègues masculins sur les bénéfices du film American Bluff (ou American Hustle en anglais). Ces révélations ont alimenté un débat sur l'égalité des salaires entre hommes et femmes aux Etats-Unis.Au rayon des surprises, les courriels révèlent que l'acteur et réalisateur Ben Affleck a fait censurer un documentaire consacré à l'esclavage dans lequel les auteurs révélaient qu'un de ses ancêtres avait eu des esclaves.A la suite de ces attaques, les Etats-Unis – qui soupçonnent la Corée du Nord – ont annoncé de nouvelles sanctions économiques contre le régime de Kim Jong-Un, particulièrement dix personnalités et trois institutions. 2013-2015 : les fuites bancaires : « Offshore Leaks », « LuxLeaks », « SwissLeaks »Dans tous les cas, le principe est le même : rendre publics les mécanismes d'évasion fiscale dont profitent des individus et des entreprises.« OffshoreLeaks » en avril 2013. Dans l'ordre, les premières révélations sur les paradis fiscaux prennent forme grâce aux informations mises en commun par plusieurs datajournalistes et journalistes spécialisés réunis dans le cadre de l'ICIJ (le Consortium indépendant des journalistes d'investigation). Ce dernier a reçu près de 2,5 millions de documents (courriers électroniques, copies de papiers d'identités, lettres) par l'intermédiaire d'anciens salariés de deux entreprises de services financiers offshore.« Luxleaks » en novembre 2014. L'ICIJ est à nouveau à l'œuvre dans le scandale « LuxLeaks », qui a publié des accords fiscaux confidentiels provenant du cabinet d'audit PricewaterhouseCoopers (PwC) mais aussi d'autres sociétés d'audits et de cabinets d'avocats au Luxembourg, en novembre 2014.« SwissLeaks » en février 2015. « SwissLeaks » est le dernier volet en date des enquêtes sur l'évasion fiscale européenne par l'ICIJ. Il se base sur les archives numérisées dérobées chez HSBC Private Bank par Hervé Falciani, ancien employé de la banque.Qu'apprend-on ?BNP Paribas et Crédit Agricole ont aidé à la création de sociétés offshore dans des paradis fiscaux dans les années 1990 et 2000. Des noms connus s'égrènent : Rothschild, Ricci, le roi du Maroc… Dans le cas de « LuxLeaks » , l'affaire a mis en lumière les centaines de « tax rulings », ces décisions anticipées conclues au Luxembourg lorsque Jean-Claude Juncker, l'actuel président de la Commission, était premier ministre, et qui permettent aux multinationales de quasiment échapper à l'impôt. Avec « SwissLeaks », on apprend que 180,6 milliards d'euros auraient transité, à Genève, par les comptes HSBC de plus de 100 000 clients et de 20 000 sociétés offshore, entre novembre 2006 et mars 2007.Quelles conséquences ?La base de données d'« Offshore Leaks » sera ouverte au public, ouvrant la voie à d'autres révélations. Le patron d'une grande banque néerlandaise démissionne. Dans l'Hexagone, la sphère politique prendra acte de la pression publique et commencera à intensifier sa lutte contre la fraude fiscale.Avec « LuxLeaks », sous la pression de Bruxelles, Amazon va désormais déclarer ses revenus par pays et non dans son siège fiscal européen, le Luxembourg.Conséquence plus dommageable pour la liberté d'expression, le Français Edouard Perrin, qui a révélé le scandale « LuxLeaks », a été inculpé le 23 avril au Luxembourg, notamment pour « vol domestique » et « blanchiment ». Cette mise en examen est la troisième au Luxembourg, après celle d'un ancien collaborateur du cabinet d'audit PwC, Antoine Deltour, en décembre 2014, et d'un autre employé de PwC en janvier, d'où proviennent une grande partie des documents du LuxLeaks.Avec « SwissLeaks », l'enquête contre HSBC en France s'est accélérée : sa filiale suisse, HSBC Private Bank, a été mise en examen pour « complicité de blanchiment aggravé de fraude fiscale » et « complicité de démarchage illégal ». Au Royaume-Uni, les députés ont ouvert une enquête sur les pratiques d'HSBC. Au Brésil, une enquête a été ouverte par la justice. La banque négocie dans les autres pays (Suisse et Belgique). Elle a aussi fermé des comptes de non résidents à Jersey, une première.Pierre BreteauJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterMathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.06.2015 à 20h41 • Mis à jour le24.06.2015 à 20h46 Le parquet de Naples a requis mercredi 24 juin une peine de cinq ans de prison contre Silvio Berlusconi, selon des sources judiciaires, citées par l’agence italienne Agi. L’ancien président du conseil italien est accusé de corruption d’un sénateur.Le jugement devrait être prononcé le 8 juillet. Malgré tout, le Cavaliere, âgé de 78 ans, a toujours la possibilité de faire appel en cas de condamnation, ce qu’il a fait à maintes reprises dans le passé.Le parquet a également requis une peine de quatre ans et quatre mois de prison contre Valter Lavitola, un proche de Silvio Berlusconi. M. Lavitola aurait remis l’argent au sénateur corrompu.« Obsédé par la volonté de renvoyer M. Prodi à la maison »L’affaire remonte aux élections législatives de 2006, remportées de justesse par la coalition hétéroclite de gauche dirigée par Romano Prodi, qui ne disposait que d’une très courte majorité au Sénat. Quelques mois à peine après ces élections, Sergio De Gregorio, sénateur élu d’un des partis de la coalition majoritaire avait rejoint Silvio Berlusconi.Lire : Romano Prodi revendique sa victoire aux législativesCette décision avait rendu encore plus fragile l’exécutif, et accéléré la chute du gouvernement de gauche, qui avait jeté l’éponge en 2008, moins de deux ans après le scrutin. Selon le parquet, le Cavaliere a versé trois millions d’euros, dont deux en espèces, à Sergio De Gregorio pour le débaucher. Des faits reconnus par ce dernier devant des magistrats et dans la presse.Le procureur a dénoncé dans son réquisitoire « un investissement économique colossal visant à obtenir le seul résultat qui intéressait Berlusconi, obsédé par la volonté de renvoyer Prodi à la maison et d’en prendre le poste ». Romano Prodi est le seul homme de la gauche italienne à avoir réussi à battre à deux reprises Silvio Berlusconi lors d’élections législatives, en 1996 et en 2006.Le magnat des médias italien n’a été condamné qu’une seule fois, pour fraude fiscale, malgré les nombreux procès qu’il a dû affronter. En vertu de ce jugement, M. Berlusconi avait été contraint d’effectuer des travaux d’intérêt général dans un centre social spécialisé dans l’accueil de personnes âgées à Milan entre mai 2014 et mars 2015.Lire : Berlusconi, vingt ans de procès 24.06.2015 à 19h03 • Mis à jour le25.06.2015 à 07h58 | Philippe Bernard Les rois ne devraient jamais quitter leur palais. C’est souvent pendant leur absence que les catastrophes surviennent. Il suffit qu’Elizabeth II s’absente pour une visite à Berlin, mercredi 24 juin, pour que s’accumulent deux mauvaises nouvelles.L’une vient d’Ecosse où le Parlement, à majorité indépendantiste, aurait l’intention de ne plus verser à la Couronne les 15 % de… royalties sur les revenus de ses propriétés situées au nord de la Tweed. Une perte sèche de deux millions de livres (2,8 millions d’euros) pour la famille royale. Sur le papier, il s’agirait d’une simple conséquence du transfert aux députés écossais de la gestion de ce patrimoine, prévu par les accords de « dévolution » qui ont été concédés pour éviter l’indépendance. Mais politiquement, cela ressemblerait à un mouvement de mauvaise humeur : les nationalistes écossais n’ont pas oublié que la reine, censée être neutre, a glissé, quelques jours avant le référendum sur l’indépendance de septembre, une petite phrase sibylline destinée à encourager à voter « non ».Conscients de la popularité de la reine en Ecosse, où elle séjourne dans ses palais de Balmoral et Holyrood, les nationalistes avaient promis de maintenir les liens avec la monarchie s’ils accédaient à l’indépendance. La première ministre écossaise, Nicola Sturgeon (SNP ; indépendantiste) s’est d’ailleurs précipitée, mercredi, devant les caméras pour clamer que son gouvernement n’avait « aucune intention » de réduire sa contribution et que l’Ecosse continuerait de la payer « coûte que coûte ». Mais l’idée de consacrer les fonds dégagés par les propriétés royales à des projets sociaux continue d’intéresser les députés d’Edimbourg.La reine chassée de Buckingham ?La seconde mauvaise nouvelle pour la reine qui est entrée dans sa 90e année, est qu’elle pourrait être amenée à déménager. L’état de délabrement du palais de Buckingham nécessite d’énormes travaux d’une durée de dix ans, dont le coût est évalué à 150 millions de livres (211 millions d’euros). D’après un porte-parole du palais, l’évacuation est l’un des scénarios à l’étude pour mettre aux normes les 775 pièces (dont 78 salles de bain) du palais construit en 1703 où la souveraine reçoit ses visiteurs durant quatre mois par an.Mais ces nuages ne doivent pas cacher l’essentiel : considérée comme une entreprise, la monarchie s’avère plus prospère que jamais. Profitant de l’explosion des prix de l’immobilier, les revenus issus des domaines de la reine ont atteint la somme record de 285 millions de livres (400 millions d’euros) l’année dernière, selon les résultats diffusés mercredi par le Crown estate, la société privée qui gère le patrimoine royal, l’un des principaux du pays en matière foncière. « Nos deux vedettes de l’année ont été notre portefeuille immobilier ici à Londres (…) et notre activité d’énergie éolienne au large des côtes », s’est réjouie sur la BBC Alison Nimmo, sa directrice. Sur cette somme perçue par le Trésor, 15 %, soit 42,75 millions de livres (60 millions d’euros), seront prélevés et reversés l’année prochaine à la couronne, en vertu de la législation en vigueur.Outre les palais royaux, le portefeuille de la couronne comprend des centres commerciaux, des champs de course, des bureaux et des terres dans tout le pays. A Londres, la monarchie contrôle la quasi-totalité de Regent Street et la moitié de Saint James, l’un des plus prestigieux quartiers de la capitale.« Présence émolliente » de la reineLa monarchie est une affaire qui tourne mais elle a un coût : ses dépenses ont augmenté de 11 % en cinq ans, selon les chiffres publiés mercredi. La famille royale a effectué 63 voyages l’an dernier pour un coût minimum de 10 000 livres (14 000 euros) chacun. Les déplacements en jet privé du prince Charles comptent parmi les plus onéreux : sa visite officielle en Colombie et au Mexique, l’automne dernier a coûté rien moins que 446 159 livres (625 600 euros).Mais les retours sur investissements dégagés par la couronne ne sont pas tous chiffrables : l’arrivée à Berlin d’Elizabeth II, mardi, précède de peu celle du premier ministre David Cameron, venu défendre auprès d’Angela Merkel la réforme de l’Union européenne qu’il souhaite pour éviter le Brexit (sortie du Royaume-Uni). Hasard ou calcul ? « les officiels britanniques espèrent, selon le Financial Times, que la présence émolliente de la reine renforcera la bonne volonté » de la chancelière à l’égard du premier ministre.Philippe BernardCorrespondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.06.2015 à 18h24 • Mis à jour le24.06.2015 à 18h36 CollectifAlors qu’approchent la conférence des Nations unies sur le financement du développement à Addis-Abeba en juillet et la conférence Paris Climat 2015 en décembre, nous, organisations de la société civile francophones, appelons la France à saisir une opportunité historique, celle de changer l’avenir de millions de personnes en Afrique et dans le monde, en affectant les recettes de la taxe sur les transactions financières (TTF) européennes aux grandes urgences mondiales.Depuis 2012, la France est moteur dans la mise en place de la TTF dans onze Etats européens. Selon la Commission européenne, celle-ci devrait générer 35 milliards d’euros par an. En décidant d’en affecter une portion à la lutte contre le changement climatique et les grandes pandémies, la France peut montrer que la solidarité internationale peut sauver des vies fragilisées par la maladie et les aléas climatiques.La mobilisation politique et financière des Etats, les progrès scientifiques et la mise en place du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, ont permis d’obtenir des avancées considérables. La mortalité liée au paludisme a été divisée par deux depuis dix ans et, pour la première fois en 2014, le nombre de mises sous traitement antirétroviral a dépassé le nombre de nouvelles infections au VIH, laissant entrevoir une génération sans sida à l’horizon 2030.Mais les progrès accomplis sont fragiles et encore insuffisants. Avec 125 000 morts et 175 000 nouvelles infections dans le monde chaque mois, le VIH demeure une crise sanitaire et un frein au développement qu’il faut urgemment juguler. En Afrique subsaharienne, 6 adultes sur 10 et 8 enfants sur 10 n’ont pas accès à un traitement antirétroviral. Selon l’ONU, sans investissements massifs dans les cinq prochaines années, l’épidémie rebondira et deviendra de nouveau incontrôlable.En matière d’adaptation au changement climatique, les efforts consentis depuis Copenhague ont permis à de nombreuses communautés de faire face aux événements extrêmes de plus en plus violents et fréquents. Les systèmes d’alerte précoce, les digues, les méthodes de production et d’irrigation mieux adaptés ont permis de sauver des vies et d’éviter des famines.Mais, là aussi, les financements restent insuffisants : ils représentent entre 17 et 20 milliards de dollars (entre 15,20 et 17,89 milliards d’euros) par an répartis entre 137 pays en développement, dont seulement 20 % pour l’adaptation. Alors que les besoins pour l’Afrique seule sont de l’ordre de 7 à 15 milliards de dollars par an. Sans financements supplémentaires, 600 millions de personnes de plus risquent de souffrir de la faim en 2050.A la conférence d’Addis-Abeba, du 13 au 16 juillet, l’enjeu sera de mobiliser les ressources permettant d’offrir aux populations les plus pauvres et les plus vulnérables un développement durable, sain et adapté aux impacts du changement climatique. La réponse financière devra être suffisamment crédible pour faire émerger un accord ambitieux sur la réduction des risques climatiques à la COP21, et pour porter un coup d’arrêt à la mortalité et aux nouvelles infections dues à VIH, à la tuberculose et au paludisme. Une réponse commune des 11 Etats de la TTF européenne serait un signal fort.Au sommet de la Terre à Rio en 2012, puis devant l’Union africaine en 2013, François Hollande s’est engagé à ce que la TTF finance ces priorités mondiales. En 2015, un million de personnes ont signé une pétition appelant à respecter ces engagements. A la conférence d’Addis-Abeba, nous attendons de la France qu’elle annonce un sommet européen qui entérinera l’affectation commune de la TTF à la lutte contre les grandes pandémies et le changement climatique.Ce texte est signé par une coalition regroupant Coalition PLUS contre le Sida, Réseau Action Climat, Réseau Climat & Développement et une soixantaine d’associations de la société civile francophone, en grande partie africaines. La liste complète des signataires se trouve sur http://www.coalitionplus.org/ttf-europeenne-une-tribune-de-coalition-plus-dans-le-monde/ Jean-Michel Bezat Le groupe pétrolier Total a confirmé, mercredi 24 juin, le « transfert » au russe Gazprom des 25 % qu’il possédait dans le projet gazier géant de Chtokman, en mer de Barents (Arctique russe), confirmant une information du quotidien russe Vedomosti. Le développement de ce champ situé à 600 kilomètres de Mourmansk, et par 350 mètres de fond, avait été gelé en 2013, le groupe russe et la compagnie française n’ayant pas trouvé l’équilibre économique pour ce projet comportant d’énormes défis technologiques et financiers.Sanctions économiquesVedomosti indique que c’est au cours du Forum économique de Saint-Pétersbourg, mi-juin, que les patrons des deux compagnies, Alexeï Miller et Patrick Pouyanné, se sont entendus sur cette opération. Le retrait de Total s’explique essentiellement par les sanctions économiques infligées à la Russie dans le cadre de la crise ukrainienne, selon le journal. Il est désormais impossible de financer des projets en dollars.De plus, le schéma technique de développement de ce gisement – l’un des plus importants au monde avec ses 3 800 milliards de mètres cubes – « ne donnait pas une rentabilité acceptable », indique le document de référence de Total. Chtokman s’était traduit, en 2014, par l’inscription dans ses comptes d’une dépréciation de 350 millions de dollars (313 millions d’euros).La compagnie française suit ainsi les traces du norvégien Statoil (24 %), qui avait jeté l’éponge en 2012. La société Shtokman development AG, chargée du développement et de l’exploitation du gisement, est désormais contrôlée à 100 % par Gazprom, sans qu’il existe de projet clair de développement de ce gigantesque champ.Rentabilité aléatoireTotal n’a pourtant pas définitivement renoncé à un projet où il était entré en 2007. Il a confirmé, mercredi 24 juin, son « intérêt pour coopérer davantage sur le projet s’il devait entrer en phase active ». Il prévoyait, à l’origine, un bateau extrayant le gaz au large, dans une mer traversée par d’énormes icebergs, et son transfert par gazoduc sous-marin jusqu’à une usine de liquéfaction située près de Mourmansk.Une fois liquéfiée, une grande partie de ce gaz devait être acheminée vers les Etats-Unis. Mais ce marché s’est fermé au début de la décennie 2010 quand les Américains sont devenus autosuffisants grâce aux gaz de schiste, rendant la rentabilité encore plus aléatoire.Total se concentre désormais sur le projet Yamal LNG, un projet d’extraction et de production de gaz liquéfié dans le grand Nord, mais à terre cette fois. Le géant français partage l’effort d’investissement de 27 milliards de dollars avec le groupe privé russe Novatek et le pétrolier chinois CNPC.Lire aussi :Climat : l’industrie du gaz s’invite dans le débatTouché par l’interdiction de financer en dollars, les promoteurs de Yamal LNG se sont tournés vers d’autres devises. « La partie financement avance bien, on a maintenant les agences de crédit européennes qui sont dans les derniers « rounds » de négociations. Ca va permettre de stabiliser la tranche de financement en euro », a indiqué M. Pouyanné, le 29 mai, en marge de l’assemblée générale de Total. Quant aux fonds des banques chinoises, a-t-il ajouté, « on sera autour de 10 à 15 milliards de dollars ». Il pense disposer des fonds « avant la fin de l’année ».Lire aussi :Shell de nouveau autorisé à forer en ArctiqueJean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Claire Guélaud Pénalisé en 2014 par la faiblesse de la croissance, l’instabilité politique et l’existence de risques géopolitiques élevés, l’investissement des entreprises devrait rebondir dans le monde en 2015. Telle est la conviction de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced ou Unctad en anglais), qui prévoit une croissance des investissements directs étrangers (IDE) de 11 % en 2015, à 1 400 milliards de dollars (1 250 milliards d’euros).Dans l’édition 2015 de son rapport annuel sur l’investissement dans le monde, rendu public mercredi 24 juin à Genève, la Cnuced estime que les flux d’IDE devraient atteindre 1 500 milliards de dollars en 2016 et 1 700 milliards en 2017. Elle note qu’un tiers des entreprises multinationales prévoient d’accroître leurs dépenses entre 2015 et 2017.L’année dernière, les flux d’IDE ont diminué de 16 %, tombant à 1 200 milliards de dollars. Mais cette chute moyenne dissimule des disparités impressionnantes : une très forte chute (- 28 %, à 499 milliards de dollars) des IDE vers les pays développés, dont beaucoup étaient en quasi-stagnation économique ; une baisse sensible des flux de capitaux entrants en Amérique latine (- 16 %) et aux Caraïbes (- 14 % à 159 milliards de dollars) ; leur stagnation en Afrique à 54 milliards de dollars et leur dynamisme en Asie (+ 9 %, à 500 milliards de dollars), où l’on bat des records historiques. La Cnuced fait état d’un « désinvestissement de grande ampleur aux Etats-Unis ».La Chine premier pays bénéficiaireLes pays émergents et en développement se taillent la part du lion. Les flux d’IDE y ont augmenté de 2 % en 2014, pour atteindre le record de 681 milliards de dollars, soit 56,75 % du total des IDE entrants.La Chine reste le premier pays bénéficiaire de ces derniers. Les flux d’IDE ont augmenté de 16 % – un record toutes catégories – en Asie du Sud, à 41 milliards de dollars. La Cnuced fait état d’un record d’investissements en provenance des entreprises multinationales des pays du Sud.Près des deux tiers (63 exactement) du stock d’investissements concernent les services. C’est plus du double du secteur manufacturier, et bien plus que le secteur primaire (10 %).Les fusions et acquisitions transfrontalières ont connu un véritable renouveau, avec des opérations s’élevant à un total à 399 milliards de dollars. Le nombre de « deals » de plus d’un milliard de dollars conclus par des multinationales est passé de 168 en 2013 à 223 en 2014, du jamais vu depuis 2008.Parallèlement, le montant des sorties de capitaux a été de l’ordre de 200 milliards de dollars. Les investissements de capacité, en baisse de 2 %, se sont montés à 696 milliards. Les deux tiers d’entre eux ont été faits dans les pays en développement.L’Asie, premier investisseurL’Asie émergente est devenue la première région qui investit au monde. Par ailleurs, les multinationales des pays du Sud ont investi au total 468 milliards de dollars à l’étranger, soit une hausse de 23 %. Leur part dans les flux d’IDE est passé de 13 % en 2007 à 35 % en 2014, ce qui est un record.La Cnuced relève par ailleurs un paradoxe : la chute des investissements dans les différents pays développés négociant le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP en Anglais) – l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis – ou le Partenariat transpacifique (TPP).En revanche, les flux d’IDE ont augmenté de 5 %, à 133 milliards de dollars vers les dix pays membres de l’Asssociation des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean) et de 4 %, à 363 milliards de dollars, vers les seize pays négociant un partenariat régional (les dix pays de l’Asean et six autres : Australie, Chine, Inde, Japon, Corée du Sud, Nouvelle-Zélande). Ce paradoxe reflète notamment les inégalités de croissance entre régions du monde.Les IDE dans l’UE ont reculé de 11 %, à 289 milliards de dollars en 2014. Ils représentent 24 % de l’investissement total. Le Royaume-Uni en est le premier bénéficiaire européen avec 72 milliards de dollars d’entrées de capitaux.La France, avec 15 milliards de dollars d’IDE entrants en 2014, fait partie des 18 pays européens où l’investissement a reculé. En revanche, elle a progressé de la 15e place mondiale à la 8e place pour le montant de ses investissements à l’extérieur (43 milliards de dollars).Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.06.2015 à 17h21 • Mis à jour le15.06.2015 à 17h42 Les Yekîneyên Parastina Gel (YPG – « unités de protection du peuple kurde ») ont coupé lundi 15 juin une route d’approvisionnement vitale pour les djihadistes entre la localité de Tal Abyad, à la frontière turque, et Rakka, fief de l’organisation Etat islamique (EI) dans le nord de la Syrie.Les forces kurdes, soutenues par des frappes aériennes de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis, ont encerclé la ville de Tal Abyad, tenue par les djihadistes de l’EI dans le nord de la Syrie, à la frontière turque.Selon Mutlu Civiroglu, expert des affaires kurdes, Tal Abyad représentait « une plate-forme financière et logistique », un « passage vital pour l’EI » connectant Rakka avec le reste du monde : « Une fois perdue, ce sera très compliqué pour l’EI de faire passer ses combattants, de vendre son pétrole et autres marchandises qu’il trafique. »Les combats dans la région ont forcé des milliers de civils syriens à se réfugier en Turquie depuis le début du mois. Selon un responsable des services de sécurité turcs, 7 000 personnes ont franchi la frontière dans la seule journée de lundi. Christopher Bender, de l’organisation non gouvernementale Danish Refugee Council, a déclaré que 18 000 civils avaient trouvé refuge en Turquie ces dix derniers jours, et que 5 000 autres étaient attendus lundi. 15.06.2015 à 16h59 • Mis à jour le15.06.2015 à 17h11 | Claire Guélaud Les tenants de la théorie du « ruissellement », selon laquelle les revenus des plus riches contribueraient à l’activité économique générale, ont du souci à se faire : des économistes du Fonds monétaire international (FMI) contestent ouvertement cette approche. Et surtout, dans une étude sur les causes et les conséquences des inégalités, présentée lundi 15 juin, ils prouvent l’existence d’une relation inversement proportionnelle entre les revenus détenus par les 20 % les plus aisés et la croissance.Lorsque la part de gâteau des 20 % les plus aisés s’accroît de 1 %, le produit intérieur brut (PIB) progresse moins (- 0,08 point) dans les cinq années qui suivent. Cela laisse penser que les avantages des plus riches ne ruissellent pas vers le bas. En revanche, une augmentation du même montant de la part des revenus détenue par les 20 % les plus pauvres est associée à une croissance plus forte de 0,38 point.Cette corrélation positive entre parts de revenus et croissance vaut aussi pour la classe moyenne. Les auteurs de ce travail, qui n’engage pas officiellement le FMI, en tirent la conclusion que les dirigeants politiques doivent faire porter leurs efforts sur les plus pauvres et sur la classe moyenne pour réduire les inégalités.L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) était parvenue aux mêmes conclusions en 2014. L’étude du FMI est toutefois plus large puisqu’elle porte sur un échantillon d’une centaine de pays : économies avancées, émergents et pays en développement.Lire aussi :On n’en a pas fini avec les inégalitésLien entre assouplissement du marché du travail et inégalitésSes auteurs font observer que la globalisation financière et les progrès technologiques sont associés, partout, à une augmentation de la part des revenus détenue par les 10 % les plus riches, désormais neuf fois plus importante que celle détenue par les 10 % les plus pauvres.Ces effets ont été amplifiés par la crise. Dans les pays émergents et en développement, toutefois, l’augmentation des inégalités s’explique d’abord par le fait que les classes moyennes supérieures ont rejoint les classes supérieures, comme en Chine et en Afrique du sud.Autre découverte intéressante : l’assouplissement du marché du travail va de pair avec une inégalité croissante et avec l’enrichissement des 10 % les plus aisés. Les auteurs en concluent que la flexibilité du marché du travail bénéfice aux riches et réduit le pouvoir de négociation des travailleurs pauvres.Une autre étude du FMI, prochainement publiée, montre que, dans les économies avancées, le décrochage du salaire minimum par rapport au salaire médian va de pair avec une hausse des inégalités et que la diminution du taux de syndicalisation est fortement corrélée à la hausse des revenus des plus riches.En l’absence d’effets de ruissellement, les auteurs plaident logiquement pour une fiscalité plus redistributive, via des impôts sur la richesse et la propriété, et plus progressive sur les revenus.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) Une polémique sur l’efficacité du dispositif de lutte contre la radicalisation des jeunes musulmans et sur le rôle des mosquées s’est développée après l’annonce, lundi 15 juin, de la mort en Irak de Talha Asmal, un jeune Britannique de 17 ans lors d’une attaque-suicide perpétrée par l’Etat islamique (EI). Présenté par les médias comme le plus jeune kamikaze britannique, Talha Asmal a été reconnu par ses parents sur des photos diffusées sur un compte Twitter lié à l’EI.Le jeune homme, dont le nom de guerre, « Abou Youssouf Al-Britani », rappelait l’origine britannique, a été identifié par l’EI comme l’un des quatre conducteurs de voitures piégées lancées, samedi, contre des positions de l’armée irakienne à Hadjaj, au nord de Bagdad. Ces attentats, perpétrés par des kamikazes allemand, anglais, koweïtien et palestinien selon l’EI, ont fait 11 morts au sein des forces armées irakiennes.Non confirmée officiellement, la mort de Talha Asmal suscite une émotion considérable à Dewsbury (West Yorkshire, nord de l’Angleterre), ville où avait vécu Mohammed Sidique Khan, le cerveau des attentats de Londres qui avait fait 52 morts en 2005. Les parents du jeune homme le présentent comme « un adolescent aimant, gentil, prévenant et affable » et se disent « anéantis et le cœur brisé par la tragédie innommable » de sa mort.L’une des photos diffusées par l’EI montre Talha Asmal, barbu et souriant, posant près d’un 4×4, levant l’index, signe de reconnaissance des militants de l’organisation. Il avait quitté sa famille le 31 mars avec son ami et voisin Hassan Munshi pour gagner la Syrie via la Turquie.« Plan de lutte plus énergique »Sa famille accuse les dirigeants de l’EI, « trop lâches pour faire eux-mêmes leur sale boulot », d’avoir profité de « son innocence et de sa vulnérabilité » pour l’envoyer à la mort. La directrice de l’établissement scolaire qu’il fréquentait a décrit le jeune kamikaze comme « un adolescent ordinaire » et « un élève consciencieux qui n’avait jamais attiré l’attention sur lui ».Qari Asim, l’imam de la mosquée Makkah Masjid de Dewsbury, estime que les responsables de l’EI se comportent comme « des prédateurs sexuels » qui « ciblent des jeunes vulnérables et leur lavent le cerveau ». Il affirme que « la radicalisation n’a pas lieu dans les mosquées » mais sur les réseaux sociaux. « Nous avons échoué, ajoute Farouk Younous, imam de la mosquée Zakaria, à la BBC. Pas seulement les familles, mais le conseil municipal, la police, le quartier… »Yvette Cooper, ministre de l’intérieur du cabinet fantôme travailliste, a accusé le gouvernement Cameron d’avoir « totalement échoué » à traiter le problème et réclamé « un plan de lutte plus énergique basé sur l’action locale ». Mais Lord Carlile, ancien contrôleur indépendant des lois sur le terrorisme, a critiqué cette approche et réclamé des mesures permettant l’accès aux données de communication, afin de prévenir la radicalisation islamique.Ancien député labour de Dewsbury, Chahid Malik a, lui, mis en cause les mosquées elles-mêmes, les appelant à « confronter franchement cette idéologie démoniaque ». « Les moquées doivent enseigner aux enfants ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas dans l’idéologie de l’Etat islamique, a-t-il déclaré. L’itinéraire et la mort de Talha Asmal doivent sonner l’alarme. »Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Les ministres de la justice de l’Union européenne ont clôturé, lundi 15 juin, à Luxembourg, trois ans et demi de discussions ardues sur la protection des données personnelles. Ils ont enfin approuvé une proposition adaptée au développement de l’économie numérique.Le texte doit toutefois encore être soumis au Parlement de Strasbourg, avant son éventuelle adoption. La question du niveau des sanctions pour les entreprises du Web qui enfreindraient les règles est l’un des points qui devra être débattu avec les députés.Les mesures élaborées par la Commission de Bruxelles en 2012 visaient à actualiser et moderniser les principes dépassés d’un texte de 1995. Elles comportaient à la fois un « règlement » sur la protection des données personnelles et leur circulation, ainsi qu’une « directive » sur les données traitées par la justice et la police dans le cadre d’enquêtes. La discussion sur ce deuxième point doit se poursuivre et, espère la commissaire à la justice, Vera Jourova, être conclue à la fin de l’année.Droit à l’oubliLes responsables du Conseil et de la Commission affirment que le projet approuvé lundi vise à garantir « un niveau extrêmement élevé » de protection des données. Il offre, sur le papier, de meilleures garanties de contrôle aux citoyens qui pourront exiger que certains renseignements les concernant soient effacés (le « droit à l’oubli »). Il s’agissait notamment de « protéger les mineurs qui se mettent un peu trop à nu sur le Web », selon l’expression de la Garde des Sceaux, Christiane TaubiraLire aussi :Les démocraties européennes face à la tentation de la « boîte noire »S’ils n’obtiennent pas satisfaction et qu’une infraction est constatée, les citoyens pourront s’adresser à leur autorité nationale de contrôle (la Commission nationale de l'informatique et des libertés, ou CNIL, en France), dans leur langue. Les entreprises seront, elles aussi en contact avec une seule autorité de surveillance.Un « guichet unique » devrait d’autre part être instauré. Il serait compétent pour veiller à l’application pour les transferts transfrontaliers de données collectées dans plusieurs pays par des acteurs de l’Internet, comme Google ou Facebook.Lire aussi :Le Conseil constitutionnel se prononcera sur l’accès administratif aux données de connexionSystème harmoniséLe dilemme était de concilier la protection des données et la compétitivité des entreprises, en offrant aux deux parties un système harmonisé et une simplification. Sans donner l’impression au public qu’une diminution des formalités avant la collecte des renseignements permettra aux entreprises de se comporter comme elles l’entendent. « Des normes élevées de protection permettront de renforcer la confiance des consommateurs dans les services numériques et les entreprises bénéficieront d’un ensemble unique de règles dans 28 pays », expliquait lundi Mme Jourova.A l’avenir, les Européens tenteront de renégocier l’accord, dit « Safe Harbour », qui les lie aux Etats-Unis et réglemente les transferts de données des citoyens européens collectées par des entreprises américainesJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) La nouvelle passe souvent inaperçue. Pourtant, semaine après semaine, une banque ou un établissement financier disparaît du paysage russe. En 2014, 86 se sont vus retirer leur licence, et 30 rien que durant les cinq premiers mois de cette année, selon le décompte de la Banque centrale de Russie (BCR).Le 10 juin, RSKB, Invest-EcoBank, accusées de mener une politique « à haut risque » d’un point de vue financier, et la société d’investissement Euro-Invest, jugée coupable de ne pas respecter les normes anti-blanchiment, ont ainsi à leur tour rejoint la liste des damnés de l’économie russe, victimes de malversations, pour les uns, de la crise qui frappe le pays depuis bientôt un an, pour les autres. A peine huit jours auparavant, trois autres établissements de taille moyenne – Metrobank, OPM-Bank et Sibneftebank – avaient été rayées de la carte.Pour autant, 753 banques et 57 organismes de crédit continuent de se partager le marché en Russie où, depuis une vingtaine d’années et la fin de l’ex-URSS, le secteur bancaire a littéralement explosé. Mais avec une régularité de métronome, la BCR exécute aujourd’hui sa partition en retirant, les unes après les autres, à l’issue d’enquêtes, les autorisations des établissements indésirables : à ce jour, 99 banques ont été passées en revue par ses limiers.« Mieux vaut en avoir 200 banques solvables que 700 à risque »« Nous mettons de l’ordre », soutient Vassili Pozdichev, vice-gouverneur de la Banque centrale. « Leur situation est principalement examinée en fonction de deux critères, explique-t-il. Nous vérifions qu’elles ne sont pas impliquées dans des opérations douteuses de blanchiment et de transfert vers des paradis fiscaux, et si elles ont assez d’actifs de qualité pour compenser les dépôts et les crédits. »« C’est une tendance qui a commencé à la mi-2013 mais qui, avec la crise, est devenue beaucoup plus active, note Natalia Orlova, analyste chez Alfa-Bank. Les 200 plus grandes banques concentrent 95 % du marché, les autres sont des banques de poche et mieux vaut en avoir 200 solvables que 700 à risque. »Remise en ordreCette remise en ordre, sans doute salutaire, dépasse les objectifs. Même les banques les plus importantes ne sont désormais plus à l’abri. Le secteur a été lourdement affecté par la crise monétaire de décembre 2014, lorsque le rouble a dégringolé de façon spectaculaire entraînant un mouvement de panique et une ruée vers l’euro ou le dollar.Lire aussi :Début de panique à MoscouLa demande en devises avait alors atteint 20,8 milliards de dollars(18,5 milliards d’euros), soit le double du mois de novembre, selon le site de la BCR. Les Russes retiraient leur argent, le convertissaient et le ramenaient « à la maison ou dans un coffre ». Aux heures les plus noires de décembre, ce mouvement s’élevait à plus d’un milliard de dollars par jour…Nombre de foyers et d’entreprises se sont retrouvés dans l’incapacité de rembourser leurs dettes, obligeant les banques à chercher à se constituer d’importantes provisions. Mais, comme dans le même temps, la BCR avait augmenté drastiquement son taux directeur à 17 %, ce remède de cheval avait provoqué un coup de frein brutal de l’activité de crédit et mené à des faillites bancaires.Baisse des taux directeursDepuis, le paysage s’est éclairci mais la situation reste fragile. Lundi 15 juin, la Banque centrale a, pour la quatrième fois consécutive abaissé son taux directeur à 11,5 % tout en prévenant des « risques persistants de ralentissement économique considérable » et dressant même des perspectives plus sévères que celles du gouvernement, puisqu’elle s’attend à une chute du PIB estimée cette année à 3,2 %.Lire aussi :Russie : les raisons du (fort) rebond du roubleAu premier trimestre, l’activité économique s’est d’ailleurs contractée plus fortement que prévu, le PIB reculant de 2,2 % sur un an, selon une nouvelle estimation officielle publiée lundi 15 juin. L’estimation préliminaire de l’institut des statistiques Rosstat, publiée mi-mai, faisait état d’une baisse de 1,9 % par rapport au premier trimestre 2014.Les sanctions internationales, qui visent la Russie, accusée de soutenir et d’armer les séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine, empêchent toujours les grands établissements de se financer à l’étranger. Les cours pétroliers n’ont pas retrouvé leur niveau pour redonner de l’oxygène à l’économie. Et la fuite des capitaux, malgré l’amnistie promise par Vladimir Poutine, qui a fait l’objet d’un décret publié le 8 juin, est évaluée à 32,6 milliards de dollars rien que pour les trois premiers mois de cette année.Lire aussi :Le G7 affiche sa fermeté contre la RussieLe 22 mai, la mise en faillite de Transportny, créée en 1994 et membre du club fermé des 100 premières banques, a donc fait l’effet d’un coup de tonnerre, entraînant un niveau de compensation, 40 milliards de roubles (651 millions d’euros), jamais égalé dans le pays.« Nous prenons bien sûr en compte l’importance systémique de l’établissement mais nous ne sauverons pas obligatoirement une grande banque, tout dépend du degré de ses fautes et de l’ampleur des dégâts, assure le vice-gouverneur de la BCR, M. Pozdichev. Dans le cas de Transportny, nous avons découvert qu’elle accordait des crédits à des entreprises fictives, mais nous avons mis trois mois à le prouver car même les entreprises fictives possèdent des comptes. » Dépôts garantisD’autres banques en difficulté ont dû être renflouées sur fonds publics – le gouvernement a mis en place un programme massif à cet effet de 1 000 milliards de roubles (16,3 milliards d’euros), et plusieurs ont été rachetées.Lire aussi :Mille milliards de roubles pour sauver le secteur bancaire russeDu moins, le système de compensation a-t-il atténué le choc. En Russie, les dépôts des particuliers – pas ceux des entreprises, censées bien « choisir » leur banque – sont en effet garantis par l’Assurance des dépôts (ASV) dont le conseil des directeurs, composé de représentants du gouvernement et de la Banque centrale, est présidé par le ministre des finances, Anton Silouanov.Or, cet organisme, fondé en 2004, qui a déjà relevé au 1er janvier le seuil des dépôts garantis de 700 000 roubles à 1,4 million, voit ses réserves, alimentées par une cotisation des banques, fondre comme neige au soleil.« L’agence n’a plus d’argent, s’est alarmé, le 2 juin, l’économiste Alexei Mikhaïlov, ancien député du parti libéral d’opposition Iabloko. Et pour la première fois depuis sa création il y a douze ans, ce fonds s’est déclaré de facto en déficit (…) Le montant des indemnités versées a été multiplié par six au 1er janvier, pour atteindre 423,3 milliards de roubles. »Conséquence : l’agence a dû elle-même demander une substantielle rallonge. Malgré tout, « la présidente de la Banque centrale, Elvira Nabioullina a commencé à faire activement le ménage dans le secteur bancaire », poursuivait M. Mikhaïlov, et « les 110 milliards de crédits ne tiendront pas longtemps. »La BCR, prévient M. Pozdichev, « mène une politique de contrôle strict, d’autant plus nécessaire dans le contexte économique difficile, et celle-ci va se poursuivre. Le plus important est que la population garde confiance dans le système bancaire et le régulateur. En mars déjà, les dépôts ont recommencé à augmenter de 0,1 %, puis 0,2 % en avril, puis 1,2 % en mai… ». Un signe encore bien précaire.Lire aussi :Avec la crise, les Russes consomment autrementIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Adéa Guillot (Athènes, correspondance) C’est l’un des trois points de blocage entre Athènes et ses créanciers (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne), et il pourrait bien tomber. A en croire la liste des propositions présentées, dimanche 14 juin, par l’équipe de négociateurs grecs à Bruxelles – et rejetées par les créanciers –, le gouvernement grec accepte les objectifs d’excédent primaire (solde positif entre les recettes et les dépenses avant paiement des intérêts de la dette) fixés par les créanciers : 1 % du PIB en 2015 et 2 % en 2016, selon le document qui a été diffusée lundi 15 juin par le quotidien grec Kathimerini.Dans sa précédente proposition, en début de semaine dernière, Athènes proposait un excédent primaire de 0,75 % pour 2015. Mais, au-delà de ce compromis sur le chiffre, qui semble désormais acquis, des dissensions persistent sur les moyens d'y parvenir.« Un fossé de 2 milliards d’euros ».Un désaccord est toujours présent sur la façon de combler le « trou » fiscal annoncé en 2016. Les Grecs l’estiment à environ 1,1 % du PIB, soit 1,995 milliard d’euros, alors qu’un proche des négociations côté créanciers assure qu’« entre leurs calculs et les nôtres, il demeure un fossé de 2 milliards d’euros ».Lire aussi :Les négociations entre la Grèce et ses créanciers tournent court, à nouveauLes Grecs proposent entre autres :Trois taux de TVA à 6 %, 13 % et 23 %. De quoi faire rentrer 1,4 milliard d’euros supplémentaires dans les caisses de l’Etat chaque année. Mais en maintenant l’électricité à 13 % et non à 23 %, comme l’exigent les créanciers.Contribution extraordinaire de 12 % pour les entreprises ayant un bénéfice supérieur à 1 million d’euros et hausse de 26 à 29 % de l’impôt sur les bénéfices des sociétés.Hausse de l’impôt sur la solidarité à hauteur de 220 millions en 2015 et 250 en 2016 mais en augmentant notamment la participation des revenus supérieurs à 100 000 euros par an.Une baisse des dépenses militaires de 200 millions d’euros en 2016Limitation des préretraites pour l’année 2016 permettant d’économiser 71 millions d’euros.Le gouvernement grec propose aussi d’accentuer la lutte contre le trafic de faux carburants ou contre la fraude fiscale et veut exiger des médias télévisuels grecs le paiement de leurs licences d’exploitation (340 millions pour 2015), ce qui n’avait jusqu’ici jamais été demandé. Au final plusieurs dizaines de mesures permettant de faire rentrer 1,995 milliard d’euros supplémentaires en 2015.« Nos propositions ont été rejetées alors qu’elles permettent totalement de faire face au     « trou » fiscal de 2015 », affirme une source gouvernementale grecque. « La volonté de nos créanciers d’insister sur de nouvelles coupes dans les retraites est totalement idéologique et nous ne pouvons pas l’accepter ». Selon le premier ministre de la gauche radicale, Alexis Tsipras, cette insistance « sert un dessein politique. Nous allons attendre patiemment que les créanciers accèdent au réalisme ».Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Ridet (Rome, correspondant) Après avoir cru sauver les meubles lors des élections régionales du 31 mai en remportant ou conservant 5 des 7 régions mises en jeu, la gauche a nettement perdu au second tour des élections municipales organisé, dimanche 14 juin, dans 72 communes dont 12 chefs-lieux de province. Elle cède à la droite Arezzo (Toscane), Matera (Pouilles), qui sera capitale européenne de la culture en 2019, et surtout Venise, qu’elle administrait depuis vingt ans. Le candidat de droite Luigi Brugnaro l’emporte avec 53,2 % des voix. « Ce n’est pas ma défaite », a commenté à chaud Matteo Renzi, chef du gouvernement et premier secrétaire du Parti démocrate (PD).Le président du conseil a à la fois raison et tort. Raison, parce qu’il n’est pour rien dans le scandale qui a frappé la ville en juin 2014, lorsque, à la suite de la mise au jour d’un vaste système de corruption en marge des travaux de la digue géante (le projet MOSE), le maire, Giorgio Orsoni, avait dû démissionner, laissant les rênes de la ville à un commissaire nommé par l’Etat. Raison, encore, parce que le candidat du PD, l’ancien juge antiterroriste... Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les réunions « de la dernière chance » entre Athènes et ses créanciers à Bruxelles n’ont finalement pas débouché sur l’accord « réformes contre argent frais » tant espéré, qui permettrait à la Grèce, dont les caisses sont désormais vides, d’éviter un défaut de paiement aux conséquences imprévisibles et potentiellement redoutables.#Grèce: les négociations s'interrompent à nouveau avec les créanciers. Pas d'autre rendez-vous prévu avant l'Eurogroupe du 18 juin. 1/2— c_ducourtieux (@Cécile Ducourtieux)require(["twitter/widgets"]);Dimanche 14 juin au soir, les négociateurs du gouvernement Tsipras ont quitté ceux de la BCE, du FMI et de la Commission européenne, sur le constat d’un nouvel échec, chacun restant campé sur ses positions. « Malgré quelques progrès, des différences significatives persistent, entre les propositions des Grecs et celles des trois institutions, BCE, FMI et commission. Les discussions reprendront à l’Eurogroupe du 18 juin » a fait savoir, dimanche soir, un porte-parole de la Commission.Et d’ajouter que le président de l’institution, Jean-Claude Juncker, demeurait persuadé qu’« avec davantage d’efforts concernant les réformes du côté grec, et de la bonne volonté politique des deux côtés, une solution peut encore être trouvée avant la fin de ce mois. » Au 30 juin, la Grèce doit rembourser une tranche de 1,6 milliard d’euros au FMI et risque de n’en avoir pas les moyens, si elle n’obtient pas avant le versement de tout ou partie des 7,2 milliards d’euros restant à lui verser dans le cadre du deuxième plan d’aide au pays.Lire :Grèce : le scénario du défaut de paiement se préciseUn écart de 2 milliardsLes créanciers restent sur leur proposition d’une marge de manœuvre budgétaire de 1 % du PIB de la Grèce pour 2015 (ce qu’on appelle le surplus primaire, surplus budgétaire avant paiement des dettes), et exigent une réforme supplémentaire du système des retraites et de la TVA. Les Grecs refusent toujours catégoriquement d’abaisser les petites retraites et d’imposer une TVA à 23 % sur l’électricité. « Entre leurs calculs et les nôtres, pour parvenir à un surplus primaire d’environ 1 %, il demeure un gap de 2 milliards d’euros » assurait, dimanche soir un proche des négociations.M. Juncker, qui depuis cinq mois maintenant qu’a débuté le bras de fer entre le gouvernement de la gauche radicale Tsipras et ses créanciers a toujours travaillé à maintenir le contact, a de nouveau, le week-end dernier, fait une proposition de compromis. Il a reproposé que pour trouver les sommes manquantes, côté grec, on considère une baisse des dépenses militaires, selon une source diplomatique.Quelque 200 millions d’euros pourraient être économisés à court terme, en 2016, dans un pays où les dépenses militaires restent les deuxièmes plus importantes de l’Union (2,3 % du PIB) derrière le Royaume-Uni. La BCE soutenait cette proposition, « mais une nouvelle fois, le FMI l’a rejetée, expliquant que ces économies ne comptaient pas pour des réformes structurelles » ajoute la source diplomatique.Or, difficile de poursuivre sans le FMI. La commission l’a déjà répété, pas question d’un accord s’il n’est pas validé par les trois « institutions », FMI, BCE, Commission. La chancelière Angela Merkel avait également été très claire, au dernier G7, en Bavière, début juin, quand elle avait dit à ses pairs qu’il n’y aurait pas d’accord avec la Grèce s’il n’y avait pas les trois institutions à bord.Lire le décryptage :Grèce : cinq personnages clés pour une sortie de criseLa perspective d’un accord « propre » s’éloigneLes discussions ne sont pas rompues, ont assuré plusieurs sources côté créancier, mais « la balle est vraiment dans le camp d’Athènes » répétait-on à l’envi. Et à Bruxelles, c’est plutôt le pessimisme qui l’emporte. Car la perspective d’un accord « propre », qui se déroule selon les règles du jeu de l’Eurozone, sans « accident de paiement » grec, s’éloigne.Beaucoup sont persuadés que la stratégie d’Alexis Tsipras est de décrocher un accord « politique ». A Athènes, il est dans une situation très délicate : on lui demande d’approuver un accord qui ressemblera quand même à un nouveau plan d’austérité, alors que l’aile gauche de son parti le presse d’aller au clash avec Bruxelles. Mais que les Grecs, à en croire les sondages, restent pour le maintien du pays dans la zone euro.Peu de sources, à Bruxelles, croient qu’un accord pourra être trouvé lors de l’Eurogroupe, la réunion des 19 ministres de l’Eurozone, du 18 juin. « Ce n’est pas le lieu pour discuter des détails chiffrés, ces choses doivent avoir été discutées avant » relève une source proche des créanciers. Difficile, de plus, d’espérer que quelque chose sorte d’une réunion où les antagonismes se sont exacerbés au fil des mois. Entre le grec Yanis Varoufakis, que plus aucun de ses pairs de l’Eurogroupe ne dit supporter, à commencer par l’Allemand Wolfgant Schauble…Beaucoup sont persuadés que Tsipras espère aboutir à un accord au Conseil des chefs d’Etat et de gouvernement, les 25 et 26 juin à Bruxelles. Mais ils font déjà savoir depuis des jours, qu’il sera probablement trop tard pour que les versements d’argent à la Grèce avant le 30 juin ne puissent être débloqués. Il faut d’abord qu’ils obtiennent le feu vert de plusieurs parlements nationaux, dont le Bundestag allemand.Défaut grec envisagéLes jours qui viennent vont être décisifs. La BCE va regarder avec beaucoup d’attention les sorties de capitaux des banques grecques. Mario Draghi devait être auditionné au Parlement européen lundi après midi, un exercice prévu de longue date qui s’avère très délicat. Il devait y passer le message selon lequel en juin 2014, la Grèce allait un peu mieux d’un point de vue économique. Mais qu’aujourd’hui, sans que pourtant aucune mesure d’austérité supplémentaire ne lui ait été imposée, elle va beaucoup moins bien (elle est de nouveau en récession), essentiellement à cause de l’instabilité politique. Mercredi 17 juin, lors de leur réunion hebdomadaire, les gouverneurs de l’institut de Francfort devraient discuter de la situation, et peut-être, si aucun accord n’est en vue à l’Eurogroupe du lendemain, envoyer un signal au marché.Côté créanciers, on a déjà fait savoir, ces derniers jours, qu’on envisageait désormais l’éventualité d’un défaut grec. Et ce qu’il impliquerait. Probablement une réaction des marchés financiers, et peut-être, un mouvement de panique des épargnants grecs, qui pourraient se précipiter à leurs banques pour retirer leurs euros. Les directeurs du trésor de la zone euro, réuni à Bratislava jeudi 11 juin, se sont même demandés si la Grèce disposait d’une loi sur le contrôle des capitaux. Au cas où il faudrait, en urgence, prendre des décisions pour sauver le système bancaire du pays de la faillite.Lire aussi :La zone euro se prépare au scénario d'un défaut grecCertains fantasmaient ce scénario — à l’argentine ou à la chypriote — dès le mois de mars, espérant qu’au bout du compte, une telle alerte finirait par faire plier le gouvernement Tsipras. D’autres vont même jusqu’à évoquer, sous couvert d’anonymat, le fait qu’il faudrait, en cas extrême de Grexit, avoir prêtes des propositions afin de renforcer dans l’urgence l’intégration de l’Eurozone, pour éviter son éclatement. Ambiance…Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marie Maurisse (Genève, correspondance) Le vote est sans appel : avec plus de 70 % de « non » selon les résultats partiels, les Suisses s’opposent en bloc à l’introduction d’un impôt national sur les successions. Le référendum, lancé par une coalition de gauche composée notamment du Parti socialiste et des Verts, proposait d’imposer à hauteur de 20 % les successions supérieures à deux millions de francs, soit 1,9 million d’euros.Un tiers des fonds récoltés aurait contribué à financer le système des retraites. Mais l’idée n’a pas séduit les électeurs, qui ont préféré maintenir en l’état la situation actuelle. En Suisse, les successions sont imposées différemment dans chaque canton : en Valais par exemple, au cœur des Alpes, les héritiers directs n’en paient aucun contrairement au canton de Vaud, dans la région de Lausanne. Les taux sont cependant très faibles, en comparaison internationale.Mais en supprimant ces différences au sein même de la Suisse, la gauche entendait lutter contre la concurrence fiscale et mieux répartir les richesses dans le pays. La droite, au contraire, craignait qu’un taux fédéral unique ne crée un handicap pour les PME, moteurs de croissance.« Un poison pour nos entreprises »« De nouvelles charges et une insécurité juridique accrue auraient été une forme de poison pour nos entreprises », a rappelé l’organisation patronale Economiesuisse. Dans le camp d’en face, la députée socialiste Jacqueline Badran se désole : « La population pense que les personnes très riches sont utiles à la société », dit-elle au journal 24 Heures.Pour le quotidien romand Le Temps, « il faut voir dans le net échec de dimanche un sentiment de lassitude de la part de l’électorat, que la gauche a trop fréquemment convoqué aux urnes pour de nouveaux impôts ou des contraintes économiques jugées inopportunes, tout particulièrement dans le contexte difficile provoqué par l’abandon du taux plancher en début d’année ».La hausse du franc suisse qui en a découlé a récemment poussé le ministère de l’économie à revoir ses prévisions à la baisse avec +0,9 % de croissance du PIB en 2015.Marie Maurisse (Genève, correspondance)Journaliste au Monde Philippe Ridet (Rome, correspondant) Elections, acte II. Après les scrutins du 31 mai dans sept régions et plus de 1 000 communes, les bureaux électoraux se sont rouverts, dimanche 14 juin, pour le deuxième tour dans 72 villes dont douze chefs-lieux de province. Mais une seule retient l’attention : Venise, où s’affrontent, pour la gauche, l’ancien juge Felice Casson (38 % des suffrages au premier tour) et Liugi Brugnaro, un entrepreneur propriétaire de l’équipe de basket locale. Eliminé, le Mouvement 5 Étoiles (11 %) joue les arbitres de ce duel incertain. Le parti de Beppe Grillo n’a, comme à son habitude, dicté aucune consigne de vote en expliquant que les électeurs n’étaient pas des moutons.Pour le Parti démocrate (PD) et le premier ministre, Matteo Renzi, ce scrutin est un nouveau test politique. Le 31 mai, il a remporté la Campanie mais perdu la Ligurie. Le président du Conseil, qui rêvait d’un 7-0, a dû se contenter d’un 5-2. Mais le véritable enseignement de ces élections régionales marquées par une forte abstention (50 %), reste l’effondrement (en termes de voix) du Parti démocrate (25 %, contre 41 %, un an plus tôt aux élections européennes), la tenue du Mouvement 5 Étoiles, qui reste la deuxième formation d’Italie, et la remontée de la Ligue du Nord, qui a surfé sur la vague du rejet de l’immigration et de l’Europe.Lire aussi :En Italie, première alerte électorale pour Matteo RenziUn « test moral »Mais Venise est aussi un « test moral ». Au printemps 2014, le conseil municipal, guidé par le maire de gauche, Giorgio Orsini, était dissous à la suite de la découverte d’un réseau de corruption, mêlant entrepreneurs et politiques, en marge des travaux de construction de la digue géante (projet Mose). Depuis, l’administration de la cité des Doges a été confiée à un représentant de l’Etat. S’il parvient à conserver la ville en confiant cette fois sa destinée à un ancien juge réputé incorruptible, le Parti démocrate aura démontré qu’il est capable de se renouveler et conserve malgré tout son image de « parti des honnêtes gens ». Venise resterait alors une des rares enclaves de gauche dans une région, la Vénétie, dominée par la Ligue du Nord.Mais d’autres événements sont venus troubler la réputation du PD. A Rome, cette fois, où là encore des hommes politiques, de tous bords, et des entrepreneurs sont aux arrêts pour corruption. Même si les faits concernent l’ancien maire de droite, Gianni Alemanno, ils fragilisent l’actuel premier élu, Ignazio Marino (gauche). Les appels à sa démission se multiplient, comme celui lancé par l’hebdomadaire L’Espresso, afin que de nouvelles élections permettent à M. Marino de retrouver sa légitimité et lui donnent les moyens de « faire le ménage » dans son équipe et son administration. Une opération moralement souhaitable, mais politiquement risquée.Si l’enquête, toujours en cours, devait conclure à des « infiltrations de type mafieux » dans les rouages de la Ville éternelle, celle-ci, comme à Venise, pourrait être placée provisoirement sous administration préfectorale.Lire aussi :Les élections régionales en Italie soulignent les fractures au sein des partisPhilippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.06.2015 à 19h31 Depuis deux jours, des gendarmes français les empêchaient de franchir la frontière. La police italiennt est intervenue samedi 13 juin, en fin d’après-midi, pour disperser les quelque 200 migrants rassemblés à Vintimille, à quelques encablures de la frontière franco-italienne.Equipés de casques, visières et boucliers, les policiers italiens tentaient sans ménagement de repousser les migrants en direction de la ville italienne de Vintimille, à 5 km du poste-frontière.Lire aussi :Gare de Nice : terminus des espoirs des migrantsSelon un responsable local de la police italienne, les forces de l'ordre souhaitaient éloigner les migrants de la frontière pour les emmener en bus vers des centres d'accueil de la province d'Imperia.Les voisins de l’Italie ont bouclé leurs frontièresUne cinquantaine d'hommes, qui souhaitaient passer la frontière, refusaient d'obtempérer et s'étaient réfugiés sur des rochers. « Où sont les droits de l'homme? » criaient certains, après avoir été bousculés par les policiers italiens.La majorité des migrants s'est finalement pliée aux ordres de la police et est partie à pied en direction d'un tunnel sur la route conduisant à Vintimille. Ces 150 à 200 migrants, pour la plupart en provenance d'Afrique, bloqués depuis jeudi par les autorités françaises à la frontière franco-italienne, demandaient pacifiquement qu'on les « laisse passer » pour qu'ils puissent gagner le pays européen de leurs rêves.Lire aussi :Les propositions de Paris pour l’accueil des migrantsPlus de 50 000 personnes ont débarqué depuis le début de l'année sur les côtes de l'Italie. La plupart souhaitent se rendre dans d'autres pays d'accueil, mais se retrouvent face à des frontières de plus en plus infranchissables. Voisines de l'Italie, la France, la Suisse et l'Autriche ont toutes bouclé leurs frontières. Seul le passage par la Slovénie reste parfois possible. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Les responsables de la zone euro se préparent au pire. Ils craignent qu’un accord « réformes contre argent frais » entre Athènes et ses créanciers – Banque centrale européenne (BCE), Commission de Bruxelles et Fonds monétaire international (FMI) – ne puisse pas être trouvé. Et qu’un défaut de paiement grec, aux conséquences imprévisibles, advienne. D’ici quelques semaines, quand la Grèce, à court d’argent, se retrouvera dans l’incapacité de rembourser le FMI (1,6 milliard d’euros, dus au 30 juin), ou la BCE (3,5 milliards d’euros dus au 20 juillet).Pour la première fois depuis le début du bras de fer avec le gouvernement de la gauche radicale du premier ministre Alexis Tsipras, il y a maintenant presque cinq mois, ses partenaires de l’union monétaire « ont évoqué la nécessité de préparer un plan B, lors de la réunion des directeurs du Trésor de la zone euro, jeudi 11 juin, à Bratislava », assure une source européenne. Selon nos informations, ces responsables se seraient inquiétés du fait que la Grèce ne dispose pas d’une loi encadrant le contrôle des capitaux. En cas de défaut de paiement de l’Etat grec, les créanciers craignent un mouvement de panique des épargnants, entrainant des sorties massives de capitaux pouvant conduire des banques à la faillite.« Il y a une prise de conscience dans les institutions [BCE, FMI, Commission européenne] qu’il faut se préparer à un défaut de paiement de la Grèce », ajoutait vendredi une autre source européenne, pourtant d’habitude très prudente. Un scénario qui a provoqué la chute de la Bourse d’Athènes le même jour (– 5,92 %).« Prendre la mesure de la situation »« Nous devons évaluer toutes les possibilités, mais j’espère que les autorités grecques vont prendre la mesure de la situation », a dit à l’AFP, vendredi, Rimantas Sadzius, le ministre lituanien des finances. Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, qui se démène depuis des semaines pour éviter le scénario du pire, et qui a passé à nouveau deux longues heures avec M. Tsipras, jeudi à Bruxelles, « a fait à ce moment-là une dernière tentative pour rendre un “deal” possible », selon une source diplomatique.Ces messages alarmistes sont-ils un moyen d’obtenir de la Grèce le compromis décisif ? Probablement. Car même si Athènes a démenti, vendredi, que de telles discussions sur un défaut aient eu lieu, même si des sources gouvernementales ont relativité les menaces – « à chaque fois, ces cinq dernières années, que les négociations se sont tendues, on nous a dit que le “Grexit” était imminent ; les Grecs n’y croient plus » –, M. Tsipras a tout de même annoncé qu’il dépêchait une nouvelle fois à Bruxelles, samedi 13 juin, une équipe de négociateurs. Dont son bras droit, Nikos Pappas, avec dans ses bagages une proposition pour sortir de l’impasse. « Les négociations devraient reprendre dimanche et lundi et se conclure si les propositions grecques sont acceptables » précise une source à Bruxelles.Malgré ce nouveau signe d’ouverture, le sentiment était au pessimisme à Bruxelles, vendredi. Car cela fait plus de dix jours que les Européens se sont mis dans la situation de « faire le deal », depuis que la chancelière Merkel et le président Hollande ont réuni à Berlin, le 1er juin, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, et M. Juncker, afin qu’ils se mettent d’accord sur un projet d’accord commun.Or, malgré la multiplication des réunions au sommet, M. Tsipras n’a pas cédé. Il a fait une première série de « contre-propositions », le 8 juin, mais n’a pas semblé comprendre que les créanciers n’étaient plus prêts à transiger. « Ils ne peuvent pas aller plus loin dans le compromis. Cette proposition de début juin est la seule qui ait une chance de passer la barre d’un eurogroupe à dix-neuf membres de la zone euro », précisait une source proche des négociations, vendredi.Joug bruxelloisIl est proposé à Athènes une marge de manœuvre budgétaire (un surplus primaire, avant paiement des dettes), de 1 % de son produit intérieur brut (PIB) en 2015 (2 % en 2016, 3 % en 2017 et 3,5 % en 2018). « On a beaucoup desserré le verrou budgétaire », assure un responsable de haut niveau de la zone euro. Les créanciers exigeaient un objectif de 3,5 % pour 2015, avant l’arrivée de M. Tsipras au pouvoir.En revanche, les créanciers imposent à Athènes une nouvelle réforme des retraites et de la TVA. Mais, ils l’ont répété au premier ministre grec, ces derniers jours : ils sont flexibles. S’il refuse de supprimer les primes aux petites retraites ou d’instaurer une TVA à 23 % pour l’électricité, libre à lui de trouver des mesures alternatives.A Athènes, vendredi – signal inquiétant – les positions politiques se figeaient. Le vice-ministre de la sécurité sociale, Dimitris Stratoulis, proche de M. Tsipras, a couru les plateaux télé pour marteler qu’il n’était pas question que le gouvernement « cède aux pressions des créanciers et accepte de nouvelles baisses des retraites ». Tout au long de la journée, à mesure que les rumeurs de défaut grec enflaient à Bruxelles, Athènes a multiplié les notes aux médias expliquant pourquoi l’offre des créanciers ne pouvait être acceptée en l’état car, à part la revue à la baisse des objectifs d’excédent primaire, elle ne « reprenait aucune des propositions formulées ces quatre derniers mois par les négociateurs grecs ».L’exercice est de fait périlleux pour M. Tsipras, élu sur la promesse d’en finir avec le joug bruxellois, mais obligé de naviguer entre un parti, Syriza, qui menace de ne pas voter au Parlement un « mauvais accord » et une opinion publique partagée entre son désir d’en finir avec l’austérité et sa volonté de rester dans la zone euro.« Faire de la pédagogie »Ce qui inquiète aussi à Bruxelles, Paris ou Berlin, où le message lui a été clairement passé, c’est que le leader grec ne semble pas vouloir non plus accepter le « processus » de décision, les « règles du jeu européennes » que les créanciers veulent lui imposer. Malgré les heures passées par M. Juncker à « faire de la pédagogie » au leader grec. De fait, M. Tsipras a toujours dit vouloir un accord politique, et pourrait parier sur une résolution du conflit au Conseil européen des 25 et 26 juin.Ce sera trop tard, lui répètent ses partenaires. D’abord, il faut que la liste des réformes auxquelles s’engage Athènes soit validée par l’Eurogroupe. Une réunion de ce type est programmée le 18 juin à Luxembourg, il faudrait qu’elle soit conclusive. Puis l’accord doit décrocher le feu vert de plusieurs Parlements nationaux. Dont le Bundestag, pas un des plus favorables à Athènes…Ce processus prenant au bas mot une petite dizaine de jours, c’est pour cela qu’il « ne reste plus que quatre ou cinq jours utiles », confiait, vendredi, une source européenne proche des négociations, pour qu’un accord soit encore possible. Et que puisse être envisagé avant le 30 juin un déboursement de tout ou partie des 7,2 milliards d’euros encore à verser à la Grèce dans le cadre de son plan d’aide internationale.« Personne ne veut passer pour le responsable de l’échec des négociations », ont confié ces derniers jours au Monde des sources diplomatiques, pour expliquer les efforts répétés, à tous les niveaux, notamment au plus haut, pour décrocher un accord. « Surtout Angela Merkel », ajoute une de ces sources. « La chancelière veut aider Tsipras, elle pense qu’il est comme un étudiant en médecine à qui on demande de faire une opération à cœur ouvert », croyait savoir une source diplomatique européenne, vendredi.A la BCE, en l’absence de signal fort avant le 18 juin, on réfléchit à la conduite à tenir. Faut-il envoyer un signal aux marchés ? Une réunion des gouverneurs devrait se tenir mercredi 17 « la question d’une réponse adéquate à la situation y sera soulevée », selon une source européenne. « Si le risque d’un défaut grec grandit, la BCE devra probablement faire une annonce aux marchés » expliquait une source de même niveau ce printemps, quand déjà les inquiétudes sur un possible accident de paiement, à Athènes, étaient apparues.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.06.2015 à 23h26 • Mis à jour le13.06.2015 à 00h46 La militante Ada Colau, tête de liste d’une plateforme d’« indignés », sera investie samedi maire de Barcelone avec les voix d’indépendantistes et de socialistes qui lui permettront d’avoir la majorité absolue, ont annoncé leurs partis vendredi 12 juin.Lire (en édition abonnés) :Manuela Carmena et Ada Colau, deux « indignées » maires de Madrid et BarceloneAda Colau, une des égéries du mouvement des « indignés », était en principe sûre d’être maire, étant arrivée première aux municipales du 24 mai, sa liste obtenant 11 élus. Elle sera aussi soutenue par ERC, un parti de gauche indépendantiste disposant de 5 sièges et les socialistes (quatre sièges).Un plan choc pour BarceloneCette militante anti-expulsions de 41 ans va ainsi devenir la première femme à la tête de Barcelone, qui compte 1,6 million d’habitants. « Nous allons voter pour l’investiture d’Ada Colau par sens des responsabilités parce que nous croyons en l’union des personnes engagées pour la justice sociale, le progrès et le bien-être », a annoncé vendredi Alfred Bosch, chef de file d’ERC dans la ville.Vendredi soir, le conseil du parti socialiste à Barcelone a pris la même décision, selon son candidat Jaume Colboni. Un élu du petit parti antilibéral CUP s’est également engagé à la soutenir. Comme à Madrid, la droite avait tenté de convaincre les socialistes de former une alliance contre la candidate, accusée de menacer l’ordre établi, pour éviter que Barcelone ne devienne « la capitale des anti-systèmes ». Sa tentative n’a pas été suivie d’effet.Ada Colau, qui sera investie samedi à partir de 17 heures, devra cependant nouer des alliances pour obtenir une majorité stable au-delà de cette séance de prise de fonctions, son conseil municipal étant très divisé, avec sept forces en présence. Elle entend en effet mettre en œuvre un plan de choc contre les inégalités à Barcelone, prévoyant de stopper les expulsions de logements, de baisser les tarifs de l’énergie et de mettre en place un revenu minimum de 600 euros. Marie Maurisse (Genève, correspondance) Le vote est sans appel : avec plus de 70 % de « non » selon les résultats partiels, les Suisses s’opposent en bloc à l’introduction d’un impôt national sur les successions. Le référendum, lancé par une coalition de gauche composée notamment du Parti socialiste et des Verts, proposait d’imposer à hauteur de 20 % les successions supérieures à deux millions de francs, soit 1,9 million d’euros.Taux très faiblesUn tiers des fonds récoltés aurait contribué à financer le système des retraites. Mais l’idée n’a pas séduit les électeurs, qui ont préféré maintenir en l’état la situation actuelle. En Suisse, les successions sont imposées différemment dans chaque canton : en Valais par exemple, au cœur des Alpes, les héritiers directs n’en paient aucun contrairement au canton de Vaud, dans la région de Lausanne. Les taux sont cependant très faibles, en comparaison internationale.Mais en supprimant ces différences au sein même de la Suisse, la gauche entendait lutter contre la concurrence fiscale et mieux répartir les richesses dans le pays. La droite, au contraire, craignait qu’un taux fédéral unique ne crèe un handicap pour les PME, moteurs de croissance.« Un poison pour nos entreprises »« De nouvelles charges et une insécurité juridique accrue auraient été une forme de poison pour nos entreprises », a rappelé l’organisation patronale Economiesuisse. Dans le camp d’en face, la députée socialiste Jacqueline Badran se désole : « La population pense que les personnes très riches sont utiles à la société », dit-elle au journal 24 Heures.Pour le quotidien romand Le Temps, « il faut voir dans le net échec de dimanche un sentiment de lassitude de la part de l’électorat, que la gauche a trop fréquemment convoqué aux urnes pour de nouveaux impôts ou des contraintes économiques jugées inopportunes, tout particulièrement dans le contexte difficile provoqué par l’abandon du taux plancher en début d’année ».La hausse du franc suisse qui en a découlé a récemment poussé le ministère de l’Économie à revoir ses prévisions à la baisse avec +0,9 % de croissance du PIB en 2015.Marie Maurisse (Genève, correspondance)Journaliste au Monde Philippe Ridet (Rome, correspondant) Elections, acte II. Après les scrutins du 31 mai dans sept régions et plus de 1 000 communes, les bureaux électoraux se sont rouverts, dimanche 14 juin, pour le deuxième tour dans 72 villes dont douze chefs-lieux de province. Mais une seule retient l’attention : Venise, où s’affrontent, pour la gauche, l’ancien juge Felice Casson (38 % des suffrages au premier tour) et Liugi Brugnaro, un entrepreneur propriétaire de l’équipe de basket locale. Eliminé, le Mouvement 5 Étoiles (11 %) joue les arbitres de ce duel incertain. Le parti de Beppe Grillo n’a, comme à son habitude, dicté aucune consigne de vote en expliquant que les électeurs n’étaient pas des moutons.Pour le Parti démocrate (PD) et le premier ministre, Matteo Renzi, ce scrutin est un nouveau test politique. Le 31 mai, il a remporté la Campanie mais perdu la Ligurie. Le président du Conseil, qui rêvait d’un 7-0, a dû se contenter d’un 5-2. Mais le véritable enseignement de ces élections régionales marquées par une forte abstention (50 %), reste l’effondrement (en termes de voix) du Parti démocrate (25 %, contre 41 %, un an plus tôt aux élections européennes), la tenue du Mouvement 5 Étoiles, qui reste la deuxième formation d’Italie, et la remontée de la Ligue du Nord, qui a surfé sur la vague du rejet de l’immigration et de l’Europe.Lire aussi :En Italie, première alerte électorale pour Matteo RenziUn « test moral »Mais Venise est aussi un « test moral ». Au printemps 2014, le conseil municipal, guidé par le maire de gauche, Giorgio Orsini, était dissous à la suite de la découverte d’un réseau de corruption, mêlant entrepreneurs et politiques, en marge des travaux de construction de la digue géante (projet Mose). Depuis, l’administration de la cité des Doges a été confiée à un représentant de l’Etat. S’il parvient à conserver la ville en confiant cette fois sa destinée à un ancien juge réputé incorruptible, le Parti démocrate aura démontré qu’il est capable de se renouveler et conserve malgré tout son image de « parti des honnêtes gens ». Venise resterait alors une des rares enclaves de gauche dans une région, la Vénétie, dominée par la Ligue du Nord.Mais d’autres événements sont venus troubler la réputation du PD. A Rome, cette fois, où là encore des hommes politiques, de tous bords, et des entrepreneurs sont aux arrêts pour corruption. Même si les faits concernent l’ancien maire de droite, Gianni Alemanno, ils fragilisent l’actuel premier élu, Ignazio Marino (gauche). Les appels à sa démission se multiplient, comme celui lancé par l’hebdomadaire L’Espresso, afin que de nouvelles élections permettent à M. Marino de retrouver sa légitimité et lui donnent les moyens de « faire le ménage » dans son équipe et son administration. Une opération moralement souhaitable, mais politiquement risquée.Si l’enquête, toujours en cours, devait conclure à des « infiltrations de type mafieux » dans les rouages de la Ville éternelle, celle-ci, comme à Venise, pourrait être placée provisoirement sous administration préfectorale.Lire aussi :Les élections régionales en Italie soulignent les fractures au sein des partisPhilippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.06.2015 à 19h31 Depuis deux jours, des gendarmes français les empêchaient de franchir la frontière. La police italiennt est intervenue samedi 13 juin, en fin d’après-midi, pour disperser les quelque 200 migrants rassemblés à Vintimille, à quelques encablures de la frontière franco-italienne.Equipés de casques, visières et boucliers, les policiers italiens tentaient sans ménagement de repousser les migrants en direction de la ville italienne de Vintimille, à 5 km du poste-frontière.Lire aussi :Gare de Nice : terminus des espoirs des migrantsSelon un responsable local de la police italienne, les forces de l'ordre souhaitaient éloigner les migrants de la frontière pour les emmener en bus vers des centres d'accueil de la province d'Imperia.Les voisins de l’Italie ont bouclé leurs frontièresUne cinquantaine d'hommes, qui souhaitaient passer la frontière, refusaient d'obtempérer et s'étaient réfugiés sur des rochers. « Où sont les droits de l'homme? » criaient certains, après avoir été bousculés par les policiers italiens.La majorité des migrants s'est finalement pliée aux ordres de la police et est partie à pied en direction d'un tunnel sur la route conduisant à Vintimille. Ces 150 à 200 migrants, pour la plupart en provenance d'Afrique, bloqués depuis jeudi par les autorités françaises à la frontière franco-italienne, demandaient pacifiquement qu'on les « laisse passer » pour qu'ils puissent gagner le pays européen de leurs rêves.Lire aussi :Les propositions de Paris pour l’accueil des migrantsPlus de 50 000 personnes ont débarqué depuis le début de l'année sur les côtes de l'Italie. La plupart souhaitent se rendre dans d'autres pays d'accueil, mais se retrouvent face à des frontières de plus en plus infranchissables. Voisines de l'Italie, la France, la Suisse et l'Autriche ont toutes bouclé leurs frontières. Seul le passage par la Slovénie reste parfois possible. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Les responsables de la zone euro se préparent au pire. Ils craignent qu’un accord « réformes contre argent frais » entre Athènes et ses créanciers – Banque centrale européenne (BCE), Commission de Bruxelles et Fonds monétaire international (FMI) – ne puisse pas être trouvé. Et qu’un défaut de paiement grec, aux conséquences imprévisibles, advienne. D’ici quelques semaines, quand la Grèce, à court d’argent, se retrouvera dans l’incapacité de rembourser le FMI (1,6 milliard d’euros, dus au 30 juin), ou la BCE (3,5 milliards d’euros dus au 20 juillet).Pour la première fois depuis le début du bras de fer avec le gouvernement de la gauche radicale du premier ministre Alexis Tsipras, il y a maintenant presque cinq mois, ses partenaires de l’union monétaire « ont évoqué la nécessité de préparer un plan B, lors de la réunion des directeurs du Trésor de la zone euro, jeudi 11 juin, à Bratislava », assure une source européenne. Selon nos informations, ces responsables se seraient inquiétés du fait que la Grèce ne dispose pas d’une loi encadrant le contrôle des capitaux. En cas de défaut de paiement de l’Etat grec, les créanciers craignent un mouvement de panique des épargnants, entrainant des sorties massives de capitaux pouvant conduire des banques à la faillite.« Il y a une prise de conscience dans les institutions [BCE, FMI, Commission européenne] qu’il faut se préparer à un défaut de paiement de la Grèce », ajoutait vendredi une autre source européenne, pourtant d’habitude très prudente. Un scénario qui a provoqué la chute de la Bourse d’Athènes le même jour (– 5,92 %).« Prendre la mesure de la situation »« Nous devons évaluer toutes les possibilités, mais j’espère que les autorités grecques vont prendre la mesure de la situation », a dit à l’AFP, vendredi, Rimantas Sadzius, le ministre lituanien des finances. Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, qui se démène depuis des semaines pour éviter le scénario du pire, et qui a passé à nouveau deux longues heures avec M. Tsipras, jeudi à Bruxelles, « a fait à ce moment-là une dernière tentative pour rendre un “deal” possible », selon une source diplomatique.Ces messages alarmistes sont-ils un moyen d’obtenir de la Grèce le compromis décisif ? Probablement. Car même si Athènes a démenti, vendredi, que de telles discussions sur un défaut aient eu lieu, même si des sources gouvernementales ont relativité les menaces – « à chaque fois, ces cinq dernières années, que les négociations se sont tendues, on nous a dit que le “Grexit” était imminent ; les Grecs n’y croient plus » –, M. Tsipras a tout de même annoncé qu’il dépêchait une nouvelle fois à Bruxelles, samedi 13 juin, une équipe de négociateurs. Dont son bras droit, Nikos Pappas, avec dans ses bagages une proposition pour sortir de l’impasse. « Les négociations devraient reprendre dimanche et lundi et se conclure si les propositions grecques sont acceptables » précise une source à Bruxelles.Malgré ce nouveau signe d’ouverture, le sentiment était au pessimisme à Bruxelles, vendredi. Car cela fait plus de dix jours que les Européens se sont mis dans la situation de « faire le deal », depuis que la chancelière Merkel et le président Hollande ont réuni à Berlin, le 1er juin, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, et M. Juncker, afin qu’ils se mettent d’accord sur un projet d’accord commun.Or, malgré la multiplication des réunions au sommet, M. Tsipras n’a pas cédé. Il a fait une première série de « contre-propositions », le 8 juin, mais n’a pas semblé comprendre que les créanciers n’étaient plus prêts à transiger. « Ils ne peuvent pas aller plus loin dans le compromis. Cette proposition de début juin est la seule qui ait une chance de passer la barre d’un eurogroupe à dix-neuf membres de la zone euro », précisait une source proche des négociations, vendredi.Joug bruxelloisIl est proposé à Athènes une marge de manœuvre budgétaire (un surplus primaire, avant paiement des dettes), de 1 % de son produit intérieur brut (PIB) en 2015 (2 % en 2016, 3 % en 2017 et 3,5 % en 2018). « On a beaucoup desserré le verrou budgétaire », assure un responsable de haut niveau de la zone euro. Les créanciers exigeaient un objectif de 3,5 % pour 2015, avant l’arrivée de M. Tsipras au pouvoir.En revanche, les créanciers imposent à Athènes une nouvelle réforme des retraites et de la TVA. Mais, ils l’ont répété au premier ministre grec, ces derniers jours : ils sont flexibles. S’il refuse de supprimer les primes aux petites retraites ou d’instaurer une TVA à 23 % pour l’électricité, libre à lui de trouver des mesures alternatives.A Athènes, vendredi – signal inquiétant – les positions politiques se figeaient. Le vice-ministre de la sécurité sociale, Dimitris Stratoulis, proche de M. Tsipras, a couru les plateaux télé pour marteler qu’il n’était pas question que le gouvernement « cède aux pressions des créanciers et accepte de nouvelles baisses des retraites ». Tout au long de la journée, à mesure que les rumeurs de défaut grec enflaient à Bruxelles, Athènes a multiplié les notes aux médias expliquant pourquoi l’offre des créanciers ne pouvait être acceptée en l’état car, à part la revue à la baisse des objectifs d’excédent primaire, elle ne « reprenait aucune des propositions formulées ces quatre derniers mois par les négociateurs grecs ».L’exercice est de fait périlleux pour M. Tsipras, élu sur la promesse d’en finir avec le joug bruxellois, mais obligé de naviguer entre un parti, Syriza, qui menace de ne pas voter au Parlement un « mauvais accord » et une opinion publique partagée entre son désir d’en finir avec l’austérité et sa volonté de rester dans la zone euro.« Faire de la pédagogie »Ce qui inquiète aussi à Bruxelles, Paris ou Berlin, où le message lui a été clairement passé, c’est que le leader grec ne semble pas vouloir non plus accepter le « processus » de décision, les « règles du jeu européennes » que les créanciers veulent lui imposer. Malgré les heures passées par M. Juncker à « faire de la pédagogie » au leader grec. De fait, M. Tsipras a toujours dit vouloir un accord politique, et pourrait parier sur une résolution du conflit au Conseil européen des 25 et 26 juin.Ce sera trop tard, lui répètent ses partenaires. D’abord, il faut que la liste des réformes auxquelles s’engage Athènes soit validée par l’Eurogroupe. Une réunion de ce type est programmée le 18 juin à Luxembourg, il faudrait qu’elle soit conclusive. Puis l’accord doit décrocher le feu vert de plusieurs Parlements nationaux. Dont le Bundestag, pas un des plus favorables à Athènes…Ce processus prenant au bas mot une petite dizaine de jours, c’est pour cela qu’il « ne reste plus que quatre ou cinq jours utiles », confiait, vendredi, une source européenne proche des négociations, pour qu’un accord soit encore possible. Et que puisse être envisagé avant le 30 juin un déboursement de tout ou partie des 7,2 milliards d’euros encore à verser à la Grèce dans le cadre de son plan d’aide internationale.« Personne ne veut passer pour le responsable de l’échec des négociations », ont confié ces derniers jours au Monde des sources diplomatiques, pour expliquer les efforts répétés, à tous les niveaux, notamment au plus haut, pour décrocher un accord. « Surtout Angela Merkel », ajoute une de ces sources. « La chancelière veut aider Tsipras, elle pense qu’il est comme un étudiant en médecine à qui on demande de faire une opération à cœur ouvert », croyait savoir une source diplomatique européenne, vendredi.A la BCE, en l’absence de signal fort avant le 18 juin, on réfléchit à la conduite à tenir. Faut-il envoyer un signal aux marchés ? Une réunion des gouverneurs devrait se tenir mercredi 17 « la question d’une réponse adéquate à la situation y sera soulevée », selon une source européenne. « Si le risque d’un défaut grec grandit, la BCE devra probablement faire une annonce aux marchés » expliquait une source de même niveau ce printemps, quand déjà les inquiétudes sur un possible accident de paiement, à Athènes, étaient apparues.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.06.2015 à 23h26 • Mis à jour le13.06.2015 à 00h46 La militante Ada Colau, tête de liste d’une plateforme d’« indignés », sera investie samedi maire de Barcelone avec les voix d’indépendantistes et de socialistes qui lui permettront d’avoir la majorité absolue, ont annoncé leurs partis vendredi 12 juin.Lire (en édition abonnés) :Manuela Carmena et Ada Colau, deux « indignées » maires de Madrid et BarceloneAda Colau, une des égéries du mouvement des « indignés », était en principe sûre d’être maire, étant arrivée première aux municipales du 24 mai, sa liste obtenant 11 élus. Elle sera aussi soutenue par ERC, un parti de gauche indépendantiste disposant de 5 sièges et les socialistes (quatre sièges).Un plan choc pour BarceloneCette militante anti-expulsions de 41 ans va ainsi devenir la première femme à la tête de Barcelone, qui compte 1,6 million d’habitants. « Nous allons voter pour l’investiture d’Ada Colau par sens des responsabilités parce que nous croyons en l’union des personnes engagées pour la justice sociale, le progrès et le bien-être », a annoncé vendredi Alfred Bosch, chef de file d’ERC dans la ville.Vendredi soir, le conseil du parti socialiste à Barcelone a pris la même décision, selon son candidat Jaume Colboni. Un élu du petit parti antilibéral CUP s’est également engagé à la soutenir. Comme à Madrid, la droite avait tenté de convaincre les socialistes de former une alliance contre la candidate, accusée de menacer l’ordre établi, pour éviter que Barcelone ne devienne « la capitale des anti-systèmes ». Sa tentative n’a pas été suivie d’effet.Ada Colau, qui sera investie samedi à partir de 17 heures, devra cependant nouer des alliances pour obtenir une majorité stable au-delà de cette séance de prise de fonctions, son conseil municipal étant très divisé, avec sept forces en présence. Elle entend en effet mettre en œuvre un plan de choc contre les inégalités à Barcelone, prévoyant de stopper les expulsions de logements, de baisser les tarifs de l’énergie et de mettre en place un revenu minimum de 600 euros. 12.06.2015 à 15h12 • Mis à jour le12.06.2015 à 17h31 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) La Cour constitutionnelle belge a adopté, jeudi 11 juin, un arrêt qualifié d’« historique », qui annule une loi de juillet 2013 sur la conservation des données liées à des communications électroniques et téléphoniques. Pour les juges belges, ces dispositions, discriminatoires et contraires aux principes d’égalité, violent la vie privée des citoyens et le secret de certaines professions.La loi, adoptée par le gouvernement belge et entrée en vigueur depuis l’automne dernier, obligeait les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) et les opérateurs de téléphonie – mobile et fixe – à conserver durant douze mois toutes les métadonnées (origine et destination des courriels, date et identité des sites visités, localisation et identification des appareils, etc.). L’obligation ne s’appliquait pas, en revanche, au contenu des communications.Les opérateurs avaient dû constituer des services spéciaux, chargés de répondre aux demandes de la police, des parquets ou des juges d’instruction. La sûreté de l’Etat et les services de renseignement militaires pouvaient également réclamer des informations.Directive européenne trop largeLe texte transposait en fait – en étendant son champ d’action – une directive européenne de 2006, cassée par la Cour de justice de Luxembourg, qui avait estimé que ces dispositions axées sur la lutte antiterroriste bafouaient les droits à la protection de la vie privée et à la protection des données, « sans limitation au strict nécessaire ». Les juges de Luxembourg avaient surtout mis en évidence le manque de garanties quant à l’encadrement de l’accès aux données.C’est en se fondant notamment sur cet arrêt de la Cour européenne que la Ligue des droits de l’homme belge et l’Ordre des barreaux francophones et germanophone de Belgique ont introduit un recours. Les avocats insistaient sur la mise en cause de leur secret professionnel, à la base de leurs relations avec leurs clients.Les juges constitutionnels ont donné raison aux plaignants, en relevant notamment que le texte du gouvernement ne liait pas la conservation des donnés à une quelconque menace pour la sécurité publique.Comparaison avec la loi sur le renseignement françaiseLe président de la Ligue des droits de l’homme, Me Alexis Deswaef, a dit espérer que cet arrêt aura l’effet d’un « électrochoc » pour le gouvernement. Son confrère Jean-François Henrotte, représentant des barreaux, souligne, dans le quotidien Le Soir, que « la plupart des Etats européens ont abandonné la mise en place de législations de ce type ». Toutefois, « on observe l’effet inverse en France, avec l’adoption d’une loi sur le renseignement, mais il faut replacer tout cela dans le contexte des récents attentats », nuance l’avocat.Lire aussi :Après un débat focalisé sur le terrorisme, le Sénat vote largement la loi sur le renseignementDu côté de la police et de la justice, les réactions de dépit sont nombreuses. Les spécialistes prédisent des enquêtes plus longues et plus complexes. Philippe Van Linthout, coprésident de l’Association des juges d’instruction, estime que les garanties offertes par la loi pour éviter les abus étaient suffisantes et pouvaient entraîner des sanctions.L’arrêt a visiblement eu l’effet d’une douche froide pour le gouvernement du libéral Charles Michel. Les ministres de la justice, de l’agenda numérique et de la vie privée promettaient d’examiner attentivement la décision de la Cour avant de proposer, le cas échéant, un nouveau texte, négocié dans le cadre du Parlement du Benelux.Lire aussi :Le Conseil constitutionnel se prononcera sur l’accès administratif aux données de connexionJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.06.2015 à 11h28 • Mis à jour le12.06.2015 à 13h43 L’affaire n’ira donc pas plus loin. Le parquet fédéral allemand a annoncé, vendredi 12 juin, le classement sans suite de l’enquête sur l’espionnage présumé du téléphone portable de la chancelière allemande par la NSA, l’agence de sécurité américaine.La justice allemande estime ne pas avoir trouvé suffisamment de preuves pour qu’il y ait matière à un procès. Les accusations « ne peuvent pas être prouvées légalement dans le cadre du droit pénal », selon le parquet de Karlsruhe, dans le sud-ouest du pays.Le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert, n’a pas souhaité commenter cette décision mais il a toutefois ajouté :« Cela ne concerne pas en priorité le portable ou les communications (de Mme Merkel), ça concerne tous les citoyens (...) Il s’agit de savoir si le droit allemand est respecté par nos partenaires. Cela concerne les différences d’opinion que nous avons avec nos partenaires sur l’équilibre à tenir entre l’exigence de sécurité et la protection des données personnelles »Lire aussi :La justice intervient dans l’affaire d’espionnage qui gêne Angela MerkelVirevolte diplomatiqueL’Allemagne avait été choquée à l’été 2013 par les révélations de l’ancien consultant de la NSA Edward Snowden portant sur un vaste système de surveillance des conversations téléphoniques et des communications des Allemands pendant plusieurs années.Le scandale avait profondément affecté la relation de Berlin avec les Etats-Unis, traditionnellement très étroite. « L’espionnage entre amis, cela ne va pas du tout », avait alors déclaré Angela Merkel.Cette dernière soupçonnait aussi la NSA d’avoir écouté les communications de son propre téléphone portable. Elle avait fait savoir que « le gouvernement fédéral avait obtenu des informations selon lesquelles le téléphone portable de la chancelière pourrait être écouté par les services américains ». Le président américain Barack Obama avait alors exclu de futures opérations d’espionnage de Mme Merkel, laissant de facto entendre qu’elles avaient eu lieu dans le passé. Le procureur fédéral allemand, Harald Range, avait annoncé l’ouverture d’une enquête en juin 2014 sur les écoutes présumées de la chancelière par la NSA.Lire aussi :Liaisons dangereuses entre services secrets allemands et américains 11.06.2015 à 20h04 • Mis à jour le11.06.2015 à 20h56 Le copilote de l’A320 de la compagnie Germanwings qui a précipité l’avion dont il avait le contrôle le 24 mars dans les Alpes-de-Haute-Provence, faisant 150 morts, dont lui-même, avait vu « 41 médecins en cinq ans », dont 7 dans le mois précédant le crash, a déclaré jeudi 11 juin le procureur de Marseille.Andreas Lubitz, « soucieux de sa santé et [qui] craignait de perdre la vue », souffrait d’une grave dépression, d’une « psychose accompagnée de troubles de la vue sans résultats organiques », a expliqué Brice Robin lors d’une conférence de presse à Paris, à l’issue d’une rencontre avec les familles des victimes.Lire aussi :Crash de l’avion Germanwings : le copilote avait « répété » son gesteLubitz était inapte à voler, selon certains de ses médecinsDes médecins ayant reçu le copilote comme patient avaient d’ailleurs estimé avant le crash qu’il était inapte à voler, sans toutefois prévenir la compagnie aérienne en raison du secret médical en vigueur outre-Rhin.En Allemagne, les médecins risquent la prison s’ils divulguent des informations sur leurs patients, sauf preuve que ces derniers ont l’intention de commettre un crime ou de nuire à eux-mêmes.Au cours d'un entretien de plus de quatre heures avec les proches, le procureur a par ailleurs annoncé que les fragments humains non identifiables des victimes du crash seraient inhumés dans « une sépulture collective » dans la ville du Vernet, à quelques kilomètres de la zone de l'accident.Ouverture d’une information judiciaire pour homicides involontairesLe procureur a annoncé l’ouverture prochaine d’une information judiciaire contre X pour homicides involontaires et qui sera confiée à trois juges d’instruction. « Le droit pénal français m’interdit d’ouvrir une information judiciaire pour assassinat, puisque l’auteur est décédé », a expliqué Brice Robin.Une sépulture collective pour les fragments humains non identifiablesLes fragments humains non identifiables des victimes du crash seront inhumés dans « une sépulture collective » dans la ville du Vernet (Alpes-de-Haute-Provence), à quelques kilomètres de la zone de l’accident, a également assuré M. Robin.« Tout ce qui a été anatomiquement identifiable est passé dans la chaîne d’identification. L’autorité publique a décidé d’une sépulture collective au Vernet pour les fragments humains non identifiables », a déclaré le procureur, précisant que le lieu avait été choisi pour sa proximité de la zone du crash.Près de trois mois après la tragédie qui a fait 150 morts, seuls les corps de 44 victimes allemandes ont été transférés outre-Rhin, par un vol spécial mardi. Lufthansa, maison mère de Germanwings, a annoncé mercredi qu’un deuxième vol devait transférer une trentaine de dépouilles de Marseille à Barcelone le 15 juin et les rapatriements dans les 18 pays d’origine des victimes être « achevés à la fin de juin ».Lire aussi :Les corps de 44 victimes du crash de Germanwings sont arrivés en Allemagne 11.06.2015 à 19h03 L’ambassadrice américaine auprès de l’ONU, Samantha Power, s’est livrée à un violent réquisitoire contre le rôle de Moscou dans la guerre en Ukraine. En déplacement à Kiev, elle a dénoncé jeudi 11 juin « les mensonges éhontés » de la Russie qui « arme et finance » les séparatistes prorusses de l’Est et « combat à leurs côtés ».Lire aussi :Reprise des combats dans l'est de l'Ukraine« L’accent mis sur l’Ukraine au Conseil de sécurité est important parce que cela me permet au nom des États-Unis d’exposer les preuves de plus en plus nombreuses de l’agression russe, de son obscurcissement [de la situation] et de ses mensonges éhontés », a déclaré la diplomate face à plusieurs centaines d’Ukrainiens réunis dans le Palais d’octobre, à deux pas de la place Maïdan.Mme Power a rappelé l’« occupation de la Crimée par les troupes russes » qui a duré trois semaines avant son annexion en mars 2014, ce « que la Russie avait nié à l’époque mais qu’elle a depuis admis ». Le Kremlin « continue de nier » le fait que la Russie « forme, arme, finance » les séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine et « combat à leurs côtés », a-t-elle poursuivi.Lire aussi :Les pertes militaires russes en temps de paix sont désormais des secrets d’EtatKiev et les Occidentaux accusent le Kremlin d’équiper les rebelles et d’y avoir déployé des troupes régulières — jusqu’à 10 000 aux côtés de 33 000 rebelles selon le ministre ukrainien de la Défense. Malgré la multiplication des preuves sur la participation de soldats russes, Moscou dément toute implication dans le conflit qui a fait plus de 6 400 morts depuis avril 2014, ne concédant que la présence de « volontaires » russes partis de leur propre gré soutenir les combattants séparatistes.« Si la Russie continue de violer les règles sur lesquelles sont basées la paix et la sécurité internationale, les Etats-Unis continueront de lui en faire payer le prix », a poursuivi Samatha Power en référence aux sanctions occidentales contre Moscou.Le président américain Barack Obama et six autres chefs d’Etat des pays du G7 ont unanimement lié, lundi, la question de la levée des sanctions contre la Russie à « la mise en œuvre intégrale des accords de Minsk » de février sur un cessez-le-feu en Ukraine et au « respect de la souveraineté » de Kiev.Lire aussi :Le G7 affiche sa fermeté contre la Russie Philippe Ridet (Rome, correspondant) Secrétaire fédéral du parti anti-euro et anti-immigration de la Ligue du Nord, député européen et allié au Front national au Parlement européen, Matteo Salvini prône la sortie de l’Italie de la zone euro. Pourtant, il ne soutient pas le premier ministre grec, Alexis Tsipras, qui a décidé d’un référendum, le 5 juillet, sur le plan d’aides à la Grèce.Vous êtes allé en Ecosse pour soutenir l’indépendance. Êtes-vous prêt à vous rendre à Athènes pour soutenir le « non » au référendum que le gouvernement grec organise ?Ce sont deux choses différentes. En Ecosse c’est l’avenir d’une nation qui était en jeu. En Grèce, ce sont les choix trompeurs du passé qui sont en cause. On ne décide pas d’organiser une consultation populaire avec les banques fermées, et l’eau jusqu’au cou.Pourtant, M. Tsipras rejette le modèle européen que vous combattez également…Je suis contre cette Europe, contre ces politiques assassines. Mais, si j’avais été à la place de Tsipras, je n’aurais pas attendu si longtemps avant de décider une consultation. Il n’a jamais mis en cause la monnaie unique, au nom d’une certaine idéologie de gauche.Vous êtes en faveur du « non », mais vous ne soutenez pas TsiprasOui, c’est comme ça. Tsipras est de gauche, même si je lui reconnais le mérite de remettre en cause les politiques européennes.Comment voyez-vous l’avenir de la Grèce ?J’espère avant tout que les Grecs retrouveront du travail et cesseront de payer pour les mauvaises politiques qui leur ont été imposées.Comment réagissez-vous en voyant les files d’attentes devant les banques en Grèce ? Est-ce que vous voulez pour l’Italie en la faisant sortir de la zone euro ?Il ne faut pas tout confondre : les queues devant les banques et la panique ne sont pas la conséquence de l’imminence du référendum mais de la politique que l’Europe a eue envers la Grèce au cours de ces dernières années.C’est pourtant ce qu’il risque de se passer si vous accédez au pouvoir.Je n’ai jamais pensé qu’un pays pouvait sortir de l’euro tout seul. C’est tous ensemble que nous devons claquer la porte.Il va vous falloir du temps pour convaincre tout le monde…Tous les pays finissent par changer d’avis.Matteo Renzi ne s’est pas exprimé depuis l’annonce du référendum grec. Pourquoi selon vous ?Je n’en sais rien. Au moins, comme ça, il ne dit pas de bêtises.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Maria Koutsovoulou (Professeur à ESCP Europe) et Pascal Morand (Directeur général adjoint de la CCI Paris Ile-de-France) Faut-il s’étonner de la perspective de plus en plus tangible d’un « Grexit » [contraction de Grèce et exit], de la supposée incapacité de la Grèce à rentrer dans le rang et à gérer ses problèmes structurels ?Est-il raisonnable de s’acharner à lui asséner qu’elle est un mauvais élève qui de surcroît met en danger les autres pays du sud de l’Europe voire l’Union économique et monétaire elle-même par un effet de contagion ? Faut-il imputer uniquement à la méthode de négociation d’Alexis Tsipras, pour contestable qu’elle apparaisse, la responsabilité totale de cet échec ?Pour comprendre la situation dans laquelle la Grèce se trouve aujourd’hui, il faut en revenir aux raisons qui l’ont amenée à adhérer à la monnaie unique et donner à la politique et à la culture la place qui leur reviennent.Nous savons bien que les conditions économiques légitimant l’instauration de la monnaie unique étaient alors loin d’être réunies : l’Europe n’était pas - tant s’en faut ! - une zone monétaire optimale et le problème était beaucoup plus aigu pour la Grèce. La participation à la monnaie unique était en tant que telle déraisonnable.Théorie du complotLe politique est intervenu en toutes circonstances, c’était déjà le cas avec le « deal » passé entre Helmut Kohl et François Mitterrand en 1989 : l’acceptation par la France de la réunification allemande en échange de l’acceptation par l’Allemagne de la monnaie unique.S’agissant de la Grèce, Constantin Mitsotakis, premier ministre de 1990 à 1993, déclara au Monde en novembre 1992 : « La sécurité et l’union politique sont essentielles. Quand je parle avec mes amis danois – qui ont dit non à Maastricht –, je leur dis vous pouvez vous permettre de voter contre l’Europe et la défense commune parce que vous n’avez pas de problèmes, dans le nord. S’ils étaient à notre place, isolés et entourés de dangers, ils n’auraient sans doute pas fait le même choix ».La complexité de la situation dans les Balkans et la proximité immédiate de la Turquie ont évidemment joué un rôle important, comme lors de l’entrée dans la Communauté européenne, où la Grèce avait été accueillie avec d’autant plus de chaleur qu’elle fut le berceau de l’Europe. Des réformes structurelles « classiques » furent mises en œuvre dès 1990 et la politique de la drachme forte, qui avait été instaurée de facto en 1987, fut confirmée.Tout Grec est insupporté par la corruption et le gaspillage, mais on ne peut envisager une réforme de l’Etat sans avoir à l’esprit que cet Etat, dans la conscience grecque, n’est pas digne d’être valorisé et écouté car il rappelle ce qu’il fut sous l’ère ottomaneUn premier prêt de 2,2 milliards d’ECU fut accordé début 1991. Toutefois, les caractéristiques structurelles de la culture et de l’économie grecques n’ont pas changé. La déesse Europe s’est transformée en Danaïdes, s’étonnant de ce que les Grecs ne lui en soient pas reconnaissants. Et la situation s’est détériorée après l’instauration de la monnaie unique, les salaires et les prix ayant augmenté bien au-delà de ce qu’une économie fragile pouvait endurer.La stabilité repose toujours sur un triptyque cohérent réunissant l’économie, la politique et la culture. La défaillance de l’un met l’ensemble en danger. Probablement la Grèce n’a-t-elle pu à ce jour réunir ces trois composantes. L’identité grecque moderne s’est historiquement formée autour de trois piliers : le sentiment de sa supériorité résultant de l’expansion de la culture et de la philosophie grecques, son héroïsme, réel ou idéalisé, incarné par sa capacité à résister et à survivre à travers les multiples épreuves subies (empire ottoman, occupation nazie, dictature des colonels) et enfin son sentiment de défiance qui s’exprime le plus souvent dans « la théorie du complot » définie comme « cet autre qui nous veut du mal ».L’Europe dogmatique et manipulatriceSi les sentiments de supériorité et d’héroïsme sont plus aisément compréhensibles car ils sont partagés par la plupart des nations, le sentiment de défiance est davantage une spécificité grecque. C’est à cette défiance dirigée envers l’autre en dehors de la Grèce mais également envers l’autre au sein de la Grèce (l’Etat) que se situe la clé de la compréhension de la posture grecque actuelle face aux différents fronts de la crise, économique, sociale, politique et européenne. C’est à cette défiance par rapport à l’Europe perçue comme dogmatique et manipulatrice que se situe également l’explication de l’élection triomphante de Syriza et de la coalition de cette dernière avec le parti nationaliste des Grecs Indépendants.Quoi qu’il en soit, tout Grec est insupporté par la corruption et le gaspillage, mais on ne peut envisager une réforme de l’Etat sans avoir à l’esprit que cet Etat, dans la conscience grecque, n’est pas digne d’être valorisé et écouté car il rappelle immanquablement ce qu’il fut sous l’ère ottomane, qui n’est pas si ancienne.Sous un autre angle, l’Union économique et monétaire a déplacé le centre de gravité idéologique et culturel de l’Europe de Rome à Wittemberg : le pacte de stabilité et de croissance, conformément à l’éthique luthérienne, exhale une logique visant à donner le premier rôle au respect de l’écrit et de la règle et à l’effort, qui jamais ne doit se relâcher. L’Allemagne ne peut en être accusée, car elle est pénétrée de l’idée que la transgression des règles conduit au néant, ce que son histoire n’a pas démenti.Mais c’est une mutation qu’il est difficile d’assumer pour les pays du sud de l’Europe, davantage encore pour la Grèce, où l’Orthodoxie a donné à la voie empruntée par le christianisme la teneur d’un chemin de velours.L’euro étant un projet politique et culturel tout autant qu’il est économique, c’est aussi en fonction de ces trois champs qu’il faudra décrypter les résultats du référendum et concevoir ensuite, quels qu’en soient les résultats, une histoire partagée qui mettra un terme à l’incompréhension mutuelle et redonnera aux Grecs comme aux autres Européens une forme d’espérance.Maria Koutsovoulou (Professeur à ESCP Europe)Pascal Morand (Directeur général adjoint de la CCI Paris Ile-de-France) Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Angela Merkel n’avait plus eu recours à sa phrase fétiche depuis plusieurs semaines. Lundi, elle l’a répétée à trois reprises : « Si l’euro échoue, l’Europe échoue » a-t-elle dit. D’abord devant 600 invités réunis lundi matin à l’occasion des 70 ans de la CDU, puis lors de la conférence tenue dans l’après-midi aux côtés de Sigmar Gabriel (président du parti social-démocrate) à l’issue d’une réunion de crise tenue avec les dirigeants de la majorité mais aussi de l’opposition.Lire aussi :Pour Angela Merkel, c’est aux Grecs de trouver le moyen de sortir de la criseLes deux dirigeants ont tenu à mettre les Grecs en garde, tout en prenant soin de ne pas insulter l’avenir. La mise en garde : le référendum de dimanche est décisif pour le maintien de la Grèce dans la zone euro. Sigmar Gabriel, le vice-chancelier, a même été plus clair qu’Angela Merkel. Selon lui, la question posée est « oui ou non au maintien dans la zone euro ». Une formule qu’Angela Merkel, qui connaît la sensibilité des Grecs – un peuple qu’elle a qualifié de « fier » – a pris soin de ne pas employer.« Solidarité et efforts vont de pair »L’avenir : quelle que soit l’issue du référendum, les responsables européens sont prêts à « négocier ». Mais pas avant. « Une négociation avant le référendum n’a pas de sens » a indiqué dans la matinée Volker Kauder, président du groupe CDU au Bundestag. A Berlin, on dit qu’Angela Merkel n’était déjà pas favorable au sommet extraordinaire convoqué lundi 22 juin par Donald Tusk et qui, de fait, n’a pas servi à grand-chose. Elle est donc très « prudente » face à l’organisation d’un nouveau sommet européen cette semaine. Si elle veut bien négocier, l’Allemagne n’est pas prête à céder grand-chose. « La position ne changera pas : solidarité et efforts vont de pair », a indiqué Angela Merkel, qui a déploré que « la volonté de compromis [n’était] pas du côté grec » et que, dans une négociation, « personne ne peut obtenir 100 % ».Lire aussi :Pour Juncker, « un non des Grecs au référendum serait un non à l’Europe »Sigmar Gabriel a eu des mots très durs contre le gouvernement grec, estimant qu’Alexis Tsipras veut « politiquement, idéologiquement une autre zone euro ». Il a estimé que les Européens avaient déjà fait des propositions « généreuses » à la Grèce. Pas question d’aide « sans condition », a affirmé le vice-chancelier. A lire entre les lignes, il semble donc que l’Allemagne considère que l’Union européenne a davantage à perdre en faisant des concessions importantes à Athènes, pour maintenir la Grèce dans la zone euro, qu’à se montrer ferme face à M.Tsipras.Pas de voyage à Athènes pour Angela MerkelUn « Grexit » (la possibilité que la Grèce quitte l’Eurozone) ne serait donc pas forcément une catastrophe pour la zone euro. Sigmar Gabriel l’a d’ailleurs dit : « La zone euro demande plus d’engagements à ses membres et non pas moins d’engagements ». Pas question donc de céder face à Alexis Tsipras. Maintenant que le référendum est lancé, les Allemands espèrent manifestement que le oui va l’emporter, ce qui contraindrait Alexis Tsipras à démissionner.Mais, mieux que quiconque, Angela Merkel sait qu’elle n’a surtout pas intérêt à le dire ni même à le sous-entendre, car cela aurait un effet contre-productif. Interrogée sur un éventuel voyage à Athènes cette semaine, Angela Merkel a reconnu que, grâce aux « moyens de communication modernes », cela ne lui paraissait pas « utile ».Lire aussi :Comment la Grèce et la zone euro font face à l’urgenceFrédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.06.2015 à 10h52 • Mis à jour le29.06.2015 à 12h44 | Bastien Bonnefous et Patrick Roger La situation en Grèce va être « le sujet d’urgence de la semaine », explique l’Elysée, avec l’organisation dimanche 5 juillet du référendum sur le plan d’aide européen. Si François Hollande ne s’est pas entretenu durant le week-end avec le premier ministre grec, Alexis Tsipras, le chef de l’Etat a surveillé de près le risque d’un « Grexit » et la sortie du pays de la zone euro. Une réunion de travail s’est tenue dimanche en fin de journée à l’Elysée, avant un conseil restreint extraordinaire lundi 29 juin au matin.Lire aussi :Pour Juncker, « un non des Grecs au référendum serait un non à l’Europe »A l’issue de cette réunion, M. Hollande a déclaré qu’ « il y a toujours la possibilité d’un accord », précisant que la France « souhaite que la négociation puisse reprendre ». L’annonce, samedi, par M. Tsipras d’un référendum a surpris l’ensemble des dirigeants européens, mais le chef de l’Etat français s’est bien gardé de condamner publiquement cet appel au peuple grec, contrairement à son prédécesseur Nicolas Sarkozy qui avait fait pression en 2011 sur le premier ministre grec de l’époque Georges Papandréou pour qu’il renonce à son projet de référendum.« C’est le moindre des droits d’un Etat souverain que de consulter ses concitoyens », explique l’Elysée. « Quand on convoque le peuple, quand on lui demande d’exercer son choix souverain, ça ne se critique pas », a appuyé Manuel Valls dimanche matin. Le premier ministre a néanmoins regretté la décision prise de « manière unilatérale » par son homologue grec.Paris ne cache pas son amertume à l’encontre de M. Tsipras, estimant avoir toujours cherché une sortie de crise qui n’humilie pas la Grèce. « La France est le pays qui a le plus sincèrement essayé de poursuivre le dialogue. Cette voie a été rendue impossible par la décision de la Grèce d’organiser un référendum. Les Grecs ont claqué la porte, y compris à la France, alors que la position française a toujours été de défendre une solution globale et durable. Heureusement qu’on était là pour eux », s’agace Michel Sapin.« Les yeux grands ouverts »M. Hollande tente toujours de jouer un rôle de médiateur entre les responsables grecs et les autres acteurs européens, à commencer par le gouvernement allemand d’Angela Merkel. « Le président de la République se voit comme un facilitateur. Il fera tout pour que le dialogue se poursuive. Il estime qu’on peut encore trouver un point d’équilibre tout en s’inscrivant dans la dynamique collective européenne », explique son entourage.La France met néanmoins en garde les Grecs contre les conséquences d’un vote négatif le 5 juillet. « Personne ne souhaite que la Grèce sorte de la zone euro, mais c’est maintenant au peuple grec d’en décider. Il doit se prononcer les yeux grands ouverts car sa réponse sera interprétée par l’ensemble des partenaires européens ».La France plaide pour que la Banque centrale européenne continue de verser des liquidités à Athènes. « Couper les liquidités mettrait les Grecs dans une situation intenable, ça ne pourrait que davantage les pousser à voter non au référendum », s’inquiète un membre du gouvernement. Mais Paris est isolé face à ses partenaires européens, favorables à une sanction immédiate de la Grèce.Le scénario du « Grexit » est vu par l’exécutif comme la pire des solutions. A la fois pour la Grèce elle-même et pour l’avenir de l’Europe, mais aussi pour la France. D’abord pour des raisons économiques. La semaine dernière, un membre du gouvernement craignait que la sortie de la Grèce provoque « une nouvelle crise économique en Europe qui mettrait à mal le début de redémarrage de la croissance en France ».Lire aussi :Grèce : des risques de contagion limités, mais bien réelsEnsuite pour des raisons politiques. M. Hollande se verrait accuser par une partie de la gauche française, y compris jusqu’au sein de sa propre majorité, d’avoir voulu empêcher l’émergence en Europe d’une autre politique. Un procès qui compliquerait sa tâche pour rassembler la gauche à deux ans de la présidentielle. Enfin, l’exemple grec risquerait de crédibiliser le discours de Marine Le Pen qui est pour l’instant la seule à plaider pour une sortie de la France de la zone euro.Bastien BonnefousJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalistePatrick RogerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Baptiste Chastand Depuis 2010 et le début de la crise de la dette grecque, les créanciers publics d’Athènes ont mis plus de 260 milliards d’euros sur la table. Sur cette somme, l’immense majorité provient des autres pays de la zone euro, qui ont fourni près de 230 milliards. Le solde provient du Fonds monétaire international (FMI).Ce financement s’est découpé en deux plans d’aide. Le premier a été décidé dans l’urgence le 2 mai 2010. 110 milliards d’euros (dont 80 milliards d’euros issus de pays de la zone euro) ont permis à la Grèce de financer son déficit, qui avait été largement sous-estimé dans les statistiques officielles. Après l’annonce de ces trucages, à l’automne 2009, en plein milieu de la crise financière des subprimes, les taux d’intérêt demandés par les banques à la Grèce avaient bondi, empêchant Athènes de se financer sur les marchés.En parallèle de ce plan d’aide, l’Union européenne a mis en place le 9 mai 2010 un Fonds européen de stabilité financière (FESF) de 750 milliards d’euros, qui doit permettre d’éviter que la crise de la dette grecque se propage à d’autres pays. Le fonds doit rassurer les marchés en garantissant le financement de leur dette. Le premier plan d’aide à la Grèce devait courir jusqu’à mai 2013. Il s’est accompagné d’une sévère cure d’austérité pour le pays, les créanciers exigeant une réduction drastique des dépenses publiques, surveillée en permanence par les représentants de la fameuse « Troïka ».Près de 200 milliards d’euros effacésMais, dès 2011, les créanciers constatent que le premier plan d’aide ne suffira probablement pas, la Grèce étant incapable de retourner financer sa dette sur les marchés. Le 12 mars 2012, la zone euro et le FMI s’entendent pour lancer un deuxième plan d’aide, pour un montant de 130 milliards d’euros. En comptant les ajustements en cours de route, ce sont même 164,5 milliards d’euros (dont 144,7 milliards d’euros issus des fonds européens) qui auront été dépensés sur toute la durée de ce programme, censé venir à son terme fin 2014. C’est le déblocage de l’ultime tranche – 7,2 milliards d’euros – de ce plan qui est à l’origine du blocage actuel.Alors que le premier programme était financé par des prêts bilatéraux entre Etats, c’est cette fois-ci le FESF qui prend le relais. Celui-ci est devenu entre-temps le Mécanisme européen de stabilité (MES), mais il est toujours financé exclusivement par les pays de la zone euro.En parallèle, la dette de la Grèce est restructurée, les créanciers privés subissant par exemple une décote de 50 % de leurs titres. Près de 200 milliards d’euros de dette grecque sont effacés et un nouveau programme de réforme et de réduction des dépenses publiques est imposé à Athènes.Au total, la dette grecque atteignait fin 2014 près de 320 milliards d’euros. Sur cette somme, 144 milliards d’euros étaient dus au FESF, 53 milliards d’euros aux Etats européens directement et 27 milliards d’euros à la Banque centrale européenne (BCE), soit en tout 224 milliards d’euros directement ou indirectement dus aux Européens.La France, à elle seule, détient 11,4 milliards d’euros de prêts directs à la Grèce et est engagée à hauteur de 32 milliards d’euros via le FESF.Génération d’intérêtsCette dette est toutefois génératrice d’intérêt. La France a par exemple perçu 700 millions d’euros d’intérêts entre 2010 et 2013 de la part de la Grèce. Ce calcul ne prend toutefois pas en compte le coût du financement de l’argent que la France a dû elle-même emprunter pour le prêter aux Grecs.Les intérêts de la dette grecque ont par ailleurs été plusieurs fois réduits pour soutenir la Grèce et les Etats ont même décidé que la BCE reverserait à la Grèce les intérêts qu’elle perçoit. Les intérêts du MES ont, eux, été suspendus pendant dix ans.Tous ces « coûts » sont cependant théoriques, étant donné qu’il s’agit de prêts et non de dons. Si la Grèce finit par rembourser les Etats et le MES en temps et en heure, la Grèce n’aura pas coûté grand-chose aux Européens. En revanche, si le pays est obligé de sortir de la zone euro, il ne fait guère de doute que les Etats devront faire une croix sur une partie de leurs créances. Et qu’ils afficheront alors des pertes sèches.Même en cas de maintien, il semble peu probable que la Grèce puisse retourner dans les prochains mois sur les marchés. La question d’une restructuration de la dette – et donc d’une perte pour les Etats de la zone euro – se posera alors inévitablement.Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Piotr Smolar (Gaza, envoyé spécial) Le Marianne a quitté la Suède à la mi-mai. Depuis, ce bateau de pêche avait un horizon ultime : le rivage de la bande de Gaza. Conduisant la « Flottille de la Liberté III » décidée à briser le blocus maritime imposé par Israël au territoire palestinien, le Marianne n’est pas parvenu à destination. La marine israélienne, qui surveillait chaque mètre de sa progression depuis son départ de Crète le 26 juin, a fini par l’intercepter, dans la nuit du dimanche 28 au lundi 29 juin. Aucun incident n’a été rapporté, selon l’armée, qui a procédé à une fouille du navire, avant de rediriger les passagers à son bord vers le port d’Ashdod, en vue de leur expulsion d’Israël.Cette issue n’est guère une surprise. Les participants à la flottille, parmi lesquels se trouvait l’ancien président tunisien Moncef Marzouki, savaient que l’Etat hébreu n’avait aucune intention de tolérer une brèche dans son dispositif. Il s’agissait pour eux d’attirer l’attention internationale sur le blocus dont est victime le territoire palestinien. Dans une démarche inhabituelle, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a fait remettre une lettre aux passagers, stipulant qu’il « n’y a pas de blocus de Gaza » et les invitant à transférer par voie terrestre tout équipement ou aide humanitaire. « Si vous étiez réellement intéressés par les droits de l’homme, vous ne navigueriez pas en solidarité avec un régime de terreur qui exécute des résidents de Gaza sans procès, et utilise les enfants de Gaza comme bouclier humain », dit le courrier. M. Nétanyahou s’est félicité par ailleurs de l’interception de la flottille, « en accord avec le droit international », et a dénoncé une « démonstration d’hypocrisie et de mensonges ». Il a aussi eu cette remarque : « Israël est la seule démocratie qui se défend conformément au droit international. »Le précédent du « Mavi-Marmara »Les Israéliens tenaient à éviter un incident en haute mer, tant le précédent du Mavi-Marmara a entamé son image sur le plan international. Le 31 mai 2010, un commando israélien avait donné l’assaut contre une flottille composée de huit bateaux, affrétée par l’ONG turque IHH (La Fondation pour l’aide humanitaire), une organisation islamique proche du gouvernement turc et du Hamas palestinien. L’opération avait causé la mort de neuf activistes turcs, un dixième décédant par la suite de ses blessures. Les relations entre Israël et la Turquie s’en trouvèrent très dégradées.En novembre 2014, la Cour pénale internationale a décidé de ne pas lancer de poursuites contre Israël pour cet assaut. La procureure Fatou Bensouda avait souligné « que l’on pouvait raisonnablement penser que des crimes de guerre relevant de la compétence de la Cour pénale internationale avaient été commis sur l’un des navires en cause, le Mavi-Marmara ». Mais ces crimes ne sont pas « suffisamment graves pour que la Cour y donne suite », avait-elle ajouté.Israël impose un blocus sur la bande de Gaza depuis que le Hamas a pris le pouvoir, en 2007. Derrière les justifications sécuritaires, cette arme économique devait servir à exercer une pression sur la population afin de rendre le mouvement islamiste impopulaire. Elle n’a guère été efficace de ce point de vue. Au cours des dernières années, lorsque la situation sécuritaire s’améliorait entre-deux-guerres, les Israéliens permettaient davantage de flux de marchandises et de personnes par voie terrestre. Mais les pêcheurs de Gaza n’ont jamais pu s’aventurer loin des côtes, au-delà de six milles nautiques, soit environ 10 kilomètres. Les accords d’Oslo, signés en 1993, prévoyaient 20 milles.« Nous avons moins besoin d’aides que de liberté »Cette limitation à six milles ne serait elle-même que fictive, affirme Zakaria Bakir, 42 ans. Pêcheur pendant seize ans, il est devenu le représentant du syndicat professionnel. Sa principale activité consiste à répertorier toutes les attaques israéliennes contre les bateaux gazaouis. « Depuis le cessez-le-feu de la fin août 2014, on a eu des centaines d’incidents. Ce sont parfois des tirs, des destructions de bateaux. Depuis 2000, on a compté 16 morts, plus entre 30 et 40 blessés par an. Le dernier mort, c’était en mai. Un pêcheur qui se trouvait à trois milles. Ils lui ont tiré dessus avant de confisquer son bateau. Il est mort à l’hôpital. » Zakaria Bakir dresse un tableau terrible du secteur. Il se dit reconnaissant envers les participants à la flottille, mais ne se fait pas d’illusion : « Nous avons moins besoin d’aides que de liberté. Nous voulons travailler en mer sans avoir peur. Depuis dix ans, les Israéliens essaient de détruire notre activité. » Le nombre de pêcheurs a fondu à environ 3 500, alors qu’il s’agit d’un pan crucial de la misérable économie locale.En Israël, la nouvelle flottille a fait, naturellement, l’unanimité contre elle. La présence à bord d’un député arabe a provoqué une agitation à la Knesset, parmi ses collègues. Basel Ghattas, élu sur la Liste arabe commune, a adressé une lettre au premier ministre, Benyamin Nétanyahou, et au ministre de la défense, Moshe Yaalon. Le député y expliquait que le but de cette flottille civile pacifique était d’« attirer l’attention de l’opinion publique mondiale sur la condition du 1,8 million de Palestiniens vivant des conditions carcérales, en conséquence du blocus imposé par Israël, qui est une forme de punition collective et constitue une violation des lois humanitaires ». Une autre députée arabe, Hanin Zoabi, connue pour ses provocations sur la scène israélienne, avait participé à la flottille de 2010.Le comité d’éthique de la Knesset a été saisi pour priver Basel Ghattas de son mandat. L’Union sioniste (opposition de centre gauche) a estimé que la flottille représentait un « acte politique qui légitimera le régime du Hamas et accroîtra le terrorisme contre Israël ». Le chef du parti centriste Yesh Atid, Yaïr Lapid, qui ne fait plus partie du gouvernement, a qualifié la flottille d’« attaque navale contre Israël ». Selon le leader d’extrême droite Naftali Bennett, ministre de l’éducation, cette flottille prouverait que le retrait unilatéral israélien de la bande de Gaza, en 2005, était une erreur.Piotr Smolar (Gaza, envoyé spécial)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Aude Lasjaunias (Tripoli et Kalamata (Péloponnèse, Grèce), envoyée spéciale) « Quand on a du mal à s’endormir dans notre pays, on ne compte pas les moutons, mais les réunions de l’Eurogroupe », s’amuse Ilias. Comme la majorité des électeurs du sud du Péloponnèse, l’élégant avocat de 36 ans n’a pas voté pour Syriza aux dernières élections. A Tripoli où il réside, c’est le parti de droite Nouvelle Démocratie (ND) qui est arrivé en tête du scrutin du 25 janvier. « Je ne sais plus trop si j’ai soutenu le Pasok [Parti socialiste] ou ND », tergiverse-t-il faussement, avant d’admettre qu’il a glissé dans l’urne un bulletin de la formation de l’ancien premier ministre, Antonis Samaras. Au nom de la stabilité, argue-t-il.Lire aussi :Tsipras répond par un référendum à « l’ultimatum » européenC’est avec flegme qu’il a accueilli la décision d’Alexis Tsipras de soumettre le plan d’aide au pays à un référendum le 5 juillet. Il était dans un bar, ce samedi 27 juin, lors de l’annonce du premier ministre. « Les gens présents se sont mis instantanément à débattre, c’était impressionnant. Je vais assurément voter dimanche prochain, mais je ne sais pas encore quoi. » Dans cette ville, pourtant favorable à la droite, difficile de trouver de jeunes électeurs de l’opposition prompts à assumer explicitement leur choix.Ilias et son épouse, notaire, font partie de la frange aisée de la population et ils reconnaissent aisément que leur situation est très différente de celle de la majorité des Grecs. « Je comprends la réaction de mes concitoyens mais, personnellement, je ne veux pas que l’on quitte la zone euro », avance-t-il. Car, d’après une rumeur récurrente à droite, la formation d’Alexis Tsipras nourrit secrètement le dessein d’un retour à la drachme. « Ça serait terrible : notre monnaie serait forcément dévaluée, touchant notre pouvoir d’achat au plan international. Le fruit de notre travail perdrait de sa valeur… » Lire aussi :Référendum en Grèce : Tsipras appelle à voter « non », la crainte d’un « Grexit » s’accentueCette éventualité ne terrifie pas Yorgos, plus préoccupé par une sortie totale de l’Union européenne que par un retour de l’ancienne monnaie nationale. Attablé avec plusieurs amis dans un restaurant de Tripoli, il explique avoir lui aussi soutenu ND, formation « plus sécurisante » pour l’avenir du pays. « Le Pasok a brandi l’arme du référendum en 2011, Syriza le fait en 2015… », avance le jeune homme au regard doux et à la barbe fournie pour justifier son propos. La tenue de la consultation populaire du 5 juillet, il l’a apprise à son réveil samedi matin : « Je suis resté sans voix. » Car, pour ce vendeur de 31 ans, la véritable menace est aujourd’hui celle d’une division du peuple grec. « Je déteste l’extrémisme. Or ce vote nous pousse dans nos derniers retranchements. » Evoquant l’histoire politique douloureuse du pays, il craint que cette situation ne fasse le lit de la formation néonazie, Aube dorée. « A aucun moment le gouvernement ne nous explique qu’elles vont être les conséquences de notre choix. Il nous force à prendre une décision dans la précipitation : je suis attaché à mon pays, je ne sais pas quoi faire », déplore-t-il visiblement affecté. Après le dîner et quelques verres de raki, ses amis et lui se rendent à un distributeur de billets pour prendre une photo. D’autres jeunes gens ont eu la même idée. « Cela va devenir un collector. La vie continue, non ? », plaisantent-ils de concert.Lire aussi :A Athènes, la querelle face à « ce référendum qui va nous diviser »« A coup d’esclandre »A moins d’une centaine de kilomètres de là, à Kalamata, le fief de l’ancien premier ministre Antonis Samaras, les positions semblent plus arrêtées. Un étrange ballet se joue d’ailleurs, dimanche 28 juin, dans les rues de la ville généralement vidées de leurs habitants entre 14 heures et 17 heures. « Savez-vous où je peux trouver un distributeur de billets ? », demande comme tant d’autres une vieille dame à la mine inquiète aux passants qu’elle croise. La réponse est toujours là même : « Je ne sais pas. Celui-ci est vide. » Devant l’un des distributeurs, une file se forme progressivement. En vain. « Je suis allée chercher 1 200 euros hier, je voulais prendre 500 euros aujourd’hui », explique une femme d’une soixantaine d’années. Elle refuse de parler du référendum : « Je suis bien trop triste pour mon pays », avance-t-elle.Lire aussi :Grèce : à quoi sert le contrôle des capitaux ?Un groupe de six retraités observe la scène depuis la terrasse d’un café. Tous ont voté pour Nouvelle Démocratie aux dernières élections. L’inquiétude palpable à Kalamata, ils la partagent. « J’attends lundi pour récupérer mes fonds à la banque, expose Dimitris, 60 ans, négociant en meubles. Depuis deux ans déjà, je retire progressivement mon argent. Je n’ai plus confiance. » Lunettes de soleil sur le nez, il admet toutefois que la pression des instances internationales était devenues ingérables pour la population grecque.« Depuis la victoire de Syriza, je me sens de moins en moins en sécurité dans mon pays, renchérit son amie Marika, gracieuse sexagénaire à la toilette soignée. L’attitude du gouvernement Tsipras me conforte dans mon choix initial. Lui et ses ministres sont inconscients. Ils nous précipitent dans le mur. » Très attachée à la présence de la Grèce dans l’Union européenne et dans la zone euro, elle reconnaît les défauts des précédents exécutifs. « Mais au moins Nouvelle Démocratie était capable de dialoguer. La gauche radicale ne fonctionne qu’à coup d’esclandre. »Elle regardait un film à la télévision avec son petit-fils quand les programmes ont été interrompus pour relayer l’annonce du référendum. « J’étais paniquée, je n’en ai pas dormi de la nuit. » Le lendemain, elle a appelé l’un de ses deux fils pour parler de la situation. Employé d’une multinationale à Athènes, ce dernier, âgé de 46 ans, a accueilli la nouvelle avec la même frayeur que sa mère. Et, comme elle, il se rendra aux urnes le 5 juillet pour peser en faveur du oui. Si le non l’emporte, il partira vivre à l’étranger. A une semaine de l’échéance, ni Marika, ni ses amis n’osent prévoir l’issue du vote… « Dans tous les cas, il y aura un effet domino sur le reste de l’Europe », estiment-ils.Aude Lasjaunias (Tripoli et Kalamata (Péloponnèse, Grèce), envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.06.2015 à 14h18 • Mis à jour le28.06.2015 à 16h50 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Dans un pays traumatisé par l’attentat de Sousse où au moins 15 touristes britanniques ont trouvé la mort, l’information « exclusive » du tabloïd The Sun est presque passée inaperçue. Le journal, connu pour ses manchettes tapageuses, les femmes à la poitrine nue de sa page 3 et son populisme, affirme avoir aidé à déjouer un attentat de l’Etat islamique (EI) qui devait viser l’un des défilés militaires organisés samedi 27 juin à l’occasion de l’« Armed Forces Day », la journée consacrée depuis 2009 à la célébration des forces armées britanniques.Lire aussi :Attentat de Sousse : la majorité des victimes sont britanniquesDans son édition datée de samedi matin, le quotidien racontait que l’un de ses journalistes d’investigation s’était fait recruter sur Internet par l’Etat islamique pour commettre un attentat-suicide à la bombe et avait reçu des instructions pour fabriquer un engin explosif, avant de tout dévoiler à Scotland Yard. L’affaire en dit probablement aussi long sur les méthodes d’un certain journalisme britannique (l’attentat prétendument déjoué est censé avoir été préparé par le reporter lui-même) que sur les méthodes de recrutement des islamistes.« Frapper durement les mécréants »La police a refusé de confirmer ces informations, mais elle a affirmé qu’« il est toujours très utile que des journalistes partagent avec nous des informations qui peuvent repérer une activité terroriste ou criminelle, comme l’a fait “The Sun” dans ce cas ». Dans un communiqué publié quelques heures avant les défilés du Jour des forces armées, Scotland Yard a « encouragé le public à assister normalement aux célébrations », assurant que la police « réactualisait constamment les mesures de sécurité s’agissant de manifestations publiques, prenant en comte les renseignements spécifiques et la menace globale ». Des parades rassemblant des milliers de spectateurs ont effectivement eu lieu comme prévu, samedi, dans de nombreuses villes britanniques.The Sun raconte que son journaliste, se présentant comme un candidat au djihad, a pris contact par le biais d’une messagerie cryptée avec Junaid Hussein, un Britannique qui dirige depuis Rakka (Syrie), fief de l’EI, le groupe CyberCaliphate, qui s’est fait connaître par ses cyberattaques contre les médias occidentaux.Lire aussi :« Tenir bon » face à « l’horreur islamiste » : la presse internationale se réveille avec la nauséeCe dernier aurait, selon le journal, encouragé son collaborateur à fabriquer un engin explosif pour commettre un attentat visant le défilé militaire prévu pour l’« Armed Forces Day » à Merton, un quartier du sud-ouest de Londres. Ce lieu aurait été choisi car il s’agissait de la parade la plus proche du lieu où, en 2013, le soldat britannique Lee Rigby a été sauvagement assassiné par deux islamistes, et parce que des soldats ayant servi en Irak et en Afghanistan étaient censés y défiler. « Ça sera énorme. Nous allons frapper durement les mécréants, inch Allah », aurait promis le commanditaire au reporter qualifié de « frère ». « Ils pensent pouvoir tuer des musulmans en Irak et en Afghanistan puis rentrer chez eux et vivre en sécurité. Nous les frapperons (…). Par Allah, tu ne seras pas gaspillé, frère. »Cocotte-minute et mort-aux-ratsJunaid Hussein aurait adressé au journaliste une liste des objets à acheter pour confectionner l’explosif à placer dans une cocotte-minute, ainsi que des conseils pour se les procurer sans attirer l’attention. Il aurait ensuite communiqué un manuel de montage de neuf pages rédigé en anglais. Les conseils auraient inclus des précisions rapportées minutieusement par le Sun, comme l’utilisation de mort-aux-rats destinée à aggraver les souffrances des victimes. Ou l’utilisation d’un sac à dos, comme lors des attentats contre le métro de Londres en 2005. Le prétendu candidat au martyre aurait enfin reçu l’ordre de laisser une vidéo de lui à diffuser après l’attentat, comprenant un serment d’allégeance à l’EI, des conseils aux « frères » vivant en Occident et un message aux non-croyants.Junaid Hussein est un Britannique originaire de Birmingham qui a fait parler de lui en 2011 lorsque, alors âgé de 17 ans et sous le pseudonyme de « Trick », il a publié en ligne des éléments du carnet d’adresses de l’ex-premier ministre Tony Blair, se revendiquant de l’idéologie libertaire du groupe de pirates Team Poison. Après avoir purgé six mois de prison pour ce délit, il a quitté le Royaume-Uni pour la Syrie en 2013.Depuis lors, sous le nom de Abou Hussein Al-Britani, il dirigerait le CyberCaliphate, groupe de hackers se réclamant de l’EI qui, depuis le début de 2015, a revendiqué le piratage du compte Twitter du commandement militaire américain au Moyen-Orient, puis de celui du magazine américain Newsweek, et, début avril, de la chaîne francophone TV5 Monde. Il aurait été en contact avec l’un des auteurs de l’attaque, en mai, près de Dallas (Texas), visant un lieu d’exposition où avait lieu un concours de caricatures de Mahomet.Lire aussi :TV5 Monde : un pirate peut en cacher un autrePhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Annick Cojean Juchés sur de hauts tabourets à la terrasse du café Apolonio, samedi 27 juin dans un quartier élégant d’Athènes, trois hommes discutent. Ils sont comme chez eux dans ce lieu où ils se retrouvent quatre ou cinq fois par semaine, pour boire un café frappé et parler de la vie, souvent de politique, avant de repartir chacun à son travail, dans son propre univers. Car en dehors de ces rendez-vous, ces trois hommes, dont le style de vie et les moyens sont manifestement différents, ne se fréquentent pas. « On est comme ça nous les Grecs. On adore parler politique en plein air. Comme à l’agora de l’Antiquité », lance l’un d’eux.Fotis P. a la soixantaine, une chaîne en or autour du cou, une chemise Lacoste rose, un pantalon blanc accordé à ses mocassins souples et sa crinière soignée. Il tire, l’air blasé, sur un énorme cigare. Il posséde un magazine de mode et un petit quotidien. Ilias L., 50 ans, affiche un air joyeux, juvénile, dans son polo bleu ciel et son jean foncé. Il est fonctionnaire à la région et gagne, dit-il très simplement, 600 euros par mois. Stefanos M., 40 ans, barbe et cheveux finement taillés et lunettes de soleil à la mode, est lui procureur, passionné par le droit, et garde un air un tantinet suffisant.Tous les trois ont à portée de main un téléphone portable qu’ils consultent fréquemment tandis qu’un komboloï trône sur la table. Et ce samedi 27 juin, comme dans tous les cafés du pays, le coup d’éclat provoqué par le premier ministre, Alexis Tsipras, annonçant un référendum sur les propositions de l’Europe, est au cœur de leur discussion. Récit.Lire aussi :Référendum en Grèce : Tsipras appelle à voter « non », la crainte d’un « Grexit » s’accentue« Fotis : Cela m’a stupéfié ! J’attendais des élections générales, mais certainement pas un référendum. Quelle absurdité ! Si on vote non, on se coupe de l’Europe. Et si c’est oui, comment Tsipras fera-t-il pour appliquer un plan auquel il ne croit pas ? On nage en plein délire !Ilias : Délire ? C’est au contraire du pragmatisme. Et Tsipras a raison. C’est au peuple, et à lui seul, de prendre ses responsabilités et de décider pour son avenir. On allait dans le mur ! Les propositions de la troïka signaient la mort de la Grèce. Celles de notre gouvernement étaient elles-mêmes dangereuses. Il faut quitter l’euro. D’urgence !Fotis : Tu es fou ! Quitter l’euro condamne la Grèce.Stefanos : Moi je suis choqué. En janvier on a élu un type pour qu’il prenne des décisions. Et voilà qu’il se décharge ? Il veut rester premier ministre, mais il nous file la responsabilité de décider à sa place, après cinq mois de négociations lamentables qui ont mis l’économie par terre ?… Ce type est un lâche.Ilias : C’est tout le contraire ! Tsipras est le grand leader qui va réveiller toute l’Europe.Stefanos : Je ne suis même pas sûr qu’il ait bien analysé la question constitutionnelle que pose son référendum-coup d’éclat. Car notre Constitution n’autorise pas son usage pour des décisions financières.Ilias : Oh ça va ! Il y a eu des tas de choses anticonstitutionnelles depuis cinq ans et personne ne moufte. Nos politiques sont à plat ventre devant Merkel et Schäuble.Lire aussi :Crise grecque : l’Eurogroupe passe au « plan B »Fotis : Trop facile d’accuser toujours le reste de l’Europe. Les vrais coupables, ce sont les Grecs. Ça fait des années qu’ils choisissent des hommes politiques désastreux.Ilias : Mais c’est l’Europe qui nous écrase ! Et la France me déçoit. J’espérais vraiment plus de solidarité de sa part. C’est le seul pays dans les années 80 à avoir soutenu l’entrée de la Grèce en Europe pour des raisons culturelles. Elle se fout bien de la culture aujourd’hui.Fotis : C’était une autre époque. La France d’aujourd’hui a ses propres problèmes de dette et de chômage.Illias : Eh bien si c’est chacun pour soi, ne parlons plus d’union ! Cela me dégoûte que l’économie prime sur tout.Stefanos : Cette Europe-là n’est pas idéale, mais on devrait quand même parvenir à un accord. Il faut des concessions et pas cette réaction immature d’un premier ministre qui cherche la gloire du martyr. On donne encore l’image du mauvais payeur qui espère échapper à ses dettes.Fotis : Pitoyable ! Je t’assure Ilias, ce référendum est une catastrophe qui va nous diviser. On continuera à boire un café ensemble, mais il ne faudra pas attendre longtemps pour que tu me traites de collabo et que je te traite de rouge !Ilias : Arrête ! La Grèce a changé. On a une vraie maturité pour décider de notre sort.Stefanos : Maturité ? Tu plaisantes ? Ça ne peut pas s’appliquer à Tsipras et son tour de passe-passe. Et je trouve affolant que 51 % de la population d’un pays puisse imposer son avis aux autres 49 % sur un sujet aussi grave. Quand on engage l’avenir de plusieurs générations, il faudrait une majorité de 80 %. » Fotis, l’homme au cigare, triturant toujours son téléphone, navigue sur Facebook. Les réseaux sociaux grecs se sont en effet enflammés, ils explosent de commentaires, d’invectives, de tracts et de caricatures. Les mots « humiliation » et « dignité » reviennent le plus souvent. Et celui de « colère ».« Fotis : Je viens de voir qu’un mouvement s’organisait pour inciter les gens à ne pas voter au référendum. Car s’il y a moins de 40 % de votants, le scrutin ne sera pas valable.Ilias : Un boycott ? Mais ce serait honteux ! C’est un sursaut qu’il faut ! Notre premier ministre a réveillé les Grecs qui en avaient besoin.Fotis : J’ai plutôt l’impression qu’il fait un chantage aux créanciers européens. Si ça marche et qu’ils reculent, je trouverais ça minable.Stefanos : Quand je pense qu’en 2011, Tsipras critiquait le référendum proposé par Papandreou sur le même sujet en parlant de jeu dangereux et de faillite…Lire aussi :A l’automne 2011, Georges Papandréou, déjà, choisissait la voie référendaireIlias : La situation d’aujourd’hui n’a rien à voir ! On est mûrs je vous dis !Fotis : C’est ça, cette maturité qui nous pousse au chaos… Ce n’est pas croyable cette propension qu’ont les Grecs à s’accrocher à leurs fantasmes en refusant la réalité. Moi je voterai oui à ce référendum. Sans le moindre doute.Illias : Et moi je voterai non. Il me reste à convaincre ma mère de 85 ans qui s’obstine à croire en l’Europe. Ça m’énerve. Et toi, Stefanos ?Stefanos : Le secret du vote est protégé, non ?Illias : Tu me fais rire ! Les Grecs ne sont jamais d’accord. Trois personnes, quinze opinions ! »Avant de les quitter, on leur demande s’ils ont couru retirer de l’argent à la banque. Illias brandit tout de suite un ticket issu d’un distributeur de billets : « Voyez ! Sur mon salaire de 600 euros, je viens d’en retirer 180. Cela me suffit pour plusieurs jours. Pas de panique ! » Stefanos, qui n’a pas dit pas le montant de son salaire, avoue être allé prendre 600 euros, « le maximum autorisé ». Quant à Fotis, il pousse un soupir fataliste en écrasant son cigare : « Je n’ai pas bougé. Avoir quelques billets dans la poche ne changerait rien sur le fond. Si on retourne à la drachme, on est tout simplement foutu. » Ilias lève alors les yeux au ciel et éclate de rire : « Allons ! Pour vivre en Grèce, pas besoin de beaucoup d’argent. On boit un café à une terrasse pour 1,30 euro. Puis l’on monte dans un tram avec 30 centimes et l’on peut passer gratuitement la journée à la plage. Alors… »Annick CojeanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Yves-Michel Riols (Vienne, envoyé spécial) A l'approche de la date butoir du 30 juin pour parvenir à un accord sur le nucléaire iranien, les pourparlers entrent dans une phase cruciale, à Vienne, entre l'Iran et les pays du « P5+1 » (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Allemagne). « Sur les sujets majeurs, il y a encore des désaccords importants », souligne un diplomate occidental. « Il va falloir beaucoup de calme et de sang froid pour y arriver »,poursuit-il. Etat des lieux des principaux blocages à surmonter pour aboutir à un accord.Les inspectionsLes modalités du régime d’inspections pour s’assurer que l’Iran tient ses engagements constituent le « verrou » de tout futur accord, insiste une source diplomatique. Les Occidentaux veulent que les observateurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’instance de l’ONU qui sera chargée de vérifier l’application d’un accord, puissent avoir accès à tous les sites, y compris militaires. Ce cas de figure est rare mais l’AIEA a déjà conduit de telles missions, notamment au Japon et en Afrique du sud.Le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, a rejeté à plusieurs reprises de telles demandes, jugeant qu’elles allaient au-delà du protocole additionnel de l’AIEA que l’Iran s’est engagé à ratifier lors de l’accord-cadre de Lausanne, conclu le 2 avril, qui a fixé les principaux paramètres d’un compromis final entre Téhéran et les pays du « P 5+1 », regroupant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne. Ce protocole permet des inspections renforcées sur l’ensemble des lieux où il y a une suspicion d’activité nucléaire. « L’AIEA n’ira pas de façon routinière sur tous les sites militaires mais seulement dans les endroits où il y a des raisons de penser qu’il se passe des choses qui ont besoin d’être relevées », juge une source influente.Pour surmonter ce blocage, les diplomates tentent de négocier, à Vienne, les termes d’un « accès réglementé » aux sites iraniens. Il s’agit, précise un proche du dossier, de définir le périmètre d’action de l’AIEA et la durée du préavis à fournir aux autorités iraniennes avant de se rendre sur un site. « Il faut pouvoir mener des inspections ad hoc dans tous les domaines qui ne sont pas couverts par le protocole additionnel », insiste une source bien informée. Autrement dit, avoir accès à l’ensemble des endroits où sont conduites des recherches nucléaires même s’il n’y a pas d’activité nucléaire à proprement dit sur ces sites. Il est important, note cette source, de définir les mécanismes d’intervention de l’AIEA dans le cadre d’un accord « pour éviter que l’agence ne soit obligée, à l’avenir, de négocier, pied à pied, avec l’Iran chacune de ses missions ».Les sanctionsLa levée des sanctions internationales qui pénalisent durement l’économie iranienne est l’objectif prioritaire de Téhéran. C’est leur impact qui a poussé les Iraniens à reprendre les négociations en 2013, estiment les Occidentaux. « A ce stade, les attentes des uns ne correspondent pas à la disponibilité des autres », observe sobrement un diplomate.En d’autres termes, les pays du « P 5+1 » excluent toute levée immédiate des sanctions en cas d’accord, comme le demande régulièrement le Guide suprême iranien. « Il y aura un séquençage assez fin entre le retrait de certaines sanctions en fonction des gestes de l’Iran », souligne un expert. Parmi ces gestes, dit-il, figurent la mise en œuvre des inspections dans le cadre du protocole additionnel, l’aménagement de la centrale à eau lourde d’Arak, pour s’assurer qu’elle ne puisse pas produire du plutonium de qualité militaire, et des garanties sur les activités menées à Natanz, le plus important site d’enrichissement d’uranium, un combustible indispensable à la fabrication d’une bombe atomique.Même s’il y a un accord, les sanctions ne pourront pas commencer à être levées avant la fin 2015, précise cette source. Auparavant, l’AIEA devra certifier que l’Iran joue le jeu, ce qui prendra plusieurs mois. De plus, tout accord devra être approuvé par le Parlement iranien et sera également soumis à l’approbation du Congrès américain.La dimension militaireC’est l’un des points les plus délicats de la négociation. En novembre 2011, l’AIEA a demandé à l’Iran de fournir des explications sur onze points ayant trait à la possible dimension militaire – dite PDM – du programme nucléaire iranien au début des années 2000. Il s’agit, pour les pays du « P 5+1 » de faire toute la lumière sur les activités de militarisation menées dans le passé par l’Iran. A ce jour, Téhéran n’a répondu qu’à deux des onze points. D’où la demande récurrente de l’AIEA de pouvoir se rendre sur la base militaire de Parchin où l’Iran est soupçonné d’avoir effectué des recherches sur des détonateurs pouvant servir à une bombe nucléaire.Un accord final, souligne un proche du dossier, devra autoriser l’accès « aux personnes, aux sites et aux documents » relatifs à cette possible dimension militaire. « La vérification sur la PDM est désagréable pour les Iraniens car cela consiste à venir renifler chez eux, relève un diplomate occidental. On ne demande pas aux Iraniens de se confesser, mais si on veut coopérer à l’avenir, il faut savoir ce qui a été fait. »Yves-Michel Riols (Vienne, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.06.2015 à 15h42 • Mis à jour le16.06.2015 à 16h24 | Maxime Vaudano, Alexandre Pouchard et Pierre Breteau La présidente du Front national, Marine Le Pen, a annoncé mardi 16 juin être parvenue à former un groupe au Parlement européen avec d’autres formations nationalistes et europhobes.Une nouvelle étape dans un feuilleton débuté en mai 2014 lors des élections européennes et jalonné de rebondissements.Acte I : le bon score du FN aux élections européennesLe soir du 25 mai 2014, Marine Le Pen claironne que le Front national est « le premier parti de France ». La formation d’extrême droite vient d’arriver en tête aux élections européennes avec près de 25 % des voix et 23 élus, devant l’UMP (20 élus) et le PS (13), sur les 74 sièges que compte la France.Découvrir : Qui sont les 74 nouveaux eurodéputés français ?Il manque alors deux élus au Front national pour qu’il atteigne le seuil permettant de former un groupe au Parlement européen (25 élus). D’autres formations nationalistes ont réalisé des poussées en Europe, comme le parti europhobe britannique UKIP (24 élus), la Ligue du Nord en Italie (5), le Parti pour la liberté néerlandais (PVV, 3 élus) ou encore le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ, 4 élus).Acte II : les frontistes doublésUn temps courtisés par Marine Le Pen, le UKIP britannique et son chef Nigel Farage refusent de faire alliance avec le FN, dont ils estiment que l’antisémitisme reste « inscrit dans l’ADN ». Rassemblant les Italiens du mouvement 5 étoiles de Bepe Grillo et une transfuge du FN (Joëlle Bergeron), M. Farage double sa rivale française et parvient en juin 2014 à constituer un groupe europhobe plus modéré : l’Europe de la liberté et de la démocratie directe (ELDD).Les quatre alliés du FN (la Ligue du Nord, le PVV, le FPÖ et le Vlaams Belang belge) ne suffisent pas pour créer un second groupe europhobe autour de Marine Le Pen, qui doit compter des membres dans au moins sept pays.Quelles conditions pour former un groupe au Parlement européen ?Le règlement du Parlement européen propose aux députés de « s'organiser en groupes par affinités politiques ». Dans le cas où les membres du groupe nient avoir des des affinités, le Parlement peut apprécier si le groupe a été constitué selon la règle.Chaque groupe doit avoir au moins 25 membres de plusieurs nationalités différentes, et « est composé de députés élus dans au moins un quart des Etats membres », soit sept pays, indique le règlement du Parlement.Acte III : la revanche manquéeEn octobre 2014, l’alliance hétéroclite de Nigel Farage vole en éclat avec le départ de l’écologiste lettone Iveta Grigule pour rejoindre six mois plus tard le groupe libéral de l’Alliance des démocrates et libéraux pour l’Europe. Puisque le groupe ne rassemble que les députés élus dans six pays, le groupe ELDD est obligé de se dissoudre. Marine Le Pen y voit l’opportunité de récupérer certains de ses anciens membres pour constituer enfin son groupe.Mais Nigel Farage l’emporte encore face à la Française, en ralliant quelques jours plus tard le député polonais d’extrême droite Robert Iwaszkiewicz, issu du Congrès de la nouvelle droite (KNP, aux positions négationnistes), ce qui lui permet de reconstituer le groupe ELDD et de couper de nouveau l’herbe sous le pied du FN.Acte IV : le FN rallie des élus et constitue un groupe, sans Jean-Marie Le PenNouveau revirement le 16 juin 2015 : le Front national dépose une demande de constitution de groupe auprès de la présidence du Parlement européen. Selon les informations du Monde, Marine Le Pen a réussi à convaincre deux élus du parti polonais KNP et une élue britannique, Janice Atkinson, exclue du UKIP en mars après que son assistant a été accusé de fausses factures.Avec ces trois eurodéputés de plus, le parti d’extrême droite français a désormais assez d’élus (36) et surtout suffisamment de nationalités représentées (7) pour constituer son groupe. Baptisé « Europe des nations et des libertés », il sera coprésidé par Marine Le Pen et le néerlandais Marcel de Graaff, issu du Part de la liberté de son allié Geert Wilders.Dans ce groupe ne siégeront toutefois ni l’ancien président du FN, Jean-Marie Le Pen, ni l’eurodéputé Bruno Gollnisch, dont les propos racistes et polémiques ont pu heurter des alliés européens potentiels du parti.Pierre BreteauJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Amandine Réaux Sortir de Schengen était l’un des thèmes de campagne du Front national lors des élections européennes de mai 2014. Il n’est pas le seul : alors que l’accord de libre circulation des personnes vient de fêter ses 30 ans, les critiques se font aussi entendre dans le reste de la classe politique française, notamment à droite.Marine Le Pen revendique une sortie pure et simple, arguant que l’absence de contrôle aux frontières internes favorise l’immigration clandestine. Une proposition qui s’accompagne d’une volonté de sortir de la zone euro et d’une critique généralisée de l’Union européenne.Les Républicains, quant à eux, n’affichent pas de ligne claire, même si les raisons sont identiques : l’afflux de migrants en Méditerranée. Christian Estrosi veut « réformer Schengen, quitte à en sortir », alors que Nicolas Sarkozy appelle à un Schengen II, avec la possibilité de suspendre le traité pour une durée indéterminée dans le cas où les contrôles aux frontières d’un des pays membres sont « défaillants ».« Il faut suspendre immédiatement Schengen I et le remplacer par un Schengen II auquel les pays membres ne pourraient adhérer qu’après avoir préalablement adopté une même politique d’immigration. »François Fillon, quant à lui, est opposé à une sortie, dont la France n’aurait pas les moyens (cf. encadré).D’où vient cet accord ?Signé le 14 juin 1985 par cinq membres fondateurs de la Communauté économique européenne (Allemagne de l’Ouest, France, Belgique, Pays-Bas et Luxembourg), l’accord, qui supprime les barrières douanières et permet une circulation facilitée entre les frontières, prend le nom d’une petite commune du Luxembourg, à proximité de la frontière avec la France et l’Allemagne. La suppression des contrôles aux frontières communes doit s’accompagner d’un renforcement de la surveillance des frontières extérieures. La mesure entre en vigueur dix ans plus tard, le 26 mars 1995.L’espace Schengen est présenté comme le processus logique de l’intégration européenne, après la mise en place d’un marché commun dans le cadre de la Communauté économique européenne (CEE) en 1957, puis la réalisation de l’Union douanière en 1968.Lorsqu’en 2011, le Danemark a voulu rétablir le contrôle à ses frontières, le président du Parlement européen de l’époque, le Polonais Jerzy Buzek, a déclaré :« Nous ne devons pas détruire l’espace Schengen (…), la liberté de circulation est probablement l’aspect de l’UE le plus apprécié des Européens. »L’agence Frontex est chargée de la sécurité et des frontières extérieures de l’Union européenne. Depuis 2008, la mission de cet organisme est d’aider les Etats à contrôler leurs frontières, mais son budget est limité (85 millions d’euros par an).L’agence opère surtout dans le cadre de ses différentes missions, comme EPN-Hermès et Extension 2011 après les révolutions en Tunisie et en Libye. Mais chaque Etat membre reste responsable de la partie de frontière qui se trouve sur son territoire.Qui est concerné par l’accord ?En trente ans, Schengen concerne désormais près de 420 millions d’habitants dans 26 pays membres. Tous les Etats de l’Union européenne ont adhéré à l’espace Schengen, à l’exception du Royaume-Uni et de l’Irlande, qui n’ont pas signé la convention, et de la Roumanie, la Bulgarie, la Croatie et Chypre, qui ont signé la convention, mais où les accords ne sont pas encore appliqués. En outre, quatre pays non-membres de l’Union européenne appartiennent à cet espace : la Suisse, le Lichtenstein, la Norvège et l’Islande.Dans cette zone, on compte 1,25 milliard de trajets annuels. Au total, onze millions de personnes ont profité des accords de Schengen depuis leur signature pour vivre ou travailler dans un autre pays.Mais l’accord ne concerne pas que les pays membres. Une personne d’un pays tiers peut, sous certaines conditions, circuler dans l’espace Schengen pendant une période maximale de trois mois. Pour certains pays, il est nécessaire de se procurer un visa Schengen, une vignette unique, d’un coût de 60 euros (35 pour un enfant de moins de 12 ans, gratuit avant 6 ans), qui permet de voyager dans toute la zone comme touriste ou pour des raisons professionnelles. En 2014, plus de 16 millions de visas Schengen ont été délivrés.Comment fonctionne-t-il ?La suppression des contrôles et de l’attente aux frontières a rendu l’espace Schengen populaire. Bénéfique pour le tourisme et les affaires, il « favorise le dynamisme économique régional et culturel en Europe, et plus particulièrement dans les zones frontalières », selon un document publié sur le site de l’Union européenne. Par exemple, on estime que les exportations de la France vers l’Espagne ont augmenté de 4,8 milliards d’euros annuels.Le traité permet également un renforcement de la coopération entre les forces de police des Etats membres pour rechercher des suspects, lutter contre le terrorisme, la criminalité organisée, le trafic d’êtres humains et l’immigration clandestine.En cas de situation exceptionnelle, le contrôle aux frontières peut être rétabli, si le pays estime que l’ordre public, la sécurité ou la santé publique sont menacés. C’est le cas de l’Allemagne actuellement, qui suspend depuis mardi 26 mai et jusqu’au lundi 15 juin la libre circulation en raison du sommet du G7 en Bavière, afin d’empêcher d’éventuels manifestants violents de se rendre sur les lieux.Le rétablissement des contrôles aux frontières peut être maintenu pendant six mois et prolongé de six mois supplémentaires.Quel est le problème aujourd’hui ?Selon les détracteurs de Schengen aujourd’hui, au Front national comme chez Les Républicains, le problème n’est pas la zone de libre circulation en elle-même, mais les frontières extérieures. La pression des demandeurs d’asile est forte, et certains pays, comme la Grèce, n’ont pas les moyens d’assurer le contrôle des frontières. Les arrivées de migrants ont bondi : + 870 % entre avril 2014 et avril 2015.Le FN veut donc rétablir les frontières, avec des postes douaniers et des contrôles accrus. Les Républicains, eux, proposent plutôt de renégocier l’accord afin d’avoir des garanties plus importantes de la part des pays signataires quant aux contrôles dans leur propre espace.La gauche, officiellement, n’a pas pour projet de réformer ou de sortir de Schengen. Néanmoins, la gestion de migrants aboutit de facto à parfois s’arranger avec l’accord. Ainsi, bien que Paris se défende d’avoir suspendu l’application du traité (ce qu’un Etat signataire peut faire dans certaines circonstances), depuis quelques jours, des douaniers français refoulent les migrants à la frontière avec l’Italie.Lire aussi :Méditerranée : plus de 5 000 migrants secourus depuis vendrediEst-ce possible de sortir de Schengen ?Les Républicains et le Front national évoquent une sortie de Schengen, mais aucun des deux partis n’a communiqué sur son financement si un tel scénario se produisait.Légalement tout d’abord, les traités ne prévoient ni qu’un Etat membre soit exclu ni qu’il sorte de lui-même. Réformer ou sortir de Schengen nécessiterait un accord à l’unanimité de ses 26 membres.Economiquement, il est impossible de chiffrer une sortie de l’espace Schengen. Mais il faudrait rétablir les contrôles à la personne, et donc augmenter les effectifs de la police aux frontières. Par ailleurs, le tourisme pourrait être affecté. Les personnes originaires d’un pays tiers seraient dans l’obligation de se procurer un visa spécifique pour la France, en plus du Visa Schengen.D’ailleurs, les Français eux-mêmes seraient pénalisés ; ils devraient se procurer un passeport pour circuler à l’étranger. Ajoutons que, selon une enquête Eurobaromètre de novembre 2012, 62 % des participants considèrent que la libre circulation est le résultat le plus positif des quelque 60 ans d’intégration européenne.Amandine RéauxJournaliste au Monde Olivier Faye et Jean-Baptiste Chastand La question relevait du marronnier depuis un an. « Nous n’avons absolument aucune inquiétude sur l’existence future de notre groupe », assurait une Marine Le Pen bravache, le 28 mai 2014, au lendemain de la victoire de son parti aux élections européennes en France. C’est seulement mardi 16 juin que la présidente du Front national devait annoncer la création d’un groupe au Parlement européen, lors d’une conférence de presse organisée en compagnie du néerlandais Geert Wilders, leader du Parti pour la liberté (PVV).Il aura donc fallu plus d’un an pour vaincre les réticences des uns et des autres, chacun craignant d’être allié à plus infréquentable que lui. Dès le départ, le FN pouvait compter sur quatre partis (le PVV, les Italiens de la Ligue du Nord, les Autrichiens du FPÖ et un eurodéputé belge du Vlaams Belang). Mais il manquait deux partis issus de deux autres pays pour respecter l’obligation de compter au moins sept nationalités. Hors de question, en effet, de s’allier avec le Jobbik hongrois ou les Grecs d’Aube dorée, qui ne se situent pas dans la ligne de dédiabolisation souhaitée par le FN de Mme Le Pen. « Nous n’avons pas voulu former un groupe technique mais politique. Nous ne voulons pas le faire à n’importe quel prix », expliquait récemment Edouard Ferrand, chef de file de la délégation frontiste au Parlement européen.Fausses factures Selon les informations du Monde, ces cinq partis vont s’allier avec une Britannique exclue du parti europhobe UKIP en mars après que son assistant eut été suspecté de fausses factures, et deux Polonais issus du Congrès de la Nouvelle Droite (KNP). Le KNP, réputé jusque-là infréquentable, s’est débarrassé début 2015 de son encombrant chef de file, le révisionniste et homophobe Janusz Korwin-Mikke. Jusqu’ici Geert Wilder ne voulait pas s’allier avec lui. « Nous pouvons travailler avec eux, ils ont deux députés qui normalisent la ligne. Et ils s’occupent de leur vieux chef, comme nous », s’amusait il y a peu un dirigeant FN.Lire aussi :FN : le crépuscule du patriarcheL’autre partie de la solution est venue de la mise à l’écart de Jean-Marie Le Pen du FN. Ses propos sur les chambres à gaz, régulièrement qualifiés de « détail de l’histoire », ou ceux concernant une « fournée » d’artistes anti-FN, dont le chanteur d’origine juive Patrick Bruel, ont toujours heurté les alliés potentiels de sa fille. Sa suspension du parti, décidée le 4 mai, a permis de débloquer la situation. Il ne fera d’ailleurs pas partie du groupe, tout comme son fidèle compagnon de route Bruno Gollnisch. Symboliquement, le père et la fille ne seront plus assis sur le même banc.Lire aussi :Le FN écarte Jean-Marie Le Pen de ses statuts« J’ai été élu sur une liste avec Jean-Marie Le Pen : on m’a dit qu’il n’y serait pas, je n’y serai pas non plus, fait valoir M. Gollnisch. Mais je voterai comme le groupe, c’est fait en bonne intelligence avec Marine Le Pen. » En 2007, le député européen avait présidé l’éphémère groupe Identité, tradition et souveraineté. Depuis, le FN avait toujours siégé parmi les non-inscrits. L’ancien président de la délégation FN, Aymeric Chauprade, ne fait pas non plus partie des signataires de la demande déposée à la présidence du Parlement, mais son assistant assure que c’est parce qu’il est en déplacement aux Fidji. La présidence du groupe, nommé Europe des Nations et des Libertés, sera assurée par Mme Le Pen et le Néerlandais Marcel de Graaff.Avec 36 eurodéputés, il s’agira du huitième et du plus petit groupe du Parlement européen. Il s’ajoutera aux deux autres groupes eurosceptiques : celui des conservateurs et réformistes européens, autour des tories britanniques, et celui de l’Europe de la liberté et de la démocratie directe, autour du UKIP de Nigel Farage. Ce dernier, qui estimait en 2014 que « l’antisémitisme est dans l’ADN du [FN] », avait refusé de s’allier avec Mme Le Pen, mais avait débauché une eurodéputée FN tout juste élue pour créer son groupe, à la grande colère de l’entourage de la présidente du FN.Lire aussi :Jean-Marie Le Pen visé par une enquête pour blanchiment de fraude fiscaleLa constitution d’un groupe permettra aux eurodéputés FN et à leurs alliés de bénéficier d’une meilleure exposition et surtout de recevoir entre 20 et 30 millions d’euros de subventions du Parlement européen dans les cinq prochaines années. Un élément crucial pour le FN, qui fait l’objet d’une enquête préliminaire ouverte en mars à Paris pour abus de confiance, après une dénonciation de la présidence du Parlement européen. Celle-ci suspecte 29 assistants parlementaires du parti de travailler exclusivement à Paris pour le FN, tout en étant rémunérés sur fonds européens.Quelles conditions pour former un groupe au Parlement européen ?Le règlement du Parlement européen propose aux députés de « s'organiser en groupes par affinités politiques ». Dans le cas où les membres du groupe nient avoir des des affinités, le Parlement peut apprécier si le groupe a été constitué selon la règle.Chaque groupe doit avoir au moins 25 membres de plusieurs nationalités différentes, et « est composé de députés élus dans au moins un quart des Etats membres », soit sept pays, indique le règlement du Parlement.Olivier FayeJean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Y aura-t-il un sommet européen exceptionnel dimanche, à Bruxelles, trois jours après un nouvel Eurogroupe (la réunion des dix-neuf ministres des finances de l’eurozone), dont personne n’attend rien de vraiment décisif, ou alors pas grand-chose ? Y a-t-il un plan des Européens pour « éviter le pire » en Grèce ? C’est-à-dire pour ne pas être confronté à un défaut de paiement incontrôlable d’Athènes, qui pourrait déboucher sur une sortie du pays de la zone euro. Ou alors pour contraindre le premier ministre, Alexis Tsipras, à signer l’accord « réformes contre argent frais » avec les créanciers du pays, alors que cela fait cinq mois que traînent les négociations.Ce mardi 16 juin, Alexis Tsipras a dénoncé la « responsabilité criminelle » du Fonds monétaire international dans la situation actuelle de la Grèce, et appelé les créanciers européens à se prononcer sur « les dures propositions » du Fonds dans les négociations. « Le moment est venu pour que les propositions du FMI (Fonds monétaire international) soient jugées non seulement par nous mais surtout par l’Europe (…), car l’Europe doit discuter non seulement pour la Grèce mais aussi pour l’avenir de la zone euro », a-t-il lancé devant le groupe parlementaire de son parti, Syriza.S’en prenant aux « institutions », ce qui inclut les créanciers européens UE et BCE, M. Tsipras a lancé : « L’insistance des institutions à poursuivre un programme qui a clairement échoué ne peut pas relever de l’erreur ou du zèle excessif, le plus probable est qu’elle est au service d’une motivation politique. » Il les a accusées de vouloir « sans doute faire une démonstration de force destinée à tuer toute tentative de mettre fin à l’austérité ».« Il n’y a pas un plan B »Le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung a affirmé, lundi, que les créanciers de la Grèce (Fonds monétaire international, Banque centrale et Commission européennes) préparaient un plan pour instaurer un contrôle des capitaux dans le pays. Et que celui-ci serait décidé le week-end prochain en cas d’absence d’accord à l’Eurogroupe, du 18 juin. L’article précise que le Parlement grec devrait voter une loi spécifique pour permettre la mise en place de telles mesures. Si Athènes refusait l’adoption d’un tel texte, la dernière option consisterait à « isoler » la Grèce du reste du système financier de la région, a ajouté le journal.Ces informations ont été démenties par Athènes, et la chancellerie, à Berlin, n’a pas confirmé. Mardi 16 juin, une source proche des négociations, côté créanciers, nuançait les choses : « Il n’y a pas un plan B, [mais] beaucoup de discussions sur des plans d’urgence. » « Le problème avec le contrôle des capitaux, c’est qu’il ne peut pas être imposé de l’extérieur, soulignait cette source. Le Parlement grec doit approuver une loi, car actuellement, il n’y en a pas. La Banque centrale de Grèce ne peut que décider la fermeture des banques pendant quelques jours seulement. »Campés sur leurs « lignes rouges »Une autre source haut placée relativisait, elle aussi, mardi matin : « Cela fait trois fois depuis le début de la crise grecque, en 2010, que j’entends ces rumeurs de plan B. C’est normal quand la situation est risquée qu’on envisage tous les scénarios, mais nous n’en sommes pas là avec Athènes. » Une troisième source, proche elle aussi des discussions, déclare toutefois qu’un « sommet de la zone euro est un scénario possible, mais rien n’est décidé, cela dépendra du résultat de l’Eurogroupe du 18 juin ».Or, il apparaissait peu probable, mardi, que cette réunion, programmée de longue date à Luxembourg, soit conclusive, Athènes et ses créanciers restent campés sur leurs « lignes rouges ». Le ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, a déclaré au journal allemand Bild, mardi, qu’Athènes ne présenterait pas de nouvelle liste de réformes lors de ce rendez-vous. Selon M. Varoufakis, l’Eurogroupe « n’est pas l’endroit où l’on peut présenter des positions ou des propositions qui n’ont pas été auparavant discutées et négociées à un niveau inférieur », a justifié le ministre.Lire aussi :Grèce : le scénario du défaut de paiement se préciseLes leaders de la zone euro veulent probablement éviter d’attendre le Conseil européen, les 25 et 26 juin, pour trouver une solution. Ce serait trop tard, estiment-ils, pour trouver un accord « propre ». De fait, ils ne s’en cachent plus : ils envisagent désormais ouvertement un défaut de paiement de l’Etat grec, dont les caisses sont vides et qui doit rembourser 1,6 milliard d’euros au FMI le 30 juin et 3,5 milliards à la BCE le 20 juillet. Or, sans accord, Athènes ne pourra pas honorer ces lourdes échéances. Ce qui risquerait de se traduire pas une ruée des déposants grecs vers leurs banques et, si rien n’est entrepris, par des faillites bancaires en série.Scénario à la « chypriote »C’est pour étudier comment éviter cet emballement dévastateur, que les dix-neuf directeurs du trésor de la zone euro, réunis à Bratislava le 11 juin, se sont demandé quel était l’état de la législation grecque en matière de contrôle des capitaux. Ce scénario à la « chypriote » est dans la tête des créanciers depuis mars, quand étaient apparues les premières inquiétudes sur un défaut grec. A l’époque, déjà, certains hauts responsables confiaient qu’un contrôle des capitaux serait une alerte suffisamment forte pour contraindre M. Tsipras à conclure plus vite.D’aucuns, notamment à Athènes, soupçonnent certains acteurs du dossier, dont Wolfgang Schäuble, le ministre des finances allemand, de jouer la stratégie du pire. Difficile de savoir ce que pense ce dernier, un maître de l’ambiguïté. Mais tout indique que, depuis janvier, cet Européen convaincu pense qu’une sortie de la Grèce de la zone euro ne serait pas une catastrophe. Très attaché aux respects des règles, ce juriste s’est dit favorable, en mai, à un référendum par lequel les Grecs auraient dû dire s’ils étaient prêts ou non à faire les efforts nécessaires pour rester dans l’euro.D’autres conservateurs européens fantasment aussi, depuis des mois, sur un changement de coalition à Athènes en cas d’alerte grave sur le front financier, contraignant M. Tsipras à accueillir dans son gouvernement des modérés du Pasok (parti socialiste), de Nouvelle Démocratie (centre) ou de To Potami (centre gauche). Mais d’autres, à Bruxelles et ailleurs, font remarquer que les partis traditionnels, Nouvelle Démocratie et Pasok, ont perdu une grande partie de leur crédit auprès des Grecs et, qu’à tout prendre, il vaut peut-être mieux discuter avec Syriza plutôt qu’avec, un jour, le parti d’extrême droite Aube dorée.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Audrey Tonnelier Examen réussi pour Mario Draghi, le patron de la Banque centrale européenne (BCE). Mardi 16 juin, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a jugé que les « opérations monétaires sur titres » (OMT), ce programme d’achat de dettes souveraines conçu en 2012 par la BCE, était « compatible avec le droit de l’Union ». Cet arrêt suit la position prise mi-janvier par l’avocat général de la CJUE. Fait de gloire de M. Draghi, le programme OMT est la conséquence directe du discours prononcé à Londres en juillet 2012, au plus fort de la crise des dettes souveraines. Alors que la flambée des taux espagnols et italiens faisait – déjà – planer le spectre d’une explosion de la zone euro, le Florentin avait juré de faire « tout ce qu’il faudrait » pour sauver la monnaie unique.Deux mois plus tard, la BCE s’engageait à racheter, sans limite, la dette de tout Etat en difficulté (sur le marché secondaire), à condition que celui-ci se plie à un plan d’aide européen impliquant des réformes structurelles.Puissant pare-feuJamais activé, l’OMT a toutefois agi comme un puissant pare-feu sur les marchés, faisant chuter les rendements des emprunts des pays du Sud. « Les marchés ont compris le message : aucun spéculateur ne gagne contre une banque centrale, qui peut émettre autant de monnaie qu’elle le souhaite. C’est grâce à l’OMT que M. Draghi a sauvé la zone euro », résume Eric Dor, économiste à l’école de management Iéseg.Aujourd’hui encore, malgré le retour des incertitudes liées à un « Grexit », c’est l’OMT, ou tout du moins ce qu’il a révélé de la détermination de la BCE, qui assure un calme relatif sur les marchés – malgré les déboires d’Athènes, les taux européens sont bien loin de leur niveau de 2012.Les sages allemands doivent encore se prononcerL’arrêt de la CJUE va à l’encontre de l’avis de la Cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe. En février 2014, cette dernière avait considéré que la BCE outrepassait son mandat : l’OMT revenait à financer directement les Etats, et entretenait un dangereux mélange des genres en se mêlant de politique économique, et non plus seulement monétaire. Les « sages » allemands avaient toutefois renvoyé la question à Luxembourg.Karlsruhe devra encore trancher définitivement la question de la conformité de l’OMT à la Constitution allemande. Mais, début mai, les mêmes plaignants (avocats, professeurs…) ont déposé un nouveau recours, cette fois contre le « quantitative easing » (QE), la politique de rachats d’actifs massifs engagée par la BCE en mars afin de relancer l’inflation. Avec peu de chance d’aboutir. « Juridiquement, ce programme est plus facile à défendre : il entre directement dans le cadre du mandat de la BCE [assurer une inflation proche de 2 %] », explique Clément Genès, économiste chez Kepler.Lire aussi :A Luxembourg, des juges de plus en plus puissantsAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Alors que les négociations entre la Grèce et ses créanciers devraient reprendre lors de l’Eurogroupe du 18 juin, la Commission européenne s’est livrée, lundi 15 juin, à un étonnant exercice de transparence. Elle est entrée, pour la première fois, dans les détails sur les propositions d’accord « réformes contre argent frais » que les créanciers du pays (Banque européenne [BCE], Fonds monétaire international [FMI], Union européenne [UE]) font au gouvernement d’Alexis Tsipras. Il est ainsi possible de comparer les propositions des uns et des autres.« Il y a de la marge pour discuter d’un package juste et progressif », estime encore, à ce stade, la Commission. « Sur le papier, l’accord est encore possible, car on est d’accord sur les objectifs, mais pas encore sur les moyens d’y parvenir », glissait une source proche des négociateurs à Bruxelles, lundi, qui voulait rester optimiste : « on a encore 15 jours devant nous, on peut y arriver, on a fait pire. »« Nous ne sommes pas loin d’une solution, mais quand il n’y a pas la solution, il peut y avoir la crise », a dit, lundi soir, le président français, François Hollande lors d’une conférence de presse au terme d’une visite en Algérie. « La Grèce doit comprendre que pour rester dans la zone euro, il faut faire un effort, (…) et qu’il y ait un certain nombre de recherches de compromis », a-t-il souligné. « Le compromis oui, se soumettre à un nouveau plan d’austérité non », répond-on à Athènes.Voici les principaux points sur lesquels portent les négociations.Surplus primaireAthènes et ses créanciers sont officiellement tombés d’accord, lundi 15 juin, pour se fixer un objectif de surplus primaire (surplus budgétaire avant paiement de la dette, en quelque sorte la marge de manœuvre budgétaire de la Grèce) de 1 % du PIB en 2015. Contre un objectif initial de 3,5 % pour les créanciers. Athènes, qui jugeait ce niveau irréaliste depuis le début, militait pour 0,75 %. Obtenir un terrain d’entente sur ce point est essentiel pour la négociation : cela fixe le cadre budgétaire, l’enveloppe.Le « trou » budgétaireLes Grecs estiment le déficit total du budget, pour 2015, à environ 1,1 % du PIB, soit 1,995 milliard d’euros, alors que la Commission assure qu’« entre leurs calculs et les nôtres, il demeure un fossé de 2 milliards d’euros ». Athènes a donc proposé dimanche 14 juin un train de mesures (hausse TVA, contribution extraordinaire de 12 % pour les entreprises ayant un bénéfice supérieur à 1 million d’euros, hausse de 26 % à 29 % de l’impôt sur les bénéfices des sociétés, hausse de l’impôt sur la solidarité à hauteur de 220 millions en 2015 et 250 en 2016, etc.) représentant des recettes de 1,995 milliard d’euros. « Des petits progrès », juge-t-on à la Commission, pour qui il manque encore 2 milliards d’euros.Athènes souhaite aussi une baisse des dépenses militaires de 200 millions en 2016. Mais le FMI n’a pas soutenu cette proposition, « de par ses statuts, il ne veut pas discuter de ce genre de lignes budgétaires, cela pourrait être considéré comme de l’ingérence », croit savoir une source de la commission.La TVALa Commission l’a assuré, lundi, « le système de TVA grecque est trop fragmenté, et il est nécessaire d’améliorer son système de collecte » . Les créanciers proposent d’instaurer deux taux de TVA : à 11 % pour la nourriture, les médicaments et l’hôtellerie ; à 23 % pour tout le reste dont l’électricité. Les Grecs insistent, eux, sur un système à trois taux : 6 %, 13 % et 23 % et refusent de faire basculer l’électricité à 23 %. « Nous ne pouvons pas imposer une hausse de 10 % de l’électricité à nos concitoyens », affirme le gouvernement. Au total les Grecs pensent pouvoir retirer 1,4 milliard d’euros annuels supplémentaires grâce à la TVA. Les créanciers voudraient 1,8 milliard d’euros, soit 1 % du PIB.Les retraites« Nous voulons dissiper un malentendu, les institutions n’ont pas demandé à Athènes de couper dans les retraites individuelles », a assuré la porte-parole de la Commission, lundi. Mais « le système des retraites grec est l’un des plus coûteux en Europe, une réforme fait partie des exigences des créanciers. » Il s’agit plutôt de réduire les départs anticipés à la retraite. Les créanciers, dans leur proposition commune, demandent une réduction des dépenses liées au système des retraites de 1 % du PIB par an dès 2015 soit 1,8 milliard d’euros.Les négociateurs grecs proposent seulement 71 millions d’euros d’économies (liées aux préretraites). « Nous proposons des économies ailleurs dans le budget car nous ne pouvons pas toucher de nouveau aux pensions », répond une source gouvernementale grecque. « Trouver 1 % du PIB en 2015 suppose de diminuer les retraites d’environ 20 %. Nous ne pouvons infliger un nouveau choc de pauvreté à nos retraités » , dit le ministre de la sécurité sociale Dimitris Stratoulis.La réforme du marché du travailLa Commission insiste : les créanciers ne réclament pas des baisses de salaires. Mais demandent que soit modernisées les conventions collectives, pourquoi pas sous l’égide de l’OCDE. Le FMI insistait beaucoup sur ce point, il a lâché prise il y a quelques semaines, selon nos informations, pour se concentrer sur la réforme de la TVA et surtout sur celle du système des retraites. Alexis Tsipras a réaffirmé lors d’un discours au parlement le 5 juin qu’il allait rétablir le système des conventions collectives à leur niveau d’avant la crise.La detteLà encore les positions restent les mêmes. Pas question d’engager la renégociation de la dette tout de suite, sans avoir obtenu un engagement des Grecs à faire une liste de réformes, a insisté la commission lundi. « La confiance doit être restaurée avant », a dit un porte-parole. Mais le FMI a continué à se désolidariser des créanciers européens d’Athènes, en demandant aux pays de l’Eurozone de prendre leurs responsabilités. Ils doivent s’engager sur une renégociation des conditions de remboursement de la dette, s’ils veulent maintenir leur concession d’un surplus primaire de 3,5 % en 2O18, a expliqué Olivier Blanchard dans son post de blog, lundi.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.06.2015 à 20h17 • Mis à jour le15.06.2015 à 22h04 | Olivier Faye Depuis un an, c’était l’Arlésienne du Parlement européen : le Front national, vainqueur des élections européennes en France en 2014, serait enfin parvenu à former un groupe à Strasbourg. Marine Le Pen devrait en faire l’annonce, mardi 16 juin, à Bruxelles.Les noms des partis formant ce groupe avec le FN n’ont pas encore été rendus publics. En tout état de cause, ses alliés de la Ligue du Nord italienne, du FPO autrichien, du PVV néerlandais et du Vlaams Belang belge devraient être de la partie. Les trois premiers forment avec le FN depuis octobre 2014 le mouvement pour l’Europe des nations et des libertés (MENL).La présidence du parlement européen a bien reçu la demande de constitution de groupe de la part du Front national lundi soir et devait encore la valider avant que le groupe soit officiellement constitué. Selon les informations du « Monde », Marine Le Pen a réussi à convaincre deux élus du parti polonais d’extrême-droite KNP et une élue britannique, Janice Atkinson, exclue du parti europhobe UKIP en mars après que sont assistant ait été accusé de fausses factures.Avec ces deux partis, Marine Le Pen et ses alliés parviennent à atteindre les sept pays requis pour former un groupe, qui sera constitué en plus des Autrichiens du FPO, des Italiens de la Ligue du Nord, des Néerlandais du PVV dirigés par Geert Wilders et des Belges du Vlaams Belang. Le groupe devrait compter 36 eurodeputes et Jean-Marie Le Pen n’en fera pas parti. Le FN assure également être en négociations avec un huitième partenaire mais que ce n’est pas encore bouclé.Négociations depuis plusieurs semainesDepuis un an, les cinq partis étaient à la recherche d’au moins deux nouveaux partenaires. Un groupe doit en effet réunir au minimum vingt-cinq députés issus de sept pays. Avec vingt-trois eurodéputés, le FN remplissait sans peine la première condition. Ces dernières semaines, les dirigeants du parti d’extrême droite disaient être en négociation avec les Polonais du KNP. Le parti lituanien Ordre et justice, membre du groupe formé autour du UKIP britannique de Nigel Farage, pourrait avoir aussi été approché. La dernière fois que le Front national avait appartenu à un groupe, c’était en 2007, avec l’éphémère rassemblement ITS (Identité tradition souveraineté), emmené par Bruno Gollnisch.Olivier Faye Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Il n’aura fallu que quelques jours pour que le nouveau conseil municipal dirigé par l’ancienne juge Manuela Carmena, avec la plateforme d’unité populaire Ahora Madrid, soutenue par Podemos, n’endure sa première crise. Lundi 15 juin, le conseiller municipal chargé de la culture, Guillermo Zapata, a dû démissionner pour des plaisanteries douteuses publiées quatre ans plus tôt.Dès le 13 juin, jour de l’investiture de Manuela Carmena, la presse espagnole s’était fait l’écho de blagues antisémites postées en 2011, sur son compte Twitter. « Comment met-on 5 millions de juifs dans une (Seat) 600. Dans le cendrier », avait-il posté à l’époque, ainsi que des blagues de mauvais goût sur une victime du groupe séparatiste armé ETA.Vive polémique en EspagneBien que citées entre guillemets dans le cadre d’une vive polémique sur les limites de l’humour, à une époque où le réalisateur Nacho Vigalondo avait été limogé du journal El Pais pour plusieurs plaisanteries sur l’Holocauste, ces blagues ont provoqué une vive polémique en Espagne. Les appels à la démission n’ont pas tardé, aussi bien de la part du Parti populaire (PP, droite) que des socialistes dont le soutien a été clé pour permettre l’investiture de Manuela Carmena. La chef de l’opposition conservatrice à la mairie de Madrid, Esperanza Aguirre (Parti populaire), a appelé Manuela Carmena à exiger la démission de l’élu, sans quoi « elle sera complice de ses horreurs ».Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont défendu M. Zapata et dénoncé un lynchage médiatique. Ils ont rappelé que d’autres personnes, qui plus est en fonction lors de leurs déclarations, ont exprimé des messages injurieux, offensants ou racistes. Et de citer un conseiller municipal conservateur de Fuengirola qui a fait des blagues sur les gitans, un élu conservateur de Talavera La Reina arborant un drapeau franquiste, l’ancien maire de Valladolid multipliant les commentaires machistes sur le physique de ministres socialistes ou le maire du village de Beade en Galice, Senén Pousa, qui a accroché au-dessus de son bureau une grande photo de Franco. Aucun d’eux n’avait dû démissionner.Guillermo Zapata a présenté ses excuses dès le dimanche et rappelé le contexte de leur publication, ajoutant qu’il « condamne fermement tout type de racisme et évidemment également l’antisémitisme » et que « de l’Holocauste juif découle une leçon que l’humanité ne devrait jamais oublier, pour que cela ne se reproduise jamais. » Mais la polémique avait déjà pris une ampleur telle que pour y couper court et éviter de jeter le discrédit sur une équipe municipale scrutée à la loupe par les médias conservateurs, il a présenté sa démission du poste d’adjoint à la culture lundi 15 juin, après une réunion avec Manuela Carmena. Néanmoins, il conservera sa fonction de conseiller municipal en charge d’un des quartiers de Madrid.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.06.2015 à 17h21 • Mis à jour le15.06.2015 à 17h42 Les Yekîneyên Parastina Gel (YPG – « unités de protection du peuple kurde ») ont coupé lundi 15 juin une route d’approvisionnement vitale pour les djihadistes entre la localité de Tal Abyad, à la frontière turque, et Rakka, fief de l’organisation Etat islamique (EI) dans le nord de la Syrie.Les forces kurdes, soutenues par des frappes aériennes de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis, ont encerclé la ville de Tal Abyad, tenue par les djihadistes de l’EI dans le nord de la Syrie, à la frontière turque.Selon Mutlu Civiroglu, expert des affaires kurdes, Tal Abyad représentait « une plate-forme financière et logistique », un « passage vital pour l’EI » connectant Rakka avec le reste du monde : « Une fois perdue, ce sera très compliqué pour l’EI de faire passer ses combattants, de vendre son pétrole et autres marchandises qu’il trafique. »Les combats dans la région ont forcé des milliers de civils syriens à se réfugier en Turquie depuis le début du mois. Selon un responsable des services de sécurité turcs, 7 000 personnes ont franchi la frontière dans la seule journée de lundi. Christopher Bender, de l’organisation non gouvernementale Danish Refugee Council, a déclaré que 18 000 civils avaient trouvé refuge en Turquie ces dix derniers jours, et que 5 000 autres étaient attendus lundi. 15.06.2015 à 16h59 • Mis à jour le16.06.2015 à 16h35 | Claire Guélaud Les tenants de la théorie du « ruissellement » ou « trickle down », selon laquelle les revenus des plus riches contribueraient à la croissance, ont du souci à se faire : des économistes du Fonds monétaire international (FMI) contestent ouvertement cette approche. Dans une étude sur les causes et les conséquences des inégalités, présentée lundi 15 juin, ils établissent au contraire que, plus la fortune des riches s’accroît, moins forte est la croissance.Lorsque la part de gâteau des 20 % les plus aisés augmente de 1 %, le produit intérieur brut (PIB) progresse moins (– 0,08 point) dans les cinq ans qui suivent. Autrement dit, les avantages des plus riches ne ruissellent pas vers le bas, contrairement aux convictions des économistes néolibéraux qui défendirent les politiques de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan et les baisses d’impôt pour les hauts et très hauts revenus.En revanche, une augmentation de même importance (+ 1 %) de la part des revenus détenue par les 20 % les plus pauvres est associée à une croissance plus forte de 0,38 point.Réduire les inégalités pour soutenir la croissanceCette corrélation positive vaut aussi pour la classe moyenne. Probablement soucieux de ne pas être accusés d’angélisme, les auteurs de ce travail, qui lance le débat au FMI sans engager pour l’instant l’institution, prennent soin de faire remarquer qu’un « certain degré d’inégalité peut ne pas être un problème dans la mesure où cela incite les individus à exceller, à se battre, à épargner et à investir pour aller de l’avant ». Ils tirent, par ailleurs, de leurs travaux la conclusion générale que les dirigeants politiques doivent faire porter leurs efforts sur les plus pauvres et sur la classe moyenne pour réduire les inégalités et soutenir la croissance.L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est parvenue à des conclusions similaires. Dans un travail de décembre 2014, repris en mai dans son troisième rapport sur les inégalités intitulé In It Together : Why Less Inequality Benefits All («Tous concernés : pourquoi moins d’inégalité bénéficie à tous »), elle établit que l’augmentation des inégalités entre 1985 et 2005 a coûté en moyenne près de 4,7 points de croissance cumulée dans les pays avancés, moins du fait de l’envolée des revenus des plus riches que du sort réservé aux 40 % les plus défavorisés.Lire aussi :On n’en a pas fini avec les inégalitésL’institution a revélé que la France, bien qu’en position moyenne, a été le troisième de ses 34 pays membres pour l’augmentation des inégalités entre 2007 et 2011. Autrement dit, pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. L’Observatoire des inégalités a dressé un état des lieux dans son premier rapport sur les inégalités en France du 4 juin.1 % de la population mondiale détient la moitié de la richesseL’étude du FMI est plus large que celle de l’OCDE puisqu’elle porte sur un échantillon d’une centaine de pays : économies avancées, émergents et pays en développement. Elle permet donc de progresser dans la compréhension de la dynamique des inégalités et de ses moteurs. Ses auteurs font observer que globalisation financière et progrès technologiques sont associés, partout, à une augmentation de la part des revenus détenue par les 10 % les plus riches, désormais neuf fois plus importante que celle détenue par les 10 % les plus pauvres.Dans les pays avancés, le fossé entre riches et pauvres s’est creusé comme jamais depuis plusieurs décennies. Dans les pays émergents et en développement, en revanche, l’augmentation des inégalités s’explique d’abord par le fait que les revenus des classes moyennes supérieures ont rejoint ceux des classes supérieures, comme en Chine et en Afrique du Sud.La concentration de la richesse mondiale est spectaculaire. Près de la moitié de celle-ci, soit 110 000 milliards de dollars (97 441 milliards d’euros), est detenue par 1 % de la population. Dans une étude sur la richesse mondiale en 2015 rendue publique lundi, le Boston Consulting Group (BCG) révèle à ce propos que le nombre de millionnaires en dollars a crû de 16 % en un an et que l’Asie-Pacifique (hors Japon) devrait être la région comptant le plus de millionnaires en 2016, devant l’Amérique du Nord.L’assouplissement du marché du travail favorise les inégalitésLes grands perdants de ces évolutions qui ont été amplifiées par la crise de 2007-2008 sont les classes moyennes, victimes de la polarisation des revenus du travail aux extrémités de l’échelle des revenus (les plus qualifiés et les peu ou pas qualifiés, généralement protégés dans les pays avancés par l’existence d’un salaire minimum.) Les économistes du FMI observent par ailleurs que l’assouplissement du marché du travail va de pair avec une inégalité croissante et l’enrichissement des 10 % les plus aisés. Ils en concluent que la flexibilité du marché du travail bénéficie aux plus riches et réduit le pouvoir de négociation des travailleurs pauvres. Les organisations syndicales ne disent pas autre chose…Ces résultats sont cohérents avec une autre étude du Fonds, non encore publiée, selon laquelle, dans les économies avancées, le décrochage du salaire minimum par rapport au salaire médian va de pair avec une hausse des inégalités et la diminution du taux de syndicalisation est fortement corrélée à la hausse des revenus des 1 % plus riches.Pour réduire les inégalités, les experts du FMI recommandent dans les pays émergents et en développement de donner aux plus pauvres accès aux services financiers. Dans les pays avancés, l’accent doit être mis sur le développement du capital humain et des compétences et sur une politique fiscale plus redistributive, par le biais des impôts sur la fortune et la propriété, ainsi que sur une fiscalité des revenus plus progressive.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) Une polémique sur l’efficacité du dispositif de lutte contre la radicalisation des jeunes musulmans et sur le rôle des mosquées s’est développée après l’annonce, lundi 15 juin, de la mort en Irak de Talha Asmal, un jeune Britannique de 17 ans lors d’une attaque-suicide perpétrée par l’Etat islamique (EI). Présenté par les médias comme le plus jeune kamikaze britannique, Talha Asmal a été reconnu par ses parents sur des photos diffusées sur un compte Twitter lié à l’EI.Le jeune homme, dont le nom de guerre, « Abou Youssouf Al-Britani », rappelait l’origine britannique, a été identifié par l’EI comme l’un des quatre conducteurs de voitures piégées lancées, samedi, contre des positions de l’armée irakienne à Hadjaj, au nord de Bagdad. Ces attentats, perpétrés par des kamikazes allemand, anglais, koweïtien et palestinien selon l’EI, ont fait 11 morts au sein des forces armées irakiennes.Non confirmée officiellement, la mort de Talha Asmal suscite une émotion considérable à Dewsbury (West Yorkshire, nord de l’Angleterre), ville où avait vécu Mohammed Sidique Khan, le cerveau des attentats de Londres qui avait fait 52 morts en 2005. Les parents du jeune homme le présentent comme « un adolescent aimant, gentil, prévenant et affable » et se disent « anéantis et le cœur brisé par la tragédie innommable » de sa mort.L’une des photos diffusées par l’EI montre Talha Asmal, barbu et souriant, posant près d’un 4×4, levant l’index, signe de reconnaissance des militants de l’organisation. Il avait quitté sa famille le 31 mars avec son ami et voisin Hassan Munshi pour gagner la Syrie via la Turquie.« Plan de lutte plus énergique »Sa famille accuse les dirigeants de l’EI, « trop lâches pour faire eux-mêmes leur sale boulot », d’avoir profité de « son innocence et de sa vulnérabilité » pour l’envoyer à la mort. La directrice de l’établissement scolaire qu’il fréquentait a décrit le jeune kamikaze comme « un adolescent ordinaire » et « un élève consciencieux qui n’avait jamais attiré l’attention sur lui ».Qari Asim, l’imam de la mosquée Makkah Masjid de Dewsbury, estime que les responsables de l’EI se comportent comme « des prédateurs sexuels » qui « ciblent des jeunes vulnérables et leur lavent le cerveau ». Il affirme que « la radicalisation n’a pas lieu dans les mosquées » mais sur les réseaux sociaux. « Nous avons échoué, ajoute Farouk Younous, imam de la mosquée Zakaria, à la BBC. Pas seulement les familles, mais le conseil municipal, la police, le quartier… »Yvette Cooper, ministre de l’intérieur du cabinet fantôme travailliste, a accusé le gouvernement Cameron d’avoir « totalement échoué » à traiter le problème et réclamé « un plan de lutte plus énergique basé sur l’action locale ». Mais Lord Carlile, ancien contrôleur indépendant des lois sur le terrorisme, a critiqué cette approche et réclamé des mesures permettant l’accès aux données de communication, afin de prévenir la radicalisation islamique.Ancien député labour de Dewsbury, Chahid Malik a, lui, mis en cause les mosquées elles-mêmes, les appelant à « confronter franchement cette idéologie démoniaque ». « Les moquées doivent enseigner aux enfants ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas dans l’idéologie de l’Etat islamique, a-t-il déclaré. L’itinéraire et la mort de Talha Asmal doivent sonner l’alarme. »Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Les ministres de la justice de l’Union européenne ont clôturé, lundi, à Luxembourg, trois ans et demi de discussions sur la protection des données personnelles. Ils ont approuvé une proposition censée être mieux adaptée au développement de l’économie numérique alors que les dispositions actuelles datent de 1995. Le projet doit encore être soumis au Parlement, à Strasbourg, avant son adoption éventuelle.Le dilemme était de concilier droit des citoyens et compétitivité des entreprises, en offrant aux deux parties un système harmonisé et une simplification. Sans donner l’impression au public qu’une diminution des formalités avant la collecte des renseignements permettra aux entreprises de se comporter comme elles l’entendent. « Des normes élevées de protection permettront de renforcer la confiance des consommateurs dans les services numériques et les entreprises bénéficieront d’un ensemble unique de règles dans 28 pays », expliquait, lundi 15 juin, Vera Jourova, commissaire européenne à la justice. Selon Bruxelles, le projet devrait entraîner une économie de 2,3 milliards d’euros par an pour les entreprises et bénéficier surtout aux PME.Mieux protéger les mineursLes responsables du Conseil et de la Commission affirment que le projet approuvé lundi vise à garantir « un niveau extrêmement élevé » de protection des données. Il offre, sur le papier, de meilleures garanties de contrôle aux citoyens qui pourront exiger que certains renseignements les concernant soient effacés (c’est le « droit à l’oubli »).Il s’agit notamment de mieux protéger les mineurs, qui devront simplement apporter la preuve de leur âge au moment où ils ont mis en ligne certaines informations pour bénéficier d’un « droit à l’oubli renforcé ».Lire aussi :Les démocraties européennes face à la tentation de la « boîte noire »S’ils n’obtiennent pas satisfaction et qu’une infraction est constatée, les citoyens pourront s’adresser à leur autorité nationale de contrôle (la Commission nationale de l’informatique et des libertés [CNIL] en France). Les entreprises seront, elles aussi, en contact avec une seule autorité de surveillance.« Il faut de vraies garanties »Un « guichet unique » devrait d’autre part être instauré pour veiller sur les transferts transfrontaliers de données collectées dans plusieurs pays par des acteurs de l’Internet comme Google ou Facebook.Un « droit d’opposition » est envisagé dans le cadre de l’utilisation de données dites « sensibles » pour la recherche et les statistiques. Ainsi que pour la réutilisation des données à d’autres fins que celles pour lesquelles elles ont été collectées. « Nous avons obtenu ce droit, nous allons nous assurer qu’il sera réel », a commenté la garde des sceaux, Christiane Taubira. La ministre française s’est félicitée, par ailleurs, d’avoir obtenu gain de cause sur l’action de groupe (ou « class action »), qui ne sera pas possible auprès d’un juge, mais auprès de l’autorité de contrôle.La question du niveau des sanctions pour les entreprises du Web qui enfreindraient les règles est l’un des points qui devront être débattus avec les députés : l’ex-commissaire à la justice Viviane Reding recommandait des amendes pouvant atteindre 2 % du chiffre d’affaires mondial pour des géants comme Google et Facebook. Le Parlement européen préconisait d’aller jusqu’à 5 %. « 2 %, cela convient, à condition que la Commission ait les moyens de mesurer le chiffre d’affaires exact des entreprises concernées », juge Mme Taubira.Renégocier Safe HarbourA l’avenir, les Européens tenteront de renégocier l’accord, dit Safe Harbour, qui les lie aux Etats-Unis depuis 2000 et réglemente les transferts de données des citoyens européens collectées par des entreprises américaines. « Il nous faut de vraies garanties, il faudra rediscuter », estime Mme Taubira. Qui déplore le manque d’informations sur les négociations actuelles entre Bruxelles et Washington sur ce dossier.Pressée par le Parlement, la Commission espère un accord au printemps, avec à la clé un contrôle plus intense et plus fréquent par le département du commerce américain du respect des droits des consommateurs. L’accès des autorités fédérales à des informations pour raison de sécurité est un autre sujet qui continue de diviser Européens et Américains.Les mesures élaborées par la Commission de Bruxelles en 2012 comportaient à la fois un règlement sur la protection des données personnelles ainsi que leur circulation et une directive sur les données traitées par la justice et la police dans le cadre d’enquêtes. La discussion sur ce second point doit se poursuivre et, espère la commissaire à la justice, être conclue à la fin de l’année.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les événements se précipitent à Bruxelles alors qu’un accord entre Athènes et ses créanciers se précise, et que l’urgence financière en Grèce est de plus en plus alarmante. Mercredi soir, le premier ministre grec Alexis Tsipras devait être reçu à Bruxelles, par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. L’accord des Grecs ne devrait pas a priori être obtenu cette nuit.Pourquoi une nouvelle réunion et avec qui ?M. Juncker devait présenter officiellement une proposition conjointe d’accord des créanciers d’Athènes (Banque centrale européenne, Commission européenne, Fonds monétaire international) à M. Tsipras.Les deux hommes ont établi une certaine relation de confiance au cours de ces quatre derniers mois d’intenses négociations entre les Grecs et leurs créanciers.« Il s’agit de créer les conditions favorables à la convocation d’un Eurogroupe conclusif », dans les jours qui viennent, a précisé Margaritis Schinas, porte-parole de la Commission européenne, mercredi midi. Cette réunion aurait lieu la semaine prochaine.À Bruxelles, mercredi soir, selon nos informations, M. Tsipras devait aussi rencontrer Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, et des représentants de la BCE et du FMI. Mais pas Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds : « elle n’est pas en Europe », justifiait, mercredi, une source européenne.Un « Euroworking group », réunion préparatoire à l’Eurogroupe, programmée mercredi après midi, a été annulé, probablement au motif qu’il fallait d’abord attendre le résultat de ces rencontres au sommet avant d’aller plus loin dans la négociation.Quelles sont les réformes demandées par les créanciers ?À cette heure, le contenu de l’accord définitif, celui qui devra être validé par un Eurogroupe (réunion des 19 ministres des finances de la zone euro), est loin d’être encore connu.Les parties continuant à négocier d’arrache-pied, le document est en effet en constante évolution. Par ailleurs, ses contours dépendent de la rapidité avec laquelle Athènes et/ou ses créanciers parviendront à s’entendre.L’accord portera quoi qu’il en soit sur une liste de réformes que les Grecs devront s’engager à mettre sur les rails.Il y aura selon toute vraisemblance une réforme de la TVA, Athènes ayant d’ores et déjà accepté de réformer son système pour que cette taxe indirecte rapporte 960 millions d’euros, avec 3 taux différents : à 6 % pour les médicaments et les livres, à 11 % pour les aliments, l’énergie ou l’eau et à 23 % pour le reste.Le système des retraites devrait être révisé pour limiter les retraites anticipées, peut-être pour porter l’âge effectif de départ à la retraite à 67 ans (demande initiale du FMI) ou à 65 ans (proposition de la Commission européenne).Le Financial Times indique que, dans le « draft » d’accord des créanciers, c’est la position du FMI, le « zéro déficit » pour le régime de retraite, qui aurait prévalu.Une réforme du marché du travail et des mesures pour libéraliser encore davantage le marché des biens et services pourraient aussi être présents.Quel montant d’aides à la Grèce pourrait être débloqué en cas d’accord ?Théoriquement, il reste 1,8 milliard d’euros de prêts encore à verser dans le cadre du deuxième plan d’aide à la Grèce (activé en 2012), qui pourraient être logiquement débloqués dans le cadre de cet accord.Une autre somme (1,9 milliard d’euros), correspondant aux profits réalisés depuis 2010 par la BCE sur les rachats d’obligations souveraines grecques, est aussi susceptible d’être versée à Athènes. « C’est le chèque qui devrait partir le plus vite », estiment plusieurs sources européennes.Le FMI doit, de son côté, encore verser un prêt de 3,5 milliards d’euros à la Grèce, que l’institution pourrait elle aussi débloquer.Une restructuration de la dette est-elle prévue ?La restructuration de la dette (près de 180 % du PIB du pays), jugée insoutenable par beaucoup, y compris des dirigeants européens, ne devrait pas faire partie formellement de l’accord.À ce stade, les créanciers proposent de réduire le recours à l’endettement en forçant l’Etat grec à afficher un budget en surplus primaire (c’est-à-dire hors paiement des intérêts de la dette) de 1 % en 2015, de 2 % en 2016 et de 3 % en 2017, selon des informations de Reuters.Pour autant, selon plusieurs sources à Bruxelles, le sujet de la restructuration de la dette devrait faire l’objet d’une nouvelle négociation, qui s’ouvrira après que ce premier accord aura été avalisé.De plus en plus de sources à Bruxelles évoquaient d’ailleurs, ces derniers jours, la nécessité que l’accord en cours de finalisation contienne une extension du deuxième plan d’aide à la Grèce, qui se termine théoriquement le 30 juin.Cette extension pourrait être de deux, trois ou quatre mois. Il s’agirait en l’occurrence de se donner le temps de pouvoir négocier sur la dette. Le gouvernement Tsipras y tient. Mais le FMI aussi.Le deuxième plan a déjà été prolongé deux fois, de fin décembre 2014 à fin février 2015 et de fin février à fin juin cette année.Dans le cadre d’une nouvelle extension, certains suggèrent également que tout ou partie des 10,9 milliards d’euros mis de côté pour recapitaliser les banques grecques en cas de coup dur soient réaffectés.Cet argent est placé au sein du Mécanisme européen de stabilité, le fonds mis en place en urgence, en 2011, pour sauver les pays européens en faillite.En autoriser l’usage pourrait permettre à Athènes de payer les traites qu’elle doit à la BCE cet été, soit plus de 7 milliards d’euros à rembourser entre juillet et août.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.06.2015 à 14h24 • Mis à jour le03.06.2015 à 15h51 Les autorités ukrainiennes accusent les rebelles prorusses d’avoir attaqué mercredi, malgré la trêve en vigueur, les positions ukrainiennes dans l’est de l’Ukraine.« Depuis ce matin, Maryinka et Gueorguiivka », localités sous contrôle des forces ukrainiennes à environ 30 km du fief rebelle de Donetsk, « sont visées par d’intenses tirs », a indiqué le chef de la police de la région de Donetsk, loyal à Kiev. La ville de Maryinka est située à 15 km à l’ouest de capitale économique du Donbass, bastion des séparatistes. « L’ennemi tire sur Maryinka à l’aide de [camions lance-roquettes] Grad, et aussi avec des chars », a-t-il précisé. Selon un chef militaire rebelle, une quinzaine de combattants et de civils auraient été tués du côté des séparatistes.« A 3 heures, l’ennemi a commencé un bombardement massif de nos positions près de Maryinka et de Krasnogorivka (…). Il a utilisé des chars et de l’artillerie », a déclaré le porte-parole de l’armée ukrainienne. Plus de dix chars et jusqu’à mille hommes ont été envoyés contre les forces ukrainiennes.Il a ajouté que les postes de contrôle de Gueorguiivka et de Kourakhove (à environ 40 km de Donetsk) étaient fermés à la circulation en raison de ces tirs. Un porte-parole militaire ukrainien, Léonid Matioukhine, a confirmé que le poste de contrôle de Kourakhove était bien fermé mercredi.Le conflit entre l’armée ukrainienne et les rebelles a fait plus de 6 400 morts depuis son déclenchement en avril 2014. Kiev et l’Occident reprochent au Kremlin de soutenir et d’armer les séparatistes prorusses, ce que Moscou nie catégoriquement.Un nouveau cessez-le-feu est entré en vigueur le 15 février après la signature des accords de paix de Minsk 2, mais il reste très fragile et des combats se poursuivent dans plusieurs zones de l’Est rebelle. Mardi, une réunion à Minsk destinée à faire avancer les accords de paix a été reportée à une date ultérieure, Kiev accusant la Russie d’avoir « sapé » les pourparlers. Maxime Sbaihi (Economiste zone euro chez Bloomberg, à Londres) La zone euro dans sa forme actuelle est le résultat de décennies de métamorphoses. Tout a commencé avec une zone de libre-échange, promue plus tard au rang d’union douanière avant de devenir un marché commun et, enfin, d’aboutir à l’union monétaire telle que nous la connaissons. Jean Monnet a écrit en 1976 que « l’Europe se fera dans les crises et elle sera la somme des solutions apportées à ces crises ».La prochaine étape logique dans le processus d’intégration est celle d’une union budgétaire venant compléter la politique monétaire unique. Cela suppose aussi une nouvelle forme de gouvernance, afin que les décisions budgétaires soient pourvues d’une légitimité démocratique.Lire aussi :Marier Jean-Claude Juncker et Mario DraghiMais un tel changement ne peut être réalisé dans le dos des électeurs. Après d’épuisantes années d’austérité et de bricolage de crise, l’euroscepticisme a le vent en poupe. Toute perte de souveraineté qu’entraînerait une nouvelle vague d’intégration serait politiquement invendable. Comme Jean-Claude Juncker l’avait joliment résumé : « Nous savons tous ce qu’il faut faire, mais nous ne savons pas comment nous faire réélire une fois que nous l’avons fait ».Restructuration de la detteLa zone euro est aujourd’hui à la croisée de quatre chemins : le démantèlement, la séparation, le surplace ou l’intégration. Un démantèlement ou une séparation en plusieurs blocs marqueraient le retour à une fragmentation économique avec la réapparition de monnaies nationales. Un choix discutable pour des économies européennes aussi interdépendantes commercialement que financièrement.Le risque de voir les banques centrales profiter de leur indépendance retrouvée pour mener une guerre des devises continentale est non négligeable. Compte tenu de ses contradictions internes, la zone euro ne peut non plus rester dans sa forme actuelle si elle veut durer. Une coopération économique forte semble inévitable si ses membres veulent continuer à partager richesse et paix dans une économie mondialisée.Lire aussi :Pour une politique budgétaire et salariale européenneTrois mesures raisonnables et pratiques permettent de la renforcer sans toucher à la souveraineté de ses membres ni bouleverser ses institutions.La restructuration de la dette n’est pas interdite par les traités mais reste néanmoins un sujet tabou. Elle est pourtant la meilleure réponse à la question existentielle, lourde de plusieurs milliers de milliards, de la zone euro : comment réduire des dettes publiques records alors que croissance et inflation sont vouées à la modération et que les efforts d’austérité atteignent leurs limites ?Union européenne des marchés de capitauxLa restructuration offre une alternative à l’austérité poussive tout en permettant de lever l’ambiguïté qui a faussé l’évaluation du risque souverain avant la crise. L’astuce consiste à alléger le fardeau de la dette d’une manière ordonnée, en évitant les perturbations financières ou les phénomènes d’aléa moral. La palette d’instruments financiers à disposition est suffisamment large pour répondre à ces impératifs. Rappelons toutefois qu’il n’y a pas de solution miracle : une restructuration favorise toujours les débiteurs au détriment des créditeurs.L’économie européenne est trop dépendante de ses banques puisque les prêts bancaires représentent environ 80 % de la dette du secteur privé. Le problème a éclaté au grand jour pendant la crise quand ces dernières ont fermé le robinet du crédit aux premières secousses, sans aucune alternative de taille pour y remédier.L’idée est de créer cette alternative sous la forme d’une union des marchés de capitaux européenne venant compléter l’union bancaire. L’objectif est de réduire la fragmentation financière en encourageant les flux transfrontaliers. L’harmonisation des réglementations nationales est ici essentielle. L’enjeu est particulièrement important pour les PME, premier vivier d’emploi en Europe. Elles ne représentent qu’un dixième du marché de la titrisation européenne, lui-même étant cinq fois plus petit qu’aux Etats-Unis.Le marché du travail de la zone euro est davantage une juxtaposition de dix-neuf marchés nationaux qu’un seul marché commun. Les formes d’État-providence ainsi que l’organisation du dialogue social varient fortement entre pays membres. Certaines conventions du marché du travail qui affaiblissent le lien entre productivité et rémunération peuvent encore alimenter des déséquilibres salariaux au sein de la zone euro, sans possibilité de correction par les taux de change.Conseil de compétitivitéLes différences culturelles sont néanmoins trop fortes pour vouloir imposer un cadre commun. S’inspirant de la Belgique, l’économiste au think tank bruxellois Bruegel André Sapir propose une solution intermédiaire raisonnable sous la forme d’un conseil de compétitivité dans chaque état membre.Celui-ci endosserait le rôle de surveiller (et de comparer avec les voisins) des indicateurs de compétitivité puis de formuler des propositions d’évolution salariales lors des négociations entre partenaires sociaux. Des recommandations qui seraient non-contraignantes mais fourniraient un curseur précieux pour le débat public.Ces trois idées sont loin d’être des pansements. Leur mise en œuvre offrirait aux gouvernements une alternative à l’austérité, au secteur privé des nouvelles sources de financement, et à la compétitivité un nouvel œil bienveillant.Il est certainement trop tôt pour rêver, avec Victor Hugo et Winston Churchill, des Etats-Unis d’Europe. Le défi immédiat est de rendre la zone euro suffisamment robuste pour éviter les erreurs existentielles du passé sans trahir ses citoyens. La reprise aidera probablement à calmer leur défiance mais il faudra des années, voire des décennies, pour les réconcilier avec l’idée originale d’une monnaie unique. Donnons du temps au temps.Maxime Sbaihi (Economiste zone euro chez Bloomberg, à Londres) Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le FMI a toujours joué un rôle à part dans le sauvetage financier de la Grèce. Cela s’est encore vérifié ces derniers jours, alors que l’institution internationale a contribué à bloquer les négociations sur une liste de réformes contre des prêts supplémentaires à Athènes. Il exigeait encore, le week-end dernier, une réforme des retraites avec des baisses supplémentaires du niveau des pensions. Une demande inacceptable politiquement pour le gouvernement d’Alexis Tsipras.Fondé en 1944 pour assurer à l’époque la stabilité du système monétaire international (et en 1976, pour venir en aide aux pays en difficulté), le FMI n’a pas toujours joué le mauvais rôle dans le dossier grec. Au printemps 2010, quand il s’agissait de s’entendre – déjà – sur un sauvetage de la Grèce, qui menaçait de faire faillite et, à l’époque, d’entraîner l’ensemble de l’eurozone dans sa chute, c’était plutôt l’Allemagne qui se montrait la plus dure sur les mesures d’austérité devant être imposées à la Grèce.« Pompier »  des pays en criseLe 23 avril 2010, les pays de la zone euro ont fini par activer un (premier) plan d’aide à la Grèce, de 110 milliards d’euros. Dont 80 milliards de prêts en provenance de la zone euro et 30 milliards avancés par le FMI. Une somme énorme pour l’institution, compte tenu de la taille du pays (11 millions d’habitants), au regard des autres interventions du Fonds. C’est la première fois que le FMI intervient dans la zone euro. Si beaucoup d’acteurs à l’époque – Nicolas Sarkozy... Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La Grèce et l’Eurozone vivent à nouveau des jours cruciaux, alors que mercredi 3 juin, les créanciers du pays, – Fonds monétaire international, Commission européenne et Banque centrale européenne – étaient censés finaliser une proposition commune d’accord destinée à Athènes. Elle devait être remise en main propre le soir même par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, au premier ministre Alexis Tsipras. Un rendez-vous, confirmé mercredi en milieu de journée par M. Juncker lui-même, et auquel pourraient aussi assister, selon certaine ssources, Jeroen Dijsselbloem, le patron de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro), ainsi que des représentants du FMI et de la BCE. Une réunion des experts de l’Eurogroupe – un euro working group – devait aussi avoir lieu par téléphone dans la journée.Lire aussi :Les créanciers de la Grèce lui soumettent un projet d’accordCette proposition doit porter sur une série de réformes (des retraites, du droit du travail, de la TVA) que le gouvernement grec est censé mettre sur les rails en échange de prêts restant à verser par les créanciers (environ 7,2 milliards d’euros), dans le cadre du deuxième plan d’aide activé en 2012. Rien de précis n’avait filtré, mercredi. Selon nos informations, les créanciers pourraient proposer au gouvernement Tsipras, en contrepartie de cette liste de réformes, de solliciter une nouvelle prolongation du deuxième plan d’aide, qui doit normalement se terminer le 30 juin (il a déjà été prolongé deux fois…). Prolongation d’au moins trois mois, pour pouvoir commencer une nouvelle négociation, portant, cette fois, sur la restructuration de la dette grecque.Des haies ont certes été franchies ces derniers jours, avec la forte impulsion politique donnée par le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel pour pousser les parties à un accord, lors d’une rencontre au sommet, lundi, à Berlin. « Nous sommes confiants dans les chances d’un accord parce qu’il y a un travail franco-allemand extrêmement intense sur le sujet de la Grèce, les derniers jours l’ont montré et les prochains jours le montreront », a déclaré mercredi Emmanuel Macron, le ministre français de l’économie, après un entretien avec son homologue allemand Sigmar Gabriel.Mais pour qu’Athènes s’entende avec ses créanciers, que l’argent soit versé, et surtout qu’on en finisse avec cette incertitude politique délétère pour les finances et l’économie grecques (retombée en récession au deuxième trimestre), il reste encore pas mal de chemin à parcourir.Lire aussi :Le rôle à part du FMI dans la crise grecqueEffet boule de neigeIl y a encore cette échéance de remboursement d’Athènes au FMI, (300 millions dus au 5 juin) qui pourrait poser problème. Le gouvernement Tsipras a répété ces derniers jours qu’il paierait. Mais, mercredi, le porte-parole des parlementaires du parti Syriza au pouvoir, Nikos Filis, menaçait de ne pas le faire, « s’il n’y a aucune perspective d’accord d’ici vendredi ou lundi ». Un non paiement serait un premier pas vers un défaut grec, il pourrait entraîner un mouvement de panique des déposants grecs et, par un malheureux effet boule de neige, conduire rapidement à une insolvabilité des banques hellènes.Autre difficulté, dans les jours qui viennent : essentiellement politique, pour M. Tsipras. Il va devoir convaincre sa majorité parlementaire d’avaliser l’accord. Son parti de la gauche radicale, Syriza, n’a remporté qu’une majorité relative aux élections du 25 janvier (qui ont permis son accession au pouvoir), et ne peut compter que sur 149 sièges sur les 300 que compte le Parlement. Pas de quoi atteindre la majorité (151) et Tsipras s’est donc allié avec le parti des Grecs indépendants (ANEL), soit 13 voix supplémentaires. ANEL s’est jusqu’ici révélé un partenaire plutôt discipliné. On ne peut pas en dire autant des membres de Syriza…Ces dernières semaines, les divisions se sont renforcées au sein du parti. Certains de ses membres n’hésitent plus à menacer de ne pas voter l’accord. Ils reprochent à Tsipras ses concessions par rapport à son programme de campagne anti-austérité, qui prévoyait l’arrêt des privatisations ou se refusait à toute réforme du système des retraites. Autant de points sur lesquels M. Tsipras a reculé.Appels à la discipline de parti« Si les compromis exigés sont plus que ce qu’un parti de gauche radicale peut accepter, alors il y a un problème », affirme Loukas Axelos, un membre historique du parti. Lors de la réunion du comité directeur de Syriza, le 24 mai, M. Axelos a déposé une motion de censure contre la stratégie de négociation de Tsipras. Inquiet, ce dernier multiplie les appels à la discipline de parti. Le premier ministre fait un pari : personne chez Syriza ne voudra provoquer la chute du premier gouvernement de gauche de l’histoire récente de la Grèce, ou aller contre une opinion majoritairement opposée à la sortie de l’euro que ne manquerait pas d’engendrer l’échec des négociations avec les créanciers.Mardi 2 juin, le porte-parole de Syriza, Nikos Filis, a proposé de recourir aux élections en cas d’échec du vote au Parlement. Même son de cloche pour le ministre du travail Panos Skourletis : « Si l’accord proposé par les créanciers n’était pas honorable, alors le peuple devra être consulté ». Alexis Tsipras a lui même évoqué à plusieurs reprises l’idée d’un référendum en cas d’échec des négociations, afin de se faire clarifier par le peuple grec les contours de son mandat.Côté créanciers, l’accord, s’il est obtenu avec Tsipras, ne passera pas non plus comme une lettre à la poste. Il doit d’abord être validé en Eurogroupe (réunion des 19 ministres des finances de la zone euro). Puis par certains Parlements nationaux (l’Allemagne, peut-être la Finlande, les Pays-Bas). Et là, tout dépendra des contours de l’accord : s’il s’agit juste d’acter la liste des réformes avec les 7,2 milliards déjà « fléchés » pour Athènes, le Bundestag et les autres hémicycles ne devraient pas faire trop de problèmes.Lire aussi :Et si la Grèce ne remboursait pas le FMI ?Mais s’il est question d’une nouvelle extension du deuxième plan d’aide, voire, s’il est proposé, que les 10,9 milliards d’euros mis de côté il y a quelques années par les Européens pour assurer la recapitalisation éventuelle des banques grecques soient utilisés pour payer les remboursements dus par Athènes à la BCE cet été (plus de 7 milliards), l’aval du Bundestag devrait être plus difficile à obtenir…Lire aussi :Grèce : l’ex-députée socialiste Elena Panaritis renonce au FMI@Adea_GuillotAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.06.2015 à 15h51 • Mis à jour le02.06.2015 à 18h48 Grand artisan de la réunification de l’Allemagne, l’ancien chancelier allemand Helmut Kohl a subi deux opérations chirurgicales coup sur coup et « va bien compte tenu des circonstances », selon un communiqué de son bureau publié mardi 2 juin.Plus tôt, le magazine Bunte affirmait que l’homme de 85 ans avait été placé en soins intensifs à Heidelberg. Selon l’hebdomadaire, Helmut Kohl, en chaise roulante depuis un accident vasculaire cérébral, a subi une intervention chirurgicale à l’hôpital universitaire de Heidelberg, ville proche de son domicile de Ludwigshafen. L’hebdomadaire Der Spiegel avait indiqué que selon l’entourage de l’ex-chancelier, il aurait été « dans un état critique ».En fin d’après-midi, son bureau, qui gère ses affaires courantes en tant qu'ancien chancelier et ex-député, a assuré que M. Kohl avait été opéré début mai d’une hanche et a subi « ensuite une autre intervention ». Il « a très bien surmonté » la première opération, et « ira en rééducation en raison de sa nouvelle hanche » à l'issue de la seconde opération.A l’origine de la monnaie uniqueChef du gouvernement de 1982 à 1998, Helmut Kohl est le dirigeant allemand qui est resté en poste le plus longtemps depuis la seconde guerre mondiale. Outre la réunification allemande, menée à bien entre 1989 et 1990, il a poussé, avec le président français François Mitterrand, à la création de la monnaie unique européenne.Figure historique de l’Union chrétienne-démocrate (CDU, conservateurs), il est considéré comme celui à qui la chancelière actuelle Angela Merkel doit son ascension politique dans les années 90. Ces dernières années, l’ancien dirigeant conservateur a publiquement émis des doutes sur la manière dont l’actuelle chancelière a géré la crise de la dette dans la zone euro. 02.06.2015 à 11h02 • Mis à jour le03.06.2015 à 09h01 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance), Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Les représentants des créanciers de la Grèce (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne et Commission européenne) ont abouti, dans la soirée du mardi 2 juin, à un « draft » d’accord qu’ils soumettront au gouvernement grec d’Alexis Tsipras.« L’idée, c’est d’envoyer les propositions (...), puis d’enchaîner, peut-être, avec une conférence téléphonique avec Athènes », indiquait plus tôt une source européenne proche des négociations. Le « draft » porte sur une liste de réformes que la Grèce est censée mettre sur les rails pour pouvoir obtenir le déblocage des prêts encore disponibles (environ 7,2 milliards d’euros) dans le cadre du deuxième plan d’aide qui a été accordé au pays en 2012.Lire notre décryptage :Réformes ou sortie de l’euro : comprendre la situation de la Grèce« Il ne s’agit pas d’un ultimatum à Athènes – nous discutons depuis des semaines de ces réformes avec Tsipras – mais de mettre les choses en forme », explique une source proche des négociations. Il n'était pas clair dans l'immédiat si le gouvernement d'Alexis Tsipras, qui a annoncé mardi avoir soumis à ses bailleurs de fonds un projet de réformes « global » et « réaliste », allait accepter le projet d'accord mis au point par les créanciers.Le premier ministre grec a indiqué qu’il va rencontrer, mercredi soir, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne. Mais, à Bruxelles, ce rendez-vous n’est pas officiellement confirmé.Lors d'une visite, mardi, au ministère grec de l'éducation, M. Tsipras a déclaré que « la Grèce a présenté des propositions ». « Nous avons fait des concessions, ce qui est normal dans une négociation , mais nous avons présenté un plan réaliste pour sortir le pays de la crise », a-t-il précisé, ajoutant que « le dilemme est aujourd'hui entre une option de sortie de crise réaliste, ou une division de l'Europe ». Pour lui c'est désormais « aux dirigeants européens  » de trancher.Réunion mercrediUn « Euroworking group », une réunion (technique) préparatoire à un Eurogroupe (politique), réunissant au téléphone les directeurs des Trésors des 19 pays de l’Eurozone, doit se tenir mercredi 3 juin. Ce rendez-vous avait été programmé dès fin mai.S’il aplanit suffisamment de différends, il pourrait ouvrir la voie à la convocation d’un Eurogroupe exceptionnel sur la Grèce, d’ici à la fin de cette semaine, ou au tout début de la semaine prochaine.Car ce n’est qu’un feu vert des 19 ministres des finances de la zone euro – y compris le Grec Yanis Varoufakis – qui peut avaliser définitivement un accord entre Athènes et ses créanciers.Lire aussi :Qui sont les protagonistes de la crise de la dette grecque ?« Des progrès sont enregistrés, mais c’est vraiment insuffisant », a toutefois déclaré, mardi, le président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, dans un entretien à la télévision néerlandaise privée RTL 7.Lundi soir, une réunion d’urgence s’était tenue à Berlin entre les principaux protagonistes de la crise grecque : Mario Draghi pour la BCE, Christine Lagarde pour le FMI, la chancelière allemande Angela Merkel, le président français François Hollande et Jean-Claude Juncker pour la Commission européenne.M. Hollande et Mme Merkel veulent absolument sortir vite de l’impasse dans laquelle se trouve la zone euro, alors que la Grèce est au bord du défaut de paiement.Après des pourparlers intenses qui ont duré deux heures et demie, les dirigeants européens et le FMI ont voulu donner une impulsion politique décisive. M. Hollande est parti le premier, vers minuit. Les autres participants se sont éclipsés une demi-heure plus tard.Il semble que ce soit Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, qui soit restée la dernière dans le bureau de Mme Merkel, dont les lumières se sont éteintes peu avant 1 heure.Lire aussi :Tsipras obtient un début de politisation du dossier grecA Athènes, dans le même temps, le premier ministre grec Alexis Tsipras avait convoqué sa garde rapprochée au palais Maximou, sa résidence. En alerte, prêt à recevoir de Berlin un appel ou même un texte de compromis.A Paris, on espère trouver un accord avant ou autour du 5 juin. De même que Berlin, qui ne voudrait pas que le sujet grec envahisse « son » sommet du G7, à Elmau à partir du 7 juin. De fait, il y a urgence. Le 5 juin, la Grèce doit rembourser 300 millions d’euros au FMI. D’après plusieurs sources proches des négociations, Athènes peut trouver l’argent.Lire aussi :Et si la Grèce ne remboursait pas le FMI ?Mais la Grèce craint que si elle envoie ce chèque, sans l’assurance d’un accord avec Bruxelles dans la foulée, elle ne puisse pas assurer les remboursements suivants au Fonds (336 millions d’euros le 12 juin, 560 le 16 et 336 le 19 juin).Par ailleurs, pour que les prêts restant à verser (les 7,2 milliards) puissent l’être, il faut un accord en Eurogroupe (réunion des 19 ministres des finances de la zone euro), puis une validation par quelques parlements nationaux – dont le Bundestag.« La séquence est serrée, il ne faut pas traîner, l’accord politique doit intervenir dans les jours qui viennent », insistait une source proche des discussions, mardi.Lire aussi :Au G7 finance, le dossier grec occupe bien des conversationsTout faire pour empêcher un « Grexit »Sur la même ligne depuis le début du printemps, la chancelière allemande et le président français veulent préserver la zone euro d’un accident grec (un défaut de paiement) aux conséquences incalculables.Tout un tas d’analyses, des petites phrases ont fleuri ces derniers mois, suggérant qu’un « grexit », une sortie de la Grèce de la zone euro, aurait désormais des conséquences limitées, grâce aux pare-feux mis en place depuis la tempête financière des années 2008-2010 et les deux précédents sauvetages grecs (2010 et 2012) : l’Union bancaire, le Mécanisme européen de stabilité, etc.Mais les dirigeants français et allemands, et M. Juncker à la Commission, estiment qu’un Grexit créerait un précédent catastrophique, portant un coup terrible à l’intégrité et à l’irréversibilité de la zone euro. Et les conséquences géopolitiques d’une « mise au ban » de la Grèce seraient redoutables.C’est parce que le groupe de Bruxelles n’a pas réussi à surmonter ses différents, le week-end dernier, que la chancelière et le président français ont pris les choses en main politiquement, ces derniers jours.De l’autre coté de l’Atlantique, le porte-parole de la maison blanche Josh Earnest a de nouveau appelé, lundi, les différentes parties « à parvenir rapidement à un accord ». Les États-Unis redoutent toujours une déstabilisation mondiale de l’économie en cas de sortie de la Grèce de la zone euro.Encore un blocage sur les retraitesPour décrocher un accord, des compromis sont encore nécessaires, à Athènes, même si Tsipras, dans une tribune au Monde.fr, dimanche 31 mai, a dit avoir déjà pris sa part. Comme du côté des créanciers.Selon nos informations, le FMI bloque toujours sur une réforme des retraites, qu’il voudrait plus radicale. Ces dernières semaines, ses représentants demandaient une nouvelle baisse des pensions versées aux retraités.Le gouvernement Tsipras s’est dit prêt à faire des concessions, mais pas sur le niveau des pensions. Un compromis serait cependant en passe d’être trouvé entre le FMI et la Commission, qui plaide, elle, pour une réforme plus étalée dans le temps pour Athènes.Le niveau du trou budgétaire pour 2015 fait lui aussi débat. Les créanciers l’estiment à 3 milliards d’euros et souhaiteraient qu’Athènes prévoie 2 milliards d’euros de nouvelles économies. Le gouvernement grec estime avoir concédé suffisamment en proposant de récolter près d’1 milliard d’euros supplémentaires grâce à un changement du régime de la TVA.Lire aussi :Alexis Tsipras : « Non à une zone euro à deux vitesses »Ne pas créer une exceptionLe FMI est dans une situation délicate. Le fonds ne veut surtout pas donner l’impression de créer une exception avec la Grèce, à laquelle il a déjà prêté beaucoup (32 milliards d’euros depuis 2010). À son « board », beaucoup de grands pays émergents estiment qu’il a déjà été trop arrangeant avec Athènes.Pour autant, ni Paris, ni Bruxelles, ni surtout Berlin ne sont prêts à signer un accord avec Athènes sans le FMI. Le fonds a été le premier à se précipiter au chevet de la Grèce, en 2010, quand le pays, déjà, était au bord du gouffre. Ses règles de fonctionnement, son savoir-faire en matière d’aide d’urgence, manquaient à l’époque aux Européens, confrontés pour la première fois à la faillite de l’un des leurs.En mai 2010, tant Nicolas Sarkozy, alors président français, que le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble voulaient aider Athènes sans le recours à l’institution de Washington. « C’est la chancelière qui a imposé le FMI et elle avait raison », reconnaît aujourd’hui Wolfgang Schäuble.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteFrédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Maxime Vaudano Les tractations en cours entre les protagonistes de la crise grecque parviendront-elles à sortir enfin de l’impasse ? En ce début du mois de juin, la situation se tend chaque jour un peu plus car Athènes est confrontée aux échéances de plusieurs remboursements, auxquels elle ne pourra pas faire face faute d'un accord avec les « institutions » (ex-Troïka). Le point sur la situation.Quel est le problème ?Sur quoi bloquent les discussions ?Pourquoi une telle urgence ?Que se passerait-il en cas d'échec des discussions ?La Grèce peut-elle vraiment sortir de l'euro ?1. Quel est le problème ?Depuis l'arrivée au pouvoir du parti de la coalition de la gauche radicale grecque, Syriza, en janvier 2015, le premier ministre, Alexis Tsipras, négocie avec les créanciers internationaux d'Athènes un compromis qui lui permettrait d'alléger le poids de sa dette tout en bénéficiant de nouvelles aides.Lors la réunion de l'Eurogroupe du 20 février, les parties sont parvenues à un accord de principe : Athènes s'est engagée à soumettre une liste de réformes structurelles aux « institutions » (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne et Commission européenne) en échange du versement de la dernière tranche du deuxième plan d'aide international de 2012, jusqu'alors gelée – un prêt de 7,2 milliards d'euros.Problème : les discussions techniques patinent, car les créanciers de la Grèce jugent insuffisantes les propositions de réformes de M. Tsipras, qui veut ménager son électorat en limitant les politiques d'austérité.2. Sur quoi bloquent les discussions ?Le FMI, qui campe sur une ligne dure, réclame plus d'efforts au gouvernement grec, mettant en avant le respect de ses « principes ». Plus exigeant que les institutions européennes, il réclame notamment un report de l'âge de la retraite à 67 ans et une libéralisation du marché du travail.Alexis Tspiras s'est quant à lui défendu, dimanche 31 mai, dans une tribune au Monde de bloquer les négociations par son intransigeance, mettant en avant les concessions faites par son gouvernement depuis le mois de janvier : une réforme de la TVA et une poursuite du programme de privatisations. Ces derniers jours, les dirigeants grecs se sont même dits prêts à repousser de six mois à un an le plan anti-austérité annoncé pendant la campagne de Syriza.3. Pourquoi une telle urgence ?Parce qu'Athènes, qui n'a plus reçu aucune aide financière internationale depuis l'été 2014, a besoin de ces 7,2 milliards d'euros rapidement. Elle doit rembourser en juin pas moins de 1,6 milliard d'euros au FMI, et 6,7 milliards à la BCE en juillet et août. Or, si les réserves de l'Etat grec devraient suffire à honorer l'échéance de 306 millions due au FMI le 5 juin, les caisses seront vides pour les suivantes, les 12, 16 et 19 juin. Mais surtout, le plan d'aide international actuel arrive à échéance le 30 juin. En l'absence d'accord avec les « institutions » d'ici à la fin du mois, la Grèce pourrait donc dire adieu à ce nouveau prêt et connaître un défaut de paiement.C'est pourquoi les discussions, bloquées depuis plusieurs semaines, sont aujourd'hui dans une phase critique.Le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, a toutefois affirmé le 2 juin dans le Wall Street Journal que si elles n’avaient pas encore tout à fait abouti, les discussions commençaient à « porter leurs fruits ». Selon les informations du Monde, le « groupe de Bruxelles », constitué de représentants de l’administration grecque et des créanciers, devait se réunir mardi pour tenter de finaliser un brouillon d’accord, avant de l’envoyer à Athènes.Lire :Les créanciers de la Grèce lui soumettent un projet d’accordOutre le fait d'apporter un grand bol d'air aux Grecs, un compromis ouvrirait la voie à la négociation éventuelle d'un troisième plan d'aide international, qui pourrait intervenir en 2016.Lire aussi :Grèce : le scénario d’un accord en deux temps4. Que se passerait-il en cas d'échec des discussions ?A défaut d'un accord, « la Grèce, mais aussi l'Union européenne, vont entrer en territoire inconnu », a estimé le ministre grec de l'économie, Georges Stathakis, dans un entretien au journal Realnews. Incapable d'honorer ses dettes, Athènes devrait voir s'enclencher contre elle une procédure de « mise en défaut » de la part du FMI.Elle pourrait à la rigueur bénéficier d'un mois de sursis pour regrouper ses paiements en un seul – une solution qui a été appliquée pour la dernière fois en Zambie, dans les années 1980.Lire :Et si la Grèce ne remboursait pas le FMI ?Mais surtout, un effet boule de neige pourrait accentuer la défiance de tous ses créanciers et une panique des citoyens grecs. Et pour honorer ses paiements courants (comme le salaire des fonctionnaires), la Grèce pourrait être tentée d'imprimer des monnaies parallèles, à l'image de l'Argentine au début des années 2000. Dès lors, la sortie de la Grèce de la zone euro ne serait qu'une question de temps.Lire :La Grèce risque-t-elle le scénario argentin ?5. La Grèce peut-elle vraiment sortir de l'euro ?Sur cette question hautement sensible, qui alimente le débat depuis bientôt cinq ans, les avis divergent. Les Européens rechignent à évoquer ce scénario publiquement. Du ministre français des finances, Michel Sapin, au président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, tous les dirigeants européens s'opposent à un « Grexit ». A l'inverse, le FMI est beaucoup plus intransigeant. Pour faire monter la pression, sa patronne Christine Lagarde a prévenu fin mai dans une interview à la FAZ que la sortie de la Grèce de la zone euro était une « possibilité », et qu'elle ne signifierait pas « la fin de l'euro ».Juridiquement, les traités européens ne prévoient pas la possibilité pour un Etat de quitter la zone euro. La Commission européenne l'a rappelé le 5 janvier pour tenter de dissiper les rumeurs : l'appartenance d'un pays à la zone euro est « irrévocable ».Dès lors, deux possibilités s'offriraient à la Grèce si elle voulait le faire, comme l'expliquait déjà en 2011 l'économiste Eric Dor.La voie légale : elle sort de l'Union européenne (grâce à l'article 50 du traité de Lisbonne), puis y ré-adhère dans la foulée en négociant une exception lui permettant de ne pas avoir à entrer dans la zone euro (comme le Royaume-Uni, la Suède ou le Danemark l'ont fait dans les années 1990).La voie exceptionnelle : les Vingt-Huit amendent les traités européens pour y introduire une clause de sortie de la zone euro, pour permettre à la Grèce de quitter la monnaie unique sans devoir claquer la porte de l'UE. Il serait même possible, selon certains observateurs, de contourner le droit européen si tout le monde (Commission et Etats-membres) était d'accord.Maxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le premier ministre grec, Alexis Tsipras est peut-être en passe d’obtenir ce qu’il cherche depuis quatre mois, c’est-à-dire un règlement politique du dossier grec dans la dernière ligne droite.Il a en tout cas pu se satisfaire de la réunion très « politique » qui a eu lieu lundi 1er juin à Berlin : dans la soirée Angela Merkel, qui accueillait François Hollande, a réuni Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE) et Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI).Au menu de ce rendez-vous d’urgence : l’accélération des discussions entre la Grèce et ses créanciers afin de trouver une solution qui permette au pays d’éviter le défaut de paiement à la fin de la semaine, quand il devra rembourser des emprunts contractés auprès du FMI. Cette politisation des négociations a-t-elle porté ses fruits ? Il est trop tôt pour le dire.Ebauche d’accordÀ l’heure où les dirigeants européens et la patronne du FMI étaient réunis à Berlin, M. Tsipras avait convoqué sa garde rapprochée au palais Maximou (résidence du premier ministre) à Athènes.En alerte, prêt à recevoir de Berlin un appel ou, mieux encore, un texte de compromis, le premier ministre grec aura finalement dû se résoudre à clore cette réunion sans que rien ne soit tranché. Du moins officiellement.Car selon des sources proches des négociations, les créanciers auraient bien discuté autour d’une ébauche d’accord, sans pour autant s’entendre de manière définitive. Le FMI notamment se serait de nouveau montré assez ferme.Accélérer le processusLa seule volonté commune affichée est d’accélérer le processus et de faire pression sur le « groupe de Bruxelles » (les techniciens des créanciers), dont les travaux devaient reprendre dès mardi matin, pour arriver à dénouer les derniers points de conflit.La Commission, l’Allemagne et la France semblent désormais déterminées à maintenir à tout prix la Grèce dans la zone euro et poussent donc à trouver les moyens de sortir de l’impasse. Ils ne sont pas prêts pour autant à se passer du FMI, présent depuis le début dans la gestion du dossier grec, qui a prêté 32 milliards d’euros au pays, et reste le garant d’une certaine technicité du dossier.C’est en effet le FMI qui sait organiser le contrôle de l’avancée des réformes imposées à la Grèce, en échange des 240 milliards de prêts qu’elle a touchés au total de ses créanciers depuis 2010.Des désaccords persistentL’un des points de « crispation » dans les discussions demeure la question du système des retraites que le FMI veut voir réformer plus fortement. Dans une tribune publiée dimanche 31 mai sur LeMonde.fr, Alexis Tsipras a certes rappelé qu’il était prêt à un compromis.« Nous nous sommes mis d’accord pour mettre en œuvre une grande réforme du système de sécurité sociale avec l’unification des caisses d’assurance sociale, la suppression de dispositions autorisant à tort l’octroi de retraites anticipées, en augmentant de cette façon l’âge réel de la retraite », a-t-il écrit. Mais le premier ministre grec s’oppose à toute nouvelle baisse des pensions versées aux retraités. Or c’est sur ce point qu’insiste le FMI.Un désaccord persiste également sur le niveau du déficit affiché par le budget de l’Etat grec pour l’année 2015 et donc sur l’ampleur des mesures d’économies à réaliser pour le réduire. Les créanciers estiment le « trou » à 3 milliards d’euros et souhaiteraient qu’Athènes anticipe de nouvelles mesures permettant 2 milliards d’économies supplémentaires.Des « progrès sérieux »Là encore, le gouvernement grec estime avoir concédé suffisamment en proposant de récolter près d’un milliard d’euros supplémentaire, à travers un changement du régime de la TVA déjà bien difficile à faire passer. Il propose plutôt de s’attaquer à la fraude fiscale et d’améliorer la collecte des impôts – sans les augmenter pour autant.Par contre le niveau attendu de l’excédent primaire (hors charge de la dette) semble pouvoir être revu à la baisse pour les années 2015 et 2016 sans trop de problème maintenant.Des « progrès sérieux » sont faits mais il reste du « chemin à faire pour parvenir au bon accord », a déclaré, mardi matin, le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici au micro de France Inter. « On a avancé sur des questions concrètes », notamment sur la TVA et la réforme de l’administration en Grèce, mais le « temps presse », a ajouté le commissaire européen.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Antonin Sabot L’arrêté d’expulsion avait été affiché samedi 30 mai en préfecture. Depuis, les migrants qui campaient boulevard de La Chapelle à Paris, entre les stations de métro Barbès et La Chapelle, dans le 18e arrondissement, s’attendaient à être expulsés d’un jour à l’autre. Mardi 2 juin, la police a bouclé le périmètre aux alentours de 6 heures et a procédé à l’évacuation du camp, mettant en avant, comme souvent dans ce genre de cas, l’insalubrité et les risques sanitaires.Lire aussi :Dans nos sociétés pressées, le migrant est transparent« C’est une opération d’urgence et c’est dommage de devoir en arriver là », reconnaissait Pierre Henry, directeur général de France terre d’asile, présent sur place pour « garantir que ça se passe bien ». Avec Emmaüs, l’association avait aidé à établir, la semaine dernière, un « diagnostic » sur le nombre de personnes que comptait le campement, sur leur situation et sur la réponse à y apporter. Une liste de trois cent quatre-vingts personnes avait été établie. Parmi elles, la moitié relève de la demande d’asile et certaines auraient même déjà le statut de réfugié. Mais mardi matin, c’est justement cette liste qui pose problème. Alors que la police fait entrer petit à petit les migrants dans des autobus en partance pour toute l’Ile-de-France, beaucoup d’autres restent coincés derrière le cordon de sécurité. « Ils se lèvent tôt et certains partent prendre leur petit-déjeuner dans des associations, ou quittent un moment le camp », explique une bénévole de l’association Entraides citoyennes. Impossible pour eux de rejoindre leur tente et de récupérer leurs affaires. A chaque membre de France terre d’asile ou à un officiel qui s’approche ils tendent leurs papiers pour supplier de les laisser entrer. Au compte-gouttes, on laisse passer quelques femmes avec des poussettes. « On les trie sur le trottoir », proteste une militante.D’autres expliquent qu’ils n’étaient pas là au moment du recensement. Ils dormiront certainement dans la rue ce soir encore.« Tout ce qu’on cherche, c’est à les disperser, note, amer, Pascal Julien, conseiller de Paris écologiste, mais les solutions proposées ne sont que temporaires. » Une bonne moitié part en direction de La Boulangerie, un centre d’accueil de nuit pour personnes sans domicile fixe, les autres sont répartis dans toute la région. « Mais dans quinze jours ? » interrogent l’élu et des militants venus soutenir les migrants. « Vous pouvez être sûrs qu’ils vont se regrouper à nouveau », assure Pascal Julien. A chaque car qui s’en va, un petit groupe de militants tente de s’interposer un moment. Adresse quelques signes de soutien ou d’amitié aux personnes qui, dans le bus, font un petit geste de la main, un sourire un peu inquiet aux lèvres. « Je suis venu pour montrer qu’il y a un peu de solidarité, explique Christine, qui préfère ne pas donner son nom et dit habiter non loin de là. On venait souvent, le camp était sordide, ils n’avaient que trois toilettes pour quatre cents personnes et un seul point d’eau, mais des personnes dans une telle détresse ont besoin de se regrouper et d’être ensemble pour survivre. J’ai honte de ce qu’il se passe aujourd’hui », lâche-t-elle.« Risque d’épidémie »Mercredi 27 mai, le préfet de police de Paris, Bernard Boucault, avait fait état d’un « risque d’épidémie » justifiant une évacuation rapide. Des risques de dysenterie et des cas de gale avaient été rapportés par l’Agence régionale de santé dans un document à la fin du mois de mai. La ministre de la santé, Marisol Touraine, a d’ailleurs jugé mardi matin sur France Info que « le démantèlement de ce camp répond [ait] aussi à une exigence en termes sanitaires ».« Les campements sont des lieux qui en termes d’épidémie, en termes sanitaires sont toujours des risques (…), d’abord pour ceux qui y habitent », a commenté la ministre des affaires sociales. En matière de politique d’accueil de la France, Marisol Touraine a souligné que « la France accueille des migrants, [elle] n’est pas portes fermées, les yeux fermés sur la réalité du monde ». Chacun semble savoir que l’expulsion et les relogements ne sont que des solutions temporaires. Au moins deux cents personnes du camp seraient « en transit » vers d’autres pays. « Les femmes avec enfant relèvent de l’aide sociale à l’enfance de la ville », et les demandeurs d’asile des centres d’accueil, a détaillé le préfet. Pour les autres, en transit ou ne voulant pas demander l’asile, « une mise à l’abri temporaire » sera proposée.La Ville de Paris devrait également loger dans des hôtels soixante-quatorze personnes, dont les mineurs présents sur le camp. L’emplacement devait être ensuite nettoyé et une veille assurée sur le site, a-t-on indiqué de source proche de la Mairie.Aux abords du pont, place de La Chapelle, un journaliste interviewe un jeune homme qui dit appartenir au camp :- « Où allez-vous dormir ce soir ? » - « Ben ici », répond l’homme, le regard dans le vide. Le journaliste hésite un moment. - « Mais c’est évacué… »- « Oui, mais j’ai pas de famille, nulle part où aller. Alors je dois bien dormir ici… »Lire aussi :La « jungle » de La Chapelle bientôt évacuée Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-556f2ba8416e9'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 11\r\n \r\n \r\nDans le campement se croisent de nombreuses nationalit\u00e9s : Erythr\u00e9ens, Soudanais, Marocains, Tunisiens...\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Dans le campement se croisent de nombreuses nationalit\u00e9s : Erythr\u00e9ens, Soudanais, Marocains, Tunisiens...","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":0,"position":1,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 11\r\n \r\n \r\nZaccharie, un Soudanais install\u00e9 dans le campement depuis six mois.\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Zaccharie, un Soudanais install\u00e9 dans le campement depuis six mois.","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":1,"position":2,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 11\r\n \r\n \r\nNe pas perdre les gestes du quotidien est essentiel. Une personne offre ses services de coiffeur \u00e0 un habitant du campement.\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Ne pas perdre les gestes du quotidien est essentiel. Une personne offre ses services de coiffeur \u00e0 un habitant du campement.","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":2,"position":3,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 11\r\n \r\n \r\nL\u2019association Une chorba pour tous a distribu\u00e9 plus de deux cent cinquante repas dans le campement. C'est la premi\u00e8re fois que l'association prenait cette initiative.\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"L\u2019association Une chorba pour tous a distribu\u00e9 plus de deux cent cinquante repas dans le campement. C'est la premi\u00e8re fois que l'association prenait cette initiative.","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":3,"position":4,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 11\r\n \r\n \r\nKaled, un migrant soudanais, mange son seul repas de la journ\u00e9e, offert par Une chorba pour tous.\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Kaled, un migrant soudanais, mange son seul repas de la journ\u00e9e, offert par Une chorba pour tous.","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":4,"position":5,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 11\r\n \r\n \r\nLes r\u00e9fugi\u00e9s vivent ici dans des conditions tr\u00e8s pr\u00e9caires. La pr\u00e9fecture \u00e9voque m\u00eame un risque \u00ab d'\u00e9pid\u00e9mie \u00bb.\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Les r\u00e9fugi\u00e9s vivent ici dans des conditions tr\u00e8s pr\u00e9caires. La pr\u00e9fecture \u00e9voque m\u00eame un risque \u00ab d'\u00e9pid\u00e9mie \u00bb.","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":5,"position":6,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 11\r\n \r\n \r\nUne r\u00e9fugi\u00e9e soudanaise pose avec son enfant devant le campement. Elle a d\u00e9pos\u00e9 une demande d'asile, mais n'arrive pas \u00e0 obtenir un logement.\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une r\u00e9fugi\u00e9e soudanaise pose avec son enfant devant le campement. Elle a d\u00e9pos\u00e9 une demande d'asile, mais n'arrive pas \u00e0 obtenir un logement.","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":6,"position":7,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 11\r\n \r\n \r\nDes repr\u00e9sentants de la mairie de Paris et d'associations humanitaires viennent rencontrer les migrants et proc\u00e9der \u00e0 un recensement dans le campement. Ici, la directrice d\u2019Emma\u00fcs solidarit\u00e9.\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des repr\u00e9sentants de la mairie de Paris et d'associations humanitaires viennent rencontrer les migrants et proc\u00e9der \u00e0 un recensement dans le campement. Ici, la directrice d\u2019Emma\u00fcs solidarit\u00e9.","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":7,"position":8,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 11\r\n \r\n \r\nLes tentes sont d\u00e9ploy\u00e9es entre les rails de la gare du Nord et la ligne 2 du m\u00e9tro.\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Les tentes sont d\u00e9ploy\u00e9es entre les rails de la gare du Nord et la ligne 2 du m\u00e9tro.","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":8,"position":9,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 11\r\n \r\n \r\nLa nuit tombe sur le campement. Difficile de dormir avec les passages incessants du m\u00e9tro.\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"La nuit tombe sur le campement. Difficile de dormir avec les passages incessants du m\u00e9tro.","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":9,"position":10,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200_9.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 11 \/ 11\r\n \r\n \r\nTout le monde n'a pas la chance de disposer d'une tente. Les derniers arriv\u00e9s dorment sur des matelas.\r\nCr\u00e9dits : HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Tout le monde n'a pas la chance de disposer d'une tente. Les derniers arriv\u00e9s dorment sur des matelas.","source":"HERVE LEQUEUX POUR LE MONDE","index":10,"position":11,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/05\/29\/les-derniers-jours-de-la-jungle-des-migrants-au-metro-la-chapelle-a-paris_4643775_1654200_10.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Antonin SabotJournaliste au pôle vidéoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Angela Merkel, François Hollande, Jean-Claude Juncker, Mario Draghi et Christine Lagarde se sont séparés vers minuit, mardi 2 juin. La chancelière allemande, qui recevait à Berlin le président français et le président de la Commission européenne pour une rencontre avec une vingtaine de dirigeants d’entreprises industrielles européennes, lundi, de 19 heures à 21 heures, a organisé un minisommet de crise sur la Grèce en invitant le président de la Banque centrale européenne et la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) à les rejoindre dans la soirée.Il s’agissait de trouver une position commune pour les créanciers face à Athènes. Ceux-là exigent de la Grèce qu’elle entreprenne des réformes structurelles avant de débloquer une dernière tranche d’aide de quelque 7,2 milliards d’euros dont la Grèce a urgemment besoin.Lire :Grèce : le scénario d’un accord en deux tempsForte pression sur les négociateursApparemment, les cinq dirigeants ne sont pas parvenus à un accord. A l’issue de la rencontre, un négociateur a reconnu qu’il « restait encore deux ou trois points à régler » mais que François Hollande et Angela Merkel avaient fait une forte pression sur les négociateurs pour qu’ils trouvent « très rapidement » un accord entre eux avant d’en trouver un avec la Grèce. « Les négociateurs doivent rester en contact étroit entre eux et naturellement également avec le gouvernement grec », a indiqué la chancellerie.Dimanche soir, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, avait eu au téléphone Angela Merkel et François Hollande durant une heure. Un échange téléphonique qualifié de « constructif » par le porte-parole d’Angela Merkel. Les trois dirigeants s’étaient déjà longuement parlé le jeudi. Lundi soir, Alexis Tsipras n’a pas été associé aux discussions.Depuis plusieurs jours, le Fonds monétaire international semble plus intransigeant que les institutions européennes. Le FMI, qui a déjà prêté des sommes records à la Grèce (32 milliards d’euros depuis cinq ans), veut absolument éviter de créer un précédent avec Athènes en traitant le pays avec plus d’indulgence que d’autres.1,6 milliard d’euros à rembourser en juinDans un entretien accordé vendredi 29 mai au Frankfurter Allgemeine Zeitung, Christine Lagarde n’avait pas exclu une sortie de la Grèce de la zone euro, même si elle est ensuite revenue sur ses propos. Lors de la réunion des ministres des finances du G7, les 28 et 29 mai, les Européens, notamment le ministre français Michel Sapin, avaient « totalement exclu » que le FMI ne négociât pas aux côtés des institutions européennes. Mais un proche du dossier reconnaissait que « le FMI n’était pas dans la même logique et n’avait ni le même calendrier ni les mêmes procédures ».Lire aussi :Et si la Grèce ne remboursait pas le FMI ?Côté calendrier, la Grèce doit rembourser 1,6 milliard d’euros au FMI en juin en quatre tranches, dont 300 millions dès le 5 juin. Par ailleurs, Angela Merkel, qui préside le G7 les 7 et 8 juin à Ellmau, en Bavière, ne souhaite pas que le dossier grec perturbe « son » G7.Le gouvernement grec, lui, souffle le chaud et le froid. La semaine dernière, Yanis Varoufakis, ministre des finances grec, avait affirmé que la Grèce rembourserait ses créanciers dans les temps, « puisqu’il y aura un accord d’ici au 5 juin ». En revanche, dans une tribune publiée ce week-end par le journal Le Monde, le premier ministre, Alexis Tsipras, estimait que la Grèce avait pris les engagements que les créanciers attendaient d’elle. Et que c’était leur intransigeance qui empêchait la négociation en cours de s’achever.Lire aussi la tribune :Alexis Tsipras : « Non à une zone euro à deux vitesses »Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.06.2015 à 13h57 La campagne des élections législatives turques du 7 juin a fait, lundi 1er juin, un détour inattendu par les commodités présidentielles. Le chef de l’Etat, Recep Tayyip Erdogan, a mis le chef de l’opposition au défi de prouver que le siège de ses toilettes était… en or.Inédite, la polémique politico-sanitaire a été lancée par le président du Cumhuriyet Halk Partisi (CHP, « Parti républicain du peuple » – social-démocrate), Kemal Kiliçdaroglu. Ce dernier a pris pour cible le gigantesque et luxueux palais de M. Erdogan, signe selon lui de la folie des grandeurs et de la dérive autoritaire de l’homme fort du pays.Lors d’une réunion publique samedi à Izmir (ouest), il a dénoncé ces « messieurs d’Ankara » pour lesquels on a « construit des palais, livré des avions, acheté des voitures Mercedes (…) et des sièges en or [pour recouvrir] les toilettes ».Lire aussi :M. Erdogan s’offre un palais symbole de sa « nouvelle Turquie »« Si c’est le cas, je démissionnerai de la présidence » Lors d’un entretien dimanche soir sur la télévision publique TRT, M. Erdogan a très sérieusement répondu aux allégations de son adversaire en l’invitant à venir vérifier sur place. « Je l’invite à venir faire une visite (…) je me demande s’il sera capable de trouver un couvercle de toilettes en or dans une salle de bains », s’est amusé le chef de l’Etat. « Si c’est le cas, je démissionnerai de la présidence », a ajouté M. Erdogan. La présidence de la République a fait savoir lundi qu’elle avait envoyé une invitation officielle à M. Kiliçdaroglu.Inauguré à l’automne dernier, le nouveau palais présidentiel, qui compte un millier de pièces et coûté 490 millions d’euros, est l’une des cibles favorites des détracteurs du président islamo-conservateur.Lire aussi :Erdogan, à la fois sultan et Atatürk en son nouveau palaisAu pouvoir depuis 2002, l’Adalet ve Kalkınma Partisi (AKP – le « Parti de la justice et du développement ») de M. Erdogan se présente en favori, mais affaibli aux législatives, de dimanche. L’actuel chef de l’Etat espère y obtenir une forte majorité à sa main pour réformer la Constitution. 07.06.2015 à 04h48 • Mis à jour le07.06.2015 à 14h15 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante)   Les élections législatives de dimanche 7 juin sont déterminantes pour l’avenir du président islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan, 61 ans, aux manettes du pays depuis douze ans. Elu en août 2014 à cette fonction essentiellement honorifique en Turquie, M. Erdogan rappelle souvent qu’il parle « au nom du peuple ». Se sentant investi d’une mission, il veut faire basculer le pays d’un système parlementaire vers un régime présidentiel fort.Si son Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) rafle les deux tiers (367) des 550 sièges de députés au Parlement, il pourra modifier la Constitution et élargir ses pouvoirs. Avec 330 sièges, la convocation d’un référendum sera possible. A 229 sièges, il devra dire adieu à son projet d’hyper-présidence. Baisse de popularitéL’AKP, qui a remporté haut la main tous les scrutins depuis 2002, est assuré de rester le premier parti de Turquie. Mais sa popularité n’est plus ce qu’elle était. Selon les derniers sondages, les islamo-conservateurs sont crédités de 40 à 42 % des intentions de vote, un sérieux recul par rapport aux 49 % obtenus aux législatives de 2011.Selon une enquête publiée en mars par l’institut de sondages Gezici, 77 % des Turcs sont hostiles au régime présidentiel. Les électeurs de l’AKP ne sont pas les derniers, 64 % d’entre eux se disent opposés au projet caressé par leur chef. Plus largement, 72 % des personnes interrogées mettent en avant sa fibre autoritaire pour justifier leurs craintes.Une petite formation, le Parti démocratique du peuple (HDP, gauche, pro-kurde) pourrait faire perdre à l’AKP la majorité absolue au Parlement. Lors des élections précédentes, les islamo-conservateurs avaient bénéficié des deux tiers des voix de l’électorat kurde au sud-est du pays. La montée en popularité du HDP risque de changer la donne. Pour jouer les trouble-fête à l’Assemblée, le HDP doit franchir le seuil de 10 % des suffrages. En cas d’échec, toutes les voix recueillies par ce parti iront à l’AKP, selon le système proportionnel en vigueur en Turquie.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.06.2015 à 14h33 • Mis à jour le06.06.2015 à 15h54 | Benoît Vitkine (Kiev, envoyé spécial)   Incertaine jusqu’au tout dernier moment, la deuxième Gay Pride de l’histoire ukrainienne s’est tenue, samedi 6 juin à Kiev. Elle s’est achevée dans la violence.Les organisateurs de la « marche de l’égalité » avaient multiplié les précautions, et tenu secret jusqu’au dernier instant le lieu du rassemblement. Environ 200 personnes – plus que lors de l’édition 2013 – y ont participé, marchant quelques centaines de mètres le long des rives du Dniepr, dans le quartier excentré d’Obolon, protégées par un déploiement policier extrêmement imposant.Plusieurs diplomates européens étaient présents, ainsi que deux députés du parti du président, Petro Porochenko. En plus des drapeaux arc-en-ciel et des pancartes réclamant « l’égalité », quelques tambours avaient été sortis pour tenter de donner à l’événement un air festif, malgré les insultes et les menaces lancées par des contre-manifestants d’extrême droite. Comme en réponse au slogan nationaliste « L’Ukraine au-dessus de tout », les marcheurs ont scandé « Les droits de l’homme au-dessus de tout ».Des groupes d’extrême droite interpellésSeul incident notable pendant le défilé, un policier a été atteint par une bombe artisanale, laissant derrière lui une large flaque de sang. Mais les organisateurs avaient apparemment négligé un point : le moment de la dispersion du rassemblement. Celui-ci s’est vite mué en une course-poursuite effrénée entre policiers, contre-manifestants masqués et décidés à en découdre, et manifestants pris au piège dans le dédale des cours du quartier. On a pu voir des groupes de manifestants apeurés tenter d’arrêter des véhicules en pleine rue pour échapper aux coups, d’autres essayer d’échapper discrètement à la nasse.Une trentaine de membres de groupes d’extrême droite ont été interpellés, parfois violemment. Plusieurs blessés ont été emmenés à l’hôpital, dont au moins deux membres des forces de l’ordre.Les groupes d’extrême droite avaient très ouvertement fait part de leur intention d’empêcher la tenue du défilé. Dmitro Iaroch, dirigeant du parti ultranationaliste Pravy Sektor, avait notamment expliqué que malgré la mobilisation de nombre de ses membres sur le front, son groupe et d’autres groupes seraient bien présents. « Les représentants du mouvement politique et militaire Pravy Sektor seront obligés d’empêcher la réalisation de ces projets destructeurs des valeurs familiales, de la morale et de l’image traditionnelle des êtres humains », écrivait-il sur Facebook.« Tout ça sert les ennemis du pays, expliquait avant le début de la marche un jeune homme au look de skinhead mais venu, assurait-il, en « simple voisin ». « Comment vont réagir les gens des régions du Sud et de l’Est, où il y a encore des tensions, en voyant cette horreur ? L’Ukraine est un pays traditionaliste, et on veut nous pousser dans les bras de l’Europe décadente. » « Les autorités font le minimum »Avant de faire l’essentiel pour que les violences restent limitées, les autorités avaient de leur côté tout fait pour décourager les organisateurs. Vitali Klitschko, l’ancien boxeur devenu maire de Kiev, a laissé planer jusqu’au dernier jour la menace d’une interdiction, et sans cesse repoussé les réunions consacrées à la sécurité de l’événement. Il a aussi exhorté les organisateurs à reporter la marche « en raison de la guerre qui continue dans l’est de l’Ukraine ». En 2014, il la qualifiait d’« événement de divertissement ».C’est finalement le président Porochenko qui a paru trancher, vendredi lors d’une conférence de presse. Précisant que lui-même ne participerait pas à l’événement, le président a estimé qu’il ne voyait « aucune raison d’y faire obstruction, s’agissant d’un droit constitutionnel de chaque citoyen ukrainien ».Lire aussi notre entretien (abonnés) :Petro Porochenko : « Les accords de Minsk sont notre seule solution »Une interdiction paraissait également difficile à assumer vis-à-vis des partenaires européens de l’Ukraine. La garantie d’un traitement équitable des personnes homosexuelles sur leur lieu de travail fait par exemple partie des mesures réclamées par l’UE à Kiev avant de lui accorder un régime d’exemption de visa. Mais la loi antidiscrimination votée par le Parlement en 2014 ne fait aucune mention de l’orientation sexuelle.« Les autorités font le minimum, regrettait dans le défilé Anna Chariguina, un membre du Forum LGBT. Nous aussi, nous étions sur Maïdan, nous espérions que la démocratisation s’accompagnerait de plus de tolérance. Mais le climat est encore menaçant pour ceux d’entre nous qui osent afficher ouvertement leur sexualité. La guerre a radicalisé les esprits et mis sous le tapis ces sujets-là. »Benoît Vitkine (Kiev, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Yves-Michel Riols (Garmisch-Partenkirchen (Allemagne), envoyé spécial) et Frédéric Lemaître (Garmisch-Partenkirchen (Allemagne), envoyé spécial) Ce proche d’Angela Merkel ne se berce pas d’illusions. « Ce qu’il faut attendre du G7 ? De bien belles photos », dit-il, tout sourire. De fait, à quelques heures du sommet des sept pays les plus riches (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Italie et Japon) qui se tient les 7 et 8 juin à Elmau, dans le sud de l’Allemagne, les attentes sont faibles. En témoigne le « silence frappant » ces dernières semaines de la part des participants. Un signe qui ne trompe pas, selon Jan Techau, directeur Europe de la Fondation Carnegie. Une des raisons est que « le G7 n’est plus un mécanisme pertinent pour résoudre des problèmes », observe-t-il. « Son poids a diminué parce que le poids des pays qui le composent a, lui aussi, diminué. » De façon significative, les opposants au G7, qui ont commencé à faire entendre leurs voix, jeudi 4 juin, à Munich, dénoncent moins ce sommet des « maîtres du monde » comme auparavant, que le TTIP, l’accord de libre-échange que négocient actuellement les Etats-Unis et l’Union européenne.Pourtant, fidèle à sa réputation, Angela Merkel a minutieusement préparé « son » G7, rendant visite ces derniers mois à ses six homologues. A Elmau aussi, tout est planifié depuis des semaines. Les quinze pages du communiqué final sont quasiment bouclées, mais l’Ukraine et la Grèce pourraient à nouveau perturber le bel ordonnancement prévu. Les discussions entre Athènes et ses créanciers sont « plus près que jamais d’un accord », selon le premier ministre grec, Alexis Tsipras, mais de nombreux responsables politiques ne cachent pas leur scepticisme depuis l’annonce, jeudi soir, par Athènes de sa volonté de différer à la fin juin plusieurs versements au FMI.Lire :Athènes décide de retarder ses remboursements au FMIPour l’Ukraine, s’il faut s’attendre à une réprobation de la nouvelle escalade sur le terrain et à une réaffirmation du maintien des sanctions contre la Russie, toute la question sera de savoir où sera mis le curseur des condamnations. A la veille de la rencontre en Bavière, la France et l’Allemagne cherchent à atténuer la portée de la reprise des combats dans la région de Donetsk.« Préserver l’unité transatlantique face à Moscou »Reste à savoir comment les Américains réagiront face à cette retenue européenne, alors qu’ils se sont souvent irrités mezzo voce de la tendance du couple franco-allemand à traiter sur un pied d’égalité l’agresseur et l’agressé dans le conflit ukrainien. Toutefois, si Washington avait exprimé des réserves sur l’accord de Minsk, estimant qu’il ne faisait pas suffisamment pression sur le président Vladimir Poutine, les divergences avec les Européens se sont atténuées, estime Derek Chollet, ancien conseiller du président Obama, aujourd’hui expert au German Marshall Fund, un centre de réflexion. « Il y a un an, les Etats-Unis étaient sceptiques sur la capacité des Européens à adopter des sanctions contre la Russie et à s’y tenir, dit-il. Aujourd’hui, la priorité d’Obama sera de préserver l’unité transatlantique face à Moscou. »Dans un entretien accordé à trois journaux dont Le Monde, le président ukrainien Petro Porochenko insiste sur la « vertu » des accords de Minsk : « Depuis la mi-février, il n’y a pas eu d’offensive majeure. Mais il n’y a pas non plus de cessez-le-feu. Malgré cela, nous n’avons pas le choix : ces accords constituent notre seule solution. »Lire aussi (édition abonnés) :Petro Porochenko : « Les accords de Minsk sont notre seule solution »« Le poids du G7 a diminué parce que le poids des pays qui le composent a, lui aussi, diminué », estime Jan Techau, de la Fondation CarnegieL’autre grand sujet du sommet, choisi cette fois par Angela Merkel, est le climat. Lors du premier G7 qu’elle avait présidé, en 2007, la chancelière avait obtenu du président américain George W. Bush qu’il reconnaisse la réalité du changement climatique et son origine humaine. Pour ses compatriotes, elle est devenue la « chancelière du climat ». Une image que sa décision prise après la catastrophe de Fukushima, en 2011, de sortir du nucléaire civil n’a pu que renforcer. Mais le pari est loin d’être gagné et la sortie du nucléaire se traduit aussi en Allemagne par un essor du charbon, très polluant. Pour regagner une crédibilité quelque peu mise à mal sur ce terrain, Mme Merkel fait de la réussite de la conférence de Paris sur le climat, la COP 21, un enjeu personnel. Avec François Hollande, elle va plaider à Elmau pour que le G7 s’engage le plus précisément possible sur les objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre et sur les engagements financiers pour aider les pays du Sud à s’adapter au changement climatique.Lire aussi :Laurent Fabius : « Le financement est un point clé pour un accord sur le climat »Un enjeu international qui se double d’un enjeu national pour la chancelière, qui ne désespère pas de gouverner avec les Verts après 2017. De même, ce n’est pas un hasard si Angela Merkel a souhaité que ce G7 se penche également sur la résistance aux antibiotiques et la qualité du travail, notamment dans l’industrie textile des pays pauvres. Ce sont deux thèmes qui tiennent à cœur à ses électeurs, et lui permettent de peaufiner son image d’une chancelière proche des petites gens.Yves-Michel Riols (Garmisch-Partenkirchen (Allemagne), envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteFrédéric Lemaître (Garmisch-Partenkirchen (Allemagne), envoyé spécial)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Voilà qui promet de gâcher un peu la « fête » du G7. Angela Merkel espérait ardemment un accord sur la Grèce afin que le sujet ne vienne pas encombrer les discussions et les esprits des grands de ce monde qu’elle reçoit ce week-end en Bavière. Il n’en sera rien. Dans un discours offensif devant son Parlement, vendredi 5 juin, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a formellement rejeté la proposition finale d’accord des créanciers du pays, remise en main propre deux jours plus tôt à Bruxelles, qui s’apparentait trop à un plan d’austérité supplémentaire pour le pays.Lire aussi :Grèce : Tsipras veut le retrait du plan « absurde » de ses créanciersDe plus, selon nos informations, des dissensions importantes demeurent entre le FMI et les créanciers européens, notamment sur la question de la dette grecque, alors qu’ils semblaient pourtant avoir trouvé une position commune, à la suite de la forte impulsion politique donnée par le président François Hollande et la chancelière Angela Merkel, à Berlin, le 1er juin. Les deux dirigeants suivent désormais les négociations grecques au jour le jour, voulant absolument éviter un défaut de paiement d’Athènes, aux conséquences politiques, voire géopolitiques, incalculables.Une situation politique très délicateVendredi 5 juin au soir, devant la Vouli (le Parlement), Alexis Tsipras a affirmé qu’il n’acceptait pas en l’état « les propositions absurdes » des créanciers et dénoncé le manque « d’éthique » de la stratégie d’étranglement financière choisie, selon lui, par les responsables européens pour pousser la Grèce à un compromis n’ayant rien d’un « accord d’intérêt mutuel » mais traduisant « une volonté d’humilier et de faire plier un peuple ». Il a tenté d’inviter les partis d’opposition à l’unité nationale, mais a suscité de virulentes critiques du parti conservateur et du parti de centre gauche To Potami, dont le président, Stavros Theodorakis, a dénoncé dans l’hémicycle « la stratégie de négociation » du gouvernement.Lire aussi :« Syriza fait partie de l’ancien système politique »Le premier ministre, porté au pouvoir en janvier sur la promesse d’en finir avec les « diktats » de Bruxelles, se trouve dans une situation politique particulièrement délicate. Il est pris en étau entre des créanciers peu disposés au compromis et une majorité parlementaire réclamant désormais ouvertement la rupture avec Bruxelles.Le « draft » de Bruxelles conditionne de fait le versement des 7,2 milliards d’euros restant dans le deuxième plan d’aide à la Grèce à une réforme des retraites (avec baisse des pensions) et à une hausse de la TVA, notamment pour l’électricité. Deux mesures inacceptables, a martelé M. Tsipras, vendredi soir. En revanche, la proposition des créanciers donne davantage de marge de manœuvre budgétaire à Athènes, au moins pour les trois prochaines années, fixant un objectif de surplus primaire (avant paiement des dettes) d’environ 1 % en 2015 (contre un objectif initial de 3,5 %). Sur ce point, selon nos informations, il y a désormais quasi-consensus entre la Grèce et ses créanciers.Le FMI campe sur ses positionsA ce stade, étant donné les déclarations de Tsipras, difficile d’envisager un accord final si les créanciers n’amendent pas un peu leur « draft ». Encore faudrait-il qu’ils s’entendent. Or les discussions sont vives, ces derniers jours, entre le FMI et la Commission européenne. Cette dernière continue à accuser l’organisation internationale de ne pas vouloir céder d’un pouce sur les retraites et la hausse de la TVA, et de pas prendre assez en compte la difficulté, voire l’impossibilité politique pour Tsipras de « vendre » de pareilles mesures à Athènes.Lire aussi :Grèce : le FMI hausse à nouveau le tonDe son côté, le Fonds se défend d’être trop rigide, mais prévient la Commission et le reste des pays de la zone euro, tous créanciers de la Grèce : si les réformes de structure exigées d’Athènes ne sont pas assez ambitieuses et radicales, le pays ne pourra pas rembourser son énorme dette (180 % du PIB, 320 milliards d’euros) au rythme auquel ils l’espèrent. Le FMI plaide aussi pour que l’accord final comporte un engagement très clair des créanciers d’ouvrir une renégociation de la dette, alors qu’à Berlin on préférerait reporter cette question à une négociation ultérieure, dans les mois qui viennent… Sur ce point, le Fonds rejoint le gouvernement Tsipras, qui insiste beaucoup, ces derniers jours, pour que l’accord aborde la question de la viabilité de la dette.Les plus optimistes espèrent encore un accord final entériné par un Eurogroupe avant la mi-juin, afin qu’Athènes puisse recevoir des premières tranches de prêt avant la fin du mois de juin. Peut-être faudra t-il une nouvelle impulsion politique pour débloquer les dernières tensions ? Le G7, dimanche 7 et lundi 8 juin, en sera peut-être l’occasion.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.06.2015 à 21h15 A deux jours des élections législatives en Turquie, deux personnes ont été tuées vendredi 5 juin à Diyarbakir, dans le sud-est du pays, dans deux explosions d'origine indéterminée survenues lors d'une réunion de campagne du principal parti kurde, a annoncé le ministre de l’agriculture. Plus de cent autres personnes ont été blessées par ces déflagrations, a-t-il ajouté.Ces explosions se sont produites à proximité d'un transformateur électrique situé sur une place de la ville, où des dizaines de milliers de partisans du Parti démocratique du peuple (HDP) étaient réunis pour entendre leur chef de file Selahattin Demirtas.Une campagne émaillée de nombreuses violencesLes premières informations ont fait état d'une explosion d'un transformateur électrique mais le ministre de l'énergie Taner Yildiz a remis en cause cette hypothèse, situant l'origine à « l'extérieur » de l'installation. « Notre inspection a clairement montré que la source de l'explosion n'était pas le transformateur », a-t-il affirmé à la presse.Selon des témoignages, les dégâts ont été causés par la seconde explosion, très forte, survenue dix minutes après la première.Cet incident intervient au terme d'une campagne électorale émaillée de nombreuses violences qui ont pour l'essentiel visé le HDP, dont le score dimanche est déterminant pour l'issue du scrutin.Lire aussi :Les Kurdes de Turquie se détournent d’Erdogan Adéa Guillot (Athènes, correspondance) « Aucun député grec ne peut voter en faveur de ces mesures. » Alexis Tsipras a ouvert, vendredi 5 juin au soir, par une fin de non-recevoir la discussion au Parlement grec sur la proposition d’accord des créanciers présentée le 2 juin à son gouvernement.Dans un discours d’une demi-heure seulement, le premier ministre a avoué « sa surprise » devant la proposition portée par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Junker, mardi soir. « Je n’aurais jamais pensé qu’ils nous présenteraient un texte ne reprenant aucun point des négociations de ces quatre derniers mois. »Alexis Tsipras voit dans cette proposition « un mauvais moment pour l’Europe » et dénonce le manque « d’éthique » de la stratégie d’étranglement financier choisie par les responsables européens pour pousser la Grèce à un compromis, bien loin de composer un « accord d’intérêt mutuel », mais traduisant « une volonté d’humilier et de faire plier un peuple ».Lire aussi :Grèce : ce qui bloque encoreEn en appelant à la « dignité » des Grecs, il a rappelé ses propres propositions pour sortir de la crise, insistant sur une baisse de l’excédent primaire (hors charge de la dette), sur la résolution de la question de la viabilité de la dette et se refusant catégoriquement à diminuer les retraites ou à augmenter de 10 points la TVA dans le secteur de l’énergie électrique. Soit le corpus même de la proposition des créanciers.Et pour mieux montrer sa détermination et sa fermeté, le premier ministre a annoncé la présentation au Parlement dans les tout prochains jours d’un projet de loi pour le rétablissement des conventions collectives. C’était l’une des mesures phares annoncées lors de sa campagne électorale, mais qu’il avait choisi de ne pas mener à terme tant que duraient les négociations. Une annonce très applaudie par les bancs des députés de son parti de la gauche radicale, la Syriza.« Vous n’avez pas négocié »Devant l’ensemble de ses ministres et d’un Parlement rempli à craquer, Alexis Tsipras a sommé les partis d’opposition de choisir leur camp. « Je veux entendre l’avis de l’opposition », a-t-il ainsi déclaré. « Auriez-vous accepté cette proposition ou allez-vous, comme nous, vous élevez contre ? »La réponse, cinglante, de l’ancien premier ministre conservateur (Nouvelle Démocratie) Antonis Samaras ne s’est pas fait attendre. « Vous n’avez pas négocié. Les créanciers vous demandent des efforts trois fois supérieurs à ce qu’ils nous demandaient et nous conduisent tout droit à un nouveau mémorandum. » Stavros Theodorakis, le président du parti de centre gauche To Potami (« La Rivière ») a contesté « la stratégie de négociation » du gouvernement, évoquant « une perte de temps catastrophique pour le pays » et accusant « une partie de la Syriza d’être antieuropéenne » et de vouloir en finir avec la zone euro. « A vous de clarifier votre position avec votre opposition interne. » Quand la moitié de « votre parti veut sortir de la zone euro, ce n’est plus du pluralisme » mais un danger pour le pays, a déclaré M. Theodorakis.Tsipras ne renonce pas à un accordLe discours du premier ministre, à la tonalité offensive, s’adressait avant tout au peuple grec d’une part — dont Alexis Tsipras affirme qu’il lui demande de « ne pas céder au chantage des créanciers » — mais aussi et surtout à sa propre majorité parlementaire, vent debout depuis quarante-huit heures.En choisissant de regrouper au 30 juin le paiement des 1,6 milliard d’euros dus au FMI, que la Grèce devait normalement payer en quatre tranches à partir d’aujourd’hui, Alexis Tsipras a gagné quelques semaines supplémentaires de négociation. La preuve pour lui de la volonté de son gouvernement « d’arriver à un accord définitif » qui permettra d’en finir avec « l’incertitude et les rumeurs de sortie de la Grèce de la zone euro ». M. Tsipras affirme « ne pas se fixer de limite dans le temps pour mener à terme ces négociations ».Lire aussi :La Grèce retarde ses remboursements au FMIPris en étau entre des créanciers peu disposés à aller plus loin dans le compromis et une majorité parlementaire réclamant désormais ouvertement la rupture, Alexis Tsipras a vendredi soir tenté d’inviter les partis d’opposition à l’unité nationale, tout en se posant en garant des « lignes rouges » martelées par son gouvernement depuis deux mois. Un grand écart qui montre avant tout à quel point il est devenu à tout gouvernement grec, celui-ci comme le précédent, d’arriver à faire adopter au Parlement de nouvelles mesures d’austérité.Lire aussi :Derrière les négociations avec les créanciers de la Grèce, l’identité de Syriza en questionAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.06.2015 à 15h57 • Mis à jour le05.06.2015 à 16h32 | Alain Salles De passage à Paris, le président du nouveau parti grec To Potami (« la rivière », centre), Stavros Theodorakis, brosse un bilan critique des premiers mois du gouvernement grec. Alors que le premier ministre Alexis Tsipras doit s’adresser vendredi au Parlement après un nouvel échec des négociations avec Bruxelles, M. Theodorakis n’exclut pas de participer à un gouvernement plus réformiste.Quel bilan faites-vous des premiers mois du gouvernement d’Alexis Tsipras ?Je voudrais être optimiste, mais je ne peux pas. Je ne crois pas que le gouvernement grec soit prêt à faire des réformes. Ils sont proeuropéens en Europe, mais populistes en Grèce. Syriza appartient à cet ancien système politique où les partis croient qu’ils peuvent s’en sortir avec des promesses. Alexis Tsipras s’inscrit dans cette tradition qui est un drame pour notre pays.Que reprochez-vous au gouvernement ?Le premier ministre dit des choses avec lesquelles nous sommes d’accord. Ce n’est pas un extrémiste, mais il ne fait rien pour changer la situation. Nous lui avons demandé, en vain, de donner la priorité à un projet de loi pour mettre fin aux rapports triangulaires entre les partis, les banques et les chaînes de télévision. Cela n’avance pas car les politiques gardent un moyen de pression sur les médias en les menaçant d’une intervention des banques pour qu’elles cessent de leur prêter de l’argent. Une telle loi ferait du bien à l’économie du pays et au journalisme. De même, nous avions demandé à ce que la loi prévoie un plafonnement qui permette aux personnes et aux entreprises d’échelonner le paiement de leurs arriérés d’impôts. Ils ne l’ont pas fait. Pourquoi les Grecs les plus riches qui doivent des dizaines de millions au fisc bénéficient-ils de ces aménagements ?Vous ne regrettez donc pas de ne pas participer à ce gouvernement ?Alexis Tsipras nous avait demandé de participer à un gouvernement qui aurait rassemblé de l’extrême droite (les Grecs indépendants) à l’extrême gauche. Je lui ai répondu que le pays avait besoin d’un gouvernement progressiste, plus large et plus ouvert, qui rassemble au-delà des partis. La plupart des ministres sont des cadres de Syriza qui ne font rien et qui passent leur temps à la télévision à expliquer ce que devraient faire les ministres français ou allemands.A quelles conditions y participeriez-vous ?S’il forme un gouvernement plus ouvert, nous sommes prêts à l’aider et à lui suggérer des noms de personnalités proeuropéennes et réformistes, à Potami et ailleurs, même au sein de Syriza. Mais il faut que ce soit une petite équipe efficace. Pour nous, les trois grandes réformes sont la justice, l’éducation et les privatisations. L’Etat pourrait conserver des parts dans les entreprises, mais les dirigeants doivent être nommés par ceux qui investissent. Tsipras dit qu’il est ouvert aux privatisations, mais la plupart de ses ministres expliquent qu’ils sont contre.Pensez-vous qu’il y aura de nouvelles élections ?Le gouvernement flirte avec l’idée de provoquer un nouveau scrutin. Ce seraient des élections qui auraient pour enjeu le retour à la drachme, l’ancienne monnaie grecque, ce qui serait une façon de jouer avec le feu. Il peut le faire s’il ne parvient pas à trouver un accord à Bruxelles. Mais s’il parvient à un accord – qu’on soutiendra au Parlement –, il risque d’être repoussé par une partie du Syriza. Un nouveau scrutin permettrait aux Grecs de valider l’accord et de repartir avec un Parlement plus rationnel. Ce pourrait être une solution. Mais je ne crois pas que Tsipras se lance dans un conflit avec les Grecs indépendants et sa gauche.Alain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.06.2015 à 11h52 • Mis à jour le05.06.2015 à 13h04 La Direction nationale anticorruption (DNA – l’agence anticorruption roumaine) a demandé, vendredi 5 juin, le lancement d’une procédure pénale contre le premier ministre, Victor Ponta (social-démocrate), soupçonné notamment de corruption, de complicité d’évasion fiscale, de blanchiment d’argent mais aussi de conflit d'intérêt, évasion fiscale et faux et usage de faux.La DNA va saisir la chambre des députés pour « formuler les demandes de poursuites pénales contre Ponta Victor-Viorel », qui est également député, a expliqué l’agence dans un communiqué.Appel à la démissionLe chef de l’Etat, Klaus Iohannis (conservateur), a annoncé dans la foulée avoir demandé la démission du premier ministre. Ces soupçons mettent le pays dans « une situation impossible », a déclaré M. Iohannis après s’être entretenu avec M. Ponta. « Le pire qui pourrait arriver est une crise politique », a-t-il déclaré.Le premier ministre s’était rendu vendredi à l’agence anticorruption pour être entendu dans une affaire de corruption présumée concernant l’un de ses alliés politiques. Le premier ministre avait créé la sensation auprès des journalistes toujours présents devant le siège de la DNA en arrivant en compagnie d’un avocat. Il nie en bloc les soupçons qui pèsent sur lui.Les enquêteurs le soupçonnent de conflit d’intérêts dans le cadre de ses fonctions de premier ministre, qu’il occupe depuis 2012. Ils s'intéressent aussi à ses agissements antérieurs, quand il était avocat, et à ses relations avec Dan Sova, ex-ministre des transports, qui fait lui aussi l’objet d’une enquête pour corruption et est soupçonné de complicité d’abus de pouvoirs dans trois dossiers. La DNA avait demandé à plusieurs reprises par le passé la levée de l’immunité de M. Sova, mais le Parlement l’avait toujours refusé.La Roumanie est soumise à une surveillance étroite de l’Union européenne en matière de lutte contre la corruption et d’indépendance de la justice, comme la Bulgarie voisine. Dans son dernier rapport de la fin de janvier, Bruxelles avait jugé la Roumanie « sur la bonne voie, mais avec des bémols ». Les experts critiquaient notamment l’absence de « dispositions claires relatives au respect de l’indépendance du pouvoir judiciaire » dans le code de conduite des parlementaires. Marie Jégo (Batman (Turquie), envoyée spéciale) Tout a commencé au début du mois de mai quand, les uns après les autres, les chefs des grandes tribus kurdes de la région de Batman (sud-est) ont annoncé haut et fort qu’ils n’allaient plus voter pour le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur au pouvoir) au moment des élections législatives du dimanche 7 juin. Jusque-là, pour tous les scrutins précédents, l’AKP avait pu compter sur le soutien d’une bonne partie de l’électorat kurde du sud-est du pays, mais cette époque est révolue.Déçus par la politique ambiguë du président Recep Tayyip Erdogan sur la question kurde, les grandes familles de la région, les clans Raman, Alpahanlar, Baravi, lui tournent désormais le dos au profit du Parti démocratique du peuple (HDP, gauche, prokurde), une petite formation susceptible de faire de l’ombre aux islamo-conservateurs.Dirigé par Selahattin Demirtas, un avocat charismatique de 42 ans, ancien fondateur d’une section d’Amnesty International à Diyarbakir, le HDP est bien placé pour franchir le seuil des 10 % de suffrages nécessaires, ce qui lui permettra d’envoyer cinquante-cinq députés au Parlement, contre vingt-neuf actuellement. De cette façon, le parti prokurde sera une véritable épine dans le talon de M. Erdogan, brisant son rêve d’avoir une majorité des deux tiers à l’Assemblée, qui lui permettrait de modifier la constitution pour s’attribuer davantage de pouvoir.Déçu d’ErdoganAssis à la terrasse d’un café au centre-ville de Batman, Burhan Saran, 49 ans, raconte comment il a décidé de voter HDP, après avoir démissionné de l’AKP, dont il était membre depuis 2003. L’homme est un ancien « gardien de village » (korucu), une milice kurde progouvernementale mise en place au moment de la guerre des années 1990 entre l’armée turque et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie). Bien que le HDP soit la vitrine politique légale du PKK, Burhan Saran a complètement tourné casaque, certain désormais que « seul le HDP est capable de contrer l’ambition présidentielle démesurée de M. Erdogan ». « Il m’a déçu, car il n’est pas allé au bout de ses promesses envers les Kurdes », explique Burhan. Il dit avoir perdu confiance « au moment du siège de Kobané », la ville kurde syrienne attaquée par les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI) à l’automne 2014. M. Erdogan avait alors prédit sa chute, tandis que son gouvernement s’était longtemps fait prier avant d’ouvrir la frontière pour laisser passer les combattants kurdes d’Irak et de Turquie.Burhan va entraîner dans son sillage un millier de personnes, soit les membres de son clan tenus de suivre sa consigne de vote. Depuis qu’il a pris sa décision, il occupe son temps libre à visiter les chefs de village situés autour du sien pour les convaincre de faire comme lui.« Commissions de persuasion »Le clan Raman, qui s’est massivement rallié au HDP, compte près de 20 000 électeurs. Celui d’Alpahanlar, dont est issu Mehdi Eker, le ministre de l’agriculture de l’actuel gouvernement AKP, est partagé. Près de 300 personnes ont rejoint le parti prokurde, les autres sont indécis. La plupart des tribus qui ont changé de camp étaient, depuis des lustres, des réservoirs de voix au service des partis conservateurs.Le libre arbitre est une notion relative dans ces régions kurdes où le mode de vie traditionnel est bien ancré. Un mot du chef, et les membres du clan obéissent. Le travail de persuasion est néanmoins fondamental. Pour rallier les clans, le HDP a mis le paquet. Par le biais du Congrès de la société démocratique, une organisation de la société civile réputée proche du PKK, des « commissions de persuasion » ont été mises en place. Elles sont composées d’une dizaine de membres, dignitaires religieux, « barbes blanches », anciens notables.Süleyman Özdemir, 70 ans, ancien cadre de la société pétrolière Tupras, à Batman, fait partie d’une de ces commissions. « Avec une dizaine de mes proches, nous sommes allés convaincre des personnes qui votaient jusqu’ici pour l’AKP ou le CHP [Parti républicain du peuple, l’ancien parti d’Atatürk aujourd’hui dans l’opposition] de ne plus le faire et de donner leurs voix au HDP », explique le vieil homme. « Ça se fait uniquement par le dialogue, la persuasion. On explique simplement à nos interlocuteurs à quel point le changement leur sera bénéfique », souligne-t-il. Son frère, Faris Özdemir, qui a fait naguère deux mandats de député au Parlement pour un parti de centre droit, se démène lui aussi pour ramener des voix au HDP.Le mouvement n’a pas tardé à gagner Adiyaman, Van, Suruc, où des milliers d’électeurs ont annoncé qu’ils changeaient de bord. A Siirt, quelques tribus arabes ont rejoint les Kurdes en signe de mécontentement. « Les Arabes ont compris que le HDP n’était pas un parti exclusivement fait pour les Kurdes et qu’il représentait les intérêts de toutes les minorités ethniques de ce pays », assure Süleyman.Retournement de situationDifficile de dire si les voix kurdes suffiront à changer la donne. Toutefois, le retournement de situation dans les régions du sud-est en dit long sur la popularité croissante du HDP. Réputé conservateur, attaché aux principes de l’islam sunnite, l’électorat kurde est en train de se tourner vers un parti de gauche enclin à défendre les droits des chrétiens, des femmes et des homosexuels. Selahattin Demirtas a obtenu 9,8 % des voix lors de la présidentielle d’août 2014, remportée par M. Erdogan au premier tour avec 52 % des voix. Il espère pouvoir améliorer ce score aux législatives du 7 juin.C’est la première fois depuis 2002 qu’un parti kurde se présente aux élections. D’habitude, les candidats prokurdes se présentaient en indépendants et, une fois élus, ils formaient un groupe au Parlement. Cette fois-ci, le HDP joue son va-tout. S’il parvient à franchir le seuil des 10 % imposé aux partis pour entrer au Parlement, il aura gagné son pari. En cas d’échec, toutes les voix qu’il aura recueillies iront à l’AKP, selon le système proportionnel en vigueur en Turquie.A la faveur du processus de paix lancé par les islamo-conservateurs, les Kurdes ont gagné en liberté et le courant politique issu du PKK a gagné du terrain. La plupart des municipalités des régions kurdophones sont entre ses mains. Le mouvement a sa propre police et ses propres tribunaux, prisés pour leur efficacité et leur respect de la coutume. Sabri Kaya, la trentaine, médecin à Diyarbakir, reconnaît avoir eu recours à cette justice parallèle pour régler un litige sur des terrains dans son village. Selon lui, les tribunaux coutumiers sont actifs dans la défense des femmes victimes de violence. « Les femmes vont voir les sages qui composent ces tribunaux quand elles veulent se plaindre de leurs maris violents ou volages, lesquels sont fortement incités à se corriger. C’est un outil assez efficace pour régler les problèmes », estime-t-il.Marie Jégo (Batman (Turquie), envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jacques Follorou Les services secrets allemands (BND), agissant pour le compte de l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA), ont espionné la France par l’intermédiaire du groupe de télécommunications Deutsche Telekom. Des documents internes à cette entreprise, la plus importante en Europe dans ce secteur, auxquels Le Monde a eu accès, montrent comment elle a intercepté, au moins de 2005 à 2008, sur ordre du BND, les flux de communications gérés par France Télécom et transitant par l’Allemagne.Les autorités allemandes, actuellement accusées de complicité d’espionnage avec la NSA, entre 2005 et 2015, des intérêts économiques et politiques européens, affirmaient qu’il était impossible de connaître l’identité des cibles visées, car les listes auraient été depuis détruites par leurs services secrets. Ces documents de Deutsche Telekom, détenus par la commission d’enquête parlementaire allemande sur les activités de la NSA et révélés par le député Verts autrichien Peter Pilz, attestent, au contraire, que France Télécom, devenue Orange en 2012, disposerait des moyens d’identifier les personnes ou entreprises espionnées grâce à ces pièces.Lire aussi :La France espionnée avec ses propres moyensPar ailleurs, les auditions, menées à huis clos par la commission d’enquête du Bundestag, de membres du BND et de Deutsche Telekom ont livré de nouveaux éléments sur la toile tissée par l’espionnage américain en Europe, et notamment en France. « Face à ces faits inacceptables, estime la députée européenne Eva Joly, associée à M. Pilz dans cette dénonciation de la surveillance américano-allemande, il faut qu’une enquête judiciaire soit ouverte au plus vite à Paris, c’est là qu’Orange a son siège social. La France ne peut pas rester sans réaction quand on voit que la Belgique, les Pays-Bas ou l’Autriche ont déjà déposé plainte. »La pleine intégration de Deutsche Telekom dans le dispositif de surveillance du BND et de la NSA date du 1er mars 2004. C’est la date qui figure au bas d’un protocole d’accord signé par Dieter Mayr pour le compte du directeur du BND et par Bernd Köbele, agissant pour le PDG du groupe de communication. Selon ce contrat, le groupe de télécommunication allemand, qui était, jusqu’en 1996, une filiale de la société publique Deutsche Bundespost, s’engage à intercepter, à l’insu des câblo-opérateurs, tels que France Télécom, le flux massif de données de communications transitant sur son territoire. Une pratique sans doute facilitée au fil des années puisque les deux opérateurs historiques français et allemand ont engagé, à partir de 2009, des rapprochements industriels.Quinze membres du BND à demeure« Ce protocole, explique M. Pilz, venait, pour Berlin, encadrer une activité jusque-là totalement débridée. Entre 2002 et 2004, il n’y avait aucune limite aux interceptions américaines et du BND via Deusche Telekom. » Ce qui permettait à la NSA de collecter massivement des données concernant des intérêts allemands. En théorie, le BND et la NSA n’espionnaient, d’après ce protocole, que le « transit » et non plus les intérêts nationaux. On a vu, depuis, que cela n’avait pas empêché les services américains d’espionner une entreprise comme Siemens.Quinze membres du BND étaient installés à demeure, dans les locaux de Deutsche Telekom. Pour la seule année 2005, selon les documents de la commission d’enquête du Bundestag, « 51 lignes de transit à destination de la France », transportant chacune des flux massifs d’informations, ont été interceptées. Le 4 décembre 2014, un membre du BND a expliqué aux parlementaires allemands le fonctionnement de ce détournement. « Les routes sont électriques ou de fibres optiques, cela veut dire qu’une bretelle de dérivation est installée (…). Une partie continue vers l’opérateur, (…) une autre partie va au BND. »A partir de 2005, l’ensemble du trafic intercepté a été renvoyé vers le centre d’interceptions, installé en Bavière, à Bad Aibling. Dans cette base, les opérateurs allemands travaillent aux côtés d’employés de la NSA dans le cadre du JSA (Joint Signal Activity). Tous ont connaissance de la nature des cibles américaines. Interrogé par la commission d’enquête du Bundestag, le directeur du BND, Gerhard Schindler, a indiqué, le 21 mai, qu’il n’y avait rien d’illégal à cela tant que cette collecte ne concernait pas des intérêts allemands.Deutsche Telekom a intercepté, pour le compte du BND, des flux de communications gérés par France Télécom et transitant par l’AllemagneLes cibles sont fixées par la NSA. En 2005, sur les 256 « lignes de transit » retenues, 94 lignes traversaient l’Union européenne, 40 connectaient des Etats membres de l’UE avec d’autres pays du continent comme la Suisse, la Russie, l’Ukraine ou la Turquie, 122 étaient raccordées avec des territoires dans le monde entier, notamment l’Arabie saoudite, le Japon ou la Chine. En revanche, tous les câbles concernant le Royaume-Uni, proche allié des Etats-Unis, ont été exclus de cette interception par le BND et la NSA.Les « sélecteurs » ou clés de recherche, comme des noms, des numéros de téléphone ou carte de crédit, permettent ensuite à la NSA d’analyser le flux de données collectées. Ce tri est notamment fait par trois centres désignés SCS (« Special Collection Service ») dans une note de la NSA datée du 31 juillet 2009. Deux se trouvent à Vienne et l’autre à Paris, lié, comprend-on, à l’ambassade des Etats-Unis.Les relevés d’interception de Deutsche Telekom sur les câbles gérés par France Télécom fournissent un certain nombre de caractéristiques techniques qui permettraient d’orienter les recherches sur l’identité des victimes de cet espionnage. Les principaux centres de traitement des données de l’opérateur historique français sont cités en clairs, comme à Reims ou à Paris. Reste à savoir si le groupe français, qui joue un rôle central dans le renseignement technique en France, sera disposé à lever le voile sur ces affaires sensibles sachant qu’Orange, comme l’a déjà démontré Le Monde, a joué exactement le même rôle que Deusche Telekom pour le compte des services secrets français…Jacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) L’issue du « dossier grec » va se jouer, pour une bonne part, vendredi 5 juin à Athènes. Sur le terrain politique. Entre Alexis Tsipras et sa majorité. Le premier ministre grec a annoncé, jeudi soir, sur son compte Twitter qu’il s’adressera au Parlement à 18 heures (17 heures, heure française) pour présenter la situation à l’ensemble des formations politiques.Tomorrow at 6pm, I will inform Parliament regarding the progress of the negotiation. #vouli #Greece http://t.co/no3nnoHJ2e— tsipras_eu (@Alexis Tsipras)require(["twitter/widgets"]);Les positions semblaient s’être un peu rapprochées, mardi, entre le gouvernement grec et ses créanciers – le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE) et la Commission européenne –, laissant même augurer d’un possible accord politique vendredi en fin de journée. Mais M. Tsipras doit faire face à une levée de boucliers de plusieurs membres, députés et même ministres du parti de gauche radicale Syriza, dont est issu le gouvernement. M. Tsipras doit donc rassurer et marquer sa volonté de ne pas céder sur un certain nombre de « lignes rouges ».Son discours sera attentivement scruté. A Bruxelles, le président la Commission europénne Jean-Claude Juncker est manifestement tétanisé par ce que le premier ministre grec pourrait dire.Lire aussi :La Grèce et ses créanciers échouent à aplanir leurs divergencesC’est à cette aune qu’il faut lire l’annonce inattendue, jeudi soir, par le gouvernement grec du regroupement en un seul versement, le 30 juin, de l’ensemble des remboursements dus au FMI, soit 1,6 milliard d’euros. Cela permet à M. Tsipras de gagner du temps, à la fois pour essayer de renégocier les termes de l’accord avec ses créanciers, mais aussi pour préparer sa majorité à endosser ce futur accord, qui risque d’avoir tout d’un nouveau programme d’austérité.« Pire que ce qu’ils exigeaient du précédent gouvernement »C’est aussi avec cet arrière-plan de politique intérieure qu’il convient de « décoder » le communiqué publié, jeudi soir, par les services d’Alexis Tsipras, dont le ton est particulièrement musclé : le premier ministre y souligne que l’« attitude » des créanciers « soulève des questions sur leur volonté d’aider à la conclusion d’un accord mutuellement bénéfique. »Un peu plus tôt, le premier ministre grec s’était entretenu au téléphone avec le président français, François Hollande et la chancelière allemande, Angela Merkel. Selon une source gouvernementale grecque, M. Tsipras aurait déclaré à ses partenaires que la proposition des créanciers « ne pouvait pas servir de base à la discussion car ne prenait pas en compte les quatre mois de négociations venant de s’écouler. »Ces messages s’adressent avant tout aux Grecs et surtout aux membres du parti majoritaire, Syriza. « Nous avions bon espoir d’arriver à un accord cette semaine et de régler ainsi notre premier versement au FMI comme prévu, mais l’intransigeance de la proposition de nos créanciers rend cela impossible. C’est pire que ce qu’ils exigeaient du précédent gouvernement conservateur ! », explique un membre de Syriza.Les points de blocage (les « lignes rouges ») concernent avant tout les réformes des retraites et de la TVA, demandées par les créanciers, ou encore la mention d’une future renégociation de la dette.« Syriza doit servir de rempart à l’austérité »Au plan intérieur grec, c’est aussi et surtout, à travers ces négociations, le positionnement politique du gouvernement de M. Tsipras qui est en jeu. Certains souhaitent un glissement progressif vers le centre gauche. D’autres le rejettent. Vendredi, les colonnes de tous les analystes grecs faisaient largement état de ce débat.Le leader de l’opposition conservatrice, Antonis Samaras multiplie ces derniers jours les appels à l’unité nationale, de même que le président du parti de centre gauche, La Rivière (To Potami), Stavros Théodorakis. Avec comme objectif évident la formation d’un gouvernement de coalition, traversant largement les clivages droite-gauche.« Nous ne laisserons pas ce scénario se produire, affirme Rudi Rinaldi, membre du comité directeur de Syriza. Un glissement vers le centre gauche n’est pas ce dont la Grèce a besoin aujourd’hui, et ce n’est pas non plus ce que le peuple grec nous a donné comme mandat. Au contraire, Syriza doit servir de rempart à l’austérité, pas la rendre encore plus dure. »Lire aussi :Athènes décide de retarder ses remboursements au FMIAu bout du compte, la Grèce a certainement gagné quelques jours de négociation supplémentaires, mais les problèmes aigus de liquidité demeurent. Et les doutes sur la stratégie de négociation du gouvernement aussi.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Munich, envoyé spécial) Trois jours avant l'ouverture du sommet du G7, dimanche à Elmau (Baviere), les anti-G7 se mobilisent. Jeudi 4 juin, jour férié et très ensoleillé en Bavière, environ trente-cinq mille personnes ont défilé dans Munich dans une ambiance très bon enfant.Si quelques banderoles s'en prenaient à Barack Obama et à la NSA, la principale cible des manifestants était moins le G7 proprement dit que le TTIP, l'accord de libre-échange que négocient actuellement l'Union européenne et les Etats-Unis. Les mots d'ordre de la manifestation étaient d'ailleurs : « Stopper le TTIP, sauver le climat, combattre la pauvreté. »Etonnement, Angela Merkel pourrait souscrire aux deux deniers points. Comme les manifestants, elle fait de la conférence de Paris sur le climat une priorité. Pour les nombreux ONG (Greenpeace, Attac...), partis (Les Verts, Die Linke, les Jeunes socialistes...) et syndicats (Verdi) qui appelaient à la manifestation, le TTIP est le nouveau cheval de Troie de la mondialisation. « No TTIP, No Fracking, No Frontex, No Monsanto » résumait une banderole. La lutte contre les OGM était également très présente dans les revendications. La veille, les militants avaient organisé un « G7 alternatif » dont les principaux orateurs étaient le Suisse Jean Ziegler et l'économiste indienne Jayati Ghosh.Les autorités sont en alerteJeudi, il était clair que c'était moins l'extrême gauche qui était descendue dans la rue que la classe moyenne bavaroise. La moyenne d'âge dépassait les 40 ans. Contrairement à ce que laissaient entendre les organisateurs, on aurait cherché en vain des slogans et des banderoles soutenant la Grèce.En fait, ce n'était pas à Munich mais à Garmisch-Partenkirchen que des violences sont attendues. Située à une quinzaine de kilomètres d'Elmau, la station de ski sera durant le week-end le lieu où se retrouveront les journalistes, les manifestants et dix-neuf mille policiers, un record dans l'histoire de la Bavière. Après les violents affrontements en février lors de l'inauguration du nouveau siège de la Banque centrale européenne à Francfort, les autorités sont en alerte.Plusieurs manifestations sont prévues samedi. Les autorités bavaroises évaluent entre deux mille et trois mille le nombre de manifestants prêts à en découdre physiquement. Les opposants au G7 ont prévenu qu'ils tenteraient d'aller à Elmau, et les forces de l'ordre ont prévenu qu'elles ne les laisseraient pas passer. D'ores et déjà, quarante conteneurs ont été installés sur un ancien terrain militaire américain (tout un symbole) pouvant servir de cellules à deux mille personnes. Des dizaines de juges et d'avocats sont également réquisitionnés pour juger — jour et nuit si nécessaire — des personnes soupçonnées d'avoir commis des actes violents. Pour Angela Merkel, ce sommet doit être celui « de l'harmonie ».Frédéric Lemaître (Munich, envoyé spécial)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Athènes a finalement décidé de se donner un peu de marge de manœuvre et a pris ses partenaires de négociation par surprise. Y compris le principal intéressé : le Fonds monétaire international (FMI). Celui-ci a confirmé, jeudi 4 juin au soir, qu’il venait tout juste de recevoir une demande de la Grèce de grouper ses remboursements au Fonds pour le mois entier au 30 juin.Athènes, qui devait envoyer un premier chèque de 300 millions d’euros au FMI le 5 juin, puis trois autres (336 millions d’euros le 12 juin, 560 le 16 et 336 le 19 juin), devrait donc faire un paiement global de 1,6 milliard d’euros le 30 juin, a précisé le FMI.C’est la première fois, depuis qu’ont commencé les premiers plans d’aide à la Grèce, en 2010, que le pays n’honore pas à temps une de ses échéances de remboursement.Lire aussi :Réformes ou sortie de l’euro : comprendre la situation de la GrèceLe Fonds a dû donner son feu vert automatiquement, car cette procédure de remboursement existe dans ses statuts, même si elle n’est que très rarement activée : jusqu’ici, seule la Zambie s’en était servi, dans les années 1980... Dans un communiqué, le FMI a précisé :« Selon une décision de notre directoire adoptée à la fin des années 1970, les pays membres [du Fonds] peuvent demander à grouper les différents remboursements dus sur un mois (ce n’est pas le cas pour le paiement des intérêts des prêts). La décision répondait à la difficulté administrative engendrée par ces multiples remboursements en une période de temps restreinte. »Cette demande d’Athènes au FMI a surpris et jeté un froid chez ses créanciers (BCE, UE), le gouvernement Tsipras ayant fait entendre à plusieurs reprises, ces derniers jours, que le paiement du 5 juin serait assuré. « Ne vous inquiétez pas », avait lancé, mercredi, Alexis Tsipras, le premier ministre grec, en sortant de son dîner de négociation, à Bruxelles, avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, s’était d’ailleurs déclarée « confiante » jeudi, dans le fait qu’Athènes allait payer sa dette à l’échéance du 5 juin, quelques heures seulement avant que la demande d’Athènes parvienne à Washington, siège du Fonds.Lire (édition abonnés) :Le rôle à part du FMI dans la crise grecquePourquoi le gouvernement Tsipras a t-il fait ce choix de dernière minute ?Probablement autant par tactique que par défiance à l’égard de ses partenaires : cela lui permet de lever une pression sur les négociations et de gagner quelques jours. Du temps nécessaire pour préparer sa majorité, les membres de son parti Syriza, à endosser le futur accord.Le pays dont les caisses sont quasi vides, avait, selon des sources européennes, les moyens de débourser les 300 millions d’euros du 5 juin. Mais probablement pas les 336 millions du 12 juin, sans parler des autres millions des jours d’après.S’il payait le FMI le 5, cela l’obligeait à décrocher un accord politique dans les heures ou les jours qui suivaient, afin que les prêts conditionnés à cet accord (en tout 7,2 milliards d’euros), puissent être débloqués rapidement.La perspective d’un accord est-elle compromise ?A priori cette demande d’Athènes au FMI ne devrait pas compromettre les négociations avec ses créanciers, estiment deux sources proches des discussions, « même si ce n’est pas très bon pour améliorer l’atmosphère des négociations» .Mais, si Angela Merkel espérait éviter que le sujet grec « pollue » son G7 (du 7 au 9 juin, en Bavière), c’est peut-être raté.Depuis le 1er juin, la chancelière pilote en quasi-direct les négociations avec le président François Hollande, les deux dirigeants voulant absolument éviter un défaut de paiement grec aux conséquences incalculables pour la zone euro.Lire aussi :En Allemagne, un « G7 alternatif » avant le sommet de dimancheSelon nos informations, jeudi soir, M. Tsipras a assuré la chancelière et le président français, qu’il n’était pas question pour lui de prolonger indéfiniement les négociations.Ce qu’espèrent toujours les parties, c’est un accord politique dans les jours qui viennent, probablement après le G7.Pour qu’un feu vert formel puisse être avalisé lors d’un Eurogroupe (réunion des 19 ministres des finances de la zone euro), idéalement avant le 11 ou le 12 juin. Et que les 7,2 milliards d’euros restant à verser à Athènes dans le cadre du deuxième plan d’aide au pays, puissent être versés dans la foulée, en tout cas avant le 30 juin, date d’extinction de ce plan.Quelle est la nature des blocages ?Le gouvernement Tsipras refuse encore la réforme radicale des retraites que voudrait lui imposer le FMI (une réforme avec un objectif de déficit zéro), le système de TVA à deux taux que proposent les créanciers (dont un taux à 23 %, y compris pour l’énergie).En revanche, selon nos informations, un accord est maintenant quasi acquis sur le niveau du surplus primaire (1 % en 2015, 2 % en 2016).Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.12.2015 à 06h40 • Mis à jour le26.12.2015 à 11h56 Plusieurs centaines de migrants ont tenté de s’introduire sur le site d’Eurotunnel, près de Calais, vendredi 25 décembre dans l’après-midi. Les autorités ont brièvement fermé l’autoroute A16 dans les deux sens par mesure de sécurité.« Vers 16 heures, quelques centaines de migrants, par petits groupes, ont tenté de s’introduire sur le site », a indiqué la préfecture du Pas-de-Calais, précisant que les forces de police avaient repoussé les migrants qui se sont « repliés » vers le camp où survivent au moins 4 500 candidats à l’exil.Par précaution et « étant donné que le trafic routier était faible en ce jour », les autorités ont décidé de couper pendant trente minutes le trafic sur l’A16 dans les deux sens à hauteur des sorties qui mènent vers le tunnel sous la Manche en mettant en place des déviations. La circulation a repris vers 17 heures.Une sécurité renforcéeCes tentatives désespérées d’intrusion sur le site de 650 hectares d’Eurotunnel de centaines de migrants souhaitant rejoindre la Grande-Bretagne restent régulières malgré une très forte présence policière et une sécurisation accrue des abords de l’enceinte.Il y a une semaine, un millier de migrants avaient déjà tenté de forcer le passage vers l’Angleterre, donnant lieu à des scènes rappelant « une guérilla urbaine », selon les termes du procureur de la République de Boulogne-sur-Mer.A la fin d’octobre, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, avait affirmé que « depuis le 25 octobre, il n’y a[vait] plus un migrant qui passe en Grande-Bretagne » en provenance de Calais.La dernière perturbation importante du trafic des trains de marchandises et des navettes de ferroutage avait eu lieu dans la nuit du 21 au 22 octobre. Le trafic avait été inexistant à la suite de quelque 600 intrusions de migrants sur le site. Un pic à 1 700 intrusions avait été atteint le 3 août.Depuis le début de juin, 18 migrants sont morts dans la région en essayant de rallier l’Angleterre.Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéos 25.12.2015 à 09h10 • Mis à jour le26.12.2015 à 15h54 Le pape François a dénoncé dans son traditionnel message de Noël, vendredi 25 décembre, « les atroces actions terroristes » et « la destruction du patrimoine historique et culturel de peuples entiers ».S’exprimant de la loggia de la basilique Saint-Pierre à Rome, le pape a lancé un nouvel appel en faveur des personnes qui fuient la misère et les conflits et demandé d’« abondantes bénédictions pour tous ceux, qui, simples particuliers et Etats, s’emploient avec générosité à secourir et accueillir les nombreux migrants et réfugiés (…), les aidant à s’intégrer ». Dans ce troisième message de Noël de son pontificat, le chef de l’Eglise a soutenu les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU sur la Syrie et la Libye :« Que l’entente intervenue au sein des Nations unies parvienne le plus tôt possible à faire taire le vacarme des armes en Syrie. Il est aussi urgent que l’accord sur la Libye obtienne le soutien de tous [les protagonistes]. »Il a également abordé le conflit israélo-palestinien et demandé la reprise d’un « dialogue direct », en rappelant que leur conflit a « de graves répercussions » sur le Moyen-Orient.La veille, les catholiques ont célébré Noël dans le monde entier, sous haute sécurité dans des capitales comme Paris en raison des menaces djihadistes mais aussi au Vatican, où le pape François a lancé un appel à « la sobriété » lors de la traditionnelle messe de minuit.Le souverain pontife, dans son homélie, prononcée devant environ 10 000 personnes à la basilique Saint-Pierre, a déclaré que la célébration de la naissance de Jésus, l’une des fêtes les plus importantes de la chrétienté, devait être l’occasion de découvrir « d’une façon nouvelle qui nous sommes ».« Dans une société souvent éprise de consommation et de plaisir, d’abondance et de luxe, d’apparence et de narcissisme, Lui nous appelle à un comportement sobre, c’est-à-dire simple, équilibré, cohérent, capable de saisir et de vivre l’essentiel. »Lire aussi :Timide ouverture du pape sur le préservatifMesures de sécurité accrues à Saint-Pierre « Dans un monde qui est trop souvent dur avec le pécheur et mou avec le péché, il faut cultiver un fort sens de la justice », a ajouté le pape, âgé de 79 ans, qui célèbre le troisième Noël de son pontificat.A la fin de la cérémonie, 16 enfants de pays visités par François cette année comme le Kenya, les Philippines ou les Etats-Unis ont accompagné, bouquets dans les mains, le pape, qui portait la statuette de l’enfant Jésus afin de la déposer dans la crèche installée au fond de la basilique.Lire le reportage au Kenya :Le pape, pourfendeur des inégalités socialesCette année, les cérémonies de Noël au Vatican bénéficient de mesures de sécurité accrues, et pour accéder à la basilique Saint-Pierre jeudi les personnes devaient passer sous des détecteurs de métaux. 24.12.2015 à 10h41 • Mis à jour le24.12.2015 à 10h43 | Olivier Truc (Stockholm, correspondance) Le gouvernement danois n’en finit plus de durcir sa politique à l’égard des réfugiés. La dernière initiative, insérée dans un projet de loi qui doit être débattu en janvier, prévoit de confisquer les bijoux des demandeurs d’asile pour financer leurs aides. Le gouvernement libéral minoritaire de Lars Lokke ­Rasmussen propose que la police soit capable de fouiller les bagages des demandeurs d’asile et de ­saisir les objets de valeur – pas les ­alliances de mariage, a finalement concédé le gouvernement – ainsi que les sommes d’argent ­dépassant 3 000 couronnes (400 euros).Cette mesure a provoqué une vague d’indignation, notamment à l’étranger. Le Washington Post a comparé la mesure à la spoliation des juifs pendant la seconde guerre mondiale. Mais la police danoise, censée être en première ligne pour évaluer la valeur des bijoux, a également fait part de ses craintes sur l’organisation concrète de ces contrôles. « J’estime que l’on doit être capable de faire la différence entre un bracelet qui coûte 1 000 ou 20 000 couronnes », a rétorqué la ministre de l’intégration, Inger Stojberg.Interrogés par le quotidien Politiken, mercredi 23 décembre, des juristes ont également rejeté l’argument du gouvernement qui prétendait que cette mesure n’était pas différente de celles qui s’appliquent aux Danois. Selon eux, jamais on ne pourrait confisquer les bijoux de Danois bénéficiant de l’aide sociale. Si cette disposition a fait scandale, ce n’est pourtant qu’une mesure sur la longue liste des règles drastiques auxquelles doivent se soumettre les étrangers dans le pays.Le cas d’un étudiant camerounais, médiatisé ces derniers jours, a également créé la polémique. Elève à l’université d’Aarhus, Marius Youbi s’est vu retirer son permis de séjour et signifier qu’il devait quitter le Danemark d’ici au 8 janvier pour avoir dépassé d’une heure et demie le quota de quinze heures hebdomadaires autorisées pour un travail à temps partiel en tant qu’étudiant international. Choquée, l’université a autorisé l’étudiant ingénieur à passer ses examens en avance avant son expulsion. Il a obtenu les meilleures notes possibles. « C’est une punition disproportionnée pour quelqu’un dont le tort est d’avoir trop travaillé », s’est indigné Per Lysgaard, de l’université d’Aarhus.Lire aussi :Au Danemark, 20 000 personnes manifestent pour « un traitement digne des réfugiés »Rhétorique anti-immigrésDepuis les années 2000, le Danemark n’a cessé de durcir sa position contre les étrangers, sous l’influence du Parti du peuple danois (DF, extrême droite). Ce mouvement, qui a obtenu 21,1 % des voix aux législatives en juin, est le principal soutien du gouvernement actuel. Le parti du premier ministre, Lars Lokke Rasmussen, gouverne en effet après n’avoir obtenu que 19,5 % des voix et est contraint de chercher des majorités en fonction des textes. Ironie de l’histoire, son projet de loi sur les demandeurs d’asile est soutenu par les autres petites formations de droite et les sociaux-démocrates, mais pas par DF.Le parti estime en effet que le texte n’est pas assez dur. Il voudrait que le Danemark mette en place des villages d’accueil isolés pour les réfugiés afin de soulager les communes, chargées jusqu’ici de l’hébergement. L’extrême droite estime en effet que cela permet aux réfugiés de passer devant les Danois en attente de logement.Jusqu’ici, DF a toujours refusé de participer au gouvernement, préférant rester à l’extérieur pour mieux l’influencer, avec un succès indéniable. Depuis son entrée au Parlement en 1998, l’extrême droite est parvenue à faire de la question des étrangers un point central du débat danois, à laquelle la plupart des autres partis ont choisi de s’adapter. Entre 2001 et 2011, le gouvernement minoritaire libéral-conservateur était déjà resté au pouvoir grâce au soutien négocié de DF au Parlement, ce qui avait progressivement conduit le Danemark à adopter la législation sur les étrangers la plus stricte d’Europe.Au fil des ans, même les sociaux-démocrates, puis plus tard leur ­allié plus à gauche, le Parti populaire socialiste (SF), se sont mis à adopter la même rhétorique sur les réfugiés et les musulmans, banalisant ainsi les idées de l’extrême droite. Le 3 décembre, les Danois ont voté contre un renforcement de la participation du pays à la politique européenne de sécurité et de justice. DF, qui avait dirigé le camp du « non » contre le reste des principaux partis, avait fait campagne en assurant qu’un « oui » se traduirait à terme par une perte de contrôle du Danemark sur sa politique migratoire. A 53,1 %, les Danois ont voté « non ».Lire aussi :Les Danois votent contre une coopération policière renforcée avec l’UEOlivier Truc (Stockholm, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.12.2015 à 19h06 • Mis à jour le23.12.2015 à 19h36 Le premier ministre géorgien, Irakli Garibachvili, critiqué pour sa gestion de l’économie à moins d’un an des élections législatives, a annoncé mercredi sa démission, après être resté deux ans en poste.Ayant connu des années de rapide croissance à la suite du tournant pro-occidental de 2003, l’économie de cette ex-république soviétique du Caucase patine et la popularité de la coalition du Rêve géorgien est au plus bas.Un successeur nommé vendredi ?« J’ai pris la décision de quitter mon poste », a déclaré, dans une adresse télévisée à la nation, le chef du gouvernement. « Tous les postes sont temporaires, il n’y a que Dieu et la patrie qui sont éternels », a-t-il ajouté, sans donner plus d’explications sur sa décision.Lire :Nouvelle offensive du pouvoir contre l’opposition en GéorgieLe président du Parlement, David Oussoupachvili, a indiqué à la presse que la coalition désignerait un successeur vendredi. Selon des médias géorgiens, M. Garibachvili pourrait être remplacé par le vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères, Guiorgui Kvirikachvili.Nommé à son poste en novembre 2013, Irakli Garibachvili, aujourd’hui âgé de 33 ans, était devenu à l’époque le plus jeune chef de gouvernement en Europe.Inconnu jusqu’en 2012Presque totalement inconnu jusqu’à sa nomination au poste de ministre de l’intérieur en octobre 2012, M. Garibachvili a été considéré comme un proche allié du milliardaire et ancien premier ministre Bidzina Ivanichvili, dont la coalition Rêve géorgien a remporté la même année les élections législatives en Géorgie en mettant fin à la domination du parti Mouvement national unifié de l’ex-président Mikheïl Saakachvili.Diplômé de la Sorbonne à Paris où il a étudié les relations internationales, Irakli Garibachvili avait notamment dirigé la fondation caritative du milliardaire et travaillé dans sa banque, ainsi que pour la maison de disques de son fils, un chanteur de rap.Selon des opposants géorgiens, la démission de M. Garibachvili pourrait s’inscrire dans les efforts de la coalition au pouvoir pour empêcher la forte baisse de sa popularité sur fond de crise économique en vue des élections législatives d’octobre 2016.Lire aussi :L’étonnante renaissance ukrainienne de Saakachvili Marie Charrel En 2014 et 2015, nombre de pays émergents ont souffert de la dépréciation de leur devise. Un mouvement notamment lié à la remontée programmée des taux directeurs américains. La Turquie ne fait pas exception.Dans une note publiée mercredi 23 décembre, la Coface, le spécialiste de l’assurance-crédit, détaille par quels canaux la chute de la livre turque affecte l’économie du pays. « La combinaison des incertitudes politiques, des problèmes de sécurité et des inquiétudes concernant l’économie mondiale ont provoqué une chute brutale de la livre, qui est tombée à son plus bas niveau face au dollar en septembre », explique Seltem Iyigun, économiste spécialiste de la région Méditerranée et Afrique pour la Coface. Le 24 septembre, la livre est ainsi tombée à 3,07 dollars, en baisse de 32 % par rapport à janvier.Explosion des chèques impayésMais l’économie turque est également pénalisée par la baisse de l’euro face au dollar. Et ce, parce qu’elle présente deux grands points faibles. D’abord, « elle est particulièrement dépendante des capitaux étrangers et des importations », souligne la Coface. En outre, nombre d’entreprises turques affichent des coûts de production en dollars et des recettes en euros. De fait, 44 % des exportations turques sont libellées en euros, tandis que 65 % des importations le sont en dollars.Lire aussi :En Turquie, vives tensions entre M. Erdogan et la Banque centraleRésultat : l’effondrement de la livre a provoqué une envolée des coûts de production et donc, l’effondrement des marges des entreprises. Beaucoup ont vu leur situation financière se dégrader. En particulier celles dont la dette est en devise étrangère – c’est le cas de 75 % de la dette des sociétés non financières du pays. Le nombre de chèques impayés a également bondi de 38 % en valeur sur les dix premiers mois de 2015, précise la Coface, signe que la santé des PME se dégrade.« L’épargne locale est trop faible »Plus inquiétant encore : « L’économie turque a besoin de l’épargne étrangère pour fonctionner, car l’épargne locale, équivalente à 15 % du produit intérieur brut [PIB], est trop faible », explique Mme Iyigun. Or, la dette extérieure du pays culmine aujourd’hui à 405,2 milliards de dollars, soit 52 % du PIB. Ce qui rend la Turquie particulièrement exposée aux variations de change.En effet, chaque nouvelle dépréciation de la livre alourdit encore la dette extérieure… Selon la Coface, les secteurs les plus exposés sont les métaux (hors fer et acier), la construction, les produits chimiques ou en encore le textile, qui dépendent particulièrement de l’étranger.Qu’attendre pour 2016 ? De son côté, le Fonds monétaire international estime que le PIB turc devrait croître de 2,9 %, après 3 % en 2015. Une performance relativement bonne, notamment soutenue par la demande domestique. « L’économie turque sera néanmoins soumise à de nombreux risques, liés aux incertitudes planant sur l’économie mondiale et la montée des tensions géopolitiques », conclut Mme Iyigun.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.12.2015 à 15h44 | Stéphanie Marteau, Soren Seelow et Simon Piel Les circonstances de l’assaut mené le 18 novembre à Saint-Denis par le RAID contre le coordinateur présumé des attentats de Paris, Abdelhamid Abaaoud, et ses complices se précisent. Si beaucoup de questions demeurent, de nombreux documents auxquels Le Monde a eu accès affinent le scénario d’une opération qui s’est déroulée avec une rare violence et dans une extrême confusion.Les scènes décrites par les enquêteurs de la police judiciaire venus opérer les premières constatations en témoignent. La chaussée est jonchée de débris. Du verre et du bois provenant des fenêtres de l’immeuble de Saint-Denis où a eu lieu l’assaut. De nombreux écrous, probablement contenus dans une ceinture d’explosifs actionnée par l’un des hommes retranchés. Mais aussi plusieurs bouts de corps. Ici, « une tête humaine à laquelle demeure attaché un morceau de colonne vertébrale ». Là, « une partie de visage » sur la peau duquel apparaît une barbe naissante. Plus loin, une dent humaine, un trousseau de clés, un livre en langue arabe et un clavier d’ordinateur brisé.Aucune arme de guerre ne sera retrouvée, contrairement à ce qu’avait pu laisser penser le récit du patron du RAID. Le tir « nourri » évoqué par le RAID se heurte à une constatation imparable : seul un Browning semi-automatique a été retrouvé dans les décombres le 20 novembre, sans chargeur mais avec une munition. Sur le pistolet, la police retrouve une empreinte d’Abdelhamid Abaaoud. C’est à ce jour la seule arme des terroristes découverte.L’essentiel des munitions ont en réalité été tirées par les policiers d’élite. Dès le lendemain de l’assaut, la police judiciaire fait un premier décompte des munitions saisies. Ils recensent plus de 1 500 étuis percutés et 4 étuis percutés de grenade, provenant « vraisemblablement, selon les techniciens du laboratoire central de la préfecture de Paris, des tirs effectués par les effectifs de la police du RAID ».Compte-rendu très succinctAutant de précisions qui ne figurent pas dans le compte-rendu très succinct fait par le patron du RAID aux magistrats antiterroristes et dont Le Monde a pu prendre connaissance. A sa lecture, aucune réponse n’est apportée aux questions soulevées sur la stratégie d’opérer des « tirs de saturation » pour empêcher un éventuel kamikaze d’approcher.Aucune mention non plus des raisons pour lesquelles les explosifs disposés par le RAID sur la porte de l’appartement n’ont pas fonctionné. Aucune précision sur les échanges que des hommes du RAID ont eus avec Hasna Aït Boulahcen lorsqu’elle a demandé à deux reprises de pouvoir sortir.Rien sur le moment où l’un des terroristes a déclenché sa ceinture d’explosifs. Rien enfin sur le fait qu’un seul pistolet automatique ait pu à lui seul donner le sentiment aux équipes du RAID d’être visées par « un feu nourri ». Ni la direction du RAID ni la direction générale de la police nationale n’ont souhaité répondre à nos questions.Les précisions apportées par un témoignage ainsi que plusieurs éléments de téléphonie avaient laissé entendre que des personnes – dont Abdelhamid Abaoud – armées de kalachnikov et d’explosifs s’étaient réfugiées dans un appartement à Saint-Denis. Hasna Aït Boulahcen avait ainsi confié que « des voisins voulaient sympathiser mais (qu’) ils n’ont pas voulu car ils préparaient leurs bombes, ils ne voulaient pas être dérangés ». Elle-même aurait dit avoir « joué avec la kalach ».« C’est dans cet état d’esprit qu’arrive le RAID sur place », explique-t-on au ministère de l’intérieur pour justifier ce déluge de feu. « D’un point de vue opérationnel, l’intervention est une réussite » ajoute-t-on. Un projet d’attentat à la Défense a en effet été empêché.Stéphanie MarteauSimon PielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSoren SeelowJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.12.2015 à 11h21 • Mis à jour le23.12.2015 à 11h43 Quelques heures après la publication d’un communiqué conjoint de l’ONU et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) faisant savoir qu’un million de migrants étaient entrés en Europe cette année, dont 816 000 par la mer, un nouveau naufrage a eu lieu au large de l’îlot grec de Farmakonisi, mercredi 23 décembre.Au moins treize personnes, dont sept enfants, sont morts noyées après le chavirement de leur « petit bateau en polyester » venant des côtes occidentales turques, selon une responsable de la police. Le temps n’était pas « particulièrement mauvais, mais le bateau était surchargé, comme souvent », a souligné cette responsable. La veille, onze autres migrants, dont trois enfants, étaient morts noyés en mer Egée en faisant le même trajet.Selon l’OIM, près de 3 700 personnes, pour la plupart fuyant les conflits en Syrie et ailleurs, sont mortes ou portées disparues au large de l’Europe en 2015 : environ 700 en tentant de traverser la mer Egée pour rejoindre la Grèce et près de 3 000 en Méditerranée en direction de l’Italie.Lire aussi :Le nombre de migrants et de réfugiés a explosé au XXIe siècle 23.12.2015 à 09h36 • Mis à jour le23.12.2015 à 15h06 | Marie Charrel C’est une nouvelle plutôt bonne, au sein d’une conjoncture bien morose. Selon les chiffres publiés mercredi 23 décembre par l’Insee, le pouvoir d’achat des Français a en effet rebondi de 0,9 % au troisième trimestre, après avoir reculé de 0,3 % sur les trois précédents mois. Sur l’ensemble de 2015, il devrait ainsi progresser de 1,6 %, prévoit l’institut, après 1,1 % en 2014.Hausse du salaire moyenLa raison de ce petit rebond ? Le revenu disponible brut des ménages a lui aussi accéléré au troisième trimestre, de 0,7 %, après une hausse de 0,2 % sur le trimestre précédent. En d’autres termes : les salaires ont un peu augmenté. « La masse salariale reçue par les ménages a crû davantage qu’au trimestre précédent, de 0,4 % après 0,2 % », détaille l’Insee. Le salaire moyen par tête versé par les sociétés non financières a ainsi progressé de 0,3 %, après avoir stagné au deuxième trimestre.Ce n’est pas tout : les prestations sociales en espèces notamment touchées par les foyers les moins aisés ont également augmenté un peu (+ 0,3 % après + 0,2 % au deuxième trimestre), tandis qu’à l’inverse, les impôts sur le revenu et le patrimoine se sont repliés sur le trimestre (– 2 % après + 0,4 %).Recul de la consommation en novembreSur le troisième trimestre, les dépenses de consommation des ménages ont augmenté de 0,3 %, après avoir stagné au deuxième trimestre. En revanche, note l’Insee, la consommation a reculé de 1,1 % en novembre, après le léger recul de 0,2 % en octobre. Il s’agit de sa plus forte contraction depuis janvier 2014.Faut-il y voir l’effet des attentats du 13 novembre ? L’Insee n’y fait aucune référence. Ses économistes soulignent en revanche que cette chute des dépenses est en grande partie liée à la douceur des températures enregistrée ces dernières semaines.Celle-ci s’est en effet traduite par une baisse de la consommation de chauffage et donc, d’énergie (– 5,6 %). Mais aussi, par un net recul des dépenses d’habillement (– 4,7 %).Légère augmentation des marges des entreprisesAutre chiffre positif relevé par l’Insee, qui confirme également que l’économie française a crû de 0,3 % au troisième trimestre : le taux de marge des sociétés non financières. Celui-ci a progressé de 0,2 %, pour atteindre 31,2 %. Et cela, grâce au recul des prix de l’énergie, qui a plus que compensé la progression des salaires réels. « Les marges des entreprises ont retrouvé leur plus haut niveau depuis le premier trimestre 2011, c’est une bonne nouvelle, car il s’agit d’un élément essentiel à la reprise de l’investissement », conclut Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture au sein du groupe Xerfi.Lire aussi :La croissance n’aura pas droit à l’erreur en 2016Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.12.2015 à 17h04 • Mis à jour le12.12.2015 à 17h12 Quelque 50 000 manifestants, selon la mairie, ont marché samedi 12 décembre à Varsovie pour « défendre la démocratie », qu’ils pensent menacée par les conservateurs de Jaroslaw Kaczynski, au pouvoir depuis un mois. Le parti de Jaroslaw Kaczynski est accusé par l’opposition et par la plupart des constitutionnalistes de vouloir mettre la main sur le Tribunal constitutionnel, la plus haute instance juridique du pays.Lire aussi :Pologne : le PiS cherche à limiter les contre-pouvoirsM. Kaczynski n’occupe que le poste de président du parti Droit et Justice (PIS), mais tant le président Andrzej Duda que la première ministre, Beata Szydlo, reconnaissent volontiers qu’il est leur maître à penser.« La majorité, ça ne veut pas dire dictature »Tous les chefs des principaux partis d’opposition, de droite, du centre et de gauche ont participé au titre de « simples citoyens » à la manifestation organisée par le Comité de défense de la démocratie (KOD), un mouvement civique spontané. « La majorité, ça ne veut pas dire dictature », a lancé Mateusz Kijowski, qui est à l’origine du KOD.Avec « liberté, égalité, démocratie » pour mot d’ordre, brandissant des drapeaux polonais et de l’Union européenne, les protestataires ont clamé leur attachement à la Constitution et à l’indépendance du Tribunal constitutionnel.Estimant que le Tribunal est « politisé » et que ses membres, élus par le Parlement précédent, sont favorables à l’opposition centriste, le PIS et le chef de l’Etat tentent d’y introduire des juges favorables à leur politique, et ignorent les décisions de cette instance légale suprême.Lire aussi :Le mauvais tournant de la Pologne 12.12.2015 à 10h37 • Mis à jour le12.12.2015 à 10h38 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) Cette fois, c’est la guerre ! Les 2 300 pêcheurs des étangs de Sardaigne, aux alentours de la ville d’Oristano, sur la côte occidentale de l’île, et dont les revenus proviennent de la poutargue (ou boutargue), à savoir les œufs de mulet séchés, en ont ras les bottes… des cormorans. Entre 2008 et 2014, la population de ce volatile a augmenté de 86 %, passant de 8 000 à 15 000 individus, et sans doute davantage. Migrateur, l’oiseau a élu un domicile provisoire d’octobre à mars dans ces eaux poissonneuses et abritées. Il ne dédaigne pas les anguilles, les dorades, les palourdes, les crabes. Bref, tout ce qui barbote, nage et rampe pourvu que ce soit à la portée de son bec.Mais s’ils sont photogéniques, surtout quand ils traversent un coucher de soleil, les cormorans sont particulièrement voraces. Chacun d’eux se nourrit de 300 à 600 grammes de poisson par jour, selon l’appétit et la taille de la bestiole, sans compter ceux qu’ils blessent et ne consomment pas. Pour la pêche locale, la facture est lourde.« C’est un véritable vol »Selon les associations professionnelles – qui se fondent sur un prix au kilo du poisson à 5 euros –, elle se monte à 2,5 millions d’euros pour l’année 2014. Le chiffre de 2015, qui n’est pas encore connu, devrait porter cette somme aux alentours de 3 millions.« C’est un véritable vol, se plaint un pêcheur qui ne manque pas d’humour dans le Corriere della sera. On n’est pas un restaurant qui nourrit gratis des oiseaux du nord de l’Europe qui passent leurs vacances d’hiver en Sardaigne. » Dans ces conditions ne restait qu’une solution : présenter la facture et se débarrasser de ces pique-assiettes. Les associations écologistes dénoncent « une chasse inutile » et accusent les pêcheurs de ne pas savoir « gérer leurs ressources ».Des pêcheurs devenus chasseursMais il est déjà trop tard pour négocier. En novembre, la région Sardaigne a donné son accord pour commencer une campagne d’éradication : 5 % de la population des cormorans, soit entre 800 et 1 500 oiseaux, doit disparaître. Début décembre, les pêcheurs ont donc délaissé provisoirement leurs filets pour se muer en chasseurs à raison de deux tours par jour pour ne laisser aucun répit à l’ennemi et débarrasser les 54 étangs de la lagune côtière (14 000 hectares) de cette engeance à plumes. Pas question pour autant de perpétrer un massacre : les cormorans doivent être effrayés et capturés au filet.Mais l’adversaire ne s’en laisse pas conter. Le volatile est malin et ne s’étonne de rien. Un coup de canon ne le dérange pas et il arrive même que l’un d’eux se pose sur le fût. Mieux, selon le correspondant de la Stampa en Sardaigne, ils se divisent en deux groupes : l’un fait mine de fuir tandis qu’un autre rabat les poissons sur la rive plus tranquille pour s’en régaler. « Pour l’instant, se plaint un chasseur-pêcheur, ce sont eux qui sont en train de la gagner, cette guerre. » Et la facture continue d’augmenter…Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) C’est un haut lieu de la vie sportive grecque. Un stade avec vue sur la mer, situé au sud d’Athènes, où se déroulent les compétitions de sports de combat et que l’on surnomme « le Taekwondo ». Depuis plusieurs semaines déjà, des dizaines de migrants de toutes nationalités y sont logés dans l’urgence. C’est là qu’ont été transférés mercredi soir les 2 300 migrants dits « économiques » refoulés par la Macédoine et qui s’étaient massés à la frontière grecque dans le petit village d’Idomeni.A peine arrivés, des centaines d’entre eux se sont volatilisés dans les rues d’Athènes. « Moi je pars habiter chez d’autres Marocains qui ont un appart dans le centre près d’Omonia », explique Mohammed, un jeune homme de 23 ans originaire de Casablanca alors qu’il se hâte de trouver avec trois autres compagnons un taxi. « Vingt euros la course », indique le chauffeur. Soit le double du prix normal. « Ils veulent soit aller au port soit aller à Omonia et pour tout c’est 20 euros », précise le chauffeur. « Certains nous demandent aussi de les reconduire directement à la frontière au nord mais ça, c’est 10 heures de route et on n’a pas le droit. Des collègues le font pour 2 000 ou 3 000 euros mais moi je veux pas prendre le risque ». Conditions d’accueil déplorablesImpossible pour les autorités grecques de savoir exactement combien de personnes sont restées. « A vue d’œil ils sont plus de 600 mais nous n’avons pas de compte exact », précise un volontaire qui distribue des bouteilles d’eau. Les conditions d’accueil sont déplorables. Pas de lits, de simples couvertures jetées à même le sol et quelques tentes. Dans la grande salle du bas se sont installés les Marocains. Les travées supérieures abritent, regroupés par nationalités, des Iraniens, des Pakistanais et pas mal de Somaliens.Parmi eux, Aïcha et Abbas, rencontrés à Idomeni. « Au moins c’est chauffé ici, mais pour le reste c’est pire que le camp là-haut. Il n’y a qu’une douche pour tout le monde et les femmes ne peuvent pas y aller. Il n’y a pas beaucoup de toilettes et ils sont souvent cassés. Pas de docteurs, pas de wi-fi pour parler au pays. Pas de prises pour recharger les portables. On a par contre de la nourriture chaude deux fois par jour. »Le peu de couvertures, de médicaments, de vêtements chauds, de bouteilles d’eau disponibles sont acheminés par des groupes de bénévoles. L’appel à la solidarité remplit les réseaux sociaux grecs de listes des biens nécessaires au Taekwondo.« Tu sais où on peut trouver le UN [Haut Commissariat aux Réfugiés] ? », demande Abbas. « Je ne crois plus qu’on va réussir à passer alors peut-être qu’on doit demander l’asile ici… C’est possible de trouver du travail en Grèce avec un diplôme d’ingénieur en informatique ? » Comment résumer alors la crise grecque ? Les 25 % de chômage ? le parti néonazi Aube Dorée en embuscade ? L’absence d’infrastructure d’accueil pour les demandeurs d’asile ?Terre de passageLa Grèce n’a jamais été dans la tête de tous ces migrants qu’une terre de passage. La majorité d’entre eux veut d’ailleurs tenter de repartir en empruntant d’autres voies. Mais pour tous ceux, épuisés, sans argent, qui se retrouvent bloqués à Athènes, la situation s’annonce ingérable. Le gouvernement grec a bien promis depuis octobre la mise sur pied d’environ 20 000 places d’accueil réparties entre Athènes et Thessalonique. Soit en subventionnant la location d’appartements soit en créant des camps d’accueil mais rien n’est encore prêt. Ces places devaient d’abord s’adresser à tous ceux qui, depuis les îles où ils débarquent, acceptaient de déposer une demande d’asile en Grèce en espérant bénéficier d’une des 70 000 places du programme de relocalisation prévu par l’Europe.« Le problème ingérable qui se pose désormais c’est non seulement comment gérer le flux qui arrive, celui qui va demander l’asile ici et qu’il faudra bien loger et nourrir mais aussi maintenant celui des refoulés par les pays du Nord », s’inquiète une source ministérielle visiblement affolée.Le maire d’Athènes, Georges Kaminis, a prévenu « qu’il ne laisserait pas se répéter la situation de 2012 et 2013, quand les rues d’Athènes étaient débordées de migrants sans aucune ressource, avec tous les problèmes que cela peut entraîner pour le fonctionnement de la ville ». En l’état pourtant, il n’existe aucun plan ni aucune infrastructure capable de contenir le phénomène.Tous ces migrants « économiques » ont légalement un mois pour quitter le territoire. Après cette échéance, ils sont susceptibles, au moindre contrôle, d’être arrêtés et déportés. Mais là encore cela demande des moyens en personnel policier et en places de rétention – le temps de vérifier l’identité et la nationalité des migrants – qui n’existent plus en Grèce depuis que les camps de rétention ont été transformés, pour faire face au flux de nouveaux arrivants, en camps de premier accueil. « Nous sommes tous simplement débordés et sans aide massive nous courons à la catastrophe », reconnaît une source policière.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le plan que Bruxelles s’apprête à mettre sur la table, mardi 15 décembre, est une véritable bombe, qui marquerait une énorme avancée vers une gestion commune des frontières de l’Union européenne (UE), s’il était adopté par les Etats membres et le Parlement européen.Il signifierait aussi des abandons de souveraineté qui ne manqueront pas de faire débat. La Commission européenne a en effet l’intention de proposer un règlement visant à créer une véritable agence de gardes côtes et de gardes frontières européenne, constituée de milliers de personnels mobilisables rapidement, et qui, selon nos informations, aurait la capacité de s’autosaisir en cas de menace jugée grave à une frontière de l’Union.Quel est l’objectif de la Commission ?Il s’agit d’endiguer le flux de migrants provenant pour l’instant essentiellement de Turquie, alors que plus d’un million et demi d’entre eux ont franchi « illégalement », selon la commission, les frontières extérieures de l’Union, et que plus d’un million sont déjà parvenus jusqu’en Allemagne depuis le début de cette année. Pour Bruxelles, l’enjeu est aussi de sauver le traité de Schengen, signé en 1985, instituant la libre-circulation des personnes à l’intérieur de l’Union, depuis menacé en raison de la porosité des frontières extérieures européennes.Le plan de la CommissionCréée en 2004, Frontex, l’« agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des Etats membres », serait rebaptisée et verrait ses pouvoirs considérablement augmentés. Avec des personnels qui vont passer de 400 à 1000, et un corps de réservistes de 1500 agents (composé de gardes-côtes et gardes frontières nationaux ), cette force sera mobilisable en deux ou trois jours en cas de besoin.Aujourd’hui il n’y a pas de corps de »réservistes » et quand Frontex a besoin de personnel supplémentaire, il sollicite les pays membres et cela prend des semaines. Avec la nouvelle « Agence », les Etats devront mobiliser leurs effectifs quand ils seront sollicités, ils n’auront pas le choix.Enfin, pour l’instant, Frontex est responsable de la coordination des activités des gardes-frontières aux frontières de l’Union. Elle met déjà à disposition des Etats membres une force de réaction rapide (« RABIT ») composée d’un vivier de gardes frontières dépêchés par les capitales. Mais leur déploiement ne peut intervenir qu’en cas de crise grave et surtout, à la condition que l’Etat membre concerné en fasse la demande expresse.La Grèce, tout particulièrement viséeLa Grèce a demandé officiellement l’activation de cette force de réaction RABIT, jeudi 3 décembre, mais après que ses partenaires européens, excédés qu’elle ne surveille pas assez de leur point de vue ses îles de la Mer Egée, en sont arrivés à la menacer d’une exclusion de l’espace de libre-circulation Schengen. La Commission veut que l’Europe se dote d’un outil qui précisément, permettre d’éviter ces cas de figure, où un Etat tarde trop à solliciter l’aide de ses partenaires, ce qui reporte de plusieurs semaines une intervention.Si la Commission se défend de vouloir remettre frontalement en question la souveraineté des Etats membres en matière de surveillance de leur frontière, le nouveau mode d’intervention qu’elle propose pousse très loin la gestion commune des frontières.Le corp européen de gardes-côtes pourrait ainsi être déployé sans l’assentiment du pays concerné, suite à une enquête sur le terrain de l’agence et une recommandation de la commission européenne. Cette recommandation serait alors soumise à un groupe d’experts, constitués de représentants des Etats membres. Qui pourront bloquer la proposition, mais a la majorité qualifiée inversée, plus difficile à rassembler. Les réunions pourront être convoquées très rapidement, et se tenir au téléphone. Cette procédure ultra rapide et pour le moins opaque relève de la « comitologie », un mode de décision bruxellois particulièrement décrié, notamment au Parlement européen.Paris et Berlin soutiennent la CommissionDans un courrier commun soumis aux ministres de l’intérieur des vingt-huit Etats membres réunis à Bruxelles en conseil affaires intérieures et justice, vendredi 4 décembre, la France et l’Allemagne recommandent un renforcement très conséquent de l’agence Frontex. Y compris une capacité de s’autosaisir : « Dans des circonstances exceptionnelles, Frontex devrait également pouvoir prendre l’initiative de déployer sous sa propre responsabilité des équipes d’intervention rapide aux frontières », dit ainsi la lettre commune. Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve défend un renforcement des gardes frontières européens depuis le mois d’octobre dernier.Comment ce plan sera t-il accueilli par les autres Etats membres ?Il devrait susciter un intense débat. Cela fait des années qu’une mutualisation des frontières de l’Union est régulièrement évoquée, mais jusqu’à présent, elle avait toujours été repoussée, notamment par les pays gouvernés par des majorités très nationalistes (Pologne, Hongrie), ou en Italie et en Grèce, régulièrement montrés du doigt pour les déficiences de leurs contrôles aux frontières. « Les pays de Visegrad sont très attachés à Schengen, mais déjà, ils ont fait savoir leurs réticences » croit savoir un diplomate européen.Selon les derniers chiffres Frontex, communiqués par Bruxelles jeudi 10 décembre, sur 492 000 migrants parvenus sur les côtes grecques entre juillet et novembre 2015, seuls un peu plus de 120 000 avaient été dûment enregistrés. « Les petits pays risquent de se faire la même réflexion qu’avec les mécanismes renforcés de surveillance budgétaire : ils estiment que ce sont surtout eux qui dégustent, les grands pays bénéficiant, de leur point de vue, de bien plus de clémence de la part de Bruxelles », relève un diplomate.Pour que la proposition de règlement de la Commission soit validée, il doit être adopté par le Conseil européen (les Etats membres), à la majorité qualifiée, et aussi par le Parlement européen. Cela prendra au bas mot des mois.Les autres annonces de Bruxelles : une recommandation pour réinstaller des réfugiés syriens depuis la Turquie vers l’EuropeLa Commission pourrait aussi faire une « recommandation », aux 28 Etats membres de l’Union, d’accepter des réfugiés syriens, identifiés comme tels par les Nations unies, directement « réinstallés » depuis la Turquie chez eux. Aucun quota ne sera proposé et, comme son nom l’indique, cette recommandation n’aura aucun caractère obligatoire. Surtout, les réinstallations seraient conditionnées à une réduction « constatée et significative », selon nos sources, du flux de migrants arrivant de Turquie en Europe.Selon nos informations, le gouvernement Erdogan, qui a signé un accord avec l’UE, s’engageant à réduire le flux de migrants quittant la Turquie pour l’Union, réclamait au début au moins 100 000 « réinstallations ». Etant donné la sensibilité du sujet, la Commission n’évoque plus un seul nombre.Enfin, la commission propose de mettre en place un office européen de retour, chargé de renvoyer dans leurs pays d’origine ou des pays tiers les migrants déboutés du droit d’asile.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.12.2015 à 12h01 • Mis à jour le11.12.2015 à 12h29 | Les Décodeurs Les Néo-Zélandais voteront en mars pour garder leur drapeau actuel, où figure l’Union Jack britannique, ou le changer au profit d’un autre. Ils votaient une première fois en cette fin d’année pour choisir le principal « concurrent » au drapeau actuel : ils ont désigné une alternative avec la fameuse fougère des All Blacks, en blanc sur fond noir et bleu.L’Union Jack figure encore sur plusieurs pays autrefois colonisés par le Royaume-Uni mais désormais devenus indépendants. Saurez-vous les reconnaître ?var input = [{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Australie","b":"Royaume-Uni","c":"Nouvelle-Zélande","d":"Irlande du Nord","bonnereponse":"Royaume-Uni","incorrect":"0049006c00200073002700610067006900740020006400650020006c00270055006e0069006f006e0020004a00610063006b002c0020006400720061007000650061007500200064007500200052006f007900610075006d0065002d0055006e0069002e","correct":"00440027006100630063006f00720064002c00200063002700e9007400610069007400200066006100630069006c0065002e00200043002700e900740061006900740020006200690065006e0020006c006500200052006f007900610075006d0065002d0055006e00690020006100760065006300200073006f006e00200055006e0069006f006e0020004a00610063006b","indice":"God Save The Queen.","rowNumber":1},{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Fidji","b":"Nouvelle-Zélande","c":"Iles Cook","d":"Australie","bonnereponse":"Australie","incorrect":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650020006c0027004100750073007400720061006c00690065002000640065007000750069007300200031003900300039002e","correct":"0049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e002000640075002000640072006100700065006100750020006400650020006c0027004100750073007400720061006c00690065002000640065007000750069007300200031003900300039002e","indice":"Capitale : Canberra.","rowNumber":2},{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Iles Cook","b":"Tuvalu","c":"Nouvelle-Zélande","d":"Fidji","bonnereponse":"Nouvelle-Zélande","incorrect":"0049006c002000730027006100670069007400200064007500200064007200610070006500610075002000610063007400750065006c0020006400650020006c00610020004e006f007500760065006c006c0065002d005a00e9006c0061006e00640065002c002000640065007000750069007300200031003800360039002e","correct":"0049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e00200064007500200064007200610070006500610075002000610063007400750065006c0020006400650020006c00610020004e006f007500760065006c006c0065002d005a00e9006c0061006e00640065002c002000640065007000750069007300200031003800360039002e","indice":"Capitale : Wellington.","rowNumber":3},{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Fidji","b":"Iles Cook","c":"Tuvalu","d":"Micronésie","bonnereponse":"Fidji","incorrect":"0049006c00200073002700610067006900740020006400750020006400720061007000650061007500200064006500730020004600690064006a0069002c002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002c002000640065007000750069007300200031003900370030002e","correct":"0049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e0020006400750020006400720061007000650061007500200064006500730020004600690064006a0069002c002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002c002000640065007000750069007300200031003900370030002e","indice":"Ce pays se distingue en rugby.","rowNumber":4},{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Tuvalu","b":"Micronésie","c":"Iles Cook","d":"Palaos","bonnereponse":"Iles Cook","incorrect":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c0065007300200043006f006f006b002c002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002c002000640065007000750069007300200031003900370039002e0020004100750074006f006e006f006d006500730020006400650020006c00610020004e006f007500760065006c006c0065002d005a00e9006c0061006e006400650073002c00200065006c006c0065007300200073006f006e00740020007200650063006f006e006e00750065007300200063006f006d006d0065002000450074006100740020006e006f006e002d006d0065006d0062007200650020006400650020006c0027004f004e0055002000640065007000750069007300200031003900390034002e","correct":"0049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c0065007300200043006f006f006b002c002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002c002000640065007000750069007300200031003900370039002e0020004100750074006f006e006f006d006500730020006400650020006c00610020004e006f007500760065006c006c0065002d005a00e9006c0061006e006400650073002c00200065006c006c0065007300200073006f006e00740020007200650063006f006e006e00750065007300200063006f006d006d0065002000450074006100740020006e006f006e002d006d0065006d0062007200650020006400650020006c0027004f004e0055002000640065007000750069007300200031003900390034002e","indice":"Du nom d'un célèbre navigateur.","rowNumber":5},{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Micronésie","b":"Niue","c":"Palaos","d":"Tuvalu","bonnereponse":"Tuvalu","incorrect":"0049006c00200073002700610067006900740020006400750020006400720061007000650061007500200064006500200054007500760061006c0075002c00200061007200630068006900700065006c00200070006f006c0079006e00e9007300690065006e002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002c00200069006e006400e900700065006e00640061006e0074002000640065007000750069007300200031003900370038002e","correct":"0049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e0020006400750020006400720061007000650061007500200064006500200054007500760061006c0075002c00200061007200630068006900700065006c00200070006f006c0079006e00e9007300690065006e002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002c00200069006e006400e900700065006e00640061006e0074002000640065007000750069007300200031003900370038002e","indice":"L'as-tu vu, cet archipel ?","rowNumber":6},{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Niue","b":"Micronésie","c":"Palaos","d":"Saint-Christophe-et-Niévès","bonnereponse":"Niue","incorrect":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650020004e006900750065002c002000ee006c0065002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002000610064006d0069006e006900730074007200e9006500200070006100720020006c00610020004e006f007500760065006c006c0065002d005a00e9006c0061006e006400650020006d006100690073002000710075006900200061002000730061002000700072006f00700072006500200070006f006c006900740069007100750065002000e9007400720061006e006700e80072006500200065007400200065007300740020007200650063006f006e006e0075006500200063006f006d006d0065002000450074006100740020006e006f006e002d006d0065006d00620072006500200070006100720020006c0027004f004e0055002e","correct":"0042007200610076006f002c00200072006500730070006500630074002e00200049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e002000640075002000640072006100700065006100750020006400650020004e006900750065002c002000ee006c0065002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002000610064006d0069006e006900730074007200e9006500200070006100720020006c00610020004e006f007500760065006c006c0065002d005a00e9006c0061006e006400650020006d006100690073002000710075006900200061002000730061002000700072006f00700072006500200070006f006c006900740069007100750065002000e9007400720061006e006700e80072006500200065007400200065007300740020007200650063006f006e006e0075006500200063006f006d006d0065002000450074006100740020006e006f006e002d006d0065006d00620072006500200070006100720020006c0027004f004e0055002e","indice":"Un Etat non-membre de l'ONU.","rowNumber":7},{"description":"","question":"Bon, on va un peu plus corser les choses, avec un territoire d'outre-mer du Royaume-Uni. Lequel ?","a":"Iles Malouines","b":"Iles Vierges britanniques","c":"Iles Caïmans","d":"Ile de Sainte-Hélène","bonnereponse":"Iles Vierges britanniques","incorrect":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c0065007300200056006900650072006700650073002000620072006900740061006e006e00690071007500650073002c00200061007200630068006900700065006c002000640065007300200041006e00740069006c006c00650073002e","correct":"0049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c0065007300200056006900650072006700650073002000620072006900740061006e006e00690071007500650073002c00200061007200630068006900700065006c002000640065007300200041006e00740069006c006c00650073002e","indice":"Archipel antillais.","rowNumber":8},{"description":"","question":"Et celui-ci ?","a":"Iles Caïmans","b":"Iles Malouines","c":"Ile de Saint-Hélène","d":"Archipel des Bermudes","bonnereponse":"Iles Malouines","incorrect":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c006500730020004d0061006c006f00750069006e00650073002c0020007400650072007200690074006f006900720065002000640027006f0075007400720065002d006d0065007200200064007500200052006f007900610075006d0065002d0055006e006900200072006500760065006e006400690071007500e900200070006100720020006c00270041007200670065006e00740069006e0065002c00200071007500690020006100200063006f006e00640075006900740020006c006500730020006400650075007800200070006100790073002000e000200075006e00200063006f006e0066006c0069007400200065006e00200031003900380032002e","correct":"0045006e002000650066006600650074002c00200069006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c006500730020004d0061006c006f00750069006e00650073002c0020007400650072007200690074006f006900720065002000640027006f0075007400720065002d006d0065007200200064007500200052006f007900610075006d0065002d0055006e006900200072006500760065006e006400690071007500e900200070006100720020006c00270041007200670065006e00740069006e0065002c00200071007500690020006100200063006f006e00640075006900740020006c006500730020006400650075007800200070006100790073002000e000200075006e00200063006f006e0066006c0069007400200065006e00200031003900380032002e","indice":"Lieu d'affrontement entre Etats.","rowNumber":9},{"description":"","question":"Et celui-là (promis, c'est le dernier) ?","a":"Ile de Saint-Hélène","b":"Archipel des Bermudes","c":"Iles Caïmans","d":"Ile de l'Ascension","bonnereponse":"Iles Caïmans","incorrect":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c0065007300200043006100ef006d0061006e0073002c0020007300690074007500e900650073002000640061006e00730020006c00610020006d0065007200200064006500730020004300610072006100ef006200650073002c002000610075002000730075006400200064006500200043007500620061002e00200049006c0020006e00270079002000650078006900730074006500200061007500630075006e00200069006d007000f40074002000640069007200650063007400200073007500720020006c0065007300200073006f0063006900e9007400e900730020006500740020006c0065007300200070006500720073006f006e006e00650073002c00200065006e002000660061006900730061006e007400200075006e002000640065007300200070006100720061006400690073002000660069007300630061007500780020006c0065007300200070006c00750073002000700072006900760069006c00e90067006900e90073002000640061006e00730020006c00650020006d006f006e00640065002e","correct":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c0065007300200043006100ef006d0061006e0073002c0020007300690074007500e900650073002000640061006e00730020006c00610020006d0065007200200064006500730020004300610072006100ef006200650073002c002000610075002000730075006400200064006500200043007500620061002e00200049006c0020006e00270079002000650078006900730074006500200061007500630075006e00200069006d007000f40074002000640069007200650063007400200073007500720020006c0065007300200073006f0063006900e9007400e900730020006500740020006c0065007300200070006500720073006f006e006e00650073002c00200065006e002000660061006900730061006e007400200075006e002000640065007300200070006100720061006400690073002000660069007300630061007500780020006c0065007300200070006c00750073002000700072006900760069006c00e90067006900e90073002000640061006e00730020006c00650020006d006f006e00640065002e","indice":"Véritable paradis (fiscal).","rowNumber":10}]; var pubStylesheet = 'quiz-lemonde.css'; var pub = 'lemonde'; var compte_twitter = 'decodeurs'; var cdn = 'http://s1.lemde.fr/mmpub/edt/zip/20151029/170120/'; require(["http://s1.lemde.fr/mmpub/edt/zip/20151029/170120/javascripts/quiz.js"], function() { quizodeur() })Voir aussi la vidéo : comment bien choisir son hymne (national) ?Les DécodeursJournaliste au Monde Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne a décidé de hausser le ton avec la Hongrie et sa politique anti-migrants. Jeudi 10 décembre, elle a lancé une procédure d’infraction contre la législation hongroise en matière d’asile, ayant constaté qu’elle était « incompatible avec le droit de l’Union ». La Hongrie, qui se trouvait sur la route des migrants jusqu’à l’érection d’une clôture à sa frontière avec la Serbie en septembre, a durci plusieurs fois sa législation sur le droit d’asile au cours de l’été.Ce qui préoccupe la Commission ? Qu’il ne soit « pas possible de présenter des faits et circonstances nouveaux dans le cadre des recours [à la suite de demandes d’asile rejetées], et que la Hongrie n’applique pas d’effet suspensif automatique à cette occasion, contraignant ainsi dans la pratique les demandeurs à quitter le territoire hongrois ». Elle craint aussi que les migrants n’aient pas accès à des interprètes et des traducteurs. Elle pointe enfin le fait que les décisions de rejet des demandes sont prises à un niveau « sous-judiciaire (par des greffiers), dont l’indépendance judiciaire n’est pas suffisante ».Bruxelles a commencé par envoyer une lettre de mise en demeure à la Hongrie, première étape de la procédure d’infraction. Le gouvernement de l’ultraconservateur Viktor Orban a deux mois pour répondre. Si sa réponse n’est pas satisfaisante, la Commission enverra un « avis motivé ». Et si Viktor Orban n’obtempère pas, Bruxelles pourra alors saisir la Cour de justice de l’Union européenne. Mais pas avant des mois.« Orban a déjà atteint son objectif, qui était de décourager les migrants de venir en Hongrie », selon une source hongroise. Depuis septembre, les migrants sont en effet réorientés vers la Croatie et la Slovénie.Lire aussi :Face à Viktor Orban, Bruxelles reste ambiguëBudapest dénonce une « revanche »Le chef de cabinet de Viktor Orban a qualifié la procédure lancée jeudi de « revanche basée sur des motivations politiques. Les règles hongroises d’asile sont conformes à ses engagements constitutionnels et en matière de droits de l’homme ». Selon lui, cette annonce serait liée au recours en justice de la Hongrie contre le plan de répartition de réfugiés entre pays membres de l’UE, lancé par Bruxelles.D’autres procédures pourraient pourtant suivre : la Hongrie a également adopté, à la mi-septembre, une législation permettant de condamner à de la prison ferme (jusqu’à trois ans) toute personne franchissant « illégalement » sa frontière. Cette loi est vivement critiquée par les associations de défense des droits de l’homme. « L’intervention de la Commission européenne est bienvenue, pour éviter que la Hongrie finisse par être un Etat sans réfugiés et hors droit », a salué Amnesty International dans un communiqué publié jeudi.Lire aussi :En Hongrie, Frontex participe à la répression des migrantsMise en demeure de la Grèce, l’Italie, Malte et la CroatieLa Commission a aussi envoyé des lettres de mise en demeure à la Grèce, l’Italie, Malte et à la Croatie, mais pour des motifs moins graves. Elle invite notamment l’Italie et la Croatie à inscrire systématiquement les empreintes digitales des migrants arrivant sur leur sol, au fichier européen Eurodac – une base de données des empreintes digitales –, de manière à les identifier formellement.Bruxelles se fait de plus en plus pressante, pour que les règles communes d’accueil des demandeurs d’asile soient scrupuleusement respectées et que son système de relocalisation de 160 000 réfugiés fonctionne sur le terrain. Mal traités, ou non enregistrés en Grèce, Italie, ou Hongrie, les migrants pourraient à défaut continuer de tous vouloir se rendre en Allemagne ou en Suède où, jusqu’à présent, on leur a fait un accueil décent et respectueux de leurs droits. Pour l’instant, à peine deux cent d’entre eux ont accepté de participer au régime de relocalisation bruxellois.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.12.2015 à 13h53 • Mis à jour le10.12.2015 à 16h24 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La Commission des libertés civiles (LIBE) du Parlement européen a approuvé, jeudi 10 décembre au matin, par 38 voix pour, 19 contre et 2 abstentions, le projet, largement controversé, d’un fichier européen des données des passagers aériens (Passenger name record, ou PNR). Débattu depuis sept années au total, le projet doit encore être adopté en séance publique, en janvier probablement. L’issue de ce vote ne fait toutefois plus de doute.Ceux qui pensent que le PNR peut-être un outil efficace, notamment dans la lutte contre le terrorisme, en permettant d’enregistrer les déplacements des suspects, ont remporté la partie. Il est néanmoins envisageable que d’éventuels recours auprès de la Cour de justice de Luxembourg aboutissent : l’extension du fichage à des personnes non suspectes pose visiblement problème aux juges européens, qui ont déjà manifesté leurs réticences. Le contrôleur européen de la protection des données, le magistrat italien Giovanni Buttarelli, s’interroge également sur la légitimité du projet, mais aussi sur son utilité pratique. Selon lui, le projet est coûteux, s’ajoutera à sept bases de données existantes et n’aura qu’une utilité marginale au plan des enquêtes.Le projet de directive voté jeudi prévoit que les compagnies aériennes devront collecter une vingtaine de données sur le passager de vols extra- et intra-européens. Elles concernent l’identité du passager, son numéro de téléphone, son adresse de courriel, la manière dont il a payé son billet, le numéro de celui-ci, le numéro de siège, ses bagages, son éventuel programme de fidélité ou « voyageur fréquent », etc. Le texte affirme que toute discrimination basée, entre autres, sur l’origine ethnique ou sociale, la religion, la langue ou la nationalité du passager sera évitée.Lire nos explications :Lutte contre le terrorisme : qu’est-ce que le PNR, le fichier sur les passagers aériens ?Données conservées cinq ansLes données seront conservées pendant 6 mois (le texte initial de la Commission proposait 30 jours). Elles seront masquées au bout de ce délai, et effacées après 5 années. Dans l’intervalle, elles seront accessibles sous le contrôle d’une autorité judiciaire nationale, à des conditions « très strictes et limitées ». L’accord prévoit aussi la nomination d’un responsable chargé de s’assurer que les règles fixées ont été respectées. Le groupe des élus socialistes français, notamment, insiste sur la nécessité d’un « suivi étroit » des résultats qui seront obtenus et du respect des libertés individuelles.Le débat sur le PNR déchirait les différents groupes à chaque attentat commis. Après les récents attentats de Paris et une lettre de Manuel Valls au groupe social démocrate européen (S&D), il devenait difficile, voire impossible, pour ce dernier de camper sur une position de refus intransigeant. Au cours des derniers jours, des discussions internes n’ont pas gommé les divergences ou permis de vaincre les réticences d’eurodéputés allemands et autrichiens, notamment. Hormis quelques-uns de ses élus, le groupe s’est toutefois rallié à une solution de compromis : il est prêt à accepter le PNR à condition qu’une directive sur la protection des données, dont la négociation a pris aussi du retard, soit adoptée parallèlement.Si cet autre dossier clé est enfin bouclé (la commission Libe doit se prononcer le 17 décembre, avant un vote en séance publique en 2016), le PNR sera approuvé par le groupe en séance plénière ; en janvier sans doute. Le groupe libéral et démocrate (ALDE) n’était pas plus unanime. En son sein, les élus centristes français et les libéraux belges étaient prêts à adopter le texte tandis qu’un autre groupe suivait la députée néerlandaise Sophie In’t Veld, hostile depuis le début à ce projet.Informations partagées à la carteM. Verhofstadt et son collègue social démocrate, Gianni Pittella, étaient parvenus à rallier leur collègue conservateur à cette idée: Manfred Weber, chef du groupe PPE, l’avait approuvée, du bout des lèvres, à la fin de la semaine dernière. Quelques heures plus tard, les ministres de l’intérieur, réunis en conseil vendredi 4 décembre, se mettaient toutefois d’accord sur un projet plus flou : les informations importantes issues du traitement des données seront partagées à la carte. Le PPE approuvait toutefois le projet, « coinçant » les autres groupes : ils ne voulaient pas donner l’impression de s’opposer à un projet jugé utile en période d’alerte terroriste. Ils ne voulaient pas être accusés par la droite et, simultanément, être assimilés à l’extrême droite : le Front national et ses alliés s’opposent au PNR en raison de sa dimension européenne…Il devenait, enfin, de plus en plus difficile, pour les groupes proeuropéens de continuer à bloquer le projet alors que de nombreux États mettent au point leur propre PNR, soumis à des législations différentes, voire contradictoires, et pas toujours respectueuses des droits fondamentaux. « Voter contre aurait abouti à une situation où les données des passagers seraient protégées de manière différente selon qu’ils partent de Paris ou de Francfort », soulignent des élus de l’ALDE. Dernière précision : après les attentats de 2001, les États-Unis, l’Australie et le Canada avaient déjà obtenu à tour de rôle des Européens, puis dans le cadre d’un accord UE/USA très controversé à l’époque, les données des passagers se rendant dans leur pays.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Audrey Tonnelier La France reste encalminée dans une reprise chaotique et modérée. C’est la tonalité donnée par les indicateurs macroéconomiques publiés, jeudi 10 décembre, par l’Insee. Une série de chiffres qui vont dans le sens d’un faible rebond de la croissance en 2015. Selon les dernières prévisions du gouvernement et l’Insee, la croissance du PIB ne devrait guère dépasser 1,1 %.Lire aussi :L’économie française, éternelle convalescenteL’emploi salarié ne progresse pasL’emploi salarié dans les secteurs marchands non agricoles est resté stable au troisième trimestre en France, selon les données publiées jeudi 10 décembre par l’Insee, qui a revu à la baisse son évolution (après l’avoir donné en hausse de 0,1 % dans son estimation mi-novembre). Neuf cent postes ont été détruits au cours du trimestre, ramenant leur total à 15 847 900. L’emploi a notamment continué de reculer dans la construction (–0,8%) mais aussi dans l’industrie (–0,5%), qui n’a pas été en situation de création nette d’emplois depuis début 2001. Sur un an à fin septembre, le niveau de l’emploi salarié est en hausse de 0,2 %.Lire aussi :Pourquoi la croissance française reste (malgré tout) poussiveLe chômage au plus haut depuis 1997Sur la même période, l’autre indicateur de l’Insee, le taux de chômage, a augmenté de 0,2 point, pour atteindre 10,2 % de la population active en métropole, son plus haut niveau depuis 1997. Quant au nombre de chômeurs recensés par Pôle emploi, il n’a que très légèrement baissé entre juillet et septembre (–5 700), avant de repartir en très nette hausse en octobre (+42 000). Le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) s’établit à près de 3,59 millions en métropole.Une inflation toujours nullePar ailleurs, les prix à la consommation ont baissé de 0,2 % en novembre en France, avec le repli, en partie saisonnier, des prix des services de transport, des produits alimentaires frais et un nouveau recul des prix de l’énergie, selon les statistiques publiées jeudi par l’Insee. Sur un an, les prix à la consommation sont restés stables.Lire aussi :La BCE fourbit ses armes pour lutter contre l’inflation faibleSelon l’Insee, l’inflation dite « sous-jacente », calculée en excluant les prix des marchandises les plus volatils (énergie et produits alimentaires non transformés), reste positive, à +0,7 % en glissement annuel, soit un rythme équivalent à celui d’octobre (+0,6 %). C’est un peu mieux, mais cela reste encore faible. A titre de comparaison, la Banque centrale européenne (BCE) a un objectif d’inflation générale de 2 % – qu’elle n’arrive pas à atteindre pour le moment.Cette inflation molle, phénomène quasiment généralisé en zone euro, inquiète car elle est synonyme d’une croissance anémique. Si elle peut soutenir le pouvoir d’achat à court terme, lorsqu’elle s’installe, elle fait courir le risque d’une spirale de faible hausse, voire de baisse des prix menant à une réduction générale de la production, des salaires et de la consommation. A l’inverse, stimuler les prix est un moyen d’accélérer le désendettement des Etats, des entreprises et des ménages, et de faire baisser le coût d’accès au crédit pour relancer l’économie.C’est tout le sens du programme de rachat de dettes publiques (dit d’« assouplissement quantitatif »), que la Banque centrale européenne a renforcé, le 3 décembre. Mais de l’avis de la plupart des observateurs, l’inflation devrait rester basse, notamment compte tenu de la poursuite de la chute du prix du pétrole.La production industrielle, seule bonne nouvelleLa production industrielle française a progressé de 0,5 % en octobre par rapport au mois précédent, notamment en raison d’une hausse de la production dans les industries extractives, l’énergie et l’eau, a annoncé jeudi l’Insee, en lien avec un mois d’octobre plus froid qu’à l’ordinaire. Sur les trois derniers mois, la production industrielle a augmenté de 1,4 % par rapport aux trois mois précédents, et de 2,3 % par rapport aux trois mêmes mois de 2014.Lire aussi :La BCE déploie de nouvelles armes pour relancer la croissance européenneAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frans Timmermans (Premier vice-président de la Commission européenne) Cette semaine, à Paris, nous espérons parvenir à un accord mondial pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et limiter le réchauffement climatique. L’Europe est depuis longtemps aux avant-postes de la lutte contre le changement climatique et de l’utilisation responsable des ressources limitées de notre planète. Mais nous devons aller encore plus loin.L’enjeu réside notamment dans la transition d’une économie « linéaire » à un modèle « circulaire ». Nombre de nos ressources naturelles sont limitées. C’est pourquoi la logique du « prendre, fabriquer, utiliser et jeter », qui est quasi omniprésente dans notre économie, ne peut perdurer. Il est temps de passer à un mode de production et de consommation circulaire : une économie qui permette de préserver la valeur des matières et des produits aussi longtemps que possible ; une économie où l’utilisation des ressources et la production de déchets sont réduites au minimum ; une économie qui facilite la réutilisation constante des composants des produits arrivés en fin de vie, pour recréer de la valeur.Changer notre économie n’est pas seulement la bonne décision pour protéger notre environnement et l’héritage que nous laisserons aux générations futures – on récolte ce que l’on sème. C’est aussi, et surtout, un choix intelligent, dont nous pouvons d’ailleurs tirer de grands bénéfices. Être à l’avant-garde dans ce domaine nous conférera un avantage concurrentiel dans les modes de production et de consommation de demain, synonymes de nouveaux marchés et de création d’emplois – des emplois locaux qui resteront en Europe.Compétitivité, emploi et croissance durableCela peut également contribuer à diminuer notre dépendance aux matières premières provenant de régions instables et dont les prix sont volatils, rendant nos économies et nos sociétés vulnérables. Nous ne partons pas de rien. Des projets innovants, émanant d’entreprises comme de citoyens, nous montrent déjà la voie - par exemple en matière de covoiturage, d’ateliers de réparation participative, d’emballages verts. De nombreux pays européens, en particulier la France, ont déjà pris des mesures fortes allant dans le même sens.L’adoption d’une stratégie au niveau européen, grâce notamment au levier que représente le marché unique, permettra de concrétiser l’économie circulaire encore plus rapidement et de la faire passer à l’échelle supérieure. Les propositions législatives de la Commission européenne sur un nouveau train de mesures ambitieux sur l’économie circulaire en vue de renforcer la compétitivité, de créer des emplois et de générer une croissance durable, présentées le 2 décembre, combinent réglementation intelligente et incitations financières pour contribuer à accélérer le changement. Ce sera ensuite aux autorités nationales et territoriales, aux entreprises, aux consommateurs et à la société civile de mener cette transformation sur le terrain.Nous voulons une meilleure conception des produits qui améliore leur durabilité, leur réparabilité et leur recyclabilité. Nous souhaitons favoriser des modes de production qui utilisent les ressources de la manière la plus efficace possible, réduisant ainsi les déchets et optimisant la réutilisation des sous-produits d’une filière par une autre. Et nous prendrons des mesures pour assurer l’émergence d’un véritable marché des matières premières secondaires.Nos propositions visent également à informer les consommateurs sur la durabilité des produits, pour leur permettre d’opérer des choix plus éclairés. Nous entendons examiner sérieusement la question de l’obsolescence programmée : nous ne pouvons pas accepter que des produits soient conçus pour devenir défaillants dès l’expiration de la période de garantie.Déchets marins et gaspillage alimentairePour s’attaquer à deux des exemples actuels les plus flagrants et les plus intolérables d’irresponsabilité environnementale, nous diminuerons les déchets marins – en particulier en s’intéressant au sujet des plastiques, aujourd’hui recyclés à moins de 25 % – ainsi que le gaspillage alimentaire. Il n’est tout simplement pas acceptable qu’un tiers des denrées alimentaires produites dans le monde soient jetées. Nous nous sommes aussi penchés sur les moyens d’encourager une meilleure gestion des déchets en Europe. Ce qui constitue un déchet pour untel peut s’avérer un trésor pour un autre.D’ici à 2030, notre objectif est de recycler 65 % des déchets municipaux et 75 % des déchets d’emballage. Il est impératif de se détourner de la mise en décharge pour développer le recyclage. Nous proposons ainsi de réduire la mise en décharge à moins de 10 % de l’ensemble des déchets d’ici à 2030, un objectif ambitieux mais réalisable. Ce plan tient compte des disparités importantes qui existent entre les situations nationales. Chacun sera amené à réaliser des efforts.Parce que nos objectifs sont ancrés dans le réel, ils sont crédibles et offriront notamment au secteur privé une confiance sur le long terme qui favorisera les investissements et une évolution durable des modèles économiques. Il est temps de transformer notre économie pour qu’elle crée de l’emploi, réduise les coûts des entreprises et favorise un environnement plus propre.La réalisation des mesures que nous proposons représente 500 millions de tonnes de CO2 en moins d’ici à 2035, une véritable bouffée d’air frais pour nos économies et un gain de compétitivité sur la scène mondiale. En travaillant tous ensemble, au sein de l’Union, vers cet objectif commun, nous permettrons à l’Europe de parler d’une voix forte et de continuer à jouer un rôle de premier plan dans le monde sur ces questions, ouvrant ainsi la voie à une révolution circulaire à l’échelle planétaire.Frans Timmermans (Premier vice-président de la Commission européenne) Marie Maurisse (Genève, correspondance) Comme tous les quatre ans, les députés suisses ont réélu les sept ministres qui composent le pouvoir exécutif, le Conseil fédéral. Ce gouvernement est constitué des différentes forces politiques majeures du pays. La présidence est tournante : pour 2016, c’est le libéral-radical Johann Schneider-Ammann qui sera à la tête du pays.La nuit qui a précédé cette élection, aussi appelée « nuit des longs couteaux » en raison des âpres négociations qui ont lieu dans les coulisses du Parlement, n’a en fait pas été suivie de grandes surprises. Aujourd’hui à Berne, six ministres sur sept ont été réélus sans encombre par le parlement fédéral. Le seul nouveau venu est le Vaudois Guy Parmelin, membre du parti populiste l’Union démocratique du centre (UDC), choisi pour remplacer la ministre démissionnaire, Eveline Widmer-Schlumpf.Le précédent de 2004L’élection de Guy Parmelin permet au premier parti politique de Suisse, dont le programme est centré sur la souveraineté nationale et le contrôle de l’immigration, de gagner un deuxième ministre au Conseil Fédéral, qui comprenait déjà Ueli Maurer.Lire aussi :Raz-de-marée populiste au Parlement helvétiqueCe n’est pas la première fois que cette formation compte deux ministres au gouvernement : cela avait déjà été le cas entre 2004 et 2007, quand son leader, Christoph Blocher avait été élu. Mais son mandat n’avait duré que quatre ans : son positionnement radical, qui tranchait avec la tradition helvétique de la concordance, l’avait poussé vers la sortie.Aujourd’hui, c’est un tout autre profil qui prend la place qu’occupait Christoph Blocher il y a dix ans. Issu de la ligne la plus modérée de l’UDC, le Vaudois Guy Parmelin, francophone, est souvent moqué pour ses difficultés à parler d’autres langues – une compétence importante dans un pays plurilingue.Lire aussi :En Suisse, la poussée de la droite populiste se confirmeSon coté débonnaire n’empêche cependant pas son penchant populiste. Cet agriculteur et viticulteur avait notamment soutenu l’initiative populaire contre « l’immigration de masse », votée en février 2014 par les Suisses, qui prévoit un retour des quotas.« Le plus consensuel, le plus lisse, le moins dérangeant »Dans la presse helvétique, le fait que l’UDC gagne un deuxième ministre ne fait sursauter personne. Pour le quotidien Le Temps, son élection est avant tout « un retour à la stabilité et à la normalité ». « Parmelin ou le triomphe de la mollesse », titre même le journal romand, pour qui, en élisant Guy Parmelin, âgé de 56 ans, le Parlement a fait le « choix du candidat UDC le plus consensuel, le plus lisse, le moins dérangeant ».Un profil qui devra malgré tout faire face à une législature difficile : le Conseil fédéral devra trouver le moyen d’appliquer l’initiative sur l’immigration de masse sans vexer Bruxelles et lutter contre le franc fort, qui mine les exportations.Dans ce contexte, certains éditorialistes en viennent presque à regretter qu’il n’y ait pas plus d’audace dans la politique suisse. Dans le magazine L’Hebdo, l’écrivain socialiste François Cherix voit l’élection de Guy Parmelin comme une « punition », et regrette que les voix contre l’UDC n’aient pas été plus vives. « Les fautes d’une société suisse, riche matériellement mais d’une grande pauvreté morale, se payeront cash, estime-t-il. Alors que l’Europe traverse des turbulences historiques qui réclament des visionnaires, la Suisse s’accommode de voir son Conseil fédéral sombrer doucement dans l’insignifiance ».Marie Maurisse (Genève, correspondance)Journaliste au Monde 13.12.2015 à 13h23 • Mis à jour le13.12.2015 à 14h43 La Russie affirme, dimanche 13 décembre, qu’un destroyer russe avait évité de justesse une collision avec un bateau turc en mer Egée et a convoqué l’attaché militaire turc à Moscou à la suite de cet incident. « L’équipage du navire russe Smetlivy , qui se trouvait à 22 kilomètres de l’île grecque de Lemnos dans le nord de la mer Egée a évité une collision avec un bateau de pêche turc », annonce le ministère de la défense russe, affirmant que des armes légères avaient été utilisées par l’équipage pour avertir le bateau.Le 24 novembre, la destruction d’un bombardier russe Su-24, abattu par l’aviation turque près de la frontière syrienne, a provoqué une grave crise dans les relations entre Moscou et Ankara. Depuis, la Russie a annoncé des mesures de rétorsion à l’encontre de la Turquie qui visent principalement les secteurs du tourisme, de l’énergie, de la construction et de l’agriculture. Dans ce contexte de tensions, l’armée turque a interdit à son personnel de se rendre en Russie pour les vacances, rapporte l’agence Anatolie.Lire aussi :Contre l’EI, la Turquie estime que les frappes russes « n’aident pas » 13.12.2015 à 02h47 • Mis à jour le13.12.2015 à 10h57 Downing Street a démenti, dimanche 13 décembre, les informations de la presse britannique selon lesquelles le premier ministre David Cameron serait prêt à reculer sur une de ses principales revendications pour maintenir son pays dans l’UE et éviter un « Brexit ».Pas moins de trois quotidiens, le Sunday Times, The Telegraph et The Independent affirment, dimanche, que M. Cameron allait rétropédaler sur son projet de priver les citoyens européens d’allocations sociales pendant leurs quatre premières années de séjour au Royaume-Uni, afin de mieux maîtriser les flux d’immigration.Lire aussi :La délicate stratégie de poker menteur de David CameronLe locataire du 10 Downing Street réclamait, dans le cadre des nouvelles relations entre son pays et l’UE, que les personnes originaires de l’espace communautaire soient soumises à une période de carence de quatre années avant de pouvoir prétendre à une couverture sociale outre-Manche. Cette mesure était destinée à rendre la Grande-Bretagne moins attractive pour les migrants, en particulier ceux des pays d’Europe de l’Est moins fortunés, tentés par l’opportunité de s’y installer.La question est devenue un sujet essentiel dans le débat actuel au sein de l’opinion publique britannique sur la remise à plat des relations entre Londres et Bruxelles. Elle est aussi un point d’achoppement majeur dans le processus de renégociation. Citant des sources gouvernementales, The Telegraph et The Independent écrivent que M. Cameron aurait informé les dirigeants européens, jeudi, qu’il était prêt à renoncer à ces exigences si un accord était conclu en vue d’une réduction de l’immigration vers son pays.Incapacité à constituer des alliancesL’abandon de cette revendication, qui a largement fait la « une » des journaux britanniques, constituerait un recul pour le chef du gouvernement et ne manquerait pas de ranimer les critiques de la frange la plus eurosceptique du parti conservateur. Les travaillistes ont immédiatement réagi à cette information non confirmée en affirmant que M. Cameron avait été « défait » par son incapacité à constituer des alliances et par les réticences européennes.Lire aussi :David Cameron ou l’Europe à la roulette« Il a choisi de placer les prestations sociales au cœur de la négociation, mais réduire notre coopération avec l’Europe à cette simple question n’a jamais été une bonne idée en raison des emplois, de la croissance, de la sécurité et de l’influence que cela nous a apporté », a commenté Hilary Benn, porte-parole du Labour pour les questions internationales. Selon lui, David Cameron doit tout faire pour maintenir la Grande-Bretagne dans l’Europe.Lire aussi :Combien coûterait un « Brexit » ?Les deux journaux précisent, par ailleurs, que le premier ministre devrait informer ses partenaires lors du Conseil européen des 17 et 18 décembre à Bruxelles que sa demande concernant les prestations sociales demeurait d’actualité tant que des compensations n’avaient pas été trouvées sur la question plus large de l’immigration. « Le plus important est de résoudre les problèmes et non la forme que prennent les accords », affirme une source au 10 Downing Street, citée par The Telegraph.David Cameron, qui a effectué cette semaine une tournée dans plusieurs pays d’Europe de l’Est, a pu se rendre compte que sa requête sur cette question constituait un problème épineux pour les gouvernements de ces pays. Le premier ministre polonais, Beata Szydlo, a précisé qu’un accord n’avait pas pu être dégagé sur certains points après des entretiens avec homologue britannique à Varsovie, prenant en exemple la question des indemnités sociales.Les Polonais sont les principaux bénéficiaires des mesures de libre circulation européennes depuis l’accession de leur pays à l’espace communautaire en 2004. David Cameron a promis d’organiser d’ici 2017 un référendum sur le maintien de la Grande-Bretagne dans l’UE. 12.12.2015 à 17h04 • Mis à jour le12.12.2015 à 17h12 Quelque 50 000 manifestants, selon la mairie, ont marché samedi 12 décembre à Varsovie pour « défendre la démocratie », qu’ils pensent menacée par les conservateurs de Jaroslaw Kaczynski, au pouvoir depuis un mois. Le parti de Jaroslaw Kaczynski est accusé par l’opposition et par la plupart des constitutionnalistes de vouloir mettre la main sur le Tribunal constitutionnel, la plus haute instance juridique du pays.Lire aussi :Pologne : le PiS cherche à limiter les contre-pouvoirsM. Kaczynski n’occupe que le poste de président du parti Droit et Justice (PIS), mais tant le président Andrzej Duda que la première ministre, Beata Szydlo, reconnaissent volontiers qu’il est leur maître à penser.« La majorité, ça ne veut pas dire dictature »Tous les chefs des principaux partis d’opposition, de droite, du centre et de gauche ont participé au titre de « simples citoyens » à la manifestation organisée par le Comité de défense de la démocratie (KOD), un mouvement civique spontané. « La majorité, ça ne veut pas dire dictature », a lancé Mateusz Kijowski, qui est à l’origine du KOD.Avec « liberté, égalité, démocratie » pour mot d’ordre, brandissant des drapeaux polonais et de l’Union européenne, les protestataires ont clamé leur attachement à la Constitution et à l’indépendance du Tribunal constitutionnel.Estimant que le Tribunal est « politisé » et que ses membres, élus par le Parlement précédent, sont favorables à l’opposition centriste, le PIS et le chef de l’Etat tentent d’y introduire des juges favorables à leur politique, et ignorent les décisions de cette instance légale suprême.Lire aussi :Le mauvais tournant de la Pologne 12.12.2015 à 10h37 • Mis à jour le12.12.2015 à 10h38 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) Cette fois, c’est la guerre ! Les 2 300 pêcheurs des étangs de Sardaigne, aux alentours de la ville d’Oristano, sur la côte occidentale de l’île, et dont les revenus proviennent de la poutargue (ou boutargue), à savoir les œufs de mulet séchés, en ont ras les bottes… des cormorans. Entre 2008 et 2014, la population de ce volatile a augmenté de 86 %, passant de 8 000 à 15 000 individus, et sans doute davantage. Migrateur, l’oiseau a élu un domicile provisoire d’octobre à mars dans ces eaux poissonneuses et abritées. Il ne dédaigne pas les anguilles, les dorades, les palourdes, les crabes. Bref, tout ce qui barbote, nage et rampe pourvu que ce soit à la portée de son bec.Mais s’ils sont photogéniques, surtout quand ils traversent un coucher de soleil, les cormorans sont particulièrement voraces. Chacun d’eux se nourrit de 300 à 600 grammes de poisson par jour, selon l’appétit et la taille de la bestiole, sans compter ceux qu’ils blessent et ne consomment pas. Pour la pêche locale, la facture est lourde.« C’est un véritable vol »Selon les associations professionnelles – qui se fondent sur un prix au kilo du poisson à 5 euros –, elle se monte à 2,5 millions d’euros pour l’année 2014. Le chiffre de 2015, qui n’est pas encore connu, devrait porter cette somme aux alentours de 3 millions.« C’est un véritable vol, se plaint un pêcheur qui ne manque pas d’humour dans le Corriere della sera. On n’est pas un restaurant qui nourrit gratis des oiseaux du nord de l’Europe qui passent leurs vacances d’hiver en Sardaigne. » Dans ces conditions ne restait qu’une solution : présenter la facture et se débarrasser de ces pique-assiettes. Les associations écologistes dénoncent « une chasse inutile » et accusent les pêcheurs de ne pas savoir « gérer leurs ressources ».Des pêcheurs devenus chasseursMais il est déjà trop tard pour négocier. En novembre, la région Sardaigne a donné son accord pour commencer une campagne d’éradication : 5 % de la population des cormorans, soit entre 800 et 1 500 oiseaux, doit disparaître. Début décembre, les pêcheurs ont donc délaissé provisoirement leurs filets pour se muer en chasseurs à raison de deux tours par jour pour ne laisser aucun répit à l’ennemi et débarrasser les 54 étangs de la lagune côtière (14 000 hectares) de cette engeance à plumes. Pas question pour autant de perpétrer un massacre : les cormorans doivent être effrayés et capturés au filet.Mais l’adversaire ne s’en laisse pas conter. Le volatile est malin et ne s’étonne de rien. Un coup de canon ne le dérange pas et il arrive même que l’un d’eux se pose sur le fût. Mieux, selon le correspondant de la Stampa en Sardaigne, ils se divisent en deux groupes : l’un fait mine de fuir tandis qu’un autre rabat les poissons sur la rive plus tranquille pour s’en régaler. « Pour l’instant, se plaint un chasseur-pêcheur, ce sont eux qui sont en train de la gagner, cette guerre. » Et la facture continue d’augmenter…Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) C’est un haut lieu de la vie sportive grecque. Un stade avec vue sur la mer, situé au sud d’Athènes, où se déroulent les compétitions de sports de combat et que l’on surnomme « le Taekwondo ». Depuis plusieurs semaines déjà, des dizaines de migrants de toutes nationalités y sont logés dans l’urgence. C’est là qu’ont été transférés mercredi soir les 2 300 migrants dits « économiques » refoulés par la Macédoine et qui s’étaient massés à la frontière grecque dans le petit village d’Idomeni.A peine arrivés, des centaines d’entre eux se sont volatilisés dans les rues d’Athènes. « Moi je pars habiter chez d’autres Marocains qui ont un appart dans le centre près d’Omonia », explique Mohammed, un jeune homme de 23 ans originaire de Casablanca alors qu’il se hâte de trouver avec trois autres compagnons un taxi. « Vingt euros la course », indique le chauffeur. Soit le double du prix normal. « Ils veulent soit aller au port soit aller à Omonia et pour tout c’est 20 euros », précise le chauffeur. « Certains nous demandent aussi de les reconduire directement à la frontière au nord mais ça, c’est 10 heures de route et on n’a pas le droit. Des collègues le font pour 2 000 ou 3 000 euros mais moi je veux pas prendre le risque ». Conditions d’accueil déplorablesImpossible pour les autorités grecques de savoir exactement combien de personnes sont restées. « A vue d’œil ils sont plus de 600 mais nous n’avons pas de compte exact », précise un volontaire qui distribue des bouteilles d’eau. Les conditions d’accueil sont déplorables. Pas de lits, de simples couvertures jetées à même le sol et quelques tentes. Dans la grande salle du bas se sont installés les Marocains. Les travées supérieures abritent, regroupés par nationalités, des Iraniens, des Pakistanais et pas mal de Somaliens.Parmi eux, Aïcha et Abbas, rencontrés à Idomeni. « Au moins c’est chauffé ici, mais pour le reste c’est pire que le camp là-haut. Il n’y a qu’une douche pour tout le monde et les femmes ne peuvent pas y aller. Il n’y a pas beaucoup de toilettes et ils sont souvent cassés. Pas de docteurs, pas de wi-fi pour parler au pays. Pas de prises pour recharger les portables. On a par contre de la nourriture chaude deux fois par jour. »Le peu de couvertures, de médicaments, de vêtements chauds, de bouteilles d’eau disponibles sont acheminés par des groupes de bénévoles. L’appel à la solidarité remplit les réseaux sociaux grecs de listes des biens nécessaires au Taekwondo.« Tu sais où on peut trouver le UN [Haut Commissariat aux Réfugiés] ? », demande Abbas. « Je ne crois plus qu’on va réussir à passer alors peut-être qu’on doit demander l’asile ici… C’est possible de trouver du travail en Grèce avec un diplôme d’ingénieur en informatique ? » Comment résumer alors la crise grecque ? Les 25 % de chômage ? le parti néonazi Aube Dorée en embuscade ? L’absence d’infrastructure d’accueil pour les demandeurs d’asile ?Terre de passageLa Grèce n’a jamais été dans la tête de tous ces migrants qu’une terre de passage. La majorité d’entre eux veut d’ailleurs tenter de repartir en empruntant d’autres voies. Mais pour tous ceux, épuisés, sans argent, qui se retrouvent bloqués à Athènes, la situation s’annonce ingérable. Le gouvernement grec a bien promis depuis octobre la mise sur pied d’environ 20 000 places d’accueil réparties entre Athènes et Thessalonique. Soit en subventionnant la location d’appartements soit en créant des camps d’accueil mais rien n’est encore prêt. Ces places devaient d’abord s’adresser à tous ceux qui, depuis les îles où ils débarquent, acceptaient de déposer une demande d’asile en Grèce en espérant bénéficier d’une des 70 000 places du programme de relocalisation prévu par l’Europe.« Le problème ingérable qui se pose désormais c’est non seulement comment gérer le flux qui arrive, celui qui va demander l’asile ici et qu’il faudra bien loger et nourrir mais aussi maintenant celui des refoulés par les pays du Nord », s’inquiète une source ministérielle visiblement affolée.Le maire d’Athènes, Georges Kaminis, a prévenu « qu’il ne laisserait pas se répéter la situation de 2012 et 2013, quand les rues d’Athènes étaient débordées de migrants sans aucune ressource, avec tous les problèmes que cela peut entraîner pour le fonctionnement de la ville ». En l’état pourtant, il n’existe aucun plan ni aucune infrastructure capable de contenir le phénomène.Tous ces migrants « économiques » ont légalement un mois pour quitter le territoire. Après cette échéance, ils sont susceptibles, au moindre contrôle, d’être arrêtés et déportés. Mais là encore cela demande des moyens en personnel policier et en places de rétention – le temps de vérifier l’identité et la nationalité des migrants – qui n’existent plus en Grèce depuis que les camps de rétention ont été transformés, pour faire face au flux de nouveaux arrivants, en camps de premier accueil. « Nous sommes tous simplement débordés et sans aide massive nous courons à la catastrophe », reconnaît une source policière.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le plan que Bruxelles s’apprête à mettre sur la table, mardi 15 décembre, est une véritable bombe, qui marquerait une énorme avancée vers une gestion commune des frontières de l’Union européenne (UE), s’il était adopté par les Etats membres et le Parlement européen.Il signifierait aussi des abandons de souveraineté qui ne manqueront pas de faire débat. La Commission européenne a en effet l’intention de proposer un règlement visant à créer une véritable agence de gardes côtes et de gardes frontières européenne, constituée de milliers de personnels mobilisables rapidement, et qui, selon nos informations, aurait la capacité de s’autosaisir en cas de menace jugée grave à une frontière de l’Union.Quel est l’objectif de la Commission ?Il s’agit d’endiguer le flux de migrants provenant pour l’instant essentiellement de Turquie, alors que plus d’un million et demi d’entre eux ont franchi « illégalement », selon la commission, les frontières extérieures de l’Union, et que plus d’un million sont déjà parvenus jusqu’en Allemagne depuis le début de cette année. Pour Bruxelles, l’enjeu est aussi de sauver le traité de Schengen, signé en 1985, instituant la libre-circulation des personnes à l’intérieur de l’Union, depuis menacé en raison de la porosité des frontières extérieures européennes.Le plan de la CommissionCréée en 2004, Frontex, l’« agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des Etats membres », serait rebaptisée et verrait ses pouvoirs considérablement augmentés. Avec des personnels qui vont passer de 400 à 1000, et un corps de réservistes de 1500 agents (composé de gardes-côtes et gardes frontières nationaux ), cette force sera mobilisable en deux ou trois jours en cas de besoin.Aujourd’hui il n’y a pas de corps de »réservistes » et quand Frontex a besoin de personnel supplémentaire, il sollicite les pays membres et cela prend des semaines. Avec la nouvelle « Agence », les Etats devront mobiliser leurs effectifs quand ils seront sollicités, ils n’auront pas le choix.Enfin, pour l’instant, Frontex est responsable de la coordination des activités des gardes-frontières aux frontières de l’Union. Elle met déjà à disposition des Etats membres une force de réaction rapide (« RABIT ») composée d’un vivier de gardes frontières dépêchés par les capitales. Mais leur déploiement ne peut intervenir qu’en cas de crise grave et surtout, à la condition que l’Etat membre concerné en fasse la demande expresse.La Grèce, tout particulièrement viséeLa Grèce a demandé officiellement l’activation de cette force de réaction RABIT, jeudi 3 décembre, mais après que ses partenaires européens, excédés qu’elle ne surveille pas assez de leur point de vue ses îles de la Mer Egée, en sont arrivés à la menacer d’une exclusion de l’espace de libre-circulation Schengen. La Commission veut que l’Europe se dote d’un outil qui précisément, permettre d’éviter ces cas de figure, où un Etat tarde trop à solliciter l’aide de ses partenaires, ce qui reporte de plusieurs semaines une intervention.Si la Commission se défend de vouloir remettre frontalement en question la souveraineté des Etats membres en matière de surveillance de leur frontière, le nouveau mode d’intervention qu’elle propose pousse très loin la gestion commune des frontières.Le corp européen de gardes-côtes pourrait ainsi être déployé sans l’assentiment du pays concerné, suite à une enquête sur le terrain de l’agence et une recommandation de la commission européenne. Cette recommandation serait alors soumise à un groupe d’experts, constitués de représentants des Etats membres. Qui pourront bloquer la proposition, mais a la majorité qualifiée inversée, plus difficile à rassembler. Les réunions pourront être convoquées très rapidement, et se tenir au téléphone. Cette procédure ultra rapide et pour le moins opaque relève de la « comitologie », un mode de décision bruxellois particulièrement décrié, notamment au Parlement européen.Paris et Berlin soutiennent la CommissionDans un courrier commun soumis aux ministres de l’intérieur des vingt-huit Etats membres réunis à Bruxelles en conseil affaires intérieures et justice, vendredi 4 décembre, la France et l’Allemagne recommandent un renforcement très conséquent de l’agence Frontex. Y compris une capacité de s’autosaisir : « Dans des circonstances exceptionnelles, Frontex devrait également pouvoir prendre l’initiative de déployer sous sa propre responsabilité des équipes d’intervention rapide aux frontières », dit ainsi la lettre commune. Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve défend un renforcement des gardes frontières européens depuis le mois d’octobre dernier.Comment ce plan sera t-il accueilli par les autres Etats membres ?Il devrait susciter un intense débat. Cela fait des années qu’une mutualisation des frontières de l’Union est régulièrement évoquée, mais jusqu’à présent, elle avait toujours été repoussée, notamment par les pays gouvernés par des majorités très nationalistes (Pologne, Hongrie), ou en Italie et en Grèce, régulièrement montrés du doigt pour les déficiences de leurs contrôles aux frontières. « Les pays de Visegrad sont très attachés à Schengen, mais déjà, ils ont fait savoir leurs réticences » croit savoir un diplomate européen.Selon les derniers chiffres Frontex, communiqués par Bruxelles jeudi 10 décembre, sur 492 000 migrants parvenus sur les côtes grecques entre juillet et novembre 2015, seuls un peu plus de 120 000 avaient été dûment enregistrés. « Les petits pays risquent de se faire la même réflexion qu’avec les mécanismes renforcés de surveillance budgétaire : ils estiment que ce sont surtout eux qui dégustent, les grands pays bénéficiant, de leur point de vue, de bien plus de clémence de la part de Bruxelles », relève un diplomate.Pour que la proposition de règlement de la Commission soit validée, il doit être adopté par le Conseil européen (les Etats membres), à la majorité qualifiée, et aussi par le Parlement européen. Cela prendra au bas mot des mois.Les autres annonces de Bruxelles : une recommandation pour réinstaller des réfugiés syriens depuis la Turquie vers l’EuropeLa Commission pourrait aussi faire une « recommandation », aux 28 Etats membres de l’Union, d’accepter des réfugiés syriens, identifiés comme tels par les Nations unies, directement « réinstallés » depuis la Turquie chez eux. Aucun quota ne sera proposé et, comme son nom l’indique, cette recommandation n’aura aucun caractère obligatoire. Surtout, les réinstallations seraient conditionnées à une réduction « constatée et significative », selon nos sources, du flux de migrants arrivant de Turquie en Europe.Selon nos informations, le gouvernement Erdogan, qui a signé un accord avec l’UE, s’engageant à réduire le flux de migrants quittant la Turquie pour l’Union, réclamait au début au moins 100 000 « réinstallations ». Etant donné la sensibilité du sujet, la Commission n’évoque plus un seul nombre.Enfin, la commission propose de mettre en place un office européen de retour, chargé de renvoyer dans leurs pays d’origine ou des pays tiers les migrants déboutés du droit d’asile.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.12.2015 à 12h01 • Mis à jour le11.12.2015 à 12h29 | Les Décodeurs Les Néo-Zélandais voteront en mars pour garder leur drapeau actuel, où figure l’Union Jack britannique, ou le changer au profit d’un autre. Ils votaient une première fois en cette fin d’année pour choisir le principal « concurrent » au drapeau actuel : ils ont désigné une alternative avec la fameuse fougère des All Blacks, en blanc sur fond noir et bleu.L’Union Jack figure encore sur plusieurs pays autrefois colonisés par le Royaume-Uni mais désormais devenus indépendants. Saurez-vous les reconnaître ?var input = [{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Australie","b":"Royaume-Uni","c":"Nouvelle-Zélande","d":"Irlande du Nord","bonnereponse":"Royaume-Uni","incorrect":"0049006c00200073002700610067006900740020006400650020006c00270055006e0069006f006e0020004a00610063006b002c0020006400720061007000650061007500200064007500200052006f007900610075006d0065002d0055006e0069002e","correct":"00440027006100630063006f00720064002c00200063002700e9007400610069007400200066006100630069006c0065002e00200043002700e900740061006900740020006200690065006e0020006c006500200052006f007900610075006d0065002d0055006e00690020006100760065006300200073006f006e00200055006e0069006f006e0020004a00610063006b","indice":"God Save The Queen.","rowNumber":1},{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Fidji","b":"Nouvelle-Zélande","c":"Iles Cook","d":"Australie","bonnereponse":"Australie","incorrect":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650020006c0027004100750073007400720061006c00690065002000640065007000750069007300200031003900300039002e","correct":"0049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e002000640075002000640072006100700065006100750020006400650020006c0027004100750073007400720061006c00690065002000640065007000750069007300200031003900300039002e","indice":"Capitale : Canberra.","rowNumber":2},{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Iles Cook","b":"Tuvalu","c":"Nouvelle-Zélande","d":"Fidji","bonnereponse":"Nouvelle-Zélande","incorrect":"0049006c002000730027006100670069007400200064007500200064007200610070006500610075002000610063007400750065006c0020006400650020006c00610020004e006f007500760065006c006c0065002d005a00e9006c0061006e00640065002c002000640065007000750069007300200031003800360039002e","correct":"0049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e00200064007500200064007200610070006500610075002000610063007400750065006c0020006400650020006c00610020004e006f007500760065006c006c0065002d005a00e9006c0061006e00640065002c002000640065007000750069007300200031003800360039002e","indice":"Capitale : Wellington.","rowNumber":3},{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Fidji","b":"Iles Cook","c":"Tuvalu","d":"Micronésie","bonnereponse":"Fidji","incorrect":"0049006c00200073002700610067006900740020006400750020006400720061007000650061007500200064006500730020004600690064006a0069002c002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002c002000640065007000750069007300200031003900370030002e","correct":"0049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e0020006400750020006400720061007000650061007500200064006500730020004600690064006a0069002c002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002c002000640065007000750069007300200031003900370030002e","indice":"Ce pays se distingue en rugby.","rowNumber":4},{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Tuvalu","b":"Micronésie","c":"Iles Cook","d":"Palaos","bonnereponse":"Iles Cook","incorrect":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c0065007300200043006f006f006b002c002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002c002000640065007000750069007300200031003900370039002e0020004100750074006f006e006f006d006500730020006400650020006c00610020004e006f007500760065006c006c0065002d005a00e9006c0061006e006400650073002c00200065006c006c0065007300200073006f006e00740020007200650063006f006e006e00750065007300200063006f006d006d0065002000450074006100740020006e006f006e002d006d0065006d0062007200650020006400650020006c0027004f004e0055002000640065007000750069007300200031003900390034002e","correct":"0049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c0065007300200043006f006f006b002c002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002c002000640065007000750069007300200031003900370039002e0020004100750074006f006e006f006d006500730020006400650020006c00610020004e006f007500760065006c006c0065002d005a00e9006c0061006e006400650073002c00200065006c006c0065007300200073006f006e00740020007200650063006f006e006e00750065007300200063006f006d006d0065002000450074006100740020006e006f006e002d006d0065006d0062007200650020006400650020006c0027004f004e0055002000640065007000750069007300200031003900390034002e","indice":"Du nom d'un célèbre navigateur.","rowNumber":5},{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Micronésie","b":"Niue","c":"Palaos","d":"Tuvalu","bonnereponse":"Tuvalu","incorrect":"0049006c00200073002700610067006900740020006400750020006400720061007000650061007500200064006500200054007500760061006c0075002c00200061007200630068006900700065006c00200070006f006c0079006e00e9007300690065006e002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002c00200069006e006400e900700065006e00640061006e0074002000640065007000750069007300200031003900370038002e","correct":"0049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e0020006400750020006400720061007000650061007500200064006500200054007500760061006c0075002c00200061007200630068006900700065006c00200070006f006c0079006e00e9007300690065006e002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002c00200069006e006400e900700065006e00640061006e0074002000640065007000750069007300200031003900370038002e","indice":"L'as-tu vu, cet archipel ?","rowNumber":6},{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Niue","b":"Micronésie","c":"Palaos","d":"Saint-Christophe-et-Niévès","bonnereponse":"Niue","incorrect":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650020004e006900750065002c002000ee006c0065002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002000610064006d0069006e006900730074007200e9006500200070006100720020006c00610020004e006f007500760065006c006c0065002d005a00e9006c0061006e006400650020006d006100690073002000710075006900200061002000730061002000700072006f00700072006500200070006f006c006900740069007100750065002000e9007400720061006e006700e80072006500200065007400200065007300740020007200650063006f006e006e0075006500200063006f006d006d0065002000450074006100740020006e006f006e002d006d0065006d00620072006500200070006100720020006c0027004f004e0055002e","correct":"0042007200610076006f002c00200072006500730070006500630074002e00200049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e002000640075002000640072006100700065006100750020006400650020004e006900750065002c002000ee006c0065002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002000610064006d0069006e006900730074007200e9006500200070006100720020006c00610020004e006f007500760065006c006c0065002d005a00e9006c0061006e006400650020006d006100690073002000710075006900200061002000730061002000700072006f00700072006500200070006f006c006900740069007100750065002000e9007400720061006e006700e80072006500200065007400200065007300740020007200650063006f006e006e0075006500200063006f006d006d0065002000450074006100740020006e006f006e002d006d0065006d00620072006500200070006100720020006c0027004f004e0055002e","indice":"Un Etat non-membre de l'ONU.","rowNumber":7},{"description":"","question":"Bon, on va un peu plus corser les choses, avec un territoire d'outre-mer du Royaume-Uni. Lequel ?","a":"Iles Malouines","b":"Iles Vierges britanniques","c":"Iles Caïmans","d":"Ile de Sainte-Hélène","bonnereponse":"Iles Vierges britanniques","incorrect":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c0065007300200056006900650072006700650073002000620072006900740061006e006e00690071007500650073002c00200061007200630068006900700065006c002000640065007300200041006e00740069006c006c00650073002e","correct":"0049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c0065007300200056006900650072006700650073002000620072006900740061006e006e00690071007500650073002c00200061007200630068006900700065006c002000640065007300200041006e00740069006c006c00650073002e","indice":"Archipel antillais.","rowNumber":8},{"description":"","question":"Et celui-ci ?","a":"Iles Caïmans","b":"Iles Malouines","c":"Ile de Saint-Hélène","d":"Archipel des Bermudes","bonnereponse":"Iles Malouines","incorrect":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c006500730020004d0061006c006f00750069006e00650073002c0020007400650072007200690074006f006900720065002000640027006f0075007400720065002d006d0065007200200064007500200052006f007900610075006d0065002d0055006e006900200072006500760065006e006400690071007500e900200070006100720020006c00270041007200670065006e00740069006e0065002c00200071007500690020006100200063006f006e00640075006900740020006c006500730020006400650075007800200070006100790073002000e000200075006e00200063006f006e0066006c0069007400200065006e00200031003900380032002e","correct":"0045006e002000650066006600650074002c00200069006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c006500730020004d0061006c006f00750069006e00650073002c0020007400650072007200690074006f006900720065002000640027006f0075007400720065002d006d0065007200200064007500200052006f007900610075006d0065002d0055006e006900200072006500760065006e006400690071007500e900200070006100720020006c00270041007200670065006e00740069006e0065002c00200071007500690020006100200063006f006e00640075006900740020006c006500730020006400650075007800200070006100790073002000e000200075006e00200063006f006e0066006c0069007400200065006e00200031003900380032002e","indice":"Lieu d'affrontement entre Etats.","rowNumber":9},{"description":"","question":"Et celui-là (promis, c'est le dernier) ?","a":"Ile de Saint-Hélène","b":"Archipel des Bermudes","c":"Iles Caïmans","d":"Ile de l'Ascension","bonnereponse":"Iles Caïmans","incorrect":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c0065007300200043006100ef006d0061006e0073002c0020007300690074007500e900650073002000640061006e00730020006c00610020006d0065007200200064006500730020004300610072006100ef006200650073002c002000610075002000730075006400200064006500200043007500620061002e00200049006c0020006e00270079002000650078006900730074006500200061007500630075006e00200069006d007000f40074002000640069007200650063007400200073007500720020006c0065007300200073006f0063006900e9007400e900730020006500740020006c0065007300200070006500720073006f006e006e00650073002c00200065006e002000660061006900730061006e007400200075006e002000640065007300200070006100720061006400690073002000660069007300630061007500780020006c0065007300200070006c00750073002000700072006900760069006c00e90067006900e90073002000640061006e00730020006c00650020006d006f006e00640065002e","correct":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c0065007300200043006100ef006d0061006e0073002c0020007300690074007500e900650073002000640061006e00730020006c00610020006d0065007200200064006500730020004300610072006100ef006200650073002c002000610075002000730075006400200064006500200043007500620061002e00200049006c0020006e00270079002000650078006900730074006500200061007500630075006e00200069006d007000f40074002000640069007200650063007400200073007500720020006c0065007300200073006f0063006900e9007400e900730020006500740020006c0065007300200070006500720073006f006e006e00650073002c00200065006e002000660061006900730061006e007400200075006e002000640065007300200070006100720061006400690073002000660069007300630061007500780020006c0065007300200070006c00750073002000700072006900760069006c00e90067006900e90073002000640061006e00730020006c00650020006d006f006e00640065002e","indice":"Véritable paradis (fiscal).","rowNumber":10}]; var pubStylesheet = 'quiz-lemonde.css'; var pub = 'lemonde'; var compte_twitter = 'decodeurs'; var cdn = 'http://s1.lemde.fr/mmpub/edt/zip/20151029/170120/'; require(["http://s1.lemde.fr/mmpub/edt/zip/20151029/170120/javascripts/quiz.js"], function() { quizodeur() })Voir aussi la vidéo : comment bien choisir son hymne (national) ?Les DécodeursJournaliste au Monde Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne a décidé de hausser le ton avec la Hongrie et sa politique anti-migrants. Jeudi 10 décembre, elle a lancé une procédure d’infraction contre la législation hongroise en matière d’asile, ayant constaté qu’elle était « incompatible avec le droit de l’Union ». La Hongrie, qui se trouvait sur la route des migrants jusqu’à l’érection d’une clôture à sa frontière avec la Serbie en septembre, a durci plusieurs fois sa législation sur le droit d’asile au cours de l’été.Ce qui préoccupe la Commission ? Qu’il ne soit « pas possible de présenter des faits et circonstances nouveaux dans le cadre des recours [à la suite de demandes d’asile rejetées], et que la Hongrie n’applique pas d’effet suspensif automatique à cette occasion, contraignant ainsi dans la pratique les demandeurs à quitter le territoire hongrois ». Elle craint aussi que les migrants n’aient pas accès à des interprètes et des traducteurs. Elle pointe enfin le fait que les décisions de rejet des demandes sont prises à un niveau « sous-judiciaire (par des greffiers), dont l’indépendance judiciaire n’est pas suffisante ».Bruxelles a commencé par envoyer une lettre de mise en demeure à la Hongrie, première étape de la procédure d’infraction. Le gouvernement de l’ultraconservateur Viktor Orban a deux mois pour répondre. Si sa réponse n’est pas satisfaisante, la Commission enverra un « avis motivé ». Et si Viktor Orban n’obtempère pas, Bruxelles pourra alors saisir la Cour de justice de l’Union européenne. Mais pas avant des mois.« Orban a déjà atteint son objectif, qui était de décourager les migrants de venir en Hongrie », selon une source hongroise. Depuis septembre, les migrants sont en effet réorientés vers la Croatie et la Slovénie.Lire aussi :Face à Viktor Orban, Bruxelles reste ambiguëBudapest dénonce une « revanche »Le chef de cabinet de Viktor Orban a qualifié la procédure lancée jeudi de « revanche basée sur des motivations politiques. Les règles hongroises d’asile sont conformes à ses engagements constitutionnels et en matière de droits de l’homme ». Selon lui, cette annonce serait liée au recours en justice de la Hongrie contre le plan de répartition de réfugiés entre pays membres de l’UE, lancé par Bruxelles.D’autres procédures pourraient pourtant suivre : la Hongrie a également adopté, à la mi-septembre, une législation permettant de condamner à de la prison ferme (jusqu’à trois ans) toute personne franchissant « illégalement » sa frontière. Cette loi est vivement critiquée par les associations de défense des droits de l’homme. « L’intervention de la Commission européenne est bienvenue, pour éviter que la Hongrie finisse par être un Etat sans réfugiés et hors droit », a salué Amnesty International dans un communiqué publié jeudi.Lire aussi :En Hongrie, Frontex participe à la répression des migrantsMise en demeure de la Grèce, l’Italie, Malte et la CroatieLa Commission a aussi envoyé des lettres de mise en demeure à la Grèce, l’Italie, Malte et à la Croatie, mais pour des motifs moins graves. Elle invite notamment l’Italie et la Croatie à inscrire systématiquement les empreintes digitales des migrants arrivant sur leur sol, au fichier européen Eurodac – une base de données des empreintes digitales –, de manière à les identifier formellement.Bruxelles se fait de plus en plus pressante, pour que les règles communes d’accueil des demandeurs d’asile soient scrupuleusement respectées et que son système de relocalisation de 160 000 réfugiés fonctionne sur le terrain. Mal traités, ou non enregistrés en Grèce, Italie, ou Hongrie, les migrants pourraient à défaut continuer de tous vouloir se rendre en Allemagne ou en Suède où, jusqu’à présent, on leur a fait un accueil décent et respectueux de leurs droits. Pour l’instant, à peine deux cent d’entre eux ont accepté de participer au régime de relocalisation bruxellois.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.12.2015 à 13h53 • Mis à jour le10.12.2015 à 16h24 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La Commission des libertés civiles (LIBE) du Parlement européen a approuvé, jeudi 10 décembre au matin, par 38 voix pour, 19 contre et 2 abstentions, le projet, largement controversé, d’un fichier européen des données des passagers aériens (Passenger name record, ou PNR). Débattu depuis sept années au total, le projet doit encore être adopté en séance publique, en janvier probablement. L’issue de ce vote ne fait toutefois plus de doute.Ceux qui pensent que le PNR peut-être un outil efficace, notamment dans la lutte contre le terrorisme, en permettant d’enregistrer les déplacements des suspects, ont remporté la partie. Il est néanmoins envisageable que d’éventuels recours auprès de la Cour de justice de Luxembourg aboutissent : l’extension du fichage à des personnes non suspectes pose visiblement problème aux juges européens, qui ont déjà manifesté leurs réticences. Le contrôleur européen de la protection des données, le magistrat italien Giovanni Buttarelli, s’interroge également sur la légitimité du projet, mais aussi sur son utilité pratique. Selon lui, le projet est coûteux, s’ajoutera à sept bases de données existantes et n’aura qu’une utilité marginale au plan des enquêtes.Le projet de directive voté jeudi prévoit que les compagnies aériennes devront collecter une vingtaine de données sur le passager de vols extra- et intra-européens. Elles concernent l’identité du passager, son numéro de téléphone, son adresse de courriel, la manière dont il a payé son billet, le numéro de celui-ci, le numéro de siège, ses bagages, son éventuel programme de fidélité ou « voyageur fréquent », etc. Le texte affirme que toute discrimination basée, entre autres, sur l’origine ethnique ou sociale, la religion, la langue ou la nationalité du passager sera évitée.Lire nos explications :Lutte contre le terrorisme : qu’est-ce que le PNR, le fichier sur les passagers aériens ?Données conservées cinq ansLes données seront conservées pendant 6 mois (le texte initial de la Commission proposait 30 jours). Elles seront masquées au bout de ce délai, et effacées après 5 années. Dans l’intervalle, elles seront accessibles sous le contrôle d’une autorité judiciaire nationale, à des conditions « très strictes et limitées ». L’accord prévoit aussi la nomination d’un responsable chargé de s’assurer que les règles fixées ont été respectées. Le groupe des élus socialistes français, notamment, insiste sur la nécessité d’un « suivi étroit » des résultats qui seront obtenus et du respect des libertés individuelles.Le débat sur le PNR déchirait les différents groupes à chaque attentat commis. Après les récents attentats de Paris et une lettre de Manuel Valls au groupe social démocrate européen (S&D), il devenait difficile, voire impossible, pour ce dernier de camper sur une position de refus intransigeant. Au cours des derniers jours, des discussions internes n’ont pas gommé les divergences ou permis de vaincre les réticences d’eurodéputés allemands et autrichiens, notamment. Hormis quelques-uns de ses élus, le groupe s’est toutefois rallié à une solution de compromis : il est prêt à accepter le PNR à condition qu’une directive sur la protection des données, dont la négociation a pris aussi du retard, soit adoptée parallèlement.Si cet autre dossier clé est enfin bouclé (la commission Libe doit se prononcer le 17 décembre, avant un vote en séance publique en 2016), le PNR sera approuvé par le groupe en séance plénière ; en janvier sans doute. Le groupe libéral et démocrate (ALDE) n’était pas plus unanime. En son sein, les élus centristes français et les libéraux belges étaient prêts à adopter le texte tandis qu’un autre groupe suivait la députée néerlandaise Sophie In’t Veld, hostile depuis le début à ce projet.Informations partagées à la carteM. Verhofstadt et son collègue social démocrate, Gianni Pittella, étaient parvenus à rallier leur collègue conservateur à cette idée: Manfred Weber, chef du groupe PPE, l’avait approuvée, du bout des lèvres, à la fin de la semaine dernière. Quelques heures plus tard, les ministres de l’intérieur, réunis en conseil vendredi 4 décembre, se mettaient toutefois d’accord sur un projet plus flou : les informations importantes issues du traitement des données seront partagées à la carte. Le PPE approuvait toutefois le projet, « coinçant » les autres groupes : ils ne voulaient pas donner l’impression de s’opposer à un projet jugé utile en période d’alerte terroriste. Ils ne voulaient pas être accusés par la droite et, simultanément, être assimilés à l’extrême droite : le Front national et ses alliés s’opposent au PNR en raison de sa dimension européenne…Il devenait, enfin, de plus en plus difficile, pour les groupes proeuropéens de continuer à bloquer le projet alors que de nombreux États mettent au point leur propre PNR, soumis à des législations différentes, voire contradictoires, et pas toujours respectueuses des droits fondamentaux. « Voter contre aurait abouti à une situation où les données des passagers seraient protégées de manière différente selon qu’ils partent de Paris ou de Francfort », soulignent des élus de l’ALDE. Dernière précision : après les attentats de 2001, les États-Unis, l’Australie et le Canada avaient déjà obtenu à tour de rôle des Européens, puis dans le cadre d’un accord UE/USA très controversé à l’époque, les données des passagers se rendant dans leur pays.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Audrey Tonnelier La France reste encalminée dans une reprise chaotique et modérée. C’est la tonalité donnée par les indicateurs macroéconomiques publiés, jeudi 10 décembre, par l’Insee. Une série de chiffres qui vont dans le sens d’un faible rebond de la croissance en 2015. Selon les dernières prévisions du gouvernement et l’Insee, la croissance du PIB ne devrait guère dépasser 1,1 %.Lire aussi :L’économie française, éternelle convalescenteL’emploi salarié ne progresse pasL’emploi salarié dans les secteurs marchands non agricoles est resté stable au troisième trimestre en France, selon les données publiées jeudi 10 décembre par l’Insee, qui a revu à la baisse son évolution (après l’avoir donné en hausse de 0,1 % dans son estimation mi-novembre). Neuf cent postes ont été détruits au cours du trimestre, ramenant leur total à 15 847 900. L’emploi a notamment continué de reculer dans la construction (–0,8%) mais aussi dans l’industrie (–0,5%), qui n’a pas été en situation de création nette d’emplois depuis début 2001. Sur un an à fin septembre, le niveau de l’emploi salarié est en hausse de 0,2 %.Lire aussi :Pourquoi la croissance française reste (malgré tout) poussiveLe chômage au plus haut depuis 1997Sur la même période, l’autre indicateur de l’Insee, le taux de chômage, a augmenté de 0,2 point, pour atteindre 10,2 % de la population active en métropole, son plus haut niveau depuis 1997. Quant au nombre de chômeurs recensés par Pôle emploi, il n’a que très légèrement baissé entre juillet et septembre (–5 700), avant de repartir en très nette hausse en octobre (+42 000). Le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) s’établit à près de 3,59 millions en métropole.Une inflation toujours nullePar ailleurs, les prix à la consommation ont baissé de 0,2 % en novembre en France, avec le repli, en partie saisonnier, des prix des services de transport, des produits alimentaires frais et un nouveau recul des prix de l’énergie, selon les statistiques publiées jeudi par l’Insee. Sur un an, les prix à la consommation sont restés stables.Lire aussi :La BCE fourbit ses armes pour lutter contre l’inflation faibleSelon l’Insee, l’inflation dite « sous-jacente », calculée en excluant les prix des marchandises les plus volatils (énergie et produits alimentaires non transformés), reste positive, à +0,7 % en glissement annuel, soit un rythme équivalent à celui d’octobre (+0,6 %). C’est un peu mieux, mais cela reste encore faible. A titre de comparaison, la Banque centrale européenne (BCE) a un objectif d’inflation générale de 2 % – qu’elle n’arrive pas à atteindre pour le moment.Cette inflation molle, phénomène quasiment généralisé en zone euro, inquiète car elle est synonyme d’une croissance anémique. Si elle peut soutenir le pouvoir d’achat à court terme, lorsqu’elle s’installe, elle fait courir le risque d’une spirale de faible hausse, voire de baisse des prix menant à une réduction générale de la production, des salaires et de la consommation. A l’inverse, stimuler les prix est un moyen d’accélérer le désendettement des Etats, des entreprises et des ménages, et de faire baisser le coût d’accès au crédit pour relancer l’économie.C’est tout le sens du programme de rachat de dettes publiques (dit d’« assouplissement quantitatif »), que la Banque centrale européenne a renforcé, le 3 décembre. Mais de l’avis de la plupart des observateurs, l’inflation devrait rester basse, notamment compte tenu de la poursuite de la chute du prix du pétrole.La production industrielle, seule bonne nouvelleLa production industrielle française a progressé de 0,5 % en octobre par rapport au mois précédent, notamment en raison d’une hausse de la production dans les industries extractives, l’énergie et l’eau, a annoncé jeudi l’Insee, en lien avec un mois d’octobre plus froid qu’à l’ordinaire. Sur les trois derniers mois, la production industrielle a augmenté de 1,4 % par rapport aux trois mois précédents, et de 2,3 % par rapport aux trois mêmes mois de 2014.Lire aussi :La BCE déploie de nouvelles armes pour relancer la croissance européenneAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frans Timmermans (Premier vice-président de la Commission européenne) Cette semaine, à Paris, nous espérons parvenir à un accord mondial pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et limiter le réchauffement climatique. L’Europe est depuis longtemps aux avant-postes de la lutte contre le changement climatique et de l’utilisation responsable des ressources limitées de notre planète. Mais nous devons aller encore plus loin.L’enjeu réside notamment dans la transition d’une économie « linéaire » à un modèle « circulaire ». Nombre de nos ressources naturelles sont limitées. C’est pourquoi la logique du « prendre, fabriquer, utiliser et jeter », qui est quasi omniprésente dans notre économie, ne peut perdurer. Il est temps de passer à un mode de production et de consommation circulaire : une économie qui permette de préserver la valeur des matières et des produits aussi longtemps que possible ; une économie où l’utilisation des ressources et la production de déchets sont réduites au minimum ; une économie qui facilite la réutilisation constante des composants des produits arrivés en fin de vie, pour recréer de la valeur.Changer notre économie n’est pas seulement la bonne décision pour protéger notre environnement et l’héritage que nous laisserons aux générations futures – on récolte ce que l’on sème. C’est aussi, et surtout, un choix intelligent, dont nous pouvons d’ailleurs tirer de grands bénéfices. Être à l’avant-garde dans ce domaine nous conférera un avantage concurrentiel dans les modes de production et de consommation de demain, synonymes de nouveaux marchés et de création d’emplois – des emplois locaux qui resteront en Europe.Compétitivité, emploi et croissance durableCela peut également contribuer à diminuer notre dépendance aux matières premières provenant de régions instables et dont les prix sont volatils, rendant nos économies et nos sociétés vulnérables. Nous ne partons pas de rien. Des projets innovants, émanant d’entreprises comme de citoyens, nous montrent déjà la voie - par exemple en matière de covoiturage, d’ateliers de réparation participative, d’emballages verts. De nombreux pays européens, en particulier la France, ont déjà pris des mesures fortes allant dans le même sens.L’adoption d’une stratégie au niveau européen, grâce notamment au levier que représente le marché unique, permettra de concrétiser l’économie circulaire encore plus rapidement et de la faire passer à l’échelle supérieure. Les propositions législatives de la Commission européenne sur un nouveau train de mesures ambitieux sur l’économie circulaire en vue de renforcer la compétitivité, de créer des emplois et de générer une croissance durable, présentées le 2 décembre, combinent réglementation intelligente et incitations financières pour contribuer à accélérer le changement. Ce sera ensuite aux autorités nationales et territoriales, aux entreprises, aux consommateurs et à la société civile de mener cette transformation sur le terrain.Nous voulons une meilleure conception des produits qui améliore leur durabilité, leur réparabilité et leur recyclabilité. Nous souhaitons favoriser des modes de production qui utilisent les ressources de la manière la plus efficace possible, réduisant ainsi les déchets et optimisant la réutilisation des sous-produits d’une filière par une autre. Et nous prendrons des mesures pour assurer l’émergence d’un véritable marché des matières premières secondaires.Nos propositions visent également à informer les consommateurs sur la durabilité des produits, pour leur permettre d’opérer des choix plus éclairés. Nous entendons examiner sérieusement la question de l’obsolescence programmée : nous ne pouvons pas accepter que des produits soient conçus pour devenir défaillants dès l’expiration de la période de garantie.Déchets marins et gaspillage alimentairePour s’attaquer à deux des exemples actuels les plus flagrants et les plus intolérables d’irresponsabilité environnementale, nous diminuerons les déchets marins – en particulier en s’intéressant au sujet des plastiques, aujourd’hui recyclés à moins de 25 % – ainsi que le gaspillage alimentaire. Il n’est tout simplement pas acceptable qu’un tiers des denrées alimentaires produites dans le monde soient jetées. Nous nous sommes aussi penchés sur les moyens d’encourager une meilleure gestion des déchets en Europe. Ce qui constitue un déchet pour untel peut s’avérer un trésor pour un autre.D’ici à 2030, notre objectif est de recycler 65 % des déchets municipaux et 75 % des déchets d’emballage. Il est impératif de se détourner de la mise en décharge pour développer le recyclage. Nous proposons ainsi de réduire la mise en décharge à moins de 10 % de l’ensemble des déchets d’ici à 2030, un objectif ambitieux mais réalisable. Ce plan tient compte des disparités importantes qui existent entre les situations nationales. Chacun sera amené à réaliser des efforts.Parce que nos objectifs sont ancrés dans le réel, ils sont crédibles et offriront notamment au secteur privé une confiance sur le long terme qui favorisera les investissements et une évolution durable des modèles économiques. Il est temps de transformer notre économie pour qu’elle crée de l’emploi, réduise les coûts des entreprises et favorise un environnement plus propre.La réalisation des mesures que nous proposons représente 500 millions de tonnes de CO2 en moins d’ici à 2035, une véritable bouffée d’air frais pour nos économies et un gain de compétitivité sur la scène mondiale. En travaillant tous ensemble, au sein de l’Union, vers cet objectif commun, nous permettrons à l’Europe de parler d’une voix forte et de continuer à jouer un rôle de premier plan dans le monde sur ces questions, ouvrant ainsi la voie à une révolution circulaire à l’échelle planétaire.Frans Timmermans (Premier vice-président de la Commission européenne) Marie Charrel En 2014 et 2015, nombre de pays émergents ont souffert de la dépréciation de leur devise. Un mouvement notamment lié à la remontée programmée des taux directeurs américains. La Turquie ne fait pas exception.Dans une note publiée mercredi 23 décembre, la Coface, le spécialiste de l’assurance-crédit, détaille par quels canaux la chute de la livre turque affecte l’économie du pays. « La combinaison des incertitudes politiques, des problèmes de sécurité et des inquiétudes concernant l’économie mondiale ont provoqué une chute brutale de la livre, qui est tombée à son plus bas niveau face au dollar en septembre », explique Seltem Iyigun, économiste spécialiste de la région Méditerranée et Afrique pour la Coface. Le 24 septembre, la livre est ainsi tombée à 3,07 dollars, en baisse de 32 % par rapport à janvier.Explosion des chèques impayésMais l’économie turque est également pénalisée par la baisse de l’euro face au dollar. Et ce, parce qu’elle présente deux grands points faibles. D’abord, « elle est particulièrement dépendante des capitaux étrangers et des importations », souligne la Coface. En outre, nombre d’entreprises turques affichent des coûts de production en dollars et des recettes en euros. De fait, 44 % des exportations turques sont libellées en euros, tandis que 65 % des importations le sont en dollars.Lire aussi :En Turquie, vives tensions entre M. Erdogan et la Banque centraleRésultat : l’effondrement de la livre a provoqué une envolée des coûts de production et donc, l’effondrement des marges des entreprises. Beaucoup ont vu leur situation financière se dégrader. En particulier celles dont la dette est en devise étrangère – c’est le cas de 75 % de la dette des sociétés non financières du pays. Le nombre de chèques impayés a également bondi de 38 % en valeur sur les dix premiers mois de 2015, précise la Coface, signe que la santé des PME se dégrade.« L’épargne locale est trop faible »Plus inquiétant encore : « L’économie turque a besoin de l’épargne étrangère pour fonctionner, car l’épargne locale, équivalente à 15 % du produit intérieur brut [PIB], est trop faible », explique Mme Iyigun. Or, la dette extérieure du pays culmine aujourd’hui à 405,2 milliards de dollars, soit 52 % du PIB. Ce qui rend la Turquie particulièrement exposée aux variations de change.En effet, chaque nouvelle dépréciation de la livre alourdit encore la dette extérieure… Selon la Coface, les secteurs les plus exposés sont les métaux (hors fer et acier), la construction, les produits chimiques ou en encore le textile, qui dépendent particulièrement de l’étranger.Qu’attendre pour 2016 ? De son côté, le Fonds monétaire international estime que le PIB turc devrait croître de 2,9 %, après 3 % en 2015. Une performance relativement bonne, notamment soutenue par la demande domestique. « L’économie turque sera néanmoins soumise à de nombreux risques, liés aux incertitudes planant sur l’économie mondiale et la montée des tensions géopolitiques », conclut Mme Iyigun.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.12.2015 à 15h44 | Stéphanie Marteau, Soren Seelow et Simon Piel Les circonstances de l’assaut mené le 18 novembre à Saint-Denis par le RAID contre le coordinateur présumé des attentats de Paris, Abdelhamid Abaaoud, et ses complices se précisent. Si beaucoup de questions demeurent, de nombreux documents auxquels Le Monde a eu accès affinent le scénario d’une opération qui s’est déroulée avec une rare violence et dans une extrême confusion.Les scènes décrites par les enquêteurs de la police judiciaire venus opérer les premières constatations en témoignent. La chaussée est jonchée de débris. Du verre et du bois provenant des fenêtres de l’immeuble de Saint-Denis où a eu lieu l’assaut. De nombreux écrous, probablement contenus dans une ceinture d’explosifs actionnée par l’un des hommes retranchés. Mais aussi plusieurs bouts de corps. Ici, « une tête humaine à laquelle demeure attaché un morceau de colonne vertébrale ». Là, « une partie de visage » sur la peau duquel apparaît une barbe naissante. Plus loin, une dent humaine, un trousseau de clés, un livre en langue arabe et un clavier d’ordinateur brisé.Aucune arme de guerre ne sera retrouvée, contrairement à ce qu’avait pu laisser penser le récit du patron du RAID. Le tir « nourri » évoqué par le RAID se heurte à une constatation imparable : seul un Browning semi-automatique a été retrouvé dans les décombres le 20 novembre, sans chargeur mais avec une munition. Sur le pistolet, la police retrouve une empreinte d’Abdelhamid Abaaoud. C’est à ce jour la seule arme des terroristes découverte.L’essentiel des munitions ont en réalité été tirées par les policiers d’élite. Dès le lendemain de l’assaut, la police judiciaire fait un premier décompte des munitions saisies. Ils recensent plus de 1 500 étuis percutés et 4 étuis percutés de grenade, provenant « vraisemblablement, selon les techniciens du laboratoire central de la préfecture de Paris, des tirs effectués par les effectifs de la police du RAID ».Compte-rendu très succinctAutant de précisions qui ne figurent pas dans le compte-rendu très succinct fait par le patron du RAID aux magistrats antiterroristes et dont Le Monde a pu prendre connaissance. A sa lecture, aucune réponse n’est apportée aux questions soulevées sur la stratégie d’opérer des « tirs de saturation » pour empêcher un éventuel kamikaze d’approcher.Aucune mention non plus des raisons pour lesquelles les explosifs disposés par le RAID sur la porte de l’appartement n’ont pas fonctionné. Aucune précision sur les échanges que des hommes du RAID ont eus avec Hasna Aït Boulahcen lorsqu’elle a demandé à deux reprises de pouvoir sortir.Rien sur le moment où l’un des terroristes a déclenché sa ceinture d’explosifs. Rien enfin sur le fait qu’un seul pistolet automatique ait pu à lui seul donner le sentiment aux équipes du RAID d’être visées par « un feu nourri ». Ni la direction du RAID ni la direction générale de la police nationale n’ont souhaité répondre à nos questions.Les précisions apportées par un témoignage ainsi que plusieurs éléments de téléphonie avaient laissé entendre que des personnes – dont Abdelhamid Abaoud – armées de kalachnikov et d’explosifs s’étaient réfugiées dans un appartement à Saint-Denis. Hasna Aït Boulahcen avait ainsi confié que « des voisins voulaient sympathiser mais (qu’) ils n’ont pas voulu car ils préparaient leurs bombes, ils ne voulaient pas être dérangés ». Elle-même aurait dit avoir « joué avec la kalach ».« C’est dans cet état d’esprit qu’arrive le RAID sur place », explique-t-on au ministère de l’intérieur pour justifier ce déluge de feu. « D’un point de vue opérationnel, l’intervention est une réussite » ajoute-t-on. Un projet d’attentat à la Défense a en effet été empêché.Stéphanie MarteauSimon PielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSoren SeelowJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.12.2015 à 11h21 • Mis à jour le23.12.2015 à 11h43 Quelques heures après la publication d’un communiqué conjoint de l’ONU et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) faisant savoir qu’un million de migrants étaient entrés en Europe cette année, dont 816 000 par la mer, un nouveau naufrage a eu lieu au large de l’îlot grec de Farmakonisi, mercredi 23 décembre.Au moins treize personnes, dont sept enfants, sont morts noyées après le chavirement de leur « petit bateau en polyester » venant des côtes occidentales turques, selon une responsable de la police. Le temps n’était pas « particulièrement mauvais, mais le bateau était surchargé, comme souvent », a souligné cette responsable. La veille, onze autres migrants, dont trois enfants, étaient morts noyés en mer Egée en faisant le même trajet.Selon l’OIM, près de 3 700 personnes, pour la plupart fuyant les conflits en Syrie et ailleurs, sont mortes ou portées disparues au large de l’Europe en 2015 : environ 700 en tentant de traverser la mer Egée pour rejoindre la Grèce et près de 3 000 en Méditerranée en direction de l’Italie.Lire aussi :Le nombre de migrants et de réfugiés a explosé au XXIe siècle 23.12.2015 à 09h36 • Mis à jour le23.12.2015 à 15h06 | Marie Charrel C’est une nouvelle plutôt bonne, au sein d’une conjoncture bien morose. Selon les chiffres publiés mercredi 23 décembre par l’Insee, le pouvoir d’achat des Français a en effet rebondi de 0,9 % au troisième trimestre, après avoir reculé de 0,3 % sur les trois précédents mois. Sur l’ensemble de 2015, il devrait ainsi progresser de 1,6 %, prévoit l’institut, après 1,1 % en 2014.Hausse du salaire moyenLa raison de ce petit rebond ? Le revenu disponible brut des ménages a lui aussi accéléré au troisième trimestre, de 0,7 %, après une hausse de 0,2 % sur le trimestre précédent. En d’autres termes : les salaires ont un peu augmenté. « La masse salariale reçue par les ménages a crû davantage qu’au trimestre précédent, de 0,4 % après 0,2 % », détaille l’Insee. Le salaire moyen par tête versé par les sociétés non financières a ainsi progressé de 0,3 %, après avoir stagné au deuxième trimestre.Ce n’est pas tout : les prestations sociales en espèces notamment touchées par les foyers les moins aisés ont également augmenté un peu (+ 0,3 % après + 0,2 % au deuxième trimestre), tandis qu’à l’inverse, les impôts sur le revenu et le patrimoine se sont repliés sur le trimestre (– 2 % après + 0,4 %).Recul de la consommation en novembreSur le troisième trimestre, les dépenses de consommation des ménages ont augmenté de 0,3 %, après avoir stagné au deuxième trimestre. En revanche, note l’Insee, la consommation a reculé de 1,1 % en novembre, après le léger recul de 0,2 % en octobre. Il s’agit de sa plus forte contraction depuis janvier 2014.Faut-il y voir l’effet des attentats du 13 novembre ? L’Insee n’y fait aucune référence. Ses économistes soulignent en revanche que cette chute des dépenses est en grande partie liée à la douceur des températures enregistrée ces dernières semaines.Celle-ci s’est en effet traduite par une baisse de la consommation de chauffage et donc, d’énergie (– 5,6 %). Mais aussi, par un net recul des dépenses d’habillement (– 4,7 %).Légère augmentation des marges des entreprisesAutre chiffre positif relevé par l’Insee, qui confirme également que l’économie française a crû de 0,3 % au troisième trimestre : le taux de marge des sociétés non financières. Celui-ci a progressé de 0,2 %, pour atteindre 31,2 %. Et cela, grâce au recul des prix de l’énergie, qui a plus que compensé la progression des salaires réels. « Les marges des entreprises ont retrouvé leur plus haut niveau depuis le premier trimestre 2011, c’est une bonne nouvelle, car il s’agit d’un élément essentiel à la reprise de l’investissement », conclut Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture au sein du groupe Xerfi.Lire aussi :La croissance n’aura pas droit à l’erreur en 2016Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.12.2015 à 18h02 « Une affaire très bizarre » impliquant un « homme très bizarre ». C’est en ces termes que le juge john Brevan a évoqué cette affaire avant de rendre son verdict. L’« extrémiste roux » qui voulait assassiner le prince Charles pour permettre au prince Harry, roux comme lui, de devenir roi, a été interné pour une durée indéfinie pour troubles psychiatriques par la justice britannique, mardi 22 décembre.Mark Colborne, un suprémaciste blanc de 37 ans, avait été reconnu coupable en septembre de préparation d’actes terroristes devant le tribunal de l’Old Bailey. Colborne avait été arrêté en juin 2014 après que son demi-frère eut découvert des produits chimiques et des documents suspects dans une maison de la famille à Southampton.Lire aussi :Colborne, le « suprémaciste roux », coupable de préparation d’actes terroristes« Mettre une balle dans la tête de Charles »Il s’est comparé à l’extrémiste de droite Anders Behring Breivik, qui avait tué 77 personnes en Norvège en 2011. « Je veux des représailles massives, un attentat terroriste de masse qui attirera l’attention sur notre souffrance, pas seulement la mienne, mais celle de mes frères à travers le monde. Je veux que le monde assiste à ma métamorphose, d’un représentant de cette pauvre communauté rousse qui se fait marcher dessus constamment, à un terroriste militaire », avait-il écrit dans son journal.L’enquête a montré que l’accusé avait cherché sur Internet le moyen de fabriquer des bombes artisanales. Il s’était aussi procuré des produits chimiques pour fabriquer du cyanure, des masques de protection, des seringues et des gants en latex.Dans son journal, l’accusé a également fait part de sa volonté de « mettre une balle dans la tête de Charles », le fils aîné de la reine Elizabeth II, premier dans l’ordre de succession au trône britannique.« Il est protégé mais pas trop. Je sacrifierais ma vie pour un tir. Tuer Charles et William pour que Harry devienne roi. Tuer les tyrans », y disait-il, omettant de réaliser que William avait, déjà à l’époque, un petit garçon précédant Harry dans l’ordre de succession.Depuis le 2 mai, William et son épouse Kate sont également les parents d’une petite fille, qui devance aussi Harry, relégué en cinquième position désormais.Lire aussi : Mark Colborne, le « terroriste roux », devant la justice britannique 22.12.2015 à 12h28 Le premier ministre conservateur, Mariano Rajoy, est arrivé en tête des élections législatives, mais n’obtient que 28,7 % des voix, contre 44,6 % en 2011. Avec 123 députés sur un total de 350 au Parlement, il est loin de sa majorité précédente de 186. Derrière le PP, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) atteint 22,01 % des voix et tombe à 90 sièges, contre 110 gagnés en 2011. Le nouveau parti de gauche radicale Podemos le talonne avec 20,6 % et 69 sièges. Enfin, les centristes de Ciudadanos (13,93 %) obtiennent 40 députés.Aucune des quatre formations n’obtient à elle seule la majorité, et ces législatives signent l’éclatement de quarante ans de bipartisme. Quels accords font-ils se faire jour pour permettre au PP d’atteindre la majorité absolue des 176 sièges et former un gouvernement ? La question du référendum d’indépendance en Catalogne fait partie du tableau, Podemos étant le seul des grands partis à proposer un référendum d’autodétermination de la région, tout en étant contre toute idée de séparation.- Catalogne : non à l’idée d’un référendum d’autodétermination, par Susana Beltrán, députée de Ciudadanos au Parlement de Catalogne et professeur de droit international public à l’Université autonome de Barcelone. Le parti centriste Ciudadanos s’oppose à la tenue d’un référendum. Car la question de l’indépendance catalane appartient à tous les Espagnols.- La fin du bipartisme en Espagne ouvre la voie à l’instabilité politique, par Andrés Ortega, chercheur émérite au Real Instituto Elcano, un laboratoire d’idées de centre gauche. Les résultats des élections législatives du 20 décembre ont mis fin au système politique traditionnel en Espagne. Le premier ministre sortant, privé de majorité, doit désormais compter avec de nouveaux partis exigeants.- La division des indépendantistes catalans profite à Podemos, par Albert Borras, membre de l’Institut français de géopolitique. Le jeune parti de la gauche radicale, Podemos est arrivé en tête en Catalogne. Il est le seul à proposer un référendum d’autodétermination de la région. 22.12.2015 à 11h37 • Mis à jour le22.12.2015 à 12h21 | Eric Albert (Londres, correspondance) Parce qu’il a tenté de faire passer en Angleterre une jeune Afghane, Rob Lawrie risque la prison. Son procès se tiendra le 14 janvier. Il y a trois semaines, il a tenté de se suicider. Toutes les trente secondes environ, ce bruit aigu, répétitif, sort de la mâchoire de Rob Lawrie : il crisse des dents. Un tic acquis sous la pression de ces deux derniers mois. Ses yeux, profondément cernés, semblent scruter un mystérieux point distant. Sur la table traînent des lettres apportant de mauvaises nouvelles financières. Les photos de sa femme, qui vient de le quitter, décorent encore la maison.Le ­Britannique de 49 ans, qui nous reçoit dans son petit pavillon sans caractère d’une lointaine banlieue de Leeds, dans le nord de l’Angleterre, est au bout du rouleau. La porte du jardin à moitié défoncée en témoigne : il a fait une tentative de suicide il y a trois semaines, et les secouristes ont dû pénétrer d’urgence dans la maison. « Cette affaire a foutu ma vie en l’air. »L’affaire en question est un « coup de folie », selon ses propres mots. C’était le 24 octobre. Pour la neuvième fois en deux mois, Rob est ce jour-là dans la « jungle » de Calais. Il a passé plusieurs jours sur place à fabriquer des abris en bois pour les réfugiés et leur a distribué les dons qu’il avait pu réunir en Angleterre : des bottes fourrées, des manteaux d’hiver, des couvertures… L’heure du retour approche.Trop ému pour respecter la loiAvant de prendre son ferry, Rob s’assoit autour du feu de camp, ­discutant avec quelques-uns des réfugiés. Bahar, une fillette afghane de 4 ans – que tout le monde surnomme Bru –, s’est endormie sur les genoux de Rob. Sa figure angélique et son sourire malicieux ont beaucoup touché ce grand Britannique baraqué. Depuis quelques semaines, l’enfant, qui est seule avec son père, le rencontre souvent. Une vidéo prise le matin même la montre riant aux éclats en jouant à colin-maillard avec lui. Alors, l’ancien soldat britannique a cessé de réfléchir.“Je ne suis pas un passeur. Aucun argent n’a été échangé. Ce n’était pas une action préméditée.”Reza Ahmadi, le père, lui demande depuis des semaines de la faire passer en Angleterre, où des cousins installés près de Leeds depuis huit ans sont prêts à la recevoir. Après avoir systématiquement refusé, Rob cède. « J’ai installé Bru dans la couchette située en haut de la camionnette. Son père m’a assuré qu’elle dormirait toute la nuit. » L’opération était illégale, bien sûr. Rob en était parfaitement conscient. Mais comment laisser ainsi une fillette dans le froid et la boue, alors qu’une famille d’accueil et un lit chaud l’attendaient en Angleterre ?Quelques heures plus tard, Rob Lawrie était arrêté par la police française puis placé dans le centre de détention de Coquelles. A la douane, les chiens avaient reniflé quelque chose à l’arrière de la camionnette. Deux Erythréens s’y étaient cachés, à l’insu du Britannique. La présence de Bru a ensuite été découverte. « Les policiers français me hurlaient dessus, je ne comprenais rien à ce qu’ils disaient. On aurait dit que j’avais violé la petite fille. » Sans doute pour vérifier ses dires, les policiers, après avoir interrogé Rob pendant plus d’une heure, finissent par ouvrir la porte et laisser entrer Bru. « Elle pleurait, ­complètement désorientée. Et quand elle m’a vu, elle m’a sauté dans les bras. » Preuve était faite que la gamine connaissait bien le Britannique. Les policiers l’ont immédiatement reconduite auprès de son père. Quant à Rob Lawrie, après trois jours de garde à vue, il a été relâché, en attente de son procès à Boulogne-sur-Mer le 14 janvier 2016 pour avoir « facilité (…) la circulation irrégulière d’un étranger ». Il risque jusqu’à cinq ans de prison.« Je ne suis pas un passeur. Aucun argent n’a été échangé. Ce n’était pas une action préméditée. J’ai fait ça sous le coup de l’émotion », se défend-il. L’émotion est partagée avec le grand public : deux pétitions, en France et au Royaume-Uni, demandant de lui épargner la prison ont recueilli plus de 130 000 signatures. « C’est formidable ce soutien sur les réseaux sociaux. Mais à 3 heures du matin, vous êtes seul avec vous-même », rappelle Rob, qui vit très mal l’attente du procès.Il y a une part d’ange chez ce grand gaillard qui se promène en tee-shirt en plein hiver. Et une bonne dose de naïveté aussi. Le résultat d’une vie difficile, instable, un quasi-orphelin qui a vécu des moments très durs. Rob Lawrie naît près de Leeds en 1966, petit dernier de sept enfants, entre deux parents qui s’insultent, se battent et se frappent constamment. « Quand j’avais 5 ans, je passais mon temps à sortir la nuit par ma fenêtre et à m’échapper de la maison en escaladant le long des tuyaux. La police me ramenait chez moi. » “Arrivé dans la « jungle », ce que j’ai vu m’a énormément choqué. On se croirait dans une scène de la seconde guerre mondiale.”A l’âge de 6 ans, il est placé en foyer, où il est élevé. Dix ans plus tard, les éducateurs lui demandent laquelle des trois usines locales il préfère. « J’ai dit : “pas question”. Je suis allé m’enrôler à l’armée. » Il sert notamment plusieurs années en Irlande du Nord, en pleine période de tension extrême avec les paramilitaires de l’IRA. Une décennie plus tard, il rejoint la vie civile.Sans un sou, il s’installe dans les vestiaires d’une piscine abandonnée, où il vit plusieurs mois. Et progressivement, il remonte la pente. Une bourse à l’université de Bradford lui permet de décrocher un diplôme d’anthropologie et de psychologie. Il crée une entreprise de vente d’alimentation surgelée, qui prospère. Il se marie, a deux enfants. Jusqu’au jour où une méningite le cloue au lit. Pendant deux ans, il sera incapable de travailler. Il perd son entreprise, divorce et connaît une nouvelle période sans domicile fixe.Partir de zéro, Rob l’a déjà fait. Il recommence, trouve d’abord un petit boulot, puis ouvre une société de nettoyage, qui a deux employés. Il se marie une nouvelle fois, et a deux enfants. Jusqu’à ce soir de fin août de cette année, quand une émission de télé-­crochet débute à la télévision. « J’en ai horreur, mais mes enfants voulaient regarder. Alors, je suis monté dans ma chambre et j’ai allumé ­l’ordinateur. Il faisait sombre et j’ai pris de plein fouet la photo du petit Aylan. » Ce petit Syrien mort le nez dans le sable sur une plage turque a fait le tour du monde, choquant l’opinion publique. En quelques jours, il rassemble des dons, achète des tentes et décide de les apporter aux réfugiés à Calais. Il y débarque sans aucun contact. « Arrivé dans la “jungle”, ce que j’ai vu m’a énormément choqué. On se croirait dans une scène de la seconde guerre mondiale. » Le pire, pour Rob, était les enfants : « Il y en avait beaucoup, je ne m’y attendais pas. »Communicant instinctif, Rob filme les donations et met le résultat sur sa page Facebook. « En vingt-quatre heures, les gens pouvaient voir les chaussures qu’ils donnaient aux pieds de réfugiés. » L’argent afflue : il récolte près de 10 000 euros, qu’il utilise notamment pour acheter le matériel nécessaire à la fabrication d’abris en bois. Submergé par l’émotion, il laisse tomber sa petite entreprise et rentre peu chez lui. Les tensions avec sa femme augmentent. Jusqu’au fameux coup de folie avec la petite Bru.“Entre la non-assistance à personne en danger et le délit d’aider à la circulation d’une personne irrégulière, la frontière est ténue.” Lucile Abassade, l’avocate de Rob LawrieTrop exemplaire pour y croire, l’histoire de Rob Lawrie ? Un conte de Noël à dormir debout ? Nous avons vérifié auprès des cousins afghans de Reza Ahmadi, qui confirment sa version des faits. Un journaliste de The Independent s’est rendu dans la « jungle » de Calais voir le père, qui lui aussi confirme. Ce dernier n’a pas souhaité nous rencontrer, lassé de l’attention médiatique. Et quid des deux Erythréens trouvés à l’arrière de la camionnette ? Rob n’a-t-il pas agi comme un passeur ? Le Britannique assure qu’il ignorait leur présence. Cette version est apparemment confirmée par la police française, qui n’a pas retenu ce chef d’inculpation contre lui. « Je n’aurais jamais pris le moindre risque lors du passage de Bru », précise Rob.Risque-t-il vraiment la prison pour avoir voulu éviter à une enfant de 4 ans de passer l’hiver dans une tente boueuse ? L’hypothèse est crédible. Son avocate, Lucile Abassade, rappelle qu’une femme a récemment été condamnée à un an de prison ferme pour avoir tenté de faire passer un réfugié. « Pourtant, entre la non-assistance à personne en danger et le délit d’aider à la circulation d’une personne irrégulière, la frontière est ténue », souligne-t-elle. Entre les deux, Rob Lawrie n’a pas hésité un instant.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Ridet (Rome, correspondant) Il vaut cher, le péché d’orgueil du cardinal Tarcisio Bertone, 81 ans, ancien numéro 2 de la curie romaine à l’époque de Benoît XVI : 150 000 euros exactement. C’est la somme que le prélat s’est engagé à verser à l’hôpital pédiatrique Bambino Gesu de Rome. « En plusieurs traites, car je ne suis pas si riche », a précisé l’ancien homme fort du Saint-Siège, qui tient aussi à faire savoir qu’il s’agit « d’un don et non pas d’un remboursement ».Mais de quoi serait-il coupable ? Selon lui, de rien. Pour le journaliste Emiliano Fittipaldi, auteur d’un livre de révélations sur les malversations au Vatican, Avarizia (La Feltrinelli, non traduit en français), le cardinal aurait bénéficié des largesses d’une fondation de recherche liée à l’hôpital pour rénover l’appartement de 296 m2, avec terrasse, qu’il occupe dans l’enceinte des murailles vaticanes. Il est vrai qu’avec lui vivent plusieurs religieuses à son service.Lire aussi :François, les auditeurs financiers et la camarilla des soutanesMgr Bertone a toujours assuré qu’il avait payé de sa poche, et grâce à ses économies, 300 000 euros de travaux à une entreprise romaine. « Le reste a été versé à mon insu », soutient-il. Une défense qui n’est pas sans rappeler celle de Richard Virenque, coureur cycliste dopé à l’insu de son plein gré… Dans un entretien paru, dimanche 20 décembre, dans le quotidien Corriere della Sera, il confie être encore « meurtri, très meurtri » de la « diffamation » dont il a été l’objet.« Reconnaissance de culpabilité »Mais, coupable ou dindon de la farce, Mgr Bertone est devenu un symbole. Celui d’une caste de prélats raffinés menant grand train, avec laquelle le pape François a voulu rompre dès son arrivée à la tête du Saint-Siège, en 2013. Pour ce faire, il a expédié le cardinal à la retraite et choisit de vivre, lui, dans une petite suite de 50 m2 de la résidence Sainte-Marthe, où logent les hôtes de passage du Vatican.Pour Emiliano Fittipaldi, le geste de Mgr Bertone à l’égard de l’hôpital est le début d’une « reconnaissance de culpabilité ». Le journaliste, poursuivi par le tribunal du Vatican avec son confrère Gianluigi Nuzzi, auteur du Chemin de croix (Flammarion, 336 pages, 20 euros), appelle le cardinal émérite à faire la lumière sur un voyage en hélicoptère de Rome en Calabre, dans le sud de l’Italie, pour un montant de 24 000 euros ainsi que sur des fêtes somptuaires. Suspendu le temps que les avocats des prévenus puissent expertiser les dossiers, le procès devrait reprendre début 2016.« Le vrai journalisme, les bonnes enquêtes, finissent toujours par produire le bien, explique-t-il. Grâce à mon livre, l’hôpital va pouvoir retrouver des fonds pour financer des recherches. » Les deux journalistes accusés de « vol et divulgation de documents confidentiels » risquent jusqu’à huit ans de prison. Mais Emiliano Fittipaldi n’en démord pas : « C’est Mgr Bertone qui devrait être à notre place sur le banc des accusés. »Lire aussi :Deux journalistes devant le tribunal du VaticanPhilippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.12.2015 à 13h19 • Mis à jour le21.12.2015 à 19h27 Bruxelles a entériné, lundi 21 janvier, l’échec des négociations menées depuis des mois entre Moscou, Kiev et l’UE concernant l’application de l’accord d’association entre l’Ukraine et l’UE. « Nous n’étions pas loin de trouver des solutions, mais il n’y a pas eu aujourd’hui assez de flexibilité du côté russe pour y parvenir », a déploré la commissaire européenne en charge du commerce, Cecilia Malmström, après un ultime round de discussions qui a tourné court à Bruxelles. « Il n’y aura plus de négociations tripartites de la sorte », a-t-elle encore insisté.Moscou combat avec véhémence l’accord de libre-échange entre l’UE et l’Ukraine, qui entrera en vigueur le 1er janvier, estimant qu’il va soustraire davantage Kiev à son influence et sera néfaste pour son économie. Les Européens ont organisé depuis novembre 2013 une vingtaine de réunions avec la Russie et l’Ukraine dans l’espoir d’apaiser ces craintes et de trouver des solutions.« Nous étions prêts à faire tous les efforts nécessaires pour trouver un terrain d’entente. Mais j’ai été profondément surprise par le décret signé le 16 décembre par le président Poutine », a souligné Mme Malmström, y voyant « une mesure allant à l’encontre de l’esprit des discussions » tripartites. Moscou rétablit les droits de douane à la frontière ukrainienneLe président russe, Vladimir Poutine, avait annoncé ce jour-là qu’il suspendrait sa zone de libre-échange avec l’Ukraine (accord signé en 2011) à l’entrée en vigueur du rapprochement commercial entre Kiev et l’UE. A partir du 1er janvier, les marchandises en provenance du territoire ukrainien seront donc soumises à des droits de douane à la frontière.La Russie et l’Ukraine sont engagées dans une crise sous précédent depuis l’arrivée au pouvoir de pro-occidentaux en Ukraine, au début de 2014, suivie de l’annexion de la Crimée puis du conflit avec des séparatistes prorusses, qui a fait plus de neuf mille morts. La journée de lundi en aura été une nouvelle manifestation. Dans la matinée, le premier ministre russe, Dmitri Medvedev, a confirmé que la Russie étendrait à l’Ukraine l’embargo sur les produits alimentaires déjà imposé aux pays occidentaux, à partir du 1er janvier.De son côté, l’Union européenne a, comme prévu, prolongé lundi de six mois ses sanctions économiques contre la Russie pour son implication présumée dans le conflit dans l’est de l’Ukraine, selon un communiqué officiel. Les sanctions avaient été introduites le 31 juillet 2014 pour une année « en réponse aux actions de la Russie dans l’est de l’Ukraine ». Elles avaient été reconduites pour six mois le 22 juin jusqu’au 1er janvier 2016. Adéa Guillot (Athènes, correspondance) C’est un haut lieu de la vie sportive grecque. Un stade avec vue sur la mer, situé au sud d’Athènes, où se déroulent les compétitions de sports de combat et que l’on surnomme « le Taekwondo ». Depuis plusieurs semaines déjà, des dizaines de migrants de toutes nationalités y sont logés dans l’urgence. C’est là qu’ont été transférés mercredi soir les 2 300 migrants dits « économiques » refoulés par la Macédoine et qui s’étaient massés à la frontière grecque dans le petit village d’Idomeni.A peine arrivés, des centaines d’entre eux se sont volatilisés dans les rues d’Athènes. « Moi je pars habiter chez d’autres Marocains qui ont un appart dans le centre près d’Omonia », explique Mohammed, un jeune homme de 23 ans originaire de Casablanca alors qu’il se hâte de trouver avec trois autres compagnons un taxi. « Vingt euros la course », indique le chauffeur. Soit le double du prix normal. « Ils veulent soit aller au port soit aller à Omonia et pour tout c’est 20 euros », précise le chauffeur. « Certains nous demandent aussi de les reconduire directement à la frontière au nord mais ça, c’est 10 heures de route et on n’a pas le droit. Des collègues le font pour 2 000 ou 3 000 euros mais moi je veux pas prendre le risque ». Conditions d’accueil déplorablesImpossible pour les autorités grecques de savoir exactement combien de personnes sont restées. « A vue d’œil ils sont plus de 600 mais nous n’avons pas de compte exact », précise un volontaire qui distribue des bouteilles d’eau. Les conditions d’accueil sont déplorables. Pas de lits, de simples couvertures jetées à même le sol et quelques tentes. Dans la grande salle du bas se sont installés les Marocains. Les travées supérieures abritent, regroupés par nationalités, des Iraniens, des Pakistanais et pas mal de Somaliens.Parmi eux, Aïcha et Abbas, rencontrés à Idomeni. « Au moins c’est chauffé ici, mais pour le reste c’est pire que le camp là-haut. Il n’y a qu’une douche pour tout le monde et les femmes ne peuvent pas y aller. Il n’y a pas beaucoup de toilettes et ils sont souvent cassés. Pas de docteurs, pas de wi-fi pour parler au pays. Pas de prises pour recharger les portables. On a par contre de la nourriture chaude deux fois par jour. »Le peu de couvertures, de médicaments, de vêtements chauds, de bouteilles d’eau disponibles sont acheminés par des groupes de bénévoles. L’appel à la solidarité remplit les réseaux sociaux grecs de listes des biens nécessaires au Taekwondo.« Tu sais où on peut trouver le UN [Haut Commissariat aux Réfugiés] ? », demande Abbas. « Je ne crois plus qu’on va réussir à passer alors peut-être qu’on doit demander l’asile ici… C’est possible de trouver du travail en Grèce avec un diplôme d’ingénieur en informatique ? » Comment résumer alors la crise grecque ? Les 25 % de chômage ? le parti néonazi Aube Dorée en embuscade ? L’absence d’infrastructure d’accueil pour les demandeurs d’asile ?Terre de passageLa Grèce n’a jamais été dans la tête de tous ces migrants qu’une terre de passage. La majorité d’entre eux veut d’ailleurs tenter de repartir en empruntant d’autres voies. Mais pour tous ceux, épuisés, sans argent, qui se retrouvent bloqués à Athènes, la situation s’annonce ingérable. Le gouvernement grec a bien promis depuis octobre la mise sur pied d’environ 20 000 places d’accueil réparties entre Athènes et Thessalonique. Soit en subventionnant la location d’appartements soit en créant des camps d’accueil mais rien n’est encore prêt. Ces places devaient d’abord s’adresser à tous ceux qui, depuis les îles où ils débarquent, acceptaient de déposer une demande d’asile en Grèce en espérant bénéficier d’une des 70 000 places du programme de relocalisation prévu par l’Europe.« Le problème ingérable qui se pose désormais c’est non seulement comment gérer le flux qui arrive, celui qui va demander l’asile ici et qu’il faudra bien loger et nourrir mais aussi maintenant celui des refoulés par les pays du Nord », s’inquiète une source ministérielle visiblement affolée.Le maire d’Athènes, Georges Kaminis, a prévenu « qu’il ne laisserait pas se répéter la situation de 2012 et 2013, quand les rues d’Athènes étaient débordées de migrants sans aucune ressource, avec tous les problèmes que cela peut entraîner pour le fonctionnement de la ville ». En l’état pourtant, il n’existe aucun plan ni aucune infrastructure capable de contenir le phénomène.Tous ces migrants « économiques » ont légalement un mois pour quitter le territoire. Après cette échéance, ils sont susceptibles, au moindre contrôle, d’être arrêtés et déportés. Mais là encore cela demande des moyens en personnel policier et en places de rétention – le temps de vérifier l’identité et la nationalité des migrants – qui n’existent plus en Grèce depuis que les camps de rétention ont été transformés, pour faire face au flux de nouveaux arrivants, en camps de premier accueil. « Nous sommes tous simplement débordés et sans aide massive nous courons à la catastrophe », reconnaît une source policière.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le plan que Bruxelles s’apprête à mettre sur la table, mardi 15 décembre, est une véritable bombe, qui marquerait une énorme avancée vers une gestion commune des frontières de l’Union européenne (UE), s’il était adopté par les Etats membres et le Parlement européen.Il signifierait aussi des abandons de souveraineté qui ne manqueront pas de faire débat. La Commission européenne a en effet l’intention de proposer un règlement visant à créer une véritable agence de gardes côtes et de gardes frontières européenne, constituée de milliers de personnels mobilisables rapidement, et qui, selon nos informations, aurait la capacité de s’autosaisir en cas de menace jugée grave à une frontière de l’Union.Quel est l’objectif de la Commission ?Il s’agit d’endiguer le flux de migrants provenant pour l’instant essentiellement de Turquie, alors que plus d’un million et demi d’entre eux ont franchi « illégalement », selon la commission, les frontières extérieures de l’Union, et que plus d’un million sont déjà parvenus jusqu’en Allemagne depuis le début de cette année. Pour Bruxelles, l’enjeu est aussi de sauver le traité de Schengen, signé en 1985, instituant la libre-circulation des personnes à l’intérieur de l’Union, depuis menacé en raison de la porosité des frontières extérieures européennes.Le plan de la CommissionCréée en 2004, Frontex, l’« agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des Etats membres », serait rebaptisée et verrait ses pouvoirs considérablement augmentés. Avec des personnels qui vont passer de 400 à 1000, et un corps de réservistes de 1500 agents (composé de gardes-côtes et gardes frontières nationaux ), cette force sera mobilisable en deux ou trois jours en cas de besoin.Aujourd’hui il n’y a pas de corps de »réservistes » et quand Frontex a besoin de personnel supplémentaire, il sollicite les pays membres et cela prend des semaines. Avec la nouvelle « Agence », les Etats devront mobiliser leurs effectifs quand ils seront sollicités, ils n’auront pas le choix.Enfin, pour l’instant, Frontex est responsable de la coordination des activités des gardes-frontières aux frontières de l’Union. Elle met déjà à disposition des Etats membres une force de réaction rapide (« RABIT ») composée d’un vivier de gardes frontières dépêchés par les capitales. Mais leur déploiement ne peut intervenir qu’en cas de crise grave et surtout, à la condition que l’Etat membre concerné en fasse la demande expresse.La Grèce, tout particulièrement viséeLa Grèce a demandé officiellement l’activation de cette force de réaction RABIT, jeudi 3 décembre, mais après que ses partenaires européens, excédés qu’elle ne surveille pas assez de leur point de vue ses îles de la Mer Egée, en sont arrivés à la menacer d’une exclusion de l’espace de libre-circulation Schengen. La Commission veut que l’Europe se dote d’un outil qui précisément, permettre d’éviter ces cas de figure, où un Etat tarde trop à solliciter l’aide de ses partenaires, ce qui reporte de plusieurs semaines une intervention.Si la Commission se défend de vouloir remettre frontalement en question la souveraineté des Etats membres en matière de surveillance de leur frontière, le nouveau mode d’intervention qu’elle propose pousse très loin la gestion commune des frontières.Le corp européen de gardes-côtes pourrait ainsi être déployé sans l’assentiment du pays concerné, suite à une enquête sur le terrain de l’agence et une recommandation de la commission européenne. Cette recommandation serait alors soumise à un groupe d’experts, constitués de représentants des Etats membres. Qui pourront bloquer la proposition, mais a la majorité qualifiée inversée, plus difficile à rassembler. Les réunions pourront être convoquées très rapidement, et se tenir au téléphone. Cette procédure ultra rapide et pour le moins opaque relève de la « comitologie », un mode de décision bruxellois particulièrement décrié, notamment au Parlement européen.Paris et Berlin soutiennent la CommissionDans un courrier commun soumis aux ministres de l’intérieur des vingt-huit Etats membres réunis à Bruxelles en conseil affaires intérieures et justice, vendredi 4 décembre, la France et l’Allemagne recommandent un renforcement très conséquent de l’agence Frontex. Y compris une capacité de s’autosaisir : « Dans des circonstances exceptionnelles, Frontex devrait également pouvoir prendre l’initiative de déployer sous sa propre responsabilité des équipes d’intervention rapide aux frontières », dit ainsi la lettre commune. Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve défend un renforcement des gardes frontières européens depuis le mois d’octobre dernier.Comment ce plan sera t-il accueilli par les autres Etats membres ?Il devrait susciter un intense débat. Cela fait des années qu’une mutualisation des frontières de l’Union est régulièrement évoquée, mais jusqu’à présent, elle avait toujours été repoussée, notamment par les pays gouvernés par des majorités très nationalistes (Pologne, Hongrie), ou en Italie et en Grèce, régulièrement montrés du doigt pour les déficiences de leurs contrôles aux frontières. « Les pays de Visegrad sont très attachés à Schengen, mais déjà, ils ont fait savoir leurs réticences » croit savoir un diplomate européen.Selon les derniers chiffres Frontex, communiqués par Bruxelles jeudi 10 décembre, sur 492 000 migrants parvenus sur les côtes grecques entre juillet et novembre 2015, seuls un peu plus de 120 000 avaient été dûment enregistrés. « Les petits pays risquent de se faire la même réflexion qu’avec les mécanismes renforcés de surveillance budgétaire : ils estiment que ce sont surtout eux qui dégustent, les grands pays bénéficiant, de leur point de vue, de bien plus de clémence de la part de Bruxelles », relève un diplomate.Pour que la proposition de règlement de la Commission soit validée, il doit être adopté par le Conseil européen (les Etats membres), à la majorité qualifiée, et aussi par le Parlement européen. Cela prendra au bas mot des mois.Les autres annonces de Bruxelles : une recommandation pour réinstaller des réfugiés syriens depuis la Turquie vers l’EuropeLa Commission pourrait aussi faire une « recommandation », aux 28 Etats membres de l’Union, d’accepter des réfugiés syriens, identifiés comme tels par les Nations unies, directement « réinstallés » depuis la Turquie chez eux. Aucun quota ne sera proposé et, comme son nom l’indique, cette recommandation n’aura aucun caractère obligatoire. Surtout, les réinstallations seraient conditionnées à une réduction « constatée et significative », selon nos sources, du flux de migrants arrivant de Turquie en Europe.Selon nos informations, le gouvernement Erdogan, qui a signé un accord avec l’UE, s’engageant à réduire le flux de migrants quittant la Turquie pour l’Union, réclamait au début au moins 100 000 « réinstallations ». Etant donné la sensibilité du sujet, la Commission n’évoque plus un seul nombre.Enfin, la commission propose de mettre en place un office européen de retour, chargé de renvoyer dans leurs pays d’origine ou des pays tiers les migrants déboutés du droit d’asile.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.12.2015 à 12h01 • Mis à jour le11.12.2015 à 12h29 | Les Décodeurs Les Néo-Zélandais voteront en mars pour garder leur drapeau actuel, où figure l’Union Jack britannique, ou le changer au profit d’un autre. Ils votaient une première fois en cette fin d’année pour choisir le principal « concurrent » au drapeau actuel : ils ont désigné une alternative avec la fameuse fougère des All Blacks, en blanc sur fond noir et bleu.L’Union Jack figure encore sur plusieurs pays autrefois colonisés par le Royaume-Uni mais désormais devenus indépendants. Saurez-vous les reconnaître ?var input = [{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Australie","b":"Royaume-Uni","c":"Nouvelle-Zélande","d":"Irlande du Nord","bonnereponse":"Royaume-Uni","incorrect":"0049006c00200073002700610067006900740020006400650020006c00270055006e0069006f006e0020004a00610063006b002c0020006400720061007000650061007500200064007500200052006f007900610075006d0065002d0055006e0069002e","correct":"00440027006100630063006f00720064002c00200063002700e9007400610069007400200066006100630069006c0065002e00200043002700e900740061006900740020006200690065006e0020006c006500200052006f007900610075006d0065002d0055006e00690020006100760065006300200073006f006e00200055006e0069006f006e0020004a00610063006b","indice":"God Save The Queen.","rowNumber":1},{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Fidji","b":"Nouvelle-Zélande","c":"Iles Cook","d":"Australie","bonnereponse":"Australie","incorrect":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650020006c0027004100750073007400720061006c00690065002000640065007000750069007300200031003900300039002e","correct":"0049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e002000640075002000640072006100700065006100750020006400650020006c0027004100750073007400720061006c00690065002000640065007000750069007300200031003900300039002e","indice":"Capitale : Canberra.","rowNumber":2},{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Iles Cook","b":"Tuvalu","c":"Nouvelle-Zélande","d":"Fidji","bonnereponse":"Nouvelle-Zélande","incorrect":"0049006c002000730027006100670069007400200064007500200064007200610070006500610075002000610063007400750065006c0020006400650020006c00610020004e006f007500760065006c006c0065002d005a00e9006c0061006e00640065002c002000640065007000750069007300200031003800360039002e","correct":"0049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e00200064007500200064007200610070006500610075002000610063007400750065006c0020006400650020006c00610020004e006f007500760065006c006c0065002d005a00e9006c0061006e00640065002c002000640065007000750069007300200031003800360039002e","indice":"Capitale : Wellington.","rowNumber":3},{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Fidji","b":"Iles Cook","c":"Tuvalu","d":"Micronésie","bonnereponse":"Fidji","incorrect":"0049006c00200073002700610067006900740020006400750020006400720061007000650061007500200064006500730020004600690064006a0069002c002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002c002000640065007000750069007300200031003900370030002e","correct":"0049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e0020006400750020006400720061007000650061007500200064006500730020004600690064006a0069002c002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002c002000640065007000750069007300200031003900370030002e","indice":"Ce pays se distingue en rugby.","rowNumber":4},{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Tuvalu","b":"Micronésie","c":"Iles Cook","d":"Palaos","bonnereponse":"Iles Cook","incorrect":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c0065007300200043006f006f006b002c002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002c002000640065007000750069007300200031003900370039002e0020004100750074006f006e006f006d006500730020006400650020006c00610020004e006f007500760065006c006c0065002d005a00e9006c0061006e006400650073002c00200065006c006c0065007300200073006f006e00740020007200650063006f006e006e00750065007300200063006f006d006d0065002000450074006100740020006e006f006e002d006d0065006d0062007200650020006400650020006c0027004f004e0055002000640065007000750069007300200031003900390034002e","correct":"0049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c0065007300200043006f006f006b002c002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002c002000640065007000750069007300200031003900370039002e0020004100750074006f006e006f006d006500730020006400650020006c00610020004e006f007500760065006c006c0065002d005a00e9006c0061006e006400650073002c00200065006c006c0065007300200073006f006e00740020007200650063006f006e006e00750065007300200063006f006d006d0065002000450074006100740020006e006f006e002d006d0065006d0062007200650020006400650020006c0027004f004e0055002000640065007000750069007300200031003900390034002e","indice":"Du nom d'un célèbre navigateur.","rowNumber":5},{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Micronésie","b":"Niue","c":"Palaos","d":"Tuvalu","bonnereponse":"Tuvalu","incorrect":"0049006c00200073002700610067006900740020006400750020006400720061007000650061007500200064006500200054007500760061006c0075002c00200061007200630068006900700065006c00200070006f006c0079006e00e9007300690065006e002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002c00200069006e006400e900700065006e00640061006e0074002000640065007000750069007300200031003900370038002e","correct":"0049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e0020006400750020006400720061007000650061007500200064006500200054007500760061006c0075002c00200061007200630068006900700065006c00200070006f006c0079006e00e9007300690065006e002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002c00200069006e006400e900700065006e00640061006e0074002000640065007000750069007300200031003900370038002e","indice":"L'as-tu vu, cet archipel ?","rowNumber":6},{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Niue","b":"Micronésie","c":"Palaos","d":"Saint-Christophe-et-Niévès","bonnereponse":"Niue","incorrect":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650020004e006900750065002c002000ee006c0065002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002000610064006d0069006e006900730074007200e9006500200070006100720020006c00610020004e006f007500760065006c006c0065002d005a00e9006c0061006e006400650020006d006100690073002000710075006900200061002000730061002000700072006f00700072006500200070006f006c006900740069007100750065002000e9007400720061006e006700e80072006500200065007400200065007300740020007200650063006f006e006e0075006500200063006f006d006d0065002000450074006100740020006e006f006e002d006d0065006d00620072006500200070006100720020006c0027004f004e0055002e","correct":"0042007200610076006f002c00200072006500730070006500630074002e00200049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e002000640075002000640072006100700065006100750020006400650020004e006900750065002c002000ee006c0065002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002000610064006d0069006e006900730074007200e9006500200070006100720020006c00610020004e006f007500760065006c006c0065002d005a00e9006c0061006e006400650020006d006100690073002000710075006900200061002000730061002000700072006f00700072006500200070006f006c006900740069007100750065002000e9007400720061006e006700e80072006500200065007400200065007300740020007200650063006f006e006e0075006500200063006f006d006d0065002000450074006100740020006e006f006e002d006d0065006d00620072006500200070006100720020006c0027004f004e0055002e","indice":"Un Etat non-membre de l'ONU.","rowNumber":7},{"description":"","question":"Bon, on va un peu plus corser les choses, avec un territoire d'outre-mer du Royaume-Uni. Lequel ?","a":"Iles Malouines","b":"Iles Vierges britanniques","c":"Iles Caïmans","d":"Ile de Sainte-Hélène","bonnereponse":"Iles Vierges britanniques","incorrect":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c0065007300200056006900650072006700650073002000620072006900740061006e006e00690071007500650073002c00200061007200630068006900700065006c002000640065007300200041006e00740069006c006c00650073002e","correct":"0049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c0065007300200056006900650072006700650073002000620072006900740061006e006e00690071007500650073002c00200061007200630068006900700065006c002000640065007300200041006e00740069006c006c00650073002e","indice":"Archipel antillais.","rowNumber":8},{"description":"","question":"Et celui-ci ?","a":"Iles Caïmans","b":"Iles Malouines","c":"Ile de Saint-Hélène","d":"Archipel des Bermudes","bonnereponse":"Iles Malouines","incorrect":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c006500730020004d0061006c006f00750069006e00650073002c0020007400650072007200690074006f006900720065002000640027006f0075007400720065002d006d0065007200200064007500200052006f007900610075006d0065002d0055006e006900200072006500760065006e006400690071007500e900200070006100720020006c00270041007200670065006e00740069006e0065002c00200071007500690020006100200063006f006e00640075006900740020006c006500730020006400650075007800200070006100790073002000e000200075006e00200063006f006e0066006c0069007400200065006e00200031003900380032002e","correct":"0045006e002000650066006600650074002c00200069006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c006500730020004d0061006c006f00750069006e00650073002c0020007400650072007200690074006f006900720065002000640027006f0075007400720065002d006d0065007200200064007500200052006f007900610075006d0065002d0055006e006900200072006500760065006e006400690071007500e900200070006100720020006c00270041007200670065006e00740069006e0065002c00200071007500690020006100200063006f006e00640075006900740020006c006500730020006400650075007800200070006100790073002000e000200075006e00200063006f006e0066006c0069007400200065006e00200031003900380032002e","indice":"Lieu d'affrontement entre Etats.","rowNumber":9},{"description":"","question":"Et celui-là (promis, c'est le dernier) ?","a":"Ile de Saint-Hélène","b":"Archipel des Bermudes","c":"Iles Caïmans","d":"Ile de l'Ascension","bonnereponse":"Iles Caïmans","incorrect":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c0065007300200043006100ef006d0061006e0073002c0020007300690074007500e900650073002000640061006e00730020006c00610020006d0065007200200064006500730020004300610072006100ef006200650073002c002000610075002000730075006400200064006500200043007500620061002e00200049006c0020006e00270079002000650078006900730074006500200061007500630075006e00200069006d007000f40074002000640069007200650063007400200073007500720020006c0065007300200073006f0063006900e9007400e900730020006500740020006c0065007300200070006500720073006f006e006e00650073002c00200065006e002000660061006900730061006e007400200075006e002000640065007300200070006100720061006400690073002000660069007300630061007500780020006c0065007300200070006c00750073002000700072006900760069006c00e90067006900e90073002000640061006e00730020006c00650020006d006f006e00640065002e","correct":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c0065007300200043006100ef006d0061006e0073002c0020007300690074007500e900650073002000640061006e00730020006c00610020006d0065007200200064006500730020004300610072006100ef006200650073002c002000610075002000730075006400200064006500200043007500620061002e00200049006c0020006e00270079002000650078006900730074006500200061007500630075006e00200069006d007000f40074002000640069007200650063007400200073007500720020006c0065007300200073006f0063006900e9007400e900730020006500740020006c0065007300200070006500720073006f006e006e00650073002c00200065006e002000660061006900730061006e007400200075006e002000640065007300200070006100720061006400690073002000660069007300630061007500780020006c0065007300200070006c00750073002000700072006900760069006c00e90067006900e90073002000640061006e00730020006c00650020006d006f006e00640065002e","indice":"Véritable paradis (fiscal).","rowNumber":10}]; var pubStylesheet = 'quiz-lemonde.css'; var pub = 'lemonde'; var compte_twitter = 'decodeurs'; var cdn = 'http://s1.lemde.fr/mmpub/edt/zip/20151029/170120/'; require(["http://s1.lemde.fr/mmpub/edt/zip/20151029/170120/javascripts/quiz.js"], function() { quizodeur() })Voir aussi la vidéo : comment bien choisir son hymne (national) ?Les DécodeursJournaliste au Monde Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne a décidé de hausser le ton avec la Hongrie et sa politique anti-migrants. Jeudi 10 décembre, elle a lancé une procédure d’infraction contre la législation hongroise en matière d’asile, ayant constaté qu’elle était « incompatible avec le droit de l’Union ». La Hongrie, qui se trouvait sur la route des migrants jusqu’à l’érection d’une clôture à sa frontière avec la Serbie en septembre, a durci plusieurs fois sa législation sur le droit d’asile au cours de l’été.Ce qui préoccupe la Commission ? Qu’il ne soit « pas possible de présenter des faits et circonstances nouveaux dans le cadre des recours [à la suite de demandes d’asile rejetées], et que la Hongrie n’applique pas d’effet suspensif automatique à cette occasion, contraignant ainsi dans la pratique les demandeurs à quitter le territoire hongrois ». Elle craint aussi que les migrants n’aient pas accès à des interprètes et des traducteurs. Elle pointe enfin le fait que les décisions de rejet des demandes sont prises à un niveau « sous-judiciaire (par des greffiers), dont l’indépendance judiciaire n’est pas suffisante ».Bruxelles a commencé par envoyer une lettre de mise en demeure à la Hongrie, première étape de la procédure d’infraction. Le gouvernement de l’ultraconservateur Viktor Orban a deux mois pour répondre. Si sa réponse n’est pas satisfaisante, la Commission enverra un « avis motivé ». Et si Viktor Orban n’obtempère pas, Bruxelles pourra alors saisir la Cour de justice de l’Union européenne. Mais pas avant des mois.« Orban a déjà atteint son objectif, qui était de décourager les migrants de venir en Hongrie », selon une source hongroise. Depuis septembre, les migrants sont en effet réorientés vers la Croatie et la Slovénie.Lire aussi :Face à Viktor Orban, Bruxelles reste ambiguëBudapest dénonce une « revanche »Le chef de cabinet de Viktor Orban a qualifié la procédure lancée jeudi de « revanche basée sur des motivations politiques. Les règles hongroises d’asile sont conformes à ses engagements constitutionnels et en matière de droits de l’homme ». Selon lui, cette annonce serait liée au recours en justice de la Hongrie contre le plan de répartition de réfugiés entre pays membres de l’UE, lancé par Bruxelles.D’autres procédures pourraient pourtant suivre : la Hongrie a également adopté, à la mi-septembre, une législation permettant de condamner à de la prison ferme (jusqu’à trois ans) toute personne franchissant « illégalement » sa frontière. Cette loi est vivement critiquée par les associations de défense des droits de l’homme. « L’intervention de la Commission européenne est bienvenue, pour éviter que la Hongrie finisse par être un Etat sans réfugiés et hors droit », a salué Amnesty International dans un communiqué publié jeudi.Lire aussi :En Hongrie, Frontex participe à la répression des migrantsMise en demeure de la Grèce, l’Italie, Malte et la CroatieLa Commission a aussi envoyé des lettres de mise en demeure à la Grèce, l’Italie, Malte et à la Croatie, mais pour des motifs moins graves. Elle invite notamment l’Italie et la Croatie à inscrire systématiquement les empreintes digitales des migrants arrivant sur leur sol, au fichier européen Eurodac – une base de données des empreintes digitales –, de manière à les identifier formellement.Bruxelles se fait de plus en plus pressante, pour que les règles communes d’accueil des demandeurs d’asile soient scrupuleusement respectées et que son système de relocalisation de 160 000 réfugiés fonctionne sur le terrain. Mal traités, ou non enregistrés en Grèce, Italie, ou Hongrie, les migrants pourraient à défaut continuer de tous vouloir se rendre en Allemagne ou en Suède où, jusqu’à présent, on leur a fait un accueil décent et respectueux de leurs droits. Pour l’instant, à peine deux cent d’entre eux ont accepté de participer au régime de relocalisation bruxellois.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.12.2015 à 13h53 • Mis à jour le10.12.2015 à 16h24 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La Commission des libertés civiles (LIBE) du Parlement européen a approuvé, jeudi 10 décembre au matin, par 38 voix pour, 19 contre et 2 abstentions, le projet, largement controversé, d’un fichier européen des données des passagers aériens (Passenger name record, ou PNR). Débattu depuis sept années au total, le projet doit encore être adopté en séance publique, en janvier probablement. L’issue de ce vote ne fait toutefois plus de doute.Ceux qui pensent que le PNR peut-être un outil efficace, notamment dans la lutte contre le terrorisme, en permettant d’enregistrer les déplacements des suspects, ont remporté la partie. Il est néanmoins envisageable que d’éventuels recours auprès de la Cour de justice de Luxembourg aboutissent : l’extension du fichage à des personnes non suspectes pose visiblement problème aux juges européens, qui ont déjà manifesté leurs réticences. Le contrôleur européen de la protection des données, le magistrat italien Giovanni Buttarelli, s’interroge également sur la légitimité du projet, mais aussi sur son utilité pratique. Selon lui, le projet est coûteux, s’ajoutera à sept bases de données existantes et n’aura qu’une utilité marginale au plan des enquêtes.Le projet de directive voté jeudi prévoit que les compagnies aériennes devront collecter une vingtaine de données sur le passager de vols extra- et intra-européens. Elles concernent l’identité du passager, son numéro de téléphone, son adresse de courriel, la manière dont il a payé son billet, le numéro de celui-ci, le numéro de siège, ses bagages, son éventuel programme de fidélité ou « voyageur fréquent », etc. Le texte affirme que toute discrimination basée, entre autres, sur l’origine ethnique ou sociale, la religion, la langue ou la nationalité du passager sera évitée.Lire nos explications :Lutte contre le terrorisme : qu’est-ce que le PNR, le fichier sur les passagers aériens ?Données conservées cinq ansLes données seront conservées pendant 6 mois (le texte initial de la Commission proposait 30 jours). Elles seront masquées au bout de ce délai, et effacées après 5 années. Dans l’intervalle, elles seront accessibles sous le contrôle d’une autorité judiciaire nationale, à des conditions « très strictes et limitées ». L’accord prévoit aussi la nomination d’un responsable chargé de s’assurer que les règles fixées ont été respectées. Le groupe des élus socialistes français, notamment, insiste sur la nécessité d’un « suivi étroit » des résultats qui seront obtenus et du respect des libertés individuelles.Le débat sur le PNR déchirait les différents groupes à chaque attentat commis. Après les récents attentats de Paris et une lettre de Manuel Valls au groupe social démocrate européen (S&D), il devenait difficile, voire impossible, pour ce dernier de camper sur une position de refus intransigeant. Au cours des derniers jours, des discussions internes n’ont pas gommé les divergences ou permis de vaincre les réticences d’eurodéputés allemands et autrichiens, notamment. Hormis quelques-uns de ses élus, le groupe s’est toutefois rallié à une solution de compromis : il est prêt à accepter le PNR à condition qu’une directive sur la protection des données, dont la négociation a pris aussi du retard, soit adoptée parallèlement.Si cet autre dossier clé est enfin bouclé (la commission Libe doit se prononcer le 17 décembre, avant un vote en séance publique en 2016), le PNR sera approuvé par le groupe en séance plénière ; en janvier sans doute. Le groupe libéral et démocrate (ALDE) n’était pas plus unanime. En son sein, les élus centristes français et les libéraux belges étaient prêts à adopter le texte tandis qu’un autre groupe suivait la députée néerlandaise Sophie In’t Veld, hostile depuis le début à ce projet.Informations partagées à la carteM. Verhofstadt et son collègue social démocrate, Gianni Pittella, étaient parvenus à rallier leur collègue conservateur à cette idée: Manfred Weber, chef du groupe PPE, l’avait approuvée, du bout des lèvres, à la fin de la semaine dernière. Quelques heures plus tard, les ministres de l’intérieur, réunis en conseil vendredi 4 décembre, se mettaient toutefois d’accord sur un projet plus flou : les informations importantes issues du traitement des données seront partagées à la carte. Le PPE approuvait toutefois le projet, « coinçant » les autres groupes : ils ne voulaient pas donner l’impression de s’opposer à un projet jugé utile en période d’alerte terroriste. Ils ne voulaient pas être accusés par la droite et, simultanément, être assimilés à l’extrême droite : le Front national et ses alliés s’opposent au PNR en raison de sa dimension européenne…Il devenait, enfin, de plus en plus difficile, pour les groupes proeuropéens de continuer à bloquer le projet alors que de nombreux États mettent au point leur propre PNR, soumis à des législations différentes, voire contradictoires, et pas toujours respectueuses des droits fondamentaux. « Voter contre aurait abouti à une situation où les données des passagers seraient protégées de manière différente selon qu’ils partent de Paris ou de Francfort », soulignent des élus de l’ALDE. Dernière précision : après les attentats de 2001, les États-Unis, l’Australie et le Canada avaient déjà obtenu à tour de rôle des Européens, puis dans le cadre d’un accord UE/USA très controversé à l’époque, les données des passagers se rendant dans leur pays.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Audrey Tonnelier La France reste encalminée dans une reprise chaotique et modérée. C’est la tonalité donnée par les indicateurs macroéconomiques publiés, jeudi 10 décembre, par l’Insee. Une série de chiffres qui vont dans le sens d’un faible rebond de la croissance en 2015. Selon les dernières prévisions du gouvernement et l’Insee, la croissance du PIB ne devrait guère dépasser 1,1 %.Lire aussi :L’économie française, éternelle convalescenteL’emploi salarié ne progresse pasL’emploi salarié dans les secteurs marchands non agricoles est resté stable au troisième trimestre en France, selon les données publiées jeudi 10 décembre par l’Insee, qui a revu à la baisse son évolution (après l’avoir donné en hausse de 0,1 % dans son estimation mi-novembre). Neuf cent postes ont été détruits au cours du trimestre, ramenant leur total à 15 847 900. L’emploi a notamment continué de reculer dans la construction (–0,8%) mais aussi dans l’industrie (–0,5%), qui n’a pas été en situation de création nette d’emplois depuis début 2001. Sur un an à fin septembre, le niveau de l’emploi salarié est en hausse de 0,2 %.Lire aussi :Pourquoi la croissance française reste (malgré tout) poussiveLe chômage au plus haut depuis 1997Sur la même période, l’autre indicateur de l’Insee, le taux de chômage, a augmenté de 0,2 point, pour atteindre 10,2 % de la population active en métropole, son plus haut niveau depuis 1997. Quant au nombre de chômeurs recensés par Pôle emploi, il n’a que très légèrement baissé entre juillet et septembre (–5 700), avant de repartir en très nette hausse en octobre (+42 000). Le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) s’établit à près de 3,59 millions en métropole.Une inflation toujours nullePar ailleurs, les prix à la consommation ont baissé de 0,2 % en novembre en France, avec le repli, en partie saisonnier, des prix des services de transport, des produits alimentaires frais et un nouveau recul des prix de l’énergie, selon les statistiques publiées jeudi par l’Insee. Sur un an, les prix à la consommation sont restés stables.Lire aussi :La BCE fourbit ses armes pour lutter contre l’inflation faibleSelon l’Insee, l’inflation dite « sous-jacente », calculée en excluant les prix des marchandises les plus volatils (énergie et produits alimentaires non transformés), reste positive, à +0,7 % en glissement annuel, soit un rythme équivalent à celui d’octobre (+0,6 %). C’est un peu mieux, mais cela reste encore faible. A titre de comparaison, la Banque centrale européenne (BCE) a un objectif d’inflation générale de 2 % – qu’elle n’arrive pas à atteindre pour le moment.Cette inflation molle, phénomène quasiment généralisé en zone euro, inquiète car elle est synonyme d’une croissance anémique. Si elle peut soutenir le pouvoir d’achat à court terme, lorsqu’elle s’installe, elle fait courir le risque d’une spirale de faible hausse, voire de baisse des prix menant à une réduction générale de la production, des salaires et de la consommation. A l’inverse, stimuler les prix est un moyen d’accélérer le désendettement des Etats, des entreprises et des ménages, et de faire baisser le coût d’accès au crédit pour relancer l’économie.C’est tout le sens du programme de rachat de dettes publiques (dit d’« assouplissement quantitatif »), que la Banque centrale européenne a renforcé, le 3 décembre. Mais de l’avis de la plupart des observateurs, l’inflation devrait rester basse, notamment compte tenu de la poursuite de la chute du prix du pétrole.La production industrielle, seule bonne nouvelleLa production industrielle française a progressé de 0,5 % en octobre par rapport au mois précédent, notamment en raison d’une hausse de la production dans les industries extractives, l’énergie et l’eau, a annoncé jeudi l’Insee, en lien avec un mois d’octobre plus froid qu’à l’ordinaire. Sur les trois derniers mois, la production industrielle a augmenté de 1,4 % par rapport aux trois mois précédents, et de 2,3 % par rapport aux trois mêmes mois de 2014.Lire aussi :La BCE déploie de nouvelles armes pour relancer la croissance européenneAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frans Timmermans (Premier vice-président de la Commission européenne) Cette semaine, à Paris, nous espérons parvenir à un accord mondial pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et limiter le réchauffement climatique. L’Europe est depuis longtemps aux avant-postes de la lutte contre le changement climatique et de l’utilisation responsable des ressources limitées de notre planète. Mais nous devons aller encore plus loin.L’enjeu réside notamment dans la transition d’une économie « linéaire » à un modèle « circulaire ». Nombre de nos ressources naturelles sont limitées. C’est pourquoi la logique du « prendre, fabriquer, utiliser et jeter », qui est quasi omniprésente dans notre économie, ne peut perdurer. Il est temps de passer à un mode de production et de consommation circulaire : une économie qui permette de préserver la valeur des matières et des produits aussi longtemps que possible ; une économie où l’utilisation des ressources et la production de déchets sont réduites au minimum ; une économie qui facilite la réutilisation constante des composants des produits arrivés en fin de vie, pour recréer de la valeur.Changer notre économie n’est pas seulement la bonne décision pour protéger notre environnement et l’héritage que nous laisserons aux générations futures – on récolte ce que l’on sème. C’est aussi, et surtout, un choix intelligent, dont nous pouvons d’ailleurs tirer de grands bénéfices. Être à l’avant-garde dans ce domaine nous conférera un avantage concurrentiel dans les modes de production et de consommation de demain, synonymes de nouveaux marchés et de création d’emplois – des emplois locaux qui resteront en Europe.Compétitivité, emploi et croissance durableCela peut également contribuer à diminuer notre dépendance aux matières premières provenant de régions instables et dont les prix sont volatils, rendant nos économies et nos sociétés vulnérables. Nous ne partons pas de rien. Des projets innovants, émanant d’entreprises comme de citoyens, nous montrent déjà la voie - par exemple en matière de covoiturage, d’ateliers de réparation participative, d’emballages verts. De nombreux pays européens, en particulier la France, ont déjà pris des mesures fortes allant dans le même sens.L’adoption d’une stratégie au niveau européen, grâce notamment au levier que représente le marché unique, permettra de concrétiser l’économie circulaire encore plus rapidement et de la faire passer à l’échelle supérieure. Les propositions législatives de la Commission européenne sur un nouveau train de mesures ambitieux sur l’économie circulaire en vue de renforcer la compétitivité, de créer des emplois et de générer une croissance durable, présentées le 2 décembre, combinent réglementation intelligente et incitations financières pour contribuer à accélérer le changement. Ce sera ensuite aux autorités nationales et territoriales, aux entreprises, aux consommateurs et à la société civile de mener cette transformation sur le terrain.Nous voulons une meilleure conception des produits qui améliore leur durabilité, leur réparabilité et leur recyclabilité. Nous souhaitons favoriser des modes de production qui utilisent les ressources de la manière la plus efficace possible, réduisant ainsi les déchets et optimisant la réutilisation des sous-produits d’une filière par une autre. Et nous prendrons des mesures pour assurer l’émergence d’un véritable marché des matières premières secondaires.Nos propositions visent également à informer les consommateurs sur la durabilité des produits, pour leur permettre d’opérer des choix plus éclairés. Nous entendons examiner sérieusement la question de l’obsolescence programmée : nous ne pouvons pas accepter que des produits soient conçus pour devenir défaillants dès l’expiration de la période de garantie.Déchets marins et gaspillage alimentairePour s’attaquer à deux des exemples actuels les plus flagrants et les plus intolérables d’irresponsabilité environnementale, nous diminuerons les déchets marins – en particulier en s’intéressant au sujet des plastiques, aujourd’hui recyclés à moins de 25 % – ainsi que le gaspillage alimentaire. Il n’est tout simplement pas acceptable qu’un tiers des denrées alimentaires produites dans le monde soient jetées. Nous nous sommes aussi penchés sur les moyens d’encourager une meilleure gestion des déchets en Europe. Ce qui constitue un déchet pour untel peut s’avérer un trésor pour un autre.D’ici à 2030, notre objectif est de recycler 65 % des déchets municipaux et 75 % des déchets d’emballage. Il est impératif de se détourner de la mise en décharge pour développer le recyclage. Nous proposons ainsi de réduire la mise en décharge à moins de 10 % de l’ensemble des déchets d’ici à 2030, un objectif ambitieux mais réalisable. Ce plan tient compte des disparités importantes qui existent entre les situations nationales. Chacun sera amené à réaliser des efforts.Parce que nos objectifs sont ancrés dans le réel, ils sont crédibles et offriront notamment au secteur privé une confiance sur le long terme qui favorisera les investissements et une évolution durable des modèles économiques. Il est temps de transformer notre économie pour qu’elle crée de l’emploi, réduise les coûts des entreprises et favorise un environnement plus propre.La réalisation des mesures que nous proposons représente 500 millions de tonnes de CO2 en moins d’ici à 2035, une véritable bouffée d’air frais pour nos économies et un gain de compétitivité sur la scène mondiale. En travaillant tous ensemble, au sein de l’Union, vers cet objectif commun, nous permettrons à l’Europe de parler d’une voix forte et de continuer à jouer un rôle de premier plan dans le monde sur ces questions, ouvrant ainsi la voie à une révolution circulaire à l’échelle planétaire.Frans Timmermans (Premier vice-président de la Commission européenne) Marie Maurisse (Genève, correspondance) Comme tous les quatre ans, les députés suisses ont réélu les sept ministres qui composent le pouvoir exécutif, le Conseil fédéral. Ce gouvernement est constitué des différentes forces politiques majeures du pays. La présidence est tournante : pour 2016, c’est le libéral-radical Johann Schneider-Ammann qui sera à la tête du pays.La nuit qui a précédé cette élection, aussi appelée « nuit des longs couteaux » en raison des âpres négociations qui ont lieu dans les coulisses du Parlement, n’a en fait pas été suivie de grandes surprises. Aujourd’hui à Berne, six ministres sur sept ont été réélus sans encombre par le parlement fédéral. Le seul nouveau venu est le Vaudois Guy Parmelin, membre du parti populiste l’Union démocratique du centre (UDC), choisi pour remplacer la ministre démissionnaire, Eveline Widmer-Schlumpf.Le précédent de 2004L’élection de Guy Parmelin permet au premier parti politique de Suisse, dont le programme est centré sur la souveraineté nationale et le contrôle de l’immigration, de gagner un deuxième ministre au Conseil Fédéral, qui comprenait déjà Ueli Maurer.Lire aussi :Raz-de-marée populiste au Parlement helvétiqueCe n’est pas la première fois que cette formation compte deux ministres au gouvernement : cela avait déjà été le cas entre 2004 et 2007, quand son leader, Christoph Blocher avait été élu. Mais son mandat n’avait duré que quatre ans : son positionnement radical, qui tranchait avec la tradition helvétique de la concordance, l’avait poussé vers la sortie.Aujourd’hui, c’est un tout autre profil qui prend la place qu’occupait Christoph Blocher il y a dix ans. Issu de la ligne la plus modérée de l’UDC, le Vaudois Guy Parmelin, francophone, est souvent moqué pour ses difficultés à parler d’autres langues – une compétence importante dans un pays plurilingue.Lire aussi :En Suisse, la poussée de la droite populiste se confirmeSon coté débonnaire n’empêche cependant pas son penchant populiste. Cet agriculteur et viticulteur avait notamment soutenu l’initiative populaire contre « l’immigration de masse », votée en février 2014 par les Suisses, qui prévoit un retour des quotas.« Le plus consensuel, le plus lisse, le moins dérangeant »Dans la presse helvétique, le fait que l’UDC gagne un deuxième ministre ne fait sursauter personne. Pour le quotidien Le Temps, son élection est avant tout « un retour à la stabilité et à la normalité ». « Parmelin ou le triomphe de la mollesse », titre même le journal romand, pour qui, en élisant Guy Parmelin, âgé de 56 ans, le Parlement a fait le « choix du candidat UDC le plus consensuel, le plus lisse, le moins dérangeant ».Un profil qui devra malgré tout faire face à une législature difficile : le Conseil fédéral devra trouver le moyen d’appliquer l’initiative sur l’immigration de masse sans vexer Bruxelles et lutter contre le franc fort, qui mine les exportations.Dans ce contexte, certains éditorialistes en viennent presque à regretter qu’il n’y ait pas plus d’audace dans la politique suisse. Dans le magazine L’Hebdo, l’écrivain socialiste François Cherix voit l’élection de Guy Parmelin comme une « punition », et regrette que les voix contre l’UDC n’aient pas été plus vives. « Les fautes d’une société suisse, riche matériellement mais d’une grande pauvreté morale, se payeront cash, estime-t-il. Alors que l’Europe traverse des turbulences historiques qui réclament des visionnaires, la Suisse s’accommode de voir son Conseil fédéral sombrer doucement dans l’insignifiance ».Marie Maurisse (Genève, correspondance)Journaliste au Monde 09.12.2015 à 12h46 • Mis à jour le09.12.2015 à 16h06 | Elise Vincent Dans les heures qui ont suivi les attentats du 13 novembre à Paris, Salah Abdeslam, soupçonné d’avoir pris la fuite après avoir pris part aux attaques, a téléphoné à un détenu de la prison de Namur, en Belgique. Selon les informations du Monde, les enquêteurs le soupçonnent d’avoir alors essayé, par l’intermédiaire de ce détenu, de joindre Abdellah C., 34 ans, l’un des huit hommes aujourd’hui interpellés et placés en détention provisoire en Belgique, dans le cadre de l’enquête sur les tueries de Paris. Employé à l’aéroport de Bruxelles, Abdellah C. a été arrêté le 23 novembre.Les enquêteurs sont remontés jusqu’à lui lors de leurs investigations téléphoniques. Ils s’interrogent notamment sur l’aide qu’il a pu fournir à Salah Abdeslam dans sa cavale pour pouvoir communiquer sous un alias, sans être repéré. En fouillant la cellule du détenu de Namur, un certain Naïm B., les enquêteurs ont en effet mis la main sur un document où était rédigé le numéro de téléphone d’Abdellah C. Une découverte que ce dernier justifie par le fait que son petit frère, au casier judiciaire bien rempli, était justement le codétenu de ce prisonnier jusque « fin octobre-début novembre ». A cette époque, les deux frères s’appelaient régulièrement, s’est défendu Abdellah C.Selon des documents que Le Monde a pu consulter, l’autre raison importante qui a conduit à l’interpellation d’Abdellah C. tient à l’amitié qu’il a longtemps eue avec Mohamed Abrini, 30 ans, suspecté d’avoir pris une part active à l’organisation des attentats de Paris. En fuite, comme Salah Abdeslam, ce belgo-marocain fait l’objet d’un mandat d’arrêt international.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : le troisième kamikaze du Bataclan identifiéUn chauffeur discretC’est Abdellah C. qui a ainsi convoyé Mohamed Abrini jusqu’à l’aéroport de Bruxelles, durant l’été, pour ses « vacances » en Turquie. Un aller-retour pour lequel le jeune homme n’aurait pas posé de questions et durant lequel il était surtout accompagné d’un autre mis en cause important de l’enquête sur les attentats de Paris : Ahmed Dahmani. Ce Belge de 26 ans a été interpellé le 21 novembre en Turquie, à Antalya. En août, il avait été repéré en Grèce avec Salah Abdeslam à bord d’un ferry à destination de l’Italie.Selon la justice belge, Abdellah C. avait de nouveau joué les chauffeurs « deux ou trois semaines plus tard », selon ses dires, en allant chercher Mohamed Abrini à son retour de vacances. Mais à Paris et seul, cette fois. Après l’arrivée de Mohamed Abrini à l’aéroport Charles-de-Gaulle, les deux hommes s’étaient retrouvés porte de Clignancourt, puis ils étaient rentrés à Bruxelles. Abdellah C. se serait contenté de se faire remercier du déplacement par un plein d’essence.Boire des verres au bowlingDes amitiés encombrantes pour Abdellah C., alors que pour les spécialistes de l’anti-terrorisme, « vacances en Turquie » signifie souvent « séjour en Syrie dans les rangs de l’État islamique ». Chez les Abrini, le djihad n’est en outre pas une chose étrangère. Un petit frère de Mohamed Abrini, Souleymane, a rejoint l’Etat islamique en janvier 2014, avant d’y mourir huit mois plus tard. Des photographies tirées d’un autre dossier judiciaire que Le Monde a pu consulter, montrent que ce petit frère a combattu dans la même « cellule » qu’Abdelhamid Abaaoud, suspecté d’être l’un des cerveaux des attentats de Paris, et tué lors de l’assaut des forces de l’ordre à Saint-Denis, le 18 novembre.Après quelques hésitations, Abdellah C. n’a toutefois pas caché son amitié pour Mohamed Abrini. Il passait souvent le voir dans le snack-boulangerie où il travaillait avec son frère Ibrahim, à Molenbeek. Ils fumaient une cigarette ensemble, discutaient cinq minutes. Parfois ils allaient au bowling, boire des verres. C’est Mohamed Abrini qui l’avait d’ailleurs aidé, fin octobre, à déménager de cette banlieue de Bruxelles, où il vivait depuis deux ans. Ils ne s’étaient pas revus depuis. Abdellah C. a reconnu de la même manière qu’il avait déjà aperçu Mohamed Abrini au snack-boulangerie en compagnie de Salah Abdeslam.Derniers soupçons qui pèsent lourdement dans la mise en cause d’Abdellah C. : son héritage familial. Il est le fils d’un imam très radical, Abdelkader C., connu partout en Belgique pour ses prêches appelant au djihad et contre qui une procédure d’expulsion est actuellement en cours. Père de neuf enfants, celui-ci a notamment exercé à Verviers, où la famille a longtemps vécu. La ville est aujourd’hui l’une des communes belges les plus touchées par le phénomène des départs en Syrie. En janvier, un important projet d’attentat y a été déjoué, quelques jours après les attaques de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : l’improbable conversation d’Ali O. avec Salah Abdeslam« Si tu parles, on te coupe la gorge »Un autre frère d’Abdellah C. a ainsi été brièvement interpellé dans le cadre de l’enquête sur les attentats du 13 novembre avant d’être relâché. La mère d’Abdellah C. et un autre de ses frères ont dans la foulée tenu à témoigner, le 27 novembre, sur la chaîne belge RTL. « De nombreux imams, des prédicateurs venus de l’étranger sont venus loger à la maison. Je devais leur faire à manger, j’étais menacée : “Si tu parles, on te coupe la gorge” », a notamment raconté la mère. « On nous a toujours manipulés, on nous a toujours bouffé le cerveau [en nous disant] : “Le djihad, c’est une obligation, on est obligé de faire le djihad” », a expliqué de son côté le frère, en se disant persuadé qu’Abdellah C. n’avait sans doute « rien fait de très grave ».« Mon client est quelqu’un de tout à fait normal, il a une famille, un travail, il est musulman mais non pratiquant, il n’est pas radicalisé, il ne va même pas à la mosquée et ne fait pas le ramadan, s’agace l’avocat d’Abdellah C., Me Guylain Mafuta Laman. Il n’a absolument rien à voir avec les attentats de Paris. Il faut absolument rappeler qu’il est présumé innocent », s’alarme-t-il.Interrogé sur l’endroit où pourrait se cacher Salah Abdeslam, Abdellah C. a confié lors de ses auditions qu’à ses yeux, celui qui est aujourd’hui traqué par toutes les polices européennes ne pouvait pas être « dans le coin » de Molenbeek. Avant les attentats, Salah Abdeslam était en effet connu par tout le monde dans ce quartier, où il semble s’être forgé une nébuleuse d’amitiés. Salah Abdeslam « buvait et fumait des joints », a-t-il détaillé. Il était en même temps « discret, poli, respectueux, jouait au foot et au mini-foot ». S’il était toujours là-bas, « les gens parleraient », a-t-il assuré.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : le point sur les identifications, les arrestations et l’enquêteElise VincentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) L’opération était attendue depuis plusieurs jours. Près de 400 policiers des forces spéciales grecques ont investi mercredi 9 décembre au petit matin le camp de migrants d’Idomeni situé au nord de la Grèce, à la frontière avec la Macédoine. Leur mission : déloger et escorter jusqu’à Athènes environ 1 200 migrants, Marocains, Somaliens, Iraniens, Algériens, Pakistanais bloqués à Idomeni depuis que la Macédoine a décidé le 19 novembre de ne laisser passer que les réfugiés syriens, afghans et irakiens.Depuis deux jours déjà, certainement en préparation de cette opération, les réfugiés en provenance des îles de la mer Egée étaient acheminés en plus petit nombre que les semaines précédentes. Et, mercredi matin, les bus ont été maintenus à distance afin qu’aucun réfugié autorisé à passer ne se retrouve pris en étau entre la police et les refoulés.Les journalistes, mais aussi le personnel des ONG, ont été maintenus éloignés du camp tout au long de l’intervention, qui continuait encore en fin de matinée. Des témoins sur place rapportent cependant qu’une grande majorité de migrants ont accepté plutôt dans le calme de monter dans les dizaines de bus réquisitionnés pour leur transfert à Athènes. « La police s’est vraiment déployée en force et a ainsi dissuadé d’agir ceux qui voulaient en découdre », précise ainsi une source à l’intérieur du camp.« Il fallait que l’Etat intervienne »« La situation devenait difficile entre d’un côté ceux autorisés à passer et les refoulés, reconnaît un membre d’une ONG. De nombreux migrants rentraient d’eux-mêmes à Athènes, mais ceux qui faisaient le choix de rester étaient très durs, déterminés à forcer le passage et doucement en train de prendre le contrôle du camp. Il fallait que l’Etat intervienne ». Lire aussi :A Idomeni, en Grèce, la rage et l’amertume des migrants « économiques »Depuis plusieurs jours, des trafics avaient commencé à se mettre en place. « Nous observons ce type de dérive dans tous les camps informels où se fixent des populations. Gérer, encadrer un flux de passage, et sécuriser un camp permanent, ce n’est pas la même chose », expliquait alors une source policière. La situation devrait s’apaiser un temps au poste frontière d’Idomeni, qui va continuer de voir passer les Syriens, Afghans ou Irakiens.Mais les difficultés vont maintenant se concentrer à Athènes, où sont rapatriés les autres migrants dits « économiques ». Dans un premier temps, ils vont être logés dans un stade de la banlieue sud de la capitale, où vivent déjà dans des conditions très précaires plusieurs centaines de migrants. « L’Europe doit nous aider »« Ceux qui voudront faire une demande d’asile en Grèce pourront le faire depuis Athènes, explique-t-on au gouvernement. Les autres seront expulsés une fois arrivés au bout de leur autorisation à rester un mois sur le territoire. » La plupart pourraient en réalité se disperser dans les rues d’Athènes, à la recherche d’appartements collectifs. Le temps de trouver un passeur leur proposant des routes alternatives pour continuer leur chemin vers les pays du nord de l’Europe. Même si le volume d’arrivées est en nette diminution ces dernières semaines, plusieurs centaines de réfugiés continuent de débarquer chaque jour sur les îles de la mer Egée.« L’Europe doit nous aider. Plus, mieux et maintenant, s’indigne une source gouvernementale. Pas seulement en nous imposant du personnel Frontex à la frontière avec la Macédoine, mais avec de quoi loger, nourrir, habiller, chauffer ceux qu’elle nous renvoie. On nous laisse tout seuls en première ligne. » Depuis des mois déjà, le gouvernement grec milite pour la mise en place de camps d’accueil et de tri (les « hot spots ») directement en amont sur le sol turc. Afin que la Grèce ne se transforme pas en vaste camp à ciel ouvert, mais aussi pour que les réfugiés ne risquent pas leur vie à chaque traversée. Douze personnes encore, dont cinq enfants, sont mortes pendant la nuit de mardi à mercredi dans le naufrage de leur embarcation entre les côtes grecques et turques.Lire aussi :La route des Balkans se ferme progressivementAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.12.2015 à 05h38 La Russie a récupéré une boîte noire du bombardier SU-24 abattu par la Turquie à la frontière syrienne en novembre, et va la déchiffrer avec des spécialistes étrangers, a déclaré mardi 8 décembre le président Vladimir Poutine.« Je vous demande de ne pas l’ouvrir pour l’instant », a déclaré M. Poutine au ministre de la défense Sergueï Choïgou lors de la présentation de la boîte noire, selon les agences russes, lui demandant de ne l’ouvrir « qu’en présence d’experts étrangers ».M. Choïgou a déclaré que le territoire sur lequel était tombé le bombardier russe avait été « libéré » par les forces spéciales syriennes, ce qui leur a permis de découvrir la boîte noire dans une zone jusque-là tenue par les rebelles.Cela ne modifiera pas la position de la RussieLe président Poutine a déclaré qu’une analyse de la boîte noire permettrait de déterminer la trajectoire et les paramètres de la position du bombardier au moment où il a été abattu par les forces aériennes turques.Le bombardier russe a été abattu le 24 novembre par les forces aériennes turques près de la frontière entre la Syrie et la Turquie, provoquant entre les deux pays la pire crise depuis l’époque de la guerre froide. La Turquie affirme que le bombardier est entré dans son espace aérien et a ignoré plusieurs mises en garde, tandis que la Russie a dénoncé une provocation délibérée.Lire aussi :Tensions avec la Russie : la Turquie va trouver d’autres fournisseurs d’énergieM. Poutine a prévenu que le déchiffrage de la boîte noire, quel que soit son contenu, ne modifierait pas l’attitude de la Russie et n’atténuerait pas sa colère à l’égard de la Turquie après « ce coup de traître » :« Ce que nous apprendrons ne changera pas notre attitude concernant ce qu’ont fait les autorités turques. Nous avions l’habitude de traiter la Turquie non seulement comme notre amie, mais aussi comme notre alliée dans la lutte contre le terrorisme, et personne ne s’attendait à ce coup bas, ce coup de traître dans le dos. »Lire aussi :La Russie accuse « Erdogan et sa famille » d’être impliqués dans le trafic de pétrole avec l’EI 31.12.2015 à 10h01 • Mis à jour le31.12.2015 à 10h04 L’organisation Etat islamique (EI) a revendiqué une fusillade ayant fait un mort et onze blessés mercredi 30 décembre près d’un site touristique au Daghestan, république russe du Caucase en proie à une rébellion islamiste, a rapporté le SITE, un centre américain de surveillance des sites islamistes.Un message attribué à l’EI se félicite de l’attaque « d’employés des services de sécurité russes dans la ville de Derbent ». La fusillade a éclaté dans la nuit de mardi à mercredi près des murailles de la forteresse de la ville, classée en 2003 au patrimoine mondial par l’Unesco.Selon l’agence de presse publique RIA Novosti, la personne tuée était un employé des services de sécurité russes, le FSB. Un autre collaborateur du FSB a été blessé.Foyer d’islamistes extrémistesUne source citée par RIA Novosti assurait que les auteurs de la fusillade sont trois hommes originaires de Derbent, déjà responsables d’une série d’attaques. Ce sont les mêmes qui auraient fait feu, à la mi-décembre, sur des employés du ministère des situations d’urgence de la Russie. Ils ont réussi à prendre la fuite après la fusillade.Le Daghestan, à la frontière avec la Tchétchénie, est devenu un foyer d’islamistes extrémistes, et des affrontements y éclatent sporadiquement entre combattants et forces de l’ordre. A la fin de juin, la rébellion armée islamiste dans le Caucase russe a prêté allégeance à l’EI, dans une vidéo publiée sur Internet.Au moins cent dix-huit personnes ont été tuées au Daghestan entre janvier et novembre dans des affrontements, selon le portail d’information Kavkazski Ouzel, qui suit les activités des combattants dans le Caucase russe. 31.12.2015 à 06h40 • Mis à jour le31.12.2015 à 14h20 | Maryline Baumard (Grande-Synthe (Nord) - envoyée spéciale) data-ui="carousel" data-module="portfolio" data-wrapper=".gallery" data-interval="false" data-is-atom tabindex="10"> data-slide-title="" data-slide-description="A Grande-Synthe, près de 3 000 migrants, essentiellement kurdes, vivent les pieds dans l'eau non loin du centre-ville." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Aux portes de Dunkerque, à 30 kilomètres de la jungle de Calais, ils s'entassent dans la boue et le froid, l’humidité et le vent." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Jusqu’à cet été, ils étaient 80. Aujourd'hui, c’est « une ville dans la ville » ; une cité où la botte de caoutchouc est obligatoire." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Les enfants sont nombreux ; une bonne centaine, sans doute. Sur des cartons de récupération, ils mettent en couleur leur vie de jeune exilé." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Indispensable lien avec l'extérieur, les téléphones portables sont rechargés au seul point d'électricité du camp." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Pour la vaisselle, c'est à l'entrée du camp. A deux pas des gendarmes qui contrôlent les entrées." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Médecins sans frontières s'estime là sur « une décharge à ciel ouvert » ; un camp inorganisé de migrants qui ont déjà payé le passage vers la Grande-Bretagne." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Les tentes sont petites, basses. Chacun apporte près de lui quelques litres d'eau pour éviter les allers-retours vers le point sanitaire." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Les gendarmes ne laissent pas passer de matériaux de construction, empêchant les constructions de bois." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Le feu est un des fondamentaux de la route de l’exil. Un moyen de faire cuire et de se chauffer. Très vite les migrants renouent avec ce savoir ancestral." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Moins de 50 douches pour près de 3 000 personnes. Des douches tenues par les passeurs qui en faisaient payer l'accès jusqu'à la reconquête par les associations." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Un lavabo, quelques gouttes d'eau... La douche est un luxe rare en attendant qu'un coin spécifique pour les femmes et les enfants soit mis en place par MSF." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="« C’est le camp de la honte », reconnaît le maire. Ce président du Réseau des élus hospitaliers du Nord–Pas-de-Calais est aujourd'hui dépassé." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="La fillette a été soignée par MSF après être tombée sur le fourneau familial. Partout le danger guette les enfants en bas âge." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Le bois est un trésor. A couper soi-même pour ceux qui disposent de scies, à se procurer auprès des associations qui en apportent une camionnette de temps en temps." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Dans la cuisine collective, plusieurs familles gardent quelques conserves, des oignons et du sel. Dans ce camp sans repas fourni par l'Etat, chacun se débrouille." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Planté au bout de nulle part à l'entrée du camp, ce miroir est une étape obligatoire. On s'y regarde avant de « sortir en ville », on s'y recoiffe. Comme un rappel de l'humanité perdue par cette vie dans la boue." data-slide-item-lie="" Précedent1/17SuivantA Grande-Synthe, près de 3 000 migrants, essentiellement kurdes, vivent les pieds dans l'eau non loin du centre-ville.DIANE GRIMONET POUR LE MONDE› Accéder au portfoliorequire(['lmd/ui/carousel', 'lmd/module/portfolio']);Quand le soleil s’efface, le froid humide venu de la Manche envahit la ville côtière de Grande-Synthe (Nord), en périphérie de Dunkerque. Dans le camp de migrants, à deux pas du centre, il prend ses aises. Les 2 500 ou 3 000 réfugiés du lieu, majoritairement kurdes, savent que cet ennemi se glissera avant eux sous les couvertures de leur maison de toile. Mais le geste fataliste d’Ali rappelle qu’il en a vu d’autres depuis qu’il a quitté son Kurdistan natal. D’ailleurs, l’Irakien se plaint à peine. Il est là en transit, impatient de rejoindre la Grande-Bretagne. Et s’il n’y est pas fin janvier, en dépit de son « passage garanti », des 40 000 euros payés pour lui, ses enfants et son épouse, il rejoindra ce nouveau camp dont on parle déjà tant. « Il y aura des douches, de l’eau et des tentes chauffées », répète, incrédule, cet ex-traducteur du Royal Air Force College en Irak.Un vrai camp de réfugiés devrait en effet être ouvert en janvier par la municipalité de Grande-Synthe et Médecins sans frontières (MSF). Un camp aux normes du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) pouvant accueillir plus de 2 500 migrants, une première en France.Mais cela paraît bien loin à Ali qui espère juste, ce soir-là, une livraison de bois. Le feu est un des fondamentaux de la route de l’exil. Chaque soir « ce camp de la honte », comme l’a baptisé le maire (EELV) de la ville, Damien Carême, a pour obsession le bois de chauffage. Quelques scies sorties de nulle part attaquent les arbres. Parfois, une camionnette providentielle débarque, bourrée de sacs de combustible. C’est la bousculade garantie. Pire que pour la nourriture. Les enfants crient. Les femmes tendent désespérément les bras. La nuit se gagne là. « Une décharge à ciel ouvert »Devant les petites tentes, des feux s’allument un à un. On se chauffe les mains, les pieds. On pose une bouilloire ou une poêle noircie. Grande-Synthe est un camp misérable. Un espace boisé, destiné à construire un écoquartier, où s’entassent plus d’un millier d’abris de tissu ; où jouent plus d’une centaine d’enfants, les pieds dans l’eau, faute de bottes. « Ce n’est pas un camp, mais une décharge à ciel ouvert, observe Delphine Visentin, la responsable de MSF. Nous tentons d’en améliorer le fonctionnement mais cela reste une zone de transit inorganisée. »Les « French Doctors » ont pourtant mis en place un point pour les distributions des associations ; un espace santé cogéré avec Médecins du monde. Hormis cela et les douches qu’il faut reprendre aux passeurs – qui les faisaient payer –, c’est un champ de boue où sont plantées des tentes basses, sans la bâche qui à Calais sert de seconde peau. Sans les baraques en bois, plus chaudes. Ici les gendarmes ne laissent pas passer de matériaux de construction, ni même, certains jours, les sacs de couchage.« Grande-Synthe, c’est Calais en pire », résume Jean-François Corty, de Médecins du monde, choqué par la présence de bébés, de femmes enceintes dans la gadoue. Le maire, président du Réseau des élus hospitaliers du Nord-Pas-de-Calais, a pourtant fait ce qu’il pouvait, installé des sanitaires, les bennes à déchets. Il est aujourd’hui dépassé. Et inquiet. « On n’est pas à l’abri d’une hypothermie », prévient la responsable MSF ; « ni d’un suicide », ajoute Hafsa Sabr, une jeune bénévole présente tous les jours depuis l’été ; déjà témoins du geste désespéré d’une maman seule avec plusieurs enfants, et d’un adolescent.En dépit de ses quelques milliers de migrants, Grande-Synthe est une oubliée. La médiatique Calais a capté toute l’attention, avec sa maire qui en appelle régulièrement à l’armée, quand, à Grande-Synthe, l’élu gérait. « Ici, on accueille des migrants depuis 2006, observe M. Carême, jusqu’à cet été, ils étaient 80. Mais depuis leur nombre a été multiplié par 30 et c’est devenu une ville dans la ville. » Une cité d’ingénieurs, d’enseignants, d’artisans, « encampés » au milieu des 22 000 habitants dont 33 % vivent sous le seuil de pauvreté.La balle est dans le camp du préfetLe ministère de l’intérieur a longtemps fait la sourde oreille aux appels de Damien Carême. Le 30 septembre 2015, Bernard Cazeneuve lui avait promis son aide. « Trois mois plus tard, je n’ai rien vu ; à part des forces de l’ordre », regrette M. Carême. Excédé, il a convoqué une conférence de presse avec Médecins sans frontières pour le 23 décembre. La décision qu’il fallait pour obtenir un rendez-vous avec le ministre de l’intérieur, puisqu’il a été reçu le même jour par M. Cazeneuve.Damien Carême est un maire de gauche. Hier PS, aujourd’hui EELV. Avec MSF, il a conçu un vrai camp qui, pour 1,5 million d’euros – remboursés par l’Etat –, logera tous ses migrants. Les plans sont faits, les entreprises dans les starting-blocks, les équipes de MSF sur le pont. La balle est dans le camp du préfet, qui doit donner son accord pour le lieu choisi par la municipalité.Bien qu’alambiqué, le communiqué commun de MM. Cazeneuve et Carême promet que cela va venir. Il prend l’engagement « de renforcer les expertises en cours pour mettre en œuvre une solution très rapide qui apportera une réponse humanitaire aux besoins élémentaires des migrants, et notamment des populations vulnérables présentes sur le site, qui doivent pouvoir bénéficier d’une mise à l’abri ». Le déménagement y est aussi acté puisque « les caractéristiques marécageuses du camp actuel ne peuvent offrir de solution satisfaisante en ce sens ». Reste qu’il s’est déjà écoulé une semaine sans réponse de la préfecture et que les acteurs tiennent à un déménagement en janvier.S’il est bien conçu pour « loger tout le monde », c’est-à-dire 2 500 à 3 000 personnes, comme le veulent la Ville et les associations, ce camp sera une première en France. « Pensé par nos logisticiens, il respectera les standards humanitaires internationaux. Les sanitaires y seront en nombre suffisant et les migrants y dormiront sous des tentes chauffées l’hiver », rappelle Mme Visentin. Les associations seront installées juste à côté, dans des bâtiments en dur. Tout ce que le gouvernement s’est refusé à mettre en place à Calais en créant un camp de jour. Ces avancées ne signifient pourtant pas que le bras de fer entre les associations et le gouvernement est terminé. Tout se négociera, du nombre de places au degré de surveillance policière.En attendant, la vie continue dans la boue. Souma et Akram, les enfants d’Ali, ont tous deux le nez qui coule. Lundi, la consultation de MSF n’a pas désempli, apportant soins du corps et pansements à l’âme. Hafsa Sabr a, comme souvent, installé une femme fragile pour quelques jours dans l’hôtel voisin. Demain, elle courra les magasins en quête d’un hélicoptère téléguidé. Car Grande-Synthe aussi fêtera le passage en 2016 et quelques-uns des oubliés de Noël auront leur seconde chance.Maryline Baumard (Grande-Synthe (Nord) - envoyée spéciale)JournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.12.2015 à 20h50 • Mis à jour le31.12.2015 à 16h59 Face aux menaces terroristes qui pèsent sur les festivités de la Saint-Sylvestre, la sécurité a été renforcée dans de nombreux pays. Certaines manifestations prévues pour la nuit du 31 décembre au 1er janvier ont été annulées en Belgique, et, dans plusieurs pays, les forces de l’ordre ont été placées en état d’alerte maximal.Le feu d’artifice n’aura pas lieu à Bruxelles Yvan Mayeur, le maire de la capitale de la Belgique, a annoncé mercredi 30 décembre l’annulation du feu d’artifice dans le centre-ville. Près de 100 000 personnes s’étaient rassemblées l’an dernier place de Brouckère. « Il vaut mieux ne pas prendre le risque », a-t-il simplement justifié. « Une décision difficile, mais la bonne décision », a jugé Charles Michel, le premier ministre de la Belgique.Sept perquisitions ont encore été menées jeudi matin dans quatre communes belges, dans le cadre de l’enquête sur des menaces d’attentats à Bruxelles. Six personnes ont été interpellées et sont actuellement entendues.La veille, les forces de l’ordre ont arrêté et placé en détention provisoire deux personnes soupçonnées de préparer des attentats pour les fêtes de fin d’année. La menace, jugée « sérieuse », visait « plusieurs lieux emblématiques de Bruxelles », avait précisé le parquet fédéral.Bien plus de policiers dans Paris et ses environsPrivée elle aussi de feu d’artifice, Paris maintient cependant la traditionnelle célébration du Nouvel An sur les Champs-Elysées. Elle se déroulera néanmoins dans un contexte de sécurité renforcée. Près de 1 600 policiers et gendarmes assureront la sécurité du plus grand rassemblement autorisé en France depuis l’instauration de l’état d’urgence après les attentats du 13 novembre.Près de 11 000 hommes − policiers, membres des services de secours, dont 2 300 pompiers, 2 000 militaires et une soixantaine d’agents de la Ville de Paris ainsi qu’une centaine d’agents de la RATP et de la SNCF − seront déployés dans la capitale et sa petite couronne, contre 9 000 en 2014. « L’état de la menace terroriste est permanent », même s’« il n’y a pas d’élément nouveau spécifique à l’agglomération parisienne ou notre capitale dont nous ayons connaissance », a déclaré Michel Cadot, le préfet de police de Paris.Au total, ce seront « plus de 100 000 policiers et gendarmes » qui seront mobilisés dans toute la France, selon le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve, qui a répété qu’il n’y avait « pas de menace précise » d’attentat en France mais bien une « menace générale sur l’ensemble des capitales européennes ».Lire aussi :Une surveillance accrue autour des églises lors des cérémonies de NoëlAttentats déjoués en Turquie et en IndonésieEn Turquie, la police a arrêté, mercredi, deux membres présumés de l’organisation Etat islamique (EI) soupçonnés de préparer un double attentat-suicide dans la capitale pour les fêtes de fin d’année. La police affirme qu’ils projetaient d’attaquer un centre commercial et une rue aux abords de la place de Kizilay, lieu traditionnel des festivités du Nouvel An.La Turquie est en état d’alerte depuis l’attentat qui a fait cent trois morts et plus de cinq cents blessés devant la gare centrale d’Ankara, le 10 octobre, avant un rassemblement en faveur de la paix organisé par les mouvements prokurdes.En Indonésie, le gouvernement a également dit avoir déjoué, à la mi-décembre, des attaques en préparation par des groupes islamistes locaux. Pas moins de 150 000 membres des forces de sécurité ont été mobilisés en cette fin d’année dans la capitale Jakarta et dans le reste du pays, pour protéger les lieux publics et les lieux de culte.Vienne, Moscou, Madrid et Londres en alerte L’éventualité d’un attentat pendant la période des fêtes a également conduit la police autrichienne à relever le niveau de sécurité à Vienne.A Moscou, l’emblématique place Rouge, lieu de rassemblement traditionnel, sera pour la première fois fermée au public au moment. L’EI a revendiqué la fusillade sur un site touristique du Daghestan qui a fait un mort et 11 blessés.A Madrid, la police limitera à 25 000 le nombre de personnes autorisées à aller sur la Puerta del Sol, centre symbolique du pays où les Espagnols ont l’habitude de se réunir le 31 décembre pour manger des grains de raisin aux 12 coups de minuit. A 21 heures, la place sera ainsi totalement évacuée, puis les accès seront soigneusement filtrés à quatre entrées, où des contrôles minutieux seront effectués.Aux Etats-Unis, des mesures « plus importantes que jamais » La peur du terrorisme est aussi marquée outre-Atlantique, où les mesures de sécurité mises en place pour les célébrations du Nouvel An, notamment lors du grand rassemblement de Times Square, à New York, sont « plus importantes que jamais », a assuré Bill de Blasio, le maire de la ville.Une célébration interdite à Brunei et sur la bande de Gaza Brunei, petit sultanat sur l’île de Bornéo a déjà interdit toute célébration de Noël, tout comme le groupe islamiste palestinien Hamas, qui a décrété illégales les fêtes du Nouvel An dans les lieux publics de la bande de Gaza en invoquant leur offense aux « valeurs et traditions religieuses ».A Sydney, des feux d’artifices gigantesques Tout n’est pas revu à la baisse en ce passage à la nouvelle année : la ville de Sydney, la première à passer en 2016, prépare le plus grand feu d’artifice jamais tiré dans la mythique baie de la ville. 30.12.2015 à 16h22 • Mis à jour le30.12.2015 à 16h36 Mohammed Rehman, 25 ans, et son ex-femme, Sana Ahmed Khan, 24 ans, ont été condamnés à la prison à vie par un jury unanime d’un tribunal de Londres, mercredi 30 décembre.Ils ont été reconnus coupables d’avoir voulu commettre un attentat sur le sol britannique. Ils ont été condamnés à une durée minimale de détention de vingt-sept ans pour le jeune homme et de vingt-cinq ans pour la jeune femme.Mohammed Rehman avait été arrêté en mai après avoir demandé aux personnes qui le suivaient sur son compte Twitter, sous le nom de Silent Bomber (« le poseur de bombe silencieux »), de l’aider à choisir sa cible à l’occasion du 10e anniversaire des attentats de Londres.Sa question était accompagnée d’un lien vers un communiqué d’Al-Qaida sur les attentats-suicides du 7 juillet 2005 à Londres, au cours desquels quatre kamikazes avaient provoqué la mort de 52 personnes dans les transports en commun.Au moment de la perquisition à leur domicile, les policiers avaient découvert plus de 10 kilogrammes d’un produit chimique hautement explosif. Lors du procès, le procureur avait notamment déclaré :« Compte tenu des connaissances préalables [du couple], de son expérience et de la disponibilité immédiate de produits chimiques, la fabrication d’un détonateur n’aurait pas pris plus de quelques jours et aurait pu être bien plus rapide s’il l’avait voulu. » 30.12.2015 à 10h43 • Mis à jour le30.12.2015 à 13h24 | Christophe Garach (Bruxelles, correspondance) C’est la deuxième menace sérieuse d’attentat recensée en Belgique en quelques semaines. Lundi 28 décembre, après plusieurs interpellations en région bruxelloise, dans le Brabant flamand et à Liège, deux individus dont l’identité n’a pas été communiquée ont été placés sous mandat de dépôt et incarcérés. Les deux hommes sont suspectés d’avoir participé à la préparation d’attaques terroristes planifiées à Bruxelles à l’occasion des festivités du Nouvel An. La Grand-Place de Bruxelles ainsi que le commissariat de police attenant faisaient partie des cibles potentielles. Le dossier serait distinct des attentats commis à Paris le 13 novembre, a indiqué le parquet de Bruxelles mais, selon une note de l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace (OCAM) mentionnée par l’agence Belga, il existerait « une menace possible et vraisemblable du même style que les attentats de Paris ».Ces arrestations sont intervenues à la suite de diverses perquisitions organisées, dimanche 27 et lundi 28 décembre, à la demande d’un juge d’instruction du pôle antiterroriste de Bruxelles. Six personnes au total ont été interpellées, dont quatre ont été rapidement relâchées après avoir été entendues par les enquêteurs.Lire aussi :Attentats de Paris : les commandos étaient coordonnés en temps réel de Belgique« Kamikaze Riders »Selon le parquet de Bruxelles, les deux principaux suspects envisageaient « de provoquer des attentats à l’explosif » avant la fin de l’année 2015. Si ni armes ni explosifs n’ont été retrouvés par les policiers, ces derniers ont en revanche saisi du matériel informatique, du matériel de propagande de l’organisation Etat islamique (EI) ainsi que des tenues d’entraînement de type militaire.Les enquêteurs s’intéressent à un groupe de motards du nom de « Kamikaze Riders », dont les deux suspects étaient membres. Selon le quotidien La Dernière Heure, il s’agirait de Mohammed K. 27 ans, et de Saïd S., 30 ans, originaires d’Anderlecht. Ce dernier serait connu des services de police et serait un prédicateur salafiste dont le nom était déjà apparu dans une procédure en 2013. Ils doivent comparaître jeudi devant un juge pour confirmer ou non leur inculpation.Cette menace terroriste ne devrait pas remettre en question les festivités du réveillon et notamment le feu d’artifice prévu pour l’occasion. Avant de prendre sa décision définitive, mercredi en fin de journée, Yvan Mayeur, le bourgmestre (maire) de Bruxelles, a néanmoins demandé un nouvel avis au ministre de l’intérieur. A la suite de ces interpellations, l’OCAM a pris la décision de relever jusqu’au 4 janvier 2016 le niveau d’alerte pour des cibles précises tels que les policiers et militaires en service dans l’agglomération bruxelloise.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : où en est l’enquête ?Christophe Garach (Bruxelles, correspondance) Benoît Vitkine L’enquête officielle lancée par les autorités russes après le meurtre de l’opposant Boris Nemtsov, le 27 février 2015, touche à sa fin. Mardi 29 décembre, le comité fédéral d’enquête a annoncé son intention d’inculper quatre hommes, tous tchétchènes, et a indiqué avoir identifié un commanditaire et organisateur présumé de l’assassinat.Selon les enquêteurs, il s’agit de Rouslan Moukhoudinov, présenté comme un ancien responsable du ministère de l’intérieur tchétchène. Son nom avait déjà été cité, mais uniquement à titre de complice. Un porte-parole du comité d’enquête a indiqué aux agences de presse russes que l’homme, aujourd’hui en fuite, fait l’objet depuis novembre d’un « avis de recherche international ». Il a par ailleurs annoncé la clôture définitive de l’enquête pour le mois de janvier 2016.Cette annonce a été accueillie avec scepticisme par les proches de M. Nemtsov, tué à quelques pas du Kremlin de quatre balles dans le dos. Jusqu’à sa mort, cet opposant virulent faisait l’objet de sévères campagnes de dénigrement et de haine entretenues par le pouvoir. Bien que son étoile ait singulièrement pâli dans l’opinion, la mort de l’ancien vice-premier ministre de Boris Eltsine avait bouleversé au-delà des milieux libéraux auxquels il appartenait.L’avocat de sa famille, Vadim Prokhorov, a jugé « complètement absurde » l’idée que Moukhoudinov puisse être le cerveau de l’assassinat. « Qu’il soit l’un des organisateurs subalternes est une évidence, a dit l’avocat, mais les maîtres d’œuvre sont des gens haut placés. »Lire aussi :A Moscou, le Comité d’enquête, bras judiciaire de Poutine« Patriote tchétchène » Avant sa fuite, Moukhoudinov travaillait comme chauffeur de Rouslan Guérémeïev, l’un des chefs du bataillon Sever, une unité d’élite placée sous l’autorité du ministère de l’intérieur tchétchène. Depuis le mois de février, aucun des deux hommes n’a été interrogé par les enquêteurs.Rapidement après le meurtre, cinq Tchétchènes avaient été arrêtés. L’un d’eux, Zaour Dadaïev, également membre du bataillon Sever, avait admis son implication avant de déclarer plus tard que ses aveux avaient été arrachés sous la torture, des allégations également reprises par des défenseurs des droits de l’homme l’ayant visité en détention.Janna Nemtsova, la fille de l’opposant assassiné, s’est également déclarée déçue par les nouvelles informations du comité d’enquête. Elle a réclamé par le passé que Ramzan Kadyrov, le président de la République autonome de Tchétchénie, soit entendu par les enquêteurs. Immédiatement après son arrestation, il avait qualifié M. Dadaïev de « patriote tchétchène ».M. Kadyrov, dont plusieurs ennemis personnels ou adversaires politiques ont été assassinés ces dernières années à Moscou, Dubai ou Vienne, a toujours nié son implication ou celle de ses proches. Dix jours après le meurtre de Boris Nemtsov, le président Vladimir Poutine avait décerné au dirigeant tchétchène l’une des plus hautes décorations de l’Etat russe, un geste largement interprété comme un signal que l’enquête ne devait pas toucher M. Kadyrov.« La mission des enquêteurs est d’ordre politique, elle consiste à couvrir les vrais responsables », a commenté, dans un entretien au quotidien britannique The Guardian, Ilia Iachine, un allié politique de Boris Nemtsov, qui travaillait avec lui à la rédaction d’un rapport sur l’implication de l’armée russe dans la guerre en Ukraine.Début décembre, les enquêteurs et la justice avaient conclu de façon unanime que l’assassinat de Boris Nemtsov n’avait à voir « ni avec ses fonctions officielles, ni avec son activité publique ou politique ».Lire aussi :Boris Nemtsov : « Poutine m’a tuer »Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste service international La déchéance de nationalité pour les binationaux existe dans plusieurs pays en Europe et dans le monde, « proches de la France », comme l’indique Manuel Valls dans un texte publié sur Facebook le 28 décembre. Il s’agissait pour le Premier ministre de réagir aux attaques d’une partie de la gauche contre l’introduction de cette mesure dans la loi française.Cette disposition est prévue dans 15 pays de l’Union européenne (Belgique, Bulgarie, Chypre, Danemark, Estonie, France, Grèce, Irlande, Lettonie, Lituanie, Malte, Pays-Bas, Roumanie, Slovénie, Royaume-Uni) mais s’applique souvent aux personnes naturalisées. Avec l’augmentation de la menace terroriste, elle s’est étendue aux binationaux sous la pression des gouvernements conservateurs, au Royaume-Uni, en Belgique, aux Pays-Bas ou au Canada.Lire notre enquête :Déchéance de nationalité : votre député ou sénateur votera-t-il pour ou contre ?Allemagne : la « dénaturalisation », un mauvais souvenirLe premier ministre français se trompe quand il affirme qu’« en Allemagne, la question ne se pose pas puisque la binationalité n’y est pas autorisée ». Ce n’est plus le cas depuis l’assouplissement en 2000 du principe du droit du sang qui régit la nationalité allemande. La double nationalité est possible pour les ressortissants de l’Union européenne (UE) ou de Suisse. Depuis juillet 2014, les enfants d’immigrés, notamment turcs, présents depuis longtemps en Allemagne, peuvent obtenir la double nationalitéEn Allemagne, la déchéance de la nationalité est en principe interdite par la loi fondamentale, en réaction au régime nazi qui avait fait de la « dénaturalisation » (« Ausbürgerung ») une arme phare de son arsenal répressif. Des personnalités comme Hannah Arendt, Willy Brandt, Bertold Brecht ou encore Albert Einstein ont ainsi perdu leur nationalité allemande au cours des années 1930. Il existe cependant des exceptions à l’heure actuelle. On peut perdre sa nationalité allemande, à condition de ne pas devenir apatride. La loi allemande prévoit notamment le cas où une personne possédant une double nationalité décide de s’engager volontairement et sans l’assentiment des autorités allemandes dans les forces armées d’un Etat étranger.Ce dernier cas laisse une porte ouverte à une éventuelle déchéance de nationalité pour les combattants djihadistes, dont il est de plus en plus question au sein de la droite allemande. L’Union chrétienne-démocrate (CDU) au pouvoir a ainsi adopté, à la quasi-unanimité, lors de son congrès en décembre 2015 une motion prévoyant la possibilité de retirer sa nationalité allemande « à une personne combattant pour une milice terroriste à l’étranger et détenant la double nationalité », afin de l’empêcher de revenir en Allemagne. A l’inverse, les sociaux-démocrates allemands ont manifesté leur désaccord. « Cela n’apporterait rien de plus à l’arsenal existant en matière d’antiterrorisme et ne concernerait de toute façon qu’une très petite minorité de personnes, a déclaré un porte-parole du SPD. C’est de l’activisme politique ».Lire aussi :En Grande-Bretagne, les conservateurs ont banalisé la déchéance de nationalitéBelgique : les recruteurs également visés En janvier, suite aux attentats parisiens et au démantèlement d’une cellule terroriste à Verviers, près de Liège, la Belgique a rouvert le dossier de la déchéance de nationalité pour ses binationaux. Au terme d’un vif débat politique, une nouvelle loi « visant à renforcer la lutte contre le terrorisme » a finalement été adoptée et est entrée en vigueur en août 2015. Ce texte vient étoffer les dispositions déjà prévues par la loi de 2012 établissant un pont juridique entre le code de nationalité et le code pénal belges concernant la déchéance de la nationalité liée à des activités terroristes.La loi de 2012 permettait à un juge de prononcer la déchéance de nationalité pour des personnes qui ne sont pas nées d’un parent belge et les binationaux condamnés à des peines de prison fermes – cinq ans et plus – pour certaines infractions pénales, notamment le terrorisme. Mais ce texte était jugé encore trop imprécis. La loi de juillet 2015 va donc plus loin puisqu’elle intègre le fait d’inciter ou de voyager à l’étranger en vue de préparer ou commettre une infraction terroriste, à charge pour les juges de trancher. En dix ans, une dizaine de binationaux ont ainsi été déchus de la nationalité belge.Lire aussi :Déchéance de la nationalité : les leçons belgesPays-Bas : pas de déchéance « préventive »Les Pays-Bas comptent près de 1,3 million de binationaux pour 16,9 millions d’habitants. Le pays a intégré dès 2010 dans sa législation la possibilité de déchoir de sa nationalité les binationaux en cas d’activité terroriste. Avant 2010, les cas de déchéance concernaient essentiellement les actes de fraude, de trahison ou de déloyauté, comme par exemple le fait d’aller effectuer son service militaire dans un autre pays.En 2014, un projet de loi du gouvernement avait créé la polémique. Le texte proposait que la déchéance de nationalité ne soit pas systématiquement être liée à une condamnation pénale. L’idée était d’empêcher préventivement des candidats au djihad à se rendre en Syrie en leur retirant leur passeport via une procédure administrative. Le projet a finalement été abandonné en décembre de la même année.Lire aussi :Quand Hollande et Valls conspuaient la déchéance de nationalité au nom de grandes valeursSlovaquie : réminiscences de l’Autriche-HongrieLa Tchécoslovaquie communiste utilisait à grande échelle cet instrument contre tous les citoyens, opposants politiques comme émigrés économiques, qui fuyaient le pays. Si, après la « révolution de velours », cette pratique est tombée en désuétude, le gouvernement du social-démocrate Robert Fico a réintroduit en 2010 la possibilité de déchoir de la nationalité slovaque tout citoyen qui en acquiert une autre, en tout premier lieu la hongroise. Cette loi a été adoptée en réponse à la décision du premier ministre Viktor Orban de donner un passeport hongrois, s’il le réclame, à tout Magyar résidant dans les pays ou territoires limitrophes qui faisaient partie jusqu’en 1918 du royaume de Hongrie. Depuis son entrée en vigueur, plus d’un millier de Slovaques ne le sont officiellement plus car ils sont devenus Tchèques – le plus gros contingent –, Autrichiens, Britanniques, Américains… et moins d’une centaine pour avoir demandé un passeport hongrois.Suisse : une loi jamais appliquéeSelon l’article 48 de la loi sur la nationalité, la citoyenneté helvétique peut être retirée à un binational dont la « conduite porte une atteinte grave aux intérêts et au renom de la Suisse ». En pratique, ce retrait n’est envisageable que dans des situations extrêmement graves, comme dans le cas d’un criminel de guerre condamné, explique un porte-parole du Secrétariat d’Etat aux migrations. « Cet article existe depuis 1951, mais n’a jamais été appliqué », ajoute-t-il. L’article 41 de la loi sur la nationalité est en revanche plus utilisé : il permet d’annuler une naturalisation s’il est démontré que celle-ci a été obtenue dans des conditions frauduleuses, par exemple en mentant sur sa situation.Espagne : une mesure surtout pour les gangs latinosLa loi sur les étrangers ne permet pas de retirer leur nationalité aux personnes qui partent faire le djihad. Il en a été vaguement question à Madrid après les attentats contre Charlie Hebdo mais le ministère de l’intérieur n’a pas donné suite, sans provoquer de débats. La loi permet cependant de déchoir de la nationalité espagnole et d’expulser toute personne ayant commis « des actes contraires à la sécurité nationale ou qui puissent nuire les relations de l’Espagne avec d’autres pays ». Cette mesure a été utilisée non pas dans les cas de terrorisme mais contre les gangs latino-américains qui sévissent surtout à Madrid et à Barcelone.Canada : la citoyenneté ou le billet d’avion pour la SyrieL’ancien premier ministre conservateur Stephen Harper a fait modifier la loi sur la citoyenneté, dans la foulée des attentats perpétrés en octobre 2014 au Québec et au Parlement d’Ottawa par de jeunes djihadistes radicalisés. Adoptée en juin, la loi autorise la révocation de la nationalité de Canadiens ayant une double citoyenneté et « déclarés coupables d’infractions de terrorisme, de trahison, de haute trahison ou d’espionnage pour le compte de gouvernements étrangers ».Toutefois, la loi sera peut-être bientôt abrogée. Le libéral Justin Trudeau, élu le 19 octobre à la tête du gouvernement canadien, l’a promis pendant la campagne électorale. Raison avancée : « Dès que vous rendez la citoyenneté conditionnelle à un bon comportement pour certains Canadiens, vous diminuez la valeur de la citoyenneté pour tout le monde. » Pour lui, ceux qui sont reconnus coupables de terrorisme ou d’un crime contre le Canada doivent être « enfermés en prison pour le reste de leur vie », plutôt que de partir avec un « billet d’avion pour la Syrie », après la perte de leur nationalité. Il n’y a eu cependant qu’un seul cas de déchéance de nationalité, fin septembre.Lire aussi :Pays historique du multiculturalisme, le Canada revoit sa politique d’accueilEtats-Unis : l’exil fiscal plutôt que la nationalité Depuis que le XIVe amendement à la Constitution a accordé la citoyenneté à toute personne née aux Etats-Unis, en 1868, il est impossible de priver un Américain de sa nationalité. Il ne peut la perdre que s’il y renonce volontairement. Ce qu’ont fait 3 400 Américains en 2014, en majorité pour des raisons fiscales, les Etats-Unis imposant à leurs ressortissants une imposition sur l’ensemble de leurs revenus. Pour les naturalisés, la déchéance de nationalité est difficile, les faits incriminés ne pouvant être intervenus qu’avant la naturalisation.Les Etats-Unis ont beaucoup expulsé après la première guerre mondiale, utilisant l’octroi de la citoyenneté comme moyen de contrôle social. Les réfugiés naturalisés étaient privés de leurs droits s’ils étaient communistes, anarchistes – comme Emma Goldman, expulsée en 1919 –, pacifistes, opposés à la prohibition ou s’il s’agissait d’anciens nazis. Jusqu’en 1943, lorsque la Cour suprême a été saisie du cas du responsable du parti communiste de Californie, William Schneiderman, naturalisé en 1927. La Cour a établi qu’un individu ne pouvait être déchu de ses droits que si les faits qui lui étaient reprochés étaient antérieurs à sa naturalisation.Depuis la législation qui s’applique est l’article 349 de la loi McCarran de 1952, l’Immigration and Nationality Act. Celle-ci prévoit qu’un Américain binational peut être déchu de sa nationalité s’il refuse de témoigner devant le Congrès au sujet d’activités subversives, s’il s’engage dans les forces armées d’un pays étranger sans autorisation, s’il vote dans des élections étrangères, déserte ou se rend coupable d’actes de trahison. Selon l’historien français Patrick Weil, professeur à l’université de Yale, il y a eu au XXe siècle quelque 22 000 cas de perte de la nationalité aux Etats-Unis. Mais quelque 150 cas seulement d’annulation de la naturalisation depuis 1968, généralement pour fraude ou fausse déclaration.Russie : « un citoyen ne peut être déchu de sa nationalité »Des députés du Daguestan, une république à majorité musulmane du Caucase-Nord, ont déposé une proposition de loi le 4 décembre pour déchoir de leur nationalité les terroristes ainsi que les citoyens russes participant à un conflit armé contre la Russie. L’objectif est de limiter le retour dans le pays de ceux partis faire la guerre en Syrie aux côtés de Daech ou se former au sein d’organisations terroristes internationales. Le président du parti pro-Poutine, Russie Juste, Sergueï Mironov, avait déjà évoqué cette idée le 20 novembre, en citant en exemple la France. Cependant, comme l’a rappelé la présidente du conseil de la Fédération Valentina Matvienko, la Constitution russe stipule qu’« un citoyen de la Fédération de Russie ne peut être déchu de sa nationalité ni du droit d’en changer ».service internationalJournaliste au Monde Philippe Bernard (Londres, correspondant) Le Royaume-Uni n’a pas de Constitution écrite et il n’est donc pas question comme en France de la modifier pour consacrer le pouvoir régalien de retirer la nationalité à certains citoyens. Comme dans l’Hexagone, cette prérogative est d’ailleurs inscrite dans la loi depuis la première guerre mondiale. Il s’agissait alors de sanctionner un défaut de loyauté marqué par des liens avec l’ennemi d’alors, l’Allemagne. Pendant très longtemps, l’exécutif a répugné à utiliser ce pouvoir. A peine une soixantaine de dénaturalisation ont été prononcées jusqu’aux années 1920 et seulement une vingtaine entre les deux guerres.Pendant la deuxième guerre mondiale, alors que le pays, seul en Europe contre Hitler, était directement menacé par le nazisme, seules quatre déchéances ont été décidées par le Home office, le ministère de l’intérieur britannique. La guerre froide a redonné l’occasion d’un nouveau recours, toujours parcimonieux, à la procédure de dénaturalisation qui a fini par tomber en désuétude à partir des années 1970.Lire aussi :Des journaux étrangers critiquent l’extension de la déchéance de nationalitéLes vagues successives de terrorisme international ont relancé le débat dans les années 2000, amenant plusieurs durcissements de la législation. Mais le recours à la dénaturalisation ne s’est vraiment banalisé que depuis le retour au pouvoir des conservateurs en 2010. En l’espace de cinq ans, une trentaine de décisions de ce type ont été prises par la ministre de l’intérieur, Theresa May, qui n’a cessé de réclamer l’extension de ses pouvoirs en la matière, prolongeant une tendance amorcée par les travaillistes dès 2001 au lendemain des émeutes raciales de mai au nord de l’Angleterre et des attentats du 11 septembre aux Etats-Unis.Tony Blair avait alors étendu le pouvoir d’ôter la nationalité bien au-delà de la notion traditionnelle d’« intelligence avec l’ennemi ». En vertu de la loi votée en 2002, le ministre de l’intérieur peut prononcer la déchéance s’il « estime » qu’un citoyen « compromet gravement les intérêts vitaux » du Royaume-Uni. Le texte étendait la possibilité de déchéance à des personnes nées au Royaume-Uni, sauf si cela conduit à en faire des apatrides. Mais le gouvernement Blair n’y a eu recours qu’une seule fois avant les attentats contre le métro de Londres de 2005, à l’encontre du prêcheur extrémiste Abou Hamza, imam de la mosquée de Finsbury Park au nord de Londres. Encore cette décision a-t-elle annulée par la justice.Après les attentats de 2005 commis par des ressortissants britanniques, la possibilité de prononcer la dénaturalisation a encore été élargie. Il suffit que la nationalité d’un individu ne soit pas « conforme à l’intérêt public » pour que le Home Office puisse la lui retirer. Mais les gouvernements travaillistes ont respecté la promesse de M. Blair de faire un usage parcimonieux de cette prérogative. Ils n’ont prononcé que quatre déchéances de nationalité entre 2005 et leur défaite électorale de 2010.« Hors du radar de l’opinion publique »Depuis l’arrivée au pouvoir de David Cameron, le retrait de la nationalité a quitté l’ordre du symbole pour devenir une pratique relativement courante. Visant généralement des ressortissants britanniques compromis dans le terrorisme et se trouvant à l’étranger, la mesure est destinée principalement à empêcher leur retour au Royaume-Uni.La ministre de l’intérieur peut désormais interdire de retour pendant deux ans un citoyen britannique engagé dans le djihad, et confisquer pendant trente jours le passeport de citoyens cherchant à quitter le territoire pour se livrer à des activités terroristes.La chef du Home Office, Theresa May, en fonction depuis 2010, dispose de pouvoirs propres : elle prend seule la décision de déchoir un citoyen de sa nationalité si elle la considère « conforme à l’intérêt public ». Un droit d’appel devant une juridiction spéciale est reconnu à la personne déchue, mais les motifs de la décision sont généralement gardés secrets pour protéger l’activité des services de renseignement, le MI5. Le droit au recours est d’autant plus théorique que la personne visée se trouve à l’étranger et ignore le charges précises qui pèsent sur elle. Mme May, qui répète que « la nationalité est un privilège » a ainsi justifié en 2014 sa décision de retirer en 2011 la nationalité britannique à un homme né au Royaume-Uni et à ses trois fils pour leurs liens avec Al-Qaida, attestés par le MI5.En 2014, le gouvernement conservateur a donné un nouveau tour de vis à la législation afin de riposter à un arrêt de la Cour suprême qui avait annulé une déchéance en raison d’un risque d’apatridie. Après une virulente controverse politique, le Parlement a adopté une réforme alambiquée : la nationalité peut être retirée à une personne ne disposant que de la citoyenneté britannique à condition qu’elle l’ait reçue par naturalisation et que son comportement soit « sérieusement préjudiciable aux intérêts vitaux » du pays. Le Home Office peut alors prononcer la déchéance « s’il existe des raisons de penser » qu’elle peut acquérir la nationalité d’un autre pays, formule particulièrement vague.Longtemps utilisée « de façon parcimonieuse et hors du radar de l’opinion publique », la déchéance « est devenue un sujet de “une” politique » de plus en plus populaire, au point de devenir « une prérogative d’Etat d’importance grandissante », analyse Matthew Gibney, professeur à Oxford, spécialiste des migrations forcées. A la fin de 2014, après la révélation de l’engagement de jeunes Britanniques aux côtés de l’organisation Etat islamique, une nouvelle loi « contre le terrorisme » a doté Theresa May de pouvoirs renforcés. La ministre de l’intérieur peut désormais interdire de retour pendant deux ans un citoyen britannique engagé dans le djihad, et confisquer pendant trente jours le passeport de citoyens cherchant à quitter le territoire pour se livrer à des activités terroristes.Lire aussi :David Cameron veut que Londres intensifie sa lutte contre l’Etat islamique en SyriePhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.12.2015 à 12h17 • Mis à jour le29.12.2015 à 17h05 De récentes déclarations, malvenues, sur une France supposément de « race blanche », ont suscité de vives réactions. Car, outre le caractère complètement anachronique et scientifiquement erroné du concept de race appliqué à l’espèce humaine, ces propos sous-entendent qu’il existerait une France idéale et primitive, exempte de toute influence extérieure, qui serait donc à préserver comme un patrimoine. La « France des clochers », avec son « long manteau d’églises et de cathédrales », comme l’affirmait l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy.Cette polémique est d’autant plus malvenue qu’elle est contemporaine d’une arrivée de réfugiés sur le sol européen devenue plus importante en raison de la guerre en Syrie. Elle a relancé, parfois en creux, le débat sur le regard que la France porte sur les étrangers, sur ceux qu’elle considère comme étant étrangers, et sur les contours d’une identité nationale que des tentatives de définition récentes et avortées, parce que très discutées et discutables, à travers la création d’un ministère ayant porté ce titre entre 2007 et 2010, avaient pourtant échoué à résoudre.Nous n’avons pas pour ambition de répondre à toutes les questions complexes soulevées par ce débat. Nous souhaitons simplement donner notre avis, depuis la place qui est la nôtre. Journaliste scientifique, historien spécialiste de la représentation de la préhistoire et préhistorien, nous proposons d’éclairer la discussion sur deux points : d’abord replacer ces questions dans la longue durée, pour montrer qu’elles n’ont, hélas, rien de nouveau ; apporter ensuite un éclairage sur nos ancêtres, c’est-à-dire ceux qui ont occupé l’actuel territoire de la France, et plus largement l’Europe, lors de la lointaine période appelée paléolithique (âge de la pierre taillée), il y a plusieurs dizaines de milliers d’années, et sur ce qu’ils nous ont légué.Le scénario qui se dégage, loin des représentations ethno et européo-centrées, est celui de longues et complexes migrations, inhérentes à l’humanité, de mélanges de populations parfois entre espèces proches dont nous portons encore la trace dans nos gènes (Néandertal et Denisova), et d’un mode de vie à l’échelle continentale, inventé par des chasseurs-cueilleurs migrants à la peau certainement pas aussi blanche que d’aucuns la souhaiteraient.Peur et l’angoissePremier constat, la peur de l’autre est une constante dans la représentation de la préhistoire dans la littérature et, plus largement, dans la fiction depuis le XIXe siècle. Celui qui n’est pas moi est forcément un danger et ce danger s’accroît évidemment au rythme de son rapprochement. Il est toujours dépeint très négativement, qu’il soit la conséquence d’une menace – si la tribu de Naoh, dans le roman La Guerre du feu de J.-H. Rosny aîné, doit fuir « dans la nuit épouvantable », c’est parce qu’une tribu ennemie lui ayant volé le feu sa survie est en jeu – ou cette menace elle-même.On peut ainsi lire dans un manuel scolaire des années 1970 : « Les nomades faméliques des terres ingrates sont tentés de surprendre les sédentaires. Ceux-ci doivent prévoir leur défense. » L’errance suscite la peur et l’angoisse. L’ailleurs est hostile. La stabilité géographique, au contraire, est synonyme de calme, de paix. Le nomade est un danger, le sédentaire un ami. Dans l’image que nous nous faisons des temps premiers, rien de plus commun donc que le caractère néfaste, pour ne pas dire nocif, des migrations. Rien de plus commun, mais, pourtant, rien de plus faux.Deuxième constat, en effet : en l’état actuel des connaissances, après de plus de cent cinquante années de recherche sur les terrains de fouilles et dans les génomes fossiles, la paléoanthropologie nous enseigne que le genre Homo est apparu en Afrique il y a 2,8 millions d’années (site de Ledi-Geraru, en Ethiopie). Partant de là, nous sommes tous des primates adaptés au climat tropical, ce qui se détecte encore dans notre anatomie et notre métabolisme : par exemple, le fait que nous suons par tous les pores de la peau, mécanisme de refroidissement efficace qui permet de supporter plus facilement les fortes chaleurs.Quant à l’Europe, elle fut peuplée progressivement, sans doute au cours de plusieurs vagues migratoires. On retrouve ainsi des hommes en Géorgie voilà 1,9 million d’années, sur le site de Dmanissi. En Europe de l’Ouest, les plus anciens fossiles humains connus se trouvent en Espagne, datés d’il y a environ 1,2 million d’années, dans la Sima del Elefante. En France, nous savons que l’homme était présent il y a 1 million d’années dans la grotte du Vallonnet, près de Menton. Il y a laissé ses outils et les restes de ses repas. Quant au fossile humain le plus ancien sur le sol français, il a été découvert cet été à Tautavel, dans une couche datée d’il y a environ 550 000 ans. Hélas, il ne nous a laissé que deux dents…La lente évolution de ces populations d’origine africaine va ensuite conduire à l’apparition de deux espèces humaines européennes : l’homme de Néandertal, présent il y a 250 000 ans, et l’homme de Denisova ou Dénisovien (sud de la Sibérie), dont on ne connaît encore pratiquement rien, sinon son ADN, identifié à partir d’une poignée d’os.Environ 40 000 ans avant notre ère, un nouvel épisode migratoire entraîne l’arrivée en Europe de nouvelles populations humaines. Ce sont des hommes anatomiquement modernes, des Homo sapiens, comme nous le sommes encore aujourd’hui, espèce probablement née dans le berceau est-africain de l’humanité, voilà 200 000 ans.Partis d’Afrique comme leurs lointains prédécesseurs, vraisemblablement poussés par la recherche de meilleures conditions de vie – ce qui n’est pas sans rappeler les motivations des migrants actuels – et de territoires de chasses plus abondants, suivant aussi la migration des troupeaux ou la dispersion des faunes animales, ces nouveaux venus s’installent en quelques millénaires sur tout le continent européen. Leur patrimoine génétique se mélange avec celui des Néandertaliens et des Dénisoviens, dans des proportions variables suivant les zones géographiques.Ancêtres de stature imposanteDepuis 30 000 ans environ, le remplacement de population est achevé : seul Homo sapiens est présent dans toute l’Eurasie. Cro-Magnon, comme nous avons pris l’habitude de le surnommer, nous a laissé une culture originale, l’aurignacien, ainsi que le grand art naturaliste, dont la plus ancienne et spectaculaire manifestation est la grotte Chauvet-Pont d’Arc, lovée au bord de l’Ardèche et ornée voici 36 000 ans. Ces populations seront elles-mêmes à leur tour métissées à la suite de leur rencontre avec des agropasteurs venus du Proche-Orient, à partir de 8 000 ans environ. On le voit, les flux migratoires n’ont jamais cessé, et nous sommes, dès les origines, le produit de mélanges complexes.Estimons-nous, au passage, heureux que des barrières semblables à celles qui s’érigent aujourd’hui le long de nos frontières continentales n’aient pas été dressées, à l’époque, par les véritables autochtones européens qu’étaient les Néandertaliens afin d’empêcher nos ancêtres Homo sapiens d’y pénétrer… Chauvet-Pont d’Arc et Lascaux se trouveraient aujourd’hui quelque part en Turquie ou au sud de la Russie, pour le désespoir de nos offices de tourisme !Si les Néandertaliens avaient empêché nos ancêtres Homo sapiens de pénétrer leur territoire, Chauvet-Pont d’Arc et Lascaux se trouveraient aujourd’hui quelque part en Turquie ou au sud de la RussieMais alors, à quoi ressemblaient les Aurignaciens et leurs descendants directs ? Etaient-ils de grands blonds musclés comme Rahan ou des guerriers taciturnes aux cheveux noirs comme Tounga, autre célèbre Cro-Magnon de bande dessinée ? Etaient-ils blancs de peau ? Si l’on ne peut pas répondre catégoriquement à ces questions, la paléoanthropologie nous donne des indices sérieux et convergents.D’origine tropicale, adaptés au climat chaud à fort ensoleillement de l’Afrique, nos ancêtres paléolithiques étaient de stature imposante (parfois plus de 1,80 m), comme nous le montrent les squelettes retrouvés, taillés pour la course d’endurance. De plus, ils avaient probablement la peau sombre, meilleure réponse adaptative à ces conditions climatiques et lumineuses.L’éclaircissement, un phénomène récentSur ce point sensible dans le débat actuel, plusieurs études paléogénomiques récentes, basées sur la recherche dans des ossements fossiles de fragments d’ADN correspondant à des caractères morphologiques (couleur des yeux, des cheveux, de la peau…) ont démontré que l’éclaircissement de la peau consécutif à l’adaptation au moindre ensoleillement de l’Europe continentale par rapport à l’Afrique, et au mélange avec de nouvelles populations venues de l’est du continent, constituait un phénomène récent.Ainsi, l’article en cours de publication par des biologistes de l’université Harvard, annoncé en mars, indique que ce phénomène date d’environ 8 500 ans av. J.-C., les marqueurs de la peau dépigmentée étant absents de tous les hommes fossiles intégrés à l’étude, 83 au total, antérieurs à cette date. Conclusion logique : les auteurs des somptueux dessins des grottes de Chauvet-Pont d’Arc, Lascaux et Altamira, symboles du génie créatif d’Homo sapiens, avaient certainement la peau foncée.Avaient-ils pour autant les cheveux crépus et les traits négroïdes ? C’est une autre question. Les premiers préhistoriens étaient impressionnés par les proportions corporelles des statuettes féminines préhistoriques d’époque gravettienne (entre 29 000 et 19 000 ans environ).Leurs fortes masses adipeuses leur rappelaient celles observées chez les femmes Khoisan d’Afrique du Sud, en particulier Saartjie Baartman, la tristement célèbre « Vénus hottentote ». C’est pourquoi sur les bas-reliefs à l’extérieur de l’Institut de paléontologie humaine à Paris, inauguré en 1920, le sculpteur Constant Roux a représenté un homme aux traits négroïdes en train de sculpter la Vénus gravettienne de Laussel (Dordogne), tandis que, sur le mur d’en face, c’est un homme de type caucasoïde qui dessine un bison magdalénien (environ 15 000 ans avant notre ère) de Font-de-Gaume (Dordogne).Illusion évolutionnisteOn retrouve là l’idée d’une hiérarchie de races supposées, et l’illusion évolutionniste chez les historiens de l’art de l’époque, pour qui la sculpture apparaissait avant la peinture et le réalisme de la figuration se perfectionnait au fil du temps… Singulier retour des débats au fil des générations !Pourtant, malgré ces évidences biologiques, Cro-Magnon est presque toujours représenté avec la peau claire et, pour ces dames, les cheveux souvent blonds. C’est le cas dans les ouvrages et les articles de vulgarisation, dans les romans et au cinéma : parmi les amateurs de films de préhistoire, lequel oserait nier être resté insensible aux charmes aussi nordiques que plantureux de la belle Raquel Welch dans Un million d’années avant J.-C., sorti en 1966 ?De la même façon que les premières générations de chercheurs confrontés à la découverte de l’art pariétal paléolithique à la fin du XIXe siècle – les bisons d’Altamira sont connus dès 1878-1879 – n’admettaient pas son ancienneté, car ils déniaient aux hommes préhistoriques la possession des compétences nécessaires, n’existe-t-il pas encore aujourd’hui une réticence, plus ou moins avouée, à représenter ces mêmes artistes sous des traits qui ne seraient pas parfaitement caucasoïdes ?A la lumière des recherches en préhistoire, il est peut-être enfin temps d’en finir avec ces représentations obsolètes, non seulement synonymes de repli sur soi qui, comme tout repli, conduit à l’asphyxie, mais surtout génératrices au mieux d’une indifférence, au pire d’un rejet, l’un comme l’autre mortifère ?Produit de migrations et de mélangesA l’encontre d’idées reçues tenaces enracinées dans les esprits par des discours d’intolérance, d’exclusion et de rejet plus ou moins assumés, le peuplement de ce que nous appelons aujourd’hui la France apparaît donc, irrémédiablement, comme le produit de migrations et de mélanges de populations qui remontent aux origines de l’humanité.Comment d’ailleurs pourrait-il en être autrement si l’on considère notre condition de « finistère », territoire situé au bout du continent et qui a de ce fait naturellement constitué une terre d’arrivées successives, et donc d’immigration.Autant de faits incontournables, qui devraient modifier le regard que nous portons sur les « autres », migrants d’aujourd’hui, et en cela descendants directs de ceux, à la peau foncée, qui occupèrent plus tôt notre territoire, posèrent les fondements de notre civilisation occidentale… et inventèrent au fond des cavités profondes des chefs-d’œuvre qui figurent parmi les plus belles réalisations humaines, admises à juste titre sur la liste du patrimoine mondial.Pedro Lima est journaliste scientifique, Romain Pigeaud est préhistorien et chercheur associé (université Rennes-1) et Pascal Semonsut est historien, spécialiste de la représentation de la préhistoire. Isabelle Piquer (Madrid, correspondance) C’est de nouveau l’impasse en Catalogne. Les séparatistes anticapitalistes de la Candidature d’unité populaire (CUP) ont échoué à se prononcer, dimanche 27 décembre, sur l’investiture d’Artur Mas, le président conservateur sortant de la communauté autonome, prolongeant ainsi la paralysie du camp indépendantiste qui n’arrive pas à former un gouvernement depuis sa petite victoire aux élections régionales de septembre dernier.Les quelque 3 000 militants de cette formation anti-UE et anti-OTAN s’étaient réunis à Sabadell, une ville industrielle au nord de Barcelone, pour décider de leur soutien à la coalition d’Artur Mas, Junts pel si (« Ensemble pour le oui »). Il a fallu toute une journée et trois tours de scrutin pour arriver au match nul : 1 515 voix contre, 1 515 pour, les deux premiers tours ayant donné un très léger avantage (une trentaine de voix) au non. « C’est surréaliste », a reconnu encore sous le choc Laia Gordi, l’une des porte-parole de la CUP : « Ce résultat ne nous mène nulle part. Il est clair que nos militants sont très divisés. »Nouveau candidatLes anticapitalistes ont reporté leur décision au 2 janvier, lorsque les principaux dirigeants de la formation se réuniront de nouveau. Le temps presse : faute d’accord d’ici le 9 janvier, de nouvelles élections régionales devront être convoquées, les quatrièmes depuis 2010.Afin de trouver un compromis, les sécessionnistes radicaux ont demandé à Junts pel si de leur proposer un « nouvel accord ou un nouveau candidat ». Il y a une semaine, la coalition nationaliste avait déjà offert à la CUP une liste de vingt mesures sociales – protéger les enfants défavorisés, freiner les expulsions immobilières, créer un salaire minimum d’insertion – pour tenter de convaincre ses membres.C’est comme ça depuis trois mois. Lors des élections régionales du 27 septembre, les indépendantistes catalans ont obtenu 72 sièges sur 135 au Parlement régional avec 48,7% des suffrages. La plate-forme nationaliste Junts pel si, qui rassemble le parti conservateur Convergence démocratique de Catalogne (CDC) d’Artur Mas et la gauche républicaine indépendantiste (ERC), a obtenu 62 sièges. Mais elle a besoin des dix élus de la CUP pour investir un gouvernement. Lors d’interminables tractations, les anticapitalistes ont demandé en vain qu’on leur présente un candidat autre que M. Mas pour diriger la Catalogne. Ils lui reprochent d’avoir mené une politique d’austérité et accusent le CDC d’être miné par les affaires de corruption, notamment celles impliquant son responsable historique, Jordi Pujol.Malgré leurs différences idéologiques, les indépendantistes ont réussi à adopter, le 9 novembre, une résolution sans précédent déclarant le début de la rupture avec l’Espagne de cette région de 7,5 millions d’habitants, qui représente 20 % de son PIB. Un processus de sécession a été alors landé, qui devait aboutir, dans l’espace de dix-huit mois, à la création d’un «Etat catalan indépendant prenant la forme d’une République ». La décision a été retoquée le 2 décembre par la Cour constitutionnelle espagnole, à la suite d’un recours présenté par le premier ministre conservateur, Mariano Rajoy.Les résultats des élections législatives espagnoles du 20 décembre dernier ont sans doute pesé dans la décision, ou plutôt l’indécision, des militants de la CUP. En Catalogne, c’est la gauche qui a gagné les récentes législatives. L’alliance entre le parti anti-austérité Podemos et la plate-forme citoyenne En comú de la maire de Barcelone, Ada Colau, est arrivée en première position avec 24,7 % des suffrages, suivie des républicains de l’ERC, avec 16 % des voix, deux fois plus que lors du scrutin de 2011. Mme Colau a défendu un référendum d’indépendance tout en déclarant qu’elle voterait non à la sécession.Quant au parti d’Artur Mas, qui se présentait sous le nom de Liberté et démocratie, il a perdu la moitié de ses voix, passant de première à quatrième force politique en Catalogne avec à peine 15 % des suffrages. Difficile dans ces conditions de réclamer une présidence que M. Mas occupe depuis 2010.L’incertitude en Catalogne complique singulièrement les choses à Madrid. Le soir des élections, Pablo Iglesias, tête de file de Podemos, s’est empressé de demander un référendum au nom d’une « Espagne plurinationale ». Or, la proposition de Podemos est inacceptable pour le Parti socialiste (PSOE) qui exige que la formation anti-austérité y renonce avant de tenter de former une alliance très hypothétique pour empêcher Mariano Rajoy de se succéder à lui-même. Il devait de nouveau insister sur cette ligne rouge lundi, lors d’une réunion de son comité fédéral. Une consultation sur l’indépendance n’est pas non plus envisageable pour la formation de centre droit Ciudadanos qui voudrait aussi faire partie d’une éventuelle coalition.Isabelle Piquer (Madrid, correspondance)Journaliste au Monde 30.12.2015 à 12h48 • Mis à jour le30.12.2015 à 15h40 La police turque a annoncé, mercredi 30 décembre, l’arrestation de deux hommes à Ankara, soupçonnés d’être membres de l’organisation Etat islamique (EI) et d’avoir prévu de commettre un attentat pendant les célébrations du Nouvel An dans un centre commercial de la capitale turque.« Une veste explosive prête à être utilisée et un sac à dos rempli d’explosif et renforcé par des billes et des tiges d’acier ont été saisis » par la police lors de l’opération, précise un communiqué du gouvernorat d’Ankara. Selon plusieurs chaînes de télévision turques, les deux suspects étaient pris en filature depuis un certain temps par la police spéciale, qui a décidé de les arrêter mercredi.En octobre, un attentat tuait 103 personnesLa Turquie est en état d’alerte depuis l’attentat-suicide qui a fait 103 morts et plus de 500 blessés devant la gare centrale d’Ankara, le 10 octobre. La Turquie avait présenté l’EI comme le suspect numéro un de cet attentat, le plus meurtrier de l’histoire du pays. Depuis, les arrestations se sont multipliées dans les milieux djihadistes en Turquie.Ces arrestations interviennent dans un contexte de renforcement des mesures de sécurité face à des menaces terroristes dans d’autres pays, notamment en Belgique, Autriche où à Moscou. Christophe Garach (Bruxelles, correspondance) C’est la deuxième menace sérieuse d’attentat recensée en Belgique en quelques semaines. Lundi 28 décembre, après plusieurs interpellations en région bruxelloise, dans le Brabant flamand et à Liège, deux individus dont l’identité n’a pas été communiquée ont été placés sous mandat de dépôt et incarcérés. Les deux hommes sont suspectés d’avoir participé à la préparation d’attaques terroristes planifiées à Bruxelles à l’occasion des festivités du Nouvel An. La Grand-Place de Bruxelles ainsi que le commissariat de police attenant faisaient partie des cibles potentielles. Le dossier serait distinct des attentats commis à Paris le 13 novembre, a indiqué le parquet de Bruxelles mais, selon une note de l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace (OCAM) mentionnée par l’agence Belga, il existerait « une menace possible et vraisemblable du même style que les attentats de Paris ».Ces arrestations sont intervenues à la suite de diverses perquisitions organisées, dimanche 27 et lundi 28 décembre, à la demande d’un juge d’instruction du pôle antiterroriste de Bruxelles. Six personnes au total ont été interpellées, dont quatre ont été rapidement relâchées après avoir été entendues par les enquêteurs.Lire aussi :Attentats de Paris : les commandos étaient coordonnés en temps réel de Belgique« Kamikaze Riders »Selon le parquet de Bruxelles, les deux principaux suspects envisageaient « de provoquer des attentats à l’explosif » avant la fin de l’année 2015. Si ni armes ni explosifs n’ont été retrouvés par les policiers, ces derniers ont en revanche saisi du matériel informatique, du matériel de propagande de l’organisation Etat islamique (EI) ainsi que des tenues d’entraînement de type militaire.Les enquêteurs s’intéressent à un groupe de motards du nom de « Kamikaze Riders », dont les deux suspects étaient membres. Selon le quotidien La Dernière Heure, il s’agirait de Mohammed K. 27 ans, et de Saïd S., 30 ans, originaires d’Anderlecht. Ce dernier serait connu des services de police et serait un prédicateur salafiste dont le nom était déjà apparu dans une procédure en 2013. Ils doivent comparaître jeudi devant un juge pour confirmer ou non leur inculpation.Cette menace terroriste ne devrait pas remettre en question les festivités du réveillon et notamment le feu d’artifice prévu pour l’occasion. Avant de prendre sa décision définitive, mercredi en fin de journée, Yvan Mayeur, le bourgmestre (maire) de Bruxelles, a néanmoins demandé un nouvel avis au ministre de l’intérieur. A la suite de ces interpellations, l’OCAM a pris la décision de relever jusqu’au 4 janvier 2016 le niveau d’alerte pour des cibles précises tels que les policiers et militaires en service dans l’agglomération bruxelloise.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : où en est l’enquête ?Christophe Garach (Bruxelles, correspondance) Benoît Vitkine L’enquête officielle lancée par les autorités russes après le meurtre de l’opposant Boris Nemtsov, le 27 février 2015, touche à sa fin. Mardi 29 décembre, le comité fédéral d’enquête a annoncé son intention d’inculper quatre hommes, tous tchétchènes, et a indiqué avoir identifié un commanditaire et organisateur présumé de l’assassinat.Selon les enquêteurs, il s’agit de Rouslan Moukhoudinov, présenté comme un ancien responsable du ministère de l’intérieur tchétchène. Son nom avait déjà été cité, mais uniquement à titre de complice. Un porte-parole du comité d’enquête a indiqué aux agences de presse russes que l’homme, aujourd’hui en fuite, fait l’objet depuis novembre d’un « avis de recherche international ». Il a par ailleurs annoncé la clôture définitive de l’enquête pour le mois de janvier 2016.Cette annonce a été accueillie avec scepticisme par les proches de M. Nemtsov, tué à quelques pas du Kremlin de quatre balles dans le dos. Jusqu’à sa mort, cet opposant virulent faisait l’objet de sévères campagnes de dénigrement et de haine entretenues par le pouvoir. Bien que son étoile ait singulièrement pâli dans l’opinion, la mort de l’ancien vice-premier ministre de Boris Eltsine avait bouleversé au-delà des milieux libéraux auxquels il appartenait.L’avocat de sa famille, Vadim Prokhorov, a jugé « complètement absurde » l’idée que Moukhoudinov puisse être le cerveau de l’assassinat. « Qu’il soit l’un des organisateurs subalternes est une évidence, a dit l’avocat, mais les maîtres d’œuvre sont des gens haut placés. »Lire aussi :A Moscou, le Comité d’enquête, bras judiciaire de Poutine« Patriote tchétchène » Avant sa fuite, Moukhoudinov travaillait comme chauffeur de Rouslan Guérémeïev, l’un des chefs du bataillon Sever, une unité d’élite placée sous l’autorité du ministère de l’intérieur tchétchène. Depuis le mois de février, aucun des deux hommes n’a été interrogé par les enquêteurs.Rapidement après le meurtre, cinq Tchétchènes avaient été arrêtés. L’un d’eux, Zaour Dadaïev, également membre du bataillon Sever, avait admis son implication avant de déclarer plus tard que ses aveux avaient été arrachés sous la torture, des allégations également reprises par des défenseurs des droits de l’homme l’ayant visité en détention.Janna Nemtsova, la fille de l’opposant assassiné, s’est également déclarée déçue par les nouvelles informations du comité d’enquête. Elle a réclamé par le passé que Ramzan Kadyrov, le président de la République autonome de Tchétchénie, soit entendu par les enquêteurs. Immédiatement après son arrestation, il avait qualifié M. Dadaïev de « patriote tchétchène ».M. Kadyrov, dont plusieurs ennemis personnels ou adversaires politiques ont été assassinés ces dernières années à Moscou, Dubai ou Vienne, a toujours nié son implication ou celle de ses proches. Dix jours après le meurtre de Boris Nemtsov, le président Vladimir Poutine avait décerné au dirigeant tchétchène l’une des plus hautes décorations de l’Etat russe, un geste largement interprété comme un signal que l’enquête ne devait pas toucher M. Kadyrov.« La mission des enquêteurs est d’ordre politique, elle consiste à couvrir les vrais responsables », a commenté, dans un entretien au quotidien britannique The Guardian, Ilia Iachine, un allié politique de Boris Nemtsov, qui travaillait avec lui à la rédaction d’un rapport sur l’implication de l’armée russe dans la guerre en Ukraine.Début décembre, les enquêteurs et la justice avaient conclu de façon unanime que l’assassinat de Boris Nemtsov n’avait à voir « ni avec ses fonctions officielles, ni avec son activité publique ou politique ».Lire aussi :Boris Nemtsov : « Poutine m’a tuer »Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste service international La déchéance de nationalité pour les binationaux existe dans plusieurs pays en Europe et dans le monde, « proches de la France », comme l’indique Manuel Valls dans un texte publié sur Facebook le 28 décembre. Il s’agissait pour le Premier ministre de réagir aux attaques d’une partie de la gauche contre l’introduction de cette mesure dans la loi française.Cette disposition est prévue dans 15 pays de l’Union européenne (Belgique, Bulgarie, Chypre, Danemark, Estonie, France, Grèce, Irlande, Lettonie, Lituanie, Malte, Pays-Bas, Roumanie, Slovénie, Royaume-Uni) mais s’applique souvent aux personnes naturalisées. Avec l’augmentation de la menace terroriste, elle s’est étendue aux binationaux sous la pression des gouvernements conservateurs, au Royaume-Uni, en Belgique, aux Pays-Bas ou au Canada.Lire notre enquête :Déchéance de nationalité : quelle est la position de votre député ou sénateur ?Allemagne : la « dénaturalisation », un mauvais souvenirLe premier ministre français se trompe quand il affirme qu’« en Allemagne, la question ne se pose pas puisque la binationalité n’y est pas autorisée ». Ce n’est plus le cas depuis l’assouplissement en 2000 du principe du droit du sang qui régit la nationalité allemande. La double nationalité est possible pour les ressortissants de l’Union européenne (UE) ou de Suisse. Depuis juillet 2014, les enfants d’immigrés, notamment turcs, présents depuis longtemps en Allemagne, peuvent obtenir la double nationalitéEn Allemagne, la déchéance de la nationalité est en principe interdite par la loi fondamentale, en réaction au régime nazi qui avait fait de la « dénaturalisation » (« Ausbürgerung ») une arme phare de son arsenal répressif. Des personnalités comme Hannah Arendt, Willy Brandt, Bertold Brecht ou encore Albert Einstein ont ainsi perdu leur nationalité allemande au cours des années 1930. Il existe cependant des exceptions à l’heure actuelle. On peut perdre sa nationalité allemande, à condition de ne pas devenir apatride. La loi allemande prévoit notamment le cas où une personne possédant une double nationalité décide de s’engager volontairement et sans l’assentiment des autorités allemandes dans les forces armées d’un Etat étranger.Ce dernier cas laisse une porte ouverte à une éventuelle déchéance de nationalité pour les combattants djihadistes, dont il est de plus en plus question au sein de la droite allemande. L’Union chrétienne-démocrate (CDU) au pouvoir a ainsi adopté, à la quasi-unanimité, lors de son congrès en décembre 2015 une motion prévoyant la possibilité de retirer sa nationalité allemande « à une personne combattant pour une milice terroriste à l’étranger et détenant la double nationalité », afin de l’empêcher de revenir en Allemagne. A l’inverse, les sociaux-démocrates allemands ont manifesté leur désaccord. « Cela n’apporterait rien de plus à l’arsenal existant en matière d’antiterrorisme et ne concernerait de toute façon qu’une très petite minorité de personnes, a déclaré un porte-parole du SPD. C’est de l’activisme politique ».Lire aussi :En Grande-Bretagne, les conservateurs ont banalisé la déchéance de nationalitéBelgique : les recruteurs également visés En janvier, suite aux attentats parisiens et au démantèlement d’une cellule terroriste à Verviers, près de Liège, la Belgique a rouvert le dossier de la déchéance de nationalité pour ses binationaux. Au terme d’un vif débat politique, une nouvelle loi « visant à renforcer la lutte contre le terrorisme » a finalement été adoptée et est entrée en vigueur en août 2015. Ce texte vient étoffer les dispositions déjà prévues par la loi de 2012 établissant un pont juridique entre le code de nationalité et le code pénal belges concernant la déchéance de la nationalité liée à des activités terroristes.La loi de 2012 permettait à un juge de prononcer la déchéance de nationalité pour des personnes qui ne sont pas nées d’un parent belge et les binationaux condamnés à des peines de prison fermes – cinq ans et plus – pour certaines infractions pénales, notamment le terrorisme. Mais ce texte était jugé encore trop imprécis. La loi de juillet 2015 va donc plus loin puisqu’elle intègre le fait d’inciter ou de voyager à l’étranger en vue de préparer ou commettre une infraction terroriste, à charge pour les juges de trancher. En dix ans, une dizaine de binationaux ont ainsi été déchus de la nationalité belge.Lire aussi :Déchéance de la nationalité : les leçons belgesPays-Bas : pas de déchéance « préventive »Les Pays-Bas comptent près de 1,3 million de binationaux pour 16,9 millions d’habitants. Le pays a intégré dès 2010 dans sa législation la possibilité de déchoir de sa nationalité les binationaux en cas d’activité terroriste. Avant 2010, les cas de déchéance concernaient essentiellement les actes de fraude, de trahison ou de déloyauté, comme par exemple le fait d’aller effectuer son service militaire dans un autre pays.En 2014, un projet de loi du gouvernement avait créé la polémique. Le texte proposait que la déchéance de nationalité ne soit pas systématiquement être liée à une condamnation pénale. L’idée était d’empêcher préventivement des candidats au djihad à se rendre en Syrie en leur retirant leur passeport via une procédure administrative. Le projet a finalement été abandonné en décembre de la même année.Lire aussi :Quand Hollande et Valls conspuaient la déchéance de nationalité au nom de grandes valeursSlovaquie : réminiscences de l’Autriche-HongrieLa Tchécoslovaquie communiste utilisait à grande échelle cet instrument contre tous les citoyens, opposants politiques comme émigrés économiques, qui fuyaient le pays. Si, après la « révolution de velours », cette pratique est tombée en désuétude, le gouvernement du social-démocrate Robert Fico a réintroduit en 2010 la possibilité de déchoir de la nationalité slovaque tout citoyen qui en acquiert une autre, en tout premier lieu la hongroise. Cette loi a été adoptée en réponse à la décision du premier ministre Viktor Orban de donner un passeport hongrois, s’il le réclame, à tout Magyar résidant dans les pays ou territoires limitrophes qui faisaient partie jusqu’en 1918 du royaume de Hongrie. Depuis son entrée en vigueur, plus d’un millier de Slovaques ne le sont officiellement plus car ils sont devenus Tchèques – le plus gros contingent –, Autrichiens, Britanniques, Américains… et moins d’une centaine pour avoir demandé un passeport hongrois.Suisse : une loi jamais appliquéeSelon l’article 48 de la loi sur la nationalité, la citoyenneté helvétique peut être retirée à un binational dont la « conduite porte une atteinte grave aux intérêts et au renom de la Suisse ». En pratique, ce retrait n’est envisageable que dans des situations extrêmement graves, comme dans le cas d’un criminel de guerre condamné, explique un porte-parole du Secrétariat d’Etat aux migrations. « Cet article existe depuis 1951, mais n’a jamais été appliqué », ajoute-t-il. L’article 41 de la loi sur la nationalité est en revanche plus utilisé : il permet d’annuler une naturalisation s’il est démontré que celle-ci a été obtenue dans des conditions frauduleuses, par exemple en mentant sur sa situation.Espagne : une mesure surtout pour les gangs latinosLa loi sur les étrangers ne permet pas de retirer leur nationalité aux personnes qui partent faire le djihad. Il en a été vaguement question à Madrid après les attentats contre Charlie Hebdo mais le ministère de l’intérieur n’a pas donné suite, sans provoquer de débats. La loi permet cependant de déchoir de la nationalité espagnole et d’expulser toute personne ayant commis « des actes contraires à la sécurité nationale ou qui puissent nuire les relations de l’Espagne avec d’autres pays ». Cette mesure a été utilisée non pas dans les cas de terrorisme mais contre les gangs latino-américains qui sévissent surtout à Madrid et à Barcelone.Canada : la citoyenneté ou le billet d’avion pour la SyrieL’ancien premier ministre conservateur Stephen Harper a fait modifier la loi sur la citoyenneté, dans la foulée des attentats perpétrés en octobre 2014 au Québec et au Parlement d’Ottawa par de jeunes djihadistes radicalisés. Adoptée en juin, la loi autorise la révocation de la nationalité de Canadiens ayant une double citoyenneté et « déclarés coupables d’infractions de terrorisme, de trahison, de haute trahison ou d’espionnage pour le compte de gouvernements étrangers ».Toutefois, la loi sera peut-être bientôt abrogée. Le libéral Justin Trudeau, élu le 19 octobre à la tête du gouvernement canadien, l’a promis pendant la campagne électorale. Raison avancée : « Dès que vous rendez la citoyenneté conditionnelle à un bon comportement pour certains Canadiens, vous diminuez la valeur de la citoyenneté pour tout le monde. » Pour lui, ceux qui sont reconnus coupables de terrorisme ou d’un crime contre le Canada doivent être « enfermés en prison pour le reste de leur vie », plutôt que de partir avec un « billet d’avion pour la Syrie », après la perte de leur nationalité. Il n’y a eu cependant qu’un seul cas de déchéance de nationalité, fin septembre.Lire aussi :Pays historique du multiculturalisme, le Canada revoit sa politique d’accueilEtats-Unis : l’exil fiscal plutôt que la nationalité Depuis que le XIVe amendement à la Constitution a accordé la citoyenneté à toute personne née aux Etats-Unis, en 1868, il est impossible de priver un Américain de sa nationalité. Il ne peut la perdre que s’il y renonce volontairement. Ce qu’ont fait 3 400 Américains en 2014, en majorité pour des raisons fiscales, les Etats-Unis imposant à leurs ressortissants une imposition sur l’ensemble de leurs revenus. Pour les naturalisés, la déchéance de nationalité est difficile, les faits incriminés ne pouvant être intervenus qu’avant la naturalisation.Les Etats-Unis ont beaucoup expulsé après la première guerre mondiale, utilisant l’octroi de la citoyenneté comme moyen de contrôle social. Les réfugiés naturalisés étaient privés de leurs droits s’ils étaient communistes, anarchistes – comme Emma Goldman, expulsée en 1919 –, pacifistes, opposés à la prohibition ou s’il s’agissait d’anciens nazis. Jusqu’en 1943, lorsque la Cour suprême a été saisie du cas du responsable du parti communiste de Californie, William Schneiderman, naturalisé en 1927. La Cour a établi qu’un individu ne pouvait être déchu de ses droits que si les faits qui lui étaient reprochés étaient antérieurs à sa naturalisation.Depuis la législation qui s’applique est l’article 349 de la loi McCarran de 1952, l’Immigration and Nationality Act. Celle-ci prévoit qu’un Américain binational peut être déchu de sa nationalité s’il refuse de témoigner devant le Congrès au sujet d’activités subversives, s’il s’engage dans les forces armées d’un pays étranger sans autorisation, s’il vote dans des élections étrangères, déserte ou se rend coupable d’actes de trahison. Selon l’historien français Patrick Weil, professeur à l’université de Yale, il y a eu au XXe siècle quelque 22 000 cas de perte de la nationalité aux Etats-Unis. Mais quelque 150 cas seulement d’annulation de la naturalisation depuis 1968, généralement pour fraude ou fausse déclaration.Russie : « un citoyen ne peut être déchu de sa nationalité »Des députés du Daguestan, une république à majorité musulmane du Caucase-Nord, ont déposé une proposition de loi le 4 décembre pour déchoir de leur nationalité les terroristes ainsi que les citoyens russes participant à un conflit armé contre la Russie. L’objectif est de limiter le retour dans le pays de ceux partis faire la guerre en Syrie aux côtés de Daech ou se former au sein d’organisations terroristes internationales. Le président du parti pro-Poutine, Russie Juste, Sergueï Mironov, avait déjà évoqué cette idée le 20 novembre, en citant en exemple la France. Cependant, comme l’a rappelé la présidente du conseil de la Fédération Valentina Matvienko, la Constitution russe stipule qu’« un citoyen de la Fédération de Russie ne peut être déchu de sa nationalité ni du droit d’en changer ».service internationalJournaliste au Monde Philippe Bernard (Londres, correspondant) Le Royaume-Uni n’a pas de Constitution écrite et il n’est donc pas question comme en France de la modifier pour consacrer le pouvoir régalien de retirer la nationalité à certains citoyens. Comme dans l’Hexagone, cette prérogative est d’ailleurs inscrite dans la loi depuis la première guerre mondiale. Il s’agissait alors de sanctionner un défaut de loyauté marqué par des liens avec l’ennemi d’alors, l’Allemagne. Pendant très longtemps, l’exécutif a répugné à utiliser ce pouvoir. A peine une soixantaine de dénaturalisation ont été prononcées jusqu’aux années 1920 et seulement une vingtaine entre les deux guerres.Pendant la deuxième guerre mondiale, alors que le pays, seul en Europe contre Hitler, était directement menacé par le nazisme, seules quatre déchéances ont été décidées par le Home office, le ministère de l’intérieur britannique. La guerre froide a redonné l’occasion d’un nouveau recours, toujours parcimonieux, à la procédure de dénaturalisation qui a fini par tomber en désuétude à partir des années 1970.Lire aussi :Des journaux étrangers critiquent l’extension de la déchéance de nationalitéLes vagues successives de terrorisme international ont relancé le débat dans les années 2000, amenant plusieurs durcissements de la législation. Mais le recours à la dénaturalisation ne s’est vraiment banalisé que depuis le retour au pouvoir des conservateurs en 2010. En l’espace de cinq ans, une trentaine de décisions de ce type ont été prises par la ministre de l’intérieur, Theresa May, qui n’a cessé de réclamer l’extension de ses pouvoirs en la matière, prolongeant une tendance amorcée par les travaillistes dès 2001 au lendemain des émeutes raciales de mai au nord de l’Angleterre et des attentats du 11 septembre aux Etats-Unis.Tony Blair avait alors étendu le pouvoir d’ôter la nationalité bien au-delà de la notion traditionnelle d’« intelligence avec l’ennemi ». En vertu de la loi votée en 2002, le ministre de l’intérieur peut prononcer la déchéance s’il « estime » qu’un citoyen « compromet gravement les intérêts vitaux » du Royaume-Uni. Le texte étendait la possibilité de déchéance à des personnes nées au Royaume-Uni, sauf si cela conduit à en faire des apatrides. Mais le gouvernement Blair n’y a eu recours qu’une seule fois avant les attentats contre le métro de Londres de 2005, à l’encontre du prêcheur extrémiste Abou Hamza, imam de la mosquée de Finsbury Park au nord de Londres. Encore cette décision a-t-elle annulée par la justice.Après les attentats de 2005 commis par des ressortissants britanniques, la possibilité de prononcer la dénaturalisation a encore été élargie. Il suffit que la nationalité d’un individu ne soit pas « conforme à l’intérêt public » pour que le Home Office puisse la lui retirer. Mais les gouvernements travaillistes ont respecté la promesse de M. Blair de faire un usage parcimonieux de cette prérogative. Ils n’ont prononcé que quatre déchéances de nationalité entre 2005 et leur défaite électorale de 2010.« Hors du radar de l’opinion publique »Depuis l’arrivée au pouvoir de David Cameron, le retrait de la nationalité a quitté l’ordre du symbole pour devenir une pratique relativement courante. Visant généralement des ressortissants britanniques compromis dans le terrorisme et se trouvant à l’étranger, la mesure est destinée principalement à empêcher leur retour au Royaume-Uni.La ministre de l’intérieur peut désormais interdire de retour pendant deux ans un citoyen britannique engagé dans le djihad, et confisquer pendant trente jours le passeport de citoyens cherchant à quitter le territoire pour se livrer à des activités terroristes.La chef du Home Office, Theresa May, en fonction depuis 2010, dispose de pouvoirs propres : elle prend seule la décision de déchoir un citoyen de sa nationalité si elle la considère « conforme à l’intérêt public ». Un droit d’appel devant une juridiction spéciale est reconnu à la personne déchue, mais les motifs de la décision sont généralement gardés secrets pour protéger l’activité des services de renseignement, le MI5. Le droit au recours est d’autant plus théorique que la personne visée se trouve à l’étranger et ignore le charges précises qui pèsent sur elle. Mme May, qui répète que « la nationalité est un privilège » a ainsi justifié en 2014 sa décision de retirer en 2011 la nationalité britannique à un homme né au Royaume-Uni et à ses trois fils pour leurs liens avec Al-Qaida, attestés par le MI5.En 2014, le gouvernement conservateur a donné un nouveau tour de vis à la législation afin de riposter à un arrêt de la Cour suprême qui avait annulé une déchéance en raison d’un risque d’apatridie. Après une virulente controverse politique, le Parlement a adopté une réforme alambiquée : la nationalité peut être retirée à une personne ne disposant que de la citoyenneté britannique à condition qu’elle l’ait reçue par naturalisation et que son comportement soit « sérieusement préjudiciable aux intérêts vitaux » du pays. Le Home Office peut alors prononcer la déchéance « s’il existe des raisons de penser » qu’elle peut acquérir la nationalité d’un autre pays, formule particulièrement vague.Longtemps utilisée « de façon parcimonieuse et hors du radar de l’opinion publique », la déchéance « est devenue un sujet de “une” politique » de plus en plus populaire, au point de devenir « une prérogative d’Etat d’importance grandissante », analyse Matthew Gibney, professeur à Oxford, spécialiste des migrations forcées. A la fin de 2014, après la révélation de l’engagement de jeunes Britanniques aux côtés de l’organisation Etat islamique, une nouvelle loi « contre le terrorisme » a doté Theresa May de pouvoirs renforcés. La ministre de l’intérieur peut désormais interdire de retour pendant deux ans un citoyen britannique engagé dans le djihad, et confisquer pendant trente jours le passeport de citoyens cherchant à quitter le territoire pour se livrer à des activités terroristes.Lire aussi :David Cameron veut que Londres intensifie sa lutte contre l’Etat islamique en SyriePhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.12.2015 à 12h17 • Mis à jour le29.12.2015 à 17h05 De récentes déclarations, malvenues, sur une France supposément de « race blanche », ont suscité de vives réactions. Car, outre le caractère complètement anachronique et scientifiquement erroné du concept de race appliqué à l’espèce humaine, ces propos sous-entendent qu’il existerait une France idéale et primitive, exempte de toute influence extérieure, qui serait donc à préserver comme un patrimoine. La « France des clochers », avec son « long manteau d’églises et de cathédrales », comme l’affirmait l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy.Cette polémique est d’autant plus malvenue qu’elle est contemporaine d’une arrivée de réfugiés sur le sol européen devenue plus importante en raison de la guerre en Syrie. Elle a relancé, parfois en creux, le débat sur le regard que la France porte sur les étrangers, sur ceux qu’elle considère comme étant étrangers, et sur les contours d’une identité nationale que des tentatives de définition récentes et avortées, parce que très discutées et discutables, à travers la création d’un ministère ayant porté ce titre entre 2007 et 2010, avaient pourtant échoué à résoudre.Nous n’avons pas pour ambition de répondre à toutes les questions complexes soulevées par ce débat. Nous souhaitons simplement donner notre avis, depuis la place qui est la nôtre. Journaliste scientifique, historien spécialiste de la représentation de la préhistoire et préhistorien, nous proposons d’éclairer la discussion sur deux points : d’abord replacer ces questions dans la longue durée, pour montrer qu’elles n’ont, hélas, rien de nouveau ; apporter ensuite un éclairage sur nos ancêtres, c’est-à-dire ceux qui ont occupé l’actuel territoire de la France, et plus largement l’Europe, lors de la lointaine période appelée paléolithique (âge de la pierre taillée), il y a plusieurs dizaines de milliers d’années, et sur ce qu’ils nous ont légué.Le scénario qui se dégage, loin des représentations ethno et européo-centrées, est celui de longues et complexes migrations, inhérentes à l’humanité, de mélanges de populations parfois entre espèces proches dont nous portons encore la trace dans nos gènes (Néandertal et Denisova), et d’un mode de vie à l’échelle continentale, inventé par des chasseurs-cueilleurs migrants à la peau certainement pas aussi blanche que d’aucuns la souhaiteraient.Peur et l’angoissePremier constat, la peur de l’autre est une constante dans la représentation de la préhistoire dans la littérature et, plus largement, dans la fiction depuis le XIXe siècle. Celui qui n’est pas moi est forcément un danger et ce danger s’accroît évidemment au rythme de son rapprochement. Il est toujours dépeint très négativement, qu’il soit la conséquence d’une menace – si la tribu de Naoh, dans le roman La Guerre du feu de J.-H. Rosny aîné, doit fuir « dans la nuit épouvantable », c’est parce qu’une tribu ennemie lui ayant volé le feu sa survie est en jeu – ou cette menace elle-même.On peut ainsi lire dans un manuel scolaire des années 1970 : « Les nomades faméliques des terres ingrates sont tentés de surprendre les sédentaires. Ceux-ci doivent prévoir leur défense. » L’errance suscite la peur et l’angoisse. L’ailleurs est hostile. La stabilité géographique, au contraire, est synonyme de calme, de paix. Le nomade est un danger, le sédentaire un ami. Dans l’image que nous nous faisons des temps premiers, rien de plus commun donc que le caractère néfaste, pour ne pas dire nocif, des migrations. Rien de plus commun, mais, pourtant, rien de plus faux.Deuxième constat, en effet : en l’état actuel des connaissances, après de plus de cent cinquante années de recherche sur les terrains de fouilles et dans les génomes fossiles, la paléoanthropologie nous enseigne que le genre Homo est apparu en Afrique il y a 2,8 millions d’années (site de Ledi-Geraru, en Ethiopie). Partant de là, nous sommes tous des primates adaptés au climat tropical, ce qui se détecte encore dans notre anatomie et notre métabolisme : par exemple, le fait que nous suons par tous les pores de la peau, mécanisme de refroidissement efficace qui permet de supporter plus facilement les fortes chaleurs.Quant à l’Europe, elle fut peuplée progressivement, sans doute au cours de plusieurs vagues migratoires. On retrouve ainsi des hommes en Géorgie voilà 1,9 million d’années, sur le site de Dmanissi. En Europe de l’Ouest, les plus anciens fossiles humains connus se trouvent en Espagne, datés d’il y a environ 1,2 million d’années, dans la Sima del Elefante. En France, nous savons que l’homme était présent il y a 1 million d’années dans la grotte du Vallonnet, près de Menton. Il y a laissé ses outils et les restes de ses repas. Quant au fossile humain le plus ancien sur le sol français, il a été découvert cet été à Tautavel, dans une couche datée d’il y a environ 550 000 ans. Hélas, il ne nous a laissé que deux dents…La lente évolution de ces populations d’origine africaine va ensuite conduire à l’apparition de deux espèces humaines européennes : l’homme de Néandertal, présent il y a 250 000 ans, et l’homme de Denisova ou Dénisovien (sud de la Sibérie), dont on ne connaît encore pratiquement rien, sinon son ADN, identifié à partir d’une poignée d’os.Environ 40 000 ans avant notre ère, un nouvel épisode migratoire entraîne l’arrivée en Europe de nouvelles populations humaines. Ce sont des hommes anatomiquement modernes, des Homo sapiens, comme nous le sommes encore aujourd’hui, espèce probablement née dans le berceau est-africain de l’humanité, voilà 200 000 ans.Partis d’Afrique comme leurs lointains prédécesseurs, vraisemblablement poussés par la recherche de meilleures conditions de vie – ce qui n’est pas sans rappeler les motivations des migrants actuels – et de territoires de chasses plus abondants, suivant aussi la migration des troupeaux ou la dispersion des faunes animales, ces nouveaux venus s’installent en quelques millénaires sur tout le continent européen. Leur patrimoine génétique se mélange avec celui des Néandertaliens et des Dénisoviens, dans des proportions variables suivant les zones géographiques.Ancêtres de stature imposanteDepuis 30 000 ans environ, le remplacement de population est achevé : seul Homo sapiens est présent dans toute l’Eurasie. Cro-Magnon, comme nous avons pris l’habitude de le surnommer, nous a laissé une culture originale, l’aurignacien, ainsi que le grand art naturaliste, dont la plus ancienne et spectaculaire manifestation est la grotte Chauvet-Pont d’Arc, lovée au bord de l’Ardèche et ornée voici 36 000 ans. Ces populations seront elles-mêmes à leur tour métissées à la suite de leur rencontre avec des agropasteurs venus du Proche-Orient, à partir de 8 000 ans environ. On le voit, les flux migratoires n’ont jamais cessé, et nous sommes, dès les origines, le produit de mélanges complexes.Estimons-nous, au passage, heureux que des barrières semblables à celles qui s’érigent aujourd’hui le long de nos frontières continentales n’aient pas été dressées, à l’époque, par les véritables autochtones européens qu’étaient les Néandertaliens afin d’empêcher nos ancêtres Homo sapiens d’y pénétrer… Chauvet-Pont d’Arc et Lascaux se trouveraient aujourd’hui quelque part en Turquie ou au sud de la Russie, pour le désespoir de nos offices de tourisme !Si les Néandertaliens avaient empêché nos ancêtres Homo sapiens de pénétrer leur territoire, Chauvet-Pont d’Arc et Lascaux se trouveraient aujourd’hui quelque part en Turquie ou au sud de la RussieMais alors, à quoi ressemblaient les Aurignaciens et leurs descendants directs ? Etaient-ils de grands blonds musclés comme Rahan ou des guerriers taciturnes aux cheveux noirs comme Tounga, autre célèbre Cro-Magnon de bande dessinée ? Etaient-ils blancs de peau ? Si l’on ne peut pas répondre catégoriquement à ces questions, la paléoanthropologie nous donne des indices sérieux et convergents.D’origine tropicale, adaptés au climat chaud à fort ensoleillement de l’Afrique, nos ancêtres paléolithiques étaient de stature imposante (parfois plus de 1,80 m), comme nous le montrent les squelettes retrouvés, taillés pour la course d’endurance. De plus, ils avaient probablement la peau sombre, meilleure réponse adaptative à ces conditions climatiques et lumineuses.L’éclaircissement, un phénomène récentSur ce point sensible dans le débat actuel, plusieurs études paléogénomiques récentes, basées sur la recherche dans des ossements fossiles de fragments d’ADN correspondant à des caractères morphologiques (couleur des yeux, des cheveux, de la peau…) ont démontré que l’éclaircissement de la peau consécutif à l’adaptation au moindre ensoleillement de l’Europe continentale par rapport à l’Afrique, et au mélange avec de nouvelles populations venues de l’est du continent, constituait un phénomène récent.Ainsi, l’article en cours de publication par des biologistes de l’université Harvard, annoncé en mars, indique que ce phénomène date d’environ 8 500 ans av. J.-C., les marqueurs de la peau dépigmentée étant absents de tous les hommes fossiles intégrés à l’étude, 83 au total, antérieurs à cette date. Conclusion logique : les auteurs des somptueux dessins des grottes de Chauvet-Pont d’Arc, Lascaux et Altamira, symboles du génie créatif d’Homo sapiens, avaient certainement la peau foncée.Avaient-ils pour autant les cheveux crépus et les traits négroïdes ? C’est une autre question. Les premiers préhistoriens étaient impressionnés par les proportions corporelles des statuettes féminines préhistoriques d’époque gravettienne (entre 29 000 et 19 000 ans environ).Leurs fortes masses adipeuses leur rappelaient celles observées chez les femmes Khoisan d’Afrique du Sud, en particulier Saartjie Baartman, la tristement célèbre « Vénus hottentote ». C’est pourquoi sur les bas-reliefs à l’extérieur de l’Institut de paléontologie humaine à Paris, inauguré en 1920, le sculpteur Constant Roux a représenté un homme aux traits négroïdes en train de sculpter la Vénus gravettienne de Laussel (Dordogne), tandis que, sur le mur d’en face, c’est un homme de type caucasoïde qui dessine un bison magdalénien (environ 15 000 ans avant notre ère) de Font-de-Gaume (Dordogne).Illusion évolutionnisteOn retrouve là l’idée d’une hiérarchie de races supposées, et l’illusion évolutionniste chez les historiens de l’art de l’époque, pour qui la sculpture apparaissait avant la peinture et le réalisme de la figuration se perfectionnait au fil du temps… Singulier retour des débats au fil des générations !Pourtant, malgré ces évidences biologiques, Cro-Magnon est presque toujours représenté avec la peau claire et, pour ces dames, les cheveux souvent blonds. C’est le cas dans les ouvrages et les articles de vulgarisation, dans les romans et au cinéma : parmi les amateurs de films de préhistoire, lequel oserait nier être resté insensible aux charmes aussi nordiques que plantureux de la belle Raquel Welch dans Un million d’années avant J.-C., sorti en 1966 ?De la même façon que les premières générations de chercheurs confrontés à la découverte de l’art pariétal paléolithique à la fin du XIXe siècle – les bisons d’Altamira sont connus dès 1878-1879 – n’admettaient pas son ancienneté, car ils déniaient aux hommes préhistoriques la possession des compétences nécessaires, n’existe-t-il pas encore aujourd’hui une réticence, plus ou moins avouée, à représenter ces mêmes artistes sous des traits qui ne seraient pas parfaitement caucasoïdes ?A la lumière des recherches en préhistoire, il est peut-être enfin temps d’en finir avec ces représentations obsolètes, non seulement synonymes de repli sur soi qui, comme tout repli, conduit à l’asphyxie, mais surtout génératrices au mieux d’une indifférence, au pire d’un rejet, l’un comme l’autre mortifère ?Produit de migrations et de mélangesA l’encontre d’idées reçues tenaces enracinées dans les esprits par des discours d’intolérance, d’exclusion et de rejet plus ou moins assumés, le peuplement de ce que nous appelons aujourd’hui la France apparaît donc, irrémédiablement, comme le produit de migrations et de mélanges de populations qui remontent aux origines de l’humanité.Comment d’ailleurs pourrait-il en être autrement si l’on considère notre condition de « finistère », territoire situé au bout du continent et qui a de ce fait naturellement constitué une terre d’arrivées successives, et donc d’immigration.Autant de faits incontournables, qui devraient modifier le regard que nous portons sur les « autres », migrants d’aujourd’hui, et en cela descendants directs de ceux, à la peau foncée, qui occupèrent plus tôt notre territoire, posèrent les fondements de notre civilisation occidentale… et inventèrent au fond des cavités profondes des chefs-d’œuvre qui figurent parmi les plus belles réalisations humaines, admises à juste titre sur la liste du patrimoine mondial.Pedro Lima est journaliste scientifique, Romain Pigeaud est préhistorien et chercheur associé (université Rennes-1) et Pascal Semonsut est historien, spécialiste de la représentation de la préhistoire. Isabelle Piquer (Madrid, correspondance) C’est de nouveau l’impasse en Catalogne. Les séparatistes anticapitalistes de la Candidature d’unité populaire (CUP) ont échoué à se prononcer, dimanche 27 décembre, sur l’investiture d’Artur Mas, le président conservateur sortant de la communauté autonome, prolongeant ainsi la paralysie du camp indépendantiste qui n’arrive pas à former un gouvernement depuis sa petite victoire aux élections régionales de septembre dernier.Les quelque 3 000 militants de cette formation anti-UE et anti-OTAN s’étaient réunis à Sabadell, une ville industrielle au nord de Barcelone, pour décider de leur soutien à la coalition d’Artur Mas, Junts pel si (« Ensemble pour le oui »). Il a fallu toute une journée et trois tours de scrutin pour arriver au match nul : 1 515 voix contre, 1 515 pour, les deux premiers tours ayant donné un très léger avantage (une trentaine de voix) au non. « C’est surréaliste », a reconnu encore sous le choc Laia Gordi, l’une des porte-parole de la CUP : « Ce résultat ne nous mène nulle part. Il est clair que nos militants sont très divisés. »Nouveau candidatLes anticapitalistes ont reporté leur décision au 2 janvier, lorsque les principaux dirigeants de la formation se réuniront de nouveau. Le temps presse : faute d’accord d’ici le 9 janvier, de nouvelles élections régionales devront être convoquées, les quatrièmes depuis 2010.Afin de trouver un compromis, les sécessionnistes radicaux ont demandé à Junts pel si de leur proposer un « nouvel accord ou un nouveau candidat ». Il y a une semaine, la coalition nationaliste avait déjà offert à la CUP une liste de vingt mesures sociales – protéger les enfants défavorisés, freiner les expulsions immobilières, créer un salaire minimum d’insertion – pour tenter de convaincre ses membres.C’est comme ça depuis trois mois. Lors des élections régionales du 27 septembre, les indépendantistes catalans ont obtenu 72 sièges sur 135 au Parlement régional avec 48,7% des suffrages. La plate-forme nationaliste Junts pel si, qui rassemble le parti conservateur Convergence démocratique de Catalogne (CDC) d’Artur Mas et la gauche républicaine indépendantiste (ERC), a obtenu 62 sièges. Mais elle a besoin des dix élus de la CUP pour investir un gouvernement. Lors d’interminables tractations, les anticapitalistes ont demandé en vain qu’on leur présente un candidat autre que M. Mas pour diriger la Catalogne. Ils lui reprochent d’avoir mené une politique d’austérité et accusent le CDC d’être miné par les affaires de corruption, notamment celles impliquant son responsable historique, Jordi Pujol.Malgré leurs différences idéologiques, les indépendantistes ont réussi à adopter, le 9 novembre, une résolution sans précédent déclarant le début de la rupture avec l’Espagne de cette région de 7,5 millions d’habitants, qui représente 20 % de son PIB. Un processus de sécession a été alors landé, qui devait aboutir, dans l’espace de dix-huit mois, à la création d’un «Etat catalan indépendant prenant la forme d’une République ». La décision a été retoquée le 2 décembre par la Cour constitutionnelle espagnole, à la suite d’un recours présenté par le premier ministre conservateur, Mariano Rajoy.Les résultats des élections législatives espagnoles du 20 décembre dernier ont sans doute pesé dans la décision, ou plutôt l’indécision, des militants de la CUP. En Catalogne, c’est la gauche qui a gagné les récentes législatives. L’alliance entre le parti anti-austérité Podemos et la plate-forme citoyenne En comú de la maire de Barcelone, Ada Colau, est arrivée en première position avec 24,7 % des suffrages, suivie des républicains de l’ERC, avec 16 % des voix, deux fois plus que lors du scrutin de 2011. Mme Colau a défendu un référendum d’indépendance tout en déclarant qu’elle voterait non à la sécession.Quant au parti d’Artur Mas, qui se présentait sous le nom de Liberté et démocratie, il a perdu la moitié de ses voix, passant de première à quatrième force politique en Catalogne avec à peine 15 % des suffrages. Difficile dans ces conditions de réclamer une présidence que M. Mas occupe depuis 2010.L’incertitude en Catalogne complique singulièrement les choses à Madrid. Le soir des élections, Pablo Iglesias, tête de file de Podemos, s’est empressé de demander un référendum au nom d’une « Espagne plurinationale ». Or, la proposition de Podemos est inacceptable pour le Parti socialiste (PSOE) qui exige que la formation anti-austérité y renonce avant de tenter de former une alliance très hypothétique pour empêcher Mariano Rajoy de se succéder à lui-même. Il devait de nouveau insister sur cette ligne rouge lundi, lors d’une réunion de son comité fédéral. Une consultation sur l’indépendance n’est pas non plus envisageable pour la formation de centre droit Ciudadanos qui voudrait aussi faire partie d’une éventuelle coalition.Isabelle Piquer (Madrid, correspondance)Journaliste au Monde 27.12.2015 à 01h15 • Mis à jour le27.12.2015 à 11h01 La police autrichienne a annoncé samedi 26 décembre avoir relevé le même jour le niveau de sécurité à Vienne et dans d’autres villes du pays après avoir été avertie de l’éventualité d’attentats pendant la période des fêtes.Peu avant Noël, « un service de renseignement allié a alerté plusieurs capitales européennes sur la possibilité d’attaques à la bombe ou de fusillades dans des endroits très fréquentés entre Noël et le Jour de l’an », a annoncé la police de Vienne dans un communiqué. Cette mise en garde a donné « plusieurs noms d’assaillants potentiels », mais les enquêtes n’ont abouti à aucun résultat pour le moment, précise par ailleurs la police.Aucun événement annuléCette dernière a aussi expliqué qu’elle allait renforcer la sécurité des événements publics, des transports, ainsi que les contrôles sur les routes de la capitale et du reste du pays. Pour le moment, aucune festivité du Nouvel An n’a été annulée.Au début du mois, la police autrichienne avait arrêté une adolescente suédoise de 17 ans avant de l’inculper de terrorisme. Plus récemment encore, deux personnes avaient été appréhendées dans un camp de migrants, et les autorités menaient l’enquête sur un possible lien avec les attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis. 25.12.2015 à 13h58 • Mis à jour le25.12.2015 à 15h04 Des centaines de migrants africains ont essayé de franchir, vendredi 25 décembre, la clôture, surmontée de barbelés, érigée à la frontière entre le Maroc et l’enclave espagnole de Ceuta. D’après la Croix-Rouge, 185 d’entre eux sont parvenus à passer en Espagne.Des volontaires de l’ONG ont traité les migrants qui ont réussi à traverser la frontière et étaient pour la plupart blessés, leur fournissant des vêtements et des chaussures, a annoncé l’organisation dans un communiqué. Douze d’entre eux ont dû être hospitalisés pour fractures, a-t-elle précisé.Dans le même temps, quelque 200 autres tentaient de gagner l’enclave espagnole à la nage depuis les côtes marocaines, a annoncé l’agence officielle marocaine MAP. Les autorités marocaines ont intercepté 104 migrants et ont retrouvé deux corps dans la mer près de la frontière, selon l’agence.Lire aussi :Le cap du million de migrants arrivés en Europe en 2015 a été franchiDes clôtures de sept mètres de hautChaque année, des milliers de migrants risquent leur vie pour atteindre les enclaves de Ceuta et Melilla, les seules frontières terrestres de l’Union européenne avec l’Afrique. L’Espagne avait consolidé les clôtures frontalières des deux enclaves l’année dernière pour faire face à cet afflux.Certains tentent de franchir les clôtures de sept mètres de haut séparant ces enclaves espagnoles du Maroc, tandis que d’autres essaient de gagner les communautés autonomes à bord d’embarcations. En 2014, 15 migrants sont morts noyés après avoir tenté de gagner Ceuta à la nage. 24.12.2015 à 15h36 • Mis à jour le24.12.2015 à 16h30 L’adolescente palestinienne qui avait pleuré après que la chancelière allemande lui a dit qu’elle risquait l’expulsion a obtenu le droit de rester en Allemagne pour une année supplémentaire, en raison de la bonne intégration de sa famille et de ses excellentes notes à l’école, rapporte le journal Bild.Reem Sahwil était présente lors d’une émission de télévision dans laquelle Mme Merkel répondait aux questions de l’audience, en juillet. Âgée de 14 ans, elle avait raconté qu’elle et sa famille attendaient de régulariser leur situation depuis quatre ans. Elle avait éclaté en sanglot après la réponse de la chancelière, qui tentait de lui faire comprendre que l’Allemagne ne pouvait accueillir toutes les demandes d’accueil de migrants et de réfugiés.Cinq mois plus tard, les autorités de Rostock ont donc prolongé le permis de séjour de la famille Sahwil jusqu’en mars 2017, selon Bild, qui cite des sources anonymes au sein des services d’immigration.Le nombre de migrants arrivés en Allemagne en décembre a diminué de plus de moitié par rapport à novembre, selon les statistiques de la police fédérale. Un déclin probablement dû au mauvais temps en mer Egée, principale voie de transit des réfugiés vers l’Europe, et aux contrôles plus stricts appliqués à ses frontières par la Turquie.Du début du mois jusqu’au 20 décembre, environ 73 500 migrants sont arrivés en Allemagne contre 170 000 sur la même période en novembre. Sur ces entrants, environ 6 000 personnes ne font que transiter par l’Allemagne pour se rendre en Scandinavie.Le nombre d’arrivées quotidiennes a varié de 2 000 à 5 000 en décembre.D’après les données du recensement à l’entrée sur le territoire, 965 000 réfugiés ou migrants sont arrivés en Allemagne en 2015 à la fin du mois de novembre, ce qui signifie que le million est probablement dépassé désormais. Olivier Truc (Stockholm, correspondance) Le gouvernement danois n’en finit plus de durcir sa politique à l’égard des réfugiés. La dernière initiative, insérée dans un projet de loi qui doit être débattu en janvier, prévoit de confisquer les bijoux des demandeurs d’asile pour financer leurs aides. Le gouvernement libéral minoritaire de Lars Lokke ­Rasmussen propose que la police soit capable de fouiller les bagages des demandeurs d’asile et de ­saisir les objets de valeur – pas les ­alliances de mariage, a finalement concédé le gouvernement – ainsi que les sommes d’argent ­dépassant 3 000 couronnes (400 euros).Cette mesure a provoqué une vague d’indignation, notamment à l’étranger. Le Washington Post a comparé la mesure à la spoliation des juifs pendant la seconde guerre mondiale. Mais la police danoise, censée être en première ligne pour évaluer la valeur des bijoux, a également fait part de ses craintes sur l’organisation concrète de ces contrôles. « J’estime que l’on doit être capable de faire la différence entre un bracelet qui coûte 1 000 ou 20 000 couronnes », a rétorqué la ministre de l’intégration, Inger Stojberg.Interrogés par le quotidien Politiken, mercredi 23 décembre, des juristes ont également rejeté l’argument du gouvernement qui prétendait que cette mesure n’était pas différente de celles qui s’appliquent aux Danois. Selon eux, jamais on ne pourrait confisquer les bijoux de Danois bénéficiant de l’aide sociale. Si cette disposition a fait scandale, ce n’est pourtant qu’une mesure sur la longue liste des règles drastiques auxquelles doivent se soumettre les étrangers dans le pays.Le cas d’un étudiant camerounais, médiatisé ces derniers jours, a également créé la polémique. Elève à l’université d’Aarhus, Marius Youbi s’est vu retirer son permis de séjour et signifier qu’il devait quitter le Danemark d’ici au 8 janvier pour avoir dépassé d’une heure et demie le quota de quinze heures hebdomadaires autorisées pour un travail à temps partiel en tant qu’étudiant international. Choquée, l’université a autorisé l’étudiant ingénieur à passer ses examens en avance avant son expulsion. Il a obtenu les meilleures notes possibles. « C’est une punition disproportionnée pour quelqu’un dont le tort est d’avoir trop travaillé », s’est indigné Per Lysgaard, de l’université d’Aarhus.Lire aussi :Au Danemark, 20 000 personnes manifestent pour « un traitement digne des réfugiés »Rhétorique anti-immigrésDepuis les années 2000, le Danemark n’a cessé de durcir sa position contre les étrangers, sous l’influence du Parti du peuple danois (DF, extrême droite). Ce mouvement, qui a obtenu 21,1 % des voix aux législatives en juin, est le principal soutien du gouvernement actuel. Le parti du premier ministre, Lars Lokke Rasmussen, gouverne en effet après n’avoir obtenu que 19,5 % des voix et est contraint de chercher des majorités en fonction des textes. Ironie de l’histoire, son projet de loi sur les demandeurs d’asile est soutenu par les autres petites formations de droite et les sociaux-démocrates, mais pas par DF.Le parti estime en effet que le texte n’est pas assez dur. Il voudrait que le Danemark mette en place des villages d’accueil isolés pour les réfugiés afin de soulager les communes, chargées jusqu’ici de l’hébergement. L’extrême droite estime en effet que cela permet aux réfugiés de passer devant les Danois en attente de logement.Jusqu’ici, DF a toujours refusé de participer au gouvernement, préférant rester à l’extérieur pour mieux l’influencer, avec un succès indéniable. Depuis son entrée au Parlement en 1998, l’extrême droite est parvenue à faire de la question des étrangers un point central du débat danois, à laquelle la plupart des autres partis ont choisi de s’adapter. Entre 2001 et 2011, le gouvernement minoritaire libéral-conservateur était déjà resté au pouvoir grâce au soutien négocié de DF au Parlement, ce qui avait progressivement conduit le Danemark à adopter la législation sur les étrangers la plus stricte d’Europe.Au fil des ans, même les sociaux-démocrates, puis plus tard leur ­allié plus à gauche, le Parti populaire socialiste (SF), se sont mis à adopter la même rhétorique sur les réfugiés et les musulmans, banalisant ainsi les idées de l’extrême droite. Le 3 décembre, les Danois ont voté contre un renforcement de la participation du pays à la politique européenne de sécurité et de justice. DF, qui avait dirigé le camp du « non » contre le reste des principaux partis, avait fait campagne en assurant qu’un « oui » se traduirait à terme par une perte de contrôle du Danemark sur sa politique migratoire. A 53,1 %, les Danois ont voté « non ».Lire aussi :Les Danois votent contre une coopération policière renforcée avec l’UEOlivier Truc (Stockholm, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Isabelle Piquer (Madrid, correspondance) C’est de nouveau l’impasse en Catalogne. Les séparatistes anticapitalistes de la Candidature d’unité populaire (CUP) ont échoué à se prononcer, dimanche 27 décembre, sur l’investiture d’Artur Mas, le président conservateur sortant de la communauté autonome, prolongeant ainsi la paralysie du camp indépendantiste qui n’arrive pas à former un gouvernement depuis sa petite victoire aux élections régionales de septembre dernier.Les quelque 3 000 militants de cette formation anti-UE et anti-OTAN s’étaient réunis à Sabadell, une ville industrielle au nord de Barcelone, pour décider de leur soutien à la coalition d’Artur Mas, Junts pel si (« Ensemble pour le oui »). Il a fallu toute une journée et trois tours de scrutin pour arriver au match nul : 1 515 voix contre, 1 515 pour, les deux premiers tours ayant donné un très léger avantage (une trentaine de voix) au non. « C’est surréaliste », a reconnu encore sous le choc Laia Gordi, l’une des porte-parole de la CUP : « Ce résultat ne nous mène nulle part. Il est clair que nos militants sont très divisés. »Nouveau candidatLes anticapitalistes ont reporté leur décision au 2 janvier, lorsque les principaux dirigeants de la formation se réuniront de nouveau. Le temps presse : faute d’accord d’ici le 9 janvier, de nouvelles élections régionales devront être convoquées, les quatrièmes depuis 2010.Afin de trouver un compromis, les sécessionnistes radicaux ont demandé à Junts pel si de leur proposer un « nouvel accord ou un nouveau candidat ». Il y a une semaine, la coalition nationaliste avait déjà offert à la CUP une liste de vingt mesures sociales – protéger les enfants défavorisés, freiner les expulsions immobilières, créer un salaire minimum d’insertion – pour tenter de convaincre ses membres.C’est comme ça depuis trois mois. Lors des élections régionales du 27 septembre, les indépendantistes catalans ont obtenu 72 sièges sur 135 au Parlement régional avec 48,7% des suffrages. La plate-forme nationaliste Junts pel si, qui rassemble le parti conservateur Convergence démocratique de Catalogne (CDC) d’Artur Mas et la gauche républicaine indépendantiste (ERC), a obtenu 62 sièges. Mais elle a besoin des dix élus de la CUP pour investir un gouvernement. Lors d’interminables tractations, les anticapitalistes ont demandé en vain qu’on leur présente un candidat autre que M. Mas pour diriger la Catalogne. Ils lui reprochent d’avoir mené une politique d’austérité et accusent le CDC d’être miné par les affaires de corruption, notamment celles impliquant son responsable historique, Jordi Pujol.Malgré leurs différences idéologiques, les indépendantistes ont réussi à adopter, le 9 novembre, une résolution sans précédent déclarant le début de la rupture avec l’Espagne de cette région de 7,5 millions d’habitants, qui représente 20 % de son PIB. Un processus de sécession a été alors landé, qui devait aboutir, dans l’espace de dix-huit mois, à la création d’un «Etat catalan indépendant prenant la forme d’une République ». La décision a été retoquée le 2 décembre par la Cour constitutionnelle espagnole, à la suite d’un recours présenté par le premier ministre conservateur, Mariano Rajoy.Les résultats des élections législatives espagnoles du 20 décembre dernier ont sans doute pesé dans la décision, ou plutôt l’indécision, des militants de la CUP. En Catalogne, c’est la gauche qui a gagné les récentes législatives. L’alliance entre le parti anti-austérité Podemos et la plate-forme citoyenne En comú de la maire de Barcelone, Ada Colau, est arrivée en première position avec 24,7 % des suffrages, suivie des républicains de l’ERC, avec 16 % des voix, deux fois plus que lors du scrutin de 2011. Mme Colau a défendu un référendum d’indépendance tout en déclarant qu’elle voterait non à la sécession.Quant au parti d’Artur Mas, qui se présentait sous le nom de Liberté et démocratie, il a perdu la moitié de ses voix, passant de première à quatrième force politique en Catalogne avec à peine 15 % des suffrages. Difficile dans ces conditions de réclamer une présidence que M. Mas occupe depuis 2010.L’incertitude en Catalogne complique singulièrement les choses à Madrid. Le soir des élections, Pablo Iglesias, tête de file de Podemos, s’est empressé de demander un référendum au nom d’une « Espagne plurinationale ». Or, la proposition de Podemos est inacceptable pour le Parti socialiste (PSOE) qui exige que la formation anti-austérité y renonce avant de tenter de former une alliance très hypothétique pour empêcher Mariano Rajoy de se succéder à lui-même. Il devait de nouveau insister sur cette ligne rouge lundi, lors d’une réunion de son comité fédéral. Une consultation sur l’indépendance n’est pas non plus envisageable pour la formation de centre droit Ciudadanos qui voudrait aussi faire partie d’une éventuelle coalition.Isabelle Piquer (Madrid, correspondance)Journaliste au Monde 27.12.2015 à 01h15 • Mis à jour le27.12.2015 à 11h01 La police autrichienne a annoncé samedi 26 décembre avoir relevé le même jour le niveau de sécurité à Vienne et dans d’autres villes du pays après avoir été avertie de l’éventualité d’attentats pendant la période des fêtes.Peu avant Noël, « un service de renseignement allié a alerté plusieurs capitales européennes sur la possibilité d’attaques à la bombe ou de fusillades dans des endroits très fréquentés entre Noël et le Jour de l’an », a annoncé la police de Vienne dans un communiqué. Cette mise en garde a donné « plusieurs noms d’assaillants potentiels », mais les enquêtes n’ont abouti à aucun résultat pour le moment, précise par ailleurs la police.Aucun événement annuléCette dernière a aussi expliqué qu’elle allait renforcer la sécurité des événements publics, des transports, ainsi que les contrôles sur les routes de la capitale et du reste du pays. Pour le moment, aucune festivité du Nouvel An n’a été annulée.Au début du mois, la police autrichienne avait arrêté une adolescente suédoise de 17 ans avant de l’inculper de terrorisme. Plus récemment encore, deux personnes avaient été appréhendées dans un camp de migrants, et les autorités menaient l’enquête sur un possible lien avec les attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis. 25.12.2015 à 13h58 • Mis à jour le25.12.2015 à 15h04 Des centaines de migrants africains ont essayé de franchir, vendredi 25 décembre, la clôture, surmontée de barbelés, érigée à la frontière entre le Maroc et l’enclave espagnole de Ceuta. D’après la Croix-Rouge, 185 d’entre eux sont parvenus à passer en Espagne.Des volontaires de l’ONG ont traité les migrants qui ont réussi à traverser la frontière et étaient pour la plupart blessés, leur fournissant des vêtements et des chaussures, a annoncé l’organisation dans un communiqué. Douze d’entre eux ont dû être hospitalisés pour fractures, a-t-elle précisé.Dans le même temps, quelque 200 autres tentaient de gagner l’enclave espagnole à la nage depuis les côtes marocaines, a annoncé l’agence officielle marocaine MAP. Les autorités marocaines ont intercepté 104 migrants et ont retrouvé deux corps dans la mer près de la frontière, selon l’agence.Lire aussi :Le cap du million de migrants arrivés en Europe en 2015 a été franchiDes clôtures de sept mètres de hautChaque année, des milliers de migrants risquent leur vie pour atteindre les enclaves de Ceuta et Melilla, les seules frontières terrestres de l’Union européenne avec l’Afrique. L’Espagne avait consolidé les clôtures frontalières des deux enclaves l’année dernière pour faire face à cet afflux.Certains tentent de franchir les clôtures de sept mètres de haut séparant ces enclaves espagnoles du Maroc, tandis que d’autres essaient de gagner les communautés autonomes à bord d’embarcations. En 2014, 15 migrants sont morts noyés après avoir tenté de gagner Ceuta à la nage. 24.12.2015 à 15h36 • Mis à jour le24.12.2015 à 16h30 L’adolescente palestinienne qui avait pleuré après que la chancelière allemande lui a dit qu’elle risquait l’expulsion a obtenu le droit de rester en Allemagne pour une année supplémentaire, en raison de la bonne intégration de sa famille et de ses excellentes notes à l’école, rapporte le journal Bild.Reem Sahwil était présente lors d’une émission de télévision dans laquelle Mme Merkel répondait aux questions de l’audience, en juillet. Âgée de 14 ans, elle avait raconté qu’elle et sa famille attendaient de régulariser leur situation depuis quatre ans. Elle avait éclaté en sanglot après la réponse de la chancelière, qui tentait de lui faire comprendre que l’Allemagne ne pouvait accueillir toutes les demandes d’accueil de migrants et de réfugiés.Cinq mois plus tard, les autorités de Rostock ont donc prolongé le permis de séjour de la famille Sahwil jusqu’en mars 2017, selon Bild, qui cite des sources anonymes au sein des services d’immigration.Le nombre de migrants arrivés en Allemagne en décembre a diminué de plus de moitié par rapport à novembre, selon les statistiques de la police fédérale. Un déclin probablement dû au mauvais temps en mer Egée, principale voie de transit des réfugiés vers l’Europe, et aux contrôles plus stricts appliqués à ses frontières par la Turquie.Du début du mois jusqu’au 20 décembre, environ 73 500 migrants sont arrivés en Allemagne contre 170 000 sur la même période en novembre. Sur ces entrants, environ 6 000 personnes ne font que transiter par l’Allemagne pour se rendre en Scandinavie.Le nombre d’arrivées quotidiennes a varié de 2 000 à 5 000 en décembre.D’après les données du recensement à l’entrée sur le territoire, 965 000 réfugiés ou migrants sont arrivés en Allemagne en 2015 à la fin du mois de novembre, ce qui signifie que le million est probablement dépassé désormais. Olivier Truc (Stockholm, correspondance) Le gouvernement danois n’en finit plus de durcir sa politique à l’égard des réfugiés. La dernière initiative, insérée dans un projet de loi qui doit être débattu en janvier, prévoit de confisquer les bijoux des demandeurs d’asile pour financer leurs aides. Le gouvernement libéral minoritaire de Lars Lokke ­Rasmussen propose que la police soit capable de fouiller les bagages des demandeurs d’asile et de ­saisir les objets de valeur – pas les ­alliances de mariage, a finalement concédé le gouvernement – ainsi que les sommes d’argent ­dépassant 3 000 couronnes (400 euros).Cette mesure a provoqué une vague d’indignation, notamment à l’étranger. Le Washington Post a comparé la mesure à la spoliation des juifs pendant la seconde guerre mondiale. Mais la police danoise, censée être en première ligne pour évaluer la valeur des bijoux, a également fait part de ses craintes sur l’organisation concrète de ces contrôles. « J’estime que l’on doit être capable de faire la différence entre un bracelet qui coûte 1 000 ou 20 000 couronnes », a rétorqué la ministre de l’intégration, Inger Stojberg.Interrogés par le quotidien Politiken, mercredi 23 décembre, des juristes ont également rejeté l’argument du gouvernement qui prétendait que cette mesure n’était pas différente de celles qui s’appliquent aux Danois. Selon eux, jamais on ne pourrait confisquer les bijoux de Danois bénéficiant de l’aide sociale. Si cette disposition a fait scandale, ce n’est pourtant qu’une mesure sur la longue liste des règles drastiques auxquelles doivent se soumettre les étrangers dans le pays.Le cas d’un étudiant camerounais, médiatisé ces derniers jours, a également créé la polémique. Elève à l’université d’Aarhus, Marius Youbi s’est vu retirer son permis de séjour et signifier qu’il devait quitter le Danemark d’ici au 8 janvier pour avoir dépassé d’une heure et demie le quota de quinze heures hebdomadaires autorisées pour un travail à temps partiel en tant qu’étudiant international. Choquée, l’université a autorisé l’étudiant ingénieur à passer ses examens en avance avant son expulsion. Il a obtenu les meilleures notes possibles. « C’est une punition disproportionnée pour quelqu’un dont le tort est d’avoir trop travaillé », s’est indigné Per Lysgaard, de l’université d’Aarhus.Lire aussi :Au Danemark, 20 000 personnes manifestent pour « un traitement digne des réfugiés »Rhétorique anti-immigrésDepuis les années 2000, le Danemark n’a cessé de durcir sa position contre les étrangers, sous l’influence du Parti du peuple danois (DF, extrême droite). Ce mouvement, qui a obtenu 21,1 % des voix aux législatives en juin, est le principal soutien du gouvernement actuel. Le parti du premier ministre, Lars Lokke Rasmussen, gouverne en effet après n’avoir obtenu que 19,5 % des voix et est contraint de chercher des majorités en fonction des textes. Ironie de l’histoire, son projet de loi sur les demandeurs d’asile est soutenu par les autres petites formations de droite et les sociaux-démocrates, mais pas par DF.Le parti estime en effet que le texte n’est pas assez dur. Il voudrait que le Danemark mette en place des villages d’accueil isolés pour les réfugiés afin de soulager les communes, chargées jusqu’ici de l’hébergement. L’extrême droite estime en effet que cela permet aux réfugiés de passer devant les Danois en attente de logement.Jusqu’ici, DF a toujours refusé de participer au gouvernement, préférant rester à l’extérieur pour mieux l’influencer, avec un succès indéniable. Depuis son entrée au Parlement en 1998, l’extrême droite est parvenue à faire de la question des étrangers un point central du débat danois, à laquelle la plupart des autres partis ont choisi de s’adapter. Entre 2001 et 2011, le gouvernement minoritaire libéral-conservateur était déjà resté au pouvoir grâce au soutien négocié de DF au Parlement, ce qui avait progressivement conduit le Danemark à adopter la législation sur les étrangers la plus stricte d’Europe.Au fil des ans, même les sociaux-démocrates, puis plus tard leur ­allié plus à gauche, le Parti populaire socialiste (SF), se sont mis à adopter la même rhétorique sur les réfugiés et les musulmans, banalisant ainsi les idées de l’extrême droite. Le 3 décembre, les Danois ont voté contre un renforcement de la participation du pays à la politique européenne de sécurité et de justice. DF, qui avait dirigé le camp du « non » contre le reste des principaux partis, avait fait campagne en assurant qu’un « oui » se traduirait à terme par une perte de contrôle du Danemark sur sa politique migratoire. A 53,1 %, les Danois ont voté « non ».Lire aussi :Les Danois votent contre une coopération policière renforcée avec l’UEOlivier Truc (Stockholm, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.12.2015 à 19h06 • Mis à jour le23.12.2015 à 19h36 Le premier ministre géorgien, Irakli Garibachvili, critiqué pour sa gestion de l’économie à moins d’un an des élections législatives, a annoncé mercredi sa démission, après être resté deux ans en poste.Ayant connu des années de rapide croissance à la suite du tournant pro-occidental de 2003, l’économie de cette ex-république soviétique du Caucase patine et la popularité de la coalition du Rêve géorgien est au plus bas.Un successeur nommé vendredi ?« J’ai pris la décision de quitter mon poste », a déclaré, dans une adresse télévisée à la nation, le chef du gouvernement. « Tous les postes sont temporaires, il n’y a que Dieu et la patrie qui sont éternels », a-t-il ajouté, sans donner plus d’explications sur sa décision.Lire :Nouvelle offensive du pouvoir contre l’opposition en GéorgieLe président du Parlement, David Oussoupachvili, a indiqué à la presse que la coalition désignerait un successeur vendredi. Selon des médias géorgiens, M. Garibachvili pourrait être remplacé par le vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères, Guiorgui Kvirikachvili.Nommé à son poste en novembre 2013, Irakli Garibachvili, aujourd’hui âgé de 33 ans, était devenu à l’époque le plus jeune chef de gouvernement en Europe.Inconnu jusqu’en 2012Presque totalement inconnu jusqu’à sa nomination au poste de ministre de l’intérieur en octobre 2012, M. Garibachvili a été considéré comme un proche allié du milliardaire et ancien premier ministre Bidzina Ivanichvili, dont la coalition Rêve géorgien a remporté la même année les élections législatives en Géorgie en mettant fin à la domination du parti Mouvement national unifié de l’ex-président Mikheïl Saakachvili.Diplômé de la Sorbonne à Paris où il a étudié les relations internationales, Irakli Garibachvili avait notamment dirigé la fondation caritative du milliardaire et travaillé dans sa banque, ainsi que pour la maison de disques de son fils, un chanteur de rap.Selon des opposants géorgiens, la démission de M. Garibachvili pourrait s’inscrire dans les efforts de la coalition au pouvoir pour empêcher la forte baisse de sa popularité sur fond de crise économique en vue des élections législatives d’octobre 2016.Lire aussi :L’étonnante renaissance ukrainienne de Saakachvili Marie Charrel En 2014 et 2015, nombre de pays émergents ont souffert de la dépréciation de leur devise. Un mouvement notamment lié à la remontée programmée des taux directeurs américains. La Turquie ne fait pas exception.Dans une note publiée mercredi 23 décembre, la Coface, le spécialiste de l’assurance-crédit, détaille par quels canaux la chute de la livre turque affecte l’économie du pays. « La combinaison des incertitudes politiques, des problèmes de sécurité et des inquiétudes concernant l’économie mondiale ont provoqué une chute brutale de la livre, qui est tombée à son plus bas niveau face au dollar en septembre », explique Seltem Iyigun, économiste spécialiste de la région Méditerranée et Afrique pour la Coface. Le 24 septembre, la livre est ainsi tombée à 3,07 dollars, en baisse de 32 % par rapport à janvier.Explosion des chèques impayésMais l’économie turque est également pénalisée par la baisse de l’euro face au dollar. Et ce, parce qu’elle présente deux grands points faibles. D’abord, « elle est particulièrement dépendante des capitaux étrangers et des importations », souligne la Coface. En outre, nombre d’entreprises turques affichent des coûts de production en dollars et des recettes en euros. De fait, 44 % des exportations turques sont libellées en euros, tandis que 65 % des importations le sont en dollars.Lire aussi :En Turquie, vives tensions entre M. Erdogan et la Banque centraleRésultat : l’effondrement de la livre a provoqué une envolée des coûts de production et donc, l’effondrement des marges des entreprises. Beaucoup ont vu leur situation financière se dégrader. En particulier celles dont la dette est en devise étrangère – c’est le cas de 75 % de la dette des sociétés non financières du pays. Le nombre de chèques impayés a également bondi de 38 % en valeur sur les dix premiers mois de 2015, précise la Coface, signe que la santé des PME se dégrade.« L’épargne locale est trop faible »Plus inquiétant encore : « L’économie turque a besoin de l’épargne étrangère pour fonctionner, car l’épargne locale, équivalente à 15 % du produit intérieur brut [PIB], est trop faible », explique Mme Iyigun. Or, la dette extérieure du pays culmine aujourd’hui à 405,2 milliards de dollars, soit 52 % du PIB. Ce qui rend la Turquie particulièrement exposée aux variations de change.En effet, chaque nouvelle dépréciation de la livre alourdit encore la dette extérieure… Selon la Coface, les secteurs les plus exposés sont les métaux (hors fer et acier), la construction, les produits chimiques ou en encore le textile, qui dépendent particulièrement de l’étranger.Qu’attendre pour 2016 ? De son côté, le Fonds monétaire international estime que le PIB turc devrait croître de 2,9 %, après 3 % en 2015. Une performance relativement bonne, notamment soutenue par la demande domestique. « L’économie turque sera néanmoins soumise à de nombreux risques, liés aux incertitudes planant sur l’économie mondiale et la montée des tensions géopolitiques », conclut Mme Iyigun.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.12.2015 à 15h44 | Stéphanie Marteau, Soren Seelow et Simon Piel Les circonstances de l’assaut mené le 18 novembre à Saint-Denis par le RAID contre le coordinateur présumé des attentats de Paris, Abdelhamid Abaaoud, et ses complices se précisent. Si beaucoup de questions demeurent, de nombreux documents auxquels Le Monde a eu accès affinent le scénario d’une opération qui s’est déroulée avec une rare violence et dans une extrême confusion.Les scènes décrites par les enquêteurs de la police judiciaire venus opérer les premières constatations en témoignent. La chaussée est jonchée de débris. Du verre et du bois provenant des fenêtres de l’immeuble de Saint-Denis où a eu lieu l’assaut. De nombreux écrous, probablement contenus dans une ceinture d’explosifs actionnée par l’un des hommes retranchés. Mais aussi plusieurs bouts de corps. Ici, « une tête humaine à laquelle demeure attaché un morceau de colonne vertébrale ». Là, « une partie de visage » sur la peau duquel apparaît une barbe naissante. Plus loin, une dent humaine, un trousseau de clés, un livre en langue arabe et un clavier d’ordinateur brisé.Aucune arme de guerre ne sera retrouvée, contrairement à ce qu’avait pu laisser penser le récit du patron du RAID. Le tir « nourri » évoqué par le RAID se heurte à une constatation imparable : seul un Browning semi-automatique a été retrouvé dans les décombres le 20 novembre, sans chargeur mais avec une munition. Sur le pistolet, la police retrouve une empreinte d’Abdelhamid Abaaoud. C’est à ce jour la seule arme des terroristes découverte.L’essentiel des munitions ont en réalité été tirées par les policiers d’élite. Dès le lendemain de l’assaut, la police judiciaire fait un premier décompte des munitions saisies. Ils recensent plus de 1 500 étuis percutés et 4 étuis percutés de grenade, provenant « vraisemblablement, selon les techniciens du laboratoire central de la préfecture de Paris, des tirs effectués par les effectifs de la police du RAID ».Compte-rendu très succinctAutant de précisions qui ne figurent pas dans le compte-rendu très succinct fait par le patron du RAID aux magistrats antiterroristes et dont Le Monde a pu prendre connaissance. A sa lecture, aucune réponse n’est apportée aux questions soulevées sur la stratégie d’opérer des « tirs de saturation » pour empêcher un éventuel kamikaze d’approcher.Aucune mention non plus des raisons pour lesquelles les explosifs disposés par le RAID sur la porte de l’appartement n’ont pas fonctionné. Aucune précision sur les échanges que des hommes du RAID ont eus avec Hasna Aït Boulahcen lorsqu’elle a demandé à deux reprises de pouvoir sortir.Rien sur le moment où l’un des terroristes a déclenché sa ceinture d’explosifs. Rien enfin sur le fait qu’un seul pistolet automatique ait pu à lui seul donner le sentiment aux équipes du RAID d’être visées par « un feu nourri ». Ni la direction du RAID ni la direction générale de la police nationale n’ont souhaité répondre à nos questions.Les précisions apportées par un témoignage ainsi que plusieurs éléments de téléphonie avaient laissé entendre que des personnes – dont Abdelhamid Abaoud – armées de kalachnikov et d’explosifs s’étaient réfugiées dans un appartement à Saint-Denis. Hasna Aït Boulahcen avait ainsi confié que « des voisins voulaient sympathiser mais (qu’) ils n’ont pas voulu car ils préparaient leurs bombes, ils ne voulaient pas être dérangés ». Elle-même aurait dit avoir « joué avec la kalach ».« C’est dans cet état d’esprit qu’arrive le RAID sur place », explique-t-on au ministère de l’intérieur pour justifier ce déluge de feu. « D’un point de vue opérationnel, l’intervention est une réussite » ajoute-t-on. Un projet d’attentat à la Défense a en effet été empêché.Stéphanie MarteauSimon PielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSoren SeelowJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.12.2015 à 11h21 • Mis à jour le23.12.2015 à 11h43 Quelques heures après la publication d’un communiqué conjoint de l’ONU et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) faisant savoir qu’un million de migrants étaient entrés en Europe cette année, dont 816 000 par la mer, un nouveau naufrage a eu lieu au large de l’îlot grec de Farmakonisi, mercredi 23 décembre.Au moins treize personnes, dont sept enfants, sont morts noyées après le chavirement de leur « petit bateau en polyester » venant des côtes occidentales turques, selon une responsable de la police. Le temps n’était pas « particulièrement mauvais, mais le bateau était surchargé, comme souvent », a souligné cette responsable. La veille, onze autres migrants, dont trois enfants, étaient morts noyés en mer Egée en faisant le même trajet.Selon l’OIM, près de 3 700 personnes, pour la plupart fuyant les conflits en Syrie et ailleurs, sont mortes ou portées disparues au large de l’Europe en 2015 : environ 700 en tentant de traverser la mer Egée pour rejoindre la Grèce et près de 3 000 en Méditerranée en direction de l’Italie.Lire aussi :Le nombre de migrants et de réfugiés a explosé au XXIe siècle 09.12.2015 à 12h46 • Mis à jour le09.12.2015 à 16h06 | Elise Vincent Dans les heures qui ont suivi les attentats du 13 novembre à Paris, Salah Abdeslam, soupçonné d’avoir pris la fuite après avoir pris part aux attaques, a téléphoné à un détenu de la prison de Namur, en Belgique. Selon les informations du Monde, les enquêteurs le soupçonnent d’avoir alors essayé, par l’intermédiaire de ce détenu, de joindre Abdellah C., 34 ans, l’un des huit hommes aujourd’hui interpellés et placés en détention provisoire en Belgique, dans le cadre de l’enquête sur les tueries de Paris. Employé à l’aéroport de Bruxelles, Abdellah C. a été arrêté le 23 novembre.Les enquêteurs sont remontés jusqu’à lui lors de leurs investigations téléphoniques. Ils s’interrogent notamment sur l’aide qu’il a pu fournir à Salah Abdeslam dans sa cavale pour pouvoir communiquer sous un alias, sans être repéré. En fouillant la cellule du détenu de Namur, un certain Naïm B., les enquêteurs ont en effet mis la main sur un document où était rédigé le numéro de téléphone d’Abdellah C. Une découverte que ce dernier justifie par le fait que son petit frère, au casier judiciaire bien rempli, était justement le codétenu de ce prisonnier jusque « fin octobre-début novembre ». A cette époque, les deux frères s’appelaient régulièrement, s’est défendu Abdellah C.Selon des documents que Le Monde a pu consulter, l’autre raison importante qui a conduit à l’interpellation d’Abdellah C. tient à l’amitié qu’il a longtemps eue avec Mohamed Abrini, 30 ans, suspecté d’avoir pris une part active à l’organisation des attentats de Paris. En fuite, comme Salah Abdeslam, ce belgo-marocain fait l’objet d’un mandat d’arrêt international.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : le troisième kamikaze du Bataclan identifiéUn chauffeur discretC’est Abdellah C. qui a ainsi convoyé Mohamed Abrini jusqu’à l’aéroport de Bruxelles, durant l’été, pour ses « vacances » en Turquie. Un aller-retour pour lequel le jeune homme n’aurait pas posé de questions et durant lequel il était surtout accompagné d’un autre mis en cause important de l’enquête sur les attentats de Paris : Ahmed Dahmani. Ce Belge de 26 ans a été interpellé le 21 novembre en Turquie, à Antalya. En août, il avait été repéré en Grèce avec Salah Abdeslam à bord d’un ferry à destination de l’Italie.Selon la justice belge, Abdellah C. avait de nouveau joué les chauffeurs « deux ou trois semaines plus tard », selon ses dires, en allant chercher Mohamed Abrini à son retour de vacances. Mais à Paris et seul, cette fois. Après l’arrivée de Mohamed Abrini à l’aéroport Charles-de-Gaulle, les deux hommes s’étaient retrouvés porte de Clignancourt, puis ils étaient rentrés à Bruxelles. Abdellah C. se serait contenté de se faire remercier du déplacement par un plein d’essence.Boire des verres au bowlingDes amitiés encombrantes pour Abdellah C., alors que pour les spécialistes de l’anti-terrorisme, « vacances en Turquie » signifie souvent « séjour en Syrie dans les rangs de l’État islamique ». Chez les Abrini, le djihad n’est en outre pas une chose étrangère. Un petit frère de Mohamed Abrini, Souleymane, a rejoint l’Etat islamique en janvier 2014, avant d’y mourir huit mois plus tard. Des photographies tirées d’un autre dossier judiciaire que Le Monde a pu consulter, montrent que ce petit frère a combattu dans la même « cellule » qu’Abdelhamid Abaaoud, suspecté d’être l’un des cerveaux des attentats de Paris, et tué lors de l’assaut des forces de l’ordre à Saint-Denis, le 18 novembre.Après quelques hésitations, Abdellah C. n’a toutefois pas caché son amitié pour Mohamed Abrini. Il passait souvent le voir dans le snack-boulangerie où il travaillait avec son frère Ibrahim, à Molenbeek. Ils fumaient une cigarette ensemble, discutaient cinq minutes. Parfois ils allaient au bowling, boire des verres. C’est Mohamed Abrini qui l’avait d’ailleurs aidé, fin octobre, à déménager de cette banlieue de Bruxelles, où il vivait depuis deux ans. Ils ne s’étaient pas revus depuis. Abdellah C. a reconnu de la même manière qu’il avait déjà aperçu Mohamed Abrini au snack-boulangerie en compagnie de Salah Abdeslam.Derniers soupçons qui pèsent lourdement dans la mise en cause d’Abdellah C. : son héritage familial. Il est le fils d’un imam très radical, Abdelkader C., connu partout en Belgique pour ses prêches appelant au djihad et contre qui une procédure d’expulsion est actuellement en cours. Père de neuf enfants, celui-ci a notamment exercé à Verviers, où la famille a longtemps vécu. La ville est aujourd’hui l’une des communes belges les plus touchées par le phénomène des départs en Syrie. En janvier, un important projet d’attentat y a été déjoué, quelques jours après les attaques de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : l’improbable conversation d’Ali O. avec Salah Abdeslam« Si tu parles, on te coupe la gorge »Un autre frère d’Abdellah C. a ainsi été brièvement interpellé dans le cadre de l’enquête sur les attentats du 13 novembre avant d’être relâché. La mère d’Abdellah C. et un autre de ses frères ont dans la foulée tenu à témoigner, le 27 novembre, sur la chaîne belge RTL. « De nombreux imams, des prédicateurs venus de l’étranger sont venus loger à la maison. Je devais leur faire à manger, j’étais menacée : “Si tu parles, on te coupe la gorge” », a notamment raconté la mère. « On nous a toujours manipulés, on nous a toujours bouffé le cerveau [en nous disant] : “Le djihad, c’est une obligation, on est obligé de faire le djihad” », a expliqué de son côté le frère, en se disant persuadé qu’Abdellah C. n’avait sans doute « rien fait de très grave ».« Mon client est quelqu’un de tout à fait normal, il a une famille, un travail, il est musulman mais non pratiquant, il n’est pas radicalisé, il ne va même pas à la mosquée et ne fait pas le ramadan, s’agace l’avocat d’Abdellah C., Me Guylain Mafuta Laman. Il n’a absolument rien à voir avec les attentats de Paris. Il faut absolument rappeler qu’il est présumé innocent », s’alarme-t-il.Interrogé sur l’endroit où pourrait se cacher Salah Abdeslam, Abdellah C. a confié lors de ses auditions qu’à ses yeux, celui qui est aujourd’hui traqué par toutes les polices européennes ne pouvait pas être « dans le coin » de Molenbeek. Avant les attentats, Salah Abdeslam était en effet connu par tout le monde dans ce quartier, où il semble s’être forgé une nébuleuse d’amitiés. Salah Abdeslam « buvait et fumait des joints », a-t-il détaillé. Il était en même temps « discret, poli, respectueux, jouait au foot et au mini-foot ». S’il était toujours là-bas, « les gens parleraient », a-t-il assuré.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : le point sur les identifications, les arrestations et l’enquêteElise VincentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) L’opération était attendue depuis plusieurs jours. Près de 400 policiers des forces spéciales grecques ont investi mercredi 9 décembre au petit matin le camp de migrants d’Idomeni situé au nord de la Grèce, à la frontière avec la Macédoine. Leur mission : déloger et escorter jusqu’à Athènes environ 1 200 migrants, Marocains, Somaliens, Iraniens, Algériens, Pakistanais bloqués à Idomeni depuis que la Macédoine a décidé le 19 novembre de ne laisser passer que les réfugiés syriens, afghans et irakiens.Depuis deux jours déjà, certainement en préparation de cette opération, les réfugiés en provenance des îles de la mer Egée étaient acheminés en plus petit nombre que les semaines précédentes. Et, mercredi matin, les bus ont été maintenus à distance afin qu’aucun réfugié autorisé à passer ne se retrouve pris en étau entre la police et les refoulés.Les journalistes, mais aussi le personnel des ONG, ont été maintenus éloignés du camp tout au long de l’intervention, qui continuait encore en fin de matinée. Des témoins sur place rapportent cependant qu’une grande majorité de migrants ont accepté plutôt dans le calme de monter dans les dizaines de bus réquisitionnés pour leur transfert à Athènes. « La police s’est vraiment déployée en force et a ainsi dissuadé d’agir ceux qui voulaient en découdre », précise ainsi une source à l’intérieur du camp.« Il fallait que l’Etat intervienne »« La situation devenait difficile entre d’un côté ceux autorisés à passer et les refoulés, reconnaît un membre d’une ONG. De nombreux migrants rentraient d’eux-mêmes à Athènes, mais ceux qui faisaient le choix de rester étaient très durs, déterminés à forcer le passage et doucement en train de prendre le contrôle du camp. Il fallait que l’Etat intervienne ». Lire aussi :A Idomeni, en Grèce, la rage et l’amertume des migrants « économiques »Depuis plusieurs jours, des trafics avaient commencé à se mettre en place. « Nous observons ce type de dérive dans tous les camps informels où se fixent des populations. Gérer, encadrer un flux de passage, et sécuriser un camp permanent, ce n’est pas la même chose », expliquait alors une source policière. La situation devrait s’apaiser un temps au poste frontière d’Idomeni, qui va continuer de voir passer les Syriens, Afghans ou Irakiens.Mais les difficultés vont maintenant se concentrer à Athènes, où sont rapatriés les autres migrants dits « économiques ». Dans un premier temps, ils vont être logés dans un stade de la banlieue sud de la capitale, où vivent déjà dans des conditions très précaires plusieurs centaines de migrants. « L’Europe doit nous aider »« Ceux qui voudront faire une demande d’asile en Grèce pourront le faire depuis Athènes, explique-t-on au gouvernement. Les autres seront expulsés une fois arrivés au bout de leur autorisation à rester un mois sur le territoire. » La plupart pourraient en réalité se disperser dans les rues d’Athènes, à la recherche d’appartements collectifs. Le temps de trouver un passeur leur proposant des routes alternatives pour continuer leur chemin vers les pays du nord de l’Europe. Même si le volume d’arrivées est en nette diminution ces dernières semaines, plusieurs centaines de réfugiés continuent de débarquer chaque jour sur les îles de la mer Egée.« L’Europe doit nous aider. Plus, mieux et maintenant, s’indigne une source gouvernementale. Pas seulement en nous imposant du personnel Frontex à la frontière avec la Macédoine, mais avec de quoi loger, nourrir, habiller, chauffer ceux qu’elle nous renvoie. On nous laisse tout seuls en première ligne. » Depuis des mois déjà, le gouvernement grec milite pour la mise en place de camps d’accueil et de tri (les « hot spots ») directement en amont sur le sol turc. Afin que la Grèce ne se transforme pas en vaste camp à ciel ouvert, mais aussi pour que les réfugiés ne risquent pas leur vie à chaque traversée. Douze personnes encore, dont cinq enfants, sont mortes pendant la nuit de mardi à mercredi dans le naufrage de leur embarcation entre les côtes grecques et turques.Lire aussi :La route des Balkans se ferme progressivementAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.12.2015 à 05h38 La Russie a récupéré une boîte noire du bombardier SU-24 abattu par la Turquie à la frontière syrienne en novembre, et va la déchiffrer avec des spécialistes étrangers, a déclaré mardi 8 décembre le président Vladimir Poutine.« Je vous demande de ne pas l’ouvrir pour l’instant », a déclaré M. Poutine au ministre de la défense Sergueï Choïgou lors de la présentation de la boîte noire, selon les agences russes, lui demandant de ne l’ouvrir « qu’en présence d’experts étrangers ».M. Choïgou a déclaré que le territoire sur lequel était tombé le bombardier russe avait été « libéré » par les forces spéciales syriennes, ce qui leur a permis de découvrir la boîte noire dans une zone jusque-là tenue par les rebelles.Cela ne modifiera pas la position de la RussieLe président Poutine a déclaré qu’une analyse de la boîte noire permettrait de déterminer la trajectoire et les paramètres de la position du bombardier au moment où il a été abattu par les forces aériennes turques.Le bombardier russe a été abattu le 24 novembre par les forces aériennes turques près de la frontière entre la Syrie et la Turquie, provoquant entre les deux pays la pire crise depuis l’époque de la guerre froide. La Turquie affirme que le bombardier est entré dans son espace aérien et a ignoré plusieurs mises en garde, tandis que la Russie a dénoncé une provocation délibérée.Lire aussi :Tensions avec la Russie : la Turquie va trouver d’autres fournisseurs d’énergieM. Poutine a prévenu que le déchiffrage de la boîte noire, quel que soit son contenu, ne modifierait pas l’attitude de la Russie et n’atténuerait pas sa colère à l’égard de la Turquie après « ce coup de traître » :« Ce que nous apprendrons ne changera pas notre attitude concernant ce qu’ont fait les autorités turques. Nous avions l’habitude de traiter la Turquie non seulement comme notre amie, mais aussi comme notre alliée dans la lutte contre le terrorisme, et personne ne s’attendait à ce coup bas, ce coup de traître dans le dos. »Lire aussi :La Russie accuse « Erdogan et sa famille » d’être impliqués dans le trafic de pétrole avec l’EI 08.12.2015 à 13h26 Dans une lettre commune envoyée à la Commission européenne datée du 3 décembre et rendue publique mardi, et alors que l’Allemagne vient d’annoncer avoir enregistré plus de 960 000 migrants depuis janvier, les ministres français et allemand de l’intérieur se sont dits « fermement convaincus » que les flux de migrants arrivant en Europe « doivent être réduits ».« Nous rejetons très fermement toute confusion entre terroristes et migrants », estiment Bernard Cazeneuve et Thomas de Maizière, appelant aussi à « trouver une réponse commune à la crise des réfugiés » et plaidant pour un « renforcement substantiel » du rôle et des opérations de Frontex, l’agence européenne de coordination de la surveillance des frontières.La crise migratoire, en Europe, s’est doublée d’une question sécuritaire après la découverte qu’au moins deux kamikazes des attentats de Paris et de Saint-Denis avaient pu se mêler aux candidats à l’asile en produisant de faux passeports. De ce point de vue « il est manifeste que le contrôle de nos frontières extérieures communes doit rapidement être renforcé », soulignent les ministres de l’intérieur dans cette lettre adressée au premier vice-président de la commission, Frans Timmermans, et au commissaire européen aux migrations, Dimitris Avramopoulos.« Accès aux bases de données pertinentes »« L’agence Frontex doit disposer d’un vivier plus important de forces opérationnelles détachées » susceptibles d’être mobilisées à tout moment et, « dans des circonstances exceptionnelles », elle devrait « pouvoir prendre l’initiative de déployer sous sa propre responsabilité des équipes d’intervention rapide aux frontières ». Les gardes-frontières de Frontex « devraient pouvoir avoir accès aux bases de données pertinentes » de l’Union européenne (Eurodac, Interpol et bases de données nationales, notamment) et son rôle « pourrait également être élargi à la possibilité de mener des opérations sur le territoire d’un pays tiers », avec l’accord du pays concerné et de l’UE, soulignent les ministres.MM. Cazeneuve et de Maizière jugent aussi que « pour rendre les contrôles frontaliers plus efficaces, les bases de données pertinentes devraient être interconnectées », et systématiquement consultées, et ils rappellent leur souhait d’une « réforme ciblée du code frontières Schengen ». Enfin, ils estiment « essentiel » que les centres d’accueil de migrants à leur arrivée en Europe « soient opérationnels dans les plus brefs délais », car « la mise en place de ces centres est trop longue ». Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La présidence luxembourgeoise de l’Union européenne (UE) lance une nouvelle piste pour tenter de résoudre la délicate question de la répartition des réfugiés. Un dossier quasiment « gelé » depuis les accords difficilement conclus, en septembre, entre les Vingt-Huit pour la répartition de 160 000 personnes arrivées en Italie et en Grèce. Moins de 200 de ces réfugiés ont été « relocalisés » jusqu’ici, compte tenu de la frilosité de nombreux Etats, mais aussi du fait qu’une grande majorité d’entre eux refuse une procédure qui les détournerait de leur objectif premier, qui est d’atteindre l’Allemagne ou la Suède.Jean Asselborn, le ministre luxembourgeois des affaires étrangères et de l’immigration suggère désormais, dans un entretien au quotidien Süddeutsche Zeitung, la « réinstallation » de 50 000 réfugiés syriens présents en Turquie. Ce nombre serait déduit des 160 000 personnes déjà arrivées dans l’Union européenne, que les Européens s’étaient engagés à se répartir.Le but serait d’abord d’envoyer un signal positif à Ankara, qui a reçu, par ailleurs, lors d’un récent sommet UE-Turquie, la promesse de 3 milliards d’euros pour gérer la crise des réfugiés, ainsi que l’assurance d’une relance des négociations d’adhésion à l’UE et d’une libéralisation de la délivrance des visas européens pour les Turcs.M. Asselborn paraît aussi vouloir tirer publiquement les leçons de l’échec du plan de répartition des 160 000 réfugiés : ce plan cherchait à assurer la « relocalisation » de candidats à l’asile, alors que le ministre luxembourgeois évoque désormais la « réinstallation » de 50 000 personnes, soit des réfugiés reconnus comme tels par la Nations unies, en vertu de mécanismes multilatéraux et nationaux. En juillet, les pays de l’Union s’étaient déjà mis d’accord sur la répartition de 22 000 « réinstallés ».Lire aussi :Crise migratoire : un accord minimal entre l’UE et la TurquieRadicalisation de la position des pays d’Europe de l’EstLors du sommet UE-Turquie, la chancelière allemande, Angela Merkel, avait convoqué une réunion parallèle des huit pays les plus concernés par la crise migratoire, à savoir, outre l’Allemagne, la Finlande, la Suède, l’Autriche, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et la Grèce. La chancelière entendait les persuader d’organiser l’arrivée d’une partie des réfugiés syriens directement depuis la Turquie par des voies légales, plutôt que par la route des Balkans. Elle n’avait pas cité le nombre des réfugiés potentiellement concernés.L’appel de l’Allemagne n’avait toutefois reçu qu’un très faible écho au sein même de ce groupe de pays dits « de bonne volonté ». La France s’était abstenue de participer au débat et indiquait seulement que l’intérêt de tous était que les réfugiés restent en Turquie.Les pays d’Europe de l’Est ont, eux, radicalisé leur position. Lors du conseil européen des affaires intérieures, vendredi 4 décembre, la Hongrie et la Slovaquie, désormais appuyées par le nouveau gouvernement polonais, ont confirmé leur refus du principe même de la répartition des 160 000 réfugiés. Ces pays confirment leur intention de déposer un recours devant la Cour de justice européenne contre ce texte.La Commission européenne a, elle, pris le relais de l’Allemagne et doit déposer, la semaine prochaine, avant le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des 17 et 18 décembre, un nouveau plan de répartition. A-t-il la moindre chance d’être adopté ? « Sans doute pas, d’où l’initiative luxembourgeoise pour tenter de limiter les dégâts d’un nouvel échec probable », commente une source diplomatique bruxelloise.Le chiffre de 400 000 réfugiés supplémentaires à se répartir entre les Vingt-Huit a circulé, mais est jugé « fantaisiste » par diverses sources. Plus modeste, le plan évoqué par M. Asselborn apparaît, toutefois, lui aussi, comme très difficile à concrétiser en raison, notamment, de divers obstacles juridiques.Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) N’en déplaise à Nicolas Hulot, qui jugeait encore l’outil « indispensable » dans une interview au Nouvelobs.fr, lundi 7 décembre, il n’y aura pas de taxe sur les transactions financières (TTF) sous le sapin à Noël, contrairement à la promesse faite par Paris et Bruxelles début 2015. Et Paris ne pourra pas s’en prévaloir, en pleine négociation sur la COP21.Un accord « politique » doit certes être signé « à l’arraché » à Bruxelles, mardi matin, après une énième réunion, la veille au soir, entre les ministres des finances des 11 pays européens concernés par ce projet d’impôt applicable uniquement aux établissements financiers (pas aux particuliers ni aux entreprises). Les Estoniens ont, eux, préféré jetter l’éponge. Il n’y a donc plus que 10 pays européens qui discutent cette taxe : France, Allemagne, Italie, Portugal, Espagne, Grèce, Belgique, Slovénie, Slovaquie, Autriche.Le président Hollande avait dit vouloir affecter ses recettes au développement et à la lutte contre le changement climatique.Mais les grands argentiers allemand, français, espagnol, portugais, italien ou encore belge ne se sont entendus que sur des « grandes lignes » dont ils discutent depuis déjà des mois : une assiette de l’impôt très large (actions, obligations, dérivés), des exemptions possibles, notamment pour les teneurs de marché – souvent des grandes banques, qui assurent la liquidité sur une place boursière –…  La Commission européenne a, elle, été mandatée pour plancher sur la rédaction d’une nouvelle proposition de directive.La discussion commence à lasserSi l’annonce de mardi devrait permettre à Paris et à Bruxelles de ne pas perdre la face, rien n’est encore arrêté dans les détails. Les ministres ne sont même pas entrés dans le vif du sujet : quel taux appliquer à l’assiette ? A quoi les sommes récoltées seront-elles affectées ? « On en a au moins pour toute l’année 2016 », prédit, blasé, un diplomate européen.De fait, cette discussion sur la TTF commence à lasser. L’idée de départ n’est pas nouvelle. Elle remonte aux propositions de taxe Tobin, du Prix Nobel d’économie James Tobin, faites dans les années 1970. La Commission européenne a mis sur la table une première mouture de directive en septembre 2011. A l’époque, l’Europe se débattait encore dans la crise financière, et l’idée était de taxer les établissements en partie à l’origine de cette tourmente mais qui, aux yeux de Bruxelles, n’avaient pas assez « payé ».Lire aussi :Hollande relance le projet de la taxe TobinLe projet avait de quoi séduire, notamment les ONG. Mais obtenir un accord à 27 Etats membres (28 désormais) s’est vite révélé impossible, d’autant qu’en matière de fiscalité, l’unanimité est requise à Bruxelles. En 2012, pour sauver son projet, la Commission propose donc une « coopération renforcée » à 11 Etats membres, un mode de décision communautaire inédit. Mais, depuis, les réunions se succèdent…Certains (la Belgique, l’Italie, la France et la Grèce) disposent déjà d’un impôt sur les transactions et redoutent que cette taxe leur rapporte moins. Les Belges ont aussi à cœur que leurs fonds de pension ne soient pas affectés. Les Estoniens, eux, réclament que soient taxées non seulement les transactions sur les actions de sociétés se trouvant dans un des 11 pays négociateurs, mais aussi celles d’autres Etats membres, si elles sont acquises par un opérateur de marché estonien.Lire aussi :La taxe Tobin européenne ne verra pas le jour en 2014Recettes potentielles mirifiquesLa Commission communiquait sur des recettes potentielles mirifiques au début de la négociation (entre 30 et 35 milliards d’euros par an, avec une taxe de 0,1 % sur les actions et les obligations, et de 0,01 % sur les dérivés). « Tout le monde estime que ces ordres de grandeur sont irréalistes », relève un diplomate.Pour Bruxelles, la TTF est un test très important. « Si nous n’arrivons pas à nous entendre à 11, comment le ferons-nous à 28 ? », a relevé éloquemment Pierre Moscovici, lundi. Le commissaire européen à l’économie déroule depuis des mois un ambitieux agenda « fiscalité », qui fait suite au scandale Luxleaks, en novembre 2014, ayant révélé l’existence d’un vaste système d’évasion fiscale du Luxembourg au profit de centaines de multinationales. Ce scandale a terni l’image du président de la Commission, Jean-Claude Juncker, président du Grand-Duché pendant dix-huit ans.Conscient des difficultés pour trouver un consensus européen sur des sujets de fiscalité, que les pays considèrent encore comme l’une de leurs principales prérogatives économiques, M. Moscovici compte sur le succès de la « coopération renforcée » sur la TTF pour, d’ici quelques mois, engager, dans le même type de format, une discussion sur l’épineuse question de la standardisation de l’assiette commune consolidée pour la fiscalité des entreprises.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.12.2015 à 12h28 Les mesures de rétorsion économique prises par Moscou à l’encontre d’Ankara pourraient coûter à l’économie turque 9 milliards de dollars (environ 8,3 milliards d’euros) « dans le pire des scénarios », a estimé lundi 7 décembre, Mehmet Simsek, le vice-premier ministre turc chargé de l’économie, a-t-il ajouté lors d’un entretien à la chaîne de télévision NTV.« Les tensions pourraient avoir un impact de 0,3 ou 0,4 % sur le PIB. » « Il y a une diminution du nombre de touristes de 603 000. Il y a un ralentissement dans la construction. »Les sanctions économiques imposées par la Russie à la Turquie pourraient réduire la croissance de cette dernière de 0,3 à 0,7 point l’an prochain, estime pour sa part la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). La détérioration des liens économiques devrait avoir un impact « non négligeable, mais pas majeur, sur le PIB de la Turquie », relativise toutefois la banque.La Turquie et la Russie traversent leur pire crise diplomatique depuis la guerre froide, après qu’un avion militaire russe a été abattu le 24 novembre par l’armée turque. La Russie a annoncé des mesures de rétorsion à l’encontre de la Turquie qu visent principalement les secteurs du tourisme, de l’énergie, de la construction et de l’agriculture.Le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan a déjà assuré samedi que la Turquie allait trouver d’autres fournisseurs d’énergie que la Russie, qui lui fournit actuellement 55 % de ses besoins en gaz et 30 % de ceux en pétrole. Ankara importe 90,5 % de son pétrole et 98,5 % de son gaz naturel.Lire aussi :Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine, ces jumeaux 07.12.2015 à 04h29 • Mis à jour le07.12.2015 à 07h33 La police antiterroriste britannique a inculpé, dimanche 6 décembre, pour tentative de meurtre l’homme de 29 ans, arrêté la veille dans une station de métro de l’est de Londres après une agression au couteau. Le suspect avait blessé trois personnes, dont une grièvement, à Leytonstone avant d’être interpellé. Il doit comparaître devant un tribunal lundi.Des enquêteurs du commandement antiterroriste (CTC), chargé des investigations, ont par ailleurs perquisitionné un logement dans l’est de la capitale britannique en lien avec ce dossier. L’agression est « traitée » outre-Manche comme un « acte de terrorisme », selon les termes de Richard Walton, responsable du CTC.Lire aussi :L’agression au couteau dans le métro de Londres qualifiée d’« acte terroriste »Cette attaque est survenue trois jours après l’autorisation donnée par le Parlement à l’armée de mener des frappes aériennes contre l’organisation djihadiste Etat islamique (EI) en Syrie. Elle a également eu lieu moins d’un mois après les attentats du 13 novembre en France, revendiqués par l’EI, et trois jours après une tuerie aux Etats-Unis, qualifiée d’« acte terroriste » par le président américain, Barack Obama. Philippe Bernard (Londres, correspondant) Trois jours après le vote du Parlement britannique autorisant des frappes aériennes en Syrie et trois semaines après les attentats à Paris et à Saint-Denis, la police a qualifié d’ « acte terroriste » l’attaque au couteau qui a eu lieu samedi 5 décembre vers 19 heures dans la salle des billets de la station Leytonstone du métro de Londres, située sur la Central line, dans l’est de la capitale britannique. Un homme de 56 ans a été grièvement blessé, mais ses jours ne seraient pas en danger. Deux autres personnes ont été blessées.Selon un témoin, l’agresseur, un homme de 29 ans, aurait crié « C’est pour la Syrie ». Un autre passant dit l’avoir entendu crier « Voilà ce qui arrive quand vous baisez avec la mère Syrie, votre sang va couler ». Une vidéo postée sur Internet montre un homme apparemment menaçant des voyageurs, alors qu’une flaque de sang est visible sur le sol, non loin des portiques de contrôle. « Lâche-le [couteau], imbécile ! », lui lance un homme. Des voyageurs paniqués fuyent la salle des billets de la station tandis que d’autres passent devant la scène comme si de rien n’était. La police dit avoir été alertée à 19 h 06 et avoir interpellé l’agresseur huit minutes plus tard.Appel à rester calme et vigilantSur une vidéo, on peut voir des policiers tentant de maîtriser l’agresseur à l’aide d’un pistolet à impulsion électrique de type Taser. Ils y échouent à plusieurs reprises avant d’y parvenir. Alors que l’homme est maintenu à terre, il continue à crier, ce qui conduit une personne, peut-être un policier, à répéter en criant : « Tu n’es même pas musulman, mec. »Un témoin, Michael Garcia, 24 ans, analyste financier, a raconté à la BBC qu’il avait vu un homme brandissant un couteau d’environ 3 pouces (7,5 cm) de long et se tenant près d’une personne gisant au sol. « Il criait “Allez-y, partez !” aux autres gens. Il allait et venait à côté du gars qui était par terre. » Un autre témoin affirme avoir vu des passants criant sur l’agresseur, l’un d’eux tentant de lui jeter une bouteille.« Nous traitons ceci comme un acte terroriste, a déclaré le commandant Richard Walton, chef de l’unité antiterroriste de la police de Londres. J’appelle le public à rester calme mais en alerte et vigilant. Le niveau d’alerte terroriste reste au niveau “grave”, ce qui signifie qu’un attentat terroriste est hautement probable », a-t-il ajouté avant de lancer un appel à témoins.Attente de confirmation de la qualification de « terroriste »Sur son compte Twitter, le chef du Parti travailliste (opposition) Jeremy Corbyn, a qualifié l’agression d’« absolument scandaleuse » et a adressé ses pensées « à la victime et à sa famille ».Un porte-parole du premier ministre, David Cameron, a déclaré : « Une enquête policière est en cours sur l’agression de Londres. Nous contrôlons la situation de très près au fur et à mesure que de nouveaux éléments apparaissent. » Si Scotland Yard confirmait la qualification de « terroriste », l’agression de samedi soir constituerait la première de ce type depuis l’assassinat au couteau, le 22 mai 2013, du soldat Lee Rigby, par deux jeunes Londoniens convertis à l’islam radical.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.12.2015 à 21h44 L’ancien président géorgien Mikheil Saakachvili a été déchu de sa nationalité. Le service de presse de la présidence l’annonce dans un communiqué, vendredi 4 décembre. Personnage fantasque, un temps exilé à Brooklyn, Mikheil Saakachvili a été nommé cette année gouverneur de la région d’Odessa, en Ukraine. Il a pris la nationalité de son pays d’adoption, et perd l’ancienne, « conformément à la loi sur la nationalité géorgienne », précise le communiqué.En décidant de devenir ukrainien, Mikheil Saakachvili avait provoqué la colère de Tbilissi : son comportement avait été qualifié d’« indécent et incompréhensible » par le président actuel, Guiorgui Margvelachvili.Lire aussi :L’étonnante renaissance ukrainienne de SaakachviliPrésident de la Géorgie de 2004 à 2013, M. Saakachvili est arrivé au pouvoir après la Révolution de la rose, premier des soulèvements populaires en ex-URSS honnis par le Kremlin. Il est depuis poursuivi en Géorgie pour « abus de pouvoir », des persécutions politiques, selon lui. M. Saakachvili a déclaré à la chaîne de télévision Roustavi-2 :« Ils peuvent prendre mon passeport, mais ils ne peuvent pas faire quoi que ce soit contre mon amour pour la Mère patrie. »Très proche des autorités pro-occidentales en Ukraine, l’ancien président géorgien s’est lancé dans la lutte contre la corruption dans la région d’Odessa, où il est parfois critiqué pour son style autoritaire. « Sauver l’Ukraine signifie sauver la Géorgie. C’est pour cela que je suis en Ukraine, car j’y sers la cause de la Géorgie aussi », a-t-il affirmé à Rustavi-2. Selon lui, les deux pays luttent « contre le même empire », la Russie. 04.12.2015 à 19h56 La législation sur les écoutes des réseaux de téléphonie mobiles en Russie permet aux services secrets de pratiquer une surveillance arbitraire et abusive des citoyens, en violation du droit au respect de la vie privée, a affirmé la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) jeudi 3 décembre.La Cour précise que les écoutes sont, en théorie, contrôlées par le pouvoir judiciaire. En pratique, les juges ne disposent le plus souvent d’aucune information pertinente pour décider de leur bien-fondé.La Russie s’affranchit de la CEDHDe plus, les opérateurs de téléphonie mobile sont tenus d’installer sur leur réseau un dispositif donnant aux autorités un accès direct aux communications de leurs clients, sans qu’il soit nécessaire de leur adresser une demande. « Ce système a pour effet, singulièrement, de donner aux services secrets et à la police les moyens techniques de contourner la procédure d’autorisation et d’intercepter des communications sans mandat judiciaire préalable », affirme la Cour.Cette condamnation pourrait cependant rester lettre morte, la Russie cherchant à se défaire de l’autorité de la CEDH. Membre du Conseil de l’Europe depuis 1996 et signataire de la Convention européenne des droits de l’homme en 1998, la Russie a fait l’objet de nombreuses condamnations. Celle du 3 décembre est décidée au lendemain de l’adoption par la Douma, la chambre basse du Parlement russe, d’une loi disant que la Russie n’est pas tenue d’appliquer un arrêt de la CEDH qui serait contraire à sa Constitution.Lire aussi :La Russie s’affranchit de la Cour européenne des droits de l’homme 04.12.2015 à 13h09 | Faustine Vincent Annoncée trois jours après les attentats du 13 novembre, le projet de François Hollande d’étendre la déchéance de la nationalité aux binationaux nés Français, et de l’inscrire dans la Constitution, divise aujourd’hui profondément la classe politique et la société civile. Vus de Belgique, les débats qui émergent sur les questions de sécurité, d’égalité et de liberté ont un air de déjà-vu. Et pour cause : le pays a déjà mis cette idée de déchéance sur la table au début de l’année après les attentats de janvier à Paris et une action antiterroriste à Verviers, près de Liège.Lire aussi :Déchéance de nationalité : l’idée qui passe mal à gaucheLa proposition du gouvernement de coalition, dominé par le parti nationaliste flamand NVA, était d’étendre la déchéance de la nationalité aux Belges « de deuxième, voire de troisième génération » condamnés pour terrorisme. C’était la plus sévère des options étudiées, dans le cadre d’une série de douze mesures contre le radicalisme. La loi belge permet déjà la déchéance, mais uniquement pour ceux qui ne sont pas nés Belges, ou qui ont acquis la nationalité par naturalisation.Source d’inégalités« La volonté est d’aller vers la deuxième ou la troisième génération parce que c’est là que la situation se pose », avait défendu le vice-premier ministre libéral, Didier Reynders. « C’est dangereux, car discriminatoire », avait rétorqué le président de la Ligue des droits de l’Homme, Alexis Deswaef. Le ministre de l’aide à la jeunesse de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Rachid Madrane, s’était lui aussi indigné : « On n’humilie pas les terroristes. On humilie toute une communauté qui vit paisiblement. Cela voudrait dire que les Belges ne sont plus égaux devant la loi. Pour les mêmes faits, des gens seraient condamnés différemment. »De fait, la mesure aurait produit une inégalité entre un terroriste d’origine immigrée et un terroriste belge « de souche » puisque la loi ne peut s’appliquer qu’aux binationaux, la Convention européenne des Droits de l’homme interdisant de créer des apatrides. « Cette décision reviendrait à introduire une notion de citoyenneté de « seconde classe », analyse Jean-Michel Lafleur, directeur adjoint du Centre d’Études de l’Ethnicité et des Migrations à Liège. Elle ouvrirait une boîte de Pandore dont on ne connaît pas toutes les ramifications. »Application difficileSur le plan pratique, l’application elle-même de cette disposition aurait été un casse-tête. Une fois la déchéance prononcée, l’individu n’a en effet d’autre choix que de quitter le territoire, puisque les autorités ne lui délivreront pas de permis de séjour. Mais en cas d’expulsion, d’autres considérations juridiques entrent en ligne de compte. Comme l’a expliqué Alexis Deswaef, « si l’on retire la nationalité au père d’un enfant belge, la convention des droits de l’Homme garantit à l’enfant le droit de vivre en famille et donc avec son père ». La déchéance de la nationalité se heurte ainsi à la protection familiale.Après des semaines de débats, le gouvernement belge a finalement renoncé à son projet. Mais le parti nationaliste flamand NVA continue de donner le la sur ces questions sensibles. Partisan d’une ligne dure, il le fait d’autant plus facilement qu’il occupe les postes clés du ministère de l’intérieur et du secrétariat d’Etat à l’asile et la migration. Le contexte lui est favorable : la Belgique serait proportionnellement le pays le plus gros fournisseur de djihadistes en Europe.En une quinzaine d’années, la notion de nationalité en Belgique a été bousculée par la montée des extrêmes, conjuguée au renforcement de la menace terroriste, sur fond de durcissement des politiques d’immigration et d’intégration. « En 2002, on pouvait accéder à la nationalité par naturalisation au bout de trois ans de résidence. C’était l’une des législations les plus généreuses d’Europe », rappelle Jean-Michel Lafleur. L’idée était alors de favoriser l’intégration par l’octroi de la nationalité. En 2013, cette perspective s’est renversée avec l’entrée en vigueur d’une réforme alignant la Belgique sur les standards européens, plus exigeants (durée de résidence prérequise plus longue notamment). Désormais, l’intégration est au contraire un prérequis à l’octroi de la nationalité.Efficacité contestéeReste la question de l’efficacité de la déchéance de nationalité. Comme en France, la Belgique est divisée à ce sujet. Patrick Wautelet, professeur et spécialiste reconnu de droit comparé de la nationalité à l’université de Liège, est sceptique. « Évidemment, cela ne décourage pas de commettre des actes terroristes, au contraire. Et si l’objectif est d’empêcher que des terroristes reviennent sur le territoire, je doute aussi que cela le permette. Car un individu qui veut commettre un attentat, surtout s’il transporte une kalachnikov ou de l’argent liquide, tentera plutôt de rentrer de façon illégale ». Même étendue aux binationaux de deuxième ou troisième génération, la déchéance n’aurait, en outre, pas pu s’appliquer pour les terroristes n’ayant que la nationalité belge.A ce jour, l’application de la loi reste rarissime. Seules quatre personnes ont été déchues de leur nationalité pour terrorisme. « Trois sont encore en prison, précise Patrick Wautelet. S’il y a si peu de cas, c’est parce qu’il est complexe d’avoir suffisamment d’éléments de preuve afin de condamner pour un fait terroriste. » Comme la plupart des opposants à cette mesure, il estime ainsi qu’elle est avant tout « symbolique ». « C’est une réaction à chaud, une façon de rassurer la population et de montrer que les autorités agissent », soutient-il.Dans l’entourage de François Hollande, on assure que l’extension de la déchéance de la nationalité serait « une façon de traiter cette situation des binationaux qui commettent des actes de terrorisme ». À défaut d’expliquer en quoi elle permettrait, concrètement, de le faire, on souligne, là aussi, sa dimension symbolique : « Les symboles ont de l’importance. Déchoir de la nationalité, c’est très fort, dans l’échelle des valeurs de la France. »Faustine VincentJournaliste au Monde Nicole Vulser La mode tarde à reprendre des couleurs. Depuis 2007, dernière année où le secteur s’est affiché en croissance, aucune embellie. Et l’impact des attentats du 13 novembre risque d’aggraver les choses en jouant sur la consommation d’habillement et de textiles de maison. Une incertitude qui se traduit dans la fourchette des estimations pour 2015 : en France, le marché – en valeur – pourrait varier entre − 1,5 % et + 0,3 %, par rapport à 2014, selon les données communiquées jeudi 3 décembre par Hélène Fourneau, responsable des panels de l’Institut français de la mode (IFM). Toutefois, au cours de cette journée consacrée aux perspectives internationales mode et textile, elle a espéré une sortie de crise en 2016, avec, enfin, un retour à la croissance de 0,7 %.Chez nos voisins européens, la situation n’est pas non plus mirobolante : la croissance dans la consommation de vêtements devrait ralentir en 2015-2016 au Royaume-Uni. La dégradation du marché devrait s’atténuer légèrement en Allemagne, comme en Italie grâce à une reprise de l’économie après trois ans de récession. Enfin, une nette progression est attendue en Espagne, sans toutefois atteindre les niveaux d’avant-crise en 2007. Si bien qu’au total, dans ces cinq pays, en incluant l’Hexagone (qui concentrent 72 % du marché européen), la vente de vêtements et de textiles de maison devrait rester stable en 2015-2016.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : à Paris, les clients du luxe se font plus raresLa principale caractéristique du marché est venue cette année de « la forte chute de l’euro par rapport au dollar [qui] a rebattu les cartes de l’approvisionnement mondial du textile et a impacté les politiques de prix des distributeurs », affirme Gildas Minvielle, directeur de l’Observatoire économique de l’IFM. Très concrètement, le prix d’importation d’un jean en France a augmenté cette année de 19 % s’il a été fabriqué en Chine. Pour la première fois depuis bien longtemps, un léger rebond des prix moyens d’achats des vêtements a d’ailleurs été enregistré (+ 1,5 %), en prenant également en compte les soldes et les promotions.Pas d’effet « marinière »A contrario, l’évolution monétaire s’est traduite par un effet dynamisant sur les exportations françaises d’habillement en dehors de l’Union européenne, avec une hausse très marquée en 2015 vers les Etats-Unis, la Chine et Hongkong.Autres points saillants du marché en 2015 : l’envolée des ventes d’articles de mode achetés depuis les smartphones, un peu moins de soldes et promotions (40 % des ventes contre 42 % en 2014) et, du côté des enseignes et des marques, une utilisation plus massive que jamais des données personnelles des consommateurs.Dans un sondage auprès des consommateurs français réalisés après les attentats de Paris, Evelyne Chabalier, professeur à l’IFM, a également constaté « un raz de marée national » en faveur des vêtements « made in France ». Résultat jusqu’à présent jamais atteint, 74 % des personnes interrogées ont déclaré « acheter de préférence des vêtements dont l’étiquette indique une fabrication en France ». « Faut-il y voir une manifestation de colère ? Un souci de bien faire ? Une façon de favoriser les travailleurs de notre pays ? », s’est-elle interrogée. Ou un mensonge caractérisé ?Les vêtements « made in France » vendus dans l’Hexagone représentent toujours moins de 5 % des achats, a tempéré M. Minvielle. Dans le meilleur des cas. Signe que l’effet « marinière » qu’espérait Arnaud Montebourg du temps où il régnait à Bercy n’a été suivi d’aucun effet.Nicole VulserJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.12.2015 à 09h53 Quelques heures avant une réunion des ministres de l’intérieur de l’Union européenne (UE) consacrée à la situation de la Grèce face à la crise migratoire, le flux des migrants a repris à la frontière entre la Grèce et la Macédoine.Bloqués depuis plusieurs semaines du côté grec du poste-frontière d’Idomeni, des milliers de Syriens, Irakiens et Afghans poursuivaient, à l’aube, leur route vers l’Europe occidentale.Suivez la situation au poste-frontière d’Idomeni avec notre reporter :Tweets de @Adea_Guillot!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs");La Grèce a accepté jeudi 3 décembre l’aide de l’Union européenne pour surveiller ses frontières et gérer l’afflux des migrants, écartant ainsi la menace d’une éventuelle suspension de l’espace Schengen. Athènes a finalement répondu favorablement à trois propositions de l’UE : envoi de personnel européen à sa frontière nord, déploiement de gardes-frontières étrangers sur les îles de la mer Egée, et fourniture de tentes et de matériel destinés aux migrants bloqués sur son territoire.La Macédoine a érigé dans ce secteur une clôture métallique pour empêcher le passage des migrants et prévoit de la prolonger pour couvrir plus de 40 kilomètres.Slovénie, Serbie, Croatie, Macédoine ont décidé à la fin de novembre qu’elles allaient désormais refuser les migrants issus des pays censés être « sûrs », comme les pays africains, le Pakistan ou le Bangladesh, créant des tensions entre les différentes communautés.Lire aussi :La route des Balkans se ferme progressivement 03.12.2015 à 20h39 Le ministre turc des affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a annoncé, jeudi 3 décembre, que son pays avait exprimé « ses condoléances » à la Russie après la mort du pilote dont l’appareil a été détruit par l’aviation turque, provoquant une grave crise entre les deux pays.« Nous avons exprimé notre tristesse et adressé nos condoléances pour la mort du pilote russe », a déclaré le ministre, cité par les médias turcs, après un entretien à Belgrade avec son homologue russe Sergueï Lavrov.Lire aussi :Ce que l’on sait de l’avion russe abattu par la TurquieIl s’agissait du premier contact à ce niveau entre les deux pays depuis la destruction d’un bombardier russe par l’aviation turque à la frontière syrienne le 24 novembre. M. Cavusoglu s’est félicité de l’atmosphère de la rencontre. Mais il a affirmé qu’il ne serait « pas réaliste de dire que les problèmes ont été surmontés au cours d’un premier entretien ».« Garder les canaux de dialogue ouverts »« Il est important de garder les canaux de dialogue ouverts », a encore dit le ministre. « Il y a des deux côtés une volonté de ne pas voir une escalade des tensions. Je suis sûr que le bon sens va prévaloir sur l’émotion. »Dans des déclarations à la télévision russe, M. Lavrov a également affirmé qu’il n’y avait pas eu de percée. « Nous nous sommes réunis avec M. Cavusoglu. […] Nous n’avons rien entendu de nouveau. Le ministre turc a confirmé la position qu’ils ont déjà exprimée, et nous avons confirmé la nôtre », a-t-il dit.Avant cette rencontre, les hauts responsables russes refusaient tout contact avec leurs homologues turcs et exigeaient des excuses officielles d’Ankara. Le président russe Vladimir Poutine, après avoir refusé de prendre les appels téléphoniques du président turc Recep Tayyip Erdogan, l’a évité lors de la COP21 à Paris.Mercredi, Moscou avait même accusé nommément le président Erdogan et sa famille de profiter de la contrebande de pétrole à laquelle se livre l’organisation Etat islamique (EI) en Syrie. « Nous avons répondu à ces allégations », a dit M. Cavusoglu. « Nous espérons qu’ils abandonneront ces allégations infondées. »Lire aussi :Vladimir Poutine : « La Turquie regrettera d’avoir abattu un bombardier russe » 03.12.2015 à 16h01 • Mis à jour le05.12.2015 à 10h35 Plus de deux semaines après les attentats qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris, deux hommes font l’objet d’un mandat d’arrêt international : Salah Abdeslam, soupçonné d’avoir eu au moins un rôle logistique dans les attaques, et Mohamed Abrini, qui l’a conduit à Paris le 11 novembre. Les enquêteurs poursuivent leurs investigations en France et en Belgique, tentant de déduire le trajet des terroristes et de ceux qui ont pu les aider.Salah Abdeslam, suspect numéro 1 toujours en cavale Ce Français résidant en Belgique, soupçonné d’avoir eu au moins un rôle logistique dans les attaques, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Il vivait dans le quartier de Molenbeek près de Bruxelles avec son frère Brahim, qui s’est fait exploser à Paris. Il est le seul survivant identifié du commando des tueries.Lire aussi :Ce que l’on sait de Salah Abdeslam, en fuite depuis les attentats du 13 novembreCe qui est certain, à ce stade de l’enquête, c’est qu’il a loué, en Belgique, la Polo qui a servi pour l’attaque du Bataclan et une Clio retrouvée dans le 18e arrondissement de Paris. Il a aussi réservé des chambres d’hôtel utilisées avant les attentats. Les enquêteurs tentent de déterminer s’il a pu convoyer les kamikazes du Stade de France et s’il était chargé d’une attaque dans le 18e, évoquée dans la revendication de l’organisation Etat Islamique mais qui n’a jamais eu lieu. C’est également là qu’on a retrouvé la Clio.Il a ensuite été localisé à Montrouge, au sud de Paris, où un gilet explosif similaire à ceux des kamikazes a été découvert dans une poubelle. Ce gilet aurait pu lui appartenir, puisqu’il a quitté Paris dans la nuit de vendredi à samedi après les attentats avec l’aide de deux complices venus de Belgique. Puis il a été pris en charge pas d’autres personnes. Les enquêteurs perdent sa trace dans une rue de Schaerbeek, commune populaire du nord de Bruxelles, où le dépose un certain Ali O. Il lui aurait alors dit : « On ne va plus jamais se revoir. » Des informations sur sa présence dans plusieurs pays européens à bord d’une voiture dans les semaines qui ont précédé les attentats n’ont pas été confirmées au Monde.Lire notre récit :Attentats du 13 novembre : l’improbable conversation d’Ali O. avec Salah AbdeslamMohamed Abrini, toujours recherché Ce Belgo-Marocain de 30 ans a été filmé par une caméra de vidéosurveillance en compagnie de Salah Abdeslam, deux jours avant les attentats, dans une station-service de l’Oise, où il conduisait la Clio qui allait être utilisée par les terroristes. Sa présence à Paris le jour des attentats n’est pas établie à ce jour.Originaire de Molenbeek, cet ami de Salah Abdeslam a, selon la police belge, un profil de petit délinquant ayant multiplié les séjours en prison pour vols. Il est soupçonné d’avoir séjourné en Syrie au cours de l’été 2015. Il gravitait autour des Béguines, le bistrot que la fratrie Abdeslam tenait dans le quartier de Molenbeek – fermé le 4 novembre pour trafic de stupéfiants.En France et en Belgique, la traque des complices présumés, perquisitions et inculpationsDans la région de Bruxelles, placée en alerte maximale pendant près d’une semaine à la fin du mois de novembre, plusieurs des dizaines de perquisitions ont abouti à la mise en examen et au placement en détention provisoire de huit personnes pour leur implication présumée.Quatre autres personnes ont été inculpées pour avoir véhiculé Salah Abdeslam dans les heures qui ont suivi les tueries : Hamza A., Mohammed A. Lazez A., et Ali O.Deux hommes soupçonnés d’avoir eu des liens avec Bilal Hafdi, l’un des terroristes qui s’est fait exploser près du stade de France, ont été inculpés le 3 décembre. Il s’agit d’un Français et d’un Belge, arrêtés à Molenbeek.Deux autres hommes ont été interpellés entre le 23 et le 26 novembre : Abdeilah C. et Mohamed B. Les motifs de leur mise en examen n’ont pas été communiqués par le parquet fédéral.Deux nouveaux suspects sont « activement recherchés » par les polices belge et française, a annoncé vendredi 4 décembre le parquet belge. Ils avaient été contrôlés avec de fausses cartes d’identité belges à la frontière entre la Hongrie et l’Autriche en compagnie de Salah Abdeslam.En France, seul Jawad Bendaoud, l’homme soupçonné d’avoir fourni le logement de repli des terroristes à Saint-Denis, a été mis en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, détention d’armes et d’explosifs.L’un de ses proches, Mohamed S., 25 ans, soupçonné d’avoir joué un rôle d’intermédiaire, va être présenté à un juge d’instruction samedi 5 décembre. Mohamed S. aurait mis en contact deux de ses connaissances : la cousine d’Abaaoud, Hasna Aït Boulahcen, et Jawad Bendaoud.Le parquet va demander la mise en examen de Mohamed S. pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste criminelle, ainsi que son placement en détention.La piste turque : Ahmad Dahmani Ce Belge de 26 ans a été arrêté le 16 novembre à Antalya (Turquie) par la police turque dans le cadre d’une enquête sur une filière de migrants. Il était arrivé d’Amsterdam le 14 novembre. Les policiers turcs étudient ses éventuels contacts avec les assaillants de Paris. Son profil est jugé « intéressant » par les enquêteurs. Toujours incarcéré en Turquie, il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international et pourrait bientôt être expulsé vers Bruxelles.Le point sur les autres terroristes ayant participé aux attaques de ParisQuatre des kamikazes sont identifiés. Il s’agit de quatre Français : Brahim Abdeslam (31 ans), Bilal Hadfi (20 ans), Samy Amimour (28 ans) et Ismaël Omar Mostefaï (29 ans).Quatre kamikazes dont on ignore encore l’identité :Deux des trois kamikazes du Stade de France. Ils sont entrés en Europe par la Grèce en octobre. La police a diffusé leur photo après avoir retrouvé à proximité de leurs corps des passeports syriens à l’authenticité douteuse.Un kamikaze du Bataclan, le troisième homme qui a attaqué la salle de concert.Un homme qui s’est fait exploser lors de l’assaut des forces de l’ordre à Saint-Denis. Son ADN était inconnu de la police française, mais il est conforme à celui retrouvé sur une arme découverte dans la Seat abandonnée à Montreuil ; il serait le troisième membre qui a tiré sur les bars et restaurants parisiens, avec Abdelhamid Abaaoud et Brahim Abdeslam, mais aussi le complice potentiel dans le projet d’attentat d’Abaaoud à la Défense.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : quels terroristes étaient déjà repérés ?Abdelhamid Abaaoud, Belgo-Marocain de 28 ans, a été tué par les forces de l’ordre dans l’assaut de Saint-Denis. Son corps a été identifié dans un deuxième temps. Selon le procureur de la République de Paris François Molins, le probable coordinateur des attaques du 13 novembre projetait un autre attentat à la Défense le 18 ou le 19 novembre.Lire aussi :Les quatre jours d’errance d’AbaaoudHasna Aït Boulahcen, la cousine d’Abaaoud, qui lui aurait trouvé le logement de Saint-Denis, a également été tuée. Selon François Molins, elle «  était parfaitement au courant de l’implication de son cousin dans les attentats ». Juste avant le 13 novembre, selon des informations du Monde, la DGSE a intercepté un appel de Hasna Aït Boulahcen vers la Syrie.Lire aussi :Hasna Aït Boulahcen, entre vodka et niqab Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Alors que les ministres de l’intérieur de l’Union européenne doivent discuter, vendredi 4 décembre, à Bruxelles, des mesures de lutte contre le terrorisme, le coordinateur de la lutte antiterroriste de l’Union européenne, Gilles de Kerchove, analyse les attentats du 13 novembre à Paris et leurs conséquences.Lire aussi :Les ratés de la coordination antiterroriste en EuropeQuelles sont les principales leçons que vous tirez des récents attentats de Paris ?Je dois avouer qu’ils ne m’ont pas étonné. Étant donné le nombre de jeunes partis combattre, on pouvait prévoir que certains d’entre eux reviendraient, formés militairement, commettre des attentats. C’était le cauchemar de tous les services de renseignement. Daech [l’acronyme arabe de l’organisation Etat islamique] est, quoi qu’en disent certains, l’objet d’une forte pression de la coalition internationale en Syrie. Les frappes aériennes seules n’en viendront pas à bout mais elles ont un impact. Or, le succès est la marque de fabrique de cette organisation qui gagne toujours des territoires, dont ceux détenus par des franchises d’Al-Qaida, en Libye notamment. La multiplication des attentats au cours des dernières semaines est une stratégie destinée à répondre aux actions de la coalition.Lire aussi :Attaques à Paris : les spécialistes du terrorisme s’attendaient à un nouvel attentatIl faut donc redouter d’autres attentats ?Oui, sans doute.Les échanges de renseignements entre les services ont-ils oui ou non progressé depuis les attentats de janvier ?« la sécurité nationale restant une compétence exclusive des États »Je vous rappelle que l’UE n’a, en fait, pas de compétences dans ce domaine, la sécurité nationale restant une compétence exclusive des États. Toutefois, les échanges entre services sont nombreux et ceux-ci expliquent qu’ils ont répondu à l’appel des chefs d’Etat pour davantage de coopération. Il faut plutôt se demander si, en dehors du cadre institutionnel de l’Union, ces services ne devraient pas structurer davantage leurs échanges.Nous disposons de plateformes d’échange d’informations mais elles doivent être optimisées : les alimente-t-on suffisamment, les utilise-t-on suffisamment ? Non. Il faut que le système d’information Schengen (SIS) reprenne notamment toutes les informations sur les combattants étrangers. La France a fait un effort considérable en ce sens, d’autres doivent l’imiter.On a travaillé depuis deux ans sur le renforcement des contrôles aux frontières extérieures. Mais si, à ces frontières, on travaille avec une base de données insuffisamment nourrie, ou si on ne l’utilise pas suffisamment, les contrôles seront inefficaces et des Abdeslam ou des Abaaoud pourront continuer à faire des allers-retours avec la Syrie.Lire aussi :Abaaoud, Dahmani, Mostefaï, les frères Abdeslam : des terroristes surveillés en vainJe note que le passeport retrouvé au Stade de France n’a vraisemblablement pas été confronté au fichier Interpol des passeports volés, ce qui devrait être systématique. La plateforme d’Europol, aussi, devrait être davantage alimentée.Que pensez de l’idée d’une « CIA européenne », qui refleurit ?En l’état des traités, c’est infaisable, parce que le renseignement est maintenu en dehors du cadre institutionnel de l’Union. Je ne vois donc pas, techniquement, comment faire. Je note toutefois que l’article 73 du traité sur le fonctionnement de l’Union stipule que rien n’empêche les Etats membres de créer entre eux des formes de coopération. Il faut donc que ceux qui proposent une coopération renforcée prennent l’initiative de structurer davantage, en dehors du cadre institutionnel, la coopération entre leurs services. L’enjeu immédiat est d’assurer une alimentation systématique des plateformes d’échange (SIS et Europol notamment) par tous les acteurs de la sécurité intérieure.L’éventuelle présence de djihadistes parmi les nombreux réfugiés arrivant en Grèce représente-t-elle une vraie menace ?Jusqu’ici, j’ai pensé que Daech n’avait pas besoin de recourir à cette technique. L’organisation Etat islamique peut s’appuyer sur suffisamment de citoyens européens radicalisés, capables de se fondre dans la foule et de rester « sous le radar ». Mais peut-être, alors qu’il n’en a pas besoin, l’EI songe-t-il à utiliser cyniquement les canaux de la migration pour instiller le doute et la méfiance à l’égard des demandeurs d’asile. Il nous reste à nous montrer plus systématiques et plus rigoureux dans les contrôles. Et, parallèlement, à protéger Schengen tout en évitant le lien toxique entre réfugiés et terroristes, qui serait une tragédie.Lire aussi :Craintes d’une infiltration des routes migratoires par des djihadistesLe phénomène reste, selon vous, marginal ?Oui, mais même marginal, nous ne pouvons nous le permettre. D’où une mobilisation pour faire en sorte que l’Europe reste une terre d’accueil, tout en se protégeant.On évoque toujours la nécessité d’un fichier européen des données des passagers aériens (PNR). Il semble pourtant qu’il n’aurait pas permis d’éviter les attentats récents…Abdelhamid Abaaoud [l’un des terroristes tués le 18 novembre dans l’assaut du Raid à Saint-Denis] a beaucoup voyagé et, parfois, pris l’avion. A-t-on bien identifié ces vols ? Je n’en suis pas sûr. Je reste convaincu que le PNR est un moyen pour détecter les mouvements suspects, les départs ou les retours.Lire aussi :Ce que les services belges savaient d’Abdelhamid AbaaoudJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.12.2015 à 13h09 | Faustine Vincent Annoncée trois jours après les attentats du 13 novembre, le projet de François Hollande d’étendre la déchéance de la nationalité aux binationaux nés Français, et de l’inscrire dans la Constitution, divise aujourd’hui profondément la classe politique et la société civile. Vus de Belgique, les débats qui émergent sur les questions de sécurité, d’égalité et de liberté ont un air de déjà-vu. Et pour cause : le pays a déjà mis cette idée de déchéance sur la table au début de l’année après les attentats de janvier à Paris et une action antiterroriste à Verviers, près de Liège.Lire aussi :Déchéance de nationalité : l’idée qui passe mal à gaucheLa proposition du gouvernement de coalition, dominé par le parti nationaliste flamand NVA, était d’étendre la déchéance de la nationalité aux Belges « de deuxième, voire de troisième génération » condamnés pour terrorisme. C’était la plus sévère des options étudiées, dans le cadre d’une série de douze mesures contre le radicalisme. La loi belge permet déjà la déchéance, mais uniquement pour ceux qui ne sont pas nés Belges, ou qui ont acquis la nationalité par naturalisation.Source d’inégalités« La volonté est d’aller vers la deuxième ou la troisième génération parce que c’est là que la situation se pose », avait défendu le vice-premier ministre libéral, Didier Reynders. « C’est dangereux, car discriminatoire », avait rétorqué le président de la Ligue des droits de l’Homme, Alexis Deswaef. Le ministre de l’aide à la jeunesse de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Rachid Madrane, s’était lui aussi indigné : « On n’humilie pas les terroristes. On humilie toute une communauté qui vit paisiblement. Cela voudrait dire que les Belges ne sont plus égaux devant la loi. Pour les mêmes faits, des gens seraient condamnés différemment. »De fait, la mesure aurait produit une inégalité entre un terroriste d’origine immigrée et un terroriste belge « de souche » puisque la loi ne peut s’appliquer qu’aux binationaux, la Convention européenne des Droits de l’homme interdisant de créer des apatrides. « Cette décision reviendrait à introduire une notion de citoyenneté de « seconde classe », analyse Jean-Michel Lafleur, directeur adjoint du Centre d’Études de l’Ethnicité et des Migrations à Liège. Elle ouvrirait une boîte de Pandore dont on ne connaît pas toutes les ramifications. »Application difficileSur le plan pratique, l’application elle-même de cette disposition aurait été un casse-tête. Une fois la déchéance prononcée, l’individu n’a en effet d’autre choix que de quitter le territoire, puisque les autorités ne lui délivreront pas de permis de séjour. Mais en cas d’expulsion, d’autres considérations juridiques entrent en ligne de compte. Comme l’a expliqué Alexis Deswaef, « si l’on retire la nationalité au père d’un enfant belge, la convention des droits de l’Homme garantit à l’enfant le droit de vivre en famille et donc avec son père ». La déchéance de la nationalité se heurte ainsi à la protection familiale.Après des semaines de débats, le gouvernement belge a finalement renoncé à son projet. Mais le parti nationaliste flamand NVA continue de donner le la sur ces questions sensibles. Partisan d’une ligne dure, il le fait d’autant plus facilement qu’il occupe les postes clés du ministère de l’intérieur et du secrétariat d’Etat à l’asile et la migration. Le contexte lui est favorable : la Belgique serait proportionnellement le pays le plus gros fournisseur de djihadistes en Europe.En une quinzaine d’années, la notion de nationalité en Belgique a été bousculée par la montée des extrêmes, conjuguée au renforcement de la menace terroriste, sur fond de durcissement des politiques d’immigration et d’intégration. « En 2002, on pouvait accéder à la nationalité par naturalisation au bout de trois ans de résidence. C’était l’une des législations les plus généreuses d’Europe », rappelle Jean-Michel Lafleur. L’idée était alors de favoriser l’intégration par l’octroi de la nationalité. En 2013, cette perspective s’est renversée avec l’entrée en vigueur d’une réforme alignant la Belgique sur les standards européens, plus exigeants (durée de résidence prérequise plus longue notamment). Désormais, l’intégration est au contraire un prérequis à l’octroi de la nationalité.Efficacité contestéeReste la question de l’efficacité de la déchéance de nationalité. Comme en France, la Belgique est divisée à ce sujet. Patrick Wautelet, professeur et spécialiste reconnu de droit comparé de la nationalité à l’université de Liège, est sceptique. « Évidemment, cela ne décourage pas de commettre des actes terroristes, au contraire. Et si l’objectif est d’empêcher que des terroristes reviennent sur le territoire, je doute aussi que cela le permette. Car un individu qui veut commettre un attentat, surtout s’il transporte une kalachnikov ou de l’argent liquide, tentera plutôt de rentrer de façon illégale ». Même étendue aux binationaux de deuxième ou troisième génération, la déchéance n’aurait, en outre, pas pu s’appliquer pour les terroristes n’ayant que la nationalité belge.A ce jour, l’application de la loi reste rarissime. Seules quatre personnes ont été déchues de leur nationalité pour terrorisme. « Trois sont encore en prison, précise Patrick Wautelet. S’il y a si peu de cas, c’est parce qu’il est complexe d’avoir suffisamment d’éléments de preuve afin de condamner pour un fait terroriste. » Comme la plupart des opposants à cette mesure, il estime ainsi qu’elle est avant tout « symbolique ». « C’est une réaction à chaud, une façon de rassurer la population et de montrer que les autorités agissent », soutient-il.Dans l’entourage de François Hollande, on assure que l’extension de la déchéance de la nationalité serait « une façon de traiter cette situation des binationaux qui commettent des actes de terrorisme ». À défaut d’expliquer en quoi elle permettrait, concrètement, de le faire, on souligne, là aussi, sa dimension symbolique : « Les symboles ont de l’importance. Déchoir de la nationalité, c’est très fort, dans l’échelle des valeurs de la France. »Faustine VincentJournaliste au Monde Nicole Vulser La mode tarde à reprendre des couleurs. Depuis 2007, dernière année où le secteur s’est affiché en croissance, aucune embellie. Et l’impact des attentats du 13 novembre risque d’aggraver les choses en jouant sur la consommation d’habillement et de textiles de maison. Une incertitude qui se traduit dans la fourchette des estimations pour 2015 : en France, le marché – en valeur – pourrait varier entre − 1,5 % et + 0,3 %, par rapport à 2014, selon les données communiquées jeudi 3 décembre par Hélène Fourneau, responsable des panels de l’Institut français de la mode (IFM). Toutefois, au cours de cette journée consacrée aux perspectives internationales mode et textile, elle a espéré une sortie de crise en 2016, avec, enfin, un retour à la croissance de 0,7 %.Chez nos voisins européens, la situation n’est pas non plus mirobolante : la croissance dans la consommation de vêtements devrait ralentir en 2015-2016 au Royaume-Uni. La dégradation du marché devrait s’atténuer légèrement en Allemagne, comme en Italie grâce à une reprise de l’économie après trois ans de récession. Enfin, une nette progression est attendue en Espagne, sans toutefois atteindre les niveaux d’avant-crise en 2007. Si bien qu’au total, dans ces cinq pays, en incluant l’Hexagone (qui concentrent 72 % du marché européen), la vente de vêtements et de textiles de maison devrait rester stable en 2015-2016.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : à Paris, les clients du luxe se font plus raresLa principale caractéristique du marché est venue cette année de « la forte chute de l’euro par rapport au dollar [qui] a rebattu les cartes de l’approvisionnement mondial du textile et a impacté les politiques de prix des distributeurs », affirme Gildas Minvielle, directeur de l’Observatoire économique de l’IFM. Très concrètement, le prix d’importation d’un jean en France a augmenté cette année de 19 % s’il a été fabriqué en Chine. Pour la première fois depuis bien longtemps, un léger rebond des prix moyens d’achats des vêtements a d’ailleurs été enregistré (+ 1,5 %), en prenant également en compte les soldes et les promotions.Pas d’effet « marinière »A contrario, l’évolution monétaire s’est traduite par un effet dynamisant sur les exportations françaises d’habillement en dehors de l’Union européenne, avec une hausse très marquée en 2015 vers les Etats-Unis, la Chine et Hongkong.Autres points saillants du marché en 2015 : l’envolée des ventes d’articles de mode achetés depuis les smartphones, un peu moins de soldes et promotions (40 % des ventes contre 42 % en 2014) et, du côté des enseignes et des marques, une utilisation plus massive que jamais des données personnelles des consommateurs.Dans un sondage auprès des consommateurs français réalisés après les attentats de Paris, Evelyne Chabalier, professeur à l’IFM, a également constaté « un raz de marée national » en faveur des vêtements « made in France ». Résultat jusqu’à présent jamais atteint, 74 % des personnes interrogées ont déclaré « acheter de préférence des vêtements dont l’étiquette indique une fabrication en France ». « Faut-il y voir une manifestation de colère ? Un souci de bien faire ? Une façon de favoriser les travailleurs de notre pays ? », s’est-elle interrogée. Ou un mensonge caractérisé ?Les vêtements « made in France » vendus dans l’Hexagone représentent toujours moins de 5 % des achats, a tempéré M. Minvielle. Dans le meilleur des cas. Signe que l’effet « marinière » qu’espérait Arnaud Montebourg du temps où il régnait à Bercy n’a été suivi d’aucun effet.Nicole VulserJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.12.2015 à 09h53 Quelques heures avant une réunion des ministres de l’intérieur de l’Union européenne (UE) consacrée à la situation de la Grèce face à la crise migratoire, le flux des migrants a repris à la frontière entre la Grèce et la Macédoine.Bloqués depuis plusieurs semaines du côté grec du poste-frontière d’Idomeni, des milliers de Syriens, Irakiens et Afghans poursuivaient, à l’aube, leur route vers l’Europe occidentale.Suivez la situation au poste-frontière d’Idomeni avec notre reporter :Tweets de @Adea_Guillot!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs");La Grèce a accepté jeudi 3 décembre l’aide de l’Union européenne pour surveiller ses frontières et gérer l’afflux des migrants, écartant ainsi la menace d’une éventuelle suspension de l’espace Schengen. Athènes a finalement répondu favorablement à trois propositions de l’UE : envoi de personnel européen à sa frontière nord, déploiement de gardes-frontières étrangers sur les îles de la mer Egée, et fourniture de tentes et de matériel destinés aux migrants bloqués sur son territoire.La Macédoine a érigé dans ce secteur une clôture métallique pour empêcher le passage des migrants et prévoit de la prolonger pour couvrir plus de 40 kilomètres.Slovénie, Serbie, Croatie, Macédoine ont décidé à la fin de novembre qu’elles allaient désormais refuser les migrants issus des pays censés être « sûrs », comme les pays africains, le Pakistan ou le Bangladesh, créant des tensions entre les différentes communautés.Lire aussi :La route des Balkans se ferme progressivement 03.12.2015 à 20h39 Le ministre turc des affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a annoncé, jeudi 3 décembre, que son pays avait exprimé « ses condoléances » à la Russie après la mort du pilote dont l’appareil a été détruit par l’aviation turque, provoquant une grave crise entre les deux pays.« Nous avons exprimé notre tristesse et adressé nos condoléances pour la mort du pilote russe », a déclaré le ministre, cité par les médias turcs, après un entretien à Belgrade avec son homologue russe Sergueï Lavrov.Lire aussi :Ce que l’on sait de l’avion russe abattu par la TurquieIl s’agissait du premier contact à ce niveau entre les deux pays depuis la destruction d’un bombardier russe par l’aviation turque à la frontière syrienne le 24 novembre. M. Cavusoglu s’est félicité de l’atmosphère de la rencontre. Mais il a affirmé qu’il ne serait « pas réaliste de dire que les problèmes ont été surmontés au cours d’un premier entretien ».« Garder les canaux de dialogue ouverts »« Il est important de garder les canaux de dialogue ouverts », a encore dit le ministre. « Il y a des deux côtés une volonté de ne pas voir une escalade des tensions. Je suis sûr que le bon sens va prévaloir sur l’émotion. »Dans des déclarations à la télévision russe, M. Lavrov a également affirmé qu’il n’y avait pas eu de percée. « Nous nous sommes réunis avec M. Cavusoglu. […] Nous n’avons rien entendu de nouveau. Le ministre turc a confirmé la position qu’ils ont déjà exprimée, et nous avons confirmé la nôtre », a-t-il dit.Avant cette rencontre, les hauts responsables russes refusaient tout contact avec leurs homologues turcs et exigeaient des excuses officielles d’Ankara. Le président russe Vladimir Poutine, après avoir refusé de prendre les appels téléphoniques du président turc Recep Tayyip Erdogan, l’a évité lors de la COP21 à Paris.Mercredi, Moscou avait même accusé nommément le président Erdogan et sa famille de profiter de la contrebande de pétrole à laquelle se livre l’organisation Etat islamique (EI) en Syrie. « Nous avons répondu à ces allégations », a dit M. Cavusoglu. « Nous espérons qu’ils abandonneront ces allégations infondées. »Lire aussi :Vladimir Poutine : « La Turquie regrettera d’avoir abattu un bombardier russe » 03.12.2015 à 16h01 • Mis à jour le04.12.2015 à 17h39 Plus de deux semaines après les attentats qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris, deux hommes font l’objet d’un mandat d’arrêt international : Salah Abdeslam, soupçonné d’avoir eu au moins un rôle logistique dans les attaques, et Mohamed Abrini, qui l’a conduit à Paris le 11 novembre. Les enquêteurs poursuivent leurs investigations en France et en Belgique, tentant de déduire le trajet des terroristes et de ceux qui ont pu les aider.Salah Abdeslam, suspect numéro 1 toujours en cavale Ce Français résidant en Belgique, soupçonné d’avoir eu au moins un rôle logistique dans les attaques, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Il vivait dans le quartier de Molenbeek près de Bruxelles avec son frère Brahim, qui s’est fait exploser à Paris. Il est le seul survivant identifié du commando des tueries.Lire aussi :Ce que l’on sait de Salah Abdeslam, en fuite depuis les attentats du 13 novembreCe qui est certain, à ce stade de l’enquête, c’est qu’il a loué, en Belgique, la Polo qui a servi pour l’attaque du Bataclan et une Clio retrouvée dans le 18e arrondissement de Paris. Il a aussi réservé des chambres d’hôtel utilisées avant les attentats. Les enquêteurs tentent de déterminer s’il a pu convoyer les kamikazes du Stade de France et s’il était chargé d’une attaque dans le 18e, évoquée dans la revendication de l’organisation Etat Islamique mais qui n’a jamais eu lieu. C’est également là qu’on a retrouvé la Clio.Il a ensuite été localisé à Montrouge, au sud de Paris, où un gilet explosif similaire à ceux des kamikazes a été découvert dans une poubelle. Ce gilet aurait pu lui appartenir, puisqu’il a quitté Paris dans la nuit de vendredi à samedi après les attentats avec l’aide de deux complices venus de Belgique. Puis il a été pris en charge pas d’autres personnes. Les enquêteurs perdent sa trace dans une rue de Schaerbeek, commune populaire du nord de Bruxelles, où le dépose un certain Ali O. Il lui aurait alors dit : « On ne va plus jamais se revoir. » Des informations sur sa présence dans plusieurs pays européens à bord d’une voiture dans les semaines qui ont précédé les attentats n’ont pas été confirmées au Monde.Lire notre récit :Attentats du 13 novembre : l’improbable conversation d’Ali O. avec Salah AbdeslamMohamed Abrini, toujours recherché Ce Belgo-Marocain de 30 ans a été filmé par une caméra de vidéosurveillance en compagnie de Salah Abdeslam, deux jours avant les attentats, dans une station-service de l’Oise, où il conduisait la Clio qui allait être utilisée par les terroristes. Sa présence à Paris le jour des attentats n’est pas établie à ce jour.Originaire de Molenbeek, cet ami de Salah Abdeslam a, selon la police belge, un profil de petit délinquant ayant multiplié les séjours en prison pour vols. Il est soupçonné d’avoir séjourné en Syrie au cours de l’été 2015. Il gravitait autour des Béguines, le bistrot que la fratrie Abdeslam tenait dans le quartier de Molenbeek – fermé le 4 novembre pour trafic de stupéfiants.En France et en Belgique, la traque des complices présumés, perquisitions et inculpationsDans la région de Bruxelles, placée en alerte maximale pendant près d’une semaine à la fin du mois de novembre, plusieurs des dizaines de perquisitions ont abouti à la mise en examen et au placement en détention provisoire de huit personnes pour leur implication présumée.Quatre autres personnes ont été inculpées pour avoir véhiculé Salah Abdeslam dans les heures qui ont suivi les tueries : Hamza A., Mohammed A. Lazez A., et Ali O.Deux hommes soupçonnés d’avoir eu des liens avec Bilal Hafdi, l’un des terroristes qui s’est fait exploser près du stade de France, ont été inculpés le 3 décembre. Il s’agit d’un Français et d’un Belge, arrêtés à Molenbeek.Deux autres hommes ont été interpellés entre le 23 et le 26 novembre : Abdeilah C. et Mohamed B. Les motifs de leur mise en examen n’ont pas été communiqués par le parquet fédéral.Deux nouveaux suspects sont « activement recherchés » par les polices belge et française, a annoncé vendredi 4 décembre le parquet belge. Ils avaient été contrôlés avec de fausses cartes d’identité belges à la frontière entre la Hongrie et l’Autriche en compagnie de Salah Abdeslam.En France, seul Jawad Bendaoud, l’homme soupçonné d’avoir fourni le logement de repli des terroristes à Saint-Denis, a été mis en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, détention d’armes et d’explosifs. L’un de ses proches, Mohamed S., 25 ans, est en garde à vue, soupçonné d’avoir joué un rôle d’intermédiaire.La piste turque : Ahmad Dahmani Ce Belge de 26 ans a été arrêté le 16 novembre à Antalya (Turquie) par la police turque dans le cadre d’une enquête sur une filière de migrants. Il était arrivé d’Amsterdam le 14 novembre. Les policiers turcs étudient ses éventuels contacts avec les assaillants de Paris. Son profil est jugé « intéressant » par les enquêteurs. Toujours incarcéré en Turquie, il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international et pourrait bientôt être expulsé vers Bruxelles.Le point sur les autres terroristes ayant participé aux attaques de ParisQuatre des kamikazes sont identifiés. Il s’agit de quatre Français : Brahim Abdeslam (31 ans), Bilal Hadfi (20 ans), Samy Amimour (28 ans) et Ismaël Omar Mostefaï (29 ans).Quatre kamikazes dont on ignore encore l’identité :Deux des trois kamikazes du Stade de France. Ils sont entrés en Europe par la Grèce en octobre. La police a diffusé leur photo après avoir retrouvé à proximité de leurs corps des passeports syriens à l’authenticité douteuse.Un kamikaze du Bataclan, le troisième homme qui a attaqué la salle de concert.Un homme qui s’est fait exploser lors de l’assaut des forces de l’ordre à Saint-Denis. Son ADN était inconnu de la police française, mais il est conforme à celui retrouvé sur une arme découverte dans la Seat abandonnée à Montreuil ; il serait le troisième membre qui a tiré sur les bars et restaurants parisiens, avec Abdelhamid Abaaoud et Brahim Abdeslam, mais aussi le complice potentiel dans le projet d’attentat d’Abaaoud à la Défense.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : quels terroristes étaient déjà repérés ?Abdelhamid Abaaoud, Belgo-Marocain de 28 ans, a été tué par les forces de l’ordre dans l’assaut de Saint-Denis. Son corps a été identifié dans un deuxième temps. Selon le procureur de la République de Paris François Molins, le probable coordinateur des attaques du 13 novembre projetait un autre attentat à la Défense le 18 ou le 19 novembre.Lire aussi :Les quatre jours d’errance d’AbaaoudHasna Aït Boulahcen, la cousine d’Abaaoud, qui lui aurait trouvé le logement de Saint-Denis, a également été tuée. Selon François Molins, elle «  était parfaitement au courant de l’implication de son cousin dans les attentats ». Juste avant le 13 novembre, selon des informations du Monde, la DGSE a intercepté un appel de Hasna Aït Boulahcen vers la Syrie.Lire aussi :Hasna Aït Boulahcen, entre vodka et niqab Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Alors que les ministres de l’intérieur de l’Union européenne doivent discuter, vendredi 4 décembre, à Bruxelles, des mesures de lutte contre le terrorisme, le coordinateur de la lutte antiterroriste de l’Union européenne, Gilles de Kerchove, analyse les attentats du 13 novembre à Paris et leurs conséquences.Lire aussi :Les ratés de la coordination antiterroriste en EuropeQuelles sont les principales leçons que vous tirez des récents attentats de Paris ?Je dois avouer qu’ils ne m’ont pas étonné. Étant donné le nombre de jeunes partis combattre, on pouvait prévoir que certains d’entre eux reviendraient, formés militairement, commettre des attentats. C’était le cauchemar de tous les services de renseignement. Daech [l’acronyme arabe de l’organisation Etat islamique] est, quoi qu’en disent certains, l’objet d’une forte pression de la coalition internationale en Syrie. Les frappes aériennes seules n’en viendront pas à bout mais elles ont un impact. Or, le succès est la marque de fabrique de cette organisation qui gagne toujours des territoires, dont ceux détenus par des franchises d’Al-Qaida, en Libye notamment. La multiplication des attentats au cours des dernières semaines est une stratégie destinée à répondre aux actions de la coalition.Lire aussi :Attaques à Paris : les spécialistes du terrorisme s’attendaient à un nouvel attentatIl faut donc redouter d’autres attentats ?Oui, sans doute.Les échanges de renseignements entre les services ont-ils oui ou non progressé depuis les attentats de janvier ?« la sécurité nationale restant une compétence exclusive des États »Je vous rappelle que l’UE n’a, en fait, pas de compétences dans ce domaine, la sécurité nationale restant une compétence exclusive des États. Toutefois, les échanges entre services sont nombreux et ceux-ci expliquent qu’ils ont répondu à l’appel des chefs d’Etat pour davantage de coopération. Il faut plutôt se demander si, en dehors du cadre institutionnel de l’Union, ces services ne devraient pas structurer davantage leurs échanges.Nous disposons de plateformes d’échange d’informations mais elles doivent être optimisées : les alimente-t-on suffisamment, les utilise-t-on suffisamment ? Non. Il faut que le système d’information Schengen (SIS) reprenne notamment toutes les informations sur les combattants étrangers. La France a fait un effort considérable en ce sens, d’autres doivent l’imiter.On a travaillé depuis deux ans sur le renforcement des contrôles aux frontières extérieures. Mais si, à ces frontières, on travaille avec une base de données insuffisamment nourrie, ou si on ne l’utilise pas suffisamment, les contrôles seront inefficaces et des Abdeslam ou des Abaaoud pourront continuer à faire des allers-retours avec la Syrie.Lire aussi :Abaaoud, Dahmani, Mostefaï, les frères Abdeslam : des terroristes surveillés en vainJe note que le passeport retrouvé au Stade de France n’a vraisemblablement pas été confronté au fichier Interpol des passeports volés, ce qui devrait être systématique. La plateforme d’Europol, aussi, devrait être davantage alimentée.Que pensez de l’idée d’une « CIA européenne », qui refleurit ?En l’état des traités, c’est infaisable, parce que le renseignement est maintenu en dehors du cadre institutionnel de l’Union. Je ne vois donc pas, techniquement, comment faire. Je note toutefois que l’article 73 du traité sur le fonctionnement de l’Union stipule que rien n’empêche les Etats membres de créer entre eux des formes de coopération. Il faut donc que ceux qui proposent une coopération renforcée prennent l’initiative de structurer davantage, en dehors du cadre institutionnel, la coopération entre leurs services. L’enjeu immédiat est d’assurer une alimentation systématique des plateformes d’échange (SIS et Europol notamment) par tous les acteurs de la sécurité intérieure.L’éventuelle présence de djihadistes parmi les nombreux réfugiés arrivant en Grèce représente-t-elle une vraie menace ?Jusqu’ici, j’ai pensé que Daech n’avait pas besoin de recourir à cette technique. L’organisation Etat islamique peut s’appuyer sur suffisamment de citoyens européens radicalisés, capables de se fondre dans la foule et de rester « sous le radar ». Mais peut-être, alors qu’il n’en a pas besoin, l’EI songe-t-il à utiliser cyniquement les canaux de la migration pour instiller le doute et la méfiance à l’égard des demandeurs d’asile. Il nous reste à nous montrer plus systématiques et plus rigoureux dans les contrôles. Et, parallèlement, à protéger Schengen tout en évitant le lien toxique entre réfugiés et terroristes, qui serait une tragédie.Lire aussi :Craintes d’une infiltration des routes migratoires par des djihadistesLe phénomène reste, selon vous, marginal ?Oui, mais même marginal, nous ne pouvons nous le permettre. D’où une mobilisation pour faire en sorte que l’Europe reste une terre d’accueil, tout en se protégeant.On évoque toujours la nécessité d’un fichier européen des données des passagers aériens (PNR). Il semble pourtant qu’il n’aurait pas permis d’éviter les attentats récents…Abdelhamid Abaaoud [l’un des terroristes tués le 18 novembre dans l’assaut du Raid à Saint-Denis] a beaucoup voyagé et, parfois, pris l’avion. A-t-on bien identifié ces vols ? Je n’en suis pas sûr. Je reste convaincu que le PNR est un moyen pour détecter les mouvements suspects, les départs ou les retours.Lire aussi :Ce que les services belges savaient d’Abdelhamid AbaaoudJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Charrel Les marchés n’en attendaient pas moins. Jeudi 3 décembre, à l’issue de la réunion de son conseil des gouverneurs, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé plusieurs actions. Objectif : lutter contre l’inflation faible, qui s’est établie à 0,1 % seulement en novembre, et tenter de réanimer l’économie européenne.Lire aussi :La croissance de la zone euro déçoit au troisième trimestreDans le détail, Mario Draghi, le président de l’institut de Francfort, a dévoilé trois mesures principales : la baisse du taux de dépôt de -0,2 % à -0,3 %, l’extension du programme de rachat de dettes publiques et privées (l’assouplissement quantitatif) de septembre 2016 à mars 2017, voire au-delà si nécessaire, et l’inclusion dans ce programme de nouveaux titres de dettes, à savoir des titres de dettes de collectivités locales et régionales de la zone euro.Certains analystes et investisseurs pariaient sur des mesures plus ambitieuses encore. Il faut dire que ces dernières semaines, M. Draghi, en promettant d’agir massivement, avait fait grimper les attentes au-delà du raisonnable…Lire aussi :Taux & Changes : Relancer l’inflation, oui, mais laquelle ?Pourquoi la BCE veut-elle allonger son programme d’assouplissement quantitatif ?Lancé en mars, ce programme parfois qualifié de « bazooka monétaire » (en anglais, on parle de « quantitative easing », ou « QE ») consiste en des rachats de dettes publiques et privées sur les marchés, à hauteur de 60 milliards d’euros par mois. Pour ce, la BCE crée de la nouvelle monnaie qu’elle injecte dans le système financier : c’est la version moderne de la « planche à billets ».Son objectif est triple. D’abord, le QE permet de maintenir les taux d’intérêt auxquels s’endettent les Etats de la zone euro à des niveaux très bas. De quoi les aider à assurer la stabilité de leurs finances publiques, même si certains économistes jugent que, du coup, les gouvernements ont moins de pression pour mettre en place les réformes permettant de réduire durablement leur dette… Reste qu’en se diffusant dans le reste de l’économie, la baisse des taux permet également aux PME et aux ménages d’accéder à des crédits bancaires moins chers.Autre objectif : en achetant des obligations souveraines, la BCE espère pousser les investisseurs en quête de rendement vers des titres jugés plus risqués mais aussi plus favorables au financement de l’économie. Comme, par exemple, les obligations d’entreprises.Enfin, le QE vise également – c’est un objectif officieux de la BCE – à faire baisser l’euro face au dollar. En injectant des nouvelles liquidités, l’institution augmente en effet la quantité de monnaie en circulation, ce qui fait automatiquement baisser le cours de la monnaie unique face aux autres devises. Et cela fonctionne : depuis que la BCE a commencé à évoquer le QE, à l’été 2014, l’euro a déjà perdu 23 % face au billet vert.Or, lorsque l’euro baisse, le prix des produits importés augmente, ce qui contribue à relancer l’inflation : c’est justement l’objectif de la BCE. Voilà pourquoi elle a décidé d’allonger son QE jusqu’à mars 2017, voire au-delà si nécessaire, contre septembre 2016, comme initialement prévu.Que cherche la BCE en rachetant des dettes des collectivités locales et régionales ?Jusqu’ici, la BCE rachetait essentiellement des obligations d’Etats, ainsi que certaines obligations privées, de façon plus marginale. A cette liste s’ajouteront désormais des titres d’emprunt de collectivités locales et régionales de la zone euro. Pourquoi une telle mesure ? Principalement pour regagner un peu de marges de manœuvre. La BCE rachète aujourd’hui une grande partie de la dette nouvellement émise par les Etats, laissant parfois craindre une pénurie de ces titres.Certains analystes soulignent néanmoins que le rachat d’obligations des collectivités locales n’est pas sans risques, certaines n’étaient en effet pas des parangons de la vertu budgétaire…Quel est l’objectif de la nouvelle baisse du taux de dépôt ?C’est probablement l’outil monétaire le plus difficile à comprendre. Le taux de dépôt rémunère les liquidités à court terme que les banques laissent dans les coffres de la BCE. Instaurer un taux de dépôt négatif (la BCE l’a baissé à -0,10 % en juin 2014 puis à -0,20 % en janvier) revient donc à les faire payer pour ces liquidités dormantes. Objectif ? Le plus souvent, on avance qu’une telle mesure est censée encourager les banques à augmenter leurs prêts aux ménages et aux entreprises.Pour savoir si cela fonctionne, il suffit de se pencher sur le cas des pays qui l’ont déjà appliquée. Comme la Suède, qui a passé son taux de dépôt à -0,25 % entre juillet 2009 et septembre 2010. L’effet sur les prêts a été peu concluant, jugent les économistes.De fait, l’objectif du taux de dépôt négatif est moins de relancer le crédit que d’agir sur le cours de la monnaie. En rendant les dépôts moins attractifs, le taux négatif décourage les investisseurs à placer leurs fonds dans le pays concerné. Ce qui fait baisser le cours de la devise en question.En réduisant encore son taux de dépôt à -0,30 %, la BCE cherche donc surtout à tirer l’euro vers le bas face au dollar. Là encore, dans l’espoir que cela relance l’inflation…Quelle peut être l’efficacité de ces nouvelles mesures ? Ces nouvelles armes permettront-elles de dynamiser la croissance et l’inflation ? Les économistes sont divisés. Pour certains, l’activisme de Mario Draghi porte déjà ses fruits, même s’ils sont encore timides. « Le crédit bancaire au secteur privé accélère, les indicateurs macroéconomiques passent peu à peu dans le vert, l’inflation sous-jacente, celle qui exclut notamment les prix de l’énergie, se ressaisit, constate ainsi Frederik Ducrozet, économiste chez Pictet Wealth Management. De plus, il ne faut pas oublier que le QE a seulement été lancé en mars dernier. Or, il faut au moins un an avant que ses effets sur l’économie ne se mesurent vraiment. »Patrick Artus, chef économiste de Natixis, se montre bien plus dubitatif. « La politique monétaire n’a quasiment plus d’effet sur l’inflation, en répétant qu’il fera tout pour la relancer aussi vite que possible, Mario Draghi prend de grands risques », explique-t-il. A commencer par celui de perdre sa crédibilité s’il échoue.Les causes de l’inflation faible échappent en effet en partie à son rayon d’action. A l’exemple de la chute des cours des matières premières, bien sûr, mais aussi de l’atonie des salaires, plombés par le taux de chômage élevé (10,7 % de la population active dans la zone euro). Ou encore de la concurrence des pays à bas coût.Lire aussi :Pourquoi la BCE peine à relancer l’économie européenneMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.12.2015 à 11h34 Les Danois sont appelés jeudi à se prononcer sur la participation du pays aux programmes européens de sécurité, questions techniques qui soulèvent des débats sur la menace djihadiste et l’immigration.Tenu trois semaines après les attentats de Paris qui ont fait 130 morts, ce référendum était prévu pour 2016 mais il a été avancé, afin d’éviter les interférences avec celui que le Royaume-Uni doit convoquer avant 2017 sur son appartenance à l’Union européenne.Si la participation s’annonce faible pour le pays, l’issue du scrutin n’en est pas moins serrée. D’après les derniers sondages, le oui et le non sont au coude-à-coude avec un léger avantage pour le non (42 %) contre 39 % au oui dans une enquête d’opinion publiée mercredi. Cinq partis dont les libéraux de Venstre, au gouvernement, et la principale formation d’opposition, les sociaux-démocrates, se sont mobilisés en faveur du oui tandis que les eurosceptiques du Parti populaire danois (Dansk Folkeparti, DF) sont contre.« Plus d’UE ? Non merci ».Ce parti anti-immigration, arrivé deuxième aux législatives de juin, a fait campagne sur le thème « Plus d’UE ? Non merci ». Le Danemark, prévient-il en substance, risque à terme de perdre le contrôle de sa politique migratoire, un argument massue pour les électeurs inquiets des projets de répartition des migrants entre pays de l’UE alors que le Danemark en a accueilli dix fois moins que son voisin suédois cette année.Entré dans l’UE en 1973 mais jaloux de sa souveraineté, le Danemark accompagne du bout des lèvres la construction européenne. Jeudi, la question formelle posée est de savoir si le pays doit renoncer à des dérogations (« option de retrait » en droit communautaire) aux traités européens dans la coopération judiciaire et les affaires intérieures, ce qui est indispensable s’il veut rester membre d’Europol. 03.12.2015 à 10h20 D’ici à 2030, la Suède entend devenir l’un des premiers pays au monde sans énergie fossile. La ministre suédoise pour le développement l’annonçait à l’approche de la COP21 organisée jusqu’au 11 décembre à Paris. Une nouvelle fois, les Scandinaves interpellent pour leur approche vertueuse, alors que les objectifs fixés par l’ensemble de l’Union européenne avant le sommet apparaissent décevants.Le modèle suédois, vanté en France dès les années 1960, et le modèle danois particulièrement sollicité depuis le début des années 2000, ont de fait beaucoup reposé, aux côtés des références à la social-démocratie scandinave, sur les innovations environnementales.Pourtant, ceux-là même qui annoncent le modèle sont souvent les premiers à en dénoncer la transférabilité. Cette mise à distance rapprocherait davantage les pays nordiques d’une utopie, dispositif idéal donnant à penser le contexte européen ou français, que d’un véritable modèle, dynamique que l’on chercherait à imiter.Faut-il définitivement classer l’expérience nordique dans la catégorie exotique des écomusées du développement durable, toujours agréables à visiter mais délimités dans le temps et l’espace ? Existe-t-il des enseignements à tirer pour la France de la transition énergétique nordique, au-delà des contextes démographiques, politiques, et institutionnels incontestablement aussi favorables que singuliers ?Contextes nationaux favorablesDans le domaine des énergies renouvelables, les cinq pays nordiques (Finlande, Suède, Danemark, Norvège et Islande) affichent des statistiques impressionnantes bien que disparates. Ils ne représentent que 4,5 % du total des émissions de CO2 de l’Union européenne et figurent, avec l’Autriche, parmi les plus forts pourcentages de sources renouvelables dans la consommation finale en 2013 : 65,5 % pour la Norvège, 52,1 % pour la Suède et 27,2 % pour le Danemark contre 14,2 % pour la France.L’harmonie de la nature occupe une place particulière dans les mentalités et mythes nordiques qui sont encore imprégnés, malgré la christianisation, de paganisme et d’un certain panthéismeCes chiffres s’expliquent bien entendu par des contextes nationaux favorables : la présence de ressources naturelles abondantes (hydroélectricité en Suède et en Norvège, champs éoliens au Danemark), un volontarisme politique précoce appuyé par des mouvements de la société civile, y compris antinucléaires (dès les années 1980-1990), un cadre législatif souple (soutien étatique, simplifications administratives), un dense tissu économique (société Vestas au Danemark) et une bonne coopération avec les voisins nordiques en cas d’intermittence.Parallèlement, l’harmonie de la nature occupe une place particulière dans les mentalités et mythes nordiques qui sont encore imprégnés, malgré la christianisation, de paganisme et d’un certain panthéisme.PragmatismeLa transition énergétique dans les pays nordiques a associé des objectifs ambitieux au niveau étatique et une approche plus douce, par étapes.En 1972, le Danemark était l’un des pays de l’OCDE les plus dépendants du pétrole (92 % de sa consommation énergétique totale). En 1996, suite à trois plans énergétiques (1976, 1981, 1990), sa dépendance pétrolière était réduite de 50 %. Pourtant, les projets nordiques ne sont pas seulement la projection d’une stratégie globale et planifiée.Contrairement aux Français, souvent enclins à la théorie et à la conjecture, les Nordiques possèdent une forte propension au pragmatisme et au concret. L’innovation naît d’abord de la recherche de solutions simples, directes et réalistes à des problèmes quotidiens. Un obstacle à contourner engendre, selon la méthode des petits pas, une cascade de douces transformations.Plusieurs communes de Scanie, dans le sud de la Suède, ont ainsi commencé à produire du biogaz pour faire face à une recrudescence des algues rouges sur les littoraux et assurer la reconversion des habitants, victimes des fluctuations du marché agricole et des licenciements dans l’industrie. À partir de l’idée initiale d’une transformation en énergie des algues, une myriade d’autres projets est apparue comme la production de biomasse, l’utilisation des résidus de l’agriculture et de l’élevage (lisier) et le rétablissement des zones humides.Approches globales et localesLes pays nordiques combinent de manière optimale approches globales et locales associant l’engagement de grands groupes comme Siemens dans des projets environnementaux et les vertus de la proximité et des réseaux d’interconnaissance.Au Danemark, le ministère de l’environnement souhaitait, au début des années 1990, expérimenter de nouvelles technologies vertes tout en s’offrant une vitrine marketing. L’île de Samsø, au sud du pays, a été choisie en 1997 pour devenir autosuffisante avec 100 % d’énergies renouvelables. La manière dont le projet a été conduit est relativement emblématique d’autres sites (dans le Jutland par exemple).La propriété des turbines éoliennes on- et offshore construites y est mixte : engagement financier de la municipalité, initiatives individuelles mais aussi émulation collective. Les habitants ont pu acquérir des parts pour des prix d’appel très bas, avec un retour espéré sur investissement, dans des turbines sur l’île et en mer par l’intermédiaire de coopératives.Une fondation permet de financer des projets sur l’île grâce à une partie des bénéfices reversée sur chaque kilowatt vendu. Les agriculteurs ont été sensibilités sur place aux nouvelles énergies à travers une formation continue. Ce fonctionnement rappelle le mouvement coopératif né dans les campagnes danoises à partir de l’enseignement du pasteur Grundtvig.Financement citoyenDe telles initiatives montrent l’importance de penser localement et d’agir localement en mobilisant au plus petit niveau les compétences des acteurs et habitants. Chaque microprojet est une contribution supplémentaire, souvent peu coûteuse, issue de la société civile, aux objectifs fixés sur un plan intergouvernemental. Les pays nordiques nous rappellent surtout l’importance d’une culture accrue de la proximité.La France dispose d’une trame de petites et moyennes villes et de fortes synergies régionales en plus de ressources naturelles abondantes (le 2e potentiel éolien d’Europe). Le financement citoyen a d’ailleurs commencé à voir le jour avec une expérimentation menée dans le Morbihan en 2014 autour de quatre installations éoliennes soutenues par les habitants. Une dynamique propice s’instaure donc pour que l’inspiration nordique ne reste pas seulement théorique.Nicolas Escach (Docteur et agrégé de géographie, enseignant-chercheur à l’Institut d’études culturelles et internationales, université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines) 08.12.2015 à 13h26 Dans une lettre commune envoyée à la Commission européenne datée du 3 décembre et rendue publique mardi, et alors que l’Allemagne vient d’annoncer avoir enregistré plus de 960 000 migrants depuis janvier, les ministres français et allemand de l’intérieur se sont dits « fermement convaincus » que les flux de migrants arrivant en Europe « doivent être réduits ».« Nous rejetons très fermement toute confusion entre terroristes et migrants », estiment Bernard Cazeneuve et Thomas de Maizière, appelant aussi à « trouver une réponse commune à la crise des réfugiés » et plaidant pour un « renforcement substantiel » du rôle et des opérations de Frontex, l’agence européenne de coordination de la surveillance des frontières.La crise migratoire, en Europe, s’est doublée d’une question sécuritaire après la découverte qu’au moins deux kamikazes des attentats de Paris et de Saint-Denis avaient pu se mêler aux candidats à l’asile en produisant de faux passeports. De ce point de vue « il est manifeste que le contrôle de nos frontières extérieures communes doit rapidement être renforcé », soulignent les ministres de l’intérieur dans cette lettre adressée au premier vice-président de la commission, Frans Timmermans, et au commissaire européen aux migrations, Dimitris Avramopoulos.« Accès aux bases de données pertinentes »« L’agence Frontex doit disposer d’un vivier plus important de forces opérationnelles détachées » susceptibles d’être mobilisées à tout moment et, « dans des circonstances exceptionnelles », elle devrait « pouvoir prendre l’initiative de déployer sous sa propre responsabilité des équipes d’intervention rapide aux frontières ». Les gardes-frontières de Frontex « devraient pouvoir avoir accès aux bases de données pertinentes » de l’Union européenne (Eurodac, Interpol et bases de données nationales, notamment) et son rôle « pourrait également être élargi à la possibilité de mener des opérations sur le territoire d’un pays tiers », avec l’accord du pays concerné et de l’UE, soulignent les ministres.MM. Cazeneuve et de Maizière jugent aussi que « pour rendre les contrôles frontaliers plus efficaces, les bases de données pertinentes devraient être interconnectées », et systématiquement consultées, et ils rappellent leur souhait d’une « réforme ciblée du code frontières Schengen ». Enfin, ils estiment « essentiel » que les centres d’accueil de migrants à leur arrivée en Europe « soient opérationnels dans les plus brefs délais », car « la mise en place de ces centres est trop longue ». Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La présidence luxembourgeoise de l’Union européenne (UE) lance une nouvelle piste pour tenter de résoudre la délicate question de la répartition des réfugiés. Un dossier quasiment « gelé » depuis les accords difficilement conclus, en septembre, entre les Vingt-Huit pour la répartition de 160 000 personnes arrivées en Italie et en Grèce. Moins de 200 de ces réfugiés ont été « relocalisés » jusqu’ici, compte tenu de la frilosité de nombreux Etats, mais aussi du fait qu’une grande majorité d’entre eux refuse une procédure qui les détournerait de leur objectif premier, qui est d’atteindre l’Allemagne ou la Suède.Jean Asselborn, le ministre luxembourgeois des affaires étrangères et de l’immigration suggère désormais, dans un entretien au quotidien Süddeutsche Zeitung, la « réinstallation » de 50 000 réfugiés syriens présents en Turquie. Ce nombre serait déduit des 160 000 personnes déjà arrivées dans l’Union européenne, que les Européens s’étaient engagés à se répartir.Le but serait d’abord d’envoyer un signal positif à Ankara, qui a reçu, par ailleurs, lors d’un récent sommet UE-Turquie, la promesse de 3 milliards d’euros pour gérer la crise des réfugiés, ainsi que l’assurance d’une relance des négociations d’adhésion à l’UE et d’une libéralisation de la délivrance des visas européens pour les Turcs.M. Asselborn paraît aussi vouloir tirer publiquement les leçons de l’échec du plan de répartition des 160 000 réfugiés : ce plan cherchait à assurer la « relocalisation » de candidats à l’asile, alors que le ministre luxembourgeois évoque désormais la « réinstallation » de 50 000 personnes, soit des réfugiés reconnus comme tels par la Nations unies, en vertu de mécanismes multilatéraux et nationaux. En juillet, les pays de l’Union s’étaient déjà mis d’accord sur la répartition de 22 000 « réinstallés ».Lire aussi :Crise migratoire : un accord minimal entre l’UE et la TurquieRadicalisation de la position des pays d’Europe de l’EstLors du sommet UE-Turquie, la chancelière allemande, Angela Merkel, avait convoqué une réunion parallèle des huit pays les plus concernés par la crise migratoire, à savoir, outre l’Allemagne, la Finlande, la Suède, l’Autriche, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et la Grèce. La chancelière entendait les persuader d’organiser l’arrivée d’une partie des réfugiés syriens directement depuis la Turquie par des voies légales, plutôt que par la route des Balkans. Elle n’avait pas cité le nombre des réfugiés potentiellement concernés.L’appel de l’Allemagne n’avait toutefois reçu qu’un très faible écho au sein même de ce groupe de pays dits « de bonne volonté ». La France s’était abstenue de participer au débat et indiquait seulement que l’intérêt de tous était que les réfugiés restent en Turquie.Les pays d’Europe de l’Est ont, eux, radicalisé leur position. Lors du conseil européen des affaires intérieures, vendredi 4 décembre, la Hongrie et la Slovaquie, désormais appuyées par le nouveau gouvernement polonais, ont confirmé leur refus du principe même de la répartition des 160 000 réfugiés. Ces pays confirment leur intention de déposer un recours devant la Cour de justice européenne contre ce texte.La Commission européenne a, elle, pris le relais de l’Allemagne et doit déposer, la semaine prochaine, avant le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des 17 et 18 décembre, un nouveau plan de répartition. A-t-il la moindre chance d’être adopté ? « Sans doute pas, d’où l’initiative luxembourgeoise pour tenter de limiter les dégâts d’un nouvel échec probable », commente une source diplomatique bruxelloise.Le chiffre de 400 000 réfugiés supplémentaires à se répartir entre les Vingt-Huit a circulé, mais est jugé « fantaisiste » par diverses sources. Plus modeste, le plan évoqué par M. Asselborn apparaît, toutefois, lui aussi, comme très difficile à concrétiser en raison, notamment, de divers obstacles juridiques.Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) N’en déplaise à Nicolas Hulot, qui jugeait encore l’outil « indispensable » dans une interview au Nouvelobs.fr, lundi 7 décembre, il n’y aura pas de taxe sur les transactions financières (TTF) sous le sapin à Noël, contrairement à la promesse faite par Paris et Bruxelles début 2015. Et Paris ne pourra pas s’en prévaloir, en pleine négociation sur la COP21.Un accord « politique » doit certes être signé « à l’arraché » à Bruxelles, mardi matin, après une énième réunion, la veille au soir, entre les ministres des finances des 11 pays européens concernés par ce projet d’impôt applicable uniquement aux établissements financiers (pas aux particuliers ni aux entreprises). Les Estoniens ont, eux, préféré jetter l’éponge. Il n’y a donc plus que 10 pays européens qui discutent cette taxe : France, Allemagne, Italie, Portugal, Espagne, Grèce, Belgique, Slovénie, Slovaquie, Autriche.Le président Hollande avait dit vouloir affecter ses recettes au développement et à la lutte contre le changement climatique.Mais les grands argentiers allemand, français, espagnol, portugais, italien ou encore belge ne se sont entendus que sur des « grandes lignes » dont ils discutent depuis déjà des mois : une assiette de l’impôt très large (actions, obligations, dérivés), des exemptions possibles, notamment pour les teneurs de marché – souvent des grandes banques, qui assurent la liquidité sur une place boursière –…  La Commission européenne a, elle, été mandatée pour plancher sur la rédaction d’une nouvelle proposition de directive.La discussion commence à lasserSi l’annonce de mardi devrait permettre à Paris et à Bruxelles de ne pas perdre la face, rien n’est encore arrêté dans les détails. Les ministres ne sont même pas entrés dans le vif du sujet : quel taux appliquer à l’assiette ? A quoi les sommes récoltées seront-elles affectées ? « On en a au moins pour toute l’année 2016 », prédit, blasé, un diplomate européen.De fait, cette discussion sur la TTF commence à lasser. L’idée de départ n’est pas nouvelle. Elle remonte aux propositions de taxe Tobin, du Prix Nobel d’économie James Tobin, faites dans les années 1970. La Commission européenne a mis sur la table une première mouture de directive en septembre 2011. A l’époque, l’Europe se débattait encore dans la crise financière, et l’idée était de taxer les établissements en partie à l’origine de cette tourmente mais qui, aux yeux de Bruxelles, n’avaient pas assez « payé ».Lire aussi :Hollande relance le projet de la taxe TobinLe projet avait de quoi séduire, notamment les ONG. Mais obtenir un accord à 27 Etats membres (28 désormais) s’est vite révélé impossible, d’autant qu’en matière de fiscalité, l’unanimité est requise à Bruxelles. En 2012, pour sauver son projet, la Commission propose donc une « coopération renforcée » à 11 Etats membres, un mode de décision communautaire inédit. Mais, depuis, les réunions se succèdent…Certains (la Belgique, l’Italie, la France et la Grèce) disposent déjà d’un impôt sur les transactions et redoutent que cette taxe leur rapporte moins. Les Belges ont aussi à cœur que leurs fonds de pension ne soient pas affectés. Les Estoniens, eux, réclament que soient taxées non seulement les transactions sur les actions de sociétés se trouvant dans un des 11 pays négociateurs, mais aussi celles d’autres Etats membres, si elles sont acquises par un opérateur de marché estonien.Lire aussi :La taxe Tobin européenne ne verra pas le jour en 2014Recettes potentielles mirifiquesLa Commission communiquait sur des recettes potentielles mirifiques au début de la négociation (entre 30 et 35 milliards d’euros par an, avec une taxe de 0,1 % sur les actions et les obligations, et de 0,01 % sur les dérivés). « Tout le monde estime que ces ordres de grandeur sont irréalistes », relève un diplomate.Pour Bruxelles, la TTF est un test très important. « Si nous n’arrivons pas à nous entendre à 11, comment le ferons-nous à 28 ? », a relevé éloquemment Pierre Moscovici, lundi. Le commissaire européen à l’économie déroule depuis des mois un ambitieux agenda « fiscalité », qui fait suite au scandale Luxleaks, en novembre 2014, ayant révélé l’existence d’un vaste système d’évasion fiscale du Luxembourg au profit de centaines de multinationales. Ce scandale a terni l’image du président de la Commission, Jean-Claude Juncker, président du Grand-Duché pendant dix-huit ans.Conscient des difficultés pour trouver un consensus européen sur des sujets de fiscalité, que les pays considèrent encore comme l’une de leurs principales prérogatives économiques, M. Moscovici compte sur le succès de la « coopération renforcée » sur la TTF pour, d’ici quelques mois, engager, dans le même type de format, une discussion sur l’épineuse question de la standardisation de l’assiette commune consolidée pour la fiscalité des entreprises.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.12.2015 à 12h28 Les mesures de rétorsion économique prises par Moscou à l’encontre d’Ankara pourraient coûter à l’économie turque 9 milliards de dollars (environ 8,3 milliards d’euros) « dans le pire des scénarios », a estimé lundi 7 décembre, Mehmet Simsek, le vice-premier ministre turc chargé de l’économie, a-t-il ajouté lors d’un entretien à la chaîne de télévision NTV.« Les tensions pourraient avoir un impact de 0,3 ou 0,4 % sur le PIB. » « Il y a une diminution du nombre de touristes de 603 000. Il y a un ralentissement dans la construction. »Les sanctions économiques imposées par la Russie à la Turquie pourraient réduire la croissance de cette dernière de 0,3 à 0,7 point l’an prochain, estime pour sa part la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). La détérioration des liens économiques devrait avoir un impact « non négligeable, mais pas majeur, sur le PIB de la Turquie », relativise toutefois la banque.La Turquie et la Russie traversent leur pire crise diplomatique depuis la guerre froide, après qu’un avion militaire russe a été abattu le 24 novembre par l’armée turque. La Russie a annoncé des mesures de rétorsion à l’encontre de la Turquie qu visent principalement les secteurs du tourisme, de l’énergie, de la construction et de l’agriculture.Le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan a déjà assuré samedi que la Turquie allait trouver d’autres fournisseurs d’énergie que la Russie, qui lui fournit actuellement 55 % de ses besoins en gaz et 30 % de ceux en pétrole. Ankara importe 90,5 % de son pétrole et 98,5 % de son gaz naturel.Lire aussi :Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine, ces jumeaux 07.12.2015 à 04h29 • Mis à jour le07.12.2015 à 07h33 La police antiterroriste britannique a inculpé, dimanche 6 décembre, pour tentative de meurtre l’homme de 29 ans, arrêté la veille dans une station de métro de l’est de Londres après une agression au couteau. Le suspect avait blessé trois personnes, dont une grièvement, à Leytonstone avant d’être interpellé. Il doit comparaître devant un tribunal lundi.Des enquêteurs du commandement antiterroriste (CTC), chargé des investigations, ont par ailleurs perquisitionné un logement dans l’est de la capitale britannique en lien avec ce dossier. L’agression est « traitée » outre-Manche comme un « acte de terrorisme », selon les termes de Richard Walton, responsable du CTC.Lire aussi :L’agression au couteau dans le métro de Londres qualifiée d’« acte terroriste »Cette attaque est survenue trois jours après l’autorisation donnée par le Parlement à l’armée de mener des frappes aériennes contre l’organisation djihadiste Etat islamique (EI) en Syrie. Elle a également eu lieu moins d’un mois après les attentats du 13 novembre en France, revendiqués par l’EI, et trois jours après une tuerie aux Etats-Unis, qualifiée d’« acte terroriste » par le président américain, Barack Obama. Philippe Bernard (Londres, correspondant) Trois jours après le vote du Parlement britannique autorisant des frappes aériennes en Syrie et trois semaines après les attentats à Paris et à Saint-Denis, la police a qualifié d’ « acte terroriste » l’attaque au couteau qui a eu lieu samedi 5 décembre vers 19 heures dans la salle des billets de la station Leytonstone du métro de Londres, située sur la Central line, dans l’est de la capitale britannique. Un homme de 56 ans a été grièvement blessé, mais ses jours ne seraient pas en danger. Deux autres personnes ont été blessées.Selon un témoin, l’agresseur, un homme de 29 ans, aurait crié « C’est pour la Syrie ». Un autre passant dit l’avoir entendu crier « Voilà ce qui arrive quand vous baisez avec la mère Syrie, votre sang va couler ». Une vidéo postée sur Internet montre un homme apparemment menaçant des voyageurs, alors qu’une flaque de sang est visible sur le sol, non loin des portiques de contrôle. « Lâche-le [couteau], imbécile ! », lui lance un homme. Des voyageurs paniqués fuyent la salle des billets de la station tandis que d’autres passent devant la scène comme si de rien n’était. La police dit avoir été alertée à 19 h 06 et avoir interpellé l’agresseur huit minutes plus tard.Appel à rester calme et vigilantSur une vidéo, on peut voir des policiers tentant de maîtriser l’agresseur à l’aide d’un pistolet à impulsion électrique de type Taser. Ils y échouent à plusieurs reprises avant d’y parvenir. Alors que l’homme est maintenu à terre, il continue à crier, ce qui conduit une personne, peut-être un policier, à répéter en criant : « Tu n’es pas un vrai musulman, mec. »Un témoin, Michael Garcia, 24 ans, analyste financier, a raconté à la BBC qu’il avait vu un homme brandissant un couteau d’environ 3 pouces (7,5 cm) de long et se tenant près d’une personne gisant au sol. « Il criait “Allez-y, partez !” aux autres gens. Il allait et venait à côté du gars qui était par terre. » Un autre témoin affirme avoir vu des passants criant sur l’agresseur, l’un d’eux tentant de lui jeter une bouteille.« Nous traitons ceci comme un acte terroriste, a déclaré le commandant Richard Walton, chef de l’unité antiterroriste de la police de Londres. J’appelle le public à rester calme mais en alerte et vigilant. Le niveau d’alerte terroriste reste au niveau “grave”, ce qui signifie qu’un attentat terroriste est hautement probable », a-t-il ajouté avant de lancer un appel à témoins.Attente de confirmation de la qualification de « terroriste »Sur son compte Twitter, le chef du Parti travailliste (opposition) Jeremy Corbyn, a qualifié l’agression d’« absolument scandaleuse » et a adressé ses pensées « à la victime et à sa famille ».Un porte-parole du premier ministre, David Cameron, a déclaré : « Une enquête policière est en cours sur l’agression de Londres. Nous contrôlons la situation de très près au fur et à mesure que de nouveaux éléments apparaissent. » Si Scotland Yard confirmait la qualification de « terroriste », l’agression de samedi soir constituerait la première de ce type depuis l’assassinat au couteau, le 22 mai 2013, du soldat Lee Rigby, par deux jeunes Londoniens convertis à l’islam radical.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.12.2015 à 21h44 L’ancien président géorgien Mikheil Saakachvili a été déchu de sa nationalité. Le service de presse de la présidence l’annonce dans un communiqué, vendredi 4 décembre. Personnage fantasque, un temps exilé à Brooklyn, Mikheil Saakachvili a été nommé cette année gouverneur de la région d’Odessa, en Ukraine. Il a pris la nationalité de son pays d’adoption, et perd l’ancienne, « conformément à la loi sur la nationalité géorgienne », précise le communiqué.En décidant de devenir ukrainien, Mikheil Saakachvili avait provoqué la colère de Tbilissi : son comportement avait été qualifié d’« indécent et incompréhensible » par le président actuel, Guiorgui Margvelachvili.Lire aussi :L’étonnante renaissance ukrainienne de SaakachviliPrésident de la Géorgie de 2004 à 2013, M. Saakachvili est arrivé au pouvoir après la Révolution de la rose, premier des soulèvements populaires en ex-URSS honnis par le Kremlin. Il est depuis poursuivi en Géorgie pour « abus de pouvoir », des persécutions politiques, selon lui. M. Saakachvili a déclaré à la chaîne de télévision Roustavi-2 :« Ils peuvent prendre mon passeport, mais ils ne peuvent pas faire quoi que ce soit contre mon amour pour la Mère patrie. »Très proche des autorités pro-occidentales en Ukraine, l’ancien président géorgien s’est lancé dans la lutte contre la corruption dans la région d’Odessa, où il est parfois critiqué pour son style autoritaire. « Sauver l’Ukraine signifie sauver la Géorgie. C’est pour cela que je suis en Ukraine, car j’y sers la cause de la Géorgie aussi », a-t-il affirmé à Rustavi-2. Selon lui, les deux pays luttent « contre le même empire », la Russie. 04.12.2015 à 19h56 La législation sur les écoutes des réseaux de téléphonie mobiles en Russie permet aux services secrets de pratiquer une surveillance arbitraire et abusive des citoyens, en violation du droit au respect de la vie privée, a affirmé la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) jeudi 3 décembre.La Cour précise que les écoutes sont, en théorie, contrôlées par le pouvoir judiciaire. En pratique, les juges ne disposent le plus souvent d’aucune information pertinente pour décider de leur bien-fondé.La Russie s’affranchit de la CEDHDe plus, les opérateurs de téléphonie mobile sont tenus d’installer sur leur réseau un dispositif donnant aux autorités un accès direct aux communications de leurs clients, sans qu’il soit nécessaire de leur adresser une demande. « Ce système a pour effet, singulièrement, de donner aux services secrets et à la police les moyens techniques de contourner la procédure d’autorisation et d’intercepter des communications sans mandat judiciaire préalable », affirme la Cour.Cette condamnation pourrait cependant rester lettre morte, la Russie cherchant à se défaire de l’autorité de la CEDH. Membre du Conseil de l’Europe depuis 1996 et signataire de la Convention européenne des droits de l’homme en 1998, la Russie a fait l’objet de nombreuses condamnations. Celle du 3 décembre est décidée au lendemain de l’adoption par la Douma, la chambre basse du Parlement russe, d’une loi disant que la Russie n’est pas tenue d’appliquer un arrêt de la CEDH qui serait contraire à sa Constitution.Lire aussi :La Russie s’affranchit de la Cour européenne des droits de l’homme Jean-Michel Bezat Une « pax electrica » : l’accord autour de la prolongation des deux plus vieux réacteurs nucléaires belges, signé lundi 30 novembre, met fin à de longues années de tension entre le gouvernement belge et Engie. Mardi, le premier ministre, Charles Michel, et le PDG du groupe, Gérard Mestrallet, ont évoqué un « nouveau départ ». Il y avait urgence, puisque la loi obligeait les protagonistes à s’entendre avant le 1er décembre.L’accord prévoit que les dix années de prolongation des deux réacteurs seront mises à profit pour préparer la transition énergétique, en partie financée par les taxes nucléaires versées par Electrabel (groupe Engie), le premier producteur d’électricité de Belgique.Bruxelles ne renonce donc pas à une sortie du nucléaire, prévue en 2025 par une loi votée en 2003. Comme l’Allemagne, qui le fera à un rythme soutenu d’ici à 2022, et la Suisse, qui va adopter un calendrier plus progressif. La convention encadre la prolongation jusqu’en 2025 de l’exploitation des réacteurs de Doel 1 et 2, en service depuis 1975 et implantés près d’Anvers. Ils sont actuellement à l’arrêt. L’autorité de sûreté nucléaire belge avait autorisé leur redémarrage, mais Electrabel était en guerre ouverte contre le gouvernement. Celui-ci lui a imposé une taxe de 550 millions d’euros ces dernières années.Lire aussi :Engie : la facture de l’aventure nucléaire belge s’alourdit« Jackpot »Dans le cadre de l’accord, l’opérateur belge a obtenu une nette réduction de cette contribution, que ses dirigeants n’hésitaient pas à qualifier en privé de « véritable hold-up ». Une réforme fiscale qui n’est pas du goût de l’opposition socialiste. « Pour Electrabel, c’est le jackpot, tempête le PS belge. Mais pour le consommateur, c’est la double peine : c’est lui qui devra régler la facture de 700 millions d’euros pour prolonger Doel 1 et 2 et le trou budgétaire qu’occasionnera la baisse de la taxe nucléaire de 550 millions à 150 millions ».Sur dix ans, le groupe versera 200 millions d’euros de redevance pour Doel 1 et 2, qui alimenteront « un fonds de transition énergétique » pour la Belgique. M. Mestrallet souhaite que le pays devienne une « vitrine » de cette transition au cours de la prochaine décennie. « La fiscalité était très fluctuante ces dernières années et avait atteint un niveau supérieur aux marges dégagées par l’activité », s’est réjoui M. Mestrallet lors de la conférence de presse. Depuis 2010, le prix de gros de l’électricité a été divisé par deux et des géants de l’électricité, comme Engie ou les allemands E.ON et RWE, ont été obligés de faire de lourdes dépréciations d’actifs sur leurs centrales européennes, voire de se restructurer en profondeur. A partir de 2016, E.ON va cantonner ses activités polluantes et parfois déficitaires dans une entreprise spécifique, Uniper. RWE s’apprête à suivre à son tour le chemin de la scission, selon Der Spiegel et le quotidien économique Handelsblatt.Lire aussi :Brutale transition énergétique chez E.ONEviter le black-outEngie va pousser ses centrales belges jusqu’à 2025 au prix d’importants investissements de modernisation et de sécurisation : 700 millions pour rénover Doel 1 et 2, et 600 millions pour le réacteur de Tihange 1, lui aussi bénéficiaire d’un « sursis » de dix ans. Cette prolongation garantira l’approvisionnement de la Belgique, menacée de black-out par l’arrêt de nombreuses centrales ces dernières années, selon la ministre de l’énergie, Marie-Christine Marghem. Et sécurisera l’avenir d’Electrabel, un employeur important outre-Quiévain (18 000 salariés).Si Engie veut prolonger ses réacteurs belges, le nucléaire n’est pas au cœur de sa stratégie. « Ce n’est pas l’élément central de la politique énergétique mondiale », mais « un marché de niche », analyse Isabelle Kocher, directrice générale du groupe, dans un récent entretien à L’Usine nouvelle.De fait, la part du nucléaire n’a cessé de reculer ces dernières années, pour tomber de 15 % à 11 % de la production d’électricité mondiale. Il y a certes « un intérêt évident » à prolonger ces réacteurs, comme en Belgique ou en France, avec le feu vert des autorités de sûreté. Mais pour le reste, conclut-elle, « nos projets sont peu nombreux et très sélectifs ». Ils se résument pour l’heure au Royaume-Uni et à la Turquie.Lire aussi :EDF n’est pas prêt à sortir du nucléaire en FranceJean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.12.2015 à 00h15 • Mis à jour le01.12.2015 à 00h32 Le gouvernement belge et le producteur d’électricité Electrabel, filiale du groupe français Engie (ex-GDF Suez), ont conclu un accord lundi 30 novembre pour prolonger la durée de vie des deux plus anciens réacteurs nucléaires de Belgique, Doel 1 et Doel 2, ont indiqué dans la soirée les services du Premier ministre Charles Michel. Le contenu de la convention conclue « dans le but d’assurer la sécurité d’approvisionnement énergétique de la Belgique » sera présenté mardi matin.Selon la loi belge, le gouvernement et les opérateurs des centrales avaient jusqu’au 30 novembre pour s’entendre sur les conditions de la prolongation des deux réacteurs, qui représentent ensemble environ un sixième de la production du parc nucléaire belge.Discussions autour de la rentabilité des centralesLes négociations, qui se tenaient depuis plusieurs mois, portaient sur les conditions financières d’une prolongation de 10 ans des deux réacteurs, soit jusqu’en 2025. Electrabel/Engie se refusait à consentir aux investissements nécessaires à une augmentation de leur durée de vie sans garantie de l’Etat sur leur rentabilité. Le groupe belge et sa maison mère française souhaitaient donc notamment une réduction de la taxe annuelle sur le nucléaire, actuellement de 550 millions d’euros.Le réacteur de Doel 1, d’une puissance de 433 MW et situé à 25 km d’Anvers, avait été mis à l’arrêt le 15 février après 40 ans de services, conformément à la loi belge de 2002 prévoyant la sortie progressive du nucléaire en Belgique entre 2015 et 2025. Son jumeau Doel 2, également d’une puissance de 433 MW, est à l’arrêt pour entretien, normalement jusqu’au 15 décembre. Le principe de cette prolongation avait déjà été décidé par le gouvernement de Charles Michel fin 2014. La ministre de l’énergie, la libérale Marie-Christine Marghem, expliquait alors que, sans être favorable à l’atome, elle souhaitait qu’il soit « inclus dans la réflexion » pour l’avenir énergétique du pays.Lire aussi :Engie : la facture de l’aventure nucléaire belge s’alourdit 30.11.2015 à 06h42 • Mis à jour le30.11.2015 à 09h57 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Baptiste Chastand Des conclusions brèves – trois pages – avec des engagements d’ordre général et sans calendrier détaillé. L’accord signé dimanche soir 29 novembre, à Bruxelles, entre les Européens et la Turquie, pour tenter de résoudre la crise migratoire, est censé être historique : cela faisait onze ans, depuis le début des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Europe, que ces partenaires ne s’étaient pas retrouvés de cette manière, alors que les discussions sont au point mort depuis des années. Mais, malgré l’ampleur de la crise des réfugiés, les Européens n’ont pas lâché grand-chose pour convaincre les Turcs de retenir les migrants sur leur sol.L’UE fournira bien les 3 milliards d’euros d’aide financière qu’exige la Turquie pour s’occuper des 2,2 millions de réfugiés syriens hébergés sur son sol, mais l’argent ne sera déboursé qu’au compte-gouttes, en fonction des projets d’aide aux migrants soumis par Ankara à Bruxelles. Au départ, les Turcs envisageaient un versement de 3 milliards chaque année. Surtout, la provenance des fonds doit encore être déterminée, seule la Commission européenne ayant accepté pour l’instant de mettre 500 millions d’euros du budget européen sur la table. Plusieurs pays, comme la France, aimeraient qu’elle aille plus loin avant de s’engager à leur tour. Les négociations des prochaines semaines pour concrétiser cet accord s’annoncent ardues.« La Turquie va tenir ses promesses »Les Européens ont aussi accepté d’envisager la libéralisation de la délivrance des visas européens pour les Turcs à l’automne 2016. Mais à condition que d’ici là, ces derniers surveillent mieux leurs frontières, luttent plus efficacement contre les passeurs, et acceptent d’admettre à nouveau sur leur territoire les migrants « économiques » ayant pénétré illégalement en Europe. Un rapport sera fait tous les mois à Bruxelles sur les progrès constatés sur le terrain en Turquie.« Nous ne sommes pas en mesure de dire si le nombre de migrants qui arrivent en Europe va diminuer, cela dépend trop de la situation en Syrie, a prévenu le premier ministre turc Ahmet Davutoglu, qui avait fait le déplacement à Bruxelles. Mais je peux vous assurer que la Turquie va tenir toutes les promesses du plan d’action avec les Européens, et je suis convaincu qu’il y aura plus de migration régulière qu’illégale. »Sur la très sensible relance du processus d’adhésion à l’UE, le texte de l’accord mentionne l’ouverture, le 14 décembre, du chapitre 17 des négociations (sur le plan politique, économique et monétaire), mais pas celle des chapitres 23 et 24 (justice, libertés publiques), pourtant demandée par Ankara. Ces deux chapitres sont bloqués depuis 2009 par Chypre, qui conditionne cette ouverture à un accord sur l’occupation du nord de l’île par les Turcs. Nicosie, avec la Grèce, a d’ailleurs tout fait pour limiter au maximum les engagements précis concernant la relance du processus d’adhésion d’Ankara. En plein sommet, Alexis Tsipras a lancé une série d’attaques contre les Turcs. « Heureusement que nos pilotes ne sont pas aussi versatiles que les vôtres avec les Russes », a tweeté le premier ministre hellène, accusant Ankara de violer régulièrement l’espace aérien grec en mer d’Egée.Voies légalesLe sommet de dimanche n’a surtout pas dissipé le malentendu historique sur la finalité de ce processus d’adhésion, auquel plus personne ne semble vraiment croire. M. Davutoglu a certes célébré un jour « historique » qui « redynamise » ce processus. « Dans les années à venir, l’adhésion à l’UE ne sera plus un rêve mais une réalité », a-t-il même célébré. Mais « le processus d’adhésion est engagé depuis des années, il n’y a pas de raisons de l’accélérer ni de le ralentir », a immédiatement relativisé François Hollande. Pour les diplomates européens, cet excès d’optimisme turc était essentiellement à mettre sur le compte des difficultés actuelles du président turc Recep Tayyip Erdogan en politique étrangère. Ce dernier, très isolé sur le plan international, a besoin de montrer à son opinion qu’il a encore des alliés.En tant que chef de gouvernement du premier pays d’accueil des réfugiés en Europe et principale demandeuse de ce sommet, la chancelière allemande, Angela Merkel a bien tenté d’aller plus loin. Elle a notamment été à l’initiative d’une réunion avec sept autres des pays les plus concernés par la crise des migrants (Finlande, Suède, Autriche, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Grèce) pour les convaincre d’organiser l’arrivée d’une partie des réfugiés syriens directement depuis la Turquie par des voies légales, plutôt que par la périlleuse route des Balkans. « La question est aussi de rendre l’immigration illégale légale », a expliqué la chancelière, qui discute depuis déjà quelques semaines d’un tel mécanisme en « bilatéral » avec Ankara. Prudemment, elle n’a pas cité le nombre de réfugiés qui pourraient en bénéficier.Mais ce mini-sommet, baptisé par la presse allemande celui des « bonnes volontés », n’a clairement pas suscité l’enthousiasme. Les participants ont rappelé qu’ils se sont déjà entendus avec difficulté en septembre pour se répartir 160 000 migrants à leur arrivée en Italie et en Grèce. Et malgré l’échec de ce plan – 160 réfugiés seulement ont été « relocalisés » en deux mois –, la plupart ne semblent pas vouloir aller plus loin. « Il n’est pas question de faire plus en termes de réinstallation tant qu’il n’y a pas de décisions très claires sur le terrain », a lancé Charles Michel, le premier ministre belge.François Hollande avait, lui, prudemment décliné l’invitation de la chancelière, en raison de problèmes d’agenda. Mais l’entourage du président explique de toute façon que « notre intérêt est que les personnes restent en Turquie. Pour le reste, on verra après ». Mme Merkel a toutefois obtenu que la Commission européenne se penche sur son idée et fasse des propositions d’ici au prochain conseil européen, prévu les 17 et 18 décembre.Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.11.2015 à 12h20 • Mis à jour le30.11.2015 à 08h00 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les 28 chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne se réunissent pour trois heures de discussions avec le premier ministre turc Ahmet Davutoglu, dimanche 29 novembre à Bruxelles. Quel est le but de cette inédite rencontre au sommet, réclamée depuis des semaines par la chancelière allemande Angela Merkel ?Ce que veulent les Européens, tout particulièrement les AllemandsIls espèrent obtenir d’Ankara un engagement ferme afin de juguler l’afflux des réfugiés en Europe, qui transitent par la Turquie. Depuis le début de l’année, plus d’un million de Syriens, Irakiens, Afghans, Pakistanais, sont déjà arrivés en Europe, il s’agit de la plus grande crise migratoire sur le continent depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.L’Union demande à la Turquie d’aider davantage les 2,2 millions de Syriens, qui fuient la guerre civile et qui, depuis quatre ans, sont venus se réfugier chez elle. Mais qui manquent d’écoles pour leurs enfants, de soins, etc. Elle veut aussi qu’Ankara garde mieux sa frontière avec la Grèce, premier pays d’entrée des migrants en Europe, qu’elle fasse mieux la chasse aux passeurs, aux faux passeports, et accepte de prendre en charge les migrants économiques venus des côtes turques mais refoulés en Grèce car non éligibles au droit d’asile.Ce qu’exigent les Turcs en échangeAnkara veut une aide financière pour prendre en charge ces réfugiés ; au moins 3 milliards d’euros par an. Elle demande aussi de l’argent pour mieux équiper ses douaniers, notamment pour acheter des bateaux garde-côtes. Mais le gouvernement d’Ahmet Davutoglu exige surtout que ce sommet soit l’occasion d’un accord beaucoup plus large.UE-Turquie, vers un accord basé sur un malentendu ? Tusk parle migrants, Davoglu répond adhésion— jbchastand (@JB Chastand)require(["twitter/widgets"]);Il veut la relance du processus d’adhésion de la Turquie à l’UE, complètement gelé depuis des années. Ce processus avait été lancé officiellement en 2004. Mais Chypre bloque l’ouverture de chapitres de négociations, qu’elle conditionne à un accord sur l’occupation du nord de l’île par la Turquie. D’autres pays, à commencer par la France pendant la présidence de Nicolas Sarkozy, ont aussi beaucoup freiné le processus. Ankara exige aussi une libéralisation accélérée de la délivrance de visas (courts séjours, touristiques) aux Turcs en Europe : elle espère qu’elle interviendra en 2016 plutôt qu’en 2017.Lire :Face à l’UE, Erdogan savoure sa revancheA quoi devrait ressembler l’accord signé dimanche ? Les diplomates ont négocié jusqu’à samedi soir pour trouver un terrain d’entente. Les Européens ne devraient pas « lâcher » sur les 3 milliards d’euros : ils acceptent cette somme, qui doit aller en priorité à des actions en faveur des Syriens (non pas directement au budget turc), mais ne s’engagent pas sur sa périodicité (tous les ans, tous les deux ans ?). Par ailleurs, ils ne précisent pas d’où viendra cet argent.Pour l’instant, 500 millions d’euros ont été dégagés du budget de l’UE, et la Commission européenne a demandé aux Etats membres d’avancer le reste. Mais la plupart refusent d’apporter des contributions directes, pour des raisons d’affichage politique (impossible pour le gouvernement Chypriote, par exemple, de dire qu’il va aider directement la Turquie) et exigent que le solde soit lui aussi trouvé dans le budget de l’UE.Concernant le processus d’adhésion, les Européens ne devraient s’engager concrètement que sur l’ouverture du chapitre 17 des négociations (politiques économiques et monétaires), qui, sommet ou pas, aurait de toute façon pu être ouvert dans les mois qui viennent. L’accord ne mentionnera pas les chapitres 23 et 24 (justice, droits fondamentaux, libertés, sécurité), malgré l’insistance des Turcs.Ankara, de son côté, ne s’engagera sur aucun calendrier précis de déploiement des mesures de « contingentement » des réfugiés demandées par les Européens.La question des droits de l’homme, grande absente Les atteintes flagrantes aux libertés d’informer, les dérives autoritaires du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, la répression brutale contre les Kurdes, l’ambiguïté d’Ankara vis-à-vis de l’organisation Etat islamique ne devraient pas être évoquées dans les conclusions du sommet de dimanche. « Il en sera peut-être question, mais dans le huis clos des discussions » selon des diplomates européens. S’ils répètent qu’ils ne transigeront pas sur leurs principes, les dirigeants européens, aux abois à cause de la crise migratoire, ont fait le choix de la « realpolitik ».Ces derniers jours, pourtant, deux journalistes (Can Dündar et Erdem Gül, du quotidien Cumhuriyet) ont encore été emprisonnés pour des articles dénonçant l’existence de livraisons d’armes des services secrets turcs à l’organisation Etat islamique. « Nous espérons que votre volonté de trouver une solution n’entamera pas votre attachement aux droits de l’homme, de la presse et d’expression, qui sont les valeurs fondamentales du monde occidental » ont déclaré ces deux journalistes, dans une lettre adressée dimanche aux 28 leaders européens.Lire aussi :Fin d’année préoccupante pour l’état de l’EuropeCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.11.2015 à 07h41 • Mis à jour le28.11.2015 à 09h46 | Alexandre Pouchard Entre hommage aux victimes du 13 novembre et suites de l’enquête, à la recherche de Salah Abdeslam et de ses complices, résumé de l’actualité de la semaine écoulée.Hommage national. Deux semaines après les attentats du 13 novembre, la France a rendu vendredi un hommage national aux 130 morts, avec une cérémonie aux Invalides réunissant les autorités et les familles.La Belgique en alerte. Plus tôt dans la semaine, après la France, c’est la Belgique qui est passée à son niveau d’alerte maximal, suspectant des terroristes djihadistes d’être sur le point de passer à l’action. La capitale, Bruxelles, a été totalement bloquée de samedi à mardi, avec écoles et transports publics fermés.La traque continue. Le principal suspect encore en vie des attentats de Paris, Salah Abdeslam, est toujours en fuite. Ce qui pourrait être la ceinture d’explosifs qu’il portait le 13 novembre a été retrouvé lundi dans une poubelle à Montrouge (Hauts-de-Seine), commune où le téléphone de M. Abdeslam a été localisé le soir des attaques. Elle est elle aussi constituée d’explosifs de type TATP, mais le système de mise à feu avait été neutralisé.Avant de se rendre à Montrouge, Salah Abdeslam aurait servi de chauffeur aux trois kamikazes du Stade de France. La police a diffusé dimanche un appel à témoins pour le troisième auteur, identifié mais au nom inconnu, qui a été, comme un de ses complices, contrôlé parmi des migrants en Grèce le 3 octobre. Un autre appel à témoins a été lancé, concernant cette fois Mohamed Abrini, un Français de 30 ans qui aurait accompagné Salah Abdeslam les jours précédant les attentats. Le groupe de terroristes aurait également projeté un attentat dans le quartier d’affaires de la Défense, le 18 ou le 19 novembre, a révélé mardi François Molins, le procureur de Paris.Voir la chronologie interactive :Attentats : le déroulé des événements et de l’enquête depuis le 13 novembreObserver l’état d’urgence. Alors que les perquisitions administratives, les interpellations et les assignations à résidence se poursuivent sous l’état d’urgence (à propos duquel Le Monde a lancé lundi un observatoire expérimental pour en observer l’application dans la vie des Français), le contexte reste extrêmement tendu.La coalition contre l’EI menacée. Au Moyen-Orient, pendant que François Hollande réalisait un véritable ballet diplomatique en faveur d’une vraie coalition internationale contre l’organisation Etat islamique (EI), incluant notamment la Russie avec qui les forces occidentales ne sont actuellement qu’en coopération, un incident à la frontière syro-turque a plombé ces espoirs. La Turquie a abattu mardi un avion de chasse russe qui avait pénétré dans son espace aérien et n’avait pas répondu aux sommations.Un pilote aurait été tué et l’autre serait porté disparu. Le président russe, Vladimir Poutine, a dénoncé « un coup de poignard dans le dos porté par les complices des terroristes ». Il a toutefois rencontré François Hollande jeudi et a assuré que la France et la Russie coordonneront leurs frappes en Syrie.Lire :Le marathon diplomatique aux résultats incertains de HollandeCôté français, les avions du porte-avions Charles-de-Gaulle ont mené cette semaine leurs premières frappes contre l’Etat islamique. Ces bombardements continueront en Syrie : le Parlement a approuvé mercredi leur prolongation au-delà des quatre mois initiaux.Attentat en Tunisie.La Tunisie aussi a été frappée par l’Etat islamique. Un attentat contre un bus de la sécurité présidentielle a tué au moins 13 personnes et en a blessé 20 autres mardi dans le centre de Tunis. Les autorités ont de nouveau décrété l’état d’urgence, levé le mois dernier, et mis en place un couvre-feu la nuit.La « jungle » de Calais doit être aménagée.Le Conseil d’Etat a confirmé lundi la condamnation de l’Etat et de la commune de Calais à aménager le bidonville de la ville du Pas-de-Calais où s’entassent près de 6 000 migrants dans des conditions déplorables. Cela comprend le recensement de mineurs isolés en situation de détresse, l’installation de points d’eau, de toilettes et de collecte d’ordures, le nettoyage du site et la création d’accès pour les secours.Loi santé : la loi Evin assouplie, le paquet neutre adopté. Contre l’avis du gouvernement, les députés ont assoupli mardi la loi Evin, qui encadre notamment la publicité sur les boissons alcoolisées en France depuis 1991. La commission des affaires sociales avait changé le texte du gouvernement et prévu que les « contenus » consacrés à une « région de production ou au patrimoine culturel, gastronomique ou paysager liés à une boisson alcoolique » ne soient pas considérés comme de la publicité.Les députés ont validé mercredi, de justesse, la mise en place du paquet de cigarettes neutre à partir de mai 2016. Tous les paquets auront ainsi la même forme, la même taille, la même couleur et la même typographie, sans logo, quelle que soit la marque.En revanche, une autre disposition du projet de loi santé, qui créait le délit d’incitation à la maigreur excessive contre les sites « pro-anorexie », a été rejetée.Fusion pharmaceutique.Le groupe pharmaceutique américain Pfizer a annoncé lundi son projet de fusion avec son concurrent irlandais Allergan pour 141 milliards d’euros, la plus grosse opération du genre dans le secteur. Une fusion essentiellement motivée par l’installation du siège du nouveau groupe en Irlande pour lui permettre de bénéficier d’un taux d’imposition très avantageux (moins de 15 %, contre 35 % aux Etats-Unis).Lire :Pfizer-Allergan : les nouveaux loups du capitalismeEt aussi…Chômage. Le nombre de demandeurs d’emploi a de nouveau augmenté en octobre, avec 42 000 chômeurs sans activité (catégorie A), selon les chiffres dévoilés jeudi par Pôle emploi et par le ministère du travail. C’est le troisième plus mauvais chiffre depuis le début du quinquennat de François Hollande, après ceux de septembre 2013 (+ 50 600) et de janvier 2013 (+ 47 900).Portugal. Le chef du Parti socialiste portugais, Antonio Costa, soutenu par la gauche radicale, a été nommé premier ministre mardi et chargé par le président, Anibal Cavaco Silva, de former un gouvernement.Argentine. Le libéral Mauricio Macri, maire de Buenos Aires, a remporté dimanche le second tour de l’élection présidentielle avec plus de 52 % des voix.Climat. Les catastrophes naturelles, toujours plus fréquentes, ont tué quelque 600 000 personnes en vingt ans, a annoncé l’ONU lundi. Les inondations ont représenté 47 % d’entre elles entre 1995 et 2015 et ont affecté 2,3 milliards de personnes, dont l’immense majorité en Asie. Les tempêtes ont, elles, été les catastrophes climatiques les plus meurtrières, avec 242 000 morts.Birmanie. Un gigantesque glissement de terrain a tué au moins 104 personnes, samedi, dans une mine de jade dans le nord du pays.Israël. Une Israélienne a été tuée dimanche et un Israélien lundi dans une série d’attaques au couteau par des Palestiniens, qui ont été abattus par la police.Espace. La société Blue Origin, de Jeff Bezos, le patron d’Amazon, est parvenue à faire atterrir en douceur une fusée qui a emporté une capsule pressurisée jusqu’à 101 kilomètres d’altitude. Une prouesse – la première dans le domaine – qui ouvre la voie à des fusées réutilisables.Football. Le Paris-Saint-Germain s’est qualifié mercredi pour les huitièmes de finale après une ultime et large victoire sur le terrain de Malmö (5-0). De son côté, l’Olympique lyonnais a été piteusement éliminé de toute compétition européenne après sa nouvelle défaite à domicile, mardi, contre les Belges de La Gantoise (1-2).Squash. Le Français Grégory Gaultier est devenu champion du monde de squash dimanche à Seattle, aux Etats-Unis, après avoir battu l’Egyptien Omar Mosaad.Alexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.11.2015 à 19h45 | Jean-Pierre Stroobants (La Haye, Envoyé spécial) Même si elle semble vouloir mettre l’accent sur d’autres questions, la présidence néerlandaise de l’Union européenne, qui débutera le 1er janvier, risque, comme beaucoup de celles qui l’ont précédée, d’être surtout contrainte de gérer les crises urgentes : celle du terrorisme, des réfugiés, de l’avenir de la zone Schengen…Sur ce dernier point, le premier ministre néerlandais, le libéral Mark Rutte se dit aussi « plutôt optimiste », à condition toutefois qu’une série de garanties soient obtenues, dont un contrôle effectif des frontières extérieures, la mise en place des « hot spots », centres d’enregistrement de tous les migrants en Grèce et en Italie, ou encore une répartition « équitable » des réfugiés entre les différents pays européens.« Arrêter le flux des migrants »« Il faut avant tout arrêter le flux des migrants, insiste le premier ministre, interrogé à La Haye, mercredi 25 novembre, par un groupe de journaux européens. Les empires s’effondrent s’ils ne contrôlent pas leurs frontières. » Et, pour cela, « nous avons besoin de la Turquie », souligne-t-il, là encore « raisonnablement optimiste » quant à la possibilité de conclure un accord avec Ankara. Dimanche 29 novembre, un sommet doit d’ailleurs réunir à Bruxelles, les dirigeants des 28 membres de l’UE et le premier ministre turc Ahmet Davutoglu.Lire aussi :Réfugiés : le retour de l’Europe forteresseCependant, face aux différentes crises qui frappent le continent, la France et les pays qui, à l’instar de François Hollande, pensent que « le pacte de sécurité l’emporte sur le pacte de stabilité », ne devront pas compter sur le soutien de la future présidence semestrielle de l’Union européenne.Les Pays-Bas et M. Rutte, sont tout sauf favorables à un nouvel assouplissement des règles budgétaires. Il y a un an, Paris avait obtenu un nouveau sursis pour rentrer dans les clous du pacte budgétaire. Les adeptes de la rigueur avaient pesté, évoquant un traitement de faveur à un « grand » pays.Assainir les financesM. Rutte ne cache pas son scepticisme. « On a d’abord évoqué la crise économique, puis désormais la crise sécuritaire. En réalité, il faut réformer pour être plus compétitifs », indique-t-il, dans une allusion à peine voilée à la France, estimant toutefois qu’il appartient à la Commission européenne de se prononcer. Paris invoque ses investissements dans la sécurité intérieure et le coût des missions militaires qu’elle mène, insiste-t-elle, pour assurer la sécurité de l’ensemble de l’Union.Lire aussi :Déficits : Bruxelles comprend la « priorité » donnée par la France « à la sécurité »Les Pays-Bas, qui appartiennent au club très fermé des pays du « Triple A » entendent, quant à eux, contribuer à « un retour à des finances saines et une zone euro solide ». La croissance et la création d’emplois seront les priorités de la future présidence, d’où son appel renouvelé à des « réformes structurelles et une politique économique coordonnée » afin de « garantir des budgets sains ». M. Rutte n’hésite pas à citer en exemple sa coalition avec le parti social-démocrate : elle a, dit-il, « tout réformé », la sécurité sociale, les retraites, l’éducation et la santé.Garder la Grande-Bretagne dans l’UEC’est parce qu’il privilégie le marché, le commerce et la croissance, que le responsable libéral juge également « vital » que la Grande-Bretagne reste membre de l’Union européenne après le référendum promis d’ici à la fin 2017 par le premier ministre David Cameron, un « ami personnel » de M. Rutte. « Un départ des Britanniques ne serait pas bon pour nous », commente-t-il, pas plus que pour les Scandinaves ou les Polonais. « Dans les demandes formulées par David Cameron, certaines sont réalisables rapidement, d’autres prendront du temps », convient toutefois le premier ministre.Lire aussi :Cameron et l’Europe : tu veux ou tu veux pasIl pense qu’il est encore temps d’expliquer aux Britanniques les mérites de l’appartenance à l’Union : si les Pays-Bas, par exemple, ont pu se sortir de la grave crise économique qui les a frappés durant trois années, c’est notamment grâce à l’euro, souligne-t-il. Il affiche cependant sa prudence quant à l’issue de la consultation populaire britannique : en 2005, tous les grands partis néerlandais s’étaient engagés pour le « oui » au futur projet de Constitution européenne et plus de 60 % des électeurs l’avaient rejeté. « Nous avions manqué de vrais débats sur l’Europe », explique M. Rutte.Connecter l’Europe à la sociétéEn accédant bientôt à la présidence semestrielle, il compte promouvoir les idées qui, dans son pays, ont découlé de ce rejet d’un texte perçu comme émanant de la « bulle bruxelloise » : « Il faut que l’Europe se focalise sur l’essentiel et se connecte à la société », explique un document transmis par le gouvernement de M. Rutte à la chambre des députés. Si elle compte assumer son rôle de « médiateur et arbitre », la présidence a bien l’intention d’intensifier ses rapports avec le Parlement européen et les parlements nationaux.« Le mécontentement à l’égard de l’incapacité des États membres à résoudre les problèmes conduit à l’euroscepticisme », note le gouvernement de La Haye. Qui prône dès lors « une combinaison optimale entre une coopération européenne forte et la liberté maximale, pour les États, de mener leurs propres politiques ».Jean-Pierre Stroobants (La Haye, Envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 15h04 • Mis à jour le26.11.2015 à 15h23 Le diagnostic des régions avec l’Institut MontaigneLes 6 et 13 décembre, les Français voteront pour élire leurs représentants dans les 13 nouvelles régions . Afin d’éclairer le choix des électeurs, LeMonde.fr et l’institut Montaigne ont conclu un partenariat, en vous proposant un diagnostic détaillé de l’état économique et financier des régions. Celui-ci a été réalisé sur les 22 anciennes régions, seules à avoir un bilan.Les bilans sur le site de l’Institut MontaigneRetrouvez tous nos contenus sur les régionales dans notre page spéciale. Vous pouvez aussi retrouver nos statistiques détaillées sur les votes et les grands équilibres socio-économiques sur notre portail de données.SommaireDémographie, emploi, atouts économiquesUn essor démographique importantUne région riche mais fortement touchée par le chômage et les inégalitésEconomie : structure et dynamiquesUne région créatrice de richesses qui a su résister à la crisePrééminence des services, orientation sectorielle favorableLa construction à la commande publiqueUn taux de chômage élevéTerritoire et infrastructuresUn territoire entre relief et littoralUne population concentrée dans les zones urbaines et périurbainesLes dépensesDépenses de personnel en hausseRecul des dépenses d’investissementDépenses d’intervention réparties à parts égales entre transports, enseignement et formation professionnelleLes recettesUne hausse des recettes de fonctionnement interrompue en 2013Importante progression du produit de la CVAERecul des immatriculationsL’endettementUne dette élevée, diversifiée et sûreDégradation de la capacité de désendettement   Démographie, emploi, atouts économiques1. Un essor démographique importantLa région Provence-Alpes-Côte d’Azur est, avec plus de 5 millions d’habitants, l’une des régions les plus peuplées de France métropolitaine. Elle fait aussi partie de celles ayant connu la plus forte croissance démographique depuis les années 1960 : alors qu’elle s’élève à 35% sur l’ensemble du territoire, elle monte à 73% pour la région PACA.L’attrait de la région semble toutefois reculer depuis plusieurs années. Son solde migratoire reste positif mais elle se positionne derrière les autres grandes régions du sud et de l’ouest de la France. Cette réalité ne modifie pas pour autant la structure démographique de la région dans la mesure où les sortants et les entrants présentent souvent le même profil. L’idée, largement répandue, selon laquelle PACA accueillerait majoritairement des retraités et perdrait des actifs est donc erronée.2. Une région riche mais fortement touchée par le chômage et les inégalitésLa région PACA est la troisième économie régionale, avec un PIB supérieur à 150 milliards d’euros. Elle produit plus de 7% de la richesse nationale, ce qui la classe parmi les 20 régions ayant le PIB le plus élevé en Europe. Son activité est essentiellement tournée vers le tertiaire, principalement les services aux entreprises et le tourisme, l’industrie, avec l’établissement de nombreuses entreprises du secteur autour de l’étang de Berre, et enfin l’immobilier et la construction.Contrepoids de ces bonnes performances économiques, la région souffre d’un taux de chômage particulièrement élevé. En 2014, il s’établit à 11,4%, contre 9,8% en France métropolitaine. De façon concomitante, le taux de pauvreté y est plus important qu’ailleurs : plus de 15 habitants sur 100 sont en effet en situation de pauvreté. Tous les départements sont concernés à l’exception des Hautes-Alpes - le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône étant particulièrement exposés.Le contraste entre une économie dynamique, d’une part, et des poches importantes de pauvreté, d’autre part, contribue à ce que la région PACA se singularise par de fortes inégalités territoriales. La région se situe en effet en deuxième position derrière la Corse en termes d’écarts de richesse.Economie : structure et dynamiques1. Une région créatrice de richesses qui a su résister à la criseLe PIB par habitant de la région PACA se situe à un niveau élevé, bien supérieur au niveau moyen des régions françaises hors Ile-de-France. Sa productivité est supérieure à la moyenne française : le PIB par emploi s’y élève à 76 553€, contre 71 169€ pour la France métropolitaine (hors Ile-de-France).2. Prééminence des services, orientation sectorielle favorableAu 1er janvier 2013, la région accueillait près de 10% des établissements de services du territoire national. Le tertiaire est un secteur majeur d’activité et un pourvoyeur d’emplois de première importance pour la région. Il génère 8 emplois sur 10. Le tertiaire non-marchand constitue un vecteur important d’emplois, notamment dans l’enseignement. Les services aux entreprises se sont également fortement développés. Les services opérationnels (nettoyage, sécurité, etc.) ont gagné près de 50 000 emplois salariés depuis 1990 (+110%). L’emploi a aussi fortement progressé dans le domaine du conseil et de l’assistance (+89%) et dans le secteur de la R&D (+58%).La région PACA est la 7ème en France en termes d’emploi industriel. Il y représente 9% de l’emploi total. Le tissu industriel de la région, qui est essentiellement implanté le long du littoral et dans le couloir rhodanien, est moins affecté qu’ailleurs par les mutations industrielles. L’orientation sectorielle de l’industrie en PACA (gaz, eau, déchets, pharmacie, composants électriques et électroniques, etc.) lui est en effet favorable. Elle lui permet d’être préservée des grandes restructurations intervenues dans d’autres secteurs (automobile et textile notamment). Le tissu productif reste néanmoins fragile : malgré la présence de groupes industriels de premier plan, 90% des établissements industriels comptent moins de 10 salariés.3. La construction à la commande publiqueEn PACA, le secteur de la construction représente un volume de chiffre d’affaires de 13 Md€, 100 000 emplois salariés et plus de 50 000 entreprises.Le secteur a été particulièrement affecté par la crise. Le marché du logement neuf a connu une forte décrue ces dernières années, malgré une légère amélioration fin 2014. Le niveau de la construction a également connu un net repli et le nombre des permis de construire et des mises en chantier a reculé en 2014.Les entreprises du secteur pourraient être durement touchées par l’ajustement des budgets locaux sur l’investissement dans les prochaines années. La baisse des dotations de l’État conduit en effet nombre de collectivités à revoir leurs programmes d’investissement à la baisse. Cette baisse, que l’on peut déjà observer pour le bloc communal en 2014, pourrait être prolongée par les décisions d’autres strates de collectivités. Les secteurs du bâtiment et des travaux publics anticipent déjà une baisse substantielle de la commande publique.4. Un taux de chômage élevéLe chômage en PACA est structurellement plus élevé que dans le reste de la France métropolitaine. La région peine à créer le nombre d’emplois qui permettrait d’accompagner la croissance forte de sa population active. Le taux de chômage de la région, qui s’était rapproché du niveau national entre 2005 et 2009, est toujours resté supérieur depuis cette date. Les départements du Vaucluse, des Bouches-du-Rhône et des Alpes de Haute-Provence sont les départements les plus touchés.Même si elle est l’une des régions qui a le mieux résisté à la crise dans ce domaine également, elle peine à résorber un niveau de chômage dont une part importante est structurelle. Le nombre de demandeurs d’emploi a encore augmenté entre fin 2013 et fin 2014. Le taux de chômage a augmenté de 0,5 point entre ces deux dates. Les actifs de plus de 50 ans et les demandeurs d’emplois depuis plus d’un an sont les plus touchés tandis que la population jeune résiste mieux.Territoire et infrastructures1. Un territoire entre relief et littoralLe territoire de la région Provence Alpes Côte d’Azur (PACA) s’étend sur une superficie de 31 400 km² et présente un relief très contrasté. Son patrimoine naturel conditionne son aménagement territorial et son modèle de croissance économique. La montagne occupe en effet près de la moitié de sa superficie tandis que le littoral s’étend sur 700 km. La région se caractérise ainsi par une forte concentration des populations et de l’activité sur la côte. L’emprise du relief aussi bien littoral que montagneux concentre plus des trois-quarts de la population sur 10% de la superficie régionale, essentiellement le long des côtes méditerranéennes. Deux départements sont particulièrement concernés, le Var et les Bouches-du-Rhône.2. Une population concentrée dans les zones urbaines et périurbainesCette concentration a pour conséquence la forte influence des aires urbaines sur le territoire régional, accompagnée par une poussée tout à fait remarquable des zones périurbaines. Les quatre aires urbaines les plus importantes (Marseille et Aix-en-Provence, Nice, Toulon, Avignon) concentrent 80% de la population. Les phénomènes de périurbanisation sont davantage marqués que dans les autres régions. Cette situation constitue un enjeu important pour la région en termes de transports et de lutte contre le réchauffement climatique.Les dépensesLes dépenses de la région PACA ont reculé entre 2009 et 2013, selon un schéma constaté dans de nombreuses autres régions : progression des dépenses de fonctionnement et repli des dépenses d’investissement.1. Dépenses de personnel en hausseLes dépenses de fonctionnement ont connu une progression soutenue entre 2009 et 2013, de plus de 3% en moyenne par an contre 1,85 % pour les autres régions hors Ile-de-France. Elles s’élèvent à 299€ par habitant, contre 269€ pour la moyenne des régions hors Ile-de-France.Comme les charges à caractère général, les dépenses de personnel ont augmenté de façon plus marquée qu’ailleurs : plus de 5% en moyenne annuelle depuis 2009 contre 3% pour les autres régions hors Ile-de-France. La collectivité s’est notamment engagée dans une politique de recrutement favorable (+117 agents en 2012, +44 en 2013). La masse salariale représente plus de 16% des dépenses de fonctionnement de la région.2. Recul des dépenses d’investissementLes dépenses d’investissement s’élèvent à 484 M€ en 2013, soit le plus bas niveau constaté depuis 2009. Sur la période 2009-2013, elles ont reculé de près de 15% par an en moyenne. Elles représentent 133€ par habitant, contre 150€ en moyenne pour les régions métropolitaines hors Ile-de-France.Cet ajustement peut s’expliquer par la diminution des capacités de la région à autofinancer ses investissements. En effet, la diminution de son épargne brute et la baisse de ses recettes d’investissement la conduisent à accroître la part de son investissement par emprunt.3. Dépenses d’intervention réparties à parts égales entre transports, enseignement et formation professionnelleLes trois principales dépenses d’intervention sont les transports (24,1%), l’enseignement (22,4%) et la formation professionnelle (22,4%). Sur les dernières années, ces dépenses ont connu des évolutions contrastées. L’accent a été mis sur les transports et la formation professionnelle, la culture et les sports progressant également fortement même s’ils pèsent de façon moins importante dans le budget régional.Dans le domaine des transports, la région PACA se distingue par le volume important des crédits qu’elle accorde aux autres modes de déplacement que le ferroviaire. Quand la moyenne des dépenses consacrées par les régions aux transports hors ferroviaires est légèrement supérieur à 5 M€, la région y consacre plus de 30 M€. La région est aussi celle qui consacre le plus de crédits au financement de la voirie départementale, avec le Languedoc-Roussillon.Concernant la formation professionnelle et l’apprentissage, la région PACA se situe au troisième rang des régions qui y consacrent le budget le plus important, mai seulement au septième pour le seul apprentissage, avec 96,6 M€.De même, en matière d’enseignement, la région se positionne très favorablement pour le financement de lycées publics (première région après l’Île-de-France). En revanche, malgré l’implantation de nombreuses universités et laboratoires de recherche sur son territoire, elle ne situe qu’au huitième rang pour les crédits consacrés à l’enseignement supérieur, qui ne représentent qu’un peu plus de 4% des crédits destinés à l’enseignement en PACA.Les recettes1. Une hausse des recettes de fonctionnement interrompue en 2013Les recettes de fonctionnement ont progressé à un rythme soutenu entre 2009 et 2012 (+2,3% en moyenne annuelle). Cette tendance a été stoppée en 2013. Elles reculent en 2014.Le produit de la fiscalité régionale s’est élevé à 914,8 M€ en 2013. La fiscalité régionale en PACA connaît des variations moins fortes que la moyenne des régions, ce qui s’explique notamment par la structure de la fiscalité de la région. Les recettes fiscales indirectes représentent près de 60% du total, contre 40% pour les recettes fiscales directes. Or l’évolution de ces produits a été opposée. 2. Importante progression du produit de la CVAE En 2013, le produit de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) de la région a atteint près de 260 M€, soit une hausse de plus de 7% par rapport à 2012. Cette hausse contribue largement à la croissance de la fiscalité directe. Elle mérite toutefois d’être relativisée. Si elle résulte d’une croissance de la valeur ajoutée sur le territoire, elle est liée également aux modalités et au rythme de versement de cette taxe. En 2014, le produit de la CVAE ne progresse que modérément de 1,5%.3. Recul des immatriculationsLe produit de la fiscalité indirecte a diminué de plus de 4 M€ en 2013. Ce recul est la conséquence de la baisse importante de la taxe sur les cartes grises d’une part et de la très faible augmentation du produit de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) d’autre part.Le produit de la taxe sur les cartes grises, de près de 200 M€, a diminué de 5,6 % en 2013, sous l’effet de la diminution des immatriculations. Elle n’a pu être compensée par la très faible croissance de la TICPE, pourtant première recette fiscale indirecte de la région. Cette évolution est à observer d’autant plus près que le tarif de la carte grise par cheval-vapeur est le plus élevé des régions françaises ce qui laisse peu de marge de manœuvre sur cette taxe pour le prochain exécutif.En 2014, la tendance à la diminution de la fiscalité indirecte se prolonge. Le produit de ces deux taxes additionnées diminue légèrement, de 1,6%. Cette tendance, qui accompagne la perte d’autres recettes comme la DGF, pourrait entrainer une dégradation des ratios financiers de la région si les dépenses n’étaient pas ajustées à cette baisse.4. Une baisse annoncée des dotations de l’EtatLe montant total des dotations de fonctionnement de l’État s’élève à 680 M€ en 2013. L’ajustement qu’il a connu en 2013 est minime au regard des projections sur les prochaines années. En stagnation depuis plusieurs années, la dotation forfaire de la dotation globale de fonctionnement (DGF) entame le recul annoncé dans la cadre de la contribution des collectivités à la résorption des déficits publics. Ainsi, en 2014, la DGF recule de plus de 3% pour la région PACA, mouvement qui doit se poursuivre et s’amplifier au moins sur les deux prochaines années.Le reste des autres dotations est gelé. La dotation globale de décentralisation (DGD) « formation professionnelle » s’est ainsi établi en 2012 et en 2013 à 134 M€.L’endettement1. Une dette élevée, diversifiée et sûre L’encours de dette de la région était de 1 820 M€ en 2013 et de 2 145 M€ en 2014. Il a progressé sensiblement sur les dernières années. Entre 2009 et 2014, l’augmentation de l’encours est de plus de 30 %, ce qui représente une moyenne annuelle d’évolution de plus de 5%.En 2013, l’encours de dette par habitant de la région PACA est nettement supérieur à la moyenne de sa strate (365€ contre 285€). En volume, la région figure parmi les cinq régions les plus endettées.L’encours de dette est diversifié. Il est constitué de dette bancaire, de dette obligataire, de crédit- bail et d’emprunts dits « revolving ». La diversification de l’encours de dette est une caractéristique essentielle de la gestion de sa dette par la région. Elle lui permet d’être moins dépendante à l’égard du marché bancaire et de pouvoir arbitrer en faveur des offres de financement qu’elle juge les plus compétitives. La structure de dette de la région est par ailleurs équilibrée, malgré un recours important au marché obligataire sur les dernières années. La dette de la région est par ailleurs sûre, classée en 1 A ou 2 A sur la charte Gissler.2. Dégradation de la capacité de désendettement La capacité de désendettement est le rapport de l’encours de dette à l’épargne brute. Exprimée en nombre d’années, ce ratio exprime la durée nécessaire à une collectivité pour couvrir sa dette par son épargne.En région PACA, ce ratio s’est dégradé ces dernières années, sous l’effet de la croissance de la dette. En 2014, il était de 5,4 années, soit l’un des niveaux les plus élevés en France. 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. 04.12.2015 à 21h44 L’ancien président géorgien Mikheil Saakachvili a été déchu de sa nationalité. Le service de presse de la présidence l’annonce dans un communiqué, vendredi 4 décembre. Personnage fantasque, un temps exilé à Brooklyn, Mikheil Saakachvili a été nommé cette année gouverneur de la région d’Odessa, en Ukraine. Il a pris la nationalité de son pays d’adoption, et perd l’ancienne, « conformément à la loi sur la nationalité géorgienne », précise le communiqué.En décidant de devenir ukrainien, Mikheil Saakachvili avait provoqué la colère de Tbilissi : son comportement avait été qualifié d’« indécent et incompréhensible » par le président actuel, Guiorgui Margvelachvili.Lire aussi :L’étonnante renaissance ukrainienne de SaakachviliPrésident de la Géorgie de 2004 à 2013, M. Saakachvili est arrivé au pouvoir après la Révolution de la rose, premier des soulèvements populaires en ex-URSS honnis par le Kremlin. Il est depuis poursuivi en Géorgie pour « abus de pouvoir », des persécutions politiques, selon lui. M. Saakachvili a déclaré à la chaîne de télévision Roustavi-2 :« Ils peuvent prendre mon passeport, mais ils ne peuvent pas faire quoi que ce soit contre mon amour pour la Mère patrie. »Très proche des autorités pro-occidentales en Ukraine, l’ancien président géorgien s’est lancé dans la lutte contre la corruption dans la région d’Odessa, où il est parfois critiqué pour son style autoritaire. « Sauver l’Ukraine signifie sauver la Géorgie. C’est pour cela que je suis en Ukraine, car j’y sers la cause de la Géorgie aussi », a-t-il affirmé à Rustavi-2. Selon lui, les deux pays luttent « contre le même empire », la Russie. 04.12.2015 à 19h56 La législation sur les écoutes des réseaux de téléphonie mobiles en Russie permet aux services secrets de pratiquer une surveillance arbitraire et abusive des citoyens, en violation du droit au respect de la vie privée, a affirmé la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) jeudi 3 décembre.La Cour précise que les écoutes sont, en théorie, contrôlées par le pouvoir judiciaire. En pratique, les juges ne disposent le plus souvent d’aucune information pertinente pour décider de leur bien-fondé.La Russie s’affranchit de la CEDHDe plus, les opérateurs de téléphonie mobile sont tenus d’installer sur leur réseau un dispositif donnant aux autorités un accès direct aux communications de leurs clients, sans qu’il soit nécessaire de leur adresser une demande. « Ce système a pour effet, singulièrement, de donner aux services secrets et à la police les moyens techniques de contourner la procédure d’autorisation et d’intercepter des communications sans mandat judiciaire préalable », affirme la Cour.Cette condamnation pourrait cependant rester lettre morte, la Russie cherchant à se défaire de l’autorité de la CEDH. Membre du Conseil de l’Europe depuis 1996 et signataire de la Convention européenne des droits de l’homme en 1998, la Russie a fait l’objet de nombreuses condamnations. Celle du 3 décembre est décidée au lendemain de l’adoption par la Douma, la chambre basse du Parlement russe, d’une loi disant que la Russie n’est pas tenue d’appliquer un arrêt de la CEDH qui serait contraire à sa Constitution.Lire aussi :La Russie s’affranchit de la Cour européenne des droits de l’homme 04.12.2015 à 13h09 | Faustine Vincent Annoncée trois jours après les attentats du 13 novembre, le projet de François Hollande d’étendre la déchéance de la nationalité aux binationaux nés Français, et de l’inscrire dans la Constitution, divise aujourd’hui profondément la classe politique et la société civile. Vus de Belgique, les débats qui émergent sur les questions de sécurité, d’égalité et de liberté ont un air de déjà-vu. Et pour cause : le pays a déjà mis cette idée de déchéance sur la table au début de l’année après les attentats de janvier à Paris et une action antiterroriste à Verviers, près de Liège.Lire aussi :Déchéance de nationalité : l’idée qui passe mal à gaucheLa proposition du gouvernement de coalition, dominé par le parti nationaliste flamand NVA, était d’étendre la déchéance de la nationalité aux Belges « de deuxième, voire de troisième génération » condamnés pour terrorisme. C’était la plus sévère des options étudiées, dans le cadre d’une série de douze mesures contre le radicalisme. La loi belge permet déjà la déchéance, mais uniquement pour ceux qui ne sont pas nés Belges, ou qui ont acquis la nationalité par naturalisation.Source d’inégalités« La volonté est d’aller vers la deuxième ou la troisième génération parce que c’est là que la situation se pose », avait défendu le vice-premier ministre libéral, Didier Reynders. « C’est dangereux, car discriminatoire », avait rétorqué le président de la Ligue des droits de l’Homme, Alexis Deswaef. Le ministre de l’aide à la jeunesse de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Rachid Madrane, s’était lui aussi indigné : « On n’humilie pas les terroristes. On humilie toute une communauté qui vit paisiblement. Cela voudrait dire que les Belges ne sont plus égaux devant la loi. Pour les mêmes faits, des gens seraient condamnés différemment. »De fait, la mesure aurait produit une inégalité entre un terroriste d’origine immigrée et un terroriste belge « de souche » puisque la loi ne peut s’appliquer qu’aux binationaux, la Convention européenne des Droits de l’homme interdisant de créer des apatrides. « Cette décision reviendrait à introduire une notion de citoyenneté de « seconde classe », analyse Jean-Michel Lafleur, directeur adjoint du Centre d’Études de l’Ethnicité et des Migrations à Liège. Elle ouvrirait une boîte de Pandore dont on ne connaît pas toutes les ramifications. »Application difficileSur le plan pratique, l’application elle-même de cette disposition aurait été un casse-tête. Une fois la déchéance prononcée, l’individu n’a en effet d’autre choix que de quitter le territoire, puisque les autorités ne lui délivreront pas de permis de séjour. Mais en cas d’expulsion, d’autres considérations juridiques entrent en ligne de compte. Comme l’a expliqué Alexis Deswaef, « si l’on retire la nationalité au père d’un enfant belge, la convention des droits de l’Homme garantit à l’enfant le droit de vivre en famille et donc avec son père ». La déchéance de la nationalité se heurte ainsi à la protection familiale.Après des semaines de débats, le gouvernement belge a finalement renoncé à son projet. Mais le parti nationaliste flamand NVA continue de donner le la sur ces questions sensibles. Partisan d’une ligne dure, il le fait d’autant plus facilement qu’il occupe les postes clés du ministère de l’intérieur et du secrétariat d’Etat à l’asile et la migration. Le contexte lui est favorable : la Belgique serait proportionnellement le pays le plus gros fournisseur de djihadistes en Europe.En une quinzaine d’années, la notion de nationalité en Belgique a été bousculée par la montée des extrêmes, conjuguée au renforcement de la menace terroriste, sur fond de durcissement des politiques d’immigration et d’intégration. « En 2002, on pouvait accéder à la nationalité par naturalisation au bout de trois ans de résidence. C’était l’une des législations les plus généreuses d’Europe », rappelle Jean-Michel Lafleur. L’idée était alors de favoriser l’intégration par l’octroi de la nationalité. En 2013, cette perspective s’est renversée avec l’entrée en vigueur d’une réforme alignant la Belgique sur les standards européens, plus exigeants (durée de résidence prérequise plus longue notamment). Désormais, l’intégration est au contraire un prérequis à l’octroi de la nationalité.Efficacité contestéeReste la question de l’efficacité de la déchéance de nationalité. Comme en France, la Belgique est divisée à ce sujet. Patrick Wautelet, professeur et spécialiste reconnu de droit comparé de la nationalité à l’université de Liège, est sceptique. « Évidemment, cela ne décourage pas de commettre des actes terroristes, au contraire. Et si l’objectif est d’empêcher que des terroristes reviennent sur le territoire, je doute aussi que cela le permette. Car un individu qui veut commettre un attentat, surtout s’il transporte une kalachnikov ou de l’argent liquide, tentera plutôt de rentrer de façon illégale ». Même étendue aux binationaux de deuxième ou troisième génération, la déchéance n’aurait, en outre, pas pu s’appliquer pour les terroristes n’ayant que la nationalité belge.A ce jour, l’application de la loi reste rarissime. Seules quatre personnes ont été déchues de leur nationalité pour terrorisme. « Trois sont encore en prison, précise Patrick Wautelet. S’il y a si peu de cas, c’est parce qu’il est complexe d’avoir suffisamment d’éléments de preuve afin de condamner pour un fait terroriste. » Comme la plupart des opposants à cette mesure, il estime ainsi qu’elle est avant tout « symbolique ». « C’est une réaction à chaud, une façon de rassurer la population et de montrer que les autorités agissent », soutient-il.Dans l’entourage de François Hollande, on assure que l’extension de la déchéance de la nationalité serait « une façon de traiter cette situation des binationaux qui commettent des actes de terrorisme ». À défaut d’expliquer en quoi elle permettrait, concrètement, de le faire, on souligne, là aussi, sa dimension symbolique : « Les symboles ont de l’importance. Déchoir de la nationalité, c’est très fort, dans l’échelle des valeurs de la France. »Faustine VincentJournaliste au Monde Nicole Vulser La mode tarde à reprendre des couleurs. Depuis 2007, dernière année où le secteur s’est affiché en croissance, aucune embellie. Et l’impact des attentats du 13 novembre risque d’aggraver les choses en jouant sur la consommation d’habillement et de textiles de maison. Une incertitude qui se traduit dans la fourchette des estimations pour 2015 : en France, le marché – en valeur – pourrait varier entre − 1,5 % et + 0,3 %, par rapport à 2014, selon les données communiquées jeudi 3 décembre par Hélène Fourneau, responsable des panels de l’Institut français de la mode (IFM). Toutefois, au cours de cette journée consacrée aux perspectives internationales mode et textile, elle a espéré une sortie de crise en 2016, avec, enfin, un retour à la croissance de 0,7 %.Chez nos voisins européens, la situation n’est pas non plus mirobolante : la croissance dans la consommation de vêtements devrait ralentir en 2015-2016 au Royaume-Uni. La dégradation du marché devrait s’atténuer légèrement en Allemagne, comme en Italie grâce à une reprise de l’économie après trois ans de récession. Enfin, une nette progression est attendue en Espagne, sans toutefois atteindre les niveaux d’avant-crise en 2007. Si bien qu’au total, dans ces cinq pays, en incluant l’Hexagone (qui concentrent 72 % du marché européen), la vente de vêtements et de textiles de maison devrait rester stable en 2015-2016.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : à Paris, les clients du luxe se font plus raresLa principale caractéristique du marché est venue cette année de « la forte chute de l’euro par rapport au dollar [qui] a rebattu les cartes de l’approvisionnement mondial du textile et a impacté les politiques de prix des distributeurs », affirme Gildas Minvielle, directeur de l’Observatoire économique de l’IFM. Très concrètement, le prix d’importation d’un jean en France a augmenté cette année de 19 % s’il a été fabriqué en Chine. Pour la première fois depuis bien longtemps, un léger rebond des prix moyens d’achats des vêtements a d’ailleurs été enregistré (+ 1,5 %), en prenant également en compte les soldes et les promotions.Pas d’effet « marinière »A contrario, l’évolution monétaire s’est traduite par un effet dynamisant sur les exportations françaises d’habillement en dehors de l’Union européenne, avec une hausse très marquée en 2015 vers les Etats-Unis, la Chine et Hongkong.Autres points saillants du marché en 2015 : l’envolée des ventes d’articles de mode achetés depuis les smartphones, un peu moins de soldes et promotions (40 % des ventes contre 42 % en 2014) et, du côté des enseignes et des marques, une utilisation plus massive que jamais des données personnelles des consommateurs.Dans un sondage auprès des consommateurs français réalisés après les attentats de Paris, Evelyne Chabalier, professeur à l’IFM, a également constaté « un raz de marée national » en faveur des vêtements « made in France ». Résultat jusqu’à présent jamais atteint, 74 % des personnes interrogées ont déclaré « acheter de préférence des vêtements dont l’étiquette indique une fabrication en France ». « Faut-il y voir une manifestation de colère ? Un souci de bien faire ? Une façon de favoriser les travailleurs de notre pays ? », s’est-elle interrogée. Ou un mensonge caractérisé ?Les vêtements « made in France » vendus dans l’Hexagone représentent toujours moins de 5 % des achats, a tempéré M. Minvielle. Dans le meilleur des cas. Signe que l’effet « marinière » qu’espérait Arnaud Montebourg du temps où il régnait à Bercy n’a été suivi d’aucun effet.Nicole VulserJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.12.2015 à 09h53 Quelques heures avant une réunion des ministres de l’intérieur de l’Union européenne (UE) consacrée à la situation de la Grèce face à la crise migratoire, le flux des migrants a repris à la frontière entre la Grèce et la Macédoine.Bloqués depuis plusieurs semaines du côté grec du poste-frontière d’Idomeni, des milliers de Syriens, Irakiens et Afghans poursuivaient, à l’aube, leur route vers l’Europe occidentale.Suivez la situation au poste-frontière d’Idomeni avec notre reporter :Tweets de @Adea_Guillot!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs");La Grèce a accepté jeudi 3 décembre l’aide de l’Union européenne pour surveiller ses frontières et gérer l’afflux des migrants, écartant ainsi la menace d’une éventuelle suspension de l’espace Schengen. Athènes a finalement répondu favorablement à trois propositions de l’UE : envoi de personnel européen à sa frontière nord, déploiement de gardes-frontières étrangers sur les îles de la mer Egée, et fourniture de tentes et de matériel destinés aux migrants bloqués sur son territoire.La Macédoine a érigé dans ce secteur une clôture métallique pour empêcher le passage des migrants et prévoit de la prolonger pour couvrir plus de 40 kilomètres.Slovénie, Serbie, Croatie, Macédoine ont décidé à la fin de novembre qu’elles allaient désormais refuser les migrants issus des pays censés être « sûrs », comme les pays africains, le Pakistan ou le Bangladesh, créant des tensions entre les différentes communautés.Lire aussi :La route des Balkans se ferme progressivement 03.12.2015 à 20h39 Le ministre turc des affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a annoncé, jeudi 3 décembre, que son pays avait exprimé « ses condoléances » à la Russie après la mort du pilote dont l’appareil a été détruit par l’aviation turque, provoquant une grave crise entre les deux pays.« Nous avons exprimé notre tristesse et adressé nos condoléances pour la mort du pilote russe », a déclaré le ministre, cité par les médias turcs, après un entretien à Belgrade avec son homologue russe Sergueï Lavrov.Lire aussi :Ce que l’on sait de l’avion russe abattu par la TurquieIl s’agissait du premier contact à ce niveau entre les deux pays depuis la destruction d’un bombardier russe par l’aviation turque à la frontière syrienne le 24 novembre. M. Cavusoglu s’est félicité de l’atmosphère de la rencontre. Mais il a affirmé qu’il ne serait « pas réaliste de dire que les problèmes ont été surmontés au cours d’un premier entretien ».« Garder les canaux de dialogue ouverts »« Il est important de garder les canaux de dialogue ouverts », a encore dit le ministre. « Il y a des deux côtés une volonté de ne pas voir une escalade des tensions. Je suis sûr que le bon sens va prévaloir sur l’émotion. »Dans des déclarations à la télévision russe, M. Lavrov a également affirmé qu’il n’y avait pas eu de percée. « Nous nous sommes réunis avec M. Cavusoglu. […] Nous n’avons rien entendu de nouveau. Le ministre turc a confirmé la position qu’ils ont déjà exprimée, et nous avons confirmé la nôtre », a-t-il dit.Avant cette rencontre, les hauts responsables russes refusaient tout contact avec leurs homologues turcs et exigeaient des excuses officielles d’Ankara. Le président russe Vladimir Poutine, après avoir refusé de prendre les appels téléphoniques du président turc Recep Tayyip Erdogan, l’a évité lors de la COP21 à Paris.Mercredi, Moscou avait même accusé nommément le président Erdogan et sa famille de profiter de la contrebande de pétrole à laquelle se livre l’organisation Etat islamique (EI) en Syrie. « Nous avons répondu à ces allégations », a dit M. Cavusoglu. « Nous espérons qu’ils abandonneront ces allégations infondées. »Lire aussi :Vladimir Poutine : « La Turquie regrettera d’avoir abattu un bombardier russe » 03.12.2015 à 16h01 • Mis à jour le05.12.2015 à 10h35 Plus de deux semaines après les attentats qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris, deux hommes font l’objet d’un mandat d’arrêt international : Salah Abdeslam, soupçonné d’avoir eu au moins un rôle logistique dans les attaques, et Mohamed Abrini, qui l’a conduit à Paris le 11 novembre. Les enquêteurs poursuivent leurs investigations en France et en Belgique, tentant de déduire le trajet des terroristes et de ceux qui ont pu les aider.Salah Abdeslam, suspect numéro 1 toujours en cavale Ce Français résidant en Belgique, soupçonné d’avoir eu au moins un rôle logistique dans les attaques, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Il vivait dans le quartier de Molenbeek près de Bruxelles avec son frère Brahim, qui s’est fait exploser à Paris. Il est le seul survivant identifié du commando des tueries.Lire aussi :Ce que l’on sait de Salah Abdeslam, en fuite depuis les attentats du 13 novembreCe qui est certain, à ce stade de l’enquête, c’est qu’il a loué, en Belgique, la Polo qui a servi pour l’attaque du Bataclan et une Clio retrouvée dans le 18e arrondissement de Paris. Il a aussi réservé des chambres d’hôtel utilisées avant les attentats. Les enquêteurs tentent de déterminer s’il a pu convoyer les kamikazes du Stade de France et s’il était chargé d’une attaque dans le 18e, évoquée dans la revendication de l’organisation Etat Islamique mais qui n’a jamais eu lieu. C’est également là qu’on a retrouvé la Clio.Il a ensuite été localisé à Montrouge, au sud de Paris, où un gilet explosif similaire à ceux des kamikazes a été découvert dans une poubelle. Ce gilet aurait pu lui appartenir, puisqu’il a quitté Paris dans la nuit de vendredi à samedi après les attentats avec l’aide de deux complices venus de Belgique. Puis il a été pris en charge pas d’autres personnes. Les enquêteurs perdent sa trace dans une rue de Schaerbeek, commune populaire du nord de Bruxelles, où le dépose un certain Ali O. Il lui aurait alors dit : « On ne va plus jamais se revoir. » Des informations sur sa présence dans plusieurs pays européens à bord d’une voiture dans les semaines qui ont précédé les attentats n’ont pas été confirmées au Monde.Lire notre récit :Attentats du 13 novembre : l’improbable conversation d’Ali O. avec Salah AbdeslamMohamed Abrini, toujours recherché Ce Belgo-Marocain de 30 ans a été filmé par une caméra de vidéosurveillance en compagnie de Salah Abdeslam, deux jours avant les attentats, dans une station-service de l’Oise, où il conduisait la Clio qui allait être utilisée par les terroristes. Sa présence à Paris le jour des attentats n’est pas établie à ce jour.Originaire de Molenbeek, cet ami de Salah Abdeslam a, selon la police belge, un profil de petit délinquant ayant multiplié les séjours en prison pour vols. Il est soupçonné d’avoir séjourné en Syrie au cours de l’été 2015. Il gravitait autour des Béguines, le bistrot que la fratrie Abdeslam tenait dans le quartier de Molenbeek – fermé le 4 novembre pour trafic de stupéfiants.En France et en Belgique, la traque des complices présumés, perquisitions et inculpationsDans la région de Bruxelles, placée en alerte maximale pendant près d’une semaine à la fin du mois de novembre, plusieurs des dizaines de perquisitions ont abouti à la mise en examen et au placement en détention provisoire de huit personnes pour leur implication présumée.Quatre autres personnes ont été inculpées pour avoir véhiculé Salah Abdeslam dans les heures qui ont suivi les tueries : Hamza A., Mohammed A. Lazez A., et Ali O.Deux hommes soupçonnés d’avoir eu des liens avec Bilal Hafdi, l’un des terroristes qui s’est fait exploser près du stade de France, ont été inculpés le 3 décembre. Il s’agit d’un Français et d’un Belge, arrêtés à Molenbeek.Deux autres hommes ont été interpellés entre le 23 et le 26 novembre : Abdeilah C. et Mohamed B. Les motifs de leur mise en examen n’ont pas été communiqués par le parquet fédéral.Deux nouveaux suspects sont « activement recherchés » par les polices belge et française, a annoncé vendredi 4 décembre le parquet belge. Ils avaient été contrôlés avec de fausses cartes d’identité belges à la frontière entre la Hongrie et l’Autriche en compagnie de Salah Abdeslam.En France, seul Jawad Bendaoud, l’homme soupçonné d’avoir fourni le logement de repli des terroristes à Saint-Denis, a été mis en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, détention d’armes et d’explosifs.L’un de ses proches, Mohamed S., 25 ans, soupçonné d’avoir joué un rôle d’intermédiaire, va être présenté à un juge d’instruction samedi 5 décembre. Mohamed S. aurait mis en contact deux de ses connaissances : la cousine d’Abaaoud, Hasna Aït Boulahcen, et Jawad Bendaoud.Le parquet va demander la mise en examen de Mohamed S. pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste criminelle, ainsi que son placement en détention.La piste turque : Ahmad Dahmani Ce Belge de 26 ans a été arrêté le 16 novembre à Antalya (Turquie) par la police turque dans le cadre d’une enquête sur une filière de migrants. Il était arrivé d’Amsterdam le 14 novembre. Les policiers turcs étudient ses éventuels contacts avec les assaillants de Paris. Son profil est jugé « intéressant » par les enquêteurs. Toujours incarcéré en Turquie, il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international et pourrait bientôt être expulsé vers Bruxelles.Le point sur les autres terroristes ayant participé aux attaques de ParisQuatre des kamikazes sont identifiés. Il s’agit de quatre Français : Brahim Abdeslam (31 ans), Bilal Hadfi (20 ans), Samy Amimour (28 ans) et Ismaël Omar Mostefaï (29 ans).Quatre kamikazes dont on ignore encore l’identité :Deux des trois kamikazes du Stade de France. Ils sont entrés en Europe par la Grèce en octobre. La police a diffusé leur photo après avoir retrouvé à proximité de leurs corps des passeports syriens à l’authenticité douteuse.Un kamikaze du Bataclan, le troisième homme qui a attaqué la salle de concert.Un homme qui s’est fait exploser lors de l’assaut des forces de l’ordre à Saint-Denis. Son ADN était inconnu de la police française, mais il est conforme à celui retrouvé sur une arme découverte dans la Seat abandonnée à Montreuil ; il serait le troisième membre qui a tiré sur les bars et restaurants parisiens, avec Abdelhamid Abaaoud et Brahim Abdeslam, mais aussi le complice potentiel dans le projet d’attentat d’Abaaoud à la Défense.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : quels terroristes étaient déjà repérés ?Abdelhamid Abaaoud, Belgo-Marocain de 28 ans, a été tué par les forces de l’ordre dans l’assaut de Saint-Denis. Son corps a été identifié dans un deuxième temps. Selon le procureur de la République de Paris François Molins, le probable coordinateur des attaques du 13 novembre projetait un autre attentat à la Défense le 18 ou le 19 novembre.Lire aussi :Les quatre jours d’errance d’AbaaoudHasna Aït Boulahcen, la cousine d’Abaaoud, qui lui aurait trouvé le logement de Saint-Denis, a également été tuée. Selon François Molins, elle «  était parfaitement au courant de l’implication de son cousin dans les attentats ». Juste avant le 13 novembre, selon des informations du Monde, la DGSE a intercepté un appel de Hasna Aït Boulahcen vers la Syrie.Lire aussi :Hasna Aït Boulahcen, entre vodka et niqab Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Alors que les ministres de l’intérieur de l’Union européenne doivent discuter, vendredi 4 décembre, à Bruxelles, des mesures de lutte contre le terrorisme, le coordinateur de la lutte antiterroriste de l’Union européenne, Gilles de Kerchove, analyse les attentats du 13 novembre à Paris et leurs conséquences.Lire aussi :Les ratés de la coordination antiterroriste en EuropeQuelles sont les principales leçons que vous tirez des récents attentats de Paris ?Je dois avouer qu’ils ne m’ont pas étonné. Étant donné le nombre de jeunes partis combattre, on pouvait prévoir que certains d’entre eux reviendraient, formés militairement, commettre des attentats. C’était le cauchemar de tous les services de renseignement. Daech [l’acronyme arabe de l’organisation Etat islamique] est, quoi qu’en disent certains, l’objet d’une forte pression de la coalition internationale en Syrie. Les frappes aériennes seules n’en viendront pas à bout mais elles ont un impact. Or, le succès est la marque de fabrique de cette organisation qui gagne toujours des territoires, dont ceux détenus par des franchises d’Al-Qaida, en Libye notamment. La multiplication des attentats au cours des dernières semaines est une stratégie destinée à répondre aux actions de la coalition.Lire aussi :Attaques à Paris : les spécialistes du terrorisme s’attendaient à un nouvel attentatIl faut donc redouter d’autres attentats ?Oui, sans doute.Les échanges de renseignements entre les services ont-ils oui ou non progressé depuis les attentats de janvier ?« la sécurité nationale restant une compétence exclusive des États »Je vous rappelle que l’UE n’a, en fait, pas de compétences dans ce domaine, la sécurité nationale restant une compétence exclusive des États. Toutefois, les échanges entre services sont nombreux et ceux-ci expliquent qu’ils ont répondu à l’appel des chefs d’Etat pour davantage de coopération. Il faut plutôt se demander si, en dehors du cadre institutionnel de l’Union, ces services ne devraient pas structurer davantage leurs échanges.Nous disposons de plateformes d’échange d’informations mais elles doivent être optimisées : les alimente-t-on suffisamment, les utilise-t-on suffisamment ? Non. Il faut que le système d’information Schengen (SIS) reprenne notamment toutes les informations sur les combattants étrangers. La France a fait un effort considérable en ce sens, d’autres doivent l’imiter.On a travaillé depuis deux ans sur le renforcement des contrôles aux frontières extérieures. Mais si, à ces frontières, on travaille avec une base de données insuffisamment nourrie, ou si on ne l’utilise pas suffisamment, les contrôles seront inefficaces et des Abdeslam ou des Abaaoud pourront continuer à faire des allers-retours avec la Syrie.Lire aussi :Abaaoud, Dahmani, Mostefaï, les frères Abdeslam : des terroristes surveillés en vainJe note que le passeport retrouvé au Stade de France n’a vraisemblablement pas été confronté au fichier Interpol des passeports volés, ce qui devrait être systématique. La plateforme d’Europol, aussi, devrait être davantage alimentée.Que pensez de l’idée d’une « CIA européenne », qui refleurit ?En l’état des traités, c’est infaisable, parce que le renseignement est maintenu en dehors du cadre institutionnel de l’Union. Je ne vois donc pas, techniquement, comment faire. Je note toutefois que l’article 73 du traité sur le fonctionnement de l’Union stipule que rien n’empêche les Etats membres de créer entre eux des formes de coopération. Il faut donc que ceux qui proposent une coopération renforcée prennent l’initiative de structurer davantage, en dehors du cadre institutionnel, la coopération entre leurs services. L’enjeu immédiat est d’assurer une alimentation systématique des plateformes d’échange (SIS et Europol notamment) par tous les acteurs de la sécurité intérieure.L’éventuelle présence de djihadistes parmi les nombreux réfugiés arrivant en Grèce représente-t-elle une vraie menace ?Jusqu’ici, j’ai pensé que Daech n’avait pas besoin de recourir à cette technique. L’organisation Etat islamique peut s’appuyer sur suffisamment de citoyens européens radicalisés, capables de se fondre dans la foule et de rester « sous le radar ». Mais peut-être, alors qu’il n’en a pas besoin, l’EI songe-t-il à utiliser cyniquement les canaux de la migration pour instiller le doute et la méfiance à l’égard des demandeurs d’asile. Il nous reste à nous montrer plus systématiques et plus rigoureux dans les contrôles. Et, parallèlement, à protéger Schengen tout en évitant le lien toxique entre réfugiés et terroristes, qui serait une tragédie.Lire aussi :Craintes d’une infiltration des routes migratoires par des djihadistesLe phénomène reste, selon vous, marginal ?Oui, mais même marginal, nous ne pouvons nous le permettre. D’où une mobilisation pour faire en sorte que l’Europe reste une terre d’accueil, tout en se protégeant.On évoque toujours la nécessité d’un fichier européen des données des passagers aériens (PNR). Il semble pourtant qu’il n’aurait pas permis d’éviter les attentats récents…Abdelhamid Abaaoud [l’un des terroristes tués le 18 novembre dans l’assaut du Raid à Saint-Denis] a beaucoup voyagé et, parfois, pris l’avion. A-t-on bien identifié ces vols ? Je n’en suis pas sûr. Je reste convaincu que le PNR est un moyen pour détecter les mouvements suspects, les départs ou les retours.Lire aussi :Ce que les services belges savaient d’Abdelhamid AbaaoudJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Charrel Les marchés n’en attendaient pas moins. Jeudi 3 décembre, à l’issue de la réunion de son conseil des gouverneurs, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé plusieurs actions. Objectif : lutter contre l’inflation faible, qui s’est établie à 0,1 % seulement en novembre, et tenter de réanimer l’économie européenne.Lire aussi :La croissance de la zone euro déçoit au troisième trimestreDans le détail, Mario Draghi, le président de l’institut de Francfort, a dévoilé trois mesures principales : la baisse du taux de dépôt de -0,2 % à -0,3 %, l’extension du programme de rachat de dettes publiques et privées (l’assouplissement quantitatif) de septembre 2016 à mars 2017, voire au-delà si nécessaire, et l’inclusion dans ce programme de nouveaux titres de dettes, à savoir des titres de dettes de collectivités locales et régionales de la zone euro.Certains analystes et investisseurs pariaient sur des mesures plus ambitieuses encore. Il faut dire que ces dernières semaines, M. Draghi, en promettant d’agir massivement, avait fait grimper les attentes au-delà du raisonnable…Lire aussi :Taux & Changes : Relancer l’inflation, oui, mais laquelle ?Pourquoi la BCE veut-elle allonger son programme d’assouplissement quantitatif ?Lancé en mars, ce programme parfois qualifié de « bazooka monétaire » (en anglais, on parle de « quantitative easing », ou « QE ») consiste en des rachats de dettes publiques et privées sur les marchés, à hauteur de 60 milliards d’euros par mois. Pour ce, la BCE crée de la nouvelle monnaie qu’elle injecte dans le système financier : c’est la version moderne de la « planche à billets ».Son objectif est triple. D’abord, le QE permet de maintenir les taux d’intérêt auxquels s’endettent les Etats de la zone euro à des niveaux très bas. De quoi les aider à assurer la stabilité de leurs finances publiques, même si certains économistes jugent que, du coup, les gouvernements ont moins de pression pour mettre en place les réformes permettant de réduire durablement leur dette… Reste qu’en se diffusant dans le reste de l’économie, la baisse des taux permet également aux PME et aux ménages d’accéder à des crédits bancaires moins chers.Autre objectif : en achetant des obligations souveraines, la BCE espère pousser les investisseurs en quête de rendement vers des titres jugés plus risqués mais aussi plus favorables au financement de l’économie. Comme, par exemple, les obligations d’entreprises.Enfin, le QE vise également – c’est un objectif officieux de la BCE – à faire baisser l’euro face au dollar. En injectant des nouvelles liquidités, l’institution augmente en effet la quantité de monnaie en circulation, ce qui fait automatiquement baisser le cours de la monnaie unique face aux autres devises. Et cela fonctionne : depuis que la BCE a commencé à évoquer le QE, à l’été 2014, l’euro a déjà perdu 23 % face au billet vert.Or, lorsque l’euro baisse, le prix des produits importés augmente, ce qui contribue à relancer l’inflation : c’est justement l’objectif de la BCE. Voilà pourquoi elle a décidé d’allonger son QE jusqu’à mars 2017, voire au-delà si nécessaire, contre septembre 2016, comme initialement prévu.Que cherche la BCE en rachetant des dettes des collectivités locales et régionales ?Jusqu’ici, la BCE rachetait essentiellement des obligations d’Etats, ainsi que certaines obligations privées, de façon plus marginale. A cette liste s’ajouteront désormais des titres d’emprunt de collectivités locales et régionales de la zone euro. Pourquoi une telle mesure ? Principalement pour regagner un peu de marges de manœuvre. La BCE rachète aujourd’hui une grande partie de la dette nouvellement émise par les Etats, laissant parfois craindre une pénurie de ces titres.Certains analystes soulignent néanmoins que le rachat d’obligations des collectivités locales n’est pas sans risques, certaines n’étaient en effet pas des parangons de la vertu budgétaire…Quel est l’objectif de la nouvelle baisse du taux de dépôt ?C’est probablement l’outil monétaire le plus difficile à comprendre. Le taux de dépôt rémunère les liquidités à court terme que les banques laissent dans les coffres de la BCE. Instaurer un taux de dépôt négatif (la BCE l’a baissé à -0,10 % en juin 2014 puis à -0,20 % en janvier) revient donc à les faire payer pour ces liquidités dormantes. Objectif ? Le plus souvent, on avance qu’une telle mesure est censée encourager les banques à augmenter leurs prêts aux ménages et aux entreprises.Pour savoir si cela fonctionne, il suffit de se pencher sur le cas des pays qui l’ont déjà appliquée. Comme la Suède, qui a passé son taux de dépôt à -0,25 % entre juillet 2009 et septembre 2010. L’effet sur les prêts a été peu concluant, jugent les économistes.De fait, l’objectif du taux de dépôt négatif est moins de relancer le crédit que d’agir sur le cours de la monnaie. En rendant les dépôts moins attractifs, le taux négatif décourage les investisseurs à placer leurs fonds dans le pays concerné. Ce qui fait baisser le cours de la devise en question.En réduisant encore son taux de dépôt à -0,30 %, la BCE cherche donc surtout à tirer l’euro vers le bas face au dollar. Là encore, dans l’espoir que cela relance l’inflation…Quelle peut être l’efficacité de ces nouvelles mesures ? Ces nouvelles armes permettront-elles de dynamiser la croissance et l’inflation ? Les économistes sont divisés. Pour certains, l’activisme de Mario Draghi porte déjà ses fruits, même s’ils sont encore timides. « Le crédit bancaire au secteur privé accélère, les indicateurs macroéconomiques passent peu à peu dans le vert, l’inflation sous-jacente, celle qui exclut notamment les prix de l’énergie, se ressaisit, constate ainsi Frederik Ducrozet, économiste chez Pictet Wealth Management. De plus, il ne faut pas oublier que le QE a seulement été lancé en mars dernier. Or, il faut au moins un an avant que ses effets sur l’économie ne se mesurent vraiment. »Patrick Artus, chef économiste de Natixis, se montre bien plus dubitatif. « La politique monétaire n’a quasiment plus d’effet sur l’inflation, en répétant qu’il fera tout pour la relancer aussi vite que possible, Mario Draghi prend de grands risques », explique-t-il. A commencer par celui de perdre sa crédibilité s’il échoue.Les causes de l’inflation faible échappent en effet en partie à son rayon d’action. A l’exemple de la chute des cours des matières premières, bien sûr, mais aussi de l’atonie des salaires, plombés par le taux de chômage élevé (10,7 % de la population active dans la zone euro). Ou encore de la concurrence des pays à bas coût.Lire aussi :Pourquoi la BCE peine à relancer l’économie européenneMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.12.2015 à 15h10 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Députée européenne, présidente de la délégation socialiste française au Parlement européen, Pervenche Berès dit craindre une éventuelle sortie du Royaume-Uni de l’Union, en cas d’échec des négociations amorcées avec Londres. Soulignant que la lettre adressée, début novembre, par le premier ministre britannique, David Cameron, à Donald Tusk, le président du Conseil européen, « est plus ouverte que prévu », elle dit craindre une éventuelle sortie du Royaume-Uni de l’Union, en cas d’échec des négociations amorcées avec Londres. « Le Brexit ne garantit nullement la solidité de l’axe franco-allemand et une rupture avec les Britanniques affaiblirait et déstabiliserait l’Union », assure-t-elle.En 2016, les électeurs britanniques pourraient voter en faveur du « Brexit » (sortie de l’Union européenne). Cette perspective vous inquiète-t-elle ?C’est une menace non seulement pour le Royaume-Uni mais pour l’Union européenne [UE] tout entière. Le Brexit aurait des conséquences bien plus graves qu’une hypothétique sortie de la Grèce de la zone euro. David Cameron, parce qu’il se heurte aux eurosceptiques du parti conservateur, a embarqué son pays et l’Union européenne, elle-même, dans cette aventure risquée. La boîte de Pandore des demandes de renégociation de chaque Etat pourrait s’ouvrir au moment même où la nécessité est de renforcer les coopérations et l’UE.Lire aussi :Brexit : Cameron joue son va-tout à BruxellesEstimez-vous sérieux le risque de sortie du Royaume-Uni ?La presse Murdoch [les tabloïds] met depuis vingt ans ce pays sous intraveineuse antieuropéenne. Quant à M. Cameron, il attend le résultat des négociations [avec les autres pays européens] pour indiquer clairement son choix et ne peut pas faire campagne pour l’instant. Il a perdu beaucoup de temps parce qu’il voulait que les autres pays lui disent ce qu’ils étaient prêts à lui concéder, autrement dit que l’on fasse son travail à sa place. Pendant ce temps-là, le camp du « non à l’Europe » martèle son message car il n’attend rien des négociations. Dans ce contexte, une dynamique proeuropéennes est difficile à installer.Dans la phase actuelle de négociation, chacun prend une posture, en particulier M. Cameron qui veut montrer à ses électeurs qu’il se bat. Un compromis est-il possible ?M. Cameron doit probablement mimer la bagarre, mais la lettre qu’il a adressée début novembre à Donald Tusk, le président du Conseil européen, est plus ouverte que prévu. La solidarité que M. Cameron a manifestée avec la France et le vote au Parlement britannique qu’il a obtenu en faveur de frappes en Syrie, sont de bonnes nouvelles. La valeur ajoutée du Royaume-Uni est notamment là : dans les domaines diplomatique et militaire. Mais attention, si chacun tire trop sur la corde, tout le monde tombera dans la fosse !L’une des quatre demandes de David Cameron concerne la protection du Royaume-Uni contre les décisions de la zone euro. Pensez-vous qu’elles doivent être satisfaites ?Il ne faudrait pas oublier que le Royaume-Uni est, après l’Allemagne, le pays qui a le plus profité de la création de la zone euro car la City s’est imposée comme sa place financière, de fait. Les Britanniques voudraient un droit de regard permanent sur l’Union économique et monétaire [UEM], dont ils ne sont pas membres. Or celle-ci, dont l’euro est la poutre faîtière, ne peut pas être prise en otage.Lire aussi :Le patron de la City dénonce les risques d’un « Brexit »Le premier ministre réclame aussi la suspension des prestations sociales pendant quatre années pour les nouveaux migrants intra-européens. Est-ce acceptable ?Il s’agit d’un problème lié au système social britannique qui n’exige pas de cotiser pour bénéficier de prestations. Il est monté en épingle parce que M. Cameron veut donner l’impression qu’il répond aux inquiétudes liées à l’immigration. Dans ce domaine, le modèle communautariste britannique est aussi bousculé que le modèle français d’intégration républicaine. Mais modifier le droit communautaire et remettre en cause la libre circulation des personnes n’est sûrement pas la bonne réponse.Beaucoup de Français estiment que le départ des Britanniques renforcerait l’Union européenne. Qu’en pensez-vous ?Il s’agit d’une illusion. Ce n’est pas eux qui nous empêchent d’avancer et ils ont beaucoup à nous apporter quand il s’agit de défendre les libertés individuelles ou pour lutter contre le terrorisme. Le Brexit ne garantit nullement la solidité de l’axe franco-allemand et une rupture avec les Britanniques affaiblirait et déstabiliserait l’Union. Il faut l’éviter, mais pas à n’importe quel prix.Le débat Britannique ne risque-t-il pas d’alimenter la rhétorique antieuropéenne de l’extrême droite française ?François Hollande n’échappera pas à la question européenne en 2017 car le Front national lui imposera. La gauche a intérêt à être à l’initiative dans ce domaine. Nous sommes à un moment où les Européens convaincus comme moi constatent que la méthode des petits pas non seulement ne marche plus, mais est contre-productive. Regardez Schengen et la situation de crise qu’il a fallu pour mettre en œuvre une réelle politique de contrôle des frontières extérieures. Il faut donc profiter des demandes de clarification britanniques et des appels à la solidarité de l’Allemagne dans la crise migratoire pour mettre d’autres cartes sur la table en matière de politique d’immigration et d’union monétaire et bancaire.Quel doit être selon vous le message de Paris dans les négociations avec Londres ?La France doit dire ce qu’elle veut pour l’Europe. Nous ne devons pas raser les murs pour « sauver le soldat Cameron ». Passer nos exigences sous silence serait la pire des choses. Pour nous aussi, c’est le moment de passer à l’offensive pour clarifier notre projet européen.Lire aussi :« Brexit » : Cameron serait prêt à une concession majeure face à BruxellesPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) C’est officiel : les eurodéputés se sont prononcés en majorité, 354 votes pour et 229 contre, jeudi 17 décembre à Strasbourg, pour le lancement d’une commission d’enquête parlementaire sur le scandale des voitures Volkswagen.L’initiative conjointe des Verts et des sociaux-démocrates, rejoints par les libéraux et l’extrême gauche, a finalement été soutenue par les élus du parti majoritaire (les conservateurs) dans l’hémicycle européen.Cette commission d’enquête aura un mandat très large : établir les responsabilités des institutions et des pays européens mais aussi des constructeurs automobiles après l’éclatement du scandale Volkswagen au début de l’automne. Qu’aurait dû faire la Commission européenne qu’elle n’aurait pas fait, elle qui a en charge la fixation des protocoles de tests d’émissions de gaz polluants pour les voitures neuves ?Ces tests, pratiqués en laboratoire depuis des dizaines d’années, n’étaient pas du tout efficaces pour mesurer les émissions réelles d’oxydes d’azote (NOx), mais Bruxelles ne s’est mise au travail pour en définir de nouveaux, plus efficaces, qu’en 2011. Et ils viennent seulement d’être validés par les 28 Etats membres de l’Union.Des pouvoirs élargisLes élus se pencheront aussi sur l’action des autorités nationales d’homologation des voitures neuves, dont l’indépendance vis-à-vis des constructeurs a été questionnée. Et sur le comportement des industriels : Volkswagen était-il le seul à avoir utilisé ces petits logiciels truqueurs, modifiant les émissions de gaz polluants au moment des tests ?La commission d’enquête sera dotée de pouvoirs et de moyens élargis. Une grosse quarantaine d’eurodéputés, un secrétariat, un budget pour faire travailler des consultants, des juristes, etc. Et le droit de convoquer des responsables – ces derniers n’auraient pas la possibilité de décliner – à des auditions ou de réclamer des documents.Elle aura plus de pouvoir que la « commission spéciale taxe », lancée en février après le scandale Luxleaks, pour enquêter sur l’évasion et la fraude fiscale en Europe, qui ne peut, elle, exiger des auditions ou des documents. Celle-ci a également dû insister des mois avant d’obtenir qu’une grosse dizaine de multinationales (Facebook, Google, Amazon, etc.) viennent s’expliquer au Parlement européen. Et n’a eu qu’un accès très partiel à des documents confidentiels de la Commission européenne.« La Commission est tout à fait prête à travailler avec la nouvelle commission d’enquête. Les logiciels truqueurs sont interdits dans la législation européenne. Les Etats membres ont l’obligation de la faire respecter. Pour notre part, nous avons pris des décisions importantes pour introduire de nouveaux tests, les plus solides et les plus fiables du monde à ce jour. Et en début d’année prochaine, nous ferons des propositions pour améliorer le système de mise sur le marché des voitures dans son ensemble ».Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) C’est le dernier rendez-vous de 2015 à vingt-huit, le treizième depuis l’entrée en fonction du président du Conseil Donald Tusk… Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne se retrouvent pour deux jours à Bruxelles avec un menu copieux, mais qui se résume, pour une bonne part, à des « bilans » ou à des « évaluations ».Migration, Union de l’énergie, Union économique et monétaire, « Brexit »… A priori, aucune décision d’importance n’est attendue et le seul moment clé sera sans doute le « dîner-débat » entre le premier ministre britannique, David Cameron, et ses pairs. Ils doivent, en principe, s’entendre sur la marche à suivre pour aboutir à un accord sur « de nouvelles relations » entre le Royaume-Uni et l’Union, lors du prochain Conseil européen, en février 2016.Tous les conseils réservent cependant des surprises, et celui de jeudi et vendredi ne devrait pas faire exception.Un minisommet presque aussi important que le Conseil lui-mêmeLe Conseil devait être précédé, jeudi en fin de matinée, d’un « minisommet » sur la migration, à l’initiative de l’Allemagne et de la Commission européenne. C’est le deuxième du genre après celui organisé en marge du sommet UE-Turquie le 29 novembre. Jeudi, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, voulait inviter « le plus de monde possible » pour discuter d’une nouvelle solution à la crise des migrants : la réinstallation de réfugiés, sélectionnés directement en Turquie. « Cinquante mille », a suggéré le Luxembourg, qui exerce la présidence semestrielle de l’Union. La Commission a mis une proposition sur la table : les Etats peuvent participer de manière volontaire, aucun « quota » ne sera officiellement annoncé.Neuf pays membres seulement ont répondu à l’appel : l’Allemagne, qui pousse très fort pour cette solution ; l’Autriche ; la Suède, qui ne veut plus participer au schéma de relocalisation chez elle de vingt-deux mille réfugiés passés par l’Italie ou par la Grèce ; les Pays-Bas ; la Belgique ; le Luxembourg ; la Grèce ; le Portugal ; la Slovénie ; et la Turquie (hors UE). Le premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, sera présent. La France sera finalement représentée non pas par François Hollande mais par le ministre aux affaires européennes, Harlem Désir, le président ayant un « problème d’agenda ». Le chef de l’Etat devait se rendre à Neuville-Saint-Vaast, dans le Pas-de-Calais, pour y inaugurer le Monument des fraternisations érigé dans la commune.« Cette réunion sur la migration est plus importante que le Conseil lui-même, juge un diplomate. Ceux qui y participent veulent pouvoir annoncer des choses à leur opinion publique avant Noël. » Elle sera surtout l’occasion pour les Belges ou les Néerlandais de faire le point avec la Turquie : tiendra-t-elle ses promesses et réduira-t-elle les flux de migrants ? Selon des informations communiquées par le Conseil européen, jeudi matin, quatre mille migrants arrivent encore chaque jour en Europe en décembre.Dans les pays d’Europe centrale, on s’inquiétait de ce rendez-vous qui pourrait préfigurer une Europe à deux vitesses : ceux qui acceptent les réfugiés et qui restent dans une zone Schengen de libre circulation et les autres.Lire aussi :Crise migratoire : un accord minimal entre l’UE et la TurquieMigration : un bilan d’étape Mardi 15 décembre, la Commission a publié un premier bilan des solutions adoptées à vingt-huit pour tenter de résoudre la crise des migrants. Très décevant. La relocalisation de cent soixante mille réfugiés arrivés en Grèce et en Italie démarre très lentement. A ce jour, seuls… soixante-quatre réfugiés ont été relocalisés. Alors que la Grèce a enregistré plus de sept cent cinquante mille arrivées depuis janvier, selon des sources gouvernementales à Athènes. Environ trois mille places sont immédiatement disponibles dans différents pays, mais elles sont inoccupées faute de demandes de réfugiés, auxquels les passeurs ont conseillé de ne pas s’enregistrer s’ils veulent se rendre en Allemagne, notamment.Quant aux « hot spots », éléments clés du dispositif anticrise, censés trier les demandeurs d’asile et les migrants économiques, deux seulement sont opérationnels : un à Lesbos, en Grèce, et l’autre à Lampedusa, en Italie.La politique de retour, décrite comme un autre élement clé du dispositif européen s’en trouve, du même coup, handicapée. La révision du code Schengen, afin de permettre des contrôles systématiques aux frontières extérieures, n’est pas prête. Pas plus qu’une éventuelle réforme des accords de Dublin, qui prévoient que la demande d’asile doit être effectuée dans le pays d’arrivée.La proposition de la Commission la semaine dernière de créer un corps de gardes-frontières européens susceptible d’être déployé en cas de crise grave et de se substituer aux services d’un Etat défaillant ou en difficulté ne fera l’objet que d’une première discussion. « Impossible d’évaluer à temps un document de cent cinquante pages », affirment les services de M. Tusk. Une atteinte éventuelle au principe de souveraineté nationale pose de gros problèmes à diverses délégations. Des pays, telle la France, qui soutiennent le principe d’un corps européen, s’interrogent cependant sur le processus décisionnel qui devrait conduire au déploiement. Le dossier est renvoyé à plus tard.Lire aussi :A Munich, la désillusion des migrants économiquesUnion de l’énergie et sanctions russesCe dossier, encore assez nébuleux, serait resté au second plan si le premier ministre italien, Matteo Renzi, n’avait focalisé sa mauvaise humeur sur lui. Excédé par ce qu’il estime être le traitement indigne réservé à son pays dans divers domaines, le chef du gouvernement proteste de manière véhémente contre des projets liés à l’acheminement du gaz russe. Le projet South Stream, qui devait relier la Russie à l’Italie via la mer Noire, a été abandonné au profit de North Stream, qui intéresse prioritairement l’Allemagne.M. Renzi a feint, parallèlement, de réclamer une discussion sur le renouvellement des sanctions contre la Russie, pourtant approuvé dans un premier temps par son pays. La décision de les prolonger jusqu’en juin 2016 sera finalement entérinée vendredi après-midi, avec l’espoir d’une application rapide de l’intégralité des accords de Minsk sur l’Ukraine, ce qui pourrait entraîner la levée des sanctions.Lire aussi :Gazoduc South Stream : pourquoi la Russie a décidé de jeter l’éponge« Brexit » : Cameron veut une « discussion franche » avec ses partenaires Alors que les négociations avec ses partenaires européens patinent, David Cameron entend en appeler directement à la responsabilité politique des vingt-sept autres chefs d’Etat et de gouvernement réunis pour un Conseil européen. Si un accord n’est pas trouvé, devrait-il argumenter en substance, le « Brexit » (British Exit ou « sortie du Royaume-Uni ») ne pourra pas être évité à l’occasion du référendum sur la question promis par Londres d’ici à la fin 2017. M. Cameron souhaite « susciter un élan politique » lors du dîner organisé entre les deux jours du sommet, résumait mercredi une porte-parole de Downing Street. Il n’attend pas un accord sur un texte mais « un signal » de la part des dirigeants européens de leur « volonté de travailler avec le Royaume-Uni pour réparer l’UE ». Le premier ministre, poussé par les eurosceptiques de son propre parti, qui raillent la faiblesse de ses exigences, veut mettre en scène sa bataille avec Bruxelles.L’objectif de Londres est d’obtenir un consensus politique pour engager dans la foulée les négociations qui permettraient de parvenir à un accord lors du prochain sommet européen, les 18 et 19 février.Lire aussi :Brexit : Cameron joue son va-tout à BruxellesUnion économique et monétaireCe sujet est inscrit à l’agenda, mais personne ne se fait d’illusion : les dirigeants européens devraient passer très vite à autre chose. Depuis que la crise grecque a été résolue, cet été — momentanément selon certains —, la nécessité de travailler à une Union économique et monétaire plus intégrée est passée au second plan. Seul enjeu ? L’Union bancaire. La Commission et un grand nombre de pays membres veulent discuter de la mise en place d’une garantie européenne pour les dépôts bancaires de particuliers, conçue comme la dernière « brique » du dispositif instauré pendant la crise. Elle vise à mieux surveiller les banques et à gérer leur éventuelle faillite. Seule l’Allemagne est, pour l’instant, réticente sur le principe.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Salah Abdeslam, complice en fuite des attentats du 13 novembre à Paris, a sans doute échappé à la police belge trois jours après les faits en raison d’une application trop sourcilleuse des dispositions légales sur les perquisitions, interdites entre 21 heures et 5 heures dans le royaume.Plus étonnant – et plus grave – encore : le suspect en fuite a peut-être pu échapper à la surveillance policière exercée sur un immeuble de Molenbeek grâce à la complicité d’un de ses amis, Lazez Abraimi. Ce brocanteur, appréhendé le 19 novembre à Jette, aurait caché Abdeslam dans sa fourgonnette, ou dans un meuble, en simulant un déménagement dans le quartier. L’intéressé, actuellement en détention préventive, dément toute implication.« On nage en plein surréalisme ! », s’est exclamé, mercredi 16 décembre, le présentateur du journal télévisé de la RTBF après les révélations d’une journaliste de la chaîne. Selon elle, les forces spéciales de la police fédérale avaient bien localisé le suspect, sur la foi de renseignements obtenus par la Sûreté de l’Etat. Et elles ont, après coup, détecté des traces de son passage dans la maison située au 47 de la rue Delaunoy, dans cette zone dite « sensible » de la capitale belge, d’où plusieurs habitants sont partis vers la Syrie. Parmi eux, deux des occupants de la maison où aurait séjourné Abdeslam.Lire aussi :Un mois après les attentats du 13 novembre, où en est l’enquête ?« Extrapolation »C’est, étrangement, le ministre de la justice, Koen Geens, qui a fait les premières révélations sur ce qui semble être une bévue de grande taille. Interrogé par la chaîne VTM pour un reportage diffusé mercredi soir, M. Geens a évoqué le « gros handicap » qu’avait représenté, pour la police, l’interdiction d’effectuer une perquisition durant la nuit. « Je pense que le bureau du parquet fédéral voulait intervenir pendant la nuit ; 5 heures du matin, c’était trop tard », a commenté le ministre, qui a proposé une révision de la loi.Ces propos ont semé la confusion. Dans la journée de mercredi, le parquet fédéral a qualifié d’« extrapolation », le fait d’affirmer que le suspect aurait pu fuir en raison de l’interdiction des perquisitions nocturnes. Le ministre, lui, confirmait ses propos à la RTBF en indiquant que « les heures à respecter ne nous ont pas aidés à retrouver Abdeslam à ce moment ».Dans la soirée, des sources gouvernementales tentaient de minimiser en indiquant que M. Geens ne faisait, en réalité, que confirmer une information connue : Abdeslam était probablement parvenu à fuir après que sa trace fut perdue, samedi 14 novembre à 14 heures, alors qu’il se trouvait à Schaerbeek, une autre municipalité bruxelloise.Lire aussi :La Belgique s’interroge sur les failles du renseignementDes dérogations à la loi possibles« La Belgique encore ridicule », titraient, jeudi matin, les quotidiens de Sud Presse, évoquant « le devoir politique et moral » du premier ministre Charles Michel, contraint, selon l’éditorialiste, de fournir rapidement des informations au Parlement et de congédier son ministre de la justice. « La vraie information, c’est que la police a peut-être laissé filer Abdeslam une deuxième fois », écrivait Le Soir.Une allusion à la déclaration d’un autre ministre, Jan Jambon, dans le même reportage de VTM. Selon le responsable de la sécurité et de l’intérieur, il s’en est fallu d’« un quart d’heure » au soir du 13 novembre pour que la gendarmerie française arrête Abdeslam, à son retour de Paris : les autorités belges n’ont signalé le terroriste que 15 minutes après le dernier contrôle du suspect en France. Or, rappellent certaines sources, Salah Abdeslam devait en principe figurer dans une liste de 80 personnes fichées depuis le mois de juin.La polémique sera alimentée par d’autres éléments. Divers juristes confirment, en effet, que des dérogations à la loi sur les perquisitions existent, en cas de menaces graves pour les personnes notamment. La seule présence d’un juge d’instruction sur place aurait permis un assaut policier.Autre motif d’étonnement : l’intervention n’a pas eu lieu à 5 heures du matin, mais à 10 heures. Les policiers craignaient pour la sécurité des autres habitants, dans ce quartier qui compte notamment plusieurs écoles. Ils redoutaient une éventuelle riposte armée d’Abdeslam. La ceinture d’explosifs qu’il portait à Paris n’avait pas encore été retrouvée – elle l’a été le 23 novembre à Montrouge.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.12.2015 à 08h28 • Mis à jour le17.12.2015 à 11h24 | Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Mariano Rajoy s’offrait un bain de foule à Pontevedra, la ville de Galice où il a commencé sa carrière politique il y a trente-quatre ans, mercredi 16 décembre, quand un jeune homme s’est approché de lui, apparemment pour demander un selfie au président du gouvernement espagnol. Soudain, le mineur de 17 ans assène un violent coup de poing au visage du chef de file du Parti populaire (PP, droite), lui fait perdre l’équilibre, et envoie dans les airs ses lunettes qui se brisent sur le sol. Rapidement maîtrisé par les forces de sécurité, le jeune homme, supporteur du club de football local, qui se présente comme antifasciste sur Twitter, est arrêté par la police. Il clame qu’il est « très content de l’avoir fait ».Lorsqu’il sort du lieu de l’agression pour être conduit au commissariat, quelques passants l’applaudissent. Mariano Rajoy, la joue tuméfiée, rougie par le coup, rassure rapidement la presse. « Je vais parfaitement bien. Aucun problème », dit-il avant de rejoindre la caravane du PP et poursuivre la campagne à La Corogne pour un grand meeting où il reçoit une standing ovation.VÍDEO: Primeras palabras de Mariano Rajoy tras la agresión https://t.co/f7ANc2JdQJ https://t.co/VjBly690DS— el_pais (@EL PAÍS)require(["twitter/widgets"]);A trois jours des élections législatives, qui se tiendront le 20 décembre, lors desquelles Mariano Rajoy est candidat à sa réélection, cette agression a été unanimement condamnée par les partis politiques.Des enjeux « historiques »Le secrétaire général du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Pedro Sanchez, a interrompu brièvement un meeting pour informer le public de l’agression et envoyé, « au nom des socialistes et en mon nom, ma solidarité. Nous condamnons l’agression ». Le jeune parti de la gauche alternative Podemos a indiqué sur Twitter que « la violence n’a pas sa place dans une démocratie » et Pablo Iglesias, son chef de file, a envoyé un message personnel à Mariano Rajoy pour demander de ses nouvelles, tout comme Albert Rivera, le chef de file du parti centriste Ciudadanos.Après la violence verbale inédite du débat qui a opposé Mariano Rajoy et Pedro Sanchez, lundi 14 décembre, autour du sujet de la corruption au sein du PP, ce coup de poing s’inscrit dans une campagne politique certes tendue, mais jusqu’à présent sans incident notable.Les enjeux sont « historiques », ne cessent de répéter les deux jeunes partis, Ciudadanos et Podemos, qui espèrent créer la surprise en ravissant la deuxième position sur l’échiquier politique aux socialistes, derrière le PP.L’impopularité de M. RajoyMariano Rajoy, du fait des scandales de corruption qui touchent le PP, mais aussi des mesures de rigueur impopulaires qu’il a prises durant la crise (coupes budgétaires dans les services publics, hausse des impôts, réforme du travail…), est le chef de parti ayant la cote de popularité la plus basse : 3,3 sur 10 selon le dernier sondage du Centre de recherches sociologiques (CIS).Le discours de la reprise économique, au centre de la campagne du PP, ne semble pas convaincre les Espagnols, qui souffrent encore d’un taux de chômage de 21,2 % des actifs. Bien que favori des sondages, le PP pourrait perdre 15 points par rapport aux élections de 2011 et ne récolter que 27 % des suffrages. Beaucoup en Espagne l’accusent d’avoir affaibli les services publics, réduit la protection sociale, secouru les banques plutôt que les gens, ou attaqué les libertés publiques… Lire aussi :Législatives : vers la fin du bipartisme en Espagne ?Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.12.2015 à 06h46 • Mis à jour le17.12.2015 à 18h14 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) David Cameron a décrit ses négociations avec l’Union européenne comme « un avion qu’[il] essaie de faire atterrir », dans une interview publiée le 12 décembre par l’hebdomadaire conservateur The Spectator. Jeudi 17 décembre au soir, à Bruxelles, le premier ministre britannique va tenter une manœuvre d’approche décisive. Alors que les exigences qu’il a formulées pour faire campagne en faveur du maintien du Royaume-Uni dans l’UE se heurtent aux réserves, voire à l’opposition de ses partenaires, il va en appeler directement à la responsabilité politique des 27 autres chefs d’Etat et de gouvernement réunis pour un Conseil européen.Si nous ne trouvons pas un accord, doit-il argumenter en substance, le Brexit (British exit ou sortie du Royaume-Uni) ne pourra pas être évité. M. Cameron souhaite « susciter un élan politique » lors du dîner organisé entre les deux jours du sommet, résumait mercredi une porte-parole de Downing Street. Il n’attend pas un accord sur un texte mais « un signal » de la part des leaders européens sur leur « volonté de travailler avec le Royaume-Uni pour réparer l’UE ». Le premier ministre, poussé par les eurosceptiques de son propre parti qui raillent la faiblesse de ses exigences, veut mettre en scène sa bataille avec Bruxelles.« Le premier ministre ferait aussi bien de rester chez lui et de prendre du repos, étant donné qu’il ne demande rien de ce que les Britanniques veulent vraiment », a raillé Brian Monteith, un responsable de la campagne Leave. EU qui prône le vote « out » (sortie).Les enjeux apparaissent extrêmement lourds pour M. Cameron qui joue son avenir politique, pour le Royaume-Uni mais aussi pour l’Union européenne dont l’équilibre serait remis en cause par un Brexit. Ces enjeux sont « si élevés que nous ne pouvons échapper à un débat sérieux et sans tabou », a admis Donald Tusk, le président du conseil européen.Les quatre champs de réformeL’objectif de Londres est d’obtenir un feu vert politique pour engager dans la foulée les négociations qui permettront de parvenir à un accord lors du prochain sommet européen, les 18 et 19 février 2016. Car le temps presse pour M. Cameron. Faute d’un accord en février sur les « réformes substantielles » qu’il veut vendre aux électeurs, le référendum sur le maintien (« in ») ou la sortie (« out ») de l’Union, qu’il a promis, ne pourra pas avoir lieu comme il souhaite avant l’été 2016. Or le débat sur le Brexit, qui domine l’agenda politique au Royaume-Uni et maintient un climat d’incertitude sur l’économie, risque de s’envenimer s’il traîne en longueur.Déjà, près d’un électeur britannique sur deux est tenté par le vote « out ». Une moyenne des six derniers sondages d’opinion donne le « in » à 51 % seulement. La crise des migrants et les attentats de Paris ont joué en faveur des partisans d’une rupture avec l’UE. Et la situation actuelle, où le premier ministre fait dépendre son propre choix du résultat de la négociation avec Bruxelles, laisse le champ libre aux militants pro-Brexit, largement financés et qui trouvent peu de contradicteurs dans la presse.La question des relations entre Londres et l’Europe n’est pas la principale à être inscrite à l’ordre du jour du sommet des 17 et 18 décembre consacré à la crise des migrants et à la lutte contre le terrorisme. Mais pour M. Cameron, qui a été réélu en mai en promettant un référendum, rentrer bredouille à Londres n’est pas une option. Le 10 novembre, après plusieurs mois où il a attendu en vain que l’initiative vienne de ses partenaires, le premier ministre a formalisé, dans une lettre adressée à Donald Tusk, les quatre champs de réforme qu’il souhaite faire aboutir pour accepter de faire campagne pour le « in ».Deux d’entre elles, largement symboliques, ne semblent pas poser de problèmes insurmontables : la mise en avant de la compétitivité de l’Union par l’achèvement du marché unique et l’acceptation de nouvelles garanties de souveraineté. Les Britanniques souhaitent un pouvoir accru des parlements pour contrôler les décisions de Bruxelles ; ils veulent aussi être exemptés de l’engagement de construire « une union toujours plus étroite », considérant que cette clause du traité de Rome engage à marche forcée une intégration politique qu’ils refusent. La troisième est nettement plus difficile à réaliser : il s’agit de trouver des mécanismes pour protéger les Britanniques (et en particulier la City) contre les décisions des pays de la zone euro dont ils ne font pas partie.Un « frein de secours »Mais la quatrième, qui concerne l’immigration, apparaît à la fois comme la plus sensible politiquement pour M. Cameron, et celle qui suscite le plus de réserve, voire d’opposition chez ses partenaires. Le premier ministre veut supprimer le versement des aides sociales pendant les quatre premières années du séjour au Royaume-Uni des étrangers intra-européens. La mesure met en cause à la fois le principe de libre circulation des travailleurs dans l’Union et celui de non-discrimination entre ses ressortissants.Lors d’un passage en Pologne, pays dont plus de 850 000 ressortissants vivent au Royaume-Uni, M. Cameron a eu, le 10 décembre, un avant-goût des objections qui l’attendent. La première ministre Beata Szydlo a qualifié d’« inacceptable » son projet.A Londres même, un expert britannique de haut rang, Sir Stephen Nickell a expliqué publiquement que réduire les avantages sociaux n’aurait guère d’effet sur les flux d’immigration européenne. Mais M. Cameron, qui ne parvient pas à réaliser son imprudente promesse de réduire à moins de 100 000 par an le nombre des entrées d’étrangers, veut afficher une mesure forte. « Le Premier ministre veut répondre aux inquiétudes des Britanniques », a assuré mercredi Downing Street.Pour contourner les obstacles, plusieurs propositions sont à l’étude. L’une consisterait à priver aussi d’allocations pendant quatre ans les Britanniques expatriés rentrant au pays, voire tous les jeunes Britanniques entrant sur le marché du travail et n’ayant pas encore contribué au système. Mais il parait politiquement difficile de plaider pour le maintien dans l’UE si celui-ci se paie par un tel recul social. Une autre piste consisterait à permettre à Londres d’actionner un « frein de secours » en réduisant l’arrivée d’Européens sur la base d’une « situation exceptionnelle » de surcharge des services publics. Mais cette solution ne saurait être permanente et resterait contrôlée par Bruxelles.Holà d’Angela MerkelEn réalité, la mesure drastique demandée par Londres exige un changement des traités constitutifs de l’Union. David Cameron sait que c’est impossible dans l’immédiat. Mais il souhaite obtenir un accord prévoyant une modification conforme à ses vœux dès la prochaine révision des traités, après les élections françaises et allemandes de 2017. Le premier ministre souhaite une « réforme juridiquement contraignante », a répété mercredi sa porte-parole. A la fin novembre, M. Cameron semble avoir tenté de forcer la main de M. Tusk pour obtenir que la perspective d’un changement de traité soit mentionnée dans un communiqué officiel de l’UE. Mais Angela Merkel y a mis le holà en exigeant qu’une discussion collective ait lieu. Un tel « débat de fond », voulu par Londres, devrait avoir lieu ce jeudi.Mais son résultat est incertain. Même si les partenaires du Royaume-Uni sont prêts à des concessions pour éviter le divorce et la nouvelle crise qu’il provoquerait, ils ont tendance à penser que c’est à M. Cameron de proposer des solutions aux problèmes qu’il pose. Or le premier ministre semble si sûr de sa position qu’il demande à ses partenaires de lui suggérer des portes de sortie. « Pour l’instant, aucune contre-proposition n’a été mise sur la table », s’est étonnée mercredi sa porte-parole. Il est donc possible que l’avion de M. Cameron effectue encore quelques tours dans les airs avant de trouver la piste d’atterrissage.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.12.2015 à 20h16 • Mis à jour le16.12.2015 à 20h52 C’est une décision qui mécontente aussi bien les défenseurs de l’environnement que l’opposition. Les députés britanniques ont approuvé à une courte majorité – 298 voix pour, 261 contre –, mercredi 16 décembre, la fracturation hydraulique dans des parcs nationaux, à l’issue d’un vote sans débat. Ils rendent ainsi possible l’extraction du gaz de schiste dans ces parcs ainsi que dans certains sites classés pour la beauté de leurs paysages ou leur histoire, à condition qu’elle intervienne à une profondeur supérieure à 1 200 mètres et que la foreuse soit installée à l’extérieur du site.L’opposition et des organisations écologiques ont aussitôt dénoncé la volte-face du gouvernement conservateur de David Cameron, qui avait accepté en janvier d’interdire totalement la fracturation hydraulique dans les parcs nationaux et les zones protégées. Elles dénoncent également le fait que le gouvernement a opté pour une procédure de vote rapide et sans débat devant le Parlement.Lire aussi :Le Royaume-Uni veut débloquer l’exploitation du gaz de schiste« Une obscure procédure parlementaire »« Cela ne fait même pas un an que le gouvernement a promis d’interdire [le procédé] dans les parcs nationaux et maintenant il essaie de passer en vitesse via une obscure procédure parlementaire », a dénoncé Hannah Martin, une responsable de Greenpeace. « Les réserves d’eau potable et les parcs nationaux ne seront plus protégés comme il se doit », a estimé de son côté l’organisation Les Amis de la Terre.Lisa Nandy, une responsable des questions liées à l’énergie au sein du Labour (l’opposition travailliste), a elle accusé le gouvernement de passer par « la porte dérobée » pour faire approuver le projet. Le gouvernement de David Cameron tente depuis des années d’encourager l’exploitation du gaz de schiste. Le premier ministre rêve de connaître au Royaume-Uni une révolution similaire à celle des Etats-Unis, où les prix des hydrocarbures se sont effondrés et où l’indépendance énergétique est à portée.Le procédé de fracturation hydraulique consiste à créer des fissures souterraines et y infiltrer un mélange d’eau, de sable et de produits chimiques pour permettre l’extraction de gaz capturé dans la roche. Les défenseurs de l’environnement s’inquiètent de la pollution que pourraient causer les substances chimiques utilisées, notamment dans les nappes phréatiques.Lire aussi :La bataille autour du gaz de schiste bat son plein au Royaume-Uni 16.12.2015 à 17h37 • Mis à jour le17.12.2015 à 10h01 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Organisée à dessein à Moscou, la présentation, mercredi 16 décembre, du rapport de Human Rights Watch (HRW) sur les terribles exactions commises dans les geôles du régime syrien sur des prisonniers, restera confidentielle en Russie. Aucune télévision d’Etat, aucun média pro-Kremlin ne s’est déplacé. Une seule agence, Interfax, était présente. Parmi la douzaine de journalistes qui avaient pris place dans la salle, une moitié représentait les derniers médias indépendants russes – le quotidien économique Vedomosti, le journal Novaïa Gazeta… – l’autre moitié était composée de correspondants étrangers. La consigne était claire : pas question de traiter ce sujet sensible alors que la Russie, engagée dans une opération militaire en Syrie, reste l’alliée indéfectible de son président, Bachar Al-Assad.Nadim Houry, directeur adjoint de HRW pour le Proche-Orient, qui a exposé sans se décontenancer les preuves de ces atrocités, diaporama à l’appui, a néanmoins été reçu, le matin même, par des responsables du département du Proche-Orient au ministère des affaires étrangères.« Nous leur avons montré les photos, nous leur avons dit : “Lisez ce rapport, s’il vous plaît, et regardez les preuves, ces preuves sont sordides” »La discussion, « libre », s’est déroulée… en arabe. « Nous leur avons montré les photos, nous leur avons dit : “Lisez ce rapport, s’il vous plaît, et regardez les preuves, ces preuves sont sordides” », a-t-il souligné. « Nous avons insisté en particulier sur l’accès dans les lieux de détention en Syrie d’observateurs internationaux, complète en aparté Tania Lokchina, responsable de la branche russe de l’organisation internationale des droits de l’homme. Ils nous ont écoutés, et souhaité poursuivre la conversation. La Russie est un acteur-clé qui peut faire la différence, et nous avons fait tout notre possible pour les engager dans cette voie. »Lire aussi :Syrie : de nouvelles preuves des pratiques de torture dévoilées« Les frappes russes ont bien visé des civils »Au même moment, tandis que Sergueï Choïgou, le ministre de la défense russe, présentait à huis clos devant le Parlement un bilan de l’intervention militaire russe commencée le 30 septembre, les agences continuaient à inonder leurs réseaux, comme elles le font quotidiennement, de chiffres sur les raids aériens menés et les cibles visées – « 59 sorties dans les dernières vingt-quatre heures, 212 combattants armés éliminés… ».Ces frappes, souvent critiquées quant à leur objectif réel, n’ont pas figuré au menu des discussions entre HRW et ses interlocuteurs officiels – « même si nous avons des documents selon lesquels les frappes russes ont bien visé des civils », a précisé M. Houry.Tout comme la veille, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, avait évité de parler du sort de Bachar Al-Assad au cours de ses entretiens-marathons avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, puis avec le président Vladimir Poutine, HRW a préféré éviter les sujets de crispation en espérant que son exposé à charge contre le régime syrien fera bouger les lignes russes.Les négociations sur un règlement politique syrien doivent se poursuivre au niveau ministériel vendredi 18 décembre à New York, dans le cadre du groupe de soutien international constitué à Vienne le 14 novembre. Cette réunion sera, dit-on, déterminante pour tenter de trouver un accord sur la liste des opposants syriens appelés à faire partie des négociations afin de former un gouvernement de transition. Mais, pour l’heure, Moscou ne cède rien sur « l’allié Bachar ». En fin de journée mercredi, Interfax n’avait encore publié aucun compte rendu du rapport de HRW..imgs { position: relative; cursor: pointer;min-height:400px;}.repere { position: absolute; top: 20px; right: 20px; /* font-size:1.7rem; */ color: #FFF; background: rgba(0, 0, 0, .2); padding: 4px; z-index: 9000; cursor: pointer; font-weight: normal; text-align: right;}.imgs img { width: 100%; position: absolute; left: 0; top: 0; z-index: 1000;}.repere span.faded { display: none;}.nopointer { pointer-events: none; opacity: 0;}.clearfix:after { clear: both; content: ' '; display: block; font-size: 0; line-height: 0; visibility: hidden; width: 0; height: 0;}Flouter l'imageImage violente :Cliquez pour l'afficherrequire(["jquery", "jquery-ui/core"], function($, jQueryui) { vitesse = 500; $(".apres").addClass("nopointer") $(".btn_apres,.avant").click(function() { console.log("avant") $(".btn_avant").removeClass("faded") $(".btn_apres").addClass("faded") $(".imgs .avant").animate({ opacity: 0 }, vitesse).addClass("nopointer") $(".imgs .apres").animate({ opacity: 1 }, vitesse).removeClass("nopointer") }) $(".btn_avant,.apres").click(function() { console.log("apres") $(".btn_apres").removeClass("faded") $(".btn_avant").addClass("faded") $(".imgs .avant").animate({ opacity: 1 }, vitesse).removeClass("nopointer") $(".imgs .apres").animate({ opacity: 0 }, vitesse).addClass("nopointer") })})Montrer l’horreurLa décision de publier l’une des 53 000 photographies divulguées par « César », ancien photographe légiste de la police militaire syrienne, n’a pas été prise à la légère. Parmi les images auxquelles Le Monde a eu accès, nous avons fait le choix, après une longue discussion, de n’en publier qu’une, sur laquelle aucun des morts n’est identifiable. Il n’est pas question ici de céder à un quelconque voyeurisme ou de transformer l’horreur en spectacle, mais bien de souligner que ces images existent, et qu’on ne peut pas évacuer leur existence. Les clichés de César ont une valeur historique évidente. Elles constituent la preuve accablante de l’existence d’une machine de mort industrielle, et ne peuvent que renvoyer à d’autres images des crimes de masse du XXe siècle, pour lesquels le qualificatif de « crime contre l’humanité » a été inventé.Luc Bronner, directeur de la rédaction du MondeIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.12.2015 à 16h16 La traque du terrorisme se déploie en Europe. Deux personnes « soupçonnées d’appartenir à une organisation terroriste » ont été arrêtées dans un foyer de migrants de Salzbourg, dans l’ouest de l’Autriche, a annoncé mercredi 16 décembre le parquet autrichien.L’opération s’est déroulée le week-end précédent : « Des vérifications sont en cours concernant un possible lien avec les attentats [du 13 novembre] », a déclaré un porte-parole du parquet de Salzbourg, Robert Holzleitner. Les deux suspects seraient « en provenance du Moyen-Orient », a-t-il ajouté sans préciser leur nationalité.Un mois après les attentats du 13 novembre, qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris, les parcours et les rôles des principaux protagonistes identifiés se précisent petit à petit. Les complicités ou les aides dont ils ont pu bénéficier également. A ce stade, deux hommes faisant l’objet de mandats d’arrêt internationaux sont toujours en fuite, et des mises en examen de complices présumés ont eu lieu, en France et en Belgique.Lire aussi :Un mois après les attentats du 13 novembre, où en est l’enquête ? 16.12.2015 à 07h44 • Mis à jour le16.12.2015 à 07h48 La France a enregistré 69 000 demandes d’asile au cours des onze premiers mois de 2015, soit une hausse de 17 % sur un an, selon l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). L’année devrait se terminer avec « entre 75 000 et 80 000 » demandes, selon Pascal Brice, directeur général de l’Ofpra. En 2014, 65 000 dossiers avaient été déposés.A ses yeux, la hausse en France n’était « en rien comparable » à celle d’autres pays européens, et notamment de l’Allemagne, qui pourrait accueillir un million de migrants cette année. « Ma conviction est que c’est l’Allemagne qui attire, et pas la France qui n’attirerait pas », a-t-il ajouté, en énumérant « les communautés installées de longue date » outre-Rhin, ainsi que « la situation du travail et de l’emploi ».L’Ofpra avait fait état en octobre d’une accélération des demandes, en précisant que la tendance allait sans doute se poursuivre du fait notamment des arrivées des 30 000 réfugiés sur 2 ans que la France s’est engagée à prendre en charge dans le cadre d’un accord européen. Mais pour le moment, seuls 19 Erythréens sont arrivés, début novembre. 22.12.2015 à 16h11 • Mis à jour le22.12.2015 à 16h34 Les partis séparatistes catalans sont parvenus mardi 22 décembre à un préaccord sur la formation d’un gouvernement régional susceptible de relancer un processus d’indépendance de la Catalogne. Les militants du parti CUP, membre de la coalition des partis favorables à l’indépendance de la Catalogne « Junts pel Si » (« ensemble pour le oui »), doivent cependant encore l’approuver d’ici cinq jours.Junts pel Si a remporté une majorité de sièges au parlement régional lors des élections du 5 septembre avec un programme promettant une déclaration d’indépendance unilatérale dans les dix-huit mois suivant le scrutin, mais les divisions entre les partis les ont pour l’instant empêchés de progresser vers leur objectif.Initialement hostile à Artur Mas – chef de file des nationalistes de droite de Convergence démocratique de Catalogne (CDC) – la direction du parti CUP (un petit parti séparatiste d’extrême gauche) a finalement accepté de le soutenir et de lui permettre de rester à la tête de l’exécutif régional.Lire aussi :Espagne : qui pourrait gouverner avec qui, après les élections législatives ?« Ultime proposition » au parti CUPC’est une « ultime proposition » au parti CUP, pas un « préaccord », a cependant insisté à plusieurs reprises Raul Romeva, cité dans le quotidien national El Pais, qui a présenté ce texte au nom de Junts pel Si en vue de former un gouvernement régional, assumant la part d’incertitude quant au vote prévu lors de l’assemblée des militants du CUP dimanche prochain.Si ces militants rejettent l’accord, qui comprend aussi des mesures économiques et un calendrier de dix-huit mois vers l’indépendance, de nouvelles élections devront être organisées d’ici le mois de mars en Catalogne. Le CUP refusait jusqu’alors l’investiture de M. Mas à cause de la politique d’austérité qu’il a menée ces dernières années en Catalogne et des affaires de corruption qui touchent son parti.Dimanche dernier, l’Espagne basculait dans une période de forte incertitude politique à la suite des législatives. Le Parti populaire (PP) conservateur, qui s’efforce de bloquer toute tentative d’indépendance de la Catalogne, est arrivé en tête mais sa victoire était cependant amère puisqu’il a perdu sa majorité absolue et ne paraît pas en mesure de former une coalition majoritaire.Son principal opposant, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), pourrait tenter de son côté de former une alliance alternative pour revenir au pouvoir. Il lui faudra pour cela unir ses forces à celles de partis de gauche catalans favorables à l’indépendance mais aussi et surtout à Podemos, mouvement qui prône la tenue d’un référendum d’autodétermination en Catalogne, même s’il appellerait à voter contre l’indépendance.Selon l’éditorial d’El Pais, lundi 21 décembre, la constitution du nouveau gouvernement catalan « pèsera, peut-être de façon décisive, dans les négociations en vue de former le prochain gouvernement espagnol ». Le 2 décembre, la Cour constitutionnelle a révoqué une résolution adoptée le 9 novembre par le parlement de Catalogne, censée déboucher sur la proclamation d’une république indépendante dans un délai de dix-huit mois. 22.12.2015 à 12h07 • Mis à jour le22.12.2015 à 14h29 Le dernier décompte établi, mardi 22 décembre, par l’Organisation internationale pour les migrants (OIM) et le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) fait état de 1 005 504 entrées de migrants en Europe, par voies maritime et terrestre.« Au 21 décembre, quelque 972 000 avaient traversé la mer Méditerranée, d’après les chiffres du HCR. En plus, l’OIM estime que plus de 34 000 s’étaient rendus en Bulgarie et en Grèce après avoir traversé la Turquie. »« Le total représente le flux migratoire le plus élevé depuis la seconde guerre mondiale », mentionne l’OIM dans son communiqué. « Alors que les sentiments anti-étrangers augmentent dans certains endroits, il est important de reconnaître les contributions positives des réfugiés et migrants aux sociétés dans lesquelles ils vivent », affirme Antonio Guterres, haut-commissaire de l’ONU pour les réfugiés, cité dans le communiqué.Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosL’Europe toujours diviséeLa Grèce a totalisé la très grande majorité du nombre d’arrivée des migrants, avec 816 752 entrées sur son territoire. La moitié des migrants qui traversent la Méditerranée viennent de Syrie, 20 % d’Afghanistan et 7 % de l’Iran, selon l’OIM.Au moins 3 695 personnes ont trouvé la mort en tentant la traversée de la Méditerranée. En 2014, plus de 219 000 migrants avaient franchi la Méditerranée.Lire aussi :Le nombre de migrants et de réfugiés a explosé au XXIe siècleFace à cette situation les Européens n’ont toujours pas trouvé de vraie solution à la crise des migrants, et ils semblent même plus divisés que jamais, malgré un Conseil européen qui s’est tenu à la mi-décembre. Ainsi, sur le plan de « relocalisation » de 160 000 réfugiés adopté en octobre, seulement 184 personnes étaient concernées au 16 décembre.L’Europe fait face au refus de la Hongrie, de la Slovaquie et de la Suède de participer à ce plan. Deuxième destination européenne pour les migrants, le pays scandinave arrive à saturation et a obtenu de ne plus accueillir de nouvelles personnes de Grèce ou d’Italie, pendant un an. Un troisième mini-sommet est prévu pour février.Lire aussi :Crise des migrants : l’Europe impuissante et plus divisée que jamaisOnze migrants, dont trois enfants, se noient au large de la TurquieOnze migrants, dont trois enfants, sont morts noyés mardi 22 décembre au large des côtes de la Turquie lors du naufrage en mer Egée de leur embarcation qui se dirigeait vers les îles grecques.Les garde-côtes turcs ont sauvé sept autres occupants de l’embarcation qui avait quitté la localité de Kusadasi (sud-ouest), située juste en face de l’île grecque de Samos, selon l’agence de presse Anatolie.Les naufrages de ce genre sont fréquents dans cette zone, notamment en cette période hivernale. Dans la nuit de vendredi à samedi, dix-huit migrants dont des enfants à bas âge étaient déjà morts noyés au large des côtes occidentales turques en mer Egée. Eric Albert (Londres, correspondance) Parce qu’il a tenté de faire passer en Angleterre une jeune Afghane, Rob Lawrie risque la prison. Son procès se tiendra le 14 janvier. Il y a trois semaines, il a tenté de se suicider. Toutes les trente secondes environ, ce bruit aigu, répétitif, sort de la mâchoire de Rob Lawrie : il crisse des dents. Un tic acquis sous la pression de ces deux derniers mois. Ses yeux, profondément cernés, semblent scruter un mystérieux point distant. Sur la table traînent des lettres apportant de mauvaises nouvelles financières. Les photos de sa femme, qui vient de le quitter, décorent encore la maison.Le ­Britannique de 49 ans, qui nous reçoit dans son petit pavillon sans caractère d’une lointaine banlieue de Leeds, dans le nord de l’Angleterre, est au bout du rouleau. La porte du jardin à moitié défoncée en témoigne : il a fait une tentative de suicide il y a trois semaines, et les secouristes ont dû pénétrer d’urgence dans la maison. « Cette affaire a foutu ma vie en l’air. »L’affaire en question est un « coup de folie », selon ses propres mots. C’était le 24 octobre. Pour la neuvième fois en deux mois, Rob est ce jour-là dans la « jungle » de Calais. Il a passé plusieurs jours sur place à fabriquer des abris en bois pour les réfugiés et leur a distribué les dons qu’il avait pu réunir en Angleterre : des bottes fourrées, des manteaux d’hiver, des couvertures… L’heure du retour approche.Trop ému pour respecter la loiAvant de prendre son ferry, Rob s’assoit autour du feu de camp, ­discutant avec quelques-uns des réfugiés. Bahar, une fillette afghane de 4 ans – que tout le monde surnomme Bru –, s’est endormie sur les genoux de Rob. Sa figure angélique et son sourire malicieux ont beaucoup touché ce grand Britannique baraqué. Depuis quelques semaines, l’enfant, qui est seule avec son père, le rencontre souvent. Une vidéo prise le matin même la montre riant aux éclats en jouant à colin-maillard avec lui. Alors, l’ancien soldat britannique a cessé de réfléchir.“Je ne suis pas un passeur. Aucun argent n’a été échangé. Ce n’était pas une action préméditée.”Reza Ahmadi, le père, lui demande depuis des semaines de la faire passer en Angleterre, où des cousins installés près de Leeds depuis huit ans sont prêts à la recevoir. Après avoir systématiquement refusé, Rob cède. « J’ai installé Bru dans la couchette située en haut de la camionnette. Son père m’a assuré qu’elle dormirait toute la nuit. » L’opération était illégale, bien sûr. Rob en était parfaitement conscient. Mais comment laisser ainsi une fillette dans le froid et la boue, alors qu’une famille d’accueil et un lit chaud l’attendaient en Angleterre ?Quelques heures plus tard, Rob Lawrie était arrêté par la police française puis placé dans le centre de détention de Coquelles. A la douane, les chiens avaient reniflé quelque chose à l’arrière de la camionnette. Deux Erythréens s’y étaient cachés, à l’insu du Britannique. La présence de Bru a ensuite été découverte. « Les policiers français me hurlaient dessus, je ne comprenais rien à ce qu’ils disaient. On aurait dit que j’avais violé la petite fille. » Sans doute pour vérifier ses dires, les policiers, après avoir interrogé Rob pendant plus d’une heure, finissent par ouvrir la porte et laisser entrer Bru. « Elle pleurait, ­complètement désorientée. Et quand elle m’a vu, elle m’a sauté dans les bras. » Preuve était faite que la gamine connaissait bien le Britannique. Les policiers l’ont immédiatement reconduite auprès de son père. Quant à Rob Lawrie, après trois jours de garde à vue, il a été relâché, en attente de son procès à Boulogne-sur-Mer le 14 janvier 2016 pour avoir « facilité (…) la circulation irrégulière d’un étranger ». Il risque jusqu’à cinq ans de prison.« Je ne suis pas un passeur. Aucun argent n’a été échangé. Ce n’était pas une action préméditée. J’ai fait ça sous le coup de l’émotion », se défend-il. L’émotion est partagée avec le grand public : deux pétitions, en France et au Royaume-Uni, demandant de lui épargner la prison ont recueilli plus de 130 000 signatures. « C’est formidable ce soutien sur les réseaux sociaux. Mais à 3 heures du matin, vous êtes seul avec vous-même », rappelle Rob, qui vit très mal l’attente du procès.Il y a une part d’ange chez ce grand gaillard qui se promène en tee-shirt en plein hiver. Et une bonne dose de naïveté aussi. Le résultat d’une vie difficile, instable, un quasi-orphelin qui a vécu des moments très durs. Rob Lawrie naît près de Leeds en 1966, petit dernier de sept enfants, entre deux parents qui s’insultent, se battent et se frappent constamment. « Quand j’avais 5 ans, je passais mon temps à sortir la nuit par ma fenêtre et à m’échapper de la maison en escaladant le long des tuyaux. La police me ramenait chez moi. » “Arrivé dans la « jungle », ce que j’ai vu m’a énormément choqué. On se croirait dans une scène de la seconde guerre mondiale.”A l’âge de 6 ans, il est placé en foyer, où il est élevé. Dix ans plus tard, les éducateurs lui demandent laquelle des trois usines locales il préfère. « J’ai dit : “pas question”. Je suis allé m’enrôler à l’armée. » Il sert notamment plusieurs années en Irlande du Nord, en pleine période de tension extrême avec les paramilitaires de l’IRA. Une décennie plus tard, il rejoint la vie civile.Sans un sou, il s’installe dans les vestiaires d’une piscine abandonnée, où il vit plusieurs mois. Et progressivement, il remonte la pente. Une bourse à l’université de Bradford lui permet de décrocher un diplôme d’anthropologie et de psychologie. Il crée une entreprise de vente d’alimentation surgelée, qui prospère. Il se marie, a deux enfants. Jusqu’au jour où une méningite le cloue au lit. Pendant deux ans, il sera incapable de travailler. Il perd son entreprise, divorce et connaît une nouvelle période sans domicile fixe.Partir de zéro, Rob l’a déjà fait. Il recommence, trouve d’abord un petit boulot, puis ouvre une société de nettoyage, qui a deux employés. Il se marie une nouvelle fois, et a deux enfants. Jusqu’à ce soir de fin août de cette année, quand une émission de télé-­crochet débute à la télévision. « J’en ai horreur, mais mes enfants voulaient regarder. Alors, je suis monté dans ma chambre et j’ai allumé ­l’ordinateur. Il faisait sombre et j’ai pris de plein fouet la photo du petit Aylan. » Ce petit Syrien mort le nez dans le sable sur une plage turque a fait le tour du monde, choquant l’opinion publique. En quelques jours, il rassemble des dons, achète des tentes et décide de les apporter aux réfugiés à Calais. Il y débarque sans aucun contact. « Arrivé dans la “jungle”, ce que j’ai vu m’a énormément choqué. On se croirait dans une scène de la seconde guerre mondiale. » Le pire, pour Rob, était les enfants : « Il y en avait beaucoup, je ne m’y attendais pas. »Communicant instinctif, Rob filme les donations et met le résultat sur sa page Facebook. « En vingt-quatre heures, les gens pouvaient voir les chaussures qu’ils donnaient aux pieds de réfugiés. » L’argent afflue : il récolte près de 10 000 euros, qu’il utilise notamment pour acheter le matériel nécessaire à la fabrication d’abris en bois. Submergé par l’émotion, il laisse tomber sa petite entreprise et rentre peu chez lui. Les tensions avec sa femme augmentent. Jusqu’au fameux coup de folie avec la petite Bru.“Entre la non-assistance à personne en danger et le délit d’aider à la circulation d’une personne irrégulière, la frontière est ténue.” Lucile Abassade, l’avocate de Rob LawrieTrop exemplaire pour y croire, l’histoire de Rob Lawrie ? Un conte de Noël à dormir debout ? Nous avons vérifié auprès des cousins afghans de Reza Ahmadi, qui confirment sa version des faits. Un journaliste de The Independent s’est rendu dans la « jungle » de Calais voir le père, qui lui aussi confirme. Ce dernier n’a pas souhaité nous rencontrer, lassé de l’attention médiatique. Et quid des deux Erythréens trouvés à l’arrière de la camionnette ? Rob n’a-t-il pas agi comme un passeur ? Le Britannique assure qu’il ignorait leur présence. Cette version est apparemment confirmée par la police française, qui n’a pas retenu ce chef d’inculpation contre lui. « Je n’aurais jamais pris le moindre risque lors du passage de Bru », précise Rob.Risque-t-il vraiment la prison pour avoir voulu éviter à une enfant de 4 ans de passer l’hiver dans une tente boueuse ? L’hypothèse est crédible. Son avocate, Lucile Abassade, rappelle qu’une femme a récemment été condamnée à un an de prison ferme pour avoir tenté de faire passer un réfugié. « Pourtant, entre la non-assistance à personne en danger et le délit d’aider à la circulation d’une personne irrégulière, la frontière est ténue », souligne-t-elle. Entre les deux, Rob Lawrie n’a pas hésité un instant.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Ridet (Rome, correspondant) Il vaut cher, le péché d’orgueil du cardinal Tarcisio Bertone, 81 ans, ancien numéro 2 de la curie romaine à l’époque de Benoît XVI : 150 000 euros exactement. C’est la somme que le prélat s’est engagé à verser à l’hôpital pédiatrique Bambino Gesu de Rome. « En plusieurs traites, car je ne suis pas si riche », a précisé l’ancien homme fort du Saint-Siège, qui tient aussi à faire savoir qu’il s’agit « d’un don et non pas d’un remboursement ».Mais de quoi serait-il coupable ? Selon lui, de rien. Pour le journaliste Emiliano Fittipaldi, auteur d’un livre de révélations sur les malversations au Vatican, Avarizia (La Feltrinelli, non traduit en français), le cardinal aurait bénéficié des largesses d’une fondation de recherche liée à l’hôpital pour rénover l’appartement de 296 m2, avec terrasse, qu’il occupe dans l’enceinte des murailles vaticanes. Il est vrai qu’avec lui vivent plusieurs religieuses à son service.Lire aussi :François, les auditeurs financiers et la camarilla des soutanesMgr Bertone a toujours assuré qu’il avait payé de sa poche, et grâce à ses économies, 300 000 euros de travaux à une entreprise romaine. « Le reste a été versé à mon insu », soutient-il. Une défense qui n’est pas sans rappeler celle de Richard Virenque, coureur cycliste dopé à l’insu de son plein gré… Dans un entretien paru, dimanche 20 décembre, dans le quotidien Corriere della Sera, il confie être encore « meurtri, très meurtri » de la « diffamation » dont il a été l’objet.« Reconnaissance de culpabilité »Mais, coupable ou dindon de la farce, Mgr Bertone est devenu un symbole. Celui d’une caste de prélats raffinés menant grand train, avec laquelle le pape François a voulu rompre dès son arrivée à la tête du Saint-Siège, en 2013. Pour ce faire, il a expédié le cardinal à la retraite et choisit de vivre, lui, dans une petite suite de 50 m2 de la résidence Sainte-Marthe, où logent les hôtes de passage du Vatican.Pour Emiliano Fittipaldi, le geste de Mgr Bertone à l’égard de l’hôpital est le début d’une « reconnaissance de culpabilité ». Le journaliste, poursuivi par le tribunal du Vatican avec son confrère Gianluigi Nuzzi, auteur du Chemin de croix (Flammarion, 336 pages, 20 euros), appelle le cardinal émérite à faire la lumière sur un voyage en hélicoptère de Rome en Calabre, dans le sud de l’Italie, pour un montant de 24 000 euros ainsi que sur des fêtes somptuaires. Suspendu le temps que les avocats des prévenus puissent expertiser les dossiers, le procès devrait reprendre début 2016.« Le vrai journalisme, les bonnes enquêtes, finissent toujours par produire le bien, explique-t-il. Grâce à mon livre, l’hôpital va pouvoir retrouver des fonds pour financer des recherches. » Les deux journalistes accusés de « vol et divulgation de documents confidentiels » risquent jusqu’à huit ans de prison. Mais Emiliano Fittipaldi n’en démord pas : « C’est Mgr Bertone qui devrait être à notre place sur le banc des accusés. »Lire aussi :Deux journalistes devant le tribunal du VaticanPhilippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.12.2015 à 13h19 • Mis à jour le21.12.2015 à 19h27 Bruxelles a entériné, lundi 21 janvier, l’échec des négociations menées depuis des mois entre Moscou, Kiev et l’UE concernant l’application de l’accord d’association entre l’Ukraine et l’UE. « Nous n’étions pas loin de trouver des solutions, mais il n’y a pas eu aujourd’hui assez de flexibilité du côté russe pour y parvenir », a déploré la commissaire européenne en charge du commerce, Cecilia Malmström, après un ultime round de discussions qui a tourné court à Bruxelles. « Il n’y aura plus de négociations tripartites de la sorte », a-t-elle encore insisté.Moscou combat avec véhémence l’accord de libre-échange entre l’UE et l’Ukraine, qui entrera en vigueur le 1er janvier, estimant qu’il va soustraire davantage Kiev à son influence et sera néfaste pour son économie. Les Européens ont organisé depuis novembre 2013 une vingtaine de réunions avec la Russie et l’Ukraine dans l’espoir d’apaiser ces craintes et de trouver des solutions.« Nous étions prêts à faire tous les efforts nécessaires pour trouver un terrain d’entente. Mais j’ai été profondément surprise par le décret signé le 16 décembre par le président Poutine », a souligné Mme Malmström, y voyant « une mesure allant à l’encontre de l’esprit des discussions » tripartites. Moscou rétablit les droits de douane à la frontière ukrainienneLe président russe, Vladimir Poutine, avait annoncé ce jour-là qu’il suspendrait sa zone de libre-échange avec l’Ukraine (accord signé en 2011) à l’entrée en vigueur du rapprochement commercial entre Kiev et l’UE. A partir du 1er janvier, les marchandises en provenance du territoire ukrainien seront donc soumises à des droits de douane à la frontière.La Russie et l’Ukraine sont engagées dans une crise sous précédent depuis l’arrivée au pouvoir de pro-occidentaux en Ukraine, au début de 2014, suivie de l’annexion de la Crimée puis du conflit avec des séparatistes prorusses, qui a fait plus de neuf mille morts. La journée de lundi en aura été une nouvelle manifestation. Dans la matinée, le premier ministre russe, Dmitri Medvedev, a confirmé que la Russie étendrait à l’Ukraine l’embargo sur les produits alimentaires déjà imposé aux pays occidentaux, à partir du 1er janvier.De son côté, l’Union européenne a, comme prévu, prolongé lundi de six mois ses sanctions économiques contre la Russie pour son implication présumée dans le conflit dans l’est de l’Ukraine, selon un communiqué officiel. Les sanctions avaient été introduites le 31 juillet 2014 pour une année « en réponse aux actions de la Russie dans l’est de l’Ukraine ». Elles avaient été reconduites pour six mois le 22 juin jusqu’au 1er janvier 2016. 21.12.2015 à 11h36 • Mis à jour le21.12.2015 à 12h14 | Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Au siège du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), rue Ferraz, à Madrid, régnait dimanche 20 décembre une ambiance étrange, entre soulagement et douleur. Un peu comme si la formation avait évité la mort, mais avait perdu une jambe… Avec 22 % des voix et 90 députés, le parti réalise le pire score de son histoire, perd 20 sièges et près de 1,5 million de voix par rapport aux élections de 2011, qui avaient déjà été un séisme pour la formation.Et pourtant, dimanche soir, dans les bureaux des cadres socialistes, on respirait nettement mieux que le matin, quand des sondages officieux donnaient la gauche alternative de Podemos en deuxième position, en voix et en sièges. « Ça aurait pu être pire », résume un membre du PSOE. Pris en étau entre Podemos à gauche et Ciudadanos au centre droit, le PSOE a résisté, mais il a souffert.Centrant sa campagne sur l’idée qu’il était la seule alternative possible à Mariano Rajoy, appelant au vote utile, comme si l’Espagne répondait encore aux schémas du bipartisme, il n’a pas éveillé d’enthousiasme.Conscient du risque, Pedro Sanchez, son chef de file, peinant jusqu’alors à transmettre ses convictions politiques, est devenu plus agressif en fin de campagne, allant jusqu’à qualifier le chef du gouvernement d’« indécent » lors d’un débat particulièrement tendu. Sa survie politique était en jeu.Il n’est pas encore tout à fait sûr que M. Sanchez, contesté au sein du PSOE, résiste aux pressions de sa rivale, la présidente socialiste de l’Andalousie, Susana Diaz, qui n’a pas manqué de rappeler que c’est sur ses terres que le PSOE a fait, encore une fois, son meilleur score, avec « cinq des sept provinces dans lesquelles il est arrivé premier ». S’il n’arrive pas à sceller de pactes avec les forces de la gauche pour pouvoir gouverner, ses jours pourraient être comptés à la tête du parti.Car dans plusieurs régions, la chute des socialistes est vertigineuse. Il n’est plus que le quatrième parti à Madrid, derrière le PP, Podemos et Ciudadanos, après avoir perdu un quart des voix récoltées en 2011. Il est troisième en Catalogne, où il a perdu plus d’un tiers des voix, derrière Podemos et les indépendantistes de la Gauche républicaine (ERC). Tout comme au Pays basque, où Podemos obtient deux fois plus de voix que le PSOE. Dans la ville de Valence, il arrive en quatrième position.Lire l'entretien :« L’Espagne a voté pour le changement »« Le fantôme de Zapatero »Le tournant de la rigueur pris en 2010 par le précédent président du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero avait marqué une première rupture entre le PSOE et une partie de son électorat. Sa décision de convoquer des élections anticipées, en 2011, avait été perçue comme un aveu d’échec et une incapacité à affronter la crise économique. Depuis, le PSOE ne cesse de perdre des voix à chaque élection. « Notre principal adversaire est le fantôme de Zapatero », avoue un membre du parti.Affaibli par un scandale de détournement présumé de fonds destinés aux chômeurs, boudé par les jeunes, il craignait de devenir résiduel, comme le Pasok grec. Il a finalement résisté à la vague Podemos, mais devra encore mener la bataille des pactes s’il veut ravir le pouvoir à Mariano Rajoy. « Podemos s’est cogné contre le mur qu’est encore le PSOE », se félicite José Manuel Albares, conseiller aux affaires étrangères et membre de l’équipe de campagne de Pedro Sanchez.Mais le parti de gauche radical n’a pas, lui-même, les mains libres sur toutes les questions. Pour l’emporter, il a dû sceller des alliances compliquées avec des partis et plates-formes régionales. En Catalogne, avec Barcelona en comu, de la maire Ada Colau, l’accord prévoit la tenue d’un référendum sur l’indépendance. A Valence, où il s’est allié avec la coalition anticorruption et régionaliste Compromis, celle-ci a déjà annoncé qu’elle composerait un groupe propre au Parlement afin de conserver son indépendance. En Galice, avec les Mareas (marées), plus radicales que le parti de Pablo Iglesias, l’entente est complexe.Lire aussi :Espagne : pour Rajoy, une victoire encombrante et un échec personnel« Remontada » de Podemos Malgré cela, Podemos se sent assez fort pour faire désormais pression sur le PSOE. Alors que certains avaient voulu l’enterrer trop vite, M. Iglesias a montré qu’il était capable, encore une fois, de créer la surprise. Il y a quelques mois, le parti avait chuté à 13 %, voire 11 % dans certains sondages, alors qu’il n’avait pas de programme et que son alliance avec les écolo-communistes de la Gauche unie (IU) échouait.Porté par le soutien d’Ada Colau, la très populaire maire de Barcelone et ancienne activiste du droit au logement, après être parvenu à associer l’économiste Thomas Piketty à l’élaboration de son programme, il a réussi dans le dernier mois à opérer sa « remontada » (remontée), sorte de mot-valise employé pour redonner de l’énergie aux troupes.« Je ne pensais pas voter Podemos. Je ne suis pas d’accord avec leur manichéisme, leur discours sur la caste. Mais j’ai pris ma décision avant-hier : je me suis dit que si je vote PSOE comme d’habitude, je vais le regretter toute ma vie, car c’est l’opportunité ou jamais de changer ce pays », expliquait dimanche, à deux pas du siège de PSOE, Inés, coach de 36 ans qui préfère ne pas donner son nom.Ce changement est toutefois conditionné à un accord de la gauche qui reste largement hypothétique. Pour espérer gouverner, le PSOE devra en effet non seulement s’entendre avec Podemos, mais aussi avec les écolo-communistes, les nationalistes basques et les régionalistes canariens… Et il faudra que les nationalistes catalans s’abstiennent. De quoi rendre tout accord particulièrement fragile.Lire aussi :Espagne : qui pourrait gouverner avec qui, après les élections législatives ?Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Au lendemain des législatives du 20 décembre qui marquent l’entrée des centristes de Ciudadanos et de Podemos (gauche anti-austérité) au Parlement, José Manuel Albares, diplomate et conseiller en affaires étrangères du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), la principale formation de la gauche espagnole, prend acte de la fin du bipartisme.Ce membre de l’équipe de campagne de Pedro Sanchez, le chef de file socialiste, exclut cependant, dans un entretien avec Le Monde, toute alliance avec ses rivaux du Parti populaire (PP, droite). Arrivés en tête, ceux-ci ont perdu la majorité absolue et ne sont pas assurés de conserver le pouvoir.Le PSOE est-il satisfait du résultat de dimanche ?Il est clair que l’Espagne a voté pour le changement, et très majoritairement à gauche. Dans ce bloc, nous sommes la première force en termes de votes et de sièges. Et malgré la coalition contre le PSOE, la tentative de nous détruire de la part du PP, de Ciudadanos et de Podemos, nous sommes le premier parti du changement.Ce résultat n’en est pas moins le plus mauvais qu’a connu le PSOE dans son histoire…Nous sommes entrés dans une nouvelle ère. Nous ne pouvons pas prendre comme référence le bipartisme imparfait que nous avons connu jusqu’à présent. Le PSOE a perdu 19 sièges, mais le PP en a perdu plus de 60. Notre chute est relative.Le PSOE va-t-il tenter de former une alliance de gauche pour gouverner, sur le modèle portugais ?La responsabilité de former un gouvernement stable revient au premier parti, le PP. Nous ne voulons pas nous avancer. Même s’il est vrai que la composition du Parlement montre une volonté de changement. Et si le PP n’y parvient pas ?C’est un peu tôt pour l’envisager mais évidemment, le PSOE est capable de dialoguer avec d’autres forces politiques.Lesquelles ?La question n’est pas qui mais quoi. Nous défendrons toujours notre programme social-démocrate et réformiste, une réforme de la loi électorale et de la Constitution ainsi qu’un nouveau statut d’autonomie pour la Catalogne.Et si Podemos exige un référendum en Catalogne ?L’unité de l’Espagne est une ligne rouge sur laquelle aucune négociation n’est possible.Pour la stabilité du Parlement, un pacte avec le PP est-il envisageable ?Pedro Sanchez a été suffisamment clair sur ce sujet durant la campagne : une alliance avec le PP n’est pas possible. Notre programme est social-démocrate.Certains comparent le moment que vit l’Espagne avec la transition démocratique à la mort de Franco. Partagez-vous cette analyse ?Cette comparaison me semble exagérée. Néanmoins, il est vrai que notre pays a beaucoup changé en 40 ans : des changements sociologiques et démographiques, son entrée dans l’Union européenne,… Là où je vois des similitudes, c’est le retour de la nécessité de dialogue et d’accords.Lire aussi :Espagne : pour Rajoy, une victoire encombrante et un échec personnel Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Morel (Madrid, correspondance) L’ambiance n’était pas à la fête et les militants étaient rares calle Genova, le siège du Parti populaire (PP) espagnol, au soir des élections générales du 20 décembre. Si le parti de droite arrive en tête avec 28,7 % des voix et 123 députés, ce résultat est dramatique pour lui : il perd plus de 3,6 millions d’électeurs et 63 sièges par rapport aux élections législatives de 2011, remportées avec 44,6 % des voix et la majorité absolue au Parlement.« Je vais essayer de former un gouvernement, un gouvernement stable, mais ce ne sera pas facile », a déclaré M. Rajoy dans un bref discours sans grand espoir. Il sait sa tâche presque impossible. Lors de la première session d’investiture, attendue en février, il ne pourra pas obtenir la majorité absolue des voix, nécessaire pour approuver son gouvernement.Lors de la deuxième, il lui suffirait d’une majorité simple : plus de oui que de non. Mais il aura beaucoup de mal à trouver le soutien d’autres forces politiques, tant son image est associée au scandale de corruption de son parti et à la politique d’austérité menée ces dernières années.Ce qu'il faut savoir sur les résultats de l'élection :Législatives en Espagne : une victoire aux airs de défaite pour la droiteMariano Rajoy a donc besoin d’alliés. La possibilité d’un soutien ou d’une abstention du PSOE (socialiste) a été formellement écartée par leur chef de file, Pedro Sanchez, durant la campagne. Il lui faudrait alors au moins s’assurer le soutien de Ciudadanos et des nationalistes basques ainsi que l’abstention d’un ou deux autres partis pour espérer obtenir une majorité de votes favorables face au « non » attendu du PSOE, du parti de la gauche alternative Podemos, des nationalistes catalans, des écolo-communistes de la Gauche unie et des indépendantistes basques.Des négociations qui dureront des semaines Côté socialiste, Pedro Sanchez ne s’est pas montré plus enthousiaste dimanche soir. Avec 22 % des voix et 90 députés, le parti réalise le pire score de son histoire, perd 20 sièges et près de 1,5 million de voix. « Il appartient à la force qui a reçu le plus de voix d’essayer de former un gouvernement », a-t-il déclaré.Mais personne n’est dupe. Dès demain, le PSOE va discrètement tenter de former une alliance susceptible de soutenir un gouvernement de gauche, notamment en scellant des accords avec Podemos et la Gauche unie, ainsi qu’avec les nationalistes basques et les régionalistes canariens.Rien n’est joué et les prochaines semaines, voire les prochains mois, devraient être d’intenses négociations pour trouver une solution à ce casse-tête et éviter que d’autres élections ne soient convoquées au printemps.Dans ce contexte, le grand vainqueur de ces élections est sans conteste Podemos, un parti né en 2014, qui obtient 20,6 % des voix et 69 députés issus de la société civile, presque tous sans expérience de la vie politique. Ce n’est d’ailleurs que devant le musée Reina Sofia où Podemos avait convoqué ses électeurs qu’une ambiance de fête régnait, avec des centaines de participants répétant après Pablo Iglesias :« Ce pays a changé. Il ne sera plus jamais le même. »Lire aussi :Elections législatives en Espagne : « Il est temps de changer les choses »Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.12.2015 à 20h57 • Mis à jour le21.12.2015 à 06h40 La Slovénie n’est pas devenue dimanche 20 décembre le premier pays de l’ancien bloc communiste à ouvrir le mariage aux homosexuels. Consultés lors d’un référendum d’initiative populaire, les électeurs slovènes ont largement rejeté la loi dans ce sens, votée il y a dix mois par leurs députés à 63,12 %, selon les résultats quasi définitifs publiés par les autorités.Le scrutin a entraîné une faible participation (35,65 %), suffisante toutefois pour le valider. Les opposants à la loi ont en effet mobilisé au moins 370 000 voix sur les 342 000 nécessaires pour opposer un veto à la loi, sur un total d’1,7 million de votants.La loi avait été adoptée à une large majorité au Parlement par la gauche et le parti centriste du premier ministre Miro Cerar et elle donnait aux couples gays et lesbiens les mêmes droits qu’aux hétérosexuels, dont celui de l’adoption, point le plus contesté par les opposants au mariage gay.Le Pape investi pour le « non »Grâce à 40 000 signatures, l’opposition de droite et l’Eglise catholique avaient obtenu la tenue d’un référendum d’initiative populaire, suspendant immédiatement l’application de la loi. Aussi, aucun homosexuel ne s’était encore passé la bague au doigt.En 2012, les Slovènes avaient déjà dit non à 55 % au mariage gay lors d’un référendum similaire. Si ce pays de deux millions d’habitants, membre de l’Union européenne depuis 2004, est généralement considéré comme le plus libéral des anciennes nations communistes, le poids de l’Eglise catholique y demeure très fort. Or, le pape François avait plaidé cette semaine pour le « non », invitant les Slovènes à « soutenir la famille, structure de référence de la vie en société ». 20.12.2015 à 14h15 • Mis à jour le20.12.2015 à 15h48 | Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Une grande excitation règne devant le bureau de vote de Valdemorillo, un village de la grande banlieue de Madrid où, aux municipales de mai 2015, une alliance entre cinq partis a enlevé le pouvoir au Parti populaire (PP, conservateur), qui administrait la ville depuis 18 ans et était encore une fois arrivé en tête aux élections.Dimanche 20 décembre, plus de 36 millions d’Espagnols sont appelés aux urnes pour élire le nouveau parlement espagnol. Ces élections pourraient mettre fin au bipartisme qui a prévalu en Espagne depuis la mort du général Franco, du fait de l’émergence de deux jeunes forces politiques : le parti de la gauche alternative Podemos et le parti du centre Ciudadanos.« L’ambiance est la même que celle qu’ont connue nos parents durant la Transition démocratique, affirme Paloma del Amo, avocate de 38 ans qui s’est affiliée à Ciudadanos. Il est temps de changer les choses. Nous ne voulons plus des politiciens de profession. Nous voulons des professionnels qui font de la politique », dit-elle en reprenant une des phrases préférées du chef de file de Ciudadanos, le jeune juriste de 36 ans Albert Rivera.Lire aussi :En Espagne, des élections législatives plus ouvertes que jamais« Ces élections sont différentes »On croise beaucoup de visages jeunes et nouveaux parmi les volontaires envoyés par les jeunes partis pour veiller au bon déroulement des élections. Silvia Alvarez, travailleuse sociale de 41 ans et maman d’une petite fille de 4 ans, ne s’était jamais engagée en politique avant cette année, quand elle a décidé de s’affilier à Podemos, le jeune parti de la gauche anti-austérité. « Ces élections sont différentes. Nous n’aurons jamais plus une opportunité comme celle-ci de changer les choses, d’en finir avec le bipartisme corrompu, dit cette ancienne électrice du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). Et même si je ne suis pas d’accord à 100 % avec Podemos, j’ai beaucoup d’espoirs mêlés de joie dans la possibilité de rénover la politique. »A 75 ans, Fermin Breton a toujours voté PSOE et ne pense pas changer cette fois-ci. « C’est mon idéologie. Je n’en ai pas d’autre, explique-t-il. Pour moi le plus important, c’est de virer [le chef du gouvernement, Mariano] Rajoy, et pour ça je préfère un pacte avec Pablo Iglesias [chef de file de Podemos] qu’avec Rivera. »Devant on se prend en photo avec les rois mages... Rajoy a retardé les élections pr voter le budget 2016 #20D https://t.co/u58iCFEpr4— sandrinemorel (@Sandrine Morel)require(["twitter/widgets"]);Dehors, les rois mages accompagnés d’une crèche vivante et sa Vierge Marie portant un petit Jésus en plastique dans ses bras, sortent de l’église. Sur la place, les familles caressent les brebis et regardent les oies après avoir voté. Olga Varela, femme de ménage de 39 ans, surveille son fils Oliver de 4 ans, mais elle a la tête ailleurs. « Mon mari travaille dans la construction. Pendant la crise il pouvait rester des mois et des mois sans boulot. Ça fait un an que l’activité est repartie. Pourvu que l’on ne gâche pas tout alors que l’on dirait qu’on va enfin sortir de cette maudite crise », dit-elle. A côté d’elle, Gemma, la cinquantaine, a « peur : si Podemos gagne, je quitte ce pays en courant », s’exclame-t-elle. Les oubliés de la repriseMariano Rajoy a centré sa campagne sur la reprise économique, les 600 000 emplois créés cette année, la croissance de 3,1 % attendue en 2015, et le risque que la crise revienne s’il était évincé du pouvoir. Mais alors que la précarité a augmenté et que le chômage demeure à un taux élevé de 21 % des actifs, ce discours a du mal à passer chez les nombreux oubliés de la reprise.Lire aussi :Elections législatives en Espagne : « La reprise, je n’y crois pas »« J’ai voté avec moins de frustration et de tristesse que les autres fois, avoue Juan Diego, graphiste de 43 ans au chômage. Pour la première fois, il existe quatre partis qui reflètent la pluralité de la société espagnole et qui sont de réelles options de gouvernement, explique cet ancien électeur d’Equo, un parti écologiste qui s’est allié à Podemos. Avant je votais en sachant que mon option politique n’avait aucune chance de l’emporter. »Les élections de dimanche sont très ouvertes. Si le PP semble garanti d’arriver en tête, Podemos et PSOE sont au coude-à-coude et une alliance de la gauche n’est pas à exclure.Lire aussi :L’Espagne s’apprête à tourner la page du bipartismeSandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.12.2015 à 10h58 • Mis à jour le20.12.2015 à 14h31 Le premier ministre conservateur britannique, David Cameron, a annoncé, dimanche 20 décembre, qu’il voulait autoriser les femmes soldats à combattre en première ligne dès l’année prochaine. « Le ministre de la défense [Michael Fallon] et moi-même sommes d’accord pour que tous les postes dans nos forces armées soient ouverts aux femmes en 2016 », a-t-il déclaré au journal The Sunday Telegraph. « Nous avons déjà levé un certain nombre de barrières dans nos forces armées, avec des femmes sous-mariniers et des femmes atteignant les postes les plus élevés dans tous les services, a-t-il ajouté. Nous devons finir le travail l’année prochaine et ouvrir les postes de combat au sol aux femmes. »Au Royaume-Uni, les femmes représentent environ 10 % des forces armées. Pour l’instant, elles sont autorisées à opérer sur le front, mais pas à participer à des missions au contact avec l’ennemi, ce qui les exclut de l’infanterie et de toutes les unités qui pourraient les exposer à des situations de combat rapproché.« L’efficacité au combat demeure primordiale »Un rapport officiel publié il y a un an n’avait relevé « aucune preuve convaincante » justifiant une telle interdiction, mais demandait des recherches supplémentaires sur les « exigences physiologiques » de ces postes, qui devraient être terminées mi-2016. « J’espère que [...] nous pourrons ouvrir les postes de combat aux femmes en 2016 », a écrit M. Fallon dans The Sunday Telegraph, prévenant toutefois que le niveau d’entraînement ne pouvait « pas être abaissé pour accueillir les femmes ». « L’efficacité au combat demeure primordiale, a-t-il insisté. Mais en veillant à ce que les capacités, et non le genre, déterminent qui réussit, nous donnons une chance à tout le monde de concourir pour un poste militaire. » Ces déclarations interviennent alors que l’armée américaine a fait sauter au début du mois ses derniers bastions masculins, ouvrant aux femmes tous les postes dans les unités de combats, y compris l’infanterie et les forces spéciales. 25.12.2015 à 13h58 • Mis à jour le25.12.2015 à 15h04 Des centaines de migrants africains ont essayé de franchir, vendredi 25 décembre, la clôture, surmontée de barbelés, érigée à la frontière entre le Maroc et l’enclave espagnole de Ceuta. D’après la Croix-Rouge, 185 d’entre eux sont parvenus à passer en Espagne.Des volontaires de l’ONG ont traité les migrants qui ont réussi à traverser la frontière et étaient pour la plupart blessés, leur fournissant des vêtements et des chaussures, a annoncé l’organisation dans un communiqué. Douze d’entre eux ont dû être hospitalisés pour fractures, a-t-elle précisé.Dans le même temps, quelque 200 autres tentaient de gagner l’enclave espagnole à la nage depuis les côtes marocaines, a annoncé l’agence officielle marocaine MAP. Les autorités marocaines ont intercepté 104 migrants et ont retrouvé deux corps dans la mer près de la frontière, selon l’agence.Lire aussi :Le cap du million de migrants arrivés en Europe en 2015 a été franchiDes clôtures de sept mètres de hautChaque année, des milliers de migrants risquent leur vie pour atteindre les enclaves de Ceuta et Melilla, les seules frontières terrestres de l’Union européenne avec l’Afrique. L’Espagne avait consolidé les clôtures frontalières des deux enclaves l’année dernière pour faire face à cet afflux.Certains tentent de franchir les clôtures de sept mètres de haut séparant ces enclaves espagnoles du Maroc, tandis que d’autres essaient de gagner les communautés autonomes à bord d’embarcations. En 2014, 15 migrants sont morts noyés après avoir tenté de gagner Ceuta à la nage. 24.12.2015 à 15h36 • Mis à jour le24.12.2015 à 16h30 L’adolescente palestinienne qui avait pleuré après que la chancelière allemande lui a dit qu’elle risquait l’expulsion a obtenu le droit de rester en Allemagne pour une année supplémentaire, en raison de la bonne intégration de sa famille et de ses excellentes notes à l’école, rapporte le journal Bild.Reem Sahwil était présente lors d’une émission de télévision dans laquelle Mme Merkel répondait aux questions de l’audience, en juillet. Âgée de 14 ans, elle avait raconté qu’elle et sa famille attendaient de régulariser leur situation depuis quatre ans. Elle avait éclaté en sanglot après la réponse de la chancelière, qui tentait de lui faire comprendre que l’Allemagne ne pouvait accueillir toutes les demandes d’accueil de migrants et de réfugiés.Cinq mois plus tard, les autorités de Rostock ont donc prolongé le permis de séjour de la famille Sahwil jusqu’en mars 2017, selon Bild, qui cite des sources anonymes au sein des services d’immigration.Le nombre de migrants arrivés en Allemagne en décembre a diminué de plus de moitié par rapport à novembre, selon les statistiques de la police fédérale. Un déclin probablement dû au mauvais temps en mer Egée, principale voie de transit des réfugiés vers l’Europe, et aux contrôles plus stricts appliqués à ses frontières par la Turquie.Du début du mois jusqu’au 20 décembre, environ 73 500 migrants sont arrivés en Allemagne contre 170 000 sur la même période en novembre. Sur ces entrants, environ 6 000 personnes ne font que transiter par l’Allemagne pour se rendre en Scandinavie.Le nombre d’arrivées quotidiennes a varié de 2 000 à 5 000 en décembre.D’après les données du recensement à l’entrée sur le territoire, 965 000 réfugiés ou migrants sont arrivés en Allemagne en 2015 à la fin du mois de novembre, ce qui signifie que le million est probablement dépassé désormais. Olivier Truc (Stockholm, correspondance) Le gouvernement danois n’en finit plus de durcir sa politique à l’égard des réfugiés. La dernière initiative, insérée dans un projet de loi qui doit être débattu en janvier, prévoit de confisquer les bijoux des demandeurs d’asile pour financer leurs aides. Le gouvernement libéral minoritaire de Lars Lokke ­Rasmussen propose que la police soit capable de fouiller les bagages des demandeurs d’asile et de ­saisir les objets de valeur – pas les ­alliances de mariage, a finalement concédé le gouvernement – ainsi que les sommes d’argent ­dépassant 3 000 couronnes (400 euros).Cette mesure a provoqué une vague d’indignation, notamment à l’étranger. Le Washington Post a comparé la mesure à la spoliation des juifs pendant la seconde guerre mondiale. Mais la police danoise, censée être en première ligne pour évaluer la valeur des bijoux, a également fait part de ses craintes sur l’organisation concrète de ces contrôles. « J’estime que l’on doit être capable de faire la différence entre un bracelet qui coûte 1 000 ou 20 000 couronnes », a rétorqué la ministre de l’intégration, Inger Stojberg.Interrogés par le quotidien Politiken, mercredi 23 décembre, des juristes ont également rejeté l’argument du gouvernement qui prétendait que cette mesure n’était pas différente de celles qui s’appliquent aux Danois. Selon eux, jamais on ne pourrait confisquer les bijoux de Danois bénéficiant de l’aide sociale. Si cette disposition a fait scandale, ce n’est pourtant qu’une mesure sur la longue liste des règles drastiques auxquelles doivent se soumettre les étrangers dans le pays.Le cas d’un étudiant camerounais, médiatisé ces derniers jours, a également créé la polémique. Elève à l’université d’Aarhus, Marius Youbi s’est vu retirer son permis de séjour et signifier qu’il devait quitter le Danemark d’ici au 8 janvier pour avoir dépassé d’une heure et demie le quota de quinze heures hebdomadaires autorisées pour un travail à temps partiel en tant qu’étudiant international. Choquée, l’université a autorisé l’étudiant ingénieur à passer ses examens en avance avant son expulsion. Il a obtenu les meilleures notes possibles. « C’est une punition disproportionnée pour quelqu’un dont le tort est d’avoir trop travaillé », s’est indigné Per Lysgaard, de l’université d’Aarhus.Lire aussi :Au Danemark, 20 000 personnes manifestent pour « un traitement digne des réfugiés »Rhétorique anti-immigrésDepuis les années 2000, le Danemark n’a cessé de durcir sa position contre les étrangers, sous l’influence du Parti du peuple danois (DF, extrême droite). Ce mouvement, qui a obtenu 21,1 % des voix aux législatives en juin, est le principal soutien du gouvernement actuel. Le parti du premier ministre, Lars Lokke Rasmussen, gouverne en effet après n’avoir obtenu que 19,5 % des voix et est contraint de chercher des majorités en fonction des textes. Ironie de l’histoire, son projet de loi sur les demandeurs d’asile est soutenu par les autres petites formations de droite et les sociaux-démocrates, mais pas par DF.Le parti estime en effet que le texte n’est pas assez dur. Il voudrait que le Danemark mette en place des villages d’accueil isolés pour les réfugiés afin de soulager les communes, chargées jusqu’ici de l’hébergement. L’extrême droite estime en effet que cela permet aux réfugiés de passer devant les Danois en attente de logement.Jusqu’ici, DF a toujours refusé de participer au gouvernement, préférant rester à l’extérieur pour mieux l’influencer, avec un succès indéniable. Depuis son entrée au Parlement en 1998, l’extrême droite est parvenue à faire de la question des étrangers un point central du débat danois, à laquelle la plupart des autres partis ont choisi de s’adapter. Entre 2001 et 2011, le gouvernement minoritaire libéral-conservateur était déjà resté au pouvoir grâce au soutien négocié de DF au Parlement, ce qui avait progressivement conduit le Danemark à adopter la législation sur les étrangers la plus stricte d’Europe.Au fil des ans, même les sociaux-démocrates, puis plus tard leur ­allié plus à gauche, le Parti populaire socialiste (SF), se sont mis à adopter la même rhétorique sur les réfugiés et les musulmans, banalisant ainsi les idées de l’extrême droite. Le 3 décembre, les Danois ont voté contre un renforcement de la participation du pays à la politique européenne de sécurité et de justice. DF, qui avait dirigé le camp du « non » contre le reste des principaux partis, avait fait campagne en assurant qu’un « oui » se traduirait à terme par une perte de contrôle du Danemark sur sa politique migratoire. A 53,1 %, les Danois ont voté « non ».Lire aussi :Les Danois votent contre une coopération policière renforcée avec l’UEOlivier Truc (Stockholm, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.12.2015 à 19h06 • Mis à jour le23.12.2015 à 19h36 Le premier ministre géorgien, Irakli Garibachvili, critiqué pour sa gestion de l’économie à moins d’un an des élections législatives, a annoncé mercredi sa démission, après être resté deux ans en poste.Ayant connu des années de rapide croissance à la suite du tournant pro-occidental de 2003, l’économie de cette ex-république soviétique du Caucase patine et la popularité de la coalition du Rêve géorgien est au plus bas.Un successeur nommé vendredi ?« J’ai pris la décision de quitter mon poste », a déclaré, dans une adresse télévisée à la nation, le chef du gouvernement. « Tous les postes sont temporaires, il n’y a que Dieu et la patrie qui sont éternels », a-t-il ajouté, sans donner plus d’explications sur sa décision.Lire :Nouvelle offensive du pouvoir contre l’opposition en GéorgieLe président du Parlement, David Oussoupachvili, a indiqué à la presse que la coalition désignerait un successeur vendredi. Selon des médias géorgiens, M. Garibachvili pourrait être remplacé par le vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères, Guiorgui Kvirikachvili.Nommé à son poste en novembre 2013, Irakli Garibachvili, aujourd’hui âgé de 33 ans, était devenu à l’époque le plus jeune chef de gouvernement en Europe.Inconnu jusqu’en 2012Presque totalement inconnu jusqu’à sa nomination au poste de ministre de l’intérieur en octobre 2012, M. Garibachvili a été considéré comme un proche allié du milliardaire et ancien premier ministre Bidzina Ivanichvili, dont la coalition Rêve géorgien a remporté la même année les élections législatives en Géorgie en mettant fin à la domination du parti Mouvement national unifié de l’ex-président Mikheïl Saakachvili.Diplômé de la Sorbonne à Paris où il a étudié les relations internationales, Irakli Garibachvili avait notamment dirigé la fondation caritative du milliardaire et travaillé dans sa banque, ainsi que pour la maison de disques de son fils, un chanteur de rap.Selon des opposants géorgiens, la démission de M. Garibachvili pourrait s’inscrire dans les efforts de la coalition au pouvoir pour empêcher la forte baisse de sa popularité sur fond de crise économique en vue des élections législatives d’octobre 2016.Lire aussi :L’étonnante renaissance ukrainienne de Saakachvili Marie Charrel En 2014 et 2015, nombre de pays émergents ont souffert de la dépréciation de leur devise. Un mouvement notamment lié à la remontée programmée des taux directeurs américains. La Turquie ne fait pas exception.Dans une note publiée mercredi 23 décembre, la Coface, le spécialiste de l’assurance-crédit, détaille par quels canaux la chute de la livre turque affecte l’économie du pays. « La combinaison des incertitudes politiques, des problèmes de sécurité et des inquiétudes concernant l’économie mondiale ont provoqué une chute brutale de la livre, qui est tombée à son plus bas niveau face au dollar en septembre », explique Seltem Iyigun, économiste spécialiste de la région Méditerranée et Afrique pour la Coface. Le 24 septembre, la livre est ainsi tombée à 3,07 dollars, en baisse de 32 % par rapport à janvier.Explosion des chèques impayésMais l’économie turque est également pénalisée par la baisse de l’euro face au dollar. Et ce, parce qu’elle présente deux grands points faibles. D’abord, « elle est particulièrement dépendante des capitaux étrangers et des importations », souligne la Coface. En outre, nombre d’entreprises turques affichent des coûts de production en dollars et des recettes en euros. De fait, 44 % des exportations turques sont libellées en euros, tandis que 65 % des importations le sont en dollars.Lire aussi :En Turquie, vives tensions entre M. Erdogan et la Banque centraleRésultat : l’effondrement de la livre a provoqué une envolée des coûts de production et donc, l’effondrement des marges des entreprises. Beaucoup ont vu leur situation financière se dégrader. En particulier celles dont la dette est en devise étrangère – c’est le cas de 75 % de la dette des sociétés non financières du pays. Le nombre de chèques impayés a également bondi de 38 % en valeur sur les dix premiers mois de 2015, précise la Coface, signe que la santé des PME se dégrade.« L’épargne locale est trop faible »Plus inquiétant encore : « L’économie turque a besoin de l’épargne étrangère pour fonctionner, car l’épargne locale, équivalente à 15 % du produit intérieur brut [PIB], est trop faible », explique Mme Iyigun. Or, la dette extérieure du pays culmine aujourd’hui à 405,2 milliards de dollars, soit 52 % du PIB. Ce qui rend la Turquie particulièrement exposée aux variations de change.En effet, chaque nouvelle dépréciation de la livre alourdit encore la dette extérieure… Selon la Coface, les secteurs les plus exposés sont les métaux (hors fer et acier), la construction, les produits chimiques ou en encore le textile, qui dépendent particulièrement de l’étranger.Qu’attendre pour 2016 ? De son côté, le Fonds monétaire international estime que le PIB turc devrait croître de 2,9 %, après 3 % en 2015. Une performance relativement bonne, notamment soutenue par la demande domestique. « L’économie turque sera néanmoins soumise à de nombreux risques, liés aux incertitudes planant sur l’économie mondiale et la montée des tensions géopolitiques », conclut Mme Iyigun.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.12.2015 à 15h44 | Stéphanie Marteau, Soren Seelow et Simon Piel Les circonstances de l’assaut mené le 18 novembre à Saint-Denis par le RAID contre le coordinateur présumé des attentats de Paris, Abdelhamid Abaaoud, et ses complices se précisent. Si beaucoup de questions demeurent, de nombreux documents auxquels Le Monde a eu accès affinent le scénario d’une opération qui s’est déroulée avec une rare violence et dans une extrême confusion.Les scènes décrites par les enquêteurs de la police judiciaire venus opérer les premières constatations en témoignent. La chaussée est jonchée de débris. Du verre et du bois provenant des fenêtres de l’immeuble de Saint-Denis où a eu lieu l’assaut. De nombreux écrous, probablement contenus dans une ceinture d’explosifs actionnée par l’un des hommes retranchés. Mais aussi plusieurs bouts de corps. Ici, « une tête humaine à laquelle demeure attaché un morceau de colonne vertébrale ». Là, « une partie de visage » sur la peau duquel apparaît une barbe naissante. Plus loin, une dent humaine, un trousseau de clés, un livre en langue arabe et un clavier d’ordinateur brisé.Aucune arme de guerre ne sera retrouvée, contrairement à ce qu’avait pu laisser penser le récit du patron du RAID. Le tir « nourri » évoqué par le RAID se heurte à une constatation imparable : seul un Browning semi-automatique a été retrouvé dans les décombres le 20 novembre, sans chargeur mais avec une munition. Sur le pistolet, la police retrouve une empreinte d’Abdelhamid Abaaoud. C’est à ce jour la seule arme des terroristes découverte.L’essentiel des munitions ont en réalité été tirées par les policiers d’élite. Dès le lendemain de l’assaut, la police judiciaire fait un premier décompte des munitions saisies. Ils recensent plus de 1 500 étuis percutés et 4 étuis percutés de grenade, provenant « vraisemblablement, selon les techniciens du laboratoire central de la préfecture de Paris, des tirs effectués par les effectifs de la police du RAID ».Compte-rendu très succinctAutant de précisions qui ne figurent pas dans le compte-rendu très succinct fait par le patron du RAID aux magistrats antiterroristes et dont Le Monde a pu prendre connaissance. A sa lecture, aucune réponse n’est apportée aux questions soulevées sur la stratégie d’opérer des « tirs de saturation » pour empêcher un éventuel kamikaze d’approcher.Aucune mention non plus des raisons pour lesquelles les explosifs disposés par le RAID sur la porte de l’appartement n’ont pas fonctionné. Aucune précision sur les échanges que des hommes du RAID ont eus avec Hasna Aït Boulahcen lorsqu’elle a demandé à deux reprises de pouvoir sortir.Rien sur le moment où l’un des terroristes a déclenché sa ceinture d’explosifs. Rien enfin sur le fait qu’un seul pistolet automatique ait pu à lui seul donner le sentiment aux équipes du RAID d’être visées par « un feu nourri ». Ni la direction du RAID ni la direction générale de la police nationale n’ont souhaité répondre à nos questions.Les précisions apportées par un témoignage ainsi que plusieurs éléments de téléphonie avaient laissé entendre que des personnes – dont Abdelhamid Abaoud – armées de kalachnikov et d’explosifs s’étaient réfugiées dans un appartement à Saint-Denis. Hasna Aït Boulahcen avait ainsi confié que « des voisins voulaient sympathiser mais (qu’) ils n’ont pas voulu car ils préparaient leurs bombes, ils ne voulaient pas être dérangés ». Elle-même aurait dit avoir « joué avec la kalach ».« C’est dans cet état d’esprit qu’arrive le RAID sur place », explique-t-on au ministère de l’intérieur pour justifier ce déluge de feu. « D’un point de vue opérationnel, l’intervention est une réussite » ajoute-t-on. Un projet d’attentat à la Défense a en effet été empêché.Stéphanie MarteauSimon PielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSoren SeelowJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.12.2015 à 11h21 • Mis à jour le23.12.2015 à 11h43 Quelques heures après la publication d’un communiqué conjoint de l’ONU et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) faisant savoir qu’un million de migrants étaient entrés en Europe cette année, dont 816 000 par la mer, un nouveau naufrage a eu lieu au large de l’îlot grec de Farmakonisi, mercredi 23 décembre.Au moins treize personnes, dont sept enfants, sont morts noyées après le chavirement de leur « petit bateau en polyester » venant des côtes occidentales turques, selon une responsable de la police. Le temps n’était pas « particulièrement mauvais, mais le bateau était surchargé, comme souvent », a souligné cette responsable. La veille, onze autres migrants, dont trois enfants, étaient morts noyés en mer Egée en faisant le même trajet.Selon l’OIM, près de 3 700 personnes, pour la plupart fuyant les conflits en Syrie et ailleurs, sont mortes ou portées disparues au large de l’Europe en 2015 : environ 700 en tentant de traverser la mer Egée pour rejoindre la Grèce et près de 3 000 en Méditerranée en direction de l’Italie.Lire aussi :Le nombre de migrants et de réfugiés a explosé au XXIe siècle 23.12.2015 à 09h36 • Mis à jour le23.12.2015 à 15h06 | Marie Charrel C’est une nouvelle plutôt bonne, au sein d’une conjoncture bien morose. Selon les chiffres publiés mercredi 23 décembre par l’Insee, le pouvoir d’achat des Français a en effet rebondi de 0,9 % au troisième trimestre, après avoir reculé de 0,3 % sur les trois précédents mois. Sur l’ensemble de 2015, il devrait ainsi progresser de 1,6 %, prévoit l’institut, après 1,1 % en 2014.Hausse du salaire moyenLa raison de ce petit rebond ? Le revenu disponible brut des ménages a lui aussi accéléré au troisième trimestre, de 0,7 %, après une hausse de 0,2 % sur le trimestre précédent. En d’autres termes : les salaires ont un peu augmenté. « La masse salariale reçue par les ménages a crû davantage qu’au trimestre précédent, de 0,4 % après 0,2 % », détaille l’Insee. Le salaire moyen par tête versé par les sociétés non financières a ainsi progressé de 0,3 %, après avoir stagné au deuxième trimestre.Ce n’est pas tout : les prestations sociales en espèces notamment touchées par les foyers les moins aisés ont également augmenté un peu (+ 0,3 % après + 0,2 % au deuxième trimestre), tandis qu’à l’inverse, les impôts sur le revenu et le patrimoine se sont repliés sur le trimestre (– 2 % après + 0,4 %).Recul de la consommation en novembreSur le troisième trimestre, les dépenses de consommation des ménages ont augmenté de 0,3 %, après avoir stagné au deuxième trimestre. En revanche, note l’Insee, la consommation a reculé de 1,1 % en novembre, après le léger recul de 0,2 % en octobre. Il s’agit de sa plus forte contraction depuis janvier 2014.Faut-il y voir l’effet des attentats du 13 novembre ? L’Insee n’y fait aucune référence. Ses économistes soulignent en revanche que cette chute des dépenses est en grande partie liée à la douceur des températures enregistrée ces dernières semaines.Celle-ci s’est en effet traduite par une baisse de la consommation de chauffage et donc, d’énergie (– 5,6 %). Mais aussi, par un net recul des dépenses d’habillement (– 4,7 %).Légère augmentation des marges des entreprisesAutre chiffre positif relevé par l’Insee, qui confirme également que l’économie française a crû de 0,3 % au troisième trimestre : le taux de marge des sociétés non financières. Celui-ci a progressé de 0,2 %, pour atteindre 31,2 %. Et cela, grâce au recul des prix de l’énergie, qui a plus que compensé la progression des salaires réels. « Les marges des entreprises ont retrouvé leur plus haut niveau depuis le premier trimestre 2011, c’est une bonne nouvelle, car il s’agit d’un élément essentiel à la reprise de l’investissement », conclut Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture au sein du groupe Xerfi.Lire aussi :La croissance n’aura pas droit à l’erreur en 2016Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.12.2015 à 18h02 « Une affaire très bizarre » impliquant un « homme très bizarre ». C’est en ces termes que le juge john Brevan a évoqué cette affaire avant de rendre son verdict. L’« extrémiste roux » qui voulait assassiner le prince Charles pour permettre au prince Harry, roux comme lui, de devenir roi, a été interné pour une durée indéfinie pour troubles psychiatriques par la justice britannique, mardi 22 décembre.Mark Colborne, un suprémaciste blanc de 37 ans, avait été reconnu coupable en septembre de préparation d’actes terroristes devant le tribunal de l’Old Bailey. Colborne avait été arrêté en juin 2014 après que son demi-frère eut découvert des produits chimiques et des documents suspects dans une maison de la famille à Southampton.Lire aussi :Colborne, le « suprémaciste roux », coupable de préparation d’actes terroristes« Mettre une balle dans la tête de Charles »Il s’est comparé à l’extrémiste de droite Anders Behring Breivik, qui avait tué 77 personnes en Norvège en 2011. « Je veux des représailles massives, un attentat terroriste de masse qui attirera l’attention sur notre souffrance, pas seulement la mienne, mais celle de mes frères à travers le monde. Je veux que le monde assiste à ma métamorphose, d’un représentant de cette pauvre communauté rousse qui se fait marcher dessus constamment, à un terroriste militaire », avait-il écrit dans son journal.L’enquête a montré que l’accusé avait cherché sur Internet le moyen de fabriquer des bombes artisanales. Il s’était aussi procuré des produits chimiques pour fabriquer du cyanure, des masques de protection, des seringues et des gants en latex.Dans son journal, l’accusé a également fait part de sa volonté de « mettre une balle dans la tête de Charles », le fils aîné de la reine Elizabeth II, premier dans l’ordre de succession au trône britannique.« Il est protégé mais pas trop. Je sacrifierais ma vie pour un tir. Tuer Charles et William pour que Harry devienne roi. Tuer les tyrans », y disait-il, omettant de réaliser que William avait, déjà à l’époque, un petit garçon précédant Harry dans l’ordre de succession.Depuis le 2 mai, William et son épouse Kate sont également les parents d’une petite fille, qui devance aussi Harry, relégué en cinquième position désormais.Lire aussi : Mark Colborne, le « terroriste roux », devant la justice britannique 02.12.2015 à 15h37 • Mis à jour le02.12.2015 à 18h45 La Cour constitutionnelle espagnole a annoncé, mercredi 2 décembre, avoir révoqué la résolution adoptée le 9 novembre par le Parlement de Catalogne, censée marquer le début d’un processus de scission avec le reste de l’Espagne.Dans cette résolution, le Parlement exposait le projet de proclamer une république dans les dix-huit mois en Catalogne, région qui représente un cinquième de la production économique de l’Espagne.Lire notre décryptage :Pourquoi la Catalogne veut-elle son indépendance ?Ce processus était bloqué depuis le 11 novembre en l’attente de la décision finale de la Cour constitutionnelle. Mais les dirigeants catalans élus en septembre ont d’ores et déjà clairement annoncé qu’ils ne tiendraient pas compte des arrêts que rendrait la Cour constitutionnelle d’Espagne.« Cette décision de justice n’empêche pas les effets politiques de la résolution. Par conséquent le contenu de cette déclaration (…) est inaltérable », a déclaré Neus Munté, au nom du gouvernement régional présidé par l’indépendantiste Artur Mas.La Catalogne, 20 % du PIB de l’EspagneLe Parlement de cette région de 7,5 millions d’habitants, représentant 20 % du PIB de l’Espagne, est issu d’un scrutin organisé le 27 septembre, centré sur la question de la sécession. Après des décennies de débats autour de leur degré d’autonomie, les indépendantistes ont remporté ces élections avec une majorité de 72 sièges sur 135.Hors de Catalogne, les adversaires de l’indépendance de la région sont majoritaires, quelle que soit leur sensibilité politique. Un référendum d’autodétermination, jugé illégal par Madrid, a été organisé l’an dernier et Artur Mas, président de la région, a été mis en examen pour l’avoir organisé contre l’avis de Madrid.Lire aussi notre récit :Divorce à l’espagnole 02.12.2015 à 11h45 • Mis à jour le02.12.2015 à 17h05 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance), Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La tension est forte entre Athènes et les autres capitales européennes sur la gestion des migrants. La Grèce est aujourd’hui ni plus moins menacée d’une suspension, voire d’une d’exclusion des accords Schengen sur la libre circulation, si elle ne prend pas de mesures supplémentaires pour renforcer le contrôle de ses frontières. Cela a conduit, mercredi, le gouvernement grec a riposté vivement.« Nous faisons tout ce que nous pouvons pour collaborer et trouver des solutions européennes à cette crise de réfugiés », a déclaré une source gouvernementale grecque, qui dénonce « un coup de pression que nous ne comprenons pas ».Dans la journée, mercredi, le ministre grec de la politique migratoire, Iannis Mouzalas a dénoncé « des États-membres qui croient à tort que le flux de réfugiés peut être contrôlé par la Grèce ». Lors d’une rencontre organisée avec des journalistes européens, il a notamment mis en cause un article publié mercredi par le Financial Times incluant, selon lui, « des contre-vérités et distorsions souvent utilisées par ces États membres contre » la Grèce.Qui menace Athènes et quand ce sujet sera-t-il tranché ?Evoqué discrètement depuis quelques semaines, le scénario d’une suspension, voire d’une d’exclusion des accords Schengen a été dévoilé avant une nouvelle réunion des ministres de l’intérieur et de l’immigration, jeudi et vendredi, à Bruxelles. Il ne semble plus impossible si Athènes ne répond pas très vite aux demandes pressantes de ses partenaires européens.Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, a mis en garde le premier ministre grec, Alexis Tsipras, dimanche 29 novembre, en marge du sommet UE-Turquie qui se tenait à Bruxelles et était consacré à la crise des migrants.Selon certaines sources, M. Juncker aurait évoqué un « rapport » sur la gestion de la crise des réfugiés par son pays et par l’Italie. Selon une autre, il lui aurait indiqué que si son pays n’entreprenait pas des actions « décisives », la question d’une suspension ou d’une exclusion du règlement Schengen serait sur la table du prochain sommet européen, les 17 et 18 décembre. « Le sommet des 17 et 18 sera un moment de vérité », a prévenu une source européenne. Qu’est-ce qui est reproché à Athènes ?Les pays européens insistent sur la nécessité d’une meilleure surveillance des frontières de la Grèce alors que plus de 800 000 migrants – surtout des Syriens – ont traversé la Méditerranée pour rejoindre l’Europe en 2015 et que la très grande majorité – environ 700 000 – est passée par les îles grecques de la mer Egée, en provenance de Turquie.Lire aussi :Les failles du contrôle des migrants en GrèceAthènes doit s’efforcer de créer des places d’accueil (elle en a promis 30 000 à la fin octobre), obtenir l’aide de l’agence Frontex pour la surveillance de sa frontière avec la Macédoine, réclamer le soutien d’équipes mobiles d’assistance rapide (Rabit) que peuvent fournir ses partenaires et, enfin, déclencher le mécanisme qui lui permettra d’obtenir, de la Commission de Bruxelles, une aide humanitaire d’urgence.Certains responsables soulignent toutefois que la Grèce n’est pas aidée par sa géographie et son administration défaillante et surtout qu’elle est fragilisée par plus de cinq ans d’austérité. Selon ces sources, la responsabilité de la crise actuelle revient aussi, pour une grande part, à l’appel d’air, généreux mais pas du tout concerté avec ses partenaires, qu’Angela Merkel a créé, à la fin de l’été, en disant que l’Allemagne allait accueillir tous les réfugiés syriens.Les principaux pays « de destination » privilégiés par les réfugiés - Allemagne, Suède, Finlande, Pays-Bas, Belgique - mais aussi d’autres pays, reprochent surtout à Athènes les lenteurs dans la mise en place des « hot spots », ces centres d’identification et d’enregistrement à installer avec le concours de l’UE.Même si le commissaire (grec) aux affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos, affirme que « cela fonctionne déjà à Lesbos », les partenaires d’Athènes déplorent que les autorités grecques n’effectuent pas la répartition entre migrants « économiques » et réfugiés.Combien de centres d’identification sont-ils aujourd’hui opérationnels en Grèce ?Sur les cinq centres d’accueil à mettre en place, seul celui de Lesbos est effectivement opérationnel, mais avec des lacunes. Le relevé électronique des empreintes est très insuffisant, les autorités grecques soulignant qu’elles manquent de moyens techniques et humains pour faire fonctionner les 300 machines que l’UE serait prête à mettre à leur disposition.Les demandes d’asile ne sont donc pas enregistrées, alors que c’est de Grèce (et d’Italie) que devraient partir 160 000 réfugiés à relocaliser dans l’Union. Ce plan, imaginé par la Commission – et difficilement accepté –, est un échec : 159 réfugiés ont effectivement été envoyés dans un pays d’accueil.Un autre élément, évoqué mercredi par le quotidien belge Le Soir, a apparemment accru la colère contre Athènes. A son retour de Lesbos, le commissaire à la Santé, Vytenis Andriukaitis, a envoyé au président Juncker un courrier décrivant une situation dramatique qui règne à Lesbos.M. Andriukaitis y parle de la mort d’enfants par hypothermie, du manque cruel de moyens médicaux et de retards dans l’acheminement de l’aide européenne. Alors qu’Athènes a bénéficié de divers fonds européens, pour un minimum de 58 millions d’euros.Une mini zone Schengen est-elle envisageable ?Si tous les regards se tournent à nouveau vers le « maillon faible » de l’UE, c’est que, de fait, les défaillances grecques expliquent en partie l’échec total des différentes solutions proposées par la Commission pour tenter d’endiguer la crise migratoire.Considérant que la Grèce est « une passoire », certains pays membres envisagent depuis quelques semaines de créer un « mini Schengen » et de restreindre l’espace de libre circulation à seulement quelques pays (l’Allemagne, le Benelux, l’Autriche, l’Allemagne, Suède).Le ministre des finances néerlandais, Jeroen Dijsselbloem, l’a expliqué sans nuances à la fin novembre : « Si l’Union ne protège pas mieux ses frontières extérieures, alors un petit groupe de pays le fera. » Plusieurs pays, dont la France, s’opposent à ce projet. « Il faut combattre cette idée et, d’ailleurs, éviter tout débat sur la remise en cause de Schengen ou l’exclusion d’un pays » déclarait au Monde, mercredi matin, le ministre luxembourgeois des affaires étrangères et de l’immigration, Jean Asselborn.Une suspension voire une exclusion de la Grèce de l’espace Shengen règlerait-elle la question des migrants ?A Athènes, on souligne qu’on ne peut menacer la Grèce de sanctions tout en lui demandant de gérer, seule si elle était exclue, le risque sécuritaire : elle ne pourra pas contrer avec ses moyens uniquement la menace d’une incursion de djihadistes sur le sol de l’Europe.Le gouvernement de M. Tsipras craint en tout cas que si aucune solution n’est trouvée, à court terme, à la crise des migrants, son pays devienne un vaste camp de rétention puisque tous ses voisins risquent de fermer hermétiquement leurs frontières, faute d’une gestion plus ordonnée du flux de migrants. « Schengen est comateux », juge M. Juncker. Il n’a visiblement pas tort.Lire aussi :L’UE veut renforcer les contrôles sur l’entrée et la libre circulation sur son territoireAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Le roi et la reine des Belges, en peignoir et pantoufles, sirotant un verre au Sofitel de Quiberon tandis qu’à Bruxelles, l’alerte terroriste était maximale – niveau 4 sur 4 –, les 21 et 22 novembre : il n’en fallait pas plus pour enflammer les réseaux sociaux et s’interroger sur l’attitude du chef de l’Etat.Mardi, le quotidien néerlandophone Het Nieuwsblad évoquait le séjour en Bretagne du couple royal, soulignant que le roi Philippe et la reine Mathilde, inscrits sous un faux nom, n’avaient pas jugé utile de regagner Bruxelles avant dimanche soir, alors que le pays redoutait une attaque « imminente », qui aurait apparemment visé des centres commerciaux. Selon le journal, les services de sécurité français se seraient d’ailleurs étonnés, et inquiétés, de ce séjour prolongé.Mercredi, Le Canard Enchaîné publiait une photo du couple, sous le titre « Le massage solennel du roi des Belges ». Le Soir de Bruxelles évoquait, en manchette, la « maladresse royale », tandis que les radios et les chaînes de télévision mobilisaient commentateurs et experts en droit constitutionnel.« Gaffe »Ceux-ci minimisent en général la portée de l’affaire, soulignant que la seule question qui se pose est de savoir si le roi était constamment joignable. Et il l’était : pour preuve, le coup de téléphone qu’il aurait donné à son homologue Mohammed VI afin d’obtenir la collaboration des services marocains dans la traque des fugitifs, recherchés dans le cadre des enquêtes sur les attentats du 13 novembre à Paris. C’est cet appel qui vaudrait d’ailleurs au roi Philippe l’absolution de l’Alliance néoflamande (NVA), le parti nationaliste et antimonarchiste qui détient notamment le portefeuille de l’intérieur dans le gouvernement fédéral : le ministre Jan Jambon a salué ce coup de pouce royal aux investigations policières. Les experts en communication sont, eux aussi, prudents, évoquant toutefois une « gaffe », ou « une photo fâcheuse », mais qui doit « être remise dans son contexte », explique l’un d’eux. Celui de la vie privée et familiale d’un homme qui, aux termes de la Constitution, « règne mais ne gouverne pas » et n’avait donc pas à être en première ligne, laissant cette responsabilité au premier ministre Charles Michel. Dans l’entourage de celui-ci, on souligne que Philippe s’est tenu « informé en permanence » de la situation dans son pays et qu’il n’a pas à communiquer son agenda aux ministres.Dès lors, s’agit-il juste d’une mauvaise évaluation de la situation, voire d’un manque de solidarité avec une population un brin traumatisée ? A moins qu’un nouveau « Belgium bashing » soit à l’œuvre ? Une partie des Belges a, comme d’habitude, préféré en rire. A l’instar du caricaturiste Pierre Kroll, qui publie, en page 2 du Soir, un dessin où un homme en costume noir indique au roi : « On passe au niveau 4 ». « Le sauna, le hammam, le massage breton ?… », interroge Philippe. « Non, Sire, la menace à Bruxelles », répond le conseiller.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Les ministres des affaires étrangères des vingt-huit pays membres de l’OTAN ont « invité », mercredi 2 décembre, le Monténégro à rejoindre l’Alliance, une adhésion qui prendra effet dans les dix-huit mois à venir. Selon son secrétaire général, Jens Stoltenberg, cette décision « historique », dix-sept ans après les bombardements de ladite Alliance sur Podgorica, marque « l’engagement continu » de l’OTAN en faveur des Balkans occidentaux. Les dernières adhésions ont été celles de l’Albanie et de la Croatie, en 2009.Candidat depuis 2009, le Monténégro, petit pays de 630 000 habitants dont le gouvernement est fréquemment critiqué pour sa corruption endémique, a reçu récemment l’appui décisif des Etats-Unis, pilier de l’organisation. « Ceci n’est pas un message adressé à la Russie », a assuré lundi l’ambassadeur américain auprès de l’OTAN, Douglas Lute. « Il ne s’agit pas ici de la Russie, mais du Monténégro », a-t-il ajouté, soulignant que l’adhésion à l’OTAN était « une décision nationale » soutenue par une majorité de la population et les dirigeants du pays.« Provocation »Les précautions de la diplomatie américaine ne sont pas superflues, tant la perspective de cette adhésion semble hérisser Moscou, qui y voit un nouvel empiètement sur sa zone d’influence. Le Monténégro n’a pris qu’en 2006 son indépendance de la Serbie, allié privilégié dans les Balkans de la Russie qui a conservé de nombreux intérêts à Podgorica et contribue pour près d’un tiers à ses investissements étrangers.Le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, évoquait encore en septembre une « erreur » et une « provocation ». Et le gouvernement de Milo Djukanovic, un fidèle de l’ancien président serbe Slobodan Milosevic devenu « pro-occidental » à la fin des années 1990, a dénoncé la main de Moscou dans les récentes manifestations anti-OTAN qui ont secoué le pays.« En réalité, souligne l’analyste Fiodor Loukianov, membre du Conseil pour la sécurité et la défense de la Russie, le Monténégro est bien moins important aux yeux des dirigeants russes que la Serbie. Il n’a aucun caractère stratégique, ni pour l’OTAN ni pour Moscou, mais les deux parties font de la question de l’élargissement une affaire de principe. » Selon cet expert bien introduit au Kremlin, la réaction russe pourrait encourager un retrait des intérêts russes du pays.Au sein de l’Alliance, les Européens restent prudents. La France et d’autres ont insisté pour qu’un projet de déclaration évoque d’autres demandes d’adhésion pendantes, celles de la Géorgie, de la Bosnie-Herzégovine et de la Macédoine, et appelle à éviter toute précipitation ou « fuite en avant », selon un diplomate.Ton mesuréLa Géorgie, dont des républiques séparatistes abritent des troupes russes, est jugée particulièrement sensible. Quant à l’Ukraine, elle aussi candidate, son dossier a été « gelé » pour ne pas irriter davantage Moscou. Un diplomate minimise dès lors la portée d’une adhésion monténégrine.Les pays membres devraient aussi adopter un ton mesuré à l’égard de Moscou après le grave incident aérien entre la Russie et la Turquie, le 24 novembre. Les ministres des affaires étrangères ont évoqué mardi soir leur « ferme solidarité » avec Ankara et souligné l’importance du respect de l’intégrité territoriale du pays. Ils appellent « au calme, à la diplomatie, à la désescalade ». Les pays de l’Alliance veulent mêler fermeté et volonté de dialogue à l’égard de Moscou. Des délégations entendent même examiner la possibilité d’une relance du Conseil OTAN-Russie, actuellement paralysé.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.12.2015 à 06h11 • Mis à jour le02.12.2015 à 11h29 | Maryline Baumard En dix jours, c’est le deuxième désaveu officiel infligé à la politique menée par le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, à Calais. Après le Conseil d’Etat, qui le 23 novembre exigeait un aménagement rapide du campement où vivent plus de 5 000 migrants, c’est au tour de la contrôleure générale des lieux de privation de liberté de dénoncer le non-respect des droits de l’homme, par les pouvoirs publics, dans ce no man’s land de misère et de détresse qu’est la jungle calaisienne.Dans une recommandation rendue publique le 2 décembre, Adeline Hazan demande au ministre qu’il « soit mis fin » aux placements collectifs en rétention qui se succèdent à un rythme endiablé depuis plus de quarante jours. Elle dénonce l’enfermement de 779 migrants entre le 21 octobre et le 10 novembre (1 039 au 1er décembre, selon la Cimade), « dans le but de désengorger Calais ». « Il s’agit là d’une utilisation détournée de la procédure qui entraîne des atteintes graves aux droits fondamentaux des personnes ainsi privées de liberté », constate-t-elle.Aux yeux de cette haute autorité, la politique de M. Cazeneuve bafoue le droit des étrangers parce que ces migrants ne sont pas dans une situation où leur mise en rétention s’impose, mais aussi parce qu’on les prive « de l’accès à leurs droits » et que leur privation de liberté se fait « dans des conditions matérielles portant atteinte à leur dignité ».Lire aussi :« J’essaie tous les jours de passer en Angleterre »Désengorger CalaisCes violations du droit découlent du choix fait le 21 octobre par le ministre de l’intérieur. Ce jour-là, M. Cazeneuve annonce un plan pour Calais. Officiellement, il propose d’offrir un hébergement, quelque part en France, aux migrants qui acceptent de renoncer à leur projet migratoire vers la Grande-Bretagne. Il décide en même temps de renforcer largement la présence des forces de police sur le lieu afin de rendre la frontière hermétique. Pas un mot, alors, sur les places réservées jusqu’à fin décembre dans sept centres de rétention administrative (CRA) aux quatre coins du pays. Toutes les facettes de sa politique convergent vers un but unique : désengorger le site de Calais en le vidant par tous les moyens de quelques-uns des 6 500 migrants qui y résident alors.Selon les textes juridiques en vigueur, le placement en rétention n’est pas prévu pour vider un campement : il est réservé à la préparation effective du retour d’un migrant dans son pays ou un pays tiers. Or, la contrôleure, qui a fait les calculs jusqu’au 10 novembre, est arrivée à la conclusion que seules 4 % des personnes retenues avaient effectivement quitté la France. Preuve que l’enfermement n’avait pas pour but premier de leur faire quitter l’Hexagone – même si, dans sa réponse à Mme Hazan, le ministre rappelle que « tous les étrangers placés en CRA ont vocation à être éloignés et y sont placés dans ce seul but ».La contrôleure ne donne les nationalités des « déplacés » que jusqu’à mi-novembre mais la Cimade les a consignés jusqu’au 1er décembre. Sur les 1 039 personnes enfermées depuis octobre dans les sept CRA semi-réquisitionnés, figuraient notamment 147 Érythréens, 113 Irakiens et 138 Syriens – autant de migrants qu’il est impossible de renvoyer chez eux parce que cette mesure les exposerait à des risques importants. Un bilan fait par la même association montre d’ailleurs que 94 % de ceux qui ont été enfermés depuis la mi-octobre ont été libérés, soit par la préfecture elle-même, soit par un juge. Selon nos informations, la plupart d’entre eux sont retournés à Calais par le premier train.Entassement et indignité data-ui="carousel" data-module="portfolio" data-wrapper=".gallery" data-interval="false" data-is-atom tabindex="10"> data-slide-title="" data-slide-description="Officiellement ouvert au printemps pour libérer le centre-ville de ses migrants et les regrouper, la "jungle" a pris l'aspect d'un immense bidonville, structurée par une économie de survie. Les magasins affichent souvent l'origine du propriétaire." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Des cafés sont aménagés. On peut y boire un thé ou un café. "On estimait à 5 000 le nombre de migrants ici avant le week-end [samedi 10 et dimanche 11 octobre]", résume François Guennoc, de l’association l’Auberge des migrants. "On ne doit pas être loin de 6 000, alors", complète un autre. Au début du printemps, ils étaient 2 000." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Dans la jungle, un des migrants propose ses services pour réparer les vélos des autres occupants du camp. Comme pour se donner l’impression de reprendre la main, les CRS ont réinvesti le lieu. Lundi 12 octobre, avant le déjeuner, ils ont patrouillé par groupe de quatre ou cinq et tassé un peu plus le sable de la dune de leurs bottes de sécurité." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Mohajir épluche quelques pommes de terre pour le repas du soir. Dans la grande tente des Soudanais, l'accueil se veut chaleureux." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Tony et Vince sont deux bénévoles britanniques. Ils sont venus il y a quelques jours apporter leur aide dans la construction des bâtiments." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Les différents magasins improvisés dans le camp proposent souvent les mêmes produits. "Désormais, c’est le lieu de refuge de tous les damnés de la terre. On a même une tente de Bédouins du Koweït. Chez eux, ils n’ont droit à rien. Ils viennent voir ici", observe Dominique, un Calaisien qui offre l’électricité pour charger les téléphones." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Les alentours de l'église orthodoxe sont de plus en plus décorés. Ici, un portail d'accueil a été peint pour embellir l'entrée." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Deux jeunes étudiants belges sont venus deux jours aider les réfugiés. Les temps de jeu permettent d'adoucir une atmosphère parfois tendue." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Un gigantesque dôme trône au fond de la jungle. Il a été construit par des Britanniques. Il doit accueillir des représentations théâtrales." data-slide-item-lie="" Précedent1/9SuivantOfficiellement ouvert au printemps pour libérer le centre-ville de ses migrants et les regrouper, la "jungle" a pris l'aspect d'un immense bidonville, structurée par une économie de survie. Les magasins affichent souvent l'origine du propriétaire.DAVID PAUWELS POUR "LE MONDE"› Accéder au portfoliorequire(['lmd/ui/carousel', 'lmd/module/portfolio']);Afin de disposer de tous les éléments, la contrôleure des lieux de privation de liberté et six de ses collaborateurs se sont rendus à deux reprises à l’hôtel de police de Coquelles (Pas-de-Calais), qui jouxte Calais. Ils ont suivi le transfert par avion de 46 personnes vers le centre de rétention de Nîmes et assisté à l’arrivée de 32 autres à Vincennes (Val-de-Marne).Ils ont ainsi pu observer qu’une bonne partie des migrants mis en rétention avaient été enfermés suite à des contrôles d’identité aléatoires dans Calais, et non alors qu’ils tentaient de passer la frontière. La plupart avaient en outre une obligation de quitter le territoire français (OQTF) « présentant une motivation stéréotypée et un argumentaire identique ». Un élément qui témoigne d’une absence d’examen de la situation individuelle, ce qui est contraire au droit.Lire aussi :« Le camp de Calais n’est ni géré ni encadré » selon Médecins du mondeLa contrôleure a en outre pu observer que les policiers menaient les interpellations en fonction des places disponibles dans les CRA, et non en fonction des projets de renvoi. « Il reste quatre personnes à interpeller », a entendu l’un des enquêteurs de terrain, alors que 46 personnes étaient déjà gardées à vue ou retenues dans le centre de Coquelles dans des conditions d’entassement et d’indignité dénoncées par le rapport. La liste des violations des droits est tellement longue que le fait que l’« information relative à la possibilité de déposer une demande d’asile » soit « parfois omise lors de l’énumération des droits » pourrait paraître accessoire.La contrôleure des lieux de privation de liberté n’est pas la seule à critiquer l’attitude des pouvoirs publics à Calais. Mardi 1er décembre, l’Observatoire de l’enfermement des étrangers, qui regroupe seize associations, de la Ligue des droits de l’homme aux syndicats d’avocats, a publié une lettre ouverte interrogeant le premier ministre, Manuel Valls, sur le sens de ces déplacements forcés.Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosHeurts entre migrants et policiers dans la nuit du 1er au 2 décembreLa préfecture de police a signalé, mercredi 2 décembre, des heurts entre les migrants et la police, le long de la rocade portuaire de Calais. Les policiers sont intervenus alors que plusieurs groupes de migrants tentaient de bloquer la circulation pour monter dans des poids lourds en route vers le port. Une dizaine de policiers ont été légèrement blessés par des jets de pierre.Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Michel Bezat Une « pax electrica » : l’accord autour de la prolongation des deux plus vieux réacteurs nucléaires belges, signé lundi 30 novembre, met fin à de longues années de tension entre le gouvernement belge et Engie. Mardi, le premier ministre, Charles Michel, et le PDG du groupe, Gérard Mestrallet, ont évoqué un « nouveau départ ». Il y avait urgence, puisque la loi obligeait les protagonistes à s’entendre avant le 1er décembre.L’accord prévoit que les dix années de prolongation des deux réacteurs seront mises à profit pour préparer la transition énergétique, en partie financée par les taxes nucléaires versées par Electrabel (groupe Engie), le premier producteur d’électricité de Belgique.Bruxelles ne renonce donc pas à une sortie du nucléaire, prévue en 2025 par une loi votée en 2003. Comme l’Allemagne, qui le fera à un rythme soutenu d’ici à 2022, et la Suisse, qui va adopter un calendrier plus progressif. La convention encadre la prolongation jusqu’en 2025 de l’exploitation des réacteurs de Doel 1 et 2, en service depuis 1975 et implantés près d’Anvers. Ils sont actuellement à l’arrêt. L’autorité de sûreté nucléaire belge avait autorisé leur redémarrage, mais Electrabel était en guerre ouverte contre le gouvernement. Celui-ci lui a imposé une taxe de 550 millions d’euros ces dernières années.Lire aussi :Engie : la facture de l’aventure nucléaire belge s’alourdit« Jackpot »Dans le cadre de l’accord, l’opérateur belge a obtenu une nette réduction de cette contribution, que ses dirigeants n’hésitaient pas à qualifier en privé de « véritable hold-up ». Une réforme fiscale qui n’est pas du goût de l’opposition socialiste. « Pour Electrabel, c’est le jackpot, tempête le PS belge. Mais pour le consommateur, c’est la double peine : c’est lui qui devra régler la facture de 700 millions d’euros pour prolonger Doel 1 et 2 et le trou budgétaire qu’occasionnera la baisse de la taxe nucléaire de 550 millions à 150 millions ».Sur dix ans, le groupe versera 200 millions d’euros de redevance pour Doel 1 et 2, qui alimenteront « un fonds de transition énergétique » pour la Belgique. M. Mestrallet souhaite que le pays devienne une « vitrine » de cette transition au cours de la prochaine décennie. « La fiscalité était très fluctuante ces dernières années et avait atteint un niveau supérieur aux marges dégagées par l’activité », s’est réjoui M. Mestrallet lors de la conférence de presse. Depuis 2010, le prix de gros de l’électricité a été divisé par deux et des géants de l’électricité, comme Engie ou les allemands E.ON et RWE, ont été obligés de faire de lourdes dépréciations d’actifs sur leurs centrales européennes, voire de se restructurer en profondeur. A partir de 2016, E.ON va cantonner ses activités polluantes et parfois déficitaires dans une entreprise spécifique, Uniper. RWE s’apprête à suivre à son tour le chemin de la scission, selon Der Spiegel et le quotidien économique Handelsblatt.Lire aussi :Brutale transition énergétique chez E.ONEviter le black-outEngie va pousser ses centrales belges jusqu’à 2025 au prix d’importants investissements de modernisation et de sécurisation : 700 millions pour rénover Doel 1 et 2, et 600 millions pour le réacteur de Tihange 1, lui aussi bénéficiaire d’un « sursis » de dix ans. Cette prolongation garantira l’approvisionnement de la Belgique, menacée de black-out par l’arrêt de nombreuses centrales ces dernières années, selon la ministre de l’énergie, Marie-Christine Marghem. Et sécurisera l’avenir d’Electrabel, un employeur important outre-Quiévain (18 000 salariés).Si Engie veut prolonger ses réacteurs belges, le nucléaire n’est pas au cœur de sa stratégie. « Ce n’est pas l’élément central de la politique énergétique mondiale », mais « un marché de niche », analyse Isabelle Kocher, directrice générale du groupe, dans un récent entretien à L’Usine nouvelle.De fait, la part du nucléaire n’a cessé de reculer ces dernières années, pour tomber de 15 % à 11 % de la production d’électricité mondiale. Il y a certes « un intérêt évident » à prolonger ces réacteurs, comme en Belgique ou en France, avec le feu vert des autorités de sûreté. Mais pour le reste, conclut-elle, « nos projets sont peu nombreux et très sélectifs ». Ils se résument pour l’heure au Royaume-Uni et à la Turquie.Lire aussi :EDF n’est pas prêt à sortir du nucléaire en FranceJean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.12.2015 à 00h15 • Mis à jour le01.12.2015 à 00h32 Le gouvernement belge et le producteur d’électricité Electrabel, filiale du groupe français Engie (ex-GDF Suez), ont conclu un accord lundi 30 novembre pour prolonger la durée de vie des deux plus anciens réacteurs nucléaires de Belgique, Doel 1 et Doel 2, ont indiqué dans la soirée les services du Premier ministre Charles Michel. Le contenu de la convention conclue « dans le but d’assurer la sécurité d’approvisionnement énergétique de la Belgique » sera présenté mardi matin.Selon la loi belge, le gouvernement et les opérateurs des centrales avaient jusqu’au 30 novembre pour s’entendre sur les conditions de la prolongation des deux réacteurs, qui représentent ensemble environ un sixième de la production du parc nucléaire belge.Discussions autour de la rentabilité des centralesLes négociations, qui se tenaient depuis plusieurs mois, portaient sur les conditions financières d’une prolongation de 10 ans des deux réacteurs, soit jusqu’en 2025. Electrabel/Engie se refusait à consentir aux investissements nécessaires à une augmentation de leur durée de vie sans garantie de l’Etat sur leur rentabilité. Le groupe belge et sa maison mère française souhaitaient donc notamment une réduction de la taxe annuelle sur le nucléaire, actuellement de 550 millions d’euros.Le réacteur de Doel 1, d’une puissance de 433 MW et situé à 25 km d’Anvers, avait été mis à l’arrêt le 15 février après 40 ans de services, conformément à la loi belge de 2002 prévoyant la sortie progressive du nucléaire en Belgique entre 2015 et 2025. Son jumeau Doel 2, également d’une puissance de 433 MW, est à l’arrêt pour entretien, normalement jusqu’au 15 décembre. Le principe de cette prolongation avait déjà été décidé par le gouvernement de Charles Michel fin 2014. La ministre de l’énergie, la libérale Marie-Christine Marghem, expliquait alors que, sans être favorable à l’atome, elle souhaitait qu’il soit « inclus dans la réflexion » pour l’avenir énergétique du pays.Lire aussi :Engie : la facture de l’aventure nucléaire belge s’alourdit 30.11.2015 à 06h42 • Mis à jour le30.11.2015 à 09h57 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Baptiste Chastand Des conclusions brèves – trois pages – avec des engagements d’ordre général et sans calendrier détaillé. L’accord signé dimanche soir 29 novembre, à Bruxelles, entre les Européens et la Turquie, pour tenter de résoudre la crise migratoire, est censé être historique : cela faisait onze ans, depuis le début des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Europe, que ces partenaires ne s’étaient pas retrouvés de cette manière, alors que les discussions sont au point mort depuis des années. Mais, malgré l’ampleur de la crise des réfugiés, les Européens n’ont pas lâché grand-chose pour convaincre les Turcs de retenir les migrants sur leur sol.L’UE fournira bien les 3 milliards d’euros d’aide financière qu’exige la Turquie pour s’occuper des 2,2 millions de réfugiés syriens hébergés sur son sol, mais l’argent ne sera déboursé qu’au compte-gouttes, en fonction des projets d’aide aux migrants soumis par Ankara à Bruxelles. Au départ, les Turcs envisageaient un versement de 3 milliards chaque année. Surtout, la provenance des fonds doit encore être déterminée, seule la Commission européenne ayant accepté pour l’instant de mettre 500 millions d’euros du budget européen sur la table. Plusieurs pays, comme la France, aimeraient qu’elle aille plus loin avant de s’engager à leur tour. Les négociations des prochaines semaines pour concrétiser cet accord s’annoncent ardues.« La Turquie va tenir ses promesses »Les Européens ont aussi accepté d’envisager la libéralisation de la délivrance des visas européens pour les Turcs à l’automne 2016. Mais à condition que d’ici là, ces derniers surveillent mieux leurs frontières, luttent plus efficacement contre les passeurs, et acceptent d’admettre à nouveau sur leur territoire les migrants « économiques » ayant pénétré illégalement en Europe. Un rapport sera fait tous les mois à Bruxelles sur les progrès constatés sur le terrain en Turquie.« Nous ne sommes pas en mesure de dire si le nombre de migrants qui arrivent en Europe va diminuer, cela dépend trop de la situation en Syrie, a prévenu le premier ministre turc Ahmet Davutoglu, qui avait fait le déplacement à Bruxelles. Mais je peux vous assurer que la Turquie va tenir toutes les promesses du plan d’action avec les Européens, et je suis convaincu qu’il y aura plus de migration régulière qu’illégale. »Sur la très sensible relance du processus d’adhésion à l’UE, le texte de l’accord mentionne l’ouverture, le 14 décembre, du chapitre 17 des négociations (sur le plan politique, économique et monétaire), mais pas celle des chapitres 23 et 24 (justice, libertés publiques), pourtant demandée par Ankara. Ces deux chapitres sont bloqués depuis 2009 par Chypre, qui conditionne cette ouverture à un accord sur l’occupation du nord de l’île par les Turcs. Nicosie, avec la Grèce, a d’ailleurs tout fait pour limiter au maximum les engagements précis concernant la relance du processus d’adhésion d’Ankara. En plein sommet, Alexis Tsipras a lancé une série d’attaques contre les Turcs. « Heureusement que nos pilotes ne sont pas aussi versatiles que les vôtres avec les Russes », a tweeté le premier ministre hellène, accusant Ankara de violer régulièrement l’espace aérien grec en mer d’Egée.Voies légalesLe sommet de dimanche n’a surtout pas dissipé le malentendu historique sur la finalité de ce processus d’adhésion, auquel plus personne ne semble vraiment croire. M. Davutoglu a certes célébré un jour « historique » qui « redynamise » ce processus. « Dans les années à venir, l’adhésion à l’UE ne sera plus un rêve mais une réalité », a-t-il même célébré. Mais « le processus d’adhésion est engagé depuis des années, il n’y a pas de raisons de l’accélérer ni de le ralentir », a immédiatement relativisé François Hollande. Pour les diplomates européens, cet excès d’optimisme turc était essentiellement à mettre sur le compte des difficultés actuelles du président turc Recep Tayyip Erdogan en politique étrangère. Ce dernier, très isolé sur le plan international, a besoin de montrer à son opinion qu’il a encore des alliés.En tant que chef de gouvernement du premier pays d’accueil des réfugiés en Europe et principale demandeuse de ce sommet, la chancelière allemande, Angela Merkel a bien tenté d’aller plus loin. Elle a notamment été à l’initiative d’une réunion avec sept autres des pays les plus concernés par la crise des migrants (Finlande, Suède, Autriche, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Grèce) pour les convaincre d’organiser l’arrivée d’une partie des réfugiés syriens directement depuis la Turquie par des voies légales, plutôt que par la périlleuse route des Balkans. « La question est aussi de rendre l’immigration illégale légale », a expliqué la chancelière, qui discute depuis déjà quelques semaines d’un tel mécanisme en « bilatéral » avec Ankara. Prudemment, elle n’a pas cité le nombre de réfugiés qui pourraient en bénéficier.Mais ce mini-sommet, baptisé par la presse allemande celui des « bonnes volontés », n’a clairement pas suscité l’enthousiasme. Les participants ont rappelé qu’ils se sont déjà entendus avec difficulté en septembre pour se répartir 160 000 migrants à leur arrivée en Italie et en Grèce. Et malgré l’échec de ce plan – 160 réfugiés seulement ont été « relocalisés » en deux mois –, la plupart ne semblent pas vouloir aller plus loin. « Il n’est pas question de faire plus en termes de réinstallation tant qu’il n’y a pas de décisions très claires sur le terrain », a lancé Charles Michel, le premier ministre belge.François Hollande avait, lui, prudemment décliné l’invitation de la chancelière, en raison de problèmes d’agenda. Mais l’entourage du président explique de toute façon que « notre intérêt est que les personnes restent en Turquie. Pour le reste, on verra après ». Mme Merkel a toutefois obtenu que la Commission européenne se penche sur son idée et fasse des propositions d’ici au prochain conseil européen, prévu les 17 et 18 décembre.Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.11.2015 à 12h20 • Mis à jour le30.11.2015 à 08h00 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les 28 chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne se réunissent pour trois heures de discussions avec le premier ministre turc Ahmet Davutoglu, dimanche 29 novembre à Bruxelles. Quel est le but de cette inédite rencontre au sommet, réclamée depuis des semaines par la chancelière allemande Angela Merkel ?Ce que veulent les Européens, tout particulièrement les AllemandsIls espèrent obtenir d’Ankara un engagement ferme afin de juguler l’afflux des réfugiés en Europe, qui transitent par la Turquie. Depuis le début de l’année, plus d’un million de Syriens, Irakiens, Afghans, Pakistanais, sont déjà arrivés en Europe, il s’agit de la plus grande crise migratoire sur le continent depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.L’Union demande à la Turquie d’aider davantage les 2,2 millions de Syriens, qui fuient la guerre civile et qui, depuis quatre ans, sont venus se réfugier chez elle. Mais qui manquent d’écoles pour leurs enfants, de soins, etc. Elle veut aussi qu’Ankara garde mieux sa frontière avec la Grèce, premier pays d’entrée des migrants en Europe, qu’elle fasse mieux la chasse aux passeurs, aux faux passeports, et accepte de prendre en charge les migrants économiques venus des côtes turques mais refoulés en Grèce car non éligibles au droit d’asile.Ce qu’exigent les Turcs en échangeAnkara veut une aide financière pour prendre en charge ces réfugiés ; au moins 3 milliards d’euros par an. Elle demande aussi de l’argent pour mieux équiper ses douaniers, notamment pour acheter des bateaux garde-côtes. Mais le gouvernement d’Ahmet Davutoglu exige surtout que ce sommet soit l’occasion d’un accord beaucoup plus large.UE-Turquie, vers un accord basé sur un malentendu ? Tusk parle migrants, Davoglu répond adhésion— jbchastand (@JB Chastand)require(["twitter/widgets"]);Il veut la relance du processus d’adhésion de la Turquie à l’UE, complètement gelé depuis des années. Ce processus avait été lancé officiellement en 2004. Mais Chypre bloque l’ouverture de chapitres de négociations, qu’elle conditionne à un accord sur l’occupation du nord de l’île par la Turquie. D’autres pays, à commencer par la France pendant la présidence de Nicolas Sarkozy, ont aussi beaucoup freiné le processus. Ankara exige aussi une libéralisation accélérée de la délivrance de visas (courts séjours, touristiques) aux Turcs en Europe : elle espère qu’elle interviendra en 2016 plutôt qu’en 2017.Lire :Face à l’UE, Erdogan savoure sa revancheA quoi devrait ressembler l’accord signé dimanche ? Les diplomates ont négocié jusqu’à samedi soir pour trouver un terrain d’entente. Les Européens ne devraient pas « lâcher » sur les 3 milliards d’euros : ils acceptent cette somme, qui doit aller en priorité à des actions en faveur des Syriens (non pas directement au budget turc), mais ne s’engagent pas sur sa périodicité (tous les ans, tous les deux ans ?). Par ailleurs, ils ne précisent pas d’où viendra cet argent.Pour l’instant, 500 millions d’euros ont été dégagés du budget de l’UE, et la Commission européenne a demandé aux Etats membres d’avancer le reste. Mais la plupart refusent d’apporter des contributions directes, pour des raisons d’affichage politique (impossible pour le gouvernement Chypriote, par exemple, de dire qu’il va aider directement la Turquie) et exigent que le solde soit lui aussi trouvé dans le budget de l’UE.Concernant le processus d’adhésion, les Européens ne devraient s’engager concrètement que sur l’ouverture du chapitre 17 des négociations (politiques économiques et monétaires), qui, sommet ou pas, aurait de toute façon pu être ouvert dans les mois qui viennent. L’accord ne mentionnera pas les chapitres 23 et 24 (justice, droits fondamentaux, libertés, sécurité), malgré l’insistance des Turcs.Ankara, de son côté, ne s’engagera sur aucun calendrier précis de déploiement des mesures de « contingentement » des réfugiés demandées par les Européens.La question des droits de l’homme, grande absente Les atteintes flagrantes aux libertés d’informer, les dérives autoritaires du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, la répression brutale contre les Kurdes, l’ambiguïté d’Ankara vis-à-vis de l’organisation Etat islamique ne devraient pas être évoquées dans les conclusions du sommet de dimanche. « Il en sera peut-être question, mais dans le huis clos des discussions » selon des diplomates européens. S’ils répètent qu’ils ne transigeront pas sur leurs principes, les dirigeants européens, aux abois à cause de la crise migratoire, ont fait le choix de la « realpolitik ».Ces derniers jours, pourtant, deux journalistes (Can Dündar et Erdem Gül, du quotidien Cumhuriyet) ont encore été emprisonnés pour des articles dénonçant l’existence de livraisons d’armes des services secrets turcs à l’organisation Etat islamique. « Nous espérons que votre volonté de trouver une solution n’entamera pas votre attachement aux droits de l’homme, de la presse et d’expression, qui sont les valeurs fondamentales du monde occidental » ont déclaré ces deux journalistes, dans une lettre adressée dimanche aux 28 leaders européens.Lire aussi :Fin d’année préoccupante pour l’état de l’EuropeCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.11.2015 à 07h41 • Mis à jour le28.11.2015 à 09h46 | Alexandre Pouchard Entre hommage aux victimes du 13 novembre et suites de l’enquête, à la recherche de Salah Abdeslam et de ses complices, résumé de l’actualité de la semaine écoulée.Hommage national. Deux semaines après les attentats du 13 novembre, la France a rendu vendredi un hommage national aux 130 morts, avec une cérémonie aux Invalides réunissant les autorités et les familles.La Belgique en alerte. Plus tôt dans la semaine, après la France, c’est la Belgique qui est passée à son niveau d’alerte maximal, suspectant des terroristes djihadistes d’être sur le point de passer à l’action. La capitale, Bruxelles, a été totalement bloquée de samedi à mardi, avec écoles et transports publics fermés.La traque continue. Le principal suspect encore en vie des attentats de Paris, Salah Abdeslam, est toujours en fuite. Ce qui pourrait être la ceinture d’explosifs qu’il portait le 13 novembre a été retrouvé lundi dans une poubelle à Montrouge (Hauts-de-Seine), commune où le téléphone de M. Abdeslam a été localisé le soir des attaques. Elle est elle aussi constituée d’explosifs de type TATP, mais le système de mise à feu avait été neutralisé.Avant de se rendre à Montrouge, Salah Abdeslam aurait servi de chauffeur aux trois kamikazes du Stade de France. La police a diffusé dimanche un appel à témoins pour le troisième auteur, identifié mais au nom inconnu, qui a été, comme un de ses complices, contrôlé parmi des migrants en Grèce le 3 octobre. Un autre appel à témoins a été lancé, concernant cette fois Mohamed Abrini, un Français de 30 ans qui aurait accompagné Salah Abdeslam les jours précédant les attentats. Le groupe de terroristes aurait également projeté un attentat dans le quartier d’affaires de la Défense, le 18 ou le 19 novembre, a révélé mardi François Molins, le procureur de Paris.Voir la chronologie interactive :Attentats : le déroulé des événements et de l’enquête depuis le 13 novembreObserver l’état d’urgence. Alors que les perquisitions administratives, les interpellations et les assignations à résidence se poursuivent sous l’état d’urgence (à propos duquel Le Monde a lancé lundi un observatoire expérimental pour en observer l’application dans la vie des Français), le contexte reste extrêmement tendu.La coalition contre l’EI menacée. Au Moyen-Orient, pendant que François Hollande réalisait un véritable ballet diplomatique en faveur d’une vraie coalition internationale contre l’organisation Etat islamique (EI), incluant notamment la Russie avec qui les forces occidentales ne sont actuellement qu’en coopération, un incident à la frontière syro-turque a plombé ces espoirs. La Turquie a abattu mardi un avion de chasse russe qui avait pénétré dans son espace aérien et n’avait pas répondu aux sommations.Un pilote aurait été tué et l’autre serait porté disparu. Le président russe, Vladimir Poutine, a dénoncé « un coup de poignard dans le dos porté par les complices des terroristes ». Il a toutefois rencontré François Hollande jeudi et a assuré que la France et la Russie coordonneront leurs frappes en Syrie.Lire :Le marathon diplomatique aux résultats incertains de HollandeCôté français, les avions du porte-avions Charles-de-Gaulle ont mené cette semaine leurs premières frappes contre l’Etat islamique. Ces bombardements continueront en Syrie : le Parlement a approuvé mercredi leur prolongation au-delà des quatre mois initiaux.Attentat en Tunisie.La Tunisie aussi a été frappée par l’Etat islamique. Un attentat contre un bus de la sécurité présidentielle a tué au moins 13 personnes et en a blessé 20 autres mardi dans le centre de Tunis. Les autorités ont de nouveau décrété l’état d’urgence, levé le mois dernier, et mis en place un couvre-feu la nuit.La « jungle » de Calais doit être aménagée.Le Conseil d’Etat a confirmé lundi la condamnation de l’Etat et de la commune de Calais à aménager le bidonville de la ville du Pas-de-Calais où s’entassent près de 6 000 migrants dans des conditions déplorables. Cela comprend le recensement de mineurs isolés en situation de détresse, l’installation de points d’eau, de toilettes et de collecte d’ordures, le nettoyage du site et la création d’accès pour les secours.Loi santé : la loi Evin assouplie, le paquet neutre adopté. Contre l’avis du gouvernement, les députés ont assoupli mardi la loi Evin, qui encadre notamment la publicité sur les boissons alcoolisées en France depuis 1991. La commission des affaires sociales avait changé le texte du gouvernement et prévu que les « contenus » consacrés à une « région de production ou au patrimoine culturel, gastronomique ou paysager liés à une boisson alcoolique » ne soient pas considérés comme de la publicité.Les députés ont validé mercredi, de justesse, la mise en place du paquet de cigarettes neutre à partir de mai 2016. Tous les paquets auront ainsi la même forme, la même taille, la même couleur et la même typographie, sans logo, quelle que soit la marque.En revanche, une autre disposition du projet de loi santé, qui créait le délit d’incitation à la maigreur excessive contre les sites « pro-anorexie », a été rejetée.Fusion pharmaceutique.Le groupe pharmaceutique américain Pfizer a annoncé lundi son projet de fusion avec son concurrent irlandais Allergan pour 141 milliards d’euros, la plus grosse opération du genre dans le secteur. Une fusion essentiellement motivée par l’installation du siège du nouveau groupe en Irlande pour lui permettre de bénéficier d’un taux d’imposition très avantageux (moins de 15 %, contre 35 % aux Etats-Unis).Lire :Pfizer-Allergan : les nouveaux loups du capitalismeEt aussi…Chômage. Le nombre de demandeurs d’emploi a de nouveau augmenté en octobre, avec 42 000 chômeurs sans activité (catégorie A), selon les chiffres dévoilés jeudi par Pôle emploi et par le ministère du travail. C’est le troisième plus mauvais chiffre depuis le début du quinquennat de François Hollande, après ceux de septembre 2013 (+ 50 600) et de janvier 2013 (+ 47 900).Portugal. Le chef du Parti socialiste portugais, Antonio Costa, soutenu par la gauche radicale, a été nommé premier ministre mardi et chargé par le président, Anibal Cavaco Silva, de former un gouvernement.Argentine. Le libéral Mauricio Macri, maire de Buenos Aires, a remporté dimanche le second tour de l’élection présidentielle avec plus de 52 % des voix.Climat. Les catastrophes naturelles, toujours plus fréquentes, ont tué quelque 600 000 personnes en vingt ans, a annoncé l’ONU lundi. Les inondations ont représenté 47 % d’entre elles entre 1995 et 2015 et ont affecté 2,3 milliards de personnes, dont l’immense majorité en Asie. Les tempêtes ont, elles, été les catastrophes climatiques les plus meurtrières, avec 242 000 morts.Birmanie. Un gigantesque glissement de terrain a tué au moins 104 personnes, samedi, dans une mine de jade dans le nord du pays.Israël. Une Israélienne a été tuée dimanche et un Israélien lundi dans une série d’attaques au couteau par des Palestiniens, qui ont été abattus par la police.Espace. La société Blue Origin, de Jeff Bezos, le patron d’Amazon, est parvenue à faire atterrir en douceur une fusée qui a emporté une capsule pressurisée jusqu’à 101 kilomètres d’altitude. Une prouesse – la première dans le domaine – qui ouvre la voie à des fusées réutilisables.Football. Le Paris-Saint-Germain s’est qualifié mercredi pour les huitièmes de finale après une ultime et large victoire sur le terrain de Malmö (5-0). De son côté, l’Olympique lyonnais a été piteusement éliminé de toute compétition européenne après sa nouvelle défaite à domicile, mardi, contre les Belges de La Gantoise (1-2).Squash. Le Français Grégory Gaultier est devenu champion du monde de squash dimanche à Seattle, aux Etats-Unis, après avoir battu l’Egyptien Omar Mosaad.Alexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.12.2015 à 10h41 • Mis à jour le24.12.2015 à 10h43 | Olivier Truc (Stockholm, correspondance) Le gouvernement danois n’en finit plus de durcir sa politique à l’égard des réfugiés. La dernière initiative, insérée dans un projet de loi qui doit être débattu en janvier, prévoit de confisquer les bijoux des demandeurs d’asile pour financer leurs aides. Le gouvernement libéral minoritaire de Lars Lokke ­Rasmussen propose que la police soit capable de fouiller les bagages des demandeurs d’asile et de ­saisir les objets de valeur – pas les ­alliances de mariage, a finalement concédé le gouvernement – ainsi que les sommes d’argent ­dépassant 3 000 couronnes (400 euros).Cette mesure a provoqué une vague d’indignation, notamment à l’étranger. Le Washington Post a comparé la mesure à la spoliation des juifs pendant la seconde guerre mondiale. Mais la police danoise, censée être en première ligne pour évaluer la valeur des bijoux, a également fait part de ses craintes sur l’organisation concrète de ces contrôles. « J’estime que l’on doit être capable de faire la différence entre un bracelet qui coûte 1 000 ou 20 000 couronnes », a rétorqué la ministre de l’intégration, Inger Stojberg.Interrogés par le quotidien Politiken, mercredi 23 décembre, des juristes ont également rejeté l’argument du gouvernement qui prétendait que cette mesure n’était pas différente de celles qui s’appliquent aux Danois. Selon eux, jamais on ne pourrait confisquer les bijoux de Danois bénéficiant de l’aide sociale. Si cette disposition a fait scandale, ce n’est pourtant qu’une mesure sur la longue liste des règles drastiques auxquelles doivent se soumettre les étrangers dans le pays.Le cas d’un étudiant camerounais, médiatisé ces derniers jours, a également créé la polémique. Elève à l’université d’Aarhus, Marius Youbi s’est vu retirer son permis de séjour et signifier qu’il devait quitter le Danemark d’ici au 8 janvier pour avoir dépassé d’une heure et demie le quota de quinze heures hebdomadaires autorisées pour un travail à temps partiel en tant qu’étudiant international. Choquée, l’université a autorisé l’étudiant ingénieur à passer ses examens en avance avant son expulsion. Il a obtenu les meilleures notes possibles. « C’est une punition disproportionnée pour quelqu’un dont le tort est d’avoir trop travaillé », s’est indigné Per Lysgaard, de l’université d’Aarhus.Lire aussi :Au Danemark, 20 000 personnes manifestent pour « un traitement digne des réfugiés »Rhétorique anti-immigrésDepuis les années 2000, le Danemark n’a cessé de durcir sa position contre les étrangers, sous l’influence du Parti du peuple danois (DF, extrême droite). Ce mouvement, qui a obtenu 21,1 % des voix aux législatives en juin, est le principal soutien du gouvernement actuel. Le parti du premier ministre, Lars Lokke Rasmussen, gouverne en effet après n’avoir obtenu que 19,5 % des voix et est contraint de chercher des majorités en fonction des textes. Ironie de l’histoire, son projet de loi sur les demandeurs d’asile est soutenu par les autres petites formations de droite et les sociaux-démocrates, mais pas par DF.Le parti estime en effet que le texte n’est pas assez dur. Il voudrait que le Danemark mette en place des villages d’accueil isolés pour les réfugiés afin de soulager les communes, chargées jusqu’ici de l’hébergement. L’extrême droite estime en effet que cela permet aux réfugiés de passer devant les Danois en attente de logement.Jusqu’ici, DF a toujours refusé de participer au gouvernement, préférant rester à l’extérieur pour mieux l’influencer, avec un succès indéniable. Depuis son entrée au Parlement en 1998, l’extrême droite est parvenue à faire de la question des étrangers un point central du débat danois, à laquelle la plupart des autres partis ont choisi de s’adapter. Entre 2001 et 2011, le gouvernement minoritaire libéral-conservateur était déjà resté au pouvoir grâce au soutien négocié de DF au Parlement, ce qui avait progressivement conduit le Danemark à adopter la législation sur les étrangers la plus stricte d’Europe.Au fil des ans, même les sociaux-démocrates, puis plus tard leur ­allié plus à gauche, le Parti populaire socialiste (SF), se sont mis à adopter la même rhétorique sur les réfugiés et les musulmans, banalisant ainsi les idées de l’extrême droite. Le 3 décembre, les Danois ont voté contre un renforcement de la participation du pays à la politique européenne de sécurité et de justice. DF, qui avait dirigé le camp du « non » contre le reste des principaux partis, avait fait campagne en assurant qu’un « oui » se traduirait à terme par une perte de contrôle du Danemark sur sa politique migratoire. A 53,1 %, les Danois ont voté « non ».Lire aussi :Les Danois votent contre une coopération policière renforcée avec l’UEOlivier Truc (Stockholm, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.12.2015 à 19h06 • Mis à jour le23.12.2015 à 19h36 Le premier ministre géorgien, Irakli Garibachvili, critiqué pour sa gestion de l’économie à moins d’un an des élections législatives, a annoncé mercredi sa démission, après être resté deux ans en poste.Ayant connu des années de rapide croissance à la suite du tournant pro-occidental de 2003, l’économie de cette ex-république soviétique du Caucase patine et la popularité de la coalition du Rêve géorgien est au plus bas.Un successeur nommé vendredi ?« J’ai pris la décision de quitter mon poste », a déclaré, dans une adresse télévisée à la nation, le chef du gouvernement. « Tous les postes sont temporaires, il n’y a que Dieu et la patrie qui sont éternels », a-t-il ajouté, sans donner plus d’explications sur sa décision.Lire :Nouvelle offensive du pouvoir contre l’opposition en GéorgieLe président du Parlement, David Oussoupachvili, a indiqué à la presse que la coalition désignerait un successeur vendredi. Selon des médias géorgiens, M. Garibachvili pourrait être remplacé par le vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères, Guiorgui Kvirikachvili.Nommé à son poste en novembre 2013, Irakli Garibachvili, aujourd’hui âgé de 33 ans, était devenu à l’époque le plus jeune chef de gouvernement en Europe.Inconnu jusqu’en 2012Presque totalement inconnu jusqu’à sa nomination au poste de ministre de l’intérieur en octobre 2012, M. Garibachvili a été considéré comme un proche allié du milliardaire et ancien premier ministre Bidzina Ivanichvili, dont la coalition Rêve géorgien a remporté la même année les élections législatives en Géorgie en mettant fin à la domination du parti Mouvement national unifié de l’ex-président Mikheïl Saakachvili.Diplômé de la Sorbonne à Paris où il a étudié les relations internationales, Irakli Garibachvili avait notamment dirigé la fondation caritative du milliardaire et travaillé dans sa banque, ainsi que pour la maison de disques de son fils, un chanteur de rap.Selon des opposants géorgiens, la démission de M. Garibachvili pourrait s’inscrire dans les efforts de la coalition au pouvoir pour empêcher la forte baisse de sa popularité sur fond de crise économique en vue des élections législatives d’octobre 2016.Lire aussi :L’étonnante renaissance ukrainienne de Saakachvili Marie Charrel En 2014 et 2015, nombre de pays émergents ont souffert de la dépréciation de leur devise. Un mouvement notamment lié à la remontée programmée des taux directeurs américains. La Turquie ne fait pas exception.Dans une note publiée mercredi 23 décembre, la Coface, le spécialiste de l’assurance-crédit, détaille par quels canaux la chute de la livre turque affecte l’économie du pays. « La combinaison des incertitudes politiques, des problèmes de sécurité et des inquiétudes concernant l’économie mondiale ont provoqué une chute brutale de la livre, qui est tombée à son plus bas niveau face au dollar en septembre », explique Seltem Iyigun, économiste spécialiste de la région Méditerranée et Afrique pour la Coface. Le 24 septembre, la livre est ainsi tombée à 3,07 dollars, en baisse de 32 % par rapport à janvier.Explosion des chèques impayésMais l’économie turque est également pénalisée par la baisse de l’euro face au dollar. Et ce, parce qu’elle présente deux grands points faibles. D’abord, « elle est particulièrement dépendante des capitaux étrangers et des importations », souligne la Coface. En outre, nombre d’entreprises turques affichent des coûts de production en dollars et des recettes en euros. De fait, 44 % des exportations turques sont libellées en euros, tandis que 65 % des importations le sont en dollars.Lire aussi :En Turquie, vives tensions entre M. Erdogan et la Banque centraleRésultat : l’effondrement de la livre a provoqué une envolée des coûts de production et donc, l’effondrement des marges des entreprises. Beaucoup ont vu leur situation financière se dégrader. En particulier celles dont la dette est en devise étrangère – c’est le cas de 75 % de la dette des sociétés non financières du pays. Le nombre de chèques impayés a également bondi de 38 % en valeur sur les dix premiers mois de 2015, précise la Coface, signe que la santé des PME se dégrade.« L’épargne locale est trop faible »Plus inquiétant encore : « L’économie turque a besoin de l’épargne étrangère pour fonctionner, car l’épargne locale, équivalente à 15 % du produit intérieur brut [PIB], est trop faible », explique Mme Iyigun. Or, la dette extérieure du pays culmine aujourd’hui à 405,2 milliards de dollars, soit 52 % du PIB. Ce qui rend la Turquie particulièrement exposée aux variations de change.En effet, chaque nouvelle dépréciation de la livre alourdit encore la dette extérieure… Selon la Coface, les secteurs les plus exposés sont les métaux (hors fer et acier), la construction, les produits chimiques ou en encore le textile, qui dépendent particulièrement de l’étranger.Qu’attendre pour 2016 ? De son côté, le Fonds monétaire international estime que le PIB turc devrait croître de 2,9 %, après 3 % en 2015. Une performance relativement bonne, notamment soutenue par la demande domestique. « L’économie turque sera néanmoins soumise à de nombreux risques, liés aux incertitudes planant sur l’économie mondiale et la montée des tensions géopolitiques », conclut Mme Iyigun.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.12.2015 à 15h44 | Stéphanie Marteau, Soren Seelow et Simon Piel Les circonstances de l’assaut mené le 18 novembre à Saint-Denis par le RAID contre le coordinateur présumé des attentats de Paris, Abdelhamid Abaaoud, et ses complices se précisent. Si beaucoup de questions demeurent, de nombreux documents auxquels Le Monde a eu accès affinent le scénario d’une opération qui s’est déroulée avec une rare violence et dans une extrême confusion.Les scènes décrites par les enquêteurs de la police judiciaire venus opérer les premières constatations en témoignent. La chaussée est jonchée de débris. Du verre et du bois provenant des fenêtres de l’immeuble de Saint-Denis où a eu lieu l’assaut. De nombreux écrous, probablement contenus dans une ceinture d’explosifs actionnée par l’un des hommes retranchés. Mais aussi plusieurs bouts de corps. Ici, « une tête humaine à laquelle demeure attaché un morceau de colonne vertébrale ». Là, « une partie de visage » sur la peau duquel apparaît une barbe naissante. Plus loin, une dent humaine, un trousseau de clés, un livre en langue arabe et un clavier d’ordinateur brisé.Aucune arme de guerre ne sera retrouvée, contrairement à ce qu’avait pu laisser penser le récit du patron du RAID. Le tir « nourri » évoqué par le RAID se heurte à une constatation imparable : seul un Browning semi-automatique a été retrouvé dans les décombres le 20 novembre, sans chargeur mais avec une munition. Sur le pistolet, la police retrouve une empreinte d’Abdelhamid Abaaoud. C’est à ce jour la seule arme des terroristes découverte.L’essentiel des munitions ont en réalité été tirées par les policiers d’élite. Dès le lendemain de l’assaut, la police judiciaire fait un premier décompte des munitions saisies. Ils recensent plus de 1 500 étuis percutés et 4 étuis percutés de grenade, provenant « vraisemblablement, selon les techniciens du laboratoire central de la préfecture de Paris, des tirs effectués par les effectifs de la police du RAID ».Compte-rendu très succinctAutant de précisions qui ne figurent pas dans le compte-rendu très succinct fait par le patron du RAID aux magistrats antiterroristes et dont Le Monde a pu prendre connaissance. A sa lecture, aucune réponse n’est apportée aux questions soulevées sur la stratégie d’opérer des « tirs de saturation » pour empêcher un éventuel kamikaze d’approcher.Aucune mention non plus des raisons pour lesquelles les explosifs disposés par le RAID sur la porte de l’appartement n’ont pas fonctionné. Aucune précision sur les échanges que des hommes du RAID ont eus avec Hasna Aït Boulahcen lorsqu’elle a demandé à deux reprises de pouvoir sortir.Rien sur le moment où l’un des terroristes a déclenché sa ceinture d’explosifs. Rien enfin sur le fait qu’un seul pistolet automatique ait pu à lui seul donner le sentiment aux équipes du RAID d’être visées par « un feu nourri ». Ni la direction du RAID ni la direction générale de la police nationale n’ont souhaité répondre à nos questions.Les précisions apportées par un témoignage ainsi que plusieurs éléments de téléphonie avaient laissé entendre que des personnes – dont Abdelhamid Abaoud – armées de kalachnikov et d’explosifs s’étaient réfugiées dans un appartement à Saint-Denis. Hasna Aït Boulahcen avait ainsi confié que « des voisins voulaient sympathiser mais (qu’) ils n’ont pas voulu car ils préparaient leurs bombes, ils ne voulaient pas être dérangés ». Elle-même aurait dit avoir « joué avec la kalach ».« C’est dans cet état d’esprit qu’arrive le RAID sur place », explique-t-on au ministère de l’intérieur pour justifier ce déluge de feu. « D’un point de vue opérationnel, l’intervention est une réussite » ajoute-t-on. Un projet d’attentat à la Défense a en effet été empêché.Stéphanie MarteauSimon PielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSoren SeelowJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.12.2015 à 11h21 • Mis à jour le23.12.2015 à 11h43 Quelques heures après la publication d’un communiqué conjoint de l’ONU et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) faisant savoir qu’un million de migrants étaient entrés en Europe cette année, dont 816 000 par la mer, un nouveau naufrage a eu lieu au large de l’îlot grec de Farmakonisi, mercredi 23 décembre.Au moins treize personnes, dont sept enfants, sont morts noyées après le chavirement de leur « petit bateau en polyester » venant des côtes occidentales turques, selon une responsable de la police. Le temps n’était pas « particulièrement mauvais, mais le bateau était surchargé, comme souvent », a souligné cette responsable. La veille, onze autres migrants, dont trois enfants, étaient morts noyés en mer Egée en faisant le même trajet.Selon l’OIM, près de 3 700 personnes, pour la plupart fuyant les conflits en Syrie et ailleurs, sont mortes ou portées disparues au large de l’Europe en 2015 : environ 700 en tentant de traverser la mer Egée pour rejoindre la Grèce et près de 3 000 en Méditerranée en direction de l’Italie.Lire aussi :Le nombre de migrants et de réfugiés a explosé au XXIe siècle 23.12.2015 à 09h36 • Mis à jour le23.12.2015 à 15h06 | Marie Charrel C’est une nouvelle plutôt bonne, au sein d’une conjoncture bien morose. Selon les chiffres publiés mercredi 23 décembre par l’Insee, le pouvoir d’achat des Français a en effet rebondi de 0,9 % au troisième trimestre, après avoir reculé de 0,3 % sur les trois précédents mois. Sur l’ensemble de 2015, il devrait ainsi progresser de 1,6 %, prévoit l’institut, après 1,1 % en 2014.Hausse du salaire moyenLa raison de ce petit rebond ? Le revenu disponible brut des ménages a lui aussi accéléré au troisième trimestre, de 0,7 %, après une hausse de 0,2 % sur le trimestre précédent. En d’autres termes : les salaires ont un peu augmenté. « La masse salariale reçue par les ménages a crû davantage qu’au trimestre précédent, de 0,4 % après 0,2 % », détaille l’Insee. Le salaire moyen par tête versé par les sociétés non financières a ainsi progressé de 0,3 %, après avoir stagné au deuxième trimestre.Ce n’est pas tout : les prestations sociales en espèces notamment touchées par les foyers les moins aisés ont également augmenté un peu (+ 0,3 % après + 0,2 % au deuxième trimestre), tandis qu’à l’inverse, les impôts sur le revenu et le patrimoine se sont repliés sur le trimestre (– 2 % après + 0,4 %).Recul de la consommation en novembreSur le troisième trimestre, les dépenses de consommation des ménages ont augmenté de 0,3 %, après avoir stagné au deuxième trimestre. En revanche, note l’Insee, la consommation a reculé de 1,1 % en novembre, après le léger recul de 0,2 % en octobre. Il s’agit de sa plus forte contraction depuis janvier 2014.Faut-il y voir l’effet des attentats du 13 novembre ? L’Insee n’y fait aucune référence. Ses économistes soulignent en revanche que cette chute des dépenses est en grande partie liée à la douceur des températures enregistrée ces dernières semaines.Celle-ci s’est en effet traduite par une baisse de la consommation de chauffage et donc, d’énergie (– 5,6 %). Mais aussi, par un net recul des dépenses d’habillement (– 4,7 %).Légère augmentation des marges des entreprisesAutre chiffre positif relevé par l’Insee, qui confirme également que l’économie française a crû de 0,3 % au troisième trimestre : le taux de marge des sociétés non financières. Celui-ci a progressé de 0,2 %, pour atteindre 31,2 %. Et cela, grâce au recul des prix de l’énergie, qui a plus que compensé la progression des salaires réels. « Les marges des entreprises ont retrouvé leur plus haut niveau depuis le premier trimestre 2011, c’est une bonne nouvelle, car il s’agit d’un élément essentiel à la reprise de l’investissement », conclut Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture au sein du groupe Xerfi.Lire aussi :La croissance n’aura pas droit à l’erreur en 2016Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.12.2015 à 18h02 « Une affaire très bizarre » impliquant un « homme très bizarre ». C’est en ces termes que le juge john Brevan a évoqué cette affaire avant de rendre son verdict. L’« extrémiste roux » qui voulait assassiner le prince Charles pour permettre au prince Harry, roux comme lui, de devenir roi, a été interné pour une durée indéfinie pour troubles psychiatriques par la justice britannique, mardi 22 décembre.Mark Colborne, un suprémaciste blanc de 37 ans, avait été reconnu coupable en septembre de préparation d’actes terroristes devant le tribunal de l’Old Bailey. Colborne avait été arrêté en juin 2014 après que son demi-frère eut découvert des produits chimiques et des documents suspects dans une maison de la famille à Southampton.Lire aussi :Colborne, le « suprémaciste roux », coupable de préparation d’actes terroristes« Mettre une balle dans la tête de Charles »Il s’est comparé à l’extrémiste de droite Anders Behring Breivik, qui avait tué 77 personnes en Norvège en 2011. « Je veux des représailles massives, un attentat terroriste de masse qui attirera l’attention sur notre souffrance, pas seulement la mienne, mais celle de mes frères à travers le monde. Je veux que le monde assiste à ma métamorphose, d’un représentant de cette pauvre communauté rousse qui se fait marcher dessus constamment, à un terroriste militaire », avait-il écrit dans son journal.L’enquête a montré que l’accusé avait cherché sur Internet le moyen de fabriquer des bombes artisanales. Il s’était aussi procuré des produits chimiques pour fabriquer du cyanure, des masques de protection, des seringues et des gants en latex.Dans son journal, l’accusé a également fait part de sa volonté de « mettre une balle dans la tête de Charles », le fils aîné de la reine Elizabeth II, premier dans l’ordre de succession au trône britannique.« Il est protégé mais pas trop. Je sacrifierais ma vie pour un tir. Tuer Charles et William pour que Harry devienne roi. Tuer les tyrans », y disait-il, omettant de réaliser que William avait, déjà à l’époque, un petit garçon précédant Harry dans l’ordre de succession.Depuis le 2 mai, William et son épouse Kate sont également les parents d’une petite fille, qui devance aussi Harry, relégué en cinquième position désormais.Lire aussi : Mark Colborne, le « terroriste roux », devant la justice britannique 22.12.2015 à 12h28 Le premier ministre conservateur, Mariano Rajoy, est arrivé en tête des élections législatives, mais n’obtient que 28,7 % des voix, contre 44,6 % en 2011. Avec 123 députés sur un total de 350 au Parlement, il est loin de sa majorité précédente de 186. Derrière le PP, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) atteint 22,01 % des voix et tombe à 90 sièges, contre 110 gagnés en 2011. Le nouveau parti de gauche radicale Podemos le talonne avec 20,6 % et 69 sièges. Enfin, les centristes de Ciudadanos (13,93 %) obtiennent 40 députés.Aucune des quatre formations n’obtient à elle seule la majorité, et ces législatives signent l’éclatement de quarante ans de bipartisme. Quels accords font-ils se faire jour pour permettre au PP d’atteindre la majorité absolue des 176 sièges et former un gouvernement ? La question du référendum d’indépendance en Catalogne fait partie du tableau, Podemos étant le seul des grands partis à proposer un référendum d’autodétermination de la région, tout en étant contre toute idée de séparation.- Catalogne : non à l’idée d’un référendum d’autodétermination, par Susana Beltrán, députée de Ciudadanos au Parlement de Catalogne et professeur de droit international public à l’Université autonome de Barcelone. Le parti centriste Ciudadanos s’oppose à la tenue d’un référendum. Car la question de l’indépendance catalane appartient à tous les Espagnols.- La fin du bipartisme en Espagne ouvre la voie à l’instabilité politique, par Andrés Ortega, chercheur émérite au Real Instituto Elcano, un laboratoire d’idées de centre gauche. Les résultats des élections législatives du 20 décembre ont mis fin au système politique traditionnel en Espagne. Le premier ministre sortant, privé de majorité, doit désormais compter avec de nouveaux partis exigeants.- La division des indépendantistes catalans profite à Podemos, par Albert Borras, membre de l’Institut français de géopolitique. Le jeune parti de la gauche radicale, Podemos est arrivé en tête en Catalogne. Il est le seul à proposer un référendum d’autodétermination de la région. 10.12.2015 à 13h53 • Mis à jour le10.12.2015 à 16h24 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La Commission des libertés civiles (LIBE) du Parlement européen a approuvé, jeudi 10 décembre au matin, par 38 voix pour, 19 contre et 2 abstentions, le projet, largement controversé, d’un fichier européen des données des passagers aériens (Passenger name record, ou PNR). Débattu depuis sept années au total, le projet doit encore être adopté en séance publique, en janvier probablement. L’issue de ce vote ne fait toutefois plus de doute.Ceux qui pensent que le PNR peut-être un outil efficace, notamment dans la lutte contre le terrorisme, en permettant d’enregistrer les déplacements des suspects, ont remporté la partie. Il est néanmoins envisageable que d’éventuels recours auprès de la Cour de justice de Luxembourg aboutissent : l’extension du fichage à des personnes non suspectes pose visiblement problème aux juges européens, qui ont déjà manifesté leurs réticences. Le contrôleur européen de la protection des données, le magistrat italien Giovanni Buttarelli, s’interroge également sur la légitimité du projet, mais aussi sur son utilité pratique. Selon lui, le projet est coûteux, s’ajoutera à sept bases de données existantes et n’aura qu’une utilité marginale au plan des enquêtes.Le projet de directive voté jeudi prévoit que les compagnies aériennes devront collecter une vingtaine de données sur le passager de vols extra- et intra-européens. Elles concernent l’identité du passager, son numéro de téléphone, son adresse de courriel, la manière dont il a payé son billet, le numéro de celui-ci, le numéro de siège, ses bagages, son éventuel programme de fidélité ou « voyageur fréquent », etc. Le texte affirme que toute discrimination basée, entre autres, sur l’origine ethnique ou sociale, la religion, la langue ou la nationalité du passager sera évitée.Lire nos explications :Lutte contre le terrorisme : qu’est-ce que le PNR, le fichier sur les passagers aériens ?Données conservées cinq ansLes données seront conservées pendant 6 mois (le texte initial de la Commission proposait 30 jours). Elles seront masquées au bout de ce délai, et effacées après 5 années. Dans l’intervalle, elles seront accessibles sous le contrôle d’une autorité judiciaire nationale, à des conditions « très strictes et limitées ». L’accord prévoit aussi la nomination d’un responsable chargé de s’assurer que les règles fixées ont été respectées. Le groupe des élus socialistes français, notamment, insiste sur la nécessité d’un « suivi étroit » des résultats qui seront obtenus et du respect des libertés individuelles.Le débat sur le PNR déchirait les différents groupes à chaque attentat commis. Après les récents attentats de Paris et une lettre de Manuel Valls au groupe social démocrate européen (S&D), il devenait difficile, voire impossible, pour ce dernier de camper sur une position de refus intransigeant. Au cours des derniers jours, des discussions internes n’ont pas gommé les divergences ou permis de vaincre les réticences d’eurodéputés allemands et autrichiens, notamment. Hormis quelques-uns de ses élus, le groupe s’est toutefois rallié à une solution de compromis : il est prêt à accepter le PNR à condition qu’une directive sur la protection des données, dont la négociation a pris aussi du retard, soit adoptée parallèlement.Si cet autre dossier clé est enfin bouclé (la commission Libe doit se prononcer le 17 décembre, avant un vote en séance publique en 2016), le PNR sera approuvé par le groupe en séance plénière ; en janvier sans doute. Le groupe libéral et démocrate (ALDE) n’était pas plus unanime. En son sein, les élus centristes français et les libéraux belges étaient prêts à adopter le texte tandis qu’un autre groupe suivait la députée néerlandaise Sophie In’t Veld, hostile depuis le début à ce projet.Informations partagées à la carteM. Verhofstadt et son collègue social démocrate, Gianni Pittella, étaient parvenus à rallier leur collègue conservateur à cette idée: Manfred Weber, chef du groupe PPE, l’avait approuvée, du bout des lèvres, à la fin de la semaine dernière. Quelques heures plus tard, les ministres de l’intérieur, réunis en conseil vendredi 4 décembre, se mettaient toutefois d’accord sur un projet plus flou : les informations importantes issues du traitement des données seront partagées à la carte. Le PPE approuvait toutefois le projet, « coinçant » les autres groupes : ils ne voulaient pas donner l’impression de s’opposer à un projet jugé utile en période d’alerte terroriste. Ils ne voulaient pas être accusés par la droite et, simultanément, être assimilés à l’extrême droite : le Front national et ses alliés s’opposent au PNR en raison de sa dimension européenne…Il devenait, enfin, de plus en plus difficile, pour les groupes proeuropéens de continuer à bloquer le projet alors que de nombreux États mettent au point leur propre PNR, soumis à des législations différentes, voire contradictoires, et pas toujours respectueuses des droits fondamentaux. « Voter contre aurait abouti à une situation où les données des passagers seraient protégées de manière différente selon qu’ils partent de Paris ou de Francfort », soulignent des élus de l’ALDE. Dernière précision : après les attentats de 2001, les États-Unis, l’Australie et le Canada avaient déjà obtenu à tour de rôle des Européens, puis dans le cadre d’un accord UE/USA très controversé à l’époque, les données des passagers se rendant dans leur pays.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Audrey Tonnelier La France reste encalminée dans une reprise chaotique et modérée. C’est la tonalité donnée par les indicateurs macroéconomiques publiés, jeudi 10 décembre, par l’Insee. Une série de chiffres qui vont dans le sens d’un faible rebond de la croissance en 2015. Selon les dernières prévisions du gouvernement et l’Insee, la croissance du PIB ne devrait guère dépasser 1,1 %.Lire aussi :L’économie française, éternelle convalescenteL’emploi salarié ne progresse pasL’emploi salarié dans les secteurs marchands non agricoles est resté stable au troisième trimestre en France, selon les données publiées jeudi 10 décembre par l’Insee, qui a revu à la baisse son évolution (après l’avoir donné en hausse de 0,1 % dans son estimation mi-novembre). Neuf cent postes ont été détruits au cours du trimestre, ramenant leur total à 15 847 900. L’emploi a notamment continué de reculer dans la construction (–0,8%) mais aussi dans l’industrie (–0,5%), qui n’a pas été en situation de création nette d’emplois depuis début 2001. Sur un an à fin septembre, le niveau de l’emploi salarié est en hausse de 0,2 %.Lire aussi :Pourquoi la croissance française reste (malgré tout) poussiveLe chômage au plus haut depuis 1997Sur la même période, l’autre indicateur de l’Insee, le taux de chômage, a augmenté de 0,2 point, pour atteindre 10,2 % de la population active en métropole, son plus haut niveau depuis 1997. Quant au nombre de chômeurs recensés par Pôle emploi, il n’a que très légèrement baissé entre juillet et septembre (–5 700), avant de repartir en très nette hausse en octobre (+42 000). Le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) s’établit à près de 3,59 millions en métropole.Une inflation toujours nullePar ailleurs, les prix à la consommation ont baissé de 0,2 % en novembre en France, avec le repli, en partie saisonnier, des prix des services de transport, des produits alimentaires frais et un nouveau recul des prix de l’énergie, selon les statistiques publiées jeudi par l’Insee. Sur un an, les prix à la consommation sont restés stables.Lire aussi :La BCE fourbit ses armes pour lutter contre l’inflation faibleSelon l’Insee, l’inflation dite « sous-jacente », calculée en excluant les prix des marchandises les plus volatils (énergie et produits alimentaires non transformés), reste positive, à +0,7 % en glissement annuel, soit un rythme équivalent à celui d’octobre (+0,6 %). C’est un peu mieux, mais cela reste encore faible. A titre de comparaison, la Banque centrale européenne (BCE) a un objectif d’inflation générale de 2 % – qu’elle n’arrive pas à atteindre pour le moment.Cette inflation molle, phénomène quasiment généralisé en zone euro, inquiète car elle est synonyme d’une croissance anémique. Si elle peut soutenir le pouvoir d’achat à court terme, lorsqu’elle s’installe, elle fait courir le risque d’une spirale de faible hausse, voire de baisse des prix menant à une réduction générale de la production, des salaires et de la consommation. A l’inverse, stimuler les prix est un moyen d’accélérer le désendettement des Etats, des entreprises et des ménages, et de faire baisser le coût d’accès au crédit pour relancer l’économie.C’est tout le sens du programme de rachat de dettes publiques (dit d’« assouplissement quantitatif »), que la Banque centrale européenne a renforcé, le 3 décembre. Mais de l’avis de la plupart des observateurs, l’inflation devrait rester basse, notamment compte tenu de la poursuite de la chute du prix du pétrole.La production industrielle, seule bonne nouvelleLa production industrielle française a progressé de 0,5 % en octobre par rapport au mois précédent, notamment en raison d’une hausse de la production dans les industries extractives, l’énergie et l’eau, a annoncé jeudi l’Insee, en lien avec un mois d’octobre plus froid qu’à l’ordinaire. Sur les trois derniers mois, la production industrielle a augmenté de 1,4 % par rapport aux trois mois précédents, et de 2,3 % par rapport aux trois mêmes mois de 2014.Lire aussi :La BCE déploie de nouvelles armes pour relancer la croissance européenneAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frans Timmermans (Premier vice-président de la Commission européenne) Cette semaine, à Paris, nous espérons parvenir à un accord mondial pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et limiter le réchauffement climatique. L’Europe est depuis longtemps aux avant-postes de la lutte contre le changement climatique et de l’utilisation responsable des ressources limitées de notre planète. Mais nous devons aller encore plus loin.L’enjeu réside notamment dans la transition d’une économie « linéaire » à un modèle « circulaire ». Nombre de nos ressources naturelles sont limitées. C’est pourquoi la logique du « prendre, fabriquer, utiliser et jeter », qui est quasi omniprésente dans notre économie, ne peut perdurer. Il est temps de passer à un mode de production et de consommation circulaire : une économie qui permette de préserver la valeur des matières et des produits aussi longtemps que possible ; une économie où l’utilisation des ressources et la production de déchets sont réduites au minimum ; une économie qui facilite la réutilisation constante des composants des produits arrivés en fin de vie, pour recréer de la valeur.Changer notre économie n’est pas seulement la bonne décision pour protéger notre environnement et l’héritage que nous laisserons aux générations futures – on récolte ce que l’on sème. C’est aussi, et surtout, un choix intelligent, dont nous pouvons d’ailleurs tirer de grands bénéfices. Être à l’avant-garde dans ce domaine nous conférera un avantage concurrentiel dans les modes de production et de consommation de demain, synonymes de nouveaux marchés et de création d’emplois – des emplois locaux qui resteront en Europe.Compétitivité, emploi et croissance durableCela peut également contribuer à diminuer notre dépendance aux matières premières provenant de régions instables et dont les prix sont volatils, rendant nos économies et nos sociétés vulnérables. Nous ne partons pas de rien. Des projets innovants, émanant d’entreprises comme de citoyens, nous montrent déjà la voie - par exemple en matière de covoiturage, d’ateliers de réparation participative, d’emballages verts. De nombreux pays européens, en particulier la France, ont déjà pris des mesures fortes allant dans le même sens.L’adoption d’une stratégie au niveau européen, grâce notamment au levier que représente le marché unique, permettra de concrétiser l’économie circulaire encore plus rapidement et de la faire passer à l’échelle supérieure. Les propositions législatives de la Commission européenne sur un nouveau train de mesures ambitieux sur l’économie circulaire en vue de renforcer la compétitivité, de créer des emplois et de générer une croissance durable, présentées le 2 décembre, combinent réglementation intelligente et incitations financières pour contribuer à accélérer le changement. Ce sera ensuite aux autorités nationales et territoriales, aux entreprises, aux consommateurs et à la société civile de mener cette transformation sur le terrain.Nous voulons une meilleure conception des produits qui améliore leur durabilité, leur réparabilité et leur recyclabilité. Nous souhaitons favoriser des modes de production qui utilisent les ressources de la manière la plus efficace possible, réduisant ainsi les déchets et optimisant la réutilisation des sous-produits d’une filière par une autre. Et nous prendrons des mesures pour assurer l’émergence d’un véritable marché des matières premières secondaires.Nos propositions visent également à informer les consommateurs sur la durabilité des produits, pour leur permettre d’opérer des choix plus éclairés. Nous entendons examiner sérieusement la question de l’obsolescence programmée : nous ne pouvons pas accepter que des produits soient conçus pour devenir défaillants dès l’expiration de la période de garantie.Déchets marins et gaspillage alimentairePour s’attaquer à deux des exemples actuels les plus flagrants et les plus intolérables d’irresponsabilité environnementale, nous diminuerons les déchets marins – en particulier en s’intéressant au sujet des plastiques, aujourd’hui recyclés à moins de 25 % – ainsi que le gaspillage alimentaire. Il n’est tout simplement pas acceptable qu’un tiers des denrées alimentaires produites dans le monde soient jetées. Nous nous sommes aussi penchés sur les moyens d’encourager une meilleure gestion des déchets en Europe. Ce qui constitue un déchet pour untel peut s’avérer un trésor pour un autre.D’ici à 2030, notre objectif est de recycler 65 % des déchets municipaux et 75 % des déchets d’emballage. Il est impératif de se détourner de la mise en décharge pour développer le recyclage. Nous proposons ainsi de réduire la mise en décharge à moins de 10 % de l’ensemble des déchets d’ici à 2030, un objectif ambitieux mais réalisable. Ce plan tient compte des disparités importantes qui existent entre les situations nationales. Chacun sera amené à réaliser des efforts.Parce que nos objectifs sont ancrés dans le réel, ils sont crédibles et offriront notamment au secteur privé une confiance sur le long terme qui favorisera les investissements et une évolution durable des modèles économiques. Il est temps de transformer notre économie pour qu’elle crée de l’emploi, réduise les coûts des entreprises et favorise un environnement plus propre.La réalisation des mesures que nous proposons représente 500 milliards de tonnes de CO2 en moins d’ici à 2035, une véritable bouffée d’air frais pour nos économies et un gain de compétitivité sur la scène mondiale. En travaillant tous ensemble, au sein de l’Union, vers cet objectif commun, nous permettrons à l’Europe de parler d’une voix forte et de continuer à jouer un rôle de premier plan dans le monde sur ces questions, ouvrant ainsi la voie à une révolution circulaire à l’échelle planétaire.Frans Timmermans (Premier vice-président de la Commission européenne) Marie Maurisse (Genève, correspondance) Comme tous les quatre ans, les députés suisses ont réélu les sept ministres qui composent le pouvoir exécutif, le Conseil fédéral. Ce gouvernement est constitué des différentes forces politiques majeures du pays. La présidence est tournante : pour 2016, c’est le libéral-radical Johann Schneider-Ammann qui sera à la tête du pays.La nuit qui a précédé cette élection, aussi appelée « nuit des longs couteaux » en raison des âpres négociations qui ont lieu dans les coulisses du Parlement, n’a en fait pas été suivie de grandes surprises. Aujourd’hui à Berne, six ministres sur sept ont été réélus sans encombre par le parlement fédéral. Le seul nouveau venu est le Vaudois Guy Parmelin, membre du parti populiste l’Union démocratique du centre (UDC), choisi pour remplacer la ministre démissionnaire, Eveline Widmer-Schlumpf.Le précédent de 2004L’élection de Guy Parmelin permet au premier parti politique de Suisse, dont le programme est centré sur la souveraineté nationale et le contrôle de l’immigration, de gagner un deuxième ministre au Conseil Fédéral, qui comprenait déjà Ueli Maurer.Lire aussi :Raz-de-marée populiste au Parlement helvétiqueCe n’est pas la première fois que cette formation compte deux ministres au gouvernement : cela avait déjà été le cas entre 2004 et 2007, quand son leader, Christoph Blocher avait été élu. Mais son mandat n’avait duré que quatre ans : son positionnement radical, qui tranchait avec la tradition helvétique de la concordance, l’avait poussé vers la sortie.Aujourd’hui, c’est un tout autre profil qui prend la place qu’occupait Christoph Blocher il y a dix ans. Issu de la ligne la plus modérée de l’UDC, le Vaudois Guy Parmelin, francophone, est souvent moqué pour ses difficultés à parler d’autres langues – une compétence importante dans un pays plurilingue.Lire aussi :En Suisse, la poussée de la droite populiste se confirmeSon coté débonnaire n’empêche cependant pas son penchant populiste. Cet agriculteur et viticulteur avait notamment soutenu l’initiative populaire contre « l’immigration de masse », votée en février 2014 par les Suisses, qui prévoit un retour des quotas.« Le plus consensuel, le plus lisse, le moins dérangeant »Dans la presse helvétique, le fait que l’UDC gagne un deuxième ministre ne fait sursauter personne. Pour le quotidien Le Temps, son élection est avant tout « un retour à la stabilité et à la normalité ». « Parmelin ou le triomphe de la mollesse », titre même le journal romand, pour qui, en élisant Guy Parmelin, âgé de 56 ans, le Parlement a fait le « choix du candidat UDC le plus consensuel, le plus lisse, le moins dérangeant ».Un profil qui devra malgré tout faire face à une législature difficile : le Conseil fédéral devra trouver le moyen d’appliquer l’initiative sur l’immigration de masse sans vexer Bruxelles et lutter contre le franc fort, qui mine les exportations.Dans ce contexte, certains éditorialistes en viennent presque à regretter qu’il n’y ait pas plus d’audace dans la politique suisse. Dans le magazine L’Hebdo, l’écrivain socialiste François Cherix voit l’élection de Guy Parmelin comme une « punition », et regrette que les voix contre l’UDC n’aient pas été plus vives. « Les fautes d’une société suisse, riche matériellement mais d’une grande pauvreté morale, se payeront cash, estime-t-il. Alors que l’Europe traverse des turbulences historiques qui réclament des visionnaires, la Suisse s’accommode de voir son Conseil fédéral sombrer doucement dans l’insignifiance ».Marie Maurisse (Genève, correspondance)Journaliste au Monde 09.12.2015 à 12h46 • Mis à jour le09.12.2015 à 16h06 | Elise Vincent Dans les heures qui ont suivi les attentats du 13 novembre à Paris, Salah Abdeslam, soupçonné d’avoir pris la fuite après avoir pris part aux attaques, a téléphoné à un détenu de la prison de Namur, en Belgique. Selon les informations du Monde, les enquêteurs le soupçonnent d’avoir alors essayé, par l’intermédiaire de ce détenu, de joindre Abdellah C., 34 ans, l’un des huit hommes aujourd’hui interpellés et placés en détention provisoire en Belgique, dans le cadre de l’enquête sur les tueries de Paris. Employé à l’aéroport de Bruxelles, Abdellah C. a été arrêté le 23 novembre.Les enquêteurs sont remontés jusqu’à lui lors de leurs investigations téléphoniques. Ils s’interrogent notamment sur l’aide qu’il a pu fournir à Salah Abdeslam dans sa cavale pour pouvoir communiquer sous un alias, sans être repéré. En fouillant la cellule du détenu de Namur, un certain Naïm B., les enquêteurs ont en effet mis la main sur un document où était rédigé le numéro de téléphone d’Abdellah C. Une découverte que ce dernier justifie par le fait que son petit frère, au casier judiciaire bien rempli, était justement le codétenu de ce prisonnier jusque « fin octobre-début novembre ». A cette époque, les deux frères s’appelaient régulièrement, s’est défendu Abdellah C.Selon des documents que Le Monde a pu consulter, l’autre raison importante qui a conduit à l’interpellation d’Abdellah C. tient à l’amitié qu’il a longtemps eue avec Mohamed Abrini, 30 ans, suspecté d’avoir pris une part active à l’organisation des attentats de Paris. En fuite, comme Salah Abdeslam, ce belgo-marocain fait l’objet d’un mandat d’arrêt international.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : le troisième kamikaze du Bataclan identifiéUn chauffeur discretC’est Abdellah C. qui a ainsi convoyé Mohamed Abrini jusqu’à l’aéroport de Bruxelles, durant l’été, pour ses « vacances » en Turquie. Un aller-retour pour lequel le jeune homme n’aurait pas posé de questions et durant lequel il était surtout accompagné d’un autre mis en cause important de l’enquête sur les attentats de Paris : Ahmed Dahmani. Ce Belge de 26 ans a été interpellé le 21 novembre en Turquie, à Antalya. En août, il avait été repéré en Grèce avec Salah Abdeslam à bord d’un ferry à destination de l’Italie.Selon la justice belge, Abdellah C. avait de nouveau joué les chauffeurs « deux ou trois semaines plus tard », selon ses dires, en allant chercher Mohamed Abrini à son retour de vacances. Mais à Paris et seul, cette fois. Après l’arrivée de Mohamed Abrini à l’aéroport Charles-de-Gaulle, les deux hommes s’étaient retrouvés porte de Clignancourt, puis ils étaient rentrés à Bruxelles. Abdellah C. se serait contenté de se faire remercier du déplacement par un plein d’essence.Boire des verres au bowlingDes amitiés encombrantes pour Abdellah C., alors que pour les spécialistes de l’anti-terrorisme, « vacances en Turquie » signifie souvent « séjour en Syrie dans les rangs de l’État islamique ». Chez les Abrini, le djihad n’est en outre pas une chose étrangère. Un petit frère de Mohamed Abrini, Souleymane, a rejoint l’Etat islamique en janvier 2014, avant d’y mourir huit mois plus tard. Des photographies tirées d’un autre dossier judiciaire que Le Monde a pu consulter, montrent que ce petit frère a combattu dans la même « cellule » qu’Abdelhamid Abaaoud, suspecté d’être l’un des cerveaux des attentats de Paris, et tué lors de l’assaut des forces de l’ordre à Saint-Denis, le 18 novembre.Après quelques hésitations, Abdellah C. n’a toutefois pas caché son amitié pour Mohamed Abrini. Il passait souvent le voir dans le snack-boulangerie où il travaillait avec son frère Ibrahim, à Molenbeek. Ils fumaient une cigarette ensemble, discutaient cinq minutes. Parfois ils allaient au bowling, boire des verres. C’est Mohamed Abrini qui l’avait d’ailleurs aidé, fin octobre, à déménager de cette banlieue de Bruxelles, où il vivait depuis deux ans. Ils ne s’étaient pas revus depuis. Abdellah C. a reconnu de la même manière qu’il avait déjà aperçu Mohamed Abrini au snack-boulangerie en compagnie de Salah Abdeslam.Derniers soupçons qui pèsent lourdement dans la mise en cause d’Abdellah C. : son héritage familial. Il est le fils d’un imam très radical, Abdelkader C., connu partout en Belgique pour ses prêches appelant au djihad et contre qui une procédure d’expulsion est actuellement en cours. Père de neuf enfants, celui-ci a notamment exercé à Verviers, où la famille a longtemps vécu. La ville est aujourd’hui l’une des communes belges les plus touchées par le phénomène des départs en Syrie. En janvier, un important projet d’attentat y a été déjoué, quelques jours après les attaques de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : l’improbable conversation d’Ali O. avec Salah Abdeslam« Si tu parles, on te coupe la gorge »Un autre frère d’Abdellah C. a ainsi été brièvement interpellé dans le cadre de l’enquête sur les attentats du 13 novembre avant d’être relâché. La mère d’Abdellah C. et un autre de ses frères ont dans la foulée tenu à témoigner, le 27 novembre, sur la chaîne belge RTL. « De nombreux imams, des prédicateurs venus de l’étranger sont venus loger à la maison. Je devais leur faire à manger, j’étais menacée : “Si tu parles, on te coupe la gorge” », a notamment raconté la mère. « On nous a toujours manipulés, on nous a toujours bouffé le cerveau [en nous disant] : “Le djihad, c’est une obligation, on est obligé de faire le djihad” », a expliqué de son côté le frère, en se disant persuadé qu’Abdellah C. n’avait sans doute « rien fait de très grave ».« Mon client est quelqu’un de tout à fait normal, il a une famille, un travail, il est musulman mais non pratiquant, il n’est pas radicalisé, il ne va même pas à la mosquée et ne fait pas le ramadan, s’agace l’avocat d’Abdellah C., Me Guylain Mafuta Laman. Il n’a absolument rien à voir avec les attentats de Paris. Il faut absolument rappeler qu’il est présumé innocent », s’alarme-t-il.Interrogé sur l’endroit où pourrait se cacher Salah Abdeslam, Abdellah C. a confié lors de ses auditions qu’à ses yeux, celui qui est aujourd’hui traqué par toutes les polices européennes ne pouvait pas être « dans le coin » de Molenbeek. Avant les attentats, Salah Abdeslam était en effet connu par tout le monde dans ce quartier, où il semble s’être forgé une nébuleuse d’amitiés. Salah Abdeslam « buvait et fumait des joints », a-t-il détaillé. Il était en même temps « discret, poli, respectueux, jouait au foot et au mini-foot ». S’il était toujours là-bas, « les gens parleraient », a-t-il assuré.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : le point sur les identifications, les arrestations et l’enquêteElise VincentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) L’opération était attendue depuis plusieurs jours. Près de 400 policiers des forces spéciales grecques ont investi mercredi 9 décembre au petit matin le camp de migrants d’Idomeni situé au nord de la Grèce, à la frontière avec la Macédoine. Leur mission : déloger et escorter jusqu’à Athènes environ 1 200 migrants, Marocains, Somaliens, Iraniens, Algériens, Pakistanais bloqués à Idomeni depuis que la Macédoine a décidé le 19 novembre de ne laisser passer que les réfugiés syriens, afghans et irakiens.Depuis deux jours déjà, certainement en préparation de cette opération, les réfugiés en provenance des îles de la mer Egée étaient acheminés en plus petit nombre que les semaines précédentes. Et, mercredi matin, les bus ont été maintenus à distance afin qu’aucun réfugié autorisé à passer ne se retrouve pris en étau entre la police et les refoulés.Les journalistes, mais aussi le personnel des ONG, ont été maintenus éloignés du camp tout au long de l’intervention, qui continuait encore en fin de matinée. Des témoins sur place rapportent cependant qu’une grande majorité de migrants ont accepté plutôt dans le calme de monter dans les dizaines de bus réquisitionnés pour leur transfert à Athènes. « La police s’est vraiment déployée en force et a ainsi dissuadé d’agir ceux qui voulaient en découdre », précise ainsi une source à l’intérieur du camp.« Il fallait que l’Etat intervienne »« La situation devenait difficile entre d’un côté ceux autorisés à passer et les refoulés, reconnaît un membre d’une ONG. De nombreux migrants rentraient d’eux-mêmes à Athènes, mais ceux qui faisaient le choix de rester étaient très durs, déterminés à forcer le passage et doucement en train de prendre le contrôle du camp. Il fallait que l’Etat intervienne ». Lire aussi :A Idomeni, en Grèce, la rage et l’amertume des migrants « économiques »Depuis plusieurs jours, des trafics avaient commencé à se mettre en place. « Nous observons ce type de dérive dans tous les camps informels où se fixent des populations. Gérer, encadrer un flux de passage, et sécuriser un camp permanent, ce n’est pas la même chose », expliquait alors une source policière. La situation devrait s’apaiser un temps au poste frontière d’Idomeni, qui va continuer de voir passer les Syriens, Afghans ou Irakiens.Mais les difficultés vont maintenant se concentrer à Athènes, où sont rapatriés les autres migrants dits « économiques ». Dans un premier temps, ils vont être logés dans un stade de la banlieue sud de la capitale, où vivent déjà dans des conditions très précaires plusieurs centaines de migrants. « L’Europe doit nous aider »« Ceux qui voudront faire une demande d’asile en Grèce pourront le faire depuis Athènes, explique-t-on au gouvernement. Les autres seront expulsés une fois arrivés au bout de leur autorisation à rester un mois sur le territoire. » La plupart pourraient en réalité se disperser dans les rues d’Athènes, à la recherche d’appartements collectifs. Le temps de trouver un passeur leur proposant des routes alternatives pour continuer leur chemin vers les pays du nord de l’Europe. Même si le volume d’arrivées est en nette diminution ces dernières semaines, plusieurs centaines de réfugiés continuent de débarquer chaque jour sur les îles de la mer Egée.« L’Europe doit nous aider. Plus, mieux et maintenant, s’indigne une source gouvernementale. Pas seulement en nous imposant du personnel Frontex à la frontière avec la Macédoine, mais avec de quoi loger, nourrir, habiller, chauffer ceux qu’elle nous renvoie. On nous laisse tout seuls en première ligne. » Depuis des mois déjà, le gouvernement grec milite pour la mise en place de camps d’accueil et de tri (les « hot spots ») directement en amont sur le sol turc. Afin que la Grèce ne se transforme pas en vaste camp à ciel ouvert, mais aussi pour que les réfugiés ne risquent pas leur vie à chaque traversée. Douze personnes encore, dont cinq enfants, sont mortes pendant la nuit de mardi à mercredi dans le naufrage de leur embarcation entre les côtes grecques et turques.Lire aussi :La route des Balkans se ferme progressivementAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.12.2015 à 05h38 La Russie a récupéré une boîte noire du bombardier SU-24 abattu par la Turquie à la frontière syrienne en novembre, et va la déchiffrer avec des spécialistes étrangers, a déclaré mardi 8 décembre le président Vladimir Poutine.« Je vous demande de ne pas l’ouvrir pour l’instant », a déclaré M. Poutine au ministre de la défense Sergueï Choïgou lors de la présentation de la boîte noire, selon les agences russes, lui demandant de ne l’ouvrir « qu’en présence d’experts étrangers ».M. Choïgou a déclaré que le territoire sur lequel était tombé le bombardier russe avait été « libéré » par les forces spéciales syriennes, ce qui leur a permis de découvrir la boîte noire dans une zone jusque-là tenue par les rebelles.Cela ne modifiera pas la position de la RussieLe président Poutine a déclaré qu’une analyse de la boîte noire permettrait de déterminer la trajectoire et les paramètres de la position du bombardier au moment où il a été abattu par les forces aériennes turques.Le bombardier russe a été abattu le 24 novembre par les forces aériennes turques près de la frontière entre la Syrie et la Turquie, provoquant entre les deux pays la pire crise depuis l’époque de la guerre froide. La Turquie affirme que le bombardier est entré dans son espace aérien et a ignoré plusieurs mises en garde, tandis que la Russie a dénoncé une provocation délibérée.Lire aussi :Tensions avec la Russie : la Turquie va trouver d’autres fournisseurs d’énergieM. Poutine a prévenu que le déchiffrage de la boîte noire, quel que soit son contenu, ne modifierait pas l’attitude de la Russie et n’atténuerait pas sa colère à l’égard de la Turquie après « ce coup de traître » :« Ce que nous apprendrons ne changera pas notre attitude concernant ce qu’ont fait les autorités turques. Nous avions l’habitude de traiter la Turquie non seulement comme notre amie, mais aussi comme notre alliée dans la lutte contre le terrorisme, et personne ne s’attendait à ce coup bas, ce coup de traître dans le dos. »Lire aussi :La Russie accuse « Erdogan et sa famille » d’être impliqués dans le trafic de pétrole avec l’EI 08.12.2015 à 13h26 Dans une lettre commune envoyée à la Commission européenne datée du 3 décembre et rendue publique mardi, et alors que l’Allemagne vient d’annoncer avoir enregistré plus de 960 000 migrants depuis janvier, les ministres français et allemand de l’intérieur se sont dits « fermement convaincus » que les flux de migrants arrivant en Europe « doivent être réduits ».« Nous rejetons très fermement toute confusion entre terroristes et migrants », estiment Bernard Cazeneuve et Thomas de Maizière, appelant aussi à « trouver une réponse commune à la crise des réfugiés » et plaidant pour un « renforcement substantiel » du rôle et des opérations de Frontex, l’agence européenne de coordination de la surveillance des frontières.La crise migratoire, en Europe, s’est doublée d’une question sécuritaire après la découverte qu’au moins deux kamikazes des attentats de Paris et de Saint-Denis avaient pu se mêler aux candidats à l’asile en produisant de faux passeports. De ce point de vue « il est manifeste que le contrôle de nos frontières extérieures communes doit rapidement être renforcé », soulignent les ministres de l’intérieur dans cette lettre adressée au premier vice-président de la commission, Frans Timmermans, et au commissaire européen aux migrations, Dimitris Avramopoulos.« Accès aux bases de données pertinentes »« L’agence Frontex doit disposer d’un vivier plus important de forces opérationnelles détachées » susceptibles d’être mobilisées à tout moment et, « dans des circonstances exceptionnelles », elle devrait « pouvoir prendre l’initiative de déployer sous sa propre responsabilité des équipes d’intervention rapide aux frontières ». Les gardes-frontières de Frontex « devraient pouvoir avoir accès aux bases de données pertinentes » de l’Union européenne (Eurodac, Interpol et bases de données nationales, notamment) et son rôle « pourrait également être élargi à la possibilité de mener des opérations sur le territoire d’un pays tiers », avec l’accord du pays concerné et de l’UE, soulignent les ministres.MM. Cazeneuve et de Maizière jugent aussi que « pour rendre les contrôles frontaliers plus efficaces, les bases de données pertinentes devraient être interconnectées », et systématiquement consultées, et ils rappellent leur souhait d’une « réforme ciblée du code frontières Schengen ». Enfin, ils estiment « essentiel » que les centres d’accueil de migrants à leur arrivée en Europe « soient opérationnels dans les plus brefs délais », car « la mise en place de ces centres est trop longue ». Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La présidence luxembourgeoise de l’Union européenne (UE) lance une nouvelle piste pour tenter de résoudre la délicate question de la répartition des réfugiés. Un dossier quasiment « gelé » depuis les accords difficilement conclus, en septembre, entre les Vingt-Huit pour la répartition de 160 000 personnes arrivées en Italie et en Grèce. Moins de 200 de ces réfugiés ont été « relocalisés » jusqu’ici, compte tenu de la frilosité de nombreux Etats, mais aussi du fait qu’une grande majorité d’entre eux refuse une procédure qui les détournerait de leur objectif premier, qui est d’atteindre l’Allemagne ou la Suède.Jean Asselborn, le ministre luxembourgeois des affaires étrangères et de l’immigration suggère désormais, dans un entretien au quotidien Süddeutsche Zeitung, la « réinstallation » de 50 000 réfugiés syriens présents en Turquie. Ce nombre serait déduit des 160 000 personnes déjà arrivées dans l’Union européenne, que les Européens s’étaient engagés à se répartir.Le but serait d’abord d’envoyer un signal positif à Ankara, qui a reçu, par ailleurs, lors d’un récent sommet UE-Turquie, la promesse de 3 milliards d’euros pour gérer la crise des réfugiés, ainsi que l’assurance d’une relance des négociations d’adhésion à l’UE et d’une libéralisation de la délivrance des visas européens pour les Turcs.M. Asselborn paraît aussi vouloir tirer publiquement les leçons de l’échec du plan de répartition des 160 000 réfugiés : ce plan cherchait à assurer la « relocalisation » de candidats à l’asile, alors que le ministre luxembourgeois évoque désormais la « réinstallation » de 50 000 personnes, soit des réfugiés reconnus comme tels par la Nations unies, en vertu de mécanismes multilatéraux et nationaux. En juillet, les pays de l’Union s’étaient déjà mis d’accord sur la répartition de 22 000 « réinstallés ».Lire aussi :Crise migratoire : un accord minimal entre l’UE et la TurquieRadicalisation de la position des pays d’Europe de l’EstLors du sommet UE-Turquie, la chancelière allemande, Angela Merkel, avait convoqué une réunion parallèle des huit pays les plus concernés par la crise migratoire, à savoir, outre l’Allemagne, la Finlande, la Suède, l’Autriche, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et la Grèce. La chancelière entendait les persuader d’organiser l’arrivée d’une partie des réfugiés syriens directement depuis la Turquie par des voies légales, plutôt que par la route des Balkans. Elle n’avait pas cité le nombre des réfugiés potentiellement concernés.L’appel de l’Allemagne n’avait toutefois reçu qu’un très faible écho au sein même de ce groupe de pays dits « de bonne volonté ». La France s’était abstenue de participer au débat et indiquait seulement que l’intérêt de tous était que les réfugiés restent en Turquie.Les pays d’Europe de l’Est ont, eux, radicalisé leur position. Lors du conseil européen des affaires intérieures, vendredi 4 décembre, la Hongrie et la Slovaquie, désormais appuyées par le nouveau gouvernement polonais, ont confirmé leur refus du principe même de la répartition des 160 000 réfugiés. Ces pays confirment leur intention de déposer un recours devant la Cour de justice européenne contre ce texte.La Commission européenne a, elle, pris le relais de l’Allemagne et doit déposer, la semaine prochaine, avant le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des 17 et 18 décembre, un nouveau plan de répartition. A-t-il la moindre chance d’être adopté ? « Sans doute pas, d’où l’initiative luxembourgeoise pour tenter de limiter les dégâts d’un nouvel échec probable », commente une source diplomatique bruxelloise.Le chiffre de 400 000 réfugiés supplémentaires à se répartir entre les Vingt-Huit a circulé, mais est jugé « fantaisiste » par diverses sources. Plus modeste, le plan évoqué par M. Asselborn apparaît, toutefois, lui aussi, comme très difficile à concrétiser en raison, notamment, de divers obstacles juridiques.Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) N’en déplaise à Nicolas Hulot, qui jugeait encore l’outil « indispensable » dans une interview au Nouvelobs.fr, lundi 7 décembre, il n’y aura pas de taxe sur les transactions financières (TTF) sous le sapin à Noël, contrairement à la promesse faite par Paris et Bruxelles début 2015. Et Paris ne pourra pas s’en prévaloir, en pleine négociation sur la COP21.Un accord « politique » doit certes être signé « à l’arraché » à Bruxelles, mardi matin, après une énième réunion, la veille au soir, entre les ministres des finances des 11 pays européens concernés par ce projet d’impôt applicable uniquement aux établissements financiers (pas aux particuliers ni aux entreprises). Les Estoniens ont, eux, préféré jetter l’éponge. Il n’y a donc plus que 10 pays européens qui discutent cette taxe : France, Allemagne, Italie, Portugal, Espagne, Grèce, Belgique, Slovénie, Slovaquie, Autriche.Le président Hollande avait dit vouloir affecter ses recettes au développement et à la lutte contre le changement climatique.Mais les grands argentiers allemand, français, espagnol, portugais, italien ou encore belge ne se sont entendus que sur des « grandes lignes » dont ils discutent depuis déjà des mois : une assiette de l’impôt très large (actions, obligations, dérivés), des exemptions possibles, notamment pour les teneurs de marché – souvent des grandes banques, qui assurent la liquidité sur une place boursière –…  La Commission européenne a, elle, été mandatée pour plancher sur la rédaction d’une nouvelle proposition de directive.La discussion commence à lasserSi l’annonce de mardi devrait permettre à Paris et à Bruxelles de ne pas perdre la face, rien n’est encore arrêté dans les détails. Les ministres ne sont même pas entrés dans le vif du sujet : quel taux appliquer à l’assiette ? A quoi les sommes récoltées seront-elles affectées ? « On en a au moins pour toute l’année 2016 », prédit, blasé, un diplomate européen.De fait, cette discussion sur la TTF commence à lasser. L’idée de départ n’est pas nouvelle. Elle remonte aux propositions de taxe Tobin, du Prix Nobel d’économie James Tobin, faites dans les années 1970. La Commission européenne a mis sur la table une première mouture de directive en septembre 2011. A l’époque, l’Europe se débattait encore dans la crise financière, et l’idée était de taxer les établissements en partie à l’origine de cette tourmente mais qui, aux yeux de Bruxelles, n’avaient pas assez « payé ».Lire aussi :Hollande relance le projet de la taxe TobinLe projet avait de quoi séduire, notamment les ONG. Mais obtenir un accord à 27 Etats membres (28 désormais) s’est vite révélé impossible, d’autant qu’en matière de fiscalité, l’unanimité est requise à Bruxelles. En 2012, pour sauver son projet, la Commission propose donc une « coopération renforcée » à 11 Etats membres, un mode de décision communautaire inédit. Mais, depuis, les réunions se succèdent…Certains (la Belgique, l’Italie, la France et la Grèce) disposent déjà d’un impôt sur les transactions et redoutent que cette taxe leur rapporte moins. Les Belges ont aussi à cœur que leurs fonds de pension ne soient pas affectés. Les Estoniens, eux, réclament que soient taxées non seulement les transactions sur les actions de sociétés se trouvant dans un des 11 pays négociateurs, mais aussi celles d’autres Etats membres, si elles sont acquises par un opérateur de marché estonien.Lire aussi :La taxe Tobin européenne ne verra pas le jour en 2014Recettes potentielles mirifiquesLa Commission communiquait sur des recettes potentielles mirifiques au début de la négociation (entre 30 et 35 milliards d’euros par an, avec une taxe de 0,1 % sur les actions et les obligations, et de 0,01 % sur les dérivés). « Tout le monde estime que ces ordres de grandeur sont irréalistes », relève un diplomate.Pour Bruxelles, la TTF est un test très important. « Si nous n’arrivons pas à nous entendre à 11, comment le ferons-nous à 28 ? », a relevé éloquemment Pierre Moscovici, lundi. Le commissaire européen à l’économie déroule depuis des mois un ambitieux agenda « fiscalité », qui fait suite au scandale Luxleaks, en novembre 2014, ayant révélé l’existence d’un vaste système d’évasion fiscale du Luxembourg au profit de centaines de multinationales. Ce scandale a terni l’image du président de la Commission, Jean-Claude Juncker, président du Grand-Duché pendant dix-huit ans.Conscient des difficultés pour trouver un consensus européen sur des sujets de fiscalité, que les pays considèrent encore comme l’une de leurs principales prérogatives économiques, M. Moscovici compte sur le succès de la « coopération renforcée » sur la TTF pour, d’ici quelques mois, engager, dans le même type de format, une discussion sur l’épineuse question de la standardisation de l’assiette commune consolidée pour la fiscalité des entreprises.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.12.2015 à 13h19 • Mis à jour le21.12.2015 à 15h31 Le premier ministre russe, Dmitri Medvedev, a confirmé, lundi 21 décembre, que la Russie étendrait à l’Ukraine l’embargo sur les produits alimentaires déjà imposé aux pays occidentaux, à partir du 1er janvier, date de l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange entre Kiev et l’Union européenne. Cette annonce tombe au moment même où étaient prévus des pourparlers à Bruxelles censés pouvoir éviter une telle issue.De son côté, l’Union européenne a, comme prévu, prolongé lundi de six mois ses sanctions économiques contre la Russie pour son implication présumée dans le conflit dans l’est de l’Ukraine, selon un communiqué officiel. Les sanctions avaient été introduites le 31 juillet 2014 pour une année « en réponse aux actions de la Russie dans l’est de l’Ukraine ». Elles avaient été reconduites pour six mois le 22 juin jusqu’au 1er janvier 2016.Accord très improbableDepuis des mois, la Russie menaçait d’appliquer son embargo alimentaire, déjà imposé depuis l’été 2014 aux pays occidentaux qui la sanctionnent pour son implication dans la crise ukrainienne, notamment l’UE.Mais elle avait dit qu’elle ne le ferait qu’en cas d’échec des négociations menées depuis des mois entre Moscou, Kiev et Bruxelles concernant l’application de l’accord d’association entre l’Ukraine et l’UE. Or des pourparlers sont encore prévus lundi au niveau ministériel. Cependant, les différentes parties ont déjà jugé très improbable un accord d’ici à la fin de l’année, les discussions précédentes n’ayant permis que très peu de progrès.Moscou rétablit les droits de douane à la frontière ukrainienneLe président russe, Vladimir Poutine, avait déjà annoncé qu’il suspendrait sa zone de libre-échange avec l’Ukraine (accord signé en 2011) à l’entrée en vigueur du rapprochement commercial entre Kiev et l’UE. A partir du 1er janvier, les marchandises en provenance du territoire ukrainien seront donc soumises à des droits de douane à la frontière.La Russie n’a de cesse de répéter que l’accord de libre-échange entre Kiev et Bruxelles risque d’inonder son marché de produits européens si elle ne prend pas des mesures de protection commerciale, ce que réfute la Commission européenne.Côté ukrainien, le président Petro Porochenko a reconnu la semaine dernière que la suspension par Moscou des tarifs préférentiels allait « porter préjudice » à l’économie ukrainienne. « Nous sommes prêts à payer le prix pour notre liberté et notre choix européen », a-t-il lancé.Sur le plan financier, Kiev a refusé de rembourser un crédit de 3 milliards de dollars accordés par la Russie en 2013 au régime prorusse du président ukrainien d’alors, Viktor Ianoukovitch. Alors que la date butoir du paiement était dimanche, M. Medvedev a demandé à son gouvernement de « préparer toutes les décisions nécessaires pour saisir l’organisme juridique » compétent en vue de « lancer la procédure avec la ténacité et le soin nécessaires ».La Russie et l’Ukraine sont engagées dans une crise sous précédent depuis l’arrivée au pouvoir de pro-occidentaux en Ukraine, au début de 2014, suivie de l’annexion de la Crimée puis du conflit avec des séparatistes prorusses, qui a fait plus de neuf mille morts. 21.12.2015 à 11h36 • Mis à jour le21.12.2015 à 12h14 | Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Au siège du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), rue Ferraz, à Madrid, régnait dimanche 20 décembre une ambiance étrange, entre soulagement et douleur. Un peu comme si la formation avait évité la mort, mais avait perdu une jambe… Avec 22 % des voix et 90 députés, le parti réalise le pire score de son histoire, perd 20 sièges et près de 1,5 million de voix par rapport aux élections de 2011, qui avaient déjà été un séisme pour la formation.Et pourtant, dimanche soir, dans les bureaux des cadres socialistes, on respirait nettement mieux que le matin, quand des sondages officieux donnaient la gauche alternative de Podemos en deuxième position, en voix et en sièges. « Ça aurait pu être pire », résume un membre du PSOE. Pris en étau entre Podemos à gauche et Ciudadanos au centre droit, le PSOE a résisté, mais il a souffert.Centrant sa campagne sur l’idée qu’il était la seule alternative possible à Mariano Rajoy, appelant au vote utile, comme si l’Espagne répondait encore aux schémas du bipartisme, il n’a pas éveillé d’enthousiasme.Conscient du risque, Pedro Sanchez, son chef de file, peinant jusqu’alors à transmettre ses convictions politiques, est devenu plus agressif en fin de campagne, allant jusqu’à qualifier le chef du gouvernement d’« indécent » lors d’un débat particulièrement tendu. Sa survie politique était en jeu.Il n’est pas encore tout à fait sûr que M. Sanchez, contesté au sein du PSOE, résiste aux pressions de sa rivale, la présidente socialiste de l’Andalousie, Susana Diaz, qui n’a pas manqué de rappeler que c’est sur ses terres que le PSOE a fait, encore une fois, son meilleur score, avec « cinq des sept provinces dans lesquelles il est arrivé premier ». S’il n’arrive pas à sceller de pactes avec les forces de la gauche pour pouvoir gouverner, ses jours pourraient être comptés à la tête du parti.Car dans plusieurs régions, la chute des socialistes est vertigineuse. Il n’est plus que le quatrième parti à Madrid, derrière le PP, Podemos et Ciudadanos, après avoir perdu un quart des voix récoltées en 2011. Il est troisième en Catalogne, où il a perdu plus d’un tiers des voix, derrière Podemos et les indépendantistes de la Gauche républicaine (ERC). Tout comme au Pays basque, où Podemos obtient deux fois plus de voix que le PSOE. Dans la ville de Valence, il arrive en quatrième position.Lire l'entretien :« L’Espagne a voté pour le changement »« Le fantôme de Zapatero »Le tournant de la rigueur pris en 2010 par le précédent président du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero avait marqué une première rupture entre le PSOE et une partie de son électorat. Sa décision de convoquer des élections anticipées, en 2011, avait été perçue comme un aveu d’échec et une incapacité à affronter la crise économique. Depuis, le PSOE ne cesse de perdre des voix à chaque élection. « Notre principal adversaire est le fantôme de Zapatero », avoue un membre du parti.Affaibli par un scandale de détournement présumé de fonds destinés aux chômeurs, boudé par les jeunes, il craignait de devenir résiduel, comme le Pasok grec. Il a finalement résisté à la vague Podemos, mais devra encore mener la bataille des pactes s’il veut ravir le pouvoir à Mariano Rajoy. « Podemos s’est cogné contre le mur qu’est encore le PSOE », se félicite José Manuel Albares, conseiller aux affaires étrangères et membre de l’équipe de campagne de Pedro Sanchez.Mais le parti de gauche radical n’a pas, lui-même, les mains libres sur toutes les questions. Pour l’emporter, il a dû sceller des alliances compliquées avec des partis et plates-formes régionales. En Catalogne, avec Barcelona en comu, de la maire Ada Colau, l’accord prévoit la tenue d’un référendum sur l’indépendance. A Valence, où il s’est allié avec la coalition anticorruption et régionaliste Compromis, celle-ci a déjà annoncé qu’elle composerait un groupe propre au Parlement afin de conserver son indépendance. En Galice, avec les Mareas (marées), plus radicales que le parti de Pablo Iglesias, l’entente est complexe.Lire aussi :Espagne : pour Rajoy, une victoire encombrante et un échec personnel« Remontada » de Podemos Malgré cela, Podemos se sent assez fort pour faire désormais pression sur le PSOE. Alors que certains avaient voulu l’enterrer trop vite, M. Iglesias a montré qu’il était capable, encore une fois, de créer la surprise. Il y a quelques mois, le parti avait chuté à 13 %, voire 11 % dans certains sondages, alors qu’il n’avait pas de programme et que son alliance avec les écolo-communistes de la Gauche unie (IU) échouait.Porté par le soutien d’Ada Colau, la très populaire maire de Barcelone et ancienne activiste du droit au logement, après être parvenu à associer l’économiste Thomas Piketty à l’élaboration de son programme, il a réussi dans le dernier mois à opérer sa « remontada » (remontée), sorte de mot-valise employé pour redonner de l’énergie aux troupes.« Je ne pensais pas voter Podemos. Je ne suis pas d’accord avec leur manichéisme, leur discours sur la caste. Mais j’ai pris ma décision avant-hier : je me suis dit que si je vote PSOE comme d’habitude, je vais le regretter toute ma vie, car c’est l’opportunité ou jamais de changer ce pays », expliquait dimanche, à deux pas du siège de PSOE, Inés, coach de 36 ans qui préfère ne pas donner son nom.Ce changement est toutefois conditionné à un accord de la gauche qui reste largement hypothétique. Pour espérer gouverner, le PSOE devra en effet non seulement s’entendre avec Podemos, mais aussi avec les écolo-communistes, les nationalistes basques et les régionalistes canariens… Et il faudra que les nationalistes catalans s’abstiennent. De quoi rendre tout accord particulièrement fragile.Lire aussi :Espagne : qui pourrait gouverner avec qui, après les élections législatives ?Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Au lendemain des législatives du 20 décembre qui marquent l’entrée des centristes de Ciudadanos et de Podemos (gauche anti-austérité) au Parlement, José Manuel Albares, diplomate et conseiller en affaires étrangères du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), la principale formation de la gauche espagnole, prend acte de la fin du bipartisme.Ce membre de l’équipe de campagne de Pedro Sanchez, le chef de file socialiste, exclut cependant, dans un entretien avec Le Monde, toute alliance avec ses rivaux du Parti populaire (PP, droite). Arrivés en tête, ceux-ci ont perdu la majorité absolue et ne sont pas assurés de conserver le pouvoir.Le PSOE est-il satisfait du résultat de dimanche ?Il est clair que l’Espagne a voté pour le changement, et très majoritairement à gauche. Dans ce bloc, nous sommes la première force en termes de votes et de sièges. Et malgré la coalition contre le PSOE, la tentative de nous détruire de la part du PP, de Ciudadanos et de Podemos, nous sommes le premier parti du changement.Ce résultat n’en est pas moins le plus mauvais qu’a connu le PSOE dans son histoire…Nous sommes entrés dans une nouvelle ère. Nous ne pouvons pas prendre comme référence le bipartisme imparfait que nous avons connu jusqu’à présent. Le PSOE a perdu 19 sièges, mais le PP en a perdu plus de 60. Notre chute est relative.Le PSOE va-t-il tenter de former une alliance de gauche pour gouverner, sur le modèle portugais ?La responsabilité de former un gouvernement stable revient au premier parti, le PP. Nous ne voulons pas nous avancer. Même s’il est vrai que la composition du Parlement montre une volonté de changement. Et si le PP n’y parvient pas ?C’est un peu tôt pour l’envisager mais évidemment, le PSOE est capable de dialoguer avec d’autres forces politiques.Lesquelles ?La question n’est pas qui mais quoi. Nous défendrons toujours notre programme social-démocrate et réformiste, une réforme de la loi électorale et de la Constitution ainsi qu’un nouveau statut d’autonomie pour la Catalogne.Et si Podemos exige un référendum en Catalogne ?L’unité de l’Espagne est une ligne rouge sur laquelle aucune négociation n’est possible.Pour la stabilité du Parlement, un pacte avec le PP est-il envisageable ?Pedro Sanchez a été suffisamment clair sur ce sujet durant la campagne : une alliance avec le PP n’est pas possible. Notre programme est social-démocrate.Certains comparent le moment que vit l’Espagne avec la transition démocratique à la mort de Franco. Partagez-vous cette analyse ?Cette comparaison me semble exagérée. Néanmoins, il est vrai que notre pays a beaucoup changé en 40 ans : des changements sociologiques et démographiques, son entrée dans l’Union européenne,… Là où je vois des similitudes, c’est le retour de la nécessité de dialogue et d’accords.Lire aussi :Espagne : pour Rajoy, une victoire encombrante et un échec personnel Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Morel (Madrid, correspondance) L’ambiance n’était pas à la fête et les militants étaient rares calle Genova, le siège du Parti populaire (PP) espagnol, au soir des élections générales du 20 décembre. Si le parti de droite arrive en tête avec 28,7 % des voix et 123 députés, ce résultat est dramatique pour lui : il perd plus de 3,6 millions d’électeurs et 63 sièges par rapport aux élections législatives de 2011, remportées avec 44,6 % des voix et la majorité absolue au Parlement.« Je vais essayer de former un gouvernement, un gouvernement stable, mais ce ne sera pas facile », a déclaré M. Rajoy dans un bref discours sans grand espoir. Il sait sa tâche presque impossible. Lors de la première session d’investiture, attendue en février, il ne pourra pas obtenir la majorité absolue des voix, nécessaire pour approuver son gouvernement.Lors de la deuxième, il lui suffirait d’une majorité simple : plus de oui que de non. Mais il aura beaucoup de mal à trouver le soutien d’autres forces politiques, tant son image est associée au scandale de corruption de son parti et à la politique d’austérité menée ces dernières années.Ce qu'il faut savoir sur les résultats de l'élection :Législatives en Espagne : une victoire aux airs de défaite pour la droiteMariano Rajoy a donc besoin d’alliés. La possibilité d’un soutien ou d’une abstention du PSOE (socialiste) a été formellement écartée par leur chef de file, Pedro Sanchez, durant la campagne. Il lui faudrait alors au moins s’assurer le soutien de Ciudadanos et des nationalistes basques ainsi que l’abstention d’un ou deux autres partis pour espérer obtenir une majorité de votes favorables face au « non » attendu du PSOE, du parti de la gauche alternative Podemos, des nationalistes catalans, des écolo-communistes de la Gauche unie et des indépendantistes basques.Des négociations qui dureront des semaines Côté socialiste, Pedro Sanchez ne s’est pas montré plus enthousiaste dimanche soir. Avec 22 % des voix et 90 députés, le parti réalise le pire score de son histoire, perd 20 sièges et près de 1,5 million de voix. « Il appartient à la force qui a reçu le plus de voix d’essayer de former un gouvernement », a-t-il déclaré.Mais personne n’est dupe. Dès demain, le PSOE va discrètement tenter de former une alliance susceptible de soutenir un gouvernement de gauche, notamment en scellant des accords avec Podemos et la Gauche unie, ainsi qu’avec les nationalistes basques et les régionalistes canariens.Rien n’est joué et les prochaines semaines, voire les prochains mois, devraient être d’intenses négociations pour trouver une solution à ce casse-tête et éviter que d’autres élections ne soient convoquées au printemps.Dans ce contexte, le grand vainqueur de ces élections est sans conteste Podemos, un parti né en 2014, qui obtient 20,6 % des voix et 69 députés issus de la société civile, presque tous sans expérience de la vie politique. Ce n’est d’ailleurs que devant le musée Reina Sofia où Podemos avait convoqué ses électeurs qu’une ambiance de fête régnait, avec des centaines de participants répétant après Pablo Iglesias :« Ce pays a changé. Il ne sera plus jamais le même. »Lire aussi :Elections législatives en Espagne : « Il est temps de changer les choses »Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.12.2015 à 20h57 • Mis à jour le21.12.2015 à 06h40 La Slovénie n’est pas devenue dimanche 20 décembre le premier pays de l’ancien bloc communiste à ouvrir le mariage aux homosexuels. Consultés lors d’un référendum d’initiative populaire, les électeurs slovènes ont largement rejeté la loi dans ce sens, votée il y a dix mois par leurs députés à 63,12 %, selon les résultats quasi définitifs publiés par les autorités.Le scrutin a entraîné une faible participation (35,65 %), suffisante toutefois pour le valider. Les opposants à la loi ont en effet mobilisé au moins 370 000 voix sur les 342 000 nécessaires pour opposer un veto à la loi, sur un total d’1,7 million de votants.La loi avait été adoptée à une large majorité au Parlement par la gauche et le parti centriste du premier ministre Miro Cerar et elle donnait aux couples gays et lesbiens les mêmes droits qu’aux hétérosexuels, dont celui de l’adoption, point le plus contesté par les opposants au mariage gay.Le Pape investi pour le « non »Grâce à 40 000 signatures, l’opposition de droite et l’Eglise catholique avaient obtenu la tenue d’un référendum d’initiative populaire, suspendant immédiatement l’application de la loi. Aussi, aucun homosexuel ne s’était encore passé la bague au doigt.En 2012, les Slovènes avaient déjà dit non à 55 % au mariage gay lors d’un référendum similaire. Si ce pays de deux millions d’habitants, membre de l’Union européenne depuis 2004, est généralement considéré comme le plus libéral des anciennes nations communistes, le poids de l’Eglise catholique y demeure très fort. Or, le pape François avait plaidé cette semaine pour le « non », invitant les Slovènes à « soutenir la famille, structure de référence de la vie en société ». 20.12.2015 à 14h15 • Mis à jour le20.12.2015 à 15h48 | Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Une grande excitation règne devant le bureau de vote de Valdemorillo, un village de la grande banlieue de Madrid où, aux municipales de mai 2015, une alliance entre cinq partis a enlevé le pouvoir au Parti populaire (PP, conservateur), qui administrait la ville depuis 18 ans et était encore une fois arrivé en tête aux élections.Dimanche 20 décembre, plus de 36 millions d’Espagnols sont appelés aux urnes pour élire le nouveau parlement espagnol. Ces élections pourraient mettre fin au bipartisme qui a prévalu en Espagne depuis la mort du général Franco, du fait de l’émergence de deux jeunes forces politiques : le parti de la gauche alternative Podemos et le parti du centre Ciudadanos.« L’ambiance est la même que celle qu’ont connue nos parents durant la Transition démocratique, affirme Paloma del Amo, avocate de 38 ans qui s’est affiliée à Ciudadanos. Il est temps de changer les choses. Nous ne voulons plus des politiciens de profession. Nous voulons des professionnels qui font de la politique », dit-elle en reprenant une des phrases préférées du chef de file de Ciudadanos, le jeune juriste de 36 ans Albert Rivera.Lire aussi :En Espagne, des élections législatives plus ouvertes que jamais« Ces élections sont différentes »On croise beaucoup de visages jeunes et nouveaux parmi les volontaires envoyés par les jeunes partis pour veiller au bon déroulement des élections. Silvia Alvarez, travailleuse sociale de 41 ans et maman d’une petite fille de 4 ans, ne s’était jamais engagée en politique avant cette année, quand elle a décidé de s’affilier à Podemos, le jeune parti de la gauche anti-austérité. « Ces élections sont différentes. Nous n’aurons jamais plus une opportunité comme celle-ci de changer les choses, d’en finir avec le bipartisme corrompu, dit cette ancienne électrice du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). Et même si je ne suis pas d’accord à 100 % avec Podemos, j’ai beaucoup d’espoirs mêlés de joie dans la possibilité de rénover la politique. »A 75 ans, Fermin Breton a toujours voté PSOE et ne pense pas changer cette fois-ci. « C’est mon idéologie. Je n’en ai pas d’autre, explique-t-il. Pour moi le plus important, c’est de virer [le chef du gouvernement, Mariano] Rajoy, et pour ça je préfère un pacte avec Pablo Iglesias [chef de file de Podemos] qu’avec Rivera. »Devant on se prend en photo avec les rois mages... Rajoy a retardé les élections pr voter le budget 2016 #20D https://t.co/u58iCFEpr4— sandrinemorel (@Sandrine Morel)require(["twitter/widgets"]);Dehors, les rois mages accompagnés d’une crèche vivante et sa Vierge Marie portant un petit Jésus en plastique dans ses bras, sortent de l’église. Sur la place, les familles caressent les brebis et regardent les oies après avoir voté. Olga Varela, femme de ménage de 39 ans, surveille son fils Oliver de 4 ans, mais elle a la tête ailleurs. « Mon mari travaille dans la construction. Pendant la crise il pouvait rester des mois et des mois sans boulot. Ça fait un an que l’activité est repartie. Pourvu que l’on ne gâche pas tout alors que l’on dirait qu’on va enfin sortir de cette maudite crise », dit-elle. A côté d’elle, Gemma, la cinquantaine, a « peur : si Podemos gagne, je quitte ce pays en courant », s’exclame-t-elle. Les oubliés de la repriseMariano Rajoy a centré sa campagne sur la reprise économique, les 600 000 emplois créés cette année, la croissance de 3,1 % attendue en 2015, et le risque que la crise revienne s’il était évincé du pouvoir. Mais alors que la précarité a augmenté et que le chômage demeure à un taux élevé de 21 % des actifs, ce discours a du mal à passer chez les nombreux oubliés de la reprise.Lire aussi :Elections législatives en Espagne : « La reprise, je n’y crois pas »« J’ai voté avec moins de frustration et de tristesse que les autres fois, avoue Juan Diego, graphiste de 43 ans au chômage. Pour la première fois, il existe quatre partis qui reflètent la pluralité de la société espagnole et qui sont de réelles options de gouvernement, explique cet ancien électeur d’Equo, un parti écologiste qui s’est allié à Podemos. Avant je votais en sachant que mon option politique n’avait aucune chance de l’emporter. »Les élections de dimanche sont très ouvertes. Si le PP semble garanti d’arriver en tête, Podemos et PSOE sont au coude-à-coude et une alliance de la gauche n’est pas à exclure.Lire aussi :L’Espagne s’apprête à tourner la page du bipartismeSandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.12.2015 à 10h58 • Mis à jour le20.12.2015 à 14h31 Le premier ministre conservateur britannique, David Cameron, a annoncé, dimanche 20 décembre, qu’il voulait autoriser les femmes soldats à combattre en première ligne dès l’année prochaine. « Le ministre de la défense [Michael Fallon] et moi-même sommes d’accord pour que tous les postes dans nos forces armées soient ouverts aux femmes en 2016 », a-t-il déclaré au journal The Sunday Telegraph. « Nous avons déjà levé un certain nombre de barrières dans nos forces armées, avec des femmes sous-mariniers et des femmes atteignant les postes les plus élevés dans tous les services, a-t-il ajouté. Nous devons finir le travail l’année prochaine et ouvrir les postes de combat au sol aux femmes. »Au Royaume-Uni, les femmes représentent environ 10 % des forces armées. Pour l’instant, elles sont autorisées à opérer sur le front, mais pas à participer à des missions au contact avec l’ennemi, ce qui les exclut de l’infanterie et de toutes les unités qui pourraient les exposer à des situations de combat rapproché.« L’efficacité au combat demeure primordiale »Un rapport officiel publié il y a un an n’avait relevé « aucune preuve convaincante » justifiant une telle interdiction, mais demandait des recherches supplémentaires sur les « exigences physiologiques » de ces postes, qui devraient être terminées mi-2016. « J’espère que [...] nous pourrons ouvrir les postes de combat aux femmes en 2016 », a écrit M. Fallon dans The Sunday Telegraph, prévenant toutefois que le niveau d’entraînement ne pouvait « pas être abaissé pour accueillir les femmes ». « L’efficacité au combat demeure primordiale, a-t-il insisté. Mais en veillant à ce que les capacités, et non le genre, déterminent qui réussit, nous donnons une chance à tout le monde de concourir pour un poste militaire. » Ces déclarations interviennent alors que l’armée américaine a fait sauter au début du mois ses derniers bastions masculins, ouvrant aux femmes tous les postes dans les unités de combats, y compris l’infanterie et les forces spéciales. 19.12.2015 à 22h42 • Mis à jour le20.12.2015 à 19h02 La Turquie a annoncé, samedi 19 décembre dans la soirée, qu’elle « poursuivra » le retrait de ses troupes d’Irak, au lendemain d’un appel téléphonique du président américain, Barack Obama, à son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, l’invitant à prendre une telle mesure afin d’apaiser les tensions entre les deux pays voisins.Pourquoi l’armée turque se trouvait-elle en Irak ?Début décembre, la Turquie avait déployé en Irak un contingent de 150 à 300 soldats et une vingtaine de véhicules blindés dans le camp de Bachiqa, dans le nord du pays.Ankara avait alors affirmé qu’il s’agissait simplement de renforts dépêchés pour assurer la protection des conseillers militaires turcs chargés d’entraîner des combattants irakiens dans la lutte contre le groupe Etat islamique, qui contrôle notamment la grande ville de Mossoul. Mais Bagdad y a vu une incursion illégale, adressant le 11 décembre une lettre de protestation au Conseil de sécurité de l’ONU. Le lendemain, des milices chiites avaient organisé une manifestation pour réclamer la fin de cette « occupation » turque, menaçant de prendre les armes contre ses militaires.Lire :L’armée turque déploie des troupes dans le nord de l’IrakUn retrait déjà entamé il y a une semaineDans un premier temps, M. Erdogan avait affirmé qu’il était « hors de question » de retirer les troupes déployées à Bachiqa, se bornant à évoquer la possibilité d’une réorganisation du dispositif militaire turc sur place.Mais il a commencé à infléchir sa position le 14 décembre, en procédant à un retrait partiel de 10 à 12 véhicules, dont des chars.Samedi 19 décembre, M. Obama lui a intimé de « respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Irak », à la suite de quoi le président turc a annoncé la poursuite du processus de retrait des troupes. « Prenant compte des sensibilités de la partie irakienne », Ankara a admis « un manque de communication » avec Bagdad sur cette affaire et assure qu’Ankara « continuera de coordonner avec le gouvernement irakien sa contribution militaire à ce pays pour sa lutte contre Daech ».Le gouvernement irakien a salué dimanche 20 décembre l’annonce turque tout en précisant que l’Irak poursuivrait ses efforts auprès des Nations unies jusqu’à ce que ce retrait soit pleinement achevé. 19.12.2015 à 20h13 • Mis à jour le21.12.2015 à 11h44 Quelque 900 personnes, selon la police, ont défilé samedi 19 décembre à Paris pour soutenir migrants et travailleurs sans papiers, à l’appel de plusieurs syndicats et associations, au son des tambours africains et de slogans lancés en afghan.De nombreux Parisiens ont défilé aux côtés d’immigrés d’origine africaine ou afghane notamment. « C’est le moment où jamais pour défendre les plus faibles d’entre nous », a ainsi déclaré à l’Agence France-Presse Servane, la quarantaine, venue avec un ami, Cyril, qui estime que « nous sommes à une époque de basses eaux politiques ».De Barbès à République, dans le nord-est de Paris, le cortège, organisé au lendemain de la journée internationale des migrants et autorisé par la préfecture de police, rassemblait des associations d’aide aux étrangers et aux plus pauvres (Droits devant, le DAL, etc.), des syndicats (CGT, Union syndicale Solidaires etc.) et des mouvements politiques (Ensemble!, composante du Front de gauche).La levée de l’état d’urgence réclaméeLes banderoles proclament « On bosse ici, on vit ici, on reste ici » ou « Migrants d’hier et d’aujourd’hui, même combat pour l’égalité », et des autocollants plaqués sur des manteaux réclament la « levée immédiate » de l’état d’urgence décrété après les attentats parisiens du 13 novembre, comme lors d’une manifestation similiaire le 22 novembre.Lire :Que va changer l’état d’urgence pour les citoyens ?« On ne peut pas vouloir lutter contre Daech et ficher dehors ceux qui fuient Daech. Et en plus nous empêcher de manifester justement à cause de Daech ! », s’est exclamé Daniel, enseignant à la retraite, venu battre le pavé avec deux anciennes collègues, Geneviève, membre de Réseau éducation sans frontières (RESF), et Sylvie, « fille d’immigré italien ».Un peu plus loin, des dizaines d’Afghans ont défilé côte à côte. Zain, 26 ans, qui dort gare d’Austerlitz, a expliqué en anglais être arrivé en France il y a six mois après un périple de plusieurs mois au cours duquel il a traversé l’Iran, la Turquie, la Grèce, la Serbie, l’Autriche... En queue de cortège, des manifestants brandissaient des drapeaux palestiniens. Dans son appel à manifester, l’association Droits devant accusait « l’Etat israélien » de « tuer, coloniser et amplifier l’apartheid du peuple palestinien ».Lire :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéos 19.12.2015 à 12h53 Soixante-dix membres présumés du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont été tués au cours d’une vaste opération militaire menée depuis quatre jours dans le sud-est de la Turquie tandis que l’aviation turque a mené vendredi des raids contre le mouvement armé dans le nord de l’Irak, a annoncé l’armée turque samedi.Huit rebelles du PKK ont été « éliminés » depuis vendredi, ce qui porte le bilan des opérations d’une ampleur inédite conduite par l’armée et la police à Cizre et Silopi, deux villes de la province de Sirnak, ainsi que dans un quartier de Diyarbakir, à soixante-dix, a indiqué l’état-major turc sur son site Internet.L’armée par ailleurs annoncé que des F-16 de l’aviation avaient bombardé vendredi des « repaires » et des « emplacement d’armes » situé dans le nord de l’Irak, dans les zones de Zap et Khakurk où le PKK dispose de bases arrières. Un soldat turc a été tué samedi dans des heurts, portant le bilan de pertes dans les rangs de l’armée à deux depuis vendredi.10 000 militaires et policiers déployésLe gouvernement turc a lancé mercredi une vaste opération contre le PKK. Environ 10 000 militaires et policiers et de nombreux chars ont été déployés à Cizre et Silopi, selon les médias, pour déloger de jeunes partisans du PKK qui ont transformé des quartiers entiers en zone de guerre. Après plus de deux ans de cessez-le-feu, des combats meurtriers ont repris l’été dernier entre les forces de l’ordre turques et le PKK, faisant voler en éclats les pourparlers de paix engagés fin 2012 pour tenter de mettre un terme à un conflit qui perdure depuis 1984.Mais aux embuscades en zones rurales, les rebelles ont privilégié les combats dans les centres urbains pour susciter des soulèvements, une stratégie qui a eu un impact dramatique sur les populations locales qui ont dû quitter les villes sous couvre-feu depuis des jours par dizaines de milliers.Sur la lancée de la victoire de son parti aux élections législatives du 1er novembre, le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a réaffirmé sa volonté « d’éradiquer » le PKK. Ces opérations ont suscité l’indignation de nombreux opposants politiques et d’une partie de la société civile. 18.12.2015 à 11h17 • Mis à jour le18.12.2015 à 11h22 | Geoffroy Deffrennes (Calais, envoyé spécial) « Une impression de guérilla urbaine. » Jeudi 17 décembre dans la soirée, le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), Jean-Pierre Valensi, exprimait sa stupéfaction devant les scènes auxquelles il avait assisté par hasard, en début d’après-midi : des centaines de migrants à l’assaut du tunnel sous la Manche, mais cette fois au milieu de la journée, et en bien plus grand nombre que lors d’épisodes précédents – « un millier », selon M. Valensi. « J’avais une réunion à Calais, je passais par là et me suis arrêté pour essayer de comprendre ce qui se passait. J’ai eu l’impression d’une organisation quasi militaire, par petits groupes, comme si tout était soigneusement préparé. »Le jeudi, le trafic routier est conséquent. « Plus encore en ce moment, selon Philippe Wannesson, blogueur spécialisé sur le sujet, car à l’approche de Noël les bouchons sont importants près des zones commerciales, ce qui favorise les intrusions dans les camions. »Cas de figure inéditLes groupes ont commencé à se former vers 14 heures. « J’ai senti qu’il se préparait quelque chose, raconte Bruno Deprez, directeur du magasin But, aux abords de l’autoroute A16. D’habitude, ils ne sont pas aussi nombreux en pleine journée. J’avais vu une attaque équivalente cet été, avec l’hélico, on se croyait aussi en guerre civile… » La police s’est organisée très vite mais, sur ce terrain étendu et vallonné, a été confrontée à un cas de figure inédit : des réfugiés progressant simultanément par grappes étalées sur un front mobile d’un kilomètre, le long de l’A16. L’autoroute a dû être coupée deux heures à la circulation, dans les deux sens.La veille déjà, la tension avait grimpé, cette fois à l’entrée du port, des migrants sprintant sur les voies rapides près du centre hospitalier, sous le regard des enfants de l’école maternelle Beaumarais. Jeudi, ce sont les enfants de l’école maternelle du Fort Nieulay qui ont senti fortement les effluves de gaz lacrymogènes utilisés massivement par les forces de l’ordre. De quoi faire fuir aussi les rares clients des centres commerciaux. « A l’approche de Noël, c’est une catastrophe pour nous, constatait M. Deprez. Les gens n’osent plus faire leurs courses dans ce secteur. Le moindre déplacement, qui prenait encore cinq minutes, il y a six mois, peut durer 30 à 45 minutes maintenant. J’ai un fils handicapé, je ne sais jamais à quelle heure il va pouvoir rentrer. »Spectateur impuissantLa secrétaire de M. Deprez, Delphine Bélot, montre sur son smartphone les photos de son jardin aux grillages défoncés, dévasté par les passages de réfugiés, non loin d’un café routier. « Mes enfants sont terrifiés. Ce midi, j’ai encore dû chasser de mon jardin trois migrants prêts à s’introduire chez moi. »Le procureur Valensi s’est senti simple spectateur impuissant jeudi :« Je suis resté car si des arrestations avaient eu lieu, j’aurais été concerné. Mais il n’y en a eu aucune. Impossible, car, comme vous l’avez constaté, ces groupes de migrants se déplacent vite, on ne sait pas qui lance des pierres, et surtout nous n’avons pas de preuves car les policiers ne sont pas équipés de vidéos. »Gilles Debove, du syndicat SGP Police, disait s’attendre à une nuit difficile et réclamait jeudi soir sur France 3 Nord-Pas-de-Calais des forces supplémentaires. Dans l’après-midi, un collectif de salariés du port de Calais avait réclamé l’éloignement du centre d’accueil Jules-Ferry, autour duquel survivent 4 500 migrants : selon ces salariés, ces deux dernières semaines, 2 500 camions ont été comptabilisés en moins, les transporteurs se lassant des difficultés rencontrées… Depuis début juin, dix-huit migrants ont perdu la vie en tentant de rallier l’Angleterre.Geoffroy Deffrennes (Calais, envoyé spécial)Journaliste au Monde Eric Albert (Londres, correspondance) Dans le monde merveilleux de Disney, les journalistes sont des « partenaires » qui accompagnent le « voyage » que représente la sortie d’un film, en l’occurrence le dernier opus de Star Wars. Un voyage qui a connu un arrêt à Londres, jeudi 17 décembre, où était organisée une rencontre des médias avec les acteurs et le réalisateur. Pour l’opération de promotion, un étage entier de l’hôtel Corinthia – décoré des nombreux produits dérivés de la série – avait été réservé pour permettre à la presse européenne d’interroger Harrison Ford, Carrie Fisher, Daisy Ridley, J. J. Abrams et les autres… Parler de « presse » est cependant un peu vite dit, étant donné le mélange des genres entre les fans et les journalistes.Lire aussi :« Star Wars 7 » : un shoot de plaisir régressifPendant la conférence de presse limitée à une durée d’une demi-heure, avec neuf protagonistes derrière les micros – soit trois minutes par acteur en moyenne –, la première question est venue d’un membre d’un fan club français. Peu après, Dennis Weening, un présentateur de jeux télévisés aux Pays-Bas, bras tatoués et air ému, s’est levé : « Quand j’étais petit, je collectionnais les figurines de Star Wars. Aujourd’hui, mon fils fait la même chose. S’il vous plaît, est-ce que je peux vous demander de les signer ? » Et il a sorti d’un sac les personnages en plastique, soutirant des autographes aux acteurs, pendant que s’égrenaient les précieuses minutes consacrées aux questions.4 minutes et 26 secondes avec J. J. AbramsL’espoir de se rattraper dans les interviews en tête à tête avec les stars était mince : le temps imparti pour chaque entretien était limité… à cinq minutes. Ou plus précisément, pour la rencontre du Monde avec le réalisateur J. J. Abrams, 4 minutes et 26 secondes. Une tentative d’ajouter une dernière question a été rejetée fermement : « Vous avez eu votre créneau ! »Sachez donc que l’objectif du réalisateur était de retrouver l’esprit des trois premiers films, sortis entre 1977 et 1983, que la pression qu’il a ressentie était énorme « mais jamais plus forte que l’opportunité » de faire ce nouvel épisode, et que celui-ci cherche à faire naître une nouvelle génération de fans, notamment en Asie…L’attribution des interviews fut également un exercice intéressant. Parmi la presse francophone, c’est un certain Wartek, blogueur vidéo basé à Genève, qui en a obtenu le plus – six. L’explication ? Outre qu’il compte 410 000 abonnés, ses vidéos sont diffusées sur YouTube via Maker Studios, une plateforme qui appartient… à Disney. Un lien commercial dont il n’est pas fait mention à l’écran.Discuter avec BB-8Pour faire patienter les journalistes entre deux interviews express, Disney offre ce qu’il maîtrise le mieux : de l’entertainment. On peut ainsi s’amuser à « discuter » avec BB-8, un nouveau robot introduit dans Star Wars (« C’est le vrai, utilisé sur le tournage ») ou s’entraîner au sabre laser avec C. C. Smiff, celui qui a appris aux acteurs le maniement de l’arme.Tout est filmé, bien sûr, et les médias peuvent ainsi abreuver leurs rédactions de séquences vidéos, photos et selfies. Transformés en fans, les journalistes ne manqueront pas de poster sur les réseaux sociaux leur rencontre avec les êtres touchés par la Force.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Après leur ultime Conseil de 2015, jeudi 17 et vendredi 18 décembre, à Bruxelles, les Européens n’ont toujours pas trouvé de vraie solution à la crise des migrants, et ils semblent même plus divisés que jamais. Ils ont donc adopté des conclusions qui mettent surtout en lumière leurs difficultés à traduire en actes de précédentes décisions.Le texte rappelle tout ce qui devrait être réalisé pour sauver l’espace Schengen de libre circulation et offrir une réponse minimale à l’arrivée de plus de 800 000 personnes sur le sol européen depuis le début de l’année. Le seul aspect vraiment positif est que les appels aux dons pour les agences humanitaires ont dépassé de 500 millions d’euros les montants espérés.L’Europe refera un bilan en février, en espérant que la situation ne se détériore pas davantage avec l’hypothèse de voir, notamment, des dizaines de milliers d’Afghans quitter l’Iran, où ils perdent leur emploi dans l’industrie pétrolière, en raison de l’effondrement des cours.La relocalisation est en panneSur les 22 000 réfugiés que l’UE s’était engagée auprès des Nations unies à accueillir en juillet, seulement 600 ont fait l’objet d’une « réinstallation ». Sur le plan adopté en octobre de « relocalisation » de 160 000 réfugiés, seulement 184 personnes étaient concernées au 16 décembre…Le problème concerne les pays d’arrivée, les pays d’accueil, mais aussi les demandeurs eux-mêmes, qui refusent de s’enregistrer pour être envoyés vers une destination dont ils ne veulent pas. « Ces chiffres nous ridiculisent », avoue un diplomate.Au sein des Vingt-Huit, après la Hongrie et la Slovaquie, qui avaient voté contre le schéma de relocalisation, c’est la Suède qui a demandé à ne plus y participer. Elle est la deuxième destination européenne pour les migrants, mais arrive à saturation. Elle a donc obtenu de ne plus accueillir, durant un an, de nouveaux réfugiés envoyés de Grèce ou d’Italie. Quant à cette dernière, qui devait bénéficier au premier chef, avec la Grèce, de ce complexe système de quotas, elle ne voit pratiquement plus arriver sur ses côtes que des migrants « économiques ». Les réfugiés syriens et irakiens passent par la Grèce, puis la route des Balkans, pour rejoindre l’Allemagne.Les « hot spots » tardent à se mettre en placeL’ouverture de onze centres d’enregistrement et de « tri » des migrants était prévue, en Grèce et en Italie depuis plusieurs mois. Pour l’instant, seuls deux sont opérationnels. Sachant que, dans le même temps, l’agence Frontex, l’agence européenne chargée de la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures, est toujours en demande des personnels promis par les Etats membres.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?Pas de décision sur la création d’un corps européen de gardes-frontièresLa proposition de la Commission la semaine dernière de créer d’un corps européen de gardes-frontières, susceptible d’être déployé en cas de crise grave et de se substituer aux services d’un Etat défaillant ou en difficulté, ne devait faire l’objet que d’une première discussion. La décision sur son instauration a été reportée.« Impossible d’évaluer à temps un document de cent cinquante pages », avaient affirmé les services du président du Conseil européen, Donald Tusk. Une atteinte éventuelle au principe de souveraineté nationale pose de gros problèmes à diverses délégations. Des pays, telle la France, qui soutiennent le principe d’un corps européen, s’interrogent cependant sur le processus décisionnel qui devrait conduire au déploiement. Le dossier est renvoyé à plus tard.Lire aussi :La proposition choc de l’UE pour mieux protéger ses frontièresLes efforts de la Turquie pour gérer l’afflux de migrants restent limités La Turquie avait été appelée à contrôler les flux de migrants vers la Grèce. On recense encore 4 000 arrivées par jour en Grèce, pour 5 000 à 6 000 en novembre.Le projet d’installer des réfugiés directement en Europe depuis la Turquie à l’étudeImpossible, en tout cas, pour les Vingt-Huit, de changer radicalement de politique. A l’instar de la chancelière allemande, Angela Merkel, une partie des dirigeants européens veut donc encore croire que les plans adoptés vont fonctionner. « On a amorcé la pompe, le débit est lent, mais il faut être patient », expliquait un diplomate jeudi soir.Conscients, toutefois, de l’impasse actuelle, des pays qui sont parmi les plus concernés par la crise (l’Allemagne, l’Autriche, la Suède, la Finlande) continuent à plaider pour des solutions alternatives.La réunion la plus importante de la journée, à Bruxelles, jeudi, a été le mini-sommet organisé à l’ambassade d’Autriche et auquel participait le premier ministre turc, Ahmet Davutoglu.Alors que les pays d’Europe centrale et orientale estiment qu’ils ne sont pas concernés et que la Slovaquie, la Hongrie et la Pologne refusent l’arrivée de musulmans sur leur sol, l’Allemagne, l’Autriche et la Belgique tentent de fédérer des pays « de bonne volonté ». Notamment pour faire avancer au plus vite le plan d’action signé avec la Turquie le 29 novembre, en espérant que ce pays arrête les candidats au passage vers les côtes grecques. Le but de cette deuxième réunion du genre était surtout d’évoquer une demande turque, poussée par Berlin, de « réinstaller » directement en Europe des réfugiés syriens depuis la Turquie. M. Davutoglu a assuré que son gouvernement travaillait intensément à la réduction des flux de migrants.Les Pays-Bas, qui assumeront la présidence tournante de l’Union à partir du 1er janvier, ont accepté, du bout des lèvres, de commencer à travailler sur la mise en place du plan de « réinstallation » humanitaire imaginé par la Commission et Berlin. Mais pas question de lancer ce nouveau processus tant que les flux de migrants illégaux depuis la Turquie « n’auront pas été réduits à presque zéro », insiste-t-on côté néerlandais…En tout cas, la réinstallation concernerait, au maximum, 50 000 ou 80 000 personnes. Ankara évoque plusieurs centaines de milliers. Un troisième mini-sommet sera organisé en février et sera ouvert à tous.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.12.2015 à 06h54 • Mis à jour le18.12.2015 à 08h36 | Philippe Bernard (Londres, correspondant), Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) « Qui veut peut », avait prédit Angela Merkel, en mai, à propos de la négociation entre l’Union européenne et le Royaume-Uni. Jeudi 17 décembre au soir, 27 dirigeants européens réunis à Bruxelles ont affiché leur volonté commune de parvenir à un accord, d’ici à février 2016, sur les demandes formulées devant eux par David Cameron. Si ce calendrier est respecté, le premier ministre britannique pourra, comme il le souhaite, organiser avant l’été prochain le référendum sur le maintien (« in ») ou non (« out ») de son pays dans l’Union européenne (UE).« Les dirigeants sont tombés d’accord pour travailler ensemble et trouver une solution », a déclaré le président du Conseil européen, Donald Tusk, après quatre heures de discussion nocturne. Mais les partenaires du Royaume-Uni n’ont pas caché leurs inquiétudes, voire leur hostilité, à certaines demandes. Le contenu précis des réformes demandées par Londres et leur traduction juridique restent à définir et à négocier.M. Cameron, qui réclamait une discussion politique, l’a visiblement obtenue. « Les dirigeants lui ont dit : “David, on veut t’aider”, explique un diplomate. Mais ils ont tous été très fermes : pas question d’accepter des demandes qui reviendraient à de la discrimination », allusion à l’exigence britannique d’une suspension de quatre ans des aides sociales pour les Européens s’installant au Royaume-Uni, la plus problématique des demandes de Londres, car jugée attentatoire aux principes de libre circulation et de non-discrimination. François Hollande n’a pas caché son opposition à cette mesure. « Les débats ont été francs pour employer un langage diplomatique, a déclaré le président français. La suppression des aides sociales pendant quatre ans paraît très longue à beaucoup [de dirigeants] et difficile à concilier avec les traités. »Le premier ministre britannique, qui a besoin de montrer à son opinion publique sceptique qu’il se bat avec acharnement pour arracher des concessions à l’UE, était arrivé à Bruxelles en affirmant qu’il allait « batailler fort pour la Grande-Bretagne pendant toute la nuit ». A l’heure du dîner, M. Cameron a tenu devant ses homologues un discours de 45 minutes, jugé « parfait sur la forme et le style, brillant » par une source proche des discussions.Modification des traitésIl a notamment justifié sa demande de limitation des aides sociales par le flux d’immigrés « sans précédent » qu’a connu son pays. Tenant une conférence de presse très minutée à l’issue des débats avec ses 27 partenaires, le premier ministre a martelé que la discussion avait été « très bonne, très substantielle ». « Un chemin vers un compromis existe », a-t-il déclaré, tout en insistant à de nombreuses reprises sur « le travail très difficile » qu’il reste à accomplir. L’important pour lui était, face aux eurosceptiques qui raillent le « vide » de ses propositions, de montrer qu’il n’avait pas retiré sa demande sur les aides sociales versées aux étrangers intracommunautaires et qu’un compromis sur ce point pouvait même prévoir une modification des traités régissant l’Union.La France et l’Allemagne ne veulent pas entendre parler de tels changements avant leurs élections de 2017. Mais sur ce point crucial, Mme Merkel a semblé ouverte à l’idée d’un engagement à procéder à une modification ultérieure permettant à Londres de s’affranchir de certaines règles en matière d’immigration. La formule, que M. Hollande n’écarte pas non plus, serait comparable à l’accord obtenu en 1992 par le Danemark qui prévoyait que ce pays pourrait obtenir des options de retrait en vue de la ratification du traité de Maastricht. Une autre solution consisterait à autoriser Londres à actionner un « frein de secours » en matière d’immigration, comme le peuvent la Belgique et l’Autriche. Mais ce serait aux Britanniques de prouver que leurs services de prestations sociales sont pris d’assaut.« On a 25 000 options sur la table. Il ne faut pas sous-estimer la créativité juridique de l’Union européenne », insiste une source diplomatique. « L’Europe a su résoudre des crises bien plus compliquées ces dernières années », ajoute-t-elleA chacun son rythmeMme Merkel elle-même a tenu à souligner que « tout le monde est d’accord » pour souhaiter le maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union. Elle s’est dite favorable à un compromis, mais en maintenant « les piliers de l’Union que sont la non-discrimination et la libre circulation ». « Ce ne sera pas facile, a-t-elle admis, mais il y a peut-être un chemin à parcourir en commun. »François Hollande a tenu un discours assez semblable. Comme la chancelière, il semble s’engager vers l’idée d’une Europe « des cercles concentriques » qui, dit-il, n’est pas « une Europe à la carte » mais offre la possibilité à des pays d’avancer à leur rythme. Londres ne pourrait, en tout cas, pas freiner la marche vers plus d’intégration, a estimé le président français, faisant référence à la demande des Britanniques d’un mécanisme destiné à protéger la City contre les décisions des pays de la zone euro dont ils ne font pas partie.« Géographiquement, historiquement, culturellement, la Grande-Bretagne fait partie de l’Europe et il n’y a aucune raison de rendre la tâche plus difficile à ceux qui vont voter oui », a ajouté M. Hollande, sans doute sensible à la poussée du « out » dans les sondages. Selon une moyenne des six dernières enquêtes d’opinion, seuls 51 % des Britanniques voteraient aujourd’hui pour demeurer dans l’UE.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.12.2015 à 00h40 • Mis à jour le18.12.2015 à 06h57 Les dirigeants de l’Union européenne sont disposés à « chercher un compromis » avec le premier ministre britannique David Cameron pour garder le Royaume-Uni dans l’espace communautaire, selon le président du Conseil européen, Donald Tusk. Ce dernier s’est déclaré « beaucoup plus optimiste », en amont du référendum que M. Cameron a promis d’organiser sur le maintien de son pays dans l’UE d’ici la fin 2017. Le responsable britannique a fait état de « bon progrès », estimant toutefois que les négociations seront « difficiles ».De nouvelles discussions auront lieu en février sur les quatre champs de réformes voulues par Londres. Parmi les exigences présentées, la volonté de priver les ressortissants de pays membres de l’UE qui viennent travailler au Royaume-Uni de certaines prestations sociales lors de leurs quatre premières années de résidence est la plus compliquée, a précisé M. Tusk. Un requête jugée très problématique, notamment par Paris.« Je suis tout à fait prêt au nom de la France, et beaucoup ont exprimé le même point de vue, à faciliter par des adaptations ce qu’il pourrait présenter aux Britanniques comme un moyen de tenir compte de la spécificité de leur pays », a expliqué le président français, François Hollande.« Mais il ne faudrait pas que pour aller dans cette direction (...) nous puissions affaiblir les principes qui ont été ceux de la construction de l’Europe. C’est cet équilibre qu’il faudra trouver. »Lire aussi :Brexit : Cameron joue son va-tout à BruxellesModification des traités à long termeLe chef de l’Etat a répété son attachement aux traités régissant l’UE, ouvrant toutefois une porte à la possibilité à long terme de modifier les textes européens. « Il a été suggéré au terme du Conseil européen, qu’il y ait un travail approfondi sur ce que l’on pourrait faire dans le cadre des traités, ou ce qui pourrait être fait plus tard. » Une position partagée par la chancelière allemande Angela Merkel :« Si nous avons besoin de modifications des traités, et je crois que cela pourrait être nécessaire, alors nous sommes tous d’accord sur le fait qu’elles n’ont pas à intervenir maintenant. »Outre sa demande concernant les prestations sociales des migrants européens, M. Cameron réclame aussi des réformes concernant les règles qui régissent la zone euro, dont son pays ne fait pas partie, ainsi que sur les questions de compétitivité et de souveraineté. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a souligné que ces autres points nécessiteraient aussi du travail.« Je voulais vous mettre en garde contre cette illusion qui consiste à croire qu’il y a trois questions faciles et une question difficile ».Lire aussi :Combien coûterait un « Brexit » ? 17.12.2015 à 15h10 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Députée européenne, présidente de la délégation socialiste française au Parlement européen, Pervenche Berès dit craindre une éventuelle sortie du Royaume-Uni de l’Union, en cas d’échec des négociations amorcées avec Londres. Soulignant que la lettre adressée, début novembre, par le premier ministre britannique, David Cameron, à Donald Tusk, le président du Conseil européen, « est plus ouverte que prévu », elle dit craindre une éventuelle sortie du Royaume-Uni de l’Union, en cas d’échec des négociations amorcées avec Londres. « Le Brexit ne garantit nullement la solidité de l’axe franco-allemand et une rupture avec les Britanniques affaiblirait et déstabiliserait l’Union », assure-t-elle.En 2016, les électeurs britanniques pourraient voter en faveur du « Brexit » (sortie de l’Union européenne). Cette perspective vous inquiète-t-elle ?C’est une menace non seulement pour le Royaume-Uni mais pour l’Union européenne [UE] tout entière. Le Brexit aurait des conséquences bien plus graves qu’une hypothétique sortie de la Grèce de la zone euro. David Cameron, parce qu’il se heurte aux eurosceptiques du parti conservateur, a embarqué son pays et l’Union européenne, elle-même, dans cette aventure risquée. La boîte de Pandore des demandes de renégociation de chaque Etat pourrait s’ouvrir au moment même où la nécessité est de renforcer les coopérations et l’UE.Lire aussi :Brexit : Cameron joue son va-tout à BruxellesEstimez-vous sérieux le risque de sortie du Royaume-Uni ?La presse Murdoch [les tabloïds] met depuis vingt ans ce pays sous intraveineuse antieuropéenne. Quant à M. Cameron, il attend le résultat des négociations [avec les autres pays européens] pour indiquer clairement son choix et ne peut pas faire campagne pour l’instant. Il a perdu beaucoup de temps parce qu’il voulait que les autres pays lui disent ce qu’ils étaient prêts à lui concéder, autrement dit que l’on fasse son travail à sa place. Pendant ce temps-là, le camp du « non à l’Europe » martèle son message car il n’attend rien des négociations. Dans ce contexte, une dynamique proeuropéennes est difficile à installer.Dans la phase actuelle de négociation, chacun prend une posture, en particulier M. Cameron qui veut montrer à ses électeurs qu’il se bat. Un compromis est-il possible ?M. Cameron doit probablement mimer la bagarre, mais la lettre qu’il a adressée début novembre à Donald Tusk, le président du Conseil européen, est plus ouverte que prévu. La solidarité que M. Cameron a manifestée avec la France et le vote au Parlement britannique qu’il a obtenu en faveur de frappes en Syrie, sont de bonnes nouvelles. La valeur ajoutée du Royaume-Uni est notamment là : dans les domaines diplomatique et militaire. Mais attention, si chacun tire trop sur la corde, tout le monde tombera dans la fosse !L’une des quatre demandes de David Cameron concerne la protection du Royaume-Uni contre les décisions de la zone euro. Pensez-vous qu’elles doivent être satisfaites ?Il ne faudrait pas oublier que le Royaume-Uni est, après l’Allemagne, le pays qui a le plus profité de la création de la zone euro car la City s’est imposée comme sa place financière, de fait. Les Britanniques voudraient un droit de regard permanent sur l’Union économique et monétaire [UEM], dont ils ne sont pas membres. Or celle-ci, dont l’euro est la poutre faîtière, ne peut pas être prise en otage.Lire aussi :Le patron de la City dénonce les risques d’un « Brexit »Le premier ministre réclame aussi la suspension des prestations sociales pendant quatre années pour les nouveaux migrants intra-européens. Est-ce acceptable ?Il s’agit d’un problème lié au système social britannique qui n’exige pas de cotiser pour bénéficier de prestations. Il est monté en épingle parce que M. Cameron veut donner l’impression qu’il répond aux inquiétudes liées à l’immigration. Dans ce domaine, le modèle communautariste britannique est aussi bousculé que le modèle français d’intégration républicaine. Mais modifier le droit communautaire et remettre en cause la libre circulation des personnes n’est sûrement pas la bonne réponse.Beaucoup de Français estiment que le départ des Britanniques renforcerait l’Union européenne. Qu’en pensez-vous ?Il s’agit d’une illusion. Ce n’est pas eux qui nous empêchent d’avancer et ils ont beaucoup à nous apporter quand il s’agit de défendre les libertés individuelles ou pour lutter contre le terrorisme. Le Brexit ne garantit nullement la solidité de l’axe franco-allemand et une rupture avec les Britanniques affaiblirait et déstabiliserait l’Union. Il faut l’éviter, mais pas à n’importe quel prix.Le débat Britannique ne risque-t-il pas d’alimenter la rhétorique antieuropéenne de l’extrême droite française ?François Hollande n’échappera pas à la question européenne en 2017 car le Front national lui imposera. La gauche a intérêt à être à l’initiative dans ce domaine. Nous sommes à un moment où les Européens convaincus comme moi constatent que la méthode des petits pas non seulement ne marche plus, mais est contre-productive. Regardez Schengen et la situation de crise qu’il a fallu pour mettre en œuvre une réelle politique de contrôle des frontières extérieures. Il faut donc profiter des demandes de clarification britanniques et des appels à la solidarité de l’Allemagne dans la crise migratoire pour mettre d’autres cartes sur la table en matière de politique d’immigration et d’union monétaire et bancaire.Quel doit être selon vous le message de Paris dans les négociations avec Londres ?La France doit dire ce qu’elle veut pour l’Europe. Nous ne devons pas raser les murs pour « sauver le soldat Cameron ». Passer nos exigences sous silence serait la pire des choses. Pour nous aussi, c’est le moment de passer à l’offensive pour clarifier notre projet européen.Lire aussi :« Brexit » : Cameron serait prêt à une concession majeure face à BruxellesPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) C’est officiel : les eurodéputés se sont prononcés en majorité, 354 votes pour et 229 contre, jeudi 17 décembre à Strasbourg, pour le lancement d’une commission d’enquête parlementaire sur le scandale des voitures Volkswagen.L’initiative conjointe des Verts et des sociaux-démocrates, rejoints par les libéraux et l’extrême gauche, a finalement été soutenue par les élus du parti majoritaire (les conservateurs) dans l’hémicycle européen.Cette commission d’enquête aura un mandat très large : établir les responsabilités des institutions et des pays européens mais aussi des constructeurs automobiles après l’éclatement du scandale Volkswagen au début de l’automne. Qu’aurait dû faire la Commission européenne qu’elle n’aurait pas fait, elle qui a en charge la fixation des protocoles de tests d’émissions de gaz polluants pour les voitures neuves ?Ces tests, pratiqués en laboratoire depuis des dizaines d’années, n’étaient pas du tout efficaces pour mesurer les émissions réelles d’oxydes d’azote (NOx), mais Bruxelles ne s’est mise au travail pour en définir de nouveaux, plus efficaces, qu’en 2011. Et ils viennent seulement d’être validés par les 28 Etats membres de l’Union.Des pouvoirs élargisLes élus se pencheront aussi sur l’action des autorités nationales d’homologation des voitures neuves, dont l’indépendance vis-à-vis des constructeurs a été questionnée. Et sur le comportement des industriels : Volkswagen était-il le seul à avoir utilisé ces petits logiciels truqueurs, modifiant les émissions de gaz polluants au moment des tests ?La commission d’enquête sera dotée de pouvoirs et de moyens élargis. Une grosse quarantaine d’eurodéputés, un secrétariat, un budget pour faire travailler des consultants, des juristes, etc. Et le droit de convoquer des responsables – ces derniers n’auraient pas la possibilité de décliner – à des auditions ou de réclamer des documents.Elle aura plus de pouvoir que la « commission spéciale taxe », lancée en février après le scandale Luxleaks, pour enquêter sur l’évasion et la fraude fiscale en Europe, qui ne peut, elle, exiger des auditions ou des documents. Celle-ci a également dû insister des mois avant d’obtenir qu’une grosse dizaine de multinationales (Facebook, Google, Amazon, etc.) viennent s’expliquer au Parlement européen. Et n’a eu qu’un accès très partiel à des documents confidentiels de la Commission européenne.« La Commission est tout à fait prête à travailler avec la nouvelle commission d’enquête. Les logiciels truqueurs sont interdits dans la législation européenne. Les Etats membres ont l’obligation de la faire respecter. Pour notre part, nous avons pris des décisions importantes pour introduire de nouveaux tests, les plus solides et les plus fiables du monde à ce jour. Et en début d’année prochaine, nous ferons des propositions pour améliorer le système de mise sur le marché des voitures dans son ensemble ».Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) C’est le dernier rendez-vous de 2015 à vingt-huit, le treizième depuis l’entrée en fonction du président du Conseil Donald Tusk… Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne se retrouvent pour deux jours à Bruxelles avec un menu copieux, mais qui se résume, pour une bonne part, à des « bilans » ou à des « évaluations ».Migration, Union de l’énergie, Union économique et monétaire, « Brexit »… A priori, aucune décision d’importance n’est attendue et le seul moment clé sera sans doute le « dîner-débat » entre le premier ministre britannique, David Cameron, et ses pairs. Ils doivent, en principe, s’entendre sur la marche à suivre pour aboutir à un accord sur « de nouvelles relations » entre le Royaume-Uni et l’Union, lors du prochain Conseil européen, en février 2016.Tous les conseils réservent cependant des surprises, et celui de jeudi et vendredi ne devrait pas faire exception.Un minisommet presque aussi important que le Conseil lui-mêmeLe Conseil devait être précédé, jeudi en fin de matinée, d’un « minisommet » sur la migration, à l’initiative de l’Allemagne et de la Commission européenne. C’est le deuxième du genre après celui organisé en marge du sommet UE-Turquie le 29 novembre. Jeudi, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, voulait inviter « le plus de monde possible » pour discuter d’une nouvelle solution à la crise des migrants : la réinstallation de réfugiés, sélectionnés directement en Turquie. « Cinquante mille », a suggéré le Luxembourg, qui exerce la présidence semestrielle de l’Union. La Commission a mis une proposition sur la table : les Etats peuvent participer de manière volontaire, aucun « quota » ne sera officiellement annoncé.Neuf pays membres seulement ont répondu à l’appel : l’Allemagne, qui pousse très fort pour cette solution ; l’Autriche ; la Suède, qui ne veut plus participer au schéma de relocalisation chez elle de vingt-deux mille réfugiés passés par l’Italie ou par la Grèce ; les Pays-Bas ; la Belgique ; le Luxembourg ; la Grèce ; le Portugal ; la Slovénie ; et la Turquie (hors UE). Le premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, sera présent. La France sera finalement représentée non pas par François Hollande mais par le ministre aux affaires européennes, Harlem Désir, le président ayant un « problème d’agenda ». Le chef de l’Etat devait se rendre à Neuville-Saint-Vaast, dans le Pas-de-Calais, pour y inaugurer le Monument des fraternisations érigé dans la commune.« Cette réunion sur la migration est plus importante que le Conseil lui-même, juge un diplomate. Ceux qui y participent veulent pouvoir annoncer des choses à leur opinion publique avant Noël. » Elle sera surtout l’occasion pour les Belges ou les Néerlandais de faire le point avec la Turquie : tiendra-t-elle ses promesses et réduira-t-elle les flux de migrants ? Selon des informations communiquées par le Conseil européen, jeudi matin, quatre mille migrants arrivent encore chaque jour en Europe en décembre.Dans les pays d’Europe centrale, on s’inquiétait de ce rendez-vous qui pourrait préfigurer une Europe à deux vitesses : ceux qui acceptent les réfugiés et qui restent dans une zone Schengen de libre circulation et les autres.Lire aussi :Crise migratoire : un accord minimal entre l’UE et la TurquieMigration : un bilan d’étape Mardi 15 décembre, la Commission a publié un premier bilan des solutions adoptées à vingt-huit pour tenter de résoudre la crise des migrants. Très décevant. La relocalisation de cent soixante mille réfugiés arrivés en Grèce et en Italie démarre très lentement. A ce jour, seuls… soixante-quatre réfugiés ont été relocalisés. Alors que la Grèce a enregistré plus de sept cent cinquante mille arrivées depuis janvier, selon des sources gouvernementales à Athènes. Environ trois mille places sont immédiatement disponibles dans différents pays, mais elles sont inoccupées faute de demandes de réfugiés, auxquels les passeurs ont conseillé de ne pas s’enregistrer s’ils veulent se rendre en Allemagne, notamment.Quant aux « hot spots », éléments clés du dispositif anticrise, censés trier les demandeurs d’asile et les migrants économiques, deux seulement sont opérationnels : un à Lesbos, en Grèce, et l’autre à Lampedusa, en Italie.La politique de retour, décrite comme un autre élement clé du dispositif européen s’en trouve, du même coup, handicapée. La révision du code Schengen, afin de permettre des contrôles systématiques aux frontières extérieures, n’est pas prête. Pas plus qu’une éventuelle réforme des accords de Dublin, qui prévoient que la demande d’asile doit être effectuée dans le pays d’arrivée.La proposition de la Commission la semaine dernière de créer un corps de gardes-frontières européens susceptible d’être déployé en cas de crise grave et de se substituer aux services d’un Etat défaillant ou en difficulté ne fera l’objet que d’une première discussion. « Impossible d’évaluer à temps un document de cent cinquante pages », affirment les services de M. Tusk. Une atteinte éventuelle au principe de souveraineté nationale pose de gros problèmes à diverses délégations. Des pays, telle la France, qui soutiennent le principe d’un corps européen, s’interrogent cependant sur le processus décisionnel qui devrait conduire au déploiement. Le dossier est renvoyé à plus tard.Lire aussi :A Munich, la désillusion des migrants économiquesUnion de l’énergie et sanctions russesCe dossier, encore assez nébuleux, serait resté au second plan si le premier ministre italien, Matteo Renzi, n’avait focalisé sa mauvaise humeur sur lui. Excédé par ce qu’il estime être le traitement indigne réservé à son pays dans divers domaines, le chef du gouvernement proteste de manière véhémente contre des projets liés à l’acheminement du gaz russe. Le projet South Stream, qui devait relier la Russie à l’Italie via la mer Noire, a été abandonné au profit de North Stream, qui intéresse prioritairement l’Allemagne.M. Renzi a feint, parallèlement, de réclamer une discussion sur le renouvellement des sanctions contre la Russie, pourtant approuvé dans un premier temps par son pays. La décision de les prolonger jusqu’en juin 2016 sera finalement entérinée vendredi après-midi, avec l’espoir d’une application rapide de l’intégralité des accords de Minsk sur l’Ukraine, ce qui pourrait entraîner la levée des sanctions.Lire aussi :Gazoduc South Stream : pourquoi la Russie a décidé de jeter l’éponge« Brexit » : Cameron veut une « discussion franche » avec ses partenaires Alors que les négociations avec ses partenaires européens patinent, David Cameron entend en appeler directement à la responsabilité politique des vingt-sept autres chefs d’Etat et de gouvernement réunis pour un Conseil européen. Si un accord n’est pas trouvé, devrait-il argumenter en substance, le « Brexit » (British Exit ou « sortie du Royaume-Uni ») ne pourra pas être évité à l’occasion du référendum sur la question promis par Londres d’ici à la fin 2017. M. Cameron souhaite « susciter un élan politique » lors du dîner organisé entre les deux jours du sommet, résumait mercredi une porte-parole de Downing Street. Il n’attend pas un accord sur un texte mais « un signal » de la part des dirigeants européens de leur « volonté de travailler avec le Royaume-Uni pour réparer l’UE ». Le premier ministre, poussé par les eurosceptiques de son propre parti, qui raillent la faiblesse de ses exigences, veut mettre en scène sa bataille avec Bruxelles.L’objectif de Londres est d’obtenir un consensus politique pour engager dans la foulée les négociations qui permettraient de parvenir à un accord lors du prochain sommet européen, les 18 et 19 février.Lire aussi :Brexit : Cameron joue son va-tout à BruxellesUnion économique et monétaireCe sujet est inscrit à l’agenda, mais personne ne se fait d’illusion : les dirigeants européens devraient passer très vite à autre chose. Depuis que la crise grecque a été résolue, cet été — momentanément selon certains —, la nécessité de travailler à une Union économique et monétaire plus intégrée est passée au second plan. Seul enjeu ? L’Union bancaire. La Commission et un grand nombre de pays membres veulent discuter de la mise en place d’une garantie européenne pour les dépôts bancaires de particuliers, conçue comme la dernière « brique » du dispositif instauré pendant la crise. Elle vise à mieux surveiller les banques et à gérer leur éventuelle faillite. Seule l’Allemagne est, pour l’instant, réticente sur le principe.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Salah Abdeslam, complice en fuite des attentats du 13 novembre à Paris, a sans doute échappé à la police belge trois jours après les faits en raison d’une application trop sourcilleuse des dispositions légales sur les perquisitions, interdites entre 21 heures et 5 heures dans le royaume.Plus étonnant – et plus grave – encore : le suspect en fuite a peut-être pu échapper à la surveillance policière exercée sur un immeuble de Molenbeek grâce à la complicité d’un de ses amis, Lazez Abraimi. Ce brocanteur, appréhendé le 19 novembre à Jette, aurait caché Abdeslam dans sa fourgonnette, ou dans un meuble, en simulant un déménagement dans le quartier. L’intéressé, actuellement en détention préventive, dément toute implication.« On nage en plein surréalisme ! », s’est exclamé, mercredi 16 décembre, le présentateur du journal télévisé de la RTBF après les révélations d’une journaliste de la chaîne. Selon elle, les forces spéciales de la police fédérale avaient bien localisé le suspect, sur la foi de renseignements obtenus par la Sûreté de l’Etat. Et elles ont, après coup, détecté des traces de son passage dans la maison située au 47 de la rue Delaunoy, dans cette zone dite « sensible » de la capitale belge, d’où plusieurs habitants sont partis vers la Syrie. Parmi eux, deux des occupants de la maison où aurait séjourné Abdeslam.Lire aussi :Un mois après les attentats du 13 novembre, où en est l’enquête ?« Extrapolation »C’est, étrangement, le ministre de la justice, Koen Geens, qui a fait les premières révélations sur ce qui semble être une bévue de grande taille. Interrogé par la chaîne VTM pour un reportage diffusé mercredi soir, M. Geens a évoqué le « gros handicap » qu’avait représenté, pour la police, l’interdiction d’effectuer une perquisition durant la nuit. « Je pense que le bureau du parquet fédéral voulait intervenir pendant la nuit ; 5 heures du matin, c’était trop tard », a commenté le ministre, qui a proposé une révision de la loi.Ces propos ont semé la confusion. Dans la journée de mercredi, le parquet fédéral a qualifié d’« extrapolation », le fait d’affirmer que le suspect aurait pu fuir en raison de l’interdiction des perquisitions nocturnes. Le ministre, lui, confirmait ses propos à la RTBF en indiquant que « les heures à respecter ne nous ont pas aidés à retrouver Abdeslam à ce moment ».Dans la soirée, des sources gouvernementales tentaient de minimiser en indiquant que M. Geens ne faisait, en réalité, que confirmer une information connue : Abdeslam était probablement parvenu à fuir après que sa trace fut perdue, samedi 14 novembre à 14 heures, alors qu’il se trouvait à Schaerbeek, une autre municipalité bruxelloise.Lire aussi :La Belgique s’interroge sur les failles du renseignementDes dérogations à la loi possibles« La Belgique encore ridicule », titraient, jeudi matin, les quotidiens de Sud Presse, évoquant « le devoir politique et moral » du premier ministre Charles Michel, contraint, selon l’éditorialiste, de fournir rapidement des informations au Parlement et de congédier son ministre de la justice. « La vraie information, c’est que la police a peut-être laissé filer Abdeslam une deuxième fois », écrivait Le Soir.Une allusion à la déclaration d’un autre ministre, Jan Jambon, dans le même reportage de VTM. Selon le responsable de la sécurité et de l’intérieur, il s’en est fallu d’« un quart d’heure » au soir du 13 novembre pour que la gendarmerie française arrête Abdeslam, à son retour de Paris : les autorités belges n’ont signalé le terroriste que 15 minutes après le dernier contrôle du suspect en France. Or, rappellent certaines sources, Salah Abdeslam devait en principe figurer dans une liste de 80 personnes fichées depuis le mois de juin.La polémique sera alimentée par d’autres éléments. Divers juristes confirment, en effet, que des dérogations à la loi sur les perquisitions existent, en cas de menaces graves pour les personnes notamment. La seule présence d’un juge d’instruction sur place aurait permis un assaut policier.Autre motif d’étonnement : l’intervention n’a pas eu lieu à 5 heures du matin, mais à 10 heures. Les policiers craignaient pour la sécurité des autres habitants, dans ce quartier qui compte notamment plusieurs écoles. Ils redoutaient une éventuelle riposte armée d’Abdeslam. La ceinture d’explosifs qu’il portait à Paris n’avait pas encore été retrouvée – elle l’a été le 23 novembre à Montrouge.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.12.2015 à 08h28 • Mis à jour le17.12.2015 à 11h24 | Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Mariano Rajoy s’offrait un bain de foule à Pontevedra, la ville de Galice où il a commencé sa carrière politique il y a trente-quatre ans, mercredi 16 décembre, quand un jeune homme s’est approché de lui, apparemment pour demander un selfie au président du gouvernement espagnol. Soudain, le mineur de 17 ans assène un violent coup de poing au visage du chef de file du Parti populaire (PP, droite), lui fait perdre l’équilibre, et envoie dans les airs ses lunettes qui se brisent sur le sol. Rapidement maîtrisé par les forces de sécurité, le jeune homme, supporteur du club de football local, qui se présente comme antifasciste sur Twitter, est arrêté par la police. Il clame qu’il est « très content de l’avoir fait ».Lorsqu’il sort du lieu de l’agression pour être conduit au commissariat, quelques passants l’applaudissent. Mariano Rajoy, la joue tuméfiée, rougie par le coup, rassure rapidement la presse. « Je vais parfaitement bien. Aucun problème », dit-il avant de rejoindre la caravane du PP et poursuivre la campagne à La Corogne pour un grand meeting où il reçoit une standing ovation.VÍDEO: Primeras palabras de Mariano Rajoy tras la agresión https://t.co/f7ANc2JdQJ https://t.co/VjBly690DS— el_pais (@EL PAÍS)require(["twitter/widgets"]);A trois jours des élections législatives, qui se tiendront le 20 décembre, lors desquelles Mariano Rajoy est candidat à sa réélection, cette agression a été unanimement condamnée par les partis politiques.Des enjeux « historiques »Le secrétaire général du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Pedro Sanchez, a interrompu brièvement un meeting pour informer le public de l’agression et envoyé, « au nom des socialistes et en mon nom, ma solidarité. Nous condamnons l’agression ». Le jeune parti de la gauche alternative Podemos a indiqué sur Twitter que « la violence n’a pas sa place dans une démocratie » et Pablo Iglesias, son chef de file, a envoyé un message personnel à Mariano Rajoy pour demander de ses nouvelles, tout comme Albert Rivera, le chef de file du parti centriste Ciudadanos.Après la violence verbale inédite du débat qui a opposé Mariano Rajoy et Pedro Sanchez, lundi 14 décembre, autour du sujet de la corruption au sein du PP, ce coup de poing s’inscrit dans une campagne politique certes tendue, mais jusqu’à présent sans incident notable.Les enjeux sont « historiques », ne cessent de répéter les deux jeunes partis, Ciudadanos et Podemos, qui espèrent créer la surprise en ravissant la deuxième position sur l’échiquier politique aux socialistes, derrière le PP.L’impopularité de M. RajoyMariano Rajoy, du fait des scandales de corruption qui touchent le PP, mais aussi des mesures de rigueur impopulaires qu’il a prises durant la crise (coupes budgétaires dans les services publics, hausse des impôts, réforme du travail…), est le chef de parti ayant la cote de popularité la plus basse : 3,3 sur 10 selon le dernier sondage du Centre de recherches sociologiques (CIS).Le discours de la reprise économique, au centre de la campagne du PP, ne semble pas convaincre les Espagnols, qui souffrent encore d’un taux de chômage de 21,2 % des actifs. Bien que favori des sondages, le PP pourrait perdre 15 points par rapport aux élections de 2011 et ne récolter que 27 % des suffrages. Beaucoup en Espagne l’accusent d’avoir affaibli les services publics, réduit la protection sociale, secouru les banques plutôt que les gens, ou attaqué les libertés publiques… Lire aussi :Législatives : vers la fin du bipartisme en Espagne ?Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.12.2015 à 06h46 • Mis à jour le17.12.2015 à 18h14 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) David Cameron a décrit ses négociations avec l’Union européenne comme « un avion qu’[il] essaie de faire atterrir », dans une interview publiée le 12 décembre par l’hebdomadaire conservateur The Spectator. Jeudi 17 décembre au soir, à Bruxelles, le premier ministre britannique va tenter une manœuvre d’approche décisive. Alors que les exigences qu’il a formulées pour faire campagne en faveur du maintien du Royaume-Uni dans l’UE se heurtent aux réserves, voire à l’opposition de ses partenaires, il va en appeler directement à la responsabilité politique des 27 autres chefs d’Etat et de gouvernement réunis pour un Conseil européen.Si nous ne trouvons pas un accord, doit-il argumenter en substance, le Brexit (British exit ou sortie du Royaume-Uni) ne pourra pas être évité. M. Cameron souhaite « susciter un élan politique » lors du dîner organisé entre les deux jours du sommet, résumait mercredi une porte-parole de Downing Street. Il n’attend pas un accord sur un texte mais « un signal » de la part des leaders européens sur leur « volonté de travailler avec le Royaume-Uni pour réparer l’UE ». Le premier ministre, poussé par les eurosceptiques de son propre parti qui raillent la faiblesse de ses exigences, veut mettre en scène sa bataille avec Bruxelles.« Le premier ministre ferait aussi bien de rester chez lui et de prendre du repos, étant donné qu’il ne demande rien de ce que les Britanniques veulent vraiment », a raillé Brian Monteith, un responsable de la campagne Leave. EU qui prône le vote « out » (sortie).Les enjeux apparaissent extrêmement lourds pour M. Cameron qui joue son avenir politique, pour le Royaume-Uni mais aussi pour l’Union européenne dont l’équilibre serait remis en cause par un Brexit. Ces enjeux sont « si élevés que nous ne pouvons échapper à un débat sérieux et sans tabou », a admis Donald Tusk, le président du conseil européen.Les quatre champs de réformeL’objectif de Londres est d’obtenir un feu vert politique pour engager dans la foulée les négociations qui permettront de parvenir à un accord lors du prochain sommet européen, les 18 et 19 février 2016. Car le temps presse pour M. Cameron. Faute d’un accord en février sur les « réformes substantielles » qu’il veut vendre aux électeurs, le référendum sur le maintien (« in ») ou la sortie (« out ») de l’Union, qu’il a promis, ne pourra pas avoir lieu comme il souhaite avant l’été 2016. Or le débat sur le Brexit, qui domine l’agenda politique au Royaume-Uni et maintient un climat d’incertitude sur l’économie, risque de s’envenimer s’il traîne en longueur.Déjà, près d’un électeur britannique sur deux est tenté par le vote « out ». Une moyenne des six derniers sondages d’opinion donne le « in » à 51 % seulement. La crise des migrants et les attentats de Paris ont joué en faveur des partisans d’une rupture avec l’UE. Et la situation actuelle, où le premier ministre fait dépendre son propre choix du résultat de la négociation avec Bruxelles, laisse le champ libre aux militants pro-Brexit, largement financés et qui trouvent peu de contradicteurs dans la presse.La question des relations entre Londres et l’Europe n’est pas la principale à être inscrite à l’ordre du jour du sommet des 17 et 18 décembre consacré à la crise des migrants et à la lutte contre le terrorisme. Mais pour M. Cameron, qui a été réélu en mai en promettant un référendum, rentrer bredouille à Londres n’est pas une option. Le 10 novembre, après plusieurs mois où il a attendu en vain que l’initiative vienne de ses partenaires, le premier ministre a formalisé, dans une lettre adressée à Donald Tusk, les quatre champs de réforme qu’il souhaite faire aboutir pour accepter de faire campagne pour le « in ».Deux d’entre elles, largement symboliques, ne semblent pas poser de problèmes insurmontables : la mise en avant de la compétitivité de l’Union par l’achèvement du marché unique et l’acceptation de nouvelles garanties de souveraineté. Les Britanniques souhaitent un pouvoir accru des parlements pour contrôler les décisions de Bruxelles ; ils veulent aussi être exemptés de l’engagement de construire « une union toujours plus étroite », considérant que cette clause du traité de Rome engage à marche forcée une intégration politique qu’ils refusent. La troisième est nettement plus difficile à réaliser : il s’agit de trouver des mécanismes pour protéger les Britanniques (et en particulier la City) contre les décisions des pays de la zone euro dont ils ne font pas partie.Un « frein de secours »Mais la quatrième, qui concerne l’immigration, apparaît à la fois comme la plus sensible politiquement pour M. Cameron, et celle qui suscite le plus de réserve, voire d’opposition chez ses partenaires. Le premier ministre veut supprimer le versement des aides sociales pendant les quatre premières années du séjour au Royaume-Uni des étrangers intra-européens. La mesure met en cause à la fois le principe de libre circulation des travailleurs dans l’Union et celui de non-discrimination entre ses ressortissants.Lors d’un passage en Pologne, pays dont plus de 850 000 ressortissants vivent au Royaume-Uni, M. Cameron a eu, le 10 décembre, un avant-goût des objections qui l’attendent. La première ministre Beata Szydlo a qualifié d’« inacceptable » son projet.A Londres même, un expert britannique de haut rang, Sir Stephen Nickell a expliqué publiquement que réduire les avantages sociaux n’aurait guère d’effet sur les flux d’immigration européenne. Mais M. Cameron, qui ne parvient pas à réaliser son imprudente promesse de réduire à moins de 100 000 par an le nombre des entrées d’étrangers, veut afficher une mesure forte. « Le Premier ministre veut répondre aux inquiétudes des Britanniques », a assuré mercredi Downing Street.Pour contourner les obstacles, plusieurs propositions sont à l’étude. L’une consisterait à priver aussi d’allocations pendant quatre ans les Britanniques expatriés rentrant au pays, voire tous les jeunes Britanniques entrant sur le marché du travail et n’ayant pas encore contribué au système. Mais il parait politiquement difficile de plaider pour le maintien dans l’UE si celui-ci se paie par un tel recul social. Une autre piste consisterait à permettre à Londres d’actionner un « frein de secours » en réduisant l’arrivée d’Européens sur la base d’une « situation exceptionnelle » de surcharge des services publics. Mais cette solution ne saurait être permanente et resterait contrôlée par Bruxelles.Holà d’Angela MerkelEn réalité, la mesure drastique demandée par Londres exige un changement des traités constitutifs de l’Union. David Cameron sait que c’est impossible dans l’immédiat. Mais il souhaite obtenir un accord prévoyant une modification conforme à ses vœux dès la prochaine révision des traités, après les élections françaises et allemandes de 2017. Le premier ministre souhaite une « réforme juridiquement contraignante », a répété mercredi sa porte-parole. A la fin novembre, M. Cameron semble avoir tenté de forcer la main de M. Tusk pour obtenir que la perspective d’un changement de traité soit mentionnée dans un communiqué officiel de l’UE. Mais Angela Merkel y a mis le holà en exigeant qu’une discussion collective ait lieu. Un tel « débat de fond », voulu par Londres, devrait avoir lieu ce jeudi.Mais son résultat est incertain. Même si les partenaires du Royaume-Uni sont prêts à des concessions pour éviter le divorce et la nouvelle crise qu’il provoquerait, ils ont tendance à penser que c’est à M. Cameron de proposer des solutions aux problèmes qu’il pose. Or le premier ministre semble si sûr de sa position qu’il demande à ses partenaires de lui suggérer des portes de sortie. « Pour l’instant, aucune contre-proposition n’a été mise sur la table », s’est étonnée mercredi sa porte-parole. Il est donc possible que l’avion de M. Cameron effectue encore quelques tours dans les airs avant de trouver la piste d’atterrissage.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Une grande excitation règne devant le bureau de vote de Valdemorillo, un village de la grande banlieue de Madrid où, aux municipales de mai 2015, une alliance entre cinq partis a enlevé le pouvoir au Parti populaire (PP, conservateur), qui administrait la ville depuis 18 ans et était encore une fois arrivé en tête aux élections.Dimanche 20 décembre, plus de 36 millions d’Espagnols sont appelés aux urnes pour élire le nouveau parlement espagnol. Ces élections pourraient mettre fin au bipartisme qui a prévalu en Espagne depuis la mort du général Franco, du fait de l’émergence de deux jeunes forces politiques : le parti de la gauche alternative Podemos et le parti du centre Ciudadanos.« L’ambiance est la même que celle qu’ont connue nos parents durant la Transition démocratique, affirme Paloma del Amo, avocate de 38 ans qui s’est affiliée à Ciudadanos. Il est temps de changer les choses. Nous ne voulons plus des politiciens de profession. Nous voulons des professionnels qui font de la politique », dit-elle en reprenant une des phrases préférées du chef de file de Ciudadanos, le jeune juriste de 36 ans Albert Rivera.Lire aussi :En Espagne, des élections législatives plus ouvertes que jamais« Ces élections sont différentes »On croise beaucoup de visages jeunes et nouveaux parmi les volontaires envoyés par les jeunes partis pour veiller au bon déroulement des élections. Silvia Alvarez, travailleuse sociale de 41 ans et maman d’une petite fille de 4 ans, ne s’était jamais engagée en politique avant cette année, quand elle a décidé de s’affilier à Podemos, le jeune parti de la gauche anti-austérité. « Ces élections sont différentes. Nous n’aurons jamais plus une opportunité comme celle-ci de changer les choses, d’en finir avec le bipartisme corrompu, dit cette ancienne électrice du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). Et même si je ne suis pas d’accord à 100 % avec Podemos, j’ai beaucoup d’espoirs mêlés de joie dans la possibilité de rénover la politique. »A 75 ans, Fermin Breton a toujours voté PSOE et ne pense pas changer cette fois-ci. « C’est mon idéologie. Je n’en ai pas d’autre, explique-t-il. Pour moi le plus important, c’est de virer [le chef du gouvernement, Mariano] Rajoy, et pour ça je préfère un pacte avec Pablo Iglesias [chef de file de Podemos] qu’avec Rivera. »Devant on se prend en photo avec les rois mages... Rajoy a retardé les élections pr voter le budget 2016 #20D https://t.co/u58iCFEpr4— sandrinemorel (@Sandrine Morel)require(["twitter/widgets"]);Dehors, les rois mages accompagnés d’une crèche vivante et sa Vierge Marie portant un petit Jésus en plastique dans ses bras, sortent de l’église. Sur la place, les familles caressent les brebis et regardent les oies après avoir voté. Olga Varela, femme de ménage de 39 ans, surveille son fils Oliver de 4 ans, mais elle a la tête ailleurs. « Mon mari travaille dans la construction. Pendant la crise il pouvait rester des mois et des mois sans boulot. Ça fait un an que l’activité est repartie. Pourvu que l’on ne gâche pas tout alors que l’on dirait qu’on va enfin sortir de cette maudite crise », dit-elle. A côté d’elle, Gemma, la cinquantaine, a « peur : si Podemos gagne, je quitte ce pays en courant », s’exclame-t-elle. Les oubliés de la repriseMariano Rajoy a centré sa campagne sur la reprise économique, les 600 000 emplois créés cette année, la croissance de 3,1 % attendue en 2015, et le risque que la crise revienne s’il était évincé du pouvoir. Mais alors que la précarité a augmenté et que le chômage demeure à un taux élevé de 21 % des actifs, ce discours a du mal à passer chez les nombreux oubliés de la reprise.Lire aussi :Elections législatives en Espagne : « La reprise, je n’y crois pas »« J’ai voté avec moins de frustration et de tristesse que les autres fois, avoue Juan Diego, graphiste de 43 ans au chômage. Pour la première fois, il existe quatre partis qui reflètent la pluralité de la société espagnole et qui sont de réelles options de gouvernement, explique cet ancien électeur d’Equo, un parti écologiste qui s’est allié à Podemos. Avant je votais en sachant que mon option politique n’avait aucune chance de l’emporter. »Les élections de dimanche sont très ouvertes. Si le PP semble garanti d’arriver en tête, Podemos et PSOE sont au coude-à-coude et une alliance de la gauche n’est pas à exclure.Lire aussi :L’Espagne s’apprête à tourner la page du bipartismeSandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.12.2015 à 10h58 • Mis à jour le20.12.2015 à 14h31 Le premier ministre conservateur britannique, David Cameron, a annoncé, dimanche 20 décembre, qu’il voulait autoriser les femmes soldats à combattre en première ligne dès l’année prochaine. « Le ministre de la défense [Michael Fallon] et moi-même sommes d’accord pour que tous les postes dans nos forces armées soient ouverts aux femmes en 2016 », a-t-il déclaré au journal The Sunday Telegraph. « Nous avons déjà levé un certain nombre de barrières dans nos forces armées, avec des femmes sous-mariniers et des femmes atteignant les postes les plus élevés dans tous les services, a-t-il ajouté. Nous devons finir le travail l’année prochaine et ouvrir les postes de combat au sol aux femmes. »Au Royaume-Uni, les femmes représentent environ 10 % des forces armées. Pour l’instant, elles sont autorisées à opérer sur le front, mais pas à participer à des missions au contact avec l’ennemi, ce qui les exclut de l’infanterie et de toutes les unités qui pourraient les exposer à des situations de combat rapproché.« L’efficacité au combat demeure primordiale »Un rapport officiel publié il y a un an n’avait relevé « aucune preuve convaincante » justifiant une telle interdiction, mais demandait des recherches supplémentaires sur les « exigences physiologiques » de ces postes, qui devraient être terminées mi-2016. « J’espère que [...] nous pourrons ouvrir les postes de combat aux femmes en 2016 », a écrit M. Fallon dans The Sunday Telegraph, prévenant toutefois que le niveau d’entraînement ne pouvait « pas être abaissé pour accueillir les femmes ». « L’efficacité au combat demeure primordiale, a-t-il insisté. Mais en veillant à ce que les capacités, et non le genre, déterminent qui réussit, nous donnons une chance à tout le monde de concourir pour un poste militaire. » Ces déclarations interviennent alors que l’armée américaine a fait sauter au début du mois ses derniers bastions masculins, ouvrant aux femmes tous les postes dans les unités de combats, y compris l’infanterie et les forces spéciales. 19.12.2015 à 22h42 • Mis à jour le20.12.2015 à 12h06 La Turquie a annoncé, samedi 19 décembre dans la soirée, qu’elle « poursuivra » le retrait de ses troupes d’Irak, au lendemain d’un appel téléphonique du président américain, Barack Obama, à son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, l’invitant à prendre une telle mesure afin d’apaiser les tensions entre les deux pays voisins.Pourquoi l’armée turque se trouvait-elle en Irak ?Début décembre, la Turquie avait déployé en Irak un contingent de 150 à 300 soldats et une vingtaine de véhicules blindés dans le camp de Bachiqa, dans le nord du pays.Ankara avait alors affirmé qu’il s’agissait simplement de renforts dépêchés pour assurer la protection des conseillers militaires turcs chargés d’entraîner des combattants irakiens dans la lutte contre le groupe Etat islamique, qui contrôle notamment la grande ville de Mossoul. Mais Bagdad y a vu une incursion illégale, adressant le 11 décembre une lettre de protestation au Conseil de sécurité de l’ONU. Le lendemain, des milices chiites avaient organisé une manifestation pour réclamer la fin de cette « occupation » turque, menaçant de prendre les armes contre ses militaires.Lire :L’armée turque déploie des troupes dans le nord de l’IrakUn retrait déjà entamé il y a une semaineDans un premier temps, M. Erdogan avait affirmé qu’il était « hors de question » de retirer les troupes déployées à Bachiqa, se bornant à évoquer la possibilité d’une réorganisation du dispositif militaire turc sur place.Mais il a commencé à infléchir sa position le 14 décembre, en procédant à un retrait partiel de 10 à 12 véhicules, dont des chars.Samedi 19 décembre, M. Obama lui a intimé de « respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Irak », à la suite de quoi le président turc a annoncé la poursuite du processus de retrait des troupes. « Prenant compte des sensibilités de la partie irakienne », Ankara a admis « un manque de communication » avec Bagdad sur cette affaire et assure qu’Ankara « continuera de coordonner avec le gouvernement irakien sa contribution militaire à ce pays pour sa lutte contre Daech ». 19.12.2015 à 20h13 • Mis à jour le19.12.2015 à 20h40 Quelque 900 personnes, selon la police, ont défilé samedi 19 décembre à Paris pour soutenir migrants et travailleurs sans papiers, à l’appel de plusieurs syndicats et associations, au son des tambours africains et de slogans lancés en afghan.De nombreux Parisiens ont défilé aux côtés d’immigrés d’origine africaine ou afghane notamment. « C’est le moment où jamais pour défendre les plus faibles d’entre nous », a ainsi déclaré à l’Agence France-Presse Servane, la quarantaine, venue avec un ami, Cyril, qui estime que « nous sommes à une époque de basses eaux politiques ».De Barbès à République, dans le nord-est de Paris, le cortège, organisé au lendemain de la journée internationale des migrants et autorisé par la préfecture de police, rassemblait des associations d’aide aux étrangers et aux plus pauvres (Droits devant, le DAL, etc.), des syndicats (CGT, Union syndicale Solidaires etc.) et des mouvements politiques (Ensemble!, composante du Front de gauche).La levée de l’état d’urgence réclaméeLes banderoles proclament « On bosse ici, on vit ici, on reste ici » ou « Migrants d’hier et d’aujourd’hui, même combat pour l’égalité », et des autocollants plaqués sur des manteaux réclament la « levée immédiate » de l’état d’urgence décrété après les attentats parisiens du 13 novembre, comme lors d’une manifestation similiaire le 22 novembre.Lire :Que va changer l’état d’urgence pour les citoyens ?« On ne peut pas vouloir lutter contre Daech et ficher dehors ceux qui fuient Daech. Et en plus nous empêcher de manifester justement à cause de Daech ! », s’est exclamé Daniel, enseignant à la retraite, venu battre le pavé avec deux anciennes collègues, Geneviève, membre de Réseau éducation sans frontières (RESF), et Sylvie, « fille d’immigré italien ».Un peu plus loin, des dizaines d’Afghans ont défilé côte à côte. Zain, 26 ans, qui dort gare d’Austerlitz, a expliqué en anglais être arrivé en France il y a six mois après un périple de plusieurs mois au cours duquel il a traversé l’Iran, la Turquie, la Grèce, la Serbie, l’Autriche... En queue de cortège, des manifestants brandissaient des drapeaux palestiniens. Dans son appel à manifester, l’association Droits devant accusait « l’Etat israélien » de « tuer, coloniser et amplifier l’apartheid du peuple palestinien ».Lire :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéos 19.12.2015 à 12h53 Soixante-dix membres présumés du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont été tués au cours d’une vaste opération militaire menée depuis quatre jours dans le sud-est de la Turquie tandis que l’aviation turque a mené vendredi des raids contre le mouvement armé dans le nord de l’Irak, a annoncé l’armée turque samedi.Huit rebelles du PKK ont été « éliminés » depuis vendredi, ce qui porte le bilan des opérations d’une ampleur inédite conduite par l’armée et la police à Cizre et Silopi, deux villes de la province de Sirnak, ainsi que dans un quartier de Diyarbakir, à soixante-dix, a indiqué l’état-major turc sur son site Internet.L’armée par ailleurs annoncé que des F-16 de l’aviation avaient bombardé vendredi des « repaires » et des « emplacement d’armes » situé dans le nord de l’Irak, dans les zones de Zap et Khakurk où le PKK dispose de bases arrières. Un soldat turc a été tué samedi dans des heurts, portant le bilan de pertes dans les rangs de l’armée à deux depuis vendredi.10 000 militaires et policiers déployésLe gouvernement turc a lancé mercredi une vaste opération contre le PKK. Environ 10 000 militaires et policiers et de nombreux chars ont été déployés à Cizre et Silopi, selon les médias, pour déloger de jeunes partisans du PKK qui ont transformé des quartiers entiers en zone de guerre. Après plus de deux ans de cessez-le-feu, des combats meurtriers ont repris l’été dernier entre les forces de l’ordre turques et le PKK, faisant voler en éclats les pourparlers de paix engagés fin 2012 pour tenter de mettre un terme à un conflit qui perdure depuis 1984.Mais aux embuscades en zones rurales, les rebelles ont privilégié les combats dans les centres urbains pour susciter des soulèvements, une stratégie qui a eu un impact dramatique sur les populations locales qui ont dû quitter les villes sous couvre-feu depuis des jours par dizaines de milliers.Sur la lancée de la victoire de son parti aux élections législatives du 1er novembre, le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a réaffirmé sa volonté « d’éradiquer » le PKK. Ces opérations ont suscité l’indignation de nombreux opposants politiques et d’une partie de la société civile. Anne Pélouas (Montréal, correspondance) Malgré ses cauchemars, Tima Kurdi a désormais de quoi sourire. La tante du petit Aylan, retrouvé sans vie sur une plage turque le 2 septembre et dont la photo a fait le tour du monde, accueillera le 28 décembre, à Vancouver, une partie de sa famille syrienne. La maison est décorée pour Noël, qu’elle célèbre chaque année avec mari et fils, même s’ils sont musulmans. Leur « vrai » cadeau arrivera trois jours plus tard par avion.Tima Kurdi en a fait l’annonce, dimanche 13 décembre, après avoir reçu confirmation de la date par le ministère canadien de l’immigration, des réfugiés et de la citoyenneté, qui a réservé des billets pour faire venir son frère Mohammad, sa femme et leurs cinq enfants, âgés de 5 mois à 16 ans, en tant que réfugiés syriens. « Je leur ai téléphoné. Les enfants se sont mis à crier, puis tout le monde a pleuré », a-t-elle raconté.Son autre frère, Abdullah, père d’Aylan, qui a aussi perdu sa femme et un second fils dans un naufrage en Méditerranée, a choisi de ne pas venir au Canada, malgré l’invitation qui lui en était faite par Ottawa. Il vit dans le nord de l’Irak où il tente, avec l’aide du gouvernement régional kurde, de mettre en place un centre pour de jeunes réfugiés syriens.Changement de politique vis-à-vis des réfugiés syriensTima Kurdi avait tenté en juin dernier, sans succès, de les parrainer en vue d’obtenir le statut de réfugié au Canada. Leur demande avait toutefois été rejetée, à cause d’un document manquant. Déçu, Abdullah Kurdi avait payé des passeurs pour permettre à sa famille de se rendre de Turquie en Grèce mais le bateau les transportant avait coulé. La polémique déclenchée par ce refus d’accorder l’asile avait fait grand bruit au Canada, alors en pleine campagne électorale.« Il n’est plus amer envers le Canada », estime sa sœur Tima, ajoutant qu’il trouve du réconfort dans le fait que la mort de sa femme et de ses deux fils ait contribué à changer la perception des gens face à la crise migratoire des Syriens. « C’est un message de Dieu envoyé au monde », a-t-il lui-même déclaré, ajoutant qu’il n’en voulait pas au peuple canadien, d’autant, a-t-il dit, que « la perte de ma famille a ouvert la porte à beaucoup d’autres familles ».De fait, Justin Trudeau, le premier ministre canadien élu le 19 octobre, a ordonné une accélération des procédures d’accueil de réfugiés syriens qui seront 10 000 à toucher le sol canadien d’ici la fin de l’année, plus 15 000 avant fin février. Tima Kurdi, qui vit au Canada depuis 1992, prépare déjà la réinsertion sociale de son frère Mohammad. Elle a acheté un salon de coiffure à Port Coquitlam, dans la banlieue de Vancouver, où il pourra être barbier.Avant de prendre un vol pour le Canada, Mohammad retrouvera sa propre famille à Francfort. Le frère a en effet quitté la Turquie il y a sept mois afin de trouver du travail en Allemagne. Chergo, âgé de 14 ans, a hâte de retourner à l’école. Au téléphone, il a dit à sa tante qu’il se sentait comme « un petit garçon », même s’il avait dû aller travailler dans une usine de vêtements en Turquie pour aider ses parents. Tima, elle, est « partagée » entre la joie des retrouvailles et le douloureux souvenir du drame de septembre : « Chaque nuit, confie-t- elle, il m’arrache le cœur. »Anne Pélouas (Montréal, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Assise devant la cheminée, dans son coquet pavillon de Villanueva de la Cañada, petite ville de la grande banlieue madrilène, Ana P., directrice financière de 40 ans, n’ose pas se plaindre. Elle a perdu la moitié de son salaire durant la crise mais, par pudeur, commence par rappeler qu’autour d’elle, « d’autres souffrent davantage ».En Espagne, alors que la reprise économique semble se consolider, avec une croissance de 3,1 % attendue cette année et près de 600 000 emplois créés en 2015, la misère s’est étendue. Plus de 29 % des Espagnols se trouvaient en situation de risque de pauvreté ou d’exclusion sociale en 2014, deux points de plus qu’en 2013. Un record. Parmi eux, 400 000 vivent dans une extrême pauvreté, avec moins de 300 euros par mois.21,2 % des actifs au chômageAna P. n’a ni froid ni faim. Mais la crise l’a touchée, elle aussi. Elle fait partie de cette ancienne classe aisée qui se sent aujourd’hui déclassée, de cette génération de quadragénaires qui avait atteint une position enviable dans la société espagnole de l’avant-crise et qui a aujourd’hui perdu son niveau de vie, son confort, mais aussi la reconnaissance sociale.Depuis deux mois, cette mère de deux fillettes de 3 et 5 ans est au chômage. Une nouvelle fois. Depuis qu’elle a été licenciée de son poste de directrice financière d’une multinationale italienne en 2012, elle alterne entre des périodes d’inactivité et des postes aux salaires de plus en plus bas et aux durées de plus en plus courtes.Le chômage, même s’il a baissé par rapport à 2013 quand il frappait 26,9 % des actifs, demeure à un niveau dramatique en Espagne : 21,2 % des actifs, 49 % des jeunes. Les emplois créés, essentiellement temporaires, et les maigres salaires qui les accompagnent expliquent sans doute que le discours de campagne du président du gouvernement, Mariano Rajoy, centré sur la reprise, ne séduise guère les Espagnols, qui souffrent de la crise depuis 2008. Le chef de file du Parti populaire (PP, droite) remet son mandat en jeu dimanche 20 décembre lors des élections générales. Même si son parti est le favori dans les sondages, il pourrait connaître le pire résultat de son histoire en passant de 44 % des voix en 2011 à moins de 28 %.Il y a quatre ans, Ana P. touchait 63 000 euros par an, avec voiture de fonction et assurance privée, pour diriger une équipe de 23 personnes dans une entreprise qui réalise un chiffre d’affaires de 140 millions d’euros par an. « C’était même un salaire plutôt bas par rapport à mes responsabilités », se souvient-elle. Aujourd’hui, elle a fait une croix sur un tel montant, malgré ses quinze années d’expérience, son anglais courant, sa formation solide.Une période d’essai de douze moisAprès un an sans emploi, elle a fini par accepter un poste de technicienne financière rémunéré 32 000 euros par an, tout en continuant à chercher un poste de directrice. Elle en trouve finalement un, affiché à 60 000 euros. Elle est sélectionnée. « Mais au moment de signer mon contrat, on me dit que le salaire est de 40 000 euros parce qu’ils ont reçu beaucoup de candidats et qu’ils se sont rendu compte qu’ils pouvaient baisser la rémunération, raconte-t-elle. Dans l’entreprise, il y avait plus de stagiaires que de salariés, des jeunes non rémunérés à qui on donnait seulement 80 euros pour payer le transport », ajoute-t-elle.Elle est licenciée un an plus tard, après avoir réorganisé tout le service financier et permis d’importantes réductions de coûts. « J’avais signé pour une période d’essai de douze mois, comme le permet la réforme du travail [votée en 2012 par le PP pour flexibiliser le marché de l’emploi en réduisant, notamment, les coûts de licenciement]. Je n’ai donc eu aucune indemnité, et l’entreprise a rembauché une personne moins bien payée. »Alors, elle enchaîne à nouveau les entretiens. On lui dit qu’elle a trop d’expérience. Elle rédige trois CV plus ou moins complets, qu’elle présente en fonction des postes qu’elle brigue. Cet été, elle trouve un poste de directrice financière junior, rémunéré 36 000 euros, dans « une start-up qui vit des subventions et des aides à l’embauche. Toutes les semaines, trois personnes étaient licenciées et trois autres embauchées. Ils n’avaient que faire de l’expérience et de la qualité du travail ». Certains soirs, elle doit rester jusqu’à minuit. Les week-ends, elle fait des heures supplémentaires, non rémunérées. « On était obligés, mais on devait signer un document stipulant qu’elles étaient volontaires », dit-elle. En octobre, elle est licenciée, « pour embaucher encore moins cher ».« La reprise, je n’y crois pas, assure Ana P. Autour de moi, j’ai beaucoup d’amis au chômage, dans des situations très difficiles. Pour moi, tout cela ce n’est qu’un slogan pour gagner les élections. » Pourtant, les indicateurs sont au vert : le tourisme a le vent en poupe, la reprise de la consommation (+3,4 % en un an) a redonné un coup de fouet au commerce, le regain d’intérêt des investisseurs internationaux a réactivé l’immobilier, le secteur financier semble assaini et les entreprises ont augmenté leurs marges.Mais le message du gouvernement, qui s’appuie sur ces chiffres pour se targuer d’avoir remis le pays sur les rails, ne passe pas chez les oubliés de cette reprise, qui s’est accompagnée d’une forte augmentation des inégalités sociales. Et certains économistes ne cachent pas non plus leur scepticisme.Dévaluation des salairesDans une analyse publiée fin octobre, la Fondation pour les études d’économie appliquée rappelle que le taux d’emploi à durée déterminée a augmenté d’un point et demi en un an, à 26,15 %, et que 84 % des contrats temporaires signés ont une durée inférieure à trois mois. La fondation conclut qu’« il n’y a pas de doute que les perspectives de stabilité à moyen terme, pour l’emploi créé actuellement, sont faibles ou nulles ».Pour sortir de la crise, l’Espagne ne pouvait pas dévaluer sa monnaie, comme elle l’avait fait avec la peseta lors de précédentes crises. Du coup, elle a dévalué les salaires. La Banque d’Espagne a reconnu que les statistiques officielles reflètent mal l’ampleur de cette baisse des revenus. Le chômage ayant frappé en premier lieu les bas salaires, la moyenne des salaires a mathématiquement augmenté. Et aujourd’hui, la baisse se situe « seulement » autour de 7 %. Mais un rapport de l’agence Thomson Reuters estime que les revenus réels d’un Espagnol moyen auraient baissé de 25 % depuis le début de la crise.La vie d’Ana a changé du tout au tout. Le temps des vacances en club, des voyages à l’étranger est fini, tout comme celui des vêtements de marque et des restaurants le week-end. Avec les 2 600 euros que gagne son mari comme manager informatique, elle doit faire face aux 1 200 euros de loyer de la maison, aux 750 euros de traites d’un appartement qu’ils avaient acheté au plus fort de la bulle et qu’ils ne louent que 400 euros, à la cantine des enfants qui a augmenté…« On va à cloche-pied »Elle économise sur le chauffage, a licencié sa femme de ménage, achète les habits de ses filles au supermarché, privilégie les marques de distributeur. « J’ai la sensation de me battre pour essayer de conserver un certain train de vie, mais je compte tout. Cet été, au lieu d’aller à Disneyland, comme on l’avait promis aux filles, nous sommes partis une semaine à Almuñecar [province de Grenade] dans l’appartement de mes parents. Mon mari a abandonné la moto et le padel [sport de raquette à la mode dans la classe moyenne espagnole], énumère-t-elle. On essaie de ne pas renoncer à notre cercle d’amis, mais c’est difficile. Ils ont un autre rythme, dînent au restaurant, partent en vacances ensemble. Nous, on essaie de suivre, mais on va à cloche-pied. »« En anthropologie, on dit que la chose à laquelle l’être humain est le plus sensible, c’est la détérioration de son environnement. En clair, lorsque son propre monde s’effondre, c’est une tragédie humaine, résume le sociologue Luis Garrido, professeur à l’université nationale d’enseignement à distance et spécialiste de l’emploi. Les jeunes peuvent s’adapter à des salaires bas : ils passent du chômage à l’emploi, c’est déjà une progression. Alors qu’une chute importante de revenus génère une grande frustration. »Des jeunes qui vivent chez leurs parents se contentent d’une paie de 800 euros. Et certains sautent de joie quand ils décrochent un stage à 600 euros – ils n’ont pas connu autre chose et entrent dans la vie professionnelle avec ce salaire, sans regret. « Aujourd’hui, je veux juste un salaire, et essayer de me maintenir dans la classe moyenne, résume Ana P. Comme je réponds à présent aux critères des aides à l’embauche des femmes de plus de 40 ans, j’aurai peut-être de la chance… »Lire aussi :L’économie au menu de la campagne espagnoleSandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Les élections législatives qui se tiennent dimanche en Espagne signeront-elles la fin du bipartisme sur lequel s’est construite la jeune démocratie espagnole après la mort de Franco en 1975 ? L’émergence de nouveaux partis, Podemos – à la gauche des socialistes – et Ciudadanos – au centre –, portés par l’indignation née des politiques d’austérité et des scandales de corruption à répétition porte à le croire. Si les deux grands partis, le Parti populaire (PP, droite, au pouvoir) et le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), veulent gouverner, ils devront sans doute s’allier avec l’un d’eux. Retour sur les enjeux et les forces en présence de ce scrutin qui ne suffira sans doute pas pour savoir qui prendra les rênes de l’Espagne ces quatre prochaines années.Lire aussi :Législatives : vers la fin du bipartisme en Espagne ?Un résultat imprévisibleAvec encore 20 % d’indécis à trois jours du vote, le scrutin de dimanche est imprévisible. Ces derniers jours, les sondages, interdits en Espagne mais publiés dans la presse de la principauté voisine d’Andorre, témoignent de la volatilité du vote. Les deux jeunes formations, Ciudadanos et Podemos, aspirent à voler au PSOE la deuxième position, derrière le PP qui part favori. Néanmoins, le système électoral, un scrutin proportionnel de liste par circonscription, favorise les grands partis très implantés localement.Le Parti populaire, favori mais sans majoritéLe PP est donné vainqueur des élections par tous les sondages avec entre 25 et 30 % des suffrages, soit entre 15 et 20 points de moins qu’aux élections législatives de 2011 qu’il avait remporté avec 44,6 % des suffrages, lui octroyant une majorité de sièges au Parlement. Ce score obligerait le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, candidat à la réélection, à chercher le soutien d’un autre parti. Mais aucun, pour le moment, ne semble prêt à lui accorder, du fait de l’impopularité des mesures d’austérité qu’il a prises durant la crise et des scandales de corruption qui touchent son parti. Il compte cependant sur un vivier d’électeurs fidèles, en particulier chez les plus de 65 ans et son principal argument de campagne est la reprise économique et la baisse du chômage, malgré la précarité de celle-ci. Il a promis de créer 500 000 emplois par an s’il est élu.Lire aussi :Mariano Rajoy, le mal-aiméLe Parti socialiste ouvrier espagnol, en dangerPour le PSOE, ces élections sont à haut risque. Pris en étau entre Podemos et Ciudadanos, il risque de perdre la deuxième position en nombre de voix. Depuis le tournant de la rigueur pris en 2010 par le précédent président du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero, et sa décision de convoquer des élections anticipées, en 2011, perçues comme un aveu d’échec et une incapacité à affronter la crise économique, le PSOE ne cesse de perdre des voix à chaque élection. S’il veut gouverner, Pedro Sanchez devra obtenir le soutien de Podemos ou de Ciudadanos. Il a déjà envoyé des signaux à gauche en promettant de demander à Bruxelles un rééchelonnement des objectifs de déficit public afin d’adoucir les mesures d’austérité. Mais s’il arrive en troisième position, une crise interne pourrait porter à la présidence du PSOE sa rivale en Andalousie, Susana Diaz. Proche de l’ancien président du gouvernement Felipe Gonzalez, certains analystes la croient capable d’accepter une grande coalition avec le PP.La remontée de PodemosLe parti de Pablo Iglesias est remonté dans les sondages ces dernières semaines, après avoir bénéficié, durant la campagne, du soutien de la maire de Barcelone, la très populaire activiste du droit au logement Ada Colau. Il pourrait arriver en tête en Catalogne où il a promis d’organiser un référendum sur l’indépendance s’il est élu. Son programme, élaboré avec la participation de milliers de personnes et voté par 15 000 personnes, prévoit d’introduire un revenu garanti de 600 euros pour tous ou encore d’augmenter de 10 points, de 45 à 55 %, l’impôt sur le revenu de ceux qui gagnent plus de 300 000 euros par an. Son objectif : devancer les socialistes et obtenir leur soutien pour gouverner.Lire aussi :En Espagne, le parti de la gauche alternative Podemos se dit prêt à gouvernerCiudadanos, le parti centristeUn temps placé devant le PSOE dans certains sondages, le parti centriste, antinationaliste et anticorruption d’Albert Rivera se dégonflera-t-il ? Après une fin de campagne décevante, marquée par plusieurs cafouillages et le refus annoncé de voter l’investiture aussi bien de Mariano Rajoy que de Pedro Sanchez, la jeune formation antinationaliste catalane semble en perte de vitesse. Elle défend un contrat unique, afin de limiter le recours aux CDD, promet des baisses d’impôts, la suppression du Sénat et une refonte du système judiciaire.Lire aussi :Les élections du 20 décembre peuvent conduire la Catalogne vers l’indépendanceSandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.12.2015 à 19h02 • Mis à jour le18.12.2015 à 20h12 Les Etats membres de l’Union européenne (UE) ont donné leur feu vert, vendredi 17 décembre, au prolongement pour six mois des sanctions contre Moscou pour son implication dans le conflit en Ukraine, ont indiqué des sources diplomatiques.La décision de renouveler ces sanctions, qui expiraient fin janvier, jusqu’à fin juillet 2016, a été prise par les ambassadeurs des Vingt-Huit après un conseil européen à Bruxelles. La décision formelle, à l’issue d’une procédure écrite prévue dans ces cas de figure, doit encore être adoptée par les pays membres lundi avant de paraître mardi au Journal officiel européen.Si ces mesures de rétorsion économiques ont été régulièrement renouvelées depuis juillet 2014, l’Italie a critiqué la façon dont cette nouvelle prolongation a été décidée. « J’ai trouvé incohérent de vouloir confirmer les sanctions sans avoir d’abord une petite discussion, a fait savoir vendredi le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi. Nous n’avons jamais caché notre position, même quand elle a fait l’objet de critiques fortes : pour combattre l’extrémisme et le radicalisme, nous avons aussi besoin de la Russie. » M. Renzi a récemment estimé que « l’approche antirusse ne conduira nulle part ».Lire aussi :L’UE veut discrètement prolonger les sanctions contre la RussieEnergie, banques, défense…A la différence de Paris ou Berlin, l’Italie souhaitait la tenue d’un débat au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement sur la question des sanctions, et non une décision au niveau des ambassadeurs auprès de l’UE. La chancelière allemande, Angela Merkel, avait au contraire insisté pour que la question soit traitée loin des projecteurs, soulignant le rôle crucial que Moscou peut jouer dans plusieurs crises actuelles. La Russie, alliée du régime syrien de Bachar Al-Assad, s’est notamment imposée comme un acteur incontournable dans le dossier syrien.Ces sanctions européennes ont été décrétées le 29 juillet 2014 après qu’un avion de la compagnie Malaysia Airlines a été abattu au-dessus du territoire tenu par les séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine. Kiev et les Occidentaux accusent le pouvoir de Vladimir Poutine de soutenir ces combattants en leur fournissant des armes, mais aussi des troupes et des conseillers militaires. Ils ont toujours lié une éventuelle levée des sanctions à l’application pleine et entière des accords de paix signés à Minsk, le 11 février, qui prévoient des mesures progressives pour mettre fin au conflit.Des pans entiers de l’économie russe sont frappés par ces sanctions. En empêchant les entreprises des secteurs de l’énergie, des banques ou de la défense de se financer sur les marchés d’Europe occidentale, elles ont contribué à plonger le pays en récession.L’UE a par ailleurs établi une « liste noire » de personnalités russes et ukrainiennes pour leur implication dans le conflit, qui sont interdites de visas et dont les avoirs sont gelés. La Russie a répondu à ces sanctions en décrétant un large embargo sur les produits agroalimentaires européens.Lire aussi :Moscou prolonge d’un an l’embargo sur les produits alimentaires européens 18.12.2015 à 11h17 • Mis à jour le18.12.2015 à 11h22 | Geoffroy Deffrennes (Calais, envoyé spécial) « Une impression de guérilla urbaine. » Jeudi 17 décembre dans la soirée, le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), Jean-Pierre Valensi, exprimait sa stupéfaction devant les scènes auxquelles il avait assisté par hasard, en début d’après-midi : des centaines de migrants à l’assaut du tunnel sous la Manche, mais cette fois au milieu de la journée, et en bien plus grand nombre que lors d’épisodes précédents – « un millier », selon M. Valensi. « J’avais une réunion à Calais, je passais par là et me suis arrêté pour essayer de comprendre ce qui se passait. J’ai eu l’impression d’une organisation quasi militaire, par petits groupes, comme si tout était soigneusement préparé. »Le jeudi, le trafic routier est conséquent. « Plus encore en ce moment, selon Philippe Wannesson, blogueur spécialisé sur le sujet, car à l’approche de Noël les bouchons sont importants près des zones commerciales, ce qui favorise les intrusions dans les camions. »Cas de figure inéditLes groupes ont commencé à se former vers 14 heures. « J’ai senti qu’il se préparait quelque chose, raconte Bruno Deprez, directeur du magasin But, aux abords de l’autoroute A16. D’habitude, ils ne sont pas aussi nombreux en pleine journée. J’avais vu une attaque équivalente cet été, avec l’hélico, on se croyait aussi en guerre civile… » La police s’est organisée très vite mais, sur ce terrain étendu et vallonné, a été confrontée à un cas de figure inédit : des réfugiés progressant simultanément par grappes étalées sur un front mobile d’un kilomètre, le long de l’A16. L’autoroute a dû être coupée deux heures à la circulation, dans les deux sens.La veille déjà, la tension avait grimpé, cette fois à l’entrée du port, des migrants sprintant sur les voies rapides près du centre hospitalier, sous le regard des enfants de l’école maternelle Beaumarais. Jeudi, ce sont les enfants de l’école maternelle du Fort Nieulay qui ont senti fortement les effluves de gaz lacrymogènes utilisés massivement par les forces de l’ordre. De quoi faire fuir aussi les rares clients des centres commerciaux. « A l’approche de Noël, c’est une catastrophe pour nous, constatait M. Deprez. Les gens n’osent plus faire leurs courses dans ce secteur. Le moindre déplacement, qui prenait encore cinq minutes, il y a six mois, peut durer 30 à 45 minutes maintenant. J’ai un fils handicapé, je ne sais jamais à quelle heure il va pouvoir rentrer. »Spectateur impuissantLa secrétaire de M. Deprez, Delphine Bélot, montre sur son smartphone les photos de son jardin aux grillages défoncés, dévasté par les passages de réfugiés, non loin d’un café routier. « Mes enfants sont terrifiés. Ce midi, j’ai encore dû chasser de mon jardin trois migrants prêts à s’introduire chez moi. »Le procureur Valensi s’est senti simple spectateur impuissant jeudi :« Je suis resté car si des arrestations avaient eu lieu, j’aurais été concerné. Mais il n’y en a eu aucune. Impossible, car, comme vous l’avez constaté, ces groupes de migrants se déplacent vite, on ne sait pas qui lance des pierres, et surtout nous n’avons pas de preuves car les policiers ne sont pas équipés de vidéos. »Gilles Debove, du syndicat SGP Police, disait s’attendre à une nuit difficile et réclamait jeudi soir sur France 3 Nord-Pas-de-Calais des forces supplémentaires. Dans l’après-midi, un collectif de salariés du port de Calais avait réclamé l’éloignement du centre d’accueil Jules-Ferry, autour duquel survivent 4 500 migrants : selon ces salariés, ces deux dernières semaines, 2 500 camions ont été comptabilisés en moins, les transporteurs se lassant des difficultés rencontrées… Depuis début juin, dix-huit migrants ont perdu la vie en tentant de rallier l’Angleterre.Geoffroy Deffrennes (Calais, envoyé spécial)Journaliste au Monde Eric Albert (Londres, correspondance) Dans le monde merveilleux de Disney, les journalistes sont des « partenaires » qui accompagnent le « voyage » que représente la sortie d’un film, en l’occurrence le dernier opus de Star Wars. Un voyage qui a connu un arrêt à Londres, jeudi 17 décembre, où était organisée une rencontre des médias avec les acteurs et le réalisateur. Pour l’opération de promotion, un étage entier de l’hôtel Corinthia – décoré des nombreux produits dérivés de la série – avait été réservé pour permettre à la presse européenne d’interroger Harrison Ford, Carrie Fisher, Daisy Ridley, J. J. Abrams et les autres… Parler de « presse » est cependant un peu vite dit, étant donné le mélange des genres entre les fans et les journalistes.Lire aussi :« Star Wars 7 » : un shoot de plaisir régressifPendant la conférence de presse limitée à une durée d’une demi-heure, avec neuf protagonistes derrière les micros – soit trois minutes par acteur en moyenne –, la première question est venue d’un membre d’un fan club français. Peu après, Dennis Weening, un présentateur de jeux télévisés aux Pays-Bas, bras tatoués et air ému, s’est levé : « Quand j’étais petit, je collectionnais les figurines de Star Wars. Aujourd’hui, mon fils fait la même chose. S’il vous plaît, est-ce que je peux vous demander de les signer ? » Et il a sorti d’un sac les personnages en plastique, soutirant des autographes aux acteurs, pendant que s’égrenaient les précieuses minutes consacrées aux questions.4 minutes et 26 secondes avec J. J. AbramsL’espoir de se rattraper dans les interviews en tête à tête avec les stars était mince : le temps imparti pour chaque entretien était limité… à cinq minutes. Ou plus précisément, pour la rencontre du Monde avec le réalisateur J. J. Abrams, 4 minutes et 26 secondes. Une tentative d’ajouter une dernière question a été rejetée fermement : « Vous avez eu votre créneau ! »Sachez donc que l’objectif du réalisateur était de retrouver l’esprit des trois premiers films, sortis entre 1977 et 1983, que la pression qu’il a ressentie était énorme « mais jamais plus forte que l’opportunité » de faire ce nouvel épisode, et que celui-ci cherche à faire naître une nouvelle génération de fans, notamment en Asie…L’attribution des interviews fut également un exercice intéressant. Parmi la presse francophone, c’est un certain Wartek, blogueur vidéo basé à Genève, qui en a obtenu le plus – six. L’explication ? Outre qu’il compte 410 000 abonnés, ses vidéos sont diffusées sur YouTube via Maker Studios, une plateforme qui appartient… à Disney. Un lien commercial dont il n’est pas fait mention à l’écran.Discuter avec BB-8Pour faire patienter les journalistes entre deux interviews express, Disney offre ce qu’il maîtrise le mieux : de l’entertainment. On peut ainsi s’amuser à « discuter » avec BB-8, un nouveau robot introduit dans Star Wars (« C’est le vrai, utilisé sur le tournage ») ou s’entraîner au sabre laser avec C. C. Smiff, celui qui a appris aux acteurs le maniement de l’arme.Tout est filmé, bien sûr, et les médias peuvent ainsi abreuver leurs rédactions de séquences vidéos, photos et selfies. Transformés en fans, les journalistes ne manqueront pas de poster sur les réseaux sociaux leur rencontre avec les êtres touchés par la Force.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Après leur ultime Conseil de 2015, jeudi 17 et vendredi 18 décembre, à Bruxelles, les Européens n’ont toujours pas trouvé de vraie solution à la crise des migrants, et ils semblent même plus divisés que jamais. Ils ont donc adopté des conclusions qui mettent surtout en lumière leurs difficultés à traduire en actes de précédentes décisions.Le texte rappelle tout ce qui devrait être réalisé pour sauver l’espace Schengen de libre circulation et offrir une réponse minimale à l’arrivée de plus de 800 000 personnes sur le sol européen depuis le début de l’année. Le seul aspect vraiment positif est que les appels aux dons pour les agences humanitaires ont dépassé de 500 millions d’euros les montants espérés.L’Europe refera un bilan en février, en espérant que la situation ne se détériore pas davantage avec l’hypothèse de voir, notamment, des dizaines de milliers d’Afghans quitter l’Iran, où ils perdent leur emploi dans l’industrie pétrolière, en raison de l’effondrement des cours.La relocalisation est en panneSur les 22 000 réfugiés que l’UE s’était engagée auprès des Nations unies à accueillir en juillet, seulement 600 ont fait l’objet d’une « réinstallation ». Sur le plan adopté en octobre de « relocalisation » de 160 000 réfugiés, seulement 184 personnes étaient concernées au 16 décembre…Le problème concerne les pays d’arrivée, les pays d’accueil, mais aussi les demandeurs eux-mêmes, qui refusent de s’enregistrer pour être envoyés vers une destination dont ils ne veulent pas. « Ces chiffres nous ridiculisent », avoue un diplomate.Au sein des Vingt-Huit, après la Hongrie et la Slovaquie, qui avaient voté contre le schéma de relocalisation, c’est la Suède qui a demandé à ne plus y participer. Elle est la deuxième destination européenne pour les migrants, mais arrive à saturation. Elle a donc obtenu de ne plus accueillir, durant un an, de nouveaux réfugiés envoyés de Grèce ou d’Italie. Quant à cette dernière, qui devait bénéficier au premier chef, avec la Grèce, de ce complexe système de quotas, elle ne voit pratiquement plus arriver sur ses côtes que des migrants « économiques ». Les réfugiés syriens et irakiens passent par la Grèce, puis la route des Balkans, pour rejoindre l’Allemagne.Les « hot spots » tardent à se mettre en placeL’ouverture de onze centres d’enregistrement et de « tri » des migrants était prévue, en Grèce et en Italie depuis plusieurs mois. Pour l’instant, seuls deux sont opérationnels. Sachant que, dans le même temps, l’agence Frontex, l’agence européenne chargée de la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures, est toujours en demande des personnels promis par les Etats membres.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?Pas de décision sur la création d’un corps européen de gardes-frontièresLa proposition de la Commission la semaine dernière de créer d’un corps européen de gardes-frontières, susceptible d’être déployé en cas de crise grave et de se substituer aux services d’un Etat défaillant ou en difficulté, ne devait faire l’objet que d’une première discussion. La décision sur son instauration a été reportée.« Impossible d’évaluer à temps un document de cent cinquante pages », avaient affirmé les services du président du Conseil européen, Donald Tusk. Une atteinte éventuelle au principe de souveraineté nationale pose de gros problèmes à diverses délégations. Des pays, telle la France, qui soutiennent le principe d’un corps européen, s’interrogent cependant sur le processus décisionnel qui devrait conduire au déploiement. Le dossier est renvoyé à plus tard.Lire aussi :La proposition choc de l’UE pour mieux protéger ses frontièresLes efforts de la Turquie pour gérer l’afflux de migrants restent limités La Turquie avait été appelée à contrôler les flux de migrants vers la Grèce. On recense encore 4 000 arrivées par jour en Grèce, pour 5 000 à 6 000 en novembre.Le projet d’installer des réfugiés directement en Europe depuis la Turquie à l’étudeImpossible, en tout cas, pour les Vingt-Huit, de changer radicalement de politique. A l’instar de la chancelière allemande, Angela Merkel, une partie des dirigeants européens veut donc encore croire que les plans adoptés vont fonctionner. « On a amorcé la pompe, le débit est lent, mais il faut être patient », expliquait un diplomate jeudi soir.Conscients, toutefois, de l’impasse actuelle, des pays qui sont parmi les plus concernés par la crise (l’Allemagne, l’Autriche, la Suède, la Finlande) continuent à plaider pour des solutions alternatives.La réunion la plus importante de la journée, à Bruxelles, jeudi, a été le mini-sommet organisé à l’ambassade d’Autriche et auquel participait le premier ministre turc, Ahmet Davutoglu.Alors que les pays d’Europe centrale et orientale estiment qu’ils ne sont pas concernés et que la Slovaquie, la Hongrie et la Pologne refusent l’arrivée de musulmans sur leur sol, l’Allemagne, l’Autriche et la Belgique tentent de fédérer des pays « de bonne volonté ». Notamment pour faire avancer au plus vite le plan d’action signé avec la Turquie le 29 novembre, en espérant que ce pays arrête les candidats au passage vers les côtes grecques. Le but de cette deuxième réunion du genre était surtout d’évoquer une demande turque, poussée par Berlin, de « réinstaller » directement en Europe des réfugiés syriens depuis la Turquie. M. Davutoglu a assuré que son gouvernement travaillait intensément à la réduction des flux de migrants.Les Pays-Bas, qui assumeront la présidence tournante de l’Union à partir du 1er janvier, ont accepté, du bout des lèvres, de commencer à travailler sur la mise en place du plan de « réinstallation » humanitaire imaginé par la Commission et Berlin. Mais pas question de lancer ce nouveau processus tant que les flux de migrants illégaux depuis la Turquie « n’auront pas été réduits à presque zéro », insiste-t-on côté néerlandais…En tout cas, la réinstallation concernerait, au maximum, 50 000 ou 80 000 personnes. Ankara évoque plusieurs centaines de milliers. Un troisième mini-sommet sera organisé en février et sera ouvert à tous.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.12.2015 à 09h10 • Mis à jour le25.12.2015 à 14h04 Le pape François a dénoncé dans son traditionnel message de Noël, vendredi 25 décembre, « les atroces actions terroristes » et « la destruction du patrimoine historique et culturel de peuples entiers ». S’exprimant de la loggia de la basilique Saint-Pierre à Rome, le pape a lancé un nouvel appel en faveur des personnes qui fuient la misère et les conflits et demandé d’« abondantes bénédictions pour tous ceux, qui, simples particuliers et Etats, s’emploient avec générosité à secourir et accueillir les nombreux migrants et réfugiés (…), les aidant à s’intégrer ». Dans ce troisième message de Noël de son pontificat, le chef de l’Eglise a soutenu les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU sur la Syrie et la Libye :« Que l’entente intervenue au sein des Nations unies parvienne le plus tôt possible à faire taire le vacarme des armes en Syrie. Il est aussi urgent que l’accord sur la Libye obtienne le soutien de tous [les protagonistes]. »Il a également abordé le conflit israélo-palestinien et demandé la reprise d’un « dialogue direct », en rappelant que leur conflit a « de graves répercussions » sur le Moyen-Orient.La veille, les catholiques ont célébré Noël dans le monde entier, sous haute sécurité dans des capitales comme Paris en raison des menaces djihadistes mais aussi au Vatican, où le pape François a lancé un appel à « la sobriété » lors de la traditionnelle messe de minuit.Le souverain pontife, dans son homélie, prononcée devant environ 10 000 personnes à la basilique Saint-Pierre, a déclaré que la célébration de la naissance de Jésus, l’une des fêtes les plus importantes de la chrétienté, devait être l’occasion de découvrir « d’une façon nouvelle qui nous sommes ».« Dans une société souvent éprise de consommation et de plaisir, d’abondance et de luxe, d’apparence et de narcissisme, Lui nous appelle à un comportement sobre, c’est-à-dire simple, équilibré, cohérent, capable de saisir et de vivre l’essentiel. »Lire aussi :Timide ouverture du pape sur le préservatifMesures de sécurité accrues à Saint-Pierre « Dans un monde qui est trop souvent dur avec le pécheur et mou avec le péché, il faut cultiver un fort sens de la justice », a ajouté le pape, âgé de 79 ans, qui célèbre le troisième Noël de son pontificat.A la fin de la cérémonie, 16 enfants de pays visités par François cette année comme le Kenya, les Philippines ou les Etats-Unis ont accompagné, bouquets dans les mains, le pape, qui portait la statuette de l’enfant Jésus afin de la déposer dans la crèche installée au fond de la basilique.Lire le reportage au Kenya :Le pape, pourfendeur des inégalités socialesCette année, les cérémonies de Noël au Vatican bénéficient de mesures de sécurité accrues, et pour accéder à la basilique Saint-Pierre jeudi les personnes devaient passer sous des détecteurs de métaux. 24.12.2015 à 10h41 • Mis à jour le24.12.2015 à 10h43 | Olivier Truc (Stockholm, correspondance) Le gouvernement danois n’en finit plus de durcir sa politique à l’égard des réfugiés. La dernière initiative, insérée dans un projet de loi qui doit être débattu en janvier, prévoit de confisquer les bijoux des demandeurs d’asile pour financer leurs aides. Le gouvernement libéral minoritaire de Lars Lokke ­Rasmussen propose que la police soit capable de fouiller les bagages des demandeurs d’asile et de ­saisir les objets de valeur – pas les ­alliances de mariage, a finalement concédé le gouvernement – ainsi que les sommes d’argent ­dépassant 3 000 couronnes (400 euros).Cette mesure a provoqué une vague d’indignation, notamment à l’étranger. Le Washington Post a comparé la mesure à la spoliation des juifs pendant la seconde guerre mondiale. Mais la police danoise, censée être en première ligne pour évaluer la valeur des bijoux, a également fait part de ses craintes sur l’organisation concrète de ces contrôles. « J’estime que l’on doit être capable de faire la différence entre un bracelet qui coûte 1 000 ou 20 000 couronnes », a rétorqué la ministre de l’intégration, Inger Stojberg.Interrogés par le quotidien Politiken, mercredi 23 décembre, des juristes ont également rejeté l’argument du gouvernement qui prétendait que cette mesure n’était pas différente de celles qui s’appliquent aux Danois. Selon eux, jamais on ne pourrait confisquer les bijoux de Danois bénéficiant de l’aide sociale. Si cette disposition a fait scandale, ce n’est pourtant qu’une mesure sur la longue liste des règles drastiques auxquelles doivent se soumettre les étrangers dans le pays.Le cas d’un étudiant camerounais, médiatisé ces derniers jours, a également créé la polémique. Elève à l’université d’Aarhus, Marius Youbi s’est vu retirer son permis de séjour et signifier qu’il devait quitter le Danemark d’ici au 8 janvier pour avoir dépassé d’une heure et demie le quota de quinze heures hebdomadaires autorisées pour un travail à temps partiel en tant qu’étudiant international. Choquée, l’université a autorisé l’étudiant ingénieur à passer ses examens en avance avant son expulsion. Il a obtenu les meilleures notes possibles. « C’est une punition disproportionnée pour quelqu’un dont le tort est d’avoir trop travaillé », s’est indigné Per Lysgaard, de l’université d’Aarhus.Lire aussi :Au Danemark, 20 000 personnes manifestent pour « un traitement digne des réfugiés »Rhétorique anti-immigrésDepuis les années 2000, le Danemark n’a cessé de durcir sa position contre les étrangers, sous l’influence du Parti du peuple danois (DF, extrême droite). Ce mouvement, qui a obtenu 21,1 % des voix aux législatives en juin, est le principal soutien du gouvernement actuel. Le parti du premier ministre, Lars Lokke Rasmussen, gouverne en effet après n’avoir obtenu que 19,5 % des voix et est contraint de chercher des majorités en fonction des textes. Ironie de l’histoire, son projet de loi sur les demandeurs d’asile est soutenu par les autres petites formations de droite et les sociaux-démocrates, mais pas par DF.Le parti estime en effet que le texte n’est pas assez dur. Il voudrait que le Danemark mette en place des villages d’accueil isolés pour les réfugiés afin de soulager les communes, chargées jusqu’ici de l’hébergement. L’extrême droite estime en effet que cela permet aux réfugiés de passer devant les Danois en attente de logement.Jusqu’ici, DF a toujours refusé de participer au gouvernement, préférant rester à l’extérieur pour mieux l’influencer, avec un succès indéniable. Depuis son entrée au Parlement en 1998, l’extrême droite est parvenue à faire de la question des étrangers un point central du débat danois, à laquelle la plupart des autres partis ont choisi de s’adapter. Entre 2001 et 2011, le gouvernement minoritaire libéral-conservateur était déjà resté au pouvoir grâce au soutien négocié de DF au Parlement, ce qui avait progressivement conduit le Danemark à adopter la législation sur les étrangers la plus stricte d’Europe.Au fil des ans, même les sociaux-démocrates, puis plus tard leur ­allié plus à gauche, le Parti populaire socialiste (SF), se sont mis à adopter la même rhétorique sur les réfugiés et les musulmans, banalisant ainsi les idées de l’extrême droite. Le 3 décembre, les Danois ont voté contre un renforcement de la participation du pays à la politique européenne de sécurité et de justice. DF, qui avait dirigé le camp du « non » contre le reste des principaux partis, avait fait campagne en assurant qu’un « oui » se traduirait à terme par une perte de contrôle du Danemark sur sa politique migratoire. A 53,1 %, les Danois ont voté « non ».Lire aussi :Les Danois votent contre une coopération policière renforcée avec l’UEOlivier Truc (Stockholm, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.12.2015 à 19h06 • Mis à jour le23.12.2015 à 19h36 Le premier ministre géorgien, Irakli Garibachvili, critiqué pour sa gestion de l’économie à moins d’un an des élections législatives, a annoncé mercredi sa démission, après être resté deux ans en poste.Ayant connu des années de rapide croissance à la suite du tournant pro-occidental de 2003, l’économie de cette ex-république soviétique du Caucase patine et la popularité de la coalition du Rêve géorgien est au plus bas.Un successeur nommé vendredi ?« J’ai pris la décision de quitter mon poste », a déclaré, dans une adresse télévisée à la nation, le chef du gouvernement. « Tous les postes sont temporaires, il n’y a que Dieu et la patrie qui sont éternels », a-t-il ajouté, sans donner plus d’explications sur sa décision.Lire :Nouvelle offensive du pouvoir contre l’opposition en GéorgieLe président du Parlement, David Oussoupachvili, a indiqué à la presse que la coalition désignerait un successeur vendredi. Selon des médias géorgiens, M. Garibachvili pourrait être remplacé par le vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères, Guiorgui Kvirikachvili.Nommé à son poste en novembre 2013, Irakli Garibachvili, aujourd’hui âgé de 33 ans, était devenu à l’époque le plus jeune chef de gouvernement en Europe.Inconnu jusqu’en 2012Presque totalement inconnu jusqu’à sa nomination au poste de ministre de l’intérieur en octobre 2012, M. Garibachvili a été considéré comme un proche allié du milliardaire et ancien premier ministre Bidzina Ivanichvili, dont la coalition Rêve géorgien a remporté la même année les élections législatives en Géorgie en mettant fin à la domination du parti Mouvement national unifié de l’ex-président Mikheïl Saakachvili.Diplômé de la Sorbonne à Paris où il a étudié les relations internationales, Irakli Garibachvili avait notamment dirigé la fondation caritative du milliardaire et travaillé dans sa banque, ainsi que pour la maison de disques de son fils, un chanteur de rap.Selon des opposants géorgiens, la démission de M. Garibachvili pourrait s’inscrire dans les efforts de la coalition au pouvoir pour empêcher la forte baisse de sa popularité sur fond de crise économique en vue des élections législatives d’octobre 2016.Lire aussi :L’étonnante renaissance ukrainienne de Saakachvili Marie Charrel En 2014 et 2015, nombre de pays émergents ont souffert de la dépréciation de leur devise. Un mouvement notamment lié à la remontée programmée des taux directeurs américains. La Turquie ne fait pas exception.Dans une note publiée mercredi 23 décembre, la Coface, le spécialiste de l’assurance-crédit, détaille par quels canaux la chute de la livre turque affecte l’économie du pays. « La combinaison des incertitudes politiques, des problèmes de sécurité et des inquiétudes concernant l’économie mondiale ont provoqué une chute brutale de la livre, qui est tombée à son plus bas niveau face au dollar en septembre », explique Seltem Iyigun, économiste spécialiste de la région Méditerranée et Afrique pour la Coface. Le 24 septembre, la livre est ainsi tombée à 3,07 dollars, en baisse de 32 % par rapport à janvier.Explosion des chèques impayésMais l’économie turque est également pénalisée par la baisse de l’euro face au dollar. Et ce, parce qu’elle présente deux grands points faibles. D’abord, « elle est particulièrement dépendante des capitaux étrangers et des importations », souligne la Coface. En outre, nombre d’entreprises turques affichent des coûts de production en dollars et des recettes en euros. De fait, 44 % des exportations turques sont libellées en euros, tandis que 65 % des importations le sont en dollars.Lire aussi :En Turquie, vives tensions entre M. Erdogan et la Banque centraleRésultat : l’effondrement de la livre a provoqué une envolée des coûts de production et donc, l’effondrement des marges des entreprises. Beaucoup ont vu leur situation financière se dégrader. En particulier celles dont la dette est en devise étrangère – c’est le cas de 75 % de la dette des sociétés non financières du pays. Le nombre de chèques impayés a également bondi de 38 % en valeur sur les dix premiers mois de 2015, précise la Coface, signe que la santé des PME se dégrade.« L’épargne locale est trop faible »Plus inquiétant encore : « L’économie turque a besoin de l’épargne étrangère pour fonctionner, car l’épargne locale, équivalente à 15 % du produit intérieur brut [PIB], est trop faible », explique Mme Iyigun. Or, la dette extérieure du pays culmine aujourd’hui à 405,2 milliards de dollars, soit 52 % du PIB. Ce qui rend la Turquie particulièrement exposée aux variations de change.En effet, chaque nouvelle dépréciation de la livre alourdit encore la dette extérieure… Selon la Coface, les secteurs les plus exposés sont les métaux (hors fer et acier), la construction, les produits chimiques ou en encore le textile, qui dépendent particulièrement de l’étranger.Qu’attendre pour 2016 ? De son côté, le Fonds monétaire international estime que le PIB turc devrait croître de 2,9 %, après 3 % en 2015. Une performance relativement bonne, notamment soutenue par la demande domestique. « L’économie turque sera néanmoins soumise à de nombreux risques, liés aux incertitudes planant sur l’économie mondiale et la montée des tensions géopolitiques », conclut Mme Iyigun.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.12.2015 à 15h44 | Stéphanie Marteau, Soren Seelow et Simon Piel Les circonstances de l’assaut mené le 18 novembre à Saint-Denis par le RAID contre le coordinateur présumé des attentats de Paris, Abdelhamid Abaaoud, et ses complices se précisent. Si beaucoup de questions demeurent, de nombreux documents auxquels Le Monde a eu accès affinent le scénario d’une opération qui s’est déroulée avec une rare violence et dans une extrême confusion.Les scènes décrites par les enquêteurs de la police judiciaire venus opérer les premières constatations en témoignent. La chaussée est jonchée de débris. Du verre et du bois provenant des fenêtres de l’immeuble de Saint-Denis où a eu lieu l’assaut. De nombreux écrous, probablement contenus dans une ceinture d’explosifs actionnée par l’un des hommes retranchés. Mais aussi plusieurs bouts de corps. Ici, « une tête humaine à laquelle demeure attaché un morceau de colonne vertébrale ». Là, « une partie de visage » sur la peau duquel apparaît une barbe naissante. Plus loin, une dent humaine, un trousseau de clés, un livre en langue arabe et un clavier d’ordinateur brisé.Aucune arme de guerre ne sera retrouvée, contrairement à ce qu’avait pu laisser penser le récit du patron du RAID. Le tir « nourri » évoqué par le RAID se heurte à une constatation imparable : seul un Browning semi-automatique a été retrouvé dans les décombres le 20 novembre, sans chargeur mais avec une munition. Sur le pistolet, la police retrouve une empreinte d’Abdelhamid Abaaoud. C’est à ce jour la seule arme des terroristes découverte.L’essentiel des munitions ont en réalité été tirées par les policiers d’élite. Dès le lendemain de l’assaut, la police judiciaire fait un premier décompte des munitions saisies. Ils recensent plus de 1 500 étuis percutés et 4 étuis percutés de grenade, provenant « vraisemblablement, selon les techniciens du laboratoire central de la préfecture de Paris, des tirs effectués par les effectifs de la police du RAID ».Compte-rendu très succinctAutant de précisions qui ne figurent pas dans le compte-rendu très succinct fait par le patron du RAID aux magistrats antiterroristes et dont Le Monde a pu prendre connaissance. A sa lecture, aucune réponse n’est apportée aux questions soulevées sur la stratégie d’opérer des « tirs de saturation » pour empêcher un éventuel kamikaze d’approcher.Aucune mention non plus des raisons pour lesquelles les explosifs disposés par le RAID sur la porte de l’appartement n’ont pas fonctionné. Aucune précision sur les échanges que des hommes du RAID ont eus avec Hasna Aït Boulahcen lorsqu’elle a demandé à deux reprises de pouvoir sortir.Rien sur le moment où l’un des terroristes a déclenché sa ceinture d’explosifs. Rien enfin sur le fait qu’un seul pistolet automatique ait pu à lui seul donner le sentiment aux équipes du RAID d’être visées par « un feu nourri ». Ni la direction du RAID ni la direction générale de la police nationale n’ont souhaité répondre à nos questions.Les précisions apportées par un témoignage ainsi que plusieurs éléments de téléphonie avaient laissé entendre que des personnes – dont Abdelhamid Abaoud – armées de kalachnikov et d’explosifs s’étaient réfugiées dans un appartement à Saint-Denis. Hasna Aït Boulahcen avait ainsi confié que « des voisins voulaient sympathiser mais (qu’) ils n’ont pas voulu car ils préparaient leurs bombes, ils ne voulaient pas être dérangés ». Elle-même aurait dit avoir « joué avec la kalach ».« C’est dans cet état d’esprit qu’arrive le RAID sur place », explique-t-on au ministère de l’intérieur pour justifier ce déluge de feu. « D’un point de vue opérationnel, l’intervention est une réussite » ajoute-t-on. Un projet d’attentat à la Défense a en effet été empêché.Stéphanie MarteauSimon PielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSoren SeelowJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.12.2015 à 11h21 • Mis à jour le23.12.2015 à 11h43 Quelques heures après la publication d’un communiqué conjoint de l’ONU et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) faisant savoir qu’un million de migrants étaient entrés en Europe cette année, dont 816 000 par la mer, un nouveau naufrage a eu lieu au large de l’îlot grec de Farmakonisi, mercredi 23 décembre.Au moins treize personnes, dont sept enfants, sont morts noyées après le chavirement de leur « petit bateau en polyester » venant des côtes occidentales turques, selon une responsable de la police. Le temps n’était pas « particulièrement mauvais, mais le bateau était surchargé, comme souvent », a souligné cette responsable. La veille, onze autres migrants, dont trois enfants, étaient morts noyés en mer Egée en faisant le même trajet.Selon l’OIM, près de 3 700 personnes, pour la plupart fuyant les conflits en Syrie et ailleurs, sont mortes ou portées disparues au large de l’Europe en 2015 : environ 700 en tentant de traverser la mer Egée pour rejoindre la Grèce et près de 3 000 en Méditerranée en direction de l’Italie.Lire aussi :Le nombre de migrants et de réfugiés a explosé au XXIe siècle 23.12.2015 à 09h36 • Mis à jour le23.12.2015 à 15h06 | Marie Charrel C’est une nouvelle plutôt bonne, au sein d’une conjoncture bien morose. Selon les chiffres publiés mercredi 23 décembre par l’Insee, le pouvoir d’achat des Français a en effet rebondi de 0,9 % au troisième trimestre, après avoir reculé de 0,3 % sur les trois précédents mois. Sur l’ensemble de 2015, il devrait ainsi progresser de 1,6 %, prévoit l’institut, après 1,1 % en 2014.Hausse du salaire moyenLa raison de ce petit rebond ? Le revenu disponible brut des ménages a lui aussi accéléré au troisième trimestre, de 0,7 %, après une hausse de 0,2 % sur le trimestre précédent. En d’autres termes : les salaires ont un peu augmenté. « La masse salariale reçue par les ménages a crû davantage qu’au trimestre précédent, de 0,4 % après 0,2 % », détaille l’Insee. Le salaire moyen par tête versé par les sociétés non financières a ainsi progressé de 0,3 %, après avoir stagné au deuxième trimestre.Ce n’est pas tout : les prestations sociales en espèces notamment touchées par les foyers les moins aisés ont également augmenté un peu (+ 0,3 % après + 0,2 % au deuxième trimestre), tandis qu’à l’inverse, les impôts sur le revenu et le patrimoine se sont repliés sur le trimestre (– 2 % après + 0,4 %).Recul de la consommation en novembreSur le troisième trimestre, les dépenses de consommation des ménages ont augmenté de 0,3 %, après avoir stagné au deuxième trimestre. En revanche, note l’Insee, la consommation a reculé de 1,1 % en novembre, après le léger recul de 0,2 % en octobre. Il s’agit de sa plus forte contraction depuis janvier 2014.Faut-il y voir l’effet des attentats du 13 novembre ? L’Insee n’y fait aucune référence. Ses économistes soulignent en revanche que cette chute des dépenses est en grande partie liée à la douceur des températures enregistrée ces dernières semaines.Celle-ci s’est en effet traduite par une baisse de la consommation de chauffage et donc, d’énergie (– 5,6 %). Mais aussi, par un net recul des dépenses d’habillement (– 4,7 %).Légère augmentation des marges des entreprisesAutre chiffre positif relevé par l’Insee, qui confirme également que l’économie française a crû de 0,3 % au troisième trimestre : le taux de marge des sociétés non financières. Celui-ci a progressé de 0,2 %, pour atteindre 31,2 %. Et cela, grâce au recul des prix de l’énergie, qui a plus que compensé la progression des salaires réels. « Les marges des entreprises ont retrouvé leur plus haut niveau depuis le premier trimestre 2011, c’est une bonne nouvelle, car il s’agit d’un élément essentiel à la reprise de l’investissement », conclut Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture au sein du groupe Xerfi.Lire aussi :La croissance n’aura pas droit à l’erreur en 2016Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.12.2015 à 18h02 « Une affaire très bizarre » impliquant un « homme très bizarre ». C’est en ces termes que le juge john Brevan a évoqué cette affaire avant de rendre son verdict. L’« extrémiste roux » qui voulait assassiner le prince Charles pour permettre au prince Harry, roux comme lui, de devenir roi, a été interné pour une durée indéfinie pour troubles psychiatriques par la justice britannique, mardi 22 décembre.Mark Colborne, un suprémaciste blanc de 37 ans, avait été reconnu coupable en septembre de préparation d’actes terroristes devant le tribunal de l’Old Bailey. Colborne avait été arrêté en juin 2014 après que son demi-frère eut découvert des produits chimiques et des documents suspects dans une maison de la famille à Southampton.Lire aussi :Colborne, le « suprémaciste roux », coupable de préparation d’actes terroristes« Mettre une balle dans la tête de Charles »Il s’est comparé à l’extrémiste de droite Anders Behring Breivik, qui avait tué 77 personnes en Norvège en 2011. « Je veux des représailles massives, un attentat terroriste de masse qui attirera l’attention sur notre souffrance, pas seulement la mienne, mais celle de mes frères à travers le monde. Je veux que le monde assiste à ma métamorphose, d’un représentant de cette pauvre communauté rousse qui se fait marcher dessus constamment, à un terroriste militaire », avait-il écrit dans son journal.L’enquête a montré que l’accusé avait cherché sur Internet le moyen de fabriquer des bombes artisanales. Il s’était aussi procuré des produits chimiques pour fabriquer du cyanure, des masques de protection, des seringues et des gants en latex.Dans son journal, l’accusé a également fait part de sa volonté de « mettre une balle dans la tête de Charles », le fils aîné de la reine Elizabeth II, premier dans l’ordre de succession au trône britannique.« Il est protégé mais pas trop. Je sacrifierais ma vie pour un tir. Tuer Charles et William pour que Harry devienne roi. Tuer les tyrans », y disait-il, omettant de réaliser que William avait, déjà à l’époque, un petit garçon précédant Harry dans l’ordre de succession.Depuis le 2 mai, William et son épouse Kate sont également les parents d’une petite fille, qui devance aussi Harry, relégué en cinquième position désormais.Lire aussi : Mark Colborne, le « terroriste roux », devant la justice britannique 15.12.2015 à 11h44 • Mis à jour le15.12.2015 à 12h47 | Jakub Iwaniuk (Varsovie, correspondance) Sans attendre sa présentation officielle, mardi 15 décembre à Bruxelles, le chef de la diplomatie polonaise, Witold Waszczykowski, s’est opposé au projet de la Commission européenne d’une agence de gardes frontières commune censée gérer les frontières extérieures de l’espace Schengen. Interrogé dimanche par la radio RMF, M. Waszczykowski a qualifié l’initiative de « non démocratique. »Lire aussi :Migrants : en quoi consiste le projet européen de création d’un corps de gardes-frontières ?« Cela signifie qu’une institution serait créée, qui déciderait de manière arbitraire de son action sans la participation des Etats membres, a déclaré M. Waszczykowski. C’est une des décisions contre lesquelles nous protesterons. Nous sommes contre la création d’institutions qui ne sont pas fondées sur une représentation européenne plus large. »Le corps de gardes-côtes européens, pourrait être déployé, à l’issue d’une décision du conseil des ministres mais sans l’assentiment du pays concerné. Ce dispositif concernerait en premier lieu la Grèce, débordée par les arrivées de migrants depuis le début de l’année.Lire aussi :Crise des migrants : « Les seules solutions sont européennes »« Structure non démocratique »Le projet a pour ambition de pallier les carences des Etats membres dans la gestion des flux migratoires. Mais c’est précisément son inspiration fédérale qui irrite Varsovie. « Le renforcement de Frontex, la création d’une garde aux frontières, serait utile et bénéfique. Mais la méthode proposée par la Commission, le fait que ce serait une espèce de structure indépendante des Etats membres, est assez étonnante », a ajouté le ministre, qui évoque « une structure non démocratique, subordonnée à on ne sait qui. »Même avant l’arrivée au pouvoir de la droite populiste, Varsovie ne cachait pas son scepticisme face à ce genre d’initiative, et la précédente majorité libérale gardait une position ambiguë sur la question.La préservation de l’espace Schengen, c’est-à-dire la libre circulation des citoyens européens d’un pays à l’autre du continent, n’en reste pas moins une priorité pour le gouvernement polonais. La proposition de la Commission est en revanche vivement soutenue par la France et l’Allemagne.Jakub Iwaniuk (Varsovie, correspondance)Journaliste au Monde 14.12.2015 à 15h49 • Mis à jour le14.12.2015 à 17h36 Deux Suédois accusés d’avoir eu un rôle de premier plan dans des meurtres commis en Syrie au printemps 2013 ont été condamnés lundi 14 décembre à la réclusion à perpétuité (de vingt à vingt-cinq ans de prison, en Suède).Hassan Al-Mandlawi, 32 ans, et Al-Amin Sultan, 30 ans, ont répondu devant le tribunal de Göteborg de leur participation présumée à l’exécution par égorgement et décapitation de deux personnes à Alep, la capitale économique de la Syrie.Des vidéos de ces crimes étaient stockées sur une clé USB saisie dans le cadre d’une autre affaire au domicile du plus jeune des accusés.Rôle de « commandement » dans ces exécutionsHassan Al-Mandlawi et Al-Amin Sultan, qui s’expriment en suédois sur ces images, laissent éclater leur joie après la décapitation des victimes, non identifiées, dont les têtes sont brandies par les bourreaux.Le tribunal a souligné le rôle manifeste de « commandement » dans ces exécutions des deux mis en cause, qui clamaient leur innocence malgré des éléments à charge accablants, selon le parquet. « Ils n’ont pas tenu l’arme blanche, mais ils ont joué un rôle essentiel », a déclaré la procureuse Agnetha Hildning Qvarnstrom, lors de l’audience.Il s’agit du premier verdict de culpabilité visant des Suédois pour des « faits de terrorisme » commis en Syrie. Un homme de 28 ans a été condamné à cinq ans de prison en février pour une agression « équivalant à de la torture », qui avait été filmée et postée sur des réseaux sociaux. 13.12.2015 à 13h23 • Mis à jour le13.12.2015 à 14h43 La Russie affirme, dimanche 13 décembre, qu’un destroyer russe avait évité de justesse une collision avec un bateau turc en mer Egée et a convoqué l’attaché militaire turc à Moscou à la suite de cet incident. « L’équipage du navire russe Smetlivy , qui se trouvait à 22 kilomètres de l’île grecque de Lemnos dans le nord de la mer Egée a évité une collision avec un bateau de pêche turc », annonce le ministère de la défense russe, affirmant que des armes légères avaient été utilisées par l’équipage pour avertir le bateau.Le 24 novembre, la destruction d’un bombardier russe Su-24, abattu par l’aviation turque près de la frontière syrienne, a provoqué une grave crise dans les relations entre Moscou et Ankara. Depuis, la Russie a annoncé des mesures de rétorsion à l’encontre de la Turquie qui visent principalement les secteurs du tourisme, de l’énergie, de la construction et de l’agriculture. Dans ce contexte de tensions, l’armée turque a interdit à son personnel de se rendre en Russie pour les vacances, rapporte l’agence Anatolie.Lire aussi :Contre l’EI, la Turquie estime que les frappes russes « n’aident pas » 13.12.2015 à 02h47 • Mis à jour le13.12.2015 à 10h57 Downing Street a démenti, dimanche 13 décembre, les informations de la presse britannique selon lesquelles le premier ministre David Cameron serait prêt à reculer sur une de ses principales revendications pour maintenir son pays dans l’UE et éviter un « Brexit ».Pas moins de trois quotidiens, le Sunday Times, The Telegraph et The Independent affirment, dimanche, que M. Cameron allait rétropédaler sur son projet de priver les citoyens européens d’allocations sociales pendant leurs quatre premières années de séjour au Royaume-Uni, afin de mieux maîtriser les flux d’immigration.Lire aussi :La délicate stratégie de poker menteur de David CameronLe locataire du 10 Downing Street réclamait, dans le cadre des nouvelles relations entre son pays et l’UE, que les personnes originaires de l’espace communautaire soient soumises à une période de carence de quatre années avant de pouvoir prétendre à une couverture sociale outre-Manche. Cette mesure était destinée à rendre la Grande-Bretagne moins attractive pour les migrants, en particulier ceux des pays d’Europe de l’Est moins fortunés, tentés par l’opportunité de s’y installer.La question est devenue un sujet essentiel dans le débat actuel au sein de l’opinion publique britannique sur la remise à plat des relations entre Londres et Bruxelles. Elle est aussi un point d’achoppement majeur dans le processus de renégociation. Citant des sources gouvernementales, The Telegraph et The Independent écrivent que M. Cameron aurait informé les dirigeants européens, jeudi, qu’il était prêt à renoncer à ces exigences si un accord était conclu en vue d’une réduction de l’immigration vers son pays.Incapacité à constituer des alliancesL’abandon de cette revendication, qui a largement fait la « une » des journaux britanniques, constituerait un recul pour le chef du gouvernement et ne manquerait pas de ranimer les critiques de la frange la plus eurosceptique du parti conservateur. Les travaillistes ont immédiatement réagi à cette information non confirmée en affirmant que M. Cameron avait été « défait » par son incapacité à constituer des alliances et par les réticences européennes.Lire aussi :David Cameron ou l’Europe à la roulette« Il a choisi de placer les prestations sociales au cœur de la négociation, mais réduire notre coopération avec l’Europe à cette simple question n’a jamais été une bonne idée en raison des emplois, de la croissance, de la sécurité et de l’influence que cela nous a apporté », a commenté Hilary Benn, porte-parole du Labour pour les questions internationales. Selon lui, David Cameron doit tout faire pour maintenir la Grande-Bretagne dans l’Europe.Lire aussi :Combien coûterait un « Brexit » ?Les deux journaux précisent, par ailleurs, que le premier ministre devrait informer ses partenaires lors du Conseil européen des 17 et 18 décembre à Bruxelles que sa demande concernant les prestations sociales demeurait d’actualité tant que des compensations n’avaient pas été trouvées sur la question plus large de l’immigration. « Le plus important est de résoudre les problèmes et non la forme que prennent les accords », affirme une source au 10 Downing Street, citée par The Telegraph.David Cameron, qui a effectué cette semaine une tournée dans plusieurs pays d’Europe de l’Est, a pu se rendre compte que sa requête sur cette question constituait un problème épineux pour les gouvernements de ces pays. Le premier ministre polonais, Beata Szydlo, a précisé qu’un accord n’avait pas pu être dégagé sur certains points après des entretiens avec homologue britannique à Varsovie, prenant en exemple la question des indemnités sociales.Les Polonais sont les principaux bénéficiaires des mesures de libre circulation européennes depuis l’accession de leur pays à l’espace communautaire en 2004. David Cameron a promis d’organiser d’ici 2017 un référendum sur le maintien de la Grande-Bretagne dans l’UE. 12.12.2015 à 17h04 • Mis à jour le12.12.2015 à 17h12 Quelque 50 000 manifestants, selon la mairie, ont marché samedi 12 décembre à Varsovie pour « défendre la démocratie », qu’ils pensent menacée par les conservateurs de Jaroslaw Kaczynski, au pouvoir depuis un mois. Le parti de Jaroslaw Kaczynski est accusé par l’opposition et par la plupart des constitutionnalistes de vouloir mettre la main sur le Tribunal constitutionnel, la plus haute instance juridique du pays.Lire aussi :Pologne : le PiS cherche à limiter les contre-pouvoirsM. Kaczynski n’occupe que le poste de président du parti Droit et Justice (PIS), mais tant le président Andrzej Duda que la première ministre, Beata Szydlo, reconnaissent volontiers qu’il est leur maître à penser.« La majorité, ça ne veut pas dire dictature »Tous les chefs des principaux partis d’opposition, de droite, du centre et de gauche ont participé au titre de « simples citoyens » à la manifestation organisée par le Comité de défense de la démocratie (KOD), un mouvement civique spontané. « La majorité, ça ne veut pas dire dictature », a lancé Mateusz Kijowski, qui est à l’origine du KOD.Avec « liberté, égalité, démocratie » pour mot d’ordre, brandissant des drapeaux polonais et de l’Union européenne, les protestataires ont clamé leur attachement à la Constitution et à l’indépendance du Tribunal constitutionnel.Estimant que le Tribunal est « politisé » et que ses membres, élus par le Parlement précédent, sont favorables à l’opposition centriste, le PIS et le chef de l’Etat tentent d’y introduire des juges favorables à leur politique, et ignorent les décisions de cette instance légale suprême.Lire aussi :Le mauvais tournant de la Pologne 12.12.2015 à 10h37 • Mis à jour le12.12.2015 à 10h38 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) Cette fois, c’est la guerre ! Les 2 300 pêcheurs des étangs de Sardaigne, aux alentours de la ville d’Oristano, sur la côte occidentale de l’île, et dont les revenus proviennent de la poutargue (ou boutargue), à savoir les œufs de mulet séchés, en ont ras les bottes… des cormorans. Entre 2008 et 2014, la population de ce volatile a augmenté de 86 %, passant de 8 000 à 15 000 individus, et sans doute davantage. Migrateur, l’oiseau a élu un domicile provisoire d’octobre à mars dans ces eaux poissonneuses et abritées. Il ne dédaigne pas les anguilles, les dorades, les palourdes, les crabes. Bref, tout ce qui barbote, nage et rampe pourvu que ce soit à la portée de son bec.Mais s’ils sont photogéniques, surtout quand ils traversent un coucher de soleil, les cormorans sont particulièrement voraces. Chacun d’eux se nourrit de 300 à 600 grammes de poisson par jour, selon l’appétit et la taille de la bestiole, sans compter ceux qu’ils blessent et ne consomment pas. Pour la pêche locale, la facture est lourde.« C’est un véritable vol »Selon les associations professionnelles – qui se fondent sur un prix au kilo du poisson à 5 euros –, elle se monte à 2,5 millions d’euros pour l’année 2014. Le chiffre de 2015, qui n’est pas encore connu, devrait porter cette somme aux alentours de 3 millions.« C’est un véritable vol, se plaint un pêcheur qui ne manque pas d’humour dans le Corriere della sera. On n’est pas un restaurant qui nourrit gratis des oiseaux du nord de l’Europe qui passent leurs vacances d’hiver en Sardaigne. » Dans ces conditions ne restait qu’une solution : présenter la facture et se débarrasser de ces pique-assiettes. Les associations écologistes dénoncent « une chasse inutile » et accusent les pêcheurs de ne pas savoir « gérer leurs ressources ».Des pêcheurs devenus chasseursMais il est déjà trop tard pour négocier. En novembre, la région Sardaigne a donné son accord pour commencer une campagne d’éradication : 5 % de la population des cormorans, soit entre 800 et 1 500 oiseaux, doit disparaître. Début décembre, les pêcheurs ont donc délaissé provisoirement leurs filets pour se muer en chasseurs à raison de deux tours par jour pour ne laisser aucun répit à l’ennemi et débarrasser les 54 étangs de la lagune côtière (14 000 hectares) de cette engeance à plumes. Pas question pour autant de perpétrer un massacre : les cormorans doivent être effrayés et capturés au filet.Mais l’adversaire ne s’en laisse pas conter. Le volatile est malin et ne s’étonne de rien. Un coup de canon ne le dérange pas et il arrive même que l’un d’eux se pose sur le fût. Mieux, selon le correspondant de la Stampa en Sardaigne, ils se divisent en deux groupes : l’un fait mine de fuir tandis qu’un autre rabat les poissons sur la rive plus tranquille pour s’en régaler. « Pour l’instant, se plaint un chasseur-pêcheur, ce sont eux qui sont en train de la gagner, cette guerre. » Et la facture continue d’augmenter…Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Le plan que la Commission de Bruxelles met sur la table, mardi 15 décembre, est une véritable bombe. La Commission a l’intention de proposer un règlement visant à créer une véritable agence européenne de gardes-côtes et de gardes-frontières, constituée de milliers de personnels mobilisables rapidement, et qui aurait la capacité de s’autosaisir en cas de menace jugée grave à une frontière de l’Union.Ce projet, s’il est approuvé par les Etats et le Parlement européens, marquerait, une avancée considérable vers une gestion commune des frontières de l’Union. Il suppose toutefois des abandons de souveraineté qui ne manqueront pas de faire débat.Quel est l’objectif assigné à ce corps de gardes-frontières/gardes-côtes ?L’enjeu est mieux surveiller les frontières extérieures de Schengen. Pour la Commission, il s’agit d’endiguer le flux de migrants, alors que plus de 1,5 million d’entre eux ont franchi « illégalement » les frontières extérieures de l’UE en 2015, et que plus d’un million sont déjà arrivés en Allemagne.Pour Bruxelles, l’enjeu est aussi de sauver le traité de Schengen, qui permet la libre circulation des personnes à l’intérieur de l’Union. Ces derniers mois, plusieurs Etats, à commencer par l’Allemagne, ont rétabli des contrôles à leurs frontières, afin de tenter d’endiguer les arrivées de migrants. D’autres, comme la Hongrie, ont hérissé de véritables barrières pour empêcher les réfugiés de rejoindre le vieux continent.Lire aussi :Crise migratoire : « La Turquie fait des choses, mais elle peut faire plus »Ce corps va-t-il être créé ex nihilo, ou s’appuiera-t-il sur des structures existantes ?Bruxelles compte rénover de fond en comble Frontex, l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des Etats membres, créée en 2004. Rebaptisée, elle verrait ses pouvoirs considérablement augmentés.Avec des personnels « permanents » qui passeraient de 400 à 1  000, et, grande nouveauté, un corps de réservistes de 1  500 agents (composé de gardes-côtes et de gardes-frontières nationaux). Une force qui devrait être mobilisable en deux ou trois jours en cas de besoin.Frontex ne dispose pas aujourd’hui de ce corps de « réservistes » : quand un pays a besoin de renfort pour garder sa frontière, les capitales sont sollicitées, mais elles agissent sur une base volontaire. Réunir les effectifs nécessaires prend des semainesAinsi, Frontex a demandé en octobre 743 agents supplémentaires pour aider la Grèce, mais, à date, n’en a réuni que 447. Avec la nouvelle agence des frontières, les Etats seraient obligés de mobiliser leurs effectifs quand ils seraient sollicités.Un pays est-il visé en particulier par ce projet ?En première ligne face au flux de migrants, la Grèce est particulièrement visée par la proposition choc élaborée par la « team Juncker ». Elle a, certes, demandé officiellement l’activation de la force de réaction Rabit, jeudi 3 décembre, mais seulement après que ses partenaires, excédés qu’elle ne surveille pas assez, de leur point de vue, ses îles de la mer Egée, en sont arrivés à la menacer d’une suspension, voire d’une exclusion (à peu près impossible à réaliser) de l’espace Schengen.Lire aussi :Sous pression, la Grèce demande davantage d’aide de l’Europe à ses frontièresCes gardes-côtes pourront-ils être déployés contre l’avis d’un pays ?Le projet prévoit que, quand la nouvelle agence jugera qu’une frontière extérieure de l’UE est particulièrement fragilisée, suite à une pression « disproportionnée », elle pourra intervenir sans attendre la sollicitation de l’Etat concerné.Aujourd’hui Frontex met à disposition des Etats membres une force de réaction rapide (baptisée Rabit) composée d’un vivier de gardes-frontières dépêchés par les capitales. Son déploiement ne peut toutefois intervenir qu’à la condition que le pays concerné en fasse expressément la demande.Si la Commission se défend de vouloir remettre frontalement en question la souveraineté des Etats pour ce qui est de la surveillance de leurs frontières, le nouveau mode d’intervention qu’elle préconise pousse très loin la gestion commune des frontières.Si l’agence constate une grave «  déficience » à une frontière extérieure, la Commission pourrait formuler une « recommandation  », visant à faire intervenir le corps de réservistes.Cette recommandation serait soumise à un groupe d’experts, constitué de représentants des Etats membres. Ils pourraient bloquer la proposition, mais à la «  majorité qualifiée inversée  », plus difficile à rassembler. Ce système, prévu par le traité de Lisbonne, oblige des Etats hostiles à une décision à rassembler 255 voix sur 345 pour la rendre inapplicable.Les réunions pourraient être convoquées très vite et se tenir par téléphone. La procédure, rapide mais opaque, relève de la « comitologie », un mode de décision bruxellois particulièrement décrié, notamment au Parlement européen : c’est la Commission qui propose des actes d’exécution, entérinés par un comité qu’elle préside et qui est composé de représentants des pays membres.Comment réagissent les Etats européens à cette proposition ?La France et l’Allemagne soutiennent la Commission. Dans un courrier commun soumis aux ministres de l’intérieur, vendredi 4 décembre, les deux pays recommandaient un renforcement très important de l’agence Frontex. « Dans des circonstances exceptionnelles, Frontex devrait également pouvoir prendre l’initiative de déployer, sous sa propre responsabilité, des équipes d’intervention rapide aux frontières », indiquait ce courrier.Le plan devrait susciter un intense débat. Cela fait des années qu’une mutualisation de la surveillance des frontières de l’Union est évoquée, mais, jusqu’à présent, elle avait toujours été repoussée, les pays rechignant à abandonner une part de leur souveraineté. Les pays gouvernés par des majorités très nationalistes (Pologne, Hongrie) seraient déjà critiques, comme leurs partenaires tchèques et slovaques. L’Espagne et Chypre confient également leur scepticisme.« Cette proposition de la commission va trop loin notamment la partie sur la comitologie », juge cependant un diplomate de haut rang: « décider d’une invasion en comitologie? C’est une plaisanterie ».Lire aussi :La Pologne dit non aux gardes-frontières européens« Les petits pays risquent de se faire la même réflexion qu’à propos des mécanismes renforcés de surveillance budgétaire : ils estiment que ce sont surtout eux qui “dégustent”, les grands Etats bénéficiant, de leur point de vue, de bien plus de clémence », ajoute un diplomate.Pour que la proposition de règlement de la Commission soit validée, elle devra être adoptée par le Conseil (les Etats), à la majorité qualifiée, et aussi par le Parlement. Cela prendra, au moins, des mois…Lire aussi :Crise des migrants : « Les seules solutions sont européennes »Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.12.2015 à 16h36 • Mis à jour le13.12.2015 à 18h14 « Facebook dislike » : ces mots ont été tagués en rouge sur les murs du siège allemand de Facebook, à Hambourg, samedi 12 décembre. Vers 21 heures, un groupe de quinze à vingt personnes masquées et habillées en noir a lancé sur le bâtiment des récipients remplis de peinture, ainsi que des pierres et des fumigènes, endommageant des murs, des vitres ainsi que la porte d’entrée, a annoncé la police dimanche. Ces personnes ont ensuite pris la fuite.Un texte anonyme publié sur le site Indymedia revendique cette action. « Nous avons “hacké” le “portail” de Facebook en Allemagne », peut-on lire dans ce long message en allemand, qui accuse le réseau social de ne pas respecter la vie privée, de ne pas supprimer les messages racistes et de participer au programme de surveillance de la NSA.Facebook critiqué en AllemagneCes derniers mois, Facebook a été particulièrement critiqué en Allemagne pour les nombreux commentaires hostiles aux réfugiés publiés sur le réseau social.Heiko Maas, le ministre de la justice de l’Allemagne, avait écrit à Facebook à la fin d’août pour réclamer une meilleure application de sa charte communautaire, censée garantir la suppression des messages racistes, et lui avait enjoint de ne pas « devenir une scène pour l’extrême droite ».Lire aussi :Incitation à la haine, nudité : Facebook clarifie sa politique de censure des contenus 13.12.2015 à 08h00 • Mis à jour le13.12.2015 à 10h55 Vingt-trois personnes sont mortes dans la nuit du samedi 12 au dimanche 13 décembre dans l’incendie d’un hôpital neuro-psychiatrique dans le village d’Alferovka dans la région de Voronej, dans le sud-ouest de la Russie.Soixante-dix patients et quatre infirmiers se trouvaient dans le bâtiment quand le sinistre s’est déclaré. La plupart des victimes étaient des sexagénaires et des septuagénaires, selon une liste rendue publique par le ministère, mais certains des morts sont âgés d’une quarantaine et d’une cinquantaine d’années.Plusieurs patients refusaient de quitter le bâtiment en flammes, car ils avaient pris des sédatifs et des somnifères avant de se coucher et ne se rendaient pas compte du danger, a rapporté la chaîne de télévision russe NTV qui a diffusé des images de l’hôpital envahi par le feu et une fumée épaisse.Le bâtiment en bois de l’hôpital a été détruit par le feu. Les origines de l’incendie n’étaient pas connues dans l’immédiat, mais selon des médias russes, le feu aurait été provoqué par un court-circuit dû aux installations électriques vétustes. Le comité d’investigation, qui soumet ses conclusions directement au président Vladimir Poutine, a annoncé avoir ouvert une enquête pour négligence.Série d’incendiesTous les ans, de nombreuses personnes périssent dans des incendies en Russie, qui souffre d’infrastructures en piteux état datant de l’ère soviétique et de mesures de sécurité laxistes. Les institutions médicales sont particulièrement vulnérables.En avril 2014, huit personnes ont trouvé la mort dans un incendie qui a ravagé un centre de désintoxication pour drogués dans l’Altaï, en Sibérie. En septembre 2013, 37 patients avaient péri dans l’incendie d’un hôpital psychiatrique dans le nord-ouest de la Russie. En avril de la même année, 38 personnes – en majorité des handicapés mentaux – avaient péri dans l’incendie d’un hôpital de la région de Moscou. 12.12.2015 à 17h44 • Mis à jour le14.12.2015 à 14h49 Banksy, le street-artiste le plus célèbre du monde, a réalisé quatre œuvres consacrées aux migrants à Calais – toutes reprises sur son site.La première, réalisée à l’entrée de la « jungle » où se trouvent près de 4 500 migrants, représente Steve Jobs avec un baluchon et un ordinateur – un ancien modèle d’Apple. Comme l’a rappelé une des porte-parole de Bansky au New York Times, Apple « est la société qui dégage le plus de bénéfices et qui paye plus de sept milliards de dollars d’impôts, mais c’est le cas seulement parce qu’un homme venu de Homs a pu venir ici. » Le père biologique du créateur d’Apple était un Syrien parti vivre aux Etats-Unis. Message transmis à Donald Trump, et à ceux qui partagent son envie de fermeture des frontières.La deuxième, dessinée sur un mur d’un immeuble, est une reprise du Radeau de « La Méduse », de Géricault (1791-1824). La Méduse avait aussi sa cargaison d’émigrés, sauf que comme il s’agissait de soldats envoyés reprendre possession du Sénégal, on appelle ça des colons. Dans la version Banksy, le vaisseau qui doit apporter l’espoir aux naufragés dans l’œuvre originale est remplacé par un de ces ferry-boats qui assurent la liaison Calais-Douvre, et qui passe au large, indifférent. On retrouve l’efficacité visuelle qui a fait la célébrité du street-artiste, lequel est toujours anonyme.La troisième, visible sur la plage de Calais, montre un enfant – une fillette, les cheveux et la jupe battus par le vent du large, sa valise posée à ses pieds, regarde au loin dans une longue-vue (vers l’Angleterre ?), sans voir le vautour qui s’y est posé. La quatrième est une inscription énigmatique, peinte sous un pont : « Peut-être que tout ceci se résoudra tout seul… » A la fin de septembre, des éléments de Dismaland, le parc d’attractions subversif de l’artiste avaient été démontés et envoyés aux migrants de Calais pour leur servir à construire des abris.Lire aussi :Dismaland, le paradis perdu de Banksy 12.12.2015 à 15h14 • Mis à jour le12.12.2015 à 23h11 La justice suisse a confirmé, samedi 12 décembre, l’arrestation de deux personnes possédant des passeports syriens dans le cadre d’une enquête pour « menace terroriste ». Les deux hommes ont été mis en détention provisoire et « ont indiqué être arrivés » tout récemment en Suisse, a fait savoir le procureur de Genève, Olivier Jornot, lors d’une conférence de presse.« Le seul élément que nous avons est que leur véhicule a servi à transporter à un moment donné des explosifs », a-t-il ajouté, ne précisant pas si les deux hommes les ont transportés eux-mêmes. Un précédent communiqué des bureaux du procureur fédéral indiquait qu’ils étaient soupçonnés « de fabriquer, dissimuler et transporter des explosifs ou des gaz toxiques », et d’avoir violé la loi suisse interdisant les groupes « Al-Qaida », « Etat islamique » et les organisations apparentées.Pas de lien a priori avec les quatre hommes recherchésLe procureur a ajouté que les deux Syriens n’avaient a priori rien à voir avec les 4 hommes recherchés « activement » par la police de Genève depuis mercredi. Après avoir sous-entendu dans leur premier communiqué un lien direct avec les attentats de Paris, les autorités suisses avaient fait machine arrière. La surveillance a été renforcée dans la ville, notamment près des sites sensibles comme l’aéroport et la gare.Une autre perquisition, sans lien avec l’arrestation des deux Syriens, a mené à l’interpellation d’un militant d’extrême droite et à une importante saisie : « un impressionnant arsenal, composé de kalachnikovs, de fusils américains M16, une hache, deux pistolets Glock, une trentaine de fusils plus anciens, ainsi qu’un drapeau du IIIe Reich ».Lire aussi :A Genève en état d’alerte, « nous ne sommes pas dans le cas de figure de Bruxelles » Philippe Ridet (Rome, correspondant) Cette fois, c’est la guerre ! Les 2 300 pêcheurs des étangs de Sardaigne, aux alentours de la ville d’Oristano, sur la côte occidentale de l’île, et dont les revenus proviennent de la poutargue (ou boutargue), à savoir les œufs de mulet séchés, en ont ras les bottes… des cormorans. Entre 2008 et 2014, la population de ce volatile a augmenté de 86 %, passant de 8 000 à 15 000 individus, et sans doute davantage. Migrateur, l’oiseau a élu un domicile provisoire d’octobre à mars dans ces eaux poissonneuses et abritées. Il ne dédaigne pas les anguilles, les dorades, les palourdes, les crabes. Bref, tout ce qui barbote, nage et rampe pourvu que ce soit à la portée de son bec.Mais s’ils sont photogéniques, surtout quand ils traversent un coucher de soleil, les cormorans sont particulièrement voraces. Chacun d’eux se nourrit de 300 à 600 grammes de poisson par jour, selon l’appétit et la taille de la bestiole, sans compter ceux qu’ils blessent et ne consomment pas. Pour la pêche locale, la facture est lourde.« C’est un véritable vol »Selon les associations professionnelles – qui se fondent sur un prix au kilo du poisson à 5 euros –, elle se monte à 2,5 millions d’euros pour l’année 2014. Le chiffre de 2015, qui n’est pas encore connu, devrait porter cette somme aux alentours de 3 millions.« C’est un véritable vol, se plaint un pêcheur qui ne manque pas d’humour dans le Corriere della sera. On n’est pas un restaurant qui nourrit gratis des oiseaux du nord de l’Europe qui passent leurs vacances d’hiver en Sardaigne. » Dans ces conditions ne restait qu’une solution : présenter la facture et se débarrasser de ces pique-assiettes. Les associations écologistes dénoncent « une chasse inutile » et accusent les pêcheurs de ne pas savoir « gérer leurs ressources ».Des pêcheurs devenus chasseursMais il est déjà trop tard pour négocier. En novembre, la région Sardaigne a donné son accord pour commencer une campagne d’éradication : 5 % de la population des cormorans, soit entre 800 et 1 500 oiseaux, doit disparaître. Début décembre, les pêcheurs ont donc délaissé provisoirement leurs filets pour se muer en chasseurs à raison de deux tours par jour pour ne laisser aucun répit à l’ennemi et débarrasser les 54 étangs de la lagune côtière (14 000 hectares) de cette engeance à plumes. Pas question pour autant de perpétrer un massacre : les cormorans doivent être effrayés et capturés au filet.Mais l’adversaire ne s’en laisse pas conter. Le volatile est malin et ne s’étonne de rien. Un coup de canon ne le dérange pas et il arrive même que l’un d’eux se pose sur le fût. Mieux, selon le correspondant de la Stampa en Sardaigne, ils se divisent en deux groupes : l’un fait mine de fuir tandis qu’un autre rabat les poissons sur la rive plus tranquille pour s’en régaler. « Pour l’instant, se plaint un chasseur-pêcheur, ce sont eux qui sont en train de la gagner, cette guerre. » Et la facture continue d’augmenter…Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) C’est un haut lieu de la vie sportive grecque. Un stade avec vue sur la mer, situé au sud d’Athènes, où se déroulent les compétitions de sports de combat et que l’on surnomme « le Taekwondo ». Depuis plusieurs semaines déjà, des dizaines de migrants de toutes nationalités y sont logés dans l’urgence. C’est là qu’ont été transférés mercredi soir les 2 300 migrants dits « économiques » refoulés par la Macédoine et qui s’étaient massés à la frontière grecque dans le petit village d’Idomeni.A peine arrivés, des centaines d’entre eux se sont volatilisés dans les rues d’Athènes. « Moi je pars habiter chez d’autres Marocains qui ont un appart dans le centre près d’Omonia », explique Mohammed, un jeune homme de 23 ans originaire de Casablanca alors qu’il se hâte de trouver avec trois autres compagnons un taxi. « Vingt euros la course », indique le chauffeur. Soit le double du prix normal. « Ils veulent soit aller au port soit aller à Omonia et pour tout c’est 20 euros », précise le chauffeur. « Certains nous demandent aussi de les reconduire directement à la frontière au nord mais ça, c’est 10 heures de route et on n’a pas le droit. Des collègues le font pour 2 000 ou 3 000 euros mais moi je veux pas prendre le risque ». Conditions d’accueil déplorablesImpossible pour les autorités grecques de savoir exactement combien de personnes sont restées. « A vue d’œil ils sont plus de 600 mais nous n’avons pas de compte exact », précise un volontaire qui distribue des bouteilles d’eau. Les conditions d’accueil sont déplorables. Pas de lits, de simples couvertures jetées à même le sol et quelques tentes. Dans la grande salle du bas se sont installés les Marocains. Les travées supérieures abritent, regroupés par nationalités, des Iraniens, des Pakistanais et pas mal de Somaliens.Parmi eux, Aïcha et Abbas, rencontrés à Idomeni. « Au moins c’est chauffé ici, mais pour le reste c’est pire que le camp là-haut. Il n’y a qu’une douche pour tout le monde et les femmes ne peuvent pas y aller. Il n’y a pas beaucoup de toilettes et ils sont souvent cassés. Pas de docteurs, pas de wi-fi pour parler au pays. Pas de prises pour recharger les portables. On a par contre de la nourriture chaude deux fois par jour. »Le peu de couvertures, de médicaments, de vêtements chauds, de bouteilles d’eau disponibles sont acheminés par des groupes de bénévoles. L’appel à la solidarité remplit les réseaux sociaux grecs de listes des biens nécessaires au Taekwondo.« Tu sais où on peut trouver le UN [Haut Commissariat aux Réfugiés] ? », demande Abbas. « Je ne crois plus qu’on va réussir à passer alors peut-être qu’on doit demander l’asile ici… C’est possible de trouver du travail en Grèce avec un diplôme d’ingénieur en informatique ? » Comment résumer alors la crise grecque ? Les 25 % de chômage ? le parti néonazi Aube Dorée en embuscade ? L’absence d’infrastructure d’accueil pour les demandeurs d’asile ?Terre de passageLa Grèce n’a jamais été dans la tête de tous ces migrants qu’une terre de passage. La majorité d’entre eux veut d’ailleurs tenter de repartir en empruntant d’autres voies. Mais pour tous ceux, épuisés, sans argent, qui se retrouvent bloqués à Athènes, la situation s’annonce ingérable. Le gouvernement grec a bien promis depuis octobre la mise sur pied d’environ 20 000 places d’accueil réparties entre Athènes et Thessalonique. Soit en subventionnant la location d’appartements soit en créant des camps d’accueil mais rien n’est encore prêt. Ces places devaient d’abord s’adresser à tous ceux qui, depuis les îles où ils débarquent, acceptaient de déposer une demande d’asile en Grèce en espérant bénéficier d’une des 70 000 places du programme de relocalisation prévu par l’Europe.« Le problème ingérable qui se pose désormais c’est non seulement comment gérer le flux qui arrive, celui qui va demander l’asile ici et qu’il faudra bien loger et nourrir mais aussi maintenant celui des refoulés par les pays du Nord », s’inquiète une source ministérielle visiblement affolée.Le maire d’Athènes, Georges Kaminis, a prévenu « qu’il ne laisserait pas se répéter la situation de 2012 et 2013, quand les rues d’Athènes étaient débordées de migrants sans aucune ressource, avec tous les problèmes que cela peut entraîner pour le fonctionnement de la ville ». En l’état pourtant, il n’existe aucun plan ni aucune infrastructure capable de contenir le phénomène.Tous ces migrants « économiques » ont légalement un mois pour quitter le territoire. Après cette échéance, ils sont susceptibles, au moindre contrôle, d’être arrêtés et déportés. Mais là encore cela demande des moyens en personnel policier et en places de rétention – le temps de vérifier l’identité et la nationalité des migrants – qui n’existent plus en Grèce depuis que les camps de rétention ont été transformés, pour faire face au flux de nouveaux arrivants, en camps de premier accueil. « Nous sommes tous simplement débordés et sans aide massive nous courons à la catastrophe », reconnaît une source policière.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le plan que Bruxelles s’apprête à mettre sur la table, mardi 15 décembre, est une véritable bombe, qui marquerait une énorme avancée vers une gestion commune des frontières de l’Union européenne (UE), s’il était adopté par les Etats membres et le Parlement européen.Il signifierait aussi des abandons de souveraineté qui ne manqueront pas de faire débat. La Commission européenne a en effet l’intention de proposer un règlement visant à créer une véritable agence de gardes côtes et de gardes frontières européenne, constituée de milliers de personnels mobilisables rapidement, et qui, selon nos informations, aurait la capacité de s’autosaisir en cas de menace jugée grave à une frontière de l’Union.Quel est l’objectif de la Commission ?Il s’agit d’endiguer le flux de migrants provenant pour l’instant essentiellement de Turquie, alors que plus d’un million et demi d’entre eux ont franchi « illégalement », selon la commission, les frontières extérieures de l’Union, et que plus d’un million sont déjà parvenus jusqu’en Allemagne depuis le début de cette année. Pour Bruxelles, l’enjeu est aussi de sauver le traité de Schengen, signé en 1985, instituant la libre-circulation des personnes à l’intérieur de l’Union, depuis menacé en raison de la porosité des frontières extérieures européennes.Le plan de la CommissionCréée en 2004, Frontex, l’« agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des Etats membres », serait rebaptisée et verrait ses pouvoirs considérablement augmentés. Avec des personnels qui vont passer de 400 à 1000, et un corps de réservistes de 1500 agents (composé de gardes-côtes et gardes frontières nationaux ), cette force sera mobilisable en deux ou trois jours en cas de besoin.Aujourd’hui il n’y a pas de corps de »réservistes » et quand Frontex a besoin de personnel supplémentaire, il sollicite les pays membres et cela prend des semaines. Avec la nouvelle « Agence », les Etats devront mobiliser leurs effectifs quand ils seront sollicités, ils n’auront pas le choix.Enfin, pour l’instant, Frontex est responsable de la coordination des activités des gardes-frontières aux frontières de l’Union. Elle met déjà à disposition des Etats membres une force de réaction rapide (« RABIT ») composée d’un vivier de gardes frontières dépêchés par les capitales. Mais leur déploiement ne peut intervenir qu’en cas de crise grave et surtout, à la condition que l’Etat membre concerné en fasse la demande expresse.La Grèce, tout particulièrement viséeLa Grèce a demandé officiellement l’activation de cette force de réaction RABIT, jeudi 3 décembre, mais après que ses partenaires européens, excédés qu’elle ne surveille pas assez de leur point de vue ses îles de la Mer Egée, en sont arrivés à la menacer d’une exclusion de l’espace de libre-circulation Schengen. La Commission veut que l’Europe se dote d’un outil qui précisément, permettre d’éviter ces cas de figure, où un Etat tarde trop à solliciter l’aide de ses partenaires, ce qui reporte de plusieurs semaines une intervention.Si la Commission se défend de vouloir remettre frontalement en question la souveraineté des Etats membres en matière de surveillance de leur frontière, le nouveau mode d’intervention qu’elle propose pousse très loin la gestion commune des frontières.Le corp européen de gardes-côtes pourrait ainsi être déployé sans l’assentiment du pays concerné, suite à une enquête sur le terrain de l’agence et une recommandation de la commission européenne. Cette recommandation serait alors soumise à un groupe d’experts, constitués de représentants des Etats membres. Qui pourront bloquer la proposition, mais a la majorité qualifiée inversée, plus difficile à rassembler. Les réunions pourront être convoquées très rapidement, et se tenir au téléphone. Cette procédure ultra rapide et pour le moins opaque relève de la « comitologie », un mode de décision bruxellois particulièrement décrié, notamment au Parlement européen.Paris et Berlin soutiennent la CommissionDans un courrier commun soumis aux ministres de l’intérieur des vingt-huit Etats membres réunis à Bruxelles en conseil affaires intérieures et justice, vendredi 4 décembre, la France et l’Allemagne recommandent un renforcement très conséquent de l’agence Frontex. Y compris une capacité de s’autosaisir : « Dans des circonstances exceptionnelles, Frontex devrait également pouvoir prendre l’initiative de déployer sous sa propre responsabilité des équipes d’intervention rapide aux frontières », dit ainsi la lettre commune. Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve défend un renforcement des gardes frontières européens depuis le mois d’octobre dernier.Comment ce plan sera t-il accueilli par les autres Etats membres ?Il devrait susciter un intense débat. Cela fait des années qu’une mutualisation des frontières de l’Union est régulièrement évoquée, mais jusqu’à présent, elle avait toujours été repoussée, notamment par les pays gouvernés par des majorités très nationalistes (Pologne, Hongrie), ou en Italie et en Grèce, régulièrement montrés du doigt pour les déficiences de leurs contrôles aux frontières. « Les pays de Visegrad sont très attachés à Schengen, mais déjà, ils ont fait savoir leurs réticences » croit savoir un diplomate européen.Selon les derniers chiffres Frontex, communiqués par Bruxelles jeudi 10 décembre, sur 492 000 migrants parvenus sur les côtes grecques entre juillet et novembre 2015, seuls un peu plus de 120 000 avaient été dûment enregistrés. « Les petits pays risquent de se faire la même réflexion qu’avec les mécanismes renforcés de surveillance budgétaire : ils estiment que ce sont surtout eux qui dégustent, les grands pays bénéficiant, de leur point de vue, de bien plus de clémence de la part de Bruxelles », relève un diplomate.Pour que la proposition de règlement de la Commission soit validée, il doit être adopté par le Conseil européen (les Etats membres), à la majorité qualifiée, et aussi par le Parlement européen. Cela prendra au bas mot des mois.Les autres annonces de Bruxelles : une recommandation pour réinstaller des réfugiés syriens depuis la Turquie vers l’EuropeLa Commission pourrait aussi faire une « recommandation », aux 28 Etats membres de l’Union, d’accepter des réfugiés syriens, identifiés comme tels par les Nations unies, directement « réinstallés » depuis la Turquie chez eux. Aucun quota ne sera proposé et, comme son nom l’indique, cette recommandation n’aura aucun caractère obligatoire. Surtout, les réinstallations seraient conditionnées à une réduction « constatée et significative », selon nos sources, du flux de migrants arrivant de Turquie en Europe.Selon nos informations, le gouvernement Erdogan, qui a signé un accord avec l’UE, s’engageant à réduire le flux de migrants quittant la Turquie pour l’Union, réclamait au début au moins 100 000 « réinstallations ». Etant donné la sensibilité du sujet, la Commission n’évoque plus un seul nombre.Enfin, la commission propose de mettre en place un office européen de retour, chargé de renvoyer dans leurs pays d’origine ou des pays tiers les migrants déboutés du droit d’asile.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.12.2015 à 12h01 • Mis à jour le11.12.2015 à 12h29 | Les Décodeurs Les Néo-Zélandais voteront en mars pour garder leur drapeau actuel, où figure l’Union Jack britannique, ou le changer au profit d’un autre. Ils votaient une première fois en cette fin d’année pour choisir le principal « concurrent » au drapeau actuel : ils ont désigné une alternative avec la fameuse fougère des All Blacks, en blanc sur fond noir et bleu.L’Union Jack figure encore sur plusieurs pays autrefois colonisés par le Royaume-Uni mais désormais devenus indépendants. Saurez-vous les reconnaître ?var input = [{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Australie","b":"Royaume-Uni","c":"Nouvelle-Zélande","d":"Irlande du Nord","bonnereponse":"Royaume-Uni","incorrect":"0049006c00200073002700610067006900740020006400650020006c00270055006e0069006f006e0020004a00610063006b002c0020006400720061007000650061007500200064007500200052006f007900610075006d0065002d0055006e0069002e","correct":"00440027006100630063006f00720064002c00200063002700e9007400610069007400200066006100630069006c0065002e00200043002700e900740061006900740020006200690065006e0020006c006500200052006f007900610075006d0065002d0055006e00690020006100760065006300200073006f006e00200055006e0069006f006e0020004a00610063006b","indice":"God Save The Queen.","rowNumber":1},{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Fidji","b":"Nouvelle-Zélande","c":"Iles Cook","d":"Australie","bonnereponse":"Australie","incorrect":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650020006c0027004100750073007400720061006c00690065002000640065007000750069007300200031003900300039002e","correct":"0049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e002000640075002000640072006100700065006100750020006400650020006c0027004100750073007400720061006c00690065002000640065007000750069007300200031003900300039002e","indice":"Capitale : Canberra.","rowNumber":2},{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Iles Cook","b":"Tuvalu","c":"Nouvelle-Zélande","d":"Fidji","bonnereponse":"Nouvelle-Zélande","incorrect":"0049006c002000730027006100670069007400200064007500200064007200610070006500610075002000610063007400750065006c0020006400650020006c00610020004e006f007500760065006c006c0065002d005a00e9006c0061006e00640065002c002000640065007000750069007300200031003800360039002e","correct":"0049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e00200064007500200064007200610070006500610075002000610063007400750065006c0020006400650020006c00610020004e006f007500760065006c006c0065002d005a00e9006c0061006e00640065002c002000640065007000750069007300200031003800360039002e","indice":"Capitale : Wellington.","rowNumber":3},{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Fidji","b":"Iles Cook","c":"Tuvalu","d":"Micronésie","bonnereponse":"Fidji","incorrect":"0049006c00200073002700610067006900740020006400750020006400720061007000650061007500200064006500730020004600690064006a0069002c002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002c002000640065007000750069007300200031003900370030002e","correct":"0049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e0020006400750020006400720061007000650061007500200064006500730020004600690064006a0069002c002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002c002000640065007000750069007300200031003900370030002e","indice":"Ce pays se distingue en rugby.","rowNumber":4},{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Tuvalu","b":"Micronésie","c":"Iles Cook","d":"Palaos","bonnereponse":"Iles Cook","incorrect":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c0065007300200043006f006f006b002c002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002c002000640065007000750069007300200031003900370039002e0020004100750074006f006e006f006d006500730020006400650020006c00610020004e006f007500760065006c006c0065002d005a00e9006c0061006e006400650073002c00200065006c006c0065007300200073006f006e00740020007200650063006f006e006e00750065007300200063006f006d006d0065002000450074006100740020006e006f006e002d006d0065006d0062007200650020006400650020006c0027004f004e0055002000640065007000750069007300200031003900390034002e","correct":"0049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c0065007300200043006f006f006b002c002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002c002000640065007000750069007300200031003900370039002e0020004100750074006f006e006f006d006500730020006400650020006c00610020004e006f007500760065006c006c0065002d005a00e9006c0061006e006400650073002c00200065006c006c0065007300200073006f006e00740020007200650063006f006e006e00750065007300200063006f006d006d0065002000450074006100740020006e006f006e002d006d0065006d0062007200650020006400650020006c0027004f004e0055002000640065007000750069007300200031003900390034002e","indice":"Du nom d'un célèbre navigateur.","rowNumber":5},{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Micronésie","b":"Niue","c":"Palaos","d":"Tuvalu","bonnereponse":"Tuvalu","incorrect":"0049006c00200073002700610067006900740020006400750020006400720061007000650061007500200064006500200054007500760061006c0075002c00200061007200630068006900700065006c00200070006f006c0079006e00e9007300690065006e002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002c00200069006e006400e900700065006e00640061006e0074002000640065007000750069007300200031003900370038002e","correct":"0049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e0020006400750020006400720061007000650061007500200064006500200054007500760061006c0075002c00200061007200630068006900700065006c00200070006f006c0079006e00e9007300690065006e002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002c00200069006e006400e900700065006e00640061006e0074002000640065007000750069007300200031003900370038002e","indice":"L'as-tu vu, cet archipel ?","rowNumber":6},{"description":"","question":"Quel est ce pays ?","a":"Niue","b":"Micronésie","c":"Palaos","d":"Saint-Christophe-et-Niévès","bonnereponse":"Niue","incorrect":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650020004e006900750065002c002000ee006c0065002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002000610064006d0069006e006900730074007200e9006500200070006100720020006c00610020004e006f007500760065006c006c0065002d005a00e9006c0061006e006400650020006d006100690073002000710075006900200061002000730061002000700072006f00700072006500200070006f006c006900740069007100750065002000e9007400720061006e006700e80072006500200065007400200065007300740020007200650063006f006e006e0075006500200063006f006d006d0065002000450074006100740020006e006f006e002d006d0065006d00620072006500200070006100720020006c0027004f004e0055002e","correct":"0042007200610076006f002c00200072006500730070006500630074002e00200049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e002000640075002000640072006100700065006100750020006400650020004e006900750065002c002000ee006c0065002000640061006e00730020006c0027006f006300e90061006e0020005000610063006900660069007100750065002000610064006d0069006e006900730074007200e9006500200070006100720020006c00610020004e006f007500760065006c006c0065002d005a00e9006c0061006e006400650020006d006100690073002000710075006900200061002000730061002000700072006f00700072006500200070006f006c006900740069007100750065002000e9007400720061006e006700e80072006500200065007400200065007300740020007200650063006f006e006e0075006500200063006f006d006d0065002000450074006100740020006e006f006e002d006d0065006d00620072006500200070006100720020006c0027004f004e0055002e","indice":"Un Etat non-membre de l'ONU.","rowNumber":7},{"description":"","question":"Bon, on va un peu plus corser les choses, avec un territoire d'outre-mer du Royaume-Uni. Lequel ?","a":"Iles Malouines","b":"Iles Vierges britanniques","c":"Iles Caïmans","d":"Ile de Sainte-Hélène","bonnereponse":"Iles Vierges britanniques","incorrect":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c0065007300200056006900650072006700650073002000620072006900740061006e006e00690071007500650073002c00200061007200630068006900700065006c002000640065007300200041006e00740069006c006c00650073002e","correct":"0049006c00200073002700610067006900740020006200690065006e002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c0065007300200056006900650072006700650073002000620072006900740061006e006e00690071007500650073002c00200061007200630068006900700065006c002000640065007300200041006e00740069006c006c00650073002e","indice":"Archipel antillais.","rowNumber":8},{"description":"","question":"Et celui-ci ?","a":"Iles Caïmans","b":"Iles Malouines","c":"Ile de Saint-Hélène","d":"Archipel des Bermudes","bonnereponse":"Iles Malouines","incorrect":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c006500730020004d0061006c006f00750069006e00650073002c0020007400650072007200690074006f006900720065002000640027006f0075007400720065002d006d0065007200200064007500200052006f007900610075006d0065002d0055006e006900200072006500760065006e006400690071007500e900200070006100720020006c00270041007200670065006e00740069006e0065002c00200071007500690020006100200063006f006e00640075006900740020006c006500730020006400650075007800200070006100790073002000e000200075006e00200063006f006e0066006c0069007400200065006e00200031003900380032002e","correct":"0045006e002000650066006600650074002c00200069006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c006500730020004d0061006c006f00750069006e00650073002c0020007400650072007200690074006f006900720065002000640027006f0075007400720065002d006d0065007200200064007500200052006f007900610075006d0065002d0055006e006900200072006500760065006e006400690071007500e900200070006100720020006c00270041007200670065006e00740069006e0065002c00200071007500690020006100200063006f006e00640075006900740020006c006500730020006400650075007800200070006100790073002000e000200075006e00200063006f006e0066006c0069007400200065006e00200031003900380032002e","indice":"Lieu d'affrontement entre Etats.","rowNumber":9},{"description":"","question":"Et celui-là (promis, c'est le dernier) ?","a":"Ile de Saint-Hélène","b":"Archipel des Bermudes","c":"Iles Caïmans","d":"Ile de l'Ascension","bonnereponse":"Iles Caïmans","incorrect":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c0065007300200043006100ef006d0061006e0073002c0020007300690074007500e900650073002000640061006e00730020006c00610020006d0065007200200064006500730020004300610072006100ef006200650073002c002000610075002000730075006400200064006500200043007500620061002e00200049006c0020006e00270079002000650078006900730074006500200061007500630075006e00200069006d007000f40074002000640069007200650063007400200073007500720020006c0065007300200073006f0063006900e9007400e900730020006500740020006c0065007300200070006500720073006f006e006e00650073002c00200065006e002000660061006900730061006e007400200075006e002000640065007300200070006100720061006400690073002000660069007300630061007500780020006c0065007300200070006c00750073002000700072006900760069006c00e90067006900e90073002000640061006e00730020006c00650020006d006f006e00640065002e","correct":"0049006c0020007300270061006700690074002000640075002000640072006100700065006100750020006400650073002000ee006c0065007300200043006100ef006d0061006e0073002c0020007300690074007500e900650073002000640061006e00730020006c00610020006d0065007200200064006500730020004300610072006100ef006200650073002c002000610075002000730075006400200064006500200043007500620061002e00200049006c0020006e00270079002000650078006900730074006500200061007500630075006e00200069006d007000f40074002000640069007200650063007400200073007500720020006c0065007300200073006f0063006900e9007400e900730020006500740020006c0065007300200070006500720073006f006e006e00650073002c00200065006e002000660061006900730061006e007400200075006e002000640065007300200070006100720061006400690073002000660069007300630061007500780020006c0065007300200070006c00750073002000700072006900760069006c00e90067006900e90073002000640061006e00730020006c00650020006d006f006e00640065002e","indice":"Véritable paradis (fiscal).","rowNumber":10}]; var pubStylesheet = 'quiz-lemonde.css'; var pub = 'lemonde'; var compte_twitter = 'decodeurs'; var cdn = 'http://s1.lemde.fr/mmpub/edt/zip/20151029/170120/'; require(["http://s1.lemde.fr/mmpub/edt/zip/20151029/170120/javascripts/quiz.js"], function() { quizodeur() })Voir aussi la vidéo : comment bien choisir son hymne (national) ?Les DécodeursJournaliste au Monde Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne a décidé de hausser le ton avec la Hongrie et sa politique anti-migrants. Jeudi 10 décembre, elle a lancé une procédure d’infraction contre la législation hongroise en matière d’asile, ayant constaté qu’elle était « incompatible avec le droit de l’Union ». La Hongrie, qui se trouvait sur la route des migrants jusqu’à l’érection d’une clôture à sa frontière avec la Serbie en septembre, a durci plusieurs fois sa législation sur le droit d’asile au cours de l’été.Ce qui préoccupe la Commission ? Qu’il ne soit « pas possible de présenter des faits et circonstances nouveaux dans le cadre des recours [à la suite de demandes d’asile rejetées], et que la Hongrie n’applique pas d’effet suspensif automatique à cette occasion, contraignant ainsi dans la pratique les demandeurs à quitter le territoire hongrois ». Elle craint aussi que les migrants n’aient pas accès à des interprètes et des traducteurs. Elle pointe enfin le fait que les décisions de rejet des demandes sont prises à un niveau « sous-judiciaire (par des greffiers), dont l’indépendance judiciaire n’est pas suffisante ».Bruxelles a commencé par envoyer une lettre de mise en demeure à la Hongrie, première étape de la procédure d’infraction. Le gouvernement de l’ultraconservateur Viktor Orban a deux mois pour répondre. Si sa réponse n’est pas satisfaisante, la Commission enverra un « avis motivé ». Et si Viktor Orban n’obtempère pas, Bruxelles pourra alors saisir la Cour de justice de l’Union européenne. Mais pas avant des mois.« Orban a déjà atteint son objectif, qui était de décourager les migrants de venir en Hongrie », selon une source hongroise. Depuis septembre, les migrants sont en effet réorientés vers la Croatie et la Slovénie.Lire aussi :Face à Viktor Orban, Bruxelles reste ambiguëBudapest dénonce une « revanche »Le chef de cabinet de Viktor Orban a qualifié la procédure lancée jeudi de « revanche basée sur des motivations politiques. Les règles hongroises d’asile sont conformes à ses engagements constitutionnels et en matière de droits de l’homme ». Selon lui, cette annonce serait liée au recours en justice de la Hongrie contre le plan de répartition de réfugiés entre pays membres de l’UE, lancé par Bruxelles.D’autres procédures pourraient pourtant suivre : la Hongrie a également adopté, à la mi-septembre, une législation permettant de condamner à de la prison ferme (jusqu’à trois ans) toute personne franchissant « illégalement » sa frontière. Cette loi est vivement critiquée par les associations de défense des droits de l’homme. « L’intervention de la Commission européenne est bienvenue, pour éviter que la Hongrie finisse par être un Etat sans réfugiés et hors droit », a salué Amnesty International dans un communiqué publié jeudi.Lire aussi :En Hongrie, Frontex participe à la répression des migrantsMise en demeure de la Grèce, l’Italie, Malte et la CroatieLa Commission a aussi envoyé des lettres de mise en demeure à la Grèce, l’Italie, Malte et à la Croatie, mais pour des motifs moins graves. Elle invite notamment l’Italie et la Croatie à inscrire systématiquement les empreintes digitales des migrants arrivant sur leur sol, au fichier européen Eurodac – une base de données des empreintes digitales –, de manière à les identifier formellement.Bruxelles se fait de plus en plus pressante, pour que les règles communes d’accueil des demandeurs d’asile soient scrupuleusement respectées et que son système de relocalisation de 160 000 réfugiés fonctionne sur le terrain. Mal traités, ou non enregistrés en Grèce, Italie, ou Hongrie, les migrants pourraient à défaut continuer de tous vouloir se rendre en Allemagne ou en Suède où, jusqu’à présent, on leur a fait un accueil décent et respectueux de leurs droits. Pour l’instant, à peine deux cent d’entre eux ont accepté de participer au régime de relocalisation bruxellois.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 19.12.2015 à 12h53 Soixante-dix membres présumés du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont été tués au cours d’une vaste opération militaire menée depuis quatre jours dans le sud-est de la Turquie tandis que l’aviation turque a mené vendredi des raids contre le mouvement armé dans le nord de l’Irak, a annoncé l’armée turque samedi.Huit rebelles du PKK ont été « éliminés » depuis vendredi, ce qui porte le bilan des opérations d’une ampleur inédite conduite par l’armée et la police à Cizre et Silopi, deux villes de la province de Sirnak, ainsi que dans un quartier de Diyarbakir, à soixante-dix, a indiqué l’état-major turc sur son site Internet.L’armée par ailleurs annoncé que des F-16 de l’aviation avaient bombardé vendredi des « repaires » et des « emplacement d’armes » situé dans le nord de l’Irak, dans les zones de Zap et Khakurk où le PKK dispose de bases arrières. Un soldat turc a été tué samedi dans des heurts, portant le bilan de pertes dans les rangs de l’armée à deux depuis vendredi.10 000 militaires et policiers déployésLe gouvernement turc a lancé mercredi une vaste opération contre le PKK. Environ 10 000 militaires et policiers et de nombreux chars ont été déployés à Cizre et Silopi, selon les médias, pour déloger de jeunes partisans du PKK qui ont transformé des quartiers entiers en zone de guerre. Après plus de deux ans de cessez-le-feu, des combats meurtriers ont repris l’été dernier entre les forces de l’ordre turques et le PKK, faisant voler en éclats les pourparlers de paix engagés fin 2012 pour tenter de mettre un terme à un conflit qui perdure depuis 1984.Mais aux embuscades en zones rurales, les rebelles ont privilégié les combats dans les centres urbains pour susciter des soulèvements, une stratégie qui a eu un impact dramatique sur les populations locales qui ont dû quitter les villes sous couvre-feu depuis des jours par dizaines de milliers.Sur la lancée de la victoire de son parti aux élections législatives du 1er novembre, le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a réaffirmé sa volonté « d’éradiquer » le PKK. Ces opérations ont suscité l’indignation de nombreux opposants politiques et d’une partie de la société civile. Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Les élections qui se tiennent dimanche en Espagne signeront-elles la fin du bipartisme sur lequel s’est construite la jeune démocratie espagnole après la mort de Franco en 1975 ? L’émergence de nouveaux partis, Podemos – à la gauche des socialistes – et Ciudadanos – au centre –, portés par l’indignation née des politiques d’austérité et des scandales de corruption à répétition porte à le croire. Si les deux grands partis, le Parti populaire (PP, droite, au pouvoir) et le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), veulent gouverner, ils devront sans doute s’allier avec l’un d’eux. Retour sur les enjeux et les forces en présence de ce scrutin qui ne suffira sans doute pas pour savoir qui prendra les rênes de l’Espagne ces quatre prochaines années.Lire aussi :Législatives : vers la fin du bipartisme en Espagne ?Un résultat imprévisibleAvec encore 20 % d’indécis à trois jours du vote, le scrutin de dimanche est imprévisible. Ces derniers jours, les sondages, interdits en Espagne mais publiés dans la presse de la principauté voisine d’Andorre, témoignent de la volatilité du vote. Les deux jeunes formations, Ciudadanos et Podemos, aspirent à voler au PSOE la deuxième position, derrière le PP qui part favori. Néanmoins, le système électoral, un scrutin proportionnel de liste par circonscription, favorise les grands partis très implantés localement.Le Parti populaire, favori mais sans majoritéLe PP est donné vainqueur des élections par tous les sondages avec entre 25 et 30 % des suffrages, soit entre 15 et 20 points de moins qu’aux élections législatives de 2011 qu’il avait remporté avec 44,6 % des suffrages, lui octroyant une majorité de sièges au Parlement. Ce score obligerait le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, candidat à la réélection, à chercher le soutien d’un autre parti. Mais aucun, pour le moment, ne semble prêt à lui accorder, du fait de l’impopularité des mesures d’austérité qu’il a prises durant la crise et des scandales de corruption qui touchent son parti. Il compte cependant sur un vivier d’électeurs fidèles, en particulier chez les plus de 65 ans et son principal argument de campagne est la reprise économique et la baisse du chômage, malgré la précarité de celle-ci. Il a promis de créer 500 000 emplois par an s’il est élu.Lire aussi :En Espagne, Mariano Rajoy le mal-aiméLe Parti socialiste ouvrier espagnol, en dangerPour le PSOE, ces élections sont à haut risque. Pris en étau entre Podemos et Ciudadanos, il risque de perdre la deuxième position en nombre de voix. Depuis le tournant de la rigueur pris en 2010 par le précédent président du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero, et sa décision de convoquer des élections anticipées, en 2011, perçues comme un aveu d’échec et une incapacité à affronter la crise économique, le PSOE ne cesse de perdre des voix à chaque élection. S’il veut gouverner, Pedro Sanchez devra obtenir le soutien de Podemos ou de Ciudadanos. Il a déjà envoyé des signaux à gauche en promettant de demander à Bruxelles un rééchelonnement des objectifs de déficit public afin d’adoucir les mesures d’austérité. Mais s’il arrive en troisième position, une crise interne pourrait porter à la présidence du PSOE sa rivale en Andalousie, Susana Diaz. Proche de l’ancien président du gouvernement Felipe Gonzalez, certains analystes la croient capable d’accepter une grande coalition avec le PP.La remontée de PodemosLe parti de Pablo Iglesias est remonté dans les sondages ces dernières semaines, après avoir bénéficié, durant la campagne, du soutien de la maire de Barcelone, la très populaire activiste du droit au logement Ada Colau. Il pourrait arriver en tête en Catalogne où il a promis d’organiser un référendum sur l’indépendance s’il est élu. Son programme, élaboré avec la participation de milliers de personnes et voté par 15 000 personnes, prévoit d’introduire un revenu garanti de 600 euros pour tous ou encore d’augmenter de 10 points, de 45 à 55 %, l’impôt sur le revenu de ceux qui gagnent plus de 300 000 euros par an. Son objectif : devancer les socialistes et obtenir leur soutien pour gouverner.Lire aussi :En Espagne, le parti de la gauche alternative Podemos se dit prêt à gouvernerCiudadanos, le parti centristeUn temps placé devant le PSOE dans certains sondages, le parti centriste, antinationaliste et anticorruption d’Albert Rivera se dégonflera-t-il ? Après une fin de campagne décevante, marquée par plusieurs cafouillages et le refus annoncé de voter l’investiture aussi bien de Mariano Rajoy que de Pedro Sanchez, la jeune formation antinationaliste catalane semble en perte de vitesse. Elle défend un contrat unique, afin de limiter le recours aux CDD, promet des baisses d’impôts, la suppression du Sénat et une refonte du système judiciaire.Lire aussi :Les élections du 20 décembre peuvent conduire la Catalogne vers l’indépendanceSandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.12.2015 à 19h02 • Mis à jour le18.12.2015 à 20h12 Les Etats membres de l’Union européenne (UE) ont donné leur feu vert, vendredi 17 décembre, au prolongement pour six mois des sanctions contre Moscou pour son implication dans le conflit en Ukraine, ont indiqué des sources diplomatiques.La décision de renouveler ces sanctions, qui expiraient fin janvier, jusqu’à fin juillet 2016, a été prise par les ambassadeurs des Vingt-Huit après un conseil européen à Bruxelles. La décision formelle, à l’issue d’une procédure écrite prévue dans ces cas de figure, doit encore être adoptée par les pays membres lundi avant de paraître mardi au Journal officiel européen.Si ces mesures de rétorsion économiques ont été régulièrement renouvelées depuis juillet 2014, l’Italie a critiqué la façon dont cette nouvelle prolongation a été décidée. « J’ai trouvé incohérent de vouloir confirmer les sanctions sans avoir d’abord une petite discussion, a fait savoir vendredi le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi. Nous n’avons jamais caché notre position, même quand elle a fait l’objet de critiques fortes : pour combattre l’extrémisme et le radicalisme, nous avons aussi besoin de la Russie. » M. Renzi a récemment estimé que « l’approche antirusse ne conduira nulle part ».Lire aussi :L’UE veut discrètement prolonger les sanctions contre la RussieEnergie, banques, défense…A la différence de Paris ou Berlin, l’Italie souhaitait la tenue d’un débat au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement sur la question des sanctions, et non une décision au niveau des ambassadeurs auprès de l’UE. La chancelière allemande, Angela Merkel, avait au contraire insisté pour que la question soit traitée loin des projecteurs, soulignant le rôle crucial que Moscou peut jouer dans plusieurs crises actuelles. La Russie, alliée du régime syrien de Bachar Al-Assad, s’est notamment imposée comme un acteur incontournable dans le dossier syrien.Ces sanctions européennes ont été décrétées le 29 juillet 2014 après qu’un avion de la compagnie Malaysia Airlines a été abattu au-dessus du territoire tenu par les séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine. Kiev et les Occidentaux accusent le pouvoir de Vladimir Poutine de soutenir ces combattants en leur fournissant des armes, mais aussi des troupes et des conseillers militaires. Ils ont toujours lié une éventuelle levée des sanctions à l’application pleine et entière des accords de paix signés à Minsk, le 11 février, qui prévoient des mesures progressives pour mettre fin au conflit.Des pans entiers de l’économie russe sont frappés par ces sanctions. En empêchant les entreprises des secteurs de l’énergie, des banques ou de la défense de se financer sur les marchés d’Europe occidentale, elles ont contribué à plonger le pays en récession.L’UE a par ailleurs établi une « liste noire » de personnalités russes et ukrainiennes pour leur implication dans le conflit, qui sont interdites de visas et dont les avoirs sont gelés. La Russie a répondu à ces sanctions en décrétant un large embargo sur les produits agroalimentaires européens.Lire aussi :Moscou prolonge d’un an l’embargo sur les produits alimentaires européens 18.12.2015 à 11h17 • Mis à jour le18.12.2015 à 11h22 | Geoffroy Deffrennes (Calais, envoyé spécial) « Une impression de guérilla urbaine. » Jeudi 17 décembre dans la soirée, le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), Jean-Pierre Valensi, exprimait sa stupéfaction devant les scènes auxquelles il avait assisté par hasard, en début d’après-midi : des centaines de migrants à l’assaut du tunnel sous la Manche, mais cette fois au milieu de la journée, et en bien plus grand nombre que lors d’épisodes précédents – « un millier », selon M. Valensi. « J’avais une réunion à Calais, je passais par là et me suis arrêté pour essayer de comprendre ce qui se passait. J’ai eu l’impression d’une organisation quasi militaire, par petits groupes, comme si tout était soigneusement préparé. »Le jeudi, le trafic routier est conséquent. « Plus encore en ce moment, selon Philippe Wannesson, blogueur spécialisé sur le sujet, car à l’approche de Noël les bouchons sont importants près des zones commerciales, ce qui favorise les intrusions dans les camions. »Cas de figure inéditLes groupes ont commencé à se former vers 14 heures. « J’ai senti qu’il se préparait quelque chose, raconte Bruno Deprez, directeur du magasin But, aux abords de l’autoroute A16. D’habitude, ils ne sont pas aussi nombreux en pleine journée. J’avais vu une attaque équivalente cet été, avec l’hélico, on se croyait aussi en guerre civile… » La police s’est organisée très vite mais, sur ce terrain étendu et vallonné, a été confrontée à un cas de figure inédit : des réfugiés progressant simultanément par grappes étalées sur un front mobile d’un kilomètre, le long de l’A16. L’autoroute a dû être coupée deux heures à la circulation, dans les deux sens.La veille déjà, la tension avait grimpé, cette fois à l’entrée du port, des migrants sprintant sur les voies rapides près du centre hospitalier, sous le regard des enfants de l’école maternelle Beaumarais. Jeudi, ce sont les enfants de l’école maternelle du Fort Nieulay qui ont senti fortement les effluves de gaz lacrymogènes utilisés massivement par les forces de l’ordre. De quoi faire fuir aussi les rares clients des centres commerciaux. « A l’approche de Noël, c’est une catastrophe pour nous, constatait M. Deprez. Les gens n’osent plus faire leurs courses dans ce secteur. Le moindre déplacement, qui prenait encore cinq minutes, il y a six mois, peut durer 30 à 45 minutes maintenant. J’ai un fils handicapé, je ne sais jamais à quelle heure il va pouvoir rentrer. »Spectateur impuissantLa secrétaire de M. Deprez, Delphine Bélot, montre sur son smartphone les photos de son jardin aux grillages défoncés, dévasté par les passages de réfugiés, non loin d’un café routier. « Mes enfants sont terrifiés. Ce midi, j’ai encore dû chasser de mon jardin trois migrants prêts à s’introduire chez moi. »Le procureur Valensi s’est senti simple spectateur impuissant jeudi :« Je suis resté car si des arrestations avaient eu lieu, j’aurais été concerné. Mais il n’y en a eu aucune. Impossible, car, comme vous l’avez constaté, ces groupes de migrants se déplacent vite, on ne sait pas qui lance des pierres, et surtout nous n’avons pas de preuves car les policiers ne sont pas équipés de vidéos. »Gilles Debove, du syndicat SGP Police, disait s’attendre à une nuit difficile et réclamait jeudi soir sur France 3 Nord-Pas-de-Calais des forces supplémentaires. Dans l’après-midi, un collectif de salariés du port de Calais avait réclamé l’éloignement du centre d’accueil Jules-Ferry, autour duquel survivent 4 500 migrants : selon ces salariés, ces deux dernières semaines, 2 500 camions ont été comptabilisés en moins, les transporteurs se lassant des difficultés rencontrées… Depuis début juin, dix-huit migrants ont perdu la vie en tentant de rallier l’Angleterre.Geoffroy Deffrennes (Calais, envoyé spécial)Journaliste au Monde Eric Albert (Londres, correspondance) Dans le monde merveilleux de Disney, les journalistes sont des « partenaires » qui accompagnent le « voyage » que représente la sortie d’un film, en l’occurrence le dernier opus de Star Wars. Un voyage qui a connu un arrêt à Londres, jeudi 17 décembre, où était organisée une rencontre des médias avec les acteurs et le réalisateur. Pour l’opération de promotion, un étage entier de l’hôtel Corinthia – décoré des nombreux produits dérivés de la série – avait été réservé pour permettre à la presse européenne d’interroger Harrison Ford, Carrie Fisher, Daisy Ridley, J. J. Abrams et les autres… Parler de « presse » est cependant un peu vite dit, étant donné le mélange des genres entre les fans et les journalistes.Lire aussi :« Star Wars 7 » : un shoot de plaisir régressifPendant la conférence de presse limitée à une durée d’une demi-heure, avec neuf protagonistes derrière les micros – soit trois minutes par acteur en moyenne –, la première question est venue d’un membre d’un fan club français. Peu après, Dennis Weening, un présentateur de jeux télévisés aux Pays-Bas, bras tatoués et air ému, s’est levé : « Quand j’étais petit, je collectionnais les figurines de Star Wars. Aujourd’hui, mon fils fait la même chose. S’il vous plaît, est-ce que je peux vous demander de les signer ? » Et il a sorti d’un sac les personnages en plastique, soutirant des autographes aux acteurs, pendant que s’égrenaient les précieuses minutes consacrées aux questions.4 minutes et 26 secondes avec J. J. AbramsL’espoir de se rattraper dans les interviews en tête à tête avec les stars était mince : le temps imparti pour chaque entretien était limité… à cinq minutes. Ou plus précisément, pour la rencontre du Monde avec le réalisateur J. J. Abrams, 4 minutes et 26 secondes. Une tentative d’ajouter une dernière question a été rejetée fermement : « Vous avez eu votre créneau ! »Sachez donc que l’objectif du réalisateur était de retrouver l’esprit des trois premiers films, sortis entre 1977 et 1983, que la pression qu’il a ressentie était énorme « mais jamais plus forte que l’opportunité » de faire ce nouvel épisode, et que celui-ci cherche à faire naître une nouvelle génération de fans, notamment en Asie…L’attribution des interviews fut également un exercice intéressant. Parmi la presse francophone, c’est un certain Wartek, blogueur vidéo basé à Genève, qui en a obtenu le plus – six. L’explication ? Outre qu’il compte 410 000 abonnés, ses vidéos sont diffusées sur YouTube via Maker Studios, une plateforme qui appartient… à Disney. Un lien commercial dont il n’est pas fait mention à l’écran.Discuter avec BB-8Pour faire patienter les journalistes entre deux interviews express, Disney offre ce qu’il maîtrise le mieux : de l’entertainment. On peut ainsi s’amuser à « discuter » avec BB-8, un nouveau robot introduit dans Star Wars (« C’est le vrai, utilisé sur le tournage ») ou s’entraîner au sabre laser avec C. C. Smiff, celui qui a appris aux acteurs le maniement de l’arme.Tout est filmé, bien sûr, et les médias peuvent ainsi abreuver leurs rédactions de séquences vidéos, photos et selfies. Transformés en fans, les journalistes ne manqueront pas de poster sur les réseaux sociaux leur rencontre avec les êtres touchés par la Force.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Après leur ultime Conseil de 2015, jeudi 17 et vendredi 18 décembre, à Bruxelles, les Européens n’ont toujours pas trouvé de vraie solution à la crise des migrants, et ils semblent même plus divisés que jamais. Ils ont donc adopté des conclusions qui mettent surtout en lumière leurs difficultés à traduire en actes de précédentes décisions.Le texte rappelle tout ce qui devrait être réalisé pour sauver l’espace Schengen de libre circulation et offrir une réponse minimale à l’arrivée de plus de 800 000 personnes sur le sol européen depuis le début de l’année. Le seul aspect vraiment positif est que les appels aux dons pour les agences humanitaires ont dépassé de 500 millions d’euros les montants espérés.L’Europe refera un bilan en février, en espérant que la situation ne se détériore pas davantage avec l’hypothèse de voir, notamment, des dizaines de milliers d’Afghans quitter l’Iran, où ils perdent leur emploi dans l’industrie pétrolière, en raison de l’effondrement des cours.La relocalisation est en panneSur les 22 000 réfugiés que l’UE s’était engagée auprès des Nations unies à accueillir en juillet, seulement 600 ont fait l’objet d’une « réinstallation ». Sur le plan adopté en octobre de « relocalisation » de 160 000 réfugiés, seulement 184 personnes étaient concernées au 16 décembre…Le problème concerne les pays d’arrivée, les pays d’accueil, mais aussi les demandeurs eux-mêmes, qui refusent de s’enregistrer pour être envoyés vers une destination dont ils ne veulent pas. « Ces chiffres nous ridiculisent », avoue un diplomate.Au sein des Vingt-Huit, après la Hongrie et la Slovaquie, qui avaient voté contre le schéma de relocalisation, c’est la Suède qui a demandé à ne plus y participer. Elle est la deuxième destination européenne pour les migrants, mais arrive à saturation. Elle a donc obtenu de ne plus accueillir, durant un an, de nouveaux réfugiés envoyés de Grèce ou d’Italie. Quant à cette dernière, qui devait bénéficier au premier chef, avec la Grèce, de ce complexe système de quotas, elle ne voit pratiquement plus arriver sur ses côtes que des migrants « économiques ». Les réfugiés syriens et irakiens passent par la Grèce, puis la route des Balkans, pour rejoindre l’Allemagne.Les « hot spots » tardent à se mettre en placeL’ouverture de onze centres d’enregistrement et de « tri » des migrants était prévue, en Grèce et en Italie depuis plusieurs mois. Pour l’instant, seuls deux sont opérationnels. Sachant que, dans le même temps, l’agence Frontex, l’agence européenne chargée de la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures, est toujours en demande des personnels promis par les Etats membres.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?Pas de décision sur la création d’un corps européen de gardes-frontièresLa proposition de la Commission la semaine dernière de créer d’un corps européen de gardes-frontières, susceptible d’être déployé en cas de crise grave et de se substituer aux services d’un Etat défaillant ou en difficulté, ne devait faire l’objet que d’une première discussion. La décision sur son instauration a été reportée.« Impossible d’évaluer à temps un document de cent cinquante pages », avaient affirmé les services du président du Conseil européen, Donald Tusk. Une atteinte éventuelle au principe de souveraineté nationale pose de gros problèmes à diverses délégations. Des pays, telle la France, qui soutiennent le principe d’un corps européen, s’interrogent cependant sur le processus décisionnel qui devrait conduire au déploiement. Le dossier est renvoyé à plus tard.Lire aussi :La proposition choc de l’UE pour mieux protéger ses frontièresLes efforts de la Turquie pour gérer l’afflux de migrants restent limités La Turquie avait été appelée à contrôler les flux de migrants vers la Grèce. On recense encore 4 000 arrivées par jour en Grèce, pour 5 000 à 6 000 en novembre.Le projet d’installer des réfugiés directement en Europe depuis la Turquie à l’étudeImpossible, en tout cas, pour les Vingt-Huit, de changer radicalement de politique. A l’instar de la chancelière allemande, Angela Merkel, une partie des dirigeants européens veut donc encore croire que les plans adoptés vont fonctionner. « On a amorcé la pompe, le débit est lent, mais il faut être patient », expliquait un diplomate jeudi soir.Conscients, toutefois, de l’impasse actuelle, des pays qui sont parmi les plus concernés par la crise (l’Allemagne, l’Autriche, la Suède, la Finlande) continuent à plaider pour des solutions alternatives.La réunion la plus importante de la journée, à Bruxelles, jeudi, a été le mini-sommet organisé à l’ambassade d’Autriche et auquel participait le premier ministre turc, Ahmet Davutoglu.Alors que les pays d’Europe centrale et orientale estiment qu’ils ne sont pas concernés et que la Slovaquie, la Hongrie et la Pologne refusent l’arrivée de musulmans sur leur sol, l’Allemagne, l’Autriche et la Belgique tentent de fédérer des pays « de bonne volonté ». Notamment pour faire avancer au plus vite le plan d’action signé avec la Turquie le 29 novembre, en espérant que ce pays arrête les candidats au passage vers les côtes grecques. Le but de cette deuxième réunion du genre était surtout d’évoquer une demande turque, poussée par Berlin, de « réinstaller » directement en Europe des réfugiés syriens depuis la Turquie. M. Davutoglu a assuré que son gouvernement travaillait intensément à la réduction des flux de migrants.Les Pays-Bas, qui assumeront la présidence tournante de l’Union à partir du 1er janvier, ont accepté, du bout des lèvres, de commencer à travailler sur la mise en place du plan de « réinstallation » humanitaire imaginé par la Commission et Berlin. Mais pas question de lancer ce nouveau processus tant que les flux de migrants illégaux depuis la Turquie « n’auront pas été réduits à presque zéro », insiste-t-on côté néerlandais…En tout cas, la réinstallation concernerait, au maximum, 50 000 ou 80 000 personnes. Ankara évoque plusieurs centaines de milliers. Un troisième mini-sommet sera organisé en février et sera ouvert à tous.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Le coup est arrivé par surprise. Mariano Rajoy s’offrait un bain de foule mercredi 16 décembre à Pontevedra, la ville de Galice où il a commencé sa carrière politique il y a trente-quatre ans, quand un jeune homme s’est approché du premier ministre espagnol, apparemment pour un selfie. Soudain, le mineur de 17 ans a lancé un violent coup de poing au visage du chef de file du Parti populaire (PP, droite).Rapidement maîtrisé par les forces de sécurité, le jeune homme a expliqué être « très content de l’avoir fait ». Mariano Rajoy, la joue tuméfiée, a rassuré rapidement la presse. « Je vais parfaitement bien. Aucun problème », a-t-il lancé avant de se rendre à un meeting à La Corogne, où il a été reçu par une standing ovation.Cette agression, unanimement condamnée par les partis politiques, est un fait isolé dans la campagne pour les élections législatives qui se tiendront dimanche en Espagne. Mais elle laissera un goût amer à Mariano Rajoy, qui clôt ainsi une législature particulièrement difficile, marquée par une crise à la fois économique, politique, institutionnelle et territoriale. Selon les derniers sondages, sa formation arriverait en tête avec de 25 à 30 % d’intentions de vote, mais sans obtenir la majorité absolue.Nouvelles mesures de rigueurEclaboussé par les scandales de corruption à répétition qui touchent le PP, critiqué pour les mesures de rigueur prises durant la crise, Mariano Rajoy est le chef de parti avec la cote de popularité la plus basse : 3,3 sur 10, selon le dernier sondage du Centre de recherches sociologiques. S’il a sorti le pays de la crise, de nombreux Espagnols l’accusent d’avoir affaibli les services publics, réduit la protection sociale, secouru les banques plutôt que les gens ou attaqué les libertés publiques…S’il a sorti le pays de la crise, de nombreux Espagnols l’accusent d’avoir affaibli les services publics, réduit la protection sociale, secouru les banques plutôt que les gens…Mariano Rajoy le sait. Dans la lettre de campagne que le PP a envoyée aux électeurs, il explique « combien il [lui] a été difficile de prendre les décisions, pas toujours populaires, qui ont évité, à tous les Espagnols, les conséquences d’une faillite et du plan de sauvetage auquel [ils étaient] voués, après le dernier gouvernement du PSOE [Parti socialiste ouvrier espagnol] ».Elu en novembre 2011, il a gouverné le pays au pire moment de la crise financière. A peine arrivé au pouvoir, ses premières mesures pour réduire le déficit public, de plus de 9 % du PIB, ont consisté à tailler dans les services publics, augmenter les impôts et réformer le marché du travail pour réduire les coûts de licenciement et flexibiliser l’emploi.Alors que les taux d’intérêt de la dette atteignaient des niveaux insoutenables, le pays a évité de peu la faillite en 2012 grâce à un plan de sauvetage du système bancaire de 40 milliards d’euros, prêtés par Bruxelles en échange de nouvelles mesures de rigueur, et aux déclarations du président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, assurant qu’il ferait « tout ce qui est nécessaire pour préserver l’euro ».Début 2013, le taux de chômage atteignait son record : près de 27 % des actifs. Aujourd’hui, la reprise économique est le principal argument de Mariano Rajoy. Ces deux dernières années, près d’un million d’emplois ont été créés, et la croissance attendue en 2015, de 3,1 %, est l’une des plus fortes de la zone euro. Mais ce discours a du mal à convaincre les électeurs, alors que la précarité de l’emploi s’est accrue, les salaires ont baissé, la pauvreté s’est étendue et que le taux de chômage, en baisse, est encore de 21,2 % des actifs.Lire aussi :La consommation intérieure tire la croissance espagnole« Pour les Espagnols, ces quatre années ont supposé de grands sacrifices pour, finalement, peu de résultats, explique le sociologue Fermin Bouza, professeur à l’université Complutense de Madrid, spécialiste de l’opinion publique. C’est ce qui explique que le PP pourrait perdre près de 20 points de pourcentage lors des élections et qu’il est fort probable qu’il lui soit impossible de former un gouvernement puisque aucun autre parti ne veut s’afficher à ses côtés. »La majorité absolue que le PP a obtenue au Parlement lors des législatives de 2011, avec 44,6 % des voix, lui a été précieuse pour mener à bien les grandes réformes de son programme. Mais elle lui a fait assumer seul l’intégralité des mesures contestées. N’en ayant pas besoin, il a omis de dialoguer avec les autres partis, ne cherchant aucun consensus et évitant même le débat parlementaire en abusant des décrets-lois.Il a omis de dialoguer avec les autres partis, ne cherchant aucun consensus et évitant même le débat parlementaire en abusant des décrets-lois.Cette absence de dialogue a été flagrante en Catalogne, où, à aucun moment, M. Rajoy ne s’est adressé à la population pour expliquer son rejet en 2012 du transfert des compétences fiscales demandé par le président du gouvernement catalan, Artur Mas, contribuant par sa passivité, selon les analystes politiques, à la montée de l’indépendantisme.Lire aussi :Catalogne : chronologie d’un choc inéluctableScandales de corruption« C’est un Don Tancredo », résume M. Bouza, en référence aux corridas où un homme avait le rôle de rester debout au milieu de l’arène et dont le seul mérite était d’être capable de rester sans bouger en voyant arriver le taureau, ce qui, normalement, décourageait la bête, qui se croyait face à une statue.L’autre point noir du mandat de Mariano Rajoy a été la multiplication des scandales de corruption touchant son parti et qui l’ont éclaboussé directement. La publication d’un SMS adressé en janvier 2013 à l’ancien trésorier du PP Luis Barcenas, accusé d’avoir maintenu une comptabilité secrète du parti : « Luis, sois fort », avait provoqué une onde de choc en Espagne.Durant cette période agitée, Mariano Rajoy se retranche à la Moncloa, le palais du président du gouvernement. Il ne paraît devant la presse qu’à travers un écran de télévision, n’acceptant aucune question. A tel point qu’il est surnommé ironiquement le « président plasma ». Après l’échec du PP aux élections municipales et régionales de mai, M. Rajoy a multiplié les efforts pour communiquer, accordant davantage d’interviews et participant à des shows télévisés. Mais il a refusé avant les élections tout débat autre que celui qui l’a opposé, lundi 7 décembre, au chef de l’opposition, le socialiste Pedro Sanchez.C’est la numéro deux du gouvernement, la jeune et brillante Soraya Saenz de Santamaria, qui a dû affronter, lors d’un débat à quatre, les chefs de file des partis émergents Pablo Iglesias, de Podemos, et Albert Rivera, du parti centriste Ciudadanos. Et, dans Madrid, c’est son image, davantage que celle de M. Rajoy, qui est affichée sur les affiches électorales du PP. Une volonté de le mettre au second plan qui semble répondre au désamour des Espagnols envers le chef du gouvernement en fonction. Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.12.2015 à 06h54 • Mis à jour le18.12.2015 à 08h36 | Philippe Bernard (Londres, correspondant), Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) « Qui veut peut », avait prédit Angela Merkel, en mai, à propos de la négociation entre l’Union européenne et le Royaume-Uni. Jeudi 17 décembre au soir, 27 dirigeants européens réunis à Bruxelles ont affiché leur volonté commune de parvenir à un accord, d’ici à février 2016, sur les demandes formulées devant eux par David Cameron. Si ce calendrier est respecté, le premier ministre britannique pourra, comme il le souhaite, organiser avant l’été prochain le référendum sur le maintien (« in ») ou non (« out ») de son pays dans l’Union européenne (UE).« Les dirigeants sont tombés d’accord pour travailler ensemble et trouver une solution », a déclaré le président du Conseil européen, Donald Tusk, après quatre heures de discussion nocturne. Mais les partenaires du Royaume-Uni n’ont pas caché leurs inquiétudes, voire leur hostilité, à certaines demandes. Le contenu précis des réformes demandées par Londres et leur traduction juridique restent à définir et à négocier.M. Cameron, qui réclamait une discussion politique, l’a visiblement obtenue. « Les dirigeants lui ont dit : “David, on veut t’aider”, explique un diplomate. Mais ils ont tous été très fermes : pas question d’accepter des demandes qui reviendraient à de la discrimination », allusion à l’exigence britannique d’une suspension de quatre ans des aides sociales pour les Européens s’installant au Royaume-Uni, la plus problématique des demandes de Londres, car jugée attentatoire aux principes de libre circulation et de non-discrimination. François Hollande n’a pas caché son opposition à cette mesure. « Les débats ont été francs pour employer un langage diplomatique, a déclaré le président français. La suppression des aides sociales pendant quatre ans paraît très longue à beaucoup [de dirigeants] et difficile à concilier avec les traités. »Le premier ministre britannique, qui a besoin de montrer à son opinion publique sceptique qu’il se bat avec acharnement pour arracher des concessions à l’UE, était arrivé à Bruxelles en affirmant qu’il allait « batailler fort pour la Grande-Bretagne pendant toute la nuit ». A l’heure du dîner, M. Cameron a tenu devant ses homologues un discours de 45 minutes, jugé « parfait sur la forme et le style, brillant » par une source proche des discussions.Modification des traitésIl a notamment justifié sa demande de limitation des aides sociales par le flux d’immigrés « sans précédent » qu’a connu son pays. Tenant une conférence de presse très minutée à l’issue des débats avec ses 27 partenaires, le premier ministre a martelé que la discussion avait été « très bonne, très substantielle ». « Un chemin vers un compromis existe », a-t-il déclaré, tout en insistant à de nombreuses reprises sur « le travail très difficile » qu’il reste à accomplir. L’important pour lui était, face aux eurosceptiques qui raillent le « vide » de ses propositions, de montrer qu’il n’avait pas retiré sa demande sur les aides sociales versées aux étrangers intracommunautaires et qu’un compromis sur ce point pouvait même prévoir une modification des traités régissant l’Union.La France et l’Allemagne ne veulent pas entendre parler de tels changements avant leurs élections de 2017. Mais sur ce point crucial, Mme Merkel a semblé ouverte à l’idée d’un engagement à procéder à une modification ultérieure permettant à Londres de s’affranchir de certaines règles en matière d’immigration. La formule, que M. Hollande n’écarte pas non plus, serait comparable à l’accord obtenu en 1992 par le Danemark qui prévoyait que ce pays pourrait obtenir des options de retrait en vue de la ratification du traité de Maastricht. Une autre solution consisterait à autoriser Londres à actionner un « frein de secours » en matière d’immigration, comme le peuvent la Belgique et l’Autriche. Mais ce serait aux Britanniques de prouver que leurs services de prestations sociales sont pris d’assaut.« On a 25 000 options sur la table. Il ne faut pas sous-estimer la créativité juridique de l’Union européenne », insiste une source diplomatique. « L’Europe a su résoudre des crises bien plus compliquées ces dernières années », ajoute-t-elleA chacun son rythmeMme Merkel elle-même a tenu à souligner que « tout le monde est d’accord » pour souhaiter le maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union. Elle s’est dite favorable à un compromis, mais en maintenant « les piliers de l’Union que sont la non-discrimination et la libre circulation ». « Ce ne sera pas facile, a-t-elle admis, mais il y a peut-être un chemin à parcourir en commun. »François Hollande a tenu un discours assez semblable. Comme la chancelière, il semble s’engager vers l’idée d’une Europe « des cercles concentriques » qui, dit-il, n’est pas « une Europe à la carte » mais offre la possibilité à des pays d’avancer à leur rythme. Londres ne pourrait, en tout cas, pas freiner la marche vers plus d’intégration, a estimé le président français, faisant référence à la demande des Britanniques d’un mécanisme destiné à protéger la City contre les décisions des pays de la zone euro dont ils ne font pas partie.« Géographiquement, historiquement, culturellement, la Grande-Bretagne fait partie de l’Europe et il n’y a aucune raison de rendre la tâche plus difficile à ceux qui vont voter oui », a ajouté M. Hollande, sans doute sensible à la poussée du « out » dans les sondages. Selon une moyenne des six dernières enquêtes d’opinion, seuls 51 % des Britanniques voteraient aujourd’hui pour demeurer dans l’UE.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.12.2015 à 00h40 • Mis à jour le18.12.2015 à 06h57 Les dirigeants de l’Union européenne sont disposés à « chercher un compromis » avec le premier ministre britannique David Cameron pour garder le Royaume-Uni dans l’espace communautaire, selon le président du Conseil européen, Donald Tusk. Ce dernier s’est déclaré « beaucoup plus optimiste », en amont du référendum que M. Cameron a promis d’organiser sur le maintien de son pays dans l’UE d’ici la fin 2017. Le responsable britannique a fait état de « bon progrès », estimant toutefois que les négociations seront « difficiles ».De nouvelles discussions auront lieu en février sur les quatre champs de réformes voulues par Londres. Parmi les exigences présentées, la volonté de priver les ressortissants de pays membres de l’UE qui viennent travailler au Royaume-Uni de certaines prestations sociales lors de leurs quatre premières années de résidence est la plus compliquée, a précisé M. Tusk. Un requête jugée très problématique, notamment par Paris.« Je suis tout à fait prêt au nom de la France, et beaucoup ont exprimé le même point de vue, à faciliter par des adaptations ce qu’il pourrait présenter aux Britanniques comme un moyen de tenir compte de la spécificité de leur pays », a expliqué le président français, François Hollande.« Mais il ne faudrait pas que pour aller dans cette direction (...) nous puissions affaiblir les principes qui ont été ceux de la construction de l’Europe. C’est cet équilibre qu’il faudra trouver. »Lire aussi :Brexit : Cameron joue son va-tout à BruxellesModification des traités à long termeLe chef de l’Etat a répété son attachement aux traités régissant l’UE, ouvrant toutefois une porte à la possibilité à long terme de modifier les textes européens. « Il a été suggéré au terme du Conseil européen, qu’il y ait un travail approfondi sur ce que l’on pourrait faire dans le cadre des traités, ou ce qui pourrait être fait plus tard. » Une position partagée par la chancelière allemande Angela Merkel :« Si nous avons besoin de modifications des traités, et je crois que cela pourrait être nécessaire, alors nous sommes tous d’accord sur le fait qu’elles n’ont pas à intervenir maintenant. »Outre sa demande concernant les prestations sociales des migrants européens, M. Cameron réclame aussi des réformes concernant les règles qui régissent la zone euro, dont son pays ne fait pas partie, ainsi que sur les questions de compétitivité et de souveraineté. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a souligné que ces autres points nécessiteraient aussi du travail.« Je voulais vous mettre en garde contre cette illusion qui consiste à croire qu’il y a trois questions faciles et une question difficile ».Lire aussi :Combien coûterait un « Brexit » ? 17.12.2015 à 15h10 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Députée européenne, présidente de la délégation socialiste française au Parlement européen, Pervenche Berès dit craindre une éventuelle sortie du Royaume-Uni de l’Union, en cas d’échec des négociations amorcées avec Londres. Soulignant que la lettre adressée, début novembre, par le premier ministre britannique, David Cameron, à Donald Tusk, le président du Conseil européen, « est plus ouverte que prévu », elle dit craindre une éventuelle sortie du Royaume-Uni de l’Union, en cas d’échec des négociations amorcées avec Londres. « Le Brexit ne garantit nullement la solidité de l’axe franco-allemand et une rupture avec les Britanniques affaiblirait et déstabiliserait l’Union », assure-t-elle.En 2016, les électeurs britanniques pourraient voter en faveur du « Brexit » (sortie de l’Union européenne). Cette perspective vous inquiète-t-elle ?C’est une menace non seulement pour le Royaume-Uni mais pour l’Union européenne [UE] tout entière. Le Brexit aurait des conséquences bien plus graves qu’une hypothétique sortie de la Grèce de la zone euro. David Cameron, parce qu’il se heurte aux eurosceptiques du parti conservateur, a embarqué son pays et l’Union européenne, elle-même, dans cette aventure risquée. La boîte de Pandore des demandes de renégociation de chaque Etat pourrait s’ouvrir au moment même où la nécessité est de renforcer les coopérations et l’UE.Lire aussi :Brexit : Cameron joue son va-tout à BruxellesEstimez-vous sérieux le risque de sortie du Royaume-Uni ?La presse Murdoch [les tabloïds] met depuis vingt ans ce pays sous intraveineuse antieuropéenne. Quant à M. Cameron, il attend le résultat des négociations [avec les autres pays européens] pour indiquer clairement son choix et ne peut pas faire campagne pour l’instant. Il a perdu beaucoup de temps parce qu’il voulait que les autres pays lui disent ce qu’ils étaient prêts à lui concéder, autrement dit que l’on fasse son travail à sa place. Pendant ce temps-là, le camp du « non à l’Europe » martèle son message car il n’attend rien des négociations. Dans ce contexte, une dynamique proeuropéennes est difficile à installer.Dans la phase actuelle de négociation, chacun prend une posture, en particulier M. Cameron qui veut montrer à ses électeurs qu’il se bat. Un compromis est-il possible ?M. Cameron doit probablement mimer la bagarre, mais la lettre qu’il a adressée début novembre à Donald Tusk, le président du Conseil européen, est plus ouverte que prévu. La solidarité que M. Cameron a manifestée avec la France et le vote au Parlement britannique qu’il a obtenu en faveur de frappes en Syrie, sont de bonnes nouvelles. La valeur ajoutée du Royaume-Uni est notamment là : dans les domaines diplomatique et militaire. Mais attention, si chacun tire trop sur la corde, tout le monde tombera dans la fosse !L’une des quatre demandes de David Cameron concerne la protection du Royaume-Uni contre les décisions de la zone euro. Pensez-vous qu’elles doivent être satisfaites ?Il ne faudrait pas oublier que le Royaume-Uni est, après l’Allemagne, le pays qui a le plus profité de la création de la zone euro car la City s’est imposée comme sa place financière, de fait. Les Britanniques voudraient un droit de regard permanent sur l’Union économique et monétaire [UEM], dont ils ne sont pas membres. Or celle-ci, dont l’euro est la poutre faîtière, ne peut pas être prise en otage.Lire aussi :Le patron de la City dénonce les risques d’un « Brexit »Le premier ministre réclame aussi la suspension des prestations sociales pendant quatre années pour les nouveaux migrants intra-européens. Est-ce acceptable ?Il s’agit d’un problème lié au système social britannique qui n’exige pas de cotiser pour bénéficier de prestations. Il est monté en épingle parce que M. Cameron veut donner l’impression qu’il répond aux inquiétudes liées à l’immigration. Dans ce domaine, le modèle communautariste britannique est aussi bousculé que le modèle français d’intégration républicaine. Mais modifier le droit communautaire et remettre en cause la libre circulation des personnes n’est sûrement pas la bonne réponse.Beaucoup de Français estiment que le départ des Britanniques renforcerait l’Union européenne. Qu’en pensez-vous ?Il s’agit d’une illusion. Ce n’est pas eux qui nous empêchent d’avancer et ils ont beaucoup à nous apporter quand il s’agit de défendre les libertés individuelles ou pour lutter contre le terrorisme. Le Brexit ne garantit nullement la solidité de l’axe franco-allemand et une rupture avec les Britanniques affaiblirait et déstabiliserait l’Union. Il faut l’éviter, mais pas à n’importe quel prix.Le débat Britannique ne risque-t-il pas d’alimenter la rhétorique antieuropéenne de l’extrême droite française ?François Hollande n’échappera pas à la question européenne en 2017 car le Front national lui imposera. La gauche a intérêt à être à l’initiative dans ce domaine. Nous sommes à un moment où les Européens convaincus comme moi constatent que la méthode des petits pas non seulement ne marche plus, mais est contre-productive. Regardez Schengen et la situation de crise qu’il a fallu pour mettre en œuvre une réelle politique de contrôle des frontières extérieures. Il faut donc profiter des demandes de clarification britanniques et des appels à la solidarité de l’Allemagne dans la crise migratoire pour mettre d’autres cartes sur la table en matière de politique d’immigration et d’union monétaire et bancaire.Quel doit être selon vous le message de Paris dans les négociations avec Londres ?La France doit dire ce qu’elle veut pour l’Europe. Nous ne devons pas raser les murs pour « sauver le soldat Cameron ». Passer nos exigences sous silence serait la pire des choses. Pour nous aussi, c’est le moment de passer à l’offensive pour clarifier notre projet européen.Lire aussi :« Brexit » : Cameron serait prêt à une concession majeure face à BruxellesPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) C’est officiel : les eurodéputés se sont prononcés en majorité, 354 votes pour et 229 contre, jeudi 17 décembre à Strasbourg, pour le lancement d’une commission d’enquête parlementaire sur le scandale des voitures Volkswagen.L’initiative conjointe des Verts et des sociaux-démocrates, rejoints par les libéraux et l’extrême gauche, a finalement été soutenue par les élus du parti majoritaire (les conservateurs) dans l’hémicycle européen.Cette commission d’enquête aura un mandat très large : établir les responsabilités des institutions et des pays européens mais aussi des constructeurs automobiles après l’éclatement du scandale Volkswagen au début de l’automne. Qu’aurait dû faire la Commission européenne qu’elle n’aurait pas fait, elle qui a en charge la fixation des protocoles de tests d’émissions de gaz polluants pour les voitures neuves ?Ces tests, pratiqués en laboratoire depuis des dizaines d’années, n’étaient pas du tout efficaces pour mesurer les émissions réelles d’oxydes d’azote (NOx), mais Bruxelles ne s’est mise au travail pour en définir de nouveaux, plus efficaces, qu’en 2011. Et ils viennent seulement d’être validés par les 28 Etats membres de l’Union.Des pouvoirs élargisLes élus se pencheront aussi sur l’action des autorités nationales d’homologation des voitures neuves, dont l’indépendance vis-à-vis des constructeurs a été questionnée. Et sur le comportement des industriels : Volkswagen était-il le seul à avoir utilisé ces petits logiciels truqueurs, modifiant les émissions de gaz polluants au moment des tests ?La commission d’enquête sera dotée de pouvoirs et de moyens élargis. Une grosse quarantaine d’eurodéputés, un secrétariat, un budget pour faire travailler des consultants, des juristes, etc. Et le droit de convoquer des responsables – ces derniers n’auraient pas la possibilité de décliner – à des auditions ou de réclamer des documents.Elle aura plus de pouvoir que la « commission spéciale taxe », lancée en février après le scandale Luxleaks, pour enquêter sur l’évasion et la fraude fiscale en Europe, qui ne peut, elle, exiger des auditions ou des documents. Celle-ci a également dû insister des mois avant d’obtenir qu’une grosse dizaine de multinationales (Facebook, Google, Amazon, etc.) viennent s’expliquer au Parlement européen. Et n’a eu qu’un accès très partiel à des documents confidentiels de la Commission européenne.« La Commission est tout à fait prête à travailler avec la nouvelle commission d’enquête. Les logiciels truqueurs sont interdits dans la législation européenne. Les Etats membres ont l’obligation de la faire respecter. Pour notre part, nous avons pris des décisions importantes pour introduire de nouveaux tests, les plus solides et les plus fiables du monde à ce jour. Et en début d’année prochaine, nous ferons des propositions pour améliorer le système de mise sur le marché des voitures dans son ensemble ».Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.12.2015 à 17h37 • Mis à jour le16.12.2015 à 17h44 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Organisée à dessein à Moscou, la présentation, mercredi 16 décembre, du rapport de Human Rights Watch (HRW) sur les terribles exactions commises dans les geôles du régime syrien sur des prisonniers, restera confidentielle en Russie. Aucune télévision d’Etat, aucun média pro-Kremlin ne s’est déplacé. Une seule agence, Interfax, était présente. Parmi la douzaine de journalistes qui avaient pris place dans la salle, une moitié représentait les derniers médias indépendants russes – le quotidien économique Vedomosti, le journal Novaïa Gazeta… – l’autre moitié était composée de correspondants étrangers. La consigne était claire : pas question de traiter ce sujet sensible alors que la Russie, engagée dans une opération militaire en Syrie, reste l’alliée indéfectible de son président, Bachar Al-Assad.Lire aussi :La machine de mort en Syrie révélée par un rapport de Human Rights WatchNadim Houry, directeur adjoint de HRW pour le Proche-Orient, qui a exposé sans se décontenancer les preuves de ces atrocités, diaporama à l’appui, a néanmoins été reçu, le matin même, par des responsables du département du Proche-Orient au ministère des affaires étrangères.« Nous leur avons montré les photos, nous leur avons dit : “Lisez ce rapport, s’il vous plaît, et regardez les preuves, ces preuves sont sordides” »La discussion, « libre », s’est déroulée… en arabe. « Nous leur avons montré les photos, nous leur avons dit : “Lisez ce rapport, s’il vous plaît, et regardez les preuves, ces preuves sont sordides” », a-t-il souligné. « Nous avons insisté en particulier sur l’accès dans les lieux de détention en Syrie d’observateurs internationaux, complète en aparté Tania Lokchina, responsable de la branche russe de l’organisation internationale des droits de l’homme. Ils nous ont écoutés, et souhaité poursuivre la conversation. La Russie est un acteur-clé qui peut faire la différence, et nous avons fait tout notre possible pour les engager dans cette voie. »« Les frappes russes ont bien visé des civils »Au même moment, tandis que Sergueï Choïgou, le ministre de la défense russe, présentait à huis clos devant le Parlement un bilan de l’intervention militaire russe commencée le 30 septembre, les agences continuaient à inonder leurs réseaux, comme elles le font quotidiennement, de chiffres sur les raids aériens menés et les cibles visées – « 59 sorties dans les dernières vingt-quatre heures, 212 combattants armés éliminés… ».Ces frappes, souvent critiquées quant à leur objectif réel, n’ont pas figuré au menu des discussions entre HRW et ses interlocuteurs officiels – « même si nous avons des documents selon lesquels les frappes russes ont bien visé des civils », a précisé M. Houry.Tout comme la veille, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, avait évité de parler du sort de Bachar Al-Assad au cours de ses entretiens-marathons avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, puis avec le président Vladimir Poutine, HRW a préféré éviter les sujets de crispation en espérant que son exposé à charge contre le régime syrien fera bouger les lignes russes.Les négociations sur un règlement politique syrien doivent se poursuivre au niveau ministériel vendredi 18 décembre à New York, dans le cadre du groupe de soutien international constitué à Vienne le 14 novembre. Cette réunion sera, dit-on, déterminante pour tenter de trouver un accord sur la liste des opposants syriens appelés à faire partie des négociations afin de former un gouvernement de transition. Mais, pour l’heure, Moscou ne cède rien sur « l’allié Bachar ». En fin de journée mercredi, Interfax n’avait encore publié aucun compte rendu du rapport de HRW.Lire aussi :L’opposition syrienne fait taire ses divisions pour négocier avec DamasIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.12.2015 à 16h16 La traque du terrorisme se déploie en Europe. Deux personnes « soupçonnées d’appartenir à une organisation terroriste » ont été arrêtées dans un foyer de migrants de Salzbourg, dans l’ouest de l’Autriche, a annoncé mercredi 16 décembre le parquet autrichien.L’opération s’est déroulée le week-end précédent : « Des vérifications sont en cours concernant un possible lien avec les attentats [du 13 novembre] », a déclaré un porte-parole du parquet de Salzbourg, Robert Holzleitner. Les deux suspects seraient « en provenance du Moyen-Orient », a-t-il ajouté sans préciser leur nationalité.Un mois après les attentats du 13 novembre, qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris, les parcours et les rôles des principaux protagonistes identifiés se précisent petit à petit. Les complicités ou les aides dont ils ont pu bénéficier également. A ce stade, deux hommes faisant l’objet de mandats d’arrêt internationaux sont toujours en fuite, et des mises en examen de complices présumés ont eu lieu, en France et en Belgique.Lire aussi :Un mois après les attentats du 13 novembre, où en est l’enquête ? 16.12.2015 à 07h44 • Mis à jour le16.12.2015 à 07h48 La France a enregistré 69 000 demandes d’asile au cours des onze premiers mois de 2015, soit une hausse de 17 % sur un an, selon l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). L’année devrait se terminer avec « entre 75 000 et 80 000 » demandes, selon Pascal Brice, directeur général de l’Ofpra. En 2014, 65 000 dossiers avaient été déposés.A ses yeux, la hausse en France n’était « en rien comparable » à celle d’autres pays européens, et notamment de l’Allemagne, qui pourrait accueillir un million de migrants cette année. « Ma conviction est que c’est l’Allemagne qui attire, et pas la France qui n’attirerait pas », a-t-il ajouté, en énumérant « les communautés installées de longue date » outre-Rhin, ainsi que « la situation du travail et de l’emploi ».L’Ofpra avait fait état en octobre d’une accélération des demandes, en précisant que la tendance allait sans doute se poursuivre du fait notamment des arrivées des 30 000 réfugiés sur 2 ans que la France s’est engagée à prendre en charge dans le cadre d’un accord européen. Mais pour le moment, seuls 19 Erythréens sont arrivés, début novembre. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Outre une proposition concernant la création d’un corps de gardes-frontières européen, la Commission européenne a aussi communiqué, mardi 15 décembre, un premier bilan des solutions proposées (relocalisation, « centres de tri » des migrants) et acceptées bon gré mal gré par les Etats membres ces derniers mois pour résoudre la crise des migrants. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce bilan est très mitigé, alors que, selon Bruxelles, 1,5 million de réfugiés sont entrés « illégalement » en Europe depuis janvier.La « relocalisation » à la peineCe mécanisme complexe de solidarité, adopté fin septembre par les pays membres (mais il a fallu en passer par un vote), impose aux Etats d’accueillir des demandeurs d’asile en provenance d’Italie et de Grèce, premiers pays d’arrivée des migrants en Europe. Les « quotas » sont calculés en fonction du produit intérieur brut, du taux de chômage, etc. Au total, quelque 160 000 personnes devaient être concernées en deux ans par ce dispositif inédit.Mais ce mécanisme démarre très lentement, les « relocalisations » se font au compte-gouttes. Le premier « transfert » depuis la Grèce a eu lieu le 4 novembre (30 personnes vers le Luxembourg). Et à ce jour, seulement… 64 réfugiés ont été relocalisés. Alors que le pays a enregistré plus de 750 000 arrivées depuis janvier, selon des sources gouvernementales grecques.Non seulement les migrants rechignent à partir ailleurs qu’en Allemagne, mais, en plus, seuls neuf Etats membres ont proposé des places pour les réfugiés arrivés en Grèce (Finlande, France, Allemagne, Suède, Luxembourg…).Le premier « transfert » depuis l’Italie a eu lieu le 9 octobre (19 Erythréens, vers la Suède). Quelque 125 autres réfugiés ont depuis été « relocalisés », avec seulement douze Etats membres candidats pour les accueillir. « A ce rythme, on y est encore en 2101 », avait lancé, excédé, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, il y a quelques semaines.Seulement deux « hotspots » opérationnelsInstallés dans les pays de « premier accueil » (Italie, Grèce), ces centres sont censés être un élément essentiel du dispositif européen. Ce sont des structures, gérées par l’Union européenne, qui font le « tri » entre candidats au droit d’asile et réfugiés économiques. Ces « hotspots » doivent enregistrer les candidats (prendre les empreintes digitales, vérifier l’identité), recueillir les demandes d’asile, etc.A ce jour, seuls deux d’entre eux fonctionnent. Celui de Lesbos, en Grèce, alors que quatre autres – à Leros, Kos, Chios et Samos – ont été identifiés, mais pas encore mis en place. Idem pour l’Italie, qui avait prévu initialement six centres de tri (à Lampedusa, Pozzallo, Porto Empedocle-Villa Sikania, Trapani, Augusta et Taranto), mais où seul celui de Lampedusa fonctionne.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?La Grèce en fait plus que l’ItalieMême si les deux pays accusent beaucoup de retard, la Grèce a fait davantage d’efforts, elle qui a vu arriver bien plus de migrants ces derniers mois que l’Italie, alors que la « route des Balkans » s’est progressivement imposée pour les migrants venant de Turquie.Un exemple ? Athènes s’est engagé à mettre à disposition en tout 35 000 places d’hébergement pour les migrants dès janvier 2016, dont 4 500 supplémentaires sur l’île de Lesbos.Lire aussi :La route des Balkans se ferme progressivementLa Suède s’exclut de la relocalisationPreuve que le mécanisme de relocalisation ne fonctionne pas, la Suède, deuxième pays d’accueil des migrants en Europe, derrière l’Allemagne (et même premier au prorata de sa population) a obtenu, mardi, de ne plus participer au programme de relocalisation.Stockholm envoyait depuis déjà plusieurs semaines des signaux de détresse à Bruxelles, expliquant que le pays, pourtant doté d’une forte tradition d’accueil, était en situation de saturation. La Suède va, « temporairement » (pendant un an tout de même), pouvoir refuser les réfugiés « relocalisés » depuis la Grèce ou l’Italie.Certains s’inquiètent déjà pour la pérennité de la relocalisation si d’autres pays obtiennent la même dérogation. La Finlande et l’Autriche pourraient être intéressées même si, pour l’instant, leurs gouvernements respectifs n’ont fait aucune demande officielle en ce sens à Bruxelles.Lire aussi :La Suède rétablit le contrôle à ses frontièresBruxelles veut tester la « réinstallation »La Commission a aussi mis sur la table, mardi, une recommandation concernant la « réinstallation » de réfugiés directement depuis la Turquie. Les pays volontaires pourront accueillir ces populations, qui auront préalablement été identifiées, notamment par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.Aucun « quota » n’a été mis sur la table, même si les Turcs, qui sont très demandeurs, avaient évoqué, au début des discussions avec l’UE, le chiffre d’au moins 100 000 postulants, selon plusieurs sources diplomatiques européennes.Berlin pousse pour ce mécanisme qui a beaucoup d’avantages : il permet de s’assurer que les migrants arrivant en Europe sont bien des réfugiés et il pourrait limiter les drames en Méditerranée, puisque les candidats à l’exil seraient pris en charge directement en Turquie.Ce mécanisme de « réinstallation » ne serait activé que si la Turquie respecte les engagements pris à l’issue du sommet UE-Turquie du 29 novembre : lutter contre les passeurs et surtout, réduire drastiquement le flux de migrants qui quittent ses côtes. D’aucuns voient déjà dans la « réinstallation » une manière élégante d’enterrer la relocalisation.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.12.2015 à 11h44 • Mis à jour le15.12.2015 à 12h47 | Jakub Iwaniuk (Varsovie, correspondance) Sans attendre sa présentation officielle, mardi 15 décembre à Bruxelles, le chef de la diplomatie polonaise, Witold Waszczykowski, s’est opposé au projet de la Commission européenne d’une agence de gardes frontières commune censée gérer les frontières extérieures de l’espace Schengen. Interrogé dimanche par la radio RMF, M. Waszczykowski a qualifié l’initiative de « non démocratique. »Lire aussi :Migrants : en quoi consiste le projet européen de création d’un corps de gardes-frontières ?« Cela signifie qu’une institution serait créée, qui déciderait de manière arbitraire de son action sans la participation des Etats membres, a déclaré M. Waszczykowski. C’est une des décisions contre lesquelles nous protesterons. Nous sommes contre la création d’institutions qui ne sont pas fondées sur une représentation européenne plus large. »Le corps de gardes-côtes européens, pourrait être déployé, à l’issue d’une décision du conseil des ministres mais sans l’assentiment du pays concerné. Ce dispositif concernerait en premier lieu la Grèce, débordée par les arrivées de migrants depuis le début de l’année.Lire aussi :Crise des migrants : « Les seules solutions sont européennes »« Structure non démocratique »Le projet a pour ambition de pallier les carences des Etats membres dans la gestion des flux migratoires. Mais c’est précisément son inspiration fédérale qui irrite Varsovie. « Le renforcement de Frontex, la création d’une garde aux frontières, serait utile et bénéfique. Mais la méthode proposée par la Commission, le fait que ce serait une espèce de structure indépendante des Etats membres, est assez étonnante », a ajouté le ministre, qui évoque « une structure non démocratique, subordonnée à on ne sait qui. »Même avant l’arrivée au pouvoir de la droite populiste, Varsovie ne cachait pas son scepticisme face à ce genre d’initiative, et la précédente majorité libérale gardait une position ambiguë sur la question.La préservation de l’espace Schengen, c’est-à-dire la libre circulation des citoyens européens d’un pays à l’autre du continent, n’en reste pas moins une priorité pour le gouvernement polonais. La proposition de la Commission est en revanche vivement soutenue par la France et l’Allemagne.Jakub Iwaniuk (Varsovie, correspondance)Journaliste au Monde 14.12.2015 à 15h49 • Mis à jour le14.12.2015 à 17h36 Deux Suédois accusés d’avoir eu un rôle de premier plan dans des meurtres commis en Syrie au printemps 2013 ont été condamnés lundi 14 décembre à la réclusion à perpétuité (de vingt à vingt-cinq ans de prison, en Suède).Hassan Al-Mandlawi, 32 ans, et Al-Amin Sultan, 30 ans, ont répondu devant le tribunal de Göteborg de leur participation présumée à l’exécution par égorgement et décapitation de deux personnes à Alep, la capitale économique de la Syrie.Des vidéos de ces crimes étaient stockées sur une clé USB saisie dans le cadre d’une autre affaire au domicile du plus jeune des accusés.Rôle de « commandement » dans ces exécutionsHassan Al-Mandlawi et Al-Amin Sultan, qui s’expriment en suédois sur ces images, laissent éclater leur joie après la décapitation des victimes, non identifiées, dont les têtes sont brandies par les bourreaux.Le tribunal a souligné le rôle manifeste de « commandement » dans ces exécutions des deux mis en cause, qui clamaient leur innocence malgré des éléments à charge accablants, selon le parquet. « Ils n’ont pas tenu l’arme blanche, mais ils ont joué un rôle essentiel », a déclaré la procureuse Agnetha Hildning Qvarnstrom, lors de l’audience.Il s’agit du premier verdict de culpabilité visant des Suédois pour des « faits de terrorisme » commis en Syrie. Un homme de 28 ans a été condamné à cinq ans de prison en février pour une agression « équivalant à de la torture », qui avait été filmée et postée sur des réseaux sociaux. 03.12.2015 à 16h01 • Mis à jour le03.12.2015 à 16h35 Plus de deux semaines après les attentats qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris, deux hommes font l’objet d’un mandat d’arrêt international : Salah Abdeslam, soupçonné d’avoir eu au moins un rôle logistique dans les attaques, et Mohamed Abrini, qui l’a conduit à Paris le 11 novembre. Les enquêteurs poursuivent leurs investigations en France et en Belgique, tentant de déduire le trajet des terroristes et de ceux qui ont pu les aider.Salah Abdeslam, suspect numéro 1 toujours en cavale Ce Français résidant en Belgique, soupçonné d’avoir eu au moins un rôle logistique dans les attaques, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Il vivait dans le quartier de Molenbeek près de Bruxelles avec son frère Brahim, qui s’est fait exploser à Paris. Il est le seul survivant identifié du commando des tueries.Lire aussi :Ce que l’on sait de Salah Abdeslam, en fuite depuis les attentats du 13 novembreCe qui est certain, à ce stade de l’enquête, c’est qu’il a loué, en Belgique, la Polo qui a servi pour l’attaque du Bataclan et une Clio retrouvée dans le 18e arrondissement de Paris. Il a aussi réservé des chambres d’hôtel utilisées avant les attentats. Les enquêteurs tentent de déterminer s’il a pu convoyer les kamikazes du Stade de France et s’il était chargé d’une attaque dans le 18e, évoquée dans la revendication de l’organisation Etat Islamique mais qui n’a jamais eu lieu. C’est également là qu’on a retrouvé la Clio.Il a ensuite été localisé à Montrouge, au sud de Paris, où un gilet explosif similaire à ceux des kamikazes a été découvert dans une poubelle. Ce gilet aurait pu lui appartenir, puisqu’il a quitté Paris dans la nuit de vendredi à samedi après les attentats avec l’aide de deux complices venus de Belgique. Puis il a été pris en charge pas d’autres personnes. Les enquêteurs perdent sa trace dans une rue de Schaerbeek, commune populaire du nord de Bruxelles, où le dépose un certain Ali O. Il lui aurait alors dit : « On ne va plus jamais se revoir. » Des informations sur sa présence dans plusieurs pays européens à bord d’une voiture dans les semaines qui ont précédé les attentats n’ont pas été confirmées au Monde.Lire notre récit :Attentats du 13 novembre : l’improbable conversation d’Ali O. avec Salah AbdeslamMohamed Abrini, toujours recherché Ce Belgo-Marocain de 30 ans a été filmé par une caméra de vidéosurveillance en compagnie de Salah Abdeslam, deux jours avant les attentats, dans une station-service de l’Oise, où il conduisait la Clio qui allait être utilisée par les terroristes. Sa présence à Paris le jour des attentats n’est pas établie à ce jour.Originaire de Molenbeek, cet ami de Salah Abdeslam a, selon la police belge, un profil de petit délinquant ayant multiplié les séjours en prison pour vols. Il est soupçonné d’avoir séjourné en Syrie au cours de l’été 2015. Il gravitait autour des Béguines, le bistrot que la fratrie Abdeslam tenait dans le quartier de Molenbeek – fermé le 4 novembre pour trafic de stupéfiants.En France et en Belgique, la traque des complices présumés, perquisitions et inculpationsDans la région de Bruxelles, placée en alerte maximale pendant près d’une semaine à la fin du mois de novembre, plusieurs des dizaines de perquisitions ont abouti à la mise en examen et au placement en détention provisoire de huit personnes pour leur implication présumée.Quatre autres personnes ont été inculpées pour avoir véhiculé Salah Abdeslam dans les heures qui ont suivi les tueries : Hamza A., Mohammed A. Lazez A., et Ali O.Deux hommes soupçonnés d’avoir eu des liens avec Bilal Hafdi, l’un des terroristes qui s’est fait exploser près du stade de France, ont été inculpés le 3 décembre. Il s’agit d’un Français et d’un Belge, arrêtés à Molenbeek.Deux autres hommes ont été interpellés entre le 23 et le 26 novembre : Abdeilah C. et Mohamed B. Les motifs de leur mise en examen n’ont pas été communiqués par le parquet fédéral.En France, seul Jawad Bendaoud, l’homme soupçonné d’avoir fourni le logement de repli des terroristes à Saint-Denis, a été mis en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, détention d’armes et d’explosifs. L’un de ses proches, Mohamed S., 25 ans, est en garde à vue, soupçonné d’avoir joué un rôle d’intermédiaire.La piste turque : Ahmad Dahmani Ce Belge de 26 ans a été arrêté le 16 novembre à Antalya (Turquie) par la police turque dans le cadre d’une enquête sur une filière de migrants. Il était arrivé d’Amsterdam le 14 novembre. Les policiers turcs étudient ses éventuels contacts avec les assaillants de Paris. Son profil est jugé « intéressant » par les enquêteurs. Toujours incarcéré en Turquie, il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international et pourrait bientôt être expulsé vers Bruxelles.Le point sur les autres terroristes ayant participé aux attaques de ParisQuatre des kamikazes sont identifiés. Il s’agit de quatre Français : Brahim Abdeslam (31 ans), Bilal Hadfi (20 ans), Samy Amimour (28 ans) et Ismaël Omar Mostefaï (29 ans).Quatre kamikazes dont on ignore encore l’identité :Deux des trois kamikazes du Stade de France. Ils sont entrés en Europe par la Grèce en octobre. La police a diffusé leur photo après avoir retrouvé à proximité de leurs corps des passeports syriens à l’authenticité douteuse.Un kamikaze du Bataclan, le troisième homme qui a attaqué la salle de concert.Un homme qui s’est fait exploser lors de l’assaut des forces de l’ordre à Saint-Denis. Son ADN était inconnu de la police française, mais il est conforme à celui retrouvé sur une arme découverte dans la Seat abandonnée à Montreuil ; il serait le troisième membre qui a tiré sur les bars et restaurants parisiens, avec Abdelhamid Abaaoud et Brahim Abdeslam, mais aussi le complice potentiel dans le projet d’attentat d’Abaaoud à La Défense.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : quels terroristes étaient déjà repérés ?Abdelhamid Abaaoud, Belgo-Marocain de 28 ans, a été tué par les forces de l’ordre dans l’assaut de Saint-Denis. Son corps a été identifié dans un deuxième temps. Selon le procureur de la République de Paris François Molins, le probable coordinateur des attaques du 13 novembre projetait un autre attentat à La Défense le 18 ou le 19 novembre.Lire aussi :Les quatre jours d’errance d’AbaaoudHasna Aït Boulahcen, la cousine d’Abaaoud, qui lui aurait trouvé le logement de Saint-Denis, a également été tuée. Selon François Molins, elle «  était parfaitement au courant de l’implication de son cousin dans les attentats ». Juste avant le 13 novembre, selon des informations du Monde, la DGSE a intercepté un appel de Hasna Aït Boulahcen vers la Syrie.Lire aussi :Hasna Aït Boulahcen, entre vodka et niqab Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Alors que les ministres de l’intérieur de l’Union européenne doivent discuter, vendredi 4 décembre, à Bruxelles, des mesures de lutte contre le terrorisme, le coordinateur de la lutte antiterroriste de l’Union européenne, Gilles de Kerchove, analyse les attentats du 13 novembre à Paris et leurs conséquences.Lire aussi :Les ratés de la coordination antiterroriste en EuropeQuelles sont les principales leçons que vous tirez des récents attentats de Paris ?Je dois avouer qu’ils ne m’ont pas étonné. Étant donné le nombre de jeunes partis combattre, on pouvait prévoir que certains d’entre eux reviendraient, formés militairement, commettre des attentats. C’était le cauchemar de tous les services de renseignement. Daech [l’acronyme arabe de l’organisation Etat islamique] est, quoi qu’en disent certains, l’objet d’une forte pression de la coalition internationale en Syrie. Les frappes aériennes seules n’en viendront pas à bout mais elles ont un impact. Or, le succès est la marque de fabrique de cette organisation qui gagne toujours des territoires, dont ceux détenus par des franchises d’Al-Qaida, en Libye notamment. La multiplication des attentats au cours des dernières semaines est une stratégie destinée à répondre aux actions de la coalition.Lire aussi :Attaques à Paris : les spécialistes du terrorisme s’attendaient à un nouvel attentatIl faut donc redouter d’autres attentats ?Oui, sans doute.Les échanges de renseignements entre les services ont-ils oui ou non progressé depuis les attentats de janvier ?« la sécurité nationale restant une compétence exclusive des États »Je vous rappelle que l’UE n’a, en fait, pas de compétences dans ce domaine, la sécurité nationale restant une compétence exclusive des États. Toutefois, les échanges entre services sont nombreux et ceux-ci expliquent qu’ils ont répondu à l’appel des chefs d’Etat pour davantage de coopération. Il faut plutôt se demander si, en dehors du cadre institutionnel de l’Union, ces services ne devraient pas structurer davantage leurs échanges.Nous disposons de plateformes d’échange d’informations mais elles doivent être optimisées : les alimente-t-on suffisamment, les utilise-t-on suffisamment ? Non. Il faut que le système d’information Schengen (SIS) reprenne notamment toutes les informations sur les combattants étrangers. La France a fait un effort considérable en ce sens, d’autres doivent l’imiter.On a travaillé depuis deux ans sur le renforcement des contrôles aux frontières extérieures. Mais si, à ces frontières, on travaille avec une base de données insuffisamment nourrie, ou si on ne l’utilise pas suffisamment, les contrôles seront inefficaces et des Abdeslam ou des Abaaoud pourront continuer à faire des allers-retours avec la Syrie.Lire aussi :Abaaoud, Dahmani, Mostefaï, les frères Abdeslam : des terroristes surveillés en vainJe note que le passeport retrouvé au Stade de France n’a vraisemblablement pas été confronté au fichier Interpol des passeports volés, ce qui devrait être systématique. La plateforme d’Europol, aussi, devrait être davantage alimentée.Que pensez de l’idée d’une « CIA européenne », qui refleurit ?En l’état des traités, c’est infaisable, parce que le renseignement est maintenu en dehors du cadre institutionnel de l’Union. Je ne vois donc pas, techniquement, comment faire. Je note toutefois que l’article 73 du traité sur le fonctionnement de l’Union stipule que rien n’empêche les Etats membres de créer entre eux des formes de coopération. Il faut donc que ceux qui proposent une coopération renforcée prennent l’initiative de structurer davantage, en dehors du cadre institutionnel, la coopération entre leurs services. L’enjeu immédiat est d’assurer une alimentation systématique des plateformes d’échange (SIS et Europol notamment) par tous les acteurs de la sécurité intérieure.L’éventuelle présence de djihadistes parmi les nombreux réfugiés arrivant en Grèce représente-t-elle une vraie menace ?Jusqu’ici, j’ai pensé que Daech n’avait pas besoin de recourir à cette technique. L’organisation Etat islamique peut s’appuyer sur suffisamment de citoyens européens radicalisés, capables de se fondre dans la foule et de rester « sous le radar ». Mais peut-être, alors qu’il n’en a pas besoin, l’EI songe-t-il à utiliser cyniquement les canaux de la migration pour instiller le doute et la méfiance à l’égard des demandeurs d’asile. Il nous reste à nous montrer plus systématiques et plus rigoureux dans les contrôles. Et, parallèlement, à protéger Schengen tout en évitant le lien toxique entre réfugiés et terroristes, qui serait une tragédie.Lire aussi :Craintes d’une infiltration des routes migratoires par des djihadistesLe phénomène reste, selon vous, marginal ?Oui, mais même marginal, nous ne pouvons nous le permettre. D’où une mobilisation pour faire en sorte que l’Europe reste une terre d’accueil, tout en se protégeant.On évoque toujours la nécessité d’un fichier européen des données des passagers aériens (PNR). Il semble pourtant qu’il n’aurait pas permis d’éviter les attentats récents…Abdelhamid Abaaoud [l’un des terroristes tués le 18 novembre dans l’assaut du Raid à Saint-Denis] a beaucoup voyagé et, parfois, pris l’avion. A-t-on bien identifié ces vols ? Je n’en suis pas sûr. Je reste convaincu que le PNR est un moyen pour détecter les mouvements suspects, les départs ou les retours.Lire aussi :Ce que les services belges savaient d’Abdelhamid AbaaoudJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Charrel Les marchés n’en attendaient pas moins. Jeudi 3 décembre, à l’issue de la réunion de son conseil des gouverneurs, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé plusieurs actions. Objectif : lutter contre l’inflation faible, qui s’est établie à 0,1 % seulement en novembre, et tenter de réanimer l’économie européenne.Lire aussi :La croissance de la zone euro déçoit au troisième trimestreDans le détail, Mario Draghi, le président de l’institut de Francfort, a dévoilé trois mesures principales : la baisse du taux de dépôt de -0,2 % à -0,3 %, l’extension du programme de rachat de dettes publiques et privées (l’assouplissement quantitatif) de septembre 2016 à mars 2017, voire au-delà si nécessaire, et l’inclusion dans ce programme de nouveaux titres de dettes, à savoir des titres de dettes de collectivités locales et régionales de la zone euro.Certains analystes et investisseurs pariaient sur des mesures plus ambitieuses encore. Il faut dire que ces dernières semaines, M. Draghi, en promettant d’agir massivement, avait fait grimper les attentes au-delà du raisonnable…Lire aussi :Taux & Changes : Relancer l’inflation, oui, mais laquelle ?Pourquoi la BCE veut-elle allonger son programme d’assouplissement quantitatif ?Lancé en mars, ce programme parfois qualifié de « bazooka monétaire » (en anglais, on parle de « quantitative easing », ou « QE ») consiste en des rachats de dettes publiques et privées sur les marchés, à hauteur de 60 milliards d’euros par mois. Pour ce, la BCE crée de la nouvelle monnaie qu’elle injecte dans le système financier : c’est la version moderne de la « planche à billets ».Son objectif est triple. D’abord, le QE permet de maintenir les taux d’intérêt auxquels s’endettent les Etats de la zone euro à des niveaux très bas. De quoi les aider à assurer la stabilité de leurs finances publiques, même si certains économistes jugent que, du coup, les gouvernements ont moins de pression pour mettre en place les réformes permettant de réduire durablement leur dette… Reste qu’en se diffusant dans le reste de l’économie, la baisse des taux permet également aux PME et aux ménages d’accéder à des crédits bancaires moins chers.Autre objectif : en achetant des obligations souveraines, la BCE espère pousser les investisseurs en quête de rendement vers des titres jugés plus risqués mais aussi plus favorables au financement de l’économie. Comme, par exemple, les obligations d’entreprises.Enfin, le QE vise également – c’est un objectif officieux de la BCE – à faire baisser l’euro face au dollar. En injectant des nouvelles liquidités, l’institution augmente en effet la quantité de monnaie en circulation, ce qui fait automatiquement baisser le cours de la monnaie unique face aux autres devises. Et cela fonctionne : depuis que la BCE a commencé à évoquer le QE, à l’été 2014, l’euro a déjà perdu 23 % face au billet vert.Or, lorsque l’euro baisse, le prix des produits importés augmente, ce qui contribue à relancer l’inflation : c’est justement l’objectif de la BCE. Voilà pourquoi elle a décidé d’allonger son QE jusqu’à mars 2017, voire au-delà si nécessaire, contre septembre 2016, comme initialement prévu.Que cherche la BCE en rachetant des dettes des collectivités locales et régionales ?Jusqu’ici, la BCE rachetait essentiellement des obligations d’Etats, ainsi que certaines obligations privées, de façon plus marginale. A cette liste s’ajouteront désormais des titres d’emprunt de collectivités locales et régionales de la zone euro. Pourquoi une telle mesure ? Principalement pour regagner un peu de marges de manœuvre. La BCE rachète aujourd’hui une grande partie de la dette nouvellement émise par les Etats, laissant parfois craindre une pénurie de ces titres.Certains analystes soulignent néanmoins que le rachat d’obligations des collectivités locales n’est pas sans risques, certaines n’étaient en effet pas des parangons de la vertu budgétaire…Quel est l’objectif de la nouvelle baisse du taux de dépôt ?C’est probablement l’outil monétaire le plus difficile à comprendre. Le taux de dépôt rémunère les liquidités à court terme que les banques laissent dans les coffres de la BCE. Instaurer un taux de dépôt négatif (la BCE l’a baissé à -0,10 % en juin 2014 puis à -0,20 % en janvier) revient donc à les faire payer pour ces liquidités dormantes. Objectif ? Le plus souvent, on avance qu’une telle mesure est censée encourager les banques à augmenter leurs prêts aux ménages et aux entreprises.Pour savoir si cela fonctionne, il suffit de se pencher sur le cas des pays qui l’ont déjà appliquée. Comme la Suède, qui a passé son taux de dépôt à -0,25 % entre juillet 2009 et septembre 2010. L’effet sur les prêts a été peu concluant, jugent les économistes.De fait, l’objectif du taux de dépôt négatif est moins de relancer le crédit que d’agir sur le cours de la monnaie. En rendant les dépôts moins attractifs, le taux négatif décourage les investisseurs à placer leurs fonds dans le pays concerné. Ce qui fait baisser le cours de la devise en question.En réduisant encore son taux de dépôt à -0,30 %, la BCE cherche donc surtout à tirer l’euro vers le bas face au dollar. Là encore, dans l’espoir que cela relance l’inflation…Quelle peut être l’efficacité de ces nouvelles mesures ? Ces nouvelles armes permettront-elles de dynamiser la croissance et l’inflation ? Les économistes sont divisés. Pour certains, l’activisme de Mario Draghi porte déjà ses fruits, même s’ils sont encore timides. « Le crédit bancaire au secteur privé accélère, les indicateurs macroéconomiques passent peu à peu dans le vert, l’inflation sous-jacente, celle qui exclut notamment les prix de l’énergie, se ressaisit, constate ainsi Frederik Ducrozet, économiste chez Pictet Wealth Management. De plus, il ne faut pas oublier que le QE a seulement été lancé en mars dernier. Or, il faut au moins un an avant que ses effets sur l’économie ne se mesurent vraiment. »Patrick Artus, chef économiste de Natixis, se montre bien plus dubitatif. « La politique monétaire n’a quasiment plus d’effet sur l’inflation, en répétant qu’il fera tout pour la relancer aussi vite que possible, Mario Draghi prend de grands risques », explique-t-il. A commencer par celui de perdre sa crédibilité s’il échoue.Les causes de l’inflation faible échappent en effet en partie à son rayon d’action. A l’exemple de la chute des cours des matières premières, bien sûr, mais aussi de l’atonie des salaires, plombés par le taux de chômage élevé (10,7 % de la population active dans la zone euro). Ou encore de la concurrence des pays à bas coût.Lire aussi :Pourquoi la BCE peine à relancer l’économie européenneMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.12.2015 à 11h34 Les Danois sont appelés jeudi à se prononcer sur la participation du pays aux programmes européens de sécurité, questions techniques qui soulèvent des débats sur la menace djihadiste et l’immigration.Tenu trois semaines après les attentats de Paris qui ont fait 130 morts, ce référendum était prévu pour 2016 mais il a été avancé, afin d’éviter les interférences avec celui que le Royaume-Uni doit convoquer avant 2017 sur son appartenance à l’Union européenne.Si la participation s’annonce faible pour le pays, l’issue du scrutin n’en est pas moins serrée. D’après les derniers sondages, le oui et le non sont au coude-à-coude avec un léger avantage pour le non (42 %) contre 39 % au oui dans une enquête d’opinion publiée mercredi. Cinq partis dont les libéraux de Venstre, au gouvernement, et la principale formation d’opposition, les sociaux-démocrates, se sont mobilisés en faveur du oui tandis que les eurosceptiques du Parti populaire danois (Dansk Folkeparti, DF) sont contre.« Plus d’UE ? Non merci ».Ce parti anti-immigration, arrivé deuxième aux législatives de juin, a fait campagne sur le thème « Plus d’UE ? Non merci ». Le Danemark, prévient-il en substance, risque à terme de perdre le contrôle de sa politique migratoire, un argument massue pour les électeurs inquiets des projets de répartition des migrants entre pays de l’UE alors que le Danemark en a accueilli dix fois moins que son voisin suédois cette année.Entré dans l’UE en 1973 mais jaloux de sa souveraineté, le Danemark accompagne du bout des lèvres la construction européenne. Jeudi, la question formelle posée est de savoir si le pays doit renoncer à des dérogations (« option de retrait » en droit communautaire) aux traités européens dans la coopération judiciaire et les affaires intérieures, ce qui est indispensable s’il veut rester membre d’Europol. 03.12.2015 à 10h20 D’ici à 2030, la Suède entend devenir l’un des premiers pays au monde sans énergie fossile. La ministre suédoise pour le développement l’annonçait à l’approche de la COP21 organisée jusqu’au 11 décembre à Paris. Une nouvelle fois, les Scandinaves interpellent pour leur approche vertueuse, alors que les objectifs fixés par l’ensemble de l’Union européenne avant le sommet apparaissent décevants.Le modèle suédois, vanté en France dès les années 1960, et le modèle danois particulièrement sollicité depuis le début des années 2000, ont de fait beaucoup reposé, aux côtés des références à la social-démocratie scandinave, sur les innovations environnementales.Pourtant, ceux-là même qui annoncent le modèle sont souvent les premiers à en dénoncer la transférabilité. Cette mise à distance rapprocherait davantage les pays nordiques d’une utopie, dispositif idéal donnant à penser le contexte européen ou français, que d’un véritable modèle, dynamique que l’on chercherait à imiter.Faut-il définitivement classer l’expérience nordique dans la catégorie exotique des écomusées du développement durable, toujours agréables à visiter mais délimités dans le temps et l’espace ? Existe-t-il des enseignements à tirer pour la France de la transition énergétique nordique, au-delà des contextes démographiques, politiques, et institutionnels incontestablement aussi favorables que singuliers ?Contextes nationaux favorablesDans le domaine des énergies renouvelables, les cinq pays nordiques (Finlande, Suède, Danemark, Norvège et Islande) affichent des statistiques impressionnantes bien que disparates. Ils ne représentent que 4,5 % du total des émissions de CO2 de l’Union européenne et figurent, avec l’Autriche, parmi les plus forts pourcentages de sources renouvelables dans la consommation finale en 2013 : 65,5 % pour la Norvège, 52,1 % pour la Suède et 27,2 % pour le Danemark contre 14,2 % pour la France.L’harmonie de la nature occupe une place particulière dans les mentalités et mythes nordiques qui sont encore imprégnés, malgré la christianisation, de paganisme et d’un certain panthéismeCes chiffres s’expliquent bien entendu par des contextes nationaux favorables : la présence de ressources naturelles abondantes (hydroélectricité en Suède et en Norvège, champs éoliens au Danemark), un volontarisme politique précoce appuyé par des mouvements de la société civile, y compris antinucléaires (dès les années 1980-1990), un cadre législatif souple (soutien étatique, simplifications administratives), un dense tissu économique (société Vestas au Danemark) et une bonne coopération avec les voisins nordiques en cas d’intermittence.Parallèlement, l’harmonie de la nature occupe une place particulière dans les mentalités et mythes nordiques qui sont encore imprégnés, malgré la christianisation, de paganisme et d’un certain panthéisme.PragmatismeLa transition énergétique dans les pays nordiques a associé des objectifs ambitieux au niveau étatique et une approche plus douce, par étapes.En 1972, le Danemark était l’un des pays de l’OCDE les plus dépendants du pétrole (92 % de sa consommation énergétique totale). En 1996, suite à trois plans énergétiques (1976, 1981, 1990), sa dépendance pétrolière était réduite de 50 %. Pourtant, les projets nordiques ne sont pas seulement la projection d’une stratégie globale et planifiée.Contrairement aux Français, souvent enclins à la théorie et à la conjecture, les Nordiques possèdent une forte propension au pragmatisme et au concret. L’innovation naît d’abord de la recherche de solutions simples, directes et réalistes à des problèmes quotidiens. Un obstacle à contourner engendre, selon la méthode des petits pas, une cascade de douces transformations.Plusieurs communes de Scanie, dans le sud de la Suède, ont ainsi commencé à produire du biogaz pour faire face à une recrudescence des algues rouges sur les littoraux et assurer la reconversion des habitants, victimes des fluctuations du marché agricole et des licenciements dans l’industrie. À partir de l’idée initiale d’une transformation en énergie des algues, une myriade d’autres projets est apparue comme la production de biomasse, l’utilisation des résidus de l’agriculture et de l’élevage (lisier) et le rétablissement des zones humides.Approches globales et localesLes pays nordiques combinent de manière optimale approches globales et locales associant l’engagement de grands groupes comme Siemens dans des projets environnementaux et les vertus de la proximité et des réseaux d’interconnaissance.Au Danemark, le ministère de l’environnement souhaitait, au début des années 1990, expérimenter de nouvelles technologies vertes tout en s’offrant une vitrine marketing. L’île de Samsø, au sud du pays, a été choisie en 1997 pour devenir autosuffisante avec 100 % d’énergies renouvelables. La manière dont le projet a été conduit est relativement emblématique d’autres sites (dans le Jutland par exemple).La propriété des turbines éoliennes on- et offshore construites y est mixte : engagement financier de la municipalité, initiatives individuelles mais aussi émulation collective. Les habitants ont pu acquérir des parts pour des prix d’appel très bas, avec un retour espéré sur investissement, dans des turbines sur l’île et en mer par l’intermédiaire de coopératives.Une fondation permet de financer des projets sur l’île grâce à une partie des bénéfices reversée sur chaque kilowatt vendu. Les agriculteurs ont été sensibilités sur place aux nouvelles énergies à travers une formation continue. Ce fonctionnement rappelle le mouvement coopératif né dans les campagnes danoises à partir de l’enseignement du pasteur Grundtvig.Financement citoyenDe telles initiatives montrent l’importance de penser localement et d’agir localement en mobilisant au plus petit niveau les compétences des acteurs et habitants. Chaque microprojet est une contribution supplémentaire, souvent peu coûteuse, issue de la société civile, aux objectifs fixés sur un plan intergouvernemental. Les pays nordiques nous rappellent surtout l’importance d’une culture accrue de la proximité.La France dispose d’une trame de petites et moyennes villes et de fortes synergies régionales en plus de ressources naturelles abondantes (le 2e potentiel éolien d’Europe). Le financement citoyen a d’ailleurs commencé à voir le jour avec une expérimentation menée dans le Morbihan en 2014 autour de quatre installations éoliennes soutenues par les habitants. Une dynamique propice s’instaure donc pour que l’inspiration nordique ne reste pas seulement théorique.Nicolas Escach (Docteur et agrégé de géographie, enseignant-chercheur à l’Institut d’études culturelles et internationales, université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines) 03.12.2015 à 06h52 • Mis à jour le03.12.2015 à 12h55 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Vingt jours après les attentats de Paris, le Royaume-Uni a lancé, jeudi 3 décembre, ses premières frappes en Syrie. Quatre avions de combat Tornado GR4 basés à Akrotiri (Chypre) ont « effectué la première opération offensive au-dessus de la Syrie lors de laquelle ils ont conduit des frappes », a expliqué un porte-parole du ministère de la défense. Ces frappes visaient une installation pétrolière.Les bombardements sont intervenus quelques heures après le vote, mercredi, par la Chambre des communes, par 397 voix contre 223, d’une motion qui permet d’étendre à la Syrie les frappes aériennes contre l’organisation Etat islamique (EI) qu’elle effectue depuis plus d’un an déjà en Irak. Le ministre de la défense, Michael Fallon, a annoncé l’envoi de 8 bombardiers supplémentaires à Chypre pour participer aux raids.Le pays avait le devoir de « répondre à l’appel de nos alliés », a plaidé le premier ministre David Cameron en ouvrant ce débat marathon de dix heures, insistant sur les menaces qui planent sur Londres comme sur Paris. « C’est la bonne chose à faire pour la sécurité de notre pays », a-t-il insisté, assurant que l’intervention était « légale » grâce à la résolution de l’ONU adoptée à l’initiative de la France, et que la précision des missiles Brimstone britanniques « pouvait faire une vraie différence ». Lire aussi :Royaume-Uni : les pacifistes peinent à mobiliser contre le projet de frappes aériennes en SyrieFracture ouverte au Labour Pour le premier ministre, il s’agit d’une double victoire politique. Deux ans après le rejet par le Parlement de Westminster de frappes aériennes contre le régime de Bachar Al-Assad, les députés ont largement approuvé les bombardements contre l’EI. Cette ample majorité était introuvable avant le 13 novembre. Au début du même mois, M. Cameron était à deux doigts de renoncer à demander un nouveau vote, pour ne pas risquer une nouvelle humiliation.Cette fois, le premier ministre a convaincu non seulement la plupart des rétifs de son parti – 313 des 330 des députés tories ont approuvé les frappes –, mais il a entraîné également 66 des 231 élus du Labour, qui a étalé ses divisions et ses rancœurs à un moment décisif de la vie politique. La fracture ouverte par la question syrienne chez les travaillistes s’est manifestée de façon spectaculaire.Lire aussi :Grande-Bretagne : Hilary Benn, rival travailliste de Jeremy CorbynTandis que Jeremy Corbyn, le nouveau leader très à gauche du parti, a plaidé avec véhémence en début de séance contre les frappes, l’un de ses lieutenants réputé proche, Hilary Benn, ministre des affaires étrangères du cabinet fantôme, a soutenu les arguments opposés au cours d’une envolée passionnée, qui a conclu la séance et lui a valu les chaudes félicitations des tories. Le premier a jugé douteuse la légalité des frappes qui, selon lui, font courir des risques aux populations civiles et « ne vont probablement pas faire de différence ». Le second, se référant aux traditions internationalistes et antifascistes du Labour, a lancé : « Nous faisons face aujourd’hui à des fascistes. Ils se croient supérieurs (…) et nous méprisent. (…) Nous devons affronter ce démon [l’EI]. Il est temps pour nous de prendre notre part en Syrie. »Pendant que son opposition se déchire, M. Cameron engrange aussi un succès diplomatique. Le vote de mercredi permet au premier ministre, critiqué pour son absence de la scène internationale, de se repositionner parmi les chefs de gouvernement qui comptent et de manifester sa solidarité à l’égard de ses alliés occidentaux. Il aurait été « moralement » inacceptable de laisser aux Etat-Unis et à la France la charge de combattre, a estimé David Cameron, en interrogeant : « Allons-nous travailler avec nos alliés pour détruire cette menace, allons-nous poursuivre ces terroristes dans leur fief [de Rakka] d’où ils se préparent à tuer des Britanniques ? Ou allons-nous nous reposer et attendre qu’ils nous attaquent ? »Lire aussi :Le Labour se déchire sur les frappes en SyrieSolidarité avec la France Au passage, David Cameron a fait surmonter aux députés le traumatisme de 2003, lorsque son prédécesseur Tony Blair avait obtenu le feu vert des parlementaires pour intervenir en Irak sur la foi d’informations mensongères. « Nous ne sommes pas en 2003, a-t-il plaidé. Nous ne devons pas utiliser les erreurs du passé comme excuse à l’indifférence et à l’inaction. » L’argument de la solidarité avec la France après les attentats du 13 novembre a largement été utilisé. « Que dirions-nous si ce qui s’est passé à Paris était arrivé à Londres, si nous avions demandé le soutien de la France et que la France avait refusé ? », a interrogé Margaret Beckett, ancienne ministre du Labour favorable aux frappes. « Ceux qui ont été capables de chanter La Marseillaise avec notre plus proche allié européen, ne veulent pas répondre à son appel ! », a ironisé de son côté le député conservateur Andrew Murrison. Du côté des opposants à l’intervention, on a mis en avant son inefficacité, les risques pour les civils et le peu de fiabilité des « 70 000 soldats » de l’Armée syrienne libre présentés par M. Cameron comme autant de relais pour la prise de Rakka. La crainte d’attentats et d’une montée de l’islamophobie a aussi été évoquée. « Les frappes ne règlent pas le problème, il faudrait s’attaquer aux transactions sur le pétrole [réalisées par l’EI] », a avancé le député du Labour Gerald Kaufman. Quant aux 53 élus nationalistes écossais, ils ont unanimement rejeté les frappes. « L’Ecosse a été entraînée dans une guerre sans stratégie de sortie », a protesté le Parti national écossais (SNP).Pendant les débats, quelque 2 000 manifestants scandaient devant Westminster : « Ne bombardez pas la Syrie, nous voulons la paix ! » Les arguments hostiles aux frappes progressent dans l’opinion britannique à mesure que s’estompe l’émotion suscitée par le 13 novembre parisien. Selon un sondage publié mercredi par le Times, 48 % des Britanniques sont favorables à l’intervention alors qu’ils étaient 59 % une semaine plus tôt. Dans le même temps, l’hostilité aux bombardements est passée de 20 % à 31 % (avec 21 % d’indécis). Jeremy Corbyn ne s’est pas privé d’accuser le premier ministre d’avoir poussé les feux avant que l’opinion ne se retourne vraiment.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.12.2015 à 23h55 • Mis à jour le03.12.2015 à 08h49 La Grande-Bretagne a mené dans la nuit du mercredi 2 au jeudi 3 décembre ses premières frappes aériennes contre les positions du groupe Etat islamique en Syrie, a annoncé le ministère de la défense. Quelques heures plus tôt, le Parlement a donné son feu vert à la conduite de telles opérations dans le pays.Le vote a été acquis par 397 voix pour, 223 voix contre, avec une majorité de 174, montrant que de nombreux députés travaillistes ont apporté leur soutien au premier ministre conservateur, David Cameron. Les attentats du 13 novembre, revendiqués par le groupe extrémiste et qui ont fait 130 morts, semblent avoir convaincu certains réticents.La Grande-Bretagne bombarde des positions de l’EI en Irak depuis plus d’un an et le chef du gouvernement britannique avait appelé à l’extension de cette campagne militaire à la Syrie. Au terme de dix heures d’un débat tendu, il a obtenu le soutien d’une partie des élus de l’opposition.« Probablement pas faire de différence »Le chef du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, n’avait pas imposé de consigne de vote à ses troupes, très divisées sur la question. Il avait cependant affiché clairement sa position : « Etendre les frappes aériennes britanniques ne va probablement pas faire de différence », avait-il estimé, mettant en doute leur légalité et craignant qu’elles provoquent surtout des pertes civiles.Une partie des électeurs redoute toujours les conséquences d’un nouvel engagement militaire au Proche-Orient. Certains voyant les interventions en Irak et en Libye comme des échecs ayant contribué à semer le chaos dans la région et à favoriser l’émergence de l’organisation Etat islamique.Lire aussi :Royaume-Uni : les pacifistes peinent à mobiliser contre le projet de frappes aériennes en SyrieObama salue la décision du Parlement« La Grande-Bretagne est plus en sécurité ce soir en raison de la décision prise par la Chambre des communes », a réagi le secrétaire d’état aux affaires étrangères, Philip Hammond, à l’antenne de Sky News. De son côté, le président américain, Barack Obama, a salué ce vote : « Depuis le début de la campagne anti-EI, le Royaume-Uni a été l’un de nos partenaires les plus précieux. » Le Parlement allemand devrait à son tour voter, vendredi, en faveur d’une participation à la campagne militaire contre l’Etat islamique, même si Berlin devrait simplement fournir un appui aux frappes aériennes sans y prendre part directement. 02.12.2015 à 16h25 • Mis à jour le03.12.2015 à 10h36 Après le froid diplomatique, Moscou est passé aux attaques personnelles, dans la crise qui l’oppose à Ankara depuis que des avions de chasse turcs ont abattu un bombardier russe près de la frontière syrienne. Mercredi 2 décembre, le vice-ministre de la défense russe, Anatoli Antonov, a accusé « le président Erdogan et sa famille » de profiter de la contrebande de pétrole à laquelle se livre l’organisation djihadiste Etat islamique (EI) en Syrie.« Vous ne vous posez pas de questions sur le fait que le fils du président turc s’avère être le dirigeant d’une des principales compagnies énergétiques et que son beau-fils a été nommé ministre de l’énergie ? Quelle merveilleuse entreprise familiale ! », a-t-il commenté en référence au gendre de M. Erdogan, Berat Albayrak, 37 ans, et à son fils, Bilal Erdogan, qui possède le groupe BMZ, spécialisé dans les travaux publics et le transport maritime.Armée russe diffuse photos satellite, des "preuves" de l'implication de la #Turquie ds le trafic de pétrole avec #EI https://t.co/uvWGSUAscv— mandraud (@Mandraud Isabelle)require(["twitter/widgets"]);Erdogan s’insurge de ces « calomnies »C’est la première fois que Moscou cite nommément le président turc et son entourage, même si Vladimir Poutine avait déjà accusé Ankara, lundi, de « protéger » les combattants de l’EI et de couvrir le trafic d’hydrocarbures, qui représente l’une des principales sources de financement du groupe djihadiste.Il avait assuré que l’or noir de l’EI était « acheminé massivement, de manière industrielle, vers la Turquie », générant des « millions et des milliards de dollars » de profit. Ces accusations ont été balayées par le président turc, qui a mis au défi Moscou de prouver ses allégations. Personne n’a le droit de « propager de calomnies contre la Turquie » en l’accusant d’acheter du pétrole à l’EI, a-t-il rétorqué mercredi après-midi.Lire aussi :La guerre des mots continue entre Russie et TurquieRencontre prévue en décembreCette guerre des mots avait semblé se calmer mercredi lorsque le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a annoncé une rencontre avec son homologue turc, Mevlüt Cavusoglu, premier entretien entre hauts responsables des deux pays depuis le début de la crise. Cette rencontre devrait se tenir en marge du conseil des ministres de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui se déroule à Belgrade les 3 et 4 décembre.Jusqu’à présent, les hauts responsables russes ont refusé tout contact avec leurs homologues turcs. Vladimir Poutine, après avoir refusé de prendre les appels du président turc, l’a soigneusement évité lors de la COP21 à Paris.Lire aussi :Finances de l’EI : la guerre secrète 02.12.2015 à 13h06 • Mis à jour le02.12.2015 à 13h27 La Slovaquie a porté plainte devant la Cour de justice de l’union européenne, mercredi 2 décembre, pour dénoncer les quotas de migrants adoptés en septembre par les ministres de l’intérieur de l’UE. Le premier ministre slovaque Robert Fico s’en est justifié devant les journalistes :« Nous demandons que la cour l’annule, la déclare invalide et oblige le Conseil à payer les frais judiciaires. Nous maintenons que cette décision (...) était en contradiction avec une décision du Conseil européen qui avait dit clairement qu’aucun quota obligatoire ne serait adopté. Nous considérons aussi que ce cas représente une atteinte aux droits des Parlements nationaux et du Parlement européen. »Au lendemain du vote des quotas, M. Fico avait déjà annoncé son intention de porter plainte auprès de la Cour de justice. Il annonçait aussi que, dans un deuxième temps, il n’appliquerait pas la décision. Le quota prévu pour la Slovaquie par l’UE est de près de 2 300 personnes. Le pays compte accueillir uniquement, à titre volontaire, 25 familles, soit au total 149 réfugiés chrétiens d’Irak.Outre la Slovaquie, la Roumanie, la Hongrie, la République Tchèque ont voté contre ce plan, contraignant, soutenu par l’Allemagne et la France, qui prévoit la répartition de 120 000 réfugiés et migrants arrivés en Italie et en Grèce en 2015. Adéa Guillot (Athènes, correspondance), Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La tension est forte entre Athènes et les autres capitales européennes sur la gestion des migrants. La Grèce est aujourd’hui ni plus moins menacée d’une suspension, voire d’une d’exclusion des accords Schengen sur la libre circulation, si elle ne prend pas de mesures supplémentaires pour renforcer le contrôle de ses frontières. Cela a conduit, mercredi, le gouvernement grec à riposter vivement.« Nous faisons tout ce que nous pouvons pour collaborer et trouver des solutions européennes à cette crise de réfugiés », a déclaré une source gouvernementale grecque, qui dénonce « un coup de pression que nous ne comprenons pas ».Dans la journée, mercredi, le ministre grec de la politique migratoire, Iannis Mouzalas a dénoncé « des États-membres qui croient à tort que le flux de réfugiés peut être contrôlé par la Grèce ». Lors d’une rencontre organisée avec des journalistes européens, il a notamment mis en cause un article publié mercredi par le Financial Times incluant, selon lui, « des contre-vérités et distorsions souvent utilisées par ces États membres contre » la Grèce.Qui menace Athènes et quand ce sujet sera-t-il tranché ?Evoqué discrètement depuis quelques semaines, le scénario d’une suspension, voire d’une d’exclusion des accords Schengen a été dévoilé avant une nouvelle réunion des ministres de l’intérieur et de l’immigration, jeudi et vendredi, à Bruxelles. Il ne semble plus impossible si Athènes ne répond pas très vite aux demandes pressantes de ses partenaires européens.Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, a mis en garde le premier ministre grec, Alexis Tsipras, dimanche 29 novembre, en marge du sommet UE-Turquie qui se tenait à Bruxelles et était consacré à la crise des migrants.Selon certaines sources, M. Juncker aurait évoqué un « rapport » sur la gestion de la crise des réfugiés par son pays et par l’Italie. Selon une autre, il lui aurait indiqué que si son pays n’entreprenait pas des actions « décisives », la question d’une suspension ou d’une exclusion du règlement Schengen serait sur la table du prochain sommet européen, les 17 et 18 décembre. « Le sommet des 17 et 18 sera un moment de vérité », a prévenu une source européenne. Qu’est-ce qui est reproché à Athènes ?Les pays européens insistent sur la nécessité d’une meilleure surveillance des frontières de la Grèce alors que plus de 800 000 migrants – surtout des Syriens – ont traversé la Méditerranée pour rejoindre l’Europe en 2015 et que la très grande majorité – environ 700 000 – est passée par les îles grecques de la mer Egée, en provenance de Turquie.Lire aussi :Les failles du contrôle des migrants en GrèceAthènes doit s’efforcer de créer des places d’accueil (elle en a promis 30 000 à la fin octobre), obtenir l’aide de l’agence Frontex pour la surveillance de sa frontière avec la Macédoine, réclamer le soutien d’équipes mobiles d’assistance rapide (Rabit) que peuvent fournir ses partenaires et, enfin, déclencher le mécanisme qui lui permettra d’obtenir, de la Commission de Bruxelles, une aide humanitaire d’urgence.Certains responsables soulignent toutefois que la Grèce n’est pas aidée par sa géographie et son administration défaillante et surtout qu’elle est fragilisée par plus de cinq ans d’austérité. Selon ces sources, la responsabilité de la crise actuelle revient aussi, pour une grande part, à l’appel d’air, généreux mais pas du tout concerté avec ses partenaires, qu’Angela Merkel a créé, à la fin de l’été, en disant que l’Allemagne allait accueillir tous les réfugiés syriens.Les principaux pays « de destination » privilégiés par les réfugiés - Allemagne, Suède, Finlande, Pays-Bas, Belgique - mais aussi d’autres pays, reprochent surtout à Athènes les lenteurs dans la mise en place des « hot spots », ces centres d’identification et d’enregistrement à installer avec le concours de l’UE.Même si le commissaire (grec) aux affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos, affirme que « cela fonctionne déjà à Lesbos », les partenaires d’Athènes déplorent que les autorités grecques n’effectuent pas la répartition entre migrants « économiques » et réfugiés.Combien de centres d’identification sont-ils aujourd’hui opérationnels en Grèce ?Sur les cinq centres d’accueil à mettre en place, seul celui de Lesbos est effectivement opérationnel, mais avec des lacunes. Le relevé électronique des empreintes est très insuffisant, les autorités grecques soulignant qu’elles manquent de moyens techniques et humains pour faire fonctionner les 300 machines que l’UE serait prête à mettre à leur disposition.Les demandes d’asile ne sont donc pas enregistrées, alors que c’est de Grèce (et d’Italie) que devraient partir 160 000 réfugiés à relocaliser dans l’Union. Ce plan, imaginé par la Commission – et difficilement accepté –, est un échec : 159 réfugiés ont effectivement été envoyés dans un pays d’accueil.Un autre élément, évoqué mercredi par le quotidien belge Le Soir, a apparemment accru la colère contre Athènes. A son retour de Lesbos, le commissaire à la Santé, Vytenis Andriukaitis, a envoyé au président Juncker un courrier décrivant une situation dramatique qui règne à Lesbos.M. Andriukaitis y parle de la mort d’enfants par hypothermie, du manque cruel de moyens médicaux et de retards dans l’acheminement de l’aide européenne. Alors qu’Athènes a bénéficié de divers fonds européens, pour un minimum de 58 millions d’euros.Une mini zone Schengen est-elle envisageable ?Si tous les regards se tournent à nouveau vers le « maillon faible » de l’UE, c’est que, de fait, les défaillances grecques expliquent en partie l’échec total des différentes solutions proposées par la Commission pour tenter d’endiguer la crise migratoire.Considérant que la Grèce est « une passoire », certains pays membres envisagent depuis quelques semaines de créer un « mini Schengen » et de restreindre l’espace de libre circulation à seulement quelques pays (l’Allemagne, le Benelux, l’Autriche, l’Allemagne, Suède).Le ministre des finances néerlandais, Jeroen Dijsselbloem, l’a expliqué sans nuances à la fin novembre : « Si l’Union ne protège pas mieux ses frontières extérieures, alors un petit groupe de pays le fera. » Plusieurs pays, dont la France, s’opposent à ce projet. « Il faut combattre cette idée et, d’ailleurs, éviter tout débat sur la remise en cause de Schengen ou l’exclusion d’un pays » déclarait au Monde, mercredi matin, le ministre luxembourgeois des affaires étrangères et de l’immigration, Jean Asselborn.Une suspension voire une exclusion de la Grèce de l’espace Shengen règlerait-elle la question des migrants ?A Athènes, on souligne qu’on ne peut menacer la Grèce de sanctions tout en lui demandant de gérer, seule si elle était exclue, le risque sécuritaire : elle ne pourra pas contrer avec ses moyens uniquement la menace d’une incursion de djihadistes sur le sol de l’Europe.Le gouvernement de M. Tsipras craint en tout cas que si aucune solution n’est trouvée, à court terme, à la crise des migrants, son pays devienne un vaste camp de rétention puisque tous ses voisins risquent de fermer hermétiquement leurs frontières, faute d’une gestion plus ordonnée du flux de migrants. « Schengen est comateux », juge M. Juncker. Il n’a visiblement pas tort.Lire aussi :L’UE veut renforcer les contrôles sur l’entrée et la libre circulation sur son territoireAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.12.2015 à 10h25 • Mis à jour le07.12.2015 à 10h57 La première ministre de la Lettonie, Laimdota Straujuma, a annoncé, lundi 7 décembre, sa démission.« J’ai informé le président de la démission du gouvernement », a déclaré Mme Straujuma, à l’issue d’une rencontre avec le chef de l’Etat, Raimonds Vejonis, qui avait estimé que le gouvernement de coalition de centre droit entre Unité (libéral conservateur), le Parti réformateur (centre droit), l’Alliance nationale (NA) et l’Union des Verts et des paysans (ZZS) sous sa direction « ne travaillait plus bien ».Nombreuses critiquesDepuis plusieurs semaines, des rumeurs évoquant un possible départ de la première ministre avaient circulé dans la presse. Le 4 décembre, elle avait dénoncé une campagne organisée contre elle et affirmé vouloir rester à son poste. Mme Straujuma s’est retrouvée sous le feu de critiques, y compris au sein de son parti, Unité, à cause des difficultés à mettre en place le projet du budget pour 2016, qui prévoit une hausse des impôts. Elle a également dû faire face à une grève des enseignants et à la faillite du transporteur aérien national airBaltic, objet d’un règlement controversé. Le président letton a annoncé qu’il allait consulter tous les partis politiques avant de présenter un candidat à sa succession.« Elle était une première ministre plutôt bonne, dans le sens où elle a réussi à cimenter une coalition de gouvernement très disparate. Mais, dans le même temps, elle avait un problème assez sérieux de leadership politique », estime le politologue Ivars Ijabs. « Le parti au pouvoir, Unité, était très mécontent du comportement très ambigu, discret (…) de Straujuma », ajoute-t-il.Sa coalition de centre droit avait remporté les élections législatives de 2014, après avoir adopté une ligne de fermeté à l’égard des positions de la Russie dans le conflit ukrainien.Lire aussi :La Lettonie surveille son voisin russe sans s’alarmer 06.12.2015 à 00h43 • Mis à jour le07.12.2015 à 00h06 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Trois jours après le vote du Parlement britannique autorisant des frappes aériennes en Syrie et trois semaines après les attentats à Paris et à Saint-Denis, la police a qualifié d’ « acte terroriste » l’attaque au couteau qui a eu lieu samedi 5 décembre vers 19 heures dans la salle des billets de la station Leytonstone du métro de Londres, située sur la Central line, dans l’est de la capitale britannique. Un homme de 56 ans a été grièvement blessé, mais ses jours ne seraient pas en danger. Deux autres personnes ont été blessées.Selon un témoin, l’agresseur, un homme de 29 ans, aurait crié « C’est pour la Syrie ». Un autre passant dit l’avoir entendu crier « Voilà ce qui arrive quand vous baisez avec la mère Syrie, votre sang va couler ». Une vidéo postée sur Internet montre un homme apparemment menaçant des voyageurs, alors qu’une flaque de sang est visible sur le sol, non loin des portiques de contrôle. « Lâche-le [couteau], imbécile ! », lui lance un homme. Des voyageurs paniqués fuyent la salle des billets de la station tandis que d’autres passent devant la scène comme si de rien n’était. La police dit avoir été alertée à 19 h 06 et avoir interpellé l’agresseur huit minutes plus tard.Appel à rester calme et vigilantSur une vidéo, on peut voir des policiers tentant de maîtriser l’agresseur à l’aide d’un pistolet à impulsion électrique de type Taser. Ils y échouent à plusieurs reprises avant d’y parvenir. Alors que l’homme est maintenu à terre, il continue à crier, ce qui conduit une personne, peut-être un policier, à répéter en criant : « Tu n’es pas un vrai musulman, mec. »Un témoin, Michael Garcia, 24 ans, analyste financier, a raconté à la BBC qu’il avait vu un homme brandissant un couteau d’environ 3 pouces (7,5 cm) de long et se tenant près d’une personne gisant au sol. « Il criait “Allez-y, partez !” aux autres gens. Il allait et venait à côté du gars qui était par terre. » Un autre témoin affirme avoir vu des passants criant sur l’agresseur, l’un d’eux tentant de lui jeter une bouteille.« Nous traitons ceci comme un acte terroriste, a déclaré le commandant Richard Walton, chef de l’unité antiterroriste de la police de Londres. J’appelle le public à rester calme mais en alerte et vigilant. Le niveau d’alerte terroriste reste au niveau “grave”, ce qui signifie qu’un attentat terroriste est hautement probable », a-t-il ajouté avant de lancer un appel à témoins.Attente de confirmation de la qualification de « terroriste »Sur son compte Twitter, le chef du Parti travailliste (opposition) Jeremy Corbyn, a qualifié l’agression d’« absolument scandaleuse » et a adressé ses pensées « à la victime et à sa famille ».Un porte-parole du premier ministre, David Cameron, a déclaré : « Une enquête policière est en cours sur l’agression de Londres. Nous contrôlons la situation de très près au fur et à mesure que de nouveaux éléments apparaissent. » Si Scotland Yard confirmait la qualification de « terroriste », l’agression de samedi soir constituerait la première de ce type depuis l’assassinat au couteau, le 22 mai 2013, du soldat Lee Rigby, par deux jeunes Londoniens convertis à l’islam radical.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.12.2015 à 21h44 L’ancien président géorgien Mikheil Saakachvili a été déchu de sa nationalité. Le service de presse de la présidence l’annonce dans un communiqué, vendredi 4 décembre. Personnage fantasque, un temps exilé à Brooklyn, Mikheil Saakachvili a été nommé cette année gouverneur de la région d’Odessa, en Ukraine. Il a pris la nationalité de son pays d’adoption, et perd l’ancienne, « conformément à la loi sur la nationalité géorgienne », précise le communiqué.En décidant de devenir ukrainien, Mikheil Saakachvili avait provoqué la colère de Tbilissi : son comportement avait été qualifié d’« indécent et incompréhensible » par le président actuel, Guiorgui Margvelachvili.Lire aussi :L’étonnante renaissance ukrainienne de SaakachviliPrésident de la Géorgie de 2004 à 2013, M. Saakachvili est arrivé au pouvoir après la Révolution de la rose, premier des soulèvements populaires en ex-URSS honnis par le Kremlin. Il est depuis poursuivi en Géorgie pour « abus de pouvoir », des persécutions politiques, selon lui. M. Saakachvili a déclaré à la chaîne de télévision Roustavi-2 :« Ils peuvent prendre mon passeport, mais ils ne peuvent pas faire quoi que ce soit contre mon amour pour la Mère patrie. »Très proche des autorités pro-occidentales en Ukraine, l’ancien président géorgien s’est lancé dans la lutte contre la corruption dans la région d’Odessa, où il est parfois critiqué pour son style autoritaire. « Sauver l’Ukraine signifie sauver la Géorgie. C’est pour cela que je suis en Ukraine, car j’y sers la cause de la Géorgie aussi », a-t-il affirmé à Rustavi-2. Selon lui, les deux pays luttent « contre le même empire », la Russie. 04.12.2015 à 19h56 La législation sur les écoutes des réseaux de téléphonie mobiles en Russie permet aux services secrets de pratiquer une surveillance arbitraire et abusive des citoyens, en violation du droit au respect de la vie privée, a affirmé la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) jeudi 3 décembre.La Cour précise que les écoutes sont, en théorie, contrôlées par le pouvoir judiciaire. En pratique, les juges ne disposent le plus souvent d’aucune information pertinente pour décider de leur bien-fondé.La Russie s’affranchit de la CEDHDe plus, les opérateurs de téléphonie mobile sont tenus d’installer sur leur réseau un dispositif donnant aux autorités un accès direct aux communications de leurs clients, sans qu’il soit nécessaire de leur adresser une demande. « Ce système a pour effet, singulièrement, de donner aux services secrets et à la police les moyens techniques de contourner la procédure d’autorisation et d’intercepter des communications sans mandat judiciaire préalable », affirme la Cour.Cette condamnation pourrait cependant rester lettre morte, la Russie cherchant à se défaire de l’autorité de la CEDH. Membre du Conseil de l’Europe depuis 1996 et signataire de la Convention européenne des droits de l’homme en 1998, la Russie a fait l’objet de nombreuses condamnations. Celle du 3 décembre est décidée au lendemain de l’adoption par la Douma, la chambre basse du Parlement russe, d’une loi disant que la Russie n’est pas tenue d’appliquer un arrêt de la CEDH qui serait contraire à sa Constitution.Lire aussi :La Russie s’affranchit de la Cour européenne des droits de l’homme 04.12.2015 à 13h09 | Faustine Vincent Annoncée trois jours après les attentats du 13 novembre, le projet de François Hollande d’étendre la déchéance de la nationalité aux binationaux nés Français, et de l’inscrire dans la Constitution, divise aujourd’hui profondément la classe politique et la société civile. Vus de Belgique, les débats qui émergent sur les questions de sécurité, d’égalité et de liberté ont un air de déjà-vu. Et pour cause : le pays a déjà mis cette idée de déchéance sur la table au début de l’année après les attentats de janvier à Paris et une action antiterroriste à Verviers, près de Liège.Lire aussi :Déchéance de nationalité : l’idée qui passe mal à gaucheLa proposition du gouvernement de coalition, dominé par le parti nationaliste flamand NVA, était d’étendre la déchéance de la nationalité aux Belges « de deuxième, voire de troisième génération » condamnés pour terrorisme. C’était la plus sévère des options étudiées, dans le cadre d’une série de douze mesures contre le radicalisme. La loi belge permet déjà la déchéance, mais uniquement pour ceux qui ne sont pas nés Belges, ou qui ont acquis la nationalité par naturalisation.Source d’inégalités« La volonté est d’aller vers la deuxième ou la troisième génération parce que c’est là que la situation se pose », avait défendu le vice-premier ministre libéral, Didier Reynders. « C’est dangereux, car discriminatoire », avait rétorqué le président de la Ligue des droits de l’Homme, Alexis Deswaef. Le ministre de l’aide à la jeunesse de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Rachid Madrane, s’était lui aussi indigné : « On n’humilie pas les terroristes. On humilie toute une communauté qui vit paisiblement. Cela voudrait dire que les Belges ne sont plus égaux devant la loi. Pour les mêmes faits, des gens seraient condamnés différemment. »De fait, la mesure aurait produit une inégalité entre un terroriste d’origine immigrée et un terroriste belge « de souche » puisque la loi ne peut s’appliquer qu’aux binationaux, la Convention européenne des Droits de l’homme interdisant de créer des apatrides. « Cette décision reviendrait à introduire une notion de citoyenneté de « seconde classe », analyse Jean-Michel Lafleur, directeur adjoint du Centre d’Études de l’Ethnicité et des Migrations à Liège. Elle ouvrirait une boîte de Pandore dont on ne connaît pas toutes les ramifications. »Application difficileSur le plan pratique, l’application elle-même de cette disposition aurait été un casse-tête. Une fois la déchéance prononcée, l’individu n’a en effet d’autre choix que de quitter le territoire, puisque les autorités ne lui délivreront pas de permis de séjour. Mais en cas d’expulsion, d’autres considérations juridiques entrent en ligne de compte. Comme l’a expliqué Alexis Deswaef, « si l’on retire la nationalité au père d’un enfant belge, la convention des droits de l’Homme garantit à l’enfant le droit de vivre en famille et donc avec son père ». La déchéance de la nationalité se heurte ainsi à la protection familiale.Après des semaines de débats, le gouvernement belge a finalement renoncé à son projet. Mais le parti nationaliste flamand NVA continue de donner le la sur ces questions sensibles. Partisan d’une ligne dure, il le fait d’autant plus facilement qu’il occupe les postes clés du ministère de l’intérieur et du secrétariat d’Etat à l’asile et la migration. Le contexte lui est favorable : la Belgique serait proportionnellement le pays le plus gros fournisseur de djihadistes en Europe.En une quinzaine d’années, la notion de nationalité en Belgique a été bousculée par la montée des extrêmes, conjuguée au renforcement de la menace terroriste, sur fond de durcissement des politiques d’immigration et d’intégration. « En 2002, on pouvait accéder à la nationalité par naturalisation au bout de trois ans de résidence. C’était l’une des législations les plus généreuses d’Europe », rappelle Jean-Michel Lafleur. L’idée était alors de favoriser l’intégration par l’octroi de la nationalité. En 2013, cette perspective s’est renversée avec l’entrée en vigueur d’une réforme alignant la Belgique sur les standards européens, plus exigeants (durée de résidence prérequise plus longue notamment). Désormais, l’intégration est au contraire un prérequis à l’octroi de la nationalité.Efficacité contestéeReste la question de l’efficacité de la déchéance de nationalité. Comme en France, la Belgique est divisée à ce sujet. Patrick Wautelet, professeur et spécialiste reconnu de droit comparé de la nationalité à l’université de Liège, est sceptique. « Évidemment, cela ne décourage pas de commettre des actes terroristes, au contraire. Et si l’objectif est d’empêcher que des terroristes reviennent sur le territoire, je doute aussi que cela le permette. Car un individu qui veut commettre un attentat, surtout s’il transporte une kalachnikov ou de l’argent liquide, tentera plutôt de rentrer de façon illégale ». Même étendue aux binationaux de deuxième ou troisième génération, la déchéance n’aurait, en outre, pas pu s’appliquer pour les terroristes n’ayant que la nationalité belge.A ce jour, l’application de la loi reste rarissime. Seules quatre personnes ont été déchues de leur nationalité pour terrorisme. « Trois sont encore en prison, précise Patrick Wautelet. S’il y a si peu de cas, c’est parce qu’il est complexe d’avoir suffisamment d’éléments de preuve afin de condamner pour un fait terroriste. » Comme la plupart des opposants à cette mesure, il estime ainsi qu’elle est avant tout « symbolique ». « C’est une réaction à chaud, une façon de rassurer la population et de montrer que les autorités agissent », soutient-il.Dans l’entourage de François Hollande, on assure que l’extension de la déchéance de la nationalité serait « une façon de traiter cette situation des binationaux qui commettent des actes de terrorisme ». À défaut d’expliquer en quoi elle permettrait, concrètement, de le faire, on souligne, là aussi, sa dimension symbolique : « Les symboles ont de l’importance. Déchoir de la nationalité, c’est très fort, dans l’échelle des valeurs de la France. »Faustine VincentJournaliste au Monde Nicole Vulser La mode tarde à reprendre des couleurs. Depuis 2007, dernière année où le secteur s’est affiché en croissance, aucune embellie. Et l’impact des attentats du 13 novembre risque d’aggraver les choses en jouant sur la consommation d’habillement et de textiles de maison. Une incertitude qui se traduit dans la fourchette des estimations pour 2015 : en France, le marché – en valeur – pourrait varier entre − 1,5 % et + 0,3 %, par rapport à 2014, selon les données communiquées jeudi 3 décembre par Hélène Fourneau, responsable des panels de l’Institut français de la mode (IFM). Toutefois, au cours de cette journée consacrée aux perspectives internationales mode et textile, elle a espéré une sortie de crise en 2016, avec, enfin, un retour à la croissance de 0,7 %.Chez nos voisins européens, la situation n’est pas non plus mirobolante : la croissance dans la consommation de vêtements devrait ralentir en 2015-2016 au Royaume-Uni. La dégradation du marché devrait s’atténuer légèrement en Allemagne, comme en Italie grâce à une reprise de l’économie après trois ans de récession. Enfin, une nette progression est attendue en Espagne, sans toutefois atteindre les niveaux d’avant-crise en 2007. Si bien qu’au total, dans ces cinq pays, en incluant l’Hexagone (qui concentrent 72 % du marché européen), la vente de vêtements et de textiles de maison devrait rester stable en 2015-2016.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : à Paris, les clients du luxe se font plus raresLa principale caractéristique du marché est venue cette année de « la forte chute de l’euro par rapport au dollar [qui] a rebattu les cartes de l’approvisionnement mondial du textile et a impacté les politiques de prix des distributeurs », affirme Gildas Minvielle, directeur de l’Observatoire économique de l’IFM. Très concrètement, le prix d’importation d’un jean en France a augmenté cette année de 19 % s’il a été fabriqué en Chine. Pour la première fois depuis bien longtemps, un léger rebond des prix moyens d’achats des vêtements a d’ailleurs été enregistré (+ 1,5 %), en prenant également en compte les soldes et les promotions.Pas d’effet « marinière »A contrario, l’évolution monétaire s’est traduite par un effet dynamisant sur les exportations françaises d’habillement en dehors de l’Union européenne, avec une hausse très marquée en 2015 vers les Etats-Unis, la Chine et Hongkong.Autres points saillants du marché en 2015 : l’envolée des ventes d’articles de mode achetés depuis les smartphones, un peu moins de soldes et promotions (40 % des ventes contre 42 % en 2014) et, du côté des enseignes et des marques, une utilisation plus massive que jamais des données personnelles des consommateurs.Dans un sondage auprès des consommateurs français réalisés après les attentats de Paris, Evelyne Chabalier, professeur à l’IFM, a également constaté « un raz de marée national » en faveur des vêtements « made in France ». Résultat jusqu’à présent jamais atteint, 74 % des personnes interrogées ont déclaré « acheter de préférence des vêtements dont l’étiquette indique une fabrication en France ». « Faut-il y voir une manifestation de colère ? Un souci de bien faire ? Une façon de favoriser les travailleurs de notre pays ? », s’est-elle interrogée. Ou un mensonge caractérisé ?Les vêtements « made in France » vendus dans l’Hexagone représentent toujours moins de 5 % des achats, a tempéré M. Minvielle. Dans le meilleur des cas. Signe que l’effet « marinière » qu’espérait Arnaud Montebourg du temps où il régnait à Bercy n’a été suivi d’aucun effet.Nicole VulserJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.12.2015 à 09h53 Quelques heures avant une réunion des ministres de l’intérieur de l’Union européenne (UE) consacrée à la situation de la Grèce face à la crise migratoire, le flux des migrants a repris à la frontière entre la Grèce et la Macédoine.Bloqués depuis plusieurs semaines du côté grec du poste-frontière d’Idomeni, des milliers de Syriens, Irakiens et Afghans poursuivaient, à l’aube, leur route vers l’Europe occidentale.Suivez la situation au poste-frontière d’Idomeni avec notre reporter :Tweets de @Adea_Guillot!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs");La Grèce a accepté jeudi 3 décembre l’aide de l’Union européenne pour surveiller ses frontières et gérer l’afflux des migrants, écartant ainsi la menace d’une éventuelle suspension de l’espace Schengen. Athènes a finalement répondu favorablement à trois propositions de l’UE : envoi de personnel européen à sa frontière nord, déploiement de gardes-frontières étrangers sur les îles de la mer Egée, et fourniture de tentes et de matériel destinés aux migrants bloqués sur son territoire.La Macédoine a érigé dans ce secteur une clôture métallique pour empêcher le passage des migrants et prévoit de la prolonger pour couvrir plus de 40 kilomètres.Slovénie, Serbie, Croatie, Macédoine ont décidé à la fin de novembre qu’elles allaient désormais refuser les migrants issus des pays censés être « sûrs », comme les pays africains, le Pakistan ou le Bangladesh, créant des tensions entre les différentes communautés.Lire aussi :La route des Balkans se ferme progressivement Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Le tribunal de l’Union européenne, à Luxembourg, a décidé d’annuler les sanctions visant, depuis mars 2014, les fonds d’Andrey Portnov, un conseiller du président ukrainien déchu Viktor Ianoukovitch. Le Conseil européen avait décidé de bloquer les avoirs de M. Portnov en raison du lancement à son encontre, par les nouvelles autorités de Kiev, d’une enquête pénale sur des détournements de fonds publics et leur transfert hors d’Ukraine. Il avait demandé à la justice européenne l’annulation de son inscription sur la liste des sanctions. Le tribunal lui a donné raison, estimant que la base de l’accusation portée contre lui (une lettre du 3 mars 2014 du procureur général d’Ukraine) était insuffisante. Les juges luxembourgeois ont estimé que les éventuelles responsabilités de M. Portnov n’étaient pas établies. Le Conseil avait d’ailleurs décidé lui-même de radier l’intéressé de sa liste des sanctions en mars 2015.Décision du Conseil désavouéeUne quinzaine d’autres recours ont été introduits par des responsables ukrainiens – et une dizaine par des Russes – suite aux décisions du Conseil en réponse à la crise ukrainienne et à l’annexion de la Crimée par la Russie. Des sociétés russes réclament également l’annulation des mesures qui les visent.Contraint à la rapidité pour éviter que les personnes concernées anticipent les sanctions qui pourraient les viser, le Conseil est régulièrement désavoué par les juges de Luxembourg. Lesquels déplorent que les sources utilisées soient parfois peu fiables, impossibles à identifier, ou inexistantes.Des décisions du Conseil ont été cassées dans divers autres dossiers liés à la lutte contre le terrorisme ou, récemment, à la Biélorussie. Le tribunal a notamment annulé une décision du Conseil visant le propriétaire et les sociétés détenant le club de football du Dynamo Minsk.Concernant l’Ukraine, les juges de Luxembourg devraient rendre une série de décisions avant la fin de l’année. Elles pourraient être favorables à plusieurs requérants : les premières listes de sanctions ont parfois été décidées sur la base d’informations insuffisamment étayées.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Benoît Vitkine Parmi les pays d’Europe occidentale, la France s’illustre par une extrême frilosité vis-à-vis de l’accueil des migrants, alors que les arrivées récentes et importantes ne la concernent pas au premier chef. Tel est le principal enseignement d’une vaste enquête menée par l’Institut français d’opinion publique (Ifop) dans sept pays européens – France, Pays-Bas, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Espagne et Danemark – pour le compte de la Fondation Jean-Jaurès et de la Fondation européenne d’études progressistes, et dont Le Monde publie les résultats.Lire aussi :Plus de 700 000 migrants ont traversé la Méditerranée cette année selon l’ONUL’accueil n’est pas vu comme un « devoir »Les Français sont ainsi les plus nombreux (46 %, autant que les Britanniques) à rejeter l’idée selon laquelle « c’est le devoir de notre pays que d’accueillir des migrants qui fuient la guerre et la misère ». Ils sont 39 % en Espagne, 36 % en Italie et seulement 21 % en Allemagne, pays qui apparaît tout au long de l’étude particulièrement ouvert à l’accueil. Les Français sont aussi 63 % à considérer que « notre pays compte déjà beaucoup d’étrangers ou de personnes d’origine étrangère et accueillir des immigrés supplémentaires n’est pas possible », soit autant que les Italiens et les Néerlandais. À titre de comparaison, 48 % des Espagnols et 33 % des Allemands partagent cette opinion. Lire aussi :« En France, l’extrême droite a réussi à imposer l’idée d’une immigration invasive »Priorité aux contrôles aux frontières plutôt qu’à l’aide au développementUn autre indicateur illustre encore plus fortement cette frilosité française. Les sondés français sont les seuls à préconiser, comme première solution à la crise actuelle, un renforcement des contrôles aux frontières (30 %), alors que dans l’ensemble des pays étudiés, les opinions plébiscitent plutôt « l’aide au développement et à la stabilisation des pays du sud de la Méditerranée afin de fixer les populations sur place ». Cette dernière solution est choisie par seulement 29 % des Français. Les opinions européennes sont en revanche beaucoup plus divisées sur la question d’une répartition des migrants entre les différents pays de l’Union. Cette solution, adoptée à Bruxelles en septembre pour un premier contingent de 160 000 demandeurs d’asile, n’est acceptée que par 48 % des Néerlandais, 46 % des Français et 44 % des Britanniques. De façon guère surprenante, l’Allemagne, premier objectif des réfugiés en Europe, et l’Italie, première porte d’entrée dans l’UE avec la Grèce, plébiscitent cette option à respectivement 79 % et 77 %. Des doutes sur les effets économiquesPour la Fondation Jean-Jaurès, c’est moins un impératif moral qui détermine les positionnements vis-à-vis de l’accueil que des considérations économiques. Tous les pays, hormis l’Allemagne, doutent de leur capacité financière à accueillir les migrants et sont sceptiques sur les bénéfices d’un tel accueil en termes de croissance économique. 78 % des Italiens, 73 % des Français et 64 % des Espagnols estiment que leur pays n’a pas les ressources pour accueillir des migrants, contre 31 % des Allemands.Ceux-ci sont également 55 % à voir dans l’accueil des migrants une « opportunité » pour l’économie, contre 25 % des Français. Un consensus se dégage en revanche au niveau européen sur l’idée d’un risque d’« appel d’air » en cas d’accueil des migrants « en nombre important ». Cette crainte concerne entre 69 % et 80 % des personnes interrogées. Autre inquiétude largement partagée d’un bout à l’autre du continent, entre 64 % (en Allemagne) et 85 % (aux Pays-Bas) des Européens pensent que « parmi les très nombreux migrants qui arrivent actuellement en Europe se trouvent également des terroristes potentiels ». Une opinion allemande qui s’est mise à douterL’Allemagne se distingue par ses positions particulièrement favorables à l’accueil des migrants. Mais le sondage confirme le doute qui envahit peu à peu l’opinion allemande. Lors d’une première enquête, réalisée du 16 au 22 septembre, 79 % d’entre eux étaient favorables à l’accueil de réfugiés en Allemagne. Trois semaines plus tard (du 12 au 14 octobre), dans une deuxième enquête, ils sont un peu moins nombreux : 75 %.Lorsque l’on entre dans le détail, l’évolution est encore plus nette. Fin septembre, 69 % des Allemands jugeaient que leur pays avait les moyens d’accueillir ces réfugiés. 55 % pensaient même que c’est une opportunité à saisir. Mi-octobre, chacun de ces deux indicateurs a perdu dix points.72 % des Allemands souhaitent en septembre que les migrants repartent dans leur pays quand la situation le permettra. Trois semaines plus tard, ils sont 80 % à l’espérer. Et le pourcentage de ceux qui pensent qu’« il y a déjà beaucoup d’étrangers en Allemagne » est passé de 33 % à 44 % entre les deux enquêtes. Lire aussi :Le scepticisme croissant des Allemands sur l’accueil des réfugiésDe gros clivages droite-gaucheAu-delà des différences nationales, la prégnance, voire la réactivation des clivages traditionnels droite-gauche est l’autre grande conclusion qui s’impose à la lecture des résultats de cette enquête. On observe en moyenne un écart de 30 à 40 points sur la question de l’accueil et de la répartition entre sympathisants de gauche et de droite.En France, les réponses « favorable » atteignent 70 % chez les sympathisants de gauche, contre 29 % chez ceux de droite. L’Allemagne, dirigée par un gouvernement de coalition, se distingue ici encore avec un écart de seulement 18 points. Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.10.2015 à 11h27 • Mis à jour le26.10.2015 à 11h58 Des excuses qui n’en sont pas vraiment. L’ancien premier ministre travailliste britannique Tony Blair a réitéré des excuses partielles pour la guerre en Irak, tout en reconnaissant une certaine responsabilité dans la montée en puissance de l’organisation de l’Etat islamique (EI), dans une interview accordée à CNN, dimanche 25 octobre.Ce mea culpa tombe à point nommé pour la presse britannique qui fait le lien entre ces déclarations et les conclusions de la commission Chilcot, qui enquête sur l’engagement controversé du Royaume-Uni dans cette guerre, et qui doit annoncer d’ici début novembre un calendrier de publication.« Tony Blair est au courant des accusations qu’il va devoir affronter », explique le journaliste de la BBC Robin Brant, pour qui l’ancien premier ministre s’excuse « pour des faits qu’il avait déjà publiquement regretté par le passé ». L’élément le plus significatif de son interview étant « le lien entre la chute de Saddam et la montée en puissance de l’Etat islamique ».Lire aussi :Les excuses très partielles de Tony Blair sur la guerre en Irak« Le pays attend toujours la vérité »Le rapport de la commission Chilcot devrait notamment « critiquer l’utilisation des informations des services de renseignement suggérant que Saddam était en possession d’armes de destruction massive », note le Guardian, précisant que Tony Blair « prépare le terrain avant la publication des conclusions de cette enquête ».Une analyse partagée par la première ministre écossaise Nicola Sturgeon qui dénonce dans les colonnes de The Independent une opération de communication, ajoutant que le « pays attend toujours de connaître la vérité ».The Blair spin operation begins but the country still awaits the truth. The delay to Chilcot report is a scandal. https://t.co/pPhRcZzGrc— NicolaSturgeon (@Nicola Sturgeon)require(["twitter/widgets"]);Tony Blair s’est excusé « pour les erreurs commises dans la planification de la guerre en Irak et pour le manque d’anticipation de ce qui pouvait arriver si on éliminait le régime de Saddam Hussein ». Il a également demandé pardon « pour avoir utilisé des renseignements erronés », faisant allusion à l’existence d’« armes de destructions massives » irakiennes qui ont permis de justifier l’intervention de la coalition.Mais « je trouve difficile de s’excuser d’avoir démis Saddam. Encore aujourd’hui en 2015, je trouve que c’est mieux qu’il ne soit plus là », a soutenu l’ex-premier ministre britannique. Interrogé pour savoir s’il faisait un lien entre la chute du dictateur irakien et la montée en puissance de l’Etat islamique, Tony Blair a toutefois reconnu qu’il y avait des « éléments de vérité » dans cette assertion.MAIL ON SUNDAY FRONT PAGE: 'I'm sorry' #skypapers https://t.co/S26wgQZomV— SkyNews (@Sky News)require(["twitter/widgets"]);« Dix ans trop tard »Réagissant à ces déclarations, des familles de soldats britanniques ont fait part de leur « révulsion » dans les colonnes du journal The Telegraph. Reg Keys, dont le fils a été tué en Irak en 2003, estime que l’ancien premier ministre devrait simplement présenter ses « excuses pour des morts qui n’étaient pas nécessaires. La raison pour laquelle nous sommes partis en guerre était la présence d’armes de destruction massive et non pour écarter Saddam du pouvoir […] A l’évidence, il anticipe les conclusions du rapport ».Le tabloïd Daily Mirror, qui a également fait sa Une sur les déclarations de Tony Blair, dénonce de son côté des excuses qui arrivent « dix ans trop tard ».Grieving mum and MPs slam Tony Blair's Iraq war apology as spin ..... https://t.co/A2tZ7JI15F @Jack_Blanchard_ https://t.co/XVgbXP56L4— ukpapers (@Daily Papers)require(["twitter/widgets"]);A l’époque, un rapport britannique était venu renforcer les études de la CIA, qui soupçonnait l’Irak de Saddam Hussein d’avoir détourné de l’uranium nigérian à des fins militaires.Mise en place en 2009 par le premier ministre travailliste de l’époque Gordon Brown, la commission Chilcot n’a toujours pas rendu ses conclusions alors qu’elle était initialement censée les produire dans un délai d’un an. Le report de sa publication est dû à la très britannique procédure de « maxwellisation », explique le Guardian, qui veut que toute personne étant critiquée dans un rapport officiel puisse avoir accès à celui-ci avant sa publication, afin d’avoir la possibilité de fournir des contres-arguments. Alain Salles (Varsovie, envoyé spécial) et Jakub Iwaniuk (Varsovie, correspondance) Quand les militants du parti conservateur polonais Droit et justice s’étaient réunis, le 25 mai, pour fêter la victoire surprise de leur candidat à la présidentielle, Andrzej Duda, la foule s’était mise à scander : « Beata, Beata ». Ils acclamaient une figure discrète, députée et trésorière du parti, qui venait de diriger cette campagne victorieuse. Personne n’imaginait alors que Beata Szydlo eût des chances, quelques mois plus tard, de devenir première ministre.Cinq mois plus tard, dimanche 25 octobre, quand les mêmes militants rassemblés au siège du PiS ont appris le résultat des élections législatives, ils ont crié : « Jaroslaw, Jaroslaw ». Et le président du parti, Jaroslaw Kaczynski, a pris longuement la parole. Quand est venu le tour de Beata Szydlo, elle a aussitôt félicité « Jaroslaw » pour la victoire.Lire nos informations :Pologne : la droite conservatrice remporte les élections législativesC’est le tout-puissant président du parti qui l’a choisie pour mener cette bataille. Elle avait le profil idéal pour affronter la première ministre de la Plateforme civique, Ewa Kopacz, qui devait elle-même son poste à Donald Tusk, devenu président du Conseil européen. Elle a employé les mêmes méthodes que pendant la campagne présidentielle : sillonner la Pologne à l’écoute des déçus du miracle économique, présenter un visage modéré à ceux qui ne votent pas spontanément PiS, tout en rassurant l’électorat traditionnel. Mission accomplie.Rien ne prédisposait cette figure relativement peu connue de la scène politique polonaise à occuper une telle position. Beata Szydlo est née en 1963 dans une famille de mineurs du sud de la Pologne, tout près d’Oswiecim (Auschwitz), région qu’elle continue de défendre activement alors que le gouvernement d’Ewa Kopacz avait annoncé un plan de restructuration qui prévoit la fermeture de plusieurs mines.Après des études d’ethnographie à l’université Jagellon de Cracovie, elle travaille au musée d’histoire de la ville. Au département du folklore, elle s’est notamment occupée du concours annuel des crèches de Noël. La religion n’est jamais loin pour les membres du PiS : Beata Szydlo a deux grands fils dont l’un est en quatrième année de séminaire.Une modérée à l’écart des plateaux de télévision La probable future première ministre s’engage en politique comme conseillère départementale, puis à 35 ans, en 1998, elle est élue maire de Brzeszcze, sa ville natale. Elle le restera jusqu’en 2005, quand elle devient députée. Elle reste longtemps en retrait, loin des échauffourées politiques et des caméras. En 2010, elle devient vice-présidente du parti.A la commission des finances du Parlement, elle est une députée assez respectée par les élus de la PO, car elle fait partie des modérés de PiS. Pendant la campagne, elle a évité la surenchère sur la question des réfugiés – contrairement à MM. Kaczynski et Duda – tout comme les théories du complot sur le crash de Smolensk, qui coûta la vie en 2010 au président Lech Kaczynski, frère de Jaroslaw. Cela ne l’empêche pas d’être très loyale envers le président du parti. Un clip de campagne de ses opposants de la Plateforme civique se moquait d’elle, la montrant en train de répéter sans arrêt « le président a toujours raison ».Jakub Iwaniuk (Varsovie, correspondance)Journaliste au MondeAlain Salles (Varsovie, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.10.2015 à 03h33 • Mis à jour le26.10.2015 à 11h04 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Ce n’est pas ce nouveau rendez-vous bruxellois qui allait résoudre la crise des migrants qui menace de déstabiliser l’Europe. Mais le « mini-sommet » bruxellois de dimanche 25 octobre, consacré à la route des Balkans occidentaux qu’empruntent des milliers de réfugiés syriens, irakiens ou afghans, a eu au moins le mérite de mettre tous les dirigeants concernés autour de la table.En réunissant dix Etats membres de l’Union ainsi que la Serbie, la Macédoine et l’Albanie, le but du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, était surtout de faire baisser la tension, très forte, entre les pays de la région qui s’accusent mutuellement d’être responsables de l’arrivée de milliers de demandeurs d’asile sur leur territoire. M. Juncker voulait aussi éviter que d’autres pays suivent l’exemple de la Hongrie de Viktor Orban, qui a fermé ses frontières avec la Serbie et la Croatie et a lancé dimanche : « Je viens ici en observateur. »Dans un premier temps, le premier ministre hongrois a reçu l’appui de la Croatie, de la Roumanie et de la Bulgarie, qui refusaient tout projet de conclusion, estimant qu’on allait trop loin dans les engagements exigés de leur part pour cesser de renvoyer les migrants vers les Etats voisins.30 000 places d’accueil cette année en Grèce Après des conversations et un dîner qui s’est éternisé, les dirigeants sont tombés d’accord au début de la nuit sur une déclaration finale. Elle envisage le déploiement immédiat d’un contingent de 400 gardes-frontières en Slovénie, qui a officiellement demandé l’aide de Bruxelles. Le pays a lancé un nouveau cri d’alarme dimanche, après l’arrivée de 15 000 réfugiés. Il avait récemment menacé d’ériger à son tour une barrière si l’UE ne lui apportait pas un soutien suffisant. Lors de son arrivée à Bruxelles, le premier ministre du petit Etat alpin, Miro Cerar, a évoqué le risque d’une implosion de l’Europe si elle n’arrivait pas à gérer la crise.La Grèce, difficile à convaincre, s’est engagée à proposer 30 000 places d’accueil cette année et 20 000 plus tard – contre 7 000 à 10 000 environ aujourd’hui – pour « retenir » les migrants qui continuent à vouloir partir vers l’Allemagne et la Suède et contribuer ainsi à réduire le flot arrivant sur la route des Balkans. Athènes recevra une aide financière du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies et de l’Union européenne. Le HCR s’engage aussi à créer 50 000 autres places d’accueil dans les Balkans.Lire aussi :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ?L’absence de la Turquie déploréeLe premier ministre grec, Alexis Tsipras, appuyé par d’autres délégations, a toutefois déploré l’absence de la Turquie aux débats de dimanche, soulignant que, si le corridor emprunté par les réfugiés aboutissait en Grèce, son entrée était bel et bien chez son voisin turc. Le « plan d’action » avec Ankara, approuvé par les dirigeants de l’Union le 15 octobre, est en négociation. Il prévoit le versement d’une aide 3 milliards d’euros et la libéralisation du régime des visas pour une partie des ressortissants turcs. Personne n’imagine toutefois une solution rapide, d’autant que des élections législatives jugées cruciales pour le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan auront lieu le 1er novembre.Une ligne téléphonique directe entre les cabinets des dirigeants de tous les pays concernés devrait aussi être rapidement établie, pour qu’ils puissent se tenir informés en temps réel des mouvements de réfugiés et mieux les anticiper. Une évaluation hebdomadaire de la situation sera effectuée en commun.Les dirigeants présents au mini-sommet de Bruxelles sont également convenus d’une coopération pratique pour faciliter les réadmissions des déboutés du droit d’asile par les pays tiers. Le texte mentionne encore une action plus ferme contre les « mouvements secondaires », à savoir le passage de réfugiés et de migrants d’un pays à l’autre. Une action plus vigoureuse – réclamée par une majorité de pays – est également promise, en mer et aux frontières terrestres.Le texte stipule également qu’un demandeur d’asile qui refuserait d’accomplir les formalités en vue d’obtenir une protection internationale pourrait se voir refuser l’entrée dans le pays concerné et perdre ses droits à une protection.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.10.2015 à 21h35 • Mis à jour le26.10.2015 à 10h20 | Jakub Iwaniuk (Varsovie, correspondance) Les conservateurs eurosceptiques du parti Droit et Justice (PiS) ont obtenu, dimanche 25 octobre, la majorité absolue aux élections législatives polonaises, selon des projections de trois chaînes de télévision publiées dimanche soir. Droit et Justice obtient 38 % des voix, ce qui lui donne 238 sièges de députés (sur 460), selon ces projections communes fondées sur des résultats affichés dans un échantillon de bureaux.Les libéraux centristes de la Plateforme civique (PO) de la première ministre sortante Ewa Kopacz obtiendraient 23,4 %, soit 135 sièges. Mme Kopacz a reconnu la défaite de son parti. La participation s’élevait à 51,6 %. Ces pronostics ne seront officiellement confirmés que mardi soir, la marge d’erreur étant de 2 %.Le parti conservateur catholique PiS, présidé par Jaroslaw Kaczynski, pourrait gouverner seul la Pologne. Centralisation du pouvoir, politique sociale, souverainisme économique constituent les grandes lignes d’un futur gouvernement conservateur, que devrait diriger la députée, Beata Szydlo.Lire aussi :La droite conservatrice est prête à revenir au pouvoir en Pologne Des pouvoirs renforcés pour le présidentDroit et justice (PiS) veut un renforcement de l’exécutif, notamment du rôle du président, mais aussi du premier ministre, afin de mettre en place un système de pouvoir plus centralisé. Il souhaite une plus grande influence du président sur le système judiciaire (d’où des accusations de non-respect de la séparation des pouvoirs), sur les médias publics et les services secrets. Concernant la justice, l’une des mesures phares est de fusionner les rôles de ministre de la justice et de procureur général.Des aides sociales coûteusesLe PiS qui est un parti social conservateur, a multiplié les promesses pendant la campagne pour arriver à un programme social très coûteux qui est évalué entre 40 et 60 milliards de zlotys (9 à 14 milliards d’euros) : baisse de l’âge de départ à la retraite à 60 ans pour les femmes, 65 ans pour les hommes (aujourd’hui à 65 et 67), maintien des régimes spéciaux (juges, procureurs, agriculteurs…), médicaments gratuits pour les personnes de plus de 75 ans, allocation familiale de 500 zlotys par mois et par enfant…Lire aussi :En Pologne, une croissance forte mais mal répartieLa religion au baccalauréatDans l’éducation, le PiS veut supprimer les collèges pour revenir à l’ancien système de huit ans d’école primaire et de quatre ans de lycée. Sans revenir complètement sur la décision du gouvernement Tusk d’abaisser l’âge obligatoire d’entrée à l’école de 7 à 6 ans, le PiS veut proposer le libre choix aux parents de mettre ou non leurs enfants à l’école à 6 ans. Proche de l’Eglise, le PiS pourrait être tenté de satisfaire une de ses demandes en faisant de la religion une épreuve du baccalauréat : « La religion devrait pouvoir être une matière du bac. Puisque l’on peut passer son bac dans autant de matières exotiques que l’histoire de la danse ou l’histoire de l’art, alors pourquoi ne devrait-il pas y avoir de religion ? » a affirmé la porte-parole du PiS, Elzbieta Witek, qui est pressentie comme ministre de l’éducation.Une « repolonisation » de l’économieLa politique économique du PiS est largement inspirée de la politique « non orthodoxe » de Orban : taxation des supermarchés et des banques (qui appartiennent en grande partie à des capitaux étrangers) en instaurant une préférence nationale, taxe sur les institutions financières et renationalisation de certaines banques. PiS parle de « réindustrialisation » et de « repolonisation » de l’économie, qui laissent sceptiques de nombreux économistes. La politique globalement étatiste, avec le renforcement du contrôle sur les entreprises partiellement publiques. Le PiS prévoit aussi une baisse de l’impôt sur les société de 19 à 15 %.Lire aussi :Election en Pologne : l’usure de la droite libéraleAucun compromis sur le climatLe PiS devrait mener une politique souverainiste et davantage pro-américaine. Il veut renforcer la présence des troupes américaines sur le sol polonais. Le PiS a critiqué fortement le contrat signé avec Airbus pour 50 hélicoptères Caracal, en marquant sa préférence pour les américains de Sikorski Aircraft, qui ont des usines en Pologne.A Bruxelles, le Pis défendra deux dossiers sensibles. Sur la question de la vente des terres agricoles, le PiS veut « protéger strictement » les propriétés polonaises contre les achats par les étrangers. Le PiS n’est prêt à aucun compromis sur la politique climatique, au nom de la défense de l’industrie du charbon sur laquelle repose l’essentiel de l’énergie polonaise. Globalement, Varsovie devrait refuser tout transfert de souveraineté supplémentaire et freiner autant que possibles des avancées fédérales. Le PiS s’est également opposé à la mise en place de quotas pour les réfugiés.Lire aussi :Pologne : la fin du bon élève européen ?Jakub Iwaniuk (Varsovie, correspondance)Journaliste au Monde 25.10.2015 à 11h27 • Mis à jour le25.10.2015 à 16h59 | Alain Salles (Czestochowa, Varsovie, envoyé spécial) Ahmed Bikes est syrien, kurde et polonais. Il est venu en Pologne pendant le communisme, quand les relations entre le régime Assad (père) et l’URSS et ses pays satellites étaient au beau fixe. Il est arrivé en 1985 pour étudier le cinéma à Lodz. Il a circulé entre la Pologne, Berlin-Est et Paris, où il a obtenu l’asile politique en 1988, « grâce au soutien de Danielle Mitterrand aux Kurdes », se souvient-il avec émotion. il est aujourd’hui citoyen polonais, propriétaire de plusieurs bars et restaurant à Czestochowa, dans le sud de la Pologne. Il est marié à une Polonaise. Son fils fait des études pour être pilote de ligne. Il parle parfaitement polonais et il emploie environ 80 personnes. On peut difficilement être plus intégré. A lui seul, il est un démenti de la peur de l’autre qu’on prête aux Polonais.Depuis la fin de l’été et la crise des réfugiés, il a pourtant découvert une autre Pologne. Pendant la campagne pour les élections législatives et sénatoriales dimanche 25 octobre, la droite polonaise s’est lancée dans une surenchère contre les réfugiés. A commencer par le parti qui a de grandes chances de revenir au pouvoir, Droit et justice (ou PiS – pour Prawo i Sprawiedliwość). Son tout-puissant président, Jaroslaw Kaczynski, a parlé du « choléra qui sévit déjà sur les îles grecques, de dysenterie à Vienne et de toutes sortes de parasites qui chez ces gens peuvent ne pas être dangereux mais qui peuvent l’être pour les populations locales ».Surenchère verbale« Voulez-vous qu’on ne soit plus les maîtres dans notre propre pays ? Les Polonais ne le veulent pas et le PiS ne le veut pas non plus », a lancé M. Kaczynski, qui a également parlé des territoires où régnerait la charia en France et en Suède. La candidate du PiS au poste de premier ministre, Beata Szydlo, qui adopte un ton modéré pendant la campagne, s’est contentée de parler de la « peur » des Polonais lors des débats télévisés. Mais le président, Andrzej Duda, a suivi les leçons de son mentor sur l’accueil des migrants après la décision du gouvernement polonais de ne pas s’opposer aux mesures de répartition des réfugiés dans l’Union européenne, qui prévoit l’accueil de quelque 7 000 personnes en Pologne, pays de 38 millions d’habitants. « Si le gouvernement est d’accord, il devrait pouvoir dire s’il est prêt à faire face à toutes les circonstances, c’est-à-dire si les Polonais sont bien protégés contre des risques épidémiologiques », a déclaré le président Duda, une semaine avant les élections.Lors du débat télévisé avec l’ensemble des partis, le candidat populiste Pawel Kukiz expliquait qu’il ne fallait pas « parler de réfugiés mais de migrants économiques » en se demandant s’il fallait vraiment « accueillir des terroristes ». Le chef de l’extrême droite, Janusz Korwin-Mikke, qui avait fait scandale en expliquant qu’Hitler n’était pas au courant des camps d’extermination et avait fait un salut nazi au Parlement européen, a ironisé sur les « camps de concentration » que voudrait construire l’Europe pour accueillir les réfugiés.Lire aussi :Pologne : la fin du bon élève européen ?« Les réfugiés sont virtuels en Pologne »« Je ne pensais pas qu’il y avait autant de gens racistes », explique Ahmed Bikes dans un de ses restaurants de Czestochowa, après avoir regardé le débat. Il met la violence de ces discours sur le compte de la campagne électorale, mais les réactions de son entourage l’ont choqué. « Moi, je n’ai jamais eu de problèmes. Mais j’ai dû supprimer plusieurs amis Facebook quand j’ai lu leurs commentaires. Ce sont des gens que je connaissais bien parfois. Ils m’ont demandé pourquoi je les avais supprimés. Ils me disaient : “Oui mais toi, ce n’est pas pareil.” Une de mes employés expliquait que les migrants venaient prendre nos bénéfices sociaux. Je lui ai quand même expliqué que c’était un ancien migrant qui lui payait son salaire tous les mois ! »Lire aussi :En Pologne, une croissance forte mais mal répartie Il comprend quand même les Polonais, « qui n’ont pas eu de passé colonial et ne sont pas habitués aux étrangers », et trouve même que « Merkel a exagéré en voulant accueillir tous les migrants ». Mais en même temps, explique-t-il, « la Pologne a besoin de migrants. les Syriens peuvent faire d’excellents médecins pour les hôpitaux ». La Pologne a un des plus faibles taux de fécondité d’Europe (1,3 enfant par femme). Elle a aussi le taux le plus bas de population immigrée (0,3 %, au début de 2014, même si cela a augmenté avec plusieurs centaines de milliers d’Ukrainiens). « Les réfugiés sont virtuels en Pologne. C’est pour cela qu’on peut dire n’importe quoi politiquement sur eux », souligne Jaroslaw Kuisz, rédacteur en chef du site Kultura Liberalna. Il s’étonne aussi de voir que le parti au pouvoir, Plate-forme civique, n’a pas cherché à mettre en avant la position ouverte de l’épiscopat polonais, qui a relayé les appels du pape François pour l’accueil des réfugiés, contre le PiS, pourtant toujours prêt à rappeler son attachement aux valeurs de l’Eglise.Alain Salles (Czestochowa, Varsovie, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) L’agence européenne de surveillance des frontières Frontex est désormais au cœur du dispositif de la politique d’asile : elle doit organiser la difficile procédure d’enregistrement des demandeurs mais aussi participer plus activement à la politique de retour. Le tout avec des moyens qui ont été promis mais se font encore attendre. Le Français Fabrice Leggeri est le directeur exécutif de Frontex. Rencontre avant le mini-sommet européen de Bruxelles qui, dimanche 25 octobre, doit évoquer des mesures d’urgence pour aider les Etats des Balkans, confrontés à une grave crise après la fermeture des frontières de la Hongrie.Suivez le sommet en direct avec notre journalisteTweets de @c_ducourtieux!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs");Lire aussi :L’Europe sous pression face à un nouvel afflux de réfugiés dans les BalkansA quoi peut vraiment servir ce sommet « opérationnel », convoqué à la hâte par la Commission ?Nous affrontons une situation évidemment exceptionnelle : entre la mi-septembre et la mi-octobre, par exemple, 200 000 personnes sont passées par la Croatie ; ce qui a, bien sûr, eu des conséquences pour les pays voisins. Cela dit, si on entend traiter le problème à la source, c’est en Grèce qu’il faut le faire : il convient de faire fonctionner l’enregistrement dans les « hot spots » [lieux de regroupement des migrants] à installer dans ce pays – comme en Italie – et permettre ainsi les relocalisations décidées par le Conseil. On ne réglera pas le problème des Balkans si l’on ne régule pas ces flux.Les moyens promis à Frontex sont à la hausse, mais concrètement où en êtes-vous ?J’ai lancé le plus vaste appel à contributions de notre histoire, soit 775 gardes-frontières. Dont 600 pour l’enregistrement en Grèce et une centaine pour les frontières terrestres – dont la Croatie. Nous en sommes actuellement à 300 personnes environ et, même si c’est encore insuffisant, c’est déjà un record pour les mises à disposition. Certains responsables évoquent un risque d’effondrement du système mis en place parce que l’enregistrement dans les « hot spots » ne fonctionne pas…La situation est différente en Italie et en Grèce : relative stabilisation des flux dans le premier cas, multiplication par dix dans le deuxième, avec une grande majorité de réfugiés syriens et d’Irakiens. Le « hot spot » qui doit être mis en place par les autorités nationales, aidées par les agences européennes, est un lieu de débarquement et d’accueil, où différentes agences européennes traitent les flux, avec les autorités nationales. Frontex procède à un premier examen pour déterminer d’abord la nationalité, puis à une audition pour établir le profil de la personne, la route qu’elle a suivie, etc. L’agence peut aussi recueillir des informations sur des groupes criminels organisés, qu’elle va transmettre à la police et à Europol. Le Bureau d’asile européen prend ensuite le relais, aide les autorités locales et met en route le processus de relocalisation.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?Mais ces « hot spots » ont-ils vocation à devenir des lieux de rétention ?Une partie des personnes auditionnées et enregistrées n’est pas éligible à l’asile. Il s’agit donc d’étrangers en situation irrégulière qui doivent être renvoyés vers un pays d’origine. La question est de savoir où les mettre alors qu’elles ont notamment droit à un appel. En clair, on a besoin de centres de rétention.Des responsables soulignent que la très grande majorité des demandeurs d’asile refuse en fait l’enregistrement, parce que ces personnes craignent de se retrouver dans un pays où elles ne veulent pas se rendre…Je suis chargé de faire fonctionner les « hot spots ». Nous sommes mieux outillés qu’auparavant et je crois que les autorités grecques ont compris l’enjeu. Nous testons, par ailleurs, une technologie nouvelle, déployable dans toutes nos opérations. Cela dit, j’ai effectivement constaté, à Lesbos, que 100 Syriens ont demandé l’asile depuis le 1er janvier 2015 alors que 120 000 personnes au moins sont arrivées sur cette île. Elles sont, c’est vrai, transférées ensuite sur le continent où elles peuvent accomplir les formalités, mais il est clair que nous devons arriver à ce que tous les vrais demandeurs d’asile fassent les démarches nécessaires pour obtenir une protection. A défaut, on n’arrivera pas, non plus, à renvoyer les autres.Lire aussi :Migrants : le premier « hot spot » grec ouvre sur l’île de LesbosFrontex est-elle réellement outillée, désormais, pour mener à bien cette politique de retour ?L’agence a déjà une compétence dans ce domaine, surtout logistique : c’est le soutien à des vols conjoints quand deux Etats au moins se mettent d’accord pour lancer une opération. Nous en organiserons une soixantaine cette année. Désormais, nous allons aussi faciliter la préparation de ces vols de retour, avec les documents de voyage qui sont indispensables. Jean-Claude Juncker affirme que la crise actuelle peut durer dix ans. C’est votre avis également ?Je ne prévois pas de décrue avant 2020 et la fin de mon mandat en tout cas. Et j’espère qu’à la faveur de cette crise, les Européens comprendront qu’il faut aller vers une intégration plus forte pour traiter la question des flux migratoires, plus large que la gestion des frontières, même si celle-ci est également cruciale. Le défi va perdurer, parce que les causes ne sont pas traitées. Elles sont géostratégiques, économiques, démographiques, liées au respect de l’état de droit, etc. Pour ce qui est de ma mission spécifique, je peux dire qu’une gestion plus forte des frontières extérieures est nécessaire pour assurer le bon fonctionnement de l’espace Schengen. Rappelons d’ailleurs que Frontex a été créé pour être est le corrélat de la libre circulation.Faut-il créer rapidement un corps de gardes-frontières européens ?J’insiste sur une gestion intégrée de nos frontières et j’attends impatiemment le projet de la Commission et la décision du Conseil, en décembre.Lire le reportage :La frontière croato-slovène, nouvel abcès de la route des migrantsJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 25.10.2015 à 02h28 • Mis à jour le25.10.2015 à 02h29 L’ex-premier ministre britannique Tony Blair a présenté « des excuses » pour l’invasion de l’Irak en 2003, durant laquelle il fut le principal allié de Georges W. Bush, dans une interview à CNN qui doit être diffusée lundi 26 octobre. Face à Farid Zakaria, commentateur qui avait à l’époque encouragé l’invasion américaine avant de basculer dans le camp des critiques, M. Blair reconnaît également une part de responsabilité dans la montée actuelle de l’organisation Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie voisine. La presse britannique a fait écho de ces déclarations avant leur diffusion.Lire le portrait :Tony, Cherie et Cie« Je présente des excuses pour le fait que le renseignement était faux. Je présente également des excuses, au passage, pour certaines erreurs de planification et, certainement, pour notre erreur dans la compréhension de ce qui arriverait une fois que nous aurions renversé le régime. Mais il m’est difficile de demander pardon pour avoir renversé Saddam », déclare M. Blair à CNN, selon des propos rapportés par le quotidien The Telegraph et plusieurs tabloïdes.La référence à des « renseignements faux » paraît une évocation des supposées armes de destruction massive de Saddam Hussein, une menace qui a légitimé l’invasion de l’Irak dans les opinions britannique et américaine et qui s’est avérée inexistante. La coalition américaine avait peu préparé l’occupation du pays, qui devait suivre la chute de Saddam Hussein. La décision du principal administrateur américain, l’envoyé présidentiel Paul Bremer, de dissoudre le parti Baas de Saddam Hussein et d’interdire à ses hauts responsables d’exercer une fonction au sein du nouvel Etat avait, entre autres erreurs stratégiques, précipité la chute du pays dans la guerre civile. L’alliance d’anciens militaires et agents du renseignement baasistes et de djihadistes sunnites ferait une spécificité de la branche d’Al-Qaida en Irak, et la matrice de l’EI.Lire aussi l'enquête :Haji Bakr, le cerveau de l’Etat islamiqueSur CNN, lorsqu’il est demandé à M. Blair s’il considère que l’invasion a mené à l’essor de l’EI, il répond : « Je pense qu’il y a là des éléments de vérité. Bien sûr, vous ne pouvez pas dire que ceux qui ont renversé Saddam en 2003 n’ont aucune responsabilité dans la situation en 2015. » Lire dans nos archives : Tony Blair, le dernier croisé Jean-Baptiste Chastand (Kljuc Brdovecki, Croatie, envoyé spécial) En distribuant des verres d’eau aux migrants qui traversent son village, Alan (qui n’a pas voulu donner son nom de famille) rigole : « Il y a deux jours j’ai dit aux gens du village voisin que Kljuc Brdovecki était devenu le centre du monde. » Qui aurait cru que ce petit village croate situé juste avant la frontière slovène allait voir subitement passer des milliers de migrants par jour ? Personne, pas même le doyen du village, qui se glisse dans la discussion pour rappeler qu’il a en pourtant vu d’autres : « Ici, les partisans ont assassiné des Oustachis dans les champs en 1945. Et dans les années 90 tout le village a accueilli des réfugiés de Bosnie. »Kluj Brdovecki et sa jumelle slovène, Rigonce, sont devenus le nouvel abcès de la route des Balkans, dérivée ici depuis que Viktor Orban, le premier ministre hongrois, a décidé de fermer totalement sa clôture anti-migrants avec la Croatie, samedi 17 octobre. Un mois après avoir bloqué la section à la frontière serbe. Dès lundi, les premiers migrants sont amenés en Slovénie dans la plus grande confusion par les autorités croates qui comptent désormais sur ce petit pays alpin de 2 millions d’habitants, pour les emmener en Autriche. Plus de 60 000 migrants sont entrés dans le pays en une semaine. Alors que cette arrivée était prévisible, le chaos s’installe à la frontière et la tension monte entre les deux pays.A la frontière slovène-croate, les migrants arrivent toujours par milliers https://t.co/GGymr1vF20— jbchastand (@JB Chastand)require(["twitter/widgets"]);De vieux conflits autour du tracé frontalierMercredi, sous la pluie, des migrants traversent à la nage la petite rivière glaciale qui marque la frontière. Ces images font le tour du monde. La Slovénie accuse depuis les policiers croates de les avoir délibérément envoyés dans l’eau. Des accusations retournées par le gouvernement croate, qui a reproché aux Slovènes de manquer d’humanité en annonçant le déploiement de l’armée. Même si le soleil est revenu et la tension a baissé, cet épisode reste dans les têtes des deux côtés de la frontière, où les vieux conflits autour d’un tracé toujours contesté ne sont pas difficiles à ranimer. « Les Slovènes racontent n’importe quoi, ce sont eux qui n’ont pas empêché les migrants d’aller dans le fleuve », peste Alan. « Les Croates nous envoient les migrants pour se venger », grogne en face un Slovène venu voir de ses propres yeux le flot d’arrivées des réfugiés.Lire aussi :Dépassée par l’afflux de migrants, la Slovénie demande l’aide de l’UELes migrants continuent d’être conduits par train entier, jour et nuit, depuis la Serbie. Huit mille devaient encore passer ici pour la seule journée de samedi. Mais, sur le terrain, les polices des deux pays semblent désormais se coordonner pour réguler les arrivées. Les migrants doivent descendre du train côté croate, marcher 2 kilomètres jusqu’en Slovénie, attendre, puis marcher à nouveau vers plusieurs camps successifs, qui sont autant de moyens de réguler le flux, avant d’être enregistrés officiellement, puis d’embarquer dans des trains ou dans des bus pour l’Autriche. Samedi soir, près de 40 000 migrants avaient ainsi quitté la Slovénie pour l’Allemagne.« Les policiers nous interdisent de monter dans les voitures »Même s’il fait très froid la nuit, les réfugiés semblent par ailleurs désormais disposer de nourriture et de couvertures en quantité suffisante. « Maintenant, c’est beaucoup mieux organisé, la situation est sous contrôle et le travail entre les ONG mieux coordonné. Les réfugiés peuvent voir des médecins s’ils le souhaitent », témoigne Mario Belovic, journaliste pour le quotidien Delo, qui a décidé de poser des congés toute la semaine pour venir distribuer de la nourriture et de l’eau aux migrants. Un camp avec des tentes chauffées et des matelas est même en cours de construction et devrait être terminé dans les tout prochains jours.les enregistrements se font dans cette ancienne fabrique de vêtements, mais un centre chauffé est en construction https://t.co/uoZf16kmQ2— jbchastand (@JB Chastand)require(["twitter/widgets"]);Malgré cette organisation, il faut toujours plusieurs heures pour passer toutes ces étapes, les autorités slovènes enregistrant tous les migrants. En pleine campagne, les migrants marchent d’un camp à l’autre encadrés par des CRS et des policiers à cheval. Les femmes, les enfants et les personnes âgées ont souvent du mal à suivre. Mustafa, un Irakien de 35 ans qui avance très lentement avec sa mère, âgée de 58 ans, qui éprouve le plus grand mal à marcher, assure qu’il ne regrette rien. « Elle a beaucoup de palpitations cardiaques et c’est difficile, mais la situation est tellement plus dure en Irak », explique cet orthopédiste qui compte sur ces économies pour lui payer dès que possible un taxi. « Le problème est que les policiers nous interdisent de monter dans les voitures. »Des matchs de foot ont dû être suspendus ce week-end faute de forces de l’ordre disponiblesAutour d’eux, des dizaines de villageois viennent observer la situation et se demandent combien de temps cela peut-il bien durer. « Au moins des mois », pense Anka, qui habite la première maison côté slovène et qui vient chaque soir apporter des vêtements en famille. Même si elle les aide volontiers, cette assistante sociale de 42 ans ne sait pas trop encore quoi penser de tous ces migrants. « L’autre jour, je n’ai même pas pu aller au travail car ils étaient trop nombreux et je suis un peu inquiète pour mes trois enfants », observe-t-elle. D’autres ne cachent pas leur hostilité envers ces réfugiés très majoritairement musulmans. Tous se demandent si l’hiver et la neige vont ralentir les arrivées.Pour rassurer la population, des centaines de militaires et de policiers ont été déployés. Mais le gouvernement slovène assure ne pas avoir les moyens de continuer comme ça longtemps. Des matchs de foot ont dû être suspendus ce week-end faute de forces de l’ordre disponibles, et la Slovénie assure dépenser 770 000 euros par jour. Le gouvernement espère bien obtenir de l’aide de l’Europe dimanche 25 octobre, lors du sommet extraordinaire sur les migrants organisé à Bruxelles. Pour autant, personne ne croit que le pays serait prêt à fermer la frontière avec une clôture, comme l’a pourtant laissé entendre le premier ministre slovène. « Ce serait impossible, il y a 600 kilomètres de frontière, dont des parties en montagne, on aura jamais assez de policiers pour la surveiller », explique Mario Belovic.Jean-Baptiste Chastand (Kljuc Brdovecki, Croatie, envoyé spécial)Journaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.10.2015 à 14h57 • Mis à jour le12.10.2015 à 17h28 | Lucie Soullier (avec Adea Guillot et Elisa Perrigueur) Pour connaître l’histoire d’Asma, il aura fallu trois personnes et un téléphone. Asma a 18 ans. Son fils, Zakaria, est né en Syrie il y a à peine deux mois. Ils ont tenté de traverser la mer Egée, depuis une plage turque, mais le bateau pneumatique s’est renversé à quelques mètres de la côte. Elle raconte sa mésaventure en arabe, la bouche collée au téléphone que lui tient son compagnon. Une application installée sur l’appareil permet de traduire sa voix en turc. Ne manque plus qu’à trouver un Turc anglophone pour enfin comprendre son récit. Un exemple parmi des dizaines, témoignant de la difficulté d’accéder aux récits des femmes migrantes.Que pense de son odyssée cette jeune Afghane de 17 ans, croisée à Subotica en Serbie, mariée depuis trois mois et partie sur les routes avec son nouveau mari depuis 50 jours ? Et cette mère Somalienne, sauvée de la mère Egée par les gardes-côtes turcs ? Ou encore cette Erythréenne d’une vingtaine d’années, vivant au milieu de la jungle de Calais ? Pour les journalistes du Monde partis à la rencontre des migrants depuis quelques mois, la question reste souvent sans réponse. Parce que — moins scolarisées dans leur pays d’origine — peu d’entre elles parlent anglais, parce qu’elles ont peur de raconter, et parce que leurs récits passent par un filtre, celui d’une association, d’un mari ou d’un frère. « Les femmes sont plus difficiles à approcher, même pour moi », confie Faustine Douillard, la coordinatrice de France Terre d’asile à Calais.Derrière les blessures des enfantsPour les atteindre et connaître leur histoire, à Izmir, en Turquie, une assistante sociale a trouvé des médiateurs de choix : leurs enfants. Dans le centre de Varyant, un quartier défavorisé de la ville balnéaire turque, Mehtap Alisan organise des ateliers mère-enfant, destinés aux Turques comme aux migrantes, Syriennes la plupart du temps. Arrivée d’Alep il y a deux ans, Jumen y vient avec plaisir, pour « apprendre le turc, et moins s’ennuyer à la maison », explique-t-elle en regardant son fils fabriquer une chenille en papier. Ici, les maris trop pris par leur travail ne passent que rarement. Et l’environnement féminin délie les langues. Le lieu ne propose pas de cours de turc à proprement parler, mais un mélange des cultures qui permet de socialiser. « Comment on dit ‘regardez-moi’[en arabe] ? » Même Mme Alisan apprend quelques rudiments d’arabe au contact des souvent très jeunes mamans.Quelques rues plus loin, l’ASAM (Association de solidarité avec les demandeurs d’asile et les migrants) donne des conseils juridiques et médicaux aux réfugiés. Là encore, les enfants sont une fenêtre pour approcher les femmes. « Elles viennent souvent parce qu’elles sont inquiètes pour leurs enfants, précise la psychologue, Şule Üzümcü. Parce qu’ils crient la nuit ou qu’ils font pipi au lit alors qu’ils ont passé l’âge. » Et en creusant, la psychologue découvre les blessures des mères. La guerre, évidemment. Six mois après avoir quitté Alep, Kadriye raconte qu’elle courbe encore l’échine lorsqu’elle entend passer un avion. Mais aussi les violences subies sur la route. Mme Üzümcü a entendu « mille histoires ici. Mais après, on fait ce qu’elles veulent. Si elles veulent porter plainte, on les emmène. Sinon ça reste entre nous. » Secret professionnel.Cette approche fonctionne avec les migrantes qui s’installent quelque temps en Turquie. Pas pour les Syriennes de Basmane, le quartier d’Izmir où se regroupent les candidats à la traversée vers la Grèce. Sur ce carrefour, elles restent à peine quelques jours, le temps de trouver un passeur et de prendre la mer. Ces femmes n’ont pas de contact avec les travailleurs sociaux du quartier.Lire aussi :En Turquie, dans la petite Syrie d’Izmir, l’économie parallèle des réfugiésAccoucher sur la route« Ici, les femmes viennent surtout lorsqu’elles sont enceintes, » explique Sibel Yilmaz Sagliner, assistante sociale. Et il faut batailler pour qu’elles puissent accéder à des soins médicaux, même si la Turquie les prend mieux en charge. Il y a deux ans, les réfugiés n’avaient aucune couverture de santé, l’assistante sociale les amenait donc elle-même chez les médecins qui acceptaient de les soigner gratuitement. Elle avait dressé une liste des bons samaritains. Désormais, les réfugiés enregistrés peuvent aller à la maternité gratuitement. « Mais les médicaments sont chers », soupire Hanen, une Syrienne installée en Turquie depuis un an. Et l’accès aux hôpitaux n’est pas le même dans tous les pays traversés.Or, de la Turquie à Calais, les femmes enceintes ou serrant de très jeunes enfants, nés pendant le voyage, sont de plus en plus nombreuses sur les routes migratoires. Une impression que viennent confirmer les chiffres de Christophe Boulierac, porte-parole de l’Unicef : parmi les 3 000 migrants qui transitaient chaque jour par la Macédoine début septembre, un tiers était des femmes et des enfants. Contre 10 % en juin. « Autre détail important, mais ce n’est pas un détail, ajoute M. Boulierac, environ 12 % des femmes sont enceintes. »Une augmentation qui a également frappé Alexandra Krause de la branche de Skopje de l’UNHCR, à la frontière macédonienne. « Probablement parce qu’elles savent que la frontière est ouverte [la Macédoine a fermé puis réouvert sa frontière entre le 21 et 23 août, médiatisant ainsi son ouverture] et qu’il est possible de prendre le train assez rapidement. » Alors qu’auparavant, les hommes partaient souvent en premier, rejoints par femmes et enfants lorsqu’ils étaient installés, le voyage se fait désormais en famille. Notamment dans la communauté syrienne. A Calais, Faustine Douillard de France Terre d’Asile avoue même moins s’inquiéter pour une Syrienne arrivant seule que pour d’autres nationalités. « On sait que la communauté syrienne, plus nombreuse, va jouer un rôle protecteur. Les Erythréennes, elles, sont souvent plus isolées. »Viols et violencesPour celles qui avancent seules sur la route, tout est plus risqué. Pour assurer leur sécurité, certaines se regroupent, souvent par région d’origine. D’autres se mettent sous la protection d’un homme, plus ou moins bienveillant. A Athènes, une jeune Afghane de 19 ans racontait ainsi avoir acheté sa protection en épousant sur la route le chef du groupe afghan qui les encadrait. L’union avec cet homme de 50 ans, lui-même déjà marié deux fois, avait arrêté les tentatives de viols par ses camarades de marche, des paysans afghans ultra-conservateurs.Comme les hommes, les femmes font face à la violence des autres migrants, des passeurs… Voire des autorités. Mais, outre les coups et les humiliations, des témoins racontent ce qu’un rapport de Human Rights Watch (HRW), publié le 21 septembre, nomme des « gender specific violences », des violences spécifiques envers les femmes. Soit des agressions sexuelles, allant du harcèlement au viol.Une mère de famille syrienne rencontrée à son arrivée en France nous a ainsi confié ainsi avoir été témoin de viols de jeunes filles à l’intérieur du camp de Gazi Baba, en Macédoine. Avec force détails, elle a porté de graves accusations contre la police macédonienne qui selon elle réclamait des faveurs sexuelles contre de l’eau ou du pain. Un témoignage recoupé par une jeune femme du même groupe, qui raconte avoir été harcelée puis épargnée en prétendant être enceinte et déjà mariée.Ces témoignages sont corroborés par le rapport de Human Rights Watch, qui dénonce les violences policières envers les migrants en Macédoine :« Un ancien gardien a dit qu’au moins deux policiers du centre de détention [de Gazi Baba] s’étaient vantés d’avoir eu des relations sexuelles avec des détenues.« Ils m’ont dit ‘Si tu veux le faire, on peut arranger ça pour toi’. Ils ne se cachaient pas. Ils en étaient même fiers. »Extrait du rapport de Human Right WatchLire aussi :La Macédoine, nouveau purgatoire des migrants« Aucun moyen de les protéger »Depuis juillet, le camp-prison de Gazi Baba – aux conditions d’accueil « inhumaines et dégradantes » selon Amnesty international – a été fermé et vidé pour quelques mois, le temps d’être rénové. Quant aux accusations de violences par la police macédonienne, « aucune plainte n’a été déposée devant l’unité de contrôle interne au camp, ni devant le procureur général, la Croix rouge ou toute autre organisation internationale qui était en contact avec les personnes placées à Gazi Baba », a déclaré le porte-parole du ministère de l’intérieur, Ivo Kotevski. Dans une lettre publiée en réponse au rapport de HRW, le ministère ajoute que dans les 12 derniers mois de fonctionnement du camp, des mesures disciplinaires ont été prises à l’encontre de cinq policiers au total. L’un d’eux a été suspendu de son poste. Le ministère a également appelé HRW à lui transmettre tous les témoignages incriminant ses forces de police, afin de mener les investigations nécessaires.Reste qu’il n’est pas toujours simple pour les migrantes de raconter les violences qu’elles endurent avant de se sentir à l’abri, protégées par un toit et des papiers. A Calais, environ 200 femmes trouvent refuge chaque nuit dans le centre Jules Ferry. Mais d’autres, aussi nombreuses, sont refusées par manque de place. « L’Etat a annoncé un renforcement de la capacité d’hébergement, mais c’est long à se mettre en place », s’impatiente Vincent de Coninck, du Secours catholique calaisien.Chaque nuit – à la fermeture des portes du centre Jules Ferry, ouvert également aux hommes la journée – près de 200 migrantes doivent donc se faire une place au milieu des 4 000 hommes du bidonville. Entre les soupçons de prostitution et les violences qu’elle observe, Faustine Douillard de France Terre d’Asile se sent impuissante. « On peut leur dire de porter plainte, mais on n’a aucun moyen de les protéger ensuite. »Pour Vincent de Coninck, « ces femmes sont tout bonnement laissées en danger. » Abandonnées au milieu de la jungle. Comme cette jeune Eyrthréenne de 25 ans, dont des soignants racontaient l’histoire dans une tribune publiée le 7 octobre sur LeMonde.fr :« Elle avait passé la nuit dehors et paniquait à l’idée d’en passer une seconde, car des hommes avaient voulu l’emmener de force dans leur tente. Nous avons appelé le centre Jules-Ferry. Qui l’a inscrite en position 56 sur la liste d’attente. Nous nous sommes vus lui donner un duvet et lui trouver un petit coin dans la tente d’une autre Erythréenne. Le lendemain, on l’a trouvée en pleurs. On saura seulement que le mari de l’autre femme était revenu ivre dans la nuit. Elle gardera pour elle les détails. Et nous notre honte de ne pas l’avoir mise à l’abri. »Lire aussi :Dans la « jungle » de Calais : « Médicalement, ce que nous avons vu est inacceptable »Or, la seule solution pour les protéger, insiste Faustine Douillard, est justement là : la mise à l’abri. Et surtout, il faut « arrêter de laisser se développer des camps bidonvilles qui laissent la mainmise aux passeurs et aux trafics en tous genres ».Une option qui ne semble pas être celle prise par les autorités. La préfecture du Pas-de-Calais a en effet annoncé fin août que les femmes ne pourront désormais pas rester plus de trois mois dans le centre, sauf si elles demandent l’asile en France. Un « chantage à l’asile » que le délégué du Secours catholique juge dangereux : « On les pousse à prendre des risques pour passer en moins de trois mois, alors que traverser la frontière est de plus en plus difficile. » Et pour celles qui ne veulent pas rester en France mais ne parviennent pas à atteindre l’Angleterre en moins de trois mois ? M. de Coninck donne rendez-vous fin novembre pour connaître la réponse. « On verra s’ils les mettent dehors. »Lucie Soullier (avec Adea Guillot et Elisa Perrigueur)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Michel Bezat Le PDG du groupe russe Gazprom a annoncé, lundi 12 octobre, la reprise des livraisons de gaz à l’Ukraine pour l’hiver 2015-2016 – suspendues depuis le 1er juillet – en application de l’accord intervenu, il y a deux semaines, entre Kiev et Moscou sous l’égide de l’Union européenne. « Nous avons reçu de l’Ukraine un acompte de 234 millions de dollars [205 millions d’euros] pour le mois d’octobre. A partir de 10 h 00 (07 h 00 GMT) ce matin, les livraisons ont repris », a indiqué Alexeï Miller dans un communiqué.Issu du ministère soviétique du gaz démantelé en 1992, le géant russe reste une société contrôlée à 51 % par l’Etat. Mais c’est aussi une entreprise cotée à la Bourse de Moscou, qui doit à la fois assurer des recettes au budget russe et des dividendes à ses actionnaires. L’exercice 2014 n’a pas été bon, les bénéfices étant amputés par la baisse des prix et la faible consommation sur le Vieux Continent.Plusieurs événements, ces dernières semaines, confirment que Gazprom tient à se débarrasser de son image de paria et à s’implanter en Europe. Elle reste son premier client, loin devant la Chine. Environ 15 % du gaz consommé par les Européens vient de Russie, la dépendance étant plus importante pour de gros consommateurs comme l’Allemagne et l’Italie, ou certains pays de l’ex-bloc communiste.L’accord avec l’ukrainien Naftogaz sur le prix du gazLa Commission européenne et les ministres russe et ukrainien de l’énergie ont paraphé à Bruxelles, le 25 septembre, un protocole d’accord pour les deux prochains trimestres. Les livraisons de gaz russe, suspendues depuis juillet, sont assurées jusqu’à la fin mars 2016. L’accord met ainsi fin, temporairement du moins, au conflit entre Moscou et le gouvernement pro-occidental de Kiev ouvert début 2014 sur la question.Kiev dépend à plus de 50 % de la Russie pour ses approvisionnements gaziers, et près de 50 % du gaz russe vers l’Europe passe encore par l’Ukraine. Les Russes, qui proposaient au départ 385 dollars (344 euros) pour 1 000 m3, ont finalement accepté 232 dollars. Autre signe d’apaisement : lors des discussions, Gazprom n’a pas mis en avant la dette gazière de l’Ukraine. Elle atteint 4,45 milliards de dollars selon Kiev, quatre fois plus selon le Kremlin.Une négociation plus ouverte avec BruxellesLa Commission européenne accuse Gazprom de plusieurs infractions : des prix trop élevés dans cinq pays de l’Union européenne ; l’interdiction faite à certains clients de revendre à des tiers le gaz acheté à Gazprom ; des abus de position dominante en Pologne et en Bulgarie. Il y a cinq ans, elle avait lancé une enquête pour pratiques anticoncurrentielles. Mi-septembre, le groupe russe a transmis aux autorités antitrust européennes sa réponse officielle aux accusations.Les arguments et les propositions de Gazprom sont aujourd’hui étudiés par les services de la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager. Si elle les jugent insuffisants, elle peut imposer des « mesures correctives » et une amende d’au plus 10 % de son chiffre d’affaires, soit quelque 10 milliards d’euros.Lire aussi :Gaz : protocole d’accord entre la Russie, l’Ukraine et l’UE sur les livraisonsUne ouverture au marché spot du gaz en EuropeJusqu’à présent, Gazprom ne vendait son gaz que dans le cadre de contrats à long terme (20, 25 ou 30 ans) à des acheteurs comme le français Engie, l’italien ENI ou l’allemand E.ON. Les prix, largement indexés sur le pétrole, étaient révisables en cours de l’exécution du contrat. En septembre, pour la première fois de son histoire, Gazprom a annoncé la vente aux enchères de petites quantités de gaz sur le marché spot (de court terme), signe qu’elle s’ouvre désormais à une approche plus libérale.Par ailleurs, Gazprom poursuit ses partenariats et sa coopération avec les grands groupes d’énergie européens malgré la décision du président russe, Vladimir Poutine, d’arrêter le projet de gazoduc South Stream, qui devait alimenter l’Europe en évitant l’Ukraine. Mais ses négociations avec la Turquie pour construire un pipeline de substitution, le Turkish Stream, piétinent depuis des mois.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceUn doublement du gazoduc Nord StreamGazprom a annoncé, le 4 septembre, la signature d’un pacte d’actionnaires avec les allemands BASF et E.ON, le français Engie, l’autrichien OMV et l’anglo-néerlandais Shell pour la construction de Nord Stream 2. Ce gazoduc viendra doubler le Nord Stream, reliant la Russie à l’Allemagne sous la mer Baltique. De 55 milliards de mètres cubes par an, la capacité du Nord Stream passera à 110 milliards.Mais cette infrastructure n’est pas une priorité pour l’UE, a prévenu, le 8 octobre, Miguel Cañete, le commissaire européen à l’énergie, qui a rappelé le souci de l’Europe de diversifier ses sources d’approvisionnement. « L’UE reste ouverte au gaz russe et souhaite voir la Russie comme un fournisseur de gaz naturel fiable dans le futur, a t-il souligné. Mais nous souhaitons aussi que le transport de gaz russe s’inscrive dans notre stratégie de diversification et que le fournisseur russe, comme tout autre fournisseur au sein de l’UE, joue le jeu de la concurrence et du marché de l’énergie. »Un accord stratégique Gazprom-BASFLe groupe gazier et le géant allemand BASF, numéro 1 mondial de la chimie, ont annoncé début octobre la finalisation d’un important échange d’actifs – annoncé en 2012 puis remis en cause par la crise ukrainienne. L’opération prévoit que BASF cède au gazier russe les activités de commercialisation et de stockage de gaz naturel, que les deux groupes opèrent conjointement. En échange, BASF recevra 25 % plus une action d’une partie d’un gisement de gaz naturel et de condensat en Sibérie de Gazprom.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Benoît Vitkine (Minsk, Biélorussie, envoyé spécial) La présidente du bureau de vote numéro 74 de la ville de Tchist baisse la voix comme si elle confiait un grave secret : « Ici, on vote beaucoup pour Alexandre Loukachenko. » Pour Ianina Ivanovna Matiouchonok, 67 ans, ancienne enseignante, rien d’étonnant à cela : Tchist, 6 200 habitants, plantée dans la campagne à une cinquantaine de kilomètres de Minsk, n’est rien de moins à ses yeux qu’une « petite Suisse ».A en croire le résultat du scrutin, diffusé dans la nuit de dimanche 11 à lundi 12 octobre, c’est toute la Biélorussie qui a voté massivement pour Alexandre Loukachenko, réélu pour un cinquième mandat à la tête de l’Etat avec 83,49 % des voix, contre sa principale opposante, Tatiana Korotkevitch, qui a obtenu 4,42 % des voix. La participation a été également extrêmement élevée, atteignant près de 87 %, selon la commission électorale centrale, citant des résultats préliminaires qui doivent encore être confirmés. Ces chiffres sont sujets à caution. Depuis que M. Loukachenko a pris le pouvoir, il y a vingt et un ans, tous les scrutins organisés dans le pays ont été entachés de soupçons de fraude. Ses citoyens y sont privés des droits civils les plus élémentaires – liberté d’expression, d’association, de rassemblement… – et l’opposition politique y est réprimée ou réduite au rang de sparring-partner d’un pouvoir en quête de légitimité sur la scène internationale.Lire aussi :En Biélorussie, un scrutin pour renouer avec l’Union européenneMais il serait réducteur de considérer ces chiffres sous le seul prisme de la fraude et de la répression. Une grande partie de la société biélorusse se reconnaît dans le modèle paternaliste promu par l’inamovible président. Tchist en est un exemple parlant.Un parfum d’Union soviétique« Regardez autour de vous, vous comprendrez vous-même », reprend Mme Matiouchonok, énumérant les avantages du lieu : les routes bien asphaltées, les trottoirs propres, les habitations de bonne qualité, l’école, l’hôpital, les deux jardins d’enfants équipés d’une piscine… « Nous sommes très reconnaissants à l’Etat », résume Anatoly Petsouchik, le chef du conseil du village, présent dans le bureau de vote en tant qu’observateur « indépendant ».Le bureau de vote numéro 74 est lui-même installé dans le bâtiment flambant neuf de la maison de la culture, inaugurée il y a cinq ans. A côté, on dresse un buffet, et un orchestre se prépare à accueillir les électeurs en musique. Comme au temps de l’URSS, l’élection doit être une fête… C’est d’ailleurs un parfum d’Union soviétique que l’on respire à Tchist. Des investissements massifs de l’Etat, une grosse entreprise qui régule l’ensemble de la vie sociale, et pour les habitants le sentiment rassurant que la vie s’est arrêtée, que leur pays a échappé au chaos de la transition post-soviétique. C’est l’esprit de kolkhoze que « vend » à son peuple M. Loukachenko, lui-même ancien directeur d’une ferme collective.Le modèle se fissureSeulement, le modèle se fissure. L’industrie biélorusse, vieillissante et étatisée, est de moins en moins compétitive, victime de la concurrence de la Russie. L’économie nationale dans son ensemble est entièrement dépendante du grand voisin, qui achète la loyauté de Minsk à coups de subventions et de crédits. Or, cette année, Moscou n’a pas versé les crédits habituels, à la fois parce que l’économie russe est elle-même en mauvais état, mais aussi en signe de mécontentement vis-à-vis des positions de M. Loukachenko dans la crise ukrainienne.Dans le cas de Tchist, c’est l’usine de Zaboudova qui souffre. Créé à l’époque soviétique, modernisé dans les années 1990, ce grand combinat produisant des matériaux de construction emploie près de 2 000 personnes. Impossible d’obtenir des chiffres précis, mais depuis plusieurs mois, l’usine tourne au ralenti.Alexandre, 32 ans, qui refuse de donner son nom de famille, fait partie des moins malchanceux. Il travaille comme contremaître au sein de la section bois de l’usine, et son salaire de 4,5 millions de roubles biélorusses (230 euros) a été seulement gelé, pas diminué. Mais l’inflation touche le pays (18 % en 2014, sans doute autant en 2015), et sa femme, Irina, explique devoir faire des sacrifices sur les sorties ou les achats de vêtements de ses deux enfants.« Notre voix importe peu »D’autres ouvriers, notamment ceux de la section ciment, ont dû subir des périodes de chômage technique. Certaines semaines, ils ne travaillent que trois ou quatre jours, recevant donc un salaire amputé. Dans ces cas-là, l’usine se débrouille pour verser l’équivalent du minimum légal de subsistance – 80 euros. Ces restrictions montrent la gravité de la crise : « D’habitude, les périodes préélectorales s’accompagnent de hausses des salaires et des pensions », rappelle, à Minsk, l’économiste Alexandre Tchoubrik, de l’Institut pour les privatisations et le management.Alexandre et Irina n’ont pas encore fait leur choix. Selon eux, « il est temps pour Loukachenko de partir à la retraite », mais ils n’osent pas encore sauter le pas et voter pour l’opposante Tatiana Korotkevitch, qui a précisément axé sa campagne sur les questions économiques, évitant de critiquer trop frontalement le pouvoir. Celui-ci l’a laissée faire : engagé dans une entreprise de rapprochement avec l’Union européenne, Alexandre Loukachenko avait besoin de cette opposante pas trop radicale pour légitimer le scrutin, alors que les opposants historiques avaient, eux, appelé à boycotter le vote. « De toute façon, notre voix importe peu, conclut Alexandre, fataliste. Je ne suis même pas sûr que les bulletins soient comptés… »Lire aussi :Minsk, capitale improbable des négociations entre l’Ukraine et la RussieNatalia, 45 ans, est elle aussi inquiète des difficultés économiques. « On commence à se demander combien de temps nous pourrons maintenir ce modèle », explique la directrice du jardin d’enfants. Mais elle aussi est reconnaissante au « Batka » Loukachenko, le « petit père » : Natalia est arrivée en 1997 de la région contaminée de Gomel, non loin de Tchernobyl. A l’époque, Tchist a mis 500 logements gratuitement à la disposition des réfugiés.C’est surtout la situation en Ukraine qui a balayé ses derniers doutes. Nombre de Biélorusses ont été effrayés par la révolution et la guerre dans le pays voisin. Alexandre Loukachenko s’est posé en rempart contre le désordre. Ce sont ces messages qui ont convaincu Natalia de voter pour le président. « Avec lui, au moins, nous avons la paix et la stabilité. »Benoît Vitkine (Minsk, Biélorussie, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.10.2015 à 11h05 • Mis à jour le11.10.2015 à 14h13 Angela Merkel continue de pâtir de ses prises de position sur la crise des migrants. La CDU (Union chrétienne-démocrate), son parti, a reculé de deux points selon le dernier sondage publié, dimanche 11 octobre, par le quotidien Bild, sur les intentions de vote des Allemands. Si elle reste nettement en tête, jamais ce parti n’avait été aussi bas depuis les dernières élections des députés en septembre 2013.Les Allemands interrogés sont désormais plus nombreux (48 %) à critiquer la politique généreuse de la chancelière à l’égard des réfugiés, qu’à la soutenir (39 %). Cette situation bénéficie à deux formations politiques réclamant plus de fermeté de la part de Berlin face aux migrants : le parti populiste Alternative pour l’Allemagne (AFD) et le parti libéral FDP. Ils progressent eux chacun d’un point à respectivement 5 et 6 % des intentions, selon le sondage.Lire aussi :Réfugiés : Angela Merkel de plus en plus isolée en AllemagneRupture avec la CSUL’attitude de la chancelière qui se refuse à mener une politique d’accueil plus restrictive, quand l’Allemagne s’attend à accueillir quelque 800 000 migrants en 2015, divise sa propre formation politique. La CSU (Union chrétienne-sociale), membre de la CDU en Bavière, en première ligne pour l’accueil des migrants en provenance d’Autriche, s’en prend frontalement à la chancelière. Son président, Horst Seehofer, a dénoncé durant le week-end une « capitulation de l’Etat » allemand face au refus de Mme Merkel de fermer hermétiquement les 3 000 km de frontières allemandes aux migrants. Il a aussi agité la menace d’une plainte devant la Cour constitutionnelle allemande contre le gouvernement à Berlin – dont son parti est pourtant membre –, coupable à ses yeux d’entraver le bon fonctionnement des Etats régionaux débordés par l’afflux des réfugiés. La Bavière (sud) est la région accueillant le plus grand nombre de réfugiés en provenance de l’Auriche voisine.Le président du SPD, Sigmar Gabriel, également vice-chancelier, s’en est, lui, vivement pris au parti bavarois ce week-end : « Il n’y pas de pont-levis que nous pouvons lever » en Allemagne pour empêcher l’afflux de migrants, et « la CSU elle-même ne va pas envoyer des soldats marcher baïonnette au canon vers la frontière », a-t-il déclaré dans une interview.Lire aussi :La CSU bavaroise vent debout contre Angela Merkel 10.10.2015 à 21h25 • Mis à jour le11.10.2015 à 17h47 Certains internautes avaient du mal à accéder au réseau social Twitter, samedi 10 octobre, peu après le double attentat qui a frappé la capitale Ankara et fait au moins 95 morts.Lire aussi :L’attentat d’Ankara commis très probablement par deux kamikazesLe site américain a indiqué dans un message posté dans l’après-midi sur son compte que ces difficultés intervenaient dans de « nombreux endroits ». Un message en langue turque a également été diffusé.Türkiye'de bir çok yerde Twitter'a erişim sorunu haberleri alıyoruz. Sorunu araştırıp erişimi tekrar sağlamayı umuyoruz.— policy (@Policy)require(["twitter/widgets"]);Cette indisponibilité pourrait être causée par des anomalies techniques. Mais le fait que le réseau social ait choisi de communiquer au moyen de son compte réservé aux messages institutionnels et le lourd passif du régime d’Erdogan en matière de contrôle de l’Internet fait craindre un nouveau tour de vis de la part du gouvernement. « Nous enquêtons et espérons bientôt le retour à la normale du service », a ajouté le réseau social, qui revendiquait fin juin 316 millions d’abonnés.Un contrôle accru d’Internet en TurquieFin juillet, un juge turc avait interdit la diffusion sur Internet des images d’un attentat suicide attribué au groupe jihadiste Etat islamique (EI) perpétré près de la frontière syrienne, provoquant d’importantes perturbations sur le réseau Twitter.Lire aussi :Un éditorialiste turc licencié pour un tweet anti-ErdoganDepuis plus d’un an, le gouvernement islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002 en Turquie s’en prend régulièrement aux réseaux sociaux et à leurs utilisateurs.Début 2014, le président, Recep Tayyip Erdogan, a ordonné à plusieurs reprises le blocage momentané de Twitter, Facebook ou YouTube, accusés notamment de diffuser des accusations de corruption visant son entourage.En mars, le parlement turc a voté une disposition autorisant le gouvernement à bloquer un site Internet sans décision de justice, une mesure pourtant censurée quelques mois plus tôt par la Cour constitutionnelle.Lire aussi :En Turquie, Erdogan tient les réseaux sociaux à l’œil 10.10.2015 à 15h47 • Mis à jour le10.10.2015 à 15h54 Neuf personnes ont trouvé la mort dans l’incendie d’une aire d’accueil de caravanes et mobile homes dans le sud de Dublin, samedi 10 octobre, selon le chef de la police irlandaise Diarmuid O’Sullivan. Plusieurs enfants, dont un bébé de 6 mois, seraient parmi les victimes, selon The Irish Times.Units from D'laire, D'brook & Nutgrove are dealing with a serious fire in Carrickmines. 6 units/3 ambs on scene along with @AmbulanceNAS— DubFireBrigade (@Dublin Fire Brigade)require(["twitter/widgets"]);Les membres d’une famille irlandaise de gens du voyage auraient été tués dans l’incendie, sans que cette information n’ait été confirmée officiellement. Plusieurs autres personnes, intoxiquées par les fumées, ont été transportées à l’hôpital. Une enquête a été ouverte par la police pour déterminer les causes de l’incendie qui s’est déclenché à Carrickmines, dans la banlieue sud de Dublin.Le président irlandais Michael D. Higgins a qualifié l’incendie d’« horrible tragédie ». « Mes pensées vont en ce moment vers les familles et les amis de ceux qui ont perdu la vie et de ceux qui ont été blessés », a-t-il ajouté. Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Plusieurs syndicats de gauche – KESK (fonction publique), DISK (Confédération des syndicats révolutionnaires de Turquie) –, ainsi que l’association des médecins (TTB) et le Parti de la démocratie des peuples (HDP, gauche, pro kurde) avaient appelé à manifester, samedi 10 octobre, contre la reprise des hostilités entre les forces turques et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) au sud-est du pays. Quelques minutes avant le départ du cortège, deux bombes ont explosé à 50 mètres d’écart sur le lieu où les militants du HDP étaient rassemblés, faisant au moins 95 morts et 246 blessés. La Turquie a décrété trois jours de deuil national après ces attaques meurtrières.Lire aussi :L’attentat d’Ankara commis très probablement par deux kamikazes Il est encore trop tôt pour savoir s’il s’agit de l’action d’un kamikaze ou d’une bombe placée dans le cortège, mais les billes d’acier retrouvées sur le théâtre du crime attestent de l’intention de faire un maximum de victimes. Cet attentat ressemble en tout cas trait pour trait à celui qui s’était produit à Diyarbakir le 5 juin, au beau milieu d’un rassemblement du HDP, deux jours avant la tenue des élections législatives. Deux bombes avaient explosé coup sur coup, l’une à proximité d’un transformateur électrique, l’autre dans une poubelle, faisant quatre morts et 400 blessés.Deux jours plus tard, le 7 juin, le HDP remportait 13 % des voix aux législatives, faisant perdre au Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) du président, Recep Tayyip Erdogan, la mainmise qu’il exerçait depuis 2002 sur le pays. Meurtri par ce revers, M. Erdogan a convoqué de nouvelles élections, prévues pour le 1er novembre, après l’échec de son premier ministre, Ahmet Davutoglu, à former un gouvernement de coalition.Une période de turbulences sans précédentL’AKP compte sur ce nouveau scrutin pour récupérer sa majorité parlementaire, mais les principaux instituts de sondages disent qu’il n’en sera rien. Les islamo-conservateurs sont crédités de 38 à 40 % des voix (contre 41 % le 7 juin). Sa stratégie pré-électorale consiste à évincer à tout prix le HDP, accusé de collusion avec les « terroristes du PKK », et à gagner les faveurs de l’électorat ultra-nationaliste.Le HDP, ses militants, ses journalistes sont dans l’œil du cyclone. Chaque jour, ses responsables sont interpellés, ses bureaux sont attaqués. Le chef du parti, Selahattin Demirtas, qualifié de « terroriste » par le chef de l’Etat, ne fait plus aucune apparition sur les grandes chaînes publiques, hormis celles de l’opposition, qui viennent d’être contraintes à la fermeture sans aucune raison. Il y a deux jours, Garo Palayan, député du HDP, avait exprimé ses craintes de voir les élections législatives du 1er novembre annulées. Cette éventualité est devenue plus tangible depuis le double attentat d’Ankara.La Turquie est entrée dans une période de turbulences comparable à celles qui prévalaient jadis à la veille des coups d’Etat militaires (1960, 1971, 1980). La presse pro-gouvernementale, la seule autorisée à parler, n’a pas hésité à donner une interprétation fallacieuse des attentats de samedi matin à Ankara.« Tirer profit des morts »Le quotidien Sabah écrivait ainsi en une de son site quelques heures après la double explosion : « Comme à Diyarbakir, Demirtas est entrain de tirer profit des morts ». « L’attentat de Diyarbakir avait donné deux points de plus au HDP », dit le sous-titre. Les sites des quotidiens de la même veine, Yeni Safak et Yeni Akit, ne disent pas autre chose. Yeni Akit a reproduit le logo du parti HDP, soit un olivier avec ses feuilles dont le tronc est représenté par deux mains jointes, mais des grenades ont été dessinées à la place des feuilles, pour mieux convaincre ses lecteurs que les militants pro-kurdes sont les instigateurs de l’attentat qui les a directement visés.« Cet attentat nous fait très mal. Notre population paie le prix fort. Nous assistons au même scénario que ce qui s’est passé à Diyarbakir à la veille des élections du 7 juin. Nous avons vu à qui cela avait profité. La nation ne doit pas se laisser aller à un tel scénario », a déclaré Bülent Turan, député AKP de Canakkale au journal Yeni Akit.Le lynchage a refait son apparitionDe leur côté, les médias d’opposition sont condamnés au silence. Sept chaînes de télévision connues pour leurs critiques envers le gouvernement ont brusquement été interdites d’émettre vendredi 9 octobre. Le lynchage a refait son apparition. Ahmet Hakan, éditorialiste au quotidien Hürriyet et présentateur sur la chaîne CNN-Türk, a ainsi été passé à tabac devant chez lui le 1er octobre au soir par quatre nervis dont trois étaient des militants de l’AKP. Peu de temps auparavant, la rédaction de Hürriyet avait été attaquée à coups de pierres par une foule en colère emmenée par un député de l’AKP, Abdulrahim Boynukalin, qui avait alors appelé ses fans à agresser physiquement le journalistes Ahmet Hakan.Vendredi 9 octobre, le rédacteur en chef du quotidien Zaman, Bülent Kenes, a été arrêté. Il est accusé d’« insulte au président ». Près de 300 journalistes et blogueurs ont été soumis à ce chef d’accusation depuis 2014. L’article 299 du code pénal (insulte au président), qui a eut tôt fait de remplacer le 301 (insulte à la nation turque), supprimé en 2008 pour se conformer aux critères européens, est utilisé quotidiennement contre les journalistes et les blogueurs.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.10.2015 à 12h29 • Mis à jour le10.10.2015 à 12h30 La Guardia Civil espagnole a annoncé samedi 10 octobre avoir secouru 523 migrants africains en Méditerranée, au large des côtes libyennes, avec les garde-côtes italiens. « Le bateau Rio Segura, du service maritime de la Guardia Civil et qui a participé à l’opération Triton en 2015, a sauvé 325 immigrés qui se trouvaient dans différents bateaux dans une zone à environ 25 milles de Tripoli », indique un communiqué. « En même temps, un autre navire des garde-côtes italiens, Nave Corsi, qui participe à la même opération, a demandé le transfert vers le navire de la Guardia Civil de 198 personnes supplémentaires qui avaient été secourues ».Les personnes secourues sont 376 hommes, 125 femmes et 22 enfants, a détaillé la police espagnole, précisant que « certains d’entre eux ont des blessures et la gale, et sont soignés par l’infirmier de bord ». « Parmi les personnes sauvées par les deux bateaux il y a des ressortissants du Nigeria, de Gambie, du Sénégal, de Libye, de Côte d’Ivoire, de Guinée-Bissau et de Guinée Equatoriale ». 10.10.2015 à 10h01 • Mis à jour le11.10.2015 à 10h25 | Benoît Vitkine (Minsk, envoyé spécial) Le scénario paraît écrit d’avance, et c’est une institution d’ordinaire très discrète, le Bureau pour les institutions démocratiques et les droits de l’homme, qui doit y jouer les premiers rôles. Au lendemain de l’élection présidentielle biélorusse de dimanche 11 octobre, il reviendra à cet organe de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) d’évaluer le scrutin. Si, comme c’est probable, il est fait état de « progrès », s’enclenchera un rapprochement entre l’Union européenne et la Biélorussie, Etat le plus autoritaire et le plus isolé d’Europe, allié de la Russie.A Minsk et dans les capitales européennes, les diplomates confirment l’existence de ce scénario de « normalisation », qui devrait passer, à très brève échéance, par la levée ou la suspension de la plupart des sanctions prises depuis le début des années 2000 contre le régime biélorusse et 200 de ses dignitaires. La reprise de plusieurs coopérations politiques et économiques devrait s’ensuivre.« Les Biélorusses ont envoyé des signaux d’ouverture, à nous de faire un pas », résume un diplomate européen. Il y a d’abord eu la libération, le 22 août, des six derniers prisonniers politiques détenus dans les geôles biélorusses. Les Européens avaient alors désigné le scrutin présidentiel comme l’étape suivante.Lire aussi :Loukachenko libère tous les prisonniers politiques, à l’approche de la présidentielle« Pas une marionnette de Moscou »Enfin, dans le domaine diplomatique, Alexandre Loukachenko s’est opposé à l’annexion de la Crimée par la Russie, avant de se rendre à la prestation de serment de son homologue ukrainien, Petro Porochenko, et de s’imposer comme un intermédiaire en accueillant les négociations de paix sur le Donbass de septembre 2014 et février 2015. « Il a démontré qu’il avait une vraie politique extérieure, qu’il n’était pas une marionnette de Moscou », explique un autre diplomate européen.Lire aussi :Minsk, capitale improbable des négociations entre l’Ukraine et la RussieUn précédent incite toutefois à la prudence. Lors de l’élection présidentielle de 2010, le scénario devait se dérouler à l’identique. Le 19 décembre au soir, les experts de l’OSCE mettaient la dernière main à leur rapport quand le processus a dérapé. Des inconnus ont profité d’une manifestation contre les fraudes pour déclencher des violences. Près de 700 personnes ont été arrêtées, et les dirigeants de l’opposition condamnés à de lourdes peines. Beaucoup ont vu dans ces événements un sabotage de la Russie, mécontente de voir un allié fidèle lui faire de mauvaises manières.Cette crainte est toujours là, mais la crise ukrainienne a redoublé la motivation, de part et d’autre, de redonner une chance à ce processus de rapprochement. Côté biélorusse, la politique régionale agressive de la Russie a exaspéré les dirigeants. Il ne s’agit pas pour M. Loukachenko de chercher un renversement d’alliance – et il ne pourrait pas se le permettre tant son économie est dépendante de la Russie – mais, explique Dzianis Melyantsou, du cercle de réflexion BISS, financé notamment par l’UE, « de s’offrir de l’air et une marge de manœuvre dans les différentes négociations avec Moscou ».Plus encore, le facteur économique joue un rôle central. A Minsk, les caisses sont vides. « Pour la première fois cette année, témoigne l’économiste Alexandre Tchoubrik, ces élections ne sont pas précédées de hausses des salaires et des retraites. C’est l’inverse qui s’est produit. » L’économie biélorusse, inefficace et étatisée à 70 %, vit sous perfusion de la Russie, qui achète ainsi la loyauté de son voisin. Or, cette année, Moscou n’a pas versé les crédits habituels, à la fois parce que l’économie russe est elle-même en mauvais état, mais aussi en signe de mécontentement vis-à-vis des positions de M. Loukachenko. Aux yeux de Minsk, la levée des sanctions européennes doit agir comme un signal pour d’éventuels investisseurs étrangers et surtout pour le FMI, avec qui les liens sont rompus depuis 2010.Côté européen, il ne s’agit pas non plus d’« arracher » la Biélorussie à la sphère d’influence russe, mais simplement de « laisser une main tendue et aider le pays à s’ouvrir ». « Pour les Européens, explique M. Melyantsou, l’Ukraine a tout renversé. Les questions de sécurité et de stabilité ont largement pris le dessus sur un éventuel processus de démocratisation. Il s’agit d’aider Minsk à assurer son statut de neutralité. »La dérive vers l’Ouest sonnerait comme un désaveuCe rapprochement, même timide, constitue-t-il une ligne rouge pour Moscou ? En vingt et un ans au pouvoir, Alexandre Loukachenko est devenu un maître dans l’art de manœuvrer. Mais la crise ukrainienne a crispé les positions. « Dans le cas biélorusse, il n’y a même pas besoin de parler OTAN ou UE, explique Arseni Sivitski, du Centre pour les études stratégiques et de politique étrangère, une structure liée au pouvoir. La moindre émancipation est vue comme une menace. » La Biélorussie, qui a intégré l’Union eurasiatique de Vladimir Poutine, est considérée comme le dernier allié de Moscou, en tout cas le plus solide, un « pays frère » dont la dérive vers l’Ouest sonnerait comme un désaveu.Lire aussi :La diplomatie ambiguë de Minsk et Astana envers MoscouEn 2010, la Russie avait montré son mécontentement en cessant de subventionner les hydrocarbures qu’elle livre à son voisin. Cette fois, les pressions sont plus directes encore. Début septembre, Moscou a réactivé une ancienne demande d’installation d’une base militaire aérienne sur le territoire biélorusse. « Ça a été une grosse surprise pour Minsk, explique M. Sivitski. Depuis, les pressions sont intenses, mais une telle base signifierait la fin de la neutralité de la Biélorussie, voire de son indépendance. » M. Loukachenko ne peut qu’essayer de gagner du temps.La « normalisation » programmée entre Minsk et Bruxelles fait aussi des mécontents en Biélorussie même. L’opposition à M. Loukachenko s’est divisée quant à l’opportunité de participer à l’élection, au risque de contribuer ainsi à « légitimer » l’autocrate. Une seule candidate d’opposition, Tatiana Korotkevitch, a sauté le pas, les autres opposants appelant au boycott.Mikola Statkevitch fait partie de ceux-là. Selon cet opposant historique, libéré en août après cinq ans de prison, M. Loukachenko espère le soutien de l’UE, « non pas pour faire des réformes, mais au contraire pour les éviter le plus longtemps possible ». « La stratégie des Européens va faire de ce pays un cimetière politique, dénonce-t-il. Ce qu’ils appelleront des “progrès”, ce sera uniquement le fait qu’on ne voie pas à la télévision d’opposants tabassés. Et tant pis pour les fraudes ou les libertés publiques inexistantes. »Lire aussi :Une Nobel de littérature contre les mythes soviétiquesBenoît Vitkine (Minsk, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Martin Untersinger La présidente de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) et du « G29 », le groupement européen des autorités de protection des données personnelles, réagit à l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne qui a invalidé l’accord « Safe Harbor ».Lire notre décryptage :Les conséquences de l’invalidation de l’accord « Safe Harbor » sur les données personnellesL’occasion également de revenir sur le projet du gouvernement de fusionner la CNIL avec la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA), dans le cadre de la loi numérique.Etes-vous favorable au projet du gouvernement de fusionner la CNIL et la CADA ?Réfléchir à un rapprochement entre nos deux institutions me paraît parfaitement légitime. Dans les textes, dans les recours que nous examinons, il y a une convergence autour de la gouvernance de la donnée. Pour autant, désosser ces deux institutions, remettre à plat immédiatement leur composition, leurs missions, leurs procédures est un travail considérable qui, aujourd’hui, me paraît déraisonnable. D’autant plus que nous avons le projet de règlement européen sur les données qui va aboutir d’ici la fin de l’année et qui va conduire à une réécriture de la loi CNIL.Lire aussi :Le gouvernement veut fusionner la CNIL et la CADAPour vous, insérer cette réforme dans la loi numérique, qui sera examinée en 2016, est une mauvaise idée ?Cela dépend de ce qu’il y a dedans. Il faut faire les choses au bon moment. Je suggère une solution en deux temps : à court-terme, on peut adosser les deux institutions, en mettant en place un mécanisme de participation croisée entre les deux autorités.La justice européenne a invalidé, mardi, l’accord Safe Harbor sur les données personnelles. Que vont faire les autorités européennes de protection des données ?Il existe des outils alternatifs au Safe Harbor. Il est légitime de se demander si les arguments de la Cour s’y appliquent. Nous allons analyser les conséquences sur les autres outils légaux de transfert pour mesurer l’impact de la décision de la Cour. Ce que souhaitent les entreprises c’est d’avoir une lisibilité, une cohérence du dispositif européen. Nous voulons donc leur offrir une réponse coordonnée.Justement, que doivent faire les entreprises qui avaient recours au Safe Harbor ?Il ne faut pas nous précipiter en recommandant des outils. Ce serait ennuyeux si dans un mois et demi ces outils souffrent des mêmes vices que le Safe Harbor. Il faut nous donner du temps pour établir une réponse robuste. Dès que nous aboutirons à une conclusion solide, on la communiquera.Cela signifie donc que certaines entreprises transfèrent des données d’Européens de manière illégale ?Elles prennent un risque. Sachant que le Safe Harbor est invalide, et qu’il n’a pas été procédé à une évaluation de la solidité des autres outils, il y a non pas un vide juridique, mais une question juridique sur la base légale de ces transferts.Qu’est-ce que la décision implique quant au rôle des autorités de protection des données ?La décision de la Cour donne effectivement la possibilité aux autorités de protection des données de réexaminer les transferts de données. La Cour a confié un rôle renouvelé aux autorités de protection des données, elle les a remis dans le jeu aux côtés de la Commission.Cela signifie-t-il que les internautes pourront saisir la CNIL pour empêcher que leurs données partent aux Etats-Unis ?Il faut être prudent. Les internautes ont certainement des attentes ambivalentes et n’ont pas non plus envie que les services qui leur sont offerts s’interrompent. Notre métier c’est de faire que les données des Européens soient protégées : aujourd’hui, il faut regarder si la protection apportée par les outils alternatifs au Safe Harbor est satisfaisante. La réponse n’est pas seulement dans ces outils : la Cour a pointé le système de surveillance de masse des Etats-Unis.Est-ce qu’au final ce n’est pas surtout la politique américaine qui est sanctionnée par la CJUE ?La Cour n’a pas invalidé le Safe Harbor à cause du contenu de ce dernier, mais à cause de la législation américaine. Il y a des éléments du droit américain qui n’ont pas été pris en compte par Commission et qui rendent le Safe Harbor invalide. La faiblesse juridique, aux Etats-Unis, c’est la possibilité de la surveillance de masse, le manque de contrôle par une autorité indépendante, la difficulté de former un recours… C’est ça qui motive l’arrêt de la CJUE. Compte tenu de ce que dit la Cour, la responsabilité est dans les mains des gouvernements, américain et européens.Vous faites ici référence à la renégociation du Safe Harbor, antérieure à la décision de la Cour. Comment un simple accord peut prendre en compte les remarques de la justice et donner des garanties sur les pratiques de surveillance des Etats-Unis ?L’arrêt n’invalide pas les renégociations. On peut adjoindre un volet complémentaire qui répondrait aux observations de la Cour. Aujourd’hui, la Commission est en position de demander aux Etats-Unis quelles garanties ils peuvent accorder aux citoyens européens. Il n’est pas illégitime de leur demander ça.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Samuel Laurent et Gary Dagorn   L’Insee a livré, mardi 13 octobre, une étude sur les flux migratoires entre 2006 et 2013. Et elle bat en brèche un grand nombre de clichés qui peuplent le débat, récurrent, sur l’immigration en France. En voici quelques-uns :1. Non, le solde migratoire n’a pas « explosé » depuis dix ans, il a diminué33 000C’est le solde migratoire net en 2013 en France, soit la différence entre entrées sur le territoire (immigration) et sorties. Il est trois fois moins élevé qu’en 2006 (+112 000 personnes).Si on regarde l’évolution, on constate une mobilité accrue : les deux chiffres des entrées et des sorties ont augmenté depuis 2006, le premier ralentissant sa progression quand le second l’accélère. #container_14447249279{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14447249279{ height:500px; } #container_14447249279 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14447249279 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14447249279 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14447249279 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Solde migratoire de 2006 à 2013Entrées (immigration) et sorties (expatriation) du territoire, et solde net(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14447249279", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"milliers de personnes" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["2006","2007","2008","2009","2010","2011","2012","2013"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Entrées", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 301 ], [ "", 294 ], [ "", 297 ], [ "", 297 ], [ "", 307 ], [ "", 320 ], [ "", 327 ], [ "", 332 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Sorties", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 189 ], [ "", 220 ], [ "", 240 ], [ "", 265 ], [ "", 268 ], [ "", 290 ], [ "", 294 ], [ "", 299 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Solde", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 112 ], [ "", 74 ], [ "", 57 ], [ "", 32 ], [ "", 39 ], [ "", 30 ], [ "", 33 ], [ "", 33 ] ], "type": "areaspline", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " 000 personnes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}2. Non, les immigrés ne « remplacent » pas les Français16 %C’est la contribution de l’immigration à l’augmentation de la population : entre 2006 et 2014, la France a gagné 2,6 millions d’habitants. Sur ce total, le solde migratoire contribue à hauteur de 400 000 personnes. Ramené en pourcentage, on comptait 8,13 % d’immigrés nés à l’étranger en 2006, on en compte désormais 8,92 %. Les Français nés en France représentaient 89,07 % de la population en 2006, 88,42 % l’an dernier. #container_14447294777{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14447294777{ height:500px; } #container_14447294777 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14447294777 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14447294777 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14447294777 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Composition de la population par origine, en 2006 et 2013(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14447294777", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"Nombre (milliers)" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["1er janvier 2006","1er janvier 2014"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nés français à l'etranger", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 1768 ], [ "", 1750 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "immigrés", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 5137 ], [ "", 5868 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Nés en France", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 56280 ], [ "", 58183 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: 1, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " milliers de personnes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}3. Oui, les retours d’expatriés représentent le quart des entrées en France77 000C’est le nombre de retours en France de Français expatriés en 2013. Sur 332 000 arrivées, 70 % (235 000) correspondent à de l’immigration, 23 % (77 000) à des retours d’expatriés, et 7 % (20 000) à des arrivées de personnes nées françaises à l’étranger. #container_14447267323{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14447267323{ height:500px; } #container_14447267323 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14447267323 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14447267323 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14447267323 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Entrées en France entre 2006 et 2013Selon l'origine des personnes.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14447267323", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"milliers de personnes" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["2006","2007","2008","2009","2010","2011","2012","2013"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Entrées d'immigrés", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 193 ], [ "", 192 ], [ "", 195 ], [ "", 195 ], [ "", 211 ], [ "", 217 ], [ "", 230 ], [ "", 235 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Entrées de personnes nées en France", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 78 ], [ "", 78 ], [ "", 78 ], [ "", 78 ], [ "", 78 ], [ "", 81 ], [ "", 77 ], [ "", 77 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Entrées de personnes nées françaises à l'étranger", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 30 ], [ "", 23 ], [ "", 23 ], [ "", 24 ], [ "", 19 ], [ "", 22 ], [ "", 21 ], [ "", 20 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "000 personnes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}4. Non, la « fuite des cerveaux » n’est pas en pleine hausse197 000C’est le nombre de personnes nées en France et ayant quitté le territoire en 2013. Un chiffre qui reste relativement stable depuis 2009. La hausse des départs s’explique donc surtout par le nombre d’immigrés qui quittent la France, 95 000 en 2013 contre 29 000 sept ans plus tôt. #container_14447259049{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14447259049{ height:500px; } #container_14447259049 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14447259049 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14447259049 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14447259049 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Sorties du territoire de 2006 à 2013Pour les personnes nées en France, immigrées et nées françaises à l'étranger(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14447259049", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"milliers de personnes" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["2006","2007","2008","2009","2010","2011","2012","2013"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Sorties d'immigrés", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 29 ], [ "", 49 ], [ "", 53 ], [ "", 63 ], [ "", 67 ], [ "", 73 ], [ "", 90 ], [ "", 95 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Sorties de personnes nées en France", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 138 ], [ "", 164 ], [ "", 177 ], [ "", 199 ], [ "", 193 ], [ "", 205 ], [ "", 197 ], [ "", 197 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Sorties de personnes nées françaises à l'étranger", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 22 ], [ "", 11 ], [ "", 10 ], [ "", 3 ], [ "", 8 ], [ "", 12 ], [ "", 8 ], [ "", 7 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: 1, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "000 personnes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Gary DagornJournaliste au MondeSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Yves Eudes Quelques jours après l’annulation par la cour de justice de l’UE de l’accord Safe Harbor, qui permet à près de 4 500 sociétés américaines de transférer aux Etats-Unis les données personnelles de leurs clients européens dans des conditions privilégiées, le département du commerce américain a annoncé qu’il allait continuer à l’administrer comme si de rien n’était. Il va même poursuivre le traitement des dossiers des nouvelles sociétés qui souhaitent bénéficier de l’accord.Cela dit, selon plusieurs cabinets juridiques interrogés par les médias anglo-saxons, il ne s’agirait pas d’un geste de défi, mais de bonne volonté. Depuis un an et demi et les révélations d’Edward Snowden sur l’espionnage de masse pratiqué par la NSA américaine, les Etats-Unis et la Commission européenne mènent des négociations discrètes pour réformer et renforcer le Safe Harbor. Malgré la décision de la justice européenne, et l’opposition de nombreux eurodéputés, les Etats-Unis souhaitent que ces discussions se poursuivent et aboutissent à un accord.Lire aussi :« La surveillance de masse » des Etats-Unis a été condamnéeD’autres instruments juridiquesPar ailleurs, dans une interview accordée au magazine français L’Usine digitale, Stephen Deadman, l’un des hauts responsables juridiques de Facebook, réaffirme qu’en réalité l’annulation de l’accord Safe Harbor n’aura pas de conséquences majeures à court terme sur le fonctionnement de sa société en Europe. En effet, le Safe Harbor n’est qu’un instrument juridique parmi d’autres : les sociétés désireuses de transférer des données personnelles vers les Etats-Unis peuvent aussi signer des contrats ad hoc, contenant des clauses contractuelles type et contrôlés par les agences européennes de protection des données. Ce mécanisme est lourd et complexe pour les entreprises petites et moyennes, mais il est tout à fait à la portée des géants américains de l’Internet, qui l’utilisent déjà dans différents pays.En revanche, depuis la décision de la CJUE invalidant Safe Harbor, les géants de l’Internet comme Facebook qui ont installé leurs filiales en Irlande, sont, en théorie, à la merci d’une décision de l’agence de protection des données irlandaise. A noter que Facebook possède déjà un data center en Suède, qu’il s’apprête à agrandir, et va bientôt en construire un en Irlande.Lire aussi :Les entreprises réclament du temps pour s’adapter à la mort du « Safe Harbor »Yves EudesGrand reporterSuivreAller sur la page de ce journaliste Maxime Vaudano Le projet d’accord de libre-échange transatlantique entre l’Europe et les Etats-Unis, désigné par les acronymes Tafta et TTIP, fêtera en 2016 ses trois ans. Et s’il est encore loin d’être conclu, il suscite une opposition grandissante.1. De quoi s’agit-il ?2. Pourquoi le traité transatlantique fait-il peur ?3. Où en est-on ?4. Le Tafta peut-il voir le jour ?1. De quoi s’agit-il ?Le Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP) est un projet de zone de libre-échange lancé début 2013 par Barack Obama et les dirigeants de l’Union européenne, José Manuel Barroso et Herman Von Rompuy, avec le soutien des 27 Etats-membres européens (qui sont maintenant 28).L’objectif est de libéraliser au maximum le commerce entre les deux rives de l’Atlantique, en :réduisant les droits de douane ;réduisant les « barrières réglementaires », c’est-à-dire les différences de réglementations qui empêchent l’Europe et les Etats-Unis de s’échanger tous leurs produits et services, et qui génèrent des coûts supplémentaires ;Deux exemples de barrières règlementairesAux Etats-Unis, les feux arrières d’une voiture doivent obligatoirement être couleur ambré, tandis qu’ils doivent être blancs en Europe – ce qui oblige les constructeurs à produire deux modèles différents selon le marché de destination. Tout le monde est à peu près d’accord pour dire qu’il serait plus judicieux d’harmoniser ces réglementations.En Europe, beaucoup d’Etats refusent, au nom du principe de précaution, d’autoriser la culture d’organismes génétiquement modifiées (OGM), alors que les Américains sont beaucoup plus souples pour les mettre sur le marché, et les interdire a posteriori en cas de problème. Qui a raison ?Le TTIP, surnommé Tafta (Transatlantic Free Trade agreement) par ses détracteurs, n’est pas sorti de nulle part : plusieurs instances de dialogue transatlantiques lui ont ouvert la voie depuis la fin de la Guerre froide ; mais surtout, il s’inscrit dans la course aux mégazones de libre-échange lancée au milieu des années 2000, quand les principales puissances ont pris acte de l’enlisement de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui a échoué à libéraliser le commerce mondial à cause d’intérêts trop divergents entre ses quelque 160 membres.Ainsi, les Etats-Unis viennent de conclure un partenariat transpacifique avec 11 Etats du pourtour pacifique. La Chine négocie de son côté un Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP) avec l’Inde et 14 autres pays asiatiques, tandis que les 54 membres de l’Union africaine discutent depuis cette année d’une Continental Free Trade Area (CFTA). Le tout dans une logique de confrontation de grands blocs économiques régionaux.2. Pourquoi le traité transatlantique fait-il peur ?Le poulet au chloreLa première vague des critiques contre le Tafta/TTIP, médiatisée à l’occasion des élections européennes de 2014, portait sur le risque de voir débouler sur le marché européen des poulets lavés au chlore, des bœufs nourris aux hormones et des OGM. De nombreux industriels américains aimeraient en effet voir ces produits, largement proscrits pour l’instant par la réglementation européenne, traverser l’Atlantique à la faveur de l’« harmonisation des réglementations » promise par le traité transatlantique. Mais ce sujet est si politiquement sensible que les dirigeants européens ont promis que cette « ligne rouge » ne serait pas franchie, et que les réglementations sanitaires européennes resteraient inchangées. Il faut pour l’instant les croire sur parole, car les négociations ne sont pas terminées, mais on les imagine mal renier leur engagement et l’assumer devant l’opinion publique le jour où l’accord sera rendu public.Les tribunaux arbitrauxAujourd’hui, l’essentiel des critiques s’est reporté vers un chapitre précis du futur TTIP, consacré au règlement des différends. Créé dans les années 1950 et présent dans l’immense majorité des accords commerciaux, ce système, baptisé Investor-State Dispute Settlement (ISDS), instaure une justice parallèle pour appliquer le contenu de l’accord, avec des arbitres privés au lieu de juges publics.Problème : à cause de la trop grande marge de manœuvre conférée à ces arbitres, et à de potentiels conflits d’intérêts, l’ISDS s’est transformée, au cours des dernières années, en arme à la disposition des multinationales pour attaquer les réglementations des Etats, sur la santé, l’environnement ou le social.Lire le décryptage sur les mythes et réalités sur les tribunaux d’arbitrage privés du traité transatlantique Sensible aux critiques, la Commission européenne a, sous l’impulsion franco-allemande, présenté en septembre 2015 un ambitieux projet de réforme de l’ISDS. Si elle prend en compte la plupart des failles pointées par les experts, cette réforme n’a pas rassuré les sceptiques, qui s’opposent au principe même d’une justice parallèle unilatérale, où seules les entreprises peuvent attaquer les Etats, et pas l’inverse.La coopération réglementaireAutre sujet moins visible, mais qui pourrait rapidement s’imposer à l’agenda : la question de la convergence réglementaire. Les négociateurs du Tafta/TTIP entendent en effet créer un Conseil de coopération réglementaire, chargé de faire vivre l’accord après sa signature en poursuivant l’effort d’harmonisation des réglementations de part et d’autre de l’Atlantique.Pour ses détracteurs, il s’agit d’un cheval de Troie qui permettra à quelques technocrates de détruire les réglementations européennes et américaines derrière des portes closes, une fois que le traité sera signé et que l’opinion publique regardera ailleurs. Tous les sujets sensibles, comme le poulet au chlore et les OGM, pourraient ainsi être évacués du corps du traité transatlantique pour revenir quelques années plus tard par cette porte dérobée.A l’inverse, les négociateurs assurent qu’il s’agira simplement d’une instance consultative, chargée de faire dialoguer Américains et Européens en amont de chaque nouvelle grande réglementation, afin de limiter au maximum les risques de divergence.S’il est acquis que ce Conseil n’aura aucun pouvoir législatif et ne pourra se substituer aux Parlements, une instance consultative est tout de même susceptible d’avoir une influence considérable. En retardant les procédures, en maîtrisant l’information et en faisant intervenir au moment adéquat les bons lobbys, il pourrait être tenté de saborder les tentatives de réglementation ambitieuses. Mais seul le texte final du traité nous permettra de nous faire une idée.Les services publicsLe TTIP se place dans la droite ligne de la politique libérale menée par la Commission européenne depuis plusieurs décennies, hostile aux monopoles publics et favorable à la libre concurrence dans le maximum de secteurs. C’est pourquoi les anti-Tafta craignent qu’il détruise les services publics européens en démembrant tous les monopoles publics.La Commission européenne tente de les rassurer en promettant d’exclure les services publics du champ de la libéralisation… sans définir clairement ce qu’elle entend par « service public ». De nombreux accords similaires au traité transatlantique ont en effet tendance à « saucissonner » les services publics, en protégeant les services de santé… tout en ouvrant les services dentaires, d’accouchement ou d’infirmerie à la concurrence.Or, si auparavant l’Europe détaillait très exhaustivement les secteurs qu’elle acceptait de libéraliser sur une « liste positive », elle a adopté depuis un an le principe américain de « liste négative ». Cette différence technique est potentiellement lourde de conséquences, car si l’Europe « oublie » (volontairement ou non) de souligner un secteur à protéger (comme l’éducation primaire, par exemple), il tombera automatiquement dans le champ de la libre concurrence… et rien ne permettra de revenir en arrière.Des effets économiques difficiles à anticiperLa principale étude économique brandie par la Commission européenne pour vanter les effets potentiels du traité transatlantique prédit un gain pour l’économie européenne de 119 milliards d’euros… d’ici 2027. Un impact très modeste, si on le ramène à un rythme annuel.Sans compter que ladite étude, financée par la Commission, a été largement critiquée pour ne prendre en compte que les effets bénéfiques du futur traité, sans se préoccuper des destructions de valeur. Dénonçant des « hypothèses irréalistes » et des méthodes « inadéquates », un chercheur italien prédit dans une autre étude un recul du PIB, des exportations et de l’emploi en Europe.La réalité est que les effets varieront largement selon les secteurs. Les services européens pourraient largement bénéficier de l’ouverture des marchés publics américains ; à l’inverse, les agriculteurs européens pourraient être frappés de plein fouet par la concurrence de l’agriculture industrielle américaine, bien moins chère, avec l’augmentation probable des quotas d’importation.Lire aussi :Libre-échange : des effets difficiles à mesurer sur l’emploi3. Où en est-on ?Dix cycles de négociations ont déjà eu lieu entre la Commission européenne et le département du commerce américain depuis le lancement officiel des discussions, à l’été 2013. D’après ce qui filtre de ces rencontres à huis clos entre fonctionnaires, peu de chapitres de l’accord ont réellement avancé, en raison de blocages politiques persistants sur les principaux dossiers. Initialement programmée pour la fin 2015, la conclusion des négociations n’aura pas lieu avant 2016, voire 2017.En parallèle, les lignes ont beaucoup bougé au niveau politique.Sous la pression d’une opinion publique toujours plus sceptique, la nouvelle Commission européenne de Jean-Claude Juncker, installée fin 2014, a adopté un discours plus accommodant avec les anti-Tafta, promettant notamment davantage de transparence dans les discussions. Si de nombreux documents sont désormais disponibles en ligne, y compris le mandat de négociation, les vrais textes de concertation restent largement secrets, réservés à quelques eurodéputés triés sur le volet et aux chancelleries européennes. La commissaire au commerce Cecilia Malmström a même durci les règles d’accès à ces dossiers sensibles, en cantonnant leur consultation à des salles de lecture ultra-sécurisées pour limiter le risque de fuites.En France, le gouvernement a également considérablement changé de discours. Secrétaire d’Etat au commerce extérieur depuis l’automne 2014, Matthias Fekl a récemment menacé de stopper les négociations si la Commission européenne ne répondait pas à ses exigences. S’il reste favorable au TTIP, le gouvernement français prévient qu’il ne le signera que sous certaines conditions – et notamment une réforme radicale des tribunaux d’arbitrage.4. Le Tafta peut-il voir le jour ?Une issue positive dépendra de la capacité des Etats-Unis et de l’Union européenne à s’entendre sur les sujets les plus sensibles. Washington refuse par exemple pour l’instant d’ouvrir ses marchés publics (aujourd’hui largement réservés aux entreprises américaines) ou de réformer les tribunaux d’arbitrage ISDS, tandis que Bruxelles reste inflexible sur la régulation de son secteur financier et sur la protection de ses indications géographiques protégées (comme les appellations Champagne ou Normandie).Même si un accord est conclu, il devra encore passer plusieurs étapes de validation.Côté européen, il devra être ratifié par :les 28 gouvernements européens (or, le gouvernement d’Alexis Tspiras en Grèce a prévenu qu’il ne « ratifierait jamais l’accord ») ;le Parlement européen, où, outre les groupes clairement anti-Tafta (la gauche radicale, les écologistes et l’extrême-droite), de nombreux élus restent dubitatifs face au tour pris par les négociations (chez les sociaux-démocrates, mais aussi au centre et à droite). Or, le Parlement européen a montré en 2012 qu’il n’était pas une simple chambre d’enregistrement en rejetant le traité anti-contrefaçon ACTA à l’issue d’une intense campagne de la société civile ;les Vingt-Huit Etats européens, qui peuvent le faire par un référendum ou un vote du Parlement.Or, la pression de l’opinion publique sur les responsables politiques européens s’accentue chaque jour un peu plus. Samedi 10 octobre, quelques jours après avoir remis une pétition de 3 millions de signatures contre le Tafta, les anti-traité transatlantique ont réuni entre 150 000 et 250 000 manifestants à Berlin – l’une des manifestations les plus importantes des dernières années en Allemagne, en pointe dans l’opposition au Tafta.La ratification prochaine de l’accord CETA entre l’Europe et le Canada – petit cousin du traité transatlantique, conclu en 2014, qui nourrit les mêmes critiques –, devrait faire office à cet égard de répétition générale en 2016, nous éclairant sur la réalité des rapports de force en Europe.Côté américain, la ratification du TTIP risque aussi de ne pas passer comme une lettre à la poste. Si Barack Obama a obtenu l’été dernier une victoire en faisant passer au Congrès une loi facilitant la ratification de tels accords, il ne sera probablement plus à la Maison Blanche quand le traité transatlantique sera conclu.Or, son (sa) successeur(e) sera sans doute moins allant(e) que lui. Hillary Clinton, la favorite des sondages côté démocrate, s’est montée très critique vis-à-vis du traité transpacifique et, par extension, de son cousin transatlantique. Son rival côté républicain, Donald Trump, est encore plus offensif contre ce type d’accord.Suivez toute l'actualité du Tafta/TTIP sur notre blog "La bataille transatlantique"Maxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.10.2015 à 19h33 • Mis à jour le13.10.2015 à 11h48 | Perrine Mouterde Deux jours après le double attentat qui a tué quatre-vingt-dix-sept personnes, samedi 10 octobre à Ankara, les autorités turques ont désigné l’organisation Etat islamique comme « suspect numéro un » de cette attaque et ont démenti toute défaillance des services de sécurité. Elles ont également confirmé la tenue des élections législatives le 1er novembre.Dorothée Schmid, chercheuse et directrice du programme Turquie contemporaine à l’Institut français des relations internationales (IFRI), revient sur les conséquences de cet attentat pour la Turquie.Lire aussi :Après l’attentat d’Ankara, la Turquie au bord du gouffre Quel message ce double attentat envoie-t-il ?Dorothée Schmid : C’est un attentat destiné à semer le chaos, à intimider la communauté kurde dans sa composante politique et légaliste, et à interrompre le processus électoral.Plusieurs suspects potentiels ont été désignés. Quelles pistes vous semblent les plus crédibles ? Il est difficile de savoir qui est derrière cette attaque, car nous avons très peu d’informations sur la façon dont elle s’est déroulée et sur l’avancée de l’enquête.L’idée que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) serait responsable de l’attaque n’est pas rationnelle. On voit mal le parti sacrifier une centaine de Kurdes et de sympathisants de gauche simplement pour semer le chaos. Et l’extrême gauche, qui agit en général à petite échelle, n’a sans doute pas les moyens de faire autant de victimes.L’organisation Etat islamique (EI) a la capacité logistique de perpétrer un tel attentat et peut avoir une justification politique à frapper la Turquie, qui dit combattre les djihadistes en Syrie. Mais en général, l’EI revendique ses attentats. Le gouvernement turc privilégie d’emblée cette piste, mais sans apporter de preuves convaincantes. Il veut surtout écarter rapidement toute hypothèse mettant en cause sa responsabilité, directe ou indirecte.C’était la même chose après l’attentat de Suruç [trente-deux personnes avaient été tuées le 20 juillet dans cette ville située à la frontière avec la Syrie], pour lequel il n’y a pas eu de revendication. Le gouvernement a fait porter la responsabilité à l’EI, mais il y avait là encore des incertitudes.Le gouvernement peut-il porter une part de responsabilité ? D’un point de vue général, oui, car il a maintenu un état de tension extrême dans le pays. On sait que des militants du Parti de la justice et du développement [AKP, le parti islamo-conservateur du président Erdogan] et des Foyers ottomans, une organisation de jeunesse liée au parti, sont impliqués depuis des mois dans des actes de violence quasi quotidiens contre le Parti de la démocratie des peuples [HDP, parti pro-kurde de gauche]. Et l’Etat n’est pas capable d’assurer la sécurité des manifestations.D’autres hypothèses pointent la responsabilité de « l’Etat profond », une nébuleuse d’acteurs extrémistes ayant des relais au sein des institutions elles-mêmes. Le régime d’Erdogan s’est-il fait déborder par des éléments radicaux qui lui seraient liés ? Il sera très difficile de le savoir, car le gouvernement est obsédé comme jamais par le contrôle de l’information.Quel impact cet attentat peut-il avoir au plan politique ? Il a un effet d’intimidation énorme et évident pour le HDP, le principal rival de l’AKP [ce parti pro-kurde a, pour la première fois lors du scrutin de juin, obtenu plus de 10 % des voix au Parlement, privant l’AKP de majorité]. Le HDP a annoncé qu’il allait suspendre sa campagne, annuler ses meetings. Cela va mettre tous les partis sur la défensive, mais il n’est pas du tout évident que cela redistribue les voix. Dans tous les cas, contrairement au mois de mai dernier, où la campagne était très visible, il n’y avait ces dernières semaines quasiment pas de campagne en Turquie.Cette attaque va-t-elle durcir encore le conflit entre le pouvoir et les Kurdes ?Tant qu’il n’y aura pas de revendication, pas d’enquête bien menée, pas d’explication claire sur ce qui s’est passé à Diyarbakir, à Suruç et à Ankara, les Kurdes considéreront que le gouvernement turc est responsable de ces attaques et qu’il mène une guerre contre les Kurdes — et pas uniquement contre le PKK.Jusqu’à présent, M. Erdogan avait réussi à contrôler l’information : à Istanbul et à Ankara, les Turcs savaient très peu de chose sur ce qui se passait à l’est. Après ce nouveau palier de violences, qui a frappé la capitale, le pouvoir va sans doute avoir plus de mal à cacher à la population cette sale guerre qu’il mène contre le PKK. Ces attentats vont sans doute désenclaver la question kurde.Lire aussi :Turquie : Erdogan et la politique du pirePerrine MouterdeJournaliste au Monde 12.10.2015 à 14h57 • Mis à jour le12.10.2015 à 19h42 | Lucie Soullier (avec Adea Guillot et Elisa Perrigueur) Pour connaître l’histoire d’Asma, il aura fallu trois personnes et un téléphone. Asma a 18 ans. Son fils, Zakaria, est né en Syrie il y a à peine deux mois. Ils ont tenté de traverser la mer Egée, depuis une plage turque, mais le bateau pneumatique s’est renversé à quelques mètres de la côte. Elle raconte sa mésaventure en arabe, la bouche collée au téléphone que lui tient son compagnon. Une application installée sur l’appareil permet de traduire sa voix en turc. Ne manque plus qu’à trouver un Turc anglophone pour enfin comprendre son récit. Un exemple parmi des dizaines, témoignant de la difficulté d’accéder aux récits des femmes migrantes.Que pense de son odyssée cette jeune Afghane de 17 ans, croisée à Subotica en Serbie, mariée depuis trois mois et partie sur les routes avec son nouveau mari depuis 50 jours ? Et cette mère Somalienne, sauvée de la mère Egée par les gardes-côtes turcs ? Ou encore cette Erythréenne d’une vingtaine d’années, vivant au milieu de la jungle de Calais ? Pour les journalistes du Monde partis à la rencontre des migrants depuis quelques mois, la question reste souvent sans réponse. Parce que — moins scolarisées dans leur pays d’origine — peu d’entre elles parlent anglais, parce qu’elles ont peur de raconter, et parce que leurs récits passent par un filtre, celui d’une association, d’un mari ou d’un frère. « Les femmes sont plus difficiles à approcher, même pour moi », confie Faustine Douillard, la coordinatrice de France Terre d’asile à Calais.Derrière les blessures des enfantsPour les atteindre et connaître leur histoire, à Izmir, en Turquie, une assistante sociale a trouvé des médiateurs de choix : leurs enfants. Dans le centre de Varyant, un quartier défavorisé de la ville balnéaire turque, Mehtap Alisan organise des ateliers mère-enfant, destinés aux Turques comme aux migrantes, Syriennes la plupart du temps. Arrivée d’Alep il y a deux ans, Jumen y vient avec plaisir, pour « apprendre le turc, et moins s’ennuyer à la maison », explique-t-elle en regardant son fils fabriquer une chenille en papier. Ici, les maris trop pris par leur travail ne passent que rarement. Et l’environnement féminin délie les langues. Le lieu ne propose pas de cours de turc à proprement parler, mais un mélange des cultures qui permet de socialiser. « Comment on dit ‘regardez-moi’[en arabe] ? » Même Mme Alisan apprend quelques rudiments d’arabe au contact des souvent très jeunes mamans.Quelques rues plus loin, l’ASAM (Association de solidarité avec les demandeurs d’asile et les migrants) donne des conseils juridiques et médicaux aux réfugiés. Là encore, les enfants sont une fenêtre pour approcher les femmes. « Elles viennent souvent parce qu’elles sont inquiètes pour leurs enfants, précise la psychologue, Şule Üzümcü. Parce qu’ils crient la nuit ou qu’ils font pipi au lit alors qu’ils ont passé l’âge. » Et en creusant, la psychologue découvre les blessures des mères. La guerre, évidemment. Six mois après avoir quitté Alep, Kadriye raconte qu’elle courbe encore l’échine lorsqu’elle entend passer un avion. Mais aussi les violences subies sur la route. Mme Üzümcü a entendu « mille histoires ici. Mais après, on fait ce qu’elles veulent. Si elles veulent porter plainte, on les emmène. Sinon ça reste entre nous. » Secret professionnel.Cette approche fonctionne avec les migrantes qui s’installent quelque temps en Turquie. Pas pour les Syriennes de Basmane, le quartier d’Izmir où se regroupent les candidats à la traversée vers la Grèce. Sur ce carrefour, elles restent à peine quelques jours, le temps de trouver un passeur et de prendre la mer. Ces femmes n’ont pas de contact avec les travailleurs sociaux du quartier.Lire aussi :En Turquie, dans la petite Syrie d’Izmir, l’économie parallèle des réfugiésAccoucher sur la route« Ici, les femmes viennent surtout lorsqu’elles sont enceintes, » explique Sibel Yilmaz Sagliner, assistante sociale. Et il faut batailler pour qu’elles puissent accéder à des soins médicaux, même si la Turquie les prend mieux en charge. Il y a deux ans, les réfugiés n’avaient aucune couverture de santé, l’assistante sociale les amenait donc elle-même chez les médecins qui acceptaient de les soigner gratuitement. Elle avait dressé une liste des bons samaritains. Désormais, les réfugiés enregistrés peuvent aller à la maternité gratuitement. « Mais les médicaments sont chers », soupire Hanen, une Syrienne installée en Turquie depuis un an. Et l’accès aux hôpitaux n’est pas le même dans tous les pays traversés.Or, de la Turquie à Calais, les femmes enceintes ou serrant de très jeunes enfants, nés pendant le voyage, sont de plus en plus nombreuses sur les routes migratoires. Une impression que viennent confirmer les chiffres de Christophe Boulierac, porte-parole de l’Unicef : parmi les 3 000 migrants qui transitaient chaque jour par la Macédoine début septembre, un tiers était des femmes et des enfants. Contre 10 % en juin. « Autre détail important, mais ce n’est pas un détail, ajoute M. Boulierac, environ 12 % des femmes sont enceintes. »Une augmentation qui a également frappé Alexandra Krause de la branche de Skopje de l’UNHCR, à la frontière macédonienne. « Probablement parce qu’elles savent que la frontière est ouverte [la Macédoine a fermé puis réouvert sa frontière entre le 21 et 23 août, médiatisant ainsi son ouverture] et qu’il est possible de prendre le train assez rapidement. » Alors qu’auparavant, les hommes partaient souvent en premier, rejoints par femmes et enfants lorsqu’ils étaient installés, le voyage se fait désormais en famille. Notamment dans la communauté syrienne. A Calais, Faustine Douillard de France Terre d’Asile avoue même moins s’inquiéter pour une Syrienne arrivant seule que pour d’autres nationalités. « On sait que la communauté syrienne, plus nombreuse, va jouer un rôle protecteur. Les Erythréennes, elles, sont souvent plus isolées. »Viols et violencesPour celles qui avancent seules sur la route, tout est plus risqué. Pour assurer leur sécurité, certaines se regroupent, souvent par région d’origine. D’autres se mettent sous la protection d’un homme, plus ou moins bienveillant. A Athènes, une jeune Afghane de 19 ans racontait ainsi avoir acheté sa protection en épousant sur la route le chef du groupe afghan qui les encadrait. L’union avec cet homme de 50 ans, lui-même déjà marié deux fois, avait arrêté les tentatives de viols par ses camarades de marche, des paysans afghans ultra-conservateurs.Comme les hommes, les femmes font face à la violence des autres migrants, des passeurs… Voire des autorités. Mais, outre les coups et les humiliations, des témoins racontent ce qu’un rapport de Human Rights Watch (HRW), publié le 21 septembre, nomme des « gender specific violences », des violences spécifiques envers les femmes. Soit des agressions sexuelles, allant du harcèlement au viol.Une mère de famille syrienne rencontrée à son arrivée en France nous a ainsi confié avoir été témoin de viols de jeunes filles à l’intérieur du camp de Gazi Baba, en Macédoine. Avec force détails, elle a porté de graves accusations contre la police macédonienne qui selon elle réclamait des faveurs sexuelles contre de l’eau ou du pain. Un témoignage recoupé par une jeune femme du même groupe, qui raconte avoir été harcelée puis épargnée en prétendant être enceinte et déjà mariée.Ces témoignages sont corroborés par le rapport de Human Rights Watch, qui dénonce les violences policières envers les migrants en Macédoine :« Un ancien gardien a dit qu’au moins deux policiers du centre de détention [de Gazi Baba] s’étaient vantés d’avoir eu des relations sexuelles avec des détenues.« Ils m’ont dit ‘Si tu veux le faire, on peut arranger ça pour toi’. Ils ne se cachaient pas. Ils en étaient même fiers. »Extrait du rapport de Human Right WatchLire aussi :La Macédoine, nouveau purgatoire des migrants« Aucun moyen de les protéger »Depuis juillet, le camp-prison de Gazi Baba – aux conditions d’accueil « inhumaines et dégradantes » selon Amnesty international – a été fermé et vidé pour quelques mois, le temps d’être rénové. Quant aux accusations de violences par la police macédonienne, « aucune plainte n’a été déposée devant l’unité de contrôle interne au camp, ni devant le procureur général, la Croix rouge ou toute autre organisation internationale qui était en contact avec les personnes placées à Gazi Baba », a déclaré le porte-parole du ministère de l’intérieur, Ivo Kotevski. Dans une lettre publiée en réponse au rapport de HRW, le ministère ajoute que dans les 12 derniers mois de fonctionnement du camp, des mesures disciplinaires ont été prises à l’encontre de cinq policiers au total. L’un d’eux a été suspendu de son poste. Le ministère a également appelé HRW à lui transmettre tous les témoignages incriminant ses forces de police, afin de mener les investigations nécessaires.Reste qu’il n’est pas toujours simple pour les migrantes de raconter les violences qu’elles endurent avant de se sentir à l’abri, protégées par un toit et des papiers. A Calais, environ 200 femmes trouvent refuge chaque nuit dans le centre Jules Ferry. Mais d’autres, aussi nombreuses, sont refusées par manque de place. « L’Etat a annoncé un renforcement de la capacité d’hébergement, mais c’est long à se mettre en place », s’impatiente Vincent de Coninck, du Secours catholique calaisien.Chaque nuit – à la fermeture des portes du centre Jules Ferry, ouvert également aux hommes la journée – près de 200 migrantes doivent donc se faire une place au milieu des 4 000 hommes du bidonville. Entre les soupçons de prostitution et les violences qu’elle observe, Faustine Douillard de France Terre d’Asile se sent impuissante. « On peut leur dire de porter plainte, mais on n’a aucun moyen de les protéger ensuite. »Pour Vincent de Coninck, « ces femmes sont tout bonnement laissées en danger. » Abandonnées au milieu de la jungle. Comme cette jeune Eyrthréenne de 25 ans, dont des soignants racontaient l’histoire dans une tribune publiée le 7 octobre sur LeMonde.fr :« Elle avait passé la nuit dehors et paniquait à l’idée d’en passer une seconde, car des hommes avaient voulu l’emmener de force dans leur tente. Nous avons appelé le centre Jules-Ferry. Qui l’a inscrite en position 56 sur la liste d’attente. Nous nous sommes vus lui donner un duvet et lui trouver un petit coin dans la tente d’une autre Erythréenne. Le lendemain, on l’a trouvée en pleurs. On saura seulement que le mari de l’autre femme était revenu ivre dans la nuit. Elle gardera pour elle les détails. Et nous notre honte de ne pas l’avoir mise à l’abri. »Lire aussi :Dans la « jungle » de Calais : « Médicalement, ce que nous avons vu est inacceptable »Or, la seule solution pour les protéger, insiste Faustine Douillard, est justement là : la mise à l’abri. Et surtout, il faut « arrêter de laisser se développer des camps bidonvilles qui laissent la mainmise aux passeurs et aux trafics en tous genres ».Une option qui ne semble pas être celle prise par les autorités. La préfecture du Pas-de-Calais a en effet annoncé fin août que les femmes ne pourront désormais pas rester plus de trois mois dans le centre, sauf si elles demandent l’asile en France. Un « chantage à l’asile » que le délégué du Secours catholique juge dangereux : « On les pousse à prendre des risques pour passer en moins de trois mois, alors que traverser la frontière est de plus en plus difficile. » Et pour celles qui ne veulent pas rester en France mais ne parviennent pas à atteindre l’Angleterre en moins de trois mois ? M. de Coninck donne rendez-vous fin novembre pour connaître la réponse. « On verra s’ils les mettent dehors. »Lucie Soullier (avec Adea Guillot et Elisa Perrigueur)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Michel Bezat Le PDG du groupe russe Gazprom a annoncé, lundi 12 octobre, la reprise des livraisons de gaz à l’Ukraine pour l’hiver 2015-2016 – suspendues depuis le 1er juillet – en application de l’accord intervenu, il y a deux semaines, entre Kiev et Moscou sous l’égide de l’Union européenne. « Nous avons reçu de l’Ukraine un acompte de 234 millions de dollars [205 millions d’euros] pour le mois d’octobre. A partir de 10 h 00 (07 h 00 GMT) ce matin, les livraisons ont repris », a indiqué Alexeï Miller dans un communiqué.Issu du ministère soviétique du gaz démantelé en 1992, le géant russe reste une société contrôlée à 51 % par l’Etat. Mais c’est aussi une entreprise cotée à la Bourse de Moscou, qui doit à la fois assurer des recettes au budget russe et des dividendes à ses actionnaires. L’exercice 2014 n’a pas été bon, les bénéfices étant amputés par la baisse des prix et la faible consommation sur le Vieux Continent.Plusieurs événements, ces dernières semaines, confirment que Gazprom tient à se débarrasser de son image de paria et à s’implanter en Europe. Elle reste son premier client, loin devant la Chine. Environ 15 % du gaz consommé par les Européens vient de Russie, la dépendance étant plus importante pour de gros consommateurs comme l’Allemagne et l’Italie, ou certains pays de l’ex-bloc communiste.L’accord avec l’ukrainien Naftogaz sur le prix du gazLa Commission européenne et les ministres russe et ukrainien de l’énergie ont paraphé à Bruxelles, le 25 septembre, un protocole d’accord pour les deux prochains trimestres. Les livraisons de gaz russe, suspendues depuis juillet, sont assurées jusqu’à la fin mars 2016. L’accord met ainsi fin, temporairement du moins, au conflit entre Moscou et le gouvernement pro-occidental de Kiev ouvert début 2014 sur la question.Kiev dépend à plus de 50 % de la Russie pour ses approvisionnements gaziers, et près de 50 % du gaz russe vers l’Europe passe encore par l’Ukraine. Les Russes, qui proposaient au départ 385 dollars (344 euros) pour 1 000 m3, ont finalement accepté 232 dollars. Autre signe d’apaisement : lors des discussions, Gazprom n’a pas mis en avant la dette gazière de l’Ukraine. Elle atteint 4,45 milliards de dollars selon Kiev, quatre fois plus selon le Kremlin.Une négociation plus ouverte avec BruxellesLa Commission européenne accuse Gazprom de plusieurs infractions : des prix trop élevés dans cinq pays de l’Union européenne ; l’interdiction faite à certains clients de revendre à des tiers le gaz acheté à Gazprom ; des abus de position dominante en Pologne et en Bulgarie. Il y a cinq ans, elle avait lancé une enquête pour pratiques anticoncurrentielles. Mi-septembre, le groupe russe a transmis aux autorités antitrust européennes sa réponse officielle aux accusations.Les arguments et les propositions de Gazprom sont aujourd’hui étudiés par les services de la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager. Si elle les jugent insuffisants, elle peut imposer des « mesures correctives » et une amende d’au plus 10 % de son chiffre d’affaires, soit quelque 10 milliards d’euros.Lire aussi :Gaz : protocole d’accord entre la Russie, l’Ukraine et l’UE sur les livraisonsUne ouverture au marché spot du gaz en EuropeJusqu’à présent, Gazprom ne vendait son gaz que dans le cadre de contrats à long terme (20, 25 ou 30 ans) à des acheteurs comme le français Engie, l’italien ENI ou l’allemand E.ON. Les prix, largement indexés sur le pétrole, étaient révisables en cours de l’exécution du contrat. En septembre, pour la première fois de son histoire, Gazprom a annoncé la vente aux enchères de petites quantités de gaz sur le marché spot (de court terme), signe qu’elle s’ouvre désormais à une approche plus libérale.Par ailleurs, Gazprom poursuit ses partenariats et sa coopération avec les grands groupes d’énergie européens malgré la décision du président russe, Vladimir Poutine, d’arrêter le projet de gazoduc South Stream, qui devait alimenter l’Europe en évitant l’Ukraine. Mais ses négociations avec la Turquie pour construire un pipeline de substitution, le Turkish Stream, piétinent depuis des mois.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceUn doublement du gazoduc Nord StreamGazprom a annoncé, le 4 septembre, la signature d’un pacte d’actionnaires avec les allemands BASF et E.ON, le français Engie, l’autrichien OMV et l’anglo-néerlandais Shell pour la construction de Nord Stream 2. Ce gazoduc viendra doubler le Nord Stream, reliant la Russie à l’Allemagne sous la mer Baltique. De 55 milliards de mètres cubes par an, la capacité du Nord Stream passera à 110 milliards.Mais cette infrastructure n’est pas une priorité pour l’UE, a prévenu, le 8 octobre, Miguel Cañete, le commissaire européen à l’énergie, qui a rappelé le souci de l’Europe de diversifier ses sources d’approvisionnement. « L’UE reste ouverte au gaz russe et souhaite voir la Russie comme un fournisseur de gaz naturel fiable dans le futur, a t-il souligné. Mais nous souhaitons aussi que le transport de gaz russe s’inscrive dans notre stratégie de diversification et que le fournisseur russe, comme tout autre fournisseur au sein de l’UE, joue le jeu de la concurrence et du marché de l’énergie. »Un accord stratégique Gazprom-BASFLe groupe gazier et le géant allemand BASF, numéro 1 mondial de la chimie, ont annoncé début octobre la finalisation d’un important échange d’actifs – annoncé en 2012 puis remis en cause par la crise ukrainienne. L’opération prévoit que BASF cède au gazier russe les activités de commercialisation et de stockage de gaz naturel, que les deux groupes opèrent conjointement. En échange, BASF recevra 25 % plus une action d’une partie d’un gisement de gaz naturel et de condensat en Sibérie de Gazprom.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Benoît Vitkine (Minsk, Biélorussie, envoyé spécial) La présidente du bureau de vote numéro 74 de la ville de Tchist baisse la voix comme si elle confiait un grave secret : « Ici, on vote beaucoup pour Alexandre Loukachenko. » Pour Ianina Ivanovna Matiouchonok, 67 ans, ancienne enseignante, rien d’étonnant à cela : Tchist, 6 200 habitants, plantée dans la campagne à une cinquantaine de kilomètres de Minsk, n’est rien de moins à ses yeux qu’une « petite Suisse ».A en croire le résultat du scrutin, diffusé dans la nuit de dimanche 11 à lundi 12 octobre, c’est toute la Biélorussie qui a voté massivement pour Alexandre Loukachenko, réélu pour un cinquième mandat à la tête de l’Etat avec 83,49 % des voix, contre sa principale opposante, Tatiana Korotkevitch, qui a obtenu 4,42 % des voix. La participation a été également extrêmement élevée, atteignant près de 87 %, selon la commission électorale centrale, citant des résultats préliminaires qui doivent encore être confirmés. Ces chiffres sont sujets à caution. Depuis que M. Loukachenko a pris le pouvoir, il y a vingt et un ans, tous les scrutins organisés dans le pays ont été entachés de soupçons de fraude. Ses citoyens y sont privés des droits civils les plus élémentaires – liberté d’expression, d’association, de rassemblement… – et l’opposition politique y est réprimée ou réduite au rang de sparring-partner d’un pouvoir en quête de légitimité sur la scène internationale.Lire aussi :En Biélorussie, un scrutin pour renouer avec l’Union européenneMais il serait réducteur de considérer ces chiffres sous le seul prisme de la fraude et de la répression. Une grande partie de la société biélorusse se reconnaît dans le modèle paternaliste promu par l’inamovible président. Tchist en est un exemple parlant.Un parfum d’Union soviétique« Regardez autour de vous, vous comprendrez vous-même », reprend Mme Matiouchonok, énumérant les avantages du lieu : les routes bien asphaltées, les trottoirs propres, les habitations de bonne qualité, l’école, l’hôpital, les deux jardins d’enfants équipés d’une piscine… « Nous sommes très reconnaissants à l’Etat », résume Anatoly Petsouchik, le chef du conseil du village, présent dans le bureau de vote en tant qu’observateur « indépendant ».Le bureau de vote numéro 74 est lui-même installé dans le bâtiment flambant neuf de la maison de la culture, inaugurée il y a cinq ans. A côté, on dresse un buffet, et un orchestre se prépare à accueillir les électeurs en musique. Comme au temps de l’URSS, l’élection doit être une fête… C’est d’ailleurs un parfum d’Union soviétique que l’on respire à Tchist. Des investissements massifs de l’Etat, une grosse entreprise qui régule l’ensemble de la vie sociale, et pour les habitants le sentiment rassurant que la vie s’est arrêtée, que leur pays a échappé au chaos de la transition post-soviétique. C’est l’esprit de kolkhoze que « vend » à son peuple M. Loukachenko, lui-même ancien directeur d’une ferme collective.Le modèle se fissureSeulement, le modèle se fissure. L’industrie biélorusse, vieillissante et étatisée, est de moins en moins compétitive, victime de la concurrence de la Russie. L’économie nationale dans son ensemble est entièrement dépendante du grand voisin, qui achète la loyauté de Minsk à coups de subventions et de crédits. Or, cette année, Moscou n’a pas versé les crédits habituels, à la fois parce que l’économie russe est elle-même en mauvais état, mais aussi en signe de mécontentement vis-à-vis des positions de M. Loukachenko dans la crise ukrainienne.Dans le cas de Tchist, c’est l’usine de Zaboudova qui souffre. Créé à l’époque soviétique, modernisé dans les années 1990, ce grand combinat produisant des matériaux de construction emploie près de 2 000 personnes. Impossible d’obtenir des chiffres précis, mais depuis plusieurs mois, l’usine tourne au ralenti.Alexandre, 32 ans, qui refuse de donner son nom de famille, fait partie des moins malchanceux. Il travaille comme contremaître au sein de la section bois de l’usine, et son salaire de 4,5 millions de roubles biélorusses (230 euros) a été seulement gelé, pas diminué. Mais l’inflation touche le pays (18 % en 2014, sans doute autant en 2015), et sa femme, Irina, explique devoir faire des sacrifices sur les sorties ou les achats de vêtements de ses deux enfants.« Notre voix importe peu »D’autres ouvriers, notamment ceux de la section ciment, ont dû subir des périodes de chômage technique. Certaines semaines, ils ne travaillent que trois ou quatre jours, recevant donc un salaire amputé. Dans ces cas-là, l’usine se débrouille pour verser l’équivalent du minimum légal de subsistance – 80 euros. Ces restrictions montrent la gravité de la crise : « D’habitude, les périodes préélectorales s’accompagnent de hausses des salaires et des pensions », rappelle, à Minsk, l’économiste Alexandre Tchoubrik, de l’Institut pour les privatisations et le management.Alexandre et Irina n’ont pas encore fait leur choix. Selon eux, « il est temps pour Loukachenko de partir à la retraite », mais ils n’osent pas encore sauter le pas et voter pour l’opposante Tatiana Korotkevitch, qui a précisément axé sa campagne sur les questions économiques, évitant de critiquer trop frontalement le pouvoir. Celui-ci l’a laissée faire : engagé dans une entreprise de rapprochement avec l’Union européenne, Alexandre Loukachenko avait besoin de cette opposante pas trop radicale pour légitimer le scrutin, alors que les opposants historiques avaient, eux, appelé à boycotter le vote. « De toute façon, notre voix importe peu, conclut Alexandre, fataliste. Je ne suis même pas sûr que les bulletins soient comptés… »Lire aussi :Minsk, capitale improbable des négociations entre l’Ukraine et la RussieNatalia, 45 ans, est elle aussi inquiète des difficultés économiques. « On commence à se demander combien de temps nous pourrons maintenir ce modèle », explique la directrice du jardin d’enfants. Mais elle aussi est reconnaissante au « Batka » Loukachenko, le « petit père » : Natalia est arrivée en 1997 de la région contaminée de Gomel, non loin de Tchernobyl. A l’époque, Tchist a mis 500 logements gratuitement à la disposition des réfugiés.C’est surtout la situation en Ukraine qui a balayé ses derniers doutes. Nombre de Biélorusses ont été effrayés par la révolution et la guerre dans le pays voisin. Alexandre Loukachenko s’est posé en rempart contre le désordre. Ce sont ces messages qui ont convaincu Natalia de voter pour le président. « Avec lui, au moins, nous avons la paix et la stabilité. »Benoît Vitkine (Minsk, Biélorussie, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.10.2015 à 11h05 • Mis à jour le11.10.2015 à 14h13 Angela Merkel continue de pâtir de ses prises de position sur la crise des migrants. La CDU (Union chrétienne-démocrate), son parti, a reculé de deux points selon le dernier sondage publié, dimanche 11 octobre, par le quotidien Bild, sur les intentions de vote des Allemands. Si elle reste nettement en tête, jamais ce parti n’avait été aussi bas depuis les dernières élections des députés en septembre 2013.Les Allemands interrogés sont désormais plus nombreux (48 %) à critiquer la politique généreuse de la chancelière à l’égard des réfugiés, qu’à la soutenir (39 %). Cette situation bénéficie à deux formations politiques réclamant plus de fermeté de la part de Berlin face aux migrants : le parti populiste Alternative pour l’Allemagne (AFD) et le parti libéral FDP. Ils progressent eux chacun d’un point à respectivement 5 et 6 % des intentions, selon le sondage.Lire aussi :Réfugiés : Angela Merkel de plus en plus isolée en AllemagneRupture avec la CSUL’attitude de la chancelière qui se refuse à mener une politique d’accueil plus restrictive, quand l’Allemagne s’attend à accueillir quelque 800 000 migrants en 2015, divise sa propre formation politique. La CSU (Union chrétienne-sociale), membre de la CDU en Bavière, en première ligne pour l’accueil des migrants en provenance d’Autriche, s’en prend frontalement à la chancelière. Son président, Horst Seehofer, a dénoncé durant le week-end une « capitulation de l’Etat » allemand face au refus de Mme Merkel de fermer hermétiquement les 3 000 km de frontières allemandes aux migrants. Il a aussi agité la menace d’une plainte devant la Cour constitutionnelle allemande contre le gouvernement à Berlin – dont son parti est pourtant membre –, coupable à ses yeux d’entraver le bon fonctionnement des Etats régionaux débordés par l’afflux des réfugiés. La Bavière (sud) est la région accueillant le plus grand nombre de réfugiés en provenance de l’Auriche voisine.Le président du SPD, Sigmar Gabriel, également vice-chancelier, s’en est, lui, vivement pris au parti bavarois ce week-end : « Il n’y pas de pont-levis que nous pouvons lever » en Allemagne pour empêcher l’afflux de migrants, et « la CSU elle-même ne va pas envoyer des soldats marcher baïonnette au canon vers la frontière », a-t-il déclaré dans une interview.Lire aussi :La CSU bavaroise vent debout contre Angela Merkel 10.10.2015 à 21h25 • Mis à jour le11.10.2015 à 17h47 Certains internautes avaient du mal à accéder au réseau social Twitter, samedi 10 octobre, peu après le double attentat qui a frappé la capitale Ankara et fait au moins 95 morts.Lire aussi :L’attentat d’Ankara commis très probablement par deux kamikazesLe site américain a indiqué dans un message posté dans l’après-midi sur son compte que ces difficultés intervenaient dans de « nombreux endroits ». Un message en langue turque a également été diffusé.Türkiye'de bir çok yerde Twitter'a erişim sorunu haberleri alıyoruz. Sorunu araştırıp erişimi tekrar sağlamayı umuyoruz.— policy (@Policy)require(["twitter/widgets"]);Cette indisponibilité pourrait être causée par des anomalies techniques. Mais le fait que le réseau social ait choisi de communiquer au moyen de son compte réservé aux messages institutionnels et le lourd passif du régime d’Erdogan en matière de contrôle de l’Internet fait craindre un nouveau tour de vis de la part du gouvernement. « Nous enquêtons et espérons bientôt le retour à la normale du service », a ajouté le réseau social, qui revendiquait fin juin 316 millions d’abonnés.Un contrôle accru d’Internet en TurquieFin juillet, un juge turc avait interdit la diffusion sur Internet des images d’un attentat suicide attribué au groupe jihadiste Etat islamique (EI) perpétré près de la frontière syrienne, provoquant d’importantes perturbations sur le réseau Twitter.Lire aussi :Un éditorialiste turc licencié pour un tweet anti-ErdoganDepuis plus d’un an, le gouvernement islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002 en Turquie s’en prend régulièrement aux réseaux sociaux et à leurs utilisateurs.Début 2014, le président, Recep Tayyip Erdogan, a ordonné à plusieurs reprises le blocage momentané de Twitter, Facebook ou YouTube, accusés notamment de diffuser des accusations de corruption visant son entourage.En mars, le parlement turc a voté une disposition autorisant le gouvernement à bloquer un site Internet sans décision de justice, une mesure pourtant censurée quelques mois plus tôt par la Cour constitutionnelle.Lire aussi :En Turquie, Erdogan tient les réseaux sociaux à l’œil Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne, qui a convoqué pour dimanche 25 octobre après-midi, à Bruxelles, un mini-sommet extraordinaire sur la « route des Balkans », empruntée par des milliers de demandeurs d’asile, veut agir très vite. Et éviter qu’après la Hongrie d’autres Etats (Slovénie, Croatie, Macédoine, etc.) érigent des murs à leurs frontières, ce qui aggraverait le chaos.Dans un document, que Le Monde a pu consulter, version provisoire d’un texte qu’il espère voir approuver par les chefs d’Etat et de gouvernement, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, prône une action « collective et concrète ». Il évoque différentes pistes. Parmi celles-ci le déploiement immédiat d’un contingent de 400 gardes-frontières en Slovénie, un pays qui a officiellement demandé l’aide de Bruxelles, jeudi.Le président de la Commission propose aussi l’établissement d’une ligne téléphonique directe, un « téléphone rouge » entre les dirigeants de tous les pays concernés pour qu’ils puissent se tenir informés en temps réel des mouvements de réfugiés et mieux anticiper ceux-ci. La Slovénie a, par exemple, beaucoup reproché à ses voisins croates d’avoir redirigé en masse les réfugiés vers son territoire au cours des derniers jours. La Commission veut aussi que les pays s’engagent à enregistrer tous les réfugiés pour que s’organise un minimum de contrôle sur les mouvements massifs de personnes.Lire aussi :L’Europe sous pression face à un nouvel afflux de réfugiés dans les BalkansUne action plus vigoureuse aux frontières La grande crainte à Bruxelles, mais aussi à Berlin – la chancelière Angela Merkel a beaucoup poussé à la tenue de cette réunion – est que la situation dégénère et que des violences se produisent entre les forces de sécurité et des réfugiés. Divers experts redoutent aussi que la détérioration des conditions climatiques entraîne des décès le long d’itinéraires dont le tracé change d’un jour à l’autre.Le brouillon des conclusions à adopter dimanche – et qui sera débattu jusqu’à la dernière minute entre les « sherpas » des Etats membres, de la Serbie et de la Macédoine – évoque encore une intervention humanitaire, par le biais du Mécanisme de protection civile, une aide financière à négocier avec des institutions, dont la Banque européenne d’investissement.Il promet une coopération pratique pour faciliter les réadmissions des déboutés du droit d’asile par les pays tiers. Il mentionne une action plus ferme contre les « mouvements secondaires », à savoir le passage de réfugiés et de migrants d’un pays à l’autre. Une action plus vigoureuse – réclamée par une majorité de pays, désormais – est également promise : en mer, ainsi qu’aux frontières gréco-macédonienne, gréco-albanaise, en Croatie, etc.Le texte stipule encore qu’un demandeur d’asile qui refuserait d’accomplir les formalités en vue d’obtenir une protection internationale pourrait se voir refuser l’entrée dans le pays concerné.Lire aussi :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ?Mécanisme permanent de relocalisationPar son initiative, la Commission veut faire retomber la tension entre les pays concernés : la fermeture des frontières hongroises ou les polémiques entre la Slovénie et la Croatie inquiètent les diplomates. D’où ce rendez-vous inédit, pris « en concertation » avec Angela Merkel, l’Allemagne étant la destination finale de la plupart des réfugiés.Dans l’entourage du président Juncker, on dément que ce rendez-vous sera aussi l’occasion de relancer un débat sur l’espace Schengen ou sur une réforme du règlement de Dublin, qui oblige le pays de première arrivée à gérer le dossier d’un demandeur d’asile.Angela Merkel souhaite en tout cas que ce règlement soit rapidement revu : l’opinion publique allemande commence à douter que le pays arrive à surmonter la crise actuelle et s’inquiète du manque de solidarité de ses partenaires dans le partage des réfugiés.En mettant en présence les dirigeants d’une bonne partie des Etats concernés, M. Juncker se montre prêt à l’aider. Et à réenclencher la discussion sur un mécanisme permanent de relocalisation. « Les yeux dans les yeux, il leur sera plus difficile de fuir leurs responsabilités ou d’accepter des engagements qu’ils ne tiendraient pas », commente un haut responsable bruxellois.Ce ne serait pourtant pas la première fois, comme l’a montré l’épisode précédent du partage promis de 160 000 réfugiés, très loin d’être concrétisé aujourd’hui.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Deux ans de prison. Le verdict a été prononcé, jeudi 22 octobre, contre quatre anciens directeurs de la banque régionale espagnole NovaCaixaGalicia, accusés de s’être attribués des parachutes dorés alors même que l’établissement financier se trouvait au bord de faillite.Les quatre banquiers n’iront probablement pas en prison car ils n’ont pas d’antécédents pénaux. A condition toutefois qu’ils restituent les 19 millions d’euros qu’ils avaient perçus de manière « indue » et s’acquittent d’une amende de 75 000 euros chacun.La sentence vient confirmer le pillage dont ont été victimes les cajas, ces caisses d’épargne semi-publiques au cœur de la crise bancaire qui a secoué l’Espagne entre 2008 et 2013. Pour partir avec une confortable préretraite, les dirigeants de NovaCaixaGalicia, établissement né de la fusion de deux cajas, avaient modifié leurs contrats alors même que l’Etat avait déjà dû injecter des fonds pour sauver l’établissement de la faillite.Une « farce »Le scandale est d’autant plus grand que la banque avait auparavant vendu des milliers d’actions préférentielles – produits financiers complexes et risqués – à près de 40 000 petits épargnants qui pensaient faire un placement sûr, parmi lesquels des enfants ou des personnes âgées, parfois analphabètes, qui signaient d’une simple croix ou de leur empreinte digitale.Au total, le gouvernement espagnol a injecté via le Fonds de restructuration bancaire (FROB) 9 milliards d’euros dans la banque de Galice, minée par une gestion désastreuse et une forte exposition à la bulle immobilière. Nationalisée et assainie, elle a été revendue fin 2013 pour à peine 1 milliard d’euros au groupe vénézuélien Banesco.Pour toutes ces raisons, l’association de clients de banques et d’assurances Adicae a annoncé son intention de déposer un recours contre un verdict qu’elle considère comme une « farce ». Elle estime que les dirigeants méritent d’être condamnés pour « escroquerie » et doivent « aller en prison ».Falsification, détournement, corruption…De nombreux procès contre des banquiers sont attendus dans les prochains mois. L’an dernier, plusieurs responsables de Caixa Penedès ont déjà été condamnés à deux ans de prison, pour « administration déloyale », pour avoir empoché 30 millions d’euros d’épargne retraite. Actuellement, une vaste enquête judiciaire porte sur les conditions d’entrée en Bourse de Bankia, la banque issue de la fusion, en 2010, de sept caisses d’épargne. Elle a depuis reçu 23 milliards d’euros d’aide publique pour ne pas sombrer et contraint l’Espagne à demander à Bruxelles en 2012 une aide de 40 milliards d’euros. Plus d’une trentaine de responsables de Bankia sont mis en examen, dont son ancien président, par ailleurs ex-directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Rodrigo Rato, accusé d’escroquerie, falsification, détournement de fonds, corruption et fraude fiscale dans « l’affaire Bankia » et ses ramifications.Des accusations de « falsification comptable » touchent aussi des dirigeants de Banco de Valencia, la CAM ou de Caja Castilla-La Mancha. « Le FROB a présenté une quarantaine de plaintes devant le parquet », résume le ministre de l’économie, Luis de Guindos. Pour sauver une douzaine d’établissements financiers, l’Espagne a injecté plus de 56 milliards d’euros dans le secteur durant la crise et ne détient plus que des participations dans Bankia. Le sous-gouverneur de la Banque d’Espagne et président du FROB, Fernando Restoy, a estimé en avril que 40 milliards d’euros de ces aides ne pourront jamais être récupérés.Lire aussi (édition abonnés) :Bruxelles invite l’Espagne à actualiser son budget « dès que possible »Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alain Salles La Pologne s’apprête à renouer avec une page nationaliste et conservatrice de son histoire. Le parti Droit et Justice (PiS) de l’ancien premier ministre Jaroslaw Kaczynski est le grand favori des élections législatives du dimanche 25 octobre. Tous les sondages le donnent largement en tête devant le parti de centre droit au pouvoir, la Plateforme civique, longtemps dirigée par Donald Tusk, l’actuel président du Conseil européen.Pendant huit ans, la stratégie de M. Tusk, poursuivie par la nouvelle première ministre Ewa Kopacz qui lui a succédé il y a un an, a été de placer le pays au cœur de l’Europe. En opérant un rapprochement historique avec l’Allemagne, ennemi séculaire de la Pologne, au grand dam de PiS qui criait à la « soumission ». Il su aussi utiliser un sens des négociations et du compromis qui a consisté à faire avancer la position de la Pologne sans heurter les principales capitales européennes. Prêt à faire aboutir une solution avec Paris pour faire évoluer la directive sur les travailleurs détachés ou plus récemment par accepter – même à contrecœur – la mise en place de quotas pour accueillir les réfugiés. Dix ans après son adhésion à l’Union européenne, la Pologne s’est affirmée comme un partenaire écouté à Bruxelles et un bon élève de l’Union européenne.Proche de la vision britanniqueLe ton de la musique risque de changer si PiS arrive au pouvoir. Jaroslaw Kaczynski et son frère jumeau Lech, l’ancien président mort dans la catastrophe aérienne de Smolensk en 2010, ont privilégié de 2005 à 2007 les relations avec les Etats-Unis à celles des autres capitales européennes. Sans jamais toutefois remettre en cause l’appartenance du pays à l’Union européenne.Le PiS est plus proche de la vision britannique. Il siège dans le même groupe que les conservateurs britanniques au Parlement européen. Hostile à une Europe fédérale et attaché à la souveraineté nationale, Varsovie pourrait être encore plus encline à venir en aide à Londres dans ses renégociations avec l’Union européenne pour éviter le « Brexit », souhaité par les eurosceptiques britanniques. A une nuance près : l’une des principales revendications de Londres est une limitation de la liberté de circuler des travailleurs européens qui va affecter en priorité les 800 000 Polonais qui vivent au Royaume-Uni.Un axe dur avec la HongrieL’autre dossier chaud d’un futur gouvernement PiS sera la question des réfugiés. Jaroslaw Kaczynski a mis en cause les migrants et les « risques épidémiologiques » qu’ils pourraient causer à la Pologne. Il peut constituer un axe dur avec le premier ministre hongrois Viktor Orban pour refuser la mise en place de quotas et l’accueil des réfugiés. M. Kaczynski a salué la politique économique nationaliste de M. Orban et le programme de PiS prévoit de reprendre des pans de l’économie polonaise d’entre les mains de groupes européens. Mais l’axe Varsovie Budapest a aussi une limite : la complaisance – insupportable pour un Polonais – affichée par le premier ministre hongrois à l’égard du président russe Vladimir Poutine.La relation entre Bruxelles et Varsovie sera turbulente en cas de victoire de PiS. Le parti nationaliste polonais ne cherchera pas à jouer les bons élèves européens. Ni les cancres non plus. Il est bien trop conscient que la Pologne a besoin des fonds européens pour continuer son développement constant depuis son entrée dans l’Union européenne en 2004.@sallesleMondesalles@lemonde.frAlain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 22.10.2015 à 16h51 • Mis à jour le22.10.2015 à 18h35 Un nouveau cycle de négociations des accords de libre-échange Europe-Etats-Unis a débuté le 19 octobre, toujours dans le secret. Le volet « arbitrage » pourrait être revu.Effet de la pétition contre le grand marché transatlantique récoltant 3 millions de signatures en un an ? De la multiplication des déclarations de collectivités territoriales contre les projets d’accords de libre-échange avec les Etats-Unis et le Canada - Transatlantic Free Trade Agreement/Tafta (appelé aussi Transatlantic Trade and Investment Partnership/TTIP) et Comprehensive Economic and Trade Agreement (CETA) ? Cecilia Malmström, commissaire européenne chargée du commerce international, tente de vendre une version édulcorée du mécanisme de règlement des différends investisseurs-Etats prévu dans le Tafta.Lire aussi :Traité transatlantique: une harmonie encore à trouverIl faut dire que le projet initial est inadmissible : permettre à des entreprises transnationales de poursuivre des États devant des arbitres internationaux – avocats d’affaires pour la plupart, choisis par les parties - pour obtenir des compensations au cas où ne seraient pas satisfaites leurs « attentes légitimes » a quelque chose d’ahurissant et de choquant.Motifs baroquesQue ce scandaleux mécanisme existe et prospère déjà ailleurs ne le justifie en rien, bien au contraire : des indemnisations colossales ont été octroyées pour des motifs baroques à des entreprises transnationales qui n’ont pas admis que l’Argentine ait fixé un prix maximal d’accès à l’eau et à l’énergie (pour la bagatelle de 600 millions de dollars à la faveur d’entreprises telles que Aguas de Barcelona, CMS Energy ou Vivendi), que l’Equateur ait nationalisé son industrie pétrolière (1,8 milliard de dollars de compensation pour Occidental Petroleum).Des demandes extravagantes visant à punir des choix politiques sont en cours d’examen (Vattenfall réclamant à l’Allemagne plus de 3 milliards de dollars parce que ce pays a décidé de sortir du nucléaire et que cette entreprise y possède deux centrales ; Véolia poursuivant l’Egypte qui a osé faire passer son salaire minimum de 41 à 71 euros par mois). Les exemples abondent des compensations punitives brandies contre les États, leurs choix politiques et leurs réglementations protectrices des populations.Les investisseurs conserveront le privilège de pouvoir attaquer des décisions publiques devant un organe d’arbitrage, sans que l’inverse soit possibleFace aux critiques, la commissaire européenne Cecilia Malmström propose de doter ce système d’arbitrage de quelques caractéristiques destinées à lui donner l’apparence d’une juridiction. Et qu’il soit pour cela assorti d’un mécanisme d’appel, que les « arrêts soient rendus par des juges hautement qualifiés nommés par les pouvoirs publics », qu’une « définition précise » de la capacité des entreprises à saisir l’organe d’arbitrage soit établie et que le droit des États de réglementer soit inscrit dans les accords.Mais les aménagements proposés ne purgent pas le système de son vice fondamental, qui consiste à conforter une catégorie de « super-justiciables » profitant d’un droit et de dispositifs de règlement des litiges spécifiquement dédiés à leurs objectifs propres. L’idée maîtresse est toujours la même : les entreprises ne doivent pas plus avoir à assumer les conséquences des changements politiques – découleraient-ils de choix démocratiques – qu’elles ne doivent tenir compte des contingences territoriales.Nul ne peut choisir son jugeDans ce projet, présenté à tort par la Commission européenne comme le symbole de sa résistance aux Etats-Unis, les investisseurs conserveront le privilège de pouvoir attaquer des décisions publiques devant un organe d’arbitrage, sans que l’inverse soit possible. Seules les entreprises auront ainsi le choix de porter leur demande soit devant une juridiction nationale soit devant un organe arbitral.La responsabilité des entités publiques restera analysée à l’aune du traité de libre-échange, explicitement conçu pour favoriser les firmes transnationales, en retenant des notions aussi floues et extensives que le respect des « attentes légitimes », « l’expropriation partielle » ou le « traitement juste et équitable », inconnues des droits nationaux. Il demeure in fine l’opportunité offerte à des entreprises privées de remettre en cause, sur le terrain judiciaire, des décisions démocratiques prises par les gouvernements.À cette procédure anti-démocratique a posteriori le traité ajoute le mécanisme a priori de la coopération réglementaire. Il s’agit d’instituer une consultation préalable obligatoire des lobbies industriels transnationaux très en amont dans le processus législatif : un véritable droit de veto donné aux multinationales avant toute délibération de la loi.Magistrats, juristes, citoyens et citoyennes, nous rappelons que dans un état de droit, nul ne peut choisir son juge ni le droit qui lui est applicable, que l’égalité de tous devant la loi est une garantie fondamentale de la démocratie et que celle-ci ne saurait admettre de privilège de juridiction. Un état de droit démocratique ne saurait consentir, non plus, à ce que certains, fussent-ils des entreprises transnationales, ne se voient accorder le privilège d’être déliés du droit commun s’imposant à tous pour bénéficier d’un système normatif entièrement tourné vers la satisfaction de leurs intérêts.Frédéric Viale (Économiste, membre du conseil d’administration d’Attac) et Marion Lagaillarde (Juge, secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature) Audrey Tonnelier Une fois de plus, Mario Draghi a « fait le job ». Le président de la Banque centrale européenne (BCE), qui s’exprimait à l’issue d’une réunion du conseil des gouverneurs de l’institut monétaire, à Malte, a assuré qu’il avait « la volonté et la capacité d’agir, si nécessaire », pour continuer à soutenir l’économie en zone euro et contrer la menace déflationniste sur le Vieux Continent.Outre un taux directeur très bas (0,05 %), la BCE agit pour l’heure en rachetant massivement des actifs sur les marchés, dettes publiques et privées notamment. Elle injecte ainsi chaque mois quelque 60 milliards d’euros dans l’économie.Objectif : relancer le crédit et l’activité à travers un nouveau recul des taux. En augmentant la quantité d’euros en circulation, la BCE espère aussi faire baisser le cours de la monnaie unique face au dollar, favorisant au passage les exportateurs européens.Pourquoi cet enthousiasme ?Dans la foulée du discours de M. Draghi, les Bourses européennes grimpaient de plus de 2 %. L’euro reculait légèrement, à 1,11 dollar, tandis que les rendements des principaux emprunts d’Etats de la zone euro – qui évoluent en sens inverse de la demande – se détendaient.Pourquoi cet enthousiasme ? Comment attendu, M. Draghi a ouvert a voie a un renforcement de son action. La BCE va « réexaminer » sa politique monétaire lors de sa prochaine réunion du conseil des gouverneurs, prévue le 3 décembre, a-t-il indiqué. Les observateurs y voient le prélude à une extension de ses rachats (dits « quantitative easing », « assouplissement quantitatif ») de 60 milliards à 80 milliards d’euros par mois.Il a également reconnu qu’une « nouvelle baisse du taux de dépôt marginal a été discutée » par le Conseil. Ce taux correspond à la rémunération que les banques reçoivent lorsqu’elles placent leurs fonds pour vingt-quatre heures dans les coffres de la BCE. Il est à l’heure actuelle négatif, à – 0,20 % ; ce qui signifie que les banques payent pour ce dépôt, une mesure qui doit les inciter à utiliser leurs réserves pour faire circuler l’argent dans l’économie.Cela sera nécessaire, estime la BCE. M. Draghi a notamment souligné le fait que l’inflation allait rester « très faible à court terme », notamment en raison de la faiblesse des prix du pétrole. Les prix ont encore reculé de 0,1 % en septembre, alors que l’institut a un objectif « proche de 2 % » en la matière. La préoccupation est de taille : stimuler les prix est un moyen d’accélérer le désendettement des Etats, des entreprises et des ménages, mais aussi de faire baisser le coût d’accès au crédit pour relancer l’économie, surtout quand les taux sont déjà au tapis.« Reprise cyclique » Face à la multiplication des critiques sur l’efficacité de sa politique monétaire, M. Draghi s’est voulu offensif. « [Notre position] n’est pas “attendons et voyons”, mais “travaillons et évaluons” » , a répété l’Italien à deux reprises. Il a rappelé les bienfaits de l’action menée jusqu’à présent, qui a permis une hausse des prêts bancaires dans les pays d’Europe du Sud et un rebond de la consommation.S’il a une fois de plus évoqué la nécessité de « réformes structurelles » et de « politiques fiscales » adaptées pour ranimer l’économie, M. Draghi a également défendu son bilan. Il a assuré que même sans cette impulsion des Etats « il n’y a pas de doute sur l’efficacité de la politique monétaire ».« Mais notre soutien permet d’enclencher une reprise cyclique. Il faut désormais relancer l’économie de façon structurelle », a insisté M. Draghi, appelant une fois de plus les Etats membres à prendre leurs responsabilités en menant des politiques (réformes, plans d’investissements…) à même de faire reculer le chômage et de dynamiser la croissance.Audrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 22.10.2015 à 06h43 • Mis à jour le22.10.2015 à 17h25 | Nicolas Chapuis et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) C’est le genre de mariage de raison, noué au gré des nuits bruxelloises, qu’affectionnent les diplomates européens. Pourtant, François Hollande et Alexis Tsipras, qui doivent se rencontrer à Athènes vendredi 23 octobre, auront mis près de deux ans à se trouver. A priori, tout opposait le premier ministre grec, fringant leader de la gauche radicale européenne, et le chef de l’Etat français, défenseur obstiné d’une social-démocratie à tendance pragmatique – d’aucun diront libérale.Le premier contact, au printemps 2012, est clairement un rendez-vous manqué. Alexis Tsipras vient de surgir sur la scène européenne à la tête de l’ovni Syriza, après que son parti a failli remporter les législatives. Il intrigue autant qu’il inquiète. A l’époque ses contacts en France s’appellent Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent, les deux têtes chercheuses du Front de gauche. De passage à Paris, il sollicite aussi un entretien avec François Hollande et des responsables du PS. Fin de non-recevoir. Les socialistes français ne veulent alors traiter qu’avec leurs homologues grecs du Pasok, et inversement. « C’était un manque de compréhension de la révolution entamée sur le champ politique national grec, affirme Antonis Markopoulos, coordinateur du secrétariat du département des affaires étrangères de Syriza. Notre parti était en train de devenir la principale force politique du pays et il y avait une forme d’aveuglement européen à ne pas vouloir le reconnaître. »Un front des pays du SudDe ce premier pas de danse avorté, Alexis Tsipras gardera une petite amertume. Lorsqu’il devient premier ministre après les élections du 25 janvier 2015, il espère tout de même que François Hollande se posera en allié de la Grèce dans les difficiles négociations qui commencent alors avec les créanciers du pays. Invité dès le jour de son investiture par le président français « à se rendre rapidement à Paris », M. Tsipras commence sa tournée des capitales européennes par l’Elysée. « Hollande voulait avoir un dialogue en tête à tête avec lui, pour comprendre s’il allait jouer la posture, ou s’il était là pour réformer son pays et rester dans la zone euro », explique un conseiller du chef de l’Etat.Alexis Tsipras veut, de son côté, tâter le terrain pour voir si la constitution d’un front des pays du Sud contre la position austéritaire de Berlin est possible. Rapidement, il se rend compte que l’axe franco-allemand prévaudra. Pour le politologue Elias Nikolakopoulos, « Tsipras attendait certes plus de soutien mais Hollande espérait, lui, plus de réalisme du côté grec ». Pendant de longs mois il n’y a pas de véritable « rencontre humaine entre les deux hommes ». Jusqu’à ce que le climat se détériore.La crise estivale, avec la tentation, principalement allemande, de pousser la Grèce hors de la zone euro, va rapprocher les deux hommes, solidaires sur la nécessité d’éviter un « Grexit ». Pourtant, le recours au référendum par Alexis Tsipras, le 5 juillet, est d’abord mal vécu par la France. « Il y a un problème de confiance », lâche François Hollande devant quelques journalistes, estimant que le premier ministre grec tient un double discours selon qu’il se trouve à Bruxelles ou à Athènes. Au soir du plébiscite en faveur du « non », les deux dirigeants s’appellent tout de même et conviennent de travailler ensemble au maintien de la Grèce dans la zone euro.Début de romanceElias Nikolakopoulos fait, lui, remonter le rapprochement entre MM. Tsipras et Hollande au 8 juillet, soit trois jours après le référendum :« Le premier ministre grec est allé plaider sa cause au parlement européen et là il a mieux compris les équilibres et les tensions européennes. Il a bénéficié du soutien du groupe socialiste du parlement. Or le membre le plus important de ce groupe reste le PS de Hollande. Cela a marqué le véritable tournant : Tsipras a compris qu’il devait se rapprocher de la France et du PS. » Dans les heures qui suivent, des technocrates français aident la délégation de négociateurs grecs à peaufiner ses propositions aux créanciers. Le dimanche suivant, l’accord menace encore de capoter sur la question du fond de privatisation souhaité par Berlin et refusé par Athènes. Un haut fonctionnaire se rappelle l’ambiance très tendue au milieu de la nuit. Après des heures de négociations, Alexis Tsipras se lève de table et sort de la pièce pour rejoindre ses conseillers. « Tout le monde pense qu’il va planter les pourparlers et quitter Bruxelles, raconte ce témoin. La délégation grecque a eu la surprise de voir débarquer François Hollande qui est venu discuter en tête à tête pendant vingt minutes et l’a convaincu de revenir. » Le genre de début de romance qu’affectionnent les diplomates.François Hollande continue dans les semaines qui suivent de jouer les facilitateurs entre le gouvernement Tsipras et la commission européenne, « durablement marquée par les mots durs échangés lors du référendum », selon une source européenne.« Deux hommes d’Etat qui se respectent »De ces longues soirées de juillet, il est resté une entente tacite entre les deux hommes, qui gardent tout de même une forme de réserve dans leur rapport personnel. « Mais les choses vont de mieux en mieux. Ce sont deux hommes d’Etat qui se respectent. Alexis est rétif au paternalisme et Hollande a finalement la bonne distance avec lui », précise une source gouvernementale grecque. Chacun trouve son compte dans cette visite officielle.Sur le volet économique d’abord. « Hollande nous offre son soutien et en retour il devrait négocier pour que des entreprises françaises obtiennent certains pans des privatisations que nous nous sommes engagés à mener », reconnaît Antonis Markopoulos.Sur le versant politique ensuite. Hollande peut envoyer un message à la gauche française en s’affichant aux côtés du symbole Syriza et Alexis Tsipras soigne son meilleur allié européen. Le genre de deal gagnant-gagnant qu’affectionnent les deux dirigeants. Car, et c’est peut-être ce qui les rapproche le plus, ils ont en commun de parler le même langage, celui des manœuvres politiques. « Vous en connaissez beaucoup des dirigeants qui se font élire sur le programme de Mélenchon, qui font un référendum, le remportent, se maintiennent au pouvoir en appliquant une politique à la Jean-François Copé et se font réélire ?, s’amuse un diplomate. Tsipras est un vrai Machiavel et ça, ça plaît à Hollande. »Le chef de l’Etat français n’avait pas dit autre chose en évoquant le premier ministre grec lors de son intervention du 14-Juillet. « Il a été élu sur un programme très à gauche et se retrouve à porter des réformes très difficiles, il a été courageux. » Un hommage à la maestria politique de M. Tsipras, à la façon Hollande. C’est-à-dire, en parlant en creux de lui-même.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteNicolas ChapuisJournaliste au service PolitiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alain Touraine (Sociologue) A la première crise qui l’atteint directement, l’Europe s’écroule. Une partie de ses pays membres refusent de participer aux décisions nécessaires et dans ceux, comme la France, qui acceptent de chercher une solution, les réactions sont loin d’être à la hauteur des événements.L’absence d’engagement et de générosité de ces pays est ressentie par les réfugiés eux-mêmes, qui sont si peu nombreux à demander à notre pays de les accueillir. Alors que moins de quatre millions de Libanais accueillent déjà plus d’un million de réfugiés, la France n’en finissait pas de préparer l’accueil de 24  000 d’entre eux sur deux ans.Un motif majeur d’inquiétude pour l’EuropeUne telle absence d’élan et de solidarité est si choquante, si contraire aux discours émouvants entendus depuis des décennies, qu’elle est certainement révélatrice d’une impuissance et d’une aboulie beaucoup plus générales et qui constituent par elles-mêmes un motif majeur d’inquiétude pour l’Europe, pour ses pays et pour la France en particulier, qui, dans un passé encore récent, avait su prendre des initiatives.Nous sentons bien que les Allemands d’aujourd’hui ont été conduits à agir par leur volonté de prouver qu’ils ne devaient plus porter la condamnation des crimes commis par les générations antérieures. La France a tout récemment fortement contribué à renverser Kadhafi, mais, ensuite, elle ne s’est pas souciée des conséquences du vide d’Etat ainsi créé, elle qui avait assumé, après la première guerre mondiale, conjointement avec la Grande-Bretagne, la gestion des conséquences de la destruction de l’Empire ottoman.Et, surtout, la France, qui n’a jamais mené un examen sincère de son comportement en Algérie, et de la crise extrêmement grave pour elle-même dont elle ne fut sauvée que par le général de Gaulle, peut-elle se satisfaire de se conduire moins mal que les pires de ses partenaires  ?Pour le dire brièvement, l’Europe peut-elle encore aspirer à être traitée et reconnue comme une grande puissance ou doit-elle se satisfaire de vivre dans la dépendance des Etats-Unis pour le meilleur ou pour le pire  ? Sommes-nous conscients que notre propre avenir est engagé dans cette crise qui n’est pas seulement humanitaire  ? Car notre absence d’action favorise dangereusement la montée d’un souverainisme qui porte tous les dangers lui donnant la définition réelle d’une extrême droite. Le danger est plus grave encore, car cette extrême droite déborde de beaucoup le Front national, a déjà conquis une grande partie de la droite et mord même sur la gauche et l’extrême gauche.La violence et la honteJe n’élèverais pas le ton si je constatais seulement l’impuissance de la France à se maintenir à la hauteur de nos plus hauts moments de générosité. Je m’attristerais seulement que la crise économique et le chômage durable aient brisé la générosité du pays de Médecins sans frontières, de Médecins du monde, de la Cimade, du Secours catholique, d’Action contre la faim et du Secours populaire.Mais la faiblesse de la France et de l’Europe doit nous inspirer de plus dramatiques inquiétudes. Je vois dans la montée du souverainisme défensif et haineux en Europe l’équivalence du djihadisme dans le monde arabo-musulman. Des deux côtés de la Méditerranée, on voit les effets de l’impuissance de certains Etats à faire face aux exigences politiques et économiques d’un monde globalisé.Monde qui est en effet dominé par les nouveaux empires que sont le parti-Etat chinois, le califat sunnite, les héritiers chiites de Khomeyni et les Etats-Unis de George W. Bush et des idéologues néoconservateurs américains et anglais qui ont déclenché la guerre en Irak en 2003.Dans toutes les parties du monde qui se révèlent incapables d’être à la hauteur des problèmes d’un monde ouvert, les démocraties se réduisent d’abord à la prolifération des groupes d’intérêt avant de basculer dans des régimes militaires générateurs de violence. Ne devons-nous pas déjà nous inquiéter de ce que nous voyons et entendons en Hongrie et des discours qui se développent dans des pays aussi respectés que la Finlande, le Danemark ou… la France  ?Cessons au moins de regarder, du haut de notre grandeur et de notre bonne conscience passées, les cadavres que la Méditerranée rejette sur les côtes de notre continent. La construction européenne fut une voie de salut et d’influence pour les pays d’un continent divisé et affaibli. Le moment est-il venu de renoncer à des ambitions que nous ne serions plus capables de nourrir et de descendre au niveau médiocre qui fut celui de l’Espagne royaliste du XIXe siècle et franquiste d’une grande partie du XXe  ?Une telle chute nous plongerait non seulement dans le sous-développement, mais surtout dans la violence et la honte. Je demande que l’on entende mes paroles comme si elles étaient prononcées au lendemain des résultats probables des élections régionales de décembre. Ne serons-nous pas alors plus inquiets pour beaucoup d’entre nous, y compris dans le camp vainqueur, des conséquences du triomphe d’un nationalisme à la fois archaïque et agressif  ?Une solidarité active avec les réfugiésC’est de nous qu’il s’agit, dès maintenant. Une solidarité active avec les réfugiés et des initiatives qui imposent des solutions à l’échelle d’une vaste partie du monde doivent être les premiers pas sur la voie de notre propre redressement. Il est encore possible et dépend surtout de notre propre volonté et de notre capacité à prendre nos responsabilités et à mettre en œuvre des solutions à des problèmes maîtrisables.La démonstration de notre impuissance et l’abandon de réfugiés qui se tournent vers l’Europe en lui demandant de se comporter en accord avec ses principes seraient des signes plus qu’inquiétants de notre absence de volonté réelle de résoudre les problèmes et d’utiliser les possibilités créées pour tous dans un monde ouvert.Alain Touraine est l’auteur de La Fin des sociétés (Seuil, 2013, 656 pages)Alain Touraine (Sociologue) Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Benoît Vitkine L’Europe n’en a pas fini avec la crise des réfugiés. La crainte d’une fermeture de toutes les frontières européennes, un temps calme sur la mer Egée, ainsi que, selon les Nations unies, l’offensive de l’armée syrienne, appuyée par l’Iran et par la Russie, contribuent à un nouvel afflux. D’après l’ONU, environ 35 000 personnes ont fui notamment la région d’Alep ces derniers jours.Du 16 au 18 octobre, près de 28 000 personnes sont arrivées sur les côtes grecques, souligne l’Organisation internationale pour les migrations. Sur les 643 000 migrants qui ont rejoint le territoire de l’UE par la mer depuis le début de l’année, plus de 500 000 sont arrivés en Grèce, selon des chiffres publiés mardi 20 octobre par l’ONU. C’est plus que lors du pic de l’été, qui avait forcé les Etats européens à prendre des premières mesures.Sur la route des Balkans, empruntée par les réfugiés qui veulent gagner l’Autriche, la Suède et, surtout, l’Allemagne, la situation s’est encore compliquée. La fermeture par la Hongrie de sa frontière avec la Croatie, le 16 octobre, un mois après celle de la frontière avec la Serbie, a provoqué un effet domino similaire à celui observé durant l’été.La Slovénie est désormais en première ligne. Selon un communiqué du gouvernement, le pays a accueilli 19 500 personnes depuis vendredi – dont 5 % de malades. La plupart des demandeurs d’asile évitaient les postes-frontières officiels saturés et se débattaient dans le froid et la pluie.Situation « sous contrôle »Les autorités slovènes, qui en appellent au soutien de l’UE, affirmaient, mardi soir, avoir la situation « sous contrôle » et démentaient la fermeture de leur frontière, même si le ministre de l’intérieur l’avait évoquée. Les pouvoirs d’intervention de l’armée, actuellement limités à une assistance logistique, ont été accrus. Le premier ministre centriste, Miro Cerar, a assuré que « cela ne signifie pas un état d’urgence ». Mais, a-t-il souligné, « il est illusoire d’attendre d’un pays de 2 millions d’habitants qu’il puisse arrêter, gérer et résoudre ce que des pays beaucoup plus grands n’ont pas réussi à faire ».Au moins 12 100 migrants se trouveraient dans le même temps en Serbie, et 10 000 en Macédoine. Une nouvelle perspective se dessine : l’ouverture d’une route partant de la Grèce vers les côtes dalmates, via l’Albanie et le Monténégro.La situation inquiète fortement les responsables européens à peine remis de leurs discussions houleuses sur le partage de 160 000 réfugiés et espérant, au moins, le soutien de la Turquie. Des négociations sont en cours pour éviter que cette dernière ne laisse partir vers l’Union « ses » 2 millions de réfugiés syriens en échange d’une aide de 3 milliards d’euros, de la promesse d’une reprise des négociations d’adhésion et d’une libéralisation des visas pour certains citoyens.Les autorités de l’Union tentent aussi d’amener Ankara à accepter des accords de réadmission. La clause d’un accord de 2013 conclu avec Bruxelles et visant au renvoi à la Turquie de ressortissants non turcs devrait s’appliquer avant la date prévue (2017) et des accords semblables, conclus entre la Turquie et la Grèce, ainsi qu’entre la Turquie et la Bulgarie, devraient enfin produire leurs effets.C’est du moins l’espoir de la Commission européenne. Qui en a un autre : que les plans de répartition de réfugiés qu’elle a difficilement fait accepter fonctionnent. Or, aujourd’hui, un élément clé du dispositif est remis en question : les « hot spots ». Ces centres d’enregistrement et d’identification sont confrontés aux réticences des réfugiés. « Si cela continue, tout ce que nous avons fait n’aura servi à rien et le système s’effondrera », explique au Monde un responsable de haut rang.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?Pays « de première ligne » Destinés à aider les pays dits « de première ligne », les « hot spots » centralisent l’action de diverses agences européennes (Frontex, Eurojust, Europol, Bureau d’asile) et sont censés accélérer les procédures d’asile. L’un d’eux fonctionne à Lampedusa, en Italie, l’autre à Mytilène, en Grèce. Trois autres centres doivent ouvrir en Italie, quatre en Grèce.Problème : en Grèce, où ont désormais lieu la plupart des arrivées, de très nombreux demandeurs refusent de se soumettre aux procédures conduisant à l’obtention du statut de réfugié. Ils redoutent de devoir rester dans ce pays ou d’être relocalisés dans un Etat où ils ne veulent pas se rendre. Le Luxembourg, par exemple, peine à trouver la… cinquantaine de réfugiés qu’il a accepté d’héberger. L’immense majorité des Syriens, Erythréens ou Irakiens veut se rendre en Allemagne ou en Suède. Ils sont conscients que, de toute façon, seulement 70 000 d’entre eux feront l’objet d’une répartition, alors qu’ils sont sept fois plus à avoir accosté sur les côtes helléniques. Ils préfèrent donc tenter leur chance en embarquant pour le Pirée depuis les îles grecques, puis en empruntant la route des Balkans.Leur refus de demander la protection internationale empêche l’accord politique conclu entre les Etats d’être appliqué et rend illusoire toute idée d’un mécanisme permanent de relocalisation. « Il faut leur faire passer le message que, grâce à la relocalisation, ils pourront recommencer une nouvelle vie et que c’est seulement par le biais d’une demande d’asile qu’ils y parviendront », explique le ministre luxembourgeois Jean Asselborn, actuel président du conseil des affaires étrangères. De nombreux réfugiés savent toutefois qu’ils seront privés des droits liés à leur statut (logement décent, éducation pour leurs enfants, aides sociales…) s’ils refusent le pays qui leur est désigné. Mais ils préfèrent tenter d’obtenir ces droits dans le pays de leur choix. A condition, désormais, d’y arriver.Un sommet consacré à la question des migrants le 25 octobreUn sommet consacré à la question des migrants, en présence des chefs d’Etat ou de gouvernement d’Autriche, de Bulgarie, de Croatie, de Macédoine, d’Allemagne, de Grèce, de Hongrie, de Roumanie, de Serbie et de Slovénie, ainsi que de la Commission européenne aura lieu dimanche 25 octobre.« Etant donné la situation d’urgence que connaissent les pays situés sur l’itinéraire des migrants à travers les Balkans, il importe de coopérer beaucoup plus, d’avoir davantage de consultations approfondies, et des mesures d’action immédiate », Jean-Claude JUncker, président de la Commission.  Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Près d’un an après les révélations « Luxleaks », qui mettaient au jour l’existence de nombreux accords fiscaux très avantageux entre le fisc du Luxembourg et les multinationales, la Commission européenne a rendu public, mercredi 21 octobre, ses premières condamnations contre cette pratique abusive des « rulings ».Lire aussi :« LuxLeaks » : voyage au paradis des multinationalesDans le collimateur de Bruxelles, le groupe Starbucks et une filiale de Fiat (Fiat Finance and Trade, la banque interne du constructeur), épinglés pour avoir passé des accords jugés illégaux au regard du droit européen de la concurrence, avec l’administration néerlandaise dans le cas de la chaîne de cafés américaine, et luxembourgeoise, pour le groupe italien.Les amendes s’élèvent à plusieurs dizaines de millions d’euros pour chacune des deux sociétésLes services de la Commissaire européenne à la concurrence, la Danoise Margrethe Vestager, ont soumis mercredi pour approbation au collège de la Commission les amendes qu’à l’issue de longs mois d’enquête ils ont fini par établir dans ces deux cas. Chacune des sociétés est sommée de rembourser 20 à 30 millions d’euros.La procédure menée par Bruxelles concerne les « aides d’Etat illégales ». Fiat et Starbucks ont, selon la Commission, bénéficié d’avantages sélectifs nuisant à la concurrence de la part du Luxembourg et des Pays-Bas. En conséquence, ils sont censés verser leurs amendes directement aux Etats (et pas à la Commission, comme dans le cas d’un abus de position dominante).Dossiers très techniquesCes montants équivalent à une sorte de redressement fiscal : ce sont les sommes, majorées d’un taux d’intérêt, que ces groupes auraient dû payer s’ils avaient été soumis au même taux d’imposition que d’autres dans une situation comparable.Qu’est-il reproché, dans les détails, à Starbucks ? D’après les documents intermédiaires rendus publics en novembre 2014, Bruxelles concentrait son enquête sur l’accord signé en 2008 entre les Pays-Bas et une entité néerlandaise du groupe, Starbucks Manufacturing BV. Le pays validait un « prix de transfert » (prix facturé pour les échanges entre filiales) avec d’autres entités de Starbucks, notamment une en Suisse, que Bruxelles soupçonnait d’être trop élevé afin de réduire la base fiscale de Starbucks Manufacturing.Lire aussi :Optimisation fiscale : l’Europe impose plus de transparenceConcernant Fiat, là aussi selon un document rendu public en novembre 2014, la Commission relevait que la banque interne du groupe avait signé en 2012 un accord fiscal avec le Grand-Duché qui déterminait une base imposable fixe pour la société, quel que soit son développement ultérieur.Ces deux cas sont instruits formellement depuis juin 2014, mais n’aboutissent que maintenant, car ils sont très techniques, et la nature abusive des rulings n’est pas aisée à démontrer. Le ruling ou « rescrit fiscal » étant lui-même parfaitement légal, la Commission doit prouver, pour le dénoncer, qu’il introduit un avantage par rapport à d’autres entreprises. Elle est aussi tributaire du zèle avec lequel les administrations visées envoient les documents requis.Un signal fortUne troisième enquête a été ouverte en juin 2014 visant le géant américain Apple en Irlande, dont il ne devait pas être question mercredi. Outre le temps d’instruction des dossiers, qui peut expliquer ce décalage, Mme Vestager a jusqu’à présent été très habile dans sa communication, évitant d’en faire « trop » avec un pays (notamment les Etats-Unis), pour échapper aux critiques sur une soi-disant « politisation » des dossiers de concurrence.Mme Vestager marque de nouveaux points à titre personnelEn plus de ces trois cas, deux autres enquêtes formelles tout aussi sensibles concernant des rulings ont été lancées par Bruxelles. L’une, en octobre 2014, portant sur des accords entre Amazon et le Luxembourg, et l’autre, en février 2015, au sujet des abattements fiscaux proposés par la Belgique aux multinationales étrangères.Lire aussi :Optimisation fiscale : la Belgique en accusationMercredi, la Commission, qui jusqu’à présent ne s’était jamais penchée sur ce type de contrats, envoie un signal fort. Les cadeaux fiscaux permettant à des sociétés d’échapper quasiment à l’impôt ne sont plus tolérés. Ses décisions concernant Fiat et Starbucks interviennent alors que le commissaire à l’économie, Pierre Moscovici, a obtenu, début octobre, un accord politique pour que les rulings soient transmis automatiquement et obligatoirement entre administrations fiscales des vingt-huit pays de l’Union.Mme Vestager marque de nouveaux points à titre personnel. Elle passe déjà pour l’un des commissaires majeurs de Bruxelles après avoir choisi d’adopter depuis sa prise de fonctions, en novembre 2014, une approche beaucoup plus musclée que son prédécesseur, Joaquin Almunia. Outre les cas d’aides illégales concernant les rulings, elle a ainsi décidé d’envoyer des actes d’accusation formels contre Google et Gazprom pour abus de position dominante. Ces deux géants risquent des amendes de plusieurs milliards d’euros chacun.Lire aussi :Amazon cède face à Bruxelles sur la fiscalitéCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Pour célébrer son premier anniversaire, le mouvement d’extrême droite Pegida (Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident), qui réunit ses partisans tous les lundis à Dresde (Saxe, est de l’Allemagne), avait promis, lundi 19 octobre, un rassemblement exceptionnel. Il le fut. Non en raison du nombre de participants – Pegida a déjà réuni davantage que les 15 000 à 18 000 personnes comptabilisées – mais en raison des propos qui y ont été tenus. L’invité vedette, Akif Pirinçci, un écrivain allemand d’origine turque a en effet regretté la disparition des camps nazis. Un délit passible, selon certains juristes, de trois à cinq ans de prison.Après avoir évoqué les réfugiés – qu’il appelle « envahisseurs » –, Akif Pirinçci s’en est pris à un maire (CDU) qui aurait conseillé à un habitant hostile à l’ouverture d’un foyer pour réfugiés de quitter le pays puisqu’il n’en partageait pas les valeurs. « Il y aurait bien sûr d’autres alternatives. Mais malheureusement, les camps de concentration ne fonctionnent plus », a déploré l’orateur, sous les applaudissements.Agé de 55 ans, Akif Pirinçci est surtout connu des Allemands pour ses polars dont le héros est un chat surnommé Francis. Mais peu à peu, l’homme s’est fait une spécialité de dénoncer ce qu’il considère comme le politiquement correct. A Dresde, sans doute grisé par son succès, l’écrivain a parlé si longtemps et de manière si excessive qu’il a fini par être hué et interrompu par Lutz Bachmann, le fondateur de Pegida.Lire aussi :En Allemagne, face-à-face tendu à Dresde pour le premier anniversaire de PegidaUn livre dénonçant la théorie du genreEvidemment, la référence aux camps de concentration a fait scandale. Dès mardi, une plainte a été déposée et le parquet a ouvert une enquête. Le comité international d’Auschwitz a dénoncé « un odieux signal d’impudence ». Le groupe Bertelsmann, qui publie les ouvrages d’Akif Pirinçci, a annoncé qu’il retirait ceux-ci de la circulation. « La protection de la démocratie et des droits de l’homme constitue un volet essentiel de notre activité éditoriale, tout comme le respect des traditions et de la diversité culturelle. Les déclarations d’Akif Pirinçci vont totalement à l’encontre de ces valeurs », déclare le groupe. Sur Facebook, Lutz Bachmann, lui-même dans le collimateur de la justice, a reconnu mardi « une grave erreur » et a présenté ses excuses.Pegida est composé de jeunes néo-nazis mais aussi de personnes qui se définissent comme « patriotes » et affirment condamner tout recours à la violence. Il n’en reste pas moins que la sortie d’Akif Pirinçci sur les camps a été applaudie, ce qui en dit long sur l’état d’esprit des participants.En principe sort mercredi, chez un petit éditeur, le dernier ouvrage d’Akif Pirinçci. Intitulé Die grosse Verschwulung (« La Grande Homosexualisation »), ce livre, d’après sa présentation sur Internet, dénonce la théorie du genre.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.10.2015 à 06h03 • Mis à jour le11.10.2015 à 17h50 La Turquie, frappée par l’attentat le plus meurtrier de son histoire, commence dimanche 11 octobre à enterrer les victimes des explosions qui ont fait au moins 95 morts dans une manifestation pour la paix organisée par l’opposition prokurde à trois semaines des élections législatives anticipées. Alors que débutaient les trois jours de deuil national décrétés par le gouvernement, les premières obsèques des militants de l’opposition qui ont péri dans cet attentat non revendiqué doivent se dérouler dans la journée.Une manifestation en hommage aux victimesDes milliers de personnes se sont réunies dimanche dans les rues d’Ankara pour rendre hommage aux victimes du double attentat suicide.Réunis à l’appel des syndicats, ONG et partis politiques proches de la gauche et de la cause kurde qui avaient appelé au rassemblement pour la paix de la veille, les manifestants ont dénoncé la responsabilité du gouvernement, aux cris de « Erdogan meurtrier » et « gouvernement démission ».Les élections législatives maintenuesLa Turquie maintient ses élections législatives prévues pour le 1er novembre malgré l’attentat, a annoncé dimanche un responsable gouvernemental. « En raison des risques accrus, la sécurité aux meetings électoraux, qui a déjà été augmentée, sera encore renforcée. L’élection se tiendra en toute sécurité. »Au moins 95 morts et 246 blessésSelon un communiqué des services du premier ministre, Ahmet Davutoglu, le bilan s’élevait samedi en fin de soirée à 95 morts et 246 blessés, dont 48 se trouvaient toujours en soins intensifs dans les hôpitaux d’Ankara.Le Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde, gauche), formation qui avait appelé à la manifestation, a assuré quant à lui dans la nuit sur son compte Twitter avoir établi un bilan de 128 morts.Our Central Crisis Coordination, in cooperation with TMA and UHSW Crisis Coordination has verified that 128 people lost their lives.— HDPenglish (@HDP English)require(["twitter/widgets"]);Deux violentes explosions ont secoué samedi matin les alentours de la gare centrale d’Ankara, où des milliers de militants venus de toute la Turquie à l’appel de plusieurs syndicats, d’ONG et partis de gauche se rassemblaient pour dénoncer la reprise du conflit entre Ankara et les rebelles kurdes. Les déflagrations ont transformé l’esplanade, jonchée de corps sans vie, en scène de guerre et provoqué la panique dans la foule. Selon le gouvernement islamo-conservateur turc, cet attentat a été « perpétré par deux kamikazes ». En l’absence de revendication, le chef du gouvernement a pointé du doigt trois mouvements susceptibles, selon lui, d’en être l’auteur : le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le groupe Etat islamique (EI) et le Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C) d’extrême gauche.Lire aussi :L’attentat d’Ankara commis très probablement par deux kamikazesLe HDP met en cause le gouvernement Après l’attentat, la police a tiré des coups de feu en l’air pour disperser des manifestants en colère qui dénonçaient l’absence de mesures de sécurité autour de leur rassemblement, aux cris de « policiers assassins ».De son côté, le HDP a explicitement mis en cause le pouvoir. « Nous sommes confrontés à un Etat meurtrier qui s’est transformé en mafia », a déclaré le chef de file du parti, Selahattin Demirtas. A Istanbul et dans plusieurs villes du sud-est du pays, des milliers de personnes ont manifesté contre le gouvernement. « Erdogan meurtrier », « la paix l’emportera » et « AKP assassin ! », scandaient les protestataires, accusant le président et son mouvement AKP (Parti de la justice et du développement) d’être responsables de la violence. Des manifestations prokurdes similaires se sont déroulées en Europe, notamment en France, en Allemagne ou en Suisse.Lire l'éclairage :L’attentat d’Ankara jette une ombre sur les prochaines législatives en TurquieImage précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-561a85ab5176f'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 9\r\n \r\n \r\nUn homme porte une pancarte sur laquelle est inscrite l'inscription \"Pas de condol\u00e9ances pour Erdogan, c'est lui le coupable\" lors d'un rassembleement \u00e0 Hambourg, en Allemagne.\r\nCr\u00e9dits : DANIEL BOCKWOLDT \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un homme porte une pancarte sur laquelle est inscrite l'inscription \"Pas de condol\u00e9ances pour Erdogan, c'est lui le coupable\" lors d'un rassembleement \u00e0 Hambourg, en Allemagne.","source":"DANIEL BOCKWOLDT \/ AFP","index":0,"position":1,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/10\/10\/manifestations-en-turquie-et-en-europe-apres-l-attentat-d-ankara_4787115_3214.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 9\r\n \r\n \r\nUne banni\u00e8re est brandie par des manifestants \u00e0 Mannheim, en Allemagne. \"Le gouvernement de l'AKP et l'Etat islamique massacrent le Kurdistan main dans la main\" peut-on y lire.\r\nCr\u00e9dits : RENÉ PRIEBE \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une banni\u00e8re est brandie par des manifestants \u00e0 Mannheim, en Allemagne. \"Le gouvernement de l'AKP et l'Etat islamique massacrent le Kurdistan main dans la main\" peut-on y lire.","source":"REN\u00c9 PRIEBE \/ AFP","index":1,"position":2,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/10\/10\/manifestations-en-turquie-et-en-europe-apres-l-attentat-d-ankara_4787115_3214_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 9\r\n \r\n \r\nQuelque 10 000 personnes ont d\u00e9nonc\u00e9 samedi soir \u00e0 Istanbul la responsabilit\u00e9 du gouvernement dans le double attentat meurtrier d'Ankara. Ici, l'inscription \"Etat tueur\" est brandie par la foule.\r\nCr\u00e9dits : OZAN KOSE \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Quelque 10 000 personnes ont d\u00e9nonc\u00e9 samedi soir \u00e0 Istanbul la responsabilit\u00e9 du gouvernement dans le double attentat meurtrier d'Ankara. Ici, l'inscription \"Etat tueur\" est brandie par la foule.","source":"OZAN KOSE \/ AFP","index":2,"position":3,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/10\/10\/manifestations-en-turquie-et-en-europe-apres-l-attentat-d-ankara_4787115_3214_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 9\r\n \r\n \r\n\"Erdogan meurtrier\" ou \"la paix l'emportera\", ont-ils scand\u00e9 sur l'avenue Istiklal, la grande art\u00e8re pi\u00e9tonne situ\u00e9e au coeur de la partie europ\u00e9enne de la plus grande ville de Turquie.\r\nCr\u00e9dits : Lefteris Pitarakis \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\"Erdogan meurtrier\" ou \"la paix l'emportera\", ont-ils scand\u00e9 sur l'avenue Istiklal, la grande art\u00e8re pi\u00e9tonne situ\u00e9e au coeur de la partie europ\u00e9enne de la plus grande ville de Turquie.","source":"Lefteris Pitarakis \/ AP","index":3,"position":4,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/10\/10\/manifestations-en-turquie-et-en-europe-apres-l-attentat-d-ankara_4787115_3214_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 9\r\n \r\n \r\nEnviron un millier de personnes, en tr\u00e8s large majorit\u00e9 kurdes, ont manifest\u00e9 samedi \u00e0 Paris \u00e0 l'appel du Conseil d\u00e9mocratique kurde en France (CDKF) pour d\u00e9noncer le double attentat.\r\nCr\u00e9dits : Jacques Brinon \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Environ un millier de personnes, en tr\u00e8s large majorit\u00e9 kurdes, ont manifest\u00e9 samedi \u00e0 Paris \u00e0 l'appel du Conseil d\u00e9mocratique kurde en France (CDKF) pour d\u00e9noncer le double attentat.","source":"Jacques Brinon \/ AP","index":4,"position":5,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/10\/10\/manifestations-en-turquie-et-en-europe-apres-l-attentat-d-ankara_4787115_3214_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 9\r\n \r\n \r\nLes participants se sont rassembl\u00e9s de mani\u00e8re spontan\u00e9e dans le calme en d\u00e9but d'apr\u00e8s-midi sur la place de la R\u00e9publique, certains brandissant des drapeaux du parti prokurde turc pour la d\u00e9mocratie des peuples (HDP).\r\nCr\u00e9dits : Jacques Brinon \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Les participants se sont rassembl\u00e9s de mani\u00e8re spontan\u00e9e dans le calme en d\u00e9but d'apr\u00e8s-midi sur la place de la R\u00e9publique, certains brandissant des drapeaux du parti prokurde turc pour la d\u00e9mocratie des peuples (HDP).","source":"Jacques Brinon \/ AP","index":5,"position":6,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/10\/10\/manifestations-en-turquie-et-en-europe-apres-l-attentat-d-ankara_4787115_3214_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 9\r\n \r\n \r\nLes organisateurs ont appel\u00e9 \u00e0 une nouvelle manifestation dimanche \u00e0 partir de 14 h, de la R\u00e9publique \u00e0 la place du Ch\u00e2telet \u00e0 Paris, pour dire \"halte \u00e0 la guerre sale et la terreur d'Etat en Turquie et au Kurdistan\". Des rassemblements doivent aussi avoir lieu \u00e0 Lyon et \u00e0 Toulouse.\r\nCr\u00e9dits : Jacques Brinon \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Les organisateurs ont appel\u00e9 \u00e0 une nouvelle manifestation dimanche \u00e0 partir de 14 h, de la R\u00e9publique \u00e0 la place du Ch\u00e2telet \u00e0 Paris, pour dire \"halte \u00e0 la guerre sale et la terreur d'Etat en Turquie et au Kurdistan\". Des rassemblements doivent aussi avoir lieu \u00e0 Lyon et \u00e0 Toulouse.","source":"Jacques Brinon \/ AP","index":6,"position":7,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/10\/10\/manifestations-en-turquie-et-en-europe-apres-l-attentat-d-ankara_4787115_3214_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 9\r\n \r\n \r\nUne manifestation a \u00e9galement eu lieu \u00e0 Bordeaux. Des d\u00e9fil\u00e9s ont \u00e9galement parcouru les rues de Marseille et de Strasbourg.\r\nCr\u00e9dits : MEHDI FEDOUACH \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une manifestation a \u00e9galement eu lieu \u00e0 Bordeaux. Des d\u00e9fil\u00e9s ont \u00e9galement parcouru les rues de Marseille et de Strasbourg.","source":"MEHDI FEDOUACH \/ AFP","index":7,"position":8,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/10\/10\/manifestations-en-turquie-et-en-europe-apres-l-attentat-d-ankara_4787115_3214_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 9\r\n \r\n \r\nDes manifestants dans les rues de Bordeaux, samedi apr\u00e8s-midi.\r\nCr\u00e9dits : MEHDI FEDOUACH \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des manifestants dans les rues de Bordeaux, samedi apr\u00e8s-midi.","source":"MEHDI FEDOUACH \/ AFP","index":8,"position":9,"total_count":9,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/10\/10\/manifestations-en-turquie-et-en-europe-apres-l-attentat-d-ankara_4787115_3214_8.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Trêve du PKK avant les législativesDurant l’été, deux meetings du HDP avaient fait l’objet d’attaques meurtrières : à Diyarbakir, le 5 juin, puis à Suruç, près de la frontière syrienne, le 20 juillet. Cette dernière attaque, qui avait fait 32 morts, avait été imputée par le gouvernement à l’Etat islamique, mais celui-ci ne l’a jamais revendiqué.La Turquie, Etat membre de l’OTAN, vit en alerte renforcée depuis que le président, Recep Tayyip Erdogan, après l’attentat de Suruç, a déclenché un « combat synchronisé contre le terrorisme », contre l’organisation Etat islamique en Syrie et contre des bases arrière du PKK dans le nord de l’Irak, s’exposant à un double front.Cependant, ce samedi, les rebelles du PKK, qui ont multiplié depuis près de trois mois les attaques contre les forces de sécurité turques, ont annoncé la suspension de leurs activités à trois semaines des élections législatives. « Tenant compte des appels venus de Turquie et de l’étranger, notre mouvement a décrété une période d’inactivité pour nos forces de guérilla, sauf si nos militants et nos forces de guérilla étaient attaqués », a fait savoir l’Union des communautés du Kurdistan (KCK), l’organisation qui chapeaute les mouvements rebelles kurdes.« Nous ne ferons rien qui puisse empêcher une élection équitable. »La presse progouvernementale a vite accusé l’opposition kurde. Le quotidien Sabah, notamment, a suggéré que le PKK pourrait être à l’origine de l’attentat de samedi. Mais selon les rebelles, « ce massacre doit être compris comme une conspiration du gouvernement AKP pour rester au pouvoir ». Lors du scrutin législatif du 7 juin, l’AKP a perdu la majorité absolue qu’il détenait depuis treize ans au parlement, notamment en raison du bon score réalisé par le HDP. Après l’échec des négociations pour la formation d’un gouvernement de coalition, M. Erdogan a convoqué des élections législatives anticipées pour le 1er novembre. 10.10.2015 à 17h38 • Mis à jour le10.10.2015 à 22h37 Les condamnations de la communauté internationale ont afflué après l’attentat qui a fait, à samedi 10 octobre à Ankara, au moins 95 morts et 246 blessés.François Hollande a condamné dans un communiqué « l’odieux attentat terroriste ». « Le président de la République adresse toutes ses condoléances au peuple turc » suite à cette attaque, la plus grave jamais perpétrée dans la capitale turque, qui a visé une manifestation pour la paix organisée par l’opposition prokurde.Lire aussi :L’attentat d’Ankara commis très probablement par deux kamikazes« Face à l’horreur, soutien et solidarité aux familles des victimes de l’attentat d’Ankara. Ensemble contre le terrorisme », a réagi de son côté le premier ministre Manuel Valls, sur Twitter.Face à l'horreur, soutien et solidarité aux familles des victimes de l'attentat d'#Ankara. Ensemble contre le terrorisme.— manuelvalls (@Manuel Valls)require(["twitter/widgets"]);Les Etats-Unis dénoncent une « perversion »Les Etats-Unis ont condamné une attaque « terroriste horrible ». « Le fait que cette attaque ait eu lieu avant un rassemblement pour la paix souligne la perversion de ceux qui sont responsables », a affirmé la Maison Blanche dans un communiqué.« Si les indices d’attaques terroristes se confirment, il s’agit alors d’un acte particulièrement lâche, dirigé directement contre les droits civiques, la démocratie et la paix », a quant à elle déclaré Angela Merkel dans un message adressé au premier ministre turc Ahmet Davutoglu.Mme Merkel se dit convaincue que « le gouvernement turc et l’ensemble de la société turque » vont « opposer une réponse de détermination et de démocratie à la terreur ».Lire aussi :L’attentat d’Ankara jette une ombre sur les prochaines législatives en Turquie« Il s’agit manifestement pour les auteur de créer un climat de peur et d’intimidation avant les élections, ainsi que d’attiser la haine et la discorde » a pour sa part affirmé un plus tôt le ministre allemand des affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier dans un autre communiqué.Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a utilisé Twitter pour présenter ses « condoléances aux familles des victimes » et rappeler sa « solidarité avec [ses] voisins pour la paix et la démocratie ».Deep condolences to the families of the victims in #Turkey. We stand in solidarity with our neighbours, for peace and democracy.— tsipras_eu (@Alexis Tsipras)require(["twitter/widgets"]); 10.10.2015 à 14h16 • Mis à jour le11.10.2015 à 17h42 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Plusieurs syndicats de gauche – KESK (fonction publique), DISK (Confédération des syndicats révolutionnaires de Turquie) –, ainsi que l’association des médecins (TTB) et le Parti de la démocratie des peuples (HDP, gauche, pro kurde) avaient appelé à manifester, samedi 10 octobre, contre la reprise des hostilités entre les forces turques et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) au sud-est du pays. Quelques minutes avant le départ du cortège, deux bombes ont explosé à 50 mètres d’écart sur le lieu où les militants du HDP étaient rassemblés, faisant au moins 95 morts et 246 blessés. La Turquie a décrété trois jours de deuil national après ces attaques meurtrières.Lire aussi :L’attentat d’Ankara commis très probablement par deux kamikazes Il est encore trop tôt pour savoir s’il s’agit de l’action d’un kamikaze ou d’une bombe placée dans le cortège, mais les billes d’acier retrouvées sur le théâtre du crime attestent de l’intention de faire un maximum de victimes. Cet attentat ressemble en tout cas trait pour trait à celui qui s’était produit à Diyarbakir le 5 juin, au beau milieu d’un rassemblement du HDP, deux jours avant la tenue des élections législatives. Deux bombes avaient explosé coup sur coup, l’une à proximité d’un transformateur électrique, l’autre dans une poubelle, faisant quatre morts et 400 blessés.Deux jours plus tard, le 7 juin, le HDP remportait 13 % des voix aux législatives, faisant perdre au Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) du président, Recep Tayyip Erdogan, la mainmise qu’il exerçait depuis 2002 sur le pays. Meurtri par ce revers, M. Erdogan a convoqué de nouvelles élections, prévues pour le 1er novembre, après l’échec de son premier ministre, Ahmet Davutoglu, à former un gouvernement de coalition.Une période de turbulences sans précédentL’AKP compte sur ce nouveau scrutin pour récupérer sa majorité parlementaire, mais les principaux instituts de sondages disent qu’il n’en sera rien. Les islamo-conservateurs sont crédités de 38 à 40 % des voix (contre 41 % le 7 juin). Sa stratégie pré-électorale consiste à évincer à tout prix le HDP, accusé de collusion avec les « terroristes du PKK », et à gagner les faveurs de l’électorat ultra-nationaliste.Le HDP, ses militants, ses journalistes sont dans l’œil du cyclone. Chaque jour, ses responsables sont interpellés, ses bureaux sont attaqués. Le chef du parti, Selahattin Demirtas, qualifié de « terroriste » par le chef de l’Etat, ne fait plus aucune apparition sur les grandes chaînes publiques, hormis celles de l’opposition, qui viennent d’être contraintes à la fermeture sans aucune raison. Il y a deux jours, Garo Palayan, député du HDP, avait exprimé ses craintes de voir les élections législatives du 1er novembre annulées. Cette éventualité est devenue plus tangible depuis le double attentat d’Ankara.La Turquie est entrée dans une période de turbulences comparable à celles qui prévalaient jadis à la veille des coups d’Etat militaires (1960, 1971, 1980). La presse pro-gouvernementale, la seule autorisée à parler, n’a pas hésité à donner une interprétation fallacieuse des attentats de samedi matin à Ankara.« Tirer profit des morts »Le quotidien Sabah écrivait ainsi en une de son site quelques heures après la double explosion : « Comme à Diyarbakir, Demirtas est entrain de tirer profit des morts ». « L’attentat de Diyarbakir avait donné deux points de plus au HDP », dit le sous-titre. Les sites des quotidiens de la même veine, Yeni Safak et Yeni Akit, ne disent pas autre chose. Yeni Akit a reproduit le logo du parti HDP, soit un olivier avec ses feuilles dont le tronc est représenté par deux mains jointes, mais des grenades ont été dessinées à la place des feuilles, pour mieux convaincre ses lecteurs que les militants pro-kurdes sont les instigateurs de l’attentat qui les a directement visés.« Cet attentat nous fait très mal. Notre population paie le prix fort. Nous assistons au même scénario que ce qui s’est passé à Diyarbakir à la veille des élections du 7 juin. Nous avons vu à qui cela avait profité. La nation ne doit pas se laisser aller à un tel scénario », a déclaré Bülent Turan, député AKP de Canakkale au journal Yeni Akit.Le lynchage a refait son apparitionDe leur côté, les médias d’opposition sont condamnés au silence. Sept chaînes de télévision connues pour leurs critiques envers le gouvernement ont brusquement été interdites d’émettre vendredi 9 octobre. Le lynchage a refait son apparition. Ahmet Hakan, éditorialiste au quotidien Hürriyet et présentateur sur la chaîne CNN-Türk, a ainsi été passé à tabac devant chez lui le 1er octobre au soir par quatre nervis dont trois étaient des militants de l’AKP. Peu de temps auparavant, la rédaction de Hürriyet avait été attaquée à coups de pierres par une foule en colère emmenée par un député de l’AKP, Abdulrahim Boynukalin, qui avait alors appelé ses fans à agresser physiquement le journalistes Ahmet Hakan.Vendredi 9 octobre, le rédacteur en chef du quotidien Zaman, Bülent Kenes, a été arrêté. Il est accusé d’« insulte au président ». Près de 300 journalistes et blogueurs ont été soumis à ce chef d’accusation depuis 2014. L’article 299 du code pénal (insulte au président), qui a eut tôt fait de remplacer le 301 (insulte à la nation turque), supprimé en 2008 pour se conformer aux critères européens, est utilisé quotidiennement contre les journalistes et les blogueurs.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.10.2015 à 12h29 • Mis à jour le10.10.2015 à 12h30 La Guardia Civil espagnole a annoncé samedi 10 octobre avoir secouru 523 migrants africains en Méditerranée, au large des côtes libyennes, avec les garde-côtes italiens. « Le bateau Rio Segura, du service maritime de la Guardia Civil et qui a participé à l’opération Triton en 2015, a sauvé 325 immigrés qui se trouvaient dans différents bateaux dans une zone à environ 25 milles de Tripoli », indique un communiqué. « En même temps, un autre navire des garde-côtes italiens, Nave Corsi, qui participe à la même opération, a demandé le transfert vers le navire de la Guardia Civil de 198 personnes supplémentaires qui avaient été secourues ».Les personnes secourues sont 376 hommes, 125 femmes et 22 enfants, a détaillé la police espagnole, précisant que « certains d’entre eux ont des blessures et la gale, et sont soignés par l’infirmier de bord ». « Parmi les personnes sauvées par les deux bateaux il y a des ressortissants du Nigeria, de Gambie, du Sénégal, de Libye, de Côte d’Ivoire, de Guinée-Bissau et de Guinée Equatoriale ». 10.10.2015 à 10h01 • Mis à jour le11.10.2015 à 10h25 | Benoît Vitkine (Minsk, envoyé spécial) Le scénario paraît écrit d’avance, et c’est une institution d’ordinaire très discrète, le Bureau pour les institutions démocratiques et les droits de l’homme, qui doit y jouer les premiers rôles. Au lendemain de l’élection présidentielle biélorusse de dimanche 11 octobre, il reviendra à cet organe de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) d’évaluer le scrutin. Si, comme c’est probable, il est fait état de « progrès », s’enclenchera un rapprochement entre l’Union européenne et la Biélorussie, Etat le plus autoritaire et le plus isolé d’Europe, allié de la Russie.A Minsk et dans les capitales européennes, les diplomates confirment l’existence de ce scénario de « normalisation », qui devrait passer, à très brève échéance, par la levée ou la suspension de la plupart des sanctions prises depuis le début des années 2000 contre le régime biélorusse et 200 de ses dignitaires. La reprise de plusieurs coopérations politiques et économiques devrait s’ensuivre.« Les Biélorusses ont envoyé des signaux d’ouverture, à nous de faire un pas », résume un diplomate européen. Il y a d’abord eu la libération, le 22 août, des six derniers prisonniers politiques détenus dans les geôles biélorusses. Les Européens avaient alors désigné le scrutin présidentiel comme l’étape suivante.Lire aussi :Loukachenko libère tous les prisonniers politiques, à l’approche de la présidentielle« Pas une marionnette de Moscou »Enfin, dans le domaine diplomatique, Alexandre Loukachenko s’est opposé à l’annexion de la Crimée par la Russie, avant de se rendre à la prestation de serment de son homologue ukrainien, Petro Porochenko, et de s’imposer comme un intermédiaire en accueillant les négociations de paix sur le Donbass de septembre 2014 et février 2015. « Il a démontré qu’il avait une vraie politique extérieure, qu’il n’était pas une marionnette de Moscou », explique un autre diplomate européen.Lire aussi :Minsk, capitale improbable des négociations entre l’Ukraine et la RussieUn précédent incite toutefois à la prudence. Lors de l’élection présidentielle de 2010, le scénario devait se dérouler à l’identique. Le 19 décembre au soir, les experts de l’OSCE mettaient la dernière main à leur rapport quand le processus a dérapé. Des inconnus ont profité d’une manifestation contre les fraudes pour déclencher des violences. Près de 700 personnes ont été arrêtées, et les dirigeants de l’opposition condamnés à de lourdes peines. Beaucoup ont vu dans ces événements un sabotage de la Russie, mécontente de voir un allié fidèle lui faire de mauvaises manières.Cette crainte est toujours là, mais la crise ukrainienne a redoublé la motivation, de part et d’autre, de redonner une chance à ce processus de rapprochement. Côté biélorusse, la politique régionale agressive de la Russie a exaspéré les dirigeants. Il ne s’agit pas pour M. Loukachenko de chercher un renversement d’alliance – et il ne pourrait pas se le permettre tant son économie est dépendante de la Russie – mais, explique Dzianis Melyantsou, du cercle de réflexion BISS, financé notamment par l’UE, « de s’offrir de l’air et une marge de manœuvre dans les différentes négociations avec Moscou ».Plus encore, le facteur économique joue un rôle central. A Minsk, les caisses sont vides. « Pour la première fois cette année, témoigne l’économiste Alexandre Tchoubrik, ces élections ne sont pas précédées de hausses des salaires et des retraites. C’est l’inverse qui s’est produit. » L’économie biélorusse, inefficace et étatisée à 70 %, vit sous perfusion de la Russie, qui achète ainsi la loyauté de son voisin. Or, cette année, Moscou n’a pas versé les crédits habituels, à la fois parce que l’économie russe est elle-même en mauvais état, mais aussi en signe de mécontentement vis-à-vis des positions de M. Loukachenko. Aux yeux de Minsk, la levée des sanctions européennes doit agir comme un signal pour d’éventuels investisseurs étrangers et surtout pour le FMI, avec qui les liens sont rompus depuis 2010.Côté européen, il ne s’agit pas non plus d’« arracher » la Biélorussie à la sphère d’influence russe, mais simplement de « laisser une main tendue et aider le pays à s’ouvrir ». « Pour les Européens, explique M. Melyantsou, l’Ukraine a tout renversé. Les questions de sécurité et de stabilité ont largement pris le dessus sur un éventuel processus de démocratisation. Il s’agit d’aider Minsk à assurer son statut de neutralité. »La dérive vers l’Ouest sonnerait comme un désaveuCe rapprochement, même timide, constitue-t-il une ligne rouge pour Moscou ? En vingt et un ans au pouvoir, Alexandre Loukachenko est devenu un maître dans l’art de manœuvrer. Mais la crise ukrainienne a crispé les positions. « Dans le cas biélorusse, il n’y a même pas besoin de parler OTAN ou UE, explique Arseni Sivitski, du Centre pour les études stratégiques et de politique étrangère, une structure liée au pouvoir. La moindre émancipation est vue comme une menace. » La Biélorussie, qui a intégré l’Union eurasiatique de Vladimir Poutine, est considérée comme le dernier allié de Moscou, en tout cas le plus solide, un « pays frère » dont la dérive vers l’Ouest sonnerait comme un désaveu.Lire aussi :La diplomatie ambiguë de Minsk et Astana envers MoscouEn 2010, la Russie avait montré son mécontentement en cessant de subventionner les hydrocarbures qu’elle livre à son voisin. Cette fois, les pressions sont plus directes encore. Début septembre, Moscou a réactivé une ancienne demande d’installation d’une base militaire aérienne sur le territoire biélorusse. « Ça a été une grosse surprise pour Minsk, explique M. Sivitski. Depuis, les pressions sont intenses, mais une telle base signifierait la fin de la neutralité de la Biélorussie, voire de son indépendance. » M. Loukachenko ne peut qu’essayer de gagner du temps.La « normalisation » programmée entre Minsk et Bruxelles fait aussi des mécontents en Biélorussie même. L’opposition à M. Loukachenko s’est divisée quant à l’opportunité de participer à l’élection, au risque de contribuer ainsi à « légitimer » l’autocrate. Une seule candidate d’opposition, Tatiana Korotkevitch, a sauté le pas, les autres opposants appelant au boycott.Mikola Statkevitch fait partie de ceux-là. Selon cet opposant historique, libéré en août après cinq ans de prison, M. Loukachenko espère le soutien de l’UE, « non pas pour faire des réformes, mais au contraire pour les éviter le plus longtemps possible ». « La stratégie des Européens va faire de ce pays un cimetière politique, dénonce-t-il. Ce qu’ils appelleront des “progrès”, ce sera uniquement le fait qu’on ne voie pas à la télévision d’opposants tabassés. Et tant pis pour les fraudes ou les libertés publiques inexistantes. »Lire aussi :Une Nobel de littérature contre les mythes soviétiquesBenoît Vitkine (Minsk, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Martin Untersinger La présidente de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) et du « G29 », le groupement européen des autorités de protection des données personnelles, réagit à l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne qui a invalidé l’accord « Safe Harbor ».Lire notre décryptage :Les conséquences de l’invalidation de l’accord « Safe Harbor » sur les données personnellesL’occasion également de revenir sur le projet du gouvernement de fusionner la CNIL avec la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA), dans le cadre de la loi numérique.Etes-vous favorable au projet du gouvernement de fusionner la CNIL et la CADA ?Réfléchir à un rapprochement entre nos deux institutions me paraît parfaitement légitime. Dans les textes, dans les recours que nous examinons, il y a une convergence autour de la gouvernance de la donnée. Pour autant, désosser ces deux institutions, remettre à plat immédiatement leur composition, leurs missions, leurs procédures est un travail considérable qui, aujourd’hui, me paraît déraisonnable. D’autant plus que nous avons le projet de règlement européen sur les données qui va aboutir d’ici la fin de l’année et qui va conduire à une réécriture de la loi CNIL.Lire aussi :Le gouvernement veut fusionner la CNIL et la CADAPour vous, insérer cette réforme dans la loi numérique, qui sera examinée en 2016, est une mauvaise idée ?Cela dépend de ce qu’il y a dedans. Il faut faire les choses au bon moment. Je suggère une solution en deux temps : à court-terme, on peut adosser les deux institutions, en mettant en place un mécanisme de participation croisée entre les deux autorités.La justice européenne a invalidé, mardi, l’accord Safe Harbor sur les données personnelles. Que vont faire les autorités européennes de protection des données ?Il existe des outils alternatifs au Safe Harbor. Il est légitime de se demander si les arguments de la Cour s’y appliquent. Nous allons analyser les conséquences sur les autres outils légaux de transfert pour mesurer l’impact de la décision de la Cour. Ce que souhaitent les entreprises c’est d’avoir une lisibilité, une cohérence du dispositif européen. Nous voulons donc leur offrir une réponse coordonnée.Justement, que doivent faire les entreprises qui avaient recours au Safe Harbor ?Il ne faut pas nous précipiter en recommandant des outils. Ce serait ennuyeux si dans un mois et demi ces outils souffrent des mêmes vices que le Safe Harbor. Il faut nous donner du temps pour établir une réponse robuste. Dès que nous aboutirons à une conclusion solide, on la communiquera.Cela signifie donc que certaines entreprises transfèrent des données d’Européens de manière illégale ?Elles prennent un risque. Sachant que le Safe Harbor est invalide, et qu’il n’a pas été procédé à une évaluation de la solidité des autres outils, il y a non pas un vide juridique, mais une question juridique sur la base légale de ces transferts.Qu’est-ce que la décision implique quant au rôle des autorités de protection des données ?La décision de la Cour donne effectivement la possibilité aux autorités de protection des données de réexaminer les transferts de données. La Cour a confié un rôle renouvelé aux autorités de protection des données, elle les a remis dans le jeu aux côtés de la Commission.Cela signifie-t-il que les internautes pourront saisir la CNIL pour empêcher que leurs données partent aux Etats-Unis ?Il faut être prudent. Les internautes ont certainement des attentes ambivalentes et n’ont pas non plus envie que les services qui leur sont offerts s’interrompent. Notre métier c’est de faire que les données des Européens soient protégées : aujourd’hui, il faut regarder si la protection apportée par les outils alternatifs au Safe Harbor est satisfaisante. La réponse n’est pas seulement dans ces outils : la Cour a pointé le système de surveillance de masse des Etats-Unis.Est-ce qu’au final ce n’est pas surtout la politique américaine qui est sanctionnée par la CJUE ?La Cour n’a pas invalidé le Safe Harbor à cause du contenu de ce dernier, mais à cause de la législation américaine. Il y a des éléments du droit américain qui n’ont pas été pris en compte par Commission et qui rendent le Safe Harbor invalide. La faiblesse juridique, aux Etats-Unis, c’est la possibilité de la surveillance de masse, le manque de contrôle par une autorité indépendante, la difficulté de former un recours… C’est ça qui motive l’arrêt de la CJUE. Compte tenu de ce que dit la Cour, la responsabilité est dans les mains des gouvernements, américain et européens.Vous faites ici référence à la renégociation du Safe Harbor, antérieure à la décision de la Cour. Comment un simple accord peut prendre en compte les remarques de la justice et donner des garanties sur les pratiques de surveillance des Etats-Unis ?L’arrêt n’invalide pas les renégociations. On peut adjoindre un volet complémentaire qui répondrait aux observations de la Cour. Aujourd’hui, la Commission est en position de demander aux Etats-Unis quelles garanties ils peuvent accorder aux citoyens européens. Il n’est pas illégitime de leur demander ça.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance) « Cette résolution n’est qu’une petite partie de la solution face à un immense problème », a reconnu l’ambassadeur britannique Matthew Rycroft, qui s’exprimait à l’issue du vote de ce texte qui, à 14 voix et une abstention, autorise l’Union européenne à lancer la phase 2 de l’opération « Sophia » et à faire usage de la force pour arraisonner en haute mer des navires de migrants venus de Libye et qui cherchent à gagner l’Europe.Six bateaux de guerre européens (italiens, français, allemand, britannique et espagnol) ont désormais un cadre légal pendant un an pour inspecter, saisir et détruire les navires qu’ils soupçonneraient être utilisés par des trafiquants. Ils devront pour cela s’efforcer d’obtenir l’autorisation des pays dont les navires battent pavillon. Les passeurs seront arrêtés et jugés en Italie. Les migrants seront secourus et transportés eux aussi jusqu’à la péninsule italienne, où leurs demandes d’asile seront examinées. La résolution enjoint aux pays membres de l’Organisation des Nations unies (ONU) de traiter les migrants « avec humanité et dignité ».Lire sur Les Décodeurs :Le nombre de migrants et de réfugiés a explosé au XXIe siècle dans le mondeDébat sur le chapitre 7« Cette crise migratoire est le plus grand défi de notre génération », a résumé l’ambassadeur britannique. Cinq cent mille migrants et réfugiés ont gagné l’Europe depuis le début de l’année et 3 000 d’entre eux se sont noyés en tentant de rejoindre les côtes de la Grèce ou de l’Italie ; ce qui en fait la plus grave crise migratoire depuis la seconde guerre mondiale. « Le Conseil ne saurait rester une voix silencieuse dans le contexte dramatique que connaît actuellement la Méditerranée », a insisté François Delattre, l’ambassadeur français qui coparrainait cette résolution.Elle était en discussion depuis le mois de juin et avait été gelée à plusieurs reprises devant la réticence des Russes et des trois membres africains du conseil - Tchad, Nigeria, Angola - à autoriser une résolution sous chapitre 7 qui permet l’usage de la force. Ils invoquaient aussi le respect de la souveraineté nationale. Ces oppositions ont été levées grâce à une lettre des autorités libyennes de Tobrouk, reconnues par la communauté internationale, et qui ont assuré le conseil de sécurité de leur soutien pour cette opération en haute mer.Les Russes ont fini par accepter de voter cette résolution sous chapitre 7, car le contenu du texte définit de manière précise les circonstances dans lesquelles le recours à la force est autorisé pour faire face à la résistance des trafiquants. Seul le Venezuela a jugé que le plan antipasseur européen « était disproportionné et établissait un précédent dangereux » et a préféré s’abstenir.Lire le décryptage :« Migrant » ou « réfugié » : quelles différences ?En attente d’un accord en LibyeUne troisième phase pourrait maintenant permettre d’étendre cette opération militaire aux eaux territoriales et aux côtes libyennes avec une présence au sol, mais il faudrait pour cela l’accord d’un gouvernement libyen unifié.Dans la nuit de jeudi à vendredi, l’envoyé spécial des Nations unies en Libye, Bernardino Leon, a annoncé que la sixième mouture de son accord de paix avait été acceptée par les deux gouvernements rivaux libyens.Les noms des membres du futur gouvernement d’union nationale sont encore en discussion, mais la perspective d’une sortie de crise politique en Libye pourrait accélérer le lancement de cette phase plus opérationnelle du plan antipasseurs européen.Lire aussi :L’impossible sortie du vide politique libyenMarie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance)Journaliste au Monde Maryline Baumard C’est officiel : depuis vendredi 9 octobre, le Kosovo est un pays sûr. Le conseil d’administration de l’Office français pour la protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) a en effet décrété d’inscrire ce pays des Balkans comme « POS », ou pays d’origine sûr. Une liste de seize nations où le Kosovo côtoie dorénavant, entre autres, l’Albanie, la Serbie, l’Inde, la Mongolie ou le Bénin.Singulière géographie, qui décide de la vitesse à laquelle sont traités les dossiers des demandeurs d’asile. Autrement dit, les Kosovars bénéficieront désormais d’une instruction plus courte, resserrée sur quinze jours. S’ils font appel de la décision rendue, un juge unique se penchera sur leur dossier, alors qu’ils auraient bénéficié du regard de trois juges sans cette inscription.Au deuxième rang des demandeurs d’asileDemandée par le ministère de l’intérieur, cette mesure ressemble fort à un alignement sur l’Allemagne puisque cette dernière a fait savoir, courant septembre, qu’elle s’apprêtait à prendre la même mesure pour le Kosovo et l’Albanie.Le signal politique est double. D’une part, cet ajout acte la marche vers l’élaboration d’une liste des pays sûrs commune en Europe, premiers balbutiements d’une hypothétique harmonisation des approches nationales de l’asile.D’autre part, il donne un signal politique sur l’immigration économique en France, à l’heure où l’installation des réfugiés syriens domine le débat et n’est estimé « soutenable » par le gouvernement que si les migrants économiques sont plus souvent reconduits.Les Kosovars, qui s’inscrivent au deuxième rang des demandeurs d’asile en France sur les neuf premiers mois de 2015, contre le troisième rang en 2014, n’ont obtenu le statut que dans 6,6 % des cas l’an dernier. Leur classement en pays sûr risque de renforcer encore l’idée qu’ils sont en quête d’un emploi plus que d’une protection lorsqu’ils viennent en France, ou en Allemagne.Cette inscription du Kosovo avait déjà été votée par le conseil d’administration de l’Ofpra en décembre 2013. Mais Amnesty International France et plusieurs associations avaient demandé au Conseil d’Etat d’annuler cette décision et obtenu gain de cause.Lire aussi :L’Union européenne a reçu plus de 213 000 demandes d’asile d’avril à juin #container_14425702306{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14425702306{ height:500px; } #container_14425702306 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14425702306 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14425702306 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14425702306 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Demandes d'asile par pays au deuxième trimestre 2015Source : Eurostat(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14425702306", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Allemagne","Hongrie","Autriche","Italie","France","Suède","Royaume-Uni","Pays-Bas","Bulgarie","Espagne"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de demandes d'asile", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 80935 ], [ "", 32675 ], [ "", 17395 ], [ "", 14895 ], [ "", 14685 ], [ "", 14295 ], [ "", 7470 ], [ "", 6270 ], [ "", 4050 ], [ "", 3675 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Les réserves du Conseil d’EtatLa juridiction administrative avait alors estimé qu’en dépit d’évolutions positives du petit pays « l’instabilité du contexte politique et social dans cet Etat dont les institutions sont encore largement dépendantes du soutien des organisations et missions internationales » ne permettait pas cette inscription.Le Conseil d’Etat avait aussi souligné « les violences auxquelles restent exposées certaines catégories de sa population, sans garantie de pouvoir trouver auprès des autorités publiques une protection suffisante. »En revanche, le Conseil avait estimé légales les inscriptions de la république d’Albanie et de la Géorgie. Comme, par ailleurs, la Tanzanie vient d’être retirée de la liste, qui comprend désormais 16 pays.Lire aussi :Au Kosovo, la désillusion face à la tutelle européenneMaryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Claire Guélaud (Lima, Pérou, envoyée spéciale) La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, et le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, ont donné, jeudi 8 octobre, le coup d’envoi officiel des assemblées annuelles de leurs institutions, en Amérique latine pour la première fois depuis quarante-neuf ans et dans un contexte de croissance affaiblie et de lutte contre le dérèglement climatique.Entre le ralentissement économique général et les difficultés grandissantes des pays émergents, l’ambiance est plutôt sombre, à l’image du ciel plombé de la capitale péruvienne, Lima. Mais, comme à son habitude, Mme Lagarde a refusé de céder au pessimisme, tandis que M. Kim a redit que 2015 serait à marquer d’une pierre blanche : la proportion de personnes vivant dans l’extrême pauvreté (avec moins de 1,25 dollar par jour, soit 1,10 euro) doit tomber cette année sous la barre des 10 %, probablement autour de 9,6 %. Une première.Lire aussi :Le FMI s’inquiète du surendettement dans les pays émergents« Si nous restons confiants dans notre capacité à mettre un terme à l’extrême pauvreté d’ici à 2030, la dernière partie de ce programme sera très difficile à mettre en œuvre parce que nous sommes entrés dans une période de croissance faible, de fin du super-cycle des matières premières, de hausse attendue des taux d’intérêt américains et de sorties continues des capitaux des pays émergents », a toutefois ajouté l’Américain, médecin de formation. Cette réalité économique risque de compliquer la tâche de la Banque mondiale. L’institution devrait être davantage sollicitée pour aider les pays les plus en difficulté et/ou ceux qui accueillent massivement des réfugiés (Liban, Jordanie, Turquie, etc.) et pour lutter davantage contre le dérèglement climatique : toute la question est de savoir si elle disposera de capitaux suffisants pour mener à bien l’ensemble de ses missions.Lire aussi :L’extrême pauvreté tombe sous les 10 % de la population mondiale en 2015Accroître les financements climatA peine arrivé à Lima, le ministre français des finances, Michel Sapin, a formulé le vœu, jeudi, que les organismes multilatéraux et le secteur privé accroissent leurs financements climat. « L’Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE] a établi que près de 62 milliards de dollars ont été mobilisés en 2014 pour aider les pays du Sud, sur un objectif de 100 milliards par an d’ici à 2020. Ce chiffre n’est pas décevant. Il montre qu’un effort est fait et qu’il en reste un, accessible, à faire », a estimé M. Sapin. Le ministre a fait observer que la Banque mondiale, tout en soutenant la dynamique de la COP21, n’avait pas révisé à la hausse la part de ses financements climat (20 %). Pour faire bonne mesure, il a également jugé que la Banque européenne d’investissement (BEI) pouvait faire plus. La France, qui accueille la COP21 à Paris à partir du 30 novembre, espère bien engranger de nouveaux financements à Lima.Lire aussi :L’OCDE évalue à 62 milliards de dollars les financements climatDe son côté, la directrice générale du FMI a assuré qu’il existait « un scénario de sortie possible vers un renforcement de nos économies et vers un redressement de la croissance potentielle ». Elle a regretté que les prescriptions du Fonds ne soient « pas toujours appliquées ni entendues », et défendu la nécessité de soutenir la demande, de prendre des mesures en faveur de la stabilité financière et d’engager des réformes structurelles. Par ailleurs, alors que les prévisions de croissance du FMI pour le Pérou, basses, ont beaucoup fait jaser à Lima, Mme Lagarde a cherché à mettre du baume au cœur des Péruviens, qui se sont décarcassés pour accueillir les assemblées annuelles, en précisant qu’elle « espérait se tromper ».Interrogée, enfin, sur l’éventualité d’un deuxième mandat à la tête du FMI – le premier prend fin en juillet 2016 –, la Française a reconnu qu’elle y réfléchissait mais a rappelé que la décision ne lui appartenait pas. « J’ai fait du mieux que j’ai pu », a confié Mme Lagarde, qui semble avoir vraiment pris ses distances avec la politique française. Rien ni personne ne semble devoir s’opposer à ce deuxième mandat, ni dans les économies avancées ni dans les pays émergents, qui ne semblent pas encore prêts à s’accorder sur le nom d’une personnalité issue de leurs rangs.Claire Guélaud (Lima, Pérou, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste François Meunier (Président d'Alsis professeur associé de finance à l'Ensae - ParisTech) On ne sait encore le montant des indemnités et amendes que le groupe Volkswagen (VW) devra acquitter suite au scandale de la manipulation des tests. Les chiffres les plus divers circulent, dont certains dépassent aisément les 100 milliards d’euros. Le montant est gigantesque.Par comparaison, le coût pour BP pour la marée noire dans les Caraïbes est estimé à « seulement » 40 milliards de dollars (35,7 milliards d’euros), dont 20,8 milliards de dollars qui viennent de faire l’objet d’un accord au titre de dédommagement pour les administrations américaines. On parle désormais d’une possible faillite de VW, et sachant son importance et son actionnariat, le groupe ferait dans ce cas l’objet d’un renflouement par le Land de Basse-Saxe, voire du gouvernement fédéral.Il ne faut pas désespérer Wolfsburg, pour reprendre un mot célèbre. Les dommages économiques et industriels pour l’Allemagne sont considérables et dépassent de loin le seul cas du groupe VW. L’incertitude générée n’est pas une bonne nouvelle. Mais pour le reste, l’addition des 100 milliards d’euros ne serait-elle pas une bonne chose, la manne céleste qu’on attendait ?Un solde commercial de 217 milliards d’eurosReprenons les termes d’un débat que la crise grecque et le drame des réfugiés ont fait passer à l’arrière-plan. L’Allemagne a eu en 2014 un solde commercial de 217 milliards d’euros, soit plus de 7 % de son produit intérieur brut (PIB), un chiffre qui risque fort d’approcher les 9 % en 2015 et qui pulvérise le record de tous les pays (la Chine est désormais quasiment à l’équilibre, pour donner une référence).Les réserves de la Bundesbank auprès de la Banque centrale européenne (son compte dit Target 2, une sorte de substitut de réserves de change) s’élèvent à 555 milliards d’euros. En bref, si VW est Das Auto, l’Allemagne est Das Export, forte d’une compétitivité et d’une qualité industrielle hors pair (au détail près des trucages de tests). Mais aussi, d’une stratégie résolue, initiée au début des années 2000, de restriction de sa demande intérieure.Une stratégie qui se maintient aujourd’hui, précisément à un moment où la zone euro aurait besoin d’éléments de relance pour faciliter sa remise sur pied budgétaire. Il y a ainsi une dissymétrie entre l’Allemagne et la plupart des autres pays de la zone euro, voire de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) : l’ajustement des conjonctures, aux fins de rétablissement des comptes publics, se fait par le bas, c’est-à-dire par austérité en dehors de l’Allemagne, et non par le haut, c’est-à-dire par un partage raisonnable entre austérité chez les pays en déficit et relance dans les pays en excédent.10 milliards d’euros pour la FranceIl n’y avait pas cette dissymétrie au début des années 2000 : le rétablissement de l’Allemagne, appelée à l’époque l’homme malade de l’Europe, s’était fait par austérité en Allemagne, mais très largement par la forte croissance (bien imprudente) des autres pays européens. Les 100 milliards d’euros font la moitié de l’excédent commercial d’une année. C’est du pouvoir d’achat pour les pays qui recevront cette somme, y compris pour les États-Unis qui n’en ont pas forcément besoin, mais qui montrent comment rétablir rapidement leurs comptes publics à coût d’amendes sur les grandes multinationales fautives. C’est un véritable plan de relance.On dit qu’il n’y pas loin d’un million de voitures VW concernées en France. Si on prend le chiffre conservateur de 10 000 euros par véhicule, entre l’amende, le dédommagement, le coût de remise aux normes (qui fait de la valeur ajoutée française dans les garages du groupe Volkswagen), cela fait une somme de 10 milliards d’euros pour le pays. Un vrai plan de relance, donc.On souhaite en écrivant ces lignes que le scandale n’aille pas toucher PSA ni Renault, auquel cas, par le même raisonnement, on aurait un autre plan de relance, mais à l’envers !François Meunier (Président d'Alsis professeur associé de finance à l'Ensae - ParisTech) Daniel Psenny Documentaire sur LCP à 22 h 10 Le récit de l’organisation mafieuse Cosa Nostra, à travers l’itinéraire de Toto Riina et de Bernardo Provenzano.Situé dans la province de Palerme, le village de Corleone, berceau de la Mafia sicilienne, a été rendu célèbre par le film de Francis Ford Coppola, Le Parrain (1972), dans lequel Marlon Brando interprétait avec maestria le rôle de Don Corleone.Une saga pas très éloignée de la réalité. C’est dans ce bourg entouré de collines qu’au XIXe siècle s’est créé un pouvoir occulte, composé d’hommes de main, d’abord au service des grands propriétaires terriens, avant de se transformer en puissante organisation mafieuse baptisée Cosa Nostra (« ce qui est à nous »).Guerre sanglanteC’est sur les terres de Corleone qu’ont grandi les parrains de la Mafia issus de la bande de Luciano Liggio, que les clans rivaux avaient surnommé, avec beaucoup de mépris, « les bouseux ». Parmi eux, Salvatore Riina, dit « Toto » Riina, qui, dans les années 1980, devint « le parrain des parrains » après avoir massacré ses ennemis ; Bernardo Provenzano, son bras droit puis successeur à la tête de l’organisation, et Vito Ciancimino, mafieux qui réussit à se faire élire maire de Palerme sous les couleurs de la Démocratie chrétienne.Riina, surnommé « la Bête », pour sa férocité, ou « le Court », à cause de sa taille, qu’un juge anti-Mafia décrivait comme « un paysan, rugueux, antipathique mais doté d’une intelligence pratique », ainsi que Provenzano, dit « le Tracteur », en raison de sa détermination pour éliminer ses rivaux furent en cavale pendant près de quarante ans, sans jamais être inquiétés. Ils se cachaient à Palerme et ses environs et continuaient de diriger Cosa Nostra en assassinant leurs ennemis palermitains pour contrôler l’organisation.La « Matanza »Cette guerre sanglante, qui fit plusieurs centaines de morts, les spécialistes de la Mafia l’ont appelée la « Matanza », en référence à la pêche où les thons sont tués par dizaines dans une petite baie où l’eau devient rouge sang.Après avoir éliminé leurs rivaux qu’ils tuaient d’une balle dans la tête ou ligotaient à des fils électriques dans les coffres de voitures, Riina et Provenzano s’en prirent aux juges du pôle anti-Mafia Giovanni Falcone et Paolo Borsellino, qui avaient décidé de ne rien lâcher dans leur lutte contre Cosa Nostra. A quelques semaines d’intervalle, ils furent assassinés en 1992 dans deux attentats. Spectaculaires, ces attaques au cœur de l’Etat furent fatales aux deux boss. Lâchés par leurs protecteurs et trahis par leurs anciens amis, dont le parrain repenti Tommaso Buscetta, Riina et Provenzano furent arrêtés, en 1993 pour le premier et en 2006 pour le second, et condamnés à la prison à vie.Milan, capitale de la MafiaCette histoire – chaotique et compliquée –, Anne Véron et Gadh Charbit la racontent dans leur film Corleone (diffusé en mars 2015). Journalistes spécialisés, juges anti-Mafia et témoins de l’époque aujourd’hui repentis comme Massimo Ciancimino, le fils de l’ex-maire de Palerme, y relatent par le détail l’histoire et le fonctionnement de l’organisation. Et là, nous ne sommes plus dans la fiction.Toujours active et puissante, malgré les coups qui lui ont été portés, Cosa Nostra règne toujours sur l’île grâce à des complicités politiques et à la loi du silence. « En fait, même si elle est peu visible, la Mafia est davantage présente dans le nord du pays, beaucoup plus riche, car c’est là que se traitent les affaires. La capitale de la Mafia, aujourd’hui, c’est Milan », expliquaient les deux auteurs en mars 2015 dans un entretien à Télérama.Corleone, d’Anne Véron et Gadh Charbit (France, 2014, 50 min). Samedi 31 octobre, à 22 h 10, sur LCP.Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.10.2015 à 02h20 Vendredi 30 octobre, 22 candidats à l’exil ont encore péri en Mer Egée et 35 sont portés disparus au large de l’Espagne. Le même jour, l’Allemagne et l’Autriche ont décidé de limiter l’arrivée des migrants à cinq points de leur frontière commune pour mieux contrôler leur afflux.Cette restriction du passage à la frontière germano-autrichienne, principale porte d’entrée des réfugiés sur le territoire allemand et ultime étape du périple de la plupart des réfugiés fuyant la guerre ou la pauvreté, prend effet « immédiatement », selon une porte-parole du ministère allemand de l’Intérieur à l’Agence France Presse.Lire aussi :Le scepticisme croissant des Allemands sur l’accueil des réfugiésVienne organise depuis des semaines le transport de milliers de personnes vers la Bavière le long des quelque 800 kilomètres de frontière, d’autres viennent par leurs propres moyens à travers bois, formant par endroits des files d’hommes, de femmes et d’enfants épuisés. Les autorités bavaroises ont assuré ne plus pouvoir contenir ce flux.L’Autriche accusée de conduire des migrants de nuit à la frontière« Nous souhaitons parvenir à un processus ordonné », a expliqué le ministère allemand de l’intérieur, deux jours après que Berlin eut reproché aux Autrichiens de conduire des migrants à la frontière de nuit et sans prévenir la police allemande.En milieu de semaine, Berlin avait déjà annoncé qu’il prolongerait une nouvelle fois ses « contrôles temporaires » aux frontières, mis en place depuis le 13 septembre pour freiner l’afflux des migrants. Ils pourraient être prolongés jusqu’en février. Selon des statistiques officielles, l’Allemagne a déjà recensé 577 000 demandeurs d’asile depuis le début de l’année.Le premire ministre grec Alexis Tsipras a réclamé de l’UE « une condamnation officielle des choix (de certains États membres) d’ériger des murs et des barrières et de fermer les frontières », plaidant en faveur de l’ouverture de canaux légaux vers l’Europe pour les réfugiés.Malgré l’arrivée du mauvais temps et la fermeture en cours des frontières européennes, des centaines de personnes continuent pourtant chaque jour de risquer leur vie, bravant le froid et les vents violents.56 noyés en trois jours en mer EgéeAu moins 22 migrants, dont 17 enfants, ont péri vendredi en mer Egée, portant à 56 en trois jours le nombre des personnes qui se sont noyées entre la Grèce et la Turquie, tandis que la sinistre collecte des corps de précédents naufrages se poursuivait, en particulier à Lesbos.Au large de l’île grecque de Kalymnos, les corps de 19 personnes, dont huit enfants et trois nourrissons, ont été retrouvés dans la matinée après le chavirage dans la nuit de leur bateau chargé d’environ 150 personnes. Une femme, un enfant et un bébé, se sont aussi noyées près de Rhodes, et trois personnes sont toujours recherchées.Par ailleurs, quatre enfants syriens âgés d’un à quatre ans ont été repêchés morts dans les eaux turques par les garde-côtes, qui ont sauvé 19 passagers eux aussi en route pour Lesbos, selon l’agence de presse Dogan.Alexis Tsipras s’est ému vendredi devant le Parlement de cette « tragédie humanitaire », qui est une « honte » pour l’Europe.Lire aussi :En deux jours, 27 migrants sont morts en mer entre la Turquie et la GrèceUn autre drame au large des côtes du sud de l’Espagne s’est déroulé jeudi, dont le bilan pourrait s’élever à 39 morts. Tandis que quinze personnes ont été secourues et quatre hommes retrouvés sans vie, les secours en mer ont abandonné vendredi soir les recherches pour retrouver 35 migrants se trouvant sur l’embarcation qui ont disparu en mer.Plans européens de répartition à la traîneDe son côté, l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM) a annoncé vendredi avoir mis à jour « son plan pour répondre au flux des migrants en Méditerranée » prévoyant un budget de « 780 millions de dollars » (708 millions d’euros) d’ici à décembre 2016.Depuis le début de l’année, le nombre des arrivées par la mer en Grèce a atteint 580 125 selon le Haut Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés (HCR), sur un total de 723 221 personnes parvenues en Europe par la Méditerranée. En Italie, elles étaient 140 200. Plus de la moitié sont des Syriens (53%), 18% des Afghans et 6% des Irakiens, selon le HCR.Alors que les plans européens de répartition de la prise en charge sont censés porter sur deux ans sur 160 000 réfugiés, seuls une centaine de ces migrants ont jusque-là été envoyés d’Italie dans le reste de l’UE, a précisé Adrian Edwards, un porte-parole du HCR. 30.10.2015 à 22h00 Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a annoncé, vendredi 30 octobre au soir, à l’issue de discussions avec les dirigeants des principaux partis, qu’ils étaient parvenus à un accord de principe pour défendre ensemble « l’unité » de l’Espagne face à la fièvre indépendantiste en Catalogne.Lire notre décryptage :Pourquoi la Catalogne veut-elle son indépendance ?« Nous sommes tous d’accord, la majorité (des partis), sur l’essentiel », a-t-il dit lors d’une conférence de presse à Madrid, assurant que tous défendaient « l’unité de l’Espagne, la souveraineté nationale, l’égalité en termes de droits et de devoirs de tous les Espagnols, le respect des lois ».Rajoy veut reprendre la mainLe conservateur Mariano Rajoy multiplie les réunions pour sortir de l’impasse en Catalogne et reprendre la main, alors qu’il est accusé d’immobilisme face aux indépendantistes, décidés à lancer le processus de séparation dès le mois de novembre au Parlement régional.Vendredi, Mariano Rajoy s’est entretenu avec Albert Rivera, le chef de Ciudadanos, un parti libéral né en Catalogne justement pour défendre le maintien de la région en Espagne. Il a aussi reçu à la Moncloa, siège de la présidence du gouvernement, Pablo Iglesias, sa première réunion avec le chef de Podemos (gauche radicale) depuis la création du parti, en janvier 2014. Il avait aussi, mercredi, rencontré le leader socialiste Pedro Sanchez.« Débats stériles »M. Rivera a dit lui avoir soumis une proposition de « pacte », tandis que M. Iglesias s’est prononcé contre « les fronts antisécession », auxquels il préfère le « dialogue ». « Nous avons tous compris la gravité du défi et je remercie mes interlocuteurs pour leur bonne disposition » en la matière a déclaré M. Rajoy, précisant qu’il avait demandé aux principales formations en compétition pour les législatives du 20 décembre d’éviter des « débats stériles » sur ces sujets.Les indépendantistes catalans, majoritaires au Parlement régional depuis les élections du 27 septembre, mais n’ayant que 48 % des suffrages, veulent une séparation d’avec l’Espagne dès 2017. 30.10.2015 à 17h02 • Mis à jour le31.10.2015 à 11h42 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Le 1er novembre, les électeurs turcs se rendront aux urnes pour la deuxième fois en cinq mois. Le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) espère retrouver sa majorité parlementaire perdue lors des législatives de juin. Après le scrutin, le premier ministre Ahmet Davutoglu avait échoué à former une coalition, de nouvelles élections avaient été convoquées.Pour l’AKP, le scrutin de juin fut une grande déconvenue. Pour la première fois en treize ans de pouvoir, le parti fondé par Recep Tayyip Erdogan obtenait 41% des voix (258 députés sur 550), bien loin des scores prodigieux des années précédentes (45,6% aux municipales de mars 2014 ; 49,9% aux législatives de novembre 2011).Fort de 13 % des suffrages, le petit Parti de la démocratie des peuples (HDP, gauche, pro-kurde) avait volé la victoire aux islamo-conservateurs. Par le passé, les régions kurdophones du sud-est du pays avaient toujours été des réservoirs de voix pour l’AKP. En juin, tout a basculé.Objectif irréalisableCette nouvelle donne a douché les espoirs de l’homme fort de Turquie, avide d’instaurer un régime présidentiel à la mesure de ses ambitions. Premier président élu au suffrage universel en août 2014, M. Erdogan rêvait d’un pouvoir aussi étendu que son nouveau palais à Ankara, d’une superficie de 200 000 mètres carrés.Pour le numéro un turc, la « répétition » du scrutin ne peut que lui être favorable. Il a d’ailleurs prié les électeurs de lui donner « 400 députés », de quoi réaliser le changement de Constitution tant espéré. C’est faisable si l’AKP a 367 des 550 sièges du Parlement. Avec 330, il est possible de convoquer un référendum. Pour gouverner seul, il faut à l’AKP 276 députés.Lire aussi :Recep Tayyip Erdogan ou la dérive autoritaire du président turcCet objectif apparaît aujourd’hui irréalisable. Les résultats ont peu de chance de varier à cinq mois d’écart. D’ailleurs, les principaux instituts de sondage (Gezici, Metropoll, Sonar, Konda) dessinent pour le 1er novembre un score quasiment identique à celui de juin.Un sondage, publié jeudi 29 octobre par Metropoll, attribue à l’AKP 43,3 % des intentions de vote, soit 2,5 points de plus qu’en juin. Un autre sondage, publié le même jour et réalisé par l’institut A&G Research, donne au « parti de l’ampoule » (le surnom de l’AKP) 47 % des suffrages, mais il est le seul à être aussi optimiste.Avec 43 % des voix, l’AKP se retrouverait dans la même situation qu’en juin, obligé de composer avec l’un des trois partis de l’opposition parlementaire pour former une coalition. Selon une étude réalisée par la fondation Carnegie, le scénario le plus vraisemblable serait que l’AKP et le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), le vieux parti d’Atatürk s’entendent pour former un gouvernement. Pressés d’en finir avec l’incertitude politique et l’économie qui chancelle, les hommes d’affaires misent sur cet attelage.Vers une troisième électionComme tout les oppose, les deux partis risquent de former une coalition bancale. Le CHP réclame pour sa part une enquête sur les accusations de corruption révélées en 2013 dans l’entourage de M. Erdogan, ce que ce dernier ne saurait accepter. A terme, la coalition pourrait craquer, ouvrant la porte à de nouvelles élections.« Erdogan semble avoir peu d’enthousiasme pour cette formule. Il jouit encore d’une position hégémonique au sein du parti quand bien même, en tant que président, il devrait être politiquement neutre. Une coalition pourra émerger si Erdogan peut être convaincu qu’une nouvelle élection sera néfaste au pays et à ses ambitions politiques personelles », écrit Sinan Ulgen, co-auteur de l’étude publiée par Carnegie.L’idée d’une troisième élection fait son chemin. « Si le résultat est semblable à celui du 7 juin, je crains qu’on envisage une nouvelle élection. Voilà pourquoi il est important qu’un seul parti gouverne », a déclaré récemment Mehmet Ali Sahin, vice-président et député de l’AKP. En attendant, l’AKP a largement abusé de sa position dominante pendant la campagne. En octobre, la chaîne publique TRT a accordé vingt-neuf heures de diffusion à M. Erdogan et trente heures à son parti l’AKP. Le CHP a eut droit à cinq heures, contre une heure et dix minutes pour le Parti de l’action nationaliste (MHP, droite nationaliste) et dix-huit minutes pour le HDP.Lire aussi :Turquie : l’histoire d’un naufrageMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le sujet est complexe, mais il est crucial pour l’économie grecque. Vendredi 30 octobre, le projet de loi encadrant la recapitalisation des quatre principales banques grecques – la Banque nationale de Grèce (BNG), la banque du Pirée, Alpha et Eurobank – a enfin été déposé au parlement hellène. Il devrait être adopté en procédure d’urgence d’ici à dimanche soir, au lendemain de la publication des résultats des « stress tests » de la Banque centrale européenne (BCE) évaluant les besoins en argent frais de ces établissements.Pour Athènes, l’enjeu est de taille : permettre aux banques grecques, très fragiles, de fonctionner à nouveau normalement.Lire aussi (édition abonnés) :En Grèce, Alexis Tsipras coincé entre Bruxelles et la rueDans quel état sont les banques grecques ? Elles sont le talon d’Achille de l’économie hellène. « Elles ne remplissent plus leur mission, à savoir financer les entreprises et les ménages », résume Nikolaos Georgikopoulos, économiste à la Stern Business School de l’université de New York. Il y a un an, elles allaient pourtant mieux. Les « tests de résistance » de novembre 2014 de la BCE avaient révélé qu’elles étaient à peu près solides. Il faut dire que, depuis 2009, elles ont été recapitalisées sous différentes formes à hauteur de 56 milliards d’euros, selon les calculs de M. Georgikopoulos. Le Fonds hellénique de stabilité financière (FHSF) a notamment injecté 25 milliards d’euros.Depuis, les troubles politiques qui ont suivi l’élection d’Alexis Tsipras au poste de premier ministre, en janvier 2015, et les craintes de la sortie du pays de la zone euro ont nui aux quatre principaux établissements nationaux. La fuite des dépôts s’est accélérée – plus de 100 milliards de dollars (91 milliards d’euros) ont quitté le pays depuis 2010. En raison du retour de la récession, le nombre de prêts non performants aux entreprises et ménages, qui ne seront probablement jamais remboursés, a explosé. De 35 % fin 2014, leur taux frôlerait aujourd’hui les 45 %, selon une source bancaire.Résultat : aujourd’hui, personne n’est capable de dire ce que valent exactement les banques grecques, qui survivent grâce aux aides d’urgence de la BCE, les « emergency liquidity assistance ».Que révéleront les stress tests de la BCE ?Pour déterminer l’état de santé réel de ces établissements et quels sont leurs besoins en argent frais, le superviseur bancaire unique, logé au sein de la BCE, a lancé dès cet été une nouvelle série de tests de résistance. Le résultat de ce check-up sera rendu public samedi 31 octobre au matin. Cet été, les besoins de recapitalisation étaient estimés entre 10 et 25 milliards d’euros. En début de semaine, des sources bancaires, à la fois grecques et européennes, assuraient que « les besoins seraient au final moins élevés que prévu, certainement en dessous du seuil de 20 milliards d’euros ».Lire aussi :L’Eurogroupe s’apprête à débloquer un nouveau prêt à la GrèceComment seront recapitalisés les établissements ?Quels que soient les montants annoncés par la BCE, le gouvernement grec espère faire passer avant dimanche soir le projet de loi qui permettra de mettre en œuvre la recapitalisation.Annoncé à maintes reprises et systématiquement repoussé depuis plus de trois semaines, ce texte a fait l’objet d’âpres négociations avec les représentants des créanciers du pays.Il s’agit en effet de déterminer d’où proviendra l’argent qui renflouera les banques. A priori, 10 milliards d’euros seront mis à la disposition du Fonds hellénique de stabilité financière, qui renforcerait ainsi sa participation dans les établissements. « Le HFSF fournira toute aide publique qui s’avérera nécessaire », a déclaré une autre source bancaire à l’agence Reuters, mardi. Les banques feront également appel aux investisseurs privés, par le biais d’une levée de capitaux sur les marchés qui pourrait commencer dès le 2 novembre.Si cela ne suffit pas, 15 milliards d’euros supplémentaires, provenant du nouveau plan d’aide (86 milliards d’euros) accordé au pays cet été, pourraient être débloqués. Mais uniquement quand les créanciers d’Athènes auront terminé leur première évaluation des mesures de rigueur adoptées par le gouvernement ces dernières semaines. Ce qui ne devrait pas intervenir avant courant novembre.Alexis Tsipras a bien tenté d’obtenir que la recapitalisation soit séparée de cette évaluation. Mais il s’est vu opposer un refus catégorique des créanciers.Pourquoi le gouvernement grec est-il si pressé ?Pour le gouvernement Tsipras, il y a urgence. La Grèce, comme la BCE, a en effet intérêt à ce que la recapitalisation soit bouclée au plus vite. Si elle a lieu aujourd’hui, le pays est en effet libre de décider comment renflouer ses établissements. En revanche, si elle a lieu après le 31 décembre, la directive européenne sur le redressement et la résolution des crises bancaires s’appliquera pleinement. Or, celle-ci prévoit la possibilité d’un « bail-in », c’est-à-dire une participation forcée des gros déposants (plus de 100 000 euros) au sauvetage de leur banque, comme ce fut le cas à Chypre en 2013. Les gros déposants étaient alors, pour la plupart, des Russes aisés.Mais dans le cas grec, les gros déposants sont des PME déjà exsangues. Une telle mesure serait donc particulièrement pénalisante. « Voilà pourquoi nous ferons tout pour que la recapitalisation intervienne avant décembre : un bail-in serait un désastre pour le pays », confie une source bancaire.Lire aussi :Athènes va présenter un nouveau budget d’austéritéAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.10.2015 à 10h04 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Ne mangez pas de poisson si le camion poubelle ne passe que dans trois jours : c’est le conseil que la ministre belge Fadila Laanan a délivré, lundi 26 octobre, lors d’un entretien accordé à TéléBruxelles. Un message qui a beaucoup amusé les journalistes et les réseaux sociaux – un peu moins les poissonniers – au cours des derniers jours. Tentant de justifier une réforme qui se traduira essentiellement par un seul ramassage hebdomadaire des ordures ménagères dans la capitale de l’Europe, la mandataire PS, ministre de la propreté publique dans le gouvernement régional de Bruxelles, a expliqué dans cette interview qui fera date que ses administrés avaient désormais intérêt à adapter leurs menus en fonction du calendrier des collectes.Il n’en fallait pas plus pour provoquer un bel d’éclat de rire, la naissance du hashtag #poissongate et un tonnerre de protestations contre cette intrusion jugée inacceptable dans la sphère culinaire privée. D’autant que la ministre, dont la haute ambition serait de promouvoir le « consommer autrement », s’est également piquée de délivrer ses conseils quant à la gestion… des couches-culottes usagées. Avec l’excellente recommandation de les enfermer dans des sacs de congélation en attendant le passage hebdomadaire des éboueurs.« Esprits grincheux »Mme Laanan n’avait pas laissé un souvenir impérissable dans sa précédente fonction de ministre de la culture, sauf peut-être lors d’une apparition dans une vidéo qui la montrait dialoguant avec un ours en peluche pour la présentation de ses vœux de Nouvel An. Elle avait, à l’époque, qualifié ses détracteurs d’« esprits grincheux ». Elle a déploré, après l’épisode poissonnier, les « caricatures faciles ».Le problème serait, en effet, sérieux et – comme d’habitude, puisqu’il est sérieux et désagréable – imputable à l’Europe : c’est elle qui obligera, à terme, les Etats membres à recycler 50 % au moins de leurs déchets ménagers, indique le ministère. Les Bruxellois, qui placent déjà leurs déchets non recyclables dans des sacs blancs, les papiers dans des jaunes et les plastiques dans des bleus devront, à l’avenir, stocker les produits organiques dans des sacs orange. Il va, en tout cas, leur falloir de grands balcons ou des caves bien ventilées pour conserver une semaine durant leurs poubelles. On ignore si le ramassage hebdomadaire résulte d’un autre diktat européen mais il sera, en tout cas, la nouvelle règle fixée par Mme Laanan.Auréolée de son rôle de capitale européenne, Bruxelles se pique souvent d’être une grande métropole, sans vouloir en assumer toutes les contraintes. Propreté douteuse des lieux publics, trottoirs dangereux à force de pavés manquants, transports publics insuffisants, chantiers en pagaille : ceux qui habitent, travaillent ou passent dans la capitale belge apprennent vite à découvrir ses lacunes. Et le sens de l’humour de ses ministres.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Le tête-à-tête a duré près de deux heures, et Nicolas Sarkozy n’a pas boudé son plaisir d’être reçu comme un chef d’Etat encore en exercice. « On a parlé de la Syrie, de l’Ukraine, du rapport de la Russie avec l’Europe, de l’influence des Etats-Unis sur l’Union européenne, de certaines choses personnelles, et le temps a passé vite », s’est-il réjoui à l’issue de son entretien, jeudi 29 octobre, avec le président russe Vladimir Poutine, dans sa résidence de Novo-Ogarevo, près de Moscou. Cette rencontre, inhabituelle par sa forme pour un chef de l’opposition étranger, est la troisième avec le maître du Kremlin depuis le départ de M. Sarkozy de l’Elysée en 2012. Elle a surtout permis à l’ex-dirigeant français de décocher des flèches acerbes contre la diplomatie menée depuis Paris.Contenu le matin devant les étudiants de l’Institut des relations internationales, le discours de M. Sarkozy est en effet devenu nettement plus critique, dans la soirée devant la communauté française rassemblée dans un grand hôtel, après sa visite à Novo-Ogarevo. « Je ne sais pas qui a inventé ce système des sanctions, mais ils ignorent l’histoire ! », s’est exclamé l’ancien président français, en prenant ainsi position en faveur de la levée des mesures restrictives européennes imposées à la Russie pour son rôle dans le conflit ukrainien. « Je suis très attaché au lien transatlantique mais où est-il dit que nous devions suivre aveuglément nos alliés ? », a-t-il poursuivi, ajoutant : « J’aurais été président, jamais je n’aurais laissé sortir la Russie du G8, déjà que je le trouvais trop petit ! »Répondant à une question d’un sympathisant sur la vente des navires de guerre Mistral, conclue sous sa présidence puis dénoncée par son successeur à l’Elysée, sa mise au point a été des plus sèches : « Sans doute que nous n’avons pas la même notion géographique avec M. Hollande, lui pense qu’on peut envahir Donetsk [fief des séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine] avec ! »Mais de ces bateaux, il n’a jamais été question avec M. Poutine. Un mois après le début de l’engagement militaire de la Russie au côté du régime de Damas, et à la veille d’un sommet à Vienne des intervenants extérieurs dans le conflit syrien, l’échange a surtout porté sur le sort de ce pays dévasté depuis plus de quatre ans par une guerre civile et celui de son dirigeant. « Bachar Al-Assad a sur la conscience la mort de 250 000 de ses compatriotes, a redit M. Sarkozy, comme il l’avait fait, au matin, devant les étudiants moscovites. Il a utilisé l’aviation et l’arme chimique contre sa population, ce n’est pas un détail. (…) Il ne peut pas représenter l’avenir. »Sur ce point, le chef du parti Les Républicains ne se démarque pas de la position adoptée par M. Hollande. A ses yeux, le départ du dirigeant syrien ne constitue pas un « préalable » pour tenter de chercher une solution alternative « dans les rangs de sa famille, du parti Baas ou de la minorité alaouite ». « Entre “Assad jusqu’à la fin” et Assad, “départ demain matin”, il y a peut-être un équilibre à trouver. » Et sur ce point, la position du chef du Kremlin lui est apparue « beaucoup moins en abscisse et en ordonnée qu’on ne le dit ».« Politique insensée » Au passage, M. Sarkozy s’est affranchi des critiques – souvent émises à Moscou − sur l’intervention en Libye dont il avait pris la tête en 2011 et qui a conduit à la chute, et à la mort de son dirigeant, Mouammar Kadhafi. « Si Bachar et Kadhafi, ou même Ben Ali, avaient été des remparts contre l’islamisme, nous n’en serions pas là aujourd’hui », a-t-il lancé.Restait un autre gros dossier abordé avec M. Poutine, l’Ukraine. Autant le sujet avait été éclipsé lors de son intervention devant les étudiants, autant M. Sarkozy est revenu plus en détail dans la soirée sur le sujet devant la communauté française. L’occasion, là aussi, de critiquer sans les nommer directement « ceux qui veulent intégrer à toute force l’Ukraine dans l’Union européenne, une politique insensée ». « Si vous obligez l’Ukraine à choisir une rive, vous la coupez de l’autre, a-t-il souligné, vous la faites exploser et c’est ce qui est en train de se passer. Je voudrais qu’on sorte de cette logique de sphères d’influence. » Les frontières de l’Ukraine, a-t-il ajouté, doivent être « respectées » tout comme les accords de Minsk « des deux côtés », moyennant quoi la question de la Crimée, annexée par la Russie, est éludée.« Personne de crédible, à ma connaissance, ne demande le retour de la Crimée à l’Ukraine, a assené M. Sarkozy. Sur le fond, personne ne conteste qu’à part peut-être les Tatars de Crimée, l’immense majorité de la population était pour le rattachement à la Russie. Sur la forme, il y aurait beaucoup à dire. Le droit international n’a pas été respecté, mais il y a besoin de quelques mois, peut-être quelques années, pour apaiser les choses. Laissons vivre une situation pour qu’elle trouve sa place. » Pour l’ancien président français, qui a pris soin de souligner à satiété le rôle de « grande puissance » de la Russie, « nous ne devons à aucun prix accepter une nouvelle guerre froide ». Surnommé il n’y a pas si longtemps encore « Sarkozy l’Américain » pour sa politique atlantiste, l’opposant de François Hollande est reparti de Moscou dans les habits de « Sarkozy le Russe ».Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.10.2015 à 05h49 • Mis à jour le30.10.2015 à 19h36 Le tribunal de Cracovie a refusé vendredi 30 octobre l’extradition vers les Etats-Unis du cinéaste Roman Polanski, accusé de viol sur mineure. Elle était réclamée par la droite polonaise conservatrice, tout juste victorieuse aux élections législatives.« Le tribunal a conclu à l’inadmissibilité d’extradition aux Etats-Unis du citoyen polonais et français Roman Polanski », a déclaré devant la presse le juge Dariusz Mazur. Le parquet polonais qui représente la requête américaine peut toutefois aller devant la cour d’appel.« Je n’avais pas de doute »« Je suis évidemment très heureux que cette procédure touche à sa fin. Cela m’a coûté beaucoup d’efforts, de problèmes pour ma santé et aussi pour ma famille, a réagi le cinéaste lors d’une conférence de presse. Je suis content d’avoir fait confiance à la justice polonaise. Je n’avais pas de doute que cette affaire allait bien se terminer. Je retourne à ma famille. »La veille de la décision, un ex-ministre de la justice et ténor de la droite conservatrice s’est déclaré en faveur de cette extradition, marchant dans les pas du chef de son parti conservateur catholique et populiste Droit et justice (PiS), Jaroslaw Kaczynski.Début octobre, M. Kaczynski disait « rejeter l’idée de gracier quelqu’un, du simple fait qu’il soit un réalisateur éminent, mondialement connu ». Jeudi, Zbigniew Ziobro, élu député sur les listes du PiS, affirmait à son tour : « On ne peut protéger personne contre sa responsabilité pour un acte aussi odieux que celui d’avoir abusé d’une mineure », insistant que « la pédophilie est un mal qu’il faut poursuivre ». Demande d’extradition américaine depuis janvierEn janvier, les Etats-Unis avaient adressé à la Pologne une demande d’extradition de Roman Polanski, 82 ans, après une apparition publique à Varsovie du réalisateur du Bal des Vampires et de Rosemary’s Baby.Lire le portrait : Polanski : les films et la vie En 1977, en Californie, Roman Polanski, alors âgé de 43 ans, avait été poursuivi pour avoir violé la jeune Samantha Geimer, 13 ans. Après 42 jours de prison, puis sa libération sous caution, le cinéaste qui avait plaidé coupable de « rapports sexuels illégaux » avec une mineure s’était enfui des Etats-Unis avant la lecture du verdict, craignant d’être lourdement condamné.Aucune mesure préventive prise en PologneLa ligne de défense de ses avocats polonais consiste à démontrer que la demande d’extradition n’est pas fondée, compte tenu de l’accord passé à l’époque entre le cinéaste et la justice américaine. Aux termes de cet accord, accepté selon eux par le procureur et les avocats de la victime, la peine prévue a été purgée par leur client.Le 22 septembre, en présence du cinéaste, ses avocats avaient présenté au tribunal de nouveaux documents, analyses d’experts et témoignages réunis lors des procès précédents aux Etats-Unis et en Suisse. A la sortie du tribunal, M. Polanski avait déclaré :« Je voulais savoir quels documents seront présentés et reconnus (valables) par le tribunal. Je suis content que presque tous aient été acceptés. »Le 25 février, lors de la première audience, le cinéaste avait fourni pendant neuf heures des explications, à huis clos. Aucune mesure préventive n’a été prise en Pologne contre Roman Polanski, citoyen polonais et français, qui reste entièrement libre de se déplacer. 29.10.2015 à 14h55 • Mis à jour le29.10.2015 à 15h29 | Yves Eudes Le Parlement européen a voté, jeuid 29 octobre, une résolution de 50 articles, condamnant à nouveau la surveillance des citoyens européens par les services secrets européens et américains. L’assemblée se dit déçue par le manque de volonté politique des Etats membres pour s’attaquer sérieusement à ce problème, et « préoccupée par les lois récentes de certains Etats membres qui étendent les capacités de surveillance des agences de renseignement », notamment la France et le Royaume-Uni.Par ailleurs, elle se félicite de la récente décision de la Cour de justice de l’Union européenne invalidant le Safe Harbor – l’accord qui facilitait le transfert de données personnelles vers les Etats-Unis –, et invite la Commission européenne à proposer un projet de remplacement avant la fin 2015.Lire aussi :Les Etats-Unis continueront de gérer les inscriptions au Safe Harbor malgré son annulationEn revanche, elle regrette que la Commission européenne n’ait pas suspendu un autre accord d’échanges de données personnelles, le Terrorism Finance Tracking Program (TFTP), qui permet aux Etats-Unis de surveiller les flux financiers européens afin de détecter le financement du terrorisme, et qui n’offre aucune garantie sur l’utilisation réelle de ces données par les Américains.Le Parlement a également adopté, par 285 voix contre 281, un amendement recommandant aux Etats membres de protéger Edward Snowden, l’ancien espion américain qui a dévoilé en 2013 les programmes de surveillance de la NSA, et qui vit désormais en Russie pour échapper à la justice de son pays.Le texte invite les Etats membres à « cesser toute action judiciaire contre Edward Snowden et à lui accorder leur protection, et donc d’empêcher qu’il soit extradé ou livré à des pays tiers, en reconnaissance de son statut de lanceur d’alerte et de défenseur des droits humains internationaux ». L’amendement avait été introduit par l’eurodéputé vert allemand Jan Philip Albrecht qui, dans un communiqué, semble lui-même étonné qu’il ait été adopté.Extraordinary. Reports appear to be true. — Snowden (@Edward Snowden)require(["twitter/widgets"]);Yves EudesGrand reporterSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Pouchard Le 20 octobre 2014, le PDG de Total, Christophe de Margerie, mourait dans un accident d’avion sur le tarmac de l’aéroport de Vnoukovo, à Moscou. Au moment du décollage, l’appareil avait heurté un chasse-neige sur la piste, tuant également trois membres d’équipage. Diffusée quelques jours après l’accident, une « information » revient avec insistance un an après les faits : la mort du patron du groupe pétrolier français aurait été commanditée par la CIA.Les services secrets américains auraient ainsi voulu « faire taire » Christophe de Margerie, qui venait de se prononcer contre les sanctions occidentales lors d’une réunion avec le premier ministre russe, Dmitri Medvedev.Quelqu’un a dit que quelqu’un aurait évoqué l’éventualité d’un complotComme souvent dans ce genre de cas, les sites qui relaient cette rumeur, en français comme en anglais, mentionnent des sources floues mais prises comme avérées :« Le quotidien américain, Wall Street Journal, a rapporté qu’en Russie, la télévision d’Etat a rapporté que le PDG de Total, Christophe de la Margerie, était, farouchement, opposé aux sanctions des Etats-Unis et de l’Union européenne contre Moscou, et que la CIA avait programmé sa mort, pour le faire taire. »L’article en question du Wall Street Journal est une chronique (et donc un article d’opinion plus que factuel) de Stephen Fidler, chef du bureau du journal américain à Bruxelles. Publiée le 23 octobre 2014, elle analyse la différence de traitements médiatiques, et plus largement de visions du monde, entre Russes et Occidentaux. C’est là qu’est évoqué le passage ensuite repris pour alimenter la rumeur :« Quand le patron de Total, Christophe de Margerie, a été tué (…), cela ressemblait à un accident. Les téléspectateurs russes ont eu une tout autre version. Selon une grande chaîne russe, l’hypothèse d’un complot par la CIA pourrait ne pas être exclue. Après tout, M. de Margerie était opposé aux sanctions occidentales contre Moscou et Washington aurait voulu le faire taire. Cette histoire n’a pas été relayée par un nationaliste un peu fou mais par un présentateur.Cela illustre une tendance de plus en plus évidente : Russes et Occidentaux se parlent sans se comprendre. Ce n’est pas seulement une différence d’opinions à propos d’un même événement, mais ils ne croient pas aux mêmes faits. C’est comme “deux personnes dans une pièce plongée dans le noir”, comme l’a dit un Américain après une conférence avec experts russes et occidentaux. »Un glissement progressif vers la « certitude »Le scénario d’un complot par la CIA est donc ici mentionné comme une thèse absurde, le journaliste américain s’étonnant qu’elle émane d’un présentateur, a priori plus sensible aux faits, plutôt que d’un militant cherchant à atteindre un objectif politique. Mais le simple fait de mentionner les trois lettres C, I, A, a visiblement transformé la chronique en article de référence pour nombre de sites friands des thèses complotistes.Nous ne sommes pas parvenus à retrouver cet instant où le présentateur d’une chaîne russe aurait évoqué ce complot. Quoi qu’il en soit, il est intéressant de constater l’évolution du niveau de « certitude » au fur et à mesure des reprises :Selon l’article du Wall Street Journal, la chaîne russe aurait dit que « l’hypothèse d’un complot pourrait ne pas être exclue ».Selon l’hebdomadaire britannique The Week, « une chaîne russe voit un complot de la CIA derrière l’accident d’avion ». La source est la chronique du Wall Street Journal, mais le conditionnel a ici disparu.Le site WikiStrike, spécialiste des thèses farfelues et complotistes, assure que « selon les Russes, le PDG de Total aurait été assassiné par la CIA ». Le conditionnel est ici présent, mais ce n’est plus « une chaîne russe » mais bien « les Russes » – sous-entendu, l’Etat. Une variante au présent : « La Russie révèle que le PDG de Total a été assassiné par la CIA ».Une étape supplémentaire est franchie avec le site « Stopmensonges.com » [sic], selon lequel « la Russie classifie comme assasinat [sic] par la CIA la mort PDG de Total ».Six personnes mises en examen dans l’enquête Un an après les faits, l’accident demeure la thèse retenue par les enquêteurs. Cinq personnes ont été inculpées, dont le chef des travaux de déneigement, le chef d’escale de l’aéroport, des contrôleurs aériens et surtout le conducteur du chasse-neige, Vladimir Martynenko, qui a passé onze mois en prison avant d’être libéré le 21 septembre dans l’attente de son procès, selon les médias russes.Interrogé par le site Lenta.ru, M. Martynenko reconnaît être « coupable d’avoir roulé sans autorisation sur la piste d’envol » mais invoque les mauvaises conditions météorologiques le jour de l’accident. « Je ne savais pas où je me trouvais », affirme-t-il.Quoi qu’il en soit, aucun élément ne vient étayer la thèse d’un supposé complot visant le patron de Total.Le mari de l’une des victimes, une hôtesse qui se trouvait à bord du jet, a toutefois émis des doutes sur la thèse officielle, s’interrogeant sur le nombre de chasse-neige (« il y avait trois déneigeuses, alors qu’il ne neigeait pas », assure-t-il) et sur la version du conducteur (« cela fait dix ans qu’il travaille sur cet aéroport, (…) il sait très bien qu’on ne traverse pas une piste sans l’autorisation de son convoyeur ou de la tour de contrôle »).Sans toutefois émettre d’hypothèses infondées, il a demandé à ce que « la justice russe et française essaient de [lui] apporter des réponses ».Alexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Le 1er novembre, les électeurs turcs se rendront aux urnes pour la deuxième fois en cinq mois. Le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) espère retrouver sa majorité parlementaire perdue lors des législatives de juin. Après le scrutin, le premier ministre Ahmet Davutoglu avait échoué à former une coalition, de nouvelles élections avaient été convoquées.Pour l’AKP, le scrutin de juin fut une grande déconvenue. Pour la première fois en treize ans de pouvoir, le parti fondé par Recep Tayyip Erdogan obtenait 41% des voix (258 députés sur 550), bien loin des scores prodigieux des années précédentes (45,6% aux municipales de mars 2014 ; 49,9% aux législatives de novembre 2011).Fort de 13 % des suffrages, le petit Parti de la démocratie des peuples (HDP, gauche, pro-kurde) avait volé la victoire aux islamo-conservateurs. Par le passé, les régions kurdophones du sud-est du pays avaient toujours été des réservoirs de voix pour l’AKP. En juin, tout a basculé.Objectif irréalisableCette nouvelle donne a douché les espoirs de l’homme fort de Turquie, avide d’instaurer un régime présidentiel à la mesure de ses ambitions. Premier président élu au suffrage universel en août 2014, M. Erdogan rêvait d’un pouvoir aussi étendu que son nouveau palais à Ankara, d’une superficie de 200 000 mètres carrés.Pour le numéro un turc, la « répétition » du scrutin ne peut que lui être favorable. Il a d’ailleurs prié les électeurs de lui donner « 400 députés », de quoi réaliser le changement de Constitution tant espéré. C’est faisable si l’AKP a 367 des 550 sièges du Parlement. Avec 330, il est possible de convoquer un référendum. Pour gouverner seul, il faut à l’AKP 276 députés.Lire aussi :Recep Tayyip Erdogan ou la dérive autoritaire du président turcCet objectif apparaît aujourd’hui irréalisable. Les résultats ont peu de chance de varier à cinq mois d’écart. D’ailleurs, les principaux instituts de sondage (Gezici, Metropoll, Sonar, Konda) dessinent pour le 1er novembre un score quasiment identique à celui de juin.Un sondage, publié jeudi 29 octobre par Metropoll, attribue à l’AKP 43,3 % des intentions de vote, soit 2,5 points de plus qu’en juin. Un autre sondage, publié le même jour et réalisé par l’institut A&G Research, donne au « parti de l’ampoule » (le surnom de l’AKP) 47 % des suffrages, mais il est le seul à être aussi optimiste.Avec 43 % des voix, l’AKP se retrouverait dans la même situation qu’en juin, obligé de composer avec l’un des trois partis de l’opposition parlementaire pour former une coalition. Selon une étude réalisée par la fondation Carnegie, le scénario le plus vraisemblable serait que l’AKP et le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), le vieux parti d’Atatürk s’entendent pour former un gouvernement. Pressés d’en finir avec l’incertitude politique et l’économie qui chancelle, les hommes d’affaires misent sur cet attelage.Vers une troisième électionComme tout les oppose, les deux partis risquent de former une coalition bancale. Le CHP réclame pour sa part une enquête sur les accusations de corruption révélées en 2013 dans l’entourage de M. Erdogan, ce que ce dernier ne saurait accepter. A terme, la coalition pourrait craquer, ouvrant la porte à de nouvelles élections.« Erdogan semble avoir peu d’enthousiasme pour cette formule. Il jouit encore d’une position hégémonique au sein du parti quand bien même, en tant que président, il devrait être politiquement neutre. Une coalition pourra émerger si Erdogan peut être convaincu qu’une nouvelle élection sera néfaste au pays et à ses ambitions politiques personelles », écrit Sinan Ulgen, co-auteur de l’étude publiée par Carnegie.L’idée d’une troisième élection fait son chemin. « Si le résultat est semblable à celui du 7 juin, je crains qu’on envisage une nouvelle élection. Voilà pourquoi il est important qu’un seul parti gouverne », a déclaré récemment Mehmet Ali Sahin, vice-président et député de l’AKP. En attendant, l’AKP a largement abusé de sa position dominante pendant la campagne. En octobre, la chaîne publique TRT a accordé vingt-neuf heures de diffusion à M. Erdogan et trente heures à son parti l’AKP. Le CHP a eut droit à cinq heures, contre une heure et dix minutes pour le Parti de l’action nationaliste (MHP, droite nationaliste) et dix-huit minutes pour le HDP.Lire aussi :Turquie : l’histoire d’un naufrageMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le sujet est complexe, mais il est crucial pour l’économie grecque. Vendredi 30 octobre, le projet de loi encadrant la recapitalisation des quatre principales banques grecques – la Banque nationale de Grèce (BNG), la banque du Pirée, Alpha et Eurobank – a enfin été déposé au parlement hellène. Il devrait être adopté en procédure d’urgence d’ici à dimanche soir, au lendemain de la publication des résultats des « stress tests » de la Banque centrale européenne (BCE) évaluant les besoins en argent frais de ces établissements.Pour Athènes, l’enjeu est de taille : permettre aux banques grecques, très fragiles, de fonctionner à nouveau normalement.Lire aussi (édition abonnés) :En Grèce, Alexis Tsipras coincé entre Bruxelles et la rueDans quel état sont les banques grecques ? Elles sont le talon d’Achille de l’économie hellène. « Elles ne remplissent plus leur mission, à savoir financer les entreprises et les ménages », résume Nikolaos Georgikopoulos, économiste à la Stern Business School de l’université de New York. Il y a un an, elles allaient pourtant mieux. Les « tests de résistance » de novembre 2014 de la BCE avaient révélé qu’elles étaient à peu près solides. Il faut dire que, depuis 2009, elles ont été recapitalisées sous différentes formes à hauteur de 56 milliards d’euros, selon les calculs de M. Georgikopoulos. Le Fonds hellénique de stabilité financière (FHSF) a notamment injecté 25 milliards d’euros.Depuis, les troubles politiques qui ont suivi l’élection d’Alexis Tsipras au poste de premier ministre, en janvier 2015, et les craintes de la sortie du pays de la zone euro ont nui aux quatre principaux établissements nationaux. La fuite des dépôts s’est accélérée – plus de 100 milliards de dollars (91 milliards d’euros) ont quitté le pays depuis 2010. En raison du retour de la récession, le nombre de prêts non performants aux entreprises et ménages, qui ne seront probablement jamais remboursés, a explosé. De 35 % fin 2014, leur taux frôlerait aujourd’hui les 45 %, selon une source bancaire.Résultat : aujourd’hui, personne n’est capable de dire ce que valent exactement les banques grecques, qui survivent grâce aux aides d’urgence de la BCE, les « emergency liquidity assistance ».Que révéleront les stress tests de la BCE ?Pour déterminer l’état de santé réel de ces établissements et quels sont leurs besoins en argent frais, le superviseur bancaire unique, logé au sein de la BCE, a lancé dès cet été une nouvelle série de tests de résistance. Le résultat de ce check-up sera rendu public samedi 31 octobre au matin. Cet été, les besoins de recapitalisation étaient estimés entre 10 et 25 milliards d’euros. En début de semaine, des sources bancaires, à la fois grecques et européennes, assuraient que « les besoins seraient au final moins élevés que prévu, certainement en dessous du seuil de 20 milliards d’euros ».Lire aussi :L’Eurogroupe s’apprête à débloquer un nouveau prêt à la GrèceComment seront recapitalisés les établissements ?Quels que soient les montants annoncés par la BCE, le gouvernement grec espère faire passer avant dimanche soir le projet de loi qui permettra de mettre en œuvre la recapitalisation.Annoncé à maintes reprises et systématiquement repoussé depuis plus de trois semaines, ce texte a fait l’objet d’âpres négociations avec les représentants des créanciers du pays.Il s’agit en effet de déterminer d’où proviendra l’argent qui renflouera les banques. A priori, 10 milliards d’euros seront mis à la disposition du Fonds hellénique de stabilité financière, qui renforcerait ainsi sa participation dans les établissements. « Le HFSF fournira toute aide publique qui s’avérera nécessaire », a déclaré une autre source bancaire à l’agence Reuters, mardi. Les banques feront également appel aux investisseurs privés, par le biais d’une levée de capitaux sur les marchés qui pourrait commencer dès le 2 novembre.Si cela ne suffit pas, 15 milliards d’euros supplémentaires, provenant du nouveau plan d’aide (86 milliards d’euros) accordé au pays cet été, pourraient être débloqués. Mais uniquement quand les créanciers d’Athènes auront terminé leur première évaluation des mesures de rigueur adoptées par le gouvernement ces dernières semaines. Ce qui ne devrait pas intervenir avant courant novembre.Alexis Tsipras a bien tenté d’obtenir que la recapitalisation soit séparée de cette évaluation. Mais il s’est vu opposer un refus catégorique des créanciers.Pourquoi le gouvernement grec est-il si pressé ?Pour le gouvernement Tsipras, il y a urgence. La Grèce, comme la BCE, a en effet intérêt à ce que la recapitalisation soit bouclée au plus vite. Si elle a lieu aujourd’hui, le pays est en effet libre de décider comment renflouer ses établissements. En revanche, si elle a lieu après le 31 décembre, la directive européenne sur le redressement et la résolution des crises bancaires s’appliquera pleinement. Or, celle-ci prévoit la possibilité d’un « bail-in », c’est-à-dire une participation forcée des gros déposants (plus de 100 000 euros) au sauvetage de leur banque, comme ce fut le cas à Chypre en 2013. Les gros déposants étaient alors, pour la plupart, des Russes aisés.Mais dans le cas grec, les gros déposants sont des PME déjà exsangues. Une telle mesure serait donc particulièrement pénalisante. « Voilà pourquoi nous ferons tout pour que la recapitalisation intervienne avant décembre : un bail-in serait un désastre pour le pays », confie une source bancaire.Lire aussi :Athènes va présenter un nouveau budget d’austéritéAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.10.2015 à 10h04 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Ne mangez pas de poisson si le camion poubelle ne passe que dans trois jours : c’est le conseil que la ministre belge Fadila Laanan a délivré, lundi 26 octobre, lors d’un entretien accordé à TéléBruxelles. Un message qui a beaucoup amusé les journalistes et les réseaux sociaux – un peu moins les poissonniers – au cours des derniers jours. Tentant de justifier une réforme qui se traduira essentiellement par un seul ramassage hebdomadaire des ordures ménagères dans la capitale de l’Europe, la mandataire PS, ministre de la propreté publique dans le gouvernement régional de Bruxelles, a expliqué dans cette interview qui fera date que ses administrés avaient désormais intérêt à adapter leurs menus en fonction du calendrier des collectes.Il n’en fallait pas plus pour provoquer un bel d’éclat de rire, la naissance du hashtag #poissongate et un tonnerre de protestations contre cette intrusion jugée inacceptable dans la sphère culinaire privée. D’autant que la ministre, dont la haute ambition serait de promouvoir le « consommer autrement », s’est également piquée de délivrer ses conseils quant à la gestion… des couches-culottes usagées. Avec l’excellente recommandation de les enfermer dans des sacs de congélation en attendant le passage hebdomadaire des éboueurs.« Esprits grincheux »Mme Laanan n’avait pas laissé un souvenir impérissable dans sa précédente fonction de ministre de la culture, sauf peut-être lors d’une apparition dans une vidéo qui la montrait dialoguant avec un ours en peluche pour la présentation de ses vœux de Nouvel An. Elle avait, à l’époque, qualifié ses détracteurs d’« esprits grincheux ». Elle a déploré, après l’épisode poissonnier, les « caricatures faciles ».Le problème serait, en effet, sérieux et – comme d’habitude, puisqu’il est sérieux et désagréable – imputable à l’Europe : c’est elle qui obligera, à terme, les Etats membres à recycler 50 % au moins de leurs déchets ménagers, indique le ministère. Les Bruxellois, qui placent déjà leurs déchets non recyclables dans des sacs blancs, les papiers dans des jaunes et les plastiques dans des bleus devront, à l’avenir, stocker les produits organiques dans des sacs orange. Il va, en tout cas, leur falloir de grands balcons ou des caves bien ventilées pour conserver une semaine durant leurs poubelles. On ignore si le ramassage hebdomadaire résulte d’un autre diktat européen mais il sera, en tout cas, la nouvelle règle fixée par Mme Laanan.Auréolée de son rôle de capitale européenne, Bruxelles se pique souvent d’être une grande métropole, sans vouloir en assumer toutes les contraintes. Propreté douteuse des lieux publics, trottoirs dangereux à force de pavés manquants, transports publics insuffisants, chantiers en pagaille : ceux qui habitent, travaillent ou passent dans la capitale belge apprennent vite à découvrir ses lacunes. Et le sens de l’humour de ses ministres.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Le tête-à-tête a duré près de deux heures, et Nicolas Sarkozy n’a pas boudé son plaisir d’être reçu comme un chef d’Etat encore en exercice. « On a parlé de la Syrie, de l’Ukraine, du rapport de la Russie avec l’Europe, de l’influence des Etats-Unis sur l’Union européenne, de certaines choses personnelles, et le temps a passé vite », s’est-il réjoui à l’issue de son entretien, jeudi 29 octobre, avec le président russe Vladimir Poutine, dans sa résidence de Novo-Ogarevo, près de Moscou. Cette rencontre, inhabituelle par sa forme pour un chef de l’opposition étranger, est la troisième avec le maître du Kremlin depuis le départ de M. Sarkozy de l’Elysée en 2012. Elle a surtout permis à l’ex-dirigeant français de décocher des flèches acerbes contre la diplomatie menée depuis Paris.Contenu le matin devant les étudiants de l’Institut des relations internationales, le discours de M. Sarkozy est en effet devenu nettement plus critique, dans la soirée devant la communauté française rassemblée dans un grand hôtel, après sa visite à Novo-Ogarevo. « Je ne sais pas qui a inventé ce système des sanctions, mais ils ignorent l’histoire ! », s’est exclamé l’ancien président français, en prenant ainsi position en faveur de la levée des mesures restrictives européennes imposées à la Russie pour son rôle dans le conflit ukrainien. « Je suis très attaché au lien transatlantique mais où est-il dit que nous devions suivre aveuglément nos alliés ? », a-t-il poursuivi, ajoutant : « J’aurais été président, jamais je n’aurais laissé sortir la Russie du G8, déjà que je le trouvais trop petit ! »Répondant à une question d’un sympathisant sur la vente des navires de guerre Mistral, conclue sous sa présidence puis dénoncée par son successeur à l’Elysée, sa mise au point a été des plus sèches : « Sans doute que nous n’avons pas la même notion géographique avec M. Hollande, lui pense qu’on peut envahir Donetsk [fief des séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine] avec ! »Mais de ces bateaux, il n’a jamais été question avec M. Poutine. Un mois après le début de l’engagement militaire de la Russie au côté du régime de Damas, et à la veille d’un sommet à Vienne des intervenants extérieurs dans le conflit syrien, l’échange a surtout porté sur le sort de ce pays dévasté depuis plus de quatre ans par une guerre civile et celui de son dirigeant. « Bachar Al-Assad a sur la conscience la mort de 250 000 de ses compatriotes, a redit M. Sarkozy, comme il l’avait fait, au matin, devant les étudiants moscovites. Il a utilisé l’aviation et l’arme chimique contre sa population, ce n’est pas un détail. (…) Il ne peut pas représenter l’avenir. »Sur ce point, le chef du parti Les Républicains ne se démarque pas de la position adoptée par M. Hollande. A ses yeux, le départ du dirigeant syrien ne constitue pas un « préalable » pour tenter de chercher une solution alternative « dans les rangs de sa famille, du parti Baas ou de la minorité alaouite ». « Entre “Assad jusqu’à la fin” et Assad, “départ demain matin”, il y a peut-être un équilibre à trouver. » Et sur ce point, la position du chef du Kremlin lui est apparue « beaucoup moins en abscisse et en ordonnée qu’on ne le dit ».« Politique insensée » Au passage, M. Sarkozy s’est affranchi des critiques – souvent émises à Moscou − sur l’intervention en Libye dont il avait pris la tête en 2011 et qui a conduit à la chute, et à la mort de son dirigeant, Mouammar Kadhafi. « Si Bachar et Kadhafi, ou même Ben Ali, avaient été des remparts contre l’islamisme, nous n’en serions pas là aujourd’hui », a-t-il lancé.Restait un autre gros dossier abordé avec M. Poutine, l’Ukraine. Autant le sujet avait été éclipsé lors de son intervention devant les étudiants, autant M. Sarkozy est revenu plus en détail dans la soirée sur le sujet devant la communauté française. L’occasion, là aussi, de critiquer sans les nommer directement « ceux qui veulent intégrer à toute force l’Ukraine dans l’Union européenne, une politique insensée ». « Si vous obligez l’Ukraine à choisir une rive, vous la coupez de l’autre, a-t-il souligné, vous la faites exploser et c’est ce qui est en train de se passer. Je voudrais qu’on sorte de cette logique de sphères d’influence. » Les frontières de l’Ukraine, a-t-il ajouté, doivent être « respectées » tout comme les accords de Minsk « des deux côtés », moyennant quoi la question de la Crimée, annexée par la Russie, est éludée.« Personne de crédible, à ma connaissance, ne demande le retour de la Crimée à l’Ukraine, a assené M. Sarkozy. Sur le fond, personne ne conteste qu’à part peut-être les Tatars de Crimée, l’immense majorité de la population était pour le rattachement à la Russie. Sur la forme, il y aurait beaucoup à dire. Le droit international n’a pas été respecté, mais il y a besoin de quelques mois, peut-être quelques années, pour apaiser les choses. Laissons vivre une situation pour qu’elle trouve sa place. » Pour l’ancien président français, qui a pris soin de souligner à satiété le rôle de « grande puissance » de la Russie, « nous ne devons à aucun prix accepter une nouvelle guerre froide ». Surnommé il n’y a pas si longtemps encore « Sarkozy l’Américain » pour sa politique atlantiste, l’opposant de François Hollande est reparti de Moscou dans les habits de « Sarkozy le Russe ».Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.10.2015 à 05h49 • Mis à jour le30.10.2015 à 15h13 Le tribunal de Cracovie a refusé vendredi 30 octobre l’extradition vers les Etats-Unis du cinéaste Roman Polanski, accusé de viol sur mineure. Elle était réclamée par la droite polonaise conservatrice, tout juste victorieuse aux élections législatives.« Le tribunal a conclu à l’inadmissibilité d’extradition aux Etats-Unis du citoyen polonais et français Roman Polanski », a déclaré devant la presse le juge Dariusz Mazur. Le parquet polonais qui représente la requête américaine peut toutefois aller devant la cour d’appel.La veille de la décision, un ex-ministre de la justice et ténor de la droite conservatrice s’est déclaré en faveur de cette extradition, marchant dans les pas du chef de son parti conservateur catholique et populiste Droit et justice (PiS), Jaroslaw Kaczynski.Début octobre, M. Kaczynski disait « rejeter l’idée de gracier quelqu’un, du simple fait qu’il soit un réalisateur éminent, mondialement connu ». Jeudi, Zbigniew Ziobro, élu député sur les listes du PiS, affirmait à son tour : « On ne peut protéger personne contre sa responsabilité pour un acte aussi odieux que celui d’avoir abusé d’une mineure », insistant que « la pédophilie est un mal qu’il faut poursuivre ». Demande d’extradition américaine depuis janvierEn janvier, les Etats-Unis avaient adressé à la Pologne une demande d’extradition de Roman Polanski, 82 ans, après une apparition publique à Varsovie du réalisateur du Bal des Vampires et de Rosemary’s Baby.Lire le portrait : Polanski : les films et la vie En 1977, en Californie, Roman Polanski, alors âgé de 43 ans, avait été poursuivi pour avoir violé la jeune Samantha Geimer, 13 ans. Après 42 jours de prison, puis sa libération sous caution, le cinéaste qui avait plaidé coupable de « rapports sexuels illégaux » avec une mineure s’était enfui des Etats-Unis avant la lecture du verdict, craignant d’être lourdement condamné.Aucune mesure préventive prise en PologneLa ligne de défense de ses avocats polonais consiste à démontrer que la demande d’extradition n’est pas fondée, compte tenu de l’accord passé à l’époque entre le cinéaste et la justice américaine. Aux termes de cet accord, accepté selon eux par le procureur et les avocats de la victime, la peine prévue a été purgée par leur client.Le 22 septembre, en présence du cinéaste, ses avocats avaient présenté au tribunal de nouveaux documents, analyses d’experts et témoignages réunis lors des procès précédents aux Etats-Unis et en Suisse. A la sortie du tribunal, M. Polanski avait déclaré :« Je voulais savoir quels documents seront présentés et reconnus (valables) par le tribunal. Je suis content que presque tous aient été acceptés. »Le 25 février, lors de la première audience, le cinéaste avait fourni pendant neuf heures des explications, à huis clos. Aucune mesure préventive n’a été prise en Pologne contre Roman Polanski, citoyen polonais et français, qui reste entièrement libre de se déplacer. 29.10.2015 à 14h55 • Mis à jour le29.10.2015 à 15h29 | Yves Eudes Le Parlement européen a voté, jeuid 29 octobre, une résolution de 50 articles, condamnant à nouveau la surveillance des citoyens européens par les services secrets européens et américains. L’assemblée se dit déçue par le manque de volonté politique des Etats membres pour s’attaquer sérieusement à ce problème, et « préoccupée par les lois récentes de certains Etats membres qui étendent les capacités de surveillance des agences de renseignement », notamment la France et le Royaume-Uni.Par ailleurs, elle se félicite de la récente décision de la Cour de justice de l’Union européenne invalidant le Safe Harbor – l’accord qui facilitait le transfert de données personnelles vers les Etats-Unis –, et invite la Commission européenne à proposer un projet de remplacement avant la fin 2015.Lire aussi :Les Etats-Unis continueront de gérer les inscriptions au Safe Harbor malgré son annulationEn revanche, elle regrette que la Commission européenne n’ait pas suspendu un autre accord d’échanges de données personnelles, le Terrorism Finance Tracking Program (TFTP), qui permet aux Etats-Unis de surveiller les flux financiers européens afin de détecter le financement du terrorisme, et qui n’offre aucune garantie sur l’utilisation réelle de ces données par les Américains.Le Parlement a également adopté, par 285 voix contre 281, un amendement recommandant aux Etats membres de protéger Edward Snowden, l’ancien espion américain qui a dévoilé en 2013 les programmes de surveillance de la NSA, et qui vit désormais en Russie pour échapper à la justice de son pays.Le texte invite les Etats membres à « cesser toute action judiciaire contre Edward Snowden et à lui accorder leur protection, et donc d’empêcher qu’il soit extradé ou livré à des pays tiers, en reconnaissance de son statut de lanceur d’alerte et de défenseur des droits humains internationaux ». L’amendement avait été introduit par l’eurodéputé vert allemand Jan Philip Albrecht qui, dans un communiqué, semble lui-même étonné qu’il ait été adopté.Extraordinary. Reports appear to be true. — Snowden (@Edward Snowden)require(["twitter/widgets"]);Yves EudesGrand reporterSuivreAller sur la page de ce journaliste Alexandre Pouchard Le 20 octobre 2014, le PDG de Total, Christophe de Margerie, mourait dans un accident d’avion sur le tarmac de l’aéroport de Vnoukovo, à Moscou. Au moment du décollage, l’appareil avait heurté un chasse-neige sur la piste, tuant également trois membres d’équipage. Diffusée quelques jours après l’accident, une « information » revient avec insistance un an après les faits : la mort du patron du groupe pétrolier français aurait été commanditée par la CIA.Les services secrets américains auraient ainsi voulu « faire taire » Christophe de Margerie, qui venait de se prononcer contre les sanctions occidentales lors d’une réunion avec le premier ministre russe, Dmitri Medvedev.Quelqu’un a dit que quelqu’un aurait évoqué l’éventualité d’un complotComme souvent dans ce genre de cas, les sites qui relaient cette rumeur, en français comme en anglais, mentionnent des sources floues mais prises comme avérées :« Le quotidien américain, Wall Street Journal, a rapporté qu’en Russie, la télévision d’Etat a rapporté que le PDG de Total, Christophe de la Margerie, était, farouchement, opposé aux sanctions des Etats-Unis et de l’Union européenne contre Moscou, et que la CIA avait programmé sa mort, pour le faire taire. »L’article en question du Wall Street Journal est une chronique (et donc un article d’opinion plus que factuel) de Stephen Fidler, chef du bureau du journal américain à Bruxelles. Publiée le 23 octobre 2014, elle analyse la différence de traitements médiatiques, et plus largement de visions du monde, entre Russes et Occidentaux. C’est là qu’est évoqué le passage ensuite repris pour alimenter la rumeur :« Quand le patron de Total, Christophe de Margerie, a été tué (…), cela ressemblait à un accident. Les téléspectateurs russes ont eu une tout autre version. Selon une grande chaîne russe, l’hypothèse d’un complot par la CIA pourrait ne pas être exclue. Après tout, M. de Margerie était opposé aux sanctions occidentales contre Moscou et Washington aurait voulu le faire taire. Cette histoire n’a pas été relayée par un nationaliste un peu fou mais par un présentateur.Cela illustre une tendance de plus en plus évidente : Russes et Occidentaux se parlent sans se comprendre. Ce n’est pas seulement une différence d’opinions à propos d’un même événement, mais ils ne croient pas aux mêmes faits. C’est comme “deux personnes dans une pièce plongée dans le noir”, comme l’a dit un Américain après une conférence avec experts russes et occidentaux. »Un glissement progressif vers la « certitude »Le scénario d’un complot par la CIA est donc ici mentionné comme une thèse absurde, le journaliste américain s’étonnant qu’elle émane d’un présentateur, a priori plus sensible aux faits, plutôt que d’un militant cherchant à atteindre un objectif politique. Mais le simple fait de mentionner les trois lettres C, I, A, a visiblement transformé la chronique en article de référence pour nombre de sites friands des thèses complotistes.Nous ne sommes pas parvenus à retrouver cet instant où le présentateur d’une chaîne russe aurait évoqué ce complot. Quoi qu’il en soit, il est intéressant de constater l’évolution du niveau de « certitude » au fur et à mesure des reprises :Selon l’article du Wall Street Journal, la chaîne russe aurait dit que « l’hypothèse d’un complot pourrait ne pas être exclue ».Selon l’hebdomadaire britannique The Week, « une chaîne russe voit un complot de la CIA derrière l’accident d’avion ». La source est la chronique du Wall Street Journal, mais le conditionnel a ici disparu.Le site WikiStrike, spécialiste des thèses farfelues et complotistes, assure que « selon les Russes, le PDG de Total aurait été assassiné par la CIA ». Le conditionnel est ici présent, mais ce n’est plus « une chaîne russe » mais bien « les Russes » – sous-entendu, l’Etat. Une variante au présent : « La Russie révèle que le PDG de Total a été assassiné par la CIA ».Une étape supplémentaire est franchie avec le site « Stopmensonges.com » [sic], selon lequel « la Russie classifie comme assasinat [sic] par la CIA la mort PDG de Total ».Six personnes mises en examen dans l’enquête Un an après les faits, l’accident demeure la thèse retenue par les enquêteurs. Cinq personnes ont été inculpées, dont le chef des travaux de déneigement, le chef d’escale de l’aéroport, des contrôleurs aériens et surtout le conducteur du chasse-neige, Vladimir Martynenko, qui a passé onze mois en prison avant d’être libéré le 21 septembre dans l’attente de son procès, selon les médias russes.Interrogé par le site Lenta.ru, M. Martynenko reconnaît être « coupable d’avoir roulé sans autorisation sur la piste d’envol » mais invoque les mauvaises conditions météorologiques le jour de l’accident. « Je ne savais pas où je me trouvais », affirme-t-il.Quoi qu’il en soit, aucun élément ne vient étayer la thèse d’un supposé complot visant le patron de Total.Le mari de l’une des victimes, une hôtesse qui se trouvait à bord du jet, a toutefois émis des doutes sur la thèse officielle, s’interrogeant sur le nombre de chasse-neige (« il y avait trois déneigeuses, alors qu’il ne neigeait pas », assure-t-il) et sur la version du conducteur (« cela fait dix ans qu’il travaille sur cet aéroport, (…) il sait très bien qu’on ne traverse pas une piste sans l’autorisation de son convoyeur ou de la tour de contrôle »).Sans toutefois émettre d’hypothèses infondées, il a demandé à ce que « la justice russe et française essaient de [lui] apporter des réponses ».Alexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) La Deutsche Bank, première banque allemande, s’apprête à opérer l’une des plus grosses restructurations de son histoire. Selon un communiqué paru jeudi 29 octobre, l’établissement a annoncé une suppression de 9 000 emplois, soit près de 10 % de ses effectifs, ainsi qu’une forte réduction des activités dans des secteurs non prioritaires. La banque va ainsi se retirer de dix pays.L’objectif pour la Deutsche Bank est d’économiser 3,8 milliards d’euros, dont les deux tiers d’ici à la fin 2016. Plus tôt dans la matinée, jeudi, la banque avait rendu publique une perte de 6 milliards d’euros pour le troisième trimestre 2015, la plus lourde de son histoire. Ces résultats étaient attendus : début octobre, le PDG de la banque, John Cryan, avait annoncé une très forte dépréciation d’actifs et une possible suppression des dividendes, ce qui a été confirmé jeudi. Les actionnaires ne seront rémunérés ni en 2015 ni en 2016, a annoncé la DB.Lire aussi (édition abonnés) :Deutsche Bank fait le grand ménage dans ses comptesPourquoi la Deutsche Bank opère-t-elle une restructuration si massive ?La Deutsche Bank est, depuis la fin de la crise financière de 2008-2009, en proie à de graves difficultés. Il y a d’abord le changement du paysage bancaire mondial, soumis à davantage de régulation, notamment sur les activités de banque d’investissement, ce qui réduit les possibilités de gain pour tous les établissements bancaires.Il y a ensuite le comportement de la DB elle-même. La banque allemande a fortement développé sa banque d’investissement dans les années 2000, jusqu’à se hisser au niveau des plus grandes américaines. Mais la crise financière a montré le revers de cette ascension : de nombreuses activités de banque d’investissement ont été réalisées au mépris des lois. La banque est aujourd’hui impliquée dans plus de 6 000 litiges. Elle s’est acquittée au printemps d’une amende record de 2,5 milliards d’euros auprès des autorités américaines dans le scandale du Libor, et a provisionné début octobre 1,2 milliard d’euros pour faire face aux risques judiciaires à venir.Lire aussi (édition abonnés) :Banques : la facture pour « mauvaise conduite » s’alourditPourquoi la banque a-t-elle tant tardé à se restructurer ?Josef Ackermann, l’artisan de la croissance internationale de la DB, a quitté son poste en 2012 au terme de son mandat. Il a été remplacé au poste de PDG par un duo de dirigeants : Anshu Jain, ancien directeur du département d’investissement à Londres, et Jürgen Fitschen, garant de l’ancrage allemand de l’établissement. Les deux dirigeants ont promis un changement culturel et une série de restructurations de la banque.Mais ces annonces ont été peu efficaces. Faible rentabilité, cours de l’action au plus bas, avis défavorable des autorités de régulation bancaire : autant de griefs qui ont provoqué la colère des actionnaires, qui ont sanctionné les deux dirigeants par un vote très défavorable lors de l’assemblée générale de mai 2015.Que penser de la restructuration en cours ?John Cryan a été appelé à la tête de l’établissement cet été, à la suite de la démission d’Anshu Jain. C’est quelqu’un qui vient de l’exérieur, sans aucun réseau dans la banque. Le banquier britannique a passé de longues années chez UBS, dont il a apuré le bilan après la crise financière. Il doit faire la même chose à la tête de la banque allemande.Il a engagé une série de réformes massives : après avoir opéré, début octobre, une dépréciation massive de 5,8 milliards d’euros, il a annoncé, le 18 octobre, un vaste programme de réorganisation du haut management. Plusieurs têtes sont tombées, dont quelques-uns des fidèles d’Anshu Jain.Jeudi, il a fait connaître le troisième volet de réformes, la réduction des coûts. Il dispose pour cela du soutien des actionnaires. Selon la presse allemande, il envisage de quitter la banque une fois sa mission achevée, ce qui laisse penser qu’il ne reculera devant aucune réforme, fût-elle douloureuse.Lire aussi (édition abonnés) :La Deustche Bank veut faire table rase de son passéCécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au Monde 29.10.2015 à 10h28 • Mis à jour le29.10.2015 à 15h36 | Jean-Baptiste Chastand Des migrants enfermés qui dorment à même le sol sans matelas. Des couvertures en nombre insuffisant pour se tenir au chaud, des vêtements et des bouteilles en plastique brûlés pour se réchauffer un peu. Les conditions de vie dans le camp slovène de Brezice, à la frontière avec la Croatie, sont « inhumaines », selon la photographe française Anne A-R, qui a pu y pénétrer mardi 27 octobre au soir. Choquée, elle a envoyé ses images au Monde.Principal lieu d’accueil des migrants en Slovénie, ce camp est situé à une dizaine de kilomètres de la frontière croate, d’où arrivent les réfugiés en route pour l’Autriche. Plusieurs milliers de réfugiés y étaient jusqu’à mercredi enfermés en permanence, en attendant d’être enregistrés par la police. Depuis, les migrants sont orientés dans un nouveau camp, à Dobova.(function(d, s, id) { var js, fjs = d.getElementsByTagName(s)[0]; if (d.getElementById(id)) return; js = d.createElement(s); js.id = id; js.src = "//connect.facebook.net/en_US/sdk.js#xfbml=1&version=v2.3"; fjs.parentNode.insertBefore(js, fjs);}(document, 'script', 'facebook-jssdk'));DOBOVA 28.10. 2015. - This is what happens when you keep too many people on a small, overcrowded place without food, water or even toliets (there are 2 toliets for 400 people outside of the tents in Dobova 1 - this footage is from Dobova 2 where tension is building up and could lead to another disaster). Thank you, brave man, for sending this footage. We'll protect your identity and we hope for all the best for you and your family. #openbordersEDIT: After we published this video, government officials have visited Dobova 2 camp - reminding us it's good to put some pressure on authorities from time to time. Hope things will get better now. :)EDIT2: It is confirmed: officials are not alowing independent volunteers to the camp anymore. Unofficially: Refugees that participated in a fight are locked up in one tent since the morning. Our sources tell us this group was allowed to use the toilets only once during entire day. We are trying to negotiate something.Posted by Are You Syrious on Wednesday, October 28, 2015Même si celui-ci est mieux équipé, des affrontements avec les forces de l’ordre y ont été filmés par les bénévoles présents sur place. Comme à Brezice, la police slovène en interdit l’accès à la presse et les migrants n’ont pas le droit d’en sortir, sauf pour monter dans les bus à destination de l’Autriche. Selon les bénévoles, les migrants sont toutefois désomais amenés directement en train à Dobova et n’ont plus à marcher au milieu des champs.Plusieurs centaines de migrants étaient cependant encore retenus mercredi soir à Brezice, dans l’attente d’un bus.« De la fumée toxique partout » Anne A-R, qui mène un projet artistique baptisé « I am with them » sur les migrants, a pu prendre des images dans ce camp installé près d’un commissariat en cachant son appareil et en se réclamant de l’Unicef, qui finance son projet. « Les migrants sont parqués dans un enclos qui est un terrain vague derrière le commissariat. Il n’y a pas assez d’eau ni de nourriture. Mardi, il a fallu attendre 23 heures pour que des couvertures soient distribuées », assure-t-elle. Après avoir marché sous escorte policière depuis la frontière, « les migrants restent ici au moins vingt-quatre heures, sans tente ».Ses images montrent des hommes, des femmes et des enfants tentant de dormir à même le sol. Certains ont allumé des feux pour se réchauffer un peu. « Ils brûlent des vêtements et du plastique, du coup, il y a de la fumée toxique partout. »Voir le portfolio : Dans la « jungle » de CalaisLe camp a subi un violent incendie la semaine précédente. Mardi soir, un enfant s’est brûlé avec du plastique fondu, selon la photographe. Il aurait été à peine soigné par les infirmières de la Croix-Rouge présentes en marge de l’enclos. « Les volontaires n’ont pas le droit d’entrer dans l’enclos ou de distribuer de la nourriture quand ils le veulent. En fait, ils n’ont le droit de rien faire à part aider au regroupement des familles séparées », assure Anne A-R. Comme à Dobova, le camp est constamment sous surveillance de policiers antiémeutes et de militaires. Des cas de gale ont été signalés par des médias croates.« Ahuris d’être là » Depuis lundi 19 octobre, la Slovénie fait face à l’arrivée massive de migrants qui souhaitent rejoindre l’Allemagne. Ce petit pays des Balkans de 2 millions d’habitants a fait les frais de la fermeture de la clôture installée à la frontière entre la Croatie et la Hongrie, le 17 octobre. En dix jours, le pays a accueilli près de 95 000 migrants. Le premier ministre slovène, Miro Cerar, a rapidement expliqué que les autorités étaient débordées. S’il a appelé à l’aide les autres pays européens, le gouvernement slovène a assuré, lundi 26 octobre, qu’il faisait tout pour gérer les arrivées « de manière sûre et humaine ».Lire :La frontière croato-slovène, nouvel abcès de la route des migrantsSur la route des Balkans, les camps slovènes sont pourtant les seuls à être complètement fermés et interdit d’accès aux journalistes. « Cet enfermement et le contrôle de l’accès des volontaires rendent les conditions de vie des migrants encore plus difficiles, estime Anne A-R, qui assure n’avoir pas vu de conditions aussi difficiles depuis le début de son périple, en Grèce. Il y a un état de tension, j’ai vu des gens se battre pour une couverture. Mais dans l’ensemble, les réfugiés sont résignés et épuisés, comme ahuris d’être là ». La plupart sont surtout pressés de quitter au plus vite ce pays pour rejoindre l’Autriche.Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.10.2015 à 19h32 L’Allemagne va prolonger jusqu’au 13 novembre ses contrôles aux frontières, a rapporté mercredi 28 octobre le ministère de l’intérieur allemand, Thomas de Maizière. Le gouvernement a décidé « après un examen approfondi » de prolonger une nouvelle fois ses « contrôles temporaires » aux frontières, alors que des milliers de réfugiés continuent d’affluer via l’Autriche.A compter du 13 novembre, les contrôles pourront être prolongés pour trois mois, jusqu’en février, en l’absence de « modification importante de la situation », ajoute le ministère. Il s’appuie sur les possibilités d’exemption offertes par l’accord européen Shengen de libre circulation. Les contrôles continueront à se porter essentiellement sur la frontière avec l’Autriche, principale porte d’entrée des réfugiés sur le territoire allemand.Lire aussi :La frontière croato-slovène, nouvel abcès de la route des migrantsDes contrôles introduits en septembreL’Allemagne avait introduit ses contrôles le 13 septembre, suspendant de facto les accords de Shengen, pour freiner l’afflux des migrants. Le ministre de l’intérieur allemand, Thomas de Maizière, avait par la suite annoncé une première prolongation des contrôles jusqu’au 31 octobre.Selon des statistiques officielles, l’Allemagne a déjà recensé 577 000 demandeurs d’asile depuis le début de l’année. Selon les prévisions, le pays s’attend à accueillir au total 800 000 à un million de demandeurs d’asile en 2015, soit quatre à cinq fois plus que l’an dernier.Lire aussi :Le scepticisme croissant des Allemands sur l’accueil des réfugiés 27.10.2015 à 16h51 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Le tribunal de l’Union européenne, à Luxembourg, a décidé d’annuler les sanctions visant, depuis mars 2014, les fonds d’Andrey Portnov, un conseiller du président ukrainien déchu Viktor Ianoukovitch. Le Conseil européen avait décidé de bloquer les avoirs de M. Portnov en raison du lancement à son encontre, par les nouvelles autorités de Kiev, d’une enquête pénale sur des détournements de fonds publics et leur transfert hors d’Ukraine. Il avait demandé à la justice européenne l’annulation de son inscription sur la liste des sanctions. Le tribunal lui a donné raison, estimant que la base de l’accusation portée contre lui (une lettre du 3 mars 2014 du procureur général d’Ukraine) était insuffisante. Les juges luxembourgeois ont estimé que les éventuelles responsabilités de M. Portnov n’étaient pas établies. Le Conseil avait d’ailleurs décidé lui-même de radier l’intéressé de sa liste des sanctions en mars 2015.Décision du Conseil désavouéeUne quinzaine d’autres recours ont été introduits par des responsables ukrainiens – et une dizaine par des Russes – suite aux décisions du Conseil en réponse à la crise ukrainienne et à l’annexion de la Crimée par la Russie. Des sociétés russes réclament également l’annulation des mesures qui les visent.Contraint à la rapidité pour éviter que les personnes concernées anticipent les sanctions qui pourraient les viser, le Conseil est régulièrement désavoué par les juges de Luxembourg. Lesquels déplorent que les sources utilisées soient parfois peu fiables, impossibles à identifier, ou inexistantes.Des décisions du Conseil ont été cassées dans divers autres dossiers liés à la lutte contre le terrorisme ou, récemment, à la Biélorussie. Le tribunal a notamment annulé une décision du Conseil visant le propriétaire et les sociétés détenant le club de football du Dynamo Minsk.Concernant l’Ukraine, les juges de Luxembourg devraient rendre une série de décisions avant la fin de l’année. Elles pourraient être favorables à plusieurs requérants : les premières listes de sanctions ont parfois été décidées sur la base d’informations insuffisamment étayées.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Benoît Vitkine Parmi les pays d’Europe occidentale, la France s’illustre par une extrême frilosité vis-à-vis de l’accueil des migrants, alors que les arrivées récentes et importantes ne la concernent pas au premier chef. Tel est le principal enseignement d’une vaste enquête menée par l’Institut français d’opinion publique (Ifop) dans sept pays européens – France, Pays-Bas, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Espagne et Danemark – pour le compte de la Fondation Jean-Jaurès et de la Fondation européenne d’études progressistes, et dont Le Monde publie les résultats.Lire aussi :Plus de 700 000 migrants ont traversé la Méditerranée cette année selon l’ONUL’accueil n’est pas vu comme un « devoir »Les Français sont ainsi les plus nombreux (46 %, autant que les Britanniques) à rejeter l’idée selon laquelle « c’est le devoir de notre pays que d’accueillir des migrants qui fuient la guerre et la misère ». Ils sont 39 % en Espagne, 36 % en Italie et seulement 21 % en Allemagne, pays qui apparaît tout au long de l’étude particulièrement ouvert à l’accueil. Les Français sont aussi 63 % à considérer que « notre pays compte déjà beaucoup d’étrangers ou de personnes d’origine étrangère et accueillir des immigrés supplémentaires n’est pas possible », soit autant que les Italiens et les Néerlandais. À titre de comparaison, 48 % des Espagnols et 33 % des Allemands partagent cette opinion. Lire aussi :« En France, l’extrême droite a réussi à imposer l’idée d’une immigration invasive »Priorité aux contrôles aux frontières plutôt qu’à l’aide au développementUn autre indicateur illustre encore plus fortement cette frilosité française. Les sondés français sont les seuls à préconiser, comme première solution à la crise actuelle, un renforcement des contrôles aux frontières (30 %), alors que dans l’ensemble des pays étudiés, les opinions plébiscitent plutôt « l’aide au développement et à la stabilisation des pays du sud de la Méditerranée afin de fixer les populations sur place ». Cette dernière solution est choisie par seulement 29 % des Français. Les opinions européennes sont en revanche beaucoup plus divisées sur la question d’une répartition des migrants entre les différents pays de l’Union. Cette solution, adoptée à Bruxelles en septembre pour un premier contingent de 160 000 demandeurs d’asile, n’est acceptée que par 48 % des Néerlandais, 46 % des Français et 44 % des Britanniques. De façon guère surprenante, l’Allemagne, premier objectif des réfugiés en Europe, et l’Italie, première porte d’entrée dans l’UE avec la Grèce, plébiscitent cette option à respectivement 79 % et 77 %. Des doutes sur les effets économiquesPour la Fondation Jean-Jaurès, c’est moins un impératif moral qui détermine les positionnements vis-à-vis de l’accueil que des considérations économiques. Tous les pays, hormis l’Allemagne, doutent de leur capacité financière à accueillir les migrants et sont sceptiques sur les bénéfices d’un tel accueil en termes de croissance économique. 78 % des Italiens, 73 % des Français et 64 % des Espagnols estiment que leur pays n’a pas les ressources pour accueillir des migrants, contre 31 % des Allemands.Ceux-ci sont également 55 % à voir dans l’accueil des migrants une « opportunité » pour l’économie, contre 25 % des Français. Un consensus se dégage en revanche au niveau européen sur l’idée d’un risque d’« appel d’air » en cas d’accueil des migrants « en nombre important ». Cette crainte concerne entre 69 % et 80 % des personnes interrogées. Autre inquiétude largement partagée d’un bout à l’autre du continent, entre 64 % (en Allemagne) et 85 % (aux Pays-Bas) des Européens pensent que « parmi les très nombreux migrants qui arrivent actuellement en Europe se trouvent également des terroristes potentiels ». Une opinion allemande qui s’est mise à douterL’Allemagne se distingue par ses positions particulièrement favorables à l’accueil des migrants. Mais le sondage confirme le doute qui envahit peu à peu l’opinion allemande. Lors d’une première enquête, réalisée du 16 au 22 septembre, 79 % d’entre eux étaient favorables à l’accueil de réfugiés en Allemagne. Trois semaines plus tard (du 12 au 14 octobre), dans une deuxième enquête, ils sont un peu moins nombreux : 75 %.Lorsque l’on entre dans le détail, l’évolution est encore plus nette. Fin septembre, 69 % des Allemands jugeaient que leur pays avait les moyens d’accueillir ces réfugiés. 55 % pensaient même que c’est une opportunité à saisir. Mi-octobre, chacun de ces deux indicateurs a perdu dix points.72 % des Allemands souhaitent en septembre que les migrants repartent dans leur pays quand la situation le permettra. Trois semaines plus tard, ils sont 80 % à l’espérer. Et le pourcentage de ceux qui pensent qu’« il y a déjà beaucoup d’étrangers en Allemagne » est passé de 33 % à 44 % entre les deux enquêtes. Lire aussi :Le scepticisme croissant des Allemands sur l’accueil des réfugiésDe gros clivages droite-gaucheAu-delà des différences nationales, la prégnance, voire la réactivation des clivages traditionnels droite-gauche est l’autre grande conclusion qui s’impose à la lecture des résultats de cette enquête. On observe en moyenne un écart de 30 à 40 points sur la question de l’accueil et de la répartition entre sympathisants de gauche et de droite.En France, les réponses « favorable » atteignent 70 % chez les sympathisants de gauche, contre 29 % chez ceux de droite. L’Allemagne, dirigée par un gouvernement de coalition, se distingue ici encore avec un écart de seulement 18 points. Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.10.2015 à 11h27 • Mis à jour le26.10.2015 à 11h58 Des excuses qui n’en sont pas vraiment. L’ancien premier ministre travailliste britannique Tony Blair a réitéré des excuses partielles pour la guerre en Irak, tout en reconnaissant une certaine responsabilité dans la montée en puissance de l’organisation de l’Etat islamique (EI), dans une interview accordée à CNN, dimanche 25 octobre.Ce mea culpa tombe à point nommé pour la presse britannique qui fait le lien entre ces déclarations et les conclusions de la commission Chilcot, qui enquête sur l’engagement controversé du Royaume-Uni dans cette guerre, et qui doit annoncer d’ici début novembre un calendrier de publication.« Tony Blair est au courant des accusations qu’il va devoir affronter », explique le journaliste de la BBC Robin Brant, pour qui l’ancien premier ministre s’excuse « pour des faits qu’il avait déjà publiquement regretté par le passé ». L’élément le plus significatif de son interview étant « le lien entre la chute de Saddam et la montée en puissance de l’Etat islamique ».Lire aussi :Les excuses très partielles de Tony Blair sur la guerre en Irak« Le pays attend toujours la vérité »Le rapport de la commission Chilcot devrait notamment « critiquer l’utilisation des informations des services de renseignement suggérant que Saddam était en possession d’armes de destruction massive », note le Guardian, précisant que Tony Blair « prépare le terrain avant la publication des conclusions de cette enquête ».Une analyse partagée par la première ministre écossaise Nicola Sturgeon qui dénonce dans les colonnes de The Independent une opération de communication, ajoutant que le « pays attend toujours de connaître la vérité ».The Blair spin operation begins but the country still awaits the truth. The delay to Chilcot report is a scandal. https://t.co/pPhRcZzGrc— NicolaSturgeon (@Nicola Sturgeon)require(["twitter/widgets"]);Tony Blair s’est excusé « pour les erreurs commises dans la planification de la guerre en Irak et pour le manque d’anticipation de ce qui pouvait arriver si on éliminait le régime de Saddam Hussein ». Il a également demandé pardon « pour avoir utilisé des renseignements erronés », faisant allusion à l’existence d’« armes de destructions massives » irakiennes qui ont permis de justifier l’intervention de la coalition.Mais « je trouve difficile de s’excuser d’avoir démis Saddam. Encore aujourd’hui en 2015, je trouve que c’est mieux qu’il ne soit plus là », a soutenu l’ex-premier ministre britannique. Interrogé pour savoir s’il faisait un lien entre la chute du dictateur irakien et la montée en puissance de l’Etat islamique, Tony Blair a toutefois reconnu qu’il y avait des « éléments de vérité » dans cette assertion.MAIL ON SUNDAY FRONT PAGE: 'I'm sorry' #skypapers https://t.co/S26wgQZomV— SkyNews (@Sky News)require(["twitter/widgets"]);« Dix ans trop tard »Réagissant à ces déclarations, des familles de soldats britanniques ont fait part de leur « révulsion » dans les colonnes du journal The Telegraph. Reg Keys, dont le fils a été tué en Irak en 2003, estime que l’ancien premier ministre devrait simplement présenter ses « excuses pour des morts qui n’étaient pas nécessaires. La raison pour laquelle nous sommes partis en guerre était la présence d’armes de destruction massive et non pour écarter Saddam du pouvoir […] A l’évidence, il anticipe les conclusions du rapport ».Le tabloïd Daily Mirror, qui a également fait sa Une sur les déclarations de Tony Blair, dénonce de son côté des excuses qui arrivent « dix ans trop tard ».Grieving mum and MPs slam Tony Blair's Iraq war apology as spin ..... https://t.co/A2tZ7JI15F @Jack_Blanchard_ https://t.co/XVgbXP56L4— ukpapers (@Daily Papers)require(["twitter/widgets"]);A l’époque, un rapport britannique était venu renforcer les études de la CIA, qui soupçonnait l’Irak de Saddam Hussein d’avoir détourné de l’uranium nigérian à des fins militaires.Mise en place en 2009 par le premier ministre travailliste de l’époque Gordon Brown, la commission Chilcot n’a toujours pas rendu ses conclusions alors qu’elle était initialement censée les produire dans un délai d’un an. Le report de sa publication est dû à la très britannique procédure de « maxwellisation », explique le Guardian, qui veut que toute personne étant critiquée dans un rapport officiel puisse avoir accès à celui-ci avant sa publication, afin d’avoir la possibilité de fournir des contres-arguments. Alain Salles (Varsovie, envoyé spécial) et Jakub Iwaniuk (Varsovie, correspondance) Quand les militants du parti conservateur polonais Droit et justice s’étaient réunis, le 25 mai, pour fêter la victoire surprise de leur candidat à la présidentielle, Andrzej Duda, la foule s’était mise à scander : « Beata, Beata ». Ils acclamaient une figure discrète, députée et trésorière du parti, qui venait de diriger cette campagne victorieuse. Personne n’imaginait alors que Beata Szydlo eût des chances, quelques mois plus tard, de devenir première ministre.Cinq mois plus tard, dimanche 25 octobre, quand les mêmes militants rassemblés au siège du PiS ont appris le résultat des élections législatives, ils ont crié : « Jaroslaw, Jaroslaw ». Et le président du parti, Jaroslaw Kaczynski, a pris longuement la parole. Quand est venu le tour de Beata Szydlo, elle a aussitôt félicité « Jaroslaw » pour la victoire.Lire nos informations :Pologne : la droite conservatrice remporte les élections législativesC’est le tout-puissant président du parti qui l’a choisie pour mener cette bataille. Elle avait le profil idéal pour affronter la première ministre de la Plateforme civique, Ewa Kopacz, qui devait elle-même son poste à Donald Tusk, devenu président du Conseil européen. Elle a employé les mêmes méthodes que pendant la campagne présidentielle : sillonner la Pologne à l’écoute des déçus du miracle économique, présenter un visage modéré à ceux qui ne votent pas spontanément PiS, tout en rassurant l’électorat traditionnel. Mission accomplie.Rien ne prédisposait cette figure relativement peu connue de la scène politique polonaise à occuper une telle position. Beata Szydlo est née en 1963 dans une famille de mineurs du sud de la Pologne, tout près d’Oswiecim (Auschwitz), région qu’elle continue de défendre activement alors que le gouvernement d’Ewa Kopacz avait annoncé un plan de restructuration qui prévoit la fermeture de plusieurs mines.Après des études d’ethnographie à l’université Jagellon de Cracovie, elle travaille au musée d’histoire de la ville. Au département du folklore, elle s’est notamment occupée du concours annuel des crèches de Noël. La religion n’est jamais loin pour les membres du PiS : Beata Szydlo a deux grands fils dont l’un est en quatrième année de séminaire.Une modérée à l’écart des plateaux de télévision La probable future première ministre s’engage en politique comme conseillère départementale, puis à 35 ans, en 1998, elle est élue maire de Brzeszcze, sa ville natale. Elle le restera jusqu’en 2005, quand elle devient députée. Elle reste longtemps en retrait, loin des échauffourées politiques et des caméras. En 2010, elle devient vice-présidente du parti.A la commission des finances du Parlement, elle est une députée assez respectée par les élus de la PO, car elle fait partie des modérés de PiS. Pendant la campagne, elle a évité la surenchère sur la question des réfugiés – contrairement à MM. Kaczynski et Duda – tout comme les théories du complot sur le crash de Smolensk, qui coûta la vie en 2010 au président Lech Kaczynski, frère de Jaroslaw. Cela ne l’empêche pas d’être très loyale envers le président du parti. Un clip de campagne de ses opposants de la Plateforme civique se moquait d’elle, la montrant en train de répéter sans arrêt « le président a toujours raison ».Jakub Iwaniuk (Varsovie, correspondance)Journaliste au MondeAlain Salles (Varsovie, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.10.2015 à 03h33 • Mis à jour le26.10.2015 à 11h04 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Ce n’est pas ce nouveau rendez-vous bruxellois qui allait résoudre la crise des migrants qui menace de déstabiliser l’Europe. Mais le « mini-sommet » bruxellois de dimanche 25 octobre, consacré à la route des Balkans occidentaux qu’empruntent des milliers de réfugiés syriens, irakiens ou afghans, a eu au moins le mérite de mettre tous les dirigeants concernés autour de la table.En réunissant dix Etats membres de l’Union ainsi que la Serbie, la Macédoine et l’Albanie, le but du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, était surtout de faire baisser la tension, très forte, entre les pays de la région qui s’accusent mutuellement d’être responsables de l’arrivée de milliers de demandeurs d’asile sur leur territoire. M. Juncker voulait aussi éviter que d’autres pays suivent l’exemple de la Hongrie de Viktor Orban, qui a fermé ses frontières avec la Serbie et la Croatie et a lancé dimanche : « Je viens ici en observateur. »Dans un premier temps, le premier ministre hongrois a reçu l’appui de la Croatie, de la Roumanie et de la Bulgarie, qui refusaient tout projet de conclusion, estimant qu’on allait trop loin dans les engagements exigés de leur part pour cesser de renvoyer les migrants vers les Etats voisins.30 000 places d’accueil cette année en Grèce Après des conversations et un dîner qui s’est éternisé, les dirigeants sont tombés d’accord au début de la nuit sur une déclaration finale. Elle envisage le déploiement immédiat d’un contingent de 400 gardes-frontières en Slovénie, qui a officiellement demandé l’aide de Bruxelles. Le pays a lancé un nouveau cri d’alarme dimanche, après l’arrivée de 15 000 réfugiés. Il avait récemment menacé d’ériger à son tour une barrière si l’UE ne lui apportait pas un soutien suffisant. Lors de son arrivée à Bruxelles, le premier ministre du petit Etat alpin, Miro Cerar, a évoqué le risque d’une implosion de l’Europe si elle n’arrivait pas à gérer la crise.La Grèce, difficile à convaincre, s’est engagée à proposer 30 000 places d’accueil cette année et 20 000 plus tard – contre 7 000 à 10 000 environ aujourd’hui – pour « retenir » les migrants qui continuent à vouloir partir vers l’Allemagne et la Suède et contribuer ainsi à réduire le flot arrivant sur la route des Balkans. Athènes recevra une aide financière du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies et de l’Union européenne. Le HCR s’engage aussi à créer 50 000 autres places d’accueil dans les Balkans.Lire aussi :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ?L’absence de la Turquie déploréeLe premier ministre grec, Alexis Tsipras, appuyé par d’autres délégations, a toutefois déploré l’absence de la Turquie aux débats de dimanche, soulignant que, si le corridor emprunté par les réfugiés aboutissait en Grèce, son entrée était bel et bien chez son voisin turc. Le « plan d’action » avec Ankara, approuvé par les dirigeants de l’Union le 15 octobre, est en négociation. Il prévoit le versement d’une aide 3 milliards d’euros et la libéralisation du régime des visas pour une partie des ressortissants turcs. Personne n’imagine toutefois une solution rapide, d’autant que des élections législatives jugées cruciales pour le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan auront lieu le 1er novembre.Une ligne téléphonique directe entre les cabinets des dirigeants de tous les pays concernés devrait aussi être rapidement établie, pour qu’ils puissent se tenir informés en temps réel des mouvements de réfugiés et mieux les anticiper. Une évaluation hebdomadaire de la situation sera effectuée en commun.Les dirigeants présents au mini-sommet de Bruxelles sont également convenus d’une coopération pratique pour faciliter les réadmissions des déboutés du droit d’asile par les pays tiers. Le texte mentionne encore une action plus ferme contre les « mouvements secondaires », à savoir le passage de réfugiés et de migrants d’un pays à l’autre. Une action plus vigoureuse – réclamée par une majorité de pays – est également promise, en mer et aux frontières terrestres.Le texte stipule également qu’un demandeur d’asile qui refuserait d’accomplir les formalités en vue d’obtenir une protection internationale pourrait se voir refuser l’entrée dans le pays concerné et perdre ses droits à une protection.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.10.2015 à 21h35 • Mis à jour le26.10.2015 à 10h20 | Jakub Iwaniuk (Varsovie, correspondance) Les conservateurs eurosceptiques du parti Droit et Justice (PiS) ont obtenu, dimanche 25 octobre, la majorité absolue aux élections législatives polonaises, selon des projections de trois chaînes de télévision publiées dimanche soir. Droit et Justice obtient 38 % des voix, ce qui lui donne 238 sièges de députés (sur 460), selon ces projections communes fondées sur des résultats affichés dans un échantillon de bureaux.Les libéraux centristes de la Plateforme civique (PO) de la première ministre sortante Ewa Kopacz obtiendraient 23,4 %, soit 135 sièges. Mme Kopacz a reconnu la défaite de son parti. La participation s’élevait à 51,6 %. Ces pronostics ne seront officiellement confirmés que mardi soir, la marge d’erreur étant de 2 %.Le parti conservateur catholique PiS, présidé par Jaroslaw Kaczynski, pourrait gouverner seul la Pologne. Centralisation du pouvoir, politique sociale, souverainisme économique constituent les grandes lignes d’un futur gouvernement conservateur, que devrait diriger la députée, Beata Szydlo.Lire aussi :La droite conservatrice est prête à revenir au pouvoir en Pologne Des pouvoirs renforcés pour le présidentDroit et justice (PiS) veut un renforcement de l’exécutif, notamment du rôle du président, mais aussi du premier ministre, afin de mettre en place un système de pouvoir plus centralisé. Il souhaite une plus grande influence du président sur le système judiciaire (d’où des accusations de non-respect de la séparation des pouvoirs), sur les médias publics et les services secrets. Concernant la justice, l’une des mesures phares est de fusionner les rôles de ministre de la justice et de procureur général.Des aides sociales coûteusesLe PiS qui est un parti social conservateur, a multiplié les promesses pendant la campagne pour arriver à un programme social très coûteux qui est évalué entre 40 et 60 milliards de zlotys (9 à 14 milliards d’euros) : baisse de l’âge de départ à la retraite à 60 ans pour les femmes, 65 ans pour les hommes (aujourd’hui à 65 et 67), maintien des régimes spéciaux (juges, procureurs, agriculteurs…), médicaments gratuits pour les personnes de plus de 75 ans, allocation familiale de 500 zlotys par mois et par enfant…Lire aussi :En Pologne, une croissance forte mais mal répartieLa religion au baccalauréatDans l’éducation, le PiS veut supprimer les collèges pour revenir à l’ancien système de huit ans d’école primaire et de quatre ans de lycée. Sans revenir complètement sur la décision du gouvernement Tusk d’abaisser l’âge obligatoire d’entrée à l’école de 7 à 6 ans, le PiS veut proposer le libre choix aux parents de mettre ou non leurs enfants à l’école à 6 ans. Proche de l’Eglise, le PiS pourrait être tenté de satisfaire une de ses demandes en faisant de la religion une épreuve du baccalauréat : « La religion devrait pouvoir être une matière du bac. Puisque l’on peut passer son bac dans autant de matières exotiques que l’histoire de la danse ou l’histoire de l’art, alors pourquoi ne devrait-il pas y avoir de religion ? » a affirmé la porte-parole du PiS, Elzbieta Witek, qui est pressentie comme ministre de l’éducation.Une « repolonisation » de l’économieLa politique économique du PiS est largement inspirée de la politique « non orthodoxe » de Orban : taxation des supermarchés et des banques (qui appartiennent en grande partie à des capitaux étrangers) en instaurant une préférence nationale, taxe sur les institutions financières et renationalisation de certaines banques. PiS parle de « réindustrialisation » et de « repolonisation » de l’économie, qui laissent sceptiques de nombreux économistes. La politique globalement étatiste, avec le renforcement du contrôle sur les entreprises partiellement publiques. Le PiS prévoit aussi une baisse de l’impôt sur les société de 19 à 15 %.Lire aussi :Election en Pologne : l’usure de la droite libéraleAucun compromis sur le climatLe PiS devrait mener une politique souverainiste et davantage pro-américaine. Il veut renforcer la présence des troupes américaines sur le sol polonais. Le PiS a critiqué fortement le contrat signé avec Airbus pour 50 hélicoptères Caracal, en marquant sa préférence pour les américains de Sikorski Aircraft, qui ont des usines en Pologne.A Bruxelles, le Pis défendra deux dossiers sensibles. Sur la question de la vente des terres agricoles, le PiS veut « protéger strictement » les propriétés polonaises contre les achats par les étrangers. Le PiS n’est prêt à aucun compromis sur la politique climatique, au nom de la défense de l’industrie du charbon sur laquelle repose l’essentiel de l’énergie polonaise. Globalement, Varsovie devrait refuser tout transfert de souveraineté supplémentaire et freiner autant que possibles des avancées fédérales. Le PiS s’est également opposé à la mise en place de quotas pour les réfugiés.Lire aussi :Pologne : la fin du bon élève européen ?Jakub Iwaniuk (Varsovie, correspondance)Journaliste au Monde 25.10.2015 à 11h27 • Mis à jour le25.10.2015 à 16h59 | Alain Salles (Czestochowa, Varsovie, envoyé spécial) Ahmed Bikes est syrien, kurde et polonais. Il est venu en Pologne pendant le communisme, quand les relations entre le régime Assad (père) et l’URSS et ses pays satellites étaient au beau fixe. Il est arrivé en 1985 pour étudier le cinéma à Lodz. Il a circulé entre la Pologne, Berlin-Est et Paris, où il a obtenu l’asile politique en 1988, « grâce au soutien de Danielle Mitterrand aux Kurdes », se souvient-il avec émotion. il est aujourd’hui citoyen polonais, propriétaire de plusieurs bars et restaurant à Czestochowa, dans le sud de la Pologne. Il est marié à une Polonaise. Son fils fait des études pour être pilote de ligne. Il parle parfaitement polonais et il emploie environ 80 personnes. On peut difficilement être plus intégré. A lui seul, il est un démenti de la peur de l’autre qu’on prête aux Polonais.Depuis la fin de l’été et la crise des réfugiés, il a pourtant découvert une autre Pologne. Pendant la campagne pour les élections législatives et sénatoriales dimanche 25 octobre, la droite polonaise s’est lancée dans une surenchère contre les réfugiés. A commencer par le parti qui a de grandes chances de revenir au pouvoir, Droit et justice (ou PiS – pour Prawo i Sprawiedliwość). Son tout-puissant président, Jaroslaw Kaczynski, a parlé du « choléra qui sévit déjà sur les îles grecques, de dysenterie à Vienne et de toutes sortes de parasites qui chez ces gens peuvent ne pas être dangereux mais qui peuvent l’être pour les populations locales ».Surenchère verbale« Voulez-vous qu’on ne soit plus les maîtres dans notre propre pays ? Les Polonais ne le veulent pas et le PiS ne le veut pas non plus », a lancé M. Kaczynski, qui a également parlé des territoires où régnerait la charia en France et en Suède. La candidate du PiS au poste de premier ministre, Beata Szydlo, qui adopte un ton modéré pendant la campagne, s’est contentée de parler de la « peur » des Polonais lors des débats télévisés. Mais le président, Andrzej Duda, a suivi les leçons de son mentor sur l’accueil des migrants après la décision du gouvernement polonais de ne pas s’opposer aux mesures de répartition des réfugiés dans l’Union européenne, qui prévoit l’accueil de quelque 7 000 personnes en Pologne, pays de 38 millions d’habitants. « Si le gouvernement est d’accord, il devrait pouvoir dire s’il est prêt à faire face à toutes les circonstances, c’est-à-dire si les Polonais sont bien protégés contre des risques épidémiologiques », a déclaré le président Duda, une semaine avant les élections.Lors du débat télévisé avec l’ensemble des partis, le candidat populiste Pawel Kukiz expliquait qu’il ne fallait pas « parler de réfugiés mais de migrants économiques » en se demandant s’il fallait vraiment « accueillir des terroristes ». Le chef de l’extrême droite, Janusz Korwin-Mikke, qui avait fait scandale en expliquant qu’Hitler n’était pas au courant des camps d’extermination et avait fait un salut nazi au Parlement européen, a ironisé sur les « camps de concentration » que voudrait construire l’Europe pour accueillir les réfugiés.Lire aussi :Pologne : la fin du bon élève européen ?« Les réfugiés sont virtuels en Pologne »« Je ne pensais pas qu’il y avait autant de gens racistes », explique Ahmed Bikes dans un de ses restaurants de Czestochowa, après avoir regardé le débat. Il met la violence de ces discours sur le compte de la campagne électorale, mais les réactions de son entourage l’ont choqué. « Moi, je n’ai jamais eu de problèmes. Mais j’ai dû supprimer plusieurs amis Facebook quand j’ai lu leurs commentaires. Ce sont des gens que je connaissais bien parfois. Ils m’ont demandé pourquoi je les avais supprimés. Ils me disaient : “Oui mais toi, ce n’est pas pareil.” Une de mes employés expliquait que les migrants venaient prendre nos bénéfices sociaux. Je lui ai quand même expliqué que c’était un ancien migrant qui lui payait son salaire tous les mois ! »Lire aussi :En Pologne, une croissance forte mais mal répartie Il comprend quand même les Polonais, « qui n’ont pas eu de passé colonial et ne sont pas habitués aux étrangers », et trouve même que « Merkel a exagéré en voulant accueillir tous les migrants ». Mais en même temps, explique-t-il, « la Pologne a besoin de migrants. les Syriens peuvent faire d’excellents médecins pour les hôpitaux ». La Pologne a un des plus faibles taux de fécondité d’Europe (1,3 enfant par femme). Elle a aussi le taux le plus bas de population immigrée (0,3 %, au début de 2014, même si cela a augmenté avec plusieurs centaines de milliers d’Ukrainiens). « Les réfugiés sont virtuels en Pologne. C’est pour cela qu’on peut dire n’importe quoi politiquement sur eux », souligne Jaroslaw Kuisz, rédacteur en chef du site Kultura Liberalna. Il s’étonne aussi de voir que le parti au pouvoir, Plate-forme civique, n’a pas cherché à mettre en avant la position ouverte de l’épiscopat polonais, qui a relayé les appels du pape François pour l’accueil des réfugiés, contre le PiS, pourtant toujours prêt à rappeler son attachement aux valeurs de l’Eglise.Alain Salles (Czestochowa, Varsovie, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) L’agence européenne de surveillance des frontières Frontex est désormais au cœur du dispositif de la politique d’asile : elle doit organiser la difficile procédure d’enregistrement des demandeurs mais aussi participer plus activement à la politique de retour. Le tout avec des moyens qui ont été promis mais se font encore attendre. Le Français Fabrice Leggeri est le directeur exécutif de Frontex. Rencontre avant le mini-sommet européen de Bruxelles qui, dimanche 25 octobre, doit évoquer des mesures d’urgence pour aider les Etats des Balkans, confrontés à une grave crise après la fermeture des frontières de la Hongrie.Suivez le sommet en direct avec notre journalisteTweets de @c_ducourtieux!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs");Lire aussi :L’Europe sous pression face à un nouvel afflux de réfugiés dans les BalkansA quoi peut vraiment servir ce sommet « opérationnel », convoqué à la hâte par la Commission ?Nous affrontons une situation évidemment exceptionnelle : entre la mi-septembre et la mi-octobre, par exemple, 200 000 personnes sont passées par la Croatie ; ce qui a, bien sûr, eu des conséquences pour les pays voisins. Cela dit, si on entend traiter le problème à la source, c’est en Grèce qu’il faut le faire : il convient de faire fonctionner l’enregistrement dans les « hot spots » [lieux de regroupement des migrants] à installer dans ce pays – comme en Italie – et permettre ainsi les relocalisations décidées par le Conseil. On ne réglera pas le problème des Balkans si l’on ne régule pas ces flux.Les moyens promis à Frontex sont à la hausse, mais concrètement où en êtes-vous ?J’ai lancé le plus vaste appel à contributions de notre histoire, soit 775 gardes-frontières. Dont 600 pour l’enregistrement en Grèce et une centaine pour les frontières terrestres – dont la Croatie. Nous en sommes actuellement à 300 personnes environ et, même si c’est encore insuffisant, c’est déjà un record pour les mises à disposition. Certains responsables évoquent un risque d’effondrement du système mis en place parce que l’enregistrement dans les « hot spots » ne fonctionne pas…La situation est différente en Italie et en Grèce : relative stabilisation des flux dans le premier cas, multiplication par dix dans le deuxième, avec une grande majorité de réfugiés syriens et d’Irakiens. Le « hot spot » qui doit être mis en place par les autorités nationales, aidées par les agences européennes, est un lieu de débarquement et d’accueil, où différentes agences européennes traitent les flux, avec les autorités nationales. Frontex procède à un premier examen pour déterminer d’abord la nationalité, puis à une audition pour établir le profil de la personne, la route qu’elle a suivie, etc. L’agence peut aussi recueillir des informations sur des groupes criminels organisés, qu’elle va transmettre à la police et à Europol. Le Bureau d’asile européen prend ensuite le relais, aide les autorités locales et met en route le processus de relocalisation.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?Mais ces « hot spots » ont-ils vocation à devenir des lieux de rétention ?Une partie des personnes auditionnées et enregistrées n’est pas éligible à l’asile. Il s’agit donc d’étrangers en situation irrégulière qui doivent être renvoyés vers un pays d’origine. La question est de savoir où les mettre alors qu’elles ont notamment droit à un appel. En clair, on a besoin de centres de rétention.Des responsables soulignent que la très grande majorité des demandeurs d’asile refuse en fait l’enregistrement, parce que ces personnes craignent de se retrouver dans un pays où elles ne veulent pas se rendre…Je suis chargé de faire fonctionner les « hot spots ». Nous sommes mieux outillés qu’auparavant et je crois que les autorités grecques ont compris l’enjeu. Nous testons, par ailleurs, une technologie nouvelle, déployable dans toutes nos opérations. Cela dit, j’ai effectivement constaté, à Lesbos, que 100 Syriens ont demandé l’asile depuis le 1er janvier 2015 alors que 120 000 personnes au moins sont arrivées sur cette île. Elles sont, c’est vrai, transférées ensuite sur le continent où elles peuvent accomplir les formalités, mais il est clair que nous devons arriver à ce que tous les vrais demandeurs d’asile fassent les démarches nécessaires pour obtenir une protection. A défaut, on n’arrivera pas, non plus, à renvoyer les autres.Lire aussi :Migrants : le premier « hot spot » grec ouvre sur l’île de LesbosFrontex est-elle réellement outillée, désormais, pour mener à bien cette politique de retour ?L’agence a déjà une compétence dans ce domaine, surtout logistique : c’est le soutien à des vols conjoints quand deux Etats au moins se mettent d’accord pour lancer une opération. Nous en organiserons une soixantaine cette année. Désormais, nous allons aussi faciliter la préparation de ces vols de retour, avec les documents de voyage qui sont indispensables. Jean-Claude Juncker affirme que la crise actuelle peut durer dix ans. C’est votre avis également ?Je ne prévois pas de décrue avant 2020 et la fin de mon mandat en tout cas. Et j’espère qu’à la faveur de cette crise, les Européens comprendront qu’il faut aller vers une intégration plus forte pour traiter la question des flux migratoires, plus large que la gestion des frontières, même si celle-ci est également cruciale. Le défi va perdurer, parce que les causes ne sont pas traitées. Elles sont géostratégiques, économiques, démographiques, liées au respect de l’état de droit, etc. Pour ce qui est de ma mission spécifique, je peux dire qu’une gestion plus forte des frontières extérieures est nécessaire pour assurer le bon fonctionnement de l’espace Schengen. Rappelons d’ailleurs que Frontex a été créé pour être est le corrélat de la libre circulation.Faut-il créer rapidement un corps de gardes-frontières européens ?J’insiste sur une gestion intégrée de nos frontières et j’attends impatiemment le projet de la Commission et la décision du Conseil, en décembre.Lire le reportage :La frontière croato-slovène, nouvel abcès de la route des migrantsJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 25.10.2015 à 02h28 • Mis à jour le25.10.2015 à 02h29 L’ex-premier ministre britannique Tony Blair a présenté « des excuses » pour l’invasion de l’Irak en 2003, durant laquelle il fut le principal allié de Georges W. Bush, dans une interview à CNN qui doit être diffusée lundi 26 octobre. Face à Farid Zakaria, commentateur qui avait à l’époque encouragé l’invasion américaine avant de basculer dans le camp des critiques, M. Blair reconnaît également une part de responsabilité dans la montée actuelle de l’organisation Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie voisine. La presse britannique a fait écho de ces déclarations avant leur diffusion.Lire le portrait :Tony, Cherie et Cie« Je présente des excuses pour le fait que le renseignement était faux. Je présente également des excuses, au passage, pour certaines erreurs de planification et, certainement, pour notre erreur dans la compréhension de ce qui arriverait une fois que nous aurions renversé le régime. Mais il m’est difficile de demander pardon pour avoir renversé Saddam », déclare M. Blair à CNN, selon des propos rapportés par le quotidien The Telegraph et plusieurs tabloïdes.La référence à des « renseignements faux » paraît une évocation des supposées armes de destruction massive de Saddam Hussein, une menace qui a légitimé l’invasion de l’Irak dans les opinions britannique et américaine et qui s’est avérée inexistante. La coalition américaine avait peu préparé l’occupation du pays, qui devait suivre la chute de Saddam Hussein. La décision du principal administrateur américain, l’envoyé présidentiel Paul Bremer, de dissoudre le parti Baas de Saddam Hussein et d’interdire à ses hauts responsables d’exercer une fonction au sein du nouvel Etat avait, entre autres erreurs stratégiques, précipité la chute du pays dans la guerre civile. L’alliance d’anciens militaires et agents du renseignement baasistes et de djihadistes sunnites ferait une spécificité de la branche d’Al-Qaida en Irak, et la matrice de l’EI.Lire aussi l'enquête :Haji Bakr, le cerveau de l’Etat islamiqueSur CNN, lorsqu’il est demandé à M. Blair s’il considère que l’invasion a mené à l’essor de l’EI, il répond : « Je pense qu’il y a là des éléments de vérité. Bien sûr, vous ne pouvez pas dire que ceux qui ont renversé Saddam en 2003 n’ont aucune responsabilité dans la situation en 2015. » Lire dans nos archives : Tony Blair, le dernier croisé Maryline Baumard C’est officiel : depuis vendredi 9 octobre, le Kosovo est un pays sûr. Le conseil d’administration de l’Office français pour la protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) a en effet décrété d’inscrire ce pays des Balkans comme « POS », ou pays d’origine sûr. Une liste de seize nations où le Kosovo côtoie dorénavant, entre autres, l’Albanie, la Serbie, l’Inde, la Mongolie ou le Bénin.Singulière géographie, qui décide de la vitesse à laquelle sont traités les dossiers des demandeurs d’asile. Autrement dit, les Kosovars bénéficieront désormais d’une instruction plus courte, resserrée sur quinze jours. S’ils font appel de la décision rendue, un juge unique se penchera sur leur dossier, alors qu’ils auraient bénéficié du regard de trois juges sans cette inscription.Au deuxième rang des demandeurs d’asileDemandée par le ministère de l’intérieur, cette mesure ressemble fort à un alignement sur l’Allemagne puisque cette dernière a fait savoir, courant septembre, qu’elle s’apprêtait à prendre la même mesure pour le Kosovo et l’Albanie.Le signal politique est double. D’une part, cet ajout acte la marche vers l’élaboration d’une liste des pays sûrs commune en Europe, premiers balbutiements d’une hypothétique harmonisation des approches nationales de l’asile.D’autre part, il donne un signal politique sur l’immigration économique en France, à l’heure où l’installation des réfugiés syriens domine le débat et n’est estimé « soutenable » par le gouvernement que si les migrants économiques sont plus souvent reconduits.Les Kosovars, qui s’inscrivent au deuxième rang des demandeurs d’asile en France sur les neuf premiers mois de 2015, contre le troisième rang en 2014, n’ont obtenu le statut que dans 6,6 % des cas l’an dernier. Leur classement en pays sûr risque de renforcer encore l’idée qu’ils sont en quête d’un emploi plus que d’une protection lorsqu’ils viennent en France, ou en Allemagne.Cette inscription du Kosovo avait déjà été votée par le conseil d’administration de l’Ofpra en décembre 2013. Mais Amnesty International France et plusieurs associations avaient demandé au Conseil d’Etat d’annuler cette décision et obtenu gain de cause.Lire aussi :L’Union européenne a reçu plus de 213 000 demandes d’asile d’avril à juin #container_14425702306{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14425702306{ height:500px; } #container_14425702306 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14425702306 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14425702306 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14425702306 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Demandes d'asile par pays au deuxième trimestre 2015Source : Eurostat(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14425702306", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Allemagne","Hongrie","Autriche","Italie","France","Suède","Royaume-Uni","Pays-Bas","Bulgarie","Espagne"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de demandes d'asile", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 80935 ], [ "", 32675 ], [ "", 17395 ], [ "", 14895 ], [ "", 14685 ], [ "", 14295 ], [ "", 7470 ], [ "", 6270 ], [ "", 4050 ], [ "", 3675 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Les réserves du Conseil d’EtatLa juridiction administrative avait alors estimé qu’en dépit d’évolutions positives du petit pays « l’instabilité du contexte politique et social dans cet Etat dont les institutions sont encore largement dépendantes du soutien des organisations et missions internationales » ne permettait pas cette inscription.Le Conseil d’Etat avait aussi souligné « les violences auxquelles restent exposées certaines catégories de sa population, sans garantie de pouvoir trouver auprès des autorités publiques une protection suffisante. »En revanche, le Conseil avait estimé légales les inscriptions de la république d’Albanie et de la Géorgie. Comme, par ailleurs, la Tanzanie vient d’être retirée de la liste, qui comprend désormais 16 pays.Lire aussi :Au Kosovo, la désillusion face à la tutelle européenneMaryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Claire Guélaud (Lima, Pérou, envoyée spéciale) La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, et le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, ont donné, jeudi 8 octobre, le coup d’envoi officiel des assemblées annuelles de leurs institutions, en Amérique latine pour la première fois depuis quarante-neuf ans et dans un contexte de croissance affaiblie et de lutte contre le dérèglement climatique.Entre le ralentissement économique général et les difficultés grandissantes des pays émergents, l’ambiance est plutôt sombre, à l’image du ciel plombé de la capitale péruvienne, Lima. Mais, comme à son habitude, Mme Lagarde a refusé de céder au pessimisme, tandis que M. Kim a redit que 2015 serait à marquer d’une pierre blanche : la proportion de personnes vivant dans l’extrême pauvreté (avec moins de 1,25 dollar par jour, soit 1,10 euro) doit tomber cette année sous la barre des 10 %, probablement autour de 9,6 %. Une première.Lire aussi :Le FMI s’inquiète du surendettement dans les pays émergents« Si nous restons confiants dans notre capacité à mettre un terme à l’extrême pauvreté d’ici à 2030, la dernière partie de ce programme sera très difficile à mettre en œuvre parce que nous sommes entrés dans une période de croissance faible, de fin du super-cycle des matières premières, de hausse attendue des taux d’intérêt américains et de sorties continues des capitaux des pays émergents », a toutefois ajouté l’Américain, médecin de formation. Cette réalité économique risque de compliquer la tâche de la Banque mondiale. L’institution devrait être davantage sollicitée pour aider les pays les plus en difficulté et/ou ceux qui accueillent massivement des réfugiés (Liban, Jordanie, Turquie, etc.) et pour lutter davantage contre le dérèglement climatique : toute la question est de savoir si elle disposera de capitaux suffisants pour mener à bien l’ensemble de ses missions.Lire aussi :L’extrême pauvreté tombe sous les 10 % de la population mondiale en 2015Accroître les financements climatA peine arrivé à Lima, le ministre français des finances, Michel Sapin, a formulé le vœu, jeudi, que les organismes multilatéraux et le secteur privé accroissent leurs financements climat. « L’Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE] a établi que près de 62 milliards de dollars ont été mobilisés en 2014 pour aider les pays du Sud, sur un objectif de 100 milliards par an d’ici à 2020. Ce chiffre n’est pas décevant. Il montre qu’un effort est fait et qu’il en reste un, accessible, à faire », a estimé M. Sapin. Le ministre a fait observer que la Banque mondiale, tout en soutenant la dynamique de la COP21, n’avait pas révisé à la hausse la part de ses financements climat (20 %). Pour faire bonne mesure, il a également jugé que la Banque européenne d’investissement (BEI) pouvait faire plus. La France, qui accueille la COP21 à Paris à partir du 30 novembre, espère bien engranger de nouveaux financements à Lima.Lire aussi :L’OCDE évalue à 62 milliards de dollars les financements climatDe son côté, la directrice générale du FMI a assuré qu’il existait « un scénario de sortie possible vers un renforcement de nos économies et vers un redressement de la croissance potentielle ». Elle a regretté que les prescriptions du Fonds ne soient « pas toujours appliquées ni entendues », et défendu la nécessité de soutenir la demande, de prendre des mesures en faveur de la stabilité financière et d’engager des réformes structurelles. Par ailleurs, alors que les prévisions de croissance du FMI pour le Pérou, basses, ont beaucoup fait jaser à Lima, Mme Lagarde a cherché à mettre du baume au cœur des Péruviens, qui se sont décarcassés pour accueillir les assemblées annuelles, en précisant qu’elle « espérait se tromper ».Interrogée, enfin, sur l’éventualité d’un deuxième mandat à la tête du FMI – le premier prend fin en juillet 2016 –, la Française a reconnu qu’elle y réfléchissait mais a rappelé que la décision ne lui appartenait pas. « J’ai fait du mieux que j’ai pu », a confié Mme Lagarde, qui semble avoir vraiment pris ses distances avec la politique française. Rien ni personne ne semble devoir s’opposer à ce deuxième mandat, ni dans les économies avancées ni dans les pays émergents, qui ne semblent pas encore prêts à s’accorder sur le nom d’une personnalité issue de leurs rangs.Claire Guélaud (Lima, Pérou, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste François Meunier (Président d'Alsis professeur associé de finance à l'Ensae - ParisTech) On ne sait encore le montant des indemnités et amendes que le groupe Volkswagen (VW) devra acquitter suite au scandale de la manipulation des tests. Les chiffres les plus divers circulent, dont certains dépassent aisément les 100 milliards d’euros. Le montant est gigantesque.Par comparaison, le coût pour BP pour la marée noire dans les Caraïbes est estimé à « seulement » 40 milliards de dollars (35,7 milliards d’euros), dont 20,8 milliards de dollars qui viennent de faire l’objet d’un accord au titre de dédommagement pour les administrations américaines. On parle désormais d’une possible faillite de VW, et sachant son importance et son actionnariat, le groupe ferait dans ce cas l’objet d’un renflouement par le Land de Basse-Saxe, voire du gouvernement fédéral.Il ne faut pas désespérer Wolfsburg, pour reprendre un mot célèbre. Les dommages économiques et industriels pour l’Allemagne sont considérables et dépassent de loin le seul cas du groupe VW. L’incertitude générée n’est pas une bonne nouvelle. Mais pour le reste, l’addition des 100 milliards d’euros ne serait-elle pas une bonne chose, la manne céleste qu’on attendait ?Un solde commercial de 217 milliards d’eurosReprenons les termes d’un débat que la crise grecque et le drame des réfugiés ont fait passer à l’arrière-plan. L’Allemagne a eu en 2014 un solde commercial de 217 milliards d’euros, soit plus de 7 % de son produit intérieur brut (PIB), un chiffre qui risque fort d’approcher les 9 % en 2015 et qui pulvérise le record de tous les pays (la Chine est désormais quasiment à l’équilibre, pour donner une référence).Les réserves de la Bundesbank auprès de la Banque centrale européenne (son compte dit Target 2, une sorte de substitut de réserves de change) s’élèvent à 555 milliards d’euros. En bref, si VW est Das Auto, l’Allemagne est Das Export, forte d’une compétitivité et d’une qualité industrielle hors pair (au détail près des trucages de tests). Mais aussi, d’une stratégie résolue, initiée au début des années 2000, de restriction de sa demande intérieure.Une stratégie qui se maintient aujourd’hui, précisément à un moment où la zone euro aurait besoin d’éléments de relance pour faciliter sa remise sur pied budgétaire. Il y a ainsi une dissymétrie entre l’Allemagne et la plupart des autres pays de la zone euro, voire de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) : l’ajustement des conjonctures, aux fins de rétablissement des comptes publics, se fait par le bas, c’est-à-dire par austérité en dehors de l’Allemagne, et non par le haut, c’est-à-dire par un partage raisonnable entre austérité chez les pays en déficit et relance dans les pays en excédent.10 milliards d’euros pour la FranceIl n’y avait pas cette dissymétrie au début des années 2000 : le rétablissement de l’Allemagne, appelée à l’époque l’homme malade de l’Europe, s’était fait par austérité en Allemagne, mais très largement par la forte croissance (bien imprudente) des autres pays européens. Les 100 milliards d’euros font la moitié de l’excédent commercial d’une année. C’est du pouvoir d’achat pour les pays qui recevront cette somme, y compris pour les États-Unis qui n’en ont pas forcément besoin, mais qui montrent comment rétablir rapidement leurs comptes publics à coût d’amendes sur les grandes multinationales fautives. C’est un véritable plan de relance.On dit qu’il n’y pas loin d’un million de voitures VW concernées en France. Si on prend le chiffre conservateur de 10 000 euros par véhicule, entre l’amende, le dédommagement, le coût de remise aux normes (qui fait de la valeur ajoutée française dans les garages du groupe Volkswagen), cela fait une somme de 10 milliards d’euros pour le pays. Un vrai plan de relance, donc.On souhaite en écrivant ces lignes que le scandale n’aille pas toucher PSA ni Renault, auquel cas, par le même raisonnement, on aurait un autre plan de relance, mais à l’envers !François Meunier (Président d'Alsis professeur associé de finance à l'Ensae - ParisTech) 08.10.2015 à 14h19 • Mis à jour le09.10.2015 à 12h08 Mis en cause dans un scandale de notes de frais, le maire de Rome, Ignazio Marino, a annoncé sa démission, jeudi 8 octobre. « J’ai fait mon choix », a-t-il expliqué l’intéressé dans un message adressé à ses administrés, évoquant la perte du soutien de sa formation, le Parti démocrate, qui le poussait vers la sortie. Il a ajouté que « les conditions politiques » pour poursuivre sa mission étaient « très minces, voire inexistantes ».Plus tôt dans la journée de jeudi, il a accepté de rembourser 20 000 euros de notes de restaurant payées avec la carte de crédit de la ville et suspectées d’être des dépenses personnelles. « Avec ce geste, je veux tirer un trait sur les polémiques inutiles et surréalistes de ces derniers jours, qui ne font aucun bien à Rome », a-t-ila alors écrit sur sa page Facebook.Un acte qui n’a pas pour autant mis fin à l’affaire, puisque la justice italienne a ouvert une enquête et que ses alliés du PD, dont est membre le président du Conseil, Matteo Renzi, ont pris leurs distances avec lui. L’examen des notes de frais montre que celles-ci concernent principalement des frais de bouche dans des restaurants proches de son domicile lors de jours fériés ou de week-ends.Depuis des jours, une partie de la presse italienne décortique toutes ses additions, à la recherche de celle qui prouvera qu’il a dîné en tête à tête avec sa femme et non avec un ambassadeur ou un homme d’affaires. Ce « dinnergate » n’est que l’énième épisode d’un long feuilleton relaté à l’envi par une partie des médias italiens sur les gaffes, ratages et supposées malversations de cet ancien chirurgien, réputé jusqu’à présent plutôt honnête.Sorti indemne du scandale de « Mafia capital »Elu en 2013 pour cinq ans, le maire, qui se déplace à vélo, a d’abord été accusé d’avoir utilisé sans permis d’accès valide sa Fiat Panda personnelle dans le centre-ville historique. Il est aussi critiqué pour avoir banni les voitures de la grande avenue longeant les forums antiques et limité les terrasses des restaurants sur les places ou trottoirs.Il est pourtant sorti indemne du scandale de « Mafia capitale », le plus gros ayant jamais atteint Rome, qui avait révélé un vaste réseau de corruption impliquant l’ancien maire de droite, mais aussi plusieurs élus du Parti démocrate (PD, au pouvoir).Le pape lui-même a participé à la fin de septembre à cette offensive, en démentant dans des termes très vifs avoir jamais invité M. Marino lors de sa visite à Philadelphie. Les commentateurs se demandent parfois ce qui justifie pareille campagne de dénigrement et certains y voient une forme de vengeance de la part de tous ceux qui tiraient profit du réseau de « Mafia capitale ». Mais d’autres y voient plus simplement la rançon de sa supposée incompétence et son inaction face aux désordres d’une ville dont les habitants ne supportent plus les retards dans les transports en commun et la saleté dans les rues. 08.10.2015 à 10h43 • Mis à jour le08.10.2015 à 17h13 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Otan) La version officielle est que « l’OTAN n’est pas directement impliquée en Syrie » mais doit s’en soucier, compte tenu notamment des menaces qui pèsent sur la Turquie. La vérité, c’est que les ministres de la défense de l’Alliance, réunis à Bruxelles jeudi 8 octobre, devaient longuement parler du conflit, et singulièrement du nouveau rôle qu’y joue la Russie.« Nous assistons à une escalade inquiétante », a déclaré le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, évoquant les récentes frappes russes. « La Russie rend encore plus dangereuse une situation déjà très grave », renchérissait le ministre britannique, Michael Fallon. Moscou « s’enferre dans son isolement », critiquait dans l’après-midi le secrétaire américain Ashton Carter, et elle en paiera les conséquences selon lui: « La Russie souffrira de pertes humaines en Syrie ». Les responsables de l’OTAN ont, en tout cas, déclaré qu’ils étaient prêts à envoyer des troupes en Turquie en cas de dégradation de la situation, l’organisation étant « capable et prête » à défendre « tous ses alliés » solidairement.La réunion de jeudi visait initialement à jeter les bases du prochain sommet de l’organisation, qui se tiendra à Varsovie en 2016. Un sujet qui concerne d’ailleurs directement la relation avec Moscou : les pays d’Europe centrale et orientale, moins préoccupés par ce qui se déroule sur le flanc sud que par leur propre sécurité après l’annexion de la Crimée et la guerre en Ukraine, aimeraient que ce sommet désigne sans ambiguïté la Russie comme l’ennemi principal – voire unique.M. Stoltenberg, a déposé un document qui évoque l’adaptation militaire, politique et institutionnelle de son organisation. Il prône une approche plus nuancée, basée sur la dissuasion, et tempère l’idée d’une présence permanente de l’OTAN dans les pays proches de la Russie. Il rejoint ainsi la position de l’Allemagne, qui entend éviter une escalade militaire, et celle de la France, qui insiste sur la nécessité de poursuivre le dialogue avec la Russie et réfute toute remise en cause de l’acte fondateur de la relation OTAN-Russie. Signé en 1997, il écartait l’idée d’un déploiement permanent de forces otaniennes dans les pays de l’est de l’Europe.Protection renforcéeCes derniers voient toutefois leur protection renforcée. La surveillance aérienne y est augmentée et six structures (NATO Force Intégration Units), comptant chacune une soixante de membres, y ont déjà été installées. Deux autres seront bientôt établies en Hongrie et en Slovaquie. Le principe d’un « plan de déploiement rapide » (RAP) a été adopté ainsi que le lancement d’une « force de haute réactivité » (VJTF) qui serait mobilisable en quelques jours et susceptible d’intervenir sur le territoire de l’Alliance, ou hors de celui-ci. Il reste à traduire tous ces projets dans les faits.Certaines capitales jugent tout aussi nécessaire de reprendre langue avec Moscou à propos du système de défense antimissile de l’Alliance, dont la couverture augmente progressivement. Selon elles, il faut répéter aux autorités russes qu’il n’est pas dirigé contre leur pays – il serait d’ailleurs incapable d’intercepter des missiles russes – mais vise notamment à protéger le territoire européen contre d’éventuelles menaces iraniennes.Les ministres devaient, enfin, tenter de déterminer si, en s’impliquant fortement en Syrie, la Russie ne vise qu’à soutenir le régime ou si elle entend ainsi prendre pied dans toute la zone méditerranéenne. L’OTAN va, en tout cas, y renforcer ses moyens de surveillance et de renseignement. Et trois pays (la France, l’Espagne et l’Italie) insistent pour que l’augmentation de la réactivité et des capacités de déploiement concernent également cette région.Les discussions de jeudi devaient évoquer la double stratégie à mettre au point (vis-à-vis de la Russie et vis-à-vis de la zone méditerranéenne) mais surtout à déterminer si l’Alliance pouvait être active sur plusieurs théâtres en même temps. Jusqu’ici, la réponse reste incertaine.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Otan)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.10.2015 à 09h35 • Mis à jour le08.10.2015 à 17h16 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La version officielle est que « l’OTAN n’est pas directement impliquée en Syrie » mais doit s’en soucier, compte tenu notamment des menaces qui pèsent sur la Turquie. La vérité, c’est que les ministres de la défense de l’Alliance, réunis à Bruxelles jeudi 8 octobre, devaient longuement parler du conflit, et singulièrement du nouveau rôle qu’y joue la Russie.« Nous assistons à une escalade inquiétante », a déclaré le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, évoquant les récentes frappes russes. « La Russie rend encore plus dangereuse une situation déjà très grave », renchérissait le ministre britannique, Michael Fallon. Moscou « s’enferre dans son isolement », critiquait dans l’après-midi le secrétaire américain Ashton Carter, et elle en paiera les conséquences selon lui: « La Russie souffrira de pertes humaines en Syrie ». Les responsables de l’OTAN ont, en tout cas, déclaré qu’ils étaient prêts à envoyer des troupes en Turquie en cas de dégradation de la situation, l’organisation étant « capable et prête » à défendre « tous ses alliés » solidairement.Lire aussi :En Syrie, le régime à l’offensive sous couverture aérienne russeLa réunion de jeudi visait initialement à jeter les bases du prochain sommet de l’organisation, qui se tiendra à Varsovie en 2016. Un sujet qui concerne d’ailleurs directement la relation avec Moscou : les pays d’Europe centrale et orientale, moins préoccupés par ce qui se déroule sur le flanc sud que par leur propre sécurité après l’annexion de la Crimée et la guerre en Ukraine, aimeraient que ce sommet désigne sans ambiguïté la Russie comme l’ennemi principal – voire unique.M. Stoltenberg, a déposé un document qui évoque l’adaptation militaire, politique et institutionnelle de son organisation. Il prône une approche plus nuancée, basée sur la dissuasion, et tempère l’idée d’une présence permanente de l’OTAN dans les pays proches de la Russie. Il rejoint ainsi la position de l’Allemagne, qui entend éviter une escalade militaire, et celle de la France, qui insiste sur la nécessité de poursuivre le dialogue avec la Russie et réfute toute remise en cause de l’acte fondateur de la relation OTAN-Russie. Signé en 1997, il écartait l’idée d’un déploiement permanent de forces otaniennes dans les pays de l’est de l’Europe.Protection renforcéeCes derniers voient toutefois leur protection renforcée. La surveillance aérienne y est augmentée et six structures (NATO Force Intégration Units), comptant chacune une soixante de membres, y ont déjà été installées. Deux autres seront bientôt établies en Hongrie et en Slovaquie. Le principe d’un « plan de déploiement rapide » (RAP) a été adopté ainsi que le lancement d’une « force de haute réactivité » (VJTF) qui serait mobilisable en quelques jours et susceptible d’intervenir sur le territoire de l’Alliance, ou hors de celui-ci. Il reste à traduire tous ces projets dans les faits.Certaines capitales jugent tout aussi nécessaire de reprendre langue avec Moscou à propos du système de défense antimissile de l’Alliance, dont la couverture augmente progressivement. Selon elles, il faut répéter aux autorités russes qu’il n’est pas dirigé contre leur pays – il serait d’ailleurs incapable d’intercepter des missiles russes – mais vise notamment à protéger le territoire européen contre d’éventuelles menaces iraniennes.Les ministres devaient, enfin, tenter de déterminer si, en s’impliquant fortement en Syrie, la Russie ne vise qu’à soutenir le régime ou si elle entend ainsi prendre pied dans toute la zone méditerranéenne. L’OTAN va, en tout cas, y renforcer ses moyens de surveillance et de renseignement. Et trois pays (la France, l’Espagne et l’Italie) insistent pour que l’augmentation de la réactivité et des capacités de déploiement concernent également cette région.Lire aussi :Le point sur l’intervention militaire russe en SyrieLes discussions de jeudi étaient censées évoquer la double stratégie à mettre au point (vis-à-vis de la Russie et vis-à-vis de la zone méditerranéenne) mais surtout à déterminer si l’Alliance pouvait être active sur plusieurs théâtres en même temps. Jusqu’ici, la réponse reste incertaine.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.10.2015 à 20h40 • Mis à jour le08.10.2015 à 12h03 | Claire Guélaud Il fut un temps, pas si lointain, où les dettes souveraines de la zone euro ou la crainte d’un défaut grec monopolisaient l’attention du Fonds monétaire international (FMI). Désormais, c’est du côté des pays émergents, où « les risques financiers ont basculé », que regarde l’institution. Elle évalue à « 3 000 milliards de dollars le surendettement » de ces économies.Dans son rapport sur la stabilité financière mondiale, rendu public mercredi 7 octobre à Lima, au Pérou, le Fonds invite les gouvernements des pays membres de l’organisation à prendre d’urgence les mesures qui s’imposent pour assurer une stabilité financière générale, qui fait toujours défaut, et pour consolider ainsi la reprise.En présentant ces travaux, José Vinals, directeur du département des marchés et conseiller financier, a exhorté de nouveau la Réserve fédérale américaine à différer – au minimum jusqu’au début de 2016 – la hausse annoncée de ses taux.S’il a salué quelques « bonnes nouvelles », parmi lesquelles l’amélioration de la stabilité financière dans les économies avancées, M. Vinals a aussi pointé « le basculement des risques financiers » du côté de pays émergents qui font face à une cinquième année consécutive de ralentissement, à la fin du supercycle des matières premières et du boom du crédit.« Le surendettement dans les économies émergentes atteint 3 000 milliards de dollars », a-t-il observé. L’endettement élevé des entreprises et l’ouverture plus grande aux conditions financières mondiales renforcent la vulnérabilité des firmes et exposent les pays émergents aux sorties de capitaux et à la détérioration de la qualité du crédit, a-t-il précisé.Les turbulences financières de l’été dernier en Chine donnent une petite idée de l’ampleur des défis à relever, a ajouté M. Vinals. Le conseiller financier du Fonds en a cité trois, valables pour tous les pays : la nécessité de l’assainissement des bilans des banques et du désendettement des entreprises dans les émergents, la poursuite dans les pays avancés du travail engagé pour solder l’héritage de la crise (par exemple, en finir avec les créances douteuses dans les banques européennes, ce qui permettrait d’accroître de 600 millions d’euros la capacité de prêt) et l’effort nécessaire à conduire pour limiter les réactions des marchés à la pression (moindre liquidité, volatilité accrue...). M. Vinals a déclaré :« Nous avons appris que les marchés financiers pouvaient amplifier les chocs et agir comme une source de volatilité et de contagion quand la liquidité est faible. Or, l’édition 2016 de notre rapport montre que c’est le cas actuellement. C’est d’autant plus important que les politiques monétaires ont été extraordinairement accommodantes et ont réduit au minimum le montant des primes de risques sur un certain nombre d’actifs. La sortie de cette période peut se traduire par une hausse brutale de ces primes et accroître la volatilité des marchés. »Le FMI s’inquiète aussi de la capacité des fonds d’investissement, via les effets de levier, à amplifier les chocs. Or, selon l’institution, les effets de levier sur le marché des dérivés porte sur quelque 1 500 milliards de dollars.« Un travail collectif urgent est nécessaire pour affronter la montée des défis dans un monde incertain, pour assurer la stabilité financière et de meilleures perspectives de croissance. C’est rien moins que 3 % de la production globale qui est en jeu d’ici 2017. »Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) François Hollande et Angela Merkel doivent s’exprimer conjointement mercredi 7 octobre devant le Parlement européen, à Strasbourg. Une première pour un chef d’État français et un chancelier allemand depuis 1989. Après un discours de 15 minutes pour chacun d’entre eux, les deux dirigeants devaient écouter les responsables des groupes politiques puis répondre à ceux-ci brièvement. C’est Martin Schulz, président du Parlement européen, qui est à l’origine de cette intervention conjointe exceptionnelle. Les deux dirigeants lui avaient donné leur accord lors d’une rencontre à Strasbourg le 31 janvier. A l’époque, il s’agissait surtout de défendre les libertés publiques, trois semaines après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher à Paris. Aujourd’hui, François Hollande et Angela Merkel veulent mettre l’accent sur l’Europe comme « communauté de valeurs ».Si leur intervention conjointe est bien entendu également destinée à mettre en avant la dynamique du moteur franco-allemand, les deux pays ne sont pas toujours, loin, s’en faut, sur la même longueur d’ondes. Petite revue des dossiers du moment.Paris pris de court par Berlin sur les réfugiésOfficiellement, les deux pays sont sur la même ligne. Depuis des mois, le ministre français de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, n’a de cesse de s’afficher aux côtés de Thomas de Maizière, son homologue allemand. En fait, la France a longtemps été hostile à la politique de quotas proposée par l’Union européenne et soutenue par l’Allemagne, qui y voit un moyen de limiter le nombre de réfugiés qu’elle accueille, en partageant cette responsabilité avec ses voisins. Même si l’Allemagne n’a jamais critiqué publiquement le peu d’empressement de Paris de recevoir des réfugiés, elle constate que son voisin, volontiers donneur de leçons en matière de droits de l’homme, en accueille beaucoup moins qu’elle. Pas de consensus sur l’approfondissement de l’union monétaireEn juillet, François Hollande avait évoqué une « avant-garde » au sein de l’Union européenne, avec un gouvernement de la zone euro doté d’un budget spécifique et d’un Parlement. Pour le moment, Angela Merkel s’en tient à la contribution que François Hollande et elle-même avaient envoyée le 23 mai à Jean-Claude Juncker, le président de la Commission. Les deux dirigeants ont alors proposé que la zone euro se dote d’un programme dans « quatre domaines d’action, qui devraient être développés dans le cadre des traités actuels dans les prochaines années » : la politique économique, la convergence économique, fiscale et sociale, la stabilité financière et les investissements, et la gouvernance de l’union monétaire. Un document qui semblait également adressé à David Cameron. Le premier ministre britannique souhaite en effet obtenir de ses partenaires une révision des traités, non pas pour renforcer l’Union européenne, mais au contraire pour renforcer les prérogatives des Etats. Avec ce document, Angela Merkel et François Hollande tentent d’avoir une position commune face au premier ministre britannique, même si les responsables politiques allemands semblent davantage craindre un « Brexit » que leurs homologues français.Accord pour éviter la sortie de la Grèce de la zone euroAprès l’élection d’Alexis Tsipras en janvier, Angela Merkel et François Hollande ont très vite joué une partition commune face au premier ministre grec. En Allemagne, alors que des voix de plus en plus nombreuses, dont celle du ministre des finances Wolfgang Schäuble, se prononçaient en faveur d’un « Grexit » au moins temporaire, Angela Merkel a compris que c’était une ligne rouge pour François Hollande et que, par conséquent, elle n’entendait pas la franchir.Impatience allemande sur les déficitssi Berlin a vu d’un bon œil les promotions de Manuel Valls et d’Emmanuel Macron durant l’année 2014, l’Allemagne s’inquiète toujours du manque d’allant de la France pour les réformes structurelles. La récente proposition du commissaire européen aux affaires économiques et monétaires Pierre Moscovici de prendre en compte le coût de l’accueil des réfugiés dans le calcul des déficits publics de certains pays a été vu à Berlin comme une nouvelle tentative de Paris de ne pas se soumettre à la discipline européenne.Front commun sur l’Ukraine face à la Russie, divergences d’approche sur la Syrie L’Ukraine est sans doute le dossier qui a le plus contribué à rapprocher le président socialiste de la chancelière conservatrice. Berlin ne voulait pas se trouver seul face à Moscou pour tenter de régler ce conflit. Par ailleurs, Paris entendait être associé pour asseoir son statut de grande puissance. La négociation des accords de Minsk en février 2015 a été l’occasion pour le président et la chancelière de travailler très étroitement ensemble.Sur la Syrie, la France et l’Allemagne n’ont pas tout à fait le même point de vue sur l’avenir du président syrien. François Hollande fait partie des « durs » qui pensent que celui-ci doit partir pour permettre de trouver une solution à la guerre civile. Angela Merkel juge qu’il faut parler avec tous les interlocuteurs et qu’Assad fait partie de la solution. De même, l’Allemagne semblait ces derniers jours moins critique à l’égard de l’intervention russe en Syrie que d’autres pays occidentaux, notamment la France.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.10.2015 à 16h57 • Mis à jour le06.10.2015 à 17h48 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Aider la Turquie à gérer les flux massifs de réfugiés et prévenir, du même coup, les « mouvements migratoires incontrôlés » : c’est le but du plan d’action que l’Union européenne entend faire accepter à Ankara. Evoqué lundi soir, entre Recep Tayyip Erdogan et les responsables des institutions européennes, il a été dévoilé mardi par la Commission.Le président turc a accepté le principe de discussions sur ce document qui n’est, à ce stade, qu’une ébauche reprenant les promesses mutuelles de l’UE et de son pays. Il va être négocié à Ankara, avec l’objectif de soumettre des conclusions éventuelles aux chefs d’Etat et de gouvernement, qui se réuniront en sommet les 15 et 16 octobre à Bruxelles.L’Union réitère d’abord sa promesse d’un milliard d’euros à verser à la Turquie pour l’aide humanitaire, sanitaire et psychologique aux Syriens et aux Irakiens présents sur son territoire, ainsi que pour faciliter leur intégration. Elle espère aussi améliorer les conditions de vie dans les pays voisins, afin d’agir sur les causes qui poussent les demandeurs d’asile au départ. Des fonds supplémentaires pourraient encore être trouvés, venant s’ajouter au budget total de 4,2 milliards alloué aux pays de la région. A titre de comparaison, M. Erdogan affirme que son pays a déjà consacré près de 7 milliards d’euros à l’accueil des réfugiés.Programmes de « réinstallation »La Commission promet également de relancer les programmes dits de « réinstallation », qui assureraient une répartition ordonnée et sécurisée des personnes reconnues officiellement comme réfugiés. Le texte n’évoque toutefois aucun nombre précis de bénéficiaires, pour éviter d’autres polémiques et d’autres divisions entre Européens.Bruxelles espère encore lancer auprès des réfugiés présents en Turquie des programmes d’information sur les risques liés à un exode. Elle tentera également de dialoguer avec le Pakistan, l’Iran, l’Afghanistan, le Bangladesh et l’Irak pour prévenir les migrations irrégulières et lutter contre les réseaux de trafiquants. Elle entend aussi soutenir des opérations de retour conjointes pour les migrants irréguliers, avec une plus grande implication de l’agence Frontex.L’offre faite à Ankara mentionne, en échange d’une bonne collaboration, une relance du dialogue sur la libéralisation des visas et rappelle que l’ensemble se place dans le cadre des discussions sur le processus d’adhésion de la Turquie à l’UE, même si celui-ci est au point mort et que plusieurs capitales n’entendent absolument pas qu’il aboutisse. Quels sont, en corollaire, les engagements des autorités turques ? Elles accepteraient désormais d’enregistrer les migrants et de leur délivrer les documents appropriés. Le texte n’indique pas de quelle manière cet enregistrement se ferait. Jusqu’ici, la Turquie a, en tout cas, refusé l’installation sur son territoire de « hot spots » -ou centre d’identification et de tri des migrants- pilotés par la Commission européenne.Les personnes en demande de protection auraient également un meilleur accès au marché du travail et aux services publics nationaux, dont le système éducatif. Six nouveaux centres d’accueil seraient construits, avec l’aide financière de l’Union.Ankara s’engagerait aussi à renforcer ses capacités d’interception en haute mer et à accepter le retour de clandestins passés par le territoire turc avant de gagner la Grèce, la Bulgarie ou la Roumanie. Elle durcirait les conditions de l’octroi d’un visa aux personnes originaires de pays qui pourraient être « la source de migrations irrégulières ». Les autorités promettent encore une meilleure coopération et un meilleur échange d’informations avec les pays de l’Union.La négociation sur la traduction dans les faits de ce projet doit démarrer rapidement entre officiels européens et turcs. Elle s’annonce complexe, sauf si elle se limite à des engagements qui ne seront pas plus suivis d’effets que d’autres projets du « plan pour la migration » qui n’a pas fini de diviser les Vingt-Huit.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Martin Untersinger et Damien LeloupLa justice européenne a invalidé, mardi 6 octobre, l’accord « Safe Harbor » qui encadrait le transfert de données personnelles de l’Union européenne vers les Etats-Unis.En quoi consiste Safe Harbor et que dit la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) ?En Français « sphère de sécurité », le « Safe Harbor » est une décision de la Commission européenne, datant de 2000, qui affirme que le transfert de données personnelles d’Europe vers les Etats-Unis est possible car ce pays présente des garanties suffisantes pour la protection de la vie privée.Très controversé, cet accord a notamment été mis à mal par les révélations d’Edward Snowden, en 2013, sur les programmes de surveillance de masse de la NSA. Les adversaires du Safe Harbor, dont Max Schrems, un Autrichien qui a déposé plusieurs plaintes contre Facebook, estimaient que ces révélations montraient que les données personnelles des Européens n’étaient en fait pas protégées lorsqu’elles étaient stockées aux Etats-Unis.Dans son arrêt rendu mardi, la CJUE estime que le Safe Harbor n’est pas conforme au droit européen, pour plusieurs raisons détaillées sur une trentaine de pages. La Cour a notamment estimé que les recours possibles pour les citoyens européens estimant leurs droits malmenés étaient beaucoup trop faibles. Elle juge également que les programmes de surveillance de masse des Etats-Unis sont incompatibles avec une protection adéquate des droits des citoyens européens.Cela veut-il dire que Facebook ne peut plus fonctionner en Europe, ou va devoir stocker les données des citoyens européens en Europe ?Non : l’arrêt invalide un accord très générique. Facebook peut continuer à fonctionner comme il le faisait jusqu’à aujourd’hui, mais l’entreprise – tout comme Google ou tout autre entreprise qui stocke des données de citoyens européens aux Etats-Unis – ne peut plus s’abriter, en cas de procédure, derrière le fait qu’elle fait partie du Safe Harbor et que ses flux de données entre l’Europe et l’Amérique sont présumés légaux.Facebook affirme en fait ne pas s’appuyer uniquement sur le Safe Harbor, mais « sur d’autres méthodes recommandées par l’Union européenne pour transférer légalement des données de l’Europe vers les Etats-Unis ».Il existe en effet d’autres normes de transfert de données, comme par exemple les « clauses contractuelles type »  ou les « règles internes d’entreprise »  (dans le cas de transfert de données entre filiales), le Safe Harbor étant le cadre juridique simplifié et « par défaut ». Certaines entreprises du numérique utilisent déjà ces cadres juridiques alternatifs.La Commission craint d’ailleurs que la décision de la CJUE ne favorise la multiplication de contrats spécifiques établis entre des entreprises et des pays européens, au détriment d’un cadre générique européen. Frans Timmermans, le vice-président de la Commission, a d’ailleurs annoncé que des « lignes directrices » à destination des autorités de protection des données seraient publiées afin d’éviter un « patchwork avec des décisions nationales ».Par ailleurs, sans aller jusqu’à ces procédures juridiques, la loi européenne – plus spécifiquement l’article 26 de la directive de 1995 sur la protection des données personnelles – prévoit qu’un transfert vers un pays tiers peut être autorisé dans plusieurs cas. Par exemple, pour assurer la bonne exécution du contrat commercial (dans le cas d’une réservation d’hôtel par exemple, où les coordonnées du client sont nécessaires) ou lorsque intervient le consentement explicite de l’internaute à ce que ses données soient transférées.Le Safe Harbor va-t-il être renégocié ?La renégociation de cet accord était déjà en cours avant l’arrêt de la Cour. Malgré l’expiration de plusieurs dates butoirs, les négociateurs ont récemment affirmé qu’ils faisaient des progrès dans les discussions. Mais il sera difficile d’obtenir rapidement un accord qui puisse satisfaire les exigences de la CJUE : cette dernière rappelle dans son arrêt que, pour obtenir un régime de ce type, un pays doit faire la preuve qu’il offre des garanties de protection de la vie privée comparables à celles en vigueur au sein de l’UE.Cela signifie qu’il faudrait des changements majeurs dans le droit américain pour qu’un nouvel accord ne soit pas, à son tour, invalidé par la Cour.Que se passe-t-il dans l’immédiat ?Plus de 4 000 entreprises étaient soumises à l’accord Safe Harbor. Nombre d’entre elles, particulièrement les plus petites, se retrouvent brusquement, au moins jusqu’à l’adoption d’un nouvel accord Safe Harbor, dans un vide juridique.Les grands acteurs du Web, eux, sont dans l’attente. L’annulation du Safe Harbor semble les avoir pris de court. Dans un communiqué, l’association professionnelle Digital Europe, qui regroupe tous les grands acteurs du secteur (d’Apple à Toshiba en passant par Google, à l’exception de Facebook), « demande de toute urgence à la Commission européenne et au gouvernement américain de conclure leurs négociations pour parvenir à un nouvel accord “Safe Harbor” aussi vite que possible ».« Nous demandons également à la Commission européenne d’expliquer immédiatement aux entreprises qui fonctionnaient sous le régime du Safe Harbor comment elles doivent opérer pour maintenir leurs activités essentielles durant ce vide juridique », poursuit l’association.Facebook a, de son côté, estimé également qu’il « fallait impérativement que les gouvernements européens et américain donnent des méthodes légales pour le transfert des données et règlent toutes les questions de sécurité nationale ».Quelles seront les conséquences plus larges de cette décision ?Si l’arrêt de la CJUE ne porte que sur le Safe Harbor, il dénonce avec des mots très durs les programmes de surveillance de masse de la NSA américaine, présentés comme incompatibles avec les droits fondamentaux garantis par le droit européen.Le jugement pourrait aussi influencer deux dossiers européens brûlants dont les négociations arrivent dans leur dernière ligne droite : l’accord « parapluie » sur l’échange de données personnelles pour la coopération policière, entre Europe et Etats-Unis, et le projet de règlement sur les données personnelles.La commissaire européenne à la justice, Vera Jourova, a indiqué que l’arrêt de la Cour confortait la position de la Commission, notamment sur la nécessité d’avoir « des garde-fous solides » en matière de protection des données.Lire le portrait :Max Schrems, le « gardien » des données personnelles qui fait trembler les géants du Web //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444461', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) et Philippe Jacqué Le scandale du logiciel truqueur de Volkswagen marque un tournant dans la vie du groupe allemand. Mardi 6 octobre, Matthias Müller, le nouveau président du directoire, a estimé devant quelque 20 000 employés réunis au siège de Wolfsbourg (Basse-Saxe) que « les conséquences financières et commerciales sont encore aujourd’hui impossibles à prévoir. C’est pourquoi nous allons une nouvelle fois passer en revue tous les investissements prévus ». Il a surtout précisé que les 6,5 milliards d’euros déjà provisionnés dans les comptes « ne suffiraient pas » à faire face à ce scandale de dimension mondiale. Le patron du groupe s’est aussi engagé devant les salariés à « tout faire » pour limiter les conséquences sur les emplois. Il a cependant déclaré que « tous les projets d’investissements » allaient être réexaminés. « Tout ce qui n’est pas nécessaire de manière urgente sera abandonné ou reporté, a-t-il ajouté. Et en conséquence, nous allons ajuster notre programme d’efficacité. Je vais être très transparent : cela ne se fera pas sans douleur. »Revue de détail des risques financiers encourus par un groupe qui a réalisé un chiffre d’affaires de 202,5 milliards d’euros et 10,5 milliards de bénéfices en 2014.Lire aussi :Six clés pour comprendre le scandale qui secoue VolkswagenCombien coûtera le scandale ? C’est toute la question. Et tout le monde y va de ses estimations. Pour Crédit suisse, l’affaire pourrait coûter de 23 à 78 milliards d’euros. Pour Exane, c’est au minimum 25 milliards d’euros, tandis que la Deutsche Bank ne s’engage pas sur un montant. « C’est impossible, juge un analyste de cette banque. Il y a beaucoup trop d’inconnues encore pour évaluer les dommages. » Les amendes et les sanctionsDans le détail, cependant, on peut réaliser une première estimation. Aux Etats-Unis, le groupe risque théoriquement jusqu’à 16 milliards d’euros d’amendes de la part de l’Etat américain. Cependant, après négociation, le montant de la pénalité devrait fortement baisser, aux alentours de 10 milliards, selon Exane.En y ajoutant les amendes européennes, le groupe peut s’attendre à payer près de 15 milliards d’euros, estime la banque. Mais le paiement ne devrait pas intervenir avant 2016 et 2017 au plus tôt.Le coût des rappelsA cela, s’ajoute bien entendu, le coût des rappels, des réparations à engager pour que les 11 millions de moteurs fautifs soient remis aux normes, ainsi que les compensations proposées aux clients floués. Le groupe pourrait dépenser jusqu’à 10 milliards d’euros, évalue Exane. Et ces dépenses pénaliseront le résultat opérationnel dès cette année.Une baisse des ventes Le scandale pourrait également peser sur les résultats commerciaux du groupe. Les ventes pourraient baisser du fait de la défiance du grand public. Exane prévoit une baisse de 5 % du chiffre d’affaires en 2016, tandis que la Deutsche Bank l’estime à 3 %. Cela dit, comme l’affaire est tout à fait inédite, ces prévisions demeurent très théoriques.La facture des procèsLà, tout se complique. Aujourd’hui attaqué de toute part en justice, le constructeur allemand devra engager d’importantes dépenses pour se défendre. Tant contre les propriétaires trompés, qui lancent partout dans le monde des actions de groupe, que contre les actionnaires ayant perdu leur chemise après la chute de près de 40 % du cours du groupe. Ces derniers entendent poursuivre le constructeur en Europe et aux Etats-Unis.Quelle est la situation financière de VW et comment peut-il faire face ?Avant sa provision de 6,5 milliards d’euros, passée mi-septembre, la trésorerie du groupe affichait 21 milliards d’euros à la fin du premier semestre. Cette somme devrait suffire pour finir l’année et le début de l’année 2016 tout en conservant sa notation de crédit des principales agences Fitch (A–), Moody’s (Aa3) et Standard & Poor’s (A), une note importante pour la filiale bancaire du groupe.Le constructeur doit encore récupérer près de 5 milliards d’euros en compensation de la vente de 20 % de sa participation dans le constructeur japonais Suzuki et de 50 % de LeasePlan, le premier loueur longue durée mondial.Plan d’économies et baisse des investissementsQuand un poste de dépense augmente, on baisse les autres. Et c’est exactement ce que le groupe entend faire. « Il faudra revoir l’ensemble de nos investissements », a annoncé le patron, Matthias Müller, mardi. Selon l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, de 15 à 20 milliards d’euros de dépenses pourraient être supprimés sur l’enveloppe de 100 milliards d’investissements prévue sur la période 2015-2018 (recherche et développement, nouveaux modèles, nouvelles usines, etc.).A cela devraient s’ajouter des plans de compétitivité pour l’ensemble de ses marques, et notamment Volkswagen, qui a d’ores et déjà engagé un plan d’économies de 5 milliards d’euros. Enfin, le groupe, comme il l’a déjà fait aux Etats-Unis, pourra rallonger le cycle de vie de certains de ses modèles, ce qui lui permet de déplacer des dépenses… Pendant la crise, Renault, PSA ou Fiat en sont passés par là en parallèle de leurs plans de compétitivité respectifs.Augmentation de capital En cas de dérive des coûts, une augmentation de capital pourrait rapidement intervenir. Der Spiegel évoque la somme de 8 milliards d’euros. Les actionnaires, et notamment les familles Porsche et Piëch, qui détiennent plus de 50 % du capital, ainsi que le Land de Basse-Saxe, pourraient remettre au pot ou se faire diluer un peu, s’ils doivent faire entrer un nouvel actionnaire. Cette augmentation de capital ne changerait pas fondamentalement le rapport de force entre les actionnaires. Selon la loi allemande dite « Volkswagen », un actionnaire ne peut détenir plus de 20 % des droits de vote au sein du conseil de surveillance…Ventes d’actifs Le groupe Volkswagen n’ira pas de gaîté de cœur vers un démantèlement, dans la mesure où cela remettrait en question toute l’histoire récente du groupe. Ferdinand Piëch, le patriarche et toujours un actionnaire de poids, n’autoriserait pas facilement une telle solution. Reste que c’est une éventualité.Ses actifs valent beaucoup d’argent. En premier lieu, Porsche. Selon la banque Metzler, le constructeur pèse quelque 39 milliards d’euros. Audi est estimé à 30 milliards d’euros, Skoda à 10 milliards d’euros, mais céder ces marques, aujourd’hui très liées techniquement à la marque Volkswagen, mettrait en danger le groupe.En revanche, le constructeur pourrait chercher à céder certaines marques de luxe, au moins partiellement, comme Bentley ou Bugatti (Lamborghini fait partie d’Audi). Il pourrait suivre l’exemple de Fiat, qui introduit 10 % de sa marque Ferrari en Bourse.Enfin, le groupe pourrait céder sa branche camion et bus, qu’il vient tout juste de constituer en rapprochant MAN et Scania. Cette division est évaluée à 30 milliards d’euros.Comment faire face à la crise interne ?En dehors des répercussions financières, le scandale Volkswagen est à l’origine d’une crise de confiance immense au sein du groupe. La nouvelle équipe ne répond que partiellement au besoin de réassurance. Malgré toute la détermination dont il a fait preuve depuis sa nomination, le nouveau patron, Matthias Müller, est un tel habitué de VW qu’il lui sera sans doute difficile d’insuffler le véritable tournant culturel dont le groupe a besoin. D’autant qu’il est déjà âgé de 62 ans, ce qui implique un nouveau changement de direction dans quelques années.Quant à Hans Dieter Pötsch, qui devrait être élu au poste de conseil de surveillance du groupe mercredi 7 octobre, il fait l’objet de discussions en interne. Certains reprochent à l’ancien directeur financier d’avoir averti trop tard les actionnaires des pertes qui se profilaient. Par ailleurs, Hans Dieter Pötsch, 64 ans, est également un homme du sérail. Il veille aux finances de VW depuis septembre 2003. C’est l’artisan de l’acquisition de Porsche par VW en 2012 et il jouit de la confiance de la famille Porsche-Piëch, qui détient 52,2 % des actions. Il est loin d’être certain que les deux dirigeants seront capables de faire la lumière sur le scandale Volkswagen, le plus violent de l’histoire du groupe.Cécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au MondePhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Bernard (Manchester, envoyé spécial) Jeremy Corbyn fait tout ce qu’il peut pour gacher la fête des conservateurs qui tiennent leur congrès du 4 au 7 octobre à Manchester. Dimanche, 60 000 personnes ont manifesté contre l’austérité au moment même où s’ouvrait le grand conclave des tories qui, au gouvernement, mettent en œuvre de drastiques coupes budgétaires. Des militants de gauche, d’associations de chômeurs ou de handicapés sont postés en permanence à l’entrée du palais des congrès – où sont réunis les tories – et conspuent ceux qui y pénètrent.Lundi soir, le nouveau chef de file du Parti travailliste a trouvé mieux pour réunir ses fidèles : la cathédrale de Manchester. L’imposant édifice n’était pas assez vaste pour accueillir les centaines de personnes, dont beaucoup de jeunes, venues acclamer le député de 66 ans, représentant de l’aile gauche du Labour porté à la tête du parti en septembre de façon totalement inattendue. Les conservateurs ? « Ils veulent nous ramener au XIXe, voire au XVIIIe siècle. Nous, nous faisons le choix de ne pas accepter une société qui contraint certains à vivre dans l’extrême pauvreté, a-t-il lancé devant une foule de partisans électrisés. Nous remettons en cause l’idée que l’austérité est une nécessité économique, alors qu’elle est un choix politique fait par ceux qui veulent voir un fossé grandissant entre les riches et les pauvres. »Le meeting, prévu de longue date, était organisé par le syndicat Communication Workers Union (CWU), pour la défense des services postaux. Mais l’élection de M. Corbyn à la tête du Labour lui a donné une dimension nouvelle. Des centaines de personnes n’ont pu pénétrer à l’intérieur de la cathédrale et le chef de file travailliste a dû répéter une deuxième fois son discours pour une audience massée autour de l’édifice. Entassée sur des chaises normalement consacrées à la prière, la foule a applaudi à tout rompre les représentants des syndicats et du collectif The People’s Assembly Against Austerity, organisateur de la manifestation de dimanche. L’évêque de Manchester, David Walker, lui-même engagé dans la lutte contre l’austérité au nom de la défense des pauvres, avait ouvert grand les portes de sa cathédrale. Dimanche, il avait organisé une veillée de prière aux chandelles après le défilé.Lundi, Jeremy Corbyn, interrompu sans cesse par des applaudissements, a tenu le rôle du prêcheur devant des fans enthousiastes. Il a rappelé l’opposition du Labour à la privatisation de Royal Mail (le service postal historique) et exigé du gouvernement qu’il renonce à vendre les 15 % du capital restant encore la propriété de l’Etat. Selon lui, les Britanniques ont « été sérieusement arnaqués » lorsque le gouvernement a vendu en juin la moitié de sa participation dans le groupe postal, les actions de Royal Mail ayant été bradées. A quelques encablures de là, le Parti conservateur, majoritaire, débat de la manière d’accroître la concurrence dans le secteur privé « pour le bénéfice des consommateurs ». Lundi, George Osborne, le puissant ministre des finances et héritier probable du premier ministre David Cameron, s’est targué de lancer « la plus grande opération de privatisation depuis vingt ans » en annonçant la vente des parts de la Lloyds Bank appartenant à l’Etat depuis son renflouement avec des fonds publics. M. Osborne a justifié sa politique de réduction des aides sociales, qui risque d’amputer le pouvoir d’achat des plus pauvres, en mettant en avant l’instauration d’un « salaire minimum vital » qui devrait inciter à augmenter les salaires.« Nous avons créé un nouveau centre politique, autour de la responsabilité budgétaire [la lutte contre le déficit budgétaire], des aides sociales réduites, de services publics réformés et un soutien aux entreprises », s’est-il félicité. Sans citer le nom de Jeremy Corbyn, il a tendu la main aux électeurs du Labour censés être déstabilisés par les positions très à gauche de leur nouveau chef de file. Nous, les conservateurs, a-t-il proclamé, « nous sommes maintenant le parti du travail, le seul vrai parti Labour (« We’re now the party of work, the only true party of labour »). « Certains veulent tout casser, a-t-il conclu. Nous sommes les bâtisseurs ».Philippe Bernard (Manchester, envoyé spécial)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.10.2015 à 09h50 • Mis à jour le06.10.2015 à 12h30 | Martin Untersinger La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a décidé, mardi 6 octobre, de suspendre le « Safe Harbor », un accord qui encadre l’utilisation des données des internautes européens par de nombreuses entreprises américaines, dont les géants du Web.Lire aussi :Pourquoi l’accord Safe Harbor sur les données personnelles cristallise les tensionsPour la Cour, les autorités de protection des données personnelles doivent conserver leur pouvoir de contrôle et de sanction sur la manière dont les données personnelles des Européens sont traitées. Les juges ont estimé que la mise à disposition des données personnelles des Européens aux agences de renseignement américaines portait « atteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie privé ».La Cour de Luxembourg pointe également le fait que les citoyens européens, par définition, ne disposent d’aucun recours pour protester contre l’utilisation de leurs données personnelles aux Etats-Unis.Les juges écornent enfin sévèrement la Commission, qui a noué le Safe Harbor avec les Etats-Unis :« La Commission était tenue de constater que les Etats-Unis assurent effectivement un niveau de protection substantiellement équivalent à celui garanti au sein de l’Union. La Cour relève que la Commission n’a pas opéré un tel constat. »Les juges de la CJUE ont suivi le réquisitoire de l’avocat général : pour la Cour, la surveillance exercée par les agences de renseignement américaines et révélée par les documents Snowden rend caduc cet accord. Ce dernier prévoit en effet que les données des Européens peuvent être transférées depuis le Vieux Continent vers les Etats-Unis tant qu’une « protection adéquate », c’est-à-dire en ligne avec celle qu’accorde le droit européen, est appliquée à ces données.La surveillance américaine en procèsLa procédure a débuté en Irlande, le pays où se trouve le siège européen de Facebook. Un étudiant autrichien, Max Schrems, avait déposé une plainte contre le réseau social, dans la foulée de la révélation par Edward Snowden du programme Prism, qui aménage pour les agences de renseignement américaines un accès privilégié aux données de leurs utilisateurs, y compris celles des Européens. Pour lui, cette violation manifeste de ses droits, protégés par les textes européens, devait être sanctionnée par l’Autorité irlandaise de protection des données.Lire aussi :Max Schrems, le « gardien » des données personnelles qui fait trembler les géants du WebCette dernière avait refusé de se pencher sur son cas, citant les conditions très restrictives du Safe Harbor. L’affaire, après la Haute Cour irlandaise, est arrivée devant la CJUE, qui a donc dû se prononcer sur la compatibilité de cet accord avec le droit européen en matière de données personnelles.Max Schrems s’est réjoui dans un communiqué de la décision de la CJUE :« Cette décision est un coup sérieux porté à la surveillance mondiale des Etats-Unis, qui se repose massivement sur des partenaires privés. Cet arrêt montre clairement que les entreprises américaines ne peuvent pas contribuer à l’espionnage américain en violant les droits fondamentaux européens. »Par la voix de sa représentation auprès de l’Union européenne, les Etats-Unis avaient, avant même la décision de la Cour, nié pratiquer une surveillance massive des données des Européens et affirmé que les outils à disposition de leurs agences de renseignement étaient utilisés avec mesure.Après la décision sur le « droit à l’oubli » du printemps 2014, c’est la deuxième fois en peu de temps que la justice de l’Union européenne s’immisce dans les affaires des géants du Net. La décision rendue ce mardi pourrait cependant avoir des conséquences encore plus grandes, dans un monde où les données sont, selon l’expression consacrée, « le nouveau pétrole ».L’annulation du Safe Harbor devrait en effet contraindre Google, Facebook et consorts – environ 4 000 entreprises américaines présentes en Europe y ont recours – à davantage conserver en Europe les données de leurs utilisateurs européens et donc à limiter leurs marges de manœuvre en matière d’exploitation de ces données.Lire aussi :Données personnelles : les géants du Web redoutent une décision de la justice européenneMartin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.10.2015 à 15h55 • Mis à jour le05.10.2015 à 17h15 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) Le Partenariat transpacifique (TPP) a accouché d’un accord de principe, lundi 5 octobre, mais ce ne fut pas sans mal. Les représentants des douze pays concernés (Etats-Unis, Canada, Mexique, Chili, Pérou, Japon, Malaisie, Vietnam, Singapour, Brunei, Australie et Nouvelle-Zélande) n’ont réussi à trouver un compromis qu’à l’issue d’une réunion marathon de plus de cinq jours, qui s’est déroulée à Atlanta (Etats-Unis).Il s’agit de l’aboutissement de discussions entamées en 2008, qui ouvre la porte à l’un des plus importants traités de libre-échange jamais signé. L’accord de principe doit maintenant être ratifié par les parlements de chacun des pays.Couper la poire en deuxLe suspense a été prolongé jusqu’à lundi matin en raison, notamment, d’un différend sur la question de la protection des brevets dans le domaine des médicaments biotechnologiques. L’Australie, mais aussi le Chili et le Pérou, s’opposaient fermement à la protection dont jouissent les entreprises américaines du secteur. Celles-ci disposent de douze ans avant qu’un concurrent puisse copier le médicament et le vendre meilleur marché. Une durée qui n’est que de cinq ans dans d’autres pays.Il était donc question de couper la poire en deux en allongeant le délai à huit ans. Cette disposition était également très contestée par les organisations non gouvernementales, qui considèrent que cela va conduire à renchérir le prix des médicaments.Autre pomme de discorde qui a dû être résolue : l’ouverture du marché des produits laitiers canadien, japonais et américain aux importations en provenance de Nouvelle-Zélande et d’Australie.Enfin, les négociateurs ont dû surmonter les réticences canadiennes et mexicaines sur une plus grande ouverture du marché nord-américain dans le secteur des pièces détachées automobiles. Un domaine qui profiterait en priorité aux constructeurs japonais.Suppression de 18 000 droits de douaneL’enjeu du TPP est multiple. D’abord, en harmonisant les normes et en abaissant les droits de douane, il est censé doper les échanges commerciaux entre les douze pays de part et d’autre du Pacifique. Ceux-ci représentent environ les deux cinquièmes du commerce mondial. Concernant les normes, le traité tend à aligner sur les standards occidentaux la notion de propriété intellectuelle. Il est question aussi de la reconnaissance d’un Internet ouvert, y compris au Vietnam, où le régime communiste s’y opposait jusqu’à présent. Tout un volet du traité concerne enfin l’interdiction des trafics d’animaux sauvages et certains abus environnementaux.L’accord prévoit en outre la disparition de 18 000 droits de douane auxquels étaient assujetties les exportations américaines en direction de ses onze partenaires dans des secteurs aussi divers que l’industrie mécanique, les technologies de l’information, la chimie ou les produits agricoles. Par ailleurs, un chapitre est consacré à l’élévation des normes en termes de droit du travail dans des pays comme le Vietnam, la Malaisie et Brunei.Contrebalancer l’influence chinoiseSur le plan diplomatique, pour les Etats-Unis, le TPP est l’aboutissement de la stratégie dite du « pivot », qui consiste à resserrer les liens commerciaux avec les pays de l’Asie-Pacifique pour contrebalancer l’influence grandissante de la Chine. De ce point de vue, c’est un succès pour Barack Obama, qui n’a pas compté ses efforts auprès de ses partenaires commerciaux pour parvenir à un accord.Lire (en édition abonnés) : Les Etats-Unis et le Vietnam se rapprochent face à PékinEnfin, cet accord est susceptible de créer une dynamique pour accélérer les négociations du Traité transatlantique entre l’Europe et les Etats-Unis (TTIP). Celles-ci, qui n’ont débuté qu’en 2013, avancent à pas comptés, les Etats-Unis étant concentrés jusqu’à présent sur la réussite du TPP.Pour ce dernier, le processus n’est toutefois pas encore achevé. Concernant les Etats-Unis, il doit passer l’obstacle d’un vote par le Congrès. Celui-ci devrait être facilité par la procédure du « Trade Promotion Authority » ou « Fast Track ». Adopté cet été par le Congrès, ce processus permet aux parlementaires américains de voter le texte en bloc, évitant ainsi une longue procédure d’adoption, article par article. Barack Obama n’avait obtenu le feu vert pour déclencher cette procédure que grâce au soutien des Républicains, traditionnellement favorables au libre-échange, le camp démocrate du président étant plus dispersé sur la question.Va débuter maintenant une période de décryptage des détails de l’accord de principe trouvé lundi, avec le risque que les parlementaires américains trouvent le verre à moitié plein, alors que les Etats-Unis entrent en période électorale.A propos du TTIP entre l’Europe et les Etats-Unis, lire aussi : Pourquoi il faut s’intéresser au traité transatlantiqueStéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Réunis mardi 6 octobre à Luxembourg, les ministres des finances de l’Union européenne (Ecofin) discuteront des budgets prévisionnels des États pour 2016, sachant que ceux-ci doivent être soumis au plus tard le 15 octobre à la Commission européenne.Cette dernière, en tant que gardienne des traités, va devoir vérifier, tout au long de l’année 2015-2016, que ces budgets sont en ligne avec le pacte de stabilité et de croissance, qui fixe notamment comme objectif des déficits publics inférieurs à 3 % des produits intérieurs bruts (PIB) des États.L’année dernière, la France, deuxième économie de la zone euro, a été dans l’œil du cyclone, avec un budget 2014 et 2015 largement hors des clous, malgré les engagements réitérés de Paris. Cette année, comme elle a obtenu un délai de deux ans pour revenir sous la barre des 3 % (en 2017, donc), le sujet est bien moins conflictuel.Lire aussi :Budget : Bruxelles ne relâche pas la pression sur la FranceUn débat pourrait cependant s’instaurer entre ministres concernant le coût de la crise des migrants. Lors du dernier Ecofin, fin septembre, l’Autriche et l’Italie avaient ainsi suggéré que cette crise puisse être considérée comme une « circonstance exceptionnelle », permettant d’introduire une dose de flexibilité dans le pacte de stabilité, pour prendre en compte le coût d’accueil des réfugiés dans les pays de l’Union. La Commission a été mandatée pour étudier cette éventualité.Lire aussi :L’UE mobilise 1 milliard d’euros pour les réfugiésDu cas par casMais déjà, les « orthodoxes » à Bruxelles ou Berlin, tiquent. Très attachés au respect du pacte, ils rechignent à accepter ces flexibilités supplémentaires qui pourraient servir de cheval de Troie à d’autres. La France demande depuis longtemps que soit mieux prises en compte ses dépenses militaires, par exemple.« Si un pays dépasse de 0,1 ou de 0,2 point de pourcentage l’objectif de 3 % de déficit, en raison de la crise des migrants, évidemment, on prendra sa situation en considération, mais ce sera du cas par cas », veut croire une source européenne proche de l’Eurogroupe.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.10.2015 à 06h49 • Mis à jour le05.10.2015 à 14h11 | Cécile Chambraud A la veille de l’ouverture des débats entre les 360 participants du synode des évêques sur la famille, le pape François a rappelé les bornes dans lesquelles ils doivent se tenir. Lors de son homélie de la messe d’ouverture de cette seconde étape de la grande réflexion ouverte par l’Eglise catholique sur la question de la famille, dimanche 4 octobre, dans la basilique Saint-Pierre, Jorge Bergoglio a décrit avec insistance les caractéristiques du mariage selon la doctrine catholique : « L’unité et l’indissolubilité du lien conjugal » entre un homme et une femme. La réflexion engagée dans l’Eglise catholique ne vise pas à discuter de cela, a signifié le pontife, mais à déterminer comment l’institution peut avoir ses « portes ouvertes pour accueillir quiconque frappe pour demander aide et soutien », fût-il divorcé, concubin, homosexuel.Depuis deux ans, les controverses sur ces sujets sont brûlantes entre partisans et adversaires d’un assouplissement de la « politique » d’accueil de l’Eglise. Ce nouveau synode promettait donc d’être aussi animé que le précédent, il y a un an. La veille de la messe d’ouverture, le coming out d’un prêtre polonais est venu accentuer ce climat de tension. Krzysztof Olaf Charamsa, 43 ans, membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi (organisme romain chargé de veiller au respect et à la cohérence de la doctrine), a révélé être homosexuel et avoir un compagnon, qu’il a d’ailleurs présenté à la presse un peu plus tard dans la journée.Lire aussi :Le pape ouvre les travaux du synode sur la famillePar cet acte spectaculaire, le père Charamsa veut pousser l’institution ecclésiale à changer son regard sur les homosexuels et à « comprendre que la solution qu’elle propose, à savoir l’abstinence totale et une vie sans amour, n’est pas humaine ». Mêlant deux questions distinctes (l’homosexualité et le célibat des prêtres), il a eu des mots très durs pour dénoncer ce qu’il a qualifié d’« homophobie institutionnalisée de l’Eglise ». « Je demande pardon pour toutes ces années où j’ai souffert en silence devant la paranoïa, l’homophobie, la haine et le refus des homosexuels, présents au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui est le cœur de l’homophobie dans l’Eglise », a-t-il déclaré.Une démarche « offensive et irresponsable »Le Vatican n’a pas tardé à sanctionner ce collaborateur. « Une démarche aussi retentissante à la veille de l’ouverture du synode est offensive et irresponsable, a déclaré son porte-parole, le père Federico Lombardi. De fait, elle tend à opérer une pression médiatique sur l’assemblée synodale. » Le père Charamsa a aussitôt été relevé de ses fonctions auprès du Saint-Siège.L’accueil des homosexuels est l’une des questions posées aux évêques catholiques réunis pendant trois semaines à Rome. La doctrine considère les actes homosexuels comme « intrinsèquement désordonnés » et prône l’abstinence aux gays. Elle refuse a fortiori le mariage entre personnes de même sexe. « Je voudrais dire au synode que l’amour homosexuel est un amour familial, qui a besoin de la famille. Chacun, et même les gays, les lesbiennes et les transsexuels, porte dans son cœur un désir d’amour et de famille », affirme le prêtre polonais. « Le clergé, ajoute M. Charamsa dans l’édition polonaise de Newsweek, est largement homosexuel et aussi, malheureusement, homophobe jusqu’à la paranoïa car paralysé par le manque d’acceptation pour sa propre orientation sexuelle. » Dans l’avion qui le ramenait du Brésil, peu après son élection, en 2013, le pape François avait déclaré : « Si une personne est homosexuelle et cherche vraiment le Seigneur, qui suis-je pour la juger ? »Un autre sujet de désaccord entre les évêques, tel que cela était ressorti du synode d’octobre 2014, concerne les divorcés remariés civilement, aujourd’hui en principe privés de l’accès aux sacrements. Les 360 prélats ont jusqu’au 24 octobre pour en débattre, date à laquelle ils se prononceront sur le rapport qu’aura rédigé une commission de dix d’entre eux, choisis par le pape.Cécile ChambraudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Baptiste Chastand (Lisbonne, envoyé spécial) Après quatre ans de gouvernement relativement stable, la situation politique s’annonce nettement plus compliquée au Portugal. A l’issue des élections législatives organisées dimanche 4 octobre, aucun des quatre principaux candidats n’a en effet vraiment voulu reconnaître sa défaite, cherchant à se laisser la possibilité de participer au futur gouvernement. De quoi fragiliser ce pays qui sort à peine de la crise après la sévère cure d’austérité décidée en 2011 en échange d’un plan d’aide de 78 milliards d’euros de l’Union européenne et du FMI.Pedro Passos Coelho, le premier ministre sortant de centre droit, qui avait fait voter toutes ces mesures, espérait bien bénéficier du retour timide de la croissance pour rester en place. S’il est arrivé en tête avec une coalition regroupant son parti – le PSD – et les chrétiens-démocrates du CDS, il est toutefois loin de la majorité absolue obtenue lors des législatives de 2011. Selon des résultats quasi définitifs, les deux partis obtiennent 38,6 % des voix, contre 50,4 % en 2011. Avec 104 députés élus, ils sont bien loin des 116 requis pour gouverner seuls.Lire aussi :Au Portugal, des élections sous le signe de la crise« L’alliance de droite a gagné ce soir », a toutefois proclamé M. Passos Coelho devant les caméras, affichant sa volonté de former un gouvernement, même s’il a reconnu que « la majorité claire » qu’il avait espérée « n’y était pas ». S’il veut rester en place, M. Passos Coelho devra s’entendre pour que le Parti socialiste (PS) ne lui barre pas la route. Celui-ci est arrivé second dimanche, avec 32,4 % des voix et 85 sièges. Mais un élément perturbe la stratégie du premier ministre sortant : les forces de gauche sont majoritaires dans le nouveau parlement.Percée historique du « Bloc de gauche » Arrivé troisième, le « Bloc de gauche », un parti anti-austérité apparenté à Syriza, a en effet réalisé une percée historique avec 10,2 % des voix (contre 5,2 % en 2011). Derrière, les écologistes communistes obtiennent 8,3 % des suffrages, en hausse par rapport à 2011. A eux trois, les partis de gauche obtiennent donc au moins 121 sièges et 50,9 % des voix. De quoi renverser un gouvernement de droite minoritaire. Mais surtout potentiellement former une majorité alternative.Interrogé dimanche soir, le leader du PS Antonio Costa s’est bien gardé de donner sa préférence entre soutenir la droite et s’allier avec l’extrême gauche. « Le PS va se réunir mardi et évaluer les résultats électoraux. La majorité des Portugais a voté pour un changement de politique, mais ce n’est pas encore une majorité de gouvernement », a-t-il seulement expliqué. Il a promis que « le PS ne fera pas obstacle », ni ne constituera « de majorité négative », tout en disant que « le bloc de droite a perdu sa majorité » et « qu’il ne peut pas continuer à gouverner comme si rien ne s’était passé ».Une position volontairement ambiguë qui lui permet de rester au centre du jeu. Malgré des appels à la démission de certains cadres du parti, M. Costa a d’ailleurs refusé de la présenter. Il a juste admis que « le PS n’avait pas rempli ses objectifs électoraux ». Parti leader dans les sondages, l’ancien maire de Lisbonne a pourtant connu une campagne difficile. En hésitant entre faire campagne au centre et la faire à gauche, il a perdu des voix des deux côtés. Peu avant le scrutin, il a déclaré qu’il ne voterait pas un budget de droite, ce qui l’empêche de soutenir désormais un gouvernement minoritaire de M. Passos Coelho.« Les élections ont laissé le pays dans une impasse »Mais gouverner en alliance avec les deux partis d’extrême gauche serait, de l’autre côté, un véritable bouleversement politique. Jusqu’ici, les clivages étaient trop forts entre les convictions pro-euro des socialistes qui soutiennent globalement la réduction des déficits publics, et une extrême gauche nettement plus sceptique sur la monnaie unique. « Le PS a été le punching-ball des communistes pendant la campagne. Ils nous ont attaqués plus que la droite », n’oublie pas Antonio Serzedelo, un retraité venu soutenir Antonio Costa. Pour autant, « il faut négocier avec eux et avec le Bloc de gauche. Ils sont comme Syriza. Il faut juste qu’ils ne demandent pas la sortie de l’OTAN et de l’euro », assume-t-il, à l’unisson de nombre de militants socialistes présents dans la salle, dimanche soir. Les dirigeants du parti sont, eux, nettement plus sceptiques. « Je ne vois pas comment ce serait possible de gouverner avec eux », lâche un membre de l’équipe d’Antonio Costa.Lire aussi :Blasés, les Portugais se prononcent sur l’austéritéSentant le danger venir, la coalition de droite a insisté de son côté pour mettre en avant l’autre majorité qui est sortie des urnes dimanche, celle pro-euro. « La grande partie du Parlement est composée de partis qui ne rejettent pas les plans internationaux, les partis de la gauche de la gauche ne sont pas dans la situation de la Grèce ou de l’Espagne. On ne peut pas transformer une défaite dans les urnes en une sorte de victoire », a expliqué Paulo Portas, le leader du CDS. « Les Portugais ont élu à 70 % un Parlement qui est prêt à respecter les règles européennes », a insisté Pedro Passos Coelho. Et de se dire prêt à faire des « compromis » avec le Parti socialiste.La Constitution portugaise est très floue sur les possibilités qu’a désormais le président de la République, Anibal Cavaco Silva (PSD). Le texte précise seulement qu’il doit « prendre en compte les résultats électoraux ». Et quoi qu’il arrive, les Portugais ne pourront pas être rappelés aux urnes avant juin 2016, la Constitution interdisant la dissolution du Parlement dans les six mois précédant ou suivant l’élection présidentielle, qui est prévue en janvier. « Les élections de dimanche ont laissé le pays dans une impasse », notait dans son éditorial le quotidien Publico, lundi matin. Et personne ne sait si le Portugal, encore convalescent, peut se permettre que cela dure trop longtemps.Jean-Baptiste Chastand (Lisbonne, envoyé spécial)Journaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La Grèce sera à nouveau au menu de la réunion des ministres des finances de la zone euro, qui se retrouvent à Luxembourg lundi 5 octobre. Cet Eurogroupe devrait en effet valider une nouvelle liste de réformes que le gouvernement grec doit faire voter au Parlement. Après celles de mi-juillet, de fin juillet et de fin août, cette nouvelle liste de mesures doit ouvrir la voie au déblocage d’un nouveau prêt dans le cadre du troisième plan d’aide au pays (86 milliards d’euros) consenti, cet été, par l’Union européenne, la Banque centrale européenne, le Fonds monétaire international.Le montant en discussion, lundi ? A priori, 2 milliards d’euros, qui s’ajouteront aux 23 milliards d’ores et déjà versés depuis fin août.La liste des réformes à mettre en place (augmentation de la fiscalité, modernisation de l’administration, ouverture de pans entiers de l’économie à la concurrence), avait été établie cet été au moment de la signature du troisième plan d’aide.Mais elle a été ajustée - en fait, raccourcie - ces derniers jours, pour tenir compte du mois de septembre, en grande partie perdu à Athènes en raison de l’organisation des élections législatives qui ont vu revenir au pouvoir le premier ministre Alexis Tsipras.Lire aussi :La Grèce s’apprête à détailler ses nouvelles mesures d’austéritéAmbiance plus sereineRestera encore à verser 1 milliard d’euros de prêts dans le cadre de la première tranche de 26 milliards négociée fin août. Ce versement est lié à une liste de réformes supplémentaire qui devra être validée dans les semaines qui viennent.Euclide Tsakalotos, le ministre des finances grecs (reconduit à son poste, fin septembre, par le premier ministre, Alexis Tsipras, après l’avoir occupé entre début juillet et fin août), fera le déplacement à Luxembourg. La discussion devrait se passer dans une ambiance sereine.Lire aussi :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciersLe contraste avec les six premiers mois de l’année, qui ont vu Athènes et ses créanciers se déchirer, est saisissant. Maintenant que M. Tsipras a accepté les conditions des créanciers du pays, les uns et les autres discutent « entre gentlemen ». Et M. Tsakalotos est très apprécié à Bruxelles pour son pragmatisme, ses compétences et ses convictions européennes.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.10.2015 à 13h46 • Mis à jour le03.10.2015 à 16h54 | Cécile Chambraud A deux jours de l’ouverture à Rome du synode de l’Eglise catholique sur la famille, un prêtre polonais donne à la question de l’homosexualité toute sa visibilité, alors qu’elle semblait avoir tendance à passer au second plan des débats. Le père Krysztof Olaf Charamsa, 43 ans, membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi (l’ex-Saint-Office, organisme romain chargé de veiller à la cohérence de la doctrine), a révélé être homosexuel et avoir un compagnon, samedi 3 octobre, afin que, sans « attendre encore cinquante ans », « l’Eglise ouvre les yeux face aux gays croyants et comprenne que la solution qu’elle propose, à savoir l’abstinence totale et une vie sans amour, n’est pas humaine ».Lire aussi :Le pape ouvre les travaux du synode sur la familleDans des entretiens publiés par le quotidien italien Il Corriere della Sera et l’édition polonaise de Newsweek, ce collaborateur de la curie romaine mesure le risque de son coming out. « Je sais que l’Eglise me verra comme quelqu’un qui n’a pas su remplir son devoir [de chasteté], qui s’est perdu et qui plus est non pas avec une femme mais avec un homme ! », dit-il. « Je le fais pour moi, pour ma communauté, pour l’Eglise », ajoute-t-il.Par cet acte spectaculaire, le père Charamsa veut pousser l’institution ecclésiale à changer son regard sur les homosexuels. « Réveille-toi, Eglise, lance-t-il, cesse de persécuter les innocents. Je ne veux vraiment pas détruire l’Eglise, je veux l’aider, et surtout je veux aider ceux qu’elle persécute. Mon coming out doit être un appel au synode pour que l’Eglise arrête ses actions paranoïaques à l’égard des minorités sexuelles », ajoute-t-il.Un geste « très grave » et « irresponsable » pour le VaticanLe Vatican n’a pas tardé à sanctionner l’homme d’Eglise, jugeant ce coming out « très grave et irresponsable » à la veille de l’ouverture du synode. « Evidemment, Mgr Charamsa ne pourra plus continuer à assurer ses fonctions précédentes auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi », ajoute le Vatican dans un communiqué. L’Eglise catholique précise que son statut de prêtre, qu’il pourra difficilement conserver après avoir reconnu vivre en couple avec son partenaire, sera discuté par les supérieurs hiérarchiques de son diocèse.L’accueil des homosexuels est l’une des questions posée aux évêques catholiques réunis en Synode pendant trois semaines à Rome. La doctrine considère les actes homosexuels comme « intrinsèquement désordonnés » et prône l’abstinence aux gays. Elle refuse a fortiori le mariage entre personnes de même sexe. « Je voudrais dire au synode que l’amour homosexuel est un amour familial, qui a besoin de la famille. Chacun, et même les gays, les lesbiennes et les transsexuels, porte dans son cœur un désir d’amour et de famille », affirme le prêtre polonais. « Le clergé, ajoute M. Charamsa dans l’édition polonaise de Newsweek, est largement homosexuel et aussi, malheureusement, homophobe jusqu’à la paranoïa car paralysé par le manque d’acceptation pour sa propre orientation sexuelle. »Alors que 360 prélats commenceront à débattre lundi des différentes questions relatives à la famille, des représentants d’organisations de catholiques homosexuels de près de quarante pays étaient réunis depuis jeudi à Rome pour s’organiser en réseau international baptisé « Global Network of Rainbow Catholics » (GNRC, réseau mondial des catholiques arc-en-ciel).Ces derniers jours, le pape François a semblé émettre des signaux contradictoires sur la question. Lors de son voyage aux Etats-Unis, il a rencontré Kim Davis, l’égérie des opposants au mariage gay, mais aussi un ami homosexuel et son compagnon. Dans l’avion qui le ramenait du Brésil peu après son élection en 2013, François avait déclaré : « Si une personne est homosexuelle et cherche vraiment le Seigneur, qui suis-je pour la juger ? »Lire aussi :Le discours engagé du pape face aux élus américainsCécile ChambraudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Baptiste Chastand Lorsqu’on demande à Ana Rocha si elle ira voter dimanche 4 octobre aux législatives portugaises, elle se met en colère. « Non ! Clairement, non ! » Mère de famille célibataire âgée de 41 ans, elle est venue prendre un rendez-vous pour son fils chez un dentiste bénévole de l’association paroissiale de Tetra, quartier pauvre de la ville industrielle de Setubal, à une trentaine de kilomètres au sud de Lisbonne. « A l’Assemblée, personne ne sait ce que c’est de gagner 500 euros [le niveau du smic au Portugal], pour eux on ne compte pas. Je ne leur fais pas confiance », lâche cette serveuse qui n’arrive pas à s’en sortir.Lire aussi :Au Portugal, des élections sous le signe de la criseElle doit notamment encore rembourser 250 euros de crédit par mois pendant treize ans pour son appartement. « Avant la crise, je gagnais 200 euros de plus en faisant des ménages chez quelqu’un. Mais j’ai perdu cet emploi. » Comme son procès avec son ex-mari pour obtenir une pension est toujours en attente, elle ne peut compter que sur l’aide de sa famille pour boucler les fins de mois. Au Portugal, malgré le retour de la croissance depuis 2014, un cinquième des travailleurs ne gagnent, comme Ana Rocha, que le salaire minimum. Celui-ci est bien passé de 485 euros à 505 euros en 2014 après quatre ans de gel, mais il reste l’un des plus bas d’Europe de l’Ouest et inférieur à son niveau de 1974, lors de la « révolution des œillets ».Lire aussi :Sortie de récession, le Portugal face aux électeursAlors ce ne sont pas ces 20 euros, ni les débats de la campagne sur la réalité de la reprise de l’économie portugaise, qui vont convaincre Ana Rocha d’aller voter. « Ici, les gens sont désinvestis, ils s’en foutent complètement », regrette Oliverio Jorge, un bénévole « catholique de gauche » de l’association paroissiale. Lui n’a pas « ressenti du tout » la reprise économique vantée par Pedro Passos Coelho, le premier ministre de droite, qui espère pourtant être réélu sur la base de l’amélioration des indicateurs économiques.Le tourisme exploseQuelques kilomètres plus loin, devant l’usine Volkswagen Autoeuropa, l’un des plus gros sites industriels du Portugal, les dizaines d’ouvriers passant les tourniquets à l’heure du roulement d’équipe affichent le même scepticisme. « J’aimerais bien que ça change, mais je sais qu’on va rester dans la même situation », se lamente Idalina Menes, une technicienne de montage de 37 ans. Ici, on n’ose pas trop se plaindre car « les salaires sont bons », « même si c’est très physique et fatiguant ». Le principal problème sont les impôts, brutalement relevés pour boucher le déficit public. « En net, je gagne moins que lors de mon embauche il y a huit ans, alors même que mon brut a augmenté : 931 euros contre 1 050 », confie Mme Menes. Elle compte voter pour le Parti communiste, très présent dans l’usine, mais sans trop y croire.Pourtant, la situation des 120 000 habitants de Setubal s’est améliorée ces derniers mois, assure l’adjoint au maire écolo-communiste. « Cinq mille emplois ont été créés en quatre ans », vante même Andre Martins, en citant l’installation d’une zone commerciale et d’un Décathlon. Surtout, le tourisme explose, la ville réussissant à valoriser sa magnifique baie pour faire oublier son image de territoire déshérité. Bien sûr, il regrette que sa mairie ait dû supprimer 200 postes de fonctionnaires depuis le plan d’austérité de 2011 et qu’« il y ait beaucoup trop d’embauches avec des salaires bas et des contrats précaires. Mais c’est quand même mieux que le chômage ».C’est tout le Portugal qui a cherché dans le tourisme son salut. A Lisbonne, 21 nouveaux hôtels doivent ouvrir en 2015, contre 12 en 2014. Dans les rues du centre historique, on n’entend quasiment plus parler portugais et les Lisboètes se plaignent désormais de la hausse des loyers générée par les locations par l’intermédiaire d’Airbnb. « En 2011-2013, 30 % des magasins avaient fermé à cause de la crise et de la loi sur la libéralisation des loyers commerciaux », rappelle Carla Salsinha, présidente de l’union des petits commerçants de Lisbonne.Prudence des grands patronsAvant cette loi, les commerçants de la ville pouvaient se transmettre leurs locaux de génération en génération en gardant le même loyer. Plusieurs commerçants âgés ont subitement dû fermer, certains loyers étant multipliés par « deux, quatre ou même cinq ! » Mais elle doit bien avouer que, aujourd’hui, les « deux tiers des commerces fermés ont rouvert ». Et que l’afflux de jeunes avec des « idées différentes » a redynamisé le commerce.Chez les grands patrons, on affiche aussi sa confiance dans la reprise, mais la prudence prévaut. « Elle est encore naissante et balbutiante, mais peu de personnes pensaient en 2011 que le bout du tunnel serait si proche », juge Diogo da Silveira, le PDG franco-portugais du groupe de papeterie Portucel. Son entreprise, très internationalisée, n’a pas trop pâti de la crise. « Mais mes fournisseurs et les Portugais ont souffert. Il reste que le pays n’aurait probablement jamais fait toutes ces réformes fondamentales si on n’avait pas été obligé et contraint. » Le patron pense surtout à la brutale diminution des indemnités de licenciements votée par la droite. « Le coût des licenciements a été réduit de moitié, et grâce à ça on recrute plus », assure-t-il, en ne cachant pas sa préférence pour la réélection du premier ministre libéral.Si le taux de chômage a en effet officiellement reculé de 17,5 % à 12,4 % entre 2013 et 2015, la gauche conteste vivement la réalité de cette baisse et dénonce la hausse de la précarité. Sara Simoes, animatrice de l’association Précaires inflexibles (Precarios Inflexiveis) fondée en 2008 au début de la crise des subprimes, assure notamment que le gouvernement « cache la réalité » en utilisant massivement les contrats aidés ou en comptant sur la démotivation des chômeurs. Sous l’effet de l’émigration et du vieillissement, la population active du Portugal a en plus reculé de plus de 250 000 personnes entre 2010 et 2014, ce qui a clairement facilité la baisse du chômage.Après huit ans de CDD dans des centres d’appels, Sara Simoes, qui est également militante du Bloc de gauche (extrême gauche), a toutefois fini par décrocher un CDI dans une banque en janvier. A 27 ans, elle vient tout juste de célébrer la fin de sa période d’essai et se réjouit de gagner plus que le smic. « Ma situation personnelle s’est améliorée », convient-elle, contente de n’avoir pas fait le choix de l’émigration lorsqu’elle était au chômage, comme nombre de ses amis. Quelque 400 000 Portugais sont partis tenter leur chance à l’étranger depuis 2011. Sara le constate avec regret : il n’y a d’ailleurs plus grand monde au Portugal pour protester contre l’austérité depuis l’échec des grandes manifestations de 2012. « Les gens ont arrêté d’espérer. Ou sont partis. »Lire aussi :« Le Portugal a appliqué à la lettre les réformes exigées par la troïka »Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Michel Bezat L’Europe reste l’horizon indépassable de Gazprom. Au cours des deux dernières années, marquées par la crise ukrainienne, la Russie avait fait croire qu’elle pouvait pénaliser le Vieux Continent en se tournant vers l’Asie. En 2014, deux décisions majeures avaient illustré cette réorientation politico-économique : la signature d’un contrat gazier de 360 milliards d’euros entre Gazprom et le pétrolier chinois CNPC ; et l’arrêt brutal, décidé par Vladimir Poutine, du projet de gazoduc South Stream traversant l’Europe, au profit du Turkish Stream transitant par la Turquie. Le président russe répondait aux sanctions occidentales décrétées après l’annexion de la Crimée, mais aussi aux poursuites des autorités antitrust de Bruxelles contre le groupe gazier accusé d’abus de position dominante en Europe de l’Est. Dans les deux cas, Gazprom était au centre du jeu.Est-ce parce qu’ils font l’amère expérience de la dureté en affaires de leurs « amis » chinois et turcs ? Depuis quelques semaines, le Kremlin et les dirigeants de Gazprom sont plus conciliants avec les Européens. Ils viennent de trouver un accord sur le prix du gaz vendu à l’Ukraine et semblent disposés à des concessions avec les pays-clients d’Europe de l’Est. Le groupe russe a signé un pacte d’actionnaires avec les allemands E.ON et BASF, l’anglo-néerlandais Shell, l’autrichien OMV et le français Engie pour doubler le gazoduc Nord Stream acheminant du gaz russe vers Allemagne en passant sous la Baltique. Dans la foulée, Gazprom a conclu avec BASF un échange d’actifs (bloqué depuis 2013) resserrant ses liens avec le numéro un mondial de la chimie.Train de la libéralisationC’est de la « real » économie. On a oublié que Gazprom n’est pas que le bras armé du Kremlin, mais aussi une société cotée à Moscou pesant 124 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Un géant qui, pour ne pas perdre de parts de marché, doit prendre en marche le train de la libéralisation du secteur de l’énergie en assouplissant les contrats à long terme signés avec ses clients européens. Une entreprise également dans le viseur de Bruxelles depuis des lustres. Ce n’est pas un hasard si, en septembre, sa filiale export a pour la première fois vendu un peu de son gaz aux enchères. Une révolution pour le conglomérat issu du ministère soviétique du gaz !Lire aussi :Gazprom espère un accord amiable avec BruxellesC’est la preuve, une fois de plus, que l’Europe reste un débouché vital pour le gaz russe, surtout depuis que la production de gaz de schiste aux Etats-Unis lui a fermé l’accès au marché américain. « La sécurité gazière est meilleure qu’on ne le proclame souvent et place l’Union européenne dans une position favorable pour discuter avec la Russie, son principal fournisseur » (30 % de ses importations), souligne Claude Mandil, ancien patron de l’Agence internationale de l’énergie. Tous les différends ne sont pas aplanis, bien sûr. Mais tout se passe comme si – pour l’heure, du moins – les dirigeants européens et russes ne voulaient pas en rajouter dans une situation politique tendue.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.10.2015 à 22h17 • Mis à jour le03.10.2015 à 13h10 | Benoît Vitkine La feuille de route des accords de Minsk ne s’achèvera pas, comme cela était prévu, avant la fin de l’année 2015. La mise en œuvre complète de ces accords signés en février et devant amener la paix en Ukraine « va prendre plus de temps », a reconnu François Hollande, vendredi 2 octobre, à l’issue d’une réunion à l’Elysée avec ses homologues russe, ukrainien et allemand.Aucune nouvelle échéance n’a été fixée, mais les quatre dirigeants se sont accordés sur les prochaines étapes du processus. Première avancée, les élections que les séparatistes prorusses du Donbass comptaient organiser le 18 octobre de façon unilatérale sur les territoires qu’ils contrôlent « ne pourront pas se tenir », a assuré M. Hollande. La tenue d’un tel scrutin, alors que le texte de Minsk prévoit que ces élections locales doivent se tenir en conformité avec la législation ukrainienne, aurait signé l’arrêt de mort de Minsk.A la place, une loi électorale devra être élaborée en concertation avec les rebelles puis votée au Parlement ukrainien, pour permettre que ce scrutin soit « incontestable » selon le mot du président français. Il y a quelques jours, un diplomate français concédait que ces élections ne pourraient pas « être dignes d’un canton suisse, mais devraient être à peu près au cordeau ». Risque ainsi de se poser la question de la candidature de représentants des partis politiques ukrainiens sur des territoires contrôlés par les groupes armés rebelles.Lire aussi :Comment Poutine est revenu au centre du jeu diplomatiqueUn « statut spécial » pour les régions séparatistesLe scrutin devra se tenir dans un délai de 90 jours suivant l’adoption de la loi électorale, et être reconnu par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). A partir de là devra entrer en vigueur un « statut spécial » pour les régions sous contrôle séparatiste. Autrement dit, une autonomie large mais dont les contours restent à définir. C’est la principale concession demandée à la partie ukrainienne : accélérer la mise en place de cette réforme constitutionnelle qui suscite une forte opposition à Kiev.« Une fois que nous aurons eu les élections, il faudra encore prendre du temps pour arriver à la dernière étape de Minsk », a reconnu François Hollande. Cette dernière partie est la plus sensible, et demande une implication sans faille de la Russie. Il s’agit du retrait des groupes armés illégaux opérant dans le Donbass et du retour à la partie ukrainienne de la frontière russo-ukrainienne. « Chaque participant veut l’application de Minsk, aussi bien Porochenko que Poutine », a estimé le président français, qui s’est refusé à faire tout lien entre l’apparente bonne volonté actuellement affichée par M. Poutine et sa nouvelle implication sur le front syrien. Il a toutefois reconnu qu’il n’existait pas de « garantie » que les dernières étapes du processus seront menées à bien.Kiev « prudemment optimiste »Le président ukrainien, Petro Porochenko, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse distincte, s’est dit « prudemment optimiste » quant au succès du processus, pendant que le porte-parole du Kremlin se contentait de faire état de « discussions sérieuses ».Les quatre dirigeants ont également adopté une dernière mesure pour renforcer le cessez-le-feu sur le terrain, dont la dernière mouture, annoncée le 1er septembre, est presque intégralement respectée par les belligérants. Il s’agit du retrait de la ligne de front des armes d’un calibre inférieur à 100 mm, lequel doit débuter ce samedi à minuit et être appliqué dans un délai de 41 jours. Une mesure similaire concernant les armes lourdes, décidée en février, n’est que partiellement appliquée sur le terrain.Lire aussi :A la « frontière » entre les deux Ukraine, blocus et contrebandeBenoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Audrey Garric et Pierre Le Hir Après des années de blocage et de manœuvres en coulisses, les pays anti et pro-OGM dévoilent leur jeu en Europe. Seize Etats membres de l’Union ont demandé, ces dernières semaines, l’interdiction de cultiver des organismes génétiquement modifiés (OGM) sur leur territoire. La France, l’Allemagne, la Bulgarie, Chypre, la Lettonie, la Grèce, la Croatie, l’Autriche, la Hongrie, la Pologne, les Pays-Bas, la Lituanie, l’Italie et le Danemark ont déjà formulé cette demande auprès de la Commission européenne, ainsi que le Royaume-Uni au nom de l’Ecosse, le pays de Galles et l’Irlande du Nord, et la Belgique pour la Wallonie. La Slovénie pourrait leur emboîter le pas, avant samedi 3 octobre, date-butoir fixée par la nouvelle directive européenne sur le sujet, entrée en vigueur en avril.Le nouveau texte, qui visait à sortir de l’impasse dans laquelle se trouvait l’Europe vis-à-vis de ce dossier brûlant, laisse le choix aux Etats membres d’autoriser ou d’interdire la culture des OGM sur leur territoire, et ce, en amont de la procédure d’autorisation menée par la Commission européenne et l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).Lire : La culture des OGM facilitée dans l’Union européenneNeuf dossiers de maïs OGM en attente d’une autorisationJusqu’à présent, les Etats « anti-OGM » ne pouvaient interdire les cultures transgéniques sur leur territoire qu’après leur autorisation à l’échelle européenne, en prenant des clauses de sauvegarde ou des mesures d’urgence pour des motifs environnementaux et sanitaires. Une procédure très fragile juridiquement : la France a, par exemple, été attaquée à trois reprises sur ses moratoires – le dernier pourvoi introduit par les industriels étant toujours examiné par le Conseil d’Etat.Avec la nouvelle directive, les Etats qui souhaitent bannir des OGM doivent en faire la demande auprès des semenciers, sous la houlette de la Commission, afin d’être retirés du périmètre de culture. C’est ce que la France a fait le 17 septembre, en transposant dans le droit français la directive européenne. Paris a ainsi demandé à exclure de son territoire les 9 dossiers d’OGM en attente d’autorisation au niveau européen : le MON810 de Monsanto (deux demandes, pour son autorisation et son renouvellement), le TC1507 de Pioneer, proposé par la Commission en 2013 sous la pression d’un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne, ainsi que six autres maïs de Monsanto, Pioneer et Syngenta. Les entreprises de biotechnologie ont maintenant trente jours pour donner leur réponse (ou s’abstenir, ce qui est considéré comme une approbation).En cas d’opposition de ces dernières, la France, à l’image des autres gouvernements européens, pourra interdire les plantes sur son sol en invoquant différents motifs, notamment de politique agricole, d’aménagement du territoire ou des conséquences socio-économiques.Lire : OGM : tout comprendre au nouveau cadre européenAccélérer la mise en culture de semences« Le nouveau texte simplifie la procédure pour interdire les OGM. Reste à voir si elle fonctionne, notamment la phase de négociations entre les Etats et les semenciers, prévient Pauline Verrière, juriste à l’association Inf’OGM. On peut également craindre des recours devant l’Organisation mondiale du commerce, cette dernière pouvant sanctionner des décisions politiques basées sur des arguments socio-économiques et non scientifiques. Surtout, il existe un risque de multiplication des dossiers d’autorisation au niveau européen. » Car l’objectif de la nouvelle directive était, en laissant la liberté à chaque Etat de se prononcer pour son territoire, d’empêcher les blocages au niveau communautaire. Ceux-ci ont conduit à ce qu’un seul OGM soit actuellement cultivé en Europe : le maïs MON810. Cette semence est plantée presque exclusivement en Espagne, avec 132 000 hectares en 2014, ainsi qu’un peu au Portugal (8 500 ha). En 2015, les surfaces de MON810 ont considérablement diminué dans les trois autres pays qui le cultivent : en République tchèque (997 ha), en Slovaquie (105 ha) et en Roumanie (2,5 ha), selon les comptes d’Inf’OGM.La nouvelle législation va donc certainement accélérer la mise en culture de semences transgéniques sur le sol européen. Le porte-parole santé et environnement de la Commission précise ainsi que la latitude laissée aux Etats membres de s’opposer à ces cultures « ne change rien aux avis scientifiques de l’EFSA, selon lesquels les OGM ne présentent pas de risque pour l’environnement et la santé ».« Décision démocratique »Pour l’heure, les ONG se félicitent de la volonté d’une majorité de pays européens de prohiber la culture des OGM sur leur sol. « C’est un mouvement de masse, à la fois politique et citoyen, qui montre qu’un nombre croissant d’Etats membres ne font pas confiance aux évaluations conduites par l’Union européenne et prennent des mesures, à juste titre, pour protéger leur agriculture et leur alimentation », estime Anaïs Pourest, de Greenpeace France. Les pays et régions qui ont d’ores et déjà signifié leur intention d’interdire les cultures transgéniques « représentent 65 % de la population de l’UE et 66 % de ses terres arables », souligne-t-elle.« Il n’y a jamais eu un signal aussi clair que les cultures génétiquement modifiées, et les entreprises qui les produisent, ne sont pas bienvenues en Europe », renchérit Mute Schimpf, des Amis de la Terre Europe, dans un communiqué. Elle ajoute : « La décision démocratique des pays de bannir les cultures OGM doit être respectée par l’industrie des biotechnologies. » Reste que le dossier des OGM en Europe est loin d’être clos. En particulier, la question des « zones tampons » à mettre en place pour éviter des contaminations frontalières, entre un pays ouvert aux cultures transgéniques et son voisin les refusant, n’est toujours pas réglée. Quant à la révision des procédures d’évaluation et d’autorisation, réclamée depuis des années par les ministres européens de l’environnement, elle est toujours en suspens.Audrey GarricChef adjointe du service Planète/Sciences du MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterPierre Le HirJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.10.2015 à 06h44 | Jean-Baptiste Chastand Les Portugais vont-ils réélire leur premier ministre de droite malgré quatre années d’austérité ? C’est fortement probable, si l’on en croit les sondages publiés jeudi 1er octobre, à trois jours des législatives, prévues dimanche. Avec environ 38 % des intentions de vote, le très libéral Pedro Passos Coelho pourrait parvenir à rester premier ministre, en battant son adversaire socialiste Antonio Costa, crédité d’environ 32 % des voix. La droite ne serait toutefois pas en mesure de conserver la majorité absolue qu’elle avait obtenue en 2011 alors que le pays était au bord de la faillite.S’ils se confirment dimanche, ces sondages étonnent à plusieurs titres. D’abord parce qu’Antonio Costa, 54 ans, ancien maire de Lisbonne, était parti favori après sa victoire aux primaires socialistes, en septembre 2014. En promettant d’adoucir les mesures d’austérité et de combattre la précarité, tout en s’engageant à respecter le cadre budgétaire européen, sa campagne avait tout pour séduire la gauche, sans inquiéter le centre.Timide reprise de l’économieMais Pedro Passos Coelho, 51 ans, a réussi à renverser la tendance dans les sondages en s’appuyant sur la petite reprise de l’économie portugaise. Après avoir été saignée par les mesures d’austérité décidées en 2011 en échange d’un plan d’aide de 78 milliards d’euros de l’Union européenne et du Fonds monétaire international, celle-ci connaît en effet un léger rebond depuis 2014. La croissance est timidement repartie, le pays est sorti du plan d’aide international et le chômage a reculé fortement. Les socialistes défendent que ces indicateurs sont trompeurs en raison de l’émigration massive des Portugais ces dernières années, mais la droite leur rétorque que s’ils reviennent au pouvoir, le pays risque à nouveau la faillite.De quoi perturber des électeurs portugais, plus fatalistes que révoltés depuis l’échec des grandes manifestations anti-austérité de 2012. Les deux grands camps devraient ainsi récolter ensemble deux tiers des voix, empêchant toute véritable percée des partis contestataires. L’extrême droite portugaise est inexistante, et l’extrême gauche eurosceptique est divisée entre un parti communiste resté très traditionnel et un parti contestataire (le Bloc de gauche) qui n’a jamais vraiment percé. Même si ces deux partis pourraient récolter chacun près de 10 % des voix, ils restent loin des niveaux de Podemos en Espagne ou Syriza en Grèce.@jbchastandchastand@lemonde.frJean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 18h45 • Mis à jour le01.10.2015 à 18h56 | Lorenzo Bini Smaghi (Président du groupe Société générale) La chancelière Angela Merkel le rappelle à juste titre, la crise de l’euro est avant tout une crise de confiance. Mais d’où vient la défiance ?Comme l’a écrit Jens Weidmann [le président de la Bundesbank] dans sa tribune (« Renforçons la surveillance budgétaire au sein de l’Union européenne », Lemonde.fr, 30 septembre), il y a un profond malentendu sur l’interprétation des causes de la crise et du besoin de solidarité entre les pays membres de l’Eurozone. Mais pour résoudre les malentendus, il faut que chacun fasse une part du chemin.Lire aussi :Renforçons la surveillance budgétaire au sein de l’Union européenneLa crise grecque a montré qu’il ne pouvait y avoir de solution tant que le nouveau gouvernement grec n’assume pas pleinement sa responsabilité pour réaliser les réformes nécessaires qui permettent au pays de rester durablement dans l’euro, ce qui est arrivé non sans surprise le jour suivant le référendum qui avait rejeté le plan d’ajustement.Mais ceci n’était apparemment pas suffisant. Au lieu de se féliciter du repentir, bien que tardif, des Grecs, l’Allemagne a mis sur la table au cours des négociations une proposition alternative, qui consistait à faire sortir la Grèce de l’euro pendant cinq ans. Cette initiative a elle aussi contribué à détériorer la confiance réciproque en Europe.Du consensus au scepticismeEn quelques jours, l’Allemagne et ses leaders ont réussi à transformer le consensus entre les dix-huit pays en un scepticisme et une défiance tout aussi forts à son égard. Cette proposition témoigne d’une tendance à penser que les problèmes sont provoqués seulement par les autres, et que la meilleure manière de les résoudre est d’éliminer leur origine, en ignorant les conséquences autodestructrices de cette approche.Une vision claire de l’avenir, qui prenne vraiment en considération tous les aspects systémiques, incluant ceux qui résultent des développements internes de l’économie allemande, semble faire défaut. L’économie allemande a connu un succès exceptionnel ces dernières années. Le produit intérieur brut (PIB) allemand par tête est revenu au-dessus de son niveau d’avant la crise bien avant les Etats-Unis, avec un taux d’emploi supérieur et une dette publique en diminution.Le système économique allemand est un modèle, mais cela ne signifie pas nécessairement que la solution à tout problème européen consiste simplement à reproduire ce qu’a fait l’Allemagne. L’Europe ne serait pas nécessairement plus forte et résistante si nous avions dix-neuf Allemagnes au lieu d’une seule. C’est même probablement le contraire. C’est pourquoi il faut une vision systémique d’ensemble, qui n’est pas la simple somme des visions nationales. Et l’Allemagne, par sa dimension relative et le succès qu’elle a connu ces dernières années, ne peut pas s’y soustraire.Toutefois, c’est justement cette vision qui fait défaut aujourd’hui. Et cela semble être en partie le résultat de préjugés qui se sont transformés en véritables peurs, en angoisses. Si ces craintes ne sont pas dissipées, surtout en Allemagne, il est difficile de penser que l’Europe puisse aller sur la voie du progrès et du maintien de sa prospérité dans la cohésion.L’union bancaire garantit une parité de traitementLa première crainte est que l’Allemagne doive toujours payer les désastres financiers des autres pays. Cette peur résulte des conséquences de l’unification allemande, qui a impliqué des transferts considérables de ressources de l’Ouest vers l’Est. Mais en ce qui concerne l’Europe, elle est injustifiée. Certainement pour le passé, mais également pour tout scénario futur raisonnable.Pour qui observe la crise grecque, même dans le pire des cas, le citoyen allemand moyen aura contribué pour l’essentiel de la même manière que les autres européens. Certains soutiennent même que l’Allemagne contribue beaucoup moins que ce qu’elle devrait, étant donné l’exposition bien plus importante de son système bancaire à la Grèce.La seconde crainte est que les institutions européennes prennent des décisions allant à l’encontre des intérêts de l’Allemagne. L’évidence démontre le contraire. Toutes les craintes relatives aux interventions monétaires de la Banque centrale européenne (BCE), qui auraient tôt ou tard créé une hyperinflation, se sont systématiquement avérées infondées. Les craintes que les aides aux pays en difficulté se traduisent par un assouplissement des politiques budgétaires se sont révélées injustifiées.L’expérience de l’Irlande, du Portugal, voire de Chypre, démontre qu’il était juste de les aider. Le contribuable allemand y a de fait gagné. Certes, le cas de la Grèce est encore incertain, mais cela est-il suffisant pour démentir les autres réussites ? La création de l’union bancaire s’est révélée être un succès et garantit une parité de traitement. En résumé, tous les progrès institutionnels que l’Europe a réalisés depuis la crise ou les politiques communes qu’elle a mises en place ont contribué à la stabilité de l’Allemagne (et des autres pays), démentant les craintes initiales.Excès d’épargneLa troisième crainte concerne la durabilité du système allemand des retraites, liée aux faibles rendements produits par la politique monétaire de la BCE. Elle est également infondée, étant donné que les taux d’intérêt sont aujourd’hui bas presque partout dans le monde. Le problème réside dans l’excès d’épargne par rapport aux investissements au niveau global, et l’Allemagne y contribue de manière systématique, avec plus de 8 % d’excédent extérieur, ce qui produit des effets déflationnistes.La récente décision du gouvernement allemand d’abaisser l’âge de la retraite ne fait qu’aggraver la situation. La conséquence en est que les taux d’intérêt sont bas parce qu’il n’y a pas assez d’investissements, publics ou privés, en Europe et dans le monde, pour faire face à l’augmentation de l’épargne. Ces craintes sont diffuses, peut-être compréhensibles, mais injustifiées. Elles empêchent la création du contexte de confiance nécessaire pour poursuivre le processus d’intégration engagé il y a plus de 60 ans, qui a donné à l’Europe la paix et la prospérité.Chaque pays doit faire sa part, sans penser que le problème ne concerne que les autres.Lorenzo Bini Smaghi a été membre du Comité exécutif de la Banque centrale européenne (2005-2011). Une première version de cet article a été publiée en allemand le 26 août sur le site du journal Süddeutsche Zeitung.Lorenzo Bini Smaghi (Président du groupe Société générale) 01.10.2015 à 15h54 • Mis à jour le01.10.2015 à 16h39 | Marine Forestier Pour son premier déplacement officiel en Jamaïque, mardi 29 et mercredi 30 septembre, le premier ministre britannique, David Cameron, a ignoré les demandes d’excuses adressées au Royaume-Uni pour son rôle historique dans la traite négrière, malgré la pression exercée par plusieurs leaders caribéens.La Jamaïque a été une colonie britannique jusqu’en 1962. L’île fait partie de la Caribbean Community and Common Market (Caricom) qui regroupe quinze pays des Caraïbes, tous étant d’anciennes colonies des puissances européennes. La Caricom a annoncé en 2013 sa volonté d’obtenir des réparations pour les siècles d’esclavage, sans préciser de montant particulier.Lire aussi :Le Code Noir, une monstruosité qui mérite de l’histoire et non de l’idéologieEn 2004, note The Guardian, une coalition de groupes rastafaris en Jamaïque avait estimé que les pays européens devraient payer 129 milliards de dollars pour réinstaller 500 000 rastafaris en Afrique.Des liens ancestraux avec l’esclavage ?En amont de ce déplacement, le premier en quatorze ans d’un premier ministre britannique, la présidente de la commission des réparations de la Caricom, Hilary Beckles a publié une lettre dans le Jamaica Observer adressée à David Cameron. Il lui demandait de faire amende honorable, soulignant ses propres liens ancestraux avec la traite.« Vous êtes un petit-fils du sol jamaïcain, privilégié et enrichi par l’asservissement de nos ancêtres par les vôtres. […] Vous êtes, Monsieur, un produit prisé de cette terre et des bénéfices tirés de l’aubaine par votre famille et dont vous avez hérité. »Lire aussi :Esclavage : les errements de François Hollande sur la question des réparationsLa première ministre jamaïcaine Portia Simpson Miller a indiqué avoir soulevé la question des réparations lors d’une réunion formelle avec David Cameron, « sous les auspices de la communauté caribéenne », tout en étant consciente des « sensibilités évidentes ».La question de la responsabilité britannique esquivéeUn appel resté lettre morte pour le premier ministre britannique, qui a appelé la Caraïbe à « aller de l’avant », dans son discours devant le Parlement jamaïcain, sans faire mention du rôle actif du Royaume-Uni dans la traite.« L’esclavage est abominable dans toutes ses formes. Il n’a aucune place dans une société civilisée, et le Royaume-Uni est fier d’avoir montré la voie de son abolition. Que la Caraïbe ait émergé de cette longue et obscure ombre témoigne de la résilience et de l’esprit de ses habitants. Je reconnais que ces blessures sont très profondes. Mais j’espère, comme des amis qui ont vécu tellement de choses ensemble dans les temps les plus sombres, que nous pouvons aller de l’avant à partir de ce douloureux héritage et continuer à construire pour l’avenir. »David Cameron a insisté sur sa volonté de bâtir le futur, et a annoncé à Kingston un paquet financier d’aide d’environ 455 millions de dollars (plus de 400 millions d’euros) afin d’investir dans des infrastructures en Jamaïque, tels que des ports, ponts, routes et un projet de gestion des déchets. Cent quatre-vingts millions de dollars (environ 160 millions d’euros) seront également fournis pour améliorer l’accès aux soins et impulser la croissance économique, faisant du Royaume-Uni, selon son premier ministre, le plus important donateur bilatéral dans la région.Selon The Guardian, en 2006 Tony Blair avait exprimé sa « profonde tristesse » pour l’esclavage, sans admettre la culpabilité historique du Royaume-Uni.Marine ForestierJournaliste au Monde Benoît Vitkine Dans un climat tendu par l’annonce de frappes russes en Syrie, Paris doit accueillir, vendredi 2 octobre, un sommet réunissant les quatre chefs d’Etat et de gouvernement impliqués dans le règlement de la crise ukrainienne. François Hollande, qui avait lancé l’idée de cette rencontre lors de sa conférence de presse du 7 septembre, recevra dans la capitale française Angela Merkel, Petro Porochenko et Vladimir Poutine, dont l’implication non concertée avec les Occidentaux en Syrie fait paradoxalement espérer aux diplomates occidentaux une position plus conciliante sur l’Ukraine.C’est sous l’égide de ce même format dit « de Normandie » qu’avaient été signés, en février, les accords de Minsk, devant apporter une solution définitive à la guerre en Ukraine, et qui doivent théoriquement être appliqués d’ici au 31 décembre. « Il ne s’agit pas de renégocier Minsk, avertit une source diplomatique française, mais plus de faire un point d’étape. » Le choix des mots est prudent, mais Paris entend, en réalité, aller plus loin qu’un simple point d’étape, et profiter de la « bonne dynamique » observée sur le terrain militaire pour éviter toute sortie de route lors des trois derniers mois du processus.Lire aussi :Comment Poutine est revenu au centre du jeu diplomatiquePari ambitieux Le moment est particulièrement favorable : dans le Donbass, le front est calme comme jamais depuis le début du conflit, au printemps 2014. Le nouveau cessez-le-feu décrété le 1er septembre est presque intégralement respecté par les belligérants, à l’exception de très rares incidents isolés. A la veille de la rencontre, l’Ukraine et les séparatistes prorusses ont annoncé un accord sur le retrait des armes de calibre inférieur à 100 millimètres dans une zone de 15 km de part et d’autre de la ligne de front, sur le modèle de l’accord théoriquement en vigueur pour les armes lourdes. Cette dernière annonce doit être mise en œuvre sous 41 jours. L’objectif est loin d’être acquis, tant la méfiance entre les parties reste forte.Si le volet militaire paraît en voie de stabilisation, l’application du versant politique de la feuille de route de Minsk s’annonce plus périlleuse. Premier écueil, les élections que les séparatistes comptent organiser de façon unilatérale sur les territoires qu’ils contrôlent, alors que le texte de Minsk prévoit la tenue d’un scrutin en conformité avec la législation ukrainienne. Les dates annoncées – 18 octobre pour la « République populaire de Donetsk », 1er novembre pour celle de Louhansk – ont tout de la provocation envers les autorités ukrainiennes, qui organisent leurs propres élections locales le 25 octobre.La solution de compromis élaborée par Paris et Berlin prévoit que le scrutin pourra se tenir dans les territoires séparatistes à une date différente du reste de l’Ukraine, mais bien en conformité avec le droit ukrainien, et sous la supervision de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Pour convaincre les séparatistes d’accepter ce compromis, Paris et Berlin ont obtenu une concession de Kiev : que deux autres points très sensibles de cette feuille de route de Minsk – le retour du contrôle ukrainien sur la frontière russo-ukrainienne et le retrait des groupes armés de la région – n’interviennent qu’en toute fin de processus. Théoriquement, cela impliquerait qu’un représentant du parti du président ukrainien pourrait être candidat dans une ville comme Donetsk encore tenue par des rebelles armés. Le pari est ambitieux, mais un diplomate français relativise en expliquant que « l’on n’attend pas des élections dignes d’un canton suisse, mais un scrutin à peu près au cordeau ».Vaincre les réticencesLes chancelleries occidentales veulent aussi pousser Kiev à accélérer l’adoption des « modalités particulières de la décentralisation » pour les régions de Donetsk et Louhansk. En clair, une large autonomie. Un premier vote sur le sujet s’était soldé, fin août, par des violences meurtrières à Kiev. Et la majorité requise de 300 voix est loin d’être acquise au Parlement ukrainien. Mais Paris et Berlin espèrent que les concessions séparatistes sur les élections vaincront les réticences. « L’idée est de faire avancer les deux dossiers simultanément, explique une source française, pour éviter qu’une des deux parties ne se braque, comme cela a été le cas jusqu’à présent. »Quand bien même ces obstacles seraient franchis, la partie est loin d’être gagnée pour espérer une application entière des accords de Minsk à la fin de l’année. Les deux derniers points – contrôle de la frontière par l’Ukraine et retrait ou désarmement des groupes armés illégaux – s’annoncent autrement plus délicats. C’est à ce moment-là que se vérifiera réellement la bonne volonté affichée aujourd’hui par Vladimir Poutine.Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Jacqué Un scandale Volkswagen ? Quel scandale ? En septembre, le groupe allemand n’a pas du tout souffert de l’affaire du logiciel truqueur, qui n’a éclaté il est vrai que le 18 du mois aux Etats-Unis. En France, les ventes du constructeur ont bondi de 12,8 %, selon les données publiées jeudi 1er octobre par le Comité des constructeurs français d’automobiles, pour un marché en progression de 9 % au mois de septembre.Pour l’instant, toutes les marques commercialisées par le géant allemand profitent de l’embellie du marché national. Audi (+ 6,3 %), VW (+ 12,1 %), mais aussi Seat (+ 21,2 %) et Skoda (+ 28,1 %) progressent. Leur dynamique commerciale est bien plus forte que celle des constructeurs tricolores. Au mois de septembre, Renault (+ 5,8 %) a connu un meilleur mois que PSA (+ 3,9 %), bien loin de leur concurrent germanique.Renault progresseSur neuf mois, si les immatriculations rebondissent au niveau français de 5,4 %, celles des constructeurs nationaux augmentent bien plus modestement de 2,6 %, tandis que Volkswagen affiche une croissance de 4,6 %. Renault, porté par le renouveau de sa gamme, progresse de 4,7 % sur les trois premiers trimestres. Dacia, sa marque à bas coûts qui soutenait le groupe en 2014, est en plus grande difficulté, en retrait de 6 % depuis le début de l’année.PSA bénéficie pour sa part toujours de la bonne tenue de Peugeot. Les véhicules du « Lion » sont toujours aussi demandés (6,7 % de croissance) alors que Citroën (– 1,3 %) et DS (– 11,3 %) connaissent une année bien plus compliquée avec un renouvellement de l’offre qui tarde encore à produire ses effets.Du côté des constructeurs étrangers, BMW (+ 20,2 %), Hyundai (+ 18,4 %) et Mercedes (+ 11,7 %) se distinguent depuis le début de l’année, après il faut le dire une année 2014 particulièrement médiocre. Ford, Nissan et Toyota progressent au rythme du marché.Lire aussi :La France demande des comptes à VolkswagenEn septembre, la part de marché du diesel dans les ventes est tombée à 55 %, un niveau particulièrement bas. Et depuis le début de l’année, la part de marché de cette motorisation est en moyenne de 58 % des véhicules vendus, contre 64 % en 2014 et 73 % en 2012, son plus haut niveau historique. Alors que les constructeurs s’attendaient à voir passer la part de marché à 50 % à l’horizon 2020, ce taux pourrait être atteint bien plus tôt.Philippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Yves-Michel Riols (New York, envoyé spécial) Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a appelé à la création d’un système de « quotas mondiaux » pour la répartition des réfugiés, mercredi 30 septembre à New York, lors d’une réunion de l’ONU consacrée à la crise migratoire en présence de représentants de 70 pays.Le dirigeant de droite magyar a défendu l’approche de son pays qui a fait l’objet de vives critiques depuis la construction de barrières aux frontières de la Hongrie avec la Serbie et la Croatie. Viktor Orban a estimé que les Etats de l’Union européenne ne sont pas en mesure d’absorber la vague de migrants qui se dirigent par centaines de milliers vers l’Europe depuis plusieurs mois. « L’Europe ne peut pas supporter ce fardeau toute seule, si la tendance actuelle ne change pas, l’Europe sera déstabilisée », a-t-il affirmé, en appelant l’ONU à fixer des « quotas mondiaux » de migrants à accueillir dans chaque pays.Lire aussi :Migrants : la Hongrie annonce vouloir fermer à terme sa frontière avec la Croatie« Un mouvement migratoire de masse »Tranchant avec la tonalité des discours des orateurs qui l’ont précédé, M. Orban a relevé qu’il « n’y avait pas de consensus » sur la nature du défi à relever. Pour lui, l’Europe n’est pas confrontée à « une crise de réfugiés », mais à « un mouvement migratoire de masse » composé « de migrants économiques, de réfugiés, de demandeurs d’asile et de combattants étrangers ». Cet afflux trouve son origine dans des pays où « la population est victime d’une mauvaise gouvernance qui la prive de sa dignité ». Ce mouvement « incontrôlé » profite aux réseaux criminels de trafiquants, a-t-il souligné estimant que l’Europe aurait tort de « soulever des attentes qu’elle ne pourra pas satisfaire » auprès de ces populations.De son côté, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a implicitement critiqué la Hongrie en déclarant que « l’avenir n’appartient pas à ceux qui cherchent à construire des murs » alors que le monde est confronté à « la plus grave crise de migration et de réfugiés depuis la seconde guerre mondiale ».A la veille de cette réunion, le chef de la diplomatie hongroise, Peter Szijjarto, avait défendu la position de son gouvernement, mardi, à New York. « L’Europe n’est pas en état de recevoir des centaines de milliers de migrants, et c’est une erreur que de les encourager à venir en Europe, comme le font certains pays », a-t-il estimé. « Les critiques à l’égard de la Hongrie sont injustes et déloyales », a-t-il poursuivi, soulignant que la décision de construire des barrières aux frontières du pays n’a pas été prise « de gaieté de cœur ». « Ce n’est pas la première fois qu’on construit une clôture, a-t-il relevé, et si on nous critique, d’autres doivent l’être aussi. »Lire aussi :Viktor Orban, le mauvais génie de l’EuropeYves-Michel Riols (New York, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste François Meunier (Président d'Alsis professeur associé de finance à l'Ensae - ParisTech) On ne sait encore le montant des indemnités et amendes que le groupe Volkswagen (VW) devra acquitter suite au scandale de la manipulation des tests. Les chiffres les plus divers circulent, dont certains dépassent aisément les 100 milliards d’euros. Le montant est gigantesque.Par comparaison, le coût pour BP pour la marée noire dans les Caraïbes est estimé à « seulement » 40 milliards de dollars (35,7 milliards d’euros), dont 20,8 milliards de dollars qui viennent de faire l’objet d’un accord au titre de dédommagement pour les administrations américaines. On parle désormais d’une possible faillite de VW, et sachant son importance et son actionnariat, le groupe ferait dans ce cas l’objet d’un renflouement par le Land de Basse-Saxe, voire du gouvernement fédéral.Il ne faut pas désespérer Wolfsburg, pour reprendre un mot célèbre. Les dommages économiques et industriels pour l’Allemagne sont considérables et dépassent de loin le seul cas du groupe VW. L’incertitude générée n’est pas une bonne nouvelle. Mais pour le reste, l’addition des 100 milliards d’euros ne serait-elle pas une bonne chose, la manne céleste qu’on attendait ?Un solde commercial de 217 milliards d’eurosReprenons les termes d’un débat que la crise grecque et le drame des réfugiés ont fait passer à l’arrière-plan. L’Allemagne a eu en 2014 un solde commercial de 217 milliards d’euros, soit plus de 7 % de son produit intérieur brut (PIB), un chiffre qui risque fort d’approcher les 9 % en 2015 et qui pulvérise le record de tous les pays (la Chine est désormais quasiment à l’équilibre, pour donner une référence).Les réserves de la Bundesbank auprès de la Banque centrale européenne (son compte dit Target 2, une sorte de substitut de réserves de change) s’élèvent à 555 milliards d’euros. En bref, si VW est Das Auto, l’Allemagne est Das Export, forte d’une compétitivité et d’une qualité industrielle hors pair (au détail près des trucages de tests). Mais aussi, d’une stratégie résolue, initiée au début des années 2000, de restriction de sa demande intérieure.Une stratégie qui se maintient aujourd’hui, précisément à un moment où la zone euro aurait besoin d’éléments de relance pour faciliter sa remise sur pied budgétaire. Il y a ainsi une dissymétrie entre l’Allemagne et la plupart des autres pays de la zone euro, voire de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) : l’ajustement des conjonctures, aux fins de rétablissement des comptes publics, se fait par le bas, c’est-à-dire par austérité en dehors de l’Allemagne, et non par le haut, c’est-à-dire par un partage raisonnable entre austérité chez les pays en déficit et relance dans les pays en excédent.10 milliards d’euros pour la FranceIl n’y avait pas cette dissymétrie au début des années 2000 : le rétablissement de l’Allemagne, appelée à l’époque l’homme malade de l’Europe, s’était fait par austérité en Allemagne, mais très largement par la forte croissance (bien imprudente) des autres pays européens. Les 100 milliards d’euros font la moitié de l’excédent commercial d’une année. C’est du pouvoir d’achat pour les pays qui recevront cette somme, y compris pour les États-Unis qui n’en ont pas forcément besoin, mais qui montrent comment rétablir rapidement leurs comptes publics à coût d’amendes sur les grandes multinationales fautives. C’est un véritable plan de relance.On dit qu’il n’y pas loin d’un million de voitures VW concernées en France. Si on prend le chiffre conservateur de 10 000 euros par véhicule, entre l’amende, le dédommagement, le coût de remise aux normes (qui fait de la valeur ajoutée française dans les garages du groupe Volkswagen), cela fait une somme de 10 milliards d’euros pour le pays. Un vrai plan de relance, donc.On souhaite en écrivant ces lignes que le scandale n’aille pas toucher PSA ni Renault, auquel cas, par le même raisonnement, on aurait un autre plan de relance, mais à l’envers !François Meunier (Président d'Alsis professeur associé de finance à l'Ensae - ParisTech) 08.10.2015 à 14h19 • Mis à jour le08.10.2015 à 14h42 Le maire de Rome, Ignazio Marino, est l’un des hommes politiques les plus impopulaires d’Italie et on l’a dit sur le point de démissionner. Il a finalement accepté, jeudi 8 octobre, de rembourser 20 000 euros de notes de restaurant payées avec la carte de crédit de la ville et suspectées d’être des dépenses personnelles. « Avec ce geste, je veux tirer un trait sur les polémiques inutiles et surréalistes de ces derniers jours, qui ne font aucun bien à Rome », a écrit Ignazio Marino sur sa page Facebook.Cette décision n’a pas pour autant mis fin à l’affaire, puisque la justice italienne a ouvert une enquête et que ses alliés du Parti démocrate (PD), la formation du président du Conseil, Matteo Renzi, ont pris leurs distances avec lui. L’examen des notes de frais montre que celles-ci concernent principalement des frais de bouche dans des restaurants proches de son domicile lors de jours fériés ou de week-ends.Depuis des jours, une partie de la presse italienne décortique toutes ses additions, à la recherche de celle qui prouvera qu’il a dîné en tête à tête avec sa femme et non avec un ambassadeur ou un homme d’affaires. Ce « dinergate » n’est que l’énième épisode d’un long feuilleton relaté à l’envi par une partie des médias italiens sur les gaffes, ratages et supposées malversations de cet ancien chirurgien, réputé jusqu’à présent plutôt honnête.Sorti indemne du scandale de « Mafia capital »Elu en 2013 pour cinq ans, le maire, qui se déplace à vélo, a d’abord été accusé d’avoir utilisé sans permis d’accès valide sa Fiat Panda personnelle dans le centre-ville historique. Il est aussi critiqué pour avoir banni les voitures de la grande avenue longeant les forums antiques et limité les terrasses des restaurants sur les places ou trottoirs.Il est pourtant sorti indemne du scandale de « Mafia capitale », le plus gros ayant jamais atteint Rome, qui avait révélé un vaste réseau de corruption impliquant l’ancien maire de droite, mais aussi plusieurs élus du Parti démocrate (PD, au pouvoir).Le pape lui-même a participé à la fin de septembre à cette offensive, en démentant dans des termes très vifs avoir jamais invité M. Marino lors de sa visite à Philadelphie. Les commentateurs se demandent parfois ce qui justifie pareille campagne de dénigrement et certains y voient une forme de vengeance de la part de tous ceux qui tiraient profit du réseau de « Mafia capitale ». Mais d’autres y voient plus simplement la rançon de sa supposée incompétence et son inaction face aux désordres d’une ville dont les habitants ne supportent plus les retards dans les transports en commun et la saleté dans les rues. 08.10.2015 à 10h43 • Mis à jour le08.10.2015 à 17h13 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Otan) La version officielle est que « l’OTAN n’est pas directement impliquée en Syrie » mais doit s’en soucier, compte tenu notamment des menaces qui pèsent sur la Turquie. La vérité, c’est que les ministres de la défense de l’Alliance, réunis à Bruxelles jeudi 8 octobre, devaient longuement parler du conflit, et singulièrement du nouveau rôle qu’y joue la Russie.« Nous assistons à une escalade inquiétante », a déclaré le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, évoquant les récentes frappes russes. « La Russie rend encore plus dangereuse une situation déjà très grave », renchérissait le ministre britannique, Michael Fallon. Moscou « s’enferre dans son isolement », critiquait dans l’après-midi le secrétaire américain Ashton Carter, et elle en paiera les conséquences selon lui: « La Russie souffrira de pertes humaines en Syrie ». Les responsables de l’OTAN ont, en tout cas, déclaré qu’ils étaient prêts à envoyer des troupes en Turquie en cas de dégradation de la situation, l’organisation étant « capable et prête » à défendre « tous ses alliés » solidairement.La réunion de jeudi visait initialement à jeter les bases du prochain sommet de l’organisation, qui se tiendra à Varsovie en 2016. Un sujet qui concerne d’ailleurs directement la relation avec Moscou : les pays d’Europe centrale et orientale, moins préoccupés par ce qui se déroule sur le flanc sud que par leur propre sécurité après l’annexion de la Crimée et la guerre en Ukraine, aimeraient que ce sommet désigne sans ambiguïté la Russie comme l’ennemi principal – voire unique.M. Stoltenberg, a déposé un document qui évoque l’adaptation militaire, politique et institutionnelle de son organisation. Il prône une approche plus nuancée, basée sur la dissuasion, et tempère l’idée d’une présence permanente de l’OTAN dans les pays proches de la Russie. Il rejoint ainsi la position de l’Allemagne, qui entend éviter une escalade militaire, et celle de la France, qui insiste sur la nécessité de poursuivre le dialogue avec la Russie et réfute toute remise en cause de l’acte fondateur de la relation OTAN-Russie. Signé en 1997, il écartait l’idée d’un déploiement permanent de forces otaniennes dans les pays de l’est de l’Europe.Protection renforcéeCes derniers voient toutefois leur protection renforcée. La surveillance aérienne y est augmentée et six structures (NATO Force Intégration Units), comptant chacune une soixante de membres, y ont déjà été installées. Deux autres seront bientôt établies en Hongrie et en Slovaquie. Le principe d’un « plan de déploiement rapide » (RAP) a été adopté ainsi que le lancement d’une « force de haute réactivité » (VJTF) qui serait mobilisable en quelques jours et susceptible d’intervenir sur le territoire de l’Alliance, ou hors de celui-ci. Il reste à traduire tous ces projets dans les faits.Certaines capitales jugent tout aussi nécessaire de reprendre langue avec Moscou à propos du système de défense antimissile de l’Alliance, dont la couverture augmente progressivement. Selon elles, il faut répéter aux autorités russes qu’il n’est pas dirigé contre leur pays – il serait d’ailleurs incapable d’intercepter des missiles russes – mais vise notamment à protéger le territoire européen contre d’éventuelles menaces iraniennes.Les ministres devaient, enfin, tenter de déterminer si, en s’impliquant fortement en Syrie, la Russie ne vise qu’à soutenir le régime ou si elle entend ainsi prendre pied dans toute la zone méditerranéenne. L’OTAN va, en tout cas, y renforcer ses moyens de surveillance et de renseignement. Et trois pays (la France, l’Espagne et l’Italie) insistent pour que l’augmentation de la réactivité et des capacités de déploiement concernent également cette région.Les discussions de jeudi devaient évoquer la double stratégie à mettre au point (vis-à-vis de la Russie et vis-à-vis de la zone méditerranéenne) mais surtout à déterminer si l’Alliance pouvait être active sur plusieurs théâtres en même temps. Jusqu’ici, la réponse reste incertaine.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Otan)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.10.2015 à 09h35 • Mis à jour le08.10.2015 à 17h16 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La version officielle est que « l’OTAN n’est pas directement impliquée en Syrie » mais doit s’en soucier, compte tenu notamment des menaces qui pèsent sur la Turquie. La vérité, c’est que les ministres de la défense de l’Alliance, réunis à Bruxelles jeudi 8 octobre, devaient longuement parler du conflit, et singulièrement du nouveau rôle qu’y joue la Russie.« Nous assistons à une escalade inquiétante », a déclaré le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, évoquant les récentes frappes russes. « La Russie rend encore plus dangereuse une situation déjà très grave », renchérissait le ministre britannique, Michael Fallon. Moscou « s’enferre dans son isolement », critiquait dans l’après-midi le secrétaire américain Ashton Carter, et elle en paiera les conséquences selon lui: « La Russie souffrira de pertes humaines en Syrie ». Les responsables de l’OTAN ont, en tout cas, déclaré qu’ils étaient prêts à envoyer des troupes en Turquie en cas de dégradation de la situation, l’organisation étant « capable et prête » à défendre « tous ses alliés » solidairement.Lire aussi :En Syrie, le régime à l’offensive sous couverture aérienne russeLa réunion de jeudi visait initialement à jeter les bases du prochain sommet de l’organisation, qui se tiendra à Varsovie en 2016. Un sujet qui concerne d’ailleurs directement la relation avec Moscou : les pays d’Europe centrale et orientale, moins préoccupés par ce qui se déroule sur le flanc sud que par leur propre sécurité après l’annexion de la Crimée et la guerre en Ukraine, aimeraient que ce sommet désigne sans ambiguïté la Russie comme l’ennemi principal – voire unique.M. Stoltenberg, a déposé un document qui évoque l’adaptation militaire, politique et institutionnelle de son organisation. Il prône une approche plus nuancée, basée sur la dissuasion, et tempère l’idée d’une présence permanente de l’OTAN dans les pays proches de la Russie. Il rejoint ainsi la position de l’Allemagne, qui entend éviter une escalade militaire, et celle de la France, qui insiste sur la nécessité de poursuivre le dialogue avec la Russie et réfute toute remise en cause de l’acte fondateur de la relation OTAN-Russie. Signé en 1997, il écartait l’idée d’un déploiement permanent de forces otaniennes dans les pays de l’est de l’Europe.Protection renforcéeCes derniers voient toutefois leur protection renforcée. La surveillance aérienne y est augmentée et six structures (NATO Force Intégration Units), comptant chacune une soixante de membres, y ont déjà été installées. Deux autres seront bientôt établies en Hongrie et en Slovaquie. Le principe d’un « plan de déploiement rapide » (RAP) a été adopté ainsi que le lancement d’une « force de haute réactivité » (VJTF) qui serait mobilisable en quelques jours et susceptible d’intervenir sur le territoire de l’Alliance, ou hors de celui-ci. Il reste à traduire tous ces projets dans les faits.Certaines capitales jugent tout aussi nécessaire de reprendre langue avec Moscou à propos du système de défense antimissile de l’Alliance, dont la couverture augmente progressivement. Selon elles, il faut répéter aux autorités russes qu’il n’est pas dirigé contre leur pays – il serait d’ailleurs incapable d’intercepter des missiles russes – mais vise notamment à protéger le territoire européen contre d’éventuelles menaces iraniennes.Les ministres devaient, enfin, tenter de déterminer si, en s’impliquant fortement en Syrie, la Russie ne vise qu’à soutenir le régime ou si elle entend ainsi prendre pied dans toute la zone méditerranéenne. L’OTAN va, en tout cas, y renforcer ses moyens de surveillance et de renseignement. Et trois pays (la France, l’Espagne et l’Italie) insistent pour que l’augmentation de la réactivité et des capacités de déploiement concernent également cette région.Lire aussi :Le point sur l’intervention militaire russe en SyrieLes discussions de jeudi étaient censées évoquer la double stratégie à mettre au point (vis-à-vis de la Russie et vis-à-vis de la zone méditerranéenne) mais surtout à déterminer si l’Alliance pouvait être active sur plusieurs théâtres en même temps. Jusqu’ici, la réponse reste incertaine.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.10.2015 à 20h40 • Mis à jour le08.10.2015 à 12h03 | Claire Guélaud Il fut un temps, pas si lointain, où les dettes souveraines de la zone euro ou la crainte d’un défaut grec monopolisaient l’attention du Fonds monétaire international (FMI). Désormais, c’est du côté des pays émergents, où « les risques financiers ont basculé », que regarde l’institution. Elle évalue à « 3 000 milliards de dollars le surendettement » de ces économies.Dans son rapport sur la stabilité financière mondiale, rendu public mercredi 7 octobre à Lima, au Pérou, le Fonds invite les gouvernements des pays membres de l’organisation à prendre d’urgence les mesures qui s’imposent pour assurer une stabilité financière générale, qui fait toujours défaut, et pour consolider ainsi la reprise.En présentant ces travaux, José Vinals, directeur du département des marchés et conseiller financier, a exhorté de nouveau la Réserve fédérale américaine à différer – au minimum jusqu’au début de 2016 – la hausse annoncée de ses taux.S’il a salué quelques « bonnes nouvelles », parmi lesquelles l’amélioration de la stabilité financière dans les économies avancées, M. Vinals a aussi pointé « le basculement des risques financiers » du côté de pays émergents qui font face à une cinquième année consécutive de ralentissement, à la fin du supercycle des matières premières et du boom du crédit.« Le surendettement dans les économies émergentes atteint 3 000 milliards de dollars », a-t-il observé. L’endettement élevé des entreprises et l’ouverture plus grande aux conditions financières mondiales renforcent la vulnérabilité des firmes et exposent les pays émergents aux sorties de capitaux et à la détérioration de la qualité du crédit, a-t-il précisé.Les turbulences financières de l’été dernier en Chine donnent une petite idée de l’ampleur des défis à relever, a ajouté M. Vinals. Le conseiller financier du Fonds en a cité trois, valables pour tous les pays : la nécessité de l’assainissement des bilans des banques et du désendettement des entreprises dans les émergents, la poursuite dans les pays avancés du travail engagé pour solder l’héritage de la crise (par exemple, en finir avec les créances douteuses dans les banques européennes, ce qui permettrait d’accroître de 600 millions d’euros la capacité de prêt) et l’effort nécessaire à conduire pour limiter les réactions des marchés à la pression (moindre liquidité, volatilité accrue...). M. Vinals a déclaré :« Nous avons appris que les marchés financiers pouvaient amplifier les chocs et agir comme une source de volatilité et de contagion quand la liquidité est faible. Or, l’édition 2016 de notre rapport montre que c’est le cas actuellement. C’est d’autant plus important que les politiques monétaires ont été extraordinairement accommodantes et ont réduit au minimum le montant des primes de risques sur un certain nombre d’actifs. La sortie de cette période peut se traduire par une hausse brutale de ces primes et accroître la volatilité des marchés. »Le FMI s’inquiète aussi de la capacité des fonds d’investissement, via les effets de levier, à amplifier les chocs. Or, selon l’institution, les effets de levier sur le marché des dérivés porte sur quelque 1 500 milliards de dollars.« Un travail collectif urgent est nécessaire pour affronter la montée des défis dans un monde incertain, pour assurer la stabilité financière et de meilleures perspectives de croissance. C’est rien moins que 3 % de la production globale qui est en jeu d’ici 2017. »Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.10.2015 à 18h19 • Mis à jour le08.10.2015 à 11h17 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) En prenant conjointement la parole à la tribune du Parlement européen, à Strasbourg, Angela Merkel et François Hollande ont cherché, mercredi 7 octobre, à montrer, en ces temps de profonde crise européenne, que le moteur franco-allemand est toujours là, prêt à s’engager pour trouver des solutions aux crises, de la zone euro récemment, aux migrants aujourd’hui. Luuk van Middelaar, philosophe, historien, et membre du cabinet de l’ex-président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, revient sur la relation entre Paris et Berlin, sans laquelle l’Europe ne serait pas, mais qui manque, selon lui, sérieusement de souffle aujourd’hui.Le moteur franco-allemand était à l’arrêt ces dernières années, déplorent beaucoup d’Européens. Fonctionne-t-il à nouveau ?Oui, mais il n’a vraiment redémarré qu’au début 2015, avec la séquence symbolique liée aux attentats de Paris, contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, quand la chancelière s’est précipitée à Paris pour défiler au côté du président Hollande, témoignant de la solidarité européenne avec la France. C’est là que la relation entre Merkel et Hollande s’est enfin soudée, d’après moi. Ils ont mis deux ans à se trouver : Hollande et Merkel se ressemblent dans leur fonctionnement, ils sont pragmatiques, ils sont très « chefs de parti », ils ajustent leur action perpétuellement. Mais ils tournent un peu autour du pot. Entre Sarkozy et Merkel, cela a démarré plus vite, l’ancien président français était dans la confrontation, il mettait les pieds dans le plat, ils étaient du coup obligés de... 07.10.2015 à 16h19 • Mis à jour le07.10.2015 à 17h08 | Philippe Bernard (Manchester, envoyé spécial) Deux minutes dans un discours de plus d’une heure. Alors que l’avenir du Royaume-uni dans l’Union européenne est l’un des sujets les plus brûlants et les plus débattus du congrès de son parti, David Cameron n’y a consacré que quelques paragraphes dans l’adresse solennelle qui, mercredi 7 octobre, a clos, comme c’est la tradition, la grand-messe des conservateurs réunis à Manchester. Quatre mois après sa large victoire aux législatives, le premier ministre a consacré toute son énergie à unifier les tories autour de valeurs nationales – « sécurité, stabilité, opportunités » – et à tendre la main aux électeurs du Labour qui seraient déstabilisés par le positionnement très à gauche et « dangereux » selon lui, de Jeremy Corbyn, le nouveau chef de file de l’opposition.Mais, alors que M. Cameron s’est engagé de son propre chef dans une négociation incertaine qui pourrait aboutir à une sortie de l’Union européenne après le référendum qu’il a promis, il a choisi de faire profil bas sur un dossier qui divise gravement les tories. Dans son discours entièrement tendu vers la construction d’une « plus Grande-Bretagne », il n’a présenté l’UE que comme un outil à mettre au service de la grandeur du pays. « Croyez-moi, je n’ai pas d’attachement romantique envers l’Union européenne et ses institutions. Seules deux choses m’intéressent : la prospérité de la Grande-Bretagne et son influence ». Le premier ministre a promis aux militants qu’il allait « se battre dur dans [la] renégociation [qu’il souhaite mener avant le référendum], afin que nous puissions obtenir un meilleur arrangement et le meilleur des deux mondes [la souveraineté nationale et le marché commun] ».L’Europe « trop tyrannique »Dans l’Europe, les Britanniques ne sont intéressés que par les opportunités commerciales, pas par le projet politique : « Quand nous sommes entrés dans l’Union européenne [en 1973], on nous a dit qu’il s’agissait d’entrer dans un marché commun, a-t-il lancé devant une assistance conquise. Je le dis très clairement : la Grande-Bretagne n’est pas intéressée par une “Union toujours plus étroite” [une clause incluse dans le traité de Rome de 1957] et j’y veillerai personnellement ». Alors que les eurosceptiques, voire les europhobes tiennent le haut du pavé au congrès de Manchester en dépit d’une consigne de silence du parti et du gouvernement, David Cameron leur a concédé que « l’Europe [était] trop grosse, trop tyrannique, trop interventionniste ». Mais le premier ministre a renvoyé dos à dos ceux qui « veulent faire avec » l’Europe telle qu’elle est, et ceux qui souhaitent « s’en aller purement et simplement ». Et il a fait l’éloge d’un Royaume-Uni ayant su rester dans l’Union tout en défendant bec et ongles ses intérêts nationaux.« Cauchemar »« La Grande-Bretagne est ainsi : nous ne fuyons pas les batailles. Nous nous y impliquons. Nous traitons les problèmes. C’est ainsi que nous avons conservé nos postes-frontières, (…) que nous avons gardé la livre sterling (…), que nous avons obtenu des rabais, que nous avons échappé aux renflouements financiers [de la Grèce, etc.] », a-t-il mis en avant.Bien qu’emporté par un élan patriotique, M. Cameron a pris soin de mentionner quelques actions positives de l’Europe, mais pour en attribuer le mérite au Royaume-Uni : « Qui a amené l’Europe à ouvrir des négociations commerciales avec les Etats-Unis ? Qui a conduit l’Europe à sanctionner l’Iran ? (…) C’est nous. La Grande-Bretagne. Nous l’avons fait ». Certes, il s’agit d’abord d’un discours de congrès destiné à flatter conjointement les oreilles des deux tendances qui s’affrontent au sein des tories : celle qui se prépare à « vendre » à l’opinion les concessions qu’aura obtenues le premier ministre pour « rester dans une Europe réformée », et celle qui met en avant l’avenir lumineux du pays, débarrassé du « cauchemar » de l’UE et ouvert aux grands vents prometteurs du commerce mondial. De longs mois séparent encore le Royaume-Uni du référendum sur le « Brexit » (« British exit » ou sortie de l’UE) dont la perspective semble s’éloigner, et devrait plutôt avoir lieu à la fin 2016 ou en 2017. L’âpreté du discours de Manchester donne un avant-goût du débat qui attend les Britanniques et David Cameron.Lire aussi :Le prêche anti-austérité de Jeremy Corbyn dans la cathédrale de ManchesterPhilippe Bernard (Manchester, envoyé spécial)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 15h54 • Mis à jour le01.10.2015 à 16h39 | Marine Forestier Pour son premier déplacement officiel en Jamaïque, mardi 29 et mercredi 30 septembre, le premier ministre britannique, David Cameron, a ignoré les demandes d’excuses adressées au Royaume-Uni pour son rôle historique dans la traite négrière, malgré la pression exercée par plusieurs leaders caribéens.La Jamaïque a été une colonie britannique jusqu’en 1962. L’île fait partie de la Caribbean Community and Common Market (Caricom) qui regroupe quinze pays des Caraïbes, tous étant d’anciennes colonies des puissances européennes. La Caricom a annoncé en 2013 sa volonté d’obtenir des réparations pour les siècles d’esclavage, sans préciser de montant particulier.Lire aussi :Le Code Noir, une monstruosité qui mérite de l’histoire et non de l’idéologieEn 2004, note The Guardian, une coalition de groupes rastafaris en Jamaïque avait estimé que les pays européens devraient payer 129 milliards de dollars pour réinstaller 500 000 rastafaris en Afrique.Des liens ancestraux avec l’esclavage ?En amont de ce déplacement, le premier en quatorze ans d’un premier ministre britannique, la présidente de la commission des réparations de la Caricom, Hilary Beckles a publié une lettre dans le Jamaica Observer adressée à David Cameron. Il lui demandait de faire amende honorable, soulignant ses propres liens ancestraux avec la traite.« Vous êtes un petit-fils du sol jamaïcain, privilégié et enrichi par l’asservissement de nos ancêtres par les vôtres. […] Vous êtes, Monsieur, un produit prisé de cette terre et des bénéfices tirés de l’aubaine par votre famille et dont vous avez hérité. »Lire aussi :Esclavage : les errements de François Hollande sur la question des réparationsLa première ministre jamaïcaine Portia Simpson Miller a indiqué avoir soulevé la question des réparations lors d’une réunion formelle avec David Cameron, « sous les auspices de la communauté caribéenne », tout en étant consciente des « sensibilités évidentes ».La question de la responsabilité britannique esquivéeUn appel resté lettre morte pour le premier ministre britannique, qui a appelé la Caraïbe à « aller de l’avant », dans son discours devant le Parlement jamaïcain, sans faire mention du rôle actif du Royaume-Uni dans la traite.« L’esclavage est abominable dans toutes ses formes. Il n’a aucune place dans une société civilisée, et le Royaume-Uni est fier d’avoir montré la voie de son abolition. Que la Caraïbe ait émergé de cette longue et obscure ombre témoigne de la résilience et de l’esprit de ses habitants. Je reconnais que ces blessures sont très profondes. Mais j’espère, comme des amis qui ont vécu tellement de choses ensemble dans les temps les plus sombres, que nous pouvons aller de l’avant à partir de ce douloureux héritage et continuer à construire pour l’avenir. »David Cameron a insisté sur sa volonté de bâtir le futur, et a annoncé à Kingston un paquet financier d’aide d’environ 455 millions de dollars (plus de 400 millions d’euros) afin d’investir dans des infrastructures en Jamaïque, tels que des ports, ponts, routes et un projet de gestion des déchets. Cent quatre-vingts millions de dollars (environ 160 millions d’euros) seront également fournis pour améliorer l’accès aux soins et impulser la croissance économique, faisant du Royaume-Uni, selon son premier ministre, le plus important donateur bilatéral dans la région.Selon The Guardian, en 2006 Tony Blair avait exprimé sa « profonde tristesse » pour l’esclavage, sans admettre la culpabilité historique du Royaume-Uni.Marine ForestierJournaliste au Monde Philippe Jacqué Un scandale Volkswagen ? Quel scandale ? En septembre, le groupe allemand n’a pas du tout souffert de l’affaire du logiciel truqueur, qui n’a éclaté il est vrai que le 18 du mois aux Etats-Unis. En France, les ventes du constructeur ont bondi de 12,8 %, selon les données publiées jeudi 1er octobre par le Comité des constructeurs français d’automobiles, pour un marché en progression de 9 % au mois de septembre.Pour l’instant, toutes les marques commercialisées par le géant allemand profitent de l’embellie du marché national. Audi (+ 6,3 %), VW (+ 12,1 %), mais aussi Seat (+ 21,2 %) et Skoda (+ 28,1 %) progressent. Leur dynamique commerciale est bien plus forte que celle des constructeurs tricolores. Au mois de septembre, Renault (+ 5,8 %) a connu un meilleur mois que PSA (+ 3,9 %), bien loin de leur concurrent germanique.Renault progresseSur neuf mois, si les immatriculations rebondissent au niveau français de 5,4 %, celles des constructeurs nationaux augmentent bien plus modestement de 2,6 %, tandis que Volkswagen affiche une croissance de 4,6 %. Renault, porté par le renouveau de sa gamme, progresse de 4,7 % sur les trois premiers trimestres. Dacia, sa marque à bas coûts qui soutenait le groupe en 2014, est en plus grande difficulté, en retrait de 6 % depuis le début de l’année.PSA bénéficie pour sa part toujours de la bonne tenue de Peugeot. Les véhicules du « Lion » sont toujours aussi demandés (6,7 % de croissance) alors que Citroën (– 1,3 %) et DS (– 11,3 %) connaissent une année bien plus compliquée avec un renouvellement de l’offre qui tarde encore à produire ses effets.Du côté des constructeurs étrangers, BMW (+ 20,2 %), Hyundai (+ 18,4 %) et Mercedes (+ 11,7 %) se distinguent depuis le début de l’année, après il faut le dire une année 2014 particulièrement médiocre. Ford, Nissan et Toyota progressent au rythme du marché.Lire aussi :La France demande des comptes à VolkswagenEn septembre, la part de marché du diesel dans les ventes est tombée à 55 %, un niveau particulièrement bas. Et depuis le début de l’année, la part de marché de cette motorisation est en moyenne de 58 % des véhicules vendus, contre 64 % en 2014 et 73 % en 2012, son plus haut niveau historique. Alors que les constructeurs s’attendaient à voir passer la part de marché à 50 % à l’horizon 2020, ce taux pourrait être atteint bien plus tôt.Philippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Yves-Michel Riols (New York, envoyé spécial) Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a appelé à la création d’un système de « quotas mondiaux » pour la répartition des réfugiés, mercredi 30 septembre à New York, lors d’une réunion de l’ONU consacrée à la crise migratoire en présence de représentants de 70 pays.Le dirigeant de droite magyar a défendu l’approche de son pays qui a fait l’objet de vives critiques depuis la construction de barrières aux frontières de la Hongrie avec la Serbie et la Croatie. Viktor Orban a estimé que les Etats de l’Union européenne ne sont pas en mesure d’absorber la vague de migrants qui se dirigent par centaines de milliers vers l’Europe depuis plusieurs mois. « L’Europe ne peut pas supporter ce fardeau toute seule, si la tendance actuelle ne change pas, l’Europe sera déstabilisée », a-t-il affirmé, en appelant l’ONU à fixer des « quotas mondiaux » de migrants à accueillir dans chaque pays.Lire aussi :Migrants : la Hongrie annonce vouloir fermer à terme sa frontière avec la Croatie« Un mouvement migratoire de masse »Tranchant avec la tonalité des discours des orateurs qui l’ont précédé, M. Orban a relevé qu’il « n’y avait pas de consensus » sur la nature du défi à relever. Pour lui, l’Europe n’est pas confrontée à « une crise de réfugiés », mais à « un mouvement migratoire de masse » composé « de migrants économiques, de réfugiés, de demandeurs d’asile et de combattants étrangers ». Cet afflux trouve son origine dans des pays où « la population est victime d’une mauvaise gouvernance qui la prive de sa dignité ». Ce mouvement « incontrôlé » profite aux réseaux criminels de trafiquants, a-t-il souligné estimant que l’Europe aurait tort de « soulever des attentes qu’elle ne pourra pas satisfaire » auprès de ces populations.De son côté, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a implicitement critiqué la Hongrie en déclarant que « l’avenir n’appartient pas à ceux qui cherchent à construire des murs » alors que le monde est confronté à « la plus grave crise de migration et de réfugiés depuis la seconde guerre mondiale ».A la veille de cette réunion, le chef de la diplomatie hongroise, Peter Szijjarto, avait défendu la position de son gouvernement, mardi, à New York. « L’Europe n’est pas en état de recevoir des centaines de milliers de migrants, et c’est une erreur que de les encourager à venir en Europe, comme le font certains pays », a-t-il estimé. « Les critiques à l’égard de la Hongrie sont injustes et déloyales », a-t-il poursuivi, soulignant que la décision de construire des barrières aux frontières du pays n’a pas été prise « de gaieté de cœur ». « Ce n’est pas la première fois qu’on construit une clôture, a-t-il relevé, et si on nous critique, d’autres doivent l’être aussi. »Lire aussi :Viktor Orban, le mauvais génie de l’EuropeYves-Michel Riols (New York, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.09.2015 à 09h55 • Mis à jour le30.09.2015 à 19h26 L’opération visant à évacuer le camp de migrants à Vintimille, à la frontière franco-italienne, s’est achevée, mercredi 30 septembre, en fin d’après-midi. Réfugiés sur des rochers au bord de la mer, après l’intervention de la police italienne dans leur camp, 50 migrants et militants ont quitté les lieux qu’ils occupaient après avoir trouvé un accord avec les forces de l’ordre.À la suite d’une médiation de l’évêque de Vintimille-San Remo, une trentaine de migrants, essentiellement africains, ont accepté d’être emmenés dans des autocars vers le centre d’accueil des migrants de la Croix-Rouge, à Vintimille. Quant à la vingtaine de militants, ils seront emmenés au commissariat de la ville pour être entendus.Lire le reportage :A Vintimille, guerre d’usure entre migrants et policiersMercredi matin, dès 6 heures du matin, 200 membres des forces de l’ordre italiennes ont évacué ce camp, situé sous un viaduc à une centaine de mètres de la frontière française, où se trouvait encore une centaine de migrants. Le tribunal d’Imperia, en Italie, a décidé cette évacuation pour « occupation illégale du domaine public » et « vol d’eau et d’électricité ». Après l’intervention de la police, une dizaine de migrants ont été interpellés et transférés au commissariat. Parmi eux, se trouvait un Bosnien, objet d’un mandat d’arrêt international.Selon des journalistes présents sur place, des policiers et des carabiniers italiens en tenue antiémeute ont retourné les tentes des migrants installés dans ce camp à l’aide de bulldozers. Ils ont également réquisitionné une partie de leurs sacs et de leurs stocks de nourriture.Tous les points de passage de la frontière entre l’Italie et le département des Alpes-Maritimes font l’objet de contrôles renforcés depuis la mi-juin par la police française.Lire aussi :Les Républicains demandent de rétablir provisoirement les contrôles à la frontière franco-italienne Patrick Roger Le projet de loi de finances pour 2016 du gouvernement de Manuel Valls sera adopté, mercredi 30 septembre, en conseil des ministres. Ce projet de budget, fondé sur une hypothèse de croissance jugée « prudente » par le gouvernement – alors qu’à l’heure actuelle, la reprise de l’activité économique demeure lente – sera avant tout marqué par des baisses ciblées de l’impôt sur le revenu et par des mesures d’économies, dont le montant sera un peu supérieur aux premières estimations communiquées par le gouvernement.A ce propos, M. Valls, lors d’un entretien, mardi, avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s’est engagé à prendre « les mesures nécessaires » afin de tenir la promesse de Paris de ramener le déficit public sous la barre des 3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2017. « Voilà le message : la France est en mouvement, et rien n’interrompra l’élan de réformes qui a été engagé. La France en a besoin pour elle-même, je suis également convaincu que c’est utile pour l’Europe dans son ensemble », a déclaré le chef du gouvernement.Voici, en cinq chiffres, un aperçu des grandes masses de ce projet de budget.1,5 %C’est l’hypothèse de croissance de l’économie française pour l’année 2016 (après 1 % en 2015) sur laquelle a été construit le projet de loi de finances. Cette estimation reste proche de celle des instituts économiques qui convergent vers 1,6 %.« Ce 1,5 % n’est pas un objectif, nous cherchons à nous donner les moyens de faire mieux, mais nous avons fait le choix d’une hypothèse prudente pour construire notre budget. Ce choix n’allait pas nécessairement de soi », précise le ministre des finances, Michel Sapin.Le Haut conseil des finances publiques, quant à lui, estime que, « compte tenu de l’accroissement des incertitudes depuis l’été, (…) l’hypothèse d’une croissance de 1,5 % en 2016 ne peut plus être qualifiée de “prudente” ». Il considère toutefois qu’elle reste « atteignable ».Le gouvernement table sur une consommation des ménages soutenue (+ 1,7 %) et, surtout, sur un fort rebond de l’investissement des entreprises (+ 4,9 %) grâce aux effets attendus du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) et du pacte de responsabilité, dont elles bénéficieront pour un montant global de 9 milliards d’euros.Lire aussi :Un budget pour 2016 construit sur une « hypothèse prudente » de croissance 16 milliards d’eurosC’est le montant de la réduction des dépenses programmée en 2016. Amorcé en 2015, le mouvement de baisse de ces dépenses, de 50 milliards d’euros en trois ans, se poursuit donc.Mais le programme de stabilité, transmis au printemps à la Commission européenne, ne prévoyait « que » 14,5 milliards d’euros d’économies en 2016. Le projet de loi de finances place donc finalement le curseur un peu plus haut.Après 56,4 % du PIB en 2014 et 55,8 % en 2015, la dépense publique devrait s’établir à 55,1 % en 2016. Un niveau qui reste cependant un des plus élevés d’Europe. Le gouvernement fait observer que la progression moyenne, en valeur, de la dépense publique entre 2012 et 2016 (1,5 %) est inférieure de moitié à sa progression entre 2007 et 2011 (plus de 3 %).En 2014, la progression en valeur a été contenue à + 0,9 % et celle de l’Etat a même baissé. « Rapporté à un rythme d’évolution spontanée de la dépense publique autour de + 2,5 %, l’effort est réel », souligne M. Sapin.2 milliards d’eurosC’est l’ampleur (en réalité un peu plus de 2 milliards d’euros) de la nouvelle baisse d’impôt sur le revenu décidée pour 2016. Le gouvernement met en l’occurrence l’accent sur les ménages modestes.Cette réduction concernera 3 millions de foyers qui n’ont pas bénéficié de la baisse engagée en 2015, pour 3 milliards d’euros. Ceux-ci devraient voir leur impôt diminuer et environ 1 million sortiront de l’impôt sur le revenu (IR) ou éviteront d’y entrer.Ainsi, en 2016, 46 % des foyers imposables seront assujettis à l’IR, un niveau équivalent à celui de 2010. Entre-temps, cependant, les recettes de l’impôt sur le revenu ont crû de 20 milliards d’euros.Les prélèvements obligatoires, dans leur ensemble, n’observeront, eux, qu’une très faible diminution : ils se situeront à 44,5 % du PIB en 2016, après 44,6 % en 2015 et 44,9 % en 2014, année record. « Les recettes fiscales sont au rendez-vous », se félicite le secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert.3,3 %C’est, en pourcentage du PIB, le niveau du déficit public que le gouvernement s’engage à atteindre fin 2016, après 3,8 % en 2015, l’objectif étant d’arriver à passer sous la barre des 3 % en 2017, comme le prévoit le pacte de stabilité approuvé par la Commission européenne.Cet objectif suppose toutefois, pour être tenu, une maîtrise stricte des économies à réaliser, compte tenu à la fois des mesures fiscales en faveur des ménages et des entreprises et des crédits annoncés par le gouvernement ces dernières semaines pour l’agriculture, les collectivités locales et l’accueil des réfugiés.C’est sur le chiffrage de ces économies que le gouvernement est particulièrement attendu.Lire aussi :Budget : Bruxelles ne relâche pas la pression sur la France96,5 %C’est, en pourcentage du PIB, le poids de la dette publique. Celle-ci devrait continuer à croître en 2016, certes de façon modérée, mais elle atteindra quand même 96,5 % du PIB, après 96,3 % cette année. Selon l’Insee, elle s’établissait à 97,6 % du PIB à la fin du second trimestre 2015.Les « règles » européennes prévoient théoriquement que la dette publique soit contenue sous les... 60 % du PIB. « La dette se stabilisera nettement en dessous de 100 % du PIB en 2016, avant de progressivement refluer », a annoncé M. Sapin en présentant les grandes orientations du budget.Paradoxalement, le budget de l’Etat devrait enregistrer un moindre poids de la dette par rapport à ce que le gouvernement anticipait, grâce à la persistance de taux d’intérêt bas et d’une faible inflation.Ainsi, la charge de la dette en 2016 devrait s’élever à 44,5 milliards d’euros alors que la loi de programmation des finances publiques prévoyait 47,7 milliards.Lire l'entretien :Michel Sapin assure pour 2016 une « maîtrise très forte des dépenses de l’Etat »Patrick RogerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Brighton, envoyé spécial) Deux semaines après avoir été porté à la tête du Labour avec 59 % des voix, Jeremy Corbyn a reçu, mardi 29 septembre à Brighton (Royaume-Uni), l’onction enthousiaste du congrès travailliste. Ovations debout répétées, acclamations, bras levés : le discours qu’il a prononcé et sa réception par les militants confirment que l’outsider radical de la primaire travailliste n’est pas l’accident de l’histoire que David Cameron et la majorité des médias se plaisent à décrire.Désireux de balayer l’image du coupeur de têtes néomarxiste que renvoient les tabloïds, M. Corbyn s’est habilement présenté comme un homme à l’écoute, convaincu des vertus de la contestation et du « libre débat », porteur des valeurs ouvrières historiques du Parti travailliste et promoteur d’une société « plus douce, plus accueillante », capable de « prendre soin » des démunis.« Diriger, c’est écouter », a-t-il lancé à l’adresse de tous ceux qui, en particulier chez les députés de son propre parti, combattent ses positions tranchées contre l’arme nucléaire et le plafonnement des aides sociales, et pour la nationalisation des chemins de fer. « Ne pas être d’accord, ce n’est pas la fin du monde, si on se retrouve à la fin pour défendre nos idées contre les tories », a-t-il lancé.Depuis qu’il a été élu, l’homme a déjà montré qu’il savait mettre de l’eau dans son vin : après le scandale suscité par son refus de chanter le God Save the Queen, lors de la commémoration de la Bataille d’Angleterre, il a accepté de se conformer aux usages. Alors que son élection marque une victoire pour les eurosceptiques de gauche, il a aussi promis de défendre le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne lors du référendum prévu d’ici à 2017.Lire aussi :Jeremy Corbyn cherche à surmonter les critiques de ses détracteursMardi, pour son discours-programme retransmis par tous les médias, il portait une cravate grenat mal serrée et lisait son texte sur un prompteur. Mais ses concessions ne se sont pas limitées au style : en évitant de trancher sur les sujets qui fâchent, en caressant largement les militants dans le sens du poil, il a manifesté un solide sens politique et de la synthèse, sans pour autant céder à la démagogie.Dénonçant la revendication de David Cameron d’une exemption pour le Royaume-Uni en matière de droits sociaux européens, Jeremy Corbyn a défendu « une Europe de l’unité et de la solidarité ». Se posant en défenseur des droits de l’homme dans le monde, il a dénoncé le soutien de Londres et les ventes d’armes à des régimes comme l’Arabie saoudite. Convaincu qu’« un peu plus de bombes » sur la Syrie ne réglerait rien sans une « stratégie diplomatique », il a appelé à « tirer les leçons du passé », en particulier, la décision de Tony Blair d’engager le pays en Irak « sur la base de mensonges ».Mais la principale cible du nouveau chef de l’opposition au gouvernement de Sa Majesté est évidemment David Cameron et sa sévère politique d’austérité. Accusé par le premier ministre de constituer « une menace » non seulement pour la sécurité nationale à cause de son opposition à la force nucléaire, mais aux familles britanniques en raison de sa contestation des coupes sur les budgets sociaux, Jeremy Corbyn lui a renvoyé la politesse. Maniant l’anaphore sur le thème « Où est la sécurité lorsque… ? », il a énuméré les situations d’insécurité sociale que vivent nombre de Britanniques : baux de location de six mois, impossible accès à un logement abordable, emplois précaires, réduction des aides sociales, recours aux banques alimentaires. Et d’appeler les militants à combattre ces injustices, afin de construire « une gauche moderne, une société plus juste pour tous ».Lire aussi :Royaume-Uni : Corbyn réussit son grand oral face à CameronLe respect des opinions des autres, le fair-play, la solidarité, « ces valeurs que partagent la majorité des Britanniques, ce sont les raisons fondamentales pour lesquelles j’aime ce pays et son peuple », a insisté le leader, dont le patriotisme avait été mis en cause après l’épisode du God Save the Queen.La référence appuyée aux fondamentaux de la gauche – la solidarité, le refus de l’injustice et des préjugés –, reléguée au second plan ces derniers temps au profit du sérieux budgétaire revendiqué, ne pouvait que déclencher des tonnerres d’applaudissements consensuels. Pour M. Corbyn, soupçonné de provoquer l’éclatement de son parti, c’était essentiel.La revendication d’une renationalisation des chemins de fer – plébiscitée largement selon les sondages – et d’une gestion des établissements scolaires par les collectivités locales et non par des entités privées peut également facilement unir le « peuple de gauche ».Lire aussi :Corbyn réveille les vieux démons du LabourMais le discours de Brighton a évité plusieurs sujets très clivants, notamment le déficit budgétaire et l’immigration, deux dossiers stratégiques sur lesquels les électeurs ne font pas confiance au Labour et qui divisent profondément le parti. Il n’a pas non plus clarifié la position du Labour sur des questions clés comme l’Europe ou l’arme nucléaire : M. Corbyn a seulement répété son opposition, tout en prônant la défense des emplois qui y sont liés, conformément à la position des syndicats qui soutiennent ardemment le nouveau leader.Tous ces différends devront être tranchés, et M. Corbyn s’est dit « ouvert au débat ». Les élections locales, notamment à Londres et en Ecosse, au printemps prochain, constitueront un premier test de l’écho de la nouvelle ligne du parti auprès des électeurs. Ses opposants au sein du parti semblent avoir enterré la hache de guerre, pour l’instant. Mais font savoir qu’ils l’attendent au tournant.Mais le nouveau leader travailliste a aussi rappelé le mandat clair « pour le changement » que la primaire lui a conféré. Avec 50 000 nouvelles adhésions enregistrées au parti depuis son élection, Jeremy Corbyn dispose d’une légitimité à se poser en chef de file d’un mouvement de masse, notamment parmi la jeunesse. Tous ses lieutenants l’ont répété à Brighton devant des audiences électrisées : il s’agit de transformer le vieux Labour Party en un vaste « mouvement anti-austérité ».Lire aussi :Qui est Jeremy Corbyn, nouveau leader de la gauche britannique ?Philippe Bernard (Brighton, envoyé spécial)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.09.2015 à 12h33 • Mis à jour le29.09.2015 à 15h16 Après avoir avoué avoir équipé 11 millions de véhicules dans le monde d’un logiciel capable de fausser les résultats des tests antipollution, Volkswagen continue à rendre publique, au compte-gouttes, les marques des véhicules et les pays concernés.La division Utilitaires du constructeur a reconnu, mardi 29 septembre, que 1,8 million de véhicules utilitaires étaient concernés. Puis, ce sont 700 000 autres qui ont été identifiés comme étant de la marque espagnole Seat. Jusqu’à maintenant, on savait que la présence du logiciel était confirmée sur :5 millions de voitures de marque Volkswagen ;2,1 millions de berlines haut de gamme Audi ;1,2 million de Skoda.Avec les dernières annonces, il ne manque plus que 200 000 unités à l’appel. Pour ce qui est des pays, on ne connaît pour l’heure que les chiffres pour l’Allemagne (2,8 millions de véhicules) et les Etats-Unis (500 000 véhicules).Lire aussi :Scandale Volkswagen : Bruxelles accusée d’avoir fermé les yeux« Un chemin long et pénible nous attend » Le constructeur allemand, sommé par le gouvernement de présenter d’ici au 7 octobre une feuille de route et un calendrier de rappel des voitures et de remise aux normes, a promis, par la voix de son nouveau PDG, Matthias Müller, « un plan d’action à grande échelle » visant à assurer que ses moteurs diesel respecteront dorénavant les normes établies par les différents pays.Volkswagen proposera à ses clients « dans les jours à venir » de venir modifier les modèles diesel équipés de logiciels. Matthias Müller a également dit que les autorités seraient informées en octobre de ces solutions techniques.Il a ajouté que la marque Volkswagen, qui a perdu plus du tiers de sa valeur en Bourse depuis que le scandale a éclaté, deviendrait indépendante au même titre qu’Audi et Porsche, rapporte Reuters. « La nouvelle structure de l’entreprise constituera la première étape et le fondement de la modernisation de Volkswagen. Un chemin long et pénible nous attend, ainsi que beaucoup de travail », a lancé M. Müller devant les actionnaires du groupe.Lire le décryptage :Six clés pour comprendre le scandale qui secoue Volkswagen Audrey Tonnelier Les Bourses de Tokyo et de Hongkong ont plongé de plus de 4 % et de 3,38 % respectivement, mardi 29 septembre, dans un contexte de déprime des marchés, de nouveau gagnés par l’inquiétude sur les fragilités de la croissance mondiale. La Bourse de New York avait fini, lundi, sur une baisse conséquente, le Dow Jones fléchissant de 1,92 % et le Nasdaq de 3,04 %, dans la foulée des places européennes. Mardi en fin de matinée, les places européennes semblaient toutefois se reprendre, et évoluaient dans le vert. Trois grandes raisons expliquent pourquoi les turbulences boursières actuelles sont parties pour durer.Lire aussi :Nerveux et agités, les marchés se cherchent une boussoleChineLe ralentissement économique de l’empire du Milieu, longtemps considéré comme la locomotive du monde, n’en finit pas d’inquiéter les investisseurs. Les marchés asiatiques ne se sont jamais remis du mini-krach boursier intervenu en août, sur fond de dévaluation du yuan et d’éclatement de la bulle immobilière chinoise. Lundi, un nouvel indicateur est venu raviver les craintes : les entreprises du secteur industriel en Chine ont vu leurs bénéfices chuter de 8,8 % sur un an en août. Ce repli, qui s’accélère, est un nouveau signal de l’essoufflement de l’activité dans la deuxième économie de la planète. Les marchés craignent une contagion aux autres pays émergents, au premier rang desquels le Brésil, et à toute l’économie mondiale.Matières premièresL’indicateur chinois a provoqué une nouvelle chute des matières premières. Les cours du pétrole ont cédé plus d’un dollar le baril à New York, lundi. Symbole de cette débâcle, le groupe suisse de matières premières Glencore a connu un lundi noir à la Bourse de Londres, où il est coté, avec une chute de 29,42 % de son action, à 68,62 pence, qui atteint son plus bas niveau historique après une note d’analyste pointant son fort endettement.« Ces secteurs, très consommateurs de produits industriels, pèsent sur les commandes d’autres entreprises cotées, comme Schneider ou Bureau Veritas par exemple », soulignent les analystes d’Aurel BGC.Lire aussi :Glencore : les raisons de la chute du roi du négoce FedLes tergiversations de la banque centrale américaine sur un relèvement de ses taux directeurs alimentent les incertitudes des investisseurs. Les statistiques macroéconomiques ne les aident pas à y voir plus clair sur l’état de l’économie : lundi, les promesses de ventes de logements en août ont connu un recul inattendu, mais la consommation des ménages américains a réservé une bonne surprise pour le même mois, venant une nouvelle fois plaider en faveur d’un relèvement des taux d’ici la fin de l’année.Le président de la Fed de New York, William Dudley, a en outre alimenté les spéculations en laissant entendre que la banque centrale pourrait passer à l’action dès sa prochaine réunion, fin octobre. Plusieurs autres responsables de la Réserve fédérale doivent s’exprimer au cours des prochains jours, et parmi eux sa présidente, Janet Yellen, mercredi. Et vendredi, les investisseurs prendront connaissance des chiffres de l’emploi en septembre.Audrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles,correspondant) Un troisième suspect, un Français, est incarcéré en Belgique dans le cadre de l’enquête sur l’attentat au Musée juif de Bruxelles, qui avait fait quatre morts le 24 mai 2014. Le parquet fédéral belge a confirmé, lundi 28 septembre, des informations diffusées par l’agence de presse Belga.L’homme, dont l’identité n’est pas révélée, a 28 ans et serait originaire de la région marseillaise. Il a été mis en examen pour avoir été, selon le parquet, « auteur, coauteur ou complice d’un quadruple meurtre dans un contexte terroriste ».Il est, en fait, incarcéré dans le royaume depuis le 1er juillet. Les autorités belges avaient lancé contre lui un mandat d’arrêt international et il leur a été livré par la France. Son rôle dans l’attentat, ou l’aide qu’il aurait apportée à l’auteur de la tuerie, Mehdi Nemmouche, restent indéterminés. L’agence Belga évoque des « contacts » entre les deux individus.Un autre Français, Nacer Bendrer, est lui aussi détenu dans une prison belge depuis le mois de février dernier. Les enquêteurs n’indiquent pas s’il a des liens avec le troisième suspect.Lire aussi :Ouverture d’une information judiciaire pour enlèvement et séquestration visant Mehdi NemmoucheUn quatrième homme toujours recherchéIls recherchent, par ailleurs, toujours la trace d’un quatrième individu, filmé sur un boulevard de Bruxelles en compagnie de Mehdi Nemmouche, le 28 mai, quatre jours après la tuerie. Grand, chauve, portant des habits sombres, l’homme, non identifié, portait un sac de sport qui contenait vraisemblablement des armes.Deux jours plus tard, le 30 mai, Nemmouche était arrêté par des douaniers lors d’un contrôle de routine à la gare de Marseille. Il portait une arme de poing et un sac contenant un chargeur de Kalachnikov. Cinq personnes ont été arrêtées, sept mois plus tard, à Marseille, dans le cadre de l’enquête sur l’attentat.Nemmouche disposait vraisemblablement de contacts dans cette région où il a passé 5 années en prison avant de se radicaliser et de s’envoler pour la Syrie en 2012. Il est soupçonné d’avoir été l’un des geôliers des quatre journalistes français retenus en Syrie au début 2014. Le parquet de Paris a ouvert récemment contre lui une information pour enlèvement et séquestration, en relation avec une entreprise terroriste.En Belgique, Nemmouche se tait obstinément depuis son incarcération. Il refuse notamment de répondre aux questions sur la présence dans sa planque bruxelloise d’un fauteuil roulant qui continue d’intriguer les enquêteurs.Lire aussi :Le djihadiste français Salim Benghalem aurait été le geôlier des ex-otages en SyrieJean-Pierre Stroobants (Bruxelles,correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Mathilde Damgé L’élection régionale de dimanche, en Catalogne, a abouti à une large victoire des indépendantistes. Cette région du nord-est de l’Espagne n’a jamais été un Etat souverain, mais connaît depuis quelques décennies un indépendantisme qui va croissant.Lire aussi :En Catalogne, l’urgence d’une négociationLe nationalisme catalan n’est apparu qu’assez tardivement : mouvement républicain s’opposant à la monarchie, il aboutit à la création d’un gouvernement catalan, la Generalitat, en 1932. Etouffée sous Franco, cette Generalitat est rétablie en 1977 et fait approuver en 2005 par le parlement catalan un projet d’autonomie.Le sentiment nationaliste reste toutefois largement minoritaire jusqu’en 2010. Cette année-là, un texte élargissant l’autonomie de la région et reconnaissant l’existence de la « nation » catalane est rejeté par le tribunal constitutionnel, à Madrid. En protestation, un million de personnes ont défilé à Barcelone, un mouvement d’ampleur dans une région de 7,5 millions d’habitants. Depuis, le nationalisme s’est intensifié et la fête nationale, la Diada a rassemblé encore cette année plus d’un million de personnes – même si les chiffres sont contestés par Madrid.Pourquoi cette région veut-elle son indépendance ? En a-t-elle les moyens ?Que représente la Catalogne en Espagne ?C’est l’une des régions les plus puissantes et les plus riches d’Espagne. Avec 16 % de la population, les Catalans produisent environ 20 % de la richesse du pays. Un quart des exportations espagnoles sont parties de Catalogne en 2014.Avec Barcelone, la Catalogne possède un des plus grands ports commerciaux de la Méditerranée, quatre aéroports internationaux, une industrie pharmaceutique compétitive, et abrite les sièges de grandes multinationales, comme le géant du textile Mango. Le taux de chômage, certes élevé, reste en deçà de la moyenne nationale : il était au deuxième trimestre de 19,1 % de la population active, contre 22,4 % au niveau national.Au niveau politique et administratif, la région a, comme les autres « communautés autonomes » (Andalousie, Canaries, Galice, etc.), son parlement et son gouvernement, qui s’occupent notamment de la santé, de l’éducation et des services sociaux. Elle dispose également de sa propre police.En termes de racines culturelles, la Catalogne a aussi sa propre langue, le catalan, plus utilisé que l’espagnol (castillan), son hymne, Els Segadors (les moissonneurs) et son drapeau à rayures rouge et or. Quelles sont les revendications des indépendantistes ?Très endettée, à hauteur de près d’un tiers de son PIB, la région prétend qu’elle ne serait pas déficitaire (le déficit public ressortait à 2 % fin 2013) si le régime de redistribution espagnol, dans lequel les provinces riches donnent aux pauvres, fonctionnait davantage en sa faveur.Selon les calculs de la Generalitat en 2011, la différence entre ce que la région verse à Madrid via les impôts et ce qu’elle reçoit de l’Etat est de l’ordre de 8,5 % du PIB catalan. Une contribution contestée par le gouvernement, qui avance un chiffre moitié moins élevé (4,3 % du PIB de la région).Lire aussi :Démonter les fausses promesses économiques des indépendantistes catalansAujourd’hui, la région gère environ la moitié des impôts, le pouvoir central lève l’autre moitié. Ce que souhaitent les forces nationalistes, c’est adapter le système déjà en vigueur au Pays basque : gérer tous les impôts en créant une sorte de guichet unique régional puis verser à Madrid une quote-part en fonction des services rendus par l’Etat en Catalogne, ainsi qu’une contribution à la solidarité territoriale (avec les régions les moins riches).Outre la question fiscale, les indépendantistes ont des revendications culturelles : ils militent ainsi contre la loi qui a instauré en 2012 l’utilisation du castillan dans les écoles – le ministre de l’éducation de l’époque, José Ignacio Wert, appelant même à « espagnoliser » les jeunes Catalans. Une déclaration qui avait réveillé de mauvais souvenirs chez ceux qui avaient connu la prise de la région par les franquistes pendant la guerre civile et la répression de l’identité catalane.Lire : Catalogne, le virage indépendantistePourquoi ça peut être compliquéDans le cadre du processus politique, plusieurs obstacles se dressent sur le chemin de l’indépendance catalane : la déclaration de souveraineté de la Catalogne a été jugée inconstitutionnelle. Elle s’oppose à l’article 2 de la Constitution (Unité de la nation et droit à l’autonomie) qui reconnaît le droit à l’autonomie des régions mais pas leur indépendance, selon le principe d’unité indissoluble de la nation.Le tribunal constitutionnel a toutefois reconnu aux Catalans le « droit à décider » suivant leur « aspiration politique », mais ils ne pourront l’exercer qu’une fois la Constitution révisée. Or ce processus complexe requiert une majorité dans chacune des deux chambres du parlement, ce que les indépendantistes n’ont pas. Le projet d’autodétermination de la Catalogne est donc pour l’heure illégal et anticonstitutionnel mais reste défendu par Artur Mas, le président (indépendantiste) de la région.Par ailleurs, comme dans le cas de l’Ecosse, il serait difficile de dire si une Catalogne indépendante pourrait intégrer l’Europe. Bruxelles estime de longue date que la sécession d’une région faisant jusqu’alors partie d’un Etat membre de l’Union européenne entraînerait automatiquement sa sortie du bloc constitué de 28 pays. « Une nouvelle région indépendante, du fait même de son indépendance, deviendrait un pays tiers par rapport à l’UE et pourrait alors poser sa candidature pour devenir un membre de l’Union », a expliqué le porte-parole de l’exécutif bruxellois, Margaritis Schinas la semaine dernière.Enfin, question non négligeable : où jouerait le Barça ? Le champion d’Espagne et tous les autres clubs catalans seraient en effet exclus de la Liga espagnole en cas de sécession de la région.Lire aussi :En Catalogne, Pep Guardiola, figure du Barça, se présente sur la liste indépendantisteEst-ce qu’une sécession serait favorable à la région ?La banque Natixis s’est penchée sur la question dans une analyse publiée il y a un an, et estime que Barcelone aurait ainsi beaucoup à perdre, énumérant :« Baisse de ses exportations avec l’application du tarif douanier commun et l’apparition de coûts de transactions, risque de relocalisation des entreprises installées en Catalogne qui souhaitent accéder au marché unique, réduction du montant des investissements directs étrangers (réalisés à 80 % par des entités européennes) »Au niveau national, il serait risqué pour la Catalogne de se frotter à un boycott du pouvoir central : la moitié du commerce catalan se fait avec le reste de l’Espagne. Le gouvernement catalan a de son côté publié une note sur les « relations commerciales entre la Catalogne et l’Espagne », où il part d’hypothèses moins pessimistes et conclut à un impact de seulement 2 % sur le PIB local d’une baisse des exportations de la Catalogne vers l’Espagne.Natixis note aussi que se pose la question du maintien de l’euro comme devise nationale, qui ajoute à l’incertitude quant à la viabilité d’un nouvel état catalan. Par ailleurs, la région reste fragile financièrement : elle ne peut pas se financer sur les marchés et n’a actuellement pour seule banque que Madrid.Mathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Lucie Soullier (Envoyée spéciale à Izmir) « Cette fois, on y est. » Dash et Kholio vont tenter la traversée. Depuis trois jours, les deux jeunes Syriens tournent en rond dans Izmir, en Turquie, dans l’attente d’un message du passeur qui doit les faire rejoindre la côte grecque. Mais ce soir est bien le leur. Ils ont rendez-vous jeudi 24 septembre à 22 heures. Dans trois heures.A 24 ans, Dash a quitté Damas il y a six jours. Six couchers de soleil en comptant celui qu’elle vient d’immortaliser en photo et d’envoyer à sa mère. « Elle adore. » Des touristes l’imitent sur la promenade Kordon. « C’est bizarre cette ville », observe Kholio devant une installation de plage pour l’été : un mini-tennis sur de la mauvaise pop turque. Un enfant s’arrête et lui tend une affiche en turc, où il explique qu’il est Syrien et qu’il a faim. Kholio lui tend 5 livres (1,5 euro). Etrange Izmir.Pour son dernier soir en Turquie, Dash ne voulait pas rester à Basmane, le quartier où se retrouvent les Syriens candidats au passage par la mer. Elle voulait « un endroit joli ». Elle voulait tenter d’oublier.Lire aussi :En Turquie, dans la petite Syrie d’Izmir, l’économie parallèle des réfugiésLa France ? « Déprimant »Tous deux énumèrent les bons points de leur odyssée. Leur passeur est le cousin d’une amie qui sera lui-même sur le bateau. « Ça ne peut pas être plus sûr », se rassure Dash. Et puis ils ne seront pas plus de quarante sur un bateau de 9 mètres, ajoute-t-elle. Comme un privilège. Kholio, lui, a vérifié : la mer est « ok ».Entre deux tables jonchées de pailles aussi fluos que leurs gilets de sauvetage, ils racontent la vie d’avant. Elle étudiait l’anglais à l’université de Damas. Lui, le droit. Ils ne sont pas en couple, Kholio et Dash ne s’aiment pas « dans ce sens-là » : il est le mari de sa sœur. « Ce qui fait d’elle ma belle-sœur, c’est bien ça ? » Et tellement plus. Quand l’épouse de Kholio aura son diplôme, elle aussi les rejoindra.Ensemble, Dash et Kholio ont participé à des manifestations pacifiques pour plus de libertés. Reçu les mêmes coups. « Je viens de dire “protester” à voix haute », se surprend-t-elle. En avril, sa mère a passé un mois en prison, dénoncée par un de ses collègues. Son forfait ? Avoir critiqué l’armée. Ils échangent un regard complice. « Tu ne peux pas imaginer le sentiment de pouvoir parler de tout ça dans la rue », confie-t-elle. Elle continue tout de même d’appeler Bachar Al-Assad « président ». On ne se libère pas si facilement. Kholio se souvient d’avoir vu la vidéo d’une femme refusant de serrer la main de Nicolas Sarkozy, en 2011. « Impensable en Syrie. » Lui aussi rêve d’une telle liberté, mais pas en France. Dash a entendu dire que c’était « déprimant ».Des selfies pour journal de bordLeur objectif, c’est l’Allemagne. « Mais d’abord, la Grèce », insiste Kholio. Au premier pied posé sur la plage de l’île de Chios, Dash sait qu’elle se sentira en sécurité pour la première fois depuis… « Depuis quand déjà ? », demande-t-elle à son compagnon de route. Le jour de leur départ de Damas, des soldats les ont arrêtés à la frontière. « Parce qu’on avait des sacs à dos. » Leur glisser quelques billets les a sauvés. Un de leurs amis a subi le même sort il y a quelques mois. Lui a fini en prison. Dans le téléphone de Kholio, sa photo porte un bandeau noir dans le coin gauche. Il est mort la semaine précédente dans les geôles syriennes.Dash fait glisser l’image pour passer aux suivantes. Celles des petites victoires. Car pour s’encourager, ils échangent des selfies avec leurs amis, eux aussi sur la route. Ici la liesse lors d’un débarquement à Kos, là un ami qui essaie son gilet de sauvetage. Une nouvelle vient de s’ajouter à leur collection : la plus précieuse, prise à la frontière allemande. Kholio sourit à nouveau et publie un cliché du restaurant dans la conversation qu’ils partagent avec leurs proches, sur le service de messagerie WhatsApp. « Notre journal de bord. »Dash attend le moment où elle pourra leur montrer l’Autriche. Elle a toujours rêvé de voir à quoi ça ressemblait. Peut-être même qu’ils pourraient y rester une journée ? « D’abord, la Grèce, je sais », soupire-t-elle presque, l’œil rivé sur son acolyte. Il porte un tee-shirt « Know your future » avec le poulpe de la Coupe du monde de football 2010. « Tu sais, celui qui devinait la fin du match. »Maintenant ou jamais« Il n’est que 20 h 30 ? » La journée n’en finit plus de s’étirer. Pour faire passer le temps, ils commandent leur premier repas sans hamburger à Izmir. « J’étais tellement contente en voyant Burger King », jubile Dash. En Syrie, aucun restaurant étranger n’est autorisé. Alors un jour, un ami a conduit jusqu’à la frontière libanaise pour leur ramener des menus de chez McDonald’s. « Quelle fête on a fait, se souvient-elle. Mais je préfère Burger King. »McDo ou Burger King : le débat au sujet de la junk food est finalement interrompu par la réalité. Il vaut mieux ne pas trop manger avant d’embarquer. Peu importe, ils n’ont pas vraiment faim. A cause de l’angoisse ? « Je vais mieux qu’il y a trois jours. Kholio m’a calmée. » Lui attend qu’elle s’absente quelques minutes pour partager ses craintes. « Je suis terrifié. Mais je ne veux pas lui montrer. » Elle n’est pas dupe. La nuit dernière, à chaque fois qu’elle se réveillait, elle le voyait à la fenêtre, une cigarette à la main.Alors pourquoi prendre le risque de passer par la mer ? « Par la frontière terrestre, c’est bloqué. Et si on attend plus longtemps, la mer sera trop mauvaise. » La fin de l’été les a donc décidés. C’est maintenant ou jamais.Trente minutes avant le départUne fois à Lesbos, leur programme est prêt. Récupérer auprès de la police le document qui leur permettra de voyager à l’intérieur de la Grèce ; prendre l’avion pour le point le plus au Nord ; puis remonter jusqu’en Allemagne, où vit légalement le frère de Dash, étudiant. « Il pourra venir nous chercher s’ils nous mettent dans un camp », assure Dash. Ensuite, elle fera venir sa mère et Kholio sa femme, par les voies légales espèrent-ils. Mais le jeune homme répète son mantra. « D’abord, la Grèce. »Plus que trente minutes avant le départ. Tout se bouscule. Dans la même seconde, Dash se demande si elle trouvera un coiffeur en Grèce qui l’aidera à arranger ses dreadlocks et si la carte SIM turque de leur téléphone fonctionnera. Lui vérifie ce qu’il a déjà vérifié mille fois : dans sa poche, le cordon de ses lunettes ; sur Internet, l’état de la mer. Ensemble, ils énumèrent : sifflet, boussole, deux barres de Snickers, des piles pour la lampe de poche, les passeports dans un sachet plastique… Et pour la chance ? Dash sourit. « Pour la chance, j’ai Kholio. »Vendredi, 16 heures. Aucune nouvelle depuis l’aube. Dash et Kholio attendaient encore sur la côte turque, retenus par les rondes trop pressantes des gardes-côtes.Samedi, 1 heure du matin. La nouvelle arrive par le frère de Dash, sur Facebook. « Ils viennent d’arriver ! C’est bon, ils sont en Grèce. » Une autre histoire peut commencer.Lucie Soullier (Envoyée spéciale à Izmir)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) Le Partenariat transpacifique (TPP) a accouché d’un accord de principe, lundi 5 octobre, mais ce ne fut pas sans mal. Les représentants des douze pays concernés (Etats-Unis, Canada, Mexique, Chili, Pérou, Japon, Malaisie, Vietnam, Singapour, Brunei, Australie et Nouvelle-Zélande) n’ont réussi à trouver un compromis qu’à l’issue d’une réunion marathon de plus de cinq jours, qui s’est déroulée à Atlanta (Etats-Unis).Il s’agit de l’aboutissement de discussions entamées en 2008, qui ouvre la porte à l’un des plus importants traités de libre-échange jamais signé. L’accord de principe doit maintenant être ratifié par les parlements de chacun des pays.Couper la poire en deuxLe suspense a été prolongé jusqu’à lundi matin en raison, notamment, d’un différend sur la question de la protection des brevets dans le domaine des médicaments biotechnologiques. L’Australie, mais aussi le Chili et le Pérou, s’opposaient fermement à la protection dont jouissent les entreprises américaines du secteur. Celles-ci disposent de douze ans avant qu’un concurrent puisse copier le médicament et le vendre meilleur marché. Une durée qui n’est que de cinq ans dans d’autres pays.Il était donc question de couper la poire en deux en allongeant le délai à huit ans. Cette disposition était également très contestée par les organisations non gouvernementales, qui considèrent que cela va conduire à renchérir le prix des médicaments.Autre pomme de discorde qui a dû être résolue : l’ouverture du marché des produits laitiers canadien, japonais et américain aux importations en provenance de Nouvelle-Zélande et d’Australie.Enfin, les négociateurs ont dû surmonter les réticences canadiennes et mexicaines sur une plus grande ouverture du marché nord-américain dans le secteur des pièces détachées automobiles. Un domaine qui profiterait en priorité aux constructeurs japonais.Suppression de 18 000 droits de douaneL’enjeu du TPP est multiple. D’abord, en harmonisant les normes et en abaissant les droits de douane, il est censé doper les échanges commerciaux entre les douze pays de part et d’autre du Pacifique. Ceux-ci représentent environ les deux cinquièmes du commerce mondial. Concernant les normes, le traité tend à aligner sur les standards occidentaux la notion de propriété intellectuelle. Il est question aussi de la reconnaissance d’un Internet ouvert, y compris au Vietnam, où le régime communiste s’y opposait jusqu’à présent. Tout un volet du traité concerne enfin l’interdiction des trafics d’animaux sauvages et certains abus environnementaux.L’accord prévoit en outre la disparition de 18 000 droits de douane auxquels étaient assujetties les exportations américaines en direction de ses onze partenaires dans des secteurs aussi divers que l’industrie mécanique, les technologies de l’information, la chimie ou les produits agricoles. Par ailleurs, un chapitre est consacré à l’élévation des normes en termes de droit du travail dans des pays comme le Vietnam, la Malaisie et Brunei.Contrebalancer l’influence chinoiseSur le plan diplomatique, pour les Etats-Unis, le TPP est l’aboutissement de la stratégie dite du « pivot », qui consiste à resserrer les liens commerciaux avec les pays de l’Asie-Pacifique pour contrebalancer l’influence grandissante de la Chine. De ce point de vue, c’est un succès pour Barack Obama, qui n’a pas compté ses efforts auprès de ses partenaires commerciaux pour parvenir à un accord.Lire (en édition abonnés) : Les Etats-Unis et le Vietnam se rapprochent face à PékinEnfin, cet accord est susceptible de créer une dynamique pour accélérer les négociations du Traité transatlantique entre l’Europe et les Etats-Unis (TTIP). Celles-ci, qui n’ont débuté qu’en 2013, avancent à pas comptés, les Etats-Unis étant concentrés jusqu’à présent sur la réussite du TPP.Pour ce dernier, le processus n’est toutefois pas encore achevé. Concernant les Etats-Unis, il doit passer l’obstacle d’un vote par le Congrès. Celui-ci devrait être facilité par la procédure du « Trade Promotion Authority » ou « Fast Track ». Adopté cet été par le Congrès, ce processus permet aux parlementaires américains de voter le texte en bloc, évitant ainsi une longue procédure d’adoption, article par article. Barack Obama n’avait obtenu le feu vert pour déclencher cette procédure que grâce au soutien des Républicains, traditionnellement favorables au libre-échange, le camp démocrate du président étant plus dispersé sur la question.Va débuter maintenant une période de décryptage des détails de l’accord de principe trouvé lundi, avec le risque que les parlementaires américains trouvent le verre à moitié plein, alors que les Etats-Unis entrent en période électorale.A propos du TTIP entre l’Europe et les Etats-Unis, lire aussi : Pourquoi il faut s’intéresser au traité transatlantiqueStéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Réunis mardi 6 octobre à Luxembourg, les ministres des finances de l’Union européenne (Ecofin) discuteront des budgets prévisionnels des États pour 2016, sachant que ceux-ci doivent être soumis au plus tard le 15 octobre à la Commission européenne.Cette dernière, en tant que gardienne des traités, va devoir vérifier, tout au long de l’année 2015-2016, que ces budgets sont en ligne avec le pacte de stabilité et de croissance, qui fixe notamment comme objectif des déficits publics inférieurs à 3 % des produits intérieurs bruts (PIB) des États.L’année dernière, la France, deuxième économie de la zone euro, a été dans l’œil du cyclone, avec un budget 2014 et 2015 largement hors des clous, malgré les engagements réitérés de Paris. Cette année, comme elle a obtenu un délai de deux ans pour revenir sous la barre des 3 % (en 2017, donc), le sujet est bien moins conflictuel.Lire aussi :Budget : Bruxelles ne relâche pas la pression sur la FranceUn débat pourrait cependant s’instaurer entre ministres concernant le coût de la crise des migrants. Lors du dernier Ecofin, fin septembre, l’Autriche et l’Italie avaient ainsi suggéré que cette crise puisse être considérée comme une « circonstance exceptionnelle », permettant d’introduire une dose de flexibilité dans le pacte de stabilité, pour prendre en compte le coût d’accueil des réfugiés dans les pays de l’Union. La Commission a été mandatée pour étudier cette éventualité.Lire aussi :L’UE mobilise 1 milliard d’euros pour les réfugiésDu cas par casMais déjà, les « orthodoxes » à Bruxelles ou Berlin, tiquent. Très attachés au respect du pacte, ils rechignent à accepter ces flexibilités supplémentaires qui pourraient servir de cheval de Troie à d’autres. La France demande depuis longtemps que soit mieux prises en compte ses dépenses militaires, par exemple.« Si un pays dépasse de 0,1 ou de 0,2 point de pourcentage l’objectif de 3 % de déficit, en raison de la crise des migrants, évidemment, on prendra sa situation en considération, mais ce sera du cas par cas », veut croire une source européenne proche de l’Eurogroupe.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.10.2015 à 06h49 • Mis à jour le05.10.2015 à 14h11 | Cécile Chambraud A la veille de l’ouverture des débats entre les 360 participants du synode des évêques sur la famille, le pape François a rappelé les bornes dans lesquelles ils doivent se tenir. Lors de son homélie de la messe d’ouverture de cette seconde étape de la grande réflexion ouverte par l’Eglise catholique sur la question de la famille, dimanche 4 octobre, dans la basilique Saint-Pierre, Jorge Bergoglio a décrit avec insistance les caractéristiques du mariage selon la doctrine catholique : « L’unité et l’indissolubilité du lien conjugal » entre un homme et une femme. La réflexion engagée dans l’Eglise catholique ne vise pas à discuter de cela, a signifié le pontife, mais à déterminer comment l’institution peut avoir ses « portes ouvertes pour accueillir quiconque frappe pour demander aide et soutien », fût-il divorcé, concubin, homosexuel.Depuis deux ans, les controverses sur ces sujets sont brûlantes entre partisans et adversaires d’un assouplissement de la « politique » d’accueil de l’Eglise. Ce nouveau synode promettait donc d’être aussi animé que le précédent, il y a un an. La veille de la messe d’ouverture, le coming out d’un prêtre polonais est venu accentuer ce climat de tension. Krzysztof Olaf Charamsa, 43 ans, membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi (organisme romain chargé de veiller au respect et à la cohérence de la doctrine), a révélé être homosexuel et avoir un compagnon, qu’il a d’ailleurs présenté à la presse un peu plus tard dans la journée.Lire aussi :Le pape ouvre les travaux du synode sur la famillePar cet acte spectaculaire, le père Charamsa veut pousser l’institution ecclésiale à changer son regard sur les homosexuels et à « comprendre que la solution qu’elle propose, à savoir l’abstinence totale et une vie sans amour, n’est pas humaine ». Mêlant deux questions distinctes (l’homosexualité et le célibat des prêtres), il a eu des mots très durs pour dénoncer ce qu’il a qualifié d’« homophobie institutionnalisée de l’Eglise ». « Je demande pardon pour toutes ces années où j’ai souffert en silence devant la paranoïa, l’homophobie, la haine et le refus des homosexuels, présents au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui est le cœur de l’homophobie dans l’Eglise », a-t-il déclaré.Une démarche « offensive et irresponsable »Le Vatican n’a pas tardé à sanctionner ce collaborateur. « Une démarche aussi retentissante à la veille de l’ouverture du synode est offensive et irresponsable, a déclaré son porte-parole, le père Federico Lombardi. De fait, elle tend à opérer une pression médiatique sur l’assemblée synodale. » Le père Charamsa a aussitôt été relevé de ses fonctions auprès du Saint-Siège.L’accueil des homosexuels est l’une des questions posées aux évêques catholiques réunis pendant trois semaines à Rome. La doctrine considère les actes homosexuels comme « intrinsèquement désordonnés » et prône l’abstinence aux gays. Elle refuse a fortiori le mariage entre personnes de même sexe. « Je voudrais dire au synode que l’amour homosexuel est un amour familial, qui a besoin de la famille. Chacun, et même les gays, les lesbiennes et les transsexuels, porte dans son cœur un désir d’amour et de famille », affirme le prêtre polonais. « Le clergé, ajoute M. Charamsa dans l’édition polonaise de Newsweek, est largement homosexuel et aussi, malheureusement, homophobe jusqu’à la paranoïa car paralysé par le manque d’acceptation pour sa propre orientation sexuelle. » Dans l’avion qui le ramenait du Brésil, peu après son élection, en 2013, le pape François avait déclaré : « Si une personne est homosexuelle et cherche vraiment le Seigneur, qui suis-je pour la juger ? »Un autre sujet de désaccord entre les évêques, tel que cela était ressorti du synode d’octobre 2014, concerne les divorcés remariés civilement, aujourd’hui en principe privés de l’accès aux sacrements. Les 360 prélats ont jusqu’au 24 octobre pour en débattre, date à laquelle ils se prononceront sur le rapport qu’aura rédigé une commission de dix d’entre eux, choisis par le pape.Cécile ChambraudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Baptiste Chastand (Lisbonne, envoyé spécial) Après quatre ans de gouvernement relativement stable, la situation politique s’annonce nettement plus compliquée au Portugal. A l’issue des élections législatives organisées dimanche 4 octobre, aucun des quatre principaux candidats n’a en effet vraiment voulu reconnaître sa défaite, cherchant à se laisser la possibilité de participer au futur gouvernement. De quoi fragiliser ce pays qui sort à peine de la crise après la sévère cure d’austérité décidée en 2011 en échange d’un plan d’aide de 78 milliards d’euros de l’Union européenne et du FMI.Pedro Passos Coelho, le premier ministre sortant de centre droit, qui avait fait voter toutes ces mesures, espérait bien bénéficier du retour timide de la croissance pour rester en place. S’il est arrivé en tête avec une coalition regroupant son parti – le PSD – et les chrétiens-démocrates du CDS, il est toutefois loin de la majorité absolue obtenue lors des législatives de 2011. Selon des résultats quasi définitifs, les deux partis obtiennent 38,6 % des voix, contre 50,4 % en 2011. Avec 104 députés élus, ils sont bien loin des 116 requis pour gouverner seuls.Lire aussi :Au Portugal, des élections sous le signe de la crise« L’alliance de droite a gagné ce soir », a toutefois proclamé M. Passos Coelho devant les caméras, affichant sa volonté de former un gouvernement, même s’il a reconnu que « la majorité claire » qu’il avait espérée « n’y était pas ». S’il veut rester en place, M. Passos Coelho devra s’entendre pour que le Parti socialiste (PS) ne lui barre pas la route. Celui-ci est arrivé second dimanche, avec 32,4 % des voix et 85 sièges. Mais un élément perturbe la stratégie du premier ministre sortant : les forces de gauche sont majoritaires dans le nouveau parlement.Percée historique du « Bloc de gauche » Arrivé troisième, le « Bloc de gauche », un parti anti-austérité apparenté à Syriza, a en effet réalisé une percée historique avec 10,2 % des voix (contre 5,2 % en 2011). Derrière, les écologistes communistes obtiennent 8,3 % des suffrages, en hausse par rapport à 2011. A eux trois, les partis de gauche obtiennent donc au moins 121 sièges et 50,9 % des voix. De quoi renverser un gouvernement de droite minoritaire. Mais surtout potentiellement former une majorité alternative.Interrogé dimanche soir, le leader du PS Antonio Costa s’est bien gardé de donner sa préférence entre soutenir la droite et s’allier avec l’extrême gauche. « Le PS va se réunir mardi et évaluer les résultats électoraux. La majorité des Portugais a voté pour un changement de politique, mais ce n’est pas encore une majorité de gouvernement », a-t-il seulement expliqué. Il a promis que « le PS ne fera pas obstacle », ni ne constituera « de majorité négative », tout en disant que « le bloc de droite a perdu sa majorité » et « qu’il ne peut pas continuer à gouverner comme si rien ne s’était passé ».Une position volontairement ambiguë qui lui permet de rester au centre du jeu. Malgré des appels à la démission de certains cadres du parti, M. Costa a d’ailleurs refusé de la présenter. Il a juste admis que « le PS n’avait pas rempli ses objectifs électoraux ». Parti leader dans les sondages, l’ancien maire de Lisbonne a pourtant connu une campagne difficile. En hésitant entre faire campagne au centre et la faire à gauche, il a perdu des voix des deux côtés. Peu avant le scrutin, il a déclaré qu’il ne voterait pas un budget de droite, ce qui l’empêche de soutenir désormais un gouvernement minoritaire de M. Passos Coelho.« Les élections ont laissé le pays dans une impasse »Mais gouverner en alliance avec les deux partis d’extrême gauche serait, de l’autre côté, un véritable bouleversement politique. Jusqu’ici, les clivages étaient trop forts entre les convictions pro-euro des socialistes qui soutiennent globalement la réduction des déficits publics, et une extrême gauche nettement plus sceptique sur la monnaie unique. « Le PS a été le punching-ball des communistes pendant la campagne. Ils nous ont attaqués plus que la droite », n’oublie pas Antonio Serzedelo, un retraité venu soutenir Antonio Costa. Pour autant, « il faut négocier avec eux et avec le Bloc de gauche. Ils sont comme Syriza. Il faut juste qu’ils ne demandent pas la sortie de l’OTAN et de l’euro », assume-t-il, à l’unisson de nombre de militants socialistes présents dans la salle, dimanche soir. Les dirigeants du parti sont, eux, nettement plus sceptiques. « Je ne vois pas comment ce serait possible de gouverner avec eux », lâche un membre de l’équipe d’Antonio Costa.Lire aussi :Blasés, les Portugais se prononcent sur l’austéritéSentant le danger venir, la coalition de droite a insisté de son côté pour mettre en avant l’autre majorité qui est sortie des urnes dimanche, celle pro-euro. « La grande partie du Parlement est composée de partis qui ne rejettent pas les plans internationaux, les partis de la gauche de la gauche ne sont pas dans la situation de la Grèce ou de l’Espagne. On ne peut pas transformer une défaite dans les urnes en une sorte de victoire », a expliqué Paulo Portas, le leader du CDS. « Les Portugais ont élu à 70 % un Parlement qui est prêt à respecter les règles européennes », a insisté Pedro Passos Coelho. Et de se dire prêt à faire des « compromis » avec le Parti socialiste.La Constitution portugaise est très floue sur les possibilités qu’a désormais le président de la République, Anibal Cavaco Silva (PSD). Le texte précise seulement qu’il doit « prendre en compte les résultats électoraux ». Et quoi qu’il arrive, les Portugais ne pourront pas être rappelés aux urnes avant juin 2016, la Constitution interdisant la dissolution du Parlement dans les six mois précédant ou suivant l’élection présidentielle, qui est prévue en janvier. « Les élections de dimanche ont laissé le pays dans une impasse », notait dans son éditorial le quotidien Publico, lundi matin. Et personne ne sait si le Portugal, encore convalescent, peut se permettre que cela dure trop longtemps.Jean-Baptiste Chastand (Lisbonne, envoyé spécial)Journaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.10.2015 à 21h25 • Mis à jour le05.10.2015 à 09h01 La coalition de droite sortante a remporté les élections législatives portugaises dimanche 4 octobre, avec 38,6 % des voix contre 32,4 % pour l’opposition socialiste, mais elle échoue à conserver la majorité absolue dont elle jouissait depuis quatre ans au Parlement, selon des résultats officiels quasiment complets. Quatre sièges réservés aux députés de l’étranger seront attribués le 14 octobre, mais l’alliance gouvernementale a d’ores et déjà obtenu 104 sièges sur les 226 attribués jusqu’ici, contre 85 pour le Parti socialiste.Le Bloc de gauche, formation apparentée au Syriza au pouvoir en Grèce, a réalisé le meilleur score de son histoire, obtenant 10,2 % des suffrages et 19 sièges, contre 8 précédemment. Il dépasse pour la première fois le Parti communiste, allié aux Verts, qui a recueilli 8,3 % des voix et 17 sièges, progressant lui aussi par rapport à ses 10 élus de 2011. L’ensemble de la gauche dispose donc de la majorité des sièges au Parlement et, si elle dépasse ses divergences, pourrait faire obstacle à la formation d’un gouvernement stable dirigé par la droite. Le taux d’abstention atteint les 43,1 %, dépassant le record établi en 2011 (41,9 %).Lire aussi :Au Portugal, des élections sous le signe de la criseLe premier ministre sortant, Pedro M. Passos Coelho, a reconnu la perte de sa majorité lors d’une allocution télévisée, tout en se disant prêt à former un nouveau gouvernement. « Nous allons maintenir notre engagement en faveur de la reprise (...) et notre ouverture au dialogue », a-t-il ajouté. Aucun gouvernement sans majorité parlementaire claire n’est allé au bout de son mandat depuis la restauration de la démocratie, en 1974.Il s’agit du premier scrutin depuis que le Portugal est sorti l’an dernier du plan de renflouement de l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI). L’économie portugaise a renoué avec la croissance l’an dernier après trois années de récession. Lire aussi :« Le Portugal a appliqué à la lettre les réformes exigées par la troïka »« Satisfait du travail accompli »Pedro Passos Coelho, dont le gouvernement a imposé des coupes budgétaires et des hausses d’impôts sans précédent, s’est dit « satisfait du travail accompli ». Une victoire de la coalition gouvernementale formée par le Parti social-démocrate (PSD), dont il est issu, et son allié minoritaire, le Parti populaire (CDS-PP, conservateur), était pourtant impensable il y a encore quelques mois.Le Parti socialiste d’Antonio Costa, ancien maire de Lisbonne, promettait d’augmenter le pouvoir d’achat et d’alléger l’austérité. Mais il a peiné à se démarquer des mesures que son parti avait acceptées en contrepartie du plan d’aide international sollicité en 2011 (78 milliards d’euros), alors que le pays était au bord du défaut de paiement. La coalition PSD-CDS avait obtenu 50,3 % des voix lors des législatives de juin 2011.Les deux camps se sont efforcés dans les derniers jours de la campagne de mobiliser les électeurs, qui étaient encore 20 à 30 % à se dire indécis à l’approche du scrutin. Mais, à en croire les sondages réalisés à la sortie des urnes, la promesse de « stabilité » martelée par Pedro Passos Coelho pendant la campagne, par opposition à l’« incertitude » que constituerait selon lui un retour des socialistes, a pris le dessus.Lire aussi :Blasés, les Portugais se prononcent sur l’austéritéLes tweets de Jean-Baptiste Chastand, envoyé spécial du Monde au Portugal :Tweets nnn de @jbchastand!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Allan Kaval (Strasbourg, envoyé spécial) Un seul drapeau, un seul pays, une seule foi : tel était le message que le président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, est venu délivrer aux Turcs de la diaspora européenne réunis pour assister à la « rencontre citoyenne contre le terrorisme » organisée dimanche 4 octobre au Zénith de Strasbourg. Sans jamais évoquer l’Etat islamique (EI), le dirigeant a consacré l’essentiel de son discours, retransmis en direct par les principales chaînes de télévision turques, à la lutte contre la guérilla du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et aux affrontements qui l’opposent depuis août aux forces de sécurité d’Ankara dans le sud-est majoritairement kurde de la Turquie.M. Erdogan a appelé à l’unité de son pays devant plus de 12 000 de ses concitoyens venus de France, d’Allemagne et des pays limitrophes. Précédée par une prière collective dirigée par un imam venu de Turquie, l’allocution a rappelé la volonté d’Ankara de poursuivre le combat « jusqu’au bout » et son refus d’« abandonner le pays aux vauriens », condamnant dans un même élan le mouvement armé kurde, ses partisans installés en Europe et, à mots couverts, le Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde).Lors des législatives du mois de juin, le succès de ce parti légal lié au PKK auprès des kurdes de Turquie mais aussi de l’électorat de gauche avait empêché le Parti de la justice et du développement (AKP), formation politique islamiste dont M. Erdogan est le fondateur, de conserver la majorité absolue au Parlement, qu’il détient depuis son arrivée au pouvoir en 2002. A la suite de l’échec des tentatives de formation d’une coalition gouvernementale, de nouvelles élections sont prévues pour le 1er novembre, bien que les affrontements avec le PKK ne faiblissent pas dans les régions kurdes.Alors que M. Erdogan arrivait en Europe, la journée de dimanche a notamment été marquée par des opérations militaires qui auraient fait deux morts civils en marge de combats avec des militants armés dans les villes kurdes de Silvan et Nusaybin. Se posant en chef de guerre, M. Erdogan a assuré la détermination de la Turquie, qu’il préside sans gouvernement majoritaire depuis les dernières élections, à « écraser l’organisation terroriste ». L’audience, acquise, lui a répondu en scandant « Allahou akbar ! » (« Dieu est grand » en arabe).Excluant de fait toute sortie négociée de la crise sécuritaire en cours, il a assuré : « Tous ceux qui veulent se détacher de nous, nous (…) le leur ferons regretter », en allusion aux velléités séparatistes qu’il accuse le mouvement kurde de poursuivre. Avant de souligner, comme un avertissement, que le chaos règne encore dans les territoires dont l’Empire ottoman s’est retiré.Les menaces de la censure des autorités électorales de Turquie, gardiennes des principes laïcs de la République, n’ont pas empêché le président turc de faire un usage appuyé des références religieuses, dans un discours émaillé de références aux valeurs et aux symboles islamiques, alliées à l’exaltation de la nation turque.Se laissant aller à de grandes envolées historiques, il a décrit la lutte contre le PKK comme le prolongement des guerres menées par les grands conquérants turcs, mêlant la victoire de Saladin à Jérusalem contre les croisés, la prise de Constantinople par le Mehmet II et la bataille des Dardanelles qui opposa l’armée ottomane aux alliés européens en 1915. « Nos cœurs sont à l’unisson aujourd’hui comme ils l’étaient à ces périodes », a-t-il affirmé, fustigeant les « calculs » qui voudraient porter atteinte à l’unité nationale, avant de rendre hommage aux « martyrs » des forces de sécurité, tombés récemment dans la lutte contre le PKK.« Donneurs de leçons »Si le conflit avec le mouvement kurde a dominé le discours, le président Erdogan, qui devait rencontrer les dirigeants de l’Union européenne lundi à Bruxelles, a également condamné avec virulence la réponse des Etats européens à la crise des migrants. La foule a hué ces Etats « donneurs de leçons ». Dénonçant l’insuffisance de l’aide extérieure apportée à Ankara, qui a accueilli sur son sol près de deux millions de réfugiés syriens et irakiens, et l’absence de volonté européenne de partager ce « fardeau », M. Erdogan a présenté la Turquie comme le défenseur de « la vraie civilisation » face à une Europe affectée par « la xénophobie, l’islamophobie et le racisme ».Lire aussi :Erdogan, allié obligé de l’EuropeSelon les organisateurs appartenant à des associations communautaires et religieuses proches du pouvoir turc et soutenues par un réseau de mosquées reconnues officiellement par Ankara, la rencontre du président Erdogan avec ses partisans européens est sans rapport avec le contexte électoral dans lequel se trouve la Turquie. Les Turcs de l’étranger ayant la possibilité de participer aux élections nationales depuis 2014, le président Erdogan n’a cependant pas omis d’appeler ses concitoyens à se rendre aux urnes consulaires lors des prochaines législatives anticipées, un scrutin sous haute tension où, pour l’AKP, chaque voix comptera.Allan Kaval (Strasbourg, envoyé spécial)Journaliste au Monde Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Ce devait être l’essentiel du menu de l’Ecofin (réunion des ministres des finances de l’Union européenne), du mardi 6 octobre à Luxembourg. Les grands argentiers européens pourraient – enfin – trouver un accord politique sur la transparence des « rulings », ces contrats fiscaux ultra-avantageux signés entre des administrations et certaines multinationales, et dénoncés par les révélations LuxLeaks visant le Luxembourg, en novembre 2014.Lire aussi : Bruxelles soupçonne le Luxembourg d’aides fiscales illégales à AmazonCritiquée pour son manque de volonté jusqu’alors pour régenter ce type de pratiques choquantes (certaines sociétés parvenant à échapper totalement à l’impôt), la Commission européenne avait voulu réagir vite et fort, en 2014. D’autant plus que son tout nouveau président, Jean-Claude Juncker, était personnellement attaqué, certains dénonçant sa supposée tolérance à l’égard de tels contrats quand il était premier ministre du Luxembourg (il a occupé ce poste pendant près de dix-neuf ans).Le commissaire en charge de la fiscalité, le Français Pierre Moscovici, a fait une proposition de directive dès mars 2015. Elle rendait obligatoire la transmission automatique des accords fiscaux entre Etats membres de l’Union. Avec une réactivité de dix ans : tous les rulings des dix dernières années, y compris ceux n’ayant plus cours aujourd’hui, devaient être déclarés par les administrations fiscales.Un secteur sanctifiéLe pari de Bruxelles ? Que les rulings, une fois connus, soient dénoncés par les Etats s’estimant lésés, et que ces pratiques finissent du coup par disparaître. Mais si, fin 2014, tout le monde y est allé de sa déclaration sur la nécessité d’une plus grande justice fiscale, les mois passant, et d’autres crises s’accumulant (les migrants, la Grèce, etc.), le « momentum » politique européen s’est un peu dilué. La proposition de la Commission a fait son chemin, mais laborieusement.Il faut dire que la fiscalité est un des secteurs les plus sanctifiés de l’Europe. Pour y toucher, il faut l’unanimité des Etats membres et certains rechignent. Ce sont en général toujours les mêmes : l’Irlande, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, le Luxembourg, qui ont fait de la fiscalité une des armes de leur attractivité économique.Mardi, cependant, les chances pour un accord à 28 sont conséquentes, estime-t-on à Bruxelles. Ne reste plus qu’un point à trancher : la rétroactivité des rulings. Le texte de compromis propose qu’elle ne soit plus que de 5 ans (les Etats devraient s’échanger tous leurs rulings émis, renouvelés ou amendés dans les 5 ans avant l’entrée en vigueur de la directive). L’enjeu de la rétroactivité est conséquent : elle peut permettre de lancer des redressements fiscaux potentiellement lucratifs.Lire aussi : LuxLeaks : le Parlement européen met en place une commission « spéciale »Il est en tout cas notable que le Luxembourg, qui occupe la présidence tournante de l’Union depuis juillet et jusqu’à fin 2015, fait beaucoup pour faire avancer le dossier. Il est manifeste qu’il veut être irréprochable sur ce sujet, pour ne pas prêter, à nouveau, le flanc à la critique.Si l’accord est trouvé à 28 Etats membres, mardi, il ne manquera plus que l’avis du Parlement pour une entrée en vigueur prévue au 1er janvier 2017.Lire aussi :Bruxelles veut mieux détecter les pratiques fiscales abusivesCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La Grèce sera à nouveau au menu de la réunion des ministres des finances de la zone euro, qui se retrouvent à Luxembourg lundi 5 octobre. Cet Eurogroupe devrait en effet valider une nouvelle liste de réformes que le gouvernement grec doit faire voter au Parlement. Après celles de mi-juillet, de fin juillet et de fin août, cette nouvelle liste de mesures doit ouvrir la voie au déblocage d’un nouveau prêt dans le cadre du troisième plan d’aide au pays (86 milliards d’euros) consenti, cet été, par l’Union européenne, la Banque centrale européenne, le Fonds monétaire international.Le montant en discussion, lundi ? A priori, 2 milliards d’euros, qui s’ajouteront aux 23 milliards d’ores et déjà versés depuis fin août.La liste des réformes à mettre en place (augmentation de la fiscalité, modernisation de l’administration, ouverture de pans entiers de l’économie à la concurrence), avait été établie cet été au moment de la signature du troisième plan d’aide.Mais elle a été ajustée - en fait, raccourcie - ces derniers jours, pour tenir compte du mois de septembre, en grande partie perdu à Athènes en raison de l’organisation des élections législatives qui ont vu revenir au pouvoir le premier ministre Alexis Tsipras.Lire aussi :La Grèce s’apprête à détailler ses nouvelles mesures d’austéritéAmbiance plus sereineRestera encore à verser 1 milliard d’euros de prêts dans le cadre de la première tranche de 26 milliards négociée fin août. Ce versement est lié à une liste de réformes supplémentaire qui devra être validée dans les semaines qui viennent.Euclide Tsakalotos, le ministre des finances grecs (reconduit à son poste, fin septembre, par le premier ministre, Alexis Tsipras, après l’avoir occupé entre début juillet et fin août), fera le déplacement à Luxembourg. La discussion devrait se passer dans une ambiance sereine.Lire aussi :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciersLe contraste avec les six premiers mois de l’année, qui ont vu Athènes et ses créanciers se déchirer, est saisissant. Maintenant que M. Tsipras a accepté les conditions des créanciers du pays, les uns et les autres discutent « entre gentlemen ». Et M. Tsakalotos est très apprécié à Bruxelles pour son pragmatisme, ses compétences et ses convictions européennes.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.10.2015 à 13h46 • Mis à jour le03.10.2015 à 16h54 | Cécile Chambraud A deux jours de l’ouverture à Rome du synode de l’Eglise catholique sur la famille, un prêtre polonais donne à la question de l’homosexualité toute sa visibilité, alors qu’elle semblait avoir tendance à passer au second plan des débats. Le père Krysztof Olaf Charamsa, 43 ans, membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi (l’ex-Saint-Office, organisme romain chargé de veiller à la cohérence de la doctrine), a révélé être homosexuel et avoir un compagnon, samedi 3 octobre, afin que, sans « attendre encore cinquante ans », « l’Eglise ouvre les yeux face aux gays croyants et comprenne que la solution qu’elle propose, à savoir l’abstinence totale et une vie sans amour, n’est pas humaine ».Lire aussi :Le pape ouvre les travaux du synode sur la familleDans des entretiens publiés par le quotidien italien Il Corriere della Sera et l’édition polonaise de Newsweek, ce collaborateur de la curie romaine mesure le risque de son coming out. « Je sais que l’Eglise me verra comme quelqu’un qui n’a pas su remplir son devoir [de chasteté], qui s’est perdu et qui plus est non pas avec une femme mais avec un homme ! », dit-il. « Je le fais pour moi, pour ma communauté, pour l’Eglise », ajoute-t-il.Par cet acte spectaculaire, le père Charamsa veut pousser l’institution ecclésiale à changer son regard sur les homosexuels. « Réveille-toi, Eglise, lance-t-il, cesse de persécuter les innocents. Je ne veux vraiment pas détruire l’Eglise, je veux l’aider, et surtout je veux aider ceux qu’elle persécute. Mon coming out doit être un appel au synode pour que l’Eglise arrête ses actions paranoïaques à l’égard des minorités sexuelles », ajoute-t-il.Un geste « très grave » et « irresponsable » pour le VaticanLe Vatican n’a pas tardé à sanctionner l’homme d’Eglise, jugeant ce coming out « très grave et irresponsable » à la veille de l’ouverture du synode. « Evidemment, Mgr Charamsa ne pourra plus continuer à assurer ses fonctions précédentes auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi », ajoute le Vatican dans un communiqué. L’Eglise catholique précise que son statut de prêtre, qu’il pourra difficilement conserver après avoir reconnu vivre en couple avec son partenaire, sera discuté par les supérieurs hiérarchiques de son diocèse.L’accueil des homosexuels est l’une des questions posée aux évêques catholiques réunis en Synode pendant trois semaines à Rome. La doctrine considère les actes homosexuels comme « intrinsèquement désordonnés » et prône l’abstinence aux gays. Elle refuse a fortiori le mariage entre personnes de même sexe. « Je voudrais dire au synode que l’amour homosexuel est un amour familial, qui a besoin de la famille. Chacun, et même les gays, les lesbiennes et les transsexuels, porte dans son cœur un désir d’amour et de famille », affirme le prêtre polonais. « Le clergé, ajoute M. Charamsa dans l’édition polonaise de Newsweek, est largement homosexuel et aussi, malheureusement, homophobe jusqu’à la paranoïa car paralysé par le manque d’acceptation pour sa propre orientation sexuelle. »Alors que 360 prélats commenceront à débattre lundi des différentes questions relatives à la famille, des représentants d’organisations de catholiques homosexuels de près de quarante pays étaient réunis depuis jeudi à Rome pour s’organiser en réseau international baptisé « Global Network of Rainbow Catholics » (GNRC, réseau mondial des catholiques arc-en-ciel).Ces derniers jours, le pape François a semblé émettre des signaux contradictoires sur la question. Lors de son voyage aux Etats-Unis, il a rencontré Kim Davis, l’égérie des opposants au mariage gay, mais aussi un ami homosexuel et son compagnon. Dans l’avion qui le ramenait du Brésil peu après son élection en 2013, François avait déclaré : « Si une personne est homosexuelle et cherche vraiment le Seigneur, qui suis-je pour la juger ? »Lire aussi :Le discours engagé du pape face aux élus américainsCécile ChambraudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Baptiste Chastand Lorsqu’on demande à Ana Rocha si elle ira voter dimanche 4 octobre aux législatives portugaises, elle se met en colère. « Non ! Clairement, non ! » Mère de famille célibataire âgée de 41 ans, elle est venue prendre un rendez-vous pour son fils chez un dentiste bénévole de l’association paroissiale de Tetra, quartier pauvre de la ville industrielle de Setubal, à une trentaine de kilomètres au sud de Lisbonne. « A l’Assemblée, personne ne sait ce que c’est de gagner 500 euros [le niveau du smic au Portugal], pour eux on ne compte pas. Je ne leur fais pas confiance », lâche cette serveuse qui n’arrive pas à s’en sortir.Lire aussi :Au Portugal, des élections sous le signe de la criseElle doit notamment encore rembourser 250 euros de crédit par mois pendant treize ans pour son appartement. « Avant la crise, je gagnais 200 euros de plus en faisant des ménages chez quelqu’un. Mais j’ai perdu cet emploi. » Comme son procès avec son ex-mari pour obtenir une pension est toujours en attente, elle ne peut compter que sur l’aide de sa famille pour boucler les fins de mois. Au Portugal, malgré le retour de la croissance depuis 2014, un cinquième des travailleurs ne gagnent, comme Ana Rocha, que le salaire minimum. Celui-ci est bien passé de 485 euros à 505 euros en 2014 après quatre ans de gel, mais il reste l’un des plus bas d’Europe de l’Ouest et inférieur à son niveau de 1974, lors de la « révolution des œillets ».Lire aussi :Sortie de récession, le Portugal face aux électeursAlors ce ne sont pas ces 20 euros, ni les débats de la campagne sur la réalité de la reprise de l’économie portugaise, qui vont convaincre Ana Rocha d’aller voter. « Ici, les gens sont désinvestis, ils s’en foutent complètement », regrette Oliverio Jorge, un bénévole « catholique de gauche » de l’association paroissiale. Lui n’a pas « ressenti du tout » la reprise économique vantée par Pedro Passos Coelho, le premier ministre de droite, qui espère pourtant être réélu sur la base de l’amélioration des indicateurs économiques.Le tourisme exploseQuelques kilomètres plus loin, devant l’usine Volkswagen Autoeuropa, l’un des plus gros sites industriels du Portugal, les dizaines d’ouvriers passant les tourniquets à l’heure du roulement d’équipe affichent le même scepticisme. « J’aimerais bien que ça change, mais je sais qu’on va rester dans la même situation », se lamente Idalina Menes, une technicienne de montage de 37 ans. Ici, on n’ose pas trop se plaindre car « les salaires sont bons », « même si c’est très physique et fatiguant ». Le principal problème sont les impôts, brutalement relevés pour boucher le déficit public. « En net, je gagne moins que lors de mon embauche il y a huit ans, alors même que mon brut a augmenté : 931 euros contre 1 050 », confie Mme Menes. Elle compte voter pour le Parti communiste, très présent dans l’usine, mais sans trop y croire.Pourtant, la situation des 120 000 habitants de Setubal s’est améliorée ces derniers mois, assure l’adjoint au maire écolo-communiste. « Cinq mille emplois ont été créés en quatre ans », vante même Andre Martins, en citant l’installation d’une zone commerciale et d’un Décathlon. Surtout, le tourisme explose, la ville réussissant à valoriser sa magnifique baie pour faire oublier son image de territoire déshérité. Bien sûr, il regrette que sa mairie ait dû supprimer 200 postes de fonctionnaires depuis le plan d’austérité de 2011 et qu’« il y ait beaucoup trop d’embauches avec des salaires bas et des contrats précaires. Mais c’est quand même mieux que le chômage ».C’est tout le Portugal qui a cherché dans le tourisme son salut. A Lisbonne, 21 nouveaux hôtels doivent ouvrir en 2015, contre 12 en 2014. Dans les rues du centre historique, on n’entend quasiment plus parler portugais et les Lisboètes se plaignent désormais de la hausse des loyers générée par les locations par l’intermédiaire d’Airbnb. « En 2011-2013, 30 % des magasins avaient fermé à cause de la crise et de la loi sur la libéralisation des loyers commerciaux », rappelle Carla Salsinha, présidente de l’union des petits commerçants de Lisbonne.Prudence des grands patronsAvant cette loi, les commerçants de la ville pouvaient se transmettre leurs locaux de génération en génération en gardant le même loyer. Plusieurs commerçants âgés ont subitement dû fermer, certains loyers étant multipliés par « deux, quatre ou même cinq ! » Mais elle doit bien avouer que, aujourd’hui, les « deux tiers des commerces fermés ont rouvert ». Et que l’afflux de jeunes avec des « idées différentes » a redynamisé le commerce.Chez les grands patrons, on affiche aussi sa confiance dans la reprise, mais la prudence prévaut. « Elle est encore naissante et balbutiante, mais peu de personnes pensaient en 2011 que le bout du tunnel serait si proche », juge Diogo da Silveira, le PDG franco-portugais du groupe de papeterie Portucel. Son entreprise, très internationalisée, n’a pas trop pâti de la crise. « Mais mes fournisseurs et les Portugais ont souffert. Il reste que le pays n’aurait probablement jamais fait toutes ces réformes fondamentales si on n’avait pas été obligé et contraint. » Le patron pense surtout à la brutale diminution des indemnités de licenciements votée par la droite. « Le coût des licenciements a été réduit de moitié, et grâce à ça on recrute plus », assure-t-il, en ne cachant pas sa préférence pour la réélection du premier ministre libéral.Si le taux de chômage a en effet officiellement reculé de 17,5 % à 12,4 % entre 2013 et 2015, la gauche conteste vivement la réalité de cette baisse et dénonce la hausse de la précarité. Sara Simoes, animatrice de l’association Précaires inflexibles (Precarios Inflexiveis) fondée en 2008 au début de la crise des subprimes, assure notamment que le gouvernement « cache la réalité » en utilisant massivement les contrats aidés ou en comptant sur la démotivation des chômeurs. Sous l’effet de l’émigration et du vieillissement, la population active du Portugal a en plus reculé de plus de 250 000 personnes entre 2010 et 2014, ce qui a clairement facilité la baisse du chômage.Après huit ans de CDD dans des centres d’appels, Sara Simoes, qui est également militante du Bloc de gauche (extrême gauche), a toutefois fini par décrocher un CDI dans une banque en janvier. A 27 ans, elle vient tout juste de célébrer la fin de sa période d’essai et se réjouit de gagner plus que le smic. « Ma situation personnelle s’est améliorée », convient-elle, contente de n’avoir pas fait le choix de l’émigration lorsqu’elle était au chômage, comme nombre de ses amis. Quelque 400 000 Portugais sont partis tenter leur chance à l’étranger depuis 2011. Sara le constate avec regret : il n’y a d’ailleurs plus grand monde au Portugal pour protester contre l’austérité depuis l’échec des grandes manifestations de 2012. « Les gens ont arrêté d’espérer. Ou sont partis. »Lire aussi :« Le Portugal a appliqué à la lettre les réformes exigées par la troïka »Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Michel Bezat L’Europe reste l’horizon indépassable de Gazprom. Au cours des deux dernières années, marquées par la crise ukrainienne, la Russie avait fait croire qu’elle pouvait pénaliser le Vieux Continent en se tournant vers l’Asie. En 2014, deux décisions majeures avaient illustré cette réorientation politico-économique : la signature d’un contrat gazier de 360 milliards d’euros entre Gazprom et le pétrolier chinois CNPC ; et l’arrêt brutal, décidé par Vladimir Poutine, du projet de gazoduc South Stream traversant l’Europe, au profit du Turkish Stream transitant par la Turquie. Le président russe répondait aux sanctions occidentales décrétées après l’annexion de la Crimée, mais aussi aux poursuites des autorités antitrust de Bruxelles contre le groupe gazier accusé d’abus de position dominante en Europe de l’Est. Dans les deux cas, Gazprom était au centre du jeu.Est-ce parce qu’ils font l’amère expérience de la dureté en affaires de leurs « amis » chinois et turcs ? Depuis quelques semaines, le Kremlin et les dirigeants de Gazprom sont plus conciliants avec les Européens. Ils viennent de trouver un accord sur le prix du gaz vendu à l’Ukraine et semblent disposés à des concessions avec les pays-clients d’Europe de l’Est. Le groupe russe a signé un pacte d’actionnaires avec les allemands E.ON et BASF, l’anglo-néerlandais Shell, l’autrichien OMV et le français Engie pour doubler le gazoduc Nord Stream acheminant du gaz russe vers Allemagne en passant sous la Baltique. Dans la foulée, Gazprom a conclu avec BASF un échange d’actifs (bloqué depuis 2013) resserrant ses liens avec le numéro un mondial de la chimie.Train de la libéralisationC’est de la « real » économie. On a oublié que Gazprom n’est pas que le bras armé du Kremlin, mais aussi une société cotée à Moscou pesant 124 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Un géant qui, pour ne pas perdre de parts de marché, doit prendre en marche le train de la libéralisation du secteur de l’énergie en assouplissant les contrats à long terme signés avec ses clients européens. Une entreprise également dans le viseur de Bruxelles depuis des lustres. Ce n’est pas un hasard si, en septembre, sa filiale export a pour la première fois vendu un peu de son gaz aux enchères. Une révolution pour le conglomérat issu du ministère soviétique du gaz !Lire aussi :Gazprom espère un accord amiable avec BruxellesC’est la preuve, une fois de plus, que l’Europe reste un débouché vital pour le gaz russe, surtout depuis que la production de gaz de schiste aux Etats-Unis lui a fermé l’accès au marché américain. « La sécurité gazière est meilleure qu’on ne le proclame souvent et place l’Union européenne dans une position favorable pour discuter avec la Russie, son principal fournisseur » (30 % de ses importations), souligne Claude Mandil, ancien patron de l’Agence internationale de l’énergie. Tous les différends ne sont pas aplanis, bien sûr. Mais tout se passe comme si – pour l’heure, du moins – les dirigeants européens et russes ne voulaient pas en rajouter dans une situation politique tendue.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.10.2015 à 22h17 • Mis à jour le03.10.2015 à 13h10 | Benoît Vitkine La feuille de route des accords de Minsk ne s’achèvera pas, comme cela était prévu, avant la fin de l’année 2015. La mise en œuvre complète de ces accords signés en février et devant amener la paix en Ukraine « va prendre plus de temps », a reconnu François Hollande, vendredi 2 octobre, à l’issue d’une réunion à l’Elysée avec ses homologues russe, ukrainien et allemand.Aucune nouvelle échéance n’a été fixée, mais les quatre dirigeants se sont accordés sur les prochaines étapes du processus. Première avancée, les élections que les séparatistes prorusses du Donbass comptaient organiser le 18 octobre de façon unilatérale sur les territoires qu’ils contrôlent « ne pourront pas se tenir », a assuré M. Hollande. La tenue d’un tel scrutin, alors que le texte de Minsk prévoit que ces élections locales doivent se tenir en conformité avec la législation ukrainienne, aurait signé l’arrêt de mort de Minsk.A la place, une loi électorale devra être élaborée en concertation avec les rebelles puis votée au Parlement ukrainien, pour permettre que ce scrutin soit « incontestable » selon le mot du président français. Il y a quelques jours, un diplomate français concédait que ces élections ne pourraient pas « être dignes d’un canton suisse, mais devraient être à peu près au cordeau ». Risque ainsi de se poser la question de la candidature de représentants des partis politiques ukrainiens sur des territoires contrôlés par les groupes armés rebelles.Lire aussi :Comment Poutine est revenu au centre du jeu diplomatiqueUn « statut spécial » pour les régions séparatistesLe scrutin devra se tenir dans un délai de 90 jours suivant l’adoption de la loi électorale, et être reconnu par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). A partir de là devra entrer en vigueur un « statut spécial » pour les régions sous contrôle séparatiste. Autrement dit, une autonomie large mais dont les contours restent à définir. C’est la principale concession demandée à la partie ukrainienne : accélérer la mise en place de cette réforme constitutionnelle qui suscite une forte opposition à Kiev.« Une fois que nous aurons eu les élections, il faudra encore prendre du temps pour arriver à la dernière étape de Minsk », a reconnu François Hollande. Cette dernière partie est la plus sensible, et demande une implication sans faille de la Russie. Il s’agit du retrait des groupes armés illégaux opérant dans le Donbass et du retour à la partie ukrainienne de la frontière russo-ukrainienne. « Chaque participant veut l’application de Minsk, aussi bien Porochenko que Poutine », a estimé le président français, qui s’est refusé à faire tout lien entre l’apparente bonne volonté actuellement affichée par M. Poutine et sa nouvelle implication sur le front syrien. Il a toutefois reconnu qu’il n’existait pas de « garantie » que les dernières étapes du processus seront menées à bien.Kiev « prudemment optimiste »Le président ukrainien, Petro Porochenko, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse distincte, s’est dit « prudemment optimiste » quant au succès du processus, pendant que le porte-parole du Kremlin se contentait de faire état de « discussions sérieuses ».Les quatre dirigeants ont également adopté une dernière mesure pour renforcer le cessez-le-feu sur le terrain, dont la dernière mouture, annoncée le 1er septembre, est presque intégralement respectée par les belligérants. Il s’agit du retrait de la ligne de front des armes d’un calibre inférieur à 100 mm, lequel doit débuter ce samedi à minuit et être appliqué dans un délai de 41 jours. Une mesure similaire concernant les armes lourdes, décidée en février, n’est que partiellement appliquée sur le terrain.Lire aussi :A la « frontière » entre les deux Ukraine, blocus et contrebandeBenoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Audrey Garric et Pierre Le Hir Après des années de blocage et de manœuvres en coulisses, les pays anti et pro-OGM dévoilent leur jeu en Europe. Seize Etats membres de l’Union ont demandé, ces dernières semaines, l’interdiction de cultiver des organismes génétiquement modifiés (OGM) sur leur territoire. La France, l’Allemagne, la Bulgarie, Chypre, la Lettonie, la Grèce, la Croatie, l’Autriche, la Hongrie, la Pologne, les Pays-Bas, la Lituanie, l’Italie et le Danemark ont déjà formulé cette demande auprès de la Commission européenne, ainsi que le Royaume-Uni au nom de l’Ecosse, le pays de Galles et l’Irlande du Nord, et la Belgique pour la Wallonie. La Slovénie pourrait leur emboîter le pas, avant samedi 3 octobre, date-butoir fixée par la nouvelle directive européenne sur le sujet, entrée en vigueur en avril.Le nouveau texte, qui visait à sortir de l’impasse dans laquelle se trouvait l’Europe vis-à-vis de ce dossier brûlant, laisse le choix aux Etats membres d’autoriser ou d’interdire la culture des OGM sur leur territoire, et ce, en amont de la procédure d’autorisation menée par la Commission européenne et l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).Lire : La culture des OGM facilitée dans l’Union européenneNeuf dossiers de maïs OGM en attente d’une autorisationJusqu’à présent, les Etats « anti-OGM » ne pouvaient interdire les cultures transgéniques sur leur territoire qu’après leur autorisation à l’échelle européenne, en prenant des clauses de sauvegarde ou des mesures d’urgence pour des motifs environnementaux et sanitaires. Une procédure très fragile juridiquement : la France a, par exemple, été attaquée à trois reprises sur ses moratoires – le dernier pourvoi introduit par les industriels étant toujours examiné par le Conseil d’Etat.Avec la nouvelle directive, les Etats qui souhaitent bannir des OGM doivent en faire la demande auprès des semenciers, sous la houlette de la Commission, afin d’être retirés du périmètre de culture. C’est ce que la France a fait le 17 septembre, en transposant dans le droit français la directive européenne. Paris a ainsi demandé à exclure de son territoire les 9 dossiers d’OGM en attente d’autorisation au niveau européen : le MON810 de Monsanto (deux demandes, pour son autorisation et son renouvellement), le TC1507 de Pioneer, proposé par la Commission en 2013 sous la pression d’un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne, ainsi que six autres maïs de Monsanto, Pioneer et Syngenta. Les entreprises de biotechnologie ont maintenant trente jours pour donner leur réponse (ou s’abstenir, ce qui est considéré comme une approbation).En cas d’opposition de ces dernières, la France, à l’image des autres gouvernements européens, pourra interdire les plantes sur son sol en invoquant différents motifs, notamment de politique agricole, d’aménagement du territoire ou des conséquences socio-économiques.Lire : OGM : tout comprendre au nouveau cadre européenAccélérer la mise en culture de semences« Le nouveau texte simplifie la procédure pour interdire les OGM. Reste à voir si elle fonctionne, notamment la phase de négociations entre les Etats et les semenciers, prévient Pauline Verrière, juriste à l’association Inf’OGM. On peut également craindre des recours devant l’Organisation mondiale du commerce, cette dernière pouvant sanctionner des décisions politiques basées sur des arguments socio-économiques et non scientifiques. Surtout, il existe un risque de multiplication des dossiers d’autorisation au niveau européen. » Car l’objectif de la nouvelle directive était, en laissant la liberté à chaque Etat de se prononcer pour son territoire, d’empêcher les blocages au niveau communautaire. Ceux-ci ont conduit à ce qu’un seul OGM soit actuellement cultivé en Europe : le maïs MON810. Cette semence est plantée presque exclusivement en Espagne, avec 132 000 hectares en 2014, ainsi qu’un peu au Portugal (8 500 ha). En 2015, les surfaces de MON810 ont considérablement diminué dans les trois autres pays qui le cultivent : en République tchèque (997 ha), en Slovaquie (105 ha) et en Roumanie (2,5 ha), selon les comptes d’Inf’OGM.La nouvelle législation va donc certainement accélérer la mise en culture de semences transgéniques sur le sol européen. Le porte-parole santé et environnement de la Commission précise ainsi que la latitude laissée aux Etats membres de s’opposer à ces cultures « ne change rien aux avis scientifiques de l’EFSA, selon lesquels les OGM ne présentent pas de risque pour l’environnement et la santé ».« Décision démocratique »Pour l’heure, les ONG se félicitent de la volonté d’une majorité de pays européens de prohiber la culture des OGM sur leur sol. « C’est un mouvement de masse, à la fois politique et citoyen, qui montre qu’un nombre croissant d’Etats membres ne font pas confiance aux évaluations conduites par l’Union européenne et prennent des mesures, à juste titre, pour protéger leur agriculture et leur alimentation », estime Anaïs Pourest, de Greenpeace France. Les pays et régions qui ont d’ores et déjà signifié leur intention d’interdire les cultures transgéniques « représentent 65 % de la population de l’UE et 66 % de ses terres arables », souligne-t-elle.« Il n’y a jamais eu un signal aussi clair que les cultures génétiquement modifiées, et les entreprises qui les produisent, ne sont pas bienvenues en Europe », renchérit Mute Schimpf, des Amis de la Terre Europe, dans un communiqué. Elle ajoute : « La décision démocratique des pays de bannir les cultures OGM doit être respectée par l’industrie des biotechnologies. » Reste que le dossier des OGM en Europe est loin d’être clos. En particulier, la question des « zones tampons » à mettre en place pour éviter des contaminations frontalières, entre un pays ouvert aux cultures transgéniques et son voisin les refusant, n’est toujours pas réglée. Quant à la révision des procédures d’évaluation et d’autorisation, réclamée depuis des années par les ministres européens de l’environnement, elle est toujours en suspens.Audrey GarricChef adjointe du service Planète/Sciences du MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterPierre Le HirJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.10.2015 à 15h25 • Mis à jour le16.10.2015 à 15h59 « Plus de deux, mais nettement moins de dix. » L’enquête pénale en cours en Allemagne sur les moteurs truqués du constructeur automobile Volkswagen a identifié « nettement moins de dix » salariés du groupe de Wolfsburg responsables de la supercherie, a déclaré, vendredi 16 octobre, le magistrat Klaus Ziehe, porte-parole du parquet de Brunswick.Lire aussi :Six clés pour comprendre le scandale qui secoue VolkswagenMercredi, le magazine Der Spiegel avait fait état d’un cercle « d’au moins 30 personnes » impliquées dans l’installation sur un type de moteur diesel du logiciel capable de fausser les résultats des tests antipollution. Volkswagen avait déjà rejeté ce chiffre le jour même comme « sans aucun fondement ».Quatre personnes mises à piedLe nouveau patron de Volkswagen, Matthias Müller, a pour sa part évoqué la semaine dernière la mise à pied de quatre personnes, « dont trois directeurs responsables à différentes époques du développement des moteurs », sans en révéler l’identité.La presse allemande a identifié le chef du développement de la filiale Audi, Ulrich Hackenberg, et son homologue chez Porsche, Wolfgang Hatz, mais Volkswagen n’a pas confirmé.Outre l’enquête pour fraude de la justice allemande, Volkswagen mène une investigation en interne sur l’affaire, et a mandaté un cabinet d’avocats américain pour l’aider à faire la lumière sur les faits.Volkswagen a admis le mois dernier que 11 millions de véhicules dans le monde avaient été équipés du logiciel fraudeur.Lire aussi :Volkswagen peut-il survivre au scandale ? Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La visite devait être rapide, quelques heures à peine, mais hautement symbolique. Accompagné de responsables européens, le ministre grec en charge des questions migratoires, Iannis Mouzalas, se rendait vendredi 16 octobre sur l’île de Lesbos, en mer Egée, pour ouvrir le premier « hot spot » grec.Min de la migration grec vient d' ouvrir lepremier hotspot grec a Lesbos.mais manque de moyens et de personnel. http://t.co/dJgCKt8hpc— Adea_Guillot (@adea guillot)require(["twitter/widgets"]);Installé à quelques kilomètres seulement du port de Mytilène, la principale ville de l’île, perdu au milieu de nulle part, parmi les champs d’oliviers, le centre de Moria – des centaines de préfabriqués et containers blancs, aux portes fermées, cachés derrière de hauts barbelés – assurait depuis deux ans déjà l’enregistrement (nom, origine, recueil des empreintes digitales) d’une partie de la vague de migrants débarquant sur l’île.Viendra désormais s’ajouter une mission de tri afin d’identifier les réfugiés susceptibles de recevoir l’asile politique en Europe (Syriens, Irakiens, Erythréens) et les autres qui, s’ils sont considérés comme de « simples  » migrants économiques, seront possiblement renvoyés dans leurs pays d’origine.D’ici la fin du mois de novembre, d’autres centres de tri seront ouverts sur les îles de Kos, Samos, Chios et Léros. D’autres devraient suivre sur le continent et un quartier général à Athènes, en charge de coordonner l’action de l’ensemble, sera mis en place au port du Pirée.Une mise en place difficileLes partenaires européens ont été très clairs avec les autorités grecques : le système de relocalisation – ce processus décidé les 14 et 22 septembre dernier pour répartir dans l’ensemble des pays de l’Union européenne près de 120 000 réfugiés reconnus – fonctionnera seulement quand les « hot spots » seront opérationnels.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?La collaboration entre le ministre Mouzalas et l’Europe a beau se passer plutôt bien, leur mise en place ne va pas sans poser de réels problèmes. « L’UE veut aller vite et oblige le gouvernement grec à ouvrir ces hot spots en un temps record pour des raisons de communication qui lui sont propres mais totalement détachées des réalités du terrain », s’énerve une source gouvernementale.« Où loger les réfugiés pendant la procédure ? Comment les nourrir ? Les habiller ? Les chauffer alors que l’hiver arrive ? », s’interroge une bénévole de Lesbos, en première ligne pour trouver des habits secs ou des tentes aux milliers de migrants qui débarquent désormais quotidiennement sur l’île, en provenance des côtes turques. « Où seront logés ensuite les candidats à l’asile pendant l’examen de leur dossier, qui peut prendre de plusieurs semaines à plusieurs mois ? Et puis que deviendront les autres, ceux qui au terme de ce tri voulu par l’Europe ne seront même pas reconnus comme éligibles à l’asile ? Comment la Grèce va-t-elle les renvoyer chez eux ? Par avion ? En bateau vers la Turquie ? ».Selon les chiffres du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 445 180 personnes sont arrivées en Grèce entre le 1er janvier et le 9 octobre. Plus de 2 millions de Syriens se trouvent dans des camps en Turquie, 1,6 million au Liban et 600 000 en Jordanie. Autant de candidats potentiels à l’exil vers l’Europe.Lire aussi :Réfugiés syriens : la Turquie, le Liban et la Jordanie en première ligneDes « hot spots » en Turquie ?« L’Europe doit aider massivement la Grèce », a insisté le haut-commissaire pour les réfugiés Antonio Guterres, lors d’une visite en Grèce les 11 et 12 octobre. Il a réclamé notamment « un assouplissement des critères bureaucratiques et technocratiques » qui ralentissent l’absorption par la Grèce des fonds européens pourtant officiellement mis à sa disposition. « Près de 450 millions d’euros doivent nous être transférés, ce n’est déjà pas beaucoup face à l’ampleur de la tâche mais, en plus, pour arriver à débloquer cet argent il faut des semaines de bureaucratie européenne, or nous avons besoin de l’argent maintenant si l’on veut pouvoir tenir le rythme qu’ils exigent de nous pour les hot spots », reconnaît une source gouvernementale.Au-delà de l’argent, les autorités nationales doivent aussi recevoir l’appui de diverses agences européennes : Europol (coopération policière), Eurojust (coopération judiciaire), Frontex (gestion des frontières extérieures) et Easo, le Bureau européen d’appui en matière d’asile.Lire aussi :Crise des réfugiés : l’UE contrainte de s’appuyer sur la TurquieDes renforts humains et un nouveau matériel d’identification permettant d’accélérer la prise d’empreintes digitales sont bien arrivés au centre de Moria à Lesbos mais pas en nombre suffisant pour éteindre la polémique sur l’île, comme dans toute la Grèce, qui refuse de se transformer en vaste camp de rétention de migrants à la périphérie de l’Europe.A son arrivée au Conseil européen du jeudi 15 octobre à Bruxelles, le premier ministre grec Alexis Tsipras a plaidé pour que les « hot spots » soient mis en place en amont en Turquie plutôt qu’en Grèce, afin d’éviter les traversées qui mettent chaque jour en danger la vie de milliers de réfugiés. Jeudi, sept personnes dont trois enfants et un nourrisson ont péri dans un nouveau naufrage au large de Lesbos.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Chambraud Cette fois, ils se sont organisés. Les évêques africains sont arrivés à Rome munis d’un vade-mecum et d’une stratégie de groupe. Pas question pour eux de sortir du synode, organisé par l’Eglise catholique pour réévaluer son discours sur la famille, du 5 au 25 octobre, avec le sentiment d’avoir reçu un camouflet, comme il y a un an. En octobre 2014, à l’issue d’une première réunion, leurs représentants avaient dénoncé des débats entièrement centrés sur les problématiques « occidentales » que seraient les divorcés-remariés, les couples non mariés et l’homosexualité. Il n’en serait pas de même, s’étaient-ils promis, lors de la session finale.Ils accusent les pays occidentaux de vouloir imposer aux sociétés africaines leurs conceptions sur le contrôle des naissances et l’homosexualité à travers les conditions posées à l’octroi de programmes d’aide au développement.« Colonialisme idéologique »Ils ont résumé cela par le concept de « nouvelle colonisation idéologique » qui menacerait de « détruire la famille africaine ». « Quand on oblige les uns et les autres à adopter des lois abortives, le gender, l’homosexualité, l’euthanasie comme condition pour accéder à des fonds de développement… Nous essayons de respecter la vision des autres. Alors, qu’on nous respecte ! », a ainsi plaidé, mercredi 14 octobre, le cardinal Philippe Ouedraogo, archevêque de Ouagadougou (Burkina Faso).Leur refus de faire évoluer l’attitude de l’Eglise catholique sur ces sujets les classe dans le camp du statu quo, dont ils sont devenus une composante essentielle. Lors de l’ouverture du synode en 2014, le pape François avait mesuré à quel point ce discours était ancré chez les évêques africains et devait être pris en compte à Rome. Par la suite, il a repris dans ses discours une partie de leur vocabulaire. « Il y a un colonialisme idéologique qui cherche à détruire la famille », avait-il ainsi affirmé lors de son voyage aux Philippines, en janvier. Depuis, la formule est souvent revenue dans sa bouche.Dans les réunions de travail du synode, certains propos font parfois tiquer. Le cardinal guinéen Robert Sarah, l’un des principaux membres de la curie romaine en tant que préfet de la congrégation pour le culte divin, a mis sur le même plan « l’idéologie du genre et l’Etat islamique », tous deux partageant « la même origine démoniaque ». « Ce que le nazisme et le communisme étaient au XXe siècle, l’homosexualité occidentale et les idéologies abortives et le fanatisme islamique le sont aujourd’hui », a-t-il ajouté, dénonçant « deux bêtes de l’Apocalypse : d’une part, l’idolâtrie de la liberté occidentale ; de l’autre, le fondamentalisme islamique ». Tous les évêques africains n’ont pas cette virulence.Compter avec l’AfriqueLors des travaux du synode, les Africains sont dispersés dans les groupes constitués par langue de travail. Mais ils se retrouvent de manière informelle tous les deux ou trois jours. Ils sont munis chacun d’un volume du livre publié en septembre par le Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (Sceam), après plusieurs mois de concertation, et qui récapitule leurs points d’accord. Onze d’entre eux, dont le cardinal Sarah, ont publié par ailleurs un ouvrage collectif intitulé L’Afrique, nouvelle patrie du Christ. Contribution de pasteurs africains au synode consacré à la famille. Le cardinal Sarah avait déjà refusé toute ouverture en direction des familles « irrégulières » dans un précédent livre d’entretiens intitulé Dieu ou rien.Aujourd’hui, le cardinal Wilfried Fox Napier, archevêque de Durban (Afrique du Sud), est l’un des présidents délégués du synode. Dans les débats, les représentants des églises africaines poussent leurs préoccupations. Charles Palmer-Buckle, archevêque d’Accra (Ghana), a ainsi relevé que le rapport introductif au synode, « semblait avoir été rédigé par quelqu’un à qui il semblait manquer la perspective africaine ». Les prélats africains s’efforcent donc d’y remédier. La famille étendue, le « mariage par étapes » (coutumier, civil puis religieux), ou encore les problèmes posés par la polygamie – peut-on par exemple baptiser un polygame ? – sont mis en avant. Pour autant, les représentants africains sont très méfiants à l’égard d’une piste envisagée par plusieurs « pères synodaux », consistant à confier à des conférences régionales ou nationales le soin de répondre à certaines questions pastorales. « L’Eglise est la même partout. Tout ce qui concerne l’Eglise en Europe la concerne aussi en Afrique, et inversement », a mis en garde Mgr Palmer-Buckle.Le pape François n’est pas un familier de l’Afrique. Il s’y rendra pour la première fois en novembre (Kenya, Ouganda, Centrafrique). Mais, pendant cette réunion à Rome, les prélats de ce continent auront tout fait pour convaincre le pontife d’origine sud-américaine qu’il faudra à l’avenir compter avec l’Afrique, « le continent qui croît le plus vite dans l’Eglise catholique », selon l’archevêque d’Accra.Cécile ChambraudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.10.2015 à 01h53 • Mis à jour le16.10.2015 à 08h49 Les pays européens ont tenu un nouveau conseil, jeudi 15 octobre, consacré aux migrants et à leur collaboration avec la Turquie, pays par où transite l’essentiel du flux de réfugiés venus du Moyen-Orient. La Commission a annoncé dans la nuit qu’elle avait conclu un « plan d’action commun » avec ce pays, qui héberge lui-même plus de deux millions de réfugiés syriens.Alors que les relations de l’UE et de la Turquie sont gelées, que le processus en vue d’une éventuelle adhésion est au point mort et que l’Europe craint la dérive autoritaire du président Erdogan, cette dernière a désormais grand besoin de la Turquie pour endiguer les flux migratoires. Elle est donc prête à faire des concessions, en regardant avec anxiété les élections législatives que M. Erdogan a convoquées le 1er novembre, tout en lançant une guerre contre le parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et en polarisant le champ politique à l’extrême, risquant de précipiter son pays dans le chaos.Lire l'éditorial du "Monde" :Turquie : Erdogan et la politique du pireLa chancelière allemande a notamment confirmé que l’UE envisageait de débloquer une aide d’environ trois milliards d’euros pour aider la Turquie à garder les réfugiés syriens sur son sol et à les empêcher d’affluer en Europe. Cet aspect du plan devait encore être négocié « dans les prochains jours », a précisé le chef de l’exécutif européen, Jean-Claude Juncker. Il relèverait du budget des Etats.Lire aussi :Une nuit avec les gardes-côtes turcs, sauveteurs de migrants au large de BodrumVisite d’Angela Merkel à AnkaraLe plan comprendrait par ailleurs une « accélération » des négociations pour faciliter l’octroi de visas aux ressortissants turcs voyageant dans l’UE. François Hollande a cependant dit avoir « insisté pour que, si libéralisation des visas il doit y avoir, avec la Turquie, ce soit sur des bases extrêmement précises et contrôlées ». Les chefs d’Etat et de gouvernement européens se méfient d’une possible exemption de visas pour les 78 millions de Turcs, que demande le président Recep Tayyip Erdogan. Une « libéralisation » se cantonnerait probablement dans un premier temps aux visas d’affaire et étudiants.Selon Mme Merkel, les dirigeants européens sont également convenus de relancer le processus d’adhésion de la Turquie et d’ouvrir de nouveaux chapitres de discussions. Ils n’ont toutefois pas encore décidé quels chapitres seraient ouverts. Angela Merkel a souligné que la Turquie avait déjà dépensé plus de sept milliards d’euros pour l’accueil de plus de deux millions de réfugiés syriens sur son sol et qu’elle n’avait reçu qu’un milliard d’euros d’aide extérieure. La chancelière allemande se rendra à Ankara dimanche 18 octobre pour vérifier, dit-elle, « si les promesses faites sont fiables ».Par ailleurs, le Conseil a retenu l’idée de la création, à terme, d’un corps de gardes-frontières européens, qui sera « progressivement mis en place », selon François Hollande.Lire aussi :Migrants : la France veut la création d’un corps de gardes-frontières européenDurant le sommet, un migrant afghan a été tué par des gardes-frontières alors qu’il tentait de passer en Bulgarie depuis la Turquie. Il s’agit du premier cas connu de tir mortel de forces de l’ordre européennes depuis le début de la crise. Le premier ministre Boyko Borissov a quitté précipitamment le sommet. 15.10.2015 à 19h48 • Mis à jour le15.10.2015 à 20h46 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Le sommet européen des chefs d’Etat et de gouvernement réuni, jeudi 15 octobre à Bruxelles, devait se concentrer sur les relations avec la Turquie, dans l’espoir qu’elle coopère davantage dans la gestion des vagues de réfugiés.L’autre volet des discussions devait concerner ce qui est devenu l’autre priorité des Européens : un meilleur contrôle des frontières extérieures de l’Union, pour empêcher l’entrée de ceux qui ne peuvent prétendre au statut de réfugié.Dans ce cadre, la France a déposé un document qui propose de doter rapidement l’agence Frontex de moyens financiers et humains supplémentaires, afin de préserver l’avenir de l’espace Schengen. Alors que la Commission et son président, Jean-Claude Juncker, ont promis une initiative « avant la fin de l’année », Paris suggère un plan par étapes en vue de la création d’un corps de gardes-frontières et de gardes-côtes européens.Lire aussi :Migrants : l’UE accélère sa lutte contre les passeurs dans la MéditerranéeUn effort financier annuel demandé à chaque EtatChaque Etat mettrait une réserve annuelle à disposition de l’organisation. L’ampleur de l’effort demandé à un pays serait déterminée par une série de critères, dont la part de surveillance des frontières extérieures de l’UE qu’il assume déjà.Pour préserver la souveraineté des Etats, on préciserait que, « sauf défaillance avérée », ce sont eux qui formuleraient une demande pour obtenir l’appui européen. Une « étude de faisabilité » de la Commission suggérait, en revanche, le possible lancement d’opérations sans l’avis des capitales.A plus long terme, la réserve pourrait devenir un corps européen, sous l’autorité de Frontex, préconise le document français. C’est le Conseil qui déciderait du déploiement, sur proposition de l’agence européenne des frontières et de la Commission.Cette dernière évoque aussi la création d’une « force de réaction rapide » susceptible d’être déployée en vingt-quatre ou quarante-huit heures. Ou encore la mise en place d’un « Bureau des retours », qui hâterait et organiserait le rapatriement des déboutés du droit d’asile.Urgence en Italie et en GrèceLa France souligne, d’autre part, la nécessité de moderniser les procédures de contrôle des voyageurs, avec l’aide des nouvelles technologies (identification biométrique, calcul automatique des durées de séjour, etc.) afin de bâtir un système dit de « frontières intelligentes ».La discussion a lieu dans un contexte où Frontex espère au moins disposer des moyens qui lui ont été promis pour aider la Grèce et l’Italie à traiter les dossiers des demandeurs d’asile qui continuent d’arriver dans ces pays dits « de première ligne ». Environ 710 000 personnes – dont 450 000 en Grèce – ont gagné le territoire européen depuis le début de l’année, selon les calculs – parfois contestés – de Frontex. Près de 1 000 fonctionnaires devaient être affectés à l’agence et au Bureau d’asile européen (EASO) par les Etats ; un peu plus d’une centaine seulement ont été effectivement mobilisés jusqu’ici.La France promet de fournir rapidement un contingent, mais souligne que les difficultés viennent de Frontex qui, de son côté, dit avoir de la peine à évaluer précisément les demandes de Rome et Athènes.Lire aussi :Une nuit avec les gardes-côtes turcs, sauveteurs de migrants au large de BodrumJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.10.2015 à 15h32 • Mis à jour le15.10.2015 à 16h15 | Laurence Girard Après la fermeture à titre conservatoire de l’abattoir municipal d’Alès, à la suite de la diffusion sur Internet de vidéos tournées par l’association de défense des animaux L214, et montrant des animaux encore vivants au moment de la découpe, de nombreuses questions se posent sur la réglementation en vigueur dans ces entreprises.Au niveau européen, le bien-être animal est une composante prise en compte. Pour preuve, le règlement communautaire publié en septembre 2009, intitulé « protection des animaux au moment de leur mise à mort ». Ce texte qui a remplacé une directive datant de 1993, a renforcé les règles en vigueur et a souhaité mieux harmoniser les pratiques entre les 28 Etats membres.Lire aussi :L’abattoir municipal d’Alès fermé après la diffusion d’images choquantesLe texte reconnaît en préambule que la mise à mort « provoque douleur, peur, détresse et autres formes de souffrance » et qu’il faut prendre toutes les mesures possibles pour tenter de les atténuer. « C’est une question d’intérêt public qui influe sur les consommateurs vis-à-vis des produits agricoles », ajoute le règlement.Le texte est entré en vigueur dans chaque Etat membre en janvier 2013. Avec la liberté laissée à chacun de durcir encore les règles s’il le souhaitait. Il fixe un cadre avec quelques grands chapitres.Les prescriptions sur l’installation et l’environnement de la mise à mortL’installation doit être prévue pour que les animaux soient propres, ne soient pas blessés, ne glissent pas, ne souffrent pas de faim ou de soif, de froid ou de chaud, et ne présentent pas de signe de peur.Les méthodes d’étourdissementLes animaux ne doivent être mis à mort qu’après étourdissement. L’animal doit être maintenu en état d’inconscience et d’insensibilité jusqu’à sa mort. Et si la méthode d’étourdissement n’entraîne pas la mort, le procédé de mise à mort doit s’appliquer le plus tôt possible.Les méthodes d’étourdissement ou de mise à mort peuvent évoluer techniquement à condition qu’elles apportent un plus pour le bien-être de l’animal. Toutefois, en cas d’abattage rituel, le texte européen souligne que le principe d’étourdissement peut ne pas être appliqué.Contrôle de l’étourdissementLa personne chargée de l’étourdissement ou une autre personne désignée dans l’entreprise doit régulièrement contrôler l’état des animaux pour vérifier que les méthodes d’étourdissement fonctionnent. Les abattoirs doivent mettre en place des procédures de contrôle avec des critères et des indicateurs.Certificat de compétenceLa mise à mort et les opérations annexes sont effectuées uniquement par des personnels possédant le niveau de compétences approprié. Chaque Etat membre doit désigner une autorité compétente qui délivrera un certificat de compétence accordé après une formation et un examen.Matériel d’étourdissementLes appareils d’étourdissement doivent aussi être contrôlés et entretenus. Toutes les opérations doivent être notées sur un registre. De plus, un matériel de rechange doit être disponible en cas de problème.Guide de bonnes pratiquesChaque Etat membre doit élaborer et diffuser un guide des bonnes pratiques.Interdiction de méthodes d’immobilisation des bovinsDes méthodes comme suspendre ou hisser des animaux conscients, endommager la moelle épinière ou utiliser des courants électriques pour immobiliser sans étourdir sont interdites.Nomination d’un responsable du bien-être animalChaque abattoir doit nommer un responsable du bien-être animal qui doit veiller à l’application de ce règlement européen. Il est sous l’autorité directe de l’exploitant et est en mesure d’exiger du personnel de modifier ses pratiques. Il doit tenir un registre des améliorations apportées. Il doit posséder le certificat de compétence.Laurence GirardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Nicolas Scelles (Maître de conférences en économie du sport à l’Université de Stirling, Ecosse) Les droits télévisés nationaux de la Premier League anglaise de football vont atteindre un record de 5,136 milliards de livres sterling (près de 7 milliards d’euros) pour les trois saisons de 2016-2017 à 2018-2019.Cela signifie que les droits TV globaux de la première division du championnat britannique de football pourraient monter à environ 8,4 milliards de livres sterling (près de 11,4 milliards d’euros) pour ces trois saisons une fois la vente des droits internationaux complétée.Ces 3,8 milliards d’euros annuels potentiels sont à comparer aux 2,35 pour la saison 2015-2016 ou encore avec les 748,5 millions d’euros annuels pour les droits TV du football professionnel français sur la période 2016-2020, droits qui ne reviennent pas intégralement aux clubs de Ligue 1. L’avantage des clubs anglais par rapport aux clubs français est indéniable. Quelles sont les variables explicatives et les conséquences de l’explosion des droits TV de la Premier League anglaise ?La 8e édition des Jéco de Lyon Les Journées de l’économie (Jéco) ont lieu cette année du 13 au 15 octobre, à Lyon.Au programme : environ 40 conférences et plus de 200 personnalités réunies pour échanger et partager leurs analyses autour du thème « Qu’attendons-nous… pour agir ? ».L’objectif de ces journées est de rendre accessible l’analyse économique au plus grand nombre.Elles sont organisées chaque année depuis 2008 par la Fondation pour l’université de Lyon sous la direction de Pascal Le Merrer, professeur d’économie internationale à l’Ecole normale supérieure (ENS) de Lyon, avec le soutien de l’ensemble des universités, des grandes écoles lyonnaises, des collectivités et organisations professionnelles locales et de plusieurs entreprises.Au fil des ans, les JECO sont devenues le lieu et le moment où se croisent les différentes institutions et associations qui animent l’enseignement, la recherche et le débat économique en France.Entrée libre. Inscriptions obligatoires sur www.journeeseconomie.org.Il existe deux points clés, aussi bien pour une chaîne TV nationale (côté demande) que pour une ligue (côté offre) : pour une chaîne TV nationale, il s’agit de proposer suffisamment d’argent non seulement pour obtenir les droits (battre la concurrence nationale) mais aussi pour permettre aux clubs nationaux de pouvoir attirer/retenir/payer les meilleurs joueurs mondiaux.Vente à l’internationalPar conséquent, même sans concurrence nationale, une chaîne TV est incitée à dépenser plus que les chaînes étrangères pour leurs championnats domestiques (concurrence indirecte entre chaînes étrangères). Pour une ligue, les deux points clés sont d’avoir un bon produit et de pouvoir le vendre à l’international. Reste à identifier quelles sont les variables explicatives - les caractéristiques - d’un bon produit pouvant être vendu à l’international.Nous en avons relevé six :- Au moins un club fort économiquement et sportivement (locomotive).- Au moins un rival crédible sur le territoire national (incertitude pour le titre).- Compétitivité continentale (garante de la qualité du produit et facteur d’attractivité en soi, sans oublier que les chaînes TV nationales cherchent aussi à acheter les droits TV des Coupes d’Europe).- Capacité, taux de remplissage et qualité des stades (potentiel télégénique).- Travailleurs internationaux (meilleurs joueurs dans le monde et marchés à l’international).- Capacité à attirer des investisseurs et générer des revenus au-delà des droits TV (chaînes TV pas seules à assurer la compétitivité économique et donc sportive).Plus de 36 000 spectateurs par matchDans quelle mesure la Premier League anglaise respecte-t-elle ces six conditions ?Depuis sa création en 1992, sa locomotive (souvent sportivement et toujours économiquement) a été le club de Manchester United.La lutte pour le titre est incertaine avec la concurrence d’Arsenal, Chelsea et Manchester City.L’Angleterre est 2e au classement UEFA des clubs, après avoir été 1re de 2008 à 2012.Le potentiel télégénique de la Premier League anglaise est largement assuré par un taux de remplissage des stades supérieur à 90 % (plus de 36 000 spectateurs par match en moyenne).Elle compte entre 65 % et 70 % de joueurs étrangers et parvenait à 78 % d’audiences cumulées hors Royaume-Uni en 2008-2009.Elle génère des investissements et revenus au-delà des droits TV, particulièrement grâce à de riches investisseurs internationaux (propriétaires, sponsors).A ces variables côté offre doit être ajoutée la concurrence entre Sky et son rival BT côté demande nationale.Quelles sont les conséquences ? Le tableau ci-dessous retrace l’évolution récente et à venir des droits TV/recettes distribuées aux clubs (en millions d’euros) en Premier League anglaise, Ligue des champions de l’Union des associations européennes de football (UEFA) et Ligue 1 française. Il montre que la Premier League est non seulement loin devant la Ligue 1 française, mais également devant la Ligue des champions. Dès lors, la perspective d’une Premier League s’ouvrant aux meilleurs clubs européens non anglais (FC Barcelone, Real Madrid, Bayern Munich, Juventus Turin, Paris-Saint-Germain) – évoquée par Jean-Pascal Gayant, le coordinateur de la session « L’économie du sport – mondialisation et football », lors d’échanges préalables aux Jéco 2015 – pourrait recevoir un écho favorable auprès des principaux intéressés.Une Super Ligue européenneIl existe néanmoins une interrogation quant à la capacité de Sky – principal diffuseur national de la Premier League – à assumer le très lourd investissement consenti lors du dernier appel d’offres (4,176 milliards de livres sterling, soit plus de 5,6 milliards d’euros).Cet investissement doit peut-être être appréhendé du point de vue de la stratégie globale du groupe Sky plc et pas seulement Sky au Royaume-Uni, avec l’internationalisation du groupe britannique de télévision par satellite qui détient depuis 2014 Sky Italia et depuis 2015 Sky Deutschland, diffuseurs respectifs des championnats italien et allemand.Lire aussi :L’inflation sans fin des droits du football anglaisÀ la lumière de ces éléments, une option autre qu’une Premier League plus seulement anglaise peut être envisagée à terme, où Sky plc aurait l’initiative d’une Super Ligue européenne en convainquant les meilleurs clubs continentaux de se partager entre eux l’argent qu’il distribue aux championnats anglais, italien et allemand mais aussi espagnol (Sky est le diffuseur de la Liga espagnole au Royaume-Uni).Cela lui donnerait un fort degré de contrôle sur le football européen alors qu’il n’est plus le diffuseur de la Ligue des champions au Royaume-Uni depuis cette saison, BT ayant remporté l’exclusivité des droits 2015-2018 fin 2013 auprès de l’UEFA. Avec la possibilité de dicter les règles du jeu pour les années à venir et ainsi « prendre sa revanche » sur BT et l’UEFA ?Nicolas Scelles (Maître de conférences en économie du sport à l’Université de Stirling, Ecosse) 15.10.2015 à 06h49 • Mis à jour le15.10.2015 à 08h44 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le point sera évoqué en deux lignes, au chapitre des sujets « divers », dans les conclusions, avec l’annonce d’une discussion plus approfondie à la mi-décembre. La renégociation de la relation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne en vue du futur référendum britannique sur l’appartenance à l’UE devrait occuper peu de place lors du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement européens, jeudi 15 octobre, à Bruxelles. Le premier ministre britannique David Cameron est cependant très attendu par ses pairs, qui ne cachent pas leur impatience - et un peu leur inquiétude aussi.Le dirigeant conservateur n’a pas encore mis officiellement ses cartes - la liste de ses revendications - sur la table et ses homologues trouvent le temps long. « Nous attendons ; nous n’avons, nous, rien à demander ; nous sommes l’arme au pied «, commente un diplomate. Qui ironise : « Une Europe qui fonctionne mieux et assure la croissance ? Nous sommes pour ! »L’échéance de décembre, difficilement tenableA Strasbourg, mercredi, Jean-Claude Juncker a confirmé que les discussions menées jusqu’ici n’avaient pas permis de progrès considérables. Or, « il faut être deux pour danser le tango », a noté le président de la commission européenne.L’agenda et le cadre de la renégociation à haut risque entre Londres et Bruxelles - les Britanniques pourraient choisir le « Brexit » si M. Cameron échoue à faire aboutir ses demandes - avaient pourtant été tracés, lors du sommet européen du 25 juin, dans la foulée de la victoire de M. Cameron aux législatives. Oui, les partenaires de Londres comprenaient son souci de vouloir renégocier un accord. Oui, ils étaient prêts à faire preuve de bonne volonté, car aucun ne veut d’une sortie des Britanniques. Mais l’échéance de décembre paraît désormais difficilement tenable. Ce sera sans doute pour le conseil de mars 2016, pronostiquent certains.Lire aussi :Cameron pose ses conditions pour éviter le « Brexit »Une liste de desiderataLes Européens veulent une liste de desiderata, « exhaustive, précise, pour ne pas multiplier les allers-retours », précisent plusieurs diplomates. « On ne peut pas se contenter des discours de Cameron ou George Osborne [le chancelier de l’échiquier]. Aucun des diplomates britanniques que nous rencontrons n’a de mandat pour négocier », regrette un expert. Les discussions bilatérales ont toutefois commencé.Les experts ont exploré les implications, surtout juridiques, des thèmes soulevés par les Britanniques : supposent-ils un changement de la législation européenne, voire des traités ? Peu de chose a filtré mais les revendications britanniques sont connues : les techniciens planchent sur la directive « travailleurs détachés », sur le rôle des parlements nationaux - M. Cameron voudrait qu’ils soient dotés d’un droit de veto sur les textes européens -, sur les questions de compétitivité. « Les techniciens nous disent qu’ils sont allés au bout du travail d’exploration. Maintenant, il leur faut vraiment du concret », explique un expert.« Les États membres doivent être patients. Du jour où Cameron enverra sa liste, elle fuitera et chaque capitale ira de ses remarques et de ses revendications, souligne un diplomate proche des discussions avec Londres. Quand le plan sera sur la table, ce ne sera pas le début, mais presque la dernière ligne droite des discussions ». Lire aussi :En Grande-Bretagne, lancement d’une campagne contre le « Brexit »Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.10.2015 à 16h51 Un nouveau cycle de négociations des accords de libre-échange Europe-Etats-Unis a débuté le 19 octobre, toujours dans le secret. Le volet « arbitrage » pourrait être revu.Effet de la pétition contre le grand marché transatlantique récoltant 3 millions de signatures en un an ? De la multiplication des déclarations de collectivités territoriales contre les projets d’accords de libre-échange avec les Etats-Unis et le Canada - Transatlantic Free Trade Agreement/Tafta (appelé aussi Transatlantic Trade and Investment Partnership/TTIP) et Comprehensive Economic and Trade Agreement (CETA) ? Cecilia Malmström, commissaire européenne chargée du commerce international, tente de vendre une version édulcorée du mécanisme de règlement des différends investisseurs-Etats prévu dans le Tafta.Lire aussi :Traité transatlantique: une harmonie encore à trouverIl faut dire que le projet initial est inadmissible : permettre à des entreprises transnationales de poursuivre des États devant des arbitres internationaux – avocats d’affaires pour la plupart, choisis par les parties - pour obtenir des compensations au cas où ne seraient pas satisfaites leurs « attentes légitimes » a quelque chose d’ahurissant et de choquant.Motifs baroquesQue ce scandaleux mécanisme existe et prospère déjà ailleurs ne le justifie en rien, bien au contraire : des indemnisations colossales ont été octroyées pour des motifs baroques à des entreprises transnationales qui n’ont pas admis que l’Argentine ait fixé un prix maximal d’accès à l’eau et à l’énergie (pour la bagatelle de 600 millions de dollars à la faveur d’entreprises telles que Aguas de Barcelona, CMS Energy ou Vivendi), que l’Equateur ait nationalisé son industrie pétrolière (1,8 milliard de dollars de compensation pour Occidental Petroleum).Des demandes extravagantes visant à punir des choix politiques sont en cours d’examen (Vattenfall réclamant à l’Allemagne plus de 3 milliards de dollars parce que ce pays a décidé de sortir du nucléaire et que cette entreprise y possède deux centrales ; Véolia poursuivant l’Egypte qui a osé faire passer son salaire minimum de 41 à 71 euros par mois). Les exemples abondent des compensations punitives brandies contre les États, leurs choix politiques et leurs réglementations protectrices des populations.Les investisseurs conserveront le privilège de pouvoir attaquer des décisions publiques devant un organe d’arbitrage, sans que l’inverse soit possibleFace aux critiques, la commissaire européenne Cecilia Malmström propose de doter ce système d’arbitrage de quelques caractéristiques destinées à lui donner l’apparence d’une juridiction. Et qu’il soit pour cela assorti d’un mécanisme d’appel, que les « arrêts soient rendus par des juges hautement qualifiés nommés par les pouvoirs publics », qu’une « définition précise » de la capacité des entreprises à saisir l’organe d’arbitrage soit établie et que le droit des États de réglementer soit inscrit dans les accords.Mais les aménagements proposés ne purgent pas le système de son vice fondamental, qui consiste à conforter une catégorie de « super-justiciables » profitant d’un droit et de dispositifs de règlement des litiges spécifiquement dédiés à leurs objectifs propres. L’idée maîtresse est toujours la même : les entreprises ne doivent pas plus avoir à assumer les conséquences des changements politiques – découleraient-ils de choix démocratiques – qu’elles ne doivent tenir compte des contingences territoriales.Nul ne peut choisir son jugeDans ce projet, présenté à tort par la Commission européenne comme le symbole de sa résistance aux Etats-Unis, les investisseurs conserveront le privilège de pouvoir attaquer des décisions publiques devant un organe d’arbitrage, sans que l’inverse soit possible. Seules les entreprises auront ainsi le choix de porter leur demande soit devant une juridiction nationale soit devant un organe arbitral.La responsabilité des entités publiques restera analysée à l’aune du traité de libre-échange, explicitement conçu pour favoriser les firmes transnationales, en retenant des notions aussi floues et extensives que le respect des « attentes légitimes », « l’expropriation partielle » ou le « traitement juste et équitable », inconnues des droits nationaux. Il demeure in fine l’opportunité offerte à des entreprises privées de remettre en cause, sur le terrain judiciaire, des décisions démocratiques prises par les gouvernements.À cette procédure anti-démocratique a posteriori le traité ajoute le mécanisme a priori de la coopération réglementaire. Il s’agit d’instituer une consultation préalable obligatoire des lobbies industriels transnationaux très en amont dans le processus législatif : un véritable droit de veto donné aux multinationales avant toute délibération de la loi.Magistrats, juristes, citoyens et citoyennes, nous rappelons que dans un état de droit, nul ne peut choisir son juge ni le droit qui lui est applicable, que l’égalité de tous devant la loi est une garantie fondamentale de la démocratie et que celle-ci ne saurait admettre de privilège de juridiction. Un état de droit démocratique ne saurait consentir, non plus, à ce que certains, fussent-ils des entreprises transnationales, ne se voient accorder le privilège d’être déliés du droit commun s’imposant à tous pour bénéficier d’un système normatif entièrement tourné vers la satisfaction de leurs intérêts.Frédéric Viale (Économiste, membre du conseil d’administration d’Attac) et Marion Lagaillarde (Juge, secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature) Audrey Tonnelier Une fois de plus, Mario Draghi a « fait le job ». Le président de la Banque centrale européenne (BCE), qui s’exprimait à l’issue d’une réunion du conseil des gouverneurs de l’institut monétaire, à Malte, a assuré qu’il avait « la volonté et la capacité d’agir, si nécessaire », pour continuer à soutenir l’économie en zone euro et contrer la menace déflationniste sur le Vieux Continent.Outre un taux directeur très bas (0,05 %), la BCE agit pour l’heure en rachetant massivement des actifs sur les marchés, dettes publiques et privées notamment. Elle injecte ainsi chaque mois quelque 60 milliards d’euros dans l’économie.Objectif : relancer le crédit et l’activité à travers un nouveau recul des taux. En augmentant la quantité d’euros en circulation, la BCE espère aussi faire baisser le cours de la monnaie unique face au dollar, favorisant au passage les exportateurs européens.Pourquoi cet enthousiasme ?Dans la foulée du discours de M. Draghi, les Bourses européennes grimpaient de plus de 2 %. L’euro reculait légèrement, à 1,11 dollar, tandis que les rendements des principaux emprunts d’Etats de la zone euro – qui évoluent en sens inverse de la demande – se détendaient.Pourquoi cet enthousiasme ? Comment attendu, M. Draghi a ouvert a voie a un renforcement de son action. La BCE va « réexaminer » sa politique monétaire lors de sa prochaine réunion du conseil des gouverneurs, prévue le 3 décembre, a-t-il indiqué. Les observateurs y voient le prélude à une extension de ses rachats (dits « quantitative easing », « assouplissement quantitatif ») de 60 milliards à 80 milliards d’euros par mois.Il a également reconnu qu’une « nouvelle baisse du taux de dépôt marginal a été discutée » par le Conseil. Ce taux correspond à la rémunération que les banques reçoivent lorsqu’elles placent leurs fonds pour vingt-quatre heures dans les coffres de la BCE. Il est à l’heure actuelle négatif, à – 0,20 % ; ce qui signifie que les banques payent pour ce dépôt, une mesure qui doit les inciter à utiliser leurs réserves pour faire circuler l’argent dans l’économie.Cela sera nécessaire, estime la BCE. M. Draghi a notamment souligné le fait que l’inflation allait rester « très faible à court terme », notamment en raison de la faiblesse des prix du pétrole. Les prix ont encore reculé de 0,1 % en septembre, alors que l’institut a un objectif « proche de 2 % » en la matière. La préoccupation est de taille : stimuler les prix est un moyen d’accélérer le désendettement des Etats, des entreprises et des ménages, mais aussi de faire baisser le coût d’accès au crédit pour relancer l’économie, surtout quand les taux sont déjà au tapis.« Reprise cyclique » Face à la multiplication des critiques sur l’efficacité de sa politique monétaire, M. Draghi s’est voulu offensif. « [Notre position] n’est pas “attendons et voyons”, mais “travaillons et évaluons” » , a répété l’Italien à deux reprises. Il a rappelé les bienfaits de l’action menée jusqu’à présent, qui a permis une hausse des prêts bancaires dans les pays d’Europe du Sud et un rebond de la consommation.S’il a une fois de plus évoqué la nécessité de « réformes structurelles » et de « politiques fiscales » adaptées pour ranimer l’économie, M. Draghi a également défendu son bilan. Il a assuré que même sans cette impulsion des Etats « il n’y a pas de doute sur l’efficacité de la politique monétaire ».« Mais notre soutien permet d’enclencher une reprise cyclique. Il faut désormais relancer l’économie de façon structurelle », a insisté M. Draghi, appelant une fois de plus les Etats membres à prendre leurs responsabilités en menant des politiques (réformes, plans d’investissements…) à même de faire reculer le chômage et de dynamiser la croissance.Audrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 22.10.2015 à 06h43 • Mis à jour le22.10.2015 à 17h25 | Nicolas Chapuis et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) C’est le genre de mariage de raison, noué au gré des nuits bruxelloises, qu’affectionnent les diplomates européens. Pourtant, François Hollande et Alexis Tsipras, qui doivent se rencontrer à Athènes vendredi 23 octobre, auront mis près de deux ans à se trouver. A priori, tout opposait le premier ministre grec, fringant leader de la gauche radicale européenne, et le chef de l’Etat français, défenseur obstiné d’une social-démocratie à tendance pragmatique – d’aucun diront libérale.Le premier contact, au printemps 2012, est clairement un rendez-vous manqué. Alexis Tsipras vient de surgir sur la scène européenne à la tête de l’ovni Syriza, après que son parti a failli remporter les législatives. Il intrigue autant qu’il inquiète. A l’époque ses contacts en France s’appellent Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent, les deux têtes chercheuses du Front de gauche. De passage à Paris, il sollicite aussi un entretien avec François Hollande et des responsables du PS. Fin de non-recevoir. Les socialistes français ne veulent alors traiter qu’avec leurs homologues grecs du Pasok, et inversement. « C’était un manque de compréhension de la révolution entamée sur le champ politique national grec, affirme Antonis Markopoulos, coordinateur du secrétariat du département des affaires étrangères de Syriza. Notre parti était en train de devenir la principale force politique du pays et il y avait une forme d’aveuglement européen à ne pas vouloir le reconnaître. »Un front des pays du SudDe ce premier pas de danse avorté, Alexis Tsipras gardera une petite amertume. Lorsqu’il devient premier ministre après les élections du 25 janvier 2015, il espère tout de même que François Hollande se posera en allié de la Grèce dans les difficiles négociations qui commencent alors avec les créanciers du pays. Invité dès le jour de son investiture par le président français « à se rendre rapidement à Paris », M. Tsipras commence sa tournée des capitales européennes par l’Elysée. « Hollande voulait avoir un dialogue en tête à tête avec lui, pour comprendre s’il allait jouer la posture, ou s’il était là pour réformer son pays et rester dans la zone euro », explique un conseiller du chef de l’Etat.Alexis Tsipras veut, de son côté, tâter le terrain pour voir si la constitution d’un front des pays du Sud contre la position austéritaire de Berlin est possible. Rapidement, il se rend compte que l’axe franco-allemand prévaudra. Pour le politologue Elias Nikolakopoulos, « Tsipras attendait certes plus de soutien mais Hollande espérait, lui, plus de réalisme du côté grec ». Pendant de longs mois il n’y a pas de véritable « rencontre humaine entre les deux hommes ». Jusqu’à ce que le climat se détériore.La crise estivale, avec la tentation, principalement allemande, de pousser la Grèce hors de la zone euro, va rapprocher les deux hommes, solidaires sur la nécessité d’éviter un « Grexit ». Pourtant, le recours au référendum par Alexis Tsipras, le 5 juillet, est d’abord mal vécu par la France. « Il y a un problème de confiance », lâche François Hollande devant quelques journalistes, estimant que le premier ministre grec tient un double discours selon qu’il se trouve à Bruxelles ou à Athènes. Au soir du plébiscite en faveur du « non », les deux dirigeants s’appellent tout de même et conviennent de travailler ensemble au maintien de la Grèce dans la zone euro.Début de romanceElias Nikolakopoulos fait, lui, remonter le rapprochement entre MM. Tsipras et Hollande au 8 juillet, soit trois jours après le référendum :« Le premier ministre grec est allé plaider sa cause au parlement européen et là il a mieux compris les équilibres et les tensions européennes. Il a bénéficié du soutien du groupe socialiste du parlement. Or le membre le plus important de ce groupe reste le PS de Hollande. Cela a marqué le véritable tournant : Tsipras a compris qu’il devait se rapprocher de la France et du PS. » Dans les heures qui suivent, des technocrates français aident la délégation de négociateurs grecs à peaufiner ses propositions aux créanciers. Le dimanche suivant, l’accord menace encore de capoter sur la question du fond de privatisation souhaité par Berlin et refusé par Athènes. Un haut fonctionnaire se rappelle l’ambiance très tendue au milieu de la nuit. Après des heures de négociations, Alexis Tsipras se lève de table et sort de la pièce pour rejoindre ses conseillers. « Tout le monde pense qu’il va planter les pourparlers et quitter Bruxelles, raconte ce témoin. La délégation grecque a eu la surprise de voir débarquer François Hollande qui est venu discuter en tête à tête pendant vingt minutes et l’a convaincu de revenir. » Le genre de début de romance qu’affectionnent les diplomates.François Hollande continue dans les semaines qui suivent de jouer les facilitateurs entre le gouvernement Tsipras et la commission européenne, « durablement marquée par les mots durs échangés lors du référendum », selon une source européenne.« Deux hommes d’Etat qui se respectent »De ces longues soirées de juillet, il est resté une entente tacite entre les deux hommes, qui gardent tout de même une forme de réserve dans leur rapport personnel. « Mais les choses vont de mieux en mieux. Ce sont deux hommes d’Etat qui se respectent. Alexis est rétif au paternalisme et Hollande a finalement la bonne distance avec lui », précise une source gouvernementale grecque. Chacun trouve son compte dans cette visite officielle.Sur le volet économique d’abord. « Hollande nous offre son soutien et en retour il devrait négocier pour que des entreprises françaises obtiennent certains pans des privatisations que nous nous sommes engagés à mener », reconnaît Antonis Markopoulos.Sur le versant politique ensuite. Hollande peut envoyer un message à la gauche française en s’affichant aux côtés du symbole Syriza et Alexis Tsipras soigne son meilleur allié européen. Le genre de deal gagnant-gagnant qu’affectionnent les deux dirigeants. Car, et c’est peut-être ce qui les rapproche le plus, ils ont en commun de parler le même langage, celui des manœuvres politiques. « Vous en connaissez beaucoup des dirigeants qui se font élire sur le programme de Mélenchon, qui font un référendum, le remportent, se maintiennent au pouvoir en appliquant une politique à la Jean-François Copé et se font réélire ?, s’amuse un diplomate. Tsipras est un vrai Machiavel et ça, ça plaît à Hollande. »Le chef de l’Etat français n’avait pas dit autre chose en évoquant le premier ministre grec lors de son intervention du 14-Juillet. « Il a été élu sur un programme très à gauche et se retrouve à porter des réformes très difficiles, il a été courageux. » Un hommage à la maestria politique de M. Tsipras, à la façon Hollande. C’est-à-dire, en parlant en creux de lui-même.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteNicolas ChapuisJournaliste au service PolitiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Benoît Vitkine L’Europe n’en a pas fini avec la crise des réfugiés. La crainte d’une fermeture de toutes les frontières européennes, un temps calme sur la mer Egée, ainsi que, selon les Nations unies, l’offensive de l’armée syrienne, appuyée par l’Iran et par la Russie, contribuent à un nouvel afflux. D’après l’ONU, environ 35 000 personnes ont fui notamment la région d’Alep ces derniers jours.Du 16 au 18 octobre, près de 28 000 personnes sont arrivées sur les côtes grecques, souligne l’Organisation internationale pour les migrations. Sur les 643 000 migrants qui ont rejoint le territoire de l’UE par la mer depuis le début de l’année, plus de 500 000 sont arrivés en Grèce, selon des chiffres publiés mardi 20 octobre par l’ONU. C’est plus que lors du pic de l’été, qui avait forcé les Etats européens à prendre des premières mesures.Sur la route des Balkans, empruntée par les réfugiés qui veulent gagner l’Autriche, la Suède et, surtout, l’Allemagne, la situation s’est encore compliquée. La fermeture par la Hongrie de sa frontière avec la Croatie, le 16 octobre, un mois après celle de la frontière avec la Serbie, a provoqué un effet domino similaire à celui observé durant l’été.La Slovénie est désormais en première ligne. Selon un communiqué du gouvernement, le pays a accueilli 19 500 personnes depuis vendredi – dont 5 % de malades. La plupart des demandeurs d’asile évitaient les postes-frontières officiels saturés et se débattaient dans le froid et la pluie.Situation « sous contrôle »Les autorités slovènes, qui en appellent au soutien de l’UE, affirmaient, mardi soir, avoir la situation « sous contrôle » et démentaient la fermeture de leur frontière, même si le ministre de l’intérieur l’avait évoquée. Les pouvoirs d’intervention de l’armée, actuellement limités à une assistance logistique, ont été accrus. Le premier ministre centriste, Miro Cerar, a assuré que « cela ne signifie pas un état d’urgence ». Mais, a-t-il souligné, « il est illusoire d’attendre d’un pays de 2 millions d’habitants qu’il puisse arrêter, gérer et résoudre ce que des pays beaucoup plus grands n’ont pas réussi à faire ».Au moins 12 100 migrants se trouveraient dans le même temps en Serbie, et 10 000 en Macédoine. Une nouvelle perspective se dessine : l’ouverture d’une route partant de la Grèce vers les côtes dalmates, via l’Albanie et le Monténégro.La situation inquiète fortement les responsables européens à peine remis de leurs discussions houleuses sur le partage de 160 000 réfugiés et espérant, au moins, le soutien de la Turquie. Des négociations sont en cours pour éviter que cette dernière ne laisse partir vers l’Union « ses » 2 millions de réfugiés syriens en échange d’une aide de 3 milliards d’euros, de la promesse d’une reprise des négociations d’adhésion et d’une libéralisation des visas pour certains citoyens.Les autorités de l’Union tentent aussi d’amener Ankara à accepter des accords de réadmission. La clause d’un accord de 2013 conclu avec Bruxelles et visant au renvoi à la Turquie de ressortissants non turcs devrait s’appliquer avant la date prévue (2017) et des accords semblables, conclus entre la Turquie et la Grèce, ainsi qu’entre la Turquie et la Bulgarie, devraient enfin produire leurs effets.C’est du moins l’espoir de la Commission européenne. Qui en a un autre : que les plans de répartition de réfugiés qu’elle a difficilement fait accepter fonctionnent. Or, aujourd’hui, un élément clé du dispositif est remis en question : les « hot spots ». Ces centres d’enregistrement et d’identification sont confrontés aux réticences des réfugiés. « Si cela continue, tout ce que nous avons fait n’aura servi à rien et le système s’effondrera », explique au Monde un responsable de haut rang.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?Pays « de première ligne » Destinés à aider les pays dits « de première ligne », les « hot spots » centralisent l’action de diverses agences européennes (Frontex, Eurojust, Europol, Bureau d’asile) et sont censés accélérer les procédures d’asile. L’un d’eux fonctionne à Lampedusa, en Italie, l’autre à Mytilène, en Grèce. Trois autres centres doivent ouvrir en Italie, quatre en Grèce.Problème : en Grèce, où ont désormais lieu la plupart des arrivées, de très nombreux demandeurs refusent de se soumettre aux procédures conduisant à l’obtention du statut de réfugié. Ils redoutent de devoir rester dans ce pays ou d’être relocalisés dans un Etat où ils ne veulent pas se rendre. Le Luxembourg, par exemple, peine à trouver la… cinquantaine de réfugiés qu’il a accepté d’héberger. L’immense majorité des Syriens, Erythréens ou Irakiens veut se rendre en Allemagne ou en Suède. Ils sont conscients que, de toute façon, seulement 70 000 d’entre eux feront l’objet d’une répartition, alors qu’ils sont sept fois plus à avoir accosté sur les côtes helléniques. Ils préfèrent donc tenter leur chance en embarquant pour le Pirée depuis les îles grecques, puis en empruntant la route des Balkans.Leur refus de demander la protection internationale empêche l’accord politique conclu entre les Etats d’être appliqué et rend illusoire toute idée d’un mécanisme permanent de relocalisation. « Il faut leur faire passer le message que, grâce à la relocalisation, ils pourront recommencer une nouvelle vie et que c’est seulement par le biais d’une demande d’asile qu’ils y parviendront », explique le ministre luxembourgeois Jean Asselborn, actuel président du conseil des affaires étrangères. De nombreux réfugiés savent toutefois qu’ils seront privés des droits liés à leur statut (logement décent, éducation pour leurs enfants, aides sociales…) s’ils refusent le pays qui leur est désigné. Mais ils préfèrent tenter d’obtenir ces droits dans le pays de leur choix. A condition, désormais, d’y arriver.Un sommet consacré à la question des migrants le 25 octobreUn sommet consacré à la question des migrants, en présence des chefs d’Etat ou de gouvernement d’Autriche, de Bulgarie, de Croatie, de Macédoine, d’Allemagne, de Grèce, de Hongrie, de Roumanie, de Serbie et de Slovénie, ainsi que de la Commission européenne aura lieu dimanche 25 octobre.« Etant donné la situation d’urgence que connaissent les pays situés sur l’itinéraire des migrants à travers les Balkans, il importe de coopérer beaucoup plus, d’avoir davantage de consultations approfondies, et des mesures d’action immédiate », Jean-Claude JUncker, président de la Commission.  Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Près d’un an après les révélations « Luxleaks », qui mettaient au jour l’existence de nombreux accords fiscaux très avantageux entre le fisc du Luxembourg et les multinationales, la Commission européenne a rendu public, mercredi 21 octobre, ses premières condamnations contre cette pratique abusive des « rulings ».Lire aussi :« LuxLeaks » : voyage au paradis des multinationalesDans le collimateur de Bruxelles, le groupe Starbucks et une filiale de Fiat (Fiat Finance and Trade, la banque interne du constructeur), épinglés pour avoir passé des accords jugés illégaux au regard du droit européen de la concurrence, avec l’administration néerlandaise dans le cas de la chaîne de cafés américaine, et luxembourgeoise, pour le groupe italien.Les amendes s’élèvent à plusieurs dizaines de millions d’euros pour chacune des deux sociétésLes services de la Commissaire européenne à la concurrence, la Danoise Margrethe Vestager, ont soumis mercredi pour approbation au collège de la Commission les amendes qu’à l’issue de longs mois d’enquête ils ont fini par établir dans ces deux cas. Chacune des sociétés est sommée de rembourser 20 à 30 millions d’euros.La procédure menée par Bruxelles concerne les « aides d’Etat illégales ». Fiat et Starbucks ont, selon la Commission, bénéficié d’avantages sélectifs nuisant à la concurrence de la part du Luxembourg et des Pays-Bas. En conséquence, ils sont censés verser leurs amendes directement aux Etats (et pas à la Commission, comme dans le cas d’un abus de position dominante).Dossiers très techniquesCes montants équivalent à une sorte de redressement fiscal : ce sont les sommes, majorées d’un taux d’intérêt, que ces groupes auraient dû payer s’ils avaient été soumis au même taux d’imposition que d’autres dans une situation comparable.Qu’est-il reproché, dans les détails, à Starbucks ? D’après les documents intermédiaires rendus publics en novembre 2014, Bruxelles concentrait son enquête sur l’accord signé en 2008 entre les Pays-Bas et une entité néerlandaise du groupe, Starbucks Manufacturing BV. Le pays validait un « prix de transfert » (prix facturé pour les échanges entre filiales) avec d’autres entités de Starbucks, notamment une en Suisse, que Bruxelles soupçonnait d’être trop élevé afin de réduire la base fiscale de Starbucks Manufacturing.Lire aussi :Optimisation fiscale : l’Europe impose plus de transparenceConcernant Fiat, là aussi selon un document rendu public en novembre 2014, la Commission relevait que la banque interne du groupe avait signé en 2012 un accord fiscal avec le Grand-Duché qui déterminait une base imposable fixe pour la société, quel que soit son développement ultérieur.Ces deux cas sont instruits formellement depuis juin 2014, mais n’aboutissent que maintenant, car ils sont très techniques, et la nature abusive des rulings n’est pas aisée à démontrer. Le ruling ou « rescrit fiscal » étant lui-même parfaitement légal, la Commission doit prouver, pour le dénoncer, qu’il introduit un avantage par rapport à d’autres entreprises. Elle est aussi tributaire du zèle avec lequel les administrations visées envoient les documents requis.Un signal fortUne troisième enquête a été ouverte en juin 2014 visant le géant américain Apple en Irlande, dont il ne devait pas être question mercredi. Outre le temps d’instruction des dossiers, qui peut expliquer ce décalage, Mme Vestager a jusqu’à présent été très habile dans sa communication, évitant d’en faire « trop » avec un pays (notamment les Etats-Unis), pour échapper aux critiques sur une soi-disant « politisation » des dossiers de concurrence.Mme Vestager marque de nouveaux points à titre personnelEn plus de ces trois cas, deux autres enquêtes formelles tout aussi sensibles concernant des rulings ont été lancées par Bruxelles. L’une, en octobre 2014, portant sur des accords entre Amazon et le Luxembourg, et l’autre, en février 2015, au sujet des abattements fiscaux proposés par la Belgique aux multinationales étrangères.Lire aussi :Optimisation fiscale : la Belgique en accusationMercredi, la Commission, qui jusqu’à présent ne s’était jamais penchée sur ce type de contrats, envoie un signal fort. Les cadeaux fiscaux permettant à des sociétés d’échapper quasiment à l’impôt ne sont plus tolérés. Ses décisions concernant Fiat et Starbucks interviennent alors que le commissaire à l’économie, Pierre Moscovici, a obtenu, début octobre, un accord politique pour que les rulings soient transmis automatiquement et obligatoirement entre administrations fiscales des vingt-huit pays de l’Union.Mme Vestager marque de nouveaux points à titre personnel. Elle passe déjà pour l’un des commissaires majeurs de Bruxelles après avoir choisi d’adopter depuis sa prise de fonctions, en novembre 2014, une approche beaucoup plus musclée que son prédécesseur, Joaquin Almunia. Outre les cas d’aides illégales concernant les rulings, elle a ainsi décidé d’envoyer des actes d’accusation formels contre Google et Gazprom pour abus de position dominante. Ces deux géants risquent des amendes de plusieurs milliards d’euros chacun.Lire aussi :Amazon cède face à Bruxelles sur la fiscalitéCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Pour célébrer son premier anniversaire, le mouvement d’extrême droite Pegida (Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident), qui réunit ses partisans tous les lundis à Dresde (Saxe, est de l’Allemagne), avait promis, lundi 19 octobre, un rassemblement exceptionnel. Il le fut. Non en raison du nombre de participants – Pegida a déjà réuni davantage que les 15 000 à 18 000 personnes comptabilisées – mais en raison des propos qui y ont été tenus. L’invité vedette, Akif Pirinçci, un écrivain allemand d’origine turque a en effet regretté la disparition des camps nazis. Un délit passible, selon certains juristes, de trois à cinq ans de prison.Après avoir évoqué les réfugiés – qu’il appelle « envahisseurs » –, Akif Pirinçci s’en est pris à un maire (CDU) qui aurait conseillé à un habitant hostile à l’ouverture d’un foyer pour réfugiés de quitter le pays puisqu’il n’en partageait pas les valeurs. « Il y aurait bien sûr d’autres alternatives. Mais malheureusement, les camps de concentration ne fonctionnent plus », a déploré l’orateur, sous les applaudissements.Agé de 55 ans, Akif Pirinçci est surtout connu des Allemands pour ses polars dont le héros est un chat surnommé Francis. Mais peu à peu, l’homme s’est fait une spécialité de dénoncer ce qu’il considère comme le politiquement correct. A Dresde, sans doute grisé par son succès, l’écrivain a parlé si longtemps et de manière si excessive qu’il a fini par être hué et interrompu par Lutz Bachmann, le fondateur de Pegida.Lire aussi :En Allemagne, face-à-face tendu à Dresde pour le premier anniversaire de PegidaUn livre dénonçant la théorie du genreEvidemment, la référence aux camps de concentration a fait scandale. Dès mardi, une plainte a été déposée et le parquet a ouvert une enquête. Le comité international d’Auschwitz a dénoncé « un odieux signal d’impudence ». Le groupe Bertelsmann, qui publie les ouvrages d’Akif Pirinçci, a annoncé qu’il retirait ceux-ci de la circulation. « La protection de la démocratie et des droits de l’homme constitue un volet essentiel de notre activité éditoriale, tout comme le respect des traditions et de la diversité culturelle. Les déclarations d’Akif Pirinçci vont totalement à l’encontre de ces valeurs », déclare le groupe. Sur Facebook, Lutz Bachmann, lui-même dans le collimateur de la justice, a reconnu mardi « une grave erreur » et a présenté ses excuses.Pegida est composé de jeunes néo-nazis mais aussi de personnes qui se définissent comme « patriotes » et affirment condamner tout recours à la violence. Il n’en reste pas moins que la sortie d’Akif Pirinçci sur les camps a été applaudie, ce qui en dit long sur l’état d’esprit des participants.En principe sort mercredi, chez un petit éditeur, le dernier ouvrage d’Akif Pirinçci. Intitulé Die grosse Verschwulung (« La Grande Homosexualisation »), ce livre, d’après sa présentation sur Internet, dénonce la théorie du genre.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.10.2015 à 14h21 • Mis à jour le20.10.2015 à 14h26 Après les accusations erronées de Moscou sur un incident dans l’espace aérien français, l’ambassadeur russe à Paris a été convoqué, a annoncé mardi 20 octobre le ministère des affaires étrangères français. Alexandre Orlov a été reçu par le secrétaire général du Quai d’Orsay, qui lui a confirmé « qu’aucun avion militaire français n’avait été impliqué dans un incident avec un avion russe ». Moscou avait déjà présenté ses excuses à la France, lundi, pour ce malentendu.L’incident diplomatique entre les deux pays avait commencé quand la Russie avait convoqué lundi, « toutes affaires cessantes », Jean-Maurice Ripert, l’ambassadeur de France à Moscou.Les Russes affirmaient qu’un « avion de chasse de l’armée de l’air française » s’était « dangereusement » approché d’un avion de ligne transportant Sergueï Narichkine, président de la chambre basse du Parlement russe, alors qu’il se trouvait dans l’espace aérien français.Le Quai d’Orsay avait aussitôt démenti et après plusieurs heures de confusion, la Suisse avait affirmé que l’appareil évoqué par Moscou était un avion de chasse suisse F-18 et qu’il s’agissait d’un contrôle de routine dans le cadre d’une procédure normale, dans l’espace aérien suisse. Le ministère français des affaires étrangères avait « déploré » la convocation à tort de son ambassadeur. 20.10.2015 à 06h46 • Mis à jour le20.10.2015 à 12h31 | Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Lundi 19 octobre, ils étaient plus de 15 000 dans les rues de Dresde (en Saxe, dans l’Est) pour célébrer le premier anniversaire de Pegida. Même si les contre-manifestants, avec lesquels de brefs heurts ont éclaté, étaient presque aussi nombreux, ce mouvement des « patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident » est devenu le symbole d’une Allemagne populiste qui, tous les lundis, manifeste pour exprimer sa crainte d’être « envahie » par les immigrés et surtout sa méfiance à l’égard des élites, notamment politiques. « Environ un tiers des participants (…) laissent percevoir des motivations et des attitudes empreintes d’islamophobie. La majorité exerce une critique fondamentale à l’égard de la politique, des médias et de la façon dont fonctionne la démocratie », résument trois chercheurs en sciences politiques dans le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, le 19 octobre.Ovations pour Orban, Poutine, Le Pen…Avec le nouveau parti populiste Alternative pour l’Allemagne (AfD), auquel le lie une grande proximité intellectuelle, Pegida occupe un espace resté longtemps vide entre la CDU-CSU (centre droit) et les groupuscules néonazis. Le lundi, à Dresde, certains dressent désormais la potence pour les « traîtres » : la chancelière Angela Merkel et Sigmar Gabriel, vice-chancelier et président du Parti social-démocrate (SPD). En revanche, on fait applaudir le premier ministre hongrois, Viktor Orban, le président russe, Vladimir Poutine, la présidente du Front national, Marine Le Pen, et on a eu comme invité au printemps Geert Wilders, le dirigeant d’extrême droite néerlandais.L’AfD est crédité dans les sondages d’environ 7 % des voix, suffisamment pour être représenté dans le prochain Bundestag. Le succès de ces deux mouvements est d’autant plus remarquable que chacun d’eux a connu une crise existentielle. Pour être apparu en janvier sur Facebook grimé en Adolf Hitler, le fondateur de Pegida, Lutz Bachmann, repris de justice, a dû un temps se faire discret. Pendant plusieurs mois, le mouvement qui, à l’hiver 2014, avait attiré jusqu’à 25 000 manifestants, avait semblé sur le déclin. Cela n’a pourtant pas empêché sa candidate aux élections municipales de Dresde, Tatjana Festerling, également militante de l’AfD, de recueillir 9,6 % des voix en avril. L’AfD, créé en 2013 pour combattre l’euro, n’a pas profité de la crise grecque. Son fondateur, Bernd Lucke, a même claqué la porte du parti cet été, mis en minorité par Frauke Petry, encore plus à droite, et qui fait de la lutte contre l’accueil des réfugiés son cheval de bataille.Montée d’organisations conservatricesDans le même temps, les actes de violence se sont multipliés à l’encontre des réfugiés et de leurs foyers, notamment dans l’est de l’Allemagne. A la suite des menaces physiques ou verbales reçues, plusieurs élus locaux ont démissionné. Samedi, un sympathisant d’extrême droite a même poignardé à Cologne (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) la responsable chargée des réfugiés à la mairie qui, le lendemain, se présentait comme candidate aux élections municipales et a été élue. Faut-il faire un lien entre cette montée de la violence et Pegida ? Les partis traditionnels l’affirment. « Les paroles hostiles aux étrangers ont préparé le terrain », déclare Katrin Göring-Eckhardt, coprésidente des Verts au Bundestag.A des degrés divers, tous les partis représentés à l’Assemblée parlementaire sont concernés par la montée en puissance de l’AfD et de Pegida. Les sondages montrent que l’AfD profite actuellement de l’érosion de la cote de popularité d’Angela Merkel, notamment dans l’ancienne Allemagne de l’Est et en Bavière.Par ailleurs, leur discours radical semble avoir libéré la parole de militants conservateurs. C’est en Saxe que, pour la première fois, Angela Merkel a été confrontée, mercredi 14 octobre, à des électeurs de la CDU qui demandaient sa démission. Die Linke, le parti de la gauche radicale, très implanté dans l’Est, chez les milieux modestes, a lui aussi tout à redouter de la montée de ces organisations. Pour ne pas se couper d’une partie de leur électorat, les dirigeants de Die Linke sont d’ailleurs très prudents dans leur soutien aux réfugiés. Le SPD affronte le même dilemme. Dès 2012, une étude réalisée par la fondation Friedrich-Ebert, proche du SPD, concluait que, de tous les partis, ce sont les électeurs proches du SPD, à l’ouest, qui étaient les plus sensibles aux thèses d’extrême droite. En janvier, Sigmar Gabriel, président du SPD, n’avait d’ailleurs pas hésité à se rendre « à titre personnel » à Dresde discuter avec les sympathisants de Pegida. Entre la politique de la main tendue à des Allemands dont « il faut comprendre les peurs » et la dénonciation de dérapages extrémistes, les partis traditionnels hésitent encore.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Samuel Laurent La quatrième conférence sociale qu’a ouvert, lundi 19 octobre, François Hollande, commence dans un climat tendu : si les partenaires sociaux ont réussi à trouver un accord à l’arraché sur les retraites complémentaires vendredi, les tensions nées des mobilisations du personnel d’Air France peinent à retomber. Mais au-delà de cette conjoncture, le marché français du travail continue de changer de visage du fait de la crise.1. Un chômage endémiqueEn septembre 2015, plus de 3,5 millions de personnes sont inscrites dans la seule catégorie « A », qui rassemble ceux qui n’ont pas du tout travaillé durant le mois précédent. En agrégeant ces derniers avec les catégories B (les inscrits qui ont travaillé moins de 78 heures dans le mois précédent) et C (activité réduite supérieure à 78 heures sur la même période), ils sont 5,4 millions. Une situation qui ne s’améliore pas, malgré les promesses de l’exécutif. #container_14452507468{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452507468{ height:500px; } #container_14452507468 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452507468 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452507468 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452507468 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Nombre de chômeurs depuis 1991Pour la catégorie A et les catégories A,B et C.Source : Dares(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452507468", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: 1, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#f96996", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#f96996", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["janv.-91","févr.-91","mars-91","avr.-91","mai-91","juin-91","juil.-91","août-91","sept.-91","oct.-91","nov.-91","déc.-91","janv.-92","févr.-92","mars-92","avr.-92","mai-92","juin-92","juil.-92","août-92","sept.-92","oct.-92","nov.-92","déc.-92","janv.-93","févr.-93","mars-93","avr.-93","mai-93","juin-93","juil.-93","août-93","sept.-93","oct.-93","nov.-93","déc.-93","janv.-94","févr.-94","mars-94","avr.-94","mai-94","juin-94","juil.-94","août-94","sept.-94","oct.-94","nov.-94","déc.-94","janv.-95","févr.-95","mars-95","avr.-95","mai-95","juin-95","juil.-95","août-95","sept.-95","oct.-95","nov.-95","déc.-95","janv.-96","févr.-96","mars-96","avr.-96","mai-96","juin-96","juil.-96","août-96","sept.-96","oct.-96","nov.-96","déc.-96","janv.-97","févr.-97","mars-97","avr.-97","mai-97","juin-97","juil.-97","août-97","sept.-97","oct.-97","nov.-97","déc.-97","janv.-98","févr.-98","mars-98","avr.-98","mai-98","juin-98","juil.-98","août-98","sept.-98","oct.-98","nov.-98","déc.-98","janv.-99","févr.-99","mars-99","avr.-99","mai-99","juin-99","juil.-99","août-99","sept.-99","oct.-99","nov.-99","déc.-99","janv.-00","févr.-00","mars-00","avr.-00","mai-00","juin-00","juil.-00","août-00","sept.-00","oct.-00","nov.-00","déc.-00","janv.-01","févr.-01","mars-01","avr.-01","mai-01","juin-01","juil.-01","août-01","sept.-01","oct.-01","nov.-01","déc.-01","janv.-02","févr.-02","mars-02","avr.-02","mai-02","juin-02","juil.-02","août-02","sept.-02","oct.-02","nov.-02","déc.-02","janv.-03","févr.-03","mars-03","avr.-03","mai-03","juin-03","juil.-03","août-03","sept.-03","oct.-03","nov.-03","déc.-03","janv.-04","févr.-04","mars-04","avr.-04","mai-04","juin-04","juil.-04","août-04","sept.-04","oct.-04","nov.-04","déc.-04","janv.-05","févr.-05","mars-05","avr.-05","mai-05","juin-05","juil.-05","août-05","sept.-05","oct.-05","nov.-05","déc.-05","janv.-06","févr.-06","mars-06","avr.-06","mai-06","juin-06","juil.-06","août-06","sept.-06","oct.-06","nov.-06","déc.-06","janv.-07","févr.-07","mars-07","avr.-07","mai-07","juin-07","juil.-07","août-07","sept.-07","oct.-07","nov.-07","déc.-07","janv.-08","févr.-08","mars-08","avr.-08","mai-08","juin-08","juil.-08","août-08","sept.-08","oct.-08","nov.-08","déc.-08","janv.-09","févr.-09","mars-09","avr.-09","mai-09","juin-09","juil.-09","août-09","sept.-09","oct.-09","nov.-09","déc.-09","janv.-10","févr.-10","mars-10","avr.-10","mai-10","juin-10","juil.-10","août-10","sept.-10","oct.-10","nov.-10","déc.-10","janv.-11","févr.-11","mars-11","avr.-11","mai-11","juin-11","juil.-11","août-11","sept.-11","oct.-11","nov.-11","déc.-11","janv.-12","févr.-12","mars-12","avr.-12","mai-12","juin-12","juil.-12","août-12","sept.-12","oct.-12","nov.-12","déc.-12","janv.-13","févr.-13","mars-13","avr.-13","mai-13","juin-13","juil.-13","août-13","sept.-13","oct.-13","nov.-13","déc.-13","janv.-14","févr.-14","mars-14","avr.-14","mai-14","juin-14","juil.-14","août-14","sept.-14","oct.-14","nov.-14","déc.-14","janv.-15","févr.-15","mars-15","avr.-15","mai-15","juin-15","juil.-15","août-15"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#f96996", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#f96996", from: 257, to: 296, label: { useHTML: false, text: "Hollande", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 15 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Catégorie A", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", 3121 ], [ "", 3133.6 ], [ "", 3135 ], [ "", 3136 ], [ "", 3149.1 ], [ "", 3134.3 ], [ "", 3135.8 ], [ "", 3128.1 ], [ "", 3161.3 ], [ "", 3152.1 ], [ "", 3171.4 ], [ "", 3176.5 ], [ "", 3195.6 ], [ "", 3181.6 ], [ "", 3182.4 ], [ "", 3178.7 ], [ "", 3191.5 ], [ "", 3190.1 ], [ "", 3173.3 ], [ "", 3137.3 ], [ "", 3166.1 ], [ "", 3164 ], [ "", 3152.1 ], [ "", 3131.8 ], [ "", 3133.3 ], [ "", 3122.7 ], [ "", 3113 ], [ "", 3109.6 ], [ "", 3098 ], [ "", 3079.8 ], [ "", 3084 ], [ "", 3069.7 ], [ "", 3083.2 ], [ "", 3083.6 ], [ "", 3086.7 ], [ "", 3079 ], [ "", 3076.1 ], [ "", 3070.9 ], [ "", 3071.3 ], [ "", 3055.7 ], [ "", 3037.1 ], [ "", 3026.8 ], [ "", 2965.9 ], [ "", 2948 ], [ "", 2898.6 ], [ "", 2876.2 ], [ "", 2848.7 ], [ "", 2820.4 ], [ "", 2802.7 ], [ "", 2774.8 ], [ "", 2737.1 ], [ "", 2697.7 ], [ "", 2675.8 ], [ "", 2644.3 ], [ "", 2619.9 ], [ "", 2609.5 ], [ "", 2549.2 ], [ "", 2505.5 ], [ "", 2450.8 ], [ "", 2437.4 ], [ "", 2394.8 ], [ "", 2381.5 ], [ "", 2364.9 ], [ "", 2358.4 ], [ "", 2364.7 ], [ "", 2364.2 ], [ "", 2391.6 ], [ "", 2398.9 ], [ "", 2405.4 ], [ "", 2434.7 ], [ "", 2463.8 ], [ "", 2473.6 ], [ "", 2475.9 ], [ "", 2485.8 ], [ "", 2501.4 ], [ "", 2518.3 ], [ "", 2524.5 ], [ "", 2529.4 ], [ "", 2556.4 ], [ "", 2552 ], [ "", 2548.6 ], [ "", 2554.8 ], [ "", 2573.8 ], [ "", 2587.6 ], [ "", 2611.9 ], [ "", 2629.2 ], [ "", 2641.6 ], [ "", 2647.3 ], [ "", 2644.9 ], [ "", 2661 ], [ "", 2675.6 ], [ "", 2666.6 ], [ "", 2716 ], [ "", 2719.5 ], [ "", 2705.3 ], [ "", 2717.1 ], [ "", 2687.9 ], [ "", 2674.4 ], [ "", 2667.9 ], [ "", 2663.6 ], [ "", 2670.6 ], [ "", 2676.7 ], [ "", 2683.3 ], [ "", 2699.5 ], [ "", 2697 ], [ "", 2690.3 ], [ "", 2705.7 ], [ "", 2705.9 ], [ "", 2708.3 ], [ "", 2707.2 ], [ "", 2708.3 ], [ "", 2706.2 ], [ "", 2707.2 ], [ "", 2688.4 ], [ "", 2664.8 ], [ "", 2654.7 ], [ "", 2632.1 ], [ "", 2609.9 ], [ "", 2587 ], [ "", 2567 ], [ "", 2550.6 ], [ "", 2530.1 ], [ "", 2501.7 ], [ "", 2460.3 ], [ "", 2422.7 ], [ "", 2398.7 ], [ "", 2363 ], [ "", 2354.5 ], [ "", 2322.3 ], [ "", 2314.7 ], [ "", 2288.4 ], [ "", 2265 ], [ "", 2232.6 ], [ "", 2202.1 ], [ "", 2172.4 ], [ "", 2152.8 ], [ "", 2139.9 ], [ "", 2119.7 ], [ "", 2117.5 ], [ "", 2100.4 ], [ "", 2092.2 ], [ "", 2062.6 ], [ "", 2035.9 ], [ "", 2015.8 ], [ "", 2003.2 ], [ "", 1979.9 ], [ "", 1985 ], [ "", 1997.3 ], [ "", 1998.3 ], [ "", 2017.6 ], [ "", 2033.6 ], [ "", 2040.8 ], [ "", 2075.2 ], [ "", 2107.2 ], [ "", 2163.3 ], [ "", 2219.3 ], [ "", 2282.4 ], [ "", 2356.8 ], [ "", 2422.9 ], [ "", 2481.8 ], [ "", 2516.2 ], [ "", 2519.7 ], [ "", 2545.3 ], [ "", 2577.3 ], [ "", 2601.7 ], [ "", 2637.8 ], [ "", 2646.4 ], [ "", 2638 ], [ "", 2660.6 ], [ "", 2665.6 ], [ "", 2666.2 ], [ "", 2681.9 ], [ "", 2689.2 ], [ "", 2687.2 ], [ "", 2679.9 ], [ "", 2698.3 ], [ "", 2696.6 ], [ "", 2675.1 ], [ "", 2689.8 ], [ "", 2702.3 ], [ "", 2695.7 ], [ "", 2706.2 ], [ "", 2692.3 ], [ "", 2693.6 ], [ "", 2703.9 ], [ "", 2732.5 ], [ "", 2749.1 ], [ "", 2763.5 ], [ "", 2775.5 ], [ "", 2796.2 ], [ "", 2819.6 ], [ "", 2848.6 ], [ "", 2867.1 ], [ "", 2878.9 ], [ "", 2885.8 ], [ "", 2894.8 ], [ "", 2923.2 ], [ "", 2943.2 ], [ "", 2983.1 ], [ "", 3020.8 ], [ "", 3052.8 ], [ "", 3094.4 ], [ "", 3119.9 ], [ "", 3133.2 ], [ "", 3181.1 ], [ "", 3192.3 ], [ "", 3213.4 ], [ "", 3254.3 ], [ "", 3253.7 ], [ "", 3265.5 ], [ "", 3279.1 ], [ "", 3246.6 ], [ "", 3297.2 ], [ "", 3279.4 ], [ "", 3298.7 ], [ "", 3311.7 ], [ "", 3321.9 ], [ "", 3341.7 ], [ "", 3346.4 ], [ "", 3364.9 ], [ "", 3383.7 ], [ "", 3395.3 ], [ "", 3416.8 ], [ "", 3415 ], [ "", 3441.9 ], [ "", 3461.4 ], [ "", 3486.4 ], [ "", 3500.7 ], [ "", 3481.6 ], [ "", 3494.4 ], [ "", 3509.8 ], [ "", 3536 ], [ "", 3552.2 ], [ "", 3553.5 ], [ "", 3551.6 ], [ "", 3571.6 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Catégories A, B, C", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 2843.8 ], [ "", 2873.4 ], [ "", 2900.7 ], [ "", 2921.3 ], [ "", 2958.3 ], [ "", 2992.1 ], [ "", 3048.5 ], [ "", 3083.6 ], [ "", 3105.5 ], [ "", 3128.1 ], [ "", 3146.8 ], [ "", 3162.4 ], [ "", 3190.4 ], [ "", 3200.3 ], [ "", 3191.9 ], [ "", 3214.5 ], [ "", 3218.9 ], [ "", 3235.7 ], [ "", 3247.8 ], [ "", 3261.8 ], [ "", 3276.2 ], [ "", 3297.6 ], [ "", 3326.4 ], [ "", 3354.2 ], [ "", 3373.4 ], [ "", 3402.4 ], [ "", 3447.7 ], [ "", 3488.4 ], [ "", 3512.8 ], [ "", 3566.3 ], [ "", 3605.3 ], [ "", 3634.8 ], [ "", 3665.2 ], [ "", 3708.5 ], [ "", 3706.8 ], [ "", 3716.3 ], [ "", 3729.1 ], [ "", 3735 ], [ "", 3738.7 ], [ "", 3754 ], [ "", 3765.8 ], [ "", 3773.2 ], [ "", 3771.1 ], [ "", 3780.7 ], [ "", 3778.7 ], [ "", 3768.3 ], [ "", 3760.4 ], [ "", 3769.2 ], [ "", 3756.7 ], [ "", 3747.6 ], [ "", 3740.8 ], [ "", 3724.2 ], [ "", 3705.4 ], [ "", 3667.7 ], [ "", 3630.7 ], [ "", 3643.8 ], [ "", 3654 ], [ "", 3670.1 ], [ "", 3705.1 ], [ "", 3736.1 ], [ "", 3744 ], [ "", 3761.2 ], [ "", 3776.6 ], [ "", 3781.9 ], [ "", 3800.1 ], [ "", 3812.6 ], [ "", 3831.4 ], [ "", 3859.2 ], [ "", 3866.9 ], [ "", 3875 ], [ "", 3895.6 ], [ "", 3912.6 ], [ "", 3940.9 ], [ "", 3939.4 ], [ "", 3949.6 ], [ "", 3962.1 ], [ "", 3978.7 ], [ "", 4005.6 ], [ "", 4005.7 ], [ "", 4007.3 ], [ "", 4022.2 ], [ "", 4026.1 ], [ "", 4022.4 ], [ "", 4017.8 ], [ "", 4026.3 ], [ "", 4031.6 ], [ "", 4031.1 ], [ "", 4032.2 ], [ "", 4030.7 ], [ "", 4006.4 ], [ "", 4014.9 ], [ "", 4018.1 ], [ "", 4025.4 ], [ "", 4034.2 ], [ "", 4037.4 ], [ "", 4043.7 ], [ "", 4040.2 ], [ "", 4041.5 ], [ "", 4050.6 ], [ "", 4047.6 ], [ "", 4039 ], [ "", 4035.2 ], [ "", 3988.8 ], [ "", 3970.7 ], [ "", 3931.5 ], [ "", 3904.3 ], [ "", 3875.7 ], [ "", 3842.4 ], [ "", 3817.5 ], [ "", 3782.8 ], [ "", 3733.1 ], [ "", 3680.3 ], [ "", 3650.9 ], [ "", 3628.7 ], [ "", 3598.5 ], [ "", 3592.8 ], [ "", 3534.8 ], [ "", 3492.1 ], [ "", 3449.8 ], [ "", 3427.3 ], [ "", 3395.3 ], [ "", 3377.8 ], [ "", 3361.4 ], [ "", 3354.8 ], [ "", 3358.5 ], [ "", 3349.7 ], [ "", 3357.8 ], [ "", 3366.4 ], [ "", 3370.8 ], [ "", 3400.1 ], [ "", 3432.9 ], [ "", 3445.3 ], [ "", 3458.1 ], [ "", 3462 ], [ "", 3479.6 ], [ "", 3497.4 ], [ "", 3499.3 ], [ "", 3499.3 ], [ "", 3520.6 ], [ "", 3514.3 ], [ "", 3525.5 ], [ "", 3535 ], [ "", 3556 ], [ "", 3569.2 ], [ "", 3595.2 ], [ "", 3621 ], [ "", 3640 ], [ "", 3644.6 ], [ "", 3636.4 ], [ "", 3664.1 ], [ "", 3679.6 ], [ "", 3685.8 ], [ "", 3735.3 ], [ "", 3748.6 ], [ "", 3746.7 ], [ "", 3768 ], [ "", 3736.5 ], [ "", 3733.1 ], [ "", 3736.2 ], [ "", 3747.7 ], [ "", 3767.8 ], [ "", 3795.5 ], [ "", 3804.1 ], [ "", 3821.2 ], [ "", 3829.4 ], [ "", 3839.1 ], [ "", 3861.1 ], [ "", 3866 ], [ "", 3873.8 ], [ "", 3876.8 ], [ "", 3884 ], [ "", 3883.5 ], [ "", 3897.9 ], [ "", 3871 ], [ "", 3858.4 ], [ "", 3840.1 ], [ "", 3825 ], [ "", 3791.1 ], [ "", 3760.9 ], [ "", 3741.4 ], [ "", 3713.9 ], [ "", 3691.1 ], [ "", 3655.7 ], [ "", 3617.8 ], [ "", 3578 ], [ "", 3549.7 ], [ "", 3510.8 ], [ "", 3490 ], [ "", 3457.3 ], [ "", 3432.6 ], [ "", 3409.6 ], [ "", 3381.8 ], [ "", 3342.9 ], [ "", 3313.9 ], [ "", 3282.7 ], [ "", 3255.3 ], [ "", 3234.3 ], [ "", 3204.8 ], [ "", 3192.1 ], [ "", 3182 ], [ "", 3165.7 ], [ "", 3135.9 ], [ "", 3111.7 ], [ "", 3089.2 ], [ "", 3089 ], [ "", 3070.6 ], [ "", 3061.4 ], [ "", 3060.1 ], [ "", 3054.6 ], [ "", 3065.2 ], [ "", 3080.5 ], [ "", 3082.8 ], [ "", 3108.2 ], [ "", 3151.5 ], [ "", 3194.3 ], [ "", 3247 ], [ "", 3313.1 ], [ "", 3391.4 ], [ "", 3464.7 ], [ "", 3548.9 ], [ "", 3603.9 ], [ "", 3624.5 ], [ "", 3668.9 ], [ "", 3715.8 ], [ "", 3757 ], [ "", 3799.4 ], [ "", 3829.2 ], [ "", 3843.8 ], [ "", 3867.4 ], [ "", 3882.1 ], [ "", 3897 ], [ "", 3924.2 ], [ "", 3939.9 ], [ "", 3949.6 ], [ "", 3960 ], [ "", 3976.9 ], [ "", 3992.7 ], [ "", 3983.1 ], [ "", 4008.8 ], [ "", 4028.7 ], [ "", 4041 ], [ "", 4049.8 ], [ "", 4052.5 ], [ "", 4061 ], [ "", 4085.9 ], [ "", 4113.9 ], [ "", 4125.1 ], [ "", 4145.7 ], [ "", 4170.1 ], [ "", 4181.4 ], [ "", 4224 ], [ "", 4248.6 ], [ "", 4265 ], [ "", 4289 ], [ "", 4314 ], [ "", 4327 ], [ "", 4358.3 ], [ "", 4397.3 ], [ "", 4442.1 ], [ "", 4491.1 ], [ "", 4520.5 ], [ "", 4565.5 ], [ "", 4609.2 ], [ "", 4627.7 ], [ "", 4683.4 ], [ "", 4714.9 ], [ "", 4739.1 ], [ "", 4788.1 ], [ "", 4791 ], [ "", 4796.2 ], [ "", 4836.8 ], [ "", 4793 ], [ "", 4849.4 ], [ "", 4876.3 ], [ "", 4886.9 ], [ "", 4905.3 ], [ "", 4928.9 ], [ "", 4941.8 ], [ "", 4956.3 ], [ "", 4989.6 ], [ "", 5018.1 ], [ "", 5041.5 ], [ "", 5076.2 ], [ "", 5080.7 ], [ "", 5125.1 ], [ "", 5152.8 ], [ "", 5180 ], [ "", 5216 ], [ "", 5232.1 ], [ "", 5262.5 ], [ "", 5290.5 ], [ "", 5344.6 ], [ "", 5414.2 ], [ "", 5397.4 ], [ "", 5412.5 ], [ "", 5420.9 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " milliers", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "%B %Y", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Qui sont ces chômeurs ? En premier lieu des jeunes. Le taux de chômage des 15-24 ans était, en 2013, de 23,9 %, deux fois et demi supérieur au taux général. Les catégories populaires (employés, ouvriers) connaissent davantage le chômage, de même que les non-diplômés. #container_14452493453{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452493453{ height:500px; } #container_14452493453 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452493453 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452493453 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452493453 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Taux de chômage selon diverses catégories de populationEn 2013, selon l'Insee(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452493453", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Ensemble","15-24 ans","25-49 ans ","50 ans et plus","Agriculteurs exploitants, artisans, commerçants et chefs d'entreprise","Cadres et professions intellectuelles supérieures","Professions intermédiaires","Employés","Ouvriers","Sans diplôme ou CEP","Brevet des collèges, CAP, BEP","Baccalauréat","Bac + 2","Diplôme supérieur au Bac+2"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Ensemble", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 9.8 ], [ "", 23.9 ], [ "", 9.1 ], [ "", 6.5 ], [ "", 4.3 ], [ "", 3.9 ], [ "", 5.2 ], [ "", 10 ], [ "", 14.6 ], [ "", 16.8 ], [ "", 10.9 ], [ "", 10.1 ], [ "", 5.7 ], [ "", 6.1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Les fins de contrats (c’est-à-dire les fins de CDD, à la différence des fins de mission qui désignent les fins d’intérims) sont – de loin – le premier motif d’inscription au chômage, devant les licenciements économiques. #container_14452570784{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452570784{ height:500px; } #container_14452570784 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452570784 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452570784 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452570784 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Motifs d'inscription à Pôle emploi depuis 1996Les fins de contrat sont et restent, de loin, le premier motif d'inscription(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452570784", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["févr. 96","mars 96","avr. 96","mai 96","juin 96","juil. 96","août 96","sept. 96","oct. 96","nov. 96","déc. 96","janv. 97","févr. 97","mars 97","avr. 97","mai 97","juin 97","juil. 97","août 97","sept. 97","oct. 97","nov. 97","déc. 97","janv. 98","févr. 98","mars 98","avr. 98","mai 98","juin 98","juil. 98","août 98","sept. 98","oct. 98","nov. 98","déc. 98","janv. 99","févr. 99","mars 99","avr. 99","mai 99","juin 99","juil. 99","août 99","sept. 99","oct. 99","nov. 99","déc. 99","janv. 00","févr. 00","mars 00","avr. 00","mai 00","juin 00","juil. 00","août 00","sept. 00","oct. 00","nov. 00","déc. 00","janv. 01","févr. 01","mars 01","avr. 01","mai 01","juin 01","juil. 01","août 01","sept. 01","oct. 01","nov. 01","déc. 01","janv. 02","févr. 02","mars 02","avr. 02","mai 02","juin 02","juil. 02","août 02","sept. 02","oct. 02","nov. 02","déc. 02","janv. 03","févr. 03","mars 03","avr. 03","mai 03","juin 03","juil. 03","août 03","sept. 03","oct. 03","nov. 03","déc. 03","janv. 04","févr. 04","mars 04","avr. 04","mai 04","juin 04","juil. 04","août 04","sept. 04","oct. 04","nov. 04","déc. 04","janv. 05","févr. 05","mars 05","avr. 05","mai 05","juin 05","juil. 05","août 05","sept. 05","oct. 05","nov. 05","déc. 05","janv. 06","févr. 06","mars 06","avr. 06","mai 06","juin 06","juil. 06","août 06","sept. 06","oct. 06","nov. 06","déc. 06","janv. 07","févr. 07","mars 07","avr. 07","mai 07","juin 07","juil. 07","août 07","sept. 07","oct. 07","nov. 07","déc. 07","janv. 08","févr. 08","mars 08","avr. 08","mai 08","juin 08","juil. 08","août 08","sept. 08","oct. 08","nov. 08","déc. 08","janv. 09","févr. 09","mars 09","avr. 09","mai 09","juin 09","juil. 09","août 09","sept. 09","oct. 09","nov. 09","déc. 09","janv. 10","févr. 10","mars 10","avr. 10","mai 10","juin 10","juil. 10","août 10","sept. 10","oct. 10","nov. 10","déc. 10","janv. 11","févr. 11","mars 11","avr. 11","mai 11","juin 11","juil. 11","août 11","sept. 11","oct. 11","nov. 11","déc. 11","janv. 12","févr. 12","mars 12","avr. 12","mai 12","juin 12","juil. 12","août 12","sept. 12","oct. 12","nov. 12","déc. 12","janv. 13","févr. 13","mars 13","avr. 13","mai 13","juin 13","juil. 13","août 13","sept. 13","oct. 13","nov. 13","déc. 13","janv. 14","févr. 14","mars 14","avr. 14","mai 14","juin 14","juil. 14","août 14","sept. 14","oct. 14","nov. 14","déc. 14","janv. 15","févr. 15","mars 15","avr. 15","mai 15","juin 15","juil. 15","août 15"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Licenciement éco ", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 40500 ], [ "", 40300 ], [ "", 41300 ], [ "", 41000 ], [ "", 40900 ], [ "", 40700 ], [ "", 40800 ], [ "", 42800 ], [ "", 41300 ], [ "", 40100 ], [ "", 39900 ], [ "", 40100 ], [ "", 38000 ], [ "", 38600 ], [ "", 39600 ], [ "", 38300 ], [ "", 38000 ], [ "", 35500 ], [ "", 35300 ], [ "", 37700 ], [ "", 35000 ], [ "", 33600 ], [ "", 33000 ], [ "", 32900 ], [ "", 32600 ], [ "", 30800 ], [ "", 31000 ], [ "", 30500 ], [ "", 29800 ], [ "", 29600 ], [ "", 29100 ], [ "", 29200 ], [ "", 28500 ], [ "", 28400 ], [ "", 28600 ], [ "", 27400 ], [ "", 27900 ], [ "", 28400 ], [ "", 26900 ], [ "", 27400 ], [ "", 29000 ], [ "", 27300 ], [ "", 27900 ], [ "", 26800 ], [ "", 26900 ], [ "", 27200 ], [ "", 25900 ], [ "", 25900 ], [ "", 26100 ], [ "", 24600 ], [ "", 25200 ], [ "", 25000 ], [ "", 24600 ], [ "", 24800 ], [ "", 25500 ], [ "", 22700 ], [ "", 23400 ], [ "", 21800 ], [ "", 22500 ], [ "", 22400 ], [ "", 22400 ], [ "", 21700 ], [ "", 21500 ], [ "", 21900 ], [ "", 21500 ], [ "", 22100 ], [ "", 23500 ], [ "", 24500 ], [ "", 27100 ], [ "", 28400 ], [ "", 29400 ], [ "", 30900 ], [ "", 29800 ], [ "", 30300 ], [ "", 29900 ], [ "", 29200 ], [ "", 29300 ], [ "", 30700 ], [ "", 28800 ], [ "", 30800 ], [ "", 30900 ], [ "", 33300 ], [ "", 28300 ], [ "", 25900 ], [ "", 27900 ], [ "", 27600 ], [ "", 27500 ], [ "", 28600 ], [ "", 35300 ], [ "", 33600 ], [ "", 32000 ], [ "", 33300 ], [ "", 29300 ], [ "", 31200 ], [ "", 33500 ], [ "", 30200 ], [ "", 30800 ], [ "", 30300 ], [ "", 30300 ], [ "", 29400 ], [ "", 28900 ], [ "", 28700 ], [ "", 28300 ], [ "", 27800 ], [ "", 26700 ], [ "", 28000 ], [ "", 28200 ], [ "", 26900 ], [ "", 26800 ], [ "", 27200 ], [ "", 27600 ], [ "", 27400 ], [ "", 25200 ], [ "", 26300 ], [ "", 24200 ], [ "", 21600 ], [ "", 19600 ], [ "", 20900 ], [ "", 20200 ], [ "", 19500 ], [ "", 19500 ], [ "", 19000 ], [ "", 18900 ], [ "", 18900 ], [ "", 19600 ], [ "", 18600 ], [ "", 19200 ], [ "", 19400 ], [ "", 19700 ], [ "", 19500 ], [ "", 18200 ], [ "", 18400 ], [ "", 17600 ], [ "", 17200 ], [ "", 16100 ], [ "", 16600 ], [ "", 16200 ], [ "", 16500 ], [ "", 16500 ], [ "", 16600 ], [ "", 16000 ], [ "", 15300 ], [ "", 14400 ], [ "", 16300 ], [ "", 15600 ], [ "", 15600 ], [ "", 15500 ], [ "", 14600 ], [ "", 14600 ], [ "", 14300 ], [ "", 14200 ], [ "", 16400 ], [ "", 14900 ], [ "", 15500 ], [ "", 18200 ], [ "", 19500 ], [ "", 20800 ], [ "", 22500 ], [ "", 22600 ], [ "", 22400 ], [ "", 22400 ], [ "", 23500 ], [ "", 24400 ], [ "", 24800 ], [ "", 23400 ], [ "", 21500 ], [ "", 18400 ], [ "", 16300 ], [ "", 16100 ], [ "", 15000 ], [ "", 14600 ], [ "", 16400 ], [ "", 15800 ], [ "", 15900 ], [ "", 15200 ], [ "", 14400 ], [ "", 14700 ], [ "", 14500 ], [ "", 14500 ], [ "", 14800 ], [ "", 14200 ], [ "", 13900 ], [ "", 13500 ], [ "", 13200 ], [ "", 12600 ], [ "", 12400 ], [ "", 12500 ], [ "", 13000 ], [ "", 12700 ], [ "", 13900 ], [ "", 14000 ], [ "", 14200 ], [ "", 12600 ], [ "", 11600 ], [ "", 12900 ], [ "", 13500 ], [ "", 13100 ], [ "", 13500 ], [ "", 12600 ], [ "", 11900 ], [ "", 12600 ], [ "", 12400 ], [ "", 12800 ], [ "", 12800 ], [ "", 13300 ], [ "", 12900 ], [ "", 13200 ], [ "", 12700 ], [ "", 12200 ], [ "", 12600 ], [ "", 12300 ], [ "", 13400 ], [ "", 13100 ], [ "", 13200 ], [ "", 12800 ], [ "", 12800 ], [ "", 13600 ], [ "", 14300 ], [ "", 13400 ], [ "", 13500 ], [ "", 13900 ], [ "", 13200 ], [ "", 13300 ], [ "", 12700 ], [ "", 13400 ], [ "", 13300 ], [ "", 13300 ], [ "", 12900 ], [ "", 13500 ], [ "", 13100 ], [ "", 15000 ], [ "", 12900 ], [ "", 12300 ], [ "", 12900 ], [ "", 13000 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Autre licenciement", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 33400 ], [ "", 32400 ], [ "", 32200 ], [ "", 33400 ], [ "", 33100 ], [ "", 33300 ], [ "", 33600 ], [ "", 34500 ], [ "", 34600 ], [ "", 35000 ], [ "", 34200 ], [ "", 34200 ], [ "", 33600 ], [ "", 34600 ], [ "", 35200 ], [ "", 35500 ], [ "", 35300 ], [ "", 34100 ], [ "", 34100 ], [ "", 36200 ], [ "", 35700 ], [ "", 34800 ], [ "", 34800 ], [ "", 35100 ], [ "", 35400 ], [ "", 34900 ], [ "", 36000 ], [ "", 35000 ], [ "", 36100 ], [ "", 36900 ], [ "", 36600 ], [ "", 36600 ], [ "", 37400 ], [ "", 37500 ], [ "", 37900 ], [ "", 37800 ], [ "", 38500 ], [ "", 39600 ], [ "", 38600 ], [ "", 38800 ], [ "", 39900 ], [ "", 38700 ], [ "", 40600 ], [ "", 40100 ], [ "", 40500 ], [ "", 40400 ], [ "", 40500 ], [ "", 41300 ], [ "", 40800 ], [ "", 40100 ], [ "", 40400 ], [ "", 42200 ], [ "", 43400 ], [ "", 42100 ], [ "", 42200 ], [ "", 41000 ], [ "", 42000 ], [ "", 41400 ], [ "", 43300 ], [ "", 43700 ], [ "", 45200 ], [ "", 44500 ], [ "", 44200 ], [ "", 45400 ], [ "", 44000 ], [ "", 45600 ], [ "", 46300 ], [ "", 45900 ], [ "", 49600 ], [ "", 50500 ], [ "", 49400 ], [ "", 50100 ], [ "", 50800 ], [ "", 50900 ], [ "", 51600 ], [ "", 50900 ], [ "", 50500 ], [ "", 53600 ], [ "", 52300 ], [ "", 52800 ], [ "", 53200 ], [ "", 54700 ], [ "", 55200 ], [ "", 54300 ], [ "", 55300 ], [ "", 57000 ], [ "", 55700 ], [ "", 53300 ], [ "", 55600 ], [ "", 56600 ], [ "", 56300 ], [ "", 59400 ], [ "", 57700 ], [ "", 56600 ], [ "", 58300 ], [ "", 54500 ], [ "", 56300 ], [ "", 57100 ], [ "", 56300 ], [ "", 57000 ], [ "", 57000 ], [ "", 55600 ], [ "", 56100 ], [ "", 55800 ], [ "", 55500 ], [ "", 58000 ], [ "", 56100 ], [ "", 56600 ], [ "", 55700 ], [ "", 56300 ], [ "", 58300 ], [ "", 58700 ], [ "", 58300 ], [ "", 58900 ], [ "", 59900 ], [ "", 59000 ], [ "", 57300 ], [ "", 60300 ], [ "", 58600 ], [ "", 58500 ], [ "", 58400 ], [ "", 58300 ], [ "", 59300 ], [ "", 57800 ], [ "", 61200 ], [ "", 58000 ], [ "", 58700 ], [ "", 57900 ], [ "", 60000 ], [ "", 59900 ], [ "", 60100 ], [ "", 59700 ], [ "", 59400 ], [ "", 58000 ], [ "", 57200 ], [ "", 59100 ], [ "", 58000 ], [ "", 59000 ], [ "", 59400 ], [ "", 58300 ], [ "", 57900 ], [ "", 56600 ], [ "", 57200 ], [ "", 56800 ], [ "", 58600 ], [ "", 59800 ], [ "", 58300 ], [ "", 58400 ], [ "", 57500 ], [ "", 56600 ], [ "", 55400 ], [ "", 58200 ], [ "", 57900 ], [ "", 56900 ], [ "", 56600 ], [ "", 56100 ], [ "", 56200 ], [ "", 57500 ], [ "", 57400 ], [ "", 54800 ], [ "", 53300 ], [ "", 54200 ], [ "", 53200 ], [ "", 52000 ], [ "", 52000 ], [ "", 50000 ], [ "", 48200 ], [ "", 47900 ], [ "", 46600 ], [ "", 46000 ], [ "", 45500 ], [ "", 44100 ], [ "", 43700 ], [ "", 43600 ], [ "", 45100 ], [ "", 43000 ], [ "", 42300 ], [ "", 42400 ], [ "", 41500 ], [ "", 43300 ], [ "", 42000 ], [ "", 41800 ], [ "", 42100 ], [ "", 42200 ], [ "", 42500 ], [ "", 41000 ], [ "", 42300 ], [ "", 42900 ], [ "", 41600 ], [ "", 44300 ], [ "", 43100 ], [ "", 42700 ], [ "", 41800 ], [ "", 40900 ], [ "", 41500 ], [ "", 43100 ], [ "", 43100 ], [ "", 42300 ], [ "", 40900 ], [ "", 41200 ], [ "", 41200 ], [ "", 42100 ], [ "", 41000 ], [ "", 41100 ], [ "", 41800 ], [ "", 41200 ], [ "", 42900 ], [ "", 42400 ], [ "", 41300 ], [ "", 43700 ], [ "", 41100 ], [ "", 43300 ], [ "", 41200 ], [ "", 40900 ], [ "", 41100 ], [ "", 39700 ], [ "", 41100 ], [ "", 40000 ], [ "", 39700 ], [ "", 39300 ], [ "", 39500 ], [ "", 39900 ], [ "", 39100 ], [ "", 40100 ], [ "", 39700 ], [ "", 39200 ], [ "", 38700 ], [ "", 38600 ], [ "", 39200 ], [ "", 39900 ], [ "", 40700 ], [ "", 38700 ], [ "", 38500 ], [ "", 39800 ], [ "", 39000 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Démission", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 17200 ], [ "", 17100 ], [ "", 17200 ], [ "", 18000 ], [ "", 17300 ], [ "", 17300 ], [ "", 17300 ], [ "", 17500 ], [ "", 16400 ], [ "", 17300 ], [ "", 17000 ], [ "", 17300 ], [ "", 16800 ], [ "", 16800 ], [ "", 17300 ], [ "", 17700 ], [ "", 17500 ], [ "", 17000 ], [ "", 16700 ], [ "", 18000 ], [ "", 17400 ], [ "", 17200 ], [ "", 17300 ], [ "", 17100 ], [ "", 17400 ], [ "", 17100 ], [ "", 18000 ], [ "", 17800 ], [ "", 18400 ], [ "", 18600 ], [ "", 18400 ], [ "", 18800 ], [ "", 19200 ], [ "", 19100 ], [ "", 19300 ], [ "", 19300 ], [ "", 19500 ], [ "", 20200 ], [ "", 20000 ], [ "", 20000 ], [ "", 20100 ], [ "", 19900 ], [ "", 21100 ], [ "", 20600 ], [ "", 21200 ], [ "", 21500 ], [ "", 21500 ], [ "", 22100 ], [ "", 21700 ], [ "", 21600 ], [ "", 21200 ], [ "", 23400 ], [ "", 23900 ], [ "", 24400 ], [ "", 24900 ], [ "", 23400 ], [ "", 24100 ], [ "", 24200 ], [ "", 25900 ], [ "", 25400 ], [ "", 26300 ], [ "", 26500 ], [ "", 26800 ], [ "", 27400 ], [ "", 25900 ], [ "", 26600 ], [ "", 27200 ], [ "", 27100 ], [ "", 29000 ], [ "", 28300 ], [ "", 27400 ], [ "", 27400 ], [ "", 27300 ], [ "", 27200 ], [ "", 27400 ], [ "", 27100 ], [ "", 26900 ], [ "", 27700 ], [ "", 26700 ], [ "", 27000 ], [ "", 26800 ], [ "", 27800 ], [ "", 27200 ], [ "", 27300 ], [ "", 27300 ], [ "", 27800 ], [ "", 26300 ], [ "", 25300 ], [ "", 26300 ], [ "", 26500 ], [ "", 25800 ], [ "", 27400 ], [ "", 26100 ], [ "", 25700 ], [ "", 26800 ], [ "", 25300 ], [ "", 25400 ], [ "", 25100 ], [ "", 24600 ], [ "", 24200 ], [ "", 24200 ], [ "", 24200 ], [ "", 24400 ], [ "", 24400 ], [ "", 24300 ], [ "", 24600 ], [ "", 23900 ], [ "", 23900 ], [ "", 23300 ], [ "", 23100 ], [ "", 23700 ], [ "", 24400 ], [ "", 23200 ], [ "", 23100 ], [ "", 23700 ], [ "", 23200 ], [ "", 22600 ], [ "", 23600 ], [ "", 23100 ], [ "", 22700 ], [ "", 22300 ], [ "", 22100 ], [ "", 22700 ], [ "", 22200 ], [ "", 23200 ], [ "", 22400 ], [ "", 22000 ], [ "", 22100 ], [ "", 23200 ], [ "", 23000 ], [ "", 23100 ], [ "", 22400 ], [ "", 22400 ], [ "", 22500 ], [ "", 22300 ], [ "", 22500 ], [ "", 23100 ], [ "", 22800 ], [ "", 22900 ], [ "", 22300 ], [ "", 21900 ], [ "", 22200 ], [ "", 22500 ], [ "", 22400 ], [ "", 22900 ], [ "", 23700 ], [ "", 22900 ], [ "", 22700 ], [ "", 22000 ], [ "", 21600 ], [ "", 20700 ], [ "", 22300 ], [ "", 22300 ], [ "", 21200 ], [ "", 20500 ], [ "", 20700 ], [ "", 20600 ], [ "", 19900 ], [ "", 20100 ], [ "", 18400 ], [ "", 18000 ], [ "", 18500 ], [ "", 18200 ], [ "", 18200 ], [ "", 18400 ], [ "", 17500 ], [ "", 17400 ], [ "", 17600 ], [ "", 17400 ], [ "", 17100 ], [ "", 17300 ], [ "", 16800 ], [ "", 16500 ], [ "", 16400 ], [ "", 16100 ], [ "", 16100 ], [ "", 15800 ], [ "", 16100 ], [ "", 15700 ], [ "", 16900 ], [ "", 16000 ], [ "", 15900 ], [ "", 15500 ], [ "", 16000 ], [ "", 16200 ], [ "", 15700 ], [ "", 15900 ], [ "", 15900 ], [ "", 15700 ], [ "", 16900 ], [ "", 16000 ], [ "", 15600 ], [ "", 15200 ], [ "", 14900 ], [ "", 15100 ], [ "", 15600 ], [ "", 16200 ], [ "", 15300 ], [ "", 14900 ], [ "", 14700 ], [ "", 14800 ], [ "", 14800 ], [ "", 14500 ], [ "", 14600 ], [ "", 14300 ], [ "", 14300 ], [ "", 14700 ], [ "", 14000 ], [ "", 13400 ], [ "", 14500 ], [ "", 13500 ], [ "", 14300 ], [ "", 13800 ], [ "", 13800 ], [ "", 13700 ], [ "", 13500 ], [ "", 13600 ], [ "", 13200 ], [ "", 13100 ], [ "", 13200 ], [ "", 13100 ], [ "", 13000 ], [ "", 12900 ], [ "", 13000 ], [ "", 12500 ], [ "", 12700 ], [ "", 12400 ], [ "", 12900 ], [ "", 12500 ], [ "", 12400 ], [ "", 12600 ], [ "", 12400 ], [ "", 12500 ], [ "", 13000 ], [ "", 13200 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Fin de contrat", "color": "#F19300", "data": [ [ "", 151700 ], [ "", 143800 ], [ "", 137800 ], [ "", 141500 ], [ "", 145200 ], [ "", 141200 ], [ "", 147500 ], [ "", 148700 ], [ "", 140200 ], [ "", 141300 ], [ "", 138600 ], [ "", 137500 ], [ "", 133900 ], [ "", 136000 ], [ "", 133400 ], [ "", 136300 ], [ "", 135400 ], [ "", 127700 ], [ "", 129500 ], [ "", 132900 ], [ "", 128700 ], [ "", 126200 ], [ "", 122400 ], [ "", 119800 ], [ "", 119400 ], [ "", 118300 ], [ "", 119300 ], [ "", 115700 ], [ "", 114900 ], [ "", 117600 ], [ "", 118900 ], [ "", 118900 ], [ "", 121500 ], [ "", 119400 ], [ "", 121200 ], [ "", 119900 ], [ "", 119300 ], [ "", 121700 ], [ "", 119200 ], [ "", 118700 ], [ "", 119000 ], [ "", 113800 ], [ "", 116800 ], [ "", 112700 ], [ "", 114400 ], [ "", 114800 ], [ "", 116000 ], [ "", 119800 ], [ "", 116100 ], [ "", 112800 ], [ "", 110400 ], [ "", 117200 ], [ "", 120600 ], [ "", 115100 ], [ "", 114800 ], [ "", 108600 ], [ "", 112700 ], [ "", 111800 ], [ "", 115500 ], [ "", 116600 ], [ "", 120300 ], [ "", 116500 ], [ "", 118500 ], [ "", 119700 ], [ "", 115300 ], [ "", 117100 ], [ "", 118000 ], [ "", 116000 ], [ "", 128800 ], [ "", 125600 ], [ "", 119100 ], [ "", 121800 ], [ "", 121500 ], [ "", 121900 ], [ "", 120200 ], [ "", 117400 ], [ "", 116600 ], [ "", 121900 ], [ "", 120600 ], [ "", 123400 ], [ "", 124600 ], [ "", 131700 ], [ "", 127100 ], [ "", 125500 ], [ "", 123200 ], [ "", 127200 ], [ "", 123200 ], [ "", 123800 ], [ "", 132800 ], [ "", 132200 ], [ "", 123100 ], [ "", 131800 ], [ "", 124400 ], [ "", 123300 ], [ "", 125300 ], [ "", 120700 ], [ "", 124000 ], [ "", 125200 ], [ "", 124300 ], [ "", 123900 ], [ "", 123200 ], [ "", 121800 ], [ "", 125400 ], [ "", 123100 ], [ "", 121900 ], [ "", 121800 ], [ "", 117700 ], [ "", 120500 ], [ "", 113700 ], [ "", 117600 ], [ "", 121900 ], [ "", 121000 ], [ "", 120600 ], [ "", 117300 ], [ "", 119500 ], [ "", 119200 ], [ "", 115100 ], [ "", 118900 ], [ "", 116800 ], [ "", 116500 ], [ "", 112400 ], [ "", 110600 ], [ "", 111300 ], [ "", 112000 ], [ "", 116300 ], [ "", 108800 ], [ "", 110700 ], [ "", 109200 ], [ "", 114300 ], [ "", 112400 ], [ "", 112900 ], [ "", 110200 ], [ "", 111800 ], [ "", 109900 ], [ "", 109100 ], [ "", 111200 ], [ "", 110800 ], [ "", 112000 ], [ "", 112100 ], [ "", 109900 ], [ "", 111600 ], [ "", 112400 ], [ "", 113400 ], [ "", 111300 ], [ "", 114100 ], [ "", 117800 ], [ "", 114200 ], [ "", 113700 ], [ "", 113900 ], [ "", 117000 ], [ "", 112400 ], [ "", 115800 ], [ "", 114700 ], [ "", 116600 ], [ "", 118100 ], [ "", 122300 ], [ "", 125900 ], [ "", 129800 ], [ "", 129400 ], [ "", 123700 ], [ "", 120500 ], [ "", 128800 ], [ "", 128100 ], [ "", 125600 ], [ "", 122900 ], [ "", 116900 ], [ "", 114500 ], [ "", 115400 ], [ "", 112800 ], [ "", 114400 ], [ "", 114900 ], [ "", 114200 ], [ "", 111900 ], [ "", 113300 ], [ "", 117300 ], [ "", 115400 ], [ "", 115100 ], [ "", 117400 ], [ "", 117900 ], [ "", 120700 ], [ "", 118000 ], [ "", 120200 ], [ "", 120300 ], [ "", 123500 ], [ "", 123900 ], [ "", 121800 ], [ "", 124000 ], [ "", 126700 ], [ "", 126200 ], [ "", 132400 ], [ "", 129100 ], [ "", 127600 ], [ "", 125800 ], [ "", 124400 ], [ "", 123700 ], [ "", 127200 ], [ "", 128200 ], [ "", 127700 ], [ "", 126300 ], [ "", 124800 ], [ "", 127500 ], [ "", 125100 ], [ "", 122900 ], [ "", 123400 ], [ "", 125700 ], [ "", 122700 ], [ "", 126700 ], [ "", 124200 ], [ "", 120100 ], [ "", 126200 ], [ "", 118300 ], [ "", 126200 ], [ "", 119400 ], [ "", 120400 ], [ "", 121800 ], [ "", 117900 ], [ "", 119200 ], [ "", 118100 ], [ "", 119000 ], [ "", 116700 ], [ "", 116100 ], [ "", 117300 ], [ "", 117300 ], [ "", 123400 ], [ "", 120600 ], [ "", 120200 ], [ "", 116100 ], [ "", 115000 ], [ "", 115700 ], [ "", 117300 ], [ "", 118500 ], [ "", 111300 ], [ "", 112900 ], [ "", 114500 ], [ "", 117000 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Fin de mission", "color": "#28beaa", "data": [ [ "", 18700 ], [ "", 18500 ], [ "", 18200 ], [ "", 19000 ], [ "", 18900 ], [ "", 18800 ], [ "", 17700 ], [ "", 19400 ], [ "", 19000 ], [ "", 18700 ], [ "", 17600 ], [ "", 17400 ], [ "", 16800 ], [ "", 17000 ], [ "", 17400 ], [ "", 18000 ], [ "", 17400 ], [ "", 16400 ], [ "", 17100 ], [ "", 18100 ], [ "", 18000 ], [ "", 17800 ], [ "", 17900 ], [ "", 18100 ], [ "", 18200 ], [ "", 18400 ], [ "", 18800 ], [ "", 18600 ], [ "", 19400 ], [ "", 20200 ], [ "", 21600 ], [ "", 22200 ], [ "", 22700 ], [ "", 23600 ], [ "", 23600 ], [ "", 24100 ], [ "", 24100 ], [ "", 24100 ], [ "", 23600 ], [ "", 23000 ], [ "", 23400 ], [ "", 22400 ], [ "", 23500 ], [ "", 22800 ], [ "", 22800 ], [ "", 23300 ], [ "", 24100 ], [ "", 25700 ], [ "", 25500 ], [ "", 25000 ], [ "", 25600 ], [ "", 27000 ], [ "", 28500 ], [ "", 31100 ], [ "", 29300 ], [ "", 27800 ], [ "", 27500 ], [ "", 29500 ], [ "", 31700 ], [ "", 32900 ], [ "", 34600 ], [ "", 35900 ], [ "", 37500 ], [ "", 38400 ], [ "", 37500 ], [ "", 40500 ], [ "", 38800 ], [ "", 39600 ], [ "", 43000 ], [ "", 43600 ], [ "", 39400 ], [ "", 41000 ], [ "", 40200 ], [ "", 39900 ], [ "", 39700 ], [ "", 39800 ], [ "", 38100 ], [ "", 40600 ], [ "", 39500 ], [ "", 40200 ], [ "", 40300 ], [ "", 42000 ], [ "", 40700 ], [ "", 40800 ], [ "", 40700 ], [ "", 41200 ], [ "", 40000 ], [ "", 39600 ], [ "", 40800 ], [ "", 39900 ], [ "", 38700 ], [ "", 41400 ], [ "", 39900 ], [ "", 38700 ], [ "", 40100 ], [ "", 38300 ], [ "", 37900 ], [ "", 37900 ], [ "", 37900 ], [ "", 37800 ], [ "", 37000 ], [ "", 36100 ], [ "", 37500 ], [ "", 36900 ], [ "", 36400 ], [ "", 37000 ], [ "", 36500 ], [ "", 37100 ], [ "", 37000 ], [ "", 36900 ], [ "", 37000 ], [ "", 38300 ], [ "", 36300 ], [ "", 35700 ], [ "", 38000 ], [ "", 36800 ], [ "", 34700 ], [ "", 37400 ], [ "", 36300 ], [ "", 37100 ], [ "", 36700 ], [ "", 36300 ], [ "", 36900 ], [ "", 35500 ], [ "", 39000 ], [ "", 37900 ], [ "", 37300 ], [ "", 38000 ], [ "", 38800 ], [ "", 39800 ], [ "", 40500 ], [ "", 39200 ], [ "", 38600 ], [ "", 38500 ], [ "", 38600 ], [ "", 39800 ], [ "", 40200 ], [ "", 41400 ], [ "", 40700 ], [ "", 38800 ], [ "", 37000 ], [ "", 38200 ], [ "", 38600 ], [ "", 38200 ], [ "", 40400 ], [ "", 41700 ], [ "", 41900 ], [ "", 42800 ], [ "", 43500 ], [ "", 42900 ], [ "", 43800 ], [ "", 43900 ], [ "", 48600 ], [ "", 52300 ], [ "", 47300 ], [ "", 47500 ], [ "", 46500 ], [ "", 45600 ], [ "", 44300 ], [ "", 38800 ], [ "", 36100 ], [ "", 33400 ], [ "", 33500 ], [ "", 32900 ], [ "", 32300 ], [ "", 30200 ], [ "", 29200 ], [ "", 29300 ], [ "", 28600 ], [ "", 28400 ], [ "", 29500 ], [ "", 29200 ], [ "", 29500 ], [ "", 27700 ], [ "", 28600 ], [ "", 28600 ], [ "", 28700 ], [ "", 28800 ], [ "", 29200 ], [ "", 29800 ], [ "", 29200 ], [ "", 29800 ], [ "", 29300 ], [ "", 30400 ], [ "", 30600 ], [ "", 29900 ], [ "", 31900 ], [ "", 32500 ], [ "", 31200 ], [ "", 33000 ], [ "", 32700 ], [ "", 32000 ], [ "", 32000 ], [ "", 31000 ], [ "", 31000 ], [ "", 31400 ], [ "", 32600 ], [ "", 31500 ], [ "", 29700 ], [ "", 29400 ], [ "", 30000 ], [ "", 29600 ], [ "", 28600 ], [ "", 28600 ], [ "", 28200 ], [ "", 27400 ], [ "", 27800 ], [ "", 27600 ], [ "", 25900 ], [ "", 28800 ], [ "", 26200 ], [ "", 27300 ], [ "", 25800 ], [ "", 26800 ], [ "", 27200 ], [ "", 27500 ], [ "", 28000 ], [ "", 27700 ], [ "", 28800 ], [ "", 27900 ], [ "", 28200 ], [ "", 28200 ], [ "", 27500 ], [ "", 29000 ], [ "", 28500 ], [ "", 28400 ], [ "", 27400 ], [ "", 27400 ], [ "", 26800 ], [ "", 27400 ], [ "", 28200 ], [ "", 26400 ], [ "", 27200 ], [ "", 27300 ], [ "", 26700 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Première entrée", "color": "#285a82", "data": [ [ "", 46100 ], [ "", 46700 ], [ "", 45600 ], [ "", 51200 ], [ "", 53800 ], [ "", 55000 ], [ "", 54900 ], [ "", 58400 ], [ "", 54500 ], [ "", 53100 ], [ "", 53300 ], [ "", 50200 ], [ "", 51100 ], [ "", 50800 ], [ "", 50000 ], [ "", 52000 ], [ "", 52800 ], [ "", 51500 ], [ "", 51800 ], [ "", 56400 ], [ "", 54800 ], [ "", 53500 ], [ "", 51100 ], [ "", 46200 ], [ "", 50400 ], [ "", 48400 ], [ "", 48300 ], [ "", 47700 ], [ "", 47600 ], [ "", 47600 ], [ "", 47200 ], [ "", 46900 ], [ "", 47000 ], [ "", 46700 ], [ "", 46400 ], [ "", 45600 ], [ "", 46100 ], [ "", 45200 ], [ "", 44400 ], [ "", 43800 ], [ "", 43700 ], [ "", 40600 ], [ "", 42200 ], [ "", 40000 ], [ "", 40800 ], [ "", 40500 ], [ "", 40000 ], [ "", 40700 ], [ "", 38700 ], [ "", 38600 ], [ "", 37200 ], [ "", 38900 ], [ "", 37600 ], [ "", 34800 ], [ "", 34200 ], [ "", 31500 ], [ "", 31600 ], [ "", 31400 ], [ "", 31400 ], [ "", 30100 ], [ "", 30600 ], [ "", 28800 ], [ "", 28000 ], [ "", 27900 ], [ "", 27400 ], [ "", 28400 ], [ "", 28700 ], [ "", 28900 ], [ "", 30300 ], [ "", 29600 ], [ "", 28900 ], [ "", 28800 ], [ "", 28000 ], [ "", 28800 ], [ "", 29500 ], [ "", 29300 ], [ "", 28800 ], [ "", 29500 ], [ "", 29200 ], [ "", 29500 ], [ "", 30200 ], [ "", 32300 ], [ "", 32100 ], [ "", 33200 ], [ "", 33900 ], [ "", 35000 ], [ "", 33900 ], [ "", 32600 ], [ "", 33400 ], [ "", 33700 ], [ "", 33000 ], [ "", 37700 ], [ "", 35400 ], [ "", 33000 ], [ "", 35300 ], [ "", 33800 ], [ "", 34700 ], [ "", 34600 ], [ "", 34100 ], [ "", 34800 ], [ "", 34300 ], [ "", 35700 ], [ "", 36900 ], [ "", 36200 ], [ "", 33900 ], [ "", 34800 ], [ "", 34200 ], [ "", 34500 ], [ "", 33000 ], [ "", 33300 ], [ "", 35200 ], [ "", 35300 ], [ "", 35200 ], [ "", 37400 ], [ "", 37800 ], [ "", 38000 ], [ "", 38100 ], [ "", 39700 ], [ "", 37700 ], [ "", 38000 ], [ "", 36000 ], [ "", 35100 ], [ "", 34500 ], [ "", 33700 ], [ "", 36000 ], [ "", 33600 ], [ "", 34400 ], [ "", 34400 ], [ "", 36100 ], [ "", 35800 ], [ "", 34900 ], [ "", 32900 ], [ "", 33500 ], [ "", 32200 ], [ "", 29400 ], [ "", 31800 ], [ "", 31200 ], [ "", 29500 ], [ "", 29300 ], [ "", 29700 ], [ "", 27500 ], [ "", 26600 ], [ "", 28100 ], [ "", 28000 ], [ "", 28400 ], [ "", 28400 ], [ "", 27300 ], [ "", 27200 ], [ "", 26600 ], [ "", 28000 ], [ "", 27700 ], [ "", 29600 ], [ "", 30300 ], [ "", 28100 ], [ "", 30600 ], [ "", 30900 ], [ "", 32200 ], [ "", 33600 ], [ "", 34400 ], [ "", 33800 ], [ "", 33400 ], [ "", 34700 ], [ "", 34600 ], [ "", 33200 ], [ "", 35300 ], [ "", 34300 ], [ "", 34300 ], [ "", 34800 ], [ "", 34000 ], [ "", 34000 ], [ "", 34900 ], [ "", 35800 ], [ "", 32500 ], [ "", 28500 ], [ "", 28800 ], [ "", 28100 ], [ "", 27300 ], [ "", 27900 ], [ "", 26600 ], [ "", 28000 ], [ "", 26700 ], [ "", 26100 ], [ "", 24500 ], [ "", 25400 ], [ "", 24800 ], [ "", 24500 ], [ "", 25100 ], [ "", 24900 ], [ "", 24400 ], [ "", 26500 ], [ "", 24500 ], [ "", 23000 ], [ "", 22400 ], [ "", 23100 ], [ "", 21800 ], [ "", 23800 ], [ "", 26300 ], [ "", 25500 ], [ "", 25700 ], [ "", 26800 ], [ "", 27100 ], [ "", 27500 ], [ "", 26100 ], [ "", 25600 ], [ "", 25900 ], [ "", 25400 ], [ "", 26200 ], [ "", 27200 ], [ "", 28300 ], [ "", 31300 ], [ "", 30700 ], [ "", 33200 ], [ "", 33000 ], [ "", 34200 ], [ "", 34900 ], [ "", 37200 ], [ "", 37600 ], [ "", 36800 ], [ "", 37000 ], [ "", 37100 ], [ "", 33900 ], [ "", 32900 ], [ "", 32500 ], [ "", 32000 ], [ "", 32300 ], [ "", 33000 ], [ "", 34000 ], [ "", 36500 ], [ "", 36500 ], [ "", 38900 ], [ "", 38800 ], [ "", 38200 ], [ "", 34500 ], [ "", 31500 ], [ "", 32200 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " personnes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}2. La crise s’enkysteCorollaire d’une crise qui ne se résorbe pas, la situation des personnes hors de l’emploi tend à se fixer. Sur le graphique ci-dessous, on peut constater la hausse spectaculaire du nombre de chômeurs inscrits depuis plus de trois ans, dont la courbe rejoint désormais celle des inscrits depuis 3 à 6 mois. #container_14452557467{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452557467{ height:500px; } #container_14452557467 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452557467 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452557467 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452557467 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Chômeurs par durée d'inscription à Pôle EmploiDepuis 1996, en milliers(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452557467", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["janv.-96","févr.-96","mars-96","avr.-96","mai-96","juin-96","juil.-96","août-96","sept.-96","oct.-96","nov.-96","déc.-96","janv.-97","févr.-97","mars-97","avr.-97","mai-97","juin-97","juil.-97","août-97","sept.-97","oct.-97","nov.-97","déc.-97","janv.-98","févr.-98","mars-98","avr.-98","mai-98","juin-98","juil.-98","août-98","sept.-98","oct.-98","nov.-98","déc.-98","janv.-99","févr.-99","mars-99","avr.-99","mai-99","juin-99","juil.-99","août-99","sept.-99","oct.-99","nov.-99","déc.-99","janv.-00","févr.-00","mars-00","avr.-00","mai-00","juin-00","juil.-00","août-00","sept.-00","oct.-00","nov.-00","déc.-00","janv.-01","févr.-01","mars-01","avr.-01","mai-01","juin-01","juil.-01","août-01","sept.-01","oct.-01","nov.-01","déc.-01","janv.-02","févr.-02","mars-02","avr.-02","mai-02","juin-02","juil.-02","août-02","sept.-02","oct.-02","nov.-02","déc.-02","janv.-03","févr.-03","mars-03","avr.-03","mai-03","juin-03","juil.-03","août-03","sept.-03","oct.-03","nov.-03","déc.-03","janv.-04","févr.-04","mars-04","avr.-04","mai-04","juin-04","juil.-04","août-04","sept.-04","oct.-04","nov.-04","déc.-04","janv.-05","févr.-05","mars-05","avr.-05","mai-05","juin-05","juil.-05","août-05","sept.-05","oct.-05","nov.-05","déc.-05","janv.-06","févr.-06","mars-06","avr.-06","mai-06","juin-06","juil.-06","août-06","sept.-06","oct.-06","nov.-06","déc.-06","janv.-07","févr.-07","mars-07","avr.-07","mai-07","juin-07","juil.-07","août-07","sept.-07","oct.-07","nov.-07","déc.-07","janv.-08","févr.-08","mars-08","avr.-08","mai-08","juin-08","juil.-08","août-08","sept.-08","oct.-08","nov.-08","déc.-08","janv.-09","févr.-09","mars-09","avr.-09","mai-09","juin-09","juil.-09","août-09","sept.-09","oct.-09","nov.-09","déc.-09","janv.-10","févr.-10","mars-10","avr.-10","mai-10","juin-10","juil.-10","août-10","sept.-10","oct.-10","nov.-10","déc.-10","janv.-11","févr.-11","mars-11","avr.-11","mai-11","juin-11","juil.-11","août-11","sept.-11","oct.-11","nov.-11","déc.-11","janv.-12","févr.-12","mars-12","avr.-12","mai-12","juin-12","juil.-12","août-12","sept.-12","oct.-12","nov.-12","déc.-12","janv.-13","févr.-13","mars-13","avr.-13","mai-13","juin-13","juil.-13","août-13","sept.-13","oct.-13","nov.-13","déc.-13","janv.-14","févr.-14","mars-14","avr.-14","mai-14","juin-14","juil.-14","août-14","sept.-14","oct.-14","nov.-14","déc.-14","janv.-15","févr.-15","mars-15","avr.-15","mai-15","juin-15","juil.-15","août-15"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Moins 3 mois", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 970.4 ], [ "", 959.7 ], [ "", 962.5 ], [ "", 947.4 ], [ "", 947.8 ], [ "", 948.7 ], [ "", 956.1 ], [ "", 963.1 ], [ "", 958.3 ], [ "", 950.7 ], [ "", 960.4 ], [ "", 953.9 ], [ "", 944.8 ], [ "", 940.8 ], [ "", 935.1 ], [ "", 923.6 ], [ "", 933.1 ], [ "", 946.6 ], [ "", 929.7 ], [ "", 923.1 ], [ "", 929.6 ], [ "", 927.5 ], [ "", 926.2 ], [ "", 906.7 ], [ "", 900.1 ], [ "", 906.8 ], [ "", 900.4 ], [ "", 898.6 ], [ "", 896.6 ], [ "", 891.1 ], [ "", 892.4 ], [ "", 900.9 ], [ "", 909 ], [ "", 917.1 ], [ "", 909.7 ], [ "", 921 ], [ "", 915.9 ], [ "", 912.2 ], [ "", 911.9 ], [ "", 913.5 ], [ "", 907.5 ], [ "", 899.8 ], [ "", 894.8 ], [ "", 892.1 ], [ "", 877.4 ], [ "", 882.3 ], [ "", 874.2 ], [ "", 869.7 ], [ "", 877.1 ], [ "", 875.2 ], [ "", 862.4 ], [ "", 844.3 ], [ "", 855.6 ], [ "", 867.6 ], [ "", 879.5 ], [ "", 871.8 ], [ "", 851.7 ], [ "", 843.2 ], [ "", 826.5 ], [ "", 850.6 ], [ "", 851.2 ], [ "", 856.3 ], [ "", 863.7 ], [ "", 860.4 ], [ "", 873.2 ], [ "", 868.5 ], [ "", 878.9 ], [ "", 875 ], [ "", 875 ], [ "", 894.6 ], [ "", 905.9 ], [ "", 933.3 ], [ "", 913.2 ], [ "", 910.1 ], [ "", 925.8 ], [ "", 928.9 ], [ "", 918.1 ], [ "", 908.4 ], [ "", 915.5 ], [ "", 915 ], [ "", 921 ], [ "", 911.9 ], [ "", 925.9 ], [ "", 940.3 ], [ "", 943 ], [ "", 948.4 ], [ "", 942 ], [ "", 938.9 ], [ "", 921.7 ], [ "", 937.7 ], [ "", 947 ], [ "", 947.3 ], [ "", 981.8 ], [ "", 969.4 ], [ "", 962.7 ], [ "", 957.4 ], [ "", 943.9 ], [ "", 949.2 ], [ "", 944.3 ], [ "", 957.5 ], [ "", 957.9 ], [ "", 966.7 ], [ "", 963.9 ], [ "", 962.8 ], [ "", 955.6 ], [ "", 951.4 ], [ "", 954.1 ], [ "", 942.2 ], [ "", 943 ], [ "", 938.9 ], [ "", 942.9 ], [ "", 950 ], [ "", 968.2 ], [ "", 953.4 ], [ "", 944.1 ], [ "", 943.7 ], [ "", 941.7 ], [ "", 927.9 ], [ "", 923.6 ], [ "", 926.5 ], [ "", 941.2 ], [ "", 925.1 ], [ "", 908.9 ], [ "", 882.8 ], [ "", 898.3 ], [ "", 908.1 ], [ "", 906.7 ], [ "", 905 ], [ "", 907.7 ], [ "", 924.2 ], [ "", 923.3 ], [ "", 928 ], [ "", 921.2 ], [ "", 915.4 ], [ "", 922.7 ], [ "", 898.1 ], [ "", 904.7 ], [ "", 900.4 ], [ "", 915.7 ], [ "", 925.7 ], [ "", 920.4 ], [ "", 909.4 ], [ "", 890.9 ], [ "", 890.5 ], [ "", 903.3 ], [ "", 906.3 ], [ "", 913 ], [ "", 917.5 ], [ "", 910.4 ], [ "", 921 ], [ "", 918.4 ], [ "", 921.5 ], [ "", 931.5 ], [ "", 956 ], [ "", 976 ], [ "", 991.2 ], [ "", 1003.9 ], [ "", 1039.1 ], [ "", 1030.1 ], [ "", 1059.6 ], [ "", 1053 ], [ "", 1004.8 ], [ "", 992.9 ], [ "", 1019.4 ], [ "", 1027.3 ], [ "", 1037.9 ], [ "", 1024.5 ], [ "", 1011.1 ], [ "", 998.9 ], [ "", 991.8 ], [ "", 987.9 ], [ "", 1005.2 ], [ "", 1014.8 ], [ "", 1006.8 ], [ "", 1002.5 ], [ "", 1006 ], [ "", 997.5 ], [ "", 981.7 ], [ "", 982.1 ], [ "", 988.9 ], [ "", 1006.4 ], [ "", 1010.5 ], [ "", 1006.3 ], [ "", 1002.8 ], [ "", 1007.6 ], [ "", 1010.5 ], [ "", 1016.3 ], [ "", 1013.1 ], [ "", 1029.2 ], [ "", 1028.5 ], [ "", 1042.6 ], [ "", 1054.1 ], [ "", 1059 ], [ "", 1054.7 ], [ "", 1061.6 ], [ "", 1028.7 ], [ "", 1046.5 ], [ "", 1081.1 ], [ "", 1092.8 ], [ "", 1106.4 ], [ "", 1083 ], [ "", 1094.8 ], [ "", 1094 ], [ "", 1092.2 ], [ "", 1083.3 ], [ "", 1082.2 ], [ "", 1085.2 ], [ "", 1094.6 ], [ "", 1092.8 ], [ "", 1088.8 ], [ "", 1097 ], [ "", 1076.3 ], [ "", 1105.7 ], [ "", 1106.3 ], [ "", 1113.3 ], [ "", 1103.6 ], [ "", 1101.3 ], [ "", 1110.4 ], [ "", 1116.5 ], [ "", 1130.1 ], [ "", 1132 ], [ "", 1128.1 ], [ "", 1126.4 ], [ "", 1123.3 ], [ "", 1132.7 ], [ "", 1130 ], [ "", 1133.7 ], [ "", 1139.6 ], [ "", 1137.9 ], [ "", 1140.9 ], [ "", 1132.1 ], [ "", 1154.7 ], [ "", 1160.8 ], [ "", 1134.2 ], [ "", 1109.6 ], [ "", 1119.5 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "3 à 6 mois", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 663.5 ], [ "", 669.6 ], [ "", 670.8 ], [ "", 671.3 ], [ "", 670.2 ], [ "", 668.9 ], [ "", 653.1 ], [ "", 652 ], [ "", 656.8 ], [ "", 661.9 ], [ "", 658 ], [ "", 667.5 ], [ "", 676.3 ], [ "", 667.7 ], [ "", 662.7 ], [ "", 663.6 ], [ "", 661.1 ], [ "", 656.7 ], [ "", 653.2 ], [ "", 656.3 ], [ "", 661.9 ], [ "", 652.4 ], [ "", 641.1 ], [ "", 647.8 ], [ "", 655.3 ], [ "", 652.3 ], [ "", 641.5 ], [ "", 635.7 ], [ "", 637.6 ], [ "", 630.1 ], [ "", 634.5 ], [ "", 625.4 ], [ "", 623 ], [ "", 628.3 ], [ "", 641 ], [ "", 642.2 ], [ "", 640.9 ], [ "", 641.4 ], [ "", 649 ], [ "", 645 ], [ "", 642.3 ], [ "", 643.9 ], [ "", 640.8 ], [ "", 634.6 ], [ "", 627.2 ], [ "", 615.6 ], [ "", 616.6 ], [ "", 611 ], [ "", 607.4 ], [ "", 592.6 ], [ "", 595.8 ], [ "", 596.9 ], [ "", 587.7 ], [ "", 585 ], [ "", 573.1 ], [ "", 582.6 ], [ "", 581.2 ], [ "", 579.8 ], [ "", 571.4 ], [ "", 556.4 ], [ "", 552.1 ], [ "", 547.1 ], [ "", 557.2 ], [ "", 566.9 ], [ "", 570.5 ], [ "", 577 ], [ "", 579.3 ], [ "", 591 ], [ "", 592.1 ], [ "", 598.2 ], [ "", 600.2 ], [ "", 591.3 ], [ "", 614.5 ], [ "", 617.8 ], [ "", 625.5 ], [ "", 619.5 ], [ "", 627.4 ], [ "", 641.8 ], [ "", 641.5 ], [ "", 631.7 ], [ "", 629.4 ], [ "", 630.8 ], [ "", 630.1 ], [ "", 629.6 ], [ "", 637.8 ], [ "", 644.3 ], [ "", 658.8 ], [ "", 649.9 ], [ "", 649.1 ], [ "", 647.3 ], [ "", 643.4 ], [ "", 641.8 ], [ "", 647.6 ], [ "", 665.6 ], [ "", 663.4 ], [ "", 676.4 ], [ "", 667.6 ], [ "", 669.1 ], [ "", 661.1 ], [ "", 654.2 ], [ "", 666.1 ], [ "", 667.1 ], [ "", 671.5 ], [ "", 672.8 ], [ "", 673.5 ], [ "", 669.4 ], [ "", 673.7 ], [ "", 672.3 ], [ "", 666.5 ], [ "", 661.3 ], [ "", 662.2 ], [ "", 661.1 ], [ "", 655 ], [ "", 654.1 ], [ "", 658.2 ], [ "", 662 ], [ "", 662.3 ], [ "", 644.3 ], [ "", 636 ], [ "", 630.2 ], [ "", 613.3 ], [ "", 606.7 ], [ "", 599.8 ], [ "", 615.9 ], [ "", 586.2 ], [ "", 576 ], [ "", 562.2 ], [ "", 568.8 ], [ "", 573.6 ], [ "", 571.7 ], [ "", 573.9 ], [ "", 573.8 ], [ "", 580.8 ], [ "", 582.8 ], [ "", 574.8 ], [ "", 581.2 ], [ "", 573.3 ], [ "", 573.3 ], [ "", 558.3 ], [ "", 556.7 ], [ "", 560.7 ], [ "", 571.2 ], [ "", 572.5 ], [ "", 562.9 ], [ "", 555.2 ], [ "", 545.5 ], [ "", 546.3 ], [ "", 548 ], [ "", 560 ], [ "", 561.2 ], [ "", 569.1 ], [ "", 569.5 ], [ "", 577.2 ], [ "", 580 ], [ "", 582.2 ], [ "", 601.9 ], [ "", 627.9 ], [ "", 650.1 ], [ "", 673.8 ], [ "", 684.3 ], [ "", 700.1 ], [ "", 708.2 ], [ "", 721.5 ], [ "", 701.7 ], [ "", 677.7 ], [ "", 677.9 ], [ "", 692.5 ], [ "", 696.3 ], [ "", 696.5 ], [ "", 695.3 ], [ "", 684.1 ], [ "", 672.3 ], [ "", 662.6 ], [ "", 666.1 ], [ "", 677.1 ], [ "", 684.4 ], [ "", 685.2 ], [ "", 680.8 ], [ "", 686.1 ], [ "", 679 ], [ "", 671.8 ], [ "", 666.6 ], [ "", 672.2 ], [ "", 685.6 ], [ "", 687.3 ], [ "", 696.1 ], [ "", 688.7 ], [ "", 710.1 ], [ "", 696.1 ], [ "", 698.7 ], [ "", 696.1 ], [ "", 708.4 ], [ "", 709.8 ], [ "", 716.2 ], [ "", 723.4 ], [ "", 745.7 ], [ "", 735.6 ], [ "", 728.3 ], [ "", 725.9 ], [ "", 733.4 ], [ "", 758.4 ], [ "", 765.6 ], [ "", 770.8 ], [ "", 756 ], [ "", 773.6 ], [ "", 778.8 ], [ "", 776.5 ], [ "", 770.8 ], [ "", 766 ], [ "", 764.3 ], [ "", 768.5 ], [ "", 761.2 ], [ "", 765.3 ], [ "", 766.9 ], [ "", 762.2 ], [ "", 772.6 ], [ "", 776.2 ], [ "", 775.2 ], [ "", 767.7 ], [ "", 764.4 ], [ "", 775.4 ], [ "", 784.3 ], [ "", 794.6 ], [ "", 791.4 ], [ "", 791.6 ], [ "", 791.1 ], [ "", 794.9 ], [ "", 796.4 ], [ "", 800.5 ], [ "", 810.2 ], [ "", 810.4 ], [ "", 815.4 ], [ "", 825.8 ], [ "", 820.7 ], [ "", 842.4 ], [ "", 820.4 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "6 à 12 mois", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 752.1 ], [ "", 776.7 ], [ "", 793.3 ], [ "", 814.7 ], [ "", 830.4 ], [ "", 836.7 ], [ "", 847.1 ], [ "", 853.7 ], [ "", 854.5 ], [ "", 852.4 ], [ "", 851.2 ], [ "", 854.9 ], [ "", 862.7 ], [ "", 857.6 ], [ "", 863.6 ], [ "", 870.1 ], [ "", 869.1 ], [ "", 872.4 ], [ "", 872 ], [ "", 866.7 ], [ "", 859.3 ], [ "", 861.7 ], [ "", 860.7 ], [ "", 859.7 ], [ "", 853.7 ], [ "", 846 ], [ "", 855.8 ], [ "", 851.3 ], [ "", 844.6 ], [ "", 835.3 ], [ "", 832.6 ], [ "", 834.5 ], [ "", 827.9 ], [ "", 823.1 ], [ "", 820.6 ], [ "", 817.1 ], [ "", 817.3 ], [ "", 819.9 ], [ "", 821.4 ], [ "", 823.2 ], [ "", 828.5 ], [ "", 832.4 ], [ "", 820.8 ], [ "", 817.8 ], [ "", 815.7 ], [ "", 809 ], [ "", 799.7 ], [ "", 789.6 ], [ "", 778.5 ], [ "", 774.4 ], [ "", 755.5 ], [ "", 742 ], [ "", 734.6 ], [ "", 725.6 ], [ "", 720.1 ], [ "", 720.1 ], [ "", 711.2 ], [ "", 707.2 ], [ "", 709.6 ], [ "", 698.2 ], [ "", 691.5 ], [ "", 689.2 ], [ "", 677.6 ], [ "", 677.1 ], [ "", 672.6 ], [ "", 674.2 ], [ "", 678.5 ], [ "", 684.2 ], [ "", 696.5 ], [ "", 705 ], [ "", 722.4 ], [ "", 721.5 ], [ "", 730.5 ], [ "", 734.9 ], [ "", 727.3 ], [ "", 747.8 ], [ "", 748 ], [ "", 745.4 ], [ "", 754.5 ], [ "", 757.4 ], [ "", 767.8 ], [ "", 769.6 ], [ "", 771 ], [ "", 771.7 ], [ "", 777.2 ], [ "", 776.9 ], [ "", 778.2 ], [ "", 783.9 ], [ "", 791.2 ], [ "", 801.6 ], [ "", 803 ], [ "", 804.7 ], [ "", 807 ], [ "", 806.3 ], [ "", 803.5 ], [ "", 805.2 ], [ "", 807.8 ], [ "", 799.9 ], [ "", 817.7 ], [ "", 819.1 ], [ "", 818.6 ], [ "", 822.2 ], [ "", 815.7 ], [ "", 822.9 ], [ "", 820.3 ], [ "", 823.5 ], [ "", 829 ], [ "", 832.2 ], [ "", 834.3 ], [ "", 835.9 ], [ "", 833.2 ], [ "", 826.5 ], [ "", 826 ], [ "", 817.4 ], [ "", 811.6 ], [ "", 800.9 ], [ "", 795.8 ], [ "", 799.5 ], [ "", 794.3 ], [ "", 787.1 ], [ "", 773.6 ], [ "", 776.1 ], [ "", 767 ], [ "", 736.7 ], [ "", 722 ], [ "", 709.2 ], [ "", 698.5 ], [ "", 680.3 ], [ "", 663.7 ], [ "", 656.1 ], [ "", 649.6 ], [ "", 643.5 ], [ "", 634.2 ], [ "", 633.5 ], [ "", 633.4 ], [ "", 639 ], [ "", 637.2 ], [ "", 630.9 ], [ "", 634.4 ], [ "", 631.3 ], [ "", 631 ], [ "", 617 ], [ "", 613.9 ], [ "", 617.8 ], [ "", 621.4 ], [ "", 617.4 ], [ "", 610.7 ], [ "", 612.2 ], [ "", 606.6 ], [ "", 606.2 ], [ "", 612.1 ], [ "", 615 ], [ "", 622.6 ], [ "", 634.1 ], [ "", 646.7 ], [ "", 661 ], [ "", 676.2 ], [ "", 683 ], [ "", 724.7 ], [ "", 748 ], [ "", 772.3 ], [ "", 805 ], [ "", 824.8 ], [ "", 846.8 ], [ "", 868 ], [ "", 872.1 ], [ "", 871.6 ], [ "", 865 ], [ "", 866.6 ], [ "", 862.6 ], [ "", 863.2 ], [ "", 860.4 ], [ "", 860.6 ], [ "", 855.1 ], [ "", 841.6 ], [ "", 834 ], [ "", 832.6 ], [ "", 829.3 ], [ "", 834.9 ], [ "", 841.1 ], [ "", 840.7 ], [ "", 845 ], [ "", 838.4 ], [ "", 831.2 ], [ "", 837.4 ], [ "", 841.6 ], [ "", 847.7 ], [ "", 845.9 ], [ "", 856.9 ], [ "", 863.4 ], [ "", 883.2 ], [ "", 871.1 ], [ "", 871.3 ], [ "", 880.8 ], [ "", 882.9 ], [ "", 887.8 ], [ "", 893.4 ], [ "", 902.7 ], [ "", 916.7 ], [ "", 925.2 ], [ "", 929.8 ], [ "", 935.7 ], [ "", 946.6 ], [ "", 960.8 ], [ "", 978.4 ], [ "", 981.7 ], [ "", 983.4 ], [ "", 1006 ], [ "", 1001.3 ], [ "", 990.2 ], [ "", 988.6 ], [ "", 976.9 ], [ "", 977.6 ], [ "", 975.6 ], [ "", 974.2 ], [ "", 973.4 ], [ "", 976.6 ], [ "", 969.8 ], [ "", 975.8 ], [ "", 977.2 ], [ "", 978 ], [ "", 984.1 ], [ "", 988 ], [ "", 992.5 ], [ "", 1001.5 ], [ "", 1012.8 ], [ "", 1020 ], [ "", 1027.7 ], [ "", 1026.2 ], [ "", 1026.6 ], [ "", 1039.2 ], [ "", 1041.1 ], [ "", 1061.8 ], [ "", 1064.8 ], [ "", 1068.3 ], [ "", 1076.7 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "1 à 2 ans", "color": "#F19300", "data": [ [ "", 700.9 ], [ "", 698 ], [ "", 693.6 ], [ "", 691.9 ], [ "", 694.2 ], [ "", 700.3 ], [ "", 716.7 ], [ "", 731.3 ], [ "", 742.4 ], [ "", 757.6 ], [ "", 772.8 ], [ "", 782.3 ], [ "", 801.6 ], [ "", 817.4 ], [ "", 827.9 ], [ "", 840.4 ], [ "", 848 ], [ "", 857.9 ], [ "", 868.1 ], [ "", 871.4 ], [ "", 874.7 ], [ "", 878.6 ], [ "", 878.7 ], [ "", 880.9 ], [ "", 882.3 ], [ "", 880.6 ], [ "", 877.7 ], [ "", 882.2 ], [ "", 880.5 ], [ "", 875 ], [ "", 872.3 ], [ "", 867.7 ], [ "", 870.9 ], [ "", 866.1 ], [ "", 862 ], [ "", 857.1 ], [ "", 852.7 ], [ "", 850.9 ], [ "", 848.3 ], [ "", 841.6 ], [ "", 834.7 ], [ "", 831.1 ], [ "", 817 ], [ "", 814 ], [ "", 802.7 ], [ "", 793.7 ], [ "", 787.8 ], [ "", 782.3 ], [ "", 772.4 ], [ "", 764.7 ], [ "", 754.3 ], [ "", 742.7 ], [ "", 731.3 ], [ "", 719.5 ], [ "", 706.1 ], [ "", 702.9 ], [ "", 688.5 ], [ "", 673.8 ], [ "", 665 ], [ "", 654.4 ], [ "", 645.8 ], [ "", 640.2 ], [ "", 629.7 ], [ "", 626.8 ], [ "", 628.3 ], [ "", 623.2 ], [ "", 622.3 ], [ "", 621.7 ], [ "", 619.3 ], [ "", 621.9 ], [ "", 625.5 ], [ "", 626.3 ], [ "", 631.2 ], [ "", 635 ], [ "", 642.1 ], [ "", 646.5 ], [ "", 653.3 ], [ "", 655.8 ], [ "", 663 ], [ "", 666.8 ], [ "", 667.1 ], [ "", 683.5 ], [ "", 689.9 ], [ "", 691.7 ], [ "", 702.8 ], [ "", 714 ], [ "", 720.5 ], [ "", 729 ], [ "", 731.1 ], [ "", 733.9 ], [ "", 740.3 ], [ "", 743.9 ], [ "", 749.7 ], [ "", 752 ], [ "", 756.9 ], [ "", 767 ], [ "", 757.2 ], [ "", 752.8 ], [ "", 750.3 ], [ "", 750 ], [ "", 752.9 ], [ "", 760.8 ], [ "", 767.3 ], [ "", 771.3 ], [ "", 783 ], [ "", 787.2 ], [ "", 788.1 ], [ "", 795.4 ], [ "", 797.2 ], [ "", 802.7 ], [ "", 805.1 ], [ "", 803.4 ], [ "", 803.2 ], [ "", 798.8 ], [ "", 793.1 ], [ "", 787.9 ], [ "", 779.1 ], [ "", 772.7 ], [ "", 766.4 ], [ "", 758.6 ], [ "", 749.7 ], [ "", 746 ], [ "", 740.8 ], [ "", 740.3 ], [ "", 732.6 ], [ "", 720.8 ], [ "", 709.4 ], [ "", 704.5 ], [ "", 687.5 ], [ "", 661.7 ], [ "", 650.4 ], [ "", 634.4 ], [ "", 616.5 ], [ "", 601 ], [ "", 583.6 ], [ "", 572.4 ], [ "", 561.2 ], [ "", 550.9 ], [ "", 542 ], [ "", 533.1 ], [ "", 527.3 ], [ "", 523.6 ], [ "", 523.1 ], [ "", 514.6 ], [ "", 511.6 ], [ "", 509.4 ], [ "", 507 ], [ "", 503.1 ], [ "", 502.2 ], [ "", 504.7 ], [ "", 511.1 ], [ "", 510.3 ], [ "", 511.2 ], [ "", 516.4 ], [ "", 522 ], [ "", 526.8 ], [ "", 536.6 ], [ "", 547.7 ], [ "", 559.6 ], [ "", 576.9 ], [ "", 592.5 ], [ "", 611.6 ], [ "", 627.7 ], [ "", 639.1 ], [ "", 668.9 ], [ "", 690.4 ], [ "", 711.2 ], [ "", 734.4 ], [ "", 757.1 ], [ "", 775.5 ], [ "", 795.5 ], [ "", 808 ], [ "", 814.3 ], [ "", 821.7 ], [ "", 829.2 ], [ "", 834 ], [ "", 840.8 ], [ "", 840.8 ], [ "", 841.1 ], [ "", 837.9 ], [ "", 829.5 ], [ "", 823.8 ], [ "", 819.2 ], [ "", 815.4 ], [ "", 819.1 ], [ "", 822.4 ], [ "", 820.4 ], [ "", 819.2 ], [ "", 819 ], [ "", 816.4 ], [ "", 819.4 ], [ "", 823.9 ], [ "", 828.4 ], [ "", 833.9 ], [ "", 837.6 ], [ "", 847.1 ], [ "", 857.9 ], [ "", 854.3 ], [ "", 865.1 ], [ "", 874 ], [ "", 886.1 ], [ "", 897.2 ], [ "", 912.3 ], [ "", 922.8 ], [ "", 938.9 ], [ "", 951 ], [ "", 959.4 ], [ "", 966.9 ], [ "", 967.4 ], [ "", 981.5 ], [ "", 995.9 ], [ "", 987.9 ], [ "", 992.2 ], [ "", 1005.8 ], [ "", 1002 ], [ "", 1003.1 ], [ "", 1006.1 ], [ "", 1005.3 ], [ "", 1003.8 ], [ "", 1011.8 ], [ "", 1013.4 ], [ "", 1011.7 ], [ "", 1018.3 ], [ "", 1016.2 ], [ "", 1025.9 ], [ "", 1028.8 ], [ "", 1029.8 ], [ "", 1038.4 ], [ "", 1043.1 ], [ "", 1048.9 ], [ "", 1061 ], [ "", 1068.7 ], [ "", 1081.9 ], [ "", 1085.4 ], [ "", 1088.9 ], [ "", 1092.5 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "2 à 3 ans", "color": "#28beaa", "data": [ [ "", 331 ], [ "", 327.6 ], [ "", 324 ], [ "", 320.7 ], [ "", 319.6 ], [ "", 318 ], [ "", 315.2 ], [ "", 314.3 ], [ "", 309.9 ], [ "", 305.7 ], [ "", 305.1 ], [ "", 304.6 ], [ "", 304.1 ], [ "", 303.5 ], [ "", 305.5 ], [ "", 307 ], [ "", 308.5 ], [ "", 312.5 ], [ "", 321 ], [ "", 327.6 ], [ "", 334.5 ], [ "", 342.7 ], [ "", 351.2 ], [ "", 356.2 ], [ "", 366.3 ], [ "", 374.9 ], [ "", 381.7 ], [ "", 387.7 ], [ "", 392.3 ], [ "", 395.3 ], [ "", 397.2 ], [ "", 398.6 ], [ "", 399 ], [ "", 399.3 ], [ "", 399.1 ], [ "", 398.2 ], [ "", 399.3 ], [ "", 398.5 ], [ "", 398.1 ], [ "", 399.5 ], [ "", 398.1 ], [ "", 397.9 ], [ "", 388.1 ], [ "", 384.3 ], [ "", 381 ], [ "", 375.5 ], [ "", 371.3 ], [ "", 366.3 ], [ "", 360.6 ], [ "", 355.9 ], [ "", 349.2 ], [ "", 341.3 ], [ "", 333 ], [ "", 327.1 ], [ "", 320.3 ], [ "", 318.5 ], [ "", 309.6 ], [ "", 300.8 ], [ "", 296.4 ], [ "", 292.6 ], [ "", 286.5 ], [ "", 282.4 ], [ "", 277.8 ], [ "", 273.8 ], [ "", 270.4 ], [ "", 268.3 ], [ "", 264.6 ], [ "", 264.2 ], [ "", 261.3 ], [ "", 257.4 ], [ "", 258.6 ], [ "", 256.4 ], [ "", 255.9 ], [ "", 254.9 ], [ "", 252.8 ], [ "", 252.1 ], [ "", 252.7 ], [ "", 251.4 ], [ "", 252 ], [ "", 251.9 ], [ "", 251.4 ], [ "", 252.4 ], [ "", 254.1 ], [ "", 254 ], [ "", 255.1 ], [ "", 258.8 ], [ "", 263.3 ], [ "", 266.6 ], [ "", 268.9 ], [ "", 271 ], [ "", 274.4 ], [ "", 277.4 ], [ "", 278.7 ], [ "", 284.8 ], [ "", 289.3 ], [ "", 290.4 ], [ "", 288.4 ], [ "", 288.9 ], [ "", 288.4 ], [ "", 291.6 ], [ "", 294.8 ], [ "", 299.1 ], [ "", 304.4 ], [ "", 308.3 ], [ "", 313.1 ], [ "", 318.6 ], [ "", 325.2 ], [ "", 330.9 ], [ "", 334.9 ], [ "", 336.7 ], [ "", 336.9 ], [ "", 335.5 ], [ "", 335.2 ], [ "", 334.8 ], [ "", 334.8 ], [ "", 328.8 ], [ "", 327.1 ], [ "", 324 ], [ "", 318.6 ], [ "", 316.1 ], [ "", 312.6 ], [ "", 313.2 ], [ "", 313.8 ], [ "", 314.5 ], [ "", 311.9 ], [ "", 308.4 ], [ "", 305 ], [ "", 304.7 ], [ "", 298.4 ], [ "", 293.1 ], [ "", 289.3 ], [ "", 282.5 ], [ "", 274.9 ], [ "", 269.3 ], [ "", 262 ], [ "", 259.6 ], [ "", 256.4 ], [ "", 250.7 ], [ "", 244 ], [ "", 240.6 ], [ "", 233.6 ], [ "", 224.8 ], [ "", 222.6 ], [ "", 218.6 ], [ "", 214.6 ], [ "", 210.8 ], [ "", 205.8 ], [ "", 201.3 ], [ "", 198.7 ], [ "", 196.3 ], [ "", 194.6 ], [ "", 193 ], [ "", 192.4 ], [ "", 193.2 ], [ "", 194.4 ], [ "", 193.8 ], [ "", 195.9 ], [ "", 198.1 ], [ "", 201.8 ], [ "", 204.5 ], [ "", 208.5 ], [ "", 214.3 ], [ "", 220 ], [ "", 224.8 ], [ "", 228.8 ], [ "", 233.3 ], [ "", 237.9 ], [ "", 243.3 ], [ "", 250.6 ], [ "", 255.6 ], [ "", 260.9 ], [ "", 269 ], [ "", 274.7 ], [ "", 281.7 ], [ "", 287.4 ], [ "", 292.3 ], [ "", 305.6 ], [ "", 315 ], [ "", 324.1 ], [ "", 335.9 ], [ "", 341.8 ], [ "", 348 ], [ "", 355.6 ], [ "", 359.3 ], [ "", 361.8 ], [ "", 364.8 ], [ "", 367.2 ], [ "", 367.1 ], [ "", 369.1 ], [ "", 367.6 ], [ "", 368.3 ], [ "", 367.3 ], [ "", 365.7 ], [ "", 365.3 ], [ "", 364.8 ], [ "", 366.4 ], [ "", 369.5 ], [ "", 371.2 ], [ "", 373.3 ], [ "", 377.6 ], [ "", 381 ], [ "", 383.3 ], [ "", 388.7 ], [ "", 393.2 ], [ "", 399.2 ], [ "", 404.3 ], [ "", 410 ], [ "", 417 ], [ "", 423.5 ], [ "", 424.4 ], [ "", 431.1 ], [ "", 431.4 ], [ "", 440.6 ], [ "", 446.5 ], [ "", 452.5 ], [ "", 460.1 ], [ "", 467 ], [ "", 471.6 ], [ "", 474.9 ], [ "", 479.4 ], [ "", 483 ], [ "", 489.9 ], [ "", 494.8 ], [ "", 495.3 ], [ "", 499 ], [ "", 506.3 ], [ "", 507.4 ], [ "", 508.8 ], [ "", 510 ], [ "", 512.3 ], [ "", 514.8 ], [ "", 522.1 ], [ "", 529 ], [ "", 526.8 ], [ "", 527.3 ], [ "", 526.7 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "3 ans et plus", "color": "#285a82", "data": [ [ "", 326.1 ], [ "", 329.6 ], [ "", 332.4 ], [ "", 335.9 ], [ "", 337.9 ], [ "", 340 ], [ "", 343.2 ], [ "", 344.8 ], [ "", 345 ], [ "", 346.7 ], [ "", 348.1 ], [ "", 349.4 ], [ "", 351.4 ], [ "", 352.4 ], [ "", 354.8 ], [ "", 357.4 ], [ "", 358.9 ], [ "", 359.5 ], [ "", 361.7 ], [ "", 362.2 ], [ "", 362.2 ], [ "", 363.2 ], [ "", 364.5 ], [ "", 366.5 ], [ "", 368.6 ], [ "", 371 ], [ "", 374 ], [ "", 376.7 ], [ "", 379.1 ], [ "", 379.6 ], [ "", 385.9 ], [ "", 391 ], [ "", 395.6 ], [ "", 400.3 ], [ "", 405 ], [ "", 408.1 ], [ "", 414.1 ], [ "", 418.6 ], [ "", 421.9 ], [ "", 424.8 ], [ "", 427.9 ], [ "", 430.1 ], [ "", 427.3 ], [ "", 427.9 ], [ "", 427.5 ], [ "", 428.2 ], [ "", 426.1 ], [ "", 423.5 ], [ "", 421.5 ], [ "", 420 ], [ "", 415.9 ], [ "", 413.1 ], [ "", 408.7 ], [ "", 403.9 ], [ "", 399.4 ], [ "", 396.9 ], [ "", 392.6 ], [ "", 387.3 ], [ "", 380.9 ], [ "", 375.1 ], [ "", 368.2 ], [ "", 362.6 ], [ "", 355.4 ], [ "", 349.8 ], [ "", 343.5 ], [ "", 338.5 ], [ "", 334.2 ], [ "", 330.3 ], [ "", 326.6 ], [ "", 323 ], [ "", 320.3 ], [ "", 316.5 ], [ "", 312.8 ], [ "", 309.3 ], [ "", 306.1 ], [ "", 302.6 ], [ "", 299.8 ], [ "", 296.5 ], [ "", 294.1 ], [ "", 291.5 ], [ "", 288.8 ], [ "", 286.8 ], [ "", 285 ], [ "", 281.9 ], [ "", 279.3 ], [ "", 278.6 ], [ "", 277.2 ], [ "", 276.3 ], [ "", 274.4 ], [ "", 272.6 ], [ "", 271.5 ], [ "", 270.7 ], [ "", 270.5 ], [ "", 270.5 ], [ "", 270.9 ], [ "", 271.6 ], [ "", 271.6 ], [ "", 273.2 ], [ "", 274.4 ], [ "", 275.3 ], [ "", 277.5 ], [ "", 279.6 ], [ "", 281.3 ], [ "", 283.1 ], [ "", 283.9 ], [ "", 289 ], [ "", 291 ], [ "", 293 ], [ "", 297.9 ], [ "", 301.3 ], [ "", 303.7 ], [ "", 307 ], [ "", 310.3 ], [ "", 312.5 ], [ "", 316.6 ], [ "", 316.8 ], [ "", 319 ], [ "", 322.7 ], [ "", 322 ], [ "", 322.9 ], [ "", 323.5 ], [ "", 324 ], [ "", 325.4 ], [ "", 327.6 ], [ "", 327 ], [ "", 327.2 ], [ "", 329 ], [ "", 326.7 ], [ "", 326.4 ], [ "", 325.8 ], [ "", 323.1 ], [ "", 319.6 ], [ "", 315.3 ], [ "", 311.9 ], [ "", 306.2 ], [ "", 305 ], [ "", 301.5 ], [ "", 298.6 ], [ "", 297.7 ], [ "", 294.6 ], [ "", 292.7 ], [ "", 289.9 ], [ "", 288.7 ], [ "", 284.8 ], [ "", 282.9 ], [ "", 281.2 ], [ "", 278.6 ], [ "", 278 ], [ "", 276.7 ], [ "", 275.8 ], [ "", 275.2 ], [ "", 273.5 ], [ "", 273.3 ], [ "", 271.8 ], [ "", 273 ], [ "", 272.3 ], [ "", 272.6 ], [ "", 273.4 ], [ "", 274.7 ], [ "", 275.6 ], [ "", 277.5 ], [ "", 280.6 ], [ "", 282 ], [ "", 284 ], [ "", 286.3 ], [ "", 287.8 ], [ "", 291.5 ], [ "", 293.7 ], [ "", 297.7 ], [ "", 301.3 ], [ "", 305.4 ], [ "", 309.3 ], [ "", 312.9 ], [ "", 318.2 ], [ "", 322.2 ], [ "", 326.2 ], [ "", 331 ], [ "", 335.5 ], [ "", 340.5 ], [ "", 345.9 ], [ "", 350.8 ], [ "", 355.9 ], [ "", 360.8 ], [ "", 366.7 ], [ "", 372.7 ], [ "", 378.5 ], [ "", 384.8 ], [ "", 390.3 ], [ "", 399.8 ], [ "", 406.8 ], [ "", 414.4 ], [ "", 423.8 ], [ "", 430.8 ], [ "", 438.1 ], [ "", 443.7 ], [ "", 451.3 ], [ "", 455.4 ], [ "", 459.7 ], [ "", 468.3 ], [ "", 474.5 ], [ "", 482.2 ], [ "", 488.9 ], [ "", 496.8 ], [ "", 502.7 ], [ "", 510 ], [ "", 516.9 ], [ "", 524.6 ], [ "", 532.8 ], [ "", 540 ], [ "", 547 ], [ "", 555.7 ], [ "", 559.3 ], [ "", 568 ], [ "", 575.2 ], [ "", 582.7 ], [ "", 592.5 ], [ "", 601.7 ], [ "", 609.5 ], [ "", 617.6 ], [ "", 626.7 ], [ "", 636.3 ], [ "", 643.4 ], [ "", 654.1 ], [ "", 662 ], [ "", 674.4 ], [ "", 683.8 ], [ "", 694.2 ], [ "", 705.1 ], [ "", 714.4 ], [ "", 723.6 ], [ "", 733 ], [ "", 742.6 ], [ "", 754.9 ], [ "", 765.5 ], [ "", 776 ], [ "", 785.1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: "", valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " milliers", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Le fait d’avoir retrouvé du travail ne représente plus, depuis longtemps, la voie de sortie principale du chômage. A peine 40,3 % des sortants avaient retrouvé un emploi en mars 2015, quand 13,2 % suivaient une formation, et 20 % n’avaient pas actualisé leur situation auprès de Pôle emploi. #container_14452561510{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452561510{ height:500px; } #container_14452561510 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452561510 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452561510 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452561510 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Motifs de sortie de Pôle emploi depuis 2002Sur les quatre motif principaux, en % des sorties(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452561510", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "spline", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: 1, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["juin-02","sept.-02","déc.-02","mars-03","juin-03","sept.-03","déc.-03","mars-04","juin-04","sept.-04","déc.-04","mars-05","juin-05","sept.-05","déc.-05","mars-06","juin-06","sept.-06","déc.-06","mars-07","juin-07","sept.-07","déc.-07","mars-08","juin-08","sept.-08","déc.-08","mars-09","juin-09","sept.-09","déc.-09","mars-10","juin-10","sept.-10","déc.-10","mars-11","juin-11","sept.-11","déc.-11","mars-12","juin-12","sept.-12","déc.-12","mars-13","juin-13","sept.-13","déc.-13","mars-14","juin-14","sept.-14","déc.-14","mars-15"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Reprise d'emploi", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 50.1 ], [ "", 49.5 ], [ "", 47 ], [ "", 48.7 ], [ "", 48 ], [ "", 48.7 ], [ "", 47.6 ], [ "", 46.2 ], [ "", 47.2 ], [ "", 45.6 ], [ "", 46.8 ], [ "", 48.4 ], [ "", 46.5 ], [ "", 47.5 ], [ "", 49.8 ], [ "", 45.5 ], [ "", 47.6 ], [ "", 49.5 ], [ "", 49.6 ], [ "", 51.3 ], [ "", 50.7 ], [ "", 50.6 ], [ "", 50.8 ], [ "", 52 ], [ "", 48.6 ], [ "", 47.6 ], [ "", 45.4 ], [ "", 43.3 ], [ "", 45.2 ], [ "", 44.4 ], [ "", 44.8 ], [ "", 45.5 ], [ "", 44.3 ], [ "", 44.9 ], [ "", 43.4 ], [ "", 46.3 ], [ "", 47.1 ], [ "", 46.8 ], [ "", 46.4 ], [ "", 47 ], [ "", 44.7 ], [ "", 45.7 ], [ "", 46.2 ], [ "", 45.4 ], [ "", 45.9 ], [ "", 43.2 ], [ "", 44.2 ], [ "", 42.5 ], [ "", 41 ], [ "", 41.4 ], [ "", 41.2 ], [ "", 40.3 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Formation", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 10.6 ], [ "", 11.4 ], [ "", 12.1 ], [ "", 12.8 ], [ "", 12.7 ], [ "", 12.1 ], [ "", 13.8 ], [ "", 12.6 ], [ "", 13.8 ], [ "", 12.5 ], [ "", 11.7 ], [ "", 11.6 ], [ "", 10 ], [ "", 11 ], [ "", 10.3 ], [ "", 10.7 ], [ "", 10.1 ], [ "", 10.3 ], [ "", 9.4 ], [ "", 9.6 ], [ "", 9.9 ], [ "", 10.3 ], [ "", 9.4 ], [ "", 10.6 ], [ "", 11.3 ], [ "", 10.5 ], [ "", 11 ], [ "", 10.1 ], [ "", 9.9 ], [ "", 9.6 ], [ "", 10.2 ], [ "", 10.2 ], [ "", 11.1 ], [ "", 10.2 ], [ "", 10.9 ], [ "", 10.1 ], [ "", 10.2 ], [ "", 10.6 ], [ "", 11.6 ], [ "", 11.6 ], [ "", 11.8 ], [ "", 11.5 ], [ "", 10.1 ], [ "", 10.9 ], [ "", 10.2 ], [ "", 12 ], [ "", 11.7 ], [ "", 11.8 ], [ "", 12.8 ], [ "", 12.5 ], [ "", 12.8 ], [ "", 13.2 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Non-renouvellement accidentel de la demande", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 4.6 ], [ "", 5.2 ], [ "", 4.3 ], [ "", 5.4 ], [ "", 5.4 ], [ "", 5 ], [ "", 4.9 ], [ "", 5.2 ], [ "", 5.6 ], [ "", 5.8 ], [ "", 6 ], [ "", 4.8 ], [ "", 6 ], [ "", 5.8 ], [ "", 6.3 ], [ "", 6.9 ], [ "", 6.8 ], [ "", 6 ], [ "", 5.5 ], [ "", 5.2 ], [ "", 5.3 ], [ "", 5.7 ], [ "", 5.6 ], [ "", 5.8 ], [ "", 6.1 ], [ "", 6.9 ], [ "", 6.3 ], [ "", 7.6 ], [ "", 8 ], [ "", 9 ], [ "", 8.1 ], [ "", 8.1 ], [ "", 7.4 ], [ "", 7.9 ], [ "", 7.9 ], [ "", 7.8 ], [ "", 7 ], [ "", 7.6 ], [ "", 7.4 ], [ "", 7.1 ], [ "", 8.2 ], [ "", 7.6 ], [ "", 8.1 ], [ "", 8.2 ], [ "", 8.6 ], [ "", 8.2 ], [ "", 8.6 ], [ "", 8.4 ], [ "", 8.4 ], [ "", 8.6 ], [ "", 8.4 ], [ "", 8.6 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Défaut d'actualisation suivi d'une réinscription", "color": "#F19300", "data": [ [ "", 14.3 ], [ "", 14.6 ], [ "", 15.1 ], [ "", 13.7 ], [ "", 14.5 ], [ "", 13.9 ], [ "", 13.3 ], [ "", 14.7 ], [ "", 13.5 ], [ "", 14.7 ], [ "", 14.1 ], [ "", 13.7 ], [ "", 15.3 ], [ "", 14.3 ], [ "", 13.9 ], [ "", 14.7 ], [ "", 12.8 ], [ "", 13.4 ], [ "", 14.1 ], [ "", 13.4 ], [ "", 14.2 ], [ "", 13.2 ], [ "", 14.9 ], [ "", 11.7 ], [ "", 14.6 ], [ "", 15.9 ], [ "", 17.2 ], [ "", 19.1 ], [ "", 17.8 ], [ "", 17.9 ], [ "", 18.1 ], [ "", 18 ], [ "", 17.7 ], [ "", 18.1 ], [ "", 17.8 ], [ "", 17.1 ], [ "", 16.5 ], [ "", 16.5 ], [ "", 16.6 ], [ "", 16.2 ], [ "", 17.6 ], [ "", 18.1 ], [ "", 18.1 ], [ "", 17.4 ], [ "", 18 ], [ "", 18.2 ], [ "", 18.2 ], [ "", 19.1 ], [ "", 18 ], [ "", 18 ], [ "", 18.3 ], [ "", 17.9 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Radiation administrative", "color": "#28beaa", "data": [ [ "", 1.8 ], [ "", 1.5 ], [ "", 0.9 ], [ "", 0.9 ], [ "", 0.9 ], [ "", 1.3 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.4 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.9 ], [ "", 2.1 ], [ "", 1.9 ], [ "", 1.9 ], [ "", 1.6 ], [ "", 2 ], [ "", 2.1 ], [ "", 1.6 ], [ "", 2.5 ], [ "", 2.2 ], [ "", 2.2 ], [ "", 2.4 ], [ "", 2.2 ], [ "", 2.3 ], [ "", 2.4 ], [ "", 2.1 ], [ "", 2 ], [ "", 2.1 ], [ "", 1.7 ], [ "", 1.7 ], [ "", 1.7 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.8 ], [ "", 1.9 ], [ "", 2.2 ], [ "", 1.8 ], [ "", 1.5 ], [ "", 1.9 ], [ "", 1.7 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.8 ], [ "", 1.5 ], [ "", 1.3 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.7 ], [ "", 1.7 ], [ "", 1.9 ], [ "", 1.8 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.9 ], [ "", 2.2 ], [ "", 1.8 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 2, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}La formation des chômeurs prend d’ailleurs de l’ampleur année après année. #container_14452554551{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452554551{ height:500px; } #container_14452554551 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452554551 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452554551 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452554551 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Entrées en formation de demandeurs d'emploi depuis 1996(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452554551", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "areaspline", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: 1, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["janv.-06","févr.-06","mars-06","avr.-06","mai-06","juin-06","juil.-06","août-06","sept.-06","oct.-06","nov.-06","déc.-06","janv.-07","févr.-07","mars-07","avr.-07","mai-07","juin-07","juil.-07","août-07","sept.-07","oct.-07","nov.-07","déc.-07","janv.-08","févr.-08","mars-08","avr.-08","mai-08","juin-08","juil.-08","août-08","sept.-08","oct.-08","nov.-08","déc.-08","janv.-09","févr.-09","mars-09","avr.-09","mai-09","juin-09","juil.-09","août-09","sept.-09","oct.-09","nov.-09","déc.-09","janv.-10","févr.-10","mars-10","avr.-10","mai-10","juin-10","juil.-10","août-10","sept.-10","oct.-10","nov.-10","déc.-10","janv.-11","févr.-11","mars-11","avr.-11","mai-11","juin-11","juil.-11","août-11","sept.-11","oct.-11","nov.-11","déc.-11","janv.-12","févr.-12","mars-12","avr.-12","mai-12","juin-12","juil.-12","août-12","sept.-12","oct.-12","nov.-12","déc.-12","janv.-13","févr.-13","mars-13","avr.-13","mai-13","juin-13","juil.-13","août-13","sept.-13","oct.-13","nov.-13","déc.-13","janv.-14","févr.-14","mars-14","avr.-14","mai-14","juin-14","juil.-14","août-14","sept.-14","oct.-14","nov.-14","déc.-14","janv.-15","févr.-15","mars-15","avr.-15","mai-15"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Total des entrées en formation", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 47 ], [ "", 30.3 ], [ "", 31.9 ], [ "", 25.3 ], [ "", 24.9 ], [ "", 17.5 ], [ "", 12.4 ], [ "", 22.7 ], [ "", 78.5 ], [ "", 54.6 ], [ "", 36.2 ], [ "", 18.3 ], [ "", 44.6 ], [ "", 30.5 ], [ "", 30.7 ], [ "", 26.9 ], [ "", 22 ], [ "", 18.7 ], [ "", 12.7 ], [ "", 20 ], [ "", 78.4 ], [ "", 53 ], [ "", 33.6 ], [ "", 17 ], [ "", 41.9 ], [ "", 29.5 ], [ "", 34.1 ], [ "", 26.3 ], [ "", 20.4 ], [ "", 20.4 ], [ "", 10.1 ], [ "", 18.7 ], [ "", 86.4 ], [ "", 44.8 ], [ "", 31.1 ], [ "", 20.6 ], [ "", 34.8 ], [ "", 27.2 ], [ "", 33.6 ], [ "", 23.8 ], [ "", 19.4 ], [ "", 19.5 ], [ "", 9.9 ], [ "", 29.2 ], [ "", 76.8 ], [ "", 45.1 ], [ "", 37 ], [ "", 16.9 ], [ "", 36.8 ], [ "", 28.1 ], [ "", 38 ], [ "", 26.8 ], [ "", 26.1 ], [ "", 21 ], [ "", 12.3 ], [ "", 29.1 ], [ "", 85.6 ], [ "", 48 ], [ "", 39.4 ], [ "", 21.4 ], [ "", 43.7 ], [ "", 30.3 ], [ "", 31.9 ], [ "", 25.5 ], [ "", 28.5 ], [ "", 19.1 ], [ "", 10 ], [ "", 25.5 ], [ "", 89.7 ], [ "", 46.8 ], [ "", 39.2 ], [ "", 29.2 ], [ "", 45.9 ], [ "", 32.4 ], [ "", 38.9 ], [ "", 34.3 ], [ "", 30.6 ], [ "", 27.4 ], [ "", 15.1 ], [ "", 21 ], [ "", 102.9 ], [ "", 58.3 ], [ "", 40.7 ], [ "", 25.9 ], [ "", 45.2 ], [ "", 34 ], [ "", 38 ], [ "", 38.1 ], [ "", 28 ], [ "", 25.1 ], [ "", 15.1 ], [ "", 20.5 ], [ "", 119.1 ], [ "", 54 ], [ "", 44.4 ], [ "", 32.5 ], [ "", 52.2 ], [ "", 37.9 ], [ "", 45.5 ], [ "", 39 ], [ "", 32.6 ], [ "", 34.1 ], [ "", 13.8 ], [ "", 19.6 ], [ "", 126.5 ], [ "", 58 ], [ "", 47.6 ], [ "", 36.5 ], [ "", 52.5 ], [ "", 41.2 ], [ "", 54.5 ], [ "", 41.7 ], [ "", 30.5 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " milliers", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}3. L’emploi se précariseSi, depuis 2012, on constate un léger mieux dans les offres collectées par Pôle emploi, avec des postes durables en hausse et des emplois temporaires et occasionnels en baisse, la tendance lourde est celle d’un travail moins stable. #container_14452549468{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452549468{ height:500px; } #container_14452549468 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452549468 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452549468 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452549468 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Offres collectées par Pôle emploi depuis 1996En France métropolitaine Source : DARES(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452549468", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["janv.-96","févr.-96","mars-96","avr.-96","mai-96","juin-96","juil.-96","août-96","sept.-96","oct.-96","nov.-96","déc.-96","janv.-97","févr.-97","mars-97","avr.-97","mai-97","juin-97","juil.-97","août-97","sept.-97","oct.-97","nov.-97","déc.-97","janv.-98","févr.-98","mars-98","avr.-98","mai-98","juin-98","juil.-98","août-98","sept.-98","oct.-98","nov.-98","déc.-98","janv.-99","févr.-99","mars-99","avr.-99","mai-99","juin-99","juil.-99","août-99","sept.-99","oct.-99","nov.-99","déc.-99","janv.-00","févr.-00","mars-00","avr.-00","mai-00","juin-00","juil.-00","août-00","sept.-00","oct.-00","nov.-00","déc.-00","janv.-01","févr.-01","mars-01","avr.-01","mai-01","juin-01","juil.-01","août-01","sept.-01","oct.-01","nov.-01","déc.-01","janv.-02","févr.-02","mars-02","avr.-02","mai-02","juin-02","juil.-02","août-02","sept.-02","oct.-02","nov.-02","déc.-02","janv.-03","févr.-03","mars-03","avr.-03","mai-03","juin-03","juil.-03","août-03","sept.-03","oct.-03","nov.-03","déc.-03","janv.-04","févr.-04","mars-04","avr.-04","mai-04","juin-04","juil.-04","août-04","sept.-04","oct.-04","nov.-04","déc.-04","janv.-05","févr.-05","mars-05","avr.-05","mai-05","juin-05","juil.-05","août-05","sept.-05","oct.-05","nov.-05","déc.-05","janv.-06","févr.-06","mars-06","avr.-06","mai-06","juin-06","juil.-06","août-06","sept.-06","oct.-06","nov.-06","déc.-06","janv.-07","févr.-07","mars-07","avr.-07","mai-07","juin-07","juil.-07","août-07","sept.-07","oct.-07","nov.-07","déc.-07","janv.-08","févr.-08","mars-08","avr.-08","mai-08","juin-08","juil.-08","août-08","sept.-08","oct.-08","nov.-08","déc.-08","janv.-09","févr.-09","mars-09","avr.-09","mai-09","juin-09","juil.-09","août-09","sept.-09","oct.-09","nov.-09","déc.-09","janv.-10","févr.-10","mars-10","avr.-10","mai-10","juin-10","juil.-10","août-10","sept.-10","oct.-10","nov.-10","déc.-10","janv.-11","févr.-11","mars-11","avr.-11","mai-11","juin-11","juil.-11","août-11","sept.-11","oct.-11","nov.-11","déc.-11","janv.-12","févr.-12","mars-12","avr.-12","mai-12","juin-12","juil.-12","août-12","sept.-12","oct.-12","nov.-12","déc.-12","janv.-13","févr.-13","mars-13","avr.-13","mai-13","juin-13","juil.-13","août-13","sept.-13","oct.-13","nov.-13","déc.-13","janv.-14","févr.-14","mars-14","avr.-14","mai-14","juin-14","juil.-14","août-14","sept.-14","oct.-14","nov.-14","déc.-14","janv.-15","févr.-15","mars-15","avr.-15","mai-15","juin-15","juil.-15","août-15"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Emplois durables", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 101.2 ], [ "", 103.1 ], [ "", 102.8 ], [ "", 103 ], [ "", 100.9 ], [ "", 104.6 ], [ "", 102 ], [ "", 104 ], [ "", 99.8 ], [ "", 97.1 ], [ "", 97.1 ], [ "", 98.2 ], [ "", 93.2 ], [ "", 96 ], [ "", 98.9 ], [ "", 106.2 ], [ "", 100.2 ], [ "", 100.4 ], [ "", 99.7 ], [ "", 99.1 ], [ "", 105.5 ], [ "", 107.5 ], [ "", 110.4 ], [ "", 108.9 ], [ "", 109 ], [ "", 110.1 ], [ "", 109.4 ], [ "", 116.1 ], [ "", 109.6 ], [ "", 106.8 ], [ "", 108.2 ], [ "", 103.1 ], [ "", 101.9 ], [ "", 102.3 ], [ "", 105 ], [ "", 104.1 ], [ "", 111.1 ], [ "", 105.9 ], [ "", 105.6 ], [ "", 107 ], [ "", 106.8 ], [ "", 109 ], [ "", 109.9 ], [ "", 109.2 ], [ "", 113.8 ], [ "", 113.8 ], [ "", 112.9 ], [ "", 113.2 ], [ "", 122.2 ], [ "", 119.5 ], [ "", 119.8 ], [ "", 120.9 ], [ "", 124.2 ], [ "", 122.9 ], [ "", 120.1 ], [ "", 123.7 ], [ "", 123 ], [ "", 126.2 ], [ "", 119.1 ], [ "", 120.5 ], [ "", 121.3 ], [ "", 117.7 ], [ "", 115.1 ], [ "", 113.4 ], [ "", 113.2 ], [ "", 111.2 ], [ "", 111.8 ], [ "", 116.6 ], [ "", 111.4 ], [ "", 111.9 ], [ "", 110.8 ], [ "", 110.7 ], [ "", 104.7 ], [ "", 105.7 ], [ "", 110.1 ], [ "", 107.6 ], [ "", 108.9 ], [ "", 108 ], [ "", 110.2 ], [ "", 110.5 ], [ "", 105.9 ], [ "", 104.4 ], [ "", 102.7 ], [ "", 102.2 ], [ "", 101.7 ], [ "", 103.9 ], [ "", 104.7 ], [ "", 104 ], [ "", 98.6 ], [ "", 102.9 ], [ "", 103.5 ], [ "", 102.4 ], [ "", 103.2 ], [ "", 100.4 ], [ "", 100.4 ], [ "", 103.3 ], [ "", 103.5 ], [ "", 105.2 ], [ "", 101.9 ], [ "", 103.4 ], [ "", 102.6 ], [ "", 104.1 ], [ "", 101.3 ], [ "", 101 ], [ "", 100.3 ], [ "", 100.4 ], [ "", 103.6 ], [ "", 101.8 ], [ "", 109.9 ], [ "", 105.9 ], [ "", 108.1 ], [ "", 114.2 ], [ "", 111.6 ], [ "", 114 ], [ "", 115.8 ], [ "", 119.9 ], [ "", 123.7 ], [ "", 127 ], [ "", 129.6 ], [ "", 130.8 ], [ "", 128.9 ], [ "", 124.7 ], [ "", 125.7 ], [ "", 125 ], [ "", 124 ], [ "", 135.9 ], [ "", 126.2 ], [ "", 121.8 ], [ "", 124.3 ], [ "", 125.8 ], [ "", 128.8 ], [ "", 134.8 ], [ "", 130 ], [ "", 133.1 ], [ "", 128.4 ], [ "", 126.5 ], [ "", 133.9 ], [ "", 132.1 ], [ "", 133.4 ], [ "", 137.8 ], [ "", 137.3 ], [ "", 140 ], [ "", 135.3 ], [ "", 139.9 ], [ "", 132.6 ], [ "", 135.5 ], [ "", 141.6 ], [ "", 140.8 ], [ "", 137 ], [ "", 133.3 ], [ "", 131.5 ], [ "", 128 ], [ "", 126.8 ], [ "", 121.7 ], [ "", 112.4 ], [ "", 113.2 ], [ "", 97.3 ], [ "", 99.2 ], [ "", 96.1 ], [ "", 96 ], [ "", 96.6 ], [ "", 102.5 ], [ "", 103.1 ], [ "", 101.9 ], [ "", 106.7 ], [ "", 109.5 ], [ "", 113.5 ], [ "", 113.8 ], [ "", 112.6 ], [ "", 113.2 ], [ "", 116.6 ], [ "", 118.2 ], [ "", 117.4 ], [ "", 113.5 ], [ "", 114.1 ], [ "", 109.4 ], [ "", 108.6 ], [ "", 109.5 ], [ "", 106.9 ], [ "", 109.7 ], [ "", 115.2 ], [ "", 117.3 ], [ "", 115.6 ], [ "", 116.3 ], [ "", 121.1 ], [ "", 118.8 ], [ "", 119.8 ], [ "", 122.4 ], [ "", 118.7 ], [ "", 117.6 ], [ "", 119.2 ], [ "", 110.2 ], [ "", 115.7 ], [ "", 108.8 ], [ "", 109.6 ], [ "", 105.5 ], [ "", 106.6 ], [ "", 106.9 ], [ "", 101.4 ], [ "", 103.2 ], [ "", 101.7 ], [ "", 105.2 ], [ "", 97.1 ], [ "", 99.3 ], [ "", 95.1 ], [ "", 98.4 ], [ "", 99.6 ], [ "", 100.4 ], [ "", 98.2 ], [ "", 100.6 ], [ "", 105.4 ], [ "", 104.6 ], [ "", 107.7 ], [ "", 107 ], [ "", 108.1 ], [ "", 106.4 ], [ "", 102.9 ], [ "", 107.9 ], [ "", 105.7 ], [ "", 109.5 ], [ "", 103.6 ], [ "", 104.4 ], [ "", 104.1 ], [ "", 106 ], [ "", 102.4 ], [ "", 102.8 ], [ "", 105.7 ], [ "", 106.1 ], [ "", 113.8 ], [ "", 108.7 ], [ "", 108.8 ], [ "", 111.6 ], [ "", 114.2 ], [ "", 112.3 ], [ "", 121.6 ], [ "", 119.4 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Emplois temporaires", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 50.8 ], [ "", 50 ], [ "", 49.9 ], [ "", 52.4 ], [ "", 55.9 ], [ "", 60.2 ], [ "", 60.1 ], [ "", 64.2 ], [ "", 65.7 ], [ "", 64.8 ], [ "", 63.5 ], [ "", 73.6 ], [ "", 67.8 ], [ "", 64.9 ], [ "", 72.7 ], [ "", 71.9 ], [ "", 71.8 ], [ "", 72.7 ], [ "", 77.2 ], [ "", 76.6 ], [ "", 79 ], [ "", 81.4 ], [ "", 82.2 ], [ "", 83.7 ], [ "", 79 ], [ "", 81.4 ], [ "", 79.3 ], [ "", 84.5 ], [ "", 85.3 ], [ "", 85.4 ], [ "", 86.8 ], [ "", 88.8 ], [ "", 87.8 ], [ "", 84.6 ], [ "", 90.6 ], [ "", 87.5 ], [ "", 91.7 ], [ "", 90.1 ], [ "", 90.8 ], [ "", 92.5 ], [ "", 94.5 ], [ "", 97.7 ], [ "", 98 ], [ "", 99 ], [ "", 99.7 ], [ "", 99.9 ], [ "", 102.3 ], [ "", 103.3 ], [ "", 106.2 ], [ "", 105.7 ], [ "", 105.9 ], [ "", 104.2 ], [ "", 109.9 ], [ "", 101.6 ], [ "", 100.1 ], [ "", 100.5 ], [ "", 99.1 ], [ "", 102.3 ], [ "", 96.9 ], [ "", 99.8 ], [ "", 97.2 ], [ "", 96.2 ], [ "", 94.6 ], [ "", 93.6 ], [ "", 94.5 ], [ "", 94.8 ], [ "", 95.1 ], [ "", 96.7 ], [ "", 99.1 ], [ "", 106.2 ], [ "", 108.6 ], [ "", 103.5 ], [ "", 98.5 ], [ "", 102.3 ], [ "", 101.5 ], [ "", 103.8 ], [ "", 102.2 ], [ "", 99.9 ], [ "", 99.4 ], [ "", 99.4 ], [ "", 100.8 ], [ "", 94.9 ], [ "", 98.9 ], [ "", 98.6 ], [ "", 102.7 ], [ "", 103 ], [ "", 111.5 ], [ "", 104.2 ], [ "", 100.2 ], [ "", 104.5 ], [ "", 107.1 ], [ "", 105.8 ], [ "", 104.5 ], [ "", 105.6 ], [ "", 105 ], [ "", 108 ], [ "", 106.7 ], [ "", 111.4 ], [ "", 110.5 ], [ "", 112 ], [ "", 108.2 ], [ "", 109.8 ], [ "", 107.9 ], [ "", 109.6 ], [ "", 109.9 ], [ "", 110 ], [ "", 112.6 ], [ "", 110 ], [ "", 112.9 ], [ "", 111.9 ], [ "", 117.7 ], [ "", 113.8 ], [ "", 116.4 ], [ "", 117.8 ], [ "", 117.2 ], [ "", 114.6 ], [ "", 113.8 ], [ "", 114.9 ], [ "", 113.4 ], [ "", 113.8 ], [ "", 113.1 ], [ "", 108.1 ], [ "", 114.7 ], [ "", 111.7 ], [ "", 114.4 ], [ "", 114.3 ], [ "", 114.3 ], [ "", 113.7 ], [ "", 116.2 ], [ "", 118.3 ], [ "", 119.7 ], [ "", 120.5 ], [ "", 121.3 ], [ "", 126.3 ], [ "", 121.2 ], [ "", 122.9 ], [ "", 121.3 ], [ "", 122.9 ], [ "", 122.6 ], [ "", 126.1 ], [ "", 125.5 ], [ "", 123.4 ], [ "", 122.1 ], [ "", 122.4 ], [ "", 122.6 ], [ "", 118.2 ], [ "", 123.5 ], [ "", 124.5 ], [ "", 124.8 ], [ "", 120.6 ], [ "", 120.7 ], [ "", 118.2 ], [ "", 115.9 ], [ "", 112 ], [ "", 108.4 ], [ "", 105.4 ], [ "", 99.5 ], [ "", 97.5 ], [ "", 96.3 ], [ "", 97.3 ], [ "", 96.1 ], [ "", 100 ], [ "", 106 ], [ "", 100.2 ], [ "", 100.5 ], [ "", 103.2 ], [ "", 103.8 ], [ "", 105.3 ], [ "", 106.7 ], [ "", 108.4 ], [ "", 111.9 ], [ "", 113.2 ], [ "", 113.3 ], [ "", 113.6 ], [ "", 117.2 ], [ "", 114.4 ], [ "", 117.3 ], [ "", 119.1 ], [ "", 115.3 ], [ "", 115.6 ], [ "", 124.9 ], [ "", 129.6 ], [ "", 124.8 ], [ "", 124.5 ], [ "", 127.5 ], [ "", 126.3 ], [ "", 127.8 ], [ "", 126.3 ], [ "", 127.7 ], [ "", 121.6 ], [ "", 121.5 ], [ "", 114.4 ], [ "", 118.9 ], [ "", 115.3 ], [ "", 115.2 ], [ "", 110.3 ], [ "", 108.3 ], [ "", 112.3 ], [ "", 107.3 ], [ "", 104.9 ], [ "", 103.6 ], [ "", 104.2 ], [ "", 98.1 ], [ "", 98.7 ], [ "", 91.2 ], [ "", 91.5 ], [ "", 87.4 ], [ "", 87.1 ], [ "", 87.9 ], [ "", 81.9 ], [ "", 81.3 ], [ "", 85.3 ], [ "", 82.7 ], [ "", 82.6 ], [ "", 86.3 ], [ "", 84.5 ], [ "", 85.5 ], [ "", 84.4 ], [ "", 83.7 ], [ "", 90.3 ], [ "", 82 ], [ "", 82.2 ], [ "", 84.1 ], [ "", 87.7 ], [ "", 82.1 ], [ "", 82.6 ], [ "", 82.3 ], [ "", 81.2 ], [ "", 90.2 ], [ "", 80.9 ], [ "", 84.8 ], [ "", 89.1 ], [ "", 86.6 ], [ "", 84.9 ], [ "", 88.9 ], [ "", 78.1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Emplois occasionnels", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 19.8 ], [ "", 21.1 ], [ "", 23 ], [ "", 22.9 ], [ "", 23.9 ], [ "", 23.7 ], [ "", 25.8 ], [ "", 25.7 ], [ "", 28.1 ], [ "", 35.1 ], [ "", 29.1 ], [ "", 30.3 ], [ "", 28.5 ], [ "", 27.1 ], [ "", 30.3 ], [ "", 31 ], [ "", 33.1 ], [ "", 33.5 ], [ "", 36.1 ], [ "", 34.6 ], [ "", 28.2 ], [ "", 36 ], [ "", 35.5 ], [ "", 37.6 ], [ "", 38.2 ], [ "", 38.2 ], [ "", 35.9 ], [ "", 37 ], [ "", 31.7 ], [ "", 34.2 ], [ "", 33.7 ], [ "", 35.7 ], [ "", 36 ], [ "", 34.3 ], [ "", 33.4 ], [ "", 33.7 ], [ "", 39.2 ], [ "", 36.8 ], [ "", 38.3 ], [ "", 42.3 ], [ "", 43.2 ], [ "", 45.2 ], [ "", 41.2 ], [ "", 42.6 ], [ "", 41.5 ], [ "", 41.1 ], [ "", 41.4 ], [ "", 35.1 ], [ "", 46.3 ], [ "", 42.2 ], [ "", 41.1 ], [ "", 37.9 ], [ "", 38.7 ], [ "", 37.4 ], [ "", 37.3 ], [ "", 39.1 ], [ "", 39.5 ], [ "", 37 ], [ "", 39.5 ], [ "", 36.2 ], [ "", 41.1 ], [ "", 40.4 ], [ "", 39.3 ], [ "", 35.8 ], [ "", 40.9 ], [ "", 40 ], [ "", 38.8 ], [ "", 39.2 ], [ "", 37 ], [ "", 39.6 ], [ "", 38.6 ], [ "", 38.8 ], [ "", 35 ], [ "", 33.3 ], [ "", 43 ], [ "", 39.9 ], [ "", 35.2 ], [ "", 35.1 ], [ "", 40.8 ], [ "", 35.4 ], [ "", 41.3 ], [ "", 40.8 ], [ "", 37.4 ], [ "", 39.1 ], [ "", 34.1 ], [ "", 34.3 ], [ "", 34.5 ], [ "", 34 ], [ "", 33.6 ], [ "", 38.7 ], [ "", 43.2 ], [ "", 38.7 ], [ "", 31.6 ], [ "", 37.6 ], [ "", 37.9 ], [ "", 42.5 ], [ "", 39.6 ], [ "", 41.1 ], [ "", 40.1 ], [ "", 42.6 ], [ "", 45.4 ], [ "", 42.2 ], [ "", 43.2 ], [ "", 43.3 ], [ "", 40.5 ], [ "", 42.9 ], [ "", 47.7 ], [ "", 42.8 ], [ "", 46.9 ], [ "", 44 ], [ "", 47.3 ], [ "", 44.9 ], [ "", 48.6 ], [ "", 42.1 ], [ "", 40.1 ], [ "", 42.7 ], [ "", 38.9 ], [ "", 39.2 ], [ "", 45 ], [ "", 38.2 ], [ "", 42.3 ], [ "", 40.5 ], [ "", 39.1 ], [ "", 39.3 ], [ "", 37.5 ], [ "", 40.1 ], [ "", 37.8 ], [ "", 40.6 ], [ "", 45.6 ], [ "", 37.3 ], [ "", 39.1 ], [ "", 40.4 ], [ "", 39.9 ], [ "", 44.1 ], [ "", 43 ], [ "", 43.6 ], [ "", 43.7 ], [ "", 46 ], [ "", 46.1 ], [ "", 39.5 ], [ "", 39.8 ], [ "", 44.8 ], [ "", 41.7 ], [ "", 46.2 ], [ "", 44.8 ], [ "", 50.9 ], [ "", 46.4 ], [ "", 41.9 ], [ "", 44.7 ], [ "", 41.3 ], [ "", 46.5 ], [ "", 44.6 ], [ "", 50.2 ], [ "", 42.2 ], [ "", 39.4 ], [ "", 39.8 ], [ "", 38.9 ], [ "", 32.1 ], [ "", 36.1 ], [ "", 38.6 ], [ "", 37.3 ], [ "", 39.5 ], [ "", 35.5 ], [ "", 37.6 ], [ "", 39.1 ], [ "", 36.1 ], [ "", 38.7 ], [ "", 37.1 ], [ "", 45.3 ], [ "", 37.6 ], [ "", 37.9 ], [ "", 39.8 ], [ "", 37.8 ], [ "", 37.5 ], [ "", 38.8 ], [ "", 37.9 ], [ "", 41.7 ], [ "", 41.6 ], [ "", 38 ], [ "", 38.3 ], [ "", 38 ], [ "", 38.6 ], [ "", 38.2 ], [ "", 37.5 ], [ "", 38.5 ], [ "", 37.1 ], [ "", 39.1 ], [ "", 38.8 ], [ "", 35.2 ], [ "", 35.8 ], [ "", 35.8 ], [ "", 34.3 ], [ "", 32.1 ], [ "", 33.9 ], [ "", 34.5 ], [ "", 30.2 ], [ "", 35 ], [ "", 36.9 ], [ "", 31.6 ], [ "", 30.3 ], [ "", 29.5 ], [ "", 29.7 ], [ "", 32.8 ], [ "", 30.3 ], [ "", 30.2 ], [ "", 28.4 ], [ "", 26.5 ], [ "", 26.7 ], [ "", 25.7 ], [ "", 26.1 ], [ "", 22.3 ], [ "", 26.7 ], [ "", 27.2 ], [ "", 28.8 ], [ "", 33.3 ], [ "", 28.6 ], [ "", 22.1 ], [ "", 25.4 ], [ "", 26.6 ], [ "", 26.1 ], [ "", 24.5 ], [ "", 25.8 ], [ "", 25.3 ], [ "", 25 ], [ "", 24.3 ], [ "", 23.4 ], [ "", 20.7 ], [ "", 20.3 ], [ "", 19.3 ], [ "", 21.3 ], [ "", 21.2 ], [ "", 21.3 ], [ "", 20.9 ], [ "", 18.8 ], [ "", 18.9 ], [ "", 20.9 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " milliers", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}On la retrouve dans la répartition de la population active (hors secteur public) par statut : si le CDI reste la norme (76,8 % pour 8,4 % de CDD), il s’agit là d’un effet de stock. Si l’on compare la situation de la population active globale et celle des 15-24 ans, on voit que cette forme est loin d’être la norme chez les plus jeunes. #container_14452485402{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452485402{ height:500px; } #container_14452485402 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452485402 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452485402 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452485402 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Population active par type de contratPour la population active totale et pour les 15-24 ans.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452485402", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Non-salariés","Intérimaires"," Apprentis"," Contrats à durée déterminée"," Contrats à durée indéterminée"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Ensemble", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 11.2 ], [ "", 2 ], [ "", 1.6 ], [ "", 8.4 ], [ "", 76.8 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "15-24 ans", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 2.5 ], [ "", 5.9 ], [ "", 18.1 ], [ "", 28.3 ], [ "", 45.2 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}La part de CDD dans les embauches a par ailleurs atteint un record en 2015, avec plus de 85 % des recrutements qui se font sous cette forme.Lire aussi :Travail : changer les règles du jeu #container_14452619750{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452619750{ height:500px; } #container_14452619750 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452619750 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452619750 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452619750 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Part des CDD dans les embauches en FranceEvolution depuis 2007, tous établissements(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452619750", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "areaspline", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "datetime", categories:null, title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value:%d/%m/%Y}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Part des CDD dans les embauches", "color": "#0386c3", "data": [ [ 1167692400000, 70.8 ], [ 1175464800000, 71 ], [ 1183327200000, 71.5 ], [ 1191276000000, 70.9 ], [ 1199228400000, 70.1 ], [ 1207087200000, 71.4 ], [ 1214949600000, 71.5 ], [ 1222898400000, 72.9 ], [ 1230850800000, 75.3 ], [ 1238623200000, 76.9 ], [ 1246485600000, 77.3 ], [ 1254434400000, 77.3 ], [ 1262386800000, 76.5 ], [ 1270159200000, 76.5 ], [ 1278021600000, 77.1 ], [ 1285970400000, 76.2 ], [ 1293922800000, 77.7 ], [ 1301695200000, 77.4 ], [ 1309557600000, 78.3 ], [ 1317506400000, 79.3 ], [ 1325458800000, 80 ], [ 1333317600000, 80.7 ], [ 1341180000000, 81.8 ], [ 1349128800000, 82.3 ], [ 1357081200000, 83.1 ], [ 1364853600000, 83.4 ], [ 1372716000000, 83.6 ], [ 1380664800000, 84 ], [ 1388617200000, 84.4 ], [ 1396389600000, 84.8 ], [ 1404252000000, 84.2 ], [ 1412200800000, 85.9 ], [ 1420153200000, 85.3 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }} 4. Des comptes sociaux dans le rougeConséquence du chômage endémique : les comptes sociaux demeurent dans le rouge, notamment ceux de l’assurance chômage, qui creuse son déficit chaque année depuis 2009. #container_14452581973{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452581973{ height:500px; } #container_14452581973 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452581973 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452581973 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452581973 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Recettes et dépenses de l'assurance chômageDepuis 2009Source : UNEDIC, comptes annuels(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452581973", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["2009","2010","2011","2012","2013","2014","2015"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Recettes", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 30310 ], [ "", 31188 ], [ "", 31855 ], [ "", 32466 ], [ "", 33233 ], [ "", 33936 ], [ "", 34674 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Dépenses", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 31482 ], [ "", 34158 ], [ "", 33419 ], [ "", 35193 ], [ "", 37230 ], [ "", 37746 ], [ "", 38350 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Déficit courant", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", -1172 ], [ "", -2970 ], [ "", -1564 ], [ "", -2727 ], [ "", -3997 ], [ "", -3810 ], [ "", -3676 ] ], "type": "line", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " millions d'euros", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Le chômage de masse pèse également sur les comptes sociaux en général, puisque moins de travailleurs signifie moins de cotisations sociales pour alimenter le régime. Si celui-ci a subi nombre de réformes, notamment concernant les retraites, et si sa situation s’améliore lentement depuis 2010, il reste mal en point. #container_14430863468{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14430863468{ height:500px; } #container_14430863468 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14430863468 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14430863468 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14430863468 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Solde du régime général (RG) de la sécurité sociale depuis 2001Il tient compte également du solde du Fonds de solidarité vieillesse (FSV)(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14430863468", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} Mds", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"Milliards d'euros" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} Mds", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "datetime", categories:null, title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value:%Y}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Solde RG+FSV", "color": "#0386c3", "data": [ [ 978390000000, 1 ], [ 1009926000000, -4.8 ], [ 1041462000000, -11.2 ], [ 1072998000000, -12.5 ], [ 1104620400000, -13.6 ], [ 1136156400000, -10.1 ], [ 1167692400000, -9.3 ], [ 1199228400000, -9.3 ], [ 1230850800000, -23.7 ], [ 1262386800000, -27.3 ], [ 1293922800000, -20.9 ], [ 1325458800000, -17.5 ], [ 1357081200000, -15.4 ], [ 1388617200000, -13.2 ], [ 1420153200000, -12.8 ], [ 1451689200000, -9.7 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " milliards d'euros", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }} Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.10.2015 à 06h10 • Mis à jour le26.10.2015 à 10h20 | Alain Salles (Varsovie, envoyé spécial) et Jakub Iwaniuk (Varsovie, correspondance) Quand les militants du parti conservateur polonais Droit et justice s’étaient réunis, le 25 mai, pour fêter la victoire surprise de leur candidat à la présidentielle, Andrzej Duda, la foule s’était mise à scander : « Beata, Beata ». Ils acclamaient une figure discrète, députée et trésorière du parti, qui venait de diriger cette campagne victorieuse. Personne n’imaginait alors que Beata Szydlo eût des chances, quelques mois plus tard, de devenir première ministre.Cinq mois plus tard, dimanche 25 octobre, quand les mêmes militants rassemblés au siège du PiS ont appris le résultat des élections législatives, ils ont crié : « Jaroslaw, Jaroslaw ». Et le président du parti, Jaroslaw Kaczynski, a pris longuement la parole. Quand est venu le tour de Beata Szydlo, elle a aussitôt félicité « Jaroslaw » pour la victoire.Lire nos informations :Pologne : la droite conservatrice remporte les élections législativesC’est le tout-puissant président du parti qui l’a choisie pour mener cette bataille. Elle avait le profil idéal pour affronter la première ministre de la Plateforme civique, Ewa Kopacz, qui devait elle-même son poste à Donald Tusk, devenu président du Conseil européen. Elle a employé les mêmes méthodes que pendant la campagne présidentielle : sillonner la Pologne à l’écoute des déçus du miracle économique, présenter un visage modéré à ceux qui ne votent pas spontanément PiS, tout en rassurant l’électorat traditionnel. Mission accomplie.Rien ne prédisposait cette figure relativement peu connue de la scène politique polonaise à occuper une telle position. Beata Szydlo est née en 1963 dans une famille de mineurs du sud de la Pologne, tout près d’Oswiecim (Auschwitz), région qu’elle continue de défendre activement alors que le gouvernement d’Ewa Kopacz avait annoncé un plan de restructuration qui prévoit la fermeture de plusieurs mines.Après des études d’ethnographie à l’université Jagellon de Cracovie, elle travaille au musée d’histoire de la ville. Au département du folklore, elle s’est notamment occupée du concours annuel des crèches de Noël. La religion n’est jamais loin pour les membres du PiS : Beata Szydlo a deux grands fils dont l’un est en quatrième année de séminaire.Une modérée à l’écart des plateaux de télévision La probable future première ministre s’engage en politique comme conseillère départementale, puis à 35 ans, en 1998, elle est élue maire de Brzeszcze, sa ville natale. Elle le restera jusqu’en 2005, quand elle devient députée. Elle reste longtemps en retrait, loin des échauffourées politiques et des caméras. En 2010, elle devient vice-présidente du parti.A la commission des finances du Parlement, elle est une députée assez respectée par les élus de la PO, car elle fait partie des modérés de PiS. Pendant la campagne, elle a évité la surenchère sur la question des réfugiés – contrairement à MM. Kaczynski et Duda – tout comme les théories du complot sur le crash de Smolensk, qui coûta la vie en 2010 au président Lech Kaczynski, frère de Jaroslaw. Cela ne l’empêche pas d’être très loyale envers le président du parti. Un clip de campagne de ses opposants de la Plateforme civique se moquait d’elle, la montrant en train de répéter sans arrêt « le président a toujours raison ».Jakub Iwaniuk (Varsovie, correspondance)Journaliste au MondeAlain Salles (Varsovie, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.10.2015 à 03h33 • Mis à jour le26.10.2015 à 11h04 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Ce n’est pas ce nouveau rendez-vous bruxellois qui allait résoudre la crise des migrants qui menace de déstabiliser l’Europe. Mais le « mini-sommet » bruxellois de dimanche 25 octobre, consacré à la route des Balkans occidentaux qu’empruntent des milliers de réfugiés syriens, irakiens ou afghans, a eu au moins le mérite de mettre tous les dirigeants concernés autour de la table.En réunissant dix Etats membres de l’Union ainsi que la Serbie, la Macédoine et l’Albanie, le but du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, était surtout de faire baisser la tension, très forte, entre les pays de la région qui s’accusent mutuellement d’être responsables de l’arrivée de milliers de demandeurs d’asile sur leur territoire. M. Juncker voulait aussi éviter que d’autres pays suivent l’exemple de la Hongrie de Viktor Orban, qui a fermé ses frontières avec la Serbie et la Croatie et a lancé dimanche : « Je viens ici en observateur. »Dans un premier temps, le premier ministre hongrois a reçu l’appui de la Croatie, de la Roumanie et de la Bulgarie, qui refusaient tout projet de conclusion, estimant qu’on allait trop loin dans les engagements exigés de leur part pour cesser de renvoyer les migrants vers les Etats voisins.30 000 places d’accueil cette année en Grèce Après des conversations et un dîner qui s’est éternisé, les dirigeants sont tombés d’accord au début de la nuit sur une déclaration finale. Elle envisage le déploiement immédiat d’un contingent de 400 gardes-frontières en Slovénie, qui a officiellement demandé l’aide de Bruxelles. Le pays a lancé un nouveau cri d’alarme dimanche, après l’arrivée de 15 000 réfugiés. Il avait récemment menacé d’ériger à son tour une barrière si l’UE ne lui apportait pas un soutien suffisant. Lors de son arrivée à Bruxelles, le premier ministre du petit Etat alpin, Miro Cerar, a évoqué le risque d’une implosion de l’Europe si elle n’arrivait pas à gérer la crise.La Grèce, difficile à convaincre, s’est engagée à proposer 30 000 places d’accueil cette année et 20 000 plus tard – contre 7 000 à 10 000 environ aujourd’hui – pour « retenir » les migrants qui continuent à vouloir partir vers l’Allemagne et la Suède et contribuer ainsi à réduire le flot arrivant sur la route des Balkans. Athènes recevra une aide financière du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies et de l’Union européenne. Le HCR s’engage aussi à créer 50 000 autres places d’accueil dans les Balkans.Lire aussi :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ?L’absence de la Turquie déploréeLe premier ministre grec, Alexis Tsipras, appuyé par d’autres délégations, a toutefois déploré l’absence de la Turquie aux débats de dimanche, soulignant que, si le corridor emprunté par les réfugiés aboutissait en Grèce, son entrée était bel et bien chez son voisin turc. Le « plan d’action » avec Ankara, approuvé par les dirigeants de l’Union le 15 octobre, est en négociation. Il prévoit le versement d’une aide 3 milliards d’euros et la libéralisation du régime des visas pour une partie des ressortissants turcs. Personne n’imagine toutefois une solution rapide, d’autant que des élections législatives jugées cruciales pour le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan auront lieu le 1er novembre.Une ligne téléphonique directe entre les cabinets des dirigeants de tous les pays concernés devrait aussi être rapidement établie, pour qu’ils puissent se tenir informés en temps réel des mouvements de réfugiés et mieux les anticiper. Une évaluation hebdomadaire de la situation sera effectuée en commun.Les dirigeants présents au mini-sommet de Bruxelles sont également convenus d’une coopération pratique pour faciliter les réadmissions des déboutés du droit d’asile par les pays tiers. Le texte mentionne encore une action plus ferme contre les « mouvements secondaires », à savoir le passage de réfugiés et de migrants d’un pays à l’autre. Une action plus vigoureuse – réclamée par une majorité de pays – est également promise, en mer et aux frontières terrestres.Le texte stipule également qu’un demandeur d’asile qui refuserait d’accomplir les formalités en vue d’obtenir une protection internationale pourrait se voir refuser l’entrée dans le pays concerné et perdre ses droits à une protection.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.10.2015 à 21h35 • Mis à jour le26.10.2015 à 10h20 | Jakub Iwaniuk (Varsovie, correspondance) Les conservateurs eurosceptiques du parti Droit et Justice (PiS) ont obtenu, dimanche 25 octobre, la majorité absolue aux élections législatives polonaises, selon des projections de trois chaînes de télévision publiées dimanche soir. Droit et Justice obtient 38 % des voix, ce qui lui donne 238 sièges de députés (sur 460), selon ces projections communes fondées sur des résultats affichés dans un échantillon de bureaux.Les libéraux centristes de la Plateforme civique (PO) de la première ministre sortante Ewa Kopacz obtiendraient 23,4 %, soit 135 sièges. Mme Kopacz a reconnu la défaite de son parti. La participation s’élevait à 51,6 %. Ces pronostics ne seront officiellement confirmés que mardi soir, la marge d’erreur étant de 2 %.Le parti conservateur catholique PiS, présidé par Jaroslaw Kaczynski, pourrait gouverner seul la Pologne. Centralisation du pouvoir, politique sociale, souverainisme économique constituent les grandes lignes d’un futur gouvernement conservateur, que devrait diriger la députée, Beata Szydlo.Lire aussi :La droite conservatrice est prête à revenir au pouvoir en Pologne Des pouvoirs renforcés pour le présidentDroit et justice (PiS) veut un renforcement de l’exécutif, notamment du rôle du président, mais aussi du premier ministre, afin de mettre en place un système de pouvoir plus centralisé. Il souhaite une plus grande influence du président sur le système judiciaire (d’où des accusations de non-respect de la séparation des pouvoirs), sur les médias publics et les services secrets. Concernant la justice, l’une des mesures phares est de fusionner les rôles de ministre de la justice et de procureur général.Des aides sociales coûteusesLe PiS qui est un parti social conservateur, a multiplié les promesses pendant la campagne pour arriver à un programme social très coûteux qui est évalué entre 40 et 60 milliards de zlotys (9 à 14 milliards d’euros) : baisse de l’âge de départ à la retraite à 60 ans pour les femmes, 65 ans pour les hommes (aujourd’hui à 65 et 67), maintien des régimes spéciaux (juges, procureurs, agriculteurs…), médicaments gratuits pour les personnes de plus de 75 ans, allocation familiale de 500 zlotys par mois et par enfant…Lire aussi :En Pologne, une croissance forte mais mal répartieLa religion au baccalauréatDans l’éducation, le PiS veut supprimer les collèges pour revenir à l’ancien système de huit ans d’école primaire et de quatre ans de lycée. Sans revenir complètement sur la décision du gouvernement Tusk d’abaisser l’âge obligatoire d’entrée à l’école de 7 à 6 ans, le PiS veut proposer le libre choix aux parents de mettre ou non leurs enfants à l’école à 6 ans. Proche de l’Eglise, le PiS pourrait être tenté de satisfaire une de ses demandes en faisant de la religion une épreuve du baccalauréat : « La religion devrait pouvoir être une matière du bac. Puisque l’on peut passer son bac dans autant de matières exotiques que l’histoire de la danse ou l’histoire de l’art, alors pourquoi ne devrait-il pas y avoir de religion ? » a affirmé la porte-parole du PiS, Elzbieta Witek, qui est pressentie comme ministre de l’éducation.Une « repolonisation » de l’économieLa politique économique du PiS est largement inspirée de la politique « non orthodoxe » de Orban : taxation des supermarchés et des banques (qui appartiennent en grande partie à des capitaux étrangers) en instaurant une préférence nationale, taxe sur les institutions financières et renationalisation de certaines banques. PiS parle de « réindustrialisation » et de « repolonisation » de l’économie, qui laissent sceptiques de nombreux économistes. La politique globalement étatiste, avec le renforcement du contrôle sur les entreprises partiellement publiques. Le PiS prévoit aussi une baisse de l’impôt sur les société de 19 à 15 %.Lire aussi :Election en Pologne : l’usure de la droite libéraleAucun compromis sur le climatLe PiS devrait mener une politique souverainiste et davantage pro-américaine. Il veut renforcer la présence des troupes américaines sur le sol polonais. Le PiS a critiqué fortement le contrat signé avec Airbus pour 50 hélicoptères Caracal, en marquant sa préférence pour les américains de Sikorski Aircraft, qui ont des usines en Pologne.A Bruxelles, le Pis défendra deux dossiers sensibles. Sur la question de la vente des terres agricoles, le PiS veut « protéger strictement » les propriétés polonaises contre les achats par les étrangers. Le PiS n’est prêt à aucun compromis sur la politique climatique, au nom de la défense de l’industrie du charbon sur laquelle repose l’essentiel de l’énergie polonaise. Globalement, Varsovie devrait refuser tout transfert de souveraineté supplémentaire et freiner autant que possibles des avancées fédérales. Le PiS s’est également opposé à la mise en place de quotas pour les réfugiés.Lire aussi :Pologne : la fin du bon élève européen ?Jakub Iwaniuk (Varsovie, correspondance)Journaliste au Monde 25.10.2015 à 11h27 • Mis à jour le25.10.2015 à 16h59 | Alain Salles (Czestochowa, Varsovie, envoyé spécial) Ahmed Bikes est syrien, kurde et polonais. Il est venu en Pologne pendant le communisme, quand les relations entre le régime Assad (père) et l’URSS et ses pays satellites étaient au beau fixe. Il est arrivé en 1985 pour étudier le cinéma à Lodz. Il a circulé entre la Pologne, Berlin-Est et Paris, où il a obtenu l’asile politique en 1988, « grâce au soutien de Danielle Mitterrand aux Kurdes », se souvient-il avec émotion. il est aujourd’hui citoyen polonais, propriétaire de plusieurs bars et restaurant à Czestochowa, dans le sud de la Pologne. Il est marié à une Polonaise. Son fils fait des études pour être pilote de ligne. Il parle parfaitement polonais et il emploie environ 80 personnes. On peut difficilement être plus intégré. A lui seul, il est un démenti de la peur de l’autre qu’on prête aux Polonais.Depuis la fin de l’été et la crise des réfugiés, il a pourtant découvert une autre Pologne. Pendant la campagne pour les élections législatives et sénatoriales dimanche 25 octobre, la droite polonaise s’est lancée dans une surenchère contre les réfugiés. A commencer par le parti qui a de grandes chances de revenir au pouvoir, Droit et justice (ou PiS – pour Prawo i Sprawiedliwość). Son tout-puissant président, Jaroslaw Kaczynski, a parlé du « choléra qui sévit déjà sur les îles grecques, de dysenterie à Vienne et de toutes sortes de parasites qui chez ces gens peuvent ne pas être dangereux mais qui peuvent l’être pour les populations locales ».Surenchère verbale« Voulez-vous qu’on ne soit plus les maîtres dans notre propre pays ? Les Polonais ne le veulent pas et le PiS ne le veut pas non plus », a lancé M. Kaczynski, qui a également parlé des territoires où régnerait la charia en France et en Suède. La candidate du PiS au poste de premier ministre, Beata Szydlo, qui adopte un ton modéré pendant la campagne, s’est contentée de parler de la « peur » des Polonais lors des débats télévisés. Mais le président, Andrzej Duda, a suivi les leçons de son mentor sur l’accueil des migrants après la décision du gouvernement polonais de ne pas s’opposer aux mesures de répartition des réfugiés dans l’Union européenne, qui prévoit l’accueil de quelque 7 000 personnes en Pologne, pays de 38 millions d’habitants. « Si le gouvernement est d’accord, il devrait pouvoir dire s’il est prêt à faire face à toutes les circonstances, c’est-à-dire si les Polonais sont bien protégés contre des risques épidémiologiques », a déclaré le président Duda, une semaine avant les élections.Lors du débat télévisé avec l’ensemble des partis, le candidat populiste Pawel Kukiz expliquait qu’il ne fallait pas « parler de réfugiés mais de migrants économiques » en se demandant s’il fallait vraiment « accueillir des terroristes ». Le chef de l’extrême droite, Janusz Korwin-Mikke, qui avait fait scandale en expliquant qu’Hitler n’était pas au courant des camps d’extermination et avait fait un salut nazi au Parlement européen, a ironisé sur les « camps de concentration » que voudrait construire l’Europe pour accueillir les réfugiés.Lire aussi :Pologne : la fin du bon élève européen ?« Les réfugiés sont virtuels en Pologne »« Je ne pensais pas qu’il y avait autant de gens racistes », explique Ahmed Bikes dans un de ses restaurants de Czestochowa, après avoir regardé le débat. Il met la violence de ces discours sur le compte de la campagne électorale, mais les réactions de son entourage l’ont choqué. « Moi, je n’ai jamais eu de problèmes. Mais j’ai dû supprimer plusieurs amis Facebook quand j’ai lu leurs commentaires. Ce sont des gens que je connaissais bien parfois. Ils m’ont demandé pourquoi je les avais supprimés. Ils me disaient : “Oui mais toi, ce n’est pas pareil.” Une de mes employés expliquait que les migrants venaient prendre nos bénéfices sociaux. Je lui ai quand même expliqué que c’était un ancien migrant qui lui payait son salaire tous les mois ! »Lire aussi :En Pologne, une croissance forte mais mal répartie Il comprend quand même les Polonais, « qui n’ont pas eu de passé colonial et ne sont pas habitués aux étrangers », et trouve même que « Merkel a exagéré en voulant accueillir tous les migrants ». Mais en même temps, explique-t-il, « la Pologne a besoin de migrants. les Syriens peuvent faire d’excellents médecins pour les hôpitaux ». La Pologne a un des plus faibles taux de fécondité d’Europe (1,3 enfant par femme). Elle a aussi le taux le plus bas de population immigrée (0,3 %, au début de 2014, même si cela a augmenté avec plusieurs centaines de milliers d’Ukrainiens). « Les réfugiés sont virtuels en Pologne. C’est pour cela qu’on peut dire n’importe quoi politiquement sur eux », souligne Jaroslaw Kuisz, rédacteur en chef du site Kultura Liberalna. Il s’étonne aussi de voir que le parti au pouvoir, Plate-forme civique, n’a pas cherché à mettre en avant la position ouverte de l’épiscopat polonais, qui a relayé les appels du pape François pour l’accueil des réfugiés, contre le PiS, pourtant toujours prêt à rappeler son attachement aux valeurs de l’Eglise.Alain Salles (Czestochowa, Varsovie, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) L’agence européenne de surveillance des frontières Frontex est désormais au cœur du dispositif de la politique d’asile : elle doit organiser la difficile procédure d’enregistrement des demandeurs mais aussi participer plus activement à la politique de retour. Le tout avec des moyens qui ont été promis mais se font encore attendre. Le Français Fabrice Leggeri est le directeur exécutif de Frontex. Rencontre avant le mini-sommet européen de Bruxelles qui, dimanche 25 octobre, doit évoquer des mesures d’urgence pour aider les Etats des Balkans, confrontés à une grave crise après la fermeture des frontières de la Hongrie.Suivez le sommet en direct avec notre journalisteTweets de @c_ducourtieux!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs");Lire aussi :L’Europe sous pression face à un nouvel afflux de réfugiés dans les BalkansA quoi peut vraiment servir ce sommet « opérationnel », convoqué à la hâte par la Commission ?Nous affrontons une situation évidemment exceptionnelle : entre la mi-septembre et la mi-octobre, par exemple, 200 000 personnes sont passées par la Croatie ; ce qui a, bien sûr, eu des conséquences pour les pays voisins. Cela dit, si on entend traiter le problème à la source, c’est en Grèce qu’il faut le faire : il convient de faire fonctionner l’enregistrement dans les « hot spots » [lieux de regroupement des migrants] à installer dans ce pays – comme en Italie – et permettre ainsi les relocalisations décidées par le Conseil. On ne réglera pas le problème des Balkans si l’on ne régule pas ces flux.Les moyens promis à Frontex sont à la hausse, mais concrètement où en êtes-vous ?J’ai lancé le plus vaste appel à contributions de notre histoire, soit 775 gardes-frontières. Dont 600 pour l’enregistrement en Grèce et une centaine pour les frontières terrestres – dont la Croatie. Nous en sommes actuellement à 300 personnes environ et, même si c’est encore insuffisant, c’est déjà un record pour les mises à disposition. Certains responsables évoquent un risque d’effondrement du système mis en place parce que l’enregistrement dans les « hot spots » ne fonctionne pas…La situation est différente en Italie et en Grèce : relative stabilisation des flux dans le premier cas, multiplication par dix dans le deuxième, avec une grande majorité de réfugiés syriens et d’Irakiens. Le « hot spot » qui doit être mis en place par les autorités nationales, aidées par les agences européennes, est un lieu de débarquement et d’accueil, où différentes agences européennes traitent les flux, avec les autorités nationales. Frontex procède à un premier examen pour déterminer d’abord la nationalité, puis à une audition pour établir le profil de la personne, la route qu’elle a suivie, etc. L’agence peut aussi recueillir des informations sur des groupes criminels organisés, qu’elle va transmettre à la police et à Europol. Le Bureau d’asile européen prend ensuite le relais, aide les autorités locales et met en route le processus de relocalisation.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?Mais ces « hot spots » ont-ils vocation à devenir des lieux de rétention ?Une partie des personnes auditionnées et enregistrées n’est pas éligible à l’asile. Il s’agit donc d’étrangers en situation irrégulière qui doivent être renvoyés vers un pays d’origine. La question est de savoir où les mettre alors qu’elles ont notamment droit à un appel. En clair, on a besoin de centres de rétention.Des responsables soulignent que la très grande majorité des demandeurs d’asile refuse en fait l’enregistrement, parce que ces personnes craignent de se retrouver dans un pays où elles ne veulent pas se rendre…Je suis chargé de faire fonctionner les « hot spots ». Nous sommes mieux outillés qu’auparavant et je crois que les autorités grecques ont compris l’enjeu. Nous testons, par ailleurs, une technologie nouvelle, déployable dans toutes nos opérations. Cela dit, j’ai effectivement constaté, à Lesbos, que 100 Syriens ont demandé l’asile depuis le 1er janvier 2015 alors que 120 000 personnes au moins sont arrivées sur cette île. Elles sont, c’est vrai, transférées ensuite sur le continent où elles peuvent accomplir les formalités, mais il est clair que nous devons arriver à ce que tous les vrais demandeurs d’asile fassent les démarches nécessaires pour obtenir une protection. A défaut, on n’arrivera pas, non plus, à renvoyer les autres.Lire aussi :Migrants : le premier « hot spot » grec ouvre sur l’île de LesbosFrontex est-elle réellement outillée, désormais, pour mener à bien cette politique de retour ?L’agence a déjà une compétence dans ce domaine, surtout logistique : c’est le soutien à des vols conjoints quand deux Etats au moins se mettent d’accord pour lancer une opération. Nous en organiserons une soixantaine cette année. Désormais, nous allons aussi faciliter la préparation de ces vols de retour, avec les documents de voyage qui sont indispensables. Jean-Claude Juncker affirme que la crise actuelle peut durer dix ans. C’est votre avis également ?Je ne prévois pas de décrue avant 2020 et la fin de mon mandat en tout cas. Et j’espère qu’à la faveur de cette crise, les Européens comprendront qu’il faut aller vers une intégration plus forte pour traiter la question des flux migratoires, plus large que la gestion des frontières, même si celle-ci est également cruciale. Le défi va perdurer, parce que les causes ne sont pas traitées. Elles sont géostratégiques, économiques, démographiques, liées au respect de l’état de droit, etc. Pour ce qui est de ma mission spécifique, je peux dire qu’une gestion plus forte des frontières extérieures est nécessaire pour assurer le bon fonctionnement de l’espace Schengen. Rappelons d’ailleurs que Frontex a été créé pour être est le corrélat de la libre circulation.Faut-il créer rapidement un corps de gardes-frontières européens ?J’insiste sur une gestion intégrée de nos frontières et j’attends impatiemment le projet de la Commission et la décision du Conseil, en décembre.Lire le reportage :La frontière croato-slovène, nouvel abcès de la route des migrantsJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 25.10.2015 à 02h28 • Mis à jour le25.10.2015 à 02h29 L’ex-premier ministre britannique Tony Blair a présenté « des excuses » pour l’invasion de l’Irak en 2003, durant laquelle il fut le principal allié de Georges W. Bush, dans une interview à CNN qui doit être diffusée lundi 26 octobre. Face à Farid Zakaria, commentateur qui avait à l’époque encouragé l’invasion américaine avant de basculer dans le camp des critiques, M. Blair reconnaît également une part de responsabilité dans la montée actuelle de l’organisation Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie voisine. La presse britannique a fait écho de ces déclarations avant leur diffusion.Lire le portrait :Tony, Cherie et Cie« Je présente des excuses pour le fait que le renseignement était faux. Je présente également des excuses, au passage, pour certaines erreurs de planification et, certainement, pour notre erreur dans la compréhension de ce qui arriverait une fois que nous aurions renversé le régime. Mais il m’est difficile de demander pardon pour avoir renversé Saddam », déclare M. Blair à CNN, selon des propos rapportés par le quotidien The Telegraph et plusieurs tabloïdes.La référence à des « renseignements faux » paraît une évocation des supposées armes de destruction massive de Saddam Hussein, une menace qui a légitimé l’invasion de l’Irak dans les opinions britannique et américaine et qui s’est avérée inexistante. La coalition américaine avait peu préparé l’occupation du pays, qui devait suivre la chute de Saddam Hussein. La décision du principal administrateur américain, l’envoyé présidentiel Paul Bremer, de dissoudre le parti Baas de Saddam Hussein et d’interdire à ses hauts responsables d’exercer une fonction au sein du nouvel Etat avait, entre autres erreurs stratégiques, précipité la chute du pays dans la guerre civile. L’alliance d’anciens militaires et agents du renseignement baasistes et de djihadistes sunnites ferait une spécificité de la branche d’Al-Qaida en Irak, et la matrice de l’EI.Lire aussi l'enquête :Haji Bakr, le cerveau de l’Etat islamiqueSur CNN, lorsqu’il est demandé à M. Blair s’il considère que l’invasion a mené à l’essor de l’EI, il répond : « Je pense qu’il y a là des éléments de vérité. Bien sûr, vous ne pouvez pas dire que ceux qui ont renversé Saddam en 2003 n’ont aucune responsabilité dans la situation en 2015. » Lire dans nos archives : Tony Blair, le dernier croisé Jean-Baptiste Chastand (Kljuc Brdovecki, Croatie, envoyé spécial) En distribuant des verres d’eau aux migrants qui traversent son village, Alan (qui n’a pas voulu donner son nom de famille) rigole : « Il y a deux jours j’ai dit aux gens du village voisin que Kljuc Brdovecki était devenu le centre du monde. » Qui aurait cru que ce petit village croate situé juste avant la frontière slovène allait voir subitement passer des milliers de migrants par jour ? Personne, pas même le doyen du village, qui se glisse dans la discussion pour rappeler qu’il a en pourtant vu d’autres : « Ici, les partisans ont assassiné des Oustachis dans les champs en 1945. Et dans les années 90 tout le village a accueilli des réfugiés de Bosnie. »Kluj Brdovecki et sa jumelle slovène, Rigonce, sont devenus le nouvel abcès de la route des Balkans, dérivée ici depuis que Viktor Orban, le premier ministre hongrois, a décidé de fermer totalement sa clôture anti-migrants avec la Croatie, samedi 17 octobre. Un mois après avoir bloqué la section à la frontière serbe. Dès lundi, les premiers migrants sont amenés en Slovénie dans la plus grande confusion par les autorités croates qui comptent désormais sur ce petit pays alpin de 2 millions d’habitants, pour les emmener en Autriche. Plus de 60 000 migrants sont entrés dans le pays en une semaine. Alors que cette arrivée était prévisible, le chaos s’installe à la frontière et la tension monte entre les deux pays.A la frontière slovène-croate, les migrants arrivent toujours par milliers https://t.co/GGymr1vF20— jbchastand (@JB Chastand)require(["twitter/widgets"]);De vieux conflits autour du tracé frontalierMercredi, sous la pluie, des migrants traversent à la nage la petite rivière glaciale qui marque la frontière. Ces images font le tour du monde. La Slovénie accuse depuis les policiers croates de les avoir délibérément envoyés dans l’eau. Des accusations retournées par le gouvernement croate, qui a reproché aux Slovènes de manquer d’humanité en annonçant le déploiement de l’armée. Même si le soleil est revenu et la tension a baissé, cet épisode reste dans les têtes des deux côtés de la frontière, où les vieux conflits autour d’un tracé toujours contesté ne sont pas difficiles à ranimer. « Les Slovènes racontent n’importe quoi, ce sont eux qui n’ont pas empêché les migrants d’aller dans le fleuve », peste Alan. « Les Croates nous envoient les migrants pour se venger », grogne en face un Slovène venu voir de ses propres yeux le flot d’arrivées des réfugiés.Lire aussi :Dépassée par l’afflux de migrants, la Slovénie demande l’aide de l’UELes migrants continuent d’être conduits par train entier, jour et nuit, depuis la Serbie. Huit mille devaient encore passer ici pour la seule journée de samedi. Mais, sur le terrain, les polices des deux pays semblent désormais se coordonner pour réguler les arrivées. Les migrants doivent descendre du train côté croate, marcher 2 kilomètres jusqu’en Slovénie, attendre, puis marcher à nouveau vers plusieurs camps successifs, qui sont autant de moyens de réguler le flux, avant d’être enregistrés officiellement, puis d’embarquer dans des trains ou dans des bus pour l’Autriche. Samedi soir, près de 40 000 migrants avaient ainsi quitté la Slovénie pour l’Allemagne.« Les policiers nous interdisent de monter dans les voitures »Même s’il fait très froid la nuit, les réfugiés semblent par ailleurs désormais disposer de nourriture et de couvertures en quantité suffisante. « Maintenant, c’est beaucoup mieux organisé, la situation est sous contrôle et le travail entre les ONG mieux coordonné. Les réfugiés peuvent voir des médecins s’ils le souhaitent », témoigne Mario Belovic, journaliste pour le quotidien Delo, qui a décidé de poser des congés toute la semaine pour venir distribuer de la nourriture et de l’eau aux migrants. Un camp avec des tentes chauffées et des matelas est même en cours de construction et devrait être terminé dans les tout prochains jours.les enregistrements se font dans cette ancienne fabrique de vêtements, mais un centre chauffé est en construction https://t.co/uoZf16kmQ2— jbchastand (@JB Chastand)require(["twitter/widgets"]);Malgré cette organisation, il faut toujours plusieurs heures pour passer toutes ces étapes, les autorités slovènes enregistrant tous les migrants. En pleine campagne, les migrants marchent d’un camp à l’autre encadrés par des CRS et des policiers à cheval. Les femmes, les enfants et les personnes âgées ont souvent du mal à suivre. Mustafa, un Irakien de 35 ans qui avance très lentement avec sa mère, âgée de 58 ans, qui éprouve le plus grand mal à marcher, assure qu’il ne regrette rien. « Elle a beaucoup de palpitations cardiaques et c’est difficile, mais la situation est tellement plus dure en Irak », explique cet orthopédiste qui compte sur ces économies pour lui payer dès que possible un taxi. « Le problème est que les policiers nous interdisent de monter dans les voitures. »Des matchs de foot ont dû être suspendus ce week-end faute de forces de l’ordre disponiblesAutour d’eux, des dizaines de villageois viennent observer la situation et se demandent combien de temps cela peut-il bien durer. « Au moins des mois », pense Anka, qui habite la première maison côté slovène et qui vient chaque soir apporter des vêtements en famille. Même si elle les aide volontiers, cette assistante sociale de 42 ans ne sait pas trop encore quoi penser de tous ces migrants. « L’autre jour, je n’ai même pas pu aller au travail car ils étaient trop nombreux et je suis un peu inquiète pour mes trois enfants », observe-t-elle. D’autres ne cachent pas leur hostilité envers ces réfugiés très majoritairement musulmans. Tous se demandent si l’hiver et la neige vont ralentir les arrivées.Pour rassurer la population, des centaines de militaires et de policiers ont été déployés. Mais le gouvernement slovène assure ne pas avoir les moyens de continuer comme ça longtemps. Des matchs de foot ont dû être suspendus ce week-end faute de forces de l’ordre disponibles, et la Slovénie assure dépenser 770 000 euros par jour. Le gouvernement espère bien obtenir de l’aide de l’Europe dimanche 25 octobre, lors du sommet extraordinaire sur les migrants organisé à Bruxelles. Pour autant, personne ne croit que le pays serait prêt à fermer la frontière avec une clôture, comme l’a pourtant laissé entendre le premier ministre slovène. « Ce serait impossible, il y a 600 kilomètres de frontière, dont des parties en montagne, on aura jamais assez de policiers pour la surveiller », explique Mario Belovic.Jean-Baptiste Chastand (Kljuc Brdovecki, Croatie, envoyé spécial)Journaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Claire Guélaud Les Argentins sont appelés à désigner, dimanche 25 octobre, le successeur de Cristina Fernandez de Kirchner, dont le deuxième mandat de présidente, placé sous le signe de difficultés économiques et financières croissantes, touche à sa fin.Longtemps absente des débats électoraux, l’économie y a fait récemment son retour. Les difficultés économiques et financières du pays s’aggravent et l’horizon est assombri par le ralentissement chinois et par la baisse du prix des matières premières.Lire aussi :Argentine : qui sont les candidats à la présidentielle et leurs programmesLa dégringolade de la croissanceLa deuxième moitié des années Kirchner a été assombrie par la diminution de la croissance, passée de 8,7 % en moyenne entre 2003 et 2007 à moins de 4 % par la suite. Pour 2014, le Fonds monétaire international parle de récession (–1,7 %), alors que le ministre argentin de l’économie, Axel Kicillof, retient une modeste croissance de + 0,5 %. Si leur différend persiste pour 2015 et 2016, personne ne conteste l’importance du ralentissement économique actuel.Le ralentissement chinois et la baisse du prix des matières premières pèsent sur le secteur agroalimentaire argentin. Principal pourvoyeur de devises, ce dernier est aussi pénalisé – comme l’industrie, peu compétitive – par la surévaluation du peso.Lire aussi :L’Argentine à la recherche de sa croissance perdueDes réserves de change grignotéesLes prochains mois seront difficiles. Les réserves de change de l’Argentine, qui n’a plus accès aux marchés des capitaux depuis son défaut souverain en 2001, sont tombées officiellement de 52 milliards de dollars en juillet 2011 à 32,5 milliards de dollars (29,5 milliards d’euros). Mais un rapport de Morgan Stanley, cité le 9 octobre par Emerging Markets, les évalue plutôt à « 10-12 milliards ».Pour se procurer des devises, le gouvernement a alourdi les « retenciones », ces taxes sur les exportations qui atteignent 35 % sur le soja. Il a limité, parfois interdit les importations, et ressuscité le troc.De lourdes échéances Début octobre, le gouvernement a remboursé 5,9 milliards de dollars (5,3 milliards d’euros) d’obligations. Il en aura autant à sortir en 2016. Mais le pays n’a plus d’argent. Alejandro Vanoli, le gouverneur de la banque centrale, a bouclé à Lima, au Pérou, en marge des assemblées d’octobre du FMI et de la Banque mondiale, un prêt de 2 milliards avec la People’s Bank of China.Lire aussi (édition abonnés) :En Argentine, le crépuscule des années KirchnerUne inflation très élevéeL’inflation élevée, enfin, complique la vie des Argentins. La hausse des prix a accéléré à 12,3 % en 2004 et en 2005. Elle serait de 25 % aujourd’hui. À défaut de la maîtriser par le contrôle des prix, le gouvernement manipule les statistiques, ruine la crédibilité du pays et provoque des fuites de capitaux.La course aux dollarsFace à l’inflation qui dilue les dettes mais complique la vie des Argentins, la course au dollar se généralise. Il y a trois à quatre taux de change dans le pays. « Le premier, aligné sur le dollar, est comme une star. On en rêve sans y avoir jamais accès », ironise M. Echagüe d’Allianz. Les autres sont des dollars « bleus » échangés sur un marché parallèle, qui a presque pignon sur rue, à raison de 16 pesos pour 1 dollar, au lieu de 10 pour 1 au taux officiel.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Audrey Garric et Pierre Le Hir Après des années de blocage et de manœuvres en coulisses, les pays anti et pro-OGM dévoilent leur jeu en Europe. Seize Etats membres de l’Union ont demandé, ces dernières semaines, l’interdiction de cultiver des organismes génétiquement modifiés (OGM) sur leur territoire. La France, l’Allemagne, la Bulgarie, Chypre, la Lettonie, la Grèce, la Croatie, l’Autriche, la Hongrie, la Pologne, les Pays-Bas, la Lituanie, l’Italie et le Danemark ont déjà formulé cette demande auprès de la Commission européenne, ainsi que le Royaume-Uni au nom de l’Ecosse, le pays de Galles et l’Irlande du Nord, et la Belgique pour la Wallonie. La Slovénie pourrait leur emboîter le pas, avant samedi 3 octobre, date-butoir fixée par la nouvelle directive européenne sur le sujet, entrée en vigueur en avril.Le nouveau texte, qui visait à sortir de l’impasse dans laquelle se trouvait l’Europe vis-à-vis de ce dossier brûlant, laisse le choix aux Etats membres d’autoriser ou d’interdire la culture des OGM sur leur territoire, et ce, en amont de la procédure d’autorisation menée par la Commission européenne et l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).Lire : La culture des OGM facilitée dans l’Union européenneNeuf dossiers de maïs OGM en attente d’une autorisationJusqu’à présent, les Etats « anti-OGM » ne pouvaient interdire les cultures transgéniques sur leur territoire qu’après leur autorisation à l’échelle européenne, en prenant des clauses de sauvegarde ou des mesures d’urgence pour des motifs environnementaux et sanitaires. Une procédure très fragile juridiquement : la France a, par exemple, été attaquée à trois reprises sur ses moratoires – le dernier pourvoi introduit par les industriels étant toujours examiné par le Conseil d’Etat.Avec la nouvelle directive, les Etats qui souhaitent bannir des OGM doivent en faire la demande auprès des semenciers, sous la houlette de la Commission, afin d’être retirés du périmètre de culture. C’est ce que la France a fait le 17 septembre, en transposant dans le droit français la directive européenne. Paris a ainsi demandé à exclure de son territoire les 9 dossiers d’OGM en attente d’autorisation au niveau européen : le MON810 de Monsanto (deux demandes, pour son autorisation et son renouvellement), le TC1507 de Pioneer, proposé par la Commission en 2013 sous la pression d’un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne, ainsi que six autres maïs de Monsanto, Pioneer et Syngenta. Les entreprises de biotechnologie ont maintenant trente jours pour donner leur réponse (ou s’abstenir, ce qui est considéré comme une approbation).En cas d’opposition de ces dernières, la France, à l’image des autres gouvernements européens, pourra interdire les plantes sur son sol en invoquant différents motifs, notamment de politique agricole, d’aménagement du territoire ou des conséquences socio-économiques.Lire : OGM : tout comprendre au nouveau cadre européenAccélérer la mise en culture de semences« Le nouveau texte simplifie la procédure pour interdire les OGM. Reste à voir si elle fonctionne, notamment la phase de négociations entre les Etats et les semenciers, prévient Pauline Verrière, juriste à l’association Inf’OGM. On peut également craindre des recours devant l’Organisation mondiale du commerce, cette dernière pouvant sanctionner des décisions politiques basées sur des arguments socio-économiques et non scientifiques. Surtout, il existe un risque de multiplication des dossiers d’autorisation au niveau européen. » Car l’objectif de la nouvelle directive était, en laissant la liberté à chaque Etat de se prononcer pour son territoire, d’empêcher les blocages au niveau communautaire. Ceux-ci ont conduit à ce qu’un seul OGM soit actuellement cultivé en Europe : le maïs MON810. Cette semence est plantée presque exclusivement en Espagne, avec 132 000 hectares en 2014, ainsi qu’un peu au Portugal (8 500 ha). En 2015, les surfaces de MON810 ont considérablement diminué dans les trois autres pays qui le cultivent : en République tchèque (997 ha), en Slovaquie (105 ha) et en Roumanie (2,5 ha), selon les comptes d’Inf’OGM.La nouvelle législation va donc certainement accélérer la mise en culture de semences transgéniques sur le sol européen. Le porte-parole santé et environnement de la Commission précise ainsi que la latitude laissée aux Etats membres de s’opposer à ces cultures « ne change rien aux avis scientifiques de l’EFSA, selon lesquels les OGM ne présentent pas de risque pour l’environnement et la santé ».« Décision démocratique »Pour l’heure, les ONG se félicitent de la volonté d’une majorité de pays européens de prohiber la culture des OGM sur leur sol. « C’est un mouvement de masse, à la fois politique et citoyen, qui montre qu’un nombre croissant d’Etats membres ne font pas confiance aux évaluations conduites par l’Union européenne et prennent des mesures, à juste titre, pour protéger leur agriculture et leur alimentation », estime Anaïs Pourest, de Greenpeace France. Les pays et régions qui ont d’ores et déjà signifié leur intention d’interdire les cultures transgéniques « représentent 65 % de la population de l’UE et 66 % de ses terres arables », souligne-t-elle.« Il n’y a jamais eu un signal aussi clair que les cultures génétiquement modifiées, et les entreprises qui les produisent, ne sont pas bienvenues en Europe », renchérit Mute Schimpf, des Amis de la Terre Europe, dans un communiqué. Elle ajoute : « La décision démocratique des pays de bannir les cultures OGM doit être respectée par l’industrie des biotechnologies. » Reste que le dossier des OGM en Europe est loin d’être clos. En particulier, la question des « zones tampons » à mettre en place pour éviter des contaminations frontalières, entre un pays ouvert aux cultures transgéniques et son voisin les refusant, n’est toujours pas réglée. Quant à la révision des procédures d’évaluation et d’autorisation, réclamée depuis des années par les ministres européens de l’environnement, elle est toujours en suspens.Audrey GarricChef adjointe du service Planète/Sciences du MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterPierre Le HirJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.10.2015 à 06h44 | Jean-Baptiste Chastand Les Portugais vont-ils réélire leur premier ministre de droite malgré quatre années d’austérité ? C’est fortement probable, si l’on en croit les sondages publiés jeudi 1er octobre, à trois jours des législatives, prévues dimanche. Avec environ 38 % des intentions de vote, le très libéral Pedro Passos Coelho pourrait parvenir à rester premier ministre, en battant son adversaire socialiste Antonio Costa, crédité d’environ 32 % des voix. La droite ne serait toutefois pas en mesure de conserver la majorité absolue qu’elle avait obtenue en 2011 alors que le pays était au bord de la faillite.S’ils se confirment dimanche, ces sondages étonnent à plusieurs titres. D’abord parce qu’Antonio Costa, 54 ans, ancien maire de Lisbonne, était parti favori après sa victoire aux primaires socialistes, en septembre 2014. En promettant d’adoucir les mesures d’austérité et de combattre la précarité, tout en s’engageant à respecter le cadre budgétaire européen, sa campagne avait tout pour séduire la gauche, sans inquiéter le centre.Timide reprise de l’économieMais Pedro Passos Coelho, 51 ans, a réussi à renverser la tendance dans les sondages en s’appuyant sur la petite reprise de l’économie portugaise. Après avoir été saignée par les mesures d’austérité décidées en 2011 en échange d’un plan d’aide de 78 milliards d’euros de l’Union européenne et du Fonds monétaire international, celle-ci connaît en effet un léger rebond depuis 2014. La croissance est timidement repartie, le pays est sorti du plan d’aide international et le chômage a reculé fortement. Les socialistes défendent que ces indicateurs sont trompeurs en raison de l’émigration massive des Portugais ces dernières années, mais la droite leur rétorque que s’ils reviennent au pouvoir, le pays risque à nouveau la faillite.De quoi perturber des électeurs portugais, plus fatalistes que révoltés depuis l’échec des grandes manifestations anti-austérité de 2012. Les deux grands camps devraient ainsi récolter ensemble deux tiers des voix, empêchant toute véritable percée des partis contestataires. L’extrême droite portugaise est inexistante, et l’extrême gauche eurosceptique est divisée entre un parti communiste resté très traditionnel et un parti contestataire (le Bloc de gauche) qui n’a jamais vraiment percé. Même si ces deux partis pourraient récolter chacun près de 10 % des voix, ils restent loin des niveaux de Podemos en Espagne ou Syriza en Grèce.@jbchastandchastand@lemonde.frJean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 18h45 • Mis à jour le01.10.2015 à 18h56 | Lorenzo Bini Smaghi (Président du groupe Société générale) La chancelière Angela Merkel le rappelle à juste titre, la crise de l’euro est avant tout une crise de confiance. Mais d’où vient la défiance ?Comme l’a écrit Jens Weidmann [le président de la Bundesbank] dans sa tribune (« Renforçons la surveillance budgétaire au sein de l’Union européenne », Lemonde.fr, 30 septembre), il y a un profond malentendu sur l’interprétation des causes de la crise et du besoin de solidarité entre les pays membres de l’Eurozone. Mais pour résoudre les malentendus, il faut que chacun fasse une part du chemin.Lire aussi :Renforçons la surveillance budgétaire au sein de l’Union européenneLa crise grecque a montré qu’il ne pouvait y avoir de solution tant que le nouveau gouvernement grec n’assume pas pleinement sa responsabilité pour réaliser les réformes nécessaires qui permettent au pays de rester durablement dans l’euro, ce qui est arrivé non sans surprise le jour suivant le référendum qui avait rejeté le plan d’ajustement.Mais ceci n’était apparemment pas suffisant. Au lieu de se féliciter du repentir, bien que tardif, des Grecs, l’Allemagne a mis sur la table au cours des négociations une proposition alternative, qui consistait à faire sortir la Grèce de l’euro pendant cinq ans. Cette initiative a elle aussi contribué à détériorer la confiance réciproque en Europe.Du consensus au scepticismeEn quelques jours, l’Allemagne et ses leaders ont réussi à transformer le consensus entre les dix-huit pays en un scepticisme et une défiance tout aussi forts à son égard. Cette proposition témoigne d’une tendance à penser que les problèmes sont provoqués seulement par les autres, et que la meilleure manière de les résoudre est d’éliminer leur origine, en ignorant les conséquences autodestructrices de cette approche.Une vision claire de l’avenir, qui prenne vraiment en considération tous les aspects systémiques, incluant ceux qui résultent des développements internes de l’économie allemande, semble faire défaut. L’économie allemande a connu un succès exceptionnel ces dernières années. Le produit intérieur brut (PIB) allemand par tête est revenu au-dessus de son niveau d’avant la crise bien avant les Etats-Unis, avec un taux d’emploi supérieur et une dette publique en diminution.Le système économique allemand est un modèle, mais cela ne signifie pas nécessairement que la solution à tout problème européen consiste simplement à reproduire ce qu’a fait l’Allemagne. L’Europe ne serait pas nécessairement plus forte et résistante si nous avions dix-neuf Allemagnes au lieu d’une seule. C’est même probablement le contraire. C’est pourquoi il faut une vision systémique d’ensemble, qui n’est pas la simple somme des visions nationales. Et l’Allemagne, par sa dimension relative et le succès qu’elle a connu ces dernières années, ne peut pas s’y soustraire.Toutefois, c’est justement cette vision qui fait défaut aujourd’hui. Et cela semble être en partie le résultat de préjugés qui se sont transformés en véritables peurs, en angoisses. Si ces craintes ne sont pas dissipées, surtout en Allemagne, il est difficile de penser que l’Europe puisse aller sur la voie du progrès et du maintien de sa prospérité dans la cohésion.L’union bancaire garantit une parité de traitementLa première crainte est que l’Allemagne doive toujours payer les désastres financiers des autres pays. Cette peur résulte des conséquences de l’unification allemande, qui a impliqué des transferts considérables de ressources de l’Ouest vers l’Est. Mais en ce qui concerne l’Europe, elle est injustifiée. Certainement pour le passé, mais également pour tout scénario futur raisonnable.Pour qui observe la crise grecque, même dans le pire des cas, le citoyen allemand moyen aura contribué pour l’essentiel de la même manière que les autres européens. Certains soutiennent même que l’Allemagne contribue beaucoup moins que ce qu’elle devrait, étant donné l’exposition bien plus importante de son système bancaire à la Grèce.La seconde crainte est que les institutions européennes prennent des décisions allant à l’encontre des intérêts de l’Allemagne. L’évidence démontre le contraire. Toutes les craintes relatives aux interventions monétaires de la Banque centrale européenne (BCE), qui auraient tôt ou tard créé une hyperinflation, se sont systématiquement avérées infondées. Les craintes que les aides aux pays en difficulté se traduisent par un assouplissement des politiques budgétaires se sont révélées injustifiées.L’expérience de l’Irlande, du Portugal, voire de Chypre, démontre qu’il était juste de les aider. Le contribuable allemand y a de fait gagné. Certes, le cas de la Grèce est encore incertain, mais cela est-il suffisant pour démentir les autres réussites ? La création de l’union bancaire s’est révélée être un succès et garantit une parité de traitement. En résumé, tous les progrès institutionnels que l’Europe a réalisés depuis la crise ou les politiques communes qu’elle a mises en place ont contribué à la stabilité de l’Allemagne (et des autres pays), démentant les craintes initiales.Excès d’épargneLa troisième crainte concerne la durabilité du système allemand des retraites, liée aux faibles rendements produits par la politique monétaire de la BCE. Elle est également infondée, étant donné que les taux d’intérêt sont aujourd’hui bas presque partout dans le monde. Le problème réside dans l’excès d’épargne par rapport aux investissements au niveau global, et l’Allemagne y contribue de manière systématique, avec plus de 8 % d’excédent extérieur, ce qui produit des effets déflationnistes.La récente décision du gouvernement allemand d’abaisser l’âge de la retraite ne fait qu’aggraver la situation. La conséquence en est que les taux d’intérêt sont bas parce qu’il n’y a pas assez d’investissements, publics ou privés, en Europe et dans le monde, pour faire face à l’augmentation de l’épargne. Ces craintes sont diffuses, peut-être compréhensibles, mais injustifiées. Elles empêchent la création du contexte de confiance nécessaire pour poursuivre le processus d’intégration engagé il y a plus de 60 ans, qui a donné à l’Europe la paix et la prospérité.Chaque pays doit faire sa part, sans penser que le problème ne concerne que les autres.Lorenzo Bini Smaghi a été membre du Comité exécutif de la Banque centrale européenne (2005-2011). Une première version de cet article a été publiée en allemand le 26 août sur le site du journal Süddeutsche Zeitung.Lorenzo Bini Smaghi (Président du groupe Société générale) 01.10.2015 à 15h54 • Mis à jour le01.10.2015 à 16h39 | Marine Forestier Pour son premier déplacement officiel en Jamaïque, mardi 29 et mercredi 30 septembre, le premier ministre britannique, David Cameron, a ignoré les demandes d’excuses adressées au Royaume-Uni pour son rôle historique dans la traite négrière, malgré la pression exercée par plusieurs leaders caribéens.La Jamaïque a été une colonie britannique jusqu’en 1962. L’île fait partie de la Caribbean Community and Common Market (Caricom) qui regroupe quinze pays des Caraïbes, tous étant d’anciennes colonies des puissances européennes. La Caricom a annoncé en 2013 sa volonté d’obtenir des réparations pour les siècles d’esclavage, sans préciser de montant particulier.Lire aussi :Le Code Noir, une monstruosité qui mérite de l’histoire et non de l’idéologieEn 2004, note The Guardian, une coalition de groupes rastafaris en Jamaïque avait estimé que les pays européens devraient payer 129 milliards de dollars pour réinstaller 500 000 rastafaris en Afrique.Des liens ancestraux avec l’esclavage ?En amont de ce déplacement, le premier en quatorze ans d’un premier ministre britannique, la présidente de la commission des réparations de la Caricom, Hilary Beckles a publié une lettre dans le Jamaica Observer adressée à David Cameron. Il lui demandait de faire amende honorable, soulignant ses propres liens ancestraux avec la traite.« Vous êtes un petit-fils du sol jamaïcain, privilégié et enrichi par l’asservissement de nos ancêtres par les vôtres. […] Vous êtes, Monsieur, un produit prisé de cette terre et des bénéfices tirés de l’aubaine par votre famille et dont vous avez hérité. »Lire aussi :Esclavage : les errements de François Hollande sur la question des réparationsLa première ministre jamaïcaine Portia Simpson Miller a indiqué avoir soulevé la question des réparations lors d’une réunion formelle avec David Cameron, « sous les auspices de la communauté caribéenne », tout en étant consciente des « sensibilités évidentes ».La question de la responsabilité britannique esquivéeUn appel resté lettre morte pour le premier ministre britannique, qui a appelé la Caraïbe à « aller de l’avant », dans son discours devant le Parlement jamaïcain, sans faire mention du rôle actif du Royaume-Uni dans la traite.« L’esclavage est abominable dans toutes ses formes. Il n’a aucune place dans une société civilisée, et le Royaume-Uni est fier d’avoir montré la voie de son abolition. Que la Caraïbe ait émergé de cette longue et obscure ombre témoigne de la résilience et de l’esprit de ses habitants. Je reconnais que ces blessures sont très profondes. Mais j’espère, comme des amis qui ont vécu tellement de choses ensemble dans les temps les plus sombres, que nous pouvons aller de l’avant à partir de ce douloureux héritage et continuer à construire pour l’avenir. »David Cameron a insisté sur sa volonté de bâtir le futur, et a annoncé à Kingston un paquet financier d’aide d’environ 455 millions de dollars (plus de 400 millions d’euros) afin d’investir dans des infrastructures en Jamaïque, tels que des ports, ponts, routes et un projet de gestion des déchets. Cent quatre-vingts millions de dollars (environ 160 millions d’euros) seront également fournis pour améliorer l’accès aux soins et impulser la croissance économique, faisant du Royaume-Uni, selon son premier ministre, le plus important donateur bilatéral dans la région.Selon The Guardian, en 2006 Tony Blair avait exprimé sa « profonde tristesse » pour l’esclavage, sans admettre la culpabilité historique du Royaume-Uni.Marine ForestierJournaliste au Monde Benoît Vitkine Dans un climat tendu par l’annonce de frappes russes en Syrie, Paris doit accueillir, vendredi 2 octobre, un sommet réunissant les quatre chefs d’Etat et de gouvernement impliqués dans le règlement de la crise ukrainienne. François Hollande, qui avait lancé l’idée de cette rencontre lors de sa conférence de presse du 7 septembre, recevra dans la capitale française Angela Merkel, Petro Porochenko et Vladimir Poutine, dont l’implication non concertée avec les Occidentaux en Syrie fait paradoxalement espérer aux diplomates occidentaux une position plus conciliante sur l’Ukraine.C’est sous l’égide de ce même format dit « de Normandie » qu’avaient été signés, en février, les accords de Minsk, devant apporter une solution définitive à la guerre en Ukraine, et qui doivent théoriquement être appliqués d’ici au 31 décembre. « Il ne s’agit pas de renégocier Minsk, avertit une source diplomatique française, mais plus de faire un point d’étape. » Le choix des mots est prudent, mais Paris entend, en réalité, aller plus loin qu’un simple point d’étape, et profiter de la « bonne dynamique » observée sur le terrain militaire pour éviter toute sortie de route lors des trois derniers mois du processus.Lire aussi :Comment Poutine est revenu au centre du jeu diplomatiquePari ambitieux Le moment est particulièrement favorable : dans le Donbass, le front est calme comme jamais depuis le début du conflit, au printemps 2014. Le nouveau cessez-le-feu décrété le 1er septembre est presque intégralement respecté par les belligérants, à l’exception de très rares incidents isolés. A la veille de la rencontre, l’Ukraine et les séparatistes prorusses ont annoncé un accord sur le retrait des armes de calibre inférieur à 100 millimètres dans une zone de 15 km de part et d’autre de la ligne de front, sur le modèle de l’accord théoriquement en vigueur pour les armes lourdes. Cette dernière annonce doit être mise en œuvre sous 41 jours. L’objectif est loin d’être acquis, tant la méfiance entre les parties reste forte.Si le volet militaire paraît en voie de stabilisation, l’application du versant politique de la feuille de route de Minsk s’annonce plus périlleuse. Premier écueil, les élections que les séparatistes comptent organiser de façon unilatérale sur les territoires qu’ils contrôlent, alors que le texte de Minsk prévoit la tenue d’un scrutin en conformité avec la législation ukrainienne. Les dates annoncées – 18 octobre pour la « République populaire de Donetsk », 1er novembre pour celle de Louhansk – ont tout de la provocation envers les autorités ukrainiennes, qui organisent leurs propres élections locales le 25 octobre.La solution de compromis élaborée par Paris et Berlin prévoit que le scrutin pourra se tenir dans les territoires séparatistes à une date différente du reste de l’Ukraine, mais bien en conformité avec le droit ukrainien, et sous la supervision de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Pour convaincre les séparatistes d’accepter ce compromis, Paris et Berlin ont obtenu une concession de Kiev : que deux autres points très sensibles de cette feuille de route de Minsk – le retour du contrôle ukrainien sur la frontière russo-ukrainienne et le retrait des groupes armés de la région – n’interviennent qu’en toute fin de processus. Théoriquement, cela impliquerait qu’un représentant du parti du président ukrainien pourrait être candidat dans une ville comme Donetsk encore tenue par des rebelles armés. Le pari est ambitieux, mais un diplomate français relativise en expliquant que « l’on n’attend pas des élections dignes d’un canton suisse, mais un scrutin à peu près au cordeau ».Vaincre les réticencesLes chancelleries occidentales veulent aussi pousser Kiev à accélérer l’adoption des « modalités particulières de la décentralisation » pour les régions de Donetsk et Louhansk. En clair, une large autonomie. Un premier vote sur le sujet s’était soldé, fin août, par des violences meurtrières à Kiev. Et la majorité requise de 300 voix est loin d’être acquise au Parlement ukrainien. Mais Paris et Berlin espèrent que les concessions séparatistes sur les élections vaincront les réticences. « L’idée est de faire avancer les deux dossiers simultanément, explique une source française, pour éviter qu’une des deux parties ne se braque, comme cela a été le cas jusqu’à présent. »Quand bien même ces obstacles seraient franchis, la partie est loin d’être gagnée pour espérer une application entière des accords de Minsk à la fin de l’année. Les deux derniers points – contrôle de la frontière par l’Ukraine et retrait ou désarmement des groupes armés illégaux – s’annoncent autrement plus délicats. C’est à ce moment-là que se vérifiera réellement la bonne volonté affichée aujourd’hui par Vladimir Poutine.Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Jacqué Un scandale Volkswagen ? Quel scandale ? En septembre, le groupe allemand n’a pas du tout souffert de l’affaire du logiciel truqueur, qui n’a éclaté il est vrai que le 18 du mois aux Etats-Unis. En France, les ventes du constructeur ont bondi de 12,8 %, selon les données publiées jeudi 1er octobre par le Comité des constructeurs français d’automobiles, pour un marché en progression de 9 % au mois de septembre.Pour l’instant, toutes les marques commercialisées par le géant allemand profitent de l’embellie du marché national. Audi (+ 6,3 %), VW (+ 12,1 %), mais aussi Seat (+ 21,2 %) et Skoda (+ 28,1 %) progressent. Leur dynamique commerciale est bien plus forte que celle des constructeurs tricolores. Au mois de septembre, Renault (+ 5,8 %) a connu un meilleur mois que PSA (+ 3,9 %), bien loin de leur concurrent germanique.Renault progresseSur neuf mois, si les immatriculations rebondissent au niveau français de 5,4 %, celles des constructeurs nationaux augmentent bien plus modestement de 2,6 %, tandis que Volkswagen affiche une croissance de 4,6 %. Renault, porté par le renouveau de sa gamme, progresse de 4,7 % sur les trois premiers trimestres. Dacia, sa marque à bas coûts qui soutenait le groupe en 2014, est en plus grande difficulté, en retrait de 6 % depuis le début de l’année.PSA bénéficie pour sa part toujours de la bonne tenue de Peugeot. Les véhicules du « Lion » sont toujours aussi demandés (6,7 % de croissance) alors que Citroën (– 1,3 %) et DS (– 11,3 %) connaissent une année bien plus compliquée avec un renouvellement de l’offre qui tarde encore à produire ses effets.Du côté des constructeurs étrangers, BMW (+ 20,2 %), Hyundai (+ 18,4 %) et Mercedes (+ 11,7 %) se distinguent depuis le début de l’année, après il faut le dire une année 2014 particulièrement médiocre. Ford, Nissan et Toyota progressent au rythme du marché.Lire aussi :La France demande des comptes à VolkswagenEn septembre, la part de marché du diesel dans les ventes est tombée à 55 %, un niveau particulièrement bas. Et depuis le début de l’année, la part de marché de cette motorisation est en moyenne de 58 % des véhicules vendus, contre 64 % en 2014 et 73 % en 2012, son plus haut niveau historique. Alors que les constructeurs s’attendaient à voir passer la part de marché à 50 % à l’horizon 2020, ce taux pourrait être atteint bien plus tôt.Philippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Yves-Michel Riols (New York, envoyé spécial) Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a appelé à la création d’un système de « quotas mondiaux » pour la répartition des réfugiés, mercredi 30 septembre à New York, lors d’une réunion de l’ONU consacrée à la crise migratoire en présence de représentants de 70 pays.Le dirigeant de droite magyar a défendu l’approche de son pays qui a fait l’objet de vives critiques depuis la construction de barrières aux frontières de la Hongrie avec la Serbie et la Croatie. Viktor Orban a estimé que les Etats de l’Union européenne ne sont pas en mesure d’absorber la vague de migrants qui se dirigent par centaines de milliers vers l’Europe depuis plusieurs mois. « L’Europe ne peut pas supporter ce fardeau toute seule, si la tendance actuelle ne change pas, l’Europe sera déstabilisée », a-t-il affirmé, en appelant l’ONU à fixer des « quotas mondiaux » de migrants à accueillir dans chaque pays.Lire aussi :Migrants : la Hongrie annonce vouloir fermer à terme sa frontière avec la Croatie« Un mouvement migratoire de masse »Tranchant avec la tonalité des discours des orateurs qui l’ont précédé, M. Orban a relevé qu’il « n’y avait pas de consensus » sur la nature du défi à relever. Pour lui, l’Europe n’est pas confrontée à « une crise de réfugiés », mais à « un mouvement migratoire de masse » composé « de migrants économiques, de réfugiés, de demandeurs d’asile et de combattants étrangers ». Cet afflux trouve son origine dans des pays où « la population est victime d’une mauvaise gouvernance qui la prive de sa dignité ». Ce mouvement « incontrôlé » profite aux réseaux criminels de trafiquants, a-t-il souligné estimant que l’Europe aurait tort de « soulever des attentes qu’elle ne pourra pas satisfaire » auprès de ces populations.De son côté, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a implicitement critiqué la Hongrie en déclarant que « l’avenir n’appartient pas à ceux qui cherchent à construire des murs » alors que le monde est confronté à « la plus grave crise de migration et de réfugiés depuis la seconde guerre mondiale ».A la veille de cette réunion, le chef de la diplomatie hongroise, Peter Szijjarto, avait défendu la position de son gouvernement, mardi, à New York. « L’Europe n’est pas en état de recevoir des centaines de milliers de migrants, et c’est une erreur que de les encourager à venir en Europe, comme le font certains pays », a-t-il estimé. « Les critiques à l’égard de la Hongrie sont injustes et déloyales », a-t-il poursuivi, soulignant que la décision de construire des barrières aux frontières du pays n’a pas été prise « de gaieté de cœur ». « Ce n’est pas la première fois qu’on construit une clôture, a-t-il relevé, et si on nous critique, d’autres doivent l’être aussi. »Lire aussi :Viktor Orban, le mauvais génie de l’EuropeYves-Michel Riols (New York, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.09.2015 à 09h55 • Mis à jour le30.09.2015 à 19h26 L’opération visant à évacuer le camp de migrants à Vintimille, à la frontière franco-italienne, s’est achevée, mercredi 30 septembre, en fin d’après-midi. Réfugiés sur des rochers au bord de la mer, après l’intervention de la police italienne dans leur camp, 50 migrants et militants ont quitté les lieux qu’ils occupaient après avoir trouvé un accord avec les forces de l’ordre.À la suite d’une médiation de l’évêque de Vintimille-San Remo, une trentaine de migrants, essentiellement africains, ont accepté d’être emmenés dans des autocars vers le centre d’accueil des migrants de la Croix-Rouge, à Vintimille. Quant à la vingtaine de militants, ils seront emmenés au commissariat de la ville pour être entendus.Lire le reportage :A Vintimille, guerre d’usure entre migrants et policiersMercredi matin, dès 6 heures du matin, 200 membres des forces de l’ordre italiennes ont évacué ce camp, situé sous un viaduc à une centaine de mètres de la frontière française, où se trouvait encore une centaine de migrants. Le tribunal d’Imperia, en Italie, a décidé cette évacuation pour « occupation illégale du domaine public » et « vol d’eau et d’électricité ». Après l’intervention de la police, une dizaine de migrants ont été interpellés et transférés au commissariat. Parmi eux, se trouvait un Bosnien, objet d’un mandat d’arrêt international.Selon des journalistes présents sur place, des policiers et des carabiniers italiens en tenue antiémeute ont retourné les tentes des migrants installés dans ce camp à l’aide de bulldozers. Ils ont également réquisitionné une partie de leurs sacs et de leurs stocks de nourriture.Tous les points de passage de la frontière entre l’Italie et le département des Alpes-Maritimes font l’objet de contrôles renforcés depuis la mi-juin par la police française.Lire aussi :Les Républicains demandent de rétablir provisoirement les contrôles à la frontière franco-italienne Patrick Roger Le projet de loi de finances pour 2016 du gouvernement de Manuel Valls sera adopté, mercredi 30 septembre, en conseil des ministres. Ce projet de budget, fondé sur une hypothèse de croissance jugée « prudente » par le gouvernement – alors qu’à l’heure actuelle, la reprise de l’activité économique demeure lente – sera avant tout marqué par des baisses ciblées de l’impôt sur le revenu et par des mesures d’économies, dont le montant sera un peu supérieur aux premières estimations communiquées par le gouvernement.A ce propos, M. Valls, lors d’un entretien, mardi, avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s’est engagé à prendre « les mesures nécessaires » afin de tenir la promesse de Paris de ramener le déficit public sous la barre des 3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2017. « Voilà le message : la France est en mouvement, et rien n’interrompra l’élan de réformes qui a été engagé. La France en a besoin pour elle-même, je suis également convaincu que c’est utile pour l’Europe dans son ensemble », a déclaré le chef du gouvernement.Voici, en cinq chiffres, un aperçu des grandes masses de ce projet de budget.1,5 %C’est l’hypothèse de croissance de l’économie française pour l’année 2016 (après 1 % en 2015) sur laquelle a été construit le projet de loi de finances. Cette estimation reste proche de celle des instituts économiques qui convergent vers 1,6 %.« Ce 1,5 % n’est pas un objectif, nous cherchons à nous donner les moyens de faire mieux, mais nous avons fait le choix d’une hypothèse prudente pour construire notre budget. Ce choix n’allait pas nécessairement de soi », précise le ministre des finances, Michel Sapin.Le Haut conseil des finances publiques, quant à lui, estime que, « compte tenu de l’accroissement des incertitudes depuis l’été, (…) l’hypothèse d’une croissance de 1,5 % en 2016 ne peut plus être qualifiée de “prudente” ». Il considère toutefois qu’elle reste « atteignable ».Le gouvernement table sur une consommation des ménages soutenue (+ 1,7 %) et, surtout, sur un fort rebond de l’investissement des entreprises (+ 4,9 %) grâce aux effets attendus du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) et du pacte de responsabilité, dont elles bénéficieront pour un montant global de 9 milliards d’euros.Lire aussi :Un budget pour 2016 construit sur une « hypothèse prudente » de croissance 16 milliards d’eurosC’est le montant de la réduction des dépenses programmée en 2016. Amorcé en 2015, le mouvement de baisse de ces dépenses, de 50 milliards d’euros en trois ans, se poursuit donc.Mais le programme de stabilité, transmis au printemps à la Commission européenne, ne prévoyait « que » 14,5 milliards d’euros d’économies en 2016. Le projet de loi de finances place donc finalement le curseur un peu plus haut.Après 56,4 % du PIB en 2014 et 55,8 % en 2015, la dépense publique devrait s’établir à 55,1 % en 2016. Un niveau qui reste cependant un des plus élevés d’Europe. Le gouvernement fait observer que la progression moyenne, en valeur, de la dépense publique entre 2012 et 2016 (1,5 %) est inférieure de moitié à sa progression entre 2007 et 2011 (plus de 3 %).En 2014, la progression en valeur a été contenue à + 0,9 % et celle de l’Etat a même baissé. « Rapporté à un rythme d’évolution spontanée de la dépense publique autour de + 2,5 %, l’effort est réel », souligne M. Sapin.2 milliards d’eurosC’est l’ampleur (en réalité un peu plus de 2 milliards d’euros) de la nouvelle baisse d’impôt sur le revenu décidée pour 2016. Le gouvernement met en l’occurrence l’accent sur les ménages modestes.Cette réduction concernera 3 millions de foyers qui n’ont pas bénéficié de la baisse engagée en 2015, pour 3 milliards d’euros. Ceux-ci devraient voir leur impôt diminuer et environ 1 million sortiront de l’impôt sur le revenu (IR) ou éviteront d’y entrer.Ainsi, en 2016, 46 % des foyers imposables seront assujettis à l’IR, un niveau équivalent à celui de 2010. Entre-temps, cependant, les recettes de l’impôt sur le revenu ont crû de 20 milliards d’euros.Les prélèvements obligatoires, dans leur ensemble, n’observeront, eux, qu’une très faible diminution : ils se situeront à 44,5 % du PIB en 2016, après 44,6 % en 2015 et 44,9 % en 2014, année record. « Les recettes fiscales sont au rendez-vous », se félicite le secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert.3,3 %C’est, en pourcentage du PIB, le niveau du déficit public que le gouvernement s’engage à atteindre fin 2016, après 3,8 % en 2015, l’objectif étant d’arriver à passer sous la barre des 3 % en 2017, comme le prévoit le pacte de stabilité approuvé par la Commission européenne.Cet objectif suppose toutefois, pour être tenu, une maîtrise stricte des économies à réaliser, compte tenu à la fois des mesures fiscales en faveur des ménages et des entreprises et des crédits annoncés par le gouvernement ces dernières semaines pour l’agriculture, les collectivités locales et l’accueil des réfugiés.C’est sur le chiffrage de ces économies que le gouvernement est particulièrement attendu.Lire aussi :Budget : Bruxelles ne relâche pas la pression sur la France96,5 %C’est, en pourcentage du PIB, le poids de la dette publique. Celle-ci devrait continuer à croître en 2016, certes de façon modérée, mais elle atteindra quand même 96,5 % du PIB, après 96,3 % cette année. Selon l’Insee, elle s’établissait à 97,6 % du PIB à la fin du second trimestre 2015.Les « règles » européennes prévoient théoriquement que la dette publique soit contenue sous les... 60 % du PIB. « La dette se stabilisera nettement en dessous de 100 % du PIB en 2016, avant de progressivement refluer », a annoncé M. Sapin en présentant les grandes orientations du budget.Paradoxalement, le budget de l’Etat devrait enregistrer un moindre poids de la dette par rapport à ce que le gouvernement anticipait, grâce à la persistance de taux d’intérêt bas et d’une faible inflation.Ainsi, la charge de la dette en 2016 devrait s’élever à 44,5 milliards d’euros alors que la loi de programmation des finances publiques prévoyait 47,7 milliards.Lire l'entretien :Michel Sapin assure pour 2016 une « maîtrise très forte des dépenses de l’Etat »Patrick RogerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Brighton, envoyé spécial) Deux semaines après avoir été porté à la tête du Labour avec 59 % des voix, Jeremy Corbyn a reçu, mardi 29 septembre à Brighton (Royaume-Uni), l’onction enthousiaste du congrès travailliste. Ovations debout répétées, acclamations, bras levés : le discours qu’il a prononcé et sa réception par les militants confirment que l’outsider radical de la primaire travailliste n’est pas l’accident de l’histoire que David Cameron et la majorité des médias se plaisent à décrire.Désireux de balayer l’image du coupeur de têtes néomarxiste que renvoient les tabloïds, M. Corbyn s’est habilement présenté comme un homme à l’écoute, convaincu des vertus de la contestation et du « libre débat », porteur des valeurs ouvrières historiques du Parti travailliste et promoteur d’une société « plus douce, plus accueillante », capable de « prendre soin » des démunis.« Diriger, c’est écouter », a-t-il lancé à l’adresse de tous ceux qui, en particulier chez les députés de son propre parti, combattent ses positions tranchées contre l’arme nucléaire et le plafonnement des aides sociales, et pour la nationalisation des chemins de fer. « Ne pas être d’accord, ce n’est pas la fin du monde, si on se retrouve à la fin pour défendre nos idées contre les tories », a-t-il lancé.Depuis qu’il a été élu, l’homme a déjà montré qu’il savait mettre de l’eau dans son vin : après le scandale suscité par son refus de chanter le God Save the Queen, lors de la commémoration de la Bataille d’Angleterre, il a accepté de se conformer aux usages. Alors que son élection marque une victoire pour les eurosceptiques de gauche, il a aussi promis de défendre le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne lors du référendum prévu d’ici à 2017.Lire aussi :Jeremy Corbyn cherche à surmonter les critiques de ses détracteursMardi, pour son discours-programme retransmis par tous les médias, il portait une cravate grenat mal serrée et lisait son texte sur un prompteur. Mais ses concessions ne se sont pas limitées au style : en évitant de trancher sur les sujets qui fâchent, en caressant largement les militants dans le sens du poil, il a manifesté un solide sens politique et de la synthèse, sans pour autant céder à la démagogie.Dénonçant la revendication de David Cameron d’une exemption pour le Royaume-Uni en matière de droits sociaux européens, Jeremy Corbyn a défendu « une Europe de l’unité et de la solidarité ». Se posant en défenseur des droits de l’homme dans le monde, il a dénoncé le soutien de Londres et les ventes d’armes à des régimes comme l’Arabie saoudite. Convaincu qu’« un peu plus de bombes » sur la Syrie ne réglerait rien sans une « stratégie diplomatique », il a appelé à « tirer les leçons du passé », en particulier, la décision de Tony Blair d’engager le pays en Irak « sur la base de mensonges ».Mais la principale cible du nouveau chef de l’opposition au gouvernement de Sa Majesté est évidemment David Cameron et sa sévère politique d’austérité. Accusé par le premier ministre de constituer « une menace » non seulement pour la sécurité nationale à cause de son opposition à la force nucléaire, mais aux familles britanniques en raison de sa contestation des coupes sur les budgets sociaux, Jeremy Corbyn lui a renvoyé la politesse. Maniant l’anaphore sur le thème « Où est la sécurité lorsque… ? », il a énuméré les situations d’insécurité sociale que vivent nombre de Britanniques : baux de location de six mois, impossible accès à un logement abordable, emplois précaires, réduction des aides sociales, recours aux banques alimentaires. Et d’appeler les militants à combattre ces injustices, afin de construire « une gauche moderne, une société plus juste pour tous ».Lire aussi :Royaume-Uni : Corbyn réussit son grand oral face à CameronLe respect des opinions des autres, le fair-play, la solidarité, « ces valeurs que partagent la majorité des Britanniques, ce sont les raisons fondamentales pour lesquelles j’aime ce pays et son peuple », a insisté le leader, dont le patriotisme avait été mis en cause après l’épisode du God Save the Queen.La référence appuyée aux fondamentaux de la gauche – la solidarité, le refus de l’injustice et des préjugés –, reléguée au second plan ces derniers temps au profit du sérieux budgétaire revendiqué, ne pouvait que déclencher des tonnerres d’applaudissements consensuels. Pour M. Corbyn, soupçonné de provoquer l’éclatement de son parti, c’était essentiel.La revendication d’une renationalisation des chemins de fer – plébiscitée largement selon les sondages – et d’une gestion des établissements scolaires par les collectivités locales et non par des entités privées peut également facilement unir le « peuple de gauche ».Lire aussi :Corbyn réveille les vieux démons du LabourMais le discours de Brighton a évité plusieurs sujets très clivants, notamment le déficit budgétaire et l’immigration, deux dossiers stratégiques sur lesquels les électeurs ne font pas confiance au Labour et qui divisent profondément le parti. Il n’a pas non plus clarifié la position du Labour sur des questions clés comme l’Europe ou l’arme nucléaire : M. Corbyn a seulement répété son opposition, tout en prônant la défense des emplois qui y sont liés, conformément à la position des syndicats qui soutiennent ardemment le nouveau leader.Tous ces différends devront être tranchés, et M. Corbyn s’est dit « ouvert au débat ». Les élections locales, notamment à Londres et en Ecosse, au printemps prochain, constitueront un premier test de l’écho de la nouvelle ligne du parti auprès des électeurs. Ses opposants au sein du parti semblent avoir enterré la hache de guerre, pour l’instant. Mais font savoir qu’ils l’attendent au tournant.Mais le nouveau leader travailliste a aussi rappelé le mandat clair « pour le changement » que la primaire lui a conféré. Avec 50 000 nouvelles adhésions enregistrées au parti depuis son élection, Jeremy Corbyn dispose d’une légitimité à se poser en chef de file d’un mouvement de masse, notamment parmi la jeunesse. Tous ses lieutenants l’ont répété à Brighton devant des audiences électrisées : il s’agit de transformer le vieux Labour Party en un vaste « mouvement anti-austérité ».Lire aussi :Qui est Jeremy Corbyn, nouveau leader de la gauche britannique ?Philippe Bernard (Brighton, envoyé spécial)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.09.2015 à 12h33 • Mis à jour le29.09.2015 à 15h16 Après avoir avoué avoir équipé 11 millions de véhicules dans le monde d’un logiciel capable de fausser les résultats des tests antipollution, Volkswagen continue à rendre publique, au compte-gouttes, les marques des véhicules et les pays concernés.La division Utilitaires du constructeur a reconnu, mardi 29 septembre, que 1,8 million de véhicules utilitaires étaient concernés. Puis, ce sont 700 000 autres qui ont été identifiés comme étant de la marque espagnole Seat. Jusqu’à maintenant, on savait que la présence du logiciel était confirmée sur :5 millions de voitures de marque Volkswagen ;2,1 millions de berlines haut de gamme Audi ;1,2 million de Skoda.Avec les dernières annonces, il ne manque plus que 200 000 unités à l’appel. Pour ce qui est des pays, on ne connaît pour l’heure que les chiffres pour l’Allemagne (2,8 millions de véhicules) et les Etats-Unis (500 000 véhicules).Lire aussi :Scandale Volkswagen : Bruxelles accusée d’avoir fermé les yeux« Un chemin long et pénible nous attend » Le constructeur allemand, sommé par le gouvernement de présenter d’ici au 7 octobre une feuille de route et un calendrier de rappel des voitures et de remise aux normes, a promis, par la voix de son nouveau PDG, Matthias Müller, « un plan d’action à grande échelle » visant à assurer que ses moteurs diesel respecteront dorénavant les normes établies par les différents pays.Volkswagen proposera à ses clients « dans les jours à venir » de venir modifier les modèles diesel équipés de logiciels. Matthias Müller a également dit que les autorités seraient informées en octobre de ces solutions techniques.Il a ajouté que la marque Volkswagen, qui a perdu plus du tiers de sa valeur en Bourse depuis que le scandale a éclaté, deviendrait indépendante au même titre qu’Audi et Porsche, rapporte Reuters. « La nouvelle structure de l’entreprise constituera la première étape et le fondement de la modernisation de Volkswagen. Un chemin long et pénible nous attend, ainsi que beaucoup de travail », a lancé M. Müller devant les actionnaires du groupe.Lire le décryptage :Six clés pour comprendre le scandale qui secoue Volkswagen Audrey Tonnelier Les Bourses de Tokyo et de Hongkong ont plongé de plus de 4 % et de 3,38 % respectivement, mardi 29 septembre, dans un contexte de déprime des marchés, de nouveau gagnés par l’inquiétude sur les fragilités de la croissance mondiale. La Bourse de New York avait fini, lundi, sur une baisse conséquente, le Dow Jones fléchissant de 1,92 % et le Nasdaq de 3,04 %, dans la foulée des places européennes. Mardi en fin de matinée, les places européennes semblaient toutefois se reprendre, et évoluaient dans le vert. Trois grandes raisons expliquent pourquoi les turbulences boursières actuelles sont parties pour durer.Lire aussi :Nerveux et agités, les marchés se cherchent une boussoleChineLe ralentissement économique de l’empire du Milieu, longtemps considéré comme la locomotive du monde, n’en finit pas d’inquiéter les investisseurs. Les marchés asiatiques ne se sont jamais remis du mini-krach boursier intervenu en août, sur fond de dévaluation du yuan et d’éclatement de la bulle immobilière chinoise. Lundi, un nouvel indicateur est venu raviver les craintes : les entreprises du secteur industriel en Chine ont vu leurs bénéfices chuter de 8,8 % sur un an en août. Ce repli, qui s’accélère, est un nouveau signal de l’essoufflement de l’activité dans la deuxième économie de la planète. Les marchés craignent une contagion aux autres pays émergents, au premier rang desquels le Brésil, et à toute l’économie mondiale.Matières premièresL’indicateur chinois a provoqué une nouvelle chute des matières premières. Les cours du pétrole ont cédé plus d’un dollar le baril à New York, lundi. Symbole de cette débâcle, le groupe suisse de matières premières Glencore a connu un lundi noir à la Bourse de Londres, où il est coté, avec une chute de 29,42 % de son action, à 68,62 pence, qui atteint son plus bas niveau historique après une note d’analyste pointant son fort endettement.« Ces secteurs, très consommateurs de produits industriels, pèsent sur les commandes d’autres entreprises cotées, comme Schneider ou Bureau Veritas par exemple », soulignent les analystes d’Aurel BGC.Lire aussi :Glencore : les raisons de la chute du roi du négoce FedLes tergiversations de la banque centrale américaine sur un relèvement de ses taux directeurs alimentent les incertitudes des investisseurs. Les statistiques macroéconomiques ne les aident pas à y voir plus clair sur l’état de l’économie : lundi, les promesses de ventes de logements en août ont connu un recul inattendu, mais la consommation des ménages américains a réservé une bonne surprise pour le même mois, venant une nouvelle fois plaider en faveur d’un relèvement des taux d’ici la fin de l’année.Le président de la Fed de New York, William Dudley, a en outre alimenté les spéculations en laissant entendre que la banque centrale pourrait passer à l’action dès sa prochaine réunion, fin octobre. Plusieurs autres responsables de la Réserve fédérale doivent s’exprimer au cours des prochains jours, et parmi eux sa présidente, Janet Yellen, mercredi. Et vendredi, les investisseurs prendront connaissance des chiffres de l’emploi en septembre.Audrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Nicolas Chapuis Une standing ovation du Parlement hellène, et en guise de cadeau une médaille en or frappé du profil du stratège Périclès, dont le nom signifie littéralement « entouré par la gloire ». François Hollande a pu mesurer la sienne auprès des députés grecs de Syriza, vendredi 23 octobre. Dans un pays qui a vu naître de grands orateurs, le discours du chef de l’Etat français n’aura pas réinventé le métier. Mais cet accueil positif en dit long sur l’évolution politique de la Grèce ces derniers mois et sur cette majorité de gauche radicale contrainte de voir en M. Hollande son meilleur ami sur la scène européenne.« François a été une des personnes qui m’ont convaincu que je me devais d’accepter un compromis difficile », explique Alexis Tsipras, le premier ministre grec, lors d’une conférence de presse commune entre les deux dirigeants. La position de la France, qui voulait à tout prix éviter la sortie de la Grèce de la zone euro, a été déterminante dans la signature d’un accord, le 13 juillet, qui a débloqué un plan de soutien en faveur d’Athènes en échange d’un programme de réformes drastiques.Lire aussi :Tsipras et Hollande, histoire d’un mariage de raison« La question du “Grexit” est derrière nous »Pas de bain de foule au programme de François Hollande, dont la popularité dans les rues d’Athènes n’est pas assurée. Du reste, la météo tumultueuse aurait compromis toute velléité de sortie publique. Mais le chef de l’Etat a eu droit à une série d’honneurs : discours à la Vouli (le Parlement grec), déjeuner à l’Acropole, remise d’un titre de « docteur honoris causa » de l’université d’Athènes dans la lignée des présidents du Conseil Léon Gambetta, Georges Clemenceau, ou encore du député Jean Zay… A chaque arrêt, François Hollande défend son idée de l’Union européenne, et veut voir dans le maintien de la Grèce dans la zone euro la preuve que la « solidarité » en est la principale valeur. « Sans la Grèce, l’Europe ne serait plus l’Europe et la zone euro aurait perdu de sa légitimité en perdant son intégrité », explique-t-il. La poussée des extrêmes – « ceux qui veulent se retirer de tout, qui considèrent l’autre comme un suspect, qui veulent ériger des murs » – est très présente dans son discours, alors que 18 représentants du parti néonazi Aube dorée siègent à la Vouli. « La démocratie c’est s’adresser à l’intelligence des citoyens plutôt que s’adresser à ses peurs », lance-t-il à l’assemblée.Pour lui, le plan européen de maintien de la Grèce dans la zone euro, conçu dans la douleur, est davantage qu’un simple accord économique :« C’est le sort de la Grèce mais aussi d’une conception de l’Europe qui s’est joué : il s’agissait de savoir si nous portions encore un projet plus grand que nous, si nous partagions ensemble une communauté de destins, et pas seulement des règles de discipline. »Comme il l’avait déjà fait lors de son intervention du 14 juillet, François Hollande salue devant le Parlement grec « le courage » d’Alexis Tsipras et de sa majorité : « Vous avez accepté le compromis, c’est-à-dire l’esprit européen. » Le chef de l’Etat français appelle chacun à dépasser la crise de cet été : « La question du “Grexit” est derrière nous, le double engagement est passé, il est irrévocable, et chacun aura à cœur de le respecter. »Partenariats stratégiques Pour lui, la mise en œuvre des réformes grecques doit se traduire par une réflexion européenne sur le service de la dette grecque avec un rééchelonnement des intérêts. A travers sa visite, le chef de l’Etat, accompagné d’entrepreneurs, veut également défendre l’idée que la Grèce a besoin des investissements européens pour retrouver de la croissance. Le ministre des finances Michel Sapin et son homologue Euclide Tsakalotos ont d’ailleurs signé un accord pour des partenariats stratégiques entre les deux pays afin que la France aide la Grèce dans la reconstruction de son système de santé, la mise en place de sa décentralisation, ou encore la gestion des fonds structurels.A plusieurs reprises, François Hollande évoque le difficile pari qui attend la Grèce dans les mois à venir, à savoir la préservation de « sa cohésion sociale » malgré la mise en place des réformes structurelles. Alexis Tsipras avait dénoncé quelques minutes plus tôt « les politiques néolibérales extrêmes qui dépassent les exigences de juillet et ont pour objectif de faire échouer le programme grec » :« La Grèce a signé un accord qu’elle doit honorer mais ce n’était pas un accord de soumission totale. »La Grèce en première ligne Comme pour souligner l’importance du respect de la souveraineté de la Grèce, le premier ministre met dans la balance le rôle que joue son pays dans la gestion de la crise des réfugiés. « La Grèce va se révéler en pays pilier de la stabilité de cette zone géographique et en facteur fondamental de la résolution de toutes ces crises », lance-t-il, englobant tout à la fois la Syrie et l’afflux de migrants.Avec 500 000 personnes qui ont déjà transité par son territoire, Athènes se retrouve en première ligne dans cette crise. « Avec les réfugiés, Tsipras a un atout dans sa manche, analyse un diplomate français. Il dit globalement : “Si vous m’emmerdez, je vous en envoie des bateaux entiers.” » Le chef de l’Etat français mesure le rôle qu’Athènes va être amené à jouer dans les mois qui viennent et salue l’attitude d’ouverture de son hôte. « La Grèce c’est notre frontière, c’est la pointe avancée de l’Europe et les Grecs ont fait face à cet afflux et l’ont fait avec dignité », explique-t-il. Il promet dans le même temps de défendre la mise en place d’un financement européen, afin que les pays d’accueil ne supportent pas toute la charge de la crise. Une aide réclamée par Athènes, en témoignage de cette « solidarité » européenne, chère à François Hollande.Lire aussi :Migrants : le premier « hot spot » grec ouvre sur l’île de LesbosNicolas ChapuisJournaliste au service PolitiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne, qui a convoqué pour dimanche 25 octobre après-midi, à Bruxelles, un mini-sommet extraordinaire sur la « route des Balkans », empruntée par des milliers de demandeurs d’asile, veut agir très vite. Et éviter qu’après la Hongrie d’autres Etats (Slovénie, Croatie, Macédoine, etc.) érigent des murs à leurs frontières, ce qui aggraverait le chaos.Dans un document, que Le Monde a pu consulter, version provisoire d’un texte qu’il espère voir approuver par les chefs d’Etat et de gouvernement, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, prône une action « collective et concrète ». Il évoque différentes pistes. Parmi celles-ci le déploiement immédiat d’un contingent de 400 gardes-frontières en Slovénie, un pays qui a officiellement demandé l’aide de Bruxelles, jeudi.Le président de la Commission propose aussi l’établissement d’une ligne téléphonique directe, un « téléphone rouge » entre les dirigeants de tous les pays concernés pour qu’ils puissent se tenir informés en temps réel des mouvements de réfugiés et mieux anticiper ceux-ci. La Slovénie a, par exemple, beaucoup reproché à ses voisins croates d’avoir redirigé en masse les réfugiés vers son territoire au cours des derniers jours. La Commission veut aussi que les pays s’engagent à enregistrer tous les réfugiés pour que s’organise un minimum de contrôle sur les mouvements massifs de personnes.Lire aussi :L’Europe sous pression face à un nouvel afflux de réfugiés dans les BalkansUne action plus vigoureuse aux frontières La grande crainte à Bruxelles, mais aussi à Berlin – la chancelière Angela Merkel a beaucoup poussé à la tenue de cette réunion – est que la situation dégénère et que des violences se produisent entre les forces de sécurité et des réfugiés. Divers experts redoutent aussi que la détérioration des conditions climatiques entraîne des décès le long d’itinéraires dont le tracé change d’un jour à l’autre.Le brouillon des conclusions à adopter dimanche – et qui sera débattu jusqu’à la dernière minute entre les « sherpas » des Etats membres, de la Serbie et de la Macédoine – évoque encore une intervention humanitaire, par le biais du Mécanisme de protection civile, une aide financière à négocier avec des institutions, dont la Banque européenne d’investissement.Il promet une coopération pratique pour faciliter les réadmissions des déboutés du droit d’asile par les pays tiers. Il mentionne une action plus ferme contre les « mouvements secondaires », à savoir le passage de réfugiés et de migrants d’un pays à l’autre. Une action plus vigoureuse – réclamée par une majorité de pays, désormais – est également promise : en mer, ainsi qu’aux frontières gréco-macédonienne, gréco-albanaise, en Croatie, etc.Le texte stipule encore qu’un demandeur d’asile qui refuserait d’accomplir les formalités en vue d’obtenir une protection internationale pourrait se voir refuser l’entrée dans le pays concerné.Lire aussi :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ?Mécanisme permanent de relocalisation Par son initiative, la Commission veut faire retomber la tension entre les pays concernés : la fermeture des frontières hongroises ou les polémiques entre la Slovénie et la Croatie inquiètent les diplomates. D’où ce rendez-vous inédit, pris « en concertation » avec Angela Merkel, l’Allemagne étant la destination finale de la plupart des réfugiés.Dans l’entourage du président Juncker, on dément que ce rendez-vous sera aussi l’occasion de relancer un débat sur l’espace Schengen ou sur une réforme du règlement de Dublin, qui oblige le pays de première arrivée à gérer le dossier d’un demandeur d’asile.Angela Merkel souhaite en tout cas que ce règlement soit rapidement revu : l’opinion publique allemande commence à douter que le pays arrive à surmonter la crise actuelle et s’inquiète du manque de solidarité de ses partenaires dans le partage des réfugiés.En mettant en présence les dirigeants d’une bonne partie des Etats concernés, M. Juncker se montre prêt à l’aider. Et à réenclencher la discussion sur un mécanisme permanent de relocalisation. « Les yeux dans les yeux, il leur sera plus difficile de fuir leurs responsabilités ou d’accepter des engagements qu’ils ne tiendraient pas », commente un haut responsable bruxellois.Ce ne serait pourtant pas la première fois, comme l’a montré l’épisode précédent du partage promis de 160 000 réfugiés, très loin d’être concrétisé aujourd’hui.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Deux ans de prison. Le verdict a été prononcé, jeudi 22 octobre, contre quatre anciens directeurs de la banque régionale espagnole NovaCaixaGalicia, accusés de s’être attribués des parachutes dorés alors même que l’établissement financier se trouvait au bord de faillite.Les quatre banquiers n’iront probablement pas en prison car ils n’ont pas d’antécédents pénaux. A condition toutefois qu’ils restituent les 19 millions d’euros qu’ils avaient perçus de manière « indue » et s’acquittent d’une amende de 75 000 euros chacun.La sentence vient confirmer le pillage dont ont été victimes les cajas, ces caisses d’épargne semi-publiques au cœur de la crise bancaire qui a secoué l’Espagne entre 2008 et 2013. Pour partir avec une confortable préretraite, les dirigeants de NovaCaixaGalicia, établissement né de la fusion de deux cajas, avaient modifié leurs contrats alors même que l’Etat avait déjà dû injecter des fonds pour sauver l’établissement de la faillite.Une « farce »Le scandale est d’autant plus grand que la banque avait auparavant vendu des milliers d’actions préférentielles – produits financiers complexes et risqués – à près de 40 000 petits épargnants qui pensaient faire un placement sûr, parmi lesquels des enfants ou des personnes âgées, parfois analphabètes, qui signaient d’une simple croix ou de leur empreinte digitale.Au total, le gouvernement espagnol a injecté via le Fonds de restructuration bancaire (FROB) 9 milliards d’euros dans la banque de Galice, minée par une gestion désastreuse et une forte exposition à la bulle immobilière. Nationalisée et assainie, elle a été revendue fin 2013 pour à peine 1 milliard d’euros au groupe vénézuélien Banesco.Pour toutes ces raisons, l’association de clients de banques et d’assurances Adicae a annoncé son intention de déposer un recours contre un verdict qu’elle considère comme une « farce ». Elle estime que les dirigeants méritent d’être condamnés pour « escroquerie » et doivent « aller en prison ».Falsification, détournement, corruption…De nombreux procès contre des banquiers sont attendus dans les prochains mois. L’an dernier, plusieurs responsables de Caixa Penedès ont déjà été condamnés à deux ans de prison, pour « administration déloyale », pour avoir empoché 30 millions d’euros d’épargne retraite. Actuellement, une vaste enquête judiciaire porte sur les conditions d’entrée en Bourse de Bankia, la banque issue de la fusion, en 2010, de sept caisses d’épargne. Elle a depuis reçu 23 milliards d’euros d’aide publique pour ne pas sombrer et contraint l’Espagne à demander à Bruxelles en 2012 une aide de 40 milliards d’euros. Plus d’une trentaine de responsables de Bankia sont mis en examen, dont son ancien président, par ailleurs ex-directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Rodrigo Rato, accusé d’escroquerie, falsification, détournement de fonds, corruption et fraude fiscale dans « l’affaire Bankia » et ses ramifications.Des accusations de « falsification comptable » touchent aussi des dirigeants de Banco de Valencia, la CAM ou de Caja Castilla-La Mancha. « Le FROB a présenté une quarantaine de plaintes devant le parquet », résume le ministre de l’économie, Luis de Guindos. Pour sauver une douzaine d’établissements financiers, l’Espagne a injecté plus de 56 milliards d’euros dans le secteur durant la crise et ne détient plus que des participations dans Bankia. Le sous-gouverneur de la Banque d’Espagne et président du FROB, Fernando Restoy, a estimé en avril que 40 milliards d’euros de ces aides ne pourront jamais être récupérés.Lire aussi (édition abonnés) :Bruxelles invite l’Espagne à actualiser son budget « dès que possible »Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alain Salles La Pologne s’apprête à renouer avec une page nationaliste et conservatrice de son histoire. Le parti Droit et Justice (PiS) de l’ancien premier ministre Jaroslaw Kaczynski est le grand favori des élections législatives du dimanche 25 octobre. Tous les sondages le donnent largement en tête devant le parti de centre droit au pouvoir, la Plateforme civique, longtemps dirigée par Donald Tusk, l’actuel président du Conseil européen.Pendant huit ans, la stratégie de M. Tusk, poursuivie par la nouvelle première ministre Ewa Kopacz qui lui a succédé il y a un an, a été de placer le pays au cœur de l’Europe. En opérant un rapprochement historique avec l’Allemagne, ennemi séculaire de la Pologne, au grand dam de PiS qui criait à la « soumission ». Il su aussi utiliser un sens des négociations et du compromis qui a consisté à faire avancer la position de la Pologne sans heurter les principales capitales européennes. Prêt à faire aboutir une solution avec Paris pour faire évoluer la directive sur les travailleurs détachés ou plus récemment par accepter – même à contrecœur – la mise en place de quotas pour accueillir les réfugiés. Dix ans après son adhésion à l’Union européenne, la Pologne s’est affirmée comme un partenaire écouté à Bruxelles et un bon élève de l’Union européenne.Proche de la vision britanniqueLe ton de la musique risque de changer si PiS arrive au pouvoir. Jaroslaw Kaczynski et son frère jumeau Lech, l’ancien président mort dans la catastrophe aérienne de Smolensk en 2010, ont privilégié de 2005 à 2007 les relations avec les Etats-Unis à celles des autres capitales européennes. Sans jamais toutefois remettre en cause l’appartenance du pays à l’Union européenne.Le PiS est plus proche de la vision britannique. Il siège dans le même groupe que les conservateurs britanniques au Parlement européen. Hostile à une Europe fédérale et attaché à la souveraineté nationale, Varsovie pourrait être encore plus encline à venir en aide à Londres dans ses renégociations avec l’Union européenne pour éviter le « Brexit », souhaité par les eurosceptiques britanniques. A une nuance près : l’une des principales revendications de Londres est une limitation de la liberté de circuler des travailleurs européens qui va affecter en priorité les 800 000 Polonais qui vivent au Royaume-Uni.Un axe dur avec la HongrieL’autre dossier chaud d’un futur gouvernement PiS sera la question des réfugiés. Jaroslaw Kaczynski a mis en cause les migrants et les « risques épidémiologiques » qu’ils pourraient causer à la Pologne. Il peut constituer un axe dur avec le premier ministre hongrois Viktor Orban pour refuser la mise en place de quotas et l’accueil des réfugiés. M. Kaczynski a salué la politique économique nationaliste de M. Orban et le programme de PiS prévoit de reprendre des pans de l’économie polonaise d’entre les mains de groupes européens. Mais l’axe Varsovie Budapest a aussi une limite : la complaisance – insupportable pour un Polonais – affichée par le premier ministre hongrois à l’égard du président russe Vladimir Poutine.La relation entre Bruxelles et Varsovie sera turbulente en cas de victoire de PiS. Le parti nationaliste polonais ne cherchera pas à jouer les bons élèves européens. Ni les cancres non plus. Il est bien trop conscient que la Pologne a besoin des fonds européens pour continuer son développement constant depuis son entrée dans l’Union européenne en 2004.@sallesleMondesalles@lemonde.frAlain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 22.10.2015 à 16h51 • Mis à jour le22.10.2015 à 18h35 Un nouveau cycle de négociations des accords de libre-échange Europe-Etats-Unis a débuté le 19 octobre, toujours dans le secret. Le volet « arbitrage » pourrait être revu.Effet de la pétition contre le grand marché transatlantique récoltant 3 millions de signatures en un an ? De la multiplication des déclarations de collectivités territoriales contre les projets d’accords de libre-échange avec les Etats-Unis et le Canada - Transatlantic Free Trade Agreement/Tafta (appelé aussi Transatlantic Trade and Investment Partnership/TTIP) et Comprehensive Economic and Trade Agreement (CETA) ? Cecilia Malmström, commissaire européenne chargée du commerce international, tente de vendre une version édulcorée du mécanisme de règlement des différends investisseurs-Etats prévu dans le Tafta.Lire aussi :Traité transatlantique: une harmonie encore à trouverIl faut dire que le projet initial est inadmissible : permettre à des entreprises transnationales de poursuivre des États devant des arbitres internationaux – avocats d’affaires pour la plupart, choisis par les parties - pour obtenir des compensations au cas où ne seraient pas satisfaites leurs « attentes légitimes » a quelque chose d’ahurissant et de choquant.Motifs baroquesQue ce scandaleux mécanisme existe et prospère déjà ailleurs ne le justifie en rien, bien au contraire : des indemnisations colossales ont été octroyées pour des motifs baroques à des entreprises transnationales qui n’ont pas admis que l’Argentine ait fixé un prix maximal d’accès à l’eau et à l’énergie (pour la bagatelle de 600 millions de dollars à la faveur d’entreprises telles que Aguas de Barcelona, CMS Energy ou Vivendi), que l’Equateur ait nationalisé son industrie pétrolière (1,8 milliard de dollars de compensation pour Occidental Petroleum).Des demandes extravagantes visant à punir des choix politiques sont en cours d’examen (Vattenfall réclamant à l’Allemagne plus de 3 milliards de dollars parce que ce pays a décidé de sortir du nucléaire et que cette entreprise y possède deux centrales ; Véolia poursuivant l’Egypte qui a osé faire passer son salaire minimum de 41 à 71 euros par mois). Les exemples abondent des compensations punitives brandies contre les États, leurs choix politiques et leurs réglementations protectrices des populations.Les investisseurs conserveront le privilège de pouvoir attaquer des décisions publiques devant un organe d’arbitrage, sans que l’inverse soit possibleFace aux critiques, la commissaire européenne Cecilia Malmström propose de doter ce système d’arbitrage de quelques caractéristiques destinées à lui donner l’apparence d’une juridiction. Et qu’il soit pour cela assorti d’un mécanisme d’appel, que les « arrêts soient rendus par des juges hautement qualifiés nommés par les pouvoirs publics », qu’une « définition précise » de la capacité des entreprises à saisir l’organe d’arbitrage soit établie et que le droit des États de réglementer soit inscrit dans les accords.Mais les aménagements proposés ne purgent pas le système de son vice fondamental, qui consiste à conforter une catégorie de « super-justiciables » profitant d’un droit et de dispositifs de règlement des litiges spécifiquement dédiés à leurs objectifs propres. L’idée maîtresse est toujours la même : les entreprises ne doivent pas plus avoir à assumer les conséquences des changements politiques – découleraient-ils de choix démocratiques – qu’elles ne doivent tenir compte des contingences territoriales.Nul ne peut choisir son jugeDans ce projet, présenté à tort par la Commission européenne comme le symbole de sa résistance aux Etats-Unis, les investisseurs conserveront le privilège de pouvoir attaquer des décisions publiques devant un organe d’arbitrage, sans que l’inverse soit possible. Seules les entreprises auront ainsi le choix de porter leur demande soit devant une juridiction nationale soit devant un organe arbitral.La responsabilité des entités publiques restera analysée à l’aune du traité de libre-échange, explicitement conçu pour favoriser les firmes transnationales, en retenant des notions aussi floues et extensives que le respect des « attentes légitimes », « l’expropriation partielle » ou le « traitement juste et équitable », inconnues des droits nationaux. Il demeure in fine l’opportunité offerte à des entreprises privées de remettre en cause, sur le terrain judiciaire, des décisions démocratiques prises par les gouvernements.À cette procédure anti-démocratique a posteriori le traité ajoute le mécanisme a priori de la coopération réglementaire. Il s’agit d’instituer une consultation préalable obligatoire des lobbies industriels transnationaux très en amont dans le processus législatif : un véritable droit de veto donné aux multinationales avant toute délibération de la loi.Magistrats, juristes, citoyens et citoyennes, nous rappelons que dans un état de droit, nul ne peut choisir son juge ni le droit qui lui est applicable, que l’égalité de tous devant la loi est une garantie fondamentale de la démocratie et que celle-ci ne saurait admettre de privilège de juridiction. Un état de droit démocratique ne saurait consentir, non plus, à ce que certains, fussent-ils des entreprises transnationales, ne se voient accorder le privilège d’être déliés du droit commun s’imposant à tous pour bénéficier d’un système normatif entièrement tourné vers la satisfaction de leurs intérêts.Frédéric Viale (Économiste, membre du conseil d’administration d’Attac) et Marion Lagaillarde (Juge, secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature) Audrey Tonnelier Une fois de plus, Mario Draghi a « fait le job ». Le président de la Banque centrale européenne (BCE), qui s’exprimait à l’issue d’une réunion du conseil des gouverneurs de l’institut monétaire, à Malte, a assuré qu’il avait « la volonté et la capacité d’agir, si nécessaire », pour continuer à soutenir l’économie en zone euro et contrer la menace déflationniste sur le Vieux Continent.Outre un taux directeur très bas (0,05 %), la BCE agit pour l’heure en rachetant massivement des actifs sur les marchés, dettes publiques et privées notamment. Elle injecte ainsi chaque mois quelque 60 milliards d’euros dans l’économie.Objectif : relancer le crédit et l’activité à travers un nouveau recul des taux. En augmentant la quantité d’euros en circulation, la BCE espère aussi faire baisser le cours de la monnaie unique face au dollar, favorisant au passage les exportateurs européens.Pourquoi cet enthousiasme ?Dans la foulée du discours de M. Draghi, les Bourses européennes grimpaient de plus de 2 %. L’euro reculait légèrement, à 1,11 dollar, tandis que les rendements des principaux emprunts d’Etats de la zone euro – qui évoluent en sens inverse de la demande – se détendaient.Pourquoi cet enthousiasme ? Comment attendu, M. Draghi a ouvert a voie a un renforcement de son action. La BCE va « réexaminer » sa politique monétaire lors de sa prochaine réunion du conseil des gouverneurs, prévue le 3 décembre, a-t-il indiqué. Les observateurs y voient le prélude à une extension de ses rachats (dits « quantitative easing », « assouplissement quantitatif ») de 60 milliards à 80 milliards d’euros par mois.Il a également reconnu qu’une « nouvelle baisse du taux de dépôt marginal a été discutée » par le Conseil. Ce taux correspond à la rémunération que les banques reçoivent lorsqu’elles placent leurs fonds pour vingt-quatre heures dans les coffres de la BCE. Il est à l’heure actuelle négatif, à – 0,20 % ; ce qui signifie que les banques payent pour ce dépôt, une mesure qui doit les inciter à utiliser leurs réserves pour faire circuler l’argent dans l’économie.Cela sera nécessaire, estime la BCE. M. Draghi a notamment souligné le fait que l’inflation allait rester « très faible à court terme », notamment en raison de la faiblesse des prix du pétrole. Les prix ont encore reculé de 0,1 % en septembre, alors que l’institut a un objectif « proche de 2 % » en la matière. La préoccupation est de taille : stimuler les prix est un moyen d’accélérer le désendettement des Etats, des entreprises et des ménages, mais aussi de faire baisser le coût d’accès au crédit pour relancer l’économie, surtout quand les taux sont déjà au tapis.« Reprise cyclique » Face à la multiplication des critiques sur l’efficacité de sa politique monétaire, M. Draghi s’est voulu offensif. « [Notre position] n’est pas “attendons et voyons”, mais “travaillons et évaluons” » , a répété l’Italien à deux reprises. Il a rappelé les bienfaits de l’action menée jusqu’à présent, qui a permis une hausse des prêts bancaires dans les pays d’Europe du Sud et un rebond de la consommation.S’il a une fois de plus évoqué la nécessité de « réformes structurelles » et de « politiques fiscales » adaptées pour ranimer l’économie, M. Draghi a également défendu son bilan. Il a assuré que même sans cette impulsion des Etats « il n’y a pas de doute sur l’efficacité de la politique monétaire ».« Mais notre soutien permet d’enclencher une reprise cyclique. Il faut désormais relancer l’économie de façon structurelle », a insisté M. Draghi, appelant une fois de plus les Etats membres à prendre leurs responsabilités en menant des politiques (réformes, plans d’investissements…) à même de faire reculer le chômage et de dynamiser la croissance.Audrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 22.10.2015 à 06h43 • Mis à jour le22.10.2015 à 17h25 | Nicolas Chapuis et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) C’est le genre de mariage de raison, noué au gré des nuits bruxelloises, qu’affectionnent les diplomates européens. Pourtant, François Hollande et Alexis Tsipras, qui doivent se rencontrer à Athènes vendredi 23 octobre, auront mis près de deux ans à se trouver. A priori, tout opposait le premier ministre grec, fringant leader de la gauche radicale européenne, et le chef de l’Etat français, défenseur obstiné d’une social-démocratie à tendance pragmatique – d’aucun diront libérale.Le premier contact, au printemps 2012, est clairement un rendez-vous manqué. Alexis Tsipras vient de surgir sur la scène européenne à la tête de l’ovni Syriza, après que son parti a failli remporter les législatives. Il intrigue autant qu’il inquiète. A l’époque ses contacts en France s’appellent Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent, les deux têtes chercheuses du Front de gauche. De passage à Paris, il sollicite aussi un entretien avec François Hollande et des responsables du PS. Fin de non-recevoir. Les socialistes français ne veulent alors traiter qu’avec leurs homologues grecs du Pasok, et inversement. « C’était un manque de compréhension de la révolution entamée sur le champ politique national grec, affirme Antonis Markopoulos, coordinateur du secrétariat du département des affaires étrangères de Syriza. Notre parti était en train de devenir la principale force politique du pays et il y avait une forme d’aveuglement européen à ne pas vouloir le reconnaître. »Un front des pays du SudDe ce premier pas de danse avorté, Alexis Tsipras gardera une petite amertume. Lorsqu’il devient premier ministre après les élections du 25 janvier 2015, il espère tout de même que François Hollande se posera en allié de la Grèce dans les difficiles négociations qui commencent alors avec les créanciers du pays. Invité dès le jour de son investiture par le président français « à se rendre rapidement à Paris », M. Tsipras commence sa tournée des capitales européennes par l’Elysée. « Hollande voulait avoir un dialogue en tête à tête avec lui, pour comprendre s’il allait jouer la posture, ou s’il était là pour réformer son pays et rester dans la zone euro », explique un conseiller du chef de l’Etat.Alexis Tsipras veut, de son côté, tâter le terrain pour voir si la constitution d’un front des pays du Sud contre la position austéritaire de Berlin est possible. Rapidement, il se rend compte que l’axe franco-allemand prévaudra. Pour le politologue Elias Nikolakopoulos, « Tsipras attendait certes plus de soutien mais Hollande espérait, lui, plus de réalisme du côté grec ». Pendant de longs mois il n’y a pas de véritable « rencontre humaine entre les deux hommes ». Jusqu’à ce que le climat se détériore.La crise estivale, avec la tentation, principalement allemande, de pousser la Grèce hors de la zone euro, va rapprocher les deux hommes, solidaires sur la nécessité d’éviter un « Grexit ». Pourtant, le recours au référendum par Alexis Tsipras, le 5 juillet, est d’abord mal vécu par la France. « Il y a un problème de confiance », lâche François Hollande devant quelques journalistes, estimant que le premier ministre grec tient un double discours selon qu’il se trouve à Bruxelles ou à Athènes. Au soir du plébiscite en faveur du « non », les deux dirigeants s’appellent tout de même et conviennent de travailler ensemble au maintien de la Grèce dans la zone euro.Début de romanceElias Nikolakopoulos fait, lui, remonter le rapprochement entre MM. Tsipras et Hollande au 8 juillet, soit trois jours après le référendum :« Le premier ministre grec est allé plaider sa cause au parlement européen et là il a mieux compris les équilibres et les tensions européennes. Il a bénéficié du soutien du groupe socialiste du parlement. Or le membre le plus important de ce groupe reste le PS de Hollande. Cela a marqué le véritable tournant : Tsipras a compris qu’il devait se rapprocher de la France et du PS. » Dans les heures qui suivent, des technocrates français aident la délégation de négociateurs grecs à peaufiner ses propositions aux créanciers. Le dimanche suivant, l’accord menace encore de capoter sur la question du fond de privatisation souhaité par Berlin et refusé par Athènes. Un haut fonctionnaire se rappelle l’ambiance très tendue au milieu de la nuit. Après des heures de négociations, Alexis Tsipras se lève de table et sort de la pièce pour rejoindre ses conseillers. « Tout le monde pense qu’il va planter les pourparlers et quitter Bruxelles, raconte ce témoin. La délégation grecque a eu la surprise de voir débarquer François Hollande qui est venu discuter en tête à tête pendant vingt minutes et l’a convaincu de revenir. » Le genre de début de romance qu’affectionnent les diplomates.François Hollande continue dans les semaines qui suivent de jouer les facilitateurs entre le gouvernement Tsipras et la commission européenne, « durablement marquée par les mots durs échangés lors du référendum », selon une source européenne.« Deux hommes d’Etat qui se respectent »De ces longues soirées de juillet, il est resté une entente tacite entre les deux hommes, qui gardent tout de même une forme de réserve dans leur rapport personnel. « Mais les choses vont de mieux en mieux. Ce sont deux hommes d’Etat qui se respectent. Alexis est rétif au paternalisme et Hollande a finalement la bonne distance avec lui », précise une source gouvernementale grecque. Chacun trouve son compte dans cette visite officielle.Sur le volet économique d’abord. « Hollande nous offre son soutien et en retour il devrait négocier pour que des entreprises françaises obtiennent certains pans des privatisations que nous nous sommes engagés à mener », reconnaît Antonis Markopoulos.Sur le versant politique ensuite. Hollande peut envoyer un message à la gauche française en s’affichant aux côtés du symbole Syriza et Alexis Tsipras soigne son meilleur allié européen. Le genre de deal gagnant-gagnant qu’affectionnent les deux dirigeants. Car, et c’est peut-être ce qui les rapproche le plus, ils ont en commun de parler le même langage, celui des manœuvres politiques. « Vous en connaissez beaucoup des dirigeants qui se font élire sur le programme de Mélenchon, qui font un référendum, le remportent, se maintiennent au pouvoir en appliquant une politique à la Jean-François Copé et se font réélire ?, s’amuse un diplomate. Tsipras est un vrai Machiavel et ça, ça plaît à Hollande. »Le chef de l’Etat français n’avait pas dit autre chose en évoquant le premier ministre grec lors de son intervention du 14-Juillet. « Il a été élu sur un programme très à gauche et se retrouve à porter des réformes très difficiles, il a été courageux. » Un hommage à la maestria politique de M. Tsipras, à la façon Hollande. C’est-à-dire, en parlant en creux de lui-même.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteNicolas ChapuisJournaliste au service PolitiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alain Touraine (Sociologue) A la première crise qui l’atteint directement, l’Europe s’écroule. Une partie de ses pays membres refusent de participer aux décisions nécessaires et dans ceux, comme la France, qui acceptent de chercher une solution, les réactions sont loin d’être à la hauteur des événements.L’absence d’engagement et de générosité de ces pays est ressentie par les réfugiés eux-mêmes, qui sont si peu nombreux à demander à notre pays de les accueillir. Alors que moins de quatre millions de Libanais accueillent déjà plus d’un million de réfugiés, la France n’en finissait pas de préparer l’accueil de 24  000 d’entre eux sur deux ans.Un motif majeur d’inquiétude pour l’EuropeUne telle absence d’élan et de solidarité est si choquante, si contraire aux discours émouvants entendus depuis des décennies, qu’elle est certainement révélatrice d’une impuissance et d’une aboulie beaucoup plus générales et qui constituent par elles-mêmes un motif majeur d’inquiétude pour l’Europe, pour ses pays et pour la France en particulier, qui, dans un passé encore récent, avait su prendre des initiatives.Nous sentons bien que les Allemands d’aujourd’hui ont été conduits à agir par leur volonté de prouver qu’ils ne devaient plus porter la condamnation des crimes commis par les générations antérieures. La France a tout récemment fortement contribué à renverser Kadhafi, mais, ensuite, elle ne s’est pas souciée des conséquences du vide d’Etat ainsi créé, elle qui avait assumé, après la première guerre mondiale, conjointement avec la Grande-Bretagne, la gestion des conséquences de la destruction de l’Empire ottoman.Et, surtout, la France, qui n’a jamais mené un examen sincère de son comportement en Algérie, et de la crise extrêmement grave pour elle-même dont elle ne fut sauvée que par le général de Gaulle, peut-elle se satisfaire de se conduire moins mal que les pires de ses partenaires  ?Pour le dire brièvement, l’Europe peut-elle encore aspirer à être traitée et reconnue comme une grande puissance ou doit-elle se satisfaire de vivre dans la dépendance des Etats-Unis pour le meilleur ou pour le pire  ? Sommes-nous conscients que notre propre avenir est engagé dans cette crise qui n’est pas seulement humanitaire  ? Car notre absence d’action favorise dangereusement la montée d’un souverainisme qui porte tous les dangers lui donnant la définition réelle d’une extrême droite. Le danger est plus grave encore, car cette extrême droite déborde de beaucoup le Front national, a déjà conquis une grande partie de la droite et mord même sur la gauche et l’extrême gauche.La violence et la honteJe n’élèverais pas le ton si je constatais seulement l’impuissance de la France à se maintenir à la hauteur de nos plus hauts moments de générosité. Je m’attristerais seulement que la crise économique et le chômage durable aient brisé la générosité du pays de Médecins sans frontières, de Médecins du monde, de la Cimade, du Secours catholique, d’Action contre la faim et du Secours populaire.Mais la faiblesse de la France et de l’Europe doit nous inspirer de plus dramatiques inquiétudes. Je vois dans la montée du souverainisme défensif et haineux en Europe l’équivalence du djihadisme dans le monde arabo-musulman. Des deux côtés de la Méditerranée, on voit les effets de l’impuissance de certains Etats à faire face aux exigences politiques et économiques d’un monde globalisé.Monde qui est en effet dominé par les nouveaux empires que sont le parti-Etat chinois, le califat sunnite, les héritiers chiites de Khomeyni et les Etats-Unis de George W. Bush et des idéologues néoconservateurs américains et anglais qui ont déclenché la guerre en Irak en 2003.Dans toutes les parties du monde qui se révèlent incapables d’être à la hauteur des problèmes d’un monde ouvert, les démocraties se réduisent d’abord à la prolifération des groupes d’intérêt avant de basculer dans des régimes militaires générateurs de violence. Ne devons-nous pas déjà nous inquiéter de ce que nous voyons et entendons en Hongrie et des discours qui se développent dans des pays aussi respectés que la Finlande, le Danemark ou… la France  ?Cessons au moins de regarder, du haut de notre grandeur et de notre bonne conscience passées, les cadavres que la Méditerranée rejette sur les côtes de notre continent. La construction européenne fut une voie de salut et d’influence pour les pays d’un continent divisé et affaibli. Le moment est-il venu de renoncer à des ambitions que nous ne serions plus capables de nourrir et de descendre au niveau médiocre qui fut celui de l’Espagne royaliste du XIXe siècle et franquiste d’une grande partie du XXe  ?Une telle chute nous plongerait non seulement dans le sous-développement, mais surtout dans la violence et la honte. Je demande que l’on entende mes paroles comme si elles étaient prononcées au lendemain des résultats probables des élections régionales de décembre. Ne serons-nous pas alors plus inquiets pour beaucoup d’entre nous, y compris dans le camp vainqueur, des conséquences du triomphe d’un nationalisme à la fois archaïque et agressif  ?Une solidarité active avec les réfugiésC’est de nous qu’il s’agit, dès maintenant. Une solidarité active avec les réfugiés et des initiatives qui imposent des solutions à l’échelle d’une vaste partie du monde doivent être les premiers pas sur la voie de notre propre redressement. Il est encore possible et dépend surtout de notre propre volonté et de notre capacité à prendre nos responsabilités et à mettre en œuvre des solutions à des problèmes maîtrisables.La démonstration de notre impuissance et l’abandon de réfugiés qui se tournent vers l’Europe en lui demandant de se comporter en accord avec ses principes seraient des signes plus qu’inquiétants de notre absence de volonté réelle de résoudre les problèmes et d’utiliser les possibilités créées pour tous dans un monde ouvert.Alain Touraine est l’auteur de La Fin des sociétés (Seuil, 2013, 656 pages)Alain Touraine (Sociologue) Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Benoît Vitkine L’Europe n’en a pas fini avec la crise des réfugiés. La crainte d’une fermeture de toutes les frontières européennes, un temps calme sur la mer Egée, ainsi que, selon les Nations unies, l’offensive de l’armée syrienne, appuyée par l’Iran et par la Russie, contribuent à un nouvel afflux. D’après l’ONU, environ 35 000 personnes ont fui notamment la région d’Alep ces derniers jours.Du 16 au 18 octobre, près de 28 000 personnes sont arrivées sur les côtes grecques, souligne l’Organisation internationale pour les migrations. Sur les 643 000 migrants qui ont rejoint le territoire de l’UE par la mer depuis le début de l’année, plus de 500 000 sont arrivés en Grèce, selon des chiffres publiés mardi 20 octobre par l’ONU. C’est plus que lors du pic de l’été, qui avait forcé les Etats européens à prendre des premières mesures.Sur la route des Balkans, empruntée par les réfugiés qui veulent gagner l’Autriche, la Suède et, surtout, l’Allemagne, la situation s’est encore compliquée. La fermeture par la Hongrie de sa frontière avec la Croatie, le 16 octobre, un mois après celle de la frontière avec la Serbie, a provoqué un effet domino similaire à celui observé durant l’été.La Slovénie est désormais en première ligne. Selon un communiqué du gouvernement, le pays a accueilli 19 500 personnes depuis vendredi – dont 5 % de malades. La plupart des demandeurs d’asile évitaient les postes-frontières officiels saturés et se débattaient dans le froid et la pluie.Situation « sous contrôle »Les autorités slovènes, qui en appellent au soutien de l’UE, affirmaient, mardi soir, avoir la situation « sous contrôle » et démentaient la fermeture de leur frontière, même si le ministre de l’intérieur l’avait évoquée. Les pouvoirs d’intervention de l’armée, actuellement limités à une assistance logistique, ont été accrus. Le premier ministre centriste, Miro Cerar, a assuré que « cela ne signifie pas un état d’urgence ». Mais, a-t-il souligné, « il est illusoire d’attendre d’un pays de 2 millions d’habitants qu’il puisse arrêter, gérer et résoudre ce que des pays beaucoup plus grands n’ont pas réussi à faire ».Au moins 12 100 migrants se trouveraient dans le même temps en Serbie, et 10 000 en Macédoine. Une nouvelle perspective se dessine : l’ouverture d’une route partant de la Grèce vers les côtes dalmates, via l’Albanie et le Monténégro.La situation inquiète fortement les responsables européens à peine remis de leurs discussions houleuses sur le partage de 160 000 réfugiés et espérant, au moins, le soutien de la Turquie. Des négociations sont en cours pour éviter que cette dernière ne laisse partir vers l’Union « ses » 2 millions de réfugiés syriens en échange d’une aide de 3 milliards d’euros, de la promesse d’une reprise des négociations d’adhésion et d’une libéralisation des visas pour certains citoyens.Les autorités de l’Union tentent aussi d’amener Ankara à accepter des accords de réadmission. La clause d’un accord de 2013 conclu avec Bruxelles et visant au renvoi à la Turquie de ressortissants non turcs devrait s’appliquer avant la date prévue (2017) et des accords semblables, conclus entre la Turquie et la Grèce, ainsi qu’entre la Turquie et la Bulgarie, devraient enfin produire leurs effets.C’est du moins l’espoir de la Commission européenne. Qui en a un autre : que les plans de répartition de réfugiés qu’elle a difficilement fait accepter fonctionnent. Or, aujourd’hui, un élément clé du dispositif est remis en question : les « hot spots ». Ces centres d’enregistrement et d’identification sont confrontés aux réticences des réfugiés. « Si cela continue, tout ce que nous avons fait n’aura servi à rien et le système s’effondrera », explique au Monde un responsable de haut rang.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?Pays « de première ligne » Destinés à aider les pays dits « de première ligne », les « hot spots » centralisent l’action de diverses agences européennes (Frontex, Eurojust, Europol, Bureau d’asile) et sont censés accélérer les procédures d’asile. L’un d’eux fonctionne à Lampedusa, en Italie, l’autre à Mytilène, en Grèce. Trois autres centres doivent ouvrir en Italie, quatre en Grèce.Problème : en Grèce, où ont désormais lieu la plupart des arrivées, de très nombreux demandeurs refusent de se soumettre aux procédures conduisant à l’obtention du statut de réfugié. Ils redoutent de devoir rester dans ce pays ou d’être relocalisés dans un Etat où ils ne veulent pas se rendre. Le Luxembourg, par exemple, peine à trouver la… cinquantaine de réfugiés qu’il a accepté d’héberger. L’immense majorité des Syriens, Erythréens ou Irakiens veut se rendre en Allemagne ou en Suède. Ils sont conscients que, de toute façon, seulement 70 000 d’entre eux feront l’objet d’une répartition, alors qu’ils sont sept fois plus à avoir accosté sur les côtes helléniques. Ils préfèrent donc tenter leur chance en embarquant pour le Pirée depuis les îles grecques, puis en empruntant la route des Balkans.Leur refus de demander la protection internationale empêche l’accord politique conclu entre les Etats d’être appliqué et rend illusoire toute idée d’un mécanisme permanent de relocalisation. « Il faut leur faire passer le message que, grâce à la relocalisation, ils pourront recommencer une nouvelle vie et que c’est seulement par le biais d’une demande d’asile qu’ils y parviendront », explique le ministre luxembourgeois Jean Asselborn, actuel président du conseil des affaires étrangères. De nombreux réfugiés savent toutefois qu’ils seront privés des droits liés à leur statut (logement décent, éducation pour leurs enfants, aides sociales…) s’ils refusent le pays qui leur est désigné. Mais ils préfèrent tenter d’obtenir ces droits dans le pays de leur choix. A condition, désormais, d’y arriver.Un sommet consacré à la question des migrants le 25 octobreUn sommet consacré à la question des migrants, en présence des chefs d’Etat ou de gouvernement d’Autriche, de Bulgarie, de Croatie, de Macédoine, d’Allemagne, de Grèce, de Hongrie, de Roumanie, de Serbie et de Slovénie, ainsi que de la Commission européenne aura lieu dimanche 25 octobre.« Etant donné la situation d’urgence que connaissent les pays situés sur l’itinéraire des migrants à travers les Balkans, il importe de coopérer beaucoup plus, d’avoir davantage de consultations approfondies, et des mesures d’action immédiate », Jean-Claude JUncker, président de la Commission.  Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Près d’un an après les révélations « Luxleaks », qui mettaient au jour l’existence de nombreux accords fiscaux très avantageux entre le fisc du Luxembourg et les multinationales, la Commission européenne a rendu public, mercredi 21 octobre, ses premières condamnations contre cette pratique abusive des « rulings ».Lire aussi :« LuxLeaks » : voyage au paradis des multinationalesDans le collimateur de Bruxelles, le groupe Starbucks et une filiale de Fiat (Fiat Finance and Trade, la banque interne du constructeur), épinglés pour avoir passé des accords jugés illégaux au regard du droit européen de la concurrence, avec l’administration néerlandaise dans le cas de la chaîne de cafés américaine, et luxembourgeoise, pour le groupe italien.Les amendes s’élèvent à plusieurs dizaines de millions d’euros pour chacune des deux sociétésLes services de la Commissaire européenne à la concurrence, la Danoise Margrethe Vestager, ont soumis mercredi pour approbation au collège de la Commission les amendes qu’à l’issue de longs mois d’enquête ils ont fini par établir dans ces deux cas. Chacune des sociétés est sommée de rembourser 20 à 30 millions d’euros.La procédure menée par Bruxelles concerne les « aides d’Etat illégales ». Fiat et Starbucks ont, selon la Commission, bénéficié d’avantages sélectifs nuisant à la concurrence de la part du Luxembourg et des Pays-Bas. En conséquence, ils sont censés verser leurs amendes directement aux Etats (et pas à la Commission, comme dans le cas d’un abus de position dominante).Dossiers très techniquesCes montants équivalent à une sorte de redressement fiscal : ce sont les sommes, majorées d’un taux d’intérêt, que ces groupes auraient dû payer s’ils avaient été soumis au même taux d’imposition que d’autres dans une situation comparable.Qu’est-il reproché, dans les détails, à Starbucks ? D’après les documents intermédiaires rendus publics en novembre 2014, Bruxelles concentrait son enquête sur l’accord signé en 2008 entre les Pays-Bas et une entité néerlandaise du groupe, Starbucks Manufacturing BV. Le pays validait un « prix de transfert » (prix facturé pour les échanges entre filiales) avec d’autres entités de Starbucks, notamment une en Suisse, que Bruxelles soupçonnait d’être trop élevé afin de réduire la base fiscale de Starbucks Manufacturing.Lire aussi :Optimisation fiscale : l’Europe impose plus de transparenceConcernant Fiat, là aussi selon un document rendu public en novembre 2014, la Commission relevait que la banque interne du groupe avait signé en 2012 un accord fiscal avec le Grand-Duché qui déterminait une base imposable fixe pour la société, quel que soit son développement ultérieur.Ces deux cas sont instruits formellement depuis juin 2014, mais n’aboutissent que maintenant, car ils sont très techniques, et la nature abusive des rulings n’est pas aisée à démontrer. Le ruling ou « rescrit fiscal » étant lui-même parfaitement légal, la Commission doit prouver, pour le dénoncer, qu’il introduit un avantage par rapport à d’autres entreprises. Elle est aussi tributaire du zèle avec lequel les administrations visées envoient les documents requis.Un signal fortUne troisième enquête a été ouverte en juin 2014 visant le géant américain Apple en Irlande, dont il ne devait pas être question mercredi. Outre le temps d’instruction des dossiers, qui peut expliquer ce décalage, Mme Vestager a jusqu’à présent été très habile dans sa communication, évitant d’en faire « trop » avec un pays (notamment les Etats-Unis), pour échapper aux critiques sur une soi-disant « politisation » des dossiers de concurrence.Mme Vestager marque de nouveaux points à titre personnelEn plus de ces trois cas, deux autres enquêtes formelles tout aussi sensibles concernant des rulings ont été lancées par Bruxelles. L’une, en octobre 2014, portant sur des accords entre Amazon et le Luxembourg, et l’autre, en février 2015, au sujet des abattements fiscaux proposés par la Belgique aux multinationales étrangères.Lire aussi :Optimisation fiscale : la Belgique en accusationMercredi, la Commission, qui jusqu’à présent ne s’était jamais penchée sur ce type de contrats, envoie un signal fort. Les cadeaux fiscaux permettant à des sociétés d’échapper quasiment à l’impôt ne sont plus tolérés. Ses décisions concernant Fiat et Starbucks interviennent alors que le commissaire à l’économie, Pierre Moscovici, a obtenu, début octobre, un accord politique pour que les rulings soient transmis automatiquement et obligatoirement entre administrations fiscales des vingt-huit pays de l’Union.Mme Vestager marque de nouveaux points à titre personnel. Elle passe déjà pour l’un des commissaires majeurs de Bruxelles après avoir choisi d’adopter depuis sa prise de fonctions, en novembre 2014, une approche beaucoup plus musclée que son prédécesseur, Joaquin Almunia. Outre les cas d’aides illégales concernant les rulings, elle a ainsi décidé d’envoyer des actes d’accusation formels contre Google et Gazprom pour abus de position dominante. Ces deux géants risquent des amendes de plusieurs milliards d’euros chacun.Lire aussi :Amazon cède face à Bruxelles sur la fiscalitéCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Pour célébrer son premier anniversaire, le mouvement d’extrême droite Pegida (Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident), qui réunit ses partisans tous les lundis à Dresde (Saxe, est de l’Allemagne), avait promis, lundi 19 octobre, un rassemblement exceptionnel. Il le fut. Non en raison du nombre de participants – Pegida a déjà réuni davantage que les 15 000 à 18 000 personnes comptabilisées – mais en raison des propos qui y ont été tenus. L’invité vedette, Akif Pirinçci, un écrivain allemand d’origine turque a en effet regretté la disparition des camps nazis. Un délit passible, selon certains juristes, de trois à cinq ans de prison.Après avoir évoqué les réfugiés – qu’il appelle « envahisseurs » –, Akif Pirinçci s’en est pris à un maire (CDU) qui aurait conseillé à un habitant hostile à l’ouverture d’un foyer pour réfugiés de quitter le pays puisqu’il n’en partageait pas les valeurs. « Il y aurait bien sûr d’autres alternatives. Mais malheureusement, les camps de concentration ne fonctionnent plus », a déploré l’orateur, sous les applaudissements.Agé de 55 ans, Akif Pirinçci est surtout connu des Allemands pour ses polars dont le héros est un chat surnommé Francis. Mais peu à peu, l’homme s’est fait une spécialité de dénoncer ce qu’il considère comme le politiquement correct. A Dresde, sans doute grisé par son succès, l’écrivain a parlé si longtemps et de manière si excessive qu’il a fini par être hué et interrompu par Lutz Bachmann, le fondateur de Pegida.Lire aussi :En Allemagne, face-à-face tendu à Dresde pour le premier anniversaire de PegidaUn livre dénonçant la théorie du genreEvidemment, la référence aux camps de concentration a fait scandale. Dès mardi, une plainte a été déposée et le parquet a ouvert une enquête. Le comité international d’Auschwitz a dénoncé « un odieux signal d’impudence ». Le groupe Bertelsmann, qui publie les ouvrages d’Akif Pirinçci, a annoncé qu’il retirait ceux-ci de la circulation. « La protection de la démocratie et des droits de l’homme constitue un volet essentiel de notre activité éditoriale, tout comme le respect des traditions et de la diversité culturelle. Les déclarations d’Akif Pirinçci vont totalement à l’encontre de ces valeurs », déclare le groupe. Sur Facebook, Lutz Bachmann, lui-même dans le collimateur de la justice, a reconnu mardi « une grave erreur » et a présenté ses excuses.Pegida est composé de jeunes néo-nazis mais aussi de personnes qui se définissent comme « patriotes » et affirment condamner tout recours à la violence. Il n’en reste pas moins que la sortie d’Akif Pirinçci sur les camps a été applaudie, ce qui en dit long sur l’état d’esprit des participants.En principe sort mercredi, chez un petit éditeur, le dernier ouvrage d’Akif Pirinçci. Intitulé Die grosse Verschwulung (« La Grande Homosexualisation »), ce livre, d’après sa présentation sur Internet, dénonce la théorie du genre.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.10.2015 à 15h47 • Mis à jour le10.10.2015 à 15h54 Neuf personnes ont trouvé la mort dans l’incendie d’une aire d’accueil de caravanes et mobile homes dans le sud de Dublin, samedi 10 octobre, selon le chef de la police irlandaise Diarmuid O’Sullivan. Plusieurs enfants, dont un bébé de 6 mois, seraient parmi les victimes, selon The Irish Times.Units from D'laire, D'brook & Nutgrove are dealing with a serious fire in Carrickmines. 6 units/3 ambs on scene along with @AmbulanceNAS— DubFireBrigade (@Dublin Fire Brigade)require(["twitter/widgets"]);Les membres d’une famille irlandaise de gens du voyage auraient été tués dans l’incendie, sans que cette information n’ait été confirmée officiellement. Plusieurs autres personnes, intoxiquées par les fumées, ont été transportées à l’hôpital. Une enquête a été ouverte par la police pour déterminer les causes de l’incendie qui s’est déclenché à Carrickmines, dans la banlieue sud de Dublin.Le président irlandais Michael D. Higgins a qualifié l’incendie d’« horrible tragédie ». « Mes pensées vont en ce moment vers les familles et les amis de ceux qui ont perdu la vie et de ceux qui ont été blessés », a-t-il ajouté. Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Plusieurs syndicats de gauche – KESK (fonction publique), DISK– ainsi que l’association des médecins (TTB) et le parti de la démocratie des peuples (HDP, gauche, pro kurde) avaient appelé à manifester, samedi 10 octobre, contre la reprise des hostilités entre les forces turques et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) au sud est du pays. Quelques minutes avant le départ du cortège, une bombe a explosé sur le lieu où les militants du HDP étaient rassemblés, faisant au moins 86 morts et 186 blessés, selon le ministre de la santé, Mehmet Muezzinoglu. La Turquie a décrété trois jours de deuil national après ces attaques meurtrières.Lire aussi :L’attentat d’Ankara commis très probablement par deux kamikazes Il est encore trop tôt pour savoir s’il s’agit de l’action d’un kamikaze ou d’une bombe placée dans le cortège mais les billes d’acier retrouvées sur le théâtre du crime attestent de l’intention de faire un maximum de victimes. Cet attentat ressemble en tout cas trait pour trait à celui qui s’était produit à Diyarbakir le 5 juin, au beau milieu d’un rassemblement du HDP, deux jours avant la tenue des élections législatives. Deux bombes avaient explosé coup sur coup, l’une à proximité d’un transformateur électrique, l’autre dans une poubelle, faisant quatre morts et quatre cents blessés.Deux jours plus tard, le 7 juin, le HDP remportait 13 % des voix aux législatives, faisant perdre au Parti de la Justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) du président Recep Tayyip Erdogan la mainmise qu’il exerçait depuis 2002 sur le pays. Meurtri par ce revers, M. Erdogan a convoqué de nouvelles élections, prévues pour le 1er novembre, après l’échec de son premier ministre Ahmet Davutoglu à former un gouvernement de coalition.Une période de turbulences sans précédentL’AKP compte sur ce nouveau scrutin pour récupérer sa majorité parlementaire mais les principaux instituts de sondages disent qu’il n’en sera rien. Les islamo-conservateurs sont crédités de 38 à 40% des voix (contre 41% le 7 juin). Sa stratégie pré-électorale consiste à évincer à tout prix le HDP, accusé de collusion avec les « terroristes du PKK », et à gagner les faveurs de l’électorat ultra nationaliste.Le HDP, ses militants, ses journalistes sont dans l’œil du cyclone. Chaque jour, ses responsables sont interpellés, ses bureaux sont attaqués. Le chef du parti, Selahattin Demirtas, qualifié de « terroriste » par le chef de l’Etat, ne fait plus aucune apparition sur les grandes chaînes publiques, hormis celles de l’opposition, qui viennent d’être contraintes à la fermeture sans aucune raison. Il y a deux jours, Garo Palayan, député du HDP, avait exprimé ses craintes de voir les élections législatives du 1er novembre annulées. Cette éventualité est devenue plus tangible depuis le double attentat d’Ankara.La Turquie est entrée dans une période de turbulences comparable à celles qui prévalaient jadis à la veille des coups d’état militaires (1960, 1971, 1980). La presse pro-gouvernementale, la seule autorisée à parler, n’a pas hésité à donner une interprétation fallacieuse des attentats de samedi matin à Ankara.« Tirer profit des morts »Le quotidien Sabah écrivait ainsi en une de son site quelques heures après la double explosion : « Comme à Diyarbakir, Demirtas est entrain de tirer profit des morts ». « L’attentat de Diyarbakir avait donné deux points de plus au HDP », dit le sous-titre. Les sites des quotidiens de la même veine, Yeni Safak et Yeni Akit ne disent pas autre chose. Yeni Akit a reproduit le logo du parti HDP, soit un olivier avec ses feuilles dont le tronc est représenté par deux mains jointes, mais des grenades ont été dessinées à la place des feuilles, pour mieux convaincre ses lecteurs que les militants pro-kurdes sont les instigateurs de l’attentat qui les a directement visés.« Cet attentat nous fait très mal. Notre population paye le prix fort. Nous assistons au même scénario que ce qui s’est passé à Diyarbakir à la veille des élections du 7 juin. Nous avons vu à qui cela avait profité. La nation ne doit pas se laisser aller à un tel scénario », a déclaré Bülent Turan, député AKP de Canakkale au journal Yeni Akit.Le lynchage a refait son apparitionDe leur côté les médias d’opposition sont condamnés au silence. Sept chaînes de télévision connues pour leurs critiques envers le gouvernement ont brusquement été interdites d’émettre vendredi 9 octobre. Le lynchage a refait son apparition. Ahmet Hakan, journaliste de Hürriyet de CNN Türk, a ainsi été passé à tabac devant chez lui le 1er octobre au soir par quatre nervis dont trois étaient des militants de l’AKP. Peu de temps auparavant, la rédaction de Hürriyet avait été attaquée à coups de pierres par une foule en colère emmenée par un député de l’AKP, Abdulrahim Boynukalin, qui avait alors appelé ses fans à agresser physiquement le journalistes Ahmet Hakan.Vendredi 9 octobre, le rédacteur en chef du quotidien Zaman, Bülent Kenes a été arrêté. Il est accusé d’« insulte au président ». Près de 300 journalistes et blogueurs ont été soumis à ce chef d’accusation depuis 2014. L’article 299 du code pénal (insulte au président), qui a eut tôt fait de remplacer le 301 (insulte à la nation turque), supprimé en 2008 pour se conformer aux critères européens, est utilisé quotidiennement contre les journalistes et les blogueurs.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.10.2015 à 12h29 • Mis à jour le10.10.2015 à 12h30 La Guardia Civil espagnole a annoncé samedi 10 octobre avoir secouru 523 migrants africains en Méditerranée, au large des côtes libyennes, avec les garde-côtes italiens. « Le bateau Rio Segura, du service maritime de la Guardia Civil et qui a participé à l’opération Triton en 2015, a sauvé 325 immigrés qui se trouvaient dans différents bateaux dans une zone à environ 25 milles de Tripoli », indique un communiqué. « En même temps, un autre navire des garde-côtes italiens, Nave Corsi, qui participe à la même opération, a demandé le transfert vers le navire de la Guardia Civil de 198 personnes supplémentaires qui avaient été secourues ».Les personnes secourues sont 376 hommes, 125 femmes et 22 enfants, a détaillé la police espagnole, précisant que « certains d’entre eux ont des blessures et la gale, et sont soignés par l’infirmier de bord ». « Parmi les personnes sauvées par les deux bateaux il y a des ressortissants du Nigeria, de Gambie, du Sénégal, de Libye, de Côte d’Ivoire, de Guinée-Bissau et de Guinée Equatoriale ». 10.10.2015 à 09h06 • Mis à jour le10.10.2015 à 14h12 | Martin Untersinger La présidente de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) et du « G29 », le groupement européen des autorités de protection des données personnelles, réagit à l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne qui a invalidé l’accord « Safe Harbor ».Lire notre décryptage :Les conséquences de l’invalidation de l’accord « Safe Harbor » sur les données personnellesL’occasion également de revenir sur le projet du gouvernement de fusionner la CNIL avec la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA), dans le cadre de la loi numérique.Etes-vous favorable au projet du gouvernement de fusionner la CNIL et la CADA ?Réfléchir à un rapprochement entre nos deux institutions me paraît parfaitement légitime. Dans les textes, dans les recours que nous examinons, il y a une convergence autour de la gouvernance de la donnée. Pour autant, désosser ces deux institutions, remettre à plat immédiatement leur composition, leurs missions, leurs procédures est un travail considérable qui, aujourd’hui, me paraît déraisonnable. D’autant plus que nous avons le projet de règlement européen sur les données qui va aboutir d’ici la fin de l’année et qui va conduire à une réécriture de la loi CNIL.Lire aussi :Le gouvernement veut fusionner la CNIL et la CADAPour vous, insérer cette réforme dans la loi numérique, qui sera examinée en 2016, est une mauvaise idée ?Cela dépend de ce qu’il y a dedans. Il faut faire les choses au bon moment. Je suggère une solution en deux temps : à court-terme, on peut adosser les deux institutions, en mettant en place un mécanisme de participation croisée entre les deux autorités.La justice européenne a invalidé, mardi, l’accord Safe Harbor sur les données personnelles. Que vont faire les autorités européennes de protection des données ?Il existe des outils alternatifs au Safe Harbor. Il est légitime de se demander si les arguments de la Cour s’y appliquent. Nous allons analyser les conséquences sur les autres outils légaux de transfert pour mesurer l’impact de la décision de la Cour. Ce que souhaitent les entreprises c’est d’avoir une lisibilité, une cohérence du dispositif européen. Nous voulons donc leur offrir une réponse coordonnée.Justement, que doivent faire les entreprises qui avaient recours au Safe Harbor ?Il ne faut pas nous précipiter en recommandant des outils. Ce serait ennuyeux si dans un mois et demi ces outils souffrent des mêmes vices que le Safe Harbor. Il faut nous donner du temps pour établir une réponse robuste. Dès que nous aboutirons à une conclusion solide, on la communiquera.Cela signifie donc que certaines entreprises transfèrent des données d’Européens de manière illégale ?Elles prennent un risque. Sachant que le Safe Harbor est invalide, et qu’il n’a pas été procédé à une évaluation de la solidité des autres outils, il y a non pas un vide juridique, mais une question juridique sur la base légale de ces transferts.Qu’est-ce que la décision implique quant au rôle des autorités de protection des données ?La décision de la Cour donne effectivement la possibilité aux autorités de protection des données de réexaminer les transferts de données. La Cour a confié un rôle renouvelé aux autorités de protection des données, elle les a remis dans le jeu aux côtés de la Commission.Cela signifie-t-il que les internautes pourront saisir la CNIL pour empêcher que leurs données partent aux Etats-Unis ?Il faut être prudent. Les internautes ont certainement des attentes ambivalentes et n’ont pas non plus envie que les services qui leur sont offerts s’interrompent. Notre métier c’est de faire que les données des Européens soient protégées : aujourd’hui, il faut regarder si la protection apportée par les outils alternatifs au Safe Harbor est satisfaisante. La réponse n’est pas seulement dans ces outils : la Cour a pointé le système de surveillance de masse des Etats-Unis.Est-ce qu’au final ce n’est pas surtout la politique américaine qui est sanctionnée par la CJUE ?La Cour n’a pas invalidé le Safe Harbor à cause du contenu de ce dernier, mais à cause de la législation américaine. Il y a des éléments du droit américain qui n’ont pas été pris en compte par Commission et qui rendent le Safe Harbor invalide. La faiblesse juridique, aux Etats-Unis, c’est la possibilité de la surveillance de masse, le manque de contrôle par une autorité indépendante, la difficulté de former un recours… C’est ça qui motive l’arrêt de la CJUE. Compte tenu de ce que dit la Cour, la responsabilité est dans les mains des gouvernements, américain et européens.Vous faites ici référence à la renégociation du Safe Harbor, antérieure à la décision de la Cour. Comment un simple accord peut prendre en compte les remarques de la justice et donner des garanties sur les pratiques de surveillance des Etats-Unis ?L’arrêt n’invalide pas les renégociations. On peut adjoindre un volet complémentaire qui répondrait aux observations de la Cour. Aujourd’hui, la Commission est en position de demander aux Etats-Unis quelles garanties ils peuvent accorder aux citoyens européens. Il n’est pas illégitime de leur demander ça.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance) « Cette résolution n’est qu’une petite partie de la solution face à un immense problème », a reconnu l’ambassadeur britannique Matthew Rycroft, qui s’exprimait à l’issue du vote de ce texte qui, à 14 voix et une abstention, autorise l’Union européenne à lancer la phase 2 de l’opération « Sophia » et à faire usage de la force pour arraisonner en haute mer des navires de migrants venus de Libye et qui cherchent à gagner l’Europe.Six bateaux de guerre européens (italiens, français, allemand, britannique et espagnol) ont désormais un cadre légal pendant un an pour inspecter, saisir et détruire les navires qu’ils soupçonneraient être utilisés par des trafiquants. Ils devront pour cela s’efforcer d’obtenir l’autorisation des pays dont les navires battent pavillon. Les passeurs seront arrêtés et jugés en Italie. Les migrants seront secourus et transportés eux aussi jusqu’à la péninsule italienne, où leurs demandes d’asile seront examinées. La résolution enjoint aux pays membres de l’Organisation des Nations unies (ONU) de traiter les migrants « avec humanité et dignité ».Lire sur Les Décodeurs :Le nombre de migrants et de réfugiés a explosé au XXIe siècle dans le mondeDébat sur le chapitre 7« Cette crise migratoire est le plus grand défi de notre génération », a résumé l’ambassadeur britannique. Cinq cent mille migrants et réfugiés ont gagné l’Europe depuis le début de l’année et 3 000 d’entre eux se sont noyés en tentant de rejoindre les côtes de la Grèce ou de l’Italie ; ce qui en fait la plus grave crise migratoire depuis la seconde guerre mondiale. « Le Conseil ne saurait rester une voix silencieuse dans le contexte dramatique que connaît actuellement la Méditerranée », a insisté François Delattre, l’ambassadeur français qui coparrainait cette résolution.Elle était en discussion depuis le mois de juin et avait été gelée à plusieurs reprises devant la réticence des Russes et des trois membres africains du conseil - Tchad, Nigeria, Angola - à autoriser une résolution sous chapitre 7 qui permet l’usage de la force. Ils invoquaient aussi le respect de la souveraineté nationale. Ces oppositions ont été levées grâce à une lettre des autorités libyennes de Tobrouk, reconnues par la communauté internationale, et qui ont assuré le conseil de sécurité de leur soutien pour cette opération en haute mer.Les Russes ont fini par accepter de voter cette résolution sous chapitre 7, car le contenu du texte définit de manière précise les circonstances dans lesquelles le recours à la force est autorisé pour faire face à la résistance des trafiquants. Seul le Venezuela a jugé que le plan antipasseur européen « était disproportionné et établissait un précédent dangereux » et a préféré s’abstenir.Lire le décryptage :« Migrant » ou « réfugié » : quelles différences ?En attente d’un accord en LibyeUne troisième phase pourrait maintenant permettre d’étendre cette opération militaire aux eaux territoriales et aux côtes libyennes avec une présence au sol, mais il faudrait pour cela l’accord d’un gouvernement libyen unifié.Dans la nuit de jeudi à vendredi, l’envoyé spécial des Nations unies en Libye, Bernardino Leon, a annoncé que la sixième mouture de son accord de paix avait été acceptée par les deux gouvernements rivaux libyens.Les noms des membres du futur gouvernement d’union nationale sont encore en discussion, mais la perspective d’une sortie de crise politique en Libye pourrait accélérer le lancement de cette phase plus opérationnelle du plan antipasseurs européen.Lire aussi :L’impossible sortie du vide politique libyenMarie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance)Journaliste au Monde Maryline Baumard C’est officiel : depuis vendredi 9 octobre, le Kosovo est un pays sûr. Le conseil d’administration de l’Office français pour la protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) a en effet décrété d’inscrire ce pays des Balkans comme « POS », ou pays d’origine sûr. Une liste de seize nations où le Kosovo côtoie dorénavant, entre autres, l’Albanie, la Serbie, l’Inde, la Mongolie ou le Bénin.Singulière géographie, qui décide de la vitesse à laquelle sont traités les dossiers des demandeurs d’asile. Autrement dit, les Kosovars bénéficieront désormais d’une instruction plus courte, resserrée sur quinze jours. S’ils font appel de la décision rendue, un juge unique se penchera sur leur dossier, alors qu’ils auraient bénéficié du regard de trois juges sans cette inscription.Au deuxième rang des demandeurs d’asileDemandée par le ministère de l’intérieur, cette mesure ressemble fort à un alignement sur l’Allemagne puisque cette dernière a fait savoir, courant septembre, qu’elle s’apprêtait à prendre la même mesure pour le Kosovo et l’Albanie.Le signal politique est double. D’une part, cet ajout acte la marche vers l’élaboration d’une liste des pays sûrs commune en Europe, premiers balbutiements d’une hypothétique harmonisation des approches nationales de l’asile.D’autre part, il donne un signal politique sur l’immigration économique en France, à l’heure où l’installation des réfugiés syriens domine le débat et n’est estimé « soutenable » par le gouvernement que si les migrants économiques sont plus souvent reconduits.Les Kosovars, qui s’inscrivent au deuxième rang des demandeurs d’asile en France sur les neuf premiers mois de 2015, contre le troisième rang en 2014, n’ont obtenu le statut que dans 6,6 % des cas l’an dernier. Leur classement en pays sûr risque de renforcer encore l’idée qu’ils sont en quête d’un emploi plus que d’une protection lorsqu’ils viennent en France, ou en Allemagne.Cette inscription du Kosovo avait déjà été votée par le conseil d’administration de l’Ofpra en décembre 2013. Mais Amnesty International France et plusieurs associations avaient demandé au Conseil d’Etat d’annuler cette décision et obtenu gain de cause.Lire aussi :L’Union européenne a reçu plus de 213 000 demandes d’asile d’avril à juin #container_14425702306{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14425702306{ height:500px; } #container_14425702306 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14425702306 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14425702306 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14425702306 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Demandes d'asile par pays au deuxième trimestre 2015Source : Eurostat(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14425702306", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Allemagne","Hongrie","Autriche","Italie","France","Suède","Royaume-Uni","Pays-Bas","Bulgarie","Espagne"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de demandes d'asile", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 80935 ], [ "", 32675 ], [ "", 17395 ], [ "", 14895 ], [ "", 14685 ], [ "", 14295 ], [ "", 7470 ], [ "", 6270 ], [ "", 4050 ], [ "", 3675 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Les réserves du Conseil d’EtatLa juridiction administrative avait alors estimé qu’en dépit d’évolutions positives du petit pays « l’instabilité du contexte politique et social dans cet Etat dont les institutions sont encore largement dépendantes du soutien des organisations et missions internationales » ne permettait pas cette inscription.Le Conseil d’Etat avait aussi souligné « les violences auxquelles restent exposées certaines catégories de sa population, sans garantie de pouvoir trouver auprès des autorités publiques une protection suffisante. »En revanche, le Conseil avait estimé légales les inscriptions de la république d’Albanie et de la Géorgie. Comme, par ailleurs, la Tanzanie vient d’être retirée de la liste, qui comprend désormais 16 pays.Lire aussi :Au Kosovo, la désillusion face à la tutelle européenneMaryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Claire Guélaud (Lima, Pérou, envoyée spéciale) La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, et le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, ont donné, jeudi 8 octobre, le coup d’envoi officiel des assemblées annuelles de leurs institutions, en Amérique latine pour la première fois depuis quarante-neuf ans et dans un contexte de croissance affaiblie et de lutte contre le dérèglement climatique.Entre le ralentissement économique général et les difficultés grandissantes des pays émergents, l’ambiance est plutôt sombre, à l’image du ciel plombé de la capitale péruvienne, Lima. Mais, comme à son habitude, Mme Lagarde a refusé de céder au pessimisme, tandis que M. Kim a redit que 2015 serait à marquer d’une pierre blanche : la proportion de personnes vivant dans l’extrême pauvreté (avec moins de 1,25 dollar par jour, soit 1,10 euro) doit tomber cette année sous la barre des 10 %, probablement autour de 9,6 %. Une première.Lire aussi :Le FMI s’inquiète du surendettement dans les pays émergents« Si nous restons confiants dans notre capacité à mettre un terme à l’extrême pauvreté d’ici à 2030, la dernière partie de ce programme sera très difficile à mettre en œuvre parce que nous sommes entrés dans une période de croissance faible, de fin du super-cycle des matières premières, de hausse attendue des taux d’intérêt américains et de sorties continues des capitaux des pays émergents », a toutefois ajouté l’Américain, médecin de formation. Cette réalité économique risque de compliquer la tâche de la Banque mondiale. L’institution devrait être davantage sollicitée pour aider les pays les plus en difficulté et/ou ceux qui accueillent massivement des réfugiés (Liban, Jordanie, Turquie, etc.) et pour lutter davantage contre le dérèglement climatique : toute la question est de savoir si elle disposera de capitaux suffisants pour mener à bien l’ensemble de ses missions.Lire aussi :L’extrême pauvreté tombe sous les 10 % de la population mondiale en 2015Accroître les financements climatA peine arrivé à Lima, le ministre français des finances, Michel Sapin, a formulé le vœu, jeudi, que les organismes multilatéraux et le secteur privé accroissent leurs financements climat. « L’Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE] a établi que près de 62 milliards de dollars ont été mobilisés en 2014 pour aider les pays du Sud, sur un objectif de 100 milliards par an d’ici à 2020. Ce chiffre n’est pas décevant. Il montre qu’un effort est fait et qu’il en reste un, accessible, à faire », a estimé M. Sapin. Le ministre a fait observer que la Banque mondiale, tout en soutenant la dynamique de la COP21, n’avait pas révisé à la hausse la part de ses financements climat (20 %). Pour faire bonne mesure, il a également jugé que la Banque européenne d’investissement (BEI) pouvait faire plus. La France, qui accueille la COP21 à Paris à partir du 30 novembre, espère bien engranger de nouveaux financements à Lima.Lire aussi :L’OCDE évalue à 62 milliards de dollars les financements climatDe son côté, la directrice générale du FMI a assuré qu’il existait « un scénario de sortie possible vers un renforcement de nos économies et vers un redressement de la croissance potentielle ». Elle a regretté que les prescriptions du Fonds ne soient « pas toujours appliquées ni entendues », et défendu la nécessité de soutenir la demande, de prendre des mesures en faveur de la stabilité financière et d’engager des réformes structurelles. Par ailleurs, alors que les prévisions de croissance du FMI pour le Pérou, basses, ont beaucoup fait jaser à Lima, Mme Lagarde a cherché à mettre du baume au cœur des Péruviens, qui se sont décarcassés pour accueillir les assemblées annuelles, en précisant qu’elle « espérait se tromper ».Interrogée, enfin, sur l’éventualité d’un deuxième mandat à la tête du FMI – le premier prend fin en juillet 2016 –, la Française a reconnu qu’elle y réfléchissait mais a rappelé que la décision ne lui appartenait pas. « J’ai fait du mieux que j’ai pu », a confié Mme Lagarde, qui semble avoir vraiment pris ses distances avec la politique française. Rien ni personne ne semble devoir s’opposer à ce deuxième mandat, ni dans les économies avancées ni dans les pays émergents, qui ne semblent pas encore prêts à s’accorder sur le nom d’une personnalité issue de leurs rangs.Claire Guélaud (Lima, Pérou, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste François Meunier (Président d'Alsis professeur associé de finance à l'Ensae - ParisTech) On ne sait encore le montant des indemnités et amendes que le groupe Volkswagen (VW) devra acquitter suite au scandale de la manipulation des tests. Les chiffres les plus divers circulent, dont certains dépassent aisément les 100 milliards d’euros. Le montant est gigantesque.Par comparaison, le coût pour BP pour la marée noire dans les Caraïbes est estimé à « seulement » 40 milliards de dollars (35,7 milliards d’euros), dont 20,8 milliards de dollars qui viennent de faire l’objet d’un accord au titre de dédommagement pour les administrations américaines. On parle désormais d’une possible faillite de VW, et sachant son importance et son actionnariat, le groupe ferait dans ce cas l’objet d’un renflouement par le Land de Basse-Saxe, voire du gouvernement fédéral.Il ne faut pas désespérer Wolfsburg, pour reprendre un mot célèbre. Les dommages économiques et industriels pour l’Allemagne sont considérables et dépassent de loin le seul cas du groupe VW. L’incertitude générée n’est pas une bonne nouvelle. Mais pour le reste, l’addition des 100 milliards d’euros ne serait-elle pas une bonne chose, la manne céleste qu’on attendait ?Un solde commercial de 217 milliards d’eurosReprenons les termes d’un débat que la crise grecque et le drame des réfugiés ont fait passer à l’arrière-plan. L’Allemagne a eu en 2014 un solde commercial de 217 milliards d’euros, soit plus de 7 % de son produit intérieur brut (PIB), un chiffre qui risque fort d’approcher les 9 % en 2015 et qui pulvérise le record de tous les pays (la Chine est désormais quasiment à l’équilibre, pour donner une référence).Les réserves de la Bundesbank auprès de la Banque centrale européenne (son compte dit Target 2, une sorte de substitut de réserves de change) s’élèvent à 555 milliards d’euros. En bref, si VW est Das Auto, l’Allemagne est Das Export, forte d’une compétitivité et d’une qualité industrielle hors pair (au détail près des trucages de tests). Mais aussi, d’une stratégie résolue, initiée au début des années 2000, de restriction de sa demande intérieure.Une stratégie qui se maintient aujourd’hui, précisément à un moment où la zone euro aurait besoin d’éléments de relance pour faciliter sa remise sur pied budgétaire. Il y a ainsi une dissymétrie entre l’Allemagne et la plupart des autres pays de la zone euro, voire de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) : l’ajustement des conjonctures, aux fins de rétablissement des comptes publics, se fait par le bas, c’est-à-dire par austérité en dehors de l’Allemagne, et non par le haut, c’est-à-dire par un partage raisonnable entre austérité chez les pays en déficit et relance dans les pays en excédent.10 milliards d’euros pour la FranceIl n’y avait pas cette dissymétrie au début des années 2000 : le rétablissement de l’Allemagne, appelée à l’époque l’homme malade de l’Europe, s’était fait par austérité en Allemagne, mais très largement par la forte croissance (bien imprudente) des autres pays européens. Les 100 milliards d’euros font la moitié de l’excédent commercial d’une année. C’est du pouvoir d’achat pour les pays qui recevront cette somme, y compris pour les États-Unis qui n’en ont pas forcément besoin, mais qui montrent comment rétablir rapidement leurs comptes publics à coût d’amendes sur les grandes multinationales fautives. C’est un véritable plan de relance.On dit qu’il n’y pas loin d’un million de voitures VW concernées en France. Si on prend le chiffre conservateur de 10 000 euros par véhicule, entre l’amende, le dédommagement, le coût de remise aux normes (qui fait de la valeur ajoutée française dans les garages du groupe Volkswagen), cela fait une somme de 10 milliards d’euros pour le pays. Un vrai plan de relance, donc.On souhaite en écrivant ces lignes que le scandale n’aille pas toucher PSA ni Renault, auquel cas, par le même raisonnement, on aurait un autre plan de relance, mais à l’envers !François Meunier (Président d'Alsis professeur associé de finance à l'Ensae - ParisTech) 08.10.2015 à 14h19 • Mis à jour le09.10.2015 à 12h08 Mis en cause dans un scandale de notes de frais, le maire de Rome, Ignazio Marino, a annoncé sa démission, jeudi 8 octobre. « J’ai fait mon choix », a-t-il expliqué l’intéressé dans un message adressé à ses administrés, évoquant la perte du soutien de sa formation, le Parti démocrate, qui le poussait vers la sortie. Il a ajouté que « les conditions politiques » pour poursuivre sa mission étaient « très minces, voire inexistantes ».Plus tôt dans la journée de jeudi, il a accepté de rembourser 20 000 euros de notes de restaurant payées avec la carte de crédit de la ville et suspectées d’être des dépenses personnelles. « Avec ce geste, je veux tirer un trait sur les polémiques inutiles et surréalistes de ces derniers jours, qui ne font aucun bien à Rome », a-t-ila alors écrit sur sa page Facebook.Un acte qui n’a pas pour autant mis fin à l’affaire, puisque la justice italienne a ouvert une enquête et que ses alliés du PD, dont est membre le président du Conseil, Matteo Renzi, ont pris leurs distances avec lui. L’examen des notes de frais montre que celles-ci concernent principalement des frais de bouche dans des restaurants proches de son domicile lors de jours fériés ou de week-ends.Depuis des jours, une partie de la presse italienne décortique toutes ses additions, à la recherche de celle qui prouvera qu’il a dîné en tête à tête avec sa femme et non avec un ambassadeur ou un homme d’affaires. Ce « dinnergate » n’est que l’énième épisode d’un long feuilleton relaté à l’envi par une partie des médias italiens sur les gaffes, ratages et supposées malversations de cet ancien chirurgien, réputé jusqu’à présent plutôt honnête.Sorti indemne du scandale de « Mafia capital »Elu en 2013 pour cinq ans, le maire, qui se déplace à vélo, a d’abord été accusé d’avoir utilisé sans permis d’accès valide sa Fiat Panda personnelle dans le centre-ville historique. Il est aussi critiqué pour avoir banni les voitures de la grande avenue longeant les forums antiques et limité les terrasses des restaurants sur les places ou trottoirs.Il est pourtant sorti indemne du scandale de « Mafia capitale », le plus gros ayant jamais atteint Rome, qui avait révélé un vaste réseau de corruption impliquant l’ancien maire de droite, mais aussi plusieurs élus du Parti démocrate (PD, au pouvoir).Le pape lui-même a participé à la fin de septembre à cette offensive, en démentant dans des termes très vifs avoir jamais invité M. Marino lors de sa visite à Philadelphie. Les commentateurs se demandent parfois ce qui justifie pareille campagne de dénigrement et certains y voient une forme de vengeance de la part de tous ceux qui tiraient profit du réseau de « Mafia capitale ». Mais d’autres y voient plus simplement la rançon de sa supposée incompétence et son inaction face aux désordres d’une ville dont les habitants ne supportent plus les retards dans les transports en commun et la saleté dans les rues. Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Benoît Vitkine L’Europe n’en a pas fini avec la crise des réfugiés. La crainte d’une fermeture de toutes les frontières européennes, un temps calme sur la mer Egée, ainsi que, selon les Nations unies, l’offensive de l’armée syrienne, appuyée par l’Iran et par la Russie, contribuent à un nouvel afflux. D’après l’ONU, environ 35 000 personnes ont fui notamment la région d’Alep ces derniers jours.Du 16 au 18 octobre, près de 28 000 personnes sont arrivées sur les côtes grecques, souligne l’Organisation internationale pour les migrations. Sur les 643 000 migrants qui ont rejoint le territoire de l’UE par la mer depuis le début de l’année, plus de 500 000 sont arrivés en Grèce, selon des chiffres publiés mardi 20 octobre par l’ONU. C’est plus que lors du pic de l’été, qui avait forcé les Etats européens à prendre des premières mesures.Sur la route des Balkans, empruntée par les réfugiés qui veulent gagner l’Autriche, la Suède et, surtout, l’Allemagne, la situation s’est encore compliquée. La fermeture par la Hongrie de sa frontière avec la Croatie, le 16 octobre, un mois après celle de la frontière avec la Serbie, a provoqué un effet domino similaire à celui observé durant l’été.La Slovénie est désormais en première ligne. Selon un communiqué du gouvernement, le pays a accueilli 19 500 personnes depuis vendredi – dont 5 % de malades. La plupart des demandeurs d’asile évitaient les postes-frontières officiels saturés et se débattaient dans le froid et la pluie.Situation « sous contrôle »Les autorités slovènes, qui en appellent au soutien de l’UE, affirmaient, mardi soir, avoir la situation « sous contrôle » et démentaient la fermeture de leur frontière, même si le ministre de l’intérieur l’avait évoquée. Les pouvoirs d’intervention de l’armée, actuellement limités à une assistance logistique, ont été accrus. Le premier ministre centriste, Miro Cerar, a assuré que « cela ne signifie pas un état d’urgence ». Mais, a-t-il souligné, « il est illusoire d’attendre d’un pays de 2 millions d’habitants qu’il puisse arrêter, gérer et résoudre ce que des pays beaucoup plus grands n’ont pas réussi à faire ».Au moins 12 100 migrants se trouveraient dans le même temps en Serbie, et 10 000 en Macédoine. Une nouvelle perspective se dessine : l’ouverture d’une route partant de la Grèce vers les côtes dalmates, via l’Albanie et le Monténégro.La situation inquiète fortement les responsables européens à peine remis de leurs discussions houleuses sur le partage de 160 000 réfugiés et espérant, au moins, le soutien de la Turquie. Des négociations sont en cours pour éviter que cette dernière ne laisse partir vers l’Union « ses » 2 millions de réfugiés syriens en échange d’une aide de 3 milliards d’euros, de la promesse d’une reprise des négociations d’adhésion et d’une libéralisation des visas pour certains citoyens.Les autorités de l’Union tentent aussi d’amener Ankara à accepter des accords de réadmission. La clause d’un accord de 2013 conclu avec Bruxelles et visant au renvoi à la Turquie de ressortissants non turcs devrait s’appliquer avant la date prévue (2017) et des accords semblables, conclus entre la Turquie et la Grèce, ainsi qu’entre la Turquie et la Bulgarie, devraient enfin produire leurs effets.C’est du moins l’espoir de la Commission européenne. Qui en a un autre : que les plans de répartition de réfugiés qu’elle a difficilement fait accepter fonctionnent. Or, aujourd’hui, un élément clé du dispositif est remis en question : les « hot spots ». Ces centres d’enregistrement et d’identification sont confrontés aux réticences des réfugiés. « Si cela continue, tout ce que nous avons fait n’aura servi à rien et le système s’effondrera », explique au Monde un responsable de haut rang.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?Pays « de première ligne » Destinés à aider les pays dits « de première ligne », les « hot spots » centralisent l’action de diverses agences européennes (Frontex, Eurojust, Europol, Bureau d’asile) et sont censés accélérer les procédures d’asile. L’un d’eux fonctionne à Lampedusa, en Italie, l’autre à Mytilène, en Grèce. Trois autres centres doivent ouvrir en Italie, quatre en Grèce.Problème : en Grèce, où ont désormais lieu la plupart des arrivées, de très nombreux demandeurs refusent de se soumettre aux procédures conduisant à l’obtention du statut de réfugié. Ils redoutent de devoir rester dans ce pays ou d’être relocalisés dans un Etat où ils ne veulent pas se rendre. Le Luxembourg, par exemple, peine à trouver la… cinquantaine de réfugiés qu’il a accepté d’héberger. L’immense majorité des Syriens, Erythréens ou Irakiens veut se rendre en Allemagne ou en Suède. Ils sont conscients que, de toute façon, seulement 70 000 d’entre eux feront l’objet d’une répartition, alors qu’ils sont sept fois plus à avoir accosté sur les côtes helléniques. Ils préfèrent donc tenter leur chance en embarquant pour le Pirée depuis les îles grecques, puis en empruntant la route des Balkans.Leur refus de demander la protection internationale empêche l’accord politique conclu entre les Etats d’être appliqué et rend illusoire toute idée d’un mécanisme permanent de relocalisation. « Il faut leur faire passer le message que, grâce à la relocalisation, ils pourront recommencer une nouvelle vie et que c’est seulement par le biais d’une demande d’asile qu’ils y parviendront », explique le ministre luxembourgeois Jean Asselborn, actuel président du conseil des affaires étrangères. De nombreux réfugiés savent toutefois qu’ils seront privés des droits liés à leur statut (logement décent, éducation pour leurs enfants, aides sociales…) s’ils refusent le pays qui leur est désigné. Mais ils préfèrent tenter d’obtenir ces droits dans le pays de leur choix. A condition, désormais, d’y arriver.Un sommet consacré à la question des migrants le 25 octobreUn sommet consacré à la question des migrants, en présence des chefs d’Etat ou de gouvernement d’Autriche, de Bulgarie, de Croatie, de Macédoine, d’Allemagne, de Grèce, de Hongrie, de Roumanie, de Serbie et de Slovénie, ainsi que de la Commission européenne aura lieu dimanche 25 octobre.« Etant donné la situation d’urgence que connaissent les pays situés sur l’itinéraire des migrants à travers les Balkans, il importe de coopérer beaucoup plus, d’avoir davantage de consultations approfondies, et des mesures d’action immédiate », Jean-Claude JUncker, président de la Commission.  Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Près d’un an après les révélations « Luxleaks », qui mettaient au jour l’existence de nombreux accords fiscaux très avantageux entre le fisc du Luxembourg et les multinationales, la Commission européenne a rendu public, mercredi 21 octobre, ses premières condamnations contre cette pratique abusive des « rulings ».Lire aussi :« LuxLeaks » : voyage au paradis des multinationalesDans le collimateur de Bruxelles, le groupe Starbucks et une filiale de Fiat (Fiat Finance and Trade, la banque interne du constructeur), épinglés pour avoir passé des accords jugés illégaux au regard du droit européen de la concurrence, avec l’administration néerlandaise dans le cas de la chaîne de cafés américaine, et luxembourgeoise, pour le groupe italien.Les amendes s’élèvent à plusieurs dizaines de millions d’euros pour chacune des deux sociétésLes services de la Commissaire européenne à la concurrence, la Danoise Margrethe Vestager, ont soumis mercredi pour approbation au collège de la Commission les amendes qu’à l’issue de longs mois d’enquête ils ont fini par établir dans ces deux cas. Chacune des sociétés est sommée de rembourser 20 à 30 millions d’euros.La procédure menée par Bruxelles concerne les « aides d’Etat illégales ». Fiat et Starbucks ont, selon la Commission, bénéficié d’avantages sélectifs nuisant à la concurrence de la part du Luxembourg et des Pays-Bas. En conséquence, ils sont censés verser leurs amendes directement aux Etats (et pas à la Commission, comme dans le cas d’un abus de position dominante).Dossiers très techniquesCes montants équivalent à une sorte de redressement fiscal : ce sont les sommes, majorées d’un taux d’intérêt, que ces groupes auraient dû payer s’ils avaient été soumis au même taux d’imposition que d’autres dans une situation comparable.Qu’est-il reproché, dans les détails, à Starbucks ? D’après les documents intermédiaires rendus publics en novembre 2014, Bruxelles concentrait son enquête sur l’accord signé en 2008 entre les Pays-Bas et une entité néerlandaise du groupe, Starbucks Manufacturing BV. Le pays validait un « prix de transfert » (prix facturé pour les échanges entre filiales) avec d’autres entités de Starbucks, notamment une en Suisse, que Bruxelles soupçonnait d’être trop élevé afin de réduire la base fiscale de Starbucks Manufacturing.Lire aussi :Optimisation fiscale : l’Europe impose plus de transparenceConcernant Fiat, là aussi selon un document rendu public en novembre 2014, la Commission relevait que la banque interne du groupe avait signé en 2012 un accord fiscal avec le Grand-Duché qui déterminait une base imposable fixe pour la société, quel que soit son développement ultérieur.Ces deux cas sont instruits formellement depuis juin 2014, mais n’aboutissent que maintenant, car ils sont très techniques, et la nature abusive des rulings n’est pas aisée à démontrer. Le ruling ou « rescrit fiscal » étant lui-même parfaitement légal, la Commission doit prouver, pour le dénoncer, qu’il introduit un avantage par rapport à d’autres entreprises. Elle est aussi tributaire du zèle avec lequel les administrations visées envoient les documents requis.Un signal fortUne troisième enquête a été ouverte en juin 2014 visant le géant américain Apple en Irlande, dont il ne devait pas être question mercredi. Outre le temps d’instruction des dossiers, qui peut expliquer ce décalage, Mme Vestager a jusqu’à présent été très habile dans sa communication, évitant d’en faire « trop » avec un pays (notamment les Etats-Unis), pour échapper aux critiques sur une soi-disant « politisation » des dossiers de concurrence.Mme Vestager marque de nouveaux points à titre personnelEn plus de ces trois cas, deux autres enquêtes formelles tout aussi sensibles concernant des rulings ont été lancées par Bruxelles. L’une, en octobre 2014, portant sur des accords entre Amazon et le Luxembourg, et l’autre, en février 2015, au sujet des abattements fiscaux proposés par la Belgique aux multinationales étrangères.Lire aussi :Optimisation fiscale : la Belgique en accusationMercredi, la Commission, qui jusqu’à présent ne s’était jamais penchée sur ce type de contrats, envoie un signal fort. Les cadeaux fiscaux permettant à des sociétés d’échapper quasiment à l’impôt ne sont plus tolérés. Ses décisions concernant Fiat et Starbucks interviennent alors que le commissaire à l’économie, Pierre Moscovici, a obtenu, début octobre, un accord politique pour que les rulings soient transmis automatiquement et obligatoirement entre administrations fiscales des vingt-huit pays de l’Union.Mme Vestager marque de nouveaux points à titre personnel. Elle passe déjà pour l’un des commissaires majeurs de Bruxelles après avoir choisi d’adopter depuis sa prise de fonctions, en novembre 2014, une approche beaucoup plus musclée que son prédécesseur, Joaquin Almunia. Outre les cas d’aides illégales concernant les rulings, elle a ainsi décidé d’envoyer des actes d’accusation formels contre Google et Gazprom pour abus de position dominante. Ces deux géants risquent des amendes de plusieurs milliards d’euros chacun.Lire aussi :Amazon cède face à Bruxelles sur la fiscalitéCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Pour célébrer son premier anniversaire, le mouvement d’extrême droite Pegida (Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident), qui réunit ses partisans tous les lundis à Dresde (Saxe, est de l’Allemagne), avait promis, lundi 19 octobre, un rassemblement exceptionnel. Il le fut. Non en raison du nombre de participants – Pegida a déjà réuni davantage que les 15 000 à 18 000 personnes comptabilisées – mais en raison des propos qui y ont été tenus. L’invité vedette, Akif Pirinçci, un écrivain allemand d’origine turque a en effet regretté la disparition des camps nazis. Un délit passible, selon certains juristes, de trois à cinq ans de prison.Après avoir évoqué les réfugiés – qu’il appelle « envahisseurs » –, Akif Pirinçci s’en est pris à un maire (CDU) qui aurait conseillé à un habitant hostile à l’ouverture d’un foyer pour réfugiés de quitter le pays puisqu’il n’en partageait pas les valeurs. « Il y aurait bien sûr d’autres alternatives. Mais malheureusement, les camps de concentration ne fonctionnent plus », a déploré l’orateur, sous les applaudissements.Agé de 55 ans, Akif Pirinçci est surtout connu des Allemands pour ses polars dont le héros est un chat surnommé Francis. Mais peu à peu, l’homme s’est fait une spécialité de dénoncer ce qu’il considère comme le politiquement correct. A Dresde, sans doute grisé par son succès, l’écrivain a parlé si longtemps et de manière si excessive qu’il a fini par être hué et interrompu par Lutz Bachmann, le fondateur de Pegida.Lire aussi :En Allemagne, face-à-face tendu à Dresde pour le premier anniversaire de PegidaUn livre dénonçant la théorie du genreEvidemment, la référence aux camps de concentration a fait scandale. Dès mardi, une plainte a été déposée et le parquet a ouvert une enquête. Le comité international d’Auschwitz a dénoncé « un odieux signal d’impudence ». Le groupe Bertelsmann, qui publie les ouvrages d’Akif Pirinçci, a annoncé qu’il retirait ceux-ci de la circulation. « La protection de la démocratie et des droits de l’homme constitue un volet essentiel de notre activité éditoriale, tout comme le respect des traditions et de la diversité culturelle. Les déclarations d’Akif Pirinçci vont totalement à l’encontre de ces valeurs », déclare le groupe. Sur Facebook, Lutz Bachmann, lui-même dans le collimateur de la justice, a reconnu mardi « une grave erreur » et a présenté ses excuses.Pegida est composé de jeunes néo-nazis mais aussi de personnes qui se définissent comme « patriotes » et affirment condamner tout recours à la violence. Il n’en reste pas moins que la sortie d’Akif Pirinçci sur les camps a été applaudie, ce qui en dit long sur l’état d’esprit des participants.En principe sort mercredi, chez un petit éditeur, le dernier ouvrage d’Akif Pirinçci. Intitulé Die grosse Verschwulung (« La Grande Homosexualisation »), ce livre, d’après sa présentation sur Internet, dénonce la théorie du genre.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.10.2015 à 14h21 • Mis à jour le20.10.2015 à 14h26 Après les accusations erronées de Moscou sur un incident dans l’espace aérien français, l’ambassadeur russe à Paris a été convoqué, a annoncé mardi 20 octobre le ministère des affaires étrangères français. Alexandre Orlov a été reçu par le secrétaire général du Quai d’Orsay, qui lui a confirmé « qu’aucun avion militaire français n’avait été impliqué dans un incident avec un avion russe ». Moscou avait déjà présenté ses excuses à la France, lundi, pour ce malentendu.L’incident diplomatique entre les deux pays avait commencé quand la Russie avait convoqué lundi, « toutes affaires cessantes », Jean-Maurice Ripert, l’ambassadeur de France à Moscou.Les Russes affirmaient qu’un « avion de chasse de l’armée de l’air française » s’était « dangereusement » approché d’un avion de ligne transportant Sergueï Narichkine, président de la chambre basse du Parlement russe, alors qu’il se trouvait dans l’espace aérien français.Le Quai d’Orsay avait aussitôt démenti et après plusieurs heures de confusion, la Suisse avait affirmé que l’appareil évoqué par Moscou était un avion de chasse suisse F-18 et qu’il s’agissait d’un contrôle de routine dans le cadre d’une procédure normale, dans l’espace aérien suisse. Le ministère français des affaires étrangères avait « déploré » la convocation à tort de son ambassadeur. 20.10.2015 à 06h46 • Mis à jour le20.10.2015 à 12h31 | Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Lundi 19 octobre, ils étaient plus de 15 000 dans les rues de Dresde (en Saxe, dans l’Est) pour célébrer le premier anniversaire de Pegida. Même si les contre-manifestants, avec lesquels de brefs heurts ont éclaté, étaient presque aussi nombreux, ce mouvement des « patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident » est devenu le symbole d’une Allemagne populiste qui, tous les lundis, manifeste pour exprimer sa crainte d’être « envahie » par les immigrés et surtout sa méfiance à l’égard des élites, notamment politiques. « Environ un tiers des participants (…) laissent percevoir des motivations et des attitudes empreintes d’islamophobie. La majorité exerce une critique fondamentale à l’égard de la politique, des médias et de la façon dont fonctionne la démocratie », résument trois chercheurs en sciences politiques dans le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, le 19 octobre.Ovations pour Orban, Poutine, Le Pen…Avec le nouveau parti populiste Alternative pour l’Allemagne (AfD), auquel le lie une grande proximité intellectuelle, Pegida occupe un espace resté longtemps vide entre la CDU-CSU (centre droit) et les groupuscules néonazis. Le lundi, à Dresde, certains dressent désormais la potence pour les « traîtres » : la chancelière Angela Merkel et Sigmar Gabriel, vice-chancelier et président du Parti social-démocrate (SPD). En revanche, on fait applaudir le premier ministre hongrois, Viktor Orban, le président russe, Vladimir Poutine, la présidente du Front national, Marine Le Pen, et on a eu comme invité au printemps Geert Wilders, le dirigeant d’extrême droite néerlandais.L’AfD est crédité dans les sondages d’environ 7 % des voix, suffisamment pour être représenté dans le prochain Bundestag. Le succès de ces deux mouvements est d’autant plus remarquable que chacun d’eux a connu une crise existentielle. Pour être apparu en janvier sur Facebook grimé en Adolf Hitler, le fondateur de Pegida, Lutz Bachmann, repris de justice, a dû un temps se faire discret. Pendant plusieurs mois, le mouvement qui, à l’hiver 2014, avait attiré jusqu’à 25 000 manifestants, avait semblé sur le déclin. Cela n’a pourtant pas empêché sa candidate aux élections municipales de Dresde, Tatjana Festerling, également militante de l’AfD, de recueillir 9,6 % des voix en avril. L’AfD, créé en 2013 pour combattre l’euro, n’a pas profité de la crise grecque. Son fondateur, Bernd Lucke, a même claqué la porte du parti cet été, mis en minorité par Frauke Petry, encore plus à droite, et qui fait de la lutte contre l’accueil des réfugiés son cheval de bataille.Montée d’organisations conservatricesDans le même temps, les actes de violence se sont multipliés à l’encontre des réfugiés et de leurs foyers, notamment dans l’est de l’Allemagne. A la suite des menaces physiques ou verbales reçues, plusieurs élus locaux ont démissionné. Samedi, un sympathisant d’extrême droite a même poignardé à Cologne (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) la responsable chargée des réfugiés à la mairie qui, le lendemain, se présentait comme candidate aux élections municipales et a été élue. Faut-il faire un lien entre cette montée de la violence et Pegida ? Les partis traditionnels l’affirment. « Les paroles hostiles aux étrangers ont préparé le terrain », déclare Katrin Göring-Eckhardt, coprésidente des Verts au Bundestag.A des degrés divers, tous les partis représentés à l’Assemblée parlementaire sont concernés par la montée en puissance de l’AfD et de Pegida. Les sondages montrent que l’AfD profite actuellement de l’érosion de la cote de popularité d’Angela Merkel, notamment dans l’ancienne Allemagne de l’Est et en Bavière.Par ailleurs, leur discours radical semble avoir libéré la parole de militants conservateurs. C’est en Saxe que, pour la première fois, Angela Merkel a été confrontée, mercredi 14 octobre, à des électeurs de la CDU qui demandaient sa démission. Die Linke, le parti de la gauche radicale, très implanté dans l’Est, chez les milieux modestes, a lui aussi tout à redouter de la montée de ces organisations. Pour ne pas se couper d’une partie de leur électorat, les dirigeants de Die Linke sont d’ailleurs très prudents dans leur soutien aux réfugiés. Le SPD affronte le même dilemme. Dès 2012, une étude réalisée par la fondation Friedrich-Ebert, proche du SPD, concluait que, de tous les partis, ce sont les électeurs proches du SPD, à l’ouest, qui étaient les plus sensibles aux thèses d’extrême droite. En janvier, Sigmar Gabriel, président du SPD, n’avait d’ailleurs pas hésité à se rendre « à titre personnel » à Dresde discuter avec les sympathisants de Pegida. Entre la politique de la main tendue à des Allemands dont « il faut comprendre les peurs » et la dénonciation de dérapages extrémistes, les partis traditionnels hésitent encore.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Samuel Laurent La quatrième conférence sociale qu’a ouvert, lundi 19 octobre, François Hollande, commence dans un climat tendu : si les partenaires sociaux ont réussi à trouver un accord à l’arraché sur les retraites complémentaires vendredi, les tensions nées des mobilisations du personnel d’Air France peinent à retomber. Mais au-delà de cette conjoncture, le marché français du travail continue de changer de visage du fait de la crise.1. Un chômage endémiqueEn septembre 2015, plus de 3,5 millions de personnes sont inscrites dans la seule catégorie « A », qui rassemble ceux qui n’ont pas du tout travaillé durant le mois précédent. En agrégeant ces derniers avec les catégories B (les inscrits qui ont travaillé moins de 78 heures dans le mois précédent) et C (activité réduite supérieure à 78 heures sur la même période), ils sont 5,4 millions. Une situation qui ne s’améliore pas, malgré les promesses de l’exécutif. #container_14452507468{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452507468{ height:500px; } #container_14452507468 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452507468 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452507468 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452507468 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Nombre de chômeurs depuis 1991Pour la catégorie A et les catégories A,B et C.Source : Dares(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452507468", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: 1, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#f96996", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#f96996", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["janv.-91","févr.-91","mars-91","avr.-91","mai-91","juin-91","juil.-91","août-91","sept.-91","oct.-91","nov.-91","déc.-91","janv.-92","févr.-92","mars-92","avr.-92","mai-92","juin-92","juil.-92","août-92","sept.-92","oct.-92","nov.-92","déc.-92","janv.-93","févr.-93","mars-93","avr.-93","mai-93","juin-93","juil.-93","août-93","sept.-93","oct.-93","nov.-93","déc.-93","janv.-94","févr.-94","mars-94","avr.-94","mai-94","juin-94","juil.-94","août-94","sept.-94","oct.-94","nov.-94","déc.-94","janv.-95","févr.-95","mars-95","avr.-95","mai-95","juin-95","juil.-95","août-95","sept.-95","oct.-95","nov.-95","déc.-95","janv.-96","févr.-96","mars-96","avr.-96","mai-96","juin-96","juil.-96","août-96","sept.-96","oct.-96","nov.-96","déc.-96","janv.-97","févr.-97","mars-97","avr.-97","mai-97","juin-97","juil.-97","août-97","sept.-97","oct.-97","nov.-97","déc.-97","janv.-98","févr.-98","mars-98","avr.-98","mai-98","juin-98","juil.-98","août-98","sept.-98","oct.-98","nov.-98","déc.-98","janv.-99","févr.-99","mars-99","avr.-99","mai-99","juin-99","juil.-99","août-99","sept.-99","oct.-99","nov.-99","déc.-99","janv.-00","févr.-00","mars-00","avr.-00","mai-00","juin-00","juil.-00","août-00","sept.-00","oct.-00","nov.-00","déc.-00","janv.-01","févr.-01","mars-01","avr.-01","mai-01","juin-01","juil.-01","août-01","sept.-01","oct.-01","nov.-01","déc.-01","janv.-02","févr.-02","mars-02","avr.-02","mai-02","juin-02","juil.-02","août-02","sept.-02","oct.-02","nov.-02","déc.-02","janv.-03","févr.-03","mars-03","avr.-03","mai-03","juin-03","juil.-03","août-03","sept.-03","oct.-03","nov.-03","déc.-03","janv.-04","févr.-04","mars-04","avr.-04","mai-04","juin-04","juil.-04","août-04","sept.-04","oct.-04","nov.-04","déc.-04","janv.-05","févr.-05","mars-05","avr.-05","mai-05","juin-05","juil.-05","août-05","sept.-05","oct.-05","nov.-05","déc.-05","janv.-06","févr.-06","mars-06","avr.-06","mai-06","juin-06","juil.-06","août-06","sept.-06","oct.-06","nov.-06","déc.-06","janv.-07","févr.-07","mars-07","avr.-07","mai-07","juin-07","juil.-07","août-07","sept.-07","oct.-07","nov.-07","déc.-07","janv.-08","févr.-08","mars-08","avr.-08","mai-08","juin-08","juil.-08","août-08","sept.-08","oct.-08","nov.-08","déc.-08","janv.-09","févr.-09","mars-09","avr.-09","mai-09","juin-09","juil.-09","août-09","sept.-09","oct.-09","nov.-09","déc.-09","janv.-10","févr.-10","mars-10","avr.-10","mai-10","juin-10","juil.-10","août-10","sept.-10","oct.-10","nov.-10","déc.-10","janv.-11","févr.-11","mars-11","avr.-11","mai-11","juin-11","juil.-11","août-11","sept.-11","oct.-11","nov.-11","déc.-11","janv.-12","févr.-12","mars-12","avr.-12","mai-12","juin-12","juil.-12","août-12","sept.-12","oct.-12","nov.-12","déc.-12","janv.-13","févr.-13","mars-13","avr.-13","mai-13","juin-13","juil.-13","août-13","sept.-13","oct.-13","nov.-13","déc.-13","janv.-14","févr.-14","mars-14","avr.-14","mai-14","juin-14","juil.-14","août-14","sept.-14","oct.-14","nov.-14","déc.-14","janv.-15","févr.-15","mars-15","avr.-15","mai-15","juin-15","juil.-15","août-15"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#f96996", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#f96996", from: 257, to: 296, label: { useHTML: false, text: "Hollande", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 15 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Catégorie A", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", 3121 ], [ "", 3133.6 ], [ "", 3135 ], [ "", 3136 ], [ "", 3149.1 ], [ "", 3134.3 ], [ "", 3135.8 ], [ "", 3128.1 ], [ "", 3161.3 ], [ "", 3152.1 ], [ "", 3171.4 ], [ "", 3176.5 ], [ "", 3195.6 ], [ "", 3181.6 ], [ "", 3182.4 ], [ "", 3178.7 ], [ "", 3191.5 ], [ "", 3190.1 ], [ "", 3173.3 ], [ "", 3137.3 ], [ "", 3166.1 ], [ "", 3164 ], [ "", 3152.1 ], [ "", 3131.8 ], [ "", 3133.3 ], [ "", 3122.7 ], [ "", 3113 ], [ "", 3109.6 ], [ "", 3098 ], [ "", 3079.8 ], [ "", 3084 ], [ "", 3069.7 ], [ "", 3083.2 ], [ "", 3083.6 ], [ "", 3086.7 ], [ "", 3079 ], [ "", 3076.1 ], [ "", 3070.9 ], [ "", 3071.3 ], [ "", 3055.7 ], [ "", 3037.1 ], [ "", 3026.8 ], [ "", 2965.9 ], [ "", 2948 ], [ "", 2898.6 ], [ "", 2876.2 ], [ "", 2848.7 ], [ "", 2820.4 ], [ "", 2802.7 ], [ "", 2774.8 ], [ "", 2737.1 ], [ "", 2697.7 ], [ "", 2675.8 ], [ "", 2644.3 ], [ "", 2619.9 ], [ "", 2609.5 ], [ "", 2549.2 ], [ "", 2505.5 ], [ "", 2450.8 ], [ "", 2437.4 ], [ "", 2394.8 ], [ "", 2381.5 ], [ "", 2364.9 ], [ "", 2358.4 ], [ "", 2364.7 ], [ "", 2364.2 ], [ "", 2391.6 ], [ "", 2398.9 ], [ "", 2405.4 ], [ "", 2434.7 ], [ "", 2463.8 ], [ "", 2473.6 ], [ "", 2475.9 ], [ "", 2485.8 ], [ "", 2501.4 ], [ "", 2518.3 ], [ "", 2524.5 ], [ "", 2529.4 ], [ "", 2556.4 ], [ "", 2552 ], [ "", 2548.6 ], [ "", 2554.8 ], [ "", 2573.8 ], [ "", 2587.6 ], [ "", 2611.9 ], [ "", 2629.2 ], [ "", 2641.6 ], [ "", 2647.3 ], [ "", 2644.9 ], [ "", 2661 ], [ "", 2675.6 ], [ "", 2666.6 ], [ "", 2716 ], [ "", 2719.5 ], [ "", 2705.3 ], [ "", 2717.1 ], [ "", 2687.9 ], [ "", 2674.4 ], [ "", 2667.9 ], [ "", 2663.6 ], [ "", 2670.6 ], [ "", 2676.7 ], [ "", 2683.3 ], [ "", 2699.5 ], [ "", 2697 ], [ "", 2690.3 ], [ "", 2705.7 ], [ "", 2705.9 ], [ "", 2708.3 ], [ "", 2707.2 ], [ "", 2708.3 ], [ "", 2706.2 ], [ "", 2707.2 ], [ "", 2688.4 ], [ "", 2664.8 ], [ "", 2654.7 ], [ "", 2632.1 ], [ "", 2609.9 ], [ "", 2587 ], [ "", 2567 ], [ "", 2550.6 ], [ "", 2530.1 ], [ "", 2501.7 ], [ "", 2460.3 ], [ "", 2422.7 ], [ "", 2398.7 ], [ "", 2363 ], [ "", 2354.5 ], [ "", 2322.3 ], [ "", 2314.7 ], [ "", 2288.4 ], [ "", 2265 ], [ "", 2232.6 ], [ "", 2202.1 ], [ "", 2172.4 ], [ "", 2152.8 ], [ "", 2139.9 ], [ "", 2119.7 ], [ "", 2117.5 ], [ "", 2100.4 ], [ "", 2092.2 ], [ "", 2062.6 ], [ "", 2035.9 ], [ "", 2015.8 ], [ "", 2003.2 ], [ "", 1979.9 ], [ "", 1985 ], [ "", 1997.3 ], [ "", 1998.3 ], [ "", 2017.6 ], [ "", 2033.6 ], [ "", 2040.8 ], [ "", 2075.2 ], [ "", 2107.2 ], [ "", 2163.3 ], [ "", 2219.3 ], [ "", 2282.4 ], [ "", 2356.8 ], [ "", 2422.9 ], [ "", 2481.8 ], [ "", 2516.2 ], [ "", 2519.7 ], [ "", 2545.3 ], [ "", 2577.3 ], [ "", 2601.7 ], [ "", 2637.8 ], [ "", 2646.4 ], [ "", 2638 ], [ "", 2660.6 ], [ "", 2665.6 ], [ "", 2666.2 ], [ "", 2681.9 ], [ "", 2689.2 ], [ "", 2687.2 ], [ "", 2679.9 ], [ "", 2698.3 ], [ "", 2696.6 ], [ "", 2675.1 ], [ "", 2689.8 ], [ "", 2702.3 ], [ "", 2695.7 ], [ "", 2706.2 ], [ "", 2692.3 ], [ "", 2693.6 ], [ "", 2703.9 ], [ "", 2732.5 ], [ "", 2749.1 ], [ "", 2763.5 ], [ "", 2775.5 ], [ "", 2796.2 ], [ "", 2819.6 ], [ "", 2848.6 ], [ "", 2867.1 ], [ "", 2878.9 ], [ "", 2885.8 ], [ "", 2894.8 ], [ "", 2923.2 ], [ "", 2943.2 ], [ "", 2983.1 ], [ "", 3020.8 ], [ "", 3052.8 ], [ "", 3094.4 ], [ "", 3119.9 ], [ "", 3133.2 ], [ "", 3181.1 ], [ "", 3192.3 ], [ "", 3213.4 ], [ "", 3254.3 ], [ "", 3253.7 ], [ "", 3265.5 ], [ "", 3279.1 ], [ "", 3246.6 ], [ "", 3297.2 ], [ "", 3279.4 ], [ "", 3298.7 ], [ "", 3311.7 ], [ "", 3321.9 ], [ "", 3341.7 ], [ "", 3346.4 ], [ "", 3364.9 ], [ "", 3383.7 ], [ "", 3395.3 ], [ "", 3416.8 ], [ "", 3415 ], [ "", 3441.9 ], [ "", 3461.4 ], [ "", 3486.4 ], [ "", 3500.7 ], [ "", 3481.6 ], [ "", 3494.4 ], [ "", 3509.8 ], [ "", 3536 ], [ "", 3552.2 ], [ "", 3553.5 ], [ "", 3551.6 ], [ "", 3571.6 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Catégories A, B, C", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 2843.8 ], [ "", 2873.4 ], [ "", 2900.7 ], [ "", 2921.3 ], [ "", 2958.3 ], [ "", 2992.1 ], [ "", 3048.5 ], [ "", 3083.6 ], [ "", 3105.5 ], [ "", 3128.1 ], [ "", 3146.8 ], [ "", 3162.4 ], [ "", 3190.4 ], [ "", 3200.3 ], [ "", 3191.9 ], [ "", 3214.5 ], [ "", 3218.9 ], [ "", 3235.7 ], [ "", 3247.8 ], [ "", 3261.8 ], [ "", 3276.2 ], [ "", 3297.6 ], [ "", 3326.4 ], [ "", 3354.2 ], [ "", 3373.4 ], [ "", 3402.4 ], [ "", 3447.7 ], [ "", 3488.4 ], [ "", 3512.8 ], [ "", 3566.3 ], [ "", 3605.3 ], [ "", 3634.8 ], [ "", 3665.2 ], [ "", 3708.5 ], [ "", 3706.8 ], [ "", 3716.3 ], [ "", 3729.1 ], [ "", 3735 ], [ "", 3738.7 ], [ "", 3754 ], [ "", 3765.8 ], [ "", 3773.2 ], [ "", 3771.1 ], [ "", 3780.7 ], [ "", 3778.7 ], [ "", 3768.3 ], [ "", 3760.4 ], [ "", 3769.2 ], [ "", 3756.7 ], [ "", 3747.6 ], [ "", 3740.8 ], [ "", 3724.2 ], [ "", 3705.4 ], [ "", 3667.7 ], [ "", 3630.7 ], [ "", 3643.8 ], [ "", 3654 ], [ "", 3670.1 ], [ "", 3705.1 ], [ "", 3736.1 ], [ "", 3744 ], [ "", 3761.2 ], [ "", 3776.6 ], [ "", 3781.9 ], [ "", 3800.1 ], [ "", 3812.6 ], [ "", 3831.4 ], [ "", 3859.2 ], [ "", 3866.9 ], [ "", 3875 ], [ "", 3895.6 ], [ "", 3912.6 ], [ "", 3940.9 ], [ "", 3939.4 ], [ "", 3949.6 ], [ "", 3962.1 ], [ "", 3978.7 ], [ "", 4005.6 ], [ "", 4005.7 ], [ "", 4007.3 ], [ "", 4022.2 ], [ "", 4026.1 ], [ "", 4022.4 ], [ "", 4017.8 ], [ "", 4026.3 ], [ "", 4031.6 ], [ "", 4031.1 ], [ "", 4032.2 ], [ "", 4030.7 ], [ "", 4006.4 ], [ "", 4014.9 ], [ "", 4018.1 ], [ "", 4025.4 ], [ "", 4034.2 ], [ "", 4037.4 ], [ "", 4043.7 ], [ "", 4040.2 ], [ "", 4041.5 ], [ "", 4050.6 ], [ "", 4047.6 ], [ "", 4039 ], [ "", 4035.2 ], [ "", 3988.8 ], [ "", 3970.7 ], [ "", 3931.5 ], [ "", 3904.3 ], [ "", 3875.7 ], [ "", 3842.4 ], [ "", 3817.5 ], [ "", 3782.8 ], [ "", 3733.1 ], [ "", 3680.3 ], [ "", 3650.9 ], [ "", 3628.7 ], [ "", 3598.5 ], [ "", 3592.8 ], [ "", 3534.8 ], [ "", 3492.1 ], [ "", 3449.8 ], [ "", 3427.3 ], [ "", 3395.3 ], [ "", 3377.8 ], [ "", 3361.4 ], [ "", 3354.8 ], [ "", 3358.5 ], [ "", 3349.7 ], [ "", 3357.8 ], [ "", 3366.4 ], [ "", 3370.8 ], [ "", 3400.1 ], [ "", 3432.9 ], [ "", 3445.3 ], [ "", 3458.1 ], [ "", 3462 ], [ "", 3479.6 ], [ "", 3497.4 ], [ "", 3499.3 ], [ "", 3499.3 ], [ "", 3520.6 ], [ "", 3514.3 ], [ "", 3525.5 ], [ "", 3535 ], [ "", 3556 ], [ "", 3569.2 ], [ "", 3595.2 ], [ "", 3621 ], [ "", 3640 ], [ "", 3644.6 ], [ "", 3636.4 ], [ "", 3664.1 ], [ "", 3679.6 ], [ "", 3685.8 ], [ "", 3735.3 ], [ "", 3748.6 ], [ "", 3746.7 ], [ "", 3768 ], [ "", 3736.5 ], [ "", 3733.1 ], [ "", 3736.2 ], [ "", 3747.7 ], [ "", 3767.8 ], [ "", 3795.5 ], [ "", 3804.1 ], [ "", 3821.2 ], [ "", 3829.4 ], [ "", 3839.1 ], [ "", 3861.1 ], [ "", 3866 ], [ "", 3873.8 ], [ "", 3876.8 ], [ "", 3884 ], [ "", 3883.5 ], [ "", 3897.9 ], [ "", 3871 ], [ "", 3858.4 ], [ "", 3840.1 ], [ "", 3825 ], [ "", 3791.1 ], [ "", 3760.9 ], [ "", 3741.4 ], [ "", 3713.9 ], [ "", 3691.1 ], [ "", 3655.7 ], [ "", 3617.8 ], [ "", 3578 ], [ "", 3549.7 ], [ "", 3510.8 ], [ "", 3490 ], [ "", 3457.3 ], [ "", 3432.6 ], [ "", 3409.6 ], [ "", 3381.8 ], [ "", 3342.9 ], [ "", 3313.9 ], [ "", 3282.7 ], [ "", 3255.3 ], [ "", 3234.3 ], [ "", 3204.8 ], [ "", 3192.1 ], [ "", 3182 ], [ "", 3165.7 ], [ "", 3135.9 ], [ "", 3111.7 ], [ "", 3089.2 ], [ "", 3089 ], [ "", 3070.6 ], [ "", 3061.4 ], [ "", 3060.1 ], [ "", 3054.6 ], [ "", 3065.2 ], [ "", 3080.5 ], [ "", 3082.8 ], [ "", 3108.2 ], [ "", 3151.5 ], [ "", 3194.3 ], [ "", 3247 ], [ "", 3313.1 ], [ "", 3391.4 ], [ "", 3464.7 ], [ "", 3548.9 ], [ "", 3603.9 ], [ "", 3624.5 ], [ "", 3668.9 ], [ "", 3715.8 ], [ "", 3757 ], [ "", 3799.4 ], [ "", 3829.2 ], [ "", 3843.8 ], [ "", 3867.4 ], [ "", 3882.1 ], [ "", 3897 ], [ "", 3924.2 ], [ "", 3939.9 ], [ "", 3949.6 ], [ "", 3960 ], [ "", 3976.9 ], [ "", 3992.7 ], [ "", 3983.1 ], [ "", 4008.8 ], [ "", 4028.7 ], [ "", 4041 ], [ "", 4049.8 ], [ "", 4052.5 ], [ "", 4061 ], [ "", 4085.9 ], [ "", 4113.9 ], [ "", 4125.1 ], [ "", 4145.7 ], [ "", 4170.1 ], [ "", 4181.4 ], [ "", 4224 ], [ "", 4248.6 ], [ "", 4265 ], [ "", 4289 ], [ "", 4314 ], [ "", 4327 ], [ "", 4358.3 ], [ "", 4397.3 ], [ "", 4442.1 ], [ "", 4491.1 ], [ "", 4520.5 ], [ "", 4565.5 ], [ "", 4609.2 ], [ "", 4627.7 ], [ "", 4683.4 ], [ "", 4714.9 ], [ "", 4739.1 ], [ "", 4788.1 ], [ "", 4791 ], [ "", 4796.2 ], [ "", 4836.8 ], [ "", 4793 ], [ "", 4849.4 ], [ "", 4876.3 ], [ "", 4886.9 ], [ "", 4905.3 ], [ "", 4928.9 ], [ "", 4941.8 ], [ "", 4956.3 ], [ "", 4989.6 ], [ "", 5018.1 ], [ "", 5041.5 ], [ "", 5076.2 ], [ "", 5080.7 ], [ "", 5125.1 ], [ "", 5152.8 ], [ "", 5180 ], [ "", 5216 ], [ "", 5232.1 ], [ "", 5262.5 ], [ "", 5290.5 ], [ "", 5344.6 ], [ "", 5414.2 ], [ "", 5397.4 ], [ "", 5412.5 ], [ "", 5420.9 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " milliers", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "%B %Y", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Qui sont ces chômeurs ? En premier lieu des jeunes. Le taux de chômage des 15-24 ans était, en 2013, de 23,9 %, deux fois et demi supérieur au taux général. Les catégories populaires (employés, ouvriers) connaissent davantage le chômage, de même que les non-diplômés. #container_14452493453{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452493453{ height:500px; } #container_14452493453 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452493453 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452493453 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452493453 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Taux de chômage selon diverses catégories de populationEn 2013, selon l'Insee(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452493453", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Ensemble","15-24 ans","25-49 ans ","50 ans et plus","Agriculteurs exploitants, artisans, commerçants et chefs d'entreprise","Cadres et professions intellectuelles supérieures","Professions intermédiaires","Employés","Ouvriers","Sans diplôme ou CEP","Brevet des collèges, CAP, BEP","Baccalauréat","Bac + 2","Diplôme supérieur au Bac+2"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Ensemble", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 9.8 ], [ "", 23.9 ], [ "", 9.1 ], [ "", 6.5 ], [ "", 4.3 ], [ "", 3.9 ], [ "", 5.2 ], [ "", 10 ], [ "", 14.6 ], [ "", 16.8 ], [ "", 10.9 ], [ "", 10.1 ], [ "", 5.7 ], [ "", 6.1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Les fins de contrats (c’est-à-dire les fins de CDD, à la différence des fins de mission qui désignent les fins d’intérims) sont – de loin – le premier motif d’inscription au chômage, devant les licenciements économiques. #container_14452570784{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452570784{ height:500px; } #container_14452570784 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452570784 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452570784 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452570784 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Motifs d'inscription à Pôle emploi depuis 1996Les fins de contrat sont et restent, de loin, le premier motif d'inscription(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452570784", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["févr. 96","mars 96","avr. 96","mai 96","juin 96","juil. 96","août 96","sept. 96","oct. 96","nov. 96","déc. 96","janv. 97","févr. 97","mars 97","avr. 97","mai 97","juin 97","juil. 97","août 97","sept. 97","oct. 97","nov. 97","déc. 97","janv. 98","févr. 98","mars 98","avr. 98","mai 98","juin 98","juil. 98","août 98","sept. 98","oct. 98","nov. 98","déc. 98","janv. 99","févr. 99","mars 99","avr. 99","mai 99","juin 99","juil. 99","août 99","sept. 99","oct. 99","nov. 99","déc. 99","janv. 00","févr. 00","mars 00","avr. 00","mai 00","juin 00","juil. 00","août 00","sept. 00","oct. 00","nov. 00","déc. 00","janv. 01","févr. 01","mars 01","avr. 01","mai 01","juin 01","juil. 01","août 01","sept. 01","oct. 01","nov. 01","déc. 01","janv. 02","févr. 02","mars 02","avr. 02","mai 02","juin 02","juil. 02","août 02","sept. 02","oct. 02","nov. 02","déc. 02","janv. 03","févr. 03","mars 03","avr. 03","mai 03","juin 03","juil. 03","août 03","sept. 03","oct. 03","nov. 03","déc. 03","janv. 04","févr. 04","mars 04","avr. 04","mai 04","juin 04","juil. 04","août 04","sept. 04","oct. 04","nov. 04","déc. 04","janv. 05","févr. 05","mars 05","avr. 05","mai 05","juin 05","juil. 05","août 05","sept. 05","oct. 05","nov. 05","déc. 05","janv. 06","févr. 06","mars 06","avr. 06","mai 06","juin 06","juil. 06","août 06","sept. 06","oct. 06","nov. 06","déc. 06","janv. 07","févr. 07","mars 07","avr. 07","mai 07","juin 07","juil. 07","août 07","sept. 07","oct. 07","nov. 07","déc. 07","janv. 08","févr. 08","mars 08","avr. 08","mai 08","juin 08","juil. 08","août 08","sept. 08","oct. 08","nov. 08","déc. 08","janv. 09","févr. 09","mars 09","avr. 09","mai 09","juin 09","juil. 09","août 09","sept. 09","oct. 09","nov. 09","déc. 09","janv. 10","févr. 10","mars 10","avr. 10","mai 10","juin 10","juil. 10","août 10","sept. 10","oct. 10","nov. 10","déc. 10","janv. 11","févr. 11","mars 11","avr. 11","mai 11","juin 11","juil. 11","août 11","sept. 11","oct. 11","nov. 11","déc. 11","janv. 12","févr. 12","mars 12","avr. 12","mai 12","juin 12","juil. 12","août 12","sept. 12","oct. 12","nov. 12","déc. 12","janv. 13","févr. 13","mars 13","avr. 13","mai 13","juin 13","juil. 13","août 13","sept. 13","oct. 13","nov. 13","déc. 13","janv. 14","févr. 14","mars 14","avr. 14","mai 14","juin 14","juil. 14","août 14","sept. 14","oct. 14","nov. 14","déc. 14","janv. 15","févr. 15","mars 15","avr. 15","mai 15","juin 15","juil. 15","août 15"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Licenciement éco ", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 40500 ], [ "", 40300 ], [ "", 41300 ], [ "", 41000 ], [ "", 40900 ], [ "", 40700 ], [ "", 40800 ], [ "", 42800 ], [ "", 41300 ], [ "", 40100 ], [ "", 39900 ], [ "", 40100 ], [ "", 38000 ], [ "", 38600 ], [ "", 39600 ], [ "", 38300 ], [ "", 38000 ], [ "", 35500 ], [ "", 35300 ], [ "", 37700 ], [ "", 35000 ], [ "", 33600 ], [ "", 33000 ], [ "", 32900 ], [ "", 32600 ], [ "", 30800 ], [ "", 31000 ], [ "", 30500 ], [ "", 29800 ], [ "", 29600 ], [ "", 29100 ], [ "", 29200 ], [ "", 28500 ], [ "", 28400 ], [ "", 28600 ], [ "", 27400 ], [ "", 27900 ], [ "", 28400 ], [ "", 26900 ], [ "", 27400 ], [ "", 29000 ], [ "", 27300 ], [ "", 27900 ], [ "", 26800 ], [ "", 26900 ], [ "", 27200 ], [ "", 25900 ], [ "", 25900 ], [ "", 26100 ], [ "", 24600 ], [ "", 25200 ], [ "", 25000 ], [ "", 24600 ], [ "", 24800 ], [ "", 25500 ], [ "", 22700 ], [ "", 23400 ], [ "", 21800 ], [ "", 22500 ], [ "", 22400 ], [ "", 22400 ], [ "", 21700 ], [ "", 21500 ], [ "", 21900 ], [ "", 21500 ], [ "", 22100 ], [ "", 23500 ], [ "", 24500 ], [ "", 27100 ], [ "", 28400 ], [ "", 29400 ], [ "", 30900 ], [ "", 29800 ], [ "", 30300 ], [ "", 29900 ], [ "", 29200 ], [ "", 29300 ], [ "", 30700 ], [ "", 28800 ], [ "", 30800 ], [ "", 30900 ], [ "", 33300 ], [ "", 28300 ], [ "", 25900 ], [ "", 27900 ], [ "", 27600 ], [ "", 27500 ], [ "", 28600 ], [ "", 35300 ], [ "", 33600 ], [ "", 32000 ], [ "", 33300 ], [ "", 29300 ], [ "", 31200 ], [ "", 33500 ], [ "", 30200 ], [ "", 30800 ], [ "", 30300 ], [ "", 30300 ], [ "", 29400 ], [ "", 28900 ], [ "", 28700 ], [ "", 28300 ], [ "", 27800 ], [ "", 26700 ], [ "", 28000 ], [ "", 28200 ], [ "", 26900 ], [ "", 26800 ], [ "", 27200 ], [ "", 27600 ], [ "", 27400 ], [ "", 25200 ], [ "", 26300 ], [ "", 24200 ], [ "", 21600 ], [ "", 19600 ], [ "", 20900 ], [ "", 20200 ], [ "", 19500 ], [ "", 19500 ], [ "", 19000 ], [ "", 18900 ], [ "", 18900 ], [ "", 19600 ], [ "", 18600 ], [ "", 19200 ], [ "", 19400 ], [ "", 19700 ], [ "", 19500 ], [ "", 18200 ], [ "", 18400 ], [ "", 17600 ], [ "", 17200 ], [ "", 16100 ], [ "", 16600 ], [ "", 16200 ], [ "", 16500 ], [ "", 16500 ], [ "", 16600 ], [ "", 16000 ], [ "", 15300 ], [ "", 14400 ], [ "", 16300 ], [ "", 15600 ], [ "", 15600 ], [ "", 15500 ], [ "", 14600 ], [ "", 14600 ], [ "", 14300 ], [ "", 14200 ], [ "", 16400 ], [ "", 14900 ], [ "", 15500 ], [ "", 18200 ], [ "", 19500 ], [ "", 20800 ], [ "", 22500 ], [ "", 22600 ], [ "", 22400 ], [ "", 22400 ], [ "", 23500 ], [ "", 24400 ], [ "", 24800 ], [ "", 23400 ], [ "", 21500 ], [ "", 18400 ], [ "", 16300 ], [ "", 16100 ], [ "", 15000 ], [ "", 14600 ], [ "", 16400 ], [ "", 15800 ], [ "", 15900 ], [ "", 15200 ], [ "", 14400 ], [ "", 14700 ], [ "", 14500 ], [ "", 14500 ], [ "", 14800 ], [ "", 14200 ], [ "", 13900 ], [ "", 13500 ], [ "", 13200 ], [ "", 12600 ], [ "", 12400 ], [ "", 12500 ], [ "", 13000 ], [ "", 12700 ], [ "", 13900 ], [ "", 14000 ], [ "", 14200 ], [ "", 12600 ], [ "", 11600 ], [ "", 12900 ], [ "", 13500 ], [ "", 13100 ], [ "", 13500 ], [ "", 12600 ], [ "", 11900 ], [ "", 12600 ], [ "", 12400 ], [ "", 12800 ], [ "", 12800 ], [ "", 13300 ], [ "", 12900 ], [ "", 13200 ], [ "", 12700 ], [ "", 12200 ], [ "", 12600 ], [ "", 12300 ], [ "", 13400 ], [ "", 13100 ], [ "", 13200 ], [ "", 12800 ], [ "", 12800 ], [ "", 13600 ], [ "", 14300 ], [ "", 13400 ], [ "", 13500 ], [ "", 13900 ], [ "", 13200 ], [ "", 13300 ], [ "", 12700 ], [ "", 13400 ], [ "", 13300 ], [ "", 13300 ], [ "", 12900 ], [ "", 13500 ], [ "", 13100 ], [ "", 15000 ], [ "", 12900 ], [ "", 12300 ], [ "", 12900 ], [ "", 13000 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Autre licenciement", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 33400 ], [ "", 32400 ], [ "", 32200 ], [ "", 33400 ], [ "", 33100 ], [ "", 33300 ], [ "", 33600 ], [ "", 34500 ], [ "", 34600 ], [ "", 35000 ], [ "", 34200 ], [ "", 34200 ], [ "", 33600 ], [ "", 34600 ], [ "", 35200 ], [ "", 35500 ], [ "", 35300 ], [ "", 34100 ], [ "", 34100 ], [ "", 36200 ], [ "", 35700 ], [ "", 34800 ], [ "", 34800 ], [ "", 35100 ], [ "", 35400 ], [ "", 34900 ], [ "", 36000 ], [ "", 35000 ], [ "", 36100 ], [ "", 36900 ], [ "", 36600 ], [ "", 36600 ], [ "", 37400 ], [ "", 37500 ], [ "", 37900 ], [ "", 37800 ], [ "", 38500 ], [ "", 39600 ], [ "", 38600 ], [ "", 38800 ], [ "", 39900 ], [ "", 38700 ], [ "", 40600 ], [ "", 40100 ], [ "", 40500 ], [ "", 40400 ], [ "", 40500 ], [ "", 41300 ], [ "", 40800 ], [ "", 40100 ], [ "", 40400 ], [ "", 42200 ], [ "", 43400 ], [ "", 42100 ], [ "", 42200 ], [ "", 41000 ], [ "", 42000 ], [ "", 41400 ], [ "", 43300 ], [ "", 43700 ], [ "", 45200 ], [ "", 44500 ], [ "", 44200 ], [ "", 45400 ], [ "", 44000 ], [ "", 45600 ], [ "", 46300 ], [ "", 45900 ], [ "", 49600 ], [ "", 50500 ], [ "", 49400 ], [ "", 50100 ], [ "", 50800 ], [ "", 50900 ], [ "", 51600 ], [ "", 50900 ], [ "", 50500 ], [ "", 53600 ], [ "", 52300 ], [ "", 52800 ], [ "", 53200 ], [ "", 54700 ], [ "", 55200 ], [ "", 54300 ], [ "", 55300 ], [ "", 57000 ], [ "", 55700 ], [ "", 53300 ], [ "", 55600 ], [ "", 56600 ], [ "", 56300 ], [ "", 59400 ], [ "", 57700 ], [ "", 56600 ], [ "", 58300 ], [ "", 54500 ], [ "", 56300 ], [ "", 57100 ], [ "", 56300 ], [ "", 57000 ], [ "", 57000 ], [ "", 55600 ], [ "", 56100 ], [ "", 55800 ], [ "", 55500 ], [ "", 58000 ], [ "", 56100 ], [ "", 56600 ], [ "", 55700 ], [ "", 56300 ], [ "", 58300 ], [ "", 58700 ], [ "", 58300 ], [ "", 58900 ], [ "", 59900 ], [ "", 59000 ], [ "", 57300 ], [ "", 60300 ], [ "", 58600 ], [ "", 58500 ], [ "", 58400 ], [ "", 58300 ], [ "", 59300 ], [ "", 57800 ], [ "", 61200 ], [ "", 58000 ], [ "", 58700 ], [ "", 57900 ], [ "", 60000 ], [ "", 59900 ], [ "", 60100 ], [ "", 59700 ], [ "", 59400 ], [ "", 58000 ], [ "", 57200 ], [ "", 59100 ], [ "", 58000 ], [ "", 59000 ], [ "", 59400 ], [ "", 58300 ], [ "", 57900 ], [ "", 56600 ], [ "", 57200 ], [ "", 56800 ], [ "", 58600 ], [ "", 59800 ], [ "", 58300 ], [ "", 58400 ], [ "", 57500 ], [ "", 56600 ], [ "", 55400 ], [ "", 58200 ], [ "", 57900 ], [ "", 56900 ], [ "", 56600 ], [ "", 56100 ], [ "", 56200 ], [ "", 57500 ], [ "", 57400 ], [ "", 54800 ], [ "", 53300 ], [ "", 54200 ], [ "", 53200 ], [ "", 52000 ], [ "", 52000 ], [ "", 50000 ], [ "", 48200 ], [ "", 47900 ], [ "", 46600 ], [ "", 46000 ], [ "", 45500 ], [ "", 44100 ], [ "", 43700 ], [ "", 43600 ], [ "", 45100 ], [ "", 43000 ], [ "", 42300 ], [ "", 42400 ], [ "", 41500 ], [ "", 43300 ], [ "", 42000 ], [ "", 41800 ], [ "", 42100 ], [ "", 42200 ], [ "", 42500 ], [ "", 41000 ], [ "", 42300 ], [ "", 42900 ], [ "", 41600 ], [ "", 44300 ], [ "", 43100 ], [ "", 42700 ], [ "", 41800 ], [ "", 40900 ], [ "", 41500 ], [ "", 43100 ], [ "", 43100 ], [ "", 42300 ], [ "", 40900 ], [ "", 41200 ], [ "", 41200 ], [ "", 42100 ], [ "", 41000 ], [ "", 41100 ], [ "", 41800 ], [ "", 41200 ], [ "", 42900 ], [ "", 42400 ], [ "", 41300 ], [ "", 43700 ], [ "", 41100 ], [ "", 43300 ], [ "", 41200 ], [ "", 40900 ], [ "", 41100 ], [ "", 39700 ], [ "", 41100 ], [ "", 40000 ], [ "", 39700 ], [ "", 39300 ], [ "", 39500 ], [ "", 39900 ], [ "", 39100 ], [ "", 40100 ], [ "", 39700 ], [ "", 39200 ], [ "", 38700 ], [ "", 38600 ], [ "", 39200 ], [ "", 39900 ], [ "", 40700 ], [ "", 38700 ], [ "", 38500 ], [ "", 39800 ], [ "", 39000 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Démission", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 17200 ], [ "", 17100 ], [ "", 17200 ], [ "", 18000 ], [ "", 17300 ], [ "", 17300 ], [ "", 17300 ], [ "", 17500 ], [ "", 16400 ], [ "", 17300 ], [ "", 17000 ], [ "", 17300 ], [ "", 16800 ], [ "", 16800 ], [ "", 17300 ], [ "", 17700 ], [ "", 17500 ], [ "", 17000 ], [ "", 16700 ], [ "", 18000 ], [ "", 17400 ], [ "", 17200 ], [ "", 17300 ], [ "", 17100 ], [ "", 17400 ], [ "", 17100 ], [ "", 18000 ], [ "", 17800 ], [ "", 18400 ], [ "", 18600 ], [ "", 18400 ], [ "", 18800 ], [ "", 19200 ], [ "", 19100 ], [ "", 19300 ], [ "", 19300 ], [ "", 19500 ], [ "", 20200 ], [ "", 20000 ], [ "", 20000 ], [ "", 20100 ], [ "", 19900 ], [ "", 21100 ], [ "", 20600 ], [ "", 21200 ], [ "", 21500 ], [ "", 21500 ], [ "", 22100 ], [ "", 21700 ], [ "", 21600 ], [ "", 21200 ], [ "", 23400 ], [ "", 23900 ], [ "", 24400 ], [ "", 24900 ], [ "", 23400 ], [ "", 24100 ], [ "", 24200 ], [ "", 25900 ], [ "", 25400 ], [ "", 26300 ], [ "", 26500 ], [ "", 26800 ], [ "", 27400 ], [ "", 25900 ], [ "", 26600 ], [ "", 27200 ], [ "", 27100 ], [ "", 29000 ], [ "", 28300 ], [ "", 27400 ], [ "", 27400 ], [ "", 27300 ], [ "", 27200 ], [ "", 27400 ], [ "", 27100 ], [ "", 26900 ], [ "", 27700 ], [ "", 26700 ], [ "", 27000 ], [ "", 26800 ], [ "", 27800 ], [ "", 27200 ], [ "", 27300 ], [ "", 27300 ], [ "", 27800 ], [ "", 26300 ], [ "", 25300 ], [ "", 26300 ], [ "", 26500 ], [ "", 25800 ], [ "", 27400 ], [ "", 26100 ], [ "", 25700 ], [ "", 26800 ], [ "", 25300 ], [ "", 25400 ], [ "", 25100 ], [ "", 24600 ], [ "", 24200 ], [ "", 24200 ], [ "", 24200 ], [ "", 24400 ], [ "", 24400 ], [ "", 24300 ], [ "", 24600 ], [ "", 23900 ], [ "", 23900 ], [ "", 23300 ], [ "", 23100 ], [ "", 23700 ], [ "", 24400 ], [ "", 23200 ], [ "", 23100 ], [ "", 23700 ], [ "", 23200 ], [ "", 22600 ], [ "", 23600 ], [ "", 23100 ], [ "", 22700 ], [ "", 22300 ], [ "", 22100 ], [ "", 22700 ], [ "", 22200 ], [ "", 23200 ], [ "", 22400 ], [ "", 22000 ], [ "", 22100 ], [ "", 23200 ], [ "", 23000 ], [ "", 23100 ], [ "", 22400 ], [ "", 22400 ], [ "", 22500 ], [ "", 22300 ], [ "", 22500 ], [ "", 23100 ], [ "", 22800 ], [ "", 22900 ], [ "", 22300 ], [ "", 21900 ], [ "", 22200 ], [ "", 22500 ], [ "", 22400 ], [ "", 22900 ], [ "", 23700 ], [ "", 22900 ], [ "", 22700 ], [ "", 22000 ], [ "", 21600 ], [ "", 20700 ], [ "", 22300 ], [ "", 22300 ], [ "", 21200 ], [ "", 20500 ], [ "", 20700 ], [ "", 20600 ], [ "", 19900 ], [ "", 20100 ], [ "", 18400 ], [ "", 18000 ], [ "", 18500 ], [ "", 18200 ], [ "", 18200 ], [ "", 18400 ], [ "", 17500 ], [ "", 17400 ], [ "", 17600 ], [ "", 17400 ], [ "", 17100 ], [ "", 17300 ], [ "", 16800 ], [ "", 16500 ], [ "", 16400 ], [ "", 16100 ], [ "", 16100 ], [ "", 15800 ], [ "", 16100 ], [ "", 15700 ], [ "", 16900 ], [ "", 16000 ], [ "", 15900 ], [ "", 15500 ], [ "", 16000 ], [ "", 16200 ], [ "", 15700 ], [ "", 15900 ], [ "", 15900 ], [ "", 15700 ], [ "", 16900 ], [ "", 16000 ], [ "", 15600 ], [ "", 15200 ], [ "", 14900 ], [ "", 15100 ], [ "", 15600 ], [ "", 16200 ], [ "", 15300 ], [ "", 14900 ], [ "", 14700 ], [ "", 14800 ], [ "", 14800 ], [ "", 14500 ], [ "", 14600 ], [ "", 14300 ], [ "", 14300 ], [ "", 14700 ], [ "", 14000 ], [ "", 13400 ], [ "", 14500 ], [ "", 13500 ], [ "", 14300 ], [ "", 13800 ], [ "", 13800 ], [ "", 13700 ], [ "", 13500 ], [ "", 13600 ], [ "", 13200 ], [ "", 13100 ], [ "", 13200 ], [ "", 13100 ], [ "", 13000 ], [ "", 12900 ], [ "", 13000 ], [ "", 12500 ], [ "", 12700 ], [ "", 12400 ], [ "", 12900 ], [ "", 12500 ], [ "", 12400 ], [ "", 12600 ], [ "", 12400 ], [ "", 12500 ], [ "", 13000 ], [ "", 13200 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Fin de contrat", "color": "#F19300", "data": [ [ "", 151700 ], [ "", 143800 ], [ "", 137800 ], [ "", 141500 ], [ "", 145200 ], [ "", 141200 ], [ "", 147500 ], [ "", 148700 ], [ "", 140200 ], [ "", 141300 ], [ "", 138600 ], [ "", 137500 ], [ "", 133900 ], [ "", 136000 ], [ "", 133400 ], [ "", 136300 ], [ "", 135400 ], [ "", 127700 ], [ "", 129500 ], [ "", 132900 ], [ "", 128700 ], [ "", 126200 ], [ "", 122400 ], [ "", 119800 ], [ "", 119400 ], [ "", 118300 ], [ "", 119300 ], [ "", 115700 ], [ "", 114900 ], [ "", 117600 ], [ "", 118900 ], [ "", 118900 ], [ "", 121500 ], [ "", 119400 ], [ "", 121200 ], [ "", 119900 ], [ "", 119300 ], [ "", 121700 ], [ "", 119200 ], [ "", 118700 ], [ "", 119000 ], [ "", 113800 ], [ "", 116800 ], [ "", 112700 ], [ "", 114400 ], [ "", 114800 ], [ "", 116000 ], [ "", 119800 ], [ "", 116100 ], [ "", 112800 ], [ "", 110400 ], [ "", 117200 ], [ "", 120600 ], [ "", 115100 ], [ "", 114800 ], [ "", 108600 ], [ "", 112700 ], [ "", 111800 ], [ "", 115500 ], [ "", 116600 ], [ "", 120300 ], [ "", 116500 ], [ "", 118500 ], [ "", 119700 ], [ "", 115300 ], [ "", 117100 ], [ "", 118000 ], [ "", 116000 ], [ "", 128800 ], [ "", 125600 ], [ "", 119100 ], [ "", 121800 ], [ "", 121500 ], [ "", 121900 ], [ "", 120200 ], [ "", 117400 ], [ "", 116600 ], [ "", 121900 ], [ "", 120600 ], [ "", 123400 ], [ "", 124600 ], [ "", 131700 ], [ "", 127100 ], [ "", 125500 ], [ "", 123200 ], [ "", 127200 ], [ "", 123200 ], [ "", 123800 ], [ "", 132800 ], [ "", 132200 ], [ "", 123100 ], [ "", 131800 ], [ "", 124400 ], [ "", 123300 ], [ "", 125300 ], [ "", 120700 ], [ "", 124000 ], [ "", 125200 ], [ "", 124300 ], [ "", 123900 ], [ "", 123200 ], [ "", 121800 ], [ "", 125400 ], [ "", 123100 ], [ "", 121900 ], [ "", 121800 ], [ "", 117700 ], [ "", 120500 ], [ "", 113700 ], [ "", 117600 ], [ "", 121900 ], [ "", 121000 ], [ "", 120600 ], [ "", 117300 ], [ "", 119500 ], [ "", 119200 ], [ "", 115100 ], [ "", 118900 ], [ "", 116800 ], [ "", 116500 ], [ "", 112400 ], [ "", 110600 ], [ "", 111300 ], [ "", 112000 ], [ "", 116300 ], [ "", 108800 ], [ "", 110700 ], [ "", 109200 ], [ "", 114300 ], [ "", 112400 ], [ "", 112900 ], [ "", 110200 ], [ "", 111800 ], [ "", 109900 ], [ "", 109100 ], [ "", 111200 ], [ "", 110800 ], [ "", 112000 ], [ "", 112100 ], [ "", 109900 ], [ "", 111600 ], [ "", 112400 ], [ "", 113400 ], [ "", 111300 ], [ "", 114100 ], [ "", 117800 ], [ "", 114200 ], [ "", 113700 ], [ "", 113900 ], [ "", 117000 ], [ "", 112400 ], [ "", 115800 ], [ "", 114700 ], [ "", 116600 ], [ "", 118100 ], [ "", 122300 ], [ "", 125900 ], [ "", 129800 ], [ "", 129400 ], [ "", 123700 ], [ "", 120500 ], [ "", 128800 ], [ "", 128100 ], [ "", 125600 ], [ "", 122900 ], [ "", 116900 ], [ "", 114500 ], [ "", 115400 ], [ "", 112800 ], [ "", 114400 ], [ "", 114900 ], [ "", 114200 ], [ "", 111900 ], [ "", 113300 ], [ "", 117300 ], [ "", 115400 ], [ "", 115100 ], [ "", 117400 ], [ "", 117900 ], [ "", 120700 ], [ "", 118000 ], [ "", 120200 ], [ "", 120300 ], [ "", 123500 ], [ "", 123900 ], [ "", 121800 ], [ "", 124000 ], [ "", 126700 ], [ "", 126200 ], [ "", 132400 ], [ "", 129100 ], [ "", 127600 ], [ "", 125800 ], [ "", 124400 ], [ "", 123700 ], [ "", 127200 ], [ "", 128200 ], [ "", 127700 ], [ "", 126300 ], [ "", 124800 ], [ "", 127500 ], [ "", 125100 ], [ "", 122900 ], [ "", 123400 ], [ "", 125700 ], [ "", 122700 ], [ "", 126700 ], [ "", 124200 ], [ "", 120100 ], [ "", 126200 ], [ "", 118300 ], [ "", 126200 ], [ "", 119400 ], [ "", 120400 ], [ "", 121800 ], [ "", 117900 ], [ "", 119200 ], [ "", 118100 ], [ "", 119000 ], [ "", 116700 ], [ "", 116100 ], [ "", 117300 ], [ "", 117300 ], [ "", 123400 ], [ "", 120600 ], [ "", 120200 ], [ "", 116100 ], [ "", 115000 ], [ "", 115700 ], [ "", 117300 ], [ "", 118500 ], [ "", 111300 ], [ "", 112900 ], [ "", 114500 ], [ "", 117000 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Fin de mission", "color": "#28beaa", "data": [ [ "", 18700 ], [ "", 18500 ], [ "", 18200 ], [ "", 19000 ], [ "", 18900 ], [ "", 18800 ], [ "", 17700 ], [ "", 19400 ], [ "", 19000 ], [ "", 18700 ], [ "", 17600 ], [ "", 17400 ], [ "", 16800 ], [ "", 17000 ], [ "", 17400 ], [ "", 18000 ], [ "", 17400 ], [ "", 16400 ], [ "", 17100 ], [ "", 18100 ], [ "", 18000 ], [ "", 17800 ], [ "", 17900 ], [ "", 18100 ], [ "", 18200 ], [ "", 18400 ], [ "", 18800 ], [ "", 18600 ], [ "", 19400 ], [ "", 20200 ], [ "", 21600 ], [ "", 22200 ], [ "", 22700 ], [ "", 23600 ], [ "", 23600 ], [ "", 24100 ], [ "", 24100 ], [ "", 24100 ], [ "", 23600 ], [ "", 23000 ], [ "", 23400 ], [ "", 22400 ], [ "", 23500 ], [ "", 22800 ], [ "", 22800 ], [ "", 23300 ], [ "", 24100 ], [ "", 25700 ], [ "", 25500 ], [ "", 25000 ], [ "", 25600 ], [ "", 27000 ], [ "", 28500 ], [ "", 31100 ], [ "", 29300 ], [ "", 27800 ], [ "", 27500 ], [ "", 29500 ], [ "", 31700 ], [ "", 32900 ], [ "", 34600 ], [ "", 35900 ], [ "", 37500 ], [ "", 38400 ], [ "", 37500 ], [ "", 40500 ], [ "", 38800 ], [ "", 39600 ], [ "", 43000 ], [ "", 43600 ], [ "", 39400 ], [ "", 41000 ], [ "", 40200 ], [ "", 39900 ], [ "", 39700 ], [ "", 39800 ], [ "", 38100 ], [ "", 40600 ], [ "", 39500 ], [ "", 40200 ], [ "", 40300 ], [ "", 42000 ], [ "", 40700 ], [ "", 40800 ], [ "", 40700 ], [ "", 41200 ], [ "", 40000 ], [ "", 39600 ], [ "", 40800 ], [ "", 39900 ], [ "", 38700 ], [ "", 41400 ], [ "", 39900 ], [ "", 38700 ], [ "", 40100 ], [ "", 38300 ], [ "", 37900 ], [ "", 37900 ], [ "", 37900 ], [ "", 37800 ], [ "", 37000 ], [ "", 36100 ], [ "", 37500 ], [ "", 36900 ], [ "", 36400 ], [ "", 37000 ], [ "", 36500 ], [ "", 37100 ], [ "", 37000 ], [ "", 36900 ], [ "", 37000 ], [ "", 38300 ], [ "", 36300 ], [ "", 35700 ], [ "", 38000 ], [ "", 36800 ], [ "", 34700 ], [ "", 37400 ], [ "", 36300 ], [ "", 37100 ], [ "", 36700 ], [ "", 36300 ], [ "", 36900 ], [ "", 35500 ], [ "", 39000 ], [ "", 37900 ], [ "", 37300 ], [ "", 38000 ], [ "", 38800 ], [ "", 39800 ], [ "", 40500 ], [ "", 39200 ], [ "", 38600 ], [ "", 38500 ], [ "", 38600 ], [ "", 39800 ], [ "", 40200 ], [ "", 41400 ], [ "", 40700 ], [ "", 38800 ], [ "", 37000 ], [ "", 38200 ], [ "", 38600 ], [ "", 38200 ], [ "", 40400 ], [ "", 41700 ], [ "", 41900 ], [ "", 42800 ], [ "", 43500 ], [ "", 42900 ], [ "", 43800 ], [ "", 43900 ], [ "", 48600 ], [ "", 52300 ], [ "", 47300 ], [ "", 47500 ], [ "", 46500 ], [ "", 45600 ], [ "", 44300 ], [ "", 38800 ], [ "", 36100 ], [ "", 33400 ], [ "", 33500 ], [ "", 32900 ], [ "", 32300 ], [ "", 30200 ], [ "", 29200 ], [ "", 29300 ], [ "", 28600 ], [ "", 28400 ], [ "", 29500 ], [ "", 29200 ], [ "", 29500 ], [ "", 27700 ], [ "", 28600 ], [ "", 28600 ], [ "", 28700 ], [ "", 28800 ], [ "", 29200 ], [ "", 29800 ], [ "", 29200 ], [ "", 29800 ], [ "", 29300 ], [ "", 30400 ], [ "", 30600 ], [ "", 29900 ], [ "", 31900 ], [ "", 32500 ], [ "", 31200 ], [ "", 33000 ], [ "", 32700 ], [ "", 32000 ], [ "", 32000 ], [ "", 31000 ], [ "", 31000 ], [ "", 31400 ], [ "", 32600 ], [ "", 31500 ], [ "", 29700 ], [ "", 29400 ], [ "", 30000 ], [ "", 29600 ], [ "", 28600 ], [ "", 28600 ], [ "", 28200 ], [ "", 27400 ], [ "", 27800 ], [ "", 27600 ], [ "", 25900 ], [ "", 28800 ], [ "", 26200 ], [ "", 27300 ], [ "", 25800 ], [ "", 26800 ], [ "", 27200 ], [ "", 27500 ], [ "", 28000 ], [ "", 27700 ], [ "", 28800 ], [ "", 27900 ], [ "", 28200 ], [ "", 28200 ], [ "", 27500 ], [ "", 29000 ], [ "", 28500 ], [ "", 28400 ], [ "", 27400 ], [ "", 27400 ], [ "", 26800 ], [ "", 27400 ], [ "", 28200 ], [ "", 26400 ], [ "", 27200 ], [ "", 27300 ], [ "", 26700 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Première entrée", "color": "#285a82", "data": [ [ "", 46100 ], [ "", 46700 ], [ "", 45600 ], [ "", 51200 ], [ "", 53800 ], [ "", 55000 ], [ "", 54900 ], [ "", 58400 ], [ "", 54500 ], [ "", 53100 ], [ "", 53300 ], [ "", 50200 ], [ "", 51100 ], [ "", 50800 ], [ "", 50000 ], [ "", 52000 ], [ "", 52800 ], [ "", 51500 ], [ "", 51800 ], [ "", 56400 ], [ "", 54800 ], [ "", 53500 ], [ "", 51100 ], [ "", 46200 ], [ "", 50400 ], [ "", 48400 ], [ "", 48300 ], [ "", 47700 ], [ "", 47600 ], [ "", 47600 ], [ "", 47200 ], [ "", 46900 ], [ "", 47000 ], [ "", 46700 ], [ "", 46400 ], [ "", 45600 ], [ "", 46100 ], [ "", 45200 ], [ "", 44400 ], [ "", 43800 ], [ "", 43700 ], [ "", 40600 ], [ "", 42200 ], [ "", 40000 ], [ "", 40800 ], [ "", 40500 ], [ "", 40000 ], [ "", 40700 ], [ "", 38700 ], [ "", 38600 ], [ "", 37200 ], [ "", 38900 ], [ "", 37600 ], [ "", 34800 ], [ "", 34200 ], [ "", 31500 ], [ "", 31600 ], [ "", 31400 ], [ "", 31400 ], [ "", 30100 ], [ "", 30600 ], [ "", 28800 ], [ "", 28000 ], [ "", 27900 ], [ "", 27400 ], [ "", 28400 ], [ "", 28700 ], [ "", 28900 ], [ "", 30300 ], [ "", 29600 ], [ "", 28900 ], [ "", 28800 ], [ "", 28000 ], [ "", 28800 ], [ "", 29500 ], [ "", 29300 ], [ "", 28800 ], [ "", 29500 ], [ "", 29200 ], [ "", 29500 ], [ "", 30200 ], [ "", 32300 ], [ "", 32100 ], [ "", 33200 ], [ "", 33900 ], [ "", 35000 ], [ "", 33900 ], [ "", 32600 ], [ "", 33400 ], [ "", 33700 ], [ "", 33000 ], [ "", 37700 ], [ "", 35400 ], [ "", 33000 ], [ "", 35300 ], [ "", 33800 ], [ "", 34700 ], [ "", 34600 ], [ "", 34100 ], [ "", 34800 ], [ "", 34300 ], [ "", 35700 ], [ "", 36900 ], [ "", 36200 ], [ "", 33900 ], [ "", 34800 ], [ "", 34200 ], [ "", 34500 ], [ "", 33000 ], [ "", 33300 ], [ "", 35200 ], [ "", 35300 ], [ "", 35200 ], [ "", 37400 ], [ "", 37800 ], [ "", 38000 ], [ "", 38100 ], [ "", 39700 ], [ "", 37700 ], [ "", 38000 ], [ "", 36000 ], [ "", 35100 ], [ "", 34500 ], [ "", 33700 ], [ "", 36000 ], [ "", 33600 ], [ "", 34400 ], [ "", 34400 ], [ "", 36100 ], [ "", 35800 ], [ "", 34900 ], [ "", 32900 ], [ "", 33500 ], [ "", 32200 ], [ "", 29400 ], [ "", 31800 ], [ "", 31200 ], [ "", 29500 ], [ "", 29300 ], [ "", 29700 ], [ "", 27500 ], [ "", 26600 ], [ "", 28100 ], [ "", 28000 ], [ "", 28400 ], [ "", 28400 ], [ "", 27300 ], [ "", 27200 ], [ "", 26600 ], [ "", 28000 ], [ "", 27700 ], [ "", 29600 ], [ "", 30300 ], [ "", 28100 ], [ "", 30600 ], [ "", 30900 ], [ "", 32200 ], [ "", 33600 ], [ "", 34400 ], [ "", 33800 ], [ "", 33400 ], [ "", 34700 ], [ "", 34600 ], [ "", 33200 ], [ "", 35300 ], [ "", 34300 ], [ "", 34300 ], [ "", 34800 ], [ "", 34000 ], [ "", 34000 ], [ "", 34900 ], [ "", 35800 ], [ "", 32500 ], [ "", 28500 ], [ "", 28800 ], [ "", 28100 ], [ "", 27300 ], [ "", 27900 ], [ "", 26600 ], [ "", 28000 ], [ "", 26700 ], [ "", 26100 ], [ "", 24500 ], [ "", 25400 ], [ "", 24800 ], [ "", 24500 ], [ "", 25100 ], [ "", 24900 ], [ "", 24400 ], [ "", 26500 ], [ "", 24500 ], [ "", 23000 ], [ "", 22400 ], [ "", 23100 ], [ "", 21800 ], [ "", 23800 ], [ "", 26300 ], [ "", 25500 ], [ "", 25700 ], [ "", 26800 ], [ "", 27100 ], [ "", 27500 ], [ "", 26100 ], [ "", 25600 ], [ "", 25900 ], [ "", 25400 ], [ "", 26200 ], [ "", 27200 ], [ "", 28300 ], [ "", 31300 ], [ "", 30700 ], [ "", 33200 ], [ "", 33000 ], [ "", 34200 ], [ "", 34900 ], [ "", 37200 ], [ "", 37600 ], [ "", 36800 ], [ "", 37000 ], [ "", 37100 ], [ "", 33900 ], [ "", 32900 ], [ "", 32500 ], [ "", 32000 ], [ "", 32300 ], [ "", 33000 ], [ "", 34000 ], [ "", 36500 ], [ "", 36500 ], [ "", 38900 ], [ "", 38800 ], [ "", 38200 ], [ "", 34500 ], [ "", 31500 ], [ "", 32200 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " personnes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}2. La crise s’enkysteCorollaire d’une crise qui ne se résorbe pas, la situation des personnes hors de l’emploi tend à se fixer. Sur le graphique ci-dessous, on peut constater la hausse spectaculaire du nombre de chômeurs inscrits depuis plus de trois ans, dont la courbe rejoint désormais celle des inscrits depuis 3 à 6 mois. #container_14452557467{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452557467{ height:500px; } #container_14452557467 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452557467 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452557467 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452557467 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Chômeurs par durée d'inscription à Pôle EmploiDepuis 1996, en milliers(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452557467", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["janv.-96","févr.-96","mars-96","avr.-96","mai-96","juin-96","juil.-96","août-96","sept.-96","oct.-96","nov.-96","déc.-96","janv.-97","févr.-97","mars-97","avr.-97","mai-97","juin-97","juil.-97","août-97","sept.-97","oct.-97","nov.-97","déc.-97","janv.-98","févr.-98","mars-98","avr.-98","mai-98","juin-98","juil.-98","août-98","sept.-98","oct.-98","nov.-98","déc.-98","janv.-99","févr.-99","mars-99","avr.-99","mai-99","juin-99","juil.-99","août-99","sept.-99","oct.-99","nov.-99","déc.-99","janv.-00","févr.-00","mars-00","avr.-00","mai-00","juin-00","juil.-00","août-00","sept.-00","oct.-00","nov.-00","déc.-00","janv.-01","févr.-01","mars-01","avr.-01","mai-01","juin-01","juil.-01","août-01","sept.-01","oct.-01","nov.-01","déc.-01","janv.-02","févr.-02","mars-02","avr.-02","mai-02","juin-02","juil.-02","août-02","sept.-02","oct.-02","nov.-02","déc.-02","janv.-03","févr.-03","mars-03","avr.-03","mai-03","juin-03","juil.-03","août-03","sept.-03","oct.-03","nov.-03","déc.-03","janv.-04","févr.-04","mars-04","avr.-04","mai-04","juin-04","juil.-04","août-04","sept.-04","oct.-04","nov.-04","déc.-04","janv.-05","févr.-05","mars-05","avr.-05","mai-05","juin-05","juil.-05","août-05","sept.-05","oct.-05","nov.-05","déc.-05","janv.-06","févr.-06","mars-06","avr.-06","mai-06","juin-06","juil.-06","août-06","sept.-06","oct.-06","nov.-06","déc.-06","janv.-07","févr.-07","mars-07","avr.-07","mai-07","juin-07","juil.-07","août-07","sept.-07","oct.-07","nov.-07","déc.-07","janv.-08","févr.-08","mars-08","avr.-08","mai-08","juin-08","juil.-08","août-08","sept.-08","oct.-08","nov.-08","déc.-08","janv.-09","févr.-09","mars-09","avr.-09","mai-09","juin-09","juil.-09","août-09","sept.-09","oct.-09","nov.-09","déc.-09","janv.-10","févr.-10","mars-10","avr.-10","mai-10","juin-10","juil.-10","août-10","sept.-10","oct.-10","nov.-10","déc.-10","janv.-11","févr.-11","mars-11","avr.-11","mai-11","juin-11","juil.-11","août-11","sept.-11","oct.-11","nov.-11","déc.-11","janv.-12","févr.-12","mars-12","avr.-12","mai-12","juin-12","juil.-12","août-12","sept.-12","oct.-12","nov.-12","déc.-12","janv.-13","févr.-13","mars-13","avr.-13","mai-13","juin-13","juil.-13","août-13","sept.-13","oct.-13","nov.-13","déc.-13","janv.-14","févr.-14","mars-14","avr.-14","mai-14","juin-14","juil.-14","août-14","sept.-14","oct.-14","nov.-14","déc.-14","janv.-15","févr.-15","mars-15","avr.-15","mai-15","juin-15","juil.-15","août-15"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Moins 3 mois", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 970.4 ], [ "", 959.7 ], [ "", 962.5 ], [ "", 947.4 ], [ "", 947.8 ], [ "", 948.7 ], [ "", 956.1 ], [ "", 963.1 ], [ "", 958.3 ], [ "", 950.7 ], [ "", 960.4 ], [ "", 953.9 ], [ "", 944.8 ], [ "", 940.8 ], [ "", 935.1 ], [ "", 923.6 ], [ "", 933.1 ], [ "", 946.6 ], [ "", 929.7 ], [ "", 923.1 ], [ "", 929.6 ], [ "", 927.5 ], [ "", 926.2 ], [ "", 906.7 ], [ "", 900.1 ], [ "", 906.8 ], [ "", 900.4 ], [ "", 898.6 ], [ "", 896.6 ], [ "", 891.1 ], [ "", 892.4 ], [ "", 900.9 ], [ "", 909 ], [ "", 917.1 ], [ "", 909.7 ], [ "", 921 ], [ "", 915.9 ], [ "", 912.2 ], [ "", 911.9 ], [ "", 913.5 ], [ "", 907.5 ], [ "", 899.8 ], [ "", 894.8 ], [ "", 892.1 ], [ "", 877.4 ], [ "", 882.3 ], [ "", 874.2 ], [ "", 869.7 ], [ "", 877.1 ], [ "", 875.2 ], [ "", 862.4 ], [ "", 844.3 ], [ "", 855.6 ], [ "", 867.6 ], [ "", 879.5 ], [ "", 871.8 ], [ "", 851.7 ], [ "", 843.2 ], [ "", 826.5 ], [ "", 850.6 ], [ "", 851.2 ], [ "", 856.3 ], [ "", 863.7 ], [ "", 860.4 ], [ "", 873.2 ], [ "", 868.5 ], [ "", 878.9 ], [ "", 875 ], [ "", 875 ], [ "", 894.6 ], [ "", 905.9 ], [ "", 933.3 ], [ "", 913.2 ], [ "", 910.1 ], [ "", 925.8 ], [ "", 928.9 ], [ "", 918.1 ], [ "", 908.4 ], [ "", 915.5 ], [ "", 915 ], [ "", 921 ], [ "", 911.9 ], [ "", 925.9 ], [ "", 940.3 ], [ "", 943 ], [ "", 948.4 ], [ "", 942 ], [ "", 938.9 ], [ "", 921.7 ], [ "", 937.7 ], [ "", 947 ], [ "", 947.3 ], [ "", 981.8 ], [ "", 969.4 ], [ "", 962.7 ], [ "", 957.4 ], [ "", 943.9 ], [ "", 949.2 ], [ "", 944.3 ], [ "", 957.5 ], [ "", 957.9 ], [ "", 966.7 ], [ "", 963.9 ], [ "", 962.8 ], [ "", 955.6 ], [ "", 951.4 ], [ "", 954.1 ], [ "", 942.2 ], [ "", 943 ], [ "", 938.9 ], [ "", 942.9 ], [ "", 950 ], [ "", 968.2 ], [ "", 953.4 ], [ "", 944.1 ], [ "", 943.7 ], [ "", 941.7 ], [ "", 927.9 ], [ "", 923.6 ], [ "", 926.5 ], [ "", 941.2 ], [ "", 925.1 ], [ "", 908.9 ], [ "", 882.8 ], [ "", 898.3 ], [ "", 908.1 ], [ "", 906.7 ], [ "", 905 ], [ "", 907.7 ], [ "", 924.2 ], [ "", 923.3 ], [ "", 928 ], [ "", 921.2 ], [ "", 915.4 ], [ "", 922.7 ], [ "", 898.1 ], [ "", 904.7 ], [ "", 900.4 ], [ "", 915.7 ], [ "", 925.7 ], [ "", 920.4 ], [ "", 909.4 ], [ "", 890.9 ], [ "", 890.5 ], [ "", 903.3 ], [ "", 906.3 ], [ "", 913 ], [ "", 917.5 ], [ "", 910.4 ], [ "", 921 ], [ "", 918.4 ], [ "", 921.5 ], [ "", 931.5 ], [ "", 956 ], [ "", 976 ], [ "", 991.2 ], [ "", 1003.9 ], [ "", 1039.1 ], [ "", 1030.1 ], [ "", 1059.6 ], [ "", 1053 ], [ "", 1004.8 ], [ "", 992.9 ], [ "", 1019.4 ], [ "", 1027.3 ], [ "", 1037.9 ], [ "", 1024.5 ], [ "", 1011.1 ], [ "", 998.9 ], [ "", 991.8 ], [ "", 987.9 ], [ "", 1005.2 ], [ "", 1014.8 ], [ "", 1006.8 ], [ "", 1002.5 ], [ "", 1006 ], [ "", 997.5 ], [ "", 981.7 ], [ "", 982.1 ], [ "", 988.9 ], [ "", 1006.4 ], [ "", 1010.5 ], [ "", 1006.3 ], [ "", 1002.8 ], [ "", 1007.6 ], [ "", 1010.5 ], [ "", 1016.3 ], [ "", 1013.1 ], [ "", 1029.2 ], [ "", 1028.5 ], [ "", 1042.6 ], [ "", 1054.1 ], [ "", 1059 ], [ "", 1054.7 ], [ "", 1061.6 ], [ "", 1028.7 ], [ "", 1046.5 ], [ "", 1081.1 ], [ "", 1092.8 ], [ "", 1106.4 ], [ "", 1083 ], [ "", 1094.8 ], [ "", 1094 ], [ "", 1092.2 ], [ "", 1083.3 ], [ "", 1082.2 ], [ "", 1085.2 ], [ "", 1094.6 ], [ "", 1092.8 ], [ "", 1088.8 ], [ "", 1097 ], [ "", 1076.3 ], [ "", 1105.7 ], [ "", 1106.3 ], [ "", 1113.3 ], [ "", 1103.6 ], [ "", 1101.3 ], [ "", 1110.4 ], [ "", 1116.5 ], [ "", 1130.1 ], [ "", 1132 ], [ "", 1128.1 ], [ "", 1126.4 ], [ "", 1123.3 ], [ "", 1132.7 ], [ "", 1130 ], [ "", 1133.7 ], [ "", 1139.6 ], [ "", 1137.9 ], [ "", 1140.9 ], [ "", 1132.1 ], [ "", 1154.7 ], [ "", 1160.8 ], [ "", 1134.2 ], [ "", 1109.6 ], [ "", 1119.5 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "3 à 6 mois", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 663.5 ], [ "", 669.6 ], [ "", 670.8 ], [ "", 671.3 ], [ "", 670.2 ], [ "", 668.9 ], [ "", 653.1 ], [ "", 652 ], [ "", 656.8 ], [ "", 661.9 ], [ "", 658 ], [ "", 667.5 ], [ "", 676.3 ], [ "", 667.7 ], [ "", 662.7 ], [ "", 663.6 ], [ "", 661.1 ], [ "", 656.7 ], [ "", 653.2 ], [ "", 656.3 ], [ "", 661.9 ], [ "", 652.4 ], [ "", 641.1 ], [ "", 647.8 ], [ "", 655.3 ], [ "", 652.3 ], [ "", 641.5 ], [ "", 635.7 ], [ "", 637.6 ], [ "", 630.1 ], [ "", 634.5 ], [ "", 625.4 ], [ "", 623 ], [ "", 628.3 ], [ "", 641 ], [ "", 642.2 ], [ "", 640.9 ], [ "", 641.4 ], [ "", 649 ], [ "", 645 ], [ "", 642.3 ], [ "", 643.9 ], [ "", 640.8 ], [ "", 634.6 ], [ "", 627.2 ], [ "", 615.6 ], [ "", 616.6 ], [ "", 611 ], [ "", 607.4 ], [ "", 592.6 ], [ "", 595.8 ], [ "", 596.9 ], [ "", 587.7 ], [ "", 585 ], [ "", 573.1 ], [ "", 582.6 ], [ "", 581.2 ], [ "", 579.8 ], [ "", 571.4 ], [ "", 556.4 ], [ "", 552.1 ], [ "", 547.1 ], [ "", 557.2 ], [ "", 566.9 ], [ "", 570.5 ], [ "", 577 ], [ "", 579.3 ], [ "", 591 ], [ "", 592.1 ], [ "", 598.2 ], [ "", 600.2 ], [ "", 591.3 ], [ "", 614.5 ], [ "", 617.8 ], [ "", 625.5 ], [ "", 619.5 ], [ "", 627.4 ], [ "", 641.8 ], [ "", 641.5 ], [ "", 631.7 ], [ "", 629.4 ], [ "", 630.8 ], [ "", 630.1 ], [ "", 629.6 ], [ "", 637.8 ], [ "", 644.3 ], [ "", 658.8 ], [ "", 649.9 ], [ "", 649.1 ], [ "", 647.3 ], [ "", 643.4 ], [ "", 641.8 ], [ "", 647.6 ], [ "", 665.6 ], [ "", 663.4 ], [ "", 676.4 ], [ "", 667.6 ], [ "", 669.1 ], [ "", 661.1 ], [ "", 654.2 ], [ "", 666.1 ], [ "", 667.1 ], [ "", 671.5 ], [ "", 672.8 ], [ "", 673.5 ], [ "", 669.4 ], [ "", 673.7 ], [ "", 672.3 ], [ "", 666.5 ], [ "", 661.3 ], [ "", 662.2 ], [ "", 661.1 ], [ "", 655 ], [ "", 654.1 ], [ "", 658.2 ], [ "", 662 ], [ "", 662.3 ], [ "", 644.3 ], [ "", 636 ], [ "", 630.2 ], [ "", 613.3 ], [ "", 606.7 ], [ "", 599.8 ], [ "", 615.9 ], [ "", 586.2 ], [ "", 576 ], [ "", 562.2 ], [ "", 568.8 ], [ "", 573.6 ], [ "", 571.7 ], [ "", 573.9 ], [ "", 573.8 ], [ "", 580.8 ], [ "", 582.8 ], [ "", 574.8 ], [ "", 581.2 ], [ "", 573.3 ], [ "", 573.3 ], [ "", 558.3 ], [ "", 556.7 ], [ "", 560.7 ], [ "", 571.2 ], [ "", 572.5 ], [ "", 562.9 ], [ "", 555.2 ], [ "", 545.5 ], [ "", 546.3 ], [ "", 548 ], [ "", 560 ], [ "", 561.2 ], [ "", 569.1 ], [ "", 569.5 ], [ "", 577.2 ], [ "", 580 ], [ "", 582.2 ], [ "", 601.9 ], [ "", 627.9 ], [ "", 650.1 ], [ "", 673.8 ], [ "", 684.3 ], [ "", 700.1 ], [ "", 708.2 ], [ "", 721.5 ], [ "", 701.7 ], [ "", 677.7 ], [ "", 677.9 ], [ "", 692.5 ], [ "", 696.3 ], [ "", 696.5 ], [ "", 695.3 ], [ "", 684.1 ], [ "", 672.3 ], [ "", 662.6 ], [ "", 666.1 ], [ "", 677.1 ], [ "", 684.4 ], [ "", 685.2 ], [ "", 680.8 ], [ "", 686.1 ], [ "", 679 ], [ "", 671.8 ], [ "", 666.6 ], [ "", 672.2 ], [ "", 685.6 ], [ "", 687.3 ], [ "", 696.1 ], [ "", 688.7 ], [ "", 710.1 ], [ "", 696.1 ], [ "", 698.7 ], [ "", 696.1 ], [ "", 708.4 ], [ "", 709.8 ], [ "", 716.2 ], [ "", 723.4 ], [ "", 745.7 ], [ "", 735.6 ], [ "", 728.3 ], [ "", 725.9 ], [ "", 733.4 ], [ "", 758.4 ], [ "", 765.6 ], [ "", 770.8 ], [ "", 756 ], [ "", 773.6 ], [ "", 778.8 ], [ "", 776.5 ], [ "", 770.8 ], [ "", 766 ], [ "", 764.3 ], [ "", 768.5 ], [ "", 761.2 ], [ "", 765.3 ], [ "", 766.9 ], [ "", 762.2 ], [ "", 772.6 ], [ "", 776.2 ], [ "", 775.2 ], [ "", 767.7 ], [ "", 764.4 ], [ "", 775.4 ], [ "", 784.3 ], [ "", 794.6 ], [ "", 791.4 ], [ "", 791.6 ], [ "", 791.1 ], [ "", 794.9 ], [ "", 796.4 ], [ "", 800.5 ], [ "", 810.2 ], [ "", 810.4 ], [ "", 815.4 ], [ "", 825.8 ], [ "", 820.7 ], [ "", 842.4 ], [ "", 820.4 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "6 à 12 mois", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 752.1 ], [ "", 776.7 ], [ "", 793.3 ], [ "", 814.7 ], [ "", 830.4 ], [ "", 836.7 ], [ "", 847.1 ], [ "", 853.7 ], [ "", 854.5 ], [ "", 852.4 ], [ "", 851.2 ], [ "", 854.9 ], [ "", 862.7 ], [ "", 857.6 ], [ "", 863.6 ], [ "", 870.1 ], [ "", 869.1 ], [ "", 872.4 ], [ "", 872 ], [ "", 866.7 ], [ "", 859.3 ], [ "", 861.7 ], [ "", 860.7 ], [ "", 859.7 ], [ "", 853.7 ], [ "", 846 ], [ "", 855.8 ], [ "", 851.3 ], [ "", 844.6 ], [ "", 835.3 ], [ "", 832.6 ], [ "", 834.5 ], [ "", 827.9 ], [ "", 823.1 ], [ "", 820.6 ], [ "", 817.1 ], [ "", 817.3 ], [ "", 819.9 ], [ "", 821.4 ], [ "", 823.2 ], [ "", 828.5 ], [ "", 832.4 ], [ "", 820.8 ], [ "", 817.8 ], [ "", 815.7 ], [ "", 809 ], [ "", 799.7 ], [ "", 789.6 ], [ "", 778.5 ], [ "", 774.4 ], [ "", 755.5 ], [ "", 742 ], [ "", 734.6 ], [ "", 725.6 ], [ "", 720.1 ], [ "", 720.1 ], [ "", 711.2 ], [ "", 707.2 ], [ "", 709.6 ], [ "", 698.2 ], [ "", 691.5 ], [ "", 689.2 ], [ "", 677.6 ], [ "", 677.1 ], [ "", 672.6 ], [ "", 674.2 ], [ "", 678.5 ], [ "", 684.2 ], [ "", 696.5 ], [ "", 705 ], [ "", 722.4 ], [ "", 721.5 ], [ "", 730.5 ], [ "", 734.9 ], [ "", 727.3 ], [ "", 747.8 ], [ "", 748 ], [ "", 745.4 ], [ "", 754.5 ], [ "", 757.4 ], [ "", 767.8 ], [ "", 769.6 ], [ "", 771 ], [ "", 771.7 ], [ "", 777.2 ], [ "", 776.9 ], [ "", 778.2 ], [ "", 783.9 ], [ "", 791.2 ], [ "", 801.6 ], [ "", 803 ], [ "", 804.7 ], [ "", 807 ], [ "", 806.3 ], [ "", 803.5 ], [ "", 805.2 ], [ "", 807.8 ], [ "", 799.9 ], [ "", 817.7 ], [ "", 819.1 ], [ "", 818.6 ], [ "", 822.2 ], [ "", 815.7 ], [ "", 822.9 ], [ "", 820.3 ], [ "", 823.5 ], [ "", 829 ], [ "", 832.2 ], [ "", 834.3 ], [ "", 835.9 ], [ "", 833.2 ], [ "", 826.5 ], [ "", 826 ], [ "", 817.4 ], [ "", 811.6 ], [ "", 800.9 ], [ "", 795.8 ], [ "", 799.5 ], [ "", 794.3 ], [ "", 787.1 ], [ "", 773.6 ], [ "", 776.1 ], [ "", 767 ], [ "", 736.7 ], [ "", 722 ], [ "", 709.2 ], [ "", 698.5 ], [ "", 680.3 ], [ "", 663.7 ], [ "", 656.1 ], [ "", 649.6 ], [ "", 643.5 ], [ "", 634.2 ], [ "", 633.5 ], [ "", 633.4 ], [ "", 639 ], [ "", 637.2 ], [ "", 630.9 ], [ "", 634.4 ], [ "", 631.3 ], [ "", 631 ], [ "", 617 ], [ "", 613.9 ], [ "", 617.8 ], [ "", 621.4 ], [ "", 617.4 ], [ "", 610.7 ], [ "", 612.2 ], [ "", 606.6 ], [ "", 606.2 ], [ "", 612.1 ], [ "", 615 ], [ "", 622.6 ], [ "", 634.1 ], [ "", 646.7 ], [ "", 661 ], [ "", 676.2 ], [ "", 683 ], [ "", 724.7 ], [ "", 748 ], [ "", 772.3 ], [ "", 805 ], [ "", 824.8 ], [ "", 846.8 ], [ "", 868 ], [ "", 872.1 ], [ "", 871.6 ], [ "", 865 ], [ "", 866.6 ], [ "", 862.6 ], [ "", 863.2 ], [ "", 860.4 ], [ "", 860.6 ], [ "", 855.1 ], [ "", 841.6 ], [ "", 834 ], [ "", 832.6 ], [ "", 829.3 ], [ "", 834.9 ], [ "", 841.1 ], [ "", 840.7 ], [ "", 845 ], [ "", 838.4 ], [ "", 831.2 ], [ "", 837.4 ], [ "", 841.6 ], [ "", 847.7 ], [ "", 845.9 ], [ "", 856.9 ], [ "", 863.4 ], [ "", 883.2 ], [ "", 871.1 ], [ "", 871.3 ], [ "", 880.8 ], [ "", 882.9 ], [ "", 887.8 ], [ "", 893.4 ], [ "", 902.7 ], [ "", 916.7 ], [ "", 925.2 ], [ "", 929.8 ], [ "", 935.7 ], [ "", 946.6 ], [ "", 960.8 ], [ "", 978.4 ], [ "", 981.7 ], [ "", 983.4 ], [ "", 1006 ], [ "", 1001.3 ], [ "", 990.2 ], [ "", 988.6 ], [ "", 976.9 ], [ "", 977.6 ], [ "", 975.6 ], [ "", 974.2 ], [ "", 973.4 ], [ "", 976.6 ], [ "", 969.8 ], [ "", 975.8 ], [ "", 977.2 ], [ "", 978 ], [ "", 984.1 ], [ "", 988 ], [ "", 992.5 ], [ "", 1001.5 ], [ "", 1012.8 ], [ "", 1020 ], [ "", 1027.7 ], [ "", 1026.2 ], [ "", 1026.6 ], [ "", 1039.2 ], [ "", 1041.1 ], [ "", 1061.8 ], [ "", 1064.8 ], [ "", 1068.3 ], [ "", 1076.7 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "1 à 2 ans", "color": "#F19300", "data": [ [ "", 700.9 ], [ "", 698 ], [ "", 693.6 ], [ "", 691.9 ], [ "", 694.2 ], [ "", 700.3 ], [ "", 716.7 ], [ "", 731.3 ], [ "", 742.4 ], [ "", 757.6 ], [ "", 772.8 ], [ "", 782.3 ], [ "", 801.6 ], [ "", 817.4 ], [ "", 827.9 ], [ "", 840.4 ], [ "", 848 ], [ "", 857.9 ], [ "", 868.1 ], [ "", 871.4 ], [ "", 874.7 ], [ "", 878.6 ], [ "", 878.7 ], [ "", 880.9 ], [ "", 882.3 ], [ "", 880.6 ], [ "", 877.7 ], [ "", 882.2 ], [ "", 880.5 ], [ "", 875 ], [ "", 872.3 ], [ "", 867.7 ], [ "", 870.9 ], [ "", 866.1 ], [ "", 862 ], [ "", 857.1 ], [ "", 852.7 ], [ "", 850.9 ], [ "", 848.3 ], [ "", 841.6 ], [ "", 834.7 ], [ "", 831.1 ], [ "", 817 ], [ "", 814 ], [ "", 802.7 ], [ "", 793.7 ], [ "", 787.8 ], [ "", 782.3 ], [ "", 772.4 ], [ "", 764.7 ], [ "", 754.3 ], [ "", 742.7 ], [ "", 731.3 ], [ "", 719.5 ], [ "", 706.1 ], [ "", 702.9 ], [ "", 688.5 ], [ "", 673.8 ], [ "", 665 ], [ "", 654.4 ], [ "", 645.8 ], [ "", 640.2 ], [ "", 629.7 ], [ "", 626.8 ], [ "", 628.3 ], [ "", 623.2 ], [ "", 622.3 ], [ "", 621.7 ], [ "", 619.3 ], [ "", 621.9 ], [ "", 625.5 ], [ "", 626.3 ], [ "", 631.2 ], [ "", 635 ], [ "", 642.1 ], [ "", 646.5 ], [ "", 653.3 ], [ "", 655.8 ], [ "", 663 ], [ "", 666.8 ], [ "", 667.1 ], [ "", 683.5 ], [ "", 689.9 ], [ "", 691.7 ], [ "", 702.8 ], [ "", 714 ], [ "", 720.5 ], [ "", 729 ], [ "", 731.1 ], [ "", 733.9 ], [ "", 740.3 ], [ "", 743.9 ], [ "", 749.7 ], [ "", 752 ], [ "", 756.9 ], [ "", 767 ], [ "", 757.2 ], [ "", 752.8 ], [ "", 750.3 ], [ "", 750 ], [ "", 752.9 ], [ "", 760.8 ], [ "", 767.3 ], [ "", 771.3 ], [ "", 783 ], [ "", 787.2 ], [ "", 788.1 ], [ "", 795.4 ], [ "", 797.2 ], [ "", 802.7 ], [ "", 805.1 ], [ "", 803.4 ], [ "", 803.2 ], [ "", 798.8 ], [ "", 793.1 ], [ "", 787.9 ], [ "", 779.1 ], [ "", 772.7 ], [ "", 766.4 ], [ "", 758.6 ], [ "", 749.7 ], [ "", 746 ], [ "", 740.8 ], [ "", 740.3 ], [ "", 732.6 ], [ "", 720.8 ], [ "", 709.4 ], [ "", 704.5 ], [ "", 687.5 ], [ "", 661.7 ], [ "", 650.4 ], [ "", 634.4 ], [ "", 616.5 ], [ "", 601 ], [ "", 583.6 ], [ "", 572.4 ], [ "", 561.2 ], [ "", 550.9 ], [ "", 542 ], [ "", 533.1 ], [ "", 527.3 ], [ "", 523.6 ], [ "", 523.1 ], [ "", 514.6 ], [ "", 511.6 ], [ "", 509.4 ], [ "", 507 ], [ "", 503.1 ], [ "", 502.2 ], [ "", 504.7 ], [ "", 511.1 ], [ "", 510.3 ], [ "", 511.2 ], [ "", 516.4 ], [ "", 522 ], [ "", 526.8 ], [ "", 536.6 ], [ "", 547.7 ], [ "", 559.6 ], [ "", 576.9 ], [ "", 592.5 ], [ "", 611.6 ], [ "", 627.7 ], [ "", 639.1 ], [ "", 668.9 ], [ "", 690.4 ], [ "", 711.2 ], [ "", 734.4 ], [ "", 757.1 ], [ "", 775.5 ], [ "", 795.5 ], [ "", 808 ], [ "", 814.3 ], [ "", 821.7 ], [ "", 829.2 ], [ "", 834 ], [ "", 840.8 ], [ "", 840.8 ], [ "", 841.1 ], [ "", 837.9 ], [ "", 829.5 ], [ "", 823.8 ], [ "", 819.2 ], [ "", 815.4 ], [ "", 819.1 ], [ "", 822.4 ], [ "", 820.4 ], [ "", 819.2 ], [ "", 819 ], [ "", 816.4 ], [ "", 819.4 ], [ "", 823.9 ], [ "", 828.4 ], [ "", 833.9 ], [ "", 837.6 ], [ "", 847.1 ], [ "", 857.9 ], [ "", 854.3 ], [ "", 865.1 ], [ "", 874 ], [ "", 886.1 ], [ "", 897.2 ], [ "", 912.3 ], [ "", 922.8 ], [ "", 938.9 ], [ "", 951 ], [ "", 959.4 ], [ "", 966.9 ], [ "", 967.4 ], [ "", 981.5 ], [ "", 995.9 ], [ "", 987.9 ], [ "", 992.2 ], [ "", 1005.8 ], [ "", 1002 ], [ "", 1003.1 ], [ "", 1006.1 ], [ "", 1005.3 ], [ "", 1003.8 ], [ "", 1011.8 ], [ "", 1013.4 ], [ "", 1011.7 ], [ "", 1018.3 ], [ "", 1016.2 ], [ "", 1025.9 ], [ "", 1028.8 ], [ "", 1029.8 ], [ "", 1038.4 ], [ "", 1043.1 ], [ "", 1048.9 ], [ "", 1061 ], [ "", 1068.7 ], [ "", 1081.9 ], [ "", 1085.4 ], [ "", 1088.9 ], [ "", 1092.5 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "2 à 3 ans", "color": "#28beaa", "data": [ [ "", 331 ], [ "", 327.6 ], [ "", 324 ], [ "", 320.7 ], [ "", 319.6 ], [ "", 318 ], [ "", 315.2 ], [ "", 314.3 ], [ "", 309.9 ], [ "", 305.7 ], [ "", 305.1 ], [ "", 304.6 ], [ "", 304.1 ], [ "", 303.5 ], [ "", 305.5 ], [ "", 307 ], [ "", 308.5 ], [ "", 312.5 ], [ "", 321 ], [ "", 327.6 ], [ "", 334.5 ], [ "", 342.7 ], [ "", 351.2 ], [ "", 356.2 ], [ "", 366.3 ], [ "", 374.9 ], [ "", 381.7 ], [ "", 387.7 ], [ "", 392.3 ], [ "", 395.3 ], [ "", 397.2 ], [ "", 398.6 ], [ "", 399 ], [ "", 399.3 ], [ "", 399.1 ], [ "", 398.2 ], [ "", 399.3 ], [ "", 398.5 ], [ "", 398.1 ], [ "", 399.5 ], [ "", 398.1 ], [ "", 397.9 ], [ "", 388.1 ], [ "", 384.3 ], [ "", 381 ], [ "", 375.5 ], [ "", 371.3 ], [ "", 366.3 ], [ "", 360.6 ], [ "", 355.9 ], [ "", 349.2 ], [ "", 341.3 ], [ "", 333 ], [ "", 327.1 ], [ "", 320.3 ], [ "", 318.5 ], [ "", 309.6 ], [ "", 300.8 ], [ "", 296.4 ], [ "", 292.6 ], [ "", 286.5 ], [ "", 282.4 ], [ "", 277.8 ], [ "", 273.8 ], [ "", 270.4 ], [ "", 268.3 ], [ "", 264.6 ], [ "", 264.2 ], [ "", 261.3 ], [ "", 257.4 ], [ "", 258.6 ], [ "", 256.4 ], [ "", 255.9 ], [ "", 254.9 ], [ "", 252.8 ], [ "", 252.1 ], [ "", 252.7 ], [ "", 251.4 ], [ "", 252 ], [ "", 251.9 ], [ "", 251.4 ], [ "", 252.4 ], [ "", 254.1 ], [ "", 254 ], [ "", 255.1 ], [ "", 258.8 ], [ "", 263.3 ], [ "", 266.6 ], [ "", 268.9 ], [ "", 271 ], [ "", 274.4 ], [ "", 277.4 ], [ "", 278.7 ], [ "", 284.8 ], [ "", 289.3 ], [ "", 290.4 ], [ "", 288.4 ], [ "", 288.9 ], [ "", 288.4 ], [ "", 291.6 ], [ "", 294.8 ], [ "", 299.1 ], [ "", 304.4 ], [ "", 308.3 ], [ "", 313.1 ], [ "", 318.6 ], [ "", 325.2 ], [ "", 330.9 ], [ "", 334.9 ], [ "", 336.7 ], [ "", 336.9 ], [ "", 335.5 ], [ "", 335.2 ], [ "", 334.8 ], [ "", 334.8 ], [ "", 328.8 ], [ "", 327.1 ], [ "", 324 ], [ "", 318.6 ], [ "", 316.1 ], [ "", 312.6 ], [ "", 313.2 ], [ "", 313.8 ], [ "", 314.5 ], [ "", 311.9 ], [ "", 308.4 ], [ "", 305 ], [ "", 304.7 ], [ "", 298.4 ], [ "", 293.1 ], [ "", 289.3 ], [ "", 282.5 ], [ "", 274.9 ], [ "", 269.3 ], [ "", 262 ], [ "", 259.6 ], [ "", 256.4 ], [ "", 250.7 ], [ "", 244 ], [ "", 240.6 ], [ "", 233.6 ], [ "", 224.8 ], [ "", 222.6 ], [ "", 218.6 ], [ "", 214.6 ], [ "", 210.8 ], [ "", 205.8 ], [ "", 201.3 ], [ "", 198.7 ], [ "", 196.3 ], [ "", 194.6 ], [ "", 193 ], [ "", 192.4 ], [ "", 193.2 ], [ "", 194.4 ], [ "", 193.8 ], [ "", 195.9 ], [ "", 198.1 ], [ "", 201.8 ], [ "", 204.5 ], [ "", 208.5 ], [ "", 214.3 ], [ "", 220 ], [ "", 224.8 ], [ "", 228.8 ], [ "", 233.3 ], [ "", 237.9 ], [ "", 243.3 ], [ "", 250.6 ], [ "", 255.6 ], [ "", 260.9 ], [ "", 269 ], [ "", 274.7 ], [ "", 281.7 ], [ "", 287.4 ], [ "", 292.3 ], [ "", 305.6 ], [ "", 315 ], [ "", 324.1 ], [ "", 335.9 ], [ "", 341.8 ], [ "", 348 ], [ "", 355.6 ], [ "", 359.3 ], [ "", 361.8 ], [ "", 364.8 ], [ "", 367.2 ], [ "", 367.1 ], [ "", 369.1 ], [ "", 367.6 ], [ "", 368.3 ], [ "", 367.3 ], [ "", 365.7 ], [ "", 365.3 ], [ "", 364.8 ], [ "", 366.4 ], [ "", 369.5 ], [ "", 371.2 ], [ "", 373.3 ], [ "", 377.6 ], [ "", 381 ], [ "", 383.3 ], [ "", 388.7 ], [ "", 393.2 ], [ "", 399.2 ], [ "", 404.3 ], [ "", 410 ], [ "", 417 ], [ "", 423.5 ], [ "", 424.4 ], [ "", 431.1 ], [ "", 431.4 ], [ "", 440.6 ], [ "", 446.5 ], [ "", 452.5 ], [ "", 460.1 ], [ "", 467 ], [ "", 471.6 ], [ "", 474.9 ], [ "", 479.4 ], [ "", 483 ], [ "", 489.9 ], [ "", 494.8 ], [ "", 495.3 ], [ "", 499 ], [ "", 506.3 ], [ "", 507.4 ], [ "", 508.8 ], [ "", 510 ], [ "", 512.3 ], [ "", 514.8 ], [ "", 522.1 ], [ "", 529 ], [ "", 526.8 ], [ "", 527.3 ], [ "", 526.7 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "3 ans et plus", "color": "#285a82", "data": [ [ "", 326.1 ], [ "", 329.6 ], [ "", 332.4 ], [ "", 335.9 ], [ "", 337.9 ], [ "", 340 ], [ "", 343.2 ], [ "", 344.8 ], [ "", 345 ], [ "", 346.7 ], [ "", 348.1 ], [ "", 349.4 ], [ "", 351.4 ], [ "", 352.4 ], [ "", 354.8 ], [ "", 357.4 ], [ "", 358.9 ], [ "", 359.5 ], [ "", 361.7 ], [ "", 362.2 ], [ "", 362.2 ], [ "", 363.2 ], [ "", 364.5 ], [ "", 366.5 ], [ "", 368.6 ], [ "", 371 ], [ "", 374 ], [ "", 376.7 ], [ "", 379.1 ], [ "", 379.6 ], [ "", 385.9 ], [ "", 391 ], [ "", 395.6 ], [ "", 400.3 ], [ "", 405 ], [ "", 408.1 ], [ "", 414.1 ], [ "", 418.6 ], [ "", 421.9 ], [ "", 424.8 ], [ "", 427.9 ], [ "", 430.1 ], [ "", 427.3 ], [ "", 427.9 ], [ "", 427.5 ], [ "", 428.2 ], [ "", 426.1 ], [ "", 423.5 ], [ "", 421.5 ], [ "", 420 ], [ "", 415.9 ], [ "", 413.1 ], [ "", 408.7 ], [ "", 403.9 ], [ "", 399.4 ], [ "", 396.9 ], [ "", 392.6 ], [ "", 387.3 ], [ "", 380.9 ], [ "", 375.1 ], [ "", 368.2 ], [ "", 362.6 ], [ "", 355.4 ], [ "", 349.8 ], [ "", 343.5 ], [ "", 338.5 ], [ "", 334.2 ], [ "", 330.3 ], [ "", 326.6 ], [ "", 323 ], [ "", 320.3 ], [ "", 316.5 ], [ "", 312.8 ], [ "", 309.3 ], [ "", 306.1 ], [ "", 302.6 ], [ "", 299.8 ], [ "", 296.5 ], [ "", 294.1 ], [ "", 291.5 ], [ "", 288.8 ], [ "", 286.8 ], [ "", 285 ], [ "", 281.9 ], [ "", 279.3 ], [ "", 278.6 ], [ "", 277.2 ], [ "", 276.3 ], [ "", 274.4 ], [ "", 272.6 ], [ "", 271.5 ], [ "", 270.7 ], [ "", 270.5 ], [ "", 270.5 ], [ "", 270.9 ], [ "", 271.6 ], [ "", 271.6 ], [ "", 273.2 ], [ "", 274.4 ], [ "", 275.3 ], [ "", 277.5 ], [ "", 279.6 ], [ "", 281.3 ], [ "", 283.1 ], [ "", 283.9 ], [ "", 289 ], [ "", 291 ], [ "", 293 ], [ "", 297.9 ], [ "", 301.3 ], [ "", 303.7 ], [ "", 307 ], [ "", 310.3 ], [ "", 312.5 ], [ "", 316.6 ], [ "", 316.8 ], [ "", 319 ], [ "", 322.7 ], [ "", 322 ], [ "", 322.9 ], [ "", 323.5 ], [ "", 324 ], [ "", 325.4 ], [ "", 327.6 ], [ "", 327 ], [ "", 327.2 ], [ "", 329 ], [ "", 326.7 ], [ "", 326.4 ], [ "", 325.8 ], [ "", 323.1 ], [ "", 319.6 ], [ "", 315.3 ], [ "", 311.9 ], [ "", 306.2 ], [ "", 305 ], [ "", 301.5 ], [ "", 298.6 ], [ "", 297.7 ], [ "", 294.6 ], [ "", 292.7 ], [ "", 289.9 ], [ "", 288.7 ], [ "", 284.8 ], [ "", 282.9 ], [ "", 281.2 ], [ "", 278.6 ], [ "", 278 ], [ "", 276.7 ], [ "", 275.8 ], [ "", 275.2 ], [ "", 273.5 ], [ "", 273.3 ], [ "", 271.8 ], [ "", 273 ], [ "", 272.3 ], [ "", 272.6 ], [ "", 273.4 ], [ "", 274.7 ], [ "", 275.6 ], [ "", 277.5 ], [ "", 280.6 ], [ "", 282 ], [ "", 284 ], [ "", 286.3 ], [ "", 287.8 ], [ "", 291.5 ], [ "", 293.7 ], [ "", 297.7 ], [ "", 301.3 ], [ "", 305.4 ], [ "", 309.3 ], [ "", 312.9 ], [ "", 318.2 ], [ "", 322.2 ], [ "", 326.2 ], [ "", 331 ], [ "", 335.5 ], [ "", 340.5 ], [ "", 345.9 ], [ "", 350.8 ], [ "", 355.9 ], [ "", 360.8 ], [ "", 366.7 ], [ "", 372.7 ], [ "", 378.5 ], [ "", 384.8 ], [ "", 390.3 ], [ "", 399.8 ], [ "", 406.8 ], [ "", 414.4 ], [ "", 423.8 ], [ "", 430.8 ], [ "", 438.1 ], [ "", 443.7 ], [ "", 451.3 ], [ "", 455.4 ], [ "", 459.7 ], [ "", 468.3 ], [ "", 474.5 ], [ "", 482.2 ], [ "", 488.9 ], [ "", 496.8 ], [ "", 502.7 ], [ "", 510 ], [ "", 516.9 ], [ "", 524.6 ], [ "", 532.8 ], [ "", 540 ], [ "", 547 ], [ "", 555.7 ], [ "", 559.3 ], [ "", 568 ], [ "", 575.2 ], [ "", 582.7 ], [ "", 592.5 ], [ "", 601.7 ], [ "", 609.5 ], [ "", 617.6 ], [ "", 626.7 ], [ "", 636.3 ], [ "", 643.4 ], [ "", 654.1 ], [ "", 662 ], [ "", 674.4 ], [ "", 683.8 ], [ "", 694.2 ], [ "", 705.1 ], [ "", 714.4 ], [ "", 723.6 ], [ "", 733 ], [ "", 742.6 ], [ "", 754.9 ], [ "", 765.5 ], [ "", 776 ], [ "", 785.1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: "", valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " milliers", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Le fait d’avoir retrouvé du travail ne représente plus, depuis longtemps, la voie de sortie principale du chômage. A peine 40,3 % des sortants avaient retrouvé un emploi en mars 2015, quand 13,2 % suivaient une formation, et 20 % n’avaient pas actualisé leur situation auprès de Pôle emploi. #container_14452561510{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452561510{ height:500px; } #container_14452561510 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452561510 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452561510 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452561510 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Motifs de sortie de Pôle emploi depuis 2002Sur les quatre motif principaux, en % des sorties(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452561510", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "spline", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: 1, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["juin-02","sept.-02","déc.-02","mars-03","juin-03","sept.-03","déc.-03","mars-04","juin-04","sept.-04","déc.-04","mars-05","juin-05","sept.-05","déc.-05","mars-06","juin-06","sept.-06","déc.-06","mars-07","juin-07","sept.-07","déc.-07","mars-08","juin-08","sept.-08","déc.-08","mars-09","juin-09","sept.-09","déc.-09","mars-10","juin-10","sept.-10","déc.-10","mars-11","juin-11","sept.-11","déc.-11","mars-12","juin-12","sept.-12","déc.-12","mars-13","juin-13","sept.-13","déc.-13","mars-14","juin-14","sept.-14","déc.-14","mars-15"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Reprise d'emploi", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 50.1 ], [ "", 49.5 ], [ "", 47 ], [ "", 48.7 ], [ "", 48 ], [ "", 48.7 ], [ "", 47.6 ], [ "", 46.2 ], [ "", 47.2 ], [ "", 45.6 ], [ "", 46.8 ], [ "", 48.4 ], [ "", 46.5 ], [ "", 47.5 ], [ "", 49.8 ], [ "", 45.5 ], [ "", 47.6 ], [ "", 49.5 ], [ "", 49.6 ], [ "", 51.3 ], [ "", 50.7 ], [ "", 50.6 ], [ "", 50.8 ], [ "", 52 ], [ "", 48.6 ], [ "", 47.6 ], [ "", 45.4 ], [ "", 43.3 ], [ "", 45.2 ], [ "", 44.4 ], [ "", 44.8 ], [ "", 45.5 ], [ "", 44.3 ], [ "", 44.9 ], [ "", 43.4 ], [ "", 46.3 ], [ "", 47.1 ], [ "", 46.8 ], [ "", 46.4 ], [ "", 47 ], [ "", 44.7 ], [ "", 45.7 ], [ "", 46.2 ], [ "", 45.4 ], [ "", 45.9 ], [ "", 43.2 ], [ "", 44.2 ], [ "", 42.5 ], [ "", 41 ], [ "", 41.4 ], [ "", 41.2 ], [ "", 40.3 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Formation", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 10.6 ], [ "", 11.4 ], [ "", 12.1 ], [ "", 12.8 ], [ "", 12.7 ], [ "", 12.1 ], [ "", 13.8 ], [ "", 12.6 ], [ "", 13.8 ], [ "", 12.5 ], [ "", 11.7 ], [ "", 11.6 ], [ "", 10 ], [ "", 11 ], [ "", 10.3 ], [ "", 10.7 ], [ "", 10.1 ], [ "", 10.3 ], [ "", 9.4 ], [ "", 9.6 ], [ "", 9.9 ], [ "", 10.3 ], [ "", 9.4 ], [ "", 10.6 ], [ "", 11.3 ], [ "", 10.5 ], [ "", 11 ], [ "", 10.1 ], [ "", 9.9 ], [ "", 9.6 ], [ "", 10.2 ], [ "", 10.2 ], [ "", 11.1 ], [ "", 10.2 ], [ "", 10.9 ], [ "", 10.1 ], [ "", 10.2 ], [ "", 10.6 ], [ "", 11.6 ], [ "", 11.6 ], [ "", 11.8 ], [ "", 11.5 ], [ "", 10.1 ], [ "", 10.9 ], [ "", 10.2 ], [ "", 12 ], [ "", 11.7 ], [ "", 11.8 ], [ "", 12.8 ], [ "", 12.5 ], [ "", 12.8 ], [ "", 13.2 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Non-renouvellement accidentel de la demande", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 4.6 ], [ "", 5.2 ], [ "", 4.3 ], [ "", 5.4 ], [ "", 5.4 ], [ "", 5 ], [ "", 4.9 ], [ "", 5.2 ], [ "", 5.6 ], [ "", 5.8 ], [ "", 6 ], [ "", 4.8 ], [ "", 6 ], [ "", 5.8 ], [ "", 6.3 ], [ "", 6.9 ], [ "", 6.8 ], [ "", 6 ], [ "", 5.5 ], [ "", 5.2 ], [ "", 5.3 ], [ "", 5.7 ], [ "", 5.6 ], [ "", 5.8 ], [ "", 6.1 ], [ "", 6.9 ], [ "", 6.3 ], [ "", 7.6 ], [ "", 8 ], [ "", 9 ], [ "", 8.1 ], [ "", 8.1 ], [ "", 7.4 ], [ "", 7.9 ], [ "", 7.9 ], [ "", 7.8 ], [ "", 7 ], [ "", 7.6 ], [ "", 7.4 ], [ "", 7.1 ], [ "", 8.2 ], [ "", 7.6 ], [ "", 8.1 ], [ "", 8.2 ], [ "", 8.6 ], [ "", 8.2 ], [ "", 8.6 ], [ "", 8.4 ], [ "", 8.4 ], [ "", 8.6 ], [ "", 8.4 ], [ "", 8.6 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Défaut d'actualisation suivi d'une réinscription", "color": "#F19300", "data": [ [ "", 14.3 ], [ "", 14.6 ], [ "", 15.1 ], [ "", 13.7 ], [ "", 14.5 ], [ "", 13.9 ], [ "", 13.3 ], [ "", 14.7 ], [ "", 13.5 ], [ "", 14.7 ], [ "", 14.1 ], [ "", 13.7 ], [ "", 15.3 ], [ "", 14.3 ], [ "", 13.9 ], [ "", 14.7 ], [ "", 12.8 ], [ "", 13.4 ], [ "", 14.1 ], [ "", 13.4 ], [ "", 14.2 ], [ "", 13.2 ], [ "", 14.9 ], [ "", 11.7 ], [ "", 14.6 ], [ "", 15.9 ], [ "", 17.2 ], [ "", 19.1 ], [ "", 17.8 ], [ "", 17.9 ], [ "", 18.1 ], [ "", 18 ], [ "", 17.7 ], [ "", 18.1 ], [ "", 17.8 ], [ "", 17.1 ], [ "", 16.5 ], [ "", 16.5 ], [ "", 16.6 ], [ "", 16.2 ], [ "", 17.6 ], [ "", 18.1 ], [ "", 18.1 ], [ "", 17.4 ], [ "", 18 ], [ "", 18.2 ], [ "", 18.2 ], [ "", 19.1 ], [ "", 18 ], [ "", 18 ], [ "", 18.3 ], [ "", 17.9 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Radiation administrative", "color": "#28beaa", "data": [ [ "", 1.8 ], [ "", 1.5 ], [ "", 0.9 ], [ "", 0.9 ], [ "", 0.9 ], [ "", 1.3 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.4 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.9 ], [ "", 2.1 ], [ "", 1.9 ], [ "", 1.9 ], [ "", 1.6 ], [ "", 2 ], [ "", 2.1 ], [ "", 1.6 ], [ "", 2.5 ], [ "", 2.2 ], [ "", 2.2 ], [ "", 2.4 ], [ "", 2.2 ], [ "", 2.3 ], [ "", 2.4 ], [ "", 2.1 ], [ "", 2 ], [ "", 2.1 ], [ "", 1.7 ], [ "", 1.7 ], [ "", 1.7 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.8 ], [ "", 1.9 ], [ "", 2.2 ], [ "", 1.8 ], [ "", 1.5 ], [ "", 1.9 ], [ "", 1.7 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.8 ], [ "", 1.5 ], [ "", 1.3 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.7 ], [ "", 1.7 ], [ "", 1.9 ], [ "", 1.8 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.9 ], [ "", 2.2 ], [ "", 1.8 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 2, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}La formation des chômeurs prend d’ailleurs de l’ampleur année après année. #container_14452554551{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452554551{ height:500px; } #container_14452554551 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452554551 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452554551 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452554551 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Entrées en formation de demandeurs d'emploi depuis 1996(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452554551", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "areaspline", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: 1, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["janv.-06","févr.-06","mars-06","avr.-06","mai-06","juin-06","juil.-06","août-06","sept.-06","oct.-06","nov.-06","déc.-06","janv.-07","févr.-07","mars-07","avr.-07","mai-07","juin-07","juil.-07","août-07","sept.-07","oct.-07","nov.-07","déc.-07","janv.-08","févr.-08","mars-08","avr.-08","mai-08","juin-08","juil.-08","août-08","sept.-08","oct.-08","nov.-08","déc.-08","janv.-09","févr.-09","mars-09","avr.-09","mai-09","juin-09","juil.-09","août-09","sept.-09","oct.-09","nov.-09","déc.-09","janv.-10","févr.-10","mars-10","avr.-10","mai-10","juin-10","juil.-10","août-10","sept.-10","oct.-10","nov.-10","déc.-10","janv.-11","févr.-11","mars-11","avr.-11","mai-11","juin-11","juil.-11","août-11","sept.-11","oct.-11","nov.-11","déc.-11","janv.-12","févr.-12","mars-12","avr.-12","mai-12","juin-12","juil.-12","août-12","sept.-12","oct.-12","nov.-12","déc.-12","janv.-13","févr.-13","mars-13","avr.-13","mai-13","juin-13","juil.-13","août-13","sept.-13","oct.-13","nov.-13","déc.-13","janv.-14","févr.-14","mars-14","avr.-14","mai-14","juin-14","juil.-14","août-14","sept.-14","oct.-14","nov.-14","déc.-14","janv.-15","févr.-15","mars-15","avr.-15","mai-15"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Total des entrées en formation", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 47 ], [ "", 30.3 ], [ "", 31.9 ], [ "", 25.3 ], [ "", 24.9 ], [ "", 17.5 ], [ "", 12.4 ], [ "", 22.7 ], [ "", 78.5 ], [ "", 54.6 ], [ "", 36.2 ], [ "", 18.3 ], [ "", 44.6 ], [ "", 30.5 ], [ "", 30.7 ], [ "", 26.9 ], [ "", 22 ], [ "", 18.7 ], [ "", 12.7 ], [ "", 20 ], [ "", 78.4 ], [ "", 53 ], [ "", 33.6 ], [ "", 17 ], [ "", 41.9 ], [ "", 29.5 ], [ "", 34.1 ], [ "", 26.3 ], [ "", 20.4 ], [ "", 20.4 ], [ "", 10.1 ], [ "", 18.7 ], [ "", 86.4 ], [ "", 44.8 ], [ "", 31.1 ], [ "", 20.6 ], [ "", 34.8 ], [ "", 27.2 ], [ "", 33.6 ], [ "", 23.8 ], [ "", 19.4 ], [ "", 19.5 ], [ "", 9.9 ], [ "", 29.2 ], [ "", 76.8 ], [ "", 45.1 ], [ "", 37 ], [ "", 16.9 ], [ "", 36.8 ], [ "", 28.1 ], [ "", 38 ], [ "", 26.8 ], [ "", 26.1 ], [ "", 21 ], [ "", 12.3 ], [ "", 29.1 ], [ "", 85.6 ], [ "", 48 ], [ "", 39.4 ], [ "", 21.4 ], [ "", 43.7 ], [ "", 30.3 ], [ "", 31.9 ], [ "", 25.5 ], [ "", 28.5 ], [ "", 19.1 ], [ "", 10 ], [ "", 25.5 ], [ "", 89.7 ], [ "", 46.8 ], [ "", 39.2 ], [ "", 29.2 ], [ "", 45.9 ], [ "", 32.4 ], [ "", 38.9 ], [ "", 34.3 ], [ "", 30.6 ], [ "", 27.4 ], [ "", 15.1 ], [ "", 21 ], [ "", 102.9 ], [ "", 58.3 ], [ "", 40.7 ], [ "", 25.9 ], [ "", 45.2 ], [ "", 34 ], [ "", 38 ], [ "", 38.1 ], [ "", 28 ], [ "", 25.1 ], [ "", 15.1 ], [ "", 20.5 ], [ "", 119.1 ], [ "", 54 ], [ "", 44.4 ], [ "", 32.5 ], [ "", 52.2 ], [ "", 37.9 ], [ "", 45.5 ], [ "", 39 ], [ "", 32.6 ], [ "", 34.1 ], [ "", 13.8 ], [ "", 19.6 ], [ "", 126.5 ], [ "", 58 ], [ "", 47.6 ], [ "", 36.5 ], [ "", 52.5 ], [ "", 41.2 ], [ "", 54.5 ], [ "", 41.7 ], [ "", 30.5 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " milliers", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}3. L’emploi se précariseSi, depuis 2012, on constate un léger mieux dans les offres collectées par Pôle emploi, avec des postes durables en hausse et des emplois temporaires et occasionnels en baisse, la tendance lourde est celle d’un travail moins stable. #container_14452549468{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452549468{ height:500px; } #container_14452549468 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452549468 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452549468 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452549468 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Offres collectées par Pôle emploi depuis 1996En France métropolitaine Source : DARES(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452549468", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["janv.-96","févr.-96","mars-96","avr.-96","mai-96","juin-96","juil.-96","août-96","sept.-96","oct.-96","nov.-96","déc.-96","janv.-97","févr.-97","mars-97","avr.-97","mai-97","juin-97","juil.-97","août-97","sept.-97","oct.-97","nov.-97","déc.-97","janv.-98","févr.-98","mars-98","avr.-98","mai-98","juin-98","juil.-98","août-98","sept.-98","oct.-98","nov.-98","déc.-98","janv.-99","févr.-99","mars-99","avr.-99","mai-99","juin-99","juil.-99","août-99","sept.-99","oct.-99","nov.-99","déc.-99","janv.-00","févr.-00","mars-00","avr.-00","mai-00","juin-00","juil.-00","août-00","sept.-00","oct.-00","nov.-00","déc.-00","janv.-01","févr.-01","mars-01","avr.-01","mai-01","juin-01","juil.-01","août-01","sept.-01","oct.-01","nov.-01","déc.-01","janv.-02","févr.-02","mars-02","avr.-02","mai-02","juin-02","juil.-02","août-02","sept.-02","oct.-02","nov.-02","déc.-02","janv.-03","févr.-03","mars-03","avr.-03","mai-03","juin-03","juil.-03","août-03","sept.-03","oct.-03","nov.-03","déc.-03","janv.-04","févr.-04","mars-04","avr.-04","mai-04","juin-04","juil.-04","août-04","sept.-04","oct.-04","nov.-04","déc.-04","janv.-05","févr.-05","mars-05","avr.-05","mai-05","juin-05","juil.-05","août-05","sept.-05","oct.-05","nov.-05","déc.-05","janv.-06","févr.-06","mars-06","avr.-06","mai-06","juin-06","juil.-06","août-06","sept.-06","oct.-06","nov.-06","déc.-06","janv.-07","févr.-07","mars-07","avr.-07","mai-07","juin-07","juil.-07","août-07","sept.-07","oct.-07","nov.-07","déc.-07","janv.-08","févr.-08","mars-08","avr.-08","mai-08","juin-08","juil.-08","août-08","sept.-08","oct.-08","nov.-08","déc.-08","janv.-09","févr.-09","mars-09","avr.-09","mai-09","juin-09","juil.-09","août-09","sept.-09","oct.-09","nov.-09","déc.-09","janv.-10","févr.-10","mars-10","avr.-10","mai-10","juin-10","juil.-10","août-10","sept.-10","oct.-10","nov.-10","déc.-10","janv.-11","févr.-11","mars-11","avr.-11","mai-11","juin-11","juil.-11","août-11","sept.-11","oct.-11","nov.-11","déc.-11","janv.-12","févr.-12","mars-12","avr.-12","mai-12","juin-12","juil.-12","août-12","sept.-12","oct.-12","nov.-12","déc.-12","janv.-13","févr.-13","mars-13","avr.-13","mai-13","juin-13","juil.-13","août-13","sept.-13","oct.-13","nov.-13","déc.-13","janv.-14","févr.-14","mars-14","avr.-14","mai-14","juin-14","juil.-14","août-14","sept.-14","oct.-14","nov.-14","déc.-14","janv.-15","févr.-15","mars-15","avr.-15","mai-15","juin-15","juil.-15","août-15"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Emplois durables", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 101.2 ], [ "", 103.1 ], [ "", 102.8 ], [ "", 103 ], [ "", 100.9 ], [ "", 104.6 ], [ "", 102 ], [ "", 104 ], [ "", 99.8 ], [ "", 97.1 ], [ "", 97.1 ], [ "", 98.2 ], [ "", 93.2 ], [ "", 96 ], [ "", 98.9 ], [ "", 106.2 ], [ "", 100.2 ], [ "", 100.4 ], [ "", 99.7 ], [ "", 99.1 ], [ "", 105.5 ], [ "", 107.5 ], [ "", 110.4 ], [ "", 108.9 ], [ "", 109 ], [ "", 110.1 ], [ "", 109.4 ], [ "", 116.1 ], [ "", 109.6 ], [ "", 106.8 ], [ "", 108.2 ], [ "", 103.1 ], [ "", 101.9 ], [ "", 102.3 ], [ "", 105 ], [ "", 104.1 ], [ "", 111.1 ], [ "", 105.9 ], [ "", 105.6 ], [ "", 107 ], [ "", 106.8 ], [ "", 109 ], [ "", 109.9 ], [ "", 109.2 ], [ "", 113.8 ], [ "", 113.8 ], [ "", 112.9 ], [ "", 113.2 ], [ "", 122.2 ], [ "", 119.5 ], [ "", 119.8 ], [ "", 120.9 ], [ "", 124.2 ], [ "", 122.9 ], [ "", 120.1 ], [ "", 123.7 ], [ "", 123 ], [ "", 126.2 ], [ "", 119.1 ], [ "", 120.5 ], [ "", 121.3 ], [ "", 117.7 ], [ "", 115.1 ], [ "", 113.4 ], [ "", 113.2 ], [ "", 111.2 ], [ "", 111.8 ], [ "", 116.6 ], [ "", 111.4 ], [ "", 111.9 ], [ "", 110.8 ], [ "", 110.7 ], [ "", 104.7 ], [ "", 105.7 ], [ "", 110.1 ], [ "", 107.6 ], [ "", 108.9 ], [ "", 108 ], [ "", 110.2 ], [ "", 110.5 ], [ "", 105.9 ], [ "", 104.4 ], [ "", 102.7 ], [ "", 102.2 ], [ "", 101.7 ], [ "", 103.9 ], [ "", 104.7 ], [ "", 104 ], [ "", 98.6 ], [ "", 102.9 ], [ "", 103.5 ], [ "", 102.4 ], [ "", 103.2 ], [ "", 100.4 ], [ "", 100.4 ], [ "", 103.3 ], [ "", 103.5 ], [ "", 105.2 ], [ "", 101.9 ], [ "", 103.4 ], [ "", 102.6 ], [ "", 104.1 ], [ "", 101.3 ], [ "", 101 ], [ "", 100.3 ], [ "", 100.4 ], [ "", 103.6 ], [ "", 101.8 ], [ "", 109.9 ], [ "", 105.9 ], [ "", 108.1 ], [ "", 114.2 ], [ "", 111.6 ], [ "", 114 ], [ "", 115.8 ], [ "", 119.9 ], [ "", 123.7 ], [ "", 127 ], [ "", 129.6 ], [ "", 130.8 ], [ "", 128.9 ], [ "", 124.7 ], [ "", 125.7 ], [ "", 125 ], [ "", 124 ], [ "", 135.9 ], [ "", 126.2 ], [ "", 121.8 ], [ "", 124.3 ], [ "", 125.8 ], [ "", 128.8 ], [ "", 134.8 ], [ "", 130 ], [ "", 133.1 ], [ "", 128.4 ], [ "", 126.5 ], [ "", 133.9 ], [ "", 132.1 ], [ "", 133.4 ], [ "", 137.8 ], [ "", 137.3 ], [ "", 140 ], [ "", 135.3 ], [ "", 139.9 ], [ "", 132.6 ], [ "", 135.5 ], [ "", 141.6 ], [ "", 140.8 ], [ "", 137 ], [ "", 133.3 ], [ "", 131.5 ], [ "", 128 ], [ "", 126.8 ], [ "", 121.7 ], [ "", 112.4 ], [ "", 113.2 ], [ "", 97.3 ], [ "", 99.2 ], [ "", 96.1 ], [ "", 96 ], [ "", 96.6 ], [ "", 102.5 ], [ "", 103.1 ], [ "", 101.9 ], [ "", 106.7 ], [ "", 109.5 ], [ "", 113.5 ], [ "", 113.8 ], [ "", 112.6 ], [ "", 113.2 ], [ "", 116.6 ], [ "", 118.2 ], [ "", 117.4 ], [ "", 113.5 ], [ "", 114.1 ], [ "", 109.4 ], [ "", 108.6 ], [ "", 109.5 ], [ "", 106.9 ], [ "", 109.7 ], [ "", 115.2 ], [ "", 117.3 ], [ "", 115.6 ], [ "", 116.3 ], [ "", 121.1 ], [ "", 118.8 ], [ "", 119.8 ], [ "", 122.4 ], [ "", 118.7 ], [ "", 117.6 ], [ "", 119.2 ], [ "", 110.2 ], [ "", 115.7 ], [ "", 108.8 ], [ "", 109.6 ], [ "", 105.5 ], [ "", 106.6 ], [ "", 106.9 ], [ "", 101.4 ], [ "", 103.2 ], [ "", 101.7 ], [ "", 105.2 ], [ "", 97.1 ], [ "", 99.3 ], [ "", 95.1 ], [ "", 98.4 ], [ "", 99.6 ], [ "", 100.4 ], [ "", 98.2 ], [ "", 100.6 ], [ "", 105.4 ], [ "", 104.6 ], [ "", 107.7 ], [ "", 107 ], [ "", 108.1 ], [ "", 106.4 ], [ "", 102.9 ], [ "", 107.9 ], [ "", 105.7 ], [ "", 109.5 ], [ "", 103.6 ], [ "", 104.4 ], [ "", 104.1 ], [ "", 106 ], [ "", 102.4 ], [ "", 102.8 ], [ "", 105.7 ], [ "", 106.1 ], [ "", 113.8 ], [ "", 108.7 ], [ "", 108.8 ], [ "", 111.6 ], [ "", 114.2 ], [ "", 112.3 ], [ "", 121.6 ], [ "", 119.4 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Emplois temporaires", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 50.8 ], [ "", 50 ], [ "", 49.9 ], [ "", 52.4 ], [ "", 55.9 ], [ "", 60.2 ], [ "", 60.1 ], [ "", 64.2 ], [ "", 65.7 ], [ "", 64.8 ], [ "", 63.5 ], [ "", 73.6 ], [ "", 67.8 ], [ "", 64.9 ], [ "", 72.7 ], [ "", 71.9 ], [ "", 71.8 ], [ "", 72.7 ], [ "", 77.2 ], [ "", 76.6 ], [ "", 79 ], [ "", 81.4 ], [ "", 82.2 ], [ "", 83.7 ], [ "", 79 ], [ "", 81.4 ], [ "", 79.3 ], [ "", 84.5 ], [ "", 85.3 ], [ "", 85.4 ], [ "", 86.8 ], [ "", 88.8 ], [ "", 87.8 ], [ "", 84.6 ], [ "", 90.6 ], [ "", 87.5 ], [ "", 91.7 ], [ "", 90.1 ], [ "", 90.8 ], [ "", 92.5 ], [ "", 94.5 ], [ "", 97.7 ], [ "", 98 ], [ "", 99 ], [ "", 99.7 ], [ "", 99.9 ], [ "", 102.3 ], [ "", 103.3 ], [ "", 106.2 ], [ "", 105.7 ], [ "", 105.9 ], [ "", 104.2 ], [ "", 109.9 ], [ "", 101.6 ], [ "", 100.1 ], [ "", 100.5 ], [ "", 99.1 ], [ "", 102.3 ], [ "", 96.9 ], [ "", 99.8 ], [ "", 97.2 ], [ "", 96.2 ], [ "", 94.6 ], [ "", 93.6 ], [ "", 94.5 ], [ "", 94.8 ], [ "", 95.1 ], [ "", 96.7 ], [ "", 99.1 ], [ "", 106.2 ], [ "", 108.6 ], [ "", 103.5 ], [ "", 98.5 ], [ "", 102.3 ], [ "", 101.5 ], [ "", 103.8 ], [ "", 102.2 ], [ "", 99.9 ], [ "", 99.4 ], [ "", 99.4 ], [ "", 100.8 ], [ "", 94.9 ], [ "", 98.9 ], [ "", 98.6 ], [ "", 102.7 ], [ "", 103 ], [ "", 111.5 ], [ "", 104.2 ], [ "", 100.2 ], [ "", 104.5 ], [ "", 107.1 ], [ "", 105.8 ], [ "", 104.5 ], [ "", 105.6 ], [ "", 105 ], [ "", 108 ], [ "", 106.7 ], [ "", 111.4 ], [ "", 110.5 ], [ "", 112 ], [ "", 108.2 ], [ "", 109.8 ], [ "", 107.9 ], [ "", 109.6 ], [ "", 109.9 ], [ "", 110 ], [ "", 112.6 ], [ "", 110 ], [ "", 112.9 ], [ "", 111.9 ], [ "", 117.7 ], [ "", 113.8 ], [ "", 116.4 ], [ "", 117.8 ], [ "", 117.2 ], [ "", 114.6 ], [ "", 113.8 ], [ "", 114.9 ], [ "", 113.4 ], [ "", 113.8 ], [ "", 113.1 ], [ "", 108.1 ], [ "", 114.7 ], [ "", 111.7 ], [ "", 114.4 ], [ "", 114.3 ], [ "", 114.3 ], [ "", 113.7 ], [ "", 116.2 ], [ "", 118.3 ], [ "", 119.7 ], [ "", 120.5 ], [ "", 121.3 ], [ "", 126.3 ], [ "", 121.2 ], [ "", 122.9 ], [ "", 121.3 ], [ "", 122.9 ], [ "", 122.6 ], [ "", 126.1 ], [ "", 125.5 ], [ "", 123.4 ], [ "", 122.1 ], [ "", 122.4 ], [ "", 122.6 ], [ "", 118.2 ], [ "", 123.5 ], [ "", 124.5 ], [ "", 124.8 ], [ "", 120.6 ], [ "", 120.7 ], [ "", 118.2 ], [ "", 115.9 ], [ "", 112 ], [ "", 108.4 ], [ "", 105.4 ], [ "", 99.5 ], [ "", 97.5 ], [ "", 96.3 ], [ "", 97.3 ], [ "", 96.1 ], [ "", 100 ], [ "", 106 ], [ "", 100.2 ], [ "", 100.5 ], [ "", 103.2 ], [ "", 103.8 ], [ "", 105.3 ], [ "", 106.7 ], [ "", 108.4 ], [ "", 111.9 ], [ "", 113.2 ], [ "", 113.3 ], [ "", 113.6 ], [ "", 117.2 ], [ "", 114.4 ], [ "", 117.3 ], [ "", 119.1 ], [ "", 115.3 ], [ "", 115.6 ], [ "", 124.9 ], [ "", 129.6 ], [ "", 124.8 ], [ "", 124.5 ], [ "", 127.5 ], [ "", 126.3 ], [ "", 127.8 ], [ "", 126.3 ], [ "", 127.7 ], [ "", 121.6 ], [ "", 121.5 ], [ "", 114.4 ], [ "", 118.9 ], [ "", 115.3 ], [ "", 115.2 ], [ "", 110.3 ], [ "", 108.3 ], [ "", 112.3 ], [ "", 107.3 ], [ "", 104.9 ], [ "", 103.6 ], [ "", 104.2 ], [ "", 98.1 ], [ "", 98.7 ], [ "", 91.2 ], [ "", 91.5 ], [ "", 87.4 ], [ "", 87.1 ], [ "", 87.9 ], [ "", 81.9 ], [ "", 81.3 ], [ "", 85.3 ], [ "", 82.7 ], [ "", 82.6 ], [ "", 86.3 ], [ "", 84.5 ], [ "", 85.5 ], [ "", 84.4 ], [ "", 83.7 ], [ "", 90.3 ], [ "", 82 ], [ "", 82.2 ], [ "", 84.1 ], [ "", 87.7 ], [ "", 82.1 ], [ "", 82.6 ], [ "", 82.3 ], [ "", 81.2 ], [ "", 90.2 ], [ "", 80.9 ], [ "", 84.8 ], [ "", 89.1 ], [ "", 86.6 ], [ "", 84.9 ], [ "", 88.9 ], [ "", 78.1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Emplois occasionnels", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 19.8 ], [ "", 21.1 ], [ "", 23 ], [ "", 22.9 ], [ "", 23.9 ], [ "", 23.7 ], [ "", 25.8 ], [ "", 25.7 ], [ "", 28.1 ], [ "", 35.1 ], [ "", 29.1 ], [ "", 30.3 ], [ "", 28.5 ], [ "", 27.1 ], [ "", 30.3 ], [ "", 31 ], [ "", 33.1 ], [ "", 33.5 ], [ "", 36.1 ], [ "", 34.6 ], [ "", 28.2 ], [ "", 36 ], [ "", 35.5 ], [ "", 37.6 ], [ "", 38.2 ], [ "", 38.2 ], [ "", 35.9 ], [ "", 37 ], [ "", 31.7 ], [ "", 34.2 ], [ "", 33.7 ], [ "", 35.7 ], [ "", 36 ], [ "", 34.3 ], [ "", 33.4 ], [ "", 33.7 ], [ "", 39.2 ], [ "", 36.8 ], [ "", 38.3 ], [ "", 42.3 ], [ "", 43.2 ], [ "", 45.2 ], [ "", 41.2 ], [ "", 42.6 ], [ "", 41.5 ], [ "", 41.1 ], [ "", 41.4 ], [ "", 35.1 ], [ "", 46.3 ], [ "", 42.2 ], [ "", 41.1 ], [ "", 37.9 ], [ "", 38.7 ], [ "", 37.4 ], [ "", 37.3 ], [ "", 39.1 ], [ "", 39.5 ], [ "", 37 ], [ "", 39.5 ], [ "", 36.2 ], [ "", 41.1 ], [ "", 40.4 ], [ "", 39.3 ], [ "", 35.8 ], [ "", 40.9 ], [ "", 40 ], [ "", 38.8 ], [ "", 39.2 ], [ "", 37 ], [ "", 39.6 ], [ "", 38.6 ], [ "", 38.8 ], [ "", 35 ], [ "", 33.3 ], [ "", 43 ], [ "", 39.9 ], [ "", 35.2 ], [ "", 35.1 ], [ "", 40.8 ], [ "", 35.4 ], [ "", 41.3 ], [ "", 40.8 ], [ "", 37.4 ], [ "", 39.1 ], [ "", 34.1 ], [ "", 34.3 ], [ "", 34.5 ], [ "", 34 ], [ "", 33.6 ], [ "", 38.7 ], [ "", 43.2 ], [ "", 38.7 ], [ "", 31.6 ], [ "", 37.6 ], [ "", 37.9 ], [ "", 42.5 ], [ "", 39.6 ], [ "", 41.1 ], [ "", 40.1 ], [ "", 42.6 ], [ "", 45.4 ], [ "", 42.2 ], [ "", 43.2 ], [ "", 43.3 ], [ "", 40.5 ], [ "", 42.9 ], [ "", 47.7 ], [ "", 42.8 ], [ "", 46.9 ], [ "", 44 ], [ "", 47.3 ], [ "", 44.9 ], [ "", 48.6 ], [ "", 42.1 ], [ "", 40.1 ], [ "", 42.7 ], [ "", 38.9 ], [ "", 39.2 ], [ "", 45 ], [ "", 38.2 ], [ "", 42.3 ], [ "", 40.5 ], [ "", 39.1 ], [ "", 39.3 ], [ "", 37.5 ], [ "", 40.1 ], [ "", 37.8 ], [ "", 40.6 ], [ "", 45.6 ], [ "", 37.3 ], [ "", 39.1 ], [ "", 40.4 ], [ "", 39.9 ], [ "", 44.1 ], [ "", 43 ], [ "", 43.6 ], [ "", 43.7 ], [ "", 46 ], [ "", 46.1 ], [ "", 39.5 ], [ "", 39.8 ], [ "", 44.8 ], [ "", 41.7 ], [ "", 46.2 ], [ "", 44.8 ], [ "", 50.9 ], [ "", 46.4 ], [ "", 41.9 ], [ "", 44.7 ], [ "", 41.3 ], [ "", 46.5 ], [ "", 44.6 ], [ "", 50.2 ], [ "", 42.2 ], [ "", 39.4 ], [ "", 39.8 ], [ "", 38.9 ], [ "", 32.1 ], [ "", 36.1 ], [ "", 38.6 ], [ "", 37.3 ], [ "", 39.5 ], [ "", 35.5 ], [ "", 37.6 ], [ "", 39.1 ], [ "", 36.1 ], [ "", 38.7 ], [ "", 37.1 ], [ "", 45.3 ], [ "", 37.6 ], [ "", 37.9 ], [ "", 39.8 ], [ "", 37.8 ], [ "", 37.5 ], [ "", 38.8 ], [ "", 37.9 ], [ "", 41.7 ], [ "", 41.6 ], [ "", 38 ], [ "", 38.3 ], [ "", 38 ], [ "", 38.6 ], [ "", 38.2 ], [ "", 37.5 ], [ "", 38.5 ], [ "", 37.1 ], [ "", 39.1 ], [ "", 38.8 ], [ "", 35.2 ], [ "", 35.8 ], [ "", 35.8 ], [ "", 34.3 ], [ "", 32.1 ], [ "", 33.9 ], [ "", 34.5 ], [ "", 30.2 ], [ "", 35 ], [ "", 36.9 ], [ "", 31.6 ], [ "", 30.3 ], [ "", 29.5 ], [ "", 29.7 ], [ "", 32.8 ], [ "", 30.3 ], [ "", 30.2 ], [ "", 28.4 ], [ "", 26.5 ], [ "", 26.7 ], [ "", 25.7 ], [ "", 26.1 ], [ "", 22.3 ], [ "", 26.7 ], [ "", 27.2 ], [ "", 28.8 ], [ "", 33.3 ], [ "", 28.6 ], [ "", 22.1 ], [ "", 25.4 ], [ "", 26.6 ], [ "", 26.1 ], [ "", 24.5 ], [ "", 25.8 ], [ "", 25.3 ], [ "", 25 ], [ "", 24.3 ], [ "", 23.4 ], [ "", 20.7 ], [ "", 20.3 ], [ "", 19.3 ], [ "", 21.3 ], [ "", 21.2 ], [ "", 21.3 ], [ "", 20.9 ], [ "", 18.8 ], [ "", 18.9 ], [ "", 20.9 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " milliers", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}On la retrouve dans la répartition de la population active (hors secteur public) par statut : si le CDI reste la norme (76,8 % pour 8,4 % de CDD), il s’agit là d’un effet de stock. Si l’on compare la situation de la population active globale et celle des 15-24 ans, on voit que cette forme est loin d’être la norme chez les plus jeunes. #container_14452485402{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452485402{ height:500px; } #container_14452485402 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452485402 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452485402 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452485402 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Population active par type de contratPour la population active totale et pour les 15-24 ans.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452485402", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Non-salariés","Intérimaires"," Apprentis"," Contrats à durée déterminée"," Contrats à durée indéterminée"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Ensemble", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 11.2 ], [ "", 2 ], [ "", 1.6 ], [ "", 8.4 ], [ "", 76.8 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "15-24 ans", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 2.5 ], [ "", 5.9 ], [ "", 18.1 ], [ "", 28.3 ], [ "", 45.2 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}La part de CDD dans les embauches a par ailleurs atteint un record en 2015, avec plus de 85 % des recrutements qui se font sous cette forme.Lire aussi :Travail : changer les règles du jeu #container_14452619750{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452619750{ height:500px; } #container_14452619750 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452619750 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452619750 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452619750 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Part des CDD dans les embauches en FranceEvolution depuis 2007, tous établissements(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452619750", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "areaspline", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "datetime", categories:null, title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value:%d/%m/%Y}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Part des CDD dans les embauches", "color": "#0386c3", "data": [ [ 1167692400000, 70.8 ], [ 1175464800000, 71 ], [ 1183327200000, 71.5 ], [ 1191276000000, 70.9 ], [ 1199228400000, 70.1 ], [ 1207087200000, 71.4 ], [ 1214949600000, 71.5 ], [ 1222898400000, 72.9 ], [ 1230850800000, 75.3 ], [ 1238623200000, 76.9 ], [ 1246485600000, 77.3 ], [ 1254434400000, 77.3 ], [ 1262386800000, 76.5 ], [ 1270159200000, 76.5 ], [ 1278021600000, 77.1 ], [ 1285970400000, 76.2 ], [ 1293922800000, 77.7 ], [ 1301695200000, 77.4 ], [ 1309557600000, 78.3 ], [ 1317506400000, 79.3 ], [ 1325458800000, 80 ], [ 1333317600000, 80.7 ], [ 1341180000000, 81.8 ], [ 1349128800000, 82.3 ], [ 1357081200000, 83.1 ], [ 1364853600000, 83.4 ], [ 1372716000000, 83.6 ], [ 1380664800000, 84 ], [ 1388617200000, 84.4 ], [ 1396389600000, 84.8 ], [ 1404252000000, 84.2 ], [ 1412200800000, 85.9 ], [ 1420153200000, 85.3 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }} 4. Des comptes sociaux dans le rougeConséquence du chômage endémique : les comptes sociaux demeurent dans le rouge, notamment ceux de l’assurance chômage, qui creuse son déficit chaque année depuis 2009. #container_14452581973{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452581973{ height:500px; } #container_14452581973 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452581973 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452581973 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452581973 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Recettes et dépenses de l'assurance chômageDepuis 2009Source : UNEDIC, comptes annuels(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452581973", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["2009","2010","2011","2012","2013","2014","2015"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Recettes", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 30310 ], [ "", 31188 ], [ "", 31855 ], [ "", 32466 ], [ "", 33233 ], [ "", 33936 ], [ "", 34674 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Dépenses", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 31482 ], [ "", 34158 ], [ "", 33419 ], [ "", 35193 ], [ "", 37230 ], [ "", 37746 ], [ "", 38350 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Déficit courant", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", -1172 ], [ "", -2970 ], [ "", -1564 ], [ "", -2727 ], [ "", -3997 ], [ "", -3810 ], [ "", -3676 ] ], "type": "line", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " millions d'euros", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Le chômage de masse pèse également sur les comptes sociaux en général, puisque moins de travailleurs signifie moins de cotisations sociales pour alimenter le régime. Si celui-ci a subi nombre de réformes, notamment concernant les retraites, et si sa situation s’améliore lentement depuis 2010, il reste mal en point. #container_14430863468{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14430863468{ height:500px; } #container_14430863468 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14430863468 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14430863468 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14430863468 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Solde du régime général (RG) de la sécurité sociale depuis 2001Il tient compte également du solde du Fonds de solidarité vieillesse (FSV)(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14430863468", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} Mds", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"Milliards d'euros" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} Mds", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "datetime", categories:null, title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value:%Y}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Solde RG+FSV", "color": "#0386c3", "data": [ [ 978390000000, 1 ], [ 1009926000000, -4.8 ], [ 1041462000000, -11.2 ], [ 1072998000000, -12.5 ], [ 1104620400000, -13.6 ], [ 1136156400000, -10.1 ], [ 1167692400000, -9.3 ], [ 1199228400000, -9.3 ], [ 1230850800000, -23.7 ], [ 1262386800000, -27.3 ], [ 1293922800000, -20.9 ], [ 1325458800000, -17.5 ], [ 1357081200000, -15.4 ], [ 1388617200000, -13.2 ], [ 1420153200000, -12.8 ], [ 1451689200000, -9.7 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " milliards d'euros", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }} Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 19.10.2015 à 15h07 • Mis à jour le19.10.2015 à 21h16 L’essentielLe gouvernement hongrois s’est félicité d’avoir « efficacement stoppé » le transit des migrants par son territoire en fermant ses frontières avec la Serbie et la Croatie.Des milliers de migrants affluent dans les Balkans depuis la décision hongroise.Faisant figure de terre promise, l’Allemagne met en garde contre ceux « soufflant la haine » avant une manifestation du mouvement islamophobe Pegida dans la soirée.Après la fermeture par la Hongrie, vendredi 16 octobre, de sa frontière avec la Croatie – un peu plus d’un mois après avoir fait de même côté Serbie –, des milliers de migrants venant de l’Est doivent désormais passer par la Slovénie pour poursuivre leur périple en Europe.Sous pression, la Croatie entrouvre sa frontière avec la SerbieLa Croatie a finalement autorisé, lundi 19 octobre en fin d’après-midi, l’entrée de son territoire aux 2 000 à 3 000 migrants qui étaient massés depuis plusieurs heures sous une pluie battante à sa frontière avec la Serbie.Jan Pinos, un volontaire tchèque sur place, a dit à l’Agence France-Presse que la décision avait été prise car la situation à la frontière menaçait d’échapper à tout contrôle. Au Guardian, Melita Sunjic, de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, a dit que la frontière a été ouverte annonce au préalable.« Quand les frontières ont été ouvertes, tout le monde a couru. La dernière personne à passer a été un jeune garçon sans une jambe. Nous l’avons aidé à traverser en chaise roulante ».Les policiers avaient érigé une clôture improvisée pour tenter de limiter l’accès de la frontière et faire passer les réfugiés par petits groupes de cinquante personnes, en vain. Plus de 15 000 hommes, femmes et enfants, dont beaucoup de réfugiés fuyant la guerre en Syrie et en Afghanistan, sont entrés en Macédoine et en Serbie depuis la Grèce au cours du week-end, avec souvent l’intention de rejoindre l’Allemagne via la Croatie, la Slovénie puis l’Autriche. Un parcours où les frontières qui s’ouvrent sont une exception.Lire sur Les Décodeurs :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosLa Slovénie limite les entrées Environ 5 000 migrants provenant de Croatie avaient gagné la Slovénie, alors que 1 200 autres devraient encore arriver par le train dans la journée, selon le ministère de l’intérieur slovène.Le porte-parole du ministère Bostjan Sefic a expliqué la simple mécanique qui règne en ce moment dans les Ballans : l’Allemagne ayant annoncé qu’elle accepterait moins d’arrivées de migrants, l’Autriche a, en conséquence, demandé à la Slovénie de ralentir le flot des entrants.Lundi matin, plus d’un millier d’hommes, de femmes et d’enfants étaient ainsi bloqués à la frontière slovène, après avoir été empêchés d’entrer durant la nuit par les autorités du pays, qui craignent d’être débordées. « Nous donnons la priorité aux plus vulnérables », a expliqué Bojan Kitel, un porte-parole de la police. Environ 150 d’entre eux, principalement des familles avec enfants, ont été autorisés à traverser.La Slovénie et son voisin croate s’accusent mutuellement de la mauvaise gestion de l’afflux de migrants, trois jours après la fermeture par la Hongrie de sa frontière avec la Croatie. Bostjan Sefic s’est plaint de l’attitude de Zagreb : « La Croatie ignore nos demandes et nos plans » pour ralentir le nombre d’arrivées.« La Slovénie a d’abord dit qu’elle pourrait recevoir 8 000 migrants [par jour], puis 5 000, ensuite 2 500 et maintenant cela a été réduit à zéro, a estimé de son côté le ministre de l’intérieur croate, Ranko Ostojic. Cela veut dire que la totalité de la charge est laissée à la Croatie. »Lire aussi :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ?Le passage de la Slovénie à l’Autriche, voie la plus empruntée Deux-mille six cents personnes sont entrées en Autriche depuis la Slovénie au cours du week-end, selon la police. Les autorités démentent les propos de leurs voisins slovènes, selon lesquels des restrictions ont été mises en place.« Il n’y a aucun contingentement, nous poursuivons la même politique que précédemment », a expliqué le ministère de l’intérieur. Vienne a assuré depuis la fin du mois d’août le transit quotidien vers l’Allemagne de plusieurs milliers de migrants, qui passaient jusqu’à présent par la Hongrie.Lire aussi :Syrie, Erythrée, Afghanistan… ce que fuient migrants et réfugiésTension et violences xénophobes en Allemagne L’Europe et la Turquie ont récemment conclu un « plan d’action commun » avec la Turquie pour endiguer les flux migratoires. La voie maritime entre la Turquie et les îles grecques est devenue l’accès le plus emprunté par les migrants cherchant à rejoindre l’UE. Selon l’agence Frontex, plus de 710 000 personnes sont entrées illégalement en Europe entre le 1er janvier et le 30 septembre, contre 282 000 sur l’ensemble de l’année 2014.La grande majorité d’entre elles souhaitent aller en Autriche puis en Allemagne, pays qui s’attend à l’arrivée de plus d’un million de réfugiés sur l’ensemble de l’année 2015. La chancelière allemande, Angela Merkel, a, malgré les critiques, à de nombreuses reprises défendu sa politique de la porte ouverte. Parallèlement, la montée de l’extrême droite et les violences contre les foyers de réfugiés, notamment dans l’Est, se multiplient.Le pays est encore sous le choc de l’attaque au couteau pour des motivations « racistes » contre Henriette Reker, élue maire de Cologne, ville où elle supervisait jusqu’alors l’accueil des réfugiés. Le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, a eu des mots très durs pour dénoncer Pegida, qui doit manifester ce lundi à Dresde pour marquer son premier anniversaire. 19.10.2015 à 13h12 • Mis à jour le19.10.2015 à 14h58 Accusée d’avoir négligé la sécurité de ses citoyens, la Turquie donne des gages de volontarisme dans l’enquête sur l’attentat qui a fait cent deux morts à Ankara le 10 octobre. Quatre personnes ont été inculpées et écrouées par la justice dimanche 18 octobre au soir. Les suspects, dont l’identité n’a pas été révélée, sont notamment poursuivis pour « fabrication d’engins explosifs dans l’intention de tuer » et « tentative de renversement de l’ordre constitutionnel », a précisé une agence de presse turque.Le procureur d’Ankara, chargé du dossier, a par ailleurs remis deux suspects en liberté et a délivré un mandat d’arrêt contre neuf autres personnes soupçonnées d’avoir participé à cette attaque, la plus meurtrière jamais perpétrée sur le territoire de la Turquie.Lire aussi :Après l’attentat d’Ankara, la Turquie au bord du gouffreElection majeure le 1er novembreLes autorités turques ont présenté le groupe djihadiste Etat islamique (EI) comme le « suspect numéro 1 » de ce double attentat, qui a visé un rassemblement de l’opposition prokurde contre la reprise, depuis juillet, des hostilités entre les forces de sécurité turques et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).Selon la presse turque, la police soupçonne deux jeunes Turcs originaires de la ville d’Adiyaman, dans le Sud, un fief islamiste, d’être les auteurs de l’attentat. L’un d’eux est le frère de l’auteur présumé d’une précédente attaque attribuée par Ankara à l’EI, qui avait fait trente-quatre morts en juillet à Suruç, près de la frontière syrienne.Dimanche, la police a procédé à une vaste opération dans les milieux djihadistes à Istanbul, interpellant une cinquantaine de ressortissants étrangers. La situation nationale est très tendue à une semaine des élections législatives du 1er novembre, qui doivent rebattre les cartes après l’échec de la formation d’un gouvernement de coalition. Raphaëlle Rérolle et Ariane Chemin Lundi 19 octobre, à Turin, un tribunal décidera si, oui ou non, Erri De Luca, 65 ans, l’écrivain italien le plus lu en France, est coupable d’« incitation au sabotage ».C’est l’épilogue d’une affaire qui remonte à septembre 2013. Dans un entretien au site italien du Huffington Post, Erri De Luca évoquait alors son combat contre le percement d’un tunnel de 57 kilomètres pour le futur TGV Lyon-Turin. Un projet, qui, depuis près de dix ans, dresse contre lui écologistes et habitants des vallées montagnardes, en particulier ceux du val de Suse, dans le Piémont italien, pour qui la montagne est bourrée d’amiante, les sources d’eau risquent de se tarir, la ligne traditionnelle est sous-utilisée et le futur tracé passera à 25 kilomètres de Lyon.L’écrivain alpiniste Erri De Luca, qui s’est placé sous les bannières « No TAV » (Treno Alta Velocità, l’équivalent du TGV), explique en 2013 au journal italien : « Les sabotages sont nécessaires pour faire comprendre que le TGV est une œuvre nuisible et inutile. »Lire aussi :L’expression libre d’Erri De LucaProcès pour « incitation à la délinquance »Cette phrase fait bondir les dirigeants de Lyon-Turin Ferroviaire (LTF), une société mixte franco-italienne installée à Chambéry, devenue Tunnel euralpin Lyon-Turin (TELT), présidée par un haut fonctionnaire français, et dont l’Etat français est directement actionnaire à 50 %. L’autre moitié appartient aux chemins de fer italiens (FS, Ferrovie dello State). Ils portent plainte pour « incitation à la délinquance ». L’offensive juridique s’appuie sur un article du code pénal italien, élaboré en 1930, qui punit l’instigation de crimes terroristes.Le romancier défend, lui, son droit à émettre une « opinion » et n’hésite pas à répéter : « La TAV doit être sabotée ». Au début de 2015, un long procès s’ouvre à Turin, dont l’audience, lundi, sera la cinquième et ultime.Lire aussi :Lyon-Turin : huit mois de prison requis contre Erri de Luca pour « incitation au sabotage »De nombreuses pétitions de soutienDepuis la fin de février, des pétitions se sont multipliées, françaises surtout, qui invoquent la « liberté d’expression » et réclament le retrait de la plainte à l’Etat français et à l’Etat italien, tous deux actionnaires.Ecrivains (Annie Ernaux, Daniel Pennac, Philippe Claudel), artistes (comme le sculpteur Daniel Buren), cinéastes (Pascale Ferran, Arnaud Desplechin, Jacques Audiard, Wim Wenders ou Costa-Gavras), acteurs (Isabelle Huppert, Mathieu Amalric), mais aussi près d’une centaine d’avocats (dont Georges Kiejman et Eric Dupond-Moretti) ont « signé » pour « Erri ». Tout comme Martine Aubry, la maire (PS) de Lille.Erri De Luca, militant d’extrême gauche avant d’être écrivainJugés scandaleux par la société ferroviaire, les propos d’Erri De Luca ne surprennent guère ceux qui le connaissent. Avant d’être un écrivain à succès, ce Napolitain solitaire fut un militant d’extrême gauche dans l’Italie des « années de plomb ».En 1968, à l’âge de 18 ans, l’enfant de la bourgeoisie du Sud rejoint le mouvement maoïste Lotta Continua, dont il devient un permanent, et même un responsable du « SO », le service d’ordre, à Rome. Sa formation n’a jamais prôné la violence et il échappe à l’époque à ce destin ; mais il est de cette « génération la plus emprisonnée d’Italie », comme il le dit.Lire aussi :Erri De Luca n’est pas prophète en son paysAriane CheminGrand reporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterRaphaëlle RérolleJournaliste au Monde 18.10.2015 à 15h02 • Mis à jour le18.10.2015 à 17h25 | Marie Maurisse (Genève, correspondance) Une poussée de la droite aux élections fédérales suisses semblait se confirmer, dimanche 18 octobre, selon les premières tendances après la clotûre du vote, la question de l’immigration ayant constitué la première préoccupation des électeurs.Comme tous les quatre ans, les Helvètes se sont rendus aux urnes pour renouveler leur Parlement, composé du Conseil national (équivalent de l’Assemblée nationale en France) et du Conseil des Etats (équivalent du Sénat). Pour ce dernier, un deuxième tour est prévu. Petite revue de ce qui a marqué la campagne et des enjeux de ces élections.Un basculement politique est-il possible ?La participation pourrait ne pas dépasser la barre des 50 %. La fameuse démocratie helvétique serait-elle en panne ? Dans le quotidien vaudois 24 Heures, l’ancien ministre Pascal Couchepin préfère dire qu’elle est « en crise ».Selon les estimations, la droite devrait voir sa présence renforcée au sein de l’organe législatif du pays, situé à Berne.Les populistes de l’Union Démocratique du Centre (UDC), première formation politique du pays avec 59 sièges sur 246 au total, devraient maintenir leur position, voire la renforcer quelque peu.Le parti d’extrême droite obtiendrait près de 29 % des suffrages, relève le dernier sondage réalisé par le quotidien gratuit 20 minutes.Lire aussi :Christoph Blocher, bulldozer populiste de la SuisseUne poussée du Parti libéral radical (PLR) est également prévue, même si le Parti socialiste resterait la deuxième force politique à Berne.« En Suisse, on ne s’attend pas à un basculement politique lors des élections, explique Pascal Sciarini, politologue à l’université de Genève. Mais les petits changements peuvent faire de grandes différences. Si le centre de gravité du Parlement se déplace vers la droite, cela aura forcément des conséquences sur la politique intérieure, notamment sur les thématiques énergétiques, économiques, fiscales, mais aussi sur l’immigration. »Quels ont été les sujets principaux de la campagne ?Malgré des budgets publicitaires toujours en hausse (12,5 millions de francs suisses, soit 11,5 millions d’euros dépensés par les partis d’après le baromètre des médias du service public) et le clip décalé de l’UDC, qui a défrayé la chronique, la campagne est restée désespérément morne, se sont lamentés les commentateurs.« La Suisse bâille, écrivait Yves Petignat dans le quotidien romand Le Temps au mois de septembre. La Suisse, qui a tout, aimerait simplement moins ; moins d’étrangers, moins de réfugiés, moins de passagers dans les trains, moins d’impôts, moins de rapidité dans les changements, moins de contraintes, moins d’Europe. »En fait, ce sont les problématiques liées à l’asile qui ont entièrement dominé la campagne 2015. D’abord parce que la crise des migrants est au cœur de l’actualité. Mais aussi parce que les populistes de l’UDC ont centré leur discours sur cette question, en réclamant des contrôles accrus aux frontières.Pour le politologue Pascal Sciarini, les voix supplémentaires éventuellement gagnées par l’UDC n’auront toutefois qu’une influence mineure sur la politique extérieure du pays.Le 9 février 2014, les Helvètes avaient voté par référendum le rétablissement des quotas migratoires – ce qui est contraire au principe de la libre-circulation. Mais le gouvernement, mis sous pression par Bruxelles qui refuse de transiger sur les fondements de l’espace Schengen, peine à appliquer cette nouvelle loi.« Sur ce sujet, nous sommes dans une impasse, pense Pascal Sciarini. Selon moi, qu’il y ait des députés UDC en plus à Berne ne change rien : nous dépendons de la Commission européenne, qui décidera si elle accepte plus de flexibilité vis-à-vis du statut de la Suisse, ou pas. »Les populistes de l’UDC vont-ils prendre du poids au sein du Conseil fédéral ?Seule la réélection du pouvoir exécutif du pays, le Conseil fédéral, prévue début décembre, éveille quelque peu l’intérêt de la population : l’UDC, qui détient déjà le portefeuille de la défense, de la protection de la population et des sports, obtiendra-t-elle un deuxième ministre, sur les sept que compte cette institution ? Pour le savoir, il faudra toutefois attendre la fin de l’année, quand l’Assemblée fédérale (Assemblée et Sénat) choisira les sept membres du gouvernement.Les principaux partis du pays (UDC, PS, PLR et le PDC, le Parti démocrate chrétien) sont représentés au gouvernement selon le système dit de la « formule magique ». Cette équation instaurée en 1959 (2 PS, 2 PLR, 2 PDC et 1 UDC), avait été modifiée en 2003 lorsque l’UDC a obtenu un siège supplémentaire au Conseil fédéral au détriment du PDC.Il l’a ensuite perdu en 2007 suite aux polémiques autour de son dirigeant controversé Christoph Blocher. C’est Mme Eveline Widmer-Schlumpf, une élue PBD, le Parti bourgeois démocratique, un mouvement dissident de l’UDC, qui est élue sur un siège UDC.Marie Maurisse (Genève, correspondance)Journaliste au Monde 17.10.2015 à 18h38 • Mis à jour le18.10.2015 à 16h52 Henriette Reker, candidate à la mairie de Cologne, a été poignardée, samedi 17 octobre, sur un marché où elle faisait campagne. La femme politique se trouvait sur un stand d’informations de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), le parti d’Angela Merkel qui la soutient pour l’élection, quand elle a été attaquée par un homme qui l’a grièvement blessée au cou.Mme Reker, 58 ans, souffre de « blessures sérieuses », mais son état est satisfaisant, a annoncé l’hôpital où elle a été admise. Selon les médecins qui l’ont soignée, elle ne devrait pas souffrir de séquelles et devrait pouvoir assurer les fonctions de maire, si elle est élue à ce poste dimanche.Ancien membre d’un parti d’extrême droiteL’agresseur, interpellé juste après les faits, est un Allemand de 44 ans, chômeur de longue durée. Une première expertise psychiatrique a déterminé qu’il « n’y a pas d’indications permettant d’exclure [s]a responsabilité pénale ». Les autorités veulent par ailleurs le poursuivre pour tentative de quatre meurtres, le suspect ayant blessé, outre la candidate Henriette Reker, trois autres personnes avant d’être arrêté.Samedi, la police a indiqué que le suspect avait « dit qu’il avait commis cet acte avec une motivation raciste ». Selon le quotidien régional Kölner Stadtanzeiger, l’agresseur a ainsi déclaré aux enquêteurs que « Recker et Merkel nous inondent d’étrangers et de réfugiés ».Si la police a déclaré qu’il n’était « pas actif politiquement », l’hebdomadaire Spiegel écrit sur son site que l’homme, originaire de Bonn, était membre au début des années 1990 d’un parti d’extrême droite allemand interdit depuis. Selon les enquêteurs, il n’avait plus de contact avec cette mouvance mais aurait été repéré pour ses commentaires xénophobes sur divers forums sur Internet.Lire :Rencontre avec un dirigeant néonazi allemandMme Reker est notamment chargée de l’accueil des réfugiés à la ville de Cologne. Soutenue par la CDU, les libéraux du FDP mais aussi les Verts, elle est l’une des prétendantes les plus sérieuses à la mairie de la quatrième ville d’Allemagne (980 000 habitants) à l’élection.« Stupeur » de MerkelAngela Merkel a « exprimé sa stupeur » et condamné cet acte, tandis que le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, s’est déclaré « profondément choqué » par cette attaque « effroyable et lâche ». Dans la soirée, des responsables politiques régionaux de tous bords et des habitants de Cologne ont formé une chaîne humaine « contre la violence » devant l’hôtel de ville.L’Allemagne attend cette année quelque 800 000 demandeurs d’asile, un record historique. Mais la politique d’ouverture aux réfugiés de la chancelière suscite de vives critiques de toutes parts, y compris dans ses propres rangs. Mme Merkel se rendait dimanche en Turquie, deux jours après l’annonce d’un accord entre ce pays et l’Union européenne sur les migrants.Lire aussi :Réfugiés : Angela Merkel de plus en plus isolée en Allemagne 16.10.2015 à 15h25 • Mis à jour le16.10.2015 à 15h59 « Plus de deux, mais nettement moins de dix. » L’enquête pénale en cours en Allemagne sur les moteurs truqués du constructeur automobile Volkswagen a identifié « nettement moins de dix » salariés du groupe de Wolfsburg responsables de la supercherie, a déclaré, vendredi 16 octobre, le magistrat Klaus Ziehe, porte-parole du parquet de Brunswick.Lire aussi :Six clés pour comprendre le scandale qui secoue VolkswagenMercredi, le magazine Der Spiegel avait fait état d’un cercle « d’au moins 30 personnes » impliquées dans l’installation sur un type de moteur diesel du logiciel capable de fausser les résultats des tests antipollution. Volkswagen avait déjà rejeté ce chiffre le jour même comme « sans aucun fondement ».Quatre personnes mises à piedLe nouveau patron de Volkswagen, Matthias Müller, a pour sa part évoqué la semaine dernière la mise à pied de quatre personnes, « dont trois directeurs responsables à différentes époques du développement des moteurs », sans en révéler l’identité.La presse allemande a identifié le chef du développement de la filiale Audi, Ulrich Hackenberg, et son homologue chez Porsche, Wolfgang Hatz, mais Volkswagen n’a pas confirmé.Outre l’enquête pour fraude de la justice allemande, Volkswagen mène une investigation en interne sur l’affaire, et a mandaté un cabinet d’avocats américain pour l’aider à faire la lumière sur les faits.Volkswagen a admis le mois dernier que 11 millions de véhicules dans le monde avaient été équipés du logiciel fraudeur.Lire aussi :Volkswagen peut-il survivre au scandale ? Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La visite devait être rapide, quelques heures à peine, mais hautement symbolique. Accompagné de responsables européens, le ministre grec en charge des questions migratoires, Iannis Mouzalas, se rendait vendredi 16 octobre sur l’île de Lesbos, en mer Egée, pour ouvrir le premier « hot spot » grec.Min de la migration grec vient d' ouvrir lepremier hotspot grec a Lesbos.mais manque de moyens et de personnel. http://t.co/dJgCKt8hpc— Adea_Guillot (@adea guillot)require(["twitter/widgets"]);Installé à quelques kilomètres seulement du port de Mytilène, la principale ville de l’île, perdu au milieu de nulle part, parmi les champs d’oliviers, le centre de Moria – des centaines de préfabriqués et containers blancs, aux portes fermées, cachés derrière de hauts barbelés – assurait depuis deux ans déjà l’enregistrement (nom, origine, recueil des empreintes digitales) d’une partie de la vague de migrants débarquant sur l’île.Viendra désormais s’ajouter une mission de tri afin d’identifier les réfugiés susceptibles de recevoir l’asile politique en Europe (Syriens, Irakiens, Erythréens) et les autres qui, s’ils sont considérés comme de « simples  » migrants économiques, seront possiblement renvoyés dans leurs pays d’origine.D’ici la fin du mois de novembre, d’autres centres de tri seront ouverts sur les îles de Kos, Samos, Chios et Léros. D’autres devraient suivre sur le continent et un quartier général à Athènes, en charge de coordonner l’action de l’ensemble, sera mis en place au port du Pirée.Une mise en place difficileLes partenaires européens ont été très clairs avec les autorités grecques : le système de relocalisation – ce processus décidé les 14 et 22 septembre dernier pour répartir dans l’ensemble des pays de l’Union européenne près de 120 000 réfugiés reconnus – fonctionnera seulement quand les « hot spots » seront opérationnels.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?La collaboration entre le ministre Mouzalas et l’Europe a beau se passer plutôt bien, leur mise en place ne va pas sans poser de réels problèmes. « L’UE veut aller vite et oblige le gouvernement grec à ouvrir ces hot spots en un temps record pour des raisons de communication qui lui sont propres mais totalement détachées des réalités du terrain », s’énerve une source gouvernementale.« Où loger les réfugiés pendant la procédure ? Comment les nourrir ? Les habiller ? Les chauffer alors que l’hiver arrive ? », s’interroge une bénévole de Lesbos, en première ligne pour trouver des habits secs ou des tentes aux milliers de migrants qui débarquent désormais quotidiennement sur l’île, en provenance des côtes turques. « Où seront logés ensuite les candidats à l’asile pendant l’examen de leur dossier, qui peut prendre de plusieurs semaines à plusieurs mois ? Et puis que deviendront les autres, ceux qui au terme de ce tri voulu par l’Europe ne seront même pas reconnus comme éligibles à l’asile ? Comment la Grèce va-t-elle les renvoyer chez eux ? Par avion ? En bateau vers la Turquie ? ».Selon les chiffres du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 445 180 personnes sont arrivées en Grèce entre le 1er janvier et le 9 octobre. Plus de 2 millions de Syriens se trouvent dans des camps en Turquie, 1,6 million au Liban et 600 000 en Jordanie. Autant de candidats potentiels à l’exil vers l’Europe.Lire aussi :Réfugiés syriens : la Turquie, le Liban et la Jordanie en première ligneDes « hot spots » en Turquie ?« L’Europe doit aider massivement la Grèce », a insisté le haut-commissaire pour les réfugiés Antonio Guterres, lors d’une visite en Grèce les 11 et 12 octobre. Il a réclamé notamment « un assouplissement des critères bureaucratiques et technocratiques » qui ralentissent l’absorption par la Grèce des fonds européens pourtant officiellement mis à sa disposition. « Près de 450 millions d’euros doivent nous être transférés, ce n’est déjà pas beaucoup face à l’ampleur de la tâche mais, en plus, pour arriver à débloquer cet argent il faut des semaines de bureaucratie européenne, or nous avons besoin de l’argent maintenant si l’on veut pouvoir tenir le rythme qu’ils exigent de nous pour les hot spots », reconnaît une source gouvernementale.Au-delà de l’argent, les autorités nationales doivent aussi recevoir l’appui de diverses agences européennes : Europol (coopération policière), Eurojust (coopération judiciaire), Frontex (gestion des frontières extérieures) et Easo, le Bureau européen d’appui en matière d’asile.Lire aussi :Crise des réfugiés : l’UE contrainte de s’appuyer sur la TurquieDes renforts humains et un nouveau matériel d’identification permettant d’accélérer la prise d’empreintes digitales sont bien arrivés au centre de Moria à Lesbos mais pas en nombre suffisant pour éteindre la polémique sur l’île, comme dans toute la Grèce, qui refuse de se transformer en vaste camp de rétention de migrants à la périphérie de l’Europe.A son arrivée au Conseil européen du jeudi 15 octobre à Bruxelles, le premier ministre grec Alexis Tsipras a plaidé pour que les « hot spots » soient mis en place en amont en Turquie plutôt qu’en Grèce, afin d’éviter les traversées qui mettent chaque jour en danger la vie de milliers de réfugiés. Jeudi, sept personnes dont trois enfants et un nourrisson ont péri dans un nouveau naufrage au large de Lesbos.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Maurisse (Genève, correspondance) Discours grandiloquents, idées simples, xénophobie assumée, marketing agressif… C’est en bousculant les codes de la politique helvétique que le chef de file populiste, Christoph Blocher, a conquis le pouvoir et fait de son parti, l’Union démocratique du centre (UDC), le premier de Suisse. A 75 ans, c’est encore et toujours lui qui dicte les thèmes de campagne à droite toute pour les élections fédérales organisées dimanche 18 octobre. Qui s’imagine la politique suisse comme ennuyeuse fait fausse route : il suffit de voir Christoph Blocher s’ébattre sur scène pour comprendre à quel point, derrière une apparence mutique, le pays est en proie à de violents débats.Au Palais des congrès de Lausanne, début octobre, il était acclamé par quelque 300 personnes buvant les paroles de leur icône, s’émouvant de son « charisme », riant à ses boutades. Les yeux bleus écarquillés, les mains qui s’agitent et la mâchoire légèrement prognathe, le Suisse allemand déroule son propos. Qu’importe son français hésitant, le message est simple : pour en finir avec le « chaos de l’asile », « restez libre », « votez UDC ». L’homme a très peu de temps pour les journalistes étrangers : priorité aux médias nationaux.Pour lui, « le FN est de gauche »« Nous n’avons rien contre les réfugiés menacés dans leur pays ; mais nous n’avons pas de place pour les réfugiés économiques. Il faut les renvoyer. » Et puis « l’Union européenne et l’espace Schengen ne fonctionnent pas. Il faut garantir la souveraineté de la Suisse ». S’il se sent proche des thèses du Front national sur la migration, Christoph Blocher insiste : son parti est libéral, alors que, pour lui, « le FN est de gauche ».C’est sur ce discours de préférence nationale et de fermeture des frontières qu’il a lancé sa carrière politique, dans les années 1990, lorsqu’il se bat presque seul contre l’adhésion de la Suisse à l’Espace économique européen. Pendant des mois, les médias le suivent alors qu’il laboure les campagnes avec ses discours enflammés. A la surprise générale, les Suisses refusent l’adhésion le 6 décembre 1992. C’est le premier triomphe blochérien. Il reste aujourd’hui l’homme politique le plus populaire du pays.La méthode Blocher tranche avec la culture politique helvétique, faite de consensus et de modestie. Dans un pays plurilingue où la rhétorique n’est pas la priorité, Blocher fait preuve d’une aisance orale rare. Cet homme avenant et cultivé est aussi un xénophobe assumé et défend sans rougir des thèses qui, si elles étaient évoquées en France, feraient immédiatement sursauter. Dans les années 1980, Christoph Blocher préside et anime un groupe de travail qui défend les lois en faveur de l’apartheid en Afrique du Sud. En 2006, alors ministre de la justice, il critique l’article du code pénal condamnant le négationnisme. Mais ses dérapages sont toujours contrôlés. « Il n’est pas fou, tout ce qu’il fait est très calculé », estime le socialiste Christian Levrat, son adversaire politique. Contrairement à certains cadres de son parti, Christoph Blocher n’a jamais été condamné pour racisme.« C’est l’enfant terrible de la politique suisse. Il a cette capacité de jouer dans les règles, contre les règles », estime le politologue Oscar MazzoleniIl est aussi le premier, en Suisse, à appliquer à la politique les techniques modernes du marketing : « Pour imposer un thème dans la société, il faut savoir jouer de la provocation. » En 2007, une affiche de l’UDC montrait un mouton blanc chassant à coups de sabot un mouton noir hors des frontières suisses.Cette année, le clip promotionnel du parti s’ouvre sur Blocher plongeant dans sa splendide piscine, puis hissant le drapeau rouge à la croix blanche dans son jardin. Contrairement à ses concurrents, ce fils de pasteur né dans une famille pauvre met son histoire personnelle au profit de sa carrière politique. « Il joue de son image de self-made-man, explique Oscar Mazzoleni, politologue à l’université de Lausanne. Il a réussi ses études, son mariage et son ascension dans l’armée, où il est devenu colonel, à une époque où ce statut comptait dans la société suisse. »Il réussit aussi brillamment sa carrière professionnelle en rachetant l’entreprise qui l’emploie en 1983, EMS Chemie, et en la transformant en une firme rentable. Puis il investit en parallèle dans d’autres sociétés, qu’il restructure et revend. Pas à pas, celui qui a commencé comme ouvrier agricole prend sa revanche sociale et construit son propre mythe. Il acquiert le château de Rhäzüns, s’achète une magnifique villa près de Zurich. Amateur d’art, il possède l’une des plus grandes collections privées suisses.Sa fortune, il en fait largement profiter l’UDC : en Suisse, il n’existe aucune loi pour réguler et plafonner le financement des campagnes politiques. « Son parti a probablement dépensé autant que tous les autres partis réunis pour cette campagne, comme c’était déjà le cas en 2011 », regrette le socialiste Christian Levrat.« Junkie de la politique »Après avoir fait de son parti le premier du pays, il se hisse jusqu’au gouvernement helvétique, le Conseil fédéral, composé de sept ministres de tous bords. Or, quand, depuis des siècles, ce conclave prône le compromis pour assumer le pouvoir exécutif en bonne entente, Christoph Blocher entend agir selon son bon vouloir. « C’est l’enfant terrible de la politique suisse, estime le politologue Oscar Mazzoleni. Il a cette capacité de jouer dans les règles, contre les règles. » Ce comportement capricieux lui vaudra d’être chassé du Conseil fédéral en 2007, après une « Nuit des longs couteaux » historique. En coulisses, deux opposants avaient empêché sa réélection, une première historique dans un pays où les rébellions ne sont pas coutume.Son éviction de l’arène bernoise lui donne des envies de revanche et le pousse à changer de stratégie : il continuera d’être le chef d’orchestre de la politique helvétique, mais de l’extérieur. « Cette expulsion l’a encore plus radicalisé, observe le politologue Oscar Mazzoleni. On dit souvent que, plus les partis grossissent, plus ils se modèrent. Ici, c’est tout l’inverse. » Son allié Claude-Alain Voiblet résume : « Il s’est rendu compte qu’au Conseil fédéral il était très difficile de changer les choses. C’est en travaillant avec le peuple, sur le programme du parti, qu’on a le plus d’emprise. » Même le Parlement, une « activité secondaire », ne lui sied plus : il le quitte en 2014.Désormais, rien n’arrête le bulldozer Blocher. Pour faire passer ses idées, il met d’abord la presse à sa botte, en rachetant une partie de la Basler Zeitung et en contrôlant l’hebdomadaire Die Weltwoche, dont le rédacteur en chef est l’un des poulains de l’UDC. La méthode agressive de Blocher trouve toute son efficacité lors des référendums. Le 9 février 2014, le succès de l’initiative contre l’immigration de masse signe un autre triomphe blochérien. Les votations en préparation porteront sur le renvoi des étrangers criminels et contre la politique actuelle de l’asile.La crise économique, la défiance croissante à l’égard de Bruxelles et l’afflux de migrants aux portes de l’Europe ont encore renforcé la légitimité du populiste, qui continue à faire la pluie et le beau temps de la politique suisse. Il vient de fêter ses 75 ans, mais sa carrière est loin d’être finie. « Je pense qu’il se voit comme un missionnaire qui cherche à sauver le pays de tous les dangers qui le menacent, analyse le réalisateur Jean-Stéphane Bron, auteur du documentaire L’Expérience Blocher. Christoph Blocher est un junkie de la politique. Il mourra sur scène. »Marie Maurisse (Genève, correspondance)Journaliste au Monde Cécile Chambraud Cette fois, ils se sont organisés. Les évêques africains sont arrivés à Rome munis d’un vade-mecum et d’une stratégie de groupe. Pas question pour eux de sortir du synode, organisé par l’Eglise catholique pour réévaluer son discours sur la famille, du 5 au 25 octobre, avec le sentiment d’avoir reçu un camouflet, comme il y a un an. En octobre 2014, à l’issue d’une première réunion, leurs représentants avaient dénoncé des débats entièrement centrés sur les problématiques « occidentales » que seraient les divorcés-remariés, les couples non mariés et l’homosexualité. Il n’en serait pas de même, s’étaient-ils promis, lors de la session finale.Ils accusent les pays occidentaux de vouloir imposer aux sociétés africaines leurs conceptions sur le contrôle des naissances et l’homosexualité à travers les conditions posées à l’octroi de programmes d’aide au développement.« Colonialisme idéologique »Ils ont résumé cela par le concept de « nouvelle colonisation idéologique » qui menacerait de « détruire la famille africaine ». « Quand on oblige les uns et les autres à adopter des lois abortives, le gender, l’homosexualité, l’euthanasie comme condition pour accéder à des fonds de développement… Nous essayons de respecter la vision des autres. Alors, qu’on nous respecte ! », a ainsi plaidé, mercredi 14 octobre, le cardinal Philippe Ouedraogo, archevêque de Ouagadougou (Burkina Faso).Leur refus de faire évoluer l’attitude de l’Eglise catholique sur ces sujets les classe dans le camp du statu quo, dont ils sont devenus une composante essentielle. Lors de l’ouverture du synode en 2014, le pape François avait mesuré à quel point ce discours était ancré chez les évêques africains et devait être pris en compte à Rome. Par la suite, il a repris dans ses discours une partie de leur vocabulaire. « Il y a un colonialisme idéologique qui cherche à détruire la famille », avait-il ainsi affirmé lors de son voyage aux Philippines, en janvier. Depuis, la formule est souvent revenue dans sa bouche.Dans les réunions de travail du synode, certains propos font parfois tiquer. Le cardinal guinéen Robert Sarah, l’un des principaux membres de la curie romaine en tant que préfet de la congrégation pour le culte divin, a mis sur le même plan « l’idéologie du genre et l’Etat islamique », tous deux partageant « la même origine démoniaque ». « Ce que le nazisme et le communisme étaient au XXe siècle, l’homosexualité occidentale et les idéologies abortives et le fanatisme islamique le sont aujourd’hui », a-t-il ajouté, dénonçant « deux bêtes de l’Apocalypse : d’une part, l’idolâtrie de la liberté occidentale ; de l’autre, le fondamentalisme islamique ». Tous les évêques africains n’ont pas cette virulence.Compter avec l’AfriqueLors des travaux du synode, les Africains sont dispersés dans les groupes constitués par langue de travail. Mais ils se retrouvent de manière informelle tous les deux ou trois jours. Ils sont munis chacun d’un volume du livre publié en septembre par le Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (Sceam), après plusieurs mois de concertation, et qui récapitule leurs points d’accord. Onze d’entre eux, dont le cardinal Sarah, ont publié par ailleurs un ouvrage collectif intitulé L’Afrique, nouvelle patrie du Christ. Contribution de pasteurs africains au synode consacré à la famille. Le cardinal Sarah avait déjà refusé toute ouverture en direction des familles « irrégulières » dans un précédent livre d’entretiens intitulé Dieu ou rien.Aujourd’hui, le cardinal Wilfried Fox Napier, archevêque de Durban (Afrique du Sud), est l’un des présidents délégués du synode. Dans les débats, les représentants des églises africaines poussent leurs préoccupations. Charles Palmer-Buckle, archevêque d’Accra (Ghana), a ainsi relevé que le rapport introductif au synode, « semblait avoir été rédigé par quelqu’un à qui il semblait manquer la perspective africaine ». Les prélats africains s’efforcent donc d’y remédier. La famille étendue, le « mariage par étapes » (coutumier, civil puis religieux), ou encore les problèmes posés par la polygamie – peut-on par exemple baptiser un polygame ? – sont mis en avant. Pour autant, les représentants africains sont très méfiants à l’égard d’une piste envisagée par plusieurs « pères synodaux », consistant à confier à des conférences régionales ou nationales le soin de répondre à certaines questions pastorales. « L’Eglise est la même partout. Tout ce qui concerne l’Eglise en Europe la concerne aussi en Afrique, et inversement », a mis en garde Mgr Palmer-Buckle.Le pape François n’est pas un familier de l’Afrique. Il s’y rendra pour la première fois en novembre (Kenya, Ouganda, Centrafrique). Mais, pendant cette réunion à Rome, les prélats de ce continent auront tout fait pour convaincre le pontife d’origine sud-américaine qu’il faudra à l’avenir compter avec l’Afrique, « le continent qui croît le plus vite dans l’Eglise catholique », selon l’archevêque d’Accra.Cécile ChambraudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.10.2015 à 01h53 • Mis à jour le16.10.2015 à 08h49 Les pays européens ont tenu un nouveau conseil, jeudi 15 octobre, consacré aux migrants et à leur collaboration avec la Turquie, pays par où transite l’essentiel du flux de réfugiés venus du Moyen-Orient. La Commission a annoncé dans la nuit qu’elle avait conclu un « plan d’action commun » avec ce pays, qui héberge lui-même plus de deux millions de réfugiés syriens.Alors que les relations de l’UE et de la Turquie sont gelées, que le processus en vue d’une éventuelle adhésion est au point mort et que l’Europe craint la dérive autoritaire du président Erdogan, cette dernière a désormais grand besoin de la Turquie pour endiguer les flux migratoires. Elle est donc prête à faire des concessions, en regardant avec anxiété les élections législatives que M. Erdogan a convoquées le 1er novembre, tout en lançant une guerre contre le parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et en polarisant le champ politique à l’extrême, risquant de précipiter son pays dans le chaos.Lire l'éditorial du "Monde" :Turquie : Erdogan et la politique du pireLa chancelière allemande a notamment confirmé que l’UE envisageait de débloquer une aide d’environ trois milliards d’euros pour aider la Turquie à garder les réfugiés syriens sur son sol et à les empêcher d’affluer en Europe. Cet aspect du plan devait encore être négocié « dans les prochains jours », a précisé le chef de l’exécutif européen, Jean-Claude Juncker. Il relèverait du budget des Etats.Lire aussi :Une nuit avec les gardes-côtes turcs, sauveteurs de migrants au large de BodrumVisite d’Angela Merkel à AnkaraLe plan comprendrait par ailleurs une « accélération » des négociations pour faciliter l’octroi de visas aux ressortissants turcs voyageant dans l’UE. François Hollande a cependant dit avoir « insisté pour que, si libéralisation des visas il doit y avoir, avec la Turquie, ce soit sur des bases extrêmement précises et contrôlées ». Les chefs d’Etat et de gouvernement européens se méfient d’une possible exemption de visas pour les 78 millions de Turcs, que demande le président Recep Tayyip Erdogan. Une « libéralisation » se cantonnerait probablement dans un premier temps aux visas d’affaire et étudiants.Selon Mme Merkel, les dirigeants européens sont également convenus de relancer le processus d’adhésion de la Turquie et d’ouvrir de nouveaux chapitres de discussions. Ils n’ont toutefois pas encore décidé quels chapitres seraient ouverts. Angela Merkel a souligné que la Turquie avait déjà dépensé plus de sept milliards d’euros pour l’accueil de plus de deux millions de réfugiés syriens sur son sol et qu’elle n’avait reçu qu’un milliard d’euros d’aide extérieure. La chancelière allemande se rendra à Ankara dimanche 18 octobre pour vérifier, dit-elle, « si les promesses faites sont fiables ».Par ailleurs, le Conseil a retenu l’idée de la création, à terme, d’un corps de gardes-frontières européens, qui sera « progressivement mis en place », selon François Hollande.Lire aussi :Migrants : la France veut la création d’un corps de gardes-frontières européenDurant le sommet, un migrant afghan a été tué par des gardes-frontières alors qu’il tentait de passer en Bulgarie depuis la Turquie. Il s’agit du premier cas connu de tir mortel de forces de l’ordre européennes depuis le début de la crise. Le premier ministre Boyko Borissov a quitté précipitamment le sommet. 15.10.2015 à 19h48 • Mis à jour le15.10.2015 à 20h46 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Le sommet européen des chefs d’Etat et de gouvernement réuni, jeudi 15 octobre à Bruxelles, devait se concentrer sur les relations avec la Turquie, dans l’espoir qu’elle coopère davantage dans la gestion des vagues de réfugiés.L’autre volet des discussions devait concerner ce qui est devenu l’autre priorité des Européens : un meilleur contrôle des frontières extérieures de l’Union, pour empêcher l’entrée de ceux qui ne peuvent prétendre au statut de réfugié.Dans ce cadre, la France a déposé un document qui propose de doter rapidement l’agence Frontex de moyens financiers et humains supplémentaires, afin de préserver l’avenir de l’espace Schengen. Alors que la Commission et son président, Jean-Claude Juncker, ont promis une initiative « avant la fin de l’année », Paris suggère un plan par étapes en vue de la création d’un corps de gardes-frontières et de gardes-côtes européens.Lire aussi :Migrants : l’UE accélère sa lutte contre les passeurs dans la MéditerranéeUn effort financier annuel demandé à chaque EtatChaque Etat mettrait une réserve annuelle à disposition de l’organisation. L’ampleur de l’effort demandé à un pays serait déterminée par une série de critères, dont la part de surveillance des frontières extérieures de l’UE qu’il assume déjà.Pour préserver la souveraineté des Etats, on préciserait que, « sauf défaillance avérée », ce sont eux qui formuleraient une demande pour obtenir l’appui européen. Une « étude de faisabilité » de la Commission suggérait, en revanche, le possible lancement d’opérations sans l’avis des capitales.A plus long terme, la réserve pourrait devenir un corps européen, sous l’autorité de Frontex, préconise le document français. C’est le Conseil qui déciderait du déploiement, sur proposition de l’agence européenne des frontières et de la Commission.Cette dernière évoque aussi la création d’une « force de réaction rapide » susceptible d’être déployée en vingt-quatre ou quarante-huit heures. Ou encore la mise en place d’un « Bureau des retours », qui hâterait et organiserait le rapatriement des déboutés du droit d’asile.Urgence en Italie et en GrèceLa France souligne, d’autre part, la nécessité de moderniser les procédures de contrôle des voyageurs, avec l’aide des nouvelles technologies (identification biométrique, calcul automatique des durées de séjour, etc.) afin de bâtir un système dit de « frontières intelligentes ».La discussion a lieu dans un contexte où Frontex espère au moins disposer des moyens qui lui ont été promis pour aider la Grèce et l’Italie à traiter les dossiers des demandeurs d’asile qui continuent d’arriver dans ces pays dits « de première ligne ». Environ 710 000 personnes – dont 450 000 en Grèce – ont gagné le territoire européen depuis le début de l’année, selon les calculs – parfois contestés – de Frontex. Près de 1 000 fonctionnaires devaient être affectés à l’agence et au Bureau d’asile européen (EASO) par les Etats ; un peu plus d’une centaine seulement ont été effectivement mobilisés jusqu’ici.La France promet de fournir rapidement un contingent, mais souligne que les difficultés viennent de Frontex qui, de son côté, dit avoir de la peine à évaluer précisément les demandes de Rome et Athènes.Lire aussi :Une nuit avec les gardes-côtes turcs, sauveteurs de migrants au large de BodrumJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.10.2015 à 09h48 • Mis à jour le20.10.2015 à 11h27 La Slovénie l’a reconnu, à l’issue d’une réunion d’urgence organisée dans la nuit, mardi 20 octobre : elle est « dépassée » par le flux de migrants qui se présentent, depuis samedi, à sa frontière avec la Croatie. Pour la seule journée de lundi, plus de 8 000 personnes sont entrées dans le pays, souvent en évitant les points de passage officiels, ont affirmé les autorités.Face à cette situation, les autorités slovènes ont expliqué vouloir faire appel à l’armée en amendant la loi sur la défense. Le Parlement doit approuver un texte mardi pour étendre de façon exceptionnelle les pouvoirs d’intervention des militaires, actuellement limités à une assistance logistique. Ils pourront ainsi épauler la police pour le contrôle des frontières. Une décision justifiée, selon le gouvernement :« Il ne s’agit pas d’imposer une situation extraordinaire, il s’agit de renforcer le contrôle à la frontière. Cet amendement permettra de confier aux soldats des tâches supplémentaires, dans des circonstances très particulières et avec l’accord du Parlement. Il est illusoire d’attendre d’un pays de deux millions d’habitants qu’il fasse cesser et règle une crise que des Etats membres plus grands sont incapables de résoudre. »Le premier ministre, Miro Cerar, a précisé que « cela ne signifiait pas » l’instauration d’un « état d’urgence ».Cet afflux de migrants en Slovénie fait suite à la fermeture par la Hongrie, vendredi 16 octobre, de sa frontière avec la Croatie – un peu plus d’un mois après avoir fait de même côté Serbie. Une mesure qui contraint les migrants venant de l’Est à passer par la Slovénie pour poursuivre leur périple en Europe.Ljubljana accuse l’Autriche de ne laisser entrer qu’un nombre limité de migrants ; ce que Vienne a démenti. Le premier ministre slovène affirme également que la Croatie « refuse de collaborer » pour gérer la crise migratoire.Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéos Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Lundi 19 octobre, ils étaient plus de 15 000 dans les rues de Dresde (en Saxe, dans l’Est) pour célébrer le premier anniversaire de Pegida. Même si les contre-manifestants, avec lesquels de brefs heurts ont éclaté, étaient presque aussi nombreux, ce mouvement des « patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident » est devenu le symbole d’une Allemagne populiste qui, tous les lundis, manifeste pour exprimer sa crainte d’être « envahie » par les immigrés et surtout sa méfiance à l’égard des élites, notamment politiques. « Environ un tiers des participants (…) laissent percevoir des motivations et des attitudes empreintes d’islamophobie. La majorité exerce une critique fondamentale à l’égard de la politique, des médias et de la façon dont fonctionne la démocratie », résument trois chercheurs en sciences politiques dans le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, le 19 octobre.Ovations pour Orban, Poutine, Le Pen…Avec le nouveau parti populiste Alternative pour l’Allemagne (AfD), auquel le lie une grande proximité intellectuelle, Pegida occupe un espace resté longtemps vide entre la CDU-CSU (centre droit) et les groupuscules néonazis. Le lundi, à Dresde, certains dressent désormais la potence pour les « traîtres » : la chancelière Angela Merkel et Sigmar Gabriel, vice-chancelier et président du Parti social-démocrate (SPD). En revanche, on fait applaudir le premier ministre hongrois, Viktor Orban, le président russe, Vladimir Poutine, la présidente du Front national, Marine Le Pen, et on a eu comme invité au printemps Geert Wilders, le dirigeant d’extrême droite néerlandais.L’AfD est crédité dans les sondages d’environ 7 % des voix, suffisamment pour être représenté dans le prochain Bundestag. Le succès de ces deux mouvements est d’autant plus remarquable que chacun d’eux a connu une crise existentielle. Pour être apparu en janvier sur Facebook grimé en Adolf Hitler, le fondateur de Pegida, Lutz Bachmann, repris de justice, a dû un temps se faire discret. Pendant plusieurs mois, le mouvement qui, à l’hiver 2014, avait attiré jusqu’à 25 000 manifestants, avait semblé sur le déclin. Cela n’a pourtant pas empêché sa candidate aux élections municipales de Dresde, Tatjana Festerling, également militante de l’AfD, de recueillir 9,6 % des voix en avril. L’AfD, créé en 2013 pour combattre l’euro, n’a pas profité de la crise grecque. Son fondateur, Bernd Lucke, a même claqué la porte du parti cet été, mis en minorité par Frauke Petry, encore plus à droite, et qui fait de la lutte contre l’accueil des réfugiés son cheval de bataille.Montée d’organisations conservatricesDans le même temps, les actes de violence se sont multipliés à l’encontre des réfugiés et de leurs foyers, notamment dans l’est de l’Allemagne. A la suite des menaces physiques ou verbales reçues, plusieurs élus locaux ont démissionné. Samedi, un sympathisant d’extrême droite a même poignardé à Cologne (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) la responsable chargée des réfugiés à la mairie qui, le lendemain, se présentait comme candidate aux élections municipales et a été élue. Faut-il faire un lien entre cette montée de la violence et Pegida ? Les partis traditionnels l’affirment. « Les paroles hostiles aux étrangers ont préparé le terrain », déclare Katrin Göring-Eckhardt, coprésidente des Verts au Bundestag.A des degrés divers, tous les partis représentés à l’Assemblée parlementaire sont concernés par la montée en puissance de l’AfD et de Pegida. Les sondages montrent que l’AfD profite actuellement de l’érosion de la cote de popularité d’Angela Merkel, notamment dans l’ancienne Allemagne de l’Est et en Bavière.Par ailleurs, leur discours radical semble avoir libéré la parole de militants conservateurs. C’est en Saxe que, pour la première fois, Angela Merkel a été confrontée, mercredi 14 octobre, à des électeurs de la CDU qui demandaient sa démission. Die Linke, le parti de la gauche radicale, très implanté dans l’Est, chez les milieux modestes, a lui aussi tout à redouter de la montée de ces organisations. Pour ne pas se couper d’une partie de leur électorat, les dirigeants de Die Linke sont d’ailleurs très prudents dans leur soutien aux réfugiés. Le SPD affronte le même dilemme. Dès 2012, une étude réalisée par la fondation Friedrich-Ebert, proche du SPD, concluait que, de tous les partis, ce sont les électeurs proches du SPD, à l’ouest, qui étaient les plus sensibles aux thèses d’extrême droite. En janvier, Sigmar Gabriel, président du SPD, n’avait d’ailleurs pas hésité à se rendre « à titre personnel » à Dresde discuter avec les sympathisants de Pegida. Entre la politique de la main tendue à des Allemands dont « il faut comprendre les peurs » et la dénonciation de dérapages extrémistes, les partis traditionnels hésitent encore.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Samuel Laurent La quatrième conférence sociale qu’a ouvert, lundi 19 octobre, François Hollande, commence dans un climat tendu : si les partenaires sociaux ont réussi à trouver un accord à l’arraché sur les retraites complémentaires vendredi, les tensions nées des mobilisations du personnel d’Air France peinent à retomber. Mais au-delà de cette conjoncture, le marché français du travail continue de changer de visage du fait de la crise.1. Un chômage endémiqueEn septembre 2015, plus de 3,5 millions de personnes sont inscrites dans la seule catégorie « A », qui rassemble ceux qui n’ont pas du tout travaillé durant le mois précédent. En agrégeant ces derniers avec les catégories B (les inscrits qui ont travaillé moins de 78 heures dans le mois précédent) et C (activité réduite supérieure à 78 heures sur la même période), ils sont 5,4 millions. Une situation qui ne s’améliore pas, malgré les promesses de l’exécutif. #container_14452507468{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452507468{ height:500px; } #container_14452507468 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452507468 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452507468 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452507468 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Nombre de chômeurs depuis 1991Pour la catégorie A et les catégories A,B et C.Source : Dares(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452507468", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: 1, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#f96996", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#f96996", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["janv.-91","févr.-91","mars-91","avr.-91","mai-91","juin-91","juil.-91","août-91","sept.-91","oct.-91","nov.-91","déc.-91","janv.-92","févr.-92","mars-92","avr.-92","mai-92","juin-92","juil.-92","août-92","sept.-92","oct.-92","nov.-92","déc.-92","janv.-93","févr.-93","mars-93","avr.-93","mai-93","juin-93","juil.-93","août-93","sept.-93","oct.-93","nov.-93","déc.-93","janv.-94","févr.-94","mars-94","avr.-94","mai-94","juin-94","juil.-94","août-94","sept.-94","oct.-94","nov.-94","déc.-94","janv.-95","févr.-95","mars-95","avr.-95","mai-95","juin-95","juil.-95","août-95","sept.-95","oct.-95","nov.-95","déc.-95","janv.-96","févr.-96","mars-96","avr.-96","mai-96","juin-96","juil.-96","août-96","sept.-96","oct.-96","nov.-96","déc.-96","janv.-97","févr.-97","mars-97","avr.-97","mai-97","juin-97","juil.-97","août-97","sept.-97","oct.-97","nov.-97","déc.-97","janv.-98","févr.-98","mars-98","avr.-98","mai-98","juin-98","juil.-98","août-98","sept.-98","oct.-98","nov.-98","déc.-98","janv.-99","févr.-99","mars-99","avr.-99","mai-99","juin-99","juil.-99","août-99","sept.-99","oct.-99","nov.-99","déc.-99","janv.-00","févr.-00","mars-00","avr.-00","mai-00","juin-00","juil.-00","août-00","sept.-00","oct.-00","nov.-00","déc.-00","janv.-01","févr.-01","mars-01","avr.-01","mai-01","juin-01","juil.-01","août-01","sept.-01","oct.-01","nov.-01","déc.-01","janv.-02","févr.-02","mars-02","avr.-02","mai-02","juin-02","juil.-02","août-02","sept.-02","oct.-02","nov.-02","déc.-02","janv.-03","févr.-03","mars-03","avr.-03","mai-03","juin-03","juil.-03","août-03","sept.-03","oct.-03","nov.-03","déc.-03","janv.-04","févr.-04","mars-04","avr.-04","mai-04","juin-04","juil.-04","août-04","sept.-04","oct.-04","nov.-04","déc.-04","janv.-05","févr.-05","mars-05","avr.-05","mai-05","juin-05","juil.-05","août-05","sept.-05","oct.-05","nov.-05","déc.-05","janv.-06","févr.-06","mars-06","avr.-06","mai-06","juin-06","juil.-06","août-06","sept.-06","oct.-06","nov.-06","déc.-06","janv.-07","févr.-07","mars-07","avr.-07","mai-07","juin-07","juil.-07","août-07","sept.-07","oct.-07","nov.-07","déc.-07","janv.-08","févr.-08","mars-08","avr.-08","mai-08","juin-08","juil.-08","août-08","sept.-08","oct.-08","nov.-08","déc.-08","janv.-09","févr.-09","mars-09","avr.-09","mai-09","juin-09","juil.-09","août-09","sept.-09","oct.-09","nov.-09","déc.-09","janv.-10","févr.-10","mars-10","avr.-10","mai-10","juin-10","juil.-10","août-10","sept.-10","oct.-10","nov.-10","déc.-10","janv.-11","févr.-11","mars-11","avr.-11","mai-11","juin-11","juil.-11","août-11","sept.-11","oct.-11","nov.-11","déc.-11","janv.-12","févr.-12","mars-12","avr.-12","mai-12","juin-12","juil.-12","août-12","sept.-12","oct.-12","nov.-12","déc.-12","janv.-13","févr.-13","mars-13","avr.-13","mai-13","juin-13","juil.-13","août-13","sept.-13","oct.-13","nov.-13","déc.-13","janv.-14","févr.-14","mars-14","avr.-14","mai-14","juin-14","juil.-14","août-14","sept.-14","oct.-14","nov.-14","déc.-14","janv.-15","févr.-15","mars-15","avr.-15","mai-15","juin-15","juil.-15","août-15"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#f96996", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#f96996", from: 257, to: 296, label: { useHTML: false, text: "Hollande", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 15 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Catégorie A", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", 3121 ], [ "", 3133.6 ], [ "", 3135 ], [ "", 3136 ], [ "", 3149.1 ], [ "", 3134.3 ], [ "", 3135.8 ], [ "", 3128.1 ], [ "", 3161.3 ], [ "", 3152.1 ], [ "", 3171.4 ], [ "", 3176.5 ], [ "", 3195.6 ], [ "", 3181.6 ], [ "", 3182.4 ], [ "", 3178.7 ], [ "", 3191.5 ], [ "", 3190.1 ], [ "", 3173.3 ], [ "", 3137.3 ], [ "", 3166.1 ], [ "", 3164 ], [ "", 3152.1 ], [ "", 3131.8 ], [ "", 3133.3 ], [ "", 3122.7 ], [ "", 3113 ], [ "", 3109.6 ], [ "", 3098 ], [ "", 3079.8 ], [ "", 3084 ], [ "", 3069.7 ], [ "", 3083.2 ], [ "", 3083.6 ], [ "", 3086.7 ], [ "", 3079 ], [ "", 3076.1 ], [ "", 3070.9 ], [ "", 3071.3 ], [ "", 3055.7 ], [ "", 3037.1 ], [ "", 3026.8 ], [ "", 2965.9 ], [ "", 2948 ], [ "", 2898.6 ], [ "", 2876.2 ], [ "", 2848.7 ], [ "", 2820.4 ], [ "", 2802.7 ], [ "", 2774.8 ], [ "", 2737.1 ], [ "", 2697.7 ], [ "", 2675.8 ], [ "", 2644.3 ], [ "", 2619.9 ], [ "", 2609.5 ], [ "", 2549.2 ], [ "", 2505.5 ], [ "", 2450.8 ], [ "", 2437.4 ], [ "", 2394.8 ], [ "", 2381.5 ], [ "", 2364.9 ], [ "", 2358.4 ], [ "", 2364.7 ], [ "", 2364.2 ], [ "", 2391.6 ], [ "", 2398.9 ], [ "", 2405.4 ], [ "", 2434.7 ], [ "", 2463.8 ], [ "", 2473.6 ], [ "", 2475.9 ], [ "", 2485.8 ], [ "", 2501.4 ], [ "", 2518.3 ], [ "", 2524.5 ], [ "", 2529.4 ], [ "", 2556.4 ], [ "", 2552 ], [ "", 2548.6 ], [ "", 2554.8 ], [ "", 2573.8 ], [ "", 2587.6 ], [ "", 2611.9 ], [ "", 2629.2 ], [ "", 2641.6 ], [ "", 2647.3 ], [ "", 2644.9 ], [ "", 2661 ], [ "", 2675.6 ], [ "", 2666.6 ], [ "", 2716 ], [ "", 2719.5 ], [ "", 2705.3 ], [ "", 2717.1 ], [ "", 2687.9 ], [ "", 2674.4 ], [ "", 2667.9 ], [ "", 2663.6 ], [ "", 2670.6 ], [ "", 2676.7 ], [ "", 2683.3 ], [ "", 2699.5 ], [ "", 2697 ], [ "", 2690.3 ], [ "", 2705.7 ], [ "", 2705.9 ], [ "", 2708.3 ], [ "", 2707.2 ], [ "", 2708.3 ], [ "", 2706.2 ], [ "", 2707.2 ], [ "", 2688.4 ], [ "", 2664.8 ], [ "", 2654.7 ], [ "", 2632.1 ], [ "", 2609.9 ], [ "", 2587 ], [ "", 2567 ], [ "", 2550.6 ], [ "", 2530.1 ], [ "", 2501.7 ], [ "", 2460.3 ], [ "", 2422.7 ], [ "", 2398.7 ], [ "", 2363 ], [ "", 2354.5 ], [ "", 2322.3 ], [ "", 2314.7 ], [ "", 2288.4 ], [ "", 2265 ], [ "", 2232.6 ], [ "", 2202.1 ], [ "", 2172.4 ], [ "", 2152.8 ], [ "", 2139.9 ], [ "", 2119.7 ], [ "", 2117.5 ], [ "", 2100.4 ], [ "", 2092.2 ], [ "", 2062.6 ], [ "", 2035.9 ], [ "", 2015.8 ], [ "", 2003.2 ], [ "", 1979.9 ], [ "", 1985 ], [ "", 1997.3 ], [ "", 1998.3 ], [ "", 2017.6 ], [ "", 2033.6 ], [ "", 2040.8 ], [ "", 2075.2 ], [ "", 2107.2 ], [ "", 2163.3 ], [ "", 2219.3 ], [ "", 2282.4 ], [ "", 2356.8 ], [ "", 2422.9 ], [ "", 2481.8 ], [ "", 2516.2 ], [ "", 2519.7 ], [ "", 2545.3 ], [ "", 2577.3 ], [ "", 2601.7 ], [ "", 2637.8 ], [ "", 2646.4 ], [ "", 2638 ], [ "", 2660.6 ], [ "", 2665.6 ], [ "", 2666.2 ], [ "", 2681.9 ], [ "", 2689.2 ], [ "", 2687.2 ], [ "", 2679.9 ], [ "", 2698.3 ], [ "", 2696.6 ], [ "", 2675.1 ], [ "", 2689.8 ], [ "", 2702.3 ], [ "", 2695.7 ], [ "", 2706.2 ], [ "", 2692.3 ], [ "", 2693.6 ], [ "", 2703.9 ], [ "", 2732.5 ], [ "", 2749.1 ], [ "", 2763.5 ], [ "", 2775.5 ], [ "", 2796.2 ], [ "", 2819.6 ], [ "", 2848.6 ], [ "", 2867.1 ], [ "", 2878.9 ], [ "", 2885.8 ], [ "", 2894.8 ], [ "", 2923.2 ], [ "", 2943.2 ], [ "", 2983.1 ], [ "", 3020.8 ], [ "", 3052.8 ], [ "", 3094.4 ], [ "", 3119.9 ], [ "", 3133.2 ], [ "", 3181.1 ], [ "", 3192.3 ], [ "", 3213.4 ], [ "", 3254.3 ], [ "", 3253.7 ], [ "", 3265.5 ], [ "", 3279.1 ], [ "", 3246.6 ], [ "", 3297.2 ], [ "", 3279.4 ], [ "", 3298.7 ], [ "", 3311.7 ], [ "", 3321.9 ], [ "", 3341.7 ], [ "", 3346.4 ], [ "", 3364.9 ], [ "", 3383.7 ], [ "", 3395.3 ], [ "", 3416.8 ], [ "", 3415 ], [ "", 3441.9 ], [ "", 3461.4 ], [ "", 3486.4 ], [ "", 3500.7 ], [ "", 3481.6 ], [ "", 3494.4 ], [ "", 3509.8 ], [ "", 3536 ], [ "", 3552.2 ], [ "", 3553.5 ], [ "", 3551.6 ], [ "", 3571.6 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Catégories A, B, C", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 2843.8 ], [ "", 2873.4 ], [ "", 2900.7 ], [ "", 2921.3 ], [ "", 2958.3 ], [ "", 2992.1 ], [ "", 3048.5 ], [ "", 3083.6 ], [ "", 3105.5 ], [ "", 3128.1 ], [ "", 3146.8 ], [ "", 3162.4 ], [ "", 3190.4 ], [ "", 3200.3 ], [ "", 3191.9 ], [ "", 3214.5 ], [ "", 3218.9 ], [ "", 3235.7 ], [ "", 3247.8 ], [ "", 3261.8 ], [ "", 3276.2 ], [ "", 3297.6 ], [ "", 3326.4 ], [ "", 3354.2 ], [ "", 3373.4 ], [ "", 3402.4 ], [ "", 3447.7 ], [ "", 3488.4 ], [ "", 3512.8 ], [ "", 3566.3 ], [ "", 3605.3 ], [ "", 3634.8 ], [ "", 3665.2 ], [ "", 3708.5 ], [ "", 3706.8 ], [ "", 3716.3 ], [ "", 3729.1 ], [ "", 3735 ], [ "", 3738.7 ], [ "", 3754 ], [ "", 3765.8 ], [ "", 3773.2 ], [ "", 3771.1 ], [ "", 3780.7 ], [ "", 3778.7 ], [ "", 3768.3 ], [ "", 3760.4 ], [ "", 3769.2 ], [ "", 3756.7 ], [ "", 3747.6 ], [ "", 3740.8 ], [ "", 3724.2 ], [ "", 3705.4 ], [ "", 3667.7 ], [ "", 3630.7 ], [ "", 3643.8 ], [ "", 3654 ], [ "", 3670.1 ], [ "", 3705.1 ], [ "", 3736.1 ], [ "", 3744 ], [ "", 3761.2 ], [ "", 3776.6 ], [ "", 3781.9 ], [ "", 3800.1 ], [ "", 3812.6 ], [ "", 3831.4 ], [ "", 3859.2 ], [ "", 3866.9 ], [ "", 3875 ], [ "", 3895.6 ], [ "", 3912.6 ], [ "", 3940.9 ], [ "", 3939.4 ], [ "", 3949.6 ], [ "", 3962.1 ], [ "", 3978.7 ], [ "", 4005.6 ], [ "", 4005.7 ], [ "", 4007.3 ], [ "", 4022.2 ], [ "", 4026.1 ], [ "", 4022.4 ], [ "", 4017.8 ], [ "", 4026.3 ], [ "", 4031.6 ], [ "", 4031.1 ], [ "", 4032.2 ], [ "", 4030.7 ], [ "", 4006.4 ], [ "", 4014.9 ], [ "", 4018.1 ], [ "", 4025.4 ], [ "", 4034.2 ], [ "", 4037.4 ], [ "", 4043.7 ], [ "", 4040.2 ], [ "", 4041.5 ], [ "", 4050.6 ], [ "", 4047.6 ], [ "", 4039 ], [ "", 4035.2 ], [ "", 3988.8 ], [ "", 3970.7 ], [ "", 3931.5 ], [ "", 3904.3 ], [ "", 3875.7 ], [ "", 3842.4 ], [ "", 3817.5 ], [ "", 3782.8 ], [ "", 3733.1 ], [ "", 3680.3 ], [ "", 3650.9 ], [ "", 3628.7 ], [ "", 3598.5 ], [ "", 3592.8 ], [ "", 3534.8 ], [ "", 3492.1 ], [ "", 3449.8 ], [ "", 3427.3 ], [ "", 3395.3 ], [ "", 3377.8 ], [ "", 3361.4 ], [ "", 3354.8 ], [ "", 3358.5 ], [ "", 3349.7 ], [ "", 3357.8 ], [ "", 3366.4 ], [ "", 3370.8 ], [ "", 3400.1 ], [ "", 3432.9 ], [ "", 3445.3 ], [ "", 3458.1 ], [ "", 3462 ], [ "", 3479.6 ], [ "", 3497.4 ], [ "", 3499.3 ], [ "", 3499.3 ], [ "", 3520.6 ], [ "", 3514.3 ], [ "", 3525.5 ], [ "", 3535 ], [ "", 3556 ], [ "", 3569.2 ], [ "", 3595.2 ], [ "", 3621 ], [ "", 3640 ], [ "", 3644.6 ], [ "", 3636.4 ], [ "", 3664.1 ], [ "", 3679.6 ], [ "", 3685.8 ], [ "", 3735.3 ], [ "", 3748.6 ], [ "", 3746.7 ], [ "", 3768 ], [ "", 3736.5 ], [ "", 3733.1 ], [ "", 3736.2 ], [ "", 3747.7 ], [ "", 3767.8 ], [ "", 3795.5 ], [ "", 3804.1 ], [ "", 3821.2 ], [ "", 3829.4 ], [ "", 3839.1 ], [ "", 3861.1 ], [ "", 3866 ], [ "", 3873.8 ], [ "", 3876.8 ], [ "", 3884 ], [ "", 3883.5 ], [ "", 3897.9 ], [ "", 3871 ], [ "", 3858.4 ], [ "", 3840.1 ], [ "", 3825 ], [ "", 3791.1 ], [ "", 3760.9 ], [ "", 3741.4 ], [ "", 3713.9 ], [ "", 3691.1 ], [ "", 3655.7 ], [ "", 3617.8 ], [ "", 3578 ], [ "", 3549.7 ], [ "", 3510.8 ], [ "", 3490 ], [ "", 3457.3 ], [ "", 3432.6 ], [ "", 3409.6 ], [ "", 3381.8 ], [ "", 3342.9 ], [ "", 3313.9 ], [ "", 3282.7 ], [ "", 3255.3 ], [ "", 3234.3 ], [ "", 3204.8 ], [ "", 3192.1 ], [ "", 3182 ], [ "", 3165.7 ], [ "", 3135.9 ], [ "", 3111.7 ], [ "", 3089.2 ], [ "", 3089 ], [ "", 3070.6 ], [ "", 3061.4 ], [ "", 3060.1 ], [ "", 3054.6 ], [ "", 3065.2 ], [ "", 3080.5 ], [ "", 3082.8 ], [ "", 3108.2 ], [ "", 3151.5 ], [ "", 3194.3 ], [ "", 3247 ], [ "", 3313.1 ], [ "", 3391.4 ], [ "", 3464.7 ], [ "", 3548.9 ], [ "", 3603.9 ], [ "", 3624.5 ], [ "", 3668.9 ], [ "", 3715.8 ], [ "", 3757 ], [ "", 3799.4 ], [ "", 3829.2 ], [ "", 3843.8 ], [ "", 3867.4 ], [ "", 3882.1 ], [ "", 3897 ], [ "", 3924.2 ], [ "", 3939.9 ], [ "", 3949.6 ], [ "", 3960 ], [ "", 3976.9 ], [ "", 3992.7 ], [ "", 3983.1 ], [ "", 4008.8 ], [ "", 4028.7 ], [ "", 4041 ], [ "", 4049.8 ], [ "", 4052.5 ], [ "", 4061 ], [ "", 4085.9 ], [ "", 4113.9 ], [ "", 4125.1 ], [ "", 4145.7 ], [ "", 4170.1 ], [ "", 4181.4 ], [ "", 4224 ], [ "", 4248.6 ], [ "", 4265 ], [ "", 4289 ], [ "", 4314 ], [ "", 4327 ], [ "", 4358.3 ], [ "", 4397.3 ], [ "", 4442.1 ], [ "", 4491.1 ], [ "", 4520.5 ], [ "", 4565.5 ], [ "", 4609.2 ], [ "", 4627.7 ], [ "", 4683.4 ], [ "", 4714.9 ], [ "", 4739.1 ], [ "", 4788.1 ], [ "", 4791 ], [ "", 4796.2 ], [ "", 4836.8 ], [ "", 4793 ], [ "", 4849.4 ], [ "", 4876.3 ], [ "", 4886.9 ], [ "", 4905.3 ], [ "", 4928.9 ], [ "", 4941.8 ], [ "", 4956.3 ], [ "", 4989.6 ], [ "", 5018.1 ], [ "", 5041.5 ], [ "", 5076.2 ], [ "", 5080.7 ], [ "", 5125.1 ], [ "", 5152.8 ], [ "", 5180 ], [ "", 5216 ], [ "", 5232.1 ], [ "", 5262.5 ], [ "", 5290.5 ], [ "", 5344.6 ], [ "", 5414.2 ], [ "", 5397.4 ], [ "", 5412.5 ], [ "", 5420.9 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " milliers", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "%B %Y", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Qui sont ces chômeurs ? En premier lieu des jeunes. Le taux de chômage des 15-24 ans était, en 2013, de 23,9 %, deux fois et demi supérieur au taux général. Les catégories populaires (employés, ouvriers) connaissent davantage le chômage, de même que les non-diplômés. #container_14452493453{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452493453{ height:500px; } #container_14452493453 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452493453 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452493453 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452493453 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Taux de chômage selon diverses catégories de populationEn 2013, selon l'Insee(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452493453", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Ensemble","15-24 ans","25-49 ans ","50 ans et plus","Agriculteurs exploitants, artisans, commerçants et chefs d'entreprise","Cadres et professions intellectuelles supérieures","Professions intermédiaires","Employés","Ouvriers","Sans diplôme ou CEP","Brevet des collèges, CAP, BEP","Baccalauréat","Bac + 2","Diplôme supérieur au Bac+2"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Ensemble", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 9.8 ], [ "", 23.9 ], [ "", 9.1 ], [ "", 6.5 ], [ "", 4.3 ], [ "", 3.9 ], [ "", 5.2 ], [ "", 10 ], [ "", 14.6 ], [ "", 16.8 ], [ "", 10.9 ], [ "", 10.1 ], [ "", 5.7 ], [ "", 6.1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Les fins de contrats (c’est-à-dire les fins de CDD, à la différence des fins de mission qui désignent les fins d’intérims) sont – de loin – le premier motif d’inscription au chômage, devant les licenciements économiques. #container_14452570784{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452570784{ height:500px; } #container_14452570784 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452570784 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452570784 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452570784 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Motifs d'inscription à Pôle emploi depuis 1996Les fins de contrat sont et restent, de loin, le premier motif d'inscription(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452570784", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["févr. 96","mars 96","avr. 96","mai 96","juin 96","juil. 96","août 96","sept. 96","oct. 96","nov. 96","déc. 96","janv. 97","févr. 97","mars 97","avr. 97","mai 97","juin 97","juil. 97","août 97","sept. 97","oct. 97","nov. 97","déc. 97","janv. 98","févr. 98","mars 98","avr. 98","mai 98","juin 98","juil. 98","août 98","sept. 98","oct. 98","nov. 98","déc. 98","janv. 99","févr. 99","mars 99","avr. 99","mai 99","juin 99","juil. 99","août 99","sept. 99","oct. 99","nov. 99","déc. 99","janv. 00","févr. 00","mars 00","avr. 00","mai 00","juin 00","juil. 00","août 00","sept. 00","oct. 00","nov. 00","déc. 00","janv. 01","févr. 01","mars 01","avr. 01","mai 01","juin 01","juil. 01","août 01","sept. 01","oct. 01","nov. 01","déc. 01","janv. 02","févr. 02","mars 02","avr. 02","mai 02","juin 02","juil. 02","août 02","sept. 02","oct. 02","nov. 02","déc. 02","janv. 03","févr. 03","mars 03","avr. 03","mai 03","juin 03","juil. 03","août 03","sept. 03","oct. 03","nov. 03","déc. 03","janv. 04","févr. 04","mars 04","avr. 04","mai 04","juin 04","juil. 04","août 04","sept. 04","oct. 04","nov. 04","déc. 04","janv. 05","févr. 05","mars 05","avr. 05","mai 05","juin 05","juil. 05","août 05","sept. 05","oct. 05","nov. 05","déc. 05","janv. 06","févr. 06","mars 06","avr. 06","mai 06","juin 06","juil. 06","août 06","sept. 06","oct. 06","nov. 06","déc. 06","janv. 07","févr. 07","mars 07","avr. 07","mai 07","juin 07","juil. 07","août 07","sept. 07","oct. 07","nov. 07","déc. 07","janv. 08","févr. 08","mars 08","avr. 08","mai 08","juin 08","juil. 08","août 08","sept. 08","oct. 08","nov. 08","déc. 08","janv. 09","févr. 09","mars 09","avr. 09","mai 09","juin 09","juil. 09","août 09","sept. 09","oct. 09","nov. 09","déc. 09","janv. 10","févr. 10","mars 10","avr. 10","mai 10","juin 10","juil. 10","août 10","sept. 10","oct. 10","nov. 10","déc. 10","janv. 11","févr. 11","mars 11","avr. 11","mai 11","juin 11","juil. 11","août 11","sept. 11","oct. 11","nov. 11","déc. 11","janv. 12","févr. 12","mars 12","avr. 12","mai 12","juin 12","juil. 12","août 12","sept. 12","oct. 12","nov. 12","déc. 12","janv. 13","févr. 13","mars 13","avr. 13","mai 13","juin 13","juil. 13","août 13","sept. 13","oct. 13","nov. 13","déc. 13","janv. 14","févr. 14","mars 14","avr. 14","mai 14","juin 14","juil. 14","août 14","sept. 14","oct. 14","nov. 14","déc. 14","janv. 15","févr. 15","mars 15","avr. 15","mai 15","juin 15","juil. 15","août 15"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Licenciement éco ", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 40500 ], [ "", 40300 ], [ "", 41300 ], [ "", 41000 ], [ "", 40900 ], [ "", 40700 ], [ "", 40800 ], [ "", 42800 ], [ "", 41300 ], [ "", 40100 ], [ "", 39900 ], [ "", 40100 ], [ "", 38000 ], [ "", 38600 ], [ "", 39600 ], [ "", 38300 ], [ "", 38000 ], [ "", 35500 ], [ "", 35300 ], [ "", 37700 ], [ "", 35000 ], [ "", 33600 ], [ "", 33000 ], [ "", 32900 ], [ "", 32600 ], [ "", 30800 ], [ "", 31000 ], [ "", 30500 ], [ "", 29800 ], [ "", 29600 ], [ "", 29100 ], [ "", 29200 ], [ "", 28500 ], [ "", 28400 ], [ "", 28600 ], [ "", 27400 ], [ "", 27900 ], [ "", 28400 ], [ "", 26900 ], [ "", 27400 ], [ "", 29000 ], [ "", 27300 ], [ "", 27900 ], [ "", 26800 ], [ "", 26900 ], [ "", 27200 ], [ "", 25900 ], [ "", 25900 ], [ "", 26100 ], [ "", 24600 ], [ "", 25200 ], [ "", 25000 ], [ "", 24600 ], [ "", 24800 ], [ "", 25500 ], [ "", 22700 ], [ "", 23400 ], [ "", 21800 ], [ "", 22500 ], [ "", 22400 ], [ "", 22400 ], [ "", 21700 ], [ "", 21500 ], [ "", 21900 ], [ "", 21500 ], [ "", 22100 ], [ "", 23500 ], [ "", 24500 ], [ "", 27100 ], [ "", 28400 ], [ "", 29400 ], [ "", 30900 ], [ "", 29800 ], [ "", 30300 ], [ "", 29900 ], [ "", 29200 ], [ "", 29300 ], [ "", 30700 ], [ "", 28800 ], [ "", 30800 ], [ "", 30900 ], [ "", 33300 ], [ "", 28300 ], [ "", 25900 ], [ "", 27900 ], [ "", 27600 ], [ "", 27500 ], [ "", 28600 ], [ "", 35300 ], [ "", 33600 ], [ "", 32000 ], [ "", 33300 ], [ "", 29300 ], [ "", 31200 ], [ "", 33500 ], [ "", 30200 ], [ "", 30800 ], [ "", 30300 ], [ "", 30300 ], [ "", 29400 ], [ "", 28900 ], [ "", 28700 ], [ "", 28300 ], [ "", 27800 ], [ "", 26700 ], [ "", 28000 ], [ "", 28200 ], [ "", 26900 ], [ "", 26800 ], [ "", 27200 ], [ "", 27600 ], [ "", 27400 ], [ "", 25200 ], [ "", 26300 ], [ "", 24200 ], [ "", 21600 ], [ "", 19600 ], [ "", 20900 ], [ "", 20200 ], [ "", 19500 ], [ "", 19500 ], [ "", 19000 ], [ "", 18900 ], [ "", 18900 ], [ "", 19600 ], [ "", 18600 ], [ "", 19200 ], [ "", 19400 ], [ "", 19700 ], [ "", 19500 ], [ "", 18200 ], [ "", 18400 ], [ "", 17600 ], [ "", 17200 ], [ "", 16100 ], [ "", 16600 ], [ "", 16200 ], [ "", 16500 ], [ "", 16500 ], [ "", 16600 ], [ "", 16000 ], [ "", 15300 ], [ "", 14400 ], [ "", 16300 ], [ "", 15600 ], [ "", 15600 ], [ "", 15500 ], [ "", 14600 ], [ "", 14600 ], [ "", 14300 ], [ "", 14200 ], [ "", 16400 ], [ "", 14900 ], [ "", 15500 ], [ "", 18200 ], [ "", 19500 ], [ "", 20800 ], [ "", 22500 ], [ "", 22600 ], [ "", 22400 ], [ "", 22400 ], [ "", 23500 ], [ "", 24400 ], [ "", 24800 ], [ "", 23400 ], [ "", 21500 ], [ "", 18400 ], [ "", 16300 ], [ "", 16100 ], [ "", 15000 ], [ "", 14600 ], [ "", 16400 ], [ "", 15800 ], [ "", 15900 ], [ "", 15200 ], [ "", 14400 ], [ "", 14700 ], [ "", 14500 ], [ "", 14500 ], [ "", 14800 ], [ "", 14200 ], [ "", 13900 ], [ "", 13500 ], [ "", 13200 ], [ "", 12600 ], [ "", 12400 ], [ "", 12500 ], [ "", 13000 ], [ "", 12700 ], [ "", 13900 ], [ "", 14000 ], [ "", 14200 ], [ "", 12600 ], [ "", 11600 ], [ "", 12900 ], [ "", 13500 ], [ "", 13100 ], [ "", 13500 ], [ "", 12600 ], [ "", 11900 ], [ "", 12600 ], [ "", 12400 ], [ "", 12800 ], [ "", 12800 ], [ "", 13300 ], [ "", 12900 ], [ "", 13200 ], [ "", 12700 ], [ "", 12200 ], [ "", 12600 ], [ "", 12300 ], [ "", 13400 ], [ "", 13100 ], [ "", 13200 ], [ "", 12800 ], [ "", 12800 ], [ "", 13600 ], [ "", 14300 ], [ "", 13400 ], [ "", 13500 ], [ "", 13900 ], [ "", 13200 ], [ "", 13300 ], [ "", 12700 ], [ "", 13400 ], [ "", 13300 ], [ "", 13300 ], [ "", 12900 ], [ "", 13500 ], [ "", 13100 ], [ "", 15000 ], [ "", 12900 ], [ "", 12300 ], [ "", 12900 ], [ "", 13000 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Autre licenciement", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 33400 ], [ "", 32400 ], [ "", 32200 ], [ "", 33400 ], [ "", 33100 ], [ "", 33300 ], [ "", 33600 ], [ "", 34500 ], [ "", 34600 ], [ "", 35000 ], [ "", 34200 ], [ "", 34200 ], [ "", 33600 ], [ "", 34600 ], [ "", 35200 ], [ "", 35500 ], [ "", 35300 ], [ "", 34100 ], [ "", 34100 ], [ "", 36200 ], [ "", 35700 ], [ "", 34800 ], [ "", 34800 ], [ "", 35100 ], [ "", 35400 ], [ "", 34900 ], [ "", 36000 ], [ "", 35000 ], [ "", 36100 ], [ "", 36900 ], [ "", 36600 ], [ "", 36600 ], [ "", 37400 ], [ "", 37500 ], [ "", 37900 ], [ "", 37800 ], [ "", 38500 ], [ "", 39600 ], [ "", 38600 ], [ "", 38800 ], [ "", 39900 ], [ "", 38700 ], [ "", 40600 ], [ "", 40100 ], [ "", 40500 ], [ "", 40400 ], [ "", 40500 ], [ "", 41300 ], [ "", 40800 ], [ "", 40100 ], [ "", 40400 ], [ "", 42200 ], [ "", 43400 ], [ "", 42100 ], [ "", 42200 ], [ "", 41000 ], [ "", 42000 ], [ "", 41400 ], [ "", 43300 ], [ "", 43700 ], [ "", 45200 ], [ "", 44500 ], [ "", 44200 ], [ "", 45400 ], [ "", 44000 ], [ "", 45600 ], [ "", 46300 ], [ "", 45900 ], [ "", 49600 ], [ "", 50500 ], [ "", 49400 ], [ "", 50100 ], [ "", 50800 ], [ "", 50900 ], [ "", 51600 ], [ "", 50900 ], [ "", 50500 ], [ "", 53600 ], [ "", 52300 ], [ "", 52800 ], [ "", 53200 ], [ "", 54700 ], [ "", 55200 ], [ "", 54300 ], [ "", 55300 ], [ "", 57000 ], [ "", 55700 ], [ "", 53300 ], [ "", 55600 ], [ "", 56600 ], [ "", 56300 ], [ "", 59400 ], [ "", 57700 ], [ "", 56600 ], [ "", 58300 ], [ "", 54500 ], [ "", 56300 ], [ "", 57100 ], [ "", 56300 ], [ "", 57000 ], [ "", 57000 ], [ "", 55600 ], [ "", 56100 ], [ "", 55800 ], [ "", 55500 ], [ "", 58000 ], [ "", 56100 ], [ "", 56600 ], [ "", 55700 ], [ "", 56300 ], [ "", 58300 ], [ "", 58700 ], [ "", 58300 ], [ "", 58900 ], [ "", 59900 ], [ "", 59000 ], [ "", 57300 ], [ "", 60300 ], [ "", 58600 ], [ "", 58500 ], [ "", 58400 ], [ "", 58300 ], [ "", 59300 ], [ "", 57800 ], [ "", 61200 ], [ "", 58000 ], [ "", 58700 ], [ "", 57900 ], [ "", 60000 ], [ "", 59900 ], [ "", 60100 ], [ "", 59700 ], [ "", 59400 ], [ "", 58000 ], [ "", 57200 ], [ "", 59100 ], [ "", 58000 ], [ "", 59000 ], [ "", 59400 ], [ "", 58300 ], [ "", 57900 ], [ "", 56600 ], [ "", 57200 ], [ "", 56800 ], [ "", 58600 ], [ "", 59800 ], [ "", 58300 ], [ "", 58400 ], [ "", 57500 ], [ "", 56600 ], [ "", 55400 ], [ "", 58200 ], [ "", 57900 ], [ "", 56900 ], [ "", 56600 ], [ "", 56100 ], [ "", 56200 ], [ "", 57500 ], [ "", 57400 ], [ "", 54800 ], [ "", 53300 ], [ "", 54200 ], [ "", 53200 ], [ "", 52000 ], [ "", 52000 ], [ "", 50000 ], [ "", 48200 ], [ "", 47900 ], [ "", 46600 ], [ "", 46000 ], [ "", 45500 ], [ "", 44100 ], [ "", 43700 ], [ "", 43600 ], [ "", 45100 ], [ "", 43000 ], [ "", 42300 ], [ "", 42400 ], [ "", 41500 ], [ "", 43300 ], [ "", 42000 ], [ "", 41800 ], [ "", 42100 ], [ "", 42200 ], [ "", 42500 ], [ "", 41000 ], [ "", 42300 ], [ "", 42900 ], [ "", 41600 ], [ "", 44300 ], [ "", 43100 ], [ "", 42700 ], [ "", 41800 ], [ "", 40900 ], [ "", 41500 ], [ "", 43100 ], [ "", 43100 ], [ "", 42300 ], [ "", 40900 ], [ "", 41200 ], [ "", 41200 ], [ "", 42100 ], [ "", 41000 ], [ "", 41100 ], [ "", 41800 ], [ "", 41200 ], [ "", 42900 ], [ "", 42400 ], [ "", 41300 ], [ "", 43700 ], [ "", 41100 ], [ "", 43300 ], [ "", 41200 ], [ "", 40900 ], [ "", 41100 ], [ "", 39700 ], [ "", 41100 ], [ "", 40000 ], [ "", 39700 ], [ "", 39300 ], [ "", 39500 ], [ "", 39900 ], [ "", 39100 ], [ "", 40100 ], [ "", 39700 ], [ "", 39200 ], [ "", 38700 ], [ "", 38600 ], [ "", 39200 ], [ "", 39900 ], [ "", 40700 ], [ "", 38700 ], [ "", 38500 ], [ "", 39800 ], [ "", 39000 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Démission", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 17200 ], [ "", 17100 ], [ "", 17200 ], [ "", 18000 ], [ "", 17300 ], [ "", 17300 ], [ "", 17300 ], [ "", 17500 ], [ "", 16400 ], [ "", 17300 ], [ "", 17000 ], [ "", 17300 ], [ "", 16800 ], [ "", 16800 ], [ "", 17300 ], [ "", 17700 ], [ "", 17500 ], [ "", 17000 ], [ "", 16700 ], [ "", 18000 ], [ "", 17400 ], [ "", 17200 ], [ "", 17300 ], [ "", 17100 ], [ "", 17400 ], [ "", 17100 ], [ "", 18000 ], [ "", 17800 ], [ "", 18400 ], [ "", 18600 ], [ "", 18400 ], [ "", 18800 ], [ "", 19200 ], [ "", 19100 ], [ "", 19300 ], [ "", 19300 ], [ "", 19500 ], [ "", 20200 ], [ "", 20000 ], [ "", 20000 ], [ "", 20100 ], [ "", 19900 ], [ "", 21100 ], [ "", 20600 ], [ "", 21200 ], [ "", 21500 ], [ "", 21500 ], [ "", 22100 ], [ "", 21700 ], [ "", 21600 ], [ "", 21200 ], [ "", 23400 ], [ "", 23900 ], [ "", 24400 ], [ "", 24900 ], [ "", 23400 ], [ "", 24100 ], [ "", 24200 ], [ "", 25900 ], [ "", 25400 ], [ "", 26300 ], [ "", 26500 ], [ "", 26800 ], [ "", 27400 ], [ "", 25900 ], [ "", 26600 ], [ "", 27200 ], [ "", 27100 ], [ "", 29000 ], [ "", 28300 ], [ "", 27400 ], [ "", 27400 ], [ "", 27300 ], [ "", 27200 ], [ "", 27400 ], [ "", 27100 ], [ "", 26900 ], [ "", 27700 ], [ "", 26700 ], [ "", 27000 ], [ "", 26800 ], [ "", 27800 ], [ "", 27200 ], [ "", 27300 ], [ "", 27300 ], [ "", 27800 ], [ "", 26300 ], [ "", 25300 ], [ "", 26300 ], [ "", 26500 ], [ "", 25800 ], [ "", 27400 ], [ "", 26100 ], [ "", 25700 ], [ "", 26800 ], [ "", 25300 ], [ "", 25400 ], [ "", 25100 ], [ "", 24600 ], [ "", 24200 ], [ "", 24200 ], [ "", 24200 ], [ "", 24400 ], [ "", 24400 ], [ "", 24300 ], [ "", 24600 ], [ "", 23900 ], [ "", 23900 ], [ "", 23300 ], [ "", 23100 ], [ "", 23700 ], [ "", 24400 ], [ "", 23200 ], [ "", 23100 ], [ "", 23700 ], [ "", 23200 ], [ "", 22600 ], [ "", 23600 ], [ "", 23100 ], [ "", 22700 ], [ "", 22300 ], [ "", 22100 ], [ "", 22700 ], [ "", 22200 ], [ "", 23200 ], [ "", 22400 ], [ "", 22000 ], [ "", 22100 ], [ "", 23200 ], [ "", 23000 ], [ "", 23100 ], [ "", 22400 ], [ "", 22400 ], [ "", 22500 ], [ "", 22300 ], [ "", 22500 ], [ "", 23100 ], [ "", 22800 ], [ "", 22900 ], [ "", 22300 ], [ "", 21900 ], [ "", 22200 ], [ "", 22500 ], [ "", 22400 ], [ "", 22900 ], [ "", 23700 ], [ "", 22900 ], [ "", 22700 ], [ "", 22000 ], [ "", 21600 ], [ "", 20700 ], [ "", 22300 ], [ "", 22300 ], [ "", 21200 ], [ "", 20500 ], [ "", 20700 ], [ "", 20600 ], [ "", 19900 ], [ "", 20100 ], [ "", 18400 ], [ "", 18000 ], [ "", 18500 ], [ "", 18200 ], [ "", 18200 ], [ "", 18400 ], [ "", 17500 ], [ "", 17400 ], [ "", 17600 ], [ "", 17400 ], [ "", 17100 ], [ "", 17300 ], [ "", 16800 ], [ "", 16500 ], [ "", 16400 ], [ "", 16100 ], [ "", 16100 ], [ "", 15800 ], [ "", 16100 ], [ "", 15700 ], [ "", 16900 ], [ "", 16000 ], [ "", 15900 ], [ "", 15500 ], [ "", 16000 ], [ "", 16200 ], [ "", 15700 ], [ "", 15900 ], [ "", 15900 ], [ "", 15700 ], [ "", 16900 ], [ "", 16000 ], [ "", 15600 ], [ "", 15200 ], [ "", 14900 ], [ "", 15100 ], [ "", 15600 ], [ "", 16200 ], [ "", 15300 ], [ "", 14900 ], [ "", 14700 ], [ "", 14800 ], [ "", 14800 ], [ "", 14500 ], [ "", 14600 ], [ "", 14300 ], [ "", 14300 ], [ "", 14700 ], [ "", 14000 ], [ "", 13400 ], [ "", 14500 ], [ "", 13500 ], [ "", 14300 ], [ "", 13800 ], [ "", 13800 ], [ "", 13700 ], [ "", 13500 ], [ "", 13600 ], [ "", 13200 ], [ "", 13100 ], [ "", 13200 ], [ "", 13100 ], [ "", 13000 ], [ "", 12900 ], [ "", 13000 ], [ "", 12500 ], [ "", 12700 ], [ "", 12400 ], [ "", 12900 ], [ "", 12500 ], [ "", 12400 ], [ "", 12600 ], [ "", 12400 ], [ "", 12500 ], [ "", 13000 ], [ "", 13200 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Fin de contrat", "color": "#F19300", "data": [ [ "", 151700 ], [ "", 143800 ], [ "", 137800 ], [ "", 141500 ], [ "", 145200 ], [ "", 141200 ], [ "", 147500 ], [ "", 148700 ], [ "", 140200 ], [ "", 141300 ], [ "", 138600 ], [ "", 137500 ], [ "", 133900 ], [ "", 136000 ], [ "", 133400 ], [ "", 136300 ], [ "", 135400 ], [ "", 127700 ], [ "", 129500 ], [ "", 132900 ], [ "", 128700 ], [ "", 126200 ], [ "", 122400 ], [ "", 119800 ], [ "", 119400 ], [ "", 118300 ], [ "", 119300 ], [ "", 115700 ], [ "", 114900 ], [ "", 117600 ], [ "", 118900 ], [ "", 118900 ], [ "", 121500 ], [ "", 119400 ], [ "", 121200 ], [ "", 119900 ], [ "", 119300 ], [ "", 121700 ], [ "", 119200 ], [ "", 118700 ], [ "", 119000 ], [ "", 113800 ], [ "", 116800 ], [ "", 112700 ], [ "", 114400 ], [ "", 114800 ], [ "", 116000 ], [ "", 119800 ], [ "", 116100 ], [ "", 112800 ], [ "", 110400 ], [ "", 117200 ], [ "", 120600 ], [ "", 115100 ], [ "", 114800 ], [ "", 108600 ], [ "", 112700 ], [ "", 111800 ], [ "", 115500 ], [ "", 116600 ], [ "", 120300 ], [ "", 116500 ], [ "", 118500 ], [ "", 119700 ], [ "", 115300 ], [ "", 117100 ], [ "", 118000 ], [ "", 116000 ], [ "", 128800 ], [ "", 125600 ], [ "", 119100 ], [ "", 121800 ], [ "", 121500 ], [ "", 121900 ], [ "", 120200 ], [ "", 117400 ], [ "", 116600 ], [ "", 121900 ], [ "", 120600 ], [ "", 123400 ], [ "", 124600 ], [ "", 131700 ], [ "", 127100 ], [ "", 125500 ], [ "", 123200 ], [ "", 127200 ], [ "", 123200 ], [ "", 123800 ], [ "", 132800 ], [ "", 132200 ], [ "", 123100 ], [ "", 131800 ], [ "", 124400 ], [ "", 123300 ], [ "", 125300 ], [ "", 120700 ], [ "", 124000 ], [ "", 125200 ], [ "", 124300 ], [ "", 123900 ], [ "", 123200 ], [ "", 121800 ], [ "", 125400 ], [ "", 123100 ], [ "", 121900 ], [ "", 121800 ], [ "", 117700 ], [ "", 120500 ], [ "", 113700 ], [ "", 117600 ], [ "", 121900 ], [ "", 121000 ], [ "", 120600 ], [ "", 117300 ], [ "", 119500 ], [ "", 119200 ], [ "", 115100 ], [ "", 118900 ], [ "", 116800 ], [ "", 116500 ], [ "", 112400 ], [ "", 110600 ], [ "", 111300 ], [ "", 112000 ], [ "", 116300 ], [ "", 108800 ], [ "", 110700 ], [ "", 109200 ], [ "", 114300 ], [ "", 112400 ], [ "", 112900 ], [ "", 110200 ], [ "", 111800 ], [ "", 109900 ], [ "", 109100 ], [ "", 111200 ], [ "", 110800 ], [ "", 112000 ], [ "", 112100 ], [ "", 109900 ], [ "", 111600 ], [ "", 112400 ], [ "", 113400 ], [ "", 111300 ], [ "", 114100 ], [ "", 117800 ], [ "", 114200 ], [ "", 113700 ], [ "", 113900 ], [ "", 117000 ], [ "", 112400 ], [ "", 115800 ], [ "", 114700 ], [ "", 116600 ], [ "", 118100 ], [ "", 122300 ], [ "", 125900 ], [ "", 129800 ], [ "", 129400 ], [ "", 123700 ], [ "", 120500 ], [ "", 128800 ], [ "", 128100 ], [ "", 125600 ], [ "", 122900 ], [ "", 116900 ], [ "", 114500 ], [ "", 115400 ], [ "", 112800 ], [ "", 114400 ], [ "", 114900 ], [ "", 114200 ], [ "", 111900 ], [ "", 113300 ], [ "", 117300 ], [ "", 115400 ], [ "", 115100 ], [ "", 117400 ], [ "", 117900 ], [ "", 120700 ], [ "", 118000 ], [ "", 120200 ], [ "", 120300 ], [ "", 123500 ], [ "", 123900 ], [ "", 121800 ], [ "", 124000 ], [ "", 126700 ], [ "", 126200 ], [ "", 132400 ], [ "", 129100 ], [ "", 127600 ], [ "", 125800 ], [ "", 124400 ], [ "", 123700 ], [ "", 127200 ], [ "", 128200 ], [ "", 127700 ], [ "", 126300 ], [ "", 124800 ], [ "", 127500 ], [ "", 125100 ], [ "", 122900 ], [ "", 123400 ], [ "", 125700 ], [ "", 122700 ], [ "", 126700 ], [ "", 124200 ], [ "", 120100 ], [ "", 126200 ], [ "", 118300 ], [ "", 126200 ], [ "", 119400 ], [ "", 120400 ], [ "", 121800 ], [ "", 117900 ], [ "", 119200 ], [ "", 118100 ], [ "", 119000 ], [ "", 116700 ], [ "", 116100 ], [ "", 117300 ], [ "", 117300 ], [ "", 123400 ], [ "", 120600 ], [ "", 120200 ], [ "", 116100 ], [ "", 115000 ], [ "", 115700 ], [ "", 117300 ], [ "", 118500 ], [ "", 111300 ], [ "", 112900 ], [ "", 114500 ], [ "", 117000 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Fin de mission", "color": "#28beaa", "data": [ [ "", 18700 ], [ "", 18500 ], [ "", 18200 ], [ "", 19000 ], [ "", 18900 ], [ "", 18800 ], [ "", 17700 ], [ "", 19400 ], [ "", 19000 ], [ "", 18700 ], [ "", 17600 ], [ "", 17400 ], [ "", 16800 ], [ "", 17000 ], [ "", 17400 ], [ "", 18000 ], [ "", 17400 ], [ "", 16400 ], [ "", 17100 ], [ "", 18100 ], [ "", 18000 ], [ "", 17800 ], [ "", 17900 ], [ "", 18100 ], [ "", 18200 ], [ "", 18400 ], [ "", 18800 ], [ "", 18600 ], [ "", 19400 ], [ "", 20200 ], [ "", 21600 ], [ "", 22200 ], [ "", 22700 ], [ "", 23600 ], [ "", 23600 ], [ "", 24100 ], [ "", 24100 ], [ "", 24100 ], [ "", 23600 ], [ "", 23000 ], [ "", 23400 ], [ "", 22400 ], [ "", 23500 ], [ "", 22800 ], [ "", 22800 ], [ "", 23300 ], [ "", 24100 ], [ "", 25700 ], [ "", 25500 ], [ "", 25000 ], [ "", 25600 ], [ "", 27000 ], [ "", 28500 ], [ "", 31100 ], [ "", 29300 ], [ "", 27800 ], [ "", 27500 ], [ "", 29500 ], [ "", 31700 ], [ "", 32900 ], [ "", 34600 ], [ "", 35900 ], [ "", 37500 ], [ "", 38400 ], [ "", 37500 ], [ "", 40500 ], [ "", 38800 ], [ "", 39600 ], [ "", 43000 ], [ "", 43600 ], [ "", 39400 ], [ "", 41000 ], [ "", 40200 ], [ "", 39900 ], [ "", 39700 ], [ "", 39800 ], [ "", 38100 ], [ "", 40600 ], [ "", 39500 ], [ "", 40200 ], [ "", 40300 ], [ "", 42000 ], [ "", 40700 ], [ "", 40800 ], [ "", 40700 ], [ "", 41200 ], [ "", 40000 ], [ "", 39600 ], [ "", 40800 ], [ "", 39900 ], [ "", 38700 ], [ "", 41400 ], [ "", 39900 ], [ "", 38700 ], [ "", 40100 ], [ "", 38300 ], [ "", 37900 ], [ "", 37900 ], [ "", 37900 ], [ "", 37800 ], [ "", 37000 ], [ "", 36100 ], [ "", 37500 ], [ "", 36900 ], [ "", 36400 ], [ "", 37000 ], [ "", 36500 ], [ "", 37100 ], [ "", 37000 ], [ "", 36900 ], [ "", 37000 ], [ "", 38300 ], [ "", 36300 ], [ "", 35700 ], [ "", 38000 ], [ "", 36800 ], [ "", 34700 ], [ "", 37400 ], [ "", 36300 ], [ "", 37100 ], [ "", 36700 ], [ "", 36300 ], [ "", 36900 ], [ "", 35500 ], [ "", 39000 ], [ "", 37900 ], [ "", 37300 ], [ "", 38000 ], [ "", 38800 ], [ "", 39800 ], [ "", 40500 ], [ "", 39200 ], [ "", 38600 ], [ "", 38500 ], [ "", 38600 ], [ "", 39800 ], [ "", 40200 ], [ "", 41400 ], [ "", 40700 ], [ "", 38800 ], [ "", 37000 ], [ "", 38200 ], [ "", 38600 ], [ "", 38200 ], [ "", 40400 ], [ "", 41700 ], [ "", 41900 ], [ "", 42800 ], [ "", 43500 ], [ "", 42900 ], [ "", 43800 ], [ "", 43900 ], [ "", 48600 ], [ "", 52300 ], [ "", 47300 ], [ "", 47500 ], [ "", 46500 ], [ "", 45600 ], [ "", 44300 ], [ "", 38800 ], [ "", 36100 ], [ "", 33400 ], [ "", 33500 ], [ "", 32900 ], [ "", 32300 ], [ "", 30200 ], [ "", 29200 ], [ "", 29300 ], [ "", 28600 ], [ "", 28400 ], [ "", 29500 ], [ "", 29200 ], [ "", 29500 ], [ "", 27700 ], [ "", 28600 ], [ "", 28600 ], [ "", 28700 ], [ "", 28800 ], [ "", 29200 ], [ "", 29800 ], [ "", 29200 ], [ "", 29800 ], [ "", 29300 ], [ "", 30400 ], [ "", 30600 ], [ "", 29900 ], [ "", 31900 ], [ "", 32500 ], [ "", 31200 ], [ "", 33000 ], [ "", 32700 ], [ "", 32000 ], [ "", 32000 ], [ "", 31000 ], [ "", 31000 ], [ "", 31400 ], [ "", 32600 ], [ "", 31500 ], [ "", 29700 ], [ "", 29400 ], [ "", 30000 ], [ "", 29600 ], [ "", 28600 ], [ "", 28600 ], [ "", 28200 ], [ "", 27400 ], [ "", 27800 ], [ "", 27600 ], [ "", 25900 ], [ "", 28800 ], [ "", 26200 ], [ "", 27300 ], [ "", 25800 ], [ "", 26800 ], [ "", 27200 ], [ "", 27500 ], [ "", 28000 ], [ "", 27700 ], [ "", 28800 ], [ "", 27900 ], [ "", 28200 ], [ "", 28200 ], [ "", 27500 ], [ "", 29000 ], [ "", 28500 ], [ "", 28400 ], [ "", 27400 ], [ "", 27400 ], [ "", 26800 ], [ "", 27400 ], [ "", 28200 ], [ "", 26400 ], [ "", 27200 ], [ "", 27300 ], [ "", 26700 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Première entrée", "color": "#285a82", "data": [ [ "", 46100 ], [ "", 46700 ], [ "", 45600 ], [ "", 51200 ], [ "", 53800 ], [ "", 55000 ], [ "", 54900 ], [ "", 58400 ], [ "", 54500 ], [ "", 53100 ], [ "", 53300 ], [ "", 50200 ], [ "", 51100 ], [ "", 50800 ], [ "", 50000 ], [ "", 52000 ], [ "", 52800 ], [ "", 51500 ], [ "", 51800 ], [ "", 56400 ], [ "", 54800 ], [ "", 53500 ], [ "", 51100 ], [ "", 46200 ], [ "", 50400 ], [ "", 48400 ], [ "", 48300 ], [ "", 47700 ], [ "", 47600 ], [ "", 47600 ], [ "", 47200 ], [ "", 46900 ], [ "", 47000 ], [ "", 46700 ], [ "", 46400 ], [ "", 45600 ], [ "", 46100 ], [ "", 45200 ], [ "", 44400 ], [ "", 43800 ], [ "", 43700 ], [ "", 40600 ], [ "", 42200 ], [ "", 40000 ], [ "", 40800 ], [ "", 40500 ], [ "", 40000 ], [ "", 40700 ], [ "", 38700 ], [ "", 38600 ], [ "", 37200 ], [ "", 38900 ], [ "", 37600 ], [ "", 34800 ], [ "", 34200 ], [ "", 31500 ], [ "", 31600 ], [ "", 31400 ], [ "", 31400 ], [ "", 30100 ], [ "", 30600 ], [ "", 28800 ], [ "", 28000 ], [ "", 27900 ], [ "", 27400 ], [ "", 28400 ], [ "", 28700 ], [ "", 28900 ], [ "", 30300 ], [ "", 29600 ], [ "", 28900 ], [ "", 28800 ], [ "", 28000 ], [ "", 28800 ], [ "", 29500 ], [ "", 29300 ], [ "", 28800 ], [ "", 29500 ], [ "", 29200 ], [ "", 29500 ], [ "", 30200 ], [ "", 32300 ], [ "", 32100 ], [ "", 33200 ], [ "", 33900 ], [ "", 35000 ], [ "", 33900 ], [ "", 32600 ], [ "", 33400 ], [ "", 33700 ], [ "", 33000 ], [ "", 37700 ], [ "", 35400 ], [ "", 33000 ], [ "", 35300 ], [ "", 33800 ], [ "", 34700 ], [ "", 34600 ], [ "", 34100 ], [ "", 34800 ], [ "", 34300 ], [ "", 35700 ], [ "", 36900 ], [ "", 36200 ], [ "", 33900 ], [ "", 34800 ], [ "", 34200 ], [ "", 34500 ], [ "", 33000 ], [ "", 33300 ], [ "", 35200 ], [ "", 35300 ], [ "", 35200 ], [ "", 37400 ], [ "", 37800 ], [ "", 38000 ], [ "", 38100 ], [ "", 39700 ], [ "", 37700 ], [ "", 38000 ], [ "", 36000 ], [ "", 35100 ], [ "", 34500 ], [ "", 33700 ], [ "", 36000 ], [ "", 33600 ], [ "", 34400 ], [ "", 34400 ], [ "", 36100 ], [ "", 35800 ], [ "", 34900 ], [ "", 32900 ], [ "", 33500 ], [ "", 32200 ], [ "", 29400 ], [ "", 31800 ], [ "", 31200 ], [ "", 29500 ], [ "", 29300 ], [ "", 29700 ], [ "", 27500 ], [ "", 26600 ], [ "", 28100 ], [ "", 28000 ], [ "", 28400 ], [ "", 28400 ], [ "", 27300 ], [ "", 27200 ], [ "", 26600 ], [ "", 28000 ], [ "", 27700 ], [ "", 29600 ], [ "", 30300 ], [ "", 28100 ], [ "", 30600 ], [ "", 30900 ], [ "", 32200 ], [ "", 33600 ], [ "", 34400 ], [ "", 33800 ], [ "", 33400 ], [ "", 34700 ], [ "", 34600 ], [ "", 33200 ], [ "", 35300 ], [ "", 34300 ], [ "", 34300 ], [ "", 34800 ], [ "", 34000 ], [ "", 34000 ], [ "", 34900 ], [ "", 35800 ], [ "", 32500 ], [ "", 28500 ], [ "", 28800 ], [ "", 28100 ], [ "", 27300 ], [ "", 27900 ], [ "", 26600 ], [ "", 28000 ], [ "", 26700 ], [ "", 26100 ], [ "", 24500 ], [ "", 25400 ], [ "", 24800 ], [ "", 24500 ], [ "", 25100 ], [ "", 24900 ], [ "", 24400 ], [ "", 26500 ], [ "", 24500 ], [ "", 23000 ], [ "", 22400 ], [ "", 23100 ], [ "", 21800 ], [ "", 23800 ], [ "", 26300 ], [ "", 25500 ], [ "", 25700 ], [ "", 26800 ], [ "", 27100 ], [ "", 27500 ], [ "", 26100 ], [ "", 25600 ], [ "", 25900 ], [ "", 25400 ], [ "", 26200 ], [ "", 27200 ], [ "", 28300 ], [ "", 31300 ], [ "", 30700 ], [ "", 33200 ], [ "", 33000 ], [ "", 34200 ], [ "", 34900 ], [ "", 37200 ], [ "", 37600 ], [ "", 36800 ], [ "", 37000 ], [ "", 37100 ], [ "", 33900 ], [ "", 32900 ], [ "", 32500 ], [ "", 32000 ], [ "", 32300 ], [ "", 33000 ], [ "", 34000 ], [ "", 36500 ], [ "", 36500 ], [ "", 38900 ], [ "", 38800 ], [ "", 38200 ], [ "", 34500 ], [ "", 31500 ], [ "", 32200 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " personnes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}2. La crise s’enkysteCorollaire d’une crise qui ne se résorbe pas, la situation des personnes hors de l’emploi tend à se fixer. Sur le graphique ci-dessous, on peut constater la hausse spectaculaire du nombre de chômeurs inscrits depuis plus de trois ans, dont la courbe rejoint désormais celle des inscrits depuis 3 à 6 mois. #container_14452557467{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452557467{ height:500px; } #container_14452557467 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452557467 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452557467 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452557467 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Chômeurs par durée d'inscription à Pôle EmploiDepuis 1996, en milliers(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452557467", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["janv.-96","févr.-96","mars-96","avr.-96","mai-96","juin-96","juil.-96","août-96","sept.-96","oct.-96","nov.-96","déc.-96","janv.-97","févr.-97","mars-97","avr.-97","mai-97","juin-97","juil.-97","août-97","sept.-97","oct.-97","nov.-97","déc.-97","janv.-98","févr.-98","mars-98","avr.-98","mai-98","juin-98","juil.-98","août-98","sept.-98","oct.-98","nov.-98","déc.-98","janv.-99","févr.-99","mars-99","avr.-99","mai-99","juin-99","juil.-99","août-99","sept.-99","oct.-99","nov.-99","déc.-99","janv.-00","févr.-00","mars-00","avr.-00","mai-00","juin-00","juil.-00","août-00","sept.-00","oct.-00","nov.-00","déc.-00","janv.-01","févr.-01","mars-01","avr.-01","mai-01","juin-01","juil.-01","août-01","sept.-01","oct.-01","nov.-01","déc.-01","janv.-02","févr.-02","mars-02","avr.-02","mai-02","juin-02","juil.-02","août-02","sept.-02","oct.-02","nov.-02","déc.-02","janv.-03","févr.-03","mars-03","avr.-03","mai-03","juin-03","juil.-03","août-03","sept.-03","oct.-03","nov.-03","déc.-03","janv.-04","févr.-04","mars-04","avr.-04","mai-04","juin-04","juil.-04","août-04","sept.-04","oct.-04","nov.-04","déc.-04","janv.-05","févr.-05","mars-05","avr.-05","mai-05","juin-05","juil.-05","août-05","sept.-05","oct.-05","nov.-05","déc.-05","janv.-06","févr.-06","mars-06","avr.-06","mai-06","juin-06","juil.-06","août-06","sept.-06","oct.-06","nov.-06","déc.-06","janv.-07","févr.-07","mars-07","avr.-07","mai-07","juin-07","juil.-07","août-07","sept.-07","oct.-07","nov.-07","déc.-07","janv.-08","févr.-08","mars-08","avr.-08","mai-08","juin-08","juil.-08","août-08","sept.-08","oct.-08","nov.-08","déc.-08","janv.-09","févr.-09","mars-09","avr.-09","mai-09","juin-09","juil.-09","août-09","sept.-09","oct.-09","nov.-09","déc.-09","janv.-10","févr.-10","mars-10","avr.-10","mai-10","juin-10","juil.-10","août-10","sept.-10","oct.-10","nov.-10","déc.-10","janv.-11","févr.-11","mars-11","avr.-11","mai-11","juin-11","juil.-11","août-11","sept.-11","oct.-11","nov.-11","déc.-11","janv.-12","févr.-12","mars-12","avr.-12","mai-12","juin-12","juil.-12","août-12","sept.-12","oct.-12","nov.-12","déc.-12","janv.-13","févr.-13","mars-13","avr.-13","mai-13","juin-13","juil.-13","août-13","sept.-13","oct.-13","nov.-13","déc.-13","janv.-14","févr.-14","mars-14","avr.-14","mai-14","juin-14","juil.-14","août-14","sept.-14","oct.-14","nov.-14","déc.-14","janv.-15","févr.-15","mars-15","avr.-15","mai-15","juin-15","juil.-15","août-15"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Moins 3 mois", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 970.4 ], [ "", 959.7 ], [ "", 962.5 ], [ "", 947.4 ], [ "", 947.8 ], [ "", 948.7 ], [ "", 956.1 ], [ "", 963.1 ], [ "", 958.3 ], [ "", 950.7 ], [ "", 960.4 ], [ "", 953.9 ], [ "", 944.8 ], [ "", 940.8 ], [ "", 935.1 ], [ "", 923.6 ], [ "", 933.1 ], [ "", 946.6 ], [ "", 929.7 ], [ "", 923.1 ], [ "", 929.6 ], [ "", 927.5 ], [ "", 926.2 ], [ "", 906.7 ], [ "", 900.1 ], [ "", 906.8 ], [ "", 900.4 ], [ "", 898.6 ], [ "", 896.6 ], [ "", 891.1 ], [ "", 892.4 ], [ "", 900.9 ], [ "", 909 ], [ "", 917.1 ], [ "", 909.7 ], [ "", 921 ], [ "", 915.9 ], [ "", 912.2 ], [ "", 911.9 ], [ "", 913.5 ], [ "", 907.5 ], [ "", 899.8 ], [ "", 894.8 ], [ "", 892.1 ], [ "", 877.4 ], [ "", 882.3 ], [ "", 874.2 ], [ "", 869.7 ], [ "", 877.1 ], [ "", 875.2 ], [ "", 862.4 ], [ "", 844.3 ], [ "", 855.6 ], [ "", 867.6 ], [ "", 879.5 ], [ "", 871.8 ], [ "", 851.7 ], [ "", 843.2 ], [ "", 826.5 ], [ "", 850.6 ], [ "", 851.2 ], [ "", 856.3 ], [ "", 863.7 ], [ "", 860.4 ], [ "", 873.2 ], [ "", 868.5 ], [ "", 878.9 ], [ "", 875 ], [ "", 875 ], [ "", 894.6 ], [ "", 905.9 ], [ "", 933.3 ], [ "", 913.2 ], [ "", 910.1 ], [ "", 925.8 ], [ "", 928.9 ], [ "", 918.1 ], [ "", 908.4 ], [ "", 915.5 ], [ "", 915 ], [ "", 921 ], [ "", 911.9 ], [ "", 925.9 ], [ "", 940.3 ], [ "", 943 ], [ "", 948.4 ], [ "", 942 ], [ "", 938.9 ], [ "", 921.7 ], [ "", 937.7 ], [ "", 947 ], [ "", 947.3 ], [ "", 981.8 ], [ "", 969.4 ], [ "", 962.7 ], [ "", 957.4 ], [ "", 943.9 ], [ "", 949.2 ], [ "", 944.3 ], [ "", 957.5 ], [ "", 957.9 ], [ "", 966.7 ], [ "", 963.9 ], [ "", 962.8 ], [ "", 955.6 ], [ "", 951.4 ], [ "", 954.1 ], [ "", 942.2 ], [ "", 943 ], [ "", 938.9 ], [ "", 942.9 ], [ "", 950 ], [ "", 968.2 ], [ "", 953.4 ], [ "", 944.1 ], [ "", 943.7 ], [ "", 941.7 ], [ "", 927.9 ], [ "", 923.6 ], [ "", 926.5 ], [ "", 941.2 ], [ "", 925.1 ], [ "", 908.9 ], [ "", 882.8 ], [ "", 898.3 ], [ "", 908.1 ], [ "", 906.7 ], [ "", 905 ], [ "", 907.7 ], [ "", 924.2 ], [ "", 923.3 ], [ "", 928 ], [ "", 921.2 ], [ "", 915.4 ], [ "", 922.7 ], [ "", 898.1 ], [ "", 904.7 ], [ "", 900.4 ], [ "", 915.7 ], [ "", 925.7 ], [ "", 920.4 ], [ "", 909.4 ], [ "", 890.9 ], [ "", 890.5 ], [ "", 903.3 ], [ "", 906.3 ], [ "", 913 ], [ "", 917.5 ], [ "", 910.4 ], [ "", 921 ], [ "", 918.4 ], [ "", 921.5 ], [ "", 931.5 ], [ "", 956 ], [ "", 976 ], [ "", 991.2 ], [ "", 1003.9 ], [ "", 1039.1 ], [ "", 1030.1 ], [ "", 1059.6 ], [ "", 1053 ], [ "", 1004.8 ], [ "", 992.9 ], [ "", 1019.4 ], [ "", 1027.3 ], [ "", 1037.9 ], [ "", 1024.5 ], [ "", 1011.1 ], [ "", 998.9 ], [ "", 991.8 ], [ "", 987.9 ], [ "", 1005.2 ], [ "", 1014.8 ], [ "", 1006.8 ], [ "", 1002.5 ], [ "", 1006 ], [ "", 997.5 ], [ "", 981.7 ], [ "", 982.1 ], [ "", 988.9 ], [ "", 1006.4 ], [ "", 1010.5 ], [ "", 1006.3 ], [ "", 1002.8 ], [ "", 1007.6 ], [ "", 1010.5 ], [ "", 1016.3 ], [ "", 1013.1 ], [ "", 1029.2 ], [ "", 1028.5 ], [ "", 1042.6 ], [ "", 1054.1 ], [ "", 1059 ], [ "", 1054.7 ], [ "", 1061.6 ], [ "", 1028.7 ], [ "", 1046.5 ], [ "", 1081.1 ], [ "", 1092.8 ], [ "", 1106.4 ], [ "", 1083 ], [ "", 1094.8 ], [ "", 1094 ], [ "", 1092.2 ], [ "", 1083.3 ], [ "", 1082.2 ], [ "", 1085.2 ], [ "", 1094.6 ], [ "", 1092.8 ], [ "", 1088.8 ], [ "", 1097 ], [ "", 1076.3 ], [ "", 1105.7 ], [ "", 1106.3 ], [ "", 1113.3 ], [ "", 1103.6 ], [ "", 1101.3 ], [ "", 1110.4 ], [ "", 1116.5 ], [ "", 1130.1 ], [ "", 1132 ], [ "", 1128.1 ], [ "", 1126.4 ], [ "", 1123.3 ], [ "", 1132.7 ], [ "", 1130 ], [ "", 1133.7 ], [ "", 1139.6 ], [ "", 1137.9 ], [ "", 1140.9 ], [ "", 1132.1 ], [ "", 1154.7 ], [ "", 1160.8 ], [ "", 1134.2 ], [ "", 1109.6 ], [ "", 1119.5 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "3 à 6 mois", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 663.5 ], [ "", 669.6 ], [ "", 670.8 ], [ "", 671.3 ], [ "", 670.2 ], [ "", 668.9 ], [ "", 653.1 ], [ "", 652 ], [ "", 656.8 ], [ "", 661.9 ], [ "", 658 ], [ "", 667.5 ], [ "", 676.3 ], [ "", 667.7 ], [ "", 662.7 ], [ "", 663.6 ], [ "", 661.1 ], [ "", 656.7 ], [ "", 653.2 ], [ "", 656.3 ], [ "", 661.9 ], [ "", 652.4 ], [ "", 641.1 ], [ "", 647.8 ], [ "", 655.3 ], [ "", 652.3 ], [ "", 641.5 ], [ "", 635.7 ], [ "", 637.6 ], [ "", 630.1 ], [ "", 634.5 ], [ "", 625.4 ], [ "", 623 ], [ "", 628.3 ], [ "", 641 ], [ "", 642.2 ], [ "", 640.9 ], [ "", 641.4 ], [ "", 649 ], [ "", 645 ], [ "", 642.3 ], [ "", 643.9 ], [ "", 640.8 ], [ "", 634.6 ], [ "", 627.2 ], [ "", 615.6 ], [ "", 616.6 ], [ "", 611 ], [ "", 607.4 ], [ "", 592.6 ], [ "", 595.8 ], [ "", 596.9 ], [ "", 587.7 ], [ "", 585 ], [ "", 573.1 ], [ "", 582.6 ], [ "", 581.2 ], [ "", 579.8 ], [ "", 571.4 ], [ "", 556.4 ], [ "", 552.1 ], [ "", 547.1 ], [ "", 557.2 ], [ "", 566.9 ], [ "", 570.5 ], [ "", 577 ], [ "", 579.3 ], [ "", 591 ], [ "", 592.1 ], [ "", 598.2 ], [ "", 600.2 ], [ "", 591.3 ], [ "", 614.5 ], [ "", 617.8 ], [ "", 625.5 ], [ "", 619.5 ], [ "", 627.4 ], [ "", 641.8 ], [ "", 641.5 ], [ "", 631.7 ], [ "", 629.4 ], [ "", 630.8 ], [ "", 630.1 ], [ "", 629.6 ], [ "", 637.8 ], [ "", 644.3 ], [ "", 658.8 ], [ "", 649.9 ], [ "", 649.1 ], [ "", 647.3 ], [ "", 643.4 ], [ "", 641.8 ], [ "", 647.6 ], [ "", 665.6 ], [ "", 663.4 ], [ "", 676.4 ], [ "", 667.6 ], [ "", 669.1 ], [ "", 661.1 ], [ "", 654.2 ], [ "", 666.1 ], [ "", 667.1 ], [ "", 671.5 ], [ "", 672.8 ], [ "", 673.5 ], [ "", 669.4 ], [ "", 673.7 ], [ "", 672.3 ], [ "", 666.5 ], [ "", 661.3 ], [ "", 662.2 ], [ "", 661.1 ], [ "", 655 ], [ "", 654.1 ], [ "", 658.2 ], [ "", 662 ], [ "", 662.3 ], [ "", 644.3 ], [ "", 636 ], [ "", 630.2 ], [ "", 613.3 ], [ "", 606.7 ], [ "", 599.8 ], [ "", 615.9 ], [ "", 586.2 ], [ "", 576 ], [ "", 562.2 ], [ "", 568.8 ], [ "", 573.6 ], [ "", 571.7 ], [ "", 573.9 ], [ "", 573.8 ], [ "", 580.8 ], [ "", 582.8 ], [ "", 574.8 ], [ "", 581.2 ], [ "", 573.3 ], [ "", 573.3 ], [ "", 558.3 ], [ "", 556.7 ], [ "", 560.7 ], [ "", 571.2 ], [ "", 572.5 ], [ "", 562.9 ], [ "", 555.2 ], [ "", 545.5 ], [ "", 546.3 ], [ "", 548 ], [ "", 560 ], [ "", 561.2 ], [ "", 569.1 ], [ "", 569.5 ], [ "", 577.2 ], [ "", 580 ], [ "", 582.2 ], [ "", 601.9 ], [ "", 627.9 ], [ "", 650.1 ], [ "", 673.8 ], [ "", 684.3 ], [ "", 700.1 ], [ "", 708.2 ], [ "", 721.5 ], [ "", 701.7 ], [ "", 677.7 ], [ "", 677.9 ], [ "", 692.5 ], [ "", 696.3 ], [ "", 696.5 ], [ "", 695.3 ], [ "", 684.1 ], [ "", 672.3 ], [ "", 662.6 ], [ "", 666.1 ], [ "", 677.1 ], [ "", 684.4 ], [ "", 685.2 ], [ "", 680.8 ], [ "", 686.1 ], [ "", 679 ], [ "", 671.8 ], [ "", 666.6 ], [ "", 672.2 ], [ "", 685.6 ], [ "", 687.3 ], [ "", 696.1 ], [ "", 688.7 ], [ "", 710.1 ], [ "", 696.1 ], [ "", 698.7 ], [ "", 696.1 ], [ "", 708.4 ], [ "", 709.8 ], [ "", 716.2 ], [ "", 723.4 ], [ "", 745.7 ], [ "", 735.6 ], [ "", 728.3 ], [ "", 725.9 ], [ "", 733.4 ], [ "", 758.4 ], [ "", 765.6 ], [ "", 770.8 ], [ "", 756 ], [ "", 773.6 ], [ "", 778.8 ], [ "", 776.5 ], [ "", 770.8 ], [ "", 766 ], [ "", 764.3 ], [ "", 768.5 ], [ "", 761.2 ], [ "", 765.3 ], [ "", 766.9 ], [ "", 762.2 ], [ "", 772.6 ], [ "", 776.2 ], [ "", 775.2 ], [ "", 767.7 ], [ "", 764.4 ], [ "", 775.4 ], [ "", 784.3 ], [ "", 794.6 ], [ "", 791.4 ], [ "", 791.6 ], [ "", 791.1 ], [ "", 794.9 ], [ "", 796.4 ], [ "", 800.5 ], [ "", 810.2 ], [ "", 810.4 ], [ "", 815.4 ], [ "", 825.8 ], [ "", 820.7 ], [ "", 842.4 ], [ "", 820.4 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "6 à 12 mois", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 752.1 ], [ "", 776.7 ], [ "", 793.3 ], [ "", 814.7 ], [ "", 830.4 ], [ "", 836.7 ], [ "", 847.1 ], [ "", 853.7 ], [ "", 854.5 ], [ "", 852.4 ], [ "", 851.2 ], [ "", 854.9 ], [ "", 862.7 ], [ "", 857.6 ], [ "", 863.6 ], [ "", 870.1 ], [ "", 869.1 ], [ "", 872.4 ], [ "", 872 ], [ "", 866.7 ], [ "", 859.3 ], [ "", 861.7 ], [ "", 860.7 ], [ "", 859.7 ], [ "", 853.7 ], [ "", 846 ], [ "", 855.8 ], [ "", 851.3 ], [ "", 844.6 ], [ "", 835.3 ], [ "", 832.6 ], [ "", 834.5 ], [ "", 827.9 ], [ "", 823.1 ], [ "", 820.6 ], [ "", 817.1 ], [ "", 817.3 ], [ "", 819.9 ], [ "", 821.4 ], [ "", 823.2 ], [ "", 828.5 ], [ "", 832.4 ], [ "", 820.8 ], [ "", 817.8 ], [ "", 815.7 ], [ "", 809 ], [ "", 799.7 ], [ "", 789.6 ], [ "", 778.5 ], [ "", 774.4 ], [ "", 755.5 ], [ "", 742 ], [ "", 734.6 ], [ "", 725.6 ], [ "", 720.1 ], [ "", 720.1 ], [ "", 711.2 ], [ "", 707.2 ], [ "", 709.6 ], [ "", 698.2 ], [ "", 691.5 ], [ "", 689.2 ], [ "", 677.6 ], [ "", 677.1 ], [ "", 672.6 ], [ "", 674.2 ], [ "", 678.5 ], [ "", 684.2 ], [ "", 696.5 ], [ "", 705 ], [ "", 722.4 ], [ "", 721.5 ], [ "", 730.5 ], [ "", 734.9 ], [ "", 727.3 ], [ "", 747.8 ], [ "", 748 ], [ "", 745.4 ], [ "", 754.5 ], [ "", 757.4 ], [ "", 767.8 ], [ "", 769.6 ], [ "", 771 ], [ "", 771.7 ], [ "", 777.2 ], [ "", 776.9 ], [ "", 778.2 ], [ "", 783.9 ], [ "", 791.2 ], [ "", 801.6 ], [ "", 803 ], [ "", 804.7 ], [ "", 807 ], [ "", 806.3 ], [ "", 803.5 ], [ "", 805.2 ], [ "", 807.8 ], [ "", 799.9 ], [ "", 817.7 ], [ "", 819.1 ], [ "", 818.6 ], [ "", 822.2 ], [ "", 815.7 ], [ "", 822.9 ], [ "", 820.3 ], [ "", 823.5 ], [ "", 829 ], [ "", 832.2 ], [ "", 834.3 ], [ "", 835.9 ], [ "", 833.2 ], [ "", 826.5 ], [ "", 826 ], [ "", 817.4 ], [ "", 811.6 ], [ "", 800.9 ], [ "", 795.8 ], [ "", 799.5 ], [ "", 794.3 ], [ "", 787.1 ], [ "", 773.6 ], [ "", 776.1 ], [ "", 767 ], [ "", 736.7 ], [ "", 722 ], [ "", 709.2 ], [ "", 698.5 ], [ "", 680.3 ], [ "", 663.7 ], [ "", 656.1 ], [ "", 649.6 ], [ "", 643.5 ], [ "", 634.2 ], [ "", 633.5 ], [ "", 633.4 ], [ "", 639 ], [ "", 637.2 ], [ "", 630.9 ], [ "", 634.4 ], [ "", 631.3 ], [ "", 631 ], [ "", 617 ], [ "", 613.9 ], [ "", 617.8 ], [ "", 621.4 ], [ "", 617.4 ], [ "", 610.7 ], [ "", 612.2 ], [ "", 606.6 ], [ "", 606.2 ], [ "", 612.1 ], [ "", 615 ], [ "", 622.6 ], [ "", 634.1 ], [ "", 646.7 ], [ "", 661 ], [ "", 676.2 ], [ "", 683 ], [ "", 724.7 ], [ "", 748 ], [ "", 772.3 ], [ "", 805 ], [ "", 824.8 ], [ "", 846.8 ], [ "", 868 ], [ "", 872.1 ], [ "", 871.6 ], [ "", 865 ], [ "", 866.6 ], [ "", 862.6 ], [ "", 863.2 ], [ "", 860.4 ], [ "", 860.6 ], [ "", 855.1 ], [ "", 841.6 ], [ "", 834 ], [ "", 832.6 ], [ "", 829.3 ], [ "", 834.9 ], [ "", 841.1 ], [ "", 840.7 ], [ "", 845 ], [ "", 838.4 ], [ "", 831.2 ], [ "", 837.4 ], [ "", 841.6 ], [ "", 847.7 ], [ "", 845.9 ], [ "", 856.9 ], [ "", 863.4 ], [ "", 883.2 ], [ "", 871.1 ], [ "", 871.3 ], [ "", 880.8 ], [ "", 882.9 ], [ "", 887.8 ], [ "", 893.4 ], [ "", 902.7 ], [ "", 916.7 ], [ "", 925.2 ], [ "", 929.8 ], [ "", 935.7 ], [ "", 946.6 ], [ "", 960.8 ], [ "", 978.4 ], [ "", 981.7 ], [ "", 983.4 ], [ "", 1006 ], [ "", 1001.3 ], [ "", 990.2 ], [ "", 988.6 ], [ "", 976.9 ], [ "", 977.6 ], [ "", 975.6 ], [ "", 974.2 ], [ "", 973.4 ], [ "", 976.6 ], [ "", 969.8 ], [ "", 975.8 ], [ "", 977.2 ], [ "", 978 ], [ "", 984.1 ], [ "", 988 ], [ "", 992.5 ], [ "", 1001.5 ], [ "", 1012.8 ], [ "", 1020 ], [ "", 1027.7 ], [ "", 1026.2 ], [ "", 1026.6 ], [ "", 1039.2 ], [ "", 1041.1 ], [ "", 1061.8 ], [ "", 1064.8 ], [ "", 1068.3 ], [ "", 1076.7 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "1 à 2 ans", "color": "#F19300", "data": [ [ "", 700.9 ], [ "", 698 ], [ "", 693.6 ], [ "", 691.9 ], [ "", 694.2 ], [ "", 700.3 ], [ "", 716.7 ], [ "", 731.3 ], [ "", 742.4 ], [ "", 757.6 ], [ "", 772.8 ], [ "", 782.3 ], [ "", 801.6 ], [ "", 817.4 ], [ "", 827.9 ], [ "", 840.4 ], [ "", 848 ], [ "", 857.9 ], [ "", 868.1 ], [ "", 871.4 ], [ "", 874.7 ], [ "", 878.6 ], [ "", 878.7 ], [ "", 880.9 ], [ "", 882.3 ], [ "", 880.6 ], [ "", 877.7 ], [ "", 882.2 ], [ "", 880.5 ], [ "", 875 ], [ "", 872.3 ], [ "", 867.7 ], [ "", 870.9 ], [ "", 866.1 ], [ "", 862 ], [ "", 857.1 ], [ "", 852.7 ], [ "", 850.9 ], [ "", 848.3 ], [ "", 841.6 ], [ "", 834.7 ], [ "", 831.1 ], [ "", 817 ], [ "", 814 ], [ "", 802.7 ], [ "", 793.7 ], [ "", 787.8 ], [ "", 782.3 ], [ "", 772.4 ], [ "", 764.7 ], [ "", 754.3 ], [ "", 742.7 ], [ "", 731.3 ], [ "", 719.5 ], [ "", 706.1 ], [ "", 702.9 ], [ "", 688.5 ], [ "", 673.8 ], [ "", 665 ], [ "", 654.4 ], [ "", 645.8 ], [ "", 640.2 ], [ "", 629.7 ], [ "", 626.8 ], [ "", 628.3 ], [ "", 623.2 ], [ "", 622.3 ], [ "", 621.7 ], [ "", 619.3 ], [ "", 621.9 ], [ "", 625.5 ], [ "", 626.3 ], [ "", 631.2 ], [ "", 635 ], [ "", 642.1 ], [ "", 646.5 ], [ "", 653.3 ], [ "", 655.8 ], [ "", 663 ], [ "", 666.8 ], [ "", 667.1 ], [ "", 683.5 ], [ "", 689.9 ], [ "", 691.7 ], [ "", 702.8 ], [ "", 714 ], [ "", 720.5 ], [ "", 729 ], [ "", 731.1 ], [ "", 733.9 ], [ "", 740.3 ], [ "", 743.9 ], [ "", 749.7 ], [ "", 752 ], [ "", 756.9 ], [ "", 767 ], [ "", 757.2 ], [ "", 752.8 ], [ "", 750.3 ], [ "", 750 ], [ "", 752.9 ], [ "", 760.8 ], [ "", 767.3 ], [ "", 771.3 ], [ "", 783 ], [ "", 787.2 ], [ "", 788.1 ], [ "", 795.4 ], [ "", 797.2 ], [ "", 802.7 ], [ "", 805.1 ], [ "", 803.4 ], [ "", 803.2 ], [ "", 798.8 ], [ "", 793.1 ], [ "", 787.9 ], [ "", 779.1 ], [ "", 772.7 ], [ "", 766.4 ], [ "", 758.6 ], [ "", 749.7 ], [ "", 746 ], [ "", 740.8 ], [ "", 740.3 ], [ "", 732.6 ], [ "", 720.8 ], [ "", 709.4 ], [ "", 704.5 ], [ "", 687.5 ], [ "", 661.7 ], [ "", 650.4 ], [ "", 634.4 ], [ "", 616.5 ], [ "", 601 ], [ "", 583.6 ], [ "", 572.4 ], [ "", 561.2 ], [ "", 550.9 ], [ "", 542 ], [ "", 533.1 ], [ "", 527.3 ], [ "", 523.6 ], [ "", 523.1 ], [ "", 514.6 ], [ "", 511.6 ], [ "", 509.4 ], [ "", 507 ], [ "", 503.1 ], [ "", 502.2 ], [ "", 504.7 ], [ "", 511.1 ], [ "", 510.3 ], [ "", 511.2 ], [ "", 516.4 ], [ "", 522 ], [ "", 526.8 ], [ "", 536.6 ], [ "", 547.7 ], [ "", 559.6 ], [ "", 576.9 ], [ "", 592.5 ], [ "", 611.6 ], [ "", 627.7 ], [ "", 639.1 ], [ "", 668.9 ], [ "", 690.4 ], [ "", 711.2 ], [ "", 734.4 ], [ "", 757.1 ], [ "", 775.5 ], [ "", 795.5 ], [ "", 808 ], [ "", 814.3 ], [ "", 821.7 ], [ "", 829.2 ], [ "", 834 ], [ "", 840.8 ], [ "", 840.8 ], [ "", 841.1 ], [ "", 837.9 ], [ "", 829.5 ], [ "", 823.8 ], [ "", 819.2 ], [ "", 815.4 ], [ "", 819.1 ], [ "", 822.4 ], [ "", 820.4 ], [ "", 819.2 ], [ "", 819 ], [ "", 816.4 ], [ "", 819.4 ], [ "", 823.9 ], [ "", 828.4 ], [ "", 833.9 ], [ "", 837.6 ], [ "", 847.1 ], [ "", 857.9 ], [ "", 854.3 ], [ "", 865.1 ], [ "", 874 ], [ "", 886.1 ], [ "", 897.2 ], [ "", 912.3 ], [ "", 922.8 ], [ "", 938.9 ], [ "", 951 ], [ "", 959.4 ], [ "", 966.9 ], [ "", 967.4 ], [ "", 981.5 ], [ "", 995.9 ], [ "", 987.9 ], [ "", 992.2 ], [ "", 1005.8 ], [ "", 1002 ], [ "", 1003.1 ], [ "", 1006.1 ], [ "", 1005.3 ], [ "", 1003.8 ], [ "", 1011.8 ], [ "", 1013.4 ], [ "", 1011.7 ], [ "", 1018.3 ], [ "", 1016.2 ], [ "", 1025.9 ], [ "", 1028.8 ], [ "", 1029.8 ], [ "", 1038.4 ], [ "", 1043.1 ], [ "", 1048.9 ], [ "", 1061 ], [ "", 1068.7 ], [ "", 1081.9 ], [ "", 1085.4 ], [ "", 1088.9 ], [ "", 1092.5 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "2 à 3 ans", "color": "#28beaa", "data": [ [ "", 331 ], [ "", 327.6 ], [ "", 324 ], [ "", 320.7 ], [ "", 319.6 ], [ "", 318 ], [ "", 315.2 ], [ "", 314.3 ], [ "", 309.9 ], [ "", 305.7 ], [ "", 305.1 ], [ "", 304.6 ], [ "", 304.1 ], [ "", 303.5 ], [ "", 305.5 ], [ "", 307 ], [ "", 308.5 ], [ "", 312.5 ], [ "", 321 ], [ "", 327.6 ], [ "", 334.5 ], [ "", 342.7 ], [ "", 351.2 ], [ "", 356.2 ], [ "", 366.3 ], [ "", 374.9 ], [ "", 381.7 ], [ "", 387.7 ], [ "", 392.3 ], [ "", 395.3 ], [ "", 397.2 ], [ "", 398.6 ], [ "", 399 ], [ "", 399.3 ], [ "", 399.1 ], [ "", 398.2 ], [ "", 399.3 ], [ "", 398.5 ], [ "", 398.1 ], [ "", 399.5 ], [ "", 398.1 ], [ "", 397.9 ], [ "", 388.1 ], [ "", 384.3 ], [ "", 381 ], [ "", 375.5 ], [ "", 371.3 ], [ "", 366.3 ], [ "", 360.6 ], [ "", 355.9 ], [ "", 349.2 ], [ "", 341.3 ], [ "", 333 ], [ "", 327.1 ], [ "", 320.3 ], [ "", 318.5 ], [ "", 309.6 ], [ "", 300.8 ], [ "", 296.4 ], [ "", 292.6 ], [ "", 286.5 ], [ "", 282.4 ], [ "", 277.8 ], [ "", 273.8 ], [ "", 270.4 ], [ "", 268.3 ], [ "", 264.6 ], [ "", 264.2 ], [ "", 261.3 ], [ "", 257.4 ], [ "", 258.6 ], [ "", 256.4 ], [ "", 255.9 ], [ "", 254.9 ], [ "", 252.8 ], [ "", 252.1 ], [ "", 252.7 ], [ "", 251.4 ], [ "", 252 ], [ "", 251.9 ], [ "", 251.4 ], [ "", 252.4 ], [ "", 254.1 ], [ "", 254 ], [ "", 255.1 ], [ "", 258.8 ], [ "", 263.3 ], [ "", 266.6 ], [ "", 268.9 ], [ "", 271 ], [ "", 274.4 ], [ "", 277.4 ], [ "", 278.7 ], [ "", 284.8 ], [ "", 289.3 ], [ "", 290.4 ], [ "", 288.4 ], [ "", 288.9 ], [ "", 288.4 ], [ "", 291.6 ], [ "", 294.8 ], [ "", 299.1 ], [ "", 304.4 ], [ "", 308.3 ], [ "", 313.1 ], [ "", 318.6 ], [ "", 325.2 ], [ "", 330.9 ], [ "", 334.9 ], [ "", 336.7 ], [ "", 336.9 ], [ "", 335.5 ], [ "", 335.2 ], [ "", 334.8 ], [ "", 334.8 ], [ "", 328.8 ], [ "", 327.1 ], [ "", 324 ], [ "", 318.6 ], [ "", 316.1 ], [ "", 312.6 ], [ "", 313.2 ], [ "", 313.8 ], [ "", 314.5 ], [ "", 311.9 ], [ "", 308.4 ], [ "", 305 ], [ "", 304.7 ], [ "", 298.4 ], [ "", 293.1 ], [ "", 289.3 ], [ "", 282.5 ], [ "", 274.9 ], [ "", 269.3 ], [ "", 262 ], [ "", 259.6 ], [ "", 256.4 ], [ "", 250.7 ], [ "", 244 ], [ "", 240.6 ], [ "", 233.6 ], [ "", 224.8 ], [ "", 222.6 ], [ "", 218.6 ], [ "", 214.6 ], [ "", 210.8 ], [ "", 205.8 ], [ "", 201.3 ], [ "", 198.7 ], [ "", 196.3 ], [ "", 194.6 ], [ "", 193 ], [ "", 192.4 ], [ "", 193.2 ], [ "", 194.4 ], [ "", 193.8 ], [ "", 195.9 ], [ "", 198.1 ], [ "", 201.8 ], [ "", 204.5 ], [ "", 208.5 ], [ "", 214.3 ], [ "", 220 ], [ "", 224.8 ], [ "", 228.8 ], [ "", 233.3 ], [ "", 237.9 ], [ "", 243.3 ], [ "", 250.6 ], [ "", 255.6 ], [ "", 260.9 ], [ "", 269 ], [ "", 274.7 ], [ "", 281.7 ], [ "", 287.4 ], [ "", 292.3 ], [ "", 305.6 ], [ "", 315 ], [ "", 324.1 ], [ "", 335.9 ], [ "", 341.8 ], [ "", 348 ], [ "", 355.6 ], [ "", 359.3 ], [ "", 361.8 ], [ "", 364.8 ], [ "", 367.2 ], [ "", 367.1 ], [ "", 369.1 ], [ "", 367.6 ], [ "", 368.3 ], [ "", 367.3 ], [ "", 365.7 ], [ "", 365.3 ], [ "", 364.8 ], [ "", 366.4 ], [ "", 369.5 ], [ "", 371.2 ], [ "", 373.3 ], [ "", 377.6 ], [ "", 381 ], [ "", 383.3 ], [ "", 388.7 ], [ "", 393.2 ], [ "", 399.2 ], [ "", 404.3 ], [ "", 410 ], [ "", 417 ], [ "", 423.5 ], [ "", 424.4 ], [ "", 431.1 ], [ "", 431.4 ], [ "", 440.6 ], [ "", 446.5 ], [ "", 452.5 ], [ "", 460.1 ], [ "", 467 ], [ "", 471.6 ], [ "", 474.9 ], [ "", 479.4 ], [ "", 483 ], [ "", 489.9 ], [ "", 494.8 ], [ "", 495.3 ], [ "", 499 ], [ "", 506.3 ], [ "", 507.4 ], [ "", 508.8 ], [ "", 510 ], [ "", 512.3 ], [ "", 514.8 ], [ "", 522.1 ], [ "", 529 ], [ "", 526.8 ], [ "", 527.3 ], [ "", 526.7 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "3 ans et plus", "color": "#285a82", "data": [ [ "", 326.1 ], [ "", 329.6 ], [ "", 332.4 ], [ "", 335.9 ], [ "", 337.9 ], [ "", 340 ], [ "", 343.2 ], [ "", 344.8 ], [ "", 345 ], [ "", 346.7 ], [ "", 348.1 ], [ "", 349.4 ], [ "", 351.4 ], [ "", 352.4 ], [ "", 354.8 ], [ "", 357.4 ], [ "", 358.9 ], [ "", 359.5 ], [ "", 361.7 ], [ "", 362.2 ], [ "", 362.2 ], [ "", 363.2 ], [ "", 364.5 ], [ "", 366.5 ], [ "", 368.6 ], [ "", 371 ], [ "", 374 ], [ "", 376.7 ], [ "", 379.1 ], [ "", 379.6 ], [ "", 385.9 ], [ "", 391 ], [ "", 395.6 ], [ "", 400.3 ], [ "", 405 ], [ "", 408.1 ], [ "", 414.1 ], [ "", 418.6 ], [ "", 421.9 ], [ "", 424.8 ], [ "", 427.9 ], [ "", 430.1 ], [ "", 427.3 ], [ "", 427.9 ], [ "", 427.5 ], [ "", 428.2 ], [ "", 426.1 ], [ "", 423.5 ], [ "", 421.5 ], [ "", 420 ], [ "", 415.9 ], [ "", 413.1 ], [ "", 408.7 ], [ "", 403.9 ], [ "", 399.4 ], [ "", 396.9 ], [ "", 392.6 ], [ "", 387.3 ], [ "", 380.9 ], [ "", 375.1 ], [ "", 368.2 ], [ "", 362.6 ], [ "", 355.4 ], [ "", 349.8 ], [ "", 343.5 ], [ "", 338.5 ], [ "", 334.2 ], [ "", 330.3 ], [ "", 326.6 ], [ "", 323 ], [ "", 320.3 ], [ "", 316.5 ], [ "", 312.8 ], [ "", 309.3 ], [ "", 306.1 ], [ "", 302.6 ], [ "", 299.8 ], [ "", 296.5 ], [ "", 294.1 ], [ "", 291.5 ], [ "", 288.8 ], [ "", 286.8 ], [ "", 285 ], [ "", 281.9 ], [ "", 279.3 ], [ "", 278.6 ], [ "", 277.2 ], [ "", 276.3 ], [ "", 274.4 ], [ "", 272.6 ], [ "", 271.5 ], [ "", 270.7 ], [ "", 270.5 ], [ "", 270.5 ], [ "", 270.9 ], [ "", 271.6 ], [ "", 271.6 ], [ "", 273.2 ], [ "", 274.4 ], [ "", 275.3 ], [ "", 277.5 ], [ "", 279.6 ], [ "", 281.3 ], [ "", 283.1 ], [ "", 283.9 ], [ "", 289 ], [ "", 291 ], [ "", 293 ], [ "", 297.9 ], [ "", 301.3 ], [ "", 303.7 ], [ "", 307 ], [ "", 310.3 ], [ "", 312.5 ], [ "", 316.6 ], [ "", 316.8 ], [ "", 319 ], [ "", 322.7 ], [ "", 322 ], [ "", 322.9 ], [ "", 323.5 ], [ "", 324 ], [ "", 325.4 ], [ "", 327.6 ], [ "", 327 ], [ "", 327.2 ], [ "", 329 ], [ "", 326.7 ], [ "", 326.4 ], [ "", 325.8 ], [ "", 323.1 ], [ "", 319.6 ], [ "", 315.3 ], [ "", 311.9 ], [ "", 306.2 ], [ "", 305 ], [ "", 301.5 ], [ "", 298.6 ], [ "", 297.7 ], [ "", 294.6 ], [ "", 292.7 ], [ "", 289.9 ], [ "", 288.7 ], [ "", 284.8 ], [ "", 282.9 ], [ "", 281.2 ], [ "", 278.6 ], [ "", 278 ], [ "", 276.7 ], [ "", 275.8 ], [ "", 275.2 ], [ "", 273.5 ], [ "", 273.3 ], [ "", 271.8 ], [ "", 273 ], [ "", 272.3 ], [ "", 272.6 ], [ "", 273.4 ], [ "", 274.7 ], [ "", 275.6 ], [ "", 277.5 ], [ "", 280.6 ], [ "", 282 ], [ "", 284 ], [ "", 286.3 ], [ "", 287.8 ], [ "", 291.5 ], [ "", 293.7 ], [ "", 297.7 ], [ "", 301.3 ], [ "", 305.4 ], [ "", 309.3 ], [ "", 312.9 ], [ "", 318.2 ], [ "", 322.2 ], [ "", 326.2 ], [ "", 331 ], [ "", 335.5 ], [ "", 340.5 ], [ "", 345.9 ], [ "", 350.8 ], [ "", 355.9 ], [ "", 360.8 ], [ "", 366.7 ], [ "", 372.7 ], [ "", 378.5 ], [ "", 384.8 ], [ "", 390.3 ], [ "", 399.8 ], [ "", 406.8 ], [ "", 414.4 ], [ "", 423.8 ], [ "", 430.8 ], [ "", 438.1 ], [ "", 443.7 ], [ "", 451.3 ], [ "", 455.4 ], [ "", 459.7 ], [ "", 468.3 ], [ "", 474.5 ], [ "", 482.2 ], [ "", 488.9 ], [ "", 496.8 ], [ "", 502.7 ], [ "", 510 ], [ "", 516.9 ], [ "", 524.6 ], [ "", 532.8 ], [ "", 540 ], [ "", 547 ], [ "", 555.7 ], [ "", 559.3 ], [ "", 568 ], [ "", 575.2 ], [ "", 582.7 ], [ "", 592.5 ], [ "", 601.7 ], [ "", 609.5 ], [ "", 617.6 ], [ "", 626.7 ], [ "", 636.3 ], [ "", 643.4 ], [ "", 654.1 ], [ "", 662 ], [ "", 674.4 ], [ "", 683.8 ], [ "", 694.2 ], [ "", 705.1 ], [ "", 714.4 ], [ "", 723.6 ], [ "", 733 ], [ "", 742.6 ], [ "", 754.9 ], [ "", 765.5 ], [ "", 776 ], [ "", 785.1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: "", valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " milliers", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Le fait d’avoir retrouvé du travail ne représente plus, depuis longtemps, la voie de sortie principale du chômage. A peine 40,3 % des sortants avaient retrouvé un emploi en mars 2015, quand 13,2 % suivaient une formation, et 20 % n’avaient pas actualisé leur situation auprès de Pôle emploi. #container_14452561510{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452561510{ height:500px; } #container_14452561510 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452561510 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452561510 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452561510 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Motifs de sortie de Pôle emploi depuis 2002Sur les quatre motif principaux, en % des sorties(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452561510", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "spline", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: 1, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["juin-02","sept.-02","déc.-02","mars-03","juin-03","sept.-03","déc.-03","mars-04","juin-04","sept.-04","déc.-04","mars-05","juin-05","sept.-05","déc.-05","mars-06","juin-06","sept.-06","déc.-06","mars-07","juin-07","sept.-07","déc.-07","mars-08","juin-08","sept.-08","déc.-08","mars-09","juin-09","sept.-09","déc.-09","mars-10","juin-10","sept.-10","déc.-10","mars-11","juin-11","sept.-11","déc.-11","mars-12","juin-12","sept.-12","déc.-12","mars-13","juin-13","sept.-13","déc.-13","mars-14","juin-14","sept.-14","déc.-14","mars-15"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Reprise d'emploi", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 50.1 ], [ "", 49.5 ], [ "", 47 ], [ "", 48.7 ], [ "", 48 ], [ "", 48.7 ], [ "", 47.6 ], [ "", 46.2 ], [ "", 47.2 ], [ "", 45.6 ], [ "", 46.8 ], [ "", 48.4 ], [ "", 46.5 ], [ "", 47.5 ], [ "", 49.8 ], [ "", 45.5 ], [ "", 47.6 ], [ "", 49.5 ], [ "", 49.6 ], [ "", 51.3 ], [ "", 50.7 ], [ "", 50.6 ], [ "", 50.8 ], [ "", 52 ], [ "", 48.6 ], [ "", 47.6 ], [ "", 45.4 ], [ "", 43.3 ], [ "", 45.2 ], [ "", 44.4 ], [ "", 44.8 ], [ "", 45.5 ], [ "", 44.3 ], [ "", 44.9 ], [ "", 43.4 ], [ "", 46.3 ], [ "", 47.1 ], [ "", 46.8 ], [ "", 46.4 ], [ "", 47 ], [ "", 44.7 ], [ "", 45.7 ], [ "", 46.2 ], [ "", 45.4 ], [ "", 45.9 ], [ "", 43.2 ], [ "", 44.2 ], [ "", 42.5 ], [ "", 41 ], [ "", 41.4 ], [ "", 41.2 ], [ "", 40.3 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Formation", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 10.6 ], [ "", 11.4 ], [ "", 12.1 ], [ "", 12.8 ], [ "", 12.7 ], [ "", 12.1 ], [ "", 13.8 ], [ "", 12.6 ], [ "", 13.8 ], [ "", 12.5 ], [ "", 11.7 ], [ "", 11.6 ], [ "", 10 ], [ "", 11 ], [ "", 10.3 ], [ "", 10.7 ], [ "", 10.1 ], [ "", 10.3 ], [ "", 9.4 ], [ "", 9.6 ], [ "", 9.9 ], [ "", 10.3 ], [ "", 9.4 ], [ "", 10.6 ], [ "", 11.3 ], [ "", 10.5 ], [ "", 11 ], [ "", 10.1 ], [ "", 9.9 ], [ "", 9.6 ], [ "", 10.2 ], [ "", 10.2 ], [ "", 11.1 ], [ "", 10.2 ], [ "", 10.9 ], [ "", 10.1 ], [ "", 10.2 ], [ "", 10.6 ], [ "", 11.6 ], [ "", 11.6 ], [ "", 11.8 ], [ "", 11.5 ], [ "", 10.1 ], [ "", 10.9 ], [ "", 10.2 ], [ "", 12 ], [ "", 11.7 ], [ "", 11.8 ], [ "", 12.8 ], [ "", 12.5 ], [ "", 12.8 ], [ "", 13.2 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Non-renouvellement accidentel de la demande", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 4.6 ], [ "", 5.2 ], [ "", 4.3 ], [ "", 5.4 ], [ "", 5.4 ], [ "", 5 ], [ "", 4.9 ], [ "", 5.2 ], [ "", 5.6 ], [ "", 5.8 ], [ "", 6 ], [ "", 4.8 ], [ "", 6 ], [ "", 5.8 ], [ "", 6.3 ], [ "", 6.9 ], [ "", 6.8 ], [ "", 6 ], [ "", 5.5 ], [ "", 5.2 ], [ "", 5.3 ], [ "", 5.7 ], [ "", 5.6 ], [ "", 5.8 ], [ "", 6.1 ], [ "", 6.9 ], [ "", 6.3 ], [ "", 7.6 ], [ "", 8 ], [ "", 9 ], [ "", 8.1 ], [ "", 8.1 ], [ "", 7.4 ], [ "", 7.9 ], [ "", 7.9 ], [ "", 7.8 ], [ "", 7 ], [ "", 7.6 ], [ "", 7.4 ], [ "", 7.1 ], [ "", 8.2 ], [ "", 7.6 ], [ "", 8.1 ], [ "", 8.2 ], [ "", 8.6 ], [ "", 8.2 ], [ "", 8.6 ], [ "", 8.4 ], [ "", 8.4 ], [ "", 8.6 ], [ "", 8.4 ], [ "", 8.6 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Défaut d'actualisation suivi d'une réinscription", "color": "#F19300", "data": [ [ "", 14.3 ], [ "", 14.6 ], [ "", 15.1 ], [ "", 13.7 ], [ "", 14.5 ], [ "", 13.9 ], [ "", 13.3 ], [ "", 14.7 ], [ "", 13.5 ], [ "", 14.7 ], [ "", 14.1 ], [ "", 13.7 ], [ "", 15.3 ], [ "", 14.3 ], [ "", 13.9 ], [ "", 14.7 ], [ "", 12.8 ], [ "", 13.4 ], [ "", 14.1 ], [ "", 13.4 ], [ "", 14.2 ], [ "", 13.2 ], [ "", 14.9 ], [ "", 11.7 ], [ "", 14.6 ], [ "", 15.9 ], [ "", 17.2 ], [ "", 19.1 ], [ "", 17.8 ], [ "", 17.9 ], [ "", 18.1 ], [ "", 18 ], [ "", 17.7 ], [ "", 18.1 ], [ "", 17.8 ], [ "", 17.1 ], [ "", 16.5 ], [ "", 16.5 ], [ "", 16.6 ], [ "", 16.2 ], [ "", 17.6 ], [ "", 18.1 ], [ "", 18.1 ], [ "", 17.4 ], [ "", 18 ], [ "", 18.2 ], [ "", 18.2 ], [ "", 19.1 ], [ "", 18 ], [ "", 18 ], [ "", 18.3 ], [ "", 17.9 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Radiation administrative", "color": "#28beaa", "data": [ [ "", 1.8 ], [ "", 1.5 ], [ "", 0.9 ], [ "", 0.9 ], [ "", 0.9 ], [ "", 1.3 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.4 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.9 ], [ "", 2.1 ], [ "", 1.9 ], [ "", 1.9 ], [ "", 1.6 ], [ "", 2 ], [ "", 2.1 ], [ "", 1.6 ], [ "", 2.5 ], [ "", 2.2 ], [ "", 2.2 ], [ "", 2.4 ], [ "", 2.2 ], [ "", 2.3 ], [ "", 2.4 ], [ "", 2.1 ], [ "", 2 ], [ "", 2.1 ], [ "", 1.7 ], [ "", 1.7 ], [ "", 1.7 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.8 ], [ "", 1.9 ], [ "", 2.2 ], [ "", 1.8 ], [ "", 1.5 ], [ "", 1.9 ], [ "", 1.7 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.8 ], [ "", 1.5 ], [ "", 1.3 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.7 ], [ "", 1.7 ], [ "", 1.9 ], [ "", 1.8 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.9 ], [ "", 2.2 ], [ "", 1.8 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 2, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}La formation des chômeurs prend d’ailleurs de l’ampleur année après année. #container_14452554551{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452554551{ height:500px; } #container_14452554551 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452554551 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452554551 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452554551 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Entrées en formation de demandeurs d'emploi depuis 1996(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452554551", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "areaspline", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: 1, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["janv.-06","févr.-06","mars-06","avr.-06","mai-06","juin-06","juil.-06","août-06","sept.-06","oct.-06","nov.-06","déc.-06","janv.-07","févr.-07","mars-07","avr.-07","mai-07","juin-07","juil.-07","août-07","sept.-07","oct.-07","nov.-07","déc.-07","janv.-08","févr.-08","mars-08","avr.-08","mai-08","juin-08","juil.-08","août-08","sept.-08","oct.-08","nov.-08","déc.-08","janv.-09","févr.-09","mars-09","avr.-09","mai-09","juin-09","juil.-09","août-09","sept.-09","oct.-09","nov.-09","déc.-09","janv.-10","févr.-10","mars-10","avr.-10","mai-10","juin-10","juil.-10","août-10","sept.-10","oct.-10","nov.-10","déc.-10","janv.-11","févr.-11","mars-11","avr.-11","mai-11","juin-11","juil.-11","août-11","sept.-11","oct.-11","nov.-11","déc.-11","janv.-12","févr.-12","mars-12","avr.-12","mai-12","juin-12","juil.-12","août-12","sept.-12","oct.-12","nov.-12","déc.-12","janv.-13","févr.-13","mars-13","avr.-13","mai-13","juin-13","juil.-13","août-13","sept.-13","oct.-13","nov.-13","déc.-13","janv.-14","févr.-14","mars-14","avr.-14","mai-14","juin-14","juil.-14","août-14","sept.-14","oct.-14","nov.-14","déc.-14","janv.-15","févr.-15","mars-15","avr.-15","mai-15"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Total des entrées en formation", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 47 ], [ "", 30.3 ], [ "", 31.9 ], [ "", 25.3 ], [ "", 24.9 ], [ "", 17.5 ], [ "", 12.4 ], [ "", 22.7 ], [ "", 78.5 ], [ "", 54.6 ], [ "", 36.2 ], [ "", 18.3 ], [ "", 44.6 ], [ "", 30.5 ], [ "", 30.7 ], [ "", 26.9 ], [ "", 22 ], [ "", 18.7 ], [ "", 12.7 ], [ "", 20 ], [ "", 78.4 ], [ "", 53 ], [ "", 33.6 ], [ "", 17 ], [ "", 41.9 ], [ "", 29.5 ], [ "", 34.1 ], [ "", 26.3 ], [ "", 20.4 ], [ "", 20.4 ], [ "", 10.1 ], [ "", 18.7 ], [ "", 86.4 ], [ "", 44.8 ], [ "", 31.1 ], [ "", 20.6 ], [ "", 34.8 ], [ "", 27.2 ], [ "", 33.6 ], [ "", 23.8 ], [ "", 19.4 ], [ "", 19.5 ], [ "", 9.9 ], [ "", 29.2 ], [ "", 76.8 ], [ "", 45.1 ], [ "", 37 ], [ "", 16.9 ], [ "", 36.8 ], [ "", 28.1 ], [ "", 38 ], [ "", 26.8 ], [ "", 26.1 ], [ "", 21 ], [ "", 12.3 ], [ "", 29.1 ], [ "", 85.6 ], [ "", 48 ], [ "", 39.4 ], [ "", 21.4 ], [ "", 43.7 ], [ "", 30.3 ], [ "", 31.9 ], [ "", 25.5 ], [ "", 28.5 ], [ "", 19.1 ], [ "", 10 ], [ "", 25.5 ], [ "", 89.7 ], [ "", 46.8 ], [ "", 39.2 ], [ "", 29.2 ], [ "", 45.9 ], [ "", 32.4 ], [ "", 38.9 ], [ "", 34.3 ], [ "", 30.6 ], [ "", 27.4 ], [ "", 15.1 ], [ "", 21 ], [ "", 102.9 ], [ "", 58.3 ], [ "", 40.7 ], [ "", 25.9 ], [ "", 45.2 ], [ "", 34 ], [ "", 38 ], [ "", 38.1 ], [ "", 28 ], [ "", 25.1 ], [ "", 15.1 ], [ "", 20.5 ], [ "", 119.1 ], [ "", 54 ], [ "", 44.4 ], [ "", 32.5 ], [ "", 52.2 ], [ "", 37.9 ], [ "", 45.5 ], [ "", 39 ], [ "", 32.6 ], [ "", 34.1 ], [ "", 13.8 ], [ "", 19.6 ], [ "", 126.5 ], [ "", 58 ], [ "", 47.6 ], [ "", 36.5 ], [ "", 52.5 ], [ "", 41.2 ], [ "", 54.5 ], [ "", 41.7 ], [ "", 30.5 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " milliers", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}3. L’emploi se précariseSi, depuis 2012, on constate un léger mieux dans les offres collectées par Pôle emploi, avec des postes durables en hausse et des emplois temporaires et occasionnels en baisse, la tendance lourde est celle d’un travail moins stable. #container_14452549468{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452549468{ height:500px; } #container_14452549468 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452549468 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452549468 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452549468 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Offres collectées par Pôle emploi depuis 1996En France métropolitaine Source : DARES(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452549468", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["janv.-96","févr.-96","mars-96","avr.-96","mai-96","juin-96","juil.-96","août-96","sept.-96","oct.-96","nov.-96","déc.-96","janv.-97","févr.-97","mars-97","avr.-97","mai-97","juin-97","juil.-97","août-97","sept.-97","oct.-97","nov.-97","déc.-97","janv.-98","févr.-98","mars-98","avr.-98","mai-98","juin-98","juil.-98","août-98","sept.-98","oct.-98","nov.-98","déc.-98","janv.-99","févr.-99","mars-99","avr.-99","mai-99","juin-99","juil.-99","août-99","sept.-99","oct.-99","nov.-99","déc.-99","janv.-00","févr.-00","mars-00","avr.-00","mai-00","juin-00","juil.-00","août-00","sept.-00","oct.-00","nov.-00","déc.-00","janv.-01","févr.-01","mars-01","avr.-01","mai-01","juin-01","juil.-01","août-01","sept.-01","oct.-01","nov.-01","déc.-01","janv.-02","févr.-02","mars-02","avr.-02","mai-02","juin-02","juil.-02","août-02","sept.-02","oct.-02","nov.-02","déc.-02","janv.-03","févr.-03","mars-03","avr.-03","mai-03","juin-03","juil.-03","août-03","sept.-03","oct.-03","nov.-03","déc.-03","janv.-04","févr.-04","mars-04","avr.-04","mai-04","juin-04","juil.-04","août-04","sept.-04","oct.-04","nov.-04","déc.-04","janv.-05","févr.-05","mars-05","avr.-05","mai-05","juin-05","juil.-05","août-05","sept.-05","oct.-05","nov.-05","déc.-05","janv.-06","févr.-06","mars-06","avr.-06","mai-06","juin-06","juil.-06","août-06","sept.-06","oct.-06","nov.-06","déc.-06","janv.-07","févr.-07","mars-07","avr.-07","mai-07","juin-07","juil.-07","août-07","sept.-07","oct.-07","nov.-07","déc.-07","janv.-08","févr.-08","mars-08","avr.-08","mai-08","juin-08","juil.-08","août-08","sept.-08","oct.-08","nov.-08","déc.-08","janv.-09","févr.-09","mars-09","avr.-09","mai-09","juin-09","juil.-09","août-09","sept.-09","oct.-09","nov.-09","déc.-09","janv.-10","févr.-10","mars-10","avr.-10","mai-10","juin-10","juil.-10","août-10","sept.-10","oct.-10","nov.-10","déc.-10","janv.-11","févr.-11","mars-11","avr.-11","mai-11","juin-11","juil.-11","août-11","sept.-11","oct.-11","nov.-11","déc.-11","janv.-12","févr.-12","mars-12","avr.-12","mai-12","juin-12","juil.-12","août-12","sept.-12","oct.-12","nov.-12","déc.-12","janv.-13","févr.-13","mars-13","avr.-13","mai-13","juin-13","juil.-13","août-13","sept.-13","oct.-13","nov.-13","déc.-13","janv.-14","févr.-14","mars-14","avr.-14","mai-14","juin-14","juil.-14","août-14","sept.-14","oct.-14","nov.-14","déc.-14","janv.-15","févr.-15","mars-15","avr.-15","mai-15","juin-15","juil.-15","août-15"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Emplois durables", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 101.2 ], [ "", 103.1 ], [ "", 102.8 ], [ "", 103 ], [ "", 100.9 ], [ "", 104.6 ], [ "", 102 ], [ "", 104 ], [ "", 99.8 ], [ "", 97.1 ], [ "", 97.1 ], [ "", 98.2 ], [ "", 93.2 ], [ "", 96 ], [ "", 98.9 ], [ "", 106.2 ], [ "", 100.2 ], [ "", 100.4 ], [ "", 99.7 ], [ "", 99.1 ], [ "", 105.5 ], [ "", 107.5 ], [ "", 110.4 ], [ "", 108.9 ], [ "", 109 ], [ "", 110.1 ], [ "", 109.4 ], [ "", 116.1 ], [ "", 109.6 ], [ "", 106.8 ], [ "", 108.2 ], [ "", 103.1 ], [ "", 101.9 ], [ "", 102.3 ], [ "", 105 ], [ "", 104.1 ], [ "", 111.1 ], [ "", 105.9 ], [ "", 105.6 ], [ "", 107 ], [ "", 106.8 ], [ "", 109 ], [ "", 109.9 ], [ "", 109.2 ], [ "", 113.8 ], [ "", 113.8 ], [ "", 112.9 ], [ "", 113.2 ], [ "", 122.2 ], [ "", 119.5 ], [ "", 119.8 ], [ "", 120.9 ], [ "", 124.2 ], [ "", 122.9 ], [ "", 120.1 ], [ "", 123.7 ], [ "", 123 ], [ "", 126.2 ], [ "", 119.1 ], [ "", 120.5 ], [ "", 121.3 ], [ "", 117.7 ], [ "", 115.1 ], [ "", 113.4 ], [ "", 113.2 ], [ "", 111.2 ], [ "", 111.8 ], [ "", 116.6 ], [ "", 111.4 ], [ "", 111.9 ], [ "", 110.8 ], [ "", 110.7 ], [ "", 104.7 ], [ "", 105.7 ], [ "", 110.1 ], [ "", 107.6 ], [ "", 108.9 ], [ "", 108 ], [ "", 110.2 ], [ "", 110.5 ], [ "", 105.9 ], [ "", 104.4 ], [ "", 102.7 ], [ "", 102.2 ], [ "", 101.7 ], [ "", 103.9 ], [ "", 104.7 ], [ "", 104 ], [ "", 98.6 ], [ "", 102.9 ], [ "", 103.5 ], [ "", 102.4 ], [ "", 103.2 ], [ "", 100.4 ], [ "", 100.4 ], [ "", 103.3 ], [ "", 103.5 ], [ "", 105.2 ], [ "", 101.9 ], [ "", 103.4 ], [ "", 102.6 ], [ "", 104.1 ], [ "", 101.3 ], [ "", 101 ], [ "", 100.3 ], [ "", 100.4 ], [ "", 103.6 ], [ "", 101.8 ], [ "", 109.9 ], [ "", 105.9 ], [ "", 108.1 ], [ "", 114.2 ], [ "", 111.6 ], [ "", 114 ], [ "", 115.8 ], [ "", 119.9 ], [ "", 123.7 ], [ "", 127 ], [ "", 129.6 ], [ "", 130.8 ], [ "", 128.9 ], [ "", 124.7 ], [ "", 125.7 ], [ "", 125 ], [ "", 124 ], [ "", 135.9 ], [ "", 126.2 ], [ "", 121.8 ], [ "", 124.3 ], [ "", 125.8 ], [ "", 128.8 ], [ "", 134.8 ], [ "", 130 ], [ "", 133.1 ], [ "", 128.4 ], [ "", 126.5 ], [ "", 133.9 ], [ "", 132.1 ], [ "", 133.4 ], [ "", 137.8 ], [ "", 137.3 ], [ "", 140 ], [ "", 135.3 ], [ "", 139.9 ], [ "", 132.6 ], [ "", 135.5 ], [ "", 141.6 ], [ "", 140.8 ], [ "", 137 ], [ "", 133.3 ], [ "", 131.5 ], [ "", 128 ], [ "", 126.8 ], [ "", 121.7 ], [ "", 112.4 ], [ "", 113.2 ], [ "", 97.3 ], [ "", 99.2 ], [ "", 96.1 ], [ "", 96 ], [ "", 96.6 ], [ "", 102.5 ], [ "", 103.1 ], [ "", 101.9 ], [ "", 106.7 ], [ "", 109.5 ], [ "", 113.5 ], [ "", 113.8 ], [ "", 112.6 ], [ "", 113.2 ], [ "", 116.6 ], [ "", 118.2 ], [ "", 117.4 ], [ "", 113.5 ], [ "", 114.1 ], [ "", 109.4 ], [ "", 108.6 ], [ "", 109.5 ], [ "", 106.9 ], [ "", 109.7 ], [ "", 115.2 ], [ "", 117.3 ], [ "", 115.6 ], [ "", 116.3 ], [ "", 121.1 ], [ "", 118.8 ], [ "", 119.8 ], [ "", 122.4 ], [ "", 118.7 ], [ "", 117.6 ], [ "", 119.2 ], [ "", 110.2 ], [ "", 115.7 ], [ "", 108.8 ], [ "", 109.6 ], [ "", 105.5 ], [ "", 106.6 ], [ "", 106.9 ], [ "", 101.4 ], [ "", 103.2 ], [ "", 101.7 ], [ "", 105.2 ], [ "", 97.1 ], [ "", 99.3 ], [ "", 95.1 ], [ "", 98.4 ], [ "", 99.6 ], [ "", 100.4 ], [ "", 98.2 ], [ "", 100.6 ], [ "", 105.4 ], [ "", 104.6 ], [ "", 107.7 ], [ "", 107 ], [ "", 108.1 ], [ "", 106.4 ], [ "", 102.9 ], [ "", 107.9 ], [ "", 105.7 ], [ "", 109.5 ], [ "", 103.6 ], [ "", 104.4 ], [ "", 104.1 ], [ "", 106 ], [ "", 102.4 ], [ "", 102.8 ], [ "", 105.7 ], [ "", 106.1 ], [ "", 113.8 ], [ "", 108.7 ], [ "", 108.8 ], [ "", 111.6 ], [ "", 114.2 ], [ "", 112.3 ], [ "", 121.6 ], [ "", 119.4 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Emplois temporaires", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 50.8 ], [ "", 50 ], [ "", 49.9 ], [ "", 52.4 ], [ "", 55.9 ], [ "", 60.2 ], [ "", 60.1 ], [ "", 64.2 ], [ "", 65.7 ], [ "", 64.8 ], [ "", 63.5 ], [ "", 73.6 ], [ "", 67.8 ], [ "", 64.9 ], [ "", 72.7 ], [ "", 71.9 ], [ "", 71.8 ], [ "", 72.7 ], [ "", 77.2 ], [ "", 76.6 ], [ "", 79 ], [ "", 81.4 ], [ "", 82.2 ], [ "", 83.7 ], [ "", 79 ], [ "", 81.4 ], [ "", 79.3 ], [ "", 84.5 ], [ "", 85.3 ], [ "", 85.4 ], [ "", 86.8 ], [ "", 88.8 ], [ "", 87.8 ], [ "", 84.6 ], [ "", 90.6 ], [ "", 87.5 ], [ "", 91.7 ], [ "", 90.1 ], [ "", 90.8 ], [ "", 92.5 ], [ "", 94.5 ], [ "", 97.7 ], [ "", 98 ], [ "", 99 ], [ "", 99.7 ], [ "", 99.9 ], [ "", 102.3 ], [ "", 103.3 ], [ "", 106.2 ], [ "", 105.7 ], [ "", 105.9 ], [ "", 104.2 ], [ "", 109.9 ], [ "", 101.6 ], [ "", 100.1 ], [ "", 100.5 ], [ "", 99.1 ], [ "", 102.3 ], [ "", 96.9 ], [ "", 99.8 ], [ "", 97.2 ], [ "", 96.2 ], [ "", 94.6 ], [ "", 93.6 ], [ "", 94.5 ], [ "", 94.8 ], [ "", 95.1 ], [ "", 96.7 ], [ "", 99.1 ], [ "", 106.2 ], [ "", 108.6 ], [ "", 103.5 ], [ "", 98.5 ], [ "", 102.3 ], [ "", 101.5 ], [ "", 103.8 ], [ "", 102.2 ], [ "", 99.9 ], [ "", 99.4 ], [ "", 99.4 ], [ "", 100.8 ], [ "", 94.9 ], [ "", 98.9 ], [ "", 98.6 ], [ "", 102.7 ], [ "", 103 ], [ "", 111.5 ], [ "", 104.2 ], [ "", 100.2 ], [ "", 104.5 ], [ "", 107.1 ], [ "", 105.8 ], [ "", 104.5 ], [ "", 105.6 ], [ "", 105 ], [ "", 108 ], [ "", 106.7 ], [ "", 111.4 ], [ "", 110.5 ], [ "", 112 ], [ "", 108.2 ], [ "", 109.8 ], [ "", 107.9 ], [ "", 109.6 ], [ "", 109.9 ], [ "", 110 ], [ "", 112.6 ], [ "", 110 ], [ "", 112.9 ], [ "", 111.9 ], [ "", 117.7 ], [ "", 113.8 ], [ "", 116.4 ], [ "", 117.8 ], [ "", 117.2 ], [ "", 114.6 ], [ "", 113.8 ], [ "", 114.9 ], [ "", 113.4 ], [ "", 113.8 ], [ "", 113.1 ], [ "", 108.1 ], [ "", 114.7 ], [ "", 111.7 ], [ "", 114.4 ], [ "", 114.3 ], [ "", 114.3 ], [ "", 113.7 ], [ "", 116.2 ], [ "", 118.3 ], [ "", 119.7 ], [ "", 120.5 ], [ "", 121.3 ], [ "", 126.3 ], [ "", 121.2 ], [ "", 122.9 ], [ "", 121.3 ], [ "", 122.9 ], [ "", 122.6 ], [ "", 126.1 ], [ "", 125.5 ], [ "", 123.4 ], [ "", 122.1 ], [ "", 122.4 ], [ "", 122.6 ], [ "", 118.2 ], [ "", 123.5 ], [ "", 124.5 ], [ "", 124.8 ], [ "", 120.6 ], [ "", 120.7 ], [ "", 118.2 ], [ "", 115.9 ], [ "", 112 ], [ "", 108.4 ], [ "", 105.4 ], [ "", 99.5 ], [ "", 97.5 ], [ "", 96.3 ], [ "", 97.3 ], [ "", 96.1 ], [ "", 100 ], [ "", 106 ], [ "", 100.2 ], [ "", 100.5 ], [ "", 103.2 ], [ "", 103.8 ], [ "", 105.3 ], [ "", 106.7 ], [ "", 108.4 ], [ "", 111.9 ], [ "", 113.2 ], [ "", 113.3 ], [ "", 113.6 ], [ "", 117.2 ], [ "", 114.4 ], [ "", 117.3 ], [ "", 119.1 ], [ "", 115.3 ], [ "", 115.6 ], [ "", 124.9 ], [ "", 129.6 ], [ "", 124.8 ], [ "", 124.5 ], [ "", 127.5 ], [ "", 126.3 ], [ "", 127.8 ], [ "", 126.3 ], [ "", 127.7 ], [ "", 121.6 ], [ "", 121.5 ], [ "", 114.4 ], [ "", 118.9 ], [ "", 115.3 ], [ "", 115.2 ], [ "", 110.3 ], [ "", 108.3 ], [ "", 112.3 ], [ "", 107.3 ], [ "", 104.9 ], [ "", 103.6 ], [ "", 104.2 ], [ "", 98.1 ], [ "", 98.7 ], [ "", 91.2 ], [ "", 91.5 ], [ "", 87.4 ], [ "", 87.1 ], [ "", 87.9 ], [ "", 81.9 ], [ "", 81.3 ], [ "", 85.3 ], [ "", 82.7 ], [ "", 82.6 ], [ "", 86.3 ], [ "", 84.5 ], [ "", 85.5 ], [ "", 84.4 ], [ "", 83.7 ], [ "", 90.3 ], [ "", 82 ], [ "", 82.2 ], [ "", 84.1 ], [ "", 87.7 ], [ "", 82.1 ], [ "", 82.6 ], [ "", 82.3 ], [ "", 81.2 ], [ "", 90.2 ], [ "", 80.9 ], [ "", 84.8 ], [ "", 89.1 ], [ "", 86.6 ], [ "", 84.9 ], [ "", 88.9 ], [ "", 78.1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Emplois occasionnels", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 19.8 ], [ "", 21.1 ], [ "", 23 ], [ "", 22.9 ], [ "", 23.9 ], [ "", 23.7 ], [ "", 25.8 ], [ "", 25.7 ], [ "", 28.1 ], [ "", 35.1 ], [ "", 29.1 ], [ "", 30.3 ], [ "", 28.5 ], [ "", 27.1 ], [ "", 30.3 ], [ "", 31 ], [ "", 33.1 ], [ "", 33.5 ], [ "", 36.1 ], [ "", 34.6 ], [ "", 28.2 ], [ "", 36 ], [ "", 35.5 ], [ "", 37.6 ], [ "", 38.2 ], [ "", 38.2 ], [ "", 35.9 ], [ "", 37 ], [ "", 31.7 ], [ "", 34.2 ], [ "", 33.7 ], [ "", 35.7 ], [ "", 36 ], [ "", 34.3 ], [ "", 33.4 ], [ "", 33.7 ], [ "", 39.2 ], [ "", 36.8 ], [ "", 38.3 ], [ "", 42.3 ], [ "", 43.2 ], [ "", 45.2 ], [ "", 41.2 ], [ "", 42.6 ], [ "", 41.5 ], [ "", 41.1 ], [ "", 41.4 ], [ "", 35.1 ], [ "", 46.3 ], [ "", 42.2 ], [ "", 41.1 ], [ "", 37.9 ], [ "", 38.7 ], [ "", 37.4 ], [ "", 37.3 ], [ "", 39.1 ], [ "", 39.5 ], [ "", 37 ], [ "", 39.5 ], [ "", 36.2 ], [ "", 41.1 ], [ "", 40.4 ], [ "", 39.3 ], [ "", 35.8 ], [ "", 40.9 ], [ "", 40 ], [ "", 38.8 ], [ "", 39.2 ], [ "", 37 ], [ "", 39.6 ], [ "", 38.6 ], [ "", 38.8 ], [ "", 35 ], [ "", 33.3 ], [ "", 43 ], [ "", 39.9 ], [ "", 35.2 ], [ "", 35.1 ], [ "", 40.8 ], [ "", 35.4 ], [ "", 41.3 ], [ "", 40.8 ], [ "", 37.4 ], [ "", 39.1 ], [ "", 34.1 ], [ "", 34.3 ], [ "", 34.5 ], [ "", 34 ], [ "", 33.6 ], [ "", 38.7 ], [ "", 43.2 ], [ "", 38.7 ], [ "", 31.6 ], [ "", 37.6 ], [ "", 37.9 ], [ "", 42.5 ], [ "", 39.6 ], [ "", 41.1 ], [ "", 40.1 ], [ "", 42.6 ], [ "", 45.4 ], [ "", 42.2 ], [ "", 43.2 ], [ "", 43.3 ], [ "", 40.5 ], [ "", 42.9 ], [ "", 47.7 ], [ "", 42.8 ], [ "", 46.9 ], [ "", 44 ], [ "", 47.3 ], [ "", 44.9 ], [ "", 48.6 ], [ "", 42.1 ], [ "", 40.1 ], [ "", 42.7 ], [ "", 38.9 ], [ "", 39.2 ], [ "", 45 ], [ "", 38.2 ], [ "", 42.3 ], [ "", 40.5 ], [ "", 39.1 ], [ "", 39.3 ], [ "", 37.5 ], [ "", 40.1 ], [ "", 37.8 ], [ "", 40.6 ], [ "", 45.6 ], [ "", 37.3 ], [ "", 39.1 ], [ "", 40.4 ], [ "", 39.9 ], [ "", 44.1 ], [ "", 43 ], [ "", 43.6 ], [ "", 43.7 ], [ "", 46 ], [ "", 46.1 ], [ "", 39.5 ], [ "", 39.8 ], [ "", 44.8 ], [ "", 41.7 ], [ "", 46.2 ], [ "", 44.8 ], [ "", 50.9 ], [ "", 46.4 ], [ "", 41.9 ], [ "", 44.7 ], [ "", 41.3 ], [ "", 46.5 ], [ "", 44.6 ], [ "", 50.2 ], [ "", 42.2 ], [ "", 39.4 ], [ "", 39.8 ], [ "", 38.9 ], [ "", 32.1 ], [ "", 36.1 ], [ "", 38.6 ], [ "", 37.3 ], [ "", 39.5 ], [ "", 35.5 ], [ "", 37.6 ], [ "", 39.1 ], [ "", 36.1 ], [ "", 38.7 ], [ "", 37.1 ], [ "", 45.3 ], [ "", 37.6 ], [ "", 37.9 ], [ "", 39.8 ], [ "", 37.8 ], [ "", 37.5 ], [ "", 38.8 ], [ "", 37.9 ], [ "", 41.7 ], [ "", 41.6 ], [ "", 38 ], [ "", 38.3 ], [ "", 38 ], [ "", 38.6 ], [ "", 38.2 ], [ "", 37.5 ], [ "", 38.5 ], [ "", 37.1 ], [ "", 39.1 ], [ "", 38.8 ], [ "", 35.2 ], [ "", 35.8 ], [ "", 35.8 ], [ "", 34.3 ], [ "", 32.1 ], [ "", 33.9 ], [ "", 34.5 ], [ "", 30.2 ], [ "", 35 ], [ "", 36.9 ], [ "", 31.6 ], [ "", 30.3 ], [ "", 29.5 ], [ "", 29.7 ], [ "", 32.8 ], [ "", 30.3 ], [ "", 30.2 ], [ "", 28.4 ], [ "", 26.5 ], [ "", 26.7 ], [ "", 25.7 ], [ "", 26.1 ], [ "", 22.3 ], [ "", 26.7 ], [ "", 27.2 ], [ "", 28.8 ], [ "", 33.3 ], [ "", 28.6 ], [ "", 22.1 ], [ "", 25.4 ], [ "", 26.6 ], [ "", 26.1 ], [ "", 24.5 ], [ "", 25.8 ], [ "", 25.3 ], [ "", 25 ], [ "", 24.3 ], [ "", 23.4 ], [ "", 20.7 ], [ "", 20.3 ], [ "", 19.3 ], [ "", 21.3 ], [ "", 21.2 ], [ "", 21.3 ], [ "", 20.9 ], [ "", 18.8 ], [ "", 18.9 ], [ "", 20.9 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " milliers", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}On la retrouve dans la répartition de la population active (hors secteur public) par statut : si le CDI reste la norme (76,8 % pour 8,4 % de CDD), il s’agit là d’un effet de stock. Si l’on compare la situation de la population active globale et celle des 15-24 ans, on voit que cette forme est loin d’être la norme chez les plus jeunes. #container_14452485402{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452485402{ height:500px; } #container_14452485402 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452485402 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452485402 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452485402 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Population active par type de contratPour la population active totale et pour les 15-24 ans.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452485402", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Non-salariés","Intérimaires"," Apprentis"," Contrats à durée déterminée"," Contrats à durée indéterminée"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Ensemble", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 11.2 ], [ "", 2 ], [ "", 1.6 ], [ "", 8.4 ], [ "", 76.8 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "15-24 ans", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 2.5 ], [ "", 5.9 ], [ "", 18.1 ], [ "", 28.3 ], [ "", 45.2 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}La part de CDD dans les embauches a par ailleurs atteint un record en 2015, avec plus de 85 % des recrutements qui se font sous cette forme.Lire aussi :Travail : changer les règles du jeu #container_14452619750{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452619750{ height:500px; } #container_14452619750 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452619750 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452619750 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452619750 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Part des CDD dans les embauches en FranceEvolution depuis 2007, tous établissements(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452619750", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "areaspline", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "datetime", categories:null, title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value:%d/%m/%Y}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Part des CDD dans les embauches", "color": "#0386c3", "data": [ [ 1167692400000, 70.8 ], [ 1175464800000, 71 ], [ 1183327200000, 71.5 ], [ 1191276000000, 70.9 ], [ 1199228400000, 70.1 ], [ 1207087200000, 71.4 ], [ 1214949600000, 71.5 ], [ 1222898400000, 72.9 ], [ 1230850800000, 75.3 ], [ 1238623200000, 76.9 ], [ 1246485600000, 77.3 ], [ 1254434400000, 77.3 ], [ 1262386800000, 76.5 ], [ 1270159200000, 76.5 ], [ 1278021600000, 77.1 ], [ 1285970400000, 76.2 ], [ 1293922800000, 77.7 ], [ 1301695200000, 77.4 ], [ 1309557600000, 78.3 ], [ 1317506400000, 79.3 ], [ 1325458800000, 80 ], [ 1333317600000, 80.7 ], [ 1341180000000, 81.8 ], [ 1349128800000, 82.3 ], [ 1357081200000, 83.1 ], [ 1364853600000, 83.4 ], [ 1372716000000, 83.6 ], [ 1380664800000, 84 ], [ 1388617200000, 84.4 ], [ 1396389600000, 84.8 ], [ 1404252000000, 84.2 ], [ 1412200800000, 85.9 ], [ 1420153200000, 85.3 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }} 4. Des comptes sociaux dans le rougeConséquence du chômage endémique : les comptes sociaux demeurent dans le rouge, notamment ceux de l’assurance chômage, qui creuse son déficit chaque année depuis 2009. #container_14452581973{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452581973{ height:500px; } #container_14452581973 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452581973 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452581973 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452581973 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Recettes et dépenses de l'assurance chômageDepuis 2009Source : UNEDIC, comptes annuels(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452581973", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["2009","2010","2011","2012","2013","2014","2015"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Recettes", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 30310 ], [ "", 31188 ], [ "", 31855 ], [ "", 32466 ], [ "", 33233 ], [ "", 33936 ], [ "", 34674 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Dépenses", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 31482 ], [ "", 34158 ], [ "", 33419 ], [ "", 35193 ], [ "", 37230 ], [ "", 37746 ], [ "", 38350 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Déficit courant", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", -1172 ], [ "", -2970 ], [ "", -1564 ], [ "", -2727 ], [ "", -3997 ], [ "", -3810 ], [ "", -3676 ] ], "type": "line", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " millions d'euros", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Le chômage de masse pèse également sur les comptes sociaux en général, puisque moins de travailleurs signifie moins de cotisations sociales pour alimenter le régime. Si celui-ci a subi nombre de réformes, notamment concernant les retraites, et si sa situation s’améliore lentement depuis 2010, il reste mal en point. #container_14430863468{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14430863468{ height:500px; } #container_14430863468 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14430863468 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14430863468 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14430863468 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Solde du régime général (RG) de la sécurité sociale depuis 2001Il tient compte également du solde du Fonds de solidarité vieillesse (FSV)(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14430863468", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} Mds", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"Milliards d'euros" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} Mds", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "datetime", categories:null, title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value:%Y}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Solde RG+FSV", "color": "#0386c3", "data": [ [ 978390000000, 1 ], [ 1009926000000, -4.8 ], [ 1041462000000, -11.2 ], [ 1072998000000, -12.5 ], [ 1104620400000, -13.6 ], [ 1136156400000, -10.1 ], [ 1167692400000, -9.3 ], [ 1199228400000, -9.3 ], [ 1230850800000, -23.7 ], [ 1262386800000, -27.3 ], [ 1293922800000, -20.9 ], [ 1325458800000, -17.5 ], [ 1357081200000, -15.4 ], [ 1388617200000, -13.2 ], [ 1420153200000, -12.8 ], [ 1451689200000, -9.7 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " milliards d'euros", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }} Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 19.10.2015 à 15h07 • Mis à jour le19.10.2015 à 21h16 L’essentielLe gouvernement hongrois s’est félicité d’avoir « efficacement stoppé » le transit des migrants par son territoire en fermant ses frontières avec la Serbie et la Croatie.Des milliers de migrants affluent dans les Balkans depuis la décision hongroise.Faisant figure de terre promise, l’Allemagne met en garde contre ceux « soufflant la haine » avant une manifestation du mouvement islamophobe Pegida dans la soirée.Après la fermeture par la Hongrie, vendredi 16 octobre, de sa frontière avec la Croatie – un peu plus d’un mois après avoir fait de même côté Serbie –, des milliers de migrants venant de l’Est doivent désormais passer par la Slovénie pour poursuivre leur périple en Europe.Sous pression, la Croatie entrouvre sa frontière avec la SerbieLa Croatie a finalement autorisé, lundi 19 octobre en fin d’après-midi, l’entrée de son territoire aux 2 000 à 3 000 migrants qui étaient massés depuis plusieurs heures sous une pluie battante à sa frontière avec la Serbie.Jan Pinos, un volontaire tchèque sur place, a dit à l’Agence France-Presse que la décision avait été prise car la situation à la frontière menaçait d’échapper à tout contrôle. Au Guardian, Melita Sunjic, de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, a dit que la frontière a été ouverte annonce au préalable.« Quand les frontières ont été ouvertes, tout le monde a couru. La dernière personne à passer a été un jeune garçon sans une jambe. Nous l’avons aidé à traverser en chaise roulante ».Les policiers avaient érigé une clôture improvisée pour tenter de limiter l’accès de la frontière et faire passer les réfugiés par petits groupes de cinquante personnes, en vain. Plus de 15 000 hommes, femmes et enfants, dont beaucoup de réfugiés fuyant la guerre en Syrie et en Afghanistan, sont entrés en Macédoine et en Serbie depuis la Grèce au cours du week-end, avec souvent l’intention de rejoindre l’Allemagne via la Croatie, la Slovénie puis l’Autriche. Un parcours où les frontières qui s’ouvrent sont une exception.Lire sur Les Décodeurs :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosLa Slovénie limite les entrées Environ 5 000 migrants provenant de Croatie avaient gagné la Slovénie, alors que 1 200 autres devraient encore arriver par le train dans la journée, selon le ministère de l’intérieur slovène.Le porte-parole du ministère Bostjan Sefic a expliqué la simple mécanique qui règne en ce moment dans les Ballans : l’Allemagne ayant annoncé qu’elle accepterait moins d’arrivées de migrants, l’Autriche a, en conséquence, demandé à la Slovénie de ralentir le flot des entrants.Lundi matin, plus d’un millier d’hommes, de femmes et d’enfants étaient ainsi bloqués à la frontière slovène, après avoir été empêchés d’entrer durant la nuit par les autorités du pays, qui craignent d’être débordées. « Nous donnons la priorité aux plus vulnérables », a expliqué Bojan Kitel, un porte-parole de la police. Environ 150 d’entre eux, principalement des familles avec enfants, ont été autorisés à traverser.La Slovénie et son voisin croate s’accusent mutuellement de la mauvaise gestion de l’afflux de migrants, trois jours après la fermeture par la Hongrie de sa frontière avec la Croatie. Bostjan Sefic s’est plaint de l’attitude de Zagreb : « La Croatie ignore nos demandes et nos plans » pour ralentir le nombre d’arrivées.« La Slovénie a d’abord dit qu’elle pourrait recevoir 8 000 migrants [par jour], puis 5 000, ensuite 2 500 et maintenant cela a été réduit à zéro, a estimé de son côté le ministre de l’intérieur croate, Ranko Ostojic. Cela veut dire que la totalité de la charge est laissée à la Croatie. »Lire aussi :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ?Le passage de la Slovénie à l’Autriche, voie la plus empruntée Deux-mille six cents personnes sont entrées en Autriche depuis la Slovénie au cours du week-end, selon la police. Les autorités démentent les propos de leurs voisins slovènes, selon lesquels des restrictions ont été mises en place.« Il n’y a aucun contingentement, nous poursuivons la même politique que précédemment », a expliqué le ministère de l’intérieur. Vienne a assuré depuis la fin du mois d’août le transit quotidien vers l’Allemagne de plusieurs milliers de migrants, qui passaient jusqu’à présent par la Hongrie.Lire aussi :Syrie, Erythrée, Afghanistan… ce que fuient migrants et réfugiésTension et violences xénophobes en Allemagne L’Europe et la Turquie ont récemment conclu un « plan d’action commun » avec la Turquie pour endiguer les flux migratoires. La voie maritime entre la Turquie et les îles grecques est devenue l’accès le plus emprunté par les migrants cherchant à rejoindre l’UE. Selon l’agence Frontex, plus de 710 000 personnes sont entrées illégalement en Europe entre le 1er janvier et le 30 septembre, contre 282 000 sur l’ensemble de l’année 2014.La grande majorité d’entre elles souhaitent aller en Autriche puis en Allemagne, pays qui s’attend à l’arrivée de plus d’un million de réfugiés sur l’ensemble de l’année 2015. La chancelière allemande, Angela Merkel, a, malgré les critiques, à de nombreuses reprises défendu sa politique de la porte ouverte. Parallèlement, la montée de l’extrême droite et les violences contre les foyers de réfugiés, notamment dans l’Est, se multiplient.Le pays est encore sous le choc de l’attaque au couteau pour des motivations « racistes » contre Henriette Reker, élue maire de Cologne, ville où elle supervisait jusqu’alors l’accueil des réfugiés. Le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, a eu des mots très durs pour dénoncer Pegida, qui doit manifester ce lundi à Dresde pour marquer son premier anniversaire. 19.10.2015 à 13h12 • Mis à jour le19.10.2015 à 14h58 Accusée d’avoir négligé la sécurité de ses citoyens, la Turquie donne des gages de volontarisme dans l’enquête sur l’attentat qui a fait cent deux morts à Ankara le 10 octobre. Quatre personnes ont été inculpées et écrouées par la justice dimanche 18 octobre au soir. Les suspects, dont l’identité n’a pas été révélée, sont notamment poursuivis pour « fabrication d’engins explosifs dans l’intention de tuer » et « tentative de renversement de l’ordre constitutionnel », a précisé une agence de presse turque.Le procureur d’Ankara, chargé du dossier, a par ailleurs remis deux suspects en liberté et a délivré un mandat d’arrêt contre neuf autres personnes soupçonnées d’avoir participé à cette attaque, la plus meurtrière jamais perpétrée sur le territoire de la Turquie.Lire aussi :Après l’attentat d’Ankara, la Turquie au bord du gouffreElection majeure le 1er novembreLes autorités turques ont présenté le groupe djihadiste Etat islamique (EI) comme le « suspect numéro 1 » de ce double attentat, qui a visé un rassemblement de l’opposition prokurde contre la reprise, depuis juillet, des hostilités entre les forces de sécurité turques et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).Selon la presse turque, la police soupçonne deux jeunes Turcs originaires de la ville d’Adiyaman, dans le Sud, un fief islamiste, d’être les auteurs de l’attentat. L’un d’eux est le frère de l’auteur présumé d’une précédente attaque attribuée par Ankara à l’EI, qui avait fait trente-quatre morts en juillet à Suruç, près de la frontière syrienne.Dimanche, la police a procédé à une vaste opération dans les milieux djihadistes à Istanbul, interpellant une cinquantaine de ressortissants étrangers. La situation nationale est très tendue à une semaine des élections législatives du 1er novembre, qui doivent rebattre les cartes après l’échec de la formation d’un gouvernement de coalition. Raphaëlle Rérolle et Ariane Chemin Lundi 19 octobre, à Turin, un tribunal décidera si, oui ou non, Erri De Luca, 65 ans, l’écrivain italien le plus lu en France, est coupable d’« incitation au sabotage ».C’est l’épilogue d’une affaire qui remonte à septembre 2013. Dans un entretien au site italien du Huffington Post, Erri De Luca évoquait alors son combat contre le percement d’un tunnel de 57 kilomètres pour le futur TGV Lyon-Turin. Un projet, qui, depuis près de dix ans, dresse contre lui écologistes et habitants des vallées montagnardes, en particulier ceux du val de Suse, dans le Piémont italien, pour qui la montagne est bourrée d’amiante, les sources d’eau risquent de se tarir, la ligne traditionnelle est sous-utilisée et le futur tracé passera à 25 kilomètres de Lyon.L’écrivain alpiniste Erri De Luca, qui s’est placé sous les bannières « No TAV » (Treno Alta Velocità, l’équivalent du TGV), explique en 2013 au journal italien : « Les sabotages sont nécessaires pour faire comprendre que le TGV est une œuvre nuisible et inutile. »Lire aussi :L’expression libre d’Erri De LucaProcès pour « incitation à la délinquance »Cette phrase fait bondir les dirigeants de Lyon-Turin Ferroviaire (LTF), une société mixte franco-italienne installée à Chambéry, devenue Tunnel euralpin Lyon-Turin (TELT), présidée par un haut fonctionnaire français, et dont l’Etat français est directement actionnaire à 50 %. L’autre moitié appartient aux chemins de fer italiens (FS, Ferrovie dello State). Ils portent plainte pour « incitation à la délinquance ». L’offensive juridique s’appuie sur un article du code pénal italien, élaboré en 1930, qui punit l’instigation de crimes terroristes.Le romancier défend, lui, son droit à émettre une « opinion » et n’hésite pas à répéter : « La TAV doit être sabotée ». Au début de 2015, un long procès s’ouvre à Turin, dont l’audience, lundi, sera la cinquième et ultime.Lire aussi :Lyon-Turin : huit mois de prison requis contre Erri de Luca pour « incitation au sabotage »De nombreuses pétitions de soutienDepuis la fin de février, des pétitions se sont multipliées, françaises surtout, qui invoquent la « liberté d’expression » et réclament le retrait de la plainte à l’Etat français et à l’Etat italien, tous deux actionnaires.Ecrivains (Annie Ernaux, Daniel Pennac, Philippe Claudel), artistes (comme le sculpteur Daniel Buren), cinéastes (Pascale Ferran, Arnaud Desplechin, Jacques Audiard, Wim Wenders ou Costa-Gavras), acteurs (Isabelle Huppert, Mathieu Amalric), mais aussi près d’une centaine d’avocats (dont Georges Kiejman et Eric Dupond-Moretti) ont « signé » pour « Erri ». Tout comme Martine Aubry, la maire (PS) de Lille.Erri De Luca, militant d’extrême gauche avant d’être écrivainJugés scandaleux par la société ferroviaire, les propos d’Erri De Luca ne surprennent guère ceux qui le connaissent. Avant d’être un écrivain à succès, ce Napolitain solitaire fut un militant d’extrême gauche dans l’Italie des « années de plomb ».En 1968, à l’âge de 18 ans, l’enfant de la bourgeoisie du Sud rejoint le mouvement maoïste Lotta Continua, dont il devient un permanent, et même un responsable du « SO », le service d’ordre, à Rome. Sa formation n’a jamais prôné la violence et il échappe à l’époque à ce destin ; mais il est de cette « génération la plus emprisonnée d’Italie », comme il le dit.Lire aussi :Erri De Luca n’est pas prophète en son paysAriane CheminGrand reporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterRaphaëlle RérolleJournaliste au Monde 19.10.2015 à 04h35 • Mis à jour le19.10.2015 à 07h33 La chancelière allemande, Angela Merkel, effectuait une visite délicate d’une journée en Turquie dimanche 18 octobre, alors que l’Union européenne négocie avec son voisin pour qu’il maintienne sur son territoire une part plus importante des migrants qui fuient la guerre syrienne vers l’Europe. Mme Merkel a estimé avoir obtenu un progrès, en liant cette collaboration à une relance du processus d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, officiellement ouvert en 2005 et aujourd’hui au point mort. La chancelière souhaite voir s’ouvrir le chapitre économique et monétaire, ouvrant la voie à des facilités de visas.Mme Merkel s’est entretenue avec le président islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan, à deux semaines d’élections législatives dans lesquelles ce dernier, en dérive autoritaire, joue sa survie politique. La rencontre n’a pas eu lieu au grandiloquent palais présidentiel d’Ankara – plusieurs sources ont évoqué la gêne de Mme Merkel à cette idée. Mais les photographies de la rencontre, à Istanbul, restaient empruntes de la pompe néo-ottomane qui est devenue la signature de M. Erdogan.Cette rencontre a eu lieu trois jours après l’adoption lors d’un sommet de l’UE d’un « accord provisoire » avec la Turquie. Mme Merkel avait alors évoqué une aide de trois milliards d’euros de la part des Etats européens, un montant de nouveau évoqué dimanche, sans plus de précisions sur le calendrier de son versement ni sur ses garanties. Jeudi, Mme Merkel avait souhaité vérifier en Turquie « si les promesses faites [étaient] fiables ». La Turquie accueille déjà plus de 2 millions de réfugiés syriens et est destabilisée par la guerre à sa frontière.Lire aussi :Crise des réfugiés : l’UE contrainte de s’appuyer sur la TurquieLa Turquie au bord du gouffreSamedi, l’agression à l’arme blanche commise contre une candidate à la mairie de Cologne, en Allemagne, connue pour ses activités pour l’accueil des migrants, avait illustré la montée de la tension dans le pays, où 800 000 à un million de demandeurs d’asile sont attendus cette année. La candidate, Henriette Reker, gravement blessée et hospitalisée, a été élue dimanche avec plus de 52 % des voix. Lundi, pour son premier anniversaire, le mouvement islamophobe Pegida prévoit une grande marche dans son fief de Dresde.La visite de Mme Merkel a lieu durant une crise politique historique en Turquie. Le Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan cherche à récupérer la majorité absolue que lui ont refusée les électeurs lors des législatives de juin. M. Erdogan a depuis rouvert un conflit armé avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Les tensions politiques sont exacerbées et dans ce contexte, le 10 octobre, un double attentat a tué 102 manifestants pro-kurdes à Ankara : le pire évènement terroriste de l’histoire turque.Les partis d’oppositions, qui n’ont pu former un gouvernement de coalition avec l’AKP durant l’été, se sont peu exprimés sur cet accord avec l’UE, qui pourrait pourtant peser longuement sur l’avenir du pays.Lire l'éditorial du "Monde" :Migrants : ne pas tout céder à M. ErdoganOuverture de visas limitéeAprès son entretien avec M. Erdogan, Mme Merkel a affirmé que le processus de candidature de la Turquie à l’entrée dans l’Union allait connaître un nouveau « dynamisme ». Il s’agit d’une concession, pour une dirigeante qui s’est longtemps opposée à l’adhésion de la Turquie à l’Union. L’ouverture d’un chapitre de négociations économique et monétaire pourra permettre, a-t-elle dit, de travailler à la libéralisation du système de visas pour les Turcs souhaitant se rendre dans la zone Schengen de libre-circulation. Jeudi les dirigeants européens avaient insisté sur le fait que ces futures attributions de visas resteraient sévèrement encadrées, possiblement limitées aux visas d’affaire et étudiants.« Malheureusement, la Turquie a été laissée seule par la communauté internationale pour supporter ce fardeau » des réfugiés a déploré M. Davutoglu au sortir de sa rencontre avec Mme Merkel. « Nous sommes satisfaits qu’ils aient une meilleure approche maintenant. Le progrès constaté en matière de partage est très important ». Ankara avait d’abord qualifié le plan européen de simple « projet » au budget « inacceptable », estimant à au moins trois milliards d’euros ses besoins pour financer l’accueil des réfugiés la première année. La Turquie, qui a maintenu durant la guerre syrienne une politique de porte ouverte aux réfugiés, a déjà depensé sept milliards d’euros dans cette crise. Mme Merkel et M. Davutoglu se sont en outre inquiétés d’une « nouvelle vague » de réfugiés syriens de la région d’Alep (à la frontière avec la Turquie) où les forces du régime syrien avancent. 18.10.2015 à 20h12 • Mis à jour le19.10.2015 à 08h13 | Marie Maurisse (Genève, correspondance, avec AFP) Comme les sondages le prévoyaient, la droite fait une poussée au Parlement suisse dimanche 18 octobre à l’occasion des élections fédérales. Au Conseil national, l’équivalent de l’Assemblée nationale en France, le parti d’extrême droite Union démocratique du centre (UDC), déjà la première formation politique du pays, gagne 11 sièges par rapport à 2007, sur les 200 que compte cet organe législatif. A ce stade, l’UDC représente 29,5 % du Parlement, selon les projections de la chaîne de télévision RTS. « Le vote a été clair », a déclaré le président de l’UDC, Toni Brunner, à la télévision. « Les gens s’inquiètent de l’immigration de masse en Europe. »Lire aussi :En Suisse, la victoire attendue des populistes aux élections fédéralesL’autre grand gagnant des élections est le parti libéral-radical (PLR), qui gagne trois sièges, autour de 16 % des voix. Par ailleurs, même si le Parti socialiste suisse reste la deuxième force politique au Conseil national (18,9 % des voix), l’institution penche désormais un peu plus à droite. Pour le président du PS suisse, Christian Levrat, la législature sera sans aucun doute « un peu plus serrée ».Les Verts et les Verts libéraux subissent de leur côté une défaite cuisante en perdant respectivement 5 et 6 sièges au Conseil national. La coprésidente des Verts suisses, Adèle Thorens Goumaz, se dit « inquiète, car c’est le prochain Parlement qui devra voter la stratégie énergétique du pays… ». Questions sur la formation du gouvernementLe système de démocratie directe, qui permet aux Suisses de se prononcer lors de « votations » (référendums populaires) sur les grandes questions politiques, quelle que soit la composition de l’Assemblée fédérale, tend cependant à réduire l’importance du scrutin. Il y a vingt mois, en février 2014, les électeurs suisses ont voté à une courte majorité une « initiative » soutenue par l’UDC en faveur de la réintroduction de quotas d’immigration avec l’Union européenne. Ce résultat oblige le gouvernement à transformer cette initiative en loi dans un délai de trois ans.Le parti de droite ne compte qu’un ministre au sein du Conseil fédéral, le gouvernement helvétique, celui de la défense, de la protection de la population et des sports, Ueli Maurer. L’UDC aimerait y avoir un deuxième représentant. Au Conseil des Etats (chambre haute), qui compte 46 membres, l’UDC n’arrive qu’en quatrième position. L’Assemblée fédérale choisira en décembre les sept membres du Conseil fédéral.Lire aussi :Christoph Blocher, bulldozer populiste de la SuisseMarie Maurisse (Genève, correspondance, avec AFP)Journaliste au Monde 18.10.2015 à 15h02 • Mis à jour le18.10.2015 à 17h25 | Marie Maurisse (Genève, correspondance) Une poussée de la droite aux élections fédérales suisses semblait se confirmer, dimanche 18 octobre, selon les premières tendances après la clotûre du vote, la question de l’immigration ayant constitué la première préoccupation des électeurs.Comme tous les quatre ans, les Helvètes se sont rendus aux urnes pour renouveler leur Parlement, composé du Conseil national (équivalent de l’Assemblée nationale en France) et du Conseil des Etats (équivalent du Sénat). Pour ce dernier, un deuxième tour est prévu. Petite revue de ce qui a marqué la campagne et des enjeux de ces élections.Un basculement politique est-il possible ?La participation pourrait ne pas dépasser la barre des 50 %. La fameuse démocratie helvétique serait-elle en panne ? Dans le quotidien vaudois 24 Heures, l’ancien ministre Pascal Couchepin préfère dire qu’elle est « en crise ».Selon les estimations, la droite devrait voir sa présence renforcée au sein de l’organe législatif du pays, situé à Berne.Les populistes de l’Union Démocratique du Centre (UDC), première formation politique du pays avec 59 sièges sur 246 au total, devraient maintenir leur position, voire la renforcer quelque peu.Le parti d’extrême droite obtiendrait près de 29 % des suffrages, relève le dernier sondage réalisé par le quotidien gratuit 20 minutes.Lire aussi :Christoph Blocher, bulldozer populiste de la SuisseUne poussée du Parti libéral radical (PLR) est également prévue, même si le Parti socialiste resterait la deuxième force politique à Berne.« En Suisse, on ne s’attend pas à un basculement politique lors des élections, explique Pascal Sciarini, politologue à l’université de Genève. Mais les petits changements peuvent faire de grandes différences. Si le centre de gravité du Parlement se déplace vers la droite, cela aura forcément des conséquences sur la politique intérieure, notamment sur les thématiques énergétiques, économiques, fiscales, mais aussi sur l’immigration. »Quels ont été les sujets principaux de la campagne ?Malgré des budgets publicitaires toujours en hausse (12,5 millions de francs suisses, soit 11,5 millions d’euros dépensés par les partis d’après le baromètre des médias du service public) et le clip décalé de l’UDC, qui a défrayé la chronique, la campagne est restée désespérément morne, se sont lamentés les commentateurs.« La Suisse bâille, écrivait Yves Petignat dans le quotidien romand Le Temps au mois de septembre. La Suisse, qui a tout, aimerait simplement moins ; moins d’étrangers, moins de réfugiés, moins de passagers dans les trains, moins d’impôts, moins de rapidité dans les changements, moins de contraintes, moins d’Europe. »En fait, ce sont les problématiques liées à l’asile qui ont entièrement dominé la campagne 2015. D’abord parce que la crise des migrants est au cœur de l’actualité. Mais aussi parce que les populistes de l’UDC ont centré leur discours sur cette question, en réclamant des contrôles accrus aux frontières.Pour le politologue Pascal Sciarini, les voix supplémentaires éventuellement gagnées par l’UDC n’auront toutefois qu’une influence mineure sur la politique extérieure du pays.Le 9 février 2014, les Helvètes avaient voté par référendum le rétablissement des quotas migratoires – ce qui est contraire au principe de la libre-circulation. Mais le gouvernement, mis sous pression par Bruxelles qui refuse de transiger sur les fondements de l’espace Schengen, peine à appliquer cette nouvelle loi.« Sur ce sujet, nous sommes dans une impasse, pense Pascal Sciarini. Selon moi, qu’il y ait des députés UDC en plus à Berne ne change rien : nous dépendons de la Commission européenne, qui décidera si elle accepte plus de flexibilité vis-à-vis du statut de la Suisse, ou pas. »Les populistes de l’UDC vont-ils prendre du poids au sein du Conseil fédéral ?Seule la réélection du pouvoir exécutif du pays, le Conseil fédéral, prévue début décembre, éveille quelque peu l’intérêt de la population : l’UDC, qui détient déjà le portefeuille de la défense, de la protection de la population et des sports, obtiendra-t-elle un deuxième ministre, sur les sept que compte cette institution ? Pour le savoir, il faudra toutefois attendre la fin de l’année, quand l’Assemblée fédérale (Assemblée et Sénat) choisira les sept membres du gouvernement.Les principaux partis du pays (UDC, PS, PLR et le PDC, le Parti démocrate chrétien) sont représentés au gouvernement selon le système dit de la « formule magique ». Cette équation instaurée en 1959 (2 PS, 2 PLR, 2 PDC et 1 UDC), avait été modifiée en 2003 lorsque l’UDC a obtenu un siège supplémentaire au Conseil fédéral au détriment du PDC.Il l’a ensuite perdu en 2007 suite aux polémiques autour de son dirigeant controversé Christoph Blocher. C’est Mme Eveline Widmer-Schlumpf, une élue PBD, le Parti bourgeois démocratique, un mouvement dissident de l’UDC, qui est élue sur un siège UDC.Marie Maurisse (Genève, correspondance)Journaliste au Monde Alain Salles (Czestochowa, Varsovie, envoyé spécial) Ahmed Bikes est syrien, kurde et polonais. Il est venu en Pologne pendant le communisme, quand les relations entre le régime Assad (père) et l’URSS et ses pays satellites étaient au beau fixe. Il est arrivé en 1985 pour étudier le cinéma à Lodz. Il a circulé entre la Pologne, Berlin-Est et Paris, où il a obtenu l’asile politique en 1988, « grâce au soutien de Danielle Mitterrand aux Kurdes », se souvient-il avec émotion. il est aujourd’hui citoyen polonais, propriétaire de plusieurs bars et restaurant à Czestochowa, dans le sud de la Pologne. Il est marié à une Polonaise. Son fils fait des études pour être pilote de ligne. Il parle parfaitement polonais et il emploie environ 80 personnes. On peut difficilement être plus intégré. A lui seul, il est un démenti de la peur de l’autre qu’on prête aux Polonais.Depuis la fin de l’été et la crise des réfugiés, il a pourtant découvert une autre Pologne. Pendant la campagne pour les élections législatives et sénatoriales dimanche 25 octobre, la droite polonaise s’est lancée dans une surenchère contre les réfugiés. A commencer par le parti qui a de grandes chances de revenir au pouvoir, Droit et justice (ou PiS – pour Prawo i Sprawiedliwość). Son tout-puissant président, Jaroslaw Kaczynski, a parlé du « choléra qui sévit déjà sur les îles grecques, de dysenterie à Vienne et de toutes sortes de parasites qui chez ces gens peuvent ne pas être dangereux mais qui peuvent l’être pour les populations locales ».Surenchère verbale« Voulez-vous qu’on ne soit plus les maîtres dans notre propre pays ? Les Polonais ne le veulent pas et le PiS ne le veut pas non plus », a lancé M. Kaczynski, qui a également parlé des territoires où régnerait la charia en France et en Suède. La candidate du PiS au poste de premier ministre, Beata Szydlo, qui adopte un ton modéré pendant la campagne, s’est contentée de parler de la « peur » des Polonais lors des débats télévisés. Mais le président, Andrzej Duda, a suivi les leçons de son mentor sur l’accueil des migrants après la décision du gouvernement polonais de ne pas s’opposer aux mesures de répartition des réfugiés dans l’Union européenne, qui prévoit l’accueil de quelque 7 000 personnes en Pologne, pays de 38 millions d’habitants. « Si le gouvernement est d’accord, il devrait pouvoir dire s’il est prêt à faire face à toutes les circonstances, c’est-à-dire si les Polonais sont bien protégés contre des risques épidémiologiques », a déclaré le président Duda, une semaine avant les élections.Lors du débat télévisé avec l’ensemble des partis, le candidat populiste Pawel Kukiz expliquait qu’il ne fallait pas « parler de réfugiés mais de migrants économiques » en se demandant s’il fallait vraiment « accueillir des terroristes ». Le chef de l’extrême droite, Janusz Korwin-Mikke, qui avait fait scandale en expliquant qu’Hitler n’était pas au courant des camps d’extermination et avait fait un salut nazi au Parlement européen, a ironisé sur les « camps de concentration » que voudrait construire l’Europe pour accueillir les réfugiés.Lire aussi :Pologne : la fin du bon élève européen ?« Les réfugiés sont virtuels en Pologne »« Je ne pensais pas qu’il y avait autant de gens racistes », explique Ahmed Bikes dans un de ses restaurants de Czestochowa, après avoir regardé le débat. Il met la violence de ces discours sur le compte de la campagne électorale, mais les réactions de son entourage l’ont choqué. « Moi, je n’ai jamais eu de problèmes. Mais j’ai dû supprimer plusieurs amis Facebook quand j’ai lu leurs commentaires. Ce sont des gens que je connaissais bien parfois. Ils m’ont demandé pourquoi je les avais supprimés. Ils me disaient : “Oui mais toi, ce n’est pas pareil.” Une de mes employés expliquait que les migrants venaient prendre nos bénéfices sociaux. Je lui ai quand même expliqué que c’était un ancien migrant qui lui payait son salaire tous les mois ! »Lire aussi :En Pologne, une croissance forte mais mal répartie Il comprend quand même les Polonais, « qui n’ont pas eu de passé colonial et ne sont pas habitués aux étrangers », et trouve même que « Merkel a exagéré en voulant accueillir tous les migrants ». Mais en même temps, explique-t-il, « la Pologne a besoin de migrants. les Syriens peuvent faire d’excellents médecins pour les hôpitaux ». La Pologne a un des plus faibles taux de fécondité d’Europe (1,3 enfant par femme). Elle a aussi le taux le plus bas de population immigrée (0,3 %, au début de 2014, même si cela a augmenté avec plusieurs centaines de milliers d’Ukrainiens). « Les réfugiés sont virtuels en Pologne. C’est pour cela qu’on peut dire n’importe quoi politiquement sur eux », souligne Jaroslaw Kuisz, rédacteur en chef du site Kultura Liberalna. Il s’étonne aussi de voir que le parti au pouvoir, Plate-forme civique, n’a pas cherché à mettre en avant la position ouverte de l’épiscopat polonais, qui a relayé les appels du pape François pour l’accueil des réfugiés, contre le PiS, pourtant toujours prêt à rappeler son attachement aux valeurs de l’Eglise.Alain Salles (Czestochowa, Varsovie, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) L’agence européenne de surveillance des frontières Frontex est désormais au cœur du dispositif de la politique d’asile : elle doit organiser la difficile procédure d’enregistrement des demandeurs mais aussi participer plus activement à la politique de retour. Le tout avec des moyens qui ont été promis mais se font encore attendre.Suivez le sommet en direct avec notre journalisteTweets de @c_ducourtieux!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs");Le Français Fabrice Leggeri est le directeur exécutif de Frontex. Rencontre avant le mini-sommet européen de Bruxelles qui, dimanche 25 octobre, doit évoquer des mesures d’urgence pour aider les Etats des Balkans, confrontés à une grave crise après la fermeture des frontières de la Hongrie.Lire aussi :L’Europe sous pression face à un nouvel afflux de réfugiés dans les BalkansA quoi peut vraiment servir ce sommet « opérationnel », convoqué à la hâte par la Commission ?Nous affrontons une situation évidemment exceptionnelle : entre la mi-septembre et la mi-octobre, par exemple, 200 000 personnes sont passées par la Croatie ; ce qui a, bien sûr, eu des conséquences pour les pays voisins. Cela dit, si on entend traiter le problème à la source, c’est en Grèce qu’il faut le faire : il convient de faire fonctionner l’enregistrement dans les « hot spots » [lieux de regroupement des migrants] à installer dans ce pays – comme en Italie – et permettre ainsi les relocalisations décidées par le Conseil. On ne réglera pas le problème des Balkans si l’on ne régule pas ces flux.Les moyens promis à Frontex sont à la hausse, mais concrètement où en êtes-vous ?J’ai lancé le plus vaste appel à contributions de notre histoire, soit 775 gardes-frontières. Dont 600 pour l’enregistrement en Grèce et une centaine pour les frontières terrestres – dont la Croatie. Nous en sommes actuellement à 300 personnes environ et, même si c’est encore insuffisant, c’est déjà un record pour les mises à disposition. Certains responsables évoquent un risque d’effondrement du système mis en place parce que l’enregistrement dans les « hot spots » ne fonctionne pas…La situation est différente en Italie et en Grèce : relative stabilisation des flux dans le premier cas, multiplication par dix dans le deuxième, avec une grande majorité de réfugiés syriens et d’Irakiens. Le « hot spot » qui doit être mis en place par les autorités nationales, aidées par les agences européennes, est un lieu de débarquement et d’accueil, où différentes agences européennes traitent les flux, avec les autorités nationales. Frontex procède à un premier examen pour déterminer d’abord la nationalité, puis à une audition pour établir le profil de la personne, la route qu’elle a suivie, etc. L’agence peut aussi recueillir des informations sur des groupes criminels organisés, qu’elle va transmettre à la police et à Europol. Le Bureau d’asile européen prend ensuite le relais, aide les autorités locales et met en route le processus de relocalisation.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?Mais ces « hot spots » ont-ils vocation à devenir des lieux de rétention ?Une partie des personnes auditionnées et enregistrées n’est pas éligible à l’asile. Il s’agit donc d’étrangers en situation irrégulière qui doivent être renvoyés vers un pays d’origine. La question est de savoir où les mettre alors qu’elles ont notamment droit à un appel. En clair, on a besoin de centres de rétention.Des responsables soulignent que la très grande majorité des demandeurs d’asile refuse en fait l’enregistrement, parce que ces personnes craignent de se retrouver dans un pays où elles ne veulent pas se rendre…Je suis chargé de faire fonctionner les « hot spots ». Nous sommes mieux outillés qu’auparavant et je crois que les autorités grecques ont compris l’enjeu. Nous testons, par ailleurs, une technologie nouvelle, déployable dans toutes nos opérations. Cela dit, j’ai effectivement constaté, à Lesbos, que 100 Syriens ont demandé l’asile depuis le 1er janvier 2015 alors que 120 000 personnes au moins sont arrivées sur cette île. Elles sont, c’est vrai, transférées ensuite sur le continent où elles peuvent accomplir les formalités, mais il est clair que nous devons arriver à ce que tous les vrais demandeurs d’asile fassent les démarches nécessaires pour obtenir une protection. A défaut, on n’arrivera pas, non plus, à renvoyer les autres.Lire aussi :Migrants : le premier « hot spot » grec ouvre sur l’île de LesbosFrontex est-elle réellement outillée, désormais, pour mener à bien cette politique de retour ?L’agence a déjà une compétence dans ce domaine, surtout logistique : c’est le soutien à des vols conjoints quand deux Etats au moins se mettent d’accord pour lancer une opération. Nous en organiserons une soixantaine cette année. Désormais, nous allons aussi faciliter la préparation de ces vols de retour, avec les documents de voyage qui sont indispensables. Jean-Claude Juncker affirme que la crise actuelle peut durer dix ans. C’est votre avis également ?Je ne prévois pas de décrue avant 2020 et la fin de mon mandat en tout cas. Et j’espère qu’à la faveur de cette crise, les Européens comprendront qu’il faut aller vers une intégration plus forte pour traiter la question des flux migratoires, plus large que la gestion des frontières, même si celle-ci est également cruciale. Le défi va perdurer, parce que les causes ne sont pas traitées. Elles sont géostratégiques, économiques, démographiques, liées au respect de l’état de droit, etc. Pour ce qui est de ma mission spécifique, je peux dire qu’une gestion plus forte des frontières extérieures est nécessaire pour assurer le bon fonctionnement de l’espace Schengen. Rappelons d’ailleurs que Frontex a été créé pour être est le corrélat de la libre circulation.Faut-il créer rapidement un corps de gardes-frontières européens ?J’insiste sur une gestion intégrée de nos frontières et j’attends impatiemment le projet de la Commission et la décision du Conseil, en décembre.Lire le reportage :La frontière croato-slovène, nouvel abcès de la route des migrantsJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 25.10.2015 à 02h28 • Mis à jour le25.10.2015 à 02h29 L’ex-premier ministre britannique Tony Blair a présenté « des excuses » pour l’invasion de l’Irak en 2003, durant laquelle il fut le principal allié de Georges W. Bush, dans une interview à CNN qui doit être diffusée lundi 26 octobre. Face à Farid Zakaria, commentateur qui avait à l’époque encouragé l’invasion américaine avant de basculer dans le camp des critiques, M. Blair reconnaît également une part de responsabilité dans la montée actuelle de l’organisation Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie voisine. La presse britannique a fait écho de ces déclarations avant leur diffusion.Lire le portrait :Tony, Cherie et Cie« Je présente des excuses pour le fait que le renseignement était faux. Je présente également des excuses, au passage, pour certaines erreurs de planification et, certainement, pour notre erreur dans la compréhension de ce qui arriverait une fois que nous aurions renversé le régime. Mais il m’est difficile de demander pardon pour avoir renversé Saddam », déclare M. Blair à CNN, selon des propos rapportés par le quotidien The Telegraph et plusieurs tabloïdes.La référence à des « renseignements faux » paraît une évocation des supposées armes de destruction massive de Saddam Hussein, une menace qui a légitimé l’invasion de l’Irak dans les opinions britannique et américaine et qui s’est avérée inexistante. La coalition américaine avait peu préparé l’occupation du pays, qui devait suivre la chute de Saddam Hussein. La décision du principal administrateur américain, l’envoyé présidentiel Paul Bremer, de dissoudre le parti Baas de Saddam Hussein et d’interdire à ses hauts responsables d’exercer une fonction au sein du nouvel Etat avait, entre autres erreurs stratégiques, précipité la chute du pays dans la guerre civile. L’alliance d’anciens militaires et agents du renseignement baasistes et de djihadistes sunnites ferait une spécificité de la branche d’Al-Qaida en Irak, et la matrice de l’EI.Lire aussi l'enquête :Haji Bakr, le cerveau de l’Etat islamiqueSur CNN, lorsqu’il est demandé à M. Blair s’il considère que l’invasion a mené à l’essor de l’EI, il répond : « Je pense qu’il y a là des éléments de vérité. Bien sûr, vous ne pouvez pas dire que ceux qui ont renversé Saddam en 2003 n’ont aucune responsabilité dans la situation en 2015. » Lire dans nos archives : Tony Blair, le dernier croisé Jean-Baptiste Chastand (Kljuc Brdovecki, Croatie, envoyé spécial) En distribuant des verres d’eau aux migrants qui traversent son village, Alan (qui n’a pas voulu donner son nom de famille) rigole : « Il y a deux jours j’ai dit aux gens du village voisin que Kljuc Brdovecki était devenu le centre du monde. » Qui aurait cru que ce petit village croate situé juste avant la frontière slovène allait voir subitement passer des milliers de migrants par jour ? Personne, pas même le doyen du village, qui se glisse dans la discussion pour rappeler qu’il a en pourtant vu d’autres : « Ici, les partisans ont assassiné des Oustachis dans les champs en 1945. Et dans les années 90 tout le village a accueilli des réfugiés de Bosnie. »Kluj Brdovecki et sa jumelle slovène, Rigonce, sont devenus le nouvel abcès de la route des Balkans, dérivée ici depuis que Viktor Orban, le premier ministre hongrois, a décidé de fermer totalement sa clôture anti-migrants avec la Croatie, samedi 17 octobre. Un mois après avoir bloqué la section à la frontière serbe. Dès lundi, les premiers migrants sont amenés en Slovénie dans la plus grande confusion par les autorités croates qui comptent désormais sur ce petit pays alpin de 2 millions d’habitants, pour les emmener en Autriche. Plus de 60 000 migrants sont entrés dans le pays en une semaine. Alors que cette arrivée était prévisible, le chaos s’installe à la frontière et la tension monte entre les deux pays.A la frontière slovène-croate, les migrants arrivent toujours par milliers https://t.co/GGymr1vF20— jbchastand (@JB Chastand)require(["twitter/widgets"]);De vieux conflits autour du tracé frontalierMercredi, sous la pluie, des migrants traversent à la nage la petite rivière glaciale qui marque la frontière. Ces images font le tour du monde. La Slovénie accuse depuis les policiers croates de les avoir délibérément envoyés dans l’eau. Des accusations retournées par le gouvernement croate, qui a reproché aux Slovènes de manquer d’humanité en annonçant le déploiement de l’armée. Même si le soleil est revenu et la tension a baissé, cet épisode reste dans les têtes des deux côtés de la frontière, où les vieux conflits autour d’un tracé toujours contesté ne sont pas difficiles à ranimer. « Les Slovènes racontent n’importe quoi, ce sont eux qui n’ont pas empêché les migrants d’aller dans le fleuve », peste Alan. « Les Croates nous envoient les migrants pour se venger », grogne en face un Slovène venu voir de ses propres yeux le flot d’arrivées des réfugiés.Lire aussi :Dépassée par l’afflux de migrants, la Slovénie demande l’aide de l’UELes migrants continuent d’être conduits par train entier, jour et nuit, depuis la Serbie. Huit mille devaient encore passer ici pour la seule journée de samedi. Mais, sur le terrain, les polices des deux pays semblent désormais se coordonner pour réguler les arrivées. Les migrants doivent descendre du train côté croate, marcher 2 kilomètres jusqu’en Slovénie, attendre, puis marcher à nouveau vers plusieurs camps successifs, qui sont autant de moyens de réguler le flux, avant d’être enregistrés officiellement, puis d’embarquer dans des trains ou dans des bus pour l’Autriche. Samedi soir, près de 40 000 migrants avaient ainsi quitté la Slovénie pour l’Allemagne.« Les policiers nous interdisent de monter dans les voitures »Même s’il fait très froid la nuit, les réfugiés semblent par ailleurs désormais disposer de nourriture et de couvertures en quantité suffisante. « Maintenant, c’est beaucoup mieux organisé, la situation est sous contrôle et le travail entre les ONG mieux coordonné. Les réfugiés peuvent voir des médecins s’ils le souhaitent », témoigne Mario Belovic, journaliste pour le quotidien Delo, qui a décidé de poser des congés toute la semaine pour venir distribuer de la nourriture et de l’eau aux migrants. Un camp avec des tentes chauffées et des matelas est même en cours de construction et devrait être terminé dans les tout prochains jours.les enregistrements se font dans cette ancienne fabrique de vêtements, mais un centre chauffé est en construction https://t.co/uoZf16kmQ2— jbchastand (@JB Chastand)require(["twitter/widgets"]);Malgré cette organisation, il faut toujours plusieurs heures pour passer toutes ces étapes, les autorités slovènes enregistrant tous les migrants. En pleine campagne, les migrants marchent d’un camp à l’autre encadrés par des CRS et des policiers à cheval. Les femmes, les enfants et les personnes âgées ont souvent du mal à suivre. Mustafa, un Irakien de 35 ans qui avance très lentement avec sa mère, âgée de 58 ans, qui éprouve le plus grand mal à marcher, assure qu’il ne regrette rien. « Elle a beaucoup de palpitations cardiaques et c’est difficile, mais la situation est tellement plus dure en Irak », explique cet orthopédiste qui compte sur ces économies pour lui payer dès que possible un taxi. « Le problème est que les policiers nous interdisent de monter dans les voitures. »Des matchs de foot ont dû être suspendus ce week-end faute de forces de l’ordre disponiblesAutour d’eux, des dizaines de villageois viennent observer la situation et se demandent combien de temps cela peut-il bien durer. « Au moins des mois », pense Anka, qui habite la première maison côté slovène et qui vient chaque soir apporter des vêtements en famille. Même si elle les aide volontiers, cette assistante sociale de 42 ans ne sait pas trop encore quoi penser de tous ces migrants. « L’autre jour, je n’ai même pas pu aller au travail car ils étaient trop nombreux et je suis un peu inquiète pour mes trois enfants », observe-t-elle. D’autres ne cachent pas leur hostilité envers ces réfugiés très majoritairement musulmans. Tous se demandent si l’hiver et la neige vont ralentir les arrivées.Pour rassurer la population, des centaines de militaires et de policiers ont été déployés. Mais le gouvernement slovène assure ne pas avoir les moyens de continuer comme ça longtemps. Des matchs de foot ont dû être suspendus ce week-end faute de forces de l’ordre disponibles, et la Slovénie assure dépenser 770 000 euros par jour. Le gouvernement espère bien obtenir de l’aide de l’Europe dimanche 25 octobre, lors du sommet extraordinaire sur les migrants organisé à Bruxelles. Pour autant, personne ne croit que le pays serait prêt à fermer la frontière avec une clôture, comme l’a pourtant laissé entendre le premier ministre slovène. « Ce serait impossible, il y a 600 kilomètres de frontière, dont des parties en montagne, on aura jamais assez de policiers pour la surveiller », explique Mario Belovic.Jean-Baptiste Chastand (Kljuc Brdovecki, Croatie, envoyé spécial)Journaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Claire Guélaud Les Argentins sont appelés à désigner, dimanche 25 octobre, le successeur de Cristina Fernandez de Kirchner, dont le deuxième mandat de présidente, placé sous le signe de difficultés économiques et financières croissantes, touche à sa fin.Longtemps absente des débats électoraux, l’économie y a fait récemment son retour. Les difficultés économiques et financières du pays s’aggravent et l’horizon est assombri par le ralentissement chinois et par la baisse du prix des matières premières.Lire aussi :Argentine : qui sont les candidats à la présidentielle et leurs programmesLa dégringolade de la croissanceLa deuxième moitié des années Kirchner a été assombrie par la diminution de la croissance, passée de 8,7 % en moyenne entre 2003 et 2007 à moins de 4 % par la suite. Pour 2014, le Fonds monétaire international parle de récession (–1,7 %), alors que le ministre argentin de l’économie, Axel Kicillof, retient une modeste croissance de + 0,5 %. Si leur différend persiste pour 2015 et 2016, personne ne conteste l’importance du ralentissement économique actuel.Le ralentissement chinois et la baisse du prix des matières premières pèsent sur le secteur agroalimentaire argentin. Principal pourvoyeur de devises, ce dernier est aussi pénalisé – comme l’industrie, peu compétitive – par la surévaluation du peso.Lire aussi :L’Argentine à la recherche de sa croissance perdueDes réserves de change grignotéesLes prochains mois seront difficiles. Les réserves de change de l’Argentine, qui n’a plus accès aux marchés des capitaux depuis son défaut souverain en 2001, sont tombées officiellement de 52 milliards de dollars en juillet 2011 à 32,5 milliards de dollars (29,5 milliards d’euros). Mais un rapport de Morgan Stanley, cité le 9 octobre par Emerging Markets, les évalue plutôt à « 10-12 milliards ».Pour se procurer des devises, le gouvernement a alourdi les « retenciones », ces taxes sur les exportations qui atteignent 35 % sur le soja. Il a limité, parfois interdit les importations, et ressuscité le troc.De lourdes échéances Début octobre, le gouvernement a remboursé 5,9 milliards de dollars (5,3 milliards d’euros) d’obligations. Il en aura autant à sortir en 2016. Mais le pays n’a plus d’argent. Alejandro Vanoli, le gouverneur de la banque centrale, a bouclé à Lima, au Pérou, en marge des assemblées d’octobre du FMI et de la Banque mondiale, un prêt de 2 milliards avec la People’s Bank of China.Lire aussi (édition abonnés) :En Argentine, le crépuscule des années KirchnerUne inflation très élevéeL’inflation élevée, enfin, complique la vie des Argentins. La hausse des prix a accéléré à 12,3 % en 2004 et en 2005. Elle serait de 25 % aujourd’hui. À défaut de la maîtriser par le contrôle des prix, le gouvernement manipule les statistiques, ruine la crédibilité du pays et provoque des fuites de capitaux.La course aux dollarsFace à l’inflation qui dilue les dettes mais complique la vie des Argentins, la course au dollar se généralise. Il y a trois à quatre taux de change dans le pays. « Le premier, aligné sur le dollar, est comme une star. On en rêve sans y avoir jamais accès », ironise M. Echagüe d’Allianz. Les autres sont des dollars « bleus » échangés sur un marché parallèle, qui a presque pignon sur rue, à raison de 16 pesos pour 1 dollar, au lieu de 10 pour 1 au taux officiel.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.10.2015 à 12h12 • Mis à jour le25.10.2015 à 14h14 | Alain Salles (Varsovie, envoyé spécial) La Pologne a de très fortes chances de changer de majorité, dimanche 25 octobre, lors des élections législatives. Les sondages donnent entre 32 et 39,5 % de voix pour le parti conservateur Droit et justice (PiS) et entre 22 % et 26 % pour la Plate-forme civique (PO), aux commandes du pays depuis huit ans. C’est la lassitude du parti régnant et son usure du pouvoir qui rendent probable ce changement de majorité. La première ministre, Ewa Kopacz, qui a succédé il y a un an à Donald Tusk, devenu président du Conseil européen, à Bruxelles, a mené une campagne solitaire, dominée par les attaques contre son principal adversaire plutôt que par la défense d’un bilan qui est loin d’être négligeable. Dans un environnement difficile au niveau européen, la croissance n’a cessé de progresser, et le chômage a diminué pour passer cette année sous la barre des 10 %. PO n’a pas su non plus imposer pendant la campagne de nouvelles têtes chargées d’incarner le renouveau du parti. Comble de malchance, la secrétaire d’Etat à la justice a été limogée vendredi après avoir été verbalisée pour conduite en état d’ivresse. L’ambiance était plutôt morose vendredi lors du dernier meeting de PO, même si Ewa Kopacz a assuré : « PiS n’a pas gagné. »Lire aussi :Election en Pologne : l’usure de la droite libéraleAu PiS, de nouveaux visages Pendant des années, la vie politique polonaise a été dominée par le duel entre Donald Tusk et Jaroslaw Kaczynski, le président du PiS, premier ministre en 2006 et en 2007, et frère jumeau de l’ancien président Lech Kaczynski, mort dans la catastrophe aérienne de Smolensk en 2010. Le chef du PiS ne s’est pas présenté à l’élection présidentielle, quand le président sortant Bronislaw Komorowski était ultrafavori. C’est un presque inconnu, Andrzej Duda, qui a été le candidat de PiS, et élu à la présidence de la République, le 25 mai. PiS, qui était dominé par l’image — repoussante pour des électeurs modérés — de M. Kaczynski, a montré qu’il pouvait incarner le changement avec de nouveaux visages. Il a réitéré l’expérience en proposant à une députée quinquagénaire, Beata Szydlo, qui venait de diriger avec succès la campagne de M. Duda, d’être en première ligne pour conduire les législatives.Notre portrait :Andrzej Duda « l’inconnu », nouveau président polonaisCe parti qui était considéré comme celui d’un seul homme (ou de deux frères) est désormais représenté par une femme, efficace et plutôt modérée dans son discours. Elle a mené une campagne de terrain, est apparue à l’écoute des gens et de leurs préoccupations, a multiplié les promesses, mais s’est bien gardée, tout comme M. Duda auparavant, d’entrer dans les obsessions du président du parti et de ses plus proches affidés, notamment les théories du complot autour de la catastrophe de Smolensk. Le passage au pouvoir de M. Kaczynski — qui a laissé de mauvais souvenirs à Bruxelles — a été marqué par une campagne contre la corruption efficace mais aux méthodes contestées. Le chef de la lutte anticorruption a été condamné pour abus de pouvoir. Le quotidien Gazeta Wyborcza a symbolisé cette inquiétude en titrant vendredi sur « la démocratie », menacée selon la rédaction en cas de retour au pouvoir de PiS.Après avoir été très discret, M. Kaczynski a refait surface publiquement ces dernières semaines, enchaînant les meetings électoraux et les déclarations à l’emporte-pièce sur les « risques épidémiologiques » que provoqueraient les quelque 7 000 migrants que le gouvernement s’est engagé à accepter dans le cadre du plan de répartition européen de réfugiés.Lire notre analyse :Pologne : la fin du bon élève européen ?Quel parti pourrait s’allier à PiS ? Si la victoire de PiS semble assurée, sa capacité à obtenir une majorité est plus incertaine. Cela dépendra de l’ampleur de sa victoire mais aussi du nombre de partis qui entreront au Parlement. Or, selon les sondages, compte tenu de la marge d’erreur, le Parlement pourrait être composé de trois ou de sept partis. La plupart sont à la limite du seuil qui permet d’être qualifié dans le cadre de ce scrutin proportionnel (5 % pour un parti, 8 % pour une coalition).Les listes du chanteur Pawel Kukiz semblent bien placées, avec un score situé entre 7,5 et 12,5 % des voix, selon les instituts de sondage. Le rocker de 52 ans avait créé la surprise en obtenant plus de 20 % des suffrages lors du premier tour de la présidentielle. Nationaliste et populiste, il peut constituer une force d’appoint à PiS.Le Parti paysan était le partenaire de coalition de la Plate-forme civique. Ce parti clientéliste, bien implanté dans les campagnes, a l’habitude d’être au gouvernement quelle que soit la majorité. Il entretient cependant des rapports difficiles avec PiS. Il oscille dans les sondages entre 5 % et 7 %.Le Parti libéral de Ryszard Petru est crédité du même score. Il regroupe principalement des déçus de la Plate-forme civique, qui considèrent que Donald Tusk a renoncé à son libéralisme pour mener une politique économique trop centriste. Il est incompatible avec PiS, qui est très conservateur sur les sujets de société, comme les religions et les mœurs, mais étatiste en matière d’économie.Lire aussi :En Pologne, une croissance forte mais mal répartieA l’extrême droite, Janusz Korwin-Mikke n’est pas sûr de rentrer au Parlement, selon les sondages qui le placent légèrement en dessous du seuil des 5 %. Cet excentrique de la politique polonaise, qui fait le baisemain aux femmes, homophobe, libéral, prorusse et nostalgique de Hitler, avait été refusé par Marine Le Pen dans son groupe d’extrême droite au Parlement européen.Enfin, la gauche polonaise lutte aussi pour son maintien au Parlement. Elle se présente sous la forme d’une coalition entre le parti social-démocrate, né des ruines du parti communiste polonais, du mouvement de Janusz Palikot et des Verts. Mais le système électoral fixe à 8 % la barre d’entrée au Parlement pour les coalitions. La liste de Barbara Nowacka est dans la limite haute, entre 8 et 9 %. Elle doit affronter la concurrence d’un petit parti de gauche radicale, Razem (« Ensemble »), qui a fait une très bonne prestation lors du débat télévisé. Il est largement sous la barre des 5 %, mais apparaît comme un parti antisystème qui séduit les jeunes de gauche, tout comme ceux de droite sont attirés par Kukiz ou Korwin-Mikke.Alain Salles (Varsovie, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Nicolas Chapuis Une standing ovation du Parlement hellène, et en guise de cadeau une médaille en or frappé du profil du stratège Périclès, dont le nom signifie littéralement « entouré par la gloire ». François Hollande a pu mesurer la sienne auprès des députés grecs de Syriza, vendredi 23 octobre. Dans un pays qui a vu naître de grands orateurs, le discours du chef de l’Etat français n’aura pas réinventé le métier. Mais cet accueil positif en dit long sur l’évolution politique de la Grèce ces derniers mois et sur cette majorité de gauche radicale contrainte de voir en M. Hollande son meilleur ami sur la scène européenne.« François a été une des personnes qui m’ont convaincu que je me devais d’accepter un compromis difficile », explique Alexis Tsipras, le premier ministre grec, lors d’une conférence de presse commune entre les deux dirigeants. La position de la France, qui voulait à tout prix éviter la sortie de la Grèce de la zone euro, a été déterminante dans la signature d’un accord, le 13 juillet, qui a débloqué un plan de soutien en faveur d’Athènes en échange d’un programme de réformes drastiques.Lire aussi :Tsipras et Hollande, histoire d’un mariage de raison« La question du “Grexit” est derrière nous »Pas de bain de foule au programme de François Hollande, dont la popularité dans les rues d’Athènes n’est pas assurée. Du reste, la météo tumultueuse aurait compromis toute velléité de sortie publique. Mais le chef de l’Etat a eu droit à une série d’honneurs : discours à la Vouli (le Parlement grec), déjeuner à l’Acropole, remise d’un titre de « docteur honoris causa » de l’université d’Athènes dans la lignée des présidents du Conseil Léon Gambetta, Georges Clemenceau, ou encore du député Jean Zay… A chaque arrêt, François Hollande défend son idée de l’Union européenne, et veut voir dans le maintien de la Grèce dans la zone euro la preuve que la « solidarité » en est la principale valeur. « Sans la Grèce, l’Europe ne serait plus l’Europe et la zone euro aurait perdu de sa légitimité en perdant son intégrité », explique-t-il. La poussée des extrêmes – « ceux qui veulent se retirer de tout, qui considèrent l’autre comme un suspect, qui veulent ériger des murs » – est très présente dans son discours, alors que 18 représentants du parti néonazi Aube dorée siègent à la Vouli. « La démocratie c’est s’adresser à l’intelligence des citoyens plutôt que s’adresser à ses peurs », lance-t-il à l’assemblée.Pour lui, le plan européen de maintien de la Grèce dans la zone euro, conçu dans la douleur, est davantage qu’un simple accord économique :« C’est le sort de la Grèce mais aussi d’une conception de l’Europe qui s’est joué : il s’agissait de savoir si nous portions encore un projet plus grand que nous, si nous partagions ensemble une communauté de destins, et pas seulement des règles de discipline. »Comme il l’avait déjà fait lors de son intervention du 14 juillet, François Hollande salue devant le Parlement grec « le courage » d’Alexis Tsipras et de sa majorité : « Vous avez accepté le compromis, c’est-à-dire l’esprit européen. » Le chef de l’Etat français appelle chacun à dépasser la crise de cet été : « La question du “Grexit” est derrière nous, le double engagement est passé, il est irrévocable, et chacun aura à cœur de le respecter. »Partenariats stratégiques Pour lui, la mise en œuvre des réformes grecques doit se traduire par une réflexion européenne sur le service de la dette grecque avec un rééchelonnement des intérêts. A travers sa visite, le chef de l’Etat, accompagné d’entrepreneurs, veut également défendre l’idée que la Grèce a besoin des investissements européens pour retrouver de la croissance. Le ministre des finances Michel Sapin et son homologue Euclide Tsakalotos ont d’ailleurs signé un accord pour des partenariats stratégiques entre les deux pays afin que la France aide la Grèce dans la reconstruction de son système de santé, la mise en place de sa décentralisation, ou encore la gestion des fonds structurels.A plusieurs reprises, François Hollande évoque le difficile pari qui attend la Grèce dans les mois à venir, à savoir la préservation de « sa cohésion sociale » malgré la mise en place des réformes structurelles. Alexis Tsipras avait dénoncé quelques minutes plus tôt « les politiques néolibérales extrêmes qui dépassent les exigences de juillet et ont pour objectif de faire échouer le programme grec » :« La Grèce a signé un accord qu’elle doit honorer mais ce n’était pas un accord de soumission totale. »La Grèce en première ligne Comme pour souligner l’importance du respect de la souveraineté de la Grèce, le premier ministre met dans la balance le rôle que joue son pays dans la gestion de la crise des réfugiés. « La Grèce va se révéler en pays pilier de la stabilité de cette zone géographique et en facteur fondamental de la résolution de toutes ces crises », lance-t-il, englobant tout à la fois la Syrie et l’afflux de migrants.Avec 500 000 personnes qui ont déjà transité par son territoire, Athènes se retrouve en première ligne dans cette crise. « Avec les réfugiés, Tsipras a un atout dans sa manche, analyse un diplomate français. Il dit globalement : “Si vous m’emmerdez, je vous en envoie des bateaux entiers.” » Le chef de l’Etat français mesure le rôle qu’Athènes va être amené à jouer dans les mois qui viennent et salue l’attitude d’ouverture de son hôte. « La Grèce c’est notre frontière, c’est la pointe avancée de l’Europe et les Grecs ont fait face à cet afflux et l’ont fait avec dignité », explique-t-il. Il promet dans le même temps de défendre la mise en place d’un financement européen, afin que les pays d’accueil ne supportent pas toute la charge de la crise. Une aide réclamée par Athènes, en témoignage de cette « solidarité » européenne, chère à François Hollande.Lire aussi :Migrants : le premier « hot spot » grec ouvre sur l’île de LesbosNicolas ChapuisJournaliste au service PolitiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne, qui a convoqué pour dimanche 25 octobre après-midi, à Bruxelles, un mini-sommet extraordinaire sur la « route des Balkans », empruntée par des milliers de demandeurs d’asile, veut agir très vite. Et éviter qu’après la Hongrie d’autres Etats (Slovénie, Croatie, Macédoine, etc.) érigent des murs à leurs frontières, ce qui aggraverait le chaos.Dans un document, que Le Monde a pu consulter, version provisoire d’un texte qu’il espère voir approuver par les chefs d’Etat et de gouvernement, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, prône une action « collective et concrète ». Il évoque différentes pistes. Parmi celles-ci le déploiement immédiat d’un contingent de 400 gardes-frontières en Slovénie, un pays qui a officiellement demandé l’aide de Bruxelles, jeudi.Le président de la Commission propose aussi l’établissement d’une ligne téléphonique directe, un « téléphone rouge » entre les dirigeants de tous les pays concernés pour qu’ils puissent se tenir informés en temps réel des mouvements de réfugiés et mieux anticiper ceux-ci. La Slovénie a, par exemple, beaucoup reproché à ses voisins croates d’avoir redirigé en masse les réfugiés vers son territoire au cours des derniers jours. La Commission veut aussi que les pays s’engagent à enregistrer tous les réfugiés pour que s’organise un minimum de contrôle sur les mouvements massifs de personnes.Lire aussi :L’Europe sous pression face à un nouvel afflux de réfugiés dans les BalkansUne action plus vigoureuse aux frontières La grande crainte à Bruxelles, mais aussi à Berlin – la chancelière Angela Merkel a beaucoup poussé à la tenue de cette réunion – est que la situation dégénère et que des violences se produisent entre les forces de sécurité et des réfugiés. Divers experts redoutent aussi que la détérioration des conditions climatiques entraîne des décès le long d’itinéraires dont le tracé change d’un jour à l’autre.Le brouillon des conclusions à adopter dimanche – et qui sera débattu jusqu’à la dernière minute entre les « sherpas » des Etats membres, de la Serbie et de la Macédoine – évoque encore une intervention humanitaire, par le biais du Mécanisme de protection civile, une aide financière à négocier avec des institutions, dont la Banque européenne d’investissement.Il promet une coopération pratique pour faciliter les réadmissions des déboutés du droit d’asile par les pays tiers. Il mentionne une action plus ferme contre les « mouvements secondaires », à savoir le passage de réfugiés et de migrants d’un pays à l’autre. Une action plus vigoureuse – réclamée par une majorité de pays, désormais – est également promise : en mer, ainsi qu’aux frontières gréco-macédonienne, gréco-albanaise, en Croatie, etc.Le texte stipule encore qu’un demandeur d’asile qui refuserait d’accomplir les formalités en vue d’obtenir une protection internationale pourrait se voir refuser l’entrée dans le pays concerné.Lire aussi :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ?Mécanisme permanent de relocalisation Par son initiative, la Commission veut faire retomber la tension entre les pays concernés : la fermeture des frontières hongroises ou les polémiques entre la Slovénie et la Croatie inquiètent les diplomates. D’où ce rendez-vous inédit, pris « en concertation » avec Angela Merkel, l’Allemagne étant la destination finale de la plupart des réfugiés.Dans l’entourage du président Juncker, on dément que ce rendez-vous sera aussi l’occasion de relancer un débat sur l’espace Schengen ou sur une réforme du règlement de Dublin, qui oblige le pays de première arrivée à gérer le dossier d’un demandeur d’asile.Angela Merkel souhaite en tout cas que ce règlement soit rapidement revu : l’opinion publique allemande commence à douter que le pays arrive à surmonter la crise actuelle et s’inquiète du manque de solidarité de ses partenaires dans le partage des réfugiés.En mettant en présence les dirigeants d’une bonne partie des Etats concernés, M. Juncker se montre prêt à l’aider. Et à réenclencher la discussion sur un mécanisme permanent de relocalisation. « Les yeux dans les yeux, il leur sera plus difficile de fuir leurs responsabilités ou d’accepter des engagements qu’ils ne tiendraient pas », commente un haut responsable bruxellois.Ce ne serait pourtant pas la première fois, comme l’a montré l’épisode précédent du partage promis de 160 000 réfugiés, très loin d’être concrétisé aujourd’hui.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Deux ans de prison. Le verdict a été prononcé, jeudi 22 octobre, contre quatre anciens directeurs de la banque régionale espagnole NovaCaixaGalicia, accusés de s’être attribués des parachutes dorés alors même que l’établissement financier se trouvait au bord de faillite.Les quatre banquiers n’iront probablement pas en prison car ils n’ont pas d’antécédents pénaux. A condition toutefois qu’ils restituent les 19 millions d’euros qu’ils avaient perçus de manière « indue » et s’acquittent d’une amende de 75 000 euros chacun.La sentence vient confirmer le pillage dont ont été victimes les cajas, ces caisses d’épargne semi-publiques au cœur de la crise bancaire qui a secoué l’Espagne entre 2008 et 2013. Pour partir avec une confortable préretraite, les dirigeants de NovaCaixaGalicia, établissement né de la fusion de deux cajas, avaient modifié leurs contrats alors même que l’Etat avait déjà dû injecter des fonds pour sauver l’établissement de la faillite.Une « farce »Le scandale est d’autant plus grand que la banque avait auparavant vendu des milliers d’actions préférentielles – produits financiers complexes et risqués – à près de 40 000 petits épargnants qui pensaient faire un placement sûr, parmi lesquels des enfants ou des personnes âgées, parfois analphabètes, qui signaient d’une simple croix ou de leur empreinte digitale.Au total, le gouvernement espagnol a injecté via le Fonds de restructuration bancaire (FROB) 9 milliards d’euros dans la banque de Galice, minée par une gestion désastreuse et une forte exposition à la bulle immobilière. Nationalisée et assainie, elle a été revendue fin 2013 pour à peine 1 milliard d’euros au groupe vénézuélien Banesco.Pour toutes ces raisons, l’association de clients de banques et d’assurances Adicae a annoncé son intention de déposer un recours contre un verdict qu’elle considère comme une « farce ». Elle estime que les dirigeants méritent d’être condamnés pour « escroquerie » et doivent « aller en prison ».Falsification, détournement, corruption…De nombreux procès contre des banquiers sont attendus dans les prochains mois. L’an dernier, plusieurs responsables de Caixa Penedès ont déjà été condamnés à deux ans de prison, pour « administration déloyale », pour avoir empoché 30 millions d’euros d’épargne retraite. Actuellement, une vaste enquête judiciaire porte sur les conditions d’entrée en Bourse de Bankia, la banque issue de la fusion, en 2010, de sept caisses d’épargne. Elle a depuis reçu 23 milliards d’euros d’aide publique pour ne pas sombrer et contraint l’Espagne à demander à Bruxelles en 2012 une aide de 40 milliards d’euros. Plus d’une trentaine de responsables de Bankia sont mis en examen, dont son ancien président, par ailleurs ex-directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Rodrigo Rato, accusé d’escroquerie, falsification, détournement de fonds, corruption et fraude fiscale dans « l’affaire Bankia » et ses ramifications.Des accusations de « falsification comptable » touchent aussi des dirigeants de Banco de Valencia, la CAM ou de Caja Castilla-La Mancha. « Le FROB a présenté une quarantaine de plaintes devant le parquet », résume le ministre de l’économie, Luis de Guindos. Pour sauver une douzaine d’établissements financiers, l’Espagne a injecté plus de 56 milliards d’euros dans le secteur durant la crise et ne détient plus que des participations dans Bankia. Le sous-gouverneur de la Banque d’Espagne et président du FROB, Fernando Restoy, a estimé en avril que 40 milliards d’euros de ces aides ne pourront jamais être récupérés.Lire aussi (édition abonnés) :Bruxelles invite l’Espagne à actualiser son budget « dès que possible »Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alain Salles (Czestochowa, Ruda Slaska (Pologne), envoyé spécial) Tous contre la Plate-forme civique (PO), le parti de centre droit au pouvoir depuis huit ans en Pologne. La campagne électorale pour les élections législatives et sénatoriales, dimanche 25 octobre, ressemble à un jeu de massacre, avec une seule cible : la terne première ministre Ewa Kopacz, qui a succédé il y a un an au charismatique Donald Tusk, parti à la présidence du Conseil européen, à Bruxelles. Le parti du « miracle économique » polonais, qui avait gagné avec 39 % des suffrages en 2011, s’effondre dans les sondages et arriverait largement derrière Droit et justice (PiS, droite conservatrice) : entre 22 % et 26 % pour la PO, contre 32 % à 38 % pour PiS. Le parti de centre droit, qui a joué un rôle-clé pour faire de la Pologne une voix écoutée en Europe, perd du terrain face à une formation nettement plus eurosceptique.Lire aussi :En Pologne, une croissance forte mais mal répartieCe n’est pas facile d’être un candidat de la PO sur le terrain, même lorsque l’on est au gouvernement. « Ce n’est pas une campagne sereine. Le débat se radicalise et se droitise, explique Izabela Leszczyna, secrétaire d’Etat au budget, en campagne dans sa circonscription de Czestochowa, la Lourdes polonaise, célèbre pour ses pèlerinages à la Vierge noire. Dans une Pologne coupée en deux entre l’Est, qui vote PiS, et l’Ouest favorable à la PO, certaines frontières se brouillent. Cette circonscription du sud votait PO, elle a choisi le conservateur Andrzej Duda (PiS) à la présidentielle. Sur ses affiches, Izabela Leszczyna rappelle : « Je suis d’ici »… car elle a passé beaucoup de temps à Varsovie. Le retour est brutal : « Alors que je sillonnais la région avec un bus de la PO, nous étions soutenus par des gens qui nous disaient : “sauvez-nous du retour de PiS”. Mais nous étions aussi régulièrement confrontés à des gens hostiles, qui nous traitaient de voleurs et ne voulaient plus nous voir. Lors des débats avec les candidats locaux, les partisans de PiS et des autres partis de droite faisaient beaucoup de chahut. »« L’affaire des écoutes nous a coûté très cher », reconnaît-elle. Depuis plus d’un an, cette affaire rocambolesque empoisonne la vie du parti au pouvoir. Des ministres importants du gouvernement ont été enregistrés dans deux restaurants huppés de Varsovie. Plus que le contenu des écoutes, c’est le langage ordurier, la désinvolture et l’impression d’arrogance que donnaient les membres du gouvernement qui ont scandalisé. Et accessoirement, le montant des additions pour ces mets et ces vins, qui ne sont pas à portée de bourses des Polonais moyens. L’affaire a coûté sa place à l’ancien ministre des affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, mais cela n’a pas suffi à éteindre l’incendie. L’affaire est devenue un sujet de plaisanterie, un peu amère. Une nouvelle salve de révélations est sortie à trois jours du scrutin.« Je sens déjà le goût de la victoire »A Czestochowa, la tête de liste de Droit et justice est aux anges : « Je sens déjà le goût de la victoire », assure Szymon Gizynski, député PiS, qui a pour objectif de doubler son score en obtenant quatre des sept sièges de la ville. Face à la chute de l’image de la PO, le président de Droit et justice, l’ancien premier ministre Jaroslaw Kaczynski – frère jumeau de l’ancien président Lech Kaczynski, tué dans une catastrophe aérienne en 2010 – en a profité pour redorer le blason de son parti. Après la divine surprise de la victoire d’Andreszj Duda à la présidentielle, au printemps, face au sortant Bronislaw Komorowski, il a choisi Beata Szydlo pour conduire la bataille des législatives. Cette députée de 52 ans, qui a dirigé la campagne de M. Duda, concentre son discours sur les difficultés économiques des oubliés du « miracle polonais ». Ces deux nouveaux venus donnent à PiS une image de renouveau, sur laquelle se fracasse la campagne de la PO. Celle-ci continue à jouer sur la peur d’un retour de PiS au pouvoir et sur le rejet longtemps inspiré par l’image de la « république monozygote » incarnée par les jumeaux Kaczynski. Mais après huit ans de pouvoir du parti de Donald Tusk, cette peur plus qu’un très lointain souvenir pour les électeurs. Szymon Gizynski est un député PiS « à l’ancienne », dans la ligne ultraconservatrice et eurosceptique du parti, qui ne s’embarrasse pas de fioritures : « Le fait qu’il y ait de nouveaux visages, c’est secondaire. Cela relève du marketing politique. Le parti reste le parti. Ses convictions sont les mêmes. Il s’adapte de façon pragmatique. »« Mais pourquoi voulez-vous que PiS change ? » s’exclame Dariusz Kulpa, le responsable du syndicat Solidarnosc de la principale mine de charbon de Ruda Slaska, en Silésie, menacée de fermeture. Le syndicat, qui fait ouvertement campagne pour PiS, a organisé jeudi 22 octobre des rassemblements dans une centaine de villes polonaises afin de protester contre la politique gouvernementale. A Ruda Slaska, au cœur du pays minier de Silésie, Andrzej Duda était arrivé en tête dans cette terre d’élection traditionnelle de la PO. La cité de 140 000 habitants est construite autour d’une mine de charbon. Trois autres mines sont actives autour de la ville. Au début de l’année, le gouvernement a annoncé la restructuration du secteur et la fermeture de la principale mine qui emploie la moitié des 3 500 mineurs de la ville.Rancœur contre le gouvernementGrazyna Dziedzic, la maire de la ville, élue sans étiquette en 2009 et 2014, l’a appris à la télévision, comme ses collègues des communes environnantes. Mme Dziedzic se tient à égale distance de la PO et de PiS, mais l’épisode a accentué sa rancœur contre le gouvernement. « Nous sommes la plus grande commune minière d’Europe. Comment peut-on pousser l’arrogance jusqu’à ne pas nous prévenir, alors que 3 500 emplois sont concernés ? Nous sommes conscients qu’il faut changer. Nous avons toujours dit que nous étions prêts à collaborer. Mais nos avis sont négligés par le pouvoir central. » Cette guerre entre la PO et PiS, Konrad Jonczyk, 22 ans, étudiant en logistique à Czestochova, n’en veut plus. Il votait pour la PO comme sa famille, mais à la présidentielle, il a voté Andrzej Duda, après avoir choisi d’abord Pawel Kukiz, un chanteur reconverti dans la politique populiste qui a recueilli plus de 20 % des voix au premier tour. Il ne sait pas encore pour qui voter, mais ce ne sera pas pour le gouvernement : « La PO ne peut plus apporter le changement. »Alain Salles (Czestochowa, Ruda Slaska (Pologne), envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alain Salles La Pologne s’apprête à renouer avec une page nationaliste et conservatrice de son histoire. Le parti Droit et Justice (PiS) de l’ancien premier ministre Jaroslaw Kaczynski est le grand favori des élections législatives du dimanche 25 octobre. Tous les sondages le donnent largement en tête devant le parti de centre droit au pouvoir, la Plateforme civique, longtemps dirigée par Donald Tusk, l’actuel président du Conseil européen.Pendant huit ans, la stratégie de M. Tusk, poursuivie par la nouvelle première ministre Ewa Kopacz qui lui a succédé il y a un an, a été de placer le pays au cœur de l’Europe. En opérant un rapprochement historique avec l’Allemagne, ennemi séculaire de la Pologne, au grand dam de PiS qui criait à la « soumission ». Il su aussi utiliser un sens des négociations et du compromis qui a consisté à faire avancer la position de la Pologne sans heurter les principales capitales européennes. Prêt à faire aboutir une solution avec Paris pour faire évoluer la directive sur les travailleurs détachés ou plus récemment par accepter – même à contrecœur – la mise en place de quotas pour accueillir les réfugiés. Dix ans après son adhésion à l’Union européenne, la Pologne s’est affirmée comme un partenaire écouté à Bruxelles et un bon élève de l’Union européenne.Proche de la vision britanniqueLe ton de la musique risque de changer si PiS arrive au pouvoir. Jaroslaw Kaczynski et son frère jumeau Lech, l’ancien président mort dans la catastrophe aérienne de Smolensk en 2010, ont privilégié de 2005 à 2007 les relations avec les Etats-Unis à celles des autres capitales européennes. Sans jamais toutefois remettre en cause l’appartenance du pays à l’Union européenne.Le PiS est plus proche de la vision britannique. Il siège dans le même groupe que les conservateurs britanniques au Parlement européen. Hostile à une Europe fédérale et attaché à la souveraineté nationale, Varsovie pourrait être encore plus encline à venir en aide à Londres dans ses renégociations avec l’Union européenne pour éviter le « Brexit », souhaité par les eurosceptiques britanniques. A une nuance près : l’une des principales revendications de Londres est une limitation de la liberté de circuler des travailleurs européens qui va affecter en priorité les 800 000 Polonais qui vivent au Royaume-Uni.Un axe dur avec la HongrieL’autre dossier chaud d’un futur gouvernement PiS sera la question des réfugiés. Jaroslaw Kaczynski a mis en cause les migrants et les « risques épidémiologiques » qu’ils pourraient causer à la Pologne. Il peut constituer un axe dur avec le premier ministre hongrois Viktor Orban pour refuser la mise en place de quotas et l’accueil des réfugiés. M. Kaczynski a salué la politique économique nationaliste de M. Orban et le programme de PiS prévoit de reprendre des pans de l’économie polonaise d’entre les mains de groupes européens. Mais l’axe Varsovie Budapest a aussi une limite : la complaisance – insupportable pour un Polonais – affichée par le premier ministre hongrois à l’égard du président russe Vladimir Poutine.La relation entre Bruxelles et Varsovie sera turbulente en cas de victoire de PiS. Le parti nationaliste polonais ne cherchera pas à jouer les bons élèves européens. Ni les cancres non plus. Il est bien trop conscient que la Pologne a besoin des fonds européens pour continuer son développement constant depuis son entrée dans l’Union européenne en 2004.@sallesleMondesalles@lemonde.frAlain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.10.2015 à 15h32 • Mis à jour le15.10.2015 à 16h15 | Laurence Girard Après la fermeture à titre conservatoire de l’abattoir municipal d’Alès, à la suite de la diffusion sur Internet de vidéos tournées par l’association de défense des animaux L214, et montrant des animaux encore vivants au moment de la découpe, de nombreuses questions se posent sur la réglementation en vigueur dans ces entreprises.Au niveau européen, le bien-être animal est une composante prise en compte. Pour preuve, le règlement communautaire publié en septembre 2009, intitulé « protection des animaux au moment de leur mise à mort ». Ce texte qui a remplacé une directive datant de 1993, a renforcé les règles en vigueur et a souhaité mieux harmoniser les pratiques entre les 28 Etats membres.Lire aussi :L’abattoir municipal d’Alès fermé après la diffusion d’images choquantesLe texte reconnaît en préambule que la mise à mort « provoque douleur, peur, détresse et autres formes de souffrance » et qu’il faut prendre toutes les mesures possibles pour tenter de les atténuer. « C’est une question d’intérêt public qui influe sur les consommateurs vis-à-vis des produits agricoles », ajoute le règlement.Le texte est entré en vigueur dans chaque Etat membre en janvier 2013. Avec la liberté laissée à chacun de durcir encore les règles s’il le souhaitait. Il fixe un cadre avec quelques grands chapitres.Les prescriptions sur l’installation et l’environnement de la mise à mortL’installation doit être prévue pour que les animaux soient propres, ne soient pas blessés, ne glissent pas, ne souffrent pas de faim ou de soif, de froid ou de chaud, et ne présentent pas de signe de peur.Les méthodes d’étourdissementLes animaux ne doivent être mis à mort qu’après étourdissement. L’animal doit être maintenu en état d’inconscience et d’insensibilité jusqu’à sa mort. Et si la méthode d’étourdissement n’entraîne pas la mort, le procédé de mise à mort doit s’appliquer le plus tôt possible.Les méthodes d’étourdissement ou de mise à mort peuvent évoluer techniquement à condition qu’elles apportent un plus pour le bien-être de l’animal. Toutefois, en cas d’abattage rituel, le texte européen souligne que le principe d’étourdissement peut ne pas être appliqué.Contrôle de l’étourdissementLa personne chargée de l’étourdissement ou une autre personne désignée dans l’entreprise doit régulièrement contrôler l’état des animaux pour vérifier que les méthodes d’étourdissement fonctionnent. Les abattoirs doivent mettre en place des procédures de contrôle avec des critères et des indicateurs.Certificat de compétenceLa mise à mort et les opérations annexes sont effectuées uniquement par des personnels possédant le niveau de compétences approprié. Chaque Etat membre doit désigner une autorité compétente qui délivrera un certificat de compétence accordé après une formation et un examen.Matériel d’étourdissementLes appareils d’étourdissement doivent aussi être contrôlés et entretenus. Toutes les opérations doivent être notées sur un registre. De plus, un matériel de rechange doit être disponible en cas de problème.Guide de bonnes pratiquesChaque Etat membre doit élaborer et diffuser un guide des bonnes pratiques.Interdiction de méthodes d’immobilisation des bovinsDes méthodes comme suspendre ou hisser des animaux conscients, endommager la moelle épinière ou utiliser des courants électriques pour immobiliser sans étourdir sont interdites.Nomination d’un responsable du bien-être animalChaque abattoir doit nommer un responsable du bien-être animal qui doit veiller à l’application de ce règlement européen. Il est sous l’autorité directe de l’exploitant et est en mesure d’exiger du personnel de modifier ses pratiques. Il doit tenir un registre des améliorations apportées. Il doit posséder le certificat de compétence.Laurence GirardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Nicolas Scelles (Maître de conférences en économie du sport à l’Université de Stirling, Ecosse) Les droits télévisés nationaux de la Premier League anglaise de football vont atteindre un record de 5,136 milliards de livres sterling (près de 7 milliards d’euros) pour les trois saisons de 2016-2017 à 2018-2019.Cela signifie que les droits TV globaux de la première division du championnat britannique de football pourraient monter à environ 8,4 milliards de livres sterling (près de 11,4 milliards d’euros) pour ces trois saisons une fois la vente des droits internationaux complétée.Ces 3,8 milliards d’euros annuels potentiels sont à comparer aux 2,35 pour la saison 2015-2016 ou encore avec les 748,5 millions d’euros annuels pour les droits TV du football professionnel français sur la période 2016-2020, droits qui ne reviennent pas intégralement aux clubs de Ligue 1. L’avantage des clubs anglais par rapport aux clubs français est indéniable. Quelles sont les variables explicatives et les conséquences de l’explosion des droits TV de la Premier League anglaise ?La 8e édition des Jéco de Lyon Les Journées de l’économie (Jéco) ont lieu cette année du 13 au 15 octobre, à Lyon.Au programme : environ 40 conférences et plus de 200 personnalités réunies pour échanger et partager leurs analyses autour du thème « Qu’attendons-nous… pour agir ? ».L’objectif de ces journées est de rendre accessible l’analyse économique au plus grand nombre.Elles sont organisées chaque année depuis 2008 par la Fondation pour l’université de Lyon sous la direction de Pascal Le Merrer, professeur d’économie internationale à l’Ecole normale supérieure (ENS) de Lyon, avec le soutien de l’ensemble des universités, des grandes écoles lyonnaises, des collectivités et organisations professionnelles locales et de plusieurs entreprises.Au fil des ans, les JECO sont devenues le lieu et le moment où se croisent les différentes institutions et associations qui animent l’enseignement, la recherche et le débat économique en France.Entrée libre. Inscriptions obligatoires sur www.journeeseconomie.org.Il existe deux points clés, aussi bien pour une chaîne TV nationale (côté demande) que pour une ligue (côté offre) : pour une chaîne TV nationale, il s’agit de proposer suffisamment d’argent non seulement pour obtenir les droits (battre la concurrence nationale) mais aussi pour permettre aux clubs nationaux de pouvoir attirer/retenir/payer les meilleurs joueurs mondiaux.Vente à l’internationalPar conséquent, même sans concurrence nationale, une chaîne TV est incitée à dépenser plus que les chaînes étrangères pour leurs championnats domestiques (concurrence indirecte entre chaînes étrangères). Pour une ligue, les deux points clés sont d’avoir un bon produit et de pouvoir le vendre à l’international. Reste à identifier quelles sont les variables explicatives - les caractéristiques - d’un bon produit pouvant être vendu à l’international.Nous en avons relevé six :- Au moins un club fort économiquement et sportivement (locomotive).- Au moins un rival crédible sur le territoire national (incertitude pour le titre).- Compétitivité continentale (garante de la qualité du produit et facteur d’attractivité en soi, sans oublier que les chaînes TV nationales cherchent aussi à acheter les droits TV des Coupes d’Europe).- Capacité, taux de remplissage et qualité des stades (potentiel télégénique).- Travailleurs internationaux (meilleurs joueurs dans le monde et marchés à l’international).- Capacité à attirer des investisseurs et générer des revenus au-delà des droits TV (chaînes TV pas seules à assurer la compétitivité économique et donc sportive).Plus de 36 000 spectateurs par matchDans quelle mesure la Premier League anglaise respecte-t-elle ces six conditions ?Depuis sa création en 1992, sa locomotive (souvent sportivement et toujours économiquement) a été le club de Manchester United.La lutte pour le titre est incertaine avec la concurrence d’Arsenal, Chelsea et Manchester City.L’Angleterre est 2e au classement UEFA des clubs, après avoir été 1re de 2008 à 2012.Le potentiel télégénique de la Premier League anglaise est largement assuré par un taux de remplissage des stades supérieur à 90 % (plus de 36 000 spectateurs par match en moyenne).Elle compte entre 65 % et 70 % de joueurs étrangers et parvenait à 78 % d’audiences cumulées hors Royaume-Uni en 2008-2009.Elle génère des investissements et revenus au-delà des droits TV, particulièrement grâce à de riches investisseurs internationaux (propriétaires, sponsors).A ces variables côté offre doit être ajoutée la concurrence entre Sky et son rival BT côté demande nationale.Quelles sont les conséquences ? Le tableau ci-dessous retrace l’évolution récente et à venir des droits TV/recettes distribuées aux clubs (en millions d’euros) en Premier League anglaise, Ligue des champions de l’Union des associations européennes de football (UEFA) et Ligue 1 française. Il montre que la Premier League est non seulement loin devant la Ligue 1 française, mais également devant la Ligue des champions. Dès lors, la perspective d’une Premier League s’ouvrant aux meilleurs clubs européens non anglais (FC Barcelone, Real Madrid, Bayern Munich, Juventus Turin, Paris-Saint-Germain) – évoquée par Jean-Pascal Gayant, le coordinateur de la session « L’économie du sport – mondialisation et football », lors d’échanges préalables aux Jéco 2015 – pourrait recevoir un écho favorable auprès des principaux intéressés.Une Super Ligue européenneIl existe néanmoins une interrogation quant à la capacité de Sky – principal diffuseur national de la Premier League – à assumer le très lourd investissement consenti lors du dernier appel d’offres (4,176 milliards de livres sterling, soit plus de 5,6 milliards d’euros).Cet investissement doit peut-être être appréhendé du point de vue de la stratégie globale du groupe Sky plc et pas seulement Sky au Royaume-Uni, avec l’internationalisation du groupe britannique de télévision par satellite qui détient depuis 2014 Sky Italia et depuis 2015 Sky Deutschland, diffuseurs respectifs des championnats italien et allemand.Lire aussi :L’inflation sans fin des droits du football anglaisÀ la lumière de ces éléments, une option autre qu’une Premier League plus seulement anglaise peut être envisagée à terme, où Sky plc aurait l’initiative d’une Super Ligue européenne en convainquant les meilleurs clubs continentaux de se partager entre eux l’argent qu’il distribue aux championnats anglais, italien et allemand mais aussi espagnol (Sky est le diffuseur de la Liga espagnole au Royaume-Uni).Cela lui donnerait un fort degré de contrôle sur le football européen alors qu’il n’est plus le diffuseur de la Ligue des champions au Royaume-Uni depuis cette saison, BT ayant remporté l’exclusivité des droits 2015-2018 fin 2013 auprès de l’UEFA. Avec la possibilité de dicter les règles du jeu pour les années à venir et ainsi « prendre sa revanche » sur BT et l’UEFA ?Nicolas Scelles (Maître de conférences en économie du sport à l’Université de Stirling, Ecosse) 15.10.2015 à 06h49 • Mis à jour le15.10.2015 à 08h44 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le point sera évoqué en deux lignes, au chapitre des sujets « divers », dans les conclusions, avec l’annonce d’une discussion plus approfondie à la mi-décembre. La renégociation de la relation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne en vue du futur référendum britannique sur l’appartenance à l’UE devrait occuper peu de place lors du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement européens, jeudi 15 octobre, à Bruxelles. Le premier ministre britannique David Cameron est cependant très attendu par ses pairs, qui ne cachent pas leur impatience - et un peu leur inquiétude aussi.Le dirigeant conservateur n’a pas encore mis officiellement ses cartes - la liste de ses revendications - sur la table et ses homologues trouvent le temps long. « Nous attendons ; nous n’avons, nous, rien à demander ; nous sommes l’arme au pied «, commente un diplomate. Qui ironise : « Une Europe qui fonctionne mieux et assure la croissance ? Nous sommes pour ! »L’échéance de décembre, difficilement tenableA Strasbourg, mercredi, Jean-Claude Juncker a confirmé que les discussions menées jusqu’ici n’avaient pas permis de progrès considérables. Or, « il faut être deux pour danser le tango », a noté le président de la commission européenne.L’agenda et le cadre de la renégociation à haut risque entre Londres et Bruxelles - les Britanniques pourraient choisir le « Brexit » si M. Cameron échoue à faire aboutir ses demandes - avaient pourtant été tracés, lors du sommet européen du 25 juin, dans la foulée de la victoire de M. Cameron aux législatives. Oui, les partenaires de Londres comprenaient son souci de vouloir renégocier un accord. Oui, ils étaient prêts à faire preuve de bonne volonté, car aucun ne veut d’une sortie des Britanniques. Mais l’échéance de décembre paraît désormais difficilement tenable. Ce sera sans doute pour le conseil de mars 2016, pronostiquent certains.Lire aussi :Cameron pose ses conditions pour éviter le « Brexit »Une liste de desiderataLes Européens veulent une liste de desiderata, « exhaustive, précise, pour ne pas multiplier les allers-retours », précisent plusieurs diplomates. « On ne peut pas se contenter des discours de Cameron ou George Osborne [le chancelier de l’échiquier]. Aucun des diplomates britanniques que nous rencontrons n’a de mandat pour négocier », regrette un expert. Les discussions bilatérales ont toutefois commencé.Les experts ont exploré les implications, surtout juridiques, des thèmes soulevés par les Britanniques : supposent-ils un changement de la législation européenne, voire des traités ? Peu de chose a filtré mais les revendications britanniques sont connues : les techniciens planchent sur la directive « travailleurs détachés », sur le rôle des parlements nationaux - M. Cameron voudrait qu’ils soient dotés d’un droit de veto sur les textes européens -, sur les questions de compétitivité. « Les techniciens nous disent qu’ils sont allés au bout du travail d’exploration. Maintenant, il leur faut vraiment du concret », explique un expert.« Les États membres doivent être patients. Du jour où Cameron enverra sa liste, elle fuitera et chaque capitale ira de ses remarques et de ses revendications, souligne un diplomate proche des discussions avec Londres. Quand le plan sera sur la table, ce ne sera pas le début, mais presque la dernière ligne droite des discussions ». Lire aussi :En Grande-Bretagne, lancement d’une campagne contre le « Brexit »Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.10.2015 à 17h36 • Mis à jour le14.10.2015 à 17h40 Souvent décriée, l’Europe néolibérale est rarement définie. Or il est nécessaire de distinguer différentes formes de libéralisme. Tous ceux qui défendent la prudence budgétaire ou le libre-échange ne sont pas forcément des néolibéraux, à moins d’affubler de cette épithète stigmatisante tous ceux qui ne sont pas marxistes.À la suite d’Immanuel Wallerstein [sociologue américain], je préfère définir comme néolibéraux ceux qui non seulement veulent promouvoir les mécanismes de marchés, mais aussi qui veulent s’attaquer à l’Etat-providence, en transformant le rôle de l’Etat. Au lieu d’être un acteur de la redistribution, il devient un arbitre chargé de faire respecter les règles du marché.Armé de cette distinction, il s’agit maintenant de comprendre si l’Union européenne (UE) est néolibérale par essence. Encore aujourd’hui, beaucoup de politiques économiques européennes sont définies par le traité de Rome de 1957, l’ancêtre de l’UE, la Communauté économique européenne (CEE), dont nombre d’articles ont été repris dans les traités successifs.Un grand marché ouvert sur l’extérieurLa recherche historique montre clairement que le traité de Rome n’est pas issu d’un complot associant Jean Monnet, la CIA et les multinationales pour exploiter les malheureux Européens. Au contraire, le texte de base de l’UE exprime les convictions de ses promoteurs, principalement des démocrates-chrétiens, mais aussi des socialistes comme le Français Guy Mollet (1905-1975) ou le Belge Paul-Henri Spaak (1899-1972).Pour ces derniers, le cadre privilégié du développement des politiques sociales restait la nation, comme l’illustrèrent les réformes de la période Mollet en France, notamment la troisième semaine de congés payés ou l’amélioration des retraites (payées par la fameuse vignette automobile). De plus, les « Trente glorieuses » autorisaient alors une croissance continue de l’État-providence.C’est pour cela que le traité de Rome se préoccupe peu de social. Son objet principal est avant tout d’établir un grand marché, ouvert sur l’extérieur, qui devra être l’outil de la croissance économique et du rattrapage des Américains. À l’ouverture des marchés est associée une régulation des dynamiques déstabilisatrices du libre-échange, par un processus d’harmonisation ciblée des législations et par des mesures compensatoires (en particulier vers des régions défavorisées).La 8e édition des Jéco de Lyon Les Journées de l’économie (Jéco) ont lieu cette année du 13 au 15 octobre, à Lyon.Au programme : environ 40 conférences et plus de 200 personnalités réunies pour échanger et partager leurs analyses autour du thème « Qu’attendons-nous… pour agir ? ».L’objectif de ces journées est de rendre accessible l’analyse économique au plus grand nombre.Elles sont organisées chaque année depuis 2008 par la Fondation pour l’université de Lyon sous la direction de Pascal Le Merrer, professeur d’économie internationale à l’Ecole normale supérieure (ENS) de Lyon, avec le soutien de l’ensemble des universités, des grandes écoles lyonnaises, des collectivités et organisations professionnelles locales et de plusieurs entreprises.Au fil des ans, les JECO sont devenues le lieu et le moment où se croisent les différentes institutions et associations qui animent l’enseignement, la recherche et le débat économique en France.Entrée libre. Inscriptions obligatoires sur www.journeeseconomie.org.Toutefois, à partir de la fin des années 1980, on peut observer une certaine inflexion néolibérale de la CEE, mais uniquement dans certains domaines. Il s’agit en premier lieu de la politique de la concurrence, qui encadre étroitement les aides d’Etat aux entreprises en difficultés à partir de cette période.Tout un pan de la politique industrielle s’en trouve ainsi démantelé. Au lieu d’intervenir dans l’économie par des interventions directes et discriminantes (certaines entreprises sont privilégiées au détriment d’autres), l’Etat est ravalé au rang d’arbitre. L’Union économique et monétaire, créée par le traité de Maastricht de 1992, associée au pacte de stabilité et de croissance de 1997, participe aussi de cette dynamique si on en fait une interprétation étroite.CMU et 35 heuresPour converger vers les Etats les plus vertueux, les gouvernements les plus dispendieux doivent non seulement pratiquer l’orthodoxie budgétaire, mais aussi parfois l’austérité, synonyme de coupes claires dans l’Etat-providence, ainsi de la situation en Grèce.Cependant, cette inflexion néolibérale ne doit pas être exagérée. Ainsi, le renforcement considérable de la politique de la concurrence laisse une certaine marge de manœuvre en temps de crise, comme l’ont prouvé les aides considérables au secteur bancaire pendant la dernière crise, et des soutiens plus ciblés à des entreprises industrielles comme Peugeot.Les néolibéraux sont ceux qui veulent s’attaquer à l’Etat-providence, en transformant le rôle de l’Etat. Au lieu d’être un acteur de la redistribution, il devient un arbitre chargé de faire respecter les règles du marchéBien sûr, il n’est plus possible de déverser des milliards dans le secteur privé sans contrepartie, ce qui avait d’ailleurs horrifié la gauche pendant la période Giscard d’Estaing. De même, dans le domaine monétaire, la situation dramatique de la Grèce ne doit pas être confondue avec celle des autres Etats de la zone euro, et certainement pas de la France.La mise en place de l’euro, dès 1999 sous forme financière avant l’apparition des pièces et billets en 2002, n’a pas empêché le gouvernement français d’alors, celui de Lionel Jospin, d’étendre l’Etat-providence avec la couverture maladie universelle (CMU) ou les 35 heures payées 39. Plus généralement, les contraintes de l’Union économique et monétaire (UEM) sont largement volontaires : les Français n’ont pas été obligés d’entrer dans une union monétaire avec l’Allemagne, ils l’ont ardemment désiré, alors même que nos voisins d’outre-Rhin restaient réticents.Europe socialeEnfin, l’Europe sociale existe, même si elle est discrète. Sans la contrainte de l’UE, les normes environnementales seraient sans doute bien plus faibles en France. La politique de cohésion aide les régions les plus pauvres au sein de l’UE, comme les territoires d’outre-mer français. Il est vrai que la France métropolitaine profitait plus de ces subsides avant les élargissements successifs mais c’est le jeu de la solidarité, qui est au cœur de l’Europe sociale.Même dans le domaine monétaire, il n’est pas interdit d’espérer que le Mécanisme européen de solidarité (MES) créé pendant la crise de l’euro ne manifeste une solidarité financière européenne, après des décennies passées à discuter autour de la création d’un hypothétique « Fonds monétaire européen ».Là encore, la situation dramatique de la Grèce ne doit pas éclipser les reprises irlandaises et portugaises, nourries par des fonds européens. Certes, cela reste modeste mais il ne faut pas envisager l’Europe sociale comme un gigantesque Etat-providence européen. Comment mettre d’accord un Portugais et un Finlandais, ou tout simplement un Français et un Allemand, sur les médicaments à rembourser par la sécurité sociale ?En fait, l’Europe sociale accompagne le marché, en tentant de gommer ses dynamiques les plus destructrices. Elle s’articule avec l’Europe néolibérale, sans que cette dernière ne définisse à elle seule l’Union européenne.Laurent Warlouzet (Maître de conférences en histoire économique, Université d’Artois)Laurent Warlouzet est l’auteur de Le choix de la CEE par la France. L’Europe économique en débat de Mendès France à de Gaulle (1955-1969) (Comité pour l’Histoire économique et financière de la France, 2011) Philippe Escande Nos deux capitaines voient l’horizon industriel de la France s’éclaircir. En déplacement à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), le mardi 13 octobre, le président François Hollande s’est félicité du très bon cap suivi par les chantiers navals dont le carnet de commandes est rempli jusqu’en 2020.Des paquebots bien sûr, mais aussi de beaux vaisseaux militaires, comme les deux Mistral accostés non loin de là. En dépit de l’annulation de leur livraison à la Russie, le président s’est montré confiant quant à la conclusion de nouveaux partenariats avec Moscou pour la vente d’autres navires. Les Mistral refusés aux Russes ont quant à eux trouvé preneur auprès du nouvel ami égyptien, aujourd’hui considéré comme plus présentable que le pays de Vladimir Poutine.A 6 000 kilomètres de Saint-Nazaire, Manuel Valls s’est rengorgé en annonçant « dix milliards de contrats ! » à l’issue de sa visite en Arabie saoudite. Parmi les engagements évoqués, des trains, des métros, et bien sûr encore des armes. Des patrouilleurs, dans un premier temps, et dans un second des moyens antimissiles et des satellites.Le poids de l’Arabie saouditeLes milliards pleuvent sur l’industrie d’armement française. Les commandes à l’exportation pourraient cette année dépasser les 18 milliards d’euros. Ce serait alors plus que la Chine ou la Russie, et une nouvelle formidable pour le commerce extérieur. La France touche les dividendes économiques d’une politique volontariste en soutien d’une filière qui emploie 165 000 personnes réparties dans 4 000 entreprises.Nous voilà loin du 5 juin 1981, quand François Mitterrand, tout nouveau président, faisait désarmer les avions pour montrer sa réticence vis-à-vis de ce commerce particulier. Ce faisant, au-delà de toute considération morale, la stratégie française n’est pas sans risques.Le premier est celui de sa dépendance vis-à-vis de quelques clients, au premier rang desquels l’Arabie saoudite et ses voisins du golfe Arabo-Persique. La France profite du désamour de la région envers le traditionnel partenaire américain. Le royaume des Saoud a été, en 2014, le premier client étranger de l’industrie d’armement française. Et cela sans compter ses coups de pouce ou financements directs à ses alliés libanais, voire égyptiens.Le second risque découle du premier. Est-ce l’industrie d’armement qui est au service d’une politique étrangère ou l’inverse ? L’argument économique l’emportera-t-il sur le souci d’un rapprochement avec l’Iran, ennemi juré du clan sunnite ? Avec, là encore, des retombées économiques non négligeables. Et pas seulement avec l’Iran. Pour vendre ses Rafale au Qatar, la France a autorisé Qatar Airways à ouvrir des lignes vers Lyon et Nice pour mieux concurrencer Air France sur les lignes vers l’Asie. On connaît la suite. Comme le pilotage en eau trouble, l’art de la vente d’armes demande un certain cynisme, mais aussi pas mal de discernement.Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.10.2015 à 07h06 • Mis à jour le14.10.2015 à 08h00 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Au moment même où la France se targuait, mardi 13 octobre, de la signature de nouveaux contrats, y compris d’armement, avec l’Arabie saoudite, le gouvernement britannique s’est trouvé contraint, sous la pression de l’opinion, de se retirer d’un appel d’offres visant la formation de gardiens de prison dans ce pays. Le contrat, d’un montant de 5,9 millions de livres sterling (7,9 millions d’euros), est modeste comparé aux recettes engrangées par les ventes d’armes de Londres à Riyad (4 milliards de livres soit 5,3 milliards d’euros). Mais ce recul traduit un net changement de ton dans les relations excellentes qu’entretient le premier ministre David Cameron avec le royaume saoudien, premier partenaire commercial du Royaume-Uni au Moyen-Orient et fournisseur de renseignements réputés décisifs en matière de lutte contre le terrorisme.L’émotion suscitée par le sort de Karl Andree, un ressortissant britannique de 77 ans résidant en Arabie Saoudite depuis 25 ans, apparaît comme l’une des explications de ce repositionnement. Le septuagénaire a été condamné à un an de prison – peine qu’il a purgée - et à 350 coups de fouet pour avoir transporté des bouteilles de vin artisanal dans sa voiture, alors que la possession d’alcool est strictement prohibée. La révélation par le tabloïd The Sun du calvaire de l’expatrié, « malade trois fois d’un cancer et asthmatique », a contraint M. Cameron à annoncer, mardi, qu’il allait « faire part » par écrit « de sa préoccupation » aux autorités de Riyad.Un autre coup de projecteur sur la situation des droits de l’homme dans le royaume saoudien et l’ambiguïté des relations entre Londres et Riyad a été donné par Jeremy Corbyn, le nouveau chef du parti travailliste. A la veille de l’ouverture du congrès du Labour, le 26 septembre, M. Corbyn avait enjoint David Cameron de « dénoncer le marché destiné à fournir des services au système pénitentiaire saoudien ». Ce système, avait insisté le leader de gauche dans son premier grand discours, est celui-là même qui prépare l’exécution par décapitation et crucifixion de Ali Mohammed Al-Nimr, un jeune homme de vingt ans condamné à mort pour avoir participé à des manifestations.Vive controverse au sein du gouvernement« David Cameron s’est couvert de honte au point de devoir inverser sa position, a commenté M. Corbyn après l’annonce du retrait du contrat pénitentiaire. Nous devrions adresser au monde le message que le Royaume-Uni est un modèle en matière de droits de l’homme. Ce contrat (…) aurait terni sa réputation ».Lire aussi :A Riyad, Manuel Valls discret sur la question des droits de l’hommeOfficiellement, la volte-face de M. Cameron n’a rien à voir avec ce lourd contexte. « Ce sont des questions différentes », a insisté le porte-parole du premier ministre. Mais le Times rapporte que l’affaire du contrat pénitentiaire suscitait depuis plusieurs mois une vive controverse au sein du gouvernement. Tandis que le nouveau ministre de la justice Michael Gove plaidait pour le dénoncer, affirmant que le Royaume-Uni ne pouvait aider un régime qui recourt à des peines telles que la pendaison, la lapidation ou la crucifixion, son collègue du Foreign office, Philip Hammond, l’accusait de « naïveté », mettant en avant « les intérêts plus larges du gouvernement britannique ». David Cameron, qui a longtemps soutenu M. Hammond, a fini par sacrifier le petit contrat pénitentiaire.M. Gove, à qui il est revenu d’annoncer l’arbitrage favorable à sa cause, mardi devant la chambre des Communes, s’en est tiré par une contorsion rhétorique. Insistant sur le nécessaire équilibre entre la promotion des droits de l’homme et la sécurité, il a affirmé que « la coopération avec l’Arabie Saoudite avait permis de sauver des vies britanniques », faisant allusion à des attentats déjoués grâce aux renseignements fournis par Riyad. Ainsi, parce que « la sûreté et la sécurité sont les premiers des droits de l’homme », a-t-il conclu, le Royaume-Uni « va continuer la nécessaire coopération sécuritaire avec le gouvernement saoudien (…) ».Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.10.2015 à 18h59 • Mis à jour le14.10.2015 à 10h44 | Julia Pascual C’est une photographie de la France et de ses flux migratoires qui va à l’encontre des fantasmes d’invasion rebattus par la droite nationaliste et identitaire. Mardi 13 octobre, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a publié deux études qui rendent compte d’un pays où les mobilités sont de plus en plus importantes mais ne concernent que partiellement les immigrés. La part de la population immigrée augmente par ailleurs, mais de façon modérée. Une mobilité de plus en plus importanteL’Insee révèle tout d’abord que le solde migratoire de la France est en forte baisse. Il s’établit à + 33 000 personnes en 2013, contre + 112 000 en 2006. « Bien qu’il paraisse faible, ce solde migratoire recouvre des flux beaucoup plus importants », souligne Marie Reynaud, responsable des études démographiques et sociales à l’Insee. En outre, il renvoie aux déplacements de deux catégories de personnes : celles qui sont nées en France et celles qui sont immigrées (minime, le solde des personnes nées françaises à l’étranger s’établit à + 13 000 en 2013).Concernant les personnes immigrées, leur solde migratoire s’élève à + 140 000 en 2013. Il est largement positif même ce chiffre accuse un léger recul puisqu’il était de + 164 000 en 2006. C’est-à-dire que « le nombre d’entrées d’immigrés a progressé, mais à un rythme plus faible que leurs sorties du territoire », souligne l’Insee. Un fait qui mérite d’être mis en exergue, d’après Marie Reynaud : « L’augmentation des sorties des personnes immigrées est nouvelle. Elle passe de 29 000 personnes en 2006 à 95 000 personnes en 2013. On relie ça à de la mobilité professionnelle de courte durée. »Davantage de Français partent à l’étrangerA côté de ces personnes immigrées, les déplacements des personnes nées en France connaissent une évolution similaire puisque leurs « départs vers l’étranger (…) se sont amplifiés depuis 2006, alors que leurs retours, moins nombreux, ont peu varié sur la période », analyse l’Insee. Si l’on regarde dans le détail, on note qu’« en 2013, près de 197 000 personnes nées en France ont quitté le territoire, soit 59 000 de plus qu’au cours de l’année 2006. Parallèlement, les retours des personnes nées en France sont stables, autour de 78 000 personnes. »A l’arrivée, le solde migratoire de cette catégorie est négatif, estimé à – 120 000 personnes en 2013 contre – 60 000 en 2006. Un constat qui ne saurait traduire une fuite massive des cerveaux à l’étranger, autre chiffon rouge régulièrement agité par les déclinistes : « Davantage de Français partent à l’étranger mais ce n’est pas très massif, rapporté aux 58,2 millions de personnes nées en France et vivant en France », relativise Marie Reynaud. Si l’on s’attarde sur le profil de ces personnes, on constate que, pour l’année 2013, « 80 % des départs à l’étranger de personnes nées en France surviennent entre 18 et 29 ans, âges d’études ou de début d’activité », précise l’Insee. Fin 2013, la présence française à l’étranger était estimée à un peu moins de 3 millions et demi de personnes.Cette « augmentation des flux migratoires n’est pas spécifique à la France », souligne enfin l’Insee, qui rappelle que le solde migratoire de l’ensemble de l’Union européenne s’élève en 2013 à 575 000 personnes (3,4 millions d’entrées et 2,8 millions de sorties), soit 594 000 de moins qu’en 2006. « La situation diffère selon les pays : par exemple, le solde migratoire de l’Allemagne augmente fortement ; à l’inverse, celui de l’Espagne devient négatif. »Une augmentation modérée de la population immigréeEn dehors de l’analyse de ces déplacements, qui donne à voir une mobilité accrue des personnes, l’Insee dessine un portrait à grands traits de la population française. Et nous apprend que la France comptait, au 1er janvier 2014, 65,8 millions d’habitants hors Mayotte, soit 2,6 millions de personnes de plus par rapport à 2006, c’est-à-dire « un accroissement de 0,5 % par an en moyenne ».Parmi ces résidents, la France compte 8,9 % de population immigrée, soit 0,8 point de plus qu’en 2006. Ce qui renvoie à une augmentation « modérée », jauge Marie Reynaud, équivalant à « 700 000 personnes en plus » en l’espace de huit ans. En détaillant ce chiffre, l’Insee nous apprend qu’« 1,6 million d’immigrés sont arrivés en France, 500 000 en sont repartis et 400 000 sont décédés en France ».L’institut entend par immigrée toute « personne née de nationalité étrangère à l’étranger et résidant en France ». Sachant que « certains immigrés ont pu devenir français par acquisition, les autres restant étrangers ».6,4 % de la population résidant en France est de nationalité étrangèreSi l’on s’en tient aux étrangers (personnes qui résident en France et ne possèdent pas la nationalité française), la France compte 500 000 étrangers en plus entre 2006 et 2014. Au passage, l’Insee relève que le nombre d’acquisitions de nationalité française s’est réduit sur la période, « passant de 147 000 en 2006 à 97 000 en 2013 ». Au total, au sein de la population résidant en France, 61,6 millions de personnes ont la nationalité française et 4,2 millions ont une nationalité étrangère, soit 6,4 % de la population. Parmi ces dernières, 0,6 million sont nées en France et 3,6 millions sont nées à l’étranger.Contrairement à certaines idées reçues, la progression de la population résidant en France est donc « essentiellement portée par le solde naturel », nous renseigne l’Insee. Ce solde s’élève à + 2,2 millions de personnes sur les huit dernières années, c’est-à-dire qu’il y a eu 6,5 millions de naissances pour 4,3 millions de décès. Le solde migratoire est moindre, qui s’établit à + 400 000 personnes sur huit ans. Il ne contribue qu’à hauteur de 16 % de l’augmentation de la population. Si l’on regarde dans le détail, on observe qu’entre début 2006 et début 2014, pour 2,5 millions d’entrées sur le territoire (qui peuvent être des retours), il y a eu 2,1 millions de sorties du territoire.Lire aussi :Quatre graphiques qui démentent des idées reçues sur l’immigrationJulia PascualJournaliste au Monde Lucie Soullier (Envoyée spéciale à Bodrum, Turquie) Il est 5 heures du matin, dimanche 27 septembre, et trente-sept migrants viennent de sombrer dans la mer Egée. Leur traversée s’est arrêtée quelque part au large de Bodrum, en Turquie. Avec vue sur les îles grecques. Lorsque les secours turcs sont arrivés pour les repêcher, dix-sept s’étaient déjà noyés. Dont cinq enfants.La découverte par les gardes-côtes turcs, plus de trois semaines auparavant, du corps d’Aylan Kurdi, ce petit Kurde de 3 ans dont la photo avait ému le monde entier, n’était pas une première pour eux. Sur la plage où l’enfant a été retrouvé, une banderole rappelle que le cliché symbolique a été pris ici. « L’humanité doit avoir honte. » Honte de ne pas s’être réveillée ou de s’être rendormie ? La situation n’a guère changé pour les sauveteurs de Bodrum - une équipe de 38 personnes volontaires et bénévoles, regroupées en association, que les gardes-côtes de Bodrum appellent en cas de naufrage. « Il y a eu un sursaut pendant peut-être deux semaines. Mais maintenant, on est revenu à la situation pré-Aylan », confie l’un d’eux.C’est finalement une nuit presque habituelle qui s’achève par un nouveau drame dans la baie turque. Une nuit durant laquelle les gardes-côtes ont joué au chat et à la souris et les passeurs aux joueurs de flûte, attirant les migrants par centaines sur les plages d’Yalikavak, d’Akyarlar, de Gumbet… Une dizaine de points de départ vers les îles grecques parsèment la péninsule. Depuis chacun d’eux, on peut apercevoir le Graal européen, parfois à moins de trois kilomètres.Vitamines et barbelésPour empêcher les migrants de prendre la mer, à Bodrum, six commandants rattachés au ministère de l’intérieur dirigent une centaine d’hommes sur près de 60 miles nautiques. La question est si sensible pour Ankara qu’ils ne sont pas autorisés à parler sans permission. En temps de guerre, les gardes-côtes turcs dépendent du ministère de la défense. Pas en ce moment, précise l’un d’eux. « Du moins, pas pour l’instant… » Dans la cité balnéaire, ils vivent entre deux mondes. Pour accéder à leur bureau, il faut passer devant les voiliers de luxe de la bourgeoisie turque, justement attablée au yacht club. Des touristes, eux, se prennent en photo devant un cabriolet. Au même endroit, voilà quelques jours, ils ont pu voir l’un des six bateaux des gardes-côtes rentrer au port, à l’aube, avec plus de 200 migrants à bord. Les plus petites embarcations peuvent ramener à peine une vingtaine de personnes : il arrive qu’on vienne les vider en cours d’opération, pour revenir chercher le reste des migrants laissés sur le bord d’une plage.Heureusement pour eux, depuis Didim ou même Izmir, les gardes-côtes des péninsules voisines peuvent venir leur prêter main-forte. Tout comme leurs homologues grecs et leurs collègues de Frontex, l’agence européenne chargée des frontières extérieures de l’espace Schengen. « On ne s’amuse pas à savoir qui est chez qui lorsqu’il y a urgence », précise un commandant turc. La question est pourtant essentielle pour les migrants, car atteindre les eaux grecques, c’est gagner un ticket pour l’Europe.Avant de jeter leurs embarcations de fortune sur la mer Egée, ces derniers peuvent attendre toute la journée, cachés dans les arbres et les montagnes sur lesquels les gardes-côtes braquent leurs projecteurs, à la nuit tombée. Parfois, la lumière d’un téléphone les trahit, ou un mouvement à peine perceptible au milieu des buissons. A moins que ce ne soit la fatigue qui n’éveille l’imagination de leurs poursuivants.Car un garde-côte reste vingt-quatre heures en service. Parfois sans véritable répit, puisqu’il peut être rappelé en urgence, quelques heures plus tard. L’un des commandants de Bodrum confie que l’afflux de réfugiés l’a déjà empêché de dormir trois jours durant. Sur le bureau d’un de ses collègues, à travers une fenêtre donnant sur la marina, on aperçoit un tube de vitamines. Un remède aussi dérisoire que les barbelés installés pour empêcher les migrants d’accéder à la côte d’Aspat. Evidemment cisaillés.La fin du voyageDans les clubs installés sur le sable, la fête bat son plein en ce dernier week-end des vacances de Baïram (l’Aïd, fête du mouton, en turc). A 1 heure du matin, la musique rythme encore de façon étrange les recherches lorsque la forme d’un pneumatique apparaît au loin. Pour ses occupants, le dernier tube d’Enrique Iglesias signera la fin du voyage.Une nuit comme les autres pour les gardes-côtes de Bodrum #migrants http://t.co/0q7o8HzMZl— LucieSoullier (@Lucie Soullier)require(["twitter/widgets"]);A neuf sur un bateau de deux mètres, tout débordement peut être fatal. Les gardes-côtes s’approchent lentement et somment les migrants de rester calmes, avant de les faire sortir un à un de leur canot. Ce temps pris par le commandant, précieux pour éviter de faire chavirer hommes, femmes et enfants, a aussi ouvert les mailles du filet : d’autres bateaux ont sans doute profité du moment où son attention s’est détournée pour passer. « Je vous connais, vous », lance-t-il à un jeune Pakistanais. Déjà ramené il y a quelques jours côté turc, il a retenté la traversée. Comme beaucoup, le commandant le sait. Son record ? Un même homme rattrapé sept fois. Difficile de savoir comment la huitième tentative a tourné, mais il est prêt à parier qu’elle a bien eu lieu.Comme pour conjurer le sort, les gardes-côtes turcs ont appelé leur opération « Hope » (« espoir »), chiffres officiels à l’appui. Après le naufrage des trente-sept migrants, le vice-premier ministre turc, Numan Kurtulmus, a ainsi rappelé que 53 000 d’entre eux avaient été ramenés vivants sur la côte turque, tandis que 274 étaient morts noyés. Aucune précision sur la période concernée ni sur le nombre de corps qui ont fini au fond de la mer Egée, impossibles à recenser. Mais « le ratio est positif, non ? », se persuade un commandant. Lui est fatigué de jouer le mauvais rôle, d’être vu comme celui qui empêche ces exilés d’atteindre la liberté. Il aimerait au moins ajouter l’option sauveteur à son image de fossoyeur. Il sursaute. Son téléphone vient de sonner. « C’est rarement une bonne nouvelle. » En face, les migrants n’ont rien à perdre, ils tentent tout. Une fois repérés, certains gagnent du temps en faisant les morts dans les montagnes. Ils savent que les gardes-côtes devront appeler les sauveteurs. Et peut-être pourront-ils s’enfuir, avant qu’ils n’arrivent. D’autres font semblant de pêcher ou de faire du tourisme dans la baie. Une tragicomédie se joue aux portes de l’Europe. En août, les gardes-côtes de Bodrum ont trouvé une vingtaine de migrants abandonnés sur une île turque inhabitée. Le passeur les y avait laissés en leur souhaitant la bienvenue en Grèce.Cette nuit, sur la même île, un canot pneumatique d’une dizaine de mètres semble avoir été oublié. En réalité, un passeur est venu le préparer pour la traversée. Mais celui-là ne partira pas. Le commandant a mis pied à terre, couteau à la main et arme en poche. Quatre trous dans le caoutchouc suffiront pour ruiner les espoirs de la soixantaine de migrants qui auraient du y être entassés.Les gardes-côtes se réadaptent sans cesse aux nouvelles stratégies des passeurs. Mais l’inverse est également vrai. Sur terre, des barrages policiers ont été installés aux abords de Bodrum pour arrêter les minibus emmenant les candidats à la traversée, notamment depuis Izmir. Les passeurs empruntent de nouvelles routes pour les contourner et multiplient désormais les allers-retours en voiture, plus nombreux mais plus discrets.Lire aussi :En Turquie, dans la petite Syrie d’Izmir, l’économie parallèle des réfugiés« On les encourageait »En cas de naufrage ou de blessures, les gardes-côtes préviennent le 112 ou les sauveteurs volontaires de Bodrum. Ceux-ci viennent prendre leur part dans la crise migratoire. Dans les archives de l’équipe, des dizaines de photos de pneumatiques bondés, de vidéos de canots retournés, de corps flottant sur la mer Egée… Et des enfants. Ici, on compte en « avant et après Aylan ». « Celui-là avait 14 jours, désigne l’un des sauveteurs. C’était un mois avant Aylan. » Des images qui peuplent ses nuits. Avec son passeport et 17 euros, il lui suffit de 45 minutes pour atteindre Kos, l’île que tentaient de rejoindre les dix-sept personnes qui ont péri le 27 septembre.Dans cet océan d’idées noires, quelques miracles viennent redonner espoir à « Hope ». Le 18 août, le plongeur de l’équipe a ainsi tiré trois personnes de sous la coque d’un bateau. Vivantes, cinq heures après avoir chaviré. Les sauveteurs n’avaient pas de couvertures de survie pour contrer l’hypothermie. Trop chères. Même si quelques sponsors les aident, les membres de l’association n’ont que peu de moyens. Ils ont préféré les couvertures polaires, dont le stock baisse aussi vite que les comptes en banque des passeurs se remplissent. La traversée coûte environ 1 300 dollars (1 170 euros). En faisant passer dix-huit personnes, les sauveteurs volontaires pourraient acheter un défibrillateur. « On s’est trompé de métier », plaisante l’un d’eux.Le précieux équipement des 38 sauveteurs volontaires de Bodrum. 10 ans pour rassembler tout ça. #Turquie http://t.co/fT9bj3IycR— LucieSoullier (@Lucie Soullier)require(["twitter/widgets"]);Dans chacun des deux bateaux que l’association est parvenue à acheter, jusqu’à huit personnes embarquent en cas d’alerte. Parmi eux, au moins un plongeur et un médecin. Tous sont des professionnels de la mer. Ils savent où les migrants seront portés par le courant ; dans quelles conditions la mer fera irrémédiablement couler leurs embarcations surchargées. Pour la plupart, les migrants ne savent pas naviguer. Certains ne savent même pas nager. Les plus chanceux, comme la jeune Dash, qui a fui Damas, compteront un marin dans leur équipage. « On s’est arrêté 45 minutes au milieu de la mer. Sans pouvoir avancer. Heureusement, un pêcheur est parvenu à réparer le bateau », raconte la Syrienne. Elle a finalement atteint l’île grecque de Lesbos au petit matin, saine et sauve.Son histoire fait soupirer un sauveteur : « Ils ne se rendent pas compte. Les migrants pensent souvent qu’il suffit qu’il fasse beau pour que le voyage se déroule bien. » Au retour du soleil, après les fortes inondations qui ont touché Bodrum quatre jours avant l’accident, les autorités avaient d’ailleurs renforcé les barrages terrestres et les équipes en mer. La pluie ayant arrêté les passeurs quelques jours, elles craignaient que, pour écouler la file d’attente, ils surchargent davantage les bateaux.Lire aussi :A Izmir, dernières heures avant la traversée de la mer EgéeGardes-côtes et sauveteurs ne sont pas les seuls à s’être habitués à partager la mer avec les migrants. Dans la station touristique prisée des riches familles turques, ils font désormais partie du paysage au même titre que les résidences secondaires et les bateaux de luxe. L’un d’eux a jeté l’ancre à quelques mètres d’une des portes de sortie des migrants. Même s’il les voyait, il n’est pas certain que le propriétaire du yacht les signalerait. « Il y a deux ans, on recevait dix appels par jour de gens paniqués », se souvient un commandant, presque amusé. Les appels ont diminué. Tout le monde s’y est fait. En prenant le ferry vers la Grèce durant l’été, la gérante d’un hôtel de Bodrum en a même croisé sur le point d’arriver. « On les encourageait. »Le maire de Bodrum, Mehmet Kocadon, reconnaît être « dépassé ». Ce riche homme d’affaires donne des vêtements, de la nourriture, des couches. Mais pour le reste, il s’avoue impuissant. Quoi qu’il en soit, insiste-t-il pour ne pas effrayer les touristes, les migrants ne sont qu’en transit dans sa ville. « Leur rêve, c’est l’Europe. » Et pour ceux qui changent d’avis et veulent rester en Turquie, « on leur achète un ticket de bus pour aller partout où ils veulent ». Partout, mais surtout ailleurs.Lucie Soullier (Envoyée spéciale à Bodrum, Turquie)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.10.2015 à 11h24 | Philippe Escande Nos deux capitaines voient l’horizon industriel de la France s’éclaircir. En déplacement à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), le mardi 13 octobre, le président François Hollande s’est félicité du très bon cap suivi par les chantiers navals dont le carnet de commandes est rempli jusqu’en 2020.Des paquebots bien sûr, mais aussi de beaux vaisseaux militaires, comme les deux Mistral accostés non loin de là. En dépit de l’annulation de leur livraison à la Russie, le président s’est montré confiant quant à la conclusion de nouveaux partenariats avec Moscou pour la vente d’autres navires. Les Mistral refusés aux Russes ont quant à eux trouvé preneur auprès du nouvel ami égyptien, aujourd’hui considéré comme plus présentable que le pays de Vladimir Poutine.A 6 000 kilomètres de Saint-Nazaire, Manuel Valls s’est rengorgé en annonçant « dix milliards de contrats ! » à l’issue de sa visite en Arabie saoudite. Parmi les engagements évoqués, des trains, des métros, et bien sûr encore des armes. Des patrouilleurs, dans un premier temps, et dans un second des moyens antimissiles et des satellites.Le poids de l’Arabie saouditeLes milliards pleuvent sur l’industrie d’armement française. Les commandes à l’exportation pourraient cette année dépasser les 18 milliards d’euros. Ce serait alors plus que la Chine ou la Russie, et une nouvelle formidable pour le commerce extérieur. La France touche les dividendes économiques d’une politique volontariste en soutien d’une filière qui emploie 165 000 personnes réparties dans 4 000 entreprises.Nous voilà loin du 5 juin 1981, quand François Mitterrand, tout nouveau président, faisait désarmer les avions pour montrer sa réticence vis-à-vis de ce commerce particulier. Ce faisant, au-delà de toute considération morale, la stratégie française n’est pas sans risques.Le premier est celui de sa dépendance vis-à-vis de quelques clients, au premier rang desquels l’Arabie saoudite et ses voisins du golfe Arabo-Persique. La France profite du désamour de la région envers le traditionnel partenaire américain. Le royaume des Saoud a été, en 2014, le premier client étranger de l’industrie d’armement française. Et cela sans compter ses coups de pouce ou financements directs à ses alliés libanais, voire égyptiens.Le second risque découle du premier. Est-ce l’industrie d’armement qui est au service d’une politique étrangère ou l’inverse ? L’argument économique l’emportera-t-il sur le souci d’un rapprochement avec l’Iran, ennemi juré du clan sunnite ? Avec, là encore, des retombées économiques non négligeables. Et pas seulement avec l’Iran. Pour vendre ses Rafale au Qatar, la France a autorisé Qatar Airways à ouvrir des lignes vers Lyon et Nice pour mieux concurrencer Air France sur les lignes vers l’Asie. On connaît la suite. Comme le pilotage en eau trouble, l’art de la vente d’armes demande un certain cynisme, mais aussi pas mal de discernement.Philippe EscandeJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.10.2015 à 07h06 • Mis à jour le14.10.2015 à 08h00 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Au moment même où la France se targuait, mardi 13 octobre, de la signature de nouveaux contrats, y compris d’armement, avec l’Arabie saoudite, le gouvernement britannique s’est trouvé contraint, sous la pression de l’opinion, de se retirer d’un appel d’offres visant la formation de gardiens de prison dans ce pays. Le contrat, d’un montant de 5,9 millions de livres sterling (7,9 millions d’euros), est modeste comparé aux recettes engrangées par les ventes d’armes de Londres à Riyad (4 milliards de livres soit 5,3 milliards d’euros). Mais ce recul traduit un net changement de ton dans les relations excellentes qu’entretient le premier ministre David Cameron avec le royaume saoudien, premier partenaire commercial du Royaume-Uni au Moyen-Orient et fournisseur de renseignements réputés décisifs en matière de lutte contre le terrorisme.L’émotion suscitée par le sort de Karl Andree, un ressortissant britannique de 77 ans résidant en Arabie Saoudite depuis 25 ans, apparaît comme l’une des explications de ce repositionnement. Le septuagénaire a été condamné à un an de prison – peine qu’il a purgée - et à 350 coups de fouet pour avoir transporté des bouteilles de vin artisanal dans sa voiture, alors que la possession d’alcool est strictement prohibée. La révélation par le tabloïd The Sun du calvaire de l’expatrié, « malade trois fois d’un cancer et asthmatique », a contraint M. Cameron à annoncer, mardi, qu’il allait « faire part » par écrit « de sa préoccupation » aux autorités de Riyad.Un autre coup de projecteur sur la situation des droits de l’homme dans le royaume saoudien et l’ambiguïté des relations entre Londres et Riyad a été donné par Jeremy Corbyn, le nouveau chef du parti travailliste. A la veille de l’ouverture du congrès du Labour, le 26 septembre, M. Corbyn avait enjoint David Cameron de « dénoncer le marché destiné à fournir des services au système pénitentiaire saoudien ». Ce système, avait insisté le leader de gauche dans son premier grand discours, est celui-là même qui prépare l’exécution par décapitation et crucifixion de Ali Mohammed Al-Nimr, un jeune homme de vingt ans condamné à mort pour avoir participé à des manifestations.Vive controverse au sein du gouvernement« David Cameron s’est couvert de honte au point de devoir inverser sa position, a commenté M. Corbyn après l’annonce du retrait du contrat pénitentiaire. Nous devrions adresser au monde le message que le Royaume-Uni est un modèle en matière de droits de l’homme. Ce contrat (…) aurait terni sa réputation ».Lire aussi :A Riyad, Manuel Valls discret sur la question des droits de l’hommeOfficiellement, la volte-face de M. Cameron n’a rien à voir avec ce lourd contexte. « Ce sont des questions différentes », a insisté le porte-parole du premier ministre. Mais le Times rapporte que l’affaire du contrat pénitentiaire suscitait depuis plusieurs mois une vive controverse au sein du gouvernement. Tandis que le nouveau ministre de la justice Michael Gove plaidait pour le dénoncer, affirmant que le Royaume-Uni ne pouvait aider un régime qui recourt à des peines telles que la pendaison, la lapidation ou la crucifixion, son collègue du Foreign office, Philip Hammond, l’accusait de « naïveté », mettant en avant « les intérêts plus larges du gouvernement britannique ». David Cameron, qui a longtemps soutenu M. Hammond, a fini par sacrifier le petit contrat pénitentiaire.M. Gove, à qui il est revenu d’annoncer l’arbitrage favorable à sa cause, mardi devant la chambre des Communes, s’en est tiré par une contorsion rhétorique. Insistant sur le nécessaire équilibre entre la promotion des droits de l’homme et la sécurité, il a affirmé que « la coopération avec l’Arabie Saoudite avait permis de sauver des vies britanniques », faisant allusion à des attentats déjoués grâce aux renseignements fournis par Riyad. Ainsi, parce que « la sûreté et la sécurité sont les premiers des droits de l’homme », a-t-il conclu, le Royaume-Uni « va continuer la nécessaire coopération sécuritaire avec le gouvernement saoudien (…) ».Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.10.2015 à 18h59 • Mis à jour le14.10.2015 à 10h44 | Julia Pascual C’est une photographie de la France et de ses flux migratoires qui va à l’encontre des fantasmes d’invasion rebattus par la droite nationaliste et identitaire. Mardi 13 octobre, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a publié deux études qui rendent compte d’un pays où les mobilités sont de plus en plus importantes mais ne concernent que partiellement les immigrés. La part de la population immigrée augmente par ailleurs, mais de façon modérée. Une mobilité de plus en plus importanteL’Insee révèle tout d’abord que le solde migratoire de la France est en forte baisse. Il s’établit à + 33 000 personnes en 2013, contre + 112 000 en 2006. « Bien qu’il paraisse faible, ce solde migratoire recouvre des flux beaucoup plus importants », souligne Marie Reynaud, responsable des études démographiques et sociales à l’Insee. En outre, il renvoie aux déplacements de deux catégories de personnes : celles qui sont nées en France et celles qui sont immigrées (minime, le solde des personnes nées françaises à l’étranger s’établit à + 13 000 en 2013).Concernant les personnes immigrées, leur solde migratoire s’élève à + 140 000 en 2013. Il est largement positif même ce chiffre accuse un léger recul puisqu’il était de + 164 000 en 2006. C’est-à-dire que « le nombre d’entrées d’immigrés a progressé, mais à un rythme plus faible que leurs sorties du territoire », souligne l’Insee. Un fait qui mérite d’être mis en exergue, d’après Marie Reynaud : « L’augmentation des sorties des personnes immigrées est nouvelle. Elle passe de 29 000 personnes en 2006 à 95 000 personnes en 2013. On relie ça à de la mobilité professionnelle de courte durée. »Davantage de Français partent à l’étrangerA côté de ces personnes immigrées, les déplacements des personnes nées en France connaissent une évolution similaire puisque leurs « départs vers l’étranger (…) se sont amplifiés depuis 2006, alors que leurs retours, moins nombreux, ont peu varié sur la période », analyse l’Insee. Si l’on regarde dans le détail, on note qu’« en 2013, près de 197 000 personnes nées en France ont quitté le territoire, soit 59 000 de plus qu’au cours de l’année 2006. Parallèlement, les retours des personnes nées en France sont stables, autour de 78 000 personnes. »A l’arrivée, le solde migratoire de cette catégorie est négatif, estimé à – 120 000 personnes en 2013 contre – 60 000 en 2006. Un constat qui ne saurait traduire une fuite massive des cerveaux à l’étranger, autre chiffon rouge régulièrement agité par les déclinistes : « Davantage de Français partent à l’étranger mais ce n’est pas très massif, rapporté aux 58,2 millions de personnes nées en France et vivant en France », relativise Marie Reynaud. Si l’on s’attarde sur le profil de ces personnes, on constate que, pour l’année 2013, « 80 % des départs à l’étranger de personnes nées en France surviennent entre 18 et 29 ans, âges d’études ou de début d’activité », précise l’Insee. Fin 2013, la présence française à l’étranger était estimée à un peu moins de 3 millions et demi de personnes.Cette « augmentation des flux migratoires n’est pas spécifique à la France », souligne enfin l’Insee, qui rappelle que le solde migratoire de l’ensemble de l’Union européenne s’élève en 2013 à 575 000 personnes (3,4 millions d’entrées et 2,8 millions de sorties), soit 594 000 de moins qu’en 2006. « La situation diffère selon les pays : par exemple, le solde migratoire de l’Allemagne augmente fortement ; à l’inverse, celui de l’Espagne devient négatif. »Une augmentation modérée de la population immigréeEn dehors de l’analyse de ces déplacements, qui donne à voir une mobilité accrue des personnes, l’Insee dessine un portrait à grands traits de la population française. Et nous apprend que la France comptait, au 1er janvier 2014, 65,8 millions d’habitants hors Mayotte, soit 2,6 millions de personnes de plus par rapport à 2006, c’est-à-dire « un accroissement de 0,5 % par an en moyenne ».Parmi ces résidents, la France compte 8,9 % de population immigrée, soit 0,8 point de plus qu’en 2006. Ce qui renvoie à une augmentation « modérée », jauge Marie Reynaud, équivalant à « 700 000 personnes en plus » en l’espace de huit ans. En détaillant ce chiffre, l’Insee nous apprend qu’« 1,6 million d’immigrés sont arrivés en France, 500 000 en sont repartis et 400 000 sont décédés en France ».L’institut entend par immigrée toute « personne née de nationalité étrangère à l’étranger et résidant en France ». Sachant que « certains immigrés ont pu devenir français par acquisition, les autres restant étrangers ».6,4 % de la population résidant en France est de nationalité étrangèreSi l’on s’en tient aux étrangers (personnes qui résident en France et ne possèdent pas la nationalité française), la France compte 500 000 étrangers en plus entre 2006 et 2014. Au passage, l’Insee relève que le nombre d’acquisitions de nationalité française s’est réduit sur la période, « passant de 147 000 en 2006 à 97 000 en 2013 ». Au total, au sein de la population résidant en France, 61,6 millions de personnes ont la nationalité française et 4,2 millions ont une nationalité étrangère, soit 6,4 % de la population. Parmi ces dernières, 0,6 million sont nées en France et 3,6 millions sont nées à l’étranger.Contrairement à certaines idées reçues, la progression de la population résidant en France est donc « essentiellement portée par le solde naturel », nous renseigne l’Insee. Ce solde s’élève à + 2,2 millions de personnes sur les huit dernières années, c’est-à-dire qu’il y a eu 6,5 millions de naissances pour 4,3 millions de décès. Le solde migratoire est moindre, qui s’établit à + 400 000 personnes sur huit ans. Il ne contribue qu’à hauteur de 16 % de l’augmentation de la population. Si l’on regarde dans le détail, on observe qu’entre début 2006 et début 2014, pour 2,5 millions d’entrées sur le territoire (qui peuvent être des retours), il y a eu 2,1 millions de sorties du territoire.Lire aussi :Quatre graphiques qui démentent des idées reçues sur l’immigrationJulia PascualJournaliste au Monde Lucie Soullier (Envoyée spéciale à Bodrum, Turquie) Il est 5 heures du matin, dimanche 27 septembre, et trente-sept migrants viennent de sombrer dans la mer Egée. Leur traversée s’est arrêtée quelque part au large de Bodrum, en Turquie. Avec vue sur les îles grecques. Lorsque les secours turcs sont arrivés pour les repêcher, dix-sept s’étaient déjà noyés. Dont cinq enfants.La découverte par les gardes-côtes turcs, plus de trois semaines auparavant, du corps d’Aylan Kurdi, ce petit Kurde de 3 ans dont la photo avait ému le monde entier, n’était pas une première pour eux. Sur la plage où l’enfant a été retrouvé, une banderole rappelle que le cliché symbolique a été pris ici. « L’humanité doit avoir honte. » Honte de ne pas s’être réveillée ou de s’être rendormie ? La situation n’a guère changé pour les sauveteurs de Bodrum - une équipe de 38 personnes volontaires et bénévoles, regroupées en association, que les gardes-côtes de Bodrum appellent en cas de naufrage. « Il y a eu un sursaut pendant peut-être deux semaines. Mais maintenant, on est revenu à la situation pré-Aylan », confie l’un d’eux.C’est finalement une nuit presque habituelle qui s’achève par un nouveau drame dans la baie turque. Une nuit durant laquelle les gardes-côtes ont joué au chat et à la souris et les passeurs aux joueurs de flûte, attirant les migrants par centaines sur les plages d’Yalikavak, d’Akyarlar, de Gumbet… Une dizaine de points de départ vers les îles grecques parsèment la péninsule. Depuis chacun d’eux, on peut apercevoir le Graal européen, parfois à moins de trois kilomètres.Vitamines et barbelésPour empêcher les migrants de prendre la mer, à Bodrum, six commandants rattachés au ministère de l’intérieur dirigent une centaine d’hommes sur près de 60 miles nautiques. La question est si sensible pour Ankara qu’ils ne sont pas autorisés à parler sans permission. En temps de guerre, les gardes-côtes turcs dépendent du ministère de la défense. Pas en ce moment, précise l’un d’eux. « Du moins, pas pour l’instant… » Dans la cité balnéaire, ils vivent entre deux mondes. Pour accéder à leur bureau, il faut passer devant les voiliers de luxe de la bourgeoisie turque, justement attablée au yacht club. Des touristes, eux, se prennent en photo devant un cabriolet. Au même endroit, voilà quelques jours, ils ont pu voir l’un des six bateaux des gardes-côtes rentrer au port, à l’aube, avec plus de 200 migrants à bord. Les plus petites embarcations peuvent ramener à peine une vingtaine de personnes : il arrive qu’on vienne les vider en cours d’opération, pour revenir chercher le reste des migrants laissés sur le bord d’une plage.Heureusement pour eux, depuis Didim ou même Izmir, les gardes-côtes des péninsules voisines peuvent venir leur prêter main-forte. Tout comme leurs homologues grecs et leurs collègues de Frontex, l’agence européenne chargée des frontières extérieures de l’espace Schengen. « On ne s’amuse pas à savoir qui est chez qui lorsqu’il y a urgence », précise un commandant turc. La question est pourtant essentielle pour les migrants, car atteindre les eaux grecques, c’est gagner un ticket pour l’Europe.Avant de jeter leurs embarcations de fortune sur la mer Egée, ces derniers peuvent attendre toute la journée, cachés dans les arbres et les montagnes sur lesquels les gardes-côtes braquent leurs projecteurs, à la nuit tombée. Parfois, la lumière d’un téléphone les trahit, ou un mouvement à peine perceptible au milieu des buissons. A moins que ce ne soit la fatigue qui n’éveille l’imagination de leurs poursuivants.Car un garde-côte reste vingt-quatre heures en service. Parfois sans véritable répit, puisqu’il peut être rappelé en urgence, quelques heures plus tard. L’un des commandants de Bodrum confie que l’afflux de réfugiés l’a déjà empêché de dormir trois jours durant. Sur le bureau d’un de ses collègues, à travers une fenêtre donnant sur la marina, on aperçoit un tube de vitamines. Un remède aussi dérisoire que les barbelés installés pour empêcher les migrants d’accéder à la côte d’Aspat. Evidemment cisaillés.La fin du voyageDans les clubs installés sur le sable, la fête bat son plein en ce dernier week-end des vacances de Baïram (l’Aïd, fête du mouton, en turc). A 1 heure du matin, la musique rythme encore de façon étrange les recherches lorsque la forme d’un pneumatique apparaît au loin. Pour ses occupants, le dernier tube d’Enrique Iglesias signera la fin du voyage.Une nuit comme les autres pour les gardes-côtes de Bodrum #migrants http://t.co/0q7o8HzMZl— LucieSoullier (@Lucie Soullier)require(["twitter/widgets"]);A neuf sur un bateau de deux mètres, tout débordement peut être fatal. Les gardes-côtes s’approchent lentement et somment les migrants de rester calmes, avant de les faire sortir un à un de leur canot. Ce temps pris par le commandant, précieux pour éviter de faire chavirer hommes, femmes et enfants, a aussi ouvert les mailles du filet : d’autres bateaux ont sans doute profité du moment où son attention s’est détournée pour passer. « Je vous connais, vous », lance-t-il à un jeune Pakistanais. Déjà ramené il y a quelques jours côté turc, il a retenté la traversée. Comme beaucoup, le commandant le sait. Son record ? Un même homme rattrapé sept fois. Difficile de savoir comment la huitième tentative a tourné, mais il est prêt à parier qu’elle a bien eu lieu.Comme pour conjurer le sort, les gardes-côtes turcs ont appelé leur opération « Hope » (« espoir »), chiffres officiels à l’appui. Après le naufrage des trente-sept migrants, le vice-premier ministre turc, Numan Kurtulmus, a ainsi rappelé que 53 000 d’entre eux avaient été ramenés vivants sur la côte turque, tandis que 274 étaient morts noyés. Aucune précision sur la période concernée ni sur le nombre de corps qui ont fini au fond de la mer Egée, impossibles à recenser. Mais « le ratio est positif, non ? », se persuade un commandant. Lui est fatigué de jouer le mauvais rôle, d’être vu comme celui qui empêche ces exilés d’atteindre la liberté. Il aimerait au moins ajouter l’option sauveteur à son image de fossoyeur. Il sursaute. Son téléphone vient de sonner. « C’est rarement une bonne nouvelle. » En face, les migrants n’ont rien à perdre, ils tentent tout. Une fois repérés, certains gagnent du temps en faisant les morts dans les montagnes. Ils savent que les gardes-côtes devront appeler les sauveteurs. Et peut-être pourront-ils s’enfuir, avant qu’ils n’arrivent. D’autres font semblant de pêcher ou de faire du tourisme dans la baie. Une tragicomédie se joue aux portes de l’Europe. En août, les gardes-côtes de Bodrum ont trouvé une vingtaine de migrants abandonnés sur une île turque inhabitée. Le passeur les y avait laissés en leur souhaitant la bienvenue en Grèce.Cette nuit, sur la même île, un canot pneumatique d’une dizaine de mètres semble avoir été oublié. En réalité, un passeur est venu le préparer pour la traversée. Mais celui-là ne partira pas. Le commandant a mis pied à terre, couteau à la main et arme en poche. Quatre trous dans le caoutchouc suffiront pour ruiner les espoirs de la soixantaine de migrants qui auraient du y être entassés.Les gardes-côtes se réadaptent sans cesse aux nouvelles stratégies des passeurs. Mais l’inverse est également vrai. Sur terre, des barrages policiers ont été installés aux abords de Bodrum pour arrêter les minibus emmenant les candidats à la traversée, notamment depuis Izmir. Les passeurs empruntent de nouvelles routes pour les contourner et multiplient désormais les allers-retours en voiture, plus nombreux mais plus discrets.Lire aussi :En Turquie, dans la petite Syrie d’Izmir, l’économie parallèle des réfugiés« On les encourageait »En cas de naufrage ou de blessures, les gardes-côtes préviennent le 112 ou les sauveteurs volontaires de Bodrum. Ceux-ci viennent prendre leur part dans la crise migratoire. Dans les archives de l’équipe, des dizaines de photos de pneumatiques bondés, de vidéos de canots retournés, de corps flottant sur la mer Egée… Et des enfants. Ici, on compte en « avant et après Aylan ». « Celui-là avait 14 jours, désigne l’un des sauveteurs. C’était un mois avant Aylan. » Des images qui peuplent ses nuits. Avec son passeport et 17 euros, il lui suffit de 45 minutes pour atteindre Kos, l’île que tentaient de rejoindre les dix-sept personnes qui ont péri le 27 septembre.Dans cet océan d’idées noires, quelques miracles viennent redonner espoir à « Hope ». Le 18 août, le plongeur de l’équipe a ainsi tiré trois personnes de sous la coque d’un bateau. Vivantes, cinq heures après avoir chaviré. Les sauveteurs n’avaient pas de couvertures de survie pour contrer l’hypothermie. Trop chères. Même si quelques sponsors les aident, les membres de l’association n’ont que peu de moyens. Ils ont préféré les couvertures polaires, dont le stock baisse aussi vite que les comptes en banque des passeurs se remplissent. La traversée coûte environ 1 300 dollars (1 170 euros). En faisant passer dix-huit personnes, les sauveteurs volontaires pourraient acheter un défibrillateur. « On s’est trompé de métier », plaisante l’un d’eux.Le précieux équipement des 38 sauveteurs volontaires de Bodrum. 10 ans pour rassembler tout ça. #Turquie http://t.co/fT9bj3IycR— LucieSoullier (@Lucie Soullier)require(["twitter/widgets"]);Dans chacun des deux bateaux que l’association est parvenue à acheter, jusqu’à huit personnes embarquent en cas d’alerte. Parmi eux, au moins un plongeur et un médecin. Tous sont des professionnels de la mer. Ils savent où les migrants seront portés par le courant ; dans quelles conditions la mer fera irrémédiablement couler leurs embarcations surchargées. Pour la plupart, les migrants ne savent pas naviguer. Certains ne savent même pas nager. Les plus chanceux, comme la jeune Dash, qui a fui Damas, compteront un marin dans leur équipage. « On s’est arrêté 45 minutes au milieu de la mer. Sans pouvoir avancer. Heureusement, un pêcheur est parvenu à réparer le bateau », raconte la Syrienne. Elle a finalement atteint l’île grecque de Lesbos au petit matin, saine et sauve.Son histoire fait soupirer un sauveteur : « Ils ne se rendent pas compte. Les migrants pensent souvent qu’il suffit qu’il fasse beau pour que le voyage se déroule bien. » Au retour du soleil, après les fortes inondations qui ont touché Bodrum quatre jours avant l’accident, les autorités avaient d’ailleurs renforcé les barrages terrestres et les équipes en mer. La pluie ayant arrêté les passeurs quelques jours, elles craignaient que, pour écouler la file d’attente, ils surchargent davantage les bateaux.Lire aussi :A Izmir, dernières heures avant la traversée de la mer EgéeGardes-côtes et sauveteurs ne sont pas les seuls à s’être habitués à partager la mer avec les migrants. Dans la station touristique prisée des riches familles turques, ils font désormais partie du paysage au même titre que les résidences secondaires et les bateaux de luxe. L’un d’eux a jeté l’ancre à quelques mètres d’une des portes de sortie des migrants. Même s’il les voyait, il n’est pas certain que le propriétaire du yacht les signalerait. « Il y a deux ans, on recevait dix appels par jour de gens paniqués », se souvient un commandant, presque amusé. Les appels ont diminué. Tout le monde s’y est fait. En prenant le ferry vers la Grèce durant l’été, la gérante d’un hôtel de Bodrum en a même croisé sur le point d’arriver. « On les encourageait. »Le maire de Bodrum, Mehmet Kocadon, reconnaît être « dépassé ». Ce riche homme d’affaires donne des vêtements, de la nourriture, des couches. Mais pour le reste, il s’avoue impuissant. Quoi qu’il en soit, insiste-t-il pour ne pas effrayer les touristes, les migrants ne sont qu’en transit dans sa ville. « Leur rêve, c’est l’Europe. » Et pour ceux qui changent d’avis et veulent rester en Turquie, « on leur achète un ticket de bus pour aller partout où ils veulent ». Partout, mais surtout ailleurs.Lucie Soullier (Envoyée spéciale à Bodrum, Turquie)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Samuel Laurent et Gary Dagorn   L’Insee a livré, mardi 13 octobre, une étude sur les flux migratoires entre 2006 et 2013. Et elle bat en brèche un grand nombre de clichés qui peuplent le débat, récurrent, sur l’immigration en France. En voici quelques-uns :1. Non, le solde migratoire n’a pas « explosé » depuis dix ans, il a diminué33 000C’est le solde migratoire net en 2013 en France, soit la différence entre entrées sur le territoire (immigration) et sorties. Il est trois fois moins élevé qu’en 2006 (+112 000 personnes).Si on regarde l’évolution, on constate une mobilité accrue : les deux chiffres des entrées et des sorties ont augmenté depuis 2006, le premier ralentissant sa progression quand le second l’accélère. #container_14447249279{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14447249279{ height:500px; } #container_14447249279 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14447249279 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14447249279 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14447249279 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Solde migratoire de 2006 à 2013Entrées (immigration) et sorties (expatriation) du territoire, et solde net(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14447249279", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"milliers de personnes" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["2006","2007","2008","2009","2010","2011","2012","2013"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Entrées", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 301 ], [ "", 294 ], [ "", 297 ], [ "", 297 ], [ "", 307 ], [ "", 320 ], [ "", 327 ], [ "", 332 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Sorties", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 189 ], [ "", 220 ], [ "", 240 ], [ "", 265 ], [ "", 268 ], [ "", 290 ], [ "", 294 ], [ "", 299 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Solde", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 112 ], [ "", 74 ], [ "", 57 ], [ "", 32 ], [ "", 39 ], [ "", 30 ], [ "", 33 ], [ "", 33 ] ], "type": "areaspline", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " 000 personnes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}2. Non, les immigrés ne « remplacent » pas les Français16 %C’est la contribution de l’immigration à l’augmentation de la population : entre 2006 et 2014, la France a gagné 2,6 millions d’habitants. Sur ce total, le solde migratoire contribue à hauteur de 400 000 personnes. Ramené en pourcentage, on comptait 8,13 % d’immigrés nés à l’étranger en 2006, on en compte désormais 8,92 %. Les Français nés en France représentaient 89,07 % de la population en 2006, 88,42 % l’an dernier. #container_14447294777{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14447294777{ height:500px; } #container_14447294777 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14447294777 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14447294777 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14447294777 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Composition de la population par origine, en 2006 et 2013(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14447294777", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"Nombre (milliers)" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["1er janvier 2006","1er janvier 2014"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nés français à l'etranger", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 1768 ], [ "", 1750 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "immigrés", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 5137 ], [ "", 5868 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Nés en France", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 56280 ], [ "", 58183 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: 1, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " milliers de personnes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}3. Oui, les retours d’expatriés représentent le quart des entrées en France77 000C’est le nombre de retours en France de Français expatriés en 2013. Sur 332 000 arrivées, 70 % (235 000) correspondent à de l’immigration, 23 % (77 000) à des retours d’expatriés, et 7 % (20 000) à des arrivées de personnes nées françaises à l’étranger. #container_14447267323{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14447267323{ height:500px; } #container_14447267323 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14447267323 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14447267323 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14447267323 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Entrées en France entre 2006 et 2013Selon l'origine des personnes.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14447267323", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"milliers de personnes" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["2006","2007","2008","2009","2010","2011","2012","2013"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Entrées d'immigrés", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 193 ], [ "", 192 ], [ "", 195 ], [ "", 195 ], [ "", 211 ], [ "", 217 ], [ "", 230 ], [ "", 235 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Entrées de personnes nées en France", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 78 ], [ "", 78 ], [ "", 78 ], [ "", 78 ], [ "", 78 ], [ "", 81 ], [ "", 77 ], [ "", 77 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Entrées de personnes nées françaises à l'étranger", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 30 ], [ "", 23 ], [ "", 23 ], [ "", 24 ], [ "", 19 ], [ "", 22 ], [ "", 21 ], [ "", 20 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "000 personnes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}4. Non, la « fuite des cerveaux » n’est pas en pleine hausse197 000C’est le nombre de personnes nées en France et ayant quitté le territoire en 2013. Un chiffre qui reste relativement stable depuis 2009. La hausse des départs s’explique donc surtout par le nombre d’immigrés qui quittent la France, 95 000 en 2013 contre 29 000 sept ans plus tôt. #container_14447259049{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14447259049{ height:500px; } #container_14447259049 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14447259049 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14447259049 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14447259049 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Sorties du territoire de 2006 à 2013Pour les personnes nées en France, immigrées et nées françaises à l'étranger(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14447259049", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"milliers de personnes" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["2006","2007","2008","2009","2010","2011","2012","2013"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Sorties d'immigrés", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 29 ], [ "", 49 ], [ "", 53 ], [ "", 63 ], [ "", 67 ], [ "", 73 ], [ "", 90 ], [ "", 95 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Sorties de personnes nées en France", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 138 ], [ "", 164 ], [ "", 177 ], [ "", 199 ], [ "", 193 ], [ "", 205 ], [ "", 197 ], [ "", 197 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Sorties de personnes nées françaises à l'étranger", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 22 ], [ "", 11 ], [ "", 10 ], [ "", 3 ], [ "", 8 ], [ "", 12 ], [ "", 8 ], [ "", 7 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: 1, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "000 personnes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Gary DagornJournaliste au MondeSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Yves Eudes Quelques jours après l’annulation par la cour de justice de l’UE de l’accord Safe Harbor, qui permet à près de 4 500 sociétés américaines de transférer aux Etats-Unis les données personnelles de leurs clients européens dans des conditions privilégiées, le département du commerce américain a annoncé qu’il allait continuer à l’administrer comme si de rien n’était. Il va même poursuivre le traitement des dossiers des nouvelles sociétés qui souhaitent bénéficier de l’accord.Cela dit, selon plusieurs cabinets juridiques interrogés par les médias anglo-saxons, il ne s’agirait pas d’un geste de défi, mais de bonne volonté. Depuis un an et demi et les révélations d’Edward Snowden sur l’espionnage de masse pratiqué par la NSA américaine, les Etats-Unis et la Commission européenne mènent des négociations discrètes pour réformer et renforcer le Safe Harbor. Malgré la décision de la justice européenne, et l’opposition de nombreux eurodéputés, les Etats-Unis souhaitent que ces discussions se poursuivent et aboutissent à un accord.Lire aussi :« La surveillance de masse » des Etats-Unis a été condamnéeD’autres instruments juridiquesPar ailleurs, dans une interview accordée au magazine français L’Usine digitale, Stephen Deadman, l’un des hauts responsables juridiques de Facebook, réaffirme qu’en réalité l’annulation de l’accord Safe Harbor n’aura pas de conséquences majeures à court terme sur le fonctionnement de sa société en Europe. En effet, le Safe Harbor n’est qu’un instrument juridique parmi d’autres : les sociétés désireuses de transférer des données personnelles vers les Etats-Unis peuvent aussi signer des contrats ad hoc, contenant des clauses contractuelles type et contrôlés par les agences européennes de protection des données. Ce mécanisme est lourd et complexe pour les entreprises petites et moyennes, mais il est tout à fait à la portée des géants américains de l’Internet, qui l’utilisent déjà dans différents pays.En revanche, depuis la décision de la CJUE invalidant Safe Harbor, les géants de l’Internet comme Facebook qui ont installé leurs filiales en Irlande, sont, en théorie, à la merci d’une décision de l’agence de protection des données irlandaise. A noter que Facebook possède déjà un data center en Suède, qu’il s’apprête à agrandir, et va bientôt en construire un en Irlande.Lire aussi :Les entreprises réclament du temps pour s’adapter à la mort du « Safe Harbor »Yves EudesGrand reporterSuivreAller sur la page de ce journaliste Maxime Vaudano Le projet d’accord de libre-échange transatlantique entre l’Europe et les Etats-Unis, désigné par les acronymes Tafta et TTIP, fêtera en 2016 ses trois ans. Et s’il est encore loin d’être conclu, il suscite une opposition grandissante.1. De quoi s’agit-il ?2. Pourquoi le traité transatlantique fait-il peur ?3. Où en est-on ?4. Le Tafta peut-il voir le jour ?1. De quoi s’agit-il ?Le Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP) est un projet de zone de libre-échange lancé début 2013 par Barack Obama et les dirigeants de l’Union européenne, José Manuel Barroso et Herman Von Rompuy, avec le soutien des 27 Etats-membres européens (qui sont maintenant 28).L’objectif est de libéraliser au maximum le commerce entre les deux rives de l’Atlantique, en :réduisant les droits de douane ;réduisant les « barrières réglementaires », c’est-à-dire les différences de réglementations qui empêchent l’Europe et les Etats-Unis de s’échanger tous leurs produits et services, et qui génèrent des coûts supplémentaires ;Deux exemples de barrières règlementairesAux Etats-Unis, les feux arrières d’une voiture doivent obligatoirement être couleur ambré, tandis qu’ils doivent être blancs en Europe – ce qui oblige les constructeurs à produire deux modèles différents selon le marché de destination. Tout le monde est à peu près d’accord pour dire qu’il serait plus judicieux d’harmoniser ces réglementations.En Europe, beaucoup d’Etats refusent, au nom du principe de précaution, d’autoriser la culture d’organismes génétiquement modifiées (OGM), alors que les Américains sont beaucoup plus souples pour les mettre sur le marché, et les interdire a posteriori en cas de problème. Qui a raison ?Le TTIP, surnommé Tafta (Transatlantic Free Trade agreement) par ses détracteurs, n’est pas sorti de nulle part : plusieurs instances de dialogue transatlantiques lui ont ouvert la voie depuis la fin de la Guerre froide ; mais surtout, il s’inscrit dans la course aux mégazones de libre-échange lancée au milieu des années 2000, quand les principales puissances ont pris acte de l’enlisement de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui a échoué à libéraliser le commerce mondial à cause d’intérêts trop divergents entre ses quelque 160 membres.Ainsi, les Etats-Unis viennent de conclure un partenariat transpacifique avec 11 Etats du pourtour pacifique. La Chine négocie de son côté un Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP) avec l’Inde et 14 autres pays asiatiques, tandis que les 54 membres de l’Union africaine discutent depuis cette année d’une Continental Free Trade Area (CFTA). Le tout dans une logique de confrontation de grands blocs économiques régionaux.2. Pourquoi le traité transatlantique fait-il peur ?Le poulet au chloreLa première vague des critiques contre le Tafta/TTIP, médiatisée à l’occasion des élections européennes de 2014, portait sur le risque de voir débouler sur le marché européen des poulets lavés au chlore, des bœufs nourris aux hormones et des OGM. De nombreux industriels américains aimeraient en effet voir ces produits, largement proscrits pour l’instant par la réglementation européenne, traverser l’Atlantique à la faveur de l’« harmonisation des réglementations » promise par le traité transatlantique. Mais ce sujet est si politiquement sensible que les dirigeants européens ont promis que cette « ligne rouge » ne serait pas franchie, et que les réglementations sanitaires européennes resteraient inchangées. Il faut pour l’instant les croire sur parole, car les négociations ne sont pas terminées, mais on les imagine mal renier leur engagement et l’assumer devant l’opinion publique le jour où l’accord sera rendu public.Les tribunaux arbitrauxAujourd’hui, l’essentiel des critiques s’est reporté vers un chapitre précis du futur TTIP, consacré au règlement des différends. Créé dans les années 1950 et présent dans l’immense majorité des accords commerciaux, ce système, baptisé Investor-State Dispute Settlement (ISDS), instaure une justice parallèle pour appliquer le contenu de l’accord, avec des arbitres privés au lieu de juges publics.Problème : à cause de la trop grande marge de manœuvre conférée à ces arbitres, et à de potentiels conflits d’intérêts, l’ISDS s’est transformée, au cours des dernières années, en arme à la disposition des multinationales pour attaquer les réglementations des Etats, sur la santé, l’environnement ou le social.Lire le décryptage sur les mythes et réalités sur les tribunaux d’arbitrage privés du traité transatlantique Sensible aux critiques, la Commission européenne a, sous l’impulsion franco-allemande, présenté en septembre 2015 un ambitieux projet de réforme de l’ISDS. Si elle prend en compte la plupart des failles pointées par les experts, cette réforme n’a pas rassuré les sceptiques, qui s’opposent au principe même d’une justice parallèle unilatérale, où seules les entreprises peuvent attaquer les Etats, et pas l’inverse.La coopération réglementaireAutre sujet moins visible, mais qui pourrait rapidement s’imposer à l’agenda : la question de la convergence réglementaire. Les négociateurs du Tafta/TTIP entendent en effet créer un Conseil de coopération réglementaire, chargé de faire vivre l’accord après sa signature en poursuivant l’effort d’harmonisation des réglementations de part et d’autre de l’Atlantique.Pour ses détracteurs, il s’agit d’un cheval de Troie qui permettra à quelques technocrates de détruire les réglementations européennes et américaines derrière des portes closes, une fois que le traité sera signé et que l’opinion publique regardera ailleurs. Tous les sujets sensibles, comme le poulet au chlore et les OGM, pourraient ainsi être évacués du corps du traité transatlantique pour revenir quelques années plus tard par cette porte dérobée.A l’inverse, les négociateurs assurent qu’il s’agira simplement d’une instance consultative, chargée de faire dialoguer Américains et Européens en amont de chaque nouvelle grande réglementation, afin de limiter au maximum les risques de divergence.S’il est acquis que ce Conseil n’aura aucun pouvoir législatif et ne pourra se substituer aux Parlements, une instance consultative est tout de même susceptible d’avoir une influence considérable. En retardant les procédures, en maîtrisant l’information et en faisant intervenir au moment adéquat les bons lobbys, il pourrait être tenté de saborder les tentatives de réglementation ambitieuses. Mais seul le texte final du traité nous permettra de nous faire une idée.Les services publicsLe TTIP se place dans la droite ligne de la politique libérale menée par la Commission européenne depuis plusieurs décennies, hostile aux monopoles publics et favorable à la libre concurrence dans le maximum de secteurs. C’est pourquoi les anti-Tafta craignent qu’il détruise les services publics européens en démembrant tous les monopoles publics.La Commission européenne tente de les rassurer en promettant d’exclure les services publics du champ de la libéralisation… sans définir clairement ce qu’elle entend par « service public ». De nombreux accords similaires au traité transatlantique ont en effet tendance à « saucissonner » les services publics, en protégeant les services de santé… tout en ouvrant les services dentaires, d’accouchement ou d’infirmerie à la concurrence.Or, si auparavant l’Europe détaillait très exhaustivement les secteurs qu’elle acceptait de libéraliser sur une « liste positive », elle a adopté depuis un an le principe américain de « liste négative ». Cette différence technique est potentiellement lourde de conséquences, car si l’Europe « oublie » (volontairement ou non) de souligner un secteur à protéger (comme l’éducation primaire, par exemple), il tombera automatiquement dans le champ de la libre concurrence… et rien ne permettra de revenir en arrière.Des effets économiques difficiles à anticiperLa principale étude économique brandie par la Commission européenne pour vanter les effets potentiels du traité transatlantique prédit un gain pour l’économie européenne de 119 milliards d’euros… d’ici 2027. Un impact très modeste, si on le ramène à un rythme annuel.Sans compter que ladite étude, financée par la Commission, a été largement critiquée pour ne prendre en compte que les effets bénéfiques du futur traité, sans se préoccuper des destructions de valeur. Dénonçant des « hypothèses irréalistes » et des méthodes « inadéquates », un chercheur italien prédit dans une autre étude un recul du PIB, des exportations et de l’emploi en Europe.La réalité est que les effets varieront largement selon les secteurs. Les services européens pourraient largement bénéficier de l’ouverture des marchés publics américains ; à l’inverse, les agriculteurs européens pourraient être frappés de plein fouet par la concurrence de l’agriculture industrielle américaine, bien moins chère, avec l’augmentation probable des quotas d’importation.Lire aussi :Libre-échange : des effets difficiles à mesurer sur l’emploi3. Où en est-on ?Dix cycles de négociations ont déjà eu lieu entre la Commission européenne et le département du commerce américain depuis le lancement officiel des discussions, à l’été 2013. D’après ce qui filtre de ces rencontres à huis clos entre fonctionnaires, peu de chapitres de l’accord ont réellement avancé, en raison de blocages politiques persistants sur les principaux dossiers. Initialement programmée pour la fin 2015, la conclusion des négociations n’aura pas lieu avant 2016, voire 2017.En parallèle, les lignes ont beaucoup bougé au niveau politique.Sous la pression d’une opinion publique toujours plus sceptique, la nouvelle Commission européenne de Jean-Claude Juncker, installée fin 2014, a adopté un discours plus accommodant avec les anti-Tafta, promettant notamment davantage de transparence dans les discussions. Si de nombreux documents sont désormais disponibles en ligne, y compris le mandat de négociation, les vrais textes de concertation restent largement secrets, réservés à quelques eurodéputés triés sur le volet et aux chancelleries européennes. La commissaire au commerce Cecilia Malmström a même durci les règles d’accès à ces dossiers sensibles, en cantonnant leur consultation à des salles de lecture ultra-sécurisées pour limiter le risque de fuites.En France, le gouvernement a également considérablement changé de discours. Secrétaire d’Etat au commerce extérieur depuis l’automne 2014, Matthias Fekl a récemment menacé de stopper les négociations si la Commission européenne ne répondait pas à ses exigences. S’il reste favorable au TTIP, le gouvernement français prévient qu’il ne le signera que sous certaines conditions – et notamment une réforme radicale des tribunaux d’arbitrage.4. Le Tafta peut-il voir le jour ?Une issue positive dépendra de la capacité des Etats-Unis et de l’Union européenne à s’entendre sur les sujets les plus sensibles. Washington refuse par exemple pour l’instant d’ouvrir ses marchés publics (aujourd’hui largement réservés aux entreprises américaines) ou de réformer les tribunaux d’arbitrage ISDS, tandis que Bruxelles reste inflexible sur la régulation de son secteur financier et sur la protection de ses indications géographiques protégées (comme les appellations Champagne ou Normandie).Même si un accord est conclu, il devra encore passer plusieurs étapes de validation.Côté européen, il devra être ratifié par :les 28 gouvernements européens (or, le gouvernement d’Alexis Tspiras en Grèce a prévenu qu’il ne « ratifierait jamais l’accord ») ;le Parlement européen, où, outre les groupes clairement anti-Tafta (la gauche radicale, les écologistes et l’extrême-droite), de nombreux élus restent dubitatifs face au tour pris par les négociations (chez les sociaux-démocrates, mais aussi au centre et à droite). Or, le Parlement européen a montré en 2012 qu’il n’était pas une simple chambre d’enregistrement en rejetant le traité anti-contrefaçon ACTA à l’issue d’une intense campagne de la société civile ;les Vingt-Huit Etats européens, qui peuvent le faire par un référendum ou un vote du Parlement.Or, la pression de l’opinion publique sur les responsables politiques européens s’accentue chaque jour un peu plus. Samedi 10 octobre, quelques jours après avoir remis une pétition de 3 millions de signatures contre le Tafta, les anti-traité transatlantique ont réuni entre 150 000 et 250 000 manifestants à Berlin – l’une des manifestations les plus importantes des dernières années en Allemagne, en pointe dans l’opposition au Tafta.La ratification prochaine de l’accord CETA entre l’Europe et le Canada – petit cousin du traité transatlantique, conclu en 2014, qui nourrit les mêmes critiques –, devrait faire office à cet égard de répétition générale en 2016, nous éclairant sur la réalité des rapports de force en Europe.Côté américain, la ratification du TTIP risque aussi de ne pas passer comme une lettre à la poste. Si Barack Obama a obtenu l’été dernier une victoire en faisant passer au Congrès une loi facilitant la ratification de tels accords, il ne sera probablement plus à la Maison Blanche quand le traité transatlantique sera conclu.Or, son (sa) successeur(e) sera sans doute moins allant(e) que lui. Hillary Clinton, la favorite des sondages côté démocrate, s’est montée très critique vis-à-vis du traité transpacifique et, par extension, de son cousin transatlantique. Son rival côté républicain, Donald Trump, est encore plus offensif contre ce type d’accord.Suivez toute l'actualité du Tafta/TTIP sur notre blog "La bataille transatlantique"Maxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.10.2015 à 19h33 • Mis à jour le13.10.2015 à 11h48 | Perrine Mouterde Deux jours après le double attentat qui a tué quatre-vingt-dix-sept personnes, samedi 10 octobre à Ankara, les autorités turques ont désigné l’organisation Etat islamique comme « suspect numéro un » de cette attaque et ont démenti toute défaillance des services de sécurité. Elles ont également confirmé la tenue des élections législatives le 1er novembre.Dorothée Schmid, chercheuse et directrice du programme Turquie contemporaine à l’Institut français des relations internationales (IFRI), revient sur les conséquences de cet attentat pour la Turquie.Lire aussi :Après l’attentat d’Ankara, la Turquie au bord du gouffre Quel message ce double attentat envoie-t-il ?Dorothée Schmid : C’est un attentat destiné à semer le chaos, à intimider la communauté kurde dans sa composante politique et légaliste, et à interrompre le processus électoral.Plusieurs suspects potentiels ont été désignés. Quelles pistes vous semblent les plus crédibles ? Il est difficile de savoir qui est derrière cette attaque, car nous avons très peu d’informations sur la façon dont elle s’est déroulée et sur l’avancée de l’enquête.L’idée que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) serait responsable de l’attaque n’est pas rationnelle. On voit mal le parti sacrifier une centaine de Kurdes et de sympathisants de gauche simplement pour semer le chaos. Et l’extrême gauche, qui agit en général à petite échelle, n’a sans doute pas les moyens de faire autant de victimes.L’organisation Etat islamique (EI) a la capacité logistique de perpétrer un tel attentat et peut avoir une justification politique à frapper la Turquie, qui dit combattre les djihadistes en Syrie. Mais en général, l’EI revendique ses attentats. Le gouvernement turc privilégie d’emblée cette piste, mais sans apporter de preuves convaincantes. Il veut surtout écarter rapidement toute hypothèse mettant en cause sa responsabilité, directe ou indirecte.C’était la même chose après l’attentat de Suruç [trente-deux personnes avaient été tuées le 20 juillet dans cette ville située à la frontière avec la Syrie], pour lequel il n’y a pas eu de revendication. Le gouvernement a fait porter la responsabilité à l’EI, mais il y avait là encore des incertitudes.Le gouvernement peut-il porter une part de responsabilité ? D’un point de vue général, oui, car il a maintenu un état de tension extrême dans le pays. On sait que des militants du Parti de la justice et du développement [AKP, le parti islamo-conservateur du président Erdogan] et des Foyers ottomans, une organisation de jeunesse liée au parti, sont impliqués depuis des mois dans des actes de violence quasi quotidiens contre le Parti de la démocratie des peuples [HDP, parti pro-kurde de gauche]. Et l’Etat n’est pas capable d’assurer la sécurité des manifestations.D’autres hypothèses pointent la responsabilité de « l’Etat profond », une nébuleuse d’acteurs extrémistes ayant des relais au sein des institutions elles-mêmes. Le régime d’Erdogan s’est-il fait déborder par des éléments radicaux qui lui seraient liés ? Il sera très difficile de le savoir, car le gouvernement est obsédé comme jamais par le contrôle de l’information.Quel impact cet attentat peut-il avoir au plan politique ? Il a un effet d’intimidation énorme et évident pour le HDP, le principal rival de l’AKP [ce parti pro-kurde a, pour la première fois lors du scrutin de juin, obtenu plus de 10 % des voix au Parlement, privant l’AKP de majorité]. Le HDP a annoncé qu’il allait suspendre sa campagne, annuler ses meetings. Cela va mettre tous les partis sur la défensive, mais il n’est pas du tout évident que cela redistribue les voix. Dans tous les cas, contrairement au mois de mai dernier, où la campagne était très visible, il n’y avait ces dernières semaines quasiment pas de campagne en Turquie.Cette attaque va-t-elle durcir encore le conflit entre le pouvoir et les Kurdes ?Tant qu’il n’y aura pas de revendication, pas d’enquête bien menée, pas d’explication claire sur ce qui s’est passé à Diyarbakir, à Suruç et à Ankara, les Kurdes considéreront que le gouvernement turc est responsable de ces attaques et qu’il mène une guerre contre les Kurdes — et pas uniquement contre le PKK.Jusqu’à présent, M. Erdogan avait réussi à contrôler l’information : à Istanbul et à Ankara, les Turcs savaient très peu de chose sur ce qui se passait à l’est. Après ce nouveau palier de violences, qui a frappé la capitale, le pouvoir va sans doute avoir plus de mal à cacher à la population cette sale guerre qu’il mène contre le PKK. Ces attentats vont sans doute désenclaver la question kurde.Lire aussi :Turquie : Erdogan et la politique du pirePerrine MouterdeJournaliste au Monde 12.10.2015 à 14h57 • Mis à jour le12.10.2015 à 19h42 | Lucie Soullier (avec Adea Guillot et Elisa Perrigueur) Pour connaître l’histoire d’Asma, il aura fallu trois personnes et un téléphone. Asma a 18 ans. Son fils, Zakaria, est né en Syrie il y a à peine deux mois. Ils ont tenté de traverser la mer Egée, depuis une plage turque, mais le bateau pneumatique s’est renversé à quelques mètres de la côte. Elle raconte sa mésaventure en arabe, la bouche collée au téléphone que lui tient son compagnon. Une application installée sur l’appareil permet de traduire sa voix en turc. Ne manque plus qu’à trouver un Turc anglophone pour enfin comprendre son récit. Un exemple parmi des dizaines, témoignant de la difficulté d’accéder aux récits des femmes migrantes.Que pense de son odyssée cette jeune Afghane de 17 ans, croisée à Subotica en Serbie, mariée depuis trois mois et partie sur les routes avec son nouveau mari depuis 50 jours ? Et cette mère Somalienne, sauvée de la mère Egée par les gardes-côtes turcs ? Ou encore cette Erythréenne d’une vingtaine d’années, vivant au milieu de la jungle de Calais ? Pour les journalistes du Monde partis à la rencontre des migrants depuis quelques mois, la question reste souvent sans réponse. Parce que — moins scolarisées dans leur pays d’origine — peu d’entre elles parlent anglais, parce qu’elles ont peur de raconter, et parce que leurs récits passent par un filtre, celui d’une association, d’un mari ou d’un frère. « Les femmes sont plus difficiles à approcher, même pour moi », confie Faustine Douillard, la coordinatrice de France Terre d’asile à Calais.Derrière les blessures des enfantsPour les atteindre et connaître leur histoire, à Izmir, en Turquie, une assistante sociale a trouvé des médiateurs de choix : leurs enfants. Dans le centre de Varyant, un quartier défavorisé de la ville balnéaire turque, Mehtap Alisan organise des ateliers mère-enfant, destinés aux Turques comme aux migrantes, Syriennes la plupart du temps. Arrivée d’Alep il y a deux ans, Jumen y vient avec plaisir, pour « apprendre le turc, et moins s’ennuyer à la maison », explique-t-elle en regardant son fils fabriquer une chenille en papier. Ici, les maris trop pris par leur travail ne passent que rarement. Et l’environnement féminin délie les langues. Le lieu ne propose pas de cours de turc à proprement parler, mais un mélange des cultures qui permet de socialiser. « Comment on dit ‘regardez-moi’[en arabe] ? » Même Mme Alisan apprend quelques rudiments d’arabe au contact des souvent très jeunes mamans.Quelques rues plus loin, l’ASAM (Association de solidarité avec les demandeurs d’asile et les migrants) donne des conseils juridiques et médicaux aux réfugiés. Là encore, les enfants sont une fenêtre pour approcher les femmes. « Elles viennent souvent parce qu’elles sont inquiètes pour leurs enfants, précise la psychologue, Şule Üzümcü. Parce qu’ils crient la nuit ou qu’ils font pipi au lit alors qu’ils ont passé l’âge. » Et en creusant, la psychologue découvre les blessures des mères. La guerre, évidemment. Six mois après avoir quitté Alep, Kadriye raconte qu’elle courbe encore l’échine lorsqu’elle entend passer un avion. Mais aussi les violences subies sur la route. Mme Üzümcü a entendu « mille histoires ici. Mais après, on fait ce qu’elles veulent. Si elles veulent porter plainte, on les emmène. Sinon ça reste entre nous. » Secret professionnel.Cette approche fonctionne avec les migrantes qui s’installent quelque temps en Turquie. Pas pour les Syriennes de Basmane, le quartier d’Izmir où se regroupent les candidats à la traversée vers la Grèce. Sur ce carrefour, elles restent à peine quelques jours, le temps de trouver un passeur et de prendre la mer. Ces femmes n’ont pas de contact avec les travailleurs sociaux du quartier.Lire aussi :En Turquie, dans la petite Syrie d’Izmir, l’économie parallèle des réfugiésAccoucher sur la route« Ici, les femmes viennent surtout lorsqu’elles sont enceintes, » explique Sibel Yilmaz Sagliner, assistante sociale. Et il faut batailler pour qu’elles puissent accéder à des soins médicaux, même si la Turquie les prend mieux en charge. Il y a deux ans, les réfugiés n’avaient aucune couverture de santé, l’assistante sociale les amenait donc elle-même chez les médecins qui acceptaient de les soigner gratuitement. Elle avait dressé une liste des bons samaritains. Désormais, les réfugiés enregistrés peuvent aller à la maternité gratuitement. « Mais les médicaments sont chers », soupire Hanen, une Syrienne installée en Turquie depuis un an. Et l’accès aux hôpitaux n’est pas le même dans tous les pays traversés.Or, de la Turquie à Calais, les femmes enceintes ou serrant de très jeunes enfants, nés pendant le voyage, sont de plus en plus nombreuses sur les routes migratoires. Une impression que viennent confirmer les chiffres de Christophe Boulierac, porte-parole de l’Unicef : parmi les 3 000 migrants qui transitaient chaque jour par la Macédoine début septembre, un tiers était des femmes et des enfants. Contre 10 % en juin. « Autre détail important, mais ce n’est pas un détail, ajoute M. Boulierac, environ 12 % des femmes sont enceintes. »Une augmentation qui a également frappé Alexandra Krause de la branche de Skopje de l’UNHCR, à la frontière macédonienne. « Probablement parce qu’elles savent que la frontière est ouverte [la Macédoine a fermé puis réouvert sa frontière entre le 21 et 23 août, médiatisant ainsi son ouverture] et qu’il est possible de prendre le train assez rapidement. » Alors qu’auparavant, les hommes partaient souvent en premier, rejoints par femmes et enfants lorsqu’ils étaient installés, le voyage se fait désormais en famille. Notamment dans la communauté syrienne. A Calais, Faustine Douillard de France Terre d’Asile avoue même moins s’inquiéter pour une Syrienne arrivant seule que pour d’autres nationalités. « On sait que la communauté syrienne, plus nombreuse, va jouer un rôle protecteur. Les Erythréennes, elles, sont souvent plus isolées. »Viols et violencesPour celles qui avancent seules sur la route, tout est plus risqué. Pour assurer leur sécurité, certaines se regroupent, souvent par région d’origine. D’autres se mettent sous la protection d’un homme, plus ou moins bienveillant. A Athènes, une jeune Afghane de 19 ans racontait ainsi avoir acheté sa protection en épousant sur la route le chef du groupe afghan qui les encadrait. L’union avec cet homme de 50 ans, lui-même déjà marié deux fois, avait arrêté les tentatives de viols par ses camarades de marche, des paysans afghans ultra-conservateurs.Comme les hommes, les femmes font face à la violence des autres migrants, des passeurs… Voire des autorités. Mais, outre les coups et les humiliations, des témoins racontent ce qu’un rapport de Human Rights Watch (HRW), publié le 21 septembre, nomme des « gender specific violences », des violences spécifiques envers les femmes. Soit des agressions sexuelles, allant du harcèlement au viol.Une mère de famille syrienne rencontrée à son arrivée en France nous a ainsi confié avoir été témoin de viols de jeunes filles à l’intérieur du camp de Gazi Baba, en Macédoine. Avec force détails, elle a porté de graves accusations contre la police macédonienne qui selon elle réclamait des faveurs sexuelles contre de l’eau ou du pain. Un témoignage recoupé par une jeune femme du même groupe, qui raconte avoir été harcelée puis épargnée en prétendant être enceinte et déjà mariée.Ces témoignages sont corroborés par le rapport de Human Rights Watch, qui dénonce les violences policières envers les migrants en Macédoine :« Un ancien gardien a dit qu’au moins deux policiers du centre de détention [de Gazi Baba] s’étaient vantés d’avoir eu des relations sexuelles avec des détenues.« Ils m’ont dit ‘Si tu veux le faire, on peut arranger ça pour toi’. Ils ne se cachaient pas. Ils en étaient même fiers. »Extrait du rapport de Human Right WatchLire aussi :La Macédoine, nouveau purgatoire des migrants« Aucun moyen de les protéger »Depuis juillet, le camp-prison de Gazi Baba – aux conditions d’accueil « inhumaines et dégradantes » selon Amnesty international – a été fermé et vidé pour quelques mois, le temps d’être rénové. Quant aux accusations de violences par la police macédonienne, « aucune plainte n’a été déposée devant l’unité de contrôle interne au camp, ni devant le procureur général, la Croix rouge ou toute autre organisation internationale qui était en contact avec les personnes placées à Gazi Baba », a déclaré le porte-parole du ministère de l’intérieur, Ivo Kotevski. Dans une lettre publiée en réponse au rapport de HRW, le ministère ajoute que dans les 12 derniers mois de fonctionnement du camp, des mesures disciplinaires ont été prises à l’encontre de cinq policiers au total. L’un d’eux a été suspendu de son poste. Le ministère a également appelé HRW à lui transmettre tous les témoignages incriminant ses forces de police, afin de mener les investigations nécessaires.Reste qu’il n’est pas toujours simple pour les migrantes de raconter les violences qu’elles endurent avant de se sentir à l’abri, protégées par un toit et des papiers. A Calais, environ 200 femmes trouvent refuge chaque nuit dans le centre Jules Ferry. Mais d’autres, aussi nombreuses, sont refusées par manque de place. « L’Etat a annoncé un renforcement de la capacité d’hébergement, mais c’est long à se mettre en place », s’impatiente Vincent de Coninck, du Secours catholique calaisien.Chaque nuit – à la fermeture des portes du centre Jules Ferry, ouvert également aux hommes la journée – près de 200 migrantes doivent donc se faire une place au milieu des 4 000 hommes du bidonville. Entre les soupçons de prostitution et les violences qu’elle observe, Faustine Douillard de France Terre d’Asile se sent impuissante. « On peut leur dire de porter plainte, mais on n’a aucun moyen de les protéger ensuite. »Pour Vincent de Coninck, « ces femmes sont tout bonnement laissées en danger. » Abandonnées au milieu de la jungle. Comme cette jeune Eyrthréenne de 25 ans, dont des soignants racontaient l’histoire dans une tribune publiée le 7 octobre sur LeMonde.fr :« Elle avait passé la nuit dehors et paniquait à l’idée d’en passer une seconde, car des hommes avaient voulu l’emmener de force dans leur tente. Nous avons appelé le centre Jules-Ferry. Qui l’a inscrite en position 56 sur la liste d’attente. Nous nous sommes vus lui donner un duvet et lui trouver un petit coin dans la tente d’une autre Erythréenne. Le lendemain, on l’a trouvée en pleurs. On saura seulement que le mari de l’autre femme était revenu ivre dans la nuit. Elle gardera pour elle les détails. Et nous notre honte de ne pas l’avoir mise à l’abri. »Lire aussi :Dans la « jungle » de Calais : « Médicalement, ce que nous avons vu est inacceptable »Or, la seule solution pour les protéger, insiste Faustine Douillard, est justement là : la mise à l’abri. Et surtout, il faut « arrêter de laisser se développer des camps bidonvilles qui laissent la mainmise aux passeurs et aux trafics en tous genres ».Une option qui ne semble pas être celle prise par les autorités. La préfecture du Pas-de-Calais a en effet annoncé fin août que les femmes ne pourront désormais pas rester plus de trois mois dans le centre, sauf si elles demandent l’asile en France. Un « chantage à l’asile » que le délégué du Secours catholique juge dangereux : « On les pousse à prendre des risques pour passer en moins de trois mois, alors que traverser la frontière est de plus en plus difficile. » Et pour celles qui ne veulent pas rester en France mais ne parviennent pas à atteindre l’Angleterre en moins de trois mois ? M. de Coninck donne rendez-vous fin novembre pour connaître la réponse. « On verra s’ils les mettent dehors. »Lucie Soullier (avec Adea Guillot et Elisa Perrigueur)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Samuel Laurent La quatrième conférence sociale qu’a ouvert, lundi 19 octobre, François Hollande, commence dans un climat tendu : si les partenaires sociaux ont réussi à trouver un accord à l’arraché sur les retraites complémentaires vendredi, les tensions nées des mobilisations du personnel d’Air France peinent à retomber. Mais au-delà de cette conjoncture, le marché français du travail continue de changer de visage du fait de la crise.1. Un chômage endémiqueEn septembre 2015, plus de 3,5 millions de personnes sont inscrites dans la seule catégorie « A », qui rassemble ceux qui n’ont pas du tout travaillé durant le mois précédent. En agrégeant ces derniers avec les catégories B (les inscrits qui ont travaillé moins de 78 heures dans le mois précédent) et C (activité réduite supérieure à 78 heures sur la même période), ils sont 5,4 millions. Une situation qui ne s’améliore pas, malgré les promesses de l’exécutif. #container_14452507468{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452507468{ height:500px; } #container_14452507468 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452507468 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452507468 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452507468 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Nombre de chômeurs depuis 1991Pour la catégorie A et les catégories A,B et C.Source : Dares(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452507468", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: 1, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#f96996", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#f96996", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["janv.-91","févr.-91","mars-91","avr.-91","mai-91","juin-91","juil.-91","août-91","sept.-91","oct.-91","nov.-91","déc.-91","janv.-92","févr.-92","mars-92","avr.-92","mai-92","juin-92","juil.-92","août-92","sept.-92","oct.-92","nov.-92","déc.-92","janv.-93","févr.-93","mars-93","avr.-93","mai-93","juin-93","juil.-93","août-93","sept.-93","oct.-93","nov.-93","déc.-93","janv.-94","févr.-94","mars-94","avr.-94","mai-94","juin-94","juil.-94","août-94","sept.-94","oct.-94","nov.-94","déc.-94","janv.-95","févr.-95","mars-95","avr.-95","mai-95","juin-95","juil.-95","août-95","sept.-95","oct.-95","nov.-95","déc.-95","janv.-96","févr.-96","mars-96","avr.-96","mai-96","juin-96","juil.-96","août-96","sept.-96","oct.-96","nov.-96","déc.-96","janv.-97","févr.-97","mars-97","avr.-97","mai-97","juin-97","juil.-97","août-97","sept.-97","oct.-97","nov.-97","déc.-97","janv.-98","févr.-98","mars-98","avr.-98","mai-98","juin-98","juil.-98","août-98","sept.-98","oct.-98","nov.-98","déc.-98","janv.-99","févr.-99","mars-99","avr.-99","mai-99","juin-99","juil.-99","août-99","sept.-99","oct.-99","nov.-99","déc.-99","janv.-00","févr.-00","mars-00","avr.-00","mai-00","juin-00","juil.-00","août-00","sept.-00","oct.-00","nov.-00","déc.-00","janv.-01","févr.-01","mars-01","avr.-01","mai-01","juin-01","juil.-01","août-01","sept.-01","oct.-01","nov.-01","déc.-01","janv.-02","févr.-02","mars-02","avr.-02","mai-02","juin-02","juil.-02","août-02","sept.-02","oct.-02","nov.-02","déc.-02","janv.-03","févr.-03","mars-03","avr.-03","mai-03","juin-03","juil.-03","août-03","sept.-03","oct.-03","nov.-03","déc.-03","janv.-04","févr.-04","mars-04","avr.-04","mai-04","juin-04","juil.-04","août-04","sept.-04","oct.-04","nov.-04","déc.-04","janv.-05","févr.-05","mars-05","avr.-05","mai-05","juin-05","juil.-05","août-05","sept.-05","oct.-05","nov.-05","déc.-05","janv.-06","févr.-06","mars-06","avr.-06","mai-06","juin-06","juil.-06","août-06","sept.-06","oct.-06","nov.-06","déc.-06","janv.-07","févr.-07","mars-07","avr.-07","mai-07","juin-07","juil.-07","août-07","sept.-07","oct.-07","nov.-07","déc.-07","janv.-08","févr.-08","mars-08","avr.-08","mai-08","juin-08","juil.-08","août-08","sept.-08","oct.-08","nov.-08","déc.-08","janv.-09","févr.-09","mars-09","avr.-09","mai-09","juin-09","juil.-09","août-09","sept.-09","oct.-09","nov.-09","déc.-09","janv.-10","févr.-10","mars-10","avr.-10","mai-10","juin-10","juil.-10","août-10","sept.-10","oct.-10","nov.-10","déc.-10","janv.-11","févr.-11","mars-11","avr.-11","mai-11","juin-11","juil.-11","août-11","sept.-11","oct.-11","nov.-11","déc.-11","janv.-12","févr.-12","mars-12","avr.-12","mai-12","juin-12","juil.-12","août-12","sept.-12","oct.-12","nov.-12","déc.-12","janv.-13","févr.-13","mars-13","avr.-13","mai-13","juin-13","juil.-13","août-13","sept.-13","oct.-13","nov.-13","déc.-13","janv.-14","févr.-14","mars-14","avr.-14","mai-14","juin-14","juil.-14","août-14","sept.-14","oct.-14","nov.-14","déc.-14","janv.-15","févr.-15","mars-15","avr.-15","mai-15","juin-15","juil.-15","août-15"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#f96996", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#f96996", from: 257, to: 296, label: { useHTML: false, text: "Hollande", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 15 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Catégorie A", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", null ], [ "", 3121 ], [ "", 3133.6 ], [ "", 3135 ], [ "", 3136 ], [ "", 3149.1 ], [ "", 3134.3 ], [ "", 3135.8 ], [ "", 3128.1 ], [ "", 3161.3 ], [ "", 3152.1 ], [ "", 3171.4 ], [ "", 3176.5 ], [ "", 3195.6 ], [ "", 3181.6 ], [ "", 3182.4 ], [ "", 3178.7 ], [ "", 3191.5 ], [ "", 3190.1 ], [ "", 3173.3 ], [ "", 3137.3 ], [ "", 3166.1 ], [ "", 3164 ], [ "", 3152.1 ], [ "", 3131.8 ], [ "", 3133.3 ], [ "", 3122.7 ], [ "", 3113 ], [ "", 3109.6 ], [ "", 3098 ], [ "", 3079.8 ], [ "", 3084 ], [ "", 3069.7 ], [ "", 3083.2 ], [ "", 3083.6 ], [ "", 3086.7 ], [ "", 3079 ], [ "", 3076.1 ], [ "", 3070.9 ], [ "", 3071.3 ], [ "", 3055.7 ], [ "", 3037.1 ], [ "", 3026.8 ], [ "", 2965.9 ], [ "", 2948 ], [ "", 2898.6 ], [ "", 2876.2 ], [ "", 2848.7 ], [ "", 2820.4 ], [ "", 2802.7 ], [ "", 2774.8 ], [ "", 2737.1 ], [ "", 2697.7 ], [ "", 2675.8 ], [ "", 2644.3 ], [ "", 2619.9 ], [ "", 2609.5 ], [ "", 2549.2 ], [ "", 2505.5 ], [ "", 2450.8 ], [ "", 2437.4 ], [ "", 2394.8 ], [ "", 2381.5 ], [ "", 2364.9 ], [ "", 2358.4 ], [ "", 2364.7 ], [ "", 2364.2 ], [ "", 2391.6 ], [ "", 2398.9 ], [ "", 2405.4 ], [ "", 2434.7 ], [ "", 2463.8 ], [ "", 2473.6 ], [ "", 2475.9 ], [ "", 2485.8 ], [ "", 2501.4 ], [ "", 2518.3 ], [ "", 2524.5 ], [ "", 2529.4 ], [ "", 2556.4 ], [ "", 2552 ], [ "", 2548.6 ], [ "", 2554.8 ], [ "", 2573.8 ], [ "", 2587.6 ], [ "", 2611.9 ], [ "", 2629.2 ], [ "", 2641.6 ], [ "", 2647.3 ], [ "", 2644.9 ], [ "", 2661 ], [ "", 2675.6 ], [ "", 2666.6 ], [ "", 2716 ], [ "", 2719.5 ], [ "", 2705.3 ], [ "", 2717.1 ], [ "", 2687.9 ], [ "", 2674.4 ], [ "", 2667.9 ], [ "", 2663.6 ], [ "", 2670.6 ], [ "", 2676.7 ], [ "", 2683.3 ], [ "", 2699.5 ], [ "", 2697 ], [ "", 2690.3 ], [ "", 2705.7 ], [ "", 2705.9 ], [ "", 2708.3 ], [ "", 2707.2 ], [ "", 2708.3 ], [ "", 2706.2 ], [ "", 2707.2 ], [ "", 2688.4 ], [ "", 2664.8 ], [ "", 2654.7 ], [ "", 2632.1 ], [ "", 2609.9 ], [ "", 2587 ], [ "", 2567 ], [ "", 2550.6 ], [ "", 2530.1 ], [ "", 2501.7 ], [ "", 2460.3 ], [ "", 2422.7 ], [ "", 2398.7 ], [ "", 2363 ], [ "", 2354.5 ], [ "", 2322.3 ], [ "", 2314.7 ], [ "", 2288.4 ], [ "", 2265 ], [ "", 2232.6 ], [ "", 2202.1 ], [ "", 2172.4 ], [ "", 2152.8 ], [ "", 2139.9 ], [ "", 2119.7 ], [ "", 2117.5 ], [ "", 2100.4 ], [ "", 2092.2 ], [ "", 2062.6 ], [ "", 2035.9 ], [ "", 2015.8 ], [ "", 2003.2 ], [ "", 1979.9 ], [ "", 1985 ], [ "", 1997.3 ], [ "", 1998.3 ], [ "", 2017.6 ], [ "", 2033.6 ], [ "", 2040.8 ], [ "", 2075.2 ], [ "", 2107.2 ], [ "", 2163.3 ], [ "", 2219.3 ], [ "", 2282.4 ], [ "", 2356.8 ], [ "", 2422.9 ], [ "", 2481.8 ], [ "", 2516.2 ], [ "", 2519.7 ], [ "", 2545.3 ], [ "", 2577.3 ], [ "", 2601.7 ], [ "", 2637.8 ], [ "", 2646.4 ], [ "", 2638 ], [ "", 2660.6 ], [ "", 2665.6 ], [ "", 2666.2 ], [ "", 2681.9 ], [ "", 2689.2 ], [ "", 2687.2 ], [ "", 2679.9 ], [ "", 2698.3 ], [ "", 2696.6 ], [ "", 2675.1 ], [ "", 2689.8 ], [ "", 2702.3 ], [ "", 2695.7 ], [ "", 2706.2 ], [ "", 2692.3 ], [ "", 2693.6 ], [ "", 2703.9 ], [ "", 2732.5 ], [ "", 2749.1 ], [ "", 2763.5 ], [ "", 2775.5 ], [ "", 2796.2 ], [ "", 2819.6 ], [ "", 2848.6 ], [ "", 2867.1 ], [ "", 2878.9 ], [ "", 2885.8 ], [ "", 2894.8 ], [ "", 2923.2 ], [ "", 2943.2 ], [ "", 2983.1 ], [ "", 3020.8 ], [ "", 3052.8 ], [ "", 3094.4 ], [ "", 3119.9 ], [ "", 3133.2 ], [ "", 3181.1 ], [ "", 3192.3 ], [ "", 3213.4 ], [ "", 3254.3 ], [ "", 3253.7 ], [ "", 3265.5 ], [ "", 3279.1 ], [ "", 3246.6 ], [ "", 3297.2 ], [ "", 3279.4 ], [ "", 3298.7 ], [ "", 3311.7 ], [ "", 3321.9 ], [ "", 3341.7 ], [ "", 3346.4 ], [ "", 3364.9 ], [ "", 3383.7 ], [ "", 3395.3 ], [ "", 3416.8 ], [ "", 3415 ], [ "", 3441.9 ], [ "", 3461.4 ], [ "", 3486.4 ], [ "", 3500.7 ], [ "", 3481.6 ], [ "", 3494.4 ], [ "", 3509.8 ], [ "", 3536 ], [ "", 3552.2 ], [ "", 3553.5 ], [ "", 3551.6 ], [ "", 3571.6 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Catégories A, B, C", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 2843.8 ], [ "", 2873.4 ], [ "", 2900.7 ], [ "", 2921.3 ], [ "", 2958.3 ], [ "", 2992.1 ], [ "", 3048.5 ], [ "", 3083.6 ], [ "", 3105.5 ], [ "", 3128.1 ], [ "", 3146.8 ], [ "", 3162.4 ], [ "", 3190.4 ], [ "", 3200.3 ], [ "", 3191.9 ], [ "", 3214.5 ], [ "", 3218.9 ], [ "", 3235.7 ], [ "", 3247.8 ], [ "", 3261.8 ], [ "", 3276.2 ], [ "", 3297.6 ], [ "", 3326.4 ], [ "", 3354.2 ], [ "", 3373.4 ], [ "", 3402.4 ], [ "", 3447.7 ], [ "", 3488.4 ], [ "", 3512.8 ], [ "", 3566.3 ], [ "", 3605.3 ], [ "", 3634.8 ], [ "", 3665.2 ], [ "", 3708.5 ], [ "", 3706.8 ], [ "", 3716.3 ], [ "", 3729.1 ], [ "", 3735 ], [ "", 3738.7 ], [ "", 3754 ], [ "", 3765.8 ], [ "", 3773.2 ], [ "", 3771.1 ], [ "", 3780.7 ], [ "", 3778.7 ], [ "", 3768.3 ], [ "", 3760.4 ], [ "", 3769.2 ], [ "", 3756.7 ], [ "", 3747.6 ], [ "", 3740.8 ], [ "", 3724.2 ], [ "", 3705.4 ], [ "", 3667.7 ], [ "", 3630.7 ], [ "", 3643.8 ], [ "", 3654 ], [ "", 3670.1 ], [ "", 3705.1 ], [ "", 3736.1 ], [ "", 3744 ], [ "", 3761.2 ], [ "", 3776.6 ], [ "", 3781.9 ], [ "", 3800.1 ], [ "", 3812.6 ], [ "", 3831.4 ], [ "", 3859.2 ], [ "", 3866.9 ], [ "", 3875 ], [ "", 3895.6 ], [ "", 3912.6 ], [ "", 3940.9 ], [ "", 3939.4 ], [ "", 3949.6 ], [ "", 3962.1 ], [ "", 3978.7 ], [ "", 4005.6 ], [ "", 4005.7 ], [ "", 4007.3 ], [ "", 4022.2 ], [ "", 4026.1 ], [ "", 4022.4 ], [ "", 4017.8 ], [ "", 4026.3 ], [ "", 4031.6 ], [ "", 4031.1 ], [ "", 4032.2 ], [ "", 4030.7 ], [ "", 4006.4 ], [ "", 4014.9 ], [ "", 4018.1 ], [ "", 4025.4 ], [ "", 4034.2 ], [ "", 4037.4 ], [ "", 4043.7 ], [ "", 4040.2 ], [ "", 4041.5 ], [ "", 4050.6 ], [ "", 4047.6 ], [ "", 4039 ], [ "", 4035.2 ], [ "", 3988.8 ], [ "", 3970.7 ], [ "", 3931.5 ], [ "", 3904.3 ], [ "", 3875.7 ], [ "", 3842.4 ], [ "", 3817.5 ], [ "", 3782.8 ], [ "", 3733.1 ], [ "", 3680.3 ], [ "", 3650.9 ], [ "", 3628.7 ], [ "", 3598.5 ], [ "", 3592.8 ], [ "", 3534.8 ], [ "", 3492.1 ], [ "", 3449.8 ], [ "", 3427.3 ], [ "", 3395.3 ], [ "", 3377.8 ], [ "", 3361.4 ], [ "", 3354.8 ], [ "", 3358.5 ], [ "", 3349.7 ], [ "", 3357.8 ], [ "", 3366.4 ], [ "", 3370.8 ], [ "", 3400.1 ], [ "", 3432.9 ], [ "", 3445.3 ], [ "", 3458.1 ], [ "", 3462 ], [ "", 3479.6 ], [ "", 3497.4 ], [ "", 3499.3 ], [ "", 3499.3 ], [ "", 3520.6 ], [ "", 3514.3 ], [ "", 3525.5 ], [ "", 3535 ], [ "", 3556 ], [ "", 3569.2 ], [ "", 3595.2 ], [ "", 3621 ], [ "", 3640 ], [ "", 3644.6 ], [ "", 3636.4 ], [ "", 3664.1 ], [ "", 3679.6 ], [ "", 3685.8 ], [ "", 3735.3 ], [ "", 3748.6 ], [ "", 3746.7 ], [ "", 3768 ], [ "", 3736.5 ], [ "", 3733.1 ], [ "", 3736.2 ], [ "", 3747.7 ], [ "", 3767.8 ], [ "", 3795.5 ], [ "", 3804.1 ], [ "", 3821.2 ], [ "", 3829.4 ], [ "", 3839.1 ], [ "", 3861.1 ], [ "", 3866 ], [ "", 3873.8 ], [ "", 3876.8 ], [ "", 3884 ], [ "", 3883.5 ], [ "", 3897.9 ], [ "", 3871 ], [ "", 3858.4 ], [ "", 3840.1 ], [ "", 3825 ], [ "", 3791.1 ], [ "", 3760.9 ], [ "", 3741.4 ], [ "", 3713.9 ], [ "", 3691.1 ], [ "", 3655.7 ], [ "", 3617.8 ], [ "", 3578 ], [ "", 3549.7 ], [ "", 3510.8 ], [ "", 3490 ], [ "", 3457.3 ], [ "", 3432.6 ], [ "", 3409.6 ], [ "", 3381.8 ], [ "", 3342.9 ], [ "", 3313.9 ], [ "", 3282.7 ], [ "", 3255.3 ], [ "", 3234.3 ], [ "", 3204.8 ], [ "", 3192.1 ], [ "", 3182 ], [ "", 3165.7 ], [ "", 3135.9 ], [ "", 3111.7 ], [ "", 3089.2 ], [ "", 3089 ], [ "", 3070.6 ], [ "", 3061.4 ], [ "", 3060.1 ], [ "", 3054.6 ], [ "", 3065.2 ], [ "", 3080.5 ], [ "", 3082.8 ], [ "", 3108.2 ], [ "", 3151.5 ], [ "", 3194.3 ], [ "", 3247 ], [ "", 3313.1 ], [ "", 3391.4 ], [ "", 3464.7 ], [ "", 3548.9 ], [ "", 3603.9 ], [ "", 3624.5 ], [ "", 3668.9 ], [ "", 3715.8 ], [ "", 3757 ], [ "", 3799.4 ], [ "", 3829.2 ], [ "", 3843.8 ], [ "", 3867.4 ], [ "", 3882.1 ], [ "", 3897 ], [ "", 3924.2 ], [ "", 3939.9 ], [ "", 3949.6 ], [ "", 3960 ], [ "", 3976.9 ], [ "", 3992.7 ], [ "", 3983.1 ], [ "", 4008.8 ], [ "", 4028.7 ], [ "", 4041 ], [ "", 4049.8 ], [ "", 4052.5 ], [ "", 4061 ], [ "", 4085.9 ], [ "", 4113.9 ], [ "", 4125.1 ], [ "", 4145.7 ], [ "", 4170.1 ], [ "", 4181.4 ], [ "", 4224 ], [ "", 4248.6 ], [ "", 4265 ], [ "", 4289 ], [ "", 4314 ], [ "", 4327 ], [ "", 4358.3 ], [ "", 4397.3 ], [ "", 4442.1 ], [ "", 4491.1 ], [ "", 4520.5 ], [ "", 4565.5 ], [ "", 4609.2 ], [ "", 4627.7 ], [ "", 4683.4 ], [ "", 4714.9 ], [ "", 4739.1 ], [ "", 4788.1 ], [ "", 4791 ], [ "", 4796.2 ], [ "", 4836.8 ], [ "", 4793 ], [ "", 4849.4 ], [ "", 4876.3 ], [ "", 4886.9 ], [ "", 4905.3 ], [ "", 4928.9 ], [ "", 4941.8 ], [ "", 4956.3 ], [ "", 4989.6 ], [ "", 5018.1 ], [ "", 5041.5 ], [ "", 5076.2 ], [ "", 5080.7 ], [ "", 5125.1 ], [ "", 5152.8 ], [ "", 5180 ], [ "", 5216 ], [ "", 5232.1 ], [ "", 5262.5 ], [ "", 5290.5 ], [ "", 5344.6 ], [ "", 5414.2 ], [ "", 5397.4 ], [ "", 5412.5 ], [ "", 5420.9 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " milliers", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "%B %Y", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Qui sont ces chômeurs ? En premier lieu des jeunes. Le taux de chômage des 15-24 ans était, en 2013, de 23,9 %, deux fois et demi supérieur au taux général. Les catégories populaires (employés, ouvriers) connaissent davantage le chômage, de même que les non-diplômés. #container_14452493453{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452493453{ height:500px; } #container_14452493453 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452493453 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452493453 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452493453 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Taux de chômage selon diverses catégories de populationEn 2013, selon l'Insee(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452493453", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Ensemble","15-24 ans","25-49 ans ","50 ans et plus","Agriculteurs exploitants, artisans, commerçants et chefs d'entreprise","Cadres et professions intellectuelles supérieures","Professions intermédiaires","Employés","Ouvriers","Sans diplôme ou CEP","Brevet des collèges, CAP, BEP","Baccalauréat","Bac + 2","Diplôme supérieur au Bac+2"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Ensemble", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 9.8 ], [ "", 23.9 ], [ "", 9.1 ], [ "", 6.5 ], [ "", 4.3 ], [ "", 3.9 ], [ "", 5.2 ], [ "", 10 ], [ "", 14.6 ], [ "", 16.8 ], [ "", 10.9 ], [ "", 10.1 ], [ "", 5.7 ], [ "", 6.1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Les fins de contrats (c’est-à-dire les fins de CDD, à la différence des fins de mission qui désignent les fins d’intérims) sont – de loin – le premier motif d’inscription au chômage, devant les licenciements économiques. #container_14452570784{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452570784{ height:500px; } #container_14452570784 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452570784 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452570784 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452570784 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Motifs d'inscription à Pôle emploi depuis 1996Les fins de contrat sont et restent, de loin, le premier motif d'inscription(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452570784", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["févr. 96","mars 96","avr. 96","mai 96","juin 96","juil. 96","août 96","sept. 96","oct. 96","nov. 96","déc. 96","janv. 97","févr. 97","mars 97","avr. 97","mai 97","juin 97","juil. 97","août 97","sept. 97","oct. 97","nov. 97","déc. 97","janv. 98","févr. 98","mars 98","avr. 98","mai 98","juin 98","juil. 98","août 98","sept. 98","oct. 98","nov. 98","déc. 98","janv. 99","févr. 99","mars 99","avr. 99","mai 99","juin 99","juil. 99","août 99","sept. 99","oct. 99","nov. 99","déc. 99","janv. 00","févr. 00","mars 00","avr. 00","mai 00","juin 00","juil. 00","août 00","sept. 00","oct. 00","nov. 00","déc. 00","janv. 01","févr. 01","mars 01","avr. 01","mai 01","juin 01","juil. 01","août 01","sept. 01","oct. 01","nov. 01","déc. 01","janv. 02","févr. 02","mars 02","avr. 02","mai 02","juin 02","juil. 02","août 02","sept. 02","oct. 02","nov. 02","déc. 02","janv. 03","févr. 03","mars 03","avr. 03","mai 03","juin 03","juil. 03","août 03","sept. 03","oct. 03","nov. 03","déc. 03","janv. 04","févr. 04","mars 04","avr. 04","mai 04","juin 04","juil. 04","août 04","sept. 04","oct. 04","nov. 04","déc. 04","janv. 05","févr. 05","mars 05","avr. 05","mai 05","juin 05","juil. 05","août 05","sept. 05","oct. 05","nov. 05","déc. 05","janv. 06","févr. 06","mars 06","avr. 06","mai 06","juin 06","juil. 06","août 06","sept. 06","oct. 06","nov. 06","déc. 06","janv. 07","févr. 07","mars 07","avr. 07","mai 07","juin 07","juil. 07","août 07","sept. 07","oct. 07","nov. 07","déc. 07","janv. 08","févr. 08","mars 08","avr. 08","mai 08","juin 08","juil. 08","août 08","sept. 08","oct. 08","nov. 08","déc. 08","janv. 09","févr. 09","mars 09","avr. 09","mai 09","juin 09","juil. 09","août 09","sept. 09","oct. 09","nov. 09","déc. 09","janv. 10","févr. 10","mars 10","avr. 10","mai 10","juin 10","juil. 10","août 10","sept. 10","oct. 10","nov. 10","déc. 10","janv. 11","févr. 11","mars 11","avr. 11","mai 11","juin 11","juil. 11","août 11","sept. 11","oct. 11","nov. 11","déc. 11","janv. 12","févr. 12","mars 12","avr. 12","mai 12","juin 12","juil. 12","août 12","sept. 12","oct. 12","nov. 12","déc. 12","janv. 13","févr. 13","mars 13","avr. 13","mai 13","juin 13","juil. 13","août 13","sept. 13","oct. 13","nov. 13","déc. 13","janv. 14","févr. 14","mars 14","avr. 14","mai 14","juin 14","juil. 14","août 14","sept. 14","oct. 14","nov. 14","déc. 14","janv. 15","févr. 15","mars 15","avr. 15","mai 15","juin 15","juil. 15","août 15"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Licenciement éco ", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 40500 ], [ "", 40300 ], [ "", 41300 ], [ "", 41000 ], [ "", 40900 ], [ "", 40700 ], [ "", 40800 ], [ "", 42800 ], [ "", 41300 ], [ "", 40100 ], [ "", 39900 ], [ "", 40100 ], [ "", 38000 ], [ "", 38600 ], [ "", 39600 ], [ "", 38300 ], [ "", 38000 ], [ "", 35500 ], [ "", 35300 ], [ "", 37700 ], [ "", 35000 ], [ "", 33600 ], [ "", 33000 ], [ "", 32900 ], [ "", 32600 ], [ "", 30800 ], [ "", 31000 ], [ "", 30500 ], [ "", 29800 ], [ "", 29600 ], [ "", 29100 ], [ "", 29200 ], [ "", 28500 ], [ "", 28400 ], [ "", 28600 ], [ "", 27400 ], [ "", 27900 ], [ "", 28400 ], [ "", 26900 ], [ "", 27400 ], [ "", 29000 ], [ "", 27300 ], [ "", 27900 ], [ "", 26800 ], [ "", 26900 ], [ "", 27200 ], [ "", 25900 ], [ "", 25900 ], [ "", 26100 ], [ "", 24600 ], [ "", 25200 ], [ "", 25000 ], [ "", 24600 ], [ "", 24800 ], [ "", 25500 ], [ "", 22700 ], [ "", 23400 ], [ "", 21800 ], [ "", 22500 ], [ "", 22400 ], [ "", 22400 ], [ "", 21700 ], [ "", 21500 ], [ "", 21900 ], [ "", 21500 ], [ "", 22100 ], [ "", 23500 ], [ "", 24500 ], [ "", 27100 ], [ "", 28400 ], [ "", 29400 ], [ "", 30900 ], [ "", 29800 ], [ "", 30300 ], [ "", 29900 ], [ "", 29200 ], [ "", 29300 ], [ "", 30700 ], [ "", 28800 ], [ "", 30800 ], [ "", 30900 ], [ "", 33300 ], [ "", 28300 ], [ "", 25900 ], [ "", 27900 ], [ "", 27600 ], [ "", 27500 ], [ "", 28600 ], [ "", 35300 ], [ "", 33600 ], [ "", 32000 ], [ "", 33300 ], [ "", 29300 ], [ "", 31200 ], [ "", 33500 ], [ "", 30200 ], [ "", 30800 ], [ "", 30300 ], [ "", 30300 ], [ "", 29400 ], [ "", 28900 ], [ "", 28700 ], [ "", 28300 ], [ "", 27800 ], [ "", 26700 ], [ "", 28000 ], [ "", 28200 ], [ "", 26900 ], [ "", 26800 ], [ "", 27200 ], [ "", 27600 ], [ "", 27400 ], [ "", 25200 ], [ "", 26300 ], [ "", 24200 ], [ "", 21600 ], [ "", 19600 ], [ "", 20900 ], [ "", 20200 ], [ "", 19500 ], [ "", 19500 ], [ "", 19000 ], [ "", 18900 ], [ "", 18900 ], [ "", 19600 ], [ "", 18600 ], [ "", 19200 ], [ "", 19400 ], [ "", 19700 ], [ "", 19500 ], [ "", 18200 ], [ "", 18400 ], [ "", 17600 ], [ "", 17200 ], [ "", 16100 ], [ "", 16600 ], [ "", 16200 ], [ "", 16500 ], [ "", 16500 ], [ "", 16600 ], [ "", 16000 ], [ "", 15300 ], [ "", 14400 ], [ "", 16300 ], [ "", 15600 ], [ "", 15600 ], [ "", 15500 ], [ "", 14600 ], [ "", 14600 ], [ "", 14300 ], [ "", 14200 ], [ "", 16400 ], [ "", 14900 ], [ "", 15500 ], [ "", 18200 ], [ "", 19500 ], [ "", 20800 ], [ "", 22500 ], [ "", 22600 ], [ "", 22400 ], [ "", 22400 ], [ "", 23500 ], [ "", 24400 ], [ "", 24800 ], [ "", 23400 ], [ "", 21500 ], [ "", 18400 ], [ "", 16300 ], [ "", 16100 ], [ "", 15000 ], [ "", 14600 ], [ "", 16400 ], [ "", 15800 ], [ "", 15900 ], [ "", 15200 ], [ "", 14400 ], [ "", 14700 ], [ "", 14500 ], [ "", 14500 ], [ "", 14800 ], [ "", 14200 ], [ "", 13900 ], [ "", 13500 ], [ "", 13200 ], [ "", 12600 ], [ "", 12400 ], [ "", 12500 ], [ "", 13000 ], [ "", 12700 ], [ "", 13900 ], [ "", 14000 ], [ "", 14200 ], [ "", 12600 ], [ "", 11600 ], [ "", 12900 ], [ "", 13500 ], [ "", 13100 ], [ "", 13500 ], [ "", 12600 ], [ "", 11900 ], [ "", 12600 ], [ "", 12400 ], [ "", 12800 ], [ "", 12800 ], [ "", 13300 ], [ "", 12900 ], [ "", 13200 ], [ "", 12700 ], [ "", 12200 ], [ "", 12600 ], [ "", 12300 ], [ "", 13400 ], [ "", 13100 ], [ "", 13200 ], [ "", 12800 ], [ "", 12800 ], [ "", 13600 ], [ "", 14300 ], [ "", 13400 ], [ "", 13500 ], [ "", 13900 ], [ "", 13200 ], [ "", 13300 ], [ "", 12700 ], [ "", 13400 ], [ "", 13300 ], [ "", 13300 ], [ "", 12900 ], [ "", 13500 ], [ "", 13100 ], [ "", 15000 ], [ "", 12900 ], [ "", 12300 ], [ "", 12900 ], [ "", 13000 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Autre licenciement", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 33400 ], [ "", 32400 ], [ "", 32200 ], [ "", 33400 ], [ "", 33100 ], [ "", 33300 ], [ "", 33600 ], [ "", 34500 ], [ "", 34600 ], [ "", 35000 ], [ "", 34200 ], [ "", 34200 ], [ "", 33600 ], [ "", 34600 ], [ "", 35200 ], [ "", 35500 ], [ "", 35300 ], [ "", 34100 ], [ "", 34100 ], [ "", 36200 ], [ "", 35700 ], [ "", 34800 ], [ "", 34800 ], [ "", 35100 ], [ "", 35400 ], [ "", 34900 ], [ "", 36000 ], [ "", 35000 ], [ "", 36100 ], [ "", 36900 ], [ "", 36600 ], [ "", 36600 ], [ "", 37400 ], [ "", 37500 ], [ "", 37900 ], [ "", 37800 ], [ "", 38500 ], [ "", 39600 ], [ "", 38600 ], [ "", 38800 ], [ "", 39900 ], [ "", 38700 ], [ "", 40600 ], [ "", 40100 ], [ "", 40500 ], [ "", 40400 ], [ "", 40500 ], [ "", 41300 ], [ "", 40800 ], [ "", 40100 ], [ "", 40400 ], [ "", 42200 ], [ "", 43400 ], [ "", 42100 ], [ "", 42200 ], [ "", 41000 ], [ "", 42000 ], [ "", 41400 ], [ "", 43300 ], [ "", 43700 ], [ "", 45200 ], [ "", 44500 ], [ "", 44200 ], [ "", 45400 ], [ "", 44000 ], [ "", 45600 ], [ "", 46300 ], [ "", 45900 ], [ "", 49600 ], [ "", 50500 ], [ "", 49400 ], [ "", 50100 ], [ "", 50800 ], [ "", 50900 ], [ "", 51600 ], [ "", 50900 ], [ "", 50500 ], [ "", 53600 ], [ "", 52300 ], [ "", 52800 ], [ "", 53200 ], [ "", 54700 ], [ "", 55200 ], [ "", 54300 ], [ "", 55300 ], [ "", 57000 ], [ "", 55700 ], [ "", 53300 ], [ "", 55600 ], [ "", 56600 ], [ "", 56300 ], [ "", 59400 ], [ "", 57700 ], [ "", 56600 ], [ "", 58300 ], [ "", 54500 ], [ "", 56300 ], [ "", 57100 ], [ "", 56300 ], [ "", 57000 ], [ "", 57000 ], [ "", 55600 ], [ "", 56100 ], [ "", 55800 ], [ "", 55500 ], [ "", 58000 ], [ "", 56100 ], [ "", 56600 ], [ "", 55700 ], [ "", 56300 ], [ "", 58300 ], [ "", 58700 ], [ "", 58300 ], [ "", 58900 ], [ "", 59900 ], [ "", 59000 ], [ "", 57300 ], [ "", 60300 ], [ "", 58600 ], [ "", 58500 ], [ "", 58400 ], [ "", 58300 ], [ "", 59300 ], [ "", 57800 ], [ "", 61200 ], [ "", 58000 ], [ "", 58700 ], [ "", 57900 ], [ "", 60000 ], [ "", 59900 ], [ "", 60100 ], [ "", 59700 ], [ "", 59400 ], [ "", 58000 ], [ "", 57200 ], [ "", 59100 ], [ "", 58000 ], [ "", 59000 ], [ "", 59400 ], [ "", 58300 ], [ "", 57900 ], [ "", 56600 ], [ "", 57200 ], [ "", 56800 ], [ "", 58600 ], [ "", 59800 ], [ "", 58300 ], [ "", 58400 ], [ "", 57500 ], [ "", 56600 ], [ "", 55400 ], [ "", 58200 ], [ "", 57900 ], [ "", 56900 ], [ "", 56600 ], [ "", 56100 ], [ "", 56200 ], [ "", 57500 ], [ "", 57400 ], [ "", 54800 ], [ "", 53300 ], [ "", 54200 ], [ "", 53200 ], [ "", 52000 ], [ "", 52000 ], [ "", 50000 ], [ "", 48200 ], [ "", 47900 ], [ "", 46600 ], [ "", 46000 ], [ "", 45500 ], [ "", 44100 ], [ "", 43700 ], [ "", 43600 ], [ "", 45100 ], [ "", 43000 ], [ "", 42300 ], [ "", 42400 ], [ "", 41500 ], [ "", 43300 ], [ "", 42000 ], [ "", 41800 ], [ "", 42100 ], [ "", 42200 ], [ "", 42500 ], [ "", 41000 ], [ "", 42300 ], [ "", 42900 ], [ "", 41600 ], [ "", 44300 ], [ "", 43100 ], [ "", 42700 ], [ "", 41800 ], [ "", 40900 ], [ "", 41500 ], [ "", 43100 ], [ "", 43100 ], [ "", 42300 ], [ "", 40900 ], [ "", 41200 ], [ "", 41200 ], [ "", 42100 ], [ "", 41000 ], [ "", 41100 ], [ "", 41800 ], [ "", 41200 ], [ "", 42900 ], [ "", 42400 ], [ "", 41300 ], [ "", 43700 ], [ "", 41100 ], [ "", 43300 ], [ "", 41200 ], [ "", 40900 ], [ "", 41100 ], [ "", 39700 ], [ "", 41100 ], [ "", 40000 ], [ "", 39700 ], [ "", 39300 ], [ "", 39500 ], [ "", 39900 ], [ "", 39100 ], [ "", 40100 ], [ "", 39700 ], [ "", 39200 ], [ "", 38700 ], [ "", 38600 ], [ "", 39200 ], [ "", 39900 ], [ "", 40700 ], [ "", 38700 ], [ "", 38500 ], [ "", 39800 ], [ "", 39000 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Démission", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 17200 ], [ "", 17100 ], [ "", 17200 ], [ "", 18000 ], [ "", 17300 ], [ "", 17300 ], [ "", 17300 ], [ "", 17500 ], [ "", 16400 ], [ "", 17300 ], [ "", 17000 ], [ "", 17300 ], [ "", 16800 ], [ "", 16800 ], [ "", 17300 ], [ "", 17700 ], [ "", 17500 ], [ "", 17000 ], [ "", 16700 ], [ "", 18000 ], [ "", 17400 ], [ "", 17200 ], [ "", 17300 ], [ "", 17100 ], [ "", 17400 ], [ "", 17100 ], [ "", 18000 ], [ "", 17800 ], [ "", 18400 ], [ "", 18600 ], [ "", 18400 ], [ "", 18800 ], [ "", 19200 ], [ "", 19100 ], [ "", 19300 ], [ "", 19300 ], [ "", 19500 ], [ "", 20200 ], [ "", 20000 ], [ "", 20000 ], [ "", 20100 ], [ "", 19900 ], [ "", 21100 ], [ "", 20600 ], [ "", 21200 ], [ "", 21500 ], [ "", 21500 ], [ "", 22100 ], [ "", 21700 ], [ "", 21600 ], [ "", 21200 ], [ "", 23400 ], [ "", 23900 ], [ "", 24400 ], [ "", 24900 ], [ "", 23400 ], [ "", 24100 ], [ "", 24200 ], [ "", 25900 ], [ "", 25400 ], [ "", 26300 ], [ "", 26500 ], [ "", 26800 ], [ "", 27400 ], [ "", 25900 ], [ "", 26600 ], [ "", 27200 ], [ "", 27100 ], [ "", 29000 ], [ "", 28300 ], [ "", 27400 ], [ "", 27400 ], [ "", 27300 ], [ "", 27200 ], [ "", 27400 ], [ "", 27100 ], [ "", 26900 ], [ "", 27700 ], [ "", 26700 ], [ "", 27000 ], [ "", 26800 ], [ "", 27800 ], [ "", 27200 ], [ "", 27300 ], [ "", 27300 ], [ "", 27800 ], [ "", 26300 ], [ "", 25300 ], [ "", 26300 ], [ "", 26500 ], [ "", 25800 ], [ "", 27400 ], [ "", 26100 ], [ "", 25700 ], [ "", 26800 ], [ "", 25300 ], [ "", 25400 ], [ "", 25100 ], [ "", 24600 ], [ "", 24200 ], [ "", 24200 ], [ "", 24200 ], [ "", 24400 ], [ "", 24400 ], [ "", 24300 ], [ "", 24600 ], [ "", 23900 ], [ "", 23900 ], [ "", 23300 ], [ "", 23100 ], [ "", 23700 ], [ "", 24400 ], [ "", 23200 ], [ "", 23100 ], [ "", 23700 ], [ "", 23200 ], [ "", 22600 ], [ "", 23600 ], [ "", 23100 ], [ "", 22700 ], [ "", 22300 ], [ "", 22100 ], [ "", 22700 ], [ "", 22200 ], [ "", 23200 ], [ "", 22400 ], [ "", 22000 ], [ "", 22100 ], [ "", 23200 ], [ "", 23000 ], [ "", 23100 ], [ "", 22400 ], [ "", 22400 ], [ "", 22500 ], [ "", 22300 ], [ "", 22500 ], [ "", 23100 ], [ "", 22800 ], [ "", 22900 ], [ "", 22300 ], [ "", 21900 ], [ "", 22200 ], [ "", 22500 ], [ "", 22400 ], [ "", 22900 ], [ "", 23700 ], [ "", 22900 ], [ "", 22700 ], [ "", 22000 ], [ "", 21600 ], [ "", 20700 ], [ "", 22300 ], [ "", 22300 ], [ "", 21200 ], [ "", 20500 ], [ "", 20700 ], [ "", 20600 ], [ "", 19900 ], [ "", 20100 ], [ "", 18400 ], [ "", 18000 ], [ "", 18500 ], [ "", 18200 ], [ "", 18200 ], [ "", 18400 ], [ "", 17500 ], [ "", 17400 ], [ "", 17600 ], [ "", 17400 ], [ "", 17100 ], [ "", 17300 ], [ "", 16800 ], [ "", 16500 ], [ "", 16400 ], [ "", 16100 ], [ "", 16100 ], [ "", 15800 ], [ "", 16100 ], [ "", 15700 ], [ "", 16900 ], [ "", 16000 ], [ "", 15900 ], [ "", 15500 ], [ "", 16000 ], [ "", 16200 ], [ "", 15700 ], [ "", 15900 ], [ "", 15900 ], [ "", 15700 ], [ "", 16900 ], [ "", 16000 ], [ "", 15600 ], [ "", 15200 ], [ "", 14900 ], [ "", 15100 ], [ "", 15600 ], [ "", 16200 ], [ "", 15300 ], [ "", 14900 ], [ "", 14700 ], [ "", 14800 ], [ "", 14800 ], [ "", 14500 ], [ "", 14600 ], [ "", 14300 ], [ "", 14300 ], [ "", 14700 ], [ "", 14000 ], [ "", 13400 ], [ "", 14500 ], [ "", 13500 ], [ "", 14300 ], [ "", 13800 ], [ "", 13800 ], [ "", 13700 ], [ "", 13500 ], [ "", 13600 ], [ "", 13200 ], [ "", 13100 ], [ "", 13200 ], [ "", 13100 ], [ "", 13000 ], [ "", 12900 ], [ "", 13000 ], [ "", 12500 ], [ "", 12700 ], [ "", 12400 ], [ "", 12900 ], [ "", 12500 ], [ "", 12400 ], [ "", 12600 ], [ "", 12400 ], [ "", 12500 ], [ "", 13000 ], [ "", 13200 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Fin de contrat", "color": "#F19300", "data": [ [ "", 151700 ], [ "", 143800 ], [ "", 137800 ], [ "", 141500 ], [ "", 145200 ], [ "", 141200 ], [ "", 147500 ], [ "", 148700 ], [ "", 140200 ], [ "", 141300 ], [ "", 138600 ], [ "", 137500 ], [ "", 133900 ], [ "", 136000 ], [ "", 133400 ], [ "", 136300 ], [ "", 135400 ], [ "", 127700 ], [ "", 129500 ], [ "", 132900 ], [ "", 128700 ], [ "", 126200 ], [ "", 122400 ], [ "", 119800 ], [ "", 119400 ], [ "", 118300 ], [ "", 119300 ], [ "", 115700 ], [ "", 114900 ], [ "", 117600 ], [ "", 118900 ], [ "", 118900 ], [ "", 121500 ], [ "", 119400 ], [ "", 121200 ], [ "", 119900 ], [ "", 119300 ], [ "", 121700 ], [ "", 119200 ], [ "", 118700 ], [ "", 119000 ], [ "", 113800 ], [ "", 116800 ], [ "", 112700 ], [ "", 114400 ], [ "", 114800 ], [ "", 116000 ], [ "", 119800 ], [ "", 116100 ], [ "", 112800 ], [ "", 110400 ], [ "", 117200 ], [ "", 120600 ], [ "", 115100 ], [ "", 114800 ], [ "", 108600 ], [ "", 112700 ], [ "", 111800 ], [ "", 115500 ], [ "", 116600 ], [ "", 120300 ], [ "", 116500 ], [ "", 118500 ], [ "", 119700 ], [ "", 115300 ], [ "", 117100 ], [ "", 118000 ], [ "", 116000 ], [ "", 128800 ], [ "", 125600 ], [ "", 119100 ], [ "", 121800 ], [ "", 121500 ], [ "", 121900 ], [ "", 120200 ], [ "", 117400 ], [ "", 116600 ], [ "", 121900 ], [ "", 120600 ], [ "", 123400 ], [ "", 124600 ], [ "", 131700 ], [ "", 127100 ], [ "", 125500 ], [ "", 123200 ], [ "", 127200 ], [ "", 123200 ], [ "", 123800 ], [ "", 132800 ], [ "", 132200 ], [ "", 123100 ], [ "", 131800 ], [ "", 124400 ], [ "", 123300 ], [ "", 125300 ], [ "", 120700 ], [ "", 124000 ], [ "", 125200 ], [ "", 124300 ], [ "", 123900 ], [ "", 123200 ], [ "", 121800 ], [ "", 125400 ], [ "", 123100 ], [ "", 121900 ], [ "", 121800 ], [ "", 117700 ], [ "", 120500 ], [ "", 113700 ], [ "", 117600 ], [ "", 121900 ], [ "", 121000 ], [ "", 120600 ], [ "", 117300 ], [ "", 119500 ], [ "", 119200 ], [ "", 115100 ], [ "", 118900 ], [ "", 116800 ], [ "", 116500 ], [ "", 112400 ], [ "", 110600 ], [ "", 111300 ], [ "", 112000 ], [ "", 116300 ], [ "", 108800 ], [ "", 110700 ], [ "", 109200 ], [ "", 114300 ], [ "", 112400 ], [ "", 112900 ], [ "", 110200 ], [ "", 111800 ], [ "", 109900 ], [ "", 109100 ], [ "", 111200 ], [ "", 110800 ], [ "", 112000 ], [ "", 112100 ], [ "", 109900 ], [ "", 111600 ], [ "", 112400 ], [ "", 113400 ], [ "", 111300 ], [ "", 114100 ], [ "", 117800 ], [ "", 114200 ], [ "", 113700 ], [ "", 113900 ], [ "", 117000 ], [ "", 112400 ], [ "", 115800 ], [ "", 114700 ], [ "", 116600 ], [ "", 118100 ], [ "", 122300 ], [ "", 125900 ], [ "", 129800 ], [ "", 129400 ], [ "", 123700 ], [ "", 120500 ], [ "", 128800 ], [ "", 128100 ], [ "", 125600 ], [ "", 122900 ], [ "", 116900 ], [ "", 114500 ], [ "", 115400 ], [ "", 112800 ], [ "", 114400 ], [ "", 114900 ], [ "", 114200 ], [ "", 111900 ], [ "", 113300 ], [ "", 117300 ], [ "", 115400 ], [ "", 115100 ], [ "", 117400 ], [ "", 117900 ], [ "", 120700 ], [ "", 118000 ], [ "", 120200 ], [ "", 120300 ], [ "", 123500 ], [ "", 123900 ], [ "", 121800 ], [ "", 124000 ], [ "", 126700 ], [ "", 126200 ], [ "", 132400 ], [ "", 129100 ], [ "", 127600 ], [ "", 125800 ], [ "", 124400 ], [ "", 123700 ], [ "", 127200 ], [ "", 128200 ], [ "", 127700 ], [ "", 126300 ], [ "", 124800 ], [ "", 127500 ], [ "", 125100 ], [ "", 122900 ], [ "", 123400 ], [ "", 125700 ], [ "", 122700 ], [ "", 126700 ], [ "", 124200 ], [ "", 120100 ], [ "", 126200 ], [ "", 118300 ], [ "", 126200 ], [ "", 119400 ], [ "", 120400 ], [ "", 121800 ], [ "", 117900 ], [ "", 119200 ], [ "", 118100 ], [ "", 119000 ], [ "", 116700 ], [ "", 116100 ], [ "", 117300 ], [ "", 117300 ], [ "", 123400 ], [ "", 120600 ], [ "", 120200 ], [ "", 116100 ], [ "", 115000 ], [ "", 115700 ], [ "", 117300 ], [ "", 118500 ], [ "", 111300 ], [ "", 112900 ], [ "", 114500 ], [ "", 117000 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Fin de mission", "color": "#28beaa", "data": [ [ "", 18700 ], [ "", 18500 ], [ "", 18200 ], [ "", 19000 ], [ "", 18900 ], [ "", 18800 ], [ "", 17700 ], [ "", 19400 ], [ "", 19000 ], [ "", 18700 ], [ "", 17600 ], [ "", 17400 ], [ "", 16800 ], [ "", 17000 ], [ "", 17400 ], [ "", 18000 ], [ "", 17400 ], [ "", 16400 ], [ "", 17100 ], [ "", 18100 ], [ "", 18000 ], [ "", 17800 ], [ "", 17900 ], [ "", 18100 ], [ "", 18200 ], [ "", 18400 ], [ "", 18800 ], [ "", 18600 ], [ "", 19400 ], [ "", 20200 ], [ "", 21600 ], [ "", 22200 ], [ "", 22700 ], [ "", 23600 ], [ "", 23600 ], [ "", 24100 ], [ "", 24100 ], [ "", 24100 ], [ "", 23600 ], [ "", 23000 ], [ "", 23400 ], [ "", 22400 ], [ "", 23500 ], [ "", 22800 ], [ "", 22800 ], [ "", 23300 ], [ "", 24100 ], [ "", 25700 ], [ "", 25500 ], [ "", 25000 ], [ "", 25600 ], [ "", 27000 ], [ "", 28500 ], [ "", 31100 ], [ "", 29300 ], [ "", 27800 ], [ "", 27500 ], [ "", 29500 ], [ "", 31700 ], [ "", 32900 ], [ "", 34600 ], [ "", 35900 ], [ "", 37500 ], [ "", 38400 ], [ "", 37500 ], [ "", 40500 ], [ "", 38800 ], [ "", 39600 ], [ "", 43000 ], [ "", 43600 ], [ "", 39400 ], [ "", 41000 ], [ "", 40200 ], [ "", 39900 ], [ "", 39700 ], [ "", 39800 ], [ "", 38100 ], [ "", 40600 ], [ "", 39500 ], [ "", 40200 ], [ "", 40300 ], [ "", 42000 ], [ "", 40700 ], [ "", 40800 ], [ "", 40700 ], [ "", 41200 ], [ "", 40000 ], [ "", 39600 ], [ "", 40800 ], [ "", 39900 ], [ "", 38700 ], [ "", 41400 ], [ "", 39900 ], [ "", 38700 ], [ "", 40100 ], [ "", 38300 ], [ "", 37900 ], [ "", 37900 ], [ "", 37900 ], [ "", 37800 ], [ "", 37000 ], [ "", 36100 ], [ "", 37500 ], [ "", 36900 ], [ "", 36400 ], [ "", 37000 ], [ "", 36500 ], [ "", 37100 ], [ "", 37000 ], [ "", 36900 ], [ "", 37000 ], [ "", 38300 ], [ "", 36300 ], [ "", 35700 ], [ "", 38000 ], [ "", 36800 ], [ "", 34700 ], [ "", 37400 ], [ "", 36300 ], [ "", 37100 ], [ "", 36700 ], [ "", 36300 ], [ "", 36900 ], [ "", 35500 ], [ "", 39000 ], [ "", 37900 ], [ "", 37300 ], [ "", 38000 ], [ "", 38800 ], [ "", 39800 ], [ "", 40500 ], [ "", 39200 ], [ "", 38600 ], [ "", 38500 ], [ "", 38600 ], [ "", 39800 ], [ "", 40200 ], [ "", 41400 ], [ "", 40700 ], [ "", 38800 ], [ "", 37000 ], [ "", 38200 ], [ "", 38600 ], [ "", 38200 ], [ "", 40400 ], [ "", 41700 ], [ "", 41900 ], [ "", 42800 ], [ "", 43500 ], [ "", 42900 ], [ "", 43800 ], [ "", 43900 ], [ "", 48600 ], [ "", 52300 ], [ "", 47300 ], [ "", 47500 ], [ "", 46500 ], [ "", 45600 ], [ "", 44300 ], [ "", 38800 ], [ "", 36100 ], [ "", 33400 ], [ "", 33500 ], [ "", 32900 ], [ "", 32300 ], [ "", 30200 ], [ "", 29200 ], [ "", 29300 ], [ "", 28600 ], [ "", 28400 ], [ "", 29500 ], [ "", 29200 ], [ "", 29500 ], [ "", 27700 ], [ "", 28600 ], [ "", 28600 ], [ "", 28700 ], [ "", 28800 ], [ "", 29200 ], [ "", 29800 ], [ "", 29200 ], [ "", 29800 ], [ "", 29300 ], [ "", 30400 ], [ "", 30600 ], [ "", 29900 ], [ "", 31900 ], [ "", 32500 ], [ "", 31200 ], [ "", 33000 ], [ "", 32700 ], [ "", 32000 ], [ "", 32000 ], [ "", 31000 ], [ "", 31000 ], [ "", 31400 ], [ "", 32600 ], [ "", 31500 ], [ "", 29700 ], [ "", 29400 ], [ "", 30000 ], [ "", 29600 ], [ "", 28600 ], [ "", 28600 ], [ "", 28200 ], [ "", 27400 ], [ "", 27800 ], [ "", 27600 ], [ "", 25900 ], [ "", 28800 ], [ "", 26200 ], [ "", 27300 ], [ "", 25800 ], [ "", 26800 ], [ "", 27200 ], [ "", 27500 ], [ "", 28000 ], [ "", 27700 ], [ "", 28800 ], [ "", 27900 ], [ "", 28200 ], [ "", 28200 ], [ "", 27500 ], [ "", 29000 ], [ "", 28500 ], [ "", 28400 ], [ "", 27400 ], [ "", 27400 ], [ "", 26800 ], [ "", 27400 ], [ "", 28200 ], [ "", 26400 ], [ "", 27200 ], [ "", 27300 ], [ "", 26700 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Première entrée", "color": "#285a82", "data": [ [ "", 46100 ], [ "", 46700 ], [ "", 45600 ], [ "", 51200 ], [ "", 53800 ], [ "", 55000 ], [ "", 54900 ], [ "", 58400 ], [ "", 54500 ], [ "", 53100 ], [ "", 53300 ], [ "", 50200 ], [ "", 51100 ], [ "", 50800 ], [ "", 50000 ], [ "", 52000 ], [ "", 52800 ], [ "", 51500 ], [ "", 51800 ], [ "", 56400 ], [ "", 54800 ], [ "", 53500 ], [ "", 51100 ], [ "", 46200 ], [ "", 50400 ], [ "", 48400 ], [ "", 48300 ], [ "", 47700 ], [ "", 47600 ], [ "", 47600 ], [ "", 47200 ], [ "", 46900 ], [ "", 47000 ], [ "", 46700 ], [ "", 46400 ], [ "", 45600 ], [ "", 46100 ], [ "", 45200 ], [ "", 44400 ], [ "", 43800 ], [ "", 43700 ], [ "", 40600 ], [ "", 42200 ], [ "", 40000 ], [ "", 40800 ], [ "", 40500 ], [ "", 40000 ], [ "", 40700 ], [ "", 38700 ], [ "", 38600 ], [ "", 37200 ], [ "", 38900 ], [ "", 37600 ], [ "", 34800 ], [ "", 34200 ], [ "", 31500 ], [ "", 31600 ], [ "", 31400 ], [ "", 31400 ], [ "", 30100 ], [ "", 30600 ], [ "", 28800 ], [ "", 28000 ], [ "", 27900 ], [ "", 27400 ], [ "", 28400 ], [ "", 28700 ], [ "", 28900 ], [ "", 30300 ], [ "", 29600 ], [ "", 28900 ], [ "", 28800 ], [ "", 28000 ], [ "", 28800 ], [ "", 29500 ], [ "", 29300 ], [ "", 28800 ], [ "", 29500 ], [ "", 29200 ], [ "", 29500 ], [ "", 30200 ], [ "", 32300 ], [ "", 32100 ], [ "", 33200 ], [ "", 33900 ], [ "", 35000 ], [ "", 33900 ], [ "", 32600 ], [ "", 33400 ], [ "", 33700 ], [ "", 33000 ], [ "", 37700 ], [ "", 35400 ], [ "", 33000 ], [ "", 35300 ], [ "", 33800 ], [ "", 34700 ], [ "", 34600 ], [ "", 34100 ], [ "", 34800 ], [ "", 34300 ], [ "", 35700 ], [ "", 36900 ], [ "", 36200 ], [ "", 33900 ], [ "", 34800 ], [ "", 34200 ], [ "", 34500 ], [ "", 33000 ], [ "", 33300 ], [ "", 35200 ], [ "", 35300 ], [ "", 35200 ], [ "", 37400 ], [ "", 37800 ], [ "", 38000 ], [ "", 38100 ], [ "", 39700 ], [ "", 37700 ], [ "", 38000 ], [ "", 36000 ], [ "", 35100 ], [ "", 34500 ], [ "", 33700 ], [ "", 36000 ], [ "", 33600 ], [ "", 34400 ], [ "", 34400 ], [ "", 36100 ], [ "", 35800 ], [ "", 34900 ], [ "", 32900 ], [ "", 33500 ], [ "", 32200 ], [ "", 29400 ], [ "", 31800 ], [ "", 31200 ], [ "", 29500 ], [ "", 29300 ], [ "", 29700 ], [ "", 27500 ], [ "", 26600 ], [ "", 28100 ], [ "", 28000 ], [ "", 28400 ], [ "", 28400 ], [ "", 27300 ], [ "", 27200 ], [ "", 26600 ], [ "", 28000 ], [ "", 27700 ], [ "", 29600 ], [ "", 30300 ], [ "", 28100 ], [ "", 30600 ], [ "", 30900 ], [ "", 32200 ], [ "", 33600 ], [ "", 34400 ], [ "", 33800 ], [ "", 33400 ], [ "", 34700 ], [ "", 34600 ], [ "", 33200 ], [ "", 35300 ], [ "", 34300 ], [ "", 34300 ], [ "", 34800 ], [ "", 34000 ], [ "", 34000 ], [ "", 34900 ], [ "", 35800 ], [ "", 32500 ], [ "", 28500 ], [ "", 28800 ], [ "", 28100 ], [ "", 27300 ], [ "", 27900 ], [ "", 26600 ], [ "", 28000 ], [ "", 26700 ], [ "", 26100 ], [ "", 24500 ], [ "", 25400 ], [ "", 24800 ], [ "", 24500 ], [ "", 25100 ], [ "", 24900 ], [ "", 24400 ], [ "", 26500 ], [ "", 24500 ], [ "", 23000 ], [ "", 22400 ], [ "", 23100 ], [ "", 21800 ], [ "", 23800 ], [ "", 26300 ], [ "", 25500 ], [ "", 25700 ], [ "", 26800 ], [ "", 27100 ], [ "", 27500 ], [ "", 26100 ], [ "", 25600 ], [ "", 25900 ], [ "", 25400 ], [ "", 26200 ], [ "", 27200 ], [ "", 28300 ], [ "", 31300 ], [ "", 30700 ], [ "", 33200 ], [ "", 33000 ], [ "", 34200 ], [ "", 34900 ], [ "", 37200 ], [ "", 37600 ], [ "", 36800 ], [ "", 37000 ], [ "", 37100 ], [ "", 33900 ], [ "", 32900 ], [ "", 32500 ], [ "", 32000 ], [ "", 32300 ], [ "", 33000 ], [ "", 34000 ], [ "", 36500 ], [ "", 36500 ], [ "", 38900 ], [ "", 38800 ], [ "", 38200 ], [ "", 34500 ], [ "", 31500 ], [ "", 32200 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " personnes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}2. La crise s’enkysteCorollaire d’une crise qui ne se résorbe pas, la situation des personnes hors de l’emploi tend à se fixer. Sur le graphique ci-dessous, on peut constater la hausse spectaculaire du nombre de chômeurs inscrits depuis plus de trois ans, dont la courbe rejoint désormais celle des inscrits depuis 3 à 6 mois. #container_14452557467{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452557467{ height:500px; } #container_14452557467 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452557467 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452557467 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452557467 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Chômeurs par durée d'inscription à Pôle EmploiDepuis 1996, en milliers(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452557467", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["janv.-96","févr.-96","mars-96","avr.-96","mai-96","juin-96","juil.-96","août-96","sept.-96","oct.-96","nov.-96","déc.-96","janv.-97","févr.-97","mars-97","avr.-97","mai-97","juin-97","juil.-97","août-97","sept.-97","oct.-97","nov.-97","déc.-97","janv.-98","févr.-98","mars-98","avr.-98","mai-98","juin-98","juil.-98","août-98","sept.-98","oct.-98","nov.-98","déc.-98","janv.-99","févr.-99","mars-99","avr.-99","mai-99","juin-99","juil.-99","août-99","sept.-99","oct.-99","nov.-99","déc.-99","janv.-00","févr.-00","mars-00","avr.-00","mai-00","juin-00","juil.-00","août-00","sept.-00","oct.-00","nov.-00","déc.-00","janv.-01","févr.-01","mars-01","avr.-01","mai-01","juin-01","juil.-01","août-01","sept.-01","oct.-01","nov.-01","déc.-01","janv.-02","févr.-02","mars-02","avr.-02","mai-02","juin-02","juil.-02","août-02","sept.-02","oct.-02","nov.-02","déc.-02","janv.-03","févr.-03","mars-03","avr.-03","mai-03","juin-03","juil.-03","août-03","sept.-03","oct.-03","nov.-03","déc.-03","janv.-04","févr.-04","mars-04","avr.-04","mai-04","juin-04","juil.-04","août-04","sept.-04","oct.-04","nov.-04","déc.-04","janv.-05","févr.-05","mars-05","avr.-05","mai-05","juin-05","juil.-05","août-05","sept.-05","oct.-05","nov.-05","déc.-05","janv.-06","févr.-06","mars-06","avr.-06","mai-06","juin-06","juil.-06","août-06","sept.-06","oct.-06","nov.-06","déc.-06","janv.-07","févr.-07","mars-07","avr.-07","mai-07","juin-07","juil.-07","août-07","sept.-07","oct.-07","nov.-07","déc.-07","janv.-08","févr.-08","mars-08","avr.-08","mai-08","juin-08","juil.-08","août-08","sept.-08","oct.-08","nov.-08","déc.-08","janv.-09","févr.-09","mars-09","avr.-09","mai-09","juin-09","juil.-09","août-09","sept.-09","oct.-09","nov.-09","déc.-09","janv.-10","févr.-10","mars-10","avr.-10","mai-10","juin-10","juil.-10","août-10","sept.-10","oct.-10","nov.-10","déc.-10","janv.-11","févr.-11","mars-11","avr.-11","mai-11","juin-11","juil.-11","août-11","sept.-11","oct.-11","nov.-11","déc.-11","janv.-12","févr.-12","mars-12","avr.-12","mai-12","juin-12","juil.-12","août-12","sept.-12","oct.-12","nov.-12","déc.-12","janv.-13","févr.-13","mars-13","avr.-13","mai-13","juin-13","juil.-13","août-13","sept.-13","oct.-13","nov.-13","déc.-13","janv.-14","févr.-14","mars-14","avr.-14","mai-14","juin-14","juil.-14","août-14","sept.-14","oct.-14","nov.-14","déc.-14","janv.-15","févr.-15","mars-15","avr.-15","mai-15","juin-15","juil.-15","août-15"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Moins 3 mois", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 970.4 ], [ "", 959.7 ], [ "", 962.5 ], [ "", 947.4 ], [ "", 947.8 ], [ "", 948.7 ], [ "", 956.1 ], [ "", 963.1 ], [ "", 958.3 ], [ "", 950.7 ], [ "", 960.4 ], [ "", 953.9 ], [ "", 944.8 ], [ "", 940.8 ], [ "", 935.1 ], [ "", 923.6 ], [ "", 933.1 ], [ "", 946.6 ], [ "", 929.7 ], [ "", 923.1 ], [ "", 929.6 ], [ "", 927.5 ], [ "", 926.2 ], [ "", 906.7 ], [ "", 900.1 ], [ "", 906.8 ], [ "", 900.4 ], [ "", 898.6 ], [ "", 896.6 ], [ "", 891.1 ], [ "", 892.4 ], [ "", 900.9 ], [ "", 909 ], [ "", 917.1 ], [ "", 909.7 ], [ "", 921 ], [ "", 915.9 ], [ "", 912.2 ], [ "", 911.9 ], [ "", 913.5 ], [ "", 907.5 ], [ "", 899.8 ], [ "", 894.8 ], [ "", 892.1 ], [ "", 877.4 ], [ "", 882.3 ], [ "", 874.2 ], [ "", 869.7 ], [ "", 877.1 ], [ "", 875.2 ], [ "", 862.4 ], [ "", 844.3 ], [ "", 855.6 ], [ "", 867.6 ], [ "", 879.5 ], [ "", 871.8 ], [ "", 851.7 ], [ "", 843.2 ], [ "", 826.5 ], [ "", 850.6 ], [ "", 851.2 ], [ "", 856.3 ], [ "", 863.7 ], [ "", 860.4 ], [ "", 873.2 ], [ "", 868.5 ], [ "", 878.9 ], [ "", 875 ], [ "", 875 ], [ "", 894.6 ], [ "", 905.9 ], [ "", 933.3 ], [ "", 913.2 ], [ "", 910.1 ], [ "", 925.8 ], [ "", 928.9 ], [ "", 918.1 ], [ "", 908.4 ], [ "", 915.5 ], [ "", 915 ], [ "", 921 ], [ "", 911.9 ], [ "", 925.9 ], [ "", 940.3 ], [ "", 943 ], [ "", 948.4 ], [ "", 942 ], [ "", 938.9 ], [ "", 921.7 ], [ "", 937.7 ], [ "", 947 ], [ "", 947.3 ], [ "", 981.8 ], [ "", 969.4 ], [ "", 962.7 ], [ "", 957.4 ], [ "", 943.9 ], [ "", 949.2 ], [ "", 944.3 ], [ "", 957.5 ], [ "", 957.9 ], [ "", 966.7 ], [ "", 963.9 ], [ "", 962.8 ], [ "", 955.6 ], [ "", 951.4 ], [ "", 954.1 ], [ "", 942.2 ], [ "", 943 ], [ "", 938.9 ], [ "", 942.9 ], [ "", 950 ], [ "", 968.2 ], [ "", 953.4 ], [ "", 944.1 ], [ "", 943.7 ], [ "", 941.7 ], [ "", 927.9 ], [ "", 923.6 ], [ "", 926.5 ], [ "", 941.2 ], [ "", 925.1 ], [ "", 908.9 ], [ "", 882.8 ], [ "", 898.3 ], [ "", 908.1 ], [ "", 906.7 ], [ "", 905 ], [ "", 907.7 ], [ "", 924.2 ], [ "", 923.3 ], [ "", 928 ], [ "", 921.2 ], [ "", 915.4 ], [ "", 922.7 ], [ "", 898.1 ], [ "", 904.7 ], [ "", 900.4 ], [ "", 915.7 ], [ "", 925.7 ], [ "", 920.4 ], [ "", 909.4 ], [ "", 890.9 ], [ "", 890.5 ], [ "", 903.3 ], [ "", 906.3 ], [ "", 913 ], [ "", 917.5 ], [ "", 910.4 ], [ "", 921 ], [ "", 918.4 ], [ "", 921.5 ], [ "", 931.5 ], [ "", 956 ], [ "", 976 ], [ "", 991.2 ], [ "", 1003.9 ], [ "", 1039.1 ], [ "", 1030.1 ], [ "", 1059.6 ], [ "", 1053 ], [ "", 1004.8 ], [ "", 992.9 ], [ "", 1019.4 ], [ "", 1027.3 ], [ "", 1037.9 ], [ "", 1024.5 ], [ "", 1011.1 ], [ "", 998.9 ], [ "", 991.8 ], [ "", 987.9 ], [ "", 1005.2 ], [ "", 1014.8 ], [ "", 1006.8 ], [ "", 1002.5 ], [ "", 1006 ], [ "", 997.5 ], [ "", 981.7 ], [ "", 982.1 ], [ "", 988.9 ], [ "", 1006.4 ], [ "", 1010.5 ], [ "", 1006.3 ], [ "", 1002.8 ], [ "", 1007.6 ], [ "", 1010.5 ], [ "", 1016.3 ], [ "", 1013.1 ], [ "", 1029.2 ], [ "", 1028.5 ], [ "", 1042.6 ], [ "", 1054.1 ], [ "", 1059 ], [ "", 1054.7 ], [ "", 1061.6 ], [ "", 1028.7 ], [ "", 1046.5 ], [ "", 1081.1 ], [ "", 1092.8 ], [ "", 1106.4 ], [ "", 1083 ], [ "", 1094.8 ], [ "", 1094 ], [ "", 1092.2 ], [ "", 1083.3 ], [ "", 1082.2 ], [ "", 1085.2 ], [ "", 1094.6 ], [ "", 1092.8 ], [ "", 1088.8 ], [ "", 1097 ], [ "", 1076.3 ], [ "", 1105.7 ], [ "", 1106.3 ], [ "", 1113.3 ], [ "", 1103.6 ], [ "", 1101.3 ], [ "", 1110.4 ], [ "", 1116.5 ], [ "", 1130.1 ], [ "", 1132 ], [ "", 1128.1 ], [ "", 1126.4 ], [ "", 1123.3 ], [ "", 1132.7 ], [ "", 1130 ], [ "", 1133.7 ], [ "", 1139.6 ], [ "", 1137.9 ], [ "", 1140.9 ], [ "", 1132.1 ], [ "", 1154.7 ], [ "", 1160.8 ], [ "", 1134.2 ], [ "", 1109.6 ], [ "", 1119.5 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "3 à 6 mois", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 663.5 ], [ "", 669.6 ], [ "", 670.8 ], [ "", 671.3 ], [ "", 670.2 ], [ "", 668.9 ], [ "", 653.1 ], [ "", 652 ], [ "", 656.8 ], [ "", 661.9 ], [ "", 658 ], [ "", 667.5 ], [ "", 676.3 ], [ "", 667.7 ], [ "", 662.7 ], [ "", 663.6 ], [ "", 661.1 ], [ "", 656.7 ], [ "", 653.2 ], [ "", 656.3 ], [ "", 661.9 ], [ "", 652.4 ], [ "", 641.1 ], [ "", 647.8 ], [ "", 655.3 ], [ "", 652.3 ], [ "", 641.5 ], [ "", 635.7 ], [ "", 637.6 ], [ "", 630.1 ], [ "", 634.5 ], [ "", 625.4 ], [ "", 623 ], [ "", 628.3 ], [ "", 641 ], [ "", 642.2 ], [ "", 640.9 ], [ "", 641.4 ], [ "", 649 ], [ "", 645 ], [ "", 642.3 ], [ "", 643.9 ], [ "", 640.8 ], [ "", 634.6 ], [ "", 627.2 ], [ "", 615.6 ], [ "", 616.6 ], [ "", 611 ], [ "", 607.4 ], [ "", 592.6 ], [ "", 595.8 ], [ "", 596.9 ], [ "", 587.7 ], [ "", 585 ], [ "", 573.1 ], [ "", 582.6 ], [ "", 581.2 ], [ "", 579.8 ], [ "", 571.4 ], [ "", 556.4 ], [ "", 552.1 ], [ "", 547.1 ], [ "", 557.2 ], [ "", 566.9 ], [ "", 570.5 ], [ "", 577 ], [ "", 579.3 ], [ "", 591 ], [ "", 592.1 ], [ "", 598.2 ], [ "", 600.2 ], [ "", 591.3 ], [ "", 614.5 ], [ "", 617.8 ], [ "", 625.5 ], [ "", 619.5 ], [ "", 627.4 ], [ "", 641.8 ], [ "", 641.5 ], [ "", 631.7 ], [ "", 629.4 ], [ "", 630.8 ], [ "", 630.1 ], [ "", 629.6 ], [ "", 637.8 ], [ "", 644.3 ], [ "", 658.8 ], [ "", 649.9 ], [ "", 649.1 ], [ "", 647.3 ], [ "", 643.4 ], [ "", 641.8 ], [ "", 647.6 ], [ "", 665.6 ], [ "", 663.4 ], [ "", 676.4 ], [ "", 667.6 ], [ "", 669.1 ], [ "", 661.1 ], [ "", 654.2 ], [ "", 666.1 ], [ "", 667.1 ], [ "", 671.5 ], [ "", 672.8 ], [ "", 673.5 ], [ "", 669.4 ], [ "", 673.7 ], [ "", 672.3 ], [ "", 666.5 ], [ "", 661.3 ], [ "", 662.2 ], [ "", 661.1 ], [ "", 655 ], [ "", 654.1 ], [ "", 658.2 ], [ "", 662 ], [ "", 662.3 ], [ "", 644.3 ], [ "", 636 ], [ "", 630.2 ], [ "", 613.3 ], [ "", 606.7 ], [ "", 599.8 ], [ "", 615.9 ], [ "", 586.2 ], [ "", 576 ], [ "", 562.2 ], [ "", 568.8 ], [ "", 573.6 ], [ "", 571.7 ], [ "", 573.9 ], [ "", 573.8 ], [ "", 580.8 ], [ "", 582.8 ], [ "", 574.8 ], [ "", 581.2 ], [ "", 573.3 ], [ "", 573.3 ], [ "", 558.3 ], [ "", 556.7 ], [ "", 560.7 ], [ "", 571.2 ], [ "", 572.5 ], [ "", 562.9 ], [ "", 555.2 ], [ "", 545.5 ], [ "", 546.3 ], [ "", 548 ], [ "", 560 ], [ "", 561.2 ], [ "", 569.1 ], [ "", 569.5 ], [ "", 577.2 ], [ "", 580 ], [ "", 582.2 ], [ "", 601.9 ], [ "", 627.9 ], [ "", 650.1 ], [ "", 673.8 ], [ "", 684.3 ], [ "", 700.1 ], [ "", 708.2 ], [ "", 721.5 ], [ "", 701.7 ], [ "", 677.7 ], [ "", 677.9 ], [ "", 692.5 ], [ "", 696.3 ], [ "", 696.5 ], [ "", 695.3 ], [ "", 684.1 ], [ "", 672.3 ], [ "", 662.6 ], [ "", 666.1 ], [ "", 677.1 ], [ "", 684.4 ], [ "", 685.2 ], [ "", 680.8 ], [ "", 686.1 ], [ "", 679 ], [ "", 671.8 ], [ "", 666.6 ], [ "", 672.2 ], [ "", 685.6 ], [ "", 687.3 ], [ "", 696.1 ], [ "", 688.7 ], [ "", 710.1 ], [ "", 696.1 ], [ "", 698.7 ], [ "", 696.1 ], [ "", 708.4 ], [ "", 709.8 ], [ "", 716.2 ], [ "", 723.4 ], [ "", 745.7 ], [ "", 735.6 ], [ "", 728.3 ], [ "", 725.9 ], [ "", 733.4 ], [ "", 758.4 ], [ "", 765.6 ], [ "", 770.8 ], [ "", 756 ], [ "", 773.6 ], [ "", 778.8 ], [ "", 776.5 ], [ "", 770.8 ], [ "", 766 ], [ "", 764.3 ], [ "", 768.5 ], [ "", 761.2 ], [ "", 765.3 ], [ "", 766.9 ], [ "", 762.2 ], [ "", 772.6 ], [ "", 776.2 ], [ "", 775.2 ], [ "", 767.7 ], [ "", 764.4 ], [ "", 775.4 ], [ "", 784.3 ], [ "", 794.6 ], [ "", 791.4 ], [ "", 791.6 ], [ "", 791.1 ], [ "", 794.9 ], [ "", 796.4 ], [ "", 800.5 ], [ "", 810.2 ], [ "", 810.4 ], [ "", 815.4 ], [ "", 825.8 ], [ "", 820.7 ], [ "", 842.4 ], [ "", 820.4 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "6 à 12 mois", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 752.1 ], [ "", 776.7 ], [ "", 793.3 ], [ "", 814.7 ], [ "", 830.4 ], [ "", 836.7 ], [ "", 847.1 ], [ "", 853.7 ], [ "", 854.5 ], [ "", 852.4 ], [ "", 851.2 ], [ "", 854.9 ], [ "", 862.7 ], [ "", 857.6 ], [ "", 863.6 ], [ "", 870.1 ], [ "", 869.1 ], [ "", 872.4 ], [ "", 872 ], [ "", 866.7 ], [ "", 859.3 ], [ "", 861.7 ], [ "", 860.7 ], [ "", 859.7 ], [ "", 853.7 ], [ "", 846 ], [ "", 855.8 ], [ "", 851.3 ], [ "", 844.6 ], [ "", 835.3 ], [ "", 832.6 ], [ "", 834.5 ], [ "", 827.9 ], [ "", 823.1 ], [ "", 820.6 ], [ "", 817.1 ], [ "", 817.3 ], [ "", 819.9 ], [ "", 821.4 ], [ "", 823.2 ], [ "", 828.5 ], [ "", 832.4 ], [ "", 820.8 ], [ "", 817.8 ], [ "", 815.7 ], [ "", 809 ], [ "", 799.7 ], [ "", 789.6 ], [ "", 778.5 ], [ "", 774.4 ], [ "", 755.5 ], [ "", 742 ], [ "", 734.6 ], [ "", 725.6 ], [ "", 720.1 ], [ "", 720.1 ], [ "", 711.2 ], [ "", 707.2 ], [ "", 709.6 ], [ "", 698.2 ], [ "", 691.5 ], [ "", 689.2 ], [ "", 677.6 ], [ "", 677.1 ], [ "", 672.6 ], [ "", 674.2 ], [ "", 678.5 ], [ "", 684.2 ], [ "", 696.5 ], [ "", 705 ], [ "", 722.4 ], [ "", 721.5 ], [ "", 730.5 ], [ "", 734.9 ], [ "", 727.3 ], [ "", 747.8 ], [ "", 748 ], [ "", 745.4 ], [ "", 754.5 ], [ "", 757.4 ], [ "", 767.8 ], [ "", 769.6 ], [ "", 771 ], [ "", 771.7 ], [ "", 777.2 ], [ "", 776.9 ], [ "", 778.2 ], [ "", 783.9 ], [ "", 791.2 ], [ "", 801.6 ], [ "", 803 ], [ "", 804.7 ], [ "", 807 ], [ "", 806.3 ], [ "", 803.5 ], [ "", 805.2 ], [ "", 807.8 ], [ "", 799.9 ], [ "", 817.7 ], [ "", 819.1 ], [ "", 818.6 ], [ "", 822.2 ], [ "", 815.7 ], [ "", 822.9 ], [ "", 820.3 ], [ "", 823.5 ], [ "", 829 ], [ "", 832.2 ], [ "", 834.3 ], [ "", 835.9 ], [ "", 833.2 ], [ "", 826.5 ], [ "", 826 ], [ "", 817.4 ], [ "", 811.6 ], [ "", 800.9 ], [ "", 795.8 ], [ "", 799.5 ], [ "", 794.3 ], [ "", 787.1 ], [ "", 773.6 ], [ "", 776.1 ], [ "", 767 ], [ "", 736.7 ], [ "", 722 ], [ "", 709.2 ], [ "", 698.5 ], [ "", 680.3 ], [ "", 663.7 ], [ "", 656.1 ], [ "", 649.6 ], [ "", 643.5 ], [ "", 634.2 ], [ "", 633.5 ], [ "", 633.4 ], [ "", 639 ], [ "", 637.2 ], [ "", 630.9 ], [ "", 634.4 ], [ "", 631.3 ], [ "", 631 ], [ "", 617 ], [ "", 613.9 ], [ "", 617.8 ], [ "", 621.4 ], [ "", 617.4 ], [ "", 610.7 ], [ "", 612.2 ], [ "", 606.6 ], [ "", 606.2 ], [ "", 612.1 ], [ "", 615 ], [ "", 622.6 ], [ "", 634.1 ], [ "", 646.7 ], [ "", 661 ], [ "", 676.2 ], [ "", 683 ], [ "", 724.7 ], [ "", 748 ], [ "", 772.3 ], [ "", 805 ], [ "", 824.8 ], [ "", 846.8 ], [ "", 868 ], [ "", 872.1 ], [ "", 871.6 ], [ "", 865 ], [ "", 866.6 ], [ "", 862.6 ], [ "", 863.2 ], [ "", 860.4 ], [ "", 860.6 ], [ "", 855.1 ], [ "", 841.6 ], [ "", 834 ], [ "", 832.6 ], [ "", 829.3 ], [ "", 834.9 ], [ "", 841.1 ], [ "", 840.7 ], [ "", 845 ], [ "", 838.4 ], [ "", 831.2 ], [ "", 837.4 ], [ "", 841.6 ], [ "", 847.7 ], [ "", 845.9 ], [ "", 856.9 ], [ "", 863.4 ], [ "", 883.2 ], [ "", 871.1 ], [ "", 871.3 ], [ "", 880.8 ], [ "", 882.9 ], [ "", 887.8 ], [ "", 893.4 ], [ "", 902.7 ], [ "", 916.7 ], [ "", 925.2 ], [ "", 929.8 ], [ "", 935.7 ], [ "", 946.6 ], [ "", 960.8 ], [ "", 978.4 ], [ "", 981.7 ], [ "", 983.4 ], [ "", 1006 ], [ "", 1001.3 ], [ "", 990.2 ], [ "", 988.6 ], [ "", 976.9 ], [ "", 977.6 ], [ "", 975.6 ], [ "", 974.2 ], [ "", 973.4 ], [ "", 976.6 ], [ "", 969.8 ], [ "", 975.8 ], [ "", 977.2 ], [ "", 978 ], [ "", 984.1 ], [ "", 988 ], [ "", 992.5 ], [ "", 1001.5 ], [ "", 1012.8 ], [ "", 1020 ], [ "", 1027.7 ], [ "", 1026.2 ], [ "", 1026.6 ], [ "", 1039.2 ], [ "", 1041.1 ], [ "", 1061.8 ], [ "", 1064.8 ], [ "", 1068.3 ], [ "", 1076.7 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "1 à 2 ans", "color": "#F19300", "data": [ [ "", 700.9 ], [ "", 698 ], [ "", 693.6 ], [ "", 691.9 ], [ "", 694.2 ], [ "", 700.3 ], [ "", 716.7 ], [ "", 731.3 ], [ "", 742.4 ], [ "", 757.6 ], [ "", 772.8 ], [ "", 782.3 ], [ "", 801.6 ], [ "", 817.4 ], [ "", 827.9 ], [ "", 840.4 ], [ "", 848 ], [ "", 857.9 ], [ "", 868.1 ], [ "", 871.4 ], [ "", 874.7 ], [ "", 878.6 ], [ "", 878.7 ], [ "", 880.9 ], [ "", 882.3 ], [ "", 880.6 ], [ "", 877.7 ], [ "", 882.2 ], [ "", 880.5 ], [ "", 875 ], [ "", 872.3 ], [ "", 867.7 ], [ "", 870.9 ], [ "", 866.1 ], [ "", 862 ], [ "", 857.1 ], [ "", 852.7 ], [ "", 850.9 ], [ "", 848.3 ], [ "", 841.6 ], [ "", 834.7 ], [ "", 831.1 ], [ "", 817 ], [ "", 814 ], [ "", 802.7 ], [ "", 793.7 ], [ "", 787.8 ], [ "", 782.3 ], [ "", 772.4 ], [ "", 764.7 ], [ "", 754.3 ], [ "", 742.7 ], [ "", 731.3 ], [ "", 719.5 ], [ "", 706.1 ], [ "", 702.9 ], [ "", 688.5 ], [ "", 673.8 ], [ "", 665 ], [ "", 654.4 ], [ "", 645.8 ], [ "", 640.2 ], [ "", 629.7 ], [ "", 626.8 ], [ "", 628.3 ], [ "", 623.2 ], [ "", 622.3 ], [ "", 621.7 ], [ "", 619.3 ], [ "", 621.9 ], [ "", 625.5 ], [ "", 626.3 ], [ "", 631.2 ], [ "", 635 ], [ "", 642.1 ], [ "", 646.5 ], [ "", 653.3 ], [ "", 655.8 ], [ "", 663 ], [ "", 666.8 ], [ "", 667.1 ], [ "", 683.5 ], [ "", 689.9 ], [ "", 691.7 ], [ "", 702.8 ], [ "", 714 ], [ "", 720.5 ], [ "", 729 ], [ "", 731.1 ], [ "", 733.9 ], [ "", 740.3 ], [ "", 743.9 ], [ "", 749.7 ], [ "", 752 ], [ "", 756.9 ], [ "", 767 ], [ "", 757.2 ], [ "", 752.8 ], [ "", 750.3 ], [ "", 750 ], [ "", 752.9 ], [ "", 760.8 ], [ "", 767.3 ], [ "", 771.3 ], [ "", 783 ], [ "", 787.2 ], [ "", 788.1 ], [ "", 795.4 ], [ "", 797.2 ], [ "", 802.7 ], [ "", 805.1 ], [ "", 803.4 ], [ "", 803.2 ], [ "", 798.8 ], [ "", 793.1 ], [ "", 787.9 ], [ "", 779.1 ], [ "", 772.7 ], [ "", 766.4 ], [ "", 758.6 ], [ "", 749.7 ], [ "", 746 ], [ "", 740.8 ], [ "", 740.3 ], [ "", 732.6 ], [ "", 720.8 ], [ "", 709.4 ], [ "", 704.5 ], [ "", 687.5 ], [ "", 661.7 ], [ "", 650.4 ], [ "", 634.4 ], [ "", 616.5 ], [ "", 601 ], [ "", 583.6 ], [ "", 572.4 ], [ "", 561.2 ], [ "", 550.9 ], [ "", 542 ], [ "", 533.1 ], [ "", 527.3 ], [ "", 523.6 ], [ "", 523.1 ], [ "", 514.6 ], [ "", 511.6 ], [ "", 509.4 ], [ "", 507 ], [ "", 503.1 ], [ "", 502.2 ], [ "", 504.7 ], [ "", 511.1 ], [ "", 510.3 ], [ "", 511.2 ], [ "", 516.4 ], [ "", 522 ], [ "", 526.8 ], [ "", 536.6 ], [ "", 547.7 ], [ "", 559.6 ], [ "", 576.9 ], [ "", 592.5 ], [ "", 611.6 ], [ "", 627.7 ], [ "", 639.1 ], [ "", 668.9 ], [ "", 690.4 ], [ "", 711.2 ], [ "", 734.4 ], [ "", 757.1 ], [ "", 775.5 ], [ "", 795.5 ], [ "", 808 ], [ "", 814.3 ], [ "", 821.7 ], [ "", 829.2 ], [ "", 834 ], [ "", 840.8 ], [ "", 840.8 ], [ "", 841.1 ], [ "", 837.9 ], [ "", 829.5 ], [ "", 823.8 ], [ "", 819.2 ], [ "", 815.4 ], [ "", 819.1 ], [ "", 822.4 ], [ "", 820.4 ], [ "", 819.2 ], [ "", 819 ], [ "", 816.4 ], [ "", 819.4 ], [ "", 823.9 ], [ "", 828.4 ], [ "", 833.9 ], [ "", 837.6 ], [ "", 847.1 ], [ "", 857.9 ], [ "", 854.3 ], [ "", 865.1 ], [ "", 874 ], [ "", 886.1 ], [ "", 897.2 ], [ "", 912.3 ], [ "", 922.8 ], [ "", 938.9 ], [ "", 951 ], [ "", 959.4 ], [ "", 966.9 ], [ "", 967.4 ], [ "", 981.5 ], [ "", 995.9 ], [ "", 987.9 ], [ "", 992.2 ], [ "", 1005.8 ], [ "", 1002 ], [ "", 1003.1 ], [ "", 1006.1 ], [ "", 1005.3 ], [ "", 1003.8 ], [ "", 1011.8 ], [ "", 1013.4 ], [ "", 1011.7 ], [ "", 1018.3 ], [ "", 1016.2 ], [ "", 1025.9 ], [ "", 1028.8 ], [ "", 1029.8 ], [ "", 1038.4 ], [ "", 1043.1 ], [ "", 1048.9 ], [ "", 1061 ], [ "", 1068.7 ], [ "", 1081.9 ], [ "", 1085.4 ], [ "", 1088.9 ], [ "", 1092.5 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "2 à 3 ans", "color": "#28beaa", "data": [ [ "", 331 ], [ "", 327.6 ], [ "", 324 ], [ "", 320.7 ], [ "", 319.6 ], [ "", 318 ], [ "", 315.2 ], [ "", 314.3 ], [ "", 309.9 ], [ "", 305.7 ], [ "", 305.1 ], [ "", 304.6 ], [ "", 304.1 ], [ "", 303.5 ], [ "", 305.5 ], [ "", 307 ], [ "", 308.5 ], [ "", 312.5 ], [ "", 321 ], [ "", 327.6 ], [ "", 334.5 ], [ "", 342.7 ], [ "", 351.2 ], [ "", 356.2 ], [ "", 366.3 ], [ "", 374.9 ], [ "", 381.7 ], [ "", 387.7 ], [ "", 392.3 ], [ "", 395.3 ], [ "", 397.2 ], [ "", 398.6 ], [ "", 399 ], [ "", 399.3 ], [ "", 399.1 ], [ "", 398.2 ], [ "", 399.3 ], [ "", 398.5 ], [ "", 398.1 ], [ "", 399.5 ], [ "", 398.1 ], [ "", 397.9 ], [ "", 388.1 ], [ "", 384.3 ], [ "", 381 ], [ "", 375.5 ], [ "", 371.3 ], [ "", 366.3 ], [ "", 360.6 ], [ "", 355.9 ], [ "", 349.2 ], [ "", 341.3 ], [ "", 333 ], [ "", 327.1 ], [ "", 320.3 ], [ "", 318.5 ], [ "", 309.6 ], [ "", 300.8 ], [ "", 296.4 ], [ "", 292.6 ], [ "", 286.5 ], [ "", 282.4 ], [ "", 277.8 ], [ "", 273.8 ], [ "", 270.4 ], [ "", 268.3 ], [ "", 264.6 ], [ "", 264.2 ], [ "", 261.3 ], [ "", 257.4 ], [ "", 258.6 ], [ "", 256.4 ], [ "", 255.9 ], [ "", 254.9 ], [ "", 252.8 ], [ "", 252.1 ], [ "", 252.7 ], [ "", 251.4 ], [ "", 252 ], [ "", 251.9 ], [ "", 251.4 ], [ "", 252.4 ], [ "", 254.1 ], [ "", 254 ], [ "", 255.1 ], [ "", 258.8 ], [ "", 263.3 ], [ "", 266.6 ], [ "", 268.9 ], [ "", 271 ], [ "", 274.4 ], [ "", 277.4 ], [ "", 278.7 ], [ "", 284.8 ], [ "", 289.3 ], [ "", 290.4 ], [ "", 288.4 ], [ "", 288.9 ], [ "", 288.4 ], [ "", 291.6 ], [ "", 294.8 ], [ "", 299.1 ], [ "", 304.4 ], [ "", 308.3 ], [ "", 313.1 ], [ "", 318.6 ], [ "", 325.2 ], [ "", 330.9 ], [ "", 334.9 ], [ "", 336.7 ], [ "", 336.9 ], [ "", 335.5 ], [ "", 335.2 ], [ "", 334.8 ], [ "", 334.8 ], [ "", 328.8 ], [ "", 327.1 ], [ "", 324 ], [ "", 318.6 ], [ "", 316.1 ], [ "", 312.6 ], [ "", 313.2 ], [ "", 313.8 ], [ "", 314.5 ], [ "", 311.9 ], [ "", 308.4 ], [ "", 305 ], [ "", 304.7 ], [ "", 298.4 ], [ "", 293.1 ], [ "", 289.3 ], [ "", 282.5 ], [ "", 274.9 ], [ "", 269.3 ], [ "", 262 ], [ "", 259.6 ], [ "", 256.4 ], [ "", 250.7 ], [ "", 244 ], [ "", 240.6 ], [ "", 233.6 ], [ "", 224.8 ], [ "", 222.6 ], [ "", 218.6 ], [ "", 214.6 ], [ "", 210.8 ], [ "", 205.8 ], [ "", 201.3 ], [ "", 198.7 ], [ "", 196.3 ], [ "", 194.6 ], [ "", 193 ], [ "", 192.4 ], [ "", 193.2 ], [ "", 194.4 ], [ "", 193.8 ], [ "", 195.9 ], [ "", 198.1 ], [ "", 201.8 ], [ "", 204.5 ], [ "", 208.5 ], [ "", 214.3 ], [ "", 220 ], [ "", 224.8 ], [ "", 228.8 ], [ "", 233.3 ], [ "", 237.9 ], [ "", 243.3 ], [ "", 250.6 ], [ "", 255.6 ], [ "", 260.9 ], [ "", 269 ], [ "", 274.7 ], [ "", 281.7 ], [ "", 287.4 ], [ "", 292.3 ], [ "", 305.6 ], [ "", 315 ], [ "", 324.1 ], [ "", 335.9 ], [ "", 341.8 ], [ "", 348 ], [ "", 355.6 ], [ "", 359.3 ], [ "", 361.8 ], [ "", 364.8 ], [ "", 367.2 ], [ "", 367.1 ], [ "", 369.1 ], [ "", 367.6 ], [ "", 368.3 ], [ "", 367.3 ], [ "", 365.7 ], [ "", 365.3 ], [ "", 364.8 ], [ "", 366.4 ], [ "", 369.5 ], [ "", 371.2 ], [ "", 373.3 ], [ "", 377.6 ], [ "", 381 ], [ "", 383.3 ], [ "", 388.7 ], [ "", 393.2 ], [ "", 399.2 ], [ "", 404.3 ], [ "", 410 ], [ "", 417 ], [ "", 423.5 ], [ "", 424.4 ], [ "", 431.1 ], [ "", 431.4 ], [ "", 440.6 ], [ "", 446.5 ], [ "", 452.5 ], [ "", 460.1 ], [ "", 467 ], [ "", 471.6 ], [ "", 474.9 ], [ "", 479.4 ], [ "", 483 ], [ "", 489.9 ], [ "", 494.8 ], [ "", 495.3 ], [ "", 499 ], [ "", 506.3 ], [ "", 507.4 ], [ "", 508.8 ], [ "", 510 ], [ "", 512.3 ], [ "", 514.8 ], [ "", 522.1 ], [ "", 529 ], [ "", 526.8 ], [ "", 527.3 ], [ "", 526.7 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "3 ans et plus", "color": "#285a82", "data": [ [ "", 326.1 ], [ "", 329.6 ], [ "", 332.4 ], [ "", 335.9 ], [ "", 337.9 ], [ "", 340 ], [ "", 343.2 ], [ "", 344.8 ], [ "", 345 ], [ "", 346.7 ], [ "", 348.1 ], [ "", 349.4 ], [ "", 351.4 ], [ "", 352.4 ], [ "", 354.8 ], [ "", 357.4 ], [ "", 358.9 ], [ "", 359.5 ], [ "", 361.7 ], [ "", 362.2 ], [ "", 362.2 ], [ "", 363.2 ], [ "", 364.5 ], [ "", 366.5 ], [ "", 368.6 ], [ "", 371 ], [ "", 374 ], [ "", 376.7 ], [ "", 379.1 ], [ "", 379.6 ], [ "", 385.9 ], [ "", 391 ], [ "", 395.6 ], [ "", 400.3 ], [ "", 405 ], [ "", 408.1 ], [ "", 414.1 ], [ "", 418.6 ], [ "", 421.9 ], [ "", 424.8 ], [ "", 427.9 ], [ "", 430.1 ], [ "", 427.3 ], [ "", 427.9 ], [ "", 427.5 ], [ "", 428.2 ], [ "", 426.1 ], [ "", 423.5 ], [ "", 421.5 ], [ "", 420 ], [ "", 415.9 ], [ "", 413.1 ], [ "", 408.7 ], [ "", 403.9 ], [ "", 399.4 ], [ "", 396.9 ], [ "", 392.6 ], [ "", 387.3 ], [ "", 380.9 ], [ "", 375.1 ], [ "", 368.2 ], [ "", 362.6 ], [ "", 355.4 ], [ "", 349.8 ], [ "", 343.5 ], [ "", 338.5 ], [ "", 334.2 ], [ "", 330.3 ], [ "", 326.6 ], [ "", 323 ], [ "", 320.3 ], [ "", 316.5 ], [ "", 312.8 ], [ "", 309.3 ], [ "", 306.1 ], [ "", 302.6 ], [ "", 299.8 ], [ "", 296.5 ], [ "", 294.1 ], [ "", 291.5 ], [ "", 288.8 ], [ "", 286.8 ], [ "", 285 ], [ "", 281.9 ], [ "", 279.3 ], [ "", 278.6 ], [ "", 277.2 ], [ "", 276.3 ], [ "", 274.4 ], [ "", 272.6 ], [ "", 271.5 ], [ "", 270.7 ], [ "", 270.5 ], [ "", 270.5 ], [ "", 270.9 ], [ "", 271.6 ], [ "", 271.6 ], [ "", 273.2 ], [ "", 274.4 ], [ "", 275.3 ], [ "", 277.5 ], [ "", 279.6 ], [ "", 281.3 ], [ "", 283.1 ], [ "", 283.9 ], [ "", 289 ], [ "", 291 ], [ "", 293 ], [ "", 297.9 ], [ "", 301.3 ], [ "", 303.7 ], [ "", 307 ], [ "", 310.3 ], [ "", 312.5 ], [ "", 316.6 ], [ "", 316.8 ], [ "", 319 ], [ "", 322.7 ], [ "", 322 ], [ "", 322.9 ], [ "", 323.5 ], [ "", 324 ], [ "", 325.4 ], [ "", 327.6 ], [ "", 327 ], [ "", 327.2 ], [ "", 329 ], [ "", 326.7 ], [ "", 326.4 ], [ "", 325.8 ], [ "", 323.1 ], [ "", 319.6 ], [ "", 315.3 ], [ "", 311.9 ], [ "", 306.2 ], [ "", 305 ], [ "", 301.5 ], [ "", 298.6 ], [ "", 297.7 ], [ "", 294.6 ], [ "", 292.7 ], [ "", 289.9 ], [ "", 288.7 ], [ "", 284.8 ], [ "", 282.9 ], [ "", 281.2 ], [ "", 278.6 ], [ "", 278 ], [ "", 276.7 ], [ "", 275.8 ], [ "", 275.2 ], [ "", 273.5 ], [ "", 273.3 ], [ "", 271.8 ], [ "", 273 ], [ "", 272.3 ], [ "", 272.6 ], [ "", 273.4 ], [ "", 274.7 ], [ "", 275.6 ], [ "", 277.5 ], [ "", 280.6 ], [ "", 282 ], [ "", 284 ], [ "", 286.3 ], [ "", 287.8 ], [ "", 291.5 ], [ "", 293.7 ], [ "", 297.7 ], [ "", 301.3 ], [ "", 305.4 ], [ "", 309.3 ], [ "", 312.9 ], [ "", 318.2 ], [ "", 322.2 ], [ "", 326.2 ], [ "", 331 ], [ "", 335.5 ], [ "", 340.5 ], [ "", 345.9 ], [ "", 350.8 ], [ "", 355.9 ], [ "", 360.8 ], [ "", 366.7 ], [ "", 372.7 ], [ "", 378.5 ], [ "", 384.8 ], [ "", 390.3 ], [ "", 399.8 ], [ "", 406.8 ], [ "", 414.4 ], [ "", 423.8 ], [ "", 430.8 ], [ "", 438.1 ], [ "", 443.7 ], [ "", 451.3 ], [ "", 455.4 ], [ "", 459.7 ], [ "", 468.3 ], [ "", 474.5 ], [ "", 482.2 ], [ "", 488.9 ], [ "", 496.8 ], [ "", 502.7 ], [ "", 510 ], [ "", 516.9 ], [ "", 524.6 ], [ "", 532.8 ], [ "", 540 ], [ "", 547 ], [ "", 555.7 ], [ "", 559.3 ], [ "", 568 ], [ "", 575.2 ], [ "", 582.7 ], [ "", 592.5 ], [ "", 601.7 ], [ "", 609.5 ], [ "", 617.6 ], [ "", 626.7 ], [ "", 636.3 ], [ "", 643.4 ], [ "", 654.1 ], [ "", 662 ], [ "", 674.4 ], [ "", 683.8 ], [ "", 694.2 ], [ "", 705.1 ], [ "", 714.4 ], [ "", 723.6 ], [ "", 733 ], [ "", 742.6 ], [ "", 754.9 ], [ "", 765.5 ], [ "", 776 ], [ "", 785.1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: "", valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " milliers", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Le fait d’avoir retrouvé du travail ne représente plus, depuis longtemps, la voie de sortie principale du chômage. A peine 40,3 % des sortants avaient retrouvé un emploi en mars 2015, quand 13,2 % suivaient une formation, et 20 % n’avaient pas actualisé leur situation auprès de Pôle emploi. #container_14452561510{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452561510{ height:500px; } #container_14452561510 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452561510 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452561510 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452561510 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Motifs de sortie de Pôle emploi depuis 2002Sur les quatre motif principaux, en % des sorties(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452561510", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "spline", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: 1, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["juin-02","sept.-02","déc.-02","mars-03","juin-03","sept.-03","déc.-03","mars-04","juin-04","sept.-04","déc.-04","mars-05","juin-05","sept.-05","déc.-05","mars-06","juin-06","sept.-06","déc.-06","mars-07","juin-07","sept.-07","déc.-07","mars-08","juin-08","sept.-08","déc.-08","mars-09","juin-09","sept.-09","déc.-09","mars-10","juin-10","sept.-10","déc.-10","mars-11","juin-11","sept.-11","déc.-11","mars-12","juin-12","sept.-12","déc.-12","mars-13","juin-13","sept.-13","déc.-13","mars-14","juin-14","sept.-14","déc.-14","mars-15"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Reprise d'emploi", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 50.1 ], [ "", 49.5 ], [ "", 47 ], [ "", 48.7 ], [ "", 48 ], [ "", 48.7 ], [ "", 47.6 ], [ "", 46.2 ], [ "", 47.2 ], [ "", 45.6 ], [ "", 46.8 ], [ "", 48.4 ], [ "", 46.5 ], [ "", 47.5 ], [ "", 49.8 ], [ "", 45.5 ], [ "", 47.6 ], [ "", 49.5 ], [ "", 49.6 ], [ "", 51.3 ], [ "", 50.7 ], [ "", 50.6 ], [ "", 50.8 ], [ "", 52 ], [ "", 48.6 ], [ "", 47.6 ], [ "", 45.4 ], [ "", 43.3 ], [ "", 45.2 ], [ "", 44.4 ], [ "", 44.8 ], [ "", 45.5 ], [ "", 44.3 ], [ "", 44.9 ], [ "", 43.4 ], [ "", 46.3 ], [ "", 47.1 ], [ "", 46.8 ], [ "", 46.4 ], [ "", 47 ], [ "", 44.7 ], [ "", 45.7 ], [ "", 46.2 ], [ "", 45.4 ], [ "", 45.9 ], [ "", 43.2 ], [ "", 44.2 ], [ "", 42.5 ], [ "", 41 ], [ "", 41.4 ], [ "", 41.2 ], [ "", 40.3 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Formation", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 10.6 ], [ "", 11.4 ], [ "", 12.1 ], [ "", 12.8 ], [ "", 12.7 ], [ "", 12.1 ], [ "", 13.8 ], [ "", 12.6 ], [ "", 13.8 ], [ "", 12.5 ], [ "", 11.7 ], [ "", 11.6 ], [ "", 10 ], [ "", 11 ], [ "", 10.3 ], [ "", 10.7 ], [ "", 10.1 ], [ "", 10.3 ], [ "", 9.4 ], [ "", 9.6 ], [ "", 9.9 ], [ "", 10.3 ], [ "", 9.4 ], [ "", 10.6 ], [ "", 11.3 ], [ "", 10.5 ], [ "", 11 ], [ "", 10.1 ], [ "", 9.9 ], [ "", 9.6 ], [ "", 10.2 ], [ "", 10.2 ], [ "", 11.1 ], [ "", 10.2 ], [ "", 10.9 ], [ "", 10.1 ], [ "", 10.2 ], [ "", 10.6 ], [ "", 11.6 ], [ "", 11.6 ], [ "", 11.8 ], [ "", 11.5 ], [ "", 10.1 ], [ "", 10.9 ], [ "", 10.2 ], [ "", 12 ], [ "", 11.7 ], [ "", 11.8 ], [ "", 12.8 ], [ "", 12.5 ], [ "", 12.8 ], [ "", 13.2 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Non-renouvellement accidentel de la demande", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 4.6 ], [ "", 5.2 ], [ "", 4.3 ], [ "", 5.4 ], [ "", 5.4 ], [ "", 5 ], [ "", 4.9 ], [ "", 5.2 ], [ "", 5.6 ], [ "", 5.8 ], [ "", 6 ], [ "", 4.8 ], [ "", 6 ], [ "", 5.8 ], [ "", 6.3 ], [ "", 6.9 ], [ "", 6.8 ], [ "", 6 ], [ "", 5.5 ], [ "", 5.2 ], [ "", 5.3 ], [ "", 5.7 ], [ "", 5.6 ], [ "", 5.8 ], [ "", 6.1 ], [ "", 6.9 ], [ "", 6.3 ], [ "", 7.6 ], [ "", 8 ], [ "", 9 ], [ "", 8.1 ], [ "", 8.1 ], [ "", 7.4 ], [ "", 7.9 ], [ "", 7.9 ], [ "", 7.8 ], [ "", 7 ], [ "", 7.6 ], [ "", 7.4 ], [ "", 7.1 ], [ "", 8.2 ], [ "", 7.6 ], [ "", 8.1 ], [ "", 8.2 ], [ "", 8.6 ], [ "", 8.2 ], [ "", 8.6 ], [ "", 8.4 ], [ "", 8.4 ], [ "", 8.6 ], [ "", 8.4 ], [ "", 8.6 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Défaut d'actualisation suivi d'une réinscription", "color": "#F19300", "data": [ [ "", 14.3 ], [ "", 14.6 ], [ "", 15.1 ], [ "", 13.7 ], [ "", 14.5 ], [ "", 13.9 ], [ "", 13.3 ], [ "", 14.7 ], [ "", 13.5 ], [ "", 14.7 ], [ "", 14.1 ], [ "", 13.7 ], [ "", 15.3 ], [ "", 14.3 ], [ "", 13.9 ], [ "", 14.7 ], [ "", 12.8 ], [ "", 13.4 ], [ "", 14.1 ], [ "", 13.4 ], [ "", 14.2 ], [ "", 13.2 ], [ "", 14.9 ], [ "", 11.7 ], [ "", 14.6 ], [ "", 15.9 ], [ "", 17.2 ], [ "", 19.1 ], [ "", 17.8 ], [ "", 17.9 ], [ "", 18.1 ], [ "", 18 ], [ "", 17.7 ], [ "", 18.1 ], [ "", 17.8 ], [ "", 17.1 ], [ "", 16.5 ], [ "", 16.5 ], [ "", 16.6 ], [ "", 16.2 ], [ "", 17.6 ], [ "", 18.1 ], [ "", 18.1 ], [ "", 17.4 ], [ "", 18 ], [ "", 18.2 ], [ "", 18.2 ], [ "", 19.1 ], [ "", 18 ], [ "", 18 ], [ "", 18.3 ], [ "", 17.9 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Radiation administrative", "color": "#28beaa", "data": [ [ "", 1.8 ], [ "", 1.5 ], [ "", 0.9 ], [ "", 0.9 ], [ "", 0.9 ], [ "", 1.3 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.4 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.9 ], [ "", 2.1 ], [ "", 1.9 ], [ "", 1.9 ], [ "", 1.6 ], [ "", 2 ], [ "", 2.1 ], [ "", 1.6 ], [ "", 2.5 ], [ "", 2.2 ], [ "", 2.2 ], [ "", 2.4 ], [ "", 2.2 ], [ "", 2.3 ], [ "", 2.4 ], [ "", 2.1 ], [ "", 2 ], [ "", 2.1 ], [ "", 1.7 ], [ "", 1.7 ], [ "", 1.7 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.8 ], [ "", 1.9 ], [ "", 2.2 ], [ "", 1.8 ], [ "", 1.5 ], [ "", 1.9 ], [ "", 1.7 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.8 ], [ "", 1.5 ], [ "", 1.3 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.7 ], [ "", 1.7 ], [ "", 1.9 ], [ "", 1.8 ], [ "", 1.6 ], [ "", 1.9 ], [ "", 2.2 ], [ "", 1.8 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 2, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}La formation des chômeurs prend d’ailleurs de l’ampleur année après année. #container_14452554551{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452554551{ height:500px; } #container_14452554551 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452554551 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452554551 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452554551 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Entrées en formation de demandeurs d'emploi depuis 1996(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452554551", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "areaspline", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: 1, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["janv.-06","févr.-06","mars-06","avr.-06","mai-06","juin-06","juil.-06","août-06","sept.-06","oct.-06","nov.-06","déc.-06","janv.-07","févr.-07","mars-07","avr.-07","mai-07","juin-07","juil.-07","août-07","sept.-07","oct.-07","nov.-07","déc.-07","janv.-08","févr.-08","mars-08","avr.-08","mai-08","juin-08","juil.-08","août-08","sept.-08","oct.-08","nov.-08","déc.-08","janv.-09","févr.-09","mars-09","avr.-09","mai-09","juin-09","juil.-09","août-09","sept.-09","oct.-09","nov.-09","déc.-09","janv.-10","févr.-10","mars-10","avr.-10","mai-10","juin-10","juil.-10","août-10","sept.-10","oct.-10","nov.-10","déc.-10","janv.-11","févr.-11","mars-11","avr.-11","mai-11","juin-11","juil.-11","août-11","sept.-11","oct.-11","nov.-11","déc.-11","janv.-12","févr.-12","mars-12","avr.-12","mai-12","juin-12","juil.-12","août-12","sept.-12","oct.-12","nov.-12","déc.-12","janv.-13","févr.-13","mars-13","avr.-13","mai-13","juin-13","juil.-13","août-13","sept.-13","oct.-13","nov.-13","déc.-13","janv.-14","févr.-14","mars-14","avr.-14","mai-14","juin-14","juil.-14","août-14","sept.-14","oct.-14","nov.-14","déc.-14","janv.-15","févr.-15","mars-15","avr.-15","mai-15"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Total des entrées en formation", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 47 ], [ "", 30.3 ], [ "", 31.9 ], [ "", 25.3 ], [ "", 24.9 ], [ "", 17.5 ], [ "", 12.4 ], [ "", 22.7 ], [ "", 78.5 ], [ "", 54.6 ], [ "", 36.2 ], [ "", 18.3 ], [ "", 44.6 ], [ "", 30.5 ], [ "", 30.7 ], [ "", 26.9 ], [ "", 22 ], [ "", 18.7 ], [ "", 12.7 ], [ "", 20 ], [ "", 78.4 ], [ "", 53 ], [ "", 33.6 ], [ "", 17 ], [ "", 41.9 ], [ "", 29.5 ], [ "", 34.1 ], [ "", 26.3 ], [ "", 20.4 ], [ "", 20.4 ], [ "", 10.1 ], [ "", 18.7 ], [ "", 86.4 ], [ "", 44.8 ], [ "", 31.1 ], [ "", 20.6 ], [ "", 34.8 ], [ "", 27.2 ], [ "", 33.6 ], [ "", 23.8 ], [ "", 19.4 ], [ "", 19.5 ], [ "", 9.9 ], [ "", 29.2 ], [ "", 76.8 ], [ "", 45.1 ], [ "", 37 ], [ "", 16.9 ], [ "", 36.8 ], [ "", 28.1 ], [ "", 38 ], [ "", 26.8 ], [ "", 26.1 ], [ "", 21 ], [ "", 12.3 ], [ "", 29.1 ], [ "", 85.6 ], [ "", 48 ], [ "", 39.4 ], [ "", 21.4 ], [ "", 43.7 ], [ "", 30.3 ], [ "", 31.9 ], [ "", 25.5 ], [ "", 28.5 ], [ "", 19.1 ], [ "", 10 ], [ "", 25.5 ], [ "", 89.7 ], [ "", 46.8 ], [ "", 39.2 ], [ "", 29.2 ], [ "", 45.9 ], [ "", 32.4 ], [ "", 38.9 ], [ "", 34.3 ], [ "", 30.6 ], [ "", 27.4 ], [ "", 15.1 ], [ "", 21 ], [ "", 102.9 ], [ "", 58.3 ], [ "", 40.7 ], [ "", 25.9 ], [ "", 45.2 ], [ "", 34 ], [ "", 38 ], [ "", 38.1 ], [ "", 28 ], [ "", 25.1 ], [ "", 15.1 ], [ "", 20.5 ], [ "", 119.1 ], [ "", 54 ], [ "", 44.4 ], [ "", 32.5 ], [ "", 52.2 ], [ "", 37.9 ], [ "", 45.5 ], [ "", 39 ], [ "", 32.6 ], [ "", 34.1 ], [ "", 13.8 ], [ "", 19.6 ], [ "", 126.5 ], [ "", 58 ], [ "", 47.6 ], [ "", 36.5 ], [ "", 52.5 ], [ "", 41.2 ], [ "", 54.5 ], [ "", 41.7 ], [ "", 30.5 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " milliers", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}3. L’emploi se précariseSi, depuis 2012, on constate un léger mieux dans les offres collectées par Pôle emploi, avec des postes durables en hausse et des emplois temporaires et occasionnels en baisse, la tendance lourde est celle d’un travail moins stable. #container_14452549468{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452549468{ height:500px; } #container_14452549468 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452549468 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452549468 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452549468 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Offres collectées par Pôle emploi depuis 1996En France métropolitaine Source : DARES(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452549468", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["janv.-96","févr.-96","mars-96","avr.-96","mai-96","juin-96","juil.-96","août-96","sept.-96","oct.-96","nov.-96","déc.-96","janv.-97","févr.-97","mars-97","avr.-97","mai-97","juin-97","juil.-97","août-97","sept.-97","oct.-97","nov.-97","déc.-97","janv.-98","févr.-98","mars-98","avr.-98","mai-98","juin-98","juil.-98","août-98","sept.-98","oct.-98","nov.-98","déc.-98","janv.-99","févr.-99","mars-99","avr.-99","mai-99","juin-99","juil.-99","août-99","sept.-99","oct.-99","nov.-99","déc.-99","janv.-00","févr.-00","mars-00","avr.-00","mai-00","juin-00","juil.-00","août-00","sept.-00","oct.-00","nov.-00","déc.-00","janv.-01","févr.-01","mars-01","avr.-01","mai-01","juin-01","juil.-01","août-01","sept.-01","oct.-01","nov.-01","déc.-01","janv.-02","févr.-02","mars-02","avr.-02","mai-02","juin-02","juil.-02","août-02","sept.-02","oct.-02","nov.-02","déc.-02","janv.-03","févr.-03","mars-03","avr.-03","mai-03","juin-03","juil.-03","août-03","sept.-03","oct.-03","nov.-03","déc.-03","janv.-04","févr.-04","mars-04","avr.-04","mai-04","juin-04","juil.-04","août-04","sept.-04","oct.-04","nov.-04","déc.-04","janv.-05","févr.-05","mars-05","avr.-05","mai-05","juin-05","juil.-05","août-05","sept.-05","oct.-05","nov.-05","déc.-05","janv.-06","févr.-06","mars-06","avr.-06","mai-06","juin-06","juil.-06","août-06","sept.-06","oct.-06","nov.-06","déc.-06","janv.-07","févr.-07","mars-07","avr.-07","mai-07","juin-07","juil.-07","août-07","sept.-07","oct.-07","nov.-07","déc.-07","janv.-08","févr.-08","mars-08","avr.-08","mai-08","juin-08","juil.-08","août-08","sept.-08","oct.-08","nov.-08","déc.-08","janv.-09","févr.-09","mars-09","avr.-09","mai-09","juin-09","juil.-09","août-09","sept.-09","oct.-09","nov.-09","déc.-09","janv.-10","févr.-10","mars-10","avr.-10","mai-10","juin-10","juil.-10","août-10","sept.-10","oct.-10","nov.-10","déc.-10","janv.-11","févr.-11","mars-11","avr.-11","mai-11","juin-11","juil.-11","août-11","sept.-11","oct.-11","nov.-11","déc.-11","janv.-12","févr.-12","mars-12","avr.-12","mai-12","juin-12","juil.-12","août-12","sept.-12","oct.-12","nov.-12","déc.-12","janv.-13","févr.-13","mars-13","avr.-13","mai-13","juin-13","juil.-13","août-13","sept.-13","oct.-13","nov.-13","déc.-13","janv.-14","févr.-14","mars-14","avr.-14","mai-14","juin-14","juil.-14","août-14","sept.-14","oct.-14","nov.-14","déc.-14","janv.-15","févr.-15","mars-15","avr.-15","mai-15","juin-15","juil.-15","août-15"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Emplois durables", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 101.2 ], [ "", 103.1 ], [ "", 102.8 ], [ "", 103 ], [ "", 100.9 ], [ "", 104.6 ], [ "", 102 ], [ "", 104 ], [ "", 99.8 ], [ "", 97.1 ], [ "", 97.1 ], [ "", 98.2 ], [ "", 93.2 ], [ "", 96 ], [ "", 98.9 ], [ "", 106.2 ], [ "", 100.2 ], [ "", 100.4 ], [ "", 99.7 ], [ "", 99.1 ], [ "", 105.5 ], [ "", 107.5 ], [ "", 110.4 ], [ "", 108.9 ], [ "", 109 ], [ "", 110.1 ], [ "", 109.4 ], [ "", 116.1 ], [ "", 109.6 ], [ "", 106.8 ], [ "", 108.2 ], [ "", 103.1 ], [ "", 101.9 ], [ "", 102.3 ], [ "", 105 ], [ "", 104.1 ], [ "", 111.1 ], [ "", 105.9 ], [ "", 105.6 ], [ "", 107 ], [ "", 106.8 ], [ "", 109 ], [ "", 109.9 ], [ "", 109.2 ], [ "", 113.8 ], [ "", 113.8 ], [ "", 112.9 ], [ "", 113.2 ], [ "", 122.2 ], [ "", 119.5 ], [ "", 119.8 ], [ "", 120.9 ], [ "", 124.2 ], [ "", 122.9 ], [ "", 120.1 ], [ "", 123.7 ], [ "", 123 ], [ "", 126.2 ], [ "", 119.1 ], [ "", 120.5 ], [ "", 121.3 ], [ "", 117.7 ], [ "", 115.1 ], [ "", 113.4 ], [ "", 113.2 ], [ "", 111.2 ], [ "", 111.8 ], [ "", 116.6 ], [ "", 111.4 ], [ "", 111.9 ], [ "", 110.8 ], [ "", 110.7 ], [ "", 104.7 ], [ "", 105.7 ], [ "", 110.1 ], [ "", 107.6 ], [ "", 108.9 ], [ "", 108 ], [ "", 110.2 ], [ "", 110.5 ], [ "", 105.9 ], [ "", 104.4 ], [ "", 102.7 ], [ "", 102.2 ], [ "", 101.7 ], [ "", 103.9 ], [ "", 104.7 ], [ "", 104 ], [ "", 98.6 ], [ "", 102.9 ], [ "", 103.5 ], [ "", 102.4 ], [ "", 103.2 ], [ "", 100.4 ], [ "", 100.4 ], [ "", 103.3 ], [ "", 103.5 ], [ "", 105.2 ], [ "", 101.9 ], [ "", 103.4 ], [ "", 102.6 ], [ "", 104.1 ], [ "", 101.3 ], [ "", 101 ], [ "", 100.3 ], [ "", 100.4 ], [ "", 103.6 ], [ "", 101.8 ], [ "", 109.9 ], [ "", 105.9 ], [ "", 108.1 ], [ "", 114.2 ], [ "", 111.6 ], [ "", 114 ], [ "", 115.8 ], [ "", 119.9 ], [ "", 123.7 ], [ "", 127 ], [ "", 129.6 ], [ "", 130.8 ], [ "", 128.9 ], [ "", 124.7 ], [ "", 125.7 ], [ "", 125 ], [ "", 124 ], [ "", 135.9 ], [ "", 126.2 ], [ "", 121.8 ], [ "", 124.3 ], [ "", 125.8 ], [ "", 128.8 ], [ "", 134.8 ], [ "", 130 ], [ "", 133.1 ], [ "", 128.4 ], [ "", 126.5 ], [ "", 133.9 ], [ "", 132.1 ], [ "", 133.4 ], [ "", 137.8 ], [ "", 137.3 ], [ "", 140 ], [ "", 135.3 ], [ "", 139.9 ], [ "", 132.6 ], [ "", 135.5 ], [ "", 141.6 ], [ "", 140.8 ], [ "", 137 ], [ "", 133.3 ], [ "", 131.5 ], [ "", 128 ], [ "", 126.8 ], [ "", 121.7 ], [ "", 112.4 ], [ "", 113.2 ], [ "", 97.3 ], [ "", 99.2 ], [ "", 96.1 ], [ "", 96 ], [ "", 96.6 ], [ "", 102.5 ], [ "", 103.1 ], [ "", 101.9 ], [ "", 106.7 ], [ "", 109.5 ], [ "", 113.5 ], [ "", 113.8 ], [ "", 112.6 ], [ "", 113.2 ], [ "", 116.6 ], [ "", 118.2 ], [ "", 117.4 ], [ "", 113.5 ], [ "", 114.1 ], [ "", 109.4 ], [ "", 108.6 ], [ "", 109.5 ], [ "", 106.9 ], [ "", 109.7 ], [ "", 115.2 ], [ "", 117.3 ], [ "", 115.6 ], [ "", 116.3 ], [ "", 121.1 ], [ "", 118.8 ], [ "", 119.8 ], [ "", 122.4 ], [ "", 118.7 ], [ "", 117.6 ], [ "", 119.2 ], [ "", 110.2 ], [ "", 115.7 ], [ "", 108.8 ], [ "", 109.6 ], [ "", 105.5 ], [ "", 106.6 ], [ "", 106.9 ], [ "", 101.4 ], [ "", 103.2 ], [ "", 101.7 ], [ "", 105.2 ], [ "", 97.1 ], [ "", 99.3 ], [ "", 95.1 ], [ "", 98.4 ], [ "", 99.6 ], [ "", 100.4 ], [ "", 98.2 ], [ "", 100.6 ], [ "", 105.4 ], [ "", 104.6 ], [ "", 107.7 ], [ "", 107 ], [ "", 108.1 ], [ "", 106.4 ], [ "", 102.9 ], [ "", 107.9 ], [ "", 105.7 ], [ "", 109.5 ], [ "", 103.6 ], [ "", 104.4 ], [ "", 104.1 ], [ "", 106 ], [ "", 102.4 ], [ "", 102.8 ], [ "", 105.7 ], [ "", 106.1 ], [ "", 113.8 ], [ "", 108.7 ], [ "", 108.8 ], [ "", 111.6 ], [ "", 114.2 ], [ "", 112.3 ], [ "", 121.6 ], [ "", 119.4 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Emplois temporaires", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 50.8 ], [ "", 50 ], [ "", 49.9 ], [ "", 52.4 ], [ "", 55.9 ], [ "", 60.2 ], [ "", 60.1 ], [ "", 64.2 ], [ "", 65.7 ], [ "", 64.8 ], [ "", 63.5 ], [ "", 73.6 ], [ "", 67.8 ], [ "", 64.9 ], [ "", 72.7 ], [ "", 71.9 ], [ "", 71.8 ], [ "", 72.7 ], [ "", 77.2 ], [ "", 76.6 ], [ "", 79 ], [ "", 81.4 ], [ "", 82.2 ], [ "", 83.7 ], [ "", 79 ], [ "", 81.4 ], [ "", 79.3 ], [ "", 84.5 ], [ "", 85.3 ], [ "", 85.4 ], [ "", 86.8 ], [ "", 88.8 ], [ "", 87.8 ], [ "", 84.6 ], [ "", 90.6 ], [ "", 87.5 ], [ "", 91.7 ], [ "", 90.1 ], [ "", 90.8 ], [ "", 92.5 ], [ "", 94.5 ], [ "", 97.7 ], [ "", 98 ], [ "", 99 ], [ "", 99.7 ], [ "", 99.9 ], [ "", 102.3 ], [ "", 103.3 ], [ "", 106.2 ], [ "", 105.7 ], [ "", 105.9 ], [ "", 104.2 ], [ "", 109.9 ], [ "", 101.6 ], [ "", 100.1 ], [ "", 100.5 ], [ "", 99.1 ], [ "", 102.3 ], [ "", 96.9 ], [ "", 99.8 ], [ "", 97.2 ], [ "", 96.2 ], [ "", 94.6 ], [ "", 93.6 ], [ "", 94.5 ], [ "", 94.8 ], [ "", 95.1 ], [ "", 96.7 ], [ "", 99.1 ], [ "", 106.2 ], [ "", 108.6 ], [ "", 103.5 ], [ "", 98.5 ], [ "", 102.3 ], [ "", 101.5 ], [ "", 103.8 ], [ "", 102.2 ], [ "", 99.9 ], [ "", 99.4 ], [ "", 99.4 ], [ "", 100.8 ], [ "", 94.9 ], [ "", 98.9 ], [ "", 98.6 ], [ "", 102.7 ], [ "", 103 ], [ "", 111.5 ], [ "", 104.2 ], [ "", 100.2 ], [ "", 104.5 ], [ "", 107.1 ], [ "", 105.8 ], [ "", 104.5 ], [ "", 105.6 ], [ "", 105 ], [ "", 108 ], [ "", 106.7 ], [ "", 111.4 ], [ "", 110.5 ], [ "", 112 ], [ "", 108.2 ], [ "", 109.8 ], [ "", 107.9 ], [ "", 109.6 ], [ "", 109.9 ], [ "", 110 ], [ "", 112.6 ], [ "", 110 ], [ "", 112.9 ], [ "", 111.9 ], [ "", 117.7 ], [ "", 113.8 ], [ "", 116.4 ], [ "", 117.8 ], [ "", 117.2 ], [ "", 114.6 ], [ "", 113.8 ], [ "", 114.9 ], [ "", 113.4 ], [ "", 113.8 ], [ "", 113.1 ], [ "", 108.1 ], [ "", 114.7 ], [ "", 111.7 ], [ "", 114.4 ], [ "", 114.3 ], [ "", 114.3 ], [ "", 113.7 ], [ "", 116.2 ], [ "", 118.3 ], [ "", 119.7 ], [ "", 120.5 ], [ "", 121.3 ], [ "", 126.3 ], [ "", 121.2 ], [ "", 122.9 ], [ "", 121.3 ], [ "", 122.9 ], [ "", 122.6 ], [ "", 126.1 ], [ "", 125.5 ], [ "", 123.4 ], [ "", 122.1 ], [ "", 122.4 ], [ "", 122.6 ], [ "", 118.2 ], [ "", 123.5 ], [ "", 124.5 ], [ "", 124.8 ], [ "", 120.6 ], [ "", 120.7 ], [ "", 118.2 ], [ "", 115.9 ], [ "", 112 ], [ "", 108.4 ], [ "", 105.4 ], [ "", 99.5 ], [ "", 97.5 ], [ "", 96.3 ], [ "", 97.3 ], [ "", 96.1 ], [ "", 100 ], [ "", 106 ], [ "", 100.2 ], [ "", 100.5 ], [ "", 103.2 ], [ "", 103.8 ], [ "", 105.3 ], [ "", 106.7 ], [ "", 108.4 ], [ "", 111.9 ], [ "", 113.2 ], [ "", 113.3 ], [ "", 113.6 ], [ "", 117.2 ], [ "", 114.4 ], [ "", 117.3 ], [ "", 119.1 ], [ "", 115.3 ], [ "", 115.6 ], [ "", 124.9 ], [ "", 129.6 ], [ "", 124.8 ], [ "", 124.5 ], [ "", 127.5 ], [ "", 126.3 ], [ "", 127.8 ], [ "", 126.3 ], [ "", 127.7 ], [ "", 121.6 ], [ "", 121.5 ], [ "", 114.4 ], [ "", 118.9 ], [ "", 115.3 ], [ "", 115.2 ], [ "", 110.3 ], [ "", 108.3 ], [ "", 112.3 ], [ "", 107.3 ], [ "", 104.9 ], [ "", 103.6 ], [ "", 104.2 ], [ "", 98.1 ], [ "", 98.7 ], [ "", 91.2 ], [ "", 91.5 ], [ "", 87.4 ], [ "", 87.1 ], [ "", 87.9 ], [ "", 81.9 ], [ "", 81.3 ], [ "", 85.3 ], [ "", 82.7 ], [ "", 82.6 ], [ "", 86.3 ], [ "", 84.5 ], [ "", 85.5 ], [ "", 84.4 ], [ "", 83.7 ], [ "", 90.3 ], [ "", 82 ], [ "", 82.2 ], [ "", 84.1 ], [ "", 87.7 ], [ "", 82.1 ], [ "", 82.6 ], [ "", 82.3 ], [ "", 81.2 ], [ "", 90.2 ], [ "", 80.9 ], [ "", 84.8 ], [ "", 89.1 ], [ "", 86.6 ], [ "", 84.9 ], [ "", 88.9 ], [ "", 78.1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Emplois occasionnels", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 19.8 ], [ "", 21.1 ], [ "", 23 ], [ "", 22.9 ], [ "", 23.9 ], [ "", 23.7 ], [ "", 25.8 ], [ "", 25.7 ], [ "", 28.1 ], [ "", 35.1 ], [ "", 29.1 ], [ "", 30.3 ], [ "", 28.5 ], [ "", 27.1 ], [ "", 30.3 ], [ "", 31 ], [ "", 33.1 ], [ "", 33.5 ], [ "", 36.1 ], [ "", 34.6 ], [ "", 28.2 ], [ "", 36 ], [ "", 35.5 ], [ "", 37.6 ], [ "", 38.2 ], [ "", 38.2 ], [ "", 35.9 ], [ "", 37 ], [ "", 31.7 ], [ "", 34.2 ], [ "", 33.7 ], [ "", 35.7 ], [ "", 36 ], [ "", 34.3 ], [ "", 33.4 ], [ "", 33.7 ], [ "", 39.2 ], [ "", 36.8 ], [ "", 38.3 ], [ "", 42.3 ], [ "", 43.2 ], [ "", 45.2 ], [ "", 41.2 ], [ "", 42.6 ], [ "", 41.5 ], [ "", 41.1 ], [ "", 41.4 ], [ "", 35.1 ], [ "", 46.3 ], [ "", 42.2 ], [ "", 41.1 ], [ "", 37.9 ], [ "", 38.7 ], [ "", 37.4 ], [ "", 37.3 ], [ "", 39.1 ], [ "", 39.5 ], [ "", 37 ], [ "", 39.5 ], [ "", 36.2 ], [ "", 41.1 ], [ "", 40.4 ], [ "", 39.3 ], [ "", 35.8 ], [ "", 40.9 ], [ "", 40 ], [ "", 38.8 ], [ "", 39.2 ], [ "", 37 ], [ "", 39.6 ], [ "", 38.6 ], [ "", 38.8 ], [ "", 35 ], [ "", 33.3 ], [ "", 43 ], [ "", 39.9 ], [ "", 35.2 ], [ "", 35.1 ], [ "", 40.8 ], [ "", 35.4 ], [ "", 41.3 ], [ "", 40.8 ], [ "", 37.4 ], [ "", 39.1 ], [ "", 34.1 ], [ "", 34.3 ], [ "", 34.5 ], [ "", 34 ], [ "", 33.6 ], [ "", 38.7 ], [ "", 43.2 ], [ "", 38.7 ], [ "", 31.6 ], [ "", 37.6 ], [ "", 37.9 ], [ "", 42.5 ], [ "", 39.6 ], [ "", 41.1 ], [ "", 40.1 ], [ "", 42.6 ], [ "", 45.4 ], [ "", 42.2 ], [ "", 43.2 ], [ "", 43.3 ], [ "", 40.5 ], [ "", 42.9 ], [ "", 47.7 ], [ "", 42.8 ], [ "", 46.9 ], [ "", 44 ], [ "", 47.3 ], [ "", 44.9 ], [ "", 48.6 ], [ "", 42.1 ], [ "", 40.1 ], [ "", 42.7 ], [ "", 38.9 ], [ "", 39.2 ], [ "", 45 ], [ "", 38.2 ], [ "", 42.3 ], [ "", 40.5 ], [ "", 39.1 ], [ "", 39.3 ], [ "", 37.5 ], [ "", 40.1 ], [ "", 37.8 ], [ "", 40.6 ], [ "", 45.6 ], [ "", 37.3 ], [ "", 39.1 ], [ "", 40.4 ], [ "", 39.9 ], [ "", 44.1 ], [ "", 43 ], [ "", 43.6 ], [ "", 43.7 ], [ "", 46 ], [ "", 46.1 ], [ "", 39.5 ], [ "", 39.8 ], [ "", 44.8 ], [ "", 41.7 ], [ "", 46.2 ], [ "", 44.8 ], [ "", 50.9 ], [ "", 46.4 ], [ "", 41.9 ], [ "", 44.7 ], [ "", 41.3 ], [ "", 46.5 ], [ "", 44.6 ], [ "", 50.2 ], [ "", 42.2 ], [ "", 39.4 ], [ "", 39.8 ], [ "", 38.9 ], [ "", 32.1 ], [ "", 36.1 ], [ "", 38.6 ], [ "", 37.3 ], [ "", 39.5 ], [ "", 35.5 ], [ "", 37.6 ], [ "", 39.1 ], [ "", 36.1 ], [ "", 38.7 ], [ "", 37.1 ], [ "", 45.3 ], [ "", 37.6 ], [ "", 37.9 ], [ "", 39.8 ], [ "", 37.8 ], [ "", 37.5 ], [ "", 38.8 ], [ "", 37.9 ], [ "", 41.7 ], [ "", 41.6 ], [ "", 38 ], [ "", 38.3 ], [ "", 38 ], [ "", 38.6 ], [ "", 38.2 ], [ "", 37.5 ], [ "", 38.5 ], [ "", 37.1 ], [ "", 39.1 ], [ "", 38.8 ], [ "", 35.2 ], [ "", 35.8 ], [ "", 35.8 ], [ "", 34.3 ], [ "", 32.1 ], [ "", 33.9 ], [ "", 34.5 ], [ "", 30.2 ], [ "", 35 ], [ "", 36.9 ], [ "", 31.6 ], [ "", 30.3 ], [ "", 29.5 ], [ "", 29.7 ], [ "", 32.8 ], [ "", 30.3 ], [ "", 30.2 ], [ "", 28.4 ], [ "", 26.5 ], [ "", 26.7 ], [ "", 25.7 ], [ "", 26.1 ], [ "", 22.3 ], [ "", 26.7 ], [ "", 27.2 ], [ "", 28.8 ], [ "", 33.3 ], [ "", 28.6 ], [ "", 22.1 ], [ "", 25.4 ], [ "", 26.6 ], [ "", 26.1 ], [ "", 24.5 ], [ "", 25.8 ], [ "", 25.3 ], [ "", 25 ], [ "", 24.3 ], [ "", 23.4 ], [ "", 20.7 ], [ "", 20.3 ], [ "", 19.3 ], [ "", 21.3 ], [ "", 21.2 ], [ "", 21.3 ], [ "", 20.9 ], [ "", 18.8 ], [ "", 18.9 ], [ "", 20.9 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " milliers", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}On la retrouve dans la répartition de la population active (hors secteur public) par statut : si le CDI reste la norme (76,8 % pour 8,4 % de CDD), il s’agit là d’un effet de stock. Si l’on compare la situation de la population active globale et celle des 15-24 ans, on voit que cette forme est loin d’être la norme chez les plus jeunes. #container_14452485402{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452485402{ height:500px; } #container_14452485402 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452485402 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452485402 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452485402 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Population active par type de contratPour la population active totale et pour les 15-24 ans.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452485402", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Non-salariés","Intérimaires"," Apprentis"," Contrats à durée déterminée"," Contrats à durée indéterminée"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Ensemble", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 11.2 ], [ "", 2 ], [ "", 1.6 ], [ "", 8.4 ], [ "", 76.8 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "15-24 ans", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 2.5 ], [ "", 5.9 ], [ "", 18.1 ], [ "", 28.3 ], [ "", 45.2 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}La part de CDD dans les embauches a par ailleurs atteint un record en 2015, avec plus de 85 % des recrutements qui se font sous cette forme.Lire aussi :Travail : changer les règles du jeu #container_14452619750{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452619750{ height:500px; } #container_14452619750 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452619750 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452619750 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452619750 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Part des CDD dans les embauches en FranceEvolution depuis 2007, tous établissements(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452619750", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "areaspline", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "datetime", categories:null, title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value:%d/%m/%Y}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Part des CDD dans les embauches", "color": "#0386c3", "data": [ [ 1167692400000, 70.8 ], [ 1175464800000, 71 ], [ 1183327200000, 71.5 ], [ 1191276000000, 70.9 ], [ 1199228400000, 70.1 ], [ 1207087200000, 71.4 ], [ 1214949600000, 71.5 ], [ 1222898400000, 72.9 ], [ 1230850800000, 75.3 ], [ 1238623200000, 76.9 ], [ 1246485600000, 77.3 ], [ 1254434400000, 77.3 ], [ 1262386800000, 76.5 ], [ 1270159200000, 76.5 ], [ 1278021600000, 77.1 ], [ 1285970400000, 76.2 ], [ 1293922800000, 77.7 ], [ 1301695200000, 77.4 ], [ 1309557600000, 78.3 ], [ 1317506400000, 79.3 ], [ 1325458800000, 80 ], [ 1333317600000, 80.7 ], [ 1341180000000, 81.8 ], [ 1349128800000, 82.3 ], [ 1357081200000, 83.1 ], [ 1364853600000, 83.4 ], [ 1372716000000, 83.6 ], [ 1380664800000, 84 ], [ 1388617200000, 84.4 ], [ 1396389600000, 84.8 ], [ 1404252000000, 84.2 ], [ 1412200800000, 85.9 ], [ 1420153200000, 85.3 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }} 4. Des comptes sociaux dans le rougeConséquence du chômage endémique : les comptes sociaux demeurent dans le rouge, notamment ceux de l’assurance maladie, qui creuse son déficit chaque année depuis 2009. #container_14452581973{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14452581973{ height:500px; } #container_14452581973 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14452581973 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14452581973 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14452581973 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Recettes et dépenses de l'assurance chômageDepuis 2009Source : UNEDIC, comptes annuels(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14452581973", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["2009","2010","2011","2012","2013","2014","2015"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Recettes", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 30310 ], [ "", 31188 ], [ "", 31855 ], [ "", 32466 ], [ "", 33233 ], [ "", 33936 ], [ "", 34674 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Dépenses", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 31482 ], [ "", 34158 ], [ "", 33419 ], [ "", 35193 ], [ "", 37230 ], [ "", 37746 ], [ "", 38350 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Déficit courant", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", -1172 ], [ "", -2970 ], [ "", -1564 ], [ "", -2727 ], [ "", -3997 ], [ "", -3810 ], [ "", -3676 ] ], "type": "line", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " millions d'euros", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Le chômage de masse pèse également sur les comptes sociaux en général, puisque moins de travailleurs signifie moins de cotisations sociales pour alimenter le régime. Si celui-ci a subi nombre de réformes, notamment concernant les retraites, et si sa situation s’améliore lentement depuis 2010, il reste mal en point. #container_14430863468{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14430863468{ height:500px; } #container_14430863468 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14430863468 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14430863468 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14430863468 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Solde du régime général (RG) de la sécurité sociale depuis 2001Il tient compte également du solde du Fonds de solidarité vieillesse (FSV)(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14430863468", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} Mds", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"Milliards d'euros" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} Mds", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "datetime", categories:null, title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value:%Y}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Solde RG+FSV", "color": "#0386c3", "data": [ [ 978390000000, 1 ], [ 1009926000000, -4.8 ], [ 1041462000000, -11.2 ], [ 1072998000000, -12.5 ], [ 1104620400000, -13.6 ], [ 1136156400000, -10.1 ], [ 1167692400000, -9.3 ], [ 1199228400000, -9.3 ], [ 1230850800000, -23.7 ], [ 1262386800000, -27.3 ], [ 1293922800000, -20.9 ], [ 1325458800000, -17.5 ], [ 1357081200000, -15.4 ], [ 1388617200000, -13.2 ], [ 1420153200000, -12.8 ], [ 1451689200000, -9.7 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " milliards d'euros", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }} Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 19.10.2015 à 15h07 • Mis à jour le19.10.2015 à 18h34 L’essentielLe gouvernement hongrois s’est félicité d’avoir « efficacement stoppé » le transit des migrants par son territoire en fermant ses frontières avec la Serbie et la Croatie.Des milliers de migrants affluent dans les Balkans depuis la décision hongroise.Faisant figure de terre promise, l’Allemagne met en garde contre ceux « soufflant la haine » avant une manifestation du mouvement islamophobe Pegida dans la soirée.Après la fermeture par la Hongrie, vendredi 16 octobre, de sa frontière avec la Croatie – un peu plus d’un mois après avoir fait de même côté Serbie –, des milliers de migrants venant de l’Est doivent désormais passer par la Slovénie pour poursuivre leur périple en Europe.Sous pression, la Croatie entrouvre sa frontière avec la SerbieLa Croatie a finalement autorisé, lundi 19 octobre en fin d’après-midi, l’entrée de son territoire aux 2 000 à 3 000 migrants qui étaient massés sous une pluie battante à sa frontière avec la Serbie. Jan Pinos, un volontaire tchèque sur place, a dit à l’Agence France-Presse que la décision avait été prise car la situation à la frontière menaçait d’échapper à tout contrôle. Les policiers avaient érigé une clôture improvisée pour tenter de limiter l’accès de la frontière et faire passer les réfugiés par petits groupes de cinquante personnes, en vain.Plus de 15 000 hommes, femmes et enfants, dont beaucoup de réfugiés fuyant la guerre en Syrie et en Afghanistan, sont entrés en Macédoine et en Serbie depuis la Grèce au cours du week-end, avec souvent l’intention de rejoindre l’Allemagne via la Croatie, la Slovénie puis l’Autriche. Un parcours où les frontières qui s’ouvrent sont une exception.Lire sur Les Décodeurs :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosLa Slovénie limite les entrées Environ 5 000 migrants provenant de Croatie avaient gagné la Slovénie, alors que 1 200 autres devraient encore arriver par le train dans la journée, selon le ministère de l’intérieur slovène.Le porte-parole du ministère Bostjan Sefic a expliqué la simple mécanique qui règne en ce moment dans les Ballans : l’Allemagne ayant annoncé qu’elle accepterait moins d’arrivées de migrants, l’Autriche a, en conséquence, demandé à la Slovénie de ralentir le flot des entrants.Lundi matin, plus d’un millier d’hommes, de femmes et d’enfants étaient ainsi bloqués à la frontière slovène, après avoir été empêchés d’entrer durant la nuit par les autorités du pays, qui craignent d’être débordées. « Nous donnons la priorité aux plus vulnérables », a expliqué Bojan Kitel, un porte-parole de la police. Environ 150 d’entre eux, principalement des familles avec enfants, ont été autorisés à traverser. La Slovénie et son voisin croate s’accusent mutuellement de la mauvaise gestion de l’afflux de migrants, trois jours après la fermeture par la Hongrie de sa frontière avec la Croatie. Bostjan Sefic s’est plaint de l’attitude de Zagreb : « La Croatie ignore nos demandes et nos plans » pour ralentir le nombre d’arrivées.« La Slovénie a d’abord dit qu’elle pourrait recevoir 8 000 migrants [par jour], puis 5 000, ensuite 2 500 et maintenant cela a été réduit à zéro, a estimé de son côté le ministre de l’intérieur croate, Ranko Ostojic. Cela veut dire que la totalité de la charge est laissée à la Croatie. »Lire aussi :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ?Le passage de la Slovénie à l’Autriche, voie la plus empruntéeDeux-mille six cents personnes sont entrées en Autriche depuis la Slovénie au cours du week-end, selon la police. Les autorités démentent les propos de leurs voisins slovènes, selon lesquels des restrictions ont été mises en place.« Il n’y a aucun contingentement, nous poursuivons la même politique que précédemment », a expliqué le ministère de l’intérieur. Vienne a assuré depuis la fin du mois d’août le transit quotidien vers l’Allemagne de plusieurs milliers de migrants, qui passaient jusqu’à présent par la Hongrie.Tension et violences xénophobes en Allemagne L’Europe et la Turquie ont récemment conclu un « plan d’action commun » avec la Turquie pour endiguer les flux migratoires. La voie maritime entre la Turquie et les îles grecques est devenue l’accès le plus emprunté par les migrants cherchant à rejoindre l’UE. Selon l’agence Frontex, plus de 710 000 personnes sont entrées illégalement en Europe entre le 1er janvier et le 30 septembre, contre 282 000 sur l’ensemble de l’année 2014.La grande majorité d’entre elles souhaitent aller en Autriche puis en Allemagne, pays qui s’attend à l’arrivée de plus d’un million de réfugiés sur l’ensemble de l’année 2015. La chancelière allemande, Angela Merkel, a, malgré les critiques, à de nombreuses reprises défendu sa politique de la porte ouverte. Parallèlement, la montée de l’extrême droite et les violences contre les foyers de réfugiés, notamment dans l’Est, se multiplient.Le pays est encore sous le choc de l’attaque au couteau pour des motivations « racistes » contre Henriette Reker, élue maire de Cologne, ville où elle supervisait jusqu’alors l’accueil des réfugiés. Le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, a eu des mots très durs pour dénoncer Pegida, qui doit manifester ce lundi à Dresde pour marquer son premier anniversaire.Lire aussi :Syrie, Erythrée, Afghanistan… ce que fuient migrants et réfugiés 19.10.2015 à 12h27 • Mis à jour le19.10.2015 à 13h21 | Raphaëlle Rérolle et Ariane Chemin Lundi 19 octobre, à Turin, un tribunal décidera si, oui ou non, Erri De Luca, 65 ans, l’écrivain italien le plus lu en France, est coupable d’« incitation au sabotage ».C’est l’épilogue d’une affaire qui remonte à septembre 2013. Dans un entretien au site italien du Huffington Post, Erri De Luca évoquait alors son combat contre le percement d’un tunnel de 57 kilomètres pour le futur TGV Lyon-Turin. Un projet, qui, depuis près de dix ans, dresse contre lui écologistes et habitants des vallées montagnardes, en particulier ceux du val de Suse, dans le Piémont italien, pour qui la montagne est bourrée d’amiante, les sources d’eau risquent de se tarir, la ligne traditionnelle est sous-utilisée et le futur tracé passera à 25 kilomètres de Lyon.L’écrivain alpiniste Erri De Luca, qui s’est placé sous les bannières « No TAV » (Treno Alta Velocità, l’équivalent du TGV), explique en 2013 au journal italien : « Les sabotages sont nécessaires pour faire comprendre que le TGV est une œuvre nuisible et inutile. »Lire aussi :L’expression libre d’Erri De LucaProcès pour « incitation à la délinquance »Cette phrase fait bondir les dirigeants de Lyon-Turin Ferroviaire (LTF), une société mixte franco-italienne installée à Chambéry, devenue Tunnel euralpin Lyon-Turin (TELT), présidée par un haut fonctionnaire français, et dont l’Etat français est directement actionnaire à 50 %. L’autre moitié appartient aux chemins de fer italiens (FS, Ferrovie dello State). Ils portent plainte pour « incitation à la délinquance ». L’offensive juridique s’appuie sur un article du code pénal italien, élaboré en 1930, qui punit l’instigation de crimes terroristes.Le romancier défend, lui, son droit à émettre une « opinion » et n’hésite pas à répéter : « La TAV doit être sabotée ». Au début de 2015, un long procès s’ouvre à Turin, dont l’audience, lundi, sera la cinquième et ultime.Lire aussi :Lyon-Turin : huit mois de prison requis contre Erri de Luca pour « incitation au sabotage »De nombreuses pétitions de soutienDepuis la fin de février, des pétitions se sont multipliées, françaises surtout, qui invoquent la « liberté d’expression » et réclament le retrait de la plainte à l’Etat français et à l’Etat italien, tous deux actionnaires.Ecrivains (Annie Ernaux, Daniel Pennac, Philippe Claudel), artistes (comme le sculpteur Daniel Buren), cinéastes (Pascale Ferran, Arnaud Desplechin, Jacques Audiard, Wim Wenders ou Costa-Gavras), acteurs (Isabelle Huppert, Mathieu Amalric), mais aussi près d’une centaine d’avocats (dont Georges Kiejman et Eric Dupond-Moretti) ont « signé » pour « Erri ». Tout comme Martine Aubry, la maire (PS) de Lille.Erri De Luca, militant d’extrême gauche avant d’être écrivainJugés scandaleux par la société ferroviaire, les propos d’Erri De Luca ne surprennent guère ceux qui le connaissent. Avant d’être un écrivain à succès, ce Napolitain solitaire fut un militant d’extrême gauche dans l’Italie des « années de plomb ».En 1968, à l’âge de 18 ans, l’enfant de la bourgeoisie du Sud rejoint le mouvement maoïste Lotta Continua, dont il devient un permanent, et même un responsable du « SO », le service d’ordre, à Rome. Sa formation n’a jamais prôné la violence et il échappe à l’époque à ce destin ; mais il est de cette « génération la plus emprisonnée d’Italie », comme il le dit.Lire aussi :Erri De Luca n’est pas prophète en son paysAriane CheminGrand reporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterRaphaëlle RérolleJournaliste au Monde 19.10.2015 à 04h35 • Mis à jour le19.10.2015 à 07h33 La chancelière allemande, Angela Merkel, effectuait une visite délicate d’une journée en Turquie dimanche 18 octobre, alors que l’Union européenne négocie avec son voisin pour qu’il maintienne sur son territoire une part plus importante des migrants qui fuient la guerre syrienne vers l’Europe. Mme Merkel a estimé avoir obtenu un progrès, en liant cette collaboration à une relance du processus d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, officiellement ouvert en 2005 et aujourd’hui au point mort. La chancelière souhaite voir s’ouvrir le chapitre économique et monétaire, ouvrant la voie à des facilités de visas.Mme Merkel s’est entretenue avec le président islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan, à deux semaines d’élections législatives dans lesquelles ce dernier, en dérive autoritaire, joue sa survie politique. La rencontre n’a pas eu lieu au grandiloquent palais présidentiel d’Ankara – plusieurs sources ont évoqué la gêne de Mme Merkel à cette idée. Mais les photographies de la rencontre, à Istanbul, restaient empruntes de la pompe néo-ottomane qui est devenue la signature de M. Erdogan.Cette rencontre a eu lieu trois jours après l’adoption lors d’un sommet de l’UE d’un « accord provisoire » avec la Turquie. Mme Merkel avait alors évoqué une aide de trois milliards d’euros de la part des Etats européens, un montant de nouveau évoqué dimanche, sans plus de précisions sur le calendrier de son versement ni sur ses garanties. Jeudi, Mme Merkel avait souhaité vérifier en Turquie « si les promesses faites [étaient] fiables ». La Turquie accueille déjà plus de 2 millions de réfugiés syriens et est destabilisée par la guerre à sa frontière.Lire aussi :Crise des réfugiés : l’UE contrainte de s’appuyer sur la TurquieLa Turquie au bord du gouffreSamedi, l’agression à l’arme blanche commise contre une candidate à la mairie de Cologne, en Allemagne, connue pour ses activités pour l’accueil des migrants, avait illustré la montée de la tension dans le pays, où 800 000 à un million de demandeurs d’asile sont attendus cette année. La candidate, Henriette Reker, gravement blessée et hospitalisée, a été élue dimanche avec plus de 52 % des voix. Lundi, pour son premier anniversaire, le mouvement islamophobe Pegida prévoit une grande marche dans son fief de Dresde.La visite de Mme Merkel a lieu durant une crise politique historique en Turquie. Le Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan cherche à récupérer la majorité absolue que lui ont refusée les électeurs lors des législatives de juin. M. Erdogan a depuis rouvert un conflit armé avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Les tensions politiques sont exacerbées et dans ce contexte, le 10 octobre, un double attentat a tué 102 manifestants pro-kurdes à Ankara : le pire évènement terroriste de l’histoire turque.Les partis d’oppositions, qui n’ont pu former un gouvernement de coalition avec l’AKP durant l’été, se sont peu exprimés sur cet accord avec l’UE, qui pourrait pourtant peser longuement sur l’avenir du pays.Lire l'éditorial du "Monde" :Migrants : ne pas tout céder à M. ErdoganOuverture de visas limitéeAprès son entretien avec M. Erdogan, Mme Merkel a affirmé que le processus de candidature de la Turquie à l’entrée dans l’Union allait connaître un nouveau « dynamisme ». Il s’agit d’une concession, pour une dirigeante qui s’est longtemps opposée à l’adhésion de la Turquie à l’Union. L’ouverture d’un chapitre de négociations économique et monétaire pourra permettre, a-t-elle dit, de travailler à la libéralisation du système de visas pour les Turcs souhaitant se rendre dans la zone Schengen de libre-circulation. Jeudi les dirigeants européens avaient insisté sur le fait que ces futures attributions de visas resteraient sévèrement encadrées, possiblement limitées aux visas d’affaire et étudiants.« Malheureusement, la Turquie a été laissée seule par la communauté internationale pour supporter ce fardeau » des réfugiés a déploré M. Davutoglu au sortir de sa rencontre avec Mme Merkel. « Nous sommes satisfaits qu’ils aient une meilleure approche maintenant. Le progrès constaté en matière de partage est très important ». Ankara avait d’abord qualifié le plan européen de simple « projet » au budget « inacceptable », estimant à au moins trois milliards d’euros ses besoins pour financer l’accueil des réfugiés la première année. La Turquie, qui a maintenu durant la guerre syrienne une politique de porte ouverte aux réfugiés, a déjà depensé sept milliards d’euros dans cette crise. Mme Merkel et M. Davutoglu se sont en outre inquiétés d’une « nouvelle vague » de réfugiés syriens de la région d’Alep (à la frontière avec la Turquie) où les forces du régime syrien avancent. 18.10.2015 à 20h12 • Mis à jour le19.10.2015 à 08h13 | Marie Maurisse (Genève, correspondance, avec AFP) Comme les sondages le prévoyaient, la droite fait une poussée au Parlement suisse dimanche 18 octobre à l’occasion des élections fédérales. Au Conseil national, l’équivalent de l’Assemblée nationale en France, le parti d’extrême droite Union démocratique du centre (UDC), déjà la première formation politique du pays, gagne 11 sièges par rapport à 2007, sur les 200 que compte cet organe législatif. A ce stade, l’UDC représente 29,5 % du Parlement, selon les projections de la chaîne de télévision RTS. « Le vote a été clair », a déclaré le président de l’UDC, Toni Brunner, à la télévision. « Les gens s’inquiètent de l’immigration de masse en Europe. »Lire aussi :En Suisse, la victoire attendue des populistes aux élections fédéralesL’autre grand gagnant des élections est le parti libéral-radical (PLR), qui gagne trois sièges, autour de 16 % des voix. Par ailleurs, même si le Parti socialiste suisse reste la deuxième force politique au Conseil national (18,9 % des voix), l’institution penche désormais un peu plus à droite. Pour le président du PS suisse, Christian Levrat, la législature sera sans aucun doute « un peu plus serrée ».Les Verts et les Verts libéraux subissent de leur côté une défaite cuisante en perdant respectivement 5 et 6 sièges au Conseil national. La coprésidente des Verts suisses, Adèle Thorens Goumaz, se dit « inquiète, car c’est le prochain Parlement qui devra voter la stratégie énergétique du pays… ». Questions sur la formation du gouvernementLe système de démocratie directe, qui permet aux Suisses de se prononcer lors de « votations » (référendums populaires) sur les grandes questions politiques, quelle que soit la composition de l’Assemblée fédérale, tend cependant à réduire l’importance du scrutin. Il y a vingt mois, en février 2014, les électeurs suisses ont voté à une courte majorité une « initiative » soutenue par l’UDC en faveur de la réintroduction de quotas d’immigration avec l’Union européenne. Ce résultat oblige le gouvernement à transformer cette initiative en loi dans un délai de trois ans.Le parti de droite ne compte qu’un ministre au sein du Conseil fédéral, le gouvernement helvétique, celui de la défense, de la protection de la population et des sports, Ueli Maurer. L’UDC aimerait y avoir un deuxième représentant. Au Conseil des Etats (chambre haute), qui compte 46 membres, l’UDC n’arrive qu’en quatrième position. L’Assemblée fédérale choisira en décembre les sept membres du Conseil fédéral.Lire aussi :Christoph Blocher, bulldozer populiste de la SuisseMarie Maurisse (Genève, correspondance, avec AFP)Journaliste au Monde 18.10.2015 à 15h02 • Mis à jour le18.10.2015 à 17h25 | Marie Maurisse (Genève, correspondance) Une poussée de la droite aux élections fédérales suisses semblait se confirmer, dimanche 18 octobre, selon les premières tendances après la clotûre du vote, la question de l’immigration ayant constitué la première préoccupation des électeurs.Comme tous les quatre ans, les Helvètes se sont rendus aux urnes pour renouveler leur Parlement, composé du Conseil national (équivalent de l’Assemblée nationale en France) et du Conseil des Etats (équivalent du Sénat). Pour ce dernier, un deuxième tour est prévu. Petite revue de ce qui a marqué la campagne et des enjeux de ces élections.Un basculement politique est-il possible ?La participation pourrait ne pas dépasser la barre des 50 %. La fameuse démocratie helvétique serait-elle en panne ? Dans le quotidien vaudois 24 Heures, l’ancien ministre Pascal Couchepin préfère dire qu’elle est « en crise ».Selon les estimations, la droite devrait voir sa présence renforcée au sein de l’organe législatif du pays, situé à Berne.Les populistes de l’Union Démocratique du Centre (UDC), première formation politique du pays avec 59 sièges sur 246 au total, devraient maintenir leur position, voire la renforcer quelque peu.Le parti d’extrême droite obtiendrait près de 29 % des suffrages, relève le dernier sondage réalisé par le quotidien gratuit 20 minutes.Lire aussi :Christoph Blocher, bulldozer populiste de la SuisseUne poussée du Parti libéral radical (PLR) est également prévue, même si le Parti socialiste resterait la deuxième force politique à Berne.« En Suisse, on ne s’attend pas à un basculement politique lors des élections, explique Pascal Sciarini, politologue à l’université de Genève. Mais les petits changements peuvent faire de grandes différences. Si le centre de gravité du Parlement se déplace vers la droite, cela aura forcément des conséquences sur la politique intérieure, notamment sur les thématiques énergétiques, économiques, fiscales, mais aussi sur l’immigration. »Quels ont été les sujets principaux de la campagne ?Malgré des budgets publicitaires toujours en hausse (12,5 millions de francs suisses, soit 11,5 millions d’euros dépensés par les partis d’après le baromètre des médias du service public) et le clip décalé de l’UDC, qui a défrayé la chronique, la campagne est restée désespérément morne, se sont lamentés les commentateurs.« La Suisse bâille, écrivait Yves Petignat dans le quotidien romand Le Temps au mois de septembre. La Suisse, qui a tout, aimerait simplement moins ; moins d’étrangers, moins de réfugiés, moins de passagers dans les trains, moins d’impôts, moins de rapidité dans les changements, moins de contraintes, moins d’Europe. »En fait, ce sont les problématiques liées à l’asile qui ont entièrement dominé la campagne 2015. D’abord parce que la crise des migrants est au cœur de l’actualité. Mais aussi parce que les populistes de l’UDC ont centré leur discours sur cette question, en réclamant des contrôles accrus aux frontières.Pour le politologue Pascal Sciarini, les voix supplémentaires éventuellement gagnées par l’UDC n’auront toutefois qu’une influence mineure sur la politique extérieure du pays.Le 9 février 2014, les Helvètes avaient voté par référendum le rétablissement des quotas migratoires – ce qui est contraire au principe de la libre-circulation. Mais le gouvernement, mis sous pression par Bruxelles qui refuse de transiger sur les fondements de l’espace Schengen, peine à appliquer cette nouvelle loi.« Sur ce sujet, nous sommes dans une impasse, pense Pascal Sciarini. Selon moi, qu’il y ait des députés UDC en plus à Berne ne change rien : nous dépendons de la Commission européenne, qui décidera si elle accepte plus de flexibilité vis-à-vis du statut de la Suisse, ou pas. »Les populistes de l’UDC vont-ils prendre du poids au sein du Conseil fédéral ?Seule la réélection du pouvoir exécutif du pays, le Conseil fédéral, prévue début décembre, éveille quelque peu l’intérêt de la population : l’UDC, qui détient déjà le portefeuille de la défense, de la protection de la population et des sports, obtiendra-t-elle un deuxième ministre, sur les sept que compte cette institution ? Pour le savoir, il faudra toutefois attendre la fin de l’année, quand l’Assemblée fédérale (Assemblée et Sénat) choisira les sept membres du gouvernement.Les principaux partis du pays (UDC, PS, PLR et le PDC, le Parti démocrate chrétien) sont représentés au gouvernement selon le système dit de la « formule magique ». Cette équation instaurée en 1959 (2 PS, 2 PLR, 2 PDC et 1 UDC), avait été modifiée en 2003 lorsque l’UDC a obtenu un siège supplémentaire au Conseil fédéral au détriment du PDC.Il l’a ensuite perdu en 2007 suite aux polémiques autour de son dirigeant controversé Christoph Blocher. C’est Mme Eveline Widmer-Schlumpf, une élue PBD, le Parti bourgeois démocratique, un mouvement dissident de l’UDC, qui est élue sur un siège UDC.Marie Maurisse (Genève, correspondance)Journaliste au Monde 17.10.2015 à 18h38 • Mis à jour le18.10.2015 à 16h52 Henriette Reker, candidate à la mairie de Cologne, a été poignardée, samedi 17 octobre, sur un marché où elle faisait campagne. La femme politique se trouvait sur un stand d’informations de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), le parti d’Angela Merkel qui la soutient pour l’élection, quand elle a été attaquée par un homme qui l’a grièvement blessée au cou.Mme Reker, 58 ans, souffre de « blessures sérieuses », mais son état est satisfaisant, a annoncé l’hôpital où elle a été admise. Selon les médecins qui l’ont soignée, elle ne devrait pas souffrir de séquelles et devrait pouvoir assurer les fonctions de maire, si elle est élue à ce poste dimanche.Ancien membre d’un parti d’extrême droiteL’agresseur, interpellé juste après les faits, est un Allemand de 44 ans, chômeur de longue durée. Une première expertise psychiatrique a déterminé qu’il « n’y a pas d’indications permettant d’exclure [s]a responsabilité pénale ». Les autorités veulent par ailleurs le poursuivre pour tentative de quatre meurtres, le suspect ayant blessé, outre la candidate Henriette Reker, trois autres personnes avant d’être arrêté.Samedi, la police a indiqué que le suspect avait « dit qu’il avait commis cet acte avec une motivation raciste ». Selon le quotidien régional Kölner Stadtanzeiger, l’agresseur a ainsi déclaré aux enquêteurs que « Recker et Merkel nous inondent d’étrangers et de réfugiés ».Si la police a déclaré qu’il n’était « pas actif politiquement », l’hebdomadaire Spiegel écrit sur son site que l’homme, originaire de Bonn, était membre au début des années 1990 d’un parti d’extrême droite allemand interdit depuis. Selon les enquêteurs, il n’avait plus de contact avec cette mouvance mais aurait été repéré pour ses commentaires xénophobes sur divers forums sur Internet.Lire :Rencontre avec un dirigeant néonazi allemandMme Reker est notamment chargée de l’accueil des réfugiés à la ville de Cologne. Soutenue par la CDU, les libéraux du FDP mais aussi les Verts, elle est l’une des prétendantes les plus sérieuses à la mairie de la quatrième ville d’Allemagne (980 000 habitants) à l’élection.« Stupeur » de MerkelAngela Merkel a « exprimé sa stupeur » et condamné cet acte, tandis que le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, s’est déclaré « profondément choqué » par cette attaque « effroyable et lâche ». Dans la soirée, des responsables politiques régionaux de tous bords et des habitants de Cologne ont formé une chaîne humaine « contre la violence » devant l’hôtel de ville.L’Allemagne attend cette année quelque 800 000 demandeurs d’asile, un record historique. Mais la politique d’ouverture aux réfugiés de la chancelière suscite de vives critiques de toutes parts, y compris dans ses propres rangs. Mme Merkel se rendait dimanche en Turquie, deux jours après l’annonce d’un accord entre ce pays et l’Union européenne sur les migrants.Lire aussi :Réfugiés : Angela Merkel de plus en plus isolée en Allemagne 16.10.2015 à 15h25 • Mis à jour le16.10.2015 à 15h59 « Plus de deux, mais nettement moins de dix. » L’enquête pénale en cours en Allemagne sur les moteurs truqués du constructeur automobile Volkswagen a identifié « nettement moins de dix » salariés du groupe de Wolfsburg responsables de la supercherie, a déclaré, vendredi 16 octobre, le magistrat Klaus Ziehe, porte-parole du parquet de Brunswick.Lire aussi :Six clés pour comprendre le scandale qui secoue VolkswagenMercredi, le magazine Der Spiegel avait fait état d’un cercle « d’au moins 30 personnes » impliquées dans l’installation sur un type de moteur diesel du logiciel capable de fausser les résultats des tests antipollution. Volkswagen avait déjà rejeté ce chiffre le jour même comme « sans aucun fondement ».Quatre personnes mises à piedLe nouveau patron de Volkswagen, Matthias Müller, a pour sa part évoqué la semaine dernière la mise à pied de quatre personnes, « dont trois directeurs responsables à différentes époques du développement des moteurs », sans en révéler l’identité.La presse allemande a identifié le chef du développement de la filiale Audi, Ulrich Hackenberg, et son homologue chez Porsche, Wolfgang Hatz, mais Volkswagen n’a pas confirmé.Outre l’enquête pour fraude de la justice allemande, Volkswagen mène une investigation en interne sur l’affaire, et a mandaté un cabinet d’avocats américain pour l’aider à faire la lumière sur les faits.Volkswagen a admis le mois dernier que 11 millions de véhicules dans le monde avaient été équipés du logiciel fraudeur.Lire aussi :Volkswagen peut-il survivre au scandale ? 27.10.2015 à 16h51 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Le tribunal de l’Union européenne, à Luxembourg, a décidé d’annuler les sanctions visant, depuis mars 2014, les fonds d’Andrey Portnov, un conseiller du président ukrainien déchu Viktor Ianoukovitch. Le Conseil européen avait décidé de bloquer les avoirs de M. Portnov en raison du lancement à son encontre, par les nouvelles autorités de Kiev, d’une enquête pénale sur des détournements de fonds publics et leur transfert hors d’Ukraine. Il avait demandé à la justice européenne l’annulation de son inscription sur la liste des sanctions. Le tribunal lui a donné raison, estimant que la base de l’accusation portée contre lui (une lettre du 3 mars 2014 du procureur général d’Ukraine) était insuffisante. Les juges luxembourgeois ont estimé que les éventuelles responsabilités de M. Portnov n’étaient pas établies. Le Conseil avait d’ailleurs décidé lui-même de radier l’intéressé de sa liste des sanctions en mars 2015.Décision du Conseil désavouéeUne quinzaine d’autres recours ont été introduits par des responsables ukrainiens – et une dizaine par des Russes – suite aux décisions du Conseil en réponse à la crise ukrainienne et à l’annexion de la Crimée par la Russie. Des sociétés russes réclament également l’annulation des mesures qui les visent.Contraint à la rapidité pour éviter que les personnes concernées anticipent les sanctions qui pourraient les viser, le Conseil est régulièrement désavoué par les juges de Luxembourg. Lesquels déplorent que les sources utilisées soient parfois peu fiables, impossibles à identifier, ou inexistantes.Des décisions du Conseil ont été cassées dans divers autres dossiers liés à la lutte contre le terrorisme ou, récemment, à la Biélorussie. Le tribunal a notamment annulé une décision du Conseil visant le propriétaire et les sociétés détenant le club de football du Dynamo Minsk.Concernant l’Ukraine, les juges de Luxembourg devraient rendre une série de décisions avant la fin de l’année. Elles pourraient être favorables à plusieurs requérants : les premières listes de sanctions ont parfois été décidées sur la base d’informations insuffisamment étayées.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Benoît Vitkine Parmi les pays d’Europe occidentale, la France s’illustre par une extrême frilosité vis-à-vis de l’accueil des migrants, alors que les arrivées récentes et importantes ne la concernent pas au premier chef. Tel est le principal enseignement d’une vaste enquête menée par l’Institut français d’opinion publique (Ifop) dans sept pays européens – France, Pays-Bas, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Espagne et Danemark – pour le compte de la Fondation Jean-Jaurès et de la Fondation européenne d’études progressistes, et dont Le Monde publie les résultats.Lire aussi :Plus de 700 000 migrants ont traversé la Méditerranée cette année selon l’ONUL’accueil n’est pas vu comme un « devoir »Les Français sont ainsi les plus nombreux (46 %, autant que les Britanniques) à rejeter l’idée selon laquelle « c’est le devoir de notre pays que d’accueillir des migrants qui fuient la guerre et la misère ». Ils sont 39 % en Espagne, 36 % en Italie et seulement 21 % en Allemagne, pays qui apparaît tout au long de l’étude particulièrement ouvert à l’accueil. Les Français sont aussi 63 % à considérer que « notre pays compte déjà beaucoup d’étrangers ou de personnes d’origine étrangère et accueillir des immigrés supplémentaires n’est pas possible », soit autant que les Italiens et les Néerlandais. À titre de comparaison, 48 % des Espagnols et 33 % des Allemands partagent cette opinion. Lire aussi :« En France, l’extrême droite a réussi à imposer l’idée d’une immigration invasive »Priorité aux contrôles aux frontières plutôt qu’à l’aide au développementUn autre indicateur illustre encore plus fortement cette frilosité française. Les sondés français sont les seuls à préconiser, comme première solution à la crise actuelle, un renforcement des contrôles aux frontières (30 %), alors que dans l’ensemble des pays étudiés, les opinions plébiscitent plutôt « l’aide au développement et à la stabilisation des pays du sud de la Méditerranée afin de fixer les populations sur place ». Cette dernière solution est choisie par seulement 29 % des Français. Les opinions européennes sont en revanche beaucoup plus divisées sur la question d’une répartition des migrants entre les différents pays de l’Union. Cette solution, adoptée à Bruxelles en septembre pour un premier contingent de 160 000 demandeurs d’asile, n’est acceptée que par 48 % des Néerlandais, 46 % des Français et 44 % des Britanniques. De façon guère surprenante, l’Allemagne, premier objectif des réfugiés en Europe, et l’Italie, première porte d’entrée dans l’UE avec la Grèce, plébiscitent cette option à respectivement 79 % et 77 %. Des doutes sur les effets économiquesPour la Fondation Jean-Jaurès, c’est moins un impératif moral qui détermine les positionnements vis-à-vis de l’accueil que des considérations économiques. Tous les pays, hormis l’Allemagne, doutent de leur capacité financière à accueillir les migrants et sont sceptiques sur les bénéfices d’un tel accueil en termes de croissance économique. 78 % des Italiens, 73 % des Français et 64 % des Espagnols estiment que leur pays n’a pas les ressources pour accueillir des migrants, contre 31 % des Allemands.Ceux-ci sont également 55 % à voir dans l’accueil des migrants une « opportunité » pour l’économie, contre 25 % des Français. Un consensus se dégage en revanche au niveau européen sur l’idée d’un risque d’« appel d’air » en cas d’accueil des migrants « en nombre important ». Cette crainte concerne entre 69 % et 80 % des personnes interrogées. Autre inquiétude largement partagée d’un bout à l’autre du continent, entre 64 % (en Allemagne) et 85 % (aux Pays-Bas) des Européens pensent que « parmi les très nombreux migrants qui arrivent actuellement en Europe se trouvent également des terroristes potentiels ». Une opinion allemande qui s’est mise à douterL’Allemagne se distingue par ses positions particulièrement favorables à l’accueil des migrants. Mais le sondage confirme le doute qui envahit peu à peu l’opinion allemande. Lors d’une première enquête, réalisée du 16 au 22 septembre, 79 % d’entre eux étaient favorables à l’accueil de réfugiés en Allemagne. Trois semaines plus tard (du 12 au 14 octobre), dans une deuxième enquête, ils sont un peu moins nombreux : 75 %.Lorsque l’on entre dans le détail, l’évolution est encore plus nette. Fin septembre, 69 % des Allemands jugeaient que leur pays avait les moyens d’accueillir ces réfugiés. 55 % pensaient même que c’est une opportunité à saisir. Mi-octobre, chacun de ces deux indicateurs a perdu dix points.72 % des Allemands souhaitent en septembre que les migrants repartent dans leur pays quand la situation le permettra. Trois semaines plus tard, ils sont 80 % à l’espérer. Et le pourcentage de ceux qui pensent qu’« il y a déjà beaucoup d’étrangers en Allemagne » est passé de 33 % à 44 % entre les deux enquêtes. Lire aussi :Le scepticisme croissant des Allemands sur l’accueil des réfugiésDe gros clivages droite-gaucheAu-delà des différences nationales, la prégnance, voire la réactivation des clivages traditionnels droite-gauche est l’autre grande conclusion qui s’impose à la lecture des résultats de cette enquête. On observe en moyenne un écart de 30 à 40 points sur la question de l’accueil et de la répartition entre sympathisants de gauche et de droite.En France, les réponses « favorable » atteignent 70 % chez les sympathisants de gauche, contre 29 % chez ceux de droite. L’Allemagne, dirigée par un gouvernement de coalition, se distingue ici encore avec un écart de seulement 18 points. Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.10.2015 à 11h27 • Mis à jour le26.10.2015 à 11h58 Des excuses qui n’en sont pas vraiment. L’ancien premier ministre travailliste britannique Tony Blair a réitéré des excuses partielles pour la guerre en Irak, tout en reconnaissant une certaine responsabilité dans la montée en puissance de l’organisation de l’Etat islamique (EI), dans une interview accordée à CNN, dimanche 25 octobre.Ce mea culpa tombe à point nommé pour la presse britannique qui fait le lien entre ces déclarations et les conclusions de la commission Chilcot, qui enquête sur l’engagement controversé du Royaume-Uni dans cette guerre, et qui doit annoncer d’ici début novembre un calendrier de publication.« Tony Blair est au courant des accusations qu’il va devoir affronter », explique le journaliste de la BBC Robin Brant, pour qui l’ancien premier ministre s’excuse « pour des faits qu’il avait déjà publiquement regretté par le passé ». L’élément le plus significatif de son interview étant « le lien entre la chute de Saddam et la montée en puissance de l’Etat islamique ».Lire aussi :Les excuses très partielles de Tony Blair sur la guerre en Irak« Le pays attend toujours la vérité »Le rapport de la commission Chilcot devrait notamment « critiquer l’utilisation des informations des services de renseignement suggérant que Saddam était en possession d’armes de destruction massive », note le Guardian, précisant que Tony Blair « prépare le terrain avant la publication des conclusions de cette enquête ».Une analyse partagée par la première ministre écossaise Nicola Sturgeon qui dénonce dans les colonnes de The Independent une opération de communication, ajoutant que le « pays attend toujours de connaître la vérité ».The Blair spin operation begins but the country still awaits the truth. The delay to Chilcot report is a scandal. https://t.co/pPhRcZzGrc— NicolaSturgeon (@Nicola Sturgeon)require(["twitter/widgets"]);Tony Blair s’est excusé « pour les erreurs commises dans la planification de la guerre en Irak et pour le manque d’anticipation de ce qui pouvait arriver si on éliminait le régime de Saddam Hussein ». Il a également demandé pardon « pour avoir utilisé des renseignements erronés », faisant allusion à l’existence d’« armes de destructions massives » irakiennes qui ont permis de justifier l’intervention de la coalition.Mais « je trouve difficile de s’excuser d’avoir démis Saddam. Encore aujourd’hui en 2015, je trouve que c’est mieux qu’il ne soit plus là », a soutenu l’ex-premier ministre britannique. Interrogé pour savoir s’il faisait un lien entre la chute du dictateur irakien et la montée en puissance de l’Etat islamique, Tony Blair a toutefois reconnu qu’il y avait des « éléments de vérité » dans cette assertion.MAIL ON SUNDAY FRONT PAGE: 'I'm sorry' #skypapers https://t.co/S26wgQZomV— SkyNews (@Sky News)require(["twitter/widgets"]);« Dix ans trop tard »Réagissant à ces déclarations, des familles de soldats britanniques ont fait part de leur « révulsion » dans les colonnes du journal The Telegraph. Reg Keys, dont le fils a été tué en Irak en 2003, estime que l’ancien premier ministre devrait simplement présenter ses « excuses pour des morts qui n’étaient pas nécessaires. La raison pour laquelle nous sommes partis en guerre était la présence d’armes de destruction massive et non pour écarter Saddam du pouvoir […] A l’évidence, il anticipe les conclusions du rapport ».Le tabloïd Daily Mirror, qui a également fait sa Une sur les déclarations de Tony Blair, dénonce de son côté des excuses qui arrivent « dix ans trop tard ».Grieving mum and MPs slam Tony Blair's Iraq war apology as spin ..... https://t.co/A2tZ7JI15F @Jack_Blanchard_ https://t.co/XVgbXP56L4— ukpapers (@Daily Papers)require(["twitter/widgets"]);A l’époque, un rapport britannique était venu renforcer les études de la CIA, qui soupçonnait l’Irak de Saddam Hussein d’avoir détourné de l’uranium nigérian à des fins militaires.Mise en place en 2009 par le premier ministre travailliste de l’époque Gordon Brown, la commission Chilcot n’a toujours pas rendu ses conclusions alors qu’elle était initialement censée les produire dans un délai d’un an. Le report de sa publication est dû à la très britannique procédure de « maxwellisation », explique le Guardian, qui veut que toute personne étant critiquée dans un rapport officiel puisse avoir accès à celui-ci avant sa publication, afin d’avoir la possibilité de fournir des contres-arguments. Alain Salles (Varsovie, envoyé spécial) et Jakub Iwaniuk (Varsovie, correspondance) Quand les militants du parti conservateur polonais Droit et justice s’étaient réunis, le 25 mai, pour fêter la victoire surprise de leur candidat à la présidentielle, Andrzej Duda, la foule s’était mise à scander : « Beata, Beata ». Ils acclamaient une figure discrète, députée et trésorière du parti, qui venait de diriger cette campagne victorieuse. Personne n’imaginait alors que Beata Szydlo eût des chances, quelques mois plus tard, de devenir première ministre.Cinq mois plus tard, dimanche 25 octobre, quand les mêmes militants rassemblés au siège du PiS ont appris le résultat des élections législatives, ils ont crié : « Jaroslaw, Jaroslaw ». Et le président du parti, Jaroslaw Kaczynski, a pris longuement la parole. Quand est venu le tour de Beata Szydlo, elle a aussitôt félicité « Jaroslaw » pour la victoire.Lire nos informations :Pologne : la droite conservatrice remporte les élections législativesC’est le tout-puissant président du parti qui l’a choisie pour mener cette bataille. Elle avait le profil idéal pour affronter la première ministre de la Plateforme civique, Ewa Kopacz, qui devait elle-même son poste à Donald Tusk, devenu président du Conseil européen. Elle a employé les mêmes méthodes que pendant la campagne présidentielle : sillonner la Pologne à l’écoute des déçus du miracle économique, présenter un visage modéré à ceux qui ne votent pas spontanément PiS, tout en rassurant l’électorat traditionnel. Mission accomplie.Rien ne prédisposait cette figure relativement peu connue de la scène politique polonaise à occuper une telle position. Beata Szydlo est née en 1963 dans une famille de mineurs du sud de la Pologne, tout près d’Oswiecim (Auschwitz), région qu’elle continue de défendre activement alors que le gouvernement d’Ewa Kopacz avait annoncé un plan de restructuration qui prévoit la fermeture de plusieurs mines.Après des études d’ethnographie à l’université Jagellon de Cracovie, elle travaille au musée d’histoire de la ville. Au département du folklore, elle s’est notamment occupée du concours annuel des crèches de Noël. La religion n’est jamais loin pour les membres du PiS : Beata Szydlo a deux grands fils dont l’un est en quatrième année de séminaire.Une modérée à l’écart des plateaux de télévision La probable future première ministre s’engage en politique comme conseillère départementale, puis à 35 ans, en 1998, elle est élue maire de Brzeszcze, sa ville natale. Elle le restera jusqu’en 2005, quand elle devient députée. Elle reste longtemps en retrait, loin des échauffourées politiques et des caméras. En 2010, elle devient vice-présidente du parti.A la commission des finances du Parlement, elle est une députée assez respectée par les élus de la PO, car elle fait partie des modérés de PiS. Pendant la campagne, elle a évité la surenchère sur la question des réfugiés – contrairement à MM. Kaczynski et Duda – tout comme les théories du complot sur le crash de Smolensk, qui coûta la vie en 2010 au président Lech Kaczynski, frère de Jaroslaw. Cela ne l’empêche pas d’être très loyale envers le président du parti. Un clip de campagne de ses opposants de la Plateforme civique se moquait d’elle, la montrant en train de répéter sans arrêt « le président a toujours raison ».Jakub Iwaniuk (Varsovie, correspondance)Journaliste au MondeAlain Salles (Varsovie, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.10.2015 à 03h33 • Mis à jour le26.10.2015 à 11h04 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Ce n’est pas ce nouveau rendez-vous bruxellois qui allait résoudre la crise des migrants qui menace de déstabiliser l’Europe. Mais le « mini-sommet » bruxellois de dimanche 25 octobre, consacré à la route des Balkans occidentaux qu’empruntent des milliers de réfugiés syriens, irakiens ou afghans, a eu au moins le mérite de mettre tous les dirigeants concernés autour de la table.En réunissant dix Etats membres de l’Union ainsi que la Serbie, la Macédoine et l’Albanie, le but du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, était surtout de faire baisser la tension, très forte, entre les pays de la région qui s’accusent mutuellement d’être responsables de l’arrivée de milliers de demandeurs d’asile sur leur territoire. M. Juncker voulait aussi éviter que d’autres pays suivent l’exemple de la Hongrie de Viktor Orban, qui a fermé ses frontières avec la Serbie et la Croatie et a lancé dimanche : « Je viens ici en observateur. »Dans un premier temps, le premier ministre hongrois a reçu l’appui de la Croatie, de la Roumanie et de la Bulgarie, qui refusaient tout projet de conclusion, estimant qu’on allait trop loin dans les engagements exigés de leur part pour cesser de renvoyer les migrants vers les Etats voisins.30 000 places d’accueil cette année en Grèce Après des conversations et un dîner qui s’est éternisé, les dirigeants sont tombés d’accord au début de la nuit sur une déclaration finale. Elle envisage le déploiement immédiat d’un contingent de 400 gardes-frontières en Slovénie, qui a officiellement demandé l’aide de Bruxelles. Le pays a lancé un nouveau cri d’alarme dimanche, après l’arrivée de 15 000 réfugiés. Il avait récemment menacé d’ériger à son tour une barrière si l’UE ne lui apportait pas un soutien suffisant. Lors de son arrivée à Bruxelles, le premier ministre du petit Etat alpin, Miro Cerar, a évoqué le risque d’une implosion de l’Europe si elle n’arrivait pas à gérer la crise.La Grèce, difficile à convaincre, s’est engagée à proposer 30 000 places d’accueil cette année et 20 000 plus tard – contre 7 000 à 10 000 environ aujourd’hui – pour « retenir » les migrants qui continuent à vouloir partir vers l’Allemagne et la Suède et contribuer ainsi à réduire le flot arrivant sur la route des Balkans. Athènes recevra une aide financière du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies et de l’Union européenne. Le HCR s’engage aussi à créer 50 000 autres places d’accueil dans les Balkans.Lire aussi :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ?L’absence de la Turquie déploréeLe premier ministre grec, Alexis Tsipras, appuyé par d’autres délégations, a toutefois déploré l’absence de la Turquie aux débats de dimanche, soulignant que, si le corridor emprunté par les réfugiés aboutissait en Grèce, son entrée était bel et bien chez son voisin turc. Le « plan d’action » avec Ankara, approuvé par les dirigeants de l’Union le 15 octobre, est en négociation. Il prévoit le versement d’une aide 3 milliards d’euros et la libéralisation du régime des visas pour une partie des ressortissants turcs. Personne n’imagine toutefois une solution rapide, d’autant que des élections législatives jugées cruciales pour le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan auront lieu le 1er novembre.Une ligne téléphonique directe entre les cabinets des dirigeants de tous les pays concernés devrait aussi être rapidement établie, pour qu’ils puissent se tenir informés en temps réel des mouvements de réfugiés et mieux les anticiper. Une évaluation hebdomadaire de la situation sera effectuée en commun.Les dirigeants présents au mini-sommet de Bruxelles sont également convenus d’une coopération pratique pour faciliter les réadmissions des déboutés du droit d’asile par les pays tiers. Le texte mentionne encore une action plus ferme contre les « mouvements secondaires », à savoir le passage de réfugiés et de migrants d’un pays à l’autre. Une action plus vigoureuse – réclamée par une majorité de pays – est également promise, en mer et aux frontières terrestres.Le texte stipule également qu’un demandeur d’asile qui refuserait d’accomplir les formalités en vue d’obtenir une protection internationale pourrait se voir refuser l’entrée dans le pays concerné et perdre ses droits à une protection.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.10.2015 à 21h35 • Mis à jour le26.10.2015 à 10h20 | Jakub Iwaniuk (Varsovie, correspondance) Les conservateurs eurosceptiques du parti Droit et Justice (PiS) ont obtenu, dimanche 25 octobre, la majorité absolue aux élections législatives polonaises, selon des projections de trois chaînes de télévision publiées dimanche soir. Droit et Justice obtient 38 % des voix, ce qui lui donne 238 sièges de députés (sur 460), selon ces projections communes fondées sur des résultats affichés dans un échantillon de bureaux.Les libéraux centristes de la Plateforme civique (PO) de la première ministre sortante Ewa Kopacz obtiendraient 23,4 %, soit 135 sièges. Mme Kopacz a reconnu la défaite de son parti. La participation s’élevait à 51,6 %. Ces pronostics ne seront officiellement confirmés que mardi soir, la marge d’erreur étant de 2 %.Le parti conservateur catholique PiS, présidé par Jaroslaw Kaczynski, pourrait gouverner seul la Pologne. Centralisation du pouvoir, politique sociale, souverainisme économique constituent les grandes lignes d’un futur gouvernement conservateur, que devrait diriger la députée, Beata Szydlo.Lire aussi :La droite conservatrice est prête à revenir au pouvoir en Pologne Des pouvoirs renforcés pour le présidentDroit et justice (PiS) veut un renforcement de l’exécutif, notamment du rôle du président, mais aussi du premier ministre, afin de mettre en place un système de pouvoir plus centralisé. Il souhaite une plus grande influence du président sur le système judiciaire (d’où des accusations de non-respect de la séparation des pouvoirs), sur les médias publics et les services secrets. Concernant la justice, l’une des mesures phares est de fusionner les rôles de ministre de la justice et de procureur général.Des aides sociales coûteusesLe PiS qui est un parti social conservateur, a multiplié les promesses pendant la campagne pour arriver à un programme social très coûteux qui est évalué entre 40 et 60 milliards de zlotys (9 à 14 milliards d’euros) : baisse de l’âge de départ à la retraite à 60 ans pour les femmes, 65 ans pour les hommes (aujourd’hui à 65 et 67), maintien des régimes spéciaux (juges, procureurs, agriculteurs…), médicaments gratuits pour les personnes de plus de 75 ans, allocation familiale de 500 zlotys par mois et par enfant…Lire aussi :En Pologne, une croissance forte mais mal répartieLa religion au baccalauréatDans l’éducation, le PiS veut supprimer les collèges pour revenir à l’ancien système de huit ans d’école primaire et de quatre ans de lycée. Sans revenir complètement sur la décision du gouvernement Tusk d’abaisser l’âge obligatoire d’entrée à l’école de 7 à 6 ans, le PiS veut proposer le libre choix aux parents de mettre ou non leurs enfants à l’école à 6 ans. Proche de l’Eglise, le PiS pourrait être tenté de satisfaire une de ses demandes en faisant de la religion une épreuve du baccalauréat : « La religion devrait pouvoir être une matière du bac. Puisque l’on peut passer son bac dans autant de matières exotiques que l’histoire de la danse ou l’histoire de l’art, alors pourquoi ne devrait-il pas y avoir de religion ? » a affirmé la porte-parole du PiS, Elzbieta Witek, qui est pressentie comme ministre de l’éducation.Une « repolonisation » de l’économieLa politique économique du PiS est largement inspirée de la politique « non orthodoxe » de Orban : taxation des supermarchés et des banques (qui appartiennent en grande partie à des capitaux étrangers) en instaurant une préférence nationale, taxe sur les institutions financières et renationalisation de certaines banques. PiS parle de « réindustrialisation » et de « repolonisation » de l’économie, qui laissent sceptiques de nombreux économistes. La politique globalement étatiste, avec le renforcement du contrôle sur les entreprises partiellement publiques. Le PiS prévoit aussi une baisse de l’impôt sur les société de 19 à 15 %.Lire aussi :Election en Pologne : l’usure de la droite libéraleAucun compromis sur le climatLe PiS devrait mener une politique souverainiste et davantage pro-américaine. Il veut renforcer la présence des troupes américaines sur le sol polonais. Le PiS a critiqué fortement le contrat signé avec Airbus pour 50 hélicoptères Caracal, en marquant sa préférence pour les américains de Sikorski Aircraft, qui ont des usines en Pologne.A Bruxelles, le Pis défendra deux dossiers sensibles. Sur la question de la vente des terres agricoles, le PiS veut « protéger strictement » les propriétés polonaises contre les achats par les étrangers. Le PiS n’est prêt à aucun compromis sur la politique climatique, au nom de la défense de l’industrie du charbon sur laquelle repose l’essentiel de l’énergie polonaise. Globalement, Varsovie devrait refuser tout transfert de souveraineté supplémentaire et freiner autant que possibles des avancées fédérales. Le PiS s’est également opposé à la mise en place de quotas pour les réfugiés.Lire aussi :Pologne : la fin du bon élève européen ?Jakub Iwaniuk (Varsovie, correspondance)Journaliste au Monde 25.10.2015 à 11h27 • Mis à jour le25.10.2015 à 16h59 | Alain Salles (Czestochowa, Varsovie, envoyé spécial) Ahmed Bikes est syrien, kurde et polonais. Il est venu en Pologne pendant le communisme, quand les relations entre le régime Assad (père) et l’URSS et ses pays satellites étaient au beau fixe. Il est arrivé en 1985 pour étudier le cinéma à Lodz. Il a circulé entre la Pologne, Berlin-Est et Paris, où il a obtenu l’asile politique en 1988, « grâce au soutien de Danielle Mitterrand aux Kurdes », se souvient-il avec émotion. il est aujourd’hui citoyen polonais, propriétaire de plusieurs bars et restaurant à Czestochowa, dans le sud de la Pologne. Il est marié à une Polonaise. Son fils fait des études pour être pilote de ligne. Il parle parfaitement polonais et il emploie environ 80 personnes. On peut difficilement être plus intégré. A lui seul, il est un démenti de la peur de l’autre qu’on prête aux Polonais.Depuis la fin de l’été et la crise des réfugiés, il a pourtant découvert une autre Pologne. Pendant la campagne pour les élections législatives et sénatoriales dimanche 25 octobre, la droite polonaise s’est lancée dans une surenchère contre les réfugiés. A commencer par le parti qui a de grandes chances de revenir au pouvoir, Droit et justice (ou PiS – pour Prawo i Sprawiedliwość). Son tout-puissant président, Jaroslaw Kaczynski, a parlé du « choléra qui sévit déjà sur les îles grecques, de dysenterie à Vienne et de toutes sortes de parasites qui chez ces gens peuvent ne pas être dangereux mais qui peuvent l’être pour les populations locales ».Surenchère verbale« Voulez-vous qu’on ne soit plus les maîtres dans notre propre pays ? Les Polonais ne le veulent pas et le PiS ne le veut pas non plus », a lancé M. Kaczynski, qui a également parlé des territoires où régnerait la charia en France et en Suède. La candidate du PiS au poste de premier ministre, Beata Szydlo, qui adopte un ton modéré pendant la campagne, s’est contentée de parler de la « peur » des Polonais lors des débats télévisés. Mais le président, Andrzej Duda, a suivi les leçons de son mentor sur l’accueil des migrants après la décision du gouvernement polonais de ne pas s’opposer aux mesures de répartition des réfugiés dans l’Union européenne, qui prévoit l’accueil de quelque 7 000 personnes en Pologne, pays de 38 millions d’habitants. « Si le gouvernement est d’accord, il devrait pouvoir dire s’il est prêt à faire face à toutes les circonstances, c’est-à-dire si les Polonais sont bien protégés contre des risques épidémiologiques », a déclaré le président Duda, une semaine avant les élections.Lors du débat télévisé avec l’ensemble des partis, le candidat populiste Pawel Kukiz expliquait qu’il ne fallait pas « parler de réfugiés mais de migrants économiques » en se demandant s’il fallait vraiment « accueillir des terroristes ». Le chef de l’extrême droite, Janusz Korwin-Mikke, qui avait fait scandale en expliquant qu’Hitler n’était pas au courant des camps d’extermination et avait fait un salut nazi au Parlement européen, a ironisé sur les « camps de concentration » que voudrait construire l’Europe pour accueillir les réfugiés.Lire aussi :Pologne : la fin du bon élève européen ?« Les réfugiés sont virtuels en Pologne »« Je ne pensais pas qu’il y avait autant de gens racistes », explique Ahmed Bikes dans un de ses restaurants de Czestochowa, après avoir regardé le débat. Il met la violence de ces discours sur le compte de la campagne électorale, mais les réactions de son entourage l’ont choqué. « Moi, je n’ai jamais eu de problèmes. Mais j’ai dû supprimer plusieurs amis Facebook quand j’ai lu leurs commentaires. Ce sont des gens que je connaissais bien parfois. Ils m’ont demandé pourquoi je les avais supprimés. Ils me disaient : “Oui mais toi, ce n’est pas pareil.” Une de mes employés expliquait que les migrants venaient prendre nos bénéfices sociaux. Je lui ai quand même expliqué que c’était un ancien migrant qui lui payait son salaire tous les mois ! »Lire aussi :En Pologne, une croissance forte mais mal répartie Il comprend quand même les Polonais, « qui n’ont pas eu de passé colonial et ne sont pas habitués aux étrangers », et trouve même que « Merkel a exagéré en voulant accueillir tous les migrants ». Mais en même temps, explique-t-il, « la Pologne a besoin de migrants. les Syriens peuvent faire d’excellents médecins pour les hôpitaux ». La Pologne a un des plus faibles taux de fécondité d’Europe (1,3 enfant par femme). Elle a aussi le taux le plus bas de population immigrée (0,3 %, au début de 2014, même si cela a augmenté avec plusieurs centaines de milliers d’Ukrainiens). « Les réfugiés sont virtuels en Pologne. C’est pour cela qu’on peut dire n’importe quoi politiquement sur eux », souligne Jaroslaw Kuisz, rédacteur en chef du site Kultura Liberalna. Il s’étonne aussi de voir que le parti au pouvoir, Plate-forme civique, n’a pas cherché à mettre en avant la position ouverte de l’épiscopat polonais, qui a relayé les appels du pape François pour l’accueil des réfugiés, contre le PiS, pourtant toujours prêt à rappeler son attachement aux valeurs de l’Eglise.Alain Salles (Czestochowa, Varsovie, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) L’agence européenne de surveillance des frontières Frontex est désormais au cœur du dispositif de la politique d’asile : elle doit organiser la difficile procédure d’enregistrement des demandeurs mais aussi participer plus activement à la politique de retour. Le tout avec des moyens qui ont été promis mais se font encore attendre. Le Français Fabrice Leggeri est le directeur exécutif de Frontex. Rencontre avant le mini-sommet européen de Bruxelles qui, dimanche 25 octobre, doit évoquer des mesures d’urgence pour aider les Etats des Balkans, confrontés à une grave crise après la fermeture des frontières de la Hongrie.Suivez le sommet en direct avec notre journalisteTweets de @c_ducourtieux!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs");Lire aussi :L’Europe sous pression face à un nouvel afflux de réfugiés dans les BalkansA quoi peut vraiment servir ce sommet « opérationnel », convoqué à la hâte par la Commission ?Nous affrontons une situation évidemment exceptionnelle : entre la mi-septembre et la mi-octobre, par exemple, 200 000 personnes sont passées par la Croatie ; ce qui a, bien sûr, eu des conséquences pour les pays voisins. Cela dit, si on entend traiter le problème à la source, c’est en Grèce qu’il faut le faire : il convient de faire fonctionner l’enregistrement dans les « hot spots » [lieux de regroupement des migrants] à installer dans ce pays – comme en Italie – et permettre ainsi les relocalisations décidées par le Conseil. On ne réglera pas le problème des Balkans si l’on ne régule pas ces flux.Les moyens promis à Frontex sont à la hausse, mais concrètement où en êtes-vous ?J’ai lancé le plus vaste appel à contributions de notre histoire, soit 775 gardes-frontières. Dont 600 pour l’enregistrement en Grèce et une centaine pour les frontières terrestres – dont la Croatie. Nous en sommes actuellement à 300 personnes environ et, même si c’est encore insuffisant, c’est déjà un record pour les mises à disposition. Certains responsables évoquent un risque d’effondrement du système mis en place parce que l’enregistrement dans les « hot spots » ne fonctionne pas…La situation est différente en Italie et en Grèce : relative stabilisation des flux dans le premier cas, multiplication par dix dans le deuxième, avec une grande majorité de réfugiés syriens et d’Irakiens. Le « hot spot » qui doit être mis en place par les autorités nationales, aidées par les agences européennes, est un lieu de débarquement et d’accueil, où différentes agences européennes traitent les flux, avec les autorités nationales. Frontex procède à un premier examen pour déterminer d’abord la nationalité, puis à une audition pour établir le profil de la personne, la route qu’elle a suivie, etc. L’agence peut aussi recueillir des informations sur des groupes criminels organisés, qu’elle va transmettre à la police et à Europol. Le Bureau d’asile européen prend ensuite le relais, aide les autorités locales et met en route le processus de relocalisation.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?Mais ces « hot spots » ont-ils vocation à devenir des lieux de rétention ?Une partie des personnes auditionnées et enregistrées n’est pas éligible à l’asile. Il s’agit donc d’étrangers en situation irrégulière qui doivent être renvoyés vers un pays d’origine. La question est de savoir où les mettre alors qu’elles ont notamment droit à un appel. En clair, on a besoin de centres de rétention.Des responsables soulignent que la très grande majorité des demandeurs d’asile refuse en fait l’enregistrement, parce que ces personnes craignent de se retrouver dans un pays où elles ne veulent pas se rendre…Je suis chargé de faire fonctionner les « hot spots ». Nous sommes mieux outillés qu’auparavant et je crois que les autorités grecques ont compris l’enjeu. Nous testons, par ailleurs, une technologie nouvelle, déployable dans toutes nos opérations. Cela dit, j’ai effectivement constaté, à Lesbos, que 100 Syriens ont demandé l’asile depuis le 1er janvier 2015 alors que 120 000 personnes au moins sont arrivées sur cette île. Elles sont, c’est vrai, transférées ensuite sur le continent où elles peuvent accomplir les formalités, mais il est clair que nous devons arriver à ce que tous les vrais demandeurs d’asile fassent les démarches nécessaires pour obtenir une protection. A défaut, on n’arrivera pas, non plus, à renvoyer les autres.Lire aussi :Migrants : le premier « hot spot » grec ouvre sur l’île de LesbosFrontex est-elle réellement outillée, désormais, pour mener à bien cette politique de retour ?L’agence a déjà une compétence dans ce domaine, surtout logistique : c’est le soutien à des vols conjoints quand deux Etats au moins se mettent d’accord pour lancer une opération. Nous en organiserons une soixantaine cette année. Désormais, nous allons aussi faciliter la préparation de ces vols de retour, avec les documents de voyage qui sont indispensables. Jean-Claude Juncker affirme que la crise actuelle peut durer dix ans. C’est votre avis également ?Je ne prévois pas de décrue avant 2020 et la fin de mon mandat en tout cas. Et j’espère qu’à la faveur de cette crise, les Européens comprendront qu’il faut aller vers une intégration plus forte pour traiter la question des flux migratoires, plus large que la gestion des frontières, même si celle-ci est également cruciale. Le défi va perdurer, parce que les causes ne sont pas traitées. Elles sont géostratégiques, économiques, démographiques, liées au respect de l’état de droit, etc. Pour ce qui est de ma mission spécifique, je peux dire qu’une gestion plus forte des frontières extérieures est nécessaire pour assurer le bon fonctionnement de l’espace Schengen. Rappelons d’ailleurs que Frontex a été créé pour être est le corrélat de la libre circulation.Faut-il créer rapidement un corps de gardes-frontières européens ?J’insiste sur une gestion intégrée de nos frontières et j’attends impatiemment le projet de la Commission et la décision du Conseil, en décembre.Lire le reportage :La frontière croato-slovène, nouvel abcès de la route des migrantsJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 25.10.2015 à 02h28 • Mis à jour le25.10.2015 à 02h29 L’ex-premier ministre britannique Tony Blair a présenté « des excuses » pour l’invasion de l’Irak en 2003, durant laquelle il fut le principal allié de Georges W. Bush, dans une interview à CNN qui doit être diffusée lundi 26 octobre. Face à Farid Zakaria, commentateur qui avait à l’époque encouragé l’invasion américaine avant de basculer dans le camp des critiques, M. Blair reconnaît également une part de responsabilité dans la montée actuelle de l’organisation Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie voisine. La presse britannique a fait écho de ces déclarations avant leur diffusion.Lire le portrait :Tony, Cherie et Cie« Je présente des excuses pour le fait que le renseignement était faux. Je présente également des excuses, au passage, pour certaines erreurs de planification et, certainement, pour notre erreur dans la compréhension de ce qui arriverait une fois que nous aurions renversé le régime. Mais il m’est difficile de demander pardon pour avoir renversé Saddam », déclare M. Blair à CNN, selon des propos rapportés par le quotidien The Telegraph et plusieurs tabloïdes.La référence à des « renseignements faux » paraît une évocation des supposées armes de destruction massive de Saddam Hussein, une menace qui a légitimé l’invasion de l’Irak dans les opinions britannique et américaine et qui s’est avérée inexistante. La coalition américaine avait peu préparé l’occupation du pays, qui devait suivre la chute de Saddam Hussein. La décision du principal administrateur américain, l’envoyé présidentiel Paul Bremer, de dissoudre le parti Baas de Saddam Hussein et d’interdire à ses hauts responsables d’exercer une fonction au sein du nouvel Etat avait, entre autres erreurs stratégiques, précipité la chute du pays dans la guerre civile. L’alliance d’anciens militaires et agents du renseignement baasistes et de djihadistes sunnites ferait une spécificité de la branche d’Al-Qaida en Irak, et la matrice de l’EI.Lire aussi l'enquête :Haji Bakr, le cerveau de l’Etat islamiqueSur CNN, lorsqu’il est demandé à M. Blair s’il considère que l’invasion a mené à l’essor de l’EI, il répond : « Je pense qu’il y a là des éléments de vérité. Bien sûr, vous ne pouvez pas dire que ceux qui ont renversé Saddam en 2003 n’ont aucune responsabilité dans la situation en 2015. » Lire dans nos archives : Tony Blair, le dernier croisé 16.10.2015 à 13h10 • Mis à jour le16.10.2015 à 15h59 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La visite devait être rapide, quelques heures à peine, mais hautement symbolique. Accompagné de responsables européens, le ministre grec en charge des questions migratoires, Iannis Mouzalas, se rendait vendredi 16 octobre sur l’île de Lesbos, en mer Egée, pour ouvrir le premier « hot spot » grec.Min de la migration grec vient d' ouvrir lepremier hotspot grec a Lesbos.mais manque de moyens et de personnel. http://t.co/dJgCKt8hpc— Adea_Guillot (@adea guillot)require(["twitter/widgets"]);Installé à quelques kilomètres seulement du port de Mytilène, la principale ville de l’île, perdu au milieu de nulle part, parmi les champs d’oliviers, le centre de Moria – des centaines de préfabriqués et containers blancs, aux portes fermées, cachés derrière de hauts barbelés – assurait depuis deux ans déjà l’enregistrement (nom, origine, recueil des empreintes digitales) d’une partie de la vague de migrants débarquant sur l’île.Viendra désormais s’ajouter une mission de tri afin d’identifier les réfugiés susceptibles de recevoir l’asile politique en Europe (Syriens, Irakiens, Erythréens) et les autres qui, s’ils sont considérés comme de « simples  » migrants économiques, seront possiblement renvoyés dans leurs pays d’origine.D’ici la fin du mois de novembre, d’autres centres de tri seront ouverts sur les îles de Kos, Samos, Chios et Léros. D’autres devraient suivre sur le continent et un quartier général à Athènes, en charge de coordonner l’action de l’ensemble, sera mis en place au port du Pirée.Une mise en place difficileLes partenaires européens ont été très clairs avec les autorités grecques : le système de relocalisation – ce processus décidé les 14 et 22 septembre dernier pour répartir dans l’ensemble des pays de l’Union européenne près de 120 000 réfugiés reconnus – fonctionnera seulement quand les « hot spots » seront opérationnels.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?La collaboration entre le ministre Mouzalas et l’Europe a beau se passer plutôt bien, leur mise en place ne va pas sans poser de réels problèmes. « L’UE veut aller vite et oblige le gouvernement grec à ouvrir ces hot spots en un temps record pour des raisons de communication qui lui sont propres mais totalement détachées des réalités du terrain », s’énerve une source gouvernementale.« Où loger les réfugiés pendant la procédure ? Comment les nourrir ? Les habiller ? Les chauffer alors que l’hiver arrive ? », s’interroge une bénévole de Lesbos, en première ligne pour trouver des habits secs ou des tentes aux milliers de migrants qui débarquent désormais quotidiennement sur l’île, en provenance des côtes turques. « Où seront logés ensuite les candidats à l’asile pendant l’examen de leur dossier, qui peut prendre de plusieurs semaines à plusieurs mois ? Et puis que deviendront les autres, ceux qui au terme de ce tri voulu par l’Europe ne seront même pas reconnus comme éligibles à l’asile ? Comment la Grèce va-t-elle les renvoyer chez eux ? Par avion ? En bateau vers la Turquie ? ».Selon les chiffres du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 445 180 personnes sont arrivées en Grèce entre le 1er janvier et le 9 octobre. Plus de 2 millions de Syriens se trouvent dans des camps en Turquie, 1,6 million au Liban et 600 000 en Jordanie. Autant de candidats potentiels à l’exil vers l’Europe.Lire aussi :Réfugiés syriens : la Turquie, le Liban et la Jordanie en première ligneDes « hot spots » en Turquie ?« L’Europe doit aider massivement la Grèce », a insisté le haut-commissaire pour les réfugiés Antonio Guterres, lors d’une visite en Grèce les 11 et 12 octobre. Il a réclamé notamment « un assouplissement des critères bureaucratiques et technocratiques » qui ralentissent l’absorption par la Grèce des fonds européens pourtant officiellement mis à sa disposition. « Près de 450 millions d’euros doivent nous être transférés, ce n’est déjà pas beaucoup face à l’ampleur de la tâche mais, en plus, pour arriver à débloquer cet argent il faut des semaines de bureaucratie européenne, or nous avons besoin de l’argent maintenant si l’on veut pouvoir tenir le rythme qu’ils exigent de nous pour les hot spots », reconnaît une source gouvernementale.Au-delà de l’argent, les autorités nationales doivent aussi recevoir l’appui de diverses agences européennes : Europol (coopération policière), Eurojust (coopération judiciaire), Frontex (gestion des frontières extérieures) et Easo, le Bureau européen d’appui en matière d’asile.Lire aussi :Crise des réfugiés : l’UE contrainte de s’appuyer sur la TurquieDes renforts humains et un nouveau matériel d’identification permettant d’accélérer la prise d’empreintes digitales sont bien arrivés au centre de Moria à Lesbos mais pas en nombre suffisant pour éteindre la polémique sur l’île, comme dans toute la Grèce, qui refuse de se transformer en vaste camp de rétention de migrants à la périphérie de l’Europe.A son arrivée au Conseil européen du jeudi 15 octobre à Bruxelles, le premier ministre grec Alexis Tsipras a plaidé pour que les « hot spots » soient mis en place en amont en Turquie plutôt qu’en Grèce, afin d’éviter les traversées qui mettent chaque jour en danger la vie de milliers de réfugiés. Jeudi, sept personnes dont trois enfants et un nourrisson ont péri dans un nouveau naufrage au large de Lesbos.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Chambraud Cette fois, ils se sont organisés. Les évêques africains sont arrivés à Rome munis d’un vade-mecum et d’une stratégie de groupe. Pas question pour eux de sortir du synode, organisé par l’Eglise catholique pour réévaluer son discours sur la famille, du 5 au 25 octobre, avec le sentiment d’avoir reçu un camouflet, comme il y a un an. En octobre 2014, à l’issue d’une première réunion, leurs représentants avaient dénoncé des débats entièrement centrés sur les problématiques « occidentales » que seraient les divorcés-remariés, les couples non mariés et l’homosexualité. Il n’en serait pas de même, s’étaient-ils promis, lors de la session finale.Ils accusent les pays occidentaux de vouloir imposer aux sociétés africaines leurs conceptions sur le contrôle des naissances et l’homosexualité à travers les conditions posées à l’octroi de programmes d’aide au développement.« Colonialisme idéologique »Ils ont résumé cela par le concept de « nouvelle colonisation idéologique » qui menacerait de « détruire la famille africaine ». « Quand on oblige les uns et les autres à adopter des lois abortives, le gender, l’homosexualité, l’euthanasie comme condition pour accéder à des fonds de développement… Nous essayons de respecter la vision des autres. Alors, qu’on nous respecte ! », a ainsi plaidé, mercredi 14 octobre, le cardinal Philippe Ouedraogo, archevêque de Ouagadougou (Burkina Faso).Leur refus de faire évoluer l’attitude de l’Eglise catholique sur ces sujets les classe dans le camp du statu quo, dont ils sont devenus une composante essentielle. Lors de l’ouverture du synode en 2014, le pape François avait mesuré à quel point ce discours était ancré chez les évêques africains et devait être pris en compte à Rome. Par la suite, il a repris dans ses discours une partie de leur vocabulaire. « Il y a un colonialisme idéologique qui cherche à détruire la famille », avait-il ainsi affirmé lors de son voyage aux Philippines, en janvier. Depuis, la formule est souvent revenue dans sa bouche.Dans les réunions de travail du synode, certains propos font parfois tiquer. Le cardinal guinéen Robert Sarah, l’un des principaux membres de la curie romaine en tant que préfet de la congrégation pour le culte divin, a mis sur le même plan « l’idéologie du genre et l’Etat islamique », tous deux partageant « la même origine démoniaque ». « Ce que le nazisme et le communisme étaient au XXe siècle, l’homosexualité occidentale et les idéologies abortives et le fanatisme islamique le sont aujourd’hui », a-t-il ajouté, dénonçant « deux bêtes de l’Apocalypse : d’une part, l’idolâtrie de la liberté occidentale ; de l’autre, le fondamentalisme islamique ». Tous les évêques africains n’ont pas cette virulence.Compter avec l’AfriqueLors des travaux du synode, les Africains sont dispersés dans les groupes constitués par langue de travail. Mais ils se retrouvent de manière informelle tous les deux ou trois jours. Ils sont munis chacun d’un volume du livre publié en septembre par le Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (Sceam), après plusieurs mois de concertation, et qui récapitule leurs points d’accord. Onze d’entre eux, dont le cardinal Sarah, ont publié par ailleurs un ouvrage collectif intitulé L’Afrique, nouvelle patrie du Christ. Contribution de pasteurs africains au synode consacré à la famille. Le cardinal Sarah avait déjà refusé toute ouverture en direction des familles « irrégulières » dans un précédent livre d’entretiens intitulé Dieu ou rien.Aujourd’hui, le cardinal Wilfried Fox Napier, archevêque de Durban (Afrique du Sud), est l’un des présidents délégués du synode. Dans les débats, les représentants des églises africaines poussent leurs préoccupations. Charles Palmer-Buckle, archevêque d’Accra (Ghana), a ainsi relevé que le rapport introductif au synode, « semblait avoir été rédigé par quelqu’un à qui il semblait manquer la perspective africaine ». Les prélats africains s’efforcent donc d’y remédier. La famille étendue, le « mariage par étapes » (coutumier, civil puis religieux), ou encore les problèmes posés par la polygamie – peut-on par exemple baptiser un polygame ? – sont mis en avant. Pour autant, les représentants africains sont très méfiants à l’égard d’une piste envisagée par plusieurs « pères synodaux », consistant à confier à des conférences régionales ou nationales le soin de répondre à certaines questions pastorales. « L’Eglise est la même partout. Tout ce qui concerne l’Eglise en Europe la concerne aussi en Afrique, et inversement », a mis en garde Mgr Palmer-Buckle.Le pape François n’est pas un familier de l’Afrique. Il s’y rendra pour la première fois en novembre (Kenya, Ouganda, Centrafrique). Mais, pendant cette réunion à Rome, les prélats de ce continent auront tout fait pour convaincre le pontife d’origine sud-américaine qu’il faudra à l’avenir compter avec l’Afrique, « le continent qui croît le plus vite dans l’Eglise catholique », selon l’archevêque d’Accra.Cécile ChambraudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.10.2015 à 01h53 • Mis à jour le16.10.2015 à 08h49 Les pays européens ont tenu un nouveau conseil, jeudi 15 octobre, consacré aux migrants et à leur collaboration avec la Turquie, pays par où transite l’essentiel du flux de réfugiés venus du Moyen-Orient. La Commission a annoncé dans la nuit qu’elle avait conclu un « plan d’action commun » avec ce pays, qui héberge lui-même plus de deux millions de réfugiés syriens.Alors que les relations de l’UE et de la Turquie sont gelées, que le processus en vue d’une éventuelle adhésion est au point mort et que l’Europe craint la dérive autoritaire du président Erdogan, cette dernière a désormais grand besoin de la Turquie pour endiguer les flux migratoires. Elle est donc prête à faire des concessions, en regardant avec anxiété les élections législatives que M. Erdogan a convoquées le 1er novembre, tout en lançant une guerre contre le parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et en polarisant le champ politique à l’extrême, risquant de précipiter son pays dans le chaos.Lire l'éditorial du "Monde" :Turquie : Erdogan et la politique du pireLa chancelière allemande a notamment confirmé que l’UE envisageait de débloquer une aide d’environ trois milliards d’euros pour aider la Turquie à garder les réfugiés syriens sur son sol et à les empêcher d’affluer en Europe. Cet aspect du plan devait encore être négocié « dans les prochains jours », a précisé le chef de l’exécutif européen, Jean-Claude Juncker. Il relèverait du budget des Etats.Lire aussi :Une nuit avec les gardes-côtes turcs, sauveteurs de migrants au large de BodrumVisite d’Angela Merkel à AnkaraLe plan comprendrait par ailleurs une « accélération » des négociations pour faciliter l’octroi de visas aux ressortissants turcs voyageant dans l’UE. François Hollande a cependant dit avoir « insisté pour que, si libéralisation des visas il doit y avoir, avec la Turquie, ce soit sur des bases extrêmement précises et contrôlées ». Les chefs d’Etat et de gouvernement européens se méfient d’une possible exemption de visas pour les 78 millions de Turcs, que demande le président Recep Tayyip Erdogan. Une « libéralisation » se cantonnerait probablement dans un premier temps aux visas d’affaire et étudiants.Selon Mme Merkel, les dirigeants européens sont également convenus de relancer le processus d’adhésion de la Turquie et d’ouvrir de nouveaux chapitres de discussions. Ils n’ont toutefois pas encore décidé quels chapitres seraient ouverts. Angela Merkel a souligné que la Turquie avait déjà dépensé plus de sept milliards d’euros pour l’accueil de plus de deux millions de réfugiés syriens sur son sol et qu’elle n’avait reçu qu’un milliard d’euros d’aide extérieure. La chancelière allemande se rendra à Ankara dimanche 18 octobre pour vérifier, dit-elle, « si les promesses faites sont fiables ».Par ailleurs, le Conseil a retenu l’idée de la création, à terme, d’un corps de gardes-frontières européens, qui sera « progressivement mis en place », selon François Hollande.Lire aussi :Migrants : la France veut la création d’un corps de gardes-frontières européenDurant le sommet, un migrant afghan a été tué par des gardes-frontières alors qu’il tentait de passer en Bulgarie depuis la Turquie. Il s’agit du premier cas connu de tir mortel de forces de l’ordre européennes depuis le début de la crise. Le premier ministre Boyko Borissov a quitté précipitamment le sommet. 15.10.2015 à 19h48 • Mis à jour le15.10.2015 à 20h46 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Le sommet européen des chefs d’Etat et de gouvernement réuni, jeudi 15 octobre à Bruxelles, devait se concentrer sur les relations avec la Turquie, dans l’espoir qu’elle coopère davantage dans la gestion des vagues de réfugiés.L’autre volet des discussions devait concerner ce qui est devenu l’autre priorité des Européens : un meilleur contrôle des frontières extérieures de l’Union, pour empêcher l’entrée de ceux qui ne peuvent prétendre au statut de réfugié.Dans ce cadre, la France a déposé un document qui propose de doter rapidement l’agence Frontex de moyens financiers et humains supplémentaires, afin de préserver l’avenir de l’espace Schengen. Alors que la Commission et son président, Jean-Claude Juncker, ont promis une initiative « avant la fin de l’année », Paris suggère un plan par étapes en vue de la création d’un corps de gardes-frontières et de gardes-côtes européens.Lire aussi :Migrants : l’UE accélère sa lutte contre les passeurs dans la MéditerranéeUn effort financier annuel demandé à chaque EtatChaque Etat mettrait une réserve annuelle à disposition de l’organisation. L’ampleur de l’effort demandé à un pays serait déterminée par une série de critères, dont la part de surveillance des frontières extérieures de l’UE qu’il assume déjà.Pour préserver la souveraineté des Etats, on préciserait que, « sauf défaillance avérée », ce sont eux qui formuleraient une demande pour obtenir l’appui européen. Une « étude de faisabilité » de la Commission suggérait, en revanche, le possible lancement d’opérations sans l’avis des capitales.A plus long terme, la réserve pourrait devenir un corps européen, sous l’autorité de Frontex, préconise le document français. C’est le Conseil qui déciderait du déploiement, sur proposition de l’agence européenne des frontières et de la Commission.Cette dernière évoque aussi la création d’une « force de réaction rapide » susceptible d’être déployée en vingt-quatre ou quarante-huit heures. Ou encore la mise en place d’un « Bureau des retours », qui hâterait et organiserait le rapatriement des déboutés du droit d’asile.Urgence en Italie et en GrèceLa France souligne, d’autre part, la nécessité de moderniser les procédures de contrôle des voyageurs, avec l’aide des nouvelles technologies (identification biométrique, calcul automatique des durées de séjour, etc.) afin de bâtir un système dit de « frontières intelligentes ».La discussion a lieu dans un contexte où Frontex espère au moins disposer des moyens qui lui ont été promis pour aider la Grèce et l’Italie à traiter les dossiers des demandeurs d’asile qui continuent d’arriver dans ces pays dits « de première ligne ». Environ 710 000 personnes – dont 450 000 en Grèce – ont gagné le territoire européen depuis le début de l’année, selon les calculs – parfois contestés – de Frontex. Près de 1 000 fonctionnaires devaient être affectés à l’agence et au Bureau d’asile européen (EASO) par les Etats ; un peu plus d’une centaine seulement ont été effectivement mobilisés jusqu’ici.La France promet de fournir rapidement un contingent, mais souligne que les difficultés viennent de Frontex qui, de son côté, dit avoir de la peine à évaluer précisément les demandes de Rome et Athènes.Lire aussi :Une nuit avec les gardes-côtes turcs, sauveteurs de migrants au large de BodrumJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.10.2015 à 15h32 • Mis à jour le15.10.2015 à 16h15 | Laurence Girard Après la fermeture à titre conservatoire de l’abattoir municipal d’Alès, à la suite de la diffusion sur Internet de vidéos tournées par l’association de défense des animaux L214, et montrant des animaux encore vivants au moment de la découpe, de nombreuses questions se posent sur la réglementation en vigueur dans ces entreprises.Au niveau européen, le bien-être animal est une composante prise en compte. Pour preuve, le règlement communautaire publié en septembre 2009, intitulé « protection des animaux au moment de leur mise à mort ». Ce texte qui a remplacé une directive datant de 1993, a renforcé les règles en vigueur et a souhaité mieux harmoniser les pratiques entre les 28 Etats membres.Lire aussi :L’abattoir municipal d’Alès fermé après la diffusion d’images choquantesLe texte reconnaît en préambule que la mise à mort « provoque douleur, peur, détresse et autres formes de souffrance » et qu’il faut prendre toutes les mesures possibles pour tenter de les atténuer. « C’est une question d’intérêt public qui influe sur les consommateurs vis-à-vis des produits agricoles », ajoute le règlement.Le texte est entré en vigueur dans chaque Etat membre en janvier 2013. Avec la liberté laissée à chacun de durcir encore les règles s’il le souhaitait. Il fixe un cadre avec quelques grands chapitres.Les prescriptions sur l’installation et l’environnement de la mise à mortL’installation doit être prévue pour que les animaux soient propres, ne soient pas blessés, ne glissent pas, ne souffrent pas de faim ou de soif, de froid ou de chaud, et ne présentent pas de signe de peur.Les méthodes d’étourdissementLes animaux ne doivent être mis à mort qu’après étourdissement. L’animal doit être maintenu en état d’inconscience et d’insensibilité jusqu’à sa mort. Et si la méthode d’étourdissement n’entraîne pas la mort, le procédé de mise à mort doit s’appliquer le plus tôt possible.Les méthodes d’étourdissement ou de mise à mort peuvent évoluer techniquement à condition qu’elles apportent un plus pour le bien-être de l’animal. Toutefois, en cas d’abattage rituel, le texte européen souligne que le principe d’étourdissement peut ne pas être appliqué.Contrôle de l’étourdissementLa personne chargée de l’étourdissement ou une autre personne désignée dans l’entreprise doit régulièrement contrôler l’état des animaux pour vérifier que les méthodes d’étourdissement fonctionnent. Les abattoirs doivent mettre en place des procédures de contrôle avec des critères et des indicateurs.Certificat de compétenceLa mise à mort et les opérations annexes sont effectuées uniquement par des personnels possédant le niveau de compétences approprié. Chaque Etat membre doit désigner une autorité compétente qui délivrera un certificat de compétence accordé après une formation et un examen.Matériel d’étourdissementLes appareils d’étourdissement doivent aussi être contrôlés et entretenus. Toutes les opérations doivent être notées sur un registre. De plus, un matériel de rechange doit être disponible en cas de problème.Guide de bonnes pratiquesChaque Etat membre doit élaborer et diffuser un guide des bonnes pratiques.Interdiction de méthodes d’immobilisation des bovinsDes méthodes comme suspendre ou hisser des animaux conscients, endommager la moelle épinière ou utiliser des courants électriques pour immobiliser sans étourdir sont interdites.Nomination d’un responsable du bien-être animalChaque abattoir doit nommer un responsable du bien-être animal qui doit veiller à l’application de ce règlement européen. Il est sous l’autorité directe de l’exploitant et est en mesure d’exiger du personnel de modifier ses pratiques. Il doit tenir un registre des améliorations apportées. Il doit posséder le certificat de compétence.Laurence GirardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Nicolas Scelles (Maître de conférences en économie du sport à l’Université de Stirling, Ecosse) Les droits télévisés nationaux de la Premier League anglaise de football vont atteindre un record de 5,136 milliards de livres sterling (près de 7 milliards d’euros) pour les trois saisons de 2016-2017 à 2018-2019.Cela signifie que les droits TV globaux de la première division du championnat britannique de football pourraient monter à environ 8,4 milliards de livres sterling (près de 11,4 milliards d’euros) pour ces trois saisons une fois la vente des droits internationaux complétée.Ces 3,8 milliards d’euros annuels potentiels sont à comparer aux 2,35 pour la saison 2015-2016 ou encore avec les 748,5 millions d’euros annuels pour les droits TV du football professionnel français sur la période 2016-2020, droits qui ne reviennent pas intégralement aux clubs de Ligue 1. L’avantage des clubs anglais par rapport aux clubs français est indéniable. Quelles sont les variables explicatives et les conséquences de l’explosion des droits TV de la Premier League anglaise ?La 8e édition des Jéco de Lyon Les Journées de l’économie (Jéco) ont lieu cette année du 13 au 15 octobre, à Lyon.Au programme : environ 40 conférences et plus de 200 personnalités réunies pour échanger et partager leurs analyses autour du thème « Qu’attendons-nous… pour agir ? ».L’objectif de ces journées est de rendre accessible l’analyse économique au plus grand nombre.Elles sont organisées chaque année depuis 2008 par la Fondation pour l’université de Lyon sous la direction de Pascal Le Merrer, professeur d’économie internationale à l’Ecole normale supérieure (ENS) de Lyon, avec le soutien de l’ensemble des universités, des grandes écoles lyonnaises, des collectivités et organisations professionnelles locales et de plusieurs entreprises.Au fil des ans, les JECO sont devenues le lieu et le moment où se croisent les différentes institutions et associations qui animent l’enseignement, la recherche et le débat économique en France.Entrée libre. Inscriptions obligatoires sur www.journeeseconomie.org.Il existe deux points clés, aussi bien pour une chaîne TV nationale (côté demande) que pour une ligue (côté offre) : pour une chaîne TV nationale, il s’agit de proposer suffisamment d’argent non seulement pour obtenir les droits (battre la concurrence nationale) mais aussi pour permettre aux clubs nationaux de pouvoir attirer/retenir/payer les meilleurs joueurs mondiaux.Vente à l’internationalPar conséquent, même sans concurrence nationale, une chaîne TV est incitée à dépenser plus que les chaînes étrangères pour leurs championnats domestiques (concurrence indirecte entre chaînes étrangères). Pour une ligue, les deux points clés sont d’avoir un bon produit et de pouvoir le vendre à l’international. Reste à identifier quelles sont les variables explicatives - les caractéristiques - d’un bon produit pouvant être vendu à l’international.Nous en avons relevé six :- Au moins un club fort économiquement et sportivement (locomotive).- Au moins un rival crédible sur le territoire national (incertitude pour le titre).- Compétitivité continentale (garante de la qualité du produit et facteur d’attractivité en soi, sans oublier que les chaînes TV nationales cherchent aussi à acheter les droits TV des Coupes d’Europe).- Capacité, taux de remplissage et qualité des stades (potentiel télégénique).- Travailleurs internationaux (meilleurs joueurs dans le monde et marchés à l’international).- Capacité à attirer des investisseurs et générer des revenus au-delà des droits TV (chaînes TV pas seules à assurer la compétitivité économique et donc sportive).Plus de 36 000 spectateurs par matchDans quelle mesure la Premier League anglaise respecte-t-elle ces six conditions ?Depuis sa création en 1992, sa locomotive (souvent sportivement et toujours économiquement) a été le club de Manchester United.La lutte pour le titre est incertaine avec la concurrence d’Arsenal, Chelsea et Manchester City.L’Angleterre est 2e au classement UEFA des clubs, après avoir été 1re de 2008 à 2012.Le potentiel télégénique de la Premier League anglaise est largement assuré par un taux de remplissage des stades supérieur à 90 % (plus de 36 000 spectateurs par match en moyenne).Elle compte entre 65 % et 70 % de joueurs étrangers et parvenait à 78 % d’audiences cumulées hors Royaume-Uni en 2008-2009.Elle génère des investissements et revenus au-delà des droits TV, particulièrement grâce à de riches investisseurs internationaux (propriétaires, sponsors).A ces variables côté offre doit être ajoutée la concurrence entre Sky et son rival BT côté demande nationale.Quelles sont les conséquences ? Le tableau ci-dessous retrace l’évolution récente et à venir des droits TV/recettes distribuées aux clubs (en millions d’euros) en Premier League anglaise, Ligue des champions de l’Union des associations européennes de football (UEFA) et Ligue 1 française. Il montre que la Premier League est non seulement loin devant la Ligue 1 française, mais également devant la Ligue des champions. Dès lors, la perspective d’une Premier League s’ouvrant aux meilleurs clubs européens non anglais (FC Barcelone, Real Madrid, Bayern Munich, Juventus Turin, Paris-Saint-Germain) – évoquée par Jean-Pascal Gayant, le coordinateur de la session « L’économie du sport – mondialisation et football », lors d’échanges préalables aux Jéco 2015 – pourrait recevoir un écho favorable auprès des principaux intéressés.Une Super Ligue européenneIl existe néanmoins une interrogation quant à la capacité de Sky – principal diffuseur national de la Premier League – à assumer le très lourd investissement consenti lors du dernier appel d’offres (4,176 milliards de livres sterling, soit plus de 5,6 milliards d’euros).Cet investissement doit peut-être être appréhendé du point de vue de la stratégie globale du groupe Sky plc et pas seulement Sky au Royaume-Uni, avec l’internationalisation du groupe britannique de télévision par satellite qui détient depuis 2014 Sky Italia et depuis 2015 Sky Deutschland, diffuseurs respectifs des championnats italien et allemand.Lire aussi :L’inflation sans fin des droits du football anglaisÀ la lumière de ces éléments, une option autre qu’une Premier League plus seulement anglaise peut être envisagée à terme, où Sky plc aurait l’initiative d’une Super Ligue européenne en convainquant les meilleurs clubs continentaux de se partager entre eux l’argent qu’il distribue aux championnats anglais, italien et allemand mais aussi espagnol (Sky est le diffuseur de la Liga espagnole au Royaume-Uni).Cela lui donnerait un fort degré de contrôle sur le football européen alors qu’il n’est plus le diffuseur de la Ligue des champions au Royaume-Uni depuis cette saison, BT ayant remporté l’exclusivité des droits 2015-2018 fin 2013 auprès de l’UEFA. Avec la possibilité de dicter les règles du jeu pour les années à venir et ainsi « prendre sa revanche » sur BT et l’UEFA ?Nicolas Scelles (Maître de conférences en économie du sport à l’Université de Stirling, Ecosse) 15.10.2015 à 06h49 • Mis à jour le15.10.2015 à 08h44 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le point sera évoqué en deux lignes, au chapitre des sujets « divers », dans les conclusions, avec l’annonce d’une discussion plus approfondie à la mi-décembre. La renégociation de la relation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne en vue du futur référendum britannique sur l’appartenance à l’UE devrait occuper peu de place lors du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement européens, jeudi 15 octobre, à Bruxelles. Le premier ministre britannique David Cameron est cependant très attendu par ses pairs, qui ne cachent pas leur impatience - et un peu leur inquiétude aussi.Le dirigeant conservateur n’a pas encore mis officiellement ses cartes - la liste de ses revendications - sur la table et ses homologues trouvent le temps long. « Nous attendons ; nous n’avons, nous, rien à demander ; nous sommes l’arme au pied «, commente un diplomate. Qui ironise : « Une Europe qui fonctionne mieux et assure la croissance ? Nous sommes pour ! »L’échéance de décembre, difficilement tenableA Strasbourg, mercredi, Jean-Claude Juncker a confirmé que les discussions menées jusqu’ici n’avaient pas permis de progrès considérables. Or, « il faut être deux pour danser le tango », a noté le président de la commission européenne.L’agenda et le cadre de la renégociation à haut risque entre Londres et Bruxelles - les Britanniques pourraient choisir le « Brexit » si M. Cameron échoue à faire aboutir ses demandes - avaient pourtant été tracés, lors du sommet européen du 25 juin, dans la foulée de la victoire de M. Cameron aux législatives. Oui, les partenaires de Londres comprenaient son souci de vouloir renégocier un accord. Oui, ils étaient prêts à faire preuve de bonne volonté, car aucun ne veut d’une sortie des Britanniques. Mais l’échéance de décembre paraît désormais difficilement tenable. Ce sera sans doute pour le conseil de mars 2016, pronostiquent certains.Lire aussi :Cameron pose ses conditions pour éviter le « Brexit »Une liste de desiderataLes Européens veulent une liste de desiderata, « exhaustive, précise, pour ne pas multiplier les allers-retours », précisent plusieurs diplomates. « On ne peut pas se contenter des discours de Cameron ou George Osborne [le chancelier de l’échiquier]. Aucun des diplomates britanniques que nous rencontrons n’a de mandat pour négocier », regrette un expert. Les discussions bilatérales ont toutefois commencé.Les experts ont exploré les implications, surtout juridiques, des thèmes soulevés par les Britanniques : supposent-ils un changement de la législation européenne, voire des traités ? Peu de chose a filtré mais les revendications britanniques sont connues : les techniciens planchent sur la directive « travailleurs détachés », sur le rôle des parlements nationaux - M. Cameron voudrait qu’ils soient dotés d’un droit de veto sur les textes européens -, sur les questions de compétitivité. « Les techniciens nous disent qu’ils sont allés au bout du travail d’exploration. Maintenant, il leur faut vraiment du concret », explique un expert.« Les États membres doivent être patients. Du jour où Cameron enverra sa liste, elle fuitera et chaque capitale ira de ses remarques et de ses revendications, souligne un diplomate proche des discussions avec Londres. Quand le plan sera sur la table, ce ne sera pas le début, mais presque la dernière ligne droite des discussions ». Lire aussi :En Grande-Bretagne, lancement d’une campagne contre le « Brexit »Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.10.2015 à 17h36 • Mis à jour le14.10.2015 à 17h40 Souvent décriée, l’Europe néolibérale est rarement définie. Or il est nécessaire de distinguer différentes formes de libéralisme. Tous ceux qui défendent la prudence budgétaire ou le libre-échange ne sont pas forcément des néolibéraux, à moins d’affubler de cette épithète stigmatisante tous ceux qui ne sont pas marxistes.À la suite d’Immanuel Wallerstein [sociologue américain], je préfère définir comme néolibéraux ceux qui non seulement veulent promouvoir les mécanismes de marchés, mais aussi qui veulent s’attaquer à l’Etat-providence, en transformant le rôle de l’Etat. Au lieu d’être un acteur de la redistribution, il devient un arbitre chargé de faire respecter les règles du marché.Armé de cette distinction, il s’agit maintenant de comprendre si l’Union européenne (UE) est néolibérale par essence. Encore aujourd’hui, beaucoup de politiques économiques européennes sont définies par le traité de Rome de 1957, l’ancêtre de l’UE, la Communauté économique européenne (CEE), dont nombre d’articles ont été repris dans les traités successifs.Un grand marché ouvert sur l’extérieurLa recherche historique montre clairement que le traité de Rome n’est pas issu d’un complot associant Jean Monnet, la CIA et les multinationales pour exploiter les malheureux Européens. Au contraire, le texte de base de l’UE exprime les convictions de ses promoteurs, principalement des démocrates-chrétiens, mais aussi des socialistes comme le Français Guy Mollet (1905-1975) ou le Belge Paul-Henri Spaak (1899-1972).Pour ces derniers, le cadre privilégié du développement des politiques sociales restait la nation, comme l’illustrèrent les réformes de la période Mollet en France, notamment la troisième semaine de congés payés ou l’amélioration des retraites (payées par la fameuse vignette automobile). De plus, les « Trente glorieuses » autorisaient alors une croissance continue de l’État-providence.C’est pour cela que le traité de Rome se préoccupe peu de social. Son objet principal est avant tout d’établir un grand marché, ouvert sur l’extérieur, qui devra être l’outil de la croissance économique et du rattrapage des Américains. À l’ouverture des marchés est associée une régulation des dynamiques déstabilisatrices du libre-échange, par un processus d’harmonisation ciblée des législations et par des mesures compensatoires (en particulier vers des régions défavorisées).La 8e édition des Jéco de Lyon Les Journées de l’économie (Jéco) ont lieu cette année du 13 au 15 octobre, à Lyon.Au programme : environ 40 conférences et plus de 200 personnalités réunies pour échanger et partager leurs analyses autour du thème « Qu’attendons-nous… pour agir ? ».L’objectif de ces journées est de rendre accessible l’analyse économique au plus grand nombre.Elles sont organisées chaque année depuis 2008 par la Fondation pour l’université de Lyon sous la direction de Pascal Le Merrer, professeur d’économie internationale à l’Ecole normale supérieure (ENS) de Lyon, avec le soutien de l’ensemble des universités, des grandes écoles lyonnaises, des collectivités et organisations professionnelles locales et de plusieurs entreprises.Au fil des ans, les JECO sont devenues le lieu et le moment où se croisent les différentes institutions et associations qui animent l’enseignement, la recherche et le débat économique en France.Entrée libre. Inscriptions obligatoires sur www.journeeseconomie.org.Toutefois, à partir de la fin des années 1980, on peut observer une certaine inflexion néolibérale de la CEE, mais uniquement dans certains domaines. Il s’agit en premier lieu de la politique de la concurrence, qui encadre étroitement les aides d’Etat aux entreprises en difficultés à partir de cette période.Tout un pan de la politique industrielle s’en trouve ainsi démantelé. Au lieu d’intervenir dans l’économie par des interventions directes et discriminantes (certaines entreprises sont privilégiées au détriment d’autres), l’Etat est ravalé au rang d’arbitre. L’Union économique et monétaire, créée par le traité de Maastricht de 1992, associée au pacte de stabilité et de croissance de 1997, participe aussi de cette dynamique si on en fait une interprétation étroite.CMU et 35 heuresPour converger vers les Etats les plus vertueux, les gouvernements les plus dispendieux doivent non seulement pratiquer l’orthodoxie budgétaire, mais aussi parfois l’austérité, synonyme de coupes claires dans l’Etat-providence, ainsi de la situation en Grèce.Cependant, cette inflexion néolibérale ne doit pas être exagérée. Ainsi, le renforcement considérable de la politique de la concurrence laisse une certaine marge de manœuvre en temps de crise, comme l’ont prouvé les aides considérables au secteur bancaire pendant la dernière crise, et des soutiens plus ciblés à des entreprises industrielles comme Peugeot.Les néolibéraux sont ceux qui veulent s’attaquer à l’Etat-providence, en transformant le rôle de l’Etat. Au lieu d’être un acteur de la redistribution, il devient un arbitre chargé de faire respecter les règles du marchéBien sûr, il n’est plus possible de déverser des milliards dans le secteur privé sans contrepartie, ce qui avait d’ailleurs horrifié la gauche pendant la période Giscard d’Estaing. De même, dans le domaine monétaire, la situation dramatique de la Grèce ne doit pas être confondue avec celle des autres Etats de la zone euro, et certainement pas de la France.La mise en place de l’euro, dès 1999 sous forme financière avant l’apparition des pièces et billets en 2002, n’a pas empêché le gouvernement français d’alors, celui de Lionel Jospin, d’étendre l’Etat-providence avec la couverture maladie universelle (CMU) ou les 35 heures payées 39. Plus généralement, les contraintes de l’Union économique et monétaire (UEM) sont largement volontaires : les Français n’ont pas été obligés d’entrer dans une union monétaire avec l’Allemagne, ils l’ont ardemment désiré, alors même que nos voisins d’outre-Rhin restaient réticents.Europe socialeEnfin, l’Europe sociale existe, même si elle est discrète. Sans la contrainte de l’UE, les normes environnementales seraient sans doute bien plus faibles en France. La politique de cohésion aide les régions les plus pauvres au sein de l’UE, comme les territoires d’outre-mer français. Il est vrai que la France métropolitaine profitait plus de ces subsides avant les élargissements successifs mais c’est le jeu de la solidarité, qui est au cœur de l’Europe sociale.Même dans le domaine monétaire, il n’est pas interdit d’espérer que le Mécanisme européen de solidarité (MES) créé pendant la crise de l’euro ne manifeste une solidarité financière européenne, après des décennies passées à discuter autour de la création d’un hypothétique « Fonds monétaire européen ».Là encore, la situation dramatique de la Grèce ne doit pas éclipser les reprises irlandaises et portugaises, nourries par des fonds européens. Certes, cela reste modeste mais il ne faut pas envisager l’Europe sociale comme un gigantesque Etat-providence européen. Comment mettre d’accord un Portugais et un Finlandais, ou tout simplement un Français et un Allemand, sur les médicaments à rembourser par la sécurité sociale ?En fait, l’Europe sociale accompagne le marché, en tentant de gommer ses dynamiques les plus destructrices. Elle s’articule avec l’Europe néolibérale, sans que cette dernière ne définisse à elle seule l’Union européenne.Laurent Warlouzet (Maître de conférences en histoire économique, Université d’Artois)Laurent Warlouzet est l’auteur de Le choix de la CEE par la France. L’Europe économique en débat de Mendès France à de Gaulle (1955-1969) (Comité pour l’Histoire économique et financière de la France, 2011) Cécile Chambraud A deux jours de l’ouverture à Rome du synode de l’Eglise catholique sur la famille, un prêtre polonais donne à la question de l’homosexualité toute sa visibilité, alors qu’elle semblait avoir tendance à passer au second plan des débats. Le père Krysztof Olaf Charamsa, 43 ans, membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi (l’ex-Saint-Office, organisme romain chargé de veiller à la cohérence de la doctrine), a révélé être homosexuel et avoir un compagnon, samedi 3 octobre, afin que, sans « attendre encore cinquante ans », « l’Eglise ouvre les yeux face aux gays croyants et comprenne que la solution qu’elle propose, à savoir l’abstinence totale et une vie sans amour, n’est pas humaine ».Lire aussi :Le pape ouvre les travaux du synode sur la familleDans des entretiens publiés par le quotidien italien Il Corriere della Sera et l’édition polonaise de Newsweek, ce collaborateur de la curie romaine mesure le risque de son coming out. « Je sais que l’Eglise me verra comme quelqu’un qui n’a pas su remplir son devoir [de chasteté], qui s’est perdu et qui plus est non pas avec une femme mais avec un homme ! », dit-il. « Je le fais pour moi, pour ma communauté, pour l’Eglise », ajoute-t-il.Par cet acte spectaculaire, le père Charamsa veut pousser l’institution ecclésiale à changer son regard sur les homosexuels. « Réveille-toi, Eglise, lance-t-il, cesse de persécuter les innocents. Je ne veux vraiment pas détruire l’Eglise, je veux l’aider, et surtout je veux aider ceux qu’elle persécute. Mon coming out doit être un appel au synode pour que l’Eglise arrête ses actions paranoïaques à l’égard des minorités sexuelles », ajoute-t-il.Un geste « très grave » et « irresponsable » pour le VaticanLe Vatican n’a pas tardé à sanctionner l’homme d’Eglise, jugeant ce coming out « très grave et irresponsable » à la veille de l’ouverture du synode. « Evidemment, Mgr Charamsa ne pourra plus continuer à assurer ses fonctions précédentes auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi », ajoute le Vatican dans un communiqué. L’Eglise catholique précise que son statut de prêtre, qu’il pourra difficilement conserver après avoir reconnu vivre en couple avec son partenaire, sera discuté par les supérieurs hiérarchiques de son diocèse.L’accueil des homosexuels est l’une des questions posée aux évêques catholiques réunis en Synode pendant trois semaines à Rome. La doctrine considère les actes homosexuels comme « intrinsèquement désordonnés » et prône l’abstinence aux gays. Elle refuse a fortiori le mariage entre personnes de même sexe. « Je voudrais dire au synode que l’amour homosexuel est un amour familial, qui a besoin de la famille. Chacun, et même les gays, les lesbiennes et les transsexuels, porte dans son cœur un désir d’amour et de famille », affirme le prêtre polonais. « Le clergé, ajoute M. Charamsa dans l’édition polonaise de Newsweek, est largement homosexuel et aussi, malheureusement, homophobe jusqu’à la paranoïa car paralysé par le manque d’acceptation pour sa propre orientation sexuelle. »Alors que 360 prélats commenceront à débattre lundi des différentes questions relatives à la famille, des représentants d’organisations de catholiques homosexuels de près de quarante pays étaient réunis depuis jeudi à Rome pour s’organiser en réseau international baptisé « Global Network of Rainbow Catholics » (GNRC, réseau mondial des catholiques arc-en-ciel).Ces derniers jours, le pape François a semblé émettre des signaux contradictoires sur la question. Lors de son voyage aux Etats-Unis, il a rencontré Kim Davis, l’égérie des opposants au mariage gay, mais aussi un ami homosexuel et son compagnon. Dans l’avion qui le ramenait du Brésil peu après son élection en 2013, François avait déclaré : « Si une personne est homosexuelle et cherche vraiment le Seigneur, qui suis-je pour la juger ? »Lire aussi :Le discours engagé du pape face aux élus américainsCécile ChambraudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Michel Bezat L’Europe reste l’horizon indépassable de Gazprom. Au cours des deux dernières années, marquées par la crise ukrainienne, la Russie avait fait croire qu’elle pouvait pénaliser le Vieux Continent en se tournant vers l’Asie. En 2014, deux décisions majeures avaient illustré cette réorientation politico-économique : la signature d’un contrat gazier de 360 milliards d’euros entre Gazprom et le pétrolier chinois CNPC ; et l’arrêt brutal, décidé par Vladimir Poutine, du projet de gazoduc South Stream traversant l’Europe, au profit du Turkish Stream transitant par la Turquie. Le président russe répondait aux sanctions occidentales décrétées après l’annexion de la Crimée, mais aussi aux poursuites des autorités antitrust de Bruxelles contre le groupe gazier accusé d’abus de position dominante en Europe de l’Est. Dans les deux cas, Gazprom était au centre du jeu.Est-ce parce qu’ils font l’amère expérience de la dureté en affaires de leurs « amis » chinois et turcs ? Depuis quelques semaines, le Kremlin et les dirigeants de Gazprom sont plus conciliants avec les Européens. Ils viennent de trouver un accord sur le prix du gaz vendu à l’Ukraine et semblent disposés à des concessions avec les pays-clients d’Europe de l’Est. Le groupe russe a signé un pacte d’actionnaires avec les allemands E.ON et BASF, l’anglo-néerlandais Shell, l’autrichien OMV et le français Engie pour doubler le gazoduc Nord Stream acheminant du gaz russe vers Allemagne en passant sous la Baltique. Dans la foulée, Gazprom a conclu avec BASF un échange d’actifs (bloqué depuis 2013) resserrant ses liens avec le numéro un mondial de la chimie.Train de la libéralisationC’est de la « real » économie. On a oublié que Gazprom n’est pas que le bras armé du Kremlin, mais aussi une société cotée à Moscou pesant 124 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Un géant qui, pour ne pas perdre de parts de marché, doit prendre en marche le train de la libéralisation du secteur de l’énergie en assouplissant les contrats à long terme signés avec ses clients européens. Une entreprise également dans le viseur de Bruxelles depuis des lustres. Ce n’est pas un hasard si, en septembre, sa filiale export a pour la première fois vendu un peu de son gaz aux enchères. Une révolution pour le conglomérat issu du ministère soviétique du gaz !Lire aussi :Gazprom espère un accord amiable avec BruxellesC’est la preuve, une fois de plus, que l’Europe reste un débouché vital pour le gaz russe, surtout depuis que la production de gaz de schiste aux Etats-Unis lui a fermé l’accès au marché américain. « La sécurité gazière est meilleure qu’on ne le proclame souvent et place l’Union européenne dans une position favorable pour discuter avec la Russie, son principal fournisseur » (30 % de ses importations), souligne Claude Mandil, ancien patron de l’Agence internationale de l’énergie. Tous les différends ne sont pas aplanis, bien sûr. Mais tout se passe comme si – pour l’heure, du moins – les dirigeants européens et russes ne voulaient pas en rajouter dans une situation politique tendue.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.10.2015 à 22h17 • Mis à jour le03.10.2015 à 13h10 | Benoît Vitkine La feuille de route des accords de Minsk ne s’achèvera pas, comme cela était prévu, avant la fin de l’année 2015. La mise en œuvre complète de ces accords signés en février et devant amener la paix en Ukraine « va prendre plus de temps », a reconnu François Hollande, vendredi 2 octobre, à l’issue d’une réunion à l’Elysée avec ses homologues russe, ukrainien et allemand.Aucune nouvelle échéance n’a été fixée, mais les quatre dirigeants se sont accordés sur les prochaines étapes du processus. Première avancée, les élections que les séparatistes prorusses du Donbass comptaient organiser le 18 octobre de façon unilatérale sur les territoires qu’ils contrôlent « ne pourront pas se tenir », a assuré M. Hollande. La tenue d’un tel scrutin, alors que le texte de Minsk prévoit que ces élections locales doivent se tenir en conformité avec la législation ukrainienne, aurait signé l’arrêt de mort de Minsk.A la place, une loi électorale devra être élaborée en concertation avec les rebelles puis votée au Parlement ukrainien, pour permettre que ce scrutin soit « incontestable » selon le mot du président français. Il y a quelques jours, un diplomate français concédait que ces élections ne pourraient pas « être dignes d’un canton suisse, mais devraient être à peu près au cordeau ». Risque ainsi de se poser la question de la candidature de représentants des partis politiques ukrainiens sur des territoires contrôlés par les groupes armés rebelles.Lire aussi :Comment Poutine est revenu au centre du jeu diplomatiqueUn « statut spécial » pour les régions séparatistesLe scrutin devra se tenir dans un délai de 90 jours suivant l’adoption de la loi électorale, et être reconnu par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). A partir de là devra entrer en vigueur un « statut spécial » pour les régions sous contrôle séparatiste. Autrement dit, une autonomie large mais dont les contours restent à définir. C’est la principale concession demandée à la partie ukrainienne : accélérer la mise en place de cette réforme constitutionnelle qui suscite une forte opposition à Kiev.« Une fois que nous aurons eu les élections, il faudra encore prendre du temps pour arriver à la dernière étape de Minsk », a reconnu François Hollande. Cette dernière partie est la plus sensible, et demande une implication sans faille de la Russie. Il s’agit du retrait des groupes armés illégaux opérant dans le Donbass et du retour à la partie ukrainienne de la frontière russo-ukrainienne. « Chaque participant veut l’application de Minsk, aussi bien Porochenko que Poutine », a estimé le président français, qui s’est refusé à faire tout lien entre l’apparente bonne volonté actuellement affichée par M. Poutine et sa nouvelle implication sur le front syrien. Il a toutefois reconnu qu’il n’existait pas de « garantie » que les dernières étapes du processus seront menées à bien.Kiev « prudemment optimiste »Le président ukrainien, Petro Porochenko, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse distincte, s’est dit « prudemment optimiste » quant au succès du processus, pendant que le porte-parole du Kremlin se contentait de faire état de « discussions sérieuses ».Les quatre dirigeants ont également adopté une dernière mesure pour renforcer le cessez-le-feu sur le terrain, dont la dernière mouture, annoncée le 1er septembre, est presque intégralement respectée par les belligérants. Il s’agit du retrait de la ligne de front des armes d’un calibre inférieur à 100 mm, lequel doit débuter ce samedi à minuit et être appliqué dans un délai de 41 jours. Une mesure similaire concernant les armes lourdes, décidée en février, n’est que partiellement appliquée sur le terrain.Lire aussi :A la « frontière » entre les deux Ukraine, blocus et contrebandeBenoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Audrey Garric et Pierre Le Hir Après des années de blocage et de manœuvres en coulisses, les pays anti et pro-OGM dévoilent leur jeu en Europe. Seize Etats membres de l’Union ont demandé, ces dernières semaines, l’interdiction de cultiver des organismes génétiquement modifiés (OGM) sur leur territoire. La France, l’Allemagne, la Bulgarie, Chypre, la Lettonie, la Grèce, la Croatie, l’Autriche, la Hongrie, la Pologne, les Pays-Bas, la Lituanie, l’Italie et le Danemark ont déjà formulé cette demande auprès de la Commission européenne, ainsi que le Royaume-Uni au nom de l’Ecosse, le pays de Galles et l’Irlande du Nord, et la Belgique pour la Wallonie. La Slovénie pourrait leur emboîter le pas, avant samedi 3 octobre, date-butoir fixée par la nouvelle directive européenne sur le sujet, entrée en vigueur en avril.Le nouveau texte, qui visait à sortir de l’impasse dans laquelle se trouvait l’Europe vis-à-vis de ce dossier brûlant, laisse le choix aux Etats membres d’autoriser ou d’interdire la culture des OGM sur leur territoire, et ce, en amont de la procédure d’autorisation menée par la Commission européenne et l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).Lire : La culture des OGM facilitée dans l’Union européenneNeuf dossiers de maïs OGM en attente d’une autorisationJusqu’à présent, les Etats « anti-OGM » ne pouvaient interdire les cultures transgéniques sur leur territoire qu’après leur autorisation à l’échelle européenne, en prenant des clauses de sauvegarde ou des mesures d’urgence pour des motifs environnementaux et sanitaires. Une procédure très fragile juridiquement : la France a, par exemple, été attaquée à trois reprises sur ses moratoires – le dernier pourvoi introduit par les industriels étant toujours examiné par le Conseil d’Etat.Avec la nouvelle directive, les Etats qui souhaitent bannir des OGM doivent en faire la demande auprès des semenciers, sous la houlette de la Commission, afin d’être retirés du périmètre de culture. C’est ce que la France a fait le 17 septembre, en transposant dans le droit français la directive européenne. Paris a ainsi demandé à exclure de son territoire les 9 dossiers d’OGM en attente d’autorisation au niveau européen : le MON810 de Monsanto (deux demandes, pour son autorisation et son renouvellement), le TC1507 de Pioneer, proposé par la Commission en 2013 sous la pression d’un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne, ainsi que six autres maïs de Monsanto, Pioneer et Syngenta. Les entreprises de biotechnologie ont maintenant trente jours pour donner leur réponse (ou s’abstenir, ce qui est considéré comme une approbation).En cas d’opposition de ces dernières, la France, à l’image des autres gouvernements européens, pourra interdire les plantes sur son sol en invoquant différents motifs, notamment de politique agricole, d’aménagement du territoire ou des conséquences socio-économiques.Lire : OGM : tout comprendre au nouveau cadre européenAccélérer la mise en culture de semences« Le nouveau texte simplifie la procédure pour interdire les OGM. Reste à voir si elle fonctionne, notamment la phase de négociations entre les Etats et les semenciers, prévient Pauline Verrière, juriste à l’association Inf’OGM. On peut également craindre des recours devant l’Organisation mondiale du commerce, cette dernière pouvant sanctionner des décisions politiques basées sur des arguments socio-économiques et non scientifiques. Surtout, il existe un risque de multiplication des dossiers d’autorisation au niveau européen. » Car l’objectif de la nouvelle directive était, en laissant la liberté à chaque Etat de se prononcer pour son territoire, d’empêcher les blocages au niveau communautaire. Ceux-ci ont conduit à ce qu’un seul OGM soit actuellement cultivé en Europe : le maïs MON810. Cette semence est plantée presque exclusivement en Espagne, avec 132 000 hectares en 2014, ainsi qu’un peu au Portugal (8 500 ha). En 2015, les surfaces de MON810 ont considérablement diminué dans les trois autres pays qui le cultivent : en République tchèque (997 ha), en Slovaquie (105 ha) et en Roumanie (2,5 ha), selon les comptes d’Inf’OGM.La nouvelle législation va donc certainement accélérer la mise en culture de semences transgéniques sur le sol européen. Le porte-parole santé et environnement de la Commission précise ainsi que la latitude laissée aux Etats membres de s’opposer à ces cultures « ne change rien aux avis scientifiques de l’EFSA, selon lesquels les OGM ne présentent pas de risque pour l’environnement et la santé ».« Décision démocratique »Pour l’heure, les ONG se félicitent de la volonté d’une majorité de pays européens de prohiber la culture des OGM sur leur sol. « C’est un mouvement de masse, à la fois politique et citoyen, qui montre qu’un nombre croissant d’Etats membres ne font pas confiance aux évaluations conduites par l’Union européenne et prennent des mesures, à juste titre, pour protéger leur agriculture et leur alimentation », estime Anaïs Pourest, de Greenpeace France. Les pays et régions qui ont d’ores et déjà signifié leur intention d’interdire les cultures transgéniques « représentent 65 % de la population de l’UE et 66 % de ses terres arables », souligne-t-elle.« Il n’y a jamais eu un signal aussi clair que les cultures génétiquement modifiées, et les entreprises qui les produisent, ne sont pas bienvenues en Europe », renchérit Mute Schimpf, des Amis de la Terre Europe, dans un communiqué. Elle ajoute : « La décision démocratique des pays de bannir les cultures OGM doit être respectée par l’industrie des biotechnologies. » Reste que le dossier des OGM en Europe est loin d’être clos. En particulier, la question des « zones tampons » à mettre en place pour éviter des contaminations frontalières, entre un pays ouvert aux cultures transgéniques et son voisin les refusant, n’est toujours pas réglée. Quant à la révision des procédures d’évaluation et d’autorisation, réclamée depuis des années par les ministres européens de l’environnement, elle est toujours en suspens.Audrey GarricChef adjointe du service Planète/Sciences du MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterPierre Le HirJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.10.2015 à 06h44 | Jean-Baptiste Chastand Les Portugais vont-ils réélire leur premier ministre de droite malgré quatre années d’austérité ? C’est fortement probable, si l’on en croit les sondages publiés jeudi 1er octobre, à trois jours des législatives, prévues dimanche. Avec environ 38 % des intentions de vote, le très libéral Pedro Passos Coelho pourrait parvenir à rester premier ministre, en battant son adversaire socialiste Antonio Costa, crédité d’environ 32 % des voix. La droite ne serait toutefois pas en mesure de conserver la majorité absolue qu’elle avait obtenue en 2011 alors que le pays était au bord de la faillite.S’ils se confirment dimanche, ces sondages étonnent à plusieurs titres. D’abord parce qu’Antonio Costa, 54 ans, ancien maire de Lisbonne, était parti favori après sa victoire aux primaires socialistes, en septembre 2014. En promettant d’adoucir les mesures d’austérité et de combattre la précarité, tout en s’engageant à respecter le cadre budgétaire européen, sa campagne avait tout pour séduire la gauche, sans inquiéter le centre.Timide reprise de l’économieMais Pedro Passos Coelho, 51 ans, a réussi à renverser la tendance dans les sondages en s’appuyant sur la petite reprise de l’économie portugaise. Après avoir été saignée par les mesures d’austérité décidées en 2011 en échange d’un plan d’aide de 78 milliards d’euros de l’Union européenne et du Fonds monétaire international, celle-ci connaît en effet un léger rebond depuis 2014. La croissance est timidement repartie, le pays est sorti du plan d’aide international et le chômage a reculé fortement. Les socialistes défendent que ces indicateurs sont trompeurs en raison de l’émigration massive des Portugais ces dernières années, mais la droite leur rétorque que s’ils reviennent au pouvoir, le pays risque à nouveau la faillite.De quoi perturber des électeurs portugais, plus fatalistes que révoltés depuis l’échec des grandes manifestations anti-austérité de 2012. Les deux grands camps devraient ainsi récolter ensemble deux tiers des voix, empêchant toute véritable percée des partis contestataires. L’extrême droite portugaise est inexistante, et l’extrême gauche eurosceptique est divisée entre un parti communiste resté très traditionnel et un parti contestataire (le Bloc de gauche) qui n’a jamais vraiment percé. Même si ces deux partis pourraient récolter chacun près de 10 % des voix, ils restent loin des niveaux de Podemos en Espagne ou Syriza en Grèce.@jbchastandchastand@lemonde.frJean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.10.2015 à 18h45 • Mis à jour le01.10.2015 à 18h56 | Lorenzo Bini Smaghi (Président du groupe Société générale) La chancelière Angela Merkel le rappelle à juste titre, la crise de l’euro est avant tout une crise de confiance. Mais d’où vient la défiance ?Comme l’a écrit Jens Weidmann [le président de la Bundesbank] dans sa tribune (« Renforçons la surveillance budgétaire au sein de l’Union européenne », Lemonde.fr, 30 septembre), il y a un profond malentendu sur l’interprétation des causes de la crise et du besoin de solidarité entre les pays membres de l’Eurozone. Mais pour résoudre les malentendus, il faut que chacun fasse une part du chemin.Lire aussi :Renforçons la surveillance budgétaire au sein de l’Union européenneLa crise grecque a montré qu’il ne pouvait y avoir de solution tant que le nouveau gouvernement grec n’assume pas pleinement sa responsabilité pour réaliser les réformes nécessaires qui permettent au pays de rester durablement dans l’euro, ce qui est arrivé non sans surprise le jour suivant le référendum qui avait rejeté le plan d’ajustement.Mais ceci n’était apparemment pas suffisant. Au lieu de se féliciter du repentir, bien que tardif, des Grecs, l’Allemagne a mis sur la table au cours des négociations une proposition alternative, qui consistait à faire sortir la Grèce de l’euro pendant cinq ans. Cette initiative a elle aussi contribué à détériorer la confiance réciproque en Europe.Du consensus au scepticismeEn quelques jours, l’Allemagne et ses leaders ont réussi à transformer le consensus entre les dix-huit pays en un scepticisme et une défiance tout aussi forts à son égard. Cette proposition témoigne d’une tendance à penser que les problèmes sont provoqués seulement par les autres, et que la meilleure manière de les résoudre est d’éliminer leur origine, en ignorant les conséquences autodestructrices de cette approche.Une vision claire de l’avenir, qui prenne vraiment en considération tous les aspects systémiques, incluant ceux qui résultent des développements internes de l’économie allemande, semble faire défaut. L’économie allemande a connu un succès exceptionnel ces dernières années. Le produit intérieur brut (PIB) allemand par tête est revenu au-dessus de son niveau d’avant la crise bien avant les Etats-Unis, avec un taux d’emploi supérieur et une dette publique en diminution.Le système économique allemand est un modèle, mais cela ne signifie pas nécessairement que la solution à tout problème européen consiste simplement à reproduire ce qu’a fait l’Allemagne. L’Europe ne serait pas nécessairement plus forte et résistante si nous avions dix-neuf Allemagnes au lieu d’une seule. C’est même probablement le contraire. C’est pourquoi il faut une vision systémique d’ensemble, qui n’est pas la simple somme des visions nationales. Et l’Allemagne, par sa dimension relative et le succès qu’elle a connu ces dernières années, ne peut pas s’y soustraire.Toutefois, c’est justement cette vision qui fait défaut aujourd’hui. Et cela semble être en partie le résultat de préjugés qui se sont transformés en véritables peurs, en angoisses. Si ces craintes ne sont pas dissipées, surtout en Allemagne, il est difficile de penser que l’Europe puisse aller sur la voie du progrès et du maintien de sa prospérité dans la cohésion.L’union bancaire garantit une parité de traitementLa première crainte est que l’Allemagne doive toujours payer les désastres financiers des autres pays. Cette peur résulte des conséquences de l’unification allemande, qui a impliqué des transferts considérables de ressources de l’Ouest vers l’Est. Mais en ce qui concerne l’Europe, elle est injustifiée. Certainement pour le passé, mais également pour tout scénario futur raisonnable.Pour qui observe la crise grecque, même dans le pire des cas, le citoyen allemand moyen aura contribué pour l’essentiel de la même manière que les autres européens. Certains soutiennent même que l’Allemagne contribue beaucoup moins que ce qu’elle devrait, étant donné l’exposition bien plus importante de son système bancaire à la Grèce.La seconde crainte est que les institutions européennes prennent des décisions allant à l’encontre des intérêts de l’Allemagne. L’évidence démontre le contraire. Toutes les craintes relatives aux interventions monétaires de la Banque centrale européenne (BCE), qui auraient tôt ou tard créé une hyperinflation, se sont systématiquement avérées infondées. Les craintes que les aides aux pays en difficulté se traduisent par un assouplissement des politiques budgétaires se sont révélées injustifiées.L’expérience de l’Irlande, du Portugal, voire de Chypre, démontre qu’il était juste de les aider. Le contribuable allemand y a de fait gagné. Certes, le cas de la Grèce est encore incertain, mais cela est-il suffisant pour démentir les autres réussites ? La création de l’union bancaire s’est révélée être un succès et garantit une parité de traitement. En résumé, tous les progrès institutionnels que l’Europe a réalisés depuis la crise ou les politiques communes qu’elle a mises en place ont contribué à la stabilité de l’Allemagne (et des autres pays), démentant les craintes initiales.Excès d’épargneLa troisième crainte concerne la durabilité du système allemand des retraites, liée aux faibles rendements produits par la politique monétaire de la BCE. Elle est également infondée, étant donné que les taux d’intérêt sont aujourd’hui bas presque partout dans le monde. Le problème réside dans l’excès d’épargne par rapport aux investissements au niveau global, et l’Allemagne y contribue de manière systématique, avec plus de 8 % d’excédent extérieur, ce qui produit des effets déflationnistes.La récente décision du gouvernement allemand d’abaisser l’âge de la retraite ne fait qu’aggraver la situation. La conséquence en est que les taux d’intérêt sont bas parce qu’il n’y a pas assez d’investissements, publics ou privés, en Europe et dans le monde, pour faire face à l’augmentation de l’épargne. Ces craintes sont diffuses, peut-être compréhensibles, mais injustifiées. Elles empêchent la création du contexte de confiance nécessaire pour poursuivre le processus d’intégration engagé il y a plus de 60 ans, qui a donné à l’Europe la paix et la prospérité.Chaque pays doit faire sa part, sans penser que le problème ne concerne que les autres.Lorenzo Bini Smaghi a été membre du Comité exécutif de la Banque centrale européenne (2005-2011). Une première version de cet article a été publiée en allemand le 26 août sur le site du journal Süddeutsche Zeitung.Lorenzo Bini Smaghi (Président du groupe Société générale) 01.10.2015 à 15h54 • Mis à jour le01.10.2015 à 16h39 | Marine Forestier Pour son premier déplacement officiel en Jamaïque, mardi 29 et mercredi 30 septembre, le premier ministre britannique, David Cameron, a ignoré les demandes d’excuses adressées au Royaume-Uni pour son rôle historique dans la traite négrière, malgré la pression exercée par plusieurs leaders caribéens.La Jamaïque a été une colonie britannique jusqu’en 1962. L’île fait partie de la Caribbean Community and Common Market (Caricom) qui regroupe quinze pays des Caraïbes, tous étant d’anciennes colonies des puissances européennes. La Caricom a annoncé en 2013 sa volonté d’obtenir des réparations pour les siècles d’esclavage, sans préciser de montant particulier.Lire aussi :Le Code Noir, une monstruosité qui mérite de l’histoire et non de l’idéologieEn 2004, note The Guardian, une coalition de groupes rastafaris en Jamaïque avait estimé que les pays européens devraient payer 129 milliards de dollars pour réinstaller 500 000 rastafaris en Afrique.Des liens ancestraux avec l’esclavage ?En amont de ce déplacement, le premier en quatorze ans d’un premier ministre britannique, la présidente de la commission des réparations de la Caricom, Hilary Beckles a publié une lettre dans le Jamaica Observer adressée à David Cameron. Il lui demandait de faire amende honorable, soulignant ses propres liens ancestraux avec la traite.« Vous êtes un petit-fils du sol jamaïcain, privilégié et enrichi par l’asservissement de nos ancêtres par les vôtres. […] Vous êtes, Monsieur, un produit prisé de cette terre et des bénéfices tirés de l’aubaine par votre famille et dont vous avez hérité. »Lire aussi :Esclavage : les errements de François Hollande sur la question des réparationsLa première ministre jamaïcaine Portia Simpson Miller a indiqué avoir soulevé la question des réparations lors d’une réunion formelle avec David Cameron, « sous les auspices de la communauté caribéenne », tout en étant consciente des « sensibilités évidentes ».La question de la responsabilité britannique esquivéeUn appel resté lettre morte pour le premier ministre britannique, qui a appelé la Caraïbe à « aller de l’avant », dans son discours devant le Parlement jamaïcain, sans faire mention du rôle actif du Royaume-Uni dans la traite.« L’esclavage est abominable dans toutes ses formes. Il n’a aucune place dans une société civilisée, et le Royaume-Uni est fier d’avoir montré la voie de son abolition. Que la Caraïbe ait émergé de cette longue et obscure ombre témoigne de la résilience et de l’esprit de ses habitants. Je reconnais que ces blessures sont très profondes. Mais j’espère, comme des amis qui ont vécu tellement de choses ensemble dans les temps les plus sombres, que nous pouvons aller de l’avant à partir de ce douloureux héritage et continuer à construire pour l’avenir. »David Cameron a insisté sur sa volonté de bâtir le futur, et a annoncé à Kingston un paquet financier d’aide d’environ 455 millions de dollars (plus de 400 millions d’euros) afin d’investir dans des infrastructures en Jamaïque, tels que des ports, ponts, routes et un projet de gestion des déchets. Cent quatre-vingts millions de dollars (environ 160 millions d’euros) seront également fournis pour améliorer l’accès aux soins et impulser la croissance économique, faisant du Royaume-Uni, selon son premier ministre, le plus important donateur bilatéral dans la région.Selon The Guardian, en 2006 Tony Blair avait exprimé sa « profonde tristesse » pour l’esclavage, sans admettre la culpabilité historique du Royaume-Uni.Marine ForestierJournaliste au Monde Benoît Vitkine Dans un climat tendu par l’annonce de frappes russes en Syrie, Paris doit accueillir, vendredi 2 octobre, un sommet réunissant les quatre chefs d’Etat et de gouvernement impliqués dans le règlement de la crise ukrainienne. François Hollande, qui avait lancé l’idée de cette rencontre lors de sa conférence de presse du 7 septembre, recevra dans la capitale française Angela Merkel, Petro Porochenko et Vladimir Poutine, dont l’implication non concertée avec les Occidentaux en Syrie fait paradoxalement espérer aux diplomates occidentaux une position plus conciliante sur l’Ukraine.C’est sous l’égide de ce même format dit « de Normandie » qu’avaient été signés, en février, les accords de Minsk, devant apporter une solution définitive à la guerre en Ukraine, et qui doivent théoriquement être appliqués d’ici au 31 décembre. « Il ne s’agit pas de renégocier Minsk, avertit une source diplomatique française, mais plus de faire un point d’étape. » Le choix des mots est prudent, mais Paris entend, en réalité, aller plus loin qu’un simple point d’étape, et profiter de la « bonne dynamique » observée sur le terrain militaire pour éviter toute sortie de route lors des trois derniers mois du processus.Lire aussi :Comment Poutine est revenu au centre du jeu diplomatiquePari ambitieux Le moment est particulièrement favorable : dans le Donbass, le front est calme comme jamais depuis le début du conflit, au printemps 2014. Le nouveau cessez-le-feu décrété le 1er septembre est presque intégralement respecté par les belligérants, à l’exception de très rares incidents isolés. A la veille de la rencontre, l’Ukraine et les séparatistes prorusses ont annoncé un accord sur le retrait des armes de calibre inférieur à 100 millimètres dans une zone de 15 km de part et d’autre de la ligne de front, sur le modèle de l’accord théoriquement en vigueur pour les armes lourdes. Cette dernière annonce doit être mise en œuvre sous 41 jours. L’objectif est loin d’être acquis, tant la méfiance entre les parties reste forte.Si le volet militaire paraît en voie de stabilisation, l’application du versant politique de la feuille de route de Minsk s’annonce plus périlleuse. Premier écueil, les élections que les séparatistes comptent organiser de façon unilatérale sur les territoires qu’ils contrôlent, alors que le texte de Minsk prévoit la tenue d’un scrutin en conformité avec la législation ukrainienne. Les dates annoncées – 18 octobre pour la « République populaire de Donetsk », 1er novembre pour celle de Louhansk – ont tout de la provocation envers les autorités ukrainiennes, qui organisent leurs propres élections locales le 25 octobre.La solution de compromis élaborée par Paris et Berlin prévoit que le scrutin pourra se tenir dans les territoires séparatistes à une date différente du reste de l’Ukraine, mais bien en conformité avec le droit ukrainien, et sous la supervision de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Pour convaincre les séparatistes d’accepter ce compromis, Paris et Berlin ont obtenu une concession de Kiev : que deux autres points très sensibles de cette feuille de route de Minsk – le retour du contrôle ukrainien sur la frontière russo-ukrainienne et le retrait des groupes armés de la région – n’interviennent qu’en toute fin de processus. Théoriquement, cela impliquerait qu’un représentant du parti du président ukrainien pourrait être candidat dans une ville comme Donetsk encore tenue par des rebelles armés. Le pari est ambitieux, mais un diplomate français relativise en expliquant que « l’on n’attend pas des élections dignes d’un canton suisse, mais un scrutin à peu près au cordeau ».Vaincre les réticencesLes chancelleries occidentales veulent aussi pousser Kiev à accélérer l’adoption des « modalités particulières de la décentralisation » pour les régions de Donetsk et Louhansk. En clair, une large autonomie. Un premier vote sur le sujet s’était soldé, fin août, par des violences meurtrières à Kiev. Et la majorité requise de 300 voix est loin d’être acquise au Parlement ukrainien. Mais Paris et Berlin espèrent que les concessions séparatistes sur les élections vaincront les réticences. « L’idée est de faire avancer les deux dossiers simultanément, explique une source française, pour éviter qu’une des deux parties ne se braque, comme cela a été le cas jusqu’à présent. »Quand bien même ces obstacles seraient franchis, la partie est loin d’être gagnée pour espérer une application entière des accords de Minsk à la fin de l’année. Les deux derniers points – contrôle de la frontière par l’Ukraine et retrait ou désarmement des groupes armés illégaux – s’annoncent autrement plus délicats. C’est à ce moment-là que se vérifiera réellement la bonne volonté affichée aujourd’hui par Vladimir Poutine.Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Jacqué Un scandale Volkswagen ? Quel scandale ? En septembre, le groupe allemand n’a pas du tout souffert de l’affaire du logiciel truqueur, qui n’a éclaté il est vrai que le 18 du mois aux Etats-Unis. En France, les ventes du constructeur ont bondi de 12,8 %, selon les données publiées jeudi 1er octobre par le Comité des constructeurs français d’automobiles, pour un marché en progression de 9 % au mois de septembre.Pour l’instant, toutes les marques commercialisées par le géant allemand profitent de l’embellie du marché national. Audi (+ 6,3 %), VW (+ 12,1 %), mais aussi Seat (+ 21,2 %) et Skoda (+ 28,1 %) progressent. Leur dynamique commerciale est bien plus forte que celle des constructeurs tricolores. Au mois de septembre, Renault (+ 5,8 %) a connu un meilleur mois que PSA (+ 3,9 %), bien loin de leur concurrent germanique.Renault progresseSur neuf mois, si les immatriculations rebondissent au niveau français de 5,4 %, celles des constructeurs nationaux augmentent bien plus modestement de 2,6 %, tandis que Volkswagen affiche une croissance de 4,6 %. Renault, porté par le renouveau de sa gamme, progresse de 4,7 % sur les trois premiers trimestres. Dacia, sa marque à bas coûts qui soutenait le groupe en 2014, est en plus grande difficulté, en retrait de 6 % depuis le début de l’année.PSA bénéficie pour sa part toujours de la bonne tenue de Peugeot. Les véhicules du « Lion » sont toujours aussi demandés (6,7 % de croissance) alors que Citroën (– 1,3 %) et DS (– 11,3 %) connaissent une année bien plus compliquée avec un renouvellement de l’offre qui tarde encore à produire ses effets.Du côté des constructeurs étrangers, BMW (+ 20,2 %), Hyundai (+ 18,4 %) et Mercedes (+ 11,7 %) se distinguent depuis le début de l’année, après il faut le dire une année 2014 particulièrement médiocre. Ford, Nissan et Toyota progressent au rythme du marché.Lire aussi :La France demande des comptes à VolkswagenEn septembre, la part de marché du diesel dans les ventes est tombée à 55 %, un niveau particulièrement bas. Et depuis le début de l’année, la part de marché de cette motorisation est en moyenne de 58 % des véhicules vendus, contre 64 % en 2014 et 73 % en 2012, son plus haut niveau historique. Alors que les constructeurs s’attendaient à voir passer la part de marché à 50 % à l’horizon 2020, ce taux pourrait être atteint bien plus tôt.Philippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Yves-Michel Riols (New York, envoyé spécial) Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a appelé à la création d’un système de « quotas mondiaux » pour la répartition des réfugiés, mercredi 30 septembre à New York, lors d’une réunion de l’ONU consacrée à la crise migratoire en présence de représentants de 70 pays.Le dirigeant de droite magyar a défendu l’approche de son pays qui a fait l’objet de vives critiques depuis la construction de barrières aux frontières de la Hongrie avec la Serbie et la Croatie. Viktor Orban a estimé que les Etats de l’Union européenne ne sont pas en mesure d’absorber la vague de migrants qui se dirigent par centaines de milliers vers l’Europe depuis plusieurs mois. « L’Europe ne peut pas supporter ce fardeau toute seule, si la tendance actuelle ne change pas, l’Europe sera déstabilisée », a-t-il affirmé, en appelant l’ONU à fixer des « quotas mondiaux » de migrants à accueillir dans chaque pays.Lire aussi :Migrants : la Hongrie annonce vouloir fermer à terme sa frontière avec la Croatie« Un mouvement migratoire de masse »Tranchant avec la tonalité des discours des orateurs qui l’ont précédé, M. Orban a relevé qu’il « n’y avait pas de consensus » sur la nature du défi à relever. Pour lui, l’Europe n’est pas confrontée à « une crise de réfugiés », mais à « un mouvement migratoire de masse » composé « de migrants économiques, de réfugiés, de demandeurs d’asile et de combattants étrangers ». Cet afflux trouve son origine dans des pays où « la population est victime d’une mauvaise gouvernance qui la prive de sa dignité ». Ce mouvement « incontrôlé » profite aux réseaux criminels de trafiquants, a-t-il souligné estimant que l’Europe aurait tort de « soulever des attentes qu’elle ne pourra pas satisfaire » auprès de ces populations.De son côté, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a implicitement critiqué la Hongrie en déclarant que « l’avenir n’appartient pas à ceux qui cherchent à construire des murs » alors que le monde est confronté à « la plus grave crise de migration et de réfugiés depuis la seconde guerre mondiale ».A la veille de cette réunion, le chef de la diplomatie hongroise, Peter Szijjarto, avait défendu la position de son gouvernement, mardi, à New York. « L’Europe n’est pas en état de recevoir des centaines de milliers de migrants, et c’est une erreur que de les encourager à venir en Europe, comme le font certains pays », a-t-il estimé. « Les critiques à l’égard de la Hongrie sont injustes et déloyales », a-t-il poursuivi, soulignant que la décision de construire des barrières aux frontières du pays n’a pas été prise « de gaieté de cœur ». « Ce n’est pas la première fois qu’on construit une clôture, a-t-il relevé, et si on nous critique, d’autres doivent l’être aussi. »Lire aussi :Viktor Orban, le mauvais génie de l’EuropeYves-Michel Riols (New York, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.09.2015 à 09h55 • Mis à jour le30.09.2015 à 19h26 L’opération visant à évacuer le camp de migrants à Vintimille, à la frontière franco-italienne, s’est achevée, mercredi 30 septembre, en fin d’après-midi. Réfugiés sur des rochers au bord de la mer, après l’intervention de la police italienne dans leur camp, 50 migrants et militants ont quitté les lieux qu’ils occupaient après avoir trouvé un accord avec les forces de l’ordre.À la suite d’une médiation de l’évêque de Vintimille-San Remo, une trentaine de migrants, essentiellement africains, ont accepté d’être emmenés dans des autocars vers le centre d’accueil des migrants de la Croix-Rouge, à Vintimille. Quant à la vingtaine de militants, ils seront emmenés au commissariat de la ville pour être entendus.Lire le reportage :A Vintimille, guerre d’usure entre migrants et policiersMercredi matin, dès 6 heures du matin, 200 membres des forces de l’ordre italiennes ont évacué ce camp, situé sous un viaduc à une centaine de mètres de la frontière française, où se trouvait encore une centaine de migrants. Le tribunal d’Imperia, en Italie, a décidé cette évacuation pour « occupation illégale du domaine public » et « vol d’eau et d’électricité ». Après l’intervention de la police, une dizaine de migrants ont été interpellés et transférés au commissariat. Parmi eux, se trouvait un Bosnien, objet d’un mandat d’arrêt international.Selon des journalistes présents sur place, des policiers et des carabiniers italiens en tenue antiémeute ont retourné les tentes des migrants installés dans ce camp à l’aide de bulldozers. Ils ont également réquisitionné une partie de leurs sacs et de leurs stocks de nourriture.Tous les points de passage de la frontière entre l’Italie et le département des Alpes-Maritimes font l’objet de contrôles renforcés depuis la mi-juin par la police française.Lire aussi :Les Républicains demandent de rétablir provisoirement les contrôles à la frontière franco-italienne Patrick Roger Le projet de loi de finances pour 2016 du gouvernement de Manuel Valls sera adopté, mercredi 30 septembre, en conseil des ministres. Ce projet de budget, fondé sur une hypothèse de croissance jugée « prudente » par le gouvernement – alors qu’à l’heure actuelle, la reprise de l’activité économique demeure lente – sera avant tout marqué par des baisses ciblées de l’impôt sur le revenu et par des mesures d’économies, dont le montant sera un peu supérieur aux premières estimations communiquées par le gouvernement.A ce propos, M. Valls, lors d’un entretien, mardi, avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s’est engagé à prendre « les mesures nécessaires » afin de tenir la promesse de Paris de ramener le déficit public sous la barre des 3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2017. « Voilà le message : la France est en mouvement, et rien n’interrompra l’élan de réformes qui a été engagé. La France en a besoin pour elle-même, je suis également convaincu que c’est utile pour l’Europe dans son ensemble », a déclaré le chef du gouvernement.Voici, en cinq chiffres, un aperçu des grandes masses de ce projet de budget.1,5 %C’est l’hypothèse de croissance de l’économie française pour l’année 2016 (après 1 % en 2015) sur laquelle a été construit le projet de loi de finances. Cette estimation reste proche de celle des instituts économiques qui convergent vers 1,6 %.« Ce 1,5 % n’est pas un objectif, nous cherchons à nous donner les moyens de faire mieux, mais nous avons fait le choix d’une hypothèse prudente pour construire notre budget. Ce choix n’allait pas nécessairement de soi », précise le ministre des finances, Michel Sapin.Le Haut conseil des finances publiques, quant à lui, estime que, « compte tenu de l’accroissement des incertitudes depuis l’été, (…) l’hypothèse d’une croissance de 1,5 % en 2016 ne peut plus être qualifiée de “prudente” ». Il considère toutefois qu’elle reste « atteignable ».Le gouvernement table sur une consommation des ménages soutenue (+ 1,7 %) et, surtout, sur un fort rebond de l’investissement des entreprises (+ 4,9 %) grâce aux effets attendus du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) et du pacte de responsabilité, dont elles bénéficieront pour un montant global de 9 milliards d’euros.Lire aussi :Un budget pour 2016 construit sur une « hypothèse prudente » de croissance 16 milliards d’eurosC’est le montant de la réduction des dépenses programmée en 2016. Amorcé en 2015, le mouvement de baisse de ces dépenses, de 50 milliards d’euros en trois ans, se poursuit donc.Mais le programme de stabilité, transmis au printemps à la Commission européenne, ne prévoyait « que » 14,5 milliards d’euros d’économies en 2016. Le projet de loi de finances place donc finalement le curseur un peu plus haut.Après 56,4 % du PIB en 2014 et 55,8 % en 2015, la dépense publique devrait s’établir à 55,1 % en 2016. Un niveau qui reste cependant un des plus élevés d’Europe. Le gouvernement fait observer que la progression moyenne, en valeur, de la dépense publique entre 2012 et 2016 (1,5 %) est inférieure de moitié à sa progression entre 2007 et 2011 (plus de 3 %).En 2014, la progression en valeur a été contenue à + 0,9 % et celle de l’Etat a même baissé. « Rapporté à un rythme d’évolution spontanée de la dépense publique autour de + 2,5 %, l’effort est réel », souligne M. Sapin.2 milliards d’eurosC’est l’ampleur (en réalité un peu plus de 2 milliards d’euros) de la nouvelle baisse d’impôt sur le revenu décidée pour 2016. Le gouvernement met en l’occurrence l’accent sur les ménages modestes.Cette réduction concernera 3 millions de foyers qui n’ont pas bénéficié de la baisse engagée en 2015, pour 3 milliards d’euros. Ceux-ci devraient voir leur impôt diminuer et environ 1 million sortiront de l’impôt sur le revenu (IR) ou éviteront d’y entrer.Ainsi, en 2016, 46 % des foyers imposables seront assujettis à l’IR, un niveau équivalent à celui de 2010. Entre-temps, cependant, les recettes de l’impôt sur le revenu ont crû de 20 milliards d’euros.Les prélèvements obligatoires, dans leur ensemble, n’observeront, eux, qu’une très faible diminution : ils se situeront à 44,5 % du PIB en 2016, après 44,6 % en 2015 et 44,9 % en 2014, année record. « Les recettes fiscales sont au rendez-vous », se félicite le secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert.3,3 %C’est, en pourcentage du PIB, le niveau du déficit public que le gouvernement s’engage à atteindre fin 2016, après 3,8 % en 2015, l’objectif étant d’arriver à passer sous la barre des 3 % en 2017, comme le prévoit le pacte de stabilité approuvé par la Commission européenne.Cet objectif suppose toutefois, pour être tenu, une maîtrise stricte des économies à réaliser, compte tenu à la fois des mesures fiscales en faveur des ménages et des entreprises et des crédits annoncés par le gouvernement ces dernières semaines pour l’agriculture, les collectivités locales et l’accueil des réfugiés.C’est sur le chiffrage de ces économies que le gouvernement est particulièrement attendu.Lire aussi :Budget : Bruxelles ne relâche pas la pression sur la France96,5 %C’est, en pourcentage du PIB, le poids de la dette publique. Celle-ci devrait continuer à croître en 2016, certes de façon modérée, mais elle atteindra quand même 96,5 % du PIB, après 96,3 % cette année. Selon l’Insee, elle s’établissait à 97,6 % du PIB à la fin du second trimestre 2015.Les « règles » européennes prévoient théoriquement que la dette publique soit contenue sous les... 60 % du PIB. « La dette se stabilisera nettement en dessous de 100 % du PIB en 2016, avant de progressivement refluer », a annoncé M. Sapin en présentant les grandes orientations du budget.Paradoxalement, le budget de l’Etat devrait enregistrer un moindre poids de la dette par rapport à ce que le gouvernement anticipait, grâce à la persistance de taux d’intérêt bas et d’une faible inflation.Ainsi, la charge de la dette en 2016 devrait s’élever à 44,5 milliards d’euros alors que la loi de programmation des finances publiques prévoyait 47,7 milliards.Lire l'entretien :Michel Sapin assure pour 2016 une « maîtrise très forte des dépenses de l’Etat »Patrick RogerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Brighton, envoyé spécial) Deux semaines après avoir été porté à la tête du Labour avec 59 % des voix, Jeremy Corbyn a reçu, mardi 29 septembre à Brighton (Royaume-Uni), l’onction enthousiaste du congrès travailliste. Ovations debout répétées, acclamations, bras levés : le discours qu’il a prononcé et sa réception par les militants confirment que l’outsider radical de la primaire travailliste n’est pas l’accident de l’histoire que David Cameron et la majorité des médias se plaisent à décrire.Désireux de balayer l’image du coupeur de têtes néomarxiste que renvoient les tabloïds, M. Corbyn s’est habilement présenté comme un homme à l’écoute, convaincu des vertus de la contestation et du « libre débat », porteur des valeurs ouvrières historiques du Parti travailliste et promoteur d’une société « plus douce, plus accueillante », capable de « prendre soin » des démunis.« Diriger, c’est écouter », a-t-il lancé à l’adresse de tous ceux qui, en particulier chez les députés de son propre parti, combattent ses positions tranchées contre l’arme nucléaire et le plafonnement des aides sociales, et pour la nationalisation des chemins de fer. « Ne pas être d’accord, ce n’est pas la fin du monde, si on se retrouve à la fin pour défendre nos idées contre les tories », a-t-il lancé.Depuis qu’il a été élu, l’homme a déjà montré qu’il savait mettre de l’eau dans son vin : après le scandale suscité par son refus de chanter le God Save the Queen, lors de la commémoration de la Bataille d’Angleterre, il a accepté de se conformer aux usages. Alors que son élection marque une victoire pour les eurosceptiques de gauche, il a aussi promis de défendre le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne lors du référendum prévu d’ici à 2017.Lire aussi :Jeremy Corbyn cherche à surmonter les critiques de ses détracteursMardi, pour son discours-programme retransmis par tous les médias, il portait une cravate grenat mal serrée et lisait son texte sur un prompteur. Mais ses concessions ne se sont pas limitées au style : en évitant de trancher sur les sujets qui fâchent, en caressant largement les militants dans le sens du poil, il a manifesté un solide sens politique et de la synthèse, sans pour autant céder à la démagogie.Dénonçant la revendication de David Cameron d’une exemption pour le Royaume-Uni en matière de droits sociaux européens, Jeremy Corbyn a défendu « une Europe de l’unité et de la solidarité ». Se posant en défenseur des droits de l’homme dans le monde, il a dénoncé le soutien de Londres et les ventes d’armes à des régimes comme l’Arabie saoudite. Convaincu qu’« un peu plus de bombes » sur la Syrie ne réglerait rien sans une « stratégie diplomatique », il a appelé à « tirer les leçons du passé », en particulier, la décision de Tony Blair d’engager le pays en Irak « sur la base de mensonges ».Mais la principale cible du nouveau chef de l’opposition au gouvernement de Sa Majesté est évidemment David Cameron et sa sévère politique d’austérité. Accusé par le premier ministre de constituer « une menace » non seulement pour la sécurité nationale à cause de son opposition à la force nucléaire, mais aux familles britanniques en raison de sa contestation des coupes sur les budgets sociaux, Jeremy Corbyn lui a renvoyé la politesse. Maniant l’anaphore sur le thème « Où est la sécurité lorsque… ? », il a énuméré les situations d’insécurité sociale que vivent nombre de Britanniques : baux de location de six mois, impossible accès à un logement abordable, emplois précaires, réduction des aides sociales, recours aux banques alimentaires. Et d’appeler les militants à combattre ces injustices, afin de construire « une gauche moderne, une société plus juste pour tous ».Lire aussi :Royaume-Uni : Corbyn réussit son grand oral face à CameronLe respect des opinions des autres, le fair-play, la solidarité, « ces valeurs que partagent la majorité des Britanniques, ce sont les raisons fondamentales pour lesquelles j’aime ce pays et son peuple », a insisté le leader, dont le patriotisme avait été mis en cause après l’épisode du God Save the Queen.La référence appuyée aux fondamentaux de la gauche – la solidarité, le refus de l’injustice et des préjugés –, reléguée au second plan ces derniers temps au profit du sérieux budgétaire revendiqué, ne pouvait que déclencher des tonnerres d’applaudissements consensuels. Pour M. Corbyn, soupçonné de provoquer l’éclatement de son parti, c’était essentiel.La revendication d’une renationalisation des chemins de fer – plébiscitée largement selon les sondages – et d’une gestion des établissements scolaires par les collectivités locales et non par des entités privées peut également facilement unir le « peuple de gauche ».Lire aussi :Corbyn réveille les vieux démons du LabourMais le discours de Brighton a évité plusieurs sujets très clivants, notamment le déficit budgétaire et l’immigration, deux dossiers stratégiques sur lesquels les électeurs ne font pas confiance au Labour et qui divisent profondément le parti. Il n’a pas non plus clarifié la position du Labour sur des questions clés comme l’Europe ou l’arme nucléaire : M. Corbyn a seulement répété son opposition, tout en prônant la défense des emplois qui y sont liés, conformément à la position des syndicats qui soutiennent ardemment le nouveau leader.Tous ces différends devront être tranchés, et M. Corbyn s’est dit « ouvert au débat ». Les élections locales, notamment à Londres et en Ecosse, au printemps prochain, constitueront un premier test de l’écho de la nouvelle ligne du parti auprès des électeurs. Ses opposants au sein du parti semblent avoir enterré la hache de guerre, pour l’instant. Mais font savoir qu’ils l’attendent au tournant.Mais le nouveau leader travailliste a aussi rappelé le mandat clair « pour le changement » que la primaire lui a conféré. Avec 50 000 nouvelles adhésions enregistrées au parti depuis son élection, Jeremy Corbyn dispose d’une légitimité à se poser en chef de file d’un mouvement de masse, notamment parmi la jeunesse. Tous ses lieutenants l’ont répété à Brighton devant des audiences électrisées : il s’agit de transformer le vieux Labour Party en un vaste « mouvement anti-austérité ».Lire aussi :Qui est Jeremy Corbyn, nouveau leader de la gauche britannique ?Philippe Bernard (Brighton, envoyé spécial)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.10.2015 à 16h19 • Mis à jour le07.10.2015 à 17h08 | Philippe Bernard (Manchester, envoyé spécial) Deux minutes dans un discours de plus d’une heure. Alors que l’avenir du Royaume-uni dans l’Union européenne est l’un des sujets les plus brûlants et les plus débattus du congrès de son parti, David Cameron n’y a consacré que quelques paragraphes dans l’adresse solennelle qui, mercredi 7 octobre, a clos, comme c’est la tradition, la grand-messe des conservateurs réunis à Manchester. Quatre mois après sa large victoire aux législatives, le premier ministre a consacré toute son énergie à unifier les tories autour de valeurs nationales – « sécurité, stabilité, opportunités » – et à tendre la main aux électeurs du Labour qui seraient déstabilisés par le positionnement très à gauche et « dangereux » selon lui, de Jeremy Corbyn, le nouveau chef de file de l’opposition.Mais, alors que M. Cameron s’est engagé de son propre chef dans une négociation incertaine qui pourrait aboutir à une sortie de l’Union européenne après le référendum qu’il a promis, il a choisi de faire profil bas sur un dossier qui divise gravement les tories. Dans son discours entièrement tendu vers la construction d’une « plus Grande-Bretagne », il n’a présenté l’UE que comme un outil à mettre au service de la grandeur du pays. « Croyez-moi, je n’ai pas d’attachement romantique envers l’Union européenne et ses institutions. Seules deux choses m’intéressent : la prospérité de la Grande-Bretagne et son influence ». Le premier ministre a promis aux militants qu’il allait « se battre dur dans [la] renégociation [qu’il souhaite mener avant le référendum], afin que nous puissions obtenir un meilleur arrangement et le meilleur des deux mondes [la souveraineté nationale et le marché commun] ».L’Europe « trop tyrannique »Dans l’Europe, les Britanniques ne sont intéressés que par les opportunités commerciales, pas par le projet politique : « Quand nous sommes entrés dans l’Union européenne [en 1973], on nous a dit qu’il s’agissait d’entrer dans un marché commun, a-t-il lancé devant une assistance conquise. Je le dis très clairement : la Grande-Bretagne n’est pas intéressée par une “Union toujours plus étroite” [une clause incluse dans le traité de Rome de 1957] et j’y veillerai personnellement ». Alors que les eurosceptiques, voire les europhobes tiennent le haut du pavé au congrès de Manchester en dépit d’une consigne de silence du parti et du gouvernement, David Cameron leur a concédé que « l’Europe [était] trop grosse, trop tyrannique, trop interventionniste ». Mais le premier ministre a renvoyé dos à dos ceux qui « veulent faire avec » l’Europe telle qu’elle est, et ceux qui souhaitent « s’en aller purement et simplement ». Et il a fait l’éloge d’un Royaume-Uni ayant su rester dans l’Union tout en défendant bec et ongles ses intérêts nationaux.« Cauchemar »« La Grande-Bretagne est ainsi : nous ne fuyons pas les batailles. Nous nous y impliquons. Nous traitons les problèmes. C’est ainsi que nous avons conservé nos postes-frontières, (…) que nous avons gardé la livre sterling (…), que nous avons obtenu des rabais, que nous avons échappé aux renflouements financiers [de la Grèce, etc.] », a-t-il mis en avant.Bien qu’emporté par un élan patriotique, M. Cameron a pris soin de mentionner quelques actions positives de l’Europe, mais pour en attribuer le mérite au Royaume-Uni : « Qui a amené l’Europe à ouvrir des négociations commerciales avec les Etats-Unis ? Qui a conduit l’Europe à sanctionner l’Iran ? (…) C’est nous. La Grande-Bretagne. Nous l’avons fait ». Certes, il s’agit d’abord d’un discours de congrès destiné à flatter conjointement les oreilles des deux tendances qui s’affrontent au sein des tories : celle qui se prépare à « vendre » à l’opinion les concessions qu’aura obtenues le premier ministre pour « rester dans une Europe réformée », et celle qui met en avant l’avenir lumineux du pays, débarrassé du « cauchemar » de l’UE et ouvert aux grands vents prometteurs du commerce mondial. De longs mois séparent encore le Royaume-Uni du référendum sur le « Brexit » (« British exit » ou sortie de l’UE) dont la perspective semble s’éloigner, et devrait plutôt avoir lieu à la fin 2016 ou en 2017. L’âpreté du discours de Manchester donne un avant-goût du débat qui attend les Britanniques et David Cameron.Lire aussi :Le prêche anti-austérité de Jeremy Corbyn dans la cathédrale de ManchesterPhilippe Bernard (Manchester, envoyé spécial)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) Et si Martin Winterkorn, le patron de Volkswagen (VW) démissionné d’un groupe qu’il avait contribué à hisser au sommet de l’automobile mondiale, n’avait rien su de la gigantesque manipulation de ses moteurs diesel ? Ce qui paraît invraisemblable, au vu de sa réputation d’ingénieur obsédé du détail, devient plausible si on considère la culture de management en vigueur au sein du groupe VW. Un groupe où la peur est érigée en mode de direction et où exprimer la moindre objection peut signer la fin de la carrière d’un cadre expérimenté.« Volkswagen est une entreprise dirigée comme une monarchie absolue, où ce qui n’est pas autorisé ne peut pas arriver », explique au Monde un très bon connaisseur du groupe, régulièrement en contact avec les cadres. « On donne des instructions sur les objectifs à atteindre, et personne n’ose dire que cela n’est tout simplement pas possible, pas faisable techniquement. Parce que si quelqu’un dit cela, il peut se chercher un nouvel emploi ! »Le fameux moteur truqué, l’EA189, était considéré comme une des réussites du groupe : une mécanique efficiente, peu gourmande en carburant et étonnamment faible en émissions. Depuis quelques jours, les témoignages se multiplient dans la presse pour soutenir la thèse qu’un petit cercle d’ingénieurs, sans doute désespérés, ont pu manipuler le logiciel du moteur, paniqués à l’idée de devoir demander une rallonge de moyens pour développer un nouveau système d’échappement.La marque de Ferdinand Piëch« Le haut management n’avait même pas besoin de savoir qu’un logiciel avait été installé, ils n’ont peut-être rien su effectivement ou n’ont pas voulu le savoir, mais ils ont certainement contribué à faire en sorte que certains ne trouvent pas d’autre issue que de faire cela », poursuit l’expert. « C’est bien simple : Martin Winterkorn ne tolérait aucune discussion ou critique. Cela vaut pour toute la vieille garde du haut management. Si vous comparez avec d’autres entreprises, même du secteur automobile, et que vous observez la façon non prétentieuse et ouverte avec laquelle on y dirige, vous constatez que VW, avec ses chefs inaccessibles, est un cas extrême », tranche-t-il. « Chez VW, ça marche comme en Corée du Nord, les camps de travail en moins », dit une célèbre boutade du Spiegel.Cette culture de la peur, rarement évoquée, notamment en raison des succès du groupe, n’est pas uniquement la marque de Martin Winterkorn. Elle date au moins de son prédécesseur, Ferdinand Piëch, connu pour être impitoyable avec ses opposants et critiques. La violence de la guerre des chefs qui a miné VW au printemps est le dernier exemple d’une longue série de conflits qui émaille l’histoire du groupe et de la famille actionnaire, depuis que M. Piëch y travaille.Dans une critique d’une rare violence, parue dans le journal Berliner Morgenpost du 21 septembre, Thomas Sattelberger, ancien directeur du personnel du groupe Deutsche Telekom, dénonce tout le « système Volkswagen ». Selon lui, l’ancien duo à la tête de VW aurait installé une culture d’entreprise « où les porteurs de mauvaises nouvelles sont guillotinés, même s’ils ne sont pas responsables ». Une culture qui peut conduire à des erreurs dramatiques, si des problèmes ne sont pas relayés à la hiérarchie.« J’attends de l’ouverture et de la sincérité, j’y tiens. La critique constructive est autorisée à tous les niveaux », a insisté Matthias Müller, le nouveau PDG du groupe, devant les salariés rassemblés mardi 6 octobre à Wolfsburg.Lire aussi :Volkswagen peut-il survivre au scandale ?Cécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au Monde Philippe Ridet (Rome, correspondant) Il va y avoir du monde en Méditerranée. Aux moyens de l’opération « Triton » (quatre avions, un hélicoptère, sept navires) chargée de surveiller et de sécuriser les routes migratoires vers l’Italie en provenance de Libye et d’Egypte vont s’ajouter, à partir du 7 octobre, neuf bâtiments de guerre européens, dont un porte-aéronefs italien et la frégate française Courbet. Soit 1 300 personnes dans un premier temps.Annoncée fin septembre à Rome par Federica Mogherini, la chef de la diplomatie européenne, et placée sous l’égide l’Eunavfor Med, cette nouvelle mission, baptisée « Sophia » (ou « Sofia »), du nom d’une petite fille de migrants née en mer, consiste à intercepter dans les eaux internationales les passeurs, les arrêter, les poursuivre et arraisonner leurs bateaux, par la force si besoin. Des officiers de police judiciaire italiens seront présents à bord afin de faciliter les actes d’inculpation une fois les trafiquants descendus sur la terre ferme.C’est au rez-de-chaussée d’une caserne de l’armée de l’air italienne, dans le quartier de Centocelle à Rome, que se tient le commandement opérationnel de cette initiative. Cent quatre-vingt hommes et femmes appartenant à 20 nationalités coordonnent les opérations dans la zone de la Méditerranée centrale comprise entre la Tunisie et Libye jusqu’à l’Italie. Une première phase lancée en juin a déjà permis d’étudier le modus operandi des passeurs.« Une des premières sources de revenus »Les bateaux de migrants sont souvent accompagnés dans les eaux internationales par des navires d’escorte rapides jusqu’à ce qu’ils rencontrent des secours. Après quoi, ils prennent la fuite. C’est à leur bord que se trouvent les organisateurs du trafic. Une vingtaine d’esquifs ont ainsi été repérés qui auraient pu être arraisonnés. Un phénomène observé à 21 reprises ses derniers mois. C’est sur cette information, confiée par Mme Mogherini à la presse, mais dont les militaires auraient préféré qu’elle reste secrète, que se base le succès de l’opération « Sophia ».Pour l’amiral Hervé Bléjean, commandant en second de cette mission, il s’agit avant tout « d’insécuriser l’adversaire » et de « perturber » le trafic. Même si la route de la Méditerranée est la moins sûre de toutes, elle demeure une des plus rentables pour les trafiquants. « C’est une opération de police avec des moyens militaires, résume-t-il. Le transport des migrants est une des premières sources de revenus en Libye avec le pétrole. On estime le revenu du trafic à 250 millions d’euros par mois. »Menée conjointement avec Frontex, Eurojust, Europol, la police italienne, les organisations humanitaires, « Sophia » entend porter un coup sinon fatal du moins important aux organisations criminelles qui gèrent les passages entre cette partie de l’Afrique et le Vieux Continent. « L’adversaire va s’adapter, c’est sûr, explique l’amiral Bléjean. Notre objectif est de lui rendre la vie plus difficile. »Lire aussi :En Italie, la lutte contre les passeurs s’inspire du combat contre la MafiaPhilippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.10.2015 à 19h29 • Mis à jour le06.10.2015 à 19h30 | Cécile Chambraud (Rome, envoyée spéciale) Une mise au point du pape François s’est imposée dès le matin du deuxième jour du synode sur la famille, mardi 6 octobre. La veille, lors de la première salve d’interventions des évêques et des cardinaux réunis à Rome pour trois semaines afin de débattre du message de l’Eglise catholique sur ce sujet, des grincements s’étaient fait entendre. Un tiers de la vingtaine d’intervenants s’étaient interrogés sur la méthode de discussion retenue pour encadrer les débats ou sur le bien-fondé des réflexions ouvertes.Contrairement aux synodes précédents, le temps dévolu aux séances plénières a été cette fois réduit au minimum, au profit de discussions par groupes linguistiques d’une vingtaine de personnes chacun. Ce sont ces groupes qui, chacun de leur côté, sont chargés d’amender le rapport initial. A partir de leurs contributions, le rapport final sera rédigé sous le contrôle d’une commission de dix membres nommée par le pape, puis mis aux voix.Des prélats s’étant interrogés sur la place accordée à ces groupes et sur le choix des membres de la commission, le secrétaire général du synode des évêques, le cardinal Lorenzo Baldisseri, a dû rappeler mardi matin que ce dispositif avait été approuvé par François lui-même.Lire aussi :Le synode du Vatican sur la famille s’ouvre dans une ambiance tendue« Si on ouvre la porte, les loups risquent d’entrer dans la bergerie » Sur le fond, une partie des prélats craignent qu’en se montrant trop conciliant avec les divorcés remariés, les unions libres ou les couples de même sexe, toutes ces formules qui ne correspondent pas à sa conception de la famille, le message de l’Eglise soit en fin de compte dilué. La veille, le rapporteur général, le cardinal hongrois Peter Erdö, qui se range dans ce courant, avait ainsi semblé refermer la porter à toute réflexion sur l’accès aux sacrements des divorcés remariés, à qui l’Eglise les refuse aujourd’hui.Sans faire explicitement référence aux propos du cardinal Erdö, Jorge Bergoglio a cependant tenu à rappeler aux participants, mardi, qu’ils doivent travailler à partir du rapport issu du synode de 2014, qui laissait cette question ouverte. Elle demeure posée comme une question « pastorale », a confirmé l’archevêque Claudio Celli, président du conseil pontifical pour la communication sociale. En revanche, le pape a répété qu’il n’est pas question de « toucher à la doctrine sur le mariage ».Lundi et mardi matin, les interventions – qui ont lieu à huis clos mais dont la teneur est rapportée en substance lors d’une conférence de presse – ont démontré que la tension reste vive entre partisans du statu quo et demandeurs d’un assouplissement de la discipline, qui avait déjà marqué le synode de 2014. Ainsi, un prélat a souhaité que l’Eglise abandonne un vocabulaire « excluant » à l’égard des familles « irrégulières » et le registre de la « pitié » pour s’adresser aux homosexuels, qui doivent être reconnus « tels qu’ils sont ». Un autre, au contraire, a mis en garde contre les conséquences d’un changement : « Si on ouvre la porte, les loups risquent d’entrer dans la bergerie. »On a pu une nouvelle fois constater que les préoccupations varient d’une région à l’autre, d’un continent à l’autre. Certains sont plus concernés par les conséquences des migrations, de la pauvreté, par la polygamie ou les mutilations sexuelles que par le remariage après un divorce. Partant de ce constat, un intervenant a proposé que, s’il n’y a pas forcément de solutions universelles, des solutions « régionales » ou « continentales » puissent être discutées par les églises locales. Cette conception d’une Eglise catholique plus déconcentrée, pour ne pas dire plus décentralisée, rejoint un point de vue déjà développé par Jorge Bergoglio au début de son pontificat.Lire aussi :François, un pape iconoclaste mais prudent Cécile Chambraud (Rome, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) François Hollande et Angela Merkel devaient s’exprimer conjointement, mercredi 7 octobre, devant le Parlement européen, à Strasbourg. Une première pour un chef d’Etat français et un chancelier allemand depuis 1989. Après un discours de quinze minutes pour chacun d’entre eux, les deux dirigeants devaient écouter les responsables des groupes politiques, puis leur répondre brièvement. C’est Martin Schulz, président du Parlement européen, qui est à l’origine de cette intervention conjointe exceptionnelle. Les deux dirigeants lui avaient donné leur accord lors d’une rencontre à Strasbourg le 31 janvier. A l’époque, il s’agissait surtout de défendre les libertés publiques, trois semaines après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher à Paris. Aujourd’hui, François Hollande et Angela Merkel veulent mettre l’accent sur l’Europe comme « communauté de valeurs ».Si leur intervention conjointe est bien entendu également destinée à mettre en avant la dynamique du moteur franco-allemand, les deux pays ne sont pas toujours, loin s’en faut, sur la même longueur d’onde. Petite revue des dossiers du moment.Paris pris de court par Berlin sur les réfugiésOfficiellement, les deux pays sont sur la même ligne. Depuis des mois, le ministre français de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, n’a de cesse de s’afficher aux côtés de Thomas de Maizière, son homologue allemand. En fait, la France a longtemps été hostile à la politique de quotas proposée par l’Union européenne et soutenue par l’Allemagne, qui y voit un moyen de limiter le nombre de réfugiés qu’elle accueille, en partageant cette responsabilité avec ses voisins. Même si l’Allemagne n’a jamais critiqué publiquement le peu d’empressement de Paris de recevoir des réfugiés, elle constate que son voisin, volontiers donneur de leçons en matière de droits de l’homme, en accueille beaucoup moins qu’elle. Pas de consensus sur l’approfondissement de l’union monétaireEn juillet, François Hollande avait évoqué une « avant-garde » au sein de l’Union européenne, avec un gouvernement de la zone euro doté d’un budget spécifique et d’un Parlement. Pour le moment, Angela Merkel s’en tient à la contribution que François Hollande et elle-même avaient envoyée le 23 mai à Jean-Claude Juncker, le président de la Commission. Les deux dirigeants ont alors proposé que la zone euro se dote d’un programme dans « quatre domaines d’action, qui devraient être développés dans le cadre des traités actuels dans les prochaines années » : la politique économique, la convergence économique, fiscale et sociale, la stabilité financière et les investissements, et la gouvernance de l’union monétaire. Un document qui semblait également adressé à David Cameron. Le premier ministre britannique souhaite en effet obtenir de ses partenaires une révision des traités, non pas pour renforcer l’Union européenne, mais au contraire pour renforcer les prérogatives des Etats. Avec ce document, Angela Merkel et François Hollande tentent d’avoir une position commune face au premier ministre britannique, même si les responsables politiques allemands semblent davantage craindre un « Brexit » que leurs homologues français.Accord pour éviter la sortie de la Grèce de la zone euroAprès l’élection d’Alexis Tsipras en janvier, Angela Merkel et François Hollande ont très vite joué une partition commune face au premier ministre grec. En Allemagne, alors que des voix de plus en plus nombreuses, dont celle du ministre des finances, Wolfgang Schäuble, se prononçaient en faveur d’un « Grexit » au moins temporaire, Angela Merkel a compris que c’était une ligne rouge pour François Hollande et que, par conséquent, elle n’entendait pas la franchir.Impatience allemande sur les déficitsSi Berlin a vu d’un bon œil les promotions de Manuel Valls et d’Emmanuel Macron durant l’année 2014, l’Allemagne s’inquiète toujours du manque d’allant de la France pour les réformes structurelles. La récente proposition du commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Pierre Moscovici, de prendre en compte le coût de l’accueil des réfugiés dans le calcul des déficits publics de certains pays a été vue à Berlin comme une nouvelle tentative de Paris de ne pas se soumettre à la discipline européenne.Front commun sur l’Ukraine face à la Russie, divergences d’approche sur la Syrie L’Ukraine est sans doute le dossier qui a le plus contribué à rapprocher le président socialiste de la chancelière conservatrice. Berlin ne voulait pas se trouver seul face à Moscou pour tenter de régler ce conflit. Par ailleurs, Paris entendait être associé pour asseoir son statut de grande puissance. La négociation des accords de Minsk, en février, a été l’occasion pour le président et la chancelière de travailler très étroitement ensemble.Sur la Syrie, la France et l’Allemagne n’ont pas tout à fait le même point de vue quant à l’avenir du président syrien. François Hollande fait partie des « durs » qui pensent que celui-ci doit partir pour permettre de trouver une solution à la guerre civile. Angela Merkel juge qu’il faut parler avec tous les interlocuteurs et que Bachar Al-Assad fait partie de la solution. De même, l’Allemagne semblait ces derniers jours moins critique à l’égard de l’intervention russe en Syrie que d’autres pays occidentaux, notamment la France.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.10.2015 à 16h57 • Mis à jour le06.10.2015 à 17h48 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Aider la Turquie à gérer les flux massifs de réfugiés et prévenir, du même coup, les « mouvements migratoires incontrôlés » : c’est le but du plan d’action que l’Union européenne entend faire accepter à Ankara. Evoqué lundi soir, entre Recep Tayyip Erdogan et les responsables des institutions européennes, il a été dévoilé mardi par la Commission.Le président turc a accepté le principe de discussions sur ce document qui n’est, à ce stade, qu’une ébauche reprenant les promesses mutuelles de l’UE et de son pays. Il va être négocié à Ankara, avec l’objectif de soumettre des conclusions éventuelles aux chefs d’Etat et de gouvernement, qui se réuniront en sommet les 15 et 16 octobre à Bruxelles.L’Union réitère d’abord sa promesse d’un milliard d’euros à verser à la Turquie pour l’aide humanitaire, sanitaire et psychologique aux Syriens et aux Irakiens présents sur son territoire, ainsi que pour faciliter leur intégration. Elle espère aussi améliorer les conditions de vie dans les pays voisins, afin d’agir sur les causes qui poussent les demandeurs d’asile au départ. Des fonds supplémentaires pourraient encore être trouvés, venant s’ajouter au budget total de 4,2 milliards alloué aux pays de la région. A titre de comparaison, M. Erdogan affirme que son pays a déjà consacré près de 7 milliards d’euros à l’accueil des réfugiés.Programmes de « réinstallation »La Commission promet également de relancer les programmes dits de « réinstallation », qui assureraient une répartition ordonnée et sécurisée des personnes reconnues officiellement comme réfugiés. Le texte n’évoque toutefois aucun nombre précis de bénéficiaires, pour éviter d’autres polémiques et d’autres divisions entre Européens.Bruxelles espère encore lancer auprès des réfugiés présents en Turquie des programmes d’information sur les risques liés à un exode. Elle tentera également de dialoguer avec le Pakistan, l’Iran, l’Afghanistan, le Bangladesh et l’Irak pour prévenir les migrations irrégulières et lutter contre les réseaux de trafiquants. Elle entend aussi soutenir des opérations de retour conjointes pour les migrants irréguliers, avec une plus grande implication de l’agence Frontex.L’offre faite à Ankara mentionne, en échange d’une bonne collaboration, une relance du dialogue sur la libéralisation des visas et rappelle que l’ensemble se place dans le cadre des discussions sur le processus d’adhésion de la Turquie à l’UE, même si celui-ci est au point mort et que plusieurs capitales n’entendent absolument pas qu’il aboutisse. Quels sont, en corollaire, les engagements des autorités turques ? Elles accepteraient désormais d’enregistrer les migrants et de leur délivrer les documents appropriés. Le texte n’indique pas de quelle manière cet enregistrement se ferait. Jusqu’ici, la Turquie a, en tout cas, refusé l’installation sur son territoire de « hot spots » -ou centre d’identification et de tri des migrants- pilotés par la Commission européenne.Les personnes en demande de protection auraient également un meilleur accès au marché du travail et aux services publics nationaux, dont le système éducatif. Six nouveaux centres d’accueil seraient construits, avec l’aide financière de l’Union.Ankara s’engagerait aussi à renforcer ses capacités d’interception en haute mer et à accepter le retour de clandestins passés par le territoire turc avant de gagner la Grèce, la Bulgarie ou la Roumanie. Elle durcirait les conditions de l’octroi d’un visa aux personnes originaires de pays qui pourraient être « la source de migrations irrégulières ». Les autorités promettent encore une meilleure coopération et un meilleur échange d’informations avec les pays de l’Union.La négociation sur la traduction dans les faits de ce projet doit démarrer rapidement entre officiels européens et turcs. Elle s’annonce complexe, sauf si elle se limite à des engagements qui ne seront pas plus suivis d’effets que d’autres projets du « plan pour la migration » qui n’a pas fini de diviser les Vingt-Huit.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen), Martin Untersinger et Damien LeloupLa justice européenne a invalidé, mardi 6 octobre, l’accord « Safe Harbor » qui encadrait le transfert de données personnelles de l’Union européenne vers les Etats-Unis.En quoi consiste Safe Harbor et que dit la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) ?En Français « sphère de sécurité », le « Safe Harbor » est une décision de la Commission européenne, datant de 2000, qui affirme que le transfert de données personnelles d’Europe vers les Etats-Unis est possible car ce pays présente des garanties suffisantes pour la protection de la vie privée.Très controversé, cet accord a notamment été mis à mal par les révélations d’Edward Snowden, en 2013, sur les programmes de surveillance de masse de la NSA. Les adversaires du Safe Harbor, dont Max Schrems, un Autrichien qui a déposé plusieurs plaintes contre Facebook, estimaient que ces révélations montraient que les données personnelles des Européens n’étaient en fait pas protégées lorsqu’elles étaient stockées aux Etats-Unis.Dans son arrêt rendu mardi, la CJUE estime que le Safe Harbor n’est pas conforme au droit européen, pour plusieurs raisons détaillées sur une trentaine de pages. La Cour a notamment estimé que les recours possibles pour les citoyens européens estimant leurs droits malmenés étaient beaucoup trop faibles. Elle juge également que les programmes de surveillance de masse des Etats-Unis sont incompatibles avec une protection adéquate des droits des citoyens européens.Lire le portrait :Max Schrems, le « gardien » des données personnelles qui fait trembler les géants du WebCela veut-il dire que Facebook ne peut plus fonctionner en Europe, ou va devoir stocker les données des citoyens européens en Europe ?Non : l’arrêt invalide un accord très générique. Facebook peut continuer à fonctionner comme il le faisait jusqu’à aujourd’hui, mais l’entreprise – tout comme Google ou tout autre entreprise qui stocke des données de citoyens européens aux Etats-Unis – ne peut plus s’abriter, en cas de procédure, derrière le fait qu’elle fait partie du Safe Harbor et que ses flux de données entre l’Europe et l’Amérique sont présumés légaux.Facebook affirme en fait ne pas s’appuyer uniquement sur le Safe Harbor, mais « sur d’autres méthodes recommandées par l’Union européenne pour transférer légalement des données de l’Europe vers les Etats-Unis ».Il existe en effet d’autres normes de transfert de données, comme par exemple les « clauses contractuelles type »  ou les « règles internes d’entreprise »  (dans le cas de transfert de données entre filiales), le Safe Harbor étant le cadre juridique simplifié et « par défaut ». Certaines entreprises du numérique utilisent déjà ces cadres juridiques alternatifs.La Commission craint d’ailleurs que la décision de la CJUE ne favorise la multiplication de contrats spécifiques établis entre des entreprises et des pays européens, au détriment d’un cadre générique européen. Frans Timmermans, le vice-président de la Commission, a d’ailleurs annoncé que des « lignes directrices » à destination des autorités de protection des données seraient publiées afin d’éviter un « patchwork avec des décisions nationales ».Par ailleurs, sans aller jusqu’à ces procédures juridiques, la loi européenne – plus spécifiquement l’article 26 de la directive de 1995 sur la protection des données personnelles – prévoit qu’un transfert vers un pays tiers peut être autorisé dans plusieurs cas. Par exemple, pour assurer la bonne exécution du contrat commercial (dans le cas d’une réservation d’hôtel par exemple, où les coordonnées du client sont nécessaires) ou lorsque intervient le consentement explicite de l’internaute à ce que ses données soient transférées.Le Safe Harbor va-t-il être renégocié ?La renégociation de cet accord était déjà en cours avant l’arrêt de la Cour. Malgré l’expiration de plusieurs dates butoirs, les négociateurs ont récemment affirmé qu’ils faisaient des progrès dans les discussions. Mais il sera difficile d’obtenir rapidement un accord qui puisse satisfaire les exigences de la CJUE : cette dernière rappelle dans son arrêt que, pour obtenir un régime de ce type, un pays doit faire la preuve qu’il offre des garanties de protection de la vie privée comparables à celles en vigueur au sein de l’UE.Cela signifie qu’il faudrait des changements majeurs dans le droit américain pour qu’un nouvel accord ne soit pas, à son tour, invalidé par la Cour.Que se passe-t-il dans l’immédiat ?Plus de 4 000 entreprises étaient soumises à l’accord Safe Harbor. Nombre d’entre elles, particulièrement les plus petites, se retrouvent brusquement, au moins jusqu’à l’adoption d’un nouvel accord Safe Harbor, dans un vide juridique.Les grands acteurs du Web, eux, sont dans l’attente. L’annulation du Safe Harbor semble les avoir pris de court. Dans un communiqué, l’association professionnelle Digital Europe, qui regroupe tous les grands acteurs du secteur (d’Apple à Toshiba en passant par Google, à l’exception de Facebook), « demande de toute urgence à la Commission européenne et au gouvernement américain de conclure leurs négociations pour parvenir à un nouvel accord “Safe Harbor” aussi vite que possible ».« Nous demandons également à la Commission européenne d’expliquer immédiatement aux entreprises qui fonctionnaient sous le régime du Safe Harbor comment elles doivent opérer pour maintenir leurs activités essentielles durant ce vide juridique », poursuit l’association.Facebook a, de son côté, estimé également qu’il « fallait impérativement que les gouvernements européens et américain donnent des méthodes légales pour le transfert des données et règlent toutes les questions de sécurité nationale ».Quelles seront les conséquences plus larges de cette décision ?Si l’arrêt de la CJUE ne porte que sur le Safe Harbor, il dénonce avec des mots très durs les programmes de surveillance de masse de la NSA américaine, présentés comme incompatibles avec les droits fondamentaux garantis par le droit européen.Le jugement pourrait aussi influencer deux dossiers européens brûlants dont les négociations arrivent dans leur dernière ligne droite : l’accord « parapluie » sur l’échange de données personnelles pour la coopération policière, entre Europe et Etats-Unis, et le projet de règlement sur les données personnelles.La commissaire européenne à la justice, Vera Jourova, a indiqué que l’arrêt de la Cour confortait la position de la Commission, notamment sur la nécessité d’avoir « des garde-fous solides » en matière de protection des données.Washington s’est dit « déçu » par la décision de la justice européenne, estimant qu’elle créait une « incertitude pour les entreprises et les consommateurs à la fois américains et européens et met en péril l’économie numérique transatlantique qui est en plein essor ».Lire aussi :Les géants du Net ne pourront plus stocker aux Etats-Unis les données des Européens //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444461', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterDamien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) et Philippe Jacqué Le scandale du logiciel truqueur de Volkswagen marque un tournant dans la vie du groupe allemand. Mardi 6 octobre, Matthias Müller, le nouveau président du directoire, a estimé devant quelque 20 000 employés réunis au siège de Wolfsbourg (Basse-Saxe) que « les conséquences financières et commerciales sont encore aujourd’hui impossibles à prévoir. C’est pourquoi nous allons une nouvelle fois passer en revue tous les investissements prévus ». Il a surtout précisé que les 6,5 milliards d’euros déjà provisionnés dans les comptes « ne suffiraient pas » à faire face à ce scandale de dimension mondiale. Le patron du groupe s’est aussi engagé devant les salariés à « tout faire » pour limiter les conséquences sur les emplois. Il a cependant déclaré que « tous les projets d’investissements » allaient être réexaminés. « Tout ce qui n’est pas nécessaire de manière urgente sera abandonné ou reporté, a-t-il ajouté. Et en conséquence, nous allons ajuster notre programme d’efficacité. Je vais être très transparent : cela ne se fera pas sans douleur. » Dans un entretien au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) à paraître mercredi, il a par ailleurs annoncé que la procédure de rappel des véhicules équipés de moteurs diesel truqués devrait commencer en janvier pour s’étaler jusqu’à fin 2016.Revue de détail des risques financiers encourus par un groupe qui a réalisé un chiffre d’affaires de 202,5 milliards d’euros et 10,5 milliards de bénéfices en 2014.Lire aussi :Six clés pour comprendre le scandale qui secoue VolkswagenCombien coûtera le scandale ? C’est toute la question. Et tout le monde y va de ses estimations. Pour Crédit suisse, l’affaire pourrait coûter de 23 à 78 milliards d’euros. Pour Exane, c’est au minimum 25 milliards d’euros, tandis que la Deutsche Bank ne s’engage pas sur un montant. « C’est impossible, juge un analyste de cette banque. Il y a beaucoup trop d’inconnues encore pour évaluer les dommages. » Les amendes et les sanctionsDans le détail, cependant, on peut réaliser une première estimation. Aux Etats-Unis, le groupe risque théoriquement jusqu’à 16 milliards d’euros d’amendes de la part de l’Etat américain. Cependant, après négociation, le montant de la pénalité devrait fortement baisser, aux alentours de 10 milliards, selon Exane.En y ajoutant les amendes européennes, le groupe peut s’attendre à payer près de 15 milliards d’euros, estime la banque. Mais le paiement ne devrait pas intervenir avant 2016 et 2017 au plus tôt.Le coût des rappelsA cela, s’ajoute bien entendu, le coût des rappels, des réparations à engager pour que les 11 millions de moteurs fautifs soient remis aux normes, ainsi que les compensations proposées aux clients floués. Le groupe pourrait dépenser jusqu’à 10 milliards d’euros, évalue Exane. Et ces dépenses pénaliseront le résultat opérationnel dès cette année.Une baisse des ventes Le scandale pourrait également peser sur les résultats commerciaux du groupe. Les ventes pourraient baisser du fait de la défiance du grand public. Exane prévoit une baisse de 5 % du chiffre d’affaires en 2016, tandis que la Deutsche Bank l’estime à 3 %. Cela dit, comme l’affaire est tout à fait inédite, ces prévisions demeurent très théoriques.La facture des procèsLà, tout se complique. Aujourd’hui attaqué de toute part en justice, le constructeur allemand devra engager d’importantes dépenses pour se défendre. Tant contre les propriétaires trompés, qui lancent partout dans le monde des actions de groupe, que contre les actionnaires ayant perdu leur chemise après la chute de près de 40 % du cours du groupe. Ces derniers entendent poursuivre le constructeur en Europe et aux Etats-Unis.Quelle est la situation financière de VW et comment peut-il faire face ?Avant sa provision de 6,5 milliards d’euros, passée mi-septembre, la trésorerie du groupe affichait 21 milliards d’euros à la fin du premier semestre. Cette somme devrait suffire pour finir l’année et le début de l’année 2016 tout en conservant sa notation de crédit des principales agences Fitch (A –), Moody’s (Aa3) et Standard & Poor’s (A), une note importante pour la filiale bancaire du groupe.Le constructeur doit encore récupérer près de 5 milliards d’euros en compensation de la vente de 20 % de sa participation dans le constructeur japonais Suzuki et de 50 % de LeasePlan, le premier loueur longue durée mondial.Plan d’économies et baisse des investissementsQuand un poste de dépense augmente, on baisse les autres. Et c’est exactement ce que le groupe entend faire. « Il faudra revoir l’ensemble de nos investissements », a annoncé le patron, Matthias Müller, mardi. Selon l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, de 15 à 20 milliards d’euros de dépenses pourraient être supprimés sur l’enveloppe de 100 milliards d’investissements prévue sur la période 2015-2018 (recherche et développement, nouveaux modèles, nouvelles usines, etc.).A cela devraient s’ajouter des plans de compétitivité pour l’ensemble de ses marques, et notamment Volkswagen, qui a d’ores et déjà engagé un plan d’économies de 5 milliards d’euros. Enfin, le groupe, comme il l’a déjà fait aux Etats-Unis, pourra rallonger le cycle de vie de certains de ses modèles, ce qui lui permet de déplacer des dépenses… Pendant la crise, Renault, PSA ou Fiat en sont passés par là en parallèle de leurs plans de compétitivité respectifs.Augmentation de capital En cas de dérive des coûts, une augmentation de capital pourrait rapidement intervenir. Der Spiegel évoque la somme de 8 milliards d’euros. Les actionnaires, et notamment les familles Porsche et Piëch, qui détiennent plus de 50 % du capital, ainsi que le Land de Basse-Saxe, pourraient remettre au pot ou se faire diluer un peu, s’ils doivent faire entrer un nouvel actionnaire. Cette augmentation de capital ne changerait pas fondamentalement le rapport de force entre les actionnaires. Selon la loi allemande dite « Volkswagen », un actionnaire ne peut détenir plus de 20 % des droits de vote au sein du conseil de surveillance…Ventes d’actifs Le groupe Volkswagen n’ira pas de gaîté de cœur vers un démantèlement, dans la mesure où cela remettrait en question toute l’histoire récente du groupe. Ferdinand Piëch, le patriarche et toujours un actionnaire de poids, n’autoriserait pas facilement une telle solution. Reste que c’est une éventualité.Ses actifs valent beaucoup d’argent. En premier lieu, Porsche. Selon la banque Metzler, le constructeur pèse quelque 39 milliards d’euros. Audi est estimé à 30 milliards d’euros, Skoda à 10 milliards d’euros, mais céder ces marques, aujourd’hui très liées techniquement à la marque Volkswagen, mettrait en danger le groupe.En revanche, le constructeur pourrait chercher à céder certaines marques de luxe, au moins partiellement, comme Bentley ou Bugatti (Lamborghini fait partie d’Audi). Il pourrait suivre l’exemple de Fiat, qui introduit 10 % de sa marque Ferrari en Bourse.Enfin, le groupe pourrait céder sa branche camion et bus, qu’il vient tout juste de constituer en rapprochant MAN et Scania. Cette division est évaluée à 30 milliards d’euros.Comment faire face à la crise interne ?En dehors des répercussions financières, le scandale Volkswagen est à l’origine d’une crise de confiance immense au sein du groupe. La nouvelle équipe ne répond que partiellement au besoin de réassurance. Malgré toute la détermination dont il a fait preuve depuis sa nomination, le nouveau patron, Matthias Müller, est un tel habitué de VW qu’il lui sera sans doute difficile d’insuffler le véritable tournant culturel dont le groupe a besoin. D’autant qu’il est déjà âgé de 62 ans, ce qui implique un nouveau changement de direction dans quelques années.Quant à Hans Dieter Pötsch, qui devrait être élu au poste de conseil de surveillance du groupe mercredi 7 octobre, il fait l’objet de discussions en interne. Certains reprochent à l’ancien directeur financier d’avoir averti trop tard les actionnaires des pertes qui se profilaient. Par ailleurs, Hans Dieter Pötsch, 64 ans, est également un homme du sérail. Il veille aux finances de VW depuis septembre 2003. C’est l’artisan de l’acquisition de Porsche par VW en 2012 et il jouit de la confiance de la famille Porsche-Piëch, qui détient 52,2 % des actions. Il est loin d’être certain que les deux dirigeants seront capables de faire la lumière sur le scandale Volkswagen, le plus violent de l’histoire du groupe.Cécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au MondePhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Bernard (Manchester, envoyé spécial) Jeremy Corbyn fait tout ce qu’il peut pour gacher la fête des conservateurs qui tiennent leur congrès du 4 au 7 octobre à Manchester. Dimanche, 60 000 personnes ont manifesté contre l’austérité au moment même où s’ouvrait le grand conclave des tories qui, au gouvernement, mettent en œuvre de drastiques coupes budgétaires. Des militants de gauche, d’associations de chômeurs ou de handicapés sont postés en permanence à l’entrée du palais des congrès – où sont réunis les tories – et conspuent ceux qui y pénètrent.Lundi soir, le nouveau chef de file du Parti travailliste a trouvé mieux pour réunir ses fidèles : la cathédrale de Manchester. L’imposant édifice n’était pas assez vaste pour accueillir les centaines de personnes, dont beaucoup de jeunes, venues acclamer le député de 66 ans, représentant de l’aile gauche du Labour porté à la tête du parti en septembre de façon totalement inattendue. Les conservateurs ? « Ils veulent nous ramener au XIXe, voire au XVIIIe siècle. Nous, nous faisons le choix de ne pas accepter une société qui contraint certains à vivre dans l’extrême pauvreté, a-t-il lancé devant une foule de partisans électrisés. Nous remettons en cause l’idée que l’austérité est une nécessité économique, alors qu’elle est un choix politique fait par ceux qui veulent voir un fossé grandissant entre les riches et les pauvres. »Le meeting, prévu de longue date, était organisé par le syndicat Communication Workers Union (CWU), pour la défense des services postaux. Mais l’élection de M. Corbyn à la tête du Labour lui a donné une dimension nouvelle. Des centaines de personnes n’ont pu pénétrer à l’intérieur de la cathédrale et le chef de file travailliste a dû répéter une deuxième fois son discours pour une audience massée autour de l’édifice. Entassée sur des chaises normalement consacrées à la prière, la foule a applaudi à tout rompre les représentants des syndicats et du collectif The People’s Assembly Against Austerity, organisateur de la manifestation de dimanche. L’évêque de Manchester, David Walker, lui-même engagé dans la lutte contre l’austérité au nom de la défense des pauvres, avait ouvert grand les portes de sa cathédrale. Dimanche, il avait organisé une veillée de prière aux chandelles après le défilé.Lundi, Jeremy Corbyn, interrompu sans cesse par des applaudissements, a tenu le rôle du prêcheur devant des fans enthousiastes. Il a rappelé l’opposition du Labour à la privatisation de Royal Mail (le service postal historique) et exigé du gouvernement qu’il renonce à vendre les 15 % du capital restant encore la propriété de l’Etat. Selon lui, les Britanniques ont « été sérieusement arnaqués » lorsque le gouvernement a vendu en juin la moitié de sa participation dans le groupe postal, les actions de Royal Mail ayant été bradées. A quelques encablures de là, le Parti conservateur, majoritaire, débat de la manière d’accroître la concurrence dans le secteur privé « pour le bénéfice des consommateurs ». Lundi, George Osborne, le puissant ministre des finances et héritier probable du premier ministre David Cameron, s’est targué de lancer « la plus grande opération de privatisation depuis vingt ans » en annonçant la vente des parts de la Lloyds Bank appartenant à l’Etat depuis son renflouement avec des fonds publics. M. Osborne a justifié sa politique de réduction des aides sociales, qui risque d’amputer le pouvoir d’achat des plus pauvres, en mettant en avant l’instauration d’un « salaire minimum vital » qui devrait inciter à augmenter les salaires.« Nous avons créé un nouveau centre politique, autour de la responsabilité budgétaire [la lutte contre le déficit budgétaire], des aides sociales réduites, de services publics réformés et un soutien aux entreprises », s’est-il félicité. Sans citer le nom de Jeremy Corbyn, il a tendu la main aux électeurs du Labour censés être déstabilisés par les positions très à gauche de leur nouveau chef de file. Nous, les conservateurs, a-t-il proclamé, « nous sommes maintenant le parti du travail, le seul vrai parti Labour (« We’re now the party of work, the only true party of labour »). « Certains veulent tout casser, a-t-il conclu. Nous sommes les bâtisseurs ».Philippe Bernard (Manchester, envoyé spécial)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 15h04 • Mis à jour le26.11.2015 à 15h23 Le diagnostic des régions avec l’Institut MontaigneLes 6 et 13 décembre, les Français voteront pour élire leurs représentants dans les 13 nouvelles régions . Afin d’éclairer le choix des électeurs, LeMonde.fr et l’institut Montaigne ont conclu un partenariat, en vous proposant un diagnostic détaillé de l’état économique et financier des régions. Celui-ci a été réalisé sur les 22 anciennes régions, seules à avoir un bilan.Les bilans sur le site de l’Institut MontaigneRetrouvez tous nos contenus sur les régionales dans notre page spéciale. Vous pouvez aussi retrouver nos statistiques détaillées sur les votes et les grands équilibres socio-économiques sur notre portail de données.SommaireDémographie, emploi, atouts économiquesUn essor démographique importantUne région riche mais fortement touchée par le chômage et les inégalitésEconomie : structure et dynamiquesUne région créatrice de richesses qui a su résister à la crisePrééminence des services, orientation sectorielle favorableLa construction à la commande publiqueUn taux de chômage élevéTerritoire et infrastructuresUn territoire entre relief et littoralUne population concentrée dans les zones urbaines et périurbainesLes dépensesDépenses de personnel en hausseRecul des dépenses d’investissementDépenses d’intervention réparties à parts égales entre transports, enseignement et formation professionnelleLes recettesUne hausse des recettes de fonctionnement interrompue en 2013Importante progression du produit de la CVAERecul des immatriculationsL’endettementUne dette élevée, diversifiée et sûreDégradation de la capacité de désendettement   Démographie, emploi, atouts économiques1. Un essor démographique importantLa région Provence-Alpes-Côte d’Azur est, avec plus de 5 millions d’habitants, l’une des régions les plus peuplées de France métropolitaine. Elle fait aussi partie de celles ayant connu la plus forte croissance démographique depuis les années 1960 : alors qu’elle s’élève à 35% sur l’ensemble du territoire, elle monte à 73% pour la région PACA.L’attrait de la région semble toutefois reculer depuis plusieurs années. Son solde migratoire reste positif mais elle se positionne derrière les autres grandes régions du sud et de l’ouest de la France. Cette réalité ne modifie pas pour autant la structure démographique de la région dans la mesure où les sortants et les entrants présentent souvent le même profil. L’idée, largement répandue, selon laquelle PACA accueillerait majoritairement des retraités et perdrait des actifs est donc erronée.2. Une région riche mais fortement touchée par le chômage et les inégalitésLa région PACA est la troisième économie régionale, avec un PIB supérieur à 150 milliards d’euros. Elle produit plus de 7% de la richesse nationale, ce qui la classe parmi les 20 régions ayant le PIB le plus élevé en Europe. Son activité est essentiellement tournée vers le tertiaire, principalement les services aux entreprises et le tourisme, l’industrie, avec l’établissement de nombreuses entreprises du secteur autour de l’étang de Berre, et enfin l’immobilier et la construction.Contrepoids de ces bonnes performances économiques, la région souffre d’un taux de chômage particulièrement élevé. En 2014, il s’établit à 11,4%, contre 9,8% en France métropolitaine. De façon concomitante, le taux de pauvreté y est plus important qu’ailleurs : plus de 15 habitants sur 100 sont en effet en situation de pauvreté. Tous les départements sont concernés à l’exception des Hautes-Alpes - le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône étant particulièrement exposés.Le contraste entre une économie dynamique, d’une part, et des poches importantes de pauvreté, d’autre part, contribue à ce que la région PACA se singularise par de fortes inégalités territoriales. La région se situe en effet en deuxième position derrière la Corse en termes d’écarts de richesse.Economie : structure et dynamiques1. Une région créatrice de richesses qui a su résister à la criseLe PIB par habitant de la région PACA se situe à un niveau élevé, bien supérieur au niveau moyen des régions françaises hors Ile-de-France. Sa productivité est supérieure à la moyenne française : le PIB par emploi s’y élève à 76 553€, contre 71 169€ pour la France métropolitaine (hors Ile-de-France).2. Prééminence des services, orientation sectorielle favorableAu 1er janvier 2013, la région accueillait près de 10% des établissements de services du territoire national. Le tertiaire est un secteur majeur d’activité et un pourvoyeur d’emplois de première importance pour la région. Il génère 8 emplois sur 10. Le tertiaire non-marchand constitue un vecteur important d’emplois, notamment dans l’enseignement. Les services aux entreprises se sont également fortement développés. Les services opérationnels (nettoyage, sécurité, etc.) ont gagné près de 50 000 emplois salariés depuis 1990 (+110%). L’emploi a aussi fortement progressé dans le domaine du conseil et de l’assistance (+89%) et dans le secteur de la R&D (+58%).La région PACA est la 7ème en France en termes d’emploi industriel. Il y représente 9% de l’emploi total. Le tissu industriel de la région, qui est essentiellement implanté le long du littoral et dans le couloir rhodanien, est moins affecté qu’ailleurs par les mutations industrielles. L’orientation sectorielle de l’industrie en PACA (gaz, eau, déchets, pharmacie, composants électriques et électroniques, etc.) lui est en effet favorable. Elle lui permet d’être préservée des grandes restructurations intervenues dans d’autres secteurs (automobile et textile notamment). Le tissu productif reste néanmoins fragile : malgré la présence de groupes industriels de premier plan, 90% des établissements industriels comptent moins de 10 salariés.3. La construction à la commande publiqueEn PACA, le secteur de la construction représente un volume de chiffre d’affaires de 13 Md€, 100 000 emplois salariés et plus de 50 000 entreprises.Le secteur a été particulièrement affecté par la crise. Le marché du logement neuf a connu une forte décrue ces dernières années, malgré une légère amélioration fin 2014. Le niveau de la construction a également connu un net repli et le nombre des permis de construire et des mises en chantier a reculé en 2014.Les entreprises du secteur pourraient être durement touchées par l’ajustement des budgets locaux sur l’investissement dans les prochaines années. La baisse des dotations de l’État conduit en effet nombre de collectivités à revoir leurs programmes d’investissement à la baisse. Cette baisse, que l’on peut déjà observer pour le bloc communal en 2014, pourrait être prolongée par les décisions d’autres strates de collectivités. Les secteurs du bâtiment et des travaux publics anticipent déjà une baisse substantielle de la commande publique.4. Un taux de chômage élevéLe chômage en PACA est structurellement plus élevé que dans le reste de la France métropolitaine. La région peine à créer le nombre d’emplois qui permettrait d’accompagner la croissance forte de sa population active. Le taux de chômage de la région, qui s’était rapproché du niveau national entre 2005 et 2009, est toujours resté supérieur depuis cette date. Les départements du Vaucluse, des Bouches-du-Rhône et des Alpes de Haute-Provence sont les départements les plus touchés.Même si elle est l’une des régions qui a le mieux résisté à la crise dans ce domaine également, elle peine à résorber un niveau de chômage dont une part importante est structurelle. Le nombre de demandeurs d’emploi a encore augmenté entre fin 2013 et fin 2014. Le taux de chômage a augmenté de 0,5 point entre ces deux dates. Les actifs de plus de 50 ans et les demandeurs d’emplois depuis plus d’un an sont les plus touchés tandis que la population jeune résiste mieux.Territoire et infrastructures1. Un territoire entre relief et littoralLe territoire de la région Provence Alpes Côte d’Azur (PACA) s’étend sur une superficie de 31 400 km² et présente un relief très contrasté. Son patrimoine naturel conditionne son aménagement territorial et son modèle de croissance économique. La montagne occupe en effet près de la moitié de sa superficie tandis que le littoral s’étend sur 700 km. La région se caractérise ainsi par une forte concentration des populations et de l’activité sur la côte. L’emprise du relief aussi bien littoral que montagneux concentre plus des trois-quarts de la population sur 10% de la superficie régionale, essentiellement le long des côtes méditerranéennes. Deux départements sont particulièrement concernés, le Var et les Bouches-du-Rhône.2. Une population concentrée dans les zones urbaines et périurbainesCette concentration a pour conséquence la forte influence des aires urbaines sur le territoire régional, accompagnée par une poussée tout à fait remarquable des zones périurbaines. Les quatre aires urbaines les plus importantes (Marseille et Aix-en-Provence, Nice, Toulon, Avignon) concentrent 80% de la population. Les phénomènes de périurbanisation sont davantage marqués que dans les autres régions. Cette situation constitue un enjeu important pour la région en termes de transports et de lutte contre le réchauffement climatique.Les dépensesLes dépenses de la région PACA ont reculé entre 2009 et 2013, selon un schéma constaté dans de nombreuses autres régions : progression des dépenses de fonctionnement et repli des dépenses d’investissement.1. Dépenses de personnel en hausseLes dépenses de fonctionnement ont connu une progression soutenue entre 2009 et 2013, de plus de 3% en moyenne par an contre 1,85 % pour les autres régions hors Ile-de-France. Elles s’élèvent à 299€ par habitant, contre 269€ pour la moyenne des régions hors Ile-de-France.Comme les charges à caractère général, les dépenses de personnel ont augmenté de façon plus marquée qu’ailleurs : plus de 5% en moyenne annuelle depuis 2009 contre 3% pour les autres régions hors Ile-de-France. La collectivité s’est notamment engagée dans une politique de recrutement favorable (+117 agents en 2012, +44 en 2013). La masse salariale représente plus de 16% des dépenses de fonctionnement de la région.2. Recul des dépenses d’investissementLes dépenses d’investissement s’élèvent à 484 M€ en 2013, soit le plus bas niveau constaté depuis 2009. Sur la période 2009-2013, elles ont reculé de près de 15% par an en moyenne. Elles représentent 133€ par habitant, contre 150€ en moyenne pour les régions métropolitaines hors Ile-de-France.Cet ajustement peut s’expliquer par la diminution des capacités de la région à autofinancer ses investissements. En effet, la diminution de son épargne brute et la baisse de ses recettes d’investissement la conduisent à accroître la part de son investissement par emprunt.3. Dépenses d’intervention réparties à parts égales entre transports, enseignement et formation professionnelleLes trois principales dépenses d’intervention sont les transports (24,1%), l’enseignement (22,4%) et la formation professionnelle (22,4%). Sur les dernières années, ces dépenses ont connu des évolutions contrastées. L’accent a été mis sur les transports et la formation professionnelle, la culture et les sports progressant également fortement même s’ils pèsent de façon moins importante dans le budget régional.Dans le domaine des transports, la région PACA se distingue par le volume important des crédits qu’elle accorde aux autres modes de déplacement que le ferroviaire. Quand la moyenne des dépenses consacrées par les régions aux transports hors ferroviaires est légèrement supérieur à 5 M€, la région y consacre plus de 30 M€. La région est aussi celle qui consacre le plus de crédits au financement de la voirie départementale, avec le Languedoc-Roussillon.Concernant la formation professionnelle et l’apprentissage, la région PACA se situe au troisième rang des régions qui y consacrent le budget le plus important, mai seulement au septième pour le seul apprentissage, avec 96,6 M€.De même, en matière d’enseignement, la région se positionne très favorablement pour le financement de lycées publics (première région après l’Île-de-France). En revanche, malgré l’implantation de nombreuses universités et laboratoires de recherche sur son territoire, elle ne situe qu’au huitième rang pour les crédits consacrés à l’enseignement supérieur, qui ne représentent qu’un peu plus de 4% des crédits destinés à l’enseignement en PACA.Les recettes1. Une hausse des recettes de fonctionnement interrompue en 2013Les recettes de fonctionnement ont progressé à un rythme soutenu entre 2009 et 2012 (+2,3% en moyenne annuelle). Cette tendance a été stoppée en 2013. Elles reculent en 2014.Le produit de la fiscalité régionale s’est élevé à 914,8 M€ en 2013. La fiscalité régionale en PACA connaît des variations moins fortes que la moyenne des régions, ce qui s’explique notamment par la structure de la fiscalité de la région. Les recettes fiscales indirectes représentent près de 60% du total, contre 40% pour les recettes fiscales directes. Or l’évolution de ces produits a été opposée. 2. Importante progression du produit de la CVAE En 2013, le produit de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) de la région a atteint près de 260 M€, soit une hausse de plus de 7% par rapport à 2012. Cette hausse contribue largement à la croissance de la fiscalité directe. Elle mérite toutefois d’être relativisée. Si elle résulte d’une croissance de la valeur ajoutée sur le territoire, elle est liée également aux modalités et au rythme de versement de cette taxe. En 2014, le produit de la CVAE ne progresse que modérément de 1,5%.3. Recul des immatriculationsLe produit de la fiscalité indirecte a diminué de plus de 4 M€ en 2013. Ce recul est la conséquence de la baisse importante de la taxe sur les cartes grises d’une part et de la très faible augmentation du produit de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) d’autre part.Le produit de la taxe sur les cartes grises, de près de 200 M€, a diminué de 5,6 % en 2013, sous l’effet de la diminution des immatriculations. Elle n’a pu être compensée par la très faible croissance de la TICPE, pourtant première recette fiscale indirecte de la région. Cette évolution est à observer d’autant plus près que le tarif de la carte grise par cheval-vapeur est le plus élevé des régions françaises ce qui laisse peu de marge de manœuvre sur cette taxe pour le prochain exécutif.En 2014, la tendance à la diminution de la fiscalité indirecte se prolonge. Le produit de ces deux taxes additionnées diminue légèrement, de 1,6%. Cette tendance, qui accompagne la perte d’autres recettes comme la DGF, pourrait entrainer une dégradation des ratios financiers de la région si les dépenses n’étaient pas ajustées à cette baisse.4. Une baisse annoncée des dotations de l’EtatLe montant total des dotations de fonctionnement de l’État s’élève à 680 M€ en 2013. L’ajustement qu’il a connu en 2013 est minime au regard des projections sur les prochaines années. En stagnation depuis plusieurs années, la dotation forfaire de la dotation globale de fonctionnement (DGF) entame le recul annoncé dans la cadre de la contribution des collectivités à la résorption des déficits publics. Ainsi, en 2014, la DGF recule de plus de 3% pour la région PACA, mouvement qui doit se poursuivre et s’amplifier au moins sur les deux prochaines années.Le reste des autres dotations est gelé. La dotation globale de décentralisation (DGD) « formation professionnelle » s’est ainsi établi en 2012 et en 2013 à 134 M€.L’endettement1. Une dette élevée, diversifiée et sûre L’encours de dette de la région était de 1 820 M€ en 2013 et de 2 145 M€ en 2014. Il a progressé sensiblement sur les dernières années. Entre 2009 et 2014, l’augmentation de l’encours est de plus de 30 %, ce qui représente une moyenne annuelle d’évolution de plus de 5%.En 2013, l’encours de dette par habitant de la région PACA est nettement supérieur à la moyenne de sa strate (365€ contre 285€). En volume, la région figure parmi les cinq régions les plus endettées.L’encours de dette est diversifié. Il est constitué de dette bancaire, de dette obligataire, de crédit- bail et d’emprunts dits « revolving ». La diversification de l’encours de dette est une caractéristique essentielle de la gestion de sa dette par la région. Elle lui permet d’être moins dépendante à l’égard du marché bancaire et de pouvoir arbitrer en faveur des offres de financement qu’elle juge les plus compétitives. La structure de dette de la région est par ailleurs équilibrée, malgré un recours important au marché obligataire sur les dernières années. La dette de la région est par ailleurs sûre, classée en 1 A ou 2 A sur la charte Gissler.2. Dégradation de la capacité de désendettement La capacité de désendettement est le rapport de l’encours de dette à l’épargne brute. Exprimée en nombre d’années, ce ratio exprime la durée nécessaire à une collectivité pour couvrir sa dette par son épargne.En région PACA, ce ratio s’est dégradé ces dernières années, sous l’effet de la croissance de la dette. En 2014, il était de 5,4 années, soit l’un des niveaux les plus élevés en France. 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. 26.11.2015 à 14h28 • Mis à jour le26.11.2015 à 15h27 SommaireUne région attractive tournée vers la MéditerranéeDes inégalités importantes Une situation très dégradée en matière d’emploiUne région tirée par l’économie présentielleUn projet ferroviaire ambitieux mais porteur de risques financiersLe défi de l’eauUn niveau d’investissement parmi les plus élevés de FrancePriorité à l’éducation et au développement économiqueDes recettes fiscales atonesDes dotations qui résistent malgré la baisse de la DGFUn endettement en forte augmentationUne situation financière qui demeure saineDes frais financiers maîtrisésUne capacité de désendettement qui se dégrade mais un taux d’épargne toujours élevé Démographie, emploi, atouts économiquesLa Région Languedoc-Roussillon est la région la plus attractive de France sur le plan démographique. Cette attractivité ne dissimule pas une situation sociale particulièrement fragile.1. Une région attractive tournée vers la MéditerranéeLa population de la région se concentre dans un couloir littoral de 20 kilomètres où se situent la plupart des agglomérations. La densité dans l’intérieur des terres est très inférieure à la moyenne nationale, avec de vastes zones quasi-désertes comme la Lozère au nord, la Montagne noire à l’ouest où la partie pyrénéenne au sud.La région connaît l’accroissement démographique le plus important de France métropolitaine, avec un taux de croissance annuel moyen de 1,3% sur la dernière décennie. L’ensemble des aires urbaines sont concernées. L’agglomération de Montpellier est ainsi la plus dynamique au niveau national : sa population a triplé au cours des cinquante dernières années.2. Des inégalités importantes La région Languedoc-Roussillon est la deuxième région la plus pauvre de France. La part des personnes vivant sous le seuil de pauvreté s’établit en 2011 à 19,6%, proche du Nord-Pas-de-Calais (19,7%) et très supérieure à la moyenne nationale (14,3%).Parmi les dix départements où le taux de pauvreté est le plus fort, quatre appartiennent à la région Languedoc-Roussillon (l’Hérault, le Gard, les Pyrénées-Orientales et l’Aude, deuxième département le plus pauvre après la Seine-Saint-Denis). De nombreux territoires, à la fois urbains (Béziers, Narbonne, Perpignan) et ruraux (plaine de l’Hérault, vallée de l’Aude) apparaissent fragilisés.La conjoncture économique dégradée ne permet pas d’expliquer à elle seule ce phénomène, qui a des racines plus profondes. Historiquement, la région Languedoc-Roussillon a été peu touchée par l’industrialisation. Elle est longtemps restée une région agricole, notamment viticole, marquée par les crises ; l’exemple le plus connu étant la révolte des vignerons de 1907.Conséquence directe du dynamisme régional et de la persistance de la pauvreté, les inégalités de revenus sont fortes : les 10% des foyers les plus favorisés sont 8,5 fois plus riches que les 10% les moins favorisés. Ce rapport est le deuxième le plus fort de France après la Corse. À titre de comparaison, ce même rapport s’établit à 5,8 en Bretagne.3. Une situation très dégradée en matière d’emploiLa croissance économique constatée sur les dernières années ne se traduit pas par une embellie en matière d’emploi. Au 1er trimestre 2015, le taux de chômage en Languedoc-Roussillon atteint 14,2%, contre 10% en France métropolitaine. Ce taux est le plus élevé des régions françaises et ne s’explique pas seulement par les crises récentes.Depuis 1982, le taux de chômage de la région Languedoc-Roussillon se situe, en moyenne, 3,4 points au-dessus de la moyenne nationale. Cet écart s’est accru ces dernières années.L’ensemble du territoire régional est concerné par cette situation dégradée, à l’exception notable de la Lozère, qui connaît un taux de chômage très faible, à 5,9% au dernier trimestre 2014. À l’inverse, le bassin d’emploi d’Agde-Pézenas, est celui où le taux de chômage est le plus fort (18%).Economie : structure et dynamiquesLa région Languedoc-Roussillon se caractérise par un faible PIB par habitant mais par une croissance du PIB supérieure à celle de la France. Cette situation est atypique par rapport aux tendances nationales qui montrent un décrochage des régions présentant les PIB par habitant les plus faibles (Limousin, Lorraine ou Franche-Comté par exemple).Entre 2000 et 2012, le PIB de la région a progressé de 1,8% par an en moyenne, contre 1,2% en France. La région ayant connu dans le même temps un fort accroissement démographique, le PIB par habitant ne progresse en Languedoc-Roussillon que de 0,5% par an en moyenne, un chiffre identique à celui de la France.Cette croissance joue un rôle de rattrapage dans la mesure où le PIB par habitant dans la région (24 556€ en 2013) est le quatrième plus faible de France. Sur ce point, la situation de Languedoc-Roussillon se rapproche de celle de la Corse.4. Une région tirée par l’économie présentielleLe poids de l’industrie en Languedoc-Roussillon est l’un des plus faibles de France, avec 9% de la valeur ajoutée, contre 14% au niveau national. La région ne possède pas de grands bassins industriels et compte peu de grands établissements susceptibles d’entraîner un réseau de sous-traitants et de services.En conséquence, le poids des petites entreprises est fort. Seuls 24,5% des salariés du secteur marchand travaillent dans une grande entreprise (plus de 5 000 personnes) contre 32 % au niveau national. À l’inverse, 29% des effectifs du secteur marchand travaillent dans des micro-entreprises en Languedoc-Roussillon, contre 19% au niveau national.L’écart de croissance de la région par rapport à la France s’explique essentiellement par le dynamisme de l’économie présentielle, c’est à dire de l’économie liée à la présence d’habitants et de touristes (distribution, activités de loisirs, services publics).La région connaît un important essor des créations d’entreprises. Depuis 1993, elle est la première en France dans ce domaine. Il s’agit principalement de petites structures liées à l’économie présentielle, dans le domaine du commerce, de l’artisanat ou de la restauration.Territoire et infrastructuresLa région Languedoc-Roussillon devrait accueillir 500 000 à 800 000 nouveaux habitants dans les vingt prochaines années, d’après les projections de l’InseeE. Elle est ainsi, comme la région Midi-Pyrénées, confrontée à des défis liés aux infrastructures, que ce soit en matière de transport ferroviaire ou d’accès à l’eau. Ces projets entrent directement dans le champ d’action du Conseil régional.5. Un projet ferroviaire ambitieux mais porteur de risques financiersLe prolongement de la ligne à grande vitesse de la vallée du Rhône vers l’Espagne est à l’étude depuis le début des années 1990. Ce projet est autant lié à l’intérêt de créer un axe ferroviaire vers l’Espagne qu’au besoin d’accompagner le dynamisme démographique de la région.Ce projet consiste en trois tronçons : le tronçon Perpignan - Figueras ouvert en 2010, le contournement ferroviaire Nîmes – Montpellier, dont la mise en service est prévue en 2017, et le tronçon Montpellier - Perpignan, qui en est encore au stade des études et des acquisitions foncières et qui pourrait voir le jour entre 2022 et 2025. La région est engagée financièrement dans ces projets. Elle a par exemple signé en 2012 une convention de financement du contournement Nîmes-Montpellier pour 397 millions d’euros.La mise sous administration judiciaire du concessionnaire de la ligne Perpignan - Figueras, en juillet 2015, engage à considérer les risques financiers associés à de tels projets. Confronté à des coûts de construction beaucoup plus importants que prévus et à des prévisions de trafic surévaluées, le concessionnaire n’a pas pu faire face à ses engagements et réclame l’aide financière des pouvoirs publics français et espagnols.6. Le défi de l’eauLa région Languedoc-Roussillon a été pionnière en matière de gestion de la ressource en eau. Elle a créé un service public régional de l’eau et elle est propriétaire du réseau hydraulique régional depuis 2008. Ce réseau de canaux et de canalisations, développé depuis les années 1950 permet à la région de garantir la pérennité des activités agricoles ainsi que la couverture des besoins des résidents. Il est exploité par la société BRL dans le cadre d’une concession.Afin de s’adapter aux enjeux de la poursuite du développement démographique et du réchauffement climatique, le Conseil régional s’est engagé en 2012 dans un projet visant à acheminer l’eau du Rhône vers le Biterrois et le Minervois. Il s’agit du projet Aqua Domitia dont le coût est évalué à 140 millions d’euros et qui pèsera sur le budget régional.Les finances de la régionLes dépenses7. Un niveau d’investissement parmi les plus élevés de FranceLa région se caractérise par un niveau de dépenses par habitant légèrement supérieur à la moyenne nationale. En 2013, ces dépenses s’élèvent à 1,175 milliard d’euros, soit 437€ par habitant contre 419€ pour l’ensemble des régions françaises. Cette différence s’explique essentiellement par le choix de la mandature actuelle d’un haut niveau d’investissement. La région Languedoc-Roussillon se place en tête du classement sur ce point. La région a privilégié l’action économique et l’enseignement, en cohérence avec le contexte socio-économique régional qui se caractérise par une faiblesse du secteur industriel et un fort dynamisme démographique.La région a clairement fait le choix d’un haut niveau d’investissement sur la dernière mandature. Elle y a consacré 519 millions d’euros en 2013. Avec 193€ par habitant consacrés à l’investissement, la région arrive en tête du classement national (la Corse étant une collectivité à statut particulier, la comparaison avec elle ne s’avère pas pertinente).Elle se distingue en particulier par le montant élevé des dépenses d’équipement, 77€ par habitant, alors que la moyenne nationale se situe à 38€. Cette différence est la conséquence des politiques volontaristes menées par la région, par exemple en matière de service public de l’eau, mais aussi par la croissance démographique qui justifie la création de nouveaux lycées. Les dépenses d’investissement ont progressé de près de 30% depuis 2009.8. Priorité à l’éducation et au développement économiqueLes dépenses de fonctionnement par habitant sont moins élevées que la moyenne des régions françaises. Elles progressent toutefois plus rapidement : elles ont ainsi augmenté de 13% entre 2009 et 2013. La hausse des dépenses de fonctionnement ne s’explique pas par les charges de personnel, qui sont stabilisés depuis 2012.Ce sont les autres dépenses de fonctionnement (subventions, prestations de service, charges courantes) qui progressent. Parmi ces dépenses, on peut citer celles liées à la convention annuelle d’exploitation qui lie les régions à la SNCF. Elle s’élève en Languedoc-Roussillon à 106 millions d’euros pour 2014 et permet par exemple de financer des trajets à 1€ sur cinq lignes régionales.La région se distingue surtout par son niveau élevé d’intervention en matière de développement économique et d’enseignement.Avec 53€ par habitant consacrés à l’action économique (aide à l’innovation ou à l’investissement, soutien aux parcs d’activité ou aux pôles de compétitivité), la région dépense, proportionnellement à sa taille, 66% de plus que la moyenne nationale.En matière d’enseignement, la région dépense 20% de plus que la moyenne nationale. Les dépenses d’enseignement correspondent à l’équipement des lycéens (livres, moyens numériques) et à l’entretien des lycées.L’intervention de la région est également soutenue en matière de culture, de sport et de loisirs (+50% par rapport à la moyenne nationale) ou d’environnement (+70%), bien que ces domaines représentent des sommes faibles en proportion du budget régional.À l’inverse, la région Languedoc-Roussillon présente un niveau de dépenses plus faible que la moyenne nationale en ce qui concerne les charges de structure (services généraux, annuité de la dette) et l’aménagement du territoire (aide aux communes), qui ne font pas partie des compétences obligatoires des régions.Les recettesComme l’ensemble des régions, le Languedoc-Roussillon doit faire face à des contraintes importantes et nouvelles sur ses recettes. La région bénéficie toutefois de recettes complémentaires dynamiques pour réaliser des investissements.9. Des recettes fiscales atonesDepuis la modification du panier de recettes des régions en 2011, celles-ci ont très largement perdu leur autonomie fiscale, c’est-à-dire le pouvoir de fixer les taux et ainsi de maîtriser l’évolution de leurs ressources.Les recettes fiscales de la région stagnent. Elles se composent de la fiscalité directe (contribution sur la valeur ajoutée des entreprises - CVAE , imposition forfaitaire sur les entreprises de réseau - IFER), qui représente 249 millions d’euros en 2014, et de la fiscalité indirecte, c’est-à-dire principalement de la taxe intérieure sur la consommation de produits énergétiques (TIPCE).Les autres produits fiscaux, et notamment la taxe sur les cartes crises, augmentent légèrement en 2014 (+1%). Le taux fixé pour les cartes grises (44€ / cv) se situe dans le tiers le plus élevé au niveau national.10. Des dotations qui résistent malgré la baisse de la DGFLes dotations et subventions perçues par la région connaissent, hors dotation globale de fonctionnement (DGF), une progression exceptionnelle en comparaison des autres régions. De 2009 à 2013, le produit de ses dotations a augmenté de 15%.Cette tendance est la conséquence de plusieurs facteurs conjugués. Premièrement, la région bénéficie du mécanisme de récupération de la TVA sur ses investissements ; son niveau d’investissement élevé garantit le dynamisme de cette ressource. Deuxièmement, la région bénéficie fortement des fonds européens (FEDER), qui ont représenté 30 M€ de recettes en 2014 (programmation 2007-2013). Enfin, les politiques régionales dégagent des recettes complémentaires qui s’élèvent à 66 M€ en 2014 ; c’est le cas du remboursement des avances consenties aux entreprises ou de la commercialisation des surfaces des parcs régionaux d’activité.L’endettement11. Un endettement en forte augmentationL’encours de dette se situait au 31 décembre 2014 à 1,06 milliard d’euros, soit une hausse de 115% depuis 2009. Le niveau de dette par habitant – 385€ – est supérieur à la moyenne nationale, qui se situait à 307 € en 2013. Ce niveau d’endettement fait du Languedoc-Roussillon la 5ème région métropolitaine en termes de dette par habitant. Les dépenses consacrées au remboursement de la dette ont augmenté de près de 50% depuis 2009, conséquence directe de la politique mise en œuvre par la collectivité en matière d’investissement.12. Une situation financière qui demeure saineLa situation financière de la région reste toutefois maîtrisée grâce au maintien d’un haut niveau d’épargne et à des frais financiers modérés. À moyen et long terme, il sera toutefois impossible de maintenir une telle dynamique d’investissement sans dégrader les indicateurs financiers de la collectivité.13. Des frais financiers maîtrisésLes frais financiers associés à la dette s’élèvent à 24 millions d’euros en 2014, soit 2% de l’ensemble des dépenses de la région. Ces frais financiers sont stables sur les dernières années, la charge d’intérêt qui pèse sur la région semble donc maîtrisée.Cette situation s’explique principalement par le recours aux prêts bonifiés que la région peut mobiliser auprès d’institutions publiques pour réaliser de grands projets d’aménagement (banque européenne d’investissement et Caisse des dépôts et consignations) ; ils ont représenté 76% des nouveaux emprunts souscrits en 2014.Le Languedoc-Roussillon est peu exposé à un risque de remontée des taux du fait de la structure de son endettement, principalement souscrit auprès d’institutions publiques dans le cadre de prêts bonifiés.14. Une capacité de désendettement qui se dégrade mais un taux d’épargne toujours élevéLa capacité de désendettement, c’est-à-dire la durée nécessaire pour rembourser sa dette si la collectivité décidait d’y consacrer l’intégralité de son épargne, est un indicateur essentiel pour évaluer la santé financière d’une région. Pour le Languedoc-Roussillon cet indicateur s’élève à 4,6 années fin 2014, soit un niveau proche de la moyenne nationale et inférieur à la zone d’alerte.La capacité de désendettement s’est toutefois dégradée ces dernières années. Elle était de 1,9 année fin 2009. Cette dégradation a essentiellement pour origine l’augmentation du stock de dette et non la dégradation du niveau d’épargne de la collectivité, ce qui est un élément positif.Le taux d’épargne de la région Languedoc Roussillon, c’est à dire le rapport entre l’épargne et les recettes de fonctionnement, se situe à un niveau plus élevé que la moyenne nationale. Le maintien d’un tel taux d’épargne, dans un contexte de baisse des recettes de fonctionnement de la région, suppose un effort continu sur les dépenses de fonctionnement 26.11.2015 à 14h16 SommaireUne région peu peupléeUne population vieillissanteUn poids partiulier pour la fonction publique et l’agricultureUne performance économique nettement inférieure à la moyenne nationaleUn chômage moins élevé mais en plus forte croissanceUne pauvreté plus marquée qu’au niveau nationalUn poids important pour les dépenses de personnelForte réduction de l’investissementPriorité aux transportsRecul des recettes fiscalesHausse des dotationsUne dette élevée mais en faible progressionUne capacité de désendettement proche de la moyenne nationale Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région peu peupléeAvec 764 935 habitants au 1er janvier 2013, le Limousin est une région peu peuplée. Elle se situe au 21e rang des régions de France métropolitaine, devant la Corse.Région rurale (45% des habitants résident dans une commune rurale), le Limousin a connu dans la période récente une croissance démographique moins dynamique que la moyenne nationale. Entre 1999 et 2014, la population a crû d’environ 7%, contre plus de 9% pour la moyenne nationale.Deux phénomènes s’opposent : un solde naturel négatif (nombre de décès supérieur au nombre de naissances) d’une part,un solde migratoire important d’autre part, qui a permis à la population limousine de poursuivre sa croissance. Celle-ci a avant tout profité aux centres urbains, et notamment à la zone urbaine de Limoges, qui concentre la moitié de la croissance de la population.2. Une population vieillissanteLe Limousin est la région de France métropolitaine qui compte la part la plus importante de personnes de plus de 65 ans dans sa population : ceux-ci représentent en effet 23,1% de la population en 2011, niveau sensiblement supérieur à la moyenne nationale (17,2%).Ce vieillissement constitue un enjeu de politique publique important, en termes d’accès aux soins, d’hébergement, etc.3. Un poids partiulier pour la fonction publique et l’agricultureLe Limousin est marqué par une forte proportion de l’emploi dans le tertiaire non marchand (36,6% contre 31% en moyenne nationale). Ceci est notamment dû à l’importance de l’emploi public : les trois fonctions publiques représentent ainsi 25% de l’emploi limousin, contre 21% en moyenne dans la France de province. L’explique notamment le nombre élevé de structures d’accueil pour personnes handicapées et pour personnes âgées, conséquence du vieillissement de la population.La prépondérance du tertiaire non marchand se retrouve également dans la décomposition de la valeur ajoutée : il représente 32% de la valeur ajoutée régionale, contre 23% en moyenne en France.L’agriculture est également comparativement plus représentée dans le Limousin que sur l’ensemble du territoire. En 2013, ce secteur représente 5,2% de l’emploi régional, contre 2,5% au niveau national.Economie : structure et dynamiques4. Une performance économique nettement inférieure à la moyenne nationaleLe PIB régional du Limousin s’élève à 17,7 Md€, soit 0,9% du PIB national. Le Limousin est ainsi l’avant-dernière région métropolitaine, avant la Corse, en termes de PIB.Ramené à la population, le PIB s’élève à 24 061 €, niveau lui aussi nettement inférieur à celui enregistré en France métropolitaine hors région Ile-de-France (27 856 €). Cette situation résulte d’une croissance économique durablement plus faible que la moyenne française.Par ailleurs, le PIB par habitant a enregistré dans le Limousin une décrue dans les années récentes : il a ainsi baissé de 0,2 % entre 2000 et 2013 quand, dans la même période, le PIB par habitant national progressait de 0,5% (0,3% hors Île-de-France).Cette moindre performance peut s’expliquer par la structure de l’économie limousine, spécialisée sur le secteur tertiaire non marchand et sur une agriculture peu rémunératrice – selon le Ministère de l’agriculture, le revenu des exploitants limousins est inférieur de moitié à la moyenne nationale.Cet écart de croissance s’est davantage creusé dans la période récente sous l’effet de la crise économique. Le Limousin a ainsi connu un repli de son PIB de 3% entre 2008 et 2011 alors que l’évolution du PIB national a été positive sur cette même période.Cette évolution témoigne d’un certain décrochage de la région Limousin par rapport à l’évolution globale de l’économie française.5. Un chômage moins élevé mais en plus forte croissanceEn termes de taux de chômage, la situation est plus favorable dans le Limousin que dans le reste de la France : le taux de chômage s’établit ainsi à 9,0% en 2014, contre 9,8% en moyenne nationale.Néanmoins, la croissance du chômage a été plus dynamique dans le Limousin qu’au niveau national : le taux de chômage a ainsi crû de 2,6 points entre 2000 et 2014 contre 1,7% en France.6. Une pauvreté plus marquée qu’au niveau nationalLa pauvreté est plus importante dans le Limousin que dans le reste de la France. Le taux de pauvreté s’élève ainsi à 15,4% de la population fin 2012, contre 14,3% en moyenne nationale.La pauvreté touche plus sensiblement les personnes âgées : 14,8% des plus de 75 ans se situent ainsi sous le seuil de pauvreté, contre 10,2% en moyenne nationale.Les finances de la régionLes dépensesConformément à la volonté affichée de maîtriser ses dépenses, la région Limousin les a réduites de 3,7% entre 2009 et 2013. Les dépenses de fonctionnement ont augmenté (+7,1%), certes dans des proportions moindres que la moyenne nationale, mais ce sont les dépenses d’investissement qui supportent ce repli (- 20,4% sur la période, hors dette).7. Un poids important pour les dépenses de personnelLes dépenses totales de la région Limousin s’élèvent à 400 millions d’euros en 2013, soit 523€ par habitant, contre 551 en 2009. Même s’il enregistre un recul sensible (-5,1%), ce montant reste supérieur à la moyenne des régions métropolitaines françaises (420€ par habitant).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont enregistré une croissance de 7,1% dans la région Limousin, croissance inférieure à la moyenne française (+8,4%). Les frais de personnel ont, eux, connu une hausse de 9% entre 2009 et 2013, soit une progression inférieure à la moyenne nationale (+12,2% sur la période).Les dépenses de personnel de la région représentent 18,6% des dépenses de fonctionnement totales, soit un niveau supérieur à celui constaté dans les autres régions (16,9% en moyenne), et 13,9% des dépenses totales, contre 10,6% en moyenne dans les régions métropolitaines.Les charges d’intérêts de la dette ont enregistré une progression proche du niveau constaté dans les autres régions (+49% contre +45%).8. Forte réduction de l’investissementLe repli des dépenses s’explique pour la plus grande partie par le recul des dépenses d’investissement hors dette : -20% entre 2009 et 2013, niveau largement supérieur au repli constaté au niveau national (autour de 7%). Cette baisse des dépenses a concerné l’ensemble des composantes de l’investissement. L’équipement brut a ainsi reculé de 38,5% entre 2009 et 2013, les subventions versées, de 12,7%.Au total, en 2013, l’investissement hors dette représente 85,2 millions d’euros, soit 21,3% des dépenses totales, contre une moyenne nationale de 30%. Les dépenses d’investissement représentent 111,4€ par habitant, contre une moyenne nationale de 129,2€.9. Priorité aux transportsEn 2013, le transport représente le premier poste de dépenses de la région, avec 23,8% des dépenses totales. Cette part était de 18,4% en 2009, soit une augmentation de 25% sur la période.Parallèlement, d’autres domaines voient leurs crédits réduits : l’enseignement (-17,4% sur la période), l’action économique (-16,1%) et les services généraux (-4,5%).Malgré cette baisse, les services généraux représentent toujours une part des dépenses totales plus importante que dans les autres régions : 10,8% en 2013, contre 7,6% en moyenne nationale. L’action économique également, à 11,0% dans le Limousin contre 7,0% en moyenne française.Les recettes10. Recul des recettes fiscalesLes recettes de la région Limousin s’élèvent à 392,5 millions d’euros en 2013, en baisse de 4,3% par rapport à 2009. Les recettes fiscales reculent alors que les recettes non fiscales progressent.Les recettes fiscales ont baissé de 2,1% entre 2009 et 2013. Elles s’élèvent aujourd’hui à 166,9 millions d’euros et représentent 42,5% des recettes totales, niveau inférieur à la moyenne des régions métropolitaines (45,7%). Cette baisse de la fiscalité s’explique avant tout par la baisse de la fiscalité directe (CVAE et IFER), de 19,5% sur la période, causée par les performances économiques dégradées de la région.11. Hausse des dotationsLes dotations et subventions reçues par la région sont en hausse entre 2009 et 2013 : +12,4%. Elles représentent 200,7 millions d’euros.Au sein de ces transferts, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,2% sur cette période, niveau supérieur à l’augmentation constatée pour l’ensemble des régions métropolitaines (+0,8%).D’une manière générale, la hausse des dotations de fonctionnement (de 158,6 millions en 2009 à 187,8 millions d’euros en 2013) fait plus que compenser la baisse des dotations d’investissement, et notamment la baisse du fonds de compensation de la TVA (FCTVA, fonds qui compense la TVA payées par les collectivités sur leurs investissements), dans un contexte de baisse de l’investissement régional (-20,4% sur l’investissement hors dette entre 2009 et 2013).L’endettementLa dette de la région Limousin est d’un niveau relativement élevée mais connaît une augmentation nettement moins rapide que celle des autres régions. Les charges d’intérêts sont en faible augmentation. Sa capacité de désendettement est proche de la moyenne nationale et la dette est soutenable.12. Une dette élevée mais en faible progressionLa dette de la région a peu augmenté entre 2009 et 2013, passant de 228,4 à 245 millions d’euros, soit une hausse de 7,3% sur la période. Cette hausse est très inférieure à la moyenne constatée dans les régions métropolitaines (+30% entre 2009 et 2013).Néanmoins, rapportée à la population, elle se situe à un niveau supérieur à la moyenne : 320,3€ par habitant en 2013, contre 303€ dans les régions métropolitaines, soit un écart de 17€.Cet écart tend à se réduire, puisqu’en 2009 le niveau de dette par habitant était de 303€ contre 238 € en métropole, soit un écart de 65 €.Le Limousin consacre 15,4 millions d’euros au remboursement de la dette chaque année, niveau en diminution par rapport à 2009 (28,6 millions d’euros).La faible augmentation de la dette entre 2009 et 2013 s’est accompagnée, dans la région Limousin, d’une faible augmentation de la charge d’intérêts : 9 millions d’euros en 2013, contre 6 millions en 2009, soit une augmentation comparable à celle de la moyenne nationale.13. Une capacité de désendettement proche de la moyenne nationaleLa capacité de désendettement, qui mesure le nombre d’années nécessaires au remboursement intégral de l’encours de dette si l’intégralité de l’épargne brute de la région y était consacrée, s’élève à 4,1 années pour le Limousin en 2013. Ce niveau est stable par rapport à celui constaté en 2009 (4,1 également).Il est dans la moyenne constatée en métropole (4,0 années). Là encore, l’écart s’est réduit : en 2009, il était de 1,2 année (4,1 années pour le Limousin contre 2,9 en moyenne nationale) ; il n’est plus que de 0,1 année en 2013. 26.11.2015 à 12h51 • Mis à jour le26.11.2015 à 20h19 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Ridet (Rome, correspondant) Cela commence à s’entendre. Alors que deux journalistes, ressortissants italiens, sont jugés depuis le 24 novembre pour « vol et divulgation d’informations confidentielles » devant le tribunal du Vatican – dont la législation ne contient aucun article sur la liberté de la presse –, ni le premier ministre, Matteo Renzi, ni le Président de la république, Sergio Mattarella, ni aucun ministre n’ont émis à cette heure la plus petite protestation.Les deux journalistes, Gianluigi Nuzzi et Emiliano Fittipaldi sont poursuivis pour avoir révélé, dans deux livres sortis le même jour (Chemin de croix, éd. Flammarion, et Avarizia, éd. Feltrinelli), les dessous pas très nets des finances en « quasi-faillite » du plus petit Etat du monde. Des informations obtenues par des sources internes au Saint-Siège, et non démenties.Lire aussi :Le Saint-Siège secoué par un nouveau « VatiLeaks »Mercredi matin, au lendemain de la première audience, Gianluigi Nuzzi a envoyé un SMS ainsi rédigé au chef du gouvernement : « Président, le silence de tout le gouvernement sur un procès attenté à deux journalistes italiens dans un Etat étranger est surprenant ». « J’ai peut-être été arrogant, explique-t-il au Monde, mais j’ai senti que je devais le faire ». Aucune réponse ne lui était parvenue mercredi. « Ici, ce n’est pas comme en France, nous avait-il expliqué lors d’un précédent entretien. L’Etat n’est pas véritablement laïque. Nous avons le Vatican dans notre ADN. » Dans un article publié par le quotidien La Stampa, Luigi La Spina trace un parallèle, « douteux » précise-t-il, avec la situation de deux fusiliers marins retenus depuis 2012 en Inde pour meurtre, et pour lesquels tous les gouvernements se sont démenés afin d’obtenir leur libération. « Pourtant, écrit-il, le sort de deux journalistes devrait alerter le gouvernement. » Cet appel aussi est resté vain, comme si personne au sein des institutions de la République italienne n’avait le courage de demander ne serait-ce qu’une explication pour ne pas froisser le Saint-Siège.Lire aussi :Au Vatican, « le pape lui-même est vu comme un intrus »À ce jour, seuls les associations de journalistes, ou les directeurs de grands médias ont affiché leur solidarité avec leurs confrères poursuivis comme s’il ne s’agissait que d’une affaire interne à la profession. Mais à leur protestation s’ajoutent désormais celles des avocats italiens. En effet, Gianluigi Nuzzi et Emiliano Fittipaldi n’ont pu se faire assister par leurs défenseurs de confiance. Ils ont été contraints d’en choisir un parmi la petite liste des avocats autorisés à plaider devant les juridictions ecclésiastiques. Précision : ces derniers doivent être rigoureusement catholiques et de bonne réputation. Pour autant, ils n’ont pu avoir accès au dossier de leurs clients qu’à la veille de la première audience. « Nous avons épluché les pièces jusqu’à deux heures du matin », écrit Emiliano Fittipaldi dans le quotidien La Repubblica, où il tient la chronique de son procès. On peut aussi lire dans son compte rendu ce petit aparté entre l’auteur de Avarizia et un de ses rares confrères accrédités, pendant une interruption d’audience : « Alors que je m’étonnais que, ici, les droits de la défense n’étaient pas respectés, un vaticaniste m’a remis en place : “Tu te trompes Fittipaldi, c’est un procès NORMALISSIMO !” Peut-être, mais je peux lire cependant un peu d’inquiétude sur le visage de mon avocat, habitué à ferrailler avec les juges de la Rote romaine pour faire annuler des mariages et défendre les auteurs de larcins dans le supermarché du Vatican. Cette fois, il s’agit d’une situation inouïe. »Le procès reprendra lundi au rythme de deux audiences par jour s’il le faut. Tout doit être terminé quand commencera, le 8 décembre, le jubilé de la Miséricorde afin de ne pas brouiller le message du pape François. « Je me dis que si la justice italienne était aussi expéditive, écrit encore Emiliano Fittipaldi, il y aurait moins de procédures enlisées. Mais à tout prendre, je me demande si je ne la préfère pas encore à celle du Vatican. » Gianluigi Nuzzi et Emiliano Fittipaldi encourent une peine de quatre à huit ans de prison.Lire aussi :« Vatileaks » : 5 personnes inculpées par la justice du VaticanPhilippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Une fois n’est pas coutume : le dîner informel entre Angela Merkel et François Hollande, mercredi 25 novembre à l’Elysée, est précédé d’une série de déclarations de la part de leurs ministres, pas toujours coordonnées avec celles des deux dirigeants. La chancelière allemande et le président français, quant à eux, chercheront à rapprocher une nouvelle fois leurs vues sur la lutte contre le terrorisme, la crise des migrants ainsi que, dans une moindre mesure, les négociations climatiques à quatre jours de l’ouverture de la COP21. Mais en réalité, face aux défis du moment, chacun poursuit des priorités différentes : l’accueil des réfugiés pour la première  ; la guerre contre le terrorisme pour le second.La cohésion entre la France et l’Allemagne est mise à rude épreuve par la succession des crises. En prélude au dîner au sommet, Manuel Valls a d’ailleurs appelé à ce que l’Europe ferme ses portes aux migrants. «  L’Europe doit dire qu’elle ne peut plus accueillir autant de migrants, ce n’est pas possible  », a martelé le premier ministre lors d’une rencontre avec la presse européenne. « Le contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne est essentiel pour son futur. Si nous ne le faisons pas, alors les peuples vont dire  : ça suffit, l’Europe  !  », a-t-il ajouté, dans des propos qui marquent un durcissement de la position française, déjà réputée pour son extrême réserve à l’égard des migrants.Négocier des contingents de réfugiésOr, ce que Berlin souhaite, c’est plutôt de négocier avec la Turquie des « contingents » de réfugiés syriens qui pourraient venir « légalement » en Europe – donc sans avoir à payer des passeurs – et qui seraient ensuite répartis dans l’Union européenne. Un des objectifs avoués est de diminuer le nombre de réfugiés en Allemagne, même si Angela Merkel refuse de fixer une « limite ». A Paris, l’Elysée reconnaît que l’Allemagne, la Suède et l’Autriche sont au maximum de leurs capacités et confirme que l’objectif est bien de parvenir à réduire les flux de réfugiés. Mais la position de l’entourage du président français semble moins catégorique que celle de Matignon.Lire aussi :Angela Merkel revient sur sa politique d’ouverture aux réfugiésPar ailleurs, la ministre de la défense allemande, Ursula von der Leyen, a confirmé que son pays s’apprêtait à envoyer au Mali jusqu’à 650 soldats, afin de participer à la lutte contre les mouvements djihadistes  dans cette partie de l’Afrique. Après l’attentat de Bamako, vendredi 20 novembre, cet engagement est une façon d’alléger l’implication de la France dans la région, à l’heure où celle-ci veut concentrer ses efforts sur la lutte contre l’organisation Etat islamique. Actuellement, seuls une dizaine de soldats allemands participent à cette mission.Divergence de vues sur la SyrieL’Allemagne pourrait-elle également s’engager davantage aux côtés de la France en Syrie ? Officiellement rien n’est exclu, à part l’envoi de troupes au sol. Mais, alors que la France met en avant « la guerre » contre l’EI, Angela Merkel rappelle – elle l’a encore fait ce mercredi matin au Bundestag – que la solution en Syrie est d’abord « politique ». Une différence d’approche avec l’Elysée qui n’est pas que sémantique, même si la chancelière devrait affirmer ce soir sa pleine solidarité avec la France dans l’épreuve, onze jours après les attentats de Paris.Lire aussi :Angela Merkel refuse de se voir en cheffe de guerreC’est pour éviter que le fossé se creuse davantage entre les deux pays que le vice-chancelier allemand, chef du parti social-démocrate, et ministre de l’économie Sigmar Gabriel, et son homologue français, Emmanuel Macron, ont proposé mardi de lancer un fonds de dix milliards d’euros sur trois ans afin de… lutter contre le terrorisme et d’aider les réfugiés. Une façon habile de lier les deux sujets et de favoriser les convergences entre les deux pays.«  Il y a un risque politique que nos peuples et nos gouvernements traitent ces sujets séparément  », a expliqué Emmanuel Macron pour justifier cette proposition-surprise . Les deux ministres, qui s’étaient vus à Paris le 20 novembre, ont émis cette suggestion à Berlin, à l’occasion d’une rencontre annuelle du BDA, le patronat allemand.Cette initiative «  est une contribution au débat  », a commenté sobrement l’Elysée. En Allemagne, l’entourage d’Angela Merkel la juge « intéressante », surtout si ce fonds sert également à aider les voisins de la Syrie qui hébergent de nombreux réfugiés. A commencer par la Turquie.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Laure Belot C’est en Suisse que le chercheur Charles Heller entend parler pour la première fois de l’expérience africaine Ushahidi. Nous sommes en 2011 et sur la scène d’un colloque humanitaire, ce spécialiste des migrations découvre la carte de Nairobi qui a permis aux habitants de la capitale kényane de pointer, en ligne et en urgence, les rues à éviter lors des émeutes postélectorales de 2007. Charles Heller voit, dans cette approche cartographique, une piste pour alerter sur la détresse des migrants.Quatre ans plus tard, Watchthemed est pleinement opérationnel. Dès la page d’accueil, une carte de la Méditerranée permet, d’un coup d’œil, d’identifier les multiples lieux où des bateaux en difficulté ont été localisés : des couleurs différencient les situations de détresse, les interceptions de bateaux, les disparitions de migrants constatées. Au bas de l’écran, des rapports saisissants décrivent ces moments d’urgence qui ne cessent de se multiplier et font actuellement la « une » des médias. Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosC’est à l’aide d’une centaine de bénévoles situés dans 10 pays que ce suivi des eaux méditerranéennes est devenu possible. « Ces volontaires se relaient vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, pour répondre à un numéro d’urgence affiché sur la plate-forme », explique le chercheur qui a lancé ce projet avec son collègue Lorenzo Pezzani rencontré à l’université londonienne Goldsmiths. « Les migrants, sur les bateaux, sont habituellement équipés d’un téléphone portable inclus dans le “kit” qui leur a été vendu par le passeur. » Pendant des années, « c’est le numéro privé d’un prêtre d’origine érythréenne, le père Mussie Zeraï, que les réfugiés se passaient de bouche à oreilles », poursuit Charles Heller. « Cet homme devait gérer seul ces appels à l’aide. Nous sommes proches de lui et notre plateau téléphonique permet désormais de mutualiser les efforts et de le soulager. Parfois, nous recevons jusqu’à une dizaine d’appels dans la journée. » Concrètement, chaque bénévole a été formé pour aider le migrant à trouver la boussole incluse dans son téléphone. La position géographique obtenue est alors transmise aux autorités dont dépend la zone maritime concernée afin que les secours s’organisent. Le bénévole se charge, ensuite, d’écrire le récit de l’appel et de l’éventuel sauvetage afin de le publier en ligne : ainsi, le 5 novembre, onze différentes alertes de détresse provenant de la zone de la mer Egée, près des îles grecques de Samos, Cos, Lesbos et Ro. Ou encore le 6, celui d’un bateau avec 50 occupants se dirigeant vers les Canaries.Un outil de lobbying humanitaireCe dispositif est-t-il efficace ? « Le numéro d’urgence est devenu une alarme incontournable. Les gardes-côtes prennent très au sérieux nos appels mais il y a parfois des tensions », reconnaît le chercheur. « Pour un bateau trop proche de la Libye, nous avons un jour essuyé un refus d’intervention des gardes-côtes italiens, qui renvoyaient sur leurs homologues libyens, qui nous le savons, n’interviennent pas. » Finalement, après négociation, les secours italiens se sont organisés.Lire aussi :Migrants : record mensuel de 218 000 arrivées via la Méditerranée en octobreL’objet de cette démarche n’est pas uniquement de visualiser les cas d’urgence, insiste Charles Heller, « il s’agit aussi de donner un outil de travail aux chercheurs et aux associations ». La plate-forme, conçue comme un outil de lobbying humanitaire, associe plusieurs organisations non gouvernementales telles que la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) et Migreurop. « Nous récoltons des informations précises afin d’interpeller juridiquement les autorités qui laissent ces situations se développer. » Il s’agit, poursuit le chercheur « de les mettre face à leurs responsabilités alors que les morts se multiplient aux frontières maritimes de l’Union européenne ». Episodes de la sérieLire aussi :Ushahidi, une technologie africaine qui a conquis la planèteLire aussi :Une carte pour recenser les violences civiles au BurundiLire aussi :L’invention kényane qui a aidé les secours après le séisme au Népal A paraître :vendredi 13 novembre : lutter contre la violence faite aux femmes en Inde ;lundi 16 novembre : surveiller l’élection présidentielle au Kenya, en Tanzanie et en Zambie ;mardi 17 novembre : lutter contre la fraude électorale en Colombie ;mercredi 18 novembre : porter la voix des habitants d’un bidonville au Kenya ;jeudi 19 novembre : endiguer la violence électorale au Nigeria ;vendredi 20 novembre : améliorer la vie urbaine en Irlande ;lundi 23 novembre : imaginer la ville du futur partout dans le monde.Laure BelotJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.11.2015 à 12h43 • Mis à jour le12.11.2015 à 13h02 La police italienne a annoncé, jeudi 12 novembre, une opération contre un réseau djihadiste établi dans plusieurs pays européens et qui prévoyait de recruter des aspirants djihadistes pour les envoyer à l’étranger, de commettre des attentats, y compris des attentats-suicides, pour essayer de faire libérer son chef, un prédicateur fondamentaliste irakien détenu en Norvège. Le commandant Giovanni Governale, un des responsables de l’enquête, a déclaré :« L’importance de cette opération est d’avoir démantelé une cellule intégrée qui comprenait, outre l’Italie, le Royaume-Uni, la Norvège, la Finlande, la Suisse et l’Allemagne. »Les mandats d’arrêt concernent dix-sept personnes, seize Kurdes et un Kosovar. Six membres du réseau ont été arrêtés en Italie, quatre au Royaume-Uni, trois en Norvège, tandis que plusieurs sont partis se battre en Irak et en Syrie, selon les enquêteurs.Ce groupe était dirigé par Najmuddin Ahmad Faraj, dit « mollah Krekar », qui avait déjà cofondé un groupe islamiste nommé Ansar al-Islam, qu’il dit ne plus contrôler. L’homme figure sur la liste des personnes et organisations terroristes des Etats-Unis et de l’ONU.En Norvège, Najmuddin Ahmad Faraj a été condamné à de nombreuses reprises pour appel au meurtre, et récemment à dix-huit mois de prison pour avoir applaudi publiquement les assassinats des journalistes et collaborateurs de Charlie Hebdo. Il reste sous le coup d’un arrêté d’expulsion, qui n’a toujours pas été exécuté en l’absence de garanties sur son sort en Irak, où il risque la peine de mort.Selon le site Politico, l’opération nommée « Jweb », préparée pendant cinq ans, a été coordonnée par Eurojust, une « unité européenne de coopération judiciaire contre le crime organisé ». Elle est partie d’une enquête sur Jarchive.info, un site djihadiste. Selon les enquêteurs italiens, le réseau se développait surtout « sur Internet à travers des procédures “noires”, des plates-formes peu connues que nous avons réussi à pénétrer ». Jean-Michel Bezat E.ON paye très cher la faiblesse persistante des prix de l’électricité, au plus bas depuis douze ans, et la transition énergétique (Energiewende) lancée par la chancelière Angela Merkel au début de la décennie. Le groupe d’énergie allemand a annoncé, mercredi 11 novembre, une perte de 7 milliards d’euros – la plus lourde depuis sa création en 2000 – due à 8,3 milliards de dépréciations d’actifs sur la période de juillet à septembre.Une annonce attendue qui n’a pas ébranlé l’action d’E.ON, qui a même pris près de 4 % à la Bourse de Francfort. Le groupe de Düsseldorf avait prévenu en septembre qu’il allait inscrire au bilan l’argent perdu dans ses centrales au charbon et au gaz. Les analystes s’attendent en 2015 à une perte supérieure à celle de 2014 (3,2 milliards d’euros).Grand nettoyageLe patron d’E.ON, Johannes Teyssen, n’avait pas le choix : il devait faire ce grand nettoyage avant la scission du groupe annoncée fin 2014 et effective début 2016. Le nouvel E.ON (40 000 salariés) ne se consacrera plus qu’aux activités « propres » (solaire, éolien, réseaux électriques, services d’efficacité énergétique) et à l’exploitation des réacteurs nucléaires. Tous les autres moyens de production fortement émetteurs de CO2, ses centrales au gaz et au charbon durement concurrencées par des énergies renouvelables gorgées de subventions, seront cantonnés au sein d’Uniper (20 000 personnes). L’année 2015 a été consacrée à cette restructuration et M. Teyssen estime qu’après le big bang « les employés savent où ils vont travailler ».La crise de l’énergie dure depuis plus de cinq ans en Europe, mais aucun des grands groupes du secteur n’a pris des mesures aussi radicales qu’E.ON pour s’y adapter. Il est vrai que, contrairement à EDF, Engie ou l’italien Enel, le géant allemand a subi de plein fouet la sortie du nucléaire programmée pour 2022 par Mme Merkel après la catastrophe de Fukushima. Même arrêtées, ses centrales continueront à peser sur ses comptes puisque le gouvernement l’a mis en demeure, comme les autres exploitants allemands (RWE, EnBW, Vattenfall), d’assumer les coûts de démantèlement des dix-sept réacteurs, provisionnés à hauteur de 38 milliards (16,6 milliards pour E.ON). Une provision jugée insuffisante par certains experts.Lire aussi :Les géants allemands de l’énergie en crise profondeIl faut mesurer la restructuration radicale d’E.ON à l’aune des ambitions énergétiques affichées par Berlin : 80 % d’énergies renouvelables en 2050 et une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre. L’Energiewende est « le projet d’infrastructure le plus important de l’après-guerre », souligne la Fondation Heinrich Böll, proche des écologistes. Malgré son coût exorbitant (y compris en termes de rejet de carbone à court terme), ses partisans ne doutent pas que l’Allemagne est sur la bonne voie. La purge d’E.ON est peut-être la promesse de succès futurs.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.11.2015 à 09h59 • Mis à jour le12.11.2015 à 18h33 | Jean-Pierre Stroobants (La Valette, envoyé spécial) Après avoir signé un plan, longuement négocié, avec les pays africains pour une meilleure gestion des questions migratoires, les dirigeants européens, réunis entre eux à La Valette (Malte), ont annoncé jeudi 12 novembre le lancement d’un fonds d’aide à l’Afrique doté de 1,8 milliard d’euros. Chacun des Etats membres est invité à le compléter pour doubler la mise. Pour l’heure, les promesses de contributions n’ont atteint qu’un total de quelque 78,2 millions d’euros.A l’issue de ce court sommet, François Hollande a annoncé jeudi après-midi, lors d’une conférence de presse, qu’un « Conseil européen sera organisé avec la Turquie pour prendre des engagements » et améliorer la collaboration sur la crise migratoire. « Nous avons besoin de la Turquie, elle accueille beaucoup de réfugiés », a-t-il poursuivi, en précisant que ce sommet UE-Turquie « pourrait se tenir à la fin du mois de novembre ou au début du mois de décembre ».« Faire le point sur les mesures déjà adoptées » : c’est devenu le leitmotiv des réunions européennes depuis des semaines et c’était encore le cas à Malte pour ce sommet convoqué par Donald Tusk, le président du Conseil, critiqué pour son manque d’implication sur la question au printemps.Beaucoup des « mesures adoptées » peinent à se mettre en place, tandis que la Suède a décidé mercredi de réinstaurer – en principe pour une dizaine de jours – des contrôles à ses frontières, que le Danemark annonce un nouveau renforcement de ceux-ci et que la Slovénie a dû se résoudre à installer des barbelés à ses frontières avec la Croatie, sans toutefois la fermer totalement. L’Allemagne évoque quant à elle – après la Suède – un éventuel appel à la relocalisation, dans d’autres pays européens, de milliers de réfugiés syriens installés chez elle. A La Valette, mercredi, la chancelière Angela Merkel a prôné la solidarité avec l’Afrique, mais insisté, aussi, sur la nécessaire « responsabilité » de ses interlocuteurs dans la gestion des migrants.Si le plan proposé aux pays africains suscite, à l’évidence, un certain scepticisme quant à son efficacité et au réel degré d’engagement des deux parties (les Européens tergiversent sur son financement, les Africains ont peu d’enthousiasme pour la politique de réadmission exigée d’eux), l’accord à conclure avec Ankara sème également le doute.Lire les dernières informations :L’Europe cherche à fermer la route des migrants d’Afrique et de Turquie« Trop de promesses » à AnkaraEspérant en tout cas limiter le flux ininterrompu des demandeurs d’asile passant d’Asie mineure vers les îles grecques, les Vingt-Huit tenteront de se mettre d’accord avant que certains d’entre eux rencontrent le président Recep Tayyip Erdogan lors du sommet du G20, à Antalya (Turquie), dimanche. MM. Juncker et Tusk débattront avec lui le lendemain.Le premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, devait faire le bilan, jeudi après-midi, de ses dernières entrevues avec les dirigeants turcs. Certaines capitales ne cachent par leurs critiques à l’égard de la Commission de Bruxelles, accusée de faire « trop de promesses » à Ankara. D’autres ne croient pas à la volonté d’aboutir de M. Erdogan mais s’inquiètent, en même temps, de l’avenir des plus de 2 millions de réfugiés syriens présents en Turquie.Les Européens ont proposé à M. Erdogan de relancer le processus d’adhésion à l’Union mais un rapport d’évaluation des réformes menées dans son pays s’est montré sévère, mardi, pour son manque de respect des libertés publiques et des médias, tout en s’inquiétant de la répression exercée contre la minorité kurde.Les Vingt-Huit se sont aussi mis d’accord sur une libéralisation des visas, sans cacher leur crainte que celle-ci dérive rapidement. Ils ont ensuite promis 1 milliard d’euros, puis 3 milliards, pour financer la politique d’aide de la Turquie aux réfugiés. Sans indiquer comment ce montant serait atteint.Aide bilatérale britanno-turquePour hâter le processus de négociation, Mme Merkel, appuyée par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, évoque la nécessité d’un sommet conjoint Union européenne-Turquie. Il pourrait se tenir dès le 22 novembre, à Bruxelles. « Il reste à savoir à quoi il servira », nuançait un diplomate avant la réunion, sceptique quant à la volonté d’aboutir de M. Erdogan, auquel seraient demandées des contreparties claires en échange d’une aide financière massive. Adepte du cavalier seul dans ce domaine également, le premier ministre britannique, David Cameron a, en tout cas, annoncé que son pays fournirait à Ankara une aide bilatérale de 184 millions d’euros sur deux ans.M. Juncker a, en tout cas, voulu placer les dirigeants européens devant leurs responsabilités. Il a déposé sur la table des négociations un projet visant à rassembler les 3 milliards d’euros promis à Ankara pour les années 2016 et 2017. Cinq cents millions seraient prélevés sur le budget européen pour alimenter ce « Turkey Refugee Grant Facility ». Les Etats membres fourniraient le reste de la contribution, soit 2,5 milliards d’euros. Un « quota » par pays établit la contribution de la France à 386,5 millions, celle de l’Allemagne, à 534,3 millions. « Il s’agit de donner une base légale à un accord politique de principe », explique l’entourage de M. Juncker. Sa proposition devrait, à coup sûr, susciter de nouvelles discussions entre Européens avant le sommet avec M. Erdogan.Occultées par l’enjeu turc, les divergences entre Européens figuraient d’ailleurs aussi au menu des débats de jeudi. Le plan de relocalisation des 160 000 réfugiés piétine, alors que 800 000 demandeurs d’asile sont arrivés en Europe depuis le 1er janvier, selon les derniers chiffres de l’Office international des migrations. Moins de 100 000 places ont été offertes par les Etats membres et quelques dizaines de personnes seulement ont, jusqu’ici, été effectivement réinstallées.Martin Schulz, le président du Parlement européen, a souligné devant les chefs d’Etat que les promesses de renforcer les effectifs de Frontex et du Bureau d’asile européen n’ont été qu’à moitié respectées. Par ailleurs, a-t-il ajouté, si les premiers vols acheminant des réfugiés vers leur pays de relocalisation ne sont pas rapidement suivis « de dizaines d’autres dans les prochains jours » la situation deviendra ingérable.Le nombre croissant de réfugiés, en Suède et en Allemagne notamment, ainsi que le rétablissement des frontières, posent une autre question, en filigrane de toutes les discussions actuelles : celle de l’avenir de l’espace européen sans passeport de Schengen. « Nous ne pourrons pas tarder à l’évoquer », commentait, mercredi soir, un ministre.Le lendemain M. Tusk renchérissait : « Pour sauver Schengen, une course contre la montre est engagée et nous sommes déterminés à la gagner. Cela veut dire qu’il faut renforcer les contrôles aux frontières extérieures, coopérer avec les pays d’origine et de transit, réinstaller les réfugiés. Et faire le tout en même temps ».La Commission doit, en tout cas, reformuler sa proposition de création d’un corps de garde-frontières et garde-côtes. Ce dossier-là aussi traîne, comme s’il n’était pas vraiment prioritaire.Lire aussi la tribune :Migrations : un cadre juridique à revoirJean-Pierre Stroobants (La Valette, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.11.2015 à 21h15 • Mis à jour le12.11.2015 à 06h50 Le ministre de l’intérieur suédois, Anders Ygeman, a annoncé, mercredi 11 novembre, que la Suède allait instaurer, dès jeudi, des contrôles à ses frontières pour une durée de dix jours. M. Ygeman, lors d’une conférence de presse, a expliqué cette décision par la forte arrivée de migrants dans son pays :« Il y a un nombre record de réfugiés qui arrivent en Suède. L’Office des migrations est sous forte pression […] et la police estime qu’il existe une menace contre l’ordre public. »« L’accueil des réfugiés doit se faire avec ordre et rigueur », a justifié le premier ministre Stefan Löfven depuis La Valette, sur l’île de Malte, où il participe au sommet des dirigeants européens et africains sur la crise migratoire. D’après le ministre de l’intérieur, des centaines voire des milliers de migrants sans abri et des enfants non accompagnés disparaissent dans la nature faute d’être pris en charge.Lire aussi :L’UE sur tous les fronts des migrationsQuatre-vingt mille migrants depuis le mois de septembreAux côtés de M. Ygeman, le directeur de la communication de l’Office des migrations, Mikael Hvinlund, a rappelé que quatre-vingt mille migrants étaient arrivés dans le pays depuis le mois de septembre, presque autant que pour l’ensemble de l’année 2014.La Suède, pays de l’Union européenne accueillant le plus grand nombre de réfugiés rapportés à sa population (10 millions), s’attend à en accueillir jusqu’à cent quatre-vingt-dix mille au total en 2015. Soit le double du record atteint au début des années 1990.M. Hvinlund a justifié ainsi le rétablissement provisoire des frontières :« Les gens sont obligés de dormir sous des tentes, dans les bureaux de l’office ou dans des centres d’évacuation. Nous ne remplissons plus notre mission qui est d’offrir un toit à chacun […]. Le rétablissement [des contrôles aux frontières] peut nous y aider. »Lire aussi :Crise des migrants : la Slovénie limite à son tour l’accès à sa frontière avec la Croatie 11.11.2015 à 11h05 • Mis à jour le11.11.2015 à 14h56 | Eric Albert (Londres, correspondance) Le coût économique d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) est au cœur du référendum organisé par le premier ministre conservateur David Cameron. Pourtant, personne ne semble en mesure de l’évaluer. Un récent rapport d’Open Europe, un think tank eurosceptique, liste les différentes études réalisées : celles-ci concluent, au pire, qu’un Brexit coûterait au Royaume-Uni cinq points de PIB, au mieux, qu’il lui rapporterait six points.Si elles divergent sur leurs conclusions, les études sont en revanche d’accord sur les domaines qui seraient impactés. Le premier est le commerce. Le Royaume-Uni réalise 45 % de ses exportations dans l’UE. En cas de Brexit, les conséquences dépendraient de ce que le pays pourrait alors négocier comme accès au marché unique.Sans accord, les règles de l’Organisation mondiale du commerce s’appliqueraient : de nombreux produits britanniques devraient s’acquitter de tarifs douaniers. C’est improbable. Après tout, le Royaume-Uni enregistre un important déficit commercial avec l’UE, et les vingt-huit auraient beaucoup à y perdre aussi. « Croyez-vous que l’Allemagne va renoncer à exporter ses voitures ici ? », interroge régulièrement Nigel Farage, le leader du parti europhobe UKIP.Le Royaume-Uni pourrait alors se retrouver dans la situation de la Norvège, qui n’est pas dans l’Union mais contribue au budget européen et en respecte les régulations, en échange d’un accès au marché unique. Ou dans une situation suisse, où l’accès au marché unique est négocié secteur par secteur.Far West capitalistiqueSortir de l’UE pourrait cependant permettre à Londres de conclure des accords de libre-échange avec d’autres pays, alors que le pays est aujourd’hui obligé de passer par Bruxelles. Les eurosceptiques s’agacent par exemple de ne pas avoir d’accord avec la Chine, alors que l’Islande en a un.L’autre grand impact d’un Brexit concernerait la régulation. En sortant de l’UE, le pays serait « libéré » du poids des nombreuses règles bruxelloises, selon les eurosceptiques. Faux, répliquent leurs opposants, qui pensent que la plupart des règles (environnementales, de sécurité, etc.) resteraient en place, les Britanniques refusant de se retrouver dans un Far West capitaliste.« Le Royaume-Uni pourrait prospérer hors de l’Union européenne, ce n’est pas la question. La question est de savoir si nous serions plus prospères en dehors qu’en dedans ? », a résumé M. Cameron. Les économistes étant incapables de trancher, les Britanniques devront y répondre eux-mêmes.Lire aussi :Les patrons anglais disent « no » au « Brexit »Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.11.2015 à 10h23 • Mis à jour le11.11.2015 à 18h04 | Jean-Pierre Stroobants (La Valette, envoyé spécial), Christophe Châtelot (La Valette, envoyé spécial) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Ce devait être un moment politique fort, de discussions entre responsables africains et européens pour trouver des solutions concrètes afin de limiter le flux de migrants vers l’Europe. Le sommet de La Valette, mercredi 11 et jeudi 12 novembre, risque toutefois d’être éclipsé par le conseil informel des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne (UE), programmé dans la foulée, jeudi après-midi. Et notamment par la Turquie, qui sera au cœur de ce rendez-vous.Lorsque le projet de sommet est né, en avril, l’émotion était à son comble après les naufrages, en Méditerranée, de navires emplis de réfugiés. Elle a laissé la place à l’inquiétude, voire à un vent de panique, alors que le flux ne s’est pas tari (750 000 arrivées en Europe depuis janvier, de 600 000 à 700 00 attendues pour les quatre prochains mois selon l’ONU). Les demandeurs d’asile syriens – et aussi africains désormais – empruntent davantage la route des Balkans mais, depuis janvier, quelque 140 000 personnes ont aussi navigué entre la Libye et l’Italie.Une vague de migrants chassant l’autre, les dirigeants européens se focalisent aujourd’hui sur la Turquie. La Commission européenne s’est engagée, en octobre, dans une négociation incertaine pour convaincre Ankara de garder les 2 millions de réfugiés syriens sur son territoire, ou du moins de freiner leur arrivée en Europe. Les dirigeants européens sont « un peu perdus, ne savent pas trop où en est la discussion », relève un diplomate européen. Le numéro deux de la Commission, Frans Timmermans, devait se rendre à nouveau en Turquie, mercredi, et Jean-Claude Juncker, le président de l’institution, faire un rapport dans la foulée aux leaders européens à La Valette.Lire aussi :Syrie, Erythrée, Afghanistan… ce que fuient migrants et réfugiésCritiques Le « plan d’action » négocié avec la Turquie proposait au président Erdogan 3 milliards d’euros, une libéralisation de la délivrance de visas et une accélération du processus d’adhésion à l’UE. C’est Berlin – et la Commission européenne – qui pousse le plus au dialogue. L’Allemagne est, avec la Suède, le pays d’Europe le plus débordé par les arrivées de réfugiés – plus d’un million y sont attendus en 2015. Or, la stratégie d’accueil de la chancelière Angela Merkel suscite de plus en plus de critiques dans son pays, au sein même de sa famille politique.Mme Merkel et M. Juncker voudraient que les Etats membres s’engagent fermement, à La Valette, à mettre sur la table la somme demandée par M. Erdogan. Ils souhaitent aussi un sommet exceptionnel UE-Turquie pour entériner l’accord, selon des sources diplomatiques bruxelloises. Cette stratégie ne fait pas l’unanimité en Europe. « Négocier alors que l’Europe est en position de faiblesse n’est pas la meilleure approche. On ne peut pas faire reposer toute notre stratégie de résolution de la crise sur une discussion avec les dirigeants turcs », souligne un diplomate.Les interlocuteurs africains voient d’un mauvais œil l’attention accordée prioritairement à la TurquieLes interlocuteurs africains, eux, déjà irrités par cette focalisation sur la « route des Balkans » voient d’un mauvais œil l’attention accordée prioritairement à la Turquie. « Le plan d’action européen est ambitieux, mais il ne faudrait pas que l’urgence en Syrie escamote l’ampleur du problème migratoire en Afrique. Lutter contre l’émigration est avant tout une question de développement, pas seulement humanitaire ou sécuritaire. Il faut donc agir sur le long terme », confie un responsable ouest-africain.« La misère, les guerres, le changement climatique mais surtout le manque d’espoir sont autant de motivations pour quitter son pays ».Certains diplomates de l’Union estiment que ce serait en effet une erreur de négliger cette question, même si elle semble moins d’actualité. Les causes profondes poussant au départ demeurent, alors que nombre de pays africains ne parviennent pas à contenir leur pression démographique.« Si la multiplication des naufrages en Méditerranée et donc la mort ne dissuadent pas les candidats au départ, ce ne sont pas les murs ou frontières artificielles érigés en Europe qui y parviendront ».Lire aussi :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ?Retours forcés Un Fonds d’affectation spéciale (ou « Trust Fund »), doté de 1,8 milliard d’euros, sera officiellement créé à Malte. Il sera destiné à soutenir financièrement les efforts des pays africains confrontés à la migration. Le texte final, débattu jusqu’à la dernière minute, repose sur une sorte de donnant-donnant.Aux pays africains, la garantie d’un soutien à l’emploi, à l’éducation, à l’investissement, à la lutte contre la radicalisation, et à l’instauration de règles pour une bonne gouvernance. Ils pourraient aussi bénéficier de l’ouverture de canaux de migration légale pour des travailleurs saisonniers, des étudiants, des chercheurs ou des employés de groupes internationaux. « Si ces projets sont menés à bout, ils constituent une opportunité pour l’Afrique, dont les pays ont la charge de 80 % des réfugiés ou des migrants du continent », rappelle Ozonnia Ojielo, directeur régional du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).En échange, les Européens demandent un contrôle accru sur les frontières et une lutte plus efficace contre les réseaux de trafiquants. Ils demandent surtout à leurs interlocuteurs de faciliter le retour de migrants irréguliers. Une vingtaine d’accords de réadmission bilatéraux ont été signés à ce jour, qui donnent des résultats variables. En 2014, plus de 250 000 injonctions de quitter le territoire européen ont été prononcées, seulement 161 000 rapatriements ont été effectués – dont 40 % étaient volontaires.Les négociations avant l’ouverture du sommet confirmaient les réticences de certains dirigeants africains face au principe des retours forcés. Ils soulignent, notamment, les difficultés d’identifier précisément certains migrants et leur pays d’origine. L’idée de créer des « centres d’accueil et de réception » – « des camps », selon certains – dans les pays africains de transit devrait, elle, être écartée.Ces centres auraient dû « informer » les candidats à l’exil des procédures, des difficultés et des dangers qui les attendent. « Le sujet n’est pas mûr et plutôt que d’imposer la mesure, il faut en discuter, en association avec l’ONU », explique une source diplomatique. Sur tous les fronts de l’immigration, l’UE a bien du mal à trouver des solutions.Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosJean-Pierre Stroobants (La Valette, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterChristophe Châtelot (La Valette, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Christophe Châtelot (La Valette, envoyé spécial) Deux poids, deux mesures. L’expression revient sous une forme ou une autre dans la bouche des dirigeants africains pour qualifier la réponse européenne à la crise migratoire, alors que s’ouvre, mercredi 11 et jeudi 12 novembre à La Valette, sur l’île de Malte, un sommet Europe-Afrique consacré à cette question.La guerre en Syrie, qui a jeté sur la route des Balkans conduisant vers l’Union européenne des dizaines de milliers de réfugiés, ainsi que les naufrages à répétition d’embarcations de migrants tentant de traverser la Méditerranée, ont en effet ému les opinions publiques européennes, contraignant leurs gouvernements à formuler une réponse à ces drames. « Cela fait pourtant des années que l’Afrique est confrontée à ce problème sans que personne ne s’émeuve en Europe », lâche un diplomate africain qui rappelle, exemple parmi d’autres, que 200 000 personnes, dont une grande majorité de travailleurs africains, ont fui la guerre au Yémen ces derniers mois pour se réfugier en Afrique de l’Est dans l’indifférence générale. Plus de 80 % des mouvements migratoires africains se font en effet à l’intérieur du continent noir, à cause de la misère ou des guerres. Et des centaines de milliers d’autres réfugiés végètent dans des camps africains de fortune.« C’est un problème de développement économique »« La convocation du sommet de Malte montre que les Etats européens ont pris conscience que le traitement des questions migratoires nécessite une coopération entre les deux continents. C’est un problème de développement économique », souligne Ozonnia Ojielo, directeur régional pour la gouvernance et le maintien de la paix en Afrique au sein du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).Il reste que la modicité de la somme mobilisée à ce jour par l’Union européenne – 1,8 milliard d’euros – au travers de son Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique, dont la création sera annoncée à Malte, ne permettra pas de fixer les populations africaines en améliorant leurs conditions de vie. Une bonne partie de cette somme – à comparer aux 3 milliards d’euros accordés à la Turquie pour « gérer » la crise syrienne – risque d’ailleurs d’aller vers des projets sécuritaires (lutte contre les filières illégales de trafics d’êtres humains, renforcement des contrôles aux frontières….) plutôt que vers le développement.« C’est bien que les Européens se mobilisent si cela porte sur des projets à long terme, sinon cela ne servira à rien. La répétition des naufrages en Méditerranée et les risques de mort ne dissuadent pas les candidats au départ, ce ne sont pas les murs ou les barrières artificielles érigés en Europe qui y parviendront », pronostique un diplomate ouest-africain.@chatelotchatelot@lemonde.frChristophe Châtelot (La Valette, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gaëlle Picut Le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) a publié, lundi 9 novembre, un rapport consacré aux réformes du marché du travail dans dix pays européens depuis 2008. Il met en avant le fait que la crise a exacerbé les déséquilibres du marché du travail existants, mais « a pu aussi cristalliser un certain nombre de défis communs auxquels sont confrontés aujourd’hui l’ensemble des pays européens ». Les deux principaux enjeux communs concernent l’éloignement d’une partie grandissante des jeunes du marché de l’emploi et l’augmentation du chômage de longue durée.Le taux de chômage des jeunes au sein de l’Union européenne est ainsi passé de 15,5 % en 2007 à 22,2 % en 2014, soit une hausse de 6,7 points en sept ans. En Italie et au Portugal, la situation est encore plus préoccupante puisque les taux atteignent respectivement 42,7 % et 34,8 %.« Dernier arrivé, dernier parti »Les jeunes ont souvent servis de variable d’ajustement et ont été victimes de la logique « dernier arrivé, premier parti », sans oublier la faiblesse des embauches. Par ailleurs, la crise immobilière a provoqué un effondrement du secteur du BTP qui recrute habituellement beaucoup de jeunes parmi les moins qualifiés. Par exemple, en Espagne, le secteur de la construction représentait 12,7 % des emplois fin 2007 pour 5,3 % début 2014. Autre élément préoccupant, le taux de jeunes ne travaillant pas et ne suivant ni études ni formation a augmenté entre 2007 et 2014, passant de 14,4 % à 16,6 % (avec un pic à 17,7 % en 2013).Quant au chômage de longue durée, il prend des proportions importantes dans plusieurs pays européens. En Espagne, il est passé de 20,4 % en 2007 à 52,8 % en 2014 ; en Irlande, de 30 % à 59,2 % sur la même période. Et il augmente même en Suède de 8 points, et passe de 13 à 21% entre 2008 et 2010. Cette évolution pèse immanquablement sur l’employabilité des demandeurs d’emploi. A ces deux tendances lourdes s’ajoutent des déséquilibres plus ou moins développés selon les pays. C’est le cas du temps partiel subi qui augmente de façon significative dans certains pays. Ainsi en Italie, fin 2014, 63,4 % des salariés en situation de temps partiel déclaraient vouloir travailler davantage (sachant que la part de salariés en situation de temps partiel entre 2007 et 2014 est passée de 13,4 % à 18,1 %).Autre tendance : le taux de transition à trois ans d’un contrat temporaire vers un contrat indéterminé a fortement chuté dans la plupart des dix pays européens étudiés. Parallèlement, la diversification des formes de travail atypiques s’est maintenue, soit sous forme d’emplois salariés (mini-jobs en Allemagne, contrat zéro heures en Grande-Bretagne) soit sous forme de travail indépendant non salarié (recibo verdes au Portugal ou para subordini en Italie).Or ces formes de travail sont « préoccupantes », selon le COE, car elles n’accordent souvent que des droits sociaux restreints et peuvent alimenter le risque de pauvreté, même si « les systèmes de redistribution et de solidarité informels peuvent plus ou moins atténuer cette appauvrissement » précise le rapport.L’emploi informel renforcéPar ailleurs, la crise a renforcé l’emploi informel. Le rapport du COE ne s’étend pas longuement sur ce phénomène. Il rappelle toutefois que « les conséquences sont lourdes : préjudices pour les droits des travailleurs, distorsion de concurrence entre employeurs, phénomène d’évasion fiscale et sociale, affaiblissement de la soutenabilité des finances sociales ».Le COE rappelle que si certains pays (Royaume-Uni, Allemagne Suède) ont retrouvé leur taux d’emploi d’avant la crise, d’autres restent dans une situation durablement dégradée (Italie, Espagne, Portugal). Enfin dans une situation intermédiaire, qui se rapproche du niveau d’emploi d’avant-crise sans encore l’atteindre, se retrouvent le Danemark, les Pays-Bas, l’Autriche et l’Irlande.Gaëlle PicutJournaliste au Monde Jacques Follorou La démocratie allemande pourrait-elle servir d’exemple au Parlement français en matière de contrôle des services secrets ? Le travail des différentes instances parlementaires du Bundestag sur les services de renseignements allemands (BND) vient de donner lieu à de nouvelles révélations sur les dérives en matière d’espionnage. Mercredi 11 novembre, la station de radio allemande RBB (Radio Berlin Brandebourg) indiquait que le BND avait surveillé le diplomate allemand Hansjörg Haber alors que la Constitution allemande interdit l’espionnage des citoyens allemands.Cette radio précisait également que Laurent Fabius, ministre français des affaires étrangères, et des membres de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), du FBI américain et de sociétés aux Etats-Unis, figuraient également parmi les cibles. Jeudi, à Malte, en marge d’un sommet sur les migrations, François Hollande a demandé « que toutes les informations soient communiquées, parce qu’on ne peut pas comprendre qu’il puisse y avoir ce type de pratiques entre alliés ». Avant d’ajouter : « Je sais que la chancelière [Angela Merkel] fera tout pour nous dire exactement les circonstances qui ont été celles [qui ont conduit à] écouter un ministre de la République française. »La RBB ne fournit aucune indication sur l’origine de ses sources. En guise de détails, la radio berlinoise se contente d’évoquer une liste de 900 pages de « sélecteurs » (numéros de téléphone, courriels, adresses IP) utilisés par le BND et à laquelle ont eu accès des députés allemands, membres de la commission d’enquête chargée de faire la lumière sur les opérations de surveillance.« La question qui se pose, c’est de savoir si ces agissements ont été le fait des seuls Allemands ou pour le compte d’un service tiers, à savoir la NSA »Selon un membre du Bundestag travaillant sur les questions de renseignement, joint par Le Monde, ces nouveaux éléments seraient extraits de documents recueillis par la commission d’enquête parlementaire créée après les révélations de l’ex-consultant de l’Agence nationale de la sécurité américaine (NSA), Edward Snowden. Ces informations seraient également entre les mains de la délégation parlementaire au renseignement du Bundestag, chargée de suivre le fonctionnement des services secrets et qui devait se réunir vendredi.Au printemps, la presse allemande s’était déjà fait l’écho d’écoutes pratiquées par le BND de pays alliés, dont la France, sans l’aval du gouvernement. Paris était resté discret. Mais Bernard Bajolet, à la tête de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), s’était rendu à Berlin pour obtenir des explications auprès de son homologue du BND. Selon nos informations, il avait troqué le silence officiel contre l’obtention d’informations, portant notamment sur les dessous de la coopération entre le BND et la NSA.« La question qui se pose, relève un responsable de la communauté française du renseignement interrogé par Le Monde, c’est de savoir si ces agissements ont été le fait des seuls Allemands ou pour le compte d’un service tiers, à savoir la NSA. » En effet, des documents, également exhumés par la commission d’enquête parlementaire créée sur les activités de la NSA, et auxquels Le Monde a eu accès, ont montré, en juin, que le BND avait agi pour le compte de la NSA et espionné, notamment, la France, au moins de 2005 à 2008, par l’intermédiaire du groupe de télécommunications Deutsche Telekom.« Rien d’illégal »Les autorités allemandes, accusées de complicité d’espionnage avec la NSA, entre 2005 et 2015, des intérêts économiques et politiques européens, avaient affirmé qu’il était impossible de connaître l’identité des cibles visées. Ces documents de Deutsche Telekom, détenus par la commission d’enquête parlementaire allemande sur les activités de la NSA et révélés par le député Vert autrichien Peter Pilz, attestaient, au contraire, que les grands opérateurs nationaux de télécom européens disposaient des moyens d’identifier les personnes ou entreprises espionnées.A partir de 2005, l’ensemble du trafic intercepté a été renvoyé vers le centre d’interceptions, installé en Bavière, à Bad Aibling. Sur cette base, les opérateurs allemands travaillent aux côtés d’employés de la NSA dans le cadre du JSA (Joint Signal Activity). Interrogé par la commission d’enquête du Bundestag, le directeur du BND, Gerhard Schindler, a indiqué, le 21 mai, qu’il n’y avait rien d’illégal à cela tant que cette collecte ne concernait pas des intérêts allemands.Jacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.11.2015 à 15h54 • Mis à jour le13.11.2015 à 17h30 | Laure Belot C’est en Suisse que le chercheur Charles Heller entend parler pour la première fois de l’expérience africaine Ushahidi. Nous sommes en 2011 et sur la scène d’un colloque humanitaire, ce spécialiste des migrations découvre la carte de Nairobi qui a permis aux habitants de la capitale kényane de pointer, en ligne et en urgence, les rues à éviter lors des émeutes postélectorales de 2007. Charles Heller voit, dans cette approche cartographique, une piste pour alerter sur la détresse des migrants.Quatre ans plus tard, Watchthemed est pleinement opérationnel. Dès la page d’accueil, une carte de la Méditerranée permet, d’un coup d’œil, d’identifier les multiples lieux où des bateaux en difficulté ont été localisés : des couleurs différencient les situations de détresse, les interceptions de bateaux, les disparitions de migrants constatées. Au bas de l’écran, des rapports saisissants décrivent ces moments d’urgence qui ne cessent de se multiplier et font actuellement la « une » des médias. Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosC’est à l’aide d’une centaine de bénévoles situés dans 10 pays que ce suivi des eaux méditerranéennes est devenu possible. « Ces volontaires se relaient vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, pour répondre à un numéro d’urgence affiché sur la plate-forme », explique le chercheur qui a lancé ce projet avec son collègue Lorenzo Pezzani rencontré à l’université londonienne Goldsmiths. « Les migrants, sur les bateaux, sont habituellement équipés d’un téléphone portable inclus dans le “kit” qui leur a été vendu par le passeur. » Pendant des années, « c’est le numéro privé d’un prêtre d’origine érythréenne, le père Mussie Zeraï, que les réfugiés se passaient de bouche à oreilles », poursuit Charles Heller. « Cet homme devait gérer seul ces appels à l’aide. Nous sommes proches de lui et notre plateau téléphonique permet désormais de mutualiser les efforts et de le soulager. Parfois, nous recevons jusqu’à une dizaine d’appels dans la journée. » Concrètement, chaque bénévole a été formé pour aider le migrant à trouver la boussole incluse dans son téléphone. La position géographique obtenue est alors transmise aux autorités dont dépend la zone maritime concernée afin que les secours s’organisent. Le bénévole se charge, ensuite, d’écrire le récit de l’appel et de l’éventuel sauvetage afin de le publier en ligne : ainsi, le 5 novembre, onze différentes alertes de détresse provenant de la zone de la mer Egée, près des îles grecques de Samos, Cos, Lesbos et Ro. Ou encore le 6, celui d’un bateau avec 50 occupants se dirigeant vers les Canaries.Un outil de lobbying humanitaireCe dispositif est-t-il efficace ? « Le numéro d’urgence est devenu une alarme incontournable. Les gardes-côtes prennent très au sérieux nos appels mais il y a parfois des tensions », reconnaît le chercheur. « Pour un bateau trop proche de la Libye, nous avons un jour essuyé un refus d’intervention des gardes-côtes italiens, qui renvoyaient sur leurs homologues libyens, qui nous le savons, n’interviennent pas. » Finalement, après négociation, les secours italiens se sont organisés.Lire aussi :Migrants : record mensuel de 218 000 arrivées via la Méditerranée en octobreL’objet de cette démarche n’est pas uniquement de visualiser les cas d’urgence, insiste Charles Heller, « il s’agit aussi de donner un outil de travail aux chercheurs et aux associations ». La plate-forme, conçue comme un outil de lobbying humanitaire, associe plusieurs associations telles que Welcome to Europe, Forschungsgesellschaft Flucht & Migration, et le réseau Boats4People. « Nous récoltons des informations précises afin d’interpeller juridiquement les autorités qui laissent ces situations se développer. » Il s’agit, poursuit le chercheur « de les mettre face à leurs responsabilités alors que les morts se multiplient aux frontières maritimes de l’Union européenne ». Episodes de la sérieLire aussi :Ushahidi, une technologie africaine qui a conquis la planèteLire aussi :Une carte pour recenser les violences civiles au BurundiLire aussi :L’invention kényane qui a aidé les secours après le séisme au Népal A paraître :vendredi 13 novembre : lutter contre la violence faite aux femmes en Inde ;lundi 16 novembre : surveiller l’élection présidentielle au Kenya, en Tanzanie et en Zambie ;mardi 17 novembre : lutter contre la fraude électorale en Colombie ;mercredi 18 novembre : porter la voix des habitants d’un bidonville au Kenya ;jeudi 19 novembre : endiguer la violence électorale au Nigeria ;vendredi 20 novembre : améliorer la vie urbaine en Irlande ;lundi 23 novembre : imaginer la ville du futur partout dans le monde.Laure BelotJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.11.2015 à 12h43 • Mis à jour le12.11.2015 à 13h02 La police italienne a annoncé, jeudi 12 novembre, une opération contre un réseau djihadiste établi dans plusieurs pays européens et qui prévoyait de recruter des aspirants djihadistes pour les envoyer à l’étranger, de commettre des attentats, y compris des attentats-suicides, pour essayer de faire libérer son chef, un prédicateur fondamentaliste irakien détenu en Norvège. Le commandant Giovanni Governale, un des responsables de l’enquête, a déclaré :« L’importance de cette opération est d’avoir démantelé une cellule intégrée qui comprenait, outre l’Italie, le Royaume-Uni, la Norvège, la Finlande, la Suisse et l’Allemagne. »Les mandats d’arrêt concernent dix-sept personnes, seize Kurdes et un Kosovar. Six membres du réseau ont été arrêtés en Italie, quatre au Royaume-Uni, trois en Norvège, tandis que plusieurs sont partis se battre en Irak et en Syrie, selon les enquêteurs.Ce groupe était dirigé par Najmuddin Ahmad Faraj, dit « mollah Krekar », qui avait déjà cofondé un groupe islamiste nommé Ansar al-Islam, qu’il dit ne plus contrôler. L’homme figure sur la liste des personnes et organisations terroristes des Etats-Unis et de l’ONU.En Norvège, Najmuddin Ahmad Faraj a été condamné à de nombreuses reprises pour appel au meurtre, et récemment à dix-huit mois de prison pour avoir applaudi publiquement les assassinats des journalistes et collaborateurs de Charlie Hebdo. Il reste sous le coup d’un arrêté d’expulsion, qui n’a toujours pas été exécuté en l’absence de garanties sur son sort en Irak, où il risque la peine de mort.Selon le site Politico, l’opération nommée « Jweb », préparée pendant cinq ans, a été coordonnée par Eurojust, une « unité européenne de coopération judiciaire contre le crime organisé ». Elle est partie d’une enquête sur Jarchive.info, un site djihadiste. Selon les enquêteurs italiens, le réseau se développait surtout « sur Internet à travers des procédures “noires”, des plates-formes peu connues que nous avons réussi à pénétrer ». Jean-Michel Bezat E.ON paye très cher la faiblesse persistante des prix de l’électricité, au plus bas depuis douze ans, et la transition énergétique (Energiewende) lancée par la chancelière Angela Merkel au début de la décennie. Le groupe d’énergie allemand a annoncé, mercredi 11 novembre, une perte de 7 milliards d’euros – la plus lourde depuis sa création en 2000 – due à 8,3 milliards de dépréciations d’actifs sur la période de juillet à septembre.Une annonce attendue qui n’a pas ébranlé l’action d’E.ON, qui a même pris près de 4 % à la Bourse de Francfort. Le groupe de Düsseldorf avait prévenu en septembre qu’il allait inscrire au bilan l’argent perdu dans ses centrales au charbon et au gaz. Les analystes s’attendent en 2015 à une perte supérieure à celle de 2014 (3,2 milliards d’euros).Grand nettoyageLe patron d’E.ON, Johannes Teyssen, n’avait pas le choix : il devait faire ce grand nettoyage avant la scission du groupe annoncée fin 2014 et effective début 2016. Le nouvel E.ON (40 000 salariés) ne se consacrera plus qu’aux activités « propres » (solaire, éolien, réseaux électriques, services d’efficacité énergétique) et à l’exploitation des réacteurs nucléaires. Tous les autres moyens de production fortement émetteurs de CO2, ses centrales au gaz et au charbon durement concurrencées par des énergies renouvelables gorgées de subventions, seront cantonnés au sein d’Uniper (20 000 personnes). L’année 2015 a été consacrée à cette restructuration et M. Teyssen estime qu’après le big bang « les employés savent où ils vont travailler ».La crise de l’énergie dure depuis plus de cinq ans en Europe, mais aucun des grands groupes du secteur n’a pris des mesures aussi radicales qu’E.ON pour s’y adapter. Il est vrai que, contrairement à EDF, Engie ou l’italien Enel, le géant allemand a subi de plein fouet la sortie du nucléaire programmée pour 2022 par Mme Merkel après la catastrophe de Fukushima. Même arrêtées, ses centrales continueront à peser sur ses comptes puisque le gouvernement l’a mis en demeure, comme les autres exploitants allemands (RWE, EnBW, Vattenfall), d’assumer les coûts de démantèlement des dix-sept réacteurs, provisionnés à hauteur de 38 milliards (16,6 milliards pour E.ON). Une provision jugée insuffisante par certains experts.Lire aussi :Les géants allemands de l’énergie en crise profondeIl faut mesurer la restructuration radicale d’E.ON à l’aune des ambitions énergétiques affichées par Berlin : 80 % d’énergies renouvelables en 2050 et une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre. L’Energiewende est « le projet d’infrastructure le plus important de l’après-guerre », souligne la Fondation Heinrich Böll, proche des écologistes. Malgré son coût exorbitant (y compris en termes de rejet de carbone à court terme), ses partisans ne doutent pas que l’Allemagne est sur la bonne voie. La purge d’E.ON est peut-être la promesse de succès futurs.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.11.2015 à 09h59 • Mis à jour le12.11.2015 à 18h33 | Jean-Pierre Stroobants (La Valette, envoyé spécial) Après avoir signé un plan, longuement négocié, avec les pays africains pour une meilleure gestion des questions migratoires, les dirigeants européens, réunis entre eux à La Valette (Malte), ont annoncé jeudi 12 novembre le lancement d’un fonds d’aide à l’Afrique doté de 1,8 milliard d’euros. Chacun des Etats membres est invité à le compléter pour doubler la mise. Pour l’heure, les promesses de contributions n’ont atteint qu’un total de quelque 78,2 millions d’euros.A l’issue de ce court sommet, François Hollande a annoncé jeudi après-midi, lors d’une conférence de presse, qu’un « Conseil européen sera organisé avec la Turquie pour prendre des engagements » et améliorer la collaboration sur la crise migratoire. « Nous avons besoin de la Turquie, elle accueille beaucoup de réfugiés », a-t-il poursuivi, en précisant que ce sommet UE-Turquie « pourrait se tenir à la fin du mois de novembre ou au début du mois de décembre ».« Faire le point sur les mesures déjà adoptées » : c’est devenu le leitmotiv des réunions européennes depuis des semaines et c’était encore le cas à Malte pour ce sommet convoqué par Donald Tusk, le président du Conseil, critiqué pour son manque d’implication sur la question au printemps.Beaucoup des « mesures adoptées » peinent à se mettre en place, tandis que la Suède a décidé mercredi de réinstaurer – en principe pour une dizaine de jours – des contrôles à ses frontières, que le Danemark annonce un nouveau renforcement de ceux-ci et que la Slovénie a dû se résoudre à installer des barbelés à ses frontières avec la Croatie, sans toutefois la fermer totalement. L’Allemagne évoque quant à elle – après la Suède – un éventuel appel à la relocalisation, dans d’autres pays européens, de milliers de réfugiés syriens installés chez elle. A La Valette, mercredi, la chancelière Angela Merkel a prôné la solidarité avec l’Afrique, mais insisté, aussi, sur la nécessaire « responsabilité » de ses interlocuteurs dans la gestion des migrants.Si le plan proposé aux pays africains suscite, à l’évidence, un certain scepticisme quant à son efficacité et au réel degré d’engagement des deux parties (les Européens tergiversent sur son financement, les Africains ont peu d’enthousiasme pour la politique de réadmission exigée d’eux), l’accord à conclure avec Ankara sème également le doute.Lire les dernières informations :L’Europe cherche à fermer la route des migrants d’Afrique et de Turquie« Trop de promesses » à AnkaraEspérant en tout cas limiter le flux ininterrompu des demandeurs d’asile passant d’Asie mineure vers les îles grecques, les Vingt-Huit tenteront de se mettre d’accord avant que certains d’entre eux rencontrent le président Recep Tayyip Erdogan lors du sommet du G20, à Antalya (Turquie), dimanche. MM. Juncker et Tusk débattront avec lui le lendemain.Le premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, devait faire le bilan, jeudi après-midi, de ses dernières entrevues avec les dirigeants turcs. Certaines capitales ne cachent par leurs critiques à l’égard de la Commission de Bruxelles, accusée de faire « trop de promesses » à Ankara. D’autres ne croient pas à la volonté d’aboutir de M. Erdogan mais s’inquiètent, en même temps, de l’avenir des plus de 2 millions de réfugiés syriens présents en Turquie.Les Européens ont proposé à M. Erdogan de relancer le processus d’adhésion à l’Union mais un rapport d’évaluation des réformes menées dans son pays s’est montré sévère, mardi, pour son manque de respect des libertés publiques et des médias, tout en s’inquiétant de la répression exercée contre la minorité kurde.Les Vingt-Huit se sont aussi mis d’accord sur une libéralisation des visas, sans cacher leur crainte que celle-ci dérive rapidement. Ils ont ensuite promis 1 milliard d’euros, puis 3 milliards, pour financer la politique d’aide de la Turquie aux réfugiés. Sans indiquer comment ce montant serait atteint.Aide bilatérale britanno-turquePour hâter le processus de négociation, Mme Merkel, appuyée par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, évoque la nécessité d’un sommet conjoint Union européenne-Turquie. Il pourrait se tenir dès le 22 novembre, à Bruxelles. « Il reste à savoir à quoi il servira », nuançait un diplomate avant la réunion, sceptique quant à la volonté d’aboutir de M. Erdogan, auquel seraient demandées des contreparties claires en échange d’une aide financière massive. Adepte du cavalier seul dans ce domaine également, le premier ministre britannique, David Cameron a, en tout cas, annoncé que son pays fournirait à Ankara une aide bilatérale de 184 millions d’euros sur deux ans.M. Juncker a, en tout cas, voulu placer les dirigeants européens devant leurs responsabilités. Il a déposé sur la table des négociations un projet visant à rassembler les 3 milliards d’euros promis à Ankara pour les années 2016 et 2017. Cinq cents millions seraient prélevés sur le budget européen pour alimenter ce « Turkey Refugee Grant Facility ». Les Etats membres fourniraient le reste de la contribution, soit 2,5 milliards d’euros. Un « quota » par pays établit la contribution de la France à 386,5 millions, celle de l’Allemagne, à 534,3 millions. « Il s’agit de donner une base légale à un accord politique de principe », explique l’entourage de M. Juncker. Sa proposition devrait, à coup sûr, susciter de nouvelles discussions entre Européens avant le sommet avec M. Erdogan.Occultées par l’enjeu turc, les divergences entre Européens figuraient d’ailleurs aussi au menu des débats de jeudi. Le plan de relocalisation des 160 000 réfugiés piétine, alors que 800 000 demandeurs d’asile sont arrivés en Europe depuis le 1er janvier, selon les derniers chiffres de l’Office international des migrations. Moins de 100 000 places ont été offertes par les Etats membres et quelques dizaines de personnes seulement ont, jusqu’ici, été effectivement réinstallées.Martin Schulz, le président du Parlement européen, a souligné devant les chefs d’Etat que les promesses de renforcer les effectifs de Frontex et du Bureau d’asile européen n’ont été qu’à moitié respectées. Par ailleurs, a-t-il ajouté, si les premiers vols acheminant des réfugiés vers leur pays de relocalisation ne sont pas rapidement suivis « de dizaines d’autres dans les prochains jours » la situation deviendra ingérable.Le nombre croissant de réfugiés, en Suède et en Allemagne notamment, ainsi que le rétablissement des frontières, posent une autre question, en filigrane de toutes les discussions actuelles : celle de l’avenir de l’espace européen sans passeport de Schengen. « Nous ne pourrons pas tarder à l’évoquer », commentait, mercredi soir, un ministre.Le lendemain M. Tusk renchérissait : « Pour sauver Schengen, une course contre la montre est engagée et nous sommes déterminés à la gagner. Cela veut dire qu’il faut renforcer les contrôles aux frontières extérieures, coopérer avec les pays d’origine et de transit, réinstaller les réfugiés. Et faire le tout en même temps ».La Commission doit, en tout cas, reformuler sa proposition de création d’un corps de garde-frontières et garde-côtes. Ce dossier-là aussi traîne, comme s’il n’était pas vraiment prioritaire.Lire aussi la tribune :Migrations : un cadre juridique à revoirJean-Pierre Stroobants (La Valette, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.11.2015 à 21h15 • Mis à jour le12.11.2015 à 06h50 Le ministre de l’intérieur suédois, Anders Ygeman, a annoncé, mercredi 11 novembre, que la Suède allait instaurer, dès jeudi, des contrôles à ses frontières pour une durée de dix jours. M. Ygeman, lors d’une conférence de presse, a expliqué cette décision par la forte arrivée de migrants dans son pays :« Il y a un nombre record de réfugiés qui arrivent en Suède. L’Office des migrations est sous forte pression […] et la police estime qu’il existe une menace contre l’ordre public. »« L’accueil des réfugiés doit se faire avec ordre et rigueur », a justifié le premier ministre Stefan Löfven depuis La Valette, sur l’île de Malte, où il participe au sommet des dirigeants européens et africains sur la crise migratoire. D’après le ministre de l’intérieur, des centaines voire des milliers de migrants sans abri et des enfants non accompagnés disparaissent dans la nature faute d’être pris en charge.Lire aussi :L’UE sur tous les fronts des migrationsQuatre-vingt mille migrants depuis le mois de septembreAux côtés de M. Ygeman, le directeur de la communication de l’Office des migrations, Mikael Hvinlund, a rappelé que quatre-vingt mille migrants étaient arrivés dans le pays depuis le mois de septembre, presque autant que pour l’ensemble de l’année 2014.La Suède, pays de l’Union européenne accueillant le plus grand nombre de réfugiés rapportés à sa population (10 millions), s’attend à en accueillir jusqu’à cent quatre-vingt-dix mille au total en 2015. Soit le double du record atteint au début des années 1990.M. Hvinlund a justifié ainsi le rétablissement provisoire des frontières :« Les gens sont obligés de dormir sous des tentes, dans les bureaux de l’office ou dans des centres d’évacuation. Nous ne remplissons plus notre mission qui est d’offrir un toit à chacun […]. Le rétablissement [des contrôles aux frontières] peut nous y aider. »Lire aussi :Crise des migrants : la Slovénie limite à son tour l’accès à sa frontière avec la Croatie 11.11.2015 à 11h05 • Mis à jour le11.11.2015 à 14h56 | Eric Albert (Londres, correspondance) Le coût économique d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) est au cœur du référendum organisé par le premier ministre conservateur David Cameron. Pourtant, personne ne semble en mesure de l’évaluer. Un récent rapport d’Open Europe, un think tank eurosceptique, liste les différentes études réalisées : celles-ci concluent, au pire, qu’un Brexit coûterait au Royaume-Uni cinq points de PIB, au mieux, qu’il lui rapporterait six points.Si elles divergent sur leurs conclusions, les études sont en revanche d’accord sur les domaines qui seraient impactés. Le premier est le commerce. Le Royaume-Uni réalise 45 % de ses exportations dans l’UE. En cas de Brexit, les conséquences dépendraient de ce que le pays pourrait alors négocier comme accès au marché unique.Sans accord, les règles de l’Organisation mondiale du commerce s’appliqueraient : de nombreux produits britanniques devraient s’acquitter de tarifs douaniers. C’est improbable. Après tout, le Royaume-Uni enregistre un important déficit commercial avec l’UE, et les vingt-huit auraient beaucoup à y perdre aussi. « Croyez-vous que l’Allemagne va renoncer à exporter ses voitures ici ? », interroge régulièrement Nigel Farage, le leader du parti europhobe UKIP.Le Royaume-Uni pourrait alors se retrouver dans la situation de la Norvège, qui n’est pas dans l’Union mais contribue au budget européen et en respecte les régulations, en échange d’un accès au marché unique. Ou dans une situation suisse, où l’accès au marché unique est négocié secteur par secteur.Far West capitalistiqueSortir de l’UE pourrait cependant permettre à Londres de conclure des accords de libre-échange avec d’autres pays, alors que le pays est aujourd’hui obligé de passer par Bruxelles. Les eurosceptiques s’agacent par exemple de ne pas avoir d’accord avec la Chine, alors que l’Islande en a un.L’autre grand impact d’un Brexit concernerait la régulation. En sortant de l’UE, le pays serait « libéré » du poids des nombreuses règles bruxelloises, selon les eurosceptiques. Faux, répliquent leurs opposants, qui pensent que la plupart des règles (environnementales, de sécurité, etc.) resteraient en place, les Britanniques refusant de se retrouver dans un Far West capitaliste.« Le Royaume-Uni pourrait prospérer hors de l’Union européenne, ce n’est pas la question. La question est de savoir si nous serions plus prospères en dehors qu’en dedans ? », a résumé M. Cameron. Les économistes étant incapables de trancher, les Britanniques devront y répondre eux-mêmes.Lire aussi :Les patrons anglais disent « no » au « Brexit »Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.11.2015 à 10h23 • Mis à jour le11.11.2015 à 18h04 | Jean-Pierre Stroobants (La Valette, envoyé spécial), Christophe Châtelot (La Valette, envoyé spécial) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Ce devait être un moment politique fort, de discussions entre responsables africains et européens pour trouver des solutions concrètes afin de limiter le flux de migrants vers l’Europe. Le sommet de La Valette, mercredi 11 et jeudi 12 novembre, risque toutefois d’être éclipsé par le conseil informel des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne (UE), programmé dans la foulée, jeudi après-midi. Et notamment par la Turquie, qui sera au cœur de ce rendez-vous.Lorsque le projet de sommet est né, en avril, l’émotion était à son comble après les naufrages, en Méditerranée, de navires emplis de réfugiés. Elle a laissé la place à l’inquiétude, voire à un vent de panique, alors que le flux ne s’est pas tari (750 000 arrivées en Europe depuis janvier, de 600 000 à 700 00 attendues pour les quatre prochains mois selon l’ONU). Les demandeurs d’asile syriens – et aussi africains désormais – empruntent davantage la route des Balkans mais, depuis janvier, quelque 140 000 personnes ont aussi navigué entre la Libye et l’Italie.Une vague de migrants chassant l’autre, les dirigeants européens se focalisent aujourd’hui sur la Turquie. La Commission européenne s’est engagée, en octobre, dans une négociation incertaine pour convaincre Ankara de garder les 2 millions de réfugiés syriens sur son territoire, ou du moins de freiner leur arrivée en Europe. Les dirigeants européens sont « un peu perdus, ne savent pas trop où en est la discussion », relève un diplomate européen. Le numéro deux de la Commission, Frans Timmermans, devait se rendre à nouveau en Turquie, mercredi, et Jean-Claude Juncker, le président de l’institution, faire un rapport dans la foulée aux leaders européens à La Valette.Lire aussi :Syrie, Erythrée, Afghanistan… ce que fuient migrants et réfugiésCritiques Le « plan d’action » négocié avec la Turquie proposait au président Erdogan 3 milliards d’euros, une libéralisation de la délivrance de visas et une accélération du processus d’adhésion à l’UE. C’est Berlin – et la Commission européenne – qui pousse le plus au dialogue. L’Allemagne est, avec la Suède, le pays d’Europe le plus débordé par les arrivées de réfugiés – plus d’un million y sont attendus en 2015. Or, la stratégie d’accueil de la chancelière Angela Merkel suscite de plus en plus de critiques dans son pays, au sein même de sa famille politique.Mme Merkel et M. Juncker voudraient que les Etats membres s’engagent fermement, à La Valette, à mettre sur la table la somme demandée par M. Erdogan. Ils souhaitent aussi un sommet exceptionnel UE-Turquie pour entériner l’accord, selon des sources diplomatiques bruxelloises. Cette stratégie ne fait pas l’unanimité en Europe. « Négocier alors que l’Europe est en position de faiblesse n’est pas la meilleure approche. On ne peut pas faire reposer toute notre stratégie de résolution de la crise sur une discussion avec les dirigeants turcs », souligne un diplomate.Les interlocuteurs africains voient d’un mauvais œil l’attention accordée prioritairement à la TurquieLes interlocuteurs africains, eux, déjà irrités par cette focalisation sur la « route des Balkans » voient d’un mauvais œil l’attention accordée prioritairement à la Turquie. « Le plan d’action européen est ambitieux, mais il ne faudrait pas que l’urgence en Syrie escamote l’ampleur du problème migratoire en Afrique. Lutter contre l’émigration est avant tout une question de développement, pas seulement humanitaire ou sécuritaire. Il faut donc agir sur le long terme », confie un responsable ouest-africain.« La misère, les guerres, le changement climatique mais surtout le manque d’espoir sont autant de motivations pour quitter son pays ».Certains diplomates de l’Union estiment que ce serait en effet une erreur de négliger cette question, même si elle semble moins d’actualité. Les causes profondes poussant au départ demeurent, alors que nombre de pays africains ne parviennent pas à contenir leur pression démographique.« Si la multiplication des naufrages en Méditerranée et donc la mort ne dissuadent pas les candidats au départ, ce ne sont pas les murs ou frontières artificielles érigés en Europe qui y parviendront ».Lire aussi :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ?Retours forcés Un Fonds d’affectation spéciale (ou « Trust Fund »), doté de 1,8 milliard d’euros, sera officiellement créé à Malte. Il sera destiné à soutenir financièrement les efforts des pays africains confrontés à la migration. Le texte final, débattu jusqu’à la dernière minute, repose sur une sorte de donnant-donnant.Aux pays africains, la garantie d’un soutien à l’emploi, à l’éducation, à l’investissement, à la lutte contre la radicalisation, et à l’instauration de règles pour une bonne gouvernance. Ils pourraient aussi bénéficier de l’ouverture de canaux de migration légale pour des travailleurs saisonniers, des étudiants, des chercheurs ou des employés de groupes internationaux. « Si ces projets sont menés à bout, ils constituent une opportunité pour l’Afrique, dont les pays ont la charge de 80 % des réfugiés ou des migrants du continent », rappelle Ozonnia Ojielo, directeur régional du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).En échange, les Européens demandent un contrôle accru sur les frontières et une lutte plus efficace contre les réseaux de trafiquants. Ils demandent surtout à leurs interlocuteurs de faciliter le retour de migrants irréguliers. Une vingtaine d’accords de réadmission bilatéraux ont été signés à ce jour, qui donnent des résultats variables. En 2014, plus de 250 000 injonctions de quitter le territoire européen ont été prononcées, seulement 161 000 rapatriements ont été effectués – dont 40 % étaient volontaires.Les négociations avant l’ouverture du sommet confirmaient les réticences de certains dirigeants africains face au principe des retours forcés. Ils soulignent, notamment, les difficultés d’identifier précisément certains migrants et leur pays d’origine. L’idée de créer des « centres d’accueil et de réception » – « des camps », selon certains – dans les pays africains de transit devrait, elle, être écartée.Ces centres auraient dû « informer » les candidats à l’exil des procédures, des difficultés et des dangers qui les attendent. « Le sujet n’est pas mûr et plutôt que d’imposer la mesure, il faut en discuter, en association avec l’ONU », explique une source diplomatique. Sur tous les fronts de l’immigration, l’UE a bien du mal à trouver des solutions.Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosJean-Pierre Stroobants (La Valette, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterChristophe Châtelot (La Valette, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.11.2015 à 10h49 • Mis à jour le23.11.2015 à 11h43 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Le premier ministre britannique, David Cameron, a apporté, lundi 23 novembre lors d’une visite à Paris, un soutien explicite à la France dans sa politique de frappes contre l’Etat islamique en Syrie et affiché sa volonté de voir le Royaume-Uni faire de même. « Je soutiens fermement l’action entreprise par le président Hollande pour frapper l’Etat islamique en Syrie », a déclaré M. Cameron lors d’une déclaration avec François Hollande à l’Elysée. Il a ajouté avoir la « ferme conviction que la Grande-Bretagne doit en faire de même » et précisé qu’il interviendrait devant son Parlement cette semaine pour présenter « notre stratégie d’ensemble ».Suivez la situation en direct sur notre siteSi David Cameron et François Hollande n’ont guère d’atomes crochus, l’« entente cordiale » est donc de rigueur depuis les attentats de Paris qui ont profondément ému les Britanniques et déclenché un étonnant déferlement de francophilie. Le premier ministre britannique est allé avec le président français se recueillir devant le Bataclan, lundi. L’entretien qui a suivi à l’Elysée marque une étape importante dans la stratégie de François Hollande de coordonner la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI) et dans la volonté de David Cameron de convaincre l’opinion et les députés britanniques de la nécessité d’étendre à la Syrie des frappes contre l’EI jusqu’à présent limitées à l’Irak.Échaudé par la cinglante rebuffade du Parlement en août 2013, le premier ministre répétait qu’il ne solliciterait un nouveau vote à Westminster que s’il avait la certitude d’obtenir une majorité. Début novembre, l’avis négatif de la commission des affaires étrangères des Communes s’ajoutant à l’élection du pacifiste Jeremy Corbyn à la tête du Labour avait semblé sceller le renoncement de M. Cameron.Frappes avant Noël ?Les attentats parisiens du 13 novembre ont diamétralement changé la donne. Le premier ministre fait assaut de solidarité avec la France et pousse les feux pour que les Tornado de la Royal Air Force participent avant Noël aux frappes contre l’EI en Syrie. Le Royaume-Uni doit se comporter « comme Churchill, et non comme Chamberlain », tel est le message que M. Cameron entend désormais faire passer. « Nous ne pouvons laisser à d’autres la charge et les risques de protéger notre pays », écrit-il, lundi, dans le Telegraph. Dès jeudi 26 novembre, il s’adressera aux Communes en réplique à la commission des affaires étrangères. M. Cameron mettra en avant à la fois la précision des armes britanniques et la nécessité pour Londres de se tenir aux côtés de Paris et de Washington pour être pris au sérieux. « La Grande-Bretagne n’a jamais été un pays qui reste sur la touche », a appuyé George Osborne, dimanche à la BBC. Le numéro deux du gouvernement a mis en garde les députés : un vote négatif serait « un coup de publicité » pour l’EI et adresserait « un terrible message sur le rôle de la Grande-Bretagne dans le monde ».Vendredi 20 novembre, une semaine après les attentats, David Cameron avait été prompt à se féliciter du vote de l’ONU, à l’initiative de la France, en faveur d’une résolution autorisant « toutes les mesures nécessaires » pour lutter contre l’EI. Ce vote, auquel s’est jointe la Russie, « montre incontestablement l’ampleur du soutien international pour faire davantage en Syrie », avait-il commenté.M. Cameron, outre la volonté de « tenir son rang » et de répondre à l’angoisse générée dans la population par la tuerie parisienne, devait annoncer lundi l’augmentation des dépenses militaires de 12 milliards de livres (16,5 milliards d’euros). Le Royaume-Uni sera « la seule grande puissance à dépenser 2 % de son PIB pour la défense », se targue-t-il dans le Telegraph. L’annonce de l’envoi par la France du porte-avions Charles-de-Gaulle a souligné le fait que le Royaume-Uni ne possède plus, pour le moment, un tel vaisseau. Les événements parisiens nourrissent aussi une polémique sur la réduction des effectifs de police induite par la politique d’austérité.Diviser l’oppositionMais l’affaire syrienne est aussi une occasion pour M. Cameron de diviser l’opposition et d’ébranler un peu plus son leader, Jeremy Corbyn, qu’il compare à Chamberlain, le premier ministre qui a plié devant Hitler. Une vingtaine de députés conservateurs sont réputés hostiles à des frappes en Syrie et le premier ministre a besoin du renfort d’au moins autant d’élus travaillistes. Or, au sein de ces derniers, la rébellion fait rage contre les positions de Jeremy Corbyn, au point que le vote sur la Syrie menace son autorité.Longtemps président de la plate-forme Stop the War, M. Corbyn a mis en garde samedi contre une « intervention extérieure » en Syrie. « L’expérience de l’Afghanistan, de l’Irak et de la Libye a convaincu beaucoup de nos concitoyens que l’enthousiasme de l’élite pour des interventions militaires sans fin n’a fait que multiplier les menaces contre nous, tout en semant la mort et la déstabilisation », a-t-il déclaré, faisant allusion au traumatisme causé par les mensonges de Tony Blair pour justifier l’intervention en Irak en 2003.Lire aussi :Qui est Jeremy Corbyn, nouveau leader de la gauche britannique ?Les maladresses de M. Corbyn, qui a critiqué le poids médiatique accordé aux attentats de Paris par rapport à ceux de Beyrouth et tergiversé sur l’armement des policiers, ont semé le trouble dans son propre entourage. Lui qui a voté 500 fois contre les positions de son parti depuis 1997 répète que la discipline du parti doit jouer lors du vote sur la Syrie. Dimanche, sous la pression des députés partisans d’une intervention, son plus fidèle allié, John McDonnell, a tourné casaque et s’est prononcé pour la liberté de vote. Ce repositionnement ne peut qu’encourager David Cameron à solliciter un vote avant la suspension de la session parlementaire, le 17 décembre. Dans les heures suivantes, les Tornado pourraient décoller vers la Syrie.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.11.2015 à 03h42 • Mis à jour le23.11.2015 à 15h59 L’enquête sur les attentats du 13 novembre à Paris et à Saint-Denis se poursuit en Belgique, où les autorités redoutent des attaques coordonnées similaires à celles qui ont touché la France. Une série d’opérations de police ont été menées depuis dimanche soir dans l’agglomération de Bruxelles et à Charleroi. Dans la capitale belge, l’état d’alerte maximal était en vigueur pour la troisième journée consécutive, lundi 23 novembre.Suivez la situation en direct sur notre siteVingt et une interpellations dans la région de Bruxelles et à LiègeCinq personnes ont été interpellées lundi 23 novembre dans la région de Bruxelles et de Liège, ce qui porte à ving et un le nombre de personnes interpellées depuis dimanche soir. Le parquet fédéral a annoncé que Salah Abdeslam, soupçonné d’avoir joué au moins un rôle de logisticien dans les attaques terroristes de Paris et de Saint-Denis, n’en faisait pas partie.Ni armes ni explosifs n’ont été saisis lors de ces opérations, ce qui laisse entendre que la menace terroriste « sérieuse et imminente » qui pesait sur Bruxelles n’est pas encore écartée.Dans la commune bruxelloise de Molenbeek-Saint-Jean, liée à plusieurs affaires terroristes, alors que la police effectuait un contrôle dans un snack-bar, un véhicule a foncé sur un barrage de police. Les agents ont fait feu, et le conducteur, blessé, a été arrêté. On ignore s’il était lié aux personnes visées.Salah Abdeslam toujours activement recherchéCes opérations policières n’ont pas permis d’interpeller Salah Abdeslam. Ce Français de 26 ans résidant en Belgique aurait fui dans ce pays quelques heures après les attentats du 13 novembre, aidé par deux hommes. Le parquet belge a démenti des informations de presse selon lesquelles Salah Abdeslam aurait pris la fuite dimanche soir à bord d’une BMW dans les environs de Liège.Le rôle joué par Salah Abdeslam dans les attentats qui ont frappé Paris est encore flou. Le mystère demeure sur l’attitude du cadet des frères Abdeslam. A-t-il reculé au dernier moment ? Devait-il commettre un attentat dans le 18e arrondissement de Paris, évoqué dans un communiqué de revendication djihadiste, et où une Clio louée à son nom a été retrouvée ?Lire aussi :Les Abdeslam, frères de sangNiveau d’alerte maximal maintenu à BruxellesLa capitale de la Belgique, barricadée et quasi à l’arrêt, reste lundi en état d’alerte maximal, niveau 4 ; le niveau 3 (menace possible et vraisemblable) est maintenu dans le reste du pays.Le métro et les écoles sont fermés, ainsi que les crèches, les universités et les hautes écoles. Du jamais-vu dans le royaume. Des militaires en treillis et des policiers étaient présents à tous les endroits-clés de la capitale, des blindés de l’armée étaient positionnés sur la Grand-Place, devant la Bourse ou aux abords des institutions européennes. Les rues étaient désertes, les cafés et restaurants à peu près vides, n’accueillant souvent que quelques touristes un peu désemparés.Il se confirme, en tout cas, que Molenbeek a été la base du groupe djihadiste. Une perquisition menée à la fin de la semaine dernière dans la commune a permis la découverte d’une cache d’armes chez Abraimi Lazez, un Marocain proche de Brahim et Salah Abdeslam. Lazez était, par ailleurs, un proche d’Abdelhamid Abaaoud. Visiblement irrité par le fait que les informations sur ce vaste réseau ont échappé à ses services, le ministre de l’intérieur, Jan Jambon, compte répliquer avec vigueur. Il veut désormais faire contrôler chaque adresse, maison par maison, de Molenbeek, jugeant « inacceptable » que les autorités ignorent qui se trouve sur le territoire de cette municipalité. 22.11.2015 à 18h47 • Mis à jour le23.11.2015 à 11h45 Il est passé en quelques jours de l’anonymat, y compris pour certains services de renseignement, au statut d’« ennemi public numéro un », comme le qualifie la presse belge : Salah Abdeslam est activement recherché en Belgique depuis le 13 novembre, soupçonné d’avoir participé aux attentats à Paris et à Saint-Denis qui ont causé la mort de 130 personnes. Son frère Brahim s’est, lui, fait exploser le même soir en terrasse du Comptoir Voltaire, un bar du 11e arrondissement.Suivez la situation en direct sur notre siteDeux frères issus d’une fratrie de quatre enfants Salah, âgé de 26 ans, et Brahim, 31 ans, sont tous deux nés à Bruxelles et vivaient à Molenbeek, commune de la région Bruxelles-Capitale. Leurs parents sont d’origine marocaine et ont vécu en Algérie française, obtenant alors la nationalité française, qu’ils ont ensuite transmise à leurs trois fils et leur fille. Abdaramane, conducteur de métro bruxellois à la retraite, et Yamina, femme au foyer, sont décrits par les habitants du quartier comme « très gentils et très souriants », « adorables ».Leur frère, Mohamed, est employé à la mairie de Molenbeek depuis une dizaine d’années. Un homme « charmant », selon sa chef de service. Il a été membre du cabinet de l’ancien maire PS, Philippe Moureaux, grande figure de la vie locale.Brahim, « une crème » et un fumeur de cannabisSelon un de leurs amis rencontré par Ouest-France, Brahim Abdeslam « était une crème » :« Il avait fait des conneries avant, mais rien de bien méchant. Ce n’était pas un violent. Je ne l’ai jamais vu en colère. »Electricien de formation, il n’avait jamais vraiment exercé. Son ex-femme, Niama, avec qui il a été marié (civilement et non religieusement) pendant deux ans, a décrit au quotidien britannique The Daily Mail quelqu’un de bon caractère, jamais violent, mais fainéant.« Son activité favorite était de fumer de l’herbe et de dormir. Il dormait souvent la journée. La quantité de joints qu’il fumait était impressionnante. »Brahim était propriétaire du bar Les Béguines, à Molenbeek, qui avait fait l’objet d’une fermeture administrative pour cinq mois, neuf jours avant les attentats, après constatation de consommation de cannabis dans l’établissement. En mai, il avait été pris en flagrant délit du braquage d’un bar-tabac. Une arrestation alors filmée par une équipe de télévision belge.Salah, « toujours dans l’excès » Salah Abdeslam est officiellement gérant du bar dont son frère est le propriétaire. A 26 ans, il menait une vie faite d’excès, selon les différents témoignages des personnes qui le fréquentaient. Pour l’ami rencontré par Ouest-France, il est « énergique, toujours dans l’excès » :« Ce n’était pas la peine d’essayer de le trouver avant 15 heures. Il passait son temps à dormir, parce qu’il sortait tard. Il sortait, il dormait, il sortait, il dormait. Il était toujours un peu “stone”. Il faisait les quatre cents coups. Son truc, c’était les bonnes cuites, les femmes, presque une différente tous les soirs… »Le président d’un centre de jeunes de Molenbeek, Moustafa Zoufri, a décrit à France TV info quelqu’un de « très timide et gentil », qui « disait bonjour ». Tandis que d’autres amis le décrivent « mec à meufs, mignon, beau gosse » dont la vie était davantage occupée par le football, les sorties et le cannabis que par la religion. Son frère Mohamed le dit, lui, « très intelligent ».Jeune, il avait provoqué un incendie dans le logement de sa famille. Selon Libération, il aurait travaillé au sein de Molenbeek Formation, une antenne de la mission locale, avant d’être engagé par la STIB, la société de transports bruxellois, en septembre 2009. Il en a été licencié en février 2011 après de nombreuses absences.Une radicalisation récenteLes trois frères, Brahim, Salah et Mohamed, ont eu des démêlés avec la justice au début des années 2000, comparaissant devant un tribunal de Bruxelles pour trafic de stupéfiants.Mais c’est après 2010 que le jeune Salah a, semble-t-il, commencé à se radicaliser, lorsqu’il a effectué un séjour en prison pour vol avec effraction et trafic de drogue. Il aurait alors côtoyé Abdelhamid Abaaoud, considéré comme l’instigateur principal des attentats de Paris (ainsi que d’autres attentats déjoués ces derniers mois) et qui a rejoint les rangs de l’organisation Etat islamique en 2013. Selon Mathieu Guidère, expert français du terrorisme, ce dernier aurait alors pu enseigner au jeune Salah « la théologie de la dissimulation pour contourner les services de sécurité et la surveillance du renseignement ».Alors que leurs amis ne voyaient pas en eux des « radicalisés », leur frère Mohamed a vu chez Brahim et Salah, « il y a six mois, un changement de comportement », sans pour autant s’en inquiéter. Il assure que la famille ne savait rien de leur projet.« Le fait de vivre plus sainement, de prier, de ne plus boire d’alcool, d’aller à la mosquée de temps en temps, ce n’est pas directement un signe de radicalisation. Il n’y avait pas de discours laissant penser à une radicalisation. »Brahim aurait tenté d’aller en Syrie en janvier, mais aurait échoué à la frontière syro-turque. Salah, lui, y serait parvenu et serait ensuite revenu par la Grèce en août.Leur rôle présumé le 13 novembre et la fuiteBrahim Abdeslam s’est fait exploser au Comptoir Voltaire, dans le 11e arrondissement de Paris, à 21 h 43. Sa ceinture d’explosifs n’aurait heureusement pas fonctionné comme prévu, blessant tout de même deux personnes grièvement et une dizaine d’autres légèrement.Le rôle de Salah Abdeslam, lui, est encore flou. Les enquêteurs pensent désormais que c’est lui qui aurait conduit les trois kamikazes du Stade de France au volant d’une Clio retrouvée ensuite dans le 18e arrondissement à Paris. Dans son communiqué de revendication, l’Etat islamique évoque cet arrondissement mais aucune attaque n’y a finalement eu lieu : une hypothèse serait que Salah aurait renoncé au dernier moment, comme le rapporte L’Obs, ou bien que sa ceinture d’explosifs n’aurait pas fonctionné.Il aurait alors appelé deux de ses amis en Belgique, Hamza Attou et Mohamed Amri, pour qu’ils l’aident à repasser la frontière. Ce que les deux hommes ont fait, arrivant en France en voiture vers 3 heures du matin, dans la nuit de vendredi à samedi. Ils auraient retrouvé Salah, dont le portable a été localisé du côté de Montrouge et Châtillon, porteur d’une ceinture d’explosifs et dans un état de « choc », selon une de leurs avocates.Le groupe aurait alors pris le chemin de la Belgique. Contrôlés à Cambrai vers 9 heures du matin, ils ont pu repartir – Salah Abdeslam n’avait alors pas été identifié. Hamza Attou et Mohamed Amri sont poursuivis pour leur soutien logistique dans la fuite de Salah mais nient toute implication dans l’attaque. Mohamed Amri est toutefois soupçonné d’avoir pu jouer un rôle dans la confection des explosifs. 22.11.2015 à 06h00 • Mis à jour le22.11.2015 à 21h42 Les autorités de la république de Crimée ont annoncé, dans la nuit de samedi à dimanche 22 novembre, avoir instauré l’état d’urgence, peu après une coupure totale de l’électricité venant d’Ukraine. Des sources ukrainiennes ont affirmé que ces coupures étaient dues à un sabotage de lignes à haute tension, sans indiquer qui pourrait en être responsable. Sur les 2 millions d’habitants de la région, 1,6 million sont privés de courant.La péninsule de Crimée, auparavant république autonome d’Ukraine, a été envahie par l’armée russe en mars 2014, peu après le renversement à Kiev du président prorusse Viktor Ianoukovitch.Un référendum orchestré par les autorités d’occupation a préludé à son rattachement unilatéral à la Fédération de Russie, le même mois. Ce rattachement est dénoncé par l’Ukraine et a valu à la Russie des sanctions internationales, toujours en place.Lire aussi :Comment Vladimir Poutine a « commencé le travail » en CriméeQuatre lignes à haute tension depuis l’UkraineSelon l’agence de presse russe TASS, l’électricité en provenance d’Ukraine alimente normalement la péninsule de Crimée par quatre lignes à haute tension. Deux de ces lignes ont été sabotées dans la nuit de jeudi à vendredi, selon l’agence de presse ukrainienne UNIAN.La compagnie énergétique d’Etat ukrainienne, Ukrenergo, a publié des photos d’un pylône électrique abattu et d’un autre endommagé. Selon elle, la nature des dégâts évoque un sabotage avec un possible « usage d’engins explosifs ». Selon l’agence russe RIA Novosti, ce sabotage a eu lieu dans la région de Kherson, au nord de la Crimée, en territoire ukrainien.Les deux lignes à haute tension restantes semblent avoir été elles aussi mises hors service par une explosion. Le premier vice-premier ministre de la république de Crimée, Mikhaïl Sheremet, cité par l’agence TASS, a déclaré que la péninsule ne pouvait fournir elle-même que la moitié de ses besoins en électricité.A la suite de la coupure, « les générateurs de la république de Crimée ont été mis en marche. A 1 h 20, les villes de Simféropol, Ialta et Saki sont partiellement connectées », a indiqué le ministère des situations d’urgence. Les hôpitaux et d’autres établissements sensibles sont alimentés en électricité par des générateurs, a précisé le ministère.Lire aussi :La Crimée à l’heure de Moscou Nicolas Truong Des idées pour tenter de comprendre les sombres temps dans lesquels nous sommes plongés. Des réflexions pour résister à la terreur et à la sidération. Des analyses, parfois contradictoires, destinées à déjouer la panique et le prêt-à-penser. Car si la réponse de la France aux attaques terroristes du 13 novembre est désormais policière, judiciaire et militaire, la riposte peut être aussi morale et intellectuelle.Face à ce climat mortifère, nous avons besoin de boussole et de repères. L’approche philosophique ne permet certes pas de panser les plaies, mais peut apporter quelques éléments de compréhension. Non pas pour accepter ou justifier l’horreur, mais afin, au contraire, de mieux répliquer à cette gigantesque déflagration.Pour cela, la France doit faire le deuil de l’illusion d’une Europe affranchie des frontières et de ­l’Etat-nation, explique l’universitaire américain Mark Lilla, qui connaît si bien ce Paris bohème ­ensanglanté où il séjourna, notamment lors des ­attentats contre Charlie Hebdo. Et l’Union européenne doit cesser de laisser se métastaser « le cancer de l’extrémisme islamique » qui se répand dans la porosité de l’espace Schengen, renchérit l’écrivaine néerlando-somalienne Ayaan Hirsi Ali.Une certaine jeunesse en déshérenceGare cependant à la tentation du repli, prévient le philosophe allemand Jürgen Habermas. Plutôt que de « sacrifier » les vertus démocratiques sur « l’autel de la sécurité », la France comme les autres pays européens devrait remédier à la « pathologie ­sociale » d’une certaine jeunesse en déshérence qui sombre dans le djihadisme.D’autant que la République n’est pas vide de sens ni de spiritualité, défendent, loin des idées reçues, les philosophes Pascal Engel et Claudine Tiercelin. Car, paradoxalement, explique l’historien Marcel Gauchet, la réactivation du fondamentalisme islamique est le signe d’un processus de « sortie de la religion », inséparable d’une mondialisation qui achève son expansion.Il faudra pourtant mener une « guerre idéologique » contre le fanatisme islamique, assure le philosophe américain Michael Walzer. Mais aussi un combat éthique contre notre légitime propension à céder « aux logiques de peur et de haine », indique le philosophe français Frédéric Gros. Autant d’appels à la résistance intellectuelle, autant ­d’invitations à philosopher par gros temps.A lire sur le sujet:- Entretien avec Jürgen Habermas: « Le djihadisme, une forme moderne de réaction au déracinement », propos recueillis par Nicolas Weill. Le fondamentalisme djihadiste n’est en rien une religion, souligne le philosophe allemand.- Nous devons mener une guerre idéologique, par Michael Walzer. Le philosophe américain estime que les intellectuels ont le devoir de réactiver la cause d’Etats sans dieux face au fanatisme religieux. (You will find this article in English here)- La fin des illusions d’une France sans frontières, par Mark Lilla (professeur en humanités à l’université Columbia, Etats-Unis). Fin connaisseur de la France, l’universitaire américain autopsie un pays qui doit faire le deuil de ses victimes comme de ses croyances politiques.- Entretien avec Marcel Gauchet : « Le fondamentalisme islamique est le signe paradoxal de la sortie du religieux », propos recueillis par Nicolas Truong. Pour l’historien, la mondialisation provoque une rupture avec l’organisation religieuse du monde. Elle touche de plein fouet les musulmans, dont une fraction résiste de façon radicale à la marche de l’histoire. Il explique que l’origine de la violence des terroristes n’est pas sociale ou économique, mais bien religieuse.- Non, les valeurs de la démocratie ne sont pas vides! Par Pascal Engel (directeur d’études à l’EHESS) et Claudine Tiercelin (professeure au Collège de France). La religion n’est pas seule à pouvoir répondre au vide de sens que l’on prête à nos sociétés. Les valeurs de la République sont pourtant des idéaux substantiels.- L’Europe doit prendre des mesures fortes pour combattre le cancer le l’islam radicalisé, par Ayaan Hirsi Ali. La fermeture des mosquées et autres lieux de propagande islamiste s’impose, tout comme le conditionnement de l’accueil des migrants au respect des valeurs européennes, afin d’endiguer la menace, estime l’écrivaine néerlando-somalienne.- Entretien avec Frédéric Gros : « Trop de sécuritaire tue la sécurité », propos recueillis par Nicolas Truong. Nous sommes bien en guerre, explique le philosophe et professeur de pensée politique, mais gare à ne pas tomber dans la surenchère sécuritaire. La résistance au climat de terreur peut être aussi bien éthique que militaire et politique, souligne-t-il, ajoutant qu’ « il faudrait refonder le concept de guerre ». Nicolas TruongResponsable des pages Idées-DébatsSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.11.2015 à 14h11 • Mis à jour le21.11.2015 à 14h32 Depuis les attentats du 13 novembre, plusieurs pays européens ont pris des mesures pour relever leur niveau de sécurité.A suivre sur notre direct : Bruxelles placée en état d’alerte maximale pour une menace « imminente »Au Royaume-Uni, un niveau d’alerte déjà « grave » Dès le lendemain des attentats à Paris et à Saint-Denis, le premier ministre David Cameron avait prévenu : « Nous, au Royaume-Uni, faisons face à la même menace. » Le premier ministre, qui s’entretiendra avec François Hollande le 23 novembre, a annoncé l’embauche de 15 % de personnel supplémentaires au sein de ses services de renseignement.Le niveau d’alerte antiterroriste est déjà au niveau « grave », ce qui signifie qu’une attaque est « hautement probable ». Londres était déjà en état d’alerte à cause de possibles attaques de représailles, après que le bourreau britannique de l’EI, le tristement célèbre « Jihadi John », a été tué.A Londres, la police a mis en place une amnistie pour ceux qui accepteront de remettre, au cours des deux prochaines semaines, les armes à feu qu’ils possèdent illégalement. Les clubs de football de Premier League, eux, ont reçu des conseils pour mettre en place des mesures de sécurité particulières pour les matchs de ce week-end.Bruxelles face à une menace d’attentat « similaire à la France »Le centre de crise du ministère de l’intérieur belge a décidé, dans la nuit de vendredi 20 à samedi 21 novembre, de faire passer à son degré maximal (soit 4 sur une échelle de 4) le niveau d’alerte terroriste pour la région Bruxelles-Capitale. Cela correspond à une menace « sérieuse et imminente » d’attentat.Renforcement de la présence policière en Allemagne« L’Allemagne est aussi une cible de la terreur », a rappelé le ministre de l’intérieur allemand, Thomas de Maizière, qui a annoncé un renforcement des forces policières. Les contrôles aux aéroports ont également été renforcés.Mardi 17 novembre, le match de football entre l’Allemagne et les Pays-Bas, prévu à Hanovre, avait dû être annulé au dernier moment en raison d’une menace d’attentat. Pour les rencontres de ce week-end, la fédération allemande de football a demandé aux supporteurs de n’introduire ni pétards ni feux d’artifice dans l’enceinte des stades afin d’éviter les mouvements de panique. Berlin a également pris des mesures pour renforcer la sécurité des centres d’hébergement pour réfugiés afin de contrer d’éventuelles actions de l’extrême droite.En Italie, juste en dessous du niveau maximal L’Italie est passée au niveau 2 de l’alerte sécurité, juste un cran en dessous du niveau maximal, déclenché en cas d’attentat sur son sol. Parallèlement, les mesures de sécurité ont été renforcées à l’approche du jubilé de la Miséricorde, voulu par le pape François, qui doit attirer des millions de pèlerins à Rome à partir du 8 décembre.Le trafic du métro à Rome et à Milan a été interrompu à plusieurs reprises ces derniers jours en raison de colis suspects. Les Etats-Unis ont mis en garde le pays contre des menaces d’attentat et ont signalé cinq suspects aux autorités. Sur son site Internet, l’ambassade des Etats-Unis en Italie, à Rome, énumère les sites « identifiés comme cibles potentielles » par le FBI :La place Saint-Pierre, à Rome, le Duomo et la Scala de Milan, « les églises, synagogues, restaurants, théâtres et hôtels » des deux villes.L’ambassade, sans déconseiller de se rendre dans ces lieux, appelle à la plus grande prudence :« Des groupes terroristes peuvent utiliser des méthodes similaires à celles utilisées dans les récents attentats de Paris. »L’Espagne, juste en dessous du niveau maximalLe week-end dernier, à l’issue d’une réunion d’urgence des plus hauts responsables des services antiterroristes, le ministre de l’intérieur, Jorge Fernandez Diaz, a annoncé que l’Espagne maintenait le niveau d’alerte antiterroriste à 4 sur une échelle de 5, qu’elle avait relevé après les attentats perpétrés en juin dans l’Isère, en France, en Tunisie et au Koweït. L’Espagne a également renforcé les mesures de sécurité à ses postes-frontières avec le Maroc.Selon M. Diaz, « 165 personnes » ont été interpellées depuis quatre ans en Espagne pour des liens présumés avec « le terrorisme djihadiste ».Le dispositif de sécurité sera nettement rehaussé samedi en fin d’après-midi, lors du clasico Real Madrid-FC Barcelone. Près de 1 200 policiers seront déployés, soit six fois plus que pour un match à risques classique. Intérim (Stockholm, correspondance) A Boliden, une petite localité du Grand Nord suédois, la police a arrêté, jeudi 19 novembre au soir, un homme soupçonné de préparer des attaques terroristes. Cette arrestation intervient alors que le ton se durcit avec le voisin danois sur la question des migrants et le contrôle aux frontières.La veille, les services de sécurité suédois (Sapo) ont relevé le niveau de la menace terroriste de trois à quatre sur une échelle de cinq, une première dans le royaume. Les trois chefs des différents services ont expliqué, lors d’une conférence de presse, qu’il était très probable que des personnes aient l’intention et la capacité de mener des attaques d’envergure sur l’ensemble du territoire.Lire aussi :Les Européens ne se sentent pas en guerrePeu après la conférence de presse, une photo de mauvaise qualité a été publiée par les médias, montrant un jeune homme souriant, presque hilare : Moder Mothanna Magid, âgé d’une vingtaine d’années et originaire d’Irak. Les services de renseignement ont déclaré qu’il avait des liens étroits avec l’Etat islamique, et aurait combattu en Syrie. Le tabloïd Expressen a également indiqué qu’il aurait voyagé depuis l’Irak via la Turquie puis vers l’Allemagne et serait enfin parvenu en Suède. C’est dans un centre de demandeurs d’asile, à 800 kilomètres de Stockholm, qu’a eu lieu l’arrestation. La police a aussi inspecté l’établissement dans lequel Magid aurait vécu plusieurs semaines et a interpellé plusieurs personnes, soupçonnées d’être des complices.« Conséquences de la politique suivie »Si l’arrestation a été coordonnée avec les services de renseignements danois et norvégien, Stockholm a reproché à Copenhague son manque de vigilance. « Le Danemark devrait naturellement prendre sa responsabilité en se souciant de la situation des réfugiés et de la sécurité en Europe », a déclaré vendredi le ministre de l’immigration suédois, Morgan Johansson, avant d’ajouter : « Comme la Suède et l’Allemagne l’ont fait, le Danemark devrait aussi mettre en œuvre des contrôles à ses frontières. »« Le Danemark devrait naturellement prendre sa responsabilité en se souciant de la situation des réfugiés et de la sécurité en Europe »Quelque 600 migrants sont arrivés du Danemark dans la ville suédoise de Malmö, en seulement trois heures, jeudi. Lorsque la Suède a annoncé la reprise de ses contrôles temporaires aux frontières le 12 novembre, le Danemark a clairement indiqué qu’il ne ferait pas de même. « Je peux comprendre la déclaration des Suédois parce que maintenant ils voient les conséquences de la politique suivie, a expliqué vendredi le porte-parole du parti libéral au pouvoir, Jakob Ellemann-Jensen. Bien sûr, il serait plus facile et plus pratique pour les Suédois si nous mettions en place des contrôles aux frontières du Danemark, car ces milliers de personnes que la Suède a attirées à travers sa politique d’immigration resteraient au Danemark. »Le Danemark, un pays de 5,6 millions d’habitants, estime qu’il recevra 20 000 réfugiés d’ici à la fin de l’année. En Suède, les prévisions concernant les réfugiés ne cessent d’être revues à la hausse, avec plus de 190 000 nouveaux arrivants en 2015 pour une population de 9,8 millions. Or, après avoir soutenu sans ciller l’accueil des migrants, c’est désormais un mea culpa auquel semble se livrer le premier ministre suédois social-démocrate, Stefan Löfven. Jeudi, il a déclaré solennellement : « Nous avons été naïfs. »Lire aussi :Durcissement du débat européen sur les réfugiésIntérim (Stockholm, correspondance) Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Le centre de crise du ministère de l’intérieur belge a décidé, dans la nuit de vendredi 20 à samedi 21 novembre, de faire passer à son degré maximal (soit 4 sur une échelle de 4) le niveau d’alerte terroriste pour la région Bruxelles-Capitale. Cela correspond à une menace « sérieuse et imminente » d’attentat. Le reste du pays reste au degré d’alerte 3.Le premier ministre, Charles Michel, a pris la décision de relever dans la nuit le niveau de menace « suite à des informations d’un risque d’attentat similaire à Paris ». Les cibles potentielles seraient des centres commerciaux, les transports en commun et les grands événements rassemblant des foules.« Il s’agissait donc d’une menace d’attentat commis à plusieurs endroits par plusieurs individus ».A suivre sur notre direct : Bruxelles placée en état d’alerte maximale pour une menace « imminente »Près de 1 000 soldats lourdement armés patrouillaient les rues de la ville, où siègent l’OTAN et les institutions européennes. Le conseil régional de sécurité, rassemblant les bourgmestres de la région de Bruxelles-Capitale, a précisé les mesures qui resteront en vigueur jusqu’à dimanche à la mi-journée :Les habitants sont invités à éviter les lieux de rassemblement comme les salles de concert, les aéroports, les gares, les centres commerciaux. De nombreux spectacles ont été annulés ;Le métro restera fermé jusqu’à dimanche à 15 heures. La gare de Bruxelles-Schuman l’a été samedi depuis midi. Des bus circulent ainsi que quelques tramways ;Tous les grands centres commerciaux sont fermés depuis samedi midi. Les contrôles sont renforcés dans tous ces endroits ;Les marchés ont été annulés, ainsi que toutes les activités prévues dans les bâtiments publics ;Le traditionnel cortège pour l’arrivée de la Saint-Nicolas à Vilvorde, dans la grande banlieue de la ville, est supprimé.Samedi matin, de nombreux quartiers étaient quadrillés par la police et les unités spéciales tandis que des militaires continuaient de surveiller des bâtiments officiels et des lieux réputés « sensibles ». La Ligue de football semblait, elle, vouloir maintenir les rencontres prévues dans les divisions supérieures.La mesure prise dans la nuit résulte d’une analyse « très spécifique » de l’Office central de l’analyse de la menace. Le conseil national de sécurité, regroupant les différents services de sécurité sous l’autorité du premier ministre, devait se réunir samedi pour examiner des mesures complémentaires.Lire aussi :En France, en Belgique ou en Turquie, l’enquête sur les attentats de Paris progresseTrois suspects arrêtés Le niveau 4 n’a été instauré qu’à deux reprises : en 2014, pour tous les lieux fréquentés par la communauté juive, après l’attentat contre le Musée juif, au cœur de Bruxelles, et en 2007 lorsqu’une cellule radicale aurait préparé un projet d’évasion de Nizar Trabelsi, un terroriste d’Al-Qaida, arrêté dans la capitale deux jours après les attentats du 11 septembre 2001.Trois suspects qui seraient liés aux attentats de Paris ont été arrêtés en Belgique au cours des derniers jours.Deux d’entre eux, Hamza Attou et Mohamed Amri, ont convoyé Abdeslam Salah, qui a participé aux attentats de vendredi 13 à Paris, et dont le frère Brahim s’est fait exploser près de la place de la République. La police multiplie les opérations pour tenter de retrouver ce Français de Molenbeek.Le troisième suspect, un Marocain de Jette, a été mis en examen vendredi. Il aurait aidé Abdeslam Salah durant sa fuite. Une arme chargée et du sang ont été retrouvés dans sa voiture. Un message parvenu sur son téléphone portable indiquait que « le juif n’est pas là », selon le quotidien La Dernière Heure.Au cours de l’une de ses opérations de recherche, la police a intercepté un jeune habitant de Molenbeek. Agé de 15 ans, il envisageait de se rendre en Syrie. Il avait déjà tenté de gagner la Bulgarie et avait été appréhendé à deux reprises.Un appel du parquet a entraîné sa mise en détention dans un centre de protection de la jeunesse, vendredi, après qu’un premier juge l’a libéré. Une décision qui avait provoqué la colère du ministre de l’intérieur, Jan Jambon.Une information sur une menace imminente d’attentat serait aussi parvenue aux services de sécurité par les enquêtes sur l’entourage d’Hasna Aït Boulahcen, la cousine du djihadiste belge Abdelhamid Abaaoud. Des proches de celle-ci vivant en Région flamande seraient partis pour la France, pour une raison encore inconnue.Lire aussi :A Molenbeek, « il est facile d’échapper à la police »Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.11.2015 à 11h05 • Mis à jour le11.11.2015 à 14h56 | Eric Albert (Londres, correspondance) Le coût économique d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) est au cœur du référendum organisé par le premier ministre conservateur David Cameron. Pourtant, personne ne semble en mesure de l’évaluer. Un récent rapport d’Open Europe, un think tank eurosceptique, liste les différentes études réalisées : celles-ci concluent, au pire, qu’un Brexit coûterait au Royaume-Uni cinq points de PIB, au mieux, qu’il lui rapporterait six points.Si elles divergent sur leurs conclusions, les études sont en revanche d’accord sur les domaines qui seraient impactés. Le premier est le commerce. Le Royaume-Uni réalise 45 % de ses exportations dans l’UE. En cas de Brexit, les conséquences dépendraient de ce que le pays pourrait alors négocier comme accès au marché unique.Sans accord, les règles de l’Organisation mondiale du commerce s’appliqueraient : de nombreux produits britanniques devraient s’acquitter de tarifs douaniers. C’est improbable. Après tout, le Royaume-Uni enregistre un important déficit commercial avec l’UE, et les vingt-huit auraient beaucoup à y perdre aussi. « Croyez-vous que l’Allemagne va renoncer à exporter ses voitures ici ? », interroge régulièrement Nigel Farage, le leader du parti europhobe UKIP.Le Royaume-Uni pourrait alors se retrouver dans la situation de la Norvège, qui n’est pas dans l’Union mais contribue au budget européen et en respecte les régulations, en échange d’un accès au marché unique. Ou dans une situation suisse, où l’accès au marché unique est négocié secteur par secteur.Far West capitalistiqueSortir de l’UE pourrait cependant permettre à Londres de conclure des accords de libre-échange avec d’autres pays, alors que le pays est aujourd’hui obligé de passer par Bruxelles. Les eurosceptiques s’agacent par exemple de ne pas avoir d’accord avec la Chine, alors que l’Islande en a un.L’autre grand impact d’un Brexit concernerait la régulation. En sortant de l’UE, le pays serait « libéré » du poids des nombreuses règles bruxelloises, selon les eurosceptiques. Faux, répliquent leurs opposants, qui pensent que la plupart des règles (environnementales, de sécurité, etc.) resteraient en place, les Britanniques refusant de se retrouver dans un Far West capitaliste.« Le Royaume-Uni pourrait prospérer hors de l’Union européenne, ce n’est pas la question. La question est de savoir si nous serions plus prospères en dehors qu’en dedans ? », a résumé M. Cameron. Les économistes étant incapables de trancher, les Britanniques devront y répondre eux-mêmes.Lire aussi :Les patrons anglais disent « no » au « Brexit »Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.11.2015 à 10h23 • Mis à jour le11.11.2015 à 18h04 | Jean-Pierre Stroobants (La Valette, envoyé spécial), Christophe Châtelot (La Valette, envoyé spécial) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Ce devait être un moment politique fort, de discussions entre responsables africains et européens pour trouver des solutions concrètes afin de limiter le flux de migrants vers l’Europe. Le sommet de La Valette, mercredi 11 et jeudi 12 novembre, risque toutefois d’être éclipsé par le conseil informel des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne (UE), programmé dans la foulée, jeudi après-midi. Et notamment par la Turquie, qui sera au cœur de ce rendez-vous.Lorsque le projet de sommet est né, en avril, l’émotion était à son comble après les naufrages, en Méditerranée, de navires emplis de réfugiés. Elle a laissé la place à l’inquiétude, voire à un vent de panique, alors que le flux ne s’est pas tari (750 000 arrivées en Europe depuis janvier, de 600 000 à 700 00 attendues pour les quatre prochains mois selon l’ONU). Les demandeurs d’asile syriens – et aussi africains désormais – empruntent davantage la route des Balkans mais, depuis janvier, quelque 140 000 personnes ont aussi navigué entre la Libye et l’Italie.Une vague de migrants chassant l’autre, les dirigeants européens se focalisent aujourd’hui sur la Turquie. La Commission européenne s’est engagée, en octobre, dans une négociation incertaine pour convaincre Ankara de garder les 2 millions de réfugiés syriens sur son territoire, ou du moins de freiner leur arrivée en Europe. Les dirigeants européens sont « un peu perdus, ne savent pas trop où en est la discussion », relève un diplomate européen. Le numéro deux de la Commission, Frans Timmermans, devait se rendre à nouveau en Turquie, mercredi, et Jean-Claude Juncker, le président de l’institution, faire un rapport dans la foulée aux leaders européens à La Valette.Lire aussi :Syrie, Erythrée, Afghanistan… ce que fuient migrants et réfugiésCritiques Le « plan d’action » négocié avec la Turquie proposait au président Erdogan 3 milliards d’euros, une libéralisation de la délivrance de visas et une accélération du processus d’adhésion à l’UE. C’est Berlin – et la Commission européenne – qui pousse le plus au dialogue. L’Allemagne est, avec la Suède, le pays d’Europe le plus débordé par les arrivées de réfugiés – plus d’un million y sont attendus en 2015. Or, la stratégie d’accueil de la chancelière Angela Merkel suscite de plus en plus de critiques dans son pays, au sein même de sa famille politique.Mme Merkel et M. Juncker voudraient que les Etats membres s’engagent fermement, à La Valette, à mettre sur la table la somme demandée par M. Erdogan. Ils souhaitent aussi un sommet exceptionnel UE-Turquie pour entériner l’accord, selon des sources diplomatiques bruxelloises. Cette stratégie ne fait pas l’unanimité en Europe. « Négocier alors que l’Europe est en position de faiblesse n’est pas la meilleure approche. On ne peut pas faire reposer toute notre stratégie de résolution de la crise sur une discussion avec les dirigeants turcs », souligne un diplomate.Les interlocuteurs africains voient d’un mauvais œil l’attention accordée prioritairement à la TurquieLes interlocuteurs africains, eux, déjà irrités par cette focalisation sur la « route des Balkans » voient d’un mauvais œil l’attention accordée prioritairement à la Turquie. « Le plan d’action européen est ambitieux, mais il ne faudrait pas que l’urgence en Syrie escamote l’ampleur du problème migratoire en Afrique. Lutter contre l’émigration est avant tout une question de développement, pas seulement humanitaire ou sécuritaire. Il faut donc agir sur le long terme », confie un responsable ouest-africain.« La misère, les guerres, le changement climatique mais surtout le manque d’espoir sont autant de motivations pour quitter son pays ».Certains diplomates de l’Union estiment que ce serait en effet une erreur de négliger cette question, même si elle semble moins d’actualité. Les causes profondes poussant au départ demeurent, alors que nombre de pays africains ne parviennent pas à contenir leur pression démographique.« Si la multiplication des naufrages en Méditerranée et donc la mort ne dissuadent pas les candidats au départ, ce ne sont pas les murs ou frontières artificielles érigés en Europe qui y parviendront ».Lire aussi :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ?Retours forcés Un Fonds d’affectation spéciale (ou « Trust Fund »), doté de 1,8 milliard d’euros, sera officiellement créé à Malte. Il sera destiné à soutenir financièrement les efforts des pays africains confrontés à la migration. Le texte final, débattu jusqu’à la dernière minute, repose sur une sorte de donnant-donnant.Aux pays africains, la garantie d’un soutien à l’emploi, à l’éducation, à l’investissement, à la lutte contre la radicalisation, et à l’instauration de règles pour une bonne gouvernance. Ils pourraient aussi bénéficier de l’ouverture de canaux de migration légale pour des travailleurs saisonniers, des étudiants, des chercheurs ou des employés de groupes internationaux. « Si ces projets sont menés à bout, ils constituent une opportunité pour l’Afrique, dont les pays ont la charge de 80 % des réfugiés ou des migrants du continent », rappelle Ozonnia Ojielo, directeur régional du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).En échange, les Européens demandent un contrôle accru sur les frontières et une lutte plus efficace contre les réseaux de trafiquants. Ils demandent surtout à leurs interlocuteurs de faciliter le retour de migrants irréguliers. Une vingtaine d’accords de réadmission bilatéraux ont été signés à ce jour, qui donnent des résultats variables. En 2014, plus de 250 000 injonctions de quitter le territoire européen ont été prononcées, seulement 161 000 rapatriements ont été effectués – dont 40 % étaient volontaires.Les négociations avant l’ouverture du sommet confirmaient les réticences de certains dirigeants africains face au principe des retours forcés. Ils soulignent, notamment, les difficultés d’identifier précisément certains migrants et leur pays d’origine. L’idée de créer des « centres d’accueil et de réception » – « des camps », selon certains – dans les pays africains de transit devrait, elle, être écartée.Ces centres auraient dû « informer » les candidats à l’exil des procédures, des difficultés et des dangers qui les attendent. « Le sujet n’est pas mûr et plutôt que d’imposer la mesure, il faut en discuter, en association avec l’ONU », explique une source diplomatique. Sur tous les fronts de l’immigration, l’UE a bien du mal à trouver des solutions.Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosJean-Pierre Stroobants (La Valette, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterChristophe Châtelot (La Valette, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.11.2015 à 18h08 • Mis à jour le10.11.2015 à 18h39 | Jean-Baptiste Chastand Seize ans après sa création, le Bloc de gauche, un parti anti-austérité portugais lié à Syriza, a décidé de soutenir les socialistes pour renverser, mardi 10 novembre, le gouvernement de droite. Conclue également avec le Parti communiste, cette alliance est une première dans un pays où la gauche a jusqu’ici toujours été divisée.Fernando Rosas, professeur d’histoire à l’université nouvelle de Lisbonne et membre fondateur du Bloc de gauche, est un des idéologues du parti. Il explique ce qui a poussé sa formation, traditionnellement très critique vis-à-vis du Parti socialiste portugais, (PSP) à opérer ce tournant et à soutenir Antonio Costa pour qu’il forme un gouvernement.Comment expliquez-vous que la gauche portugaise, divisée depuis quarante ans, ait réussi à s’entendre ?Les législatives du 4 octobre ont permis aux socialistes, aux communistes et au Bloc de gauche d’obtenir une majorité très claire pour prôner une alternative à la politique d’austérité aveugle menée par le gouvernement de droite sortant. Le Bloc de gauche et le Parti communiste ont récolté ensemble près d’un million de voix à la gauche de la gauche. C’est sans précédent, et cela montrait que l’électorat voulait un véritable changement.La pression de notre base a été très forte : il fallait profiter de cette opportunité historique de gauche. L’accord n’est pas un programme du Bloc de gauche, on a fait des compromis et ce sera un gouvernement socialiste auquel nous ne participerons pas. Mais il est très précis, après avoir été très minutieusement négocié.Que prévoit-il ?Il vise surtout à revenir sur les coupes dans les salaires ou les retraites décidées ces dernières années. Il va certes augmenter les dépenses, mais en permettant une hausse de la consommation, et donc une augmentation des recettes fiscales. Il prévoit aussi une plus grande justice fiscale en taxant les grandes fortunes et la spéculation financière. En clair, il va permettre d’améliorer la vie des gens les plus pauvres, ceux qui ont été les plus touchés par la crise.Mais vous avez rénoncé à demander une renégociation de la dette et un changement des traités budgétaires européens…Nous n’avons pas renoncé, mais nous n’en avons pas fait une condition pour négocier le programme, c’est vrai. Il est toutefois prévu qu’une commission soit mise en place pour discuter de la dette. Et nous allons continuer à nous battre pour une amélioration des règles des traités. Mais on n’en a pas fait une condition, car cet accord permet d’abord des mesures très concrètes et très urgentes pour améliorer la vie des gens. C’est une opportunité unique après quatre ans de gouvernement de droite néoliberale et très radicale, qui ont fait beaucoup de mal au pays et provoqué le basculement de 800 000 votes de la droite pour la gauche. Le président de la République, qui est de droite, ne semble pas prêt à nommer le chef de file socialiste Antonio Costa comme premier ministre…Il est très hostile à cette option, mais la Constitution empêche d’appeler à de nouvelles élections avant juin. Il pourrait maintenir un gouvernement technique de droite jusque-là. Mais ce gouvernement n’aura pas de budget et ne pourra pas gouverner contre la majorité parlementaire. Ce serait la catastrophe. Je ne vois pas comment le président pourrait choisir cette voie.Comment expliquez-vous que le Parti communiste portugais, que vous qualifiiez vous-même de « sectaire », accepte désormais de s’allier avec vous et le Parti socialiste ?Il s’agit en effet d’un changement historique. Il y a eu une forte pression des milieux syndicaux sur le Parti communiste pour signer un accord, et notamment de la Confédération générale des travailleurs portugais (CGTP), le syndicat contrôlé par le parti. Les fédérations des professeurs et des transports publics voulaient un accord, car cela va permettre d’annuler les coupes dans les salaires et des retraites. L’accord permet surtout revenir sur les projets du gouvernement de droite qui aurait pu mettre en danger les centrales syndicales en restreignant la concertation collective au profit de la négociation individuelle.Pour vous, l’échec d’Alexis Tsipras à changer les règles budgétaires en Europe a-t-il joué ?La situation en Grèce était différente. Nous, nous n’allons pas gouverner, c’est le Parti socialiste qui va gouverner. Et Tsipras a dû accepter ces règles dans des conditions pires que nous.Qu’est-ce qui vous empêche encore de gouverner ?Ne pas rentrer au gouvernement nous permet d’être clairs. Il y a encore des divergences sur les questions européennes. Mais l’avenir permettra peut-être d’avancer sur cette question.Le Parti socialiste portugais a toujours été pro-européen et soutenu la rigueur budgétaire. A-t-il changé ?Il y a eu un changement qui a été bien interprété par la direction actuelle du parti. Cette question ne se posait d’ailleurs pas qu’à lui mais à tous les partis socialistes au niveau européen. Regardez le Parti travailliste britannique… ou le PSOE espagnol, qui est prêt à s’allier avec Podemos. Les partis socialistes européens sont devant un choix face à l’austérité : la soutenir ou retourner à des positions sociales-démocrates plus traditionnelles. Et nous avons aujourd’hui un programme social-démocrate.Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Michel Bezat Il faudra attendre 2020 pour voir le marché pétrolier se rééquilibrer et le baril revenir à 80 dollars (74 euros), soit environ 30 dollars au-dessus de son cours actuel. C’est l’une des principales conclusions du rapport 2015 (World Energy Outlook) de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) présenté à Londres, mardi 10 novembre, par son nouveau directeur exécutif, Fatih Birol. Ses experts n’excluent pas, pour autant, le scénario d’un accès de faiblesse durable des prix, qui continueraient à évoluer autour de 50 dollars le baril jusqu’à la fin de la décennie.L’agence, qui dépend de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), reconnaît qu’une longue période de prix bas bénéficierait aux consommateurs. Par contre, elle risque d’entraîner des inquiétudes sur la sécurité énergétique en augmentant la dépendance vis-à-vis d’un nombre restreint de producteurs à bas coûts, comme l’Arabie saoudite. Et si les prix bas dissuadent les compagnies pétrolières de relancer leurs investissements, la pénurie d’or noir pourrait entraîner un brusque rebond des prix, indique M. Birol.Lire aussi :Le pétrole restera bon marché pour longtempsEn novembre 2014, les douze membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) avaient décidé de laisser les vannes grandes ouvertes. Les pétromonarchies du golfe Arabo-Persique entendaient ainsi, par la baisse des cours, déstabiliser les producteurs américains d’huiles de schiste, dont les coûts d’extraction sont beaucoup plus élevés. Ils escomptaient ainsi conserver leurs parts de marché.Rôle central dans le monde pétrolierCette politique imposée par l’Arabie saoudite commence à porter ses fruits, et le cartel ne devrait pas la modifier lors de sa prochaine réunion, le 4 décembre, à Vienne. La production des Etat-Unis a en effet atteint un pic en juin (9,6 millions) et la baisse a été de 450 000 barils par jour depuis.Si l’effondrement des prix depuis son record de juin 2014 (115 dollars) a touché tous les pays du cartel, surtout les plus fragiles (Venezuela, Nigeria, Algérie, Libye, etc.), leur remontée bénéficiera à ceux qui, comme l’Irak et l’Iran, sont capables de pomper davantage de brut, analyse l’agence.L’AIE considère que l’OPEP continuera à jouer un rôle central dans le monde pétrolier. Sa part de marché s’accroîtra d’ici à 2020 pour atteindre 41 %, alors que celle des autres pays (Russie, Norvège, Etats-Unis, etc.) stagnera dans les cinq prochaines années. Cette part devrait grimper à 44 % en 2025, soit 2 % de plus que les prévisions faites par l’AIE en 2014.Pour l’heure, l’offre est très supérieure à la demande. Mais dans les gisements arrivés à maturité (mer du Nord, Moyen Orient, golfe du Mexique, etc.), la production recule naturellement de plus de 5 % par an. Pour maintenir la production à son niveau actuel de 92 millions de barils par jour, estime M. Birol, les compagnies devront investir 630 milliards de dollars (589 milliards d’euros) chaque année dans l’exploration et la production.« Sérieux défis »Elles ont réduit ces investissements de 20 % en 2015 et la baisse se poursuivra en 2016. Deux années consécutives de réduction, « c’est du jamais-vu depuis vingt-cinq ans », a souligné M. Birol. Une fois les prix stabilisés autour de 80 dollars le baril, la production américaine de shale oil devrait repartir au cours de la prochaine décennie et atteindre 5 millions de barils par jour.L’AIE n’hésite pas à se projeter en 2040, même si l’exercice est aléatoire. Avec 49,2 millions de barils par jour, l’OPEP assurerait presque la moitié de la production mondiale de pétrole. Les pays d’Asie seraient alors dangereusement dépendants de leurs fournisseurs du Moyen Orient, notamment les Saoudiens, les Iraniens et les Irakiens, mais aussi les Vénézuéliens.L’avenir n’est pourtant pas écrit, nuance l’AIE. Car certains pays à fortes ressources en hydrocarbures font aussi face à des « sérieux défis ». L’instabilité politique et le manque de sécurité risquent, selon elle, de dissuader les investisseurs internationaux. En attendant, prévient M. Birol, « ce n’est surtout pas le moment de se relâcher ». Cette période de prix bas doit être mise à profit, selon lui, pour « renforcer notre capacité à affronter les futures menaces pesant sur notre sécurité énergétique ». Lire aussi :Vallourec : pétrole meurtrierJean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Le Parlement catalan a voté lundi 9 novembre, une résolution qui marquerait, selon les indépendantistes, « le début du processus de création de la République catalane » et entend rompre avec le Tribunal constitutionnel et les lois espagnoles.Depuis les deux brèves déclarations d’indépendance de la Catalogne en 1931 et 1934, jamais le défi indépendantiste n’avait été si loin. Arrivé en terre inconnue, il semble impossible de prédire jusqu’où il ira. Il est difficile d’imaginer que les indépendantistes, qui ont obtenu la majorité absolue en sièges (72 sur 135) mais pas en voix (47,8 %) lors des élections régionales du 27 septembre, parviennent à suivre leur feuille de route vers la sécession sans que Madrid n’intervienne, d’une façon ou d’une autre, pour faire respecter la Constitution et défendre « l’unité indissoluble de la nation espagnole » que proclame son article 2.Lire sur Les Décodeurs :Pourquoi la Catalogne veut-elle son indépendance ?Dès lors, les tensions entre Madrid et Barcelone risquent de s’accentuer, alors que près de deux millions de Catalans ont voté pour des partis indépendantistes. Entre la Catalogne et les autorités madrilènes, les discussions sont rompues depuis plus d’un an. Les indépendantistes catalans attendent du gouvernement espagnol qu’il réagisse avec force, dans l’espoir d’obtenir la médiation de la communauté internationale. Pour sortir de cette impasse, la tenue, tôt ou tard, d’un véritable référendum d’indépendance semble inéluctable. Mais pour le moment, la bataille engagée entre Madrid et Barcelone pourrait évoluer au fil des échéances à venir.Mardi 10 novembre: Artur Mas n’a pas été investi pour former le gouvernement régional. La Candidature d’unité populaire (CUP), petit parti séparatiste d’extrême gauche anticapitaliste, a bloqué sa candidature, qui nécessitait la majorité absolue des voix au Parlement. Le CUP lui reproche les affaires de corruption qui touchent son parti et sa politique d’austérité. Artur Mas se soumettra, le 12 novembre, à un deuxième vote d’investiture. Cette fois, une majorité simple lui suffira. Il ne lui manque que deux voix. S’il n’a pas obtenu l’investiture avant le 9 janvier, il devra convoquer de nouvelles élections.Mercredi 11 novembre: Mariano Rajoy a convoqué un conseil des ministres extraordinaire qui doit déposer un recours auprès du Tribunal constitutionnel contre la résolution indépendantiste. Celle-ci devrait être suspendue dès le lendemain, jeudi 12 novembre. Mais il est peu probable que les indépendantistes respectent la suspension émanant de l’organe juridique qu’ils viennent de défier. En cas de rébellion, le Tribunal constitutionnel peut suspendre les élus de leurs fonctions. Mais s’ils n’admettent pas la sanction, Madrid serait bien en mal de la faire appliquer par la force. Envoyer la police arrêter des élus, même insoumis, est une image que le gouvernement cherchera à tout prix à éviter.10 décembre: Selon la résolution votée le 9 novembre, le Parlement catalan s’engage à adopter « dans un délai maximal de trente jours » les lois qui lui permettent de se doter d’une Constitution, d’une sécurité sociale et d’un Trésor public propres. Madrid devrait bloquer de telles initiatives, mais la désobéissance est possible. En dernier recours, le gouvernement pourrait demander la suspension de l’autonomie catalane et prendre le contrôle des institutions régionales.20 décembre: Élections législatives espagnoles. La Catalogne sera au cœur de la campagne électorale. Pour le Parti populaire, associé au nationalisme espagnol, ou le parti Ciudadanos, de centre droit et antinationaliste, le défi indépendantiste est presque une aubaine. Leur discours est clair : ils se posent en défenseurs de l’unité de l’Espagne. Si une alliance PP-Ciudadanos est formée après les élections, comme le laissent augurer les sondages, la tension avec la Catalogne pourrait encore monter d’un cran. Pour le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), considéré comme plus conciliant avec les nationalistes, le débat catalan est embarrassant. La position longtemps défendue par sa branche catalane, le Parti socialiste catalan (PSC), en faveur d’un référendum sur l’indépendance tout en défendant le maintien en Espagne, lui a été néfaste. Depuis, il l’a abandonnée et prône une réforme de la Constitution vers un modèle davantage fédéral. Le parti de la gauche anti-austérité Podemos est le plus gêné par ce thème de campagne. Il défend actuellement l’ancienne position du PSC : en faveur d’un référendum pour laisser les Catalans décider. Les partis indépendantistes catalans, Convergence démocratique de Catalogne (CDC, droite nationaliste), le parti d’Artur Mas, et la Gauche républicaine indépendantiste (ERC), ne se présenteront pas sous une liste commune pour ces élections, comme ils l’ont fait le 27 septembre, ce qui permettra de mesurer les forces de chacune.9 janvier Si à cette date, Artur Mas n’a pas obtenu l’investiture de la Chambre, il devra convoquer de nouvelles élections régionales. Le résultat qu’aura obtenu les listes de la Convergence démocratique de Catalogne aux législatives du 20 décembre pourrait alors changer la feuille de route du parti d’Artur Mas. Si, éclaboussé par les affaires de corruption, doublé sur sa gauche par ERC, abandonné par les nationalistes modérés, CDC subit une forte chute électorale, il n’est pas impossible qu’il abandonne la voie sécessionniste.Printemps 2017 Si les indépendantistes suivent leur feuille de route, ils devraient à cette date organiser un référendum sur la Constitution de la République catalane qu’ils auront rédigée.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.11.2015 à 17h03 • Mis à jour le10.11.2015 à 17h53 Le président roumain, Klaus Iohannis, a désigné au poste de premier ministre, mardi 10 novembre, l’ancien commissaire européen à l’agriculture Dacian Ciolos, à la suite de la démission de Victor Ponta, après le drame de l’incendie d’une discothèque de Bucarest à la fin d’octobre. M. Iohannis a déclaré :« Nous avons besoin d’un premier ministre indépendant, ou technocrate comme on dit, d’une personne intègre, qui n’a pas été impliquée dans des scandales et qui a démontré être capable de gérer des situations compliquées. »Un mouvement citoyen s’est déclenché à la suite de cet incendie — dont le dernier bilan est désormais de 46 morts et 15 blessés grave — qui a mis en lumière des manquements à la réglementation et une vaste affaire de corruption des autorités locales.Ancien étudiant en FranceCommissaire à l’agriculture entre 2010 et 2014, M. Ciolos, 46 ans, est depuis juillet le conseiller pour la sécurité alimentaire de l’actuel président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Entre 2007 et 2008, il fut ministre de l’agriculture, sans étiquette, dans le gouvernement roumain de centre droit.Ingénieur horticole et agronomie de formation, M. Ciolos a fait une partie de ses études en France, à Rennes puis à Montpellier, où il a rencontré son épouse française. Il est également proche de l’eurodéputé français Michel Barnier (LR), ancien commissaire européen. 10.11.2015 à 15h25 • Mis à jour le10.11.2015 à 19h36 Le ministre des affaires européennes turc, Volkan Bozkir, considère les critiques de l’Union européenne sur la situation en Turquie « injustes et même disproportionnées ». Quant aux commentaires sur les pouvoirs exercés par le président islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan, il les qualifie d’« inacceptables ». Le ministre réagit ainsi au rapport annuel sur la candidature d’Ankara dans le cadre du processus d’adhésion à l’Union européenne.Le texte fait état « d’importantes lacunes ». Sur les questions politiques, « le rythme des réformes a ralenti » et certaines lois vont « à l’encontre des standards européens », estime le rapport, dont la publication a été reportée pour laisser passer les élections législatives turques, qui ont eu lieu le 1er novembre. Le 10 novembre, à l’occasion des cérémonies en hommage au fondateur de la République turque, Atatürk, le président Erdogan a répété son intention d’établir une nouvelle Constitution qui instaurerait le régime présidentiel auquel il aspire. Le premier ministre, Ahmet Davutoglu, a assuré que le texte devra garantir les libertés fondamentales et s’appuyer sur la séparation des pouvoirs.Insuffisant pour convaincre ses adversaires, qui redoutent au contraire que la Constitution ne place un peu plus de pouvoirs entre les mains d’un dirigeant autoritaire qui ne tolère guère l’opposition.Musellement des médiasLes critiques de l’UE se sont concentrées sur la situation de l’information en Turquie. Elles reprochent à Ankara l’« augmentation des pressions et de l’intimidation exercées sur les journalistes et les médias », en plus de la censure sur Internet. Depuis la loi sur le contrôle d’Internet promulguée en 2014, l’accès aux réseaux sociaux est régulièrement suspendu.La Turquie est classée à la 149e place, sur 180, du dernier classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières. Encore récemment, quelques jours avant les élections législatives remportées par le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, le gouvernement turc a procédé à la fermeture en direct de deux chaînes de télévision. Plusieurs médias d’opposition, proches de Fethullah Gülen, adversaire exilé d’Erdogan, ont ainsi été placés sous tutelle. L’homme dirige depuis les Etats-Unis un vaste réseau de médias et d’entreprises.Lire aussi :Ecran noir pour deux télévisions d’opposition turques 30.11.2015 à 06h42 • Mis à jour le30.11.2015 à 09h57 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Baptiste Chastand Des conclusions brèves – trois pages – avec des engagements d’ordre général et sans calendrier détaillé. L’accord signé dimanche soir 29 novembre, à Bruxelles, entre les Européens et la Turquie, pour tenter de résoudre la crise migratoire, est censé être historique : cela faisait onze ans, depuis le début des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Europe, que ces partenaires ne s’étaient pas retrouvés de cette manière, alors que les discussions sont au point mort depuis des années. Mais, malgré l’ampleur de la crise des réfugiés, les Européens n’ont pas lâché grand-chose pour convaincre les Turcs de retenir les migrants sur leur sol.L’UE fournira bien les 3 milliards d’euros d’aide financière qu’exige la Turquie pour s’occuper des 2,2 millions de réfugiés syriens hébergés sur son sol, mais l’argent ne sera déboursé qu’au compte-gouttes, en fonction des projets d’aide aux migrants soumis par Ankara à Bruxelles. Au départ, les Turcs envisageaient un versement de 3 milliards chaque année. Surtout, la provenance des fonds doit encore être déterminée, seule la Commission européenne ayant accepté pour l’instant de mettre 500 millions d’euros du budget européen sur la table. Plusieurs pays, comme la France, aimeraient qu’elle aille plus loin avant de s’engager à leur tour. Les négociations des prochaines semaines pour concrétiser cet accord s’annoncent ardues.« La Turquie va tenir ses promesses »Les Européens ont aussi accepté d’envisager la libéralisation de la délivrance des visas européens pour les Turcs à l’automne 2016. Mais à condition que d’ici là, ces derniers surveillent mieux leurs frontières, luttent plus efficacement contre les passeurs, et acceptent d’admettre à nouveau sur leur territoire les migrants « économiques » ayant pénétré illégalement en Europe. Un rapport sera fait tous les mois à Bruxelles sur les progrès constatés sur le terrain en Turquie.« Nous ne sommes pas en mesure de dire si le nombre de migrants qui arrivent en Europe va diminuer, cela dépend trop de la situation en Syrie, a prévenu le premier ministre turc Ahmet Davutoglu, qui avait fait le déplacement à Bruxelles. Mais je peux vous assurer que la Turquie va tenir toutes les promesses du plan d’action avec les Européens, et je suis convaincu qu’il y aura plus de migration régulière qu’illégale. »Sur la très sensible relance du processus d’adhésion à l’UE, le texte de l’accord mentionne l’ouverture, le 14 décembre, du chapitre 17 des négociations (sur le plan politique, économique et monétaire), mais pas celle des chapitres 23 et 24 (justice, libertés publiques), pourtant demandée par Ankara. Ces deux chapitres sont bloqués depuis 2009 par Chypre, qui conditionne cette ouverture à un accord sur l’occupation du nord de l’île par les Turcs. Nicosie, avec la Grèce, a d’ailleurs tout fait pour limiter au maximum les engagements précis concernant la relance du processus d’adhésion d’Ankara. En plein sommet, Alexis Tsipras a lancé une série d’attaques contre les Turcs. « Heureusement que nos pilotes ne sont pas aussi versatiles que les vôtres avec les Russes », a tweeté le premier ministre hellène, accusant Ankara de violer régulièrement l’espace aérien grec en mer d’Egée.Voies légalesLe sommet de dimanche n’a surtout pas dissipé le malentendu historique sur la finalité de ce processus d’adhésion, auquel plus personne ne semble vraiment croire. M. Davutoglu a certes célébré un jour « historique » qui « redynamise » ce processus. « Dans les années à venir, l’adhésion à l’UE ne sera plus un rêve mais une réalité », a-t-il même célébré. Mais « le processus d’adhésion est engagé depuis des années, il n’y a pas de raisons de l’accélérer ni de le ralentir », a immédiatement relativisé François Hollande. Pour les diplomates européens, cet excès d’optimisme turc était essentiellement à mettre sur le compte des difficultés actuelles du président turc Recep Tayyip Erdogan en politique étrangère. Ce dernier, très isolé sur le plan international, a besoin de montrer à son opinion qu’il a encore des alliés.En tant que chef de gouvernement du premier pays d’accueil des réfugiés en Europe et principale demandeuse de ce sommet, la chancelière allemande, Angela Merkel a bien tenté d’aller plus loin. Elle a notamment été à l’initiative d’une réunion avec sept autres des pays les plus concernés par la crise des migrants (Finlande, Suède, Autriche, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Grèce) pour les convaincre d’organiser l’arrivée d’une partie des réfugiés syriens directement depuis la Turquie par des voies légales, plutôt que par la périlleuse route des Balkans. « La question est aussi de rendre l’immigration illégale légale », a expliqué la chancelière, qui discute depuis déjà quelques semaines d’un tel mécanisme en « bilatéral » avec Ankara. Prudemment, elle n’a pas cité le nombre de réfugiés qui pourraient en bénéficier.Mais ce mini-sommet, baptisé par la presse allemande celui des « bonnes volontés », n’a clairement pas suscité l’enthousiasme. Les participants ont rappelé qu’ils se sont déjà entendus avec difficulté en septembre pour se répartir 160 000 migrants à leur arrivée en Italie et en Grèce. Et malgré l’échec de ce plan – 160 réfugiés seulement ont été « relocalisés » en deux mois –, la plupart ne semblent pas vouloir aller plus loin. « Il n’est pas question de faire plus en termes de réinstallation tant qu’il n’y a pas de décisions très claires sur le terrain », a lancé Charles Michel, le premier ministre belge.François Hollande avait, lui, prudemment décliné l’invitation de la chancelière, en raison de problèmes d’agenda. Mais l’entourage du président explique de toute façon que « notre intérêt est que les personnes restent en Turquie. Pour le reste, on verra après ». Mme Merkel a toutefois obtenu que la Commission européenne se penche sur son idée et fasse des propositions d’ici au prochain conseil européen, prévu les 17 et 18 décembre.Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.11.2015 à 12h20 • Mis à jour le30.11.2015 à 08h00 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les 28 chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne se réunissent pour trois heures de discussions avec le premier ministre turc Ahmet Davutoglu, dimanche 29 novembre à Bruxelles. Quel est le but de cette inédite rencontre au sommet, réclamée depuis des semaines par la chancelière allemande Angela Merkel ?Ce que veulent les Européens, tout particulièrement les AllemandsIls espèrent obtenir d’Ankara un engagement ferme afin de juguler l’afflux des réfugiés en Europe, qui transitent par la Turquie. Depuis le début de l’année, plus d’un million de Syriens, Irakiens, Afghans, Pakistanais, sont déjà arrivés en Europe, il s’agit de la plus grande crise migratoire sur le continent depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.L’Union demande à la Turquie d’aider davantage les 2,2 millions de Syriens, qui fuient la guerre civile et qui, depuis quatre ans, sont venus se réfugier chez elle. Mais qui manquent d’écoles pour leurs enfants, de soins, etc. Elle veut aussi qu’Ankara garde mieux sa frontière avec la Grèce, premier pays d’entrée des migrants en Europe, qu’elle fasse mieux la chasse aux passeurs, aux faux passeports, et accepte de prendre en charge les migrants économiques venus des côtes turques mais refoulés en Grèce car non éligibles au droit d’asile.Ce qu’exigent les Turcs en échangeAnkara veut une aide financière pour prendre en charge ces réfugiés ; au moins 3 milliards d’euros par an. Elle demande aussi de l’argent pour mieux équiper ses douaniers, notamment pour acheter des bateaux garde-côtes. Mais le gouvernement d’Ahmet Davutoglu exige surtout que ce sommet soit l’occasion d’un accord beaucoup plus large.UE-Turquie, vers un accord basé sur un malentendu ? Tusk parle migrants, Davoglu répond adhésion— jbchastand (@JB Chastand)require(["twitter/widgets"]);Il veut la relance du processus d’adhésion de la Turquie à l’UE, complètement gelé depuis des années. Ce processus avait été lancé officiellement en 2004. Mais Chypre bloque l’ouverture de chapitres de négociations, qu’elle conditionne à un accord sur l’occupation du nord de l’île par la Turquie. D’autres pays, à commencer par la France pendant la présidence de Nicolas Sarkozy, ont aussi beaucoup freiné le processus. Ankara exige aussi une libéralisation accélérée de la délivrance de visas (courts séjours, touristiques) aux Turcs en Europe : elle espère qu’elle interviendra en 2016 plutôt qu’en 2017.Lire :Face à l’UE, Erdogan savoure sa revancheA quoi devrait ressembler l’accord signé dimanche ? Les diplomates ont négocié jusqu’à samedi soir pour trouver un terrain d’entente. Les Européens ne devraient pas « lâcher » sur les 3 milliards d’euros : ils acceptent cette somme, qui doit aller en priorité à des actions en faveur des Syriens (non pas directement au budget turc), mais ne s’engagent pas sur sa périodicité (tous les ans, tous les deux ans ?). Par ailleurs, ils ne précisent pas d’où viendra cet argent.Pour l’instant, 500 millions d’euros ont été dégagés du budget de l’UE, et la Commission européenne a demandé aux Etats membres d’avancer le reste. Mais la plupart refusent d’apporter des contributions directes, pour des raisons d’affichage politique (impossible pour le gouvernement Chypriote, par exemple, de dire qu’il va aider directement la Turquie) et exigent que le solde soit lui aussi trouvé dans le budget de l’UE.Concernant le processus d’adhésion, les Européens ne devraient s’engager concrètement que sur l’ouverture du chapitre 17 des négociations (politiques économiques et monétaires), qui, sommet ou pas, aurait de toute façon pu être ouvert dans les mois qui viennent. L’accord ne mentionnera pas les chapitres 23 et 24 (justice, droits fondamentaux, libertés, sécurité), malgré l’insistance des Turcs.Ankara, de son côté, ne s’engagera sur aucun calendrier précis de déploiement des mesures de « contingentement » des réfugiés demandées par les Européens.La question des droits de l’homme, grande absente Les atteintes flagrantes aux libertés d’informer, les dérives autoritaires du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, la répression brutale contre les Kurdes, l’ambiguïté d’Ankara vis-à-vis de l’organisation Etat islamique ne devraient pas être évoquées dans les conclusions du sommet de dimanche. « Il en sera peut-être question, mais dans le huis clos des discussions » selon des diplomates européens. S’ils répètent qu’ils ne transigeront pas sur leurs principes, les dirigeants européens, aux abois à cause de la crise migratoire, ont fait le choix de la « realpolitik ».Ces derniers jours, pourtant, deux journalistes (Can Dündar et Erdem Gül, du quotidien Cumhuriyet) ont encore été emprisonnés pour des articles dénonçant l’existence de livraisons d’armes des services secrets turcs à l’organisation Etat islamique. « Nous espérons que votre volonté de trouver une solution n’entamera pas votre attachement aux droits de l’homme, de la presse et d’expression, qui sont les valeurs fondamentales du monde occidental » ont déclaré ces deux journalistes, dans une lettre adressée dimanche aux 28 leaders européens.Lire aussi :Fin d’année préoccupante pour l’état de l’EuropeCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.11.2015 à 07h41 • Mis à jour le28.11.2015 à 09h46 | Alexandre Pouchard Entre hommage aux victimes du 13 novembre et suites de l’enquête, à la recherche de Salah Abdeslam et de ses complices, résumé de l’actualité de la semaine écoulée.Hommage national. Deux semaines après les attentats du 13 novembre, la France a rendu vendredi un hommage national aux 130 morts, avec une cérémonie aux Invalides réunissant les autorités et les familles.La Belgique en alerte. Plus tôt dans la semaine, après la France, c’est la Belgique qui est passée à son niveau d’alerte maximal, suspectant des terroristes djihadistes d’être sur le point de passer à l’action. La capitale, Bruxelles, a été totalement bloquée de samedi à mardi, avec écoles et transports publics fermés.La traque continue. Le principal suspect encore en vie des attentats de Paris, Salah Abdeslam, est toujours en fuite. Ce qui pourrait être la ceinture d’explosifs qu’il portait le 13 novembre a été retrouvé lundi dans une poubelle à Montrouge (Hauts-de-Seine), commune où le téléphone de M. Abdeslam a été localisé le soir des attaques. Elle est elle aussi constituée d’explosifs de type TATP, mais le système de mise à feu avait été neutralisé.Avant de se rendre à Montrouge, Salah Abdeslam aurait servi de chauffeur aux trois kamikazes du Stade de France. La police a diffusé dimanche un appel à témoins pour le troisième auteur, identifié mais au nom inconnu, qui a été, comme un de ses complices, contrôlé parmi des migrants en Grèce le 3 octobre. Un autre appel à témoins a été lancé, concernant cette fois Mohamed Abrini, un Français de 30 ans qui aurait accompagné Salah Abdeslam les jours précédant les attentats. Le groupe de terroristes aurait également projeté un attentat dans le quartier d’affaires de la Défense, le 18 ou le 19 novembre, a révélé mardi François Molins, le procureur de Paris.Voir la chronologie interactive :Attentats : le déroulé des événements et de l’enquête depuis le 13 novembreObserver l’état d’urgence. Alors que les perquisitions administratives, les interpellations et les assignations à résidence se poursuivent sous l’état d’urgence (à propos duquel Le Monde a lancé lundi un observatoire expérimental pour en observer l’application dans la vie des Français), le contexte reste extrêmement tendu.La coalition contre l’EI menacée. Au Moyen-Orient, pendant que François Hollande réalisait un véritable ballet diplomatique en faveur d’une vraie coalition internationale contre l’organisation Etat islamique (EI), incluant notamment la Russie avec qui les forces occidentales ne sont actuellement qu’en coopération, un incident à la frontière syro-turque a plombé ces espoirs. La Turquie a abattu mardi un avion de chasse russe qui avait pénétré dans son espace aérien et n’avait pas répondu aux sommations.Un pilote aurait été tué et l’autre serait porté disparu. Le président russe, Vladimir Poutine, a dénoncé « un coup de poignard dans le dos porté par les complices des terroristes ». Il a toutefois rencontré François Hollande jeudi et a assuré que la France et la Russie coordonneront leurs frappes en Syrie.Lire :Le marathon diplomatique aux résultats incertains de HollandeCôté français, les avions du porte-avions Charles-de-Gaulle ont mené cette semaine leurs premières frappes contre l’Etat islamique. Ces bombardements continueront en Syrie : le Parlement a approuvé mercredi leur prolongation au-delà des quatre mois initiaux.Attentat en Tunisie.La Tunisie aussi a été frappée par l’Etat islamique. Un attentat contre un bus de la sécurité présidentielle a tué au moins 13 personnes et en a blessé 20 autres mardi dans le centre de Tunis. Les autorités ont de nouveau décrété l’état d’urgence, levé le mois dernier, et mis en place un couvre-feu la nuit.La « jungle » de Calais doit être aménagée.Le Conseil d’Etat a confirmé lundi la condamnation de l’Etat et de la commune de Calais à aménager le bidonville de la ville du Pas-de-Calais où s’entassent près de 6 000 migrants dans des conditions déplorables. Cela comprend le recensement de mineurs isolés en situation de détresse, l’installation de points d’eau, de toilettes et de collecte d’ordures, le nettoyage du site et la création d’accès pour les secours.Loi santé : la loi Evin assouplie, le paquet neutre adopté. Contre l’avis du gouvernement, les députés ont assoupli mardi la loi Evin, qui encadre notamment la publicité sur les boissons alcoolisées en France depuis 1991. La commission des affaires sociales avait changé le texte du gouvernement et prévu que les « contenus » consacrés à une « région de production ou au patrimoine culturel, gastronomique ou paysager liés à une boisson alcoolique » ne soient pas considérés comme de la publicité.Les députés ont validé mercredi, de justesse, la mise en place du paquet de cigarettes neutre à partir de mai 2016. Tous les paquets auront ainsi la même forme, la même taille, la même couleur et la même typographie, sans logo, quelle que soit la marque.En revanche, une autre disposition du projet de loi santé, qui créait le délit d’incitation à la maigreur excessive contre les sites « pro-anorexie », a été rejetée.Fusion pharmaceutique.Le groupe pharmaceutique américain Pfizer a annoncé lundi son projet de fusion avec son concurrent irlandais Allergan pour 141 milliards d’euros, la plus grosse opération du genre dans le secteur. Une fusion essentiellement motivée par l’installation du siège du nouveau groupe en Irlande pour lui permettre de bénéficier d’un taux d’imposition très avantageux (moins de 15 %, contre 35 % aux Etats-Unis).Lire :Pfizer-Allergan : les nouveaux loups du capitalismeEt aussi…Chômage. Le nombre de demandeurs d’emploi a de nouveau augmenté en octobre, avec 42 000 chômeurs sans activité (catégorie A), selon les chiffres dévoilés jeudi par Pôle emploi et par le ministère du travail. C’est le troisième plus mauvais chiffre depuis le début du quinquennat de François Hollande, après ceux de septembre 2013 (+ 50 600) et de janvier 2013 (+ 47 900).Portugal. Le chef du Parti socialiste portugais, Antonio Costa, soutenu par la gauche radicale, a été nommé premier ministre mardi et chargé par le président, Anibal Cavaco Silva, de former un gouvernement.Argentine. Le libéral Mauricio Macri, maire de Buenos Aires, a remporté dimanche le second tour de l’élection présidentielle avec plus de 52 % des voix.Climat. Les catastrophes naturelles, toujours plus fréquentes, ont tué quelque 600 000 personnes en vingt ans, a annoncé l’ONU lundi. Les inondations ont représenté 47 % d’entre elles entre 1995 et 2015 et ont affecté 2,3 milliards de personnes, dont l’immense majorité en Asie. Les tempêtes ont, elles, été les catastrophes climatiques les plus meurtrières, avec 242 000 morts.Birmanie. Un gigantesque glissement de terrain a tué au moins 104 personnes, samedi, dans une mine de jade dans le nord du pays.Israël. Une Israélienne a été tuée dimanche et un Israélien lundi dans une série d’attaques au couteau par des Palestiniens, qui ont été abattus par la police.Espace. La société Blue Origin, de Jeff Bezos, le patron d’Amazon, est parvenue à faire atterrir en douceur une fusée qui a emporté une capsule pressurisée jusqu’à 101 kilomètres d’altitude. Une prouesse – la première dans le domaine – qui ouvre la voie à des fusées réutilisables.Football. Le Paris-Saint-Germain s’est qualifié mercredi pour les huitièmes de finale après une ultime et large victoire sur le terrain de Malmö (5-0). De son côté, l’Olympique lyonnais a été piteusement éliminé de toute compétition européenne après sa nouvelle défaite à domicile, mardi, contre les Belges de La Gantoise (1-2).Squash. Le Français Grégory Gaultier est devenu champion du monde de squash dimanche à Seattle, aux Etats-Unis, après avoir battu l’Egyptien Omar Mosaad.Alexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.11.2015 à 19h45 | Jean-Pierre Stroobants (La Haye, Envoyé spécial) Même si elle semble vouloir mettre l’accent sur d’autres questions, la présidence néerlandaise de l’Union européenne, qui débutera le 1er janvier, risque, comme beaucoup de celles qui l’ont précédée, d’être surtout contrainte de gérer les crises urgentes : celle du terrorisme, des réfugiés, de l’avenir de la zone Schengen…Sur ce dernier point, le premier ministre néerlandais, le libéral Mark Rutte se dit aussi « plutôt optimiste », à condition toutefois qu’une série de garanties soient obtenues, dont un contrôle effectif des frontières extérieures, la mise en place des « hot spots », centres d’enregistrement de tous les migrants en Grèce et en Italie, ou encore une répartition « équitable » des réfugiés entre les différents pays européens.« Arrêter le flux des migrants »« Il faut avant tout arrêter le flux des migrants, insiste le premier ministre, interrogé à La Haye, mercredi 25 novembre, par un groupe de journaux européens. Les empires s’effondrent s’ils ne contrôlent pas leurs frontières. » Et, pour cela, « nous avons besoin de la Turquie », souligne-t-il, là encore « raisonnablement optimiste » quant à la possibilité de conclure un accord avec Ankara. Dimanche 29 novembre, un sommet doit d’ailleurs réunir à Bruxelles, les dirigeants des 28 membres de l’UE et le premier ministre turc Ahmet Davutoglu.Lire aussi :Réfugiés : le retour de l’Europe forteresseCependant, face aux différentes crises qui frappent le continent, la France et les pays qui, à l’instar de François Hollande, pensent que « le pacte de sécurité l’emporte sur le pacte de stabilité », ne devront pas compter sur le soutien de la future présidence semestrielle de l’Union européenne.Les Pays-Bas et M. Rutte, sont tout sauf favorables à un nouvel assouplissement des règles budgétaires. Il y a un an, Paris avait obtenu un nouveau sursis pour rentrer dans les clous du pacte budgétaire. Les adeptes de la rigueur avaient pesté, évoquant un traitement de faveur à un « grand » pays.Assainir les financesM. Rutte ne cache pas son scepticisme. « On a d’abord évoqué la crise économique, puis désormais la crise sécuritaire. En réalité, il faut réformer pour être plus compétitifs », indique-t-il, dans une allusion à peine voilée à la France, estimant toutefois qu’il appartient à la Commission européenne de se prononcer. Paris invoque ses investissements dans la sécurité intérieure et le coût des missions militaires qu’elle mène, insiste-t-elle, pour assurer la sécurité de l’ensemble de l’Union.Lire aussi :Déficits : Bruxelles comprend la « priorité » donnée par la France « à la sécurité »Les Pays-Bas, qui appartiennent au club très fermé des pays du « Triple A » entendent, quant à eux, contribuer à « un retour à des finances saines et une zone euro solide ». La croissance et la création d’emplois seront les priorités de la future présidence, d’où son appel renouvelé à des « réformes structurelles et une politique économique coordonnée » afin de « garantir des budgets sains ». M. Rutte n’hésite pas à citer en exemple sa coalition avec le parti social-démocrate : elle a, dit-il, « tout réformé », la sécurité sociale, les retraites, l’éducation et la santé.Garder la Grande-Bretagne dans l’UEC’est parce qu’il privilégie le marché, le commerce et la croissance, que le responsable libéral juge également « vital » que la Grande-Bretagne reste membre de l’Union européenne après le référendum promis d’ici à la fin 2017 par le premier ministre David Cameron, un « ami personnel » de M. Rutte. « Un départ des Britanniques ne serait pas bon pour nous », commente-t-il, pas plus que pour les Scandinaves ou les Polonais. « Dans les demandes formulées par David Cameron, certaines sont réalisables rapidement, d’autres prendront du temps », convient toutefois le premier ministre.Lire aussi :Cameron et l’Europe : tu veux ou tu veux pasIl pense qu’il est encore temps d’expliquer aux Britanniques les mérites de l’appartenance à l’Union : si les Pays-Bas, par exemple, ont pu se sortir de la grave crise économique qui les a frappés durant trois années, c’est notamment grâce à l’euro, souligne-t-il. Il affiche cependant sa prudence quant à l’issue de la consultation populaire britannique : en 2005, tous les grands partis néerlandais s’étaient engagés pour le « oui » au futur projet de Constitution européenne et plus de 60 % des électeurs l’avaient rejeté. « Nous avions manqué de vrais débats sur l’Europe », explique M. Rutte.Connecter l’Europe à la sociétéEn accédant bientôt à la présidence semestrielle, il compte promouvoir les idées qui, dans son pays, ont découlé de ce rejet d’un texte perçu comme émanant de la « bulle bruxelloise » : « Il faut que l’Europe se focalise sur l’essentiel et se connecte à la société », explique un document transmis par le gouvernement de M. Rutte à la chambre des députés. Si elle compte assumer son rôle de « médiateur et arbitre », la présidence a bien l’intention d’intensifier ses rapports avec le Parlement européen et les parlements nationaux.« Le mécontentement à l’égard de l’incapacité des États membres à résoudre les problèmes conduit à l’euroscepticisme », note le gouvernement de La Haye. Qui prône dès lors « une combinaison optimale entre une coopération européenne forte et la liberté maximale, pour les États, de mener leurs propres politiques ».Jean-Pierre Stroobants (La Haye, Envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 15h04 • Mis à jour le26.11.2015 à 15h23 Le diagnostic des régions avec l’Institut MontaigneLes 6 et 13 décembre, les Français voteront pour élire leurs représentants dans les 13 nouvelles régions . Afin d’éclairer le choix des électeurs, LeMonde.fr et l’institut Montaigne ont conclu un partenariat, en vous proposant un diagnostic détaillé de l’état économique et financier des régions. Celui-ci a été réalisé sur les 22 anciennes régions, seules à avoir un bilan.Les bilans sur le site de l’Institut MontaigneRetrouvez tous nos contenus sur les régionales dans notre page spéciale. Vous pouvez aussi retrouver nos statistiques détaillées sur les votes et les grands équilibres socio-économiques sur notre portail de données.SommaireDémographie, emploi, atouts économiquesUn essor démographique importantUne région riche mais fortement touchée par le chômage et les inégalitésEconomie : structure et dynamiquesUne région créatrice de richesses qui a su résister à la crisePrééminence des services, orientation sectorielle favorableLa construction à la commande publiqueUn taux de chômage élevéTerritoire et infrastructuresUn territoire entre relief et littoralUne population concentrée dans les zones urbaines et périurbainesLes dépensesDépenses de personnel en hausseRecul des dépenses d’investissementDépenses d’intervention réparties à parts égales entre transports, enseignement et formation professionnelleLes recettesUne hausse des recettes de fonctionnement interrompue en 2013Importante progression du produit de la CVAERecul des immatriculationsL’endettementUne dette élevée, diversifiée et sûreDégradation de la capacité de désendettement   Démographie, emploi, atouts économiques1. Un essor démographique importantLa région Provence-Alpes-Côte d’Azur est, avec plus de 5 millions d’habitants, l’une des régions les plus peuplées de France métropolitaine. Elle fait aussi partie de celles ayant connu la plus forte croissance démographique depuis les années 1960 : alors qu’elle s’élève à 35% sur l’ensemble du territoire, elle monte à 73% pour la région PACA.L’attrait de la région semble toutefois reculer depuis plusieurs années. Son solde migratoire reste positif mais elle se positionne derrière les autres grandes régions du sud et de l’ouest de la France. Cette réalité ne modifie pas pour autant la structure démographique de la région dans la mesure où les sortants et les entrants présentent souvent le même profil. L’idée, largement répandue, selon laquelle PACA accueillerait majoritairement des retraités et perdrait des actifs est donc erronée.2. Une région riche mais fortement touchée par le chômage et les inégalitésLa région PACA est la troisième économie régionale, avec un PIB supérieur à 150 milliards d’euros. Elle produit plus de 7% de la richesse nationale, ce qui la classe parmi les 20 régions ayant le PIB le plus élevé en Europe. Son activité est essentiellement tournée vers le tertiaire, principalement les services aux entreprises et le tourisme, l’industrie, avec l’établissement de nombreuses entreprises du secteur autour de l’étang de Berre, et enfin l’immobilier et la construction.Contrepoids de ces bonnes performances économiques, la région souffre d’un taux de chômage particulièrement élevé. En 2014, il s’établit à 11,4%, contre 9,8% en France métropolitaine. De façon concomitante, le taux de pauvreté y est plus important qu’ailleurs : plus de 15 habitants sur 100 sont en effet en situation de pauvreté. Tous les départements sont concernés à l’exception des Hautes-Alpes - le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône étant particulièrement exposés.Le contraste entre une économie dynamique, d’une part, et des poches importantes de pauvreté, d’autre part, contribue à ce que la région PACA se singularise par de fortes inégalités territoriales. La région se situe en effet en deuxième position derrière la Corse en termes d’écarts de richesse.Economie : structure et dynamiques1. Une région créatrice de richesses qui a su résister à la criseLe PIB par habitant de la région PACA se situe à un niveau élevé, bien supérieur au niveau moyen des régions françaises hors Ile-de-France. Sa productivité est supérieure à la moyenne française : le PIB par emploi s’y élève à 76 553€, contre 71 169€ pour la France métropolitaine (hors Ile-de-France).2. Prééminence des services, orientation sectorielle favorableAu 1er janvier 2013, la région accueillait près de 10% des établissements de services du territoire national. Le tertiaire est un secteur majeur d’activité et un pourvoyeur d’emplois de première importance pour la région. Il génère 8 emplois sur 10. Le tertiaire non-marchand constitue un vecteur important d’emplois, notamment dans l’enseignement. Les services aux entreprises se sont également fortement développés. Les services opérationnels (nettoyage, sécurité, etc.) ont gagné près de 50 000 emplois salariés depuis 1990 (+110%). L’emploi a aussi fortement progressé dans le domaine du conseil et de l’assistance (+89%) et dans le secteur de la R&D (+58%).La région PACA est la 7ème en France en termes d’emploi industriel. Il y représente 9% de l’emploi total. Le tissu industriel de la région, qui est essentiellement implanté le long du littoral et dans le couloir rhodanien, est moins affecté qu’ailleurs par les mutations industrielles. L’orientation sectorielle de l’industrie en PACA (gaz, eau, déchets, pharmacie, composants électriques et électroniques, etc.) lui est en effet favorable. Elle lui permet d’être préservée des grandes restructurations intervenues dans d’autres secteurs (automobile et textile notamment). Le tissu productif reste néanmoins fragile : malgré la présence de groupes industriels de premier plan, 90% des établissements industriels comptent moins de 10 salariés.3. La construction à la commande publiqueEn PACA, le secteur de la construction représente un volume de chiffre d’affaires de 13 Md€, 100 000 emplois salariés et plus de 50 000 entreprises.Le secteur a été particulièrement affecté par la crise. Le marché du logement neuf a connu une forte décrue ces dernières années, malgré une légère amélioration fin 2014. Le niveau de la construction a également connu un net repli et le nombre des permis de construire et des mises en chantier a reculé en 2014.Les entreprises du secteur pourraient être durement touchées par l’ajustement des budgets locaux sur l’investissement dans les prochaines années. La baisse des dotations de l’État conduit en effet nombre de collectivités à revoir leurs programmes d’investissement à la baisse. Cette baisse, que l’on peut déjà observer pour le bloc communal en 2014, pourrait être prolongée par les décisions d’autres strates de collectivités. Les secteurs du bâtiment et des travaux publics anticipent déjà une baisse substantielle de la commande publique.4. Un taux de chômage élevéLe chômage en PACA est structurellement plus élevé que dans le reste de la France métropolitaine. La région peine à créer le nombre d’emplois qui permettrait d’accompagner la croissance forte de sa population active. Le taux de chômage de la région, qui s’était rapproché du niveau national entre 2005 et 2009, est toujours resté supérieur depuis cette date. Les départements du Vaucluse, des Bouches-du-Rhône et des Alpes de Haute-Provence sont les départements les plus touchés.Même si elle est l’une des régions qui a le mieux résisté à la crise dans ce domaine également, elle peine à résorber un niveau de chômage dont une part importante est structurelle. Le nombre de demandeurs d’emploi a encore augmenté entre fin 2013 et fin 2014. Le taux de chômage a augmenté de 0,5 point entre ces deux dates. Les actifs de plus de 50 ans et les demandeurs d’emplois depuis plus d’un an sont les plus touchés tandis que la population jeune résiste mieux.Territoire et infrastructures1. Un territoire entre relief et littoralLe territoire de la région Provence Alpes Côte d’Azur (PACA) s’étend sur une superficie de 31 400 km² et présente un relief très contrasté. Son patrimoine naturel conditionne son aménagement territorial et son modèle de croissance économique. La montagne occupe en effet près de la moitié de sa superficie tandis que le littoral s’étend sur 700 km. La région se caractérise ainsi par une forte concentration des populations et de l’activité sur la côte. L’emprise du relief aussi bien littoral que montagneux concentre plus des trois-quarts de la population sur 10% de la superficie régionale, essentiellement le long des côtes méditerranéennes. Deux départements sont particulièrement concernés, le Var et les Bouches-du-Rhône.2. Une population concentrée dans les zones urbaines et périurbainesCette concentration a pour conséquence la forte influence des aires urbaines sur le territoire régional, accompagnée par une poussée tout à fait remarquable des zones périurbaines. Les quatre aires urbaines les plus importantes (Marseille et Aix-en-Provence, Nice, Toulon, Avignon) concentrent 80% de la population. Les phénomènes de périurbanisation sont davantage marqués que dans les autres régions. Cette situation constitue un enjeu important pour la région en termes de transports et de lutte contre le réchauffement climatique.Les dépensesLes dépenses de la région PACA ont reculé entre 2009 et 2013, selon un schéma constaté dans de nombreuses autres régions : progression des dépenses de fonctionnement et repli des dépenses d’investissement.1. Dépenses de personnel en hausseLes dépenses de fonctionnement ont connu une progression soutenue entre 2009 et 2013, de plus de 3% en moyenne par an contre 1,85 % pour les autres régions hors Ile-de-France. Elles s’élèvent à 299€ par habitant, contre 269€ pour la moyenne des régions hors Ile-de-France.Comme les charges à caractère général, les dépenses de personnel ont augmenté de façon plus marquée qu’ailleurs : plus de 5% en moyenne annuelle depuis 2009 contre 3% pour les autres régions hors Ile-de-France. La collectivité s’est notamment engagée dans une politique de recrutement favorable (+117 agents en 2012, +44 en 2013). La masse salariale représente plus de 16% des dépenses de fonctionnement de la région.2. Recul des dépenses d’investissementLes dépenses d’investissement s’élèvent à 484 M€ en 2013, soit le plus bas niveau constaté depuis 2009. Sur la période 2009-2013, elles ont reculé de près de 15% par an en moyenne. Elles représentent 133€ par habitant, contre 150€ en moyenne pour les régions métropolitaines hors Ile-de-France.Cet ajustement peut s’expliquer par la diminution des capacités de la région à autofinancer ses investissements. En effet, la diminution de son épargne brute et la baisse de ses recettes d’investissement la conduisent à accroître la part de son investissement par emprunt.3. Dépenses d’intervention réparties à parts égales entre transports, enseignement et formation professionnelleLes trois principales dépenses d’intervention sont les transports (24,1%), l’enseignement (22,4%) et la formation professionnelle (22,4%). Sur les dernières années, ces dépenses ont connu des évolutions contrastées. L’accent a été mis sur les transports et la formation professionnelle, la culture et les sports progressant également fortement même s’ils pèsent de façon moins importante dans le budget régional.Dans le domaine des transports, la région PACA se distingue par le volume important des crédits qu’elle accorde aux autres modes de déplacement que le ferroviaire. Quand la moyenne des dépenses consacrées par les régions aux transports hors ferroviaires est légèrement supérieur à 5 M€, la région y consacre plus de 30 M€. La région est aussi celle qui consacre le plus de crédits au financement de la voirie départementale, avec le Languedoc-Roussillon.Concernant la formation professionnelle et l’apprentissage, la région PACA se situe au troisième rang des régions qui y consacrent le budget le plus important, mai seulement au septième pour le seul apprentissage, avec 96,6 M€.De même, en matière d’enseignement, la région se positionne très favorablement pour le financement de lycées publics (première région après l’Île-de-France). En revanche, malgré l’implantation de nombreuses universités et laboratoires de recherche sur son territoire, elle ne situe qu’au huitième rang pour les crédits consacrés à l’enseignement supérieur, qui ne représentent qu’un peu plus de 4% des crédits destinés à l’enseignement en PACA.Les recettes1. Une hausse des recettes de fonctionnement interrompue en 2013Les recettes de fonctionnement ont progressé à un rythme soutenu entre 2009 et 2012 (+2,3% en moyenne annuelle). Cette tendance a été stoppée en 2013. Elles reculent en 2014.Le produit de la fiscalité régionale s’est élevé à 914,8 M€ en 2013. La fiscalité régionale en PACA connaît des variations moins fortes que la moyenne des régions, ce qui s’explique notamment par la structure de la fiscalité de la région. Les recettes fiscales indirectes représentent près de 60% du total, contre 40% pour les recettes fiscales directes. Or l’évolution de ces produits a été opposée. 2. Importante progression du produit de la CVAE En 2013, le produit de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) de la région a atteint près de 260 M€, soit une hausse de plus de 7% par rapport à 2012. Cette hausse contribue largement à la croissance de la fiscalité directe. Elle mérite toutefois d’être relativisée. Si elle résulte d’une croissance de la valeur ajoutée sur le territoire, elle est liée également aux modalités et au rythme de versement de cette taxe. En 2014, le produit de la CVAE ne progresse que modérément de 1,5%.3. Recul des immatriculationsLe produit de la fiscalité indirecte a diminué de plus de 4 M€ en 2013. Ce recul est la conséquence de la baisse importante de la taxe sur les cartes grises d’une part et de la très faible augmentation du produit de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) d’autre part.Le produit de la taxe sur les cartes grises, de près de 200 M€, a diminué de 5,6 % en 2013, sous l’effet de la diminution des immatriculations. Elle n’a pu être compensée par la très faible croissance de la TICPE, pourtant première recette fiscale indirecte de la région. Cette évolution est à observer d’autant plus près que le tarif de la carte grise par cheval-vapeur est le plus élevé des régions françaises ce qui laisse peu de marge de manœuvre sur cette taxe pour le prochain exécutif.En 2014, la tendance à la diminution de la fiscalité indirecte se prolonge. Le produit de ces deux taxes additionnées diminue légèrement, de 1,6%. Cette tendance, qui accompagne la perte d’autres recettes comme la DGF, pourrait entrainer une dégradation des ratios financiers de la région si les dépenses n’étaient pas ajustées à cette baisse.4. Une baisse annoncée des dotations de l’EtatLe montant total des dotations de fonctionnement de l’État s’élève à 680 M€ en 2013. L’ajustement qu’il a connu en 2013 est minime au regard des projections sur les prochaines années. En stagnation depuis plusieurs années, la dotation forfaire de la dotation globale de fonctionnement (DGF) entame le recul annoncé dans la cadre de la contribution des collectivités à la résorption des déficits publics. Ainsi, en 2014, la DGF recule de plus de 3% pour la région PACA, mouvement qui doit se poursuivre et s’amplifier au moins sur les deux prochaines années.Le reste des autres dotations est gelé. La dotation globale de décentralisation (DGD) « formation professionnelle » s’est ainsi établi en 2012 et en 2013 à 134 M€.L’endettement1. Une dette élevée, diversifiée et sûre L’encours de dette de la région était de 1 820 M€ en 2013 et de 2 145 M€ en 2014. Il a progressé sensiblement sur les dernières années. Entre 2009 et 2014, l’augmentation de l’encours est de plus de 30 %, ce qui représente une moyenne annuelle d’évolution de plus de 5%.En 2013, l’encours de dette par habitant de la région PACA est nettement supérieur à la moyenne de sa strate (365€ contre 285€). En volume, la région figure parmi les cinq régions les plus endettées.L’encours de dette est diversifié. Il est constitué de dette bancaire, de dette obligataire, de crédit- bail et d’emprunts dits « revolving ». La diversification de l’encours de dette est une caractéristique essentielle de la gestion de sa dette par la région. Elle lui permet d’être moins dépendante à l’égard du marché bancaire et de pouvoir arbitrer en faveur des offres de financement qu’elle juge les plus compétitives. La structure de dette de la région est par ailleurs équilibrée, malgré un recours important au marché obligataire sur les dernières années. La dette de la région est par ailleurs sûre, classée en 1 A ou 2 A sur la charte Gissler.2. Dégradation de la capacité de désendettement La capacité de désendettement est le rapport de l’encours de dette à l’épargne brute. Exprimée en nombre d’années, ce ratio exprime la durée nécessaire à une collectivité pour couvrir sa dette par son épargne.En région PACA, ce ratio s’est dégradé ces dernières années, sous l’effet de la croissance de la dette. En 2014, il était de 5,4 années, soit l’un des niveaux les plus élevés en France. 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. 26.11.2015 à 14h28 • Mis à jour le26.11.2015 à 15h27 SommaireUne région attractive tournée vers la MéditerranéeDes inégalités importantes Une situation très dégradée en matière d’emploiUne région tirée par l’économie présentielleUn projet ferroviaire ambitieux mais porteur de risques financiersLe défi de l’eauUn niveau d’investissement parmi les plus élevés de FrancePriorité à l’éducation et au développement économiqueDes recettes fiscales atonesDes dotations qui résistent malgré la baisse de la DGFUn endettement en forte augmentationUne situation financière qui demeure saineDes frais financiers maîtrisésUne capacité de désendettement qui se dégrade mais un taux d’épargne toujours élevé Démographie, emploi, atouts économiquesLa Région Languedoc-Roussillon est la région la plus attractive de France sur le plan démographique. Cette attractivité ne dissimule pas une situation sociale particulièrement fragile.1. Une région attractive tournée vers la MéditerranéeLa population de la région se concentre dans un couloir littoral de 20 kilomètres où se situent la plupart des agglomérations. La densité dans l’intérieur des terres est très inférieure à la moyenne nationale, avec de vastes zones quasi-désertes comme la Lozère au nord, la Montagne noire à l’ouest où la partie pyrénéenne au sud.La région connaît l’accroissement démographique le plus important de France métropolitaine, avec un taux de croissance annuel moyen de 1,3% sur la dernière décennie. L’ensemble des aires urbaines sont concernées. L’agglomération de Montpellier est ainsi la plus dynamique au niveau national : sa population a triplé au cours des cinquante dernières années.2. Des inégalités importantes La région Languedoc-Roussillon est la deuxième région la plus pauvre de France. La part des personnes vivant sous le seuil de pauvreté s’établit en 2011 à 19,6%, proche du Nord-Pas-de-Calais (19,7%) et très supérieure à la moyenne nationale (14,3%).Parmi les dix départements où le taux de pauvreté est le plus fort, quatre appartiennent à la région Languedoc-Roussillon (l’Hérault, le Gard, les Pyrénées-Orientales et l’Aude, deuxième département le plus pauvre après la Seine-Saint-Denis). De nombreux territoires, à la fois urbains (Béziers, Narbonne, Perpignan) et ruraux (plaine de l’Hérault, vallée de l’Aude) apparaissent fragilisés.La conjoncture économique dégradée ne permet pas d’expliquer à elle seule ce phénomène, qui a des racines plus profondes. Historiquement, la région Languedoc-Roussillon a été peu touchée par l’industrialisation. Elle est longtemps restée une région agricole, notamment viticole, marquée par les crises ; l’exemple le plus connu étant la révolte des vignerons de 1907.Conséquence directe du dynamisme régional et de la persistance de la pauvreté, les inégalités de revenus sont fortes : les 10% des foyers les plus favorisés sont 8,5 fois plus riches que les 10% les moins favorisés. Ce rapport est le deuxième le plus fort de France après la Corse. À titre de comparaison, ce même rapport s’établit à 5,8 en Bretagne.3. Une situation très dégradée en matière d’emploiLa croissance économique constatée sur les dernières années ne se traduit pas par une embellie en matière d’emploi. Au 1er trimestre 2015, le taux de chômage en Languedoc-Roussillon atteint 14,2%, contre 10% en France métropolitaine. Ce taux est le plus élevé des régions françaises et ne s’explique pas seulement par les crises récentes.Depuis 1982, le taux de chômage de la région Languedoc-Roussillon se situe, en moyenne, 3,4 points au-dessus de la moyenne nationale. Cet écart s’est accru ces dernières années.L’ensemble du territoire régional est concerné par cette situation dégradée, à l’exception notable de la Lozère, qui connaît un taux de chômage très faible, à 5,9% au dernier trimestre 2014. À l’inverse, le bassin d’emploi d’Agde-Pézenas, est celui où le taux de chômage est le plus fort (18%).Economie : structure et dynamiquesLa région Languedoc-Roussillon se caractérise par un faible PIB par habitant mais par une croissance du PIB supérieure à celle de la France. Cette situation est atypique par rapport aux tendances nationales qui montrent un décrochage des régions présentant les PIB par habitant les plus faibles (Limousin, Lorraine ou Franche-Comté par exemple).Entre 2000 et 2012, le PIB de la région a progressé de 1,8% par an en moyenne, contre 1,2% en France. La région ayant connu dans le même temps un fort accroissement démographique, le PIB par habitant ne progresse en Languedoc-Roussillon que de 0,5% par an en moyenne, un chiffre identique à celui de la France.Cette croissance joue un rôle de rattrapage dans la mesure où le PIB par habitant dans la région (24 556€ en 2013) est le quatrième plus faible de France. Sur ce point, la situation de Languedoc-Roussillon se rapproche de celle de la Corse.4. Une région tirée par l’économie présentielleLe poids de l’industrie en Languedoc-Roussillon est l’un des plus faibles de France, avec 9% de la valeur ajoutée, contre 14% au niveau national. La région ne possède pas de grands bassins industriels et compte peu de grands établissements susceptibles d’entraîner un réseau de sous-traitants et de services.En conséquence, le poids des petites entreprises est fort. Seuls 24,5% des salariés du secteur marchand travaillent dans une grande entreprise (plus de 5 000 personnes) contre 32 % au niveau national. À l’inverse, 29% des effectifs du secteur marchand travaillent dans des micro-entreprises en Languedoc-Roussillon, contre 19% au niveau national.L’écart de croissance de la région par rapport à la France s’explique essentiellement par le dynamisme de l’économie présentielle, c’est à dire de l’économie liée à la présence d’habitants et de touristes (distribution, activités de loisirs, services publics).La région connaît un important essor des créations d’entreprises. Depuis 1993, elle est la première en France dans ce domaine. Il s’agit principalement de petites structures liées à l’économie présentielle, dans le domaine du commerce, de l’artisanat ou de la restauration.Territoire et infrastructuresLa région Languedoc-Roussillon devrait accueillir 500 000 à 800 000 nouveaux habitants dans les vingt prochaines années, d’après les projections de l’InseeE. Elle est ainsi, comme la région Midi-Pyrénées, confrontée à des défis liés aux infrastructures, que ce soit en matière de transport ferroviaire ou d’accès à l’eau. Ces projets entrent directement dans le champ d’action du Conseil régional.5. Un projet ferroviaire ambitieux mais porteur de risques financiersLe prolongement de la ligne à grande vitesse de la vallée du Rhône vers l’Espagne est à l’étude depuis le début des années 1990. Ce projet est autant lié à l’intérêt de créer un axe ferroviaire vers l’Espagne qu’au besoin d’accompagner le dynamisme démographique de la région.Ce projet consiste en trois tronçons : le tronçon Perpignan - Figueras ouvert en 2010, le contournement ferroviaire Nîmes – Montpellier, dont la mise en service est prévue en 2017, et le tronçon Montpellier - Perpignan, qui en est encore au stade des études et des acquisitions foncières et qui pourrait voir le jour entre 2022 et 2025. La région est engagée financièrement dans ces projets. Elle a par exemple signé en 2012 une convention de financement du contournement Nîmes-Montpellier pour 397 millions d’euros.La mise sous administration judiciaire du concessionnaire de la ligne Perpignan - Figueras, en juillet 2015, engage à considérer les risques financiers associés à de tels projets. Confronté à des coûts de construction beaucoup plus importants que prévus et à des prévisions de trafic surévaluées, le concessionnaire n’a pas pu faire face à ses engagements et réclame l’aide financière des pouvoirs publics français et espagnols.6. Le défi de l’eauLa région Languedoc-Roussillon a été pionnière en matière de gestion de la ressource en eau. Elle a créé un service public régional de l’eau et elle est propriétaire du réseau hydraulique régional depuis 2008. Ce réseau de canaux et de canalisations, développé depuis les années 1950 permet à la région de garantir la pérennité des activités agricoles ainsi que la couverture des besoins des résidents. Il est exploité par la société BRL dans le cadre d’une concession.Afin de s’adapter aux enjeux de la poursuite du développement démographique et du réchauffement climatique, le Conseil régional s’est engagé en 2012 dans un projet visant à acheminer l’eau du Rhône vers le Biterrois et le Minervois. Il s’agit du projet Aqua Domitia dont le coût est évalué à 140 millions d’euros et qui pèsera sur le budget régional.Les finances de la régionLes dépenses7. Un niveau d’investissement parmi les plus élevés de FranceLa région se caractérise par un niveau de dépenses par habitant légèrement supérieur à la moyenne nationale. En 2013, ces dépenses s’élèvent à 1,175 milliard d’euros, soit 437€ par habitant contre 419€ pour l’ensemble des régions françaises. Cette différence s’explique essentiellement par le choix de la mandature actuelle d’un haut niveau d’investissement. La région Languedoc-Roussillon se place en tête du classement sur ce point. La région a privilégié l’action économique et l’enseignement, en cohérence avec le contexte socio-économique régional qui se caractérise par une faiblesse du secteur industriel et un fort dynamisme démographique.La région a clairement fait le choix d’un haut niveau d’investissement sur la dernière mandature. Elle y a consacré 519 millions d’euros en 2013. Avec 193€ par habitant consacrés à l’investissement, la région arrive en tête du classement national (la Corse étant une collectivité à statut particulier, la comparaison avec elle ne s’avère pas pertinente).Elle se distingue en particulier par le montant élevé des dépenses d’équipement, 77€ par habitant, alors que la moyenne nationale se situe à 38€. Cette différence est la conséquence des politiques volontaristes menées par la région, par exemple en matière de service public de l’eau, mais aussi par la croissance démographique qui justifie la création de nouveaux lycées. Les dépenses d’investissement ont progressé de près de 30% depuis 2009.8. Priorité à l’éducation et au développement économiqueLes dépenses de fonctionnement par habitant sont moins élevées que la moyenne des régions françaises. Elles progressent toutefois plus rapidement : elles ont ainsi augmenté de 13% entre 2009 et 2013. La hausse des dépenses de fonctionnement ne s’explique pas par les charges de personnel, qui sont stabilisés depuis 2012.Ce sont les autres dépenses de fonctionnement (subventions, prestations de service, charges courantes) qui progressent. Parmi ces dépenses, on peut citer celles liées à la convention annuelle d’exploitation qui lie les régions à la SNCF. Elle s’élève en Languedoc-Roussillon à 106 millions d’euros pour 2014 et permet par exemple de financer des trajets à 1€ sur cinq lignes régionales.La région se distingue surtout par son niveau élevé d’intervention en matière de développement économique et d’enseignement.Avec 53€ par habitant consacrés à l’action économique (aide à l’innovation ou à l’investissement, soutien aux parcs d’activité ou aux pôles de compétitivité), la région dépense, proportionnellement à sa taille, 66% de plus que la moyenne nationale.En matière d’enseignement, la région dépense 20% de plus que la moyenne nationale. Les dépenses d’enseignement correspondent à l’équipement des lycéens (livres, moyens numériques) et à l’entretien des lycées.L’intervention de la région est également soutenue en matière de culture, de sport et de loisirs (+50% par rapport à la moyenne nationale) ou d’environnement (+70%), bien que ces domaines représentent des sommes faibles en proportion du budget régional.À l’inverse, la région Languedoc-Roussillon présente un niveau de dépenses plus faible que la moyenne nationale en ce qui concerne les charges de structure (services généraux, annuité de la dette) et l’aménagement du territoire (aide aux communes), qui ne font pas partie des compétences obligatoires des régions.Les recettesComme l’ensemble des régions, le Languedoc-Roussillon doit faire face à des contraintes importantes et nouvelles sur ses recettes. La région bénéficie toutefois de recettes complémentaires dynamiques pour réaliser des investissements.9. Des recettes fiscales atonesDepuis la modification du panier de recettes des régions en 2011, celles-ci ont très largement perdu leur autonomie fiscale, c’est-à-dire le pouvoir de fixer les taux et ainsi de maîtriser l’évolution de leurs ressources.Les recettes fiscales de la région stagnent. Elles se composent de la fiscalité directe (contribution sur la valeur ajoutée des entreprises - CVAE , imposition forfaitaire sur les entreprises de réseau - IFER), qui représente 249 millions d’euros en 2014, et de la fiscalité indirecte, c’est-à-dire principalement de la taxe intérieure sur la consommation de produits énergétiques (TIPCE).Les autres produits fiscaux, et notamment la taxe sur les cartes crises, augmentent légèrement en 2014 (+1%). Le taux fixé pour les cartes grises (44€ / cv) se situe dans le tiers le plus élevé au niveau national.10. Des dotations qui résistent malgré la baisse de la DGFLes dotations et subventions perçues par la région connaissent, hors dotation globale de fonctionnement (DGF), une progression exceptionnelle en comparaison des autres régions. De 2009 à 2013, le produit de ses dotations a augmenté de 15%.Cette tendance est la conséquence de plusieurs facteurs conjugués. Premièrement, la région bénéficie du mécanisme de récupération de la TVA sur ses investissements ; son niveau d’investissement élevé garantit le dynamisme de cette ressource. Deuxièmement, la région bénéficie fortement des fonds européens (FEDER), qui ont représenté 30 M€ de recettes en 2014 (programmation 2007-2013). Enfin, les politiques régionales dégagent des recettes complémentaires qui s’élèvent à 66 M€ en 2014 ; c’est le cas du remboursement des avances consenties aux entreprises ou de la commercialisation des surfaces des parcs régionaux d’activité.L’endettement11. Un endettement en forte augmentationL’encours de dette se situait au 31 décembre 2014 à 1,06 milliard d’euros, soit une hausse de 115% depuis 2009. Le niveau de dette par habitant – 385€ – est supérieur à la moyenne nationale, qui se situait à 307 € en 2013. Ce niveau d’endettement fait du Languedoc-Roussillon la 5ème région métropolitaine en termes de dette par habitant. Les dépenses consacrées au remboursement de la dette ont augmenté de près de 50% depuis 2009, conséquence directe de la politique mise en œuvre par la collectivité en matière d’investissement.12. Une situation financière qui demeure saineLa situation financière de la région reste toutefois maîtrisée grâce au maintien d’un haut niveau d’épargne et à des frais financiers modérés. À moyen et long terme, il sera toutefois impossible de maintenir une telle dynamique d’investissement sans dégrader les indicateurs financiers de la collectivité.13. Des frais financiers maîtrisésLes frais financiers associés à la dette s’élèvent à 24 millions d’euros en 2014, soit 2% de l’ensemble des dépenses de la région. Ces frais financiers sont stables sur les dernières années, la charge d’intérêt qui pèse sur la région semble donc maîtrisée.Cette situation s’explique principalement par le recours aux prêts bonifiés que la région peut mobiliser auprès d’institutions publiques pour réaliser de grands projets d’aménagement (banque européenne d’investissement et Caisse des dépôts et consignations) ; ils ont représenté 76% des nouveaux emprunts souscrits en 2014.Le Languedoc-Roussillon est peu exposé à un risque de remontée des taux du fait de la structure de son endettement, principalement souscrit auprès d’institutions publiques dans le cadre de prêts bonifiés.14. Une capacité de désendettement qui se dégrade mais un taux d’épargne toujours élevéLa capacité de désendettement, c’est-à-dire la durée nécessaire pour rembourser sa dette si la collectivité décidait d’y consacrer l’intégralité de son épargne, est un indicateur essentiel pour évaluer la santé financière d’une région. Pour le Languedoc-Roussillon cet indicateur s’élève à 4,6 années fin 2014, soit un niveau proche de la moyenne nationale et inférieur à la zone d’alerte.La capacité de désendettement s’est toutefois dégradée ces dernières années. Elle était de 1,9 année fin 2009. Cette dégradation a essentiellement pour origine l’augmentation du stock de dette et non la dégradation du niveau d’épargne de la collectivité, ce qui est un élément positif.Le taux d’épargne de la région Languedoc Roussillon, c’est à dire le rapport entre l’épargne et les recettes de fonctionnement, se situe à un niveau plus élevé que la moyenne nationale. Le maintien d’un tel taux d’épargne, dans un contexte de baisse des recettes de fonctionnement de la région, suppose un effort continu sur les dépenses de fonctionnement 26.11.2015 à 14h16 SommaireUne région peu peupléeUne population vieillissanteUn poids partiulier pour la fonction publique et l’agricultureUne performance économique nettement inférieure à la moyenne nationaleUn chômage moins élevé mais en plus forte croissanceUne pauvreté plus marquée qu’au niveau nationalUn poids important pour les dépenses de personnelForte réduction de l’investissementPriorité aux transportsRecul des recettes fiscalesHausse des dotationsUne dette élevée mais en faible progressionUne capacité de désendettement proche de la moyenne nationale Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région peu peupléeAvec 764 935 habitants au 1er janvier 2013, le Limousin est une région peu peuplée. Elle se situe au 21e rang des régions de France métropolitaine, devant la Corse.Région rurale (45% des habitants résident dans une commune rurale), le Limousin a connu dans la période récente une croissance démographique moins dynamique que la moyenne nationale. Entre 1999 et 2014, la population a crû d’environ 7%, contre plus de 9% pour la moyenne nationale.Deux phénomènes s’opposent : un solde naturel négatif (nombre de décès supérieur au nombre de naissances) d’une part,un solde migratoire important d’autre part, qui a permis à la population limousine de poursuivre sa croissance. Celle-ci a avant tout profité aux centres urbains, et notamment à la zone urbaine de Limoges, qui concentre la moitié de la croissance de la population.2. Une population vieillissanteLe Limousin est la région de France métropolitaine qui compte la part la plus importante de personnes de plus de 65 ans dans sa population : ceux-ci représentent en effet 23,1% de la population en 2011, niveau sensiblement supérieur à la moyenne nationale (17,2%).Ce vieillissement constitue un enjeu de politique publique important, en termes d’accès aux soins, d’hébergement, etc.3. Un poids partiulier pour la fonction publique et l’agricultureLe Limousin est marqué par une forte proportion de l’emploi dans le tertiaire non marchand (36,6% contre 31% en moyenne nationale). Ceci est notamment dû à l’importance de l’emploi public : les trois fonctions publiques représentent ainsi 25% de l’emploi limousin, contre 21% en moyenne dans la France de province. L’explique notamment le nombre élevé de structures d’accueil pour personnes handicapées et pour personnes âgées, conséquence du vieillissement de la population.La prépondérance du tertiaire non marchand se retrouve également dans la décomposition de la valeur ajoutée : il représente 32% de la valeur ajoutée régionale, contre 23% en moyenne en France.L’agriculture est également comparativement plus représentée dans le Limousin que sur l’ensemble du territoire. En 2013, ce secteur représente 5,2% de l’emploi régional, contre 2,5% au niveau national.Economie : structure et dynamiques4. Une performance économique nettement inférieure à la moyenne nationaleLe PIB régional du Limousin s’élève à 17,7 Md€, soit 0,9% du PIB national. Le Limousin est ainsi l’avant-dernière région métropolitaine, avant la Corse, en termes de PIB.Ramené à la population, le PIB s’élève à 24 061 €, niveau lui aussi nettement inférieur à celui enregistré en France métropolitaine hors région Ile-de-France (27 856 €). Cette situation résulte d’une croissance économique durablement plus faible que la moyenne française.Par ailleurs, le PIB par habitant a enregistré dans le Limousin une décrue dans les années récentes : il a ainsi baissé de 0,2 % entre 2000 et 2013 quand, dans la même période, le PIB par habitant national progressait de 0,5% (0,3% hors Île-de-France).Cette moindre performance peut s’expliquer par la structure de l’économie limousine, spécialisée sur le secteur tertiaire non marchand et sur une agriculture peu rémunératrice – selon le Ministère de l’agriculture, le revenu des exploitants limousins est inférieur de moitié à la moyenne nationale.Cet écart de croissance s’est davantage creusé dans la période récente sous l’effet de la crise économique. Le Limousin a ainsi connu un repli de son PIB de 3% entre 2008 et 2011 alors que l’évolution du PIB national a été positive sur cette même période.Cette évolution témoigne d’un certain décrochage de la région Limousin par rapport à l’évolution globale de l’économie française.5. Un chômage moins élevé mais en plus forte croissanceEn termes de taux de chômage, la situation est plus favorable dans le Limousin que dans le reste de la France : le taux de chômage s’établit ainsi à 9,0% en 2014, contre 9,8% en moyenne nationale.Néanmoins, la croissance du chômage a été plus dynamique dans le Limousin qu’au niveau national : le taux de chômage a ainsi crû de 2,6 points entre 2000 et 2014 contre 1,7% en France.6. Une pauvreté plus marquée qu’au niveau nationalLa pauvreté est plus importante dans le Limousin que dans le reste de la France. Le taux de pauvreté s’élève ainsi à 15,4% de la population fin 2012, contre 14,3% en moyenne nationale.La pauvreté touche plus sensiblement les personnes âgées : 14,8% des plus de 75 ans se situent ainsi sous le seuil de pauvreté, contre 10,2% en moyenne nationale.Les finances de la régionLes dépensesConformément à la volonté affichée de maîtriser ses dépenses, la région Limousin les a réduites de 3,7% entre 2009 et 2013. Les dépenses de fonctionnement ont augmenté (+7,1%), certes dans des proportions moindres que la moyenne nationale, mais ce sont les dépenses d’investissement qui supportent ce repli (- 20,4% sur la période, hors dette).7. Un poids important pour les dépenses de personnelLes dépenses totales de la région Limousin s’élèvent à 400 millions d’euros en 2013, soit 523€ par habitant, contre 551 en 2009. Même s’il enregistre un recul sensible (-5,1%), ce montant reste supérieur à la moyenne des régions métropolitaines françaises (420€ par habitant).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont enregistré une croissance de 7,1% dans la région Limousin, croissance inférieure à la moyenne française (+8,4%). Les frais de personnel ont, eux, connu une hausse de 9% entre 2009 et 2013, soit une progression inférieure à la moyenne nationale (+12,2% sur la période).Les dépenses de personnel de la région représentent 18,6% des dépenses de fonctionnement totales, soit un niveau supérieur à celui constaté dans les autres régions (16,9% en moyenne), et 13,9% des dépenses totales, contre 10,6% en moyenne dans les régions métropolitaines.Les charges d’intérêts de la dette ont enregistré une progression proche du niveau constaté dans les autres régions (+49% contre +45%).8. Forte réduction de l’investissementLe repli des dépenses s’explique pour la plus grande partie par le recul des dépenses d’investissement hors dette : -20% entre 2009 et 2013, niveau largement supérieur au repli constaté au niveau national (autour de 7%). Cette baisse des dépenses a concerné l’ensemble des composantes de l’investissement. L’équipement brut a ainsi reculé de 38,5% entre 2009 et 2013, les subventions versées, de 12,7%.Au total, en 2013, l’investissement hors dette représente 85,2 millions d’euros, soit 21,3% des dépenses totales, contre une moyenne nationale de 30%. Les dépenses d’investissement représentent 111,4€ par habitant, contre une moyenne nationale de 129,2€.9. Priorité aux transportsEn 2013, le transport représente le premier poste de dépenses de la région, avec 23,8% des dépenses totales. Cette part était de 18,4% en 2009, soit une augmentation de 25% sur la période.Parallèlement, d’autres domaines voient leurs crédits réduits : l’enseignement (-17,4% sur la période), l’action économique (-16,1%) et les services généraux (-4,5%).Malgré cette baisse, les services généraux représentent toujours une part des dépenses totales plus importante que dans les autres régions : 10,8% en 2013, contre 7,6% en moyenne nationale. L’action économique également, à 11,0% dans le Limousin contre 7,0% en moyenne française.Les recettes10. Recul des recettes fiscalesLes recettes de la région Limousin s’élèvent à 392,5 millions d’euros en 2013, en baisse de 4,3% par rapport à 2009. Les recettes fiscales reculent alors que les recettes non fiscales progressent.Les recettes fiscales ont baissé de 2,1% entre 2009 et 2013. Elles s’élèvent aujourd’hui à 166,9 millions d’euros et représentent 42,5% des recettes totales, niveau inférieur à la moyenne des régions métropolitaines (45,7%). Cette baisse de la fiscalité s’explique avant tout par la baisse de la fiscalité directe (CVAE et IFER), de 19,5% sur la période, causée par les performances économiques dégradées de la région.11. Hausse des dotationsLes dotations et subventions reçues par la région sont en hausse entre 2009 et 2013 : +12,4%. Elles représentent 200,7 millions d’euros.Au sein de ces transferts, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,2% sur cette période, niveau supérieur à l’augmentation constatée pour l’ensemble des régions métropolitaines (+0,8%).D’une manière générale, la hausse des dotations de fonctionnement (de 158,6 millions en 2009 à 187,8 millions d’euros en 2013) fait plus que compenser la baisse des dotations d’investissement, et notamment la baisse du fonds de compensation de la TVA (FCTVA, fonds qui compense la TVA payées par les collectivités sur leurs investissements), dans un contexte de baisse de l’investissement régional (-20,4% sur l’investissement hors dette entre 2009 et 2013).L’endettementLa dette de la région Limousin est d’un niveau relativement élevée mais connaît une augmentation nettement moins rapide que celle des autres régions. Les charges d’intérêts sont en faible augmentation. Sa capacité de désendettement est proche de la moyenne nationale et la dette est soutenable.12. Une dette élevée mais en faible progressionLa dette de la région a peu augmenté entre 2009 et 2013, passant de 228,4 à 245 millions d’euros, soit une hausse de 7,3% sur la période. Cette hausse est très inférieure à la moyenne constatée dans les régions métropolitaines (+30% entre 2009 et 2013).Néanmoins, rapportée à la population, elle se situe à un niveau supérieur à la moyenne : 320,3€ par habitant en 2013, contre 303€ dans les régions métropolitaines, soit un écart de 17€.Cet écart tend à se réduire, puisqu’en 2009 le niveau de dette par habitant était de 303€ contre 238 € en métropole, soit un écart de 65 €.Le Limousin consacre 15,4 millions d’euros au remboursement de la dette chaque année, niveau en diminution par rapport à 2009 (28,6 millions d’euros).La faible augmentation de la dette entre 2009 et 2013 s’est accompagnée, dans la région Limousin, d’une faible augmentation de la charge d’intérêts : 9 millions d’euros en 2013, contre 6 millions en 2009, soit une augmentation comparable à celle de la moyenne nationale.13. Une capacité de désendettement proche de la moyenne nationaleLa capacité de désendettement, qui mesure le nombre d’années nécessaires au remboursement intégral de l’encours de dette si l’intégralité de l’épargne brute de la région y était consacrée, s’élève à 4,1 années pour le Limousin en 2013. Ce niveau est stable par rapport à celui constaté en 2009 (4,1 également).Il est dans la moyenne constatée en métropole (4,0 années). Là encore, l’écart s’est réduit : en 2009, il était de 1,2 année (4,1 années pour le Limousin contre 2,9 en moyenne nationale) ; il n’est plus que de 0,1 année en 2013. 28.11.2015 à 07h41 • Mis à jour le28.11.2015 à 09h46 | Alexandre Pouchard Entre hommage aux victimes du 13 novembre et suites de l’enquête, à la recherche de Salah Abdeslam et de ses complices, résumé de l’actualité de la semaine écoulée.Hommage national. Deux semaines après les attentats du 13 novembre, la France a rendu vendredi un hommage national aux 130 morts, avec une cérémonie aux Invalides réunissant les autorités et les familles.La Belgique en alerte. Plus tôt dans la semaine, après la France, c’est la Belgique qui est passée à son niveau d’alerte maximal, suspectant des terroristes djihadistes d’être sur le point de passer à l’action. La capitale, Bruxelles, a été totalement bloquée de samedi à mardi, avec écoles et transports publics fermés.La traque continue. Le principal suspect encore en vie des attentats de Paris, Salah Abdeslam, est toujours en fuite. Ce qui pourrait être la ceinture d’explosifs qu’il portait le 13 novembre a été retrouvé lundi dans une poubelle à Montrouge (Hauts-de-Seine), commune où le téléphone de M. Abdeslam a été localisé le soir des attaques. Elle est elle aussi constituée d’explosifs de type TATP, mais le système de mise à feu avait été neutralisé.Avant de se rendre à Montrouge, Salah Abdeslam aurait servi de chauffeur aux trois kamikazes du Stade de France. La police a diffusé dimanche un appel à témoins pour le troisième auteur, identifié mais au nom inconnu, qui a été, comme un de ses complices, contrôlé parmi des migrants en Grèce le 3 octobre. Un autre appel à témoins a été lancé, concernant cette fois Mohamed Abrini, un Français de 30 ans qui aurait accompagné Salah Abdeslam les jours précédant les attentats. Le groupe de terroristes aurait également projeté un attentat dans le quartier d’affaires de la Défense, le 18 ou le 19 novembre, a révélé mardi François Molins, le procureur de Paris.Voir la chronologie interactive :Attentats : le déroulé des événements et de l’enquête depuis le 13 novembreObserver l’état d’urgence. Alors que les perquisitions administratives, les interpellations et les assignations à résidence se poursuivent sous l’état d’urgence (à propos duquel Le Monde a lancé lundi un observatoire expérimental pour en observer l’application dans la vie des Français), le contexte reste extrêmement tendu.La coalition contre l’EI menacée. Au Moyen-Orient, pendant que François Hollande réalisait un véritable ballet diplomatique en faveur d’une vraie coalition internationale contre l’organisation Etat islamique (EI), incluant notamment la Russie avec qui les forces occidentales ne sont actuellement qu’en coopération, un incident à la frontière syro-turque a plombé ces espoirs. La Turquie a abattu mardi un avion de chasse russe qui avait pénétré dans son espace aérien et n’avait pas répondu aux sommations.Un pilote aurait été tué et l’autre serait porté disparu. Le président russe, Vladimir Poutine, a dénoncé « un coup de poignard dans le dos porté par les complices des terroristes ». Il a toutefois rencontré François Hollande jeudi et a assuré que la France et la Russie coordonneront leurs frappes en Syrie.Lire :Le marathon diplomatique aux résultats incertains de HollandeCôté français, les avions du porte-avions Charles-de-Gaulle ont mené cette semaine leurs premières frappes contre l’Etat islamique. Ces bombardements continueront en Syrie : le Parlement a approuvé mercredi leur prolongation au-delà des quatre mois initiaux.Attentat en Tunisie.La Tunisie aussi a été frappée par l’Etat islamique. Un attentat contre un bus de la sécurité présidentielle a tué au moins 13 personnes et en a blessé 20 autres mardi dans le centre de Tunis. Les autorités ont de nouveau décrété l’état d’urgence, levé le mois dernier, et mis en place un couvre-feu la nuit.La « jungle » de Calais doit être aménagée.Le Conseil d’Etat a confirmé lundi la condamnation de l’Etat et de la commune de Calais à aménager le bidonville de la ville du Pas-de-Calais où s’entassent près de 6 000 migrants dans des conditions déplorables. Cela comprend le recensement de mineurs isolés en situation de détresse, l’installation de points d’eau, de toilettes et de collecte d’ordures, le nettoyage du site et la création d’accès pour les secours.Loi santé : la loi Evin assouplie, le paquet neutre adopté. Contre l’avis du gouvernement, les députés ont assoupli mardi la loi Evin, qui encadre notamment la publicité sur les boissons alcoolisées en France depuis 1991. La commission des affaires sociales avait changé le texte du gouvernement et prévu que les « contenus » consacrés à une « région de production ou au patrimoine culturel, gastronomique ou paysager liés à une boisson alcoolique » ne soient pas considérés comme de la publicité.Les députés ont validé mercredi, de justesse, la mise en place du paquet de cigarettes neutre à partir de mai 2016. Tous les paquets auront ainsi la même forme, la même taille, la même couleur et la même typographie, sans logo, quelle que soit la marque.En revanche, une autre disposition du projet de loi santé, qui créait le délit d’incitation à la maigreur excessive contre les sites « pro-anorexie », a été rejetée.Fusion pharmaceutique.Le groupe pharmaceutique américain Pfizer a annoncé lundi son projet de fusion avec son concurrent irlandais Allergan pour 141 milliards d’euros, la plus grosse opération du genre dans le secteur. Une fusion essentiellement motivée par l’installation du siège du nouveau groupe en Irlande pour lui permettre de bénéficier d’un taux d’imposition très avantageux (moins de 15 %, contre 35 % aux Etats-Unis).Lire :Pfizer-Allergan : les nouveaux loups du capitalismeEt aussi…Chômage. Le nombre de demandeurs d’emploi a de nouveau augmenté en octobre, avec 42 000 chômeurs sans activité (catégorie A), selon les chiffres dévoilés jeudi par Pôle emploi et par le ministère du travail. C’est le troisième plus mauvais chiffre depuis le début du quinquennat de François Hollande, après ceux de septembre 2013 (+ 50 600) et de janvier 2013 (+ 47 900).Portugal. Le chef du Parti socialiste portugais, Antonio Costa, soutenu par la gauche radicale, a été nommé premier ministre mardi et chargé par le président, Anibal Cavaco Silva, de former un gouvernement.Argentine. Le libéral Mauricio Macri, maire de Buenos Aires, a remporté dimanche le second tour de l’élection présidentielle avec plus de 52 % des voix.Climat. Les catastrophes naturelles, toujours plus fréquentes, ont tué quelque 600 000 personnes en vingt ans, a annoncé l’ONU lundi. Les inondations ont représenté 47 % d’entre elles entre 1995 et 2015 et ont affecté 2,3 milliards de personnes, dont l’immense majorité en Asie. Les tempêtes ont, elles, été les catastrophes climatiques les plus meurtrières, avec 242 000 morts.Birmanie. Un gigantesque glissement de terrain a tué au moins 104 personnes, samedi, dans une mine de jade dans le nord du pays.Israël. Une Israélienne a été tuée dimanche et un Israélien lundi dans une série d’attaques au couteau par des Palestiniens, qui ont été abattus par la police.Espace. La société Blue Origin, de Jeff Bezos, le patron d’Amazon, est parvenue à faire atterrir en douceur une fusée qui a emporté une capsule pressurisée jusqu’à 101 kilomètres d’altitude. Une prouesse – la première dans le domaine – qui ouvre la voie à des fusées réutilisables.Football. Le Paris-Saint-Germain s’est qualifié mercredi pour les huitièmes de finale après une ultime et large victoire sur le terrain de Malmö (5-0). De son côté, l’Olympique lyonnais a été piteusement éliminé de toute compétition européenne après sa nouvelle défaite à domicile, mardi, contre les Belges de La Gantoise (1-2).Squash. Le Français Grégory Gaultier est devenu champion du monde de squash dimanche à Seattle, aux Etats-Unis, après avoir battu l’Egyptien Omar Mosaad.Alexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.11.2015 à 19h45 | Jean-Pierre Stroobants (La Haye, Envoyé spécial) Même si elle semble vouloir mettre l’accent sur d’autres questions, la présidence néerlandaise de l’Union européenne, qui débutera le 1er janvier, risque, comme beaucoup de celles qui l’ont précédée, d’être surtout contrainte de gérer les crises urgentes : celle du terrorisme, des réfugiés, de l’avenir de la zone Schengen…Sur ce dernier point, le premier ministre néerlandais, le libéral Mark Rutte se dit aussi « plutôt optimiste », à condition toutefois qu’une série de garanties soient obtenues, dont un contrôle effectif des frontières extérieures, la mise en place des « hot spots », centres d’enregistrement de tous les migrants en Grèce et en Italie, ou encore une répartition « équitable » des réfugiés entre les différents pays européens.« Arrêter le flux des migrants »« Il faut avant tout arrêter le flux des migrants, insiste le premier ministre, interrogé à La Haye, mercredi 25 novembre, par un groupe de journaux européens. Les empires s’effondrent s’ils ne contrôlent pas leurs frontières. » Et, pour cela, « nous avons besoin de la Turquie », souligne-t-il, là encore « raisonnablement optimiste » quant à la possibilité de conclure un accord avec Ankara. Dimanche 29 novembre, un sommet doit d’ailleurs réunir à Bruxelles, les dirigeants des 28 membres de l’UE et le premier ministre turc Ahmet Davutoglu.Lire aussi :Réfugiés : le retour de l’Europe forteresseCependant, face aux différentes crises qui frappent le continent, la France et les pays qui, à l’instar de François Hollande, pensent que « le pacte de sécurité l’emporte sur le pacte de stabilité », ne devront pas compter sur le soutien de la future présidence semestrielle de l’Union européenne.Les Pays-Bas et M. Rutte, sont tout sauf favorables à un nouvel assouplissement des règles budgétaires. Il y a un an, Paris avait obtenu un nouveau sursis pour rentrer dans les clous du pacte budgétaire. Les adeptes de la rigueur avaient pesté, évoquant un traitement de faveur à un « grand » pays.Assainir les financesM. Rutte ne cache pas son scepticisme. « On a d’abord évoqué la crise économique, puis désormais la crise sécuritaire. En réalité, il faut réformer pour être plus compétitifs », indique-t-il, dans une allusion à peine voilée à la France, estimant toutefois qu’il appartient à la Commission européenne de se prononcer. Paris invoque ses investissements dans la sécurité intérieure et le coût des missions militaires qu’elle mène, insiste-t-elle, pour assurer la sécurité de l’ensemble de l’Union.Lire aussi :Déficits : Bruxelles comprend la « priorité » donnée par la France « à la sécurité »Les Pays-Bas, qui appartiennent au club très fermé des pays du « Triple A » entendent, quant à eux, contribuer à « un retour à des finances saines et une zone euro solide ». La croissance et la création d’emplois seront les priorités de la future présidence, d’où son appel renouvelé à des « réformes structurelles et une politique économique coordonnée » afin de « garantir des budgets sains ». M. Rutte n’hésite pas à citer en exemple sa coalition avec le parti social-démocrate : elle a, dit-il, « tout réformé », la sécurité sociale, les retraites, l’éducation et la santé.Garder la Grande-Bretagne dans l’UEC’est parce qu’il privilégie le marché, le commerce et la croissance, que le responsable libéral juge également « vital » que la Grande-Bretagne reste membre de l’Union européenne après le référendum promis d’ici à la fin 2017 par le premier ministre David Cameron, un « ami personnel » de M. Rutte. « Un départ des Britanniques ne serait pas bon pour nous », commente-t-il, pas plus que pour les Scandinaves ou les Polonais. « Dans les demandes formulées par David Cameron, certaines sont réalisables rapidement, d’autres prendront du temps », convient toutefois le premier ministre.Lire aussi :Cameron et l’Europe : tu veux ou tu veux pasIl pense qu’il est encore temps d’expliquer aux Britanniques les mérites de l’appartenance à l’Union : si les Pays-Bas, par exemple, ont pu se sortir de la grave crise économique qui les a frappés durant trois années, c’est notamment grâce à l’euro, souligne-t-il. Il affiche cependant sa prudence quant à l’issue de la consultation populaire britannique : en 2005, tous les grands partis néerlandais s’étaient engagés pour le « oui » au futur projet de Constitution européenne et plus de 60 % des électeurs l’avaient rejeté. « Nous avions manqué de vrais débats sur l’Europe », explique M. Rutte.Connecter l’Europe à la sociétéEn accédant bientôt à la présidence semestrielle, il compte promouvoir les idées qui, dans son pays, ont découlé de ce rejet d’un texte perçu comme émanant de la « bulle bruxelloise » : « Il faut que l’Europe se focalise sur l’essentiel et se connecte à la société », explique un document transmis par le gouvernement de M. Rutte à la chambre des députés. Si elle compte assumer son rôle de « médiateur et arbitre », la présidence a bien l’intention d’intensifier ses rapports avec le Parlement européen et les parlements nationaux.« Le mécontentement à l’égard de l’incapacité des États membres à résoudre les problèmes conduit à l’euroscepticisme », note le gouvernement de La Haye. Qui prône dès lors « une combinaison optimale entre une coopération européenne forte et la liberté maximale, pour les États, de mener leurs propres politiques ».Jean-Pierre Stroobants (La Haye, Envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 15h04 • Mis à jour le26.11.2015 à 15h23 Le diagnostic des régions avec l’Institut MontaigneLes 6 et 13 décembre, les Français voteront pour élire leurs représentants dans les 13 nouvelles régions . Afin d’éclairer le choix des électeurs, LeMonde.fr et l’institut Montaigne ont conclu un partenariat, en vous proposant un diagnostic détaillé de l’état économique et financier des régions. Celui-ci a été réalisé sur les 22 anciennes régions, seules à avoir un bilan.Les bilans sur le site de l’Institut MontaigneRetrouvez tous nos contenus sur les régionales dans notre page spéciale. Vous pouvez aussi retrouver nos statistiques détaillées sur les votes et les grands équilibres socio-économiques sur notre portail de données.SommaireDémographie, emploi, atouts économiquesUn essor démographique importantUne région riche mais fortement touchée par le chômage et les inégalitésEconomie : structure et dynamiquesUne région créatrice de richesses qui a su résister à la crisePrééminence des services, orientation sectorielle favorableLa construction à la commande publiqueUn taux de chômage élevéTerritoire et infrastructuresUn territoire entre relief et littoralUne population concentrée dans les zones urbaines et périurbainesLes dépensesDépenses de personnel en hausseRecul des dépenses d’investissementDépenses d’intervention réparties à parts égales entre transports, enseignement et formation professionnelleLes recettesUne hausse des recettes de fonctionnement interrompue en 2013Importante progression du produit de la CVAERecul des immatriculationsL’endettementUne dette élevée, diversifiée et sûreDégradation de la capacité de désendettement   Démographie, emploi, atouts économiques1. Un essor démographique importantLa région Provence-Alpes-Côte d’Azur est, avec plus de 5 millions d’habitants, l’une des régions les plus peuplées de France métropolitaine. Elle fait aussi partie de celles ayant connu la plus forte croissance démographique depuis les années 1960 : alors qu’elle s’élève à 35% sur l’ensemble du territoire, elle monte à 73% pour la région PACA.L’attrait de la région semble toutefois reculer depuis plusieurs années. Son solde migratoire reste positif mais elle se positionne derrière les autres grandes régions du sud et de l’ouest de la France. Cette réalité ne modifie pas pour autant la structure démographique de la région dans la mesure où les sortants et les entrants présentent souvent le même profil. L’idée, largement répandue, selon laquelle PACA accueillerait majoritairement des retraités et perdrait des actifs est donc erronée.2. Une région riche mais fortement touchée par le chômage et les inégalitésLa région PACA est la troisième économie régionale, avec un PIB supérieur à 150 milliards d’euros. Elle produit plus de 7% de la richesse nationale, ce qui la classe parmi les 20 régions ayant le PIB le plus élevé en Europe. Son activité est essentiellement tournée vers le tertiaire, principalement les services aux entreprises et le tourisme, l’industrie, avec l’établissement de nombreuses entreprises du secteur autour de l’étang de Berre, et enfin l’immobilier et la construction.Contrepoids de ces bonnes performances économiques, la région souffre d’un taux de chômage particulièrement élevé. En 2014, il s’établit à 11,4%, contre 9,8% en France métropolitaine. De façon concomitante, le taux de pauvreté y est plus important qu’ailleurs : plus de 15 habitants sur 100 sont en effet en situation de pauvreté. Tous les départements sont concernés à l’exception des Hautes-Alpes - le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône étant particulièrement exposés.Le contraste entre une économie dynamique, d’une part, et des poches importantes de pauvreté, d’autre part, contribue à ce que la région PACA se singularise par de fortes inégalités territoriales. La région se situe en effet en deuxième position derrière la Corse en termes d’écarts de richesse.Economie : structure et dynamiques1. Une région créatrice de richesses qui a su résister à la criseLe PIB par habitant de la région PACA se situe à un niveau élevé, bien supérieur au niveau moyen des régions françaises hors Ile-de-France. Sa productivité est supérieure à la moyenne française : le PIB par emploi s’y élève à 76 553€, contre 71 169€ pour la France métropolitaine (hors Ile-de-France).2. Prééminence des services, orientation sectorielle favorableAu 1er janvier 2013, la région accueillait près de 10% des établissements de services du territoire national. Le tertiaire est un secteur majeur d’activité et un pourvoyeur d’emplois de première importance pour la région. Il génère 8 emplois sur 10. Le tertiaire non-marchand constitue un vecteur important d’emplois, notamment dans l’enseignement. Les services aux entreprises se sont également fortement développés. Les services opérationnels (nettoyage, sécurité, etc.) ont gagné près de 50 000 emplois salariés depuis 1990 (+110%). L’emploi a aussi fortement progressé dans le domaine du conseil et de l’assistance (+89%) et dans le secteur de la R&D (+58%).La région PACA est la 7ème en France en termes d’emploi industriel. Il y représente 9% de l’emploi total. Le tissu industriel de la région, qui est essentiellement implanté le long du littoral et dans le couloir rhodanien, est moins affecté qu’ailleurs par les mutations industrielles. L’orientation sectorielle de l’industrie en PACA (gaz, eau, déchets, pharmacie, composants électriques et électroniques, etc.) lui est en effet favorable. Elle lui permet d’être préservée des grandes restructurations intervenues dans d’autres secteurs (automobile et textile notamment). Le tissu productif reste néanmoins fragile : malgré la présence de groupes industriels de premier plan, 90% des établissements industriels comptent moins de 10 salariés.3. La construction à la commande publiqueEn PACA, le secteur de la construction représente un volume de chiffre d’affaires de 13 Md€, 100 000 emplois salariés et plus de 50 000 entreprises.Le secteur a été particulièrement affecté par la crise. Le marché du logement neuf a connu une forte décrue ces dernières années, malgré une légère amélioration fin 2014. Le niveau de la construction a également connu un net repli et le nombre des permis de construire et des mises en chantier a reculé en 2014.Les entreprises du secteur pourraient être durement touchées par l’ajustement des budgets locaux sur l’investissement dans les prochaines années. La baisse des dotations de l’État conduit en effet nombre de collectivités à revoir leurs programmes d’investissement à la baisse. Cette baisse, que l’on peut déjà observer pour le bloc communal en 2014, pourrait être prolongée par les décisions d’autres strates de collectivités. Les secteurs du bâtiment et des travaux publics anticipent déjà une baisse substantielle de la commande publique.4. Un taux de chômage élevéLe chômage en PACA est structurellement plus élevé que dans le reste de la France métropolitaine. La région peine à créer le nombre d’emplois qui permettrait d’accompagner la croissance forte de sa population active. Le taux de chômage de la région, qui s’était rapproché du niveau national entre 2005 et 2009, est toujours resté supérieur depuis cette date. Les départements du Vaucluse, des Bouches-du-Rhône et des Alpes de Haute-Provence sont les départements les plus touchés.Même si elle est l’une des régions qui a le mieux résisté à la crise dans ce domaine également, elle peine à résorber un niveau de chômage dont une part importante est structurelle. Le nombre de demandeurs d’emploi a encore augmenté entre fin 2013 et fin 2014. Le taux de chômage a augmenté de 0,5 point entre ces deux dates. Les actifs de plus de 50 ans et les demandeurs d’emplois depuis plus d’un an sont les plus touchés tandis que la population jeune résiste mieux.Territoire et infrastructures1. Un territoire entre relief et littoralLe territoire de la région Provence Alpes Côte d’Azur (PACA) s’étend sur une superficie de 31 400 km² et présente un relief très contrasté. Son patrimoine naturel conditionne son aménagement territorial et son modèle de croissance économique. La montagne occupe en effet près de la moitié de sa superficie tandis que le littoral s’étend sur 700 km. La région se caractérise ainsi par une forte concentration des populations et de l’activité sur la côte. L’emprise du relief aussi bien littoral que montagneux concentre plus des trois-quarts de la population sur 10% de la superficie régionale, essentiellement le long des côtes méditerranéennes. Deux départements sont particulièrement concernés, le Var et les Bouches-du-Rhône.2. Une population concentrée dans les zones urbaines et périurbainesCette concentration a pour conséquence la forte influence des aires urbaines sur le territoire régional, accompagnée par une poussée tout à fait remarquable des zones périurbaines. Les quatre aires urbaines les plus importantes (Marseille et Aix-en-Provence, Nice, Toulon, Avignon) concentrent 80% de la population. Les phénomènes de périurbanisation sont davantage marqués que dans les autres régions. Cette situation constitue un enjeu important pour la région en termes de transports et de lutte contre le réchauffement climatique.Les dépensesLes dépenses de la région PACA ont reculé entre 2009 et 2013, selon un schéma constaté dans de nombreuses autres régions : progression des dépenses de fonctionnement et repli des dépenses d’investissement.1. Dépenses de personnel en hausseLes dépenses de fonctionnement ont connu une progression soutenue entre 2009 et 2013, de plus de 3% en moyenne par an contre 1,85 % pour les autres régions hors Ile-de-France. Elles s’élèvent à 299€ par habitant, contre 269€ pour la moyenne des régions hors Ile-de-France.Comme les charges à caractère général, les dépenses de personnel ont augmenté de façon plus marquée qu’ailleurs : plus de 5% en moyenne annuelle depuis 2009 contre 3% pour les autres régions hors Ile-de-France. La collectivité s’est notamment engagée dans une politique de recrutement favorable (+117 agents en 2012, +44 en 2013). La masse salariale représente plus de 16% des dépenses de fonctionnement de la région.2. Recul des dépenses d’investissementLes dépenses d’investissement s’élèvent à 484 M€ en 2013, soit le plus bas niveau constaté depuis 2009. Sur la période 2009-2013, elles ont reculé de près de 15% par an en moyenne. Elles représentent 133€ par habitant, contre 150€ en moyenne pour les régions métropolitaines hors Ile-de-France.Cet ajustement peut s’expliquer par la diminution des capacités de la région à autofinancer ses investissements. En effet, la diminution de son épargne brute et la baisse de ses recettes d’investissement la conduisent à accroître la part de son investissement par emprunt.3. Dépenses d’intervention réparties à parts égales entre transports, enseignement et formation professionnelleLes trois principales dépenses d’intervention sont les transports (24,1%), l’enseignement (22,4%) et la formation professionnelle (22,4%). Sur les dernières années, ces dépenses ont connu des évolutions contrastées. L’accent a été mis sur les transports et la formation professionnelle, la culture et les sports progressant également fortement même s’ils pèsent de façon moins importante dans le budget régional.Dans le domaine des transports, la région PACA se distingue par le volume important des crédits qu’elle accorde aux autres modes de déplacement que le ferroviaire. Quand la moyenne des dépenses consacrées par les régions aux transports hors ferroviaires est légèrement supérieur à 5 M€, la région y consacre plus de 30 M€. La région est aussi celle qui consacre le plus de crédits au financement de la voirie départementale, avec le Languedoc-Roussillon.Concernant la formation professionnelle et l’apprentissage, la région PACA se situe au troisième rang des régions qui y consacrent le budget le plus important, mai seulement au septième pour le seul apprentissage, avec 96,6 M€.De même, en matière d’enseignement, la région se positionne très favorablement pour le financement de lycées publics (première région après l’Île-de-France). En revanche, malgré l’implantation de nombreuses universités et laboratoires de recherche sur son territoire, elle ne situe qu’au huitième rang pour les crédits consacrés à l’enseignement supérieur, qui ne représentent qu’un peu plus de 4% des crédits destinés à l’enseignement en PACA.Les recettes1. Une hausse des recettes de fonctionnement interrompue en 2013Les recettes de fonctionnement ont progressé à un rythme soutenu entre 2009 et 2012 (+2,3% en moyenne annuelle). Cette tendance a été stoppée en 2013. Elles reculent en 2014.Le produit de la fiscalité régionale s’est élevé à 914,8 M€ en 2013. La fiscalité régionale en PACA connaît des variations moins fortes que la moyenne des régions, ce qui s’explique notamment par la structure de la fiscalité de la région. Les recettes fiscales indirectes représentent près de 60% du total, contre 40% pour les recettes fiscales directes. Or l’évolution de ces produits a été opposée. 2. Importante progression du produit de la CVAE En 2013, le produit de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) de la région a atteint près de 260 M€, soit une hausse de plus de 7% par rapport à 2012. Cette hausse contribue largement à la croissance de la fiscalité directe. Elle mérite toutefois d’être relativisée. Si elle résulte d’une croissance de la valeur ajoutée sur le territoire, elle est liée également aux modalités et au rythme de versement de cette taxe. En 2014, le produit de la CVAE ne progresse que modérément de 1,5%.3. Recul des immatriculationsLe produit de la fiscalité indirecte a diminué de plus de 4 M€ en 2013. Ce recul est la conséquence de la baisse importante de la taxe sur les cartes grises d’une part et de la très faible augmentation du produit de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) d’autre part.Le produit de la taxe sur les cartes grises, de près de 200 M€, a diminué de 5,6 % en 2013, sous l’effet de la diminution des immatriculations. Elle n’a pu être compensée par la très faible croissance de la TICPE, pourtant première recette fiscale indirecte de la région. Cette évolution est à observer d’autant plus près que le tarif de la carte grise par cheval-vapeur est le plus élevé des régions françaises ce qui laisse peu de marge de manœuvre sur cette taxe pour le prochain exécutif.En 2014, la tendance à la diminution de la fiscalité indirecte se prolonge. Le produit de ces deux taxes additionnées diminue légèrement, de 1,6%. Cette tendance, qui accompagne la perte d’autres recettes comme la DGF, pourrait entrainer une dégradation des ratios financiers de la région si les dépenses n’étaient pas ajustées à cette baisse.4. Une baisse annoncée des dotations de l’EtatLe montant total des dotations de fonctionnement de l’État s’élève à 680 M€ en 2013. L’ajustement qu’il a connu en 2013 est minime au regard des projections sur les prochaines années. En stagnation depuis plusieurs années, la dotation forfaire de la dotation globale de fonctionnement (DGF) entame le recul annoncé dans la cadre de la contribution des collectivités à la résorption des déficits publics. Ainsi, en 2014, la DGF recule de plus de 3% pour la région PACA, mouvement qui doit se poursuivre et s’amplifier au moins sur les deux prochaines années.Le reste des autres dotations est gelé. La dotation globale de décentralisation (DGD) « formation professionnelle » s’est ainsi établi en 2012 et en 2013 à 134 M€.L’endettement1. Une dette élevée, diversifiée et sûre L’encours de dette de la région était de 1 820 M€ en 2013 et de 2 145 M€ en 2014. Il a progressé sensiblement sur les dernières années. Entre 2009 et 2014, l’augmentation de l’encours est de plus de 30 %, ce qui représente une moyenne annuelle d’évolution de plus de 5%.En 2013, l’encours de dette par habitant de la région PACA est nettement supérieur à la moyenne de sa strate (365€ contre 285€). En volume, la région figure parmi les cinq régions les plus endettées.L’encours de dette est diversifié. Il est constitué de dette bancaire, de dette obligataire, de crédit- bail et d’emprunts dits « revolving ». La diversification de l’encours de dette est une caractéristique essentielle de la gestion de sa dette par la région. Elle lui permet d’être moins dépendante à l’égard du marché bancaire et de pouvoir arbitrer en faveur des offres de financement qu’elle juge les plus compétitives. La structure de dette de la région est par ailleurs équilibrée, malgré un recours important au marché obligataire sur les dernières années. La dette de la région est par ailleurs sûre, classée en 1 A ou 2 A sur la charte Gissler.2. Dégradation de la capacité de désendettement La capacité de désendettement est le rapport de l’encours de dette à l’épargne brute. Exprimée en nombre d’années, ce ratio exprime la durée nécessaire à une collectivité pour couvrir sa dette par son épargne.En région PACA, ce ratio s’est dégradé ces dernières années, sous l’effet de la croissance de la dette. En 2014, il était de 5,4 années, soit l’un des niveaux les plus élevés en France. 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. 26.11.2015 à 14h28 • Mis à jour le26.11.2015 à 15h27 SommaireUne région attractive tournée vers la MéditerranéeDes inégalités importantes Une situation très dégradée en matière d’emploiUne région tirée par l’économie présentielleUn projet ferroviaire ambitieux mais porteur de risques financiersLe défi de l’eauUn niveau d’investissement parmi les plus élevés de FrancePriorité à l’éducation et au développement économiqueDes recettes fiscales atonesDes dotations qui résistent malgré la baisse de la DGFUn endettement en forte augmentationUne situation financière qui demeure saineDes frais financiers maîtrisésUne capacité de désendettement qui se dégrade mais un taux d’épargne toujours élevé Démographie, emploi, atouts économiquesLa Région Languedoc-Roussillon est la région la plus attractive de France sur le plan démographique. Cette attractivité ne dissimule pas une situation sociale particulièrement fragile.1. Une région attractive tournée vers la MéditerranéeLa population de la région se concentre dans un couloir littoral de 20 kilomètres où se situent la plupart des agglomérations. La densité dans l’intérieur des terres est très inférieure à la moyenne nationale, avec de vastes zones quasi-désertes comme la Lozère au nord, la Montagne noire à l’ouest où la partie pyrénéenne au sud.La région connaît l’accroissement démographique le plus important de France métropolitaine, avec un taux de croissance annuel moyen de 1,3% sur la dernière décennie. L’ensemble des aires urbaines sont concernées. L’agglomération de Montpellier est ainsi la plus dynamique au niveau national : sa population a triplé au cours des cinquante dernières années.2. Des inégalités importantes La région Languedoc-Roussillon est la deuxième région la plus pauvre de France. La part des personnes vivant sous le seuil de pauvreté s’établit en 2011 à 19,6%, proche du Nord-Pas-de-Calais (19,7%) et très supérieure à la moyenne nationale (14,3%).Parmi les dix départements où le taux de pauvreté est le plus fort, quatre appartiennent à la région Languedoc-Roussillon (l’Hérault, le Gard, les Pyrénées-Orientales et l’Aude, deuxième département le plus pauvre après la Seine-Saint-Denis). De nombreux territoires, à la fois urbains (Béziers, Narbonne, Perpignan) et ruraux (plaine de l’Hérault, vallée de l’Aude) apparaissent fragilisés.La conjoncture économique dégradée ne permet pas d’expliquer à elle seule ce phénomène, qui a des racines plus profondes. Historiquement, la région Languedoc-Roussillon a été peu touchée par l’industrialisation. Elle est longtemps restée une région agricole, notamment viticole, marquée par les crises ; l’exemple le plus connu étant la révolte des vignerons de 1907.Conséquence directe du dynamisme régional et de la persistance de la pauvreté, les inégalités de revenus sont fortes : les 10% des foyers les plus favorisés sont 8,5 fois plus riches que les 10% les moins favorisés. Ce rapport est le deuxième le plus fort de France après la Corse. À titre de comparaison, ce même rapport s’établit à 5,8 en Bretagne.3. Une situation très dégradée en matière d’emploiLa croissance économique constatée sur les dernières années ne se traduit pas par une embellie en matière d’emploi. Au 1er trimestre 2015, le taux de chômage en Languedoc-Roussillon atteint 14,2%, contre 10% en France métropolitaine. Ce taux est le plus élevé des régions françaises et ne s’explique pas seulement par les crises récentes.Depuis 1982, le taux de chômage de la région Languedoc-Roussillon se situe, en moyenne, 3,4 points au-dessus de la moyenne nationale. Cet écart s’est accru ces dernières années.L’ensemble du territoire régional est concerné par cette situation dégradée, à l’exception notable de la Lozère, qui connaît un taux de chômage très faible, à 5,9% au dernier trimestre 2014. À l’inverse, le bassin d’emploi d’Agde-Pézenas, est celui où le taux de chômage est le plus fort (18%).Economie : structure et dynamiquesLa région Languedoc-Roussillon se caractérise par un faible PIB par habitant mais par une croissance du PIB supérieure à celle de la France. Cette situation est atypique par rapport aux tendances nationales qui montrent un décrochage des régions présentant les PIB par habitant les plus faibles (Limousin, Lorraine ou Franche-Comté par exemple).Entre 2000 et 2012, le PIB de la région a progressé de 1,8% par an en moyenne, contre 1,2% en France. La région ayant connu dans le même temps un fort accroissement démographique, le PIB par habitant ne progresse en Languedoc-Roussillon que de 0,5% par an en moyenne, un chiffre identique à celui de la France.Cette croissance joue un rôle de rattrapage dans la mesure où le PIB par habitant dans la région (24 556€ en 2013) est le quatrième plus faible de France. Sur ce point, la situation de Languedoc-Roussillon se rapproche de celle de la Corse.4. Une région tirée par l’économie présentielleLe poids de l’industrie en Languedoc-Roussillon est l’un des plus faibles de France, avec 9% de la valeur ajoutée, contre 14% au niveau national. La région ne possède pas de grands bassins industriels et compte peu de grands établissements susceptibles d’entraîner un réseau de sous-traitants et de services.En conséquence, le poids des petites entreprises est fort. Seuls 24,5% des salariés du secteur marchand travaillent dans une grande entreprise (plus de 5 000 personnes) contre 32 % au niveau national. À l’inverse, 29% des effectifs du secteur marchand travaillent dans des micro-entreprises en Languedoc-Roussillon, contre 19% au niveau national.L’écart de croissance de la région par rapport à la France s’explique essentiellement par le dynamisme de l’économie présentielle, c’est à dire de l’économie liée à la présence d’habitants et de touristes (distribution, activités de loisirs, services publics).La région connaît un important essor des créations d’entreprises. Depuis 1993, elle est la première en France dans ce domaine. Il s’agit principalement de petites structures liées à l’économie présentielle, dans le domaine du commerce, de l’artisanat ou de la restauration.Territoire et infrastructuresLa région Languedoc-Roussillon devrait accueillir 500 000 à 800 000 nouveaux habitants dans les vingt prochaines années, d’après les projections de l’InseeE. Elle est ainsi, comme la région Midi-Pyrénées, confrontée à des défis liés aux infrastructures, que ce soit en matière de transport ferroviaire ou d’accès à l’eau. Ces projets entrent directement dans le champ d’action du Conseil régional.5. Un projet ferroviaire ambitieux mais porteur de risques financiersLe prolongement de la ligne à grande vitesse de la vallée du Rhône vers l’Espagne est à l’étude depuis le début des années 1990. Ce projet est autant lié à l’intérêt de créer un axe ferroviaire vers l’Espagne qu’au besoin d’accompagner le dynamisme démographique de la région.Ce projet consiste en trois tronçons : le tronçon Perpignan - Figueras ouvert en 2010, le contournement ferroviaire Nîmes – Montpellier, dont la mise en service est prévue en 2017, et le tronçon Montpellier - Perpignan, qui en est encore au stade des études et des acquisitions foncières et qui pourrait voir le jour entre 2022 et 2025. La région est engagée financièrement dans ces projets. Elle a par exemple signé en 2012 une convention de financement du contournement Nîmes-Montpellier pour 397 millions d’euros.La mise sous administration judiciaire du concessionnaire de la ligne Perpignan - Figueras, en juillet 2015, engage à considérer les risques financiers associés à de tels projets. Confronté à des coûts de construction beaucoup plus importants que prévus et à des prévisions de trafic surévaluées, le concessionnaire n’a pas pu faire face à ses engagements et réclame l’aide financière des pouvoirs publics français et espagnols.6. Le défi de l’eauLa région Languedoc-Roussillon a été pionnière en matière de gestion de la ressource en eau. Elle a créé un service public régional de l’eau et elle est propriétaire du réseau hydraulique régional depuis 2008. Ce réseau de canaux et de canalisations, développé depuis les années 1950 permet à la région de garantir la pérennité des activités agricoles ainsi que la couverture des besoins des résidents. Il est exploité par la société BRL dans le cadre d’une concession.Afin de s’adapter aux enjeux de la poursuite du développement démographique et du réchauffement climatique, le Conseil régional s’est engagé en 2012 dans un projet visant à acheminer l’eau du Rhône vers le Biterrois et le Minervois. Il s’agit du projet Aqua Domitia dont le coût est évalué à 140 millions d’euros et qui pèsera sur le budget régional.Les finances de la régionLes dépenses7. Un niveau d’investissement parmi les plus élevés de FranceLa région se caractérise par un niveau de dépenses par habitant légèrement supérieur à la moyenne nationale. En 2013, ces dépenses s’élèvent à 1,175 milliard d’euros, soit 437€ par habitant contre 419€ pour l’ensemble des régions françaises. Cette différence s’explique essentiellement par le choix de la mandature actuelle d’un haut niveau d’investissement. La région Languedoc-Roussillon se place en tête du classement sur ce point. La région a privilégié l’action économique et l’enseignement, en cohérence avec le contexte socio-économique régional qui se caractérise par une faiblesse du secteur industriel et un fort dynamisme démographique.La région a clairement fait le choix d’un haut niveau d’investissement sur la dernière mandature. Elle y a consacré 519 millions d’euros en 2013. Avec 193€ par habitant consacrés à l’investissement, la région arrive en tête du classement national (la Corse étant une collectivité à statut particulier, la comparaison avec elle ne s’avère pas pertinente).Elle se distingue en particulier par le montant élevé des dépenses d’équipement, 77€ par habitant, alors que la moyenne nationale se situe à 38€. Cette différence est la conséquence des politiques volontaristes menées par la région, par exemple en matière de service public de l’eau, mais aussi par la croissance démographique qui justifie la création de nouveaux lycées. Les dépenses d’investissement ont progressé de près de 30% depuis 2009.8. Priorité à l’éducation et au développement économiqueLes dépenses de fonctionnement par habitant sont moins élevées que la moyenne des régions françaises. Elles progressent toutefois plus rapidement : elles ont ainsi augmenté de 13% entre 2009 et 2013. La hausse des dépenses de fonctionnement ne s’explique pas par les charges de personnel, qui sont stabilisés depuis 2012.Ce sont les autres dépenses de fonctionnement (subventions, prestations de service, charges courantes) qui progressent. Parmi ces dépenses, on peut citer celles liées à la convention annuelle d’exploitation qui lie les régions à la SNCF. Elle s’élève en Languedoc-Roussillon à 106 millions d’euros pour 2014 et permet par exemple de financer des trajets à 1€ sur cinq lignes régionales.La région se distingue surtout par son niveau élevé d’intervention en matière de développement économique et d’enseignement.Avec 53€ par habitant consacrés à l’action économique (aide à l’innovation ou à l’investissement, soutien aux parcs d’activité ou aux pôles de compétitivité), la région dépense, proportionnellement à sa taille, 66% de plus que la moyenne nationale.En matière d’enseignement, la région dépense 20% de plus que la moyenne nationale. Les dépenses d’enseignement correspondent à l’équipement des lycéens (livres, moyens numériques) et à l’entretien des lycées.L’intervention de la région est également soutenue en matière de culture, de sport et de loisirs (+50% par rapport à la moyenne nationale) ou d’environnement (+70%), bien que ces domaines représentent des sommes faibles en proportion du budget régional.À l’inverse, la région Languedoc-Roussillon présente un niveau de dépenses plus faible que la moyenne nationale en ce qui concerne les charges de structure (services généraux, annuité de la dette) et l’aménagement du territoire (aide aux communes), qui ne font pas partie des compétences obligatoires des régions.Les recettesComme l’ensemble des régions, le Languedoc-Roussillon doit faire face à des contraintes importantes et nouvelles sur ses recettes. La région bénéficie toutefois de recettes complémentaires dynamiques pour réaliser des investissements.9. Des recettes fiscales atonesDepuis la modification du panier de recettes des régions en 2011, celles-ci ont très largement perdu leur autonomie fiscale, c’est-à-dire le pouvoir de fixer les taux et ainsi de maîtriser l’évolution de leurs ressources.Les recettes fiscales de la région stagnent. Elles se composent de la fiscalité directe (contribution sur la valeur ajoutée des entreprises - CVAE , imposition forfaitaire sur les entreprises de réseau - IFER), qui représente 249 millions d’euros en 2014, et de la fiscalité indirecte, c’est-à-dire principalement de la taxe intérieure sur la consommation de produits énergétiques (TIPCE).Les autres produits fiscaux, et notamment la taxe sur les cartes crises, augmentent légèrement en 2014 (+1%). Le taux fixé pour les cartes grises (44€ / cv) se situe dans le tiers le plus élevé au niveau national.10. Des dotations qui résistent malgré la baisse de la DGFLes dotations et subventions perçues par la région connaissent, hors dotation globale de fonctionnement (DGF), une progression exceptionnelle en comparaison des autres régions. De 2009 à 2013, le produit de ses dotations a augmenté de 15%.Cette tendance est la conséquence de plusieurs facteurs conjugués. Premièrement, la région bénéficie du mécanisme de récupération de la TVA sur ses investissements ; son niveau d’investissement élevé garantit le dynamisme de cette ressource. Deuxièmement, la région bénéficie fortement des fonds européens (FEDER), qui ont représenté 30 M€ de recettes en 2014 (programmation 2007-2013). Enfin, les politiques régionales dégagent des recettes complémentaires qui s’élèvent à 66 M€ en 2014 ; c’est le cas du remboursement des avances consenties aux entreprises ou de la commercialisation des surfaces des parcs régionaux d’activité.L’endettement11. Un endettement en forte augmentationL’encours de dette se situait au 31 décembre 2014 à 1,06 milliard d’euros, soit une hausse de 115% depuis 2009. Le niveau de dette par habitant – 385€ – est supérieur à la moyenne nationale, qui se situait à 307 € en 2013. Ce niveau d’endettement fait du Languedoc-Roussillon la 5ème région métropolitaine en termes de dette par habitant. Les dépenses consacrées au remboursement de la dette ont augmenté de près de 50% depuis 2009, conséquence directe de la politique mise en œuvre par la collectivité en matière d’investissement.12. Une situation financière qui demeure saineLa situation financière de la région reste toutefois maîtrisée grâce au maintien d’un haut niveau d’épargne et à des frais financiers modérés. À moyen et long terme, il sera toutefois impossible de maintenir une telle dynamique d’investissement sans dégrader les indicateurs financiers de la collectivité.13. Des frais financiers maîtrisésLes frais financiers associés à la dette s’élèvent à 24 millions d’euros en 2014, soit 2% de l’ensemble des dépenses de la région. Ces frais financiers sont stables sur les dernières années, la charge d’intérêt qui pèse sur la région semble donc maîtrisée.Cette situation s’explique principalement par le recours aux prêts bonifiés que la région peut mobiliser auprès d’institutions publiques pour réaliser de grands projets d’aménagement (banque européenne d’investissement et Caisse des dépôts et consignations) ; ils ont représenté 76% des nouveaux emprunts souscrits en 2014.Le Languedoc-Roussillon est peu exposé à un risque de remontée des taux du fait de la structure de son endettement, principalement souscrit auprès d’institutions publiques dans le cadre de prêts bonifiés.14. Une capacité de désendettement qui se dégrade mais un taux d’épargne toujours élevéLa capacité de désendettement, c’est-à-dire la durée nécessaire pour rembourser sa dette si la collectivité décidait d’y consacrer l’intégralité de son épargne, est un indicateur essentiel pour évaluer la santé financière d’une région. Pour le Languedoc-Roussillon cet indicateur s’élève à 4,6 années fin 2014, soit un niveau proche de la moyenne nationale et inférieur à la zone d’alerte.La capacité de désendettement s’est toutefois dégradée ces dernières années. Elle était de 1,9 année fin 2009. Cette dégradation a essentiellement pour origine l’augmentation du stock de dette et non la dégradation du niveau d’épargne de la collectivité, ce qui est un élément positif.Le taux d’épargne de la région Languedoc Roussillon, c’est à dire le rapport entre l’épargne et les recettes de fonctionnement, se situe à un niveau plus élevé que la moyenne nationale. Le maintien d’un tel taux d’épargne, dans un contexte de baisse des recettes de fonctionnement de la région, suppose un effort continu sur les dépenses de fonctionnement 26.11.2015 à 14h16 SommaireUne région peu peupléeUne population vieillissanteUn poids partiulier pour la fonction publique et l’agricultureUne performance économique nettement inférieure à la moyenne nationaleUn chômage moins élevé mais en plus forte croissanceUne pauvreté plus marquée qu’au niveau nationalUn poids important pour les dépenses de personnelForte réduction de l’investissementPriorité aux transportsRecul des recettes fiscalesHausse des dotationsUne dette élevée mais en faible progressionUne capacité de désendettement proche de la moyenne nationale Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région peu peupléeAvec 764 935 habitants au 1er janvier 2013, le Limousin est une région peu peuplée. Elle se situe au 21e rang des régions de France métropolitaine, devant la Corse.Région rurale (45% des habitants résident dans une commune rurale), le Limousin a connu dans la période récente une croissance démographique moins dynamique que la moyenne nationale. Entre 1999 et 2014, la population a crû d’environ 7%, contre plus de 9% pour la moyenne nationale.Deux phénomènes s’opposent : un solde naturel négatif (nombre de décès supérieur au nombre de naissances) d’une part,un solde migratoire important d’autre part, qui a permis à la population limousine de poursuivre sa croissance. Celle-ci a avant tout profité aux centres urbains, et notamment à la zone urbaine de Limoges, qui concentre la moitié de la croissance de la population.2. Une population vieillissanteLe Limousin est la région de France métropolitaine qui compte la part la plus importante de personnes de plus de 65 ans dans sa population : ceux-ci représentent en effet 23,1% de la population en 2011, niveau sensiblement supérieur à la moyenne nationale (17,2%).Ce vieillissement constitue un enjeu de politique publique important, en termes d’accès aux soins, d’hébergement, etc.3. Un poids partiulier pour la fonction publique et l’agricultureLe Limousin est marqué par une forte proportion de l’emploi dans le tertiaire non marchand (36,6% contre 31% en moyenne nationale). Ceci est notamment dû à l’importance de l’emploi public : les trois fonctions publiques représentent ainsi 25% de l’emploi limousin, contre 21% en moyenne dans la France de province. L’explique notamment le nombre élevé de structures d’accueil pour personnes handicapées et pour personnes âgées, conséquence du vieillissement de la population.La prépondérance du tertiaire non marchand se retrouve également dans la décomposition de la valeur ajoutée : il représente 32% de la valeur ajoutée régionale, contre 23% en moyenne en France.L’agriculture est également comparativement plus représentée dans le Limousin que sur l’ensemble du territoire. En 2013, ce secteur représente 5,2% de l’emploi régional, contre 2,5% au niveau national.Economie : structure et dynamiques4. Une performance économique nettement inférieure à la moyenne nationaleLe PIB régional du Limousin s’élève à 17,7 Md€, soit 0,9% du PIB national. Le Limousin est ainsi l’avant-dernière région métropolitaine, avant la Corse, en termes de PIB.Ramené à la population, le PIB s’élève à 24 061 €, niveau lui aussi nettement inférieur à celui enregistré en France métropolitaine hors région Ile-de-France (27 856 €). Cette situation résulte d’une croissance économique durablement plus faible que la moyenne française.Par ailleurs, le PIB par habitant a enregistré dans le Limousin une décrue dans les années récentes : il a ainsi baissé de 0,2 % entre 2000 et 2013 quand, dans la même période, le PIB par habitant national progressait de 0,5% (0,3% hors Île-de-France).Cette moindre performance peut s’expliquer par la structure de l’économie limousine, spécialisée sur le secteur tertiaire non marchand et sur une agriculture peu rémunératrice – selon le Ministère de l’agriculture, le revenu des exploitants limousins est inférieur de moitié à la moyenne nationale.Cet écart de croissance s’est davantage creusé dans la période récente sous l’effet de la crise économique. Le Limousin a ainsi connu un repli de son PIB de 3% entre 2008 et 2011 alors que l’évolution du PIB national a été positive sur cette même période.Cette évolution témoigne d’un certain décrochage de la région Limousin par rapport à l’évolution globale de l’économie française.5. Un chômage moins élevé mais en plus forte croissanceEn termes de taux de chômage, la situation est plus favorable dans le Limousin que dans le reste de la France : le taux de chômage s’établit ainsi à 9,0% en 2014, contre 9,8% en moyenne nationale.Néanmoins, la croissance du chômage a été plus dynamique dans le Limousin qu’au niveau national : le taux de chômage a ainsi crû de 2,6 points entre 2000 et 2014 contre 1,7% en France.6. Une pauvreté plus marquée qu’au niveau nationalLa pauvreté est plus importante dans le Limousin que dans le reste de la France. Le taux de pauvreté s’élève ainsi à 15,4% de la population fin 2012, contre 14,3% en moyenne nationale.La pauvreté touche plus sensiblement les personnes âgées : 14,8% des plus de 75 ans se situent ainsi sous le seuil de pauvreté, contre 10,2% en moyenne nationale.Les finances de la régionLes dépensesConformément à la volonté affichée de maîtriser ses dépenses, la région Limousin les a réduites de 3,7% entre 2009 et 2013. Les dépenses de fonctionnement ont augmenté (+7,1%), certes dans des proportions moindres que la moyenne nationale, mais ce sont les dépenses d’investissement qui supportent ce repli (- 20,4% sur la période, hors dette).7. Un poids important pour les dépenses de personnelLes dépenses totales de la région Limousin s’élèvent à 400 millions d’euros en 2013, soit 523€ par habitant, contre 551 en 2009. Même s’il enregistre un recul sensible (-5,1%), ce montant reste supérieur à la moyenne des régions métropolitaines françaises (420€ par habitant).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont enregistré une croissance de 7,1% dans la région Limousin, croissance inférieure à la moyenne française (+8,4%). Les frais de personnel ont, eux, connu une hausse de 9% entre 2009 et 2013, soit une progression inférieure à la moyenne nationale (+12,2% sur la période).Les dépenses de personnel de la région représentent 18,6% des dépenses de fonctionnement totales, soit un niveau supérieur à celui constaté dans les autres régions (16,9% en moyenne), et 13,9% des dépenses totales, contre 10,6% en moyenne dans les régions métropolitaines.Les charges d’intérêts de la dette ont enregistré une progression proche du niveau constaté dans les autres régions (+49% contre +45%).8. Forte réduction de l’investissementLe repli des dépenses s’explique pour la plus grande partie par le recul des dépenses d’investissement hors dette : -20% entre 2009 et 2013, niveau largement supérieur au repli constaté au niveau national (autour de 7%). Cette baisse des dépenses a concerné l’ensemble des composantes de l’investissement. L’équipement brut a ainsi reculé de 38,5% entre 2009 et 2013, les subventions versées, de 12,7%.Au total, en 2013, l’investissement hors dette représente 85,2 millions d’euros, soit 21,3% des dépenses totales, contre une moyenne nationale de 30%. Les dépenses d’investissement représentent 111,4€ par habitant, contre une moyenne nationale de 129,2€.9. Priorité aux transportsEn 2013, le transport représente le premier poste de dépenses de la région, avec 23,8% des dépenses totales. Cette part était de 18,4% en 2009, soit une augmentation de 25% sur la période.Parallèlement, d’autres domaines voient leurs crédits réduits : l’enseignement (-17,4% sur la période), l’action économique (-16,1%) et les services généraux (-4,5%).Malgré cette baisse, les services généraux représentent toujours une part des dépenses totales plus importante que dans les autres régions : 10,8% en 2013, contre 7,6% en moyenne nationale. L’action économique également, à 11,0% dans le Limousin contre 7,0% en moyenne française.Les recettes10. Recul des recettes fiscalesLes recettes de la région Limousin s’élèvent à 392,5 millions d’euros en 2013, en baisse de 4,3% par rapport à 2009. Les recettes fiscales reculent alors que les recettes non fiscales progressent.Les recettes fiscales ont baissé de 2,1% entre 2009 et 2013. Elles s’élèvent aujourd’hui à 166,9 millions d’euros et représentent 42,5% des recettes totales, niveau inférieur à la moyenne des régions métropolitaines (45,7%). Cette baisse de la fiscalité s’explique avant tout par la baisse de la fiscalité directe (CVAE et IFER), de 19,5% sur la période, causée par les performances économiques dégradées de la région.11. Hausse des dotationsLes dotations et subventions reçues par la région sont en hausse entre 2009 et 2013 : +12,4%. Elles représentent 200,7 millions d’euros.Au sein de ces transferts, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,2% sur cette période, niveau supérieur à l’augmentation constatée pour l’ensemble des régions métropolitaines (+0,8%).D’une manière générale, la hausse des dotations de fonctionnement (de 158,6 millions en 2009 à 187,8 millions d’euros en 2013) fait plus que compenser la baisse des dotations d’investissement, et notamment la baisse du fonds de compensation de la TVA (FCTVA, fonds qui compense la TVA payées par les collectivités sur leurs investissements), dans un contexte de baisse de l’investissement régional (-20,4% sur l’investissement hors dette entre 2009 et 2013).L’endettementLa dette de la région Limousin est d’un niveau relativement élevée mais connaît une augmentation nettement moins rapide que celle des autres régions. Les charges d’intérêts sont en faible augmentation. Sa capacité de désendettement est proche de la moyenne nationale et la dette est soutenable.12. Une dette élevée mais en faible progressionLa dette de la région a peu augmenté entre 2009 et 2013, passant de 228,4 à 245 millions d’euros, soit une hausse de 7,3% sur la période. Cette hausse est très inférieure à la moyenne constatée dans les régions métropolitaines (+30% entre 2009 et 2013).Néanmoins, rapportée à la population, elle se situe à un niveau supérieur à la moyenne : 320,3€ par habitant en 2013, contre 303€ dans les régions métropolitaines, soit un écart de 17€.Cet écart tend à se réduire, puisqu’en 2009 le niveau de dette par habitant était de 303€ contre 238 € en métropole, soit un écart de 65 €.Le Limousin consacre 15,4 millions d’euros au remboursement de la dette chaque année, niveau en diminution par rapport à 2009 (28,6 millions d’euros).La faible augmentation de la dette entre 2009 et 2013 s’est accompagnée, dans la région Limousin, d’une faible augmentation de la charge d’intérêts : 9 millions d’euros en 2013, contre 6 millions en 2009, soit une augmentation comparable à celle de la moyenne nationale.13. Une capacité de désendettement proche de la moyenne nationaleLa capacité de désendettement, qui mesure le nombre d’années nécessaires au remboursement intégral de l’encours de dette si l’intégralité de l’épargne brute de la région y était consacrée, s’élève à 4,1 années pour le Limousin en 2013. Ce niveau est stable par rapport à celui constaté en 2009 (4,1 également).Il est dans la moyenne constatée en métropole (4,0 années). Là encore, l’écart s’est réduit : en 2009, il était de 1,2 année (4,1 années pour le Limousin contre 2,9 en moyenne nationale) ; il n’est plus que de 0,1 année en 2013. 26.11.2015 à 12h51 • Mis à jour le26.11.2015 à 20h19 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Adepte des actions spectaculaires, Piotr Pavlenski a ajouté à son catalogue l’incendie, lundi 9 novembre, des portes de la « Loubianka », le siège historique du KGB, les redoutables services de sécurité soviétiques, dans lequel s’est coulé son successeur, à peine moins redouté, le FSB. A deux heures du matin, cet artiste de 31 ans s’est faufilé jusque devant l’imposant édifice situé à deux pas de la place Rouge, à Moscou, avant de déverser un bidon d’essence puis, tandis que les flammes embrasaient les portes, de se planter devant une caméra, capuche noire rabattue sur son visage émacié. Interpellé par un policier hagard aussitôt accouru, Piotr Pavlenski est un virtuose du spectacle de rue et un agitateur hors pair.En juillet 2012, il se coud les lèvres en signe de protestation contre l’incarcération des Pussy Riots – du nom des punkettes russes qui ont chanté dans une église un couplet anti-Poutine – puis, l’année suivante, en mai 2013, il entreprend de s’enrouler tout nu dans des barbelés à Saint-Pétersbourg, sa ville natale, afin de dénoncer la propagande homophobe et la loi réprimant les offenses aux sentiments religieux. « Ces lois sont comme le barbelé, explique-t-il alors, elles enferment les gens dans des enclos individuels ». Quelques mois plus tard, le voilà, toujours dans le plus simple appareil, en train de se clouer la peau des testicules entre les pavés de la place Rouge. « Une métaphore de l’apathie, de l’indifférence et du fatalisme politique de la société russe contemporaine », clame-t-il.Nu et ruisselant de sangEn 2014, il enchaîne : il brûle des pneus à Saint-Pétersbourg en hommage à la révolution ukrainienne, puis il se coupe un lobe d’oreille et pose, nu et ruisselant de sang, sur le toit de l’Institut de psychiatrie de Moscou : « En utilisant de nouveau la psychiatrie à des fins politiques, l’Etat policier s’approprie le droit de fixer la limite entre raison et folie ». Ses actions, filmées, photographiées font toujours l’objet d’un message. Cette fois encore, sous le titre « Casser les portes de l’enfer », Piotr Pavlenski a justifié son geste dans une vidéo préparée à l’avance. « C’est un gant jeté par la société au visage de la menace terroriste, dit-il. Le service fédéral de sécurité agit selon une terreur continue et détient le pouvoir sur 146 millions de personnes (…) La peur transforme les gens libres en une masse gluante d’organismes disparates ».A chaque fois, ces opérations font le tour d’Internet et des anonymes s’en sont donné à cœur joie, lundi, en diffusant les images des plaques de tôle apposées sur l’entrée noircie de la « Loubianka » – « le rideau de fer », s’est amusé l’un d’eux.Un peu timbré, c’est bien ainsi que le considéraient jusqu’ici les autorités qui, après chaque interpellation, ont assez vite relâché Piotr Pavlenski. Mais on ne se moque pas impunément des services dont est issu le président Vladimir Poutine. Selon l’agence Tass qui cite une source anonyme du ministère de l’intérieur, le jeune homme, diplômé de l’Académie des arts et fondateur du journal Propagande politique aujourd’hui disparu, pourrait bien voir son dossier se transformer en affaire pénale « pour vandalisme » ou « haine contre un groupe social » – en l’occurrence, les fonctionnaires du FSB. Il encourrait alors jusqu’à trois ans de prison.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.11.2015 à 14h36 • Mis à jour le09.11.2015 à 16h40 L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) a refusé, lundi 9 novembre, d’accorder le statut de membre permanent au Kosovo.L’ancienne province serbe, qui a déclaré unilatéralement son indépendance en 2008, n’a pas réussi à obtenir le vote favorable d’au moins deux tiers des Etats membres. Sur les 142 votants, 92 ont voté pour, 50 contre. Il fallait 95 votes favorables pour intégrer l’Unesco.La Russie et la Serbie, notamment, s’opposaient fermement à ce vote et avaient tenté de le faire repousser, car une issue positive aurait pu être interprétée comme une potentielle reconnaissance politique. Le président serbe, Tomislav Nikolic, s’est d’ailleurs réjoui d’une « victoire juste et morale acquise dans des conditions presque impossibles ».Pour comprendre le contexte avant ce vote :La candidature du Kosovo à l’Unesco rouvre les plaies balkaniques 09.11.2015 à 10h43 • Mis à jour le09.11.2015 à 11h33 | Claire Guélaud Les grandes institutions économiques broient du noir. Du Fonds monétaire international, (FMI) et de la Banque mondiale, en octobre, à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), aujourd’hui, tous trois ont révisé à la baisse leurs scénarios de croissance, en raison des difficultés des pays émergents et d’une reprise globalement poussive dans les économies avancées. Toutes tablent sur une amélioration en 2016 et en 2017, mais aucune n’a vraiment l’air d’y croire !Les prévisions de l’OCDE, présentées lundi 9 novembre, ne font pas exception à la règle. Les experts du château de la Muette – le siège de l’organisation à Paris – ont légèrement revu à la baisse leurs hypothèses de croissance pour le monde, à + 2,9 % en 2015 (– 0,1 point par rapport à septembre) et à + 3,3 % en 2016 (– 0,3 point). En 2017, la barre des + 4 % ne serait pas franchie (+ 3,6 %). Dans les économies avancées, la reprise resterait laborieuse (+ 2 % en 2015, + 2,2 % en 2016 et + 2,3 % en 2017), tandis que les pays émergents et en développement verraient leur croissance ramenée de 4,7 % en 2014 à 3,7 % en 2015. Une chute importante qui freine l’ensemble de l’économie mondiale. L’amélioration attendue ensuite (+ 4,2 % en 2016 et + 4,6 % en 2017) est loin d’être « assurée », en raison notamment de la montée des risques macroéconomiques et des vulnérabilités financières de ces pays.Lire aussi (édition abonnés) :Le Nobel d’économie Angus Deaton fustige les statistiques indiennesMontée du protectionnismePlus encore que ces difficultés, ce sont la stagnation et le ralentissement marqué du commerce mondial, dont la progression est tombée de 3,4 % à 2 % cette année, qui inquiètent l’OCDE. Dans un éditorial consacré au souffle mauvais du commerce international (« Trade Winds Blowing No Good ? »), l’économiste en chef de l’organisation, l’Américaine Catherine Mann, qualifie de « profondément inquiétants » les chiffres des échanges en 2015, parmi les plus mauvais des cinquante dernières années. La croissance va généralement de pair avec un commerce robuste, souligne-t-elle, et les niveaux de progression du commerce enregistrés en 2015 étaient synonymes, autrefois, de récession mondiale.Le ralentissement du commerce mondial (– 1,4 point de croissance sur un an) s’explique pour un tiers par la baisse du volume des importations des émergents – elle a coûté 0,4 point de croissance à la zone OCDE – et pour un autre tiers par la réduction de la demande de la Chine, ainsi que par son changement de modèle économique (plus de consommation et moins d’investissement, plus de services et moins d’industrie).L’OCDE souligne aussi l’ampleur de la chute des importations en provenance du Brésil (– 10 %) et de la Russie (– 20 %), dont le produit intérieur brut (PIB) se contracterait respectivement de 3,1 % et 4 % en 2015. Ces deux grands pays ne sortiraient pas de récession avant 2017. L’institution mentionne également la montée du protectionnisme dans de nombreux pays.Conditionné à l’économie chinoiseMalgré ces constats préoccupants, l’OCDE parie sur une « modeste reprise » de la croissance et du commerce dans les deux prochaines années, notamment sur fond de relâchement des contraintes pesant sur les pays producteurs de matières premières. Les émergents, prévient-elle toutefois, restent une source d’inquiétude majeure. « Un ralentissement plus marqué de la demande chinoise pourrait saper la confiance des marchés et les perspectives de croissance de nombreuses économies, y compris les économies avancées », soulignent les auteurs des « Perspectives économiques ». Selon eux, une baisse de 2 points de la demande chinoise en 2016 et en 2017, conjuguée à la montée des tensions financières, pourrait coûter plus d’un demi-point de croissance par an à l’économie mondiale.Les importations chinoises en chuteLes dernières statistiques de la balance commerciale chinoise, rendues publiques dimanche 8 novembre, révèlent, pour le huitième mois d’affilée, une dégradation des échanges en raison de la faiblesse de la demande intérieure et extérieure. Selon les douanes, les exportations ont baissé de 6,9 % en octobre sur un an, tandis que les importations ont reculé de 18,8 %. La balance commerciale affiche un excédent record de 61,64 milliards de dollars (57,39 milliards d’euros). La chute des importations traduit la faiblesse persistante de la demande chinoise et relance les spéculations sur l’état réel de l’économie.Le scénario de reprise dans les pays émergents hors Chine est conditionné à un atterrissage et à une transformation en douceur de l’économie chinoise, à la stabilité des prix des matières premières et des taux de change et à une confiance retrouvée qui rend possibles des politiques plus accommodantes. Mais il suffirait qu’une seule de ces conditions vienne à manquer pour que la croissance y soit à nouveau plus faible que prévu.Dans les pays avancés, les Etats-Unis se portent bien et leur croissance devrait rester solide, même si les salaires n’ont pas encore accéléré, ce qui pèsera à terme sur le dynamisme de leur économie. La zone euro, elle, continuerait à se redresser laborieusement. Moins, toutefois, que le Japon. Les politiques monétaires divergeraient en 2015 avec la hausse à venir des taux d’intérêt américains et la nécessaire poursuite d’une politique accommodante ailleurs.Lire aussi (édition abonnés) :Les grandes entreprises américaines commencent à ralentirClaire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L’étonnante bonne entente qui règne, depuis fin août, entre Athènes et ses créanciers (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international, Union européenne) serait-elle déjà en passe de disparaître ? La réunion des 19 ministres des finances de l’eurozone, lundi 9 novembre à Bruxelles, était à cet égard un bon test.Les deux parties n’ont pas réussi à s’accorder sur le déboursement d’une tranche de prêts de 2 milliards d’euros, dans le cadre du troisième plan d’aide au pays – qui prévoit un total de 86 milliards d’euros, a indiqué le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.« Les deux milliards seront seulement déboursés lorsque les institutions donneront leur feu vert et déclareront que toutes les mesures qui ont été convenues ont été appliquées. Ce n’est toujours pas le cas. »Les tractations achoppaient, avant même la réunion, sur une poignée de réformes sur les dizaines qu’Athènes s’est engagée à mettre sur les rails en échange de l’aide. Nombre de mesures ont déjà été avalisées en un temps record par le Parlement grec, mais le gouvernement d’Alexis Tsipras, le leader de la gauche radicale, refusait ces derniers jours de céder aux propositions de ses créanciers concernant le paiement des arriérés fiscaux et les saisies des résidences principales.Sur le premier point, les créanciers jugent que la loi grecque est trop généreuse et veulent qu’elle soit révisée. Les créanciers souhaitent ainsi que les Grecs qui ont d’importants arriérés fiscaux soient exclus immédiatement de la possibilité de les rembourser en 100 fois, alors qu’Athènes plaide pour un délai de trente jours. Une révision de la loi qui ne ciblerait que les personnes en grande détresse financière, vivant autour du seuil de pauvreté.Pour ce qui est des saisies immobilières, les créanciers proposent que ne soient protégés que les foyers gagnant au plus 1 100 euros net par mois pour quatre personnes. Alors que le gouvernement Tsipras plaide pour un revenu plafond à environ 2 000 euros par mois.Lire aussi :En Grèce, « le système en place était un cocktail de fraude et de corruption »Un mois de perduLes Grecs disent vouloir faire un test de ces discussions sur les saisies. « Nous sommes pleins de bonne volonté, mais il faut que les créanciers comprennent qu’on ne peut pas mettre en place des réformes qui pourraient déstabiliser notre société. Le programme d’aide ne fonctionnera pas de cette manière », expliquait, dimanche, une source grecque proche des négociateurs. « Athènes s’est engagé [lors du sommet sur les Balkans de fin octobre] à proposer en urgence 50 000 places d’accueil pour les réfugiés. Impossible d’exproprier des familles pendant que l’on reloge des migrants. Cela sera instrumentalisé par le parti d’extrême droite, Aube dorée », met en garde cette source.L’entourage de M. Tsipras a fait savoir, dimanche soir, que le premier ministre avait abordé ces sujets lors d’entretiens téléphoniques avec le président François Hollande, la chancelière Angela Merkel et Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne.Le ministre des finances français, Michel Sapin, a jugé lundi qu’un accord était « parfaitement possible ». Il a estimé qu’il ne fallait cependant pas « exiger de la Grèce plus que ce qui existe » dans les pays créanciers.Ces tensions risquent de compromettre le succès de la première « revue », l’examen sur place, par les créanciers, des premières réformes devant être adoptées dans le cadre du troisième plan d’aide. A la fin de l’été, à Bruxelles, on espérait qu’elle pourrait commencer mi-octobre. Mais la campagne des élections parlementaires, à Athènes, a fait perdre un mois à tout le monde. Dimanche, elle devait toujours débuter lundi 9 novembre, dans la foulée de l’Eurogroupe.Or, le début de la renégociation de l’énorme dette du pays – un gros enjeu politique pour M. Tsipras – est conditionné au succès de cette revue. Tout comme la recapitalisation des banques grecques. La BCE a évalué récemment leurs besoins à un peu plus de 14 milliards d’euros.Lire aussi :En Grèce, les banques entament leur recapitalisationLa crise des migrants a changé la donneMême si les relations se tendent, on est très loin du degré de tension qui régnait entre M. Tsipras, ses équipes et leurs créanciers, jusqu’à la mi-juillet, quand le pays, en quasi-faillite, risquait d’être poussé hors de la zone euro. Une certaine confiance s’est installée, grâce notamment à l’engagement, au sérieux et aux convictions européennes du ministre grec des finances, Euclide Tsakalotos, et de son adjoint, George Chouliarakis. Deux hommes très appréciés à Bruxelles.Par ailleurs, Athènes est dans une bien meilleure position de négociation. Les 2 milliards d’euros toujours attendus des créanciers, elle n’en a pas un besoin crucial, les caisses de l’Etat n’étant plus complètement vides comme au printemps et au début de l’été. Aucune échéance de remboursement conséquente à la BCE ou au FMI ne sont, en outre, à prévoir dans les mois qui viennent.Mais, surtout, la crise des migrants change – beaucoup – la donne entre Athènes et ses partenaires. A Bruxelles ou à Berlin, tous les esprits et l’essentiel du capital politique des dirigeants y sont désormais consacrés. « En juillet, quand l’option du “Grexit” était sur la table, ceux qui la soutenaient disaient que les arguments géopolitiques avancés pour plaider un maintien de la Grèce dans la zone euro n’étaient qu’un prétexte. Désormais, plus personne ne conteste que la Grèce, première porte d’entrée des réfugiés en Europe, a une importance géopolitique majeure », explique une source européenne proche des créanciers.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.11.2015 à 01h26 • Mis à jour le09.11.2015 à 11h12 | Jean-Baptiste Chastand L’opposition de droite conservatrice est arrivée en tête des élections législatives croates organisées dimanche 8 novembre. La coalition menée par l’Union démocratique croate (HDZ) devait obtenir 59 sièges selon des projections calculées à partir de 99,5 % des suffrages dépouillés. Elle arriverait tout juste devant la coalition de gauche menée par l’actuel premier ministre, le social-démocrate Zoran Milanovic, créditée de 56 sièges. « Cette victoire nous met en position d’endosser la responsabilité de diriger le pays », a défendu le président du HDZ, Tomislav Karamarko.Pour gouverner, il faudra toutefois qu’il s’entende avec des petits partis. La majorité au Sabor, le Parlement croate, est en effet de 76 sièges. Il devrait se tourner en priorité vers le parti arrivé troisième, Most (« Le Pont »). Ce parti, fondé en 2012, regroupe des élus locaux sans étiquette, mais plutôt proches du centre droit. En obtenant 19 sièges, il a fait une percée surprise en réclamant notamment une baisse des dépenses publiques et une meilleure gestion de l’Etat.« Le Pont » en arbitreIl n’est pas exclu que Zoran Milanovic, qui n’a pas reconnu sa défaite, essaye aussi de se maintenir au pouvoir en cherchant à obtenir le soutien du Most. « Nous ne pouvons pas fonctionner seuls et nous avons besoin de partenaires », a-t-il déclaré. Le chef de Most, Bezo Petro, maire d’une petite commune du sud du pays, a cependant assuré, lors de la campagne, qu’il ne comptait soutenir aucun des deux camps. « Nous tiendrons parole. Nous n’allons pas intégrer de coalition », a-t-il de nouveau promis dimanche soir, ouvrant une période d’incertitude.Premier ministre depuis 2011, Zoran Milanovic avait espéré profiter de la petite reprise de l’économie croate et de sa bonne gestion de l’arrivée de centaines de milliers de migrants dans le pays. Mi-septembre, la Croatie avait décidé d’ouvrir ses portes aux migrants après la construction par la Hongrie d’une clôture tout le long de sa frontière avec la Serbie. En un mois et demi, plus de 300 000 d’entre eux ont traversé le pays pour rejoindre la Slovénie puis l’Allemagne.Dans un pays où le souvenir de la guerre des Balkans est encore très vivace, la population s’est montrée largement favorable à cette politique. Après l’avoir critiqué et plaidé pour un renforcement des contrôles à la frontière, Tomislav Karamarko avait d’ailleurs cessé de parler de ce sujet pendant la campagne. Sa victoire pourrait toutefois amener la Croatie à durcir cette politique d’accueil, alors que le voisin slovène évoque depuis plusieurs jours son intention d’installer lui aussi une clôture à sa frontière.Ministre de l’intérieur de 2008 à 2011 sous le gouvernement d’Ivo Sanader, M. Karamarko est suspecté d’avoir été un agent des services secrets yougoslaves, avant de cofonder le HDZ en 1989. Relativement peu à l’aise devant les caméras, il a été moqué pendant la campagne pour sa faible maîtrise de l’anglais lors d’une rencontre filmée avec la chancelière allemande, Angela Merkel. Il a mené une campagne conservatrice, se plaçant dans la filiation directe de l’ancien leader de l’indépendance, le très nationaliste Franjo Tudjman. Défenseur des « valeurs chrétiennes » de la Croatie, M. Karamarko, 59 ans, est opposé au mariage gay. Pendant la campagne, il s’en est également pris aux médias et à certaines ONG accusées d’être « proyougoslaves » – ce qui n’est pas un compliment dans le pays.« Risque d’Orbanisation »Issue du même parti, la présidente de la République, Kolinda Grabar-Kitarovic, avait plaidé ces dernières semaines pour un rapprochement avec le groupe de Visegrad, cette alliance entre la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie et la République tchèque, qui s’est fortement opposé à l’accueil des migrants. « Avec le HDZ, il y a un risque d’“orbanisation” de la Croatie », explique Nenad Zakosek, politologue à l’université de Zagreb et actif au sein de Gong, une autre ONG active dans les droits de l’homme. « Mais le HDZ reste très proeuropéen et très proche de Merkel, relativise-t-il. L’Allemagne est importante pour la Croatie, et le HDZ est beaucoup plus proaméricain qu’Orban. » La proximité de ce dernier avec la Russie pose en effet problème dans un pays qui s’est battu contre la Serbie, allié historique de Moscou.Ce sont surtout les sujets économiques qui ont dominé la campagne, alors que la Croatie sort de six années de récession. Le pays, un des plus pauvres de l’Union européenne, affiche toujours un chômage de 16,2 %, et même de 40 % pour les jeunes. L’adhésion à l’UE, intervenue en 2013, n’a, pour l’instant, pas vraiment eu d’effet sur l’économie croate. Pour soutenir les petites entreprises, M. Karamarko a notamment promis de réduire la TVA.Pour gouverner, le parti Most sera quoi qu’il arrive incontournable même si les deux camps pourraient être tentés d’aller chercher le soutien de plus petits partis. Aucun d’entre eux n’obtient toutefois plus de quatre sièges, à l’image de l’Alliance démocratique de Slavonie et Baranya, un parti nationaliste fondé par un criminel de guerre, Branimir Glavas. Réélu député dans sa circonscription d’Osijek, à la frontière serbe, celui-ci a plusieurs fois répété lors de la campagne qu’il était prêt à soutenir le prochain gouvernement. Crédité de deux sièges seulement, il recule fortement par rapport aux six sièges obtenus en 2011. Ses meetings protégés par des gardes vêtus d’un uniforme noir n’ont visiblement pas plu aux Croates.Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.11.2015 à 10h46 • Mis à jour le08.11.2015 à 12h01 | Yves Eudes Le 6 novembre, un mois après l’annulation par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de l’accord Safe Harbor, la Commission européenne a officiellement demandé aux Etats-Unis de faire rapidement une proposition concrète de remplacement. Le Safe Harbor permettait aux entreprises installées en Europe de transférer facilement vers les Etats-Unis les données personnelles de leurs clients, alors même que les lois américaines ne fournissent pas les protections adéquates au regard du droit européen.Lire aussi :La justice européenne invalide le très controversé Safe Harbor, un accord sur les données personnellesVera Jourova, commissaire européenne à la justice et aux droits de consommateurs, résume ainsi la nouvelle situation : « C’est au tour des Etats-Unis de revenir vers nous avec leurs réponses. » Elle devrait se rendre à Washington prochainement pour accélérer les négociations en cours, et « discuter de cette question au niveau politique le plus élevé ». De son côté, le vice-président de la commission Andrus Ansip, chargé du marché numérique unique, a affirmé que l’Europe avait besoin d’un nouvel accord « dans les trois mois ». Cela dit, il ne serait réellement stabilisé qu’après avoir été testé devant la CJUE à l’occasion d’une nouvelle affaire.Lire aussi :Les entreprises réclament du temps pour s’adapter à la mort du « Safe Harbor »En attendant la signature d’un éventuel Safe Harbor 2, la commission recommande aux entreprises d’utiliser d’autres instruments juridiques, plus complexes et plus contraignants.La situation est d’autant plus complexe que, depuis l’annulation de Safe Harbor, chaque Etat membre de l’Union peut à nouveau juger de la validité d’un accord de transfert de données entre son territoire et celui des Etats-Unis – ce qui pourrait entraîner un certain délitement du front uni européen.Juridiquement, la solution la plus satisfaisante serait que les Etats-Unis changent leur législation pour offrir plus de protection aux données personnelles des Européens, mais politiquement cette voie serait longue et ardue.Yves EudesGrand reporterSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.11.2015 à 00h20 • Mis à jour le08.11.2015 à 19h53 Neuf victimes de l’incendie dans une discothèque de Bucarest ont succombé à leurs blessures, portant le bilan de cet accident, dimanche 8 novembre, à 45 morts. Malgré la chute mercredi du gouvernement du social-démocrate Victor Ponta, des milliers de Roumains ont de nouveau manifesté contre leur classe politique jugée corrompue et jugée responsable de la tragédie.Une centaine de personnes, surtout des jeunes, sont toujours hospitalisées, huit jours après le drame, dont une quarantaine se trouvent dans un état « grave et critique ». Des transferts sont en cours vers des hôpitaux de Belgique, d’Autriche, des Pays-Bas.L’incendie s’était déclaré lors d’un show pyrotechnique au cours d’un concert de hard rock. Les premiers éléments de l’enquête ont montré de nombreux manquements aux règles de sécurité, notamment une seule porte ouverte, pas de sorties de secours et des matériaux inflammables utilisés pour l’isolation acoustique. Les trois patrons de la boîte de nuit Colectiv, accusés d’homicide involontaire et en détention provisoire depuis mardi, n’avaient en outre pas les autorisations requises pour accueillir des concerts, et encore moins des spectacles pyrotechniques.« Le Parlement doit démissionner »Cristian Popescu Piedone, le maire du 4e arrondissement de Bucarest où était située la discothèque, a lui aussi été arrêté et placé en détention provisoire pour trente jours samedi soir pour abus de fonction. L’accident a provoqué un mouvement de protestation sans précédent dans le pays. Le premier ministre Victor Ponta, sous pression depuis des mois en raison de ses déboires avec la justice, a démissionné mercredi.Lire aussi :En Roumanie, Victor Ponta chassé par la rueSamedi, environ 3 000 Roumains selon les autorités, surtout des jeunes, sont descendus dans les rues de Bucarest pour le cinquième soir d’affilée afin d’exiger un changement profond de la société roumaine. « Roumanie, réveille-toi ! », « Colectiv ! », ont scandé les manifestants réunis sur la place de l’université, haut lieu de la révolution populaire contre le régime du dictateur Nicolae Ceausescu en 1989. Des centaines d’autres ont manifesté dans d’autres grandes villes du pays, notamment Cluj, Sibiu (nord) et Timisoara (ouest).Ils étaient toutefois nettement moins nombreux que la veille, quand quelque 15 000 personnes au total avaient manifesté dans le pays. « Nous souhaitons un gouvernement de technocrates et le changement de toute la classe politique, de tout le système » a déclaré à l’AFP Petru Acon, représentant de l’Union nationale des étudiants. « Le Parlement doit démissionner, le gouvernement l’a déjà fait. Mais on ne veut pas d’élections anticipées avec ces mêmes partis et avec ce même système », a ajouté Mircea Radea, historien rencontré samedi soir lors de la manifestation à Bucarest.Le chef de l’Etat conservateur Klaus Iohannis a entamé jeudi des discussions avec les différents partis parlementaires, mais aussi – chose inédite dans le pays – avec des représentants de la société civile et des manifestants, pour trouver un nouvel exécutif. Les consultations doivent reprendre en début de semaine prochaine. 07.11.2015 à 13h36 • Mis à jour le07.11.2015 à 13h45 Le premier ministre finlandais, centriste de 54 ans, Juha Sipilä, avait affirmé jeudi 5 novembre qu’il était « très probable » qu’il démissionne le lendemain, faute d’arriver à imposer ses projets. Cette menace lui a, semble-t-il, profité, puisque les négociations avec ses partenaires au sein de la coalition ont tourné en sa faveur. Le gouvernement, au pouvoir depuis seulement six mois, a annoncé samedi qu’il était sauvé : « Le gouvernement a trouvé un accord sur les principes directeurs de la réforme de la santé et de la protection sociale et sur le nombre de régions », a écrit l’exécutif dans un communiqué.Le système finlandais, fragmenté aujourd’hui en plus de 200 zones, sera regroupé en 18 régions, comme le souhaitait le parti de M. Sipilä, et non en cinq, comme le réclamaient les conservateurs, troisième formation du pays. Le chef de l’exécutif tenait fermement à cette réforme, casse-tête insoluble pour les gouvernements précédents. Il avait promis lors de son élection – qui avait aussi confirmé la percée du parti d’extrême droite les Vrais Finlandais, deuxième force du pays – de mettre fin à l’immobilisme et de sortir la Finlande de la crise économique.Lire aussi :Les centristes remportent les législatives en Finlande Aude Lasjaunias (Dunkerque, envoyée spéciale) L’annonce a créé la stupeur à Dunkerque. Un jeune marin pêcheur de la ville a été mis en examen et écroué, jeudi 5 novembre, pour « aide à l’entrée ou au séjour irrégulier d’étrangers en France en bande organisée, blanchiment de ce délit en bande organisée et association de malfaiteurs ». En clair, pour avoir fait passer des migrants en Angleterre sur son Zodiac. Agé de 24 ans, il est l’un des fils d’une figure connue du milieu halieutique local. « C’est un garçon travailleur et respectable. Il s’est fait embobiner », s’est ému Philippe Nowé, le président du comité départemental du Nord des pêches et des élevages marins.Le jeune homme est accusé d’être membre d’une filière qui organisait le passage par voie maritime de migrants en Angleterre. Un voyage facturé jusqu’à 10 000 livres sterling (près de 14 000 euros) par personne, somme sur laquelle le marin devait percevoir près de 1 000 livres (1 400 euros), selon les éléments communiqués par la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Lille, chargée de l’instruction.Six autres personnes, de nationalité albanaise et vietnamienne, sont également mises en cause dans ce dossier inédit. Au total, l’équivalent de plus de 85 000 euros en diverses devises ont été saisis. Les accusés risquent jusqu’à dix ans de prison pour une activité criminelle en bande organisée. « C’est la première fois qu’on procède à l’interpellation de personnes soupçonnées de se livrer à ce type de traversée », confie-t-on de source policière.Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosLa structure du réseau est aussi atypique : les Albanais en sont la « tête pensante », les Vietnamiens étaient mandatés pour recruter des candidats à la traversée parmi leurs concitoyens tandis que le Français assurait la partie logistique en embarquant ces derniers sur son Zodiac au départ d’une plage isolée à proximité de Dunkerque.Il y a environ un an, le marin dunkerquois avait déjà éveillé les soupçons après avoir demandé l’aide du centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage de Gris-Nez alors qu’il se trouvait en difficulté au large des côtes anglaises, rapporte La Voix du Nord. La zone est l’une des voies maritimes les plus empruntées au monde, car elle assure l’accès aux ports d’Anvers, en Belgique, et de Rotterdam, aux Pays-Bas. Le trafic y est très réglementé et contrôlé, rappelle la police aux frontières (PAF). Une embarcation privée, même de petite taille, y est aisément repérable.A l’époque, faute d’éléments probants, l’accusé était sorti des radars de la police. Jusqu’à il y a un peu moins de deux mois. Sur la base de renseignements et d’opérations de surveillance, sa participation à un réseau de passeurs a pu être étayée. « Son canot pneumatique, victime de plusieurs avaries, devait subir une série de réparations, explique-t-on de source proche des investigations. L’opération policière a été accélérée pour ne pas mettre en danger d’autres migrants. »Combien de ceux-ci ont bénéficié de ce système ? Les conditions de navigation ne sont pas faciles dans le détroit de la Manche, les sorties ne pouvant se faire que de nuit et dans des conditions météorologiques clémentes, rendant ardue toute tentative d’estimation chiffrée. Toutefois, une vingtaine de gilets de sauvetage ont été découverts, et les enquêteurs ont pu établir, notamment sur la base des aveux de l’accusé, que plusieurs transferts avaient été réalisés.Depuis les côtes des Flandres françaises, l’imposante silhouette blanche des falaises de Douvres, en Grande-Bretagne, est à portée de regards. Seules quelques dizaines de kilomètres du détroit de la Manche séparent de leur eldorado les milliers de migrants parvenus jusqu’à la pointe de l’Hexagone. « Nous retrouvons parfois des canots abandonnés. Indépendamment de cette affaire, ce mode de passage existe, c’est un fait », explique-t-on au sein de la PAF. Avant d’admettre que cela reste toutefois « un phénomène peu développé ». « C’est très difficile à mettre en place », insiste une source proche du dossier.« On n’avait jamais entendu une telle histoire, confie Philippe Nowé. Nos sites sont très surveillés, nos bateaux équipés de balises. Nous avons évidemment discuté de l’affaire entre collègues : jamais nous ne nous sommes fait solliciter par des passeurs. » Tous craignent les répercussions sur l’image de la filière.Du côté des bénévoles venant en aide aux migrants, l’étonnement prime aussi. Avant de céder la place au principe de réalité : « Plusieurs personnes ont déjà tenté d’embarquer à bord des ferrys, raconte un des membres de l’association Salam. Je n’avais jamais entendu parler d’embarcations privées, mais ça ne me surprend pas outre mesure, la surveillance ayant été renforcée au niveau des autres points d’accès. » Il admet cependant ne pas aborder la question de la traversée avec les migrants : « C’est presque un tabou. »Lire aussi :A Calais, « la jungle est aujourd’hui hors contrôle »La traversée par le tunnel à Calais ou par les ferries étant devenue plus compliquée, le passage par de petites embarcations deviendra-t-il plus tentant ? Pour l’heure, dans le camp de Grande-Synthe, à côté de Dunkerque, ce n’est pas à l’ordre du jour. Trois Irakiens d’une vingtaine d’années, arrivés il y a trois mois, détaillent leurs tentatives pour gagner la Grande-Bretagne : à bord d’un camion, cachés dans le coffre d’une voiture… Ont-ils songé au bateau ? « Non… », répond l’un d’eux d’un air étonné. Même réaction chez cet Iranien de 34 ans. C’est la première fois que la possibilité d’une traversée par la voie maritime est évoquée devant lui.Aude Lasjaunias (Dunkerque, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Baptiste Chastand (Osijek (Croatie), envoyé spécial) La modeste salle des fêtes de Kutjevo est pleine à craquer. Trois cents habitants réunis pour accueillir leur héros. Quand il fait son entrée, précédé comme à son habitude de ses « gardes » en chemises noires, ils sont tous debout. Dans cette petite commune agricole perdue au milieu de la Slavonie, région croate frontalière de la Serbie, Branimir Glavas, ancien criminel de guerre en campagne pour les législatives croates du dimanche 8 novembre, se sait en terrain favorable. « Je suis sorti de prison encore plus fort », tonne celui qui promet de tout faire pour rétablir « cette zone qui a été détruite par la guerre [d’indépendance de la Croatie] ».A 59 ans, celui qui pourrait passer pour un paisible retraité avec son chapeau slavon savoure son retour tonitruant sur la scène politique croate. Branimir Glavas était encore emprisonné début janvier en Bosnie où il purgeait une peine de huit ans prononcée en 2010 pour avoir fait tuer et torturer plusieurs civils serbes lorsqu’il était commandant militaire de la ville d’Osijek, en 1991. Sur son jugement, il est précisé que les corps de ses victimes étaient la plupart du temps jetés dans la Drave, la rivière qui longe la ville. Et que l’une d’entre elles a été contrainte de boire de l’acide de batterie.« Glavas a été un combattant comme moi, il a défendu la Croatie », vante Vinko Baric, un invalide de guerre de 48 ans venu le soutenir. Ses crimes ? « Cela ne me regarde pas », glisse le solide gaillard qui élève des porcs pour compléter sa pension de vétéran de 2 000 kunas (265 euros) par mois. L’assistance est composée quasi exclusivement d’hommes, agriculteurs ou vétérans de guerre, voire les deux à la fois.« Faucons slavons »« Je me considère comme innocent, j’ai été victime d’une répression politique », proteste l’ancien général, sourire avenant mais regard perçant, au siège de son parti situé dans un des nombreux immeubles d’Osijek encore criblés d’impacts de balles. Il s’appuie sur l’annulation surprise pour vice de forme de sa condamnation en appel prononcée en janvier par la Cour constitutionnelle croate. Dans l’attente d’un nouveau procès, il a pu sortir en liberté provisoire et reprendre les rênes de l’Alliance démocratique croate de Slavonie et Baranya (HDSSB), le parti « régionaliste et nationaliste » qu’il a fondé en 2005 pour garder la main sur une région dont ce juriste de formation a longtemps été le maître incontesté.De retour dans son fief, il compte bien retrouver son poste de député – et l’immunité qui va avec. Sa campagne, ciselée pour plaire aux habitants de cette région durement touchée par la pauvreté et la guerre, multiplie les provocations. Sa « garde des faucons slavons », officiellement simple « section sportive », est par exemple composée de jeunes en uniformes noirs qui marchent au pas, ressemblant furieusement à ceux de la milice qu’il dirigeait en 1991. Censés s’occuper de la sécurité du parti et d’action humanitaire, ils ont défilé sans prévenir devant le Parlement croate à Zagreb, le 19 octobre, suscitant un choc dans le pays.« Cela était autorisé, car ils étaient allés déposer leurs listes. Ils ne sont pas armés, il n’y a rien d’illégal », explique bien embêté Ranko Ostojic, le ministre de l’intérieur (social-démocrate), qui préfère les prendre de haut. « Ses chemises noires sont un corps sportif récréatif, non ? » « Je ne soutiens pas son type de communication, mais chacun a sa façon de contacter les électeurs », explique de son côté Pero Cosic, candidat en Slavonie du HDZ, le parti conservateur croate d’opposition. Un parti que Branimir Glavas a quitté en 2005 après en avoir été un des fondateurs aux côtés du nationaliste Franjo Tudjman, le « père » de l’indépendance du pays.Pouvoir de nuisance« Le résultat de l’élection de dimanche s’annonce très serré et les autres partis auront peut-être besoin de lui pour gouverner. Alors ils le tolèrent et personne n’est vraiment très clair », déplore Drago Hedl, journaliste et auteur d’un livre sur Branimir Glavas (« Chronique d’une destruction », non traduit). Même s’il baisse dans les sondages, le parti devrait sauver son groupe au Parlement.Fort de son pouvoir de nuisance, il n’exclut de soutenir aucun des deux partis. « Après dix ans d’existence, nous voulons passer de l’opposition au pouvoir », martèle l’ancien maître d’Osijek lors de tous ses meetings. Quel sera le prix d’un éventuel soutien ? Au-delà du discours ultra-basique sur le soutien à l’agriculture slavone et sur son propre sort, Branimir Glavas pourrait imposer un durcissement de l’accueil des migrants dans le pays, situé au milieu de la route des Balkans. Plus de 300 000 réfugiés ont traversé le pays depuis mi-septembre, avec la bénédiction du gouvernement, mais sous les critiques de la droite.« On aurait dû faire comme la Hongrie qui a su protéger ses intérêts nationaux », assure M. Glavas, fervent défenseur des racines catholiques de la Croatie et admiratif de la clôture installée par Viktor Orban à la frontière hongroise. Mais les manifestations antiréfugiés soutenues par son parti ont jusqu’ici peiné à attirer du monde. Marqués eux aussi par la guerre, les Croates restent en effet dans leur majorité favorables à l’accueil des migrants. Est-ce un signe de la fin de Branimir Glavas ? « Je ne pense pas que les électeurs sont encore prêts à le suivre », veut croire Nenad Zakosek, professeur de science politique à l’université de Zagreb.Jean-Baptiste Chastand (Osijek (Croatie), envoyé spécial)Journaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.11.2015 à 15h32 Le gouvernement britannique a reconnu pour la première fois que les services de renseignement intérieur du MI5 avaient collecté, depuis 2005 et jusqu’à aujourd’hui, de vastes quantités de données sur les appels téléphoniques passés dans et en dehors du Royaume-Uni.L’existence de ce programme de surveillance secret était devenue apparente depuis la publication des documents du lanceur d’alerte Edward Snowden, qui mettaient en évidence l’existence d’un gigantesque programme mondial de surveillance du Web, mené par la NSA américaine avec l’appui de ses proches alliés, britanniques notamment.L’existence du programme a été confirmée dans un document annexe au projet de loi sur la surveillance présenté mercredi par la ministre de l’intérieur, Theresa May, qui prévoit de légaliser la majeure partie des activités paralégales des services de renseignement. Le texte prévoit aussi que la police et les services de renseignement puissent accéder sans mandat à la liste des sites Web consultés par un internaute pendant un an, sur simple demande auprès de son fournisseur d’accès à Internet.Lire aussi :Le gouvernement britannique présente un gigantesque projet de loi sur la surveillance  06.11.2015 à 13h27 • Mis à jour le06.11.2015 à 14h29 | Alexandre Pouchard et Maxime Vaudano Bien que membre de l’espace Schengen, la France va rétablir des contrôles à ses frontières pendant un mois. Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé vendredi 6 novembre cette mesure exceptionnelle et temporaire, liée à la tenue de la COP21, la conférence de l’ONU sur le climat, organisée à Paris du 30 novembre au 11 décembre.Le ministère de l’intérieur a précisé à l’AFP que les contrôles seraient rétablis du 13 novembre au 13 décembre. Cette mesure, sans lien avec la crise des migrants, selon le ministre de l’intérieur, ne constitue pas une suspension des accords de Schengen, a affirmé M. Cazeneuve sur RMC et BFM-TV :« Pendant un mois, nous allons établir des contrôles aux frontières, ce qui n’est pas du tout une suspension de Schengen (…) qui prévoit, dans un de ses articles la possibilité pour des Etats de le faire dans des circonstances particulières qui correspondent à la COP21. »Les accords de Schengen permettent de fait de rétablir les contrôles aux frontières dans des cas précis.1. En quoi consistent les accords de Schengen ?Conclus en 1985 par la France, l’Allemagne de l’Ouest et le Benelux, les accords de Schengen visaient à supprimer progressivement les contrôles aux frontières communes et à instaurer un régime de libre circulation des personnes. Inauguré en 1995, l’espace Schengen regroupe aujourd’hui 22 des 28 Etats de l’Union européenne, ainsi que quatre pays extérieurs : l’Islande, la Norvège, la Suisse et le Liechtenstein. Concrètement, il supprime tout contrôle des frontières terrestres, maritimes ou aériennes entre deux pays appartenant à cet espace. 2. Les pays européens ont-ils le droit de rétablir des contrôles à leurs frontières ?Oui. Une clause de sauvegarde intégrée à l’article 2.2 de la convention de Schengen autorise les Etats à rétablir provisoirement des contrôles aux frontières dans des circonstances exceptionnelles.Le code frontières Schengen de 2006 en précise les contours : il autorise le rétablissement des contrôles en cas de « menace grave pour l’ordre public et la sécurité intérieure » (pour six mois maximum) ou pour faire face à des événements imprévus (cinq jours maximum), ce après consultation des autres Etats du groupe Schengen. Une réforme des règles réclamée par le président français de l’époque, Nicolas Sarkozy, et Silvio Berlusconi, alors président du conseil italien, a étendu en 2013 la possibilité de rétablir les frontières jusqu’à vingt-quatre mois, dans des « circonstances exceptionnelles », notamment une défaillance grave du contrôle des frontières extérieures.Par ailleurs, l’article 78 du Traité de fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) permet des « mesures provisoires » dans le cas où « un ou plusieurs Etats membres se trouvent dans une situation d’urgence caractérisée par un afflux soudain de ressortissants de pays tiers ». 3. Dans quelles circonstances des frontières nationales ont-elles été rétablies ?La clause de sauvegarde prévue par Schengen est appliquée régulièrement mais se cantonne généralement à l’accueil d’événements internationaux : des réunions de la Banque centrale européenne à Barcelone, le G20 de Cannes, l’Euro 2012 de football ou la visite du président américain Barack Obama en Estonie ont ainsi donné lieu ces dernières années à un rétablissement des contrôles pour quelques jours. Il peut aussi s’agir de menaces imminentes de terrorisme, comme la France l’a fait après les attentats de 1995.Ces derniers mois, en revanche, des pays comme l’Allemagne, l’Autriche ou la Hongrie ont invoqué le TFUE pour rétablir les contrôles à leurs frontières avec la crise des migrants. La France avait elle aussi mis en place une telle mesure en 2011 lors du « Printemps arabe », qui avait entraîné l’arrivée de milliers de migrants en Europe. 4. Comment les frontières européennes sont-elles contrôlées ?Chaque Etat ayant une frontière avec un pays non-membre de l’espace Schengen (comme la Hongrie avec la Serbie, par exemple) se doit de contrôler les entrées. L’Union européenne s’est dotée d’une base de données commune, baptisée « SIS » (pour système d’information Schengen), permettant d’identifier les individus pénétrant sur le territoire européen et de distinguer les arrivants interdits de séjour ou bien ceux recherchés. La coopération opérationnelle pour la surveillance des frontières est théoriquement assurée par l’agence européenne Frontex.Maxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Julie Clarini et Benoît Vitkine En décernant, le mois dernier, le prix Nobel de littérature à la Biélorusse Svetlana Alexievitch, l’Académie suédoise récompensait une œuvre qui explore les traces laissées dans les consciences par les grandes catastrophes du siècle soviétique (seconde guerre mondiale, guerre en Afghanistan, Tchernobyl, éclatement de l’URSS).Lire aussi :Le prix Nobel de littérature attribué à la Biélorusse Svetlana Alexievitch« Le Monde » a rencontré l’écrivaine lors de son passage à Paris. Voici quelques extraits de cet entretien, au cours duquel, très critique sur la politique menée par Vladimir Poutine, elle dépeint la nostalgie de l’époque soviétique qui prévaut en Russie, les déceptions de la transition démocratique et le renouveau nationaliste imposé par le président russe.Vous parlez du « monde russe ». C’est aussi l’expression qu’utilise Vladimir Poutine pour désigner l’espace russophone hors des frontières de la Russie, envers lequel il aurait une responsabilité. Vous, écrivaine biélorusse de langue russe, vous reconnaissez-vous dans ce concept ?J’ai trois racines : des racines ukrainiennes, des racines biélorusses et la culture russe. Sans la culture et la philosophie russes, je ne serais pas ce que je suis, et je n’aurais pas écrit La Supplication. Mon « monde russe » est très différent de celui de Poutine, c’est celui de Chostakovitch, Dostoïevski, Tchekhov, Rostropovitch, Herzen… Quant au monde russe auquel j’aspire, il passe par un soutien accru à l’Ukraine de la part des Occidentaux.La réussite de l’Ukraine, sa transformation, serait le meilleur argument contre les discours de Poutine. J’ai toujours considéré que la guerre dans le Donbass était une agression militaire contre l’Ukraine, une occupation. Il n’y a aucun doute sur le fait que, sans Poutine, il n’y aurait aucune guerre civile sur ce territoire. On pourrait amener cinq camions de kalachnikovs en Biélorussie et le même scénario se produirait : on trouve toujours des gens prêts à tirer.Le cas de la Crimée est plus compliqué. Je connais des gens qui, en entendant la nouvelle du rattachement, ont pleuré de joie. Mais, pour savoir ce que pense réellement la population, il faudrait des élections libres. Là, les Russes sont simplement arrivés et se sont emparés du territoire.Existe-t-il un « poutinisme », une idéologie poutinienne ?En 1991, le peuple s’est réveillé dans un pays nouveau et incompréhensible. Et il s’est tu. Puis, quand les usines ont fermé, quand les gens n’ont plus eu à manger que des pommes de terre, ils se sont mis à détester les « merdocrates libéraux ».Après vingt ans de silence, Poutine est arrivé : « Nos seuls amis, ce sont l’armée et la flotte », a-t-il dit. Et tout l’argent du pétrole et du gaz est parti pour l’armée. Il n’a pas dit que l’on devait être fiers d’une quelconque démocratie, il a seulement parlé de la Grande Russie, du respect qui lui était dû…Cette idéologie poutinienne produit-elle déjà un effet sur l’homme russe ?Oui. Je ne reconnais pas les gens, j’ai perdu certains de mes amis. On n’a pas fait assez attention aux premiers symptômes, à tous ces films qui passent à la télé sur la Tcheka [l’ancienne police politique], sur Staline… On essaie même de justifier l’action de Beria [chef du NKVD, successeur de la Tcheka, de 1938 à 1953].A Perm, un musée consacré aux victimes de la répression a été transformé en « musée des travailleurs du goulag », c’est-à-dire des gardiens ! Tout ne vient pas du haut, de Poutine ; certaines initiatives viennent d’en bas, du peuple.Les jeunes m’étonnent particulièrement. Ils conduisent de belles voitures, portent de beaux costumes, mais ils restent des esclaves. Cette génération de l’après-1990 soutient fortement Poutine, elle reprend ses discours sur l’humiliation, sur le besoin d’un leader fort. Nous, on imaginait que des gens différents apparaîtraient, des gens libres.Cette mentalité tient beaucoup à ce que leur racontent leurs parents sur la santé gratuite, l’éducation, l’ascenseur social soviétique… Peut-être qu’il faut attendre encore. Ou bien peut-être faut-il d’abord, pour que disparaisse cette mentalité d’esclave, que ceux d’en haut changent…Pendant l’époque soviétique, vous sentiez-vous appartenir à la société communiste ? Partagez-vous la nostalgie de vos personnages, de vos héros, pour l’esprit de sacrifice, l’altruisme, le mépris de l’argent ?Je me sentais déjà à la marge, mais c’était le seul monde que je connaissais. Les gens étaient doubles, à l’époque. Ils étaient prêts à faire la queue pour acheter des recueils de poèmes d’Anna Akhmatova. Mais c’étaient les mêmes qui écrivaient des dénonciations, qui étaient surveillants dans les camps.On aimerait que le mal soit une chose simple : Beria, Staline… Mais le mal est quelque chose de plus diffus, d’éparpillé en chacun de nous. C’est pour cela que j’écris, pas pour étaler un catalogue d’horreurs, pour accabler les lecteurs, mais pour que chacun cherche en lui-même sa part d’humanité et apprenne à la préserver. Ce sont des choix de chaque instant : on te dit d’aller à une manifestation de soutien à Poutine, pose-toi des questions !Lire l'intégralité de l'interview :Svetlana Alexievitch : « La liberté, c’est un travail long et pénible »Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteJulie ClariniJournaliste au Monde 05.11.2015 à 11h06 • Mis à jour le05.11.2015 à 15h05 | Philippe Ricard et Marie Charrel Au printemps, la France s’était engagée à ramener son déficit public dans les normes européennes d’ici à 2017. Mais la Commission européenne n’y croit guère. D’après ses nouvelles prévisions, publiées jeudi 5 novembre, le déficit public français devrait encore atteindre 3,3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2017, après 3,8 % cette année et 3,4 % l’an prochain.Dans son programme de stabilité budgétaire, transmis au printemps à Bruxelles, le gouvernement français avait pourtant affirmé être en mesure de ramener le déficit à 2,7 % du PIB à l’issue d’un nouveau délai de grâce, âprement négocié.En février, la Commission avait en effet accordé à Paris un nouveau délai de deux ans, jusqu’en 2017, pour ramener son déficit public à 3 % du PIB. Mais à condition d’élaborer un programme de réformes ambitieux. Et de réduire forcement le déficit structurel.Le ministre des finances, Michel Sapin, a répondu aux prévisions de Bruxelles jeudi, assurant que la France serait « au rendez-vous de ses engagements européens ». Il a tenu à rappeler que Bruxelles raisonne « à politique inchangée », sans prendre en compte toutes les économies prévues. Pour M. Sapin, le pointage de la Commission européenne « signifie simplement que le déficit ne reviendra pas spontanément sous les 3 % » dans deux ans.Lire aussi :Déficits français : le délai de deux ans passe malParis et Bruxelles n’ont pas la même appréciation de la croissanceLa Commission est un peu moins optimiste que les autorités françaises à propos de la croissance. Celle-ci devrait se situer à 1,1 % cette année, puis 1,4 % l’an prochain, et 1,7 % en 2017. Du côté de Bercy, on table sur une croissance de 1,5 % en 2016. Or, l’ampleur des recettes attendues varie avec le niveau de la croissance.Bruxelles a des craintes sur la mise en œuvre du plan d’économiesEnsuite, entre Paris et Bruxelles, les avis divergent sur la façon d’apprécier certaines mesures d’économies. La Commission incite le gouvernement de Manuel Valls à respecter, d’ici à la fin du quinquennat, le plan de réduction des dépenses publiques (50 milliards d’euros) mis sur les rails pour tenter de sortir de la « procédure de déficit excessif ». « Clairement, la poursuite de ce plan contribuerait à réduire l’écart » entre les prévisions françaises et bruxelloises, note un expert.La Commission constate que le déficit structurel, celui qui ne dépend pas de la conjoncture, devrait à peine s’améliorer : de 0,1 point de pourcentage cette année, puis 0,3 point de pourcentage en 2016, soit loin des standards en principe fixés pour des pays en situation de déficit excessif.C’est pourtant le terrain sur lequel le gouvernement français se targuait de tenir ses objectifs au début du quinquennat.A ce stade, certains regrettent presque à Bruxelles que la France ne tire pas davantage partie d’une conjoncture en voie d’amélioration pour conforter le redressement de ses comptes. Et l’on craint que le budget 2017 ne permette pas de corriger le tir en raison de l’élection présidentielle.Pour Bruxelles, les cibles de dépenses publiques « deviennent plus difficiles à respecter », et les investissements des collectivités locales « pourraient être plus forts qu’escompté ».La Cour des comptes dénonce, elle aussi, le flou du plan d’économiesLe 24 juin, dans son rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques, la Cour des comptes (CDC) s’était elle aussi interrogée – encore – sur la capacité de la France à tenir ses objectifs. « Confrontée, comme ses partenaires, à la nécessité de consolider ses finances publiques au sortir de la crise financière, la France a effectué un effort structurel moindre », jugeait la Cour.Principal doute : le flou planant sur le programme d’économie du gouvernement, d’environ 14,5 milliards d’euros par an. Celui-ci repose sur des hypothèses « peu documentées à ce jour », jugeait la CDC.Lire aussi :La Cour des comptes, poil à gratter du gouvernementCe constat est partagé par Gilles Carrez, président (Les Républicains) de la commission des finances à l’Assemblée nationale. « Je suis plutôt optimiste pour 2015, où l’on devrait atteindre sans mal la cible de 3,8 % pour le déficit, explique-t-il. J’ai en revanche de sérieux doutes pour 2016, ne serait-ce que parce que de nouvelles dépenses engagées ces derniers mois joueront à plein, telles que les embauches dans la sécurité, l’accueil des migrants, les emplois aidés. »Comment Paris compte-t-il revenir dans les clous ? La question est délicate, d’autant que le gouvernement vient de reculer sur plusieurs mesures fiscales. A l’instar de la réforme du calcul de l’allocation aux adultes handicapés (AAH), retirée du projet de budget 2016. Ou encore le choix de rembourser les retraités modestes, désormais assujettis à l’impôt local, dont ils étaient jusqu’ici dispensés en vertu de la « demi-part des veuves ».La dette publique va encore grossirCette réduction moins importante que prévu du déficit public va se traduire par une progression de l’endettement de la France, certes « à un rythme ralenti », mais pour atteindre tout de même 97,4 % du PIB d’ici à deux ans.La courbe du chômage, elle, ne devrait pas s’inverser avant 2017, pour s’infléchir légèrement, avec un taux de demandeurs d’emploi passant alors de 10,4 % à 10,2 % de la population active.Lire aussi :Grèce, France, Etats-Unis, Japon... les dettes des pays industrialisés, une bombe à retardementDes sanctions peu probablesTous les ans, ou presque, le même scénario se répète : prévisions de croissance trop optimistes, révision à la baisse, visite à Bruxelles afin d’obtenir la mansuétude de la Commission.Le 2 juillet, Bruxelles s’était résolue à suspendre sa procédure de déficit excessif engagée contre la France, jugeant que celle-ci respectait la trajectoire de déficit public fixée. Mais soulignant, une nouvelle fois, que les efforts structurels étaient insuffisants, et seraient réévalués à l’automne. C’est désormais chose faite.Lire aussi :Déficits : le changement de ton de Bruxelles à l’égard de ParisComme d’habitude, les services de Pierre Moscovici, le commissaire européen chargé des affaires économiques, précisent que leur pronostic, dévoilé aujourd’hui, est calculé « à politique constante », sans prendre en compte d’éventuelles inflexions d’ici là.Cette approche « a conduit par le passé à sous-estimer l’effort finalement réalisé par la France, mais nous jugerons sur pièce », explique-t-on dans l’entourage de l’ancien ministre français des finances.Reste à savoir si Bruxelles relancera ou non cette procédure de déficit excessif contre la France. A ce stade, il ne semble pas qu’il soit question de brandir de nouveau la menace de sanctions, comme il y a un an.« Dans tous les cas, Paris obtiendra sans doute un nouveau délai, comme tous les ans », ironise un économiste.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterPhilippe RicardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.11.2015 à 06h44 • Mis à jour le05.11.2015 à 15h58 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) « Le monde du milieu », cette zone grise où se mêlaient les intérêts de responsables politiques, de fonctionnaires municipaux, d’entrepreneurs et de criminels, remonte à la lumière. Jeudi 5 novembre, s’ouvre devant le tribunal de Rome le procès de 46 personnes impliquées dans l’affaire « Mafia capitale », soupçonnées d’avoir truqué les marchés publics de la ville dans le domaine du ramassage des ordures, de l’entretien des espaces verts ou encore de l’accueil des migrants, et d’avoir infiltré l’administration de la mairie pour parvenir à leurs fins.Puis, magistrats et prévenus rejoindront la prison de Rebibbia où les attend déjà une salle d’audience sécurisée à la mesure de ce procès exceptionnel, qui se déroulera jusqu’au mois de juillet. Toutefois, les cerveaux de l’affaire, Massimo Carminati, dit « le noir » en raison de son passé militant dans un groupuscule fasciste au cours des années 1970 et 1980, et Salvatore Buzzi, dit « le rouge », à cause de son activité dans les coopératives sociales de réinsertion au service de Rome, seront physiquement absents. Le premier est placé en isolement à Parme ; le second à Nuoro, en Sardaigne. Ils témoigneront par vidéo.Lire aussi :Mafia Capitale, saison II, dans la Ville éternellePoing américain et gant de velours« Carminati-Buzzi » : presque une raison sociale. Carminati – également affilié au grand banditisme au sein de « la bande de la Magliana » (un quartier de Rome) – se chargeait de convaincre les récalcitrants qu’il convoquait à son QG, une station-service dans un quartier tranquille de la Ville éternelle, pour les faire tabasser par ses sbires. Buzzi, qui, après un séjour en prison pour meurtre, était devenu une icône de la réinsertion réussie, entreprenait les politiques de tous bords et les fonctionnaires qu’il avait su persuader de la sincérité de sa rédemption. L’alliance du poing américain et du gant de velours connaîtra son apogée lors du mandat de Gianni Alemanno, maire de la ville de 2008 à 2013, venu lui aussi de l’extrême droite.La première tâche des juges sera de déterminer si le système mis en place par le duo relève d’une organisation de type mafieux, alliant infiltration, contrôle du territoire et violence, ou s’il s’apparente à une entreprise criminelle classique. Les magistrats instructeurs ont considéré qu’il s’agit bel et bien « d’une mafia originale et autochtone ». Les juges devront ensuite tenter d’établir l’étendue des dégâts. Une seconde vague d’arrestations, en juin, a conduit 44 autres suspects sous les verrous ou en résidence surveillée. Ils disposent aussi d’une liste de 101 personnes, actuellement libres, ayant eu des contacts avec Carminati et Buzzi.Mais derrière ce procès, c’est la réputation de la capitale de la quatrième puissance économique européenne qui est en jeu. L’impact du scandale a été tel qu’il semble avoir emporté avec lui une part de l’identité de la ville jusqu’alors liée à la « dolce vita ». En témoigne le succès du film Suburra, de Stefano Sollima, sorti sur les écrans italiens il y a quelques jours. Il met en scène la collusion entre des petits malfrats, des Roms enrichis et un ancien activiste d’extrême droite, pour faire main basse sur le Lido d’Ostie afin de le transformer en Las Vegas méditerranéen, le tout sur fond de démission de Benoît XVI. Les Romains semblent acquiescer à cette vision glauque et outrée de leur ville présentée comme la Palerme ou la Naples des films de Francesco Rosi, il y a quarante ans.Un préfet de Milan à Rome« Mafia capitale » a également ébranlé tous les pouvoirs, y compris celui d’Ignazio Marino, le successeur de M. Alemanno, qui n’y était pour rien. Réputé honnête mais sans autorité sur son administration, ce chirurgien de gauche a finalement été lâché par le premier ministre Matteo Renzi. Le Vatican, quand il pouvait encore passer pour un exemple de vertu, a aussi pris part à la curée. De l’autre côté du Tibre, on daubait l’élu « incapable » et on s’inquiétait des retards dans la préparation du jubilé de l’Année sainte qui, dès le 8 décembre, devrait attirer des millions de pèlerins supplémentaires. Un véritable « crash test » pour une ville au bord de l’asphyxie.M. Marino a fini par donner sa démission et a été remplacé, dimanche, par un préfet venu de Milan, Francesco Tronca. Il gérera les affaires courantes jusqu’à de nouvelles élections, au printemps 2016. Milan ? La cité rivale, promue au rang de modèle civique depuis le succès de l’Expo 2015, après avoir été le symbole de la corruption il y a vingt ans ? Les Romains s’étranglent de rage. C’est aussi l’un des enjeux de ce procès : leur rendre leur fierté et restaurer l’image ruinée de Rome.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.11.2015 à 11h05 • Mis à jour le04.11.2015 à 17h50 La ministre de l’intérieur britannique, Theresa May, a présenté mercredi 4 novembre son projet de loi sur la surveillance numérique, un texte très controversé qui doterait les services de renseignement, mais aussi la police, d’un accès sans précédent aux données de navigation des internautes britanniques.Mme May entend faire passer ce nouveau texte, qui reprend les principales dispositions d’un précédent projet de loi surnommé la « charte des fouineurs », auquel le précédent gouvernement avait dû renoncer faute d’une majorité suffisante au Parlement. La déroute des Démocrates libéraux (Liberal Democrats, LibDem), les seuls à s’y être frontalement opposés, lors des dernières élections législatives, ouvre désormais la voie à un vote du projet de loi.L’historique de navigation accessible sur simple demande par la police. L’une des principales mesures — et l’une des plus controversées — donnera accès à la police à un historique simplifié de toute la navigation Internet d’un internaute, sur simple demande auprès des fournisseurs d’accès. Contrairement à ce que croyait savoir la presse britannique, mercredi matin, cette demande se fera sans mandat, et donc sans le contrôle d’un juge, comme c’est le cas dans tous les pays européens et aux Etats-Unis. Les fournisseurs d’accès seront tenus de conserver toutes les données de connexion durant douze mois.Mme May a argué, mercredi, qu’il ne s’agissait « que » d’une version simplifiée — la police n’aura pas accès à l’ensemble des pages consultées par un internaute, mais « uniquement » à l’adresse des sites qu’il a consultés. Ce à quoi les opposants au projet de loi rétorquent qu’il n’existe qu’une différence minime en termes de vie privée entre le fait de savoir qu’un internaute consulte un site pornographique et la liste des pages qu’il y a consultées :Some examples of the difference between Internet Connection Records (no warrant) and browsing history (warrant) https://t.co/rDcjNqcTXa— mikeysmith (@Mikey Smith)require(["twitter/widgets"]);Une légalisation de la surveillance de masse pratiquée par le GCHQ. Le service de renseignement britannique, le GCHQ, est le principal partenaire de la NSA américaine au sein de l’alliance Five Eyes, dont les vastes programmes de surveillance du Web dans le monde entier ont été révélés par le lanceur d’alerte Edward Snowden. Le projet de loi prévoit une légalisation claire de ses programmes de collecte massive des métadonnées Internet — le destinataire, l’origine ou la géolocalisation de l’émetteur d’un message, mais pas son contenu.Le programme mené par le GCHQ en collaboration avec la NSA a été jugé en partie illégal à plusieurs reprises par les tribunaux britanniques, qui ont noté qu’en l’état actuel du droit, cette collecte ne comportait pas suffisamment de garanties de protection pour les citoyens britanniques.Une refonte des mécanismes de contrôle des services de renseignement. Le texte prévoit une large refonte du système de contrôle des services de renseignement et d’éventuels abus. Les trois commissions existantes seront fondues en une seule, qui disposera d’un droit de veto sur les autorisations de mise sous surveillance. En revanche, tout comme la loi française sur le renseignement le permet, les services de renseignement pourront se dispenser d’autorisation en cas de « situation d’urgence », pour une période qui ne pourra excéder cinq jours. Les professions protégées (avocats, journalistes, médecins) devraient bénéficier de protections supplémentaires.Les députés pourront aussi être surveillés. Le texte proposé par Mme May sonne la fin de la « doctrine Wilson » — une tradition politique britannique qui interdit la mise sur écoute des parlementaires. La justice britannique a récemment confirmé que cette doctrine n’était pas une obligation légale, mais un simple « accord politique ». Seule limite fixée par le projet de loi : la mise sous surveillance d’un(e) député(e) ne pourra se faire qu’avec l’accord du premier ministre.Lire aussi :Les députés britanniques ne sont pas à l’abri d’une surveillance électronique 03.11.2015 à 18h56 • Mis à jour le03.11.2015 à 19h05 | Marie Charrel Le sujet est ultrasensible, car il concerne l’institution économique la plus puissante de la zone euro. D’après le Financial Times du 3 novembre, plusieurs dirigeants de la Banque centrale européenne (BCE) ont rencontré des banquiers et financiers quelques jours – voire quelques heures – avant des décisions monétaires déterminantes.Les journalistes du quotidien britannique ont obtenu l’agenda sur un an de six membres de l’institution en appliquant le « droit d’accès aux documents européens », prévu par les traités communautaires. En d’autres termes : ils ont envoyé leur demande à la BCE, qui l’a acceptée, jugeant qu’elle n’avait rien à cacher.On découvre dans ces agendas qu’Yves Mersch, membre du directoire de l’institut de Francfort, a rencontré des cadres de la banque UBS deux jours avant la réunion monétaire du 4 septembre 2014, où la BCE avait annoncé une baisse surprise de son taux directeur, ramené à 0,05 %. Le matin même, le Français Benoît Cœuré, également membre du directoire, avait rencontré un banquier de BNP Paribas.Ce n’est pas tout : Vitor Constâncio, le vice-président de la BCE, et Peter Praet, son chef économiste, ont quant à eux rencontré le hedge fund londonien Algebris le 23 juin dernier. Soit au plus fort de la crise grecque, où l’institution décidait, chaque jour, si elle devait maintenir ou non ses aides d’urgence (« Emergency liquidity assistance », ou ELA) aux banques hellènes. Faut-il s’en offusquer ?Pas forcément. Les dirigeants de l’institution sont, il est vrai, censés respecter une période de silence une semaine avant les réunions du conseil des gouverneurs. Pendant celle-ci, ils doivent se garder de s’exprimer publiquement, et dans les médias, sur la politique monétaire à venir.Pas d’informations confidentiellesMais il ne leur est pas interdit de rencontrer des financiers avant les décisions clés. À condition qu’ils ne leur dévoilent pas d’informations confidentielles concernant les décisions à venir sur la politique monétaire. Comme par exemple, une future hausse ou baisse des taux. « Pour le reste, Il ne faut pas oublier que les banques et les marchés sont le principal canal par lequel la politique monétaire se transmet à l’économie », rappelle Grégory Claeys, économiste et chercheur spécialiste du sujet au think tank Bruegel. « Il est donc important que la BCE rencontre ces acteurs pour leur expliquer ses mesures, qui sont de plus en plus complexes, mais aussi pour prendre le pouls des marchés ». Exemple : c’est après avoir discuté avec des banquiers que le président de l’institution Mario Draghi aurait annoncé, le 26 juillet 2012, qu’il ferait « tout ce qu’il faut » (« whatever it takes » en anglais) pour sauver l’euro – une célèbre phrase qui, selon les experts, a mis un terme à la fièvre qui s’était emparée des marchés. Les financiers lui auraient en effet confié qu’ils considéraient désormais que la monnaie unique n’existait virtuellement plus. Et qu’ils l’intégraient dans leurs calculs. M. Draghi comprit alors qu’il devait alors agir sans attendre pour éteindre la spéculation.Mais alors, quel est le problème ? La suspicion que ce genre de rencontres soulèvent inévitablement. « La BCE doit être au-dessus de tout soupçon », explique M. Claeys. « Pour conserver sa crédibilité, elle ne doit jamais donner le sentiment d’être trop proche du lobby bancaire ou de favoriser un acteur financier en particulier ». Naturellement, la BCE affirme qu’aucune information sensible n’a été échangée lors des rencontres entre M. Coeuré, Mersch, Constâncio et les banquiers. Mais comment en être certain, puisque le contenu de ces discussions reste privé ?Cas exceptionnelD’autant qu’en la matière, il y a un malheureux précédent. Le 18 mai dernier, lors d’une conférence à Londres réunissant des dirigeants de fonds spéculatifs, M. Coeuré avait ainsi indiqué que la BCE s’apprêtait à augmenter le volume de ses achats d’actifs sur les marchés. A sa décharge, le Français était sincèrement convaincu que le contenu de son discours était publié sur internet au moment même où il parlait, comme l’exige dans ce cas les règles de l’institution. L’ennui, c’est que le discours en question n’avait été publié que le lendemain matin. « Une erreur de procédure », avait expliqué l’institution, soulignant qu’il s’agissait là d’un cas exceptionnel.Pour éviter ce genre de problème et surtout, limiter que les risques de suspicion, d’autres banques centrales ont adopté des règles plus strictes. « C’est notamment le cas de la Fed, qui a publié des régulations détaillées et complètes sur la communication extérieure de ses membres », remarque Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG. Ou encore de la Banque d’Angleterre, qui interdit aux membres de son comité de politique monétaire tout contact avec les médias et les autres acteurs extérieurs trois jours avant les réunions clés.La BCE devrait-elle en faire de même, afin d’éviter toute ambiguïté ? Certains experts estiment que oui. D’autres jugent qu’une telle mesure serait inutile. « Il est excessif de fantasmer sur le bénéfice que les banques pourraient tirer d’informations privilégiées sur la politique monétaire qui leur seraient livrées accidentellement », explique M. Dor. « Avec les nouvelles régulations financières, tirer profit de telles informations serait en effet jugé comme un délit d’initié. L’institution coupable risquerait même de perdre son accréditation. Désormais, plus aucune banque d’affaires ne prendrait un tel risque ».Dans tous les cas, la BCE ne se montre pas insensible aux critiques dont elle fait l’objet - que celles-ci soit justifiées ou non. À partir de février 2016, elle publiera en effet sur son site internet l’agenda de ses dirigeants sur les trois derniers mois. « Nous prenons la transparence très au sérieux », assure-t-on dans la maison. Qui en fait ici la preuve…Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.11.2015 à 16h36 • Mis à jour le03.11.2015 à 16h37 Trois militants kurdes ont été tués, mardi 3 novembre, dans le sud-est de la Turquie, lors d’affrontements avec les forces de l’ordre. Ce regain de violence intervient deux jours après la victoire du parti du président Recep Tayyip Erdogan, qui a durci son discours envers les Kurdes.Deux jeunes militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont été tués dans la province de Hakkari, près de la frontière irakienne, lors d’une opération de la police turque pour démanteler des barricades. La troisième victime est un jeune de 22 ans, tué dans la ville de Silvan, dont trois quartiers sont soumis depuis mardi matin à un strict couvre-feu.L’état-major de l’armée turque a également annoncé mardi avoir bombardé, la veille, des positions du PKK en Turquie et dans le nord de l’Irak.Lire aussi :En Turquie, les maigres espoirs des Kurdes de DiyarbakirDeux journalistes inculpés et écrouésMardi, un tribunal d’Istanbul a inculpé et écroué deux responsables du magazine d’opposition Nokta, « pour tentative de coup d’Etat », a indiqué l’un de ses journalistes.Ces deux journalistes avaient été arrêtés lundi par la police après que le dernier numéro du magazine avait présenté en « une » le triomphe du parti de M. Erdogan comme « le début de la guerre civile en Turquie ».Le succès de l’AKP, qui a retrouvé au parlement la majorité absolue qu’il avait perdue il y a cinq mois, a alimenté les craintes des rivaux du chef de l’Etat, qui redoutent qu’il n’en profite pour renforcer son pouvoir sur le pays. Après la victoire de M. Erdogan, le porte-parole du président des Etats-Unis Barack Obama avait fait part, lundi, de ses inquiétudes :« Nous sommes […] très préoccupés par le fait que des médias et des journalistes critiques envers le gouvernement aient fait l’objet de pressions et d’intimidations durant la campagne. »Les Etats-Unis avaient rejoint les critiques formulées par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Dans un rapport conjoint avec le Conseil de l’Europe et le Parlement européen, l’OSCE a dénoncé, lundi, une campagne électorale « marquée par beaucoup trop de peur, et la peur est l’ennemie de la démocratie ». L’organisation a aussi regretté les « interventions dans l’autonomie éditoriale des médias » de la part du gouvernement islamo-conservateur du premier ministre, Ahmet Davutoglu.Lire aussi :En Turquie, Erdogan retrouve les moyens de poursuivre sa dérive autoritaire Camille Bordenet (Ingolstadt, envoyée spéciale) Dans la petite chambre de la famille Hasani, des Kosovars originaires de Mitrovica, les valises sont déjà prêtes. C’est comme si elles n’avaient jamais été défaites. « Retour à la case départ, constate, cynique, Besim, le père, 38 ans. On a tout sacrifié, on s’est endettés pour arriver jusqu’ici, et la seule chose que l’Allemagne trouve à nous offrir, c’est un billet d’avion retour ». Neuf mois après avoir quitté son pays pour l’Allemagne, la famille s’apprête à être rapatriée, comme le seront sans doute aussi les quelque 320 autres demandeurs d’asile originaires du Kosovo, d’Albanie ou du Monténégro qui vivent avec eux dans le centre d’Ingolstadt, en Bavière.Dans cette ancienne caserne militaire convertie en centre d’arrivée et de rapatriement, le rêve d’Allemagne prend fin pour ceux qui ne sont pas venus pour sauver leur vie, mais dans l’espoir d’en trouver une meilleure. « Ce centre vise à regrouper les demandeurs d’asile originaires des pays des Balkans qui n’ont presque aucune chance de rester », explique Maria Els, vice-présidente de la région de Haute-Bavière, en présentant les bâtiments. D’un côté, les logements des migrants, de l’autre, les bureaux administratifs. Toutes les autorités jouant un rôle dans la procédure sont présentes sur place : la région, l’Office fédéral de l’immigration et des réfugiés (BAMF), une antenne du tribunal administratif de Munich et la police, pour les expulsions. A leur arrivée, les migrants passent directement d’un bureau à l’autre pour la prise d’empreintes digitales, la visite médicale, l’enregistrement de la demande d’asile, l’entretien, puis l’éventuel recours. L’objectif : réaliser toute la procédure en l’espace de quatre à six semaines, contre plusieurs mois d’ordinaire.Accélérer les retoursCar c’est bien la vocation de ce centre spécialisé ouvert en septembre : accélérer les démarches pour renvoyer plus vite les migrants économiques originaires de « pays sûrs », qui n’obtiendront pas l’asile. Et envoyer un signal fort aux candidats de ces pays, à l’heure où l’Allemagne − qui s’attend à recevoir jusqu’à un million de demandes d’asile cette année − voudrait se consacrer à l’intégration des réfugiés fuyant les zones de conflit. « Nous pouvons accepter et soutenir les gens qui ont besoin d’une protection [les réfugiés] seulement si ceux qui n’en ont pas besoin ne viennent pas ou sont renvoyés rapidement », soulignait récemment le ministre allemand de l’intérieur, Thomas de Maizière.Pour accélérer les expulsions, Berlin vient de durcir sa législation : l’Albanie, le Kosovo et le Monténégro ont été ajoutés à la liste des pays d’origine « sûre » (la Bosnie-Herzégovine, la Serbie et la Macédoine l’étaient déjà) et les allocations en argent liquide perçues le temps que la demande soit examinée seront désormais remplacées, autant que possible, par des prestations en nature. Ces mesures devraient conduire au renvoi de « dizaines de milliers » de ressortissants des Balkans, selon le ministre de l’intérieur. Ces derniers représentent près de 40 % des demandes d’asile enregistrées dans le pays cette année, alors que leur chance de voir leur demande acceptée est inférieure à 1 %, selon les chiffres du BAMF. Les Albanais et les Kosovars, par exemple, s’inscrivent aux 2e et 3e rangs des demandeurs d’asile, juste derrière les Syriens. #container_14437073317{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14437073317{ height:500px; } #container_14437073317 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14437073317 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14437073317 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14437073317 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les 10 nationalités qui demandent et obtiennent le plus l'asile en AllemagneChiffres de janvier à septembre 2015, sur un total de 303 443 demandes d'asile.Source : Office fédéral allemand de l'immigration et des réfugiés (BAMF)require(['highcharts/4.1.9','highcharts-standalone'], function() { //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14437073317", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:true, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} %", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Syrie","Albanie","Kosovo","Serbie","Irak","Afghanistan","Macédoine","Erythrée","Pakistan","Incertain"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de demandes d'asile", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 73615 ], [ "", 45125 ], [ "", 34723 ], [ "", 22958 ], [ "", 16566 ], [ "", 16360 ], [ "", 11691 ], [ "", 7403 ], [ "", 5290 ], [ "", 4898 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Taux d'admission (%) ", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 91.2 ], [ "", 0.2 ], [ "", 0.4 ], [ "", 0.1 ], [ "", 88.7 ], [ "", 44.3 ], [ "", 0.5 ], [ "", 83 ], [ "", 11.6 ], [ "", 72.8 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 1, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 1 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: 1, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", },\u25CF {series.name}: {point.y}', hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, }}) function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} } }});Le centre d’Ingolstadt va désormais être agrandi pour compter jusqu’à 500 places d’ici décembre et la région en a déjà ouvert un deuxième du genre, à Bamberg. « L’idée est que le maximum de demandeurs d’asile issus des Balkans, qu’ils soient déjà présents dans le pays ou qu’ils arrivent, passent par ces centres », explique Maria Els.Lire aussi :Angela Merkel veut des zones de transit aux frontières« Pour eux, on est les mauvais migrants » La famille Hasani a compris le message. « Ils nous ont dit qu’il fallait faire de la place aux Syriens », soupire Besim. Son épouse Lumturije et leurs deux enfants ont reçu une réponse négative, lui attend toujours. C’est sa deuxième demande d’asile en Allemagne. L’entretien de Lumturije a duré 40 minutes, à peine. Elle a bien senti que son cas était joué d’avance : « Ils m’ont presque coupée en me faisant comprendre que je n’avais pas ma place », raconte-t-elle. Sur le bureau de la fonctionnaire, il y avait une boîte de mouchoirs, mais Lumturije n’a pas voulu pleurer. Elle aurait pu s’inventer une histoire, prétendre des persécutions, ou même tenter de se faire passer pour Syrienne, certaines le font bien. Elle a préféré dire la vérité.« Les demandeurs d’asile que nous recevons ici sont pour la plupart très honnêtes : ils disent qu’ils sont là pour trouver du travail, faire des études ou offrir un meilleur avenir à leurs enfants », explique Herbert Binter, directeur du bureau du BAMF au centre. Dans ce cas, l’entretien est en effet plus court, puisque ces motivations ne les qualifient pas pour obtenir le statut de réfugié. Mais « l’accélération de la procédure ne veut pas dire que nous écourtons l’examen de la demande. Comme partout, nous respectons toutes les étapes, dans le respect du droit », assure M. Binter.Lumturije a fait appel mais « à quoi bon ? ». La réponse est restée la même. « Pour eux, on est les mauvais migrants. Si on est ici, c’est qu’il n’y a plus d’issue », estime-t-elle. Alors, comme beaucoup, elle a signé le formulaire pour un retour volontaire et accepté les billets d’avion. « C’était ça ou attendre que la police vienne nous chercher à 4 heures du matin pour nous expulser. On ne voulait pas que les enfants vivent ça. » Depuis l’ouverture du centre, 90 expulsions ont eu lieu et 220 retours volontaires ont été enregistrés. Pour leur retour, certaines familles peuvent solliciter des aides en plus du billet d’avion – argent liquide de départ par exemple –, au sein de programmes soutenus par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Mais les conditions sont très variables : les Hasani n’y étaient pas éligibles car ils sont arrivés après le 31 décembre 2014. Ils ne demanderont pas non plus d’aide à Pristina à leur arrivée : « le gouvernement kosovar n’a rien à nous offrir », croit savoir Besim.Les illusions perdues Au détour des longs couloirs du centre, l’espoir a laissé place à l’abattement. Et à l’amertume. C’en est fini de l’attente fébrile d’une réponse positive. Ici, on n’attend plus que la date de son départ, résigné. Demain soir, Lumturije et les enfants seront rentrés à Mitrovica. Besim les accompagnera à l’aéroport de Munich. Et ne tardera pas à les rejoindre, il ne se fait pas d’illusions. Il veut malgré tout encore croire qu’il finira par décrocher un permis de travail, un jour.Car qu’auront-ils à offrir à leurs enfants, de retour chez eux, sans argent ni travail ? Même avec plusieurs années d’études, un diplôme d’infirmier et trois langues parlées couramment, Besim n’a jamais trouvé d’emploi au Kosovo, où près de la moitié de la population est au chômage. Son voisin de pallier albanais, Gzim Ndou, non plus, malgré ses douze ans à l’école et son diplôme de policier. Les deux pères de famille pensaient qu’ils auraient plus de chance en Allemagne ; ils avaient entendu dire que le pays cherchait de la main-d’œuvre qualifiée et donnait l’asile facilement. Alors, les Hasani ont fait comme quelque 130 000 autres Kosovars partis sur les routes entre l’été 2014 et le mois de février.Lire aussi le reportage :Kosovo : l’appel de l’OuestA Mitrovica, une ville qui porte encore les stigmates de la guerre, divisée entre quartiers serbes et albanais, la famille retournera vivre chez les parents de Besim ; heureusement les enfants sont excités à l’idée de retrouver leurs grands-parents et leurs copains d’école. Lumturije, elle, s’inquiète beaucoup pour les 600 euros qu’il faudra rembourser à la famille au retour : le prix qu’a coûté le voyage. Les 400 euros mensuels d’allocations reçus en Allemagne ont beau dépasser un salaire kosovar, ils étaient à peine suffisants pour vivre, encore moins pour mettre de côté. Besim s’empresse de préciser : « Ce n’est pas pour toucher ces allocations qu’on est venus. » Cela le contrarie que certains Allemands voient les Kosovars comme des profiteurs qui demandent plusieurs fois l’asile pour percevoir les prestations sociales ou envoyer de l’argent à leur famille.Une porte ouverte à la violence Dans le centre-ville d’Ingolstadt, les sentiments sont mitigés sur ce « centre des Balkans », comme l’appellent certains habitants. Il y a ceux, nombreux, qui se portent bénévoles pour organiser rencontres et activités, témoigne Wolfgang Scheuer, adjoint au maire. Mais aussi les « Not welcome » (pas les bienvenus), venus taguer les bâtiments du centre. « Il faut nous comprendre : les communes d’Allemagne accueillent déjà des milliers de réfugiés. On ne peut pas en plus faire de la place pour ceux qui viennent juste chercher un travail », confie Kristin, une habitante.A l’heure où les incidents contre les foyers d’accueil se multiplient dans le pays, les associations de défense des migrants craignent que ces centres regroupant les réfugiés selon leur région d’origine n’ouvrent la porte à la violence et à une stigmatisation contraire à la promesse d’un examen individualisé des demandes d’asile. « Avant même de décider de la protection à accorder, les demandeurs d’asile sont divisés entre bons et mauvais réfugiés. Or cette division, basée uniquement sur le pays d’origine, préjuge de la décision qui sera prise sur le besoin avéré ou non d’une protection », dénonce Stephan Dünnwald, du Conseil pour les réfugiés de Bavière. Il déplore que ces centres, parce qu’isolés, privent leurs résidents de l’assistance des associations et de tout processus d’intégration. Et déscolarisent les enfants.La veille, les Hasani ont fait l’aller-retour à Munich pour aller chercher des vêtements d’hiver dans leur ancien foyer d’accueil. Il a fallu attendre plus de quatre heures : la famille a été appelée en dernier, après les Syriens, les Afghans et les Erythréens. Besim, pourtant, n’en veut à personne. Il sait bien que les Syriens sont prioritaires à l’accueil. « Chez eux, c’est la guerre, ils meurent tous les jours… » Il se souvient d’un temps où les Bosniaques et les Kosovars étaient les Syriens de l’Europe. « Aujourd’hui on ne fuit plus les bombes, mais nous aussi on tente de survivre. Notre guerre est psychologique : on se bat contre la misère, le chômage, la corruption, le crime organisé. » Ainsi Besim a-t-il bien du mal à comprendre comment son pays peut être considéré comme « sûr ». Il aimerait qu’on réfléchisse aux raisons qui poussent son peuple à s’exiler.Camille Bordenet (Ingolstadt, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.11.2015 à 10h33 • Mis à jour le03.11.2015 à 12h38 | Philippe Jacqué Volkswagen est loin d’être sorti d’affaire… Après sa gamme de moteurs diesel EA 189, ses moteurs diesel 3 l seraient également équipés d’un logiciel de manipulation, selon les affirmations de l’Environmental Protection Agency (EPA – « Agence américaine de protection de l’environnement »).Lire aussi :Volkswagen : les moteurs plus puissants étaient aussi truquésSi Volkswagen dément toute nouvelle fraude, cette affaire pourrait une nouvelle fois saper l’image du géant de Wolfsburg, même si pour l’instant les ventes résistent bien au scandale.Combien de véhicules seraient concernés ?Le nombre de véhicules concernés reste faible, une dizaine de milliers de Volkswagen (Touareg), Porsche (Cayenne) et Audi (A6 quattro, A6L, A7, A8, Q5) sont comptabilisées pour les années 2014 et 2015, selon l’EPA.Cela pourrait être bien plus, si le logiciel est également installé sur ses modèles vendus en Europe, ce qui était le cas pour les moteurs EA 189. Comme les gros véhicules de Porsche et Audi écoulés sur le Vieux Continent sont essentiellement équipés de moteur 3 l diesel, il est probable que les conséquences soient importantes.Quelles conséquences financières ?Tous ces modèles sont parmi les plus chers, et donc les plus rentables pour le groupe. Aux Etats-Unis, une Porsche Cayenne diesel se vend à partir de 62 300 dollars (56 699 euros). Un Touareg de VW vaut au minimum 53 000 dollars…S’il est pour l’instant impossible de calculer les conséquences financières précises du premier scandale qui concernait le moteur EA 189 – les analystes l’estiment entre 15 milliards et 80 milliards d’euros –, il est encore plus difficile de prévoir l’impact de cette nouvelle péripétie. Entre les amendes, les rappels, les sanctions et autres actions de groupe, la somme pourrait vite dépasser plusieurs milliards d’euros…Le fait nouveau, c’est que Porsche, jusqu’à présent épargné, puisse être éclaboussé par le scandale. Le constructeur de véhicules sportifs de Stuttgart est la deuxième source de profits du groupe après Audi. Sur les neuf premiers mois de l’année 2015, la marque a réalisé 2,5 milliards d’euros de résultat opérationnel, avec une marge autour de 16 %, tandis qu’Audi a dégagé 4 milliards de résultat opérationnel, avec une marge de 8 %. Du fait d’une provision de 6,5 milliards d’euros, le groupe présente pour sa part un résultat opérationnel consolidé de 3,3 milliards d’euros.Volkswagen était également ébranlé en Bourse, mardi. Sur l’indice Dax de la Bourse de Francfort, l’action affichait la plus forte baisse vers 9 h 30, perdant 3,06 % à 109,35 euros. Une baisse cependant sans commune mesure avec les 20 % évaporés en une journée le jour de l’éclatement de l’affaire en septembre.Quel impact pour l’image du groupe ?Le plus problématique pour le groupe Volkswagen reste peut-être que le nouveau patron n’est autre que Matthias Müller, l’ancien patron de Porsche. Sa probité sera très certainement montrée du doigt s’il est avéré que Porsche a bien manipulé le système de dépollution de ses moteurs.Lire aussi :En plein scandale, Matthias Müller prend la tête du groupe VolkswagenPhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.11.2015 à 11h05 • Mis à jour le04.11.2015 à 17h50 La ministre de l’intérieur britannique, Theresa May, a présenté mercredi 4 novembre son projet de loi sur la surveillance numérique, un texte très controversé qui doterait les services de renseignement, mais aussi la police, d’un accès sans précédent aux données de navigation des internautes britanniques.Mme May entend faire passer ce nouveau texte, qui reprend les principales dispositions d’un précédent projet de loi surnommé la « charte des fouineurs », auquel le précédent gouvernement avait dû renoncer faute d’une majorité suffisante au Parlement. La déroute des Démocrates libéraux (Liberal Democrats, LibDem), les seuls à s’y être frontalement opposés, lors des dernières élections législatives, ouvre désormais la voie à un vote du projet de loi.L’historique de navigation accessible sur simple demande par la police. L’une des principales mesures — et l’une des plus controversées — donnera accès à la police à un historique simplifié de toute la navigation Internet d’un internaute, sur simple demande auprès des fournisseurs d’accès. Contrairement à ce que croyait savoir la presse britannique, mercredi matin, cette demande se fera sans mandat, et donc sans le contrôle d’un juge, comme c’est le cas dans tous les pays européens et aux Etats-Unis. Les fournisseurs d’accès seront tenus de conserver toutes les données de connexion durant douze mois.Mme May a argué, mercredi, qu’il ne s’agissait « que » d’une version simplifiée — la police n’aura pas accès à l’ensemble des pages consultées par un internaute, mais « uniquement » à l’adresse des sites qu’il a consultés. Ce à quoi les opposants au projet de loi rétorquent qu’il n’existe qu’une différence minime en termes de vie privée entre le fait de savoir qu’un internaute consulte un site pornographique et la liste des pages qu’il y a consultées :Some examples of the difference between Internet Connection Records (no warrant) and browsing history (warrant) https://t.co/rDcjNqcTXa— mikeysmith (@Mikey Smith)require(["twitter/widgets"]);Une légalisation de la surveillance de masse pratiquée par le GCHQ. Le service de renseignement britannique, le GCHQ, est le principal partenaire de la NSA américaine au sein de l’alliance Five Eyes, dont les vastes programmes de surveillance du Web dans le monde entier ont été révélés par le lanceur d’alerte Edward Snowden. Le projet de loi prévoit une légalisation claire de ses programmes de collecte massive des métadonnées Internet — le destinataire, l’origine ou la géolocalisation de l’émetteur d’un message, mais pas son contenu.Le programme mené par le GCHQ en collaboration avec la NSA a été jugé en partie illégal à plusieurs reprises par les tribunaux britanniques, qui ont noté qu’en l’état actuel du droit, cette collecte ne comportait pas suffisamment de garanties de protection pour les citoyens britanniques.Une refonte des mécanismes de contrôle des services de renseignement. Le texte prévoit une large refonte du système de contrôle des services de renseignement et d’éventuels abus. Les trois commissions existantes seront fondues en une seule, qui disposera d’un droit de veto sur les autorisations de mise sous surveillance. En revanche, tout comme la loi française sur le renseignement le permet, les services de renseignement pourront se dispenser d’autorisation en cas de « situation d’urgence », pour une période qui ne pourra excéder cinq jours. Les professions protégées (avocats, journalistes, médecins) devraient bénéficier de protections supplémentaires.Les députés pourront aussi être surveillés. Le texte proposé par Mme May sonne la fin de la « doctrine Wilson » — une tradition politique britannique qui interdit la mise sur écoute des parlementaires. La justice britannique a récemment confirmé que cette doctrine n’était pas une obligation légale, mais un simple « accord politique ». Seule limite fixée par le projet de loi : la mise sous surveillance d’un(e) député(e) ne pourra se faire qu’avec l’accord du premier ministre.Lire aussi :Les députés britanniques ne sont pas à l’abri d’une surveillance électronique 03.11.2015 à 18h56 • Mis à jour le03.11.2015 à 19h05 | Marie Charrel Le sujet est ultrasensible, car il concerne l’institution économique la plus puissante de la zone euro. D’après le Financial Times du 3 novembre, plusieurs dirigeants de la Banque centrale européenne (BCE) ont rencontré des banquiers et financiers quelques jours – voire quelques heures – avant des décisions monétaires déterminantes.Les journalistes du quotidien britannique ont obtenu l’agenda sur un an de six membres de l’institution en appliquant le « droit d’accès aux documents européens », prévu par les traités communautaires. En d’autres termes : ils ont envoyé leur demande à la BCE, qui l’a acceptée, jugeant qu’elle n’avait rien à cacher.On découvre dans ces agendas qu’Yves Mersch, membre du directoire de l’institut de Francfort, a rencontré des cadres de la banque UBS deux jours avant la réunion monétaire du 4 septembre 2014, où la BCE avait annoncé une baisse surprise de son taux directeur, ramené à 0,05 %. Le matin même, le Français Benoît Cœuré, également membre du directoire, avait rencontré un banquier de BNP Paribas.Ce n’est pas tout : Vitor Constâncio, le vice-président de la BCE, et Peter Praet, son chef économiste, ont quant à eux rencontré le hedge fund londonien Algebris le 23 juin dernier. Soit au plus fort de la crise grecque, où l’institution décidait, chaque jour, si elle devait maintenir ou non ses aides d’urgence (« Emergency liquidity assistance », ou ELA) aux banques hellènes. Faut-il s’en offusquer ?Pas forcément. Les dirigeants de l’institution sont, il est vrai, censés respecter une période de silence une semaine avant les réunions du conseil des gouverneurs. Pendant celle-ci, ils doivent se garder de s’exprimer publiquement, et dans les médias, sur la politique monétaire à venir.Pas d’informations confidentiellesMais il ne leur est pas interdit de rencontrer des financiers avant les décisions clés. À condition qu’ils ne leur dévoilent pas d’informations confidentielles concernant les décisions à venir sur la politique monétaire. Comme par exemple, une future hausse ou baisse des taux. « Pour le reste, Il ne faut pas oublier que les banques et les marchés sont le principal canal par lequel la politique monétaire se transmet à l’économie », rappelle Grégory Claeys, économiste et chercheur spécialiste du sujet au think tank Bruegel. « Il est donc important que la BCE rencontre ces acteurs pour leur expliquer ses mesures, qui sont de plus en plus complexes, mais aussi pour prendre le pouls des marchés ». Exemple : c’est après avoir discuté avec des banquiers que le président de l’institution Mario Draghi aurait annoncé, le 26 juillet 2012, qu’il ferait « tout ce qu’il faut » (« whatever it takes » en anglais) pour sauver l’euro – une célèbre phrase qui, selon les experts, a mis un terme à la fièvre qui s’était emparée des marchés. Les financiers lui auraient en effet confié qu’ils considéraient désormais que la monnaie unique n’existait virtuellement plus. Et qu’ils l’intégraient dans leurs calculs. M. Draghi comprit alors qu’il devait alors agir sans attendre pour éteindre la spéculation.Mais alors, quel est le problème ? La suspicion que ce genre de rencontres soulèvent inévitablement. « La BCE doit être au-dessus de tout soupçon », explique M. Claeys. « Pour conserver sa crédibilité, elle ne doit jamais donner le sentiment d’être trop proche du lobby bancaire ou de favoriser un acteur financier en particulier ». Naturellement, la BCE affirme qu’aucune information sensible n’a été échangée lors des rencontres entre M. Coeuré, Mersch, Constâncio et les banquiers. Mais comment en être certain, puisque le contenu de ces discussions reste privé ?Cas exceptionnelD’autant qu’en la matière, il y a un malheureux précédent. Le 18 mai dernier, lors d’une conférence à Londres réunissant des dirigeants de fonds spéculatifs, M. Coeuré avait ainsi indiqué que la BCE s’apprêtait à augmenter le volume de ses achats d’actifs sur les marchés. A sa décharge, le Français était sincèrement convaincu que le contenu de son discours était publié sur internet au moment même où il parlait, comme l’exige dans ce cas les règles de l’institution. L’ennui, c’est que le discours en question n’avait été publié que le lendemain matin. « Une erreur de procédure », avait expliqué l’institution, soulignant qu’il s’agissait là d’un cas exceptionnel.Pour éviter ce genre de problème et surtout, limiter que les risques de suspicion, d’autres banques centrales ont adopté des règles plus strictes. « C’est notamment le cas de la Fed, qui a publié des régulations détaillées et complètes sur la communication extérieure de ses membres », remarque Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG. Ou encore de la Banque d’Angleterre, qui interdit aux membres de son comité de politique monétaire tout contact avec les médias et les autres acteurs extérieurs trois jours avant les réunions clés.La BCE devrait-elle en faire de même, afin d’éviter toute ambiguïté ? Certains experts estiment que oui. D’autres jugent qu’une telle mesure serait inutile. « Il est excessif de fantasmer sur le bénéfice que les banques pourraient tirer d’informations privilégiées sur la politique monétaire qui leur seraient livrées accidentellement », explique M. Dor. « Avec les nouvelles régulations financières, tirer profit de telles informations serait en effet jugé comme un délit d’initié. L’institution coupable risquerait même de perdre son accréditation. Désormais, plus aucune banque d’affaires ne prendrait un tel risque ».Dans tous les cas, la BCE ne se montre pas insensible aux critiques dont elle fait l’objet - que celles-ci soit justifiées ou non. À partir de février 2016, elle publiera en effet sur son site internet l’agenda de ses dirigeants sur les trois derniers mois. « Nous prenons la transparence très au sérieux », assure-t-on dans la maison. Qui en fait ici la preuve…Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.11.2015 à 16h36 Trois militants kurdes ont été tués, mardi 3 novembre, dans le sud-est de la Turquie, lors d’affrontements avec les forces de l’ordre. Ce regain de violence intervient deux jours après la victoire du parti du président Recep Tayyip Erdogan, qui a durci son discours envers les Kurdes.Deux jeunes militants du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont été tués dans la province de Hakkari, près de la frontière irakienne, lors d’une opération de la police turque pour démanteler des barricades. La troisième victime est un jeune de 22 ans, tué dans la ville de Silvan, dont trois quartiers sont soumis depuis mardi matin à un strict couvre-feu.L’état-major de l’armée turque a également annoncé mardi avoir bombardé, la veille, des positions du PKK en Turquie et dans le nord de l’Irak.Lire aussi :En Turquie, les maigres espoirs des Kurdes de DiyarbakirDeux journalistes inculpés et écrouésMardi, un tribunal d’Istanbul a inculpé et écroué deux responsables du magazine d’opposition Nokta, « pour tentative de coup d’Etat », a indiqué l’un de ses journalistes.Ces deux journalistes avaient été arrêtés lundi par la police après que le dernier numéro du magazine avait présenté en « une » le triomphe du parti de M. Erdogan comme « le début de la guerre civile en Turquie ».Le succès de l’AKP, qui a retrouvé au parlement la majorité absolue qu’il avait perdue il y a cinq mois, a alimenté les craintes des rivaux du chef de l’Etat, qui redoutent qu’il n’en profite pour renforcer son pouvoir sur le pays. Après la victoire de M. Erdogan, le porte-parole du président des Etats-Unis Barack Obama avait fait part, lundi, de ses inquiétudes :« Nous sommes […] très préoccupés par le fait que des médias et des journalistes critiques envers le gouvernement aient fait l’objet de pressions et d’intimidations durant la campagne. »Les Etats-Unis avaient rejoint les critiques formulées par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Dans un rapport conjoint avec le Conseil de l’Europe et le Parlement européen, l’OSCE a dénoncé, lundi, une campagne électorale « marquée par beaucoup trop de peur, et la peur est l’ennemie de la démocratie ». L’organisation a aussi regretté les « interventions dans l’autonomie éditoriale des médias » de la part du gouvernement islamo-conservateur du premier ministre, Ahmet Davutoglu.Lire aussi :En Turquie, Erdogan retrouve les moyens de poursuivre sa dérive autoritaire Camille Bordenet (Ingolstadt, envoyée spéciale) Dans la petite chambre de la famille Hasani, des Kosovars originaires de Mitrovica, les valises sont déjà prêtes. C’est comme si elles n’avaient jamais été défaites. « Retour à la case départ, constate, cynique, Besim, le père, 38 ans. On a tout sacrifié, on s’est endettés pour arriver jusqu’ici, et la seule chose que l’Allemagne trouve à nous offrir, c’est un billet d’avion retour ». Neuf mois après avoir quitté son pays pour l’Allemagne, la famille s’apprête à être rapatriée, comme le seront sans doute aussi les quelque 320 autres demandeurs d’asile originaires du Kosovo, d’Albanie ou du Monténégro qui vivent avec eux dans le centre d’Ingolstadt, en Bavière.Dans cette ancienne caserne militaire convertie en centre d’arrivée et de rapatriement, le rêve d’Allemagne prend fin pour ceux qui ne sont pas venus pour sauver leur vie, mais dans l’espoir d’en trouver une meilleure. « Ce centre vise à regrouper les demandeurs d’asile originaires des pays des Balkans qui n’ont presque aucune chance de rester », explique Maria Els, vice-présidente de la région de Haute-Bavière, en présentant les bâtiments. D’un côté, les logements des migrants, de l’autre, les bureaux administratifs. Toutes les autorités jouant un rôle dans la procédure sont présentes sur place : la région, l’Office fédéral de l’immigration et des réfugiés (BAMF), une antenne du tribunal administratif de Munich et la police, pour les expulsions. A leur arrivée, les migrants passent directement d’un bureau à l’autre pour la prise d’empreintes digitales, la visite médicale, l’enregistrement de la demande d’asile, l’entretien, puis l’éventuel recours. L’objectif : réaliser toute la procédure en l’espace de quatre à six semaines, contre plusieurs mois d’ordinaire.Accélérer les retoursCar c’est bien la vocation de ce centre spécialisé ouvert en septembre : accélérer les démarches pour renvoyer plus vite les migrants économiques originaires de « pays sûrs », qui n’obtiendront pas l’asile. Et envoyer un signal fort aux candidats de ces pays, à l’heure où l’Allemagne − qui s’attend à recevoir jusqu’à un million de demandes d’asile cette année − voudrait se consacrer à l’intégration des réfugiés fuyant les zones de conflit. « Nous pouvons accepter et soutenir les gens qui ont besoin d’une protection [les réfugiés] seulement si ceux qui n’en ont pas besoin ne viennent pas ou sont renvoyés rapidement », soulignait récemment le ministre allemand de l’intérieur, Thomas de Maizière.Pour accélérer les expulsions, Berlin vient de durcir sa législation : l’Albanie, le Kosovo et le Monténégro ont été ajoutés à la liste des pays d’origine « sûre » (la Bosnie-Herzégovine, la Serbie et la Macédoine l’étaient déjà) et les allocations en argent liquide perçues le temps que la demande soit examinée seront désormais remplacées, autant que possible, par des prestations en nature. Ces mesures devraient conduire au renvoi de « dizaines de milliers » de ressortissants des Balkans, selon le ministre de l’intérieur. Ces derniers représentent près de 40 % des demandes d’asile enregistrées dans le pays cette année, alors que leur chance de voir leur demande acceptée est inférieure à 1 %, selon les chiffres du BAMF. Les Albanais et les Kosovars, par exemple, s’inscrivent aux 2e et 3e rangs des demandeurs d’asile, juste derrière les Syriens. #container_14437073317{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14437073317{ height:500px; } #container_14437073317 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14437073317 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14437073317 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14437073317 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les 10 nationalités qui demandent et obtiennent le plus l'asile en AllemagneChiffres de janvier à septembre 2015, sur un total de 303 443 demandes d'asile.Source : Office fédéral allemand de l'immigration et des réfugiés (BAMF)require(['highcharts/4.1.9','highcharts-standalone'], function() { //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14437073317", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:true, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} %", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Syrie","Albanie","Kosovo","Serbie","Irak","Afghanistan","Macédoine","Erythrée","Pakistan","Incertain"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de demandes d'asile", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 73615 ], [ "", 45125 ], [ "", 34723 ], [ "", 22958 ], [ "", 16566 ], [ "", 16360 ], [ "", 11691 ], [ "", 7403 ], [ "", 5290 ], [ "", 4898 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Taux d'admission (%) ", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 91.2 ], [ "", 0.2 ], [ "", 0.4 ], [ "", 0.1 ], [ "", 88.7 ], [ "", 44.3 ], [ "", 0.5 ], [ "", 83 ], [ "", 11.6 ], [ "", 72.8 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 1, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 1 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: 1, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", },\u25CF {series.name}: {point.y}', hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, }}) function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} } }});Le centre d’Ingolstadt va désormais être agrandi pour compter jusqu’à 500 places d’ici décembre et la région en a déjà ouvert un deuxième du genre, à Bamberg. « L’idée est que le maximum de demandeurs d’asile issus des Balkans, qu’ils soient déjà présents dans le pays ou qu’ils arrivent, passent par ces centres », explique Maria Els.Lire aussi :Angela Merkel veut des zones de transit aux frontières« Pour eux, on est les mauvais migrants » La famille Hasani a compris le message. « Ils nous ont dit qu’il fallait faire de la place aux Syriens », soupire Besim. Son épouse Lumturije et leurs deux enfants ont reçu une réponse négative, lui attend toujours. C’est sa deuxième demande d’asile en Allemagne. L’entretien de Lumturije a duré 40 minutes, à peine. Elle a bien senti que son cas était joué d’avance : « Ils m’ont presque coupée en me faisant comprendre que je n’avais pas ma place », raconte-t-elle. Sur le bureau de la fonctionnaire, il y avait une boîte de mouchoirs, mais Lumturije n’a pas voulu pleurer. Elle aurait pu s’inventer une histoire, prétendre des persécutions, ou même tenter de se faire passer pour Syrienne, certaines le font bien. Elle a préféré dire la vérité.« Les demandeurs d’asile que nous recevons ici sont pour la plupart très honnêtes : ils disent qu’ils sont là pour trouver du travail, faire des études ou offrir un meilleur avenir à leurs enfants », explique Herbert Binter, directeur du bureau du BAMF au centre. Dans ce cas, l’entretien est en effet plus court, puisque ces motivations ne les qualifient pas pour obtenir le statut de réfugié. Mais « l’accélération de la procédure ne veut pas dire que nous écourtons l’examen de la demande. Comme partout, nous respectons toutes les étapes, dans le respect du droit », assure M. Binter.Lumturije a fait appel mais « à quoi bon ? ». La réponse est restée la même. « Pour eux, on est les mauvais migrants. Si on est ici, c’est qu’il n’y a plus d’issue », estime-t-elle. Alors, comme beaucoup, elle a signé le formulaire pour un retour volontaire et accepté les billets d’avion. « C’était ça ou attendre que la police vienne nous chercher à 4 heures du matin pour nous expulser. On ne voulait pas que les enfants vivent ça. » Depuis l’ouverture du centre, 90 expulsions ont eu lieu et 220 retours volontaires ont été enregistrés. Pour leur retour, certaines familles peuvent solliciter des aides en plus du billet d’avion – argent liquide de départ par exemple –, au sein de programmes soutenus par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Mais les conditions sont très variables : les Hasani n’y étaient pas éligibles car ils sont arrivés après le 31 décembre 2014. Ils ne demanderont pas non plus d’aide à Pristina à leur arrivée : « le gouvernement kosovar n’a rien à nous offrir », croit savoir Besim.Les illusions perdues Au détour des longs couloirs du centre, l’espoir a laissé place à l’abattement. Et à l’amertume. C’en est fini de l’attente fébrile d’une réponse positive. Ici, on n’attend plus que la date de son départ, résigné. Demain soir, Lumturije et les enfants seront rentrés à Mitrovica. Besim les accompagnera à l’aéroport de Munich. Et ne tardera pas à les rejoindre, il ne se fait pas d’illusions. Il veut malgré tout encore croire qu’il finira par décrocher un permis de travail, un jour.Car qu’auront-ils à offrir à leurs enfants, de retour chez eux, sans argent ni travail ? Même avec plusieurs années d’études, un diplôme d’infirmier et trois langues parlées couramment, Besim n’a jamais trouvé d’emploi au Kosovo, où près de la moitié de la population est au chômage. Son voisin de pallier albanais, Gzim Ndou, non plus, malgré ses douze ans à l’école et son diplôme de policier. Les deux pères de famille pensaient qu’ils auraient plus de chance en Allemagne ; ils avaient entendu dire que le pays cherchait de la main-d’œuvre qualifiée et donnait l’asile facilement. Alors, les Hasani ont fait comme quelque 130 000 autres Kosovars partis sur les routes entre l’été 2014 et le mois de février.Lire aussi le reportage :Kosovo : l’appel de l’OuestA Mitrovica, une ville qui porte encore les stigmates de la guerre, divisée entre quartiers serbes et albanais, la famille retournera vivre chez les parents de Besim ; heureusement les enfants sont excités à l’idée de retrouver leurs grands-parents et leurs copains d’école. Lumturije, elle, s’inquiète beaucoup pour les 600 euros qu’il faudra rembourser à la famille au retour : le prix qu’a coûté le voyage. Les 400 euros mensuels d’allocations reçus en Allemagne ont beau dépasser un salaire kosovar, ils étaient à peine suffisants pour vivre, encore moins pour mettre de côté. Besim s’empresse de préciser : « Ce n’est pas pour toucher ces allocations qu’on est venus. » Cela le contrarie que certains Allemands voient les Kosovars comme des profiteurs qui demandent plusieurs fois l’asile pour percevoir les prestations sociales ou envoyer de l’argent à leur famille.Une porte ouverte à la violence Dans le centre-ville d’Ingolstadt, les sentiments sont mitigés sur ce « centre des Balkans », comme l’appellent certains habitants. Il y a ceux, nombreux, qui se portent bénévoles pour organiser rencontres et activités, témoigne Wolfgang Scheuer, adjoint au maire. Mais aussi les « Not welcome » (pas les bienvenus), venus taguer les bâtiments du centre. « Il faut nous comprendre : les communes d’Allemagne accueillent déjà des milliers de réfugiés. On ne peut pas en plus faire de la place pour ceux qui viennent juste chercher un travail », confie Kristin, une habitante.A l’heure où les incidents contre les foyers d’accueil se multiplient dans le pays, les associations de défense des migrants craignent que ces centres regroupant les réfugiés selon leur région d’origine n’ouvrent la porte à la violence et à une stigmatisation contraire à la promesse d’un examen individualisé des demandes d’asile. « Avant même de décider de la protection à accorder, les demandeurs d’asile sont divisés entre bons et mauvais réfugiés. Or cette division, basée uniquement sur le pays d’origine, préjuge de la décision qui sera prise sur le besoin avéré ou non d’une protection », dénonce Stephan Dünnwald, du Conseil pour les réfugiés de Bavière. Il déplore que ces centres, parce qu’isolés, privent leurs résidents de l’assistance des associations et de tout processus d’intégration. Et déscolarisent les enfants.La veille, les Hasani ont fait l’aller-retour à Munich pour aller chercher des vêtements d’hiver dans leur ancien foyer d’accueil. Il a fallu attendre plus de quatre heures : la famille a été appelée en dernier, après les Syriens, les Afghans et les Erythréens. Besim, pourtant, n’en veut à personne. Il sait bien que les Syriens sont prioritaires à l’accueil. « Chez eux, c’est la guerre, ils meurent tous les jours… » Il se souvient d’un temps où les Bosniaques et les Kosovars étaient les Syriens de l’Europe. « Aujourd’hui on ne fuit plus les bombes, mais nous aussi on tente de survivre. Notre guerre est psychologique : on se bat contre la misère, le chômage, la corruption, le crime organisé. » Ainsi Besim a-t-il bien du mal à comprendre comment son pays peut être considéré comme « sûr ». Il aimerait qu’on réfléchisse aux raisons qui poussent son peuple à s’exiler.Camille Bordenet (Ingolstadt, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.11.2015 à 10h33 • Mis à jour le03.11.2015 à 12h38 | Philippe Jacqué Volkswagen est loin d’être sorti d’affaire… Après sa gamme de moteurs diesel EA 189, ses moteurs diesel 3 l seraient également équipés d’un logiciel de manipulation, selon les affirmations de l’Environmental Protection Agency (EPA – « Agence américaine de protection de l’environnement »).Lire aussi :Volkswagen : les moteurs plus puissants étaient aussi truquésSi Volkswagen dément toute nouvelle fraude, cette affaire pourrait une nouvelle fois saper l’image du géant de Wolfsburg, même si pour l’instant les ventes résistent bien au scandale.Combien de véhicules seraient concernés ?Le nombre de véhicules concernés reste faible, une dizaine de milliers de Volkswagen (Touareg), Porsche (Cayenne) et Audi (A6 quattro, A6L, A7, A8, Q5) sont comptabilisées pour les années 2014 et 2015, selon l’EPA.Cela pourrait être bien plus, si le logiciel est également installé sur ses modèles vendus en Europe, ce qui était le cas pour les moteurs EA 189. Comme les gros véhicules de Porsche et Audi écoulés sur le Vieux Continent sont essentiellement équipés de moteur 3 l diesel, il est probable que les conséquences soient importantes.Quelles conséquences financières ?Tous ces modèles sont parmi les plus chers, et donc les plus rentables pour le groupe. Aux Etats-Unis, une Porsche Cayenne diesel se vend à partir de 62 300 dollars (56 699 euros). Un Touareg de VW vaut au minimum 53 000 dollars…S’il est pour l’instant impossible de calculer les conséquences financières précises du premier scandale qui concernait le moteur EA 189 – les analystes l’estiment entre 15 milliards et 80 milliards d’euros –, il est encore plus difficile de prévoir l’impact de cette nouvelle péripétie. Entre les amendes, les rappels, les sanctions et autres actions de groupe, la somme pourrait vite dépasser plusieurs milliards d’euros…Le fait nouveau, c’est que Porsche, jusqu’à présent épargné, puisse être éclaboussé par le scandale. Le constructeur de véhicules sportifs de Stuttgart est la deuxième source de profits du groupe après Audi. Sur les neuf premiers mois de l’année 2015, la marque a réalisé 2,5 milliards d’euros de résultat opérationnel, avec une marge autour de 16 %, tandis qu’Audi a dégagé 4 milliards de résultat opérationnel, avec une marge de 8 %. Du fait d’une provision de 6,5 milliards d’euros, le groupe présente pour sa part un résultat opérationnel consolidé de 3,3 milliards d’euros.Volkswagen était également ébranlé en Bourse, mardi. Sur l’indice Dax de la Bourse de Francfort, l’action affichait la plus forte baisse vers 9 h 30, perdant 3,06 % à 109,35 euros. Une baisse cependant sans commune mesure avec les 20 % évaporés en une journée le jour de l’éclatement de l’affaire en septembre.Quel impact pour l’image du groupe ?Le plus problématique pour le groupe Volkswagen reste peut-être que le nouveau patron n’est autre que Matthias Müller, l’ancien patron de Porsche. Sa probité sera très certainement montrée du doigt s’il est avéré que Porsche a bien manipulé le système de dépollution de ses moteurs.Lire aussi :En plein scandale, Matthias Müller prend la tête du groupe VolkswagenPhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Allan Kaval (Erbil, correspondance) Au lendemain du revers électoral subi par le Parti démocratique des peuples (HDP, lié au mouvement kurde), Diyarbakir, la grande ville du sud-est kurde de la Turquie, est dans l’expectative. Le HDP a vu son score chuter de 13 % à 10,7 % par rapport aux élections du 7 juin, qui n’avait pas permis de former un gouvernement majoritaire. Le parti et son électorat, qui reste dominant dans la plupart des régions kurdes, se trouvent dans une situation confuse.Lire aussi :Turquie : Les islamo-conservateurs reprennent la majorité absolue au ParlementPourtant, après l’émotion et la colère qui se sont brièvement manifestées à l’annonce des résultats et la déception ressentie par les électeurs du HDP, pointe l’idée que le pire a peut-être été évité. Quoique de justesse, le parti pro kurde est assuré d’entrer au Parlement grâce à la marge de quelques dixièmes de points qui lui permet de franchir le seuil requis pour y être représenté. data-ui="carousel" data-module="portfolio" data-wrapper=".gallery" data-interval="false" data-is-atom tabindex="10"> data-slide-title="" data-slide-description="Dans le quartier de Sur, centre-ville historique de Diyarbakir, dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, les électeurs se rendent aux urnes, dimanche 1er novembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Dans le bureau de vote de l’école Yavuz Sultan Selim, on constate une nette baisse de la participation à la mi-journée. « A cause des violences qui ont lieu, les gens ont peur de venir voter à Sur, ils craignent que le vote dégénère à nouveau », analyse Mehmet, un assesseur." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Les forces spéciales de police lourdement armées dans un des lycées qui accueillent les bureau de vote : « Pas de photos ici, c'est une zone terroriste. »" data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Pour Feleknaz Ucan, ancienne membre turco-allemande du Parlement européen, aujourd’hui députée HDP, la présence des forces spéciales dans l’enceinte des écoles de ce quartier sensible en ce dimanche d’élection est un grave atteinte au bon déroulement du scrutin." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Portraits de Mustapha Kemal, dit « Ataturk », fondateur de la Turquie moderne et républicaine (1881-1938)." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Les électeurs se rendent aux urnes en longeant les parois par endroit criblées de balles des maisons et des commerces." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Les impacts de balles témoignent de la violence des combats qui ont opposés ici du 10 au 12 octobre les militants urbains du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) aux forces de police." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="" data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Au QG de l'AKP, le Parti de la justice et du développement, la formation islamo-conservatrice du président Recep Tayyip Erdogan Erdogan" data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Seul au pouvoir depuis treize ans, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, espère prendre sa revanche sur le scrutin du 7 juin – ici au quartier général de l'AKP." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Après quarante-cinq jours de pourparlers avec les autres partis présents au Parlement, le premier ministre turc, Ahmet Davoutoglu (ici son portrait au QG de l'AKP), avait échoué à former une coalition après les élections de juin. Un nouveau scrutin législatif a donc été convoqué pour le 1er novembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Idris Baluken (ici au QG de l'AKP), candidat du HDP à Diyarbakir en appelle au pouvoir en place à Ankara : « L’AKP doit respecter la volonté du peuple, sinon les violences vont reprendre et nous courons le risque d’une guerre. »" data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="" data-slide-item-lie="" Précedent1/13SuivantDans le quartier de Sur, centre-ville historique de Diyarbakir, dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, les électeurs se rendent aux urnes, dimanche 1er novembre.Emilien URBANO/MYOP POUR LE MONDE› Accéder au portfoliorequire(['lmd/ui/carousel', 'lmd/module/portfolio']);Rempart potentiel contre la mécanique du pire« Il est possible que les choses dégénèrent, étant donné la volonté affichée de l’AKP [le Parti de la justice et du développement, au pouvoir depuis 2002 et vainqueur du scrutin de dimanche] de détruire le mouvement kurde. Mais si le HDP avait échoué à dépasser le barrage des 10 %, il aurait été exclu des institutions turques et la situation aurait pu devenir incontrôlable », indique Nazmi Gür, parlementaire HDP et cadre dirigeant du parti, depuis la capitale Ankara.Pour certains électeurs du HDP à Diyarbakir, la large majorité obtenue par l’AKP le 1er novembre est perçue comme un rempart potentiel contre la mécanique du pire dans laquelle la Turquie a été emportée depuis les dernières élections, avec successivement la reprise des affrontements avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, branche armée du mouvement kurde) fin juillet, puis la transformation de plusieurs centres-villes du sud-est du pays en champs de bataille entre militants armés kurdes et forces de sécurité.« Aucune des deux forces ne peut venir à bout de l’autre »Habitant du quartier populaire de Baglar, coutumier des affrontements entre les mouvements de jeunesse du PKK et la police, Loqman, vingt ans, se montre relativement satisfait par l’issue du vote de dimanche : « Je suis Kurde, j’ai donc voté HDP. J’aurais souhaité que nous entrions au Parlement avec plus de représentants, mais je suis rassuré de voir que l’AKP pourra gouverner seul. Il aurait été impossible que les différents partis turcs forment une coalition et cela aurait été le chaos. » Dans un café fréquenté par les intellectuels proches du mouvement kurde, situé dans la vieille ville de Diyarbakir, Isak Bingöl, professeur de littérature qui se dit « extrêmement triste et en colère » suite à l’échec relatif du HDP, conserve toutefois une certaine mesure d’optimisme malgré sa perplexité face à l’avenir.A quelques rues de la mosquée Kursunlu, dont les environs furent le théâtre de violents affrontements entre de jeunes militants kurdes, encadrés par combattants du PKK, et les forces spéciales de la police turque, du 10 au 12 octobre, il espère un retour au dialogue avec le gouvernement : « L’AKP s’est renforcé en se débarrassant de ses rivaux politiques en Turquie, mais le mouvement kurde reste dominant dans le Sud-Est, il continue à définir la politique locale. Aucune de ses deux forces ne peut venir à bout de l’autre. J’espère donc que l’AKP va comprendre la signification des résultats d’hier et relancer le processus de paix avec le PKK. »« Deux voies se présentent devant nous » Pour Ömer Önem, coprésident de la branche du HDP à Diyarbakir, tout dépendra du gouvernement AKP qui sera prochainement formé à Ankara : « Deux voies se présentent devant nous. Si Recep Tayyip Erdogan poursuit sa politique de terreur et d’intimidation, continue à attaquer des civils innocents, à bombarder les bases du PKK au Kurdistan irakien et à faire pression sur le Rojava [le Kurdistan syrien autonome], les Kurdes de Turquie vont se soulever et ce sera la guerre civile. Si le nouveau gouvernement est responsable, il reviendra à la table des négociations avec le PKK, auquel cas, nous ferons tout notre possible pour que cette nouvelle tentative réussisse. » Pour ce cadre local du parti, la seule solution consisterait à permettre une reprise de contact avec le chef historique du mouvement kurde, Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 1999. Acteur central du processus de paix lancé en 2013, Abdullah Öcalan est de nouveau isolé du mouvement kurde depuis le mois d’avril, les autorités ne lui ayant plus permis de recevoir ses avocats et les responsables du HDP avec qui il entretenait un dialogue.Le parti majoritaire en position de forceCependant, si le succès de l’AKP dimanche est partiellement imputable à une reconquête de l’électorat conservateur kurde, inquiet de la reprise des violences dans le sud-est, il tient également au ralliement d’une partie des électeurs nationalistes turcs. Aussi, la position de force acquise par le parti majoritaire pourrait-elle inciter le gouvernement à revoir ses exigences à la hausse vis-à-vis du PKK.C’est ce que redoute que Tahir Elçi, bâtonnier du barreau de Diyarbakir, très actif au sein de la société civile kurde et récemment arrêté et inculpé pour avoir dit publiquement que le PKK n’était pas une organisation terroriste : « Afin que le processus de paix reprenne, il est nécessaire que le PKK abandonne la lutte armée. Les résultats des élections ont montré que le mouvement kurde s’est trouvé affaibli par l’état de violence qui est apparu après les élections. » Dans plusieurs villes kurdes cependant, les affrontements entre les militants kurdes et les forces de sécurité ont donné l’occasion au PKK d’instaurer des poches insurrectionnelles dans les quartiers les plus défavorisés.A Cizre, ville de 130 000 habitants située près de la frontière syrienne, où les forces de sécurité turques sont lourdement intervenues contre les militants du PKK en septembre, plaçant la ville en état de siège et causant seize morts civiles, le mouvement armé kurde a déclaré l’autodétermination.Lire aussi :Turquie : à Cizre, les Kurdes prêts à la guerre contre ErdoganLe PKK se déclare prêt à affronter l’Etat turc Ayant envoyé des combattants expérimentés et lourdement armés pour encadrer une jeunesse militante locale, galvanisée par les succès des alliés du PKK face à l’Etat islamique dans les régions kurdes de Syrie, et qui aspirent à porter la lutte dans leurs villes, le PKK se déclare prêt à affronter l’Etat turc dans des combats de rues qui pourrait se révéler désastreux pour la population.Pour M. Elçi, qui est également l’auteur d’un rapport sur les exactions imputées aux forces de sécurité turques lors du siège de Cizre, il est nécessaire que l’organisation armée quitte les villes kurdes. « Je veux rester optimiste et compter sur l’esprit de responsabilité des uns et des autres mais l’Etat ne pourra pas accepter que le PKK contrôle militairement certains quartiers des villes kurdes. S’ils ne se retirent pas, nous allons vers des jours très sombres. » Entre espoirs ténus d’une reprise des négociations entre le gouvernement et risques encore présents d’escalade militaire dans l’arrière-pays, Diyarbakir, comme le reste des régions kurdes de Turquie, entre dans une nouvelle phase d’incertitude.Allan Kaval (Erbil, correspondance)Journaliste au Monde 02.11.2015 à 11h05 • Mis à jour le02.11.2015 à 17h54 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Une fois les premiers vertiges de la victoire passés, le Parti de la justice et du développement (AKP) se retrouve confronté à un défi majeur : comment ramener la paix et la prospérité dans une Turquie affaiblie économiquement, divisée et déstabilisée par le conflit kurde et la guerre en Syrie ?Lire aussi :En Turquie, le triomphe d’ErdoganDans son traditionnel discours depuis le balcon du quartier général du parti à Ankara, le premier ministre Ahmet Davutoglu a promis de préserver le pays « de toute sorte de polarisation, de confrontation et de tension ».La violence et l’instabilité politique qui ont suivi les législatives du 7 juin avaient contribué à faire de la livre turque (TL) une des monnaies les plus faibles et les plus instables de la planète, au même rang que le real, la devise brésilienne.Avant même que les résultats ne soient annoncés, la devise turque avait commencé à s’apprécier. Dimanche, jour du vote, elle a gagné 2 % par rapport au dollar, retrouvant son niveau de mars 2014. Lundi matin, la Bourse d’Istanbul a ouvert en hausse de plus de 5 %.Economie essoufléeLes espoirs des marchés financiers et les hommes d’affaires ont été exaucés, la Turquie aura un gouvernement stable et fort, capable, a priori, de redonner un coup de fouet à l’économie essoufflée.Reste à savoir quelles réformes seront à l’agenda du nouveau gouvernement conduit par l’AKP. Pendant toute la campagne, le président Recep Tayyip Erdogan et son premier ministre Ahmet Davutoglu, qui est aussi le chef de l’AKP, n’ont eu de cesse de brandir la menace du chaos, se gardant bien d’indiquer quels étaient leurs projets pour accélérer les réformes, régler la question kurde, dessiner une nouvelle politique étrangère, progresser sur la voie de l’adhésion à l’Union européenne.Désormais, l’AKP est seul face à un énorme chantier. Outre le redressement de l’économie – les exportations ont chuté de 8,6 % sur les dix premiers mois de 2015 par rapport à la même période en 2014 –, il leur faudra en finir avec les divisions qui ébranlent la société : laïcs contre religieux, Kurdes contre Turcs, alevis (une branche dissidente de l’islam) contre sunnites.« Mettre au rebut la Constitution »Le projet d’hyperprésidence caressé par M. Erdogan a beau avoir été relégué au second plan pendant toute la campagne, tant il est impopulaire chez les électeurs, il semble revenu au premier plan. Dans un discours prononcé dimanche soir à Ankara, le premier ministre sortant, Ahmet Davutoglu, a invité tous les partis politiques à « travailler ensemble » pour « mettre au rebut la Constitution issue du coup d’Etat » orchestré par les militaires en 1980.Le numéro un turc n’a donc pas renoncé à ses ambitions : transformer la République créée en 1923 par Atatürk en « système Erdogan ». Mais son parti est loin d’avoir obtenu la majorité qualifiée pour pouvoir modifier la Constitution. « Erdogan va utiliser jusqu’à leur extrême limite tous ses pouvoirs constitutionnels », a prédit l’universitaire Ahmet Insel, convaincu qu’une sérieuse crise de régime, « source de plus d’instabilité et de turbulences », menace la Turquie.Le règlement de la question kurde, centrale pour l’avenir du pays, apparaît gelé. Mis « au frigo » par M. Erdogan, le processus de paix a peu de chance d’être ranimé. Tant que la violence continue de faire rage dans les régions du Sud-Est, il est peu probable que les négociations reprennent avec les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie).Lire aussi :En Turquie, Erdogan retrouve les moyens de poursuivre sa dérive autoritaireMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.11.2015 à 01h25 • Mis à jour le02.11.2015 à 09h05 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Contre toute attente, le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) a remporté les élections législatives de dimanche 1er novembre en Turquie, regagnant la majorité parlementaire perdue lors du précédent scrutin du 7 juin. Les principaux instituts de sondage, prompts à prédire à l’AKP un score médiocre (entre 37 et 43 %) se sont fourvoyés.Gratifiée de 49,3 % des suffrages, la formation du président Recep Tayyip Erdogan enverra 316 députés au parlement (sur 550), assez pour gouverner seule, trop peu, en revanche, pour modifier la Constitution dans le sens du régime présidentiel fort voulu par le chef de l’Etat. Ce résultat est un triomphe pour M. Erdogan, dont le parti récupère, en un tournemain, les 3 millions de voix qui lui avaient échappé en juin. « Aujourd’hui est un jour de victoire pour la démocratie », a déclaré le premier ministre sortant et chef de l’AKP, Ahmet Davutoglu, depuis sa ville natale de Konya au centre de l’Anatolie, où il s’est recueilli sur le tombeau du poète soufi Jalal Ud Din Rumi (1207-1273), adepte de la tolérance. « Aujourd’hui, il n’y a pas de perdants, que des gagnants », a-t-il précisé à l’adresse de ses rivaux.Le parti kurde se maintient in extremisSelon des résultats quasiment définitifs, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) arrive en deuxième position avec 25,4 % des voix, un résultat semblable à celui de juin (25 %). Les deux grands perdants du scrutin sont le Parti de l’action nationaliste (MHP, droite nationaliste) et le parti de la Démocratie des peuples (HDP, gauche prokurde) qui cèdent respectivement 4 et 3 points par rapport à leur score de juin. Doté de 10,4 % des suffrages, le HDP a franchi in extremis le seuil nécessaire pour être représenté au parlement avec 56 députés.Son score a été inférieur à celui de juin dans toutes les villes du sud-est à majorité kurde, à l’exception d’une seule ville, Sirnak. Dénonçant « une élection ni équitable, ni juste », le coprésident du parti prokurde Selahattin Demirtas a rappelé qu’il avait préféré renoncer aux rassemblements électoraux après le double attentat suicide perpétré contre des manifestants pacifiques, dont beaucoup de militants du HDP, à Ankara le 10 octobre, qui a fait 102 morts.Lire aussi :Elections turques : à Diyarbakir, la majorité kurde dénonce des intimidationsAlors que la campagne électorale était inexistante dans la rue, l’AKP a tiré parti de sa position au pouvoir en multipliant les apparitions à la télévision. Rien qu’en octobre, M. Erdogan a bénéficié de 29 heures de temps d’antenne sur la chaîne TRT, et de 30 heures pour son parti, contre cinq heures pour le CHP, une heure et dix minutes pour le MHP, dix-huit minutes pour le HDP.La reprise des affrontements avec le PKKEntre le 7 juin et le 1er novembre, le HDP a perdu un million de voix, celles des conservateurs. Les rigoristes religieux et les chefs de clans qui s’étaient laissés séduire par le discours novateur et pacifiste du HDP en juin, ont décidé, cinq mois plus tard, de revenir vers l’AKP, pour lequel ils avaient toujours voté par le passé.La reprise des affrontements entre les séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie) et les forces turques, n’est sans doute pas étrangère à ce choix. En revendiquant l’assassinat de deux policiers turcs à Ceylanpinar (frontière turco-syrienne), le 22 juillet, le PKK a mis le feu aux poudres. Au moment où le HDP gagnait en légitimité, fort de son bon score (13 %) aux législatives de juin, la rébellion kurde tombait dans le piège tendu par l’AKP, celui du recours à la violence. La rhétorique du tandem au pouvoir – le président Erdogan et son premier ministre, Ahmet Davutoglu –, prompt à présenter le HDP comme une succursale du PKK, a fait le reste.Un discours de menaces et de terreurDeuxième bon point pour M. Erdogan : la chasse lancée sur les terres des nationalistes du MHP s’est révélée payante. En déclarant « la guerre jusqu’au bout » contre les rebelles kurdes, en bombardant leurs positions en Turquie et dans le nord de l’Irak, le président turc s’est acquis la sympathie de la droite nationaliste, farouchement opposée à toute concession envers la minorité kurde. Son discours de chef à poigne, capable de mener une guerre « synchronisée » contre l’organisation Etat islamique (EI) et contre le PKK, a flatté l’imaginaire de la droite nationaliste.Enfin, le retour en grâce des islamo-conservateurs prouve que les discours de menace distillés par le président et son premier ministre ont été compris. Après l’attentat de Daglica perpétré le 6 septembre par le PKK contre un convoi de soldats turcs (16 morts), les locaux du quotidien Hürriyet ont été attaqués à deux reprises par une foule déchaînée, emmenée par le député de l’AKP Abdurahim Boynukalin. La foule reprochait au journal d’avoir rapporté que Recep Tayyip Erdogan avait déclaré : « Ça ne se serait pas passé ainsi si vous m’aviez donné 400 députés ».Lire aussi :Elections législatives en Turquie : Recep Tayyip Erdogan, ou la dérive autoritaire du président turcEntre le 8 et le 9 septembre, des équipées punitives ont eu lieu de nuit dans plusieurs villes de Turquie contre les bureaux du HDP. Dans la foulée, des centaines de commerces tenus par des Kurdes ont été ravagés, parfois même incendiés. Dans le quartier stambouliote de Besiktas, des manifestants scandaient : « Nous ne voulons pas d’opérations militaires [contre les rebelles du PKK], nous voulons des massacres. »Récemment, lors d’une tournée électorale à Van (Est), le premier ministre, Ahmet Davutoglu, a mis en garde contre « le retour des Renault 12 blanches », le type de voitures utilisées par les escadrons de la mort à la fin des années 1990 pour enlever et faire disparaître les Kurdes soupçonnés de sympathies envers le PKK. « Les forces du mal savent que si l’AKP faiblit, les bandes terroristes regagneront en puissance, et le processus de règlement du problème kurde va se terminer. Et les crimes non élucidés recommenceront… », a-t -il menacé. Son message a été entendu.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Yves Eudes Le 6 novembre, un mois après l’annulation par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de l’accord Safe Harbor, la Commission européenne a officiellement demandé aux Etats-Unis de faire rapidement une proposition concrète de remplacement. Le Safe Harbor permettait aux entreprises installées en Europe de transférer facilement vers les Etats-Unis les données personnelles de leurs clients, alors même que les lois américaines ne fournissent pas les protections adéquates au regard du droit européen.Lire aussi :La justice européenne invalide le très controversé Safe Harbor, un accord sur les données personnellesVera Jourova, commissaire européenne à la justice et aux droits de consommateurs, résume ainsi la nouvelle situation : « C’est au tour des Etats-Unis de revenir vers nous avec leurs réponses. » Elle devrait se rendre à Washington prochainement pour accélérer les négociations en cours, et « discuter de cette question au niveau politique le plus élevé ». De son côté, le vice-président de la commission Andrus Ansip, chargé du marché numérique unique, a affirmé que l’Europe avait besoin d’un nouvel accord « dans les trois mois ». Cela dit, il ne serait réellement stabilisé qu’après avoir été testé devant la CJUE à l’occasion d’une nouvelle affaire.Lire aussi :Les entreprises réclament du temps pour s’adapter à la mort du « Safe Harbor »En attendant la signature d’un éventuel Safe Harbor 2, la commission recommande aux entreprises d’utiliser d’autres instruments juridiques, plus complexes et plus contraignants.La situation est d’autant plus complexe que, depuis l’annulation de Safe Harbor, chaque Etat membre de l’Union peut à nouveau juger de la validité d’un accord de transfert de données entre son territoire et celui des Etats-Unis – ce qui pourrait entraîner un certain délitement du front uni européen.Juridiquement, la solution la plus satisfaisante serait que les Etats-Unis changent leur législation pour offrir plus de protection aux données personnelles des Européens, mais politiquement cette voie serait longue et ardue.Yves EudesGrand reporterSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.11.2015 à 00h20 Neuf victimes de l’incendie dans une discothèque de Bucarest ont succombé à leurs blessures, portant le bilan de cet accident, samedi 7 novembre, à 41 morts. Malgré la chute mercredi du gouvernement du social-démocrate Victor Ponta, des milliers de Roumains ont de nouveau manifesté contre leur classe politique jugée corrompue et jugée responsable de la tragédie.Une centaine de personnes, surtout des jeunes, sont toujours hospitalisées, huit jours après le drame, dont une quarantaine se trouvent dans un état « grave et critique ». Des transferts sont en cours vers des hôpitaux de Belgique, d’Autriche, des Pays-Bas.L’incendie s’était déclaré lors d’un show pyrotechnique au cours d’un concert de hard rock. Les premiers éléments de l’enquête ont montré de nombreux manquements aux règles de sécurité, notamment une seule porte ouverte, pas de sorties de secours et des matériaux inflammables utilisés pour l’isolation acoustique. Les trois patrons de la boîte de nuit Colectiv, accusés d’homicide involontaire et en détention provisoire depuis mardi, n’avaient en outre pas les autorisations requises pour accueillir des concerts, et encore moins des spectacles pyrotechniques.« Le Parlement doit démissionner »Cristian Popescu Piedone, le maire du 4e arrondissement de Bucarest où était située la discothèque, a lui aussi été arrêté et placé en détention provisoire pour trente jours samedi soir pour abus de fonction. L’accident a provoqué un mouvement de protestation sans précédent dans le pays. Le premier ministre Victor Ponta, sous pression depuis des mois en raison de ses déboires avec la justice, a démissionné mercredi.Lire aussi :En Roumanie, Victor Ponta chassé par la rueSamedi, environ 3 000 Roumains selon les autorités, surtout des jeunes, sont descendus dans les rues de Bucarest pour le cinquième soir d’affilée afin d’exiger un changement profond de la société roumaine. « Roumanie, réveille-toi ! », « Colectiv ! », ont scandé les manifestants réunis sur la place de l’université, haut lieu de la révolution populaire contre le régime du dictateur Nicolae Ceausescu en 1989. Des centaines d’autres ont manifesté dans d’autres grandes villes du pays, notamment Cluj, Sibiu (nord) et Timisoara (ouest).Ils étaient toutefois nettement moins nombreux que la veille, quand quelque 15 000 personnes au total avaient manifesté dans le pays. « Nous souhaitons un gouvernement de technocrates et le changement de toute la classe politique, de tout le système » a déclaré à l’AFP Petru Acon, représentant de l’Union nationale des étudiants. « Le Parlement doit démissionner, le gouvernement l’a déjà fait. Mais on ne veut pas d’élections anticipées avec ces mêmes partis et avec ce même système », a ajouté Mircea Radea, historien rencontré samedi soir lors de la manifestation à Bucarest.Le chef de l’Etat conservateur Klaus Iohannis a entamé jeudi des discussions avec les différents partis parlementaires, mais aussi – chose inédite dans le pays – avec des représentants de la société civile et des manifestants, pour trouver un nouvel exécutif. Les consultations doivent reprendre en début de semaine prochaine. 07.11.2015 à 13h36 • Mis à jour le07.11.2015 à 13h45 Le premier ministre finlandais, centriste de 54 ans, Juha Sipilä, avait affirmé jeudi 5 novembre qu’il était « très probable » qu’il démissionne le lendemain, faute d’arriver à imposer ses projets. Cette menace lui a, semble-t-il, profité, puisque les négociations avec ses partenaires au sein de la coalition ont tourné en sa faveur. Le gouvernement, au pouvoir depuis seulement six mois, a annoncé samedi qu’il était sauvé : « Le gouvernement a trouvé un accord sur les principes directeurs de la réforme de la santé et de la protection sociale et sur le nombre de régions », a écrit l’exécutif dans un communiqué.Le système finlandais, fragmenté aujourd’hui en plus de 200 zones, sera regroupé en 18 régions, comme le souhaitait le parti de M. Sipilä, et non en cinq, comme le réclamaient les conservateurs, troisième formation du pays. Le chef de l’exécutif tenait fermement à cette réforme, casse-tête insoluble pour les gouvernements précédents. Il avait promis lors de son élection – qui avait aussi confirmé la percée du parti d’extrême droite les Vrais Finlandais, deuxième force du pays – de mettre fin à l’immobilisme et de sortir la Finlande de la crise économique.Lire aussi :Les centristes remportent les législatives en Finlande Aude Lasjaunias (Dunkerque, envoyée spéciale) L’annonce a créé la stupeur à Dunkerque. Un jeune marin pêcheur de la ville a été mis en examen et écroué, jeudi 5 novembre, pour « aide à l’entrée ou au séjour irrégulier d’étrangers en France en bande organisée, blanchiment de ce délit en bande organisée et association de malfaiteurs ». En clair, pour avoir fait passer des migrants en Angleterre sur son Zodiac. Agé de 24 ans, il est l’un des fils d’une figure connue du milieu halieutique local. « C’est un garçon travailleur et respectable. Il s’est fait embobiner », s’est ému Philippe Nowé, le président du comité départemental du Nord des pêches et des élevages marins.Le jeune homme est accusé d’être membre d’une filière qui organisait le passage par voie maritime de migrants en Angleterre. Un voyage facturé jusqu’à 10 000 livres sterling (près de 14 000 euros) par personne, somme sur laquelle le marin devait percevoir près de 1 000 livres (1 400 euros), selon les éléments communiqués par la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Lille, chargée de l’instruction.Six autres personnes, de nationalité albanaise et vietnamienne, sont également mises en cause dans ce dossier inédit. Au total, l’équivalent de plus de 85 000 euros en diverses devises ont été saisis. Les accusés risquent jusqu’à dix ans de prison pour une activité criminelle en bande organisée. « C’est la première fois qu’on procède à l’interpellation de personnes soupçonnées de se livrer à ce type de traversée », confie-t-on de source policière.Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosLa structure du réseau est aussi atypique : les Albanais en sont la « tête pensante », les Vietnamiens étaient mandatés pour recruter des candidats à la traversée parmi leurs concitoyens tandis que le Français assurait la partie logistique en embarquant ces derniers sur son Zodiac au départ d’une plage isolée à proximité de Dunkerque.Il y a environ un an, le marin dunkerquois avait déjà éveillé les soupçons après avoir demandé l’aide du centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage de Gris-Nez alors qu’il se trouvait en difficulté aux larges des côtes anglaises, rapporte La Voix du Nord. La zone est l’une des voies maritimes les plus empruntées au monde, car elle assure l’accès aux ports d’Anvers, en Belgique, et de Rotterdam, aux Pays-Bas. Le trafic y est très réglementé et contrôlé, rappelle la police aux frontières (PAF). Une embarcation privée, même de petite taille, y est aisément repérable.A l’époque, faute d’éléments probants, l’accusé était sorti des radars de la police. Jusqu’à il y a un peu moins de deux mois. Sur la base de renseignements et d’opérations de surveillance, sa participation à un réseau de passeurs a pu être étayée. « Son canot pneumatique, victime de plusieurs avaries, devait subir une série de réparations, explique-t-on de source proche des investigations. L’opération policière a été accélérée pour ne pas mettre en danger d’autres migrants. »Combien de ceux-ci ont bénéficié de ce système ? Les conditions de navigation ne sont pas faciles dans le détroit de la Manche, les sorties ne pouvant se faire que de nuit et dans des conditions météorologiques clémentes, rendant ardue toute tentative d’estimation chiffrée. Toutefois, une vingtaine de gilets de sauvetage ont été découverts, et les enquêteurs ont pu établir, notamment sur la base des aveux de l’accusé, que plusieurs transferts avaient été réalisés.Depuis les côtes des Flandres françaises, l’imposante silhouette blanche des falaises de Douvres, en Grande-Bretagne, est à portée de regards. Seules quelques dizaines de kilomètres du détroit de la Manche séparent de leur eldorado les milliers de migrants parvenus jusqu’à la pointe de l’Hexagone. « Nous retrouvons parfois des canots abandonnés. Indépendamment de cette affaire, ce mode de passage existe, c’est un fait », explique-t-on au sein de la PAF. Avant d’admettre que cela reste toutefois « un phénomène peu développé ». « C’est très difficile à mettre en place », insiste une source proche du dossier.« On n’avait jamais entendu une telle histoire, confie Philippe Nowé. Nos sites sont très surveillés, nos bateaux équipés de balises. Nous avons évidemment discuté de l’affaire entre collègues : jamais nous ne nous sommes fait solliciter par des passeurs. » Tous craignent les répercussions sur l’image de la filière.Du côté des bénévoles venant en aide aux migrants, l’étonnement prime aussi. Avant de céder la place au principe de réalité : « Plusieurs personnes ont déjà tenté d’embarquer à bord des ferrys, raconte un des membres de l’association Salam. Je n’avais jamais entendu parler d’embarcations privées, mais ça ne me surprend pas outre mesure, la surveillance ayant été renforcée au niveau des autres points d’accès. » Il admet cependant ne pas aborder la question de la traversée avec les migrants : « C’est presque un tabou. »Lire aussi :A Calais, « la jungle est aujourd’hui hors contrôle »La traversée par le tunnel à Calais ou par les ferries étant devenue plus compliquée, le passage par de petites embarcations deviendra-t-il plus tentant ? Pour l’heure, dans le camp de Grande-Synthe, à côté de Dunkerque, ce n’est pas à l’ordre du jour. Trois Irakiens d’une vingtaine d’années, arrivés il y a trois mois, détaillent leurs tentatives pour gagner la Grande-Bretagne : à bord d’un camion, cachés dans le coffre d’une voiture… Ont-ils songé au bateau ? « Non… », répond l’un d’eux d’un air étonné. Même réaction chez cet Iranien de 34 ans. C’est la première fois que la possibilité d’une traversée par la voie maritime est évoquée devant lui.Aude Lasjaunias (Dunkerque, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Baptiste Chastand (Osijek (Croatie), envoyé spécial) La modeste salle des fêtes de Kutjevo est pleine à craquer. Trois cents habitants réunis pour accueillir leur héros. Quand il fait son entrée, précédé comme à son habitude de ses « gardes » en chemises noires, ils sont tous debout. Dans cette petite commune agricole perdue au milieu de la Slavonie, région croate frontalière de la Serbie, Branimir Glavas, ancien criminel de guerre en campagne pour les législatives croates du dimanche 8 novembre, se sait en terrain favorable. « Je suis sorti de prison encore plus fort », tonne celui qui promet de tout faire pour rétablir « cette zone qui a été détruite par la guerre [d’indépendance de la Croatie] ».A 59 ans, celui qui pourrait passer pour un paisible retraité avec son chapeau slavon savoure son retour tonitruant sur la scène politique croate. Branimir Glavas était encore emprisonné début janvier en Bosnie où il purgeait une peine de huit ans prononcée en 2010 pour avoir fait tuer et torturer plusieurs civils serbes lorsqu’il était commandant militaire de la ville d’Osijek, en 1991. Sur son jugement, il est précisé que les corps de ses victimes étaient la plupart du temps jetés dans la Drave, la rivière qui longe la ville. Et que l’une d’entre elles a été contrainte de boire de l’acide de batterie.« Glavas a été un combattant comme moi, il a défendu la Croatie », vante Vinko Baric, un invalide de guerre de 48 ans venu le soutenir. Ses crimes ? « Cela ne me regarde pas », glisse le solide gaillard qui élève des porcs pour compléter sa pension de vétéran de 2 000 kunas (265 euros) par mois. L’assistance est composée quasi exclusivement d’hommes, agriculteurs ou vétérans de guerre, voire les deux à la fois.« Faucons slavons »« Je me considère comme innocent, j’ai été victime d’une répression politique », proteste l’ancien général, sourire avenant mais regard perçant, au siège de son parti situé dans un des nombreux immeubles d’Osijek encore criblés d’impacts de balles. Il s’appuie sur l’annulation surprise pour vice de forme de sa condamnation en appel prononcée en janvier par la Cour constitutionnelle croate. Dans l’attente d’un nouveau procès, il a pu sortir en liberté provisoire et reprendre les rênes de l’Alliance démocratique croate de Slavonie et Baranya (HDSSB), le parti « régionaliste et nationaliste » qu’il a fondé en 2005 pour garder la main sur une région dont ce juriste de formation a longtemps été le maître incontesté.De retour dans son fief, il compte bien retrouver son poste de député – et l’immunité qui va avec. Sa campagne, ciselée pour plaire aux habitants de cette région durement touchée par la pauvreté et la guerre, multiplie les provocations. Sa « garde des faucons slavons », officiellement simple « section sportive », est par exemple composée de jeunes en uniformes noirs qui marchent au pas, ressemblant furieusement à ceux de la milice qu’il dirigeait en 1991. Censés s’occuper de la sécurité du parti et d’action humanitaire, ils ont défilé sans prévenir devant le Parlement croate à Zagreb, le 19 octobre, suscitant un choc dans le pays.« Cela était autorisé, car ils étaient allés déposer leurs listes. Ils ne sont pas armés, il n’y a rien d’illégal », explique bien embêté Ranko Ostojic, le ministre de l’intérieur (social-démocrate), qui préfère les prendre de haut. « Ses chemises noires sont un corps sportif récréatif, non ? » « Je ne soutiens pas son type de communication, mais chacun a sa façon de contacter les électeurs », explique de son côté Pero Cosic, candidat en Slavonie du HDZ, le parti conservateur croate d’opposition. Un parti que Branimir Glavas a quitté en 2005 après en avoir été un des fondateurs aux côtés du nationaliste Franjo Tudjman, le « père » de l’indépendance du pays.Pouvoir de nuisance« Le résultat de l’élection de dimanche s’annonce très serré et les autres partis auront peut-être besoin de lui pour gouverner. Alors ils le tolèrent et personne n’est vraiment très clair », déplore Drago Hedl, journaliste et auteur d’un livre sur Branimir Glavas (« Chronique d’une destruction », non traduit). Même s’il baisse dans les sondages, le parti devrait sauver son groupe au Parlement.Fort de son pouvoir de nuisance, il n’exclut de soutenir aucun des deux partis. « Après dix ans d’existence, nous voulons passer de l’opposition au pouvoir », martèle l’ancien maître d’Osijek lors de tous ses meetings. Quel sera le prix d’un éventuel soutien ? Au-delà du discours ultra-basique sur le soutien à l’agriculture slavone et sur son propre sort, Branimir Glavas pourrait imposer un durcissement de l’accueil des migrants dans le pays, situé au milieu de la route des Balkans. Plus de 300 000 réfugiés ont traversé le pays depuis mi-septembre, avec la bénédiction du gouvernement, mais sous les critiques de la droite.« On aurait dû faire comme la Hongrie qui a su protéger ses intérêts nationaux », assure M. Glavas, fervent défenseur des racines catholiques de la Croatie et admiratif de la clôture installée par Viktor Orban à la frontière hongroise. Mais les manifestations antiréfugiés soutenues par son parti ont jusqu’ici peiné à attirer du monde. Marqués eux aussi par la guerre, les Croates restent en effet dans leur majorité favorables à l’accueil des migrants. Est-ce un signe de la fin de Branimir Glavas ? « Je ne pense pas que les électeurs sont encore prêts à le suivre », veut croire Nenad Zakosek, professeur de science politique à l’université de Zagreb.Jean-Baptiste Chastand (Osijek (Croatie), envoyé spécial)Journaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.11.2015 à 15h32 Le gouvernement britannique a reconnu pour la première fois que les services de renseignement intérieur du MI5 avaient collecté, depuis 2005 et jusqu’à aujourd’hui, de vastes quantités de données sur les appels téléphoniques passés dans et en dehors du Royaume-Uni.L’existence de ce programme de surveillance secret était devenue apparente depuis la publication des documents du lanceur d’alerte Edward Snowden, qui mettaient en évidence l’existence d’un gigantesque programme mondial de surveillance du Web, mené par la NSA américaine avec l’appui de ses proches alliés, britanniques notamment.L’existence du programme a été confirmée dans un document annexe au projet de loi sur la surveillance présenté mercredi par la ministre de l’intérieur, Theresa May, qui prévoit de légaliser la majeure partie des activités paralégales des services de renseignement. Le texte prévoit aussi que la police et les services de renseignement puissent accéder sans mandat à la liste des sites Web consultés par un internaute pendant un an, sur simple demande auprès de son fournisseur d’accès à Internet.Lire aussi :Le gouvernement britannique présente un gigantesque projet de loi sur la surveillance  Alexandre Pouchard et Maxime Vaudano Bien que membre de l’espace Schengen, la France va rétablir des contrôles à ses frontières pendant un mois. Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé vendredi 6 novembre cette mesure exceptionnelle et temporaire, liée à la tenue de la COP21, la conférence de l’ONU sur le climat, organisée à Paris du 30 novembre au 11 décembre.Le ministère de l’intérieur a précisé à l’AFP que les contrôles seraient rétablis du 13 novembre au 13 décembre. Cette mesure, sans lien avec la crise des migrants, selon le ministre de l’intérieur, ne constitue pas une suspension des accords de Schengen, a affirmé M. Cazeneuve sur RMC et BFM-TV :« Pendant un mois, nous allons établir des contrôles aux frontières, ce qui n’est pas du tout une suspension de Schengen (…) qui prévoit, dans un de ses articles la possibilité pour des Etats de le faire dans des circonstances particulières qui correspondent à la COP21. »Les accords de Schengen permettent de fait de rétablir les contrôles aux frontières dans des cas précis.1. En quoi consistent les accords de Schengen ?Conclus en 1985 par la France, l’Allemagne de l’Ouest et le Benelux, les accords de Schengen visaient à supprimer progressivement les contrôles aux frontières communes et à instaurer un régime de libre circulation des personnes. Inauguré en 1995, l’espace Schengen regroupe aujourd’hui 22 des 28 Etats de l’Union européenne, ainsi que quatre pays extérieurs : l’Islande, la Norvège, la Suisse et le Liechtenstein. Concrètement, il supprime tout contrôle des frontières terrestres, maritimes ou aériennes entre deux pays appartenant à cet espace. 2. Les pays européens ont-ils le droit de rétablir des contrôles à leurs frontières ?Oui. Une clause de sauvegarde intégrée à l’article 2.2 de la convention de Schengen autorise les Etats à rétablir provisoirement des contrôles aux frontières dans des circonstances exceptionnelles.Le code frontières Schengen de 2006 en précise les contours : il autorise le rétablissement des contrôles en cas de « menace grave pour l’ordre public et la sécurité intérieure » (pour six mois maximum) ou pour faire face à des événements imprévus (cinq jours maximum), ce après consultation des autres Etats du groupe Schengen. Une réforme des règles réclamée par le président français de l’époque, Nicolas Sarkozy, et Silvio Berlusconi, alors président du conseil italien, a étendu en 2013 la possibilité de rétablir les frontières jusqu’à vingt-quatre mois, dans des « circonstances exceptionnelles », notamment une défaillance grave du contrôle des frontières extérieures.Par ailleurs, l’article 78 du Traité de fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) permet des « mesures provisoires » dans le cas où « un ou plusieurs Etats membres se trouvent dans une situation d’urgence caractérisée par un afflux soudain de ressortissants de pays tiers ». 3. Dans quelles circonstances des frontières nationales ont-elles été rétablies ?La clause de sauvegarde prévue par Schengen est appliquée régulièrement mais se cantonne généralement à l’accueil d’événements internationaux : des réunions de la Banque centrale européenne à Barcelone, le G20 de Cannes, l’Euro 2012 de football ou la visite du président américain Barack Obama en Estonie ont ainsi donné lieu ces dernières années à un rétablissement des contrôles pour quelques jours. Il peut aussi s’agir de menaces imminentes de terrorisme, comme la France l’a fait après les attentats de 1995.Ces derniers mois, en revanche, des pays comme l’Allemagne, l’Autriche ou la Hongrie ont invoqué le TFUE pour rétablir les contrôles à leurs frontières avec la crise des migrants. La France avait elle aussi mis en place une telle mesure en 2011 lors du « Printemps arabe », qui avait entraîné l’arrivée de milliers de migrants en Europe. 4. Comment les frontières européennes sont-elles contrôlées ?Chaque Etat ayant une frontière avec un pays non-membre de l’espace Schengen (comme la Hongrie avec la Serbie, par exemple) se doit de contrôler les entrées. L’Union européenne s’est dotée d’une base de données commune, baptisée « SIS » (pour système d’information Schengen), permettant d’identifier les individus pénétrant sur le territoire européen et de distinguer les arrivants interdits de séjour ou bien ceux recherchés. La coopération opérationnelle pour la surveillance des frontières est théoriquement assurée par l’agence européenne Frontex.Maxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Julie Clarini et Benoît Vitkine En décernant, le mois dernier, le prix Nobel de littérature à la Biélorusse Svetlana Alexievitch, l’Académie suédoise récompensait une œuvre qui explore les traces laissées dans les consciences par les grandes catastrophes du siècle soviétique (seconde guerre mondiale, guerre en Afghanistan, Tchernobyl, éclatement de l’URSS).Lire aussi :Le prix Nobel de littérature attribué à la Biélorusse Svetlana Alexievitch« Le Monde » a rencontré l’écrivaine lors de son passage à Paris. Voici quelques extraits de cet entretien, au cours duquel, très critique sur la politique menée par Vladimir Poutine, elle dépeint la nostalgie de l’époque soviétique qui prévaut en Russie, les déceptions de la transition démocratique et le renouveau nationaliste imposé par le président russe.Vous parlez du « monde russe ». C’est aussi l’expression qu’utilise Vladimir Poutine pour désigner l’espace russophone hors des frontières de la Russie, envers lequel il aurait une responsabilité. Vous, écrivaine biélorusse de langue russe, vous reconnaissez-vous dans ce concept ?J’ai trois racines : des racines ukrainiennes, des racines biélorusses et la culture russe. Sans la culture et la philosophie russes, je ne serais pas ce que je suis, et je n’aurais pas écrit La Supplication. Mon « monde russe » est très différent de celui de Poutine, c’est celui de Chostakovitch, Dostoïevski, Tchekhov, Rostropovitch, Herzen… Quant au monde russe auquel j’aspire, il passe par un soutien accru à l’Ukraine de la part des Occidentaux.La réussite de l’Ukraine, sa transformation, serait le meilleur argument contre les discours de Poutine. J’ai toujours considéré que la guerre dans le Donbass était une agression militaire contre l’Ukraine, une occupation. Il n’y a aucun doute sur le fait que, sans Poutine, il n’y aurait aucune guerre civile sur ce territoire. On pourrait amener cinq camions de kalachnikovs en Biélorussie et le même scénario se produirait : on trouve toujours des gens prêts à tirer.Le cas de la Crimée est plus compliqué. Je connais des gens qui, en entendant la nouvelle du rattachement, ont pleuré de joie. Mais, pour savoir ce que pense réellement la population, il faudrait des élections libres. Là, les Russes sont simplement arrivés et se sont emparés du territoire.Existe-t-il un « poutinisme », une idéologie poutinienne ?En 1991, le peuple s’est réveillé dans un pays nouveau et incompréhensible. Et il s’est tu. Puis, quand les usines ont fermé, quand les gens n’ont plus eu à manger que des pommes de terre, ils se sont mis à détester les « merdocrates libéraux ».Après vingt ans de silence, Poutine est arrivé : « Nos seuls amis, ce sont l’armée et la flotte », a-t-il dit. Et tout l’argent du pétrole et du gaz est parti pour l’armée. Il n’a pas dit que l’on devait être fiers d’une quelconque démocratie, il a seulement parlé de la Grande Russie, du respect qui lui était dû…Cette idéologie poutinienne produit-elle déjà un effet sur l’homme russe ?Oui. Je ne reconnais pas les gens, j’ai perdu certains de mes amis. On n’a pas fait assez attention aux premiers symptômes, à tous ces films qui passent à la télé sur la Tcheka [l’ancienne police politique], sur Staline… On essaie même de justifier l’action de Beria [chef du NKVD, successeur de la Tcheka, de 1938 à 1953].A Perm, un musée consacré aux victimes de la répression a été transformé en « musée des travailleurs du goulag », c’est-à-dire des gardiens ! Tout ne vient pas du haut, de Poutine ; certaines initiatives viennent d’en bas, du peuple.Les jeunes m’étonnent particulièrement. Ils conduisent de belles voitures, portent de beaux costumes, mais ils restent des esclaves. Cette génération de l’après-1990 soutient fortement Poutine, elle reprend ses discours sur l’humiliation, sur le besoin d’un leader fort. Nous, on imaginait que des gens différents apparaîtraient, des gens libres.Cette mentalité tient beaucoup à ce que leur racontent leurs parents sur la santé gratuite, l’éducation, l’ascenseur social soviétique… Peut-être qu’il faut attendre encore. Ou bien peut-être faut-il d’abord, pour que disparaisse cette mentalité d’esclave, que ceux d’en haut changent…Pendant l’époque soviétique, vous sentiez-vous appartenir à la société communiste ? Partagez-vous la nostalgie de vos personnages, de vos héros, pour l’esprit de sacrifice, l’altruisme, le mépris de l’argent ?Je me sentais déjà à la marge, mais c’était le seul monde que je connaissais. Les gens étaient doubles, à l’époque. Ils étaient prêts à faire la queue pour acheter des recueils de poèmes d’Anna Akhmatova. Mais c’étaient les mêmes qui écrivaient des dénonciations, qui étaient surveillants dans les camps.On aimerait que le mal soit une chose simple : Beria, Staline… Mais le mal est quelque chose de plus diffus, d’éparpillé en chacun de nous. C’est pour cela que j’écris, pas pour étaler un catalogue d’horreurs, pour accabler les lecteurs, mais pour que chacun cherche en lui-même sa part d’humanité et apprenne à la préserver. Ce sont des choix de chaque instant : on te dit d’aller à une manifestation de soutien à Poutine, pose-toi des questions !Lire l'intégralité de l'interview :Svetlana Alexievitch : « La liberté, c’est un travail long et pénible »Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteJulie ClariniJournaliste au Monde 05.11.2015 à 11h06 • Mis à jour le05.11.2015 à 15h05 | Philippe Ricard et Marie Charrel Au printemps, la France s’était engagée à ramener son déficit public dans les normes européennes d’ici à 2017. Mais la Commission européenne n’y croit guère. D’après ses nouvelles prévisions, publiées jeudi 5 novembre, le déficit public français devrait encore atteindre 3,3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2017, après 3,8 % cette année et 3,4 % l’an prochain.Dans son programme de stabilité budgétaire, transmis au printemps à Bruxelles, le gouvernement français avait pourtant affirmé être en mesure de ramener le déficit à 2,7 % du PIB à l’issue d’un nouveau délai de grâce, âprement négocié.En février, la Commission avait en effet accordé à Paris un nouveau délai de deux ans, jusqu’en 2017, pour ramener son déficit public à 3 % du PIB. Mais à condition d’élaborer un programme de réformes ambitieux. Et de réduire forcement le déficit structurel.Le ministre des finances, Michel Sapin, a répondu aux prévisions de Bruxelles jeudi, assurant que la France serait « au rendez-vous de ses engagements européens ». Il a tenu à rappeler que Bruxelles raisonne « à politique inchangée », sans prendre en compte toutes les économies prévues. Pour M. Sapin, le pointage de la Commission européenne « signifie simplement que le déficit ne reviendra pas spontanément sous les 3 % » dans deux ans.Lire aussi :Déficits français : le délai de deux ans passe malParis et Bruxelles n’ont pas la même appréciation de la croissanceLa Commission est un peu moins optimiste que les autorités françaises à propos de la croissance. Celle-ci devrait se situer à 1,1 % cette année, puis 1,4 % l’an prochain, et 1,7 % en 2017. Du côté de Bercy, on table sur une croissance de 1,5 % en 2016. Or, l’ampleur des recettes attendues varie avec le niveau de la croissance.Bruxelles a des craintes sur la mise en œuvre du plan d’économiesEnsuite, entre Paris et Bruxelles, les avis divergent sur la façon d’apprécier certaines mesures d’économies. La Commission incite le gouvernement de Manuel Valls à respecter, d’ici à la fin du quinquennat, le plan de réduction des dépenses publiques (50 milliards d’euros) mis sur les rails pour tenter de sortir de la « procédure de déficit excessif ». « Clairement, la poursuite de ce plan contribuerait à réduire l’écart » entre les prévisions françaises et bruxelloises, note un expert.La Commission constate que le déficit structurel, celui qui ne dépend pas de la conjoncture, devrait à peine s’améliorer : de 0,1 point de pourcentage cette année, puis 0,3 point de pourcentage en 2016, soit loin des standards en principe fixés pour des pays en situation de déficit excessif.C’est pourtant le terrain sur lequel le gouvernement français se targuait de tenir ses objectifs au début du quinquennat.A ce stade, certains regrettent presque à Bruxelles que la France ne tire pas davantage partie d’une conjoncture en voie d’amélioration pour conforter le redressement de ses comptes. Et l’on craint que le budget 2017 ne permette pas de corriger le tir en raison de l’élection présidentielle.Pour Bruxelles, les cibles de dépenses publiques « deviennent plus difficiles à respecter », et les investissements des collectivités locales « pourraient être plus forts qu’escompté ».La Cour des comptes dénonce, elle aussi, le flou du plan d’économiesLe 24 juin, dans son rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques, la Cour des comptes (CDC) s’était elle aussi interrogée – encore – sur la capacité de la France à tenir ses objectifs. « Confrontée, comme ses partenaires, à la nécessité de consolider ses finances publiques au sortir de la crise financière, la France a effectué un effort structurel moindre », jugeait la Cour.Principal doute : le flou planant sur le programme d’économie du gouvernement, d’environ 14,5 milliards d’euros par an. Celui-ci repose sur des hypothèses « peu documentées à ce jour », jugeait la CDC.Lire aussi :La Cour des comptes, poil à gratter du gouvernementCe constat est partagé par Gilles Carrez, président (Les Républicains) de la commission des finances à l’Assemblée nationale. « Je suis plutôt optimiste pour 2015, où l’on devrait atteindre sans mal la cible de 3,8 % pour le déficit, explique-t-il. J’ai en revanche de sérieux doutes pour 2016, ne serait-ce que parce que de nouvelles dépenses engagées ces derniers mois joueront à plein, telles que les embauches dans la sécurité, l’accueil des migrants, les emplois aidés. »Comment Paris compte-t-il revenir dans les clous ? La question est délicate, d’autant que le gouvernement vient de reculer sur plusieurs mesures fiscales. A l’instar de la réforme du calcul de l’allocation aux adultes handicapés (AAH), retirée du projet de budget 2016. Ou encore le choix de rembourser les retraités modestes, désormais assujettis à l’impôt local, dont ils étaient jusqu’ici dispensés en vertu de la « demi-part des veuves ».La dette publique va encore grossirCette réduction moins importante que prévu du déficit public va se traduire par une progression de l’endettement de la France, certes « à un rythme ralenti », mais pour atteindre tout de même 97,4 % du PIB d’ici à deux ans.La courbe du chômage, elle, ne devrait pas s’inverser avant 2017, pour s’infléchir légèrement, avec un taux de demandeurs d’emploi passant alors de 10,4 % à 10,2 % de la population active.Lire aussi :Grèce, France, Etats-Unis, Japon... les dettes des pays industrialisés, une bombe à retardementDes sanctions peu probablesTous les ans, ou presque, le même scénario se répète : prévisions de croissance trop optimistes, révision à la baisse, visite à Bruxelles afin d’obtenir la mansuétude de la Commission.Le 2 juillet, Bruxelles s’était résolue à suspendre sa procédure de déficit excessif engagée contre la France, jugeant que celle-ci respectait la trajectoire de déficit public fixée. Mais soulignant, une nouvelle fois, que les efforts structurels étaient insuffisants, et seraient réévalués à l’automne. C’est désormais chose faite.Lire aussi :Déficits : le changement de ton de Bruxelles à l’égard de ParisComme d’habitude, les services de Pierre Moscovici, le commissaire européen chargé des affaires économiques, précisent que leur pronostic, dévoilé aujourd’hui, est calculé « à politique constante », sans prendre en compte d’éventuelles inflexions d’ici là.Cette approche « a conduit par le passé à sous-estimer l’effort finalement réalisé par la France, mais nous jugerons sur pièce », explique-t-on dans l’entourage de l’ancien ministre français des finances.Reste à savoir si Bruxelles relancera ou non cette procédure de déficit excessif contre la France. A ce stade, il ne semble pas qu’il soit question de brandir de nouveau la menace de sanctions, comme il y a un an.« Dans tous les cas, Paris obtiendra sans doute un nouveau délai, comme tous les ans », ironise un économiste.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterPhilippe RicardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.11.2015 à 06h44 • Mis à jour le05.11.2015 à 15h58 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) « Le monde du milieu », cette zone grise où se mêlaient les intérêts de responsables politiques, de fonctionnaires municipaux, d’entrepreneurs et de criminels, remonte à la lumière. Jeudi 5 novembre, s’ouvre devant le tribunal de Rome le procès de 46 personnes impliquées dans l’affaire « Mafia capitale », soupçonnées d’avoir truqué les marchés publics de la ville dans le domaine du ramassage des ordures, de l’entretien des espaces verts ou encore de l’accueil des migrants, et d’avoir infiltré l’administration de la mairie pour parvenir à leurs fins.Puis, magistrats et prévenus rejoindront la prison de Rebibbia où les attend déjà une salle d’audience sécurisée à la mesure de ce procès exceptionnel, qui se déroulera jusqu’au mois de juillet. Toutefois, les cerveaux de l’affaire, Massimo Carminati, dit « le noir » en raison de son passé militant dans un groupuscule fasciste au cours des années 1970 et 1980, et Salvatore Buzzi, dit « le rouge », à cause de son activité dans les coopératives sociales de réinsertion au service de Rome, seront physiquement absents. Le premier est placé en isolement à Parme ; le second à Nuoro, en Sardaigne. Ils témoigneront par vidéo.Lire aussi :Mafia Capitale, saison II, dans la Ville éternellePoing américain et gant de velours« Carminati-Buzzi » : presque une raison sociale. Carminati – également affilié au grand banditisme au sein de « la bande de la Magliana » (un quartier de Rome) – se chargeait de convaincre les récalcitrants qu’il convoquait à son QG, une station-service dans un quartier tranquille de la Ville éternelle, pour les faire tabasser par ses sbires. Buzzi, qui, après un séjour en prison pour meurtre, était devenu une icône de la réinsertion réussie, entreprenait les politiques de tous bords et les fonctionnaires qu’il avait su persuader de la sincérité de sa rédemption. L’alliance du poing américain et du gant de velours connaîtra son apogée lors du mandat de Gianni Alemanno, maire de la ville de 2008 à 2013, venu lui aussi de l’extrême droite.La première tâche des juges sera de déterminer si le système mis en place par le duo relève d’une organisation de type mafieux, alliant infiltration, contrôle du territoire et violence, ou s’il s’apparente à une entreprise criminelle classique. Les magistrats instructeurs ont considéré qu’il s’agit bel et bien « d’une mafia originale et autochtone ». Les juges devront ensuite tenter d’établir l’étendue des dégâts. Une seconde vague d’arrestations, en juin, a conduit 44 autres suspects sous les verrous ou en résidence surveillée. Ils disposent aussi d’une liste de 101 personnes, actuellement libres, ayant eu des contacts avec Carminati et Buzzi.Mais derrière ce procès, c’est la réputation de la capitale de la quatrième puissance économique européenne qui est en jeu. L’impact du scandale a été tel qu’il semble avoir emporté avec lui une part de l’identité de la ville jusqu’alors liée à la « dolce vita ». En témoigne le succès du film Suburra, de Stefano Sollima, sorti sur les écrans italiens il y a quelques jours. Il met en scène la collusion entre des petits malfrats, des Roms enrichis et un ancien activiste d’extrême droite, pour faire main basse sur le Lido d’Ostie afin de le transformer en Las Vegas méditerranéen, le tout sur fond de démission de Benoît XVI. Les Romains semblent acquiescer à cette vision glauque et outrée de leur ville présentée comme la Palerme ou la Naples des films de Francesco Rosi, il y a quarante ans.Un préfet de Milan à Rome« Mafia capitale » a également ébranlé tous les pouvoirs, y compris celui d’Ignazio Marino, le successeur de M. Alemanno, qui n’y était pour rien. Réputé honnête mais sans autorité sur son administration, ce chirurgien de gauche a finalement été lâché par le premier ministre Matteo Renzi. Le Vatican, quand il pouvait encore passer pour un exemple de vertu, a aussi pris part à la curée. De l’autre côté du Tibre, on daubait l’élu « incapable » et on s’inquiétait des retards dans la préparation du jubilé de l’Année sainte qui, dès le 8 décembre, devrait attirer des millions de pèlerins supplémentaires. Un véritable « crash test » pour une ville au bord de l’asphyxie.M. Marino a fini par donner sa démission et a été remplacé, dimanche, par un préfet venu de Milan, Francesco Tronca. Il gérera les affaires courantes jusqu’à de nouvelles élections, au printemps 2016. Milan ? La cité rivale, promue au rang de modèle civique depuis le succès de l’Expo 2015, après avoir été le symbole de la corruption il y a vingt ans ? Les Romains s’étranglent de rage. C’est aussi l’un des enjeux de ce procès : leur rendre leur fierté et restaurer l’image ruinée de Rome.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 31.10.2015 à 07h34 | Daniel Psenny Documentaire sur LCP à 22 h 10 Le récit de l’organisation mafieuse Cosa Nostra, à travers l’itinéraire de Toto Riina et de Bernardo Provenzano.Situé dans la province de Palerme, le village de Corleone, berceau de la Mafia sicilienne, a été rendu célèbre par le film de Francis Ford Coppola, Le Parrain (1972), dans lequel Marlon Brando interprétait avec maestria le rôle de Don Corleone.Une saga pas très éloignée de la réalité. C’est dans ce bourg entouré de collines qu’au XIXe siècle s’est créé un pouvoir occulte, composé d’hommes de main, d’abord au service des grands propriétaires terriens, avant de se transformer en puissante organisation mafieuse baptisée Cosa Nostra (« ce qui est à nous »).Guerre sanglanteC’est sur les terres de Corleone qu’ont grandi les parrains de la Mafia issus de la bande de Luciano Liggio, que les clans rivaux avaient surnommé, avec beaucoup de mépris, « les bouseux ». Parmi eux, Salvatore Riina, dit « Toto » Riina, qui, dans les années 1980, devint « le parrain des parrains » après avoir massacré ses ennemis ; Bernardo Provenzano, son bras droit puis successeur à la tête de l’organisation, et Vito Ciancimino, mafieux qui réussit à se faire élire maire de Palerme sous les couleurs de la Démocratie chrétienne.Riina, surnommé « la Bête », pour sa férocité, ou « le Court », à cause de sa taille, qu’un juge anti-Mafia décrivait comme « un paysan, rugueux, antipathique mais doté d’une intelligence pratique », ainsi que Provenzano, dit « le Tracteur », en raison de sa détermination pour éliminer ses rivaux furent en cavale pendant près de quarante ans, sans jamais être inquiétés. Ils se cachaient à Palerme et ses environs et continuaient de diriger Cosa Nostra en assassinant leurs ennemis palermitains pour contrôler l’organisation.La « Matanza »Cette guerre sanglante, qui fit plusieurs centaines de morts, les spécialistes de la Mafia l’ont appelée la « Matanza », en référence à la pêche où les thons sont tués par dizaines dans une petite baie où l’eau devient rouge sang.Après avoir éliminé leurs rivaux qu’ils tuaient d’une balle dans la tête ou ligotaient à des fils électriques dans les coffres de voitures, Riina et Provenzano s’en prirent aux juges du pôle anti-Mafia Giovanni Falcone et Paolo Borsellino, qui avaient décidé de ne rien lâcher dans leur lutte contre Cosa Nostra. A quelques semaines d’intervalle, ils furent assassinés en 1992 dans deux attentats. Spectaculaires, ces attaques au cœur de l’Etat furent fatales aux deux boss. Lâchés par leurs protecteurs et trahis par leurs anciens amis, dont le parrain repenti Tommaso Buscetta, Riina et Provenzano furent arrêtés, en 1993 pour le premier et en 2006 pour le second, et condamnés à la prison à vie.Milan, capitale de la MafiaCette histoire – chaotique et compliquée –, Anne Véron et Gadh Charbit la racontent dans leur film Corleone (diffusé en mars 2015). Journalistes spécialisés, juges anti-Mafia et témoins de l’époque aujourd’hui repentis comme Massimo Ciancimino, le fils de l’ex-maire de Palerme, y relatent par le détail l’histoire et le fonctionnement de l’organisation. Et là, nous ne sommes plus dans la fiction.Toujours active et puissante, malgré les coups qui lui ont été portés, Cosa Nostra règne toujours sur l’île grâce à des complicités politiques et à la loi du silence. « En fait, même si elle est peu visible, la Mafia est davantage présente dans le nord du pays, beaucoup plus riche, car c’est là que se traitent les affaires. La capitale de la Mafia, aujourd’hui, c’est Milan », expliquaient les deux auteurs en mars 2015 dans un entretien à Télérama.Corleone, d’Anne Véron et Gadh Charbit (France, 2014, 50 min). Samedi 31 octobre, à 22 h 10, sur LCP.Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.10.2015 à 02h20 Vendredi 30 octobre, 22 candidats à l’exil ont encore péri en Mer Egée et 35 sont portés disparus au large de l’Espagne. Le même jour, l’Allemagne et l’Autriche ont décidé de limiter l’arrivée des migrants à cinq points de leur frontière commune pour mieux contrôler leur afflux.Cette restriction du passage à la frontière germano-autrichienne, principale porte d’entrée des réfugiés sur le territoire allemand et ultime étape du périple de la plupart des réfugiés fuyant la guerre ou la pauvreté, prend effet « immédiatement », selon une porte-parole du ministère allemand de l’Intérieur à l’Agence France Presse.Lire aussi :Le scepticisme croissant des Allemands sur l’accueil des réfugiésVienne organise depuis des semaines le transport de milliers de personnes vers la Bavière le long des quelque 800 kilomètres de frontière, d’autres viennent par leurs propres moyens à travers bois, formant par endroits des files d’hommes, de femmes et d’enfants épuisés. Les autorités bavaroises ont assuré ne plus pouvoir contenir ce flux.L’Autriche accusée de conduire des migrants de nuit à la frontière« Nous souhaitons parvenir à un processus ordonné », a expliqué le ministère allemand de l’intérieur, deux jours après que Berlin eut reproché aux Autrichiens de conduire des migrants à la frontière de nuit et sans prévenir la police allemande.En milieu de semaine, Berlin avait déjà annoncé qu’il prolongerait une nouvelle fois ses « contrôles temporaires » aux frontières, mis en place depuis le 13 septembre pour freiner l’afflux des migrants. Ils pourraient être prolongés jusqu’en février. Selon des statistiques officielles, l’Allemagne a déjà recensé 577 000 demandeurs d’asile depuis le début de l’année.Le premire ministre grec Alexis Tsipras a réclamé de l’UE « une condamnation officielle des choix (de certains États membres) d’ériger des murs et des barrières et de fermer les frontières », plaidant en faveur de l’ouverture de canaux légaux vers l’Europe pour les réfugiés.Malgré l’arrivée du mauvais temps et la fermeture en cours des frontières européennes, des centaines de personnes continuent pourtant chaque jour de risquer leur vie, bravant le froid et les vents violents.56 noyés en trois jours en mer EgéeAu moins 22 migrants, dont 17 enfants, ont péri vendredi en mer Egée, portant à 56 en trois jours le nombre des personnes qui se sont noyées entre la Grèce et la Turquie, tandis que la sinistre collecte des corps de précédents naufrages se poursuivait, en particulier à Lesbos.Au large de l’île grecque de Kalymnos, les corps de 19 personnes, dont huit enfants et trois nourrissons, ont été retrouvés dans la matinée après le chavirage dans la nuit de leur bateau chargé d’environ 150 personnes. Une femme, un enfant et un bébé, se sont aussi noyées près de Rhodes, et trois personnes sont toujours recherchées.Par ailleurs, quatre enfants syriens âgés d’un à quatre ans ont été repêchés morts dans les eaux turques par les garde-côtes, qui ont sauvé 19 passagers eux aussi en route pour Lesbos, selon l’agence de presse Dogan.Alexis Tsipras s’est ému vendredi devant le Parlement de cette « tragédie humanitaire », qui est une « honte » pour l’Europe.Lire aussi :En deux jours, 27 migrants sont morts en mer entre la Turquie et la GrèceUn autre drame au large des côtes du sud de l’Espagne s’est déroulé jeudi, dont le bilan pourrait s’élever à 39 morts. Tandis que quinze personnes ont été secourues et quatre hommes retrouvés sans vie, les secours en mer ont abandonné vendredi soir les recherches pour retrouver 35 migrants se trouvant sur l’embarcation qui ont disparu en mer.Plans européens de répartition à la traîneDe son côté, l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM) a annoncé vendredi avoir mis à jour « son plan pour répondre au flux des migrants en Méditerranée » prévoyant un budget de « 780 millions de dollars » (708 millions d’euros) d’ici à décembre 2016.Depuis le début de l’année, le nombre des arrivées par la mer en Grèce a atteint 580 125 selon le Haut Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés (HCR), sur un total de 723 221 personnes parvenues en Europe par la Méditerranée. En Italie, elles étaient 140 200. Plus de la moitié sont des Syriens (53%), 18% des Afghans et 6% des Irakiens, selon le HCR.Alors que les plans européens de répartition de la prise en charge sont censés porter sur deux ans sur 160 000 réfugiés, seuls une centaine de ces migrants ont jusque-là été envoyés d’Italie dans le reste de l’UE, a précisé Adrian Edwards, un porte-parole du HCR. 30.10.2015 à 22h00 Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a annoncé, vendredi 30 octobre au soir, à l’issue de discussions avec les dirigeants des principaux partis, qu’ils étaient parvenus à un accord de principe pour défendre ensemble « l’unité » de l’Espagne face à la fièvre indépendantiste en Catalogne.Lire notre décryptage :Pourquoi la Catalogne veut-elle son indépendance ?« Nous sommes tous d’accord, la majorité (des partis), sur l’essentiel », a-t-il dit lors d’une conférence de presse à Madrid, assurant que tous défendaient « l’unité de l’Espagne, la souveraineté nationale, l’égalité en termes de droits et de devoirs de tous les Espagnols, le respect des lois ».Rajoy veut reprendre la mainLe conservateur Mariano Rajoy multiplie les réunions pour sortir de l’impasse en Catalogne et reprendre la main, alors qu’il est accusé d’immobilisme face aux indépendantistes, décidés à lancer le processus de séparation dès le mois de novembre au Parlement régional.Vendredi, Mariano Rajoy s’est entretenu avec Albert Rivera, le chef de Ciudadanos, un parti libéral né en Catalogne justement pour défendre le maintien de la région en Espagne. Il a aussi reçu à la Moncloa, siège de la présidence du gouvernement, Pablo Iglesias, sa première réunion avec le chef de Podemos (gauche radicale) depuis la création du parti, en janvier 2014. Il avait aussi, mercredi, rencontré le leader socialiste Pedro Sanchez.« Débats stériles »M. Rivera a dit lui avoir soumis une proposition de « pacte », tandis que M. Iglesias s’est prononcé contre « les fronts antisécession », auxquels il préfère le « dialogue ». « Nous avons tous compris la gravité du défi et je remercie mes interlocuteurs pour leur bonne disposition » en la matière a déclaré M. Rajoy, précisant qu’il avait demandé aux principales formations en compétition pour les législatives du 20 décembre d’éviter des « débats stériles » sur ces sujets.Les indépendantistes catalans, majoritaires au Parlement régional depuis les élections du 27 septembre, mais n’ayant que 48 % des suffrages, veulent une séparation d’avec l’Espagne dès 2017. 30.10.2015 à 17h02 • Mis à jour le31.10.2015 à 11h42 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Le 1er novembre, les électeurs turcs se rendront aux urnes pour la deuxième fois en cinq mois. Le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) espère retrouver sa majorité parlementaire perdue lors des législatives de juin. Après le scrutin, le premier ministre Ahmet Davutoglu avait échoué à former une coalition, de nouvelles élections avaient été convoquées.Pour l’AKP, le scrutin de juin fut une grande déconvenue. Pour la première fois en treize ans de pouvoir, le parti fondé par Recep Tayyip Erdogan obtenait 41% des voix (258 députés sur 550), bien loin des scores prodigieux des années précédentes (45,6% aux municipales de mars 2014 ; 49,9% aux législatives de novembre 2011).Fort de 13 % des suffrages, le petit Parti de la démocratie des peuples (HDP, gauche, pro-kurde) avait volé la victoire aux islamo-conservateurs. Par le passé, les régions kurdophones du sud-est du pays avaient toujours été des réservoirs de voix pour l’AKP. En juin, tout a basculé.Objectif irréalisableCette nouvelle donne a douché les espoirs de l’homme fort de Turquie, avide d’instaurer un régime présidentiel à la mesure de ses ambitions. Premier président élu au suffrage universel en août 2014, M. Erdogan rêvait d’un pouvoir aussi étendu que son nouveau palais à Ankara, d’une superficie de 200 000 mètres carrés.Pour le numéro un turc, la « répétition » du scrutin ne peut que lui être favorable. Il a d’ailleurs prié les électeurs de lui donner « 400 députés », de quoi réaliser le changement de Constitution tant espéré. C’est faisable si l’AKP a 367 des 550 sièges du Parlement. Avec 330, il est possible de convoquer un référendum. Pour gouverner seul, il faut à l’AKP 276 députés.Lire aussi :Elections législatives en Turquie : Recep Tayyip Erdogan, ou la dérive autoritaire du président turcCet objectif apparaît aujourd’hui irréalisable. Les résultats ont peu de chance de varier à cinq mois d’écart. D’ailleurs, les principaux instituts de sondage (Gezici, Metropoll, Sonar, Konda) dessinent pour le 1er novembre un score quasiment identique à celui de juin.Un sondage, publié jeudi 29 octobre par Metropoll, attribue à l’AKP 43,3 % des intentions de vote, soit 2,5 points de plus qu’en juin. Un autre sondage, publié le même jour et réalisé par l’institut A&G Research, donne au « parti de l’ampoule » (le surnom de l’AKP) 47 % des suffrages, mais il est le seul à être aussi optimiste.Avec 43 % des voix, l’AKP se retrouverait dans la même situation qu’en juin, obligé de composer avec l’un des trois partis de l’opposition parlementaire pour former une coalition. Selon une étude réalisée par la fondation Carnegie, le scénario le plus vraisemblable serait que l’AKP et le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), le vieux parti d’Atatürk s’entendent pour former un gouvernement. Pressés d’en finir avec l’incertitude politique et l’économie qui chancelle, les hommes d’affaires misent sur cet attelage.Vers une troisième électionComme tout les oppose, les deux partis risquent de former une coalition bancale. Le CHP réclame pour sa part une enquête sur les accusations de corruption révélées en 2013 dans l’entourage de M. Erdogan, ce que ce dernier ne saurait accepter. A terme, la coalition pourrait craquer, ouvrant la porte à de nouvelles élections.« Erdogan semble avoir peu d’enthousiasme pour cette formule. Il jouit encore d’une position hégémonique au sein du parti quand bien même, en tant que président, il devrait être politiquement neutre. Une coalition pourra émerger si Erdogan peut être convaincu qu’une nouvelle élection sera néfaste au pays et à ses ambitions politiques personelles », écrit Sinan Ulgen, co-auteur de l’étude publiée par Carnegie.L’idée d’une troisième élection fait son chemin. « Si le résultat est semblable à celui du 7 juin, je crains qu’on envisage une nouvelle élection. Voilà pourquoi il est important qu’un seul parti gouverne », a déclaré récemment Mehmet Ali Sahin, vice-président et député de l’AKP. En attendant, l’AKP a largement abusé de sa position dominante pendant la campagne. En octobre, la chaîne publique TRT a accordé vingt-neuf heures de diffusion à M. Erdogan et trente heures à son parti l’AKP. Le CHP a eut droit à cinq heures, contre une heure et dix minutes pour le Parti de l’action nationaliste (MHP, droite nationaliste) et dix-huit minutes pour le HDP.Lire aussi :Turquie : l’histoire d’un naufrageMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le sujet est complexe, mais il est crucial pour l’économie grecque. Vendredi 30 octobre, le projet de loi encadrant la recapitalisation des quatre principales banques grecques – la Banque nationale de Grèce (BNG), la banque du Pirée, Alpha et Eurobank – a enfin été déposé au parlement hellène. Il devrait être adopté en procédure d’urgence d’ici à dimanche soir, au lendemain de la publication des résultats des « stress tests » de la Banque centrale européenne (BCE) évaluant les besoins en argent frais de ces établissements.Pour Athènes, l’enjeu est de taille : permettre aux banques grecques, très fragiles, de fonctionner à nouveau normalement.Lire aussi (édition abonnés) :En Grèce, Alexis Tsipras coincé entre Bruxelles et la rueDans quel état sont les banques grecques ? Elles sont le talon d’Achille de l’économie hellène. « Elles ne remplissent plus leur mission, à savoir financer les entreprises et les ménages », résume Nikolaos Georgikopoulos, économiste à la Stern Business School de l’université de New York. Il y a un an, elles allaient pourtant mieux. Les « tests de résistance » de novembre 2014 de la BCE avaient révélé qu’elles étaient à peu près solides. Il faut dire que, depuis 2009, elles ont été recapitalisées sous différentes formes à hauteur de 56 milliards d’euros, selon les calculs de M. Georgikopoulos. Le Fonds hellénique de stabilité financière (FHSF) a notamment injecté 25 milliards d’euros.Depuis, les troubles politiques qui ont suivi l’élection d’Alexis Tsipras au poste de premier ministre, en janvier 2015, et les craintes de la sortie du pays de la zone euro ont nui aux quatre principaux établissements nationaux. La fuite des dépôts s’est accélérée – plus de 100 milliards de dollars (91 milliards d’euros) ont quitté le pays depuis 2010. En raison du retour de la récession, le nombre de prêts non performants aux entreprises et ménages, qui ne seront probablement jamais remboursés, a explosé. De 35 % fin 2014, leur taux frôlerait aujourd’hui les 45 %, selon une source bancaire.Résultat : aujourd’hui, personne n’est capable de dire ce que valent exactement les banques grecques, qui survivent grâce aux aides d’urgence de la BCE, les « emergency liquidity assistance ».Que révéleront les stress tests de la BCE ?Pour déterminer l’état de santé réel de ces établissements et quels sont leurs besoins en argent frais, le superviseur bancaire unique, logé au sein de la BCE, a lancé dès cet été une nouvelle série de tests de résistance. Le résultat de ce check-up sera rendu public samedi 31 octobre au matin. Cet été, les besoins de recapitalisation étaient estimés entre 10 et 25 milliards d’euros. En début de semaine, des sources bancaires, à la fois grecques et européennes, assuraient que « les besoins seraient au final moins élevés que prévu, certainement en dessous du seuil de 20 milliards d’euros ».Lire aussi :L’Eurogroupe s’apprête à débloquer un nouveau prêt à la GrèceComment seront recapitalisés les établissements ?Quels que soient les montants annoncés par la BCE, le gouvernement grec espère faire passer avant dimanche soir le projet de loi qui permettra de mettre en œuvre la recapitalisation.Annoncé à maintes reprises et systématiquement repoussé depuis plus de trois semaines, ce texte a fait l’objet d’âpres négociations avec les représentants des créanciers du pays.Il s’agit en effet de déterminer d’où proviendra l’argent qui renflouera les banques. A priori, 10 milliards d’euros seront mis à la disposition du Fonds hellénique de stabilité financière, qui renforcerait ainsi sa participation dans les établissements. « Le HFSF fournira toute aide publique qui s’avérera nécessaire », a déclaré une autre source bancaire à l’agence Reuters, mardi. Les banques feront également appel aux investisseurs privés, par le biais d’une levée de capitaux sur les marchés qui pourrait commencer dès le 2 novembre.Si cela ne suffit pas, 15 milliards d’euros supplémentaires, provenant du nouveau plan d’aide (86 milliards d’euros) accordé au pays cet été, pourraient être débloqués. Mais uniquement quand les créanciers d’Athènes auront terminé leur première évaluation des mesures de rigueur adoptées par le gouvernement ces dernières semaines. Ce qui ne devrait pas intervenir avant courant novembre.Alexis Tsipras a bien tenté d’obtenir que la recapitalisation soit séparée de cette évaluation. Mais il s’est vu opposer un refus catégorique des créanciers.Pourquoi le gouvernement grec est-il si pressé ?Pour le gouvernement Tsipras, il y a urgence. La Grèce, comme la BCE, a en effet intérêt à ce que la recapitalisation soit bouclée au plus vite. Si elle a lieu aujourd’hui, le pays est en effet libre de décider comment renflouer ses établissements. En revanche, si elle a lieu après le 31 décembre, la directive européenne sur le redressement et la résolution des crises bancaires s’appliquera pleinement. Or, celle-ci prévoit la possibilité d’un « bail-in », c’est-à-dire une participation forcée des gros déposants (plus de 100 000 euros) au sauvetage de leur banque, comme ce fut le cas à Chypre en 2013. Les gros déposants étaient alors, pour la plupart, des Russes aisés.Mais dans le cas grec, les gros déposants sont des PME déjà exsangues. Une telle mesure serait donc particulièrement pénalisante. « Voilà pourquoi nous ferons tout pour que la recapitalisation intervienne avant décembre : un bail-in serait un désastre pour le pays », confie une source bancaire.Lire aussi :Athènes va présenter un nouveau budget d’austéritéAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.10.2015 à 10h04 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Ne mangez pas de poisson si le camion poubelle ne passe que dans trois jours : c’est le conseil que la ministre belge Fadila Laanan a délivré, lundi 26 octobre, lors d’un entretien accordé à TéléBruxelles. Un message qui a beaucoup amusé les journalistes et les réseaux sociaux – un peu moins les poissonniers – au cours des derniers jours. Tentant de justifier une réforme qui se traduira essentiellement par un seul ramassage hebdomadaire des ordures ménagères dans la capitale de l’Europe, la mandataire PS, ministre de la propreté publique dans le gouvernement régional de Bruxelles, a expliqué dans cette interview qui fera date que ses administrés avaient désormais intérêt à adapter leurs menus en fonction du calendrier des collectes.Il n’en fallait pas plus pour provoquer un bel d’éclat de rire, la naissance du hashtag #poissongate et un tonnerre de protestations contre cette intrusion jugée inacceptable dans la sphère culinaire privée. D’autant que la ministre, dont la haute ambition serait de promouvoir le « consommer autrement », s’est également piquée de délivrer ses conseils quant à la gestion… des couches-culottes usagées. Avec l’excellente recommandation de les enfermer dans des sacs de congélation en attendant le passage hebdomadaire des éboueurs.« Esprits grincheux »Mme Laanan n’avait pas laissé un souvenir impérissable dans sa précédente fonction de ministre de la culture, sauf peut-être lors d’une apparition dans une vidéo qui la montrait dialoguant avec un ours en peluche pour la présentation de ses vœux de Nouvel An. Elle avait, à l’époque, qualifié ses détracteurs d’« esprits grincheux ». Elle a déploré, après l’épisode poissonnier, les « caricatures faciles ».Le problème serait, en effet, sérieux et – comme d’habitude, puisqu’il est sérieux et désagréable – imputable à l’Europe : c’est elle qui obligera, à terme, les Etats membres à recycler 50 % au moins de leurs déchets ménagers, indique le ministère. Les Bruxellois, qui placent déjà leurs déchets non recyclables dans des sacs blancs, les papiers dans des jaunes et les plastiques dans des bleus devront, à l’avenir, stocker les produits organiques dans des sacs orange. Il va, en tout cas, leur falloir de grands balcons ou des caves bien ventilées pour conserver une semaine durant leurs poubelles. On ignore si le ramassage hebdomadaire résulte d’un autre diktat européen mais il sera, en tout cas, la nouvelle règle fixée par Mme Laanan.Auréolée de son rôle de capitale européenne, Bruxelles se pique souvent d’être une grande métropole, sans vouloir en assumer toutes les contraintes. Propreté douteuse des lieux publics, trottoirs dangereux à force de pavés manquants, transports publics insuffisants, chantiers en pagaille : ceux qui habitent, travaillent ou passent dans la capitale belge apprennent vite à découvrir ses lacunes. Et le sens de l’humour de ses ministres.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Le tête-à-tête a duré près de deux heures, et Nicolas Sarkozy n’a pas boudé son plaisir d’être reçu comme un chef d’Etat encore en exercice. « On a parlé de la Syrie, de l’Ukraine, du rapport de la Russie avec l’Europe, de l’influence des Etats-Unis sur l’Union européenne, de certaines choses personnelles, et le temps a passé vite », s’est-il réjoui à l’issue de son entretien, jeudi 29 octobre, avec le président russe Vladimir Poutine, dans sa résidence de Novo-Ogarevo, près de Moscou. Cette rencontre, inhabituelle par sa forme pour un chef de l’opposition étranger, est la troisième avec le maître du Kremlin depuis le départ de M. Sarkozy de l’Elysée en 2012. Elle a surtout permis à l’ex-dirigeant français de décocher des flèches acerbes contre la diplomatie menée depuis Paris.Contenu le matin devant les étudiants de l’Institut des relations internationales, le discours de M. Sarkozy est en effet devenu nettement plus critique, dans la soirée devant la communauté française rassemblée dans un grand hôtel, après sa visite à Novo-Ogarevo. « Je ne sais pas qui a inventé ce système des sanctions, mais ils ignorent l’histoire ! », s’est exclamé l’ancien président français, en prenant ainsi position en faveur de la levée des mesures restrictives européennes imposées à la Russie pour son rôle dans le conflit ukrainien. « Je suis très attaché au lien transatlantique mais où est-il dit que nous devions suivre aveuglément nos alliés ? », a-t-il poursuivi, ajoutant : « J’aurais été président, jamais je n’aurais laissé sortir la Russie du G8, déjà que je le trouvais trop petit ! »Répondant à une question d’un sympathisant sur la vente des navires de guerre Mistral, conclue sous sa présidence puis dénoncée par son successeur à l’Elysée, sa mise au point a été des plus sèches : « Sans doute que nous n’avons pas la même notion géographique avec M. Hollande, lui pense qu’on peut envahir Donetsk [fief des séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine] avec ! »Mais de ces bateaux, il n’a jamais été question avec M. Poutine. Un mois après le début de l’engagement militaire de la Russie au côté du régime de Damas, et à la veille d’un sommet à Vienne des intervenants extérieurs dans le conflit syrien, l’échange a surtout porté sur le sort de ce pays dévasté depuis plus de quatre ans par une guerre civile et celui de son dirigeant. « Bachar Al-Assad a sur la conscience la mort de 250 000 de ses compatriotes, a redit M. Sarkozy, comme il l’avait fait, au matin, devant les étudiants moscovites. Il a utilisé l’aviation et l’arme chimique contre sa population, ce n’est pas un détail. (…) Il ne peut pas représenter l’avenir. »Sur ce point, le chef du parti Les Républicains ne se démarque pas de la position adoptée par M. Hollande. A ses yeux, le départ du dirigeant syrien ne constitue pas un « préalable » pour tenter de chercher une solution alternative « dans les rangs de sa famille, du parti Baas ou de la minorité alaouite ». « Entre “Assad jusqu’à la fin” et Assad, “départ demain matin”, il y a peut-être un équilibre à trouver. » Et sur ce point, la position du chef du Kremlin lui est apparue « beaucoup moins en abscisse et en ordonnée qu’on ne le dit ».« Politique insensée » Au passage, M. Sarkozy s’est affranchi des critiques – souvent émises à Moscou − sur l’intervention en Libye dont il avait pris la tête en 2011 et qui a conduit à la chute, et à la mort de son dirigeant, Mouammar Kadhafi. « Si Bachar et Kadhafi, ou même Ben Ali, avaient été des remparts contre l’islamisme, nous n’en serions pas là aujourd’hui », a-t-il lancé.Restait un autre gros dossier abordé avec M. Poutine, l’Ukraine. Autant le sujet avait été éclipsé lors de son intervention devant les étudiants, autant M. Sarkozy est revenu plus en détail dans la soirée sur le sujet devant la communauté française. L’occasion, là aussi, de critiquer sans les nommer directement « ceux qui veulent intégrer à toute force l’Ukraine dans l’Union européenne, une politique insensée ». « Si vous obligez l’Ukraine à choisir une rive, vous la coupez de l’autre, a-t-il souligné, vous la faites exploser et c’est ce qui est en train de se passer. Je voudrais qu’on sorte de cette logique de sphères d’influence. » Les frontières de l’Ukraine, a-t-il ajouté, doivent être « respectées » tout comme les accords de Minsk « des deux côtés », moyennant quoi la question de la Crimée, annexée par la Russie, est éludée.« Personne de crédible, à ma connaissance, ne demande le retour de la Crimée à l’Ukraine, a assené M. Sarkozy. Sur le fond, personne ne conteste qu’à part peut-être les Tatars de Crimée, l’immense majorité de la population était pour le rattachement à la Russie. Sur la forme, il y aurait beaucoup à dire. Le droit international n’a pas été respecté, mais il y a besoin de quelques mois, peut-être quelques années, pour apaiser les choses. Laissons vivre une situation pour qu’elle trouve sa place. » Pour l’ancien président français, qui a pris soin de souligner à satiété le rôle de « grande puissance » de la Russie, « nous ne devons à aucun prix accepter une nouvelle guerre froide ». Surnommé il n’y a pas si longtemps encore « Sarkozy l’Américain » pour sa politique atlantiste, l’opposant de François Hollande est reparti de Moscou dans les habits de « Sarkozy le Russe ».Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.10.2015 à 05h49 • Mis à jour le30.10.2015 à 19h36 Le tribunal de Cracovie a refusé vendredi 30 octobre l’extradition vers les Etats-Unis du cinéaste Roman Polanski, accusé de viol sur mineure. Elle était réclamée par la droite polonaise conservatrice, tout juste victorieuse aux élections législatives.« Le tribunal a conclu à l’inadmissibilité d’extradition aux Etats-Unis du citoyen polonais et français Roman Polanski », a déclaré devant la presse le juge Dariusz Mazur. Le parquet polonais qui représente la requête américaine peut toutefois aller devant la cour d’appel.« Je n’avais pas de doute »« Je suis évidemment très heureux que cette procédure touche à sa fin. Cela m’a coûté beaucoup d’efforts, de problèmes pour ma santé et aussi pour ma famille, a réagi le cinéaste lors d’une conférence de presse. Je suis content d’avoir fait confiance à la justice polonaise. Je n’avais pas de doute que cette affaire allait bien se terminer. Je retourne à ma famille. »La veille de la décision, un ex-ministre de la justice et ténor de la droite conservatrice s’est déclaré en faveur de cette extradition, marchant dans les pas du chef de son parti conservateur catholique et populiste Droit et justice (PiS), Jaroslaw Kaczynski.Début octobre, M. Kaczynski disait « rejeter l’idée de gracier quelqu’un, du simple fait qu’il soit un réalisateur éminent, mondialement connu ». Jeudi, Zbigniew Ziobro, élu député sur les listes du PiS, affirmait à son tour : « On ne peut protéger personne contre sa responsabilité pour un acte aussi odieux que celui d’avoir abusé d’une mineure », insistant que « la pédophilie est un mal qu’il faut poursuivre ». Demande d’extradition américaine depuis janvierEn janvier, les Etats-Unis avaient adressé à la Pologne une demande d’extradition de Roman Polanski, 82 ans, après une apparition publique à Varsovie du réalisateur du Bal des Vampires et de Rosemary’s Baby.Lire le portrait : Polanski : les films et la vie En 1977, en Californie, Roman Polanski, alors âgé de 43 ans, avait été poursuivi pour avoir violé la jeune Samantha Geimer, 13 ans. Après 42 jours de prison, puis sa libération sous caution, le cinéaste qui avait plaidé coupable de « rapports sexuels illégaux » avec une mineure s’était enfui des Etats-Unis avant la lecture du verdict, craignant d’être lourdement condamné.Aucune mesure préventive prise en PologneLa ligne de défense de ses avocats polonais consiste à démontrer que la demande d’extradition n’est pas fondée, compte tenu de l’accord passé à l’époque entre le cinéaste et la justice américaine. Aux termes de cet accord, accepté selon eux par le procureur et les avocats de la victime, la peine prévue a été purgée par leur client.Le 22 septembre, en présence du cinéaste, ses avocats avaient présenté au tribunal de nouveaux documents, analyses d’experts et témoignages réunis lors des procès précédents aux Etats-Unis et en Suisse. A la sortie du tribunal, M. Polanski avait déclaré :« Je voulais savoir quels documents seront présentés et reconnus (valables) par le tribunal. Je suis content que presque tous aient été acceptés. »Le 25 février, lors de la première audience, le cinéaste avait fourni pendant neuf heures des explications, à huis clos. Aucune mesure préventive n’a été prise en Pologne contre Roman Polanski, citoyen polonais et français, qui reste entièrement libre de se déplacer. Philippe Ricard et Marie Charrel Au printemps, la France s’était engagée à ramener son déficit public dans les normes européennes d’ici à 2017. Mais la Commission européenne n’y croit guère. D’après ses nouvelles prévisions, publiées jeudi 5 novembre, le déficit public français devrait encore atteindre 3,3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2017, après 3,8 % cette année et 3,4 % l’an prochain.Dans son programme de stabilité budgétaire, transmis au printemps à Bruxelles, le gouvernement français avait pourtant affirmé être en mesure de ramener le déficit à 2,7 % du PIB à l’issue d’un nouveau délai de grâce, âprement négocié.En février, la Commission avait en effet accordé à Paris un nouveau délai de deux ans, jusqu’en 2017, pour ramener son déficit public à 3 % du PIB. Mais à condition d’élaborer un programme de réformes ambitieux. Et de réduire forcement le déficit structurel.Le ministre des finances, Michel Sapin, a répondu aux prévisions de Bruxelles jeudi, assurant que la France serait « au rendez-vous de ses engagements européens ». Il a tenu à rappeler que Bruxelles raisonne « à politique inchangée », sans prendre en compte toutes les économies prévues. Pour M. Sapin, le pointage de la Commission européenne « signifie simplement que le déficit ne reviendra pas spontanément sous les 3 % » dans deux ans.Lire aussi :Déficits français : le délai de deux ans passe malParis et Bruxelles n’ont pas la même appréciation de la croissanceLa Commission est un peu moins optimiste que les autorités françaises à propos de la croissance. Celle-ci devrait se situer à 1,1 % cette année, puis 1,4 % l’an prochain, et 1,7 % en 2017. Du côté de Bercy, on table sur une croissance de 1,5 % en 2016. Or, l’ampleur des recettes attendues varie avec le niveau de la croissance.Bruxelles a des craintes sur la mise en œuvre du plan d’économiesEnsuite, entre Paris et Bruxelles, les avis divergent sur la façon d’apprécier certaines mesures d’économies. La Commission incite le gouvernement de Manuel Valls à respecter, d’ici à la fin du quinquennat, le plan de réduction des dépenses publiques (50 milliards d’euros) mis sur les rails pour tenter de sortir de la « procédure de déficit excessif ». « Clairement, la poursuite de ce plan contribuerait à réduire l’écart » entre les prévisions françaises et bruxelloises, note un expert.La Commission constate que le déficit structurel, celui qui ne dépend pas de la conjoncture, devrait à peine s’améliorer : de 0,1 point de pourcentage cette année, puis 0,3 point de pourcentage en 2016, soit loin des standards en principe fixés pour des pays en situation de déficit excessif.C’est pourtant le terrain sur lequel le gouvernement français se targuait de tenir ses objectifs au début du quinquennat.A ce stade, certains regrettent presque à Bruxelles que la France ne tire pas davantage partie d’une conjoncture en voie d’amélioration pour conforter le redressement de ses comptes. Et l’on craint que le budget 2017 ne permette pas de corriger le tir en raison de l’élection présidentielle.Pour Bruxelles, les cibles de dépenses publiques « deviennent plus difficiles à respecter », et les investissements des collectivités locales « pourraient être plus forts qu’escompté ».La Cour des comptes dénonce, elle aussi, le flou du plan d’économiesLe 24 juin, dans son rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques, la Cour des comptes (CDC) s’était elle aussi interrogée – encore – sur la capacité de la France à tenir ses objectifs. « Confrontée, comme ses partenaires, à la nécessité de consolider ses finances publiques au sortir de la crise financière, la France a effectué un effort structurel moindre », jugeait la Cour.Principal doute : le flou planant sur le programme d’économie du gouvernement, d’environ 14,5 milliards d’euros par an. Celui-ci repose sur des hypothèses « peu documentées à ce jour », jugeait la CDC.Lire aussi :La Cour des comptes, poil à gratter du gouvernementCe constat est partagé par Gilles Carrez, président (Les Républicains) de la commission des finances à l’Assemblée nationale. « Je suis plutôt optimiste pour 2015, où l’on devrait atteindre sans mal la cible de 3,8 % pour le déficit, explique-t-il. J’ai en revanche de sérieux doutes pour 2016, ne serait-ce que parce que de nouvelles dépenses engagées ces derniers mois joueront à plein, telles que les embauches dans la sécurité, l’accueil des migrants, les emplois aidés. »Comment Paris compte-t-il revenir dans les clous ? La question est délicate, d’autant que le gouvernement vient de reculer sur plusieurs mesures fiscales. A l’instar de la réforme du calcul de l’allocation aux adultes handicapés (AAH), retirée du projet de budget 2016. Ou encore le choix de rembourser les retraités modestes, désormais assujettis à l’impôt local, dont ils étaient jusqu’ici dispensés en vertu de la « demi-part des veuves ».La dette publique va encore grossirCette réduction moins importante que prévu du déficit public va se traduire par une progression de l’endettement de la France, certes « à un rythme ralenti », mais pour atteindre tout de même 97,4 % du PIB d’ici à deux ans.La courbe du chômage, elle, ne devrait pas s’inverser avant 2017, pour s’infléchir légèrement, avec un taux de demandeurs d’emploi passant alors de 10,4 % à 10,2 % de la population active.Lire aussi :Grèce, France, Etats-Unis, Japon... les dettes des pays industrialisés, une bombe à retardementDes sanctions peu probablesTous les ans, ou presque, le même scénario se répète : prévisions de croissance trop optimistes, révision à la baisse, visite à Bruxelles afin d’obtenir la mansuétude de la Commission.Le 2 juillet, Bruxelles s’était résolue à suspendre sa procédure de déficit excessif engagée contre la France, jugeant que celle-ci respectait la trajectoire de déficit public fixée. Mais soulignant, une nouvelle fois, que les efforts structurels étaient insuffisants, et seraient réévalués à l’automne. C’est désormais chose faite.Lire aussi :Déficits : le changement de ton de Bruxelles à l’égard de ParisComme d’habitude, les services de Pierre Moscovici, le commissaire européen chargé des affaires économiques, précisent que leur pronostic, dévoilé aujourd’hui, est calculé « à politique constante », sans prendre en compte d’éventuelles inflexions d’ici là.Cette approche « a conduit par le passé à sous-estimer l’effort finalement réalisé par la France, mais nous jugerons sur pièce », explique-t-on dans l’entourage de l’ancien ministre français des finances.Reste à savoir si Bruxelles relancera ou non cette procédure de déficit excessif contre la France. A ce stade, il ne semble pas qu’il soit question de brandir de nouveau la menace de sanctions, comme il y a un an.« Dans tous les cas, Paris obtiendra sans doute un nouveau délai, comme tous les ans », ironise un économiste.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterPhilippe RicardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.11.2015 à 06h44 • Mis à jour le05.11.2015 à 15h58 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) « Le monde du milieu », cette zone grise où se mêlaient les intérêts de responsables politiques, de fonctionnaires municipaux, d’entrepreneurs et de criminels, remonte à la lumière. Jeudi 5 novembre, s’ouvre devant le tribunal de Rome le procès de 46 personnes impliquées dans l’affaire « Mafia capitale », soupçonnées d’avoir truqué les marchés publics de la ville dans le domaine du ramassage des ordures, de l’entretien des espaces verts ou encore de l’accueil des migrants, et d’avoir infiltré l’administration de la mairie pour parvenir à leurs fins.Puis, magistrats et prévenus rejoindront la prison de Rebibbia où les attend déjà une salle d’audience sécurisée à la mesure de ce procès exceptionnel, qui se déroulera jusqu’au mois de juillet. Toutefois, les cerveaux de l’affaire, Massimo Carminati, dit « le noir » en raison de son passé militant dans un groupuscule fasciste au cours des années 1970 et 1980, et Salvatore Buzzi, dit « le rouge », à cause de son activité dans les coopératives sociales de réinsertion au service de Rome, seront physiquement absents. Le premier est placé en isolement à Parme ; le second à Nuoro, en Sardaigne. Ils témoigneront par vidéo.Lire aussi :Mafia Capitale, saison II, dans la Ville éternellePoing américain et gant de velours« Carminati-Buzzi » : presque une raison sociale. Carminati – également affilié au grand banditisme au sein de « la bande de la Magliana » (un quartier de Rome) – se chargeait de convaincre les récalcitrants qu’il convoquait à son QG, une station-service dans un quartier tranquille de la Ville éternelle, pour les faire tabasser par ses sbires. Buzzi, qui, après un séjour en prison pour meurtre, était devenu une icône de la réinsertion réussie, entreprenait les politiques de tous bords et les fonctionnaires qu’il avait su persuader de la sincérité de sa rédemption. L’alliance du poing américain et du gant de velours connaîtra son apogée lors du mandat de Gianni Alemanno, maire de la ville de 2008 à 2013, venu lui aussi de l’extrême droite.La première tâche des juges sera de déterminer si le système mis en place par le duo relève d’une organisation de type mafieux, alliant infiltration, contrôle du territoire et violence, ou s’il s’apparente à une entreprise criminelle classique. Les magistrats instructeurs ont considéré qu’il s’agit bel et bien « d’une mafia originale et autochtone ». Les juges devront ensuite tenter d’établir l’étendue des dégâts. Une seconde vague d’arrestations, en juin, a conduit 44 autres suspects sous les verrous ou en résidence surveillée. Ils disposent aussi d’une liste de 101 personnes, actuellement libres, ayant eu des contacts avec Carminati et Buzzi.Mais derrière ce procès, c’est la réputation de la capitale de la quatrième puissance économique européenne qui est en jeu. L’impact du scandale a été tel qu’il semble avoir emporté avec lui une part de l’identité de la ville jusqu’alors liée à la « dolce vita ». En témoigne le succès du film Suburra, de Stefano Sollima, sorti sur les écrans italiens il y a quelques jours. Il met en scène la collusion entre des petits malfrats, des Roms enrichis et un ancien activiste d’extrême droite, pour faire main basse sur le Lido d’Ostie afin de le transformer en Las Vegas méditerranéen, le tout sur fond de démission de Benoît XVI. Les Romains semblent acquiescer à cette vision glauque et outrée de leur ville présentée comme la Palerme ou la Naples des films de Francesco Rosi, il y a quarante ans.Un préfet de Milan à Rome« Mafia capitale » a également ébranlé tous les pouvoirs, y compris celui d’Ignazio Marino, le successeur de M. Alemanno, qui n’y était pour rien. Réputé honnête mais sans autorité sur son administration, ce chirurgien de gauche a finalement été lâché par le premier ministre Matteo Renzi. Le Vatican, quand il pouvait encore passer pour un exemple de vertu, a aussi pris part à la curée. De l’autre côté du Tibre, on daubait l’élu « incapable » et on s’inquiétait des retards dans la préparation du jubilé de l’Année sainte qui, dès le 8 décembre, devrait attirer des millions de pèlerins supplémentaires. Un véritable « crash test » pour une ville au bord de l’asphyxie.M. Marino a fini par donner sa démission et a été remplacé, dimanche, par un préfet venu de Milan, Francesco Tronca. Il gérera les affaires courantes jusqu’à de nouvelles élections, au printemps 2016. Milan ? La cité rivale, promue au rang de modèle civique depuis le succès de l’Expo 2015, après avoir été le symbole de la corruption il y a vingt ans ? Les Romains s’étranglent de rage. C’est aussi l’un des enjeux de ce procès : leur rendre leur fierté et restaurer l’image ruinée de Rome.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.11.2015 à 11h05 • Mis à jour le04.11.2015 à 17h50 La ministre de l’intérieur britannique, Theresa May, a présenté mercredi 4 novembre son projet de loi sur la surveillance numérique, un texte très controversé qui doterait les services de renseignement, mais aussi la police, d’un accès sans précédent aux données de navigation des internautes britanniques.Mme May entend faire passer ce nouveau texte, qui reprend les principales dispositions d’un précédent projet de loi surnommé la « charte des fouineurs », auquel le précédent gouvernement avait dû renoncer faute d’une majorité suffisante au Parlement. La déroute des Démocrates libéraux (Liberal Democrats, LibDem), les seuls à s’y être frontalement opposés, lors des dernières élections législatives, ouvre désormais la voie à un vote du projet de loi.L’historique de navigation accessible sur simple demande par la police. L’une des principales mesures — et l’une des plus controversées — donnera accès à la police à un historique simplifié de toute la navigation Internet d’un internaute, sur simple demande auprès des fournisseurs d’accès. Contrairement à ce que croyait savoir la presse britannique, mercredi matin, cette demande se fera sans mandat, et donc sans le contrôle d’un juge, comme c’est le cas dans tous les pays européens et aux Etats-Unis. Les fournisseurs d’accès seront tenus de conserver toutes les données de connexion durant douze mois.Mme May a argué, mercredi, qu’il ne s’agissait « que » d’une version simplifiée — la police n’aura pas accès à l’ensemble des pages consultées par un internaute, mais « uniquement » à l’adresse des sites qu’il a consultés. Ce à quoi les opposants au projet de loi rétorquent qu’il n’existe qu’une différence minime en termes de vie privée entre le fait de savoir qu’un internaute consulte un site pornographique et la liste des pages qu’il y a consultées :Some examples of the difference between Internet Connection Records (no warrant) and browsing history (warrant) https://t.co/rDcjNqcTXa— mikeysmith (@Mikey Smith)require(["twitter/widgets"]);Une légalisation de la surveillance de masse pratiquée par le GCHQ. Le service de renseignement britannique, le GCHQ, est le principal partenaire de la NSA américaine au sein de l’alliance Five Eyes, dont les vastes programmes de surveillance du Web dans le monde entier ont été révélés par le lanceur d’alerte Edward Snowden. Le projet de loi prévoit une légalisation claire de ses programmes de collecte massive des métadonnées Internet — le destinataire, l’origine ou la géolocalisation de l’émetteur d’un message, mais pas son contenu.Le programme mené par le GCHQ en collaboration avec la NSA a été jugé en partie illégal à plusieurs reprises par les tribunaux britanniques, qui ont noté qu’en l’état actuel du droit, cette collecte ne comportait pas suffisamment de garanties de protection pour les citoyens britanniques.Une refonte des mécanismes de contrôle des services de renseignement. Le texte prévoit une large refonte du système de contrôle des services de renseignement et d’éventuels abus. Les trois commissions existantes seront fondues en une seule, qui disposera d’un droit de veto sur les autorisations de mise sous surveillance. En revanche, tout comme la loi française sur le renseignement le permet, les services de renseignement pourront se dispenser d’autorisation en cas de « situation d’urgence », pour une période qui ne pourra excéder cinq jours. Les professions protégées (avocats, journalistes, médecins) devraient bénéficier de protections supplémentaires.Les députés pourront aussi être surveillés. Le texte proposé par Mme May sonne la fin de la « doctrine Wilson » — une tradition politique britannique qui interdit la mise sur écoute des parlementaires. La justice britannique a récemment confirmé que cette doctrine n’était pas une obligation légale, mais un simple « accord politique ». Seule limite fixée par le projet de loi : la mise sous surveillance d’un(e) député(e) ne pourra se faire qu’avec l’accord du premier ministre.Lire aussi :Les députés britanniques ne sont pas à l’abri d’une surveillance électronique 03.11.2015 à 18h56 • Mis à jour le03.11.2015 à 19h05 | Marie Charrel Le sujet est ultrasensible, car il concerne l’institution économique la plus puissante de la zone euro. D’après le Financial Times du 3 novembre, plusieurs dirigeants de la Banque centrale européenne (BCE) ont rencontré des banquiers et financiers quelques jours – voire quelques heures – avant des décisions monétaires déterminantes.Les journalistes du quotidien britannique ont obtenu l’agenda sur un an de six membres de l’institution en appliquant le « droit d’accès aux documents européens », prévu par les traités communautaires. En d’autres termes : ils ont envoyé leur demande à la BCE, qui l’a acceptée, jugeant qu’elle n’avait rien à cacher.On découvre dans ces agendas qu’Yves Mersch, membre du directoire de l’institut de Francfort, a rencontré des cadres de la banque UBS deux jours avant la réunion monétaire du 4 septembre 2014, où la BCE avait annoncé une baisse surprise de son taux directeur, ramené à 0,05 %. Le matin même, le Français Benoît Cœuré, également membre du directoire, avait rencontré un banquier de BNP Paribas.Ce n’est pas tout : Vitor Constâncio, le vice-président de la BCE, et Peter Praet, son chef économiste, ont quant à eux rencontré le hedge fund londonien Algebris le 23 juin dernier. Soit au plus fort de la crise grecque, où l’institution décidait, chaque jour, si elle devait maintenir ou non ses aides d’urgence (« Emergency liquidity assistance », ou ELA) aux banques hellènes. Faut-il s’en offusquer ?Pas forcément. Les dirigeants de l’institution sont, il est vrai, censés respecter une période de silence une semaine avant les réunions du conseil des gouverneurs. Pendant celle-ci, ils doivent se garder de s’exprimer publiquement, et dans les médias, sur la politique monétaire à venir.Pas d’informations confidentiellesMais il ne leur est pas interdit de rencontrer des financiers avant les décisions clés. À condition qu’ils ne leur dévoilent pas d’informations confidentielles concernant les décisions à venir sur la politique monétaire. Comme par exemple, une future hausse ou baisse des taux. « Pour le reste, Il ne faut pas oublier que les banques et les marchés sont le principal canal par lequel la politique monétaire se transmet à l’économie », rappelle Grégory Claeys, économiste et chercheur spécialiste du sujet au think tank Bruegel. « Il est donc important que la BCE rencontre ces acteurs pour leur expliquer ses mesures, qui sont de plus en plus complexes, mais aussi pour prendre le pouls des marchés ». Exemple : c’est après avoir discuté avec des banquiers que le président de l’institution Mario Draghi aurait annoncé, le 26 juillet 2012, qu’il ferait « tout ce qu’il faut » (« whatever it takes » en anglais) pour sauver l’euro – une célèbre phrase qui, selon les experts, a mis un terme à la fièvre qui s’était emparée des marchés. Les financiers lui auraient en effet confié qu’ils considéraient désormais que la monnaie unique n’existait virtuellement plus. Et qu’ils l’intégraient dans leurs calculs. M. Draghi comprit alors qu’il devait alors agir sans attendre pour éteindre la spéculation.Mais alors, quel est le problème ? La suspicion que ce genre de rencontres soulèvent inévitablement. « La BCE doit être au-dessus de tout soupçon », explique M. Claeys. « Pour conserver sa crédibilité, elle ne doit jamais donner le sentiment d’être trop proche du lobby bancaire ou de favoriser un acteur financier en particulier ». Naturellement, la BCE affirme qu’aucune information sensible n’a été échangée lors des rencontres entre M. Coeuré, Mersch, Constâncio et les banquiers. Mais comment en être certain, puisque le contenu de ces discussions reste privé ?Cas exceptionnelD’autant qu’en la matière, il y a un malheureux précédent. Le 18 mai dernier, lors d’une conférence à Londres réunissant des dirigeants de fonds spéculatifs, M. Coeuré avait ainsi indiqué que la BCE s’apprêtait à augmenter le volume de ses achats d’actifs sur les marchés. A sa décharge, le Français était sincèrement convaincu que le contenu de son discours était publié sur internet au moment même où il parlait, comme l’exige dans ce cas les règles de l’institution. L’ennui, c’est que le discours en question n’avait été publié que le lendemain matin. « Une erreur de procédure », avait expliqué l’institution, soulignant qu’il s’agissait là d’un cas exceptionnel.Pour éviter ce genre de problème et surtout, limiter que les risques de suspicion, d’autres banques centrales ont adopté des règles plus strictes. « C’est notamment le cas de la Fed, qui a publié des régulations détaillées et complètes sur la communication extérieure de ses membres », remarque Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG. Ou encore de la Banque d’Angleterre, qui interdit aux membres de son comité de politique monétaire tout contact avec les médias et les autres acteurs extérieurs trois jours avant les réunions clés.La BCE devrait-elle en faire de même, afin d’éviter toute ambiguïté ? Certains experts estiment que oui. D’autres jugent qu’une telle mesure serait inutile. « Il est excessif de fantasmer sur le bénéfice que les banques pourraient tirer d’informations privilégiées sur la politique monétaire qui leur seraient livrées accidentellement », explique M. Dor. « Avec les nouvelles régulations financières, tirer profit de telles informations serait en effet jugé comme un délit d’initié. L’institution coupable risquerait même de perdre son accréditation. Désormais, plus aucune banque d’affaires ne prendrait un tel risque ».Dans tous les cas, la BCE ne se montre pas insensible aux critiques dont elle fait l’objet - que celles-ci soit justifiées ou non. À partir de février 2016, elle publiera en effet sur son site internet l’agenda de ses dirigeants sur les trois derniers mois. « Nous prenons la transparence très au sérieux », assure-t-on dans la maison. Qui en fait ici la preuve…Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.11.2015 à 16h36 Trois militants kurdes ont été tués, mardi 3 novembre, dans le sud-est de la Turquie, lors d’affrontements avec les forces de l’ordre. Ce regain de violence intervient deux jours après la victoire du parti du président Recep Tayyip Erdogan, qui a durci son discours envers les Kurdes.Deux jeunes militants du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont été tués dans la province de Hakkari, près de la frontière irakienne, lors d’une opération de la police turque pour démanteler des barricades. La troisième victime est un jeune de 22 ans, tué dans la ville de Silvan, dont trois quartiers sont soumis depuis mardi matin à un strict couvre-feu.L’état-major de l’armée turque a également annoncé mardi avoir bombardé, la veille, des positions du PKK en Turquie et dans le nord de l’Irak.Lire aussi :En Turquie, les maigres espoirs des Kurdes de DiyarbakirDeux journalistes inculpés et écrouésMardi, un tribunal d’Istanbul a inculpé et écroué deux responsables du magazine d’opposition Nokta, « pour tentative de coup d’Etat », a indiqué l’un de ses journalistes.Ces deux journalistes avaient été arrêtés lundi par la police après que le dernier numéro du magazine avait présenté en « une » le triomphe du parti de M. Erdogan comme « le début de la guerre civile en Turquie ».Le succès de l’AKP, qui a retrouvé au parlement la majorité absolue qu’il avait perdue il y a cinq mois, a alimenté les craintes des rivaux du chef de l’Etat, qui redoutent qu’il n’en profite pour renforcer son pouvoir sur le pays. Après la victoire de M. Erdogan, le porte-parole du président des Etats-Unis Barack Obama avait fait part, lundi, de ses inquiétudes :« Nous sommes […] très préoccupés par le fait que des médias et des journalistes critiques envers le gouvernement aient fait l’objet de pressions et d’intimidations durant la campagne. »Les Etats-Unis avaient rejoint les critiques formulées par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Dans un rapport conjoint avec le Conseil de l’Europe et le Parlement européen, l’OSCE a dénoncé, lundi, une campagne électorale « marquée par beaucoup trop de peur, et la peur est l’ennemie de la démocratie ». L’organisation a aussi regretté les « interventions dans l’autonomie éditoriale des médias » de la part du gouvernement islamo-conservateur du premier ministre, Ahmet Davutoglu.Lire aussi :En Turquie, Erdogan retrouve les moyens de poursuivre sa dérive autoritaire Camille Bordenet (Ingolstadt, envoyée spéciale) Dans la petite chambre de la famille Hasani, des Kosovars originaires de Mitrovica, les valises sont déjà prêtes. C’est comme si elles n’avaient jamais été défaites. « Retour à la case départ, constate, cynique, Besim, le père, 38 ans. On a tout sacrifié, on s’est endettés pour arriver jusqu’ici, et la seule chose que l’Allemagne trouve à nous offrir, c’est un billet d’avion retour ». Neuf mois après avoir quitté son pays pour l’Allemagne, la famille s’apprête à être rapatriée, comme le seront sans doute aussi les quelque 320 autres demandeurs d’asile originaires du Kosovo, d’Albanie ou du Monténégro qui vivent avec eux dans le centre d’Ingolstadt, en Bavière.Dans cette ancienne caserne militaire convertie en centre d’arrivée et de rapatriement, le rêve d’Allemagne prend fin pour ceux qui ne sont pas venus pour sauver leur vie, mais dans l’espoir d’en trouver une meilleure. « Ce centre vise à regrouper les demandeurs d’asile originaires des pays des Balkans qui n’ont presque aucune chance de rester », explique Maria Els, vice-présidente de la région de Haute-Bavière, en présentant les bâtiments. D’un côté, les logements des migrants, de l’autre, les bureaux administratifs. Toutes les autorités jouant un rôle dans la procédure sont présentes sur place : la région, l’Office fédéral de l’immigration et des réfugiés (BAMF), une antenne du tribunal administratif de Munich et la police, pour les expulsions. A leur arrivée, les migrants passent directement d’un bureau à l’autre pour la prise d’empreintes digitales, la visite médicale, l’enregistrement de la demande d’asile, l’entretien, puis l’éventuel recours. L’objectif : réaliser toute la procédure en l’espace de quatre à six semaines, contre plusieurs mois d’ordinaire.Accélérer les retoursCar c’est bien la vocation de ce centre spécialisé ouvert en septembre : accélérer les démarches pour renvoyer plus vite les migrants économiques originaires de « pays sûrs », qui n’obtiendront pas l’asile. Et envoyer un signal fort aux candidats de ces pays, à l’heure où l’Allemagne − qui s’attend à recevoir jusqu’à un million de demandes d’asile cette année − voudrait se consacrer à l’intégration des réfugiés fuyant les zones de conflit. « Nous pouvons accepter et soutenir les gens qui ont besoin d’une protection [les réfugiés] seulement si ceux qui n’en ont pas besoin ne viennent pas ou sont renvoyés rapidement », soulignait récemment le ministre allemand de l’intérieur, Thomas de Maizière.Pour accélérer les expulsions, Berlin vient de durcir sa législation : l’Albanie, le Kosovo et le Monténégro ont été ajoutés à la liste des pays d’origine « sûre » (la Bosnie-Herzégovine, la Serbie et la Macédoine l’étaient déjà) et les allocations en argent liquide perçues le temps que la demande soit examinée seront désormais remplacées, autant que possible, par des prestations en nature. Ces mesures devraient conduire au renvoi de « dizaines de milliers » de ressortissants des Balkans, selon le ministre de l’intérieur. Ces derniers représentent près de 40 % des demandes d’asile enregistrées dans le pays cette année, alors que leur chance de voir leur demande acceptée est inférieure à 1 %, selon les chiffres du BAMF. Les Albanais et les Kosovars, par exemple, s’inscrivent aux 2e et 3e rangs des demandeurs d’asile, juste derrière les Syriens. #container_14437073317{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14437073317{ height:500px; } #container_14437073317 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14437073317 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14437073317 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14437073317 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les 10 nationalités qui demandent et obtiennent le plus l'asile en AllemagneChiffres de janvier à septembre 2015, sur un total de 303 443 demandes d'asile.Source : Office fédéral allemand de l'immigration et des réfugiés (BAMF)require(['highcharts/4.1.9','highcharts-standalone'], function() { //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14437073317", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:true, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} %", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Syrie","Albanie","Kosovo","Serbie","Irak","Afghanistan","Macédoine","Erythrée","Pakistan","Incertain"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de demandes d'asile", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 73615 ], [ "", 45125 ], [ "", 34723 ], [ "", 22958 ], [ "", 16566 ], [ "", 16360 ], [ "", 11691 ], [ "", 7403 ], [ "", 5290 ], [ "", 4898 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Taux d'admission (%) ", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 91.2 ], [ "", 0.2 ], [ "", 0.4 ], [ "", 0.1 ], [ "", 88.7 ], [ "", 44.3 ], [ "", 0.5 ], [ "", 83 ], [ "", 11.6 ], [ "", 72.8 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 1, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 1 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: 1, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", },\u25CF {series.name}: {point.y}', hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, }}) function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} } }});Le centre d’Ingolstadt va désormais être agrandi pour compter jusqu’à 500 places d’ici décembre et la région en a déjà ouvert un deuxième du genre, à Bamberg. « L’idée est que le maximum de demandeurs d’asile issus des Balkans, qu’ils soient déjà présents dans le pays ou qu’ils arrivent, passent par ces centres », explique Maria Els.Lire aussi :Angela Merkel veut des zones de transit aux frontières« Pour eux, on est les mauvais migrants » La famille Hasani a compris le message. « Ils nous ont dit qu’il fallait faire de la place aux Syriens », soupire Besim. Son épouse Lumturije et leurs deux enfants ont reçu une réponse négative, lui attend toujours. C’est sa deuxième demande d’asile en Allemagne. L’entretien de Lumturije a duré 40 minutes, à peine. Elle a bien senti que son cas était joué d’avance : « Ils m’ont presque coupée en me faisant comprendre que je n’avais pas ma place », raconte-t-elle. Sur le bureau de la fonctionnaire, il y avait une boîte de mouchoirs, mais Lumturije n’a pas voulu pleurer. Elle aurait pu s’inventer une histoire, prétendre des persécutions, ou même tenter de se faire passer pour Syrienne, certaines le font bien. Elle a préféré dire la vérité.« Les demandeurs d’asile que nous recevons ici sont pour la plupart très honnêtes : ils disent qu’ils sont là pour trouver du travail, faire des études ou offrir un meilleur avenir à leurs enfants », explique Herbert Binter, directeur du bureau du BAMF au centre. Dans ce cas, l’entretien est en effet plus court, puisque ces motivations ne les qualifient pas pour obtenir le statut de réfugié. Mais « l’accélération de la procédure ne veut pas dire que nous écourtons l’examen de la demande. Comme partout, nous respectons toutes les étapes, dans le respect du droit », assure M. Binter.Lumturije a fait appel mais « à quoi bon ? ». La réponse est restée la même. « Pour eux, on est les mauvais migrants. Si on est ici, c’est qu’il n’y a plus d’issue », estime-t-elle. Alors, comme beaucoup, elle a signé le formulaire pour un retour volontaire et accepté les billets d’avion. « C’était ça ou attendre que la police vienne nous chercher à 4 heures du matin pour nous expulser. On ne voulait pas que les enfants vivent ça. » Depuis l’ouverture du centre, 90 expulsions ont eu lieu et 220 retours volontaires ont été enregistrés. Pour leur retour, certaines familles peuvent solliciter des aides en plus du billet d’avion – argent liquide de départ par exemple –, au sein de programmes soutenus par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Mais les conditions sont très variables : les Hasani n’y étaient pas éligibles car ils sont arrivés après le 31 décembre 2014. Ils ne demanderont pas non plus d’aide à Pristina à leur arrivée : « le gouvernement kosovar n’a rien à nous offrir », croit savoir Besim.Les illusions perdues Au détour des longs couloirs du centre, l’espoir a laissé place à l’abattement. Et à l’amertume. C’en est fini de l’attente fébrile d’une réponse positive. Ici, on n’attend plus que la date de son départ, résigné. Demain soir, Lumturije et les enfants seront rentrés à Mitrovica. Besim les accompagnera à l’aéroport de Munich. Et ne tardera pas à les rejoindre, il ne se fait pas d’illusions. Il veut malgré tout encore croire qu’il finira par décrocher un permis de travail, un jour.Car qu’auront-ils à offrir à leurs enfants, de retour chez eux, sans argent ni travail ? Même avec plusieurs années d’études, un diplôme d’infirmier et trois langues parlées couramment, Besim n’a jamais trouvé d’emploi au Kosovo, où près de la moitié de la population est au chômage. Son voisin de pallier albanais, Gzim Ndou, non plus, malgré ses douze ans à l’école et son diplôme de policier. Les deux pères de famille pensaient qu’ils auraient plus de chance en Allemagne ; ils avaient entendu dire que le pays cherchait de la main-d’œuvre qualifiée et donnait l’asile facilement. Alors, les Hasani ont fait comme quelque 130 000 autres Kosovars partis sur les routes entre l’été 2014 et le mois de février.Lire aussi le reportage :Kosovo : l’appel de l’OuestA Mitrovica, une ville qui porte encore les stigmates de la guerre, divisée entre quartiers serbes et albanais, la famille retournera vivre chez les parents de Besim ; heureusement les enfants sont excités à l’idée de retrouver leurs grands-parents et leurs copains d’école. Lumturije, elle, s’inquiète beaucoup pour les 600 euros qu’il faudra rembourser à la famille au retour : le prix qu’a coûté le voyage. Les 400 euros mensuels d’allocations reçus en Allemagne ont beau dépasser un salaire kosovar, ils étaient à peine suffisants pour vivre, encore moins pour mettre de côté. Besim s’empresse de préciser : « Ce n’est pas pour toucher ces allocations qu’on est venus. » Cela le contrarie que certains Allemands voient les Kosovars comme des profiteurs qui demandent plusieurs fois l’asile pour percevoir les prestations sociales ou envoyer de l’argent à leur famille.Une porte ouverte à la violence Dans le centre-ville d’Ingolstadt, les sentiments sont mitigés sur ce « centre des Balkans », comme l’appellent certains habitants. Il y a ceux, nombreux, qui se portent bénévoles pour organiser rencontres et activités, témoigne Wolfgang Scheuer, adjoint au maire. Mais aussi les « Not welcome » (pas les bienvenus), venus taguer les bâtiments du centre. « Il faut nous comprendre : les communes d’Allemagne accueillent déjà des milliers de réfugiés. On ne peut pas en plus faire de la place pour ceux qui viennent juste chercher un travail », confie Kristin, une habitante.A l’heure où les incidents contre les foyers d’accueil se multiplient dans le pays, les associations de défense des migrants craignent que ces centres regroupant les réfugiés selon leur région d’origine n’ouvrent la porte à la violence et à une stigmatisation contraire à la promesse d’un examen individualisé des demandes d’asile. « Avant même de décider de la protection à accorder, les demandeurs d’asile sont divisés entre bons et mauvais réfugiés. Or cette division, basée uniquement sur le pays d’origine, préjuge de la décision qui sera prise sur le besoin avéré ou non d’une protection », dénonce Stephan Dünnwald, du Conseil pour les réfugiés de Bavière. Il déplore que ces centres, parce qu’isolés, privent leurs résidents de l’assistance des associations et de tout processus d’intégration. Et déscolarisent les enfants.La veille, les Hasani ont fait l’aller-retour à Munich pour aller chercher des vêtements d’hiver dans leur ancien foyer d’accueil. Il a fallu attendre plus de quatre heures : la famille a été appelée en dernier, après les Syriens, les Afghans et les Erythréens. Besim, pourtant, n’en veut à personne. Il sait bien que les Syriens sont prioritaires à l’accueil. « Chez eux, c’est la guerre, ils meurent tous les jours… » Il se souvient d’un temps où les Bosniaques et les Kosovars étaient les Syriens de l’Europe. « Aujourd’hui on ne fuit plus les bombes, mais nous aussi on tente de survivre. Notre guerre est psychologique : on se bat contre la misère, le chômage, la corruption, le crime organisé. » Ainsi Besim a-t-il bien du mal à comprendre comment son pays peut être considéré comme « sûr ». Il aimerait qu’on réfléchisse aux raisons qui poussent son peuple à s’exiler.Camille Bordenet (Ingolstadt, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.11.2015 à 10h33 • Mis à jour le03.11.2015 à 12h38 | Philippe Jacqué Volkswagen est loin d’être sorti d’affaire… Après sa gamme de moteurs diesel EA 189, ses moteurs diesel 3 l seraient également équipés d’un logiciel de manipulation, selon les affirmations de l’Environmental Protection Agency (EPA – « Agence américaine de protection de l’environnement »).Lire aussi :Volkswagen : les moteurs plus puissants étaient aussi truquésSi Volkswagen dément toute nouvelle fraude, cette affaire pourrait une nouvelle fois saper l’image du géant de Wolfsburg, même si pour l’instant les ventes résistent bien au scandale.Combien de véhicules seraient concernés ?Le nombre de véhicules concernés reste faible, une dizaine de milliers de Volkswagen (Touareg), Porsche (Cayenne) et Audi (A6 quattro, A6L, A7, A8, Q5) sont comptabilisées pour les années 2014 et 2015, selon l’EPA.Cela pourrait être bien plus, si le logiciel est également installé sur ses modèles vendus en Europe, ce qui était le cas pour les moteurs EA 189. Comme les gros véhicules de Porsche et Audi écoulés sur le Vieux Continent sont essentiellement équipés de moteur 3 l diesel, il est probable que les conséquences soient importantes.Quelles conséquences financières ?Tous ces modèles sont parmi les plus chers, et donc les plus rentables pour le groupe. Aux Etats-Unis, une Porsche Cayenne diesel se vend à partir de 62 300 dollars (56 699 euros). Un Touareg de VW vaut au minimum 53 000 dollars…S’il est pour l’instant impossible de calculer les conséquences financières précises du premier scandale qui concernait le moteur EA 189 – les analystes l’estiment entre 15 milliards et 80 milliards d’euros –, il est encore plus difficile de prévoir l’impact de cette nouvelle péripétie. Entre les amendes, les rappels, les sanctions et autres actions de groupe, la somme pourrait vite dépasser plusieurs milliards d’euros…Le fait nouveau, c’est que Porsche, jusqu’à présent épargné, puisse être éclaboussé par le scandale. Le constructeur de véhicules sportifs de Stuttgart est la deuxième source de profits du groupe après Audi. Sur les neuf premiers mois de l’année 2015, la marque a réalisé 2,5 milliards d’euros de résultat opérationnel, avec une marge autour de 16 %, tandis qu’Audi a dégagé 4 milliards de résultat opérationnel, avec une marge de 8 %. Du fait d’une provision de 6,5 milliards d’euros, le groupe présente pour sa part un résultat opérationnel consolidé de 3,3 milliards d’euros.Volkswagen était également ébranlé en Bourse, mardi. Sur l’indice Dax de la Bourse de Francfort, l’action affichait la plus forte baisse vers 9 h 30, perdant 3,06 % à 109,35 euros. Une baisse cependant sans commune mesure avec les 20 % évaporés en une journée le jour de l’éclatement de l’affaire en septembre.Quel impact pour l’image du groupe ?Le plus problématique pour le groupe Volkswagen reste peut-être que le nouveau patron n’est autre que Matthias Müller, l’ancien patron de Porsche. Sa probité sera très certainement montrée du doigt s’il est avéré que Porsche a bien manipulé le système de dépollution de ses moteurs.Lire aussi :En plein scandale, Matthias Müller prend la tête du groupe VolkswagenPhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Allan Kaval (Erbil, correspondance) Au lendemain du revers électoral subi par le Parti démocratique des peuples (HDP, lié au mouvement kurde), Diyarbakir, la grande ville du sud-est kurde de la Turquie, est dans l’expectative. Le HDP a vu son score chuter de 13 % à 10,7 % par rapport aux élections du 7 juin, qui n’avait pas permis de former un gouvernement majoritaire. Le parti et son électorat, qui reste dominant dans la plupart des régions kurdes, se trouvent dans une situation confuse.Lire aussi :Turquie : Les islamo-conservateurs reprennent la majorité absolue au ParlementPourtant, après l’émotion et la colère qui se sont brièvement manifestées à l’annonce des résultats et la déception ressentie par les électeurs du HDP, pointe l’idée que le pire a peut-être été évité. Quoique de justesse, le parti pro kurde est assuré d’entrer au Parlement grâce à la marge de quelques dixièmes de points qui lui permet de franchir le seuil requis pour y être représenté. data-ui="carousel" data-module="portfolio" data-wrapper=".gallery" data-interval="false" data-is-atom tabindex="10"> data-slide-title="" data-slide-description="Dans le quartier de Sur, centre-ville historique de Diyarbakir, dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, les électeurs se rendent aux urnes, dimanche 1er novembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Dans le bureau de vote de l’école Yavuz Sultan Selim, on constate une nette baisse de la participation à la mi-journée. « A cause des violences qui ont lieu, les gens ont peur de venir voter à Sur, ils craignent que le vote dégénère à nouveau », analyse Mehmet, un assesseur." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Les forces spéciales de police lourdement armées dans un des lycées qui accueillent les bureau de vote : « Pas de photos ici, c'est une zone terroriste. »" data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Pour Feleknaz Ucan, ancienne membre turco-allemande du Parlement européen, aujourd’hui députée HDP, la présence des forces spéciales dans l’enceinte des écoles de ce quartier sensible en ce dimanche d’élection est un grave atteinte au bon déroulement du scrutin." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Portraits de Mustapha Kemal, dit « Ataturk », fondateur de la Turquie moderne et républicaine (1881-1938)." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Les électeurs se rendent aux urnes en longeant les parois par endroit criblées de balles des maisons et des commerces." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Les impacts de balles témoignent de la violence des combats qui ont opposés ici du 10 au 12 octobre les militants urbains du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) aux forces de police." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="" data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Au QG de l'AKP, le Parti de la justice et du développement, la formation islamo-conservatrice du président Recep Tayyip Erdogan Erdogan" data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Seul au pouvoir depuis treize ans, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, espère prendre sa revanche sur le scrutin du 7 juin – ici au quartier général de l'AKP." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Après quarante-cinq jours de pourparlers avec les autres partis présents au Parlement, le premier ministre turc, Ahmet Davoutoglu (ici son portrait au QG de l'AKP), avait échoué à former une coalition après les élections de juin. Un nouveau scrutin législatif a donc été convoqué pour le 1er novembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Idris Baluken (ici au QG de l'AKP), candidat du HDP à Diyarbakir en appelle au pouvoir en place à Ankara : « L’AKP doit respecter la volonté du peuple, sinon les violences vont reprendre et nous courons le risque d’une guerre. »" data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="" data-slide-item-lie="" Précedent1/13SuivantDans le quartier de Sur, centre-ville historique de Diyarbakir, dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, les électeurs se rendent aux urnes, dimanche 1er novembre.Emilien URBANO/MYOP POUR LE MONDE› Accéder au portfoliorequire(['lmd/ui/carousel', 'lmd/module/portfolio']);Rempart potentiel contre la mécanique du pire« Il est possible que les choses dégénèrent, étant donné la volonté affichée de l’AKP [le Parti de la justice et du développement, au pouvoir depuis 2002 et vainqueur du scrutin de dimanche] de détruire le mouvement kurde. Mais si le HDP avait échoué à dépasser le barrage des 10 %, il aurait été exclu des institutions turques et la situation aurait pu devenir incontrôlable », indique Nazmi Gür, parlementaire HDP et cadre dirigeant du parti, depuis la capitale Ankara.Pour certains électeurs du HDP à Diyarbakir, la large majorité obtenue par l’AKP le 1er novembre est perçue comme un rempart potentiel contre la mécanique du pire dans laquelle la Turquie a été emportée depuis les dernières élections, avec successivement la reprise des affrontements avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, branche armée du mouvement kurde) fin juillet, puis la transformation de plusieurs centres-villes du sud-est du pays en champs de bataille entre militants armés kurdes et forces de sécurité.« Aucune des deux forces ne peut venir à bout de l’autre »Habitant du quartier populaire de Baglar, coutumier des affrontements entre les mouvements de jeunesse du PKK et la police, Loqman, vingt ans, se montre relativement satisfait par l’issue du vote de dimanche : « Je suis Kurde, j’ai donc voté HDP. J’aurais souhaité que nous entrions au Parlement avec plus de représentants, mais je suis rassuré de voir que l’AKP pourra gouverner seul. Il aurait été impossible que les différents partis turcs forment une coalition et cela aurait été le chaos. » Dans un café fréquenté par les intellectuels proches du mouvement kurde, situé dans la vieille ville de Diyarbakir, Isak Bingöl, professeur de littérature qui se dit « extrêmement triste et en colère » suite à l’échec relatif du HDP, conserve toutefois une certaine mesure d’optimisme malgré sa perplexité face à l’avenir.A quelques rues de la mosquée Kursunlu, dont les environs furent le théâtre de violents affrontements entre de jeunes militants kurdes, encadrés par combattants du PKK, et les forces spéciales de la police turque, du 10 au 12 octobre, il espère un retour au dialogue avec le gouvernement : « L’AKP s’est renforcé en se débarrassant de ses rivaux politiques en Turquie, mais le mouvement kurde reste dominant dans le Sud-Est, il continue à définir la politique locale. Aucune de ses deux forces ne peut venir à bout de l’autre. J’espère donc que l’AKP va comprendre la signification des résultats d’hier et relancer le processus de paix avec le PKK. »« Deux voies se présentent devant nous » Pour Ömer Önem, coprésident de la branche du HDP à Diyarbakir, tout dépendra du gouvernement AKP qui sera prochainement formé à Ankara : « Deux voies se présentent devant nous. Si Recep Tayyip Erdogan poursuit sa politique de terreur et d’intimidation, continue à attaquer des civils innocents, à bombarder les bases du PKK au Kurdistan irakien et à faire pression sur le Rojava [le Kurdistan syrien autonome], les Kurdes de Turquie vont se soulever et ce sera la guerre civile. Si le nouveau gouvernement est responsable, il reviendra à la table des négociations avec le PKK, auquel cas, nous ferons tout notre possible pour que cette nouvelle tentative réussisse. » Pour ce cadre local du parti, la seule solution consisterait à permettre une reprise de contact avec le chef historique du mouvement kurde, Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 1999. Acteur central du processus de paix lancé en 2013, Abdullah Öcalan est de nouveau isolé du mouvement kurde depuis le mois d’avril, les autorités ne lui ayant plus permis de recevoir ses avocats et les responsables du HDP avec qui il entretenait un dialogue.Le parti majoritaire en position de forceCependant, si le succès de l’AKP dimanche est partiellement imputable à une reconquête de l’électorat conservateur kurde, inquiet de la reprise des violences dans le sud-est, il tient également au ralliement d’une partie des électeurs nationalistes turcs. Aussi, la position de force acquise par le parti majoritaire pourrait-elle inciter le gouvernement à revoir ses exigences à la hausse vis-à-vis du PKK.C’est ce que redoute que Tahir Elçi, bâtonnier du barreau de Diyarbakir, très actif au sein de la société civile kurde et récemment arrêté et inculpé pour avoir dit publiquement que le PKK n’était pas une organisation terroriste : « Afin que le processus de paix reprenne, il est nécessaire que le PKK abandonne la lutte armée. Les résultats des élections ont montré que le mouvement kurde s’est trouvé affaibli par l’état de violence qui est apparu après les élections. » Dans plusieurs villes kurdes cependant, les affrontements entre les militants kurdes et les forces de sécurité ont donné l’occasion au PKK d’instaurer des poches insurrectionnelles dans les quartiers les plus défavorisés.A Cizre, ville de 130 000 habitants située près de la frontière syrienne, où les forces de sécurité turques sont lourdement intervenues contre les militants du PKK en septembre, plaçant la ville en état de siège et causant seize morts civiles, le mouvement armé kurde a déclaré l’autodétermination.Lire aussi :Turquie : à Cizre, les Kurdes prêts à la guerre contre ErdoganLe PKK se déclare prêt à affronter l’Etat turc Ayant envoyé des combattants expérimentés et lourdement armés pour encadrer une jeunesse militante locale, galvanisée par les succès des alliés du PKK face à l’Etat islamique dans les régions kurdes de Syrie, et qui aspirent à porter la lutte dans leurs villes, le PKK se déclare prêt à affronter l’Etat turc dans des combats de rues qui pourrait se révéler désastreux pour la population.Pour M. Elçi, qui est également l’auteur d’un rapport sur les exactions imputées aux forces de sécurité turques lors du siège de Cizre, il est nécessaire que l’organisation armée quitte les villes kurdes. « Je veux rester optimiste et compter sur l’esprit de responsabilité des uns et des autres mais l’Etat ne pourra pas accepter que le PKK contrôle militairement certains quartiers des villes kurdes. S’ils ne se retirent pas, nous allons vers des jours très sombres. » Entre espoirs ténus d’une reprise des négociations entre le gouvernement et risques encore présents d’escalade militaire dans l’arrière-pays, Diyarbakir, comme le reste des régions kurdes de Turquie, entre dans une nouvelle phase d’incertitude.Allan Kaval (Erbil, correspondance)Journaliste au Monde Jean-Michel Bezat Les dirigeants d’Engie (ex-GDF Suez) respirent. L’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) belge a annoncé, mardi 17 novembre, qu’elle autorisait le redémarrage de deux réacteurs de sa filiale Electrabel : Doel 3 près de Anvers et Tihange 2 près de Liège. Ce redémarrage prendra quatre semaines, a indiqué l’exploitant. La fermeture du premier est programmée pour le 1er octobre 2022 et celle du second pour le 1er février 2023.Lire aussi :Engie : la facture de l’aventure nucléaire belge s’alourditLes deux tranches, qui assurent un tiers de la production électronucléaire du pays, avaient été mises à l’arrêt à l’été 2012 puis, après une remise en service de onze mois en mars 2014 en raison « d’incertitudes quant à leur sûreté », selon le gendarme du nucléaire. De nombreux défauts avaient en effet été décelés dans l’acier des cuves, la zone la plus sensible du réacteur où se produit la fission des atomes et la réaction nucléaire en chaîne.L’autorité de sûreté estime qu’au terme d’« études scientifiques approfondies », Electrabel « a pu démontrer de manière convaincante que les microbulles d’hydrogène présentes dans les parois des cuves n’avaient pas d’impact inacceptable sur la sûreté des réacteurs ». Ces bulles se sont formées au cours du forgeage de la cuve et non durant l’exploitation du réacteur.Défauts « stables »Des experts redoutaient qu’en cas d’incident nécessitant l’injection d’eau froide, le choc thermique n’entraîne une rupture de la paroi des cuves et l’écoulement de magma radioactif. Le groupe d’électricité affirme que ces défauts sont restés « stables » au cours des décennies d’exploitation et qu’« ils n’impactent pas son intégrité structurelle ».Cet arrêt de deux de ses sept réacteurs belges ont obligé Engie à abaisser deux fois en cinq mois ses objectifs financiers pour 2015. Ils amputaient en effet de 40 millions d’euros par mois le bénéfice net de la maison mère. Ce sont déjà plus de 700 millions d’euros de manque à gagner que le groupe a enregistré depuis mars 2014. Le nucléaire belge a fortement contribué, avec la chute de la demande de gaz, à la baisse du résultat d’Engie (– 56 %) au premier semestre.Lire aussi :La Belgique prolonge de dix ans ses vieux réacteurs nucléairesJean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Guy Dutheil Toutes les compagnies aériennes ne sont pas logées à la même enseigne. Pendant qu’Air France ou Lufthansa enchaînent les grèves et les plans sociaux, d’autres, telle easyJet, gonflent leur trésorerie et achètent des avions à tour de bras. La compagnie britannique à bas coûts a annoncé, mardi 17 novembre, un bénéfice annuel record et une nouvelle commande de 36 Airbus de la famille des A320. Un contrat d’une valeur de 3,8 milliards de dollars au prix catalogue (3,56 milliards d’euros).Lire aussi :Aérien : le poids toujours croissant des compagnies low cost en EuropeTrente des 36 appareils commandés, qui seront livrés entre 2018 et 2021, sont des A320 Neo, des appareils moins gourmands en kérosène que ceux de précédente génération. Avec ce nouveau contrat, la compagnie britannique opérera au total une flotte de 451 avions.La low cost britannique a les moyens de ses ambitions. Elle est assise sur un tas d’or. A l’issue de son exercice annuel clos le 30 septembre, easyJet a dégagé un bénéfice net de 548 millions de livres (777 millions d’euros), en hausse de 22 % par rapport à 2014.Une performance directement liée à la progression du nombre des passagers qu’elle a transportés. En un an, 68,6 millions de clients, soit 6 % de plus que lors de l’exercice précédent, ont emprunté les appareils à la livrée orange. Face à un tel afflux, le taux de remplissage de la compagnie a gagné 0,9 point. Il est désormais de 91,5 %.Lire aussi :EasyJet : 20 ans de course contre la montreEasyJet enchaîne les records. Ainsi, pour la cinquième année consécutive, son bénéfice avant impôts s’est envolé, progressant de 18 % pour s’établir à 978,1 millions d’euros. Sur un an, le chiffre d’affaires de la compagnie à bas coûts est aussi à la hausse (+3,5 %), culminant à 6,65 milliards d’euros.Les compagnies régulières à l’offensive sur le low costMais, comme les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, les records enchaînés par les compagnies à bas coûts comme easyJet ou sa concurrente Ryanair pourraient être les parmi les derniers. En effet, les compagnies régulières, comme Air France-KLM, British Airways ou Lufthansa, qui avaient longtemps laissé le marché du low cost aux spécialistes du genre, ont commencé à réagir.British Airways a apporté la riposte la plus forte grâce au rachat d’Iberia. Dans la corbeille de mariage, la compagnie britannique a trouvé une pépite : Vueling. La compagnie à bas coûts, qui étend régulièrement son réseau de destinations devient une redoutable concurrente pour Ryanair et easyJet.Lire aussi :Le succès des compagnies aériennes à bas coût doit beaucoup à l’EuropeA moyen terme, Air France-KLM pourrait devenir, elle aussi, une rivale sur le secteur du low cost. La direction de la compagnie franco-néerlandaise a déjà annoncé la montée en puissance de la flotte de sa filiale à bas coûts Transavia. Et mettre en route une autre filiale low cost, Transavia Europe, grâce à des bases dans des pays à faibles coûts sociaux, si elle parvient à un accord avec ses pilotes – en septembre 2014, ces derniers s’étaient mis en grève quinze jours contre la création de cette filiale.La montée en puissance de ses rivales n’effraie pas easyJet. « Il y a de la place pour tout le monde », signale François Bacchetta, directeur général France de la compagnie. Surtout en France, où les low cost n’ont capté, en 2015, que 27 % de parts de marché des vols intra-européens, contre 42 % partout ailleurs sur le Vieux continent. « Il y a donc encore du grain à moudre », se réjouit le directeur général.« La croissance revient en Europe »EasyJet ne s’est d’ailleurs jamais aussi bien porté en France. « En 2015, nous avons transporté 15,6 millions de passagers, soit un million de plus que l’an passé. Nous avons gagné un point de part de marché », se félicite M. Bacchetta. La compagnie aérienne britannique a ouvert 19 nouvelles routes au départ de la France en 2015, et elle prévoit une année 2016 aussi « dynamique ». « C’est l’effet d’une bonne nouvelle : la croissance revient en Europe », constate le patron d’easyJet en France.Il n’y a d’ailleurs pas que les prévisions qui sont revues à la hausse chez easyJet. Forte de ses bons résultats, la compagnie low cost a proposé une augmentation de près de 22% (21,6%) des dividendes versés à ses actionnaires.EasyJet est, en revanche, moins généreuse avec ses personnels. En décembre 2014, elle avait dû faire face à une grève de ses hôtesses et stewards. Ils protestaient contre la réduction d’un quart de leur bonus versé sous forme d’actions. Pourtant, easyJet n’était pas dans le besoin : elle venait d’annoncer que son bénéfice avait progressé de 13, % en 2014, pour s’établir à 574 millions d’euros.Lire aussi :Chez easyJet, le coup de rabot sur les bonus ne passe pasGuy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Une unité des Européens face à la menace, des contrôles « coordonnés et systématiques » aux frontières de l’Union, un fichier européen des données de passagers (PNR), un renforcement des échanges entre les services de renseignement : il y a un air de déjà-entendu dans les propos tenus par divers responsables politiques après les attaques de Paris et de Saint-Denis. Au lendemain des précédents attentats, tous ces sujets étaient déjà sur la table. Ainsi que la nécessité de combattre la propagande sur le Web ou encore celle d’élaborer un discours de contre-propagande.Depuis 2001, chaque acte terroriste suscite de tels commentaires. Et les choses progressent au rythme traditionnel de la prise de décision au niveau européen – c’est-à-dire lentement, et surtout, en fonction d’une contrainte majeure : la sécurité reste en grande partie une compétence des Etats. Une fois l’émotion retombée, ils cachent mal leurs différences d’appréciation. A Bruxelles, on n’a pas oublié les tergiversations du Conseil au lendemain des attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher.Lire aussi :La France avait été alertée d’une menace imminente« Pris en otage »A l’époque, tout le monde semblait en effet convaincu de l’importance de créer un fichier de données des dossiers passagers (PNR, Passenger Name Record). Cet outil était jugé indispensable pour repérer notamment les combattants rentrant des zones de combat syriennes ou irakiennes. Un an plus tard, le Conseil dit son espoir d’aboutir, à l’issue d’un « trilogue » avec le Conseil et la Commission mais le Parlement, qui se considère comme le gardien des libertés, campe sur une position intransigeante : un diplomate français affirme qu’il a pris le PNR « en otage ».En juillet, la commission des libertés civiles du Parlement européen a certes adopté un projet de la Commission dont la première version date de… 2011. Mais les eurodéputés établissent aujourd’hui un parallèle entre ce projet et celui sur la protection des données, qui concerne essentiellement la collecte d’informations par les entreprises : la durée de conservation des données sur les passagers (identité, itinéraire, mode de paiement…) et leur protection restent autant de points d’achoppement. Comme l’est la question de la collecte pour les vols intraeuropéens : pour brouiller les pistes, les terroristes n’utilisent plus de vols directs pour se rendre à leur destination finale, ils utilisent la technique des « vols cassés ».Principe d’une transmission « obligatoire »Le problème de la transmission des informations à des pays tiers ou celui de l’approbation de leur usage par une autorité nationale sont, eux aussi, au centre des discussions. Comme la nature des faits devant permettre l’accès des autorités au fichier : le Parlement entend le limiter aux actes transnationaux, ce qui ne permettrait pas d’avoir accès, par exemple, aux données d’un Français commettant un délit grave en France. La commission des libertés du Parlement a, en revanche, approuvé le principe d’une transmission « obligatoire » des informations entre Etats membres. En réalité, plus de la moitié des Etats européens se sont dotés d’un PNR national. Le problème, c’est que ces fichiers ne sont pas interconnectés, ce qui limite leur efficacité face à des réseaux criminels transnationaux.La question du contrôle aux frontières extérieures reste également en débat. Pour certains, le code Schengen, s’il est adapté, est une solution, non un problème. Pour d’autres – dont la France, désormais –, les contrôles doivent être « systématiques », y compris pour les Européens se présentant à une frontière extérieure. La généralisation des contrôles devrait permettre d’entrer tous les noms dans le fichier du système d’information Schengen (SIS) et d’opérer ainsi un contrôle en profondeur.Le projet de création d’un centre de contre-terrorisme au sein d’Europol sera réalisé en 2016 « si tout va bien ». Afin de « faciliter la coordination » entre les services de renseignement, il devrait centraliser et rediffuser les informations qui lui sont transmises. Reste à savoir si les services sont prêts à transmettre à leurs voisins ce qu’ils cachent parfois à leurs collègues au niveau national.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Laurent Borredon, Simon Piel et Benoît Vitkine Les investigations sur les attentats qui ont frappé Paris et Saint-Denis le 13 novembre se concentraient, mardi 17 novembre, sur l’organisation des attaques, le nombre précis d’auteurs et la localisation de celui ou de ceux toujours en fuite.Suivre la situation en direct sur LeMonde.frCombien de terroristes y avait-il et qui étaient-ils ? A ce jour, cinq terroristes, des Français, ont été identifiés par les enquêteurs : quatre kamikazes – Samy Amimour (28 ans), Omar Ismaïl Mostefaï (29 ans), qui participaient à l’attaque du Bataclan, Bilal Hadfi (20 ans), qui a fait sauter sa ceinture d’explosif près du stade de France, et Brahim Abdeslam (31 ans), qui en a fait de même au Comptoir Voltaire –, et Salah Abdeslam (26 ans), en fuite.Trois des membres du commando sont toujours en cours d’identification. Il s’agit de l’un des hommes ayant participé à l’attaque du Bataclan, mort lors de l’assaut de la police à l’étage de la salle de concert, et de deux des kamikazes du Stade de France dont celui qui a été retrouvé porteur d’un passeport syrien.Les enquêteurs restent confiants concernant l’identification des derniers kamikazes. Malgré l’état des corps, les visages sont reconnaissables et les services spécialisés effectuent de nombreuses comparaisons photographiques, parallèlement aux recherches ADN en cours.Toutefois, les enquêteurs s’interrogent sur la possibilité qu’un deuxième homme ayant participé aux attentats soit en fuite. Selon de nombreux témoignages recueillis par la police, la Seat qui a convoyé les auteurs des tirs sur les terrasses des cafés des 10e et 11e arrondissements comptait trois passagers. Parmi eux, les deux frères Brahim et Salah Abdeslam et donc, possiblement, un troisième homme non identifié.Le véhicule a été retrouvé à Montreuil (Seine-Saint-Denis), dimanche. Trois kalachnikovs et des chargeurs avaient été abandonnés à l’intérieur.Neuf personnes de la famille d’Omar Ismaïl Mostefaï et de Samy Amimour étaient également toujours en garde à vue dans les locaux de la sous-direction antiterroriste (SDAT) à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). La garde à vue de la sœur de Samy Amimour, 15 ans, n’avait pu être prolongée lundi en raison de son jeune âge.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : que sait-on des terroristes impliqués ?Quels ont été les lieux de séjour des terroristes ? Selon les informations du Monde, les enquêteurs ont identifié deux appartements qui ont servi de points de chute aux auteurs des attentats.Le premier, à Bobigny, perquisitionné dans la nuit de dimanche à lundi, avait été loué par Brahim Abdeslam via le site Homelidays pour une période courant du 10 au 17 novembre. Le propriétaire a expliqué aux enquêteurs avoir rencontré trois des hommes qui auraient occupé le logement, le mardi précédant les attentats. Ils se sont présentés comme des membres d’une société de sécurité belge.Des téléphones encore dans leur emballage ont été retrouvés sur place mais aucune arme. Des analyses d’empreintes relevées sur place étaient toujours en cours, mardi matin.Le deuxième appartement est connu des enquêteurs depuis dimanche et se situe dans le Val-de-Marne, à Alfortville, dans une résidence hôtelière.Salah Abdeslam était toujours en fuite, mardi matin. Il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, émis par la justice belge. C’est lui qui a loué la Polo noire repérée au Bataclan. Il aurait peut-être participé aux fusillades dans les 10e et 11e arrondissements. Son arrestation avait été annoncée à tort par la presse après une opération de la police belge à Molenbeek.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : un Français « très probablement » identifié dans une revendication de l’EIQue sait-on des appuis des terroristes en Belgique ? En Belgique, deux hommes interpellés samedi ont été placés sous mandat d’arrêt, lundi 16 novembre, pour « attentat terroriste ». Il s’agit des deux Belges qui sont venus chercher Salah Abdeslam à Paris, dans la nuit de vendredi à samedi, à sa demande.Hamza Attou et Mohamed Amri ont maintenu, lors de leurs auditions, qu’ils ignoraient le rôle de Salah Abdeslam dans les attentats qui venaient de toucher Paris et Saint-Denis. Ce dont les enquêteurs doutent fortement. Ils soupçonnent notamment Mohamed Amri d’avoir pu jouer un rôle dans la confection des explosifs.Les trois hommes avaient été contrôlés, peu après 9 heures, à hauteur d’un péage près de Cambrai (Nord). Mohamed Amri était au volant. Les gendarmes ont passé les trois hommes dans les fichiers français, sans résultat. Puis ils ont vérifié le Système d’information Schengen (SIS), dans lequel chaque pays européen peut inscrire des personnes recherchées ou sous surveillance. C’est le cas de Salah Abdeslam, inscrit pour la Belgique, mais uniquement pour des faits de droit commun.Les gendarmes laissent repartir les trois hommes, et indiquent aux Belges le passage de Salah Abdeslam. Quelques instants plus tard, lorsque les enquêteurs français s’aperçoivent que ce dernier a loué la Polo noire, la traque est lancée.Le troisième frère Abdeslam, Mohamed, a été relâché lundi par la police belge. Employé à la mairie de Molenbeek depuis une dizaine d’années, « charmant » selon sa cheffe de service, il avait été membre du cabinet de l’ancien maire PS, Philippe Moureaux, grande figure de la vie locale.Mohamed Abdeslam, interrogé par les médias, a assuré ignorer tout du projet de ses frères : « Non, nous ne savions pas. Ni nous, ni notre famille. Ce sont de grands garçons, ils sont majeurs. On ne va pas leur demander leur emploi du temps à chaque fois qu’ils quittent leur domicile. » avant d’ajouter : « Nous sommes touchés par ce qu’il s’est passé. Nous avons appris ça comme beaucoup d’entre vous. Et nous ne pensions à aucun moment que l’un de mes frères était lié à ces attentats. »L’enquête en France et en AllemagneAu moins sept personnes ont été arretées, mardi, aux alentours d’Aix-la-Chapelle, dans une région frontalière des Pays-Bas et de la Belgique, selon la police locale. Mais il n’y avait aucun lien avec les attentats, et elles ont donc été relâchées.En France, 286 perquisitions ont eu lieu depuis dimanche, selon le ministère de l’intérieur, dans le cadre de l’état d’urgence en vigueur. Elles ne sont pas liées à l’enquête sur les attaques meurtrières de vendredi, mais concernent la mouvance islamiste radicale en générale. La plupart des perquisitions ont eu lieu en Ile-de-France, où 16 personnes ont été interpellées et 6 armes saisies, selon la préfecture de police de Paris. La veille, 23 personnes avaient déjà été interpellées dans toute la France.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : qui est Abdelhamid Abaaoud, le commanditaire présumé ?Simon PielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterBenoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteLaurent BorredonJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Vladimir Poutine jubile. Sa ligne politique, estime-t-il, est confortée. Devant le Congrès réuni à Versailles, lundi 16 novembre, trois jours après les attentats revendiqués par l’Etat islamique (EI) qui ont ensanglanté Paris, François Hollande a annoncé qu’il souhaitait parvenir à « une grande et unique coalition » contre l’EI en Syrie, jugée « indispensable » par le chef du Kremlin. Au même moment, ou presque, le président russe, qui s’exprimait à l’issue du sommet du G20 à Antalya, en Turquie, revendiquait en effet devant la presse la paternité de l’initiative : « J’en ai parlé lors de la session de l’ONU consacrée à ses 70 ans. J’ai parlé exactement de cela et les événements tragiques qui ont suivi [à Paris] ont confirmé que nous avions eu raison. »Tandis que la télévision russe Rossia 24 diffusait son intervention, M. Hollande est apparu dans une incrustation de l’écran, en direct de Versailles, comme en écho aux propos de M. Poutine. « Je rencontrerai dans les prochains jours le président Obama et le président Poutine pour unir nos forces et atteindre un résultat qui, pour l’instant, est encore renvoyé à trop longtemps », a annoncé le chef de l’Etat français.« La France faisait partie des pays qui ont adopté une position très dure envers le sort du président Assad personnellement. Nous avons entendu tout le temps de nos amis français que le règlement de la question du départ du président Assad devait être une condition préalable pour des changements politiques », commentait pour sa part M. Poutine, assénant dans la foulée : « Est-ce que cela a protégé Paris contre l’attentat terroriste ? Non. »Rencontre avec le roi SalmanLe principe d’une rencontre bilatérale est acquis, sans précision de date ou de lieu toutefois pour l’instant. Et bien que les divergences persistent, notamment sur les cibles des raids aériens russes et le sort du dirigeant syrien, l’inflexion du président français a été soulignée à Moscou.A Antalya, le président russe a cherché à pousser plus loin son avantage. Alors qu’il avait été accueilli froidement par les dirigeants du G20, lors du précédent sommet en novembre 2014, les images de ses multiples rencontres bilatérales, notamment avec le roi Salman d’Arabie saoudite, ont été largement diffusées. « J’ai donné des exemples, basés sur nos renseignements, du financement de l’Etat islamique par des individus, a souligné le président russe. Nous avons établi que ce financement provient de 40 pays, y compris de certains pays membres du G20. J’ai aussi montré à nos partenaires de nombreuses photos satellites qui montrent très clairement l’ampleur du trafic illégal de pétrole [de l’EI]. »A contrario, a-t-il fait valoir, ces « informations » ne sont pas partagées par les Occidentaux. « Ils ont peur de nous donner des informations sur les territoires que nous ne devons pas frapper, par crainte qu’ils ne deviennent l’endroit exact de nos futures frappes et que nous allions les trahir. Il est évident que ce point de vue est basé sur leur propre conception de la décence humaine », a ironisé le chef du Kremlin. Mais « il est vraiment difficile de nous critiquer », a-t-il souligné, en assurant que « le contact » avec l’opposition syrienne « sur le terrain » avait été établi. A Moscou, toutefois, le vice-ministre des affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, a rencontré lundi Kadri Djamil, qui représente le Front populaire pour le changement et la libération, l’une des composantes de l’opposition syrienne tolérée par Damas. La « grande coalition » a encore des étapes à franchir.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Maryline Baumard Pas d’inflexion dans la politique migratoire : dans son discours devant le Congrès réuni à Versailles, lundi 16 novembre, le président François Hollande n’a pas remis en cause l’accueil de 30 000 réfugiés annoncé début septembre. Trois jours après les attentats qui ont fait 129 morts et plus de 350 blessés à Paris et Saint-Denis, le chef de l’Etat a rappelé au contraire que ceux qui fuient la Syrie ou l’Irak sont aussi des victimes de l’Etat islamique (EI).Un soulagement pour les militants d’une France terre d’asile, qui redoutaient une marche arrière de la politique française – déjà très timide et tardivement engagée – après l’annonce par la Place Beauvau de la découverte d’un passeport syrien près d’un kamikaze qui s’était fait exploser près du Stade de France. Les enquêteurs ont confirmé que les empreintes du terroriste étaient celles d’un homme entré en Europe par l’île grecque de Leros, le 3 octobre, au milieu du flux de migrants. Depuis plusieurs mois, certains s’inquiétaient que des terroristes n’infiltrent ces entrées massives en Europe. Elles auraient pu entraîner un pas en arrière de la France. D’autant que l’opinion publique n’a pas suivi l’engagement du gouvernement.Risque d’infiltrationsBien au contraire. M. Hollande a rappelé dans son allocution, citant la Syrie et l’Irak, que « les habitants de ces pays-là, notamment ceux des territoires contrôlés par Daech [acronyme arabe de l’EI] sont martyrisés et fuient ». « Ils sont les victimes de ce même terrorisme », a-t-il ajouté. Preuve que l’amalgame entre réfugié et terroriste n’avait pas lieu d’être et que ces derniers devaient trouver la main de l’Europe tendue vers eux. « Voilà pourquoi il est vital, a-t-il souligné, que l’Europe accueille dans la dignité ceux qui relèvent du droit d’asile mais renvoie dans leur pays ceux qui n’en relèvent pas. Si l’Europe ne contrôle pas ses frontières extérieures, ce qui n’est pas le cas encore aujourd’hui, c’est le retour aux frontières nationales, quand ce ne sont pas les murs, les barbelés qui sont annoncés. » Et c’est aussi le risque d’infiltrations sur le territoire français. Il faut, a rappelé le chef de l’Etat, « éviter que viennent sur notre territoire, comme ce fut le cas vendredi, des combattants ».Difficile de ne pas lire aussi en filigrane de ce discours un plaidoyer pour le renforcement des pouvoirs de Frontex et la mise en place rapide et effective des « hotspots », ces lieux de tri entre réfugiés et migrants économiques, qui sont en train de voir le jour aux points majeurs d’entrée sur le continent européen.Cette approche commune ne résoudra pourtant pas tout, a rappelé François Hollande, « ce sont des Français qui ont tué vendredi d’autres Français ».Suivez les événements en directMaryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.11.2015 à 16h04 • Mis à jour le16.11.2015 à 18h21 Quelques heures à peine après la fin des attaques qui ont ensanglanté Paris et Saint-Denis, vendredi 13 novembre, quelques voix ont commencé à s’élever pour lier ces actes terroristes à la crise des migrants. La découverte d’un passeport syrien près du corps d’un des assaillants qui s’est fait exploser au Stade de France a notamment contribué à alimenter ces propos. Le sujet risque fort d’être relancé à l’occasion du débat qui aura lieu après le discours que François Hollande tient, lundi, devant les 925 parlementaires réunis en Congrès au château de Versailles.Suivez le Congrès sur le compte Twitter de notre journaliste : Tweets de @Bekouz!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Lire : Suivez les événements en directLa présidente du Front national (FN) a plaidé, dimanche soir, pour un rétablissement définitif des contrôles aux frontières, le parti d’extrême droite liant ces attentats à la crise des migrants qui secoue l’Europe depuis plusieurs mois. « Un certain nombre de terroristes se seraient glissés parmi les migrants », assure Marine Le Pen, qui a critiqué la « dissémination de ces migrants dans les villages et les villes de France ».« Des terroristes s’infiltrent »Le Parti de la France, groupuscule d’extrême droite, n’a pas manqué de réagir, dimanche sur son site Internet, en rappelant qu’ils étaient « les seuls à avoir fait l’amalgame, entre ce tsunami migratoire de jeunes hommes en âge de combattre et le terrorisme islamique » et que « le refus d’écouter les nationalistes a coûté la vie à 129 Français ».Le député et maire (Les Républicains) de Nice, Christian Estrosi, qui avait réclamé à l’Europe, à la mi-août sur France Info, des mesures de fermeté et avait estimé que « des terroristes s’infiltrent » parmi les migrants, a plaidé samedi pour que « des contrôles d’identité se mettent systématiquement en place dans les aéroports internationaux et nationaux quand les passagers sont à destination de l’aéroport Nice-Côte-d’Azur ».Réunis dimanche au siège du groupe Les Républicains avec les principales personnalités du parti, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé ont, de leur côté, exprimé leurs divergences sur « l’unité nationale », défendue par le maire de Bordeaux, le président du parti préférant parler de « solidarité » avec le gouvernement. Un proche de l’ancien chef d’Etat explique :« Pas question d’écouter sagement le pouvoir et de ne rien dire, en laissant penser qu’on serait d’accord sur tout. Ce n’est pas le cas, car on pense que les mesures nécessaires pour faire face à la menace terroriste n’ont pas été prises depuis janvier. Et sinon, cela alimentera une nouvelle fois le discours du FN sur l’UMPS. »Tensions au sein de l’Union européenneLes attentats de vendredi et la découverte d’un passeport syrien près du corps d’un des kamikazes ont relancé les tensions au sein de l’Union européenne sur la politique d’accueil des migrants, les partisans d’une ligne dure, notamment en Pologne et en Allemagne, estimant leurs craintes fondées.Lire aussi :Des responsables européens font le lien entre les attentats de Paris et les réfugiés« Paris a tout changé » et « le temps n’est plus à une immigration incontrôlée », a martelé dans la presse allemande Markus Söder, dont le parti conservateur catholique bavarois CSU critique depuis plusieurs semaines la politique de son alliée la chancelière Merkel à l’égard des réfugiés.Le mouvement islamophobe allemand Pegida a, pour sa part, jugé des attentats en Allemagne inéluctables « si l’on n’arrête pas l’avalanche des demandeurs d’asile, si l’on ne sécurise pas correctement les frontières ».Mais face à eux, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, est intervenu dimanche pour défendre la ligne retenue jusqu’alors, assurant qu’« il n’y a pas lieu de revoir dans leur ensemble les politiques européennes en matière de réfugiés ».« Ceux qui ont perpétré les attentats sont exactement ceux que les réfugiés fuient, et non pas l’inverse. »La chancelière Angela Merkel a, elle, plaidé dimanche, en marge du sommet du G20, pour une « répartition équitable » des migrants en Europe, et refusé tout amalgame entre les attentats de Paris et les « nombreux réfugiés innocents ».La ministre de la défense allemande, Ursula von der Leyen, a également appelé à « la retenue devant les amalgames entre le terrorisme et les réfugiés ». Soren Seelow Il est encore trop tôt pour établir son degré de responsabilité dans les attentats qui ont fait au moins 129 morts à Paris et Saint-Denis, vendredi 13 novembre. Mais les enquêteurs ont désormais une certitude : Abdelhamid Abaaoud, un djihadiste belge qui a rejoint les rangs de l’Etat islamique (EI) au début de 2013, a participé d’une façon ou d’une autre à l’élaboration des attaques simultanées qui ont endeuillé la capitale française.Il est établi qu’Abdelhamid Abaaoud est un proche de l’un des auteurs présumés de l’attaque : Salah Abdeslam, actuellement en cavale et frère du kamikaze qui s’est fait exploser dans le bar Comptoir Voltaire (11e arrondissement) sans faire de mort. Les deux hommes ont été incarcérés ensemble en 2010 en Belgique pour des affaires de braquage.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : que sait-on des terroristes impliqués ?Cible potentielle des frappes aériennes françaisesOr Abdelhamid Abaaoud, un Belge de 28 ans originaire de Molenbeek-Saint-Jean, est une des figures les plus médiatiques du djihadisme belge en raison notamment de son activité sur les réseaux sociaux depuis 2013. Il est par ailleurs considéré depuis plusieurs mois par les services de renseignement français comme l’un des principaux architectes des projets d’attaques visant le sol français.Les enquêteurs le soupçonnent fortement, sans que son degré d’implication puisse être établi avec certitude, d’avoir joué un rôle dans l’attentat avorté contre une église de Villejuif, le 19 avril 2015, un projet déjoué d’attaque contre une salle de concert, dont l’auteur avait été interpellé le 11 août, et l’attaque du Thalys dix jours plus tard, le 21 août. Il était également en contact avec Mehdi Nemmouche, le tueur du Musée juif de Belgique, à Bruxelles, du 24 mai 2014.Selon une source proche des services de renseignement, cet individu était considéré comme suffisamment dangereux pour que son nom ait circulé à la fin de septembre comme étant une des cibles potentielles des frappes aériennes françaises.Cerveau présumé d’un réseau démantelé en BelgiqueAbdelhamid Abaaoud, alias Abou Omar Al-Soussi, fait pour la première fois les gros titres de la presse quelques jours seulement après les attentats du 7 janvier contre Charlie Hebdo. Il est en effet considéré comme le cerveau d’un réseau démantelé le 15 janvier à Verviers, en Belgique, dont deux membres avaient été tués par les forces de police belges.Cette cellule projetait de passer à l’acte le 16 janvier et pouvait, selon les écoutes effectuées, compter sur l’appui d’une dizaine d’« étrangers ». Déjà à l’époque, les enquêteurs belges collaboraient étroitement avec divers services européens pour tenter de déterminer jusqu’où s’étendait ce réseau et creuser ses éventuelles ramifications avec la France.Lire aussi :Molenbeek, la plaque tournante belge du terrorisme islamisteLe 19 avril 2015, Sid Ahmed Ghlam, un étudiant algérien, est interpellé après s’être tiré une balle dans la jambe. Il est soupçonné d’avoir assassiné une jeune femme à Villejuif et d’avoir projeté de mitrailler le matin même la sortie de messe d’une église dans la ville.En l’état actuel de l’enquête, Abdelhamid Abaaoud n’apparaît pas avec certitude comme un commanditaire de cette opération. Les enquêteurs le suspectent par contre fortement d’être impliqué dans le projet, explique au Monde une source policière.« Ils cherchent vraiment à frapper la France et l’Europe »Le 11 août, un djihadiste français, Reda Hame, est interpellé à son retour de Syrie. Il reconnaît en garde à vue s’être entraîné pendant six jours dans un camp de Rakka avant d’être missionné pour rentrer en Europe. Cette fois-ci, le nom d’Abdelhamid Abaaoud apparaît de façon explicite. Il est désigné comme le commanditaire qui aurait demandé à Reda Hame de passer par Prague, pour éviter d’être repéré, avant de frapper la France. Il aurait remis au jeune homme une clé USB contenant des logiciels de cryptage et 2 000 euros en lui demandant de viser une cible « facile », telle une « salle de concert », pour « faire un maximum de victimes ».Interrogé durant sa garde à vue sur l’existence d’autres projets d’attaques, Reda Hame avait prévenu les enquêteurs : « Tout ce que je peux vous dire, c’est que cela va arriver très bientôt. Là-bas, c’était une vraie usine, et ils cherchent vraiment à frapper la France et l’Europe. »Dix jours plus tard, un homme est maîtrisé dans un train Thalys alors qu’il s’apprête à faire usage d’une kalachnikov et d’un pistolet automatique Luger. Né à Tétouan, dans le nord du Maroc, le suspect, Ayoub El-Khazzani, avait séjourné quelque temps en Belgique avant de passer à l’acte. Comme dans le dossier de l’église de Villejuif, le nom d’Abdelhamid Abaaoud revient avec insistance sans que son degré d’implication puisse être établi avec certitude. L’assaillant du Thalys aurait été en lien avec une mouvance djihadiste belge proche d’Abdelhamid Abaaoud.L’analyse téléphonique a par ailleurs permis d’établir qu’Abdelhamid Abaaoud avait été en contact avec Mehdi Nemmouche en janvier 2014, quatre mois avant le quadruple assassinat du Musée juif de Belgique, à Bruxelles. Selon le journaliste spécialisé dans les mouvements djihadistes David Thomson, Abdelhamid Abaaoud a d’ailleurs fait partie du groupe de combattants auquel appartenait Mehdi Nemmouche.Des allers-retours entre la Syrie et la BelgiqueLe parcours d’Abdelhamid Abaaoud est une preuve édifiante des ratés des services de renseignement belges. Parti en Syrie au début de 2013, il serait rentré en Belgique à la fin de cette même année en passant par la Grèce pour repartir ensuite sans être inquiété par les autorités belges, explique une source proche du dossier. En mars 2014, il apparaît dans une vidéo de propagande de l’Etat islamique à bord d’un véhicule traînant des cadavres au sol.En février 2015, Abdelhamid Abaaoud s’était vanté dans le magazine de l’Etat islamique Dabiq de ses multiples allers-retours entre la Syrie et la Belgique. Selon David Thomson, il affirme avoir séjourné en Belgique jusqu’à l’attentat déjoué de Verviers, en janvier 2015, qui l’aurait incité à regagner la Syrie… sans être intercepté.Mise à jour à 20 h 30 : Dans une précédente version de cet article, nous avons publié une photo d’Abdelhamid Abaaoud provenant de la propagande djihadiste. Plusieurs commentaires nous ont alertés sur l’aspect esthétisant que pouvait avoir ce cliché. Nous comprenons ces remarques et l’avons donc retiré.Soren SeelowJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Julia Druelle (Slavonski Brod (Croatie)) et Jean-Baptiste Chastand Un des trois kamikazes de Saint-Denis a bien fait le même parcours que près de 500 000 migrants depuis le début de l’année. En quelques jours, début octobre, il a parcouru les près de 1 500 kilomètres qui séparent les îles grecques de l’Autriche, en empruntant la «  route des Balkans  », devenue la première voie d’immigration vers l’Europe. Selon les autorités françaises, les empreintes papillaires de ce kamikaze correspondent en effet à celles lors de son enregistrement en Grèce.Les autorités grecques ont révélé dimanche soir que le passeport retrouvé à ses côtés était au nom d’Ahmad Al-Mohammad, un Syrien né le 10 septembre 1990. Selon Christiane Taubira, la ministre de la justice, ce passeport était probablement un faux. Il n’est donc pas certain que le kamikaze était réellement Ahmad Al-Mohammad, ni syrien. Depuis le début de la vague migratoire, le processus d’enregistrement des migrants s’est industrialisé et accéléré, mais il reste sommaire et dure à peine quelques minutes, ce qui ne permet probablement pas de détecter les faux papiers.Lire aussi :Durcissement du débat européen sur les réfugiésArrivé en Grèce par l’île de Leros, le kamikaze a été enregistré dans le pays le 3 octobre. Selon le ministre grec de l’intérieur, le processus d’enregistrement a été conforme aux règles européennes, et l’homme a été autorisé à continuer son voyage, son nom n’apparaissant pas dans les fichiers criminels européens. Il est probablement monté dans un des ferries qui relient régulièrement les îles au continent en transportant chaque fois plusieurs milliers de migrants.Il a ensuite gagné la Macédoine, puis la Serbie, où il a été enregistré le 7 octobre et où une demande d’asile a également été déposée. Dès le lendemain, il est signalé à Opatovac, en Croatie. Dans ces deux pays, les services de sécurité ont expliqué que la personne n’était pas recherchée. Le ministre serbe des affaires sociales, Aleksandar Vulin, a déclaré dimanche que les contrôles aux frontières seraient renforcés, tout en soulignant qu’il n’était « pas facile de trouver un malade mental parmi 490 000 personnes », le nombre de migrants ayant traversé la Serbie depuis le début de la crise.« Ces gens sont fous »L’homme a ensuite probablement gagné la Hongrie, qui, à cette date, laissait encore les migrants passer librement sa frontière avec la Croatie, sans les enregistrer. La clôture antimigrants n’a été totalement fermée que le 16 octobre. Il aurait ensuite atteint l’Autriche. Le ministère de l’intérieur autrichien ne pouvait pas confirmer ce passage, mais la presse autrichienne rappelait que le pays, débordé, n’enregistrait pas tous les migrants à cette date.Le fait qu’un terroriste ait pu emprunter cette voie conforte les craintes autour de la présence de membres de l’organisation Etat islamique (EI) au sein des réfugiés, même si l’immense majorité des migrants arrivant de Syrie sont des civils qui fuient la guerre. 45 % des réfugiés passés par la Slovénie en octobre étaient des femmes ou des enfants. La route est désormais bien organisée, avec des bus et des trains. La seule étape dangereuse reste la traversée de la mer Egée vers la Grèce, où des migrants continuent régulièrement de perdre la vie.Les passeports syriens, vrais ou faux, sont devenus une denrée convoitée car ils donnent droit à l’asileDès samedi, la crainte de voir l’Europe se barricader un peu plus s’est en tout cas répandue parmi les réfugiés sur la route des Balkans. « C’est terrifiant. Ces gens sont fous, commente Arad, originaire d’Iran, dans le camp croate de Slavonski Brod où des centaines de migrants attendaient en files indiennes d’être fouillés puis enregistrés. Bien sûr cela va avoir des conséquences néfastes pour nous. Et je comprends les gens. Mais que puis-je y faire ? », lâche-t-il.Wasim, journaliste en Syrie, n’était lui pas surpris qu’un djihadiste puisse avoir voyagé parmi les migrants. « L’EI est partout. Le problème est qu’il n’y a pas de contrôle, affirme-t-il. De Grèce jusqu’ici, personne ne m’a demandé d’ouvrir mon sac. Certains se font faire de faux passeports syriens pour traverser, et le gouvernement grec ne les détecte pas. » La nationalité syrienne donnant quasi automatiquement le droit à l’asile, les passeports syriens, vrais ou faux, sont devenus une denrée convoitée sur la route des Balkans. En septembre, le journaliste néerlandais Harald Doornbos a démontré qu’il était possible d’acheter des papiers syriens pour l’équivalent de 750 euros.Julia Druelle (Slavonski Brod (Croatie))Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Audrey Tonnelier La psychologie des marchés financiers n’est pas celle des citoyens. Trois jours après les plus terribles attentats qu’ait connus la France, le CAC 40 a ouvert en légère baisse de 1,06 %, lundi 16 novembre au matin. Francfort perdait 0,93 %, Londres glissait de 0,61 %… Loin, très loin d’un séisme comparable à la monstruosité des attaques. Au sein du CAC 40, le groupe hôtelier Accor plongeait tout de même plus de 6 % lundi matin, suivi par les spécialistes du luxe LVMH (– 2 %) et Kering (– 1,5 %). Air France-KLM perdait plus de 5 %.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : ce que l’on ignore encore« Bien sûr, la réaction à court terme des marchés ne peut pas être positive pour les valeurs en lien avec la consommation et le tourisme [chaînes hôtelières, compagnies aériennes, luxe, distribution…]. Mais je ne crois pas à une chute durable. De plus, avec Internet et l’essor de groupes comme Amazon, on dispose aujourd’hui de canaux nouveaux permettant de continuer à consommer, même sans sortir de chez soi. Par ailleurs, on peut aussi avoir une réaction inverse, avec des personnes qui vont plutôt désépargner et consommer afin de se rendre la vie plus douce, dans un monde incertain », détaille Sylvain Goyon, responsable de la stratégie actions chez Natixis Global Research.Le 8 janvier dernier, au lendemain de l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, le CAC 40 avait terminé en forte hausse de 3,59 %. A l’époque, les investisseurs pariaient – déjà – sur une action forte de la Banque centrale européenne (BCE) afin de soutenir l’économie du Vieux Continent. C’est ce qu’ils avaient pris en compte, davantage que les attentats français. « Seule une détérioration marquée de la situation en France, avec l’instauration d’une psychose qui se propagerait aux pays voisins, pourrait vraiment affecter la Bourse. Pour l’heure, on voit plutôt une population qui fait front, et cela est de nature à rassurer les investisseurs », indiquait alors un analyste au Monde.« Environnement très incertain »Les précédentes attaques terroristes ont pourtant souvent fait trébucher les indices boursiers. Le 11 mars 2004, les attentats dans des trains de banlieue à Madrid avaient fait chuter la Bourse espagnole de plus de 2 %, et le CAC 40 de près de 3 %.Le 7 juillet 2005, les bombes placées dans le métro et dans un autobus londonien avaient provoqué un plongeon de plus de 3 % du Footsie britannique en séance, imité par les autres places européennes et par la livre sterling.« L’impact à moyen terme des attentats pourrait être davantage visible dans les perspectives d’investissement des entreprises, déjà poussives en France »Sans parler du 11 septembre 2001 : après l’effondrement des tours jumelles, Wall Street avait été fermée quatre jours, et il avait fallu la mobilisation des opérateurs financiers pour que le Dow Jones ne cède « que » 7 % à la réouverture des marchés, le 17 septembre.« Plutôt que sur la consommation, l’impact à moyen terme des attentats du 13 novembre pourrait être davantage visible dans les perspectives d’investissement des entreprises, déjà poussives en France. Les investisseurs risquent de reporter encore davantage leurs décisions d’investissement, dans un environnement très incertain » estime M. Goyon.Lire aussi :Comment les entreprises gèrent l’après-attentatAu-delà des conséquences économiques, les investisseurs devraient s’interroger également sur les implications géopolitiques, alors que la France a riposté dimanche en bombardant un fief du groupe Etat islamique en Syrie. «  La grande question est de savoir si nous assisterons à une escalade du conflit en Syrie et en Irak «, a indiqué à l’AFP Angus Nicholson, analyste au sein du courtier britannique IG, rappelant que le président François Hollande a parlé d’ « acte de guerre » au sujet des attentats.Les attaques interviennent toutefois dans un contexte de renforcement de l’action de la Banque centrale européenne (BCE). Les observateurs attendaient déjà un renforcement des mesures de rachats d’actifs (« QE ») de l’institution pour décembre. Il n’en devient que plus probable, ce qui devrait soutenir les marchés.Lire aussi :La France bombarde le fief de l’Etat islamique en SyrieAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) « Bienvenue » : une bande défilante rouge parcourt la vitrine du café Al Jazira, où quelques hommes, debout à la terrasse par ce dimanche de novembre inhabituellement clément, s’amusent : une journaliste britannique se poudre le visage et se laque les cheveux au coin d’une rue voisine, avant de commencer un direct. « Ça y est, on est enfin devenus célèbres, ironise Hicham. Dommage que ce soit pour ce qui s’est passé vendredi. »Si sa réputation était déjà établie en Belgique, la municipalité de Molenbeek-Saint-Jean a conquis une renommée internationale en quelques heures. Pour beaucoup, elle est effectivement devenue l’une des bases européennes du terrorisme islamiste. Les arrestations survenues dès samedi soir, en liaison directe avec les attentats de Paris, ont conforté une réputation qui n’est pas totalement usurpée : la liste des personnes qui sont passées par Molenbeek avant d’être impliquées dans des actions terroristes impressionne.Suivez notre live sur la situation à ParisLa tuerie du Musée juif de Bruxelles (mai 2014), la cellule de Verviers démantelée lors d’un assaut policier mortel (janvier 2015), l’attaque avortée dans un Thalys Bruxelles-Paris (août 2015) : toutes ces affaires avaient un lien avec ce quartier populaire de l’ouest de Bruxelles, l’un des plus densément peuplés de la région avec ses 97 000 habitants concentrés sur moins de 6 km².Si l’on remonte plus loin dans le temps, c’est de Molenbeek que sont partis les tueurs du commandant afghan Ahmed Shah Massoud, principal adversaire du régime des talibans, assassiné par deux faux journalistes, sur ordre d’Oussama Ben Laden, deux jours avant le 11 septembre 2001. Ici, aussi, que vécurent deux des protagonistes des attentats de Madrid, qui firent 191 morts en 2004.Ghetto islamisteDe tout cela, trois hommes sur un banc de la chaussée de Ninove ne veulent rien dire. Face à la photo devenue célèbre d’Abdelhamid Abaaoud, un gamin du cru qui a rejoint les rangs de l’Etat islamique, posant au volant de son pick-up qui remorque des cadavres, ils se détournent. Et ils n’ont pas d’avis à propos d’une autre photo, celle du frère d’Abdelhamid, 14 ans, posant une « kalach » à la main. Au bout de quelques minutes, l’un des trois interlocuteurs dira toutefois : « Je connais leur père, il a dit qu’il avait honte de son aîné. »Le déni et le ras-le-bol : c’est entre ces deux pôles qu’oscillent aussi les réactions de nombreux jeunes. « Amalgames ! Amalgames ! » criera l’un d’eux lors d’un direct de la RTBF. Deux autres se sont énervés, giflant un photographe et brisant son appareil, la veille. Un légumier commente : « Ils sont stupides, mais, vous savez, moi, je vis ici depuis trente ans, à une époque où il n’y avait pas Daech et pas d’attentats, mais où nous étions déjà montrés du doigt… »Lire aussi :La Belgique au cœur des réseaux djihadistesUn jeune homme, survêtement gris, barbe courte et capuche sur la tête, s’éclipse. Il nous attend un peu plus loin, à l’abri des regards. « S’il vous plaît, comprenez que si beaucoup de jeunes d’ici sont partis en Syrie, c’est surtout parce que personne ne s’est jamais vraiment occupé d’eux, jusqu’à ce que des fanatiques leur donnent l’impression qu’ils allaient enfin exister. Moi, j’ai fait des études et je parle le français, l’arabe et le néerlandais. Mais pour rechercher un travail, je mentionne l’adresse d’un ami, qui n’habite pas Molenbeek. »Hâtivement présentée comme un ghetto islamiste, la municipalité est, en réalité, très contrastée. Il y a trois Molenbeek : celui de longues avenues, où des barres d’immeubles cossus abritent une bourgeoisie moyenne, celui de maisons individuelles « où il fait bon vivre », comme le dit ce client de la brasserie la Queue de la vache, et celui du « quartier arabe », autour de la chaussée de Gand. Là, les femmes sont majoritairement voilées et les clients d’origine belge rares. « Donne-moi la main, sinon un méchant va te prendre, lâche une jeune mère à son blondinet de fils. Je viens ici pour faire de bonnes affaires, mais je ne suis pas à l’aise », murmure-t-elle.Déradicalisation« Je vais faire le ménage dans cette commune », a, de son côté, déclaré le ministre de l’intérieur, Jan Jambon. Ce nationaliste flamand ne comprend pas pourquoi des programmes de déradicalisation lancés en Flandre ne fonctionnent pas à Bruxelles. Il compte donc s’en occuper « personnellement ».« Tant mieux ! » répond la bourgmestre (maire), Françoise Schepmans, qui en appelle notamment à des moyens policiers supplémentaires. Elle est membre du parti libéral du premier ministre, Charles Michel. Celui-ci a qualifié dimanche de « problème gigantesque » le lien entre Molenbeek et divers dossiers de terrorisme. Et estimé que le précédent maire, le socialiste Philippe Moureaux, était le responsable de la situation.« Des faits comme ceux auxquels nous assistons ne se sont jamais produits lorsque j’étais aux commandes », a répliqué ce dernier. En déplorant que la police locale ait été « décapitée » et que la population vive désormais « repliée sur elle-même », M. Moureaux estime que la colère du gouvernement est due à l’échec des services de renseignement. En Belgique aussi, la politique reprend vite ses droits. Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.11.2015 à 03h54 • Mis à jour le15.11.2015 à 05h24 | Yves-Michel Riols et Marie Jégo (Envoyés spéciaux à Antalya (Turquie)) L’onde de choc des attentats à Paris a déjà submergé la réunion du G20 qui doit s’ouvrir, dimanche 15 novembre, à Antalya (Turquie), située à seulement 600 kilomètres de la Syrie. A la veille de cette rencontre, qui rassemblera les dirigeants des principales grandes puissances de la planète, les organisateurs envisageaient plusieurs options, dont une minute de silence à l’ouverture du sommet pour rendre hommage aux victimes du terrorisme dans la capitale française.Dès samedi, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a donné le ton. « Nous en sommes désormais à un point où les mots ne sont d’aucun secours dans la lutte contre le terrorisme. Nous en sommes maintenant à un stade où [la lutte] doit être une priorité », a-t-il déclaré. Les premiers dirigeants arrivés sur place, dont le Chinois Xi Jinping, la Brésilienne Dilma Rouseff et le roi Salmane d’Arabie saoudite, ont été conviés, samedi soir, à un dîner informel, dont rien n’a filtré.L’arrivée de la délégation saoudienne n’est pas passée inaperçue, avec la réservation de plus de cinq cents chambres dans le plus luxueux hôtel d’Antalya, un cortège d’une soixantaine de berlines blindées, suivies de 16 camions affectés au transport des effets personnels du souverain.La France représentée par Laurent FabiusLes présidents américain et russe, Barack Obama et Vladimir Poutine, ainsi que la chancelière allemande, Angela Merkel, sont attendus dimanche dans la matinée. Quant à François Hollande, il sera représenté par Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, accompagné de Michel Sapin, le ministre des finances.A Antalya, une station balnéaire sur la Méditerranée, prisée des touristes russes, des mesures de sécurité exceptionnelles ont été déployées, transformant le site du G20 en fortin, survolé par des hélicoptères et quadrillé par douze mille policiers. La marine turque patrouille au large des côtes, de même qu’un porte-avion de l’US Navy. A l’approche de cette réunion, les forces spéciales turques avaient pris les devants en procédant à plusieurs arrestations dans les milieux islamistes d’Antalya.La Turquie est confrontée au problème des cellules dormantes de l’organisation Etat islamique (EI) sur son territoire, impliquées, selon les autorités, dans les deux attentats commis par des kamikazes qui ont récemment ébranlé le pays, le 10 octobre à Ankara (cent deux morts) et auparavant à Suruc, à la frontière avec la Syrie, le 20 juillet (trente-quatre morts).Si la question du terrorisme promet d’éclipser tous les autres sujets initialement inscrits à l’agenda (régulation financière, climat, crise des migrants), il y a de fortes chances que chacun profite de l’occasion pour mettre en avant sa stratégie concernant la crise syrienne et sa vision de la lutte contre l’EI. Le président Erdogan a été le premier à monter au créneau. Vendredi soir, juste après les attentats meurtriers à Paris, il a répété qu’il fallait « abandonner l’idée qu’il y a des bons et des mauvais terroristes », ayant ainsi à l’esprit les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en guerre contre les forces régulières d’Ankara.La question kurde, motif de frictionLe président turc a également remis sur le devant de la scène son idée récurrente d’une « zone de sécurité » dans le nord de la Syrie, qu’il présente comme un refuge pour les Syriens déplacés. Or, cette option est écartée par les Occidentaux, persuadés qu’elle n’est pas viable sans l’envoi de troupes au sol. Pour la Turquie, l’enjeu est essentiel. Elle y voit le moyen de bloquer la mise en place, le long de la frontière turque, d’une large zone contrôlée par les milices kurdes de Syrie liées au PKK. Un scénario inacceptable pour Ankara.Ce sujet est un sérieux motif de friction entre la Turquie et les Etats-Unis, qui soutiennent les forces kurdes de Syrie, en première ligne dans le combat contre l’EI sur le terrain. Nul ne doute que cette question sera au cœur de l’entretien prévu, dimanche, entre le président Erdogan et son homologue américain, Barack Obama.Les divergences sur la Syrie risquent également de s’étaler à Antalya entre pro et anti-Assad. Les propos du président russe, Vladimir Poutine, principal allié du régime de Bachar Al-Assad, seront scrutés de près, de même que ceux du roi Salman d’Arabie saoudite, bailleur de fonds des combattants islamistes en lutte contre le pouvoir de Damas. Au-delà de la condamnation unanime des attentats à Paris, les dirigeants présents au G20 d’Antalya vont avoir du mal à afficher un consensus sur la Syrie.Yves-Michel RiolsJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteMarie Jégo (Envoyés spéciaux à Antalya (Turquie))Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 22.11.2015 à 06h37 • Mis à jour le22.11.2015 à 20h10 Bruxelles va maintenir, lundi, le niveau d’alerte maximal (soit 4) en vigueur depuis samedi, a annoncé dimanche 22 novembre le premier ministre belge, Charles Michel. En conséquence, les écoles et universités resteront fermées lundi dans la capitale belge, tout comme le métro, à l’arrêt depuis samedi matin.M. Michel a réuni dimanche un conseil national de sécurité. A l’issue de ce dernier, il a précisé lors d’une conférence de presse qu’une menace terroriste « considérée comme sérieuse et imminente » pesait toujours sur la capitale. « Nous craignons une attaque similaire à celle de Paris », a-t-il déclaré, évoquant comme « cibles potentielles » des lieux rassemblant du public : « Centres commerciaux, rues commerçantes, transports publics ». Le premier ministre a également souligné que les recommandations « de diminuer le nombre d’événments réunissant du monde » restaient d’actualité. Le reste de la Belgique est en alerte de niveau 3, et une nouvelle évaluation de la situation sécuritaire sera faite lundi dans la journée.Un important dispositif policier et militaire était à la recherche de « plusieurs suspects » liés aux attentats du 13 novembre, selon les autorités belges, qui n’ont pas donné davantage de détails sur l’enquête. Bernard Clerfayt, bourgmestre de Schaerbeek, l’une des communes de Bruxelles-Capitale, a parlé de « deux terroristes ». Lire aussi :Métro et commerces fermés, militaires dans les rues… Bruxelles en état d’alerteSalah Abdeslam introuvableLa présence policière est particulièrement forte à Molenbeek, commune de 100 000 habitants de Bruxelles-Capitale, et considérée comme base arrière des djihadistes. En effet, un tiers des quelque 150 djihadistes originaires de Bruxelles partis ces dernières années en Syrie en sont originaires.C’est le cas d’Abdelhamid Abaaoud, mort dans l’assaut à Saint-Denis mercredi, et de Salah Abdeslam, soupçonné d’avoir participé aux attentats de Paris.Lire aussi :Ce que l’on sait de Salah Abdeslam, en fuite depuis les attentats du 13 novembreUne traque est bel et bien en cours dans la capitale belge, mais on ne sait pas officiellement si un des suspects recherchés est bien Salah Abdeslam. L’homme de 26 ans aurait participé aux attaques terroristes avant d’être exfiltré par deux hommes à destination de la Belgique. Selon Carine Couquelet, l’avocate d’un de ces hommes, il était « extrêmement énervé » et « peut-être prêt à se faire sauter » lors du chemin du retour en voiture. Les autorités belges n’ont pas commenté ces déclarations.Son frère Mohamed, mis hors de cause après avoir été interrogé, pense qu’il « a décidé de rebrousser chemin ». Il a confié à la RTBF :« Il a peut-être vu quelque chose, entendu quelque chose qui n’était pas ce à quoi il s’attendait et a décidé de ne pas aller au bout de ce qu’il souhaitait faire. Nous ne savons pas encore si Salah a tué des gens, s’il était à des lieux précis où les attentats ont eu lieu. » 21.11.2015 à 17h48 • Mis à jour le22.11.2015 à 09h15 | Nicolas Truong Des idées pour tenter de comprendre les sombres temps dans lesquels nous sommes plongés. Des réflexions pour résister à la terreur et à la sidération. Des analyses, parfois contradictoires, destinées à déjouer la panique et le prêt-à-penser. Car si la réponse de la France aux attaques terroristes du 13 novembre est désormais policière, judiciaire et militaire, la riposte peut être aussi morale et intellectuelle.Face à ce climat mortifère, nous avons besoin de boussole et de repères. L’approche philosophique ne permet certes pas de panser les plaies, mais peut apporter quelques éléments de compréhension. Non pas pour accepter ou justifier l’horreur, mais afin, au contraire, de mieux répliquer à cette gigantesque déflagration.Pour cela, la France doit faire le deuil de l’illusion d’une Europe affranchie des frontières et de ­l’Etat-nation, explique l’universitaire américain Mark Lilla, qui connaît si bien ce Paris bohème ­ensanglanté où il séjourna, notamment lors des ­attentats contre Charlie Hebdo. Et l’Union européenne doit cesser de laisser se métastaser « le cancer de l’extrémisme islamique » qui se répand dans la porosité de l’espace Schengen, renchérit l’écrivaine néerlando-somalienne Ayaan Hirsi Ali.Une certaine jeunesse en déshérenceGare cependant à la tentation du repli, prévient le philosophe allemand Jürgen Habermas. Plutôt que de « sacrifier » les vertus démocratiques sur « l’autel de la sécurité », la France comme les autres pays européens devrait remédier à la « pathologie ­sociale » d’une certaine jeunesse en déshérence qui sombre dans le djihadisme.D’autant que la République n’est pas vide de sens ni de spiritualité, défendent, loin des idées reçues, les philosophes Pascal Engel et Claudine Tiercelin. Car, paradoxalement, explique l’historien Marcel Gauchet, la réactivation du fondamentalisme islamique est le signe d’un processus de « sortie de la religion », inséparable d’une mondialisation qui achève son expansion.Il faudra pourtant mener une « guerre idéologique » contre le fanatisme islamique, assure le philosophe américain Michael Walzer. Mais aussi un combat éthique contre notre légitime propension à céder « aux logiques de peur et de haine », indique le philosophe français Frédéric Gros. Autant d’appels à la résistance intellectuelle, autant ­d’invitations à philosopher par gros temps.A lire sur le sujet:- Entretien avec Jürgen Habermas: « Le djihadisme, une forme moderne de réaction au déracinement », propos recueillis par Nicolas Weill. Le fondamentalisme djihadiste n’est en rien une religion, souligne le philosophe allemand.- Nous devons mener une guerre idéologique, par Michael Walzer. Le philosophe américain estime que les intellectuels ont le devoir de réactiver la cause d’Etats sans dieux face au fanatisme religieux.- La fin des illusions d’une France sans frontières, par Mark Lilla (professeur en humanités à l’université Columbia, Etats-Unis). Fin connaisseur de la France, l’universitaire américain autopsie un pays qui doit faire le deuil de ses victimes comme de ses croyances politiques.- Entretien avec Marcel Gauchet : « Le fondamentalisme islamique est le signe paradoxal de la sortie du religieux », propos recueillis par Nicolas Truong. Pour l’historien, la mondialisation provoque une rupture avec l’organisation religieuse du monde. Elle touche de plein fouet les musulmans, dont une fraction résiste de façon radicale à la marche de l’histoire. Il explique que l’origine de la violence des terroristes n’est pas sociale ou économique, mais bien religieuse.- Non, les valeurs de la démocratie ne sont pas vides! Par Pascal Engel (directeur d’études à l’EHESS) et Claudine Tiercelin (professeure au Collège de France). La religion n’est pas seule à pouvoir répondre au vide de sens que l’on prête à nos sociétés. Les valeurs de la République sont pourtant des idéaux substantiels.- L’Europe doit prendre des mesures fortes pour combattre le cancer le l’islam radicalisé, par Ayaan Hirsi Ali. La fermeture des mosquées et autres lieux de propagande islamiste s’impose, tout comme le conditionnement de l’accueil des migrants au respect des valeurs européennes, afin d’endiguer la menace, estime l’écrivaine néerlando-somalienne.- Entretien avec Frédéric Gros : « Trop de sécuritaire tue la sécurité », propos recueillis par Nicolas Truong. Nous sommes bien en guerre, explique le philosophe et professeur de pensée politique, mais gare à ne pas tomber dans la surenchère sécuritaire. La résistance au climat de terreur peut être aussi bien éthique que militaire et politique, souligne-t-il, ajoutant qu’ « il faudrait refonder le concept de guerre ». Nicolas TruongResponsable des pages Idées-DébatsSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.11.2015 à 14h11 • Mis à jour le21.11.2015 à 14h32 Depuis les attentats du 13 novembre, plusieurs pays européens ont pris des mesures pour relever leur niveau de sécurité.A suivre sur notre direct : Bruxelles placée en état d’alerte maximale pour une menace « imminente »Au Royaume-Uni, un niveau d’alerte déjà « grave » Dès le lendemain des attentats à Paris et à Saint-Denis, le premier ministre David Cameron avait prévenu : « Nous, au Royaume-Uni, faisons face à la même menace. » Le premier ministre, qui s’entretiendra avec François Hollande le 23 novembre, a annoncé l’embauche de 15 % de personnel supplémentaires au sein de ses services de renseignement.Le niveau d’alerte antiterroriste est déjà au niveau « grave », ce qui signifie qu’une attaque est « hautement probable ». Londres était déjà en état d’alerte à cause de possibles attaques de représailles, après que le bourreau britannique de l’EI, le tristement célèbre « Jihadi John », a été tué.A Londres, la police a mis en place une amnistie pour ceux qui accepteront de remettre, au cours des deux prochaines semaines, les armes à feu qu’ils possèdent illégalement. Les clubs de football de Premier League, eux, ont reçu des conseils pour mettre en place des mesures de sécurité particulières pour les matchs de ce week-end.Bruxelles face à une menace d’attentat « similaire à la France »Le centre de crise du ministère de l’intérieur belge a décidé, dans la nuit de vendredi 20 à samedi 21 novembre, de faire passer à son degré maximal (soit 4 sur une échelle de 4) le niveau d’alerte terroriste pour la région Bruxelles-Capitale. Cela correspond à une menace « sérieuse et imminente » d’attentat.Renforcement de la présence policière en Allemagne« L’Allemagne est aussi une cible de la terreur », a rappelé le ministre de l’intérieur allemand, Thomas de Maizière, qui a annoncé un renforcement des forces policières. Les contrôles aux aéroports ont également été renforcés.Mardi 17 novembre, le match de football entre l’Allemagne et les Pays-Bas, prévu à Hanovre, avait dû être annulé au dernier moment en raison d’une menace d’attentat. Pour les rencontres de ce week-end, la fédération allemande de football a demandé aux supporteurs de n’introduire ni pétards ni feux d’artifice dans l’enceinte des stades afin d’éviter les mouvements de panique. Berlin a également pris des mesures pour renforcer la sécurité des centres d’hébergement pour réfugiés afin de contrer d’éventuelles actions de l’extrême droite.En Italie, juste en dessous du niveau maximal L’Italie est passée au niveau 2 de l’alerte sécurité, juste un cran en dessous du niveau maximal, déclenché en cas d’attentat sur son sol. Parallèlement, les mesures de sécurité ont été renforcées à l’approche du jubilé de la Miséricorde, voulu par le pape François, qui doit attirer des millions de pèlerins à Rome à partir du 8 décembre.Le trafic du métro à Rome et à Milan a été interrompu à plusieurs reprises ces derniers jours en raison de colis suspects. Les Etats-Unis ont mis en garde le pays contre des menaces d’attentat et ont signalé cinq suspects aux autorités. Sur son site Internet, l’ambassade des Etats-Unis en Italie, à Rome, énumère les sites « identifiés comme cibles potentielles » par le FBI :La place Saint-Pierre, à Rome, le Duomo et la Scala de Milan, « les églises, synagogues, restaurants, théâtres et hôtels » des deux villes.L’ambassade, sans déconseiller de se rendre dans ces lieux, appelle à la plus grande prudence :« Des groupes terroristes peuvent utiliser des méthodes similaires à celles utilisées dans les récents attentats de Paris. »L’Espagne, juste en dessous du niveau maximalLe week-end dernier, à l’issue d’une réunion d’urgence des plus hauts responsables des services antiterroristes, le ministre de l’intérieur, Jorge Fernandez Diaz, a annoncé que l’Espagne maintenait le niveau d’alerte antiterroriste à 4 sur une échelle de 5, qu’elle avait relevé après les attentats perpétrés en juin dans l’Isère, en France, en Tunisie et au Koweït. L’Espagne a également renforcé les mesures de sécurité à ses postes-frontières avec le Maroc.Selon M. Diaz, « 165 personnes » ont été interpellées depuis quatre ans en Espagne pour des liens présumés avec « le terrorisme djihadiste ».Le dispositif de sécurité sera nettement rehaussé samedi en fin d’après-midi, lors du clasico Real Madrid-FC Barcelone. Près de 1 200 policiers seront déployés, soit six fois plus que pour un match à risques classique. Intérim (Stockholm, correspondance) A Boliden, une petite localité du Grand Nord suédois, la police a arrêté, jeudi 19 novembre au soir, un homme soupçonné de préparer des attaques terroristes. Cette arrestation intervient alors que le ton se durcit avec le voisin danois sur la question des migrants et le contrôle aux frontières.La veille, les services de sécurité suédois (Sapo) ont relevé le niveau de la menace terroriste de trois à quatre sur une échelle de cinq, une première dans le royaume. Les trois chefs des différents services ont expliqué, lors d’une conférence de presse, qu’il était très probable que des personnes aient l’intention et la capacité de mener des attaques d’envergure sur l’ensemble du territoire.Lire aussi :Les Européens ne se sentent pas en guerrePeu après la conférence de presse, une photo de mauvaise qualité a été publiée par les médias, montrant un jeune homme souriant, presque hilare : Moder Mothanna Magid, âgé d’une vingtaine d’années et originaire d’Irak. Les services de renseignement ont déclaré qu’il avait des liens étroits avec l’Etat islamique, et aurait combattu en Syrie. Le tabloïd Expressen a également indiqué qu’il aurait voyagé depuis l’Irak via la Turquie puis vers l’Allemagne et serait enfin parvenu en Suède. C’est dans un centre de demandeurs d’asile, à 800 kilomètres de Stockholm, qu’a eu lieu l’arrestation. La police a aussi inspecté l’établissement dans lequel Magid aurait vécu plusieurs semaines et a interpellé plusieurs personnes, soupçonnées d’être des complices.« Conséquences de la politique suivie »Si l’arrestation a été coordonnée avec les services de renseignements danois et norvégien, Stockholm a reproché à Copenhague son manque de vigilance. « Le Danemark devrait naturellement prendre sa responsabilité en se souciant de la situation des réfugiés et de la sécurité en Europe », a déclaré vendredi le ministre de l’immigration suédois, Morgan Johansson, avant d’ajouter : « Comme la Suède et l’Allemagne l’ont fait, le Danemark devrait aussi mettre en œuvre des contrôles à ses frontières. »« Le Danemark devrait naturellement prendre sa responsabilité en se souciant de la situation des réfugiés et de la sécurité en Europe »Quelque 600 migrants sont arrivés du Danemark dans la ville suédoise de Malmö, en seulement trois heures, jeudi. Lorsque la Suède a annoncé la reprise de ses contrôles temporaires aux frontières le 12 novembre, le Danemark a clairement indiqué qu’il ne ferait pas de même. « Je peux comprendre la déclaration des Suédois parce que maintenant ils voient les conséquences de la politique suivie, a expliqué vendredi le porte-parole du parti libéral au pouvoir, Jakob Ellemann-Jensen. Bien sûr, il serait plus facile et plus pratique pour les Suédois si nous mettions en place des contrôles aux frontières du Danemark, car ces milliers de personnes que la Suède a attirées à travers sa politique d’immigration resteraient au Danemark. »Le Danemark, un pays de 5,6 millions d’habitants, estime qu’il recevra 20 000 réfugiés d’ici à la fin de l’année. En Suède, les prévisions concernant les réfugiés ne cessent d’être revues à la hausse, avec plus de 190 000 nouveaux arrivants en 2015 pour une population de 9,8 millions. Or, après avoir soutenu sans ciller l’accueil des migrants, c’est désormais un mea culpa auquel semble se livrer le premier ministre suédois social-démocrate, Stefan Löfven. Jeudi, il a déclaré solennellement : « Nous avons été naïfs. »Lire aussi :Durcissement du débat européen sur les réfugiésIntérim (Stockholm, correspondance) Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Le centre de crise du ministère de l’intérieur belge a décidé, dans la nuit de vendredi 20 à samedi 21 novembre, de faire passer à son degré maximal (soit 4 sur une échelle de 4) le niveau d’alerte terroriste pour la région Bruxelles-Capitale. Cela correspond à une menace « sérieuse et imminente » d’attentat. Le reste du pays reste au degré d’alerte 3.Le premier ministre, Charles Michel, a pris la décision de relever dans la nuit le niveau de menace « suite à des informations d’un risque d’attentat similaire à Paris ». Les cibles potentielles seraient des centres commerciaux, les transports en commun et les grands événements rassemblant des foules.« Il s’agissait donc d’une menace d’attentat commis à plusieurs endroits par plusieurs individus ».A suivre sur notre direct : Bruxelles placée en état d’alerte maximale pour une menace « imminente »Près de 1 000 soldats lourdement armés patrouillaient les rues de la ville, où siègent l’OTAN et les institutions européennes. Le conseil régional de sécurité, rassemblant les bourgmestres de la région de Bruxelles-Capitale, a précisé les mesures qui resteront en vigueur jusqu’à dimanche à la mi-journée :Les habitants sont invités à éviter les lieux de rassemblement comme les salles de concert, les aéroports, les gares, les centres commerciaux. De nombreux spectacles ont été annulés ;Le métro restera fermé jusqu’à dimanche à 15 heures. La gare de Bruxelles-Schuman l’a été samedi depuis midi. Des bus circulent ainsi que quelques tramways ;Tous les grands centres commerciaux sont fermés depuis samedi midi. Les contrôles sont renforcés dans tous ces endroits ;Les marchés ont été annulés, ainsi que toutes les activités prévues dans les bâtiments publics ;Le traditionnel cortège pour l’arrivée de la Saint-Nicolas à Vilvorde, dans la grande banlieue de la ville, est supprimé.Samedi matin, de nombreux quartiers étaient quadrillés par la police et les unités spéciales tandis que des militaires continuaient de surveiller des bâtiments officiels et des lieux réputés « sensibles ». La Ligue de football semblait, elle, vouloir maintenir les rencontres prévues dans les divisions supérieures.La mesure prise dans la nuit résulte d’une analyse « très spécifique » de l’Office central de l’analyse de la menace. Le conseil national de sécurité, regroupant les différents services de sécurité sous l’autorité du premier ministre, devait se réunir samedi pour examiner des mesures complémentaires.Lire aussi :En France, en Belgique ou en Turquie, l’enquête sur les attentats de Paris progresseTrois suspects arrêtés Le niveau 4 n’a été instauré qu’à deux reprises : en 2014, pour tous les lieux fréquentés par la communauté juive, après l’attentat contre le Musée juif, au cœur de Bruxelles, et en 2007 lorsqu’une cellule radicale aurait préparé un projet d’évasion de Nizar Trabelsi, un terroriste d’Al-Qaida, arrêté dans la capitale deux jours après les attentats du 11 septembre 2001.Trois suspects qui seraient liés aux attentats de Paris ont été arrêtés en Belgique au cours des derniers jours.Deux d’entre eux, Hamza Attou et Mohamed Amri, ont convoyé Abdeslam Salah, qui a participé aux attentats de vendredi 13 à Paris, et dont le frère Brahim s’est fait exploser près de la place de la République. La police multiplie les opérations pour tenter de retrouver ce Français de Molenbeek.Le troisième suspect, un Marocain de Jette, a été mis en examen vendredi. Il aurait aidé Abdeslam Salah durant sa fuite. Une arme chargée et du sang ont été retrouvés dans sa voiture. Un message parvenu sur son téléphone portable indiquait que « le juif n’est pas là », selon le quotidien La Dernière Heure.Au cours de l’une de ses opérations de recherche, la police a intercepté un jeune habitant de Molenbeek. Agé de 15 ans, il envisageait de se rendre en Syrie. Il avait déjà tenté de gagner la Bulgarie et avait été appréhendé à deux reprises.Un appel du parquet a entraîné sa mise en détention dans un centre de protection de la jeunesse, vendredi, après qu’un premier juge l’a libéré. Une décision qui avait provoqué la colère du ministre de l’intérieur, Jan Jambon.Une information sur une menace imminente d’attentat serait aussi parvenue aux services de sécurité par les enquêtes sur l’entourage d’Hasna Aït Boulahcen, la cousine du djihadiste belge Abdelhamid Abaaoud. Des proches de celle-ci vivant en Région flamande seraient partis pour la France, pour une raison encore inconnue.Lire aussi :A Molenbeek, « il est facile d’échapper à la police »Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Manon Rescan (avec Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)) Comment des individus faisant l’objet d’un mandat d’arrêt international ont-ils pu circuler entre l’Europe et la Syrie sans être inquiétés par les autorités ? Cette question obsède – et divise aussi – les différents pays de l’Union européenne depuis la confirmation de la mort d’Abdelhamid Abaaoud, cerveau présumé des attaques du 13 novembre à Paris et Saint-Denis qui ont fait 130 morts et plus de 350 blessés.A suivre sur notre direct : Bruxelles placée en état d’alerte maximale pour une menace « imminente »Le terroriste de Molenbeek, qui se vantait en février 2015 de pouvoir aller et venir comme il le voulait en Europe, a en effet réussi à plusieurs reprises à passer sous les radars des services de renseignement.Après l’annonce de la présence et de la mort en France de l’homme, Bernard Cazeneuve a semblé accabler ses partenaires européens. « Il faut que l’Europe se reprenne », a-t-il déclaré, affirmant qu’« aucune information sur le trajet d’Abaaoud » n’avait été transmise aux services français avant le lundi 16 novembre. Ce n’est qu’à cette date qu’« un service de renseignement hors d’Europe » informe Paris que le terroriste a été repéré en Grèce en début d’année, a assuré le ministre de l’intérieur, jeudi.Les règles de Schengen et le caractère délicat de la coopération européenne en matière de lutte antiterroriste expliquent, pour une part, comment les djihadistes parviennent à profiter de la porosité du système pour circuler d’Europe vers la Syrie, et à faire le trajet retour.Lire aussi :Les failles de la lutte antiterroriste Peu de contrôles pour les ressortissants de l’UERappelons d’abord que les frontières intérieures des 26 pays de l’espace Schengen sont ouvertes, à l’exception de quelques pays ayant récemment rétabli des contrôles en raison de l’afflux de réfugiés. A l’exception, aussi, de la France, en situation d’état d’urgence.Cela signifie que toute personne, ressortissante ou non de l’Union européenne, peut aller et venir librement dans les limites de cet espace.Aux frontières extérieures de Schengen, des contrôles sont effectués pour tous les voyageurs, mais ils ne sont, actuellement, pas systématiques et limités à un simple contrôle de la validité des papiers d’identité pour les ressortissants de l’Union européenne.Pour ces derniers, la police aux frontières ne consulte pas non plus systématiquement les fichiers Europol ou Interpol qui recensent les personnes sous mandat d’arrêt international. Ce qui signifie qu’Abdelahmid Abaadoud, titulaire d’une carte d’identité belge, aurait pu à nouveau entrer dans l’Union sans être inquiété, malgré le mandat d’arrêt international dont il fait l’objet. Cette hypothèse demeure toutefois peu probable.Il reste que, s’il est passé par la Grèce, comme l’indiquent des renseignements reçus par le gouvernement français après les attentats, il a pu bénéficier de la désorganisation des autorités grecques et des difficultés qu’elles éprouvent à contrôler leurs nombreuses frontières, aux limites de l’espace Schengen.Deux des terroristes du Stade de France sont ainsi passés par la Grèce, par où transitent de nombreux migrants en provenance de Syrie. Ils y ont été contrôlés le 3 octobre.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : que sait-on des terroristes impliqués ?Des informations qui circulent mal au sein de l’UEL’enjeu le plus délicat demeure l’échange d’informations entre les services de renseignement sur les individus surveillés. Le renseignement demeure en effet une compétence purement nationale – et non européenne – sur laquelle de nombreux Etats veillent jalousement. Protéger les informations, c’est à la fois préserver une part de souveraineté, mais aussi protéger les sources des renseignements.De ce fait, l’information concernant le parcours d’un individu surveillé (faisant par exemple l’objet d’une « fiche S ») ne franchit que difficilement les frontières de l’Etat d’où il sort. L’échange d’informations se fait à la discrétion des pays, de manière uniquement bilatérale et selon la qualité des relations entre les Etats. Plusieurs pays d’Europe centrale et orientale sont ainsi pointés pour leur manque de coopération, voire pour le peu d’intérêt qu’ils témoignent envers l’échange de données.De même, quand un individu suspect quitte, par les airs, le territoire où il est surveillé, sa trace peut rapidement être perdue par les autorités qui le suivent. C’est l’un des enjeux du « PNR européen », le fichier des voyageurs aériens qui, promettent les ministres, sera désormais rapidement créé.Il reste à déterminer s’il permettra à un Etat d’avoir accès aux informations concernant les passagers des vols internes à l’Union européenne. Ainsi, la France pourra suivre la trace d’un individu qui part de son territoire, mais, si celui-ci se déplace dans l’espace Schengen, il ne pourra pas, sans la coopération d’autres Etats, connaître sa destination suivante.Par exemple : la trace d’un passager du vol Paris-Prague puis d’un vol Prague-Istanbul pourra être perdue si les autorités tchèques ne signalent pas à la France la destination finale de l’individu.C’est également valable pour le parcours de retour :Un individu peut effectuer un vol Istanbul-Bruxelles, présumant d’un retour de Syrie via la Turquie, puis un vol Bruxelles-Paris sans que les autorités françaises sachent d’où il arrive, à moins d’être aidées par les autorités belges.Lire aussi :L’UE veut renforcer les contrôles sur l’entrée et la libre circulation sur son territoireDe nombreux terroristes, à l’instar de Mehdi Nemmouche, auteur de la tuerie au Musée juif de Belgique, à Bruxelles, en mai 2014, ont profité de cette situation pour se déplacer sans attirer l’attention, c’est ce qu’on appelle la stratégie des « vols cassés » ou des « sauts de puce ».La multiplication des attentats dans l’Union européenne ces dernières années a conduit les Etats à prôner plus de coopération en la matière. Outre le « PNR européen », vendredi, les ministres de l’intérieur et de la justice européens ont ainsi adopté plusieurs mesures pour renforcer les contrôles. La systématisation des contrôles d’identité à l’entrée dans l’espace Schengen pour les ressortissants de l’Union a été approuvée, mais son adoption pourrait prendre de nombreux mois.Reste que, selon la France, les mesures promises par les Européens ne vont pas assez loin, notamment en ce qui concerne le futur « PNR ». Outre le fait que ces données ne concerneront pas les voyages à l’intérieur de l’Union – les eurodéputés s’y opposant toujours au nom de la défense des libertés –, les informations ne seront conservées qu’un mois.Enfin, le Parlement de Strasbourg entend également restreindre l’accès au PNR par les autorités aux actes transnationaux (un individu de nationalité X commettant un délit dans un pays Y) et non pas aux actes nationaux. Ce qui empêcherait, par exemple, les autorités françaises d’avoir accès au fichier d’un Belge qui a commis des délits graves en Belgique. Comme c’était le cas d’Abdelhamid Abaaoud.Lire aussi :Les ratés de la coordination antiterroriste en EuropeManon Rescan (avec Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen))Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.11.2015 à 07h46 • Mis à jour le21.11.2015 à 16h00 | Alexandre Pouchard Il y a eu l’avant et l’après-13 novembre. Ce qui nous (pré) occupait avant et dans la journée de ce vendredi funeste semble désormais loin, emporté par la tragédie des 130 vies perdues et par le tourbillon des événements de la semaine qui a suivi. Retour sur l’essentiel à retenir de l’actualité de ces derniers jours.Le recueillement.Après une journée de stupeur, samedi, de nombreux rassemblements spontanés d’hommage aux victimes ont eu lieu dimanche en France, notamment sur les lieux des attaques à Paris (où des pétards ont provoqué des mouvements de panique) mais également partout dans le monde. Lundi, une minute de silence a été observée à midi dans tout le pays et ailleurs en Europe. Il faudra plusieurs jours de travail à la police scientifique pour que toutes les personnes tuées dans les attentats soient identifiées.Lire :Milko, Marie, Salah, Elodie… les victimes des attentats du 13 novembreL’enquête progresse.Parallèlement, quatre des sept terroristes morts sur les lieux des attaques ont rapidement été identifiés. Considéré comme un suspect clé, Salah Abdeslam, le frère de l’un des kamikazes, est toujours recherché. Il a été contrôlé à la frontière franco-belge le 14 novembre mais n’a pas été arrêté car il n’avait alors été ni identifié ni fiché. Mais les enquêteurs ont aussi identifié l’instigateur présumé de ces attaques (qui aurait également joué un rôle dans des attentats déjoués cette année) : Abdelhamid Abaaoud, un djihadiste belge de 28 ans qui a rejoint les rangs de l’Etat islamique en 2013. Plusieurs informations ont mené les forces de l’ordre vers un appartement situé dans le centre de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), contre lequel elles ont mené un long et violent assaut mercredi matin, tirant plus de 5 000 munitions.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : l’assaut à Saint-Denis raconté par le patron du RAIDBilan : 3 personnes tuées, dont Abelhamid Abaaoud, révéleront plus tard les analyses, et sa cousine Hasna Aït Boulahcen. Huit personnes ont également été interpellées. La lutte s’intensifie en Syrie. Après la revendication des attentats par l’Etat islamique (EI) samedi matin (notamment par la voix d’un Français, Fabien Clain), la France a réagi en intensifiant ses bombardements sur l’organisation djihadiste à partir de dimanche, en coordination avec les Etats-Unis puis avec la Russie. Paris prône désormais la constitution d’une grande et unique coalition contre l’EI. Outre des centres de commandement et d’entraînement, des réserves de pétrole, particulièrement stratégiques pour l’Etat islamique, auraient été visées. Par ailleurs, l’organisation terroriste a annoncé cette semaine l’exécution de deux otages, un Chinois et un Norvégien.Lire aussi :Esclavage, rançons, pétrole, pillage… Comment l’Etat islamique se financeMesures sécuritaires en France.Pour donner « tous les moyens nécessaires » aux forces de l’ordre et prévenir de nouvelles attaques, l’exécutif a annoncé une série de mesures sécuritaires. Dès la soirée du 13 novembre, François Hollande a annoncé l’instauration de l’état d’urgence dans tout le pays. Le projet de loi le prolongeant de trois mois, jusqu’en février 2016, a été adopté par un vote de l’Assemblée nationale, jeudi, puis du Sénat vendredi. Concrètement, cela signifie que des perquisitions administratives (sans l’autorisation d’un juge) peuvent être menées, que des individus peuvent être assignés à résidence et que des manifestations peuvent être interdites pour des motifs plus larges (sans que cela soit systématique). Pour des raisons de sécurité, la grande marche pour le climat, prévue le 29 novembre à la veille de l’ouverture de la COP21, a été annulée, de même que la Fête des lumières, à Lyon, qui réunit plusieurs millions de personnes chaque année autour du 8 décembre.Lire aussi :Pour les juristes, l’état d’urgence est « un moindre mal »Lors des votes sur la prolongation de l’état d’urgence, le Parlement a affiché son unité, déjà manifestée lors de sa réunion en Congrès, dans l’urgence, lundi à Versailles. François Hollande, ovationné par les deux Chambres, a notamment annoncé la création de milliers de postes de sécurité – expliquant que « le pacte de sécurité l’emport [ait] sur le pacte de stabilité [budgétaire européen] » – et fait part de son souhait de modifier la Constitution, jugeant que l’article 16, qui accorde des pouvoirs d’exception au chef de l’Etat en cas de péril imminent, d’insurrection armée ou d’attaque étrangère, et l’article 36, qui organise l’état de siège, n’étaient « plus adaptés à la situation que nous rencontrons ». Le chef de l’Etat souhaite également pouvoir déchoir de la nationalité française des personnes nées en France condamnées pour terrorisme (quand elles ont une autre nationalité). Cette unité a toutefois vacillé pendant le « triste spectacle » donné par une séance de questions au gouvernement très mouvementée, mardi à l’Assemblée nationale.Lire aussi :Fiche S, déchéance de nationalité, expulsions : 11 propositions « sécuritaires » passées au cribleArrestations au Liban après le double attentat-suicide. Le 12 novembre, la veille des attentats à Paris et Saint-Denis, la capitale du Liban, Beyrouth, avait été endeuillée par un double attentat-suicide, lui aussi revendiqué par l’Etat islamique, qui a tué 44 personnes. Les services de sécurité ont annoncé 11 arrestations cette semaine en lien avec l’attaque, dont des membres d’une cellule syro-libanaise qui fomentait d’autres attentats imminents.Moscou admet que le crash au Sinaï était bien un attentat.Deux semaines auparavant, déjà, l’Etat islamique avait revendiqué l’explosion d’un avion de ligne russe dans le nord du Sinaï, le 31 octobre, causant la mort de 224 personnes. La Russie a officiellement reconnu lundi que le crash était bien un attentat. L’EI a présenté une image de ce qu’il affirme être à l’origine de l’explosion de l’appareil : une canette de soda contenant une bombe.Lire l'analyse :Sous la pression, l’Etat islamique frappe tous azimutsPrise d’otages à Bamako.Plusieurs hommes armés ont attaqué vendredi matin l’hôtel Radisson Blu de Bamako, au Mali. Les forces spéciales ont rapidement lancé un assaut. Au terme de la prise d’otages, près de 150 personnes retenues ont été libérées. Cette attaque a été revendiquée par le groupe du chef djihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar, lié à Al-Qaida. L’attaque a fait 21 morts, dont 2 terroristes, a annoncé le président malien, dans la nuit de vendredi à samedi. Dans le reste de l’actu… TGV. C’est une vitesse excessive (243 km/h) et un freinage trop tardif qui ont causé le déraillement d’un TGV d’essai samedi en Alsace, provoquant la mort de 11 personnes et en blessant 42 autres. La SNCF a annoncé qu’elle allait revoir ses procédures d’essai. Grèce. Athènes et ses créanciers ont trouvé mardi un accord pour le déblocage de 12 milliards d’euros, dans le cadre du troisième plan d’aide accordé en juillet. SNCM. L’entrepreneur Patrick Rocca a été choisi vendredi par le tribunal de commerce de Marseille pour reprendre la compagnie maritime SNCM (Société nationale Corse Méditerranée), en grave difficulté financière. Football. Quatre jours après sa victoire (2-0) face à l’Allemagne au Stade de France, l’équipe de France s’est inclinée mardi en Angleterre (1-0), après l’hommage émouvant d’un stade de Wembley qui a entonné La Marseillaise à l’unisson. Il s’agissait d’un match amical alors que les dernières places pour l’Euro 2016 en France étaient attribuées (à la Suède et à l’Ukraine). Rugby. Le rugbyman néo-zélandais Jonah Lomu, ancienne star des All Blacks, est mort mercredi à l’âge de 40 ans. Athlétisme. La Russie a été officiellement suspendue provisoirement de toute compétition d’athlétisme par la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), le 13 novembre, après une enquête accablante sur le dopage généralisé dans les équipes russes.Alexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 15h04 • Mis à jour le26.11.2015 à 15h23 Le diagnostic des régions avec l’Institut MontaigneLes 6 et 13 décembre, les Français voteront pour élire leurs représentants dans les 13 nouvelles régions . Afin d’éclairer le choix des électeurs, LeMonde.fr et l’institut Montaigne ont conclu un partenariat, en vous proposant un diagnostic détaillé de l’état économique et financier des régions. Celui-ci a été réalisé sur les 22 anciennes régions, seules à avoir un bilan.Les bilans sur le site de l’Institut MontaigneRetrouvez tous nos contenus sur les régionales dans notre page spéciale. Vous pouvez aussi retrouver nos statistiques détaillées sur les votes et les grands équilibres socio-économiques sur notre portail de données.SommaireDémographie, emploi, atouts économiquesUn essor démographique importantUne région riche mais fortement touchée par le chômage et les inégalitésEconomie : structure et dynamiquesUne région créatrice de richesses qui a su résister à la crisePrééminence des services, orientation sectorielle favorableLa construction à la commande publiqueUn taux de chômage élevéTerritoire et infrastructuresUn territoire entre relief et littoralUne population concentrée dans les zones urbaines et périurbainesLes dépensesDépenses de personnel en hausseRecul des dépenses d’investissementDépenses d’intervention réparties à parts égales entre transports, enseignement et formation professionnelleLes recettesUne hausse des recettes de fonctionnement interrompue en 2013Importante progression du produit de la CVAERecul des immatriculationsL’endettementUne dette élevée, diversifiée et sûreDégradation de la capacité de désendettement   Démographie, emploi, atouts économiques1. Un essor démographique importantLa région Provence-Alpes-Côte d’Azur est, avec plus de 5 millions d’habitants, l’une des régions les plus peuplées de France métropolitaine. Elle fait aussi partie de celles ayant connu la plus forte croissance démographique depuis les années 1960 : alors qu’elle s’élève à 35% sur l’ensemble du territoire, elle monte à 73% pour la région PACA.L’attrait de la région semble toutefois reculer depuis plusieurs années. Son solde migratoire reste positif mais elle se positionne derrière les autres grandes régions du sud et de l’ouest de la France. Cette réalité ne modifie pas pour autant la structure démographique de la région dans la mesure où les sortants et les entrants présentent souvent le même profil. L’idée, largement répandue, selon laquelle PACA accueillerait majoritairement des retraités et perdrait des actifs est donc erronée.2. Une région riche mais fortement touchée par le chômage et les inégalitésLa région PACA est la troisième économie régionale, avec un PIB supérieur à 150 milliards d’euros. Elle produit plus de 7% de la richesse nationale, ce qui la classe parmi les 20 régions ayant le PIB le plus élevé en Europe. Son activité est essentiellement tournée vers le tertiaire, principalement les services aux entreprises et le tourisme, l’industrie, avec l’établissement de nombreuses entreprises du secteur autour de l’étang de Berre, et enfin l’immobilier et la construction.Contrepoids de ces bonnes performances économiques, la région souffre d’un taux de chômage particulièrement élevé. En 2014, il s’établit à 11,4%, contre 9,8% en France métropolitaine. De façon concomitante, le taux de pauvreté y est plus important qu’ailleurs : plus de 15 habitants sur 100 sont en effet en situation de pauvreté. Tous les départements sont concernés à l’exception des Hautes-Alpes - le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône étant particulièrement exposés.Le contraste entre une économie dynamique, d’une part, et des poches importantes de pauvreté, d’autre part, contribue à ce que la région PACA se singularise par de fortes inégalités territoriales. La région se situe en effet en deuxième position derrière la Corse en termes d’écarts de richesse.Economie : structure et dynamiques1. Une région créatrice de richesses qui a su résister à la criseLe PIB par habitant de la région PACA se situe à un niveau élevé, bien supérieur au niveau moyen des régions françaises hors Ile-de-France. Sa productivité est supérieure à la moyenne française : le PIB par emploi s’y élève à 76 553€, contre 71 169€ pour la France métropolitaine (hors Ile-de-France).2. Prééminence des services, orientation sectorielle favorableAu 1er janvier 2013, la région accueillait près de 10% des établissements de services du territoire national. Le tertiaire est un secteur majeur d’activité et un pourvoyeur d’emplois de première importance pour la région. Il génère 8 emplois sur 10. Le tertiaire non-marchand constitue un vecteur important d’emplois, notamment dans l’enseignement. Les services aux entreprises se sont également fortement développés. Les services opérationnels (nettoyage, sécurité, etc.) ont gagné près de 50 000 emplois salariés depuis 1990 (+110%). L’emploi a aussi fortement progressé dans le domaine du conseil et de l’assistance (+89%) et dans le secteur de la R&D (+58%).La région PACA est la 7ème en France en termes d’emploi industriel. Il y représente 9% de l’emploi total. Le tissu industriel de la région, qui est essentiellement implanté le long du littoral et dans le couloir rhodanien, est moins affecté qu’ailleurs par les mutations industrielles. L’orientation sectorielle de l’industrie en PACA (gaz, eau, déchets, pharmacie, composants électriques et électroniques, etc.) lui est en effet favorable. Elle lui permet d’être préservée des grandes restructurations intervenues dans d’autres secteurs (automobile et textile notamment). Le tissu productif reste néanmoins fragile : malgré la présence de groupes industriels de premier plan, 90% des établissements industriels comptent moins de 10 salariés.3. La construction à la commande publiqueEn PACA, le secteur de la construction représente un volume de chiffre d’affaires de 13 Md€, 100 000 emplois salariés et plus de 50 000 entreprises.Le secteur a été particulièrement affecté par la crise. Le marché du logement neuf a connu une forte décrue ces dernières années, malgré une légère amélioration fin 2014. Le niveau de la construction a également connu un net repli et le nombre des permis de construire et des mises en chantier a reculé en 2014.Les entreprises du secteur pourraient être durement touchées par l’ajustement des budgets locaux sur l’investissement dans les prochaines années. La baisse des dotations de l’État conduit en effet nombre de collectivités à revoir leurs programmes d’investissement à la baisse. Cette baisse, que l’on peut déjà observer pour le bloc communal en 2014, pourrait être prolongée par les décisions d’autres strates de collectivités. Les secteurs du bâtiment et des travaux publics anticipent déjà une baisse substantielle de la commande publique.4. Un taux de chômage élevéLe chômage en PACA est structurellement plus élevé que dans le reste de la France métropolitaine. La région peine à créer le nombre d’emplois qui permettrait d’accompagner la croissance forte de sa population active. Le taux de chômage de la région, qui s’était rapproché du niveau national entre 2005 et 2009, est toujours resté supérieur depuis cette date. Les départements du Vaucluse, des Bouches-du-Rhône et des Alpes de Haute-Provence sont les départements les plus touchés.Même si elle est l’une des régions qui a le mieux résisté à la crise dans ce domaine également, elle peine à résorber un niveau de chômage dont une part importante est structurelle. Le nombre de demandeurs d’emploi a encore augmenté entre fin 2013 et fin 2014. Le taux de chômage a augmenté de 0,5 point entre ces deux dates. Les actifs de plus de 50 ans et les demandeurs d’emplois depuis plus d’un an sont les plus touchés tandis que la population jeune résiste mieux.Territoire et infrastructures1. Un territoire entre relief et littoralLe territoire de la région Provence Alpes Côte d’Azur (PACA) s’étend sur une superficie de 31 400 km² et présente un relief très contrasté. Son patrimoine naturel conditionne son aménagement territorial et son modèle de croissance économique. La montagne occupe en effet près de la moitié de sa superficie tandis que le littoral s’étend sur 700 km. La région se caractérise ainsi par une forte concentration des populations et de l’activité sur la côte. L’emprise du relief aussi bien littoral que montagneux concentre plus des trois-quarts de la population sur 10% de la superficie régionale, essentiellement le long des côtes méditerranéennes. Deux départements sont particulièrement concernés, le Var et les Bouches-du-Rhône.2. Une population concentrée dans les zones urbaines et périurbainesCette concentration a pour conséquence la forte influence des aires urbaines sur le territoire régional, accompagnée par une poussée tout à fait remarquable des zones périurbaines. Les quatre aires urbaines les plus importantes (Marseille et Aix-en-Provence, Nice, Toulon, Avignon) concentrent 80% de la population. Les phénomènes de périurbanisation sont davantage marqués que dans les autres régions. Cette situation constitue un enjeu important pour la région en termes de transports et de lutte contre le réchauffement climatique.Les dépensesLes dépenses de la région PACA ont reculé entre 2009 et 2013, selon un schéma constaté dans de nombreuses autres régions : progression des dépenses de fonctionnement et repli des dépenses d’investissement.1. Dépenses de personnel en hausseLes dépenses de fonctionnement ont connu une progression soutenue entre 2009 et 2013, de plus de 3% en moyenne par an contre 1,85 % pour les autres régions hors Ile-de-France. Elles s’élèvent à 299€ par habitant, contre 269€ pour la moyenne des régions hors Ile-de-France.Comme les charges à caractère général, les dépenses de personnel ont augmenté de façon plus marquée qu’ailleurs : plus de 5% en moyenne annuelle depuis 2009 contre 3% pour les autres régions hors Ile-de-France. La collectivité s’est notamment engagée dans une politique de recrutement favorable (+117 agents en 2012, +44 en 2013). La masse salariale représente plus de 16% des dépenses de fonctionnement de la région.2. Recul des dépenses d’investissementLes dépenses d’investissement s’élèvent à 484 M€ en 2013, soit le plus bas niveau constaté depuis 2009. Sur la période 2009-2013, elles ont reculé de près de 15% par an en moyenne. Elles représentent 133€ par habitant, contre 150€ en moyenne pour les régions métropolitaines hors Ile-de-France.Cet ajustement peut s’expliquer par la diminution des capacités de la région à autofinancer ses investissements. En effet, la diminution de son épargne brute et la baisse de ses recettes d’investissement la conduisent à accroître la part de son investissement par emprunt.3. Dépenses d’intervention réparties à parts égales entre transports, enseignement et formation professionnelleLes trois principales dépenses d’intervention sont les transports (24,1%), l’enseignement (22,4%) et la formation professionnelle (22,4%). Sur les dernières années, ces dépenses ont connu des évolutions contrastées. L’accent a été mis sur les transports et la formation professionnelle, la culture et les sports progressant également fortement même s’ils pèsent de façon moins importante dans le budget régional.Dans le domaine des transports, la région PACA se distingue par le volume important des crédits qu’elle accorde aux autres modes de déplacement que le ferroviaire. Quand la moyenne des dépenses consacrées par les régions aux transports hors ferroviaires est légèrement supérieur à 5 M€, la région y consacre plus de 30 M€. La région est aussi celle qui consacre le plus de crédits au financement de la voirie départementale, avec le Languedoc-Roussillon.Concernant la formation professionnelle et l’apprentissage, la région PACA se situe au troisième rang des régions qui y consacrent le budget le plus important, mai seulement au septième pour le seul apprentissage, avec 96,6 M€.De même, en matière d’enseignement, la région se positionne très favorablement pour le financement de lycées publics (première région après l’Île-de-France). En revanche, malgré l’implantation de nombreuses universités et laboratoires de recherche sur son territoire, elle ne situe qu’au huitième rang pour les crédits consacrés à l’enseignement supérieur, qui ne représentent qu’un peu plus de 4% des crédits destinés à l’enseignement en PACA.Les recettes1. Une hausse des recettes de fonctionnement interrompue en 2013Les recettes de fonctionnement ont progressé à un rythme soutenu entre 2009 et 2012 (+2,3% en moyenne annuelle). Cette tendance a été stoppée en 2013. Elles reculent en 2014.Le produit de la fiscalité régionale s’est élevé à 914,8 M€ en 2013. La fiscalité régionale en PACA connaît des variations moins fortes que la moyenne des régions, ce qui s’explique notamment par la structure de la fiscalité de la région. Les recettes fiscales indirectes représentent près de 60% du total, contre 40% pour les recettes fiscales directes. Or l’évolution de ces produits a été opposée. 2. Importante progression du produit de la CVAE En 2013, le produit de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) de la région a atteint près de 260 M€, soit une hausse de plus de 7% par rapport à 2012. Cette hausse contribue largement à la croissance de la fiscalité directe. Elle mérite toutefois d’être relativisée. Si elle résulte d’une croissance de la valeur ajoutée sur le territoire, elle est liée également aux modalités et au rythme de versement de cette taxe. En 2014, le produit de la CVAE ne progresse que modérément de 1,5%.3. Recul des immatriculationsLe produit de la fiscalité indirecte a diminué de plus de 4 M€ en 2013. Ce recul est la conséquence de la baisse importante de la taxe sur les cartes grises d’une part et de la très faible augmentation du produit de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) d’autre part.Le produit de la taxe sur les cartes grises, de près de 200 M€, a diminué de 5,6 % en 2013, sous l’effet de la diminution des immatriculations. Elle n’a pu être compensée par la très faible croissance de la TICPE, pourtant première recette fiscale indirecte de la région. Cette évolution est à observer d’autant plus près que le tarif de la carte grise par cheval-vapeur est le plus élevé des régions françaises ce qui laisse peu de marge de manœuvre sur cette taxe pour le prochain exécutif.En 2014, la tendance à la diminution de la fiscalité indirecte se prolonge. Le produit de ces deux taxes additionnées diminue légèrement, de 1,6%. Cette tendance, qui accompagne la perte d’autres recettes comme la DGF, pourrait entrainer une dégradation des ratios financiers de la région si les dépenses n’étaient pas ajustées à cette baisse.4. Une baisse annoncée des dotations de l’EtatLe montant total des dotations de fonctionnement de l’État s’élève à 680 M€ en 2013. L’ajustement qu’il a connu en 2013 est minime au regard des projections sur les prochaines années. En stagnation depuis plusieurs années, la dotation forfaire de la dotation globale de fonctionnement (DGF) entame le recul annoncé dans la cadre de la contribution des collectivités à la résorption des déficits publics. Ainsi, en 2014, la DGF recule de plus de 3% pour la région PACA, mouvement qui doit se poursuivre et s’amplifier au moins sur les deux prochaines années.Le reste des autres dotations est gelé. La dotation globale de décentralisation (DGD) « formation professionnelle » s’est ainsi établi en 2012 et en 2013 à 134 M€.L’endettement1. Une dette élevée, diversifiée et sûre L’encours de dette de la région était de 1 820 M€ en 2013 et de 2 145 M€ en 2014. Il a progressé sensiblement sur les dernières années. Entre 2009 et 2014, l’augmentation de l’encours est de plus de 30 %, ce qui représente une moyenne annuelle d’évolution de plus de 5%.En 2013, l’encours de dette par habitant de la région PACA est nettement supérieur à la moyenne de sa strate (365€ contre 285€). En volume, la région figure parmi les cinq régions les plus endettées.L’encours de dette est diversifié. Il est constitué de dette bancaire, de dette obligataire, de crédit- bail et d’emprunts dits « revolving ». La diversification de l’encours de dette est une caractéristique essentielle de la gestion de sa dette par la région. Elle lui permet d’être moins dépendante à l’égard du marché bancaire et de pouvoir arbitrer en faveur des offres de financement qu’elle juge les plus compétitives. La structure de dette de la région est par ailleurs équilibrée, malgré un recours important au marché obligataire sur les dernières années. La dette de la région est par ailleurs sûre, classée en 1 A ou 2 A sur la charte Gissler.2. Dégradation de la capacité de désendettement La capacité de désendettement est le rapport de l’encours de dette à l’épargne brute. Exprimée en nombre d’années, ce ratio exprime la durée nécessaire à une collectivité pour couvrir sa dette par son épargne.En région PACA, ce ratio s’est dégradé ces dernières années, sous l’effet de la croissance de la dette. En 2014, il était de 5,4 années, soit l’un des niveaux les plus élevés en France. 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. 26.11.2015 à 14h28 • Mis à jour le26.11.2015 à 15h27 SommaireUne région attractive tournée vers la MéditerranéeDes inégalités importantes Une situation très dégradée en matière d’emploiUne région tirée par l’économie présentielleUn projet ferroviaire ambitieux mais porteur de risques financiersLe défi de l’eauUn niveau d’investissement parmi les plus élevés de FrancePriorité à l’éducation et au développement économiqueDes recettes fiscales atonesDes dotations qui résistent malgré la baisse de la DGFUn endettement en forte augmentationUne situation financière qui demeure saineDes frais financiers maîtrisésUne capacité de désendettement qui se dégrade mais un taux d’épargne toujours élevé Démographie, emploi, atouts économiquesLa Région Languedoc-Roussillon est la région la plus attractive de France sur le plan démographique. Cette attractivité ne dissimule pas une situation sociale particulièrement fragile.1. Une région attractive tournée vers la MéditerranéeLa population de la région se concentre dans un couloir littoral de 20 kilomètres où se situent la plupart des agglomérations. La densité dans l’intérieur des terres est très inférieure à la moyenne nationale, avec de vastes zones quasi-désertes comme la Lozère au nord, la Montagne noire à l’ouest où la partie pyrénéenne au sud.La région connaît l’accroissement démographique le plus important de France métropolitaine, avec un taux de croissance annuel moyen de 1,3% sur la dernière décennie. L’ensemble des aires urbaines sont concernées. L’agglomération de Montpellier est ainsi la plus dynamique au niveau national : sa population a triplé au cours des cinquante dernières années.2. Des inégalités importantes La région Languedoc-Roussillon est la deuxième région la plus pauvre de France. La part des personnes vivant sous le seuil de pauvreté s’établit en 2011 à 19,6%, proche du Nord-Pas-de-Calais (19,7%) et très supérieure à la moyenne nationale (14,3%).Parmi les dix départements où le taux de pauvreté est le plus fort, quatre appartiennent à la région Languedoc-Roussillon (l’Hérault, le Gard, les Pyrénées-Orientales et l’Aude, deuxième département le plus pauvre après la Seine-Saint-Denis). De nombreux territoires, à la fois urbains (Béziers, Narbonne, Perpignan) et ruraux (plaine de l’Hérault, vallée de l’Aude) apparaissent fragilisés.La conjoncture économique dégradée ne permet pas d’expliquer à elle seule ce phénomène, qui a des racines plus profondes. Historiquement, la région Languedoc-Roussillon a été peu touchée par l’industrialisation. Elle est longtemps restée une région agricole, notamment viticole, marquée par les crises ; l’exemple le plus connu étant la révolte des vignerons de 1907.Conséquence directe du dynamisme régional et de la persistance de la pauvreté, les inégalités de revenus sont fortes : les 10% des foyers les plus favorisés sont 8,5 fois plus riches que les 10% les moins favorisés. Ce rapport est le deuxième le plus fort de France après la Corse. À titre de comparaison, ce même rapport s’établit à 5,8 en Bretagne.3. Une situation très dégradée en matière d’emploiLa croissance économique constatée sur les dernières années ne se traduit pas par une embellie en matière d’emploi. Au 1er trimestre 2015, le taux de chômage en Languedoc-Roussillon atteint 14,2%, contre 10% en France métropolitaine. Ce taux est le plus élevé des régions françaises et ne s’explique pas seulement par les crises récentes.Depuis 1982, le taux de chômage de la région Languedoc-Roussillon se situe, en moyenne, 3,4 points au-dessus de la moyenne nationale. Cet écart s’est accru ces dernières années.L’ensemble du territoire régional est concerné par cette situation dégradée, à l’exception notable de la Lozère, qui connaît un taux de chômage très faible, à 5,9% au dernier trimestre 2014. À l’inverse, le bassin d’emploi d’Agde-Pézenas, est celui où le taux de chômage est le plus fort (18%).Economie : structure et dynamiquesLa région Languedoc-Roussillon se caractérise par un faible PIB par habitant mais par une croissance du PIB supérieure à celle de la France. Cette situation est atypique par rapport aux tendances nationales qui montrent un décrochage des régions présentant les PIB par habitant les plus faibles (Limousin, Lorraine ou Franche-Comté par exemple).Entre 2000 et 2012, le PIB de la région a progressé de 1,8% par an en moyenne, contre 1,2% en France. La région ayant connu dans le même temps un fort accroissement démographique, le PIB par habitant ne progresse en Languedoc-Roussillon que de 0,5% par an en moyenne, un chiffre identique à celui de la France.Cette croissance joue un rôle de rattrapage dans la mesure où le PIB par habitant dans la région (24 556€ en 2013) est le quatrième plus faible de France. Sur ce point, la situation de Languedoc-Roussillon se rapproche de celle de la Corse.4. Une région tirée par l’économie présentielleLe poids de l’industrie en Languedoc-Roussillon est l’un des plus faibles de France, avec 9% de la valeur ajoutée, contre 14% au niveau national. La région ne possède pas de grands bassins industriels et compte peu de grands établissements susceptibles d’entraîner un réseau de sous-traitants et de services.En conséquence, le poids des petites entreprises est fort. Seuls 24,5% des salariés du secteur marchand travaillent dans une grande entreprise (plus de 5 000 personnes) contre 32 % au niveau national. À l’inverse, 29% des effectifs du secteur marchand travaillent dans des micro-entreprises en Languedoc-Roussillon, contre 19% au niveau national.L’écart de croissance de la région par rapport à la France s’explique essentiellement par le dynamisme de l’économie présentielle, c’est à dire de l’économie liée à la présence d’habitants et de touristes (distribution, activités de loisirs, services publics).La région connaît un important essor des créations d’entreprises. Depuis 1993, elle est la première en France dans ce domaine. Il s’agit principalement de petites structures liées à l’économie présentielle, dans le domaine du commerce, de l’artisanat ou de la restauration.Territoire et infrastructuresLa région Languedoc-Roussillon devrait accueillir 500 000 à 800 000 nouveaux habitants dans les vingt prochaines années, d’après les projections de l’InseeE. Elle est ainsi, comme la région Midi-Pyrénées, confrontée à des défis liés aux infrastructures, que ce soit en matière de transport ferroviaire ou d’accès à l’eau. Ces projets entrent directement dans le champ d’action du Conseil régional.5. Un projet ferroviaire ambitieux mais porteur de risques financiersLe prolongement de la ligne à grande vitesse de la vallée du Rhône vers l’Espagne est à l’étude depuis le début des années 1990. Ce projet est autant lié à l’intérêt de créer un axe ferroviaire vers l’Espagne qu’au besoin d’accompagner le dynamisme démographique de la région.Ce projet consiste en trois tronçons : le tronçon Perpignan - Figueras ouvert en 2010, le contournement ferroviaire Nîmes – Montpellier, dont la mise en service est prévue en 2017, et le tronçon Montpellier - Perpignan, qui en est encore au stade des études et des acquisitions foncières et qui pourrait voir le jour entre 2022 et 2025. La région est engagée financièrement dans ces projets. Elle a par exemple signé en 2012 une convention de financement du contournement Nîmes-Montpellier pour 397 millions d’euros.La mise sous administration judiciaire du concessionnaire de la ligne Perpignan - Figueras, en juillet 2015, engage à considérer les risques financiers associés à de tels projets. Confronté à des coûts de construction beaucoup plus importants que prévus et à des prévisions de trafic surévaluées, le concessionnaire n’a pas pu faire face à ses engagements et réclame l’aide financière des pouvoirs publics français et espagnols.6. Le défi de l’eauLa région Languedoc-Roussillon a été pionnière en matière de gestion de la ressource en eau. Elle a créé un service public régional de l’eau et elle est propriétaire du réseau hydraulique régional depuis 2008. Ce réseau de canaux et de canalisations, développé depuis les années 1950 permet à la région de garantir la pérennité des activités agricoles ainsi que la couverture des besoins des résidents. Il est exploité par la société BRL dans le cadre d’une concession.Afin de s’adapter aux enjeux de la poursuite du développement démographique et du réchauffement climatique, le Conseil régional s’est engagé en 2012 dans un projet visant à acheminer l’eau du Rhône vers le Biterrois et le Minervois. Il s’agit du projet Aqua Domitia dont le coût est évalué à 140 millions d’euros et qui pèsera sur le budget régional.Les finances de la régionLes dépenses7. Un niveau d’investissement parmi les plus élevés de FranceLa région se caractérise par un niveau de dépenses par habitant légèrement supérieur à la moyenne nationale. En 2013, ces dépenses s’élèvent à 1,175 milliard d’euros, soit 437€ par habitant contre 419€ pour l’ensemble des régions françaises. Cette différence s’explique essentiellement par le choix de la mandature actuelle d’un haut niveau d’investissement. La région Languedoc-Roussillon se place en tête du classement sur ce point. La région a privilégié l’action économique et l’enseignement, en cohérence avec le contexte socio-économique régional qui se caractérise par une faiblesse du secteur industriel et un fort dynamisme démographique.La région a clairement fait le choix d’un haut niveau d’investissement sur la dernière mandature. Elle y a consacré 519 millions d’euros en 2013. Avec 193€ par habitant consacrés à l’investissement, la région arrive en tête du classement national (la Corse étant une collectivité à statut particulier, la comparaison avec elle ne s’avère pas pertinente).Elle se distingue en particulier par le montant élevé des dépenses d’équipement, 77€ par habitant, alors que la moyenne nationale se situe à 38€. Cette différence est la conséquence des politiques volontaristes menées par la région, par exemple en matière de service public de l’eau, mais aussi par la croissance démographique qui justifie la création de nouveaux lycées. Les dépenses d’investissement ont progressé de près de 30% depuis 2009.8. Priorité à l’éducation et au développement économiqueLes dépenses de fonctionnement par habitant sont moins élevées que la moyenne des régions françaises. Elles progressent toutefois plus rapidement : elles ont ainsi augmenté de 13% entre 2009 et 2013. La hausse des dépenses de fonctionnement ne s’explique pas par les charges de personnel, qui sont stabilisés depuis 2012.Ce sont les autres dépenses de fonctionnement (subventions, prestations de service, charges courantes) qui progressent. Parmi ces dépenses, on peut citer celles liées à la convention annuelle d’exploitation qui lie les régions à la SNCF. Elle s’élève en Languedoc-Roussillon à 106 millions d’euros pour 2014 et permet par exemple de financer des trajets à 1€ sur cinq lignes régionales.La région se distingue surtout par son niveau élevé d’intervention en matière de développement économique et d’enseignement.Avec 53€ par habitant consacrés à l’action économique (aide à l’innovation ou à l’investissement, soutien aux parcs d’activité ou aux pôles de compétitivité), la région dépense, proportionnellement à sa taille, 66% de plus que la moyenne nationale.En matière d’enseignement, la région dépense 20% de plus que la moyenne nationale. Les dépenses d’enseignement correspondent à l’équipement des lycéens (livres, moyens numériques) et à l’entretien des lycées.L’intervention de la région est également soutenue en matière de culture, de sport et de loisirs (+50% par rapport à la moyenne nationale) ou d’environnement (+70%), bien que ces domaines représentent des sommes faibles en proportion du budget régional.À l’inverse, la région Languedoc-Roussillon présente un niveau de dépenses plus faible que la moyenne nationale en ce qui concerne les charges de structure (services généraux, annuité de la dette) et l’aménagement du territoire (aide aux communes), qui ne font pas partie des compétences obligatoires des régions.Les recettesComme l’ensemble des régions, le Languedoc-Roussillon doit faire face à des contraintes importantes et nouvelles sur ses recettes. La région bénéficie toutefois de recettes complémentaires dynamiques pour réaliser des investissements.9. Des recettes fiscales atonesDepuis la modification du panier de recettes des régions en 2011, celles-ci ont très largement perdu leur autonomie fiscale, c’est-à-dire le pouvoir de fixer les taux et ainsi de maîtriser l’évolution de leurs ressources.Les recettes fiscales de la région stagnent. Elles se composent de la fiscalité directe (contribution sur la valeur ajoutée des entreprises - CVAE , imposition forfaitaire sur les entreprises de réseau - IFER), qui représente 249 millions d’euros en 2014, et de la fiscalité indirecte, c’est-à-dire principalement de la taxe intérieure sur la consommation de produits énergétiques (TIPCE).Les autres produits fiscaux, et notamment la taxe sur les cartes crises, augmentent légèrement en 2014 (+1%). Le taux fixé pour les cartes grises (44€ / cv) se situe dans le tiers le plus élevé au niveau national.10. Des dotations qui résistent malgré la baisse de la DGFLes dotations et subventions perçues par la région connaissent, hors dotation globale de fonctionnement (DGF), une progression exceptionnelle en comparaison des autres régions. De 2009 à 2013, le produit de ses dotations a augmenté de 15%.Cette tendance est la conséquence de plusieurs facteurs conjugués. Premièrement, la région bénéficie du mécanisme de récupération de la TVA sur ses investissements ; son niveau d’investissement élevé garantit le dynamisme de cette ressource. Deuxièmement, la région bénéficie fortement des fonds européens (FEDER), qui ont représenté 30 M€ de recettes en 2014 (programmation 2007-2013). Enfin, les politiques régionales dégagent des recettes complémentaires qui s’élèvent à 66 M€ en 2014 ; c’est le cas du remboursement des avances consenties aux entreprises ou de la commercialisation des surfaces des parcs régionaux d’activité.L’endettement11. Un endettement en forte augmentationL’encours de dette se situait au 31 décembre 2014 à 1,06 milliard d’euros, soit une hausse de 115% depuis 2009. Le niveau de dette par habitant – 385€ – est supérieur à la moyenne nationale, qui se situait à 307 € en 2013. Ce niveau d’endettement fait du Languedoc-Roussillon la 5ème région métropolitaine en termes de dette par habitant. Les dépenses consacrées au remboursement de la dette ont augmenté de près de 50% depuis 2009, conséquence directe de la politique mise en œuvre par la collectivité en matière d’investissement.12. Une situation financière qui demeure saineLa situation financière de la région reste toutefois maîtrisée grâce au maintien d’un haut niveau d’épargne et à des frais financiers modérés. À moyen et long terme, il sera toutefois impossible de maintenir une telle dynamique d’investissement sans dégrader les indicateurs financiers de la collectivité.13. Des frais financiers maîtrisésLes frais financiers associés à la dette s’élèvent à 24 millions d’euros en 2014, soit 2% de l’ensemble des dépenses de la région. Ces frais financiers sont stables sur les dernières années, la charge d’intérêt qui pèse sur la région semble donc maîtrisée.Cette situation s’explique principalement par le recours aux prêts bonifiés que la région peut mobiliser auprès d’institutions publiques pour réaliser de grands projets d’aménagement (banque européenne d’investissement et Caisse des dépôts et consignations) ; ils ont représenté 76% des nouveaux emprunts souscrits en 2014.Le Languedoc-Roussillon est peu exposé à un risque de remontée des taux du fait de la structure de son endettement, principalement souscrit auprès d’institutions publiques dans le cadre de prêts bonifiés.14. Une capacité de désendettement qui se dégrade mais un taux d’épargne toujours élevéLa capacité de désendettement, c’est-à-dire la durée nécessaire pour rembourser sa dette si la collectivité décidait d’y consacrer l’intégralité de son épargne, est un indicateur essentiel pour évaluer la santé financière d’une région. Pour le Languedoc-Roussillon cet indicateur s’élève à 4,6 années fin 2014, soit un niveau proche de la moyenne nationale et inférieur à la zone d’alerte.La capacité de désendettement s’est toutefois dégradée ces dernières années. Elle était de 1,9 année fin 2009. Cette dégradation a essentiellement pour origine l’augmentation du stock de dette et non la dégradation du niveau d’épargne de la collectivité, ce qui est un élément positif.Le taux d’épargne de la région Languedoc Roussillon, c’est à dire le rapport entre l’épargne et les recettes de fonctionnement, se situe à un niveau plus élevé que la moyenne nationale. Le maintien d’un tel taux d’épargne, dans un contexte de baisse des recettes de fonctionnement de la région, suppose un effort continu sur les dépenses de fonctionnement 26.11.2015 à 14h16 SommaireUne région peu peupléeUne population vieillissanteUn poids partiulier pour la fonction publique et l’agricultureUne performance économique nettement inférieure à la moyenne nationaleUn chômage moins élevé mais en plus forte croissanceUne pauvreté plus marquée qu’au niveau nationalUn poids important pour les dépenses de personnelForte réduction de l’investissementPriorité aux transportsRecul des recettes fiscalesHausse des dotationsUne dette élevée mais en faible progressionUne capacité de désendettement proche de la moyenne nationale Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région peu peupléeAvec 764 935 habitants au 1er janvier 2013, le Limousin est une région peu peuplée. Elle se situe au 21e rang des régions de France métropolitaine, devant la Corse.Région rurale (45% des habitants résident dans une commune rurale), le Limousin a connu dans la période récente une croissance démographique moins dynamique que la moyenne nationale. Entre 1999 et 2014, la population a crû d’environ 7%, contre plus de 9% pour la moyenne nationale.Deux phénomènes s’opposent : un solde naturel négatif (nombre de décès supérieur au nombre de naissances) d’une part,un solde migratoire important d’autre part, qui a permis à la population limousine de poursuivre sa croissance. Celle-ci a avant tout profité aux centres urbains, et notamment à la zone urbaine de Limoges, qui concentre la moitié de la croissance de la population.2. Une population vieillissanteLe Limousin est la région de France métropolitaine qui compte la part la plus importante de personnes de plus de 65 ans dans sa population : ceux-ci représentent en effet 23,1% de la population en 2011, niveau sensiblement supérieur à la moyenne nationale (17,2%).Ce vieillissement constitue un enjeu de politique publique important, en termes d’accès aux soins, d’hébergement, etc.3. Un poids partiulier pour la fonction publique et l’agricultureLe Limousin est marqué par une forte proportion de l’emploi dans le tertiaire non marchand (36,6% contre 31% en moyenne nationale). Ceci est notamment dû à l’importance de l’emploi public : les trois fonctions publiques représentent ainsi 25% de l’emploi limousin, contre 21% en moyenne dans la France de province. L’explique notamment le nombre élevé de structures d’accueil pour personnes handicapées et pour personnes âgées, conséquence du vieillissement de la population.La prépondérance du tertiaire non marchand se retrouve également dans la décomposition de la valeur ajoutée : il représente 32% de la valeur ajoutée régionale, contre 23% en moyenne en France.L’agriculture est également comparativement plus représentée dans le Limousin que sur l’ensemble du territoire. En 2013, ce secteur représente 5,2% de l’emploi régional, contre 2,5% au niveau national.Economie : structure et dynamiques4. Une performance économique nettement inférieure à la moyenne nationaleLe PIB régional du Limousin s’élève à 17,7 Md€, soit 0,9% du PIB national. Le Limousin est ainsi l’avant-dernière région métropolitaine, avant la Corse, en termes de PIB.Ramené à la population, le PIB s’élève à 24 061 €, niveau lui aussi nettement inférieur à celui enregistré en France métropolitaine hors région Ile-de-France (27 856 €). Cette situation résulte d’une croissance économique durablement plus faible que la moyenne française.Par ailleurs, le PIB par habitant a enregistré dans le Limousin une décrue dans les années récentes : il a ainsi baissé de 0,2 % entre 2000 et 2013 quand, dans la même période, le PIB par habitant national progressait de 0,5% (0,3% hors Île-de-France).Cette moindre performance peut s’expliquer par la structure de l’économie limousine, spécialisée sur le secteur tertiaire non marchand et sur une agriculture peu rémunératrice – selon le Ministère de l’agriculture, le revenu des exploitants limousins est inférieur de moitié à la moyenne nationale.Cet écart de croissance s’est davantage creusé dans la période récente sous l’effet de la crise économique. Le Limousin a ainsi connu un repli de son PIB de 3% entre 2008 et 2011 alors que l’évolution du PIB national a été positive sur cette même période.Cette évolution témoigne d’un certain décrochage de la région Limousin par rapport à l’évolution globale de l’économie française.5. Un chômage moins élevé mais en plus forte croissanceEn termes de taux de chômage, la situation est plus favorable dans le Limousin que dans le reste de la France : le taux de chômage s’établit ainsi à 9,0% en 2014, contre 9,8% en moyenne nationale.Néanmoins, la croissance du chômage a été plus dynamique dans le Limousin qu’au niveau national : le taux de chômage a ainsi crû de 2,6 points entre 2000 et 2014 contre 1,7% en France.6. Une pauvreté plus marquée qu’au niveau nationalLa pauvreté est plus importante dans le Limousin que dans le reste de la France. Le taux de pauvreté s’élève ainsi à 15,4% de la population fin 2012, contre 14,3% en moyenne nationale.La pauvreté touche plus sensiblement les personnes âgées : 14,8% des plus de 75 ans se situent ainsi sous le seuil de pauvreté, contre 10,2% en moyenne nationale.Les finances de la régionLes dépensesConformément à la volonté affichée de maîtriser ses dépenses, la région Limousin les a réduites de 3,7% entre 2009 et 2013. Les dépenses de fonctionnement ont augmenté (+7,1%), certes dans des proportions moindres que la moyenne nationale, mais ce sont les dépenses d’investissement qui supportent ce repli (- 20,4% sur la période, hors dette).7. Un poids important pour les dépenses de personnelLes dépenses totales de la région Limousin s’élèvent à 400 millions d’euros en 2013, soit 523€ par habitant, contre 551 en 2009. Même s’il enregistre un recul sensible (-5,1%), ce montant reste supérieur à la moyenne des régions métropolitaines françaises (420€ par habitant).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont enregistré une croissance de 7,1% dans la région Limousin, croissance inférieure à la moyenne française (+8,4%). Les frais de personnel ont, eux, connu une hausse de 9% entre 2009 et 2013, soit une progression inférieure à la moyenne nationale (+12,2% sur la période).Les dépenses de personnel de la région représentent 18,6% des dépenses de fonctionnement totales, soit un niveau supérieur à celui constaté dans les autres régions (16,9% en moyenne), et 13,9% des dépenses totales, contre 10,6% en moyenne dans les régions métropolitaines.Les charges d’intérêts de la dette ont enregistré une progression proche du niveau constaté dans les autres régions (+49% contre +45%).8. Forte réduction de l’investissementLe repli des dépenses s’explique pour la plus grande partie par le recul des dépenses d’investissement hors dette : -20% entre 2009 et 2013, niveau largement supérieur au repli constaté au niveau national (autour de 7%). Cette baisse des dépenses a concerné l’ensemble des composantes de l’investissement. L’équipement brut a ainsi reculé de 38,5% entre 2009 et 2013, les subventions versées, de 12,7%.Au total, en 2013, l’investissement hors dette représente 85,2 millions d’euros, soit 21,3% des dépenses totales, contre une moyenne nationale de 30%. Les dépenses d’investissement représentent 111,4€ par habitant, contre une moyenne nationale de 129,2€.9. Priorité aux transportsEn 2013, le transport représente le premier poste de dépenses de la région, avec 23,8% des dépenses totales. Cette part était de 18,4% en 2009, soit une augmentation de 25% sur la période.Parallèlement, d’autres domaines voient leurs crédits réduits : l’enseignement (-17,4% sur la période), l’action économique (-16,1%) et les services généraux (-4,5%).Malgré cette baisse, les services généraux représentent toujours une part des dépenses totales plus importante que dans les autres régions : 10,8% en 2013, contre 7,6% en moyenne nationale. L’action économique également, à 11,0% dans le Limousin contre 7,0% en moyenne française.Les recettes10. Recul des recettes fiscalesLes recettes de la région Limousin s’élèvent à 392,5 millions d’euros en 2013, en baisse de 4,3% par rapport à 2009. Les recettes fiscales reculent alors que les recettes non fiscales progressent.Les recettes fiscales ont baissé de 2,1% entre 2009 et 2013. Elles s’élèvent aujourd’hui à 166,9 millions d’euros et représentent 42,5% des recettes totales, niveau inférieur à la moyenne des régions métropolitaines (45,7%). Cette baisse de la fiscalité s’explique avant tout par la baisse de la fiscalité directe (CVAE et IFER), de 19,5% sur la période, causée par les performances économiques dégradées de la région.11. Hausse des dotationsLes dotations et subventions reçues par la région sont en hausse entre 2009 et 2013 : +12,4%. Elles représentent 200,7 millions d’euros.Au sein de ces transferts, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,2% sur cette période, niveau supérieur à l’augmentation constatée pour l’ensemble des régions métropolitaines (+0,8%).D’une manière générale, la hausse des dotations de fonctionnement (de 158,6 millions en 2009 à 187,8 millions d’euros en 2013) fait plus que compenser la baisse des dotations d’investissement, et notamment la baisse du fonds de compensation de la TVA (FCTVA, fonds qui compense la TVA payées par les collectivités sur leurs investissements), dans un contexte de baisse de l’investissement régional (-20,4% sur l’investissement hors dette entre 2009 et 2013).L’endettementLa dette de la région Limousin est d’un niveau relativement élevée mais connaît une augmentation nettement moins rapide que celle des autres régions. Les charges d’intérêts sont en faible augmentation. Sa capacité de désendettement est proche de la moyenne nationale et la dette est soutenable.12. Une dette élevée mais en faible progressionLa dette de la région a peu augmenté entre 2009 et 2013, passant de 228,4 à 245 millions d’euros, soit une hausse de 7,3% sur la période. Cette hausse est très inférieure à la moyenne constatée dans les régions métropolitaines (+30% entre 2009 et 2013).Néanmoins, rapportée à la population, elle se situe à un niveau supérieur à la moyenne : 320,3€ par habitant en 2013, contre 303€ dans les régions métropolitaines, soit un écart de 17€.Cet écart tend à se réduire, puisqu’en 2009 le niveau de dette par habitant était de 303€ contre 238 € en métropole, soit un écart de 65 €.Le Limousin consacre 15,4 millions d’euros au remboursement de la dette chaque année, niveau en diminution par rapport à 2009 (28,6 millions d’euros).La faible augmentation de la dette entre 2009 et 2013 s’est accompagnée, dans la région Limousin, d’une faible augmentation de la charge d’intérêts : 9 millions d’euros en 2013, contre 6 millions en 2009, soit une augmentation comparable à celle de la moyenne nationale.13. Une capacité de désendettement proche de la moyenne nationaleLa capacité de désendettement, qui mesure le nombre d’années nécessaires au remboursement intégral de l’encours de dette si l’intégralité de l’épargne brute de la région y était consacrée, s’élève à 4,1 années pour le Limousin en 2013. Ce niveau est stable par rapport à celui constaté en 2009 (4,1 également).Il est dans la moyenne constatée en métropole (4,0 années). Là encore, l’écart s’est réduit : en 2009, il était de 1,2 année (4,1 années pour le Limousin contre 2,9 en moyenne nationale) ; il n’est plus que de 0,1 année en 2013. 26.11.2015 à 12h51 • Mis à jour le26.11.2015 à 13h33 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré. M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’oppositionChef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Au cœur de Moscou, l’ambassade de Turquie ressemble à un champ de bataille avec ses vitres brisées à coups de pierres, sa façade maculée d’œufs et ces messages furieux accrochés par dizaines aux barrières de sécurité : « Turquie complice des terroristes », « Turquie = Etat islamique », « Erdogan Laden ! »Au lendemain de la destruction, mardi 25 novembre, d’un bombardier russe SU-24 par des avions de chasse turcs à la frontière turco-syrienne et de la mort de l’un des pilotes et d’un autre soldat russe lors de l’opération de sauvetage pour tenter de récupérer l’équipage de l’avion de combat, les Russes ont laissé libre cours à leur ressentiment. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant l’ambassade, sans que la police intervienne. Et l’expression « coup dans le dos » s’est répandue partout.Prononcés par Vladimir Poutine pour commenter l’incident aérien, le plus grave jamais survenu entre la Russie et un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), ces quelques mots s’étalaient à l’ouverture du journal télévisé de la première chaîne russe, mercredi soir. Ils figurent sur toutes les pancartes, inondent les réseaux sociaux. Ils alimentent toutes les représailles, tandis que sur Internet se multiplient les appels au boycott des produits turcs.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« La guerre contre les tomates turques »Dans la région d’Oulianovsk, à quelque 900 kilomètres à l’est de Moscou, le drapeau turc qui flottait sur une usine de bière a été arraché, traîné dans la boue, et remplacé par le drapeau russe et par un autre, avec l’emblème des parachutistes. Les douanes, elles, ont entrepris un contrôle « 100 % » des produits d’importation turcs.La mesure, très vite appliquée, n’était jusqu’ici pas officielle. Elle l’est devenue, jeudi 26 novembre au matin, avec l’annonce par le ministère de l’agriculture de l’instauration d’inspections sur les produits agricoles et alimentaires en provenance de Turquie.Lire aussi :Les premières sanctions russes contre la Turquie visent les biens alimentaires et agricolesC’est l’arme préférée des autorités russes, qui l’utilisent quasi systématiquement dès que des tensions apparaissent avec un pays — de l’Ukraine aux Etats-Unis, avec les contrôles sur les McDonald’s, beaucoup l’ont déjà expérimentée.Cité dans un communiqué, le ministre de l’agriculture, Alexandre Tkatchev, a évoqué « des violations répétées des normes russes par les producteurs turcs ». En cas d’embargo, a-t-il assuré à la télévision, la Russie pourrait se passer de leurs produits, « nous remplacerons les importations de légumes, surtout des tomates, par d’autres pays, l’Iran, le Maroc, Israël, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan ». « La guerre contre les tomates turques », titrait jeudi le journal en ligne Gazeta.ru, qui rappelait qu’un quart des fruits et légumes en Russie sont d’origine turque.Des réservations pour la Turquie annuléesLes sanctions économiques prennent d’autres formes. Avancée pour des raisons « de sécurité » par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans les heures qui ont suivi la destruction du SU-24, la menace de priver la Turquie de la manne que représente pour elle le tourisme a été mise à exécution.Mercredi, l’un des plus grands tour-opérateurs russes, Pegas Touristik, a annulé d’un coup toutes ses réservations vendues pour la Turquie jusqu’au 29 décembre. Ses clients ont été invités à se reporter sur d’autres destinations. D’autres agences ont fait de même.Or, l’attraction de la Turquie, qui fait partie des destinations privilégiées des Russes pour leurs vacances — quatre millions d’entre eux s’y rendent chaque année — s’était renforcée après l’annulation de tous les vols vers l’Egypte à la suite de l’attentat, le 31 octobre, contre un charter russe au-dessus du désert du Sinaï.Désormais, même les clubs de football russes, dont les joueurs vont régulièrement s’entraîner en Turquie, s’y mettent. Plusieurs d’entre eux, comme les clubs de Kouban Krasnodar ou d’Oufa se sont décommandés « en raison de la situation politique compliquée ».Invoquant des risques « terroristes », le ministère des affaires étrangères russe a de son côté appelé les Russes actuellement en Turquie à rentrer.« En raison de l’actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie. »Lire aussi :La tension entre la Russie et la Turquie complique la lutte contre l’Etat islamiqueIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Eric Albert (Londres, correspondance) L’austérité serait-elle évitable ? En renonçant, contre toute attente, à son plan de réduction drastique des allocations (tax credits) versées aux ménages les plus modestes, le gouvernement britannique a, mercredi 25 novembre, semblé donner raison aux Lords, qui s’étaient rebellés contre cette mesure, et même à Jeremy Corbyn, le chef du Labour, qui avait fait de l’annulation de ce plan son cheval de bataille.Devant les députés, le chancelier de l’Echiquier (ministre des finances), George Osborne, a annoncé un fort allégement de ses coupes budgétaires. Ses prévisions pour les cinq prochaines années laissent presque entièrement de côté la rhétorique habituelle sur l’austérité. « Il y a cinq ans, notre travail était de sauver la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, c’est de [la] reconstruire », a-t-il déclaré. « Un demi-tour complet »L’annonce la plus spectaculaire est l’annulation des coupes dans les allocations. En juillet, M. Osborne avait programmé une baisse de 4,4 milliards de livres sterling (6,1 milliards d’euros) des aides aux personnes modestes ayant un emploi. Plus de 3 millions de foyers devaient perdre en moyenne 1 100 livres (1 560 euros) d’aides annuelles. Le 26 octobre, la Chambre des lords est sortie de son habituelle réserve et a rejeté la mesure. Quelques conservateurs ont même ajouté leurs voix à celles des travaillistes, qui ont demandé à M. Osborne de « faire un demi-tour complet ». C’est chose faite. Mercredi, M. Osborne n’a pu qu’admettre sa défaite. « J’ai écouté ces inquiétudes, a-t-il déclaré. Je les ai entendues et je les comprends. »Les conservateurs se posent en « représentants majoritaires de la population qui travaille ». Bras droit de M. Corbyn, le travailliste John McDonnell a qualifié de « fiasco » la volte-face de M. Osborne et déclaré que la population se sentait « totalement trahie » par l’austérité. Pour protester contre des privatisations opérées au bénéfice d’entreprises chinoises et railler les courbettes de M. Osborne à l’égard de Pékin, M. McDonnell a brandi, dans l’enceinte de la Chambre des communes, le Petit Livre rouge de Mao, déclenchant un tollé parmi les députés tories.M. Osborne a aussi annoncé une nouvelle « priorité » : résoudre la crise du logement, obsession des Britanniques qui souffrent du manque d’habitations et de la hausse astronomique des prix. Le ministre des finances ne donne pas de coup de pouce au logement social locatif mais, fidèle à la tradition thatchérienne, il annonce un budget de 2,3 milliards de livres pour financer la construction privée de maisons destinées aux primo-accédants à la propriété.Malgré cette concession sur les tax credits, le chancelier de l’Echiquier conserve son objectif de ramener les dépenses de l’Etat à 36 % du PIB, contre 45 % en 2010. Il garde en ligne de mire la baisse du déficit. Ce dernier s’élevait à 5,1 % du PIB l’an dernier (d’avril 2014 à mars 2015) et doit passer à 3,9 % cette année. Un excédent doit être dégagé à partir de 2019-2020, de + 0,3 % du PIB.A ces fins, les dépenses sociales vont être amputées de 12 milliards de livres et certains ministères mis au régime sec. A quelques jours de l’ouverture, à Paris, de la conférence de l’ONU sur le climat, M. Osborne a annoncé une baisse de 37 % des crédits du ministère des transports et de 22 % de celui de l’« énergie et du changement climatique ». Les attentats de Paris l’ont, en revanche, conduit à sanctuariser le budget de la police, initialement menacé. « C’est le moment, a-t-il argué, de soutenir notre police et de lui donner les outils nécessaires à son travail. » Vision optimisteSur les cinq dernières années, les coupes budgétaires se sont élevées à plus de 100 milliards de livres (140 milliards d’euros). Les dépenses courantes par ministère (hors aides sociales et hors investissement) ont baissé de 2 % par an en valeur réelle en moyenne.M. Osborne voudrait poursuivre ce régime minceur très strict. Il prévoit des baisses de 0,8 % par an en valeur réelle jusqu’en 2020. Mais le ministre des finances peine désormais à trouver de nouvelles économies, d’autant qu’il a déjà multiplié les promesses. Pour rassurer les électeurs, il s’est engagé à ne pas réduire les dépenses de santé, d’éducation, de défense, d’aide internationale… Au total, les trois quarts des dépenses courantes du budget de l’Etat ne peuvent pas être touchés.Reste un étonnant tour de passe-passe. Car comment maintenir un objectif d’excédent budgétaire pour 2020 tout en réduisant les économies ? L’explication vient d’une vision plus optimiste de l’avenir. Les prévisions de croissance ont été légèrement revues à la hausse, à 2,5 % par an. Quant aux recettes fiscales, qui n’ont pas vraiment suivi jusqu’à présent malgré la reprise, elles devraient enfin commencer à remplir les caisses de l’Etat, promet le gouvernement. Parallèlement, les taux d’intérêt demeurent plus bas que prévu, si bien que le coût de la dette est réduit.Au total, selon les prévisions officielles, ces trois facteurs devraient permettre, d’ici à 2020, de dégager 27 milliards de livres de plus que le montant estimé en juillet. « Cela signifie qu’il est possible d’emprunter moins, d’investir plus et de lisser la consolidation budgétaire », expliquent les documents présentant ces prévisions. S’il y a un lapin dans le chapeau de George Osborne, il s’appelle « reprise économique ».Lire aussi :Le programme à gauche toute du nouveau gouvernement portugaisPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Ridet (Rome, correspondant) Cela commence à s’entendre. Alors que deux journalistes, ressortissants italiens, sont jugés depuis le 24 novembre pour « vol et divulgation d’informations confidentielles » devant le tribunal du Vatican – dont la législation ne contient aucun article sur la liberté de la presse –, ni le premier ministre, Matteo Renzi, ni le Président de la république, Sergio Mattarella, ni aucun ministre n’ont émis à cette heure la plus petite protestation.Les deux journalistes, Gianluigi Nuzzi et Emiliano Fittipaldi sont poursuivis pour avoir révélé, dans deux livres sortis le même jour (Chemin de croix, éd. Flammarion, et Avarizia, éd. Feltrinelli), les dessous pas très nets des finances en « quasi-faillite » du plus petit Etat du monde. Des informations obtenues par des sources internes au Saint-Siège, et non démenties.Lire aussi :Le Saint-Siège secoué par un nouveau « VatiLeaks »Mercredi matin, au lendemain de la première audience, Gianluigi Nuzzi a envoyé un SMS ainsi rédigé au chef du gouvernement : « Président, le silence de tout le gouvernement sur un procès attenté à deux journalistes italiens dans un Etat étranger est surprenant ». « J’ai peut-être été arrogant, explique-t-il au Monde, mais j’ai senti que je devais le faire ». Aucune réponse ne lui était parvenue mercredi. « Ici, ce n’est pas comme en France, nous avait-il expliqué lors d’un précédent entretien. L’Etat n’est pas véritablement laïque. Nous avons le Vatican dans notre ADN. » Dans un article publié par le quotidien La Stampa, Luigi La Spina trace un parallèle, « douteux » précise-t-il, avec la situation de deux fusiliers marins retenus depuis 2012 en Inde pour meurtre, et pour lesquels tous les gouvernements se sont démenés afin d’obtenir leur libération. « Pourtant, écrit-il, le sort de deux journalistes devrait alerter le gouvernement. » Cet appel aussi est resté vain, comme si personne au sein des institutions de la République italienne n’avait le courage de demander ne serait-ce qu’une explication pour ne pas froisser le Saint-Siège.Lire aussi :Au Vatican, « le pape lui-même est vu comme un intrus »À ce jour, seuls les associations de journalistes, ou les directeurs de grands médias ont affiché leur solidarité avec leurs confrères poursuivis comme s’il ne s’agissait que d’une affaire interne à la profession. Mais à leur protestation s’ajoutent désormais celles des avocats italiens. En effet, Gianluigi Nuzzi et Emiliano Fittipaldi n’ont pu se faire assister par leurs défenseurs de confiance. Ils ont été contraints d’en choisir un parmi la petite liste des avocats autorisés à plaider devant les juridictions ecclésiastiques. Précision : ces derniers doivent être rigoureusement catholiques et de bonne réputation. Pour autant, ils n’ont pu avoir accès au dossier de leurs clients qu’à la veille de la première audience. « Nous avons épluché les pièces jusqu’à deux heures du matin », écrit Emiliano Fittipaldi dans le quotidien La Repubblica, où il tient la chronique de son procès. On peut aussi lire dans son compte rendu ce petit aparté entre l’auteur de Avarizia et un de ses rares confrères accrédités, pendant une interruption d’audience : « Alors que je m’étonnais que, ici, les droits de la défense n’étaient pas respectés, un vaticaniste m’a remis en place : “Tu te trompes Fittipaldi, c’est un procès NORMALISSIMO !” Peut-être, mais je peux lire cependant un peu d’inquiétude sur le visage de mon avocat, habitué à ferrailler avec les juges de la Rote romaine pour faire annuler des mariages et défendre les auteurs de larcins dans le supermarché du Vatican. Cette fois, il s’agit d’une situation inouïe. »Le procès reprendra lundi au rythme de deux audiences par jour s’il le faut. Tout doit être terminé quand commencera, le 8 décembre, le jubilé de la Miséricorde afin de ne pas brouiller le message du pape François. « Je me dis que si la justice italienne était aussi expéditive, écrit encore Emiliano Fittipaldi, il y aurait moins de procédures enlisées. Mais à tout prendre, je me demande si je ne la préfère pas encore à celle du Vatican. » Gianluigi Nuzzi et Emiliano Fittipaldi encourent une peine de quatre à huit ans de prison.Lire aussi :« Vatileaks » : 5 personnes inculpées par la justice du VaticanPhilippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Une fois n’est pas coutume : le dîner informel entre Angela Merkel et François Hollande, mercredi 25 novembre à l’Elysée, est précédé d’une série de déclarations de la part de leurs ministres, pas toujours coordonnées avec celles des deux dirigeants. La chancelière allemande et le président français, quant à eux, chercheront à rapprocher une nouvelle fois leurs vues sur la lutte contre le terrorisme, la crise des migrants ainsi que, dans une moindre mesure, les négociations climatiques à quatre jours de l’ouverture de la COP21. Mais en réalité, face aux défis du moment, chacun poursuit des priorités différentes : l’accueil des réfugiés pour la première  ; la guerre contre le terrorisme pour le second.La cohésion entre la France et l’Allemagne est mise à rude épreuve par la succession des crises. En prélude au dîner au sommet, Manuel Valls a d’ailleurs appelé à ce que l’Europe ferme ses portes aux migrants. «  L’Europe doit dire qu’elle ne peut plus accueillir autant de migrants, ce n’est pas possible  », a martelé le premier ministre lors d’une rencontre avec la presse européenne. « Le contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne est essentiel pour son futur. Si nous ne le faisons pas, alors les peuples vont dire  : ça suffit, l’Europe  !  », a-t-il ajouté, dans des propos qui marquent un durcissement de la position française, déjà réputée pour son extrême réserve à l’égard des migrants.Négocier des contingents de réfugiésOr, ce que Berlin souhaite, c’est plutôt de négocier avec la Turquie des « contingents » de réfugiés syriens qui pourraient venir « légalement » en Europe – donc sans avoir à payer des passeurs – et qui seraient ensuite répartis dans l’Union européenne. Un des objectifs avoués est de diminuer le nombre de réfugiés en Allemagne, même si Angela Merkel refuse de fixer une « limite ». A Paris, l’Elysée reconnaît que l’Allemagne, la Suède et l’Autriche sont au maximum de leurs capacités et confirme que l’objectif est bien de parvenir à réduire les flux de réfugiés. Mais la position de l’entourage du président français semble moins catégorique que celle de Matignon.Lire aussi :Angela Merkel revient sur sa politique d’ouverture aux réfugiésPar ailleurs, la ministre de la défense allemande, Ursula von der Leyen, a confirmé que son pays s’apprêtait à envoyer au Mali jusqu’à 650 soldats, afin de participer à la lutte contre les mouvements djihadistes  dans cette partie de l’Afrique. Après l’attentat de Bamako, vendredi 20 novembre, cet engagement est une façon d’alléger l’implication de la France dans la région, à l’heure où celle-ci veut concentrer ses efforts sur la lutte contre l’organisation Etat islamique. Actuellement, seuls une dizaine de soldats allemands participent à cette mission.Divergence de vues sur la SyrieL’Allemagne pourrait-elle également s’engager davantage aux côtés de la France en Syrie ? Officiellement rien n’est exclu, à part l’envoi de troupes au sol. Mais, alors que la France met en avant « la guerre » contre l’EI, Angela Merkel rappelle – elle l’a encore fait ce mercredi matin au Bundestag – que la solution en Syrie est d’abord « politique ». Une différence d’approche avec l’Elysée qui n’est pas que sémantique, même si la chancelière devrait affirmer ce soir sa pleine solidarité avec la France dans l’épreuve, onze jours après les attentats de Paris.Lire aussi :Angela Merkel refuse de se voir en cheffe de guerreC’est pour éviter que le fossé se creuse davantage entre les deux pays que le vice-chancelier allemand, chef du parti social-démocrate, et ministre de l’économie Sigmar Gabriel, et son homologue français, Emmanuel Macron, ont proposé mardi de lancer un fonds de dix milliards d’euros sur trois ans afin de… lutter contre le terrorisme et d’aider les réfugiés. Une façon habile de lier les deux sujets et de favoriser les convergences entre les deux pays.«  Il y a un risque politique que nos peuples et nos gouvernements traitent ces sujets séparément  », a expliqué Emmanuel Macron pour justifier cette proposition-surprise . Les deux ministres, qui s’étaient vus à Paris le 20 novembre, ont émis cette suggestion à Berlin, à l’occasion d’une rencontre annuelle du BDA, le patronat allemand.Cette initiative «  est une contribution au débat  », a commenté sobrement l’Elysée. En Allemagne, l’entourage d’Angela Merkel la juge « intéressante », surtout si ce fonds sert également à aider les voisins de la Syrie qui hébergent de nombreux réfugiés. A commencer par la Turquie.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.11.2015 à 10h57 Editorial du Monde. Recep Teyyip Erdogan empoche un beau succès personnel. Le président turc voulait continuer à gouverner son pays en autocrate plus ou moins éclairé. Il en a, à nouveau, les moyens. Sa formation islamo-conservatrice, l’AKP, a très nettement remporté les élections législatives du dimanche 1er novembre. Elle obtient la majorité au Parlement et permettra à M. Erdogan de rester le maître d’une Turquie qu’il dirige de façon de plus en plus autoritaire – et, bien souvent, inquiétante.Ce résultat va peser lourd sur l’évolution de la guerre en Syrie, sur une crise des réfugiés qui s’installe dans la durée et, enfin, sur les relations de ce pays membre de l’OTAN avec ses partenaires européens, au moment précis où ils ont plus que jamais besoin de la Turquie.Elu président en 2014, M. Erdogan n’était pas satisfait du résultat des dernières élections générales, en juin. Pour la première fois depuis 2002, l’AKP avait perdu la majorité absolue. Elle était condamnée à gouverner en coalition. Le président s’y est refusé. Il a convoqué un nouveau scrutin et, contrairement à la lettre de la Constitution, mené lui-même une campagne conduite d’un bout à l’autre sur un seul registre : la stratégie de la tension.La guerre avec les autonomistes armés du PKK kurde – organisation considérée comme terroriste par l’UE et les Etats-Unis – a été relancée avec l’intention de séduire une partie de l’électorat de la droite ultranationaliste. Les militants de l’AKP ont vandalisé plusieurs centaines de permanences d’une formation kurde modérée (le HDP, le Parti démocratique du peuple), qui avait réalisé une percée spectaculaire en juin. Plus grave, des rassemblements du HDP ont été la cible de deux attentats, qui ont fait plus d’une centaine de morts, en général attribués à des cellules djihadistes.Le président a donné le ton en qualifiant ses adversaires de traîtres ou de terroristes. Sa stratégie a payé. Dans ce climat de peur, les électeurs turcs – y compris parmi les Kurdes – ont voté pour la stabilité. Avec un peu plus de 49 % des voix, l’AKP retrouve la majorité absolue (316 sièges sur 550). Qu’il réussisse ou non à faire changer la Constitution – passer d’un système parlementaire à un régime présidentiel –, M. Erdogan a les moyens de poursuivre une dérive amorcée il y a ou trois ou quatre ans : l’exercice d’un pouvoir de plus en plus personnel. Pour lui, la démocratie se résume aux élections : le vainqueur a le droit de mettre au pas tous les contre-pouvoirs, qu’il s’agisse des élus, de la justice ou de la presse – tous intimidés, malmenés, voire persécutés.Le patron de l’AKP se retrouve à la tête d’un pays de 75 millions d’habitants qu’il a contribué à polariser chaque jour davantage et dont la moitié de la population lui est farouchement opposée : laïcs contre religieux, Turcs contre Kurdes, sunnites contre alévites, élites urbanisées contre conservateurs du plateau anatolien. Ce paysage politique fragmenté est encore fragilisé par une situation économique des plus médiocres et par un environnement extérieur dominé par la guerre en Syrie.Loin d’être le pôle de stabilité qu’elle a pu être, durant les deux premiers mandats de l’AKP, la Turquie d’Erdorgan présente le profil d’un pays largement déstabilisé sous l’effet cumulé des choix politiques de son président et du chaos proche-oriental. Obnubilée par la question kurde, sera-t-elle un partenaire sérieux dans la lutte contre l’Etat islamique ? Volontiers irascible, et parfois imprévisible, M. Erdogan peut-il contribuer à la rechercher d’une issue politique en Syrie ? Rien n’est moins sûr.L’UE est la première concernée. Elle a besoin de la Turquie pour freiner, voire enrayer l’exode des réfugiés de Syrie. Plus de deux millions d’entre eux ont été généreusement accueillis par les Turcs. Les Européens sont prêts à toutes les concessions pour qu’Ankara continue à les héberger et contribue à empêcher une migration sauvage qui s’est encore traduite, ces derniers jours, par des dizaines de noyades.M. Erdogan est en position de force. Mais jusqu’où faut-il lui céder, s’il s’obstine à diriger la Turquie en autocrate aussi agressif à l’intérieur qu’à l’extérieur ? Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Contre toute attente, le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) a remporté les élections législatives de dimanche 1er novembre en Turquie, regagnant la majorité parlementaire perdue lors du précédent scrutin du 7 juin. Les principaux instituts de sondage, prompts à prédire à l’AKP un score médiocre (entre 37 et 43 %) se sont fourvoyés.Gratifiée de 49,3 % des suffrages, la formation du président Recep Tayyip Erdogan enverra 316 députés au parlement (sur 550), assez pour gouverner seule, trop peu, en revanche, pour modifier la Constitution dans le sens du régime présidentiel fort voulu par le chef de l’Etat. Ce résultat est un triomphe pour M. Erdogan, dont le parti récupère, en un tournemain, les 3 millions de voix qui lui avaient échappé en juin. « Aujourd’hui est un jour de victoire pour la démocratie », a déclaré le premier ministre sortant et chef de l’AKP, Ahmet Davutoglu, depuis sa ville natale de Konya au centre de l’Anatolie, où il s’est recueilli sur le tombeau du poète soufi Jalal Ud Din Rumi (1207-1273), adepte de la tolérance. « Aujourd’hui, il n’y a pas de perdants, que des gagnants », a-t-il précisé à l’adresse de ses rivaux.Le parti kurde se maintient in extremisSelon des résultats quasiment définitifs, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) arrive en deuxième position avec 25,4 % des voix, un résultat semblable à celui de juin (25 %). Les deux grands perdants du scrutin sont le Parti de l’action nationaliste (MHP, droite nationaliste) et le parti de la Démocratie des peuples (HDP, gauche prokurde) qui cèdent respectivement 4 et 3 points par rapport à leur score de juin. Doté de 10,4 % des suffrages, le HDP a franchi in extremis le seuil nécessaire pour être représenté au parlement avec 56 députés.Son score a été inférieur à celui de juin dans toutes les villes du sud-est à majorité kurde, à l’exception d’une seule ville, Sirnak. Dénonçant « une élection ni équitable, ni juste », le coprésident du parti prokurde Selahattin Demirtas a rappelé qu’il avait préféré renoncer aux rassemblements électoraux après le double attentat suicide perpétré contre des manifestants pacifiques, dont beaucoup de militants du HDP, à Ankara le 10 octobre, qui a fait 102 morts.Lire aussi :Elections turques : à Diyarbakir, la majorité kurde dénonce des intimidationsAlors que la campagne électorale était inexistante dans la rue, l’AKP a tiré parti de sa position au pouvoir en multipliant les apparitions à la télévision. Rien qu’en octobre, M. Erdogan a bénéficié de 29 heures de temps d’antenne sur la chaîne TRT, et de 30 heures pour son parti, contre cinq heures pour le CHP, une heure et dix minutes pour le MHP, dix-huit minutes pour le HDP.La reprise des affrontements avec le PKKEntre le 7 juin et le 1er novembre, le HDP a perdu un million de voix, celles des conservateurs. Les rigoristes religieux et les chefs de clans qui s’étaient laissés séduire par le discours novateur et pacifiste du HDP en juin, ont décidé, cinq mois plus tard, de revenir vers l’AKP, pour lequel ils avaient toujours voté par le passé.La reprise des affrontements entre les séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie) et les forces turques, n’est sans doute pas étrangère à ce choix. En revendiquant l’assassinat de deux policiers turcs à Ceylanpinar (frontière turco-syrienne), le 22 juillet, le PKK a mis le feu aux poudres. Au moment où le HDP gagnait en légitimité, fort de son bon score (13 %) aux législatives de juin, la rébellion kurde tombait dans le piège tendu par l’AKP, celui du recours à la violence. La rhétorique du tandem au pouvoir – le président Erdogan et son premier ministre, Ahmet Davutoglu –, prompt à présenter le HDP comme une succursale du PKK, a fait le reste.Un discours de menaces et de terreurDeuxième bon point pour M. Erdogan : la chasse lancée sur les terres des nationalistes du MHP s’est révélée payante. En déclarant « la guerre jusqu’au bout » contre les rebelles kurdes, en bombardant leurs positions en Turquie et dans le nord de l’Irak, le président turc s’est acquis la sympathie de la droite nationaliste, farouchement opposée à toute concession envers la minorité kurde. Son discours de chef à poigne, capable de mener une guerre « synchronisée » contre l’organisation Etat islamique (EI) et contre le PKK, a flatté l’imaginaire de la droite nationaliste.Enfin, le retour en grâce des islamo-conservateurs prouve que les discours de menace distillés par le président et son premier ministre ont été compris. Après l’attentat de Daglica perpétré le 6 septembre par le PKK contre un convoi de soldats turcs (16 morts), les locaux du quotidien Hürriyet ont été attaqués à deux reprises par une foule déchaînée, emmenée par le député de l’AKP Abdurahim Boynukalin. La foule reprochait au journal d’avoir rapporté que Recep Tayyip Erdogan avait déclaré : « Ça ne se serait pas passé ainsi si vous m’aviez donné 400 députés ».Lire aussi :Elections législatives en Turquie : Recep Tayyip Erdogan, ou la dérive autoritaire du président turcEntre le 8 et le 9 septembre, des équipées punitives ont eu lieu de nuit dans plusieurs villes de Turquie contre les bureaux du HDP. Dans la foulée, des centaines de commerces tenus par des Kurdes ont été ravagés, parfois même incendiés. Dans le quartier stambouliote de Besiktas, des manifestants scandaient : « Nous ne voulons pas d’opérations militaires [contre les rebelles du PKK], nous voulons des massacres. »Récemment, lors d’une tournée électorale à Van (Est), le premier ministre, Ahmet Davutoglu, a mis en garde contre « le retour des Renault 12 blanches », le type de voitures utilisées par les escadrons de la mort à la fin des années 1990 pour enlever et faire disparaître les Kurdes soupçonnés de sympathies envers le PKK. « Les forces du mal savent que si l’AKP faiblit, les bandes terroristes regagneront en puissance, et le processus de règlement du problème kurde va se terminer. Et les crimes non élucidés recommenceront… », a-t -il menacé. Son message a été entendu.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 31.10.2015 à 07h34 | Daniel Psenny Documentaire sur LCP à 22 h 10 Le récit de l’organisation mafieuse Cosa Nostra, à travers l’itinéraire de Toto Riina et de Bernardo Provenzano.Situé dans la province de Palerme, le village de Corleone, berceau de la Mafia sicilienne, a été rendu célèbre par le film de Francis Ford Coppola, Le Parrain (1972), dans lequel Marlon Brando interprétait avec maestria le rôle de Don Corleone.Une saga pas très éloignée de la réalité. C’est dans ce bourg entouré de collines qu’au XIXe siècle s’est créé un pouvoir occulte, composé d’hommes de main, d’abord au service des grands propriétaires terriens, avant de se transformer en puissante organisation mafieuse baptisée Cosa Nostra (« ce qui est à nous »).Guerre sanglanteC’est sur les terres de Corleone qu’ont grandi les parrains de la Mafia issus de la bande de Luciano Liggio, que les clans rivaux avaient surnommé, avec beaucoup de mépris, « les bouseux ». Parmi eux, Salvatore Riina, dit « Toto » Riina, qui, dans les années 1980, devint « le parrain des parrains » après avoir massacré ses ennemis ; Bernardo Provenzano, son bras droit puis successeur à la tête de l’organisation, et Vito Ciancimino, mafieux qui réussit à se faire élire maire de Palerme sous les couleurs de la Démocratie chrétienne.Riina, surnommé « la Bête », pour sa férocité, ou « le Court », à cause de sa taille, qu’un juge anti-Mafia décrivait comme « un paysan, rugueux, antipathique mais doté d’une intelligence pratique », ainsi que Provenzano, dit « le Tracteur », en raison de sa détermination pour éliminer ses rivaux furent en cavale pendant près de quarante ans, sans jamais être inquiétés. Ils se cachaient à Palerme et ses environs et continuaient de diriger Cosa Nostra en assassinant leurs ennemis palermitains pour contrôler l’organisation.La « Matanza »Cette guerre sanglante, qui fit plusieurs centaines de morts, les spécialistes de la Mafia l’ont appelée la « Matanza », en référence à la pêche où les thons sont tués par dizaines dans une petite baie où l’eau devient rouge sang.Après avoir éliminé leurs rivaux qu’ils tuaient d’une balle dans la tête ou ligotaient à des fils électriques dans les coffres de voitures, Riina et Provenzano s’en prirent aux juges du pôle anti-Mafia Giovanni Falcone et Paolo Borsellino, qui avaient décidé de ne rien lâcher dans leur lutte contre Cosa Nostra. A quelques semaines d’intervalle, ils furent assassinés en 1992 dans deux attentats. Spectaculaires, ces attaques au cœur de l’Etat furent fatales aux deux boss. Lâchés par leurs protecteurs et trahis par leurs anciens amis, dont le parrain repenti Tommaso Buscetta, Riina et Provenzano furent arrêtés, en 1993 pour le premier et en 2006 pour le second, et condamnés à la prison à vie.Milan, capitale de la MafiaCette histoire – chaotique et compliquée –, Anne Véron et Gadh Charbit la racontent dans leur film Corleone (diffusé en mars 2015). Journalistes spécialisés, juges anti-Mafia et témoins de l’époque aujourd’hui repentis comme Massimo Ciancimino, le fils de l’ex-maire de Palerme, y relatent par le détail l’histoire et le fonctionnement de l’organisation. Et là, nous ne sommes plus dans la fiction.Toujours active et puissante, malgré les coups qui lui ont été portés, Cosa Nostra règne toujours sur l’île grâce à des complicités politiques et à la loi du silence. « En fait, même si elle est peu visible, la Mafia est davantage présente dans le nord du pays, beaucoup plus riche, car c’est là que se traitent les affaires. La capitale de la Mafia, aujourd’hui, c’est Milan », expliquaient les deux auteurs en mars 2015 dans un entretien à Télérama.Corleone, d’Anne Véron et Gadh Charbit (France, 2014, 50 min). Samedi 31 octobre, à 22 h 10, sur LCP.Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.10.2015 à 02h20 Vendredi 30 octobre, 22 candidats à l’exil ont encore péri en Mer Egée et 35 sont portés disparus au large de l’Espagne. Le même jour, l’Allemagne et l’Autriche ont décidé de limiter l’arrivée des migrants à cinq points de leur frontière commune pour mieux contrôler leur afflux.Cette restriction du passage à la frontière germano-autrichienne, principale porte d’entrée des réfugiés sur le territoire allemand et ultime étape du périple de la plupart des réfugiés fuyant la guerre ou la pauvreté, prend effet « immédiatement », selon une porte-parole du ministère allemand de l’Intérieur à l’Agence France Presse.Lire aussi :Le scepticisme croissant des Allemands sur l’accueil des réfugiésVienne organise depuis des semaines le transport de milliers de personnes vers la Bavière le long des quelque 800 kilomètres de frontière, d’autres viennent par leurs propres moyens à travers bois, formant par endroits des files d’hommes, de femmes et d’enfants épuisés. Les autorités bavaroises ont assuré ne plus pouvoir contenir ce flux.L’Autriche accusée de conduire des migrants de nuit à la frontière« Nous souhaitons parvenir à un processus ordonné », a expliqué le ministère allemand de l’intérieur, deux jours après que Berlin eut reproché aux Autrichiens de conduire des migrants à la frontière de nuit et sans prévenir la police allemande.En milieu de semaine, Berlin avait déjà annoncé qu’il prolongerait une nouvelle fois ses « contrôles temporaires » aux frontières, mis en place depuis le 13 septembre pour freiner l’afflux des migrants. Ils pourraient être prolongés jusqu’en février. Selon des statistiques officielles, l’Allemagne a déjà recensé 577 000 demandeurs d’asile depuis le début de l’année.Le premire ministre grec Alexis Tsipras a réclamé de l’UE « une condamnation officielle des choix (de certains États membres) d’ériger des murs et des barrières et de fermer les frontières », plaidant en faveur de l’ouverture de canaux légaux vers l’Europe pour les réfugiés.Malgré l’arrivée du mauvais temps et la fermeture en cours des frontières européennes, des centaines de personnes continuent pourtant chaque jour de risquer leur vie, bravant le froid et les vents violents.56 noyés en trois jours en mer EgéeAu moins 22 migrants, dont 17 enfants, ont péri vendredi en mer Egée, portant à 56 en trois jours le nombre des personnes qui se sont noyées entre la Grèce et la Turquie, tandis que la sinistre collecte des corps de précédents naufrages se poursuivait, en particulier à Lesbos.Au large de l’île grecque de Kalymnos, les corps de 19 personnes, dont huit enfants et trois nourrissons, ont été retrouvés dans la matinée après le chavirage dans la nuit de leur bateau chargé d’environ 150 personnes. Une femme, un enfant et un bébé, se sont aussi noyées près de Rhodes, et trois personnes sont toujours recherchées.Par ailleurs, quatre enfants syriens âgés d’un à quatre ans ont été repêchés morts dans les eaux turques par les garde-côtes, qui ont sauvé 19 passagers eux aussi en route pour Lesbos, selon l’agence de presse Dogan.Alexis Tsipras s’est ému vendredi devant le Parlement de cette « tragédie humanitaire », qui est une « honte » pour l’Europe.Lire aussi :En deux jours, 27 migrants sont morts en mer entre la Turquie et la GrèceUn autre drame au large des côtes du sud de l’Espagne s’est déroulé jeudi, dont le bilan pourrait s’élever à 39 morts. Tandis que quinze personnes ont été secourues et quatre hommes retrouvés sans vie, les secours en mer ont abandonné vendredi soir les recherches pour retrouver 35 migrants se trouvant sur l’embarcation qui ont disparu en mer.Plans européens de répartition à la traîneDe son côté, l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM) a annoncé vendredi avoir mis à jour « son plan pour répondre au flux des migrants en Méditerranée » prévoyant un budget de « 780 millions de dollars » (708 millions d’euros) d’ici à décembre 2016.Depuis le début de l’année, le nombre des arrivées par la mer en Grèce a atteint 580 125 selon le Haut Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés (HCR), sur un total de 723 221 personnes parvenues en Europe par la Méditerranée. En Italie, elles étaient 140 200. Plus de la moitié sont des Syriens (53%), 18% des Afghans et 6% des Irakiens, selon le HCR.Alors que les plans européens de répartition de la prise en charge sont censés porter sur deux ans sur 160 000 réfugiés, seuls une centaine de ces migrants ont jusque-là été envoyés d’Italie dans le reste de l’UE, a précisé Adrian Edwards, un porte-parole du HCR. 30.10.2015 à 22h00 Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a annoncé, vendredi 30 octobre au soir, à l’issue de discussions avec les dirigeants des principaux partis, qu’ils étaient parvenus à un accord de principe pour défendre ensemble « l’unité » de l’Espagne face à la fièvre indépendantiste en Catalogne.Lire notre décryptage :Pourquoi la Catalogne veut-elle son indépendance ?« Nous sommes tous d’accord, la majorité (des partis), sur l’essentiel », a-t-il dit lors d’une conférence de presse à Madrid, assurant que tous défendaient « l’unité de l’Espagne, la souveraineté nationale, l’égalité en termes de droits et de devoirs de tous les Espagnols, le respect des lois ».Rajoy veut reprendre la mainLe conservateur Mariano Rajoy multiplie les réunions pour sortir de l’impasse en Catalogne et reprendre la main, alors qu’il est accusé d’immobilisme face aux indépendantistes, décidés à lancer le processus de séparation dès le mois de novembre au Parlement régional.Vendredi, Mariano Rajoy s’est entretenu avec Albert Rivera, le chef de Ciudadanos, un parti libéral né en Catalogne justement pour défendre le maintien de la région en Espagne. Il a aussi reçu à la Moncloa, siège de la présidence du gouvernement, Pablo Iglesias, sa première réunion avec le chef de Podemos (gauche radicale) depuis la création du parti, en janvier 2014. Il avait aussi, mercredi, rencontré le leader socialiste Pedro Sanchez.« Débats stériles »M. Rivera a dit lui avoir soumis une proposition de « pacte », tandis que M. Iglesias s’est prononcé contre « les fronts antisécession », auxquels il préfère le « dialogue ». « Nous avons tous compris la gravité du défi et je remercie mes interlocuteurs pour leur bonne disposition » en la matière a déclaré M. Rajoy, précisant qu’il avait demandé aux principales formations en compétition pour les législatives du 20 décembre d’éviter des « débats stériles » sur ces sujets.Les indépendantistes catalans, majoritaires au Parlement régional depuis les élections du 27 septembre, mais n’ayant que 48 % des suffrages, veulent une séparation d’avec l’Espagne dès 2017. 30.10.2015 à 17h02 • Mis à jour le31.10.2015 à 11h42 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Le 1er novembre, les électeurs turcs se rendront aux urnes pour la deuxième fois en cinq mois. Le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) espère retrouver sa majorité parlementaire perdue lors des législatives de juin. Après le scrutin, le premier ministre Ahmet Davutoglu avait échoué à former une coalition, de nouvelles élections avaient été convoquées.Pour l’AKP, le scrutin de juin fut une grande déconvenue. Pour la première fois en treize ans de pouvoir, le parti fondé par Recep Tayyip Erdogan obtenait 41% des voix (258 députés sur 550), bien loin des scores prodigieux des années précédentes (45,6% aux municipales de mars 2014 ; 49,9% aux législatives de novembre 2011).Fort de 13 % des suffrages, le petit Parti de la démocratie des peuples (HDP, gauche, pro-kurde) avait volé la victoire aux islamo-conservateurs. Par le passé, les régions kurdophones du sud-est du pays avaient toujours été des réservoirs de voix pour l’AKP. En juin, tout a basculé.Objectif irréalisableCette nouvelle donne a douché les espoirs de l’homme fort de Turquie, avide d’instaurer un régime présidentiel à la mesure de ses ambitions. Premier président élu au suffrage universel en août 2014, M. Erdogan rêvait d’un pouvoir aussi étendu que son nouveau palais à Ankara, d’une superficie de 200 000 mètres carrés.Pour le numéro un turc, la « répétition » du scrutin ne peut que lui être favorable. Il a d’ailleurs prié les électeurs de lui donner « 400 députés », de quoi réaliser le changement de Constitution tant espéré. C’est faisable si l’AKP a 367 des 550 sièges du Parlement. Avec 330, il est possible de convoquer un référendum. Pour gouverner seul, il faut à l’AKP 276 députés.Lire aussi :Elections législatives en Turquie : Recep Tayyip Erdogan, ou la dérive autoritaire du président turcCet objectif apparaît aujourd’hui irréalisable. Les résultats ont peu de chance de varier à cinq mois d’écart. D’ailleurs, les principaux instituts de sondage (Gezici, Metropoll, Sonar, Konda) dessinent pour le 1er novembre un score quasiment identique à celui de juin.Un sondage, publié jeudi 29 octobre par Metropoll, attribue à l’AKP 43,3 % des intentions de vote, soit 2,5 points de plus qu’en juin. Un autre sondage, publié le même jour et réalisé par l’institut A&G Research, donne au « parti de l’ampoule » (le surnom de l’AKP) 47 % des suffrages, mais il est le seul à être aussi optimiste.Avec 43 % des voix, l’AKP se retrouverait dans la même situation qu’en juin, obligé de composer avec l’un des trois partis de l’opposition parlementaire pour former une coalition. Selon une étude réalisée par la fondation Carnegie, le scénario le plus vraisemblable serait que l’AKP et le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), le vieux parti d’Atatürk s’entendent pour former un gouvernement. Pressés d’en finir avec l’incertitude politique et l’économie qui chancelle, les hommes d’affaires misent sur cet attelage.Vers une troisième électionComme tout les oppose, les deux partis risquent de former une coalition bancale. Le CHP réclame pour sa part une enquête sur les accusations de corruption révélées en 2013 dans l’entourage de M. Erdogan, ce que ce dernier ne saurait accepter. A terme, la coalition pourrait craquer, ouvrant la porte à de nouvelles élections.« Erdogan semble avoir peu d’enthousiasme pour cette formule. Il jouit encore d’une position hégémonique au sein du parti quand bien même, en tant que président, il devrait être politiquement neutre. Une coalition pourra émerger si Erdogan peut être convaincu qu’une nouvelle élection sera néfaste au pays et à ses ambitions politiques personelles », écrit Sinan Ulgen, co-auteur de l’étude publiée par Carnegie.L’idée d’une troisième élection fait son chemin. « Si le résultat est semblable à celui du 7 juin, je crains qu’on envisage une nouvelle élection. Voilà pourquoi il est important qu’un seul parti gouverne », a déclaré récemment Mehmet Ali Sahin, vice-président et député de l’AKP. En attendant, l’AKP a largement abusé de sa position dominante pendant la campagne. En octobre, la chaîne publique TRT a accordé vingt-neuf heures de diffusion à M. Erdogan et trente heures à son parti l’AKP. Le CHP a eut droit à cinq heures, contre une heure et dix minutes pour le Parti de l’action nationaliste (MHP, droite nationaliste) et dix-huit minutes pour le HDP.Lire aussi :Turquie : l’histoire d’un naufrageMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le sujet est complexe, mais il est crucial pour l’économie grecque. Vendredi 30 octobre, le projet de loi encadrant la recapitalisation des quatre principales banques grecques – la Banque nationale de Grèce (BNG), la banque du Pirée, Alpha et Eurobank – a enfin été déposé au parlement hellène. Il devrait être adopté en procédure d’urgence d’ici à dimanche soir, au lendemain de la publication des résultats des « stress tests » de la Banque centrale européenne (BCE) évaluant les besoins en argent frais de ces établissements.Pour Athènes, l’enjeu est de taille : permettre aux banques grecques, très fragiles, de fonctionner à nouveau normalement.Lire aussi (édition abonnés) :En Grèce, Alexis Tsipras coincé entre Bruxelles et la rueDans quel état sont les banques grecques ? Elles sont le talon d’Achille de l’économie hellène. « Elles ne remplissent plus leur mission, à savoir financer les entreprises et les ménages », résume Nikolaos Georgikopoulos, économiste à la Stern Business School de l’université de New York. Il y a un an, elles allaient pourtant mieux. Les « tests de résistance » de novembre 2014 de la BCE avaient révélé qu’elles étaient à peu près solides. Il faut dire que, depuis 2009, elles ont été recapitalisées sous différentes formes à hauteur de 56 milliards d’euros, selon les calculs de M. Georgikopoulos. Le Fonds hellénique de stabilité financière (FHSF) a notamment injecté 25 milliards d’euros.Depuis, les troubles politiques qui ont suivi l’élection d’Alexis Tsipras au poste de premier ministre, en janvier 2015, et les craintes de la sortie du pays de la zone euro ont nui aux quatre principaux établissements nationaux. La fuite des dépôts s’est accélérée – plus de 100 milliards de dollars (91 milliards d’euros) ont quitté le pays depuis 2010. En raison du retour de la récession, le nombre de prêts non performants aux entreprises et ménages, qui ne seront probablement jamais remboursés, a explosé. De 35 % fin 2014, leur taux frôlerait aujourd’hui les 45 %, selon une source bancaire.Résultat : aujourd’hui, personne n’est capable de dire ce que valent exactement les banques grecques, qui survivent grâce aux aides d’urgence de la BCE, les « emergency liquidity assistance ».Que révéleront les stress tests de la BCE ?Pour déterminer l’état de santé réel de ces établissements et quels sont leurs besoins en argent frais, le superviseur bancaire unique, logé au sein de la BCE, a lancé dès cet été une nouvelle série de tests de résistance. Le résultat de ce check-up sera rendu public samedi 31 octobre au matin. Cet été, les besoins de recapitalisation étaient estimés entre 10 et 25 milliards d’euros. En début de semaine, des sources bancaires, à la fois grecques et européennes, assuraient que « les besoins seraient au final moins élevés que prévu, certainement en dessous du seuil de 20 milliards d’euros ».Lire aussi :L’Eurogroupe s’apprête à débloquer un nouveau prêt à la GrèceComment seront recapitalisés les établissements ?Quels que soient les montants annoncés par la BCE, le gouvernement grec espère faire passer avant dimanche soir le projet de loi qui permettra de mettre en œuvre la recapitalisation.Annoncé à maintes reprises et systématiquement repoussé depuis plus de trois semaines, ce texte a fait l’objet d’âpres négociations avec les représentants des créanciers du pays.Il s’agit en effet de déterminer d’où proviendra l’argent qui renflouera les banques. A priori, 10 milliards d’euros seront mis à la disposition du Fonds hellénique de stabilité financière, qui renforcerait ainsi sa participation dans les établissements. « Le HFSF fournira toute aide publique qui s’avérera nécessaire », a déclaré une autre source bancaire à l’agence Reuters, mardi. Les banques feront également appel aux investisseurs privés, par le biais d’une levée de capitaux sur les marchés qui pourrait commencer dès le 2 novembre.Si cela ne suffit pas, 15 milliards d’euros supplémentaires, provenant du nouveau plan d’aide (86 milliards d’euros) accordé au pays cet été, pourraient être débloqués. Mais uniquement quand les créanciers d’Athènes auront terminé leur première évaluation des mesures de rigueur adoptées par le gouvernement ces dernières semaines. Ce qui ne devrait pas intervenir avant courant novembre.Alexis Tsipras a bien tenté d’obtenir que la recapitalisation soit séparée de cette évaluation. Mais il s’est vu opposer un refus catégorique des créanciers.Pourquoi le gouvernement grec est-il si pressé ?Pour le gouvernement Tsipras, il y a urgence. La Grèce, comme la BCE, a en effet intérêt à ce que la recapitalisation soit bouclée au plus vite. Si elle a lieu aujourd’hui, le pays est en effet libre de décider comment renflouer ses établissements. En revanche, si elle a lieu après le 31 décembre, la directive européenne sur le redressement et la résolution des crises bancaires s’appliquera pleinement. Or, celle-ci prévoit la possibilité d’un « bail-in », c’est-à-dire une participation forcée des gros déposants (plus de 100 000 euros) au sauvetage de leur banque, comme ce fut le cas à Chypre en 2013. Les gros déposants étaient alors, pour la plupart, des Russes aisés.Mais dans le cas grec, les gros déposants sont des PME déjà exsangues. Une telle mesure serait donc particulièrement pénalisante. « Voilà pourquoi nous ferons tout pour que la recapitalisation intervienne avant décembre : un bail-in serait un désastre pour le pays », confie une source bancaire.Lire aussi :Athènes va présenter un nouveau budget d’austéritéAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.10.2015 à 10h04 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Ne mangez pas de poisson si le camion poubelle ne passe que dans trois jours : c’est le conseil que la ministre belge Fadila Laanan a délivré, lundi 26 octobre, lors d’un entretien accordé à TéléBruxelles. Un message qui a beaucoup amusé les journalistes et les réseaux sociaux – un peu moins les poissonniers – au cours des derniers jours. Tentant de justifier une réforme qui se traduira essentiellement par un seul ramassage hebdomadaire des ordures ménagères dans la capitale de l’Europe, la mandataire PS, ministre de la propreté publique dans le gouvernement régional de Bruxelles, a expliqué dans cette interview qui fera date que ses administrés avaient désormais intérêt à adapter leurs menus en fonction du calendrier des collectes.Il n’en fallait pas plus pour provoquer un bel d’éclat de rire, la naissance du hashtag #poissongate et un tonnerre de protestations contre cette intrusion jugée inacceptable dans la sphère culinaire privée. D’autant que la ministre, dont la haute ambition serait de promouvoir le « consommer autrement », s’est également piquée de délivrer ses conseils quant à la gestion… des couches-culottes usagées. Avec l’excellente recommandation de les enfermer dans des sacs de congélation en attendant le passage hebdomadaire des éboueurs.« Esprits grincheux »Mme Laanan n’avait pas laissé un souvenir impérissable dans sa précédente fonction de ministre de la culture, sauf peut-être lors d’une apparition dans une vidéo qui la montrait dialoguant avec un ours en peluche pour la présentation de ses vœux de Nouvel An. Elle avait, à l’époque, qualifié ses détracteurs d’« esprits grincheux ». Elle a déploré, après l’épisode poissonnier, les « caricatures faciles ».Le problème serait, en effet, sérieux et – comme d’habitude, puisqu’il est sérieux et désagréable – imputable à l’Europe : c’est elle qui obligera, à terme, les Etats membres à recycler 50 % au moins de leurs déchets ménagers, indique le ministère. Les Bruxellois, qui placent déjà leurs déchets non recyclables dans des sacs blancs, les papiers dans des jaunes et les plastiques dans des bleus devront, à l’avenir, stocker les produits organiques dans des sacs orange. Il va, en tout cas, leur falloir de grands balcons ou des caves bien ventilées pour conserver une semaine durant leurs poubelles. On ignore si le ramassage hebdomadaire résulte d’un autre diktat européen mais il sera, en tout cas, la nouvelle règle fixée par Mme Laanan.Auréolée de son rôle de capitale européenne, Bruxelles se pique souvent d’être une grande métropole, sans vouloir en assumer toutes les contraintes. Propreté douteuse des lieux publics, trottoirs dangereux à force de pavés manquants, transports publics insuffisants, chantiers en pagaille : ceux qui habitent, travaillent ou passent dans la capitale belge apprennent vite à découvrir ses lacunes. Et le sens de l’humour de ses ministres.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.11.2015 à 16h43 • Mis à jour le23.11.2015 à 20h22 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les médias belges, plus responsables ou plus serviles que les médias français ? Les journalistes bruxellois ont vécu, dimanche 22 novembre au soir, une expérience collective totalement inédite. Ils ont accepté de ne plus, ou presque plus, communiquer d’informations après que la police fédérale le leur eut demandé, très directement, afin, a-t-elle dit, de ne pas perturber la vaste opération qui était en cours à Bruxelles, dans sa banlieue proche et à Charleroi pour tenter d’arrêter des individus soupçonnés de vouloir commettre des attentats similaires à ceux perpétrés à Paris le 13 novembre.Comme des internautes belges, et plus spécialement bruxellois, des journalistes se sont alors mis, pendant près de deux heures, à inonder les réseaux sociaux de photos et de GIF (minividéo) de chat, dans un grand moment de défouloir collectif. « De surréalisme à la belge » ont tout de suite décrété, en substance, des internautes français, admiratifs.Lire aussi :Des photos de chats en attendant la fin des opérations antiterroristes à Bruxelles« Le Soir » joue la transparence« Vers 21 h 30, j’ai reçu deux appels, l’un du centre de crise, et l’autre du cabinet du premier ministre [Charles Michel], nous demandant de prendre de la distance, de ne pas nommer précisément les quartiers où les opérations avaient lieu pour ne pas compromettre les opérations. J’ai réuni les chefs de service et j’ai pris la décision d’accepter », raconte Christophe Berti, le rédacteur en chef du quotidien Le Soir.« Nous avons appris de ce qui s’est passé lors des attentats de janvier à Paris que des vies peuvent être mises en danger. On s’est dit que de ne pas donner le nom de la rue ni le numéro de la maison où intervenaient les forces de l’ordre dans la soirée, ce n’était pas désinformer les citoyens. On a évidemment continué à travailler, à enquêter et on a livré vingt pages le lendemain dans notre édition “print” sur le sujet. »Le principal quotidien belge, qui tenait les internautes informés en continu sur les événements de ce week-end sous très haute tension à Bruxelles, où l’alerte de niveau 4 avec risques d’attentat « imminents », selon le gouvernement, avait été décrétée, a joué dès le début la transparence, en tweetant dimanche : « Menaces terroristes sur Bruxelles : Le Soir suspend la diffusion d’informations sur les opérations en cours. »Les journalistes ont obéi au choix rédactionnel. « J’étais chez moi, j’ai reçu un message de la rédaction en chef, je venais de tweeter qu’il y avait un hélicoptère au-dessus de chez moi, j’ai arrêté », témoigne Jurek Kuczkiewicz, rédacteur chargé des questions européennes au Soir. Sophie Lejoly travaille à l’agence de presse belge Belga. Dimanche soir, elle n’était pas de permanence, mais comme la majorité de ses confrères, elle dit : « Le fait que ces événements arrivent une semaine après la tuerie de Paris compte, on est plus responsables. »« En Belgique, on ne donne pas d’ordre à la presse ! »Jean-Pierre Jacqmin, le directeur de l’information à la RTBF, a fait un choix un peu différent.« Nous avons continué à diffuser des informations sur les opérations en cours, en donnant leur nombre, le nom des communes, mais sans préciser les rues concernées. Il me semblait que ne rien dire aurait été encore plus angoissant. Après coup, les autorités ne nous ont fait aucun reproche. De toute façon, en Belgique, on ne donne pas d’ordre à la presse ! »Pour André Linard, le secrétaire général du conseil de déontologie des journalistes belges, ces derniers ont eu la bonne attitude.« Après les attentats contre “Charlie Hebdo” et l’Hyper Cacher, à Paris, en janvier, les rédactions nous avaient demandé de préciser quelle ligne de conduite adopter en cas d’urgence. Les autorités n’ont pas expressément demandé aux médias de se censurer. Mais dimanche, ils ont fait preuve de responsabilité, d’autorégulation. C’est normal, ils ont une responsabilité sociale. Mais cette suspension doit rester temporaire, et il faut qu’elle soit expliquée aux lecteurs, aux auditeurs. » Des chats déguisés en terroristes, en journalistes…Pour tromper l’angoisse — palpable à Bruxelles — et pallier le manque d’informations, et aussi pour brouiller les pistes et donner le moins possible d’informations aux journalistes, des internautes belges se sont mis à inonder la micromessagerie Twitter, entre 22 heures et minuit, dimanche, de photos et de vidéos de chaton, avec le hashtag #Brusselslockdown. Des chats déguisés en terroristes, en journalistes, en F16 belge, etc. Une sorte de catharsis collective, la plupart des Bruxellois ayant dû rester cloîtrés chez eux tout le week-end à la suite des appels à la prudence lancés par le gouvernement.Nombre de journalistes ont suivi le mouvement en ligne. En fin de soirée, Le Soir a, quelques minutes durant, affiché une grande photo d’un minou sur la page d’accueil de son site Internet. Même la police fédérale s’y est mise, avec un tweet d’anthologie, posté un peu après minuit, avec la photo d’une gamelle pleine de croquettes, accompagnée d’un encourageant : « Pour les chats qui nous ont aidés hier soir… Servez-vous ! »« Je revenais de Liège, où j’avais passé le week-end en famille, quand j’ai vu toutes ces photos de chat, cela m’a fait du bien, cela m’a permis de déstresser un peu », témoigne Elodie Lamer, journaliste pour l’Agence Europe, média d’information sur les institutions européennes.« Bon, d’un autre côté, j’ai une copine journaliste qui me faisait remarquer, à raison, qu’il y a quelques jours, on disait que les Belges étaient infréquentables à cause de Molenbeek [le quartier de Bruxelles qui a servi de base arrière à une partie des kamikazes de Paris et de Saint-Denis]. Et maintenant, d’un seul coup, grâce à l’opération “Cats”, ils sont devenus supercool… » ajoute la jeune journaliste, un peu amère.Si ce « black-out » des médias belges, librement consenti, n’a pas fait trop débat au sein des rédactions, certains émettent quand même des réserves. « On a pris des décisions à chaud dimanche, mais à un moment donné, il faudra que les politiques nous donnent une explication », avance Sophie Lejoly.Lire aussi :Bruxelles en état d’alerte face aux risques d’attentatCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.11.2015 à 12h52 • Mis à jour le23.11.2015 à 15h09 Editorial du « Monde ». Les Belges sont nos amis, nos frères. On aime leur humour, lorsque, ville morte et métros fermés pour cause d’alerte terroriste maximale à Bruxelles, leur dessinateur Geluck écrit : « Le kamikaze belge étonnant de lucidité : je vais me faire sauter, une fois. » En bon jacobin, on s’étonne de la vacance régulière du pouvoir et de leurs sept Chambres parlementaires. Et l’on admire, dans leur capitale chaotique, leur engagement européen indéfectible.Pourtant, alors que la traque des auteurs des attentats de Paris se poursuit, il faut se rendre à l’évidence : au cœur de l’Europe, la sympathique Belgique est devenue une plaque tournante du djihadisme.Suivez la situation en direct sur notre siteUne bonne partie des terroristes de Paris et le coordinateur présumé des attentats, Abdelhamid Abaaoud, venaient de Belgique. L’auteur de la tuerie du Musée juif de Bruxelles, l’an dernier, le tireur désarmé du Thalys cet été, ou, naguère, certains auteurs des attentats de Madrid (2004), sans oublier les assassins en Afghanistan du commandant Massoud en 2001 : tous ont vécu ou sont passés par le royaume, échappant le plus souvent au radar de ses services de renseignement.Lire aussi :Sur la route des djihadistes, entre Anvers et BruxellesBase logistique du terrorisme international, la Belgique est aussi devenue un centre d’endoctrinement et de recrutement. Rapporté à sa population, le pays fournit le plus gros contingent des combattants européens en Syrie. Des groupes y ont profité de la trop grande tolérance d’autorités municipales, régionales ou fédérales surtout soucieuses de ne pas troubler la paix civile. L’islam y est financé par des puissances étrangères, en particulier l’Arabie saoudite. Des mosquées et des imams, bien identifiés mais rarement inquiétés, ont pu y tenir des propos hostiles, tandis que des apprentis djihadistes se fondaient dans l’anonymat de quartiers échappant de fait au contrôle des autorités.Lire aussi :A Molenbeek, « il est facile d’échapper à la police »Une sorte d’union nationale s’est forméeCes rappels ne doivent pas faire oublier que, depuis quinze ans, les services belges de l’antiterrorisme ont démantelé des réseaux, empêché des attentats et permis des dizaines de procès. C’est en arguant de ces résultats que les autorités du pays ont rejeté les critiques du gouvernement français, qui soulignait les lacunes de la Belgique. Certes. Mais, même s’ils n’ont pas été les seuls, les services belges ont échoué à déjouer des attentats fomentés en partie à Bruxelles.Une sorte d’union nationale, assez rare, s’est formée pour ne pas mettre en cause la responsabilité de tel ou tel. Et pour cause : le système des coalitions fait que, depuis l’émergence du terrorisme islamiste, à peu près toutes les formations démocratiques ont participé au pouvoir et pourraient en être jugées coresponsables.Loin d’isoler la Belgique, il faut l’aider à se protéger et c’est ce que font les services français. Mais le pays doit se ressaisir. Il aura fallu qu’il connaisse la terrible affaire Dutroux, dans les années 1990, pour qu’il réforme enfin sa police et sa justice. L’épreuve du terrorisme doit le conduire à renforcer sa sécurité, qui est celle de tous les Européens, et à s’interroger – comme la France – sur ses défaillances en matière de prévention et d’intégration.Le pays a beau avoir retrouvé une certaine stabilité, il reste prisonnier d’un débat institutionnel que l’on a pu trouver pittoresque mais qui tourne au tragique et qui lui a fait perdre de vue l’importance de ses missions régaliennes. Confondant régionalisation et efficacité, cet Etat sans nation prend le risque de devenir progressivement une nation sans Etat.Lire aussi :Les failles de la lutte antiterroriste Marie-Béatrice Baudet (Malines, Vilvorde, Anvers (envoyée spéciale)) C’est une verticale, simple comme la ligne de chemin de fer qui relie Anvers, au nord, à Bruxelles, au sud, en passant par Malines et Vilvorde. Un trajet d’une heure, grand maximum. Rapide et pratique en diable. Depuis plusieurs années, ce trait de 50 kilomètres de long est l’un des axes majeurs du recrutement de djihadistes en Belgique. Les services de la sûreté de l’Etat en ont l’intime conviction.Dès la mi-2012, des combattants belges, pour la plupart d’origine marocaine, commencent à rallier la Syrie. La vague part de la commune bruxelloise de Molenbeek, où Bassam Ayachi, le cheikh franco-syrien à la barbe blanche et aux yeux bleus, a tissé depuis les années 1990 un solide réseau fondamentaliste. Anvers n’est pas en reste. L’un des premiers jeunes de la ville flamande qui rejoint le Proche-Orient pour combattre sera un certain Nabil Kasmi, 21 ans. Des dizaines d’autres suivront, comme Ilyass Boughalab, technicien sous-traitant à la centrale nucléaire de Doel, en Flandre. La Flandre et Bruxelles deviennent au fil des mois les principaux pourvoyeurs de volontaires au départ pour l’Irak et la Syrie : 85 % des quelque 500 djihadistes déjà partis de Belgique, selon un document confidentiel de source policière.Lire aussi :La frontière franco-belge sous contrôle, mais « pas hermétique »Instauration de la loi islamiqueUne ligne de chemin de fer comme une traînée de poudre. A cinq minutes de la gare centrale d’Anvers, au cœur du quartier marocain, le 115-117 Dambruggestraat : un immeuble fatigué de briques orange, doté d’une porte blindée grise. C’est là que Fouad Belkacem, le chef d’un groupuscule salafiste créé en mars 2010, Sharia4Belgium, dissous deux ans et demi plus tard, réunissait discrètement ses troupes.Le prédicateur, aujourd’hui âgé de 33 ans, jugé au début de l’année 2015 et emprisonné pour avoir « recruté des jeunes pour la lutte armée et organisé leur départ vers la Syrie », prônait l’instauration de la loi islamique en Belgique et la conversion – ou le bannissement – des non-musulmans. Cet ancien vendeur de voitures d’occasion, délinquant multirécidiviste qui avait acquis la nationalité belge en 1997, recommandait la lapidation des hommes et des femmes adultères et appelait à l’exécution des homosexuels : les yeux bandés, pieds et mains liés, ils devaient être jetés du haut d’une tour, puis achevés d’une balle et crucifiés.A la Dambruggestraat, les jeunes disciples de Fouad Belkacem apprennent les arts martiaux et regardent les vidéos des prêches d’Omar Bakri et d’Anjem Choudary, les fondateurs du groupe radical Islam4UK. Le meneur anversois est en contact avec eux et les rencontre à Londres pour structurer la filière belge. Il se déplace beaucoup. Destination Malines, Vilvorde et Molenbeek, où Sharia4Belgium « évangélise » dans la rue, dans les centres de jeunesse, dans les mosquées et défend violemment les femmes qui portent le niqab, voile intégral interdit en Belgique.Lire aussi :A Molenbeek, « il est facile d’échapper à la police »A Vilvorde, ce sont vingt-huit jeunes, dont plusieurs mineurs, qui ont quitté le pays entre fin 2012 et mai 2014, pour aller se battre en Syrie. Six ou sept d’entre eux sont morts là-bas. Huit sont revenus, selon Hans Bonte, bourgmestre socialiste de l’ex-petite ville industrielle de 42 000 habitants, largement sinistrée depuis la fermeture de l’usine Renault, en 1997. Une poudrière sociale. L’un a eu un accident mortel de moto, un autre blessé au combat est gravement handicapé, trois sont en prison, trois en liberté surveillée.« Sauf que l’un d’entre eux n’est plus sur nos écrans radar », admet Hans Bonte, en fonctions depuis le 1er janvier 2013. « Fin 2014, il est venu me voir. Il m’a montré le bracelet électronique qu’il portait à la cheville et m’a dit : “Dès qu’on m’enlève ce truc, je vais à Bruxelles car toi, tu vas pas me lâcher…” C’est ce qu’il a réussi à faire. Vilvorde-Bruxelles, c’est 11 kilomètres, autant dire un centimètre, avec les bus ou les trains. Mais il est peut-être à Anvers, à 40 km d’ici à peine… »« Ceux qui prennent nos fils et nos filles n’ont rien à voir avec nous. Ce sont des fous »A proximité de l’hôtel de ville de Vilvorde, une école technique, Campus de Brug, d’où beaucoup de jeunes sont partis pour le djihad. Des adolescents, presque des hommes, en échec scolaire, en majorité des Belges d’origine marocaine. Fouad Belkacem y est passé. Tout comme à la mosquée, qui se trouve à quinze minutes à pied. « Il n’a pas été bien accueilli, se souvient Ahmitti Mimoun, un croyant de 70 ans, père de huit enfants dont aucun ne manque à l’appel. Ceux qui prennent nos fils et nos filles n’ont rien à voir avec nous. Ce sont des fous », estime l’homme qui, ce mercredi 18 novembre, vient assister comme une dizaine d’autres personnes à la prière de 12 h 30.Diatribes liberticides« Des fous… » C’est exactement ce qu’ont pensé les gens, au début, à Malines, quand ils ont croisé dans la rue des hommes habillés en kamis, la longue tunique traditionnelle, et entendu leurs diatribes liberticides, confirme Bart Somers, le bourgmestre libéral de la petite ville flamande où la Dyle coule paisiblement. « Personne au début ne les a pris au sérieux, pas même les autorités fédérales, explique l’élu. Comme le parti nazi en son temps, ces prédicateurs jouent de la haine et de la frustration de jeunes discriminés, au chômage, en quête d’une identité, et flattés qu’on puisse leur dire qu’ils vont devenir des héros… »« Comme le parti nazi en son temps, ces prédicateurs jouent de la haine et de la frustration de jeunes discriminés, au chômage, en quête d’une identité, et flattés qu’on puisse leur dire qu’ils vont devenir des héros… »Mais quand l’information concernant les premiers départs pour la Syrie commence à circuler, le ton change. Après l’attentat du Musée juif de Bruxelles, le 24 mai 2014, Malines est placée sous haute surveillance. La commune de 83 000 habitants abrite la caserne Dossin où, entre 1942 et 1944, 25 482 Juifs et 352 Tziganes ont été rassemblés avant d’être déportés à Auschwitz-Birkenau. Seulement 5 % reviendront vivants. Le site, devenu un mémorial sur la Shoah, est très sensible. Début 2013, les bourgmestres d’Anvers, de Malines et de Vilvorde, alertés par leurs réseaux d’éducateurs sociaux, de travailleurs de rue, de directeurs d’école, des dangers encourus, contactent les autorités fédérales qui établissent peu après une liste de dix villes à hauts risques. Le gouvernement fédéral leur accorde des aides financières spécifiques « dans le cadre de la prévention de la radicalisation violente ». Aux trois communes flamandes vient s’ajouter Maaseik, petite cité du Limbourg proche des frontières hollandaise et allemande, où deux départs pour le djihad ont eu lieu. Liège et Verviers suivront, en région wallonne, puis la Ville de Bruxelles et trois communes bruxelloises : Schaerbeek, Anderlecht et Molenbeek-Saint-Jean.« C’était un peu la panique, confie un haut fonctionnaire. Nous ne comprenions pas ce qu’il se passait. Molenbeek, pourtant un foyer majeur du salafisme le plus radical et considéré comme une base arrière pour les terroristes français, ne s’était pas encore manifesté vis-à-vis de ces appels au djihad. » « Je n’ai découvert cette problématique qu’en 2013 lors de mon élection, confirme Françoise Schepmans, bourgmestre de Molenbeek, membre du Mouvement réformateur, le parti libéral francophone. Mon prédécesseur n’en parlait jamais, pour lui, ce n’était pas visible. »« Liens tribaux et familiaux »Bruxelles, Vilvorde, Malines, Anvers… Au final, une grosse agglomération de 2 millions d’habitants où la barrière linguistique ne joue pas, selon l’islamologue Michael Privot, converti à l’âge de 19 ans et l’une des figures de proue de la communauté musulmane de Belgique – entre 600 000 et 700 000 personnes, dont près de 500 000 d’origine marocaine. « La première génération d’immigrés marocains arrivée au début des années 1960 est venue de régions homogènes. Elle est connectée par des liens tribaux et familiaux. Tout le monde échange son carnet d’adresses. Voilà pourquoi la relation de “frère à frère” est si importante. Si l’un part en sucette, l’autre suivra… »Depuis 2013, le Forum belge pour la prévention et la sécurité urbaine, un réseau de villes fondé en 1995 et qui en rassemble aujourd’hui une centaine, a créé pour les dix communes les plus exposées à la radicalisation une plate-forme de concertation où police locale, police fédérale, sûreté de l’Etat, bourgmestres, experts de terrain et membres de l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace se parlent. « Enfin ! », dit sous couvert d’anonymat l’un des acteurs conviés. Objectif ? D’abord, partager l’information. Rien de simple vu le millefeuille administratif et policier qu’est la Belgique avec ses rivalités politiques et régionales.Cette coopération a permis d’en savoir plus sur le profil des 500 Belges engagés sur le terrain. De jeunes délinquants, certes, mais aussi des personnes éduquées. En tout cas, souvent, une structure familiale en difficulté, avec un père absent ou violent. Le recrutement se fait de plus en plus discrètement, il est même caché. Et puis, surtout, les déménagements sont fréquents. Un jour à Anvers, le lendemain à Molenbeek ou à Vilvorde.Ces allers et venues représentent un vrai casse-tête à Anvers qui compte 515 000 habitants, dont un sur cinq est de religion musulmane. Avec ses 2 700 policiers locaux, la ville gérée depuis 2013 par Bart de Wever de la N-VA (Alliance néoflamande), le parti nationaliste flamand qui a siphonné une partie des voix de l’extrême droite, dispose du contingent d’uniformes le plus important du pays.« Rien n’est jamais fini »Quatre-vingt-un jeunes Anversois sont partis en Syrie, pour la plupart entre 2012 et 2013. « La police fédérale nous a transmis une autre liste de quelques centaines de noms. Mais quels sont les critères retenus ? La barbe ? Le fait de ne pas serrer la main aux femmes ? Il faut d’abord cibler juste », avance Johan Vermant, le porte-parole du bourgmestre. « Quand vous voyez une Mercedes noire s’arrêter devant un bar à chicha, et que deux jeunes montent dedans, est-ce du trafic de drogue ou du recrutement terroriste ? », demande-t-il. Cette année, plusieurs tentatives de départ de jeunes de la ville ont été stoppées à l’aéroport de Düsseldorf, hub important et bon marché pour la Turquie.Mais il n’y a pas que les départs, dont le flot ne tarit pas, qui inquiètent. Les retours sur le territoire de jeunes formés à la guerre sont autant de menaces. Selon des chiffres de la sûreté, 54 anciens combattants belges étaient rentrés en mars 2014. Ils seraient près de 140 aujourd’hui.A Vilvorde, plus aucun jeune n’est parti depuis dix-neuf mois, mais « rien n’est jamais fini. J’ai peur que d’autres ne franchissent le pas », s’inquiète Hans Bonte. Dans certaines familles fragilisées, les tensions montent. Une mère craint que le fils d’une autre ait mauvaise influence sur son enfant… Le climat est malsain ». Au-dessus de son bureau, l’ancien éducateur social, qui a travaillé pendant quelques années à Molenbeek, a accroché un tableau de Jean-François Portaels (1818-1895), un peintre orientaliste né à Vilvorde, grand prix de Rome. L’œuvre, Le Fumeur syrien, était entreposée dans les collections de la commune. Il a demandé à ce qu’elle regagne l’hôtel de ville pour ne pas oublier un seul instant le combat qui est désormais le sien.Marie-Béatrice Baudet (Malines, Vilvorde, Anvers (envoyée spéciale))Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) Le premier ministre britannique, David Cameron, a apporté, lundi 23 novembre lors d’une visite à Paris, un soutien explicite à la France dans sa politique de frappes contre l’Etat islamique en Syrie et affiché sa volonté de voir le Royaume-Uni faire de même. « Je soutiens fermement l’action entreprise par le président Hollande pour frapper l’Etat islamique en Syrie », a déclaré M. Cameron lors d’une déclaration avec François Hollande à l’Elysée. Il a ajouté avoir la « ferme conviction que la Grande-Bretagne doit en faire de même » et précisé qu’il interviendrait devant son Parlement cette semaine pour présenter « notre stratégie d’ensemble ».Suivez la situation en direct sur notre siteSi David Cameron et François Hollande n’ont guère d’atomes crochus, l’« entente cordiale » est donc de rigueur depuis les attentats de Paris qui ont profondément ému les Britanniques et déclenché un étonnant déferlement de francophilie. Le premier ministre britannique est allé avec le président français se recueillir devant le Bataclan, lundi. L’entretien qui a suivi à l’Elysée marque une étape importante dans la stratégie de François Hollande de coordonner la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI) et dans la volonté de David Cameron de convaincre l’opinion et les députés britanniques de la nécessité d’étendre à la Syrie des frappes contre l’EI jusqu’à présent limitées à l’Irak.Échaudé par la cinglante rebuffade du Parlement en août 2013, le premier ministre répétait qu’il ne solliciterait un nouveau vote à Westminster que s’il avait la certitude d’obtenir une majorité. Début novembre, l’avis négatif de la commission des affaires étrangères des Communes s’ajoutant à l’élection du pacifiste Jeremy Corbyn à la tête du Labour avait semblé sceller le renoncement de M. Cameron.Frappes avant Noël ?Les attentats parisiens du 13 novembre ont diamétralement changé la donne. Le premier ministre fait assaut de solidarité avec la France et pousse les feux pour que les Tornado de la Royal Air Force participent avant Noël aux frappes contre l’EI en Syrie. Le Royaume-Uni doit se comporter « comme Churchill, et non comme Chamberlain », tel est le message que M. Cameron entend désormais faire passer. « Nous ne pouvons laisser à d’autres la charge et les risques de protéger notre pays », écrit-il, lundi, dans le Telegraph. Dès jeudi 26 novembre, il s’adressera aux Communes en réplique à la commission des affaires étrangères. M. Cameron mettra en avant à la fois la précision des armes britanniques et la nécessité pour Londres de se tenir aux côtés de Paris et de Washington pour être pris au sérieux. « La Grande-Bretagne n’a jamais été un pays qui reste sur la touche », a appuyé George Osborne, dimanche à la BBC. Le numéro deux du gouvernement a mis en garde les députés : un vote négatif serait « un coup de publicité » pour l’EI et adresserait « un terrible message sur le rôle de la Grande-Bretagne dans le monde ».Vendredi 20 novembre, une semaine après les attentats, David Cameron avait été prompt à se féliciter du vote de l’ONU, à l’initiative de la France, en faveur d’une résolution autorisant « toutes les mesures nécessaires » pour lutter contre l’EI. Ce vote, auquel s’est jointe la Russie, « montre incontestablement l’ampleur du soutien international pour faire davantage en Syrie », avait-il commenté.M. Cameron, outre la volonté de « tenir son rang » et de répondre à l’angoisse générée dans la population par la tuerie parisienne, devait annoncer lundi l’augmentation des dépenses militaires de 12 milliards de livres (16,5 milliards d’euros). Le Royaume-Uni sera « la seule grande puissance à dépenser 2 % de son PIB pour la défense », se targue-t-il dans le Telegraph. L’annonce de l’envoi par la France du porte-avions Charles-de-Gaulle a souligné le fait que le Royaume-Uni ne possède plus, pour le moment, un tel vaisseau. Les événements parisiens nourrissent aussi une polémique sur la réduction des effectifs de police induite par la politique d’austérité.Diviser l’oppositionMais l’affaire syrienne est aussi une occasion pour M. Cameron de diviser l’opposition et d’ébranler un peu plus son leader, Jeremy Corbyn, qu’il compare à Chamberlain, le premier ministre qui a plié devant Hitler. Une vingtaine de députés conservateurs sont réputés hostiles à des frappes en Syrie et le premier ministre a besoin du renfort d’au moins autant d’élus travaillistes. Or, au sein de ces derniers, la rébellion fait rage contre les positions de Jeremy Corbyn, au point que le vote sur la Syrie menace son autorité.Longtemps président de la plate-forme Stop the War, M. Corbyn a mis en garde samedi contre une « intervention extérieure » en Syrie. « L’expérience de l’Afghanistan, de l’Irak et de la Libye a convaincu beaucoup de nos concitoyens que l’enthousiasme de l’élite pour des interventions militaires sans fin n’a fait que multiplier les menaces contre nous, tout en semant la mort et la déstabilisation », a-t-il déclaré, faisant allusion au traumatisme causé par les mensonges de Tony Blair pour justifier l’intervention en Irak en 2003.Lire aussi :Qui est Jeremy Corbyn, nouveau leader de la gauche britannique ?Les maladresses de M. Corbyn, qui a critiqué le poids médiatique accordé aux attentats de Paris par rapport à ceux de Beyrouth et tergiversé sur l’armement des policiers, ont semé le trouble dans son propre entourage. Lui qui a voté 500 fois contre les positions de son parti depuis 1997 répète que la discipline du parti doit jouer lors du vote sur la Syrie. Dimanche, sous la pression des députés partisans d’une intervention, son plus fidèle allié, John McDonnell, a tourné casaque et s’est prononcé pour la liberté de vote. Ce repositionnement ne peut qu’encourager David Cameron à solliciter un vote avant la suspension de la session parlementaire, le 17 décembre. Dans les heures suivantes, les Tornado pourraient décoller vers la Syrie.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.11.2015 à 03h42 • Mis à jour le23.11.2015 à 20h19 A l’issue de plusieurs heures de discussion, le gouvernement belge a décidé, lundi 23 novembre, de maintenir l’alerte menace terroriste à Bruxelles au niveau 4 (« menace sérieuse et imminente »). Elle reste au niveau 3 dans le reste du pays.Les autorités belges redoutent donc toujours un attentat du type de ceux qui ont été perpétrés en France le 13 novembre et n’ont rien modifié aux dispositions qui resteront en vigueur en mardi, pour la quatrième journée d’affilée : fermeture des centres commerciaux et du métro ; renforcement des capacités des services de police et de l’armée à Bruxelles et dans les autres régions. Les écoles devraient toutefois rouvrir progressivement à partir de mercredi, comme le métro, avec un renforcement de la surveillance.Une série d’opérations de police a été menée depuis dimanche soir dans l’agglomération de Bruxelles et à Charleroi, résultant en l’inculpation d’une personne.Suivez la situation en direct sur notre siteDes dizaines d’interpellations dans la région de Bruxelles et à Liège, une inculpation Parmi les vingt et une personnes interpellées en Belgique depuis dimanche, dix-sept ont été relâchées, trois sont toujours en garde à vue et une a été inculpée « de participation aux activités d’un groupe terroriste et d’attentat terroriste ». Ni armes ni explosifs n’ont été saisis lors de ces opérations, ce qui laisse supposer que la menace terroriste « sérieuse et imminente » qui pèserait sur Bruxelles n’est pas encore écartée. C’est la quatrième personne placée en détention en Belgique depuis les attentats de Paris.Il se confirme, en tout cas, que Molenbeek a été la base du groupe djihadiste. Une perquisition menée à la fin de la semaine dernière dans la commune a permis la découverte d’une cache d’armes chez Abraimi Lazez, un Marocain proche de Brahim et de Salah Abdeslam et d’Abdelhamid Abaaoud. Visiblement irrité par le fait que des informations sur ce vaste réseau aient échappé à ses services, le ministre de l’intérieur, Jan Jambon, veut faire contrôler chaque adresse, maison par maison, de Molenbeek, jugeant « inacceptable » que les autorités ignorent qui se trouve dans cette municipalité.Salah Abdeslam toujours activement recherché Le parquet a annoncé que ces opérations policières n’avaient pas permis d’interpeller Salah Abdeslam, soupçonné d’avoir joué au minimum un rôle de logisticien dans les attaques terroristes à Paris et à Saint-Denis. Ce Français de 26 ans, résidant en Belgique, aurait fui dans ce pays quelques heures après les attentats du 13 novembre, aidé par deux hommes. Le parquet belge a démenti des informations de presse selon lesquelles Salah Abdeslam aurait pris la fuite dimanche soir à bord d’une BMW dans les environs de Liège.Le rôle joué par Salah Abdeslam dans les attentats qui ont frappé Paris et Saint-Denis est encore flou. Le mystère demeure sur l’attitude du cadet des frères Abdeslam. A-t-il reculé au dernier moment ? Devait-il commettre un attentat dans le 18e arrondissement de Paris, évoqué dans un communiqué de revendication djihadiste, et où une Clio louée à son nom a été retrouvée ?Lire aussi :Les Abdeslam, frères de sangA Bruxelles, un troisième jour au ralentiDepuis samedi, le métro et les écoles sont fermés, ainsi que les crèches, les universités et les hautes écoles. Du jamais-vu dans le royaume. Des militaires et des policiers étaient visibles à tous les endroits clés de la capitale, des blindés de l’armée étaient positionnés sur la Grand-Place, devant la Bourse ou aux abords des institutions européennes.Les rues sont calmes, mais pas désertes. La circulation automobile n’a pas cessé, loin de là, mais elle est moins dense, et les klaxons se font rares. « Ça circule bien », souligne Rachid, chauffeur de taxi. Avec quatre ou cinq confrères, il attend les clients près de la gare, les mains dans les poches, pour se protéger du froid. « Ce n’est pas le rush, mais on a plus de gens que d’habitude, comme il n’y a pas de métro. Ce sont surtout des trajets pour se rendre au travail. » La gare elle-même n’a rien de la ruche habituelle.L’atmosphère est très inégale selon les quartiers. Certains sont déserts, comme celui du Parlement européen. Même la police n’y est pas si visible. La Commission européenne s’est déclarée en « niveau jaune de sécurité », estimant ne pas être une cible pour les terroristes. D’autres lieux, comme l’avenue de Stalingrad, généralement très animée, restent relativement vivants.Lire la suite de notre reportage :Dans Bruxelles, une capitale au ralenti 22.11.2015 à 18h47 • Mis à jour le24.11.2015 à 16h44 Il est passé en quelques jours de l’anonymat, y compris pour certains services de renseignement, au statut d’« ennemi public numéro un », comme le qualifie la presse belge : Salah Abdeslam est activement recherché en Belgique depuis le 13 novembre, soupçonné d’avoir participé aux attentats à Paris et à Saint-Denis qui ont causé la mort de 130 personnes. Son frère Brahim s’est, lui, fait exploser le même soir en terrasse du Comptoir Voltaire, un bar du 11e arrondissement.Suivez la situation en direct sur notre siteDeux frères issus d’une fratrie de quatre enfants Salah, âgé de 26 ans, et Brahim, 31 ans, sont tous deux nés à Bruxelles et vivaient à Molenbeek, commune de la région Bruxelles-Capitale. Leurs parents sont d’origine marocaine et ont vécu en Algérie française, obtenant alors la nationalité française, qu’ils ont ensuite transmise à leurs trois fils et leur fille. Abdaramane, conducteur de métro bruxellois à la retraite, et Yamina, femme au foyer, sont décrits par les habitants du quartier comme « très gentils et très souriants », « adorables ».Leur frère, Mohamed, est employé à la mairie de Molenbeek depuis une dizaine d’années. Un homme « charmant », selon sa chef de service. Il a été membre du cabinet de l’ancien maire PS, Philippe Moureaux, grande figure de la vie locale.Brahim, « une crème » et un fumeur de cannabisSelon un de leurs amis rencontré par Ouest-France, Brahim Abdeslam « était une crème » :« Il avait fait des conneries avant, mais rien de bien méchant. Ce n’était pas un violent. Je ne l’ai jamais vu en colère. »Electricien de formation, il n’avait jamais vraiment exercé. Son ex-femme, Niama, avec qui il a été marié (civilement et non religieusement) pendant deux ans, a décrit au quotidien britannique The Daily Mail quelqu’un de bon caractère, jamais violent, mais fainéant.« Son activité favorite était de fumer de l’herbe et de dormir. Il dormait souvent la journée. La quantité de joints qu’il fumait était impressionnante. »Brahim était propriétaire du bar Les Béguines, à Molenbeek, qui avait fait l’objet d’une fermeture administrative pour cinq mois, neuf jours avant les attentats, après constatation de consommation de cannabis dans l’établissement. En mai, il avait été pris en flagrant délit du braquage d’un bar-tabac. Une arrestation alors filmée par une équipe de télévision belge.Salah, « toujours dans l’excès » Salah Abdeslam est officiellement gérant du bar dont son frère est le propriétaire. A 26 ans, il menait une vie faite d’excès, selon les différents témoignages des personnes qui le fréquentaient. Pour l’ami rencontré par Ouest-France, il est « énergique, toujours dans l’excès » :« Ce n’était pas la peine d’essayer de le trouver avant 15 heures. Il passait son temps à dormir, parce qu’il sortait tard. Il sortait, il dormait, il sortait, il dormait. Il était toujours un peu “stone”. Il faisait les quatre cents coups. Son truc, c’était les bonnes cuites, les femmes, presque une différente tous les soirs… »Le président d’un centre de jeunes de Molenbeek, Moustafa Zoufri, a décrit à France TV info quelqu’un de « très timide et gentil », qui « disait bonjour ». Tandis que d’autres amis le décrivent « mec à meufs, mignon, beau gosse » dont la vie était davantage occupée par le football, les sorties et le cannabis que par la religion. Son frère Mohamed le dit, lui, « très intelligent ».Selon Libération, il aurait travaillé au sein de Molenbeek Formation, une antenne de la mission locale, avant d’être engagé par la STIB, la société de transports bruxellois, en septembre 2009. Il en a été licencié en février 2011 après de nombreuses absences.Une radicalisation récenteLes trois frères, Brahim, Salah et Mohamed, ont eu des démêlés avec la justice au début des années 2000, comparaissant devant un tribunal de Bruxelles pour trafic de stupéfiants. Jeune, Brahim avait provoqué un incendie dans le logement de sa famille.Mais c’est après 2010 que le jeune Salah a, semble-t-il, commencé à se radicaliser, lorsqu’il a effectué un séjour en prison pour vol avec effraction et trafic de drogue. Il aurait alors côtoyé Abdelhamid Abaaoud, considéré comme l’instigateur principal des attentats de Paris (ainsi que d’autres attentats déjoués ces derniers mois) et qui a rejoint les rangs de l’organisation Etat islamique en 2013. Selon Mathieu Guidère, expert français du terrorisme, ce dernier aurait alors pu enseigner au jeune Salah « la théologie de la dissimulation pour contourner les services de sécurité et la surveillance du renseignement ».Alors que leurs amis ne voyaient pas en eux des « radicalisés », leur frère Mohamed a vu chez Brahim et Salah, « il y a six mois, un changement de comportement », sans pour autant s’en inquiéter. Il assure que la famille ne savait rien de leur projet.« Le fait de vivre plus sainement, de prier, de ne plus boire d’alcool, d’aller à la mosquée de temps en temps, ce n’est pas directement un signe de radicalisation. Il n’y avait pas de discours laissant penser à une radicalisation. »Brahim aurait tenté d’aller en Syrie en janvier, mais aurait échoué à la frontière syro-turque. Salah, lui, y serait parvenu et serait ensuite revenu par la Grèce en août.Leur rôle présumé le 13 novembre et la fuiteBrahim Abdeslam s’est fait exploser au Comptoir Voltaire, dans le 11e arrondissement de Paris, à 21 h 43. Sa ceinture d’explosifs n’aurait heureusement pas fonctionné comme prévu, blessant tout de même deux personnes grièvement et une dizaine d’autres légèrement.Le rôle de Salah Abdeslam, lui, est encore flou. Les enquêteurs pensent désormais que c’est lui qui aurait conduit les trois kamikazes du Stade de France au volant d’une Clio retrouvée ensuite dans le 18e arrondissement à Paris. Dans son communiqué de revendication, l’Etat islamique évoque cet arrondissement mais aucune attaque n’y a finalement eu lieu : une hypothèse serait que Salah aurait renoncé au dernier moment, comme le rapporte L’Obs, ou bien que sa ceinture d’explosifs n’aurait pas fonctionné.Il aurait alors appelé deux de ses amis en Belgique, Hamza Attou et Mohamed Amri, pour qu’ils l’aident à repasser la frontière. Ce que les deux hommes ont fait, arrivant en France en voiture vers 3 heures du matin, dans la nuit de vendredi à samedi. Ils auraient retrouvé Salah, dont le portable a été localisé du côté de Montrouge et Châtillon, porteur d’une ceinture d’explosifs et dans un état de « choc », selon une de leurs avocates.Le groupe aurait alors pris le chemin de la Belgique. Contrôlés à Cambrai vers 9 heures du matin, ils ont pu repartir – Salah Abdeslam n’avait alors pas été identifié. Hamza Attou et Mohamed Amri sont poursuivis pour leur soutien logistique dans la fuite de Salah mais nient toute implication dans l’attaque. Mohamed Amri est toutefois soupçonné d’avoir pu jouer un rôle dans la confection des explosifs. 22.11.2015 à 06h00 • Mis à jour le22.11.2015 à 21h42 Les autorités de la république de Crimée ont annoncé, dans la nuit de samedi à dimanche 22 novembre, avoir instauré l’état d’urgence, peu après une coupure totale de l’électricité venant d’Ukraine. Des sources ukrainiennes ont affirmé que ces coupures étaient dues à un sabotage de lignes à haute tension, sans indiquer qui pourrait en être responsable. Sur les 2 millions d’habitants de la région, 1,6 million sont privés de courant.La péninsule de Crimée, auparavant république autonome d’Ukraine, a été envahie par l’armée russe en mars 2014, peu après le renversement à Kiev du président prorusse Viktor Ianoukovitch.Un référendum orchestré par les autorités d’occupation a préludé à son rattachement unilatéral à la Fédération de Russie, le même mois. Ce rattachement est dénoncé par l’Ukraine et a valu à la Russie des sanctions internationales, toujours en place.Lire aussi :Comment Vladimir Poutine a « commencé le travail » en CriméeQuatre lignes à haute tension depuis l’UkraineSelon l’agence de presse russe TASS, l’électricité en provenance d’Ukraine alimente normalement la péninsule de Crimée par quatre lignes à haute tension. Deux de ces lignes ont été sabotées dans la nuit de jeudi à vendredi, selon l’agence de presse ukrainienne UNIAN.La compagnie énergétique d’Etat ukrainienne, Ukrenergo, a publié des photos d’un pylône électrique abattu et d’un autre endommagé. Selon elle, la nature des dégâts évoque un sabotage avec un possible « usage d’engins explosifs ». Selon l’agence russe RIA Novosti, ce sabotage a eu lieu dans la région de Kherson, au nord de la Crimée, en territoire ukrainien.Les deux lignes à haute tension restantes semblent avoir été elles aussi mises hors service par une explosion. Le premier vice-premier ministre de la république de Crimée, Mikhaïl Sheremet, cité par l’agence TASS, a déclaré que la péninsule ne pouvait fournir elle-même que la moitié de ses besoins en électricité.A la suite de la coupure, « les générateurs de la république de Crimée ont été mis en marche. A 1 h 20, les villes de Simféropol, Ialta et Saki sont partiellement connectées », a indiqué le ministère des situations d’urgence. Les hôpitaux et d’autres établissements sensibles sont alimentés en électricité par des générateurs, a précisé le ministère.Lire aussi :La Crimée à l’heure de Moscou Nicolas Truong Des idées pour tenter de comprendre les sombres temps dans lesquels nous sommes plongés. Des réflexions pour résister à la terreur et à la sidération. Des analyses, parfois contradictoires, destinées à déjouer la panique et le prêt-à-penser. Car si la réponse de la France aux attaques terroristes du 13 novembre est désormais policière, judiciaire et militaire, la riposte peut être aussi morale et intellectuelle.Face à ce climat mortifère, nous avons besoin de boussole et de repères. L’approche philosophique ne permet certes pas de panser les plaies, mais peut apporter quelques éléments de compréhension. Non pas pour accepter ou justifier l’horreur, mais afin, au contraire, de mieux répliquer à cette gigantesque déflagration.Pour cela, la France doit faire le deuil de l’illusion d’une Europe affranchie des frontières et de ­l’Etat-nation, explique l’universitaire américain Mark Lilla, qui connaît si bien ce Paris bohème ­ensanglanté où il séjourna, notamment lors des ­attentats contre Charlie Hebdo. Et l’Union européenne doit cesser de laisser se métastaser « le cancer de l’extrémisme islamique » qui se répand dans la porosité de l’espace Schengen, renchérit l’écrivaine néerlando-somalienne Ayaan Hirsi Ali.Une certaine jeunesse en déshérenceGare cependant à la tentation du repli, prévient le philosophe allemand Jürgen Habermas. Plutôt que de « sacrifier » les vertus démocratiques sur « l’autel de la sécurité », la France comme les autres pays européens devrait remédier à la « pathologie ­sociale » d’une certaine jeunesse en déshérence qui sombre dans le djihadisme.D’autant que la République n’est pas vide de sens ni de spiritualité, défendent, loin des idées reçues, les philosophes Pascal Engel et Claudine Tiercelin. Car, paradoxalement, explique l’historien Marcel Gauchet, la réactivation du fondamentalisme islamique est le signe d’un processus de « sortie de la religion », inséparable d’une mondialisation qui achève son expansion.Il faudra pourtant mener une « guerre idéologique » contre le fanatisme islamique, assure le philosophe américain Michael Walzer. Mais aussi un combat éthique contre notre légitime propension à céder « aux logiques de peur et de haine », indique le philosophe français Frédéric Gros. Autant d’appels à la résistance intellectuelle, autant ­d’invitations à philosopher par gros temps.A lire sur le sujet:- Entretien avec Jürgen Habermas: « Le djihadisme, une forme moderne de réaction au déracinement », propos recueillis par Nicolas Weill. Le fondamentalisme djihadiste n’est en rien une religion, souligne le philosophe allemand.- Nous devons mener une guerre idéologique, par Michael Walzer. Le philosophe américain estime que les intellectuels ont le devoir de réactiver la cause d’Etats sans dieux face au fanatisme religieux. (You will find this article in English here)- La fin des illusions d’une France sans frontières, par Mark Lilla (professeur en humanités à l’université Columbia, Etats-Unis). Fin connaisseur de la France, l’universitaire américain autopsie un pays qui doit faire le deuil de ses victimes comme de ses croyances politiques.- Entretien avec Marcel Gauchet : « Le fondamentalisme islamique est le signe paradoxal de la sortie du religieux », propos recueillis par Nicolas Truong. Pour l’historien, la mondialisation provoque une rupture avec l’organisation religieuse du monde. Elle touche de plein fouet les musulmans, dont une fraction résiste de façon radicale à la marche de l’histoire. Il explique que l’origine de la violence des terroristes n’est pas sociale ou économique, mais bien religieuse.- Non, les valeurs de la démocratie ne sont pas vides! Par Pascal Engel (directeur d’études à l’EHESS) et Claudine Tiercelin (professeure au Collège de France). La religion n’est pas seule à pouvoir répondre au vide de sens que l’on prête à nos sociétés. Les valeurs de la République sont pourtant des idéaux substantiels.- L’Europe doit prendre des mesures fortes pour combattre le cancer le l’islam radicalisé, par Ayaan Hirsi Ali. La fermeture des mosquées et autres lieux de propagande islamiste s’impose, tout comme le conditionnement de l’accueil des migrants au respect des valeurs européennes, afin d’endiguer la menace, estime l’écrivaine néerlando-somalienne.- Entretien avec Frédéric Gros : « Trop de sécuritaire tue la sécurité », propos recueillis par Nicolas Truong. Nous sommes bien en guerre, explique le philosophe et professeur de pensée politique, mais gare à ne pas tomber dans la surenchère sécuritaire. La résistance au climat de terreur peut être aussi bien éthique que militaire et politique, souligne-t-il, ajoutant qu’ « il faudrait refonder le concept de guerre ». Nicolas TruongResponsable des pages Idées-DébatsSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Baptiste Chastand Seize ans après sa création, le Bloc de gauche, un parti anti-austérité portugais lié à Syriza, a décidé de soutenir les socialistes pour renverser, mardi 10 novembre, le gouvernement de droite. Conclue également avec le Parti communiste, cette alliance est une première dans un pays où la gauche a jusqu’ici toujours été divisée.Fernando Rosas, professeur d’histoire à l’université nouvelle de Lisbonne et membre fondateur du Bloc de gauche, est un des idéologues du parti. Il explique ce qui a poussé sa formation, traditionnellement très critique vis-à-vis du Parti socialiste portugais, (PSP) à opérer ce tournant et à soutenir Antonio Costa pour qu’il forme un gouvernement.Comment expliquez-vous que la gauche portugaise, divisée depuis quarante ans, ait réussi à s’entendre ?Les législatives du 4 octobre ont permis aux socialistes, aux communistes et au Bloc de gauche d’obtenir une majorité très claire pour prôner une alternative à la politique d’austérité aveugle menée par le gouvernement de droite sortant. Le Bloc de gauche et le Parti communiste ont récolté ensemble près d’un million de voix à la gauche de la gauche. C’est sans précédent, et cela montrait que l’électorat voulait un véritable changement.La pression de notre base a été très forte : il fallait profiter de cette opportunité historique de gauche. L’accord n’est pas un programme du Bloc de gauche, on a fait des compromis et ce sera un gouvernement socialiste auquel nous ne participerons pas. Mais il est très précis, après avoir été très minutieusement négocié.Que prévoit-il ?Il vise surtout à revenir sur les coupes dans les salaires ou les retraites décidées ces dernières années. Il va certes augmenter les dépenses, mais en permettant une hausse de la consommation, et donc une augmentation des recettes fiscales. Il prévoit aussi une plus grande justice fiscale en taxant les grandes fortunes et la spéculation financière. En clair, il va permettre d’améliorer la vie des gens les plus pauvres, ceux qui ont été les plus touchés par la crise.Mais vous avez rénoncé à demander une renégociation de la dette et un changement des traités budgétaires européens…Nous n’avons pas renoncé, mais nous n’en avons pas fait une condition pour négocier le programme, c’est vrai. Il est toutefois prévu qu’une commission soit mise en place pour discuter de la dette. Et nous allons continuer à nous battre pour une amélioration des règles des traités. Mais on n’en a pas fait une condition, car cet accord permet d’abord des mesures très concrètes et très urgentes pour améliorer la vie des gens. C’est une opportunité unique après quatre ans de gouvernement de droite néoliberale et très radicale, qui ont fait beaucoup de mal au pays et provoqué le basculement de 800 000 votes de la droite pour la gauche. Le président de la République, qui est de droite, ne semble pas prêt à nommer le chef de file socialiste Antonio Costa comme premier ministre…Il est très hostile à cette option, mais la Constitution empêche d’appeler à de nouvelles élections avant juin. Il pourrait maintenir un gouvernement technique de droite jusque-là. Mais ce gouvernement n’aura pas de budget et ne pourra pas gouverner contre la majorité parlementaire. Ce serait la catastrophe. Je ne vois pas comment le président pourrait choisir cette voie.Comment expliquez-vous que le Parti communiste portugais, que vous qualifiiez vous-même de « sectaire », accepte désormais de s’allier avec vous et le Parti socialiste ?Il s’agit en effet d’un changement historique. Il y a eu une forte pression des milieux syndicaux sur le Parti communiste pour signer un accord, et notamment de la Confédération générale des travailleurs portugais (CGTP), le syndicat contrôlé par le parti. Les fédérations des professeurs et des transports publics voulaient un accord, car cela va permettre d’annuler les coupes dans les salaires et des retraites. L’accord permet surtout revenir sur les projets du gouvernement de droite qui aurait pu mettre en danger les centrales syndicales en restreignant la concertation collective au profit de la négociation individuelle.Pour vous, l’échec d’Alexis Tsipras à changer les règles budgétaires en Europe a-t-il joué ?La situation en Grèce était différente. Nous, nous n’allons pas gouverner, c’est le Parti socialiste qui va gouverner. Et Tsipras a dû accepter ces règles dans des conditions pires que nous.Qu’est-ce qui vous empêche encore de gouverner ?Ne pas rentrer au gouvernement nous permet d’être clairs. Il y a encore des divergences sur les questions européennes. Mais l’avenir permettra peut-être d’avancer sur cette question.Le Parti socialiste portugais a toujours été pro-européen et soutenu la rigueur budgétaire. A-t-il changé ?Il y a eu un changement qui a été bien interprété par la direction actuelle du parti. Cette question ne se posait d’ailleurs pas qu’à lui mais à tous les partis socialistes au niveau européen. Regardez le Parti travailliste britannique… ou le PSOE espagnol, qui est prêt à s’allier avec Podemos. Les partis socialistes européens sont devant un choix face à l’austérité : la soutenir ou retourner à des positions sociales-démocrates plus traditionnelles. Et nous avons aujourd’hui un programme social-démocrate.Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Michel Bezat Il faudra attendre 2020 pour voir le marché pétrolier se rééquilibrer et le baril revenir à 80 dollars (74 euros), soit environ 30 dollars au-dessus de son cours actuel. C’est l’une des principales conclusions du rapport 2015 (World Energy Outlook) de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) présenté à Londres, mardi 10 novembre, par son nouveau directeur exécutif, Fatih Birol. Ses experts n’excluent pas, pour autant, le scénario d’un accès de faiblesse durable des prix qui continueraient à évoluer autour de 50 dollars le baril jusqu’à la fin de la décennie.L’agence, qui dépend de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), reconnaît qu’une longue période de prix bas bénéficierait aux consommateurs. En revanche, elle risque d’entraîner des inquiétudes sur la sécurité énergétique en augmentant la dépendance vis-à-vis d’un nombre restreint de producteurs à bas coûts, comme l’Arabie saoudite. Et si les prix bas dissuadent les compagnies pétrolières de relancer leurs investissements, la pénurie d’or noir pourrait entraîner un brusque rebond des prix, indique M. Birol.Lire aussi :Le pétrole restera bon marché pour longtempsEn novembre 2014, les douze membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) avaient décidé de laisser les vannes grandes ouvertes. Les pétromonarchies du Golfe arabo-persique entendaient ainsi, par la baisse des cours, déstabiliser les producteurs américains d’huiles de schiste, dont les coûts d’extraction sont beaucoup plus élevés. Ils escomptaient ainsi conserver leurs parts de marché.Rôle central dans le monde pétrolierCette politique imposée par l’Arabie saoudite commence à porter ses fruits, et le cartel ne devrait pas la modifier lors de sa prochaine réunion, le 4 décembre, à Vienne. La production des Etat-Unis a en effet atteint un pic en juin (9,6 millions) et la baisse a été de 450 000 barils par jour depuis.Si l’effondrement des prix depuis son record de juin 2014 (115 dollars) a touché tous les pays du cartel, surtout les plus fragiles (Venezuela, Nigeria, Algérie, Libye, etc.), leur remontée bénéficiera à ceux qui, comme l’Irak et l’Iran, sont capables de pomper davantage de brut, analyse l’agence.L’AIE considère que l’OPEP continuera à jouer un rôle central dans le monde pétrolier. Sa part de marché va s’accroître d’ici à 2020 pour atteindre 41 %, alors que celle des autres pays (Russie, Norvège, Etats-Unis, etc.) stagnera dans les cinq prochaines années. Cette part devrait grimper à 44 % en 2025, soit 2 % de plus que les prévisions faites par l’AIE en 2014.Pour l’heure, l’offre est très supérieure à la demande. Mais dans les gisements arrivés à maturité (mer du Nord, Moyen Orient, golfe du Mexique, etc.), la production recule naturellement de plus de 5 % par an. Pour maintenir la production à son niveau actuel de 92 millions de barils par jour, estime M. Birol, les compagnies devront investir 630 milliards de dollars (589 milliards d’euros) chaque année dans l’exploration et la production.« Sérieux défis »Elles ont réduit ces investissements de 20 % en 2015 et la baisse se poursuivra en 2016. Deux années consécutives de réduction, « c’est du jamais vu depuis vingt-cinq ans », a souligné M. Birol. Une fois les prix stabilisés autour de 80 dollars le baril, la production américaine de shale oil devrait repartir au cours de la prochaine décennie et atteindre 5 millions de barils par jour.L’AIE n’hésite pas à se projeter en 2040, même si l’exercice est aléatoire. Avec 49,2 millions de barils par jour, l’OPEP assurerait presque la moitié de la production mondiale de pétrole. Les pays d’Asie seraient alors dangereusement dépendants de leurs fournisseurs du Moyen Orient, notamment les Saoudiens, les Iraniens et les Irakiens, mais aussi les Vénézuéliens.L’avenir n’est pourtant pas écrit, nuance l’AIE. Car certains pays à fortes ressources en hydrocarbures font aussi face à des « sérieux défis ». L’instabilité politique et le manque de sécurité risquent, selon elle, de dissuader les investisseurs internationaux. En attendant, prévient M. Birol, « ce n’est surtout pas le moment de se relâcher ». Cette période de prix bas doit être mise à profit, selon lui, pour « renforcer notre capacité à affronter les futures menaces pesant sur notre sécurité énergétique ». Lire aussi :Vallourec : pétrole meurtrierJean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Le Parlement catalan a voté lundi 9 novembre, une résolution qui marque « le début du processus de création de la République catalane » et entend rompre avec le Tribunal constitutionnel et les lois espagnoles.Depuis les deux brèves déclarations d’indépendance de la Catalogne en 1931 et 1934, jamais le défi indépendantiste n’avait été si loin. Arrivé en terre inconnue, il semble impossible de prédire jusqu’où il ira.Il est difficilement imaginable que les indépendantistes, qui ont obtenu la majorité absolue en sièges (72 sur 135) mais pas en voix (47,8 %) lors des élections régionales du 27 septembre, parviennent à suivre leur feuille de route vers la sécession sans que Madrid n’intervienne, d’une façon ou d’une autre, pour faire respecter la Constitution espagnole et défendre « l’unité indissoluble de la nation espagnole » que proclame l’article 2.Lire sur Les Décodeurs :Pourquoi la Catalogne veut-elle son indépendance ?Mais il est difficile d’imaginer que les tensions entre Madrid et Barcelone puissent s’éteindre d’elles-mêmes, alors que près de deux millions de Catalans ont voté pour des partis indépendantistes.Les discussions entre Madrid et Barcelone étant rompues depuis plus d’un an, on assiste à un dialogue de sourds. Les indépendantistes catalans attendent du gouvernement espagnol qu’il réagisse avec force afin d’obtenir la médiation de la communauté internationale.Pour sortir de cette impasse, la tenue, tôt ou tard, d’un véritable référendum d’indépendance semble inéluctable. Mais pour le moment, le calendrier espagnol prévoit d’autres échéances qui pourraient être décisives pour l’avenir du processus indépendantiste catalan.Mardi 10 novembre Artur Mas se soumet à un premier vote d’investiture pour former le gouvernement régional. Il a besoin de la majorité absolue des voix au parlement catalan. Il est très improbable qu’il l’obtienne, car la Candidature d’unité populaire (CUP), petit parti séparatiste d’extrême gauche anticapitaliste, lui reproche les affaires de corruption qui touche son parti et sa politique d’austérité.Mercredi 11 novembre Mariano Rajoy a convoqué un conseil des ministres extraordinaire qui doit déposer un recours auprès du Tribunal constitutionnel contre la résolution indépendantiste. Celle-ci devrait être suspendue dès le lendemain, jeudi 12 novembre. Mais il est peu probable que les indépendantistes respectent la suspension émanant de l’organe juridique qu’ils viennent de défier. En cas de rébellion, le Tribunal constitutionnel peut suspendre les élus de leurs fonctions. Mais s’ils n’admettent pas la sanction, Madrid serait bien en mal de la faire appliquer par la force. Envoyer la police arrêter des élus, même insoumis, est une image que le gouvernement cherchera à tout prix à éviter.Jeudi 12 novembre Artur Mas se soumet à un deuxième vote d’investiture. Cette fois, une majorité simple de vote en faveur lui suffit. Il ne lui manque que deux voix. S’il n’a pas obtenu l’investiture avant le 9 janvier, il devra convoquer de nouvelles élections.10 décembre Selon la résolution votée le 9 novembre, le parlement catalan s’engage à adopter « dans un délai maximal de trente jours » les lois qui lui permettent de se doter d’une Constitution, d’une sécurité sociale et d’un Trésor public propres. Madrid devrait bloquer de telles initiatives, mais la désobéissance est possible. En dernier recours, le gouvernement pourrait demander la suspension de l’autonomie catalane et prendre le contrôle des institutions régionales.20 décembre Élections législatives. La Catalogne sera au cœur de la campagne électorale. Pour le Parti populaire, associé au nationalisme espagnol, ou le parti Ciudadanos, de centre droit et antinationaliste, le défi indépendantiste est presque une aubaine. Leur discours est clair : ils se posent en défenseurs de l’unité de l’Espagne.Si une alliance PP-Ciudadanos est formée après les élections, comme le laissent augurer les sondages, la tension avec la Catalogne pourrait encore monter d’un cran.Pour le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), considéré plus conciliant avec les nationalistes, le débat catalan est incommodant. La position longtemps défendue par sa branche catalane, le Parti socialiste catalan (PSC), en faveur d’un référendum sur l’indépendance tout en défendant le maintien en Espagne, lui a été néfaste. Depuis, il l’a abandonnée et prône une réforme de la Constitution vers un modèle davantage fédéral. Le parti de la gauche anti-austérité Podemos est le plus embarrassé par ce thème de campagne. Il défend actuellement l’ancienne position du PSC : en faveur d’un référendum pour laisser les Catalans décider.Les partis indépendantistes catalans, Convergence démocratique de Catalogne (CDC, droite nationaliste), le parti d’Artur Mas, et la Gauche républicaine indépendantiste (ERC), ne se présenteront pas sous une liste commune pour ces élections, comme ils l’ont fait le 27 septembre, ce qui permettra de mesurer les forces de chacune.9 janvier Si à cette date, Artur Mas n’a pas obtenu l’investiture de la Chambre, il devra convoquer de nouvelles élections régionales. Le résultat qu’aura obtenu CDC aux législatives du 20 décembre pourrait alors changer la feuille de route du parti d’Artur Mas. Si, éclaboussé par les affaires de corruption, doublé sur sa gauche par ERC, abandonné par les nationalistes modérés, CDC subit une forte chute électorale, il n’est pas impossible qu’il abandonne la voie sécessionniste.Printemps 2017 Si les indépendantistes suivent leur feuille de route, ils devraient à cette date organiser un référendum sur la Constitution de la République catalane qu’ils auront rédigée. Il est peu probable que la tension dure jusque-là.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.11.2015 à 17h03 • Mis à jour le10.11.2015 à 17h53 Le président roumain, Klaus Iohannis, a désigné au poste de premier ministre, mardi 10 novembre, l’ancien commissaire européen à l’agriculture Dacian Ciolos, à la suite de la démission de Victor Ponta, après le drame de l’incendie d’une discothèque de Bucarest à la fin d’octobre. M. Iohannis a déclaré :« Nous avons besoin d’un premier ministre indépendant, ou technocrate comme on dit, d’une personne intègre, qui n’a pas été impliquée dans des scandales et qui a démontré être capable de gérer des situations compliquées. »Un mouvement citoyen s’est déclenché à la suite de cet incendie — dont le dernier bilan est désormais de 46 morts et 15 blessés grave — qui a mis en lumière des manquements à la réglementation et une vaste affaire de corruption des autorités locales.Ancien étudiant en FranceCommissaire à l’agriculture entre 2010 et 2014, M. Ciolos, 46 ans, est depuis juillet le conseiller pour la sécurité alimentaire de l’actuel président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Entre 2007 et 2008, il fut ministre de l’agriculture, sans étiquette, dans le gouvernement roumain de centre droit.Ingénieur horticole et agronomie de formation, M. Ciolos a fait une partie de ses études en France, à Rennes puis à Montpellier, où il a rencontré son épouse française. Il est également proche de l’eurodéputé français Michel Barnier (LR), ancien commissaire européen. 10.11.2015 à 15h25 • Mis à jour le10.11.2015 à 15h29 Le ministre turc des affaires européennes, Volkan Bozkir, considère les critiques de l’Union européenne sur la situation en Turquie « injustes et même disproportionnées ». Quant aux commentaires sur les pouvoirs exercés par le président islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan, il les qualifie d’« inacceptables ». Le ministre réagit ainsi au rapport annuel sur l’état de la candidature d’Ankara dans le cadre du processus d’adhésion à l’Union européenne.La Turquie est classée à la 149e place, sur 180, du dernier classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières. Encore récemment, quelque jour avant les élections législatives remportées par le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, le gouvernement turc a procédé à la fermeture en direct de deux chaînes de télévision. Plusieurs médias d’opposition, proches de Fethullah Gülen, ont ainsi été placés sous tutelle. L’homme dirige depuis les Etats-Unis un vaste réseau de médias et d’entreprises.Lire aussi :Ecran noir pour deux télévisions d’opposition turques Philippe Bernard (Londres, correspondant) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le débat sur l’avenir européen du Royaume-Uni a franchi une étape décisive, mardi 10 novembre. Le premier ministre britannique, David Cameron, a officialisé dans une lettre au président du Conseil européen, Donald Tusk, les exigences qu’il formule envers l’Union européenne (UE) pour mener campagne en faveur du maintien dans l’UE lors du référendum qu’il a promis d’organiser d’ici à la fin de 2017. Dans un discours prononcé le même jour à Chatham House, l’Institut royal des affaires internationales à Londres, le premier ministre a assuré qu’il ferait campagne « de tout son cœur et de toute son âme » pour « garder la Grande-Bretagne au sein d’une Union européenne réformée », à condition qu’un maintien dans l’UE soit « sans la moindre ambiguïté dans notre intérêt national ». Il s’est dit convaincu qu’« étant donné les défis auxquels font face les dirigeants européens aujourd’hui », les changements demandés « ne tombent pas dans la boîte marquée : “impossible” ». « Je suis tout à fait confiant, a-t-il insisté, que nous obtiendrons un accord avec l’Union européenne qui convienne au Royaume-Uni. (…) L’Union européenne a l’habitude de résoudre des problèmes insolubles, elle pourra résoudre celui-là aussi. »Bruxelles sceptique, aucun détailMais à Bruxelles, sitôt prononcé le discours, un porte-parole a souligné que certaines demandes formulées par M. Cameron étaient « hautement problématiques car touchant aux libertés fondamentales de notre marché intérieur. Est visée l’exigence britannique de supprimer l’accès aux prestations sociales des Européens s’installant au Royaume-Uni pendant les quatre premières années de leur séjour.Une autre demande formulée par le premier ministre mardi, apparaît polémique. M. Cameron a confirmé son intention d’abroger la loi britannique qui oblige les tribunaux à appliquer les arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) de Strasbourg. Cette décision met en cause la mise en œuvre par Londres de la Convention européenne des droits de l’homme, dont le respect est exigé de tout membre de l’Union européenne.La missive adressée à M. Tusk formalise les demandes de réforme de Londres sans remédier vraiment à ce qui agace ses partenaires européens depuis le début des pourparlers, cet été : l’absence de détails aussi bien sur le fond que sur les modalités juridiques de leur mise en œuvre. « Nous ne souhaitons pas être trop prescriptifs en début de discussion. Cette lettre ne constitue pas la fin du processus, mais son début », a précisé le ministre des affaires étrangères, Philip Hammond.En ouvrant une négociation incertaine, le gouvernement ne souhaite pas se lier les mains en affichant des exigences minutieuses qui seraient jugées insuffisantes par les eurosceptiques et mettraient en lumière ses éventuels échecs dans la négociation. Mais le ministre des affaires européennes, David Lidington, a indiqué qu’un accord dès le sommet européen des 17 et 18 décembre était espéré.M. Cameron veut une Europe « où chacun peut mener sa vie », « un marché commun, pas un pays commun ». « Nous voyons l’UE comme un moyen de renforcer le pouvoir et la prospérité de notre pays », a-t-il déclaré en faisant appel à l’histoire de l’« engagement britannique » sur le continent. « De Ypres à Monte Cassino et de Bayeux à Arnhem, a rappelé le premier ministre, les dépouilles de soldats britanniques qui ont franchi la Manche pour aider des nations envahies à se libérer du joug d’un tyran, reposent dans des cimetières glacés ».Flexibilité attendue M. Cameron veut une Europe « où chacun peut mener sa vie », « un marché commun, pas un pays commun » et ses demandes s’ordonnent autour d’une idée – la « flexibilité » de l’UE. Elles s’articulent autour de quatre dossiers essentiels : la compétitivité, la protection des Etats hors zone euro, la souveraineté et l’immigration.Le premier est d’intention « libérale » : il vise à « approfondir le marché unique » en l’élargissant aux secteurs du numérique et des services, à réduire la réglementation et à multiplier les accords commerciaux avec des pays comme les Etats-Unis, la Chine et le Japon.Le deuxième veut protéger la City et la livre sterling contre la prééminence des pays de la zone euro. Il s’agit d’officialiser le fait que l’UE est une communauté « multidevises », d’interdire la « discrimination sur la base de la monnaie » et d’empêcher les Etats de la zone euro de forcer la main des autres.En matière de souveraineté, les Britanniques souhaitent être exemptés de l’engagement de construire « une union toujours plus étroite ». Ils considèrent que cette clause du traité de Rome engage à marche forcée une intégration politique qu’ils refusent. M. Cameron réclame à ce sujet « non pas des paroles encourageantes, mais des changements juridiquement contraignants et irréversibles ». Londres souhaite aussi renforcer le système qui permet à plusieurs Parlements de pays membres de se grouper pour bloquer certaines décisions de l’UE.Enfin, en matière d’immigration, les Britanniques veulent pouvoir priver pendant quatre ans les ressortissants des autres pays européens de certaines prestations sociales quand ils s’installent au Royaume-Uni. M. Cameron indique que 40 % des Européens arrivés depuis quatre ans perçoivent des allocations.Pour le porte-parole de la Commission européenne qui a estimé que certaines demandes étaient « hautement problématiques », « la discrimination directe entre citoyens européens entre clairement dans cette catégorie », a-t-il poursuivi, en référence aux aides sociales auxquelles le Royaume-Uni veut limiter l’accès pour les migrants européens, ce qui introduirait une discrimination. Mais à Bruxelles, l’on planche sur des moyens juridiques de la contourner. Encore faut-il que les autres pays membres suivent. A commencer par les Polonais, que le Royaume-Uni a stigmatisés comme « profiteurs » de prestations. En revanche, les revendications sur la compétitivité sont accueillies de façon plutôt consensuelle, comme celles tendant à renforcer les droits des Parlements nationaux. « C’est dans l’air du temps, même si cela ne plaît pas trop au Parlement européen, qui y perdrait une partie de son influence », selon un diplomate bruxellois.Lire aussi :La délicate stratégie de poker menteur de David CameronUn moment « horrible » La discussion autour de la zone euro promet d’être délicate. La Pologne pourrait se ranger dans le camp de Londres, comme d’autres pays qui redoutent d’être lésés par leur non-appartenance à cette zone. Quant aux Allemands, ils pourraient voir dans ce débat l’occasion d’accélérer les négociations en vue d’un renforcement de l’intégration des pays de la zone euro. Berlin n’est d’ailleurs pas hostile à ce que l’UE s’engage à renégocier les traités après 2017, année électorale aussi en Allemagne. Un tel engagement, conforme au vœu de Londres, pourrait être pris dès le Conseil européen des 17 et 18 décembre.La France n’est pas fermée sur ce sujet, mais trouve le moment mal choisi : ce débat, qui implique de nouvelles pertes de souveraineté, s’ouvrirait en pleine campagne pour la présidentielle de 2017. « Les Français disent qu’ils veulent bien négocier, mais pas avec un pistolet britannique sur la tempe », glisse un diplomate. Mêmes difficultés à prévoir concernant le sort de la clause sur une « Union toujours plus étroite » : certains pays n’y voient qu’un symbole, mais d’autres, comme la Belgique, sont très attachés à l’idée de fédéralisme.Plus globalement, Bruxelles redoute que les demandes britanniques n’incitent chaque pays à présenter sa propre liste de revendications. Les négociateurs estiment que la discussion avec Londres arrive à un moment « horrible », en pleine crise des migrations, et risque d’alimenter les populismes. Selon un diplomate, « Marine Le Pen risque de s’emparer du sujet en reprochant au gouvernement de n’avoir pas réussi, lui, à infléchir le cours de l’Europe ».Pourtant, s’il n’obtient pas satisfaction sur tous ces points, David Cameron, réputé favorable au maintien dans l’UE, menace d’appeler à voter pour la quitter et hausse le ton : si les partenaires européens « font la sourde oreille à [s]es demandes », il pourrait « réfléchir à nouveau » au maintien dans l’Union. D’ailleurs, a-t-il déclaré lundi, « je n’ai aucun attachement sentimental envers les institutions de l’UE ». A ses yeux, les seules questions qui valent sont : « Comment être plus influents dans le monde ? Comment gagner en prospérité (…) ? Comment créer des emplois ? Comment agir au mieux pour ce pays que nous aimons ? » Soucieux de ménager les anti-UE, puissants au sein des tories, le premier ministre devait affirmer, mardi, que le Royaume-Uni peut « survivre hors de l’UE » car « c’est un grand pays et la cinquième économie du monde ». Mais, insiste-t-il aussi à l’adresse des europhiles, « la question européenne n’a pas seulement trait à la sécurité économique, mais aussi à la sécurité nationale. Ce n’est pas juste une question d’emplois et de commerce, mais de sécurité et de sûreté de notre pays ». La campagne de ce référendum incertain a déjà commencé.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Baptiste Chastand Dans une alliance historique conclue dimanche, le Parti socialiste (PS) s’est entendu avec les différents partis de la gauche radicale pour renverser le gouvernement de droite.Comme prévu, le premier ministre actuel, Pedro Passos Coelho, arrivé en tête aux législatives du 4 octobre, a été mis en minorité au Parlement, mardi 10 novembre. Avec 36,9 % des voix, il était sorti vainqueur du scrutin, mais il n’avait obtenu que 107 sièges, loin de la majorité absolue, de 116 sièges.Arrivé deuxième avec 32,3 % des voix, son adversaire socialiste, Antonio Costa, a toujours refusé de reconnaître sa défaite. Au contraire, il a négocié depuis plusieurs semaines avec le Bloc de gauche et le Parti communiste, deux partis anti-austérité qui ont obtenu près de 18 % des voix.Après des tractations difficiles, ces trois formations – auxquelles il faut ajouter le petit parti écologiste – se sont entendues pour prendre le pouvoir. Une telle alliance est inédite au Portugal, où socialistes et communistes se font la guerre depuis la fin de la dictature, en 1975. L’extrême gauche ne devrait pas entrer au gouvernement, mais soutenir le gouvernement socialiste.« Toutes les conditions sont réunies pour garantir un gouvernement stable, responsable, cohérent et durable », avait promis M. Costa dans la nuit de dimanche à lundi, à la veille de la présentation par M. Passos Coelho de son programme de gouvernement. Les députés de gauche ont déposé une motion de censure mardi, qui a été adoptée sans difficulté, les quatre partis disposant ensemble de 122 sièges. Si le chef de l’Etat – issu de la droite – accepte ensuite de nommer M. Costa premier ministre, celui-ci devra rapidement constituer un gouvernement.Lire l'entretien :Au Portugal, une « opportunité historique » contre l’austérité« Tourner la page de l’austérité »Les quatre partis de gauche se sont mis d’accord sur un programme de gouvernement censé permettre au pays de « tourner la page de l’austérité ». Ce programme de 138 pages prévoit notamment la fin progressive de toute une série de mesures décidées par M. Passos Coelho en 2011, lorsque le pays était en faillite et qu’il lui a fallu demander un plan d’aide de 78 milliards d’euros à l’Union européenne et au Fonds monétaire international. Selon l’accord, le gel des retraites devrait cesser dès 2016, les coupes dans les salaires des fonctionnaires seront supprimées et le salaire minimal passera de 505 à 600 euros d’ici à 2019. L’accord prévoit aussi de mettre un terme à la privatisation des transports publics de Lisbonne et de Porto, et de revenir sur celle de la compagnie aérienne TAP.Antonio Costa a également renoncé à créer une sorte de rupture conventionnelle dans les contrats de travail. « Pour les communistes, toucher le marché du travail était inenvisageable, tout comme la poursuite des privatisations », explique Pedro Magalhaes, politologue à l’université de Lisbonne. Pour rassurer les chancelleries européennes, le Parti socialiste a toutefois promis que l’objectif de réduction des déficits publics fixé par Bruxelles serait respecté, avec 1,5 % en 2019, contre 3 % prévu cette année. Pour cela, il est revenu sur sa promesse d’abaisser les cotisations sociales, un autre marqueur libéral de son programme de campagne.M. Passos Coelho craint la « ruine du Portugal »De leur côté, le Bloc de gauche et la Parti communiste ont renoncé à demander une renégociation de la dette et une modification des traités européens. « Il y a peu de points idéologiques dans l’accord, souligne Antonio Costa Pinto, également politologue à l’université de Lisbonne. Mais le problème est que celui-ci sera très rigide pour le prochain gouvernement. Que se passera-t-il si la croissance n’est pas au rendez-vous et que les taux d’intérêts changent ? » Le gouvernement socialiste sera à la merci d’un éventuel retournement de ses alliés, qui ne s’entendent pas toujours entre eux. « Il y a une culture sectaire très forte au sein du PCP », déplorait ainsi en septembre dans le magazine Regards, Fernando Rosas, un des fondateurs du Bloc de gauche, regrettant l’absence de « critique de l’expérience soviétique » au sein de ce parti resté très traditionnel.Pour la droite, ces divergences de vue et le compromis négocié ce week-end sont inquiétants dans un pays qui sort à peine de la récession. Devant le Parlement, lundi, M. Passos Coelho a dénoncé « un programme de court terme et irréaliste, fondé sur le désir d’un retour à l’omniprésence de l’Etat », qui pourrait provoquer la « ruine du Portugal ». « Cet accord augmente les dépenses et les taxes, je ne vois pas comment ils vont respecter les 3 % sauf s’ils cachent des mesures. Et la hausse du salaire minimal et l’abandon de la baisse des charges patronales ne seront pas supportés par l’économie portugaise », dénonce Pedro Portugal, économiste à la Banque du Portugal et proche de M. Passos Coelho. La Bourse de Lisbonne était en chute de près de 4 % lundi en fin d’après-midi.Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Adepte des actions spectaculaires, Piotr Pavlenski a ajouté à son catalogue l’incendie, lundi 9 novembre, des portes de la « Loubianka », le siège historique du KGB, les redoutables services de sécurité soviétiques, dans lequel s’est coulé son successeur, à peine moins redouté, le FSB. A deux heures du matin, cet artiste de 31 ans s’est faufilé jusque devant l’imposant édifice situé à deux pas de la place Rouge, à Moscou, avant de déverser un bidon d’essence puis, tandis que les flammes embrasaient les portes, de se planter devant une caméra, capuche noire rabattue sur son visage émacié. Interpellé par un policier hagard aussitôt accouru, Piotr Pavlenski est un virtuose du spectacle de rue et un agitateur hors pair.En juillet 2012, il se coud les lèvres en signe de protestation contre l’incarcération des Pussy Riots – du nom des punkettes russes qui ont chanté dans une église un couplet anti-Poutine – puis, l’année suivante, en mai 2013, il entreprend de s’enrouler tout nu dans des barbelés à Saint-Pétersbourg, sa ville natale, afin de dénoncer la propagande homophobe et la loi réprimant les offenses aux sentiments religieux. « Ces lois sont comme le barbelé, explique-t-il alors, elles enferment les gens dans des enclos individuels ». Quelques mois plus tard, le voilà, toujours dans le plus simple appareil, en train de se clouer la peau des testicules entre les pavés de la place Rouge. « Une métaphore de l’apathie, de l’indifférence et du fatalisme politique de la société russe contemporaine », clame-t-il.Nu et ruisselant de sangEn 2014, il enchaîne : il brûle des pneus à Saint-Pétersbourg en hommage à la révolution ukrainienne, puis il se coupe un lobe d’oreille et pose, nu et ruisselant de sang, sur le toit de l’Institut de psychiatrie de Moscou : « En utilisant de nouveau la psychiatrie à des fins politiques, l’Etat policier s’approprie le droit de fixer la limite entre raison et folie ». Ses actions, filmées, photographiées font toujours l’objet d’un message. Cette fois encore, sous le titre « Casser les portes de l’enfer », Piotr Pavlenski a justifié son geste dans une vidéo préparée à l’avance. « C’est un gant jeté par la société au visage de la menace terroriste, dit-il. Le service fédéral de sécurité agit selon une terreur continue et détient le pouvoir sur 146 millions de personnes (…) La peur transforme les gens libres en une masse gluante d’organismes disparates ».A chaque fois, ces opérations font le tour d’Internet et des anonymes s’en sont donné à cœur joie, lundi, en diffusant les images des plaques de tôle apposées sur l’entrée noircie de la « Loubianka » – « le rideau de fer », s’est amusé l’un d’eux.Un peu timbré, c’est bien ainsi que le considéraient jusqu’ici les autorités qui, après chaque interpellation, ont assez vite relâché Piotr Pavlenski. Mais on ne se moque pas impunément des services dont est issu le président Vladimir Poutine. Selon l’agence Tass qui cite une source anonyme du ministère de l’intérieur, le jeune homme, diplômé de l’Académie des arts et fondateur du journal Propagande politique aujourd’hui disparu, pourrait bien voir son dossier se transformer en affaire pénale « pour vandalisme » ou « haine contre un groupe social » – en l’occurrence, les fonctionnaires du FSB. Il encourrait alors jusqu’à trois ans de prison.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.11.2015 à 14h36 • Mis à jour le09.11.2015 à 16h40 L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) a refusé, lundi 9 novembre, d’accorder le statut de membre permanent au Kosovo.L’ancienne province serbe, qui a déclaré unilatéralement son indépendance en 2008, n’a pas réussi à obtenir le vote favorable d’au moins deux tiers des Etats membres. Sur les 142 votants, 92 ont voté pour, 50 contre. Il fallait 95 votes favorables pour intégrer l’Unesco.La Russie et la Serbie, notamment, s’opposaient fermement à ce vote et avaient tenté de le faire repousser, car une issue positive aurait pu être interprétée comme une potentielle reconnaissance politique. Le président serbe, Tomislav Nikolic, s’est d’ailleurs réjoui d’une « victoire juste et morale acquise dans des conditions presque impossibles ».Pour comprendre le contexte avant ce vote :La candidature du Kosovo à l’Unesco rouvre les plaies balkaniques 09.11.2015 à 10h43 • Mis à jour le09.11.2015 à 11h33 | Claire Guélaud Les grandes institutions économiques broient du noir. Du Fonds monétaire international, (FMI) et de la Banque mondiale, en octobre, à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), aujourd’hui, tous trois ont révisé à la baisse leurs scénarios de croissance, en raison des difficultés des pays émergents et d’une reprise globalement poussive dans les économies avancées. Toutes tablent sur une amélioration en 2016 et en 2017, mais aucune n’a vraiment l’air d’y croire !Les prévisions de l’OCDE, présentées lundi 9 novembre, ne font pas exception à la règle. Les experts du château de la Muette – le siège de l’organisation à Paris – ont légèrement revu à la baisse leurs hypothèses de croissance pour le monde, à + 2,9 % en 2015 (– 0,1 point par rapport à septembre) et à + 3,3 % en 2016 (– 0,3 point). En 2017, la barre des + 4 % ne serait pas franchie (+ 3,6 %). Dans les économies avancées, la reprise resterait laborieuse (+ 2 % en 2015, + 2,2 % en 2016 et + 2,3 % en 2017), tandis que les pays émergents et en développement verraient leur croissance ramenée de 4,7 % en 2014 à 3,7 % en 2015. Une chute importante qui freine l’ensemble de l’économie mondiale. L’amélioration attendue ensuite (+ 4,2 % en 2016 et + 4,6 % en 2017) est loin d’être « assurée », en raison notamment de la montée des risques macroéconomiques et des vulnérabilités financières de ces pays.Lire aussi (édition abonnés) :Le Nobel d’économie Angus Deaton fustige les statistiques indiennesMontée du protectionnismePlus encore que ces difficultés, ce sont la stagnation et le ralentissement marqué du commerce mondial, dont la progression est tombée de 3,4 % à 2 % cette année, qui inquiètent l’OCDE. Dans un éditorial consacré au souffle mauvais du commerce international (« Trade Winds Blowing No Good ? »), l’économiste en chef de l’organisation, l’Américaine Catherine Mann, qualifie de « profondément inquiétants » les chiffres des échanges en 2015, parmi les plus mauvais des cinquante dernières années. La croissance va généralement de pair avec un commerce robuste, souligne-t-elle, et les niveaux de progression du commerce enregistrés en 2015 étaient synonymes, autrefois, de récession mondiale.Le ralentissement du commerce mondial (– 1,4 point de croissance sur un an) s’explique pour un tiers par la baisse du volume des importations des émergents – elle a coûté 0,4 point de croissance à la zone OCDE – et pour un autre tiers par la réduction de la demande de la Chine, ainsi que par son changement de modèle économique (plus de consommation et moins d’investissement, plus de services et moins d’industrie).L’OCDE souligne aussi l’ampleur de la chute des importations en provenance du Brésil (– 10 %) et de la Russie (– 20 %), dont le produit intérieur brut (PIB) se contracterait respectivement de 3,1 % et 4 % en 2015. Ces deux grands pays ne sortiraient pas de récession avant 2017. L’institution mentionne également la montée du protectionnisme dans de nombreux pays.Conditionné à l’économie chinoiseMalgré ces constats préoccupants, l’OCDE parie sur une « modeste reprise » de la croissance et du commerce dans les deux prochaines années, notamment sur fond de relâchement des contraintes pesant sur les pays producteurs de matières premières. Les émergents, prévient-elle toutefois, restent une source d’inquiétude majeure. « Un ralentissement plus marqué de la demande chinoise pourrait saper la confiance des marchés et les perspectives de croissance de nombreuses économies, y compris les économies avancées », soulignent les auteurs des « Perspectives économiques ». Selon eux, une baisse de 2 points de la demande chinoise en 2016 et en 2017, conjuguée à la montée des tensions financières, pourrait coûter plus d’un demi-point de croissance par an à l’économie mondiale.Les importations chinoises en chuteLes dernières statistiques de la balance commerciale chinoise, rendues publiques dimanche 8 novembre, révèlent, pour le huitième mois d’affilée, une dégradation des échanges en raison de la faiblesse de la demande intérieure et extérieure. Selon les douanes, les exportations ont baissé de 6,9 % en octobre sur un an, tandis que les importations ont reculé de 18,8 %. La balance commerciale affiche un excédent record de 61,64 milliards de dollars (57,39 milliards d’euros). La chute des importations traduit la faiblesse persistante de la demande chinoise et relance les spéculations sur l’état réel de l’économie.Le scénario de reprise dans les pays émergents hors Chine est conditionné à un atterrissage et à une transformation en douceur de l’économie chinoise, à la stabilité des prix des matières premières et des taux de change et à une confiance retrouvée qui rend possibles des politiques plus accommodantes. Mais il suffirait qu’une seule de ces conditions vienne à manquer pour que la croissance y soit à nouveau plus faible que prévu.Dans les pays avancés, les Etats-Unis se portent bien et leur croissance devrait rester solide, même si les salaires n’ont pas encore accéléré, ce qui pèsera à terme sur le dynamisme de leur économie. La zone euro, elle, continuerait à se redresser laborieusement. Moins, toutefois, que le Japon. Les politiques monétaires divergeraient en 2015 avec la hausse à venir des taux d’intérêt américains et la nécessaire poursuite d’une politique accommodante ailleurs.Lire aussi (édition abonnés) :Les grandes entreprises américaines commencent à ralentirClaire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L’étonnante bonne entente qui règne, depuis fin août, entre Athènes et ses créanciers (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international, Union européenne) serait-elle déjà en passe de disparaître ? La réunion des 19 ministres des finances de l’eurozone, lundi 9 novembre à Bruxelles, était à cet égard un bon test.Les deux parties n’ont pas réussi à s’accorder sur le déboursement d’une tranche de prêts de 2 milliards d’euros, dans le cadre du troisième plan d’aide au pays – qui prévoit un total de 86 milliards d’euros, a indiqué le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.« Les deux milliards seront seulement déboursés lorsque les institutions donneront leur feu vert et déclareront que toutes les mesures qui ont été convenues ont été appliquées. Ce n’est toujours pas le cas. »Les tractations achoppaient, avant même la réunion, sur une poignée de réformes sur les dizaines qu’Athènes s’est engagée à mettre sur les rails en échange de l’aide. Nombre de mesures ont déjà été avalisées en un temps record par le Parlement grec, mais le gouvernement d’Alexis Tsipras, le leader de la gauche radicale, refusait ces derniers jours de céder aux propositions de ses créanciers concernant le paiement des arriérés fiscaux et les saisies des résidences principales.Sur le premier point, les créanciers jugent que la loi grecque est trop généreuse et veulent qu’elle soit révisée. Les créanciers souhaitent ainsi que les Grecs qui ont d’importants arriérés fiscaux soient exclus immédiatement de la possibilité de les rembourser en 100 fois, alors qu’Athènes plaide pour un délai de trente jours. Une révision de la loi qui ne ciblerait que les personnes en grande détresse financière, vivant autour du seuil de pauvreté.Pour ce qui est des saisies immobilières, les créanciers proposent que ne soient protégés que les foyers gagnant au plus 1 100 euros net par mois pour quatre personnes. Alors que le gouvernement Tsipras plaide pour un revenu plafond à environ 2 000 euros par mois.Lire aussi :En Grèce, « le système en place était un cocktail de fraude et de corruption »Un mois de perduLes Grecs disent vouloir faire un test de ces discussions sur les saisies. « Nous sommes pleins de bonne volonté, mais il faut que les créanciers comprennent qu’on ne peut pas mettre en place des réformes qui pourraient déstabiliser notre société. Le programme d’aide ne fonctionnera pas de cette manière », expliquait, dimanche, une source grecque proche des négociateurs. « Athènes s’est engagé [lors du sommet sur les Balkans de fin octobre] à proposer en urgence 50 000 places d’accueil pour les réfugiés. Impossible d’exproprier des familles pendant que l’on reloge des migrants. Cela sera instrumentalisé par le parti d’extrême droite, Aube dorée », met en garde cette source.L’entourage de M. Tsipras a fait savoir, dimanche soir, que le premier ministre avait abordé ces sujets lors d’entretiens téléphoniques avec le président François Hollande, la chancelière Angela Merkel et Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne.Le ministre des finances français, Michel Sapin, a jugé lundi qu’un accord était « parfaitement possible ». Il a estimé qu’il ne fallait cependant pas « exiger de la Grèce plus que ce qui existe » dans les pays créanciers.Ces tensions risquent de compromettre le succès de la première « revue », l’examen sur place, par les créanciers, des premières réformes devant être adoptées dans le cadre du troisième plan d’aide. A la fin de l’été, à Bruxelles, on espérait qu’elle pourrait commencer mi-octobre. Mais la campagne des élections parlementaires, à Athènes, a fait perdre un mois à tout le monde. Dimanche, elle devait toujours débuter lundi 9 novembre, dans la foulée de l’Eurogroupe.Or, le début de la renégociation de l’énorme dette du pays – un gros enjeu politique pour M. Tsipras – est conditionné au succès de cette revue. Tout comme la recapitalisation des banques grecques. La BCE a évalué récemment leurs besoins à un peu plus de 14 milliards d’euros.Lire aussi :En Grèce, les banques entament leur recapitalisationLa crise des migrants a changé la donneMême si les relations se tendent, on est très loin du degré de tension qui régnait entre M. Tsipras, ses équipes et leurs créanciers, jusqu’à la mi-juillet, quand le pays, en quasi-faillite, risquait d’être poussé hors de la zone euro. Une certaine confiance s’est installée, grâce notamment à l’engagement, au sérieux et aux convictions européennes du ministre grec des finances, Euclide Tsakalotos, et de son adjoint, George Chouliarakis. Deux hommes très appréciés à Bruxelles.Par ailleurs, Athènes est dans une bien meilleure position de négociation. Les 2 milliards d’euros toujours attendus des créanciers, elle n’en a pas un besoin crucial, les caisses de l’Etat n’étant plus complètement vides comme au printemps et au début de l’été. Aucune échéance de remboursement conséquente à la BCE ou au FMI ne sont, en outre, à prévoir dans les mois qui viennent.Mais, surtout, la crise des migrants change – beaucoup – la donne entre Athènes et ses partenaires. A Bruxelles ou à Berlin, tous les esprits et l’essentiel du capital politique des dirigeants y sont désormais consacrés. « En juillet, quand l’option du “Grexit” était sur la table, ceux qui la soutenaient disaient que les arguments géopolitiques avancés pour plaider un maintien de la Grèce dans la zone euro n’étaient qu’un prétexte. Désormais, plus personne ne conteste que la Grèce, première porte d’entrée des réfugiés en Europe, a une importance géopolitique majeure », explique une source européenne proche des créanciers.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.11.2015 à 14h11 • Mis à jour le21.11.2015 à 14h32 Depuis les attentats du 13 novembre, plusieurs pays européens ont pris des mesures pour relever leur niveau de sécurité.A suivre sur notre direct : Bruxelles placée en état d’alerte maximale pour une menace « imminente »Au Royaume-Uni, un niveau d’alerte déjà « grave » Dès le lendemain des attentats à Paris et à Saint-Denis, le premier ministre David Cameron avait prévenu : « Nous, au Royaume-Uni, faisons face à la même menace. » Le premier ministre, qui s’entretiendra avec François Hollande le 23 novembre, a annoncé l’embauche de 15 % de personnel supplémentaires au sein de ses services de renseignement.Le niveau d’alerte antiterroriste est déjà au niveau « grave », ce qui signifie qu’une attaque est « hautement probable ». Londres était déjà en état d’alerte à cause de possibles attaques de représailles, après que le bourreau britannique de l’EI, le tristement célèbre « Jihadi John », a été tué.A Londres, la police a mis en place une amnistie pour ceux qui accepteront de remettre, au cours des deux prochaines semaines, les armes à feu qu’ils possèdent illégalement. Les clubs de football de Premier League, eux, ont reçu des conseils pour mettre en place des mesures de sécurité particulières pour les matchs de ce week-end.Bruxelles face à une menace d’attentat « similaire à la France »Le centre de crise du ministère de l’intérieur belge a décidé, dans la nuit de vendredi 20 à samedi 21 novembre, de faire passer à son degré maximal (soit 4 sur une échelle de 4) le niveau d’alerte terroriste pour la région Bruxelles-Capitale. Cela correspond à une menace « sérieuse et imminente » d’attentat.Renforcement de la présence policière en Allemagne« L’Allemagne est aussi une cible de la terreur », a rappelé le ministre de l’intérieur allemand, Thomas de Maizière, qui a annoncé un renforcement des forces policières. Les contrôles aux aéroports ont également été renforcés.Mardi 17 novembre, le match de football entre l’Allemagne et les Pays-Bas, prévu à Hanovre, avait dû être annulé au dernier moment en raison d’une menace d’attentat. Pour les rencontres de ce week-end, la fédération allemande de football a demandé aux supporteurs de n’introduire ni pétards ni feux d’artifice dans l’enceinte des stades afin d’éviter les mouvements de panique. Berlin a également pris des mesures pour renforcer la sécurité des centres d’hébergement pour réfugiés afin de contrer d’éventuelles actions de l’extrême droite.En Italie, juste en dessous du niveau maximal L’Italie est passée au niveau 2 de l’alerte sécurité, juste un cran en dessous du niveau maximal, déclenché en cas d’attentat sur son sol. Parallèlement, les mesures de sécurité ont été renforcées à l’approche du jubilé de la Miséricorde, voulu par le pape François, qui doit attirer des millions de pèlerins à Rome à partir du 8 décembre.Le trafic du métro à Rome et à Milan a été interrompu à plusieurs reprises ces derniers jours en raison de colis suspects. Les Etats-Unis ont mis en garde le pays contre des menaces d’attentat et ont signalé cinq suspects aux autorités. Sur son site Internet, l’ambassade des Etats-Unis en Italie, à Rome, énumère les sites « identifiés comme cibles potentielles » par le FBI :La place Saint-Pierre, à Rome, le Duomo et la Scala de Milan, « les églises, synagogues, restaurants, théâtres et hôtels » des deux villes.L’ambassade, sans déconseiller de se rendre dans ces lieux, appelle à la plus grande prudence :« Des groupes terroristes peuvent utiliser des méthodes similaires à celles utilisées dans les récents attentats de Paris. »L’Espagne, juste en dessous du niveau maximalLe week-end dernier, à l’issue d’une réunion d’urgence des plus hauts responsables des services antiterroristes, le ministre de l’intérieur, Jorge Fernandez Diaz, a annoncé que l’Espagne maintenait le niveau d’alerte antiterroriste à 4 sur une échelle de 5, qu’elle avait relevé après les attentats perpétrés en juin dans l’Isère, en France, en Tunisie et au Koweït. L’Espagne a également renforcé les mesures de sécurité à ses postes-frontières avec le Maroc.Selon M. Diaz, « 165 personnes » ont été interpellées depuis quatre ans en Espagne pour des liens présumés avec « le terrorisme djihadiste ».Le dispositif de sécurité sera nettement rehaussé samedi en fin d’après-midi, lors du clasico Real Madrid-FC Barcelone. Près de 1 200 policiers seront déployés, soit six fois plus que pour un match à risques classique. Intérim (Stockholm, correspondance) A Boliden, une petite localité du Grand Nord suédois, la police a arrêté, jeudi 19 novembre au soir, un homme soupçonné de préparer des attaques terroristes. Cette arrestation intervient alors que le ton se durcit avec le voisin danois sur la question des migrants et le contrôle aux frontières.La veille, les services de sécurité suédois (Sapo) ont relevé le niveau de la menace terroriste de trois à quatre sur une échelle de cinq, une première dans le royaume. Les trois chefs des différents services ont expliqué, lors d’une conférence de presse, qu’il était très probable que des personnes aient l’intention et la capacité de mener des attaques d’envergure sur l’ensemble du territoire.Lire aussi :Les Européens ne se sentent pas en guerrePeu après la conférence de presse, une photo de mauvaise qualité a été publiée par les médias, montrant un jeune homme souriant, presque hilare : Moder Mothanna Magid, âgé d’une vingtaine d’années et originaire d’Irak. Les services de renseignement ont déclaré qu’il avait des liens étroits avec l’Etat islamique, et aurait combattu en Syrie. Le tabloïd Expressen a également indiqué qu’il aurait voyagé depuis l’Irak via la Turquie puis vers l’Allemagne et serait enfin parvenu en Suède. C’est dans un centre de demandeurs d’asile, à 800 kilomètres de Stockholm, qu’a eu lieu l’arrestation. La police a aussi inspecté l’établissement dans lequel Magid aurait vécu plusieurs semaines et a interpellé plusieurs personnes, soupçonnées d’être des complices.« Conséquences de la politique suivie »Si l’arrestation a été coordonnée avec les services de renseignements danois et norvégien, Stockholm a reproché à Copenhague son manque de vigilance. « Le Danemark devrait naturellement prendre sa responsabilité en se souciant de la situation des réfugiés et de la sécurité en Europe », a déclaré vendredi le ministre de l’immigration suédois, Morgan Johansson, avant d’ajouter : « Comme la Suède et l’Allemagne l’ont fait, le Danemark devrait aussi mettre en œuvre des contrôles à ses frontières. »« Le Danemark devrait naturellement prendre sa responsabilité en se souciant de la situation des réfugiés et de la sécurité en Europe »Quelque 600 migrants sont arrivés du Danemark dans la ville suédoise de Malmö, en seulement trois heures, jeudi. Lorsque la Suède a annoncé la reprise de ses contrôles temporaires aux frontières le 12 novembre, le Danemark a clairement indiqué qu’il ne ferait pas de même. « Je peux comprendre la déclaration des Suédois parce que maintenant ils voient les conséquences de la politique suivie, a expliqué vendredi le porte-parole du parti libéral au pouvoir, Jakob Ellemann-Jensen. Bien sûr, il serait plus facile et plus pratique pour les Suédois si nous mettions en place des contrôles aux frontières du Danemark, car ces milliers de personnes que la Suède a attirées à travers sa politique d’immigration resteraient au Danemark. »Le Danemark, un pays de 5,6 millions d’habitants, estime qu’il recevra 20 000 réfugiés d’ici à la fin de l’année. En Suède, les prévisions concernant les réfugiés ne cessent d’être revues à la hausse, avec plus de 190 000 nouveaux arrivants en 2015 pour une population de 9,8 millions. Or, après avoir soutenu sans ciller l’accueil des migrants, c’est désormais un mea culpa auquel semble se livrer le premier ministre suédois social-démocrate, Stefan Löfven. Jeudi, il a déclaré solennellement : « Nous avons été naïfs. »Lire aussi :Durcissement du débat européen sur les réfugiésIntérim (Stockholm, correspondance) Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Le centre de crise du ministère de l’intérieur belge a décidé, dans la nuit de vendredi 20 à samedi 21 novembre, de faire passer à son degré maximal (soit 4 sur une échelle de 4) le niveau d’alerte terroriste pour la région Bruxelles-Capitale. Cela correspond à une menace « sérieuse et imminente » d’attentat. Le reste du pays reste au degré d’alerte 3.Le premier ministre, Charles Michel, a pris la décision de relever dans la nuit le niveau de menace « suite à des informations d’un risque d’attentat similaire à Paris ». Les cibles potentielles seraient des centres commerciaux, les transports en commun et les grands événements rassemblant des foules.« Il s’agissait donc d’une menace d’attentat commis à plusieurs endroits par plusieurs individus ».A suivre sur notre direct : Bruxelles placée en état d’alerte maximale pour une menace « imminente »Près de 1 000 soldats lourdement armés patrouillaient les rues de la ville, où siègent l’OTAN et les institutions européennes. Le conseil régional de sécurité, rassemblant les bourgmestres de la région de Bruxelles-Capitale, a précisé les mesures qui resteront en vigueur jusqu’à dimanche à la mi-journée :Les habitants sont invités à éviter les lieux de rassemblement comme les salles de concert, les aéroports, les gares, les centres commerciaux. De nombreux spectacles ont été annulés ;Le métro restera fermé jusqu’à dimanche à 15 heures. La gare de Bruxelles-Schuman l’a été samedi depuis midi. Des bus circulent ainsi que quelques tramways ;Tous les grands centres commerciaux sont fermés depuis midi. Les contrôles sont renforcés dans tous ces endroits ;Les marchés ont été annulés, ainsi que toutes les activités prévues dans les bâtiments publics ;Le traditionnel cortège pour l’arrivée de la Saint-Nicolas à Vilvorde, dans la grande banlieue de la ville, est supprimé.Samedi matin, de nombreux quartiers étaient quadrillés par la police et les unités spéciales tandis que des militaires continuaient de surveiller des bâtiments officiels et des lieux réputés « sensibles ». La Ligue de football semblait, elle, vouloir maintenir les rencontres prévues dans les divisions supérieures.La mesure prise dans la nuit résulte d’une analyse « très spécifique » de l’Office central de l’analyse de la menace. Le conseil national de sécurité, regroupant les différents services de sécurité sous l’autorité du premier ministre, devait se réunir samedi pour examiner des mesures complémentaires.Trois suspects arrêtés Le niveau 4 n’a été instauré qu’à deux reprises : en 2014, pour tous les lieux fréquentés par la communauté juive, après l’attentat contre le Musée juif, au cœur de Bruxelles, et en 2007 lorsqu’une cellule radicale aurait préparé un projet d’évasion de Nizar Trabelsi, un terroriste d’Al-Qaida, arrêté dans la capitale deux jours après les attentats du 11 septembre 2001.Trois suspects qui seraient liés aux attentats de Paris ont été arrêtés en Belgique au cours des derniers jours.Deux d’entre eux, Hamza Attou et Mohamed Amri, ont convoyé Abdeslam Salah, qui a participé aux attentats de vendredi 13 à Paris, et dont le frère Brahim s’est fait exploser près de la place de la République. La police multiplie les opérations pour tenter de retrouver ce Français de Molenbeek.Le troisième suspect, un Marocain de Jette, a été mis en examen vendredi. Il aurait aidé Abdeslam Salah durant sa fuite. Une arme chargée et du sang ont été retrouvés dans sa voiture. Un message parvenu sur son téléphone portable indiquait que « le juif n’est pas là », selon le quotidien La Dernière Heure.Au cours de l’une de ses opérations de recherche, la police a intercepté un jeune habitant de Molenbeek. Agé de 15 ans, il envisageait de se rendre en Syrie. Il avait déjà tenté de gagner la Bulgarie et avait été appréhendé à deux reprises.Un appel du parquet a entraîné sa mise en détention dans un centre de protection de la jeunesse, vendredi, après qu’un premier juge l’a libéré. Une décision qui avait provoqué la colère du ministre de l’intérieur, Jan Jambon.Une information sur une menace imminente d’attentat serait aussi parvenue aux services de sécurité par les enquêtes sur l’entourage d’Hasna Aït Boulahcen, la cousine du djihadiste belge Abdelhamid Abaaoud. Des proches de celle-ci vivant en Région flamande seraient partis pour la France, pour une raison encore inconnue.Lire aussi :A Molenbeek, « il est facile d’échapper à la police »Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Manon Rescan (avec Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)) Comment des individus faisant l’objet d’un mandat d’arrêt international ont-ils pu circuler entre l’Europe et la Syrie sans être inquiétés par les autorités ? Cette question obsède – et divise aussi – les différents pays de l’Union européenne depuis la confirmation de la mort d’Abdelhamid Abaaoud, cerveau présumé des attaques du 13 novembre à Paris et Saint-Denis qui ont fait 130 morts et plus de 350 blessés.A suivre sur notre direct : Bruxelles placée en état d’alerte maximale pour une menace « imminente »Le terroriste de Molenbeek, qui se vantait en février 2015 de pouvoir aller et venir comme il le voulait en Europe, a en effet réussi à plusieurs reprises à passer sous les radars des services de renseignement.Après l’annonce de la présence et de la mort en France de l’homme, Bernard Cazeneuve a semblé accabler ses partenaires européens. « Il faut que l’Europe se reprenne », a-t-il déclaré, affirmant qu’« aucune information sur le trajet d’Abaaoud » n’avait été transmise aux services français avant le lundi 16 novembre. Ce n’est qu’à cette date qu’« un service de renseignement hors d’Europe » informe Paris que le terroriste a été repéré en Grèce en début d’année, a assuré le ministre de l’intérieur, jeudi.Les règles de Schengen et le caractère délicat de la coopération européenne en matière de lutte antiterroriste expliquent, pour une part, comment les djihadistes parviennent à profiter de la porosité du système pour circuler d’Europe vers la Syrie, et à faire le trajet retour.Lire aussi :Les failles de la lutte antiterroriste Peu de contrôles pour les ressortissants de l’UERappelons d’abord que les frontières intérieures des 26 pays de l’espace Schengen sont ouvertes, à l’exception de quelques pays ayant récemment rétabli des contrôles en raison de l’afflux de réfugiés. A l’exception, aussi, de la France, en situation d’état d’urgence.Cela signifie que toute personne, ressortissante ou non de l’Union européenne, peut aller et venir librement dans les limites de cet espace.Aux frontières extérieures de Schengen, des contrôles sont effectués pour tous les voyageurs, mais ils ne sont, actuellement, pas systématiques et limités à un simple contrôle de la validité des papiers d’identité pour les ressortissants de l’Union européenne.Pour ces derniers, la police aux frontières ne consulte pas non plus systématiquement les fichiers Europol ou Interpol qui recensent les personnes sous mandat d’arrêt international. Ce qui signifie qu’Abdelahmid Abaadoud, titulaire d’une carte d’identité belge, aurait pu à nouveau entrer dans l’Union sans être inquiété, malgré le mandat d’arrêt international dont il fait l’objet. Cette hypothèse demeure toutefois peu probable.Il reste que, s’il est passé par la Grèce, comme l’indiquent des renseignements reçus par le gouvernement français après les attentats, il a pu bénéficier de la désorganisation des autorités grecques et des difficultés qu’elles éprouvent à contrôler leurs nombreuses frontières, aux limites de l’espace Schengen.Deux des terroristes du Stade de France sont ainsi passés par la Grèce, par où transitent de nombreux migrants en provenance de Syrie. Ils y ont été contrôlés le 3 octobre.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : que sait-on des terroristes impliqués ?Des informations qui circulent mal au sein de l’UEL’enjeu le plus délicat demeure l’échange d’informations entre les services de renseignement sur les individus surveillés. Le renseignement demeure en effet une compétence purement nationale – et non européenne – sur laquelle de nombreux Etats veillent jalousement. Protéger les informations, c’est à la fois préserver une part de souveraineté, mais aussi protéger les sources des renseignements.De ce fait, l’information concernant le parcours d’un individu surveillé (faisant par exemple l’objet d’une « fiche S ») ne franchit que difficilement les frontières de l’Etat d’où il sort. L’échange d’informations se fait à la discrétion des pays, de manière uniquement bilatérale et selon la qualité des relations entre les Etats. Plusieurs pays d’Europe centrale et orientale sont ainsi pointés pour leur manque de coopération, voire pour le peu d’intérêt qu’ils témoignent envers l’échange de données.De même, quand un individu suspect quitte, par les airs, le territoire où il est surveillé, sa trace peut rapidement être perdue par les autorités qui le suivent. C’est l’un des enjeux du « PNR européen », le fichier des voyageurs aériens qui, promettent les ministres, sera désormais rapidement créé.Il reste à déterminer s’il permettra à un Etat d’avoir accès aux informations concernant les passagers des vols internes à l’Union européenne. Ainsi, la France pourra suivre la trace d’un individu qui part de son territoire, mais, si celui-ci se déplace dans l’espace Schengen, il ne pourra pas, sans la coopération d’autres Etats, connaître sa destination suivante.Par exemple : la trace d’un passager du vol Paris-Prague puis d’un vol Prague-Istanbul pourra être perdue si les autorités tchèques ne signalent pas à la France la destination finale de l’individu.C’est également valable pour le parcours de retour :Un individu peut effectuer un vol Istanbul-Bruxelles, présumant d’un retour de Syrie via la Turquie, puis un vol Bruxelles-Paris sans que les autorités françaises sachent d’où il arrive, à moins d’être aidées par les autorités belges.Lire aussi :L’UE veut renforcer les contrôles sur l’entrée et la libre circulation sur son territoireDe nombreux terroristes, à l’instar de Mehdi Nemmouche, auteur de la tuerie au Musée juif de Belgique, à Bruxelles, en mai 2014, ont profité de cette situation pour se déplacer sans attirer l’attention, c’est ce qu’on appelle la stratégie des « vols cassés » ou des « sauts de puce ».La multiplication des attentats dans l’Union européenne ces dernières années a conduit les Etats à prôner plus de coopération en la matière. Outre le « PNR européen », vendredi, les ministres de l’intérieur et de la justice européens ont ainsi adopté plusieurs mesures pour renforcer les contrôles. La systématisation des contrôles d’identité à l’entrée dans l’espace Schengen pour les ressortissants de l’Union a été approuvée, mais son adoption pourrait prendre de nombreux mois.Reste que, selon la France, les mesures promises par les Européens ne vont pas assez loin, notamment en ce qui concerne le futur « PNR ». Outre le fait que ces données ne concerneront pas les voyages à l’intérieur de l’Union – les eurodéputés s’y opposant toujours au nom de la défense des libertés –, les informations ne seront conservées qu’un mois.Enfin, le Parlement de Strasbourg entend également restreindre l’accès au PNR par les autorités aux actes transnationaux (un individu de nationalité X commettant un délit dans un pays Y) et non pas aux actes nationaux. Ce qui empêcherait, par exemple, les autorités françaises d’avoir accès au fichier d’un Belge qui a commis des délits graves en Belgique. Comme c’était le cas d’Abdelhamid Abaaoud.Lire aussi :Les ratés de la coordination antiterroriste en EuropeManon Rescan (avec Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen))Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.11.2015 à 07h46 • Mis à jour le21.11.2015 à 16h00 | Alexandre Pouchard Il y a eu l’avant et l’après-13 novembre. Ce qui nous (pré) occupait avant et dans la journée de ce vendredi funeste semble désormais loin, emporté par la tragédie des 130 vies perdues et par le tourbillon des événements de la semaine qui a suivi. Retour sur l’essentiel à retenir de l’actualité de ces derniers jours.Le recueillement.Après une journée de stupeur, samedi, de nombreux rassemblements spontanés d’hommage aux victimes ont eu lieu dimanche en France, notamment sur les lieux des attaques à Paris (où des pétards ont provoqué des mouvements de panique) mais également partout dans le monde. Lundi, une minute de silence a été observée à midi dans tout le pays et ailleurs en Europe. Il faudra plusieurs jours de travail à la police scientifique pour que toutes les personnes tuées dans les attentats soient identifiées.Lire :Milko, Marie, Salah, Elodie… les victimes des attentats du 13 novembreL’enquête progresse.Parallèlement, quatre des sept terroristes morts sur les lieux des attaques ont rapidement été identifiés. Considéré comme un suspect clé, Salah Abdeslam, le frère de l’un des kamikazes, est toujours recherché. Il a été contrôlé à la frontière franco-belge le 14 novembre mais n’a pas été arrêté car il n’avait alors été ni identifié ni fiché. Mais les enquêteurs ont aussi identifié l’instigateur présumé de ces attaques (qui aurait également joué un rôle dans des attentats déjoués cette année) : Abdelhamid Abaaoud, un djihadiste belge de 28 ans qui a rejoint les rangs de l’Etat islamique en 2013. Plusieurs informations ont mené les forces de l’ordre vers un appartement situé dans le centre de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), contre lequel elles ont mené un long et violent assaut mercredi matin, tirant plus de 5 000 munitions.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : l’assaut à Saint-Denis raconté par le patron du RAIDBilan : 3 personnes tuées, dont Abelhamid Abaaoud, révéleront plus tard les analyses, et sa cousine Hasna Aït Boulahcen. Huit personnes ont également été interpellées. La lutte s’intensifie en Syrie. Après la revendication des attentats par l’Etat islamique (EI) samedi matin (notamment par la voix d’un Français, Fabien Clain), la France a réagi en intensifiant ses bombardements sur l’organisation djihadiste à partir de dimanche, en coordination avec les Etats-Unis puis avec la Russie. Paris prône désormais la constitution d’une grande et unique coalition contre l’EI. Outre des centres de commandement et d’entraînement, des réserves de pétrole, particulièrement stratégiques pour l’Etat islamique, auraient été visées. Par ailleurs, l’organisation terroriste a annoncé cette semaine l’exécution de deux otages, un Chinois et un Norvégien.Lire aussi :Esclavage, rançons, pétrole, pillage… Comment l’Etat islamique se financeMesures sécuritaires en France.Pour donner « tous les moyens nécessaires » aux forces de l’ordre et prévenir de nouvelles attaques, l’exécutif a annoncé une série de mesures sécuritaires. Dès la soirée du 13 novembre, François Hollande a annoncé l’instauration de l’état d’urgence dans tout le pays. Le projet de loi le prolongeant de trois mois, jusqu’en février 2016, a été adopté par un vote de l’Assemblée nationale, jeudi, puis du Sénat vendredi. Concrètement, cela signifie que des perquisitions administratives (sans l’autorisation d’un juge) peuvent être menées, que des individus peuvent être assignés à résidence et que des manifestations peuvent être interdites pour des motifs plus larges (sans que cela soit systématique). Pour des raisons de sécurité, la grande marche pour le climat, prévue le 29 novembre à la veille de l’ouverture de la COP21, a été annulée, de même que la Fête des lumières, à Lyon, qui réunit plusieurs millions de personnes chaque année autour du 8 décembre.Lire aussi :Pour les juristes, l’état d’urgence est « un moindre mal »Lors des votes sur la prolongation de l’état d’urgence, le Parlement a affiché son unité, déjà manifestée lors de sa réunion en Congrès, dans l’urgence, lundi à Versailles. François Hollande, ovationné par les deux Chambres, a notamment annoncé la création de milliers de postes de sécurité – expliquant que « le pacte de sécurité l’emport [ait] sur le pacte de stabilité [budgétaire européen] » – et fait part de son souhait de modifier la Constitution, jugeant que l’article 16, qui accorde des pouvoirs d’exception au chef de l’Etat en cas de péril imminent, d’insurrection armée ou d’attaque étrangère, et l’article 36, qui organise l’état de siège, n’étaient « plus adaptés à la situation que nous rencontrons ». Le chef de l’Etat souhaite également pouvoir déchoir de la nationalité française des personnes nées en France condamnées pour terrorisme (quand elles ont une autre nationalité). Cette unité a toutefois vacillé pendant le « triste spectacle » donné par une séance de questions au gouvernement très mouvementée, mardi à l’Assemblée nationale.Lire aussi :Fiche S, déchéance de nationalité, expulsions : 11 propositions « sécuritaires » passées au cribleArrestations au Liban après le double attentat-suicide. Le 12 novembre, la veille des attentats à Paris et Saint-Denis, la capitale du Liban, Beyrouth, avait été endeuillée par un double attentat-suicide, lui aussi revendiqué par l’Etat islamique, qui a tué 44 personnes. Les services de sécurité ont annoncé 11 arrestations cette semaine en lien avec l’attaque, dont des membres d’une cellule syro-libanaise qui fomentait d’autres attentats imminents.Moscou admet que le crash au Sinaï était bien un attentat.Deux semaines auparavant, déjà, l’Etat islamique avait revendiqué l’explosion d’un avion de ligne russe dans le nord du Sinaï, le 31 octobre, causant la mort de 224 personnes. La Russie a officiellement reconnu lundi que le crash était bien un attentat. L’EI a présenté une image de ce qu’il affirme être à l’origine de l’explosion de l’appareil : une canette de soda contenant une bombe.Lire l'analyse :Sous la pression, l’Etat islamique frappe tous azimutsPrise d’otages à Bamako.Plusieurs hommes armés ont attaqué vendredi matin l’hôtel Radisson Blu de Bamako, au Mali. Les forces spéciales ont rapidement lancé un assaut. Au terme de la prise d’otages, près de 150 personnes retenues ont été libérées. Cette attaque a été revendiquée par le groupe du chef djihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar, lié à Al-Qaida. L’attaque a fait 21 morts, dont 2 terroristes, a annoncé le président malien, dans la nuit de vendredi à samedi. Dans le reste de l’actu… TGV. C’est une vitesse excessive (243 km/h) et un freinage trop tardif qui ont causé le déraillement d’un TGV d’essai samedi en Alsace, provoquant la mort de 11 personnes et en blessant 42 autres. La SNCF a annoncé qu’elle allait revoir ses procédures d’essai. Grèce. Athènes et ses créanciers ont trouvé mardi un accord pour le déblocage de 12 milliards d’euros, dans le cadre du troisième plan d’aide accordé en juillet. SNCM. L’entrepreneur Patrick Rocca a été choisi vendredi par le tribunal de commerce de Marseille pour reprendre la compagnie maritime SNCM (Société nationale Corse Méditerranée), en grave difficulté financière. Football. Quatre jours après sa victoire (2-0) face à l’Allemagne au Stade de France, l’équipe de France s’est inclinée mardi en Angleterre (1-0), après l’hommage émouvant d’un stade de Wembley qui a entonné La Marseillaise à l’unisson. Il s’agissait d’un match amical alors que les dernières places pour l’Euro 2016 en France étaient attribuées (à la Suède et à l’Ukraine). Rugby. Le rugbyman néo-zélandais Jonah Lomu, ancienne star des All Blacks, est mort mercredi à l’âge de 40 ans. Athlétisme. La Russie a été officiellement suspendue provisoirement de toute compétition d’athlétisme par la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), le 13 novembre, après une enquête accablante sur le dopage généralisé dans les équipes russes.Alexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.11.2015 à 14h46 • Mis à jour le20.11.2015 à 17h40 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Fichage des passagers aériens, renforcement de la réglementation sur les armes à feu, contrôles renforcés aux frontières de l’Union européenne… A Bruxelles, vendredi 20 novembre, lors de la réunion extraordinaire des ministres européens de l’intérieur et de la justice, Paris a finalement obtenu de ses partenaires européens et des institutions de l’UE, ce que ceux-ci avaient refusé suite aux attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher en début d’année.« Notre pays a été entendu », s’est félicité le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, à l’issue de la réunion. « Il faut sortir des atermoiements, des promesses sans lendemain et des lenteurs, sinon l’Europe se perdra », a toutefois prévenu M. Cazeneuve. Tout l’enjeu maintenant est de savoir si les Européens iront au-delà de ces engagements publics, s’ils les mettront vraiment en application.Mise en place d’un fichier des passagers des compagnies aériennesLes Européens se sont engagés à accélérer de manière décisive la mise en place du fameux « PNR » (« Passenger name record »), c’est-à-dire la communication aux services de police et de renseignement par les compagnies aériennes de leurs données passagers, pour tous les vols qui arrivent en Europe et qui en partent.Cela fait sept à huit ans que les Etats et les parlementaires européens tergiversaient. Par manque de volonté politique pour les premiers (« Il n’y a que l’Espagne, la France, le Royaume-Uni et la Belgique, qui poussaient », déplorait cette semaine un diplomate). Par souci de préserver la protection des données privées, pour les seconds.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : l’Europe veut accélérer la mise en place d’un fichier sur les passagers aériensLe Parlement européen a fini par céder, en juillet, acceptant de valider une mouture du PNR, qui était, ces dernières semaines, en négociation avec le Conseil européen et la Commission européenne. Ces discussions devraient aboutir avant fin 2015.Mais pour l’instant, le texte ne convient pas aux autorités françaises. Ces dernières militent pour que les compagnies aériennes communiquent également les informations sur les vols intérieurs à l’Union, et pour que les données personnelles des passagers puissent être conservées un an, et non un mois comme le demande encore le Parlement européen. « Aucun citoyen européen ne comprendrait qu’on continue à faire obstacle à cette disposition », a estimé M. Cazeneuve, vendredi.Durcissement de la législation sur les armes à feuAutre demande de la France, qui a obtenu un soutien clair à Bruxelles vendredi : un durcissement de la législation européenne sur les armes à feu.La Commission, qui travaillait depuis quelques mois sur un renforcement des règles, mais ne prévoyait pas d’aboutir avant le milieu d’année prochaine, a rendu sa copie dès mercredi 18 novembre. Elle propose une modernisation de la directive « armes à feu » qui date d’il y a presque 25 ans (1991), pour tenter de juguler le marché illégal des armes de guerre. En effet, dans certains pays de l’Union, le commerce des armes n’est guère plus réglementé que celui des objets du quotidien.Paris espère notamment que ce texte va harmoniser la notion de « démilitarisation » des armes, pour éviter qu’une arme rendue inopérante en France puisse être remise en état de marche ou transformée en fusil d’assaut, en achetant quelques pièces détachées de l’autre côté de la frontière, en Belgique. Le conseil des ministres à Bruxelles a dit, vendredi, qu’il allait démarrer « immédiatement » le travail sur la proposition de la Commission.Contrôle systématisé aux frontières extérieures de l’UnionParis réclamait depuis longtemps ce contrôle systématisé aux frontières extérieures de l’Union, y compris pour les ressortissants européens entrant dans l’espace Schengen. Pour l’instant, seuls les citoyens non européens sont systématiquement contrôlés.Paris exige non seulement un contrôle de la pièce d’identité (ce qui est en général le cas), mais aussi une consultation des bases de données nationales et européennes, celles du SIS (« Système d’information Schengen ») et d’Interpol, qui comprennent – théoriquement – une notification des combattants étrangers ainsi que des mandats d’arrêts européens.Mettre en place ce contrôle systématisé nécessite toutefois un changement du « code Schengen ». Concrètement, il faut que la Commission européenne fasse une proposition législative pour changer l’article 7.2 de ce code. Bruxelles s’y est engagée d’ici la fin de cette année. Cette proposition devra ensuite être examinée, puis validée, par le Conseil et le Parlement européen. Cela risque de prendre des mois.Et là encore, au-delà de l’accord politique à 28, ce qui va compter, c’est le caractère opérationnel ou pas de cette décision. Pour que ce contrôle systématique fonctionne, il faut notamment que les postes-frontières, en Grèce, en Hongrie, en Italie, dans les pays de « première » entrée (par voiture, avion, etc.), soient équipés de terminaux pour consulter la base SIS.« Cela n’a rien d’évident, en Grèce par exemple, où il y a des milliers de postes-frontières à équiper, cela va coûter beaucoup d’argent », souligne un diplomate européen.Autre problème : tous les pays ne « renseignent » pas la base Schengen de la même manière, et en temps réel. Certains le font systématiquement (c’est ce que prétendent les Belges), d’autres beaucoup moins. Il y aurait cinq ou six pays qui ne renseignent ou n’utilisent jamais la base SIS.Lire aussi :Double menace pour l’espace SchengenCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Laurent Borredon et Simon Piel L’enquête de la section antiterroriste de la police judiciaire parisienne, de la sous-direction antiterroriste de la direction centrale de la police judiciaire (SDAT) et de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) avance à grand pas.Suivez notre live sur la situation après les attentats du 13 novembreUne troisième personne tuée dans l’assaut de Saint-DenisAlors qu’on avait jusque-là confirmation de la mort de deux personnes lors de l’assaut donné dans l’appartement de Saint-Denis où se trouvait Abdelhamid Abaaoud, l’instigateur présumé des attentats du 13 novembre, le parquet informe vendredi 20 novembre que ce sont « trois personnes [qui] ont été tuées au cours de l’assaut du RAID, dont [Abdelhamid] Abaaoud ». Le corps de femme retrouvé dans les décombres a été identifié, selon le parquet, comme étant celui de Hasna Aït Boulahcen, cousine d’Abdelhamid Abaaoud. Un sac à main contenant un passeport à son nom avait été retrouvé dans l’appartement. La tête retrouvée par la police scientifique correspond finalement à celle d’un homme.Qui sont les individus impliqués dans les attentats du 13 novembre ?Comment est-on remonté jusqu’à Abaaoud ? Selon une source proche de l’enquête, c’est la géolocalisation du téléphone d’Hasna Aït Boulahcen, la cousine d’Abaaoud, qui a permis de confirmer le premier renseignement obtenu lundi après-midi selon lequel elle se trouvait à Saint-Denis avec son cousin. Un témoin est ensuite venu confirmer cette hypothèse. A la veille de la visite du roi du Maroc en France, plusieurs médias ont assuré que ce sont les services marocains qui avaient mis la police française sur la piste de l’appartement de Saint-Denis. Des informations démenties de sources judiciaires et policières françaises, qui tout au plus expliquent que les services du royaume chérifien ont transmis a posteriori des précisions sur les personnes interpellées dans l’appartement.C’est bien un renseignement de police judiciaire, l’exploitation de la téléphonie et des réquisitions bancaires qui ont mis les enquêteurs sur la piste de Saint-Denis. Toutefois, il n’est pas exclu que la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) a pu bénéficier de renseignements transmis par des services de renseignements étrangers qu’elle aurait ensuite fournis aux enquêteurs français. Chronologie des interpellations et perquisitions en Ile-de-France depuis le 13 novembreLe parcours d’Abdelhamid Abaaoud se préciseLes tribulations d’Abdelhamid Abaaoud dans la capitale française et sa proche banlieue entre vendredi et mercredi se précisent. Une caméra de vidéosurveillance de la RATP l’a filmé sur la ligne 9 vendredi 13 novembre, à 22 h 14, entrant à la station Croix-de-Chavaux, à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Des images qui tendent à corroborer l’idée que celui qui se faisait appeler Abou Omar était dans la Seat convoyant le commando qui a tiré sur les terrasses de café du 10e et du 11e arrondissement. La voiture avait été retrouvée dans la nuit de samedi à dimanche, rue Edouard-Vaillant, à Montreuil. Des éléments de téléphonie en cours d’exploitations pourraient venir confirmer cette hypothèse.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : le point sur l’enquête, l’état d’urgence et les mesures en UESimon PielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterLaurent BorredonJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Elise Vincent Le Monde a pu consulter une fiche de synthèse des services de renseignement belges, concernant le parcours d’Abdelhamid Abaaoud. Ce document, d’une vingtaine de pages, est daté du mois d’avril. Il reprend point par point, de façon chronologique, jusqu’en février, l’itinéraire connu de l’organisateur présumé des attentats du 13 novembre, à Paris, identifié jeudi 19 novembre par les enquêteurs, au lendemain de l’assaut policier mené contre un appartement de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Un itinéraire à l’évidence composé de nombreux trous, que les services belges ne cherchent pas à cacher.Suivez notre live sur la situation après les attentats du 13 novembreQu’apprend-on sur la personnalité d’Abaaoud ?Les services belges ont rassemblé quelques éléments de personnalité qu’on ignorait encore, dans cette fiche de synthèse. On y apprend qu’Abdelhamid Abaaoud est né à Anderlecht, le 8 avril 1987, et qu’il est l’aîné d’une famille nombreuse de six enfants. Il a la double nationalité belge et marocaine. Avant son premier départ pour la Syrie, au début de 2013, il était célibataire et vivait seul.La fiche retrace l’évolution de ses pseudonymes : Abou Omar en mai, Abou Omar Soussi en juillet 2014, puis Abou Omar Al-Baljiki, à partir de février 2015. Son adresse électronique quasi certaine a aussi été identifiée. Le document retrace notamment tous les numéros de téléphone connus du djihadiste. Le dernier date de mai 2013, et il est turc.Comment Abaaoud entre-t-il dans le champ des radars des services belges ? Abdelhamid Abaaoud a commencé à connaître des ennuis judiciaires en 2002 et a multiplié les séjours en prison entre 2006 et 2012, « mais jamais pour plus de trois mois », précise la note. Dans la famille Abaaoud, il est le seul à avoir des démêlés avec la justice avec son frère Yassine, pour des petits faits de délinquance.D’après la fiche, tout a réellement commencé pour Abdelhamid Abaaoud à la suite d’une note déclassifiée de la sûreté de l’Etat en date de février 2013. Celle-ci concerne le départ simultané vers la Syrie de sept jeunes gens.Rapidement, les enquêteurs découvrent une page Facebook où ils communiquent, intitulée : « La katiba al-muhajireen » (la katiba des immigrés). Et, très vite, ils mettent au jour la toile de leurs amitiés.En parallèle, les enquêteurs commencent à creuser l’entourage d’Abdelhamid Abaaoud. D’après son père, auditionné en février 2014, la radicalisation de son fils a démarré très vite après sa sortie, en septembre 2012, de l’établissement pénitentiaire de Forest. A cette époque, il se met à porter la barbe, arrête de fréquenter ses amis du quartier.Qu’apprend-on sur le parcours d’Abaaoud et ses voyages en Syrie ?Le parcours en tant que tel d’Abdelhamid Abaaoud est rempli d’inconnues. Interrogé au début de 2014, son frère Yassine pense qu’il a effectué un court séjour en Egypte avant de se rendre en Syrie. Chapitrée par grandes dates-clés, la fiche des services belges s’arrête ensuite sur la période de mars 2013. Abdelhamid Abaaoud est cette fois repéré par hasard, lors d’écoutes téléphoniques, sur le téléphone turc d’un interlocuteur situé à la frontière turco-syrienne. Abdelhamid Abaaoud souhaite alors que ce jeune homme fasse l’intermédiaire avec son frère Yassine, resté en Belgique, et l’incite à lui envoyer de l’argent pour lui et pour « Allah ». Un mois plus tard, en avril 2013, le jeune interlocuteur est lui-même de retour en Belgique.Lire aussi :Le gouvernement belge rejette les critiques de la France contre ses servicesSans qu’il n’y ait d’explications, la fiche des services belges bascule immédiatement au mois de septembre 2013 : Abdelhamid Abaaoud est alors considéré comme étant de retour en Belgique. « On sait très peu de chose sur [ses] faits et gestes jusqu’à ce qu’il revienne sur le territoire belge », concède la fiche, mais les renseignements dont elle fait état sont les suivants : « De source policière, il a été aperçu à la fin du mois de septembre en train de se promener dans Molenbeek-Saint-Jean. » Il était accompagné d’un homme qui est parti ensuite combattre en Syrie.Les notes passent au 20 janvier 2014 : Abdelhamid Abaaoud est cette fois contrôlé à l’aéroport de Cologne, en Allemagne, direction Istanbul. « Il est resté très discret et ne réapparaît sur notre radar » qu’à ce moment-là, rapporte la fiche de synthèse belge. Il est identifié en compagnie de son petit frère mineur, Younes, âgé seulement de 13 ans, et d’un autre jeune homme d’origine malienne, qui mourra plus tard en Syrie. Abdelhamid Abaaoud a en fait emmené Younes, à la sortie de l’école, à l’insu de ses parents. Rien ne les empêchera de s’envoler.C’est vers le mois de juin 2014 que le père d’Abdelhamid Abaaoud situe le dernier contact téléphonique avec son fils. Ce jour-là, Omar Abaaoud tente d’obtenir de parler avec le plus jeune des frères, Younes. Il ne l’a plus eu au téléphone depuis deux mois et s’inquiète. Mais il n’aura plus jamais de nouvelles. Omar Abaaoud pense alors que les deux frères n’étaient plus ensemble en Syrie à ce moment-là.A partir de quand les services belges considèrent-ils Abaaoud comme un suspect dangereux ?C’est à partir de février 2014 qu’Abdelhamid Abaaoud est considéré par les services de renseignements comme un incontestable « moudjahid de l’Etat islamique ». Ces derniers s’appuient particulièrement une vidéo, diffusée sur le site de BFM-TV, dans laquelle il apparaît tout sourire, au volant d’un pick-up qui traîne plusieurs cadavres de « mécréants », selon les mots d’Abaaoud.Selon la fiche de synthèse, ce n’est qu’en août 2014 que des mandats d’arrêt belges et internationaux sont formellement émis contre Abdelhamid Abaaoud. Le feuilleton s’arrête finalement en février 2015, quand les services belges tombent sur l’entretien d’Abdelhamid Abaaoud dans le magazine de l’Etat islamique, Dabiq.C’est sur l’une des photos de l’article que les enquêteurs reconnaissent deux jeunes gens soupçonnés de prévoir un attentat sur le sol belge. Ceux-ci sont tués à Verviers lors d’une intervention des forces de l’ordre belges, en janvier 2015, très peu de temps après les tueries à Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, à Paris. Les deux mois qui courent avant la publication de la fiche de synthèse, en avril 2015, ne sont pas documentés.Lire aussi :Molenbeek, la plaque tournante belge du terrorisme islamisteElise VincentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Anne Michel C’est une initiative qui tombe à point nommé. Tracfin, la cellule antiblanchiment de Bercy, et l’autorité de tutelle des banques devaient publier, vendredi 20 novembre, une liste précise et renforcée des obligations s’imposant aux banques et autres établissements financiers en matière de lutte contre le financement du terrorisme et l’argent sale. L’Etat islamique est visé au premier chef.Fondé sur une vigilance accrue des clients et des déclarations de soupçons élargies, ce plan d’action vise à mieux enrôler les banques dans la détection des flux illicites. Un rôle que leur a assigné le législateur depuis la fin des années 1990 et dont l’importance ne cesse de se renforcer avec la mondialisation financière et la montée du terrorisme.Elaboré à la demande de Michel Sapin, ministre des finances, après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de Vincennes, ce document de 62 pages (dans sa version courte) prend tout son sens aujourd’hui, alors qu’il se trouve publié, par un hasard du calendrier, une semaine après les attentats du 13 novembre. Selon nos informations, ce plan avait été validé juste deux jours avant les attaques terroristes de vendredi.« Les changements dans l’attitude d’un client, doivent alerter »« Beaucoup de leçons peuvent être tirées des dramatiques attentats à Paris et en région parisienne, qui doivent nous conduire à une mobilisation totale. Face à ces actes barbares, je veux rappeler la détermination de la Banque de France à participer à la lutte contre le terrorisme, en s’attaquant à son financement », déclare François Villeroy de Galhau, nouveau gouverneur de la Banque de France et président de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). « Je n’ai pas de doute que l’implication du secteur financier dans [la] mise en œuvre [de ce plan] sera totale, nous y veillerons avec les professionnels », poursuit-il.Concrètement, ce document va de la surveillance des transferts d’argent effectués par des clients occasionnels à destination de la Syrie, de l’Irak ou d’autres territoires exposés au risque de blanchiment et de financement du terrorisme aux opérations soudaines et inexpliquées de clients réguliers et sans histoire, en passant par la vérification poussée des documents d’identité ou attestations fournies.« Les changements dans l’attitude d’un client, doivent alerter, mettent en garde les autorités. Le financement du terrorisme peut s’appuyer sur une grande variété d’opérations : virements domestiques ou internationaux, transferts d’espèces, retraits, opérations de change, ouverture ou fermeture de comptes, opérations de crédit, dont l’une des principales caractéristiques est de porter sur de faibles montants financiers. »L’argent anonyme, une des clés du problèmeIl s’agit en fait de rappeler le devoir fondamental des banques de « connaître leurs clients » et de vérifier la cohérence des transferts ou rapatriements de fonds opérés. Et ce, de bout en bout. Une obligation collective et globale dont les récents scandales financiers en matière de fraude et d’évasion fiscales (HSBC, LuxLeaks, etc.) ont montré qu’elle n’était pas toujours scrupuleusement assumée.« L’ACPR et Tracfin appellent tout particulièrement l’attention des organismes financiers sur la lutte contre le financement du terrorisme, écrivent en préambule ces autorités de tutelle et de renseignement financier. (…) Il est attendu qu’ils exercent une vigilance renforcée sur les transferts de fonds en provenance et surtout à destination de zones géographiques considérées comme risquées en matière de terrorisme ou de financement du terrorisme ou sur les opérations effectuées dans ces zones. »Les autorités rappellent aux banques et compagnies d’assurances que leurs dispositifs de contrôle doivent « intégrer les risques liés [à ces] pays ». « Il leur incombe aussi » de vérifier que certains Etats ne soient pas utilisés comme des « pays de transit », « pour cacher le pays final de destination ou de provenance des fonds ».L’argent anonyme étant une des clés du problème dans le financement des actes terroristes – utilisation d’espèces et de cartes prépayées, pour payer personnes ou matériel… –, des déclarations systématiques sont prévues, notamment au-delà de 1 000 euros pour les opérations effectuées à partir de versements d’espèces ou au moyen de monnaie électronique.Finalement, les superviseurs invitent banquiers et assureurs à « suivre l’actualité nationale et internationale, les communiqués du ministère des finances et les rapports annuels de Tracfin ou du GAFI [Groupe d’action financière, organisme intergouvernemental antiblanchiment] ». Anne MichelJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Le premier ministre belge, Charles Michel, a rejeté, jeudi matin, les accusations à peine voilées de la France contre son pays pour son inefficacité présumée dans la détection des terroristes qui ont commis les massacres de Paris. « Je n’accepte pas les critiques qui ont visé à dénigrer nos services de renseignement belges » a déclaré le chef du gouvernement lors d’une réunion extraordinaire de la chambre des députés consacrée aux attentats.Dans le même temps, la police belge procédait à sept nouvelles perquisitions à Molenbeek, et dans d’autres communes bruxelloises. Une personne a été arrêtée, d’après le parquet fédéral belge, dans le cadre d’une enquête ouverte au début de l’année sur Bilal Hadfi, l’un des kamikazes du Stade de France, le 13 novembre.Actions « exécutées par des cellules franco-belges »« Dès la nuit de vendredi à samedi, les autorités judiciaires belges et françaises ont travaillé main dans la main et, à Saint-Denis, un attentat a été empêché notamment grâce aux informations fournies par les services belges », a poursuivi le premier ministre.Il avait commencé son intervention en nuançant les propos de François Hollande sur des actions « décidées en Syrie, préparées en Belgique, exécutées en France » pour dire plutôt qu’elles avaient été « décidées en Syrie et exécutées par des cellules franco-belges ».M. Michel a voulu remercier les enquêteurs belges et souligner que son pays avait arrêté et condamné 160 personnes pour des faits de terrorisme au cours des derniers mois. « Des attentats ont été déjoués, des vies ont été sauvées », a-t-il répété.EnquêteDes questions continuent cependant de se poser quant à d’éventuels dysfonctionnements de services qui connaissaient une partie des auteurs des attentats mais ne les ont pas arrêtés à temps. « Comment ont-ils pu leur échapper ? », interroge Meryame Kitir, chef de l’opposition socialiste flamande.Lire aussi :Les failles de la lutte antiterroristeLe ton était toutefois à l’union nationale jeudi matin. Les discours ont témoigné d’un soutien, assez rare, de toute l’assemblée à l’action du gouvernement. Le « Comité R », qui chapeaute et contrôle les services de renseignement, a lancé une enquête qui satisfait tous les groupes. Il devra toutefois déposer son rapport rapidement, dans deux mois au maximum, demande Laurette Onkelinx, ancien ministre de la justice et chef du groupe socialiste.M. Michel a annoncé un budget supplémentaire de 400 millions d’euros pour la lutte contre le terrorisme. Son plan d’action s’articule autour de quatre axes : le renforcement des moyens humains et techniques des services de police et de renseignement, « l’éradication » des appels à la haine, un meilleur ciblage des individus potentiellement dangereux et une action au niveau international.Fichier des combattants étrangersLe gouvernement devrait adopter une loi sur la fermeture des sites radicaux sur le Web et entend faire fermer des mosquées. Il veut aussi enquêter sur le financement de certaines d’entre elles et mieux contrôler les imams. Une commission parlementaire spéciale pour la lutte contre le terrorisme sera créée.Un fichier des combattants étrangers devrait être établi – « enfin ! », ajoutent certaines sources – et les combattants rentrant de Syrie seraient d’office incarcérés avant, pour certains, d’être libérés à titre probatoire, un bracelet électronique au poignet.La Belgique va aussi mettre au point son propre fichier des données passagers (PNR), en espérant qu’il sera un jour incorporé dans un dispositif véritablement européen, en cours de négociation. Au plan judiciaire, on note des réformes importantes : la garde à vue pourra être portée de vingt-quatre à soixante-douze heures dans des affaires de terrorisme et les perquisitions pourront être menées vingt-quatre heures sur vingt-quatre.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : l’Europe veut accélérer la mise en place d’un fichier sur les passagers aériensM. Michel prône encore un contrôle strict aux frontières extérieures de l’espace Schengen, sous peine, dit-il, de voir celui-ci s’effondrer. Il dit enfin la « totale détermination » de son pays à combattre Daech et réclame « une large coalition internationale » agissant « si possible » dans le cadre d’un mandat de l’ONU.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.11.2015 à 10h38 • Mis à jour le19.11.2015 à 12h27 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) A la suite de la tuerie au siège de Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher, en janvier, Bruxelles avait vivement réagi déjà, disant sa volonté d’agir. La Commission avait promis de réactiver une proposition de directive PNR (Passenger Name Record, fichier des données des passagers aériens) et de renforcer la coopération avec les géants du Web pour faire la chasse aux sites djihadistes. Finalement, rien ou presque n’a bougé.Cette fois, la Commission promet, comme le Conseil, une accélération des discussions sur le PNR, pour un accord avant la fin de l’année. Le projet de directive a finalement été approuvé cet été par la commission des libertés du Parlement, qui l’avait longtemps bloqué. Mais cette version finalisée est en retrait par rapport au souhait de plusieurs Etats, dont la France.Lire aussi :Lutte contre le terrorisme : qu’est-ce que le PNR, le fichier sur les passagers aériens ?Au Parlement européen, les deux principaux partis de l’hémicycle, les conservateurs du Parti populaire européen (PPE) et les sociaux-démocrates ont échangé des propos très acides sur le PNR. « Un PNR européen aurait dû être mis en place depuis 2011. Combien d’autres tragédies faudra-t-il pour convaincre les sociaux-démocrates et libéraux du Parlement européen d’agir ? », a demandé Alain Lamassoure, du PPE, lors d’un point presse à Bruxelles.« Utiliser la tragédie pour vouloir gagner des voix par le mensonge est, humainement, parfaitement méprisable. Nous serons contraints de continuer de travailler avec le groupe PPE sur ce dossier, seul moyen de dégager une majorité, mais ils doivent savoir que leur cynisme nous révulse », a répondu le groupe social-démocrate dans un communiqué.« Ce n’est pas un instrument magique, mais c’est un instrument important de traçabilité des personnes suspectes », rappelle, pour sa part, dans un entretien au « Monde », Arnaud Danjean, eurodéputé conservateur (Les Républicains), spécialiste des questions internationales et de défense.« Quand on voit aujourd’hui qu’un des principaux instigateurs des attentats de Paris a pu se balader entre la Syrie, la Belgique et la France, pendant des mois voire des années, ce PNR aurait pu nous être utile ! », insiste-t-il.Sourde oreilleLa réunion extraordinaire des ministres de l’intérieur, convoquée vendredi 20 novembre à Bruxelles, à la demande de Paris, doit, selon les Français, atteindre plusieurs objectifs : des progrès rapides sur le PNR, un meilleur contrôle des armes à feu et la systématisation des contrôles aux frontières extérieures de l’Union pour les Européens rentrant dans l’espace Schengen. Mais, sur ce dernier point, la Commission, très réticente dès qu’on parle de « changer » Schengen, semble vouloir faire la sourde oreille.Bruxelles espère relancer le projet d’un système de « contrôle intelligent » aux frontières ou la création d’un centre de contre-terrorisme européen. Le collège de la Commission a par ailleurs adopté mercredi une série de propositions législatives pour renforcer le contrôle des armes et interdire la détention de certaines armes semi-automatiques. Les registres nationaux seraient interconnectés, et le refus d’octroi d’armes à certains individus communiqué entre Etats membres.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) « Ils ne montraient pas de signe d’une possible menace. » C’est ce qu’a indiqué, mercredi 18 novembre, le parquet fédéral belge à propos des deux frères Abdeslam, Brahim et Salah. L’un s’est fait exploser à Paris vendredi 13 novembre et l’autre est toujours recherché. La police belge avait interrogé les deux frères Abdeslam avant les attentats.Brahim « a essayé d’aller en Syrie mais il n’a réussi à aller qu’en Turquie », a déclaré le porte-parole du parquet Eric Van der Sypt, confirmant des propos au site Politico. « Il a été interrogé à son retour, et son frère aussi », a ajouté M. Van der Sypt, en parlant de Salah. Il n’a pas précisé de dates concernant ces interrogatoires.Brahim n’a pas été poursuivi à son retour de Turquie car « nous n’avions pas de preuve qu’il participait aux activités d’un groupe terroriste », a aussi expliqué le porte-parole du parquet.« Nous savions qu’ils étaient radicalisés et qu’ils pourraient se rendre en Syrie (mais) ils ne montraient pas de signe d’une possible menace », a poursuivi le magistrat. « Même si nous les avions signalés à la France, je doute qu’on aurait pu les arrêter », a-t-il ajouté, confirmant ainsi que les deux frères n’avaient pas été signalés aux services de renseignement français.« Se demander pourquoi ces hommes n’ont pas été correctement surveillés »Les services de l’antiterrorisme belges ont-ils commis des erreurs et auraient-ils pu prévenir les attentats de Paris ? « Nous ne disons pas qu’ils savaient que les auteurs qui vivaient à Molenbeek-Saint-Jean étaient de dangereux extrémistes. Mais s’ils savaient, il faut se demander pourquoi ces hommes n’ont pas été correctement surveillés », indique Stefaan Van Hecke, député du parti écologiste flamand Groen.Le Comité R, un organe de contrôle qui surveille les services au nom du Parlement et du gouvernement, a ouvert spontanément une enquête sur le fonctionnement de la Sûreté de l’Etat et du service général du renseignement et de la sécurité (la sûreté militaire). Des députés demandent que le Comité P, qui contrôle la police, se voie confier une mission similaire : des informations sur la radicalisation sont également en possession des polices locales, de la police fédérale et des douanesLire aussi :A Molenbeek, « il est facile d’échapper à la police »Ces investigations viseraient à déterminer les renseignements dont disposaient exactement les différents organes chargés de la sécurité, et s’ils les ont échangées entre eux et avec les services étrangers. C’est l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace qui doit analyser et évaluer ces informations. Il y a quelques semaines, son directeur, un ancien procureur, a démissionné de cette structure critiquée. Le Comité R lui reprochait notamment d’avoir transformé son service en une structure de renseignement concurrente.Lire aussi :Qui est Abdelhamid Abaaoud, le commanditaire présumé des attentats ciblé par le RAID à Saint-Denis ?Attitude consensuelle de l’oppositionLes commentaires et les insinuations de responsables français sur les possibles lacunes des services belges n’ont pas suscité de réactions officielles. Le ministre des affaires étrangères, Didier Reynders, a renvoyé la balle vers Paris en soulignant que Mehdi Nemmouche, l’auteur de la tuerie du Musée juif de Belgique à Bruxelles, en mai 2014, était passé à travers les mailles de la surveillance française.S’il y a eu d’autres failles en France, il pourrait toutefois y en avoir eu en Belgique, notamment parce qu’il est avéré que la police connaissait des membres des attentats de Paris installés à Bruxelles. L’ancien maire de Molenbeek, le socialiste Philippe Moureaux, a souligné « l’échec » des services de renseignement. « Vous comprendrez bien que si les Belges ne nous préviennent pas, on ne peut rien faire », confiait, lundi 16 novembre, une source policière française à l’AFP.Lire aussi :A Molenbeek, « il est facile d’échapper à la police »Un débat parlementaire devait avoir lieu jeudi 19 novembre. Le premier ministre, Charles Michel, qui a bénéficié jusqu’ici de l’attitude consensuelle de l’opposition, devrait annoncer de nouvelles mesures. La menace dans le pays est passée au niveau 3 (sur une échelle de 4), et quelque 300 militaires supplémentaires sont mobilisés pour la surveillance des gares, des aéroports et des bâtiments officiels.Après l’attentat contre le Musée juif et le démantèlement d’une cellule terroriste à Verviers, en janvier, le gouvernement avait annoncé une série de décisions. Une bonne partie d’entre elles n’est pas concrétisée et le cadre de la Sûreté de l’Etat est privé de 150 agents, sur les 750 que celle-ci devrait compter.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Benoît Vitkine (Molenbeek (Belgique) - envoyé spécial) Chaque jour depuis les attentats de Paris, le vendredi 13 novembre, et plus encore depuis que l’enquête s’est focalisée sur sa commune de Molenbeek, en Belgique, l’imam Abdel Hassani se demande ce qu’il va pouvoir dire aux fidèles ce vendredi à l’heure du sermon. Pour l’heure, il n’a en tête que les grandes lignes : que des « égarés » ont tué des innocents ; que l’islam réprouve de tels actes ; et que la lutte contre le terrorisme concerne aussi Molenbeek.Ce dernier point n’est guère une nouveauté : la liste des affaires de terrorisme dans lesquelles apparaît le nom de cette commune de 100 000 habitants, l’une des dix-neuf que compte la ville de Bruxelles, est impressionnante. Parmi les plus connues, l’assassinat du commandant Massoud en Afghanistan (9 septembre 2001), les attentats de Madrid en 2004, la tuerie du Musée juif de Bruxelles (mai 2014), la cellule de Verviers démantelée lors d’un assaut policier mortel (janvier 2015), l’attaque avortée dans un Thalys Bruxelles-Paris (août 2015). Jusqu’aux attaques de Paris, dont plusieurs exécutants ainsi que le commanditaire présumé étaient originaires de la commune ou y ont séjourné.Il n’en fallait pas plus pour que resurgissent les surnoms de « nid djihadiste » ou de « Molenbeekistan », régulièrement associés à ce quartier pauvre à forte population immigrée, qui a fourni un tiers des quelque 150 djihadistes originaires de Bruxelles partis ces dernières années en Syrie.« Des messages forts et clairs » « Les gens d’ici n’ont pas besoin de tels slogans, s’offusque l’imam Hassani, mais il faut des messages forts et clairs. » Sa mosquée, rue des Etangs Noirs, est l’une des quatre de la commune reconnues par l’Etat, qui participe ainsi à leur financement. Molenbeek en compte 18 autres. A en croire M. Hassani, toutes ne délivreront pas vendredi un message aussi « clair » que le sien. « Certains imams souligneront que la France mène une politique étrangère mauvaise. D’autres se contenteront de lectures sacrées, figés dans leurs écrits et leurs dogmes. Il faut connaître la société dans laquelle on vit pour être capable de lui parler, insiste l’imam. Moi je suis ici depuis 40 ans, et j’ai travaillé pendant 34 ans dans les supermarchés Delhaize. »C’est l’une des particularités de l’islam belge, poussée à l’extrême à Molenbeek. Nombre d’imams sont formés en Arabie saoudite, beaucoup d’autres sont envoyés par les pays d’origine des populations immigrées. On parle ainsi, comme en écho au modèle communautaire belge dans lequel domine la grille de lecture Wallons-Flamands, de mosquées « marocaines », « turques », « pakistanaises », « somaliennes »…Une action souterraineDans les ruelles de Molenbeek, les mosquées ou les centres culturels sont légion. Un simple statut d’association suffit pour ouvrir une structure. Certaines, signalées par une simple affichette, gardent porte close, sans doute rebutées par l’afflux dans la commune de journalistes du monde entier. Dans une autre, on ne parle que ourdou. Au 26 de la rue des Osiers, un imam accueillant et à la longue barbe rousse explique, tout en rejetant fermement les discours djihadistes, que « l’actualité n’a pas à pénétrer dans la mosquée ».De l’avis des experts, les mosquées belges, même celles où l’on prêche un islam radical, ont cessé depuis le milieu des années 2000 d’être des lieux de recrutement ou d’appels au djihad. La surveillance est devenue trop importante et l’action des djihadistes s’est déplacée, se faisant plus souterraine. On évoque des salles de sport, des associations de tous ordres – dix-sept « points de radicalisation », selon une source sécuritaire qui souligne toutefois leur caractère « mouvant ». Sans compter les radicalisations sur Internet de jeunes n’ayant jamais pénétré dans une mosquée. Mais selon Johan Leman, le directeur du Foyer, une association travaillant auprès de la jeunesse, « c’est par cette façon de prêcher le “bien” et le “mal”, le “eux” et le “nous”, que commence la radicalisation. Les recruteurs parlent le même langage binaire. »« Islam belge » « En vingt ans, le quartier a changé, assure le patron de la librairie Alitera, où l’on vend aussi bien des livres sacrés que profanes. Les femmes sont de plus en plus voilées, et cela devient honteux pour les hommes de ne pas aller à la mosquée. Molenbeek est devenu un désert culturel et la mairie a encouragé ce mouvement en soutenant en priorité les actions et les associations à caractère religieux. »Depuis que les projecteurs sont à nouveau braqués sur Molenbeek, un homme est particulièrement pointé du doigt : Philippe Moureaux, bourgmestre de la commune entre 1992 et 2012. Selon ses détracteurs, l’édile socialiste aurait en quelque sorte acheté la paix sociale en laissant le champ libre aux autorités religieuses. « Il y a eu un partage du pouvoir de fait entre la commune et les mosquées », confirme l’expert Claude Moniquet, ancien journaliste et ancien des services secrets français installé à Bruxelles. L’ancien bourgmestre assure de son côté avoir réussi à « établir un lien de confiance avec la communauté musulmane ».« Moureaux a eu peur de renforcer l’islamophobie en s’attaquant à ces questions, estime Sarah Turine, échevine (adjointe) de la jeunesse au sein de la nouvelle équipe communale. Et pendant ce temps, il n’a insisté que sur les questions économiques, expliquant que les choses s’amélioreraient le jour où il y aurait des emplois. » Mme Turine, qui prône elle aussi la constitution d’un « islam belge » moins dépendant de l’étranger, estime toutefois que le quartier est aujourd’hui moins replié sur lui-même qu’il ne l’était il y a encore dix ans, époque où, explique-t-elle, l’alcool était banni des bars et des magasins.Un « petit Manchester » frappé par la désindustrialisation L’élue écologiste insiste elle aussi sur le « facteur socio-économique » propre à Molenbeek. La commune, toute proche du centre-ville de Bruxelles et qui a conservé un urbanisme à visage humain, ne ressemble guère aux quartiers relégués des grandes métropoles françaises. Mais la désindustrialisation a frappé de plein fouet celle que l’on surnommait le « petit Manchester ». Dans les quartiers est, le taux de chômage atteint près de 60 %. Les difficultés se cumulent : ghettoïsation ethnique, avec certains quartiers maghrébins à 80 %, trafics de drogue, discriminations à l’embauche, décrochages scolaires…Le cocktail molenbeekois est là : des frustrations sociales et identitaires se développant sur un terreau de plus en plus religieux et rigoriste. La commune a encore du mal à regarder cette réalité en face. La plupart des habitants interrogés refusent de croire aux révélations en cascade sur la présence de cellules djihadistes, ou veulent y voir des éléments « extérieurs » : à l’islam, au quartier, à la Belgique…Cette réaction n’est pas uniquement de déni. Elle répond à une réalité. Molenbeek n’est pas seulement un foyer de radicalisation, la ville s’est aussi imposée comme une base arrière pour des cellules étrangères, françaises en premier lieu. « Ici, on peut facilement échapper à la police », résume Mehdi, 18 ans, sur les lieux de l’une des interventions menées lundi 16 novembre par les forces de sécurité. « L’Etat islamique a intégré cette donne depuis longtemps, résume le travailleur social Johan Leman. Pour eux, Anvers appartient aux Pays-Bas et Bruxelles à la France. Ils ont communautarisé la Belgique encore mieux que les Belges eux-mêmes. »Lire aussi :Pour les Belges, les frères Abdeslam ne constituaient pas « une possible menace »Benoît Vitkine (Molenbeek (Belgique) - envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.11.2015 à 13h02 | Jean-Michel Bezat Les dirigeants d’Engie (ex-GDF Suez) respirent. L’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) belge a annoncé, mardi 17 novembre, qu’elle autorisait le redémarrage de deux réacteurs de sa filiale Electrabel : Doel 3 près de Anvers et Tihange 2 près de Liège. Ce redémarrage prendra quatre semaines, a indiqué l’exploitant. La fermeture du premier est programmée pour le 1er octobre 2022 et celle du second pour le 1er février 2023.Lire aussi :Engie : la facture de l’aventure nucléaire belge s’alourditLes deux tranches, qui assurent un tiers de la production électronucléaire du pays, avaient été mises à l’arrêt à l’été 2012 puis, après une remise en service de onze mois en mars 2014 en raison « d’incertitudes quant à leur sûreté », selon le gendarme du nucléaire. De nombreux défauts avaient en effet été décelés dans l’acier des cuves, la zone la plus sensible du réacteur où se produit la fission des atomes et la réaction nucléaire en chaîne.L’autorité de sûreté estime qu’au terme d’« études scientifiques approfondies », Electrabel « a pu démontrer de manière convaincante que les microbulles d’hydrogène présentes dans les parois des cuves n’avaient pas d’impact inacceptable sur la sûreté des réacteurs ». Ces bulles se sont formées au cours du forgeage de la cuve et non durant l’exploitation du réacteur.Défauts « stables »Des experts redoutaient qu’en cas d’incident nécessitant l’injection d’eau froide, le choc thermique n’entraîne une rupture de la paroi des cuves et l’écoulement de magma radioactif. Le groupe d’électricité affirme que ces défauts sont restés « stables » au cours des décennies d’exploitation et qu’« ils n’impactent pas son intégrité structurelle ».Cet arrêt de deux de ses sept réacteurs belges ont obligé Engie à abaisser deux fois en cinq mois ses objectifs financiers pour 2015. Ils amputaient en effet de 40 millions d’euros par mois le bénéfice net de la maison mère. Ce sont déjà plus de 700 millions d’euros de manque à gagner que le groupe a enregistré depuis mars 2014. Le nucléaire belge a fortement contribué, avec la chute de la demande de gaz, à la baisse du résultat d’Engie (– 56 %) au premier semestre.Lire aussi :La Belgique prolonge de dix ans ses vieux réacteurs nucléairesJean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Guy Dutheil Toutes les compagnies aériennes ne sont pas logées à la même enseigne. Pendant qu’Air France ou Lufthansa enchaînent les grèves et les plans sociaux, d’autres, telle easyJet, gonflent leur trésorerie et achètent des avions à tour de bras. La compagnie britannique à bas coûts a annoncé, mardi 17 novembre, un bénéfice annuel record et une nouvelle commande de 36 Airbus de la famille des A320. Un contrat d’une valeur de 3,8 milliards de dollars au prix catalogue (3,56 milliards d’euros).Lire aussi :Aérien : le poids toujours croissant des compagnies low cost en EuropeTrente des 36 appareils commandés, qui seront livrés entre 2018 et 2021, sont des A320 Neo, des appareils moins gourmands en kérosène que ceux de précédente génération. Avec ce nouveau contrat, la compagnie britannique opérera au total une flotte de 451 avions.La low cost britannique a les moyens de ses ambitions. Elle est assise sur un tas d’or. A l’issue de son exercice annuel clos le 30 septembre, easyJet a dégagé un bénéfice net de 548 millions de livres (777 millions d’euros), en hausse de 22 % par rapport à 2014.Une performance directement liée à la progression du nombre des passagers qu’elle a transportés. En un an, 68,6 millions de clients, soit 6 % de plus que lors de l’exercice précédent, ont emprunté les appareils à la livrée orange. Face à un tel afflux, le taux de remplissage de la compagnie a gagné 0,9 point. Il est désormais de 91,5 %.Lire aussi :EasyJet : 20 ans de course contre la montreEasyJet enchaîne les records. Ainsi, pour la cinquième année consécutive, son bénéfice avant impôts s’est envolé, progressant de 18 % pour s’établir à 978,1 millions d’euros. Sur un an, le chiffre d’affaires de la compagnie à bas coûts est aussi à la hausse (+3,5 %), culminant à 6,65 milliards d’euros.Les compagnies régulières à l’offensive sur le low costMais, comme les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, les records enchaînés par les compagnies à bas coûts comme easyJet ou sa concurrente Ryanair pourraient être les parmi les derniers. En effet, les compagnies régulières, comme Air France-KLM, British Airways ou Lufthansa, qui avaient longtemps laissé le marché du low cost aux spécialistes du genre, ont commencé à réagir.British Airways a apporté la riposte la plus forte grâce au rachat d’Iberia. Dans la corbeille de mariage, la compagnie britannique a trouvé une pépite : Vueling. La compagnie à bas coûts, qui étend régulièrement son réseau de destinations devient une redoutable concurrente pour Ryanair et easyJet.Lire aussi :Le succès des compagnies aériennes à bas coût doit beaucoup à l’EuropeA moyen terme, Air France-KLM pourrait devenir, elle aussi, une rivale sur le secteur du low cost. La direction de la compagnie franco-néerlandaise a déjà annoncé la montée en puissance de la flotte de sa filiale à bas coûts Transavia. Et mettre en route une autre filiale low cost, Transavia Europe, grâce à des bases dans des pays à faibles coûts sociaux, si elle parvient à un accord avec ses pilotes – en septembre 2014, ces derniers s’étaient mis en grève quinze jours contre la création de cette filiale.La montée en puissance de ses rivales n’effraie pas easyJet. « Il y a de la place pour tout le monde », signale François Bacchetta, directeur général France de la compagnie. Surtout en France, où les low cost n’ont capté, en 2015, que 27 % de parts de marché des vols intra-européens, contre 42 % partout ailleurs sur le Vieux continent. « Il y a donc encore du grain à moudre », se réjouit le directeur général.« La croissance revient en Europe »EasyJet ne s’est d’ailleurs jamais aussi bien porté en France. « En 2015, nous avons transporté 15,6 millions de passagers, soit un million de plus que l’an passé. Nous avons gagné un point de part de marché », se félicite M. Bacchetta. La compagnie aérienne britannique a ouvert 19 nouvelles routes au départ de la France en 2015, et elle prévoit une année 2016 aussi « dynamique ». « C’est l’effet d’une bonne nouvelle : la croissance revient en Europe », constate le patron d’easyJet en France.Il n’y a d’ailleurs pas que les prévisions qui sont revues à la hausse chez easyJet. Forte de ses bons résultats, la compagnie low cost a proposé une augmentation de près de 22% (21,6%) des dividendes versés à ses actionnaires.EasyJet est, en revanche, moins généreuse avec ses personnels. En décembre 2014, elle avait dû faire face à une grève de ses hôtesses et stewards. Ils protestaient contre la réduction d’un quart de leur bonus versé sous forme d’actions. Pourtant, easyJet n’était pas dans le besoin : elle venait d’annoncer que son bénéfice avait progressé de 13, % en 2014, pour s’établir à 574 millions d’euros.Lire aussi :Chez easyJet, le coup de rabot sur les bonus ne passe pasGuy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Une unité des Européens face à la menace, des contrôles « coordonnés et systématiques » aux frontières de l’Union, un fichier européen des données de passagers (PNR), un renforcement des échanges entre les services de renseignement : il y a un air de déjà-entendu dans les propos tenus par divers responsables politiques après les attaques de Paris et de Saint-Denis. Au lendemain des précédents attentats, tous ces sujets étaient déjà sur la table. Ainsi que la nécessité de combattre la propagande sur le Web ou encore celle d’élaborer un discours de contre-propagande.Depuis 2001, chaque acte terroriste suscite de tels commentaires. Et les choses progressent au rythme traditionnel de la prise de décision au niveau européen – c’est-à-dire lentement, et surtout, en fonction d’une contrainte majeure : la sécurité reste en grande partie une compétence des Etats. Une fois l’émotion retombée, ils cachent mal leurs différences d’appréciation. A Bruxelles, on n’a pas oublié les tergiversations du Conseil au lendemain des attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher.Lire aussi :La France avait été alertée d’une menace imminente« Pris en otage »A l’époque, tout le monde semblait en effet convaincu de l’importance de créer un fichier de données des dossiers passagers (PNR, Passenger Name Record). Cet outil était jugé indispensable pour repérer notamment les combattants rentrant des zones de combat syriennes ou irakiennes. Un an plus tard, le Conseil dit son espoir d’aboutir, à l’issue d’un « trilogue » avec le Conseil et la Commission mais le Parlement, qui se considère comme le gardien des libertés, campe sur une position intransigeante : un diplomate français affirme qu’il a pris le PNR « en otage ».En juillet, la commission des libertés civiles du Parlement européen a certes adopté un projet de la Commission dont la première version date de… 2011. Mais les eurodéputés établissent aujourd’hui un parallèle entre ce projet et celui sur la protection des données, qui concerne essentiellement la collecte d’informations par les entreprises : la durée de conservation des données sur les passagers (identité, itinéraire, mode de paiement…) et leur protection restent autant de points d’achoppement. Comme l’est la question de la collecte pour les vols intraeuropéens : pour brouiller les pistes, les terroristes n’utilisent plus de vols directs pour se rendre à leur destination finale, ils utilisent la technique des « vols cassés ».Principe d’une transmission « obligatoire »Le problème de la transmission des informations à des pays tiers ou celui de l’approbation de leur usage par une autorité nationale sont, eux aussi, au centre des discussions. Comme la nature des faits devant permettre l’accès des autorités au fichier : le Parlement entend le limiter aux actes transnationaux, ce qui ne permettrait pas d’avoir accès, par exemple, aux données d’un Français commettant un délit grave en France. La commission des libertés du Parlement a, en revanche, approuvé le principe d’une transmission « obligatoire » des informations entre Etats membres. En réalité, plus de la moitié des Etats européens se sont dotés d’un PNR national. Le problème, c’est que ces fichiers ne sont pas interconnectés, ce qui limite leur efficacité face à des réseaux criminels transnationaux.La question du contrôle aux frontières extérieures reste également en débat. Pour certains, le code Schengen, s’il est adapté, est une solution, non un problème. Pour d’autres – dont la France, désormais –, les contrôles doivent être « systématiques », y compris pour les Européens se présentant à une frontière extérieure. La généralisation des contrôles devrait permettre d’entrer tous les noms dans le fichier du système d’information Schengen (SIS) et d’opérer ainsi un contrôle en profondeur.Le projet de création d’un centre de contre-terrorisme au sein d’Europol sera réalisé en 2016 « si tout va bien ». Afin de « faciliter la coordination » entre les services de renseignement, il devrait centraliser et rediffuser les informations qui lui sont transmises. Reste à savoir si les services sont prêts à transmettre à leurs voisins ce qu’ils cachent parfois à leurs collègues au niveau national.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Laurent Borredon, Simon Piel et Benoît Vitkine Les investigations sur les attentats qui ont frappé Paris et Saint-Denis le 13 novembre se concentraient, mardi 17 novembre, sur l’organisation des attaques, le nombre précis d’auteurs et la localisation de celui ou de ceux toujours en fuite.Suivre la situation en direct sur LeMonde.frCombien de terroristes y avait-il et qui étaient-ils ? A ce jour, cinq terroristes, des Français, ont été identifiés par les enquêteurs : quatre kamikazes – Samy Amimour (28 ans), Omar Ismaïl Mostefaï (29 ans), qui participaient à l’attaque du Bataclan, Bilal Hadfi (20 ans), qui a fait sauter sa ceinture d’explosif près du stade de France, et Brahim Abdeslam (31 ans), qui en a fait de même au Comptoir Voltaire –, et Salah Abdeslam (26 ans), en fuite.Trois des membres du commando sont toujours en cours d’identification. Il s’agit de l’un des hommes ayant participé à l’attaque du Bataclan, mort lors de l’assaut de la police à l’étage de la salle de concert, et de deux des kamikazes du Stade de France dont celui qui a été retrouvé porteur d’un passeport syrien.Les enquêteurs restent confiants concernant l’identification des derniers kamikazes. Malgré l’état des corps, les visages sont reconnaissables et les services spécialisés effectuent de nombreuses comparaisons photographiques, parallèlement aux recherches ADN en cours.Toutefois, les enquêteurs s’interrogent sur la possibilité qu’un deuxième homme ayant participé aux attentats soit en fuite. Selon de nombreux témoignages recueillis par la police, la Seat qui a convoyé les auteurs des tirs sur les terrasses des cafés des 10e et 11e arrondissements comptait trois passagers. Parmi eux, les deux frères Brahim et Salah Abdeslam et donc, possiblement, un troisième homme non identifié.Le véhicule a été retrouvé à Montreuil (Seine-Saint-Denis), dimanche. Trois kalachnikovs et des chargeurs avaient été abandonnés à l’intérieur.Neuf personnes de la famille d’Omar Ismaïl Mostefaï et de Samy Amimour étaient également toujours en garde à vue dans les locaux de la sous-direction antiterroriste (SDAT) à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). La garde à vue de la sœur de Samy Amimour, 15 ans, n’avait pu être prolongée lundi en raison de son jeune âge.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : que sait-on des terroristes impliqués ?Quels ont été les lieux de séjour des terroristes ? Selon les informations du Monde, les enquêteurs ont identifié deux appartements qui ont servi de points de chute aux auteurs des attentats.Le premier, à Bobigny, perquisitionné dans la nuit de dimanche à lundi, avait été loué par Brahim Abdeslam via le site Homelidays pour une période courant du 10 au 17 novembre. Le propriétaire a expliqué aux enquêteurs avoir rencontré trois des hommes qui auraient occupé le logement, le mardi précédant les attentats. Ils se sont présentés comme des membres d’une société de sécurité belge.Des téléphones encore dans leur emballage ont été retrouvés sur place mais aucune arme. Des analyses d’empreintes relevées sur place étaient toujours en cours, mardi matin.Le deuxième appartement est connu des enquêteurs depuis dimanche et se situe dans le Val-de-Marne, à Alfortville, dans une résidence hôtelière.Salah Abdeslam était toujours en fuite, mardi matin. Il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, émis par la justice belge. C’est lui qui a loué la Polo noire repérée au Bataclan. Il aurait peut-être participé aux fusillades dans les 10e et 11e arrondissements. Son arrestation avait été annoncée à tort par la presse après une opération de la police belge à Molenbeek.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : un Français « très probablement » identifié dans une revendication de l’EIQue sait-on des appuis des terroristes en Belgique ? En Belgique, deux hommes interpellés samedi ont été placés sous mandat d’arrêt, lundi 16 novembre, pour « attentat terroriste ». Il s’agit des deux Belges qui sont venus chercher Salah Abdeslam à Paris, dans la nuit de vendredi à samedi, à sa demande.Hamza Attou et Mohamed Amri ont maintenu, lors de leurs auditions, qu’ils ignoraient le rôle de Salah Abdeslam dans les attentats qui venaient de toucher Paris et Saint-Denis. Ce dont les enquêteurs doutent fortement. Ils soupçonnent notamment Mohamed Amri d’avoir pu jouer un rôle dans la confection des explosifs.Les trois hommes avaient été contrôlés, peu après 9 heures, à hauteur d’un péage près de Cambrai (Nord). Mohamed Amri était au volant. Les gendarmes ont passé les trois hommes dans les fichiers français, sans résultat. Puis ils ont vérifié le Système d’information Schengen (SIS), dans lequel chaque pays européen peut inscrire des personnes recherchées ou sous surveillance. C’est le cas de Salah Abdeslam, inscrit pour la Belgique, mais uniquement pour des faits de droit commun.Les gendarmes laissent repartir les trois hommes, et indiquent aux Belges le passage de Salah Abdeslam. Quelques instants plus tard, lorsque les enquêteurs français s’aperçoivent que ce dernier a loué la Polo noire, la traque est lancée.Le troisième frère Abdeslam, Mohamed, a été relâché lundi par la police belge. Employé à la mairie de Molenbeek depuis une dizaine d’années, « charmant » selon sa cheffe de service, il avait été membre du cabinet de l’ancien maire PS, Philippe Moureaux, grande figure de la vie locale.Mohamed Abdeslam, interrogé par les médias, a assuré ignorer tout du projet de ses frères : « Non, nous ne savions pas. Ni nous, ni notre famille. Ce sont de grands garçons, ils sont majeurs. On ne va pas leur demander leur emploi du temps à chaque fois qu’ils quittent leur domicile. » avant d’ajouter : « Nous sommes touchés par ce qu’il s’est passé. Nous avons appris ça comme beaucoup d’entre vous. Et nous ne pensions à aucun moment que l’un de mes frères était lié à ces attentats. »L’enquête en France et en AllemagneAu moins sept personnes ont été arretées, mardi, aux alentours d’Aix-la-Chapelle, dans une région frontalière des Pays-Bas et de la Belgique, selon la police locale. Mais il n’y avait aucun lien avec les attentats, et elles ont donc été relâchées.En France, 286 perquisitions ont eu lieu depuis dimanche, selon le ministère de l’intérieur, dans le cadre de l’état d’urgence en vigueur. Elles ne sont pas liées à l’enquête sur les attaques meurtrières de vendredi, mais concernent la mouvance islamiste radicale en générale. La plupart des perquisitions ont eu lieu en Ile-de-France, où 16 personnes ont été interpellées et 6 armes saisies, selon la préfecture de police de Paris. La veille, 23 personnes avaient déjà été interpellées dans toute la France.Lire aussi :Qui est Abdelhamid Abaaoud, le commanditaire présumé des attentats ciblé par le RAID à Saint-Denis ?Simon PielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterBenoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteLaurent BorredonJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Vladimir Poutine jubile. Sa ligne politique, estime-t-il, est confortée. Devant le Congrès réuni à Versailles, lundi 16 novembre, trois jours après les attentats revendiqués par l’Etat islamique (EI) qui ont ensanglanté Paris, François Hollande a annoncé qu’il souhaitait parvenir à « une grande et unique coalition » contre l’EI en Syrie, jugée « indispensable » par le chef du Kremlin. Au même moment, ou presque, le président russe, qui s’exprimait à l’issue du sommet du G20 à Antalya, en Turquie, revendiquait en effet devant la presse la paternité de l’initiative : « J’en ai parlé lors de la session de l’ONU consacrée à ses 70 ans. J’ai parlé exactement de cela et les événements tragiques qui ont suivi [à Paris] ont confirmé que nous avions eu raison. »Tandis que la télévision russe Rossia 24 diffusait son intervention, M. Hollande est apparu dans une incrustation de l’écran, en direct de Versailles, comme en écho aux propos de M. Poutine. « Je rencontrerai dans les prochains jours le président Obama et le président Poutine pour unir nos forces et atteindre un résultat qui, pour l’instant, est encore renvoyé à trop longtemps », a annoncé le chef de l’Etat français.« La France faisait partie des pays qui ont adopté une position très dure envers le sort du président Assad personnellement. Nous avons entendu tout le temps de nos amis français que le règlement de la question du départ du président Assad devait être une condition préalable pour des changements politiques », commentait pour sa part M. Poutine, assénant dans la foulée : « Est-ce que cela a protégé Paris contre l’attentat terroriste ? Non. »Rencontre avec le roi SalmanLe principe d’une rencontre bilatérale est acquis, sans précision de date ou de lieu toutefois pour l’instant. Et bien que les divergences persistent, notamment sur les cibles des raids aériens russes et le sort du dirigeant syrien, l’inflexion du président français a été soulignée à Moscou.A Antalya, le président russe a cherché à pousser plus loin son avantage. Alors qu’il avait été accueilli froidement par les dirigeants du G20, lors du précédent sommet en novembre 2014, les images de ses multiples rencontres bilatérales, notamment avec le roi Salman d’Arabie saoudite, ont été largement diffusées. « J’ai donné des exemples, basés sur nos renseignements, du financement de l’Etat islamique par des individus, a souligné le président russe. Nous avons établi que ce financement provient de 40 pays, y compris de certains pays membres du G20. J’ai aussi montré à nos partenaires de nombreuses photos satellites qui montrent très clairement l’ampleur du trafic illégal de pétrole [de l’EI]. »A contrario, a-t-il fait valoir, ces « informations » ne sont pas partagées par les Occidentaux. « Ils ont peur de nous donner des informations sur les territoires que nous ne devons pas frapper, par crainte qu’ils ne deviennent l’endroit exact de nos futures frappes et que nous allions les trahir. Il est évident que ce point de vue est basé sur leur propre conception de la décence humaine », a ironisé le chef du Kremlin. Mais « il est vraiment difficile de nous critiquer », a-t-il souligné, en assurant que « le contact » avec l’opposition syrienne « sur le terrain » avait été établi. A Moscou, toutefois, le vice-ministre des affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, a rencontré lundi Kadri Djamil, qui représente le Front populaire pour le changement et la libération, l’une des composantes de l’opposition syrienne tolérée par Damas. La « grande coalition » a encore des étapes à franchir.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Maryline Baumard Pas d’inflexion dans la politique migratoire : dans son discours devant le Congrès réuni à Versailles, lundi 16 novembre, le président François Hollande n’a pas remis en cause l’accueil de 30 000 réfugiés annoncé début septembre. Trois jours après les attentats qui ont fait 129 morts et plus de 350 blessés à Paris et Saint-Denis, le chef de l’Etat a rappelé au contraire que ceux qui fuient la Syrie ou l’Irak sont aussi des victimes de l’Etat islamique (EI).Un soulagement pour les militants d’une France terre d’asile, qui redoutaient une marche arrière de la politique française – déjà très timide et tardivement engagée – après l’annonce par la Place Beauvau de la découverte d’un passeport syrien près d’un kamikaze qui s’était fait exploser près du Stade de France. Les enquêteurs ont confirmé que les empreintes du terroriste étaient celles d’un homme entré en Europe par l’île grecque de Leros, le 3 octobre, au milieu du flux de migrants. Depuis plusieurs mois, certains s’inquiétaient que des terroristes n’infiltrent ces entrées massives en Europe. Elles auraient pu entraîner un pas en arrière de la France. D’autant que l’opinion publique n’a pas suivi l’engagement du gouvernement.Risque d’infiltrationsBien au contraire. M. Hollande a rappelé dans son allocution, citant la Syrie et l’Irak, que « les habitants de ces pays-là, notamment ceux des territoires contrôlés par Daech [acronyme arabe de l’EI] sont martyrisés et fuient ». « Ils sont les victimes de ce même terrorisme », a-t-il ajouté. Preuve que l’amalgame entre réfugié et terroriste n’avait pas lieu d’être et que ces derniers devaient trouver la main de l’Europe tendue vers eux. « Voilà pourquoi il est vital, a-t-il souligné, que l’Europe accueille dans la dignité ceux qui relèvent du droit d’asile mais renvoie dans leur pays ceux qui n’en relèvent pas. Si l’Europe ne contrôle pas ses frontières extérieures, ce qui n’est pas le cas encore aujourd’hui, c’est le retour aux frontières nationales, quand ce ne sont pas les murs, les barbelés qui sont annoncés. » Et c’est aussi le risque d’infiltrations sur le territoire français. Il faut, a rappelé le chef de l’Etat, « éviter que viennent sur notre territoire, comme ce fut le cas vendredi, des combattants ».Difficile de ne pas lire aussi en filigrane de ce discours un plaidoyer pour le renforcement des pouvoirs de Frontex et la mise en place rapide et effective des « hotspots », ces lieux de tri entre réfugiés et migrants économiques, qui sont en train de voir le jour aux points majeurs d’entrée sur le continent européen.Cette approche commune ne résoudra pourtant pas tout, a rappelé François Hollande, « ce sont des Français qui ont tué vendredi d’autres Français ».Suivez les événements en directMaryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.11.2015 à 16h04 • Mis à jour le16.11.2015 à 18h21 Quelques heures à peine après la fin des attaques qui ont ensanglanté Paris et Saint-Denis, vendredi 13 novembre, quelques voix ont commencé à s’élever pour lier ces actes terroristes à la crise des migrants. La découverte d’un passeport syrien près du corps d’un des assaillants qui s’est fait exploser au Stade de France a notamment contribué à alimenter ces propos. Le sujet risque fort d’être relancé à l’occasion du débat qui aura lieu après le discours que François Hollande tient, lundi, devant les 925 parlementaires réunis en Congrès au château de Versailles.Suivez le Congrès sur le compte Twitter de notre journaliste : Tweets de @Bekouz!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Lire : Suivez les événements en directLa présidente du Front national (FN) a plaidé, dimanche soir, pour un rétablissement définitif des contrôles aux frontières, le parti d’extrême droite liant ces attentats à la crise des migrants qui secoue l’Europe depuis plusieurs mois. « Un certain nombre de terroristes se seraient glissés parmi les migrants », assure Marine Le Pen, qui a critiqué la « dissémination de ces migrants dans les villages et les villes de France ».« Des terroristes s’infiltrent »Le Parti de la France, groupuscule d’extrême droite, n’a pas manqué de réagir, dimanche sur son site Internet, en rappelant qu’ils étaient « les seuls à avoir fait l’amalgame, entre ce tsunami migratoire de jeunes hommes en âge de combattre et le terrorisme islamique » et que « le refus d’écouter les nationalistes a coûté la vie à 129 Français ».Le député et maire (Les Républicains) de Nice, Christian Estrosi, qui avait réclamé à l’Europe, à la mi-août sur France Info, des mesures de fermeté et avait estimé que « des terroristes s’infiltrent » parmi les migrants, a plaidé samedi pour que « des contrôles d’identité se mettent systématiquement en place dans les aéroports internationaux et nationaux quand les passagers sont à destination de l’aéroport Nice-Côte-d’Azur ».Réunis dimanche au siège du groupe Les Républicains avec les principales personnalités du parti, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé ont, de leur côté, exprimé leurs divergences sur « l’unité nationale », défendue par le maire de Bordeaux, le président du parti préférant parler de « solidarité » avec le gouvernement. Un proche de l’ancien chef d’Etat explique :« Pas question d’écouter sagement le pouvoir et de ne rien dire, en laissant penser qu’on serait d’accord sur tout. Ce n’est pas le cas, car on pense que les mesures nécessaires pour faire face à la menace terroriste n’ont pas été prises depuis janvier. Et sinon, cela alimentera une nouvelle fois le discours du FN sur l’UMPS. »Tensions au sein de l’Union européenneLes attentats de vendredi et la découverte d’un passeport syrien près du corps d’un des kamikazes ont relancé les tensions au sein de l’Union européenne sur la politique d’accueil des migrants, les partisans d’une ligne dure, notamment en Pologne et en Allemagne, estimant leurs craintes fondées.Lire aussi :Des responsables européens font le lien entre les attentats de Paris et les réfugiés« Paris a tout changé » et « le temps n’est plus à une immigration incontrôlée », a martelé dans la presse allemande Markus Söder, dont le parti conservateur catholique bavarois CSU critique depuis plusieurs semaines la politique de son alliée la chancelière Merkel à l’égard des réfugiés.Le mouvement islamophobe allemand Pegida a, pour sa part, jugé des attentats en Allemagne inéluctables « si l’on n’arrête pas l’avalanche des demandeurs d’asile, si l’on ne sécurise pas correctement les frontières ».Mais face à eux, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, est intervenu dimanche pour défendre la ligne retenue jusqu’alors, assurant qu’« il n’y a pas lieu de revoir dans leur ensemble les politiques européennes en matière de réfugiés ».« Ceux qui ont perpétré les attentats sont exactement ceux que les réfugiés fuient, et non pas l’inverse. »La chancelière Angela Merkel a, elle, plaidé dimanche, en marge du sommet du G20, pour une « répartition équitable » des migrants en Europe, et refusé tout amalgame entre les attentats de Paris et les « nombreux réfugiés innocents ».La ministre de la défense allemande, Ursula von der Leyen, a également appelé à « la retenue devant les amalgames entre le terrorisme et les réfugiés ». Soren Seelow Il est encore trop tôt pour établir son degré de responsabilité dans les attentats qui ont fait au moins 129 morts à Paris et Saint-Denis, vendredi 13 novembre. Mais les enquêteurs ont désormais une certitude : Abdelhamid Abaaoud, un djihadiste belge qui a rejoint les rangs de l’Etat islamique (EI) au début de 2013, a participé d’une façon ou d’une autre à l’élaboration des attaques simultanées qui ont endeuillé la capitale française.Il est établi qu’Abdelhamid Abaaoud est un proche de l’un des auteurs présumés de l’attaque : Salah Abdeslam, actuellement en cavale et frère du kamikaze qui s’est fait exploser dans le bar Comptoir Voltaire (11e arrondissement) sans faire de mort. Les deux hommes ont été incarcérés ensemble en 2010 en Belgique pour des affaires de braquage.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : que sait-on des terroristes impliqués ?Cible potentielle des frappes aériennes françaisesOr Abdelhamid Abaaoud, un Belge de 28 ans originaire de Molenbeek-Saint-Jean, est une des figures les plus médiatiques du djihadisme belge en raison notamment de son activité sur les réseaux sociaux depuis 2013. Il est par ailleurs considéré depuis plusieurs mois par les services de renseignement français comme l’un des principaux architectes des projets d’attaques visant le sol français.Les enquêteurs le soupçonnent fortement, sans que son degré d’implication puisse être établi avec certitude, d’avoir joué un rôle dans l’attentat avorté contre une église de Villejuif, le 19 avril 2015, un projet déjoué d’attaque contre une salle de concert, dont l’auteur avait été interpellé le 11 août, et l’attaque du Thalys dix jours plus tard, le 21 août. Il était également en contact avec Mehdi Nemmouche, le tueur du Musée juif de Belgique, à Bruxelles, du 24 mai 2014.Selon une source proche des services de renseignement, cet individu était considéré comme suffisamment dangereux pour que son nom ait circulé à la fin de septembre comme étant une des cibles potentielles des frappes aériennes françaises.Cerveau présumé d’un réseau démantelé en BelgiqueAbdelhamid Abaaoud, alias Abou Omar Al-Soussi, fait pour la première fois les gros titres de la presse quelques jours seulement après les attentats du 7 janvier contre Charlie Hebdo. Il est en effet considéré comme le cerveau d’un réseau démantelé le 15 janvier à Verviers, en Belgique, dont deux membres avaient été tués par les forces de police belges.Cette cellule projetait de passer à l’acte le 16 janvier et pouvait, selon les écoutes effectuées, compter sur l’appui d’une dizaine d’« étrangers ». Déjà à l’époque, les enquêteurs belges collaboraient étroitement avec divers services européens pour tenter de déterminer jusqu’où s’étendait ce réseau et creuser ses éventuelles ramifications avec la France.Lire aussi :Molenbeek, la plaque tournante belge du terrorisme islamisteLe 19 avril 2015, Sid Ahmed Ghlam, un étudiant algérien, est interpellé après s’être tiré une balle dans la jambe. Il est soupçonné d’avoir assassiné une jeune femme à Villejuif et d’avoir projeté de mitrailler le matin même la sortie de messe d’une église dans la ville.En l’état actuel de l’enquête, Abdelhamid Abaaoud n’apparaît pas avec certitude comme un commanditaire de cette opération. Les enquêteurs le suspectent par contre fortement d’être impliqué dans le projet, explique au Monde une source policière.« Ils cherchent vraiment à frapper la France et l’Europe »Le 11 août, un djihadiste français, Reda Hame, est interpellé à son retour de Syrie. Il reconnaît en garde à vue s’être entraîné pendant six jours dans un camp de Rakka avant d’être missionné pour rentrer en Europe. Cette fois-ci, le nom d’Abdelhamid Abaaoud apparaît de façon explicite. Il est désigné comme le commanditaire qui aurait demandé à Reda Hame de passer par Prague, pour éviter d’être repéré, avant de frapper la France. Il aurait remis au jeune homme une clé USB contenant des logiciels de cryptage et 2 000 euros en lui demandant de viser une cible « facile », telle une « salle de concert », pour « faire un maximum de victimes ».Interrogé durant sa garde à vue sur l’existence d’autres projets d’attaques, Reda Hame avait prévenu les enquêteurs : « Tout ce que je peux vous dire, c’est que cela va arriver très bientôt. Là-bas, c’était une vraie usine, et ils cherchent vraiment à frapper la France et l’Europe. »Dix jours plus tard, un homme est maîtrisé dans un train Thalys alors qu’il s’apprête à faire usage d’une kalachnikov et d’un pistolet automatique Luger. Né à Tétouan, dans le nord du Maroc, le suspect, Ayoub El-Khazzani, avait séjourné quelque temps en Belgique avant de passer à l’acte. Comme dans le dossier de l’église de Villejuif, le nom d’Abdelhamid Abaaoud revient avec insistance sans que son degré d’implication puisse être établi avec certitude. L’assaillant du Thalys aurait été en lien avec une mouvance djihadiste belge proche d’Abdelhamid Abaaoud.L’analyse téléphonique a par ailleurs permis d’établir qu’Abdelhamid Abaaoud avait été en contact avec Mehdi Nemmouche en janvier 2014, quatre mois avant le quadruple assassinat du Musée juif de Belgique, à Bruxelles. Selon le journaliste spécialisé dans les mouvements djihadistes David Thomson, Abdelhamid Abaaoud a d’ailleurs fait partie du groupe de combattants auquel appartenait Mehdi Nemmouche.Des allers-retours entre la Syrie et la BelgiqueLe parcours d’Abdelhamid Abaaoud est une preuve édifiante des ratés des services de renseignement belges. Parti en Syrie au début de 2013, il serait rentré en Belgique à la fin de cette même année en passant par la Grèce pour repartir ensuite sans être inquiété par les autorités belges, explique une source proche du dossier. En mars 2014, il apparaît dans une vidéo de propagande de l’Etat islamique à bord d’un véhicule traînant des cadavres au sol.En février 2015, Abdelhamid Abaaoud s’était vanté dans le magazine de l’Etat islamique Dabiq de ses multiples allers-retours entre la Syrie et la Belgique. Selon David Thomson, il affirme avoir séjourné en Belgique jusqu’à l’attentat déjoué de Verviers, en janvier 2015, qui l’aurait incité à regagner la Syrie… sans être intercepté.Mise à jour à 20 h 30 : Dans une précédente version de cet article, nous avons publié une photo d’Abdelhamid Abaaoud provenant de la propagande djihadiste. Plusieurs commentaires nous ont alertés sur l’aspect esthétisant que pouvait avoir ce cliché. Nous comprenons ces remarques et l’avons donc retiré.Soren SeelowJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Julia Druelle (Slavonski Brod (Croatie)) et Jean-Baptiste Chastand Un des trois kamikazes de Saint-Denis a bien fait le même parcours que près de 500 000 migrants depuis le début de l’année. En quelques jours, début octobre, il a parcouru les près de 1 500 kilomètres qui séparent les îles grecques de l’Autriche, en empruntant la «  route des Balkans  », devenue la première voie d’immigration vers l’Europe. Selon les autorités françaises, les empreintes papillaires de ce kamikaze correspondent en effet à celles lors de son enregistrement en Grèce.Les autorités grecques ont révélé dimanche soir que le passeport retrouvé à ses côtés était au nom d’Ahmad Al-Mohammad, un Syrien né le 10 septembre 1990. Selon Christiane Taubira, la ministre de la justice, ce passeport était probablement un faux. Il n’est donc pas certain que le kamikaze était réellement Ahmad Al-Mohammad, ni syrien. Depuis le début de la vague migratoire, le processus d’enregistrement des migrants s’est industrialisé et accéléré, mais il reste sommaire et dure à peine quelques minutes, ce qui ne permet probablement pas de détecter les faux papiers.Lire aussi :Durcissement du débat européen sur les réfugiésArrivé en Grèce par l’île de Leros, le kamikaze a été enregistré dans le pays le 3 octobre. Selon le ministre grec de l’intérieur, le processus d’enregistrement a été conforme aux règles européennes, et l’homme a été autorisé à continuer son voyage, son nom n’apparaissant pas dans les fichiers criminels européens. Il est probablement monté dans un des ferries qui relient régulièrement les îles au continent en transportant chaque fois plusieurs milliers de migrants.Il a ensuite gagné la Macédoine, puis la Serbie, où il a été enregistré le 7 octobre et où une demande d’asile a également été déposée. Dès le lendemain, il est signalé à Opatovac, en Croatie. Dans ces deux pays, les services de sécurité ont expliqué que la personne n’était pas recherchée. Le ministre serbe des affaires sociales, Aleksandar Vulin, a déclaré dimanche que les contrôles aux frontières seraient renforcés, tout en soulignant qu’il n’était « pas facile de trouver un malade mental parmi 490 000 personnes », le nombre de migrants ayant traversé la Serbie depuis le début de la crise.« Ces gens sont fous »L’homme a ensuite probablement gagné la Hongrie, qui, à cette date, laissait encore les migrants passer librement sa frontière avec la Croatie, sans les enregistrer. La clôture antimigrants n’a été totalement fermée que le 16 octobre. Il aurait ensuite atteint l’Autriche. Le ministère de l’intérieur autrichien ne pouvait pas confirmer ce passage, mais la presse autrichienne rappelait que le pays, débordé, n’enregistrait pas tous les migrants à cette date.Le fait qu’un terroriste ait pu emprunter cette voie conforte les craintes autour de la présence de membres de l’organisation Etat islamique (EI) au sein des réfugiés, même si l’immense majorité des migrants arrivant de Syrie sont des civils qui fuient la guerre. 45 % des réfugiés passés par la Slovénie en octobre étaient des femmes ou des enfants. La route est désormais bien organisée, avec des bus et des trains. La seule étape dangereuse reste la traversée de la mer Egée vers la Grèce, où des migrants continuent régulièrement de perdre la vie.Les passeports syriens, vrais ou faux, sont devenus une denrée convoitée car ils donnent droit à l’asileDès samedi, la crainte de voir l’Europe se barricader un peu plus s’est en tout cas répandue parmi les réfugiés sur la route des Balkans. « C’est terrifiant. Ces gens sont fous, commente Arad, originaire d’Iran, dans le camp croate de Slavonski Brod où des centaines de migrants attendaient en files indiennes d’être fouillés puis enregistrés. Bien sûr cela va avoir des conséquences néfastes pour nous. Et je comprends les gens. Mais que puis-je y faire ? », lâche-t-il.Wasim, journaliste en Syrie, n’était lui pas surpris qu’un djihadiste puisse avoir voyagé parmi les migrants. « L’EI est partout. Le problème est qu’il n’y a pas de contrôle, affirme-t-il. De Grèce jusqu’ici, personne ne m’a demandé d’ouvrir mon sac. Certains se font faire de faux passeports syriens pour traverser, et le gouvernement grec ne les détecte pas. » La nationalité syrienne donnant quasi automatiquement le droit à l’asile, les passeports syriens, vrais ou faux, sont devenus une denrée convoitée sur la route des Balkans. En septembre, le journaliste néerlandais Harald Doornbos a démontré qu’il était possible d’acheter des papiers syriens pour l’équivalent de 750 euros.Julia Druelle (Slavonski Brod (Croatie))Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Audrey Tonnelier La psychologie des marchés financiers n’est pas celle des citoyens. Trois jours après les plus terribles attentats qu’ait connus la France, le CAC 40 a ouvert en légère baisse de 1,06 %, lundi 16 novembre au matin. Francfort perdait 0,93 %, Londres glissait de 0,61 %… Loin, très loin d’un séisme comparable à la monstruosité des attaques. Au sein du CAC 40, le groupe hôtelier Accor plongeait tout de même plus de 6 % lundi matin, suivi par les spécialistes du luxe LVMH (– 2 %) et Kering (– 1,5 %). Air France-KLM perdait plus de 5 %.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : ce que l’on ignore encore« Bien sûr, la réaction à court terme des marchés ne peut pas être positive pour les valeurs en lien avec la consommation et le tourisme [chaînes hôtelières, compagnies aériennes, luxe, distribution…]. Mais je ne crois pas à une chute durable. De plus, avec Internet et l’essor de groupes comme Amazon, on dispose aujourd’hui de canaux nouveaux permettant de continuer à consommer, même sans sortir de chez soi. Par ailleurs, on peut aussi avoir une réaction inverse, avec des personnes qui vont plutôt désépargner et consommer afin de se rendre la vie plus douce, dans un monde incertain », détaille Sylvain Goyon, responsable de la stratégie actions chez Natixis Global Research.Le 8 janvier dernier, au lendemain de l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, le CAC 40 avait terminé en forte hausse de 3,59 %. A l’époque, les investisseurs pariaient – déjà – sur une action forte de la Banque centrale européenne (BCE) afin de soutenir l’économie du Vieux Continent. C’est ce qu’ils avaient pris en compte, davantage que les attentats français. « Seule une détérioration marquée de la situation en France, avec l’instauration d’une psychose qui se propagerait aux pays voisins, pourrait vraiment affecter la Bourse. Pour l’heure, on voit plutôt une population qui fait front, et cela est de nature à rassurer les investisseurs », indiquait alors un analyste au Monde.« Environnement très incertain »Les précédentes attaques terroristes ont pourtant souvent fait trébucher les indices boursiers. Le 11 mars 2004, les attentats dans des trains de banlieue à Madrid avaient fait chuter la Bourse espagnole de plus de 2 %, et le CAC 40 de près de 3 %.Le 7 juillet 2005, les bombes placées dans le métro et dans un autobus londonien avaient provoqué un plongeon de plus de 3 % du Footsie britannique en séance, imité par les autres places européennes et par la livre sterling.« L’impact à moyen terme des attentats pourrait être davantage visible dans les perspectives d’investissement des entreprises, déjà poussives en France »Sans parler du 11 septembre 2001 : après l’effondrement des tours jumelles, Wall Street avait été fermée quatre jours, et il avait fallu la mobilisation des opérateurs financiers pour que le Dow Jones ne cède « que » 7 % à la réouverture des marchés, le 17 septembre.« Plutôt que sur la consommation, l’impact à moyen terme des attentats du 13 novembre pourrait être davantage visible dans les perspectives d’investissement des entreprises, déjà poussives en France. Les investisseurs risquent de reporter encore davantage leurs décisions d’investissement, dans un environnement très incertain » estime M. Goyon.Lire aussi :Comment les entreprises gèrent l’après-attentatAu-delà des conséquences économiques, les investisseurs devraient s’interroger également sur les implications géopolitiques, alors que la France a riposté dimanche en bombardant un fief du groupe Etat islamique en Syrie. «  La grande question est de savoir si nous assisterons à une escalade du conflit en Syrie et en Irak «, a indiqué à l’AFP Angus Nicholson, analyste au sein du courtier britannique IG, rappelant que le président François Hollande a parlé d’ « acte de guerre » au sujet des attentats.Les attaques interviennent toutefois dans un contexte de renforcement de l’action de la Banque centrale européenne (BCE). Les observateurs attendaient déjà un renforcement des mesures de rachats d’actifs (« QE ») de l’institution pour décembre. Il n’en devient que plus probable, ce qui devrait soutenir les marchés.Lire aussi :La France bombarde le fief de l’Etat islamique en SyrieAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) « Bienvenue » : une bande défilante rouge parcourt la vitrine du café Al Jazira, où quelques hommes, debout à la terrasse par ce dimanche de novembre inhabituellement clément, s’amusent : une journaliste britannique se poudre le visage et se laque les cheveux au coin d’une rue voisine, avant de commencer un direct. « Ça y est, on est enfin devenus célèbres, ironise Hicham. Dommage que ce soit pour ce qui s’est passé vendredi. »Si sa réputation était déjà établie en Belgique, la municipalité de Molenbeek-Saint-Jean a conquis une renommée internationale en quelques heures. Pour beaucoup, elle est effectivement devenue l’une des bases européennes du terrorisme islamiste. Les arrestations survenues dès samedi soir, en liaison directe avec les attentats de Paris, ont conforté une réputation qui n’est pas totalement usurpée : la liste des personnes qui sont passées par Molenbeek avant d’être impliquées dans des actions terroristes impressionne.Suivez notre live sur la situation à ParisLa tuerie du Musée juif de Bruxelles (mai 2014), la cellule de Verviers démantelée lors d’un assaut policier mortel (janvier 2015), l’attaque avortée dans un Thalys Bruxelles-Paris (août 2015) : toutes ces affaires avaient un lien avec ce quartier populaire de l’ouest de Bruxelles, l’un des plus densément peuplés de la région avec ses 97 000 habitants concentrés sur moins de 6 km².Si l’on remonte plus loin dans le temps, c’est de Molenbeek que sont partis les tueurs du commandant afghan Ahmed Shah Massoud, principal adversaire du régime des talibans, assassiné par deux faux journalistes, sur ordre d’Oussama Ben Laden, deux jours avant le 11 septembre 2001. Ici, aussi, que vécurent deux des protagonistes des attentats de Madrid, qui firent 191 morts en 2004.Ghetto islamisteDe tout cela, trois hommes sur un banc de la chaussée de Ninove ne veulent rien dire. Face à la photo devenue célèbre d’Abdelhamid Abaaoud, un gamin du cru qui a rejoint les rangs de l’Etat islamique, posant au volant de son pick-up qui remorque des cadavres, ils se détournent. Et ils n’ont pas d’avis à propos d’une autre photo, celle du frère d’Abdelhamid, 14 ans, posant une « kalach » à la main. Au bout de quelques minutes, l’un des trois interlocuteurs dira toutefois : « Je connais leur père, il a dit qu’il avait honte de son aîné. »Le déni et le ras-le-bol : c’est entre ces deux pôles qu’oscillent aussi les réactions de nombreux jeunes. « Amalgames ! Amalgames ! » criera l’un d’eux lors d’un direct de la RTBF. Deux autres se sont énervés, giflant un photographe et brisant son appareil, la veille. Un légumier commente : « Ils sont stupides, mais, vous savez, moi, je vis ici depuis trente ans, à une époque où il n’y avait pas Daech et pas d’attentats, mais où nous étions déjà montrés du doigt… »Lire aussi :La Belgique au cœur des réseaux djihadistesUn jeune homme, survêtement gris, barbe courte et capuche sur la tête, s’éclipse. Il nous attend un peu plus loin, à l’abri des regards. « S’il vous plaît, comprenez que si beaucoup de jeunes d’ici sont partis en Syrie, c’est surtout parce que personne ne s’est jamais vraiment occupé d’eux, jusqu’à ce que des fanatiques leur donnent l’impression qu’ils allaient enfin exister. Moi, j’ai fait des études et je parle le français, l’arabe et le néerlandais. Mais pour rechercher un travail, je mentionne l’adresse d’un ami, qui n’habite pas Molenbeek. »Hâtivement présentée comme un ghetto islamiste, la municipalité est, en réalité, très contrastée. Il y a trois Molenbeek : celui de longues avenues, où des barres d’immeubles cossus abritent une bourgeoisie moyenne, celui de maisons individuelles « où il fait bon vivre », comme le dit ce client de la brasserie la Queue de la vache, et celui du « quartier arabe », autour de la chaussée de Gand. Là, les femmes sont majoritairement voilées et les clients d’origine belge rares. « Donne-moi la main, sinon un méchant va te prendre, lâche une jeune mère à son blondinet de fils. Je viens ici pour faire de bonnes affaires, mais je ne suis pas à l’aise », murmure-t-elle.Déradicalisation« Je vais faire le ménage dans cette commune », a, de son côté, déclaré le ministre de l’intérieur, Jan Jambon. Ce nationaliste flamand ne comprend pas pourquoi des programmes de déradicalisation lancés en Flandre ne fonctionnent pas à Bruxelles. Il compte donc s’en occuper « personnellement ».« Tant mieux ! » répond la bourgmestre (maire), Françoise Schepmans, qui en appelle notamment à des moyens policiers supplémentaires. Elle est membre du parti libéral du premier ministre, Charles Michel. Celui-ci a qualifié dimanche de « problème gigantesque » le lien entre Molenbeek et divers dossiers de terrorisme. Et estimé que le précédent maire, le socialiste Philippe Moureaux, était le responsable de la situation.« Des faits comme ceux auxquels nous assistons ne se sont jamais produits lorsque j’étais aux commandes », a répliqué ce dernier. En déplorant que la police locale ait été « décapitée » et que la population vive désormais « repliée sur elle-même », M. Moureaux estime que la colère du gouvernement est due à l’échec des services de renseignement. En Belgique aussi, la politique reprend vite ses droits. Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Fichage des passagers aériens, renforcement de la réglementation sur les armes à feu, contrôles renforcés aux frontières de l’Union européenne… A Bruxelles, vendredi 20 novembre, lors de la réunion extraordinaire des ministres européens de l’intérieur et de la justice, Paris a finalement obtenu de ses partenaires européens et des institutions de l’UE, ce que ceux-ci avaient refusé suite aux attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher en début d’année.« Notre pays a été entendu », s’est félicité le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, à l’issue de la réunion. « Il faut sortir des atermoiements, des promesses sans lendemain et des lenteurs, sinon l’Europe se perdra », a toutefois prévenu M. Cazeneuve. Tout l’enjeu maintenant est de savoir si les Européens iront au-delà de ces engagements publics, s’ils les mettront vraiment en application.Mise en place d’un fichier des passagers des compagnies aériennesLes Européens se sont engagés à accélérer de manière décisive la mise en place du fameux « PNR » (« Passenger name record »), c’est-à-dire la communication aux services de police et de renseignement par les compagnies aériennes de leurs données passagers, pour tous les vols qui arrivent en Europe et qui en partent.Cela fait sept à huit ans que les Etats et les parlementaires européens tergiversaient. Par manque de volonté politique pour les premiers (« Il n’y a que l’Espagne, la France, le Royaume-Uni et la Belgique, qui poussaient », déplorait cette semaine un diplomate). Par souci de préserver la protection des données privées, pour les seconds.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : l’Europe veut accélérer la mise en place d’un fichier sur les passagers aériensLe Parlement européen a fini par céder, en juillet, acceptant de valider une mouture du PNR, qui était, ces dernières semaines, en négociation avec le Conseil européen et la Commission européenne. Ces discussions devraient aboutir avant fin 2015.Mais pour l’instant, le texte ne convient pas aux autorités françaises. Ces dernières militent pour que les compagnies aériennes communiquent également les informations sur les vols intérieurs à l’Union, et pour que les données personnelles des passagers puissent être conservées un an, et non un mois comme le demande encore le Parlement européen. « Aucun citoyen européen ne comprendrait qu’on continue à faire obstacle à cette disposition », a estimé M. Cazeneuve, vendredi.Durcissement de la législation sur les armes à feuAutre demande de la France, qui a obtenu un soutien clair à Bruxelles vendredi : un durcissement de la législation européenne sur les armes à feu.La Commission, qui travaillait depuis quelques mois sur un renforcement des règles, mais ne prévoyait pas d’aboutir avant le milieu d’année prochaine, a rendu sa copie dès mercredi 18 novembre. Elle propose une modernisation de la directive « armes à feu » qui date d’il y a presque 25 ans (1991), pour tenter de juguler le marché illégal des armes de guerre. En effet, dans certains pays de l’Union, le commerce des armes n’est guère plus réglementé que celui des objets du quotidien.Paris espère notamment que ce texte va harmoniser la notion de « démilitarisation » des armes, pour éviter qu’une arme rendue inopérante en France puisse être remise en état de marche ou transformée en fusil d’assaut, en achetant quelques pièces détachées de l’autre côté de la frontière, en Belgique. Le conseil des ministres à Bruxelles a dit, vendredi, qu’il allait démarrer « immédiatement » le travail sur la proposition de la Commission.Contrôle systématisé aux frontières extérieures de l’UnionParis réclamait depuis longtemps ce contrôle systématisé aux frontières extérieures de l’Union, y compris pour les ressortissants européens entrant dans l’espace Schengen. Pour l’instant, seuls les citoyens non européens sont systématiquement contrôlés.Paris exige non seulement un contrôle de la pièce d’identité (ce qui est en général le cas), mais aussi une consultation des bases de données nationales et européennes, celles du SIS (« Système d’information Schengen ») et d’Interpol, qui comprennent – théoriquement – une notification des combattants étrangers ainsi que des mandats d’arrêts européens.Mettre en place ce contrôle systématisé nécessite toutefois un changement du « code Schengen ». Concrètement, il faut que la Commission européenne fasse une proposition législative pour changer l’article 7.2 de ce code. Bruxelles s’y est engagée d’ici la fin de cette année. Cette proposition devra ensuite être examinée, puis validée, par le Conseil et le Parlement européen. Cela risque de prendre des mois.Et là encore, au-delà de l’accord politique à 28, ce qui va compter, c’est le caractère opérationnel ou pas de cette décision. Pour que ce contrôle systématique fonctionne, il faut notamment que les postes-frontières, en Grèce, en Hongrie, en Italie, dans les pays de « première » entrée (par voiture, avion, etc.), soient équipés de terminaux pour consulter la base SIS.« Cela n’a rien d’évident, en Grèce par exemple, où il y a des milliers de postes-frontières à équiper, cela va coûter beaucoup d’argent », souligne un diplomate européen.Autre problème : tous les pays ne « renseignent » pas la base Schengen de la même manière, et en temps réel. Certains le font systématiquement (c’est ce que prétendent les Belges), d’autres beaucoup moins. Il y aurait cinq ou six pays qui ne renseignent ou n’utilisent jamais la base SIS.Lire aussi :Double menace pour l’espace SchengenCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Laurent Borredon et Simon Piel L’enquête de la section antiterroriste de la police judiciaire parisienne, de la sous-direction antiterroriste de la direction centrale de la police judiciaire (SDAT) et de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) avance à grand pas.Suivez notre live sur la situation après les attentats du 13 novembreUne troisième personne tuée dans l’assaut de Saint-DenisAlors qu’on avait jusque-là confirmation de la mort de deux personnes lors de l’assaut donné dans l’appartement de Saint-Denis où se trouvait Abdelhamid Abaaoud, l’instigateur présumé des attentats du 13 novembre, le parquet informe vendredi 20 novembre que ce sont « trois personnes [qui] ont été tuées au cours de l’assaut du RAID, dont [Abdelhamid] Abaaoud ». Le corps de femme retrouvé dans les décombres a été identifié, selon le parquet, comme étant celui de Hasna Aït Boulahcen, cousine d’Abdelhamid Abaaoud. Un sac à main contenant un passeport à son nom avait été retrouvé dans l’appartement. La tête retrouvée par la police scientifique correspond finalement à celle d’un homme.Qui sont les individus impliqués dans les attentats du 13 novembre ?Comment est-on remonté jusqu’à Abaaoud ? Selon une source proche de l’enquête, c’est la géolocalisation du téléphone d’Hasna Aït Boulahcen, la cousine d’Abaaoud, qui a permis de confirmer le premier renseignement obtenu lundi après-midi selon lequel elle se trouvait à Saint-Denis avec son cousin. Un témoin est ensuite venu confirmer cette hypothèse. A la veille de la visite du roi du Maroc en France, plusieurs médias ont assuré que ce sont les services marocains qui avaient mis la police française sur la piste de l’appartement de Saint-Denis. Des informations démenties de sources judiciaires et policières françaises, qui tout au plus expliquent que les services du royaume chérifien ont transmis a posteriori des précisions sur les personnes interpellées dans l’appartement.C’est bien un renseignement de police judiciaire, l’exploitation de la téléphonie et des réquisitions bancaires qui ont mis les enquêteurs sur la piste de Saint-Denis. Toutefois, il n’est pas exclu que la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) a pu bénéficier de renseignements transmis par des services de renseignements étrangers qu’elle aurait ensuite fournis aux enquêteurs français. Chronologie des interpellations et perquisitions en Ile-de-France depuis le 13 novembreLe parcours d’Abdelhamid Abaaoud se préciseLes tribulations d’Abdelhamid Abaaoud dans la capitale française et sa proche banlieue entre vendredi et mercredi se précisent. Une caméra de vidéosurveillance de la RATP l’a filmé sur la ligne 9 vendredi 13 novembre, à 22 h 14, entrant à la station Croix-de-Chavaux, à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Des images qui tendent à corroborer l’idée que celui qui se faisait appeler Abou Omar était dans la Seat convoyant le commando qui a tiré sur les terrasses de café du 10e et du 11e arrondissement. La voiture avait été retrouvée dans la nuit de samedi à dimanche, rue Edouard-Vaillant, à Montreuil. Des éléments de téléphonie en cours d’exploitations pourraient venir confirmer cette hypothèse.Lire aussi :Traque, mesures sécuritaires en UE et vote au Sénat : les informations du jourSimon PielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterLaurent BorredonJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Elise Vincent Le Monde a pu consulter une fiche de synthèse des services de renseignement belges, concernant le parcours d’Abdelhamid Abaaoud. Ce document, d’une vingtaine de pages, est daté du mois d’avril. Il reprend point par point, de façon chronologique, jusqu’en février, l’itinéraire connu de l’organisateur présumé des attentats du 13 novembre, à Paris, identifié jeudi 19 novembre par les enquêteurs, au lendemain de l’assaut policier mené contre un appartement de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Un itinéraire à l’évidence composé de nombreux trous, que les services belges ne cherchent pas à cacher.Suivez notre live sur la situation après les attentats du 13 novembreQu’apprend-on sur la personnalité d’Abaaoud ?Les services belges ont rassemblé quelques éléments de personnalité qu’on ignorait encore, dans cette fiche de synthèse. On y apprend qu’Abdelhamid Abaaoud est né à Anderlecht, le 8 avril 1987, et qu’il est l’aîné d’une famille nombreuse de six enfants. Il a la double nationalité belge et marocaine. Avant son premier départ pour la Syrie, au début de 2013, il était célibataire et vivait seul.La fiche retrace l’évolution de ses pseudonymes : Abou Omar en mai, Abou Omar Soussi en juillet 2014, puis Abou Omar Al-Baljiki, à partir de février 2015. Son adresse électronique quasi certaine a aussi été identifiée. Le document retrace notamment tous les numéros de téléphone connus du djihadiste. Le dernier date de mai 2013, et il est turc.Comment Abaaoud entre-t-il dans le champ des radars des services belges ? Abdelhamid Abaaoud a commencé à connaître des ennuis judiciaires en 2002 et a multiplié les séjours en prison entre 2006 et 2012, « mais jamais pour plus de trois mois », précise la note. Dans la famille Abaaoud, il est le seul à avoir des démêlés avec la justice avec son frère Yassine, pour des petits faits de délinquance.D’après la fiche, tout a réellement commencé pour Abdelhamid Abaaoud à la suite d’une note déclassifiée de la sûreté de l’Etat en date de février 2013. Celle-ci concerne le départ simultané vers la Syrie de sept jeunes gens.Rapidement, les enquêteurs découvrent une page Facebook où ils communiquent, intitulée : « La katiba al-muhajireen » (la katiba des immigrés). Et, très vite, ils mettent au jour la toile de leurs amitiés.En parallèle, les enquêteurs commencent à creuser l’entourage d’Abdelhamid Abaaoud. D’après son père, auditionné en février 2014, la radicalisation de son fils a démarré très vite après sa sortie, en septembre 2012, de l’établissement pénitentiaire de Forest. A cette époque, il se met à porter la barbe, arrête de fréquenter ses amis du quartier.Qu’apprend-on sur le parcours d’Abaaoud et ses voyages en Syrie ?Le parcours en tant que tel d’Abdelhamid Abaaoud est rempli d’inconnues. Interrogé au début de 2014, son frère Yassine pense qu’il a effectué un court séjour en Egypte avant de se rendre en Syrie. Chapitrée par grandes dates-clés, la fiche des services belges s’arrête ensuite sur la période de mars 2013. Abdelhamid Abaaoud est cette fois repéré par hasard, lors d’écoutes téléphoniques, sur le téléphone turc d’un interlocuteur situé à la frontière turco-syrienne. Abdelhamid Abaaoud souhaite alors que ce jeune homme fasse l’intermédiaire avec son frère Yassine, resté en Belgique, et l’incite à lui envoyer de l’argent pour lui et pour « Allah ». Un mois plus tard, en avril 2013, le jeune interlocuteur est lui-même de retour en Belgique.Lire aussi :Le gouvernement belge rejette les critiques de la France contre ses servicesSans qu’il n’y ait d’explications, la fiche des services belges bascule immédiatement au mois de septembre 2013 : Abdelhamid Abaaoud est alors considéré comme étant de retour en Belgique. « On sait très peu de chose sur [ses] faits et gestes jusqu’à ce qu’il revienne sur le territoire belge », concède la fiche, mais les renseignements dont elle fait état sont les suivants : « De source policière, il a été aperçu à la fin du mois de septembre en train de se promener dans Molenbeek-Saint-Jean. » Il était accompagné d’un homme qui est parti ensuite combattre en Syrie.Les notes passent au 20 janvier 2014 : Abdelhamid Abaaoud est cette fois contrôlé à l’aéroport de Cologne, en Allemagne, direction Istanbul. « Il est resté très discret et ne réapparaît sur notre radar » qu’à ce moment-là, rapporte la fiche de synthèse belge. Il est identifié en compagnie de son petit frère mineur, Younes, âgé seulement de 13 ans, et d’un autre jeune homme d’origine malienne, qui mourra plus tard en Syrie. Abdelhamid Abaaoud a en fait emmené Younes, à la sortie de l’école, à l’insu de ses parents. Rien ne les empêchera de s’envoler.C’est vers le mois de juin 2014 que le père d’Abdelhamid Abaaoud situe le dernier contact téléphonique avec son fils. Ce jour-là, Omar Abaaoud tente d’obtenir de parler avec le plus jeune des frères, Younes. Il ne l’a plus eu au téléphone depuis deux mois et s’inquiète. Mais il n’aura plus jamais de nouvelles. Omar Abaaoud pense alors que les deux frères n’étaient plus ensemble en Syrie à ce moment-là.A partir de quand les services belges considèrent-ils Abaaoud comme un suspect dangereux ?C’est à partir de février 2014 qu’Abdelhamid Abaaoud est considéré par les services de renseignements comme un incontestable « moudjahid de l’Etat islamique ». Ces derniers s’appuient particulièrement une vidéo, diffusée sur le site de BFM-TV, dans laquelle il apparaît tout sourire, au volant d’un pick-up qui traîne plusieurs cadavres de « mécréants », selon les mots d’Abaaoud.Selon la fiche de synthèse, ce n’est qu’en août 2014 que des mandats d’arrêt belges et internationaux sont formellement émis contre Abdelhamid Abaaoud. Le feuilleton s’arrête finalement en février 2015, quand les services belges tombent sur l’entretien d’Abdelhamid Abaaoud dans le magazine de l’Etat islamique, Dabiq.C’est sur l’une des photos de l’article que les enquêteurs reconnaissent deux jeunes gens soupçonnés de prévoir un attentat sur le sol belge. Ceux-ci sont tués à Verviers lors d’une intervention des forces de l’ordre belges, en janvier 2015, très peu de temps après les tueries à Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, à Paris. Les deux mois qui courent avant la publication de la fiche de synthèse, en avril 2015, ne sont pas documentés.Lire aussi :Molenbeek, la plaque tournante belge du terrorisme islamisteElise VincentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Anne Michel C’est une initiative qui tombe à point nommé. Tracfin, la cellule antiblanchiment de Bercy, et l’autorité de tutelle des banques devaient publier, vendredi 20 novembre, une liste précise et renforcée des obligations s’imposant aux banques et autres établissements financiers en matière de lutte contre le financement du terrorisme et l’argent sale. L’Etat islamique est visé au premier chef.Fondé sur une vigilance accrue des clients et des déclarations de soupçons élargies, ce plan d’action vise à mieux enrôler les banques dans la détection des flux illicites. Un rôle que leur a assigné le législateur depuis la fin des années 1990 et dont l’importance ne cesse de se renforcer avec la mondialisation financière et la montée du terrorisme.Elaboré à la demande de Michel Sapin, ministre des finances, après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de Vincennes, ce document de 62 pages (dans sa version courte) prend tout son sens aujourd’hui, alors qu’il se trouve publié, par un hasard du calendrier, une semaine après les attentats du 13 novembre. Selon nos informations, ce plan avait été validé juste deux jours avant les attaques terroristes de vendredi.« Les changements dans l’attitude d’un client, doivent alerter »« Beaucoup de leçons peuvent être tirées des dramatiques attentats à Paris et en région parisienne, qui doivent nous conduire à une mobilisation totale. Face à ces actes barbares, je veux rappeler la détermination de la Banque de France à participer à la lutte contre le terrorisme, en s’attaquant à son financement », déclare François Villeroy de Galhau, nouveau gouverneur de la Banque de France et président de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). « Je n’ai pas de doute que l’implication du secteur financier dans [la] mise en œuvre [de ce plan] sera totale, nous y veillerons avec les professionnels », poursuit-il.Concrètement, ce document va de la surveillance des transferts d’argent effectués par des clients occasionnels à destination de la Syrie, de l’Irak ou d’autres territoires exposés au risque de blanchiment et de financement du terrorisme aux opérations soudaines et inexpliquées de clients réguliers et sans histoire, en passant par la vérification poussée des documents d’identité ou attestations fournies.« Les changements dans l’attitude d’un client, doivent alerter, mettent en garde les autorités. Le financement du terrorisme peut s’appuyer sur une grande variété d’opérations : virements domestiques ou internationaux, transferts d’espèces, retraits, opérations de change, ouverture ou fermeture de comptes, opérations de crédit, dont l’une des principales caractéristiques est de porter sur de faibles montants financiers. »L’argent anonyme, une des clés du problèmeIl s’agit en fait de rappeler le devoir fondamental des banques de « connaître leurs clients » et de vérifier la cohérence des transferts ou rapatriements de fonds opérés. Et ce, de bout en bout. Une obligation collective et globale dont les récents scandales financiers en matière de fraude et d’évasion fiscales (HSBC, LuxLeaks, etc.) ont montré qu’elle n’était pas toujours scrupuleusement assumée.« L’ACPR et Tracfin appellent tout particulièrement l’attention des organismes financiers sur la lutte contre le financement du terrorisme, écrivent en préambule ces autorités de tutelle et de renseignement financier. (…) Il est attendu qu’ils exercent une vigilance renforcée sur les transferts de fonds en provenance et surtout à destination de zones géographiques considérées comme risquées en matière de terrorisme ou de financement du terrorisme ou sur les opérations effectuées dans ces zones. »Les autorités rappellent aux banques et compagnies d’assurances que leurs dispositifs de contrôle doivent « intégrer les risques liés [à ces] pays ». « Il leur incombe aussi » de vérifier que certains Etats ne soient pas utilisés comme des « pays de transit », « pour cacher le pays final de destination ou de provenance des fonds ».L’argent anonyme étant une des clés du problème dans le financement des actes terroristes – utilisation d’espèces et de cartes prépayées, pour payer personnes ou matériel… –, des déclarations systématiques sont prévues, notamment au-delà de 1 000 euros pour les opérations effectuées à partir de versements d’espèces ou au moyen de monnaie électronique.Finalement, les superviseurs invitent banquiers et assureurs à « suivre l’actualité nationale et internationale, les communiqués du ministère des finances et les rapports annuels de Tracfin ou du GAFI [Groupe d’action financière, organisme intergouvernemental antiblanchiment] ». Anne MichelJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Le premier ministre belge, Charles Michel, a rejeté, jeudi matin, les accusations à peine voilées de la France contre son pays pour son inefficacité présumée dans la détection des terroristes qui ont commis les massacres de Paris. « Je n’accepte pas les critiques qui ont visé à dénigrer nos services de renseignement belges » a déclaré le chef du gouvernement lors d’une réunion extraordinaire de la chambre des députés consacrée aux attentats.Dans le même temps, la police belge procédait à sept nouvelles perquisitions à Molenbeek, et dans d’autres communes bruxelloises. Une personne a été arrêtée, d’après le parquet fédéral belge, dans le cadre d’une enquête ouverte au début de l’année sur Bilal Hadfi, l’un des kamikazes du Stade de France, le 13 novembre.Actions « exécutées par des cellules franco-belges »« Dès la nuit de vendredi à samedi, les autorités judiciaires belges et françaises ont travaillé main dans la main et, à Saint-Denis, un attentat a été empêché notamment grâce aux informations fournies par les services belges », a poursuivi le premier ministre.Il avait commencé son intervention en nuançant les propos de François Hollande sur des actions « décidées en Syrie, préparées en Belgique, exécutées en France » pour dire plutôt qu’elles avaient été « décidées en Syrie et exécutées par des cellules franco-belges ».M. Michel a voulu remercier les enquêteurs belges et souligner que son pays avait arrêté et condamné 160 personnes pour des faits de terrorisme au cours des derniers mois. « Des attentats ont été déjoués, des vies ont été sauvées », a-t-il répété.EnquêteDes questions continuent cependant de se poser quant à d’éventuels dysfonctionnements de services qui connaissaient une partie des auteurs des attentats mais ne les ont pas arrêtés à temps. « Comment ont-ils pu leur échapper ? », interroge Meryame Kitir, chef de l’opposition socialiste flamande.Lire aussi :Les failles de la lutte antiterroristeLe ton était toutefois à l’union nationale jeudi matin. Les discours ont témoigné d’un soutien, assez rare, de toute l’assemblée à l’action du gouvernement. Le « Comité R », qui chapeaute et contrôle les services de renseignement, a lancé une enquête qui satisfait tous les groupes. Il devra toutefois déposer son rapport rapidement, dans deux mois au maximum, demande Laurette Onkelinx, ancien ministre de la justice et chef du groupe socialiste.M. Michel a annoncé un budget supplémentaire de 400 millions d’euros pour la lutte contre le terrorisme. Son plan d’action s’articule autour de quatre axes : le renforcement des moyens humains et techniques des services de police et de renseignement, « l’éradication » des appels à la haine, un meilleur ciblage des individus potentiellement dangereux et une action au niveau international.Fichier des combattants étrangersLe gouvernement devrait adopter une loi sur la fermeture des sites radicaux sur le Web et entend faire fermer des mosquées. Il veut aussi enquêter sur le financement de certaines d’entre elles et mieux contrôler les imams. Une commission parlementaire spéciale pour la lutte contre le terrorisme sera créée.Un fichier des combattants étrangers devrait être établi – « enfin ! », ajoutent certaines sources – et les combattants rentrant de Syrie seraient d’office incarcérés avant, pour certains, d’être libérés à titre probatoire, un bracelet électronique au poignet.La Belgique va aussi mettre au point son propre fichier des données passagers (PNR), en espérant qu’il sera un jour incorporé dans un dispositif véritablement européen, en cours de négociation. Au plan judiciaire, on note des réformes importantes : la garde à vue pourra être portée de vingt-quatre à soixante-douze heures dans des affaires de terrorisme et les perquisitions pourront être menées vingt-quatre heures sur vingt-quatre.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : l’Europe veut accélérer la mise en place d’un fichier sur les passagers aériensM. Michel prône encore un contrôle strict aux frontières extérieures de l’espace Schengen, sous peine, dit-il, de voir celui-ci s’effondrer. Il dit enfin la « totale détermination » de son pays à combattre Daech et réclame « une large coalition internationale » agissant « si possible » dans le cadre d’un mandat de l’ONU.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.11.2015 à 10h38 • Mis à jour le19.11.2015 à 12h27 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) A la suite de la tuerie au siège de Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher, en janvier, Bruxelles avait vivement réagi déjà, disant sa volonté d’agir. La Commission avait promis de réactiver une proposition de directive PNR (Passenger Name Record, fichier des données des passagers aériens) et de renforcer la coopération avec les géants du Web pour faire la chasse aux sites djihadistes. Finalement, rien ou presque n’a bougé.Cette fois, la Commission promet, comme le Conseil, une accélération des discussions sur le PNR, pour un accord avant la fin de l’année. Le projet de directive a finalement été approuvé cet été par la commission des libertés du Parlement, qui l’avait longtemps bloqué. Mais cette version finalisée est en retrait par rapport au souhait de plusieurs Etats, dont la France.Lire aussi :Lutte contre le terrorisme : qu’est-ce que le PNR, le fichier sur les passagers aériens ?Au Parlement européen, les deux principaux partis de l’hémicycle, les conservateurs du Parti populaire européen (PPE) et les sociaux-démocrates ont échangé des propos très acides sur le PNR. « Un PNR européen aurait dû être mis en place depuis 2011. Combien d’autres tragédies faudra-t-il pour convaincre les sociaux-démocrates et libéraux du Parlement européen d’agir ? », a demandé Alain Lamassoure, du PPE, lors d’un point presse à Bruxelles.« Utiliser la tragédie pour vouloir gagner des voix par le mensonge est, humainement, parfaitement méprisable. Nous serons contraints de continuer de travailler avec le groupe PPE sur ce dossier, seul moyen de dégager une majorité, mais ils doivent savoir que leur cynisme nous révulse », a répondu le groupe social-démocrate dans un communiqué.« Ce n’est pas un instrument magique, mais c’est un instrument important de traçabilité des personnes suspectes », rappelle, pour sa part, dans un entretien au « Monde », Arnaud Danjean, eurodéputé conservateur (Les Républicains), spécialiste des questions internationales et de défense.« Quand on voit aujourd’hui qu’un des principaux instigateurs des attentats de Paris a pu se balader entre la Syrie, la Belgique et la France, pendant des mois voire des années, ce PNR aurait pu nous être utile ! », insiste-t-il.Sourde oreilleLa réunion extraordinaire des ministres de l’intérieur, convoquée vendredi 20 novembre à Bruxelles, à la demande de Paris, doit, selon les Français, atteindre plusieurs objectifs : des progrès rapides sur le PNR, un meilleur contrôle des armes à feu et la systématisation des contrôles aux frontières extérieures de l’Union pour les Européens rentrant dans l’espace Schengen. Mais, sur ce dernier point, la Commission, très réticente dès qu’on parle de « changer » Schengen, semble vouloir faire la sourde oreille.Bruxelles espère relancer le projet d’un système de « contrôle intelligent » aux frontières ou la création d’un centre de contre-terrorisme européen. Le collège de la Commission a par ailleurs adopté mercredi une série de propositions législatives pour renforcer le contrôle des armes et interdire la détention de certaines armes semi-automatiques. Les registres nationaux seraient interconnectés, et le refus d’octroi d’armes à certains individus communiqué entre Etats membres.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) « Ils ne montraient pas de signe d’une possible menace. » C’est ce qu’a indiqué, mercredi 18 novembre, le parquet fédéral belge à propos des deux frères Abdeslam, Brahim et Salah. L’un s’est fait exploser à Paris vendredi 13 novembre et l’autre est toujours recherché. La police belge avait interrogé les deux frères Abdeslam avant les attentats.Brahim « a essayé d’aller en Syrie mais il n’a réussi à aller qu’en Turquie », a déclaré le porte-parole du parquet Eric Van der Sypt, confirmant des propos au site Politico. « Il a été interrogé à son retour, et son frère aussi », a ajouté M. Van der Sypt, en parlant de Salah. Il n’a pas précisé de dates concernant ces interrogatoires.Brahim n’a pas été poursuivi à son retour de Turquie car « nous n’avions pas de preuve qu’il participait aux activités d’un groupe terroriste », a aussi expliqué le porte-parole du parquet.« Nous savions qu’ils étaient radicalisés et qu’ils pourraient se rendre en Syrie (mais) ils ne montraient pas de signe d’une possible menace », a poursuivi le magistrat. « Même si nous les avions signalés à la France, je doute qu’on aurait pu les arrêter », a-t-il ajouté, confirmant ainsi que les deux frères n’avaient pas été signalés aux services de renseignement français.« Se demander pourquoi ces hommes n’ont pas été correctement surveillés »Les services de l’antiterrorisme belges ont-ils commis des erreurs et auraient-ils pu prévenir les attentats de Paris ? « Nous ne disons pas qu’ils savaient que les auteurs qui vivaient à Molenbeek-Saint-Jean étaient de dangereux extrémistes. Mais s’ils savaient, il faut se demander pourquoi ces hommes n’ont pas été correctement surveillés », indique Stefaan Van Hecke, député du parti écologiste flamand Groen.Le Comité R, un organe de contrôle qui surveille les services au nom du Parlement et du gouvernement, a ouvert spontanément une enquête sur le fonctionnement de la Sûreté de l’Etat et du service général du renseignement et de la sécurité (la sûreté militaire). Des députés demandent que le Comité P, qui contrôle la police, se voie confier une mission similaire : des informations sur la radicalisation sont également en possession des polices locales, de la police fédérale et des douanesLire aussi :A Molenbeek, « il est facile d’échapper à la police »Ces investigations viseraient à déterminer les renseignements dont disposaient exactement les différents organes chargés de la sécurité, et s’ils les ont échangées entre eux et avec les services étrangers. C’est l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace qui doit analyser et évaluer ces informations. Il y a quelques semaines, son directeur, un ancien procureur, a démissionné de cette structure critiquée. Le Comité R lui reprochait notamment d’avoir transformé son service en une structure de renseignement concurrente.Lire aussi :Abdelhamid Abaaoud, l’instigateur présumé des attentats tué à Saint-DenisAttitude consensuelle de l’oppositionLes commentaires et les insinuations de responsables français sur les possibles lacunes des services belges n’ont pas suscité de réactions officielles. Le ministre des affaires étrangères, Didier Reynders, a renvoyé la balle vers Paris en soulignant que Mehdi Nemmouche, l’auteur de la tuerie du Musée juif de Belgique à Bruxelles, en mai 2014, était passé à travers les mailles de la surveillance française.S’il y a eu d’autres failles en France, il pourrait toutefois y en avoir eu en Belgique, notamment parce qu’il est avéré que la police connaissait des membres des attentats de Paris installés à Bruxelles. L’ancien maire de Molenbeek, le socialiste Philippe Moureaux, a souligné « l’échec » des services de renseignement. « Vous comprendrez bien que si les Belges ne nous préviennent pas, on ne peut rien faire », confiait, lundi 16 novembre, une source policière française à l’AFP.Lire aussi :A Molenbeek, « il est facile d’échapper à la police »Un débat parlementaire devait avoir lieu jeudi 19 novembre. Le premier ministre, Charles Michel, qui a bénéficié jusqu’ici de l’attitude consensuelle de l’opposition, devrait annoncer de nouvelles mesures. La menace dans le pays est passée au niveau 3 (sur une échelle de 4), et quelque 300 militaires supplémentaires sont mobilisés pour la surveillance des gares, des aéroports et des bâtiments officiels.Après l’attentat contre le Musée juif et le démantèlement d’une cellule terroriste à Verviers, en janvier, le gouvernement avait annoncé une série de décisions. Une bonne partie d’entre elles n’est pas concrétisée et le cadre de la Sûreté de l’Etat est privé de 150 agents, sur les 750 que celle-ci devrait compter.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Benoît Vitkine (Molenbeek (Belgique) - envoyé spécial) Chaque jour depuis les attentats de Paris, le vendredi 13 novembre, et plus encore depuis que l’enquête s’est focalisée sur sa commune de Molenbeek, en Belgique, l’imam Abdel Hassani se demande ce qu’il va pouvoir dire aux fidèles ce vendredi à l’heure du sermon. Pour l’heure, il n’a en tête que les grandes lignes : que des « égarés » ont tué des innocents ; que l’islam réprouve de tels actes ; et que la lutte contre le terrorisme concerne aussi Molenbeek.Ce dernier point n’est guère une nouveauté : la liste des affaires de terrorisme dans lesquelles apparaît le nom de cette commune de 100 000 habitants, l’une des dix-neuf que compte la ville de Bruxelles, est impressionnante. Parmi les plus connues, l’assassinat du commandant Massoud en Afghanistan (9 septembre 2001), les attentats de Madrid en 2004, la tuerie du Musée juif de Bruxelles (mai 2014), la cellule de Verviers démantelée lors d’un assaut policier mortel (janvier 2015), l’attaque avortée dans un Thalys Bruxelles-Paris (août 2015). Jusqu’aux attaques de Paris, dont plusieurs exécutants ainsi que le commanditaire présumé étaient originaires de la commune ou y ont séjourné.Il n’en fallait pas plus pour que resurgissent les surnoms de « nid djihadiste » ou de « Molenbeekistan », régulièrement associés à ce quartier pauvre à forte population immigrée, qui a fourni un tiers des quelque 150 djihadistes originaires de Bruxelles partis ces dernières années en Syrie.« Des messages forts et clairs » « Les gens d’ici n’ont pas besoin de tels slogans, s’offusque l’imam Hassani, mais il faut des messages forts et clairs. » Sa mosquée, rue des Etangs Noirs, est l’une des quatre de la commune reconnues par l’Etat, qui participe ainsi à leur financement. Molenbeek en compte 18 autres. A en croire M. Hassani, toutes ne délivreront pas vendredi un message aussi « clair » que le sien. « Certains imams souligneront que la France mène une politique étrangère mauvaise. D’autres se contenteront de lectures sacrées, figés dans leurs écrits et leurs dogmes. Il faut connaître la société dans laquelle on vit pour être capable de lui parler, insiste l’imam. Moi je suis ici depuis 40 ans, et j’ai travaillé pendant 34 ans dans les supermarchés Delhaize. »C’est l’une des particularités de l’islam belge, poussée à l’extrême à Molenbeek. Nombre d’imams sont formés en Arabie saoudite, beaucoup d’autres sont envoyés par les pays d’origine des populations immigrées. On parle ainsi, comme en écho au modèle communautaire belge dans lequel domine la grille de lecture Wallons-Flamands, de mosquées « marocaines », « turques », « pakistanaises », « somaliennes »…Une action souterraineDans les ruelles de Molenbeek, les mosquées ou les centres culturels sont légion. Un simple statut d’association suffit pour ouvrir une structure. Certaines, signalées par une simple affichette, gardent porte close, sans doute rebutées par l’afflux dans la commune de journalistes du monde entier. Dans une autre, on ne parle que ourdou. Au 26 de la rue des Osiers, un imam accueillant et à la longue barbe rousse explique, tout en rejetant fermement les discours djihadistes, que « l’actualité n’a pas à pénétrer dans la mosquée ».De l’avis des experts, les mosquées belges, même celles où l’on prêche un islam radical, ont cessé depuis le milieu des années 2000 d’être des lieux de recrutement ou d’appels au djihad. La surveillance est devenue trop importante et l’action des djihadistes s’est déplacée, se faisant plus souterraine. On évoque des salles de sport, des associations de tous ordres – dix-sept « points de radicalisation », selon une source sécuritaire qui souligne toutefois leur caractère « mouvant ». Sans compter les radicalisations sur Internet de jeunes n’ayant jamais pénétré dans une mosquée. Mais selon Johan Leman, le directeur du Foyer, une association travaillant auprès de la jeunesse, « c’est par cette façon de prêcher le “bien” et le “mal”, le “eux” et le “nous”, que commence la radicalisation. Les recruteurs parlent le même langage binaire. »« Islam belge » « En vingt ans, le quartier a changé, assure le patron de la librairie Alitera, où l’on vend aussi bien des livres sacrés que profanes. Les femmes sont de plus en plus voilées, et cela devient honteux pour les hommes de ne pas aller à la mosquée. Molenbeek est devenu un désert culturel et la mairie a encouragé ce mouvement en soutenant en priorité les actions et les associations à caractère religieux. »Depuis que les projecteurs sont à nouveau braqués sur Molenbeek, un homme est particulièrement pointé du doigt : Philippe Moureaux, bourgmestre de la commune entre 1992 et 2012. Selon ses détracteurs, l’édile socialiste aurait en quelque sorte acheté la paix sociale en laissant le champ libre aux autorités religieuses. « Il y a eu un partage du pouvoir de fait entre la commune et les mosquées », confirme l’expert Claude Moniquet, ancien journaliste et ancien des services secrets français installé à Bruxelles. L’ancien bourgmestre assure de son côté avoir réussi à « établir un lien de confiance avec la communauté musulmane ».« Moureaux a eu peur de renforcer l’islamophobie en s’attaquant à ces questions, estime Sarah Turine, échevine (adjointe) de la jeunesse au sein de la nouvelle équipe communale. Et pendant ce temps, il n’a insisté que sur les questions économiques, expliquant que les choses s’amélioreraient le jour où il y aurait des emplois. » Mme Turine, qui prône elle aussi la constitution d’un « islam belge » moins dépendant de l’étranger, estime toutefois que le quartier est aujourd’hui moins replié sur lui-même qu’il ne l’était il y a encore dix ans, époque où, explique-t-elle, l’alcool était banni des bars et des magasins.Un « petit Manchester » frappé par la désindustrialisation L’élue écologiste insiste elle aussi sur le « facteur socio-économique » propre à Molenbeek. La commune, toute proche du centre-ville de Bruxelles et qui a conservé un urbanisme à visage humain, ne ressemble guère aux quartiers relégués des grandes métropoles françaises. Mais la désindustrialisation a frappé de plein fouet celle que l’on surnommait le « petit Manchester ». Dans les quartiers est, le taux de chômage atteint près de 60 %. Les difficultés se cumulent : ghettoïsation ethnique, avec certains quartiers maghrébins à 80 %, trafics de drogue, discriminations à l’embauche, décrochages scolaires…Le cocktail molenbeekois est là : des frustrations sociales et identitaires se développant sur un terreau de plus en plus religieux et rigoriste. La commune a encore du mal à regarder cette réalité en face. La plupart des habitants interrogés refusent de croire aux révélations en cascade sur la présence de cellules djihadistes, ou veulent y voir des éléments « extérieurs » : à l’islam, au quartier, à la Belgique…Cette réaction n’est pas uniquement de déni. Elle répond à une réalité. Molenbeek n’est pas seulement un foyer de radicalisation, la ville s’est aussi imposée comme une base arrière pour des cellules étrangères, françaises en premier lieu. « Ici, on peut facilement échapper à la police », résume Mehdi, 18 ans, sur les lieux de l’une des interventions menées lundi 16 novembre par les forces de sécurité. « L’Etat islamique a intégré cette donne depuis longtemps, résume le travailleur social Johan Leman. Pour eux, Anvers appartient aux Pays-Bas et Bruxelles à la France. Ils ont communautarisé la Belgique encore mieux que les Belges eux-mêmes. »Lire aussi :Pour les Belges, les frères Abdeslam ne constituaient pas « une possible menace »Benoît Vitkine (Molenbeek (Belgique) - envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.11.2015 à 13h02 | Jean-Michel Bezat Les dirigeants d’Engie (ex-GDF Suez) respirent. L’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) belge a annoncé, mardi 17 novembre, qu’elle autorisait le redémarrage de deux réacteurs de sa filiale Electrabel : Doel 3 près de Anvers et Tihange 2 près de Liège. Ce redémarrage prendra quatre semaines, a indiqué l’exploitant. La fermeture du premier est programmée pour le 1er octobre 2022 et celle du second pour le 1er février 2023.Lire aussi :Engie : la facture de l’aventure nucléaire belge s’alourditLes deux tranches, qui assurent un tiers de la production électronucléaire du pays, avaient été mises à l’arrêt à l’été 2012 puis, après une remise en service de onze mois en mars 2014 en raison « d’incertitudes quant à leur sûreté », selon le gendarme du nucléaire. De nombreux défauts avaient en effet été décelés dans l’acier des cuves, la zone la plus sensible du réacteur où se produit la fission des atomes et la réaction nucléaire en chaîne.L’autorité de sûreté estime qu’au terme d’« études scientifiques approfondies », Electrabel « a pu démontrer de manière convaincante que les microbulles d’hydrogène présentes dans les parois des cuves n’avaient pas d’impact inacceptable sur la sûreté des réacteurs ». Ces bulles se sont formées au cours du forgeage de la cuve et non durant l’exploitation du réacteur.Défauts « stables »Des experts redoutaient qu’en cas d’incident nécessitant l’injection d’eau froide, le choc thermique n’entraîne une rupture de la paroi des cuves et l’écoulement de magma radioactif. Le groupe d’électricité affirme que ces défauts sont restés « stables » au cours des décennies d’exploitation et qu’« ils n’impactent pas son intégrité structurelle ».Cet arrêt de deux de ses sept réacteurs belges ont obligé Engie à abaisser deux fois en cinq mois ses objectifs financiers pour 2015. Ils amputaient en effet de 40 millions d’euros par mois le bénéfice net de la maison mère. Ce sont déjà plus de 700 millions d’euros de manque à gagner que le groupe a enregistré depuis mars 2014. Le nucléaire belge a fortement contribué, avec la chute de la demande de gaz, à la baisse du résultat d’Engie (– 56 %) au premier semestre.Lire aussi :La Belgique prolonge de dix ans ses vieux réacteurs nucléairesJean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Guy Dutheil Toutes les compagnies aériennes ne sont pas logées à la même enseigne. Pendant qu’Air France ou Lufthansa enchaînent les grèves et les plans sociaux, d’autres, telle easyJet, gonflent leur trésorerie et achètent des avions à tour de bras. La compagnie britannique à bas coûts a annoncé, mardi 17 novembre, un bénéfice annuel record et une nouvelle commande de 36 Airbus de la famille des A320. Un contrat d’une valeur de 3,8 milliards de dollars au prix catalogue (3,56 milliards d’euros).Lire aussi :Aérien : le poids toujours croissant des compagnies low cost en EuropeTrente des 36 appareils commandés, qui seront livrés entre 2018 et 2021, sont des A320 Neo, des appareils moins gourmands en kérosène que ceux de précédente génération. Avec ce nouveau contrat, la compagnie britannique opérera au total une flotte de 451 avions.La low cost britannique a les moyens de ses ambitions. Elle est assise sur un tas d’or. A l’issue de son exercice annuel clos le 30 septembre, easyJet a dégagé un bénéfice net de 548 millions de livres (777 millions d’euros), en hausse de 22 % par rapport à 2014.Une performance directement liée à la progression du nombre des passagers qu’elle a transportés. En un an, 68,6 millions de clients, soit 6 % de plus que lors de l’exercice précédent, ont emprunté les appareils à la livrée orange. Face à un tel afflux, le taux de remplissage de la compagnie a gagné 0,9 point. Il est désormais de 91,5 %.Lire aussi :EasyJet : 20 ans de course contre la montreEasyJet enchaîne les records. Ainsi, pour la cinquième année consécutive, son bénéfice avant impôts s’est envolé, progressant de 18 % pour s’établir à 978,1 millions d’euros. Sur un an, le chiffre d’affaires de la compagnie à bas coûts est aussi à la hausse (+3,5 %), culminant à 6,65 milliards d’euros.Les compagnies régulières à l’offensive sur le low costMais, comme les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, les records enchaînés par les compagnies à bas coûts comme easyJet ou sa concurrente Ryanair pourraient être les parmi les derniers. En effet, les compagnies régulières, comme Air France-KLM, British Airways ou Lufthansa, qui avaient longtemps laissé le marché du low cost aux spécialistes du genre, ont commencé à réagir.British Airways a apporté la riposte la plus forte grâce au rachat d’Iberia. Dans la corbeille de mariage, la compagnie britannique a trouvé une pépite : Vueling. La compagnie à bas coûts, qui étend régulièrement son réseau de destinations devient une redoutable concurrente pour Ryanair et easyJet.Lire aussi :Le succès des compagnies aériennes à bas coût doit beaucoup à l’EuropeA moyen terme, Air France-KLM pourrait devenir, elle aussi, une rivale sur le secteur du low cost. La direction de la compagnie franco-néerlandaise a déjà annoncé la montée en puissance de la flotte de sa filiale à bas coûts Transavia. Et mettre en route une autre filiale low cost, Transavia Europe, grâce à des bases dans des pays à faibles coûts sociaux, si elle parvient à un accord avec ses pilotes – en septembre 2014, ces derniers s’étaient mis en grève quinze jours contre la création de cette filiale.La montée en puissance de ses rivales n’effraie pas easyJet. « Il y a de la place pour tout le monde », signale François Bacchetta, directeur général France de la compagnie. Surtout en France, où les low cost n’ont capté, en 2015, que 27 % de parts de marché des vols intra-européens, contre 42 % partout ailleurs sur le Vieux continent. « Il y a donc encore du grain à moudre », se réjouit le directeur général.« La croissance revient en Europe »EasyJet ne s’est d’ailleurs jamais aussi bien porté en France. « En 2015, nous avons transporté 15,6 millions de passagers, soit un million de plus que l’an passé. Nous avons gagné un point de part de marché », se félicite M. Bacchetta. La compagnie aérienne britannique a ouvert 19 nouvelles routes au départ de la France en 2015, et elle prévoit une année 2016 aussi « dynamique ». « C’est l’effet d’une bonne nouvelle : la croissance revient en Europe », constate le patron d’easyJet en France.Il n’y a d’ailleurs pas que les prévisions qui sont revues à la hausse chez easyJet. Forte de ses bons résultats, la compagnie low cost a proposé une augmentation de près de 22% (21,6%) des dividendes versés à ses actionnaires.EasyJet est, en revanche, moins généreuse avec ses personnels. En décembre 2014, elle avait dû faire face à une grève de ses hôtesses et stewards. Ils protestaient contre la réduction d’un quart de leur bonus versé sous forme d’actions. Pourtant, easyJet n’était pas dans le besoin : elle venait d’annoncer que son bénéfice avait progressé de 13, % en 2014, pour s’établir à 574 millions d’euros.Lire aussi :Chez easyJet, le coup de rabot sur les bonus ne passe pasGuy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Une unité des Européens face à la menace, des contrôles « coordonnés et systématiques » aux frontières de l’Union, un fichier européen des données de passagers (PNR), un renforcement des échanges entre les services de renseignement : il y a un air de déjà-entendu dans les propos tenus par divers responsables politiques après les attaques de Paris et de Saint-Denis. Au lendemain des précédents attentats, tous ces sujets étaient déjà sur la table. Ainsi que la nécessité de combattre la propagande sur le Web ou encore celle d’élaborer un discours de contre-propagande.Depuis 2001, chaque acte terroriste suscite de tels commentaires. Et les choses progressent au rythme traditionnel de la prise de décision au niveau européen – c’est-à-dire lentement, et surtout, en fonction d’une contrainte majeure : la sécurité reste en grande partie une compétence des Etats. Une fois l’émotion retombée, ils cachent mal leurs différences d’appréciation. A Bruxelles, on n’a pas oublié les tergiversations du Conseil au lendemain des attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher.Lire aussi :La France avait été alertée d’une menace imminente« Pris en otage »A l’époque, tout le monde semblait en effet convaincu de l’importance de créer un fichier de données des dossiers passagers (PNR, Passenger Name Record). Cet outil était jugé indispensable pour repérer notamment les combattants rentrant des zones de combat syriennes ou irakiennes. Un an plus tard, le Conseil dit son espoir d’aboutir, à l’issue d’un « trilogue » avec le Conseil et la Commission mais le Parlement, qui se considère comme le gardien des libertés, campe sur une position intransigeante : un diplomate français affirme qu’il a pris le PNR « en otage ».En juillet, la commission des libertés civiles du Parlement européen a certes adopté un projet de la Commission dont la première version date de… 2011. Mais les eurodéputés établissent aujourd’hui un parallèle entre ce projet et celui sur la protection des données, qui concerne essentiellement la collecte d’informations par les entreprises : la durée de conservation des données sur les passagers (identité, itinéraire, mode de paiement…) et leur protection restent autant de points d’achoppement. Comme l’est la question de la collecte pour les vols intraeuropéens : pour brouiller les pistes, les terroristes n’utilisent plus de vols directs pour se rendre à leur destination finale, ils utilisent la technique des « vols cassés ».Principe d’une transmission « obligatoire »Le problème de la transmission des informations à des pays tiers ou celui de l’approbation de leur usage par une autorité nationale sont, eux aussi, au centre des discussions. Comme la nature des faits devant permettre l’accès des autorités au fichier : le Parlement entend le limiter aux actes transnationaux, ce qui ne permettrait pas d’avoir accès, par exemple, aux données d’un Français commettant un délit grave en France. La commission des libertés du Parlement a, en revanche, approuvé le principe d’une transmission « obligatoire » des informations entre Etats membres. En réalité, plus de la moitié des Etats européens se sont dotés d’un PNR national. Le problème, c’est que ces fichiers ne sont pas interconnectés, ce qui limite leur efficacité face à des réseaux criminels transnationaux.La question du contrôle aux frontières extérieures reste également en débat. Pour certains, le code Schengen, s’il est adapté, est une solution, non un problème. Pour d’autres – dont la France, désormais –, les contrôles doivent être « systématiques », y compris pour les Européens se présentant à une frontière extérieure. La généralisation des contrôles devrait permettre d’entrer tous les noms dans le fichier du système d’information Schengen (SIS) et d’opérer ainsi un contrôle en profondeur.Le projet de création d’un centre de contre-terrorisme au sein d’Europol sera réalisé en 2016 « si tout va bien ». Afin de « faciliter la coordination » entre les services de renseignement, il devrait centraliser et rediffuser les informations qui lui sont transmises. Reste à savoir si les services sont prêts à transmettre à leurs voisins ce qu’ils cachent parfois à leurs collègues au niveau national.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Laurent Borredon, Simon Piel et Benoît Vitkine Les investigations sur les attentats qui ont frappé Paris et Saint-Denis le 13 novembre se concentraient, mardi 17 novembre, sur l’organisation des attaques, le nombre précis d’auteurs et la localisation de celui ou de ceux toujours en fuite.Suivre la situation en direct sur LeMonde.frCombien de terroristes y avait-il et qui étaient-ils ? A ce jour, cinq terroristes, des Français, ont été identifiés par les enquêteurs : quatre kamikazes – Samy Amimour (28 ans), Omar Ismaïl Mostefaï (29 ans), qui participaient à l’attaque du Bataclan, Bilal Hadfi (20 ans), qui a fait sauter sa ceinture d’explosif près du stade de France, et Brahim Abdeslam (31 ans), qui en a fait de même au Comptoir Voltaire –, et Salah Abdeslam (26 ans), en fuite.Trois des membres du commando sont toujours en cours d’identification. Il s’agit de l’un des hommes ayant participé à l’attaque du Bataclan, mort lors de l’assaut de la police à l’étage de la salle de concert, et de deux des kamikazes du Stade de France dont celui qui a été retrouvé porteur d’un passeport syrien.Les enquêteurs restent confiants concernant l’identification des derniers kamikazes. Malgré l’état des corps, les visages sont reconnaissables et les services spécialisés effectuent de nombreuses comparaisons photographiques, parallèlement aux recherches ADN en cours.Toutefois, les enquêteurs s’interrogent sur la possibilité qu’un deuxième homme ayant participé aux attentats soit en fuite. Selon de nombreux témoignages recueillis par la police, la Seat qui a convoyé les auteurs des tirs sur les terrasses des cafés des 10e et 11e arrondissements comptait trois passagers. Parmi eux, les deux frères Brahim et Salah Abdeslam et donc, possiblement, un troisième homme non identifié.Le véhicule a été retrouvé à Montreuil (Seine-Saint-Denis), dimanche. Trois kalachnikovs et des chargeurs avaient été abandonnés à l’intérieur.Neuf personnes de la famille d’Omar Ismaïl Mostefaï et de Samy Amimour étaient également toujours en garde à vue dans les locaux de la sous-direction antiterroriste (SDAT) à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). La garde à vue de la sœur de Samy Amimour, 15 ans, n’avait pu être prolongée lundi en raison de son jeune âge.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : que sait-on des terroristes impliqués ?Quels ont été les lieux de séjour des terroristes ? Selon les informations du Monde, les enquêteurs ont identifié deux appartements qui ont servi de points de chute aux auteurs des attentats.Le premier, à Bobigny, perquisitionné dans la nuit de dimanche à lundi, avait été loué par Brahim Abdeslam via le site Homelidays pour une période courant du 10 au 17 novembre. Le propriétaire a expliqué aux enquêteurs avoir rencontré trois des hommes qui auraient occupé le logement, le mardi précédant les attentats. Ils se sont présentés comme des membres d’une société de sécurité belge.Des téléphones encore dans leur emballage ont été retrouvés sur place mais aucune arme. Des analyses d’empreintes relevées sur place étaient toujours en cours, mardi matin.Le deuxième appartement est connu des enquêteurs depuis dimanche et se situe dans le Val-de-Marne, à Alfortville, dans une résidence hôtelière.Salah Abdeslam était toujours en fuite, mardi matin. Il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, émis par la justice belge. C’est lui qui a loué la Polo noire repérée au Bataclan. Il aurait peut-être participé aux fusillades dans les 10e et 11e arrondissements. Son arrestation avait été annoncée à tort par la presse après une opération de la police belge à Molenbeek.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : un Français « très probablement » identifié dans une revendication de l’EIQue sait-on des appuis des terroristes en Belgique ? En Belgique, deux hommes interpellés samedi ont été placés sous mandat d’arrêt, lundi 16 novembre, pour « attentat terroriste ». Il s’agit des deux Belges qui sont venus chercher Salah Abdeslam à Paris, dans la nuit de vendredi à samedi, à sa demande.Hamza Attou et Mohamed Amri ont maintenu, lors de leurs auditions, qu’ils ignoraient le rôle de Salah Abdeslam dans les attentats qui venaient de toucher Paris et Saint-Denis. Ce dont les enquêteurs doutent fortement. Ils soupçonnent notamment Mohamed Amri d’avoir pu jouer un rôle dans la confection des explosifs.Les trois hommes avaient été contrôlés, peu après 9 heures, à hauteur d’un péage près de Cambrai (Nord). Mohamed Amri était au volant. Les gendarmes ont passé les trois hommes dans les fichiers français, sans résultat. Puis ils ont vérifié le Système d’information Schengen (SIS), dans lequel chaque pays européen peut inscrire des personnes recherchées ou sous surveillance. C’est le cas de Salah Abdeslam, inscrit pour la Belgique, mais uniquement pour des faits de droit commun.Les gendarmes laissent repartir les trois hommes, et indiquent aux Belges le passage de Salah Abdeslam. Quelques instants plus tard, lorsque les enquêteurs français s’aperçoivent que ce dernier a loué la Polo noire, la traque est lancée.Le troisième frère Abdeslam, Mohamed, a été relâché lundi par la police belge. Employé à la mairie de Molenbeek depuis une dizaine d’années, « charmant » selon sa cheffe de service, il avait été membre du cabinet de l’ancien maire PS, Philippe Moureaux, grande figure de la vie locale.Mohamed Abdeslam, interrogé par les médias, a assuré ignorer tout du projet de ses frères : « Non, nous ne savions pas. Ni nous, ni notre famille. Ce sont de grands garçons, ils sont majeurs. On ne va pas leur demander leur emploi du temps à chaque fois qu’ils quittent leur domicile. » avant d’ajouter : « Nous sommes touchés par ce qu’il s’est passé. Nous avons appris ça comme beaucoup d’entre vous. Et nous ne pensions à aucun moment que l’un de mes frères était lié à ces attentats. »L’enquête en France et en AllemagneAu moins sept personnes ont été arretées, mardi, aux alentours d’Aix-la-Chapelle, dans une région frontalière des Pays-Bas et de la Belgique, selon la police locale. Mais il n’y avait aucun lien avec les attentats, et elles ont donc été relâchées.En France, 286 perquisitions ont eu lieu depuis dimanche, selon le ministère de l’intérieur, dans le cadre de l’état d’urgence en vigueur. Elles ne sont pas liées à l’enquête sur les attaques meurtrières de vendredi, mais concernent la mouvance islamiste radicale en générale. La plupart des perquisitions ont eu lieu en Ile-de-France, où 16 personnes ont été interpellées et 6 armes saisies, selon la préfecture de police de Paris. La veille, 23 personnes avaient déjà été interpellées dans toute la France.Lire aussi :Abdelhamid Abaaoud, l’instigateur présumé des attentats tué à Saint-DenisSimon PielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterBenoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteLaurent BorredonJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Vladimir Poutine jubile. Sa ligne politique, estime-t-il, est confortée. Devant le Congrès réuni à Versailles, lundi 16 novembre, trois jours après les attentats revendiqués par l’Etat islamique (EI) qui ont ensanglanté Paris, François Hollande a annoncé qu’il souhaitait parvenir à « une grande et unique coalition » contre l’EI en Syrie, jugée « indispensable » par le chef du Kremlin. Au même moment, ou presque, le président russe, qui s’exprimait à l’issue du sommet du G20 à Antalya, en Turquie, revendiquait en effet devant la presse la paternité de l’initiative : « J’en ai parlé lors de la session de l’ONU consacrée à ses 70 ans. J’ai parlé exactement de cela et les événements tragiques qui ont suivi [à Paris] ont confirmé que nous avions eu raison. »Tandis que la télévision russe Rossia 24 diffusait son intervention, M. Hollande est apparu dans une incrustation de l’écran, en direct de Versailles, comme en écho aux propos de M. Poutine. « Je rencontrerai dans les prochains jours le président Obama et le président Poutine pour unir nos forces et atteindre un résultat qui, pour l’instant, est encore renvoyé à trop longtemps », a annoncé le chef de l’Etat français.« La France faisait partie des pays qui ont adopté une position très dure envers le sort du président Assad personnellement. Nous avons entendu tout le temps de nos amis français que le règlement de la question du départ du président Assad devait être une condition préalable pour des changements politiques », commentait pour sa part M. Poutine, assénant dans la foulée : « Est-ce que cela a protégé Paris contre l’attentat terroriste ? Non. »Rencontre avec le roi SalmanLe principe d’une rencontre bilatérale est acquis, sans précision de date ou de lieu toutefois pour l’instant. Et bien que les divergences persistent, notamment sur les cibles des raids aériens russes et le sort du dirigeant syrien, l’inflexion du président français a été soulignée à Moscou.A Antalya, le président russe a cherché à pousser plus loin son avantage. Alors qu’il avait été accueilli froidement par les dirigeants du G20, lors du précédent sommet en novembre 2014, les images de ses multiples rencontres bilatérales, notamment avec le roi Salman d’Arabie saoudite, ont été largement diffusées. « J’ai donné des exemples, basés sur nos renseignements, du financement de l’Etat islamique par des individus, a souligné le président russe. Nous avons établi que ce financement provient de 40 pays, y compris de certains pays membres du G20. J’ai aussi montré à nos partenaires de nombreuses photos satellites qui montrent très clairement l’ampleur du trafic illégal de pétrole [de l’EI]. »A contrario, a-t-il fait valoir, ces « informations » ne sont pas partagées par les Occidentaux. « Ils ont peur de nous donner des informations sur les territoires que nous ne devons pas frapper, par crainte qu’ils ne deviennent l’endroit exact de nos futures frappes et que nous allions les trahir. Il est évident que ce point de vue est basé sur leur propre conception de la décence humaine », a ironisé le chef du Kremlin. Mais « il est vraiment difficile de nous critiquer », a-t-il souligné, en assurant que « le contact » avec l’opposition syrienne « sur le terrain » avait été établi. A Moscou, toutefois, le vice-ministre des affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, a rencontré lundi Kadri Djamil, qui représente le Front populaire pour le changement et la libération, l’une des composantes de l’opposition syrienne tolérée par Damas. La « grande coalition » a encore des étapes à franchir.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Une fois n’est pas coutume : le dîner informel entre Angela Merkel et François Hollande, mercredi 25 novembre à l’Elysée, est précédé d’une série de déclarations de la part de leurs ministres, pas toujours coordonnées avec celles des deux dirigeants. La chancelière allemande et le président français, quant à eux, chercheront à rapprocher une nouvelle fois leurs vues sur la lutte contre le terrorisme, la crise des migrants ainsi que, dans une moindre mesure, les négociations climatiques à quatre jours de l’ouverture de la COP21. Mais en réalité, face aux défis du moment, chacun poursuit des priorités différentes : l’accueil des réfugiés pour la première  ; la guerre contre le terrorisme pour le second.La cohésion entre la France et l’Allemagne est mise à rude épreuve par la succession des crises. En prélude au dîner au sommet, Manuel Valls a d’ailleurs appelé à ce que l’Europe ferme ses portes aux migrants. «  L’Europe doit dire qu’elle ne peut plus accueillir autant de migrants, ce n’est pas possible  », a martelé le premier ministre lors d’une rencontre avec la presse européenne. « Le contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne est essentiel pour son futur. Si nous ne le faisons pas, alors les peuples vont dire  : ça suffit, l’Europe  !  », a-t-il ajouté, dans des propos qui marquent un durcissement de la position française, déjà réputée pour son extrême réserve à l’égard des migrants.Négocier des contingents de réfugiésOr, ce que Berlin souhaite, c’est plutôt de négocier avec la Turquie des « contingents » de réfugiés syriens qui pourraient venir « légalement » en Europe – donc sans avoir à payer des passeurs – et qui seraient ensuite répartis dans l’Union européenne. Un des objectifs avoués est de diminuer le nombre de réfugiés en Allemagne, même si Angela Merkel refuse de fixer une « limite ». A Paris, l’Elysée reconnaît que l’Allemagne, la Suède et l’Autriche sont au maximum de leurs capacités et confirme que l’objectif est bien de parvenir à réduire les flux de réfugiés. Mais la position de l’entourage du président français semble moins catégorique que celle de Matignon.Lire aussi :Angela Merkel revient sur sa politique d’ouverture aux réfugiésPar ailleurs, la ministre de la défense allemande, Ursula von der Leyen, a confirmé que son pays s’apprêtait à envoyer au Mali jusqu’à 650 soldats, afin de participer à la lutte contre les mouvements djihadistes  dans cette partie de l’Afrique. Après l’attentat de Bamako, vendredi 20 novembre, cet engagement est une façon d’alléger l’implication de la France dans la région, à l’heure où celle-ci veut concentrer ses efforts sur la lutte contre l’organisation Etat islamique. Actuellement, seuls une dizaine de soldats allemands participent à cette mission.Divergence de vues sur la SyrieL’Allemagne pourrait-elle également s’engager davantage aux côtés de la France en Syrie ? Officiellement rien n’est exclu, à part l’envoi de troupes au sol. Mais, alors que la France met en avant « la guerre » contre l’EI, Angela Merkel rappelle – elle l’a encore fait ce mercredi matin au Bundestag – que la solution en Syrie est d’abord « politique ». Une différence d’approche avec l’Elysée qui n’est pas que sémantique, même si la chancelière devrait affirmer ce soir sa pleine solidarité avec la France dans l’épreuve, onze jours après les attentats de Paris.Lire aussi :Angela Merkel refuse de se voir en cheffe de guerreC’est pour éviter que le fossé se creuse davantage entre les deux pays que le vice-chancelier allemand, chef du parti social-démocrate, et ministre de l’économie Sigmar Gabriel, et son homologue français, Emmanuel Macron, ont proposé mardi de lancer un fonds de dix milliards d’euros sur trois ans afin de… lutter contre le terrorisme et d’aider les réfugiés. Une façon habile de lier les deux sujets et de favoriser les convergences entre les deux pays.«  Il y a un risque politique que nos peuples et nos gouvernements traitent ces sujets séparément  », a expliqué Emmanuel Macron pour justifier cette proposition-surprise . Les deux ministres, qui s’étaient vus à Paris le 20 novembre, ont émis cette suggestion à Berlin, à l’occasion d’une rencontre annuelle du BDA, le patronat allemand.Cette initiative «  est une contribution au débat  », a commenté sobrement l’Elysée. En Allemagne, l’entourage d’Angela Merkel la juge « intéressante », surtout si ce fonds sert également à aider les voisins de la Syrie qui hébergent de nombreux réfugiés. A commencer par la Turquie.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.11.2015 à 06h10 • Mis à jour le25.11.2015 à 01h02 Onze jours après les attentats qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis, l’enquête se poursuit en France et en Belgique. François Hollande, le président de la République française, s’est rendu à Washington pour tenter de convaincre Barack Obama, le président des Etats-Unis, de rejoindre une coalition unique contre l’Etat islamique (EI).Suivez la situation en direct sur notre siteBruxelles toujours en état d’alerteLes habitants de Bruxelles ont vécu leur quatrième jour de blocage, mardi 24 novembre, le niveau d’alerte maximal (niveau 4, activé en cas de « menace sérieuse et imminente ») étant maintenu dans la ville. Ecoles et métro doivent cependant rouvrir progressivement mercredi, comme les autorités l’avaient évoqué lundi. Le gouvernement fédéral mobilisera à partir de mercredi 300 policiers supplémentaires pour la protection des écoles bruxelloises, et 200 militaires supplémentaires seront affectés à la sécurisation du métro.4e jour d'état d'alerte à Bruxelles. La ville reste très calme. Certaines rues sont vides, d'autres plus vivantes https://t.co/qGXtkcnZBY— morganetual (@Morgane Tual)require(["twitter/widgets"]);Bruxelles a annoncé mardi en fin d’après-midi la réouverture des lieux et centres culturels dont elle a la tutelle. Les musées à sa charge ont rouvert dès mardi, a précisé la Ville.Lire notre reportage :Dans Bruxelles, une capitale au ralentiL’enquête se poursuit, en France et en BelgiqueLa justice belge a lancé, mardi dans la soirée, un mandat d’arrêt international contre Mohamed Abrini, 30 ans, identifié le 11 novembre en compagnie du suspect Salah Abdeslam, au volant de la Clio qui a servi lors des attentats du 13 novembre.Salah Abdeslam, soupçonné d’avoir joué au minimum un rôle de logisticien dans les attentats , est toujours en fuite.François Molins, le procureur de la République de Paris, a affirmé, lors d’une conférence de presse mardi dans la soirée, qu’Abdelhamid Abaaoud, tué par les forces de l’ordre lors de l’assaut dans un appartement de Saint-Denis, avait projeté un attentat à la Défense pour le 18 ou le 19 novembre, avec un deuxième djihadiste non identifié. Il a ajouté qu’Abaaoud est revenu dans les 10e, 11e et 12e arrondissements après les fusillades, notamment à la salle du concert du Bataclan pendant l’intervention de la BRI.En outre, le parquet a requis la mise en examen et le placement en détention provisoire de Jawad Bendaoud, l’homme soupçonné d’avoir fourni un logement de repli à Abdelhamid Abaaoud à Saint-Denis après les attentats.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : le point sur les identifications, les arrestations et l’enquêteRéticences américaines pour une coalition unique contre l’EILa journée a été marquée par la rencontre entre M. Hollande et M. Obama. Selon Gilles Paris, correspondant du Monde à Washington, le président des Etats-Unis s’est montré attentionné en recevant à la Maison Blanche son homologue. Multipliant les formules en français et les souvenirs personnels, M. Obama a témoigné de la solidité de la relation bilatérale, surtout quand vient le temps des épreuves.Lire aussi :François Hollande en quête d’une grande coalition contre l’EIMais cette chaleur visait sans doute à masquer les profondes réticences face au projet esquissé par la France d’une coalition unique incluant la Russie contre l’Etat islamique. Ainsi, Moscou « pourrait » intégrer la coalition mise en place depuis plus d’un an par les Etats-Unis « si » la Russie réorientait son action exclusivement contre l’Etat islamique.Les Etats-Unis et la France ont toutefois décidé d’intensifier leurs frappes contre l’EI, en Syrie comme en Irak. « Nous avons décidé (…) de renforcer les échanges de renseignement sur les cibles qui sont visées », a déclaré François Hollande, affirmant également que les deux pays étaient déterminés à « soutenir tous ceux qui combattent au sol » les djihadistes de l’EI. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les médias belges, plus responsables ou plus serviles que les médias français ? Les journalistes bruxellois ont vécu, dimanche 22 novembre au soir, une expérience collective totalement inédite. Ils ont accepté de ne plus, ou presque plus, communiquer d’informations après que la police fédérale le leur eut demandé, très directement, afin, a-t-elle dit, de ne pas perturber la vaste opération qui était en cours à Bruxelles, dans sa banlieue proche et à Charleroi pour tenter d’arrêter des individus soupçonnés de vouloir commettre des attentats similaires à ceux perpétrés à Paris le 13 novembre.Comme des internautes belges, et plus spécialement bruxellois, des journalistes se sont alors mis, pendant près de deux heures, à inonder les réseaux sociaux de photos et de GIF (minividéo) de chat, dans un grand moment de défouloir collectif. « De surréalisme à la belge » ont tout de suite décrété, en substance, des internautes français, admiratifs.Lire aussi :Des photos de chats en attendant la fin des opérations antiterroristes à Bruxelles« Le Soir » joue la transparence« Vers 21 h 30, j’ai reçu deux appels, l’un du centre de crise, et l’autre du cabinet du premier ministre [Charles Michel], nous demandant de prendre de la distance, de ne pas nommer précisément les quartiers où les opérations avaient lieu pour ne pas compromettre les opérations. J’ai réuni les chefs de service et j’ai pris la décision d’accepter », raconte Christophe Berti, le rédacteur en chef du quotidien Le Soir.« Nous avons appris de ce qui s’est passé lors des attentats de janvier à Paris que des vies peuvent être mises en danger. On s’est dit que de ne pas donner le nom de la rue ni le numéro de la maison où intervenaient les forces de l’ordre dans la soirée, ce n’était pas désinformer les citoyens. On a évidemment continué à travailler, à enquêter et on a livré vingt pages le lendemain dans notre édition “print” sur le sujet. »Le principal quotidien belge, qui tenait les internautes informés en continu sur les événements de ce week-end sous très haute tension à Bruxelles, où l’alerte de niveau 4 avec risques d’attentat « imminents », selon le gouvernement, avait été décrétée, a joué dès le début la transparence, en tweetant dimanche : « Menaces terroristes sur Bruxelles : Le Soir suspend la diffusion d’informations sur les opérations en cours. »Les journalistes ont obéi au choix rédactionnel. « J’étais chez moi, j’ai reçu un message de la rédaction en chef, je venais de tweeter qu’il y avait un hélicoptère au-dessus de chez moi, j’ai arrêté », témoigne Jurek Kuczkiewicz, rédacteur chargé des questions européennes au Soir. Sophie Lejoly travaille à l’agence de presse belge Belga. Dimanche soir, elle n’était pas de permanence, mais comme la majorité de ses confrères, elle dit : « Le fait que ces événements arrivent une semaine après la tuerie de Paris compte, on est plus responsables. »« En Belgique, on ne donne pas d’ordre à la presse ! »Jean-Pierre Jacqmin, le directeur de l’information à la RTBF, a fait un choix un peu différent.« Nous avons continué à diffuser des informations sur les opérations en cours, en donnant leur nombre, le nom des communes, mais sans préciser les rues concernées. Il me semblait que ne rien dire aurait été encore plus angoissant. Après coup, les autorités ne nous ont fait aucun reproche. De toute façon, en Belgique, on ne donne pas d’ordre à la presse ! »Pour André Linard, le secrétaire général du conseil de déontologie des journalistes belges, ces derniers ont eu la bonne attitude.« Après les attentats contre “Charlie Hebdo” et l’Hyper Cacher, à Paris, en janvier, les rédactions nous avaient demandé de préciser quelle ligne de conduite adopter en cas d’urgence. Les autorités n’ont pas expressément demandé aux médias de se censurer. Mais dimanche, ils ont fait preuve de responsabilité, d’autorégulation. C’est normal, ils ont une responsabilité sociale. Mais cette suspension doit rester temporaire, et il faut qu’elle soit expliquée aux lecteurs, aux auditeurs. » Des chats déguisés en terroristes, en journalistes…Pour tromper l’angoisse — palpable à Bruxelles — et pallier le manque d’informations, et aussi pour brouiller les pistes et donner le moins possible d’informations aux journalistes, des internautes belges se sont mis à inonder la micromessagerie Twitter, entre 22 heures et minuit, dimanche, de photos et de vidéos de chaton, avec le hashtag #Brusselslockdown. Des chats déguisés en terroristes, en journalistes, en F16 belge, etc. Une sorte de catharsis collective, la plupart des Bruxellois ayant dû rester cloîtrés chez eux tout le week-end à la suite des appels à la prudence lancés par le gouvernement.Nombre de journalistes ont suivi le mouvement en ligne. En fin de soirée, Le Soir a, quelques minutes durant, affiché une grande photo d’un minou sur la page d’accueil de son site Internet. Même la police fédérale s’y est mise, avec un tweet d’anthologie, posté un peu après minuit, avec la photo d’une gamelle pleine de croquettes, accompagnée d’un encourageant : « Pour les chats qui nous ont aidés hier soir… Servez-vous ! »« Je revenais de Liège, où j’avais passé le week-end en famille, quand j’ai vu toutes ces photos de chat, cela m’a fait du bien, cela m’a permis de déstresser un peu », témoigne Elodie Lamer, journaliste pour l’Agence Europe, média d’information sur les institutions européennes.« Bon, d’un autre côté, j’ai une copine journaliste qui me faisait remarquer, à raison, qu’il y a quelques jours, on disait que les Belges étaient infréquentables à cause de Molenbeek [le quartier de Bruxelles qui a servi de base arrière à une partie des kamikazes de Paris et de Saint-Denis]. Et maintenant, d’un seul coup, grâce à l’opération “Cats”, ils sont devenus supercool… » ajoute la jeune journaliste, un peu amère.Si ce « black-out » des médias belges, librement consenti, n’a pas fait trop débat au sein des rédactions, certains émettent quand même des réserves. « On a pris des décisions à chaud dimanche, mais à un moment donné, il faudra que les politiques nous donnent une explication », avance Sophie Lejoly.Lire aussi :Bruxelles en état d’alerte face aux risques d’attentatCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.11.2015 à 12h52 • Mis à jour le23.11.2015 à 15h09 Editorial du « Monde ». Les Belges sont nos amis, nos frères. On aime leur humour, lorsque, ville morte et métros fermés pour cause d’alerte terroriste maximale à Bruxelles, leur dessinateur Geluck écrit : « Le kamikaze belge étonnant de lucidité : je vais me faire sauter, une fois. » En bon jacobin, on s’étonne de la vacance régulière du pouvoir et de leurs sept Chambres parlementaires. Et l’on admire, dans leur capitale chaotique, leur engagement européen indéfectible.Pourtant, alors que la traque des auteurs des attentats de Paris se poursuit, il faut se rendre à l’évidence : au cœur de l’Europe, la sympathique Belgique est devenue une plaque tournante du djihadisme.Suivez la situation en direct sur notre siteUne bonne partie des terroristes de Paris et le coordinateur présumé des attentats, Abdelhamid Abaaoud, venaient de Belgique. L’auteur de la tuerie du Musée juif de Bruxelles, l’an dernier, le tireur désarmé du Thalys cet été, ou, naguère, certains auteurs des attentats de Madrid (2004), sans oublier les assassins en Afghanistan du commandant Massoud en 2001 : tous ont vécu ou sont passés par le royaume, échappant le plus souvent au radar de ses services de renseignement.Lire aussi :Sur la route des djihadistes, entre Anvers et BruxellesBase logistique du terrorisme international, la Belgique est aussi devenue un centre d’endoctrinement et de recrutement. Rapporté à sa population, le pays fournit le plus gros contingent des combattants européens en Syrie. Des groupes y ont profité de la trop grande tolérance d’autorités municipales, régionales ou fédérales surtout soucieuses de ne pas troubler la paix civile. L’islam y est financé par des puissances étrangères, en particulier l’Arabie saoudite. Des mosquées et des imams, bien identifiés mais rarement inquiétés, ont pu y tenir des propos hostiles, tandis que des apprentis djihadistes se fondaient dans l’anonymat de quartiers échappant de fait au contrôle des autorités.Lire aussi :A Molenbeek, « il est facile d’échapper à la police »Une sorte d’union nationale s’est forméeCes rappels ne doivent pas faire oublier que, depuis quinze ans, les services belges de l’antiterrorisme ont démantelé des réseaux, empêché des attentats et permis des dizaines de procès. C’est en arguant de ces résultats que les autorités du pays ont rejeté les critiques du gouvernement français, qui soulignait les lacunes de la Belgique. Certes. Mais, même s’ils n’ont pas été les seuls, les services belges ont échoué à déjouer des attentats fomentés en partie à Bruxelles.Une sorte d’union nationale, assez rare, s’est formée pour ne pas mettre en cause la responsabilité de tel ou tel. Et pour cause : le système des coalitions fait que, depuis l’émergence du terrorisme islamiste, à peu près toutes les formations démocratiques ont participé au pouvoir et pourraient en être jugées coresponsables.Loin d’isoler la Belgique, il faut l’aider à se protéger et c’est ce que font les services français. Mais le pays doit se ressaisir. Il aura fallu qu’il connaisse la terrible affaire Dutroux, dans les années 1990, pour qu’il réforme enfin sa police et sa justice. L’épreuve du terrorisme doit le conduire à renforcer sa sécurité, qui est celle de tous les Européens, et à s’interroger – comme la France – sur ses défaillances en matière de prévention et d’intégration.Le pays a beau avoir retrouvé une certaine stabilité, il reste prisonnier d’un débat institutionnel que l’on a pu trouver pittoresque mais qui tourne au tragique et qui lui a fait perdre de vue l’importance de ses missions régaliennes. Confondant régionalisation et efficacité, cet Etat sans nation prend le risque de devenir progressivement une nation sans Etat.Lire aussi :Les failles de la lutte antiterroriste Marie-Béatrice Baudet (Malines, Vilvorde, Anvers (envoyée spéciale)) C’est une verticale, simple comme la ligne de chemin de fer qui relie Anvers, au nord, à Bruxelles, au sud, en passant par Malines et Vilvorde. Un trajet d’une heure, grand maximum. Rapide et pratique en diable. Depuis plusieurs années, ce trait de 50 kilomètres de long est l’un des axes majeurs du recrutement de djihadistes en Belgique. Les services de la sûreté de l’Etat en ont l’intime conviction.Dès la mi-2012, des combattants belges, pour la plupart d’origine marocaine, commencent à rallier la Syrie. La vague part de la commune bruxelloise de Molenbeek, où Bassam Ayachi, le cheikh franco-syrien à la barbe blanche et aux yeux bleus, a tissé depuis les années 1990 un solide réseau fondamentaliste. Anvers n’est pas en reste. L’un des premiers jeunes de la ville flamande qui rejoint le Proche-Orient pour combattre sera un certain Nabil Kasmi, 21 ans. Des dizaines d’autres suivront, comme Ilyass Boughalab, technicien sous-traitant à la centrale nucléaire de Doel, en Flandre. La Flandre et Bruxelles deviennent au fil des mois les principaux pourvoyeurs de volontaires au départ pour l’Irak et la Syrie : 85 % des quelque 500 djihadistes déjà partis de Belgique, selon un document confidentiel de source policière.Lire aussi :La frontière franco-belge sous contrôle, mais « pas hermétique »Instauration de la loi islamiqueUne ligne de chemin de fer comme une traînée de poudre. A cinq minutes de la gare centrale d’Anvers, au cœur du quartier marocain, le 115-117 Dambruggestraat : un immeuble fatigué de briques orange, doté d’une porte blindée grise. C’est là que Fouad Belkacem, le chef d’un groupuscule salafiste créé en mars 2010, Sharia4Belgium, dissous deux ans et demi plus tard, réunissait discrètement ses troupes.Le prédicateur, aujourd’hui âgé de 33 ans, jugé au début de l’année 2015 et emprisonné pour avoir « recruté des jeunes pour la lutte armée et organisé leur départ vers la Syrie », prônait l’instauration de la loi islamique en Belgique et la conversion – ou le bannissement – des non-musulmans. Cet ancien vendeur de voitures d’occasion, délinquant multirécidiviste qui avait acquis la nationalité belge en 1997, recommandait la lapidation des hommes et des femmes adultères et appelait à l’exécution des homosexuels : les yeux bandés, pieds et mains liés, ils devaient être jetés du haut d’une tour, puis achevés d’une balle et crucifiés.A la Dambruggestraat, les jeunes disciples de Fouad Belkacem apprennent les arts martiaux et regardent les vidéos des prêches d’Omar Bakri et d’Anjem Choudary, les fondateurs du groupe radical Islam4UK. Le meneur anversois est en contact avec eux et les rencontre à Londres pour structurer la filière belge. Il se déplace beaucoup. Destination Malines, Vilvorde et Molenbeek, où Sharia4Belgium « évangélise » dans la rue, dans les centres de jeunesse, dans les mosquées et défend violemment les femmes qui portent le niqab, voile intégral interdit en Belgique.Lire aussi :A Molenbeek, « il est facile d’échapper à la police »A Vilvorde, ce sont vingt-huit jeunes, dont plusieurs mineurs, qui ont quitté le pays entre fin 2012 et mai 2014, pour aller se battre en Syrie. Six ou sept d’entre eux sont morts là-bas. Huit sont revenus, selon Hans Bonte, bourgmestre socialiste de l’ex-petite ville industrielle de 42 000 habitants, largement sinistrée depuis la fermeture de l’usine Renault, en 1997. Une poudrière sociale. L’un a eu un accident mortel de moto, un autre blessé au combat est gravement handicapé, trois sont en prison, trois en liberté surveillée.« Sauf que l’un d’entre eux n’est plus sur nos écrans radar », admet Hans Bonte, en fonctions depuis le 1er janvier 2013. « Fin 2014, il est venu me voir. Il m’a montré le bracelet électronique qu’il portait à la cheville et m’a dit : “Dès qu’on m’enlève ce truc, je vais à Bruxelles car toi, tu vas pas me lâcher…” C’est ce qu’il a réussi à faire. Vilvorde-Bruxelles, c’est 11 kilomètres, autant dire un centimètre, avec les bus ou les trains. Mais il est peut-être à Anvers, à 40 km d’ici à peine… »« Ceux qui prennent nos fils et nos filles n’ont rien à voir avec nous. Ce sont des fous »A proximité de l’hôtel de ville de Vilvorde, une école technique, Campus de Brug, d’où beaucoup de jeunes sont partis pour le djihad. Des adolescents, presque des hommes, en échec scolaire, en majorité des Belges d’origine marocaine. Fouad Belkacem y est passé. Tout comme à la mosquée, qui se trouve à quinze minutes à pied. « Il n’a pas été bien accueilli, se souvient Ahmitti Mimoun, un croyant de 70 ans, père de huit enfants dont aucun ne manque à l’appel. Ceux qui prennent nos fils et nos filles n’ont rien à voir avec nous. Ce sont des fous », estime l’homme qui, ce mercredi 18 novembre, vient assister comme une dizaine d’autres personnes à la prière de 12 h 30.Diatribes liberticides« Des fous… » C’est exactement ce qu’ont pensé les gens, au début, à Malines, quand ils ont croisé dans la rue des hommes habillés en kamis, la longue tunique traditionnelle, et entendu leurs diatribes liberticides, confirme Bart Somers, le bourgmestre libéral de la petite ville flamande où la Dyle coule paisiblement. « Personne au début ne les a pris au sérieux, pas même les autorités fédérales, explique l’élu. Comme le parti nazi en son temps, ces prédicateurs jouent de la haine et de la frustration de jeunes discriminés, au chômage, en quête d’une identité, et flattés qu’on puisse leur dire qu’ils vont devenir des héros… »« Comme le parti nazi en son temps, ces prédicateurs jouent de la haine et de la frustration de jeunes discriminés, au chômage, en quête d’une identité, et flattés qu’on puisse leur dire qu’ils vont devenir des héros… »Mais quand l’information concernant les premiers départs pour la Syrie commence à circuler, le ton change. Après l’attentat du Musée juif de Bruxelles, le 24 mai 2014, Malines est placée sous haute surveillance. La commune de 83 000 habitants abrite la caserne Dossin où, entre 1942 et 1944, 25 482 Juifs et 352 Tziganes ont été rassemblés avant d’être déportés à Auschwitz-Birkenau. Seulement 5 % reviendront vivants. Le site, devenu un mémorial sur la Shoah, est très sensible. Début 2013, les bourgmestres d’Anvers, de Malines et de Vilvorde, alertés par leurs réseaux d’éducateurs sociaux, de travailleurs de rue, de directeurs d’école, des dangers encourus, contactent les autorités fédérales qui établissent peu après une liste de dix villes à hauts risques. Le gouvernement fédéral leur accorde des aides financières spécifiques « dans le cadre de la prévention de la radicalisation violente ». Aux trois communes flamandes vient s’ajouter Maaseik, petite cité du Limbourg proche des frontières hollandaise et allemande, où deux départs pour le djihad ont eu lieu. Liège et Verviers suivront, en région wallonne, puis la Ville de Bruxelles et trois communes bruxelloises : Schaerbeek, Anderlecht et Molenbeek-Saint-Jean.« C’était un peu la panique, confie un haut fonctionnaire. Nous ne comprenions pas ce qu’il se passait. Molenbeek, pourtant un foyer majeur du salafisme le plus radical et considéré comme une base arrière pour les terroristes français, ne s’était pas encore manifesté vis-à-vis de ces appels au djihad. » « Je n’ai découvert cette problématique qu’en 2013 lors de mon élection, confirme Françoise Schepmans, bourgmestre de Molenbeek, membre du Mouvement réformateur, le parti libéral francophone. Mon prédécesseur n’en parlait jamais, pour lui, ce n’était pas visible. »« Liens tribaux et familiaux »Bruxelles, Vilvorde, Malines, Anvers… Au final, une grosse agglomération de 2 millions d’habitants où la barrière linguistique ne joue pas, selon l’islamologue Michael Privot, converti à l’âge de 19 ans et l’une des figures de proue de la communauté musulmane de Belgique – entre 600 000 et 700 000 personnes, dont près de 500 000 d’origine marocaine. « La première génération d’immigrés marocains arrivée au début des années 1960 est venue de régions homogènes. Elle est connectée par des liens tribaux et familiaux. Tout le monde échange son carnet d’adresses. Voilà pourquoi la relation de “frère à frère” est si importante. Si l’un part en sucette, l’autre suivra… »Depuis 2013, le Forum belge pour la prévention et la sécurité urbaine, un réseau de villes fondé en 1995 et qui en rassemble aujourd’hui une centaine, a créé pour les dix communes les plus exposées à la radicalisation une plate-forme de concertation où police locale, police fédérale, sûreté de l’Etat, bourgmestres, experts de terrain et membres de l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace se parlent. « Enfin ! », dit sous couvert d’anonymat l’un des acteurs conviés. Objectif ? D’abord, partager l’information. Rien de simple vu le millefeuille administratif et policier qu’est la Belgique avec ses rivalités politiques et régionales.Cette coopération a permis d’en savoir plus sur le profil des 500 Belges engagés sur le terrain. De jeunes délinquants, certes, mais aussi des personnes éduquées. En tout cas, souvent, une structure familiale en difficulté, avec un père absent ou violent. Le recrutement se fait de plus en plus discrètement, il est même caché. Et puis, surtout, les déménagements sont fréquents. Un jour à Anvers, le lendemain à Molenbeek ou à Vilvorde.Ces allers et venues représentent un vrai casse-tête à Anvers qui compte 515 000 habitants, dont un sur cinq est de religion musulmane. Avec ses 2 700 policiers locaux, la ville gérée depuis 2013 par Bart de Wever de la N-VA (Alliance néoflamande), le parti nationaliste flamand qui a siphonné une partie des voix de l’extrême droite, dispose du contingent d’uniformes le plus important du pays.« Rien n’est jamais fini »Quatre-vingt-un jeunes Anversois sont partis en Syrie, pour la plupart entre 2012 et 2013. « La police fédérale nous a transmis une autre liste de quelques centaines de noms. Mais quels sont les critères retenus ? La barbe ? Le fait de ne pas serrer la main aux femmes ? Il faut d’abord cibler juste », avance Johan Vermant, le porte-parole du bourgmestre. « Quand vous voyez une Mercedes noire s’arrêter devant un bar à chicha, et que deux jeunes montent dedans, est-ce du trafic de drogue ou du recrutement terroriste ? », demande-t-il. Cette année, plusieurs tentatives de départ de jeunes de la ville ont été stoppées à l’aéroport de Düsseldorf, hub important et bon marché pour la Turquie.Mais il n’y a pas que les départs, dont le flot ne tarit pas, qui inquiètent. Les retours sur le territoire de jeunes formés à la guerre sont autant de menaces. Selon des chiffres de la sûreté, 54 anciens combattants belges étaient rentrés en mars 2014. Ils seraient près de 140 aujourd’hui.A Vilvorde, plus aucun jeune n’est parti depuis dix-neuf mois, mais « rien n’est jamais fini. J’ai peur que d’autres ne franchissent le pas », s’inquiète Hans Bonte. Dans certaines familles fragilisées, les tensions montent. Une mère craint que le fils d’une autre ait mauvaise influence sur son enfant… Le climat est malsain ». Au-dessus de son bureau, l’ancien éducateur social, qui a travaillé pendant quelques années à Molenbeek, a accroché un tableau de Jean-François Portaels (1818-1895), un peintre orientaliste né à Vilvorde, grand prix de Rome. L’œuvre, Le Fumeur syrien, était entreposée dans les collections de la commune. Il a demandé à ce qu’elle regagne l’hôtel de ville pour ne pas oublier un seul instant le combat qui est désormais le sien.Marie-Béatrice Baudet (Malines, Vilvorde, Anvers (envoyée spéciale))Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) Le premier ministre britannique, David Cameron, a apporté, lundi 23 novembre lors d’une visite à Paris, un soutien explicite à la France dans sa politique de frappes contre l’Etat islamique en Syrie et affiché sa volonté de voir le Royaume-Uni faire de même. « Je soutiens fermement l’action entreprise par le président Hollande pour frapper l’Etat islamique en Syrie », a déclaré M. Cameron lors d’une déclaration avec François Hollande à l’Elysée. Il a ajouté avoir la « ferme conviction que la Grande-Bretagne doit en faire de même » et précisé qu’il interviendrait devant son Parlement cette semaine pour présenter « notre stratégie d’ensemble ».Suivez la situation en direct sur notre siteSi David Cameron et François Hollande n’ont guère d’atomes crochus, l’« entente cordiale » est donc de rigueur depuis les attentats de Paris qui ont profondément ému les Britanniques et déclenché un étonnant déferlement de francophilie. Le premier ministre britannique est allé avec le président français se recueillir devant le Bataclan, lundi. L’entretien qui a suivi à l’Elysée marque une étape importante dans la stratégie de François Hollande de coordonner la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI) et dans la volonté de David Cameron de convaincre l’opinion et les députés britanniques de la nécessité d’étendre à la Syrie des frappes contre l’EI jusqu’à présent limitées à l’Irak.Échaudé par la cinglante rebuffade du Parlement en août 2013, le premier ministre répétait qu’il ne solliciterait un nouveau vote à Westminster que s’il avait la certitude d’obtenir une majorité. Début novembre, l’avis négatif de la commission des affaires étrangères des Communes s’ajoutant à l’élection du pacifiste Jeremy Corbyn à la tête du Labour avait semblé sceller le renoncement de M. Cameron.Frappes avant Noël ?Les attentats parisiens du 13 novembre ont diamétralement changé la donne. Le premier ministre fait assaut de solidarité avec la France et pousse les feux pour que les Tornado de la Royal Air Force participent avant Noël aux frappes contre l’EI en Syrie. Le Royaume-Uni doit se comporter « comme Churchill, et non comme Chamberlain », tel est le message que M. Cameron entend désormais faire passer. « Nous ne pouvons laisser à d’autres la charge et les risques de protéger notre pays », écrit-il, lundi, dans le Telegraph. Dès jeudi 26 novembre, il s’adressera aux Communes en réplique à la commission des affaires étrangères. M. Cameron mettra en avant à la fois la précision des armes britanniques et la nécessité pour Londres de se tenir aux côtés de Paris et de Washington pour être pris au sérieux. « La Grande-Bretagne n’a jamais été un pays qui reste sur la touche », a appuyé George Osborne, dimanche à la BBC. Le numéro deux du gouvernement a mis en garde les députés : un vote négatif serait « un coup de publicité » pour l’EI et adresserait « un terrible message sur le rôle de la Grande-Bretagne dans le monde ».Vendredi 20 novembre, une semaine après les attentats, David Cameron avait été prompt à se féliciter du vote de l’ONU, à l’initiative de la France, en faveur d’une résolution autorisant « toutes les mesures nécessaires » pour lutter contre l’EI. Ce vote, auquel s’est jointe la Russie, « montre incontestablement l’ampleur du soutien international pour faire davantage en Syrie », avait-il commenté.M. Cameron, outre la volonté de « tenir son rang » et de répondre à l’angoisse générée dans la population par la tuerie parisienne, devait annoncer lundi l’augmentation des dépenses militaires de 12 milliards de livres (16,5 milliards d’euros). Le Royaume-Uni sera « la seule grande puissance à dépenser 2 % de son PIB pour la défense », se targue-t-il dans le Telegraph. L’annonce de l’envoi par la France du porte-avions Charles-de-Gaulle a souligné le fait que le Royaume-Uni ne possède plus, pour le moment, un tel vaisseau. Les événements parisiens nourrissent aussi une polémique sur la réduction des effectifs de police induite par la politique d’austérité.Diviser l’oppositionMais l’affaire syrienne est aussi une occasion pour M. Cameron de diviser l’opposition et d’ébranler un peu plus son leader, Jeremy Corbyn, qu’il compare à Chamberlain, le premier ministre qui a plié devant Hitler. Une vingtaine de députés conservateurs sont réputés hostiles à des frappes en Syrie et le premier ministre a besoin du renfort d’au moins autant d’élus travaillistes. Or, au sein de ces derniers, la rébellion fait rage contre les positions de Jeremy Corbyn, au point que le vote sur la Syrie menace son autorité.Longtemps président de la plate-forme Stop the War, M. Corbyn a mis en garde samedi contre une « intervention extérieure » en Syrie. « L’expérience de l’Afghanistan, de l’Irak et de la Libye a convaincu beaucoup de nos concitoyens que l’enthousiasme de l’élite pour des interventions militaires sans fin n’a fait que multiplier les menaces contre nous, tout en semant la mort et la déstabilisation », a-t-il déclaré, faisant allusion au traumatisme causé par les mensonges de Tony Blair pour justifier l’intervention en Irak en 2003.Lire aussi :Qui est Jeremy Corbyn, nouveau leader de la gauche britannique ?Les maladresses de M. Corbyn, qui a critiqué le poids médiatique accordé aux attentats de Paris par rapport à ceux de Beyrouth et tergiversé sur l’armement des policiers, ont semé le trouble dans son propre entourage. Lui qui a voté 500 fois contre les positions de son parti depuis 1997 répète que la discipline du parti doit jouer lors du vote sur la Syrie. Dimanche, sous la pression des députés partisans d’une intervention, son plus fidèle allié, John McDonnell, a tourné casaque et s’est prononcé pour la liberté de vote. Ce repositionnement ne peut qu’encourager David Cameron à solliciter un vote avant la suspension de la session parlementaire, le 17 décembre. Dans les heures suivantes, les Tornado pourraient décoller vers la Syrie.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.11.2015 à 03h42 • Mis à jour le23.11.2015 à 20h19 A l’issue de plusieurs heures de discussion, le gouvernement belge a décidé, lundi 23 novembre, de maintenir l’alerte menace terroriste à Bruxelles au niveau 4 (« menace sérieuse et imminente »). Elle reste au niveau 3 dans le reste du pays.Les autorités belges redoutent donc toujours un attentat du type de ceux qui ont été perpétrés en France le 13 novembre et n’ont rien modifié aux dispositions qui resteront en vigueur en mardi, pour la quatrième journée d’affilée : fermeture des centres commerciaux et du métro ; renforcement des capacités des services de police et de l’armée à Bruxelles et dans les autres régions. Les écoles devraient toutefois rouvrir progressivement à partir de mercredi, comme le métro, avec un renforcement de la surveillance.Une série d’opérations de police a été menée depuis dimanche soir dans l’agglomération de Bruxelles et à Charleroi, résultant en l’inculpation d’une personne.Suivez la situation en direct sur notre siteDes dizaines d’interpellations dans la région de Bruxelles et à Liège, une inculpation Parmi les vingt et une personnes interpellées en Belgique depuis dimanche, dix-sept ont été relâchées, trois sont toujours en garde à vue et une a été inculpée « de participation aux activités d’un groupe terroriste et d’attentat terroriste ». Ni armes ni explosifs n’ont été saisis lors de ces opérations, ce qui laisse supposer que la menace terroriste « sérieuse et imminente » qui pèserait sur Bruxelles n’est pas encore écartée. C’est la quatrième personne placée en détention en Belgique depuis les attentats de Paris.Il se confirme, en tout cas, que Molenbeek a été la base du groupe djihadiste. Une perquisition menée à la fin de la semaine dernière dans la commune a permis la découverte d’une cache d’armes chez Abraimi Lazez, un Marocain proche de Brahim et de Salah Abdeslam et d’Abdelhamid Abaaoud. Visiblement irrité par le fait que des informations sur ce vaste réseau aient échappé à ses services, le ministre de l’intérieur, Jan Jambon, veut faire contrôler chaque adresse, maison par maison, de Molenbeek, jugeant « inacceptable » que les autorités ignorent qui se trouve dans cette municipalité.Salah Abdeslam toujours activement recherché Le parquet a annoncé que ces opérations policières n’avaient pas permis d’interpeller Salah Abdeslam, soupçonné d’avoir joué au minimum un rôle de logisticien dans les attaques terroristes à Paris et à Saint-Denis. Ce Français de 26 ans, résidant en Belgique, aurait fui dans ce pays quelques heures après les attentats du 13 novembre, aidé par deux hommes. Le parquet belge a démenti des informations de presse selon lesquelles Salah Abdeslam aurait pris la fuite dimanche soir à bord d’une BMW dans les environs de Liège.Le rôle joué par Salah Abdeslam dans les attentats qui ont frappé Paris et Saint-Denis est encore flou. Le mystère demeure sur l’attitude du cadet des frères Abdeslam. A-t-il reculé au dernier moment ? Devait-il commettre un attentat dans le 18e arrondissement de Paris, évoqué dans un communiqué de revendication djihadiste, et où une Clio louée à son nom a été retrouvée ?Lire aussi :Les Abdeslam, frères de sangA Bruxelles, un troisième jour au ralentiDepuis samedi, le métro et les écoles sont fermés, ainsi que les crèches, les universités et les hautes écoles. Du jamais-vu dans le royaume. Des militaires et des policiers étaient visibles à tous les endroits clés de la capitale, des blindés de l’armée étaient positionnés sur la Grand-Place, devant la Bourse ou aux abords des institutions européennes.Les rues sont calmes, mais pas désertes. La circulation automobile n’a pas cessé, loin de là, mais elle est moins dense, et les klaxons se font rares. « Ça circule bien », souligne Rachid, chauffeur de taxi. Avec quatre ou cinq confrères, il attend les clients près de la gare, les mains dans les poches, pour se protéger du froid. « Ce n’est pas le rush, mais on a plus de gens que d’habitude, comme il n’y a pas de métro. Ce sont surtout des trajets pour se rendre au travail. » La gare elle-même n’a rien de la ruche habituelle.L’atmosphère est très inégale selon les quartiers. Certains sont déserts, comme celui du Parlement européen. Même la police n’y est pas si visible. La Commission européenne s’est déclarée en « niveau jaune de sécurité », estimant ne pas être une cible pour les terroristes. D’autres lieux, comme l’avenue de Stalingrad, généralement très animée, restent relativement vivants.Lire la suite de notre reportage :Dans Bruxelles, une capitale au ralenti 15.11.2015 à 03h54 • Mis à jour le15.11.2015 à 05h24 | Yves-Michel Riols et Marie Jégo (Envoyés spéciaux à Antalya (Turquie)) L’onde de choc des attentats à Paris a déjà submergé la réunion du G20 qui doit s’ouvrir, dimanche 15 novembre, à Antalya (Turquie), située à seulement 600 kilomètres de la Syrie. A la veille de cette rencontre, qui rassemblera les dirigeants des principales grandes puissances de la planète, les organisateurs envisageaient plusieurs options, dont une minute de silence à l’ouverture du sommet pour rendre hommage aux victimes du terrorisme dans la capitale française.Dès samedi, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a donné le ton. « Nous en sommes désormais à un point où les mots ne sont d’aucun secours dans la lutte contre le terrorisme. Nous en sommes maintenant à un stade où [la lutte] doit être une priorité », a-t-il déclaré. Les premiers dirigeants arrivés sur place, dont le Chinois Xi Jinping, la Brésilienne Dilma Rouseff et le roi Salmane d’Arabie saoudite, ont été conviés, samedi soir, à un dîner informel, dont rien n’a filtré.L’arrivée de la délégation saoudienne n’est pas passée inaperçue, avec la réservation de plus de cinq cents chambres dans le plus luxueux hôtel d’Antalya, un cortège d’une soixantaine de berlines blindées, suivies de 16 camions affectés au transport des effets personnels du souverain.La France représentée par Laurent FabiusLes présidents américain et russe, Barack Obama et Vladimir Poutine, ainsi que la chancelière allemande, Angela Merkel, sont attendus dimanche dans la matinée. Quant à François Hollande, il sera représenté par Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, accompagné de Michel Sapin, le ministre des finances.A Antalya, une station balnéaire sur la Méditerranée, prisée des touristes russes, des mesures de sécurité exceptionnelles ont été déployées, transformant le site du G20 en fortin, survolé par des hélicoptères et quadrillé par douze mille policiers. La marine turque patrouille au large des côtes, de même qu’un porte-avion de l’US Navy. A l’approche de cette réunion, les forces spéciales turques avaient pris les devants en procédant à plusieurs arrestations dans les milieux islamistes d’Antalya.La Turquie est confrontée au problème des cellules dormantes de l’organisation Etat islamique (EI) sur son territoire, impliquées, selon les autorités, dans les deux attentats commis par des kamikazes qui ont récemment ébranlé le pays, le 10 octobre à Ankara (cent deux morts) et auparavant à Suruc, à la frontière avec la Syrie, le 20 juillet (trente-quatre morts).Si la question du terrorisme promet d’éclipser tous les autres sujets initialement inscrits à l’agenda (régulation financière, climat, crise des migrants), il y a de fortes chances que chacun profite de l’occasion pour mettre en avant sa stratégie concernant la crise syrienne et sa vision de la lutte contre l’EI. Le président Erdogan a été le premier à monter au créneau. Vendredi soir, juste après les attentats meurtriers à Paris, il a répété qu’il fallait « abandonner l’idée qu’il y a des bons et des mauvais terroristes », ayant ainsi à l’esprit les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en guerre contre les forces régulières d’Ankara.La question kurde, motif de frictionLe président turc a également remis sur le devant de la scène son idée récurrente d’une « zone de sécurité » dans le nord de la Syrie, qu’il présente comme un refuge pour les Syriens déplacés. Or, cette option est écartée par les Occidentaux, persuadés qu’elle n’est pas viable sans l’envoi de troupes au sol. Pour la Turquie, l’enjeu est essentiel. Elle y voit le moyen de bloquer la mise en place, le long de la frontière turque, d’une large zone contrôlée par les milices kurdes de Syrie liées au PKK. Un scénario inacceptable pour Ankara.Ce sujet est un sérieux motif de friction entre la Turquie et les Etats-Unis, qui soutiennent les forces kurdes de Syrie, en première ligne dans le combat contre l’EI sur le terrain. Nul ne doute que cette question sera au cœur de l’entretien prévu, dimanche, entre le président Erdogan et son homologue américain, Barack Obama.Les divergences sur la Syrie risquent également de s’étaler à Antalya entre pro et anti-Assad. Les propos du président russe, Vladimir Poutine, principal allié du régime de Bachar Al-Assad, seront scrutés de près, de même que ceux du roi Salman d’Arabie saoudite, bailleur de fonds des combattants islamistes en lutte contre le pouvoir de Damas. Au-delà de la condamnation unanime des attentats à Paris, les dirigeants présents au G20 d’Antalya vont avoir du mal à afficher un consensus sur la Syrie.Yves-Michel RiolsJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteMarie Jégo (Envoyés spéciaux à Antalya (Turquie))Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Service Europe Certains pays et partis politiques européens n’ont pas tardé à faire l’amalgame entre les attentats de Paris et la crise des migrants. Le nouveau ministre des affaires européennes polonais, Konrad Szymanski, en a profité pour expliquer que le parti conservateur Droit et Justice (PIS) allait revenir sur la décision du gouvernement libéral sortant d’accueillir environ 7 500 réfugiés dans le cadre du plan européen de répartition.« Après les événements tragiques de Paris, la Pologne ne voit pas de possibilité politique d’exécuter la décision de relocalisation de réfugiés », a écrit M. Szymanski, sur un site Internet conservateur. « Les attentats de Paris se sont produits dans le contexte direct de la crise migratoire et des bombardements français des positions de Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique] », explique cet ancien eurodéputé, considéré comme un modéré du PIS, qui fustige « la faiblesse de l’Europe ». Il a toutefois nuancé ses propos dans l’après-midi : « La Pologne accueillera des réfugiés s’il y a des garanties de sécurité, et ces dernières sont mises en question après les attentats de Paris. »Le nouveau ministre des affaires étrangères, Witold Waszczykowski, ne s’embarrasse pas de nuances : « Nous devons atteindre la communauté musulmane, qui hait ce continent et qui veut le détruire. Nous devons aussi contrer les mouvements politiques de gauche qui considèrent qu’il faut sans cesse ouvrir nos frontières » a-t-il déclaré dans un entretien à la radio.« Paris a tout changé »En Allemagne, les attentats de Paris ont immédiatement relancé les débats qui animent la droite autour de l’accueil de migrants dans le pays. « L’époque de l’immigration incontrôlée et illégale ne peut pas continuer ainsi. Paris a tout changé », a affirmé le ministre des finances bavarois, Markus Söder (CSU), à l’hebdomadaire Die Welt am Sonntag. « On doit immédiatement clarifier qui vient dans notre pays, qui le traverse et s’y installe. Les règles de droit qui ne sont plus appliquées depuis plusieurs semaines doivent l’être à nouveau », a posté sur Facebook, Horst Seehofer, le ministre-président (CSU) de la Bavière.Allié à la CDU d’Angela Merkel, la CSU critique depuis plusieurs semaines la politique d’accueil et d’ouverture pratiquée par la chancelière. La CSU voudrait notamment instaurer un quota maximum de réfugiés chaque année. Le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, a critiqué ces propos, en demandant à ce « que personne ne fasse le lien de manière précipitée avec la politique d’immigration ». Les sociaux-démocrates du SPD ont également appelé à éviter ce lien. « En tant qu’Etat de droit, en tant qu’Etat libre, nous sommes toujours vulnérables. Malgré cela nous voulons rester un pays et une société ouverts », a expliqué le leader du SPD, Sigmar Gabriel.A la pointe de la lutte contre l’accueil de réfugiés, le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a appelé à la retenue et à « partager la douleur » de ceux qui ont été frappés. Il a décrété un jour de deuil national dimanche, et le congrès du parti au pouvoir, le Fidesz, prévu le même jour, a été annulé. Le ministre des affaires étrangères hongrois, Peter Szijjarto, a quand même répété que « l’Europe doit changer son attitude ». La Hongrie a en effet incarné avec constance au sein de l’Union une ligne radicalement opposée à celle, jugée trop généreuse, de la chancelière allemande, Angela Merkel. En janvier, M. Orban n’avait pas hésité à établir, après les attentats contre Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher, un lien entre migrants musulmans et risques terroristes.Les réactions sont également très prudentes en République tchèque, qui s’oppose à la politique européenne de répartition des réfugiés. La plupart des journaux mettent en garde contre la confusion et un déchaînement de haine envers les musulmans.Vif débat en GrèceEn Grèce, principale porte d’entrée des migrants, le débat est vif entre ceux qui veulent lier les attaques à l’arrivée de milliers d’entre eux en Europe et ceux qui rappellent que la grande majorité des réfugiés sont les premiers à fuir ce terrorisme. Le gouvernement a reconnu, samedi, que le passeport syrien retrouvé près du Stade de France correspondait à une personne arrivée au début d’octobre sur l’île de Leros. Rien n’indique pour l’heure qu’il s’agisse de la pièce d’identité d’un des assaillants. « L’attaque islamiste terroriste de Paris est une menace directe pour la Grèce, où entrent chaque jour et sans contrôle des djihadistes criminels à cause de la politique traîtresse d’ouverture des frontières de ce gouvernement », a aussitôt déclaré le parti néonazi Aube dorée.Le premier ministre, Alexis Tsipras, en appelle à la raison : « Nous avons la responsabilité d’apporter des solutions à la question migratoire, au drame des réfugiés qui mettent leur vie en danger en mer en essayant d’échapper à ces mêmes terroristes. Les terroristes auront gagné s’ils transforment l’Europe en une Europe forteresse au sein de laquelle vivraient des peuples pétris d’effroi. »Service EuropeJournaliste au Monde Philippe Ridet (Rome, correspondant) Un fond noir, une goutte de sang qui perle et ce titre : « Je suis Paris ». La « une » du quotidien Il Tempo, samedi 14 novembre, donne le « la » à toute la presse qui se partage entre la stupeur, le chagrin et la colère comme en atteste le titre de Libero : « Salauds d’islamistes ». Le quotidien évoque, dans un article de première page, une attaque « au cœur du modèle multiculturel français ». « Depuis cette nuit, écrit Massimo Nava du Corriere della Sera, nous savons ce qu’est une guerre au cœur d’une grande ville. Depuis cette nuit, on sait qu’on peut mourir à Paris, comme à Bagdad, Beyrouth ou Tripoli. L’Europe revit en direct la tragédie du 11-Septembre. »« La liberté est plus forte que la barbarie »« La France est encore une fois sous les tirs du djihad, analyse, Renzo Guolo, pour La Repubblica. Mais, cette fois, il ne s’agit pas de la rédaction d’un journal ou d’un supermarché casher, symbole de l’hostilité des islamistes radicaux, mais de bars, de salles de concert, des considérés par les fanatiques comme des lieux de perdition. » « L’Europe est le nouveau front de la guerre en Syrie », commente Maurizio Molinari pour La Stampa.Suivez notre live sur la situation à ParisDans une intervention solennelle samedi matin prononcée dans l’enceinte du Palais Chigi, le président du conseil, Matteo Renzi, a annoncé qu’une réunion d’urgence aurait lieu en fin de matinée au siège du ministère de l’intérieur afin de relever le niveau d’alerte et de sécurité. « Les terroristes ont touché la France, mais également l’Europe en plein cœur », a-t-il dit. Il a également assuré que, « comme tous les Italiens, je suis sûr que les terroristes ne gagneront jamais. La liberté est plus forte que la barbarie ». Cette bataille, a-t-il prévenu, « durera des mois, voire des années ».L’Italie, cible du djihad ? En début de semaine, deux événements se sont déroulés qui accréditent cette hypothèse. Un juif orthodoxe a été poignardé au visage par un inconnu dans une rue de Milan. La police italienne a procédé à l’arrestation de membres, résidant dans la Péninsule, d’un groupe d’islamistes radicaux dirigés depuis la Norvège. La proximité du début de l’année sainte (à partir du 8 décembre) met en alerte les services italiens. Plusieurs millions de pèlerins sont attendus dans les rues de Rome à cette occasion.Nos articles sur les attaques de Paris :Suivez notre live sur la situation à ParisLire aussi :Attaques de Paris : ce que l’on sait des auteurs des attentatsLire aussi :Attaques à Paris : le point sur l’enquête et le déroulé des attaquesLire aussi :A l’hôpital Lariboisière, « c’était de la chirurgie de guerre »Lire aussi :Attaques à Paris : les questions que vous nous posezLire aussi :Aux urgences de la Pitié-Salpêtrière, familles et amis cherchent des nouvelles de leurs prochesLire aussi :Attaques à Paris : « On pensait que c’étaient des pétards. C’étaient des scènes de guerre »Lire aussi :Rue de la Fontaine-au-Roi : « Ça tirait de partout. On s’est mis à quatre pattes dans le restaurant »Lire aussi :« J’ai marché sur des corps, il y avait du sang. Dans la rue, il y avait des morts »Lire aussi :Au Stade de France : « On entend des cris, des cris de terreur »Lire aussi :Fusillade au Bataclan : « Le but, c’était d’attendre et de faire le mort »Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Charrel C’est moins que ce que les économistes espéraient, mais ce n’est pas non plus une catastrophe. Au troisième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a progressé de 0,3 %, contre 0,4 % sur les trois précédents mois. Par rapport au troisième trimestre 2014, la hausse est de 1,6 % en rythme annuel. « La reprise se poursuit mais sans ampleur », résume Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel BGC. « Comme souvent dans l’union monétaire, on peut voir la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine, ajoute Maxime Sbaihi, économiste à Bloomberg. « Les optimistes diront que la croissance européenne tient bon malgré le ralentissement chinois, tandis que les pessimistes la jugeront décevante. »La consommation résiste en France, Italie, Espagne et AllemagneSi la croissance allemande a un peu ralenti (0,3 %, après 0,4 % au deuxième trimestre), la France, elle, a plutôt rassuré (0,3 % après 0 %). A première vue, le PIB italien, en hausse de 0,2 % seulement, est quant à lui plutôt décevant. « Il confirme néanmoins que le pays est enfin sorti de trois longues années de récession », nuance Philippe Waechter, chef économiste chez Natixis AM.Lire aussi :La croissance allemande ralentit, pénalisée par le commerce extérieurUne fois de plus, l’Espagne surpasse ses voisins, avec une croissance en hausse de 0,8 %. Un dynamisme qui tient en partie à un effet de rattrapage, après la profonde récession enregistrée par le pays (– 3,6 % en 2009). De fait, Madrid doit encore créer 3 millions d’emplois pour rattraper le niveau d’avant-crise. « Pour l’instant, les postes créés sont surtout des contrats précaires », détaille Denis Ferrand, directeur général de l’institut de conjoncture Coe-Rexecode.Lire aussi :La consommation intérieure tire la croissance espagnoleEn moyenne, les quatre principales économies de la zone euro affichent donc une croissance qui se raffermit, même si elle reste très poussive. « Il est délicat d’en dire plus, car les composantes détaillées des PIB ne sont pas encore disponibles, sauf pour la France », indique Luc Meier, chez Oxford Economics. Les derniers indicateurs de conjoncture laissent néanmoins penser que la consommation des ménages, soutenue par l’inflation faible, a bien résisté. Et a en partie compensé la baisse des échanges avec les pays émergents, dont la croissance ralentit. « La demande domestique tient bon dans ces pays, c’est encourageant, analyse M. Sbaihi. Mais la croissance devra trouver d’autres relais en 2016. » L’investissement des entreprises repartira-t-il enfin ? Rien n’est moins sûr, tant il reste fragile en France (+ 0,7 % au troisième trimestre), Italie et Allemagne.Lire aussi :Pourquoi la croissance française reste (malgré tout) poussiveInquiétudes sur le Portugal, la Grèce, la Finlande et les Pays-BasQuatre pays inquiètent particulièrement les économistes. La Grèce, d’abord. Au troisième trimestre, le PIB hellène a en effet reculé de 0,5 %, alors qu’il s’était maintenu à 0,4 % au deuxième trimestre. En cause ? La mise en place du contrôle des capitaux cet été, qui a particulièrement pénalisé le secteur bancaire et les PME grecques, déjà mal au point. Mais le tourisme, lui, a bien résisté. « Sans cela, les chiffres auraient pu être bien pires », estime Platon Monokroussos, chef économiste d’Eurobank, à Athènes.Lire aussi :L’économie grecque se contracte de nouveauAutre maillon faible : le Portugal, qui affiche une croissance nulle au troisième trimestre. Jusqu’à cet été, Lisbonne était pourtant présentée comme le bon élève de l’austérité, appliquant les réformes exigées par ses partenaires européens sans rechigner. Mais le vote, le 10 novembre, d’une motion de censure du Parlement contre le gouvernement de centre-droit, laisse aujourd’hui craindre que le pays entre dans une phase d’instabilité politique comparable à celle traversée par la Grèce ces derniers mois. « Malgré les efforts fournis, le Portugal n’a pas réussi à relancer franchement sa croissance », se désole M. Mourier.Au nord de l’Europe, la Finlande est elle aussi en mauvaise passe. Son PIB, qui avait péniblement progressé de 0,2 % au deuxième trimestre, a replongé de 0,6 % au troisième. Motif : la proximité commerciale du pays avec la Russie, qui a enregistré une récession de 4,1 % sur un an au troisième trimestre. Mais aussi, les déboires de ses deux industries phares, l’électronique et la filière bois.De même, les Pays-Bas déçoivent, avec une croissance de 0,1 % seulement au deuxième comme au troisième trimestre. « Là encore, il est délicat de poser un diagnostic avant de connaître les composantes détaillées de la croissance, mais il est probable que la Hollande soit elle aussi pénalisée par le ralentissement des pays émergents et du commerce mondial », avance Ludovic Subran, chef économiste d’Euler Hermes.La Banque centrale européenne (BCE) devrait prendre de nouvelles mesuresCette reprise fébrile relance, sans surprise, les spéculations sur d’éventuelles mesures d’assouplissement monétaire de la BCE. D’autant que l’inflation, qui est ressortie à 0 % dans l’union monétaire au mois d’octobre, est encore loin de la cible de 2 % de l’institut de Francfort. « Tout cela devrait l’inciter à en faire plus pour soutenir l’activité et tenter de relancer l’investissement des entreprises », juge M. Subran.Selon lui, la BCE pourrait décider, en décembre, d’augmenter de 60 milliards à 80 milliards d’euros mensuels le volume de ses rachats de dettes publiques et privées. Elle pourrait également baisser encore son taux de dépôts, de – 0,2 % à – 0,3 %. Une mesure de nature à tirer l’euro vers le bas face aux autres devises. Et donc, à soutenir les exportations européennes. Cela suffira-t-il ? C’est toute la question. Car certaines faiblesses de l’économie européenne, comme le niveau élevé de l’endettement et du chômage, ne pourront pas être réglées par la seule politique monétaire, aussi généreuse soit-elle…Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter service international Barack Obama a été le premier chef d’Etat à réagir aux attaques du 13 novembre, avant même François Hollande. Visage fermé, le président américain a pris la parole depuis la Maison Blanche alors que les attaques n’étaient pas encore finies vendredi soir. Ces attentats « ne sont pas seulement une attaque contre Paris » mais « une attaque contre toute l’humanité et nos valeurs universelles », a déclaré M. Obama dans une allocution solennelle. En français dans le texte, le chef de l’Etat américain a cité la devise « Liberté, égalité, fraternité » pour rappeler qu’elles ne sont « pas seulement des valeurs françaises mais des valeurs que nous partageons tous ».A l’unisson du président américain, les réactions de toute la planète ont afflué dans la nuit. Angela Merkel, la chancelière allemande, qui avait défilé à quelques centaines de mètres du Bataclan lors de la manifestation du 11 janvier contre les attentats de Charlie Hebdo, s’est dite « bouleversée ». « Choqué » également, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, qui avait lui aussi fait partie de ce cortège.« La France est en première ligne dans la lutte contre le terrorisme. Mais elle n’est pas seule. Ce combat est le combat de tous les Européens, et de tous les peuples du monde libre », a défendu le président du Conseil européen, Donald Tusk.David Cameron, le premier ministre britannique, a promis de faire « tout ce que nous pouvons pour venir en aide ». Et l’Italie est « ensemble avec ses frères français » après « l’atroce attaque contre Paris et contre l’Europe », a déclaré le premier ministre Matteo Renzi sur Twitter. En Espagne, Mariano Rajoy a parlé au téléphone avec Manuel Valls et « lui a exprimé sa consternation pour les terribles attentats et la solidarité du peuple espagnol ». Le Vatican a dénoncé « une violence terroriste folle ». « Nous condamnons [ces attentats] de la manière la plus ferme, ensemble avec le pape et avec tous ceux qui aiment la paix », a déclaré le porte-parole du Vatican.« Consensus de la communauté internationale contre le terrorisme »A Moscou, le Kremlin a publié un communiqué pour assurer que « la Russie condamne ce massacre inhumain et se tient prête à fournir son entière assistance pour enquêter sur ces crimes terroristes ». Le président Vladimir Poutine est intervenu fin septembre en Syrie pour lutter contre le terrorisme, mais sous les critiques des Occidentaux qui l’accusent de viser en priorité les rebelles modérés, plutôt que l’Etat islamique (EI). Même message de solidarité depuis la Turquie, où le président Recep Tayyip Erdogan a fait part à la télévision de « ses condoléances les plus profondes » en demandant un « consensus de la communauté internationale contre le terrorisme ». Le président turcfait lui aussi l’objet de critiques car il utilise la lutte contre l’EI pour attaquer le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).« Israël se tient aux côtés du président François Hollande et du peuple français dans la guerre commune contre le terrorisme », a déclaré de son côté le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou. Selon la chaîne Channel 2, le gouvernement a demandé à Paris de renforcer encore davantage la sécurité autour des institutions et des bâtiments de la communauté juive. Le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, a présenté ses condoléances et appelé à combattre « le fléau du terrorisme, qui a pour but de déstabiliser la sécurité et la stabilité dans différentes parties du monde, sans distinction ».Pour le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, il s’agit « d’attaques terroristes méprisables ». Au Maroc, frappé en 2003 et en 2011 par des attentats, le roi Mohammed VI a adressé un message de condoléances au président français exprimant « une vive émotion et une profonde tristesse » face à ces « odieuses attaques ».En Asie, la présidente de la Corée du Sud a présenté ses « condoléances » à la France. « Le terrorisme est un crime contre l’humanité. Il est injustifiable et intolérable », a-t-elle expliqué. « Quelle que soit la raison des attentats, ils restent impardonnables et hautement condamnables », a abondé le ministre japonais des affaires étrangères. La Chine s’est déclarée « profondément choquée » et a fait savoir qu’elle « condamne vigoureusement ces attaques terroristes » par l’intermédiaire du ministère chinois des affaires étrangères. Les réactions de solidarité sont également venues du Brésil, de Cuba, de Belgique, des Pays-Bas ou du Canada. De leur côté, les Philippines ont assuré samedi qu’elles garantiraient « une sécurité renforcée » aux leaders mondiaux attendus au Forum de coopération économique pour l’Asie-Pacifique (Apec) à Manille. Barack Obama doit se rendre au sommet prévu dans la capitale philippine les 18 et 19 novembre, aux côtés des responsables chinois, japonais, australien, canadien et de 15 autres chefs d’Etat.Minutes de silenceAu-delà des chefs d’Etat et de gouvernement, les attaques ont suscité des réactions de solidarité spontanées un peu partout sur la planète. Aux Etats-Unis, le One World Trade Center de New York et le City Hall de San Francisco se sont parés de tricolore en hommage à la tragédie. Des minutes de silence ont été observées avant les matchs de basket de NBA. Et les principaux candidats aux investitures démocrate et républicaine pour la présidentielle de 2016, Hillary Clinton, Bernie Sanders, Donald Trump, Ben Carson, Jeb Bush, Marco Rubio et Ted Cruz, ont assuré « se recueillir » ou « prier » pour les victimes.A Berlin, des Allemands et des Français sont venus spontanément déposer des bougies devant l’ambassade de France. Même réaction spontanée à New York sur l’Union Square, où des dizaines de Français se sont rassemblés. A Barcelone, une minute de silence devait être organisée samedi midi.service internationalJournaliste au Monde Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Le revirement d’Angela Merkel est un coup de tonnerre. Il montre que la politique européenne d’asile est menacée d’implosion et que l’espace sans passeport de Schengen pourrait, lui aussi, être fondamentalement remis en question. La chancelière allemande a finalement défendu, vendredi 13 novembre, la décision de son ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, d’appliquer à nouveau les règles européennes dites de Dublin, qui obligent les migrants à déposer leur demande d’asile dans leur pays d’arrivée dans l’Union. Angela Merkel a eu beau affirmer vendredi dans un entretien à la chaîne ZDF « la chancelière a la situation en mains. Tout le gouvernement également », sa décision apparaît comme un aveu de faiblesse alors qu’elle est vivement contestée dans son propre parti.L’Allemagne a annoncé, en parallèle, la prolongation pour trois mois des contrôles à ses frontières – que M. de Maizière avait décidée seul fin octobre, sans en avertir Mme Merkel et le secrétaire général de la chancellerie, Peter Altmaier, pourtant chargé de superviser la crise des réfugiés. Alors qu’Angela Merkel répète depuis des semaines que les accords de Dublin sont « obsolètes » et que l’Allemagne n’exige plus le retour des réfugiés dans le pays où ils ont été enregistrés, la chancelière a fini par donner raison à son ministre de l’intérieur. La nouvelle a été confirmée mardi 10 novembre et Angela Merkel l’a approuvée, a posteriori, vendredi 13.Lire aussi :Crise des réfugiés : Merkel de plus en plus contestée par les siens« Partager le fardeau »La démarche de Thomas de Maizière s’explique notamment par des tensions politiques internes, alors qu’Angela Merkel avait dessaisi fin octobre le ministère de l’intérieur – peu favorable face à la générosité d’Angela Merkel sur le sujet – d’une partie de ses prérogatives dans ce dossier en centralisant la stratégie à la chancellerie. Vendredi 13 novembre, Angela Merkel a validé la stratégie de son ministre en donnant une autre explication. Sa « plus grande déception », ces dernières semaines, est la difficulté à répartir les réfugiés entre les pays européens, a-t-elle dit dans l’entretien.Respecter à nouveau les accords de Dublin revient à reporter une grande partie de la charge sur les pays à la périphérie de l’Union et donc à fortement inciter les pays européens à accepter de répartir les réfugiés de façon plus équitable. Berlin veut « élaborer une clé de répartition aussi juste que possible en Europe », avait-elle précisé lors d’une conférence de presse, vendredi. « Nous devons partager le fardeau équitablement, c’est évident », a encore commenté Mme Merkel, confirmant la colère de son gouvernement contre l’inaction de beaucoup de ses partenaires et le refus de l’Allemagne de continuer à accueillir des milliers de réfugiés supplémentaires.L’annonce du renvoi de réfugiés dans d’autres pays a également comme objectif de montrer aux Allemands que le pays n’est pas « submergé » par les réfugiés, comme l’a laissé entendre Wolfgang Schäuble, le ministre des finances qui a parlé d’« avalanche ». Un terme qu’Angela Merkel refuse de prendre à son compte. Selon un sondage paru vendredi 13 novembre, 52 % des Allemands ne sont pas satisfaits de la politique d’Angela Merkel à l’égard des réfugiés, 43 % l’approuvent.Lire aussi :L’Allemagne suspend le renvoi des réfugiés syriens vers leur pays d’entrée dans l’UELa décision allemande va incontestablement peser sur la situation des demandeurs d’asile et sur certains pays de transit et d’arrivée de ceux-ci. Dès vendredi, la Croatie a demandé, par la voix de son ministre de l’intérieur, Ranko Ostojic, une réunion d’urgence de ses homologues de l’Union. Du côté allemand, Thomas de Maizière a en effet évoqué le renvoi de réfugiés vers la Croatie (non-membre de l’espace Schengen) et la Slovénie. Selon le ministre croate, les demandeurs d’asile doivent plutôt être, pour la plupart d’entre eux, renvoyés en Grèce, et non vers son pays.Problème : la Cour européenne de justice estime, dans sa jurisprudence récente, que le traitement des demandeurs d’asile en Grèce et en Hongrie n’était pas conforme aux règles de la dignité humaine. « Je ne souhaite pas que la Croatie soit étiquetée comme inhumaine mais elle ne peut être punie pour avoir effectué sa part de travail avec humanité et professionnalisme », a déclaré M. Ostojic. La crise des réfugiés a atteint son pays en septembre, lorsque la Hongrie de Viktor Orban a fermé sa frontière avec la Serbie et érigé des barrières sur celle qui la sépare de la Croatie. Quelque 370 000 réfugiés sont, depuis, arrivés dans ce pays. La Croatie s’en prend aussi à sa voisine, la Slovénie – membre de l’espace Schengen –, qui a érigé cette semaine une barrière de barbelés sur une partie de sa frontière. Le tout alors que la Suède a officiellement averti la Commission de Bruxelles qu’elle instaurait à son tour des contrôles à ses frontières, tandis que le Danemark va, lui, les renforcer…Lire aussi :Les conditions de vie indignes des réfugiés en SlovénieLes accords de Schengen fragilisésManifestement dépassée par les événements, la Commission voit voler en éclats ses espoirs d’une atténuation de la crise et d’une répartition équitable des réfugiés. Elle craint désormais que les accords de Schengen, piliers de la construction européenne et symboles de la liberté de mouvement, soient détricotés.La décision allemande de prolonger et durcir les contrôles à ses frontières est toutefois peu surprenante : M. de Maizière avait, dès octobre, prévenu la Commission qu’il userait de cette procédure si les flux migratoires vers son pays ne se réduisaient pas. Berlin, qui devrait accueillir un million de demandeurs d’asile cette année, s’appuie désormais sur une procédure d’exception incluse dans le « code Schengen ». Elle permet la mise entre parenthèses des règles de libre circulation pour une période pouvant aller jusqu’à deux ans. Elle va concentrer ses contrôles à la frontière autrichienne, par laquelle transite l’essentiel des migrants après leur traversée des Balkans.Lire aussi :Le scepticisme croissant des Allemands sur l’accueil des réfugiésVendredi, l’Autriche a annoncé l’installation d’un grillage de près de 4 km de long et 2,2 mètres de hauteur à sa frontière avec la Slovénie. Une autre première qui concerne, cette fois, deux Etats d’un espace Schengen plus que jamais sous pression.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gaëlle Picut Le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) a publié, lundi 9 novembre, un rapport consacré aux réformes du marché du travail dans dix pays européens depuis 2008. Il met en avant le fait que la crise a exacerbé les déséquilibres du marché du travail existants, mais « a pu aussi cristalliser un certain nombre de défis communs auxquels sont confrontés aujourd’hui l’ensemble des pays européens ». Les deux principaux enjeux communs concernent l’éloignement d’une partie grandissante des jeunes du marché de l’emploi et l’augmentation du chômage de longue durée.Le taux de chômage des jeunes au sein de l’Union européenne est ainsi passé de 15,5 % en 2007 à 22,2 % en 2014, soit une hausse de 6,7 points en sept ans. En Italie et au Portugal, la situation est encore plus préoccupante puisque les taux atteignent respectivement 42,7 % et 34,8 %.« Dernier arrivé, dernier parti »Les jeunes ont souvent servis de variable d’ajustement et ont été victimes de la logique « dernier arrivé, premier parti », sans oublier la faiblesse des embauches. Par ailleurs, la crise immobilière a provoqué un effondrement du secteur du BTP qui recrute habituellement beaucoup de jeunes parmi les moins qualifiés. Par exemple, en Espagne, le secteur de la construction représentait 12,7 % des emplois fin 2007 pour 5,3 % début 2014. Autre élément préoccupant, le taux de jeunes ne travaillant pas et ne suivant ni études ni formation a augmenté entre 2007 et 2014, passant de 14,4 % à 16,6 % (avec un pic à 17,7 % en 2013).Quant au chômage de longue durée, il prend des proportions importantes dans plusieurs pays européens. En Espagne, il est passé de 20,4 % en 2007 à 52,8 % en 2014 ; en Irlande, de 30 % à 59,2 % sur la même période. Et il augmente même en Suède de 8 points, et passe de 13 à 21% entre 2008 et 2010. Cette évolution pèse immanquablement sur l’employabilité des demandeurs d’emploi. A ces deux tendances lourdes s’ajoutent des déséquilibres plus ou moins développés selon les pays. C’est le cas du temps partiel subi qui augmente de façon significative dans certains pays. Ainsi en Italie, fin 2014, 63,4 % des salariés en situation de temps partiel déclaraient vouloir travailler davantage (sachant que la part de salariés en situation de temps partiel entre 2007 et 2014 est passée de 13,4 % à 18,1 %).Autre tendance : le taux de transition à trois ans d’un contrat temporaire vers un contrat indéterminé a fortement chuté dans la plupart des dix pays européens étudiés. Parallèlement, la diversification des formes de travail atypiques s’est maintenue, soit sous forme d’emplois salariés (mini-jobs en Allemagne, contrat zéro heures en Grande-Bretagne) soit sous forme de travail indépendant non salarié (recibo verdes au Portugal ou para subordini en Italie).Or ces formes de travail sont « préoccupantes », selon le COE, car elles n’accordent souvent que des droits sociaux restreints et peuvent alimenter le risque de pauvreté, même si « les systèmes de redistribution et de solidarité informels peuvent plus ou moins atténuer cette appauvrissement » précise le rapport.L’emploi informel renforcéPar ailleurs, la crise a renforcé l’emploi informel. Le rapport du COE ne s’étend pas longuement sur ce phénomène. Il rappelle toutefois que « les conséquences sont lourdes : préjudices pour les droits des travailleurs, distorsion de concurrence entre employeurs, phénomène d’évasion fiscale et sociale, affaiblissement de la soutenabilité des finances sociales ».Le COE rappelle que si certains pays (Royaume-Uni, Allemagne Suède) ont retrouvé leur taux d’emploi d’avant la crise, d’autres restent dans une situation durablement dégradée (Italie, Espagne, Portugal). Enfin dans une situation intermédiaire, qui se rapproche du niveau d’emploi d’avant-crise sans encore l’atteindre, se retrouvent le Danemark, les Pays-Bas, l’Autriche et l’Irlande.Gaëlle PicutJournaliste au Monde Jacques Follorou La démocratie allemande pourrait-elle servir d’exemple au Parlement français en matière de contrôle des services secrets ? Le travail des différentes instances parlementaires du Bundestag sur les services de renseignements allemands (BND) vient de donner lieu à de nouvelles révélations sur les dérives en matière d’espionnage. Mercredi 11 novembre, la station de radio allemande RBB (Radio Berlin Brandebourg) indiquait que le BND avait surveillé le diplomate allemand Hansjörg Haber alors que la Constitution allemande interdit l’espionnage des citoyens allemands.Cette radio précisait également que Laurent Fabius, ministre français des affaires étrangères, et des membres de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), du FBI américain et de sociétés aux Etats-Unis, figuraient également parmi les cibles. Jeudi, à Malte, en marge d’un sommet sur les migrations, François Hollande a demandé « que toutes les informations soient communiquées, parce qu’on ne peut pas comprendre qu’il puisse y avoir ce type de pratiques entre alliés ». Avant d’ajouter : « Je sais que la chancelière [Angela Merkel] fera tout pour nous dire exactement les circonstances qui ont été celles [qui ont conduit à] écouter un ministre de la République française. »La RBB ne fournit aucune indication sur l’origine de ses sources. En guise de détails, la radio berlinoise se contente d’évoquer une liste de 900 pages de « sélecteurs » (numéros de téléphone, courriels, adresses IP) utilisés par le BND et à laquelle ont eu accès des députés allemands, membres de la commission d’enquête chargée de faire la lumière sur les opérations de surveillance.« La question qui se pose, c’est de savoir si ces agissements ont été le fait des seuls Allemands ou pour le compte d’un service tiers, à savoir la NSA »Selon un membre du Bundestag travaillant sur les questions de renseignement, joint par Le Monde, ces nouveaux éléments seraient extraits de documents recueillis par la commission d’enquête parlementaire créée après les révélations de l’ex-consultant de l’Agence nationale de la sécurité américaine (NSA), Edward Snowden. Ces informations seraient également entre les mains de la délégation parlementaire au renseignement du Bundestag, chargée de suivre le fonctionnement des services secrets et qui devait se réunir vendredi.Au printemps, la presse allemande s’était déjà fait l’écho d’écoutes pratiquées par le BND de pays alliés, dont la France, sans l’aval du gouvernement. Paris était resté discret. Mais Bernard Bajolet, à la tête de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), s’était rendu à Berlin pour obtenir des explications auprès de son homologue du BND. Selon nos informations, il avait troqué le silence officiel contre l’obtention d’informations, portant notamment sur les dessous de la coopération entre le BND et la NSA.« La question qui se pose, relève un responsable de la communauté française du renseignement interrogé par Le Monde, c’est de savoir si ces agissements ont été le fait des seuls Allemands ou pour le compte d’un service tiers, à savoir la NSA. » En effet, des documents, également exhumés par la commission d’enquête parlementaire créée sur les activités de la NSA, et auxquels Le Monde a eu accès, ont montré, en juin, que le BND avait agi pour le compte de la NSA et espionné, notamment, la France, au moins de 2005 à 2008, par l’intermédiaire du groupe de télécommunications Deutsche Telekom.« Rien d’illégal »Les autorités allemandes, accusées de complicité d’espionnage avec la NSA, entre 2005 et 2015, des intérêts économiques et politiques européens, avaient affirmé qu’il était impossible de connaître l’identité des cibles visées. Ces documents de Deutsche Telekom, détenus par la commission d’enquête parlementaire allemande sur les activités de la NSA et révélés par le député Vert autrichien Peter Pilz, attestaient, au contraire, que les grands opérateurs nationaux de télécom européens disposaient des moyens d’identifier les personnes ou entreprises espionnées.A partir de 2005, l’ensemble du trafic intercepté a été renvoyé vers le centre d’interceptions, installé en Bavière, à Bad Aibling. Sur cette base, les opérateurs allemands travaillent aux côtés d’employés de la NSA dans le cadre du JSA (Joint Signal Activity). Interrogé par la commission d’enquête du Bundestag, le directeur du BND, Gerhard Schindler, a indiqué, le 21 mai, qu’il n’y avait rien d’illégal à cela tant que cette collecte ne concernait pas des intérêts allemands.Jacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.11.2015 à 15h54 • Mis à jour le13.11.2015 à 17h30 | Laure Belot C’est en Suisse que le chercheur Charles Heller entend parler pour la première fois de l’expérience africaine Ushahidi. Nous sommes en 2011 et sur la scène d’un colloque humanitaire, ce spécialiste des migrations découvre la carte de Nairobi qui a permis aux habitants de la capitale kényane de pointer, en ligne et en urgence, les rues à éviter lors des émeutes postélectorales de 2007. Charles Heller voit, dans cette approche cartographique, une piste pour alerter sur la détresse des migrants.Quatre ans plus tard, Watchthemed est pleinement opérationnel. Dès la page d’accueil, une carte de la Méditerranée permet, d’un coup d’œil, d’identifier les multiples lieux où des bateaux en difficulté ont été localisés : des couleurs différencient les situations de détresse, les interceptions de bateaux, les disparitions de migrants constatées. Au bas de l’écran, des rapports saisissants décrivent ces moments d’urgence qui ne cessent de se multiplier et font actuellement la « une » des médias. Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosC’est à l’aide d’une centaine de bénévoles situés dans 10 pays que ce suivi des eaux méditerranéennes est devenu possible. « Ces volontaires se relaient vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, pour répondre à un numéro d’urgence affiché sur la plate-forme », explique le chercheur qui a lancé ce projet avec son collègue Lorenzo Pezzani rencontré à l’université londonienne Goldsmiths. « Les migrants, sur les bateaux, sont habituellement équipés d’un téléphone portable inclus dans le “kit” qui leur a été vendu par le passeur. » Pendant des années, « c’est le numéro privé d’un prêtre d’origine érythréenne, le père Mussie Zeraï, que les réfugiés se passaient de bouche à oreilles », poursuit Charles Heller. « Cet homme devait gérer seul ces appels à l’aide. Nous sommes proches de lui et notre plateau téléphonique permet désormais de mutualiser les efforts et de le soulager. Parfois, nous recevons jusqu’à une dizaine d’appels dans la journée. » Concrètement, chaque bénévole a été formé pour aider le migrant à trouver la boussole incluse dans son téléphone. La position géographique obtenue est alors transmise aux autorités dont dépend la zone maritime concernée afin que les secours s’organisent. Le bénévole se charge, ensuite, d’écrire le récit de l’appel et de l’éventuel sauvetage afin de le publier en ligne : ainsi, le 5 novembre, onze différentes alertes de détresse provenant de la zone de la mer Egée, près des îles grecques de Samos, Cos, Lesbos et Ro. Ou encore le 6, celui d’un bateau avec 50 occupants se dirigeant vers les Canaries.Un outil de lobbying humanitaireCe dispositif est-t-il efficace ? « Le numéro d’urgence est devenu une alarme incontournable. Les gardes-côtes prennent très au sérieux nos appels mais il y a parfois des tensions », reconnaît le chercheur. « Pour un bateau trop proche de la Libye, nous avons un jour essuyé un refus d’intervention des gardes-côtes italiens, qui renvoyaient sur leurs homologues libyens, qui nous le savons, n’interviennent pas. » Finalement, après négociation, les secours italiens se sont organisés.Lire aussi :Migrants : record mensuel de 218 000 arrivées via la Méditerranée en octobreL’objet de cette démarche n’est pas uniquement de visualiser les cas d’urgence, insiste Charles Heller, « il s’agit aussi de donner un outil de travail aux chercheurs et aux associations ». La plate-forme, conçue comme un outil de lobbying humanitaire, associe plusieurs associations telles que Welcome to Europe, Forschungsgesellschaft Flucht & Migration, et le réseau Boats4People. « Nous récoltons des informations précises afin d’interpeller juridiquement les autorités qui laissent ces situations se développer. » Il s’agit, poursuit le chercheur « de les mettre face à leurs responsabilités alors que les morts se multiplient aux frontières maritimes de l’Union européenne ». Episodes de la sérieLire aussi :Ushahidi, une technologie africaine qui a conquis la planèteLire aussi :Une carte pour recenser les violences civiles au BurundiLire aussi :L’invention kényane qui a aidé les secours après le séisme au Népal A paraître :vendredi 13 novembre : lutter contre la violence faite aux femmes en Inde ;lundi 16 novembre : surveiller l’élection présidentielle au Kenya, en Tanzanie et en Zambie ;mardi 17 novembre : lutter contre la fraude électorale en Colombie ;mercredi 18 novembre : porter la voix des habitants d’un bidonville au Kenya ;jeudi 19 novembre : endiguer la violence électorale au Nigeria ;vendredi 20 novembre : améliorer la vie urbaine en Irlande ;lundi 23 novembre : imaginer la ville du futur partout dans le monde.Laure BelotJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.11.2015 à 12h43 • Mis à jour le12.11.2015 à 13h02 La police italienne a annoncé, jeudi 12 novembre, une opération contre un réseau djihadiste établi dans plusieurs pays européens et qui prévoyait de recruter des aspirants djihadistes pour les envoyer à l’étranger, de commettre des attentats, y compris des attentats-suicides, pour essayer de faire libérer son chef, un prédicateur fondamentaliste irakien détenu en Norvège. Le commandant Giovanni Governale, un des responsables de l’enquête, a déclaré :« L’importance de cette opération est d’avoir démantelé une cellule intégrée qui comprenait, outre l’Italie, le Royaume-Uni, la Norvège, la Finlande, la Suisse et l’Allemagne. »Les mandats d’arrêt concernent dix-sept personnes, seize Kurdes et un Kosovar. Six membres du réseau ont été arrêtés en Italie, quatre au Royaume-Uni, trois en Norvège, tandis que plusieurs sont partis se battre en Irak et en Syrie, selon les enquêteurs.Ce groupe était dirigé par Najmuddin Ahmad Faraj, dit « mollah Krekar », qui avait déjà cofondé un groupe islamiste nommé Ansar al-Islam, qu’il dit ne plus contrôler. L’homme figure sur la liste des personnes et organisations terroristes des Etats-Unis et de l’ONU.En Norvège, Najmuddin Ahmad Faraj a été condamné à de nombreuses reprises pour appel au meurtre, et récemment à dix-huit mois de prison pour avoir applaudi publiquement les assassinats des journalistes et collaborateurs de Charlie Hebdo. Il reste sous le coup d’un arrêté d’expulsion, qui n’a toujours pas été exécuté en l’absence de garanties sur son sort en Irak, où il risque la peine de mort.Selon le site Politico, l’opération nommée « Jweb », préparée pendant cinq ans, a été coordonnée par Eurojust, une « unité européenne de coopération judiciaire contre le crime organisé ». Elle est partie d’une enquête sur Jarchive.info, un site djihadiste. Selon les enquêteurs italiens, le réseau se développait surtout « sur Internet à travers des procédures “noires”, des plates-formes peu connues que nous avons réussi à pénétrer ». Jean-Michel Bezat E.ON paye très cher la faiblesse persistante des prix de l’électricité, au plus bas depuis douze ans, et la transition énergétique (Energiewende) lancée par la chancelière Angela Merkel au début de la décennie. Le groupe d’énergie allemand a annoncé, mercredi 11 novembre, une perte de 7 milliards d’euros – la plus lourde depuis sa création en 2000 – due à 8,3 milliards de dépréciations d’actifs sur la période de juillet à septembre.Une annonce attendue qui n’a pas ébranlé l’action d’E.ON, qui a même pris près de 4 % à la Bourse de Francfort. Le groupe de Düsseldorf avait prévenu en septembre qu’il allait inscrire au bilan l’argent perdu dans ses centrales au charbon et au gaz. Les analystes s’attendent en 2015 à une perte supérieure à celle de 2014 (3,2 milliards d’euros).Grand nettoyageLe patron d’E.ON, Johannes Teyssen, n’avait pas le choix : il devait faire ce grand nettoyage avant la scission du groupe annoncée fin 2014 et effective début 2016. Le nouvel E.ON (40 000 salariés) ne se consacrera plus qu’aux activités « propres » (solaire, éolien, réseaux électriques, services d’efficacité énergétique) et à l’exploitation des réacteurs nucléaires. Tous les autres moyens de production fortement émetteurs de CO2, ses centrales au gaz et au charbon durement concurrencées par des énergies renouvelables gorgées de subventions, seront cantonnés au sein d’Uniper (20 000 personnes). L’année 2015 a été consacrée à cette restructuration et M. Teyssen estime qu’après le big bang « les employés savent où ils vont travailler ».La crise de l’énergie dure depuis plus de cinq ans en Europe, mais aucun des grands groupes du secteur n’a pris des mesures aussi radicales qu’E.ON pour s’y adapter. Il est vrai que, contrairement à EDF, Engie ou l’italien Enel, le géant allemand a subi de plein fouet la sortie du nucléaire programmée pour 2022 par Mme Merkel après la catastrophe de Fukushima. Même arrêtées, ses centrales continueront à peser sur ses comptes puisque le gouvernement l’a mis en demeure, comme les autres exploitants allemands (RWE, EnBW, Vattenfall), d’assumer les coûts de démantèlement des dix-sept réacteurs, provisionnés à hauteur de 38 milliards (16,6 milliards pour E.ON). Une provision jugée insuffisante par certains experts.Lire aussi :Les géants allemands de l’énergie en crise profondeIl faut mesurer la restructuration radicale d’E.ON à l’aune des ambitions énergétiques affichées par Berlin : 80 % d’énergies renouvelables en 2050 et une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre. L’Energiewende est « le projet d’infrastructure le plus important de l’après-guerre », souligne la Fondation Heinrich Böll, proche des écologistes. Malgré son coût exorbitant (y compris en termes de rejet de carbone à court terme), ses partisans ne doutent pas que l’Allemagne est sur la bonne voie. La purge d’E.ON est peut-être la promesse de succès futurs.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.11.2015 à 09h59 • Mis à jour le12.11.2015 à 18h33 | Jean-Pierre Stroobants (La Valette, envoyé spécial) Après avoir signé un plan, longuement négocié, avec les pays africains pour une meilleure gestion des questions migratoires, les dirigeants européens, réunis entre eux à La Valette (Malte), ont annoncé jeudi 12 novembre le lancement d’un fonds d’aide à l’Afrique doté de 1,8 milliard d’euros. Chacun des Etats membres est invité à le compléter pour doubler la mise. Pour l’heure, les promesses de contributions n’ont atteint qu’un total de quelque 78,2 millions d’euros.A l’issue de ce court sommet, François Hollande a annoncé jeudi après-midi, lors d’une conférence de presse, qu’un « Conseil européen sera organisé avec la Turquie pour prendre des engagements » et améliorer la collaboration sur la crise migratoire. « Nous avons besoin de la Turquie, elle accueille beaucoup de réfugiés », a-t-il poursuivi, en précisant que ce sommet UE-Turquie « pourrait se tenir à la fin du mois de novembre ou au début du mois de décembre ».« Faire le point sur les mesures déjà adoptées » : c’est devenu le leitmotiv des réunions européennes depuis des semaines et c’était encore le cas à Malte pour ce sommet convoqué par Donald Tusk, le président du Conseil, critiqué pour son manque d’implication sur la question au printemps.Beaucoup des « mesures adoptées » peinent à se mettre en place, tandis que la Suède a décidé mercredi de réinstaurer – en principe pour une dizaine de jours – des contrôles à ses frontières, que le Danemark annonce un nouveau renforcement de ceux-ci et que la Slovénie a dû se résoudre à installer des barbelés à ses frontières avec la Croatie, sans toutefois la fermer totalement. L’Allemagne évoque quant à elle – après la Suède – un éventuel appel à la relocalisation, dans d’autres pays européens, de milliers de réfugiés syriens installés chez elle. A La Valette, mercredi, la chancelière Angela Merkel a prôné la solidarité avec l’Afrique, mais insisté, aussi, sur la nécessaire « responsabilité » de ses interlocuteurs dans la gestion des migrants.Si le plan proposé aux pays africains suscite, à l’évidence, un certain scepticisme quant à son efficacité et au réel degré d’engagement des deux parties (les Européens tergiversent sur son financement, les Africains ont peu d’enthousiasme pour la politique de réadmission exigée d’eux), l’accord à conclure avec Ankara sème également le doute.Lire les dernières informations :L’Europe cherche à fermer la route des migrants d’Afrique et de Turquie« Trop de promesses » à AnkaraEspérant en tout cas limiter le flux ininterrompu des demandeurs d’asile passant d’Asie mineure vers les îles grecques, les Vingt-Huit tenteront de se mettre d’accord avant que certains d’entre eux rencontrent le président Recep Tayyip Erdogan lors du sommet du G20, à Antalya (Turquie), dimanche. MM. Juncker et Tusk débattront avec lui le lendemain.Le premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, devait faire le bilan, jeudi après-midi, de ses dernières entrevues avec les dirigeants turcs. Certaines capitales ne cachent par leurs critiques à l’égard de la Commission de Bruxelles, accusée de faire « trop de promesses » à Ankara. D’autres ne croient pas à la volonté d’aboutir de M. Erdogan mais s’inquiètent, en même temps, de l’avenir des plus de 2 millions de réfugiés syriens présents en Turquie.Les Européens ont proposé à M. Erdogan de relancer le processus d’adhésion à l’Union mais un rapport d’évaluation des réformes menées dans son pays s’est montré sévère, mardi, pour son manque de respect des libertés publiques et des médias, tout en s’inquiétant de la répression exercée contre la minorité kurde.Les Vingt-Huit se sont aussi mis d’accord sur une libéralisation des visas, sans cacher leur crainte que celle-ci dérive rapidement. Ils ont ensuite promis 1 milliard d’euros, puis 3 milliards, pour financer la politique d’aide de la Turquie aux réfugiés. Sans indiquer comment ce montant serait atteint.Aide bilatérale britanno-turquePour hâter le processus de négociation, Mme Merkel, appuyée par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, évoque la nécessité d’un sommet conjoint Union européenne-Turquie. Il pourrait se tenir dès le 22 novembre, à Bruxelles. « Il reste à savoir à quoi il servira », nuançait un diplomate avant la réunion, sceptique quant à la volonté d’aboutir de M. Erdogan, auquel seraient demandées des contreparties claires en échange d’une aide financière massive. Adepte du cavalier seul dans ce domaine également, le premier ministre britannique, David Cameron a, en tout cas, annoncé que son pays fournirait à Ankara une aide bilatérale de 184 millions d’euros sur deux ans.M. Juncker a, en tout cas, voulu placer les dirigeants européens devant leurs responsabilités. Il a déposé sur la table des négociations un projet visant à rassembler les 3 milliards d’euros promis à Ankara pour les années 2016 et 2017. Cinq cents millions seraient prélevés sur le budget européen pour alimenter ce « Turkey Refugee Grant Facility ». Les Etats membres fourniraient le reste de la contribution, soit 2,5 milliards d’euros. Un « quota » par pays établit la contribution de la France à 386,5 millions, celle de l’Allemagne, à 534,3 millions. « Il s’agit de donner une base légale à un accord politique de principe », explique l’entourage de M. Juncker. Sa proposition devrait, à coup sûr, susciter de nouvelles discussions entre Européens avant le sommet avec M. Erdogan.Occultées par l’enjeu turc, les divergences entre Européens figuraient d’ailleurs aussi au menu des débats de jeudi. Le plan de relocalisation des 160 000 réfugiés piétine, alors que 800 000 demandeurs d’asile sont arrivés en Europe depuis le 1er janvier, selon les derniers chiffres de l’Office international des migrations. Moins de 100 000 places ont été offertes par les Etats membres et quelques dizaines de personnes seulement ont, jusqu’ici, été effectivement réinstallées.Martin Schulz, le président du Parlement européen, a souligné devant les chefs d’Etat que les promesses de renforcer les effectifs de Frontex et du Bureau d’asile européen n’ont été qu’à moitié respectées. Par ailleurs, a-t-il ajouté, si les premiers vols acheminant des réfugiés vers leur pays de relocalisation ne sont pas rapidement suivis « de dizaines d’autres dans les prochains jours » la situation deviendra ingérable.Le nombre croissant de réfugiés, en Suède et en Allemagne notamment, ainsi que le rétablissement des frontières, posent une autre question, en filigrane de toutes les discussions actuelles : celle de l’avenir de l’espace européen sans passeport de Schengen. « Nous ne pourrons pas tarder à l’évoquer », commentait, mercredi soir, un ministre.Le lendemain M. Tusk renchérissait : « Pour sauver Schengen, une course contre la montre est engagée et nous sommes déterminés à la gagner. Cela veut dire qu’il faut renforcer les contrôles aux frontières extérieures, coopérer avec les pays d’origine et de transit, réinstaller les réfugiés. Et faire le tout en même temps ».La Commission doit, en tout cas, reformuler sa proposition de création d’un corps de garde-frontières et garde-côtes. Ce dossier-là aussi traîne, comme s’il n’était pas vraiment prioritaire.Lire aussi la tribune :Migrations : un cadre juridique à revoirJean-Pierre Stroobants (La Valette, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Ridet (Rome, correspondant) Un fond noir, une goutte de sang qui perle et ce titre : « Je suis Paris ». La « une » du quotidien Il Tempo, samedi 14 novembre, donne le « la » à toute la presse qui se partage entre la stupeur, le chagrin et la colère comme en atteste le titre de Libero : « Salauds d’islamistes ». Le quotidien évoque, dans un article de première page, une attaque « au cœur du modèle multiculturel français ». « Depuis cette nuit, écrit Massimo Nava du Corriere della Sera, nous savons ce qu’est une guerre au cœur d’une grande ville. Depuis cette nuit, on sait qu’on peut mourir à Paris, comme à Bagdad, Beyrouth ou Tripoli. L’Europe revit en direct la tragédie du 11-Septembre. »« La liberté est plus forte que la barbarie »« La France est encore une fois sous les tirs du djihad, analyse, Renzo Guolo, pour La Repubblica. Mais, cette fois, il ne s’agit pas de la rédaction d’un journal ou d’un supermarché casher, symbole de l’hostilité des islamistes radicaux, mais de bars, de salles de concert, des considérés par les fanatiques comme des lieux de perdition. » « L’Europe est le nouveau front de la guerre en Syrie », commente Maurizio Molinari pour La Stampa.Suivez notre live sur la situation à ParisDans une intervention solennelle samedi matin prononcée dans l’enceinte du Palais Chigi, le président du conseil, Matteo Renzi, a annoncé qu’une réunion d’urgence aurait lieu en fin de matinée au siège du ministère de l’intérieur afin de relever le niveau d’alerte et de sécurité. « Les terroristes ont touché la France, mais également l’Europe en plein cœur », a-t-il dit. Il a également assuré que, « comme tous les Italiens, je suis sûr que les terroristes ne gagneront jamais. La liberté est plus forte que la barbarie ». Cette bataille, a-t-il prévenu, « durera des mois, voire des années ».L’Italie, cible du djihad ? En début de semaine, deux événements se sont déroulés qui accréditent cette hypothèse. Un juif orthodoxe a été poignardé au visage par un inconnu dans une rue de Milan. La police italienne a procédé à l’arrestation de membres, résidant dans la Péninsule, d’un groupe d’islamistes radicaux dirigés depuis la Norvège. La proximité du début de l’année sainte (à partir du 8 décembre) met en alerte les services italiens. Plusieurs millions de pèlerins sont attendus dans les rues de Rome à cette occasion.Nos articles sur les attaques de Paris :Suivez notre live sur la situation à ParisLire aussi :Attaques à Paris : ce que l’on saitLire aussi :Attaques à Paris : « J’ai senti comme un pétard qui explosait dans mon bras »Lire aussi :Attaques à Paris : les questions que vous nous posezLire aussi :Attaques à Paris : « On pensait que c’étaient des pétards. C’étaient des scènes de guerre »Lire aussi :Rue de la Fontaine-au-Roi : « Ça tirait de partout. On s’est mis à quatre pattes dans le restaurant »Lire aussi :« J’ai marché sur des corps, il y avait du sang. Dans la rue, il y avait des morts »Lire aussi :Au Stade de France : « On entend des cris, des cris de terreur »Lire aussi :Fusillade au Bataclan : « Le but, c’était d’attendre et de faire le mort »Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Charrel C’est moins que ce que les économistes espéraient, mais ce n’est pas non plus une catastrophe. Au troisième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a progressé de 0,3 %, contre 0,4 % sur les trois précédents mois. Par rapport au troisième trimestre 2014, la hausse est de 1,6 % en rythme annuel. « La reprise se poursuit mais sans ampleur », résume Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel BGC. « Comme souvent dans l’union monétaire, on peut voir la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine, ajoute Maxime Sbaihi, économiste à Bloomberg. « Les optimistes diront que la croissance européenne tient bon malgré le ralentissement chinois, tandis que les pessimistes la jugeront décevante. »La consommation résiste en France, Italie, Espagne et AllemagneSi la croissance allemande a un peu ralenti (0,3 %, après 0,4 % au deuxième trimestre), la France, elle, a plutôt rassuré (0,3 % après 0 %). A première vue, le PIB italien, en hausse de 0,2 % seulement, est quant à lui plutôt décevant. « Il confirme néanmoins que le pays est enfin sorti de trois longues années de récession », nuance Philippe Waechter, chef économiste chez Natixis AM.Lire aussi :La croissance allemande ralentit, pénalisée par le commerce extérieurUne fois de plus, l’Espagne surpasse ses voisins, avec une croissance en hausse de 0,8 %. Un dynamisme qui tient en partie à un effet de rattrapage, après la profonde récession enregistrée par le pays (– 3,6 % en 2009). De fait, Madrid doit encore créer 3 millions d’emplois pour rattraper le niveau d’avant-crise. « Pour l’instant, les postes créés sont surtout des contrats précaires », détaille Denis Ferrand, directeur général de l’institut de conjoncture Coe-Rexecode.Lire aussi :La consommation intérieure tire la croissance espagnoleEn moyenne, les quatre principales économies de la zone euro affichent donc une croissance qui se raffermit, même si elle reste très poussive. « Il est délicat d’en dire plus, car les composantes détaillées des PIB ne sont pas encore disponibles, sauf pour la France », indique Luc Meier, chez Oxford Economics. Les derniers indicateurs de conjoncture laissent néanmoins penser que la consommation des ménages, soutenue par l’inflation faible, a bien résisté. Et a en partie compensé la baisse des échanges avec les pays émergents, dont la croissance ralentit. « La demande domestique tient bon dans ces pays, c’est encourageant, analyse M. Sbaihi. Mais la croissance devra trouver d’autres relais en 2016. » L’investissement des entreprises repartira-t-il enfin ? Rien n’est moins sûr, tant il reste fragile en France (+ 0,7 % au troisième trimestre), Italie et Allemagne.Lire aussi :Pourquoi la croissance française reste (malgré tout) poussiveInquiétudes sur le Portugal, la Grèce, la Finlande et les Pays-BasQuatre pays inquiètent particulièrement les économistes. La Grèce, d’abord. Au troisième trimestre, le PIB hellène a en effet reculé de 0,5 %, alors qu’il s’était maintenu à 0,4 % au deuxième trimestre. En cause ? La mise en place du contrôle des capitaux cet été, qui a particulièrement pénalisé le secteur bancaire et les PME grecques, déjà mal au point. Mais le tourisme, lui, a bien résisté. « Sans cela, les chiffres auraient pu être bien pires », estime Platon Monokroussos, chef économiste d’Eurobank, à Athènes.Lire aussi :L’économie grecque se contracte de nouveauAutre maillon faible : le Portugal, qui affiche une croissance nulle au troisième trimestre. Jusqu’à cet été, Lisbonne était pourtant présentée comme le bon élève de l’austérité, appliquant les réformes exigées par ses partenaires européens sans rechigner. Mais le vote, le 10 novembre, d’une motion de censure du Parlement contre le gouvernement de centre-droit, laisse aujourd’hui craindre que le pays entre dans une phase d’instabilité politique comparable à celle traversée par la Grèce ces derniers mois. « Malgré les efforts fournis, le Portugal n’a pas réussi à relancer franchement sa croissance », se désole M. Mourier.Au nord de l’Europe, la Finlande est elle aussi en mauvaise passe. Son PIB, qui avait péniblement progressé de 0,2 % au deuxième trimestre, a replongé de 0,6 % au troisième. Motif : la proximité commerciale du pays avec la Russie, qui a enregistré une récession de 4,1 % sur un an au troisième trimestre. Mais aussi, les déboires de ses deux industries phares, l’électronique et la filière bois.De même, les Pays-Bas déçoivent, avec une croissance de 0,1 % seulement au deuxième comme au troisième trimestre. « Là encore, il est délicat de poser un diagnostic avant de connaître les composantes détaillées de la croissance, mais il est probable que la Hollande soit elle aussi pénalisée par le ralentissement des pays émergents et du commerce mondial », avance Ludovic Subran, chef économiste d’Euler Hermes.La Banque centrale européenne (BCE) devrait prendre de nouvelles mesuresCette reprise fébrile relance, sans surprise, les spéculations sur d’éventuelles mesures d’assouplissement monétaire de la BCE. D’autant que l’inflation, qui est ressortie à 0 % dans l’union monétaire au mois d’octobre, est encore loin de la cible de 2 % de l’institut de Francfort. « Tout cela devrait l’inciter à en faire plus pour soutenir l’activité et tenter de relancer l’investissement des entreprises », juge M. Subran.Selon lui, la BCE pourrait décider, en décembre, d’augmenter de 60 milliards à 80 milliards d’euros mensuels le volume de ses rachats de dettes publiques et privées. Elle pourrait également baisser encore son taux de dépôts, de – 0,2 % à – 0,3 %. Une mesure de nature à tirer l’euro vers le bas face aux autres devises. Et donc, à soutenir les exportations européennes. Cela suffira-t-il ? C’est toute la question. Car certaines faiblesses de l’économie européenne, comme le niveau élevé de l’endettement et du chômage, ne pourront pas être réglées par la seule politique monétaire, aussi généreuse soit-elle…Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter service international Barack Obama a été le premier chef d’Etat à réagir aux attaques du 13 novembre, avant même François Hollande. Visage fermé, le président américain a pris la parole depuis la Maison Blanche alors que les attaques n’étaient pas encore finies vendredi soir. Ces attentats « ne sont pas seulement une attaque contre Paris » mais « une attaque contre toute l’humanité et nos valeurs universelles », a déclaré M. Obama dans une allocution solennelle. En français dans le texte, le chef de l’Etat américain a cité la devise « Liberté, égalité, fraternité » pour rappeler qu’elles ne sont « pas seulement des valeurs françaises mais des valeurs que nous partageons tous ».A l’unisson du président américain, les réactions de toute la planète ont afflué dans la nuit. Angela Merkel, la chancelière allemande, qui avait défilé à quelques centaines de mètres du Bataclan lors de la manifestation du 11 janvier contre les attentats de Charlie Hebdo, s’est dite « bouleversée ». « Choqué » également, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, qui avait lui aussi fait partie de ce cortège.« La France est en première ligne dans la lutte contre le terrorisme. Mais elle n’est pas seule. Ce combat est le combat de tous les Européens, et de tous les peuples du monde libre », a défendu le président du Conseil européen, Donald Tusk.David Cameron, le premier ministre britannique, a promis de faire « tout ce que nous pouvons pour venir en aide ». Et l’Italie est « ensemble avec ses frères français » après « l’atroce attaque contre Paris et contre l’Europe », a déclaré le premier ministre Matteo Renzi sur Twitter. En Espagne, Mariano Rajoy a parlé au téléphone avec Manuel Valls et « lui a exprimé sa consternation pour les terribles attentats et la solidarité du peuple espagnol ». Le Vatican a dénoncé « une violence terroriste folle ». « Nous condamnons [ces attentats] de la manière la plus ferme, ensemble avec le pape et avec tous ceux qui aiment la paix », a déclaré le porte-parole du Vatican.« Consensus de la communauté internationale contre le terrorisme »A Moscou, le Kremlin a publié un communiqué pour assurer que « la Russie condamne ce massacre inhumain et se tient prête à fournir son entière assistance pour enquêter sur ces crimes terroristes ». Le président Vladimir Poutine est intervenu fin septembre en Syrie pour lutter contre le terrorisme, mais sous les critiques des Occidentaux qui l’accusent de viser en priorité les rebelles modérés, plutôt que l’Etat islamique (EI). Même message de solidarité depuis la Turquie, où le président Recep Tayyip Erdogan a fait part à la télévision de « ses condoléances les plus profondes » en demandant un « consensus de la communauté internationale contre le terrorisme ». Le président turcfait lui aussi l’objet de critiques car il utilise la lutte contre l’EI pour attaquer le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).« Israël se tient aux côtés du président François Hollande et du peuple français dans la guerre commune contre le terrorisme », a déclaré de son côté le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou. Selon la chaîne Channel 2, le gouvernement a demandé à Paris de renforcer encore davantage la sécurité autour des institutions et des bâtiments de la communauté juive. Le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, a présenté ses condoléances et appelé à combattre « le fléau du terrorisme, qui a pour but de déstabiliser la sécurité et la stabilité dans différentes parties du monde, sans distinction ».Pour le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, il s’agit « d’attaques terroristes méprisables ». Au Maroc, frappé en 2003 et en 2011 par des attentats, le roi Mohammed VI a adressé un message de condoléances au président français exprimant « une vive émotion et une profonde tristesse » face à ces « odieuses attaques ».En Asie, la présidente de la Corée du Sud a présenté ses « condoléances » à la France. « Le terrorisme est un crime contre l’humanité. Il est injustifiable et intolérable », a-t-elle expliqué. « Quelle que soit la raison des attentats, ils restent impardonnables et hautement condamnables », a abondé le ministre japonais des affaires étrangères. La Chine s’est déclarée « profondément choquée » et a fait savoir qu’elle « condamne vigoureusement ces attaques terroristes » par l’intermédiaire du ministère chinois des affaires étrangères. Les réactions de solidarité sont également venues du Brésil, de Cuba, de Belgique, des Pays-Bas ou du Canada. De leur côté, les Philippines ont assuré samedi qu’elles garantiraient « une sécurité renforcée » aux leaders mondiaux attendus au Forum de coopération économique pour l’Asie-Pacifique (Apec) à Manille. Barack Obama doit se rendre au sommet prévu dans la capitale philippine les 18 et 19 novembre, aux côtés des responsables chinois, japonais, australien, canadien et de 15 autres chefs d’Etat.Minutes de silenceAu-delà des chefs d’Etat et de gouvernement, les attaques ont suscité des réactions de solidarité spontanées un peu partout sur la planète. Aux Etats-Unis, le One World Trade Center de New York et le City Hall de San Francisco se sont parés de tricolore en hommage à la tragédie. Des minutes de silence ont été observées avant les matchs de basket de NBA. Et les principaux candidats aux investitures démocrate et républicaine pour la présidentielle de 2016, Hillary Clinton, Bernie Sanders, Donald Trump, Ben Carson, Jeb Bush, Marco Rubio et Ted Cruz, ont assuré « se recueillir » ou « prier » pour les victimes.A Berlin, des Allemands et des Français sont venus spontanément déposer des bougies devant l’ambassade de France. Même réaction spontanée à New York sur l’Union Square, où des dizaines de Français se sont rassemblés. A Barcelone, une minute de silence devait être organisée samedi midi.service internationalJournaliste au Monde Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Le revirement d’Angela Merkel est un coup de tonnerre. Il montre que la politique européenne d’asile est menacée d’implosion et que l’espace sans passeport de Schengen pourrait, lui aussi, être fondamentalement remis en question. La chancelière allemande a finalement défendu, vendredi 13 novembre, la décision de son ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, d’appliquer à nouveau les règles européennes dites de Dublin, qui obligent les migrants à déposer leur demande d’asile dans leur pays d’arrivée dans l’Union. Angela Merkel a eu beau affirmer vendredi dans un entretien à la chaîne ZDF « la chancelière a la situation en mains. Tout le gouvernement également », sa décision apparaît comme un aveu de faiblesse alors qu’elle est vivement contestée dans son propre parti.L’Allemagne a annoncé, en parallèle, la prolongation pour trois mois des contrôles à ses frontières – que M. de Maizière avait décidée seul fin octobre, sans en avertir Mme Merkel et le secrétaire général de la chancellerie, Peter Altmaier, pourtant chargé de superviser la crise des réfugiés. Alors qu’Angela Merkel répète depuis des semaines que les accords de Dublin sont « obsolètes » et que l’Allemagne n’exige plus le retour des réfugiés dans le pays où ils ont été enregistrés, la chancelière a fini par donner raison à son ministre de l’intérieur. La nouvelle a été confirmée mardi 10 novembre et Angela Merkel l’a approuvée, a posteriori, vendredi 13.Lire aussi :Crise des réfugiés : Merkel de plus en plus contestée par les siens« Partager le fardeau »La démarche de Thomas de Maizière s’explique notamment par des tensions politiques internes, alors qu’Angela Merkel avait dessaisi fin octobre le ministère de l’intérieur – peu favorable face à la générosité d’Angela Merkel sur le sujet – d’une partie de ses prérogatives dans ce dossier en centralisant la stratégie à la chancellerie. Vendredi 13 novembre, Angela Merkel a validé la stratégie de son ministre en donnant une autre explication. Sa « plus grande déception », ces dernières semaines, est la difficulté à répartir les réfugiés entre les pays européens, a-t-elle dit dans l’entretien.Respecter à nouveau les accords de Dublin revient à reporter une grande partie de la charge sur les pays à la périphérie de l’Union et donc à fortement inciter les pays européens à accepter de répartir les réfugiés de façon plus équitable. Berlin veut « élaborer une clé de répartition aussi juste que possible en Europe », avait-elle précisé lors d’une conférence de presse, vendredi. « Nous devons partager le fardeau équitablement, c’est évident », a encore commenté Mme Merkel, confirmant la colère de son gouvernement contre l’inaction de beaucoup de ses partenaires et le refus de l’Allemagne de continuer à accueillir des milliers de réfugiés supplémentaires.L’annonce du renvoi de réfugiés dans d’autres pays a également comme objectif de montrer aux Allemands que le pays n’est pas « submergé » par les réfugiés, comme l’a laissé entendre Wolfgang Schäuble, le ministre des finances qui a parlé d’« avalanche ». Un terme qu’Angela Merkel refuse de prendre à son compte. Selon un sondage paru vendredi 13 novembre, 52 % des Allemands ne sont pas satisfaits de la politique d’Angela Merkel à l’égard des réfugiés, 43 % l’approuvent.Lire aussi :L’Allemagne suspend le renvoi des réfugiés syriens vers leur pays d’entrée dans l’UELa décision allemande va incontestablement peser sur la situation des demandeurs d’asile et sur certains pays de transit et d’arrivée de ceux-ci. Dès vendredi, la Croatie a demandé, par la voix de son ministre de l’intérieur, Ranko Ostojic, une réunion d’urgence de ses homologues de l’Union. Du côté allemand, Thomas de Maizière a en effet évoqué le renvoi de réfugiés vers la Croatie (non-membre de l’espace Schengen) et la Slovénie. Selon le ministre croate, les demandeurs d’asile doivent plutôt être, pour la plupart d’entre eux, renvoyés en Grèce, et non vers son pays.Problème : la Cour européenne de justice estime, dans sa jurisprudence récente, que le traitement des demandeurs d’asile en Grèce et en Hongrie n’était pas conforme aux règles de la dignité humaine. « Je ne souhaite pas que la Croatie soit étiquetée comme inhumaine mais elle ne peut être punie pour avoir effectué sa part de travail avec humanité et professionnalisme », a déclaré M. Ostojic. La crise des réfugiés a atteint son pays en septembre, lorsque la Hongrie de Viktor Orban a fermé sa frontière avec la Serbie et érigé des barrières sur celle qui la sépare de la Croatie. Quelque 370 000 réfugiés sont, depuis, arrivés dans ce pays. La Croatie s’en prend aussi à sa voisine, la Slovénie – membre de l’espace Schengen –, qui a érigé cette semaine une barrière de barbelés sur une partie de sa frontière. Le tout alors que la Suède a officiellement averti la Commission de Bruxelles qu’elle instaurait à son tour des contrôles à ses frontières, tandis que le Danemark va, lui, les renforcer…Lire aussi :Les conditions de vie indignes des réfugiés en SlovénieLes accords de Schengen fragilisésManifestement dépassée par les événements, la Commission voit voler en éclats ses espoirs d’une atténuation de la crise et d’une répartition équitable des réfugiés. Elle craint désormais que les accords de Schengen, piliers de la construction européenne et symboles de la liberté de mouvement, soient détricotés.La décision allemande de prolonger et durcir les contrôles à ses frontières est toutefois peu surprenante : M. de Maizière avait, dès octobre, prévenu la Commission qu’il userait de cette procédure si les flux migratoires vers son pays ne se réduisaient pas. Berlin, qui devrait accueillir un million de demandeurs d’asile cette année, s’appuie désormais sur une procédure d’exception incluse dans le « code Schengen ». Elle permet la mise entre parenthèses des règles de libre circulation pour une période pouvant aller jusqu’à deux ans. Elle va concentrer ses contrôles à la frontière autrichienne, par laquelle transite l’essentiel des migrants après leur traversée des Balkans.Lire aussi :Le scepticisme croissant des Allemands sur l’accueil des réfugiésVendredi, l’Autriche a annoncé l’installation d’un grillage de près de 4 km de long et 2,2 mètres de hauteur à sa frontière avec la Slovénie. Une autre première qui concerne, cette fois, deux Etats d’un espace Schengen plus que jamais sous pression.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gaëlle Picut Le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) a publié, lundi 9 novembre, un rapport consacré aux réformes du marché du travail dans dix pays européens depuis 2008. Il met en avant le fait que la crise a exacerbé les déséquilibres du marché du travail existants, mais « a pu aussi cristalliser un certain nombre de défis communs auxquels sont confrontés aujourd’hui l’ensemble des pays européens ». Les deux principaux enjeux communs concernent l’éloignement d’une partie grandissante des jeunes du marché de l’emploi et l’augmentation du chômage de longue durée.Le taux de chômage des jeunes au sein de l’Union européenne est ainsi passé de 15,5 % en 2007 à 22,2 % en 2014, soit une hausse de 6,7 points en sept ans. En Italie et au Portugal, la situation est encore plus préoccupante puisque les taux atteignent respectivement 42,7 % et 34,8 %.« Dernier arrivé, dernier parti »Les jeunes ont souvent servis de variable d’ajustement et ont été victimes de la logique « dernier arrivé, premier parti », sans oublier la faiblesse des embauches. Par ailleurs, la crise immobilière a provoqué un effondrement du secteur du BTP qui recrute habituellement beaucoup de jeunes parmi les moins qualifiés. Par exemple, en Espagne, le secteur de la construction représentait 12,7 % des emplois fin 2007 pour 5,3 % début 2014. Autre élément préoccupant, le taux de jeunes ne travaillant pas et ne suivant ni études ni formation a augmenté entre 2007 et 2014, passant de 14,4 % à 16,6 % (avec un pic à 17,7 % en 2013).Quant au chômage de longue durée, il prend des proportions importantes dans plusieurs pays européens. En Espagne, il est passé de 20,4 % en 2007 à 52,8 % en 2014 ; en Irlande, de 30 % à 59,2 % sur la même période. Et il augmente même en Suède de 8 points, et passe de 13 à 21% entre 2008 et 2010. Cette évolution pèse immanquablement sur l’employabilité des demandeurs d’emploi. A ces deux tendances lourdes s’ajoutent des déséquilibres plus ou moins développés selon les pays. C’est le cas du temps partiel subi qui augmente de façon significative dans certains pays. Ainsi en Italie, fin 2014, 63,4 % des salariés en situation de temps partiel déclaraient vouloir travailler davantage (sachant que la part de salariés en situation de temps partiel entre 2007 et 2014 est passée de 13,4 % à 18,1 %).Autre tendance : le taux de transition à trois ans d’un contrat temporaire vers un contrat indéterminé a fortement chuté dans la plupart des dix pays européens étudiés. Parallèlement, la diversification des formes de travail atypiques s’est maintenue, soit sous forme d’emplois salariés (mini-jobs en Allemagne, contrat zéro heures en Grande-Bretagne) soit sous forme de travail indépendant non salarié (recibo verdes au Portugal ou para subordini en Italie).Or ces formes de travail sont « préoccupantes », selon le COE, car elles n’accordent souvent que des droits sociaux restreints et peuvent alimenter le risque de pauvreté, même si « les systèmes de redistribution et de solidarité informels peuvent plus ou moins atténuer cette appauvrissement » précise le rapport.L’emploi informel renforcéPar ailleurs, la crise a renforcé l’emploi informel. Le rapport du COE ne s’étend pas longuement sur ce phénomène. Il rappelle toutefois que « les conséquences sont lourdes : préjudices pour les droits des travailleurs, distorsion de concurrence entre employeurs, phénomène d’évasion fiscale et sociale, affaiblissement de la soutenabilité des finances sociales ».Le COE rappelle que si certains pays (Royaume-Uni, Allemagne Suède) ont retrouvé leur taux d’emploi d’avant la crise, d’autres restent dans une situation durablement dégradée (Italie, Espagne, Portugal). Enfin dans une situation intermédiaire, qui se rapproche du niveau d’emploi d’avant-crise sans encore l’atteindre, se retrouvent le Danemark, les Pays-Bas, l’Autriche et l’Irlande.Gaëlle PicutJournaliste au Monde Jacques Follorou La démocratie allemande pourrait-elle servir d’exemple au Parlement français en matière de contrôle des services secrets ? Le travail des différentes instances parlementaires du Bundestag sur les services de renseignements allemands (BND) vient de donner lieu à de nouvelles révélations sur les dérives en matière d’espionnage. Mercredi 11 novembre, la station de radio allemande RBB (Radio Berlin Brandebourg) indiquait que le BND avait surveillé le diplomate allemand Hansjörg Haber alors que la Constitution allemande interdit l’espionnage des citoyens allemands.Cette radio précisait également que Laurent Fabius, ministre français des affaires étrangères, et des membres de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), du FBI américain et de sociétés aux Etats-Unis, figuraient également parmi les cibles. Jeudi, à Malte, en marge d’un sommet sur les migrations, François Hollande a demandé « que toutes les informations soient communiquées, parce qu’on ne peut pas comprendre qu’il puisse y avoir ce type de pratiques entre alliés ». Avant d’ajouter : « Je sais que la chancelière [Angela Merkel] fera tout pour nous dire exactement les circonstances qui ont été celles [qui ont conduit à] écouter un ministre de la République française. »La RBB ne fournit aucune indication sur l’origine de ses sources. En guise de détails, la radio berlinoise se contente d’évoquer une liste de 900 pages de « sélecteurs » (numéros de téléphone, courriels, adresses IP) utilisés par le BND et à laquelle ont eu accès des députés allemands, membres de la commission d’enquête chargée de faire la lumière sur les opérations de surveillance.« La question qui se pose, c’est de savoir si ces agissements ont été le fait des seuls Allemands ou pour le compte d’un service tiers, à savoir la NSA »Selon un membre du Bundestag travaillant sur les questions de renseignement, joint par Le Monde, ces nouveaux éléments seraient extraits de documents recueillis par la commission d’enquête parlementaire créée après les révélations de l’ex-consultant de l’Agence nationale de la sécurité américaine (NSA), Edward Snowden. Ces informations seraient également entre les mains de la délégation parlementaire au renseignement du Bundestag, chargée de suivre le fonctionnement des services secrets et qui devait se réunir vendredi.Au printemps, la presse allemande s’était déjà fait l’écho d’écoutes pratiquées par le BND de pays alliés, dont la France, sans l’aval du gouvernement. Paris était resté discret. Mais Bernard Bajolet, à la tête de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), s’était rendu à Berlin pour obtenir des explications auprès de son homologue du BND. Selon nos informations, il avait troqué le silence officiel contre l’obtention d’informations, portant notamment sur les dessous de la coopération entre le BND et la NSA.« La question qui se pose, relève un responsable de la communauté française du renseignement interrogé par Le Monde, c’est de savoir si ces agissements ont été le fait des seuls Allemands ou pour le compte d’un service tiers, à savoir la NSA. » En effet, des documents, également exhumés par la commission d’enquête parlementaire créée sur les activités de la NSA, et auxquels Le Monde a eu accès, ont montré, en juin, que le BND avait agi pour le compte de la NSA et espionné, notamment, la France, au moins de 2005 à 2008, par l’intermédiaire du groupe de télécommunications Deutsche Telekom.« Rien d’illégal »Les autorités allemandes, accusées de complicité d’espionnage avec la NSA, entre 2005 et 2015, des intérêts économiques et politiques européens, avaient affirmé qu’il était impossible de connaître l’identité des cibles visées. Ces documents de Deutsche Telekom, détenus par la commission d’enquête parlementaire allemande sur les activités de la NSA et révélés par le député Vert autrichien Peter Pilz, attestaient, au contraire, que les grands opérateurs nationaux de télécom européens disposaient des moyens d’identifier les personnes ou entreprises espionnées.A partir de 2005, l’ensemble du trafic intercepté a été renvoyé vers le centre d’interceptions, installé en Bavière, à Bad Aibling. Sur cette base, les opérateurs allemands travaillent aux côtés d’employés de la NSA dans le cadre du JSA (Joint Signal Activity). Interrogé par la commission d’enquête du Bundestag, le directeur du BND, Gerhard Schindler, a indiqué, le 21 mai, qu’il n’y avait rien d’illégal à cela tant que cette collecte ne concernait pas des intérêts allemands.Jacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.11.2015 à 15h54 • Mis à jour le13.11.2015 à 17h30 | Laure Belot C’est en Suisse que le chercheur Charles Heller entend parler pour la première fois de l’expérience africaine Ushahidi. Nous sommes en 2011 et sur la scène d’un colloque humanitaire, ce spécialiste des migrations découvre la carte de Nairobi qui a permis aux habitants de la capitale kényane de pointer, en ligne et en urgence, les rues à éviter lors des émeutes postélectorales de 2007. Charles Heller voit, dans cette approche cartographique, une piste pour alerter sur la détresse des migrants.Quatre ans plus tard, Watchthemed est pleinement opérationnel. Dès la page d’accueil, une carte de la Méditerranée permet, d’un coup d’œil, d’identifier les multiples lieux où des bateaux en difficulté ont été localisés : des couleurs différencient les situations de détresse, les interceptions de bateaux, les disparitions de migrants constatées. Au bas de l’écran, des rapports saisissants décrivent ces moments d’urgence qui ne cessent de se multiplier et font actuellement la « une » des médias. Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosC’est à l’aide d’une centaine de bénévoles situés dans 10 pays que ce suivi des eaux méditerranéennes est devenu possible. « Ces volontaires se relaient vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, pour répondre à un numéro d’urgence affiché sur la plate-forme », explique le chercheur qui a lancé ce projet avec son collègue Lorenzo Pezzani rencontré à l’université londonienne Goldsmiths. « Les migrants, sur les bateaux, sont habituellement équipés d’un téléphone portable inclus dans le “kit” qui leur a été vendu par le passeur. » Pendant des années, « c’est le numéro privé d’un prêtre d’origine érythréenne, le père Mussie Zeraï, que les réfugiés se passaient de bouche à oreilles », poursuit Charles Heller. « Cet homme devait gérer seul ces appels à l’aide. Nous sommes proches de lui et notre plateau téléphonique permet désormais de mutualiser les efforts et de le soulager. Parfois, nous recevons jusqu’à une dizaine d’appels dans la journée. » Concrètement, chaque bénévole a été formé pour aider le migrant à trouver la boussole incluse dans son téléphone. La position géographique obtenue est alors transmise aux autorités dont dépend la zone maritime concernée afin que les secours s’organisent. Le bénévole se charge, ensuite, d’écrire le récit de l’appel et de l’éventuel sauvetage afin de le publier en ligne : ainsi, le 5 novembre, onze différentes alertes de détresse provenant de la zone de la mer Egée, près des îles grecques de Samos, Cos, Lesbos et Ro. Ou encore le 6, celui d’un bateau avec 50 occupants se dirigeant vers les Canaries.Un outil de lobbying humanitaireCe dispositif est-t-il efficace ? « Le numéro d’urgence est devenu une alarme incontournable. Les gardes-côtes prennent très au sérieux nos appels mais il y a parfois des tensions », reconnaît le chercheur. « Pour un bateau trop proche de la Libye, nous avons un jour essuyé un refus d’intervention des gardes-côtes italiens, qui renvoyaient sur leurs homologues libyens, qui nous le savons, n’interviennent pas. » Finalement, après négociation, les secours italiens se sont organisés.Lire aussi :Migrants : record mensuel de 218 000 arrivées via la Méditerranée en octobreL’objet de cette démarche n’est pas uniquement de visualiser les cas d’urgence, insiste Charles Heller, « il s’agit aussi de donner un outil de travail aux chercheurs et aux associations ». La plate-forme, conçue comme un outil de lobbying humanitaire, associe plusieurs associations telles que Welcome to Europe, Forschungsgesellschaft Flucht & Migration, et le réseau Boats4People. « Nous récoltons des informations précises afin d’interpeller juridiquement les autorités qui laissent ces situations se développer. » Il s’agit, poursuit le chercheur « de les mettre face à leurs responsabilités alors que les morts se multiplient aux frontières maritimes de l’Union européenne ». Episodes de la sérieLire aussi :Ushahidi, une technologie africaine qui a conquis la planèteLire aussi :Une carte pour recenser les violences civiles au BurundiLire aussi :L’invention kényane qui a aidé les secours après le séisme au Népal A paraître :vendredi 13 novembre : lutter contre la violence faite aux femmes en Inde ;lundi 16 novembre : surveiller l’élection présidentielle au Kenya, en Tanzanie et en Zambie ;mardi 17 novembre : lutter contre la fraude électorale en Colombie ;mercredi 18 novembre : porter la voix des habitants d’un bidonville au Kenya ;jeudi 19 novembre : endiguer la violence électorale au Nigeria ;vendredi 20 novembre : améliorer la vie urbaine en Irlande ;lundi 23 novembre : imaginer la ville du futur partout dans le monde.Laure BelotJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.11.2015 à 12h43 • Mis à jour le12.11.2015 à 13h02 La police italienne a annoncé, jeudi 12 novembre, une opération contre un réseau djihadiste établi dans plusieurs pays européens et qui prévoyait de recruter des aspirants djihadistes pour les envoyer à l’étranger, de commettre des attentats, y compris des attentats-suicides, pour essayer de faire libérer son chef, un prédicateur fondamentaliste irakien détenu en Norvège. Le commandant Giovanni Governale, un des responsables de l’enquête, a déclaré :« L’importance de cette opération est d’avoir démantelé une cellule intégrée qui comprenait, outre l’Italie, le Royaume-Uni, la Norvège, la Finlande, la Suisse et l’Allemagne. »Les mandats d’arrêt concernent dix-sept personnes, seize Kurdes et un Kosovar. Six membres du réseau ont été arrêtés en Italie, quatre au Royaume-Uni, trois en Norvège, tandis que plusieurs sont partis se battre en Irak et en Syrie, selon les enquêteurs.Ce groupe était dirigé par Najmuddin Ahmad Faraj, dit « mollah Krekar », qui avait déjà cofondé un groupe islamiste nommé Ansar al-Islam, qu’il dit ne plus contrôler. L’homme figure sur la liste des personnes et organisations terroristes des Etats-Unis et de l’ONU.En Norvège, Najmuddin Ahmad Faraj a été condamné à de nombreuses reprises pour appel au meurtre, et récemment à dix-huit mois de prison pour avoir applaudi publiquement les assassinats des journalistes et collaborateurs de Charlie Hebdo. Il reste sous le coup d’un arrêté d’expulsion, qui n’a toujours pas été exécuté en l’absence de garanties sur son sort en Irak, où il risque la peine de mort.Selon le site Politico, l’opération nommée « Jweb », préparée pendant cinq ans, a été coordonnée par Eurojust, une « unité européenne de coopération judiciaire contre le crime organisé ». Elle est partie d’une enquête sur Jarchive.info, un site djihadiste. Selon les enquêteurs italiens, le réseau se développait surtout « sur Internet à travers des procédures “noires”, des plates-formes peu connues que nous avons réussi à pénétrer ». Jean-Michel Bezat E.ON paye très cher la faiblesse persistante des prix de l’électricité, au plus bas depuis douze ans, et la transition énergétique (Energiewende) lancée par la chancelière Angela Merkel au début de la décennie. Le groupe d’énergie allemand a annoncé, mercredi 11 novembre, une perte de 7 milliards d’euros – la plus lourde depuis sa création en 2000 – due à 8,3 milliards de dépréciations d’actifs sur la période de juillet à septembre.Une annonce attendue qui n’a pas ébranlé l’action d’E.ON, qui a même pris près de 4 % à la Bourse de Francfort. Le groupe de Düsseldorf avait prévenu en septembre qu’il allait inscrire au bilan l’argent perdu dans ses centrales au charbon et au gaz. Les analystes s’attendent en 2015 à une perte supérieure à celle de 2014 (3,2 milliards d’euros).Grand nettoyageLe patron d’E.ON, Johannes Teyssen, n’avait pas le choix : il devait faire ce grand nettoyage avant la scission du groupe annoncée fin 2014 et effective début 2016. Le nouvel E.ON (40 000 salariés) ne se consacrera plus qu’aux activités « propres » (solaire, éolien, réseaux électriques, services d’efficacité énergétique) et à l’exploitation des réacteurs nucléaires. Tous les autres moyens de production fortement émetteurs de CO2, ses centrales au gaz et au charbon durement concurrencées par des énergies renouvelables gorgées de subventions, seront cantonnés au sein d’Uniper (20 000 personnes). L’année 2015 a été consacrée à cette restructuration et M. Teyssen estime qu’après le big bang « les employés savent où ils vont travailler ».La crise de l’énergie dure depuis plus de cinq ans en Europe, mais aucun des grands groupes du secteur n’a pris des mesures aussi radicales qu’E.ON pour s’y adapter. Il est vrai que, contrairement à EDF, Engie ou l’italien Enel, le géant allemand a subi de plein fouet la sortie du nucléaire programmée pour 2022 par Mme Merkel après la catastrophe de Fukushima. Même arrêtées, ses centrales continueront à peser sur ses comptes puisque le gouvernement l’a mis en demeure, comme les autres exploitants allemands (RWE, EnBW, Vattenfall), d’assumer les coûts de démantèlement des dix-sept réacteurs, provisionnés à hauteur de 38 milliards (16,6 milliards pour E.ON). Une provision jugée insuffisante par certains experts.Lire aussi :Les géants allemands de l’énergie en crise profondeIl faut mesurer la restructuration radicale d’E.ON à l’aune des ambitions énergétiques affichées par Berlin : 80 % d’énergies renouvelables en 2050 et une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre. L’Energiewende est « le projet d’infrastructure le plus important de l’après-guerre », souligne la Fondation Heinrich Böll, proche des écologistes. Malgré son coût exorbitant (y compris en termes de rejet de carbone à court terme), ses partisans ne doutent pas que l’Allemagne est sur la bonne voie. La purge d’E.ON est peut-être la promesse de succès futurs.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.11.2015 à 09h59 • Mis à jour le12.11.2015 à 18h33 | Jean-Pierre Stroobants (La Valette, envoyé spécial) Après avoir signé un plan, longuement négocié, avec les pays africains pour une meilleure gestion des questions migratoires, les dirigeants européens, réunis entre eux à La Valette (Malte), ont annoncé jeudi 12 novembre le lancement d’un fonds d’aide à l’Afrique doté de 1,8 milliard d’euros. Chacun des Etats membres est invité à le compléter pour doubler la mise. Pour l’heure, les promesses de contributions n’ont atteint qu’un total de quelque 78,2 millions d’euros.A l’issue de ce court sommet, François Hollande a annoncé jeudi après-midi, lors d’une conférence de presse, qu’un « Conseil européen sera organisé avec la Turquie pour prendre des engagements » et améliorer la collaboration sur la crise migratoire. « Nous avons besoin de la Turquie, elle accueille beaucoup de réfugiés », a-t-il poursuivi, en précisant que ce sommet UE-Turquie « pourrait se tenir à la fin du mois de novembre ou au début du mois de décembre ».« Faire le point sur les mesures déjà adoptées » : c’est devenu le leitmotiv des réunions européennes depuis des semaines et c’était encore le cas à Malte pour ce sommet convoqué par Donald Tusk, le président du Conseil, critiqué pour son manque d’implication sur la question au printemps.Beaucoup des « mesures adoptées » peinent à se mettre en place, tandis que la Suède a décidé mercredi de réinstaurer – en principe pour une dizaine de jours – des contrôles à ses frontières, que le Danemark annonce un nouveau renforcement de ceux-ci et que la Slovénie a dû se résoudre à installer des barbelés à ses frontières avec la Croatie, sans toutefois la fermer totalement. L’Allemagne évoque quant à elle – après la Suède – un éventuel appel à la relocalisation, dans d’autres pays européens, de milliers de réfugiés syriens installés chez elle. A La Valette, mercredi, la chancelière Angela Merkel a prôné la solidarité avec l’Afrique, mais insisté, aussi, sur la nécessaire « responsabilité » de ses interlocuteurs dans la gestion des migrants.Si le plan proposé aux pays africains suscite, à l’évidence, un certain scepticisme quant à son efficacité et au réel degré d’engagement des deux parties (les Européens tergiversent sur son financement, les Africains ont peu d’enthousiasme pour la politique de réadmission exigée d’eux), l’accord à conclure avec Ankara sème également le doute.Lire les dernières informations :L’Europe cherche à fermer la route des migrants d’Afrique et de Turquie« Trop de promesses » à AnkaraEspérant en tout cas limiter le flux ininterrompu des demandeurs d’asile passant d’Asie mineure vers les îles grecques, les Vingt-Huit tenteront de se mettre d’accord avant que certains d’entre eux rencontrent le président Recep Tayyip Erdogan lors du sommet du G20, à Antalya (Turquie), dimanche. MM. Juncker et Tusk débattront avec lui le lendemain.Le premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, devait faire le bilan, jeudi après-midi, de ses dernières entrevues avec les dirigeants turcs. Certaines capitales ne cachent par leurs critiques à l’égard de la Commission de Bruxelles, accusée de faire « trop de promesses » à Ankara. D’autres ne croient pas à la volonté d’aboutir de M. Erdogan mais s’inquiètent, en même temps, de l’avenir des plus de 2 millions de réfugiés syriens présents en Turquie.Les Européens ont proposé à M. Erdogan de relancer le processus d’adhésion à l’Union mais un rapport d’évaluation des réformes menées dans son pays s’est montré sévère, mardi, pour son manque de respect des libertés publiques et des médias, tout en s’inquiétant de la répression exercée contre la minorité kurde.Les Vingt-Huit se sont aussi mis d’accord sur une libéralisation des visas, sans cacher leur crainte que celle-ci dérive rapidement. Ils ont ensuite promis 1 milliard d’euros, puis 3 milliards, pour financer la politique d’aide de la Turquie aux réfugiés. Sans indiquer comment ce montant serait atteint.Aide bilatérale britanno-turquePour hâter le processus de négociation, Mme Merkel, appuyée par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, évoque la nécessité d’un sommet conjoint Union européenne-Turquie. Il pourrait se tenir dès le 22 novembre, à Bruxelles. « Il reste à savoir à quoi il servira », nuançait un diplomate avant la réunion, sceptique quant à la volonté d’aboutir de M. Erdogan, auquel seraient demandées des contreparties claires en échange d’une aide financière massive. Adepte du cavalier seul dans ce domaine également, le premier ministre britannique, David Cameron a, en tout cas, annoncé que son pays fournirait à Ankara une aide bilatérale de 184 millions d’euros sur deux ans.M. Juncker a, en tout cas, voulu placer les dirigeants européens devant leurs responsabilités. Il a déposé sur la table des négociations un projet visant à rassembler les 3 milliards d’euros promis à Ankara pour les années 2016 et 2017. Cinq cents millions seraient prélevés sur le budget européen pour alimenter ce « Turkey Refugee Grant Facility ». Les Etats membres fourniraient le reste de la contribution, soit 2,5 milliards d’euros. Un « quota » par pays établit la contribution de la France à 386,5 millions, celle de l’Allemagne, à 534,3 millions. « Il s’agit de donner une base légale à un accord politique de principe », explique l’entourage de M. Juncker. Sa proposition devrait, à coup sûr, susciter de nouvelles discussions entre Européens avant le sommet avec M. Erdogan.Occultées par l’enjeu turc, les divergences entre Européens figuraient d’ailleurs aussi au menu des débats de jeudi. Le plan de relocalisation des 160 000 réfugiés piétine, alors que 800 000 demandeurs d’asile sont arrivés en Europe depuis le 1er janvier, selon les derniers chiffres de l’Office international des migrations. Moins de 100 000 places ont été offertes par les Etats membres et quelques dizaines de personnes seulement ont, jusqu’ici, été effectivement réinstallées.Martin Schulz, le président du Parlement européen, a souligné devant les chefs d’Etat que les promesses de renforcer les effectifs de Frontex et du Bureau d’asile européen n’ont été qu’à moitié respectées. Par ailleurs, a-t-il ajouté, si les premiers vols acheminant des réfugiés vers leur pays de relocalisation ne sont pas rapidement suivis « de dizaines d’autres dans les prochains jours » la situation deviendra ingérable.Le nombre croissant de réfugiés, en Suède et en Allemagne notamment, ainsi que le rétablissement des frontières, posent une autre question, en filigrane de toutes les discussions actuelles : celle de l’avenir de l’espace européen sans passeport de Schengen. « Nous ne pourrons pas tarder à l’évoquer », commentait, mercredi soir, un ministre.Le lendemain M. Tusk renchérissait : « Pour sauver Schengen, une course contre la montre est engagée et nous sommes déterminés à la gagner. Cela veut dire qu’il faut renforcer les contrôles aux frontières extérieures, coopérer avec les pays d’origine et de transit, réinstaller les réfugiés. Et faire le tout en même temps ».La Commission doit, en tout cas, reformuler sa proposition de création d’un corps de garde-frontières et garde-côtes. Ce dossier-là aussi traîne, comme s’il n’était pas vraiment prioritaire.Lire aussi la tribune :Migrations : un cadre juridique à revoirJean-Pierre Stroobants (La Valette, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.11.2015 à 21h15 • Mis à jour le12.11.2015 à 06h50 Le ministre de l’intérieur suédois, Anders Ygeman, a annoncé, mercredi 11 novembre, que la Suède allait instaurer, dès jeudi, des contrôles à ses frontières pour une durée de dix jours. M. Ygeman, lors d’une conférence de presse, a expliqué cette décision par la forte arrivée de migrants dans son pays :« Il y a un nombre record de réfugiés qui arrivent en Suède. L’Office des migrations est sous forte pression […] et la police estime qu’il existe une menace contre l’ordre public. »« L’accueil des réfugiés doit se faire avec ordre et rigueur », a justifié le premier ministre Stefan Löfven depuis La Valette, sur l’île de Malte, où il participe au sommet des dirigeants européens et africains sur la crise migratoire. D’après le ministre de l’intérieur, des centaines voire des milliers de migrants sans abri et des enfants non accompagnés disparaissent dans la nature faute d’être pris en charge.Lire aussi :L’UE sur tous les fronts des migrationsQuatre-vingt mille migrants depuis le mois de septembreAux côtés de M. Ygeman, le directeur de la communication de l’Office des migrations, Mikael Hvinlund, a rappelé que quatre-vingt mille migrants étaient arrivés dans le pays depuis le mois de septembre, presque autant que pour l’ensemble de l’année 2014.La Suède, pays de l’Union européenne accueillant le plus grand nombre de réfugiés rapportés à sa population (10 millions), s’attend à en accueillir jusqu’à cent quatre-vingt-dix mille au total en 2015. Soit le double du record atteint au début des années 1990.M. Hvinlund a justifié ainsi le rétablissement provisoire des frontières :« Les gens sont obligés de dormir sous des tentes, dans les bureaux de l’office ou dans des centres d’évacuation. Nous ne remplissons plus notre mission qui est d’offrir un toit à chacun […]. Le rétablissement [des contrôles aux frontières] peut nous y aider. »Lire aussi :Crise des migrants : la Slovénie limite à son tour l’accès à sa frontière avec la Croatie Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Le premier ministre belge, Charles Michel, a rejeté, jeudi matin, les accusations à peine voilées de la France contre son pays pour son inefficacité présumée dans la détection des terroristes qui ont commis les massacres de Paris. « Je n’accepte pas les critiques qui ont visé à dénigrer nos services de renseignement belges » a déclaré le chef du gouvernement lors d’une réunion extraordinaire de la chambre des députés consacrée aux attentats.Dans le même temps, la police belge procédait à sept nouvelles perquisitions à Molenbeek, et dans d’autres communes bruxelloises. Une personne a été arrêtée, d’après le parquet fédéral belge, dans le cadre d’une enquête ouverte au début de l’année sur Bilal Hadfi, l’un des kamikazes du Stade de France, le 13 novembre.Actions « exécutées par des cellules franco-belges »« Dès la nuit de vendredi à samedi, les autorités judiciaires belges et françaises ont travaillé main dans la main et, à Saint-Denis, un attentat a été empêché notamment grâce aux informations fournies par les services belges », a poursuivi le premier ministre.Il avait commencé son intervention en nuançant les propos de François Hollande sur des actions « décidées en Syrie, préparées en Belgique, exécutées en France » pour dire plutôt qu’elles avaient été « décidées en Syrie et exécutées par des cellules franco-belges ».M. Michel a voulu remercier les enquêteurs belges et souligner que son pays avait arrêté et condamné 160 personnes pour des faits de terrorisme au cours des derniers mois. « Des attentats ont été déjoués, des vies ont été sauvées », a-t-il répété.EnquêteDes questions continuent cependant de se poser quant à d’éventuels dysfonctionnements de services qui connaissaient une partie des auteurs des attentats mais ne les ont pas arrêtés à temps. « Comment ont-ils pu leur échapper ? », interroge Meryame Kitir, chef de l’opposition socialiste flamande.Lire aussi :Les failles de la lutte antiterroristeLe ton était toutefois à l’union nationale jeudi matin. Les discours ont témoigné d’un soutien, assez rare, de toute l’assemblée à l’action du gouvernement. Le « Comité R », qui chapeaute et contrôle les services de renseignement, a lancé une enquête qui satisfait tous les groupes. Il devra toutefois déposer son rapport rapidement, dans deux mois au maximum, demande Laurette Onkelinx, ancien ministre de la justice et chef du groupe socialiste.M. Michel a annoncé un budget supplémentaire de 400 millions d’euros pour la lutte contre le terrorisme. Son plan d’action s’articule autour de quatre axes : le renforcement des moyens humains et techniques des services de police et de renseignement, « l’éradication » des appels à la haine, un meilleur ciblage des individus potentiellement dangereux et une action au niveau international.Fichier des combattants étrangersLe gouvernement devrait adopter une loi sur la fermeture des sites radicaux sur le Web et entend faire fermer des mosquées. Il veut aussi enquêter sur le financement de certaines d’entre elles et mieux contrôler les imams. Une commission parlementaire spéciale pour la lutte contre le terrorisme sera créée.Un fichier des combattants étrangers devrait être établi – « enfin ! », ajoutent certaines sources – et les combattants rentrant de Syrie seraient d’office incarcérés avant, pour certains, d’être libérés à titre probatoire, un bracelet électronique au poignet.La Belgique va aussi mettre au point son propre fichier des données passagers (PNR), en espérant qu’il sera un jour incorporé dans un dispositif véritablement européen, en cours de négociation. Au plan judiciaire, on note des réformes importantes : la garde à vue pourra être portée de vingt-quatre à soixante-douze heures dans des affaires de terrorisme et les perquisitions pourront être menées vingt-quatre heures sur vingt-quatre.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : l’Europe veut accélérer la mise en place d’un fichier sur les passagers aériensM. Michel prône encore un contrôle strict aux frontières extérieures de l’espace Schengen, sous peine, dit-il, de voir celui-ci s’effondrer. Il dit enfin la « totale détermination » de son pays à combattre Daech et réclame « une large coalition internationale » agissant « si possible » dans le cadre d’un mandat de l’ONU.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.11.2015 à 10h38 • Mis à jour le19.11.2015 à 12h27 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) A la suite de la tuerie au siège de Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher, en janvier, Bruxelles avait vivement réagi déjà, disant sa volonté d’agir. La Commission avait promis de réactiver une proposition de directive PNR (Passenger Name Record, fichier des données des passagers aériens) et de renforcer la coopération avec les géants du Web pour faire la chasse aux sites djihadistes. Finalement, rien ou presque n’a bougé.Cette fois, la Commission promet, comme le Conseil, une accélération des discussions sur le PNR, pour un accord avant la fin de l’année. Le projet de directive a finalement été approuvé cet été par la commission des libertés du Parlement, qui l’avait longtemps bloqué. Mais cette version finalisée est en retrait par rapport au souhait de plusieurs Etats, dont la France.Lire aussi :Lutte contre le terrorisme : qu’est-ce que le PNR, le fichier sur les passagers aériens ?Au Parlement européen, les deux principaux partis de l’hémicycle, les conservateurs du Parti populaire européen (PPE) et les sociaux-démocrates ont échangé des propos très acides sur le PNR. « Un PNR européen aurait dû être mis en place depuis 2011. Combien d’autres tragédies faudra-t-il pour convaincre les sociaux-démocrates et libéraux du Parlement européen d’agir ? », a demandé Alain Lamassoure, du PPE, lors d’un point presse à Bruxelles.« Utiliser la tragédie pour vouloir gagner des voix par le mensonge est, humainement, parfaitement méprisable. Nous serons contraints de continuer de travailler avec le groupe PPE sur ce dossier, seul moyen de dégager une majorité, mais ils doivent savoir que leur cynisme nous révulse », a répondu le groupe social-démocrate dans un communiqué.« Ce n’est pas un instrument magique, mais c’est un instrument important de traçabilité des personnes suspectes », rappelle, pour sa part, dans un entretien au « Monde », Arnaud Danjean, eurodéputé conservateur (Les Républicains), spécialiste des questions internationales et de défense.« Quand on voit aujourd’hui qu’un des principaux instigateurs des attentats de Paris a pu se balader entre la Syrie, la Belgique et la France, pendant des mois voire des années, ce PNR aurait pu nous être utile ! », insiste-t-il.Sourde oreilleLa réunion extraordinaire des ministres de l’intérieur, convoquée vendredi 20 novembre à Bruxelles, à la demande de Paris, doit, selon les Français, atteindre plusieurs objectifs : des progrès rapides sur le PNR, un meilleur contrôle des armes à feu et la systématisation des contrôles aux frontières extérieures de l’Union pour les Européens rentrant dans l’espace Schengen. Mais, sur ce dernier point, la Commission, très réticente dès qu’on parle de « changer » Schengen, semble vouloir faire la sourde oreille.Bruxelles espère relancer le projet d’un système de « contrôle intelligent » aux frontières ou la création d’un centre de contre-terrorisme européen. Le collège de la Commission a par ailleurs adopté mercredi une série de propositions législatives pour renforcer le contrôle des armes et interdire la détention de certaines armes semi-automatiques. Les registres nationaux seraient interconnectés, et le refus d’octroi d’armes à certains individus communiqué entre Etats membres.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) « Ils ne montraient pas de signe d’une possible menace. » C’est ce qu’a indiqué, mercredi 18 novembre, le parquet fédéral belge à propos des deux frères Abdeslam, Brahim et Salah. L’un s’est fait exploser à Paris vendredi 13 novembre et l’autre est toujours recherché. La police belge avait interrogé les deux frères Abdeslam avant les attentats.Brahim « a essayé d’aller en Syrie mais il n’a réussi à aller qu’en Turquie », a déclaré le porte-parole du parquet Eric Van der Sypt, confirmant des propos au site Politico. « Il a été interrogé à son retour, et son frère aussi », a ajouté M. Van der Sypt, en parlant de Salah. Il n’a pas précisé de dates concernant ces interrogatoires.Brahim n’a pas été poursuivi à son retour de Turquie car « nous n’avions pas de preuve qu’il participait aux activités d’un groupe terroriste », a aussi expliqué le porte-parole du parquet.« Nous savions qu’ils étaient radicalisés et qu’ils pourraient se rendre en Syrie (mais) ils ne montraient pas de signe d’une possible menace », a poursuivi le magistrat. « Même si nous les avions signalés à la France, je doute qu’on aurait pu les arrêter », a-t-il ajouté, confirmant ainsi que les deux frères n’avaient pas été signalés aux services de renseignement français.« Se demander pourquoi ces hommes n’ont pas été correctement surveillés »Les services de l’antiterrorisme belges ont-ils commis des erreurs et auraient-ils pu prévenir les attentats de Paris ? « Nous ne disons pas qu’ils savaient que les auteurs qui vivaient à Molenbeek-Saint-Jean étaient de dangereux extrémistes. Mais s’ils savaient, il faut se demander pourquoi ces hommes n’ont pas été correctement surveillés », indique Stefaan Van Hecke, député du parti écologiste flamand Groen.Le Comité R, un organe de contrôle qui surveille les services au nom du Parlement et du gouvernement, a ouvert spontanément une enquête sur le fonctionnement de la Sûreté de l’Etat et du service général du renseignement et de la sécurité (la sûreté militaire). Des députés demandent que le Comité P, qui contrôle la police, se voie confier une mission similaire : des informations sur la radicalisation sont également en possession des polices locales, de la police fédérale et des douanesLire aussi :A Molenbeek, « il est facile d’échapper à la police »Ces investigations viseraient à déterminer les renseignements dont disposaient exactement les différents organes chargés de la sécurité, et s’ils les ont échangées entre eux et avec les services étrangers. C’est l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace qui doit analyser et évaluer ces informations. Il y a quelques semaines, son directeur, un ancien procureur, a démissionné de cette structure critiquée. Le Comité R lui reprochait notamment d’avoir transformé son service en une structure de renseignement concurrente.Lire aussi :Abdelhamid Abaaoud, l’instigateur présumé des attentats tué à Saint-DenisAttitude consensuelle de l’oppositionLes commentaires et les insinuations de responsables français sur les possibles lacunes des services belges n’ont pas suscité de réactions officielles. Le ministre des affaires étrangères, Didier Reynders, a renvoyé la balle vers Paris en soulignant que Mehdi Nemmouche, l’auteur de la tuerie du Musée juif de Belgique à Bruxelles, en mai 2014, était passé à travers les mailles de la surveillance française.S’il y a eu d’autres failles en France, il pourrait toutefois y en avoir eu en Belgique, notamment parce qu’il est avéré que la police connaissait des membres des attentats de Paris installés à Bruxelles. L’ancien maire de Molenbeek, le socialiste Philippe Moureaux, a souligné « l’échec » des services de renseignement. « Vous comprendrez bien que si les Belges ne nous préviennent pas, on ne peut rien faire », confiait, lundi 16 novembre, une source policière française à l’AFP.Lire aussi :A Molenbeek, « il est facile d’échapper à la police »Un débat parlementaire devait avoir lieu jeudi 19 novembre. Le premier ministre, Charles Michel, qui a bénéficié jusqu’ici de l’attitude consensuelle de l’opposition, devrait annoncer de nouvelles mesures. La menace dans le pays est passée au niveau 3 (sur une échelle de 4), et quelque 300 militaires supplémentaires sont mobilisés pour la surveillance des gares, des aéroports et des bâtiments officiels.Après l’attentat contre le Musée juif et le démantèlement d’une cellule terroriste à Verviers, en janvier, le gouvernement avait annoncé une série de décisions. Une bonne partie d’entre elles n’est pas concrétisée et le cadre de la Sûreté de l’Etat est privé de 150 agents, sur les 750 que celle-ci devrait compter.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Benoît Vitkine (Molenbeek (Belgique) - envoyé spécial) Chaque jour depuis les attentats de Paris, le vendredi 13 novembre, et plus encore depuis que l’enquête s’est focalisée sur sa commune de Molenbeek, en Belgique, l’imam Abdel Hassani se demande ce qu’il va pouvoir dire aux fidèles ce vendredi à l’heure du sermon. Pour l’heure, il n’a en tête que les grandes lignes : que des « égarés » ont tué des innocents ; que l’islam réprouve de tels actes ; et que la lutte contre le terrorisme concerne aussi Molenbeek.Ce dernier point n’est guère une nouveauté : la liste des affaires de terrorisme dans lesquelles apparaît le nom de cette commune de 100 000 habitants, l’une des dix-neuf que compte la ville de Bruxelles, est impressionnante. Parmi les plus connues, l’assassinat du commandant Massoud en Afghanistan (9 septembre 2001), les attentats de Madrid en 2004, la tuerie du Musée juif de Bruxelles (mai 2014), la cellule de Verviers démantelée lors d’un assaut policier mortel (janvier 2015), l’attaque avortée dans un Thalys Bruxelles-Paris (août 2015). Jusqu’aux attaques de Paris, dont plusieurs exécutants ainsi que le commanditaire présumé étaient originaires de la commune ou y ont séjourné.Il n’en fallait pas plus pour que resurgissent les surnoms de « nid djihadiste » ou de « Molenbeekistan », régulièrement associés à ce quartier pauvre à forte population immigrée, qui a fourni un tiers des quelque 150 djihadistes originaires de Bruxelles partis ces dernières années en Syrie.« Des messages forts et clairs » « Les gens d’ici n’ont pas besoin de tels slogans, s’offusque l’imam Hassani, mais il faut des messages forts et clairs. » Sa mosquée, rue des Etangs Noirs, est l’une des quatre de la commune reconnues par l’Etat, qui participe ainsi à leur financement. Molenbeek en compte 18 autres. A en croire M. Hassani, toutes ne délivreront pas vendredi un message aussi « clair » que le sien. « Certains imams souligneront que la France mène une politique étrangère mauvaise. D’autres se contenteront de lectures sacrées, figés dans leurs écrits et leurs dogmes. Il faut connaître la société dans laquelle on vit pour être capable de lui parler, insiste l’imam. Moi je suis ici depuis 40 ans, et j’ai travaillé pendant 34 ans dans les supermarchés Delhaize. »C’est l’une des particularités de l’islam belge, poussée à l’extrême à Molenbeek. Nombre d’imams sont formés en Arabie saoudite, beaucoup d’autres sont envoyés par les pays d’origine des populations immigrées. On parle ainsi, comme en écho au modèle communautaire belge dans lequel domine la grille de lecture Wallons-Flamands, de mosquées « marocaines », « turques », « pakistanaises », « somaliennes »…Une action souterraineDans les ruelles de Molenbeek, les mosquées ou les centres culturels sont légion. Un simple statut d’association suffit pour ouvrir une structure. Certaines, signalées par une simple affichette, gardent porte close, sans doute rebutées par l’afflux dans la commune de journalistes du monde entier. Dans une autre, on ne parle que ourdou. Au 26 de la rue des Osiers, un imam accueillant et à la longue barbe rousse explique, tout en rejetant fermement les discours djihadistes, que « l’actualité n’a pas à pénétrer dans la mosquée ».De l’avis des experts, les mosquées belges, même celles où l’on prêche un islam radical, ont cessé depuis le milieu des années 2000 d’être des lieux de recrutement ou d’appels au djihad. La surveillance est devenue trop importante et l’action des djihadistes s’est déplacée, se faisant plus souterraine. On évoque des salles de sport, des associations de tous ordres – dix-sept « points de radicalisation », selon une source sécuritaire qui souligne toutefois leur caractère « mouvant ». Sans compter les radicalisations sur Internet de jeunes n’ayant jamais pénétré dans une mosquée. Mais selon Johan Leman, le directeur du Foyer, une association travaillant auprès de la jeunesse, « c’est par cette façon de prêcher le “bien” et le “mal”, le “eux” et le “nous”, que commence la radicalisation. Les recruteurs parlent le même langage binaire. »« Islam belge » « En vingt ans, le quartier a changé, assure le patron de la librairie Alitera, où l’on vend aussi bien des livres sacrés que profanes. Les femmes sont de plus en plus voilées, et cela devient honteux pour les hommes de ne pas aller à la mosquée. Molenbeek est devenu un désert culturel et la mairie a encouragé ce mouvement en soutenant en priorité les actions et les associations à caractère religieux. »Depuis que les projecteurs sont à nouveau braqués sur Molenbeek, un homme est particulièrement pointé du doigt : Philippe Moureaux, bourgmestre de la commune entre 1992 et 2012. Selon ses détracteurs, l’édile socialiste aurait en quelque sorte acheté la paix sociale en laissant le champ libre aux autorités religieuses. « Il y a eu un partage du pouvoir de fait entre la commune et les mosquées », confirme l’expert Claude Moniquet, ancien journaliste et ancien des services secrets français installé à Bruxelles. L’ancien bourgmestre assure de son côté avoir réussi à « établir un lien de confiance avec la communauté musulmane ».« Moureaux a eu peur de renforcer l’islamophobie en s’attaquant à ces questions, estime Sarah Turine, échevine (adjointe) de la jeunesse au sein de la nouvelle équipe communale. Et pendant ce temps, il n’a insisté que sur les questions économiques, expliquant que les choses s’amélioreraient le jour où il y aurait des emplois. » Mme Turine, qui prône elle aussi la constitution d’un « islam belge » moins dépendant de l’étranger, estime toutefois que le quartier est aujourd’hui moins replié sur lui-même qu’il ne l’était il y a encore dix ans, époque où, explique-t-elle, l’alcool était banni des bars et des magasins.Un « petit Manchester » frappé par la désindustrialisation L’élue écologiste insiste elle aussi sur le « facteur socio-économique » propre à Molenbeek. La commune, toute proche du centre-ville de Bruxelles et qui a conservé un urbanisme à visage humain, ne ressemble guère aux quartiers relégués des grandes métropoles françaises. Mais la désindustrialisation a frappé de plein fouet celle que l’on surnommait le « petit Manchester ». Dans les quartiers est, le taux de chômage atteint près de 60 %. Les difficultés se cumulent : ghettoïsation ethnique, avec certains quartiers maghrébins à 80 %, trafics de drogue, discriminations à l’embauche, décrochages scolaires…Le cocktail molenbeekois est là : des frustrations sociales et identitaires se développant sur un terreau de plus en plus religieux et rigoriste. La commune a encore du mal à regarder cette réalité en face. La plupart des habitants interrogés refusent de croire aux révélations en cascade sur la présence de cellules djihadistes, ou veulent y voir des éléments « extérieurs » : à l’islam, au quartier, à la Belgique…Cette réaction n’est pas uniquement de déni. Elle répond à une réalité. Molenbeek n’est pas seulement un foyer de radicalisation, la ville s’est aussi imposée comme une base arrière pour des cellules étrangères, françaises en premier lieu. « Ici, on peut facilement échapper à la police », résume Mehdi, 18 ans, sur les lieux de l’une des interventions menées lundi 16 novembre par les forces de sécurité. « L’Etat islamique a intégré cette donne depuis longtemps, résume le travailleur social Johan Leman. Pour eux, Anvers appartient aux Pays-Bas et Bruxelles à la France. Ils ont communautarisé la Belgique encore mieux que les Belges eux-mêmes. »Lire aussi :Pour les Belges, les frères Abdeslam ne constituaient pas « une possible menace »Benoît Vitkine (Molenbeek (Belgique) - envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.11.2015 à 13h02 | Jean-Michel Bezat Les dirigeants d’Engie (ex-GDF Suez) respirent. L’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) belge a annoncé, mardi 17 novembre, qu’elle autorisait le redémarrage de deux réacteurs de sa filiale Electrabel : Doel 3 près de Anvers et Tihange 2 près de Liège. Ce redémarrage prendra quatre semaines, a indiqué l’exploitant. La fermeture du premier est programmée pour le 1er octobre 2022 et celle du second pour le 1er février 2023.Lire aussi :Engie : la facture de l’aventure nucléaire belge s’alourditLes deux tranches, qui assurent un tiers de la production électronucléaire du pays, avaient été mises à l’arrêt à l’été 2012 puis, après une remise en service de onze mois en mars 2014 en raison « d’incertitudes quant à leur sûreté », selon le gendarme du nucléaire. De nombreux défauts avaient en effet été décelés dans l’acier des cuves, la zone la plus sensible du réacteur où se produit la fission des atomes et la réaction nucléaire en chaîne.L’autorité de sûreté estime qu’au terme d’« études scientifiques approfondies », Electrabel « a pu démontrer de manière convaincante que les microbulles d’hydrogène présentes dans les parois des cuves n’avaient pas d’impact inacceptable sur la sûreté des réacteurs ». Ces bulles se sont formées au cours du forgeage de la cuve et non durant l’exploitation du réacteur.Défauts « stables »Des experts redoutaient qu’en cas d’incident nécessitant l’injection d’eau froide, le choc thermique n’entraîne une rupture de la paroi des cuves et l’écoulement de magma radioactif. Le groupe d’électricité affirme que ces défauts sont restés « stables » au cours des décennies d’exploitation et qu’« ils n’impactent pas son intégrité structurelle ».Cet arrêt de deux de ses sept réacteurs belges ont obligé Engie à abaisser deux fois en cinq mois ses objectifs financiers pour 2015. Ils amputaient en effet de 40 millions d’euros par mois le bénéfice net de la maison mère. Ce sont déjà plus de 700 millions d’euros de manque à gagner que le groupe a enregistré depuis mars 2014. Le nucléaire belge a fortement contribué, avec la chute de la demande de gaz, à la baisse du résultat d’Engie (– 56 %) au premier semestre.Lire aussi :La Belgique prolonge de dix ans ses vieux réacteurs nucléairesJean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Guy Dutheil Toutes les compagnies aériennes ne sont pas logées à la même enseigne. Pendant qu’Air France ou Lufthansa enchaînent les grèves et les plans sociaux, d’autres, telle easyJet, gonflent leur trésorerie et achètent des avions à tour de bras. La compagnie britannique à bas coûts a annoncé, mardi 17 novembre, un bénéfice annuel record et une nouvelle commande de 36 Airbus de la famille des A320. Un contrat d’une valeur de 3,8 milliards de dollars au prix catalogue (3,56 milliards d’euros).Lire aussi :Aérien : le poids toujours croissant des compagnies low cost en EuropeTrente des 36 appareils commandés, qui seront livrés entre 2018 et 2021, sont des A320 Neo, des appareils moins gourmands en kérosène que ceux de précédente génération. Avec ce nouveau contrat, la compagnie britannique opérera au total une flotte de 451 avions.La low cost britannique a les moyens de ses ambitions. Elle est assise sur un tas d’or. A l’issue de son exercice annuel clos le 30 septembre, easyJet a dégagé un bénéfice net de 548 millions de livres (777 millions d’euros), en hausse de 22 % par rapport à 2014.Une performance directement liée à la progression du nombre des passagers qu’elle a transportés. En un an, 68,6 millions de clients, soit 6 % de plus que lors de l’exercice précédent, ont emprunté les appareils à la livrée orange. Face à un tel afflux, le taux de remplissage de la compagnie a gagné 0,9 point. Il est désormais de 91,5 %.Lire aussi :EasyJet : 20 ans de course contre la montreEasyJet enchaîne les records. Ainsi, pour la cinquième année consécutive, son bénéfice avant impôts s’est envolé, progressant de 18 % pour s’établir à 978,1 millions d’euros. Sur un an, le chiffre d’affaires de la compagnie à bas coûts est aussi à la hausse (+3,5 %), culminant à 6,65 milliards d’euros.Les compagnies régulières à l’offensive sur le low costMais, comme les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, les records enchaînés par les compagnies à bas coûts comme easyJet ou sa concurrente Ryanair pourraient être les parmi les derniers. En effet, les compagnies régulières, comme Air France-KLM, British Airways ou Lufthansa, qui avaient longtemps laissé le marché du low cost aux spécialistes du genre, ont commencé à réagir.British Airways a apporté la riposte la plus forte grâce au rachat d’Iberia. Dans la corbeille de mariage, la compagnie britannique a trouvé une pépite : Vueling. La compagnie à bas coûts, qui étend régulièrement son réseau de destinations devient une redoutable concurrente pour Ryanair et easyJet.Lire aussi :Le succès des compagnies aériennes à bas coût doit beaucoup à l’EuropeA moyen terme, Air France-KLM pourrait devenir, elle aussi, une rivale sur le secteur du low cost. La direction de la compagnie franco-néerlandaise a déjà annoncé la montée en puissance de la flotte de sa filiale à bas coûts Transavia. Et mettre en route une autre filiale low cost, Transavia Europe, grâce à des bases dans des pays à faibles coûts sociaux, si elle parvient à un accord avec ses pilotes – en septembre 2014, ces derniers s’étaient mis en grève quinze jours contre la création de cette filiale.La montée en puissance de ses rivales n’effraie pas easyJet. « Il y a de la place pour tout le monde », signale François Bacchetta, directeur général France de la compagnie. Surtout en France, où les low cost n’ont capté, en 2015, que 27 % de parts de marché des vols intra-européens, contre 42 % partout ailleurs sur le Vieux continent. « Il y a donc encore du grain à moudre », se réjouit le directeur général.« La croissance revient en Europe »EasyJet ne s’est d’ailleurs jamais aussi bien porté en France. « En 2015, nous avons transporté 15,6 millions de passagers, soit un million de plus que l’an passé. Nous avons gagné un point de part de marché », se félicite M. Bacchetta. La compagnie aérienne britannique a ouvert 19 nouvelles routes au départ de la France en 2015, et elle prévoit une année 2016 aussi « dynamique ». « C’est l’effet d’une bonne nouvelle : la croissance revient en Europe », constate le patron d’easyJet en France.Il n’y a d’ailleurs pas que les prévisions qui sont revues à la hausse chez easyJet. Forte de ses bons résultats, la compagnie low cost a proposé une augmentation de près de 22% (21,6%) des dividendes versés à ses actionnaires.EasyJet est, en revanche, moins généreuse avec ses personnels. En décembre 2014, elle avait dû faire face à une grève de ses hôtesses et stewards. Ils protestaient contre la réduction d’un quart de leur bonus versé sous forme d’actions. Pourtant, easyJet n’était pas dans le besoin : elle venait d’annoncer que son bénéfice avait progressé de 13, % en 2014, pour s’établir à 574 millions d’euros.Lire aussi :Chez easyJet, le coup de rabot sur les bonus ne passe pasGuy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Une unité des Européens face à la menace, des contrôles « coordonnés et systématiques » aux frontières de l’Union, un fichier européen des données de passagers (PNR), un renforcement des échanges entre les services de renseignement : il y a un air de déjà-entendu dans les propos tenus par divers responsables politiques après les attaques de Paris et de Saint-Denis. Au lendemain des précédents attentats, tous ces sujets étaient déjà sur la table. Ainsi que la nécessité de combattre la propagande sur le Web ou encore celle d’élaborer un discours de contre-propagande.Depuis 2001, chaque acte terroriste suscite de tels commentaires. Et les choses progressent au rythme traditionnel de la prise de décision au niveau européen – c’est-à-dire lentement, et surtout, en fonction d’une contrainte majeure : la sécurité reste en grande partie une compétence des Etats. Une fois l’émotion retombée, ils cachent mal leurs différences d’appréciation. A Bruxelles, on n’a pas oublié les tergiversations du Conseil au lendemain des attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher.Lire aussi :La France avait été alertée d’une menace imminente« Pris en otage »A l’époque, tout le monde semblait en effet convaincu de l’importance de créer un fichier de données des dossiers passagers (PNR, Passenger Name Record). Cet outil était jugé indispensable pour repérer notamment les combattants rentrant des zones de combat syriennes ou irakiennes. Un an plus tard, le Conseil dit son espoir d’aboutir, à l’issue d’un « trilogue » avec le Conseil et la Commission mais le Parlement, qui se considère comme le gardien des libertés, campe sur une position intransigeante : un diplomate français affirme qu’il a pris le PNR « en otage ».En juillet, la commission des libertés civiles du Parlement européen a certes adopté un projet de la Commission dont la première version date de… 2011. Mais les eurodéputés établissent aujourd’hui un parallèle entre ce projet et celui sur la protection des données, qui concerne essentiellement la collecte d’informations par les entreprises : la durée de conservation des données sur les passagers (identité, itinéraire, mode de paiement…) et leur protection restent autant de points d’achoppement. Comme l’est la question de la collecte pour les vols intraeuropéens : pour brouiller les pistes, les terroristes n’utilisent plus de vols directs pour se rendre à leur destination finale, ils utilisent la technique des « vols cassés ».Principe d’une transmission « obligatoire »Le problème de la transmission des informations à des pays tiers ou celui de l’approbation de leur usage par une autorité nationale sont, eux aussi, au centre des discussions. Comme la nature des faits devant permettre l’accès des autorités au fichier : le Parlement entend le limiter aux actes transnationaux, ce qui ne permettrait pas d’avoir accès, par exemple, aux données d’un Français commettant un délit grave en France. La commission des libertés du Parlement a, en revanche, approuvé le principe d’une transmission « obligatoire » des informations entre Etats membres. En réalité, plus de la moitié des Etats européens se sont dotés d’un PNR national. Le problème, c’est que ces fichiers ne sont pas interconnectés, ce qui limite leur efficacité face à des réseaux criminels transnationaux.La question du contrôle aux frontières extérieures reste également en débat. Pour certains, le code Schengen, s’il est adapté, est une solution, non un problème. Pour d’autres – dont la France, désormais –, les contrôles doivent être « systématiques », y compris pour les Européens se présentant à une frontière extérieure. La généralisation des contrôles devrait permettre d’entrer tous les noms dans le fichier du système d’information Schengen (SIS) et d’opérer ainsi un contrôle en profondeur.Le projet de création d’un centre de contre-terrorisme au sein d’Europol sera réalisé en 2016 « si tout va bien ». Afin de « faciliter la coordination » entre les services de renseignement, il devrait centraliser et rediffuser les informations qui lui sont transmises. Reste à savoir si les services sont prêts à transmettre à leurs voisins ce qu’ils cachent parfois à leurs collègues au niveau national.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Laurent Borredon, Simon Piel et Benoît Vitkine Les investigations sur les attentats qui ont frappé Paris et Saint-Denis le 13 novembre se concentraient, mardi 17 novembre, sur l’organisation des attaques, le nombre précis d’auteurs et la localisation de celui ou de ceux toujours en fuite.Suivre la situation en direct sur LeMonde.frCombien de terroristes y avait-il et qui étaient-ils ? A ce jour, cinq terroristes, des Français, ont été identifiés par les enquêteurs : quatre kamikazes – Samy Amimour (28 ans), Omar Ismaïl Mostefaï (29 ans), qui participaient à l’attaque du Bataclan, Bilal Hadfi (20 ans), qui a fait sauter sa ceinture d’explosif près du stade de France, et Brahim Abdeslam (31 ans), qui en a fait de même au Comptoir Voltaire –, et Salah Abdeslam (26 ans), en fuite.Trois des membres du commando sont toujours en cours d’identification. Il s’agit de l’un des hommes ayant participé à l’attaque du Bataclan, mort lors de l’assaut de la police à l’étage de la salle de concert, et de deux des kamikazes du Stade de France dont celui qui a été retrouvé porteur d’un passeport syrien.Les enquêteurs restent confiants concernant l’identification des derniers kamikazes. Malgré l’état des corps, les visages sont reconnaissables et les services spécialisés effectuent de nombreuses comparaisons photographiques, parallèlement aux recherches ADN en cours.Toutefois, les enquêteurs s’interrogent sur la possibilité qu’un deuxième homme ayant participé aux attentats soit en fuite. Selon de nombreux témoignages recueillis par la police, la Seat qui a convoyé les auteurs des tirs sur les terrasses des cafés des 10e et 11e arrondissements comptait trois passagers. Parmi eux, les deux frères Brahim et Salah Abdeslam et donc, possiblement, un troisième homme non identifié.Le véhicule a été retrouvé à Montreuil (Seine-Saint-Denis), dimanche. Trois kalachnikovs et des chargeurs avaient été abandonnés à l’intérieur.Neuf personnes de la famille d’Omar Ismaïl Mostefaï et de Samy Amimour étaient également toujours en garde à vue dans les locaux de la sous-direction antiterroriste (SDAT) à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). La garde à vue de la sœur de Samy Amimour, 15 ans, n’avait pu être prolongée lundi en raison de son jeune âge.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : que sait-on des terroristes impliqués ?Quels ont été les lieux de séjour des terroristes ? Selon les informations du Monde, les enquêteurs ont identifié deux appartements qui ont servi de points de chute aux auteurs des attentats.Le premier, à Bobigny, perquisitionné dans la nuit de dimanche à lundi, avait été loué par Brahim Abdeslam via le site Homelidays pour une période courant du 10 au 17 novembre. Le propriétaire a expliqué aux enquêteurs avoir rencontré trois des hommes qui auraient occupé le logement, le mardi précédant les attentats. Ils se sont présentés comme des membres d’une société de sécurité belge.Des téléphones encore dans leur emballage ont été retrouvés sur place mais aucune arme. Des analyses d’empreintes relevées sur place étaient toujours en cours, mardi matin.Le deuxième appartement est connu des enquêteurs depuis dimanche et se situe dans le Val-de-Marne, à Alfortville, dans une résidence hôtelière.Salah Abdeslam était toujours en fuite, mardi matin. Il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, émis par la justice belge. C’est lui qui a loué la Polo noire repérée au Bataclan. Il aurait peut-être participé aux fusillades dans les 10e et 11e arrondissements. Son arrestation avait été annoncée à tort par la presse après une opération de la police belge à Molenbeek.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : un Français « très probablement » identifié dans une revendication de l’EIQue sait-on des appuis des terroristes en Belgique ? En Belgique, deux hommes interpellés samedi ont été placés sous mandat d’arrêt, lundi 16 novembre, pour « attentat terroriste ». Il s’agit des deux Belges qui sont venus chercher Salah Abdeslam à Paris, dans la nuit de vendredi à samedi, à sa demande.Hamza Attou et Mohamed Amri ont maintenu, lors de leurs auditions, qu’ils ignoraient le rôle de Salah Abdeslam dans les attentats qui venaient de toucher Paris et Saint-Denis. Ce dont les enquêteurs doutent fortement. Ils soupçonnent notamment Mohamed Amri d’avoir pu jouer un rôle dans la confection des explosifs.Les trois hommes avaient été contrôlés, peu après 9 heures, à hauteur d’un péage près de Cambrai (Nord). Mohamed Amri était au volant. Les gendarmes ont passé les trois hommes dans les fichiers français, sans résultat. Puis ils ont vérifié le Système d’information Schengen (SIS), dans lequel chaque pays européen peut inscrire des personnes recherchées ou sous surveillance. C’est le cas de Salah Abdeslam, inscrit pour la Belgique, mais uniquement pour des faits de droit commun.Les gendarmes laissent repartir les trois hommes, et indiquent aux Belges le passage de Salah Abdeslam. Quelques instants plus tard, lorsque les enquêteurs français s’aperçoivent que ce dernier a loué la Polo noire, la traque est lancée.Le troisième frère Abdeslam, Mohamed, a été relâché lundi par la police belge. Employé à la mairie de Molenbeek depuis une dizaine d’années, « charmant » selon sa cheffe de service, il avait été membre du cabinet de l’ancien maire PS, Philippe Moureaux, grande figure de la vie locale.Mohamed Abdeslam, interrogé par les médias, a assuré ignorer tout du projet de ses frères : « Non, nous ne savions pas. Ni nous, ni notre famille. Ce sont de grands garçons, ils sont majeurs. On ne va pas leur demander leur emploi du temps à chaque fois qu’ils quittent leur domicile. » avant d’ajouter : « Nous sommes touchés par ce qu’il s’est passé. Nous avons appris ça comme beaucoup d’entre vous. Et nous ne pensions à aucun moment que l’un de mes frères était lié à ces attentats. »L’enquête en France et en AllemagneAu moins sept personnes ont été arretées, mardi, aux alentours d’Aix-la-Chapelle, dans une région frontalière des Pays-Bas et de la Belgique, selon la police locale. Mais il n’y avait aucun lien avec les attentats, et elles ont donc été relâchées.En France, 286 perquisitions ont eu lieu depuis dimanche, selon le ministère de l’intérieur, dans le cadre de l’état d’urgence en vigueur. Elles ne sont pas liées à l’enquête sur les attaques meurtrières de vendredi, mais concernent la mouvance islamiste radicale en générale. La plupart des perquisitions ont eu lieu en Ile-de-France, où 16 personnes ont été interpellées et 6 armes saisies, selon la préfecture de police de Paris. La veille, 23 personnes avaient déjà été interpellées dans toute la France.Lire aussi :Abdelhamid Abaaoud, l’instigateur présumé des attentats tué à Saint-DenisSimon PielJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterBenoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteLaurent BorredonJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Vladimir Poutine jubile. Sa ligne politique, estime-t-il, est confortée. Devant le Congrès réuni à Versailles, lundi 16 novembre, trois jours après les attentats revendiqués par l’Etat islamique (EI) qui ont ensanglanté Paris, François Hollande a annoncé qu’il souhaitait parvenir à « une grande et unique coalition » contre l’EI en Syrie, jugée « indispensable » par le chef du Kremlin. Au même moment, ou presque, le président russe, qui s’exprimait à l’issue du sommet du G20 à Antalya, en Turquie, revendiquait en effet devant la presse la paternité de l’initiative : « J’en ai parlé lors de la session de l’ONU consacrée à ses 70 ans. J’ai parlé exactement de cela et les événements tragiques qui ont suivi [à Paris] ont confirmé que nous avions eu raison. »Tandis que la télévision russe Rossia 24 diffusait son intervention, M. Hollande est apparu dans une incrustation de l’écran, en direct de Versailles, comme en écho aux propos de M. Poutine. « Je rencontrerai dans les prochains jours le président Obama et le président Poutine pour unir nos forces et atteindre un résultat qui, pour l’instant, est encore renvoyé à trop longtemps », a annoncé le chef de l’Etat français.« La France faisait partie des pays qui ont adopté une position très dure envers le sort du président Assad personnellement. Nous avons entendu tout le temps de nos amis français que le règlement de la question du départ du président Assad devait être une condition préalable pour des changements politiques », commentait pour sa part M. Poutine, assénant dans la foulée : « Est-ce que cela a protégé Paris contre l’attentat terroriste ? Non. »Rencontre avec le roi SalmanLe principe d’une rencontre bilatérale est acquis, sans précision de date ou de lieu toutefois pour l’instant. Et bien que les divergences persistent, notamment sur les cibles des raids aériens russes et le sort du dirigeant syrien, l’inflexion du président français a été soulignée à Moscou.A Antalya, le président russe a cherché à pousser plus loin son avantage. Alors qu’il avait été accueilli froidement par les dirigeants du G20, lors du précédent sommet en novembre 2014, les images de ses multiples rencontres bilatérales, notamment avec le roi Salman d’Arabie saoudite, ont été largement diffusées. « J’ai donné des exemples, basés sur nos renseignements, du financement de l’Etat islamique par des individus, a souligné le président russe. Nous avons établi que ce financement provient de 40 pays, y compris de certains pays membres du G20. J’ai aussi montré à nos partenaires de nombreuses photos satellites qui montrent très clairement l’ampleur du trafic illégal de pétrole [de l’EI]. »A contrario, a-t-il fait valoir, ces « informations » ne sont pas partagées par les Occidentaux. « Ils ont peur de nous donner des informations sur les territoires que nous ne devons pas frapper, par crainte qu’ils ne deviennent l’endroit exact de nos futures frappes et que nous allions les trahir. Il est évident que ce point de vue est basé sur leur propre conception de la décence humaine », a ironisé le chef du Kremlin. Mais « il est vraiment difficile de nous critiquer », a-t-il souligné, en assurant que « le contact » avec l’opposition syrienne « sur le terrain » avait été établi. A Moscou, toutefois, le vice-ministre des affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, a rencontré lundi Kadri Djamil, qui représente le Front populaire pour le changement et la libération, l’une des composantes de l’opposition syrienne tolérée par Damas. La « grande coalition » a encore des étapes à franchir.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Maryline Baumard Pas d’inflexion dans la politique migratoire : dans son discours devant le Congrès réuni à Versailles, lundi 16 novembre, le président François Hollande n’a pas remis en cause l’accueil de 30 000 réfugiés annoncé début septembre. Trois jours après les attentats qui ont fait 129 morts et plus de 350 blessés à Paris et Saint-Denis, le chef de l’Etat a rappelé au contraire que ceux qui fuient la Syrie ou l’Irak sont aussi des victimes de l’Etat islamique (EI).Un soulagement pour les militants d’une France terre d’asile, qui redoutaient une marche arrière de la politique française – déjà très timide et tardivement engagée – après l’annonce par la Place Beauvau de la découverte d’un passeport syrien près d’un kamikaze qui s’était fait exploser près du Stade de France. Les enquêteurs ont confirmé que les empreintes du terroriste étaient celles d’un homme entré en Europe par l’île grecque de Leros, le 3 octobre, au milieu du flux de migrants. Depuis plusieurs mois, certains s’inquiétaient que des terroristes n’infiltrent ces entrées massives en Europe. Elles auraient pu entraîner un pas en arrière de la France. D’autant que l’opinion publique n’a pas suivi l’engagement du gouvernement.Risque d’infiltrationsBien au contraire. M. Hollande a rappelé dans son allocution, citant la Syrie et l’Irak, que « les habitants de ces pays-là, notamment ceux des territoires contrôlés par Daech [acronyme arabe de l’EI] sont martyrisés et fuient ». « Ils sont les victimes de ce même terrorisme », a-t-il ajouté. Preuve que l’amalgame entre réfugié et terroriste n’avait pas lieu d’être et que ces derniers devaient trouver la main de l’Europe tendue vers eux. « Voilà pourquoi il est vital, a-t-il souligné, que l’Europe accueille dans la dignité ceux qui relèvent du droit d’asile mais renvoie dans leur pays ceux qui n’en relèvent pas. Si l’Europe ne contrôle pas ses frontières extérieures, ce qui n’est pas le cas encore aujourd’hui, c’est le retour aux frontières nationales, quand ce ne sont pas les murs, les barbelés qui sont annoncés. » Et c’est aussi le risque d’infiltrations sur le territoire français. Il faut, a rappelé le chef de l’Etat, « éviter que viennent sur notre territoire, comme ce fut le cas vendredi, des combattants ».Difficile de ne pas lire aussi en filigrane de ce discours un plaidoyer pour le renforcement des pouvoirs de Frontex et la mise en place rapide et effective des « hotspots », ces lieux de tri entre réfugiés et migrants économiques, qui sont en train de voir le jour aux points majeurs d’entrée sur le continent européen.Cette approche commune ne résoudra pourtant pas tout, a rappelé François Hollande, « ce sont des Français qui ont tué vendredi d’autres Français ».Suivez les événements en directMaryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.11.2015 à 16h04 • Mis à jour le16.11.2015 à 18h21 Quelques heures à peine après la fin des attaques qui ont ensanglanté Paris et Saint-Denis, vendredi 13 novembre, quelques voix ont commencé à s’élever pour lier ces actes terroristes à la crise des migrants. La découverte d’un passeport syrien près du corps d’un des assaillants qui s’est fait exploser au Stade de France a notamment contribué à alimenter ces propos. Le sujet risque fort d’être relancé à l’occasion du débat qui aura lieu après le discours que François Hollande tient, lundi, devant les 925 parlementaires réunis en Congrès au château de Versailles.Suivez le Congrès sur le compte Twitter de notre journaliste : Tweets de @Bekouz!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Lire : Suivez les événements en directLa présidente du Front national (FN) a plaidé, dimanche soir, pour un rétablissement définitif des contrôles aux frontières, le parti d’extrême droite liant ces attentats à la crise des migrants qui secoue l’Europe depuis plusieurs mois. « Un certain nombre de terroristes se seraient glissés parmi les migrants », assure Marine Le Pen, qui a critiqué la « dissémination de ces migrants dans les villages et les villes de France ».« Des terroristes s’infiltrent »Le Parti de la France, groupuscule d’extrême droite, n’a pas manqué de réagir, dimanche sur son site Internet, en rappelant qu’ils étaient « les seuls à avoir fait l’amalgame, entre ce tsunami migratoire de jeunes hommes en âge de combattre et le terrorisme islamique » et que « le refus d’écouter les nationalistes a coûté la vie à 129 Français ».Le député et maire (Les Républicains) de Nice, Christian Estrosi, qui avait réclamé à l’Europe, à la mi-août sur France Info, des mesures de fermeté et avait estimé que « des terroristes s’infiltrent » parmi les migrants, a plaidé samedi pour que « des contrôles d’identité se mettent systématiquement en place dans les aéroports internationaux et nationaux quand les passagers sont à destination de l’aéroport Nice-Côte-d’Azur ».Réunis dimanche au siège du groupe Les Républicains avec les principales personnalités du parti, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé ont, de leur côté, exprimé leurs divergences sur « l’unité nationale », défendue par le maire de Bordeaux, le président du parti préférant parler de « solidarité » avec le gouvernement. Un proche de l’ancien chef d’Etat explique :« Pas question d’écouter sagement le pouvoir et de ne rien dire, en laissant penser qu’on serait d’accord sur tout. Ce n’est pas le cas, car on pense que les mesures nécessaires pour faire face à la menace terroriste n’ont pas été prises depuis janvier. Et sinon, cela alimentera une nouvelle fois le discours du FN sur l’UMPS. »Tensions au sein de l’Union européenneLes attentats de vendredi et la découverte d’un passeport syrien près du corps d’un des kamikazes ont relancé les tensions au sein de l’Union européenne sur la politique d’accueil des migrants, les partisans d’une ligne dure, notamment en Pologne et en Allemagne, estimant leurs craintes fondées.Lire aussi :Des responsables européens font le lien entre les attentats de Paris et les réfugiés« Paris a tout changé » et « le temps n’est plus à une immigration incontrôlée », a martelé dans la presse allemande Markus Söder, dont le parti conservateur catholique bavarois CSU critique depuis plusieurs semaines la politique de son alliée la chancelière Merkel à l’égard des réfugiés.Le mouvement islamophobe allemand Pegida a, pour sa part, jugé des attentats en Allemagne inéluctables « si l’on n’arrête pas l’avalanche des demandeurs d’asile, si l’on ne sécurise pas correctement les frontières ».Mais face à eux, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, est intervenu dimanche pour défendre la ligne retenue jusqu’alors, assurant qu’« il n’y a pas lieu de revoir dans leur ensemble les politiques européennes en matière de réfugiés ».« Ceux qui ont perpétré les attentats sont exactement ceux que les réfugiés fuient, et non pas l’inverse. »La chancelière Angela Merkel a, elle, plaidé dimanche, en marge du sommet du G20, pour une « répartition équitable » des migrants en Europe, et refusé tout amalgame entre les attentats de Paris et les « nombreux réfugiés innocents ».La ministre de la défense allemande, Ursula von der Leyen, a également appelé à « la retenue devant les amalgames entre le terrorisme et les réfugiés ». Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les 28 chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne se réunissent pour trois heures de discussion avec le premier ministre turc Ahmet Davutoglu, dimanche 29 novembre à Bruxelles. Quel est le but de cette inédite rencontre au sommet, réclamée depuis des semaines par la chancelière allemande Angela Merkel ?Ce que veulent les Européens, tout particulièrement les AllemandsIls espèrent obtenir d’Ankara un engagement ferme afin de juguler l’afflux des réfugiés en Europe, qui transitent par la Turquie. Depuis le début de l’année, plus d’un million de Syriens, Irakiens, Afghans, Pakistanais, sont déjà arrivés en Europe, il s’agit de la plus grande crise migratoire sur le continent depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.L’Union demande à la Turquie d’aider davantage les 2,2 millions de Syriens, qui fuient la guerre civile et qui, depuis quatre ans, sont venus se réfugier chez elle. Mais qui manquent d’écoles pour leurs enfants, de soins, etc. Elle veut aussi qu’Ankara garde mieux sa frontière avec la Grèce, premier pays d’entrée des migrants en Europe, qu’elle fasse mieux la chasse aux passeurs, aux faux passeports, et accepte de prendre en charge les migrants économiques venus des côtes turques mais refoulés en Grèce car non éligibles au droit d’asile.Ce qu’exigent les Turcs en échangeAnkara veut une aide financière pour prendre en charge ces réfugiés ; au moins 3 milliards d’euros, par an. Elle demande aussi de l’argent pour mieux équiper ses douaniers, notamment pour acheter des bateaux gardes-côtes. Mais le gouvernement de Ahmet Davutoglu exige surtout que ce sommet soit l’occasion d’un accord beaucoup plus large.UE-Turquie, vers un accord basé sur un malentendu ? Tusk parle migrants, Davoglu répond adhésion— jbchastand (@JB Chastand)require(["twitter/widgets"]);Il veut la relance du processus d’adhésion de la Turquie à l’UE, complètement gelé depuis des années. Ce processus avait été lancé officiellement en 2004. Mais Chypre bloque l’ouverture de chapitres de négociations, qu’elle conditionne à un accord sur l’occupation du nord de l’île par la Turquie. D’autres pays, à commencer par la France pendant la présidence de Nicolas Sarkozy, ont aussi beaucoup freiné le processus. Ankara exige aussi une libéralisation accélérée de la délivrance de visas (courts séjours, touristiques) aux Turcs en Europe : elle espère qu’elle interviendra en 2016 plutôt qu’en 2017.Lire :Face à l’UE, Erdogan savoure sa revancheA quoi devrait ressembler l’accord signé dimanche ? Les diplomates ont négocié jusqu’à samedi soir pour trouver un terrain d’entente. Les Européens ne devraient pas « lâcher » sur les 3 milliards d’euros : ils acceptent cette somme, qui doit aller en priorité à des actions en faveur des Syriens (non pas directement au budget turc), mais ne s’engagent pas sur sa périodicité (tous les ans, tous les deux ans ?). Par ailleurs, ils ne précisent pas d’où viendra cet argent.Pour l’instant, 500 millions d’euros ont été dégagés du budget de l’UE, et la commission européenne a demandé aux Etats membres d’avancer le reste. Mais la plupart refusent d’apporter des contributions directes, pour des raisons d’affichage politique (impossible pour le gouvernement Chypriote, par exemple, de dire qu’il va aider directement la Turquie) et exigent que le solde soit lui aussi trouvé dans le budget de l’UE.Concernant le processus d’adhésion, les Européens ne devraient s’engager concrètement que sur l’ouverture du chapitre 17 des négociations (politiques économiques et monétaires), qui, sommet ou pas, aurait de toute façon pu être ouvert dans les mois qui viennent. L’accord ne mentionnera pas les chapitres 23 et 24 (justice, droits fondamentaux, libertés, sécurité), malgré l’insistance des Turcs.Ankara, de son côté, ne s’engagera sur aucun calendrier précis de déploiement des mesures de « contingentement » des réfugiés demandées par les Européens.La question des droits de l’homme, grande absente Les atteintes flagrantes aux libertés d’informer, les dérives autoritaires du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, la répression brutale contre les Kurdes, l’ambiguïté d’Ankara vis-à-vis de l’organisation Etat islamique ne devraient pas être évoqués dans les conclusions du sommet de dimanche. « Il en sera peut-être question, mais dans le huis clos des discussions » selon des diplomates européens. S’ils répètent qu’ils ne transigeront pas sur leurs principes, les dirigeants européens, aux abois à cause de la crise migratoire, ont fait le choix de la « realpolitik ».Ces derniers jours, pourtant, deux journalistes (Can Dündar et Erdem Gül, du quotidien Cumhuriyet) ont encore été emprisonnés, suite à des articles dénonçant l’existence de livraisons d’armes des services secrets turcs à l’organisation Etat islamique. « Nous espérons que votre volonté de trouver une solution n’entamera pas votre attachement aux droits de l’Homme, de la presse et d’expression, qui sont les valeurs fondamentales du monde occidental » ont déclaré ces deux journalistes, dans une lettre adressée dimanche aux 28 leaders européens.Lire aussi :Fin d’année préoccupante pour l’état de l’EuropeCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.11.2015 à 07h41 • Mis à jour le28.11.2015 à 09h46 | Alexandre Pouchard Entre hommage aux victimes du 13 novembre et suites de l’enquête, à la recherche de Salah Abdeslam et de ses complices, résumé de l’actualité de la semaine écoulée.Hommage national. Deux semaines après les attentats du 13 novembre, la France a rendu vendredi un hommage national aux 130 morts, avec une cérémonie aux Invalides réunissant les autorités et les familles.La Belgique en alerte. Plus tôt dans la semaine, après la France, c’est la Belgique qui est passée à son niveau d’alerte maximal, suspectant des terroristes djihadistes d’être sur le point de passer à l’action. La capitale, Bruxelles, a été totalement bloquée de samedi à mardi, avec écoles et transports publics fermés.La traque continue. Le principal suspect encore en vie des attentats de Paris, Salah Abdeslam, est toujours en fuite. Ce qui pourrait être la ceinture d’explosifs qu’il portait le 13 novembre a été retrouvé lundi dans une poubelle à Montrouge (Hauts-de-Seine), commune où le téléphone de M. Abdeslam a été localisé le soir des attaques. Elle est elle aussi constituée d’explosifs de type TATP, mais le système de mise à feu avait été neutralisé.Avant de se rendre à Montrouge, Salah Abdeslam aurait servi de chauffeur aux trois kamikazes du Stade de France. La police a diffusé dimanche un appel à témoins pour le troisième auteur, identifié mais au nom inconnu, qui a été, comme un de ses complices, contrôlé parmi des migrants en Grèce le 3 octobre. Un autre appel à témoins a été lancé, concernant cette fois Mohamed Abrini, un Français de 30 ans qui aurait accompagné Salah Abdeslam les jours précédant les attentats. Le groupe de terroristes aurait également projeté un attentat dans le quartier d’affaires de la Défense, le 18 ou le 19 novembre, a révélé mardi François Molins, le procureur de Paris.Voir la chronologie interactive :Attentats : le déroulé des événements et de l’enquête depuis le 13 novembreObserver l’état d’urgence. Alors que les perquisitions administratives, les interpellations et les assignations à résidence se poursuivent sous l’état d’urgence (à propos duquel Le Monde a lancé lundi un observatoire expérimental pour en observer l’application dans la vie des Français), le contexte reste extrêmement tendu.La coalition contre l’EI menacée. Au Moyen-Orient, pendant que François Hollande réalisait un véritable ballet diplomatique en faveur d’une vraie coalition internationale contre l’organisation Etat islamique (EI), incluant notamment la Russie avec qui les forces occidentales ne sont actuellement qu’en coopération, un incident à la frontière syro-turque a plombé ces espoirs. La Turquie a abattu mardi un avion de chasse russe qui avait pénétré dans son espace aérien et n’avait pas répondu aux sommations.Un pilote aurait été tué et l’autre serait porté disparu. Le président russe, Vladimir Poutine, a dénoncé « un coup de poignard dans le dos porté par les complices des terroristes ». Il a toutefois rencontré François Hollande jeudi et a assuré que la France et la Russie coordonneront leurs frappes en Syrie.Lire :Le marathon diplomatique aux résultats incertains de HollandeCôté français, les avions du porte-avions Charles-de-Gaulle ont mené cette semaine leurs premières frappes contre l’Etat islamique. Ces bombardements continueront en Syrie : le Parlement a approuvé mercredi leur prolongation au-delà des quatre mois initiaux.Attentat en Tunisie.La Tunisie aussi a été frappée par l’Etat islamique. Un attentat contre un bus de la sécurité présidentielle a tué au moins 13 personnes et en a blessé 20 autres mardi dans le centre de Tunis. Les autorités ont de nouveau décrété l’état d’urgence, levé le mois dernier, et mis en place un couvre-feu la nuit.La « jungle » de Calais doit être aménagée.Le Conseil d’Etat a confirmé lundi la condamnation de l’Etat et de la commune de Calais à aménager le bidonville de la ville du Pas-de-Calais où s’entassent près de 6 000 migrants dans des conditions déplorables. Cela comprend le recensement de mineurs isolés en situation de détresse, l’installation de points d’eau, de toilettes et de collecte d’ordures, le nettoyage du site et la création d’accès pour les secours.Loi santé : la loi Evin assouplie, le paquet neutre adopté. Contre l’avis du gouvernement, les députés ont assoupli mardi la loi Evin, qui encadre notamment la publicité sur les boissons alcoolisées en France depuis 1991. La commission des affaires sociales avait changé le texte du gouvernement et prévu que les « contenus » consacrés à une « région de production ou au patrimoine culturel, gastronomique ou paysager liés à une boisson alcoolique » ne soient pas considérés comme de la publicité.Les députés ont validé mercredi, de justesse, la mise en place du paquet de cigarettes neutre à partir de mai 2016. Tous les paquets auront ainsi la même forme, la même taille, la même couleur et la même typographie, sans logo, quelle que soit la marque.En revanche, une autre disposition du projet de loi santé, qui créait le délit d’incitation à la maigreur excessive contre les sites « pro-anorexie », a été rejetée.Fusion pharmaceutique.Le groupe pharmaceutique américain Pfizer a annoncé lundi son projet de fusion avec son concurrent irlandais Allergan pour 141 milliards d’euros, la plus grosse opération du genre dans le secteur. Une fusion essentiellement motivée par l’installation du siège du nouveau groupe en Irlande pour lui permettre de bénéficier d’un taux d’imposition très avantageux (moins de 15 %, contre 35 % aux Etats-Unis).Lire :Pfizer-Allergan : les nouveaux loups du capitalismeEt aussi…Chômage. Le nombre de demandeurs d’emploi a de nouveau augmenté en octobre, avec 42 000 chômeurs sans activité (catégorie A), selon les chiffres dévoilés jeudi par Pôle emploi et par le ministère du travail. C’est le troisième plus mauvais chiffre depuis le début du quinquennat de François Hollande, après ceux de septembre 2013 (+ 50 600) et de janvier 2013 (+ 47 900).Portugal. Le chef du Parti socialiste portugais, Antonio Costa, soutenu par la gauche radicale, a été nommé premier ministre mardi et chargé par le président, Anibal Cavaco Silva, de former un gouvernement.Argentine. Le libéral Mauricio Macri, maire de Buenos Aires, a remporté dimanche le second tour de l’élection présidentielle avec plus de 52 % des voix.Climat. Les catastrophes naturelles, toujours plus fréquentes, ont tué quelque 600 000 personnes en vingt ans, a annoncé l’ONU lundi. Les inondations ont représenté 47 % d’entre elles entre 1995 et 2015 et ont affecté 2,3 milliards de personnes, dont l’immense majorité en Asie. Les tempêtes ont, elles, été les catastrophes climatiques les plus meurtrières, avec 242 000 morts.Birmanie. Un gigantesque glissement de terrain a tué au moins 104 personnes, samedi, dans une mine de jade dans le nord du pays.Israël. Une Israélienne a été tuée dimanche et un Israélien lundi dans une série d’attaques au couteau par des Palestiniens, qui ont été abattus par la police.Espace. La société Blue Origin, de Jeff Bezos, le patron d’Amazon, est parvenue à faire atterrir en douceur une fusée qui a emporté une capsule pressurisée jusqu’à 101 kilomètres d’altitude. Une prouesse – la première dans le domaine – qui ouvre la voie à des fusées réutilisables.Football. Le Paris-Saint-Germain s’est qualifié mercredi pour les huitièmes de finale après une ultime et large victoire sur le terrain de Malmö (5-0). De son côté, l’Olympique lyonnais a été piteusement éliminé de toute compétition européenne après sa nouvelle défaite à domicile, mardi, contre les Belges de La Gantoise (1-2).Squash. Le Français Grégory Gaultier est devenu champion du monde de squash dimanche à Seattle, aux Etats-Unis, après avoir battu l’Egyptien Omar Mosaad.Alexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.11.2015 à 19h45 | Jean-Pierre Stroobants (La Haye, Envoyé spécial) Même si elle semble vouloir mettre l’accent sur d’autres questions, la présidence néerlandaise de l’Union européenne, qui débutera le 1er janvier, risque, comme beaucoup de celles qui l’ont précédée, d’être surtout contrainte de gérer les crises urgentes : celle du terrorisme, des réfugiés, de l’avenir de la zone Schengen…Sur ce dernier point, le premier ministre néerlandais, le libéral Mark Rutte se dit aussi « plutôt optimiste », à condition toutefois qu’une série de garanties soient obtenues, dont un contrôle effectif des frontières extérieures, la mise en place des « hot spots », centres d’enregistrement de tous les migrants en Grèce et en Italie, ou encore une répartition « équitable » des réfugiés entre les différents pays européens.« Arrêter le flux des migrants »« Il faut avant tout arrêter le flux des migrants, insiste le premier ministre, interrogé à La Haye, mercredi 25 novembre, par un groupe de journaux européens. Les empires s’effondrent s’ils ne contrôlent pas leurs frontières. » Et, pour cela, « nous avons besoin de la Turquie », souligne-t-il, là encore « raisonnablement optimiste » quant à la possibilité de conclure un accord avec Ankara. Dimanche 29 novembre, un sommet doit d’ailleurs réunir à Bruxelles, les dirigeants des 28 membres de l’UE et le premier ministre turc Ahmet Davutoglu.Lire aussi :Réfugiés : le retour de l’Europe forteresseCependant, face aux différentes crises qui frappent le continent, la France et les pays qui, à l’instar de François Hollande, pensent que « le pacte de sécurité l’emporte sur le pacte de stabilité », ne devront pas compter sur le soutien de la future présidence semestrielle de l’Union européenne.Les Pays-Bas et M. Rutte, sont tout sauf favorables à un nouvel assouplissement des règles budgétaires. Il y a un an, Paris avait obtenu un nouveau sursis pour rentrer dans les clous du pacte budgétaire. Les adeptes de la rigueur avaient pesté, évoquant un traitement de faveur à un « grand » pays.Assainir les financesM. Rutte ne cache pas son scepticisme. « On a d’abord évoqué la crise économique, puis désormais la crise sécuritaire. En réalité, il faut réformer pour être plus compétitifs », indique-t-il, dans une allusion à peine voilée à la France, estimant toutefois qu’il appartient à la Commission européenne de se prononcer. Paris invoque ses investissements dans la sécurité intérieure et le coût des missions militaires qu’elle mène, insiste-t-elle, pour assurer la sécurité de l’ensemble de l’Union.Lire aussi :Déficits : Bruxelles comprend la « priorité » donnée par la France « à la sécurité »Les Pays-Bas, qui appartiennent au club très fermé des pays du « Triple A » entendent, quant à eux, contribuer à « un retour à des finances saines et une zone euro solide ». La croissance et la création d’emplois seront les priorités de la future présidence, d’où son appel renouvelé à des « réformes structurelles et une politique économique coordonnée » afin de « garantir des budgets sains ». M. Rutte n’hésite pas à citer en exemple sa coalition avec le parti social-démocrate : elle a, dit-il, « tout réformé », la sécurité sociale, les retraites, l’éducation et la santé.Garder la Grande-Bretagne dans l’UEC’est parce qu’il privilégie le marché, le commerce et la croissance, que le responsable libéral juge également « vital » que la Grande-Bretagne reste membre de l’Union européenne après le référendum promis d’ici à la fin 2017 par le premier ministre David Cameron, un « ami personnel » de M. Rutte. « Un départ des Britanniques ne serait pas bon pour nous », commente-t-il, pas plus que pour les Scandinaves ou les Polonais. « Dans les demandes formulées par David Cameron, certaines sont réalisables rapidement, d’autres prendront du temps », convient toutefois le premier ministre.Lire aussi :Cameron et l’Europe : tu veux ou tu veux pasIl pense qu’il est encore temps d’expliquer aux Britanniques les mérites de l’appartenance à l’Union : si les Pays-Bas, par exemple, ont pu se sortir de la grave crise économique qui les a frappés durant trois années, c’est notamment grâce à l’euro, souligne-t-il. Il affiche cependant sa prudence quant à l’issue de la consultation populaire britannique : en 2005, tous les grands partis néerlandais s’étaient engagés pour le « oui » au futur projet de Constitution européenne et plus de 60 % des électeurs l’avaient rejeté. « Nous avions manqué de vrais débats sur l’Europe », explique M. Rutte.Connecter l’Europe à la sociétéEn accédant bientôt à la présidence semestrielle, il compte promouvoir les idées qui, dans son pays, ont découlé de ce rejet d’un texte perçu comme émanant de la « bulle bruxelloise » : « Il faut que l’Europe se focalise sur l’essentiel et se connecte à la société », explique un document transmis par le gouvernement de M. Rutte à la chambre des députés. Si elle compte assumer son rôle de « médiateur et arbitre », la présidence a bien l’intention d’intensifier ses rapports avec le Parlement européen et les parlements nationaux.« Le mécontentement à l’égard de l’incapacité des États membres à résoudre les problèmes conduit à l’euroscepticisme », note le gouvernement de La Haye. Qui prône dès lors « une combinaison optimale entre une coopération européenne forte et la liberté maximale, pour les États, de mener leurs propres politiques ».Jean-Pierre Stroobants (La Haye, Envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 18h00 • Mis à jour le26.11.2015 à 18h25 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Les nuages ont beau s’amonceler sur la relation russo-turque, Moscou ne coupera pas le robinet du gaz à Ankara. Quelques heures après que le chasseur russe Su-24, abattu par deux F-16 de l’armée turque, s’est écrasé dans le nord-ouest de la Syrie, mardi 24 novembre, la Russie a confirmé que les contrats seraient respectés.Lire aussi :L’armée turque assure qu’elle ne connaissait pas la nationalité de l’appareil abattu« Il ne pouvait en être autrement », a rassuré Anatoli Ianovski, le vice-ministre russe de l’énergie, cité par l’agence ITAR-TASS. Gazprom, qui a cessé ses livraisons de gaz à l’Ukraine pour cause d’impayés, ne peut se permettre le luxe d’une interruption supplémentaire de ses approvisionnements, à plus forte raison envers la Turquie, son deuxième plus gros client après l’Allemagne – 60 % du gaz consommé par les foyers turcs vient de Russie.Lire aussi :La Russie cesse ses livraisons de gaz à l’UkraineCôté turc, le dossier énergétique est désormais entre de très bonnes mains, celles du jeune ministre de l’énergie, Berat Albayrak, 37 ans, tout juste nommé au sein du nouveau gouvernement, le 24 novembre. Bien qu’inexpérimenté, le ministre aura à charge de mener toutes les discussions avec la partie russe.La tâche s’annonce ardue mais M. Albayrak dispose d’un atout majeur : il jouit de toute la confiance du président Erdogan, son beau-père. Marié depuis 2004 à Esra Erdogan, la fille aînée du président, Berat Albayrak est sorti du bois au moment de son élection en tant que député de la circonscription d’Istanbul, lors des législatives du 1er novembre.Alliance gazière et nucléaireLe dossier énergétique est réputé aussi juteux que difficile. Il y a un an environ, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, semblaient les meilleurs amis du monde. D’une poignée de main cordiale, les deux hommes avaient scellé, le 7 décembre 2014 à Ankara, une nouvelle alliance gazière autour du projet de construction d’un nouveau gazoduc, le Turkish Stream. Il s’agissait de dessiner une alternative au projet de gazoduc South Stream, dont l’abandon fut déclaré dans la foulée.Lire aussi :Le nouveau partenariat énergétique russo-turc fait du surplaceCette nouvelle alliance se faisait sur le dos de l’Ukraine, traditionnelle voie de transit du gaz russe vers l’Europe. Elle sonnait aussi comme un camouflet infligé à l’Union européenne, et plus directement à la Commission européenne, qui à maintes reprises s’était élevée contre le monopole de Gazprom sur les tubes, le transport et la distribution.Autre grand chantier énergétique : la construction à Mersin, dans le sud de la Turquie, par le consortium public Rosatom, de la première centrale nucléaire du pays, un projet à 19 milliards d’euros pour lesquels les Russes ont déjà déboursé 2,8 milliards. « Si les Russes ne construisent pas Mersin, d’autres le feront », avait défié M. Erdogan, le 8 octobre, en marge d’une visite au Japon. Quelques jours auparavant, des chasseurs bombardiers russes avaient pénétré dans l’espace aérien turc, ouvrant une crise sans précédent entre les deux Etats voisins de la mer Noire.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.11.2015 à 15h04 • Mis à jour le26.11.2015 à 15h23 Le diagnostic des régions avec l’Institut MontaigneLes 6 et 13 décembre, les Français voteront pour élire leurs représentants dans les 13 nouvelles régions . Afin d’éclairer le choix des électeurs, LeMonde.fr et l’institut Montaigne ont conclu un partenariat, en vous proposant un diagnostic détaillé de l’état économique et financier des régions. Celui-ci a été réalisé sur les 22 anciennes régions, seules à avoir un bilan.Les bilans sur le site de l’Institut MontaigneRetrouvez tous nos contenus sur les régionales dans notre page spéciale. Vous pouvez aussi retrouver nos statistiques détaillées sur les votes et les grands équilibres socio-économiques sur notre portail de données.SommaireDémographie, emploi, atouts économiquesUn essor démographique importantUne région riche mais fortement touchée par le chômage et les inégalitésEconomie : structure et dynamiquesUne région créatrice de richesses qui a su résister à la crisePrééminence des services, orientation sectorielle favorableLa construction à la commande publiqueUn taux de chômage élevéTerritoire et infrastructuresUn territoire entre relief et littoralUne population concentrée dans les zones urbaines et périurbainesLes dépensesDépenses de personnel en hausseRecul des dépenses d’investissementDépenses d’intervention réparties à parts égales entre transports, enseignement et formation professionnelleLes recettesUne hausse des recettes de fonctionnement interrompue en 2013Importante progression du produit de la CVAERecul des immatriculationsL’endettementUne dette élevée, diversifiée et sûreDégradation de la capacité de désendettement   Démographie, emploi, atouts économiques1. Un essor démographique importantLa région Provence-Alpes-Côte d’Azur est, avec plus de 5 millions d’habitants, l’une des régions les plus peuplées de France métropolitaine. Elle fait aussi partie de celles ayant connu la plus forte croissance démographique depuis les années 1960 : alors qu’elle s’élève à 35% sur l’ensemble du territoire, elle monte à 73% pour la région PACA.L’attrait de la région semble toutefois reculer depuis plusieurs années. Son solde migratoire reste positif mais elle se positionne derrière les autres grandes régions du sud et de l’ouest de la France. Cette réalité ne modifie pas pour autant la structure démographique de la région dans la mesure où les sortants et les entrants présentent souvent le même profil. L’idée, largement répandue, selon laquelle PACA accueillerait majoritairement des retraités et perdrait des actifs est donc erronée.2. Une région riche mais fortement touchée par le chômage et les inégalitésLa région PACA est la troisième économie régionale, avec un PIB supérieur à 150 milliards d’euros. Elle produit plus de 7% de la richesse nationale, ce qui la classe parmi les 20 régions ayant le PIB le plus élevé en Europe. Son activité est essentiellement tournée vers le tertiaire, principalement les services aux entreprises et le tourisme, l’industrie, avec l’établissement de nombreuses entreprises du secteur autour de l’étang de Berre, et enfin l’immobilier et la construction.Contrepoids de ces bonnes performances économiques, la région souffre d’un taux de chômage particulièrement élevé. En 2014, il s’établit à 11,4%, contre 9,8% en France métropolitaine. De façon concomitante, le taux de pauvreté y est plus important qu’ailleurs : plus de 15 habitants sur 100 sont en effet en situation de pauvreté. Tous les départements sont concernés à l’exception des Hautes-Alpes - le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône étant particulièrement exposés.Le contraste entre une économie dynamique, d’une part, et des poches importantes de pauvreté, d’autre part, contribue à ce que la région PACA se singularise par de fortes inégalités territoriales. La région se situe en effet en deuxième position derrière la Corse en termes d’écarts de richesse.Economie : structure et dynamiques1. Une région créatrice de richesses qui a su résister à la criseLe PIB par habitant de la région PACA se situe à un niveau élevé, bien supérieur au niveau moyen des régions françaises hors Ile-de-France. Sa productivité est supérieure à la moyenne française : le PIB par emploi s’y élève à 76 553€, contre 71 169€ pour la France métropolitaine (hors Ile-de-France).2. Prééminence des services, orientation sectorielle favorableAu 1er janvier 2013, la région accueillait près de 10% des établissements de services du territoire national. Le tertiaire est un secteur majeur d’activité et un pourvoyeur d’emplois de première importance pour la région. Il génère 8 emplois sur 10. Le tertiaire non-marchand constitue un vecteur important d’emplois, notamment dans l’enseignement. Les services aux entreprises se sont également fortement développés. Les services opérationnels (nettoyage, sécurité, etc.) ont gagné près de 50 000 emplois salariés depuis 1990 (+110%). L’emploi a aussi fortement progressé dans le domaine du conseil et de l’assistance (+89%) et dans le secteur de la R&D (+58%).La région PACA est la 7ème en France en termes d’emploi industriel. Il y représente 9% de l’emploi total. Le tissu industriel de la région, qui est essentiellement implanté le long du littoral et dans le couloir rhodanien, est moins affecté qu’ailleurs par les mutations industrielles. L’orientation sectorielle de l’industrie en PACA (gaz, eau, déchets, pharmacie, composants électriques et électroniques, etc.) lui est en effet favorable. Elle lui permet d’être préservée des grandes restructurations intervenues dans d’autres secteurs (automobile et textile notamment). Le tissu productif reste néanmoins fragile : malgré la présence de groupes industriels de premier plan, 90% des établissements industriels comptent moins de 10 salariés.3. La construction à la commande publiqueEn PACA, le secteur de la construction représente un volume de chiffre d’affaires de 13 Md€, 100 000 emplois salariés et plus de 50 000 entreprises.Le secteur a été particulièrement affecté par la crise. Le marché du logement neuf a connu une forte décrue ces dernières années, malgré une légère amélioration fin 2014. Le niveau de la construction a également connu un net repli et le nombre des permis de construire et des mises en chantier a reculé en 2014.Les entreprises du secteur pourraient être durement touchées par l’ajustement des budgets locaux sur l’investissement dans les prochaines années. La baisse des dotations de l’État conduit en effet nombre de collectivités à revoir leurs programmes d’investissement à la baisse. Cette baisse, que l’on peut déjà observer pour le bloc communal en 2014, pourrait être prolongée par les décisions d’autres strates de collectivités. Les secteurs du bâtiment et des travaux publics anticipent déjà une baisse substantielle de la commande publique.4. Un taux de chômage élevéLe chômage en PACA est structurellement plus élevé que dans le reste de la France métropolitaine. La région peine à créer le nombre d’emplois qui permettrait d’accompagner la croissance forte de sa population active. Le taux de chômage de la région, qui s’était rapproché du niveau national entre 2005 et 2009, est toujours resté supérieur depuis cette date. Les départements du Vaucluse, des Bouches-du-Rhône et des Alpes de Haute-Provence sont les départements les plus touchés.Même si elle est l’une des régions qui a le mieux résisté à la crise dans ce domaine également, elle peine à résorber un niveau de chômage dont une part importante est structurelle. Le nombre de demandeurs d’emploi a encore augmenté entre fin 2013 et fin 2014. Le taux de chômage a augmenté de 0,5 point entre ces deux dates. Les actifs de plus de 50 ans et les demandeurs d’emplois depuis plus d’un an sont les plus touchés tandis que la population jeune résiste mieux.Territoire et infrastructures1. Un territoire entre relief et littoralLe territoire de la région Provence Alpes Côte d’Azur (PACA) s’étend sur une superficie de 31 400 km² et présente un relief très contrasté. Son patrimoine naturel conditionne son aménagement territorial et son modèle de croissance économique. La montagne occupe en effet près de la moitié de sa superficie tandis que le littoral s’étend sur 700 km. La région se caractérise ainsi par une forte concentration des populations et de l’activité sur la côte. L’emprise du relief aussi bien littoral que montagneux concentre plus des trois-quarts de la population sur 10% de la superficie régionale, essentiellement le long des côtes méditerranéennes. Deux départements sont particulièrement concernés, le Var et les Bouches-du-Rhône.2. Une population concentrée dans les zones urbaines et périurbainesCette concentration a pour conséquence la forte influence des aires urbaines sur le territoire régional, accompagnée par une poussée tout à fait remarquable des zones périurbaines. Les quatre aires urbaines les plus importantes (Marseille et Aix-en-Provence, Nice, Toulon, Avignon) concentrent 80% de la population. Les phénomènes de périurbanisation sont davantage marqués que dans les autres régions. Cette situation constitue un enjeu important pour la région en termes de transports et de lutte contre le réchauffement climatique.Les dépensesLes dépenses de la région PACA ont reculé entre 2009 et 2013, selon un schéma constaté dans de nombreuses autres régions : progression des dépenses de fonctionnement et repli des dépenses d’investissement.1. Dépenses de personnel en hausseLes dépenses de fonctionnement ont connu une progression soutenue entre 2009 et 2013, de plus de 3% en moyenne par an contre 1,85 % pour les autres régions hors Ile-de-France. Elles s’élèvent à 299€ par habitant, contre 269€ pour la moyenne des régions hors Ile-de-France.Comme les charges à caractère général, les dépenses de personnel ont augmenté de façon plus marquée qu’ailleurs : plus de 5% en moyenne annuelle depuis 2009 contre 3% pour les autres régions hors Ile-de-France. La collectivité s’est notamment engagée dans une politique de recrutement favorable (+117 agents en 2012, +44 en 2013). La masse salariale représente plus de 16% des dépenses de fonctionnement de la région.2. Recul des dépenses d’investissementLes dépenses d’investissement s’élèvent à 484 M€ en 2013, soit le plus bas niveau constaté depuis 2009. Sur la période 2009-2013, elles ont reculé de près de 15% par an en moyenne. Elles représentent 133€ par habitant, contre 150€ en moyenne pour les régions métropolitaines hors Ile-de-France.Cet ajustement peut s’expliquer par la diminution des capacités de la région à autofinancer ses investissements. En effet, la diminution de son épargne brute et la baisse de ses recettes d’investissement la conduisent à accroître la part de son investissement par emprunt.3. Dépenses d’intervention réparties à parts égales entre transports, enseignement et formation professionnelleLes trois principales dépenses d’intervention sont les transports (24,1%), l’enseignement (22,4%) et la formation professionnelle (22,4%). Sur les dernières années, ces dépenses ont connu des évolutions contrastées. L’accent a été mis sur les transports et la formation professionnelle, la culture et les sports progressant également fortement même s’ils pèsent de façon moins importante dans le budget régional.Dans le domaine des transports, la région PACA se distingue par le volume important des crédits qu’elle accorde aux autres modes de déplacement que le ferroviaire. Quand la moyenne des dépenses consacrées par les régions aux transports hors ferroviaires est légèrement supérieur à 5 M€, la région y consacre plus de 30 M€. La région est aussi celle qui consacre le plus de crédits au financement de la voirie départementale, avec le Languedoc-Roussillon.Concernant la formation professionnelle et l’apprentissage, la région PACA se situe au troisième rang des régions qui y consacrent le budget le plus important, mai seulement au septième pour le seul apprentissage, avec 96,6 M€.De même, en matière d’enseignement, la région se positionne très favorablement pour le financement de lycées publics (première région après l’Île-de-France). En revanche, malgré l’implantation de nombreuses universités et laboratoires de recherche sur son territoire, elle ne situe qu’au huitième rang pour les crédits consacrés à l’enseignement supérieur, qui ne représentent qu’un peu plus de 4% des crédits destinés à l’enseignement en PACA.Les recettes1. Une hausse des recettes de fonctionnement interrompue en 2013Les recettes de fonctionnement ont progressé à un rythme soutenu entre 2009 et 2012 (+2,3% en moyenne annuelle). Cette tendance a été stoppée en 2013. Elles reculent en 2014.Le produit de la fiscalité régionale s’est élevé à 914,8 M€ en 2013. La fiscalité régionale en PACA connaît des variations moins fortes que la moyenne des régions, ce qui s’explique notamment par la structure de la fiscalité de la région. Les recettes fiscales indirectes représentent près de 60% du total, contre 40% pour les recettes fiscales directes. Or l’évolution de ces produits a été opposée. 2. Importante progression du produit de la CVAE En 2013, le produit de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) de la région a atteint près de 260 M€, soit une hausse de plus de 7% par rapport à 2012. Cette hausse contribue largement à la croissance de la fiscalité directe. Elle mérite toutefois d’être relativisée. Si elle résulte d’une croissance de la valeur ajoutée sur le territoire, elle est liée également aux modalités et au rythme de versement de cette taxe. En 2014, le produit de la CVAE ne progresse que modérément de 1,5%.3. Recul des immatriculationsLe produit de la fiscalité indirecte a diminué de plus de 4 M€ en 2013. Ce recul est la conséquence de la baisse importante de la taxe sur les cartes grises d’une part et de la très faible augmentation du produit de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) d’autre part.Le produit de la taxe sur les cartes grises, de près de 200 M€, a diminué de 5,6 % en 2013, sous l’effet de la diminution des immatriculations. Elle n’a pu être compensée par la très faible croissance de la TICPE, pourtant première recette fiscale indirecte de la région. Cette évolution est à observer d’autant plus près que le tarif de la carte grise par cheval-vapeur est le plus élevé des régions françaises ce qui laisse peu de marge de manœuvre sur cette taxe pour le prochain exécutif.En 2014, la tendance à la diminution de la fiscalité indirecte se prolonge. Le produit de ces deux taxes additionnées diminue légèrement, de 1,6%. Cette tendance, qui accompagne la perte d’autres recettes comme la DGF, pourrait entrainer une dégradation des ratios financiers de la région si les dépenses n’étaient pas ajustées à cette baisse.4. Une baisse annoncée des dotations de l’EtatLe montant total des dotations de fonctionnement de l’État s’élève à 680 M€ en 2013. L’ajustement qu’il a connu en 2013 est minime au regard des projections sur les prochaines années. En stagnation depuis plusieurs années, la dotation forfaire de la dotation globale de fonctionnement (DGF) entame le recul annoncé dans la cadre de la contribution des collectivités à la résorption des déficits publics. Ainsi, en 2014, la DGF recule de plus de 3% pour la région PACA, mouvement qui doit se poursuivre et s’amplifier au moins sur les deux prochaines années.Le reste des autres dotations est gelé. La dotation globale de décentralisation (DGD) « formation professionnelle » s’est ainsi établi en 2012 et en 2013 à 134 M€.L’endettement1. Une dette élevée, diversifiée et sûre L’encours de dette de la région était de 1 820 M€ en 2013 et de 2 145 M€ en 2014. Il a progressé sensiblement sur les dernières années. Entre 2009 et 2014, l’augmentation de l’encours est de plus de 30 %, ce qui représente une moyenne annuelle d’évolution de plus de 5%.En 2013, l’encours de dette par habitant de la région PACA est nettement supérieur à la moyenne de sa strate (365€ contre 285€). En volume, la région figure parmi les cinq régions les plus endettées.L’encours de dette est diversifié. Il est constitué de dette bancaire, de dette obligataire, de crédit- bail et d’emprunts dits « revolving ». La diversification de l’encours de dette est une caractéristique essentielle de la gestion de sa dette par la région. Elle lui permet d’être moins dépendante à l’égard du marché bancaire et de pouvoir arbitrer en faveur des offres de financement qu’elle juge les plus compétitives. La structure de dette de la région est par ailleurs équilibrée, malgré un recours important au marché obligataire sur les dernières années. La dette de la région est par ailleurs sûre, classée en 1 A ou 2 A sur la charte Gissler.2. Dégradation de la capacité de désendettement La capacité de désendettement est le rapport de l’encours de dette à l’épargne brute. Exprimée en nombre d’années, ce ratio exprime la durée nécessaire à une collectivité pour couvrir sa dette par son épargne.En région PACA, ce ratio s’est dégradé ces dernières années, sous l’effet de la croissance de la dette. En 2014, il était de 5,4 années, soit l’un des niveaux les plus élevés en France. 26.11.2015 à 14h46 SommaireUne région attractive au fort dynamisme démographiqueLa place importante de l’agriculture et des servicesUne performance économique supérieure à la moyenne nationaleUne région qui a su résister à la crise économique Des secteurs exportateurs en perte de vitesseTirer parti d’une situation géographique favorableUne croissance des dépenses tirée par l’investissementHausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementUn niveau de recettes peu élevé mais en progressionBaisse des recettes fiscales, hausse des subventionsUne dette en forte croissanceMais toujours soutenable Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région attractive au fort dynamisme démographiqueTroisième région métropolitaine par sa superficie (41 305 km²), l’Aquitaine est la sixième en nombre d’habitants (plus de 3 300 000 habitants). Sa population est particulièrement concentrée dans deux zones : le littoral mais surtout l’agglomération de Bordeaux, qui compte à elle seule plus de 850 000 habitants.Cette population présente une croissance supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 1999 et 2014, la population aquitaine a progressé de 14,7%, contre 9,3% pour la population française totale. Selon l’Insee, ce dynamisme s’explique pour 90% par le solde migratoire, et seulement pour 10% par le solde naturel, ce qui témoigne de l’attractivité de la région.Cette attr»activité fait du tourisme un secteur en développement. L’Aquitaine présente en effet de nombreux atouts dans ce domaine, liés à la diversité de son territoire (grandes agglomérations, océan Atlantique, forêts, etc.) et de son patrimoine. Le tourisme dans la région représenterait autour de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit 8% du produit intérieur brut aquitain.Avec un PIB régional de 93,9 milliards d’euros en 2014, l’Aquitaine figure à la sixième place des régions françaises.2. La place importante de l’agriculture et des servicesSe situant au second rang des régions françaises pour le nombre d’exploitations agricoles (45 000 en 2010, juste derrière la région Midi-Pyrénées), l’Aquitaine connaît une structure de l’emploi marquée par l’importance de l’agriculture : l’emploi agricole représente ainsi 4,7% de l’emploi régional total en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne nationale (2,5%). Les exploitations viticoles sont les premiers employeurs dans ce domaine, avec près d’un emploi agricole sur deux. La viticulture représente par ailleurs plus d’un tiers de la valeur ajoutée agricole de la région.Cette prégnance de l’agriculture est cependant moins marquée en ce qui concerne la répartition de la valeur ajoutée puisque l’Aquitaine se situe dans la moyenne française avec une valeur ajoutée agricole qui représente 2% de la valeur ajoutée totale.L’Aquitaine est en outre une région fortement tertiarisée, dans la mesure où les emplois de services représentent plus des trois quarts du total des emplois. Ce secteur est par ailleurs particulièrement dynamique puisqu’il représente plus des trois quarts de la création de richesse régionale en 2011.Par contraste, le tissu industriel est moins dense en Aquitaine qu’en France métropolitaine. Le secteur secondaire produit ainsi 13% de la valeur ajoutée régionale contre 14% au niveau national, et 11,3% de l’emploi total contre 12,5 % en France métropolitaine. L’industrie est néanmoins développée dans quelques domaines traditionnels (industrie agro-alimentaire en particulier) comme dans des technologies de pointe (aérospatial notamment).Economie : structure et dynamiques3. Une performance économique supérieure à la moyenne nationaleSur la période récente, l’Aquitaine présente une performance économique légèrement supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, entre 2000 et 2012, le PIB régional a progressé de 1,4% contre 1,2% pour le PIB national. Comparativement à la moyenne française, cette croissance a notamment été tirée par l’industrie manufacturière, en particulier par le domaine aérospatial.Le PIB par habitant s’élève aujourd’hui en Aquitaine à 28 279€, un niveau supérieur de plus de 400 euros au PIB par habitant de la France hors région Ile-de-France. Le PIB par emploi, qui mesure la production de la population active d’un territoire, s’élève à 70 514€ fin 2013, en croissance de 0,5% depuis 2000, en ligne avec la progression au niveau national sur la même période (+0,6%).Le taux de pauvreté est plus faible qu’au niveau national : 12,9% contre 14,3% fin 2012. Les inégalités sont également moins fortes : le rapport interdécile (écart de revenu disponible moyen par unité de consommation entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches) s’élève à 3,3 en Aquitaine, contre 3,5 en France métropolitaine.Cette performance s’explique en particulier par la structure de l’économie aquitaine, et notamment par l’importance de son secteur tertiaire, ainsi que par son dynamisme démographique. Elle s’explique également, dans la période récente, par une plus grande résistance à la crise économique.4. Une région qui a su résister à la crise économique L’Aquitaine a mieux résisté que la moyenne à la crise économique. Si l’économie aquitaine a connu dès 2008, et de façon anticipée par rapport à la moyenne nationale, une récession importante (repli du PIB de près de 3%), elle a amorcé sa reprise plus rapidement que les autres régions. Elle a ainsi retrouvé son niveau de PIB d’avant crise dès fin 2011, grâce à une croissance du PIB entre 2008 et 2011 plus dynamique que les autres régions.Le taux de chômage y est aujourd’hui élevé (9,7% en 2014), mais reste néanmoins légèrement inférieur au taux national (9,8%). La crise économique s’est toutefois traduite par une accélération de la recomposition du tissu économique aquitain. Entre 2008 et 2011, c’est ainsi avant tout la valeur ajoutée du secteur tertiaire (services) qui a tiré l’économie de la région, alors que l’industrie et l’agriculture voyaient la part relative de leur valeur ajoutée dans le PIB régional se réduire.5. Des secteurs exportateurs en perte de vitesseSi l’Aquitaine a mieux résisté à la crise, elle connaît depuis 2012 une évolution plus défavorable de ses exportations : repli de 2% en 2012, puis de plus de 4% en 2013 (contre 1,3 % au total en France), et de plus de 6% en 2014.Le solde commercial aquitain, longtemps excédentaire, se résorbe ainsi progressivement (il n’est plus que de +23 millions d’euros fin 2013) et devient déficitaire en 2014 (déficit de 385 millions d’euros). Cette tendance semble se poursuivre en 2015. Elle touche l’ensemble des secteurs et témoigne d’une demande mondiale moins dynamique mais aussi de pertes de parts de marché. Le secteur viticole est particulièrement concerné, avec une baisse des exportations de 6,7% en 2013.Cette situation de dégradation progressive font des secteurs exportateurs un enjeu majeur pour l’avenir de l’économie régionale.Territoire et infrastructures6. Tirer parti d’une situation géographique favorableL’Aquitaine présente une situation géographique et des infrastructures qui lui permettent d’être bien connectée au reste de la France et au monde.La capitale régionale, Bordeaux, est ainsi directement reliée à Paris, par la route et le train, ainsi qu’à l’Espagne. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac est l’aéroport le plus important de la région, avec près de 5 millions de passagers par an, et contribue fortement au dynamisme de l’économie locale, sans compter les effets sur les autres secteurs d’activité : entre 2008 et 2011, la valeur ajoutée du secteur « transport » a ainsi augmenté de 13% en moyenne, du fait en particulier de la croissance de l’activité de l’aéroport de Bordeaux. A l’avenir, la région pourra tirer davantage parti de cette situation pour développer son économie.L’achèvement, prévu pour le milieu de l’année 2017, de la ligne grande vitesse (LGV) Sud Europe Atlantique devrait permettre de renforcer l’accessibilité et donc l’attractivité de la région en mettant Bordeaux à 2h05 de Paris, contre 3h aujourd’hui). Cela pourrait constituer une opportunité de développement économique pour la région, même si les retombées demeurent difficiles à chiffrer.Les finances de la régionLes dépenses7. Une croissance des dépenses tirée par l’investissementLes dépenses de la région Aquitaine s’élèvent à 1 135,2 millions d’euros en 2013, contre 1 188,4 millions d’euros en 2009, soit une croissance de 12,3% sur la période, contre seulement 5% pour la moyenne nationale. Rapporté à la population, le montant des dépenses est de 402€ par habitants, en croissance de 8,5% par rapport à 2009.L’essentiel de l’écart entre la croissance des dépenses en Aquitaine et la croissance nationale s’explique par le dynamisme des dépenses d’investissement. Les dépenses d’investissement hors dette ont en effet enregistré une croissance de 11,6% entre 2009 et 2013 dans la région, alors qu’elles ont connu un repli en moyenne nationale sur la même période (environ -7%). La dépense d’investissement est de 157,9€ par habitant en 2013, niveau nettement supérieur à la moyenne française (129,2€).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 11% en Aquitaine – pour atteindre 746 millions d’euros en 2013 -, contre 8,4% en moyenne nationale.Les dépenses liées aux intérêts de la dette ont aussi fortement augmenté en Aquitaine sur la période : elles représentent 4,1% des dépenses de fonctionnement, contre 2,9% en moyenne dans les régions de France métropolitaine.8. Hausse du budget des transports, baisse de celui de l’enseignementPremier poste de dépenses de l’Aquitaine, avec 323 millions d’euros en 2013, l’enseignement a fait l’objet d’économies : le montant de ces dépenses a décru de 3% entre 2009 et 2013, et la part de l’enseignement dans le budget total est passée de 28% à 24,2%.En revanche, priorité a été donnée au secteur des transports. Ce poste, qui représente le second poste de dépenses de la région (290 millions en 2013) a en effet enregistré une croissance de 30,3% entre 2009 et 2013 et représente en 2013 21,8% du budget régional. Cette tendance se poursuit sur les années 2014 et 2015. Le budget primitif 2015 fixe au rang des priorités de la région le soutien aux projets de transport tels que la ligne grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) ou la réouverture de la section ferroviaire Oloron-Bedous.Les crédits destinées à l’action économique ont également connu une croissance sensible (+12,2%) sur cette période. Enfin, la culture, le sport et les loisirs ont connu une forte progression entre 2009 et 2013 (+40,4%) mais représentent une part peu significative du budget régional (44,3 millions en 2013, soit 3,3% du budget).Les recettes9. Un niveau de recettes peu élevé mais en progressionLes recettes ont augmenté sur la période 2009-2013 (+15,0%), en particulier du fait d’une hausse des transferts et subventions nettement supérieure à la moyenne nationale (+5,9%).Le total de ces recettes s’élève à 1 329,7 millions d’euros en 2013, contre 1 156,5 millions en 2009.Elles représentent 400,4€ par habitant en 2013, niveau légèrement inférieur à la moyenne nationale (416 € en France métropolitaine) mais en hausse de 11% depuis 2009.10. Baisse des recettes fiscales, hausse des subventionsLes recettes fiscales ont enregistré entre 2009 et 2013 une croissance de 3,1%, niveau inférieur à la moyenne nationale (+5,3%). En 2013, elles s’élèvent à 177,2€ par habitant, en légère baisse par rapport au niveau constaté en 2009 (178,1€ par habitant).Au sein même des recettes fiscales, les évolutions sont contrastées. Les ressources fiscales directes - désormais constituées par la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER) - sont en forte baisse (-10,5% entre 2009 et 2013). Dans le même temps, le produit de la taxe sur les cartes grises a augmenté de 15,3%. La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est elle en léger repli (-2,6%).La hausse des recettes s’explique donc essentiellement par la hausse des subventions. En Aquitaine, elles ont augmenté de 5,9% entre 2009 et 2013, niveau supérieur à la moyenne nationale (+2,5%). Elles représentent 546,5 millions d’euros en 2013.Au sein de ces subventions, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,3% contre 0,8% en moyenne pour les régions métropolitaines.Cette hausse s’explique en partie par le fait que l’Aquitaine est redevenue éligible à la péréquation régionale en 2009.L’endettement11. Une dette en forte croissanceL’encours total de dette de la région Aquitaine a fortement augmenté ces dernières années. De 284,5 millions d’euros en 2009, il a en effet atteint 558,7 millions en 2013 puis 685 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 22.9% en seulement un an. Cet effet volume explique l’augmentation significative des charges d’intérêts et la dégradation de la capacité de remboursement.L’évolution de l’encourt total de la dette témoigne d’un recours croissant à l’emprunt par la région : les recettes d’emprunt, alors qu’elles représentaient 4,8% des recettes réelles totales en 2009, représentent 12,4% de celles-ci en 2013. Ainsi, les annuités de la dette s’élèvent à 64,4 millions d’euros en 2013, contre 46 millions en 2009.La hausse de l’encours de dette de la région Aquitaine s’est accompagnée d’une hausse des charges d’intérêt : 13,9 millions d’euros en 2013 contre 4,7 millions d’euros en 2013.Néanmoins, rapporté à la population, le niveau de dette de la région reste inférieur à la moyenne nationale : il s’établit en 2013 à 168,2€ par habitant, contre 303€ dans les régions métropolitaines.12. Mais toujours soutenableLa capacité de désendettement de la région Aquitaine indique par ailleurs que le niveau de dette demeure soutenable : cette capacité se situe en effet à 1,7 année en 2013, ce qui signifie que la région pourrait rembourser la totalité de son encours de dette en 1 an et 8 mois si elle y consacrait la totalité de son épargne brute. Au niveau national, la moyenne de capacité de désendettement est de 4,0 années.Cette capacité de désendettement s’est cependant dégradée depuis 2009 (elle se situait alors à 0,9 année).En lien avec la forte augmentation de l’encours de dette, elle s’est à nouveau affaiblit en 2014 : elle s’élève ainsi à 2,1 années, contre 1,7 fin 2013. 26.11.2015 à 14h28 • Mis à jour le26.11.2015 à 15h27 SommaireUne région attractive tournée vers la MéditerranéeDes inégalités importantes Une situation très dégradée en matière d’emploiUne région tirée par l’économie présentielleUn projet ferroviaire ambitieux mais porteur de risques financiersLe défi de l’eauUn niveau d’investissement parmi les plus élevés de FrancePriorité à l’éducation et au développement économiqueDes recettes fiscales atonesDes dotations qui résistent malgré la baisse de la DGFUn endettement en forte augmentationUne situation financière qui demeure saineDes frais financiers maîtrisésUne capacité de désendettement qui se dégrade mais un taux d’épargne toujours élevé Démographie, emploi, atouts économiquesLa Région Languedoc-Roussillon est la région la plus attractive de France sur le plan démographique. Cette attractivité ne dissimule pas une situation sociale particulièrement fragile.1. Une région attractive tournée vers la MéditerranéeLa population de la région se concentre dans un couloir littoral de 20 kilomètres où se situent la plupart des agglomérations. La densité dans l’intérieur des terres est très inférieure à la moyenne nationale, avec de vastes zones quasi-désertes comme la Lozère au nord, la Montagne noire à l’ouest où la partie pyrénéenne au sud.La région connaît l’accroissement démographique le plus important de France métropolitaine, avec un taux de croissance annuel moyen de 1,3% sur la dernière décennie. L’ensemble des aires urbaines sont concernées. L’agglomération de Montpellier est ainsi la plus dynamique au niveau national : sa population a triplé au cours des cinquante dernières années.2. Des inégalités importantes La région Languedoc-Roussillon est la deuxième région la plus pauvre de France. La part des personnes vivant sous le seuil de pauvreté s’établit en 2011 à 19,6%, proche du Nord-Pas-de-Calais (19,7%) et très supérieure à la moyenne nationale (14,3%).Parmi les dix départements où le taux de pauvreté est le plus fort, quatre appartiennent à la région Languedoc-Roussillon (l’Hérault, le Gard, les Pyrénées-Orientales et l’Aude, deuxième département le plus pauvre après la Seine-Saint-Denis). De nombreux territoires, à la fois urbains (Béziers, Narbonne, Perpignan) et ruraux (plaine de l’Hérault, vallée de l’Aude) apparaissent fragilisés.La conjoncture économique dégradée ne permet pas d’expliquer à elle seule ce phénomène, qui a des racines plus profondes. Historiquement, la région Languedoc-Roussillon a été peu touchée par l’industrialisation. Elle est longtemps restée une région agricole, notamment viticole, marquée par les crises ; l’exemple le plus connu étant la révolte des vignerons de 1907.Conséquence directe du dynamisme régional et de la persistance de la pauvreté, les inégalités de revenus sont fortes : les 10% des foyers les plus favorisés sont 8,5 fois plus riches que les 10% les moins favorisés. Ce rapport est le deuxième le plus fort de France après la Corse. À titre de comparaison, ce même rapport s’établit à 5,8 en Bretagne.3. Une situation très dégradée en matière d’emploiLa croissance économique constatée sur les dernières années ne se traduit pas par une embellie en matière d’emploi. Au 1er trimestre 2015, le taux de chômage en Languedoc-Roussillon atteint 14,2%, contre 10% en France métropolitaine. Ce taux est le plus élevé des régions françaises et ne s’explique pas seulement par les crises récentes.Depuis 1982, le taux de chômage de la région Languedoc-Roussillon se situe, en moyenne, 3,4 points au-dessus de la moyenne nationale. Cet écart s’est accru ces dernières années.L’ensemble du territoire régional est concerné par cette situation dégradée, à l’exception notable de la Lozère, qui connaît un taux de chômage très faible, à 5,9% au dernier trimestre 2014. À l’inverse, le bassin d’emploi d’Agde-Pézenas, est celui où le taux de chômage est le plus fort (18%).Economie : structure et dynamiquesLa région Languedoc-Roussillon se caractérise par un faible PIB par habitant mais par une croissance du PIB supérieure à celle de la France. Cette situation est atypique par rapport aux tendances nationales qui montrent un décrochage des régions présentant les PIB par habitant les plus faibles (Limousin, Lorraine ou Franche-Comté par exemple).Entre 2000 et 2012, le PIB de la région a progressé de 1,8% par an en moyenne, contre 1,2% en France. La région ayant connu dans le même temps un fort accroissement démographique, le PIB par habitant ne progresse en Languedoc-Roussillon que de 0,5% par an en moyenne, un chiffre identique à celui de la France.Cette croissance joue un rôle de rattrapage dans la mesure où le PIB par habitant dans la région (24 556€ en 2013) est le quatrième plus faible de France. Sur ce point, la situation de Languedoc-Roussillon se rapproche de celle de la Corse.4. Une région tirée par l’économie présentielleLe poids de l’industrie en Languedoc-Roussillon est l’un des plus faibles de France, avec 9% de la valeur ajoutée, contre 14% au niveau national. La région ne possède pas de grands bassins industriels et compte peu de grands établissements susceptibles d’entraîner un réseau de sous-traitants et de services.En conséquence, le poids des petites entreprises est fort. Seuls 24,5% des salariés du secteur marchand travaillent dans une grande entreprise (plus de 5 000 personnes) contre 32 % au niveau national. À l’inverse, 29% des effectifs du secteur marchand travaillent dans des micro-entreprises en Languedoc-Roussillon, contre 19% au niveau national.L’écart de croissance de la région par rapport à la France s’explique essentiellement par le dynamisme de l’économie présentielle, c’est à dire de l’économie liée à la présence d’habitants et de touristes (distribution, activités de loisirs, services publics).La région connaît un important essor des créations d’entreprises. Depuis 1993, elle est la première en France dans ce domaine. Il s’agit principalement de petites structures liées à l’économie présentielle, dans le domaine du commerce, de l’artisanat ou de la restauration.Territoire et infrastructuresLa région Languedoc-Roussillon devrait accueillir 500 000 à 800 000 nouveaux habitants dans les vingt prochaines années, d’après les projections de l’InseeE. Elle est ainsi, comme la région Midi-Pyrénées, confrontée à des défis liés aux infrastructures, que ce soit en matière de transport ferroviaire ou d’accès à l’eau. Ces projets entrent directement dans le champ d’action du Conseil régional.5. Un projet ferroviaire ambitieux mais porteur de risques financiersLe prolongement de la ligne à grande vitesse de la vallée du Rhône vers l’Espagne est à l’étude depuis le début des années 1990. Ce projet est autant lié à l’intérêt de créer un axe ferroviaire vers l’Espagne qu’au besoin d’accompagner le dynamisme démographique de la région.Ce projet consiste en trois tronçons : le tronçon Perpignan - Figueras ouvert en 2010, le contournement ferroviaire Nîmes – Montpellier, dont la mise en service est prévue en 2017, et le tronçon Montpellier - Perpignan, qui en est encore au stade des études et des acquisitions foncières et qui pourrait voir le jour entre 2022 et 2025. La région est engagée financièrement dans ces projets. Elle a par exemple signé en 2012 une convention de financement du contournement Nîmes-Montpellier pour 397 millions d’euros.La mise sous administration judiciaire du concessionnaire de la ligne Perpignan - Figueras, en juillet 2015, engage à considérer les risques financiers associés à de tels projets. Confronté à des coûts de construction beaucoup plus importants que prévus et à des prévisions de trafic surévaluées, le concessionnaire n’a pas pu faire face à ses engagements et réclame l’aide financière des pouvoirs publics français et espagnols.6. Le défi de l’eauLa région Languedoc-Roussillon a été pionnière en matière de gestion de la ressource en eau. Elle a créé un service public régional de l’eau et elle est propriétaire du réseau hydraulique régional depuis 2008. Ce réseau de canaux et de canalisations, développé depuis les années 1950 permet à la région de garantir la pérennité des activités agricoles ainsi que la couverture des besoins des résidents. Il est exploité par la société BRL dans le cadre d’une concession.Afin de s’adapter aux enjeux de la poursuite du développement démographique et du réchauffement climatique, le Conseil régional s’est engagé en 2012 dans un projet visant à acheminer l’eau du Rhône vers le Biterrois et le Minervois. Il s’agit du projet Aqua Domitia dont le coût est évalué à 140 millions d’euros et qui pèsera sur le budget régional.Les finances de la régionLes dépenses7. Un niveau d’investissement parmi les plus élevés de FranceLa région se caractérise par un niveau de dépenses par habitant légèrement supérieur à la moyenne nationale. En 2013, ces dépenses s’élèvent à 1,175 milliard d’euros, soit 437€ par habitant contre 419€ pour l’ensemble des régions françaises. Cette différence s’explique essentiellement par le choix de la mandature actuelle d’un haut niveau d’investissement. La région Languedoc-Roussillon se place en tête du classement sur ce point. La région a privilégié l’action économique et l’enseignement, en cohérence avec le contexte socio-économique régional qui se caractérise par une faiblesse du secteur industriel et un fort dynamisme démographique.La région a clairement fait le choix d’un haut niveau d’investissement sur la dernière mandature. Elle y a consacré 519 millions d’euros en 2013. Avec 193€ par habitant consacrés à l’investissement, la région arrive en tête du classement national (la Corse étant une collectivité à statut particulier, la comparaison avec elle ne s’avère pas pertinente).Elle se distingue en particulier par le montant élevé des dépenses d’équipement, 77€ par habitant, alors que la moyenne nationale se situe à 38€. Cette différence est la conséquence des politiques volontaristes menées par la région, par exemple en matière de service public de l’eau, mais aussi par la croissance démographique qui justifie la création de nouveaux lycées. Les dépenses d’investissement ont progressé de près de 30% depuis 2009.8. Priorité à l’éducation et au développement économiqueLes dépenses de fonctionnement par habitant sont moins élevées que la moyenne des régions françaises. Elles progressent toutefois plus rapidement : elles ont ainsi augmenté de 13% entre 2009 et 2013. La hausse des dépenses de fonctionnement ne s’explique pas par les charges de personnel, qui sont stabilisés depuis 2012.Ce sont les autres dépenses de fonctionnement (subventions, prestations de service, charges courantes) qui progressent. Parmi ces dépenses, on peut citer celles liées à la convention annuelle d’exploitation qui lie les régions à la SNCF. Elle s’élève en Languedoc-Roussillon à 106 millions d’euros pour 2014 et permet par exemple de financer des trajets à 1€ sur cinq lignes régionales.La région se distingue surtout par son niveau élevé d’intervention en matière de développement économique et d’enseignement.Avec 53€ par habitant consacrés à l’action économique (aide à l’innovation ou à l’investissement, soutien aux parcs d’activité ou aux pôles de compétitivité), la région dépense, proportionnellement à sa taille, 66% de plus que la moyenne nationale.En matière d’enseignement, la région dépense 20% de plus que la moyenne nationale. Les dépenses d’enseignement correspondent à l’équipement des lycéens (livres, moyens numériques) et à l’entretien des lycées.L’intervention de la région est également soutenue en matière de culture, de sport et de loisirs (+50% par rapport à la moyenne nationale) ou d’environnement (+70%), bien que ces domaines représentent des sommes faibles en proportion du budget régional.À l’inverse, la région Languedoc-Roussillon présente un niveau de dépenses plus faible que la moyenne nationale en ce qui concerne les charges de structure (services généraux, annuité de la dette) et l’aménagement du territoire (aide aux communes), qui ne font pas partie des compétences obligatoires des régions.Les recettesComme l’ensemble des régions, le Languedoc-Roussillon doit faire face à des contraintes importantes et nouvelles sur ses recettes. La région bénéficie toutefois de recettes complémentaires dynamiques pour réaliser des investissements.9. Des recettes fiscales atonesDepuis la modification du panier de recettes des régions en 2011, celles-ci ont très largement perdu leur autonomie fiscale, c’est-à-dire le pouvoir de fixer les taux et ainsi de maîtriser l’évolution de leurs ressources.Les recettes fiscales de la région stagnent. Elles se composent de la fiscalité directe (contribution sur la valeur ajoutée des entreprises - CVAE , imposition forfaitaire sur les entreprises de réseau - IFER), qui représente 249 millions d’euros en 2014, et de la fiscalité indirecte, c’est-à-dire principalement de la taxe intérieure sur la consommation de produits énergétiques (TIPCE).Les autres produits fiscaux, et notamment la taxe sur les cartes crises, augmentent légèrement en 2014 (+1%). Le taux fixé pour les cartes grises (44€ / cv) se situe dans le tiers le plus élevé au niveau national.10. Des dotations qui résistent malgré la baisse de la DGFLes dotations et subventions perçues par la région connaissent, hors dotation globale de fonctionnement (DGF), une progression exceptionnelle en comparaison des autres régions. De 2009 à 2013, le produit de ses dotations a augmenté de 15%.Cette tendance est la conséquence de plusieurs facteurs conjugués. Premièrement, la région bénéficie du mécanisme de récupération de la TVA sur ses investissements ; son niveau d’investissement élevé garantit le dynamisme de cette ressource. Deuxièmement, la région bénéficie fortement des fonds européens (FEDER), qui ont représenté 30 M€ de recettes en 2014 (programmation 2007-2013). Enfin, les politiques régionales dégagent des recettes complémentaires qui s’élèvent à 66 M€ en 2014 ; c’est le cas du remboursement des avances consenties aux entreprises ou de la commercialisation des surfaces des parcs régionaux d’activité.L’endettement11. Un endettement en forte augmentationL’encours de dette se situait au 31 décembre 2014 à 1,06 milliard d’euros, soit une hausse de 115% depuis 2009. Le niveau de dette par habitant – 385€ – est supérieur à la moyenne nationale, qui se situait à 307 € en 2013. Ce niveau d’endettement fait du Languedoc-Roussillon la 5ème région métropolitaine en termes de dette par habitant. Les dépenses consacrées au remboursement de la dette ont augmenté de près de 50% depuis 2009, conséquence directe de la politique mise en œuvre par la collectivité en matière d’investissement.12. Une situation financière qui demeure saineLa situation financière de la région reste toutefois maîtrisée grâce au maintien d’un haut niveau d’épargne et à des frais financiers modérés. À moyen et long terme, il sera toutefois impossible de maintenir une telle dynamique d’investissement sans dégrader les indicateurs financiers de la collectivité.13. Des frais financiers maîtrisésLes frais financiers associés à la dette s’élèvent à 24 millions d’euros en 2014, soit 2% de l’ensemble des dépenses de la région. Ces frais financiers sont stables sur les dernières années, la charge d’intérêt qui pèse sur la région semble donc maîtrisée.Cette situation s’explique principalement par le recours aux prêts bonifiés que la région peut mobiliser auprès d’institutions publiques pour réaliser de grands projets d’aménagement (banque européenne d’investissement et Caisse des dépôts et consignations) ; ils ont représenté 76% des nouveaux emprunts souscrits en 2014.Le Languedoc-Roussillon est peu exposé à un risque de remontée des taux du fait de la structure de son endettement, principalement souscrit auprès d’institutions publiques dans le cadre de prêts bonifiés.14. Une capacité de désendettement qui se dégrade mais un taux d’épargne toujours élevéLa capacité de désendettement, c’est-à-dire la durée nécessaire pour rembourser sa dette si la collectivité décidait d’y consacrer l’intégralité de son épargne, est un indicateur essentiel pour évaluer la santé financière d’une région. Pour le Languedoc-Roussillon cet indicateur s’élève à 4,6 années fin 2014, soit un niveau proche de la moyenne nationale et inférieur à la zone d’alerte.La capacité de désendettement s’est toutefois dégradée ces dernières années. Elle était de 1,9 année fin 2009. Cette dégradation a essentiellement pour origine l’augmentation du stock de dette et non la dégradation du niveau d’épargne de la collectivité, ce qui est un élément positif.Le taux d’épargne de la région Languedoc Roussillon, c’est à dire le rapport entre l’épargne et les recettes de fonctionnement, se situe à un niveau plus élevé que la moyenne nationale. Le maintien d’un tel taux d’épargne, dans un contexte de baisse des recettes de fonctionnement de la région, suppose un effort continu sur les dépenses de fonctionnement 26.11.2015 à 14h16 SommaireUne région peu peupléeUne population vieillissanteUn poids partiulier pour la fonction publique et l’agricultureUne performance économique nettement inférieure à la moyenne nationaleUn chômage moins élevé mais en plus forte croissanceUne pauvreté plus marquée qu’au niveau nationalUn poids important pour les dépenses de personnelForte réduction de l’investissementPriorité aux transportsRecul des recettes fiscalesHausse des dotationsUne dette élevée mais en faible progressionUne capacité de désendettement proche de la moyenne nationale Démographie, emploi, atouts économiques1. Une région peu peupléeAvec 764 935 habitants au 1er janvier 2013, le Limousin est une région peu peuplée. Elle se situe au 21e rang des régions de France métropolitaine, devant la Corse.Région rurale (45% des habitants résident dans une commune rurale), le Limousin a connu dans la période récente une croissance démographique moins dynamique que la moyenne nationale. Entre 1999 et 2014, la population a crû d’environ 7%, contre plus de 9% pour la moyenne nationale.Deux phénomènes s’opposent : un solde naturel négatif (nombre de décès supérieur au nombre de naissances) d’une part,un solde migratoire important d’autre part, qui a permis à la population limousine de poursuivre sa croissance. Celle-ci a avant tout profité aux centres urbains, et notamment à la zone urbaine de Limoges, qui concentre la moitié de la croissance de la population.2. Une population vieillissanteLe Limousin est la région de France métropolitaine qui compte la part la plus importante de personnes de plus de 65 ans dans sa population : ceux-ci représentent en effet 23,1% de la population en 2011, niveau sensiblement supérieur à la moyenne nationale (17,2%).Ce vieillissement constitue un enjeu de politique publique important, en termes d’accès aux soins, d’hébergement, etc.3. Un poids partiulier pour la fonction publique et l’agricultureLe Limousin est marqué par une forte proportion de l’emploi dans le tertiaire non marchand (36,6% contre 31% en moyenne nationale). Ceci est notamment dû à l’importance de l’emploi public : les trois fonctions publiques représentent ainsi 25% de l’emploi limousin, contre 21% en moyenne dans la France de province. L’explique notamment le nombre élevé de structures d’accueil pour personnes handicapées et pour personnes âgées, conséquence du vieillissement de la population.La prépondérance du tertiaire non marchand se retrouve également dans la décomposition de la valeur ajoutée : il représente 32% de la valeur ajoutée régionale, contre 23% en moyenne en France.L’agriculture est également comparativement plus représentée dans le Limousin que sur l’ensemble du territoire. En 2013, ce secteur représente 5,2% de l’emploi régional, contre 2,5% au niveau national.Economie : structure et dynamiques4. Une performance économique nettement inférieure à la moyenne nationaleLe PIB régional du Limousin s’élève à 17,7 Md€, soit 0,9% du PIB national. Le Limousin est ainsi l’avant-dernière région métropolitaine, avant la Corse, en termes de PIB.Ramené à la population, le PIB s’élève à 24 061 €, niveau lui aussi nettement inférieur à celui enregistré en France métropolitaine hors région Ile-de-France (27 856 €). Cette situation résulte d’une croissance économique durablement plus faible que la moyenne française.Par ailleurs, le PIB par habitant a enregistré dans le Limousin une décrue dans les années récentes : il a ainsi baissé de 0,2 % entre 2000 et 2013 quand, dans la même période, le PIB par habitant national progressait de 0,5% (0,3% hors Île-de-France).Cette moindre performance peut s’expliquer par la structure de l’économie limousine, spécialisée sur le secteur tertiaire non marchand et sur une agriculture peu rémunératrice – selon le Ministère de l’agriculture, le revenu des exploitants limousins est inférieur de moitié à la moyenne nationale.Cet écart de croissance s’est davantage creusé dans la période récente sous l’effet de la crise économique. Le Limousin a ainsi connu un repli de son PIB de 3% entre 2008 et 2011 alors que l’évolution du PIB national a été positive sur cette même période.Cette évolution témoigne d’un certain décrochage de la région Limousin par rapport à l’évolution globale de l’économie française.5. Un chômage moins élevé mais en plus forte croissanceEn termes de taux de chômage, la situation est plus favorable dans le Limousin que dans le reste de la France : le taux de chômage s’établit ainsi à 9,0% en 2014, contre 9,8% en moyenne nationale.Néanmoins, la croissance du chômage a été plus dynamique dans le Limousin qu’au niveau national : le taux de chômage a ainsi crû de 2,6 points entre 2000 et 2014 contre 1,7% en France.6. Une pauvreté plus marquée qu’au niveau nationalLa pauvreté est plus importante dans le Limousin que dans le reste de la France. Le taux de pauvreté s’élève ainsi à 15,4% de la population fin 2012, contre 14,3% en moyenne nationale.La pauvreté touche plus sensiblement les personnes âgées : 14,8% des plus de 75 ans se situent ainsi sous le seuil de pauvreté, contre 10,2% en moyenne nationale.Les finances de la régionLes dépensesConformément à la volonté affichée de maîtriser ses dépenses, la région Limousin les a réduites de 3,7% entre 2009 et 2013. Les dépenses de fonctionnement ont augmenté (+7,1%), certes dans des proportions moindres que la moyenne nationale, mais ce sont les dépenses d’investissement qui supportent ce repli (- 20,4% sur la période, hors dette).7. Un poids important pour les dépenses de personnelLes dépenses totales de la région Limousin s’élèvent à 400 millions d’euros en 2013, soit 523€ par habitant, contre 551 en 2009. Même s’il enregistre un recul sensible (-5,1%), ce montant reste supérieur à la moyenne des régions métropolitaines françaises (420€ par habitant).Entre 2009 et 2013, les dépenses de fonctionnement ont enregistré une croissance de 7,1% dans la région Limousin, croissance inférieure à la moyenne française (+8,4%). Les frais de personnel ont, eux, connu une hausse de 9% entre 2009 et 2013, soit une progression inférieure à la moyenne nationale (+12,2% sur la période).Les dépenses de personnel de la région représentent 18,6% des dépenses de fonctionnement totales, soit un niveau supérieur à celui constaté dans les autres régions (16,9% en moyenne), et 13,9% des dépenses totales, contre 10,6% en moyenne dans les régions métropolitaines.Les charges d’intérêts de la dette ont enregistré une progression proche du niveau constaté dans les autres régions (+49% contre +45%).8. Forte réduction de l’investissementLe repli des dépenses s’explique pour la plus grande partie par le recul des dépenses d’investissement hors dette : -20% entre 2009 et 2013, niveau largement supérieur au repli constaté au niveau national (autour de 7%). Cette baisse des dépenses a concerné l’ensemble des composantes de l’investissement. L’équipement brut a ainsi reculé de 38,5% entre 2009 et 2013, les subventions versées, de 12,7%.Au total, en 2013, l’investissement hors dette représente 85,2 millions d’euros, soit 21,3% des dépenses totales, contre une moyenne nationale de 30%. Les dépenses d’investissement représentent 111,4€ par habitant, contre une moyenne nationale de 129,2€.9. Priorité aux transportsEn 2013, le transport représente le premier poste de dépenses de la région, avec 23,8% des dépenses totales. Cette part était de 18,4% en 2009, soit une augmentation de 25% sur la période.Parallèlement, d’autres domaines voient leurs crédits réduits : l’enseignement (-17,4% sur la période), l’action économique (-16,1%) et les services généraux (-4,5%).Malgré cette baisse, les services généraux représentent toujours une part des dépenses totales plus importante que dans les autres régions : 10,8% en 2013, contre 7,6% en moyenne nationale. L’action économique également, à 11,0% dans le Limousin contre 7,0% en moyenne française.Les recettes10. Recul des recettes fiscalesLes recettes de la région Limousin s’élèvent à 392,5 millions d’euros en 2013, en baisse de 4,3% par rapport à 2009. Les recettes fiscales reculent alors que les recettes non fiscales progressent.Les recettes fiscales ont baissé de 2,1% entre 2009 et 2013. Elles s’élèvent aujourd’hui à 166,9 millions d’euros et représentent 42,5% des recettes totales, niveau inférieur à la moyenne des régions métropolitaines (45,7%). Cette baisse de la fiscalité s’explique avant tout par la baisse de la fiscalité directe (CVAE et IFER), de 19,5% sur la période, causée par les performances économiques dégradées de la région.11. Hausse des dotationsLes dotations et subventions reçues par la région sont en hausse entre 2009 et 2013 : +12,4%. Elles représentent 200,7 millions d’euros.Au sein de ces transferts, la dotation globale de fonctionnement (DGF) a augmenté de 1,2% sur cette période, niveau supérieur à l’augmentation constatée pour l’ensemble des régions métropolitaines (+0,8%).D’une manière générale, la hausse des dotations de fonctionnement (de 158,6 millions en 2009 à 187,8 millions d’euros en 2013) fait plus que compenser la baisse des dotations d’investissement, et notamment la baisse du fonds de compensation de la TVA (FCTVA, fonds qui compense la TVA payées par les collectivités sur leurs investissements), dans un contexte de baisse de l’investissement régional (-20,4% sur l’investissement hors dette entre 2009 et 2013).L’endettementLa dette de la région Limousin est d’un niveau relativement élevée mais connaît une augmentation nettement moins rapide que celle des autres régions. Les charges d’intérêts sont en faible augmentation. Sa capacité de désendettement est proche de la moyenne nationale et la dette est soutenable.12. Une dette élevée mais en faible progressionLa dette de la région a peu augmenté entre 2009 et 2013, passant de 228,4 à 245 millions d’euros, soit une hausse de 7,3% sur la période. Cette hausse est très inférieure à la moyenne constatée dans les régions métropolitaines (+30% entre 2009 et 2013).Néanmoins, rapportée à la population, elle se situe à un niveau supérieur à la moyenne : 320,3€ par habitant en 2013, contre 303€ dans les régions métropolitaines, soit un écart de 17€.Cet écart tend à se réduire, puisqu’en 2009 le niveau de dette par habitant était de 303€ contre 238 € en métropole, soit un écart de 65 €.Le Limousin consacre 15,4 millions d’euros au remboursement de la dette chaque année, niveau en diminution par rapport à 2009 (28,6 millions d’euros).La faible augmentation de la dette entre 2009 et 2013 s’est accompagnée, dans la région Limousin, d’une faible augmentation de la charge d’intérêts : 9 millions d’euros en 2013, contre 6 millions en 2009, soit une augmentation comparable à celle de la moyenne nationale.13. Une capacité de désendettement proche de la moyenne nationaleLa capacité de désendettement, qui mesure le nombre d’années nécessaires au remboursement intégral de l’encours de dette si l’intégralité de l’épargne brute de la région y était consacrée, s’élève à 4,1 années pour le Limousin en 2013. Ce niveau est stable par rapport à celui constaté en 2009 (4,1 également).Il est dans la moyenne constatée en métropole (4,0 années). Là encore, l’écart s’est réduit : en 2009, il était de 1,2 année (4,1 années pour le Limousin contre 2,9 en moyenne nationale) ; il n’est plus que de 0,1 année en 2013. 26.11.2015 à 12h51 • Mis à jour le26.11.2015 à 20h19 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’émotion suscitée au Royaume-Uni par les attentats de Paris et de Saint-Denis, le 13 novembre, pousse David Cameron à solliciter un vote parlementaire en faveur d’une extension à la Syrie des frappes aériennes que le Royal Air Force mène uniquement en Irak jusqu’à présent. « Les menaces à nos intérêts et à notre peuple sont telles que nous ne pouvons pas nous permettre de rester sur la touche et ne pas agir », a déclaré le premier ministre britannique, jeudi 26 novembre au matin dans une inhabituelle adresse à la Chambre des communes suivie d’un débat, en réponse à un rapport de la commission des affaires étrangères hostile à des bombardements en Syrie. « Nous devons frapper immédiatement ces terroristes au cœur de leur territoire », a-t-il déclaré.M. Cameron a exposé sa « stratégie globale » pour s’attaquer à l’organisation djihadiste Etat islamique, espérant obtenir un vote majoritaire dès la semaine prochaine. Faisant référence aux interventions passées en Irak et en Libye, M. Cameron a assuré que le pays ne commettrait pas « les terribles erreurs » du passé. Il a estimé qu’« il [était] juste que le Parlement, au nom du peuple, pose des questions difficiles et demande des comptes au gouvernement ».Sept objections du chef de l’opposition Chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn a posé sept objections. Notamment : « L’intervention britannique changera-t-elle quelque chose ? » ; « le conflit peut-il être gagné sans troupes au sol ? » ; « la résolution de l’ONU donne-t-elle une claire base légale ? »M. Cameron a répondu à chacune : « Les Etats-Unis et la France veulent que nous intervenions, ils pensent que nous pourrions changer les choses. » « Il y a déjà au moins 70 000 soldats syriens modérés prêts à nous aider », a-t-il plaidé : « la résolution de l’ONU donne sans ambiguïté une base légale à des frappes aériennes. »Au début de novembre, la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes avait estimé qu’une intervention militaire ne devait pas avoir lieu sans une « stratégie internationale cohérente » destinée à attaquer l’EI et à faire cesser la guerre civile syrienne. Mais la position de son président, un élu conservateur, a évolué depuis les attentats du 13 novembre.« Comme Churchill et non comme Chamberlain »En août 2013, David Cameron avait essuyé une cinglante rebuffade du Parlement lorsqu’il lui avait demandé l’autorisation de frapper le régime de Bachar Al-Assad. Mais il estime que le 13 novembre a diamétralement changé la donne. Le Royaume-Uni doit se comporter  « comme Churchill et non comme Chamberlain », tel est le message répété par son entourage.Sur le plan intérieur, le premier ministre vise aussi à diviser son opposition. Jeremy Corbyn, le leader du Labour Party, est personnellement opposé aux frappes. Mais il est soumis à une intense pression des députés travaillistes, qui y sont favorables et souhaitent qu’il leur laisse la liberté de vote. Une approbation massive des frappes de leur part constituerait une marque de défi à l’égard du nouveau chef des travaillistes et l’affaiblirait considérablement.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.11.2015 à 12h49 • Mis à jour le16.11.2015 à 14h15 | Soren Seelow Il est encore trop tôt pour établir son degré de responsabilité dans les attentats qui ont fait au moins 129 morts à Paris et Saint-Denis, vendredi 13 novembre. Mais les enquêteurs ont désormais une certitude : Abdelhamid Abaaoud, un djihadiste belge qui a rejoint les rangs de l’Etat islamique (EI) au début de 2013, a participé d’une façon ou d’une autre à l’élaboration des attaques simultanées qui ont endeuillé la capitale française.Suivez notre live sur la situation à ParisIl est établi qu’Abdelhamid Abaaoud est un proche de l’un des auteurs présumés de l’attaque : Salah Abdeslam, actuellement en cavale et frère du kamikaze qui s’est fait exploser dans le bar Comptoir Voltaire (11e arrondissement) sans faire de mort. Les deux hommes ont été incarcérés ensemble en 2010 en Belgique pour des affaires de braquage.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : que sait-on des terroristes impliqués ?Cible potentielle des frappes aériennes françaisesOr Abdelhamid Abaaoud, un Belge de 28 ans originaire de Molenbeek-Saint-Jean, est une des figures les plus médiatiques du djihadisme belge en raison notamment de son activité sur les réseaux sociaux depuis 2013. Il est par ailleurs considéré depuis plusieurs mois par les services de renseignement français comme l’un des principaux architectes des projets d’attaques visant le sol français.Les enquêteurs le soupçonnent fortement, sans que son degré d’implication puisse être établi avec certitude, d’avoir joué un rôle dans l’attentat avorté contre une église de Villejuif, le 19 avril 2015, un projet déjoué d’attaque contre une salle de concert, dont l’auteur avait été interpellé le 11 août, et l’attaque du Thalys dix jours plus tard, le 21 août. Il était également en contact avec Mehdi Nemmouche, le tueur du Musée juif de Bruxelles du 24 mai 2014.Selon une source proche des services de renseignement, cet individu était considéré comme suffisamment dangereux pour que son nom ait circulé à la fin de septembre comme étant une des cibles potentielles des frappes aériennes françaises.Cerveau présumé d’un réseau démantelé en BelgiqueAbdelhamid Abaaoud, alias Abou Omar Al-Soussi, fait pour la première fois les gros titres de la presse quelques jours seulement après les attentats du 7 janvier contre Charlie Hebdo. Il est en effet considéré comme le cerveau d’un réseau démantelé le 15 janvier à Verviers, en Belgique, dont deux membres avaient été tués par les forces de police belges.Cette cellule projetait de passer à l’acte le 16 janvier et pouvait, selon les écoutes effectuées, compter sur l’appui d’une dizaine d’« étrangers ». Déjà à l’époque, les enquêteurs belges collaboraient étroitement avec divers services européens pour tenter de déterminer jusqu’où s’étendait ce réseau et creuser ses éventuelles ramifications avec la France.Lire aussi :Molenbeek, la plaque tournante belge du terrorisme islamisteLe 19 avril 2015, Sid Ahmed Ghlam, un étudiant algérien, est interpellé après s’être tiré une balle dans la jambe. Il est soupçonné d’avoir assassiné une jeune femme à Villejuif et d’avoir projeté de mitrailler le matin même la sortie de messe d’une église dans la ville.En l’état actuel de l’enquête, Abdelhamid Abaaoud n’apparaît pas avec certitude comme un commanditaire de cette opération. Les enquêteurs le suspectent par contre fortement d’être impliqué dans le projet, explique au Monde une source policière.« Ils cherchent vraiment à frapper la France et l’Europe »Le 11 août, un djihadiste français, Reda Hame, est interpellé à son retour de Syrie. Il reconnaît en garde à vue s’être entraîné pendant six jours dans un camp de Rakka avant d’être missionné pour rentrer en Europe. Cette fois-ci, le nom d’Abdelhamid Abaaoud apparaît de façon explicite. Il est désigné comme le commanditaire qui aurait demandé à Reda Hame de passer par Prague, pour éviter d’être repéré, avant de frapper la France. Il aurait remis au jeune homme une clé USB contenant des logiciels de cryptage et 2 000 euros en lui demandant de viser une cible « facile », telle une « salle de concert », pour « faire un maximum de victimes ».Interrogé durant sa garde à vue sur l’existence d’autres projets d’attaques, Reda Hame avait prévenu les enquêteurs : « Tout ce que je peux vous dire, c’est que cela va arriver très bientôt. Là-bas, c’était une vraie usine, et ils cherchent vraiment à frapper la France et l’Europe. »Dix jours plus tard, un homme est maîtrisé dans un train Thalys alors qu’il s’apprête à faire usage d’une kalachnikov et d’un pistolet automatique Luger. Né à Tétouan, dans le nord du Maroc, le suspect, Ayoub El-Khazzani, avait séjourné quelque temps en Belgique avant de passer à l’acte. Comme dans le dossier de l’église de Villejuif, le nom d’Abdelhamid Abaaoud revient avec insistance sans que son degré d’implication puisse être établi avec certitude. L’assaillant du Thalys aurait été en lien avec une mouvance djihadiste belge proche d’Abdelhamid Abaaoud.L’analyse téléphonique a par ailleurs permis d’établir qu’Abdelhamid Abaaoud avait été en contact avec Mehdi Nemmouche en janvier 2014, quatre mois avant le quadruple assassinat du Musée juif de Belgique, à Bruxelles. Selon le journaliste spécialisé dans les mouvements djihadistes David Thomson, Abdelhamid Abaaoud a d’ailleurs fait partie du groupe de combattants auquel appartenait Mehdi Nemmouche.Des allers-retours entre la Syrie et la BelgiqueLe parcours d’Abdelhamid Abaaoud est une preuve édifiante des ratés des services de renseignement belges. Parti en Syrie au début de 2013, il serait rentré en Belgique à la fin de cette même année en passant par la Grèce pour repartir ensuite sans être inquiété par les autorités belges, explique une source proche du dossier. En mars 2014, il apparaît dans une vidéo de propagande de l’Etat islamique à bord d’un véhicule traînant des cadavres au sol.En février 2015, Abdelhamid Abaaoud s’était vanté dans le magazine de l’Etat islamique Dabiq de ses multiples allers-retours entre la Syrie et la Belgique. Selon David Thomson, il affirme avoir séjourné en Belgique jusqu’à l’attentat déjoué de Verviers, en janvier 2015, qui l’aurait incité à regagner la Syrie… sans être intercepté.La cellule de Verviers a échoué ms cette itw reste une illustration des failles sécuritaires en Belgique et en Europe http://t.co/pd5NBa310G— _DavidThomson (@David Thomson)require(["twitter/widgets"]);Soren SeelowJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Julia Druelle (Slavonski Brod (Croatie)) et Jean-Baptiste Chastand Un des trois kamikazes de Saint-Denis a bien fait le même parcours que près de 500 000 migrants depuis le début de l’année. En quelques jours, début octobre, il a parcouru les près de 1 500 kilomètres qui séparent les îles grecques de l’Autriche, en empruntant la « route des Balkans », devenue la première voie d’immigration vers l’Europe. Selon les autorités françaises, les empreintes digitales de ce kamikaze correspondent en effet à celles du passeport retrouvé à ses côtés et qui a servi pour gagner l’Europe.Les autorités grecques ont révélé dimanche soir que ce passeport était au nom d’Ahmad Al-Mohammad, un Syrien né le 10 septembre 1990. Selon Christiane Taubira, la ministre de la justice, ce passeport était probablement un faux. Il n’est donc pas certain que le kamikaze était donc réellement Ahmad Al-Mohammad, ni syrien. Depuis le début de la vague migratoire, le processus d’enregistrement des migrants s’est industrialisé et accéléré, mais il reste sommaire et dure à peine quelques minutes, ce qui ne permet probablement pas de détecter les faux papiers.Lire aussi :Durcissement du débat européen sur les réfugiésArrivé en Grèce par l’île de Leros, le kamikaze a été enregistré dans le pays le 3 octobre. Selon le ministre grec de l’intérieur, le processus d’enregistrement a été conforme aux règles européennes, et l’homme a été autorisé à continuer son voyage, son nom n’apparaissant pas dans les fichiers criminels européens. Il est probablement monté dans un des ferries qui relient régulièrement les îles au continent en transportant chaque fois plusieurs milliers de migrants.Il a ensuite gagné la Macédoine, puis la Serbie, où il a été enregistré le 7 octobre et où une demande d’asile a également été déposée. Dès le lendemain, il est signalé à Opatovac, en Croatie. Dans ces deux pays, les services de sécurité ont expliqué que la personne n’était pas recherchée. Le ministre serbe des affaires sociales, Aleksandar Vulin, a déclaré dimanche que les contrôles aux frontières seraient renforcés, tout en soulignant qu’il n’était « pas facile de trouver un malade mental parmi 490 000 personnes », le nombre de migrants ayant traversé la Serbie depuis le début de la crise.« Ces gens sont fous »L’homme a ensuite probablement gagné la Hongrie, qui, à cette date, laissait encore les migrants passer librement sa frontière avec la Croatie, sans les enregistrer. La clôture antimigrants n’a été totalement fermée que le 16 octobre. Il aurait ensuite atteint l’Autriche. Le ministère de l’intérieur autrichien ne pouvait pas confirmer ce passage, mais la presse autrichienne rappelait que le pays, débordé, n’enregistrait pas tous les migrants à cette date.Le fait qu’un terroriste ait pu emprunter cette voie conforte les craintes autour de la présence de membres de l’organisation Etat islamique (EI) au sein des réfugiés, même si l’immense majorité des migrants arrivant de Syrie sont des civils qui fuient la guerre. 45 % des réfugiés passés par la Slovénie en octobre étaient des femmes ou des enfants. La route est désormais bien organisée, avec des bus et des trains. La seule étape dangereuse reste la traversée de la mer Egée vers la Grèce, où des migrants continuent régulièrement de perdre la vie.Les passeports syriens, vrais ou faux, sont devenus une denrée convoitée car ils donnent droit à l’asileDès samedi, la crainte de voir l’Europe se barricader un peu plus s’est en tout cas répandue parmi les réfugiés sur la route des Balkans. « C’est terrifiant. Ces gens sont fous, commente Arad, originaire d’Iran, dans le camp croate de Slavonski Brod où des centaines de migrants attendaient en files indiennes d’être fouillés puis enregistrés. Bien sûr cela va avoir des conséquences néfastes pour nous. Et je comprends les gens. Mais que puis-je y faire ? », lâche-t-il.Wasim, journaliste en Syrie, n’était lui pas surpris qu’un djihadiste puisse avoir voyagé parmi les migrants. « L’EI est partout. Le problème est qu’il n’y a pas de contrôle, affirme-t-il. De Grèce jusqu’ici, personne ne m’a demandé d’ouvrir mon sac. Certains se font faire de faux passeports syriens pour traverser, et le gouvernement grec ne les détecte pas. » La nationalité syrienne donnant quasi automatiquement le droit à l’asile, les passeports syriens, vrais ou faux, sont devenus une denrée convoitée sur la route des Balkans. En septembre, le journaliste néerlandais Harald Doornbos a démontré qu’il était possible d’acheter des papiers syriens pour l’équivalent de 750 euros.Julia Druelle (Slavonski Brod (Croatie))Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Audrey Tonnelier La psychologie des marchés financiers n’est pas celle des citoyens. Trois jours après les plus terribles attentats qu’ait connus la France, le CAC 40 a ouvert en légère baisse de 1,06 %, lundi 16 novembre au matin. Francfort perdait 0,93 %, Londres glissait de 0,61 %… Loin, très loin d’un séisme comparable à la monstruosité des attaques. Au sein du CAC 40, le groupe hôtelier Accor plongeait tout de même plus de 6 % lundi matin, suivi par les spécialistes du luxe LVMH (– 2 %) et Kering (– 1,5 %). Air France-KLM perdait plus de 5 %.Lire aussi :Attentats du 13 novembre : ce que l’on ignore encore« Bien sûr, la réaction à court terme des marchés ne peut pas être positive pour les valeurs en lien avec la consommation et le tourisme [chaînes hôtelières, compagnies aériennes, luxe, distribution…]. Mais je ne crois pas à une chute durable. De plus, avec Internet et l’essor de groupes comme Amazon, on dispose aujourd’hui de canaux nouveaux permettant de continuer à consommer, même sans sortir de chez soi. Par ailleurs, on peut aussi avoir une réaction inverse, avec des personnes qui vont plutôt désépargner et consommer afin de se rendre la vie plus douce, dans un monde incertain », détaille Sylvain Goyon, responsable de la stratégie actions chez Natixis Global Research.Le 8 janvier dernier, au lendemain de l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, le CAC 40 avait terminé en forte hausse de 3,59 %. A l’époque, les investisseurs pariaient – déjà – sur une action forte de la Banque centrale européenne (BCE) afin de soutenir l’économie du Vieux Continent. C’est ce qu’ils avaient pris en compte, davantage que les attentats français. « Seule une détérioration marquée de la situation en France, avec l’instauration d’une psychose qui se propagerait aux pays voisins, pourrait vraiment affecter la Bourse. Pour l’heure, on voit plutôt une population qui fait front, et cela est de nature à rassurer les investisseurs », indiquait alors un analyste au Monde.« Environnement très incertain »Les précédentes attaques terroristes ont pourtant souvent fait trébucher les indices boursiers. Le 11 mars 2004, les attentats dans des trains de banlieue à Madrid avaient fait chuter la Bourse espagnole de plus de 2 %, et le CAC 40 de près de 3 %.Le 7 juillet 2005, les bombes placées dans le métro et dans un autobus londonien avaient provoqué un plongeon de plus de 3 % du Footsie britannique en séance, imité par les autres places européennes et par la livre sterling.« L’impact à moyen terme des attentats pourrait être davantage visible dans les perspectives d’investissement des entreprises, déjà poussives en France »Sans parler du 11 septembre 2001 : après l’effondrement des tours jumelles, Wall Street avait été fermée quatre jours, et il avait fallu la mobilisation des opérateurs financiers pour que le Dow Jones ne cède « que » 7 % à la réouverture des marchés, le 17 septembre.« Plutôt que sur la consommation, l’impact à moyen terme des attentats du 13 novembre pourrait être davantage visible dans les perspectives d’investissement des entreprises, déjà poussives en France. Les investisseurs risquent de reporter encore davantage leurs décisions d’investissement, dans un environnement très incertain » estime M. Goyon.Lire aussi :Comment les entreprises gèrent l’après-attentatAu-delà des conséquences économiques, les investisseurs devraient s’interroger également sur les implications géopolitiques, alors que la France a riposté dimanche en bombardant un fief du groupe Etat islamique en Syrie. «  La grande question est de savoir si nous assisterons à une escalade du conflit en Syrie et en Irak «, a indiqué à l’AFP Angus Nicholson, analyste au sein du courtier britannique IG, rappelant que le président François Hollande a parlé d’ « acte de guerre » au sujet des attentats.Les attaques interviennent toutefois dans un contexte de renforcement de l’action de la Banque centrale européenne (BCE). Les observateurs attendaient déjà un renforcement des mesures de rachats d’actifs (« QE ») de l’institution pour décembre. Il n’en devient que plus probable, ce qui devrait soutenir les marchés.Lire aussi :La France bombarde le fief de l’Etat islamique en SyrieAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) « Bienvenue » : une bande défilante rouge parcourt la vitrine du café Al Jazira, où quelques hommes, debout à la terrasse par ce dimanche de novembre inhabituellement clément, s’amusent : une journaliste britannique se poudre le visage et se laque les cheveux au coin d’une rue voisine, avant de commencer un direct. « Ça y est, on est enfin devenus célèbres, ironise Hicham. Dommage que ce soit pour ce qui s’est passé vendredi. »Si sa réputation était déjà établie en Belgique, la municipalité de Molenbeek-Saint-Jean a conquis une renommée internationale en quelques heures. Pour beaucoup, elle est effectivement devenue l’une des bases européennes du terrorisme islamiste. Les arrestations survenues dès samedi soir, en liaison directe avec les attentats de Paris, ont conforté une réputation qui n’est pas totalement usurpée : la liste des personnes qui sont passées par Molenbeek avant d’être impliquées dans des actions terroristes impressionne.Suivez notre live sur la situation à ParisLa tuerie du Musée juif de Bruxelles (mai 2014), la cellule de Verviers démantelée lors d’un assaut policier mortel (janvier 2015), l’attaque avortée dans un Thalys Bruxelles-Paris (août 2015) : toutes ces affaires avaient un lien avec ce quartier populaire de l’ouest de Bruxelles, l’un des plus densément peuplés de la région avec ses 97 000 habitants concentrés sur moins de 6 km².Si l’on remonte plus loin dans le temps, c’est de Molenbeek que sont partis les tueurs du commandant afghan Ahmed Shah Massoud, principal adversaire du régime des talibans, assassiné par deux faux journalistes, sur ordre d’Oussama Ben Laden, deux jours avant le 11 septembre 2001. Ici, aussi, que vécurent deux des protagonistes des attentats de Madrid, qui firent 191 morts en 2004.Ghetto islamisteDe tout cela, trois hommes sur un banc de la chaussée de Ninove ne veulent rien dire. Face à la photo devenue célèbre d’Abdelhamid Abaaoud, un gamin du cru qui a rejoint les rangs de l’Etat islamique, posant au volant de son pick-up qui remorque des cadavres, ils se détournent. Et ils n’ont pas d’avis à propos d’une autre photo, celle du frère d’Abdelhamid, 14 ans, posant une « kalach » à la main. Au bout de quelques minutes, l’un des trois interlocuteurs dira toutefois : « Je connais leur père, il a dit qu’il avait honte de son aîné. »Le déni et le ras-le-bol : c’est entre ces deux pôles qu’oscillent aussi les réactions de nombreux jeunes. « Amalgames ! Amalgames ! » criera l’un d’eux lors d’un direct de la RTBF. Deux autres se sont énervés, giflant un photographe et brisant son appareil, la veille. Un légumier commente : « Ils sont stupides, mais, vous savez, moi, je vis ici depuis trente ans, à une époque où il n’y avait pas Daech et pas d’attentats, mais où nous étions déjà montrés du doigt… »Lire aussi :La Belgique au cœur des réseaux djihadistesUn jeune homme, survêtement gris, barbe courte et capuche sur la tête, s’éclipse. Il nous attend un peu plus loin, à l’abri des regards. « S’il vous plaît, comprenez que si beaucoup de jeunes d’ici sont partis en Syrie, c’est surtout parce que personne ne s’est jamais vraiment occupé d’eux, jusqu’à ce que des fanatiques leur donnent l’impression qu’ils allaient enfin exister. Moi, j’ai fait des études et je parle le français, l’arabe et le néerlandais. Mais pour rechercher un travail, je mentionne l’adresse d’un ami, qui n’habite pas Molenbeek. »Hâtivement présentée comme un ghetto islamiste, la municipalité est, en réalité, très contrastée. Il y a trois Molenbeek : celui de longues avenues, où des barres d’immeubles cossus abritent une bourgeoisie moyenne, celui de maisons individuelles « où il fait bon vivre », comme le dit ce client de la brasserie la Queue de la vache, et celui du « quartier arabe », autour de la chaussée de Gand. Là, les femmes sont majoritairement voilées et les clients d’origine belge rares. « Donne-moi la main, sinon un méchant va te prendre, lâche une jeune mère à son blondinet de fils. Je viens ici pour faire de bonnes affaires, mais je ne suis pas à l’aise », murmure-t-elle.Déradicalisation« Je vais faire le ménage dans cette commune », a, de son côté, déclaré le ministre de l’intérieur, Jan Jambon. Ce nationaliste flamand ne comprend pas pourquoi des programmes de déradicalisation lancés en Flandre ne fonctionnent pas à Bruxelles. Il compte donc s’en occuper « personnellement ».« Tant mieux ! » répond la bourgmestre (maire), Françoise Schepmans, qui en appelle notamment à des moyens policiers supplémentaires. Elle est membre du parti libéral du premier ministre, Charles Michel. Celui-ci a qualifié dimanche de « problème gigantesque » le lien entre Molenbeek et divers dossiers de terrorisme. Et estimé que le précédent maire, le socialiste Philippe Moureaux, était le responsable de la situation.« Des faits comme ceux auxquels nous assistons ne se sont jamais produits lorsque j’étais aux commandes », a répliqué ce dernier. En déplorant que la police locale ait été « décapitée » et que la population vive désormais « repliée sur elle-même », M. Moureaux estime que la colère du gouvernement est due à l’échec des services de renseignement. En Belgique aussi, la politique reprend vite ses droits. Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.11.2015 à 03h54 • Mis à jour le15.11.2015 à 05h24 | Yves-Michel Riols et Marie Jégo (Envoyés spéciaux à Antalya (Turquie)) L’onde de choc des attentats à Paris a déjà submergé la réunion du G20 qui doit s’ouvrir, dimanche 15 novembre, à Antalya (Turquie), située à seulement 600 kilomètres de la Syrie. A la veille de cette rencontre, qui rassemblera les dirigeants des principales grandes puissances de la planète, les organisateurs envisageaient plusieurs options, dont une minute de silence à l’ouverture du sommet pour rendre hommage aux victimes du terrorisme dans la capitale française.Dès samedi, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a donné le ton. « Nous en sommes désormais à un point où les mots ne sont d’aucun secours dans la lutte contre le terrorisme. Nous en sommes maintenant à un stade où [la lutte] doit être une priorité », a-t-il déclaré. Les premiers dirigeants arrivés sur place, dont le Chinois Xi Jinping, la Brésilienne Dilma Rouseff et le roi Salmane d’Arabie saoudite, ont été conviés, samedi soir, à un dîner informel, dont rien n’a filtré.L’arrivée de la délégation saoudienne n’est pas passée inaperçue, avec la réservation de plus de cinq cents chambres dans le plus luxueux hôtel d’Antalya, un cortège d’une soixantaine de berlines blindées, suivies de 16 camions affectés au transport des effets personnels du souverain.La France représentée par Laurent FabiusLes présidents américain et russe, Barack Obama et Vladimir Poutine, ainsi que la chancelière allemande, Angela Merkel, sont attendus dimanche dans la matinée. Quant à François Hollande, il sera représenté par Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, accompagné de Michel Sapin, le ministre des finances.A Antalya, une station balnéaire sur la Méditerranée, prisée des touristes russes, des mesures de sécurité exceptionnelles ont été déployées, transformant le site du G20 en fortin, survolé par des hélicoptères et quadrillé par douze mille policiers. La marine turque patrouille au large des côtes, de même qu’un porte-avion de l’US Navy. A l’approche de cette réunion, les forces spéciales turques avaient pris les devants en procédant à plusieurs arrestations dans les milieux islamistes d’Antalya.La Turquie est confrontée au problème des cellules dormantes de l’organisation Etat islamique (EI) sur son territoire, impliquées, selon les autorités, dans les deux attentats commis par des kamikazes qui ont récemment ébranlé le pays, le 10 octobre à Ankara (cent deux morts) et auparavant à Suruc, à la frontière avec la Syrie, le 20 juillet (trente-quatre morts).Si la question du terrorisme promet d’éclipser tous les autres sujets initialement inscrits à l’agenda (régulation financière, climat, crise des migrants), il y a de fortes chances que chacun profite de l’occasion pour mettre en avant sa stratégie concernant la crise syrienne et sa vision de la lutte contre l’EI. Le président Erdogan a été le premier à monter au créneau. Vendredi soir, juste après les attentats meurtriers à Paris, il a répété qu’il fallait « abandonner l’idée qu’il y a des bons et des mauvais terroristes », ayant ainsi à l’esprit les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en guerre contre les forces régulières d’Ankara.La question kurde, motif de frictionLe président turc a également remis sur le devant de la scène son idée récurrente d’une « zone de sécurité » dans le nord de la Syrie, qu’il présente comme un refuge pour les Syriens déplacés. Or, cette option est écartée par les Occidentaux, persuadés qu’elle n’est pas viable sans l’envoi de troupes au sol. Pour la Turquie, l’enjeu est essentiel. Elle y voit le moyen de bloquer la mise en place, le long de la frontière turque, d’une large zone contrôlée par les milices kurdes de Syrie liées au PKK. Un scénario inacceptable pour Ankara.Ce sujet est un sérieux motif de friction entre la Turquie et les Etats-Unis, qui soutiennent les forces kurdes de Syrie, en première ligne dans le combat contre l’EI sur le terrain. Nul ne doute que cette question sera au cœur de l’entretien prévu, dimanche, entre le président Erdogan et son homologue américain, Barack Obama.Les divergences sur la Syrie risquent également de s’étaler à Antalya entre pro et anti-Assad. Les propos du président russe, Vladimir Poutine, principal allié du régime de Bachar Al-Assad, seront scrutés de près, de même que ceux du roi Salman d’Arabie saoudite, bailleur de fonds des combattants islamistes en lutte contre le pouvoir de Damas. Au-delà de la condamnation unanime des attentats à Paris, les dirigeants présents au G20 d’Antalya vont avoir du mal à afficher un consensus sur la Syrie.Yves-Michel RiolsJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteMarie Jégo (Envoyés spéciaux à Antalya (Turquie))Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Service Europe Certains pays et partis politiques européens n’ont pas tardé à faire l’amalgame entre les attentats de Paris et la crise des migrants. Le nouveau ministre des affaires européennes polonais, Konrad Szymanski, en a profité pour expliquer que le parti conservateur Droit et Justice (PIS) allait revenir sur la décision du gouvernement libéral sortant d’accueillir environ 7 500 réfugiés dans le cadre du plan européen de répartition.« Après les événements tragiques de Paris, la Pologne ne voit pas de possibilité politique d’exécuter la décision de relocalisation de réfugiés », a écrit M. Szymanski, sur un site Internet conservateur. « Les attentats de Paris se sont produits dans le contexte direct de la crise migratoire et des bombardements français des positions de Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique] », explique cet ancien eurodéputé, considéré comme un modéré du PIS, qui fustige « la faiblesse de l’Europe ». Il a toutefois nuancé ses propos dans l’après-midi : « La Pologne accueillera des réfugiés s’il y a des garanties de sécurité, et ces dernières sont mises en question après les attentats de Paris. »Le nouveau ministre des affaires étrangères, Witold Waszczykowski, ne s’embarrasse pas de nuances : « Nous devons atteindre la communauté musulmane, qui hait ce continent et qui veut le détruire. Nous devons aussi contrer les mouvements politiques de gauche qui considèrent qu’il faut sans cesse ouvrir nos frontières » a-t-il déclaré dans un entretien à la radio.« Paris a tout changé »En Allemagne, les attentats de Paris ont immédiatement relancé les débats qui animent la droite autour de l’accueil de migrants dans le pays. « L’époque de l’immigration incontrôlée et illégale ne peut pas continuer ainsi. Paris a tout changé », a affirmé le ministre des finances bavarois, Markus Söder (CSU), à l’hebdomadaire Die Welt am Sonntag. « On doit immédiatement clarifier qui vient dans notre pays, qui le traverse et s’y installe. Les règles de droit qui ne sont plus appliquées depuis plusieurs semaines doivent l’être à nouveau », a posté sur Facebook, Horst Seehofer, le ministre-président (CSU) de la Bavière.Allié à la CDU d’Angela Merkel, la CSU critique depuis plusieurs semaines la politique d’accueil et d’ouverture pratiquée par la chancelière. La CSU voudrait notamment instaurer un quota maximum de réfugiés chaque année. Le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, a critiqué ces propos, en demandant à ce « que personne ne fasse le lien de manière précipitée avec la politique d’immigration ». Les sociaux-démocrates du SPD ont également appelé à éviter ce lien. « En tant qu’Etat de droit, en tant qu’Etat libre, nous sommes toujours vulnérables. Malgré cela nous voulons rester un pays et une société ouverts », a expliqué le leader du SPD, Sigmar Gabriel.A la pointe de la lutte contre l’accueil de réfugiés, le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a appelé à la retenue et à « partager la douleur » de ceux qui ont été frappés. Il a décrété un jour de deuil national dimanche, et le congrès du parti au pouvoir, le Fidesz, prévu le même jour, a été annulé. Le ministre des affaires étrangères hongrois, Peter Szijjarto, a quand même répété que « l’Europe doit changer son attitude ». La Hongrie a en effet incarné avec constance au sein de l’Union une ligne radicalement opposée à celle, jugée trop généreuse, de la chancelière allemande, Angela Merkel. En janvier, M. Orban n’avait pas hésité à établir, après les attentats contre Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher, un lien entre migrants musulmans et risques terroristes.Les réactions sont également très prudentes en République tchèque, qui s’oppose à la politique européenne de répartition des réfugiés. La plupart des journaux mettent en garde contre la confusion et un déchaînement de haine envers les musulmans.Vif débat en GrèceEn Grèce, principale porte d’entrée des migrants, le débat est vif entre ceux qui veulent lier les attaques à l’arrivée de milliers d’entre eux en Europe et ceux qui rappellent que la grande majorité des réfugiés sont les premiers à fuir ce terrorisme. Le gouvernement a reconnu, samedi, que le passeport syrien retrouvé près du Stade de France correspondait à une personne arrivée au début d’octobre sur l’île de Leros. Rien n’indique pour l’heure qu’il s’agisse de la pièce d’identité d’un des assaillants. « L’attaque islamiste terroriste de Paris est une menace directe pour la Grèce, où entrent chaque jour et sans contrôle des djihadistes criminels à cause de la politique traîtresse d’ouverture des frontières de ce gouvernement », a aussitôt déclaré le parti néonazi Aube dorée.Le premier ministre, Alexis Tsipras, en appelle à la raison : « Nous avons la responsabilité d’apporter des solutions à la question migratoire, au drame des réfugiés qui mettent leur vie en danger en mer en essayant d’échapper à ces mêmes terroristes. Les terroristes auront gagné s’ils transforment l’Europe en une Europe forteresse au sein de laquelle vivraient des peuples pétris d’effroi. »Service EuropeJournaliste au Monde Philippe Ridet (Rome, correspondant) Un fond noir, une goutte de sang qui perle et ce titre : « Je suis Paris ». La « une » du quotidien Il Tempo, samedi 14 novembre, donne le « la » à toute la presse qui se partage entre la stupeur, le chagrin et la colère comme en atteste le titre de Libero : « Salauds d’islamistes ». Le quotidien évoque, dans un article de première page, une attaque « au cœur du modèle multiculturel français ». « Depuis cette nuit, écrit Massimo Nava du Corriere della Sera, nous savons ce qu’est une guerre au cœur d’une grande ville. Depuis cette nuit, on sait qu’on peut mourir à Paris, comme à Bagdad, Beyrouth ou Tripoli. L’Europe revit en direct la tragédie du 11-Septembre. »« La liberté est plus forte que la barbarie »« La France est encore une fois sous les tirs du djihad, analyse, Renzo Guolo, pour La Repubblica. Mais, cette fois, il ne s’agit pas de la rédaction d’un journal ou d’un supermarché casher, symbole de l’hostilité des islamistes radicaux, mais de bars, de salles de concert, des considérés par les fanatiques comme des lieux de perdition. » « L’Europe est le nouveau front de la guerre en Syrie », commente Maurizio Molinari pour La Stampa.Suivez notre live sur la situation à ParisDans une intervention solennelle samedi matin prononcée dans l’enceinte du Palais Chigi, le président du conseil, Matteo Renzi, a annoncé qu’une réunion d’urgence aurait lieu en fin de matinée au siège du ministère de l’intérieur afin de relever le niveau d’alerte et de sécurité. « Les terroristes ont touché la France, mais également l’Europe en plein cœur », a-t-il dit. Il a également assuré que, « comme tous les Italiens, je suis sûr que les terroristes ne gagneront jamais. La liberté est plus forte que la barbarie ». Cette bataille, a-t-il prévenu, « durera des mois, voire des années ».L’Italie, cible du djihad ? En début de semaine, deux événements se sont déroulés qui accréditent cette hypothèse. Un juif orthodoxe a été poignardé au visage par un inconnu dans une rue de Milan. La police italienne a procédé à l’arrestation de membres, résidant dans la Péninsule, d’un groupe d’islamistes radicaux dirigés depuis la Norvège. La proximité du début de l’année sainte (à partir du 8 décembre) met en alerte les services italiens. Plusieurs millions de pèlerins sont attendus dans les rues de Rome à cette occasion.Nos articles sur les attaques de Paris :Suivez notre live sur la situation à ParisLire aussi :Attaques de Paris : ce que l’on sait des auteurs des attentatsLire aussi :Attaques à Paris : le point sur l’enquête et le déroulé des attaquesLire aussi :A l’hôpital Lariboisière, « c’était de la chirurgie de guerre »Lire aussi :Attentats du 13 novembre : les questions que vous nous posezLire aussi :Aux urgences de la Pitié-Salpêtrière, familles et amis cherchent des nouvelles de leurs prochesLire aussi :Attaques à Paris : « On pensait que c’étaient des pétards. C’étaient des scènes de guerre »Lire aussi :Rue de la Fontaine-au-Roi : « Ça tirait de partout. On s’est mis à quatre pattes dans le restaurant »Lire aussi :« J’ai marché sur des corps, il y avait du sang. Dans la rue, il y avait des morts »Lire aussi :Au Stade de France : « On entend des cris, des cris de terreur »Lire aussi :Fusillade au Bataclan : « Le but, c’était d’attendre et de faire le mort »Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Charrel C’est moins que ce que les économistes espéraient, mais ce n’est pas non plus une catastrophe. Au troisième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a progressé de 0,3 %, contre 0,4 % sur les trois précédents mois. Par rapport au troisième trimestre 2014, la hausse est de 1,6 % en rythme annuel. « La reprise se poursuit mais sans ampleur », résume Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel BGC. « Comme souvent dans l’union monétaire, on peut voir la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine, ajoute Maxime Sbaihi, économiste à Bloomberg. « Les optimistes diront que la croissance européenne tient bon malgré le ralentissement chinois, tandis que les pessimistes la jugeront décevante. »La consommation résiste en France, Italie, Espagne et AllemagneSi la croissance allemande a un peu ralenti (0,3 %, après 0,4 % au deuxième trimestre), la France, elle, a plutôt rassuré (0,3 % après 0 %). A première vue, le PIB italien, en hausse de 0,2 % seulement, est quant à lui plutôt décevant. « Il confirme néanmoins que le pays est enfin sorti de trois longues années de récession », nuance Philippe Waechter, chef économiste chez Natixis AM.Lire aussi :La croissance allemande ralentit, pénalisée par le commerce extérieurUne fois de plus, l’Espagne surpasse ses voisins, avec une croissance en hausse de 0,8 %. Un dynamisme qui tient en partie à un effet de rattrapage, après la profonde récession enregistrée par le pays (– 3,6 % en 2009). De fait, Madrid doit encore créer 3 millions d’emplois pour rattraper le niveau d’avant-crise. « Pour l’instant, les postes créés sont surtout des contrats précaires », détaille Denis Ferrand, directeur général de l’institut de conjoncture Coe-Rexecode.Lire aussi :La consommation intérieure tire la croissance espagnoleEn moyenne, les quatre principales économies de la zone euro affichent donc une croissance qui se raffermit, même si elle reste très poussive. « Il est délicat d’en dire plus, car les composantes détaillées des PIB ne sont pas encore disponibles, sauf pour la France », indique Luc Meier, chez Oxford Economics. Les derniers indicateurs de conjoncture laissent néanmoins penser que la consommation des ménages, soutenue par l’inflation faible, a bien résisté. Et a en partie compensé la baisse des échanges avec les pays émergents, dont la croissance ralentit. « La demande domestique tient bon dans ces pays, c’est encourageant, analyse M. Sbaihi. Mais la croissance devra trouver d’autres relais en 2016. » L’investissement des entreprises repartira-t-il enfin ? Rien n’est moins sûr, tant il reste fragile en France (+ 0,7 % au troisième trimestre), Italie et Allemagne.Lire aussi :Pourquoi la croissance française reste (malgré tout) poussiveInquiétudes sur le Portugal, la Grèce, la Finlande et les Pays-BasQuatre pays inquiètent particulièrement les économistes. La Grèce, d’abord. Au troisième trimestre, le PIB hellène a en effet reculé de 0,5 %, alors qu’il s’était maintenu à 0,4 % au deuxième trimestre. En cause ? La mise en place du contrôle des capitaux cet été, qui a particulièrement pénalisé le secteur bancaire et les PME grecques, déjà mal au point. Mais le tourisme, lui, a bien résisté. « Sans cela, les chiffres auraient pu être bien pires », estime Platon Monokroussos, chef économiste d’Eurobank, à Athènes.Lire aussi :L’économie grecque se contracte de nouveauAutre maillon faible : le Portugal, qui affiche une croissance nulle au troisième trimestre. Jusqu’à cet été, Lisbonne était pourtant présentée comme le bon élève de l’austérité, appliquant les réformes exigées par ses partenaires européens sans rechigner. Mais le vote, le 10 novembre, d’une motion de censure du Parlement contre le gouvernement de centre-droit, laisse aujourd’hui craindre que le pays entre dans une phase d’instabilité politique comparable à celle traversée par la Grèce ces derniers mois. « Malgré les efforts fournis, le Portugal n’a pas réussi à relancer franchement sa croissance », se désole M. Mourier.Au nord de l’Europe, la Finlande est elle aussi en mauvaise passe. Son PIB, qui avait péniblement progressé de 0,2 % au deuxième trimestre, a replongé de 0,6 % au troisième. Motif : la proximité commerciale du pays avec la Russie, qui a enregistré une récession de 4,1 % sur un an au troisième trimestre. Mais aussi, les déboires de ses deux industries phares, l’électronique et la filière bois.De même, les Pays-Bas déçoivent, avec une croissance de 0,1 % seulement au deuxième comme au troisième trimestre. « Là encore, il est délicat de poser un diagnostic avant de connaître les composantes détaillées de la croissance, mais il est probable que la Hollande soit elle aussi pénalisée par le ralentissement des pays émergents et du commerce mondial », avance Ludovic Subran, chef économiste d’Euler Hermes.La Banque centrale européenne (BCE) devrait prendre de nouvelles mesuresCette reprise fébrile relance, sans surprise, les spéculations sur d’éventuelles mesures d’assouplissement monétaire de la BCE. D’autant que l’inflation, qui est ressortie à 0 % dans l’union monétaire au mois d’octobre, est encore loin de la cible de 2 % de l’institut de Francfort. « Tout cela devrait l’inciter à en faire plus pour soutenir l’activité et tenter de relancer l’investissement des entreprises », juge M. Subran.Selon lui, la BCE pourrait décider, en décembre, d’augmenter de 60 milliards à 80 milliards d’euros mensuels le volume de ses rachats de dettes publiques et privées. Elle pourrait également baisser encore son taux de dépôts, de – 0,2 % à – 0,3 %. Une mesure de nature à tirer l’euro vers le bas face aux autres devises. Et donc, à soutenir les exportations européennes. Cela suffira-t-il ? C’est toute la question. Car certaines faiblesses de l’économie européenne, comme le niveau élevé de l’endettement et du chômage, ne pourront pas être réglées par la seule politique monétaire, aussi généreuse soit-elle…Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter service international Barack Obama a été le premier chef d’Etat à réagir aux attaques du 13 novembre, avant même François Hollande. Visage fermé, le président américain a pris la parole depuis la Maison Blanche alors que les attaques n’étaient pas encore finies vendredi soir. Ces attentats « ne sont pas seulement une attaque contre Paris » mais « une attaque contre toute l’humanité et nos valeurs universelles », a déclaré M. Obama dans une allocution solennelle. En français dans le texte, le chef de l’Etat américain a cité la devise « Liberté, égalité, fraternité » pour rappeler qu’elles ne sont « pas seulement des valeurs françaises mais des valeurs que nous partageons tous ».A l’unisson du président américain, les réactions de toute la planète ont afflué dans la nuit. Angela Merkel, la chancelière allemande, qui avait défilé à quelques centaines de mètres du Bataclan lors de la manifestation du 11 janvier contre les attentats de Charlie Hebdo, s’est dite « bouleversée ». « Choqué » également, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, qui avait lui aussi fait partie de ce cortège.« La France est en première ligne dans la lutte contre le terrorisme. Mais elle n’est pas seule. Ce combat est le combat de tous les Européens, et de tous les peuples du monde libre », a défendu le président du Conseil européen, Donald Tusk.David Cameron, le premier ministre britannique, a promis de faire « tout ce que nous pouvons pour venir en aide ». Et l’Italie est « ensemble avec ses frères français » après « l’atroce attaque contre Paris et contre l’Europe », a déclaré le premier ministre Matteo Renzi sur Twitter. En Espagne, Mariano Rajoy a parlé au téléphone avec Manuel Valls et « lui a exprimé sa consternation pour les terribles attentats et la solidarité du peuple espagnol ». Le Vatican a dénoncé « une violence terroriste folle ». « Nous condamnons [ces attentats] de la manière la plus ferme, ensemble avec le pape et avec tous ceux qui aiment la paix », a déclaré le porte-parole du Vatican.« Consensus de la communauté internationale contre le terrorisme »A Moscou, le Kremlin a publié un communiqué pour assurer que « la Russie condamne ce massacre inhumain et se tient prête à fournir son entière assistance pour enquêter sur ces crimes terroristes ». Le président Vladimir Poutine est intervenu fin septembre en Syrie pour lutter contre le terrorisme, mais sous les critiques des Occidentaux qui l’accusent de viser en priorité les rebelles modérés, plutôt que l’Etat islamique (EI). Même message de solidarité depuis la Turquie, où le président Recep Tayyip Erdogan a fait part à la télévision de « ses condoléances les plus profondes » en demandant un « consensus de la communauté internationale contre le terrorisme ». Le président turcfait lui aussi l’objet de critiques car il utilise la lutte contre l’EI pour attaquer le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).« Israël se tient aux côtés du président François Hollande et du peuple français dans la guerre commune contre le terrorisme », a déclaré de son côté le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou. Selon la chaîne Channel 2, le gouvernement a demandé à Paris de renforcer encore davantage la sécurité autour des institutions et des bâtiments de la communauté juive. Le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, a présenté ses condoléances et appelé à combattre « le fléau du terrorisme, qui a pour but de déstabiliser la sécurité et la stabilité dans différentes parties du monde, sans distinction ».Pour le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, il s’agit « d’attaques terroristes méprisables ». Au Maroc, frappé en 2003 et en 2011 par des attentats, le roi Mohammed VI a adressé un message de condoléances au président français exprimant « une vive émotion et une profonde tristesse » face à ces « odieuses attaques ».En Asie, la présidente de la Corée du Sud a présenté ses « condoléances » à la France. « Le terrorisme est un crime contre l’humanité. Il est injustifiable et intolérable », a-t-elle expliqué. « Quelle que soit la raison des attentats, ils restent impardonnables et hautement condamnables », a abondé le ministre japonais des affaires étrangères. La Chine s’est déclarée « profondément choquée » et a fait savoir qu’elle « condamne vigoureusement ces attaques terroristes » par l’intermédiaire du ministère chinois des affaires étrangères. Les réactions de solidarité sont également venues du Brésil, de Cuba, de Belgique, des Pays-Bas ou du Canada. De leur côté, les Philippines ont assuré samedi qu’elles garantiraient « une sécurité renforcée » aux leaders mondiaux attendus au Forum de coopération économique pour l’Asie-Pacifique (Apec) à Manille. Barack Obama doit se rendre au sommet prévu dans la capitale philippine les 18 et 19 novembre, aux côtés des responsables chinois, japonais, australien, canadien et de 15 autres chefs d’Etat.Minutes de silenceAu-delà des chefs d’Etat et de gouvernement, les attaques ont suscité des réactions de solidarité spontanées un peu partout sur la planète. Aux Etats-Unis, le One World Trade Center de New York et le City Hall de San Francisco se sont parés de tricolore en hommage à la tragédie. Des minutes de silence ont été observées avant les matchs de basket de NBA. Et les principaux candidats aux investitures démocrate et républicaine pour la présidentielle de 2016, Hillary Clinton, Bernie Sanders, Donald Trump, Ben Carson, Jeb Bush, Marco Rubio et Ted Cruz, ont assuré « se recueillir » ou « prier » pour les victimes.A Berlin, des Allemands et des Français sont venus spontanément déposer des bougies devant l’ambassade de France. Même réaction spontanée à New York sur l’Union Square, où des dizaines de Français se sont rassemblés. A Barcelone, une minute de silence devait être organisée samedi midi.service internationalJournaliste au Monde Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Le revirement d’Angela Merkel est un coup de tonnerre. Il montre que la politique européenne d’asile est menacée d’implosion et que l’espace sans passeport de Schengen pourrait, lui aussi, être fondamentalement remis en question. La chancelière allemande a finalement défendu, vendredi 13 novembre, la décision de son ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, d’appliquer à nouveau les règles européennes dites de Dublin, qui obligent les migrants à déposer leur demande d’asile dans leur pays d’arrivée dans l’Union. Angela Merkel a eu beau affirmer vendredi dans un entretien à la chaîne ZDF « la chancelière a la situation en mains. Tout le gouvernement également », sa décision apparaît comme un aveu de faiblesse alors qu’elle est vivement contestée dans son propre parti.L’Allemagne a annoncé, en parallèle, la prolongation pour trois mois des contrôles à ses frontières – que M. de Maizière avait décidée seul fin octobre, sans en avertir Mme Merkel et le secrétaire général de la chancellerie, Peter Altmaier, pourtant chargé de superviser la crise des réfugiés. Alors qu’Angela Merkel répète depuis des semaines que les accords de Dublin sont « obsolètes » et que l’Allemagne n’exige plus le retour des réfugiés dans le pays où ils ont été enregistrés, la chancelière a fini par donner raison à son ministre de l’intérieur. La nouvelle a été confirmée mardi 10 novembre et Angela Merkel l’a approuvée, a posteriori, vendredi 13.Lire aussi :Crise des réfugiés : Merkel de plus en plus contestée par les siens« Partager le fardeau »La démarche de Thomas de Maizière s’explique notamment par des tensions politiques internes, alors qu’Angela Merkel avait dessaisi fin octobre le ministère de l’intérieur – peu favorable face à la générosité d’Angela Merkel sur le sujet – d’une partie de ses prérogatives dans ce dossier en centralisant la stratégie à la chancellerie. Vendredi 13 novembre, Angela Merkel a validé la stratégie de son ministre en donnant une autre explication. Sa « plus grande déception », ces dernières semaines, est la difficulté à répartir les réfugiés entre les pays européens, a-t-elle dit dans l’entretien.Respecter à nouveau les accords de Dublin revient à reporter une grande partie de la charge sur les pays à la périphérie de l’Union et donc à fortement inciter les pays européens à accepter de répartir les réfugiés de façon plus équitable. Berlin veut « élaborer une clé de répartition aussi juste que possible en Europe », avait-elle précisé lors d’une conférence de presse, vendredi. « Nous devons partager le fardeau équitablement, c’est évident », a encore commenté Mme Merkel, confirmant la colère de son gouvernement contre l’inaction de beaucoup de ses partenaires et le refus de l’Allemagne de continuer à accueillir des milliers de réfugiés supplémentaires.L’annonce du renvoi de réfugiés dans d’autres pays a également comme objectif de montrer aux Allemands que le pays n’est pas « submergé » par les réfugiés, comme l’a laissé entendre Wolfgang Schäuble, le ministre des finances qui a parlé d’« avalanche ». Un terme qu’Angela Merkel refuse de prendre à son compte. Selon un sondage paru vendredi 13 novembre, 52 % des Allemands ne sont pas satisfaits de la politique d’Angela Merkel à l’égard des réfugiés, 43 % l’approuvent.Lire aussi :L’Allemagne suspend le renvoi des réfugiés syriens vers leur pays d’entrée dans l’UELa décision allemande va incontestablement peser sur la situation des demandeurs d’asile et sur certains pays de transit et d’arrivée de ceux-ci. Dès vendredi, la Croatie a demandé, par la voix de son ministre de l’intérieur, Ranko Ostojic, une réunion d’urgence de ses homologues de l’Union. Du côté allemand, Thomas de Maizière a en effet évoqué le renvoi de réfugiés vers la Croatie (non-membre de l’espace Schengen) et la Slovénie. Selon le ministre croate, les demandeurs d’asile doivent plutôt être, pour la plupart d’entre eux, renvoyés en Grèce, et non vers son pays.Problème : la Cour européenne de justice estime, dans sa jurisprudence récente, que le traitement des demandeurs d’asile en Grèce et en Hongrie n’était pas conforme aux règles de la dignité humaine. « Je ne souhaite pas que la Croatie soit étiquetée comme inhumaine mais elle ne peut être punie pour avoir effectué sa part de travail avec humanité et professionnalisme », a déclaré M. Ostojic. La crise des réfugiés a atteint son pays en septembre, lorsque la Hongrie de Viktor Orban a fermé sa frontière avec la Serbie et érigé des barrières sur celle qui la sépare de la Croatie. Quelque 370 000 réfugiés sont, depuis, arrivés dans ce pays. La Croatie s’en prend aussi à sa voisine, la Slovénie – membre de l’espace Schengen –, qui a érigé cette semaine une barrière de barbelés sur une partie de sa frontière. Le tout alors que la Suède a officiellement averti la Commission de Bruxelles qu’elle instaurait à son tour des contrôles à ses frontières, tandis que le Danemark va, lui, les renforcer…Lire aussi :Les conditions de vie indignes des réfugiés en SlovénieLes accords de Schengen fragilisésManifestement dépassée par les événements, la Commission voit voler en éclats ses espoirs d’une atténuation de la crise et d’une répartition équitable des réfugiés. Elle craint désormais que les accords de Schengen, piliers de la construction européenne et symboles de la liberté de mouvement, soient détricotés.La décision allemande de prolonger et durcir les contrôles à ses frontières est toutefois peu surprenante : M. de Maizière avait, dès octobre, prévenu la Commission qu’il userait de cette procédure si les flux migratoires vers son pays ne se réduisaient pas. Berlin, qui devrait accueillir un million de demandeurs d’asile cette année, s’appuie désormais sur une procédure d’exception incluse dans le « code Schengen ». Elle permet la mise entre parenthèses des règles de libre circulation pour une période pouvant aller jusqu’à deux ans. Elle va concentrer ses contrôles à la frontière autrichienne, par laquelle transite l’essentiel des migrants après leur traversée des Balkans.Lire aussi :Le scepticisme croissant des Allemands sur l’accueil des réfugiésVendredi, l’Autriche a annoncé l’installation d’un grillage de près de 4 km de long et 2,2 mètres de hauteur à sa frontière avec la Slovénie. Une autre première qui concerne, cette fois, deux Etats d’un espace Schengen plus que jamais sous pression.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gaëlle Picut Le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) a publié, lundi 9 novembre, un rapport consacré aux réformes du marché du travail dans dix pays européens depuis 2008. Il met en avant le fait que la crise a exacerbé les déséquilibres du marché du travail existants, mais « a pu aussi cristalliser un certain nombre de défis communs auxquels sont confrontés aujourd’hui l’ensemble des pays européens ». Les deux principaux enjeux communs concernent l’éloignement d’une partie grandissante des jeunes du marché de l’emploi et l’augmentation du chômage de longue durée.Le taux de chômage des jeunes au sein de l’Union européenne est ainsi passé de 15,5 % en 2007 à 22,2 % en 2014, soit une hausse de 6,7 points en sept ans. En Italie et au Portugal, la situation est encore plus préoccupante puisque les taux atteignent respectivement 42,7 % et 34,8 %.« Dernier arrivé, dernier parti »Les jeunes ont souvent servis de variable d’ajustement et ont été victimes de la logique « dernier arrivé, premier parti », sans oublier la faiblesse des embauches. Par ailleurs, la crise immobilière a provoqué un effondrement du secteur du BTP qui recrute habituellement beaucoup de jeunes parmi les moins qualifiés. Par exemple, en Espagne, le secteur de la construction représentait 12,7 % des emplois fin 2007 pour 5,3 % début 2014. Autre élément préoccupant, le taux de jeunes ne travaillant pas et ne suivant ni études ni formation a augmenté entre 2007 et 2014, passant de 14,4 % à 16,6 % (avec un pic à 17,7 % en 2013).Quant au chômage de longue durée, il prend des proportions importantes dans plusieurs pays européens. En Espagne, il est passé de 20,4 % en 2007 à 52,8 % en 2014 ; en Irlande, de 30 % à 59,2 % sur la même période. Et il augmente même en Suède de 8 points, et passe de 13 à 21% entre 2008 et 2010. Cette évolution pèse immanquablement sur l’employabilité des demandeurs d’emploi. A ces deux tendances lourdes s’ajoutent des déséquilibres plus ou moins développés selon les pays. C’est le cas du temps partiel subi qui augmente de façon significative dans certains pays. Ainsi en Italie, fin 2014, 63,4 % des salariés en situation de temps partiel déclaraient vouloir travailler davantage (sachant que la part de salariés en situation de temps partiel entre 2007 et 2014 est passée de 13,4 % à 18,1 %).Autre tendance : le taux de transition à trois ans d’un contrat temporaire vers un contrat indéterminé a fortement chuté dans la plupart des dix pays européens étudiés. Parallèlement, la diversification des formes de travail atypiques s’est maintenue, soit sous forme d’emplois salariés (mini-jobs en Allemagne, contrat zéro heures en Grande-Bretagne) soit sous forme de travail indépendant non salarié (recibo verdes au Portugal ou para subordini en Italie).Or ces formes de travail sont « préoccupantes », selon le COE, car elles n’accordent souvent que des droits sociaux restreints et peuvent alimenter le risque de pauvreté, même si « les systèmes de redistribution et de solidarité informels peuvent plus ou moins atténuer cette appauvrissement » précise le rapport.L’emploi informel renforcéPar ailleurs, la crise a renforcé l’emploi informel. Le rapport du COE ne s’étend pas longuement sur ce phénomène. Il rappelle toutefois que « les conséquences sont lourdes : préjudices pour les droits des travailleurs, distorsion de concurrence entre employeurs, phénomène d’évasion fiscale et sociale, affaiblissement de la soutenabilité des finances sociales ».Le COE rappelle que si certains pays (Royaume-Uni, Allemagne Suède) ont retrouvé leur taux d’emploi d’avant la crise, d’autres restent dans une situation durablement dégradée (Italie, Espagne, Portugal). Enfin dans une situation intermédiaire, qui se rapproche du niveau d’emploi d’avant-crise sans encore l’atteindre, se retrouvent le Danemark, les Pays-Bas, l’Autriche et l’Irlande.Gaëlle PicutJournaliste au Monde Jacques Follorou La démocratie allemande pourrait-elle servir d’exemple au Parlement français en matière de contrôle des services secrets ? Le travail des différentes instances parlementaires du Bundestag sur les services de renseignements allemands (BND) vient de donner lieu à de nouvelles révélations sur les dérives en matière d’espionnage. Mercredi 11 novembre, la station de radio allemande RBB (Radio Berlin Brandebourg) indiquait que le BND avait surveillé le diplomate allemand Hansjörg Haber alors que la Constitution allemande interdit l’espionnage des citoyens allemands.Cette radio précisait également que Laurent Fabius, ministre français des affaires étrangères, et des membres de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), du FBI américain et de sociétés aux Etats-Unis, figuraient également parmi les cibles. Jeudi, à Malte, en marge d’un sommet sur les migrations, François Hollande a demandé « que toutes les informations soient communiquées, parce qu’on ne peut pas comprendre qu’il puisse y avoir ce type de pratiques entre alliés ». Avant d’ajouter : « Je sais que la chancelière [Angela Merkel] fera tout pour nous dire exactement les circonstances qui ont été celles [qui ont conduit à] écouter un ministre de la République française. »La RBB ne fournit aucune indication sur l’origine de ses sources. En guise de détails, la radio berlinoise se contente d’évoquer une liste de 900 pages de « sélecteurs » (numéros de téléphone, courriels, adresses IP) utilisés par le BND et à laquelle ont eu accès des députés allemands, membres de la commission d’enquête chargée de faire la lumière sur les opérations de surveillance.« La question qui se pose, c’est de savoir si ces agissements ont été le fait des seuls Allemands ou pour le compte d’un service tiers, à savoir la NSA »Selon un membre du Bundestag travaillant sur les questions de renseignement, joint par Le Monde, ces nouveaux éléments seraient extraits de documents recueillis par la commission d’enquête parlementaire créée après les révélations de l’ex-consultant de l’Agence nationale de la sécurité américaine (NSA), Edward Snowden. Ces informations seraient également entre les mains de la délégation parlementaire au renseignement du Bundestag, chargée de suivre le fonctionnement des services secrets et qui devait se réunir vendredi.Au printemps, la presse allemande s’était déjà fait l’écho d’écoutes pratiquées par le BND de pays alliés, dont la France, sans l’aval du gouvernement. Paris était resté discret. Mais Bernard Bajolet, à la tête de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), s’était rendu à Berlin pour obtenir des explications auprès de son homologue du BND. Selon nos informations, il avait troqué le silence officiel contre l’obtention d’informations, portant notamment sur les dessous de la coopération entre le BND et la NSA.« La question qui se pose, relève un responsable de la communauté française du renseignement interrogé par Le Monde, c’est de savoir si ces agissements ont été le fait des seuls Allemands ou pour le compte d’un service tiers, à savoir la NSA. » En effet, des documents, également exhumés par la commission d’enquête parlementaire créée sur les activités de la NSA, et auxquels Le Monde a eu accès, ont montré, en juin, que le BND avait agi pour le compte de la NSA et espionné, notamment, la France, au moins de 2005 à 2008, par l’intermédiaire du groupe de télécommunications Deutsche Telekom.« Rien d’illégal »Les autorités allemandes, accusées de complicité d’espionnage avec la NSA, entre 2005 et 2015, des intérêts économiques et politiques européens, avaient affirmé qu’il était impossible de connaître l’identité des cibles visées. Ces documents de Deutsche Telekom, détenus par la commission d’enquête parlementaire allemande sur les activités de la NSA et révélés par le député Vert autrichien Peter Pilz, attestaient, au contraire, que les grands opérateurs nationaux de télécom européens disposaient des moyens d’identifier les personnes ou entreprises espionnées.A partir de 2005, l’ensemble du trafic intercepté a été renvoyé vers le centre d’interceptions, installé en Bavière, à Bad Aibling. Sur cette base, les opérateurs allemands travaillent aux côtés d’employés de la NSA dans le cadre du JSA (Joint Signal Activity). Interrogé par la commission d’enquête du Bundestag, le directeur du BND, Gerhard Schindler, a indiqué, le 21 mai, qu’il n’y avait rien d’illégal à cela tant que cette collecte ne concernait pas des intérêts allemands.Jacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.11.2015 à 16h36 Trois militants kurdes ont été tués, mardi 3 novembre, dans le sud-est de la Turquie, lors d’affrontements avec les forces de l’ordre. Ce regain de violence intervient deux jours après la victoire du parti du président Recep Tayyip Erdogan, qui a durci son discours envers les Kurdes.Deux jeunes militants du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont été tués dans la province de Hakkari, près de la frontière irakienne, lors d’une opération de la police turque pour démanteler des barricades. La troisième victime est un jeune de 22 ans, tué dans la ville de Silvan, dont trois quartiers sont soumis depuis mardi matin à un strict couvre-feu.L’état-major de l’armée turque a également annoncé mardi avoir bombardé, la veille, des positions du PKK en Turquie et dans le nord de l’Irak.Lire aussi :En Turquie, les maigres espoirs des Kurdes de DiyarbakirDeux journalistes inculpés et écrouésMardi, un tribunal d’Istanbul a inculpé et écroué deux responsables du magazine d’opposition Nokta, « pour tentative de coup d’Etat », a indiqué l’un de ses journalistes.Ces deux journalistes avaient été arrêtés lundi par la police après que le dernier numéro du magazine avait présenté en « une » le triomphe du parti de M. Erdogan comme « le début de la guerre civile en Turquie ».Le succès de l’AKP, qui a retrouvé au parlement la majorité absolue qu’il avait perdue il y a cinq mois, a alimenté les craintes des rivaux du chef de l’Etat, qui redoutent qu’il n’en profite pour renforcer son pouvoir sur le pays. Après la victoire de M. Erdogan, le porte-parole du président des Etats-Unis Barack Obama avait fait part, lundi, de ses inquiétudes :« Nous sommes […] très préoccupés par le fait que des médias et des journalistes critiques envers le gouvernement aient fait l’objet de pressions et d’intimidations durant la campagne. »Les Etats-Unis avaient rejoint les critiques formulées par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Dans un rapport conjoint avec le Conseil de l’Europe et le Parlement européen, l’OSCE a dénoncé, lundi, une campagne électorale « marquée par beaucoup trop de peur, et la peur est l’ennemie de la démocratie ». L’organisation a aussi regretté les « interventions dans l’autonomie éditoriale des médias » de la part du gouvernement islamo-conservateur du premier ministre, Ahmet Davutoglu.Lire aussi :En Turquie, Erdogan retrouve les moyens de poursuivre sa dérive autoritaire Camille Bordenet (Ingolstadt, envoyée spéciale) Dans la petite chambre de la famille Hasani, des Kosovars originaires de Mitrovica, les valises sont déjà prêtes. C’est comme si elles n’avaient jamais été défaites. « Retour à la case départ, constate, cynique, Besim, le père, 38 ans. On a tout sacrifié, on s’est endettés pour arriver jusqu’ici, et la seule chose que l’Allemagne trouve à nous offrir, c’est un billet d’avion retour ». Neuf mois après avoir quitté son pays pour l’Allemagne, la famille s’apprête à être rapatriée, comme le seront sans doute aussi les quelque 320 autres demandeurs d’asile originaires du Kosovo, d’Albanie ou du Monténégro qui vivent avec eux dans le centre d’Ingolstadt, en Bavière.Dans cette ancienne caserne militaire convertie en centre d’arrivée et de rapatriement, le rêve d’Allemagne prend fin pour ceux qui ne sont pas venus pour sauver leur vie, mais dans l’espoir d’en trouver une meilleure. « Ce centre vise à regrouper les demandeurs d’asile originaires des pays des Balkans qui n’ont presque aucune chance de rester », explique Maria Els, vice-présidente de la région de Haute-Bavière, en présentant les bâtiments. D’un côté, les logements des migrants, de l’autre, les bureaux administratifs. Toutes les autorités jouant un rôle dans la procédure sont présentes sur place : la région, l’Office fédéral de l’immigration et des réfugiés (BAMF), une antenne du tribunal administratif de Munich et la police, pour les expulsions. A leur arrivée, les migrants passent directement d’un bureau à l’autre pour la prise d’empreintes digitales, la visite médicale, l’enregistrement de la demande d’asile, l’entretien, puis l’éventuel recours. L’objectif : réaliser toute la procédure en l’espace de quatre à six semaines, contre plusieurs mois d’ordinaire.Accélérer les retoursCar c’est bien la vocation de ce centre spécialisé ouvert en septembre : accélérer les démarches pour renvoyer plus vite les migrants économiques originaires de « pays sûrs », qui n’obtiendront pas l’asile. Et envoyer un signal fort aux candidats de ces pays, à l’heure où l’Allemagne − qui s’attend à recevoir jusqu’à un million de demandes d’asile cette année − voudrait se consacrer à l’intégration des réfugiés fuyant les zones de conflit. « Nous pouvons accepter et soutenir les gens qui ont besoin d’une protection [les réfugiés] seulement si ceux qui n’en ont pas besoin ne viennent pas ou sont renvoyés rapidement », soulignait récemment le ministre allemand de l’intérieur, Thomas de Maizière.Pour accélérer les expulsions, Berlin vient de durcir sa législation : l’Albanie, le Kosovo et le Monténégro ont été ajoutés à la liste des pays d’origine « sûre » (la Bosnie-Herzégovine, la Serbie et la Macédoine l’étaient déjà) et les allocations en argent liquide perçues le temps que la demande soit examinée seront désormais remplacées, autant que possible, par des prestations en nature. Ces mesures devraient conduire au renvoi de « dizaines de milliers » de ressortissants des Balkans, selon le ministre de l’intérieur. Ces derniers représentent près de 40 % des demandes d’asile enregistrées dans le pays cette année, alors que leur chance de voir leur demande acceptée est inférieure à 1 %, selon les chiffres du BAMF. Les Albanais et les Kosovars, par exemple, s’inscrivent aux 2e et 3e rangs des demandeurs d’asile, juste derrière les Syriens. #container_14437073317{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14437073317{ height:500px; } #container_14437073317 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14437073317 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14437073317 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14437073317 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les 10 nationalités qui demandent et obtiennent le plus l'asile en AllemagneChiffres de janvier à septembre 2015, sur un total de 303 443 demandes d'asile.Source : Office fédéral allemand de l'immigration et des réfugiés (BAMF)require(['highcharts/4.1.9','highcharts-standalone'], function() { //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14437073317", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:true, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} %", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Syrie","Albanie","Kosovo","Serbie","Irak","Afghanistan","Macédoine","Erythrée","Pakistan","Incertain"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de demandes d'asile", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 73615 ], [ "", 45125 ], [ "", 34723 ], [ "", 22958 ], [ "", 16566 ], [ "", 16360 ], [ "", 11691 ], [ "", 7403 ], [ "", 5290 ], [ "", 4898 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Taux d'admission (%) ", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 91.2 ], [ "", 0.2 ], [ "", 0.4 ], [ "", 0.1 ], [ "", 88.7 ], [ "", 44.3 ], [ "", 0.5 ], [ "", 83 ], [ "", 11.6 ], [ "", 72.8 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 1, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 1 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: 1, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", },\u25CF {series.name}: {point.y}', hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, }}) function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} } }});Le centre d’Ingolstadt va désormais être agrandi pour compter jusqu’à 500 places d’ici décembre et la région en a déjà ouvert un deuxième du genre, à Bamberg. « L’idée est que le maximum de demandeurs d’asile issus des Balkans, qu’ils soient déjà présents dans le pays ou qu’ils arrivent, passent par ces centres », explique Maria Els.Lire aussi :Angela Merkel veut des zones de transit aux frontières« Pour eux, on est les mauvais migrants » La famille Hasani a compris le message. « Ils nous ont dit qu’il fallait faire de la place aux Syriens », soupire Besim. Son épouse Lumturije et leurs deux enfants ont reçu une réponse négative, lui attend toujours. C’est sa deuxième demande d’asile en Allemagne. L’entretien de Lumturije a duré 40 minutes, à peine. Elle a bien senti que son cas était joué d’avance : « Ils m’ont presque coupée en me faisant comprendre que je n’avais pas ma place », raconte-t-elle. Sur le bureau de la fonctionnaire, il y avait une boîte de mouchoirs, mais Lumturije n’a pas voulu pleurer. Elle aurait pu s’inventer une histoire, prétendre des persécutions, ou même tenter de se faire passer pour Syrienne, certaines le font bien. Elle a préféré dire la vérité.« Les demandeurs d’asile que nous recevons ici sont pour la plupart très honnêtes : ils disent qu’ils sont là pour trouver du travail, faire des études ou offrir un meilleur avenir à leurs enfants », explique Herbert Binter, directeur du bureau du BAMF au centre. Dans ce cas, l’entretien est en effet plus court, puisque ces motivations ne les qualifient pas pour obtenir le statut de réfugié. Mais « l’accélération de la procédure ne veut pas dire que nous écourtons l’examen de la demande. Comme partout, nous respectons toutes les étapes, dans le respect du droit », assure M. Binter.Lumturije a fait appel mais « à quoi bon ? ». La réponse est restée la même. « Pour eux, on est les mauvais migrants. Si on est ici, c’est qu’il n’y a plus d’issue », estime-t-elle. Alors, comme beaucoup, elle a signé le formulaire pour un retour volontaire et accepté les billets d’avion. « C’était ça ou attendre que la police vienne nous chercher à 4 heures du matin pour nous expulser. On ne voulait pas que les enfants vivent ça. » Depuis l’ouverture du centre, 90 expulsions ont eu lieu et 220 retours volontaires ont été enregistrés. Pour leur retour, certaines familles peuvent solliciter des aides en plus du billet d’avion – argent liquide de départ par exemple –, au sein de programmes soutenus par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Mais les conditions sont très variables : les Hasani n’y étaient pas éligibles car ils sont arrivés après le 31 décembre 2014. Ils ne demanderont pas non plus d’aide à Pristina à leur arrivée : « le gouvernement kosovar n’a rien à nous offrir », croit savoir Besim.Les illusions perdues Au détour des longs couloirs du centre, l’espoir a laissé place à l’abattement. Et à l’amertume. C’en est fini de l’attente fébrile d’une réponse positive. Ici, on n’attend plus que la date de son départ, résigné. Demain soir, Lumturije et les enfants seront rentrés à Mitrovica. Besim les accompagnera à l’aéroport de Munich. Et ne tardera pas à les rejoindre, il ne se fait pas d’illusions. Il veut malgré tout encore croire qu’il finira par décrocher un permis de travail, un jour.Car qu’auront-ils à offrir à leurs enfants, de retour chez eux, sans argent ni travail ? Même avec plusieurs années d’études, un diplôme d’infirmier et trois langues parlées couramment, Besim n’a jamais trouvé d’emploi au Kosovo, où près de la moitié de la population est au chômage. Son voisin de pallier albanais, Gzim Ndou, non plus, malgré ses douze ans à l’école et son diplôme de policier. Les deux pères de famille pensaient qu’ils auraient plus de chance en Allemagne ; ils avaient entendu dire que le pays cherchait de la main-d’œuvre qualifiée et donnait l’asile facilement. Alors, les Hasani ont fait comme quelque 130 000 autres Kosovars partis sur les routes entre l’été 2014 et le mois de février.Lire aussi le reportage :Kosovo : l’appel de l’OuestA Mitrovica, une ville qui porte encore les stigmates de la guerre, divisée entre quartiers serbes et albanais, la famille retournera vivre chez les parents de Besim ; heureusement les enfants sont excités à l’idée de retrouver leurs grands-parents et leurs copains d’école. Lumturije, elle, s’inquiète beaucoup pour les 600 euros qu’il faudra rembourser à la famille au retour : le prix qu’a coûté le voyage. Les 400 euros mensuels d’allocations reçus en Allemagne ont beau dépasser un salaire kosovar, ils étaient à peine suffisants pour vivre, encore moins pour mettre de côté. Besim s’empresse de préciser : « Ce n’est pas pour toucher ces allocations qu’on est venus. » Cela le contrarie que certains Allemands voient les Kosovars comme des profiteurs qui demandent plusieurs fois l’asile pour percevoir les prestations sociales ou envoyer de l’argent à leur famille.Une porte ouverte à la violence Dans le centre-ville d’Ingolstadt, les sentiments sont mitigés sur ce « centre des Balkans », comme l’appellent certains habitants. Il y a ceux, nombreux, qui se portent bénévoles pour organiser rencontres et activités, témoigne Wolfgang Scheuer, adjoint au maire. Mais aussi les « Not welcome » (pas les bienvenus), venus taguer les bâtiments du centre. « Il faut nous comprendre : les communes d’Allemagne accueillent déjà des milliers de réfugiés. On ne peut pas en plus faire de la place pour ceux qui viennent juste chercher un travail », confie Kristin, une habitante.A l’heure où les incidents contre les foyers d’accueil se multiplient dans le pays, les associations de défense des migrants craignent que ces centres regroupant les réfugiés selon leur région d’origine n’ouvrent la porte à la violence et à une stigmatisation contraire à la promesse d’un examen individualisé des demandes d’asile. « Avant même de décider de la protection à accorder, les demandeurs d’asile sont divisés entre bons et mauvais réfugiés. Or cette division, basée uniquement sur le pays d’origine, préjuge de la décision qui sera prise sur le besoin avéré ou non d’une protection », dénonce Stephan Dünnwald, du Conseil pour les réfugiés de Bavière. Il déplore que ces centres, parce qu’isolés, privent leurs résidents de l’assistance des associations et de tout processus d’intégration. Et déscolarisent les enfants.La veille, les Hasani ont fait l’aller-retour à Munich pour aller chercher des vêtements d’hiver dans leur ancien foyer d’accueil. Il a fallu attendre plus de quatre heures : la famille a été appelée en dernier, après les Syriens, les Afghans et les Erythréens. Besim, pourtant, n’en veut à personne. Il sait bien que les Syriens sont prioritaires à l’accueil. « Chez eux, c’est la guerre, ils meurent tous les jours… » Il se souvient d’un temps où les Bosniaques et les Kosovars étaient les Syriens de l’Europe. « Aujourd’hui on ne fuit plus les bombes, mais nous aussi on tente de survivre. Notre guerre est psychologique : on se bat contre la misère, le chômage, la corruption, le crime organisé. » Ainsi Besim a-t-il bien du mal à comprendre comment son pays peut être considéré comme « sûr ». Il aimerait qu’on réfléchisse aux raisons qui poussent son peuple à s’exiler.Camille Bordenet (Ingolstadt, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.11.2015 à 10h33 • Mis à jour le03.11.2015 à 12h38 | Philippe Jacqué Volkswagen est loin d’être sorti d’affaire… Après sa gamme de moteurs diesel EA 189, ses moteurs diesel 3 l seraient également équipés d’un logiciel de manipulation, selon les affirmations de l’Environmental Protection Agency (EPA – « Agence américaine de protection de l’environnement »).Lire aussi :Volkswagen : les moteurs plus puissants étaient aussi truquésSi Volkswagen dément toute nouvelle fraude, cette affaire pourrait une nouvelle fois saper l’image du géant de Wolfsburg, même si pour l’instant les ventes résistent bien au scandale.Combien de véhicules seraient concernés ?Le nombre de véhicules concernés reste faible, une dizaine de milliers de Volkswagen (Touareg), Porsche (Cayenne) et Audi (A6 quattro, A6L, A7, A8, Q5) sont comptabilisées pour les années 2014 et 2015, selon l’EPA.Cela pourrait être bien plus, si le logiciel est également installé sur ses modèles vendus en Europe, ce qui était le cas pour les moteurs EA 189. Comme les gros véhicules de Porsche et Audi écoulés sur le Vieux Continent sont essentiellement équipés de moteur 3 l diesel, il est probable que les conséquences soient importantes.Quelles conséquences financières ?Tous ces modèles sont parmi les plus chers, et donc les plus rentables pour le groupe. Aux Etats-Unis, une Porsche Cayenne diesel se vend à partir de 62 300 dollars (56 699 euros). Un Touareg de VW vaut au minimum 53 000 dollars…S’il est pour l’instant impossible de calculer les conséquences financières précises du premier scandale qui concernait le moteur EA 189 – les analystes l’estiment entre 15 milliards et 80 milliards d’euros –, il est encore plus difficile de prévoir l’impact de cette nouvelle péripétie. Entre les amendes, les rappels, les sanctions et autres actions de groupe, la somme pourrait vite dépasser plusieurs milliards d’euros…Le fait nouveau, c’est que Porsche, jusqu’à présent épargné, puisse être éclaboussé par le scandale. Le constructeur de véhicules sportifs de Stuttgart est la deuxième source de profits du groupe après Audi. Sur les neuf premiers mois de l’année 2015, la marque a réalisé 2,5 milliards d’euros de résultat opérationnel, avec une marge autour de 16 %, tandis qu’Audi a dégagé 4 milliards de résultat opérationnel, avec une marge de 8 %. Du fait d’une provision de 6,5 milliards d’euros, le groupe présente pour sa part un résultat opérationnel consolidé de 3,3 milliards d’euros.Volkswagen était également ébranlé en Bourse, mardi. Sur l’indice Dax de la Bourse de Francfort, l’action affichait la plus forte baisse vers 9 h 30, perdant 3,06 % à 109,35 euros. Une baisse cependant sans commune mesure avec les 20 % évaporés en une journée le jour de l’éclatement de l’affaire en septembre.Quel impact pour l’image du groupe ?Le plus problématique pour le groupe Volkswagen reste peut-être que le nouveau patron n’est autre que Matthias Müller, l’ancien patron de Porsche. Sa probité sera très certainement montrée du doigt s’il est avéré que Porsche a bien manipulé le système de dépollution de ses moteurs.Lire aussi :En plein scandale, Matthias Müller prend la tête du groupe VolkswagenPhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Allan Kaval (Erbil, correspondance) Au lendemain du revers électoral subi par le Parti démocratique des peuples (HDP, lié au mouvement kurde), Diyarbakir, la grande ville du sud-est kurde de la Turquie, est dans l’expectative. Le HDP a vu son score chuter de 13 % à 10,7 % par rapport aux élections du 7 juin, qui n’avait pas permis de former un gouvernement majoritaire. Le parti et son électorat, qui reste dominant dans la plupart des régions kurdes, se trouvent dans une situation confuse.Lire aussi :Turquie : Les islamo-conservateurs reprennent la majorité absolue au ParlementPourtant, après l’émotion et la colère qui se sont brièvement manifestées à l’annonce des résultats et la déception ressentie par les électeurs du HDP, pointe l’idée que le pire a peut-être été évité. Quoique de justesse, le parti pro kurde est assuré d’entrer au Parlement grâce à la marge de quelques dixièmes de points qui lui permet de franchir le seuil requis pour y être représenté. data-ui="carousel" data-module="portfolio" data-wrapper=".gallery" data-interval="false" data-is-atom tabindex="10"> data-slide-title="" data-slide-description="Dans le quartier de Sur, centre-ville historique de Diyarbakir, dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, les électeurs se rendent aux urnes, dimanche 1er novembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Dans le bureau de vote de l’école Yavuz Sultan Selim, on constate une nette baisse de la participation à la mi-journée. « A cause des violences qui ont lieu, les gens ont peur de venir voter à Sur, ils craignent que le vote dégénère à nouveau », analyse Mehmet, un assesseur." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Les forces spéciales de police lourdement armées dans un des lycées qui accueillent les bureau de vote : « Pas de photos ici, c'est une zone terroriste. »" data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Pour Feleknaz Ucan, ancienne membre turco-allemande du Parlement européen, aujourd’hui députée HDP, la présence des forces spéciales dans l’enceinte des écoles de ce quartier sensible en ce dimanche d’élection est un grave atteinte au bon déroulement du scrutin." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Portraits de Mustapha Kemal, dit « Ataturk », fondateur de la Turquie moderne et républicaine (1881-1938)." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Les électeurs se rendent aux urnes en longeant les parois par endroit criblées de balles des maisons et des commerces." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Les impacts de balles témoignent de la violence des combats qui ont opposés ici du 10 au 12 octobre les militants urbains du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) aux forces de police." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="" data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Au QG de l'AKP, le Parti de la justice et du développement, la formation islamo-conservatrice du président Recep Tayyip Erdogan Erdogan" data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Seul au pouvoir depuis treize ans, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, espère prendre sa revanche sur le scrutin du 7 juin – ici au quartier général de l'AKP." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Après quarante-cinq jours de pourparlers avec les autres partis présents au Parlement, le premier ministre turc, Ahmet Davoutoglu (ici son portrait au QG de l'AKP), avait échoué à former une coalition après les élections de juin. Un nouveau scrutin législatif a donc été convoqué pour le 1er novembre." data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="Idris Baluken (ici au QG de l'AKP), candidat du HDP à Diyarbakir en appelle au pouvoir en place à Ankara : « L’AKP doit respecter la volonté du peuple, sinon les violences vont reprendre et nous courons le risque d’une guerre. »" data-slide-item-lie="" data-slide-title="" data-slide-description="" data-slide-item-lie="" Précedent1/13SuivantDans le quartier de Sur, centre-ville historique de Diyarbakir, dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, les électeurs se rendent aux urnes, dimanche 1er novembre.Emilien URBANO/MYOP POUR LE MONDE› Accéder au portfoliorequire(['lmd/ui/carousel', 'lmd/module/portfolio']);Rempart potentiel contre la mécanique du pire« Il est possible que les choses dégénèrent, étant donné la volonté affichée de l’AKP [le Parti de la justice et du développement, au pouvoir depuis 2002 et vainqueur du scrutin de dimanche] de détruire le mouvement kurde. Mais si le HDP avait échoué à dépasser le barrage des 10 %, il aurait été exclu des institutions turques et la situation aurait pu devenir incontrôlable », indique Nazmi Gür, parlementaire HDP et cadre dirigeant du parti, depuis la capitale Ankara.Pour certains électeurs du HDP à Diyarbakir, la large majorité obtenue par l’AKP le 1er novembre est perçue comme un rempart potentiel contre la mécanique du pire dans laquelle la Turquie a été emportée depuis les dernières élections, avec successivement la reprise des affrontements avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, branche armée du mouvement kurde) fin juillet, puis la transformation de plusieurs centres-villes du sud-est du pays en champs de bataille entre militants armés kurdes et forces de sécurité.« Aucune des deux forces ne peut venir à bout de l’autre »Habitant du quartier populaire de Baglar, coutumier des affrontements entre les mouvements de jeunesse du PKK et la police, Loqman, vingt ans, se montre relativement satisfait par l’issue du vote de dimanche : « Je suis Kurde, j’ai donc voté HDP. J’aurais souhaité que nous entrions au Parlement avec plus de représentants, mais je suis rassuré de voir que l’AKP pourra gouverner seul. Il aurait été impossible que les différents partis turcs forment une coalition et cela aurait été le chaos. » Dans un café fréquenté par les intellectuels proches du mouvement kurde, situé dans la vieille ville de Diyarbakir, Isak Bingöl, professeur de littérature qui se dit « extrêmement triste et en colère » suite à l’échec relatif du HDP, conserve toutefois une certaine mesure d’optimisme malgré sa perplexité face à l’avenir.A quelques rues de la mosquée Kursunlu, dont les environs furent le théâtre de violents affrontements entre de jeunes militants kurdes, encadrés par combattants du PKK, et les forces spéciales de la police turque, du 10 au 12 octobre, il espère un retour au dialogue avec le gouvernement : « L’AKP s’est renforcé en se débarrassant de ses rivaux politiques en Turquie, mais le mouvement kurde reste dominant dans le Sud-Est, il continue à définir la politique locale. Aucune de ses deux forces ne peut venir à bout de l’autre. J’espère donc que l’AKP va comprendre la signification des résultats d’hier et relancer le processus de paix avec le PKK. »« Deux voies se présentent devant nous » Pour Ömer Önem, coprésident de la branche du HDP à Diyarbakir, tout dépendra du gouvernement AKP qui sera prochainement formé à Ankara : « Deux voies se présentent devant nous. Si Recep Tayyip Erdogan poursuit sa politique de terreur et d’intimidation, continue à attaquer des civils innocents, à bombarder les bases du PKK au Kurdistan irakien et à faire pression sur le Rojava [le Kurdistan syrien autonome], les Kurdes de Turquie vont se soulever et ce sera la guerre civile. Si le nouveau gouvernement est responsable, il reviendra à la table des négociations avec le PKK, auquel cas, nous ferons tout notre possible pour que cette nouvelle tentative réussisse. » Pour ce cadre local du parti, la seule solution consisterait à permettre une reprise de contact avec le chef historique du mouvement kurde, Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 1999. Acteur central du processus de paix lancé en 2013, Abdullah Öcalan est de nouveau isolé du mouvement kurde depuis le mois d’avril, les autorités ne lui ayant plus permis de recevoir ses avocats et les responsables du HDP avec qui il entretenait un dialogue.Le parti majoritaire en position de forceCependant, si le succès de l’AKP dimanche est partiellement imputable à une reconquête de l’électorat conservateur kurde, inquiet de la reprise des violences dans le sud-est, il tient également au ralliement d’une partie des électeurs nationalistes turcs. Aussi, la position de force acquise par le parti majoritaire pourrait-elle inciter le gouvernement à revoir ses exigences à la hausse vis-à-vis du PKK.C’est ce que redoute que Tahir Elçi, bâtonnier du barreau de Diyarbakir, très actif au sein de la société civile kurde et récemment arrêté et inculpé pour avoir dit publiquement que le PKK n’était pas une organisation terroriste : « Afin que le processus de paix reprenne, il est nécessaire que le PKK abandonne la lutte armée. Les résultats des élections ont montré que le mouvement kurde s’est trouvé affaibli par l’état de violence qui est apparu après les élections. » Dans plusieurs villes kurdes cependant, les affrontements entre les militants kurdes et les forces de sécurité ont donné l’occasion au PKK d’instaurer des poches insurrectionnelles dans les quartiers les plus défavorisés.A Cizre, ville de 130 000 habitants située près de la frontière syrienne, où les forces de sécurité turques sont lourdement intervenues contre les militants du PKK en septembre, plaçant la ville en état de siège et causant seize morts civiles, le mouvement armé kurde a déclaré l’autodétermination.Lire aussi :Turquie : à Cizre, les Kurdes prêts à la guerre contre ErdoganLe PKK se déclare prêt à affronter l’Etat turc Ayant envoyé des combattants expérimentés et lourdement armés pour encadrer une jeunesse militante locale, galvanisée par les succès des alliés du PKK face à l’Etat islamique dans les régions kurdes de Syrie, et qui aspirent à porter la lutte dans leurs villes, le PKK se déclare prêt à affronter l’Etat turc dans des combats de rues qui pourrait se révéler désastreux pour la population.Pour M. Elçi, qui est également l’auteur d’un rapport sur les exactions imputées aux forces de sécurité turques lors du siège de Cizre, il est nécessaire que l’organisation armée quitte les villes kurdes. « Je veux rester optimiste et compter sur l’esprit de responsabilité des uns et des autres mais l’Etat ne pourra pas accepter que le PKK contrôle militairement certains quartiers des villes kurdes. S’ils ne se retirent pas, nous allons vers des jours très sombres. » Entre espoirs ténus d’une reprise des négociations entre le gouvernement et risques encore présents d’escalade militaire dans l’arrière-pays, Diyarbakir, comme le reste des régions kurdes de Turquie, entre dans une nouvelle phase d’incertitude.Allan Kaval (Erbil, correspondance)Journaliste au Monde 02.11.2015 à 11h05 • Mis à jour le02.11.2015 à 17h54 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Une fois les premiers vertiges de la victoire passés, le Parti de la justice et du développement (AKP) se retrouve confronté à un défi majeur : comment ramener la paix et la prospérité dans une Turquie affaiblie économiquement, divisée et déstabilisée par le conflit kurde et la guerre en Syrie ?Lire aussi :En Turquie, le triomphe d’ErdoganDans son traditionnel discours depuis le balcon du quartier général du parti à Ankara, le premier ministre Ahmet Davutoglu a promis de préserver le pays « de toute sorte de polarisation, de confrontation et de tension ».La violence et l’instabilité politique qui ont suivi les législatives du 7 juin avaient contribué à faire de la livre turque (TL) une des monnaies les plus faibles et les plus instables de la planète, au même rang que le real, la devise brésilienne.Avant même que les résultats ne soient annoncés, la devise turque avait commencé à s’apprécier. Dimanche, jour du vote, elle a gagné 2 % par rapport au dollar, retrouvant son niveau de mars 2014. Lundi matin, la Bourse d’Istanbul a ouvert en hausse de plus de 5 %.Economie essoufléeLes espoirs des marchés financiers et les hommes d’affaires ont été exaucés, la Turquie aura un gouvernement stable et fort, capable, a priori, de redonner un coup de fouet à l’économie essoufflée.Reste à savoir quelles réformes seront à l’agenda du nouveau gouvernement conduit par l’AKP. Pendant toute la campagne, le président Recep Tayyip Erdogan et son premier ministre Ahmet Davutoglu, qui est aussi le chef de l’AKP, n’ont eu de cesse de brandir la menace du chaos, se gardant bien d’indiquer quels étaient leurs projets pour accélérer les réformes, régler la question kurde, dessiner une nouvelle politique étrangère, progresser sur la voie de l’adhésion à l’Union européenne.Désormais, l’AKP est seul face à un énorme chantier. Outre le redressement de l’économie – les exportations ont chuté de 8,6 % sur les dix premiers mois de 2015 par rapport à la même période en 2014 –, il leur faudra en finir avec les divisions qui ébranlent la société : laïcs contre religieux, Kurdes contre Turcs, alevis (une branche dissidente de l’islam) contre sunnites.« Mettre au rebut la Constitution »Le projet d’hyperprésidence caressé par M. Erdogan a beau avoir été relégué au second plan pendant toute la campagne, tant il est impopulaire chez les électeurs, il semble revenu au premier plan. Dans un discours prononcé dimanche soir à Ankara, le premier ministre sortant, Ahmet Davutoglu, a invité tous les partis politiques à « travailler ensemble » pour « mettre au rebut la Constitution issue du coup d’Etat » orchestré par les militaires en 1980.Le numéro un turc n’a donc pas renoncé à ses ambitions : transformer la République créée en 1923 par Atatürk en « système Erdogan ». Mais son parti est loin d’avoir obtenu la majorité qualifiée pour pouvoir modifier la Constitution. « Erdogan va utiliser jusqu’à leur extrême limite tous ses pouvoirs constitutionnels », a prédit l’universitaire Ahmet Insel, convaincu qu’une sérieuse crise de régime, « source de plus d’instabilité et de turbulences », menace la Turquie.Le règlement de la question kurde, centrale pour l’avenir du pays, apparaît gelé. Mis « au frigo » par M. Erdogan, le processus de paix a peu de chance d’être ranimé. Tant que la violence continue de faire rage dans les régions du Sud-Est, il est peu probable que les négociations reprennent avec les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie).Lire aussi :En Turquie, Erdogan retrouve les moyens de poursuivre sa dérive autoritaireMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.11.2015 à 01h25 • Mis à jour le02.11.2015 à 09h05 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Contre toute attente, le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) a remporté les élections législatives de dimanche 1er novembre en Turquie, regagnant la majorité parlementaire perdue lors du précédent scrutin du 7 juin. Les principaux instituts de sondage, prompts à prédire à l’AKP un score médiocre (entre 37 et 43 %) se sont fourvoyés.Gratifiée de 49,3 % des suffrages, la formation du président Recep Tayyip Erdogan enverra 316 députés au parlement (sur 550), assez pour gouverner seule, trop peu, en revanche, pour modifier la Constitution dans le sens du régime présidentiel fort voulu par le chef de l’Etat. Ce résultat est un triomphe pour M. Erdogan, dont le parti récupère, en un tournemain, les 3 millions de voix qui lui avaient échappé en juin. « Aujourd’hui est un jour de victoire pour la démocratie », a déclaré le premier ministre sortant et chef de l’AKP, Ahmet Davutoglu, depuis sa ville natale de Konya au centre de l’Anatolie, où il s’est recueilli sur le tombeau du poète soufi Jalal Ud Din Rumi (1207-1273), adepte de la tolérance. « Aujourd’hui, il n’y a pas de perdants, que des gagnants », a-t-il précisé à l’adresse de ses rivaux.Le parti kurde se maintient in extremisSelon des résultats quasiment définitifs, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) arrive en deuxième position avec 25,4 % des voix, un résultat semblable à celui de juin (25 %). Les deux grands perdants du scrutin sont le Parti de l’action nationaliste (MHP, droite nationaliste) et le parti de la Démocratie des peuples (HDP, gauche prokurde) qui cèdent respectivement 4 et 3 points par rapport à leur score de juin. Doté de 10,4 % des suffrages, le HDP a franchi in extremis le seuil nécessaire pour être représenté au parlement avec 56 députés.Son score a été inférieur à celui de juin dans toutes les villes du sud-est à majorité kurde, à l’exception d’une seule ville, Sirnak. Dénonçant « une élection ni équitable, ni juste », le coprésident du parti prokurde Selahattin Demirtas a rappelé qu’il avait préféré renoncer aux rassemblements électoraux après le double attentat suicide perpétré contre des manifestants pacifiques, dont beaucoup de militants du HDP, à Ankara le 10 octobre, qui a fait 102 morts.Lire aussi :Elections turques : à Diyarbakir, la majorité kurde dénonce des intimidationsAlors que la campagne électorale était inexistante dans la rue, l’AKP a tiré parti de sa position au pouvoir en multipliant les apparitions à la télévision. Rien qu’en octobre, M. Erdogan a bénéficié de 29 heures de temps d’antenne sur la chaîne TRT, et de 30 heures pour son parti, contre cinq heures pour le CHP, une heure et dix minutes pour le MHP, dix-huit minutes pour le HDP.La reprise des affrontements avec le PKKEntre le 7 juin et le 1er novembre, le HDP a perdu un million de voix, celles des conservateurs. Les rigoristes religieux et les chefs de clans qui s’étaient laissés séduire par le discours novateur et pacifiste du HDP en juin, ont décidé, cinq mois plus tard, de revenir vers l’AKP, pour lequel ils avaient toujours voté par le passé.La reprise des affrontements entre les séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie) et les forces turques, n’est sans doute pas étrangère à ce choix. En revendiquant l’assassinat de deux policiers turcs à Ceylanpinar (frontière turco-syrienne), le 22 juillet, le PKK a mis le feu aux poudres. Au moment où le HDP gagnait en légitimité, fort de son bon score (13 %) aux législatives de juin, la rébellion kurde tombait dans le piège tendu par l’AKP, celui du recours à la violence. La rhétorique du tandem au pouvoir – le président Erdogan et son premier ministre, Ahmet Davutoglu –, prompt à présenter le HDP comme une succursale du PKK, a fait le reste.Un discours de menaces et de terreurDeuxième bon point pour M. Erdogan : la chasse lancée sur les terres des nationalistes du MHP s’est révélée payante. En déclarant « la guerre jusqu’au bout » contre les rebelles kurdes, en bombardant leurs positions en Turquie et dans le nord de l’Irak, le président turc s’est acquis la sympathie de la droite nationaliste, farouchement opposée à toute concession envers la minorité kurde. Son discours de chef à poigne, capable de mener une guerre « synchronisée » contre l’organisation Etat islamique (EI) et contre le PKK, a flatté l’imaginaire de la droite nationaliste.Enfin, le retour en grâce des islamo-conservateurs prouve que les discours de menace distillés par le président et son premier ministre ont été compris. Après l’attentat de Daglica perpétré le 6 septembre par le PKK contre un convoi de soldats turcs (16 morts), les locaux du quotidien Hürriyet ont été attaqués à deux reprises par une foule déchaînée, emmenée par le député de l’AKP Abdurahim Boynukalin. La foule reprochait au journal d’avoir rapporté que Recep Tayyip Erdogan avait déclaré : « Ça ne se serait pas passé ainsi si vous m’aviez donné 400 députés ».Lire aussi :Elections législatives en Turquie : Recep Tayyip Erdogan, ou la dérive autoritaire du président turcEntre le 8 et le 9 septembre, des équipées punitives ont eu lieu de nuit dans plusieurs villes de Turquie contre les bureaux du HDP. Dans la foulée, des centaines de commerces tenus par des Kurdes ont été ravagés, parfois même incendiés. Dans le quartier stambouliote de Besiktas, des manifestants scandaient : « Nous ne voulons pas d’opérations militaires [contre les rebelles du PKK], nous voulons des massacres. »Récemment, lors d’une tournée électorale à Van (Est), le premier ministre, Ahmet Davutoglu, a mis en garde contre « le retour des Renault 12 blanches », le type de voitures utilisées par les escadrons de la mort à la fin des années 1990 pour enlever et faire disparaître les Kurdes soupçonnés de sympathies envers le PKK. « Les forces du mal savent que si l’AKP faiblit, les bandes terroristes regagneront en puissance, et le processus de règlement du problème kurde va se terminer. Et les crimes non élucidés recommenceront… », a-t -il menacé. Son message a été entendu.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 31.10.2015 à 07h34 | Daniel Psenny Documentaire sur LCP à 22 h 10 Le récit de l’organisation mafieuse Cosa Nostra, à travers l’itinéraire de Toto Riina et de Bernardo Provenzano.Situé dans la province de Palerme, le village de Corleone, berceau de la Mafia sicilienne, a été rendu célèbre par le film de Francis Ford Coppola, Le Parrain (1972), dans lequel Marlon Brando interprétait avec maestria le rôle de Don Corleone.Une saga pas très éloignée de la réalité. C’est dans ce bourg entouré de collines qu’au XIXe siècle s’est créé un pouvoir occulte, composé d’hommes de main, d’abord au service des grands propriétaires terriens, avant de se transformer en puissante organisation mafieuse baptisée Cosa Nostra (« ce qui est à nous »).Guerre sanglanteC’est sur les terres de Corleone qu’ont grandi les parrains de la Mafia issus de la bande de Luciano Liggio, que les clans rivaux avaient surnommé, avec beaucoup de mépris, « les bouseux ». Parmi eux, Salvatore Riina, dit « Toto » Riina, qui, dans les années 1980, devint « le parrain des parrains » après avoir massacré ses ennemis ; Bernardo Provenzano, son bras droit puis successeur à la tête de l’organisation, et Vito Ciancimino, mafieux qui réussit à se faire élire maire de Palerme sous les couleurs de la Démocratie chrétienne.Riina, surnommé « la Bête », pour sa férocité, ou « le Court », à cause de sa taille, qu’un juge anti-Mafia décrivait comme « un paysan, rugueux, antipathique mais doté d’une intelligence pratique », ainsi que Provenzano, dit « le Tracteur », en raison de sa détermination pour éliminer ses rivaux furent en cavale pendant près de quarante ans, sans jamais être inquiétés. Ils se cachaient à Palerme et ses environs et continuaient de diriger Cosa Nostra en assassinant leurs ennemis palermitains pour contrôler l’organisation.La « Matanza »Cette guerre sanglante, qui fit plusieurs centaines de morts, les spécialistes de la Mafia l’ont appelée la « Matanza », en référence à la pêche où les thons sont tués par dizaines dans une petite baie où l’eau devient rouge sang.Après avoir éliminé leurs rivaux qu’ils tuaient d’une balle dans la tête ou ligotaient à des fils électriques dans les coffres de voitures, Riina et Provenzano s’en prirent aux juges du pôle anti-Mafia Giovanni Falcone et Paolo Borsellino, qui avaient décidé de ne rien lâcher dans leur lutte contre Cosa Nostra. A quelques semaines d’intervalle, ils furent assassinés en 1992 dans deux attentats. Spectaculaires, ces attaques au cœur de l’Etat furent fatales aux deux boss. Lâchés par leurs protecteurs et trahis par leurs anciens amis, dont le parrain repenti Tommaso Buscetta, Riina et Provenzano furent arrêtés, en 1993 pour le premier et en 2006 pour le second, et condamnés à la prison à vie.Milan, capitale de la MafiaCette histoire – chaotique et compliquée –, Anne Véron et Gadh Charbit la racontent dans leur film Corleone (diffusé en mars 2015). Journalistes spécialisés, juges anti-Mafia et témoins de l’époque aujourd’hui repentis comme Massimo Ciancimino, le fils de l’ex-maire de Palerme, y relatent par le détail l’histoire et le fonctionnement de l’organisation. Et là, nous ne sommes plus dans la fiction.Toujours active et puissante, malgré les coups qui lui ont été portés, Cosa Nostra règne toujours sur l’île grâce à des complicités politiques et à la loi du silence. « En fait, même si elle est peu visible, la Mafia est davantage présente dans le nord du pays, beaucoup plus riche, car c’est là que se traitent les affaires. La capitale de la Mafia, aujourd’hui, c’est Milan », expliquaient les deux auteurs en mars 2015 dans un entretien à Télérama.Corleone, d’Anne Véron et Gadh Charbit (France, 2014, 50 min). Samedi 31 octobre, à 22 h 10, sur LCP.Daniel PsennyjournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.11.2015 à 13h36 • Mis à jour le07.11.2015 à 13h45 Le premier ministre finlandais, centriste de 54 ans, Juha Sipilä, avait affirmé jeudi 5 novembre qu’il était « très probable » qu’il démissionne le lendemain, faute d’arriver à imposer ses projets. Cette menace lui a, semble-t-il, profité, puisque les négociations avec ses partenaires au sein de la coalition ont tourné en sa faveur. Le gouvernement, au pouvoir depuis seulement six mois, a annoncé samedi qu’il était sauvé : « Le gouvernement a trouvé un accord sur les principes directeurs de la réforme de la santé et de la protection sociale et sur le nombre de régions », a écrit l’exécutif dans un communiqué.Le système finlandais, fragmenté aujourd’hui en plus de 200 zones, sera regroupé en 18 régions, comme le souhaitait le parti de M. Sipilä, et non en cinq, comme le réclamaient les conservateurs, troisième formation du pays. Le chef de l’exécutif tenait fermement à cette réforme, casse-tête insoluble pour les gouvernements précédents. Il avait promis lors de son élection – qui avait aussi confirmé la percée du parti d’extrême droite les Vrais Finlandais, deuxième force du pays – de mettre fin à l’immobilisme et de sortir la Finlande de la crise économique.Lire aussi :Les centristes remportent les législatives en Finlande Aude Lasjaunias (Dunkerque, envoyée spéciale) L’annonce a créé la stupeur à Dunkerque. Un jeune marin pêcheur de la ville a été mis en examen et écroué, jeudi 5 novembre, pour « aide à l’entrée ou au séjour irrégulier d’étrangers en France en bande organisée, blanchiment de ce délit en bande organisée et association de malfaiteurs ». En clair, pour avoir fait passer des migrants en Angleterre sur son Zodiac. Agé de 24 ans, il est l’un des fils d’une figure connue du milieu halieutique local. « C’est un garçon travailleur et respectable. Il s’est fait embobiner », s’est ému Philippe Nowé, le président du comité départemental du Nord des pêches et des élevages marins.Le jeune homme est accusé d’être membre d’une filière qui organisait le passage par voie maritime de migrants en Angleterre. Un voyage facturé jusqu’à 10 000 livres sterling (près de 14 000 euros) par personne, somme sur laquelle le marin devait percevoir près de 1 000 livres (1 400 euros), selon les éléments communiqués par la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Lille, chargée de l’instruction.Six autres personnes, de nationalité albanaise et vietnamienne, sont également mises en cause dans ce dossier inédit. Au total, l’équivalent de plus de 85 000 euros en diverses devises ont été saisis. Les accusés risquent jusqu’à dix ans de prison pour une activité criminelle en bande organisée. « C’est la première fois qu’on procède à l’interpellation de personnes soupçonnées de se livrer à ce type de traversée », confie-t-on de source policière.Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosLa structure du réseau est aussi atypique : les Albanais en sont la « tête pensante », les Vietnamiens étaient mandatés pour recruter des candidats à la traversée parmi leurs concitoyens tandis que le Français assurait la partie logistique en embarquant ces derniers sur son Zodiac au départ d’une plage isolée à proximité de Dunkerque.Il y a environ un an, le marin dunkerquois avait déjà éveillé les soupçons après avoir demandé l’aide du centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage de Gris-Nez alors qu’il se trouvait en difficulté aux larges des côtes anglaises, rapporte La Voix du Nord. La zone est l’une des voies maritimes les plus empruntées au monde, car elle assure l’accès aux ports d’Anvers, en Belgique, et de Rotterdam, aux Pays-Bas. Le trafic y est très réglementé et contrôlé, rappelle la police aux frontières (PAF). Une embarcation privée, même de petite taille, y est aisément repérable.A l’époque, faute d’éléments probants, l’accusé était sorti des radars de la police. Jusqu’à il y a un peu moins de deux mois. Sur la base de renseignements et d’opérations de surveillance, sa participation à un réseau de passeurs a pu être étayée. « Son canot pneumatique, victime de plusieurs avaries, devait subir une série de réparations, explique-t-on de source proche des investigations. L’opération policière a été accélérée pour ne pas mettre en danger d’autres migrants. »Combien de ceux-ci ont bénéficié de ce système ? Les conditions de navigation ne sont pas faciles dans le détroit de la Manche, les sorties ne pouvant se faire que de nuit et dans des conditions météorologiques clémentes, rendant ardue toute tentative d’estimation chiffrée. Toutefois, une vingtaine de gilets de sauvetage ont été découverts, et les enquêteurs ont pu établir, notamment sur la base des aveux de l’accusé, que plusieurs transferts avaient été réalisés.Depuis les côtes des Flandres françaises, l’imposante silhouette blanche des falaises de Douvres, en Grande-Bretagne, est à portée de regards. Seules quelques dizaines de kilomètres du détroit de la Manche séparent de leur eldorado les milliers de migrants parvenus jusqu’à la pointe de l’Hexagone. « Nous retrouvons parfois des canots abandonnés. Indépendamment de cette affaire, ce mode de passage existe, c’est un fait », explique-t-on au sein de la PAF. Avant d’admettre que cela reste toutefois « un phénomène peu développé ». « C’est très difficile à mettre en place », insiste une source proche du dossier.« On n’avait jamais entendu une telle histoire, confie Philippe Nowé. Nos sites sont très surveillés, nos bateaux équipés de balises. Nous avons évidemment discuté de l’affaire entre collègues : jamais nous ne nous sommes fait solliciter par des passeurs. » Tous craignent les répercussions sur l’image de la filière.Du côté des bénévoles venant en aide aux migrants, l’étonnement prime aussi. Avant de céder la place au principe de réalité : « Plusieurs personnes ont déjà tenté d’embarquer à bord des ferrys, raconte un des membres de l’association Salam. Je n’avais jamais entendu parler d’embarcations privées, mais ça ne me surprend pas outre mesure, la surveillance ayant été renforcée au niveau des autres points d’accès. » Il admet cependant ne pas aborder la question de la traversée avec les migrants : « C’est presque un tabou. »Lire aussi :A Calais, « la jungle est aujourd’hui hors contrôle »La traversée par le tunnel à Calais ou par les ferries étant devenue plus compliquée, le passage par de petites embarcations deviendra-t-il plus tentant ? Pour l’heure, dans le camp de Grande-Synthe, à côté de Dunkerque, ce n’est pas à l’ordre du jour. Trois Irakiens d’une vingtaine d’années, arrivés il y a trois mois, détaillent leurs tentatives pour gagner la Grande-Bretagne : à bord d’un camion, cachés dans le coffre d’une voiture… Ont-ils songé au bateau ? « Non… », répond l’un d’eux d’un air étonné. Même réaction chez cet Iranien de 34 ans. C’est la première fois que la possibilité d’une traversée par la voie maritime est évoquée devant lui.Aude Lasjaunias (Dunkerque, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.11.2015 à 15h32 Le gouvernement britannique a reconnu pour la première fois que les services de renseignement intérieur du MI5 avaient collecté, depuis 2005 et jusqu’à aujourd’hui, de vastes quantités de données sur les appels téléphoniques passés dans et en dehors du Royaume-Uni.L’existence de ce programme de surveillance secret était devenue apparente depuis la publication des documents du lanceur d’alerte Edward Snowden, qui mettaient en évidence l’existence d’un gigantesque programme mondial de surveillance du Web, mené par la NSA américaine avec l’appui de ses proches alliés, britanniques notamment.L’existence du programme a été confirmée dans un document annexe au projet de loi sur la surveillance présenté mercredi par la ministre de l’intérieur, Theresa May, qui prévoit de légaliser la majeure partie des activités paralégales des services de renseignement. Le texte prévoit aussi que la police et les services de renseignement puissent accéder sans mandat à la liste des sites Web consultés par un internaute pendant un an, sur simple demande auprès de son fournisseur d’accès à Internet.Lire aussi :Le gouvernement britannique présente un gigantesque projet de loi sur la surveillance  Alexandre Pouchard et Maxime Vaudano Bien que membre de l’espace Schengen, la France va rétablir des contrôles à ses frontières pendant un mois. Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé vendredi 6 novembre cette mesure exceptionnelle et temporaire, liée à la tenue de la COP21, la conférence de l’ONU sur le climat, organisée à Paris du 30 novembre au 11 décembre.Le ministère de l’intérieur a précisé à l’AFP que les contrôles seraient rétablis du 13 novembre au 13 décembre. Cette mesure, sans lien avec la crise des migrants, selon le ministre de l’intérieur, ne constitue pas une suspension des accords de Schengen, a affirmé M. Cazeneuve sur RMC et BFM-TV :« Pendant un mois, nous allons établir des contrôles aux frontières, ce qui n’est pas du tout une suspension de Schengen (…) qui prévoit, dans un de ses articles la possibilité pour des Etats de le faire dans des circonstances particulières qui correspondent à la COP21. »Les accords de Schengen permettent de fait de rétablir les contrôles aux frontières dans des cas précis.1. En quoi consistent les accords de Schengen ?Conclus en 1985 par la France, l’Allemagne de l’Ouest et le Benelux, les accords de Schengen visaient à supprimer progressivement les contrôles aux frontières communes et à instaurer un régime de libre circulation des personnes. Inauguré en 1995, l’espace Schengen regroupe aujourd’hui 22 des 28 Etats de l’Union européenne, ainsi que quatre pays extérieurs : l’Islande, la Norvège, la Suisse et le Liechtenstein. Concrètement, il supprime tout contrôle des frontières terrestres, maritimes ou aériennes entre deux pays appartenant à cet espace. 2. Les pays européens ont-ils le droit de rétablir des contrôles à leurs frontières ?Oui. Une clause de sauvegarde intégrée à l’article 2.2 de la convention de Schengen autorise les Etats à rétablir provisoirement des contrôles aux frontières dans des circonstances exceptionnelles.Le code frontières Schengen de 2006 en précise les contours : il autorise le rétablissement des contrôles en cas de « menace grave pour l’ordre public et la sécurité intérieure » (pour six mois maximum) ou pour faire face à des événements imprévus (cinq jours maximum), ce après consultation des autres Etats du groupe Schengen. Une réforme des règles réclamée par le président français de l’époque, Nicolas Sarkozy, et Silvio Berlusconi, alors président du conseil italien, a étendu en 2013 la possibilité de rétablir les frontières jusqu’à vingt-quatre mois, dans des « circonstances exceptionnelles », notamment une défaillance grave du contrôle des frontières extérieures.Par ailleurs, l’article 78 du Traité de fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) permet des « mesures provisoires » dans le cas où « un ou plusieurs Etats membres se trouvent dans une situation d’urgence caractérisée par un afflux soudain de ressortissants de pays tiers ». 3. Dans quelles circonstances des frontières nationales ont-elles été rétablies ?La clause de sauvegarde prévue par Schengen est appliquée régulièrement mais se cantonne généralement à l’accueil d’événements internationaux : des réunions de la Banque centrale européenne à Barcelone, le G20 de Cannes, l’Euro 2012 de football ou la visite du président américain Barack Obama en Estonie ont ainsi donné lieu ces dernières années à un rétablissement des contrôles pour quelques jours. Il peut aussi s’agir de menaces imminentes de terrorisme, comme la France l’a fait après les attentats de 1995.Ces derniers mois, en revanche, des pays comme l’Allemagne, l’Autriche ou la Hongrie ont invoqué le TFUE pour rétablir les contrôles à leurs frontières avec la crise des migrants. La France avait elle aussi mis en place une telle mesure en 2011 lors du « Printemps arabe », qui avait entraîné l’arrivée de milliers de migrants en Europe. 4. Comment les frontières européennes sont-elles contrôlées ?Chaque Etat ayant une frontière avec un pays non-membre de l’espace Schengen (comme la Hongrie avec la Serbie, par exemple) se doit de contrôler les entrées. L’Union européenne s’est dotée d’une base de données commune, baptisée « SIS » (pour système d’information Schengen), permettant d’identifier les individus pénétrant sur le territoire européen et de distinguer les arrivants interdits de séjour ou bien ceux recherchés. La coopération opérationnelle pour la surveillance des frontières est théoriquement assurée par l’agence européenne Frontex.Maxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Julie Clarini et Benoît Vitkine En décernant, le mois dernier, le prix Nobel de littérature à la Biélorusse Svetlana Alexievitch, l’Académie suédoise récompensait une œuvre qui explore les traces laissées dans les consciences par les grandes catastrophes du siècle soviétique (seconde guerre mondiale, guerre en Afghanistan, Tchernobyl, éclatement de l’URSS).Lire aussi :Le prix Nobel de littérature attribué à la Biélorusse Svetlana Alexievitch« Le Monde » a rencontré l’écrivaine lors de son passage à Paris. Voici quelques extraits de cet entretien, au cours duquel, très critique sur la politique menée par Vladimir Poutine, elle dépeint la nostalgie de l’époque soviétique qui prévaut en Russie, les déceptions de la transition démocratique et le renouveau nationaliste imposé par le président russe.Vous parlez du « monde russe ». C’est aussi l’expression qu’utilise Vladimir Poutine pour désigner l’espace russophone hors des frontières de la Russie, envers lequel il aurait une responsabilité. Vous, écrivaine biélorusse de langue russe, vous reconnaissez-vous dans ce concept ?J’ai trois racines : des racines ukrainiennes, des racines biélorusses et la culture russe. Sans la culture et la philosophie russes, je ne serais pas ce que je suis, et je n’aurais pas écrit La Supplication. Mon « monde russe » est très différent de celui de Poutine, c’est celui de Chostakovitch, Dostoïevski, Tchekhov, Rostropovitch, Herzen… Quant au monde russe auquel j’aspire, il passe par un soutien accru à l’Ukraine de la part des Occidentaux.La réussite de l’Ukraine, sa transformation, serait le meilleur argument contre les discours de Poutine. J’ai toujours considéré que la guerre dans le Donbass était une agression militaire contre l’Ukraine, une occupation. Il n’y a aucun doute sur le fait que, sans Poutine, il n’y aurait aucune guerre civile sur ce territoire. On pourrait amener cinq camions de kalachnikovs en Biélorussie et le même scénario se produirait : on trouve toujours des gens prêts à tirer.Le cas de la Crimée est plus compliqué. Je connais des gens qui, en entendant la nouvelle du rattachement, ont pleuré de joie. Mais, pour savoir ce que pense réellement la population, il faudrait des élections libres. Là, les Russes sont simplement arrivés et se sont emparés du territoire.Existe-t-il un « poutinisme », une idéologie poutinienne ?En 1991, le peuple s’est réveillé dans un pays nouveau et incompréhensible. Et il s’est tu. Puis, quand les usines ont fermé, quand les gens n’ont plus eu à manger que des pommes de terre, ils se sont mis à détester les « merdocrates libéraux ».Après vingt ans de silence, Poutine est arrivé : « Nos seuls amis, ce sont l’armée et la flotte », a-t-il dit. Et tout l’argent du pétrole et du gaz est parti pour l’armée. Il n’a pas dit que l’on devait être fiers d’une quelconque démocratie, il a seulement parlé de la Grande Russie, du respect qui lui était dû…Cette idéologie poutinienne produit-elle déjà un effet sur l’homme russe ?Oui. Je ne reconnais pas les gens, j’ai perdu certains de mes amis. On n’a pas fait assez attention aux premiers symptômes, à tous ces films qui passent à la télé sur la Tcheka [l’ancienne police politique], sur Staline… On essaie même de justifier l’action de Beria [chef du NKVD, successeur de la Tcheka, de 1938 à 1953].A Perm, un musée consacré aux victimes de la répression a été transformé en « musée des travailleurs du goulag », c’est-à-dire des gardiens ! Tout ne vient pas du haut, de Poutine ; certaines initiatives viennent d’en bas, du peuple.Les jeunes m’étonnent particulièrement. Ils conduisent de belles voitures, portent de beaux costumes, mais ils restent des esclaves. Cette génération de l’après-1990 soutient fortement Poutine, elle reprend ses discours sur l’humiliation, sur le besoin d’un leader fort. Nous, on imaginait que des gens différents apparaîtraient, des gens libres.Cette mentalité tient beaucoup à ce que leur racontent leurs parents sur la santé gratuite, l’éducation, l’ascenseur social soviétique… Peut-être qu’il faut attendre encore. Ou bien peut-être faut-il d’abord, pour que disparaisse cette mentalité d’esclave, que ceux d’en haut changent…Pendant l’époque soviétique, vous sentiez-vous appartenir à la société communiste ? Partagez-vous la nostalgie de vos personnages, de vos héros, pour l’esprit de sacrifice, l’altruisme, le mépris de l’argent ?Je me sentais déjà à la marge, mais c’était le seul monde que je connaissais. Les gens étaient doubles, à l’époque. Ils étaient prêts à faire la queue pour acheter des recueils de poèmes d’Anna Akhmatova. Mais c’étaient les mêmes qui écrivaient des dénonciations, qui étaient surveillants dans les camps.On aimerait que le mal soit une chose simple : Beria, Staline… Mais le mal est quelque chose de plus diffus, d’éparpillé en chacun de nous. C’est pour cela que j’écris, pas pour étaler un catalogue d’horreurs, pour accabler les lecteurs, mais pour que chacun cherche en lui-même sa part d’humanité et apprenne à la préserver. Ce sont des choix de chaque instant : on te dit d’aller à une manifestation de soutien à Poutine, pose-toi des questions !Lire l'intégralité de l'interview :Svetlana Alexievitch : « La liberté, c’est un travail long et pénible »Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteJulie ClariniJournaliste au Monde 05.11.2015 à 11h06 • Mis à jour le05.11.2015 à 15h05 | Philippe Ricard et Marie Charrel Au printemps, la France s’était engagée à ramener son déficit public dans les normes européennes d’ici à 2017. Mais la Commission européenne n’y croit guère. D’après ses nouvelles prévisions, publiées jeudi 5 novembre, le déficit public français devrait encore atteindre 3,3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2017, après 3,8 % cette année et 3,4 % l’an prochain.Dans son programme de stabilité budgétaire, transmis au printemps à Bruxelles, le gouvernement français avait pourtant affirmé être en mesure de ramener le déficit à 2,7 % du PIB à l’issue d’un nouveau délai de grâce, âprement négocié.En février, la Commission avait en effet accordé à Paris un nouveau délai de deux ans, jusqu’en 2017, pour ramener son déficit public à 3 % du PIB. Mais à condition d’élaborer un programme de réformes ambitieux. Et de réduire forcement le déficit structurel.Le ministre des finances, Michel Sapin, a répondu aux prévisions de Bruxelles jeudi, assurant que la France serait « au rendez-vous de ses engagements européens ». Il a tenu à rappeler que Bruxelles raisonne « à politique inchangée », sans prendre en compte toutes les économies prévues. Pour M. Sapin, le pointage de la Commission européenne « signifie simplement que le déficit ne reviendra pas spontanément sous les 3 % » dans deux ans.Lire aussi :Déficits français : le délai de deux ans passe malParis et Bruxelles n’ont pas la même appréciation de la croissanceLa Commission est un peu moins optimiste que les autorités françaises à propos de la croissance. Celle-ci devrait se situer à 1,1 % cette année, puis 1,4 % l’an prochain, et 1,7 % en 2017. Du côté de Bercy, on table sur une croissance de 1,5 % en 2016. Or, l’ampleur des recettes attendues varie avec le niveau de la croissance.Bruxelles a des craintes sur la mise en œuvre du plan d’économiesEnsuite, entre Paris et Bruxelles, les avis divergent sur la façon d’apprécier certaines mesures d’économies. La Commission incite le gouvernement de Manuel Valls à respecter, d’ici à la fin du quinquennat, le plan de réduction des dépenses publiques (50 milliards d’euros) mis sur les rails pour tenter de sortir de la « procédure de déficit excessif ». « Clairement, la poursuite de ce plan contribuerait à réduire l’écart » entre les prévisions françaises et bruxelloises, note un expert.La Commission constate que le déficit structurel, celui qui ne dépend pas de la conjoncture, devrait à peine s’améliorer : de 0,1 point de pourcentage cette année, puis 0,3 point de pourcentage en 2016, soit loin des standards en principe fixés pour des pays en situation de déficit excessif.C’est pourtant le terrain sur lequel le gouvernement français se targuait de tenir ses objectifs au début du quinquennat.A ce stade, certains regrettent presque à Bruxelles que la France ne tire pas davantage partie d’une conjoncture en voie d’amélioration pour conforter le redressement de ses comptes. Et l’on craint que le budget 2017 ne permette pas de corriger le tir en raison de l’élection présidentielle.Pour Bruxelles, les cibles de dépenses publiques « deviennent plus difficiles à respecter », et les investissements des collectivités locales « pourraient être plus forts qu’escompté ».La Cour des comptes dénonce, elle aussi, le flou du plan d’économiesLe 24 juin, dans son rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques, la Cour des comptes (CDC) s’était elle aussi interrogée – encore – sur la capacité de la France à tenir ses objectifs. « Confrontée, comme ses partenaires, à la nécessité de consolider ses finances publiques au sortir de la crise financière, la France a effectué un effort structurel moindre », jugeait la Cour.Principal doute : le flou planant sur le programme d’économie du gouvernement, d’environ 14,5 milliards d’euros par an. Celui-ci repose sur des hypothèses « peu documentées à ce jour », jugeait la CDC.Lire aussi :La Cour des comptes, poil à gratter du gouvernementCe constat est partagé par Gilles Carrez, président (Les Républicains) de la commission des finances à l’Assemblée nationale. « Je suis plutôt optimiste pour 2015, où l’on devrait atteindre sans mal la cible de 3,8 % pour le déficit, explique-t-il. J’ai en revanche de sérieux doutes pour 2016, ne serait-ce que parce que de nouvelles dépenses engagées ces derniers mois joueront à plein, telles que les embauches dans la sécurité, l’accueil des migrants, les emplois aidés. »Comment Paris compte-t-il revenir dans les clous ? La question est délicate, d’autant que le gouvernement vient de reculer sur plusieurs mesures fiscales. A l’instar de la réforme du calcul de l’allocation aux adultes handicapés (AAH), retirée du projet de budget 2016. Ou encore le choix de rembourser les retraités modestes, désormais assujettis à l’impôt local, dont ils étaient jusqu’ici dispensés en vertu de la « demi-part des veuves ».La dette publique va encore grossirCette réduction moins importante que prévu du déficit public va se traduire par une progression de l’endettement de la France, certes « à un rythme ralenti », mais pour atteindre tout de même 97,4 % du PIB d’ici à deux ans.La courbe du chômage, elle, ne devrait pas s’inverser avant 2017, pour s’infléchir légèrement, avec un taux de demandeurs d’emploi passant alors de 10,4 % à 10,2 % de la population active.Lire aussi :Grèce, France, Etats-Unis, Japon... les dettes des pays industrialisés, une bombe à retardementDes sanctions peu probablesTous les ans, ou presque, le même scénario se répète : prévisions de croissance trop optimistes, révision à la baisse, visite à Bruxelles afin d’obtenir la mansuétude de la Commission.Le 2 juillet, Bruxelles s’était résolue à suspendre sa procédure de déficit excessif engagée contre la France, jugeant que celle-ci respectait la trajectoire de déficit public fixée. Mais soulignant, une nouvelle fois, que les efforts structurels étaient insuffisants, et seraient réévalués à l’automne. C’est désormais chose faite.Lire aussi :Déficits : le changement de ton de Bruxelles à l’égard de ParisComme d’habitude, les services de Pierre Moscovici, le commissaire européen chargé des affaires économiques, précisent que leur pronostic, dévoilé aujourd’hui, est calculé « à politique constante », sans prendre en compte d’éventuelles inflexions d’ici là.Cette approche « a conduit par le passé à sous-estimer l’effort finalement réalisé par la France, mais nous jugerons sur pièce », explique-t-on dans l’entourage de l’ancien ministre français des finances.Reste à savoir si Bruxelles relancera ou non cette procédure de déficit excessif contre la France. A ce stade, il ne semble pas qu’il soit question de brandir de nouveau la menace de sanctions, comme il y a un an.« Dans tous les cas, Paris obtiendra sans doute un nouveau délai, comme tous les ans », ironise un économiste.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterPhilippe RicardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.11.2015 à 06h44 • Mis à jour le05.11.2015 à 15h58 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) « Le monde du milieu », cette zone grise où se mêlaient les intérêts de responsables politiques, de fonctionnaires municipaux, d’entrepreneurs et de criminels, remonte à la lumière. Jeudi 5 novembre, s’ouvre devant le tribunal de Rome le procès de 46 personnes impliquées dans l’affaire « Mafia capitale », soupçonnées d’avoir truqué les marchés publics de la ville dans le domaine du ramassage des ordures, de l’entretien des espaces verts ou encore de l’accueil des migrants, et d’avoir infiltré l’administration de la mairie pour parvenir à leurs fins.Puis, magistrats et prévenus rejoindront la prison de Rebibbia où les attend déjà une salle d’audience sécurisée à la mesure de ce procès exceptionnel, qui se déroulera jusqu’au mois de juillet. Toutefois, les cerveaux de l’affaire, Massimo Carminati, dit « le noir » en raison de son passé militant dans un groupuscule fasciste au cours des années 1970 et 1980, et Salvatore Buzzi, dit « le rouge », à cause de son activité dans les coopératives sociales de réinsertion au service de Rome, seront physiquement absents. Le premier est placé en isolement à Parme ; le second à Nuoro, en Sardaigne. Ils témoigneront par vidéo.Lire aussi :Mafia Capitale, saison II, dans la Ville éternellePoing américain et gant de velours« Carminati-Buzzi » : presque une raison sociale. Carminati – également affilié au grand banditisme au sein de « la bande de la Magliana » (un quartier de Rome) – se chargeait de convaincre les récalcitrants qu’il convoquait à son QG, une station-service dans un quartier tranquille de la Ville éternelle, pour les faire tabasser par ses sbires. Buzzi, qui, après un séjour en prison pour meurtre, était devenu une icône de la réinsertion réussie, entreprenait les politiques de tous bords et les fonctionnaires qu’il avait su persuader de la sincérité de sa rédemption. L’alliance du poing américain et du gant de velours connaîtra son apogée lors du mandat de Gianni Alemanno, maire de la ville de 2008 à 2013, venu lui aussi de l’extrême droite.La première tâche des juges sera de déterminer si le système mis en place par le duo relève d’une organisation de type mafieux, alliant infiltration, contrôle du territoire et violence, ou s’il s’apparente à une entreprise criminelle classique. Les magistrats instructeurs ont considéré qu’il s’agit bel et bien « d’une mafia originale et autochtone ». Les juges devront ensuite tenter d’établir l’étendue des dégâts. Une seconde vague d’arrestations, en juin, a conduit 44 autres suspects sous les verrous ou en résidence surveillée. Ils disposent aussi d’une liste de 101 personnes, actuellement libres, ayant eu des contacts avec Carminati et Buzzi.Mais derrière ce procès, c’est la réputation de la capitale de la quatrième puissance économique européenne qui est en jeu. L’impact du scandale a été tel qu’il semble avoir emporté avec lui une part de l’identité de la ville jusqu’alors liée à la « dolce vita ». En témoigne le succès du film Suburra, de Stefano Sollima, sorti sur les écrans italiens il y a quelques jours. Il met en scène la collusion entre des petits malfrats, des Roms enrichis et un ancien activiste d’extrême droite, pour faire main basse sur le Lido d’Ostie afin de le transformer en Las Vegas méditerranéen, le tout sur fond de démission de Benoît XVI. Les Romains semblent acquiescer à cette vision glauque et outrée de leur ville présentée comme la Palerme ou la Naples des films de Francesco Rosi, il y a quarante ans.Un préfet de Milan à Rome« Mafia capitale » a également ébranlé tous les pouvoirs, y compris celui d’Ignazio Marino, le successeur de M. Alemanno, qui n’y était pour rien. Réputé honnête mais sans autorité sur son administration, ce chirurgien de gauche a finalement été lâché par le premier ministre Matteo Renzi. Le Vatican, quand il pouvait encore passer pour un exemple de vertu, a aussi pris part à la curée. De l’autre côté du Tibre, on daubait l’élu « incapable » et on s’inquiétait des retards dans la préparation du jubilé de l’Année sainte qui, dès le 8 décembre, devrait attirer des millions de pèlerins supplémentaires. Un véritable « crash test » pour une ville au bord de l’asphyxie.M. Marino a fini par donner sa démission et a été remplacé, dimanche, par un préfet venu de Milan, Francesco Tronca. Il gérera les affaires courantes jusqu’à de nouvelles élections, au printemps 2016. Milan ? La cité rivale, promue au rang de modèle civique depuis le succès de l’Expo 2015, après avoir été le symbole de la corruption il y a vingt ans ? Les Romains s’étranglent de rage. C’est aussi l’un des enjeux de ce procès : leur rendre leur fierté et restaurer l’image ruinée de Rome.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.11.2015 à 11h05 • Mis à jour le04.11.2015 à 17h50 La ministre de l’intérieur britannique, Theresa May, a présenté mercredi 4 novembre son projet de loi sur la surveillance numérique, un texte très controversé qui doterait les services de renseignement, mais aussi la police, d’un accès sans précédent aux données de navigation des internautes britanniques.Mme May entend faire passer ce nouveau texte, qui reprend les principales dispositions d’un précédent projet de loi surnommé la « charte des fouineurs », auquel le précédent gouvernement avait dû renoncer faute d’une majorité suffisante au Parlement. La déroute des Démocrates libéraux (Liberal Democrats, LibDem), les seuls à s’y être frontalement opposés, lors des dernières élections législatives, ouvre désormais la voie à un vote du projet de loi.L’historique de navigation accessible sur simple demande par la police. L’une des principales mesures — et l’une des plus controversées — donnera accès à la police à un historique simplifié de toute la navigation Internet d’un internaute, sur simple demande auprès des fournisseurs d’accès. Contrairement à ce que croyait savoir la presse britannique, mercredi matin, cette demande se fera sans mandat, et donc sans le contrôle d’un juge, comme c’est le cas dans tous les pays européens et aux Etats-Unis. Les fournisseurs d’accès seront tenus de conserver toutes les données de connexion durant douze mois.Mme May a argué, mercredi, qu’il ne s’agissait « que » d’une version simplifiée — la police n’aura pas accès à l’ensemble des pages consultées par un internaute, mais « uniquement » à l’adresse des sites qu’il a consultés. Ce à quoi les opposants au projet de loi rétorquent qu’il n’existe qu’une différence minime en termes de vie privée entre le fait de savoir qu’un internaute consulte un site pornographique et la liste des pages qu’il y a consultées :Some examples of the difference between Internet Connection Records (no warrant) and browsing history (warrant) https://t.co/rDcjNqcTXa— mikeysmith (@Mikey Smith)require(["twitter/widgets"]);Une légalisation de la surveillance de masse pratiquée par le GCHQ. Le service de renseignement britannique, le GCHQ, est le principal partenaire de la NSA américaine au sein de l’alliance Five Eyes, dont les vastes programmes de surveillance du Web dans le monde entier ont été révélés par le lanceur d’alerte Edward Snowden. Le projet de loi prévoit une légalisation claire de ses programmes de collecte massive des métadonnées Internet — le destinataire, l’origine ou la géolocalisation de l’émetteur d’un message, mais pas son contenu.Le programme mené par le GCHQ en collaboration avec la NSA a été jugé en partie illégal à plusieurs reprises par les tribunaux britanniques, qui ont noté qu’en l’état actuel du droit, cette collecte ne comportait pas suffisamment de garanties de protection pour les citoyens britanniques.Une refonte des mécanismes de contrôle des services de renseignement. Le texte prévoit une large refonte du système de contrôle des services de renseignement et d’éventuels abus. Les trois commissions existantes seront fondues en une seule, qui disposera d’un droit de veto sur les autorisations de mise sous surveillance. En revanche, tout comme la loi française sur le renseignement le permet, les services de renseignement pourront se dispenser d’autorisation en cas de « situation d’urgence », pour une période qui ne pourra excéder cinq jours. Les professions protégées (avocats, journalistes, médecins) devraient bénéficier de protections supplémentaires.Les députés pourront aussi être surveillés. Le texte proposé par Mme May sonne la fin de la « doctrine Wilson » — une tradition politique britannique qui interdit la mise sur écoute des parlementaires. La justice britannique a récemment confirmé que cette doctrine n’était pas une obligation légale, mais un simple « accord politique ». Seule limite fixée par le projet de loi : la mise sous surveillance d’un(e) député(e) ne pourra se faire qu’avec l’accord du premier ministre.Lire aussi :Les députés britanniques ne sont pas à l’abri d’une surveillance électronique 03.11.2015 à 18h56 • Mis à jour le03.11.2015 à 19h05 | Marie Charrel Le sujet est ultrasensible, car il concerne l’institution économique la plus puissante de la zone euro. D’après le Financial Times du 3 novembre, plusieurs dirigeants de la Banque centrale européenne (BCE) ont rencontré des banquiers et financiers quelques jours – voire quelques heures – avant des décisions monétaires déterminantes.Les journalistes du quotidien britannique ont obtenu l’agenda sur un an de six membres de l’institution en appliquant le « droit d’accès aux documents européens », prévu par les traités communautaires. En d’autres termes : ils ont envoyé leur demande à la BCE, qui l’a acceptée, jugeant qu’elle n’avait rien à cacher.On découvre dans ces agendas qu’Yves Mersch, membre du directoire de l’institut de Francfort, a rencontré des cadres de la banque UBS deux jours avant la réunion monétaire du 4 septembre 2014, où la BCE avait annoncé une baisse surprise de son taux directeur, ramené à 0,05 %. Le matin même, le Français Benoît Cœuré, également membre du directoire, avait rencontré un banquier de BNP Paribas.Ce n’est pas tout : Vitor Constâncio, le vice-président de la BCE, et Peter Praet, son chef économiste, ont quant à eux rencontré le hedge fund londonien Algebris le 23 juin dernier. Soit au plus fort de la crise grecque, où l’institution décidait, chaque jour, si elle devait maintenir ou non ses aides d’urgence (« Emergency liquidity assistance », ou ELA) aux banques hellènes. Faut-il s’en offusquer ?Pas forcément. Les dirigeants de l’institution sont, il est vrai, censés respecter une période de silence une semaine avant les réunions du conseil des gouverneurs. Pendant celle-ci, ils doivent se garder de s’exprimer publiquement, et dans les médias, sur la politique monétaire à venir.Pas d’informations confidentiellesMais il ne leur est pas interdit de rencontrer des financiers avant les décisions clés. À condition qu’ils ne leur dévoilent pas d’informations confidentielles concernant les décisions à venir sur la politique monétaire. Comme par exemple, une future hausse ou baisse des taux. « Pour le reste, Il ne faut pas oublier que les banques et les marchés sont le principal canal par lequel la politique monétaire se transmet à l’économie », rappelle Grégory Claeys, économiste et chercheur spécialiste du sujet au think tank Bruegel. « Il est donc important que la BCE rencontre ces acteurs pour leur expliquer ses mesures, qui sont de plus en plus complexes, mais aussi pour prendre le pouls des marchés ». Exemple : c’est après avoir discuté avec des banquiers que le président de l’institution Mario Draghi aurait annoncé, le 26 juillet 2012, qu’il ferait « tout ce qu’il faut » (« whatever it takes » en anglais) pour sauver l’euro – une célèbre phrase qui, selon les experts, a mis un terme à la fièvre qui s’était emparée des marchés. Les financiers lui auraient en effet confié qu’ils considéraient désormais que la monnaie unique n’existait virtuellement plus. Et qu’ils l’intégraient dans leurs calculs. M. Draghi comprit alors qu’il devait alors agir sans attendre pour éteindre la spéculation.Mais alors, quel est le problème ? La suspicion que ce genre de rencontres soulèvent inévitablement. « La BCE doit être au-dessus de tout soupçon », explique M. Claeys. « Pour conserver sa crédibilité, elle ne doit jamais donner le sentiment d’être trop proche du lobby bancaire ou de favoriser un acteur financier en particulier ». Naturellement, la BCE affirme qu’aucune information sensible n’a été échangée lors des rencontres entre M. Coeuré, Mersch, Constâncio et les banquiers. Mais comment en être certain, puisque le contenu de ces discussions reste privé ?Cas exceptionnelD’autant qu’en la matière, il y a un malheureux précédent. Le 18 mai dernier, lors d’une conférence à Londres réunissant des dirigeants de fonds spéculatifs, M. Coeuré avait ainsi indiqué que la BCE s’apprêtait à augmenter le volume de ses achats d’actifs sur les marchés. A sa décharge, le Français était sincèrement convaincu que le contenu de son discours était publié sur internet au moment même où il parlait, comme l’exige dans ce cas les règles de l’institution. L’ennui, c’est que le discours en question n’avait été publié que le lendemain matin. « Une erreur de procédure », avait expliqué l’institution, soulignant qu’il s’agissait là d’un cas exceptionnel.Pour éviter ce genre de problème et surtout, limiter que les risques de suspicion, d’autres banques centrales ont adopté des règles plus strictes. « C’est notamment le cas de la Fed, qui a publié des régulations détaillées et complètes sur la communication extérieure de ses membres », remarque Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG. Ou encore de la Banque d’Angleterre, qui interdit aux membres de son comité de politique monétaire tout contact avec les médias et les autres acteurs extérieurs trois jours avant les réunions clés.La BCE devrait-elle en faire de même, afin d’éviter toute ambiguïté ? Certains experts estiment que oui. D’autres jugent qu’une telle mesure serait inutile. « Il est excessif de fantasmer sur le bénéfice que les banques pourraient tirer d’informations privilégiées sur la politique monétaire qui leur seraient livrées accidentellement », explique M. Dor. « Avec les nouvelles régulations financières, tirer profit de telles informations serait en effet jugé comme un délit d’initié. L’institution coupable risquerait même de perdre son accréditation. Désormais, plus aucune banque d’affaires ne prendrait un tel risque ».Dans tous les cas, la BCE ne se montre pas insensible aux critiques dont elle fait l’objet - que celles-ci soit justifiées ou non. À partir de février 2016, elle publiera en effet sur son site internet l’agenda de ses dirigeants sur les trois derniers mois. « Nous prenons la transparence très au sérieux », assure-t-on dans la maison. Qui en fait ici la preuve…Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Aude Lasjaunias //sas_manager.render(21484); ADVERT_AD(['50270/464684', 21484, '', 'pave_milieu', '']); //sas_manager.render(21483); ADVERT_AD(['50270/464684', 21483, '', 'pave_haut', '']);les derniers articles de la thématique La femme, avenir du monde arabe Jordi Savall, gambiste engagé Peter Brook distille l’essence de son théâtretous les articles de la thématiqueAu fil des mois, le dossier grec est devenu le cas d’école pour aborder l’Europe et ses dysfonctionnements. Rien d’étonnant, donc, à ce que le débat entre Daniel Cohn-Bendit et Yanis Varoufakis, organisé dimanche 27 septembre dans le cadre du Monde Festival sur le thème « L’Europe a-t-elle tué la gauche ? », débute par une question sur le pays et les conséquences de l’application du mémorandum du 13 juillet : « Quelle sera la situation de la Grèce dans deux ans ? »Premier sourire de l’ancien ministre des finances grec. « Si l’accord est mis en œuvre en l’état, le futur ne sera que la continuité de ce que l’on constate aujourd’hui. » Et l’économiste de rappeler son opposition au texte conclu au terme de longues heures de discussion entre l’exécutif grec et les dirigeants européens, et de souligner que, dans tous les cas, le premier ministre, Alexis Tsipras, ne tiendra pas ses promesses – vis-à-vis de ses concitoyens ou des créanciers.Première réaction de l’ancien député d’Europe écologie-Les Verts au Parlement européen : « Théoriquement, Yanis a raison, politiquement, il a tort. » Lui aussi partage l’opinion que le gouvernement grec, sous pression, ne peut pas mettre en place les réformes dans les délais imposés. Lui aussi déplore les logiques contradictoires des différents Etats membres de la zone euro. Mais Alexis Tsipras a dû faire « face à un choix cornélien » : accepter l’austérité ou sortir de la zone euro. « Si certaines des réformes sont réellement adoptées, il y aura une possibilité de réduire la pression du mémorandum. La Grèce ne terminera pas dans deux ans avec le même poids de la dette qu’aujourd’hui », clame-t-il.« Les forces politiques ont abdiqué »Puis, « Daniel » et « Yanis » ont fait du « Cohn-Bendit » et du « Varoufakis » à grand renfort de phrases-chocs et d’expressions savoureuses saluées par les applaudissements de la salle. « Arrêtons ces négociations entre gouvernements qui ne font que chatouiller les égoïsmes nationaux ! », lance le premier. « Nous ne sommes plus une nation souveraine », tance le second en référence au contrôle de la troïka sur le budget du pays.#MFEurope : "Le problème c'est l'Europe pas la Grèce", insiste @yanisvaroufakis— AudeLjs (@Aude Lasjaunias)require(["twitter/widgets"]);Derrière le cas grec, le véritable enjeu de ce débat a été celui de l’avenir d’une Europe aujourd’hui « paralysée ». L’ancien leader du mouvement étudiant de Mai 68 est fermement partisan d’une solution fédérale. Une proposition qui ne semble pas déplaire à M. Varoufakis : « Si l’on veut créer des Etats-Unis d’Europe, il faut donner de la souveraineté au Parlement européen. » Pour lui, l’Eurogroupe – réunion mensuelle des ministres des finances de la monnaie unique – a pris le dessus sur les autres instances de l’UE. Même constat pour M. Cohn-Bendit, qui souligne que cette instance est non démocratique et qu’il est aujourd’hui impossible de remettre en cause les décisions prises en son sein : « Mais le problème ce n’est pas le Parlement, ce sont les forces politiques qui ont abdiqué. »Aude Lasjaunias 26.09.2015 à 15h41 • Mis à jour le26.09.2015 à 16h33 C’est un épisode digne de la guerre froide qui s’est déroulé, samedi 26 au matin. La Russie et l’Estonie ont échangé deux espions présumés sur un pont de la rivière Piusa, à la frontière des deux pays, ont annoncé les services de sécurité de la Fédération de Russie (FSB).Eston Kohver, un officier des services de sécurité estoniens arrêté en 2014 et condamné à quinze ans de travaux forcés, a été échangé contre Alexeï Dressen, un ancien membre des services estoniens arrêté en 2012 et condamné à seize ans de prison en Estonie pour espionnage.Les autorités estoniennes ont ensuite confirmé la libération d’Eston Kohver. L’Union européenne avait demandé en août sa libération immédiate. Pour Bruxelles, Kohver avait été enlevé le 5 septembre 2014 par des agents russes en territoire estonien.Lire aussi :L’affaire Eston Kohver, jeux d’espions sur la BaltiqueSelon les services de sécurité russes, Eston Kohver avait bien été interpellé en territoire russe et avait sur lui un pistolet Taurus avec ses munitions, 5 000 euros en liquide, du matériel d’écoute et des documents qui prouveraient qu’il menait une mission de renseignement. Sandrine Morel (Madrid, correspondance) La Catalogne ne représente que 3,6 % du chiffre d’affaires du géant de la mode nuptiale Pronovias, contre 23,1 % pour le reste de l’Espagne. Le président de l’entreprise catalane, Alberto Palatchi, a décidé de le rappeler à ses employés avant les élections régionales du 27 septembre, où se présente une liste unitaire indépendantiste dont l’objectif est de faire sécession dans les dix-huit mois suivant le scrutin.Lire aussi :En Catalogne, les indépendantistes tentent un nouveau coup de forceBrisant le silence maintenu jusqu’à ces dernières semaines par la plupart des chefs d’entreprise catalans sur une hypothétique indépendance de la région espagnole, M. Palatchi a diffusé, lundi 21 septembre, un courrier interne expliquant que Pronovias est « difficilement viable (…) dans une Catalogne hors de l’Union européenne, hors de la zone euro, sans un système financier soutenu par la Banque centrale européenne et isolée en matière économique, politique et de sécurité ». Il a ajouté qu’en cas d’indépendance, l’entreprise se verrait obligée de « considérer toutes les options » pour garantir sa pérennité, laissant entendre qu’il pourrait délocaliser le siège du groupe.« Tensions maximales »Pronovias n’est pas la seule entreprise catalane à s’inquiéter d’une sécession. Le groupe pharmaceutique Almirall ou le producteur de vin pétillant cava Freixenet ont, eux aussi, exprimé leur inquiétude. Le monde de l’entreprise et des finances semble s’être réveillé après avoir laissé ces dernières années le champ libre aux indépendantistes.Peu encline à se prononcer sur des sujets politiques qui risqueraient de provoquer des tensions avec la région, gouvernée par les nationalistes, la principale organisation patronale catalane, Foment del Treball, a reconnu que « le processus sécessionniste [était] une source de tension et d’inquiétude maximales du point de vue économique et des entreprises » : la Catalogne génère 20 % du PIB espagnol mais l’Espagne représente 50 % des « exportations » catalanes.Lire aussi :Forte mobilisation des indépendantistes catalansLes indépendantistes assurent qu’une sécession apporterait 16 milliards d’euros à la région, un montant correspondant, selon leurs calculs, au « déficit fiscal », c’est-à-dire la différence entre les impôts prélevés en Catalogne et ce que la région reçoit en retour de Madrid. Mais le monde de l’entreprise prévient : une sécession aurait un impact sur leurs comptes de résultat et donc sur l’économie de la région. Hausse des coûts, risque de délocalisation, de baisse des investissements, et surtout de diminution du volume d’affaires remettent en cause ces calculs.« Relation toxique avec l’Espagne »« Nous avons attendu pour nous prononcer parce que nous ne pensions pas que le défi indépendantiste irait si loin, » explique Carlos Rivadulla, vice-président de l’association des Entrepreneurs de Catalogne, née il y a un an « pour donner la parole aux chefs d’entreprise qui pensent qu’il est très risqué de rompre l’unité de marché espagnol et créer de nouvelles barrières ». Son entreprise de produits de nettoyage écologique, Ecofrego, réalise 30 % de son activité en Catalogne et 40 % dans le reste de l’Espagne. « Pourquoi vend-on plus en Espagne qu’à l’étranger ? Parce que c’est plus facile et moins cher, dit-il, pragmatique. Pour exporter, il faut s’appuyer sur un distributeur, un conseiller fiscal, un avocat, obtenir de nouveaux permis sanitaires… »Tous les chefs d’entreprise ne sont pas pour autant opposés à l’indépendance. Le Cercle catalan des affaires (CCN) défend depuis 2008 la position de plus de 800 entreprises catalanes de toutes tailles, engagées en faveur de l’indépendance. « La relation toxique que nous avons avec l’Espagne entrave notre développement économique, assure son président, Albert Pont. Il n’est pas acceptable de voir que nous ne profitons pas des services que nous finançons avec nos impôts, que nous avons perdu 300 milliards d’euros en trente ans, l’équivalent de huit plans Marshall, à cause du “déficit fiscal” et que nous ne pouvons pas avoir les infrastructures dont nous avons besoin. » « Risques pour la stabilité financière »Persuadé que les entreprises catalanes gagneraient à se tourner vers des marchés plus porteurs que le marché espagnol, et que Bruxelles ne pourrait pas la priver des droits acquis au travers de son appartenance à l’Espagne, M. Pont regarde les élections avec « un grand optimisme ». Et les avertissements des pouvoirs financiers, qu’ils croient « manipulés », ne l’inquiètent pas.L’association espagnole de la banque et la Confédération espagnole de caisses d’épargne, qui regroupent les principaux établissements financiers du pays, dont les catalans La Caixa et Sabadell, ont en effet signé un communiqué conjoint, le 18 septembre, pour alerter des « risques pour la stabilité financière » d’une indépendance, qui supposerait « l’exclusion de l’Union européenne et de l’euro d’une partie de l’Espagne. » Elles affirment que l’« insécurité juridique » les obligerait à « reconsidérer leur stratégie d’implantation, avec le risque inhérent de réduction de l’offre bancaire, d’exclusion financière et d’enchérissement et de pénurie de crédit ».Le gouverneur de la banque d’Espagne, Luis Maria Linde, est allé plus loin, le 21 septembre, en évoquant dans le cas « improbable » d’une indépendance, la possibilité d’un contrôle des capitaux « comme cela s’est vu en Amérique latine ou en Grèce ». Ces déclarations ont provoqué la colère des indépendantistes, qui ont dénoncé une « stratégie de la peur ». Le président de la région, Artur Mas, est allé jusqu’à menacer en retour de ne pas payer la dette revenant à la Catalogne en cas d’indépendance.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 25.09.2015 à 21h13 • Mis à jour le26.09.2015 à 08h13 | Lucie Soullier (Envoyée spéciale à Izmir) Derrière le comptoir de son hôtel, Mehmet loue des chambres aux réfugiés qui vont tenter d’atteindre la Grèce par la mer. La ville balnéaire d’Izmir, en Turquie, compte plus de 70 000 Syriens enregistrés. Au point que l’un de ses quartiers, Basmane, est devenu une véritable petite Syrie. Alors depuis son ouverture il y a deux ans, l’hôtel Kervansaray n’a pas désempli. La guerre dans le pays voisin avait déjà commencé, Mehmet savait que l’investissement serait vite rentabilisé. Dans ses 32 chambres, 90 % des lits sont occupés par des Syriens.« On gagne notre pain avec ces gens », convient-il. Il les écoute aussi, tente de les dissuader lorsque le temps est trop mauvais. Les voit revenir parfois, quand leur bateau s’est renversé assez près de la côte. Comme celui sur lequel a embarqué Asma, la veille. Dans la nuit du mercredi 23 au jeudi 24 septembre, son bien le plus précieux lui a glissé des bras : son fils Zakaria, né il y a deux mois à Daraa, en Syrie. Leur pneumatique s’est renversé à 100 mètres des côtes turques. Asma et Zakaria ont pu rejoindre la rive. Evidemment, elle a eu peur. Mais elle réessaiera. « Pas d’autre choix. »Inutile de vous dire le bien le plus précieux d'Asma. Il est né en Syrie il y a deux mois. #Izmir #réfugiés http://t.co/mpJfwBlPDc— LucieSoullier (@Lucie Soullier)require(["twitter/widgets"]);« Je n’ai pas pu dormir pendant des jours après la photo du petit Aylan. On en voit tous les jours des petits comme lui », soupire Mehmet en inscrivant le numéro d’identification d’un nouveau client. Après deux avertissements cet été, il risque une amende de 400 livres pour avoir accepté des Syriens qui n’étaient pas enregistrés officiellement auprès des autorités. Mais il faut parfois quinze jours pour que la carte d’identification leur soit délivrée par Ankara et la plupart des migrants quittent la Turquie bien avant de l’obtenir. « Alors on fait quoi ? », soupire Mehmet, en tendant une clef à Yousef Alhariri, numéro 98824243964.Derrière lui, deux petites filles jouent avec un ballon gonflable. Dans un autre contexte, on pourrait croire à un moment innocent, mais pas ici. Car ces ballons sont utilisés par les candidats au passage pour y mettre à l’abri argent et téléphones, si jamais le canot se retournait.Kit de survieSifflet, mini-torche, étui étanche pour téléphone portable, ballon, gros rouleau de scotch... Dans les magasins du quartier, rien de plus facile que de se concocter un kit de sécurité avant d’embarquer. Sans compter les gilets de sauvetage, vendus entre 50 et 75 livres turques (entre 15 et 23 euros). Même montant pour une taille enfant. Le business est rentable. Un marchand de chaussures raconte ainsi qu’il vendait jusqu’à mille gilets par jour au plus fort de l’été.En ce moment, les piles se vident moins rapidement. Parce que les routes terrestres se sont ouvertes ? Non. Au contraire, le passage par Edirne, à la frontière avec la Bulgarie, s’est refermé. Puisque les autorités turques ont bloqué leur avancée, certains ont même fait demi-tour vers Izmir pour envisager la dernière option : le passage par la mer.Lire aussi :La Turquie a du mal à retenir les réfugiés venus de SyrieMais la météo et la mer sont capricieuses ces derniers jours, alors Basmane s’est un peu vidé. Car le quartier est davantage un carrefour qu’un lieu de vie. Les Syriens arrivent et repartent souvent en quelques jours, selon le nombre de tentatives nécessaires. Ils n’y viennent donc qu’au dernier moment, pour y trouver le passeur qui les emmènera vers Bodrum, Ayvalik, Kusadasi, Cesme... d’où ils embarqueront pour Kos, Lesbos, Samos, Chios. A chaque ville turque, son île grecque siamoise.Dash, elle, part ce soir, sans savoir où elle accostera. Une île favorite ? Lesbos, sans hésiter. « Il paraît que tu peux partir plus vite du camp », espère la jeune femme qui a fui Damas il y a moins d’une semaine. Pour beaucoup, les camps de réfugiés ne sont pas une option, même pour quelques jours. Dans la rue des hôtels, les fenêtres sont ornées d’affichettes « wifi ». Un atout commercial puisque beaucoup communiquent avec les passeurs par Whatsapp, un service de messagerie par Internet. Moulham ouvre l’application toutes les trente secondes. Sa maison a été bombardée à Damas. Un mois plus tard, le voilà assis sur les marches du perron d’un hôtel à 15 livres la nuit (moins de 5 euros), dans l’attente du message qui l’enverra à Cesme avec ce qu’il reste de sa famille. Pour s’y rendre, il prendra un taxi ou le minibus du passeur. Les instructions viendront en temps voulu : il n’est encore que 16 heures, et les départs se font à la nuit tombée. Comment a-t-il trouvé le numéro du passeur ? Par des proches qui ont déjà fait le voyage, explique Moulham.L’attente avant la merQuoi qu’il en soit, à Izmir, il est aussi aisé de trouver un passeur qu’un gilet de sauvetage. Ils finissent toujours par se découvrir, comme on aperçoit parfois la sangle d’un gilet sortir d’un sac poubelle – le moyen pour les réfugiés de ne pas être trahi en ville par un orange fluo si utile en mer. « Quand tu croises un passeur, tu le sais », affirme Moulham. Et l’on est bien obligé de l’admettre, devant un homme qui explique être arrivé il y a un an et demi. Sa femme a déjà atteint l’Allemagne. Quand la rejoindra-t-il ? Il est aussi vague que son eau de cologne est claire. Ici, personne n’est passeur. Et pourtant, impossible de ne pas les croiser, comme ce chauffeur de taxi qui a passé une année en prison. Passeur, lui ? « Oh, vous savez... » Il a prêté son téléphone à un client qui a appelé son passeur. Il l’a emmené à Cesme et a été arrêté. Maintenant, il fait attention. A-t-il cessé d’emmener des réfugiés vers les côtes ? Il sourit. Bien sûr que non, l’affaire est trop rentable. Peut-être même plus que les touristes.A Basmane, le quotidien des Syriens est fait de longues attentes. Avant d’avoir assez d’argent, de recevoir celui promis par un proche, avant que ne s’ouvrent les frontières ou que le passeur donne le feu vert. L’attente sur les marches des hôtels ; l’attente sur le perron de la mosquée qui s’est peuplé de matelas ; l’attente aux terrasses, prises d’assaut par les Syriens de passage. Venu d’Alep, Amar cuisine sa spécialité : des falafels. « Mais des syriens », ne confondez pas. « La nourriture leur manque, c’est pour ça qu’on a ouvert », explique-t-il en plongeant une dizaine de ses madeleines de Proust dans la friture. Chiffre d’affaire assuré. Pour les propriétaires des murs aussi, car quelques échopes plus loin, un épicier précise que c’est un Turc qui a ouvert, et que lui doit payer un loyer. Sans permis de travail, pas d’autre choix.Main d’œuvre à bas prixAbdulrahman travaille lui aussi illégalement. Du bazar de fruits et légumes où il passe quinze heures par jour, il ramène 30 livres (environ 10 euros) à sa famille installée près du chateau Kadifekale. Là-haut, une autre communauté syrienne s’affaire pour tenter d’organiser un semblant de vie. Entre peaux de mouton et robes satinées, pas de doute : « C’est Baïram », signale Abdulrahman. Soit la fête du grand Aïd en turc. Il est temps pour le trentenaire de rejoindre sa femme et sa petite fille née à Izmir, il y a onze mois. Mais aussi sa sœur, ses deux frères, sa mère et son père, éborgné par un éclat d’obus à Alep, « il y a si longtemps de ça ».Tous sont installés dans une maison qu’ils louent bien au-dessus des prix du marché, alors que les trois frères sont payés bien en-deça. A ce rythme là, difficile d’économiser pour atteindre les 1 000 à 1 300 dollars nécessaires au passage par la mer. Car même plus installés que leurs « chanceux » concitoyens d’en bas, ils n’ont pas plus envie de rester en Turquie. « Ici c’est travailler, dormir », soupire Mohammed Mohafik, le cadet. Du haut de ses 21 ans, il sait qu’il a amputé son avenir en quittant l’université. Il voudrait raconter la vie d’avant, mais son niveau d’anglais l’arrête. « Avant, je savais [parler anglais]. La guerre fait tout oublier. »Entre partir en Allemagne ou revenir en Syrie, le débat s’engage dans la famille. Ils finissent par trancher : ils reviendront le jour où le régime tombera. « Tu as déjà vu la Syrie ?, s’enquiert Adbdulrahman. C’était si beau avant la guerre. » Pourquoi ne pas attendre cela dans l’un des 25 camps turcs de l’ONU qui devraient bénéficier des nouvelles aides européennes ? Sur les 2,2 millions de réfugiés syriens enregistrés en Turquie, seuls 260 000 y vivent. Hors de question pour la famille d’y ajouter huit personnes. Parce que « trop de gens », parce qu’ici, « on peut gagner ce qu’on mange », parce qu’ici « on peut manger ce qu’on veut ». Et puis surtout, ajoute Mohammed Mohafik, du sourire triste de l’espoir perdu, « parce que le régime ne tombera pas. »Lucie Soullier (Envoyée spéciale à Izmir)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.09.2015 à 17h24 • Mis à jour le25.09.2015 à 17h44 Une Française originaire de Valenciennes (Nord) est emprisonnée depuis lundi en Turquie, à Istanbul. D’après France 3 Nord-Pas-de-Calais, qui a relayé l’information jeudi 24 septembre, Charlotte Lecaille, 28 ans, a été interpellée en compagnie d’une amie allemande par les autorités turques alors qu’elle se rendait à un rassemblement de soutien aux migrants syriens qui tentaient de rejoindre l’Europe.Les deux jeunes femmes sont accusées d’avoir incité les migrants à passer la frontière entre la Turquie et la Grèce, mais aussi d’avoir caillassé les policiers. Selon les médias locaux, elles sont également soupçonnées d’espionnage pour le compte d’« obscurs groupuscules à la solde des services de renseignements ».Des allégations rapidement balayées par la sœur de Charlotte, citée par La Voix du Nord, qui assure que la jeune femme n’aurait « jamais pu faire ça » :« Elle s’intéresse à leur histoire. Mais elle ne fait partie d’aucun groupuscule politique. C’est juste une femme extrêmement humaine ! Sans être activiste, c’est quelqu’un qui peut répondre à un mouvement spontané de solidarité. »Fermeture des administrationsCharlotte Lecaille, qui a réussi à téléphoner à sa famille et à des amis, a été transférée dans un centre de détention provisoire administratif. D’après le quotidien nordiste, la jeune femme est en contact régulier avec deux avocats missionnés par le consulat de France.Ses parents, qui ont réussi à l’avoir au téléphone deux fois, assurent que la jeune femme n’a pas été maltraitée mais souhaite être rapatriée en France au plus vite. Toutefois, en raison de la fête de l’Aïd el-Kébir, les administrations sont fermées jusqu’en début de semaine prochaine. 25.09.2015 à 10h40 • Mis à jour le25.09.2015 à 19h42 | Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) et Philippe Jacqué Le conseil de surveillance du constructeur allemand d’automobiles Volkswagen (VW) a choisi, vendredi 25 septembre, Matthias Müller, l’actuel patron de Porsche, pour succéder à Martin Winterkorn à la tête du directoire du groupe de Wolfsburg (nord de l’Allemagne) à la suite du scandale de manipulation des tests d’homologation de véhicules diesel.« Nous allons surmonter cette crise », a promis, sitôt officialisée sa nomination, le nouveau patron de Volkswagen. Le conseil de surveillance a également proposé de suspendre de leurs fonctions plusieurs salariés en attendant des éclaircissements. Et le groupe va par ailleurs adopter une nouvelle structure renforçant les responsabilités des marques et des régions. Le président du conseil de surveillance, Berthold Huber, a pour sa part qualifié vendredi l’affaire de « désastre moral et politique », en imputant la responsabilité à « un petit groupe de personnes » qui a « causé un énorme préjudice » à VW.Cheveux gris acier, regard clair et mise toujours impeccable, M. Müller est un pur produit du groupe. Il lui aura fallu seulement six mois pour obtenir ce poste, qu’il convoite depuis le printemps. Son protecteur, Ferdinand Piech, alors président du conseil de surveillance, l’avait imposé au sein au directoire afin de concurrencer M. Winterkorn. En mars, ce dernier avait réussi à contrecarrer les plans de son ancien mentor. Et c’est Ferdinand Piech qui était parti. Une victoire à la Pyrrhus.Lire aussi :Au pays de Volkswagen : « On a beaucoup travaillé pour être les premiers, on va le rester »A 62 ans, Matthias Müller connaît très bien les deux anciens patrons du groupe. Il a bénéficié de leur aide pour grimper un à un les échelons, d’abord chez Audi où il était en apprentissage au département outillage. Après quelques années chez le constructeur, ce fils de réfugiés d’Allemagne de l’Est installés en Bavière rejoint l’université de sciences appliquées de Munich, où il passe un diplôme d’informatique avant de revenir chez Audi en 1977. Il y travaillera au service informatique, puis prendra à partir de 1993 la responsabilité du programme de la nouvelle A3, la plus petite berline d’Audi.En 2003, Martin Winterkorn lui donne la haute main sur l’ensemble des programmes d’Audi et de Lamborghini. En 2007, l’ancien patron, promu à la tête de VW à Wolfsburg, l’emmène dans ses valises. Il sera chargé de la stratégie produit des marques VW. En 2010, il rejoint Porsche, qu’il mène de records commerciaux en records commerciaux tout en réussissant avec brio l’intégration dans le groupe.« Mister Cool »« Contrairement à Martin Winterkorn, un ingénieur automobile un peu refermé mais qui avait une aura très grande dans le groupe, Matthias Müller est beaucoup plus ouvert et abordable », juge un dirigeant français qui a l’habitude de le croiser. L’hebdomadaire allemand Der Spiegel le qualifie même de « Mister Cool ». C’est que M. Müller n’hésite pas à prendre la parole dans les médias sur des grands sujets de société, comme les réfugiés. Il a appelé l’ensemble des grands patrons à se mobiliser sur ce thème et à contrer les discours extrémistes. Une originalité chez les dirigeants automobiles allemands jugés ternes et repliés sur leur industrie.S’il fait bien plus jeune que son âge, M. Müller a confié à la presse allemande qu’il « n’était trop vieux pour rien ». « Aujourd’hui, confie ce dirigeant, c’est sa dernière chance de prendre la direction de VW. S’il y arrive, il devra prouver qu’il a les épaules pour diriger un tel mastodonte dans la tempête. » Pour cela, il pourra compter sur l’appui du conseil de surveillance, qui prévoit un grand nettoyage au sommet. Les responsables de la recherche-développement (R&D) d’Audi et Porsche, Ulrich Hackenberg et Wolfgang Hatz, ainsi que Heinz-Jakob Neusser, le directeur du développement de la marque VW, devraient être débarqués, selon la presse allemande et les agences.Cela ne devrait pas s’arrêter là. Michael Horn, le patron de VW aux Etats-Unis, devrait laisser sa place à Winfried Vahland, le PDG de la filiale tchèque qui a permis à la marque Skoda de vendre plus d’un million d’exemplaires par an en 2014. Christian Klingler, le puissant patron des ventes de l’ensemble des marques, serait également sur la sellette.Ce grand renouvellement de l’Etat-major du groupe devrait très rapidement s’accompagner d’une remise à plat de la gouvernance, comme le prévoyait initialement Martin Winterkorn. Les douze marques vont être rassemblées en sous-groupes gérés par des patrons qui récupéreront davantage de pouvoirs de la part du directoire. Cette décentralisation devrait permettre une plus grande flexibilité.Lire aussi :Volkswagen : le plus gros vendeur mondial de voitures en trois graphiquesBruxelles exige des tests dans l’ensemble des pays de l’UnionMalgré ces premières réformes, la tâche à laquelle face la nouvelle direction est gigantesque. Il va falloir restaurer la confiance des clients et des pouvoirs publics. Et affronter la pluie d’enquêtes qui s’annoncent sur le scandale des logiciels truqueurs sur l’un des moteurs diesel du groupe.Jeudi, le ministre fédéral des transports, Alexander Dobrindt, a indiqué que VW avait bien reconnu que des véhicules au moteur de 1,6 litre et 2 litres diesel manipulés pour passer les tests étaient également en circulation en Europe. Devant la commission d’enquête réunie à Berlin par le ministère autour de cette affaire, Volkswagen doit maintenant fournir des précisions pour déterminer le type de voitures concerné et le nombre de véhicules dans lequel le logiciel incriminé a été installé et est actif.La Commission européenne a demandé dans la foulée à l’ensemble des Etats de l’Union européenne d’organiser des tests sur les véhicules en circulation de la marque incriminée, mais pas seulement. Tout le parc va être exploré. En Allemagne, M. Dobrindt a déclaré que « les modèles Volkswagen [seraient] examinés au banc d’essai comme sur la route ». En France, Ségolène Royal, la ministre du développement durable et des transports, a mis en place une commission chargée de tester aléatoirement une centaine de véhicules de toute marque. Aux Etats-Unis, une trentaine d’Etats ont lancé jeudi une enquête groupée sur les agissements du groupe automobile allemand Volkswagen.Lire aussi :Affaire Volkswagen : les constructeurs français se font discretsLe diesel, autre victime collatéralePour la Deutsche Bank, la crise chez VW aura des conséquences à moyen terme sur le cours du Dax, l’indice de référence de la bourse de Francfort. En invoquant expressément la crise du constructeur, la banque a baissé ses prévisions de performance de l’indice et table sur une valeur de fin d’année de 10 300 points au lieu des 11 300 estimés initialement.Autre dégât collatéral : le diesel. Jeudi, c’est le ministre français de l’économie, Emmanuel Macron, qui est venu à son secours. « Dans l’affaire Volkswagen, il faut être extrêmement précis et clair », a-t-il déclaré. « C’est une fraude aujourd’hui vis-à-vis des gouvernements et des consommateurs sur un logiciel. Ça n’est pas une fraude qui est liée au moteur lui-même ou au principe même du diesel. »Pour lui, « les moteurs diesel de norme Euro 6 sont moins émetteurs de particules que beaucoup d’autres moteurs essence. Et donc ils sont au meilleur standard en termes d’émissions et de pollution. » Une défense qui ne doit rien au hasard. L’Etat est actionnaire à la fois de Renault et PSA, deux grands producteurs de moteurs diesel.Lire aussi :Volkswagen : le crépuscule d’une icôneCécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au MondePhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sandrine Morel (Madrid, correspondance) « Le vote de ta vie. » Le slogan choisi par la liste électorale Ensemble pour le oui s’affiche partout sur la place Can Fabra dans le quartier de Sant Andreu, à Barcelone, en Espagne. Ce 21 septembre, plusieurs centaines de personnes écoutent Carme Forcadell, numéro deux de la liste et ancienne présidente de la puissante plate-forme indépendantiste Assemblée nationale catalane (ANC). « Ce que nous allons faire dimanche prochain est la chose la plus importante de notre histoire, explique-t-elle. Parce que cela fait trois cents ans que nous souffrons… »Dimanche 27 septembre, les Catalans sont de nouveau appelés aux urnes pour élire, pour la troisième fois en cinq ans, leur Parlement régional. Convoquées de manière anticipée par le président de la Généralité (le gouvernement catalan), Artur Mas, ces élections revêtent une importance particulière puisque, pour la première fois, les deux principales forces politiques catalanes, le parti nationaliste de droite Convergence démocratique de Catalogne (CDC) et les indépendantistes de la Gauche républicaine (ERC), ont décidé de présenter une liste commune. Si cette liste, que les sondages donnent victorieuse, obtient la majorité absolue des sièges, elle s’est engagée à faire sécession du reste de l’Espagne dans les dix-huit mois suivant le scrutin.Lire aussi :L’indépendance, ligne de fracture en CatalognePour M. Mas, ces élections, qu’il définit comme « plébiscitaires », font ainsi office de référendum d’autodétermination, référendum que Madrid ne lui avait pas permis d’organiser en 2014. Celui-ci s’était finalement transformé en une consultation sans garantie légale le 9 novembre, qui lui a valu une plainte du parquet pour « désobéissance grave ».« Cela fait longtemps que nous essayons de voter pour l’indépendance et celle-ci est notre seule chance, » explique, dans la foule, un ancien militant du Parti socialiste catalan (PSC), Eduardo Alonso, qui s’est rallié à l’indépendantisme ces dernières années « par radicalité démocratique et pour permettre la régénération de la politique ». De sensibilité de gauche, il aurait préféré des listes séparées, « pour ne pas avoir à voter pour Artur Mas », mais pense que « le plus important, c’est de parvenir à l’indépendance pour obtenir le pouvoir de décider pour nous-mêmes ».« Plus de travail »Pour les partis non indépendantistes, ces élections représentent le dernier coup de poker de M. Mas, une manœuvre politique pour forcer une confrontation avec Madrid qui lui permet au passage d’éviter de faire le bilan de sa législature et de répondre des scandales de corruption qui affectent son parti. Car M. Mas n’est pas la tête de liste, bien qu’il ait négocié avec ses partenaires d’être le candidat à la présidence de la région en cas de victoire.La campagne électorale s’est déroulée dans une tension très vive. Les indépendantistes ont basé la leur sur la foi en un « futur meilleur », comme le clame sur le podium un candidat d’ERC, Oriol Amoros. Partout dans les rues, on peut lire que « l’indépendance, c’est plus de travail et de meilleures retraites », de la « dignité », du « progrès ». Plus riche, plus juste, dépourvue de corruption, avec moins de violences sexistes, le portrait d’une hypothétique Catalogne indépendante brossé par les indépendantistes a tout pour faire rêver.De l’autre côté, le Parti populaire (PP, droite au pouvoir), le PSC et le jeune parti « anti-indépendantiste » Ciudadanos (Citoyens) ont appelé les Catalans à « la raison », évoquant les risques économiques, politiques et sociaux d’une sécession, brandissant ce que les indépendantistes qualifient de « discours de la peur. » Podemos, qui défend le droit des Catalans à décider s’ils veulent ou non l’indépendance, a essayé, tant bien que mal, de recentrer le débat sur les thèmes sociaux. Mais c’est l’escalade des tensions entre indépendantistes et unionistes qui a marqué la campagne. Avec des scènes inattendues. Le président de la Généralité, Artur Mas, a ainsi déclaré lors d’un meeting qu’il faisait « un bras d’honneur » au PP, au PSOE et à Podemos. Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a lui douté de la possibilité, pour les habitants d’une Catalogne indépendante, de conserver la nationalité espagnole. Enfin, le gouverneur de la Banque d’Espagne, Luis Maria Linde, a évoqué le risque d’un corralito (« contrôle des capitaux ») en cas de sécession.Risque de sortie de l’UEUne grande partie de la campagne a tourné autour du risque de sortie de l’Union européenne (UE) et de la zone euro d’une Catalogne indépendante. Une possibilité balayée par les indépendantistes, qui ont assuré que l’UE n’expulserait pas l’une des « régions les plus riches du sud de l’Europe », malgré les déclarations en pleine campagne d’un porte-parole de la Commission européenne expliquant que « si une partie d’un Etat membre cessait de faire partie de cet Etat parce qu’elle devient indépendante, les traités ne s’appliqueraient pas à ce territoire (…). Il serait automatiquement hors de l’UE. »Lire aussi :En Catalogne, les entreprises s’inquiètent d’une sécession« Nous sommes prêts à prendre le risque, assure Joan, employé de marketing de 35 ans. D’ailleurs le Canada et la Suisse ne s’en portent pas moins bien… » « Cela ne va pas se passer », est convaincu de son côté Ramon Talamos, un économiste de 36 ans décidé à voter en faveur de la liste Ensemble pour le oui, bien qu’il ne pense pas que l’indépendance soit possible. « Ces élections vont surtout nous permettre d’avoir plus de force pour négocier. » La tête de liste des indépendantistes, Raül Romeva, a pourtant été claire sur ce point : « Si nous gagnons, la seule chose que nous irons négocier avec Madrid, c’est l’indépendance. »Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.09.2015 à 17h29 • Mis à jour le24.09.2015 à 17h59 | Alexandre Pouchard C’est un discours récurrent. Loin de l’image de la famille de réfugiés fuyant la guerre, les migrants arrivant en Europe ne seraient que très majoritairement des hommes seuls ne fuyant que la misère. Après avoir affirmé, sur RMC début septembre, que cette proportion atteignait même 99 %, la présidente du Front national, Marine Le Pen, a assuré, jeudi 24 septembre, et de nouveau sur RMC, qu’elle était de 75 %."Les institutions internationales disent qu'il y a 75% d'hommes parmi ces #migrants." #BourdinDirect— MLP_officiel (@Marine Le Pen)require(["twitter/widgets"]);C’est partiellement vrai mais…69 %Selon les chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 69 % des migrants ayant traversé la Méditerranée pour venir en Europe en 2015 étaient des hommes. Sur 100 personnes s’engageant dans ce périple, 13 étaient des femmes et 18 étaient des enfants. Pas 99 % ni 75 % comme l’affirme Marine Le Pen, donc, mais effectivement une majorité d’hommes.De plus, la proportion pourrait se rééquilibrer, selon d’autres comptages. Ainsi, en juin, les femmes et les enfants représentaient 10 % des migrants transitant par la Macédoine (route terrestre). Une proportion passée à un tiers en septembre, selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).Presque parité dans les camps de réfugiés au Proche-OrientEn revanche, si l’on prend le problème à l’une des sources, à savoir la situation des réfugiés syriens au Proche-Orient, le constat est tout autre parmi les 4 millions de réfugiés syriens – 92 % sont actuellement dans trois pays voisins de la Syrie : la Turquie (1,9 million de personnes), le Liban (1,1 million) et la Jordanie (628 000).Lire aussi :Réfugiés syriens : la Turquie, le Liban et la Jordanie en première ligne50,5 % de femmesDans les camps de réfugiés, les femmes sont légèrement majoritaires (50,5 %). Sans surprise, la tranche d’âge majoritaire est constituée par les 18-59 ans, où les femmes sont également majoritaires (23,9 % des femmes, 21,8 % des hommes). #container_14431066811{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14431066811{ height:500px; } #container_14431066811 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14431066811 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14431066811 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14431066811 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les femmes majoritaires dans les camps de réfugiés syriens au Proche-OrientRépartition des hommes et des femmes dans les camps de réfugiés en Turquie, au Liban, en Jordanie, en Irak et en Egypte.Source : HCR(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14431066811", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#ff3232","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} %", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} %", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Total","0-4 ans","5-11 ans","12-17 ans","18-59 ans","Plus de 60 ans"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Hommes ", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 49.5 ], [ "", 9.1 ], [ "", 10.7 ], [ "", 6.5 ], [ "", 21.8 ], [ "", 1.3 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Femmes ", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 50.5 ], [ "", 8.6 ], [ "", 10.1 ], [ "", 6.1 ], [ "", 23.9 ], [ "", 1.7 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }} Ils ne fuient que la misère ? C’est fauxC’est l’autre discours récurrent sur les migrants. Ceux fuyant la guerre ne représenteraient qu’une minorité."La réalité, c'est que la grande majorité de ces gens viennent pour des raisons économiques !" #BourdinDirect— MLP_officiel (@Marine Le Pen)require(["twitter/widgets"]);Or, c’est faux. Selon les mêmes chiffres du HCR, les Syriens, venant donc d’un pays en proie à une guerre civile des plus violentes, ont représenté à eux seuls 54 % des migrants ayant traversé la Méditerranée en 2015.La deuxième nationalité la plus représentée est constituée des Afghans, pays également en proie à une guerre civile (13 %), suivis des Erythréens, venant d’un Etat sous dictature totalitaire (7 %), puis des Irakiens, également en guerre (3 %), des Nigérians, dont le pays connaît des massacres réguliers par des groupes comme Boko Haram (3 %), la Somalie, pays à l’état de décomposition avancée (2 %) … #container_14431057371{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14431057371{ height:500px; } #container_14431057371 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14431057371 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14431057371 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14431057371 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les migrants viennent majoritairement de pays en guerreTop 10 des nationalités les plus présentes parmi les migrants ayant traversé la Méditerranée en 2015. Elles représentent 90 % des arrivées maritimes.Source : HCR(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14431057371", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} %", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} %", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Syrie","Afghanistan","Erythrée","Nigeria","Irak","Pakistan","Somalie","Soudan","Gambie","Bangladesh"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Part des migrants ", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 54 ], [ "", 13 ], [ "", 7 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Lire aussi :Syrie, Erythrée, Afghanistan… ce que fuient migrants et réfugiésAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye L’extrême droite française, vent debout contre l’accueil de réfugiés venant de Syrie, d’Irak ou de la corne de l’Afrique, a trouvé un bouc émissaire de choix dans la crise des migrants qui secoue l’Europe : l’Allemagne. Une manifestation « contre la déferlante migratoire » est organisée, jeudi 24 septembre, devant l’ambassade d’Allemagne, à Paris, à l’initiative du Siel (Souverainisme, indépendance et libertés), un petit parti allié au Front national.La formation de Marine Le Pen n’appelle pas elle-même à participer à ce rendez-vous, qui doit réunir, entre autres, l’écrivain Renaud Camus – théoricien du « grand remplacement » –, le groupuscule islamophobe Riposte laïque, l’Action française, ou encore la porte-parole du mouvement allemand anti immigrés Pegida. Il n’empêche, le FN n’est pas en reste sur le sujet.Depuis plusieurs semaines, Angela Merkel occupe une place de choix dans les discours de Marine Le Pen, au même titre que François Hollande ou Nicolas Sarkozy. La présidente du FN n’a de cesse de dénoncer le rôle moteur de la chancelière allemande dans la mise en place d’un système de répartition des migrants dans l’Union européenne, et critique la volonté de Mme Merkel d’accueillir 800 000 personnes dès 2015 sur son propre territoire.Lire aussi :La crise des migrants contraint les politiques français à clarifier leur discours« L’Europe à la schlague »« Sans doute l’Allemagne pense-t-elle à sa démographie moribonde, et sans doute cherche-t-elle encore à baisser les salaires et à continuer à recruter des esclaves via une immigration massive », a lancé Mme Le Pen lors du discours de clôture de l’université d’été de son parti, le 6 septembre, à Marseille. De son côté, Florian Philippot a pour sa part jugé que l’Allemagne « n’en finit plus de lancer ses diktats au visage de l’Europe : sur l’euro, les migrants ou le budget ».En manifestant son opposition à Angela Merkel, le Front national réactive un couplet déjà entonné au plus fort de la crise grecque, en juin : l’Allemagne, première économie du continent, ferait valoir ses vues à l’Europe au mépris des intérêts de ses partenaires. « C’est l’Europe à la schlague, dénonce Mme Le Pen, interrogée par Le Monde. En toutes circonstances et en tous domaines, l’Allemagne impose sa loi. »Lire aussi :Marine Le Pen rétropédale sur le « Grexit »« L’Allemagne paraît grande car nous sommes à genoux »En s’en prenant à la chancelière, chef de file supposée de l’Union européenne, la présidente du FN tente d’endosser le rôle de première opposante à l’ordre européen tel qu’il existe aujourd’hui. Et de dénoncer par-là même l’action de François Hollande, renvoyé à une simple position d’« administrateur de province sous direction allemande ».« L’Allemagne nous considère comme un esclave car elle obtient ce qu’elle demande : Mme Merkel demande l’accueil de 800 000 migrants, François Hollande applaudit ; puis Mme Merkel rétablit les frontières, et François Hollande applaudit encore. L’Allemagne paraît grande car nous sommes à genoux », juge Marine Le Pen.Un renversement d’alliances en faveur de la RussieCes critiques contre une supposée « Europe allemande » s’exprimaient déjà quand le premier ministre grec Alexis Tsipras tentait, avant l’été, d’obtenir un plan d’aide pour son pays sans contreparties trop sévères en terme d’austérité. Pendant la campagne présidentielle de 2012, déjà, le Front national s’en prenait à l’Allemagne pour son rôle dans le maintien d’un euro fort.Partisane d’un renversement d’alliances en faveur de la Russie et de relations bilatérales entre Etats, la fille de Jean-Marie Le Pen assure que si elle arrivait au pouvoir, elle ne ferait plus du couple franco-allemand un moteur des décisions en Europe. Finis les conseils des ministres communs, la visite à Berlin dès la prise de fonction... « Je traiterais l’Allemagne comme je traite les autres pays. Il n’y a pas d’objectif de tension ou d’hostilité, mais s’il faut en passer par là, on le fera », déclare la députée européenne.Lire aussi :Le monde vu du Front nationalOutre-Rhin, la présidente du Front national est perçue avec une certaine circonspection. L’entreprise de dédiabolisation du parti, qui consiste d’abord à le laver tout soupçon d’antisémitisme, ne convainc pas, le discours sur l’islam ou l’immigration n’ayant pas varié par rapport à l’époque de Jean-Marie Le Pen. Au lendemain des élections européennes, en mai 2014, Angela Merkel avait jugé « regrettable » les bons résultats des partis populistes en Europe. Son ministre de l’économie, Wolfgang Schäuble, avait quant à lui estimé que les Français avaient voté non « pas pour un parti de droite, mais pour un parti fasciste ». Pas de quoi réchauffer les relations entre le FN et le gouvernement allemand.Olivier Faye Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Terre d’asile obligée pour les réfugiés du conflit syrien, la Turquie est aussi désemparée que l’Union européenne face à l’exode de ses réfugiés. L’aide financière promise mercredi 23 septembre par les dirigeants européens – un milliard d’euros débloqués en urgence en faveur d’Ankara et des Etats des Balkans – est certainement bienvenue pour le gouvernement turc. Ce dernier assure avoir déjà consacré 6,6 milliards d’euros à l’accueil des réfugiés syriens depuis 2011. Mais rien ne dit que cette enveloppe suffira à maintenir sur place les candidats à l’asile.Lire aussi :Réfugiés : l’UE débloque plus d’un milliard d’eurosEn première ligne entre la Syrie et l’EuropeDepuis 2011, et le début de la crise syrienne, la Turquie a ouvert grand ses portes aux populations civiles victimes du conflit. A cet égard, les Turcs n’en reviennent pas de voir les Etats de l’Union européenne se chamailler pour l’accueil de 120 000 réfugiés syriens quand leur pays en héberge 2,2 millions. Mais cet élan d’hospitalité – une notion sacrée en Turquie – a ses limites. 260 000 personnes seulement vivent dans les 25 camps installés le long de la frontière turco-syrienne, décrits par les humanitaires comme des « cinq étoiles » – avec réseau wifi, des épiceries et des écoles où les cours sont dispensés en arabe. La majorité des réfugiés (environ 1,9 million) sont livrés à eux-mêmes dans les grandes villes du pays. Officiellement ils sont des « invités ». La Turquie leur offre une protection et non l’asile politique, susceptible d’être accordé uniquement aux… Européens de l’Ouest. Sans emploi, sans accès à l’éducation, parfois sans toit, des centaines de milliers de familles vivent un enfer.Perçue comme trop sensible, la question des réfugiés n’est un thème de campagne pour aucun des partis en lice avant les prochaines élections législatives, le 1er novembre. Pas question de troubler l’opinion publique, déjà assez éprouvée par ce fardeau. Les tensions ne sont pas rares surtout dans des villes comme Gaziantep, non loin de la frontière turco syrienne, où le prix des loyers est désormais plus élevé qu’à Istanbul.Conditions de vie précaires dans les grandes villesA Istanbul, où on estime à 350 000 le nombre de réfugiés, presque toutes les avenues sont envahies par des femmes qui mendient à même le sol, leurs nourrissons sur les genoux, tandis que les aînés, âgés parfois de 5 ans tout au plus, se faufilent pieds nus entre les voitures pour proposer à la vente mouchoirs et bouteilles d’eau. Les ateliers de confection emploient des « petites mains » âgées de dix à douze ans pour 300 livres turques (87 euros) mensuels. Evoqué un instant, l’octroi de permis de travail aux Syriens n’est plus de mise depuis que la Turquie est en plein marathon électoral, avec deux législatives en cinq mois. Selon le centre de recherches Xsights à Istanbul, auteur d’une étude récente sur les conditions de vie des réfugiés syriens en Turquie, 82 % éprouvent des difficultés à trouver du travail, 56 % se plaignent du manque d’accès aux services sociaux, 90 % trouvent les loyers trop chers.Lire aussi :« Nous avons perdu tout espoir » : les quatre raisons de l’exode des réfugiés syriens« Le plus gros problème, c’était le travail. J’ai été pris à plusieurs reprises comme manœuvre sur des chantiers mais comme je n’étais pas déclaré, je touchais 800 livres tandis que mes collègues turcs recevaient bien plus, soit 2 000 livres », explique Mohammad Wajoukh, 50 ans, un Syrien de Damas, arrivé en Turquie en 2013 avec sa femme et leurs deux enfants. La famille s’est alors établie à Kahramanmaras, à quelques centaines de kilomètres de la frontière syrienne, avant de rejoindre Istanbul, et envisage de rejoindre la Grèce, si possible par la route.Toujours plus de candidats au départ vers l’Europe par la merLes patrouilles de gendarmes et de gardes-côtes ont beau avoir été renforcées, le flot des candidats au départ ne tarit pas, depuis la côte – Izmir, Bodrum, Marmaris, Datça, Canakkale – vers les îles grecques les plus proches. Les plus démunis embarquent à bord de canots pneumatiques, les plus aisés assurent leurs arrières, tels ces 70 Syriens arrivés récemment sur l’île de Rhodes (Grèce) à bord d’un bateau de bois long de plusieurs mètres, acheté collectivement. Selon Numan Kurtulmus, le porte-parole du gouvernement, les gardes-côtes turcs ont secouru 53 000 naufragés depuis le début de l’année tandis que 274 migrants ont perdu la vie lors de ces périlleuses traversées.La frontière terrestre avec la Grèce fermée Il faut compter aussi avec ceux qui affluent à Edirne, la dernière grande ville turque avant la frontière terrestre avec la Grèce et la Bulgarie. Près d’un millier ont été regroupés dans un stade non loin de la ville, les autorités essaient de les convaincre de faire demi-tour. Le premier ministre Ahmet Davutoglu a fait le déplacement, samedi 19 septembre, pour écouter leurs doléances. Il était temps car les réfugiés avaient, peu avant, réussi à bloquer une portion d’autoroute. « La voix de nos frères syriens a été entendue par le monde entier, ils doivent maintenant retourner à leur vie normale », a expliqué le chef du gouvernement sur son compte twitter, peu après la rencontre. Des centaines d’autres candidats au départ sont parqués depuis plusieurs jours à la gare routière de Bayrampasa à Istanbul, empêchés de monter dans les autobus en partance pour la Thrace, la partie européenne de la Turquie. Les plus déterminés sont partis à pied le long de la bande d’urgence de l’autoroute, où ils ont été refoulés par la police.Des restrictions de circulationsDans la gare de Bayrampasa, les compagnies de bus affichent aux guichets une circulaire ministérielle de 2012, stipulant que les billets sont vendus exclusivement aux titulaires du numéro qui figure sur la carte d’identité turque. Une directive interne du ministère de l’intérieur, datée du 29 août, prévoit même un renforcement des contrôles, de sorte que les réfugiés syriens ne puissent quitter sans permission les provinces de Turquie où ils ont été enregistrés. Ceux qui tentent de se rendre illégalement en Europe sont « une menace à l’ordre public » et « affectent l’image de la Turquie aux yeux du monde », explique le document dont l’agence Associated Press a pu se procurer une copie. Les contrôles visent avant tout les Syriens, soit plus de la moitié des quatre millions de réfugiés hébergés au total par la Turquie.Lire aussi :Vives tensions dans les Balkans autour des réfugiésMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.09.2015 à 16h14 Plus de cinquante-neuf millions de Russes votent, dimanche 13 septembre, pour élire leurs représentants régionaux dans le cadre d’un scrutin qui devrait confirmer l’emprise du parti pro-Kremlin Russie unie, puisque le parti d’Alexeï Navalny, principal opposant au pouvoir, a été quasi exclu des élections.Quarante-deux « sujets » de la Fédération de Russie – républiques, régions, territoires – doivent élire vingt et un gouverneurs, onze Parlements régionaux et vingt-trois administrations municipales, parfois simultanément.Les candidats doivent obtenir au moins 10 % des voix s’ils comptent participer aux élections législatives de 2016 sans avoir à présenter de dossier aux commissions électorales locales.Si le parti d’opposition libérale Iabloko a pu présenter mille cinq cents candidats à travers la Russie – mais un seul pour les élections de gouverneur –, Parnas n’a réussi à présenter que deux candidats à Kostroma, dans le centre du pays, les commissions électorales ayant refusé d’enregistrer les autres.« Les sales méthodes »Dirigé par Alexeï Navalny, l’opposant numéro un au Kremlin, et par Mikhaïl Kassianov, ancien premier ministre, le parti Parnas a en conséquence concentré tous ses efforts sur cette ville de deux cent soixante-dix mille habitants, située à 350 kilomètres au nord-est de Moscou.Mais sa campagne électorale y a été émaillée d’incidents : le candidat Ilia Iachine a été brièvement interpellé, tandis que le dirigeant de la section jeunesse de Parnas a été frappé lors d’un rassemblement. Les candidats du parti étaient accusés de servir les intérêts du gouvernement américain dans un reportage diffusé une semaine avant le scrutin par une chaîne de télévision locale, une accusation largement reprise par la population.Ilia Iachine, 32 ans, connu pour avoir été proche de l’opposant Boris Nemtsov, assassiné à la fin de février devant le Kremlin, confiait à l’Agence France-Presse qu’il était difficile de concentrer les débats sur le programme politique présenté par Parnas. « Dieu merci, la campagne électorale est finie. Nous l’avons menée de façon honnête, transparente et sans utiliser les sales méthodes qu’ont utilisées contre nous nos rivaux », a déclaré dimanche le second candidat de Parnas, Vladimir Andreïtchenko.Lire le reportage :A Kostroma, la périlleuse campagne électorale de l’opposition russeDes centaines de cas de fraudesIlia Iachine a néanmoins incité ses militants à ne pas baisser la garde, les appelant à surveiller le décompte des votes : « Vous connaissez la logique du gouvernement : l’important ce n’est pas le nombre de votes obtenus, mais la façon dont ils sont comptés », a-t-il dénoncé.Dimanche matin, l’ONG Golos, qui se donne pour mission de surveiller les élections en Russie, dénombrait déjà cinquante-six cas de fraudes à Kostroma et plus de mille à travers le pays.Tout comme le parti d’opposition libérale Iabloko, Parnas présentait peu de chances de remporter le scrutin : le parti au pouvoir Russie unie était crédité de 44 % des votes à Kostroma, contre 1 % pour les deux partis d’opposition, selon un sondage de l’institut VTSIOM publié lundi.Le taux d’abstention restait une des inconnues de ce scrutin peu suivi par les médias nationaux : en 2014, les élections régionales avaient réuni à peine 21 % des électeurs. Raphaëlle Besse Desmoulières Le Front de gauche réussira-t-il à survivre aux régionales de décembre ? « Je n’envisage même pas la possibilité que ça se passe autrement sinon nous serions des irresponsables », met en garde Marie-George Buffet, l’ex-secrétaire nationale du PCF. Pourtant, à écouter les uns et les autres dans les allées de la Fête de l’Humanité, rien n’est moins sûr. A trois mois de l’échéance, le rassemblement de la gauche radicale n’est toujours pas en ordre de marche. En cause : des stratégies à la carte de chacune de ses composantes.Vendredi 11 septembre, les leaders du Front de gauche ne se sont pas pressés pour venir inaugurer leur stand commun. Occupé ailleurs, Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF, a même séché la traditionnelle photo de famille. Avec Jean-Luc Mélenchon, ils ont eu beau se retrouver un peu plus tard pour échanger quelques mots sous le regard de quelques journalistes, l’ambiance n’est pas à la fête entre leurs deux formations qui ont mis en scène leurs divisions pendant le week-end.Lire aussi :A la Fête de « L’Huma », le Front de gauche se fracture sur la GrèceBlocagesPour décembre, le Parti de gauche (PG, l’un des partis constituant le Front de gauche) semble favoriser les alliances avec Europe Ecologie-Les Verts là où elles sont possibles afin de constituer « l’opposition de gauche » qu’ils appellent de leur vœux. En Rhône-Alpes-Auvergne, le deal a déjà été conclu mais sans les communistes pour cause de cumul des mandats. Les chefs de file PCF, détenteurs d’un mandat national, ont refusé de signer une « charte éthique »  qui leur interdisait de le cumuler avec un mandat local. « On ne peut pas défendre la VIe République et ne pas se l’appliquer à soi-même », juge Danielle Simonnet, coordinatrice national du PG.Trois autres régions sont potentiellement concernées par un accord entre les écologistes et tout ou partie du Front de gauche : Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon. Le PG y ajoute la Bretagne et Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. Les négociations semblent le plus avancées en Midi-Pyrénées-Languedoc-Rousillon qui pourrait être la seule région à voir une liste de large rassemblement à la gauche du PS.Ailleurs, les discussions bloquent le plus souvent entre le PCF et EELV, les communistes refusant de systématiquement s’aligner derrière les écologistes. Samedi, les militants d’EELV de Nord-Pas-de-Calais-Picardie ont choisi une stratégie à la gauche du PS mais l’alliance ne pourrait concerner au final que le PG. Idem en Provence-Alpes-Côte-d’Azur. « Le PG a d’énormes exigences dans certaines régions et aucune dans d’autres, c’est un peu le ventre mou, critique Pascal Savoldelli, chargé des élections au PCF. Ca n’est pas possible d’avoir des exigences à la carte. »Lire aussi :Régionales : les Verts nordistes choisissent de partir sans le PS« Pas une candidature de consensus »Autre point de blocage et non des moindres : l’Ile-de-France. Le patron des communistes, Pierre Laurent, a fait savoir sa volonté de mener les listes du Front de gauche. Mais sa candidature est loin de faire l’unanimité. Pour le PG, il est hors de question d’être représenté par celui qui est également sénateur de Paris. Là encore, la question du non-cumul des mandats lui est opposée. « Face à Bartolone et Pécresse, il faut une tête de liste qui diffère de ces cumulards, quelqu’un qui incarne cette exigence éthique », souligne Mme Simonnet. Le PG ne se dit pas fermé à une autre candidature communiste mais « non cumularde ». Du côté d’Ensemble, la troisième force du Front de gauche, on n’est pas non plus emballé par la proposition de M. Laurent. « Ce n’est pas une candidature de consensus », juge Clémentine Autain, porte-parole du mouvement.M. Laurent, lui, semble bien décidé à passer en force. « L’heure n’est pas à tergiverser mais à s’engager dans la bataille », a-t-il lancé samedi à la tribune, avant d’ajouter : « Mon ambition dans la vie n’est pas de cumuler des mandats. »  Pour lui, ce sujet est même « une blague », a-t-il expliqué vendredi à un déjeuner de presse. M. Savoldelli enfonce le clou . « On a la tête de liste la plus crédible, estime le conseiller général du Val-de-Marne. C’est une candidature haute avec un taux de mobilisation maximum pour empêcher la droite de prendre la région. » M. Savoldelli est persuadé que le PG ne prendra pas le risque de partir seul, sachant qu’Emmanuelle Cosse, la tête de liste écolo, a fermé la porte à des listes communes. « Il faut avoir les capacités de faire une offre régionale, juge le « monsieur élections » du PCF. A moins de 5 % des voix, on n’est pas remboursé. C’est aussi une question d’ancrage et de crédibilité. » Pour l’heure, chacun campe sur ses positions et l’heure tourne.Raphaëlle Besse DesmoulièresJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.09.2015 à 05h10 • Mis à jour le13.09.2015 à 15h08 Les nationalistes écossais vont proposer l’organisation d’un nouveau référendum sur l’indépendance de l’Ecosse, a déclaré samedi 12 septembre Nicola Sturgeon, la première ministre de l’Ecosse.Mme Sturgeon a déclaré que sa formation pro-indépendance, le Parti national écossais (Scottish National Party, SNP), allait établir un échéancier pour l’organisation d’un vote avant les élections régionales l’année prochaine. « Notre programme posera ce que nous considérons comme les circonstances et les délais dans lesquels un second référendum pourrait être approprié », a déclaré Mme Sturgeon à l’agence Press Association. Le programme doit être révélé à la conférence annuelle du SNP, le mois prochain.Le parti, qui a remporté cinquante-six des cinquante-neuf sièges de député dévolus à l’Ecosse lors des élections législatives du 7 mai, avait fait campagne pour un référendum d’autodétermination l’année dernière, lors duquel les Ecossais ont voté à 55,3 % pour le maintien dans le Royaume-Uni, et à 45 % pour l’indépendance.Lire aussi :L’Ecosse, talon d’Achille et espoir du LabourMme Sturgeon a estimé qu’un nouveau référendum pourrait être organisé « dans cinq ou dix ans ». Selon un sondage de l’institut Ipsos pour la chaîne de télévision écossaise STV, 55 % des électeurs en Ecosse soutiendraient l’indépendance s’il y avait un nouveau référendum. 12.09.2015 à 10h20 • Mis à jour le12.09.2015 à 13h39 | Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Selon Frank-Walter Steinmeier, ministre des affaires étrangères, l’Allemagne pourrait être confrontée à l’arrivée de 40 000 réfugiés ce week-end. Deux fois plus que le week-end précédent, qui constituait déjà un record. Ursula von der Leyen, ministre de la défense, a même mobilisé 4 000 soldats, « au cas où ».Lire aussi :Et l’Allemagne ouvrit ses portesDans ce contexte tendu, l’allié bavarois de la CDU d’Angela Merkel prend clairement ses distances avec la chancelière. Dans un entretien au Spiegel, Horst Seehofer, président de la CSU et ministre-président de Bavière, juge que la décision d’accueillir les réfugiés se trouvant en Hongrie est « une erreur qui va nous occuper encore longtemps » et ne voit « aucune possibilité de remettre le bouchon sur la bouteille ». M. Seehofer a également invité le premier ministre hongrois, Viktor Orban, en Bavière afin de « chercher une solution ».« L’Europe de l’Est a raison »Cette prise de position n’est qu’une demi-surprise. Hans-Peter Friedrich, un des dirigeants de la CSU et ministre de l’intérieur d’Angela Merkel de 2011 à 2013, avait jugé quelques heures plus tôt que l’accueil de très nombreux réfugiés constituait « une erreur de jugement sans précédent ». Pour lui, des terroristes s’infiltrent parmi les réfugiés.Par ailleurs, la Frankfurter Allgemeine Zeitung, quotidien conservateur allemand, publie vendredi 11 septembre un éditorial intitulé « L’Europe de l’Est a raison ». Ce journal défend l’attitude des dirigeants hongrois, roumains et polonais hostiles aux quotas de réfugiés que cherche à imposer Angela Merkel. « Leur principal argument est que des quotas fixes et contraignants ne résolvent aucun problème tant que la frontière extérieure à l’espace Schengen n’est pas réellement fermée (…). Celui qui approuve des quotas contraignants tant que des migrants passent les frontières en toute liberté, celui-là signe un chèque en blanc », écrit le journal.Angela Merkel se trouve donc paradoxalement soutenue par les sociaux-démocrates et les Verts, mais critiquée par les conservateurs bavarois. Selon un sondage publié vendredi 11 septembre par la chaîne ARD, 61 % des Allemands ne voient pas les réfugiés comme une menace, mais la situation actuelle effraie 38 % d’entre eux.Lire aussi :« Angela Merkel suit l’opinion publique allemande, très favorable à l’accueil des réfugiés »Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Raphaëlle Besse Desmoulières « C’est pas mal, non ? » Jean-Luc Mélenchon savoure son dernier coup : faire venir samedi 12 septembre à la Fête de L’Humanité celui que tout le monde désormais s’arrache à gauche : Yanis Varoufakis, l’ex-ministre des finances de la Grèce. A huit jours des législatives en Grèce, le clivage qui divise la gauche radicale grecque s’est invité dans les allées de la fête. Jean-Luc Mélenchon s’affiche désormais avec les dissidents de Syriza, quand Pierre Laurent, le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), reçoit des proches d’Alexis Tsipras, le premier ministre démissionnaire. Une stratégie qui témoigne d’une nouvelle divergence entre le PCF et Parti de gauche (PG) sur un sujet pourtant au cœur de l’identité politique du Front de gauche.Lire :Au Front de gauche, rien ne va plus entre Pierre Laurent et Jean-Luc MélenchonM. Varoufakis a participé à un débat sur l’Europe organisé par M. Mélenchon sur le stand du PG. A leur côté à la tribune, l’Allemand Oskar Lafontaine, ancien coprésident de Die Linke, et l’Italien Stefano Fassina, ex-ministre de l’économie issu des Démocrates de gauche. « Ça aurait été encore mieux avec Zoe, mais elle n’a pas pu être présente », glisse M. Mélenchon. Une allusion à la présidente du Parlement grec, Zoe Konstantopoulou, en rupture avec Syriza. Cette dernière a signé avec les quatre hommes une tribune, publiée vendredi sur Mediapart, dans laquelle ils appellent à un « plan B » en Europe. « Nous sommes déterminés à rompre avec cette Europe », écrivent-ils. Leur idée : un « plan A » qui vise à obtenir « une renégociation complète » des traités européens ; et, en cas d’échec, un « plan B » dont le contenu n’est pour l’instant pas défini, mais qui comporte plusieurs pistes, dont celle d’une sortie de la zone euro.Lire aussi :Yanis Varoufakis : « La véritable cible du docteur Schäuble est la France et son Etat-providence »« Sans faire le tri »« Ce qui s’est passé en Grèce, c’est un coup d’Etat financier, affirme Danielle Simonnet, coordinatrice nationale du PG. Pour limiter la résistance du gouvernement grec aux politiques d’austérité, il était impératif pour l’Allemagne de les faire plier. Eux avaient un plan B : la menace d’un « Grexit » dans les pires conditions. Et cette menace va continuer. » Les signataires reprennent également la proposition que M. Mélenchon formule depuis plusieurs semaines, celle d’un « sommet internationaliste du plan B », qui se tiendrait en novembre et dont ils ont fait le thème du débat de samedi. « L’idée du sommet n’est pas d’en faire l’événement de partis politiques, mais une mobilisation d’intellectuels, d’économistes, de leaders sociaux », précise M. Mélenchon.Depuis l’accord du 13 juillet sur un troisième plan d’aide à la Grèce, l’ancien candidat à la présidentielle fait entendre une petite musique différente en affirmant notamment que s’il était amené à choisir « entre l’euro et la souveraineté nationale », il opterait pour la seconde. Fini le temps où le député européen célébrait M. Tsipras, aujourd’hui coupable à ses yeux de ne pas avoir préparé de plan B crédible et de s’être ainsi lié les mains. Après avoir très largement pris ses distances avec le leader de Syriza, M. Mélenchon se veut cependant plus pragmatique. « Il ne faut pas s’enfermer dans un dilemme qui n’a pas de sens : pour ou contre Tsipras, pour ou contre Syriza », assure-t-il.Lire aussi :En Europe, les extrêmes dénoncent un « coup de force » de l’Allemagne et de l’Union européenneDe son côté, M. Laurent, continue dire avec insistance son soutien à M. Tsipras. Le sénateur de Paris, qui juge que « Syriza ne s’est pas ralliée à l’austérité », réaffirme sa volonté de rassembler « toutes les forces anti-austérité » d’Europe. « Sans faire le tri », précise celui qui est aussi président du Parti de la gauche européenne. Ce dernier prend soin de montrer qu’il discute avec tout le monde en faisant savoir qu’il devait s’entretenir en privé dans la journée avec M. Varoufakis. Un débat organisé par les communistes et intitulé « Ensemble pour une autre Europe » devait aussi réunir samedi le PCF, Die Linke, les Espagnols de Podemos et d’Izquierda unida et Georges Katrougalos, un ex-ministre grec toujours membre de Syriza.« Eclatement » et divergencesPierre Laurent n’hésite pas non plus à rappeler le positionnement du leader de Podemos, Pablo Iglesias, proche du sien sur le cas grec. Si M. Iglesias a préfacé la version espagnole du dernier livre de M. Mélenchon, Le Hareng de Bismarck, il n’a pas tiré les mêmes enseignements de la crise que son collègue du Parlement européen. Comme M. Laurent, il continue de soutenir le premier ministre grec démissionnaire. « Alexis Tsipras s’est retrouvé seul contre tous, expliquait-il le 4 septembre dans une interview au Monde. Son dilemme était de sortir son pays de l’euro ou de gagner du temps. Il a choisi de gagner du temps avec un accord, certes lamentable, mais c’était la seule option qu’il pouvait prendre. » Lire aussi :Pablo Iglesias, un « indigné » en voie de normalisationSi la question de la sortie de l’euro traverse toute la gauche radicale, y compris les communistes, la direction du PCF prend soin de s’en tenir éloignée. « Je ne fais pas partie de ceux qui font porter la responsabilité à Syriza, explique M. Laurent. Je continue de croire qu’une sortie de l’euro n’aurait pas amélioré le rapport de force en Grèce. » Le 30 août, en clôture de l’université d’été du PCF aux Karellis (Savoie), le numéro un communiste avait aussi dit se méfier des « raccourcis » qui peuvent mener selon lui aux « fourvoiements les plus dangereux », comme celui de l’économiste Jacques Sapir, qui a proposé de s’allier avec le Front national dans une « union sacrée contre l’euro ».Clémentine Autain, porte-parole d’Ensemble, la troisième force du Front de gauche, se montre également prudente. « En créant un clivage pour ou contre l’euro, on va dans le mur, met-elle en garde. Il y en a qui ont de la chance d’avoir trouvé toutes les réponses, ce n’est pas mon cas. » Des déclarations qui ne semblent pas inquiéter Mme Simonnet. « Tout le monde n’avance pas au même rythme, dit-elle. Nous, on va vite, on a la capacité de ne pas se laisser assommer par les événements. »Autant de divergences qui nuisent à l’image d’unité que devrait afficher le Front de gauche à trois mois des régionales. Le rassemblement de la gauche radicale n’est toujours pas en ordre de bataille et ses diverses composantes sont tentées d’opter pour des stratégies à la carte selon les régions. Marie-Pierre Vieu, de la direction du PCF, parle même d’un « début d’éclatement sporadique ». « Quand tout le monde décide d’avoir une stratégie nationale qui consiste à partir sans le PS et qu’on arrive à avoir autant d’éclatements, c’est qu’il y a une crise profonde », reconnaît-elle.Lire aussi :La gauche affronte les régionales en ordre disperséRaphaëlle Besse DesmoulièresJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.09.2015 à 16h25 • Mis à jour le11.09.2015 à 22h38 | Flavie Holzinger Verte, bleue, jaune, grise et bordeaux. Cinq tentes Quechua sont installées sur un petit carré d’herbe le long de la bretelle d’entrée du périphérique à hauteur de la porte de Saint-Ouen. Il y aurait vingt-cinq familles syriennes qui dorment ici depuis des semaines, dans une extrême précarité. Les ordures jonchent le sol à côté de quelques couvertures et packs d’eau. Des enfants en bas âge jouent dans l’allée empruntée par des bus qui foncent au dépôt.Ce jour-là, une quinzaine d’hommes et de femmes attendent dans le vacarme du trafic autoroutier. D’autres discutent de l’autre côté de la route, sur le terre-plein de la station de terminus d’autobus. De nouvelles tentes ont été montées dans la nuit, là, sur l’espace étroit entre les deux côtés de l’avenue qui relie les Maréchaux à l’échangeur du périphérique. Des mères de famille se tiennent debout au feu de circulation. Elles attendent l’arrêt des véhicules qui sortent de Paris pour mendier quelques sous. Isolés dans ce confinement de Paris, ces Syriens sont visibles par tous mais vus par personne.Deux cents migrants en avril 2014, puis deux cents en juillet et soixante de plus, un an plus tard en juillet 2015. Arrivés par vagues, ces réfugiés syriens se sont tous rassemblés porte de Saint-Ouen. D’abord du côté audonien du périphérique, puis du côté parisien. Beaucoup d’entre eux disent être arrivés ici, à proximité du plus grand marché aux puces d’Europe, grâce à des connaissances. Artisans et commerçants pour la plupart, ils se sont transmis l’information de ce point de chute par téléphone et par Facebook. Ce groupe s’est peu à peu précarisé. Logés à l’hôtel il y a un an, les Syriens se rassemblaient en journée dans un square situé juste derrière le boulevard périphérique aux abords de Saint-Ouen. La nuit, ils disparaissaient dans des chambres louées au Formule 1 et dans quelques hôtels alentours. « Mais, en avril 2014, la mairie de Saint-Ouen verrouille le square. Des policiers municipaux en interdisent l’entrée, officiellement pour cause de travaux d’entretien », raconte Michel Morzière, le président d’honneur de l’association Revivre. Créée pour venir en aide aux réfugiés syriens des années 1980, son association aide les réfugiés d’aujourd’hui.Leur centre de gravité se déplace alors de l’autre côté du périphérique, du côté parisien, en contrebas de la rocade. Mais, faute de moyens nécessaires ou d’aide des associations qui ne peuvent plus financer leur hébergement en hôtel, quelques baraquements voient le jour, des tentes sont plantées. Certains dorment dans des voitures, d’autres font la manche.La misère s’étendA deux pas du campement, des vendeurs à la sauvette étalent chaque fin de semaine leurs marchandises à même le sol. Ils vendent à une clientèle encore plus pauvre des objets issus de la récup’ trouvés dans les poubelles de Paris ou les conserves reçues par l’aide alimentaire. Il y a encore quelques mois, cette misère était encadrée par la mairie du 18e arrondissement sous le pont de la porte de Montmartre. La « cour des miracles », ou le « marché aux voleurs », comme on l’appelle, s’est depuis étendue le long de la rue du Docteur-Babinski jusqu’au pont de la porte de Saint-Ouen et le campement syrien.Quelques mètres plus loin, un monde qui ignore totalement celui-là : celui des antiquaires et des touristes américains qui achètent à prix d’or meubles anciens et objets d’art.Bilal est parti de son pays en 2012. Militaire à Banias, ville du littoral syrien, il est arrivé à Paris il y a deux mois. Il énumère froidement et difficilement en français les étapes de son parcours, véritable odyssée d’un homme fuyant à tout prix une guerre civile qui dure depuis quatre ans : « D’abord la Turquie, puis le bateau. Après le bateau, la Grèce. Plus loin, l’Autriche. L’arrivée en Italie puis en France, à pied, en passant par Chambéry. Et l’arrivée ici. »La majorité des Syriens passés par Saint-Ouen depuis dix-huit mois n’a pourtant pas emprunté la route des Balkans. La plupart racontent s’être d’abord réfugiés au Liban avant de prendre un vol pour Tunis ou Alger. Ils se sont ensuite rendus à pied ou en voiture jusqu’à l’enclave espagnole de Melilla, d’où ils sont parvenus à passer en Europe. Ils ont traversé l’Espagne puis la France, jusqu’à Paris. Certains y font une demande d’asile, d’autres attendent de repartir vers l’Allemagne ou la Belgique, où, Bilal en est persuadé, « on obtient un hébergement tout de suite ». Les migrants des deux premières arrivées ont peu à peu disparu du paysage urbain de cette porte de la capitale. Au mois d’avril, les deux cents premiers ont pu profiter d’un « guichet unique » mis en place par l’Etat et l’Office de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), accélérant ainsi leur procédure de demande d’asile. Les suivants, arrivés en juillet 2014, n’ont pas eu la même chance. « Ils se sont peu à peu évaporés, faute de prise en charge par les pouvoirs publics », estime Michel Morzière. Entre ces arrivées groupées de réfugiés syriens, l’endroit est pourtant resté un point de rencontre pour ceux parvenus à se loger ailleurs dans Paris mais qui souhaitent se retrouver entre compatriotes en attendant l’issue de leur demande d’asile. Les derniers, arrivés en juillet, sont toujours là.Si ces Syriens bénéficient des dons et du soutien de la mosquée de Saint-Ouen, aucun réseau de prise en charge ne s’est véritablement constitué autour d’eux. Chérihane Kawaf, jeune française d’origine syrienne, est venue faire la traduction. Elle envisage avec quelques amis de former une association pour leur venir en aide. Ces réfugiés disent pourtant ne manquer ni de nourriture ni de vêtements, mais demandent seulement un hébergement digne, « avec une adresse », insiste Bilal, « pour recevoir les courriers de l’Ofpra » et faciliter leur procédure de demande d’asile.Des soins et une prise en charge médicale leur font également défaut. En particulier pour l’une des leurs. Assise sur une vieille couverture à même le sol, cette femme enceinte semble bientôt au terme de sa grossesse. Elle n’a encore bénéficié d’aucun suivi médical mais dit qu’elle sait qu’en cas de besoin elle peut se rendre à l’hôpital Bichat, dont les tours se dressent juste au-dessus d’eux.Lire aussi :Syrie, Erythrée, Afghanistan… ce que fuient migrants et réfugiésFlavie HolzingerJournaliste au Monde Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) C’est l’espoir de François Hollande et d’Angela Merkel, mais il risque d’être impossible de dégager, lundi 14 septembre, un accord global sur le dossier des réfugiés lors du conseil extraordinaire des ministres européens de l’intérieur, convoqué par la présidence luxembourgeoise. Prévue depuis plusieurs semaines, cette rencontre se concentrera sur les dernières propositions formulées par la Commission de Bruxelles pour tenter d’affronter la crise des réfugiés, et notamment la proposition d’assurer une nouvelle répartition – en deux ans – de 120 000 personnes arrivées en Italie, en Hongrie et en Grèce. Avant l’été, la Commission avait tenté, en vain, d’imposer des quotas contraignants pour l’accueil de 40 000 réfugiés, syriens et érythréens. Un accord pour l’accueil de quelque 35 000 personnes, sur une base « volontaire », avait été difficilement trouvé.Les 28 ambassadeurs auprès de l’Union se sont réunis tout au long de la journée de jeudi et ils ont acté leurs désaccords. Une nouvelle réunion se tiendra en urgence, dimanche soir, avec l’espoir d’élaborer, quand même, quelques conclusions pour le conseil ministériel du lendemain.Carnet de routePour débloquer la situation, la présidence luxembourgeoise a élaboré un long document (7 chapitres, 62 points). Un « carnet de route » reprenant divers points du débat sur la migration, et pas seulement la question de la « relocalisation » des réfugiés. Une manière d’éviter le blocage et de mettre aussi sur la table la politique de retour pour les déboutés du droit d’asile, la nécessité d’un contrôle strict dans les pays du premier accueil avec l’aide de diverses agences européennes (les « hotspots »), la liste des pays d’origine présumés « sûrs » ou un plan d’aide aux pays africains.Même si les nombres de 40 000 et 120 000 réfugiés établis par la Commission sont très inférieurs à celui des demandeurs d’asile qui ont franchi les frontières de l’espace Schengen au cours des derniers mois, les responsables européens sont loin d’être unanimes face à la perspective d’un effort conjoint. Des pays d’Europe centrale et orientale, dont ceux du « groupe de Visegrad » (République tchèque, Slovaquie, Hongrie et, de façon plus nuancée, la Pologne) expriment toujours leurs critiques quant à l’idée d’une répartition obligatoire et d’un mécanisme permanent censé assurer un juste équilibre entre les Etats. La Hongrie, qui devrait pouvoir envoyer 54 000 personnes vers d’autres pays, semble même nier la présence d’autant de réfugiés sur son territoire…Divers responsables d’Europe de l’Est invoquent le « manque de tradition d’accueil » de leur pays, ce qui a le don d’énerver les Etats de la « vieille Europe »La Roumanie aimerait, elle, monnayer son acceptation contre une entrée dans l’espace Schengen. Elle lui est refusée depuis plusieurs années étant donné les carences de son appareil policier et judiciaire et des doutes quant à sa capacité à contrôler une frontière extérieure de l’Union. En coulisses, les Etats baltes confirment également leurs critiques du système envisagé. Divers responsables d’Europe centrale invoquent le « manque de tradition d’accueil » de leur pays, ce qui a le don d’énerver les Etats de la « vieille Europe » qui n’hésitent plus à leur rappeler publiquement les témoignages de la solidarité dont ils ont bénéficié au fil de leur histoire récente, dans le cadre de l’élargissement de l’Union européenne.Nouvelle réunion le 8 octobreUne réunion entre le groupe de Visegrad et les ministres allemand et luxembourgeois des affaires étrangères a lieu ce vendredi, à Prague, pour tenter de concilier les points de vue. Le but étant de dégager suffisamment la voie pour que les ministres de l’intérieur puissent, lundi, laisser entendre que le travail sur l’accueil des 160 000 réfugiés prévus se poursuit.Une autre réunion européenne est convoquée pour le 8 octobre, une semaine avant un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement. Le but étant d’éviter une autre foire d’empoigne à cette occasion.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Hélène Sallon Le Programme des nations unies pour le développement (PNUD) travaille avec plus de 1 000 partenaires locaux pour apporter une réponse à la crise syrienne, avec un budget de 418 millions de dollars (370 millions d’euros) pour l’année 2015. Ses actions recouvrent plusieurs secteurs (l’accès aux services et aux infrastructures de base, l’apport de moyens de subsistance, le renforcement de la cohésion sociale, le renforcement des capacités des autorités locales) et se déploient en Syrie ainsi que dans les pays hôtes limitrophes : Irak, Liban, Jordanie, Turquie et Egypte. Sima Bahous, directrice du bureau du PNUD pour les Etats arabes, de passage à Paris, mardi 8 septembre, a insisté sur la nécessité d’adopter une approche globale sur le long terme pour s’attaquer aux causes de cette crise, et non à ses seuls symptômes.Comment accueillez-vous les appels et engagements de la communauté internationale à accueillir davantage de migrants syriens ?Sima Bahous : Nous accueillons positivement l’initiative des gouvernements occidentaux. Elle arrive peut-être un peu tard. Les Nations unies ont alerté sur cette crise et le manque de financement de la communauté internationale il y a déjà un an. Seuls 37 % de notre appel à donations, lancé lors de la troisième conférence internationale sur la Syrie au Koweït, en mars, a été financé : 3,6 milliards de dollars sur les 8,4 milliards de dollars requis. La communauté internationale rencontre des contraintes financières sévères mais c’est, au final, une décision politique. Il ne faut pas se focaliser sur les seuls chiffres. La durée du conflit rend les réfugiés encore plus pauvres. Près d’un tiers des réfugiés vit sous le seuil de pauvreté en Jordanie, la moitié au Liban.Ce qui est positif aujourd’hui, c’est qu’il y a une nouvelle approche de la crise, la prise de conscience que nous ne pouvons pas seulement l’appréhender comme une crise de réfugiés et de déplacés mais qu’il faut adopter une approche globale sur le long terme. On est passé d’une action d’urgence, à court terme, à une action de développement, sur le long terme. Le secrétaire général des Nations unies a dit que nous avons l’obligation morale de regarder les symptômes, mais aussi les causes de cette crise. Cela veut dire qu’il faut à la fois répondre aux problèmes des réfugiés et des déplacés, mais aussi remédier à la situation en Syrie et en Irak, en travaillant au renforcement de la cohésion sociale.Comment cette approche se traduit-elle dans le travail du PNUD ?Nous œuvrons à améliorer les conditions de vie des réfugiés là où ils sont mais aussi à répondre aux causes de cette crise. Une solution politique risque de ne pas se réaliser demain, mais nous pouvons travailler sur d’autres aspects : la pauvreté, l’exclusion, le sentiment de ne pas être un citoyen à part entière, l’inclusion des jeunes, le chômage, tous ces facteurs qui sont une bombe à retardement. Nous avons lancé en 2014 à Tunis une action dédiée à la jeunesse, pour développer leur accès à l’emploi et à l’éducation.« Il faut préserver les régions qui sont encore stables et offrir aux Syriens la possibilité de rester vivre chez eux. C’est un défi »Nous nous battons pour maintenir des populations en Syrie, dans les zones sécurisées. Il faut préserver les régions qui sont encore stables et offrir aux Syriens la possibilité de rester vivre chez eux. C’est un défi. On travaille avec les jeunes, les femmes, pour les aider à rester où ils sont : réhabilitation, aide financière, infrastructures… La question de l’accès est un sérieux problème en Irak et en Syrie. L’Irak n’a pas le même problème en termes de volume de réfugiés que la Syrie mais il y a le problème des déplacés internes, dont 96 % sont au Kurdistan irakien. Il y a des endroits où on a aucun accès mais on apporte de l’aide par le biais des ONG locales.Il faut aider les réfugiés à s’intégrer dans les communautés hôtes. Les programmes doivent s’adresser autant aux réfugiés et aux déplacés qu’aux pays hôte. Les réfugiés sont le résultat d’un conflit, pas d’un tsunami, ce qui veut dire qu’il y a des questions délicates et complexes à prendre en compte. Même si la paix est signée en Syrie, ils ne reviendront pas immédiatement dans leur pays. Les pays hôtes s’inquiètent de devoir accueillir ces réfugiés à long terme. Il faut reconnaître le poids immense qu’assument les communautés hôtes limitrophes, le rôle historique qu’elles jouent. La communauté internationale, le PNUD, la Banque mondiale essaient d’identifier des actions pour les soutenir.Vous allez lancer le plan régional 2015-2016 pour les réfugiés et la résilience en réponse à la crise syrienne, en quoi consiste-t-il ?Les pays hôtes sont des pays à revenus moyens où il est facile de trouver des ressources et où l’on peut s’appuyer sur les structures municipales. L’idée est de s’appuyer sur les communautés existantes et les acteurs locaux. On prépare les populations du Liban ou de la Jordanie par exemple à cette crise et à celles qui suivront en renforçant les capacités locales. Nous voulons éviter un afflux majeur de réfugiés en travaillant sur la pauvreté, l’inclusion, la participation des femmes et des jeunes pour éviter de nouvelles crises à l’avenir. Ce programme regroupe 200 partenaires : cinq gouvernements (Egypte, Irak, Jordanie, Liban et Turquie), 22 agences des Nations unies et des partenaires locaux.Etes-vous optimistes sur votre capacité à gérer cette crise ?On doit être optimistes. C’est un problème qui doit être résolu. On doit continuer à travailler sur tous les aspects de cette crise. C’est la crise la plus grave depuis la seconde guerre mondiale. Quand elle a commencé, personne ne pensait que nous entrerions un jour dans sa cinquième année. On essaie de trouver de nouvelles façons d’y répondre.Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.09.2015 à 11h16 • Mis à jour le12.09.2015 à 13h01 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Pas un responsable travailliste, pas un commentateur politique, et aucun simple citoyen britannique ne l’avait prévu. Jeremy Corbyn, 66 ans, outsider absolu de la primaire du Labour et militant de la gauche radicale du parti, a été élu à la tête du principal parti d’opposition britannique, samedi 12 septembre.Le dernier sondage, datant de la mi-août le créditait de 53 % des voix et d’une confortable avance sur ses trois concurrents, Andy Burnham, Yvette Cooper et Liz Kendall. L’élan qu’il a suscité lors de ses meetings et l’air abattu de ses adversaires tendent à conforter cette prédiction.La fin de l’ère BlairCorbyn a « mobilisé et électrisé un très grand nombre de gens d’une façon que nous n’avions pas connue depuis des décennies », a reconnu jeudi Liz Kendall, son adversaire blairiste. Alors que s’étaient longtemps multipliées les rumeurs d’alliances souterraines et de coups de force destinés à empêcher Corbyn de gagner, Mme Kendall, après d’autres, a appelé à « accepter le résultat comme légitime ».Le scrutin ouvert organisé pour désigner le successeur d’Ed Miliband, démissionnaire au soir de son échec aux législatives du 7 mai, s’annonçait morne. Il s’est transformé pendant l’été en un séisme pour l’establishment du parti, doublé d’un examen de conscience collectif qui pourrait déboucher sur une contre-révolution : le recentrage opéré par Tony Blair à partir de 1994, couronné de succès électoraux, aurait définitivement vécu.L’élection de M. Corbyn serait un nouveau désaveu cinglant pour l’ancien premier ministre qui, par deux fois cet été, a pris la plume pour appeler à rejeter le candidat de la gauche du parti. « Même si vous me détestez, s’il vous plaît, ne précipitez pas le Labour du haut de la falaise », a supplié M. Blair. Largement rejeté pour son engagement dans la guerre en Irak, le fondateur du New Labour n’a probablement fait que renforcer la « Corbynmania » en sortant de sa réserve.L’affichage d’un discours très à gauche, anti-austéritéL’incapacité du Labour à se renouveler depuis Blair et à trouver le ton juste face à la politique d’austérité drastique menée depuis 2010 par David Cameron, explique l’hébétude dont sont saisis la plupart des dirigeants du parti. « Le Labour n’a jamais marqué une pause pour développer une grande idée depuis l’époque de Tony Blair, a reconnu à la BBC le député Jon Cruddas, qui fut le conseiller politique d’Ed Miliband. En fait, nous n’avons pas eu grand-chose à dire depuis Blair. » Faut-il privilégier la stratégie ou les convictions ? Le débat est désormais ouvert. Alors que le parti accepte certaines baisses de prestations sociales et défend une version simplement moins brutale de l’austérité, Jeremy Corbyn la dénonce radicalement. Il prêche en faveur d’une relance par l’Etat des investissements industriels et de l’aide sociale grâce à de la création de monnaie « pour le peuple » et la renationalisation des chemins de fer.Son rejet de l’arme nucléaire, ses hésitations sur le maintien dans l’Union européenne font frémir la grande majorité des députés du parti qui craignent un divorce avec l’opinion et une marginalisation prolongée.Ses anciennes petites phrases sur la « tragédie » de l’assassinat de Ben Laden ou l’OTAN « qui aurait dû disparaître avec la guerre froide » ne sont pas faites pour les rassurer.Lire aussi :Qui est Jeremy Corbyn, nouveau leader de la gauche britannique ?Mais, en captant les révoltes et les craintes d’une frange de la jeunesse maltraitée par l’austérité et ballottée d’emploi précaire en « contrat à zéro heure », en remettant à l’honneur les idéaux de justice sociale de l’après-1945, le vieux député aux manières ascétiques a conquis un nouveau public à la façon de Podemos en Espagne, et changé le profil du parti.Il semble avoir fait mouche, en particulier, parmi les jeunes qui n’ont pas connu l’époque – les années 1970 et 1980 – où le discours radical des dirigeants du Labour, phagocytés par les syndicats, a précipité le pays dans les bras de Margaret Thatcher.Le risque d’une « guerre civile » au sein du parti travailliste« Je crains que le Labour devienne une machine à célébrer les années 1980 et le trotskisme dont la culture est très hostile à quiconque est d’un autre avis », estime encore Jon Cruddas, craignant qu’un tel parti ne « s’effondre face aux électeurs ». Toutes les études montrent qu’aux législatives de mai, les électeurs ont boudé le Labour non parce qu’il était trop modéré, mais au contraire faute de lui faire confiance pour redresser le déficit budgétaire.La stupeur des caciques du parti est d’autant plus grande qu’ils ont eux-mêmes, Ed Miliband en tête, conçu le nouveau mode d’élection qui devrait faciliter le succès de M. Corbyn. Jusqu’à présent, le leader du Labour était désigné par trois collèges – députés, adhérents des syndicats et membres du parti – se partageant chacun un tiers des voix.Le principe « un homme, une voix » a été adopté à la place. Les adhérents du parti, ceux des syndicats et les sympathisants ayant payé 3 livres sterling (4,10 euros) ont désormais tous le même poids. L’ouverture aux « sympathisants à 3 livres » payables sur Internet a attiré une foule de jeunes et fait tripler le corps électoral, qui atteint 610 000 membres. La quasi-mise hors circuit des députés – qui sont largement hostiles à M. Corbyn – et l’adoubement de ce dernier par les syndicats ont fait le reste.« Si Corbyn est élu, ce sera la guerre civile au sein du parti et la victoire du populisme contre les députés. Le Labour sera écarté du pouvoir pour des années et Cameron peut dormir sur ses deux oreilles », prédit Steven Fielding, professeur d’histoire politique à l’université de Nottingham.Le premier ministre conservateur l’a bien compris, qui recentre son discours et présente les tories comme le nouveau « parti des salariés ». Son ministre des finances, George Osborne, enfonce le clou et ne cache pas sa satisfaction dans un entretien accordé à l’hebdomadaire de gauche The New Statesman : « Le travail d’une génération [celle de Tony Blair] a été réduit à néant. » Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Les réfugiés sont pris au piège d’une « crise de la solidarité » entre les pays de l’Union européenne et c’est « une injustice monumentale », estime Michael Diedring, secrétaire général du Conseil européen pour les réfugiés et exilés (ECRE). Cette organisation basée à Bruxelles participe au projet Asylum Information Database (Aida), qui a élaboré un rapport très détaillé sur la situation de l’asile en Europe.Son étude, présentée jeudi 10 septembre dans la capitale belge, conclut au « manque de solidarité et de consistance » de la politique d’asile menée par les 18 pays – dont la France – entrant dans le champ de l’étude.Un nombre de demandes qui enfleAu total, 626 710 demandes d’asile ont été enregistrées en 2014 et plus de 300 000 durant le premier semestre de 2015. Un nombre qui devrait encore enfler, et peut-être durant plusieurs semaines, prévoient de nombreux experts. Or, les Etats continuent de polémiquer : le projet de la Commission européenne, qui a proposé, en mai, de répartir 40 000 demandeurs d’asile a suscité de nombreuses discussions.Elle vient de récidiver avec un projet concernant 120 000 réfugiés supplémentaires, actuellement présents en Grèce, en Hongrie et en Italie. Le résultat des discussions est loin d’être assuré et, pourtant, le problème est d’une toute autre ampleur, souligne l’ECRE : durant le premier semestre de 2015, 300 000 demandes ont été enregistrées, concentrées dans quatre pays seulement – l’Allemagne, la Hongrie, la France et l’Italie. Elles concernent majoritairement des Syriens, des Afghans et des Erythréens.Des réponses différentes selon les paysLe rapport met en évidence une autre carence de l’Europe : selon le pays où ils introduisent leur demande, les candidats à l’asile reçoivent des réponses très différentes. En Finlande et en Suède, 100 % des demandes introduites par des Erythréens ont été acceptées, pour 48 % en Grèce et 26 % en France. Les Syriens sont acceptés à hauteur de 96 % en France, 94 % en Allemagne, 64 % en Italie et 43 % en Slovaquie…Officiellement, l’UE fournit pourtant des garanties communes aux personnes en quête d’une protection internationale, ainsi que des procédures présumées équitables et efficaces. Une directive sur les normes minimales en matière d’octroi du statut de réfugié a été adoptée en 2005. Elle corrigeait des règles floues, assorties de diverses dérogations autorisant chaque Etat à faire comme bon lui semblait.La directive de 2005 révèle, à son tour, ses lacunes mais c’est toutefois l’absence de confiance mutuelle entre les pays qui empêche une véritable unification des procédures. La reconnaissance des demandes, les règles pour une bonne intégration ainsi que le droit au travail où à une série d’indemnités continuent de varier fortement d’un Etat à l’autre. Du coup, certains réclament désormais l’instauration d’une juridiction européenne spécialisée qui examinerait les demandes. Un projet qui, à l’évidence, n’est pas près de voir le jour.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Entre les islamo-conservateurs du Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir) et les prokurdes du parti de la démocratie des peuples (HDP, gauche), la cohabitation aura été de courte durée. Mardi 22 septembre, les deux ministres prokurdes – Müslüm Dogan, ministre du développement, et Ali Haydar Konca, ministre de l’intégration européenne – ont profité d’une session du conseil des ministres pour présenter leurs démissions, aussitôt acceptées par le premier ministre Ahmet Davutoglu. Ils étaient les deux seuls ministres non AKP du gouvernement intérimaire formé le 28 août pour gérer les affaires courantes d’ici aux législatives du 1er novembre.« L’AKP mène une logique de guerre et de coup d’Etat », a dénoncé Ali Haydar Konca dans une déclaration lue à la presse mardi soir. « Le palais et le parti aux ordres du palais ont déclenché la guerre à cause du résultat des législatives du 7 juin », a-t-il ajouté. L’AKP a subi un revers lors de ce scrutin législatif avec la perte de sa majorité absolue au Parlement, du jamais vu en treize ans de son règne sans partage sur le pays. Alors que les voix kurdes s’exprimaient jusque-là en faveur des islamo-conservateurs, elles sont allées cette fois-ci au HDP, qui a obtenu 13 % des suffrages et 80 députés.Reprises des hotilités avec le PKKLe succès du HDP a compromis le rêve du président Recep Tayyip Erdogan de devenir l’« hyper »-président du pays, sans freins à son pouvoir. Pour ce faire, son parti doit compter 367 députés sur les bancs de l’Assemblée. Avec 258 parlementaires élus le 7 juin, il est loin du compte. M. Erdogan espère que la répétition du scrutin sera l’occasion pour les électeurs de corriger leur erreur. « Le 1er novembre approche. Nous attendons de vous un dernier effort. Je vous demande non pas 400 mais 550 députés, authentiques et nationaux. Vous comprenez ce que je veux dire ? » a-t-il lancé à ses partisans, rassemblés sous la bannière de la « lutte contre le terrorisme », dimanche 20 septembre à Yenikapi, un quartier d’Istanbul.Lire aussi :Manifestation monstre à Istanbul contre le « terrorisme » des rebelles kurdesLe ton est insistant. Mardi soir, dans une adresse aux électeurs sur la chaîne Kanal 7, le chef de l’Etat a réitéré : « Si vous voulez la confiance, si vous voulez la prospérité, il faut réfléchir pour qui nous allons voter. Vous savez ce que nous vivons depuis cinq mois… » Depuis la fin du mois de juillet, les hostilités ont repris entre l’armée turque et les rebelles du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie), anéantissant l’espoir de paix né des pourparlers lancés en 2012. Dans les régions majoritairement peuplées de Kurdes dans le Sud-Est du pays, les attentats et les représailles sont redevenus le lot quotidien. C’est comme si ces régions étaient revenues treize ans en arrière, à l’époque de la sale guerre des années 1990-2000, avec son cortège de morts (40 000 au total), d’exécutions sommaires (plus de 3 000), de villages détruits.« A la nuit tombée, les commerçants déroulent leurs rideaux de fer et les rues se vident. Nous vivons à nouveau dans l’angoisse. »« A la nuit tombée, les commerçants déroulent leurs rideaux de fer et les rues se vident. Nous vivons à nouveau dans l’angoisse », confie Ekrem Kaya, professeur d’anglais à Mardin, dans le sud-est de la Turquie, contacté par téléphone. Le PKK n’est pas en reste. Régulièrement, les convois des forces de l’ordre sautent sur des mines placées sur les routes par les rebelles avant leur passage. Selon les données officielles, 90 % des attaques les plus meurtrières se déroulent de cette façon. Le 7 septembre à Daglica (près de la frontière irakienne), 17 soldats ont été tués dans l’explosion de leurs véhicules.Les propos des deux ministres ont été désavoués par Numan Kurtulmus, le porte-parole du gouvernement, irrité par la virulence de leur charge. Les deux ministres ont ainsi accusé l’élite islamo-conservatrice de ne pas envoyer ses enfants au service militaire. Ces derniers « se font faire des dispenses médicales » ou « achètent leur défection » (une procédure légale sous certaines conditions en Turquie) alors que « les enfants des pauvres n’ont pas d’autre choix que de se sacrifier ».Les deux démissionnaires se sont décrits comme « écartés » de la prise de décision au gouvernement. Le 9 septembre, ils faisaient partie d’une délégation du HDP en route vers la ville de Cizre, à la frontière de la Syrie et de l’Irak, soumise pendant huit jours à un blocus total de la part des forces spéciales. 23 personnes ont alors trouvé la mort, dont plusieurs civils privés de soins, les ambulances étant empêchées de circuler. Après avoir marché des dizaines de kilomètres à pied, la délégation du HDP a été stoppée par un cordon de police. Il lui a fallu plusieurs jours pour pouvoir entrer dans Cizre dévastée.Lire aussi :La ville turque de Cizre, épicentre de la reprise des combats entre Ankara et les KurdesMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.09.2015 à 14h25 • Mis à jour le23.09.2015 à 15h21 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Pour son grand retour dans l’arène européenne, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, sera à nouveau l’objet d’une vive attention et de pressions, mercredi 23 septembre, lors du sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement européens consacré à la crise migratoire.La Grèce est, avec l’Italie, l’une des principales portes d’entrée de réfugiés en Europe. Il lui est régulièrement reproché de ne pas faire assez pour garder ses frontières. Mais Athènes se défend d’être particulièrement laxiste.« Nous avons des dizaines d’îles face à la Turquie et des centaines de kilomètres de côtes à surveiller, explique un responsable au ministère, chargé de la politique migratoire. Les passeurs turcs nous envoient des dizaines de barques chaque jour par la mer. Une fois dans nos eaux, nous ne pouvons pas les renvoyer, le refoulement est interdit aux termes des conventions internationales, et il s’agit désormais à plus de quatre-vingt-dix pour cent de réfugiés demandant l’asile, pas de simples migrants économiques. Notre bataille n’est pas tant de les arrêter, ce que nous ne pouvons faire sans la collaboration de la Turquie, que de les accueillir décemment. »« Sortir définitivement du tout répressif »Alexis Tsipras a d’ailleurs nommé dans son nouveau gouvernement comme ministre délégué à la politique migratoire Yiannis Mouzalas, un gynécologue obstétricien très respecté en Grèce. Choisir un homme passé par Médecins du monde et connu pour être un bon gestionnaire des crises humanitaires symbolise l’orientation que le premier ministre souhaite donner à la politique migratoire de son pays.Lire aussi :Tsipras dévoile un nouveau gouvernement de fidèles« Il s’agit de sortir définitivement du tout répressif qui caractérisait l’action des précédents gouvernements conservateurs, précise une source ministérielle. Enfermer les réfugiés dans des camps pour qu’on ne les voie pas n’est pas la solution. Il s’agit aujourd’hui de leur permettre de traverser notre pays dans les meilleures conditions possible, car très peu souhaitent demander l’asile ici. » De fait, la majorité des quelque deux cent trente-cinq mille personnes arrivées en Grèce depuis le début de l’année en sont déjà reparties, via la Macédoine et la Serbie, puis la Hongrie, vers les pays de l’Europe du Nord réputés plus généreux et surtout mieux équipés, et plus prospères.« Nous devons aussi améliorer et accélérer nos procédures d’asile ici, en Grèce, car désormais, avec la politique des quotas, des milliers de réfugiés ayant obtenu l’asile sur notre sol pourront être accueillis dans d’autres pays européens », explique notre interlocuteur.Seulement 8 000 demandes d’asile déposéesLa Grèce va en effet bénéficier de plus de cinquante mille « relocalisations » supplémentaires de demandeurs d’asile provenant de son territoire vers d’autres pays de l’Union, selon la proposition de la Commission européenne, validée mardi 22 septembre à Bruxelles.Lire aussi :L’UE impose la répartition de 120 000 réfugiésPas facile cependant de convaincre les milliers de Syriens ou d’Afghans qui débarquent chaque jour sur les côtes grecques que leur rêve d’Allemagne ou de Suède peut désormais très bien commencer par un dépôt de demande d’asile en Grèce.« Ils ne nous croient pas lorsqu’on leur explique que les choses bougent en Europe et qu’ils n’ont plus forcément besoin de lancer leur famille sur la dangereuse route des Balkans », reconnaît une avocate bénévole qui conseille les réfugiés. Aujourd’hui, selon le HCR, seulement huit mille demandes ont été déposées au service d’asile grec.Mise en place de centres d’enregistrementAu-delà de la question des quotas qui a beaucoup divisé les Européens, l’autre grande idée, notamment soutenue par la France, est la mise en place de « hot spots » dans les pays d’entrée sur le territoire de l’Union. « Il s’agit de centres de recensement et d’enregistrement qui permettraient de séparer les demandeurs d’asile des migrants économiques », précise Grigoris Apostolou, le chef de liaison à Athènes de Frontex, l’agence européenne de gestion des frontières extérieures.Le 15 juillet, le commissaire européen à l’immigration, Dimitris Avramopoulos a envoyé aux Etats membres de l’Union européenne une feuille de route sur la création de ces centres en Italie et en Grèce. En Italie, quatre ports, Pozzallo, Porto Empedocle, Trapani et Lampedusa, dépendront d’un quartier général établi à Catane, en Sicile.« Un dispositif semblable devrait être mis en place en Grèce avec un QG au port du Pirée et des antennes dans les îles de la mer Egée, explique M. Apostolou. Mais nous attendons désormais les décisions du nouveau gouvernement, qui doit mettre à disposition des bâtiments pouvant accueillir ces opérations de screening. »Effort de solidarité de la part des autres paysPour Petros Mastakas, du haut-commissariat aux réfugiés, la mise en place de hot spots ne peut pas être décidée dans la panique, car la Grèce n’est pas équipée pour loger ces migrants le temps des opérations d’enregistrement. « Il n’y a pas de camps d’accueil, ni sur les îles, ni à Athènes, ni à Thessalonique. Comment la Grèce peut-elle financer la construction d’abris pour accueillir trois cent mille personnes ? Frontex va-t-elle donner des moyens ? Envoyer du personnel ? Rien n’est encore clair », assure M. Mastakas.« La seule chose claire, c’est qu’il s’agit à quatre-vingt-dix pour cent de réfugiés et pas de migrants économiques. Et même pour ces derniers, comment les renvoyer chez eux ? La Grèce en crise n’a pas les moyens de gérer seule cette situation. »C’est bien là le plaidoyer que devrait faire, mercredi soir à Bruxelles, Alexis Tsipras, qui demande un effort de solidarité de la part des autres pays de l’Union face à un phénomène qui dépasse largement la Grèce.Lire aussi :Allemagne : débat autour de l’impact économique de l’accueil des réfugiésAide européenne peu sollicitéeLes partenaires devraient, eux, assortir cette aide à la mise en place rapide de ces fameux hot spots. Certains pays, comme la Hongrie de Viktor Orban, n’hésitent pas à réclamer des mesures radicales. Imposer à Athènes un corps de gardes-frontières européens, même si des sources hongroises à Bruxelles reconnaissent que cela n’est pas très réaliste à court terme. Obtenir un accord à vingt-huit sur la formation d’un tel corps prendrait des années. Et la Commission répète sur tous les tons qu’il y va de la souveraineté de la Grèce et « qu’on ne peut pas imposer à un pays quelque chose qu’il n’a pas demandé ».Beaucoup à Bruxelles, en off, déplorent que la Grèce n’ait pas davantage sollicité l’aide européenne à laquelle elle peut prétendre. A la fin d’août, Athènes n’avait reçu que 30 millions d’euros de Bruxelles pour parer au flux de réfugiés, sur une enveloppe totale disponible de 470 millions d’euros.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.09.2015 à 12h29 • Mis à jour le23.09.2015 à 14h56 | Jean-Michel Bezat Total doit s’adapter tous les six mois à la faiblesse persistante des prix du pétrole, qui oscillent entre 45 et 50 dollars après un éphémère redressement au printemps. Pour affronter cette chute des cours qui dure depuis juin 2014, lorsque le baril de brent valait encore 115 dollars, mais aussi pour préserver le niveau du dividende qu’ils versent à leurs actionnaires, les dirigeants du groupe pétrolier ont annoncé, mercredi 23 septembre 2015, une nette amplification de leur programme de réduction de coûts et une baisse plus importante que prévu de leurs investissements.Patrick Pouyanné, directeur général de Total, qui s’exprimait à Londres devant la communauté financière, a pour « objectif principal de sauvegarder le dividende ». « Nous allons certainement au moins le maintenir » au titre de 2015, a précisé son directeur financier, après l’avoir augmenté de 2,5 % (à 2,44 euros) pour l’exercice 2014.Patrick de La Chevardière, le directeur financier du groupe, a maintenu l’option d’un paiement en actions décidé en mai, ce qui permettrait à la compagnie de moins décaisser. « Patrick Pouyanné et moi ne voulons pas être les premiers à baisser le dividende », a-t-il averti.Pas de grand bond des prix attendu d’ici à fin 2016L’horizon ne se dégagera pas avant début 2017, prévient M. Pouyanné, en raison d’une surproduction d’environ deux millions de barils par jour et de fortes incertitudes sur la demande de brut liées au ralentissement de l’économie chinoise.Lire aussi :A qui profite la baisse du pétrole ?« Nous ne pouvons pas contrôler le prix du pétrole et du gaz, mais nous pouvons contrôler nos coûts, l’allocation de nos capitaux et la fiabilité de nos opérations », a-t-il souligné devant les analystes financiers.Car « d’ici à fin 2016, je serais surpris de voir un grand bond des prix », a-t-il ajouté, estimant que le groupe visait même l’équilibre de ses flux de trésorerie avec un baril à quelque 45 dollars en 2019.Le patron de Total envisage de couvrir le versement du dividende grâce au flux de trésorerie, même si le prix du baril ne dépasse pas 60 dollars en 2017.Baisse de plus de 5 milliards de dollars sur quatre ansPour accroître ses liquidités, le groupe avait déjà réduit son enveloppe d’investissements entre 23 et 24 milliards de dollars (20,6 et 21,5 milliards d’euros) en 2015. L’an prochain, il ne prévoit plus qu’un montant compris entre 20 et 21 milliards de dollars, et l’enveloppe sera comprise entre 17 et 19 milliards à partir de 2017.Cette baisse affectera alors la production, a reconnu M. de La Chevardière. La première entreprise française joue aussi sur la baisse de ses dépenses opérationnelles. M. Pouyanné affirme que Total a été « la première major à lancer un programme global de réduction des coûts ». Il l’a renforcé en février 2015, quand le baril était au plus bas. De 1,2 milliard en 2015, l’effort passera à 3 milliards en 2017, soit 50 % de plus que prévu.Pas d’augmentation des volumes « à tout prix »Le groupe se veut raisonnablement optimiste sur la production d’hydrocarbures en raison de la mise en service progressive, dans les prochaines années, de vingt « projets majeurs » dans le pétrole et le gaz, dont huit cette année.Mais il se refuse, selon M. Pouyanné, à « augmenter les volumes à tout prix » au prix d’investissements excessifs dans l’exploration-production, comme Total et ses concurrents l’ont fait au début de la décennie. En 2013, Total avait investi 28 milliards, un record historique pour la multinationale.À la baisse des investissements depuis près de deux ans se sont ajoutés des retards dans la mise en production de champs pétrolifères et gaziers en Australie, en Norvège et en Italie. Ils affecteront la production d’ici à 2017.Le groupe, qui pompe aujourd’hui un peu plus de 2,3 millions de barils équivalent pétrole par jour, escompte une production de 2,6 millions en 2017 – inférieure à l’objectif précédent de 2,8 millions. Si 2015 a été faste (+ 8 %), le rythme de progression devrait baisser à 6-7 % en moyenne par an sur 2014-2017 et à 5 % pour 2014-2019.Lire aussi :Total veut rejouer sa carte en IranJean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.09.2015 à 11h32 • Mis à jour le23.09.2015 à 12h33 Editorial du « Monde » Depuis qu’il est revenu au pouvoir en 2010, le premier ministre hongrois, Viktor Orban, sait très habilement jouer des faiblesses européennes. Il alterne provocations et reculs calculés, tout en avançant sur le principe efficace du « deux pas en avant, un pas en arrière ». Reprise en main de la justice et des médias, attaques sur les investissements européens en Hongrie, menace de rétablissement de la peine de mort. A chaque fois, M. Orban questionne les valeurs de l’Union européenne, même s’il finit par renoncer, comme dans le cas de la peine capitale.Avec la crise des réfugiés, le premier ministre hongrois multiplie diatribes et raccourcis à l’encontre de migrants qui menaceraient l’Europe chrétienne : « Ils nous submergent. Ils ne frappent pas à notre porte, ils l’enfoncent sur nous. » Le tout-puissant dirigeant hongrois ne se contente pas de paroles. Ses nouvelles lois criminalisent l’entrée illégale en Hongrie et le Parlement vient d’autoriser l’armée à utiliser des armes non létales contre des gens qui, pour une très large majorité, fuient un pays, leur pays, la Syrie, où ils sont la cible d’attaques de leur propre gouvernement : barils de TNT lancés depuis des hélicoptères, roquettes, obus de tous calibres.Lire aussi :Viktor Orban, le mauvais génie de l’EuropeLa Hongrie s’est trouvée dans une situation plus que difficile à sa frontière avec la Serbie, là où elle a érigé une barrière d’une centaine de kilomètres. Avant même les événements de ces dernières semaines, elle a dû absorber un flux de quelque 140 000 réfugiés – de Syrie, mais aussi d’Irak et d’Afghanistan. Il faut rapporter ce chiffre à sa population, quelque 10 millions d’habitants. C’est comme si la France avait dû accueillir plus de 800 000 réfugiés sur la même période – il est permis de penser que Paris aurait pris certaines mesures de protection. Budapest a besoin d’aide.Mais, avec ses homologues tchèque, slovaque et roumain, qui le surpassent dans la véhémence verbale contre les migrants, M.Orban a formé un front. Ceux-là ont voté, mardi 22 septembre à Bruxelles, contre la politique d’accueil et de répartition des réfugiés adoptée par une majorité de ministres de l’intérieur des Vingt-Huit de l’Union européenne.OutrancesUn quart de siècle après la chute du mur de Berlin, ce front de l’Est résonne étrangement, et, plus encore la petite musique ultranationaliste qui émane des propos de Viktor Orban. Il arrive à l’ancien jeune avocat libéral, qui a courageusement contribué à faire tomber le rideau de fer en 1989, de vanter les mérites des modes de gouvernement autoritaires, ceux de Moscou ou de Pékin. Il étendrait volontiers la clôture qui ferme la frontière avec la Serbie à d’autres pays de l’UE.Aucune de ses outrances ne suscite la réprobation du Parti populaire européen dont la formation de M. Orban, la Fidesz, est membre au Parlement européen. Pour ces pays du front de l’Est, l’UE semble se réduire à deux éléments : fonds structurels et grand marché. Tant pis pour le socle commun de valeurs humanistes et démocratiques censé former le pilier de l’intégration européenne.Confrontée à une vague migratoire comme le continent n’en a pas connu depuis 1945, l’UE n’aurait aucune action collective à entreprendre, aucune aide à apporter, enfin rien à faire, sinon se barricader. La « doctrine » Orban, celle de ce front de l’Est, c’est la négation du projet européen dans ce qu’il a de plus noble. Inquiétant en ce premier chapitre du XXIe siècle.Lire aussi :Les provocations de Viktor Orban gênent les conservateurs européens Sandrine Morel (Madrid, correspondance) L’arrestation, mardi 22 septembre, en France, de deux dirigeants présumés du groupe séparatiste basque ETA (Euskadi Ta Askatasuna) signerait son « acte de décès », selon le ministre de l’intérieur espagnol Jorge Fernandez Diaz. Pour le chef du gouvernement Mariano Rajoy, il ne reste plus à ETA qu’à annoncer sa « dissolution inconditionnelle. » Qui sont les deux membres d’ETA arrêtés ?Quatre ans après l’annonce de la « fin des activités armées » par le groupe terroriste, le 20 octobre 2011, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy estime que l’arrestation de David Pla, 40 ans, ancien dirigeant de l’organisation des jeunesses étarras Jarrai, et d’Iratxe Sorzabal, 44 ans, ancienne membre du commando Ibarla et représentante de la ligne dure d’ETA, marque la « décapitation » du groupe armé.Lire aussi :Deux membres du comité exécutif d’ETA arrêtés dans les Pyrénées-AtlantiquesL’ancien chef présumé de l’appareil international d’ETA, Ramuntxo Sagarzazu et Pantxo Florès, le propriétaire du gîte où étaient installés David Pla et Iratxe Sorzabal, ont également été arrêtés lors de l’opération.Cette arrestation signe-t-elle l’acte de décès d’ETA ?« Plus qu’un avis de décès, il s’agit d’un coup important contre ETA, estime Florencio Dominguez, journaliste spécialiste de l’organisation séparatiste basque et directeur de l’agence Vasco Press. Tant qu’il reste des membres, il peut toujours y en avoir deux qui prennent la relève, mais l’organisation est très affaiblie et chaque nouvelle arrestation porte un coup au moral d’ETA et à la possibilité d’obtenir l’ouverture d’une négociation. »Lire aussi :En Espagne, le groupe indépendantiste ETA « n’est plus une priorité »Bien qu’ayant renoncé aux armes, ETA n’a en effet pas abandonné l’idée de négocier avec Paris et Madrid sa dissolution en échange de bénéfices pour ses prisonniers, tel que leur rapprochement dans les centres pénitentiaires basques, ou le retour sans poursuites judiciaires des fugitifs.Mais le gouvernement espagnol, échaudé par les précédentes trêves rompues dans le sang, s’y refuse et poursuit les arrestations dans les rangs de l’ETA et de sa mouvance. Plus d’une centaine a eu lieu ces quatre dernières années.En juillet, ce sont les deux chefs présumés de l’appareil logistique, Joseba Íñaki Reta de Frutos, et Javier Goienetxea, qui avaient été arrêtés en France, à Ossès, dans les Pyrénées-Atlantiques. En mai, c’est une cache d’armes et d’explosifs dans une villa de Biarritz avait été neutralisée.Lire aussi :Deux cadres présumés d’ETA mis en examen en FranceMais selon le ministère de l’intérieur espagnol, l’opération de mardi est clé car elle suppose « l’élimination de la structure de direction chargée de gérer l’arsenal d’armes et d’explosifs dont dispose encore l’organisation terroriste. »Bien que les sources policières estiment à une trentaine le nombre d’étarras actifs en France, en Grande-Bretagne ou en Amérique latine, les structures militaires, logistique et à présent politique d’ETA, seraient anéanties.Ces arrestations signent-elles véritablement la fin définitive d’ETA ? Les experts soulignent que le groupe séparatiste, devenu « résiduel », n’a plus depuis longtemps les moyens matériels et humains de commettre d’attentats.Le seul dirigeant connu encore en fuite est Josu Ternera, qui, à 66 ans, se maintiendrait en marge d’ETA, et aucun autre membre, à l’extérieur des prisons, n’aurait l’autorité pour prendre la relève des étarras arrêtés mardi.Quelle est la stratégie suivie par le gouvernement espagnol vis-à-vis d’ETA ?À trois mois des élections législatives, l’exécutif espagnol entend, avec cette arrestation, menée par la garde civile en collaboration avec la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) française, fermer un cycle. Ainsi en témoigne le nom donné à l’opération, « Pardines », du nom du premier garde civil assassiné en 1968 par ETA, José Antonio Pardines Arcay.Pour le Parti populaire (PP, droite, au pouvoir), la lutte contre ETA, qui mobilise toujours son aile droite, demeure une arme de campagne. Le retour dans les institutions de la gauche abertzale (« patriote »), avec le parti Sortu, héritier de Batasuna, l’ancienne vitrine politique d’ETA interdite en 2003, après avoir condamné dans ses statuts l’usage de la violence, a laissé un goût amer aux influentes associations de victimes qui exige au gouvernement de ne pas baisser la garde et ne rien céder.Cependant le gouvernement espagnol est confronté à un autre défi : la présence de plus de 450 étarras, dispersés dans les prisons espagnoles et françaises, qui n’ont pas renié le groupe terroriste et continuent de suivre les ordres de vétérans comme Mikel Antza, chef politique d’ETA entre 1993 et 2004 emprisonné en France.Ils continuent d’exercer une pression sur un secteur de la gauche abertzale qui exige leur amnistie, et sur leurs familles qui manifestent régulièrement pour leur rapprochement dans des prisons basques.Beaucoup se refusent à dissoudre l’organisation sans contrepartie et admettre que les quarante ans de terrorisme et plus de 800 morts n’ont servi à rien. C’est dans ce sens que l’ETA a refusé en mai l’offre du gouvernement basque de négocier son désarmement, critiquant dans un communiqué qu’il cherche à lui imposer « un schéma de vainqueurs et vaincus. » Incapable de reconnaître sa disparition, qui semble inéluctable.Lire aussi :Les aveux d’un repenti de l’ETASandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) Sur la vidéo diffusée vers 17 heures sur le site de Volkswagen, mardi 22 septembre, le PDG de Volkswagen, Martin Winterkorn reste fidèle à son style : neutre et peu charismatique. Devant un décor froid à la lumière artificielle, il lit un message en allemand non traduit à destination du monde entier, dans lequel il assure d’une voix monocorde que le groupe « fera toute la lumière » sur le scandale qui secoue le groupe depuis deux jours. Ni mouvement de visage ni pause oratoire. Même pour sauver l’œuvre de sa vie et défendre la réputation entachée du groupe aux 600 000 salariés, l’émotion n’a pas sa place.Tel est Martin Winterkorn. Ingénieur avant tout. Ce fils d’ouvrier souabe né en 1947 n’a jamais montré un talent particulier pour la communication. Ce qui ne l’empêche pas de savoir se montrer pugnace dans l’ombre, lorsque ses intérêts sont en jeu.Le manager saura-t-il convaincre les membres du conseil de surveillance du groupe de lui maintenir leur confiance pour gérer les conséquences de l’affaire, comme il le demande dans la vidéo ? A l’heure qu’il est, aucune déclaration n’a été publiée quant au sort de Martin Winterkorn par le groupe Volkswagen.Selon plusieurs médias allemands, une instance restreinte et toute puissante du conseil de surveillance de l’entreprise s’est réunie mercredi matin à Wolfsburg, siège du groupe dans le nord de l’Allemagne, en présence de M. Winterkorn, pour tirer les conséquences de l’affaire. Le manager, considéré jusqu’ici comme un des dirigeants les plus brillants de l’histoire du groupe VW, devait voir son contrat renouvelé vendredi, jusqu’en 2018, lors d’un conseil de surveillance ordinaire. Au vu de l’ampleur de la crise, beaucoup d’observateurs jugent sa démission inévitable.Après que le groupe a reconnu, dimanche 20 septembre, s’être rendu coupable d’une vaste entreprise de manipulation des émissions polluantes de ses moteurs diesel, les ondes de choc se sont multipliées.Lire aussi :Volkswagen, ébranlé par un scandale, s’effondre en BourseLa secousse la plus forte est venue de Francfort : en quelques heures, le groupe Volkswagen a vu partir en fumée 30 milliards d’euros de valeur boursière. La carrière de M. Winterkorn aura été à l’image du cours de l’action Volkswagen depuis son entrée en fonction : une longue ascension jusqu’à des sommets inouïs, suivi d’une chute brutale et dramatique.Principal artisan de la croissance exponentielleQue savait le très austère patron du logiciel mis au point par ses ingénieurs pour contourner la législation sur les émissions ? Ceux qui l’ont connu personnellement peinent à trouver une explication. « Martin Winterkorn est un perfectionniste, un technicien. Cette tentative de fraude ne colle pas avec l’image que j’ai de lui, celle d’un homme droit. Mais en même temps, j’ai du mal à imaginer qu’il se soit passé dans le groupe quelque chose dont il n’ait pas été au courant », explique au Monde Mark Schneider, journaliste économique qui travaille sur une biographie de Martin Winterkorn.Tous les observateurs s’accordent sur un point : M. Winterkorn connaissait le groupe « jusque dans ses moindres boulons ». Et pour cause : c’est le principal artisan de la croissance exponentielle de VW, passé en moins de dix ans d’un constructeur régional au premier groupe automobile mondial.En huit ans à la tête de l’entreprise, M. Winterkorn a quasiment tout multiplié par deux : le nombre de voitures vendues (5,7 millions en 2006 contre plus de 10 millions aujourd’hui), le chiffre d’affaires (de 104 à 202 milliards d’euros), le nombre de salariés (de 329 000 à 600 000) et le nombre d’usines (48 en 2006 contre 119 aujourd’hui). De huit marques en 2006, le groupe en compte aujourd’hui douze. Un véhicule sur huit produits dans le monde est aujourd’hui un Volkswagen. N’en jetez plus. Pendant longtemps, Martin Winterkorn a surtout été considéré comme le bras droit de Ferdinand Piëch, petit-fils du créateur de la mythique coccinelle, Ferdinand Porsche, qui voulait faire de VW un des plus grands groupes industriels du monde. Pendant vingt-cinq ans, le duo dirigeant a fait montre d’une efficacité redoutable : à Piëch la vision, l’audacieuse stratégie ; à Winterkorn l’exécution, la R&D et le contrôle qualité, les deux hommes ayant en commun leur savoir-faire d’ingénieur et leur obsession du détail.Guerre des chefsJusqu’à ce jour d’avril 2015 où le patriarche a déclaré, à la surprise générale, avoir « pris ses distances » avec celui qu’il considérait jusqu’ici comme son successeur naturel. La guerre des chefs qui a suivi s’est soldée par le départ de Ferdinand Piëch et la victoire de Martin Winterkorn, soutenu par l’écrasante majorité des membres du conseil de surveillance.Mais l’affaire a révélé les faiblesses du groupe masquées jusqu’ici par des résultats étincelants : une croissance trop rapide et inégale, de faibles marges sur la marque Volkswagen, une forte dépendance au marché chinois.Lire aussi :Volkswagen : le modèle allemand à l’épreuveLa guerre des chefs et la chape de plomb qui a pesé sur la communication lors de cette affaire illustrent surtout la situation interne dangereuse dans laquelle s’est installé VW : une concentration du pouvoir extrême entre les mains de quelques managers et syndicalistes. « VW est dirigé depuis Wolfsbourg de façon centralisée, les doutes et les contradictions sont indésirables. La pression interne de produire toujours plus de véhicules est si forte que des règles environnementales sont sciemment contournées, comme aux Etats- Unis », écrit le quotidien Süddeutsche Zeitung, qui fustige le fonctionnement d’un groupe « géré comme une entreprise familiale » et contrôlé par des membres de la famille Porsche-Piëch, le Land de Basse-Saxe allié aux représentants du personnel. « Un contrôle indépendant et critique ? Néant ! », tranche le journal.La critique est-elle injuste ? Etait-il possible d’organiser une croissance si rapide en laissant davantage d’indépendance aux filiales et directeurs des marques ? Martin Winterkorn avait prévu de corriger la trajectoire. Il prévoyait une grande réorganisation de l’entreprise vers plus de décentralisation. Le scandale des émissions compromet gravement ces projets. S’il est forcé de démissionner, il laissera son œuvre inachevée, foudroyée au faîte de sa gloire, en proie à une crise de gouvernance qui pèsera longtemps sur la destinée du constructeur.Cécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au Monde Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La composition du nouveau gouvernement de coalition entre la gauche radicale Syriza et les Grecs indépendants (ANEL) a été annoncée très tard mardi 22 septembre, au terme de longues heures de négociations de dernière minute.Les pronostics sont allés bon train tout au long de la journée annonçant à plusieurs reprises la création d’un tout nouveau ministère uniquement consacré à la coordination et à l’application du nouveau mémorandum signé le 13 juillet avec les créanciers du pays. Mais, finalement, c’est un organigramme assez proche du gouvernement précédent qui a été retenu, avec une vingtaine de ministères dont trois grosses entités – intérieur, économie et finances –, et avec, à quelques exceptions près, les mêmes ministres.Alexis Tsipras fait ainsi le choix de la continuité et récompense les personnalités qui lui sont restées fidèles tout au long de l’éprouvante scission du parti cet été.Lire aussi :Les créanciers pressés de se remettre au travail avec AthènesPas de ministère créé pour l’application du mémorandumAux finances, sans trop de surprises, on retrouve Euclide Tsakalotos l’un des acteurs-clés de l’accord du 13 juillet. Un homme aux convictions de gauche bien trempées, mais qui a choisi d’éviter la rupture avec les créanciers du pays, dont il est d’ailleurs très apprécié.A ses cotés Georges Chouliarakis sera chargé de la comptabilité générale de l’Etat. Ephémère ministre des finances dans le gouvernement de service qui a géré les affaires entre le 20 août (date de la démission d’Alexis Tsipras) et aujourd’hui, M. Chouliarakis s’est longtemps occupé des négociations avec Bruxelles. Il est donc lui aussi l’un des hommes de confiance d’Alexis Tsipras.Avec leur aîné Yannis Dragasakis qui reste vice-président du gouvernement, et le ministre reconduit de l’économie, du développement et du tourisme, Georges Stathakis, ils composent le conseil économique qui entoure Alexis Tsipras depuis plus de trois ans. A eux quatre, ils coordonneront aussi la bonne application du mémorandum sans que soit finalement créé un corps spécifique pour cela.Un ministre de l’immigration passé par Médecins du mondeAutre poste stratégique de ce nouveau gouvernement, alors que la crise migratoire déchire l’Europe et que la Grèce représente aujourd’hui la principale porte d’entrée des réfugiés, le ministère de l’immigration, qui est attribué à Yannis Mouzalas, un gynécologue obstétricien très respecté en Grèce. M. Mouzalas n’était pas dans le précédent gouvernement Tsipras mais a été nommé à ce poste de service et a plutôt réussi son examen de passage en parvenant à contenir la crise humanitaire naissante sur les îles de la mer Egée, débordées quotidiennement par l’afflux de migrants.Le fait de placer à ce portefeuille un homme passé par Médecins du monde et connu pour son profil de gestionnaire de crise humanitaire est un symbole fort du virage qu’Alexis Tsipras souhaite appliquer à la gestion de la crise migratoire en Grèce. En tentant avant tout d’améliorer l’accueil des réfugiés.Le nouveau premier ministre a aussi promis de réformer le pays et notamment le fonctionnement de l’Etat. Il est attendu au tournant sur cette question, à la fois par les créanciers, mais aussi par les Grecs eux-mêmes, qui rêvent d’une administration plus efficace. Il a désigné comme ministre délégué à la réforme administrative Christoforos Vernardakis, un professeur en sciences politiques de l’université de Thessalonique, membre du conseil scientifique de Syriza sur la question des changements à apporter au fonctionnement de l’Etat.L’ancien ministre de l’immigration, le constitutionnaliste Georges Katrougalos, passe au ministère du travail. Un autre dossier chaud des mois à venir, puisque le mémorandum prévoit notamment la mise en place d’un nouveau cadre du droit du travail avec entre autres une refonte des conventions collectives.Un grand jeu de chaises musicalesPour le reste, rien de nouveau ni de vraiment surprenant. Mais plutôt un grand jeu de chaises musicales pour les fidèles d’Alexis Tsipras que sont Panagiotis Skourletis, Dimitris Vitsas, Nikos Xidakis ou Aristides Baltas qui s’échangent les ministères.Nikos Pappas, le lieutenant direct d’Alexis Tsipras, reste ministre d’Etat ainsi que d’ailleurs Alekos Flambouraris. Ce qui est un peu plus surprenant, vu les récentes accusations portées à son encontre ces dernières semaines. Il lui a en effet été reproché de ne pas s’être suffisamment détaché de son entreprise après sa prise de fonction en janvier, alors que ladite entreprise avait bénéficié d’un appel d’offres public.Lire aussi :En Grèce, l’heure n’est plus aux débats pour ou contre les mesures d’austéritéUn ministre délégué pour les fonds structurels européens ESPASeul véritable nouveauté de ce gouvernement, la création d’un portefeuille de ministre délégué à la gestion des fonds structurels européens ESPA, attribué à Alexis Haritsis, qui était déjà le secrétaire général ESPA du ministère des finances. Objectif : accélérer et optimiser l’absorption de ces fonds dont dépend en grande partie la reprise de la croissance ou la lutte contre le chômage.Chargéenfin de la lutte contre la corruption, l’une des autres promesses phare d’Alexis Tsipras, Dimitris Papangelopoulos, ancien procureur responsable de la lutte contre le crime organisé puis de l’antiterrorisme. Un homme estimé en Grèce et qui était ces dernières semaines ministre de la justice dans le gouvernement intérimaire.Un gouvernement loin de la paritéL’allié de la coalition, l’ANEL, a maintenu à peu près les mêmes personnalités aux mêmes postes avec notamment son leader Panos Kamménos à la défense. Paradoxe ? Seul ANEL, ce parti aux vues sociales conservatrices, s’approche de la parité : deux de ses quatre membres du gouvernement sont des femmes alors que Syriza n’a pas mis une seule femme à la tête d’un ministère. Seules Sia Anagnostopoulou, députée très bien élue de Syriza à Patras (Péloponnèse) et Théano Fotiou deviennent respectivement ministre déléguée à la nouvelle génération au sein du ministère de l’éducation et ministre déléguée au sein du ministère du travail. Coté parité, la gauche radicale grecque qui espère changer la société dans les quatre prochaines années a décidément encore des progrès à faire. Le nouveau gouvernement devrait prêter serment mercredi matin à 10 h 30, heure grecque.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Un accord a été trouvé à Bruxelles, mardi 22 septembre, entre les ministres de l’intérieur de l’Union européenne au sujet de l’accueil de 120 000 migrants, alors que les dirigeants européens se réunissent à leur tour mercredi. Il a fallu recourir à un vote à la majorité pour faire passer le plan de la Commission européenne. La Slovaquie, la Roumanie, la Hongrie et la République tchèque ont voté contre le mécanisme. La Finlande, où l’extrême droite est associée au gouvernement, s’est abstenue. La Pologne, jusqu’à présent réticente, s’est, en revanche, ralliée à la position de la France, de l’Allemagne et de la présidence luxembourgeoise de l’Union.Lire aussi :L’Union européenne pressée de trouver un accord sur la crise des migrantsL’accord conclu est particulièrement complexe. Il se décompose en deux grands chapitres : sur les 120 000 personnes à répartir, 66 000 réfugiés seront « relocalisés » à partir de la Grèce et de l’Italie dans toute l’Union, y compris en Hongrie, selon une clé de répartition contraignante. Le pays de Viktor Orban avait cherché à s’exclure du mécanisme envisagé au départ, qui devait répartir 54 000 réfugiés présents en Hongrie. Au terme de la relocalisation des premiers 66 000 réfugiés, les Etats se reverront en principe pour décider de la répartition de 54 000 autres.Des décisions sur les « hot spots »Les trois autres Etats qui se sont opposés à l’accord seront par contre contraints d’accepter des réfugiés. Cela ne devrait pas manquer de créer de nouvelles tensions, notamment parce que la Slovaquie refuse obstinément d’accueillir des personnes de confession musulmane.Le premier ministre, Robert Fico, a d’ailleurs réitéré ses réserves à l’issue de ce conseil exceptionnel : « Tant que je serai premier ministre, les quotas obligatoires ne seront pas appliqués sur le territoire slovaque. »François Hollande a vivement critiqué cette prise de position : « On ne peut pas demander à l’Europe un soutien et refuser à l’Europe une solidarité. (...) On ne peut pas refuser d’accueillir des hommes et des femmes qui sont en danger de mort. »La Pologne a accepté de se dissocier de ses partenaires de l’Est, parce que le texte des conclusions permet à Varsovie d’affirmer à son opinion publique que les plans initiaux de 120 000 personnes à accueillir ont été revus à la baisse et que l’effort à accomplir par les différents Etats sera étalé dans le temps. La France se flattait, elle, mardi soir, d’avoir obtenu une décision explicite concernant les hot spots, des centres d’enregistrement des personnes demandant d’accéder au statut de réfugié, établis dans des pays aux limites de l’espace Schengen. Une ambiguïté quant au rôle exact de ces structures subsiste, Paris et d’autres capitales affirmant qu’ils doivent aussi servir de lieux de rétention pour les déboutés du droit d’asile.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?Malgré son caractère à la fois compliqué et ambigu, l’accord conclu permet que le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement qui aura lieu mercredi 23 septembre au soir dans la capitale belge, à la demande de la chancelière Angela Merkel, se déroule dans un climat moins explosif. Pour le reste, rien ne semble toutefois indiquer que les Etats membres sont prêts à envisager une réponse complète et durable à une crise migratoire qui, de l’avis de beaucoup, n’en est qu’à ses débuts.Lire aussi :L’Europe mieux armée pour faire face à cette crise migratoire inéditeJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Rémi Barroux L’actualité des centaines de milliers de réfugiés affluant aux frontières de l’Europe ne doit pas faire oublier les mouvements permanents de migration dans le monde. Dans son rapport annuel dressant les « perspectives des migrations internationales 2015 », rendu public mardi 22 septembre, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) indique que les flux migratoires ont augmenté de 6 % en 2014, par rapport à 2013, soit 4,3 millions d’entrées au total dans les pays de l’OCDE – 34 pays aux économies développées, dont la plupart des nations européennes, les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, le Mexique, le Chili ou encore la Corée.Lire aussi :L’Europe mieux armée pour faire face à cette crise migratoire inédite« La population née à l’étranger dans les pays de l’OCDE s’établissait à 117 millions de personnes en 2013, soit 35 millions et 40 % de plus qu’en 2000 », écrivent les auteurs du rapport. Après la crise des années 2007-2008 qui a ralenti en partie les migrations Sud-Nord pour des raisons économiques, la reprise est nette et les flux ont retrouvé leur niveau d’avant crise. Pour les économistes de l’OCDE, il faut y voir l’impact d’un « climat économique légèrement meilleur, combiné à des facteurs tels que l’évolution démographique et les crises géopolitiques ».L’Allemagne plus accueillanteL’Allemagne reste la destination européenne numéro un (2e derrière les Etats-Unis au niveau mondial), avec 468 800 entrées contre 259 800 pour la France en 2014 (4e rang derrière la Grande-Bretagne). Surtout, il faut noter qu’en sept ans, ces flux ont fortement augmenté outre-Rhin, puisqu’ils représentaient 232 900 personnes en 2007, soit plus du double en 2014, alors que la hausse est minime en France : 53 300 personnes en plus. « La migration vers l’Allemagne, sans compter la question des réfugiés, continue d’augmenter fortement, en raison notamment de la situation du marché du travail et, probablement, un contexte psychologique lié à son histoire », analyse Jean-Christophe Dumont, chef de la division des migrations internationales à la direction de l’emploi, du travail et des affaires sociales à l’OCDE. Pour autant, les politiques d’intégration et les législations ont évolué dans un certain nombre de pays. Les procédures de regroupement familial ont parfois été assouplies – les migrations familiales représentaient, en 2013, plus du tiers de toutes les entrées permanentes dans les pays de l’OCDE. De nouvelles réponses à la crise humanitaire dans la région méditerranéenne sont imaginées. Cependant, « la plupart des changements ont apporté des restrictions », note l’OCDE. Les pays sont plus sélectifs dans leur recherche de travailleurs qualifiés et des actions visant à renforcer les contrôles aux frontières, à encourager les retours volontaires et à lutter contre le travail illégal, ont été mises en œuvre.Traditionnel pays d’origine de migration économique, la Chine est en première place avec 557 000 migrants en 2013 (520 000 en 2007). Un nouvel immigré sur dix est Chinois. En deuxième position, la Roumanie a vu son nombre de départs fortement diminuer : 300 000 contre 557 000 en 2007. La Pologne voit aussi le nombre de ses migrants reculer, à 290 000 contre 339 000 voici huit ans.Forte hausse des demandes d’asileLes migrations pour raisons humanitaires et politiques ont fortement augmenté. Pour la seule année 2014, plus de 800 000 demandes d’asile ont été enregistrées soit, note l’OCDE, une hausse de 46 %, « un niveau jamais atteint depuis 1992 ». Et l’année 2015 devrait voir ce nombre en nette hausse. Les principaux pays de destination de cette migration sont l’Allemagne, les Etats-Unis, la Turquie, la Suède et l’Italie. La France n’arrive qu’en sixième position alors qu’elle a été longtemps l’un des trois pays principaux de destination.Si le rapport de l’OCDE n’étudie que les migrations à destination des pays membres, pour Jean-Christophe Dumont, elles ne représentent que la moitié des mouvements migratoires internationaux. On constate aussi une forte augmentation des flux sur le continent américain. Un rapport de l’Organisation des Etats américains (OEA), « Migrations internationales dans les Amériques », publié en août, fait état d’une augmentation de 5 % par an de ces migrations sur l’ensemble du continent entre 2011 et 2013 et même 17 % pour la seule Amérique latine et les Caraïbes. « Le nombre de migrants dans les Amériques est passé de 34 millions en 1990 à 61 millions en 2013 », écrivent les auteurs du rapport. Les Etats-Unis et le Canada, à eux seuls, en comptent 53 millions. Le mouvement est aussi fort dans les régions asiatiques, indique M. Dumont. Quant aux mouvements déterminés par les crises climatiques, il se fait d’abord à un niveau intranational et intrarégional.Quelles qu’en soient les raisons, les flux s’intensifient. En introduction au rapport de l’OCDE, les auteurs insistent sur la nécessité de communiquer sur la réalité de ces migrations, alors que les tensions augmentent au fur et à mesure de l’afflux des réfugiés aux portes de l’Europe. « Ne pas anticiper, ni communiquer sur les développements en cours risque fort d’être très préjudiciable à la confiance et, en fin de compte, sur la capacité à adapter si nécessaire, non seulement les mesures politiques d’urgence, mais aussi, plus généralement, les systèmes de gestion des migrations », écrivent les auteurs.Lire aussi :L’Union européenne pressée de trouver un accord sur la crise des migrantsRémi BarrouxJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 22.09.2015 à 11h00 • Mis à jour le22.09.2015 à 11h23 | Maryline Baumard L’ampleur de la crise migratoire de 2015 n’est pas sa seule spécificité. Certes, les 800 000 à 1 million de demandes d’asile que l’Allemagne attend cette année correspondent à un afflux inédit depuis la seconde guerre mondiale. Mais le Vieux Continent avait déjà traité 630 000 dossiers lors du conflit entre la Bosnie et la Serbie en 1992, remet l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en perspective. Dans un numéro spécial de Migration Policy Debates, rendu public aujourd’hui, les chercheurs de l’organisation internationale analysent les originalités de la crise actuelle par rapport aux autres vagues migratoires qu’a connues le vieux continent.Lire aussi :L’Union européenne pressée de trouver un accord sur la crise des migrantsD’abord, et contrairement aux crises précédentes, et notamment à celle des Balkans à l’aube des années 1990, les arrivées massives en Europe se font par deux points d’entrée distincts, tous deux maritimes. L’OCDE rappelle ainsi que 330 000 personnes sont entrées par la mer depuis le début de l’année, 210 000 en Grèce, 120 000 en Italie.L’Italie, la Grèce et la Hongrie sont donc clairement en première ligne même si la plupart des migrants n’y demandent pas l’asile, mais traversent seulement pour rejoindre l’Allemagne et dans une moindre mesure la Suède, l’Autriche ou la Suisse. Sur la destination finale, rien n’a changé vraiment et les principales destinations sont les mêmes qu’au début des années 1990, observe l’OCDE. Part importante de diplômésL’Europe en revanche, elle, a évolué. Si elle a du mal à s’entendre sur une répartition, elle est mieux armée pour recevoir ces réfugiés que dans les années 1990. Ce qui ne signifie pas qu’ils sont bien accueillis partout et que tout aille de soi, mais l’organisation de ce dispositif a partout progressé, sous l’égide de l’Europe et de ces règlements.En revanche, la variété des profils de migrants complique l’octroi de l’asile. « Le pays d’origine, le profil et les motivations ne sont pas les mêmes chez tous les réfugiés », rappelle Jean-Christophe Dumont, responsable de la cellule migration à l’OCDE à Paris. En fait, plusieurs nationalités se mêlent dans les flux, avec des motifs d’exode différents. Les Syriens, qui sont très majoritaires dans les flux ces derniers mois présentent aussi un niveau d’éducation différent des autres publics. Ils sont mieux formés que la population venue de l’ex-Yougoslavie lors du flux précédent, observe l’OCDE. Parmi ceux qui étaient venus pour raisons humanitaires, entre 1988 et 1993, 15 % avaient un diplôme d’enseignement supérieur.« Parmi la vague actuelle de Syriens, la part de diplômés du supérieur semble plus importante » rappelle M. Dumont. Selon les statistiques suédoises, plus de 40 % des Syriens arrivés dans leur pays en 2014, ont au moins un niveau supérieur, contre 20 % des Afghans et 10 % des Erythréens. En Allemagne, le repérage du niveau scolaire est moins systématique mais parmi les réfugiés arrivés en 2014, 15 % auraient un diplôme d’enseignement supérieur, 16 % un niveau bac, 35 % un niveau de fin de collège, 21 % de fin de primaire et 11 % rien du tout. Chez les Syriens, 21 % de ceux qui sont arrivés de janvier 2013 à septembre 2 014 avaient fréquenté l’université, 22 % avaient un niveau de lycée, et 47 % un niveau collège ou primaire.« Adapter les outils d’intégration »Si la chancelière Angela Merkel a compris cet atout, l’intégration de ces publics ne s’improvise pas. Pas plus en Allemagne que dans les autres pays. La réussite de ce processus demande la mise en place de mesures adaptées qui tiennent compte du pays d’origine, du niveau scolaire de départ et de la situation familiale. « Il faut de plus en plus adapter les outils d’intégration », répètent les chercheurs de l’OCDE. Une mobilisation essentielle car « non seulement une intégration réussie a un impact positif sur l’économie mais en plus elle augmente les rentrées fiscales des États et est aussi un facteur de cohésion sociale ».« Plus vite un réfugié accède au monde du travail, mieux se fera son intégration sur le long terme »En guise de conseil aux Etats, l’OCDE rappelle que « plus vite un réfugié accède au monde du travail, mieux se fera son intégration sur le long terme ». Aussi recommande-t-elle de donner le plus tôt possible aux nouveaux venus des compétences de base en langue. De même, à l’heure où les maires sont priés en France de proposer des logements vides, l’organisation internationale rappelle qu’il est important de trouver le bon équilibre entre la création d’une concentration importante de ces nouveaux venus sur un même lieu, et leur isolement. Elle souligne aussi qu’il est primordial de les installer dans les villes qui offrent du travail et pas seulement des logements. « C’est évidemment une politique qui coûte cher mais les bénéfices s’en feront ressentir sur le marché du travail, ainsi qu’en matière de cohésion sociale sur les générations suivantes », rappelle Jean-Christophe Dumont.Les travaux récents menés sur l’éducation par l’OCDE montrent qu’il est aussi particulièrement important de vérifier que l’école dispose des ressources pour aider les enfants de migrants à apprendre la langue de leur pays d’accueil. Or, une autre spécificité du mouvement 2015 est le grand nombre de mineurs venus seuls. Ils étaient 24 000 en 2014 soit 4 % des demandeurs d’asile de l’UE. L’analyse des chercheurs suggère donc que les Etats réfléchissent à autre chose qu’une scolarisation classique, notamment pour ceux, nombreux, qui arrivent à 16 ou 17 ans.Lire aussi :La crise des réfugiés déchire la PologneMaryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) C’est l’espoir de François Hollande et d’Angela Merkel, mais il risque d’être impossible de dégager, lundi 14 septembre, un accord global sur le dossier des réfugiés lors du conseil extraordinaire des ministres européens de l’intérieur, convoqué par la présidence luxembourgeoise. Prévue depuis plusieurs semaines, cette rencontre se concentrera sur les dernières propositions formulées par la Commission de Bruxelles pour tenter d’affronter la crise des réfugiés, et notamment la proposition d’assurer une nouvelle répartition – en deux ans – de 120 000 personnes arrivées en Italie, en Hongrie et en Grèce. Avant l’été, la Commission avait tenté, en vain, d’imposer des quotas contraignants pour l’accueil de 40 000 réfugiés, syriens et érythréens. Un accord pour l’accueil de quelque 35 000 personnes, sur une base « volontaire », avait été difficilement trouvé.Les 28 ambassadeurs auprès de l’Union se sont réunis tout au long de la journée de jeudi et ils ont acté leurs désaccords. Une nouvelle réunion se tiendra en urgence, dimanche soir, avec l’espoir d’élaborer, quand même, quelques conclusions pour le conseil ministériel du lendemain.Carnet de routePour débloquer la situation, la présidence luxembourgeoise a élaboré un long document (7 chapitres, 62 points). Un « carnet de route » reprenant divers points du débat sur la migration, et pas seulement la question de la « relocalisation » des réfugiés. Une manière d’éviter le blocage et de mettre aussi sur la table la politique de retour pour les déboutés du droit d’asile, la nécessité d’un contrôle strict dans les pays du premier accueil avec l’aide de diverses agences européennes (les « hotspots »), la liste des pays d’origine présumés « sûrs » ou un plan d’aide aux pays africains.Même si les nombres de 40 000 et 120 000 réfugiés établis par la Commission sont très inférieurs à celui des demandeurs d’asile qui ont franchi les frontières de l’espace Schengen au cours des derniers mois, les responsables européens sont loin d’être unanimes face à la perspective d’un effort conjoint. Des pays d’Europe centrale et orientale, dont ceux du « groupe de Visegrad » (République tchèque, Slovaquie, Hongrie et, de façon plus nuancée, la Pologne) expriment toujours leurs critiques quant à l’idée d’une répartition obligatoire et d’un mécanisme permanent censé assurer un juste équilibre entre les Etats. La Hongrie, qui devrait pouvoir envoyer 54 000 personnes vers d’autres pays, semble même nier la présence d’autant de réfugiés sur son territoire…Divers responsables d’Europe de l’Est invoquent le « manque de tradition d’accueil » de leur pays, ce qui a le don d’énerver les Etats de la « vieille Europe »La Roumanie aimerait, elle, monnayer son acceptation contre une entrée dans l’espace Schengen. Elle lui est refusée depuis plusieurs années étant donné les carences de son appareil policier et judiciaire et des doutes quant à sa capacité à contrôler une frontière extérieure de l’Union. En coulisses, les Etats baltes confirment également leurs critiques du système envisagé. Divers responsables d’Europe centrale invoquent le « manque de tradition d’accueil » de leur pays, ce qui a le don d’énerver les Etats de la « vieille Europe » qui n’hésitent plus à leur rappeler publiquement les témoignages de la solidarité dont ils ont bénéficié au fil de leur histoire récente, dans le cadre de l’élargissement de l’Union européenne.Nouvelle réunion le 8 octobreUne réunion entre le groupe de Visegrad et les ministres allemand et luxembourgeois des affaires étrangères a lieu ce vendredi, à Prague, pour tenter de concilier les points de vue. Le but étant de dégager suffisamment la voie pour que les ministres de l’intérieur puissent, lundi, laisser entendre que le travail sur l’accueil des 160 000 réfugiés prévus se poursuit. Une autre réunion européenne est convoquée pour le 8 octobre, une semaine avant un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement. Le but étant d’éviter une autre foire d’empoigne à cette occasion.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Hélène Sallon Le Programme des nations unies pour le développement (PNUD) travaille avec plus de 1 000 partenaires locaux pour apporter une réponse à la crise syrienne, avec un budget de 418 millions de dollars (370 millions d’euros) pour l’année 2015. Ses actions recouvrent plusieurs secteurs (l’accès aux services et aux infrastructures de base, l’apport de moyens de subsistance, le renforcement de la cohésion sociale, le renforcement des capacités des autorités locales) et se déploient en Syrie ainsi que dans les pays hôtes limitrophes : Irak, Liban, Jordanie, Turquie et Egypte. Sima Bahous, directrice du bureau du PNUD pour les Etats arabes, de passage à Paris, mardi 8 septembre, a insisté sur la nécessité d’adopter une approche globale sur le long terme pour s’attaquer aux causes de cette crise, et non à ses seuls symptômes.Comment accueillez-vous les appels et engagements de la communauté internationale à accueillir davantage de migrants syriens ?Sima Bahous : Nous accueillons positivement l’initiative des gouvernements occidentaux. Elle arrive peut-être un peu tard. Les Nations unies ont alerté sur cette crise et le manque de financement de la communauté internationale il y a déjà un an. Seuls 37 % de notre appel à donations, lancé lors de la troisième conférence internationale sur la Syrie au Koweït, en mars, a été financé : 3,6 milliards de dollars sur les 8,4 milliards de dollars requis. La communauté internationale rencontre des contraintes financières sévères mais c’est, au final, une décision politique. Il ne faut pas se focaliser sur les seuls chiffres. La durée du conflit rend les réfugiés encore plus pauvres. Près d’un tiers des réfugiés vit sous le seuil de pauvreté en Jordanie, la moitié au Liban.Ce qui est positif aujourd’hui, c’est qu’il y a une nouvelle approche de la crise, la prise de conscience que nous ne pouvons pas seulement l’appréhender comme une crise de réfugiés et de déplacés mais qu’il faut adopter une approche globale sur le long terme. On est passé d’une action d’urgence, à court terme, à une action de développement, sur le long terme. Le secrétaire général des Nations unies a dit que nous avons l’obligation morale de regarder les symptômes, mais aussi les causes de cette crise. Cela veut dire qu’il faut à la fois répondre aux problèmes des réfugiés et des déplacés, mais aussi remédier à la situation en Syrie et en Irak, en travaillant au renforcement de la cohésion sociale.Comment cette approche se traduit-elle dans le travail du PNUD ?Nous œuvrons à améliorer les conditions de vie des réfugiés là où ils sont mais aussi à répondre aux causes de cette crise. Une solution politique risque de ne pas se réaliser demain, mais nous pouvons travailler sur d’autres aspects : la pauvreté, l’exclusion, le sentiment de ne pas être un citoyen à part entière, l’inclusion des jeunes, le chômage, tous ces facteurs qui sont une bombe à retardement. Nous avons lancé en 2014 à Tunis une action dédiée à la jeunesse, pour développer leur accès à l’emploi et à l’éducation.« Il faut préserver les régions qui sont encore stables et offrir aux Syriens la possibilité de rester vivre chez eux. C’est un défi »Nous nous battons pour maintenir des populations en Syrie, dans les zones sécurisées. Il faut préserver les régions qui sont encore stables et offrir aux Syriens la possibilité de rester vivre chez eux. C’est un défi. On travaille avec les jeunes, les femmes, pour les aider à rester où ils sont : réhabilitation, aide financière, infrastructures… La question de l’accès est un sérieux problème en Irak et en Syrie. L’Irak n’a pas le même problème en termes de volume de réfugiés que la Syrie mais il y a le problème des déplacés internes, dont 96 % sont au Kurdistan irakien. Il y a des endroits où on a aucun accès mais on apporte de l’aide par le biais des ONG locales.Il faut aider les réfugiés à s’intégrer dans les communautés hôtes. Les programmes doivent s’adresser autant aux réfugiés et aux déplacés qu’aux pays hôte. Les réfugiés sont le résultat d’un conflit, pas d’un tsunami, ce qui veut dire qu’il y a des questions délicates et complexes à prendre en compte. Même si la paix est signée en Syrie, ils ne reviendront pas immédiatement dans leur pays. Les pays hôtes s’inquiètent de devoir accueillir ces réfugiés à long terme. Il faut reconnaître le poids immense qu’assument les communautés hôtes limitrophes, le rôle historique qu’elles jouent. La communauté internationale, le PNUD, la Banque mondiale essaient d’identifier des actions pour les soutenir.Vous allez lancer le plan régional 2015-2016 pour les réfugiés et la résilience en réponse à la crise syrienne, en quoi consiste-t-il ?Les pays hôtes sont des pays à revenus moyens où il est facile de trouver des ressources et où l’on peut s’appuyer sur les structures municipales. L’idée est de s’appuyer sur les communautés existantes et les acteurs locaux. On prépare les populations du Liban ou de la Jordanie par exemple à cette crise et à celles qui suivront en renforçant les capacités locales. Nous voulons éviter un afflux majeur de réfugiés en travaillant sur la pauvreté, l’inclusion, la participation des femmes et des jeunes pour éviter de nouvelles crises à l’avenir. Ce programme regroupe 200 partenaires : cinq gouvernements (Egypte, Irak, Jordanie, Liban et Turquie), 22 agences des Nations unies et des partenaires locaux.Etes-vous optimistes sur votre capacité à gérer cette crise ?On doit être optimistes. C’est un problème qui doit être résolu. On doit continuer à travailler sur tous les aspects de cette crise. C’est la crise la plus grave depuis la seconde guerre mondiale. Quand elle a commencé, personne ne pensait que nous entrerions un jour dans sa cinquième année. On essaie de trouver de nouvelles façons d’y répondre.Hélène SallonMoyen-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.09.2015 à 11h01 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Les réfugiés sont pris au piège d’une « crise de la solidarité » entre les pays de l’Union européenne et c’est « une injustice monumentale », estime Michael Diedring, secrétaire général du Conseil européen pour les réfugiés et exilés (ECRE). Cette organisation basée à Bruxelles participe au projet Asylum Information Database (Aida), qui a élaboré un rapport très détaillé sur la situation de l’asile en Europe.Son étude, présentée jeudi 10 septembre dans la capitale belge, conclut au « manque de solidarité et de consistance » de la politique d’asile menée par les 18 pays – dont la France – entrant dans le champ de l’étude.Un nombre de demandes qui enfleAu total, 626 710 demandes d’asile ont été enregistrées en 2014 et plus de 300 000 durant le premier semestre de 2015. Un nombre qui devrait encore enfler, et peut-être durant plusieurs semaines, prévoient de nombreux experts. Or, les Etats continuent de polémiquer : le projet de la Commission européenne, qui a proposé, en mai, de répartir 40 000 demandeurs d’asile a suscité de nombreuses discussions.Elle vient de récidiver avec un projet concernant 120 000 réfugiés supplémentaires, actuellement présents en Grèce, en Hongrie et en Italie. Le résultat des discussions est loin d’être assuré et, pourtant, le problème est d’une toute autre ampleur, souligne l’ECRE : durant le premier semestre de 2015, 300 000 demandes ont été enregistrées, concentrées dans quatre pays seulement – l’Allemagne, la Hongrie, la France et l’Italie. Elles concernent majoritairement des Syriens, des Afghans et des Erythréens.Des réponses différentes selon les paysLe rapport met en évidence une autre carence de l’Europe : selon le pays où ils introduisent leur demande, les candidats à l’asile reçoivent des réponses très différentes. En Finlande et en Suède, 100 % des demandes introduites par des Erythréens ont été acceptées, pour 48 % en Grèce et 26 % en France. Les Syriens sont acceptés à hauteur de 96 % en France, 94 % en Allemagne, 64 % en Italie et 43 % en Slovaquie…Officiellement, l’UE fournit pourtant des garanties communes aux personnes en quête d’une protection internationale, ainsi que des procédures présumées équitables et efficaces. Une directive sur les normes minimales en matière d’octroi du statut de réfugié a été adoptée en 2005. Elle corrigeait des règles floues, assorties de diverses dérogations autorisant chaque Etat à faire comme bon lui semblait.La directive de 2005 révèle, à son tour, ses lacunes mais c’est toutefois l’absence de confiance mutuelle entre les pays qui empêche une véritable unification des procédures. La reconnaissance des demandes, les règles pour une bonne intégration ainsi que le droit au travail où à une série d’indemnités continuent de varier fortement d’un Etat à l’autre. Du coup, certains réclament désormais l’instauration d’une juridiction européenne spécialisée qui examinerait les demandes. Un projet qui, à l’évidence, n’est pas près de voir le jour.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) Le premier ministre britannique, David Cameron, s’est dit « gravement préoccupé », jeudi 10 septembre au soir, après l’annonce par le premier ministre d’Irlande du Nord, Peter Robinson, de sa démission. Un départ consécutif à la crise gouvernementale qu’a engendrée le débat autour de la réalité du démantèlement de l’Armée républicaine irlandaise (IRA). Cette mesure-clé de l’accord de paix de 1998 a mis fin à trente ans de violences entre les unionistes protestants — qui considèrent que l’Irlande du Nord doit être maintenue au sein du Royaume-Uni — et les républicains catholiques – qui veulent être intégrés à la république d’Irlande.Lire aussi :Le premier ministre d’Irlande du Nord annonce sa démissionPeter Robinson souhaitait que l’assemblée ajourne ses travaux ou que Londres suspende les institutions politiques de la région semi-autonome. Il n’a obtenu ni l’un — faute de majorité —, ni l’autre. Il estimait que l’institution parlementaire ne peut plus fonctionner depuis que George Hamilton, le chef de la police d’Irlande du Nord, a affirmé que des membres de l’IRA, censée être dissoute, étaient impliqués dans un meurtre.Le 13 août, un ancien militant de l’Armée républicaine, Kevin McGuigan, a été tué selon un mode opératoire rappelant les assassinats punitifs commis autrefois par l’IRA. Selon le chef de la police, une partie de l’organisation, qui avait annoncé en 2005 avoir définitivement déposé les armes, est « toujours largement en place », bien que ses activités soient liées au crime organisé et non au terrorisme.Pour les partis unionistes, l’IRA est toujours activeLe meurtre et le déni par le Sinn Fein, l’ancienne branche politique de l’IRA devenue parti parlementaire, de la survivance de cette dernière, avaient déjà causé le départ de l’assemblée, le 29 août, du petit Parti unioniste d’Ulster (UUP). Mais la crise s’est aggravée, mercredi 9 septembre, avec l’arrestation de trois hommes, dont Bobby Storey, président du Sinn Fein en Irlande du Nord, dans le cadre de l’enquête sur le même meurtre. La crise a alors atteint le Parti unioniste démocrate (DUP) du premier ministre. Pour les partis unionistes, l’assassinat de McGuigan est la preuve que, contrairement aux affirmations du Sinn Fein, l’IRA est toujours active.Lire aussi :Un meurtre attribué à l’IRA provoque une crise politique en Irlande du NordIl s’agit de l’une des crises politiques les plus graves depuis l’accord de paix de 1998. Elle pourrait déboucher sur une administration directe par Londres, avant d’éventuelles nouvelles élections. Mais Peter Robinson ne tient apparemment pas à aller jusque-là. S’il a démissionné, il a laissé en place sa ministre des finances, qui assumera l’intérim, le temps qu’une solution soit trouvée avec Londres, qui a lancé vendredi un appel au calme et au dialogue.« Je regrette que nous soyons dans cette situation », a commenté Theresa Villiers, ministre britannique chargée de l’Irlande du Nord, sur l’antenne de la BBC :« L’essentiel maintenant est d’essayer de trouver un moyen de rétablir des relations qui fonctionnent, de régler les problèmes liés aux groupes paramilitaires, de parvenir à une application de l’accord de Stormont House [sur les questions communautaires] et cela ne peut se faire que par des discussions entre partis. »Theresa Villiers a estimé que la création d’une autorité indépendante chargée de contrôler le déclassement des armes et le démantèlement des organisations paramilitaires constituait « l’idée la plus plausible ».Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.09.2015 à 09h14 • Mis à jour le11.09.2015 à 10h26 | Antonin Sabot (Sendesneben, Allemagne, envoyé spécial) La première chose que Hannan a faite en arrivant en Allemagne, c’est de se rendre à la police. Non pas comme un criminel qui confesse ses fautes, mais comme celui qui vient mettre fin à une vie clandestine. C’était le jour où il arrêtait de fuir, où il arrêtait de se cacher. C’était le premier jour de sa nouvelle vie. C’était il y a tout juste un an. En août 2014. Son arrivée en Allemagne, à Hambourg.Hannan a aujourd’hui 22 ans, il est Kurde et vient d’Alep en Syrie, qu’il a quittée il y a plus de trois ans. Nous nous étions rencontrés début 2014 dans un camp à la frontière bulgare.Quand nous nous étions croisés, il affirmait que sa vie serait formidable une fois installé en Europe occidentale. Il y a des rêves qui vous font tenir dans les moments les plus difficiles, alors je n’avais pas osé le contredire quand il disait qu’il aurait tout de suite une maison, un travail, un salaire. « Ici c’est l’Europe non ? Ceux qui ne trouvent pas de travail dans ces pays-là, c’est qu’ils ne sont pas bien malins. » Lui, c’était sûr, il trouverait un travail tout de suite, disait-il.Lire aussi :L’Allemagne et le défi historique des réfugiésCe jeune homme à l’enthousiasme débordant, je l’ai retrouvé mardi 8 septembre, à Sendesneben près de Hambourg, dans le Nord de l’Allemagne où il habite désormais. Quand je l’ai vu arriver dans un bus là où nous avions rendez-vous, j’avoue que cela m’a fait un peu drôle, je me souvenais encore de la boue du camp d’Harmanli, en Bulgarie. Il m’a dit : « J’ai tellement de chose à te raconter », et puis il m’a tapé sur l’épaule en m’emmenant à sa leçon de conduite.En cherchant dans mes archives j'ai retrouvé cette photo de lui quand nous nous sommes rencontrén en 2014 en Bulgarie http://t.co/vM4hfKPwQS— antonin (@Antonin Sabot)require(["twitter/widgets"]);Pendant tout le cours, alors que le professeur, jovial, montrait le fonctionnement des feux arrière en s’appuyant sur un tableau représentant une Traban grise d’avant 1989, on n’a pas cessé de parler et de rire. Le périple à travers l’Europe, il en a très peu parlé : Hannan « l’optimiste » n’a pas changé, il embellit parfois un peu ses descriptions du présent, mais c’est parce qu’il ne pense qu’au futur.Sa première journée en Allemagne, celle où il s’est « rendu » en revanche, il s’en rappelle bien :« Bonjour, j’arrive de Syrie, je veux être réfugié », a-t-il dit au premier policier qu’il a croisé à Hambourg. « Et là, le policier, il m’a aidé ! », s’exclame-t-il, encore aux anges. Pour lui, c’était bien là le signe que l’Allemagne est son pays de cocagne. Et aussi la démonstration de sa propre chance. « You know I’m lucky [tu sais que je suis chanceux] », n’arrête-t-il pas de répéter.« En trois semaines, je parlais allemand »Après un court passage dans un camp, Hannan a vite été placé dans un hôtel. A la mi-septembre 2014, il passait l’entretien officiel de demande d’asile et racontait son histoire à l’officier d’immigration. Il avait alors déjà obtenu un appartement, dans le petit village de Lüchow, et une allocation mensuelle de 359 euros. Il a tout de suite commencé à suivre des cours d’allemand. « Il faut savoir parler pour s’intégrer », martèle-t-il. « En trois semaines je parlais déjà pas mal, assure-t-il, tout le monde était étonné. »Et puis, vint le sésame. En novembre, il recevait son titre de séjour de trois ans assorti d’un document lui permettant de voyager. A peine imaginable !Il me montre un article d'un journal local qui raconte ce migrant à l'histoire exceptionnelle. #jourdemigrants http://t.co/DqixCLcdNG— antonin (@Antonin Sabot)require(["twitter/widgets"]);De Sandesneben à chez lui, il y a 4 kilomètres. Sur son téléphone portable, le long du trajet, défilent les photos des amis qu’il s’est faits ici, de sa prof d’allemand, d’un voisin. Sa petite maison, coincée entre deux fermes, est mise à disposition par le Sozialamt, l’office de protection sociale allemand. Il vit là depuis presque un an. Son frère et son père l’y ont rejoint il y a un mois seulement.« Ça faisait trois ans que je ne les avais pas vus », explique-t-il en prenant pour la première fois un air un peu grave. La maison accueille aussi un Irakien et un autre Syrien, « mais je ne leur parle pas », souligne Hannan. « J’ai des amis allemands », affirme-t-il comme s’il voulait occulter le passé. A chaque interrogation sur Alep ou sur les camps en Europe, il élude. Parfois, il lâche en un sabir anglo-allemand : « It was Scheiße ! » C’était de la merde.Il voudrait être à l’image des murs de son appartement, encore blancs comme une page vierge, refait à neuf.Il s'installe devant le bel ordinateur, YouTube et me fait écouter son musicien préféré : Mozart ! http://t.co/4ytLHFLYex #jourdemigrants— antonin (@Antonin Sabot)require(["twitter/widgets"]);Quand il parle d’Alep, ses yeux s’illuminentLe lendemain matin, il part pour ce stage dont il est si fier et son père reste à la maison. Le regard mélancolique. A Alep, il était designer de chaussures pour femme. « Fantasia », dit-il avec un bel accent traînant et légèrement chuintant. Lui ne parle pas allemand. En anglais, il ne connaît que les chiffres entre 36 et 42. Les pointures pour femmes. De ce fait, il sait que son intégration va être plus difficile que celle de son fils. « Je voudrais aller dans une grande ville, à Hambourg, pour pouvoir faire mon travail », explique-t-il. Ce n’est que quand il parle d’Alep, que ses yeux s’illuminent. « C’était tellement beau ! », assure-t-il. Il montre aussi des photos de sa ville d’origine, Afrin, au nord d’Alep, en plein Kurdistan syrien. Sur les images, tout n’est que vergers et champs maraîchers, avec au loin le sommet d’un minaret qui émerge. Une photo retient l’attention : un autoportrait, où on le voit devant un champ. Difficile de le reconnaître ; il a l’air beaucoup plus jeune.« Ça n’était qu’il y a deux ans, je te jure », dit-il, la main sur le cœur. « Mais tout ce stress, ça m’a détruit », souffle-t-il en montrant ses médicaments contre un ulcère à l’estomac et des anti-douleur« Je ne veux rien, rien, rien,... juste ma femme », répète Othman en fumant cigarette sur cigarette #jourdemigrants http://t.co/pzJhwaPNFK— antonin (@Antonin Sabot)require(["twitter/widgets"]);« J’ai une tête et je m’en sers »Sur l’Allemagne, Hannan ne tarit pas d’éloge. Et brandit sa propre histoire en guise d’exemple. En un an, les rêves qu’il exprimait depuis un camp boueux de Bulgarie ne se sont pas démentis. Il se sait chanceux et le répète, mais explique aussi, sûr de lui : « J’ai une tête et je m’en sers. »Il continue d’aller à l’école pour perfectionner son allemand, mais suit aussi des cours pour pouvoir aller à la fac de sciences politiques.Il montre ses livres: la constitution allemande et l'économie des administrations publiques. #jourdemigrants http://t.co/zNl3EhYk6a— antonin (@Antonin Sabot)require(["twitter/widgets"]);Il a même déjà trouvé un « job », raconte-t-il. En réalité, il s’agit d’un stage, mais dûment rémunéré. Pendant trois mois, il travaille aux bureaux de la municipalité à Sandesneben, avec ceux-là même qui l’ont aidé quand il est arrivé.Sebastian Flint, le responsable local de la Sozialamt est de ceux-là. Il vante le fonctionnement fédéral de l’Allemagne qui permet à chaque Länder de décider comment il devra s’occuper de son quota de réfugiés :« Il ne faut pas envoyer tout le monde à Berlin, notre atout c’est de pouvoir répartir les gens. Ici, on a décidé de louer des appartements pour loger les migrants que l’on accueille et il n’y a que quelques familles par village. Il y a même des gens qui ne se rendent même pas compte de leur présence. »Reste qu’il est difficile pour un réfugié de trouver du travail dans cette zone essentiellement rurale. « C’est vrai qu’on a peu d’emploi ici, reconnaît-il, mais on a quand même quelques belles réussites, comme un réfugié qui a été embauché à la banque locale. Les réfugiés ont des compétences. A nous de savoir en profiter », argumente Sebastian Flint en souriant à Hannan.Sur l’afflux récent, l’homme reste circonspect et explique que 2 000 réfugiés sont arrivés la veille dans un district proche.« Pour le moment, on arrive à bien faire face. Mais on ne veut pas avoir à louer tous les appartements du coin non plus. Alors s’il en venait plus, on devrait peut-être changer de stratégie, installer des préfabriqués ou construire des logements. »Lire aussi :Et l’Allemagne ouvrit ses portesLa visite est finie. Au moment de se quitter Hannan promet d’envoyer des nouvelles. Avant de partir, je lui demande :– « Tu vas faire quoi demain ? »– « Je travaille mon ami, je travaille ! »Antonin Sabot (Sendesneben, Allemagne, envoyé spécial)Journaliste au pôle vidéoSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.09.2015 à 22h09 • Mis à jour le10.09.2015 à 22h16 | Gilles Paris (Washington, correspondant) Accusés d’indifférence alors que des dizaines de milliers de réfugiés fuient le chaos syrien, les Etats-Unis mettaient surtout en avant jusqu’à présent l’aide massive apportée aux pays limitrophes. Le département d’Etat a ainsi fait valoir que les 4 milliards versés aux premiers pays d’accueil (Liban, Turquie, Jordanie) font de Washington le premier contributeur pour les camps de réfugiés.Mais la Maison Blanche a manifestement considéré jeudi 10 septembre qu’un effort supplémentaire était nécessaire en annonçant que les Etats-Unis allaient multiplier par cinq le nombre de Syriens admis sur le sol américain lors de la prochaine année fiscale qui débutera le 1er octobre. Pays traditionnel d’accueil, les Etats-Unis acceptent chaque année, depuis plus de dix ans, entre 70 000 et 80 000 réfugiés, toutes régions du monde confondues.Les réfugiés venant de l’Afrique du Nord, du Proche-Orient ou de la partie occidentale de l’Asie (Afghanistan, Pakistan) représentent près de la moitié de ces réfugiés (entre 33 000 et 35 000), avec un fort contingent irakien passé de 12 000 en 2012 à près de 20 000 deux ans plus tard. En revanche, les Syriens ont été très peu nombreux à trouver refuge aux Etats-Unis jusqu’à cette dernière année. #container_1441913194903{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1441913194903{ height:500px; } #container_1441913194903 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1441913194903 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1441913194903 .subtitre{ display:block; }Entre 2012 et 2014, les Etats-Unis ont accueilli beaucoup plus d'Irakiens que de SyriensSeuls 31 réfugiés syriens ont été admis en 2012 et 36 en 2013(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1441913194903", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'default' } this.credits.element.onclick = function(){} } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"département d'Etat US", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"linear", categories:["2012","2013","2014","Au 30 avril 2015","Estimations pour 2016"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:-45 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "" }, legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Irak", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 12000 ], [ "", 19500 ], [ "", 19700 ], [ "", null ], [ "", null ] ], "color": "#0386c3" }, { "name": "Syrie", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 31 ], [ "", 36 ], [ "", 105 ], [ "", 650 ], [ "", 10000 ] ], "color": "#FFc832" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Le département d’Etat avait déjà annoncé en début de semaine que le nombre de Syriens allait passer de 1 800 pour l’année fiscale 2014-2015, qui s’achève à la fin du mois, à un chiffre qui pourrait aller jusqu’à 8 000. Le secrétaire d’Etat, John Kerry, avait confirmé mercredi 9 septembre cette hausse sans pour autant donner d’éléments chiffrés. Plus de 16 000 dossiers présentés par des Syriens ont été soumis aux Etats-Unis par le HCR depuis le début de l’année selon le département d’Etat, qui avait expliqué le très faible nombre de cas instruits par la lourdeur des procédures de sécurité appliquées pour ce pays.Gilles Paris (Washington, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.09.2015 à 18h45 • Mis à jour le10.09.2015 à 21h10 Dernier rebondissement d’une crise gouvernementale, le premier ministre d’Irlande du Nord, l’unioniste Peter Robinson, a annoncé jeudi 10 septembre qu’il allait démissionner après le non-ajournement de l’Assemblée régionale.Peter Robinson a précisé lors d’une conférence de presse qu’il serait remplacé par sa collègue unioniste Arlene Foster comme premier ministre temporaire, seule ministre du Parti unioniste démocrate (DUP) à rester au sein du gouvernement de coalition, et ce « pour s’assurer que les nationalistes et les républicains ne sont pas en mesure de prendre des décisions financières ou autres qui pourraient nuire à l’Irlande du Nord ».L’annonce du départ de M. Robinson et de trois ministres DUP intervient quelques heures après le rejet, par la commission parlementaire chargée de l’ordre du jour de l’Assemblée de la région semi-autonome du Royaume-Uni, de sa demande d’ajournement.Soupçons sur la survie de l’IRAM. Robinson avait demandé cet ajournement sur fond de tensions grandissantes avec son partenaire au sein du gouvernement de coalition, le Sinn Fein. Il accusait l’ancienne branche politique de l’Armée républicaine irlandaise (IRA) d’être malhonnête en prétendant que le groupe paramilitaire n’existe plus.Ces tensions ont été exacerbées par le meurtre à la mi-août d’un ancien militant de l’IRA, Kevin McGuigan, dont le mode opératoire rappelle les assassinats punitifs commis par l’IRA. Selon la police, une partie de l’organisation, qui avait annoncé en 2005 avoir définitivement déposé les armes, est « toujours largement en place », bien que ses activités soient liées au crime organisé et non au terrorisme.Peter Robinson pouvait demander à Londres de décider la suspension de l’Assemblée. Il a préféré démissionner après que David Cameron s’est déclaré « sérieusement préoccupé par la situation » et a appelé « l’ensemble des hommes politiques d’Irlande du Nord à travailler ensemble pour construire un meilleur avenir pour le pays ».La tension est montée d’un cran mercredi avec l’arrestation de trois hommes, dont le président du Sinn Fein en Irlande du Nord, Bobby Storey, dans le cadre de l’enquête sur ce meurtre.Lire nos explications :Un meurtre attribué à l’IRA provoque une crise politique en Irlande du Nord 10.09.2015 à 17h19 • Mis à jour le10.09.2015 à 18h52 L’entretien accordé par Nicolas Sarkozy au Figaro, jeudi 10 septembre, a suscité de nombreuses réactions des personnalités politiques françaises. Notamment à gauche, où les ténors du Parti socialiste (PS) ont vivement critiqué les propos du président des Républicains sur l’accueil des migrants en France et la remise en question du droit du sol, que M. Sarkozy avait déjà évoquée le 13 juin.Lire aussi :Migrants : Nicolas Sarkozy met en garde contre « la désintégration de la société française »Le premier ministre, Manuel Valls, interrogé lors d’une conférence de presse à Matignon, a ainsi évoqué la proposition de l’ancien président de la République de créer un statut provisoire de « réfugié de guerre » pour certains migrants arrivant en Europe, en répondant que « le droit d’asile ne se découpe pas en tranches »« Nous accueillerons les réfugiés ou demandeurs d’asile qu’ils soient chrétiens, musulmans, sunnites, chiites, yézidis. Ne rentrons pas dans un débat sur un tri, mot terrible. »De son côté, Bernard Cazeneuve, le ministre de l’intérieur, a parlé d’une « conception curieuse du droit d’asile », qui n’était pas celle de la France.« Dans l’histoire longue de notre pays, est réfugié quiconque est persécuté dans son pays en raison de ses origines, de sa religion, de ses convictions. Ce statut de réfugié, il n’est pas divisible, il est un et indivisible comme la République. Si nous devions décider, par exemple, que ceux qui sont réfugiés de guerre auraient vocation à venir ici (…) et à repartir après, nous ajouterions aux persécutions les incertitudes et la précarité d’une situation incertaine. »Le ministre de l’intérieur a également affirmé que Nicolas Sarkozy, en tenant de tels propos, cherchait à « assurer des résultats électoraux », fustigeant les « amalgames », les « approximations » et la « convocation des instincts » de l’ancien chef de l’Etat.Plus direct et succinct, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a publié sur Twitter un message soulignant les incohérences de Nicolas Sarkozy.Interview de @NicolasSarkozy au Figaro: Après la fuite d'eau, la fuite en avant! Comment être pour l'asile, tout en étant contre?— jccambadelis (@Jean-Chr. Cambadélis)require(["twitter/widgets"]);« Braconnage sur les terres de l’extrême droite »Autre point abordé par M. Sarkozy dans cet entretien : la renégociation des accords de Schengen a été abordée sur i-Télé par Jean-Marie Le Guen, le secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement, qui a qualifié ses propositions de « saugrenues ».« Il est scotché à sa critique d’il y a quelques mois où il voulait mettre à bas Schengen », a-t-il ajouté. Selon lui, les propositions de Nicolas Sarkozy de maintenir la libre circulation des Européens au sein de l’espace Schengen tout en suspendant celle des ressortissants non européens « ne tiennent pas la route ».Lire aussi :Réfugiés : Sarkozy veut refonder SchengenPour le député européen écologiste Noël Mamère, cette proposition est « une forme d’apartheid ». Invité de Sud Radio, M. Mamère est également revenu sur les « risques de désintégration de la société française » avancés par Nicolas Sarkozy face à l’afflux de migrants, estimant qu’il s’agissait là d’un « braconnage sur les terres de l’extrême droite ».« Vous pensez qu’en 1920 après le génocide arménien, quand 100 000 Arméniens sont arrivés dans notre pays qui ne comptait que 30 millions d’habitants, il y a eu une désintégration ? Que quand les Républicains espagnols sont arrivés massivement après la guerre civile, la France a été désintégrée ? Que quand les Juifs allemands sont arrivés dans notre pays, et les Russes qui fuyaient la révolution d’Octobre, ça a détruit notre pays ? Et quand un million de rapatriés sont venus en France après les indépendances, ça a détruit la France ? Ou va-t-on ? »Lire aussi :Migrants : pourquoi Nicolas Sarkozy durcit son discours Alexandre Lemarié Dans un long entretien au Figaro, jeudi 10 septembre, Nicolas Sarkozy présente des propositions pour faire face à ce qu’il décrit comme une « pression migratoire » inédite « dans l’histoire de l’Europe ». Dans cet entretien, le président du parti Les Républicains (LR) réaffirme son « hostilité » aux quotas de réfugiés à répartir au sein de l’Union européenne. Pour lui, il convient d’abord de « refonder » Schengen et de mettre en place « une nouvelle politique d’immigration européenne ».Lire aussi les réactions :Valls à Sarkozy : « Le droit d’asile ne se découpe pas en tranches »Si elle aborde des questions de politique internationale, la sortie de M. Sarkozy ressemble à une opération de politique intérieure. En insistant sur le thème des « frontières » et en adoptant un discours de fermeté sur l’immigration, celui qui se pose en chef de l’opposition renoue avec le ton de sa campagne présidentielle de 2012, inspiré par Patrick Buisson, son ancien conseiller venu de l’extrême droite. Avec un objectif assumé : reconquérir les électeurs de droite passés au Front national dans l’optique de la primaire à droite, qui aura lieu en novembre 2016 en vue de l’élection présidentielle de 2017. D’autant que les derniers sondages le placent en deuxième position derrière Alain Juppé.Pour les séduire, M. Sarkozy reprend des thèmes traditionnels du FN et durcit son discours par rapport aux années précédentes. Il préconise notamment de supprimer l’aide médicale d’Etat (AME) accordée aux étrangers en situation irrégulière, alors qu’il disait ne pas vouloir « remettre en cause cette générosité française » lors de la campagne de 2012.Lire aussi :Réfugiés : Sarkozy veut refonder Schengen« Adaptation du droit du sol »De la même manière, il se dit pour la première fois favorable à une « adaptation du droit du sol », ce qu’il s’était toujours refusé à faire, déclarant même lors en 2012 : « Je suis pour le droit du sol. Nous le garderons (…). Le droit du sol, c’est la France. »Jugeant par ailleurs nécessaire de « réguler et réduire les flux migratoires », il plaide pour une réduction du nombre de bénéficiaires du regroupement familial. Et suggère la préférence nationale dans l’attribution des prestations sociales. Un discours qui résonne avec celui de Marine Le Pen, favorable à l’abrogation du droit du sol, à la suppression de l’aide médicale d’Etat pour les étrangers en situation irrégulière et à l’abolition des accords de libre circulation de Schengen.Lire aussi :Pour Marine Le Pen, « l’immigration est un fardeau »En dévoilant ses nouvelles positions, M. Sarkozy se démarque de la droite européenne, notamment de la chancelière allemande, Angela Merkel, et du premier ministre britannique, David Cameron, qui se montrent plus ouverts sur l’accueil des réfugiés. S’il cherche à contenir la pression du FN, le président des Républicains cherche aussi à donner des gages à son électorat, de plus en plus réticent sur la question de l’immigration. Ainsi, 68 % des sympathisants de droite sont opposés à l’arrivée des réfugiés en France, selon un sondage Odoxa pour Paris-Match et i-Télé réalisé les 3 et 4 septembre.Alexandre LemariéJournaliste en charge du suivi de l'UMPSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.09.2015 à 08h01 • Mis à jour le30.09.2015 à 09h49 | Patrick Roger Le projet de loi de finances pour 2016 du gouvernement de Manuel Valls sera adopté, mercredi 30 septembre, en conseil des ministres. Ce projet de budget, fondé sur une hypothèse de croissance jugée « prudente » par le gouvernement – alors qu’à l’heure actuelle, la reprise de l’activité économique demeure lente – sera avant tout marqué par des baisses ciblées de l’impôt sur le revenu et par des mesures d’économies, dont le montant sera un peu supérieur aux premières estimations communiquées par le gouvernement.A ce propos, M. Valls, lors d’un entretien, mardi, avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s’est engagé à prendre « les mesures nécessaires » afin de tenir la promesse de Paris de ramener le déficit public sous la barre des 3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2017. « Voilà le message : la France est en mouvement, et rien n’interrompra l’élan de réformes qui a été engagé. La France en a besoin pour elle-même, je suis également convaincu que c’est utile pour l’Europe dans son ensemble », a déclaré le chef du gouvernement.Voici, en cinq chiffres, un aperçu des grandes masses de ce projet de budget.1,5 %C’est l’hypothèse de croissance de l’économie française pour l’année 2016 (après 1 % en 2015) sur laquelle a été construit le projet de loi de finances. Cette estimation reste proche de celle des instituts économiques qui convergent vers 1,6 %.« Ce 1,5 % n’est pas un objectif, nous cherchons à nous donner les moyens de faire mieux, mais nous avons fait le choix d’une hypothèse prudente pour construire notre budget. Ce choix n’allait pas nécessairement de soi », précise le ministre des finances, Michel Sapin.Le Haut conseil des finances publiques, quant à lui, estime que, « compte tenu de l’accroissement des incertitudes depuis l’été, (…) l’hypothèse d’une croissance de 1,5 % en 2016 ne peut plus être qualifiée de “prudente” ». Il considère toutefois qu’elle reste « atteignable ».Le gouvernement table sur une consommation des ménages soutenue (+ 1,7 %) et, surtout, sur un fort rebond de l’investissement des entreprises (+ 4,9 %) grâce aux effets attendus du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) et du pacte de responsabilité, dont elles bénéficieront pour un montant global de 9 milliards d’euros.Lire aussi :Un budget pour 2016 construit sur une « hypothèse prudente » de croissance 16 milliards d’eurosC’est le montant de la réduction des dépenses programmée en 2016. Amorcé en 2015, le mouvement de baisse de ces dépenses, de 50 milliards d’euros en trois ans, se poursuit donc.Mais le programme de stabilité, transmis au printemps à la Commission européenne, ne prévoyait « que » 14,5 milliards d’euros d’économies en 2016. Le projet de loi de finances place donc finalement le curseur un peu plus haut.Après 56,4 % du PIB en 2014 et 55,8 % en 2015, la dépense publique devrait s’établir à 55,1 % en 2016. Un niveau qui reste cependant un des plus élevés d’Europe. Le gouvernement fait observer que la progression moyenne, en valeur, de la dépense publique entre 2012 et 2016 (1,5 %) est inférieure de moitié à sa progression entre 2007 et 2011 (plus de 3 %).En 2014, la progression en valeur a été contenue à + 0,9 % et celle de l’Etat a même baissé. « Rapporté à un rythme d’évolution spontanée de la dépense publique autour de + 2,5 %, l’effort est réel », souligne M. Sapin.2 milliards d’eurosC’est l’ampleur (en réalité un peu plus de 2 milliards d’euros) de la nouvelle baisse d’impôt sur le revenu décidée pour 2016. Le gouvernement met en l’occurrence l’accent sur les ménages modestes.Cette réduction concernera 3 millions de foyers qui n’ont pas bénéficié de la baisse engagée en 2015, pour 3 milliards d’euros. Ceux-ci devraient voir leur impôt diminuer et environ 1 million sortiront de l’impôt sur le revenu (IR) ou éviteront d’y entrer.Ainsi, en 2016, 46 % des foyers imposables seront assujettis à l’IR, un niveau équivalent à celui de 2010. Entre-temps, cependant, les recettes de l’impôt sur le revenu ont crû de 20 milliards d’euros.Les prélèvements obligatoires, dans leur ensemble, n’observeront, eux, qu’une très faible diminution : ils se situeront à 44,5 % du PIB en 2016, après 44,6 % en 2015 et 44,9 % en 2014, année record. « Les recettes fiscales sont au rendez-vous », se félicite le secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert.3,3 %C’est, en pourcentage du PIB, le niveau du déficit public que le gouvernement s’engage à atteindre fin 2016, après 3,8 % en 2015, l’objectif étant d’arriver à passer sous la barre des 3 % en 2017, comme le prévoit le pacte de stabilité approuvé par la Commission européenne.Cet objectif suppose toutefois, pour être tenu, une maîtrise stricte des économies à réaliser, compte tenu à la fois des mesures fiscales en faveur des ménages et des entreprises et des crédits annoncés par le gouvernement ces dernières semaines pour l’agriculture, les collectivités locales et l’accueil des réfugiés.C’est sur le chiffrage de ces économies que le gouvernement est particulièrement attendu.Lire aussi :Budget : Bruxelles ne relâche pas la pression sur la France96,5 %C’est, en pourcentage du PIB, le poids de la dette publique. Celle-ci devrait continuer à croître en 2016, certes de façon modérée, mais elle atteindra quand même 96,5 % du PIB, après 96,3 % cette année. Selon l’Insee, elle s’établissait à 97,6 % du PIB à la fin du second trimestre 2015.Les « règles » européennes prévoient théoriquement que la dette publique soit contenue sous les... 60 % du PIB. « La dette se stabilisera nettement en dessous de 100 % du PIB en 2016, avant de progressivement refluer », a annoncé M. Sapin en présentant les grandes orientations du budget.Paradoxalement, le budget de l’Etat devrait enregistrer un moindre poids de la dette par rapport à ce que le gouvernement anticipait, grâce à la persistance de taux d’intérêt bas et d’une faible inflation.Ainsi, la charge de la dette en 2016 devrait s’élever à 44,5 milliards d’euros alors que la loi de programmation des finances publiques prévoyait 47,7 milliards.Lire l'entretien :Michel Sapin assure pour 2016 une « maîtrise très forte des dépenses de l’Etat »Patrick RogerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Brighton, envoyé spécial) Deux semaines après avoir été porté à la tête du Labour avec 59 % des voix, Jeremy Corbyn a reçu, mardi 29 septembre à Brighton (Royaume-Uni), l’onction enthousiaste du congrès travailliste. Ovations debout répétées, acclamations, bras levés : le discours qu’il a prononcé et sa réception par les militants confirment que l’outsider radical de la primaire travailliste n’est pas l’accident de l’histoire que David Cameron et la majorité des médias se plaisent à décrire.Désireux de balayer l’image du coupeur de têtes néomarxiste que renvoient les tabloïds, M. Corbyn s’est habilement présenté comme un homme à l’écoute, convaincu des vertus de la contestation et du « libre débat », porteur des valeurs ouvrières historiques du Parti travailliste et promoteur d’une société « plus douce, plus accueillante », capable de « prendre soin » des démunis.« Diriger, c’est écouter », a-t-il lancé à l’adresse de tous ceux qui, en particulier chez les députés de son propre parti, combattent ses positions tranchées contre l’arme nucléaire et le plafonnement des aides sociales, et pour la nationalisation des chemins de fer. « Ne pas être d’accord, ce n’est pas la fin du monde, si on se retrouve à la fin pour défendre nos idées contre les tories », a-t-il lancé.Depuis qu’il a été élu, l’homme a déjà montré qu’il savait mettre de l’eau dans son vin : après le scandale suscité par son refus de chanter le God Save the Queen, lors de la commémoration de la Bataille d’Angleterre, il a accepté de se conformer aux usages. Alors que son élection marque une victoire pour les eurosceptiques de gauche, il a aussi promis de défendre le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne lors du référendum prévu d’ici à 2017.Lire aussi :Jeremy Corbyn cherche à surmonter les critiques de ses détracteursMardi, pour son discours-programme retransmis par tous les médias, il portait une cravate grenat mal serrée et lisait son texte sur un prompteur. Mais ses concessions ne se sont pas limitées au style : en évitant de trancher sur les sujets qui fâchent, en caressant largement les militants dans le sens du poil, il a manifesté un solide sens politique et de la synthèse, sans pour autant céder à la démagogie.Dénonçant la revendication de David Cameron d’une exemption pour le Royaume-Uni en matière de droits sociaux européens, Jeremy Corbyn a défendu « une Europe de l’unité et de la solidarité ». Se posant en défenseur des droits de l’homme dans le monde, il a dénoncé le soutien de Londres et les ventes d’armes à des régimes comme l’Arabie saoudite. Convaincu qu’« un peu plus de bombes » sur la Syrie ne réglerait rien sans une « stratégie diplomatique », il a appelé à « tirer les leçons du passé », en particulier, la décision de Tony Blair d’engager le pays en Irak « sur la base de mensonges ».Mais la principale cible du nouveau chef de l’opposition au gouvernement de Sa Majesté est évidemment David Cameron et sa sévère politique d’austérité. Accusé par le premier ministre de constituer « une menace » non seulement pour la sécurité nationale à cause de son opposition à la force nucléaire, mais aux familles britanniques en raison de sa contestation des coupes sur les budgets sociaux, Jeremy Corbyn lui a renvoyé la politesse. Maniant l’anaphore sur le thème « Où est la sécurité lorsque… ? », il a énuméré les situations d’insécurité sociale que vivent nombre de Britanniques : baux de location de six mois, impossible accès à un logement abordable, emplois précaires, réduction des aides sociales, recours aux banques alimentaires. Et d’appeler les militants à combattre ces injustices, afin de construire « une gauche moderne, une société plus juste pour tous ».Lire aussi :Royaume-Uni : Corbyn réussit son grand oral face à CameronLe respect des opinions des autres, le fair-play, la solidarité, « ces valeurs que partagent la majorité des Britanniques, ce sont les raisons fondamentales pour lesquelles j’aime ce pays et son peuple », a insisté le leader, dont le patriotisme avait été mis en cause après l’épisode du God Save the Queen.La référence appuyée aux fondamentaux de la gauche – la solidarité, le refus de l’injustice et des préjugés –, reléguée au second plan ces derniers temps au profit du sérieux budgétaire revendiqué, ne pouvait que déclencher des tonnerres d’applaudissements consensuels. Pour M. Corbyn, soupçonné de provoquer l’éclatement de son parti, c’était essentiel.La revendication d’une renationalisation des chemins de fer – plébiscitée largement selon les sondages – et d’une gestion des établissements scolaires par les collectivités locales et non par des entités privées peut également facilement unir le « peuple de gauche ».Lire aussi :Corbyn réveille les vieux démons du LabourMais le discours de Brighton a évité plusieurs sujets très clivants, notamment le déficit budgétaire et l’immigration, deux dossiers stratégiques sur lesquels les électeurs ne font pas confiance au Labour et qui divisent profondément le parti. Il n’a pas non plus clarifié la position du Labour sur des questions clés comme l’Europe ou l’arme nucléaire : M. Corbyn a seulement répété son opposition, tout en prônant la défense des emplois qui y sont liés, conformément à la position des syndicats qui soutiennent ardemment le nouveau leader.Tous ces différends devront être tranchés, et M. Corbyn s’est dit « ouvert au débat ». Les élections locales, notamment à Londres et en Ecosse, au printemps prochain, constitueront un premier test de l’écho de la nouvelle ligne du parti auprès des électeurs. Ses opposants au sein du parti semblent avoir enterré la hache de guerre, pour l’instant. Mais font savoir qu’ils l’attendent au tournant.Mais le nouveau leader travailliste a aussi rappelé le mandat clair « pour le changement » que la primaire lui a conféré. Avec 50 000 nouvelles adhésions enregistrées au parti depuis son élection, Jeremy Corbyn dispose d’une légitimité à se poser en chef de file d’un mouvement de masse, notamment parmi la jeunesse. Tous ses lieutenants l’ont répété à Brighton devant des audiences électrisées : il s’agit de transformer le vieux Labour Party en un vaste « mouvement anti-austérité ».Lire aussi :Qui est Jeremy Corbyn, nouveau leader de la gauche britannique ?Philippe Bernard (Brighton, envoyé spécial)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.09.2015 à 12h33 • Mis à jour le29.09.2015 à 15h16 Après avoir avoué avoir équipé 11 millions de véhicules dans le monde d’un logiciel capable de fausser les résultats des tests antipollution, Volkswagen continue à rendre publique, au compte-gouttes, les marques des véhicules et les pays concernés.La division Utilitaires du constructeur a reconnu, mardi 29 septembre, que 1,8 million de véhicules utilitaires étaient concernés. Puis, ce sont 700 000 autres qui ont été identifiés comme étant de la marque espagnole Seat. Jusqu’à maintenant, on savait que la présence du logiciel était confirmée sur :5 millions de voitures de marque Volkswagen ;2,1 millions de berlines haut de gamme Audi ;1,2 million de Skoda.Avec les dernières annonces, il ne manque plus que 200 000 unités à l’appel. Pour ce qui est des pays, on ne connaît pour l’heure que les chiffres pour l’Allemagne (2,8 millions de véhicules) et les Etats-Unis (500 000 véhicules).Lire aussi :Scandale Volkswagen : Bruxelles accusée d’avoir fermé les yeux« Un chemin long et pénible nous attend » Le constructeur allemand, sommé par le gouvernement de présenter d’ici au 7 octobre une feuille de route et un calendrier de rappel des voitures et de remise aux normes, a promis, par la voix de son nouveau PDG, Matthias Müller, « un plan d’action à grande échelle » visant à assurer que ses moteurs diesel respecteront dorénavant les normes établies par les différents pays.Volkswagen proposera à ses clients « dans les jours à venir » de venir modifier les modèles diesel équipés de logiciels. Matthias Müller a également dit que les autorités seraient informées en octobre de ces solutions techniques.Il a ajouté que la marque Volkswagen, qui a perdu plus du tiers de sa valeur en Bourse depuis que le scandale a éclaté, deviendrait indépendante au même titre qu’Audi et Porsche, rapporte Reuters. « La nouvelle structure de l’entreprise constituera la première étape et le fondement de la modernisation de Volkswagen. Un chemin long et pénible nous attend, ainsi que beaucoup de travail », a lancé M. Müller devant les actionnaires du groupe.Lire le décryptage :Six clés pour comprendre le scandale qui secoue Volkswagen Audrey Tonnelier Les Bourses de Tokyo et de Hongkong ont plongé de plus de 4 % et de 3,38 % respectivement, mardi 29 septembre, dans un contexte de déprime des marchés, de nouveau gagnés par l’inquiétude sur les fragilités de la croissance mondiale. La Bourse de New York avait fini, lundi, sur une baisse conséquente, le Dow Jones fléchissant de 1,92 % et le Nasdaq de 3,04 %, dans la foulée des places européennes. Mardi en fin de matinée, les places européennes semblaient toutefois se reprendre, et évoluaient dans le vert. Trois grandes raisons expliquent pourquoi les turbulences boursières actuelles sont parties pour durer.Lire aussi :Nerveux et agités, les marchés se cherchent une boussoleChineLe ralentissement économique de l’empire du Milieu, longtemps considéré comme la locomotive du monde, n’en finit pas d’inquiéter les investisseurs. Les marchés asiatiques ne se sont jamais remis du mini-krach boursier intervenu en août, sur fond de dévaluation du yuan et d’éclatement de la bulle immobilière chinoise. Lundi, un nouvel indicateur est venu raviver les craintes : les entreprises du secteur industriel en Chine ont vu leurs bénéfices chuter de 8,8 % sur un an en août. Ce repli, qui s’accélère, est un nouveau signal de l’essoufflement de l’activité dans la deuxième économie de la planète. Les marchés craignent une contagion aux autres pays émergents, au premier rang desquels le Brésil, et à toute l’économie mondiale.Matières premièresL’indicateur chinois a provoqué une nouvelle chute des matières premières. Les cours du pétrole ont cédé plus d’un dollar le baril à New York, lundi. Symbole de cette débâcle, le groupe suisse de matières premières Glencore a connu un lundi noir à la Bourse de Londres, où il est coté, avec une chute de 29,42 % de son action, à 68,62 pence, qui atteint son plus bas niveau historique après une note d’analyste pointant son fort endettement.« Ces secteurs, très consommateurs de produits industriels, pèsent sur les commandes d’autres entreprises cotées, comme Schneider ou Bureau Veritas par exemple », soulignent les analystes d’Aurel BGC.Lire aussi :Glencore : les raisons de la chute du roi du négoce FedLes tergiversations de la banque centrale américaine sur un relèvement de ses taux directeurs alimentent les incertitudes des investisseurs. Les statistiques macroéconomiques ne les aident pas à y voir plus clair sur l’état de l’économie : lundi, les promesses de ventes de logements en août ont connu un recul inattendu, mais la consommation des ménages américains a réservé une bonne surprise pour le même mois, venant une nouvelle fois plaider en faveur d’un relèvement des taux d’ici la fin de l’année.Le président de la Fed de New York, William Dudley, a en outre alimenté les spéculations en laissant entendre que la banque centrale pourrait passer à l’action dès sa prochaine réunion, fin octobre. Plusieurs autres responsables de la Réserve fédérale doivent s’exprimer au cours des prochains jours, et parmi eux sa présidente, Janet Yellen, mercredi. Et vendredi, les investisseurs prendront connaissance des chiffres de l’emploi en septembre.Audrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles,correspondant) Un troisième suspect, un Français, est incarcéré en Belgique dans le cadre de l’enquête sur l’attentat au Musée juif de Bruxelles, qui avait fait quatre morts le 24 mai 2014. Le parquet fédéral belge a confirmé, lundi 28 septembre, des informations diffusées par l’agence de presse Belga.L’homme, dont l’identité n’est pas révélée, a 28 ans et serait originaire de la région marseillaise. Il a été mis en examen pour avoir été, selon le parquet, « auteur, coauteur ou complice d’un quadruple meurtre dans un contexte terroriste ».Il est, en fait, incarcéré dans le royaume depuis le 1er juillet. Les autorités belges avaient lancé contre lui un mandat d’arrêt international et il leur a été livré par la France. Son rôle dans l’attentat, ou l’aide qu’il aurait apportée à l’auteur de la tuerie, Mehdi Nemmouche, restent indéterminés. L’agence Belga évoque des « contacts » entre les deux individus.Un autre Français, Nacer Bendrer, est lui aussi détenu dans une prison belge depuis le mois de février dernier. Les enquêteurs n’indiquent pas s’il a des liens avec le troisième suspect.Lire aussi :Ouverture d’une information judiciaire pour enlèvement et séquestration visant Mehdi NemmoucheUn quatrième homme toujours recherchéIls recherchent, par ailleurs, toujours la trace d’un quatrième individu, filmé sur un boulevard de Bruxelles en compagnie de Mehdi Nemmouche, le 28 mai, quatre jours après la tuerie. Grand, chauve, portant des habits sombres, l’homme, non identifié, portait un sac de sport qui contenait vraisemblablement des armes.Deux jours plus tard, le 30 mai, Nemmouche était arrêté par des douaniers lors d’un contrôle de routine à la gare de Marseille. Il portait une arme de poing et un sac contenant un chargeur de Kalachnikov. Cinq personnes ont été arrêtées, sept mois plus tard, à Marseille, dans le cadre de l’enquête sur l’attentat.Nemmouche disposait vraisemblablement de contacts dans cette région où il a passé 5 années en prison avant de se radicaliser et de s’envoler pour la Syrie en 2012. Il est soupçonné d’avoir été l’un des geôliers des quatre journalistes français retenus en Syrie au début 2014. Le parquet de Paris a ouvert récemment contre lui une information pour enlèvement et séquestration, en relation avec une entreprise terroriste.En Belgique, Nemmouche se tait obstinément depuis son incarcération. Il refuse notamment de répondre aux questions sur la présence dans sa planque bruxelloise d’un fauteuil roulant qui continue d’intriguer les enquêteurs.Lire aussi :Le djihadiste français Salim Benghalem aurait été le geôlier des ex-otages en SyrieJean-Pierre Stroobants (Bruxelles,correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Mathilde Damgé L’élection régionale de dimanche, en Catalogne, a abouti à une large victoire des indépendantistes. Cette région du nord-est de l’Espagne n’a jamais été un Etat souverain, mais connaît depuis quelques décennies un indépendantisme qui va croissant.Lire aussi :En Catalogne, l’urgence d’une négociationLe nationalisme catalan n’est apparu qu’assez tardivement : mouvement républicain s’opposant à la monarchie, il aboutit à la création d’un gouvernement catalan, la Generalitat, en 1932. Etouffée sous Franco, cette Generalitat est rétablie en 1977 et fait approuver en 2005 par le parlement catalan un projet d’autonomie.Le sentiment nationaliste reste toutefois largement minoritaire jusqu’en 2010. Cette année-là, un texte élargissant l’autonomie de la région et reconnaissant l’existence de la « nation » catalane est rejeté par le tribunal constitutionnel, à Madrid. En protestation, un million de personnes ont défilé à Barcelone, un mouvement d’ampleur dans une région de 7,5 millions d’habitants. Depuis, le nationalisme s’est intensifié et la fête nationale, la Diada a rassemblé encore cette année plus d’un million de personnes – même si les chiffres sont contestés par Madrid.Pourquoi cette région veut-elle son indépendance ? En a-t-elle les moyens ?Que représente la Catalogne en Espagne ?C’est l’une des régions les plus puissantes et les plus riches d’Espagne. Avec 16 % de la population, les Catalans produisent environ 20 % de la richesse du pays. Un quart des exportations espagnoles sont parties de Catalogne en 2014.Avec Barcelone, la Catalogne possède un des plus grands ports commerciaux de la Méditerranée, quatre aéroports internationaux, une industrie pharmaceutique compétitive, et abrite les sièges de grandes multinationales, comme le géant du textile Mango. Le taux de chômage, certes élevé, reste en deçà de la moyenne nationale : il était au deuxième trimestre de 19,1 % de la population active, contre 22,4 % au niveau national.Au niveau politique et administratif, la région a, comme les autres « communautés autonomes » (Andalousie, Canaries, Galice, etc.), son parlement et son gouvernement, qui s’occupent notamment de la santé, de l’éducation et des services sociaux. Elle dispose également de sa propre police.En termes de racines culturelles, la Catalogne a aussi sa propre langue, le catalan, plus utilisé que l’espagnol (castillan), son hymne, Els Segadors (les moissonneurs) et son drapeau à rayures rouge et or. Quelles sont les revendications des indépendantistes ?Très endettée, à hauteur de près d’un tiers de son PIB, la région prétend qu’elle ne serait pas déficitaire (le déficit public ressortait à 2 % fin 2013) si le régime de redistribution espagnol, dans lequel les provinces riches donnent aux pauvres, fonctionnait davantage en sa faveur.Selon les calculs de la Generalitat en 2011, la différence entre ce que la région verse à Madrid via les impôts et ce qu’elle reçoit de l’Etat est de l’ordre de 8,5 % du PIB catalan. Une contribution contestée par le gouvernement, qui avance un chiffre moitié moins élevé (4,3 % du PIB de la région).Lire aussi :Démonter les fausses promesses économiques des indépendantistes catalansAujourd’hui, la région gère environ la moitié des impôts, le pouvoir central lève l’autre moitié. Ce que souhaitent les forces nationalistes, c’est adapter le système déjà en vigueur au Pays basque : gérer tous les impôts en créant une sorte de guichet unique régional puis verser à Madrid une quote-part en fonction des services rendus par l’Etat en Catalogne, ainsi qu’une contribution à la solidarité territoriale (avec les régions les moins riches).Outre la question fiscale, les indépendantistes ont des revendications culturelles : ils militent ainsi contre la loi qui a instauré en 2012 l’utilisation du castillan dans les écoles – le ministre de l’éducation de l’époque, José Ignacio Wert, appelant même à « espagnoliser » les jeunes Catalans. Une déclaration qui avait réveillé de mauvais souvenirs chez ceux qui avaient connu la prise de la région par les franquistes pendant la guerre civile et la répression de l’identité catalane.Lire : Catalogne, le virage indépendantistePourquoi ça peut être compliquéDans le cadre du processus politique, plusieurs obstacles se dressent sur le chemin de l’indépendance catalane : la déclaration de souveraineté de la Catalogne a été jugée inconstitutionnelle. Elle s’oppose à l’article 2 de la Constitution (Unité de la nation et droit à l’autonomie) qui reconnaît le droit à l’autonomie des régions mais pas leur indépendance, selon le principe d’unité indissoluble de la nation.Le tribunal constitutionnel a toutefois reconnu aux Catalans le « droit à décider » suivant leur « aspiration politique », mais ils ne pourront l’exercer qu’une fois la Constitution révisée. Or ce processus complexe requiert une majorité dans chacune des deux chambres du parlement, ce que les indépendantistes n’ont pas. Le projet d’autodétermination de la Catalogne est donc pour l’heure illégal et anticonstitutionnel mais reste défendu par Artur Mas, le président (indépendantiste) de la région.Par ailleurs, comme dans le cas de l’Ecosse, il serait difficile de dire si une Catalogne indépendante pourrait intégrer l’Europe. Bruxelles estime de longue date que la sécession d’une région faisant jusqu’alors partie d’un Etat membre de l’Union européenne entraînerait automatiquement sa sortie du bloc constitué de 28 pays. « Une nouvelle région indépendante, du fait même de son indépendance, deviendrait un pays tiers par rapport à l’UE et pourrait alors poser sa candidature pour devenir un membre de l’Union », a expliqué le porte-parole de l’exécutif bruxellois, Margaritis Schinas la semaine dernière.Enfin, question non négligeable : où jouerait le Barça ? Le champion d’Espagne et tous les autres clubs catalans seraient en effet exclus de la Liga espagnole en cas de sécession de la région.Lire aussi :En Catalogne, Pep Guardiola, figure du Barça, se présente sur la liste indépendantisteEst-ce qu’une sécession serait favorable à la région ?La banque Natixis s’est penchée sur la question dans une analyse publiée il y a un an, et estime que Barcelone aurait ainsi beaucoup à perdre, énumérant :« Baisse de ses exportations avec l’application du tarif douanier commun et l’apparition de coûts de transactions, risque de relocalisation des entreprises installées en Catalogne qui souhaitent accéder au marché unique, réduction du montant des investissements directs étrangers (réalisés à 80 % par des entités européennes) »Au niveau national, il serait risqué pour la Catalogne de se frotter à un boycott du pouvoir central : la moitié du commerce catalan se fait avec le reste de l’Espagne. Le gouvernement catalan a de son côté publié une note sur les « relations commerciales entre la Catalogne et l’Espagne », où il part d’hypothèses moins pessimistes et conclut à un impact de seulement 2 % sur le PIB local d’une baisse des exportations de la Catalogne vers l’Espagne.Natixis note aussi que se pose la question du maintien de l’euro comme devise nationale, qui ajoute à l’incertitude quant à la viabilité d’un nouvel état catalan. Par ailleurs, la région reste fragile financièrement : elle ne peut pas se financer sur les marchés et n’a actuellement pour seule banque que Madrid.Mathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Lucie Soullier (Envoyée spéciale à Izmir) « Cette fois, on y est. » Dash et Kholio vont tenter la traversée. Depuis trois jours, les deux jeunes Syriens tournent en rond dans Izmir, en Turquie, dans l’attente d’un message du passeur qui doit les faire rejoindre la côte grecque. Mais ce soir est bien le leur. Ils ont rendez-vous jeudi 24 septembre à 22 heures. Dans trois heures.A 24 ans, Dash a quitté Damas il y a six jours. Six couchers de soleil en comptant celui qu’elle vient d’immortaliser en photo et d’envoyer à sa mère. « Elle adore. » Des touristes l’imitent sur la promenade Kordon. « C’est bizarre cette ville », observe Kholio devant une installation de plage pour l’été : un mini-tennis sur de la mauvaise pop turque. Un enfant s’arrête et lui tend une affiche en turc, où il explique qu’il est Syrien et qu’il a faim. Kholio lui tend 5 livres (1,5 euro). Etrange Izmir.Pour son dernier soir en Turquie, Dash ne voulait pas rester à Basmane, le quartier où se retrouvent les Syriens candidats au passage par la mer. Elle voulait « un endroit joli ». Elle voulait tenter d’oublier.Lire aussi :En Turquie, dans la petite Syrie d’Izmir, l’économie parallèle des réfugiésLa France ? « Déprimant »Tous deux énumèrent les bons points de leur odyssée. Leur passeur est le cousin d’une amie qui sera lui-même sur le bateau. « Ça ne peut pas être plus sûr », se rassure Dash. Et puis ils ne seront pas plus de quarante sur un bateau de 9 mètres, ajoute-t-elle. Comme un privilège. Kholio, lui, a vérifié : la mer est « ok ».Entre deux tables jonchées de pailles aussi fluos que leurs gilets de sauvetage, ils racontent la vie d’avant. Elle étudiait l’anglais à l’université de Damas. Lui, le droit. Ils ne sont pas en couple, Kholio et Dash ne s’aiment pas « dans ce sens-là » : il est le mari de sa sœur. « Ce qui fait d’elle ma belle-sœur, c’est bien ça ? » Et tellement plus. Quand l’épouse de Kholio aura son diplôme, elle aussi les rejoindra.Ensemble, Dash et Kholio ont participé à des manifestations pacifiques pour plus de libertés. Reçu les mêmes coups. « Je viens de dire “protester” à voix haute », se surprend-t-elle. En avril, sa mère a passé un mois en prison, dénoncée par un de ses collègues. Son forfait ? Avoir critiqué l’armée. Ils échangent un regard complice. « Tu ne peux pas imaginer le sentiment de pouvoir parler de tout ça dans la rue », confie-t-elle. Elle continue tout de même d’appeler Bachar Al-Assad « président ». On ne se libère pas si facilement. Kholio se souvient d’avoir vu la vidéo d’une femme refusant de serrer la main de Nicolas Sarkozy, en 2011. « Impensable en Syrie. » Lui aussi rêve d’une telle liberté, mais pas en France. Dash a entendu dire que c’était « déprimant ».Des selfies pour journal de bordLeur objectif, c’est l’Allemagne. « Mais d’abord, la Grèce », insiste Kholio. Au premier pied posé sur la plage de l’île de Chios, Dash sait qu’elle se sentira en sécurité pour la première fois depuis… « Depuis quand déjà ? », demande-t-elle à son compagnon de route. Le jour de leur départ de Damas, des soldats les ont arrêtés à la frontière. « Parce qu’on avait des sacs à dos. » Leur glisser quelques billets les a sauvés. Un de leurs amis a subi le même sort il y a quelques mois. Lui a fini en prison. Dans le téléphone de Kholio, sa photo porte un bandeau noir dans le coin gauche. Il est mort la semaine précédente dans les geôles syriennes.Dash fait glisser l’image pour passer aux suivantes. Celles des petites victoires. Car pour s’encourager, ils échangent des selfies avec leurs amis, eux aussi sur la route. Ici la liesse lors d’un débarquement à Kos, là un ami qui essaie son gilet de sauvetage. Une nouvelle vient de s’ajouter à leur collection : la plus précieuse, prise à la frontière allemande. Kholio sourit à nouveau et publie un cliché du restaurant dans la conversation qu’ils partagent avec leurs proches, sur le service de messagerie WhatsApp. « Notre journal de bord. »Dash attend le moment où elle pourra leur montrer l’Autriche. Elle a toujours rêvé de voir à quoi ça ressemblait. Peut-être même qu’ils pourraient y rester une journée ? « D’abord, la Grèce, je sais », soupire-t-elle presque, l’œil rivé sur son acolyte. Il porte un tee-shirt « Know your future » avec le poulpe de la Coupe du monde de football 2010. « Tu sais, celui qui devinait la fin du match. »Maintenant ou jamais« Il n’est que 20 h 30 ? » La journée n’en finit plus de s’étirer. Pour faire passer le temps, ils commandent leur premier repas sans hamburger à Izmir. « J’étais tellement contente en voyant Burger King », jubile Dash. En Syrie, aucun restaurant étranger n’est autorisé. Alors un jour, un ami a conduit jusqu’à la frontière libanaise pour leur ramener des menus de chez McDonald’s. « Quelle fête on a fait, se souvient-elle. Mais je préfère Burger King. »McDo ou Burger King : le débat au sujet de la junk food est finalement interrompu par la réalité. Il vaut mieux ne pas trop manger avant d’embarquer. Peu importe, ils n’ont pas vraiment faim. A cause de l’angoisse ? « Je vais mieux qu’il y a trois jours. Kholio m’a calmée. » Lui attend qu’elle s’absente quelques minutes pour partager ses craintes. « Je suis terrifié. Mais je ne veux pas lui montrer. » Elle n’est pas dupe. La nuit dernière, à chaque fois qu’elle se réveillait, elle le voyait à la fenêtre, une cigarette à la main.Alors pourquoi prendre le risque de passer par la mer ? « Par la frontière terrestre, c’est bloqué. Et si on attend plus longtemps, la mer sera trop mauvaise. » La fin de l’été les a donc décidés. C’est maintenant ou jamais.Trente minutes avant le départUne fois à Lesbos, leur programme est prêt. Récupérer auprès de la police le document qui leur permettra de voyager à l’intérieur de la Grèce ; prendre l’avion pour le point le plus au Nord ; puis remonter jusqu’en Allemagne, où vit légalement le frère de Dash, étudiant. « Il pourra venir nous chercher s’ils nous mettent dans un camp », assure Dash. Ensuite, elle fera venir sa mère et Kholio sa femme, par les voies légales espèrent-ils. Mais le jeune homme répète son mantra. « D’abord, la Grèce. »Plus que trente minutes avant le départ. Tout se bouscule. Dans la même seconde, Dash se demande si elle trouvera un coiffeur en Grèce qui l’aidera à arranger ses dreadlocks et si la carte SIM turque de leur téléphone fonctionnera. Lui vérifie ce qu’il a déjà vérifié mille fois : dans sa poche, le cordon de ses lunettes ; sur Internet, l’état de la mer. Ensemble, ils énumèrent : sifflet, boussole, deux barres de Snickers, des piles pour la lampe de poche, les passeports dans un sachet plastique… Et pour la chance ? Dash sourit. « Pour la chance, j’ai Kholio. »Vendredi, 16 heures. Aucune nouvelle depuis l’aube. Dash et Kholio attendaient encore sur la côte turque, retenus par les rondes trop pressantes des gardes-côtes.Samedi, 1 heure du matin. La nouvelle arrive par le frère de Dash, sur Facebook. « Ils viennent d’arriver ! C’est bon, ils sont en Grèce. » Une autre histoire peut commencer.Lucie Soullier (Envoyée spéciale à Izmir)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Sa figure est indissociable de la montée en puissance de l’indépendantisme en Catalogne. Depuis son élection à la tête de la région, en 2010, Artur Mas a tour à tour impulsé, accompagné et mené le combat en faveur d’une Catalogne indépendante.Lire aussi :En Catalogne, l’amère victoire des indépendantistesEn cinq ans, le président du parti nationaliste de droite Convergence démocratique de Catalogne (CDC), fils spirituel de l’ancien président de la Généralité (gouvernement catalan) Jordi Pujol, s’est posé en défenseur intransigeant des droits du peuple catalan face à une Espagne intransigeante. Ce représentant de la bourgeoisie catalane n’est pourtant pas un indépendantiste de longue date. Personne ne se serait imaginé un jour le voir, lors d’un récent meeting, adresser « un bras d’honneur » aux chefs de file du PP, PSOE et Podemos, en visite à Barcelone.En 2002, ce nationaliste modéré qualifiait l’indépendance de « concept vieillot, démodé et oxydé » et se disait « favorable à une Espagne plurinationale, un Etat organisé sur quatre nations, Castille, Galice, Euskadi et Catalogne ». En 2009, alors que plusieurs villes et villages commençaient à organiser des « consultations populaires » sur l’indépendance, il se prononçait contre un référendum d’autodétermination car « cela mettrait en évidence le fait que la Catalogne veut être espagnole ».Lire aussi :En Catalogne, l’urgence d’une négociationSans lui, pourtant, les grandes manifestations de 2010 contre le Tribunal constitutionnel, qui venait de retoucher le nouveau statut d’autonomie catalan, et celles du 11 septembre 2012 en faveur d’un référendum seraient sans doute restées lettre morte. Certains l’accusent de les avoir attisées en se servant de la télévision publique régionale TV3 et d’associations culturelles amies. Lui affirme y avoir vu un appel du peuple auquel il se devait de donner une traduction politique. En 2012, fort de ce soutien de la rue, il est allé à Madrid demander un « pacte fiscal » qui lui permette de gérer les impôts prélevés en Catalogne, et d’effacer les 16 milliards d’euros partant selon lui chaque année au profit du reste de l’Espagne. L’entretien avec le président du gouvernement, Mariano Rajoy, fut bref et infructueux. Plongé alors dans la crise économique, Madrid n’avait ni les moyens ni l’envie d’ouvrir une autre crise, territoriale cette fois.Artur Mas ne l’entendit pas de cette façon et s’en retourna à Barcelone annoncer des élections anticipées fin 2012. Il entendait désormais ouvrir un « processus souverainiste » en commençant par exiger l’organisation d’un référendum d’autodétermination. Sur les affiches électorales, bras grands ouverts devant une marée de senyeras (drapeaux catalans), il apparaissait en rassembleur du peuple, en « messie », diront ses opposants, qui commencent à critiquer un ego qu’il aurait surdimensionné.Virage de CiU Le résultat fut décevant : la coalition Convergence et Union (CiU) à laquelle il appartenait perdit une douzaine de sièges et dut s’unir aux adversaires politiques de toujours, les indépendantistes de la gauche républicaine (ERC), pour s’assurer l’investiture. Beaucoup d’électeurs n’avaient pas apprécié le virage de CiU jusque-là attaché à exiger plus d’autonomie mais toujours dans un cadre espagnol.Pourtant, de cette défaite il fit une victoire, et le « processus catalan » était lancé. Madrid s’opposa à la tenue d’un référendum et il dut se contenter d’un simulacre, une consultation organisée le 9 novembre 2014, sans valeur légale et que les anti-indépendantistes choisirent d’ignorer.Artur Mas défendit bec et ongles la formation d’une liste commune indépendantiste, malgré l’opposition initiale d’ERC qui ne voulait pas s’unir à un parti de droite associé à une politique d’austérité semblable à celle menée à Madrid. Mais M. Mas en fit la condition sine qua non pour convoquer de nouvelles élections anticipées à caractère « plébiscitaire ». En invitant les membres des grandes associations citoyennes à mener la liste Junts pel si (Ensemble pour le oui), il obtint finalement le soutien d’ERC. Au passage, quatrième sur la liste, il évitait de faire un bilan de sa législature et d’affronter seul la probable sanction des urnes face aux scandales de corruption qui touchent son parti.Aujourd’hui, le futur politique d’Artur Mas dépend d’un parti d’extrême gauche, anticapitaliste et europhobe, la Candidature d’unité populaire (CUP), qui demande une sécession immédiate et refuse de le voir investi à la tête de la région, et pourrait finalement lui imposer une retraite politique.Lire aussi :La Catalogne bientôt indépendante?Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le scandale Volkswagen pourrait donner du grain à moudre aux partisans du TTIP, le très controversé traité de libre échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis, laborieusement négocié depuis juillet 2013 par la Commission européenne.Lire aussi :Fraude au diesel : Volkswagen avait été averti depuis longtempsDe fait, un des principaux arguments brandi par les « anti », c’est le risque de nivellement par le bas de la réglementation européenne en matière environnementale et de protection des consommateurs. Poulet au chlore, boeuf aux hormones, etc. Bruxelles a eu beau soigner sa communication, allumer des contrefeux, jurer sur tous les tons qu’il n’en serait pas question, que rien ne serait accepté qui abaisse les exigences européennes existantes, l’inquiétude persiste dans le grand public.Surtout en Allemagne, où les Verts sont en pointe dans le combat « anti-TTIP ». Alors même que – c’est le grand paradoxe de cette histoire –, les véritables négociations du TTIP n’ont pas encore vraiment commencé, les Américains étant encore trop occupés à boucler l’accord de partenariat transpacifique (TPP), jugé prioritaire à leurs yeux.Introduire plus de rationalitéQue révèle, cependant, l’affaire Volkswagen, au-delà des pratiques de tricherie à grande échelle du premier constructeur automobile allemand, qui a équipé des millions de véhicules d’un logiciel permettant de passer au travers des tests d’émissions de gaz polluants ? Que l’arsenal réglementaire européen en la matière est assez défaillant, pour ne pas dire plus. Que les exigences des Européens concernant les émissions polluantes des véhicules (notamment des oxydes d’azote, émis par le diesel), sont tout simplement moins dures que celles des Américains.Ce sont les Américains qui ont découvert le pot aux roses, alertés par une ONG berlinoise, certes, mais aussi grâce à la célérité de leur agence nationale de l’environnement (EPA). Elle a constaté que le constructeur allemand violait le « Clean Air Act », obligeant notamment toute personne désirant vendre une voiture aux Etats-Unis, à prouver que son véhicule a passé avec succès une batterie de tests d’émission et de conformité.Pour autant, cette affaire ne signifie pas qu’il faut négocier le TTIP les yeux fermés, faire confiance aveuglément aux Américains. Accepter, par exemple, que les contentieux futurs entre Etats et entreprises soient réglés par des tribunaux d’arbitrage largement dominés par des juges anglo-saxons, ou que les discussions continuent à se tenir dans une relavive opacité.Lire aussi :Les normes, des « barrières douanières déguisées »Mais le scandale VW pourrait permettre d’introduire un peu plus de rationalité et de bon sens dans le débat: non le TTIP n’est pas forcément mauvais en soi, cela n’a pas de sens de le rejeter en bloc. Par principe, par paresse, ou par calcul partisan.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.09.2015 à 05h32 Le Parti populaire (PP), au pouvoir en Espagne, a affirmé dimanche 27 septembre au soir des élections régionales en Catalogne que les habitants de la région avaient « rejeté l’indépendance ». Les deux listes indépendantistes ont remporté la majorité au parlement régional (72 sièges sur 135), selon une estimation quasi définitive portant sur 90 % des voix, mais n’ont pas rassemblé la majorité absolue des voix, avec 47,8 % des bulletins. « Nous allons continuiter à défendre l’unité de l’Espagne », a déclaré le porte-parole du PP, Pablo Casado, au siège du parti à Madrid. Sandrine Morel (Madrid, correspondance) L’élection régionale qui s’est tenue dimanche 27 septembre en Catalogne, présentée comme un plébiscite en faveur de l’indépendance par le gouvernement régional s’est soldée par une ample victoire des indépendantistes.La liste « Junts pel si » (Ensemble pour le oui), qui regroupe indépendantistes de gauche et nationalistes de droite, a remporté le scrutin avec 62 députés, un résultat à la hauteur de ses espoirs. Si l’on y ajoute les 10 députés de la CUP, un parti séparatiste anticapitaliste et europhobe, les indépendantistes obtiennent la majorité absolue en nombre de sièges (72), mais pas en vote (47,8 %).Que signifie ce résultat ?La forte participation, 77,5 %, soit 10,5 points de plus que lors des élections de 2012, déjà marquées par une forte mobilisation des électeurs, témoigne de l’importance d’un scrutin présenté comme « historique » par la plupart des partis en lice. Dans les quartiers populaires traditionnellement « unionistes » comme dans les fiefs indépendantistes, la participation a été très forte.Le Parti populaire (PP), qui pensait que cette hausse de la participation lui serait favorable, obtient un score très décevant, avec 11 députés (8,5 %), ce qui en fait l’avant-dernier parti sur l’échiquier politique catalan. C’est le jeune parti de centre droit Ciudadanos (Citoyens) qui capitalise le vote anti-independantiste, se hissant à la deuxième position avec 25 députés (18 %).Quelles sont les promesses des indépendantistes ?La liste « Junts pel si » s’est engagée à réaliser une déclaration institutionnelle dès l’investiture de ses élus afin d’exposer officiellement son intention de déclarer l’indépendance. Après une première phase de la législature qui sera consacrée à la construction de « structures d’Etat » permettant un transfert de souveraineté, les indépendantistes ont promis la tenue d’élections constituantes dans un délai maximal de 18 mois. Ce scrutin peut-il être apparenté à un référendum ?La portée de ce vote, interprété par certains comme justifiant une possible sécession, fait débat. Les indépendantistes revendiquent la légitimité supérieure des urnes à la légalité constitutionnelle. Mais cette position soulève plusieurs questions.La plus importante provient du fait que les indépendantistes ont obtenu une majorité de sièges (72 députés alors que la majorité absolue se situe à 68) mais pas de voix (47,8 %). Ainsi la large victoire des indépendantistes ne peut être assimilée, au-delà de la différence du mode de scrutin, à un « oui » dans le cadre d’un référendum d’autodétermination : une majorité absolue de Catalans n’a pas voté pour eux.D’autre part, certains électeurs ont voté en pensant faire pression sur Madrid pour mieux négocier, convaincus que le gouvernement central s’opposerait comme il n’a cessé de le répéter à une sécession de la Catalogne. En ce sens, les déclarations du numéro 7 de « Junts pel si », Oriol Amat, ont provoqué de vives critiques dans les rangs des indépendantistes. Cet économiste a affirmé cette semaine à une journaliste allemande, Julie Macher, qu’il y a « une forte probabilité qu’après les prochaines élections législatives de décembre », « le gouvernement fasse une offre » à la Catalogne et que si ‘Junts Pel si’la soumettait à un vote, une majorité de Catalans voteraient pour un accord avec Madrid. Une position non partagée au sein de la coalition.Que peut-il se passer ?Impossible de le savoir avec certitude. Le résultat des élections ne prédit pas ce qu’il adviendra de la Catalogne pour plusieurs raisons. La première est que Madrid refuse de lire ce scrutin comme un « plébiscite ». Pour le gouvernement conservateur, il s’agit d’élections régionales et en aucun cas elles ne peuvent être considérées comme un référendum. La confrontation avec Madrid pourrait donc s’intensifier dans les prochaines semaines, avec de possibles recours à la justice pour tenter de paralyser le processus indépendantiste.D’autre part, l’investiture du prochain président de la Généralité, le gouvernement catalan, s’annonce compliquée. Le parti séparatiste CUP a exprimé à de multiples occasions qu’il ne permettrait pas celle d’Artur Mas, le président sortant de la région. Il faudrait alors que « Junts pel si » présente un autre candidat de consensus, ce qui risque d’ouvrir des tensions entre les différents partis qui composent la liste unitaire.Enfin, un nouveau gouvernement sortira des urnes en Espagne en décembre et pourrait tenter de négocier une autre sortie à la crise politique entre Madrid et Barcelone.Cependant, Artur Mas a répété à l’envi qu’il ne discuterait avec Madrid que d’une chose : de l’indépendance. Pas question de revenir sur de simples concessions fiscales ou sur une renégociation du statut d’autonomie. Il a cependant souligné qu’il serait prêt à retarder l’application de la feuille de route si Madrid lui proposait d’organiser un véritable référendum, avec des garanties légales, tout en soulignant qu’il n’y croyait pas. Que proposent les différents partis ?Le PP aura du mal à sortir de sa posture actuelle, celle de la fermeté du « seul garant de l’unité de l’Espagne » comme il se définit. Et ce bien qu’en secret, certains de ses dirigeants reconnaissent qu’une réforme de la Constitution pour améliorer les relations entre la Catalogne et le reste de l’Espagne est inévitable.Ciudadanos prône le dialogue mais s’oppose à un référendum d’indépendance et défend l’unité de l’Espagne. Le parti socialiste (PSOE) défend une réforme de la Constitution qui renforcerait le fédéralisme.Podemos, qui ne souhaite pas l’indépendance, a dit cependant qu’il revenait aux Catalans de choisir et leur a donc promis un référendum d’autodétermination. La CUP souhaite une déclaration unilatérale d’indépendance immédiate et la sortie de l’Union européenne.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Lucie Soullier (Envoyée spéciale à Izmir) « Cette fois, on y est. » Dash et Kholio vont tenter la traversée. Depuis trois jours, les deux jeunes Syriens tournent en rond dans Izmir, en Turquie, dans l’attente d’un message du passeur qui doit les faire rejoindre la côte grecque. Mais ce soir est bien le leur. Ils ont rendez-vous jeudi 24 septembre à 22 heures. Dans trois heures.A 24 ans, Dash a quitté Damas il y a six jours. Six couchers de soleil en comptant celui qu’elle vient d’immortaliser en photo et d’envoyer à sa mère. « Elle adore. » Des touristes l’imitent sur la promenade Kordon. « C’est bizarre cette ville », observe Kholio devant une installation de plage pour l’été : un mini-tennis sur de la mauvaise pop turque. Un enfant s’arrête et lui tend une affiche en turc, où il explique qu’il est Syrien et qu’il a faim. Kholio lui tend 5 livres (1,5 euro). Etrange Izmir.Pour son dernier soir en Turquie, Dash ne voulait pas rester à Basmane, le quartier où se retrouvent les Syriens candidats au passage par la mer. Elle voulait « un endroit joli ». Elle voulait tenter d’oublier.Lire aussi :En Turquie, dans la petite Syrie d’Izmir, l’économie parallèle des réfugiésLa France ? « Déprimant »Tous deux énumèrent les bons points de leur odyssée. Leur passeur est le cousin d’une amie qui sera lui-même sur le bateau. « Ça ne peut pas être plus sûr », se rassure Dash. Et puis ils ne seront pas plus de quarante sur un bateau de 9 mètres, ajoute-t-elle. Comme un privilège. Kholio, lui, a vérifié : la mer est « ok ».Entre deux tables jonchées de pailles aussi fluos que leurs gilets de sauvetage, ils racontent la vie d’avant. Elle étudiait l’anglais à l’université de Damas. Lui, le droit. Ils ne sont pas en couple, Kholio et Dash ne s’aiment pas « dans ce sens-là » : il est le mari de sa sœur. « Ce qui fait d’elle ma belle-sœur, c’est bien ça ? » Et tellement plus. Quand l’épouse de Kholio aura son diplôme, elle aussi les rejoindra.Ensemble, Dash et Kholio ont participé à des manifestations pacifiques pour plus de libertés. Reçu les mêmes coups. « Je viens de dire “protester” à voix haute », se surprend-t-elle. En avril, sa mère a passé un mois en prison, dénoncée par un de ses collègues. Son forfait ? Avoir critiqué l’armée. Ils échangent un regard complice. « Tu ne peux pas imaginer le sentiment de pouvoir parler de tout ça dans la rue », confie-t-elle. Elle continue tout de même d’appeler Bachar Al-Assad « président ». On ne se libère pas si facilement. Kholio se souvient d’avoir vu la vidéo d’une femme refusant de serrer la main de Nicolas Sarkozy, en 2011. « Impensable en Syrie. » Lui aussi rêve d’une telle liberté, mais pas en France. Dash a entendu dire que c’était « déprimant ».Des selfies pour journal de bordLeur objectif, c’est l’Allemagne. « Mais d’abord, la Grèce », insiste Kholio. Au premier pied posé sur la plage de l’île de Chios, Dash sait qu’elle se sentira en sécurité pour la première fois depuis… « Depuis quand déjà ? », demande-t-elle à son compagnon de route. Le jour de leur départ de Damas, des soldats les ont arrêtés à la frontière. « Parce qu’on avait des sacs à dos. » Leur glisser quelques billets les a sauvés. Un de leurs amis a subi le même sort il y a quelques mois. Lui a fini en prison. Dans le téléphone de Kholio, sa photo porte un bandeau noir dans le coin gauche. Il est mort la semaine précédente dans les geôles syriennes.Dash fait glisser l’image pour passer aux suivantes. Celles des petites victoires. Car pour s’encourager, ils échangent des selfies avec leurs amis, eux aussi sur la route. Ici la liesse lors d’un débarquement à Kos, là un ami qui essaie son gilet de sauvetage. Une nouvelle vient de s’ajouter à leur collection : la plus précieuse, prise à la frontière allemande. Kholio sourit à nouveau et publie un cliché du restaurant dans la conversation qu’ils partagent avec leurs proches, sur le service de messagerie WhatsApp. « Notre journal de bord. »Dash attend le moment où elle pourra leur montrer l’Autriche. Elle a toujours rêvé de voir à quoi ça ressemblait. Peut-être même qu’ils pourraient y rester une journée ? « D’abord, la Grèce, je sais », soupire-t-elle presque, l’œil rivé sur son acolyte. Il porte un tee-shirt « Know your future » avec le poulpe de la Coupe du monde de football 2010. « Tu sais, celui qui devinait la fin du match. »Maintenant ou jamais« Il n’est que 20 h 30 ? » La journée n’en finit plus de s’étirer. Pour faire passer le temps, ils commandent leur premier repas sans hamburger à Izmir. « J’étais tellement contente en voyant Burger King », jubile Dash. En Syrie, aucun restaurant étranger n’est autorisé. Alors un jour, un ami a conduit jusqu’à la frontière libanaise pour leur ramener des menus de chez McDonald’s. « Quelle fête on a fait, se souvient-elle. Mais je préfère Burger King. »McDo ou Burger King : le débat au sujet de la junk food est finalement interrompu par la réalité. Il vaut mieux ne pas trop manger avant d’embarquer. Peu importe, ils n’ont pas vraiment faim. A cause de l’angoisse ? « Je vais mieux qu’il y a trois jours. Kholio m’a calmée. » Lui attend qu’elle s’absente quelques minutes pour partager ses craintes. « Je suis terrifié. Mais je ne veux pas lui montrer. » Elle n’est pas dupe. La nuit dernière, à chaque fois qu’elle se réveillait, elle le voyait à la fenêtre, une cigarette à la main.Alors pourquoi prendre le risque de passer par la mer ? « Par la frontière terrestre, c’est bloqué. Et si on attend plus longtemps, la mer sera trop mauvaise. » La fin de l’été les a donc décidés. C’est maintenant ou jamais.Trente minutes avant le départUne fois à Lesbos, leur programme est prêt. Récupérer auprès de la police le document qui leur permettra de voyager à l’intérieur de la Grèce ; prendre l’avion pour le point le plus au Nord ; puis remonter jusqu’en Allemagne, où vit légalement le frère de Dash, étudiant. « Il pourra venir nous chercher s’ils nous mettent dans un camp », assure Dash. Ensuite, elle fera venir sa mère et Kholio sa femme, par les voies légales espèrent-ils. Mais le jeune homme répète son mantra. « D’abord, la Grèce. »Plus que trente minutes avant le départ. Tout se bouscule. Dans la même seconde, Dash se demande si elle trouvera un coiffeur en Grèce qui l’aidera à arranger ses dreadlocks et si la carte SIM turque de leur téléphone fonctionnera. Lui vérifie ce qu’il a déjà vérifié mille fois : dans sa poche, le cordon de ses lunettes ; sur Internet, l’état de la mer. Ensemble, ils énumèrent : sifflet, boussole, deux barres de Snickers, des piles pour la lampe de poche, les passeports dans un sachet plastique… Et pour la chance ? Dash sourit. « Pour la chance, j’ai Kholio. »Vendredi, 16 heures. Aucune nouvelle depuis l’aube. Dash et Kholio attendaient encore sur la côte turque, retenus par les rondes trop pressantes des gardes-côtes.Samedi, 1 heure du matin. La nouvelle arrive par le frère de Dash, sur Facebook. « Ils viennent d’arriver ! C’est bon, ils sont en Grèce. » Une autre histoire peut commencer.Lucie Soullier (Envoyée spéciale à Izmir)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Sa figure est indissociable de la montée en puissance de l’indépendantisme en Catalogne. Depuis son élection à la tête de la région, en 2010, Artur Mas a tour à tour impulsé, accompagné et mené le combat en faveur d’une Catalogne indépendante.Lire aussi :En Catalogne, l’amère victoire des indépendantistesEn cinq ans, le président du parti nationaliste de droite Convergence démocratique de Catalogne (CDC), fils spirituel de l’ancien président de la Généralité (gouvernement catalan) Jordi Pujol, s’est posé en défenseur intransigeant des droits du peuple catalan face à une Espagne intransigeante. Ce représentant de la bourgeoisie catalane n’est pourtant pas un indépendantiste de longue date. Personne ne se serait imaginé un jour le voir, lors d’un récent meeting, adresser « un bras d’honneur » aux chefs de file du PP, PSOE et Podemos, en visite à Barcelone.En 2002, ce nationaliste modéré qualifiait l’indépendance de « concept vieillot, démodé et oxydé » et se disait « favorable à une Espagne plurinationale, un Etat organisé sur quatre nations, Castille, Galice, Euskadi et Catalogne ». En 2009, alors que plusieurs villes et villages commençaient à organiser des « consultations populaires » sur l’indépendance, il se prononçait contre un référendum d’autodétermination car « cela mettrait en évidence le fait que la Catalogne veut être espagnole ».Lire aussi :En Catalogne, l’urgence d’une négociationSans lui, pourtant, les grandes manifestations de 2010 contre le Tribunal constitutionnel, qui venait de retoucher le nouveau statut d’autonomie catalan, et celles du 11 septembre 2012 en faveur d’un référendum seraient sans doute restées lettre morte. Certains l’accusent de les avoir attisées en se servant de la télévision publique régionale TV3 et d’associations culturelles amies. Lui affirme y avoir vu un appel du peuple auquel il se devait de donner une traduction politique. En 2012, fort de ce soutien de la rue, il est allé à Madrid demander un « pacte fiscal » qui lui permette de gérer les impôts prélevés en Catalogne, et d’effacer les 16 milliards d’euros partant selon lui chaque année au profit du reste de l’Espagne. L’entretien avec le président du gouvernement, Mariano Rajoy, fut bref et infructueux. Plongé alors dans la crise économique, Madrid n’avait ni les moyens ni l’envie d’ouvrir une autre crise, territoriale cette fois.Artur Mas ne l’entendit pas de cette façon et s’en retourna à Barcelone annoncer des élections anticipées fin 2012. Il entendait désormais ouvrir un « processus souverainiste » en commençant par exiger l’organisation d’un référendum d’autodétermination. Sur les affiches électorales, bras grands ouverts devant une marée de senyeras (drapeaux catalans), il apparaissait en rassembleur du peuple, en « messie », diront ses opposants, qui commencent à critiquer un ego qu’il aurait surdimensionné.Virage de CiU Le résultat fut décevant : la coalition Convergence et Union (CiU) à laquelle il appartenait perdit une douzaine de sièges et dut s’unir aux adversaires politiques de toujours, les indépendantistes de la gauche républicaine (ERC), pour s’assurer l’investiture. Beaucoup d’électeurs n’avaient pas apprécié le virage de CiU jusque-là attaché à exiger plus d’autonomie mais toujours dans un cadre espagnol.Pourtant, de cette défaite il fit une victoire, et le « processus catalan » était lancé. Madrid s’opposa à la tenue d’un référendum et il dut se contenter d’un simulacre, une consultation organisée le 9 novembre 2014, sans valeur légale et que les anti-indépendantistes choisirent d’ignorer.Artur Mas défendit bec et ongles la formation d’une liste commune indépendantiste, malgré l’opposition initiale d’ERC qui ne voulait pas s’unir à un parti de droite associé à une politique d’austérité semblable à celle menée à Madrid. Mais M. Mas en fit la condition sine qua non pour convoquer de nouvelles élections anticipées à caractère « plébiscitaire ». En invitant les membres des grandes associations citoyennes à mener la liste Junts pel si (Ensemble pour le oui), il obtint finalement le soutien d’ERC. Au passage, quatrième sur la liste, il évitait de faire un bilan de sa législature et d’affronter seul la probable sanction des urnes face aux scandales de corruption qui touchent son parti.Aujourd’hui, le futur politique d’Artur Mas dépend d’un parti d’extrême gauche, anticapitaliste et europhobe, la Candidature d’unité populaire (CUP), qui demande une sécession immédiate et refuse de le voir investi à la tête de la région, et pourrait finalement lui imposer une retraite politique.Lire aussi :La Catalogne bientôt indépendante?Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le scandale Volkswagen pourrait donner du grain à moudre aux partisans du TTIP, le très controversé traité de libre échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis, laborieusement négocié depuis juillet 2013 par la Commission européenne.Lire aussi :Fraude au diesel : Volkswagen avait été averti depuis longtempsDe fait, un des principaux arguments brandi par les « anti », c’est le risque de nivellement par le bas de la réglementation européenne en matière environnementale et de protection des consommateurs. Poulet au chlore, boeuf aux hormones, etc. Bruxelles a eu beau soigner sa communication, allumer des contrefeux, jurer sur tous les tons qu’il n’en serait pas question, que rien ne serait accepté qui abaisse les exigences européennes existantes, l’inquiétude persiste dans le grand public.Surtout en Allemagne, où les Verts sont en pointe dans le combat « anti-TTIP ». Alors même que – c’est le grand paradoxe de cette histoire –, les véritables négociations du TTIP n’ont pas encore vraiment commencé, les Américains étant encore trop occupés à boucler l’accord de partenariat transpacifique (TPP), jugé prioritaire à leurs yeux.Introduire plus de rationalitéQue révèle, cependant, l’affaire Volkswagen, au-delà des pratiques de tricherie à grande échelle du premier constructeur automobile allemand, qui a équipé des millions de véhicules d’un logiciel permettant de passer au travers des tests d’émissions de gaz polluants ? Que l’arsenal réglementaire européen en la matière est assez défaillant, pour ne pas dire plus. Que les exigences des Européens concernant les émissions polluantes des véhicules (notamment des oxydes d’azote, émis par le diesel), sont tout simplement moins dures que celles des Américains.Ce sont les Américains qui ont découvert le pot aux roses, alertés par une ONG berlinoise, certes, mais aussi grâce à la célérité de leur agence nationale de l’environnement (EPA). Elle a constaté que le constructeur allemand violait le « Clean Air Act », obligeant notamment toute personne désirant vendre une voiture aux Etats-Unis, à prouver que son véhicule a passé avec succès une batterie de tests d’émission et de conformité.Pour autant, cette affaire ne signifie pas qu’il faut négocier le TTIP les yeux fermés, faire confiance aveuglément aux Américains. Accepter, par exemple, que les contentieux futurs entre Etats et entreprises soient réglés par des tribunaux d’arbitrage largement dominés par des juges anglo-saxons, ou que les discussions continuent à se tenir dans une relavive opacité.Lire aussi :Les normes, des « barrières douanières déguisées »Mais le scandale VW pourrait permettre d’introduire un peu plus de rationalité et de bon sens dans le débat: non le TTIP n’est pas forcément mauvais en soi, cela n’a pas de sens de le rejeter en bloc. Par principe, par paresse, ou par calcul partisan.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.09.2015 à 05h32 Le Parti populaire (PP), au pouvoir en Espagne, a affirmé dimanche 27 septembre au soir des élections régionales en Catalogne que les habitants de la région avaient « rejeté l’indépendance ». Les deux listes indépendantistes ont remporté la majorité au parlement régional (72 sièges sur 135), selon une estimation quasi définitive portant sur 90 % des voix, mais n’ont pas rassemblé la majorité absolue des voix, avec 47,8 % des bulletins. « Nous allons continuiter à défendre l’unité de l’Espagne », a déclaré le porte-parole du PP, Pablo Casado, au siège du parti à Madrid. Sandrine Morel (Madrid, correspondance) L’élection régionale qui s’est tenue dimanche 27 septembre en Catalogne, présentée comme un plébiscite en faveur de l’indépendance par le gouvernement régional s’est soldée par une ample victoire des indépendantistes.La liste « Junts pel si » (Ensemble pour le oui), qui regroupe indépendantistes de gauche et nationalistes de droite, a remporté le scrutin avec 62 députés, un résultat à la hauteur de ses espoirs. Si l’on y ajoute les 10 députés de la CUP, un parti séparatiste anticapitaliste et europhobe, les indépendantistes obtiennent la majorité absolue en nombre de sièges (72), mais pas en vote (47,8 %).Que signifie ce résultat ?La forte participation, 77,5 %, soit 10,5 points de plus que lors des élections de 2012, déjà marquées par une forte mobilisation des électeurs, témoigne de l’importance d’un scrutin présenté comme « historique » par la plupart des partis en lice. Dans les quartiers populaires traditionnellement « unionistes » comme dans les fiefs indépendantistes, la participation a été très forte.Le Parti populaire (PP), qui pensait que cette hausse de la participation lui serait favorable, obtient un score très décevant, avec 11 députés (8,5 %), ce qui en fait l’avant-dernier parti sur l’échiquier politique catalan. C’est le jeune parti de centre droit Ciudadanos (Citoyens) qui capitalise le vote anti-independantiste, se hissant à la deuxième position avec 25 députés (18 %).Quelles sont les promesses des indépendantistes ?La liste « Junts pel si » s’est engagée à réaliser une déclaration institutionnelle dès l’investiture de ses élus afin d’exposer officiellement son intention de déclarer l’indépendance. Après une première phase de la législature qui sera consacrée à la construction de « structures d’Etat » permettant un transfert de souveraineté, les indépendantistes ont promis la tenue d’élections constituantes dans un délai maximal de 18 mois. Ce scrutin peut-il être apparenté à un référendum ?La portée de ce vote, interprété par certains comme justifiant une possible sécession, fait débat. Les indépendantistes revendiquent la légitimité supérieure des urnes à la légalité constitutionnelle. Mais cette position soulève plusieurs questions.La plus importante provient du fait que les indépendantistes ont obtenu une majorité de sièges (72 députés alors que la majorité absolue se situe à 68) mais pas de voix (47,8 %). Ainsi la large victoire des indépendantistes ne peut être assimilée, au-delà de la différence du mode de scrutin, à un « oui » dans le cadre d’un référendum d’autodétermination : une majorité absolue de Catalans n’a pas voté pour eux.D’autre part, certains électeurs ont voté en pensant faire pression sur Madrid pour mieux négocier, convaincus que le gouvernement central s’opposerait comme il n’a cessé de le répéter à une sécession de la Catalogne. En ce sens, les déclarations du numéro 7 de « Junts pel si », Oriol Amat, ont provoqué de vives critiques dans les rangs des indépendantistes. Cet économiste a affirmé cette semaine à une journaliste allemande, Julie Macher, qu’il y a « une forte probabilité qu’après les prochaines élections législatives de décembre », « le gouvernement fasse une offre » à la Catalogne et que si ‘Junts Pel si’la soumettait à un vote, une majorité de Catalans voteraient pour un accord avec Madrid. Une position non partagée au sein de la coalition.Que peut-il se passer ?Impossible de le savoir avec certitude. Le résultat des élections ne prédit pas ce qu’il adviendra de la Catalogne pour plusieurs raisons. La première est que Madrid refuse de lire ce scrutin comme un « plébiscite ». Pour le gouvernement conservateur, il s’agit d’élections régionales et en aucun cas elles ne peuvent être considérées comme un référendum. La confrontation avec Madrid pourrait donc s’intensifier dans les prochaines semaines, avec de possibles recours à la justice pour tenter de paralyser le processus indépendantiste.D’autre part, l’investiture du prochain président de la Généralité, le gouvernement catalan, s’annonce compliquée. Le parti séparatiste CUP a exprimé à de multiples occasions qu’il ne permettrait pas celle d’Artur Mas, le président sortant de la région. Il faudrait alors que « Junts pel si » présente un autre candidat de consensus, ce qui risque d’ouvrir des tensions entre les différents partis qui composent la liste unitaire.Enfin, un nouveau gouvernement sortira des urnes en Espagne en décembre et pourrait tenter de négocier une autre sortie à la crise politique entre Madrid et Barcelone.Cependant, Artur Mas a répété à l’envi qu’il ne discuterait avec Madrid que d’une chose : de l’indépendance. Pas question de revenir sur de simples concessions fiscales ou sur une renégociation du statut d’autonomie. Il a cependant souligné qu’il serait prêt à retarder l’application de la feuille de route si Madrid lui proposait d’organiser un véritable référendum, avec des garanties légales, tout en soulignant qu’il n’y croyait pas. Que proposent les différents partis ?Le PP aura du mal à sortir de sa posture actuelle, celle de la fermeté du « seul garant de l’unité de l’Espagne » comme il se définit. Et ce bien qu’en secret, certains de ses dirigeants reconnaissent qu’une réforme de la Constitution pour améliorer les relations entre la Catalogne et le reste de l’Espagne est inévitable.Ciudadanos prône le dialogue mais s’oppose à un référendum d’indépendance et défend l’unité de l’Espagne. Le parti socialiste (PSOE) défend une réforme de la Constitution qui renforcerait le fédéralisme.Podemos, qui ne souhaite pas l’indépendance, a dit cependant qu’il revenait aux Catalans de choisir et leur a donc promis un référendum d’autodétermination. La CUP souhaite une déclaration unilatérale d’indépendance immédiate et la sortie de l’Union européenne.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.09.2015 à 16h27 • Mis à jour le28.09.2015 à 15h27 | Aude Lasjaunias //sas_manager.render(21484); ADVERT_AD(['50270/464684', 21484, '', 'pave_milieu', '']); //sas_manager.render(21483); ADVERT_AD(['50270/464684', 21483, '', 'pave_haut', '']);les derniers articles de la thématique Monde Festival : 18 000 personnes pour « changer le monde » La femme, avenir du monde arabe Jordi Savall, gambiste engagétous les articles de la thématiqueAu fil des mois, le dossier grec est devenu le cas d’école pour aborder l’Europe et ses dysfonctionnements. Rien d’étonnant, donc, à ce que le débat entre Daniel Cohn-Bendit et Yanis Varoufakis, organisé dimanche 27 septembre dans le cadre du Monde Festival sur le thème « L’Europe a-t-elle tué la gauche ? », débute par une question sur le pays et les conséquences de l’application du mémorandum du 13 juillet : « Quelle sera la situation de la Grèce dans deux ans ? »Premier sourire de l’ancien ministre des finances grec. « Si l’accord est mis en œuvre en l’état, le futur ne sera que la continuité de ce que l’on constate aujourd’hui. » Et l’économiste de rappeler son opposition au texte conclu au terme de longues heures de discussion entre l’exécutif grec et les dirigeants européens, et de souligner que, dans tous les cas, le premier ministre, Alexis Tsipras, ne tiendra pas ses promesses – vis-à-vis de ses concitoyens ou des créanciers.Première réaction de l’ancien député d’Europe écologie-Les Verts au Parlement européen : « Théoriquement, Yanis a raison, politiquement, il a tort. » Lui aussi partage l’opinion que le gouvernement grec, sous pression, ne peut pas mettre en place les réformes dans les délais imposés. Lui aussi déplore les logiques contradictoires des différents Etats membres de la zone euro. Mais Alexis Tsipras a dû faire « face à un choix cornélien » : accepter l’austérité ou sortir de la zone euro. « Si certaines des réformes sont réellement adoptées, il y aura une possibilité de réduire la pression du mémorandum. La Grèce ne terminera pas dans deux ans avec le même poids de la dette qu’aujourd’hui », clame-t-il.« Les forces politiques ont abdiqué »Puis, « Daniel » et « Yanis » ont fait du « Cohn-Bendit » et du « Varoufakis » à grand renfort de phrases-chocs et d’expressions savoureuses saluées par les applaudissements de la salle. « Arrêtons ces négociations entre gouvernements qui ne font que chatouiller les égoïsmes nationaux ! », lance le premier. « Nous ne sommes plus une nation souveraine », tance le second en référence au contrôle de la « troïka » sur le budget du pays.#MFEurope : "Le problème c'est l'Europe pas la Grèce", insiste @yanisvaroufakis— AudeLjs (@Aude Lasjaunias)require(["twitter/widgets"]);Derrière le cas grec, le véritable enjeu de ce débat a été celui de l’avenir d’une Europe aujourd’hui « paralysée ». L’ancien leader du mouvement étudiant de Mai 68 est fermement partisan d’une solution fédérale. Une proposition qui ne semble pas déplaire à M. Varoufakis : « Si l’on veut créer des Etats-Unis d’Europe, il faut donner de la souveraineté au Parlement européen. » Pour lui, l’Eurogroupe – réunion mensuelle des ministres des finances de la monnaie unique – a pris le dessus sur les autres instances de l’UE. Même constat pour M. Cohn-Bendit, qui souligne que cette instance est non démocratique et qu’il est aujourd’hui impossible de remettre en cause les décisions prises en son sein : « Mais le problème ce n’est pas le Parlement, ce sont les forces politiques qui ont abdiqué. »Aude Lasjaunias 26.09.2015 à 15h41 • Mis à jour le26.09.2015 à 16h33 C’est un épisode digne de la guerre froide qui s’est déroulé, samedi 26 au matin. La Russie et l’Estonie ont échangé deux espions présumés sur un pont de la rivière Piusa, à la frontière des deux pays, ont annoncé les services de sécurité de la Fédération de Russie (FSB).Eston Kohver, un officier des services de sécurité estoniens arrêté en 2014 et condamné à quinze ans de travaux forcés, a été échangé contre Alexeï Dressen, un ancien membre des services estoniens arrêté en 2012 et condamné à seize ans de prison en Estonie pour espionnage.Les autorités estoniennes ont ensuite confirmé la libération d’Eston Kohver. L’Union européenne avait demandé en août sa libération immédiate. Pour Bruxelles, Kohver avait été enlevé le 5 septembre 2014 par des agents russes en territoire estonien.Lire aussi :L’affaire Eston Kohver, jeux d’espions sur la BaltiqueSelon les services de sécurité russes, Eston Kohver avait bien été interpellé en territoire russe et avait sur lui un pistolet Taurus avec ses munitions, 5 000 euros en liquide, du matériel d’écoute et des documents qui prouveraient qu’il menait une mission de renseignement. Sandrine Morel (Madrid, correspondance) La Catalogne ne représente que 3,6 % du chiffre d’affaires du géant de la mode nuptiale Pronovias, contre 23,1 % pour le reste de l’Espagne. Le président de l’entreprise catalane, Alberto Palatchi, a décidé de le rappeler à ses employés avant les élections régionales du 27 septembre, où se présente une liste unitaire indépendantiste dont l’objectif est de faire sécession dans les dix-huit mois suivant le scrutin.Lire aussi :En Catalogne, les indépendantistes tentent un nouveau coup de forceBrisant le silence maintenu jusqu’à ces dernières semaines par la plupart des chefs d’entreprise catalans sur une hypothétique indépendance de la région espagnole, M. Palatchi a diffusé, lundi 21 septembre, un courrier interne expliquant que Pronovias est « difficilement viable (…) dans une Catalogne hors de l’Union européenne, hors de la zone euro, sans un système financier soutenu par la Banque centrale européenne et isolée en matière économique, politique et de sécurité ». Il a ajouté qu’en cas d’indépendance, l’entreprise se verrait obligée de « considérer toutes les options » pour garantir sa pérennité, laissant entendre qu’il pourrait délocaliser le siège du groupe.« Tensions maximales »Pronovias n’est pas la seule entreprise catalane à s’inquiéter d’une sécession. Le groupe pharmaceutique Almirall ou le producteur de vin pétillant cava Freixenet ont, eux aussi, exprimé leur inquiétude. Le monde de l’entreprise et des finances semble s’être réveillé après avoir laissé ces dernières années le champ libre aux indépendantistes.Peu encline à se prononcer sur des sujets politiques qui risqueraient de provoquer des tensions avec la région, gouvernée par les nationalistes, la principale organisation patronale catalane, Foment del Treball, a reconnu que « le processus sécessionniste [était] une source de tension et d’inquiétude maximales du point de vue économique et des entreprises » : la Catalogne génère 20 % du PIB espagnol mais l’Espagne représente 50 % des « exportations » catalanes.Lire aussi :Forte mobilisation des indépendantistes catalansLes indépendantistes assurent qu’une sécession apporterait 16 milliards d’euros à la région, un montant correspondant, selon leurs calculs, au « déficit fiscal », c’est-à-dire la différence entre les impôts prélevés en Catalogne et ce que la région reçoit en retour de Madrid. Mais le monde de l’entreprise prévient : une sécession aurait un impact sur leurs comptes de résultat et donc sur l’économie de la région. Hausse des coûts, risque de délocalisation, de baisse des investissements, et surtout de diminution du volume d’affaires remettent en cause ces calculs.« Relation toxique avec l’Espagne »« Nous avons attendu pour nous prononcer parce que nous ne pensions pas que le défi indépendantiste irait si loin, » explique Carlos Rivadulla, vice-président de l’association des Entrepreneurs de Catalogne, née il y a un an « pour donner la parole aux chefs d’entreprise qui pensent qu’il est très risqué de rompre l’unité de marché espagnol et créer de nouvelles barrières ». Son entreprise de produits de nettoyage écologique, Ecofrego, réalise 30 % de son activité en Catalogne et 40 % dans le reste de l’Espagne. « Pourquoi vend-on plus en Espagne qu’à l’étranger ? Parce que c’est plus facile et moins cher, dit-il, pragmatique. Pour exporter, il faut s’appuyer sur un distributeur, un conseiller fiscal, un avocat, obtenir de nouveaux permis sanitaires… »Tous les chefs d’entreprise ne sont pas pour autant opposés à l’indépendance. Le Cercle catalan des affaires (CCN) défend depuis 2008 la position de plus de 800 entreprises catalanes de toutes tailles, engagées en faveur de l’indépendance. « La relation toxique que nous avons avec l’Espagne entrave notre développement économique, assure son président, Albert Pont. Il n’est pas acceptable de voir que nous ne profitons pas des services que nous finançons avec nos impôts, que nous avons perdu 300 milliards d’euros en trente ans, l’équivalent de huit plans Marshall, à cause du “déficit fiscal” et que nous ne pouvons pas avoir les infrastructures dont nous avons besoin. » « Risques pour la stabilité financière »Persuadé que les entreprises catalanes gagneraient à se tourner vers des marchés plus porteurs que le marché espagnol, et que Bruxelles ne pourrait pas la priver des droits acquis au travers de son appartenance à l’Espagne, M. Pont regarde les élections avec « un grand optimisme ». Et les avertissements des pouvoirs financiers, qu’ils croient « manipulés », ne l’inquiètent pas.L’association espagnole de la banque et la Confédération espagnole de caisses d’épargne, qui regroupent les principaux établissements financiers du pays, dont les catalans La Caixa et Sabadell, ont en effet signé un communiqué conjoint, le 18 septembre, pour alerter des « risques pour la stabilité financière » d’une indépendance, qui supposerait « l’exclusion de l’Union européenne et de l’euro d’une partie de l’Espagne. » Elles affirment que l’« insécurité juridique » les obligerait à « reconsidérer leur stratégie d’implantation, avec le risque inhérent de réduction de l’offre bancaire, d’exclusion financière et d’enchérissement et de pénurie de crédit ».Le gouverneur de la banque d’Espagne, Luis Maria Linde, est allé plus loin, le 21 septembre, en évoquant dans le cas « improbable » d’une indépendance, la possibilité d’un contrôle des capitaux « comme cela s’est vu en Amérique latine ou en Grèce ». Ces déclarations ont provoqué la colère des indépendantistes, qui ont dénoncé une « stratégie de la peur ». Le président de la région, Artur Mas, est allé jusqu’à menacer en retour de ne pas payer la dette revenant à la Catalogne en cas d’indépendance.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 25.09.2015 à 21h13 • Mis à jour le26.09.2015 à 08h13 | Lucie Soullier (Envoyée spéciale à Izmir) Derrière le comptoir de son hôtel, Mehmet loue des chambres aux réfugiés qui vont tenter d’atteindre la Grèce par la mer. La ville balnéaire d’Izmir, en Turquie, compte plus de 70 000 Syriens enregistrés. Au point que l’un de ses quartiers, Basmane, est devenu une véritable petite Syrie. Alors depuis son ouverture il y a deux ans, l’hôtel Kervansaray n’a pas désempli. La guerre dans le pays voisin avait déjà commencé, Mehmet savait que l’investissement serait vite rentabilisé. Dans ses 32 chambres, 90 % des lits sont occupés par des Syriens.« On gagne notre pain avec ces gens », convient-il. Il les écoute aussi, tente de les dissuader lorsque le temps est trop mauvais. Les voit revenir parfois, quand leur bateau s’est renversé assez près de la côte. Comme celui sur lequel a embarqué Asma, la veille. Dans la nuit du mercredi 23 au jeudi 24 septembre, son bien le plus précieux lui a glissé des bras : son fils Zakaria, né il y a deux mois à Daraa, en Syrie. Leur pneumatique s’est renversé à 100 mètres des côtes turques. Asma et Zakaria ont pu rejoindre la rive. Evidemment, elle a eu peur. Mais elle réessaiera. « Pas d’autre choix. »Inutile de vous dire le bien le plus précieux d'Asma. Il est né en Syrie il y a deux mois. #Izmir #réfugiés http://t.co/mpJfwBlPDc— LucieSoullier (@Lucie Soullier)require(["twitter/widgets"]);« Je n’ai pas pu dormir pendant des jours après la photo du petit Aylan. On en voit tous les jours des petits comme lui », soupire Mehmet en inscrivant le numéro d’identification d’un nouveau client. Après deux avertissements cet été, il risque une amende de 400 livres pour avoir accepté des Syriens qui n’étaient pas enregistrés officiellement auprès des autorités. Mais il faut parfois quinze jours pour que la carte d’identification leur soit délivrée par Ankara et la plupart des migrants quittent la Turquie bien avant de l’obtenir. « Alors on fait quoi ? », soupire Mehmet, en tendant une clef à Yousef Alhariri, numéro 98824243964.Derrière lui, deux petites filles jouent avec un ballon gonflable. Dans un autre contexte, on pourrait croire à un moment innocent, mais pas ici. Car ces ballons sont utilisés par les candidats au passage pour y mettre à l’abri argent et téléphones, si jamais le canot se retournait.Kit de survieSifflet, mini-torche, étui étanche pour téléphone portable, ballon, gros rouleau de scotch... Dans les magasins du quartier, rien de plus facile que de se concocter un kit de sécurité avant d’embarquer. Sans compter les gilets de sauvetage, vendus entre 50 et 75 livres turques (entre 15 et 23 euros). Même montant pour une taille enfant. Le business est rentable. Un marchand de chaussures raconte ainsi qu’il vendait jusqu’à mille gilets par jour au plus fort de l’été.En ce moment, les piles se vident moins rapidement. Parce que les routes terrestres se sont ouvertes ? Non. Au contraire, le passage par Edirne, à la frontière avec la Bulgarie, s’est refermé. Puisque les autorités turques ont bloqué leur avancée, certains ont même fait demi-tour vers Izmir pour envisager la dernière option : le passage par la mer.Lire aussi :La Turquie a du mal à retenir les réfugiés venus de SyrieMais la météo et la mer sont capricieuses ces derniers jours, alors Basmane s’est un peu vidé. Car le quartier est davantage un carrefour qu’un lieu de vie. Les Syriens arrivent et repartent souvent en quelques jours, selon le nombre de tentatives nécessaires. Ils n’y viennent donc qu’au dernier moment, pour y trouver le passeur qui les emmènera vers Bodrum, Ayvalik, Kusadasi, Cesme... d’où ils embarqueront pour Kos, Lesbos, Samos, Chios. A chaque ville turque, son île grecque siamoise.Dash, elle, part ce soir, sans savoir où elle accostera. Une île favorite ? Lesbos, sans hésiter. « Il paraît que tu peux partir plus vite du camp », espère la jeune femme qui a fui Damas il y a moins d’une semaine. Pour beaucoup, les camps de réfugiés ne sont pas une option, même pour quelques jours. Dans la rue des hôtels, les fenêtres sont ornées d’affichettes « wifi ». Un atout commercial puisque beaucoup communiquent avec les passeurs par Whatsapp, un service de messagerie par Internet. Moulham ouvre l’application toutes les trente secondes. Sa maison a été bombardée à Damas. Un mois plus tard, le voilà assis sur les marches du perron d’un hôtel à 15 livres la nuit (moins de 5 euros), dans l’attente du message qui l’enverra à Cesme avec ce qu’il reste de sa famille. Pour s’y rendre, il prendra un taxi ou le minibus du passeur. Les instructions viendront en temps voulu : il n’est encore que 16 heures, et les départs se font à la nuit tombée. Comment a-t-il trouvé le numéro du passeur ? Par des proches qui ont déjà fait le voyage, explique Moulham.L’attente avant la merQuoi qu’il en soit, à Izmir, il est aussi aisé de trouver un passeur qu’un gilet de sauvetage. Ils finissent toujours par se découvrir, comme on aperçoit parfois la sangle d’un gilet sortir d’un sac poubelle – le moyen pour les réfugiés de ne pas être trahi en ville par un orange fluo si utile en mer. « Quand tu croises un passeur, tu le sais », affirme Moulham. Et l’on est bien obligé de l’admettre, devant un homme qui explique être arrivé il y a un an et demi. Sa femme a déjà atteint l’Allemagne. Quand la rejoindra-t-il ? Il est aussi vague que son eau de cologne est claire. Ici, personne n’est passeur. Et pourtant, impossible de ne pas les croiser, comme ce chauffeur de taxi qui a passé une année en prison. Passeur, lui ? « Oh, vous savez... » Il a prêté son téléphone à un client qui a appelé son passeur. Il l’a emmené à Cesme et a été arrêté. Maintenant, il fait attention. A-t-il cessé d’emmener des réfugiés vers les côtes ? Il sourit. Bien sûr que non, l’affaire est trop rentable. Peut-être même plus que les touristes.A Basmane, le quotidien des Syriens est fait de longues attentes. Avant d’avoir assez d’argent, de recevoir celui promis par un proche, avant que ne s’ouvrent les frontières ou que le passeur donne le feu vert. L’attente sur les marches des hôtels ; l’attente sur le perron de la mosquée qui s’est peuplé de matelas ; l’attente aux terrasses, prises d’assaut par les Syriens de passage. Venu d’Alep, Amar cuisine sa spécialité : des falafels. « Mais des syriens », ne confondez pas. « La nourriture leur manque, c’est pour ça qu’on a ouvert », explique-t-il en plongeant une dizaine de ses madeleines de Proust dans la friture. Chiffre d’affaire assuré. Pour les propriétaires des murs aussi, car quelques échopes plus loin, un épicier précise que c’est un Turc qui a ouvert, et que lui doit payer un loyer. Sans permis de travail, pas d’autre choix.Main d’œuvre à bas prixAbdulrahman travaille lui aussi illégalement. Du bazar de fruits et légumes où il passe quinze heures par jour, il ramène 30 livres (environ 10 euros) à sa famille installée près du chateau Kadifekale. Là-haut, une autre communauté syrienne s’affaire pour tenter d’organiser un semblant de vie. Entre peaux de mouton et robes satinées, pas de doute : « C’est Baïram », signale Abdulrahman. Soit la fête du grand Aïd en turc. Il est temps pour le trentenaire de rejoindre sa femme et sa petite fille née à Izmir, il y a onze mois. Mais aussi sa sœur, ses deux frères, sa mère et son père, éborgné par un éclat d’obus à Alep, « il y a si longtemps de ça ».Tous sont installés dans une maison qu’ils louent bien au-dessus des prix du marché, alors que les trois frères sont payés bien en-deça. A ce rythme là, difficile d’économiser pour atteindre les 1 000 à 1 300 dollars nécessaires au passage par la mer. Car même plus installés que leurs « chanceux » concitoyens d’en bas, ils n’ont pas plus envie de rester en Turquie. « Ici c’est travailler, dormir », soupire Mohammed Mohafik, le cadet. Du haut de ses 21 ans, il sait qu’il a amputé son avenir en quittant l’université. Il voudrait raconter la vie d’avant, mais son niveau d’anglais l’arrête. « Avant, je savais [parler anglais]. La guerre fait tout oublier. »Entre partir en Allemagne ou revenir en Syrie, le débat s’engage dans la famille. Ils finissent par trancher : ils reviendront le jour où le régime tombera. « Tu as déjà vu la Syrie ?, s’enquiert Adbdulrahman. C’était si beau avant la guerre. » Pourquoi ne pas attendre cela dans l’un des 25 camps turcs de l’ONU qui devraient bénéficier des nouvelles aides européennes ? Sur les 2,2 millions de réfugiés syriens enregistrés en Turquie, seuls 260 000 y vivent. Hors de question pour la famille d’y ajouter huit personnes. Parce que « trop de gens », parce qu’ici, « on peut gagner ce qu’on mange », parce qu’ici « on peut manger ce qu’on veut ». Et puis surtout, ajoute Mohammed Mohafik, du sourire triste de l’espoir perdu, « parce que le régime ne tombera pas. »Lucie Soullier (Envoyée spéciale à Izmir)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.09.2015 à 17h24 • Mis à jour le25.09.2015 à 17h44 Une Française originaire de Valenciennes (Nord) est emprisonnée depuis lundi en Turquie, à Istanbul. D’après France 3 Nord-Pas-de-Calais, qui a relayé l’information jeudi 24 septembre, Charlotte Lecaille, 28 ans, a été interpellée en compagnie d’une amie allemande par les autorités turques alors qu’elle se rendait à un rassemblement de soutien aux migrants syriens qui tentaient de rejoindre l’Europe.Les deux jeunes femmes sont accusées d’avoir incité les migrants à passer la frontière entre la Turquie et la Grèce, mais aussi d’avoir caillassé les policiers. Selon les médias locaux, elles sont également soupçonnées d’espionnage pour le compte d’« obscurs groupuscules à la solde des services de renseignements ».Des allégations rapidement balayées par la sœur de Charlotte, citée par La Voix du Nord, qui assure que la jeune femme n’aurait « jamais pu faire ça » :« Elle s’intéresse à leur histoire. Mais elle ne fait partie d’aucun groupuscule politique. C’est juste une femme extrêmement humaine ! Sans être activiste, c’est quelqu’un qui peut répondre à un mouvement spontané de solidarité. »Fermeture des administrationsCharlotte Lecaille, qui a réussi à téléphoner à sa famille et à des amis, a été transférée dans un centre de détention provisoire administratif. D’après le quotidien nordiste, la jeune femme est en contact régulier avec deux avocats missionnés par le consulat de France.Ses parents, qui ont réussi à l’avoir au téléphone deux fois, assurent que la jeune femme n’a pas été maltraitée mais souhaite être rapatriée en France au plus vite. Toutefois, en raison de la fête de l’Aïd el-Kébir, les administrations sont fermées jusqu’en début de semaine prochaine. Cécile Ducourtieux (Strasbourg, envoyée spéciale) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Des propos graves, marqués par l’urgence et la profondeur des crises dans laquelle l’Union européenne (UE) est plongée : à Strasbourg, mercredi matin, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, a tenu son premier discours « sur l’état de l’Union », axé sur la solidarité et la responsabilité. La question des réfugiés l’a évidemment longuement occupé, mais il a également évoqué la situation de la Grèce, le risque d’un « Brexit » à la faveur du prochain référendum sur l’appartenance de la Grande-Bretagne à l’UE ou encore l’enjeu des négociations climatiques, en vue de la conférence Cop 21.La crise des réfugiés. Le président de la Commission a évoqué les deux propositions législatives que la Commission a élaborées et qu’elle mettra sur la table du conseil extraordinaire des ministres de l’intérieur, lundi 14 septembre. Elles concernent la relocalisation urgente de 120 000 réfugiés partout en Europe – en plus des 35 000 environ déjà actés en juillet – et un mécanisme de relocalisation permanent, activable en cas de crise, quand la pression migratoire devient « extrême » dans un ou plusieurs pays.Ce mécanisme de solidarité doit permettre d’affronter une crise « grave et qui sera longue » a dit M. Juncker. Certains pays pourront se soustraire à l’obligation d’accueil de demandeurs d’asile ou de réfugiés, à condition de payer une compensation financière (0,002 % de leur PIB). Une liste des « Etats sûrs » (Turquie, pays des Balkans occidentaux, etc.) sera établie pour permettre une simplification des procédures de reconduite aux frontières pour ceux auxquelles le droit d’asile sera refusé.Lire aussi :M. Juncker veut rendre systématiques les quotas d’accueil de réfugiés en Europe« Nous avons peut-être été trop faibles face à la crise libyenne, trop peu déterminés face à la crise en Syrie, a déclaré M. Juncker. J’invite à une offensive diplomatique européenne face à cette question. » Il a d’autre part martelé que « le système de Schengen ne sera pas aboli sous ma présidence, mais il faut renforcer Frontex, en faire un système de garde-côtes européen, ce sera de l’argent bien investi ». Il a également réclamé des budgets plus importants pour l’aide au développement et la coopération, alors que la plupart des Etats membres les rabotent.« Tout le monde doit participer à l’effort d’accueil », a souligné le président. Il a rappelé intentionnellement que l’Union a toujours été une terre d’accueil : pour les juifs, les Sintis, les réfugiés espagnols, les Hongrois, les Tchèques et les Polonais fuyant la répression communiste ou, plus récemment, les habitants de l’ex-Yougoslavie. Mais l’Europe a aussi été une terre d’exode : « Il y a plus de Murphy et de O’Neill aux Etats-Unis qu’en Irlande. » Il a aussi relativisé la pression migratoire actuelle, qui ne représente « que 0,11 % de l’ensemble des populations européennes » alors que le Liban, par exemple, accueille des réfugiés dont le nombre atteint 25 % de sa population.« Il faut en finir avec les reproches mutuels », a plaidé le président, dans une allusion aux polémiques entre les capitales quant à l’attitude à tenir. Il a souligné que 4 milliards d’euros ont été mobilisés par l’Union européenne pour l’aide humanitaire pour la Syrie et les communautés qui accueillent les exilés dans les Etats voisins. « Nous avons sauvé 122 000 vies en Méditerranée, en triplant la flotte de Frontex. »Soucieux de ne pas rajouter à la désunion, M. Juncker a tenu à dire que « la Pologne, les pays baltes peuvent compter sur nous » pour protéger leurs frontières extérieures si elles devaient être remises en cause. Une allusion à la crise avec la Russie à propos de l’Ukraine.Plan d’aide à la Grèce. M. Juncker a insisté pour que le nouveau plan d’aide à la Grèce, le troisième depuis 2010, soit respecté par le nouveau gouvernement. Il a insisté sur le fait qu’il faut continuer de consolider l’eurozone et promis, pour les semaines à venir, un système commun de garantie des dépôts bancaires. « On le fera certainement sous forme d’un système de réassurance, il faut une dose de sécurité supplémentaire pour les épargnants », a-t-il indiqué. « Je suis en faveur de l’institution d’un trésor européen, c’est une nécessité de chaque jour », a-t-il ajouté, rejoignant les propositions françaises. La zone euro devrait par ailleurs être mieux représentée dans les instances internationales, « par le président de l’Eurogroupe et lui seul, pour que l’Europe ne donne plus l’impression d’être une basse-cour ». « Brexit ». L’Europe a des principes – la libre-circulation des personnes notamment – auxquels il n’est pas question de déroger, a incité M. Juncker mais il faut trouver « un accord équitable » avec Londres. Le président se dit favorable à l’allégement des règles bureaucratiques bruxelloises et souligne que les efforts accomplis dans le domaine énergétique ou du commerce international sont dans la ligne des revendications de Londres.Ukraine. « Nous devons soutenir le président ukrainien, il a eu le courage d’agir. Ceux qui ont des doutes quant à notre soutien verront qu’ils ont tort », a déclaré l’ancien premier ministre du Luxembourg. L’aide aux réformes et à la lutte contre la corruption sera maintenue.Cop 21. L’Europe, absorbée par d’autres questions, déploie toutefois des efforts importants pour faire aboutir la future conférence climatique de Paris. Il convient de se soucier de ce dossier qui pourrait entraîner d’autres flux migratoires, souligne le président. L’UE ne pourra toutefois accepter un accord à tout prix, s’il n’est pas à la hauteur de l’enjeu.L’emploi. Le « triangle vertueux », rigueur budgétaire, investissements et réformes, reste indispensable et doit avoir un but essentiel : assurer un emploi aux Européens – notamment aux jeunes – alors que 23 millions de personnes en restent dépourvues.Jeudi, journée spéciale sur Le Monde.fr #jourdemigrantsJeudi, la rédaction du Monde se mobilise avec près de trente reporteurs, en France, en Europe, en Afrique. De la frontière tuniso-libyenne à la gare de Munich, en Hongrie, en Macédoine ou sur l’île grecque de Lesbos, à Paris, à Lyon, à Marseille ou à Toulouse, ils décriront une journée parmi d’autres dans la vie de migrants.Retrouvez ces histoires, ces témoignages et les décryptages de nos journalistes lors de cette journée spéciale, dès 8 heures, jeudi 10 septembre, sur le live du Monde.fr, où nous répondrons également à vos questions, et sur Twitter et sur Instagram, avec le mot-clé #Jourdemigrants.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Strasbourg, envoyée spéciale)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Anne-Aël Durand Alors que la France a lancé mardi 8 septembre un premier vol de reconnaissance en Syrie, le Royaume-Uni a surpris l’opinion publique en révélant qu’une première frappe menée par la Royal Air Force avait tué trois djihadistes, dont au moins deux Britanniques, le 21 août dans la région de Rakka, fief de l’Etat islamique.Deux des victimes, Ruhul Amin, 26 ans, et Reyaad Khan, 21 ans, étaient « des terroristes qui avaient prévu une série d’attaques dans les rues de notre pays », a justifié, mardi, le ministre britannique de la défense, Michael Fallon. Selon le Guardian, Reyaad Khan aurait fomenté des attentats visant des commémorations officielles, dont une en présence de la reine Elizabeth. « Nous n’hésiterons pas à mener une action similaire » contre d’autres ressortissants menaçant de perpétrer des attaques sur le territoire britannique, a déclaré M. Fallon.Plusieurs organisations de droits de l’homme et membres de l’opposition s’inquiètent de la légalité de ces frappes, alors qu’en septembre 2014, le Parlement n’avait pas approuvé une intervention militaire en Syrie, mais seulement en Irak, dans le cadre de la coalition internationale formée autour des Etats-Unis contre l’Etat islamique.La justification de l’« autodéfense »David Cameron précise que la frappe du 21 août ne se déroulait pas dans le cadre de la coalition mais constituait une mesure, ciblée, d’« autodéfense ». Le missile a visé une voiture transportant les suspects sur la base de renseignements des services secrets (MI6, MI5), sans causer de victimes civiles.David Cameron affirme aussi que le procureur général (son conseiller juridique) l’a assuré de la légalité de l’action – mais il refuse de rendre publiques les motivations de celui-ci. Le gouvernement s’appuie notamment sur l’article 51 de la charte des Nations unies, qui reconnaît le « droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un membre des Nations unies est l’objet d’une agression armée, jusqu’à ce que le Conseil de sécurité ait pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales ».Selon le spécialiste des questions juridiques au Guardian, Joshua Rozenberg, l’attaque contre Reyaad Khan « entre dans le cadre de la loi britannique », puisqu’« en droit anglais, il n’est pas nécessaire d’attendre que l’agresseur tire le premier ». Il estime que la légitime défense était proportionnée, puisque la frappe n’a pas visé un village entier, mais seulement une voiture, où se trouvaient deux autres combattants de l’EI, qui savaient que Khan constituait une cible potentielle. Quant à l’approbation du Parlement, le chroniqueur rappelle qu’elle n’est qu’une « convention » et non pas une « obligation », quelle que soit la nationalité des cibles.« Exécution extrajudiciaire »Mais cette vision de l’attaque est loin de convaincre les associations de défense des droits de l’homme et les membres des partis d’opposition. Le député conservateur David Davis évoque d’ailleurs « une exécution extrajudiciaire » sans sommation. L’ancien procureur général, Dominic Grieve, a affirmé que cette action « extrême » menée par un gouvernement qui a décidé de tuer ses ressortissants à l’étranger pourrait être contestée en justice par les familles des victimes.Pour Philippe Sands, professeur de droit à l’University College de Londres, cité par la BBC, « la préparation d’un futur attentat depuis un endroit éloigné ne peut pas en droit justifier des mesures d’autodéfense : l’attaque doit être imminente et on doit en apporter la preuve ». C’est désormais ces preuves, ou du moins les justifications de la frappe, que demande l’opposition.C’est ce que confirme au Monde David Cumin, spécialiste du droit de la guerre, qui considère que les frappes menées s’apparentent à des opérations de police extraterritoriale face au terrorisme. Dans ce cas, « l’usage de la force létale en opération de police est limité à la légitime défense individuelle ou pour autrui au sens du code pénal. Ce n’est évidemment pas le cas pour ce genre de frappe à distance ! ». Se prévaloir de la « guerre au terrorisme » est une « rhétorique sans fondement juridique », estime le maître de conférence de Lyon-III. « L’action britannique n’est légale que si l’on excipe [exerce une exception en justice] du fait que l’Etat islamique se trouve à cheval en Irak et en Syrie, et qu’en quelque sorte, la RAF exerce un droit de suite en Syrie de ses frappes – licites – en Irak. »Kat Craig, directeur juridique de l’ONG Reprieve, s’inquiète du fait que le premier ministre s’est arrogé le « pouvoir secret de tuer n’importe qui dans le monde à n’importe quel moment ». Pour l’ONG Amnesty International, ce type de frappes rappelle les méthodes employées par la CIA qui a utilisé des drones pour exécuter des « terroristes présumés » au Pakistan. « Si nous laissons ces actions devenir la norme, nous pourrions voir des pays du monde entier exécuter depuis les airs ceux qu’ils perçoivent comme leurs ennemis, sur la base du secret et d’informations impossibles à contester », précise sa directrice dans un communiqué.Anne-Aël DurandJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.09.2015 à 11h00 • Mis à jour le09.09.2015 à 14h46 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Impossible de pousser les murs. Une île est un territoire fermé aux ressources et aux capacités d’accueil limitées. Ces dernières semaines, des dizaines de milliers de réfugiés syriens, afghans ou érythréens ont débarqué à Lesbos, à quelques encablures seulement de la Turquie, et la situation devient explosive.Qu’ils arrivent au nord ou au sud de l’île, il leur faut rejoindre après plusieurs heures de marche sous un soleil de plomb le port principal – la ville de Mytilène – où ils doivent se faire identifier et enregistrer par la police avant d’espérer pouvoir rejoindre le continent. Un processus qui, devant le flux, prend désormais des jours et des jours.Lire aussi :Lesbos, l’île au bord du naufrageEt c’est là, dans cette ville de 30 000 habitants où s’entassent désormais près de 20 000 réfugiés, que se concentrent tous les problèmes d’un petit territoire confronté à une situation qui le dépasse largement. Plus de place dans les camps, plus de place dans les jardins publics, pas de toilettes, pas de douches, pas de poubelles… Seul l’élan instinctif de solidarité de nombreux habitants permet aujourd’hui à des familles entières de survivre, à l’abri de tentes de fortunes dressées en plein cœur de la ville.ExaspérationDepuis le 4 septembre, chaque soir, au moment où se profile à l’horizon le ferry pour le Pirée, la même scène, brutale, se répète. Dans un mouvement de foule impressionnant, des milliers d’hommes et de femmes tenant leurs enfants à bout de bras tentent de briser le cordon policier pour embarquer coûte que coûte. Tous veulent quitter l’enfer de Lesbos et continuer leur route vers le nord de l’Europe.Et la violence éclate. Celle de la police qui tente de contenir à coups de matraques ou de gaz lacrymogènes cette irrépressible vague. Celle des réfugiés entre eux qui s’affrontent pour une place dans le ferry. Et puis celle, plus récente, de certains habitants. En début de semaine, des jeunes ont lancé un cocktail Molotov sur la tente d’une famille syrienne avec enfants. Pas de victime heureusement, mais le premier signe d’une exaspération qui ne peut qu’aller en grandissant si l’Europe ne se mobilise pas rapidement pour venir en aide à Lesbos.Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosLe gouvernement grec tente bien de réagir. Mardi 8 septembre, trois gros navires ont été déroutés de leurs lignes habituelles pour évacuer plus de 6 000 réfugiés vers le continent. Et cet effort devrait se répéter quotidiennement jusqu’à la fin de la semaine, a promis le ministre chargé des questions migratoires, Yannis Mouzalas, qui reconnaît lui-même que Lesbos est « au bord de l’explosion » et en appelle à la solidarité européenne.Le président de la République, Prokopis Pavlopoulos, a invité mardi le président du Conseil européen, Donald Tusk, à venir constater la situation et a demandé la tenue d’un sommet européen exceptionnel alors que le commissaire à la migration, Dimitris Avramopoulos, annonçait le transfert immédiat de fonds européens pour aider la Grèce.Jeudi, journée spéciale sur Le Monde.fr #jourdemigrantsJeudi, la rédaction du Monde se mobilise avec près de trente reporteurs, en France, en Europe, en Afrique. De la frontière tuniso-libyenne à la gare de Munich, en Hongrie, en Macédoine ou sur l’île grecque de Lesbos, à Paris, à Lyon, à Marseille ou à Toulouse, ils décriront une journée parmi d’autres dans la vie de migrants.Retrouvez ces histoires, ces témoignages et les décryptages de nos journalistes lors de cette journée spéciale, dès 8 heures, jeudi 10 septembre, sur le live du Monde.fr, où nous répondrons également à vos questions, et sur Twitter et sur Instagram, avec le mot-clé #Jourdemigrants.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.09.2015 à 05h53 • Mis à jour le09.09.2015 à 16h05 Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a exhorté mercredi 9 septembre les Etats de l’Union Européenne à se répartir d’urgence l’accueil de 160 000 réfugiés, plaidant pour que le Vieux Continent fasse preuve de davantage « d’union ».« C’est 160 000 personnes que les Européens doivent prendre dans leurs bras (...) Ceci doit être fait de façon obligatoire. »Le chiffre de 160 000 réfugiés résulte de l’addition d’un précédent projet de répartition de 40 000 réfugiés arrivés sur le sol européen et d’une nouvelle proposition d’urgence d’accueillir 120 000 personnes se trouvant actuellement en Italie, en Grèce et en Hongrie.Comme prévu, ces quotas d’accueil placent l’Allemagne en première place (26,2 %, avec 31 443 réfugiés), suivie de la France (20 %, 24 031) et de l’Espagne (12,4 %, 14 931). #container_14416117412{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14416117412{ height:500px; } #container_14416117412 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14416117412 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14416117412 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14416117412 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Migrants : les quotas proposés par la Commission européenneNombre de réfugiés à accueillir, en valeur absolue et rapporté au nombre d'habitants.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14416117412", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:true, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#d891b0","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"Nombre accueilli" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"Nombre par habitant" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Allemagne","France","Espagne","Pologne","Pays-Bas","Roumanie","Belgique","Suède","Autriche","Portugal","République tchèque","Finlande","Slovaquie","Bulgarie","Croatie","Slovénie","Lituanie","Lettonie","Luxembourg","Estonie","Chypre","Malte"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de réfugiés", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 31443 ], [ "", 24031 ], [ "", 14931 ], [ "", 9287 ], [ "", 7214 ], [ "", 4646 ], [ "", 4564 ], [ "", 4469 ], [ "", 3640 ], [ "", 3074 ], [ "", 2978 ], [ "", 2398 ], [ "", 1502 ], [ "", 1500 ], [ "", 1064 ], [ "", 631 ], [ "", 580 ], [ "", 526 ], [ "", 440 ], [ "", 373 ], [ "", 274 ], [ "", 133 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "pour 10000 habitants", "color": "#d891b0", "data": [ [ "", 3.900148846 ], [ "", 3.624585219 ], [ "", 3.192431046 ], [ "", 2.410329613 ], [ "", 4.294047619 ], [ "", 2.327655311 ], [ "", 4.075 ], [ "", 4.660062565 ], [ "", 4.297520661 ], [ "", 2.938814532 ], [ "", 2.830798479 ], [ "", 4.416206262 ], [ "", 2.776340111 ], [ "", 2.066115702 ], [ "", 2.503529412 ], [ "", 3.063106796 ], [ "", 1.966101695 ], [ "", 2.616915423 ], [ "", 8.148148148 ], [ "", 2.825757576 ], [ "", 2.403508772 ], [ "", 3.166666667 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 1, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: 1, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Au-delà de la répartition de ces réfugiés, présentée comme une mesure d’urgence, M. Juncker a insisté pour que l’UE mette en place « un mécanisme permanent (...) qui nous permettra de faire face plus rapidement à l’avenir » et d’éviter de laborieux marchandages entre Etats.Lire notre décryptage :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosL’Allemagne pour une répartition « contraignante » des réfugiésLa chancelière Angela Merkel avait de nouveau réclamé mercredi une « répartition contraignante » des réfugiés entre tous les pays de l’UE. Son porte-parole a aussi indiqué que l’Allemagne était « ouverte » à l’idée d’un sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne au sujet de la crise migratoire.Lire notre reportage :Et l’Allemagne ouvrit ses portesLa veille, Berlin avait appelé ses partenaires européens à ouvrir plus grand leurs portes aux dizaines de milliers de réfugiés qui se pressent aux frontières du Vieux Continent. « Nous avons besoin d’un système ouvert de quotas pour la répartition obligatoire des personnes qui ont un droit à l’asile », prônait Angela Merkel, jugeant que plafonner à l’avance le nombre de migrants n’avait aucun sens.Le Royaume-Uni campe sur ses positionsDes sollicitations que ne goûte décidément pas David Cameron, le premier ministre britannique. S’il s’est engagé à accueillir 20 000 réfugiés en cinq ans au Royaume-Uni, il a répété mercredi qu’il ne voulait pas entendre parler de quotas de réfugiés, balayant ainsi les appels de l’opposition travailliste à participer au plan d’accueil proposé par la Commission européenne.Après avoir paru en retrait, la France accueillait mercredi, par « solidarité », un premier contingent de deux cents Syriens et Irakiens venus d’Allemagne. En tout, un millier devrait arriver d’ici à vendredi. Et au cours des deux prochaines années, le pays s’est dit prêt à ouvrir ses portes à 24 000 réfugiés.Lire aussi :Comment la France se prépare à accueillir les réfugiésL’Australie, quant à elle va accueillir 12 000 réfugiés supplémentaires, a annoncé mercredi son premier ministre, Tony Abbott. Enfin, la Maison Blanche, critiquée pour son manque de réactivité face à la crise des réfugiés syriens, a indiqué qu’elle envisageait de nouvelles mesures pour y répondre.Jeudi, journée spéciale sur Le Monde.fr #jourdemigrantsJeudi, la rédaction du Monde se mobilise avec près de trente reporteurs, en France, en Europe, en Afrique. De la frontière tuniso-libyenne à la gare de Munich, en Hongrie, en Macédoine ou sur l’île grecque de Lesbos, à Paris, à Lyon, à Marseille ou à Toulouse, ils décriront une journée parmi d’autres dans la vie de migrants.Retrouvez ces histoires, ces témoignages et les décryptages de nos journalistes lors de cette journée spéciale, dès 8 heures, jeudi 10 septembre, sur le live du Monde.fr, où nous répondrons également à vos questions, et sur Twitter et sur Instagram, avec le mot-clé #Jourdemigrants. 08.09.2015 à 21h26 Les révélations sur les écoutes à grande échelle faites par les services de renseignement américains et les inquiétudes grandissantes exprimées par une partie des Européens n’auront pas facilité les négociations. Mais, après quatre ans de tractations, l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis ont conclu un accord, mardi 8 septembre, sur la protection des données, qui permettra aux Européens de saisir la justice américaine en cas d’utilisation abusive de leurs données personnelles aux Etats-Unis.« Une fois entré en vigueur, cet accord garantira un haut niveau de protection de toutes les données personnelles transmises par les autorités judiciaires de part et d’autre de l’Atlantique », a fait valoir Vera Jourova, la commissaire européenne à la justice.« Il garantira en particulier que tous les citoyens européens auront le droit de voir leurs droits relatifs à leurs données personnelles appliqués par les tribunaux américains. »L’accord, qui concerne l’échange d’information à des fins judiciaires, ouvre également la voie au projet de l’UE de créer un registre de collecte des données des passagers des compagnies aériennes (passenger name records, PNR). Cette mesure, réclamée par les Etats-Unis, s’est longtemps enlisée au Parlement européen, où la recherche d’un équilibre entre la protection de la vie privée et la lutte contre le terrorisme a fait l’objet de vives polémiques.Lire aussi :Les lignes bougent au Parlement européen sur le fichier des passagers aériensLa commissaire européenne a estimé que l’accord était « un pas important » pour « rétablir la confiance dans l’échange de données entre l’UE et les Etats-Unis ».Inquiétude des Européens quant aux pressions de WashingtonMais, avant d’entrer en vigueur, l’accord doit encore être approuvé par le Congrès américain. Les citoyens européens pourront saisir les tribunaux américains si des données transmises par les autorités de leur pays à des services judiciaires américains sont par la suite rendues publiques, avait fait savoir l’an dernier Eric Holder, alors ministre de la justice de Barack Obama.En Europe, où la mémoire de la surveillance exercée par les régimes fascistes et communistes reste vive, l’inquiétude concerne en particulier la pression exercée par Washington sur les géants de l’informatique pour qu’ils transmettent aux services de renseignement les données personnelles qu’ils recueillent, y compris celles de citoyens européens, pour des raisons de sécurité nationale.Lire aussi :L’espionnage économique, priorité de la NSACes soupçons se sont renforcés après les révélations d’Edward Snowden, en 2013, sur les gigantesques opérations d’espionnage menées par Washington, y compris à l’encontre de pays alliés, dont ceux de l’UE.Lire aussi :Espionnage de la NSA : au-delà de l’indignation, la coopération continue Nicolas Chapuis et Etienne Girard Le débit est rapide, la voix est ferme, presque sans émotion. « J’étais captive de Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique] pendant 3 mois, j’ai été torturée plusieurs mois, enchaînée toute la journée, j’ai dû boire de l’eau dans laquelle il y avait des souris mortes, j’ai été battue, frappée avec un bâton. » Le témoignage de Jinan, jeune femme yézidie irakienne de 19 ans, retenue 12 semaines comme esclave par les djihadistes de l’Etat islamique, assomme la salle du Cirque d’hiver (Paris 11e), où se tenait mardi 8 septembre le meeting de soutien aux réfugiés organisé par le Parti socialiste.« Vous êtes loin de la guerre mais pas du danger », lance-t-elle à l’assistance, principalement composée de militants et d’élus socialistes. Et d’exhorter – sous les applaudissements du PS qui y est pourtant opposé – à une intervention militaire sur place « pour libérer les 3 000 femmes encore prisonnières ». « N’attendez pas d’avoir des esclaves chez vous, il faut réagir maintenant ! » Le visage, constellé de tâches de rousseur, n’a quasiment pas bronché. Moment d’une sobriété violente dans une soirée où l’émotion a longtemps paru assez formelle.Lire aussi :Comment la France se prépare à accueillir les réfugiésLe PS attendu au tournantCertes, le PS était attendu au tournant. « Réaction tardive », « récupération politique », Solférino ne pouvait, en une soirée organisée à la hâte, effacer des semaines de tergiversation sur la question des réfugiés. Le début du meeting a d’ailleurs été perturbé par des adhérents du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon et par des militants associatifs – évacués manu militari de la salle – reprochant à la majorité de « se réveiller après la bataille »."C'est pas ça la vraie gauche, Ça fait 8 mois qu'on se bat, et le PS se réveille depuis une semaine" se plaint un militant du PG. #réfugiés— nicolaschapuis (@Nicolas Chapuis)require(["twitter/widgets"]);« Il y a un étrange paradoxe : on vient toujours critiquer ceux qui font, et jamais ceux qui ne font rien », s’est défendu à la tribune Jean-Christophe Cambadélis. Le premier secrétaire du PS avait appelé en juin dernier à la tenue d’une conférence internationale sur le sujet à Paris. Idée reprise lundi 7 septembre par François Hollande lors de sa conférence de presse. Car désormais le PS entend faire de cette question des migrants le marqueur politique de son retour sur le « terrain des valeurs », nouveau mantra de Jean-Christophe Cambadélis.Un domaine où il sera plus facile de réaliser l’union de la gauche que sur l’économie. « Tous les humanistes doivent s’unir pour faire face à ce mouvement puissant de réfugiés dans toute l’Europe », a expliqué le patron du PS. Anne Hidalgo, la maire de Paris, a elle aussi plaidé pour que la gauche se saisisse à bras-le-corps de la question des migrants. « Les consciences sont en train de bouger, les responsables politiques ont été trop craintifs, avec la peur de faire monter le FN. Mais c’est quand on ne défend pas ses convictions qu’on fait monter l’extrême droite. »Lire aussi :Comment la Ville de Paris organise l’hébergement des migrantsToute la soirée, les témoignages d’élus locaux favorables à l’accueil de migrants se sont succédé. Avec en fond d’écran, la litanie des villes socialistes ayant répondu à l’appel du « réseau de solidarité » lancé par le parti. Pour l’occasion, le PS avait même renoué avec les acteurs de la société civile, si absents de ce quinquennat.Côté artistes, Virginie Ledoyen et Jane Birkin avaient fait le déplacement. Michel Boujenah, Anne Roumanoff, Sylvie Testud et Charles Berling s’étaient fait excuser. Pierre Arditi et Zabou Breitman avaient laissé des mots d’amitié. Robert Badinter avait quant à lui enregistré une vidéo de solidarité, récoltant comme à chacune de ses apparitions une standing ovation des militants PS – par écran interposé.Image décalée Mais il manquait des ingrédients pour que la formule prenne. Scénographie étrange de ces élus socialistes regroupés au milieu de la piste du Cirque d’hiver. Réaction feutrée des militants dans les gradins tout autour. Image décalée enfin d’un Claude Bartolone faisant une entrée de rock star dans la salle, sous des tonnerres d’applaudissements, pour ne finalement pas prendre la parole.Mais qu’importe l’ambiance, Alain Le Cleac’h, voulait voir dans ce rassemblement la preuve d’une évolution positive : « La société civile réagit enfin, tout est maintenant possible ! » Pour le président de France terre d’asile, après ce « sursaut » de la classe politique, il reste un énorme « défi à relever ». Et de souligner la prochaine question qui va agiter le débat public, celle du nécessaire financement public de l’accueil des réfugiés.Avant le début du meeting, Anne Hidalgo avait déjà plaidé en faveur d’une aide aux collectivités locales : « On ne pourra pas faire sans des moyens supplémentaires pour l’aide humanitaire et l’hébergement. » Mais en cette période de projet de loi de finances contraint, dégager des sommes ne va pas être simple. « Ça va être compliqué d’expliquer qu’on trouve plusieurs centaines de millions pour les migrants alors qu’on coupe dans tous les autres budgets », explique un dirigeant socialiste. Après le discours, le PS va devoir assumer politiquement dans les semaines qui viennent sa politique d’ouverture aux réfugiés.Lire aussi :Les maires invités à organiser l’accueil des migrantsEtienne GirardJournaliste au MondeNicolas ChapuisJournaliste au service PolitiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.09.2015 à 11h23 • Mis à jour le09.09.2015 à 09h42 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, doit prononcer, mercredi 9 septembre, devant le Parlement de Strasbourg, son « discours sur l’état de l’Union ». Il prolonge ainsi la tradition instaurée en 2010 par son prédécesseur, José Manuel Barroso. Un propos très attendu, mais que l’ex-premier ministre luxembourgeois aurait voulu un peu plus optimiste : la situation qu’affronte l’institution qu’il dirige est difficile, voire inquiétante. Lui qui avait évoqué, lors de son entrée en fonctions, une « Commission de la dernière chance » se persuaderait presque que l’année qui s’ouvre est celle de la dernière chance pour sa Commission.De toute part – y compris au sein du collège des commissaires – affleure l’idée que l’Europe, confrontée à une multitude de crises (la Grèce, la question des réfugiés, l’Ukraine, le possible « Brexit » britannique, etc.) n’a jamais été aussi proche de la désintégration, de la désunion européenne. Les fractures sont aujourd’hui béantes entre les Etats fondateurs (Allemagne, France, Italie, Benelux) et les derniers entrants, pays de l’Europe centrale et orientale.En 2014 déjà, le ton du président était grave. Lors de son discours d’investiture, à la mi-juillet, puis pour la présentation de son collège, le 10 septembre 2014, M. Juncker, candidat des conservateurs européens (PPE), promettait une institution plus « politique », « grande sur les grandes choses, petite sur les petites choses ». A l’époque, le score des populistes eurosceptiques lors du scrutin avait créé un choc, avec, notamment, un Front national arrivé en tête en France.Bilan mitigé sur l’emploiM. Juncker voulait d’abord agir sur l’économie et a rapidement lancé – trois semaines après son entrée en fonctions – un vaste plan pour l’investissement, avec la volonté de faire de la croissance et de l’emploi les priorités absolues de son mandat. Sur ce front, son bilan est mitigé. Conscient que le chômage de masse est l’un des principaux ferments du populisme, il a réussi l’opération de communication autour de son plan à 315 milliards d’euros. Aujourd’hui, le dispositif est cependant à peine sur les rails, après avoir été validé par les 28 Etats membres et le Parlement européen.Lire aussi :Plan Juncker : les Vingt-Huit apportent leur soutien, mais pas leurs eurosLa Commission a, par ailleurs, plutôt bien géré la question piège du budget français. A l’automne 2014, Paris n’avait une nouvelle fois pas respecté les objectifs du pacte de stabilité et de croissance, alors même que le pays s’était vu accorder une rallonge de deux ans et risquait une sanction. Humiliante et déstabilisante pour le moteur franco-allemand, déjà passablement déséquilibré par le différentiel de croissance entre les deux pays. M. Juncker a pris une décision clairement politique, en écartant l’option de la sanction, et en accordant deux ans de plus à la France, mais avec un objectif de déficit public sous les 3 % dès 2017, ainsi que la mise en place d’une surveillance très rapprochée du pays.Lire aussi :La France n'aura que deux ans pour ramener son déficit sous 3 % du PIBLe fait que la croissance en zone euro soit repartie (1,2 % au deuxième trimestre 2015) a aidé la Commission à tenir cette ligne « souple » à l’égard de Paris, mais le chômage en zone euro reste élevé (10,9 % en moyenne en juillet 2015), et les nuages s’amoncellent, avec le risque de contrecoup d’une économie chinoise qui ralentit.Le premier point noir de l’an I de la « Team Juncker » fut évidemment la crise grecque. M. Juncker a réussi à maintenir le dialogue entre le gouvernement de la gauche radicale et une bonne partie de ses partenaires de l’Eurozone, tentés de lâcher définitivement un pays jugé incapable de se réformer. M. Juncker s’est personnellement beaucoup impliqué pour éviter un « Grexit », synonyme pour lui de la désintégration de la zone euro.Pourtant, si finalement l’eurozone a accepté d’aider la Grèce et si le premier ministre Alexis Tsipras a fini par céder aux exigences de ses créanciers et a signé pour un nouveau plan d’austérité, personne n’ose affirmer à Bruxelles qu’on en a définitivement fini avec le « problème grec ». Et la réflexion sur une réforme de la zone euro menace déjà s’enliser.Lire aussi :A Bruxelles, les élections anticipées à Athènes considérées comme une « opportunité »Risque d’un « Brexit »Depuis quelques mois, l’Europe a plongé dans une nouvelle crise, un peu plus violente encore. Le drame des réfugiés et demandeurs d’asile est d’une ampleur « historique », souligne le vice-président de la Commission Frans Timmermans. Or, face à l’afflux de dizaines de milliers de personnes, essentiellement issues de zones de guerre, la Commission peine à imposer son point de vue. La querelle sur la « relocalisation » et la « réinstallation » de 60 000 personnes était à peine close que M. Juncker devait, face à l’urgence, suggérer l’obligation, pour chaque Etat membre, d’intégrer 120 000 personnes au total. Un pari qui est loin d’être gagné compte tenu des réactions très hostiles à l’Est.Lire aussi :Migrants : les engagements des dirigeants européensCes polémiques en auraient presque fait oublier que rien n’est vraiment résolu en Ukraine, où un fragile cessez-le-feu – les accords de Minsk – a été conclu sous l’égide de la France et de l’Allemagne, laissant la Commission et la haute représentante pour la diplomatie à leurs questions quant à l’avenir des relations avec Moscou.A ce sombre tableau s’ajoute le risque d’un « Brexit », alors que le référendum pour ou contre l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union pourrait se tenir dès 2016. Conscient de cette échéance, M. Juncker a pris contact avec David Cameron dès la réélection du premier ministre conservateur, au printemps dernier. Il voulait engager au plus vite un dialogue constructif afin de trouver un accord acceptable par tous sur la redéfinition des relations entre Londres et ses partenaires.Occupée par la crise des réfugiés, la Commission arrivera-t-elle à mener de front cette négociation à haut risque, alors que l’Union offre aux Britanniques sceptiques le spectacle de sa désunion ? Selon un sondage publié le 6 septembre, 51 % des Britanniques interrogés se déclarent aujourd’hui favorables à un « Brexit ».Lire aussi :« Brexit » : Cameron subit un revers au Parlement sur le référendumVieux renard de la politique européenne, M. Juncker a su prendre, depuis un an, des décisions courageuses, quitte à se mettre parfois à dos certains Etats. Pourra-t-il sauver l’Union et ses institutions ? C’est le pari de l’année politique à haut risque qu’il ouvre à Strasbourg.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.09.2015 à 17h28 • Mis à jour le04.09.2015 à 18h06 Critiqué pour son manque d’implication dans la crise migratoire, le premier ministre britannique, David Cameron, a annoncé de nouveaux engagements du Royaume-Uni, vendredi 4 septembre. Comme pour nombre de ses homologues européens, ces décisions font suite à la publication de la photo du petit Aylan, l’enfant retrouvé mort sur une plage turque mercredi.Depuis Madrid, où il rencontrait le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, M. Cameron a ainsi annoncé que le Royaume-Uni allait débloquer 100 millions de livres (137 millions d’euros) d’aide supplémentaire pour la crise humanitaire en Syrie, portant ainsi à 1 milliard de livres (près de 1,4 milliard d’euros) la contribution britannique, la plus élevée de l’histoire du Royaume-Uni.Le premier ministre a ajouté que 60 millions de livres (82 millions d’euros) seraient destinés directement à aider les personnes en Syrie et que le reste irait aux pays voisins, comme la Turquie, le Liban et la Jordanie, qui comptent tous de nombreux camps d’accueil des réfugiés.Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosLe Royaume-Uni va accueillir plus de réfugiésPlus tôt à Lisbonne, David Cameron avait déjà pris l’engagement d’accueillir plus de migrants sur le territoire britannique.« Face à l’ampleur de la crise et à la souffrance des gens, je peux annoncer aujourd’hui que nous ferons davantage, en accueillant des milliers de réfugiés syriens supplémentaires. »M. Cameron n’a pas donné de chiffres précis. Une porte-parole de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) évoquait toutefois 4 000 personnes supplémentaires.« S’il proposait d’accueillir 10 000 migrants syriens, cela placerait le Royaume-Uni au niveau d’autres pays européens qui ont pris les devants en offrant un havre à des réfugiés vulnérables », a de son côté réagi le responsable de l’organisation Oxfam, Mark Goldring.Le premier ministre britannique a insisté sur la nécessité de ne retenir que des personnes se trouvant dans des camps de réfugiés des Nations unies dans les pays voisins de la Syrie, afin de ne pas encourager de périlleuses traversées par la mer. En référence à la photo du petit Aylan, David Cameron a fait part de son émotion.« En tant que père et en tant qu’être humain, on ne peut qu’être bouleversé par ces terribles photos. Ces images resteront en nous tous pour très, très longtemps. »Lire aussi :Réfugiés : une photo pour ouvrir les yeux Joëlle Stolz (Vienne, correspondante) Le chaos règne toujours en Hongrie dans la crise des réfugiés. Des centaines d’entre eux, abandonnant l’espoir d’un départ direct en train vers l’Allemagne, le trafic ferroviaire international étant interrompu depuis le jeudi 3 septembre, ont entrepris vendredi de gagner à pied la frontière autrichienne – située à environ 175 km – où les organismes de secours s’attendent à une nouvelle vague d’arrivées.Vendredi après-midi, la police hongroise n’entravait pas leur marche, mais elle a annoncé qu’elle ne les laisserait pas atteindre la frontière. La situation pourrait donc devenir très tendue en fin d’après-midi. Des volontaires hongrois ont décidé d’aider, y compris en les prenant dans leurs véhicules, les plus fragiles des réfugiés, notamment les vieillards et les enfants. En Autriche, quelque 2 000 personnes avaient souscrit vendredi matin sur le réseau social Facebook à une initiative citoyenne proposant de former un convoi de voitures particulières pour « chercher », à partir de dimanche, des milliers de migrants bloqués en Hongrie. Les chemins de fer autrichiens, l’ÖBB, ont envoyé plusieurs trains et du personnel à la frontière, à Hegyeshalom, pour recevoir et transporter les gens – s’ils arrivent de l’autre côté.Isolement des demandeurs d’asile récalcitrantsDe la gare de Keleti de Budapest, où campaient dans des conditions déplorables des milliers de personnes venues du Moyen-Orient, l’abcès s’est déplacé vers la petite gare de Bicske, à l’ouest de la capitale. La police hongroise y a attiré jeudi un convoi de demandeurs d’asile, pour les amener ensuite par bus dans un camp d’internement provisoire.Lire aussi :En Hongrie, la police tente de forcer des migrants à aller dans un camp de réfugiésMais vendredi en milieu de journée, quelque 500 réfugiés refusaient toujours de descendre des wagons arrêtés sur les voies, ou même de prendre l’eau et les provisions proposées par les policiers. L’attitude de la police hongroise, qui a isolé le convoi des demandeurs d’asile récalcitrants, empêchant tout contact avec les ONG et les médias étrangers présents sur place, est déconcertante. Car elle laisse aussi passer sans difficulté des réfugiés qui parviennent à Bicske avec les trains régionaux pour se diriger ensuite vers l’ouest du pays, rapporte un journaliste de la radio publique autrichienne. Quelque 300 personnes internées dans le camp de transit de Röszke, à la frontière avec la Serbie, se sont par ailleurs échappées vendredi matin de l’enceinte où elles étaient retenues. La police a repris une partie d’entre elles.Gardienne de l’espace Schengen, dont elle est la pointe la plus avancée sur la route des Balkans qu’empruntent les réfugiés, la Hongrie est tenue, en vertu des accords communautaires de l’Union européenne, d’enregistrer les empreintes digitales de tous les demandeurs d’asile qui parviennent sur son territoire. Mais l’attitude du premier ministre conservateur Viktor Orban, qui a mobilisé depuis des mois son opinion avec des accents xénophobes, a exacerbé les tensions.« Race européenne, blanche et chrétienne »Vendredi, le Parlement hongrois a renforcé sa législation anti-migrants. Proposée par le gouvernement, la nouvelle législation accroit notamment les possibilités de déploiement de l’armée aux frontières, rend l’immigration illégale et alourdit considérablement les peines pour les passeurs. Le fait de franchir ou endommager la clôture de barbelés sera considéré comme un délit et le franchissement illégal de la frontière sera passible d’une peine maximale de trois ans de prison.« Nous ne voulons pas que nos enfants vivent dans un califat européen », a ainsi déclaré Antal Rogan, le chef de la fraction parlementaire du Fidesz, le parti de M. Orban. Un autre proche du premier ministre, le polémiste Zsolt Bayer, a exigé que l’Europe soit « libérée de cette horreur, si besoin par les armes », traitant les réfugiés de « sauvages » et d’« animaux » qui menacent « la race européenne, blanche et chrétienne ».Pour la première fois depuis la chute du communisme, le trafic ferroviaire et routier est perturbé, pour des raisons politiques, entre la Hongrie et l’Autriche. Jeudi 3 septembre, il fallait prendre trois trains différents et compter neuf heures de trajet pour regagner Vienne au départ de Budapest, une situation qui s’est prolongée vendredi. Des policiers hongrois inspectent systématiquement les wagons de voyageurs, mais les contrôles sont aussi renforcés sur la route du côté autrichien. Quatre militants autrichiens qui voulaient prendre des réfugiés dans leur véhicule ont été interpellés à Budapest, soupçonnés d’être des passeurs. Ils ont été relâchés vendredi.Ironie de l’histoire, la locomotive du train dans lequel sont montés jeudi matin à Keleti les réfugiés attirés à Bicske portait des inscriptions commémorant le « pique-nique paneuropéen », organisé au printemps 1989 sur le rideau de fer par les autorités autrichiennes et hongroises de l’époque, qui avaient découpé à la cisaille un morceau de barbelés – un acte symbolique qui a précédé de quelques mois la chute du mur.La fracture est-ouest se manifeste aussi dans l’Eglise catholique. Alors que la Caritas se trouve en première ligne, en Autriche, pour accueillir les réfugiés et défendre le « droit d’asile », l’archevêque de Budapest, le cardinal Péter Erdö, est sorti de son long silence, cette semaine, pour désavouer ceux qui prennent le risque d’aider concrètement des migrants.Joëlle Stolz (Vienne, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.09.2015 à 16h13 • Mis à jour le04.09.2015 à 18h57 | Samuel Laurent Ils se disent « français de souche », invoquent la « résistance au Grand Remplacement » ou plus généralement à l’islam et à l’immigration. Sans être forcément encartés ou militants d’un parti, ils sont actifs sur Internet pour exprimer leurs idées, que ce soit sur les réseaux sociaux ou sur des sites « d’information alternative », qui forment ce qu’ils appellent la « réinfosphère ».De fdesouche à Dreuz en passant par Riposte laïque, cette « réacosphère », comme on la nomme parfois, se mobilise fortement depuis jeudi 3 septembre. Avec un objectif : tenter de contrecarrer la mobilisation qui naît en solidarité avec les réfugiés, et que la diffusion de la photo d’Aylan Kurdi, trois ans, mort noyé au large des côtes turques, semble avoir avivée. Tous les moyens sont bons pour y parvenir, y compris la manipulation.1. La tentation du complotDès l’apparition de la photo, de très nombreux comptes et sites ont agité le spectre de la « propagande ». Tout y passe : le fait que le nom de l’enfant soit rapidement connu (son père, qui a survécu au naufrage, a pu l’identifier), le fait que sur un cliché, on voit un sauveteur turc muni de ce qui pourrait être un appareil photo… Et même une erreur de légende du site franceinfo.fr. Même la position de l’enfant dans la mort semble suspecte à certains.Cette photo n'est pas naturelle.. le corps de cet enfant ne pouvait avoir été ainsi rejeté par la mer.Photo indécente. — adrenaline1001 (@Adrenaline ♈)require(["twitter/widgets"]);Tout y passe, jusqu’au fait que le père de l’enfant ait eu un gilet de sauvetage… Rapidement, cependant, même les plus militants devront changer de registre, et trouver d’autres arguments.2. Une fillette décapitée pour répondre à un enfant noyéC’est ainsi que vont apparaître, rapidement là encore, une série d’autres photos d’enfants morts. Plusieurs circuleront, dont l’une, particulièrement sordide, donne à voir le cadavre décapité d’une petite fille encore vêtue d’un tutu de danseuse – image présentée comme l’exemple de la sauvagerie de l’Etat islamique, accusé d’avoir décapité la fillette.Elle est très diffusée, toute la journée de jeudi, notamment en réponse aux appels à la mobilisation de certaines personnalités, avec pour propos de dénoncer un « deux poids, deux mesures » face à ces situations tragiques. Or, si l’EI s’est fait connaître par des actes d’une cruauté indicible, cette image ne peut pas lui être attribuée. On la retrouve en effet dès 2012, avant que l’Etat islamique ne s’implante en Syrie. Plusieurs sites de soutien aux rebelles syriens opposés à Bachar Al-Assad la publient le 17 septembre 2012, attribuant la mort de la fillette aux milices gouvernementales et non à l’EI. Si ce cliché est le plus diffusé, il n’est pas le seul. Par exemple, ce cliché d’un enfant supposément tué dans le Donbass par les forces ukrainiennes. Mais là encore, il s’agit d’une photo à qui ont fait dire quelque chose : l’image, de provenance indéterminée, se retrouve sur des dizaines de sites russes et sert de photo d’illustration, par exemple, pour un infanticide au nord du pays ou même pour des faits divers étrangers.3. Image contre image, religion contre religionDe manière générale, l’image est un outil de prédilection pour ces militants antimigrants, qui ne prennent que peu garde à vérifier leurs sources et cherchent bien souvent à faire un distinguo en fonction de la religion (supposée) des réfugiés et des victimes du conflit.@jeunefrancaise Emotion sélective! D'autres enfants tués sans les larmes du monde entier. CHRETIENS http://t.co/78CL3f1hNA— pierrepaillet (@PAILLET)require(["twitter/widgets"]);Ce cliché date de 2014, il provient de l’AFP, et figure des enfants victimes d’un raid aérien à Alep, en Syrie. Mais rien ne permet d’affirmer, comme le fait l’auteur du tweet, que ces enfants sont chrétiens.Enfant #Syrie-n mort.Quand @LaurentFabius et #Hollande livrent des armes aux islamistes et sèment le chaos. #Migrants http://t.co/1TUvvE4glZ— netchys (@Netchys ن)require(["twitter/widgets"]);Quant à ce message accusant l’Occident d’avoir livré des armes « aux islamistes », il montre en réalité les conséquences du largage de barils d’explosifs par le régime de Bachar Al-Assad, en novembre 2014… et non pas par Daech.Autre exemple : cette image très dure d’enfants dans une cage.Je ne reste pas insensible à çe pauvre enfant mortPaix à son âme — Dartagn87058511 (@1 monde de merde)require(["twitter/widgets"]);Mais là encore, l’image doit être remise dans son contexte : il s’agit en réalité d’un « happening » organisé par un activiste syrien pour dénoncer les violences contre les enfants, sans qu’il soit aucunement question de religion ou de minorités chrétiennes.4. Le mensonge de l’exigence de nourriture hallalAu-delà des images, tout est bon pour démontrer que les réfugiés en provenance de Syrie ou d’Irak présentent un « danger » pour l’Europe. Voilà quelques jours, les mêmes réseaux faisaient amplement circuler une information disant que des réfugiés auraient refusé de la nourriture car elle n’était pas hallal.Or, comme l’ont démontré plusieurs médias, dont Libé Désintox, cette information, basée sur une vidéo qui a circulé sur de nombreux réseaux complotistes est fausse : La Croix-Rouge explique que ces colis ne contenaient aucun aliment pouvant poser la question du hallal, et le refus des migrants est motivé par le fait qu’on les empêche de traverser.5. La fausse réaction de l’Emir qatariAutre faux grossier, cette déclaration attribuée à l’émir du Qatar, supposé avoir dit à propos de l’accueil des réfugiés « nous avons assez d’esclaves comme cela ». Là encore, la citation a circulé dans ces cerles militants, qui stigmatisent l’inaction des pays du Golfe persique. Et là encore, il s’agit d’une intox. Cette fois, toutefois, ce sont nos militants qui ont été intoxiqués : cette « citation » provient d’el-manchar, un site parodique algérien, sur le modèle du « Gorafi français ». Elle n’a donc rien de vrai.Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.09.2015 à 11h30 • Mis à jour le04.09.2015 à 13h05 | David Revault d'Allonnes et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) François Hollande et Angela Merkel ont envoyé une lettre commune aux autorités européennes, où ils détaillent leurs propositions concernant la crise des migrants, jeudi 3 septembre. Cette lettre, que Le Monde s’est procurée, est adressée aux présidents du Conseil européen et de la Commission ainsi qu’au premier ministre luxembourgeois, qui assure la présidence semestrielle de l’Union.Lire aussi :François Hollande rejoint Angela Merkel sur les quotas d’accueil de réfugiésLes dirigeants français et allemand adressent un message sans ambiguïté, également à destination de certains de leurs partenaires au sujet de l’afflux de migrants, « grand défi pour l’Europe ». En invoquant « la responsabilité de chaque Etat membre et la solidarité de tous », ils appellent à mettre en œuvre « intégralement et sans délai » les récents dispositifs adoptés par l’Union européenne (UE), comme la création de « hot spots », des centres où migrants économiques et demandeurs d’asile seraient distingués dès leur arrivée en Grèce et en Italie, et que les deux dirigeants veulent « pleinement opérationnels au plus tard avant la fin de l’année ».Ils demandent à la Commission d’« utiliser tous les moyens dont elle dispose » pour forcer les Etats à respecter les règles du droit d’asile, tant en matière d’étude des dossiers que d’hébergement, et proposent, « à terme », « un système d’asile européen unifié ». Mme Merkel et M. Hollande proposent par ailleurs plusieurs mesures « complémentaires », comme l’établissement d’une liste commune de pays d’origine « sûrs », dans laquelle entreraient les pays des Balkans.Mais le point le plus crucial du texte concerne les quotas de répartition entre les pays, auxquels Paris s’est longtemps opposé. Les mots ont été choisis avec soin. Il ne s’agit plus de « quotas » de « migrants », mais de « répartition » des « réfugiés », et celle-ci doit tout de même s’opérer « équitablement et dans un esprit de solidarité entre les Etats membres », par un « mécanisme permanent et obligatoire de relocalisation ».Lire aussi :Hollande et Merkel s’accordent sur des quotas contraignants d’accueil de migrants« Libre circulation »Angela Merkel et François Hollande prennent également la défense du traité Schengen de 1985, qui « garantit la libre circulation » au sein de l’UE. Il « permet aux Etats membres de mieux relever les défis auxquels ils sont confrontés », assurent les deux dirigeants, adressant ainsi un message clair à tous ceux qui proposent de revenir sur ce traité, à l’instar de Nicolas Sarkozy en France, ou qui le critiquent vivement, comme le premier ministre britannique, David Cameron.Le message s’adresse en priorité aux pays d’Europe centrale et orientale qui traînent toujours des pieds, mais aussi au premier ministre britannique, qui formule des exigences pour un meilleur fonctionnement de l’UE, mais qui a jusqu’ici dédaigné de participer à l’effort général pour aider les populations qui fuient la guerre en Syrie. Lors de la difficile négociation du mois de juin sur la répartition de quarante mille réfugiés, la diplomatie britannique ironisait : « Nous prendrons zéro réfugié et, si on nous le demande, nous prendrons le double ensuite », aurait déclaré un diplomate de haut rang, selon le Financial Times du jeudi 3 septembre.Les ministres de l’intérieur évoqueront tous ces dossiers à l’occasion d’un conseil qui les réunira le 14 septembre ; les chefs d’Etat et de gouvernement devraient s’en emparer lors de leur prochain sommet, à la mi-octobre. La photo du petit Aylan Kurdi, enfant de migrants syriens mort sur la plage de Bodrum, en Turquie, n’explique pas à elle seule cette mobilisation. Mais elle paraît avoir libéré des énergies jusque-là très contenues en vue d’affronter l’une des plus graves crises de l’Union. Lettre sur l'accueil des réfugiésDavid Revault d'AllonnesGrand reporter au service politique. En charge de l'ElyséeSuivreAller sur la page de ce journalisteJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Intérim (Istanbul) La photo du fils cadet, dont le corps a été rejeté par la mer sur une plage des environs de Bodrum, en Turquie, a fait le tour du monde. Mais c’est une histoire tristement ordinaire après quatre années de guerre, que l’image a révélée : celle d’une famille syrienne, d’abord ballottée à l’intérieur du pays, puis contrainte à l’exil en Turquie, qui avait tenté un retour au pays avant de finalement prendre la route de l’Europe, dans l’espoir de rejoindre le Canada.La famille du petit Aylan, d’origine kurde, était native de Kobané, dans le nord de la Syrie, mais vivait depuis quelques années à Damas, où le père était barbier. Quelques mois après le début de la guerre civile syrienne, en 2011, le ménage prend la route d’Alep puis, fuyant à nouveau les combats qui s’intensifient, se réinstalle à Kobané. Lorsque les miliciens de l’organisation Etat islamique (EI) s’avancent vers cette cité, ils font partie des milliers de ressortissants syriens, essentiellement kurdes, qui traverseront à pied la frontière turque, située à quelques dizaines de mètres au nord de Kobané. Lorsque la ville est reprise par les forces kurdes au début de l’année, la famille Kurdi tente un retour après trois ans d’exil en Turquie, et revient à Kobané, selon un journaliste local interviewé par la presse turque.Les combats sporadiques qui éclatent en juin avec les forces de l’EI convainquent Abdullah et Rihana de repartir avec leurs deux enfants : Aylan, 3 ans, et Ghaleb, 5 ans. La famille Kurdi a été contrainte de prendre la route de la mer Egée après avoir essuyé un refus de sa demande d’asile de la part du Canada, a expliqué au National Post, un quotidien canadien, Tima Kurdi, la sœur d’Abdullah, qui a émigré à Vancouver il y a vingt ans et qui tentait d’organiser leur installation en Amérique du Nord. Un refus qui illustre la complexité de la situation des réfugiés en Turquie : puisqu’un visa n’est pas requis pour les ressortissants syriens, nombreux sont ceux qui arrivent dans ce pays voisin avec un simple statut de visiteur.« Mes deux enfants m’ont glissé des mains »Faute de statut de réfugié en bonne et due forme, le gouvernement canadien aurait rejeté la demande d’asile des Kurdi, en juin dernier. Les autorités canadiennes ont cependant contesté cette version, affirmant ne pas avoir reçu de dossier concernant cette famille. Sans visa pour le Canada, la famille a pris la route de l’Europe. Les Kurdi sont arrivés à Bodrum voilà un mois, le temps d’organiser leur traversée, d’emprunter de l’argent à des proches et de prendre contact avec des passeurs. « Nous avons payé à deux reprises », a expliqué le père à l’agence de presse turque Dogan après le drame. « La première fois, des garde-côtes nous ont interceptés et ramenés sur la rive turque. La seconde fois, les passeurs n’ont pas tenu parole et ne se sont pas présentés avec le bateau à l’heure du rendez-vous. » Abdullah Kurdi affirme avoir versé 4 000 euros pour le passage en Grèce des quatre membres de la famille.Après ces deux échecs, la famille Kurdi, en compagnie d’autres réfugiés, aurait organisé son départ en mer et pris place à bord d’un petit bateau de 5 mètres de longueur. « Peu de temps après le départ, l’eau a commencé à s’infiltrer, les gens ont paniqué, certains se sont levés, faisant chavirer le bateau », a expliqué Abdullah Kurdi aux policiers, selon le rapport qui a fuité dans la presse turque. « J’ai d’abord pu retenir ma femme, mais mes deux enfants m’ont glissé des mains. » Les corps d’Aylan, Ghaleb et celui de leur mère ont été transférés à Istanbul jeudi soir, accompagnés d’Abdullah Kurdi. Vendredi matin, les trois cercueils ont été enterrés, en présence de centaines de personnes.Farewell Alan, Ghalib and Rehana. Just burried. RIP. #AlanKurdi http://t.co/wBsQtExRzS— jenanmoussa (@Jenan Moussa)require(["twitter/widgets"]);Intérim (Istanbul) 04.09.2015 à 06h56 | Lucien Jedwab Les images insoutenables du corps sans vie d’un enfant syrien sur une plage turque, après celles de processions de familles exténuées stoppées aux frontières de l’Europe, ont été reproduites dans le monde entier. Le Monde lui-même a pris la décision, mûrement réfléchie, d’en faire sa « une ». Non pas pour choquer, mais pour éveiller les consciences. En mettant des mots sur des maux.« Réfugiés », donc. Et non plus simplement « migrants ». Non pas que ce terme soit péjoratif, comme le soutenait récemment un journaliste d’Al-Jazira sur son blog, mais parce qu’il recouvre une réalité complexe, pas toujours simple à décrire. Les réfugiés ont droit, selon les conventions internationales, à une protection toute particulière. Et si tous se trouvent être des migrants, tous les migrants ne sont pas des réfugiés, même s’ils ont le droit imprescriptible d’être traités avec respect et humanité.HésitationsLes reportages montrant ou décrivant les parcours de ces personnes ont recouru conjointement ou alternativement aux termes « migrants » ou « réfugiés ». Parce que la distinction n’est pas toujours aisée à faire entre ceux qui participent à une migration, quelles qu’en soient les raisons (et celles-ci ne sont pas toujours mauvaises), et ceux qui fuient leur pays d’origine afin d’échapper à un danger mortel. D’où les hésitations, dans la presse en général et dans Le Monde en particulier, quant à l’emploi des mots. Par exemple : « “Migrant”, “exilé”, “réfugié” : le poids des mots », dans La Tribune de Genève, ou bien encore : « “Migrant” ou “réfugié” : quelles différences ? », sur Lemonde.fr. A fortiori quand la place manque, dans un titre par exemple.Amnesty International utilise la formulation générale « migrants et réfugiés » (comme l’a fait Le Monde dans son éditorial du 24 août). Sauf, bien évidemment, quand la situation des personnes ou des populations est sans équivoque. Ainsi, dans les pays frontaliers de la Syrie, ce sont bien des « réfugiés » fuyant le régime de Bachar Al-Assad ou les exactions de l’Etat islamique qui ont été accueillis par centaines de milliers.Lucien JedwabJournaliste au Monde 08.09.2015 à 09h24 • Mis à jour le08.09.2015 à 09h37 Pierre Micheletti, médecinLa compassion a du bon, y compris pour la construction des rapports de force qui conduisent à la prise de position politique. Ainsi, en quelques jours, assiste t-on en Europe en général, et en France en particulier à une évolution des postures gouvernementales sur l’accueil des réfugiés qui fuient les zones de conflits, et dont un certain nombre meurent durant d’épouvantables voyages semés d’embûches et de prédations. Après avoir, durant des années, harcelé les réfugiés afghans et somaliens dans la jungle de Calais, après avoir délégué aux gouvernements - plus ou moins fréquentables - d’Afrique du nord le soin d’endiguer les fuyards d’Érythrée, du Yémen, d’Irak et autres terres de violence et de désespérance, on assiste à une inflexion du discours et de la pratique des gouvernants vis-à-vis des réfugiés.Qui s’en plaindrait ? Pas en tout cas les ONG internationales qui se sont exprimées sur le sujet, suite au drame – et à sa surmédiatisation -, du décès d’un jeune enfant syrien, dont la photo, sur une plage de Turquie, a fait le tour du monde. Pourtant, disent certains, cette accélération du nombre de réfugiés vient renforcer des flux, chroniques ceux-là, de migrants économiques. La seule lecture compassionnelle risque précisément de favoriser l’association, dans un amalgame déplacé, de toutes les populations ainsi confondues, et de nourrir les discours xénophobes. Ceux-là même qui font usage de l’effet de nombre pour rejeter en bloc la distinction - et donc la solidarité internationale.L’humanitaire ne suffira pasMais là n’est pas le seul danger de la prééminence du « protocole compassionnel » dans l’activation de la réponse internationale qui ne peut seulement être humanitaire. Car la logique compassionnelle a ses limites : Elle ne doit pas occulter le droit et l’application des textes, en particulier ceux du 28 juillet 1951, qui protègent les personnes qui fuient leurs pays parce qu’elles craignent pour leurs vies. N’est-ce pas le cas d’une large majorité de celles qui arrivent massivement aux portes de l’Europe depuis quelques mois ?Elle déplace sur le registre émotionnel le champ de la décision politique, lui conférant un caractère optionnel, volontariste, à géométrie variable, laissé à la libre volonté des gouvernements qui, cette fois encore, montrent - dans la cacophonie - leur incapacité à penser de concert une politique internationale de l’UE.La compassion obéit à une logique de gradients, decrescendo du proche vers le lointain. C’est parce qu’ils viennent mourir à nos portes que, soudain, le sort des enfants syriens s’invite dans nos foyers, nous interpelle, nous dérange. En faisant basculer l’opinion publique, il fait basculer la décision gouvernementale vers plus de solidarité et d’ouverture. C’est un mécanisme que les humanitaires connaissent bien. La générosité du public se construit et se potentialise sur la proximité. Celle des touristes occidentaux qui avaient vécu les effets du tsunami en Indonésie, celle des antillais français et de la diaspora émus par le drame du séisme en Haïti, celle des alpinistes qui fréquentent régulièrement le Népal ravagé lui aussi par un récent tremblement de terre. La proximité géographique est parfois renforcée par l’histoire que nous entretenons avec tel ou tel pays. D’autres fois, elle s’exprime sur le délicat versant d’une solidarité confessionnelle : on se préoccupe alors explicitement du sort « des chrétiens d’Orient », ou des « musulmans birmans », inscrivant – même si la rhétorique n’est pas sans risque -, nos pas dans ceux de Samuel Huntington. Mais combien de petits Aylan meurent encore chaque jour en Syrie, en Iraq, en Afghanistan où le pays traverse de nouvelles violences que méconnaissent les prime time des journaux télévisés : le pays n’intéresse plus depuis le retrait des troupes de la coalition internationale, rompant là encore le lien qui alimente la proximité, donc la compassion.La compassion est éphémère : l’image de Aylan « floute » celles des Yésidis en exode, qui brouille celles des déplacés du Soudan du Sud, qui efface celle de Haïti qui n’en finit pas de se reconstruire, comme s’est estompé le souvenir de notre empathie pour la population du Darfour ou de RDC. Pourtant tous ces drames perdurent.La compassion est un processus addictif. Pour continuer à être efficace, à faire bouger les lignes, les doses doivent être efficaces, donc fortes. Quitte à véhiculer un double standard : montrer les corps des Haïtiens surpris par le séisme, ou ceux des Syriens échoués sur les plages, ou ceux des Afghans étouffés dans un camion, mais pas ceux de nos concitoyens décédés dans des inondations centenaires ou dans une catastrophe ferroviaire. Ainsi la compassion distord la mémoire. Elle polarise l’attention sur un symptôme, détournant transitoirement de l’analyse sur les mécanismes étiologiques qui perdurent : ceux qui jettent sur les routes comme sur les mers des milliers de personnes en danger chez elles, mais rattrapées par la mort sur le chemin de l’exode. La compassion est salutaire, mais seulement quand elle est couplée avec la réinterpellation constante des responsabilités comme des stratégies politiques et juridiques. La résolution des crises va de pair. La compassion implique un devoir de constance et de mémoire, sauf à n’être qu’un feu de paille.Pierre Micheletti ancien président de Médecins du Monde est coresponsable du master Politiques et Pratiques des Organisations Internationales à l’IEP de Grenoble Vice-président d’Action contre la faim 08.09.2015 à 04h04 • Mis à jour le08.09.2015 à 08h35 Les députés britanniques ont infligé, lundi 7 septembre, un revers embarrassant au premier ministre, David Cameron, sur la manière dont sera conduit le référendum qu’il a lui-même promis sur l’appartenance à l’Union européenne (UE).Le gouvernement souhaitait tempérer les règles habituelles connues sous le nom de « purdah », qui interdisent aux ministres de faire une annonce qui puisse modifier le résultat d’un vote dans les vingt-huit derniers jours d’une campagne électorale ou référendaire. La volonté du gouvernement a été contrariée par 312 votes contre 285. Trente-sept députés conservateurs se sont rebellés contre leur chef de file.Ce revers à la Chambre des communes concerne une question technique, mais illustre tout de même la bataille dans laquelle M. Cameron est engagé pour maintenir dans le rang les eurosceptiques de son propre parti avant le vote, qui doit intervenir d’ici à la fin de 2017. Il s’agit de la première défaite du chef du gouvernement à la chambre basse, où il dispose d’une majorité de 16 sièges, depuis sa victoire aux élections de mai.Lire aussi :Les partisans du « Brexit » font pression sur David CameronPremier sondage favorable à la sortie de l’UEM. Cameron a annoncé qu’il ferait campagne pour la poursuite de l’appartenance de la Grande-Bretagne à l’UE, mais seulement s’il obtient des réformes importantes dont certaines, clame-t-il, nécessitent de changer les traités fondateurs de l’Union. Il en est ainsi de la question des aides sociales aux immigrés originaires de l’UE.David Cameron veut également obtenir des pouvoirs accrus pour Londres et se réserver la possibilité de s’exempter d’une plus grande intégration politique éventuelle. Toutefois, certains députés craignent que le premier ministre ne se satisfasse de changements cosmétiques.Lors du vote de lundi, les eurosceptiques ont uni leurs voix à celles des travaillistes et des nationalistes du Scottish National Party. Ils ont été confortés dimanche par un sondage qui indique, pour la première fois, que les Britanniques voteraient pour une sortie de l’UE lors du référendum.Lire aussi :Le Royaume-Uni, plus fort dans le monde après le « Brexit » ? 07.09.2015 à 19h32 • Mis à jour le08.09.2015 à 02h43 C’est la première fois qu’un pays européen tue l’un de ses ressortissants parti faire le djihad en Syrie. David Cameron, le premier ministre britannique, a révélé, lundi 7 septembre devant les députés de la Chambre des communes, que son pays avait mené une attaque aérienne en Syrie, le 21 août, pour tuer trois membres de l’Etat islamique (EI), dont deux Britanniques, Reyaad Kahn et Ruhul Amid .« C’étaient des combattants de l’EI, et je peux affirmer qu’il n’y a pas eu de victime civile », a ajouté M. Cameron, qui a pris soin de souligner que ces frappes n’entraient pas dans le cadre de la coalition internationale contre l’EI, mais avaient été effectuées à titre préventif, pour éviter des attentats. « Nous n’avions pas le choix », a déclaré le premier ministre, qui a précisé que ces hommes étaient en train de recruter et « de préparer des attaques barbares » contre l’Occident et le Royaume-Uni.Ruhul Amid, qui avait 26 ans, a grandi en Ecosse avant de venir vivre à Leicester, dans le centre de l’Angleterre. Reyaad Kahn avait lui 21 ans et était originaire du Pays de Galles. Tous deux sont apparus dans des vidéos de l’EI visant à recruter de nouveaux jeunes, posant avec des Kalachnikov.Une frappe approuvée par le procureur généralM. Cameron a assuré que la frappe avait été validée légalement par le procureur général au nom du droit à l’autodéfense et que le gouvernement se réservait le droit de prendre des actions sans approbation du Parlement quand les intérêts britanniques étaient menacés de manière imminente. M. Cameron a également confirmé qu’il allait tenter d’obtenir le feu vert des élus pour participer aux bombardements effectués par la coalition internationale contre l’EI en Syrie, lors d’un prochain débat parlementaire.Lire aussi :David Cameron veut que Londres intensifie sa lutte contre l’Etat islamique en SyrieEn septembre l’an dernier, il avait obtenu l’autorisation du Parlement pour que la Grande-Bretagne participe aux frappes de la coalition, mais seulement en Irak. Avec l’objectif toutefois d’élargir un jour cette mission à la Syrie.Cette ambition risque de se heurter à la probable élection du pacifiste Jeremy Corbyn à la tête du Parti travailliste. Ce dernier a déclaré lundi matin sur la BBC que les frappes « créeraient plus de problèmes qu’elles n’en résoudraient ».Harriet Harman, actuelle leader du Parti travailliste, a demandé au gouvernement de rendre public l’acte légal autorisant la frappe. Interrogé par la BBC, l’ancien procureur général Dominic Grieve a déclaré que l’attaque était justifiable s’il y avait des preuves tangibles de la menace représentée par Reyaad Kahn. Mais il a également ajouté que la décision prise par le gouvernement pourrait être légalement débattue ou contestée. 07.09.2015 à 17h36 • Mis à jour le07.09.2015 à 17h59 La Moldavie est en ébullition, sur fond de scandale de corruption. Au moins trente mille personnes – 100 000 selon les organisateurs – ont réclamé dimanche 6 septembre la démission du président Nicolae Timofti, en arpentant les rues du centre de Chisinau . A l’origine des protestations notamment, la « disparition » mystérieuse d’un milliard de dollars des coffres des trois principales banques du pays, soit 15 % du Produit intérieur brut (PIB).Le mouvement de colère s’est poursuivi lundi, alors que des centaines de manifestants ont érigé des tente devant le siège du gouvernement pour demander le départ du président, accusé de servir les intérêts des oligarques et de ne pas lutter efficacement contre la corruption.Lire aussi :La Moldavie s’éloigne de l’EuropeLa manifestation avait été organisée par la plate-forme civique Dignité et justice, un mouvement d’opposition créé par des journalistes, politologues et militants issus de la société civile qui prône l’intégration européenne pour la Moldavie. Tous réclament l’organisation d’un scrutin au suffrage universel pour élire un nouveau chef d’Etat, actuellement élu par le Parlement, et la démission des dirigeants de la banque centrale et du parquet général.Au début d’avril, la Banque nationale de Moldavie avait découvert que les trois principaux établissements bancaires du pays, représentant environ un tiers des actifs bancaires du pays, avaient accordé des crédits à des destinataires qui n’ont jamais été identifiés. L’annonce de la disparition de cet argent avait déjà provoqué d’importantes manifestations à Chisinau et cristallisé la colère contre M. Timofti, au pouvoir depuis 2012. Dans ce pays considéré par certaines organisations internationales comme le plus pauvre d’Europe, le président est régulièrement accusé de ne pas lutter efficacement contre la corruption. Lire aussi :La Russie avance ses pions en Moldavie 07.09.2015 à 15h30 • Mis à jour le08.09.2015 à 12h05 La police turque a procédé à une nouvelle arrestation, dans le cadre de l’enquête sur le naufrage au large des côtes de la Turquie qui a coûté notamment la vie au petit Aylan Kurdi, à son frère et à sa mère, a rapporté lundi 7 septembre l’Agence Anatolie (AA), l’agence de presse progouvernementale turque. L’individu, de nationalité turque, est soupçonné d’être l’un des passeurs qui avaient organisé le voyage de la famille Kurdi. Il a été placé en garde à vue à l’issue d’une opération menée dimanche soir par les forces de l’ordre à Bodrum, dans le sud-ouest du pays.Vendredi, la justice turque avait déjà inculpé et écroué quatre passeurs présumés de nationalité syrienne, accusés d’homicides involontaires et de trafic d’immigrants. Douze Syriens sont morts dans la nuit de mardi à mercredi au large de Bodrum, alors qu’ils tentaient de rallier l’île grecque de Kos. Parmi eux figuraient Aylan Kurdi, un enfant de 3 ans, dont les images du corps sans vie gisant sur une plage ont fait le tour du monde et suscité l’émotion et l’indignation.Lire aussi l'éditorial du "Monde" :Réfugiés : une photo pour ouvrir les yeux2 432 morts en MéditerranéeDepuis plusieurs mois, un nombre croissant de migrants, pour l’essentiel des Syriens, des Afghans ou des Africains, tentent de traverser dans des conditions périlleuses la mer Egée pour rejoindre les îles grecques, portes d’entrée de l’Union européenne. Les autorités turques affirment avoir porté secours à plus de quarante-deux mille migrants au large de leurs côtes depuis le début de l’année.Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosSelon Frontex, un migrant sur cinq tente de pénétrer en Europe par l’est de la Méditerranée, soit en arrivant par la mer sur les îles grecques, soit en transitant par voie terrestre par la Turquie. Beaucoup s’engagent ensuite dans une longue traversée des Balkans afin de rejoindre l’Europe du nord.Sur les huit premiers mois de l’année 2015, l’OIM a recensé 2 432 morts en Méditerranée, pour 323 000 personnes arrivées vivantes sur les côtes italiennes, maltaises, grecques et espagnoles Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Des milliers d’agriculteurs étaient confrontés à un imposant cordon de policiers en tenue de combat, lundi 7 septembre en début d’après-midi, sur le rond-point Schuman, à Bruxelles. Des centaines de tracteurs avaient convergé depuis la veille vers les bâtiments de la Commission et du Conseil européen, où les ministres de l’agriculture des 28 devaient tenir un conseil extraordinaire pour tenter de faire face à la nouvelle crise du lait et de l’élevage que connaît le secteur, singulièrement en France.Klaxons, sirènes, tambours, pétards et jets d’œufs : le quartier européen a connu l’ambiance des grands jours et un blocage généralisé, organisé par quelque 5 000 paysans – 3 000 selon la police. Les convois de tracteurs avaient emprunté, le matin, les autoroutes conduisant à la capitale belge et paralysé un bon nombre d’entrées de celle-ci, désertée par les « navetteurs » flamands et wallons qui s’y rendent chaque jour. Stéphane le Foll, le ministre français, qui devait participer au Conseil avec ses collègues en début d’après-midi, s’est trouvé coincé dans les gigantesques embouteillages du jour.Lire le décryptage :Comprendre la crise des éleveursDe nombreuses délégations venaient de Belgique et de France mais des Allemands, des Luxembourgeois, des Italiens, des Polonais ou des Bulgares étaient également présents. « C’est la troisième fois en six ans que nous vivons une telle catastrophe », martelaient des leaders syndicaux, réclamant des solutions d’urgence et des prix équitables faute de quoi, affirmait une banderole, « l’agriculture européenne va crever ».« Les politiques nous ont lâchés, ce sont eux les coupables » Une vache en plastique frappée du drapeau européen était accrochée à une grue au milieu du rond-point, où les manifestants, arrosés de temps en temps par les forces de police, mettaient le feu à des pneus. « Mon revenu ne dépasse pas 10 000 euros par an », affirme Bernard Dupont, venu du Pas-de-Calais. « On défend une agriculture pour le consommateur, pas pour les multinationales qui sont en train de s’enrichir », soutient Erwin Schöpges, du syndicat MIG, qui défend les producteurs laitiers. « S’il n’y a pas de solution aujourd’hui, on reviendra en force », ajoute-t-il. Le pronostic était, en effet, que le Conseil n’arriverait pas à dégager de véritables solutions lors de cette première discussion.Lire aussi :Bruxelles propose une aide d’urgence pour les éleveurs européensA côté du rond-point, un cercueil trônait au milieu d’une remorque. Posée sur lui, une pancarte interrogeait, en allemand : « Qui sera le dernier producteur » ? Plus loin, le tracteur d’un autre paysan allemand était orné de slogans hostiles aux chaînes de distribution Aldi et Lidl. Dans le cortège, un Français arborait un slogan, « Je suis éleveur », en référence au « Je suis Charlie » apparu en janvier dernier.Chaque délégation formulait des revendications nationales mais c’est la Commission européenne qui était particulièrement sollicitée, avec une demande insistante au commissaire Phil Hogan pour qu’il révise la politique actuelle. « Nous ne voulons pas de subventions mais une vie digne et des prix équitables » expliquaient les délégués hissés sur une tribune. « Il faut produire moins et gagner juste », insistaient d’autres. « Les politiques nous ont lâchés, ce sont eux les coupables », insistait un responsable italien.Lire aussi :Crise du porc : « La FNSEA occupe le terrain, mais c’est un leurre »Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Au cours d’un week-end exceptionnel, toute l’Allemagne semble s’être mobilisée pour recevoir les milliers de réfugiés – 20 000 selon la police – qui, samedi 5 et dimanche 6 septembre, sont arrivés dans le pays. Après la décision prise par Angela Merkel d’accueillir plusieurs milliers de réfugiés bloqués en Hongrie, les principales gares du pays se sont transformées dès samedi en centres d’accueil. Spontanément, les Allemands y ont apporté des vêtements et de la nourriture pour des réfugiés qu’ils ont accueillis avec des ballons multicolores, des fleurs, des applaudissements voire en leur faisant une véritable haie d’honneur.Lire aussi :Migrants : Merkel se félicite que l’Allemagne soit « un pays avec lequel les gens associent de l’espoir »Si la plupart des réfugiés sont arrivés à Munich, ils ont très rapidement été répartis dans tout le pays, selon des quotas très précis fixés après la seconde guerre mondiale, en fonction de la richesse et de la population de chaque Etat-région. Selon un sondage publié le 3 septembre par la chaîne ARD, 95 % des Allemands se félicitent du mouvement de solidarité que provoque l’afflux de réfugiés. 45 % des Allemands jugent que l’immigration offre « plutôt des avantages pour le pays » alors que 33 % pensent que les inconvénients l’emportent. Dans l’ancienne Allemagne de l’Est pourtant, les pourcentages sont presque inversés. Si les Allemands les plus aisés et ceux qui ont moins de 40 ans sont clairement en faveur de l’immigration, les plus âgés et les plus modestes sont beaucoup plus réservés. Malgré tout, 96 % des Allemands jugent justifié d’accueillir des réfugiés qui fuient la guerre. En revanche, 28 % seulement pensent que l’Allemagne doit accueillir des migrants économiques.Lire aussi :Et l’Allemagne ouvrit ses portesDimanche soir, les dirigeants de la coalition au pouvoir se sont réunis autour d’Angela Merkel pour répondre aux questions les plus urgentes que pose cette arrivée de réfugiés et pour tenter de clore la polémique entre la CSU et la chancelière. Le parti conservateur bavarois a qualifié de « mauvais signal » sa décision d’accueillir les milliers de réfugiés en provenance de Budapest. Celle-ci restera « une exception » a fait valoir le gouvernement. Dans la nuit de dimanche à lundi, celui-ci a pris plusieurs décisions pour à la fois aider les réfugiés mais aussi envoyer un signal aux Allemands inquiets. Moment historiqueL’Etat va débloquer 6 milliards d’euros en 2016, notamment pour aider les communes et les Länder à accueillir les réfugiés. Cent cinquante mille places supplémentaires vont être construites dans des foyers de premier accueil. L’ensemble des pays des Balkans occidentaux devraient être déclarés « pays sûrs ». Leurs habitants ne pourront plus se voir accorder le droit d’asile. En revanche, l’immigration légale en provenance de ces pays devrait être facilitée. Dans les centres de premier accueil, les réfugiés devraient recevoir « dès que possible » des prestations en nature et non plus de l’argent. Les expulsions devraient être mises en œuvre dans les trois mois et non dans le semestre qui suit la décision. En revanche, les réfugiés pourront travailler pour des sociétés d’intérim trois mois après leur arrivée. Enfin, trois mille postes de policiers vont êtres créés dans les trois ans à venir. « L’hospitalité à l’égard des réfugiés de guerre a une longue histoire. C’était déjà la même chose lors de la guerre dans l’ex-Yougoslavie. Peut-être est-ce dû au fait que de nombreux Allemands sont eux-mêmes descendants de réfugiés », analyse Joachim Fritz-Vannahme, de la Fondation Bertelsmann. Après la seconde guerre mondiale, environ 13 millions d’Allemands qui avaient été « déplacés » dans l’est de l’Europe des années auparavant, ont en effet « retrouvé » l’Allemagne, un pays que nombre d’entre eux ne connaissaient pas. Le fait que des néonazis multiplient les actions violentes à l’encontre des foyers de réfugiés incite en retour les Allemands à afficher leur solidarité avec les réfugiés.« Une expérience a commencé. Elle va modifier plus profondément l’Allemagne que la réunification »Les Allemands ont le sentiment de vivre un moment historique. « Une expérience a commencé. Elle va modifier plus profondément l’Allemagne que la réunification. Devant nous c’est l’inconnu », résume un éditorial de Die Zeit du 3 septembre. Dans le même journal, le sociologue Heinz Bude ajoute : « Nous sommes les Américains de l’Europe, que nous le voulions ou non ». Mais ce « moment allemand » ne va pas sans crainte. Si beaucoup en Allemagne insistent sur le fait que nombre de Syriens ou d’Afghans sont très qualifiés, Thomas de Maizière, ministre de l’Intérieur, évoque de « 15 % à 20 % d’adultes analphabètes ». 30 % des réfugiés sont mineurs et vont devoir intégrer le système scolaire qui manque déjà d’enseignants. Andrea Nahles, ministre de l’emploi et des affaires sociales, s’est fixé comme objectif « que les gens qui arrivent chez nous comme réfugiés deviennent rapidement des voisins et des collègues ». Un message positif qui, associé aux images de ce week-end qui ont fait le tour du monde, devrait encore accroître l’attrait de l’Allemagne auprès des populations en souffrance.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen), Jean-Baptiste Chastand et Les Décodeurs Voici le nombre de réfugiés que chaque pays devrait accueillir, ainsi que ce nombre rapporté au nombre d’habitants.Royaume-Uni, Irlande et Danemark, qui bénéficient d’exemptions en matière de politique migratoire, n’ont pas à participer à cette répartition, même s’ils pourront accueillir des migrants sur une base volontaire. Italie, Hongrie et Grèce, aux capacités d’accueil déjà saturées, n’apparaissent pas non plus dans ce graphe, car le plan de l’UE est justement de les délester d’une part de la charge de l’accueil. #container_14416117412{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14416117412{ height:500px; } #container_14416117412 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14416117412 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14416117412 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14416117412 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Migrants : les quotas proposés par la Commission européenneNombre de réfugiés à accueillir, en valeur absolue et rapporté au nombre d'habitants.Source : Commission européenne(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14416117412", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:true, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#d891b0","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"Nombre accueilli" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"Nombre par habitant" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Allemagne","France","Espagne","Pologne","Pays-Bas","Roumanie","Belgique","Suède","Autriche","Portugal","République tchèque","Finlande","Slovaquie","Bulgarie","Croatie","Slovénie","Lituanie","Lettonie","Luxembourg","Estonie","Chypre","Malte"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de réfugiés", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 31443 ], [ "", 24031 ], [ "", 14931 ], [ "", 9287 ], [ "", 7214 ], [ "", 4646 ], [ "", 4564 ], [ "", 4469 ], [ "", 3640 ], [ "", 3074 ], [ "", 2978 ], [ "", 2398 ], [ "", 1502 ], [ "", 1500 ], [ "", 1064 ], [ "", 631 ], [ "", 580 ], [ "", 526 ], [ "", 440 ], [ "", 373 ], [ "", 274 ], [ "", 133 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "pour 10000 habitants", "color": "#d891b0", "data": [ [ "", 3.900148846 ], [ "", 3.624585219 ], [ "", 3.192431046 ], [ "", 2.410329613 ], [ "", 4.294047619 ], [ "", 2.327655311 ], [ "", 4.075 ], [ "", 4.660062565 ], [ "", 4.297520661 ], [ "", 2.938814532 ], [ "", 2.830798479 ], [ "", 4.416206262 ], [ "", 2.776340111 ], [ "", 2.066115702 ], [ "", 2.503529412 ], [ "", 3.063106796 ], [ "", 1.966101695 ], [ "", 2.616915423 ], [ "", 8.148148148 ], [ "", 2.825757576 ], [ "", 2.403508772 ], [ "", 3.166666667 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 1, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: 1, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Lire aussi :Le nombre de migrants et de réfugiés a explosé au XXIe siècle dans le monde Les DécodeursJournaliste au MondeJean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) François Holllande a confirmé lundi 7 septembre que la France accueillerait 24 000 nouveaux réfugiés, conformément au plan de répartition élaboré par la Commission européenne. Son président, Jean-Claude Juncker, entend que les pays membres se répartissent un nouveau contingent d’environ 120 000 personnes ayant fui les zones de guerre : 50 400 en Grèce ; 15 000 en Italie ; et 54 000 en Hongrie. Soit 62 % des demandeurs d’asile qui ont atteint l’Europe au cours des trois derniers mois, selon un document lu par Le Monde. L’Allemagne pour sa part devra accueillir 31 443 nouveaux réfugiés, selon ce plan, qui doit être présenté devant le Parlement de Strasbourg mercredi. Dans le projet élaboré par la Commission, des Etats qui ont, jusqu’ici, marqué de vives réticences sont également sollicités : on prévoit 14 931 réfugiés en Espagne ; 9 287 en Pologne ; 2 978 en République tchèque. Les Pays-Bas accueilleraient 7 214 personnes, la Belgique 4 564, la Suède 4 469, la Roumanie 4 646, etc. Exemptés de la politique commune de migration, le Royaume-Uni, l’Irlande et le Danemark ne font pas partie des pays sollicités par la Commission, mais ils pourront accepter d’accueillir volontairement des réfugiés.David Cameron, le premier ministre britannique, a ainsi annoncé lundi que son pays était prêt à accueillir jusqu’à « 20 000 » réfugiés syriens sur cinq ans. #container_14416117412{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14416117412{ height:500px; } #container_14416117412 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14416117412 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14416117412 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14416117412 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Migrants : les quotas proposés par la Commission européenneNombre de refugiés à accueillir, en valeur absolue et rapporté au nombre d’habitants.Source : Commission européenne(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14416117412", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:true, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#d891b0","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"Nombre accueilli" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"Nombre pour 10 000 habitants" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Allemagne","France","Espagne","Pologne","Pays-Bas","Roumanie","Belgique","Suède","Autriche","Portugal","République tchèque","Finlande","Slovaquie","Bulgarie","Croatie","Slovénie","Lituanie","Lettonie","Luxembourg","Estonie","Chypre","Malte"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de réfugiés", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 31443 ], [ "", 24031 ], [ "", 14931 ], [ "", 9287 ], [ "", 7214 ], [ "", 4646 ], [ "", 4564 ], [ "", 4469 ], [ "", 3640 ], [ "", 3074 ], [ "", 2978 ], [ "", 2398 ], [ "", 1502 ], [ "", 1500 ], [ "", 1064 ], [ "", 631 ], [ "", 580 ], [ "", 526 ], [ "", 440 ], [ "", 373 ], [ "", 274 ], [ "", 133 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "pour 10 000 habitants", "color": "#d891b0", "data": [ [ "", 3.900148846 ], [ "", 3.624585219 ], [ "", 3.192431046 ], [ "", 2.410329613 ], [ "", 4.294047619 ], [ "", 2.327655311 ], [ "", 4.075 ], [ "", 4.660062565 ], [ "", 4.297520661 ], [ "", 2.938814532 ], [ "", 2.830798479 ], [ "", 4.416206262 ], [ "", 2.776340111 ], [ "", 2.066115702 ], [ "", 2.503529412 ], [ "", 3.063106796 ], [ "", 1.966101695 ], [ "", 2.616915423 ], [ "", 8.148148148 ], [ "", 2.825757576 ], [ "", 2.403508772 ], [ "", 3.166666667 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 1, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: 1, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}La clé pour le calcul — qui prend en compte le nombre d’habitants, le taux de chômage, le nombre de demandes d’asile enregistrées dans le pays et le produit intérieur brut — a visiblement subi quelques aménagements pour les pays qui traînent les pieds : la Lituanie ne devrait accueillir que 580 personnes, la Lettonie 526, l’Estonie 373. Les pays Baltes, qui soulignent qu’ils n’ont pas de tradition d’accueil, risquaient de rejoindre les pays d’Europe centrale et orientale qui critiquent le projet de la Commission. Or, s’il espère faire passer son initiative, M. Juncker aura besoin d’une majorité qualifiée.Projet communautaire en périlA la fin de la semaine dernière, la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie, réunies au sein du « groupe de Visegrad », avaient redit, à Prague, leur refus de tout quota fixé par Bruxelles. La Commission espère, sans en avoir la certitude, que la Hongrie va désormais se désolidariser de ses partenaires. Bruxelles compte aussi sur le basculement d’une partie de l’opinion publique après le choc provoqué par la mort du petit Aylan Kurdi, en Turquie, qui pourrait amener certaines capitales à moins d’intransigeance.Avant l’été, la Commission avait fait une première tentative pour imposer des quotas à chaque pays pour l’accueil de 60 000 réfugiés. L’affaire avait créé une vive polémique, suscité de longs débats et s’était soldée par l’acceptation « volontaire » de nouveaux arrivants par les Etats, soit 32 000 « relocalisations » et 22 000 « réinstallations ». Le projet d’en accueillir 60 000 n’est donc à l’heure actuelle pas complètement réalisé. Ensemble, l’Allemagne et la France avaient fini par accepter volontairement le chiffre que Bruxelles voulait leur imposer (12 000 personnes pour la première, 9 000 pour la seconde).A la fin de la semaine dernière, la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie, réunies au sein du « groupe de Visegrad », avaient redit, à Prague, leur refus de tout « quota » fixé par BruxellesFace aux nouveaux afflux de réfugiés, par la Méditerranée et surtout, désormais, par la route des Balkans, M. Juncker veut presser le pas. La Commission a renoncé à l’usage du terme « quota », qui heurte notamment Paris, mais insiste sur la nécessaire solidarité entre les Vingt-Huit dans une situation d’extrême urgence. Son « discours sur l’état de l’Union », prévu mercredi au Parlement européen, sera largement consacré à la crise des réfugiés, l’une des plus graves de l’histoire de l’UE. Il y plaidera pour un effort collectif, faute de quoi, dira-t-il, l’Europe sans frontières de Schengen et le projet communautaire dans son ensemble seraient en péril.ExigencesMême les capitales les plus favorables à l’accueil de nouveaux réfugiés formulent des exigences : elles réclament un équilibre entre l’effort fourni par les uns et les autres et veulent que les pays par lesquels entrent les demandeurs d’asile procèdent à leur enregistrement rapide et systématique. La Commission promettra donc de hâter l’installation de « hotspots », des centres de contrôle et d’enregistrement, dans les Etats concernés.Elle dévoilera également son projet pour la mise en place d’une politique de retour rapide pour ceux qui ne peuvent prétendre à l’asile en Europe. A l’heure actuelle, 40 % d’entre eux seulement quittent le sol européen. L’agence Frontex pourrait se charger des retours collectifs, et Bruxelles négociera de nouveaux accords avec les pays d’origine. Ceux-ci se verraient promettre, en contrepartie de leur collaboration, des aides financières, des échanges commerciaux accrus, des facilités pour leurs étudiants, etc.Les pays de l’UE appelés à accueillir des réfugiés recevraient, eux, 6 000 euros par personne, prélevés sur le budget communautaire, tandis que la Grèce, l’Italie et la Hongrie se verraient attribuer 500 euros afin de couvrir les frais de voyage des personnes quittant leur sol.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Comment ne pas penser à ces images de novembre 1989 quand les Allemands de l’Ouest accueillaient ceux de l’Est sous les applaudissements ? Au cours de ce week-end exceptionnel du samedi 5 et du dimanche 6 septembre, toute l’Allemagne semble s’être mobilisée pour recevoir dans les meilleures conditions les milliers de réfugiés – 20 000 selon la police.A Munich, mais aussi à Francfort, Dortmund et de nombreuses autres villes, les gares se sont transformées dès samedi en centres d’accueil après la décision prise dans la nuit de vendredi à samedi par la chancelière Angela Merkel d’accueillir plusieurs milliers de réfugiés bloqués en Hongrie. Spontanément, les Allemands y ont apporté des vêtements et de la nourriture pour des réfugiés qu’ils ont accueillis avec des ballons multicolores, des cadeaux de bienvenue, des applaudissements voire en leur faisant une véritable haie d’honneur. Car si beaucoup de réfugiés sont arrivés à Munich, très rapidement ils ont été répartis dans tout le pays, selon des quotas très précis fixés après la seconde guerre mondiale, en fonction de la richesse et de la population de chaque Etat-région. Selon cette clé de répartition, la Rhénanie du Nord doit accueillir 21,2 % des réfugiés, la Bavière 15,3 %…et le plus petit Land, la ville de Brême 0,9 %. Si cette décision d’Angela Merkel a été approuvée par les sociaux-démocrates, la CSU bavaroise – le parti frère de la CDU – a jugé que c’était un « mauvais signal ».Dimanche soir, les dirigeants de la coalition au pouvoir se sont réunis autour de la chancelière pour organiser ces arrivées de réfugiés dont personne n’avait prévu l’ampleur il y a encore quelques mois. D’après les premiers échos, la KfW, la Caisse des dépôts allemande devrait débourser 300 millions d’euros pour construire 30 000 places supplémentaires dans les centres pour réfugiés. Pour répondre aux inquiétudes d’une partie de la population, 3 000 postes de policiers devraient également être créés durant les prochaines années.Selon un sondage publié le 3 septembre par la chaîne ARD, 95 % des Allemands se félicitent du mouvement de solidarité que provoque l’afflux de réfugiés. 45 % des Allemands jugent que l’immigration offre « plutôt des avantages pour le pays » alors que 33 % pensent que les inconvénients l’emportent. A noter que dans l’ancienne Allemagne de l’Est, les pourcentages sont presque inversés.De même, si les Allemands les plus aisés et ceux qui ont moins de 40 ans sont clairement en faveur de l’immigration, les plus âgés et les plus modestes sont beaucoup plus réservés. 34 % des gens avec un bas revenu mettent l’accent sur les avantages et 46 % sur les inconvénients. Malgré tout, 96 % des Allemands jugent justifié d’accueillir des réfugiés qui fuient la guerre. En revanche, 28 % seulement pensent que l’Allemagne doit accueillir des réfugiés économiques. « Nous sommes les Américains de l’Europe »« Cette hospitalité à l’égard des réfugiés de guerre a une longue histoire. C’était déjà la même chose lors de la guerre dans l’ex-Yougoslavie. Peut-être est-ce dû au fait que de nombreux Allemands sont eux-mêmes descendants de réfugiés », analyse Joachim Fritz-Vannahme, de la fondation Bertelsmann. Après la seconde guerre mondiale, environ 13 millions d’Allemands qui avaient été « déplacés » dans l’est de l’Europe des années auparavant, ont en effet « retrouvé » l’Allemagne, un pays que nombre d’entre eux ne connaissaient pas. Le fait que des néonazis multiplient les actions violentes à l’encontre des foyers de réfugiés ne peut, évidemment, qu’inciter en retour les Allemands à afficher leur solidarité avec les réfugiés.Les Allemands ont le sentiment de vivre un moment historique. « Une expérience a commencé. Elle va modifier plus profondément l’Allemagne que la réunification. Devant nous c’est l’inconnu », résume un éditorial de Die Zeit (du 3 septembre). Dans le même journal, le sociologue Heinz Bude ajoute : « Nous sommes les Américains de l’Europe, que nous le voulions ou non. » Mais ce « moment allemand » ne va pas sans crainte.Les pays qui ont une longue tradition d’immigration comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France « savent que l’immigration ne contribue pas seulement à résoudre des problèmes mais en crée de nouveaux », notait jeudi la Frankfurter Allgemeine Zeitung. « A court terme, le défi est surtout logistique. Pas politique », affirme un haut fonctionnaire. L’accueil de 800 000 nouveaux réfugiés cette année pose évidemment de multiples questions pratiques. Et les Etats-régions qui abritent déjà les réfugiés sous des tentes voient avec inquiétude l’hiver approcher. Mais cela n’est rien à côté du défi de l’intégration. « Par le passé, les réfugiés n’avaient pas les moyens d’apprendre rapidement l’allemand, de se former et d’accéder rapidement au marché du travail. Ça ne doit pas se répéter », vient de mettre en garde l’Institut d’économie allemande (IW) de Cologne, proche du patronat.Si beaucoup en Allemagne insistent sur le fait que nombre de Syriens ou d’Afghans sont très qualifiés, Thomas de Maizière, ministre de l’intérieur, est plus prudent et évoque « 15 % à 20 % d’adultes analphabètes ». Par ailleurs, 30 % des réfugiés sont mineurs. Ils vont donc devoir intégrer le système scolaire qui manque déjà d’enseignants.Andrea Nahles, ministre de l’emploi et des affaires sociales, a déjà fait ses comptes. Pour former les réfugiés, leur enseigner l’allemand et leur donner les aides sociales auxquelles ils auront droit, ses services ont besoin de 3 milliards d’euros supplémentaires en 2016, une somme qui devrait progressivement atteindre 7 milliards en 2019. Son objectif : « Que les gens qui arrivent chez nous comme réfugiés deviennent rapidement des voisins et des collègues. » Un message positif qui, associé aux images de ce week-end qui ont fait le tour du monde, devrait encore accroître l’attractivité de l’Allemagne auprès des populations en souffrance.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.09.2015 à 11h34 • Mis à jour le01.09.2015 à 11h58 Il y a bien eu « atteinte à la dignité ». La Cour européenne des droits de l’homme a condamné l’Italie, mardi 1er septembre, pour les conditions dans lesquelles des migrants tunisiens avaient été placés en rétention sur l’île de Lampedusa, avant d’être refoulés collectivement vers la Tunisie en 2011, durant les événements liés au printemps arabe.Les juges de Strasbourg, dont l’arrêt est susceptible d’appel sous trois mois devant la Grande Chambre de la CEDH, avaient été saisis par trois ressortissants tunisiens. Ayant fui la Tunisie par la mer en septembre 2011, ils avaient été escortés par les autorités italiennes jusqu’à un centre d’accueil à Contrada Imbriacola, sur l’île de Lampedusa, avant d’être expulsés avec un groupe de migrants vers la Tunise.Traitement inhumainTout en reconnaissant le caractère exceptionnel de la crise humanitaire à laquelle l’Italie était confrontée – près de 55 300 migrants avaient débarqué sur l’île de Lampedusa au moment des faits – la Cour a jugé que les conditions d’accueil dans ce centre constituaient un traitement inhumain ou dégradant : sanitaires et douches dénuées de portes, surpeuplement, couchage à même le sol et distribution limitée d’eau courante, interdiction de contact avec l’extérieur...Lire : Lampedusa, l'île où l'on ne "vient" pasSur le fond, la Cour a également jugé que la détention des requérants était « irrégulière. »« Dénuée de base légale, les raisons leur en sont restées inconnues et ils n’ont pas pu la contester ».Par ailleurs, la justice européenne estime que la pratique des expulsions collectives de migrants irréguliers violait la convention européenne des droits de l’homme. « Leurs décrets de refoulement ne faisant pas référence à leur situation personnelle », relève en effet la Cour.L’Italie devra verser à chacun des requérants 10 000 euros pour dommage moral, et conjointement 9 344,51 euros pour frais et dépens.  01.09.2015 à 11h22 • Mis à jour le01.09.2015 à 13h55 La gare internationale de Budapest a été évacuée, mardi 1er septembre au matin, en raison de l’afflux de centaines de migrants qui tentaient de monter à bord de trains pour l’Autriche et l’Allemagne. La gare de Keleti a ensuite rouvert, mais pour les non-migrants seulement, la police n’y laissant entrer que les détenteurs de titres de transport, de papiers d’identité et de visas.L’évacuation, qui s’est effectuée dans le calme, a ensuite provoqué, devant la gare, une manifestation spontanée de migrants candidats au départ criant : « Allemagne, Allemagne ! », et « Nous voulons partir ! ».Lundi 31 août, des centaines de migrants avaient pu embarquer dans des trains à destination de l’Autriche et de l’Allemagne. Près de deux mille personnes attendaient depuis des jours dans les gares de Budapest, bloquées par les autorités en l’absence de visa leur permettant de circuler dans l’espace Shengen.Lire :« Migrant » ou « réfugié » : quelles différences ?Trois mille six cent cinquante migrants arrivés à ViennePrès de quatre cents migrants partis de Budapest sont arrivés en train lundi soir en Bavière (sud de l’Allemagne) après avoir été débarqués et contrôlés à la frontière autrichienne dans l’après-midi. En outre, un total de 3 650 migrants partis en train de Budapest sont arrivés à Vienne lundi, un record cette année pour une seule journée, a annoncé mardi la police autrichienne.Lire aussi :« Gazelle », le poignant texte de rap retrouvé parmi les corps de migrantsLe même jour, les personnes se rendant en voiture de Hongrie en Autriche devaient patienter lundi dans des bouchons de 50 kilomètres près de la frontière, l’Autriche ayant renforcé les contrôles frontaliers pour traquer les trafiquants de migrants. Le pays a fait face à plusieurs tragédies ces dernières semaines, dont la découverte il y a quelques jours d’un camion contenant soixante et onze cadavres sur une autoroute. Près de vingt mille personnes ont manifesté à Vienne le 31 août pour protester contre le traitement infligé aux migrants. Deux nouvelles arrestations ont par ailleurs eu lieu mardi 1er septembre dans le cadre de l’enquête, portant à sept le nombre de personnes arrêtées dans cette affaire.Le nombre de migrants et de réfugiés morts en tentant de passer par l’est de l’Europe ou par la Méditerranée continue de croître alors que les réponses politiques apportées en Europe sont dispersées. Plus de 350 000 migrants ont traversé la Méditerranée depuis janvier, et plus de 2 600 personnes sont mortes en mer après avoir tenté de rallier l’Europe, a annoncé mardi l’Organisation internationale pour les migrations.Lire aussi :« La question de Schengen se posera » s’il n’y a pas d’accord sur les migrants, selon Mme Merkel Sandrine Morel (Melilla (Espagne), envoyée spéciale) Finis les assauts continus contre les clôtures, les images de migrants perchés sur des grilles, et le bruit infernal de l’hélicoptère en pleine nuit. Le calme semble régner dans l’enclave espagnole de Melilla, située au nord-est du Maroc. Depuis quatre mois, les triples grillages de six mètres de haut et 11,5 kilomètres de long n’ont connu aucune intrusion de migrants. La seule « tentative », le 3 août, a été déjouée avant même que les migrants ne s’approchent des barbelés. « Si nous ne faisons plus la “une” de la presse à cause du problème de l’immigration illégale, c’est qu’il n’y a plus de problème, a tranché, fin juillet, le président de Melilla, Juan José Imbroda. L’Espagne a fait du très bon travail. »Depuis le début de l’année, à peine une centaine de personnes sur les 3 700 qui ont essayé sont entrées à Melilla par les grillages. L’an dernier, 2 100 migrants avaient atteint leur but, sur les 19 000 à avoir tenté leur chance. Forte de ces résultats, la garde civile espagnole est même allée offrir son expertise à la Hongrie, lors de la récente construction d’un mur de barbelé à sa frontière avec la Serbie.Dans ses bureaux de Melilla, le colonel Ambrosio Martin Villaseñor, chef de la garde civile, refuse cependant de crier victoire : « C’est une partie d’échecs. Nous ne devons pas baisser la garde. A chaque complication que nous posons, les migrants cherchent des solutions. » Lire aussi notre enquête : Le journal d'un migrant à MelillaFlou juridiquePour déjouer les assauts des migrants, l’Espagne a renforcé matériellement, légalement et humainement le mur de fer qui sépare le Maroc de l’Espagne, l’un des points de passage entre l’Afrique et l’Europe. Depuis la vague de 2014, des renforts ont été dépêchés dans l’enclave d’à peine 12 km2 où œuvrent déjà 650 gardes civils.Une loi controversée dite « de sécurité citoyenne », entrée en vigueur au printemps, a donné un cadre légal au « rejet à la frontière » jusqu’alors pratiqué dans un certain flou juridique, afin de permettre aux gardes civils de refouler côté marocain, par de petites portes dans les grillages, les migrants qui viennent de poser le pied côté espagnol sans que ceux-ci puissent demander l’asile.Enfin, l’Espagne a implanté d’étroites mailles anti-escalade afin d’empêcher les migrants de s’agripper aux barrières, même si certains viennent à présent munis de crochets. A peine touchées, les grilles, dotées de senseurs et de caméras, déclenchent une alarme dans la salle de contrôle du siège de la garde civile. Les unités stationnées à proximité ne tardent pas longtemps à se poster côté espagnol, tandis que les forces de l’ordre communiquent à leurs homologues marocains le lieu de l’approche.Lire aussi :Fermer les frontières « n’arrête pas un migrant prêt à risquer sa vie »« Le tonnerre gronde ailleurs »Car aucune de ces mesures ne serait suffisante sans la coopération du Maroc. De l’autre côté des grillages espagnols, le royaume chérifien a fini d’installer en 2015 ses propres barbelés, a creusé un fossé et a posté de nombreuses patrouilles dans des tentes militaires, afin de les surveiller. Et surtout, il a démantelé les campements de fortune du mont Gourougou, où des centaines, voire des milliers, de migrants subsahariens attendaient leur heure pour franchir les portes de l’Europe, y revenant après chaque échec.« La police marocaine nous poursuit. Elle nous fatigue. Elle casse tout. Elle a détruit notre ghetto », raconte Abdullah Baldé, un Guinéen de 20 ans, devant les portes du Centre de séjour temporaire des immigrés (CETI) de Melilla. Abdullah assure qu’il est passé seul, à la quatrième tentative, il y a un mois, car « en groupe, on est vite repéré ».« On renvoie les migrants avec violence et on devrait s’en féliciter ?, s’indigne José Palazon, président de l’association d’aide à l’enfance Prodein. Lorsque le silence règne ici, le tonnerre gronde ailleurs. Ceux que l’on refoule ici vont ensuite tenter la traversée en mer. » Si l’Espagne est aujourd’hui loin d’être aussi exposée que la Grèce ou l’Italie, il fut un temps où elle connut, elle aussi, une grave crise migratoire.En 2006, un an après l’annonce de la régularisation de près de 400 000 sans-papiers par le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, 39 000 personnes étaient parvenues à entrer illégalement dans le pays, en particulier via les îles Canaries, et beaucoup d’autres avaient disparu pendant la traversée. En 2014, à peine 300 migrants ont pris la mer pour rejoindre les Canaries.Le nombre de migrants a augmenté« La route atlantique s’est asséchée grâce à la coopération avec le Sénégal, la Mauritanie et le Mali et aux patrouilles conjointes sur terre, en mer et dans les airs », résume le colonel Villaseñor. Pour parvenir à couper cette voie, le gouvernement de M. Zapatero avait travaillé sur trois fronts : la surveillance avec l’aide de l’agence européenne Frontex, la coopération policière avec les pays d’origine et l’aide au développement en direction du Sénégal, du Mali et de la Mauritanie en particulier.L’Espagne est-elle parvenue à couper à présent la voie de Melilla ? Rien n’est moins sûr. Car si les assauts des grillages ont cessé ces derniers mois, le nombre de migrants a augmenté. Alors que 5 300 entrées ont été recensées en 2014 (par le mur, mais aussi en bateau, à l’aide de faux documents ou cachés dans des véhicules), on en compte déjà 5 800 sur les huit premiers mois de l’année.La plupart rêve d’Allemagne, comme Mohammed Hamoud, 20 ans, qui discute sur le terrain vague qui borde le CETI avec d’autres compagnons d’infortune. Lui s’est d’abord rendu de Damas à Istanbul, d’où il a pris un avion pour la Mauritanie avant de louer une voiture pour parcourir les 3 000 km qui le séparaient encore de Melilla. « Aucun Syrien ne souhaite rester en Espagne. Ils savent qu’il y a beaucoup de chômage [22 % des actifs] et que les salaires sont bas », assure un policier du bureau d’asile. Le Maroc et l’Espagne ne sont que des étapes de plus dans leur long périple. Et Melilla les regarde à peine passer.Lire aussi :En Espagne, un migrant meurt asphyxié dans une valise, quatre autres se noient en MéditerranéeSandrine Morel (Melilla (Espagne), envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 31.08.2015 à 15h53 • Mis à jour le31.08.2015 à 21h41 Des centaines de migrants ont pu embarquer, lundi 31 août, en Hongrie dans des trains à destination de l’Autriche et de l’Allemagne. Les autorités magyares les empêchaient jusqu’alors d’accéder aux wagons en l’absence du visa nécessaire pour voyager dans l’espace Schengen.Ces migrants, pour la plupart des réfugiés syriens, font partie des quelque 2 000 personnes qui attendaient dans les gares de Budapest, transformées en camps de réfugiés improvisés ces derniers jours.Lire aussi : En Europe, une politique d’asile en ordre disperséPlusieurs d’entre eux en provenance de la capitale hongroise sont arrivés dans la soirée à Vienne et en Bavière, après avoir été arrêtés quelques heures à la frontière autrichienne, où ils avaient alors été débarqués. Ceux qui avaient déposé une demande d’asile en Hongrie devaient être renvoyés à Budapest, pour attendre que leur dossier soit traité. Car, selon les règles européennes actuelles définies par le règlement de Dublin, les demandeurs d’asile doivent rester dans le premier pays de l’Union européenne (UE) dans lequel ils sont arrivés en attendant le traitement de leur cas.Lire aussi :« Migrant » ou « réfugié » : quelles différences ?La route des Balkans de l’OuestL’Autriche a été confrontée la semaine dernière à plusieurs drames de l’immigration. Vendredi, un camion transportant vingt-six migrants, dont trois jeunes enfants, avait été arrêté dans l’ouest de l’Autriche. La veille, soixante et onze migrants avaient été retrouvés morts asphyxiés à l’arrière d’un camion venu de Hongrie. Cinq personnes ont été arrêtées dans cette affaire, suspectées d’être les petites mains d’un gang de trafic d’êtres humains.Lire aussi :En Autriche, « une terrible odeur de mort » autour du camionLa route des Balkans de l’Ouest, dont venaient probablement les migrants retrouvés morts en Autriche, est surtout empruntée par des réfugiés syriens ou des Irakiens voulant échapper à la guerre, mais aussi par des Albanais, Kosovars ou Serbes en quête d’une vie meilleure.Pour la plupart, les migrants, arrivés par bateaux dans les îles grecques en venant de Turquie, traversent la Macédoine à pied, puis la Serbie, avant d’arriver à la frontière de la Hongrie, pays de l’UE, qui a enregistré plus de cent quarante mille arrivées depuis le début de l’année.Lire aussi :Le mur anti-migrants achevé entre la Hongrie et la SerbieL’avenir de Schengen en questionLe premier ministre de la République tchèque, Bohuslav Sobotka, a annoncé lundi 31 août que les chefs des gouvernements du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, Slovaquie et République tchèque) se réuniront à Prague dans les prochains jours pour évoquer la crise migratoire. M. Sobotka a déclaré que ce « sommet extraordinaire » devrait être l’occasion de réaffirmer le rejet des quotas de migrants à accueillir par les membres de l’UE.Plusieurs responsables occidentaux, dont Laurent Fabius, le ministre des affaires étrangères de la France, ont critiqué récemment les pays de l’Est membres de l’UE pour le peu d’empressement dont ils font preuve pour participer à l’accueil de migrants débarquant sur les rives de la Méditerranée. Une position également tenue par Angela Merkel, la chancelière allemande, qui a encore une fois appelé à la mise en place de quotas d’accueil par pays européen lors d’une conférence de presse à Berlin. « Je sais que certains pays ont certaines positions », a-t-elle relevé, appelant les Etats de l’UE à adopter « une direction aussi commune que possible ».« Si on n’arrive pas à une répartition équitable, alors la question de [l’avenir de l’espace] Schengen se posera. Nous ne voulons pas ça. »Lire aussi :Crise des migrants : les drames se succèdent, sans réponse politique communeManifestation en Autriche contre le « traitement inhumain » fait aux migrantsPrès de 20 000 personnes, selon les chiffres de la police, ont manifesté lundi 31 août dans les rues de Vienne pour dénoncer le « traitement inhumain » fait aux migrants. Ce rassemblement intervient quelques jours après la découverte d’un camion contenant 71 cadavres sur une autoroute du pays. Les participants se sont retrouvés à la gare Westbahnhof avant de défiler le long d’une artère commerçante pendant qu’un service religieux à la mémoire des victimes se déroulait en la cathédrale Saint-Etienne de la capitale autrichienne. « Nous en avons eu assez, assez de morts, de souffrance et de persécutions », s’est à cette occasion exclamé l’archevêque de Vienne, le cardinal Christoph Schoenborn, en présence notamment de membres clés du gouvernement. Alain Salles (Athènes, envoyé spécial) Après avoir réussi à obtenir 17 sièges de députés au Parlement en janvier, avec 6 % des voix, le parti centriste To Potami (« la Rivière »), créé en 2014, voudrait peser dans un éventuel gouvernement de coalition en cas de victoire d’Alexis Tsipras aux législatives anticipées du 20 septembre.Cependant, le chef de la gauche radicale vise une large majorité et a exclu toute alliance avec le « vieux système » de la Grèce. To Potami est jugé trop libéral par les cadres de Syriza. Les premiers sondages n’indiquent pas de percée de To Potami, après sept mois de mandats parlementaires. Son président, Stavros Theodorakis, évoque, dans un entretien accordé au Monde, les conditions d’une éventuelle alliance.Lire aussi :En Grèce, un scrutin plus serré que prévu pour Alexis TsiprasAlexis Tsipras devait-il provoquer ces nouvelles élections, prévues le 20 septembre ?Il a le comportement habituel des politiciens grecs, quand ils sont dans une impasse. La plupart des anciens premiers ministres ont convoqué des élections anticipées. Alexis Tsipras est allé plus vite que ses prédécesseurs, alors que l’accord sur le nouveau mémorandum [avec les pays créanciers] a été voté par plus de 200 députés. Il pouvait prendre le risque de continuer à gouverner et provoquer des élections s’il était vraiment mis en minorité.Que pensez-vous du changement d’attitude de Syriza sur le mémorandum ?Pendant des mois, le gouvernement nous a expliqué que le mémorandum, c’était la mort de l’Europe, et finalement 120 députés ont signé. On s’interroge surtout sur combien nous allons payer pour ce changement tardif. Sans doute quelques dizaines de milliards d’euros. Les cours particuliers de M. Tsipras sur l’Europe coûtent cher à la Grèce. Je ne suis pas sûr de la réalité de ce changement. Il faut qu’il apporte des preuves. Si l’on veut que les réformes prévues dans le Mémorandum fonctionnent, il faut les accepter pleinement, pas les présenter comme des travaux forcés.Lire aussi :Grèce : le nouveau coup de poker d’Alexis TsiprasPeut-on faire évoluer ce mémorandum ?Il y a des erreurs et des inégalités dans le texte signé. Le nouveau gouvernement devra le faire évoluer en proposant des mesures équivalentes financièrement. On peut le faire pour les îles, par exemple. Cette question importante pour la Grèce doit faire l’objet d’un traitement global et ne pas être vue uniquement sous l’angle d’une augmentation de la TVA. C’est la même chose pour la taxe sur l’enseignement privé. Alexis Tsipras vise la majorité et a annoncé qu’il ne ferait pas d’alliance avec les partis du vieux système, qui inclut selon lui To Potami.Etes-vous prêt à gouverner avec lui ?C’est le peuple grec qui s’exprimera sur les alliances gouvernementales, pas M. Tsipras. S’il décide de nous renforcer et d’affaiblir Syriza, ce sera un mandat très clair. S’il ne peut pas renouveler son alliance avec les Grecs indépendants, qui représentent l’extrême droite, parce qu’ils n’entrent pas au Parlement, il doit regarder les autres listes. On espère que les gens ne vont pas voter pour les anciens partis, comme Nouvelle démocratie, le Pasok ou Syriza qui utilisent les mêmes vieilles méthodes de gestion du pouvoir.Quel va être votre programme pour les élections ?Le prochain gouvernement doit mettre en place un plan très concret. Le mémorandum ne peut pas constituer un projet. Il faut mettre en avant ses propres changements. Nous voulons défendre les droits de la Grèce qui produit et qui travaille. Ce n’est pas notre priorité de protéger la nomenklatura des partis. Il faut renforcer les petites et les grandes entreprises afin de permettre aux hommes et aux femmes de travailler. Nous avons aussi un projet de refondation de l’éducation, qui est loin de ce que veut faire Syriza.Alors, comment allez-vous pouvoir gouverner avec eux, le cas échéant ?Il n’y a pas de solution idéale en politique. Je ne peux pas changer les politiciens avec qui je peux collaborer. Il faut faire avec ceux qui existent. Nous avons de nombreux cadres disponibles pour changer la Grèce.Alain Salles (Athènes, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Julia Pascual « La Commission européenne va mettre à la disposition des autorités françaises jusqu’à 5 millions d’euros », a annoncé lundi 31 août son vice-président Frans Timmermans à l’occasion d’un déplacement à Calais avec le premier ministre, Manuel Valls, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, le secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Harlem Desir, et le commissaire en charge des migrations, Dimitris Avramopoulos.Cette enveloppe financera principalement l’installation de quelque 120 tentes pour abriter environ 1 500 personnes sur la lande où sont actuellement regroupés 3 000 migrants dans des conditions insalubres. Une zone qui a été rebaptisée « la jungle » de Calais. « L’idée, c’est qu’il [le campement] puisse ouvrir au début de l’année 2016 », a précisé Manuel Valls.« Nous aurions pu survoler la jungle en hélicoptère »Le matin même, le directeur général de l’association La Vie active, Guillaume Alexandre, qui pilote ce projet, évoquait un coût total de 25 millions d’euros, notamment pour permettre des travaux de terrassement. Ces derniers jours, les pluies ont provoqué de nombreuses inondations dans la lande, principalement constituée de dunes de sable. « On estime que 1 000 personnes ont souffert des pluies, jaugeait Christian Salomé, de l’Auberge des migrants. Des tentes ont été complètement transpercées. » Pour ce responsable associatif présent sur le terrain, le besoin de mises à l’abri se fait chaque jour plus urgent.Les ministres français et les commissaires européens ont visité le dispositif d’hébergement Jules Ferry, situé dans un ancien centre aéré qui jouxte le camp et qui offre actuellement un accueil de nuit et en dur à 115 personnes particulièrement vulnérables, des femmes et des enfants. Le directeur du centre, Stéphane Duval, a expliqué que les lieux sont saturés et que « 70 personnes sont sur liste d’attente ».La visite a également permis une présentation du service d’accueil de jour assuré par dix travailleurs sociaux de l’association La Vie active : une moyenne de 2 200 à 2 300 repas sont servis en fin de journée, 500 à 700 personnes peuvent prendre une douche tous les jours. « Un renfort de personnel serait le bienvenu et l’on peut allègrement élargir le service », a souligné Stéphane Duval. Une mesure qui n’est pas à l’ordre du jour. « Nous procédons par tranche et par étape, a défendu Bernard Cazeneuve. Nous aurions pu survoler la jungle en hélicoptère, disperser [les migrants] et ne jamais revenir. »Pour Véronique Devise, la présidente du Secours catholique du Pas-de-Calais, l’annonce du premier ministre est une « avancée », et « c’est une très bonne chose que l’Europe prenne conscience qu’il y a une urgence humanitaire aux frontières ». Mais la responsable s’interroge: « Il y a 3 500 personnes sur la jungle, je ne sais pas comment ils vont gérer la mise à l’abri de certains et pas d’autres. Comment dire à l’un “toi tu seras à l’abri” et à l’autre “tu restes dehors par -5 degrés”? » C’est pourquoi selon elle, « il aurait presque fallu trouver un autre lieu, ailleurs. Mettre le camp humanitaire au même endroit signifie qu’ils vont devoir gérer des tensions énormes ».« Humanité et fermeté »A l’occasion de son allocution, M. Valls a revendiqué une approche alliant « humanité et fermeté », comme il l’avait fait la veille à La Rochelle en clôture de l’université d’été du Parti socialiste. Depuis le début de l’année à Calais, 1 600 demandes d’asile ont été déposées et 1 200 personnes ont été renvoyées vers leur pays d’origine.« Il faut faire cette distinction essentielle. Il y a d’une part le droit d’asile et d’autre part l’immigration irrégulière. »Le premier ministre a redit sa volonté de mettre sur pied des « hot spots », sorte de centres permettant d’opérer un tri dans les pays d’arrivée, comme la Grèce et l’Italie. M. Valls a aussi évoqué la nécessité de créer un « centre de prévention au départ et d’aide au retour » au Niger, connu pour être un pays de transit.M. Cazeneuve a jugé que « 60 % de ceux qui arrivent » à Calais « relèvent de l’immigration économique ». Une estimation qui ne semble cependant pas être partagée par tous. « Quand vous regardez les pays d’origine, Soudan, Érythrée, Ethiopie, Afghanistan, Syrie...peut-on dire que les populations se déplacent uniquement pour des motifs économiques ? Ça paraît peu probable », a commenté Guillaume Alexandre, le directeur général de La Vie active.La venue à Calais de M. Valls en compagnie de deux commissaires européens revêt aussi un aspect « symbolique », a reconnu le premier ministre. Elle permet de mettre en scène une approche concertée de la crise migratoire. M. Valls a ainsi défendu l’idée d’une « étroite coopération entre la Commission et les Etats membres et aussi les Etats candidats » tout en condamnant le fait que « de trop nombreux pays se refusent à prendre leur part. Nous ne pourrons pas l’accepter ».« Les chiffres restent tout à fait gérables »Frans Timmermans a lui aussi jugé que « personne ne peut se cacher, on a besoin de tout le monde », il a rappelé que « les flux migratoires vont se poursuivre » et que « les chiffres restent tout à fait gérables pour un continent de 500 millions d’habitants, a condition que nous répondions avec unité ». L’agence Frontex parle de 340 000 arrivées en Europe depuis le début 2015.Lire aussi : En Europe, une politique d’asile en ordre disperséLe vice-président de la Commission européenne a de nouveau défendu l’idée d’un « mécanisme permanent de répartition des demandeurs d’asile » en Europe. « Nous proposerons dans quelques semaines une liste de pays sûrs », a-t-il ajouté, faisant référence aux Etats candidats à l’entrée dans l’UE et dont les ressortissants ne pourraient pas prétendre à l’asile.« Nous ferons très prochainement d’autres propositions pour garantir le retour effectif et rapide [des migrants économiques]. Les pays européens ne sont pas assez efficaces. »Manuel Valls a abondé dans son sens en plaidant pour un « système unifié d’asile » avec une « harmonisation des règles et des niveaux de prestations ». « Nous devons réfléchir au déploiement de gardes-frontières européens », a ajouté M. Valls. A la demande de l’Allemagne, de la France et de la Grande-Bretagne, une réunion des ministres de l’intérieur et de la justice européens doit se tenir le 14 septembre et permettre d’avancer dans la concrétisation de ces mesures.La fin de la conférence de presse a été brièvement perturbée par une militante Femen. La jeune femme, le buste nu et portant des inscriptions sur son corps, a fait irruption dans la salle, faisant basculer plusieurs caméras, en criant à plusieurs reprises « Il aura fallu 200 000 morts pour retrouver votre humanité ! », en allusion au bilan de la guerre en Syrie. Elle a rapidement été expulsée puis interpellée.Lire aussi :Comment fonctionne la politique migratoire entre le Royaume-Uni et la France ?Julia PascualJournaliste au Monde 31.08.2015 à 10h59 • Mis à jour le31.08.2015 à 11h37 Trois jours après la découverte d’un camion charnier contenant 71 cadavres, probablement des Syriens en provenance de Hongrie, l’Autriche a annoncé, lundi 31 août, son intention de renforcer les contrôles sur ses frontières orientales. Une manière de durcir le ton à l’encontre des migrants qui affluent quotidiennement sur son sol.La ministre de l’intérieure autrichienne, Johanna Mikl-Leitner, a détaillé à la radio ces nouvelles mesures qui ont été mises en place dimanche dans l’Etat du Burgenland, en étroite collaboration avec les autorités hongroises, slovaques et allemandes :« Nous allons effectuer pendant une période de temps non limitée des contrôles à tous les points de passage frontaliers importants dans la région est et vérifier tous les véhicules pouvant être utilisés comme cache pour des personnes victimes de trafic. »« Nous ne sommes pas en infraction avec Schengen »Toutefois, la ministre a estimé que ces contrôles ne constituaient pas une violation aux règles de libre circulation à l’intérieur de l’espace Schengen dont font partie l’Autriche et ses voisins orientaux.Car, selon le porte-parole de la police, « l’objectif principal est de cibler les gangs de trafiquants de migrants. Les contrôles sont exercés par la police de la circulation et les forces de sécurité. Il ne s’agit pas de contrôles à la frontière ».D’après le directeur général de la sécurité publique autrichienne, le dispositif a déjà porté ses fruits :« Dans les heures qui ont suivi la mise en œuvre de ces mesures en accord avec l’Allemagne, la Hongrie et la Slovaquie, nous avons pu récupérer plus de 200 réfugiés dans ce type de véhicules et nous avons interpellé cinq passeurs. »L’autoroute M1 reliant la Hongrie à l’Autriche a enregistré lundi matin 20 km d’embouteillages en raison de ces contrôles effectués par les autorités autrichiennes, a rapporté l’agence de presse hongroise MTI.Cette année, la police de Haute-Autriche a arrêté 93 trafiquants d’hommes qui transportaient 1 630 migrants.Lire aussi :Crise des migrants : les drames se succèdent, sans réponse politique communeUne barrière anti-migrants inefficaceLa « route des Balkans de l’Ouest », comme on l’appelle désormais, est de plus en plus fréquentée par des Syriens ou des Irakiens voulant échapper à la guerre, mais aussi par des Albanais, Kosovars ou Serbes en quête d’une vie meilleure.Lire aussi :Le nouveau rideau de ferPour la plupart, les migrants continuent leur route à pied à travers la Macédoine, puis la Serbie, avant d’arriver à la frontière de la Hongrie, pays membre de l’Union européenne, qui a enregistré plus de 140 000 arrivées depuis le début de l’année.Pour tenter d’empêcher leur entrée, la Hongrie a fini d’installer une clôture constituée de trois spirales superposées de fils de fer barbelés, le long de ses 175 km de frontière avec la Serbie, a annoncé samedi le ministère de la défense. Mais en dépit de cette clôture, la police hongroise a interpellé près de 8 800 migrants entrés sur son territoire à partir de la Serbie au cours des trois derniers jours.Cette année, la police de Haute-Autriche a arrêté 93 trafiquants d'hommes qui transportaient 1.630 migrants. 31.08.2015 à 03h46 • Mis à jour le01.09.2015 à 00h06 Deux journalistes britanniques du groupe de presse Vice News ont été inculpés par la justice turque pour activités terroristes, lundi 31 août. Leur traducteur, qui avait également été arrêté, est poursuivi du même chef. Les trois hommes ont été placés en détention, dans l’attente de leur procès. Le chauffeur du groupe a en revanche été libéré.Jake Hanrahan et Philip Pendlebury avaient été interpellés jeudi soir dans le district de Baglar, dans la province de Diyarbakir, où ils filmaient les combats entre les forces turques et les combattants séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ils sont accusés de « participer à des activités terroristes » pour le compte du groupe Etat Islamique (EI). Les journalistes ont rejeté les accusations portées à leur encontre, en présence de leurs avocats.« Accusations effrayantes »« Aujourd’hui le gouvernement turc a porté des accusations effarantes et infondées (...) à l’encontre de trois reporters de VICE News, dans une tentative d’intimidation et de censure de leur témoignage », a réagi Kevin Sutcliffe, directeur Europe des programmes d’information de Vice News, lundi soir.La veille, le groupe avait déclaré être en contact avec les autorités compétentes pour obtenir la libération de ses journalistes. « Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, PEN International et de nombreux autres ont appelé à ce que ces fausses allégations soient abandonnées et à la libération immédiate du groupe de journalistes. »"We ask for justice and the immediate release of journalists doing their jobs." http://t.co/uh86SyXWos— vicenews (@VICE News)require(["twitter/widgets"]);Amnesty International a appelé à la libération « immédiate » des journalistes, qualifiant les accusations à leur encontre de « scandaleuses et étranges ». 04.09.2015 à 17h28 • Mis à jour le04.09.2015 à 18h06 Critiqué pour son manque d’implication dans la crise migratoire, le premier ministre britannique, David Cameron, a annoncé de nouveaux engagements du Royaume-Uni, vendredi 4 septembre. Comme pour nombre de ses homologues européens, ces décisions font suite à la publication de la photo du petit Aylan, l’enfant retrouvé mort sur une plage turque mercredi.Depuis Madrid, où il rencontrait le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, M. Cameron a ainsi annoncé que le Royaume-Uni allait débloquer 100 millions de livres (137 millions d’euros) d’aide supplémentaire pour la crise humanitaire en Syrie, portant ainsi à 1 milliard de livres (près de 1,4 milliard d’euros) la contribution britannique, la plus élevée de l’histoire du Royaume-Uni.Le premier ministre a ajouté que 60 millions de livres (82 millions d’euros) seraient destinés directement à aider les personnes en Syrie et que le reste irait aux pays voisins, comme la Turquie, le Liban et la Jordanie, qui comptent tous de nombreux camps d’accueil des réfugiés.Lire aussi :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéosLe Royaume-Uni va accueillir plus de réfugiésPlus tôt à Lisbonne, David Cameron avait déjà pris l’engagement d’accueillir plus de migrants sur le territoire britannique.« Face à l’ampleur de la crise et à la souffrance des gens, je peux annoncer aujourd’hui que nous ferons davantage, en accueillant des milliers de réfugiés syriens supplémentaires. »M. Cameron n’a pas donné de chiffres précis. Une porte-parole de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) évoquait toutefois 4 000 personnes supplémentaires.« S’il proposait d’accueillir 10 000 migrants syriens, cela placerait le Royaume-Uni au niveau d’autres pays européens qui ont pris les devants en offrant un havre à des réfugiés vulnérables », a de son côté réagi le responsable de l’organisation Oxfam, Mark Goldring.Le premier ministre britannique a insisté sur la nécessité de ne retenir que des personnes se trouvant dans des camps de réfugiés des Nations unies dans les pays voisins de la Syrie, afin de ne pas encourager de périlleuses traversées par la mer. En référence à la photo du petit Aylan, David Cameron a fait part de son émotion.« En tant que père et en tant qu’être humain, on ne peut qu’être bouleversé par ces terribles photos. Ces images resteront en nous tous pour très, très longtemps. »Lire aussi :Réfugiés : une photo pour ouvrir les yeux Joëlle Stolz (Vienne, correspondante) Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55ea27ad24670'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 17\r\n \r\n \r\nApr\u00e8s avoir pass\u00e9 plusieurs jours \u00e0 camper des les gares hongroises, des milliers de migrants se sont mis en marche vendredi 4 septembre en direction de la fronti\u00e8re autrichienne, situ\u00e9e \u00e0 quelque 175 kilom\u00e8tres de la capitale Budapest.\r\nCr\u00e9dits : LASZLO BALOGH \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Apr\u00e8s avoir pass\u00e9 plusieurs jours \u00e0 camper des les gares hongroises, des milliers de migrants se sont mis en marche vendredi 4 septembre en direction de la fronti\u00e8re autrichienne, situ\u00e9e \u00e0 quelque 175 kilom\u00e8tres de la capitale Budapest.","source":"LASZLO BALOGH \/ REUTERS","index":0,"position":1,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/09\/05\/en-images-des-milliers-de-migrants-veulent-rallier-l-autriche-a-pied-depuis-la-hongrie_4746473_3214.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 17\r\n \r\n \r\nLe trafic ferroviaire international \u00e9tant interrompu depuis jeudi en Hongrie, ils ont abandonn\u00e9 l\u2019espoir d\u2019un d\u00e9part direct en train vers l\u2019Allemagne.\r\nCr\u00e9dits : FERENC ISZA \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Le trafic ferroviaire international \u00e9tant interrompu depuis jeudi en Hongrie, ils ont abandonn\u00e9 l\u2019espoir d\u2019un d\u00e9part direct en train vers l\u2019Allemagne.","source":"FERENC ISZA \/ AFP","index":1,"position":2,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/09\/05\/en-images-des-milliers-de-migrants-veulent-rallier-l-autriche-a-pied-depuis-la-hongrie_4746473_3214_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 17\r\n \r\n \r\nEn Autriche, les organismes de secours s\u2019attendent \u00e0 une nouvelle vague d\u2019arriv\u00e9es.\r\nCr\u00e9dits : LASZLO BALOGH \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"En Autriche, les organismes de secours s\u2019attendent \u00e0 une nouvelle vague d\u2019arriv\u00e9es.","source":"LASZLO BALOGH \/ REUTERS","index":2,"position":3,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/09\/05\/en-images-des-milliers-de-migrants-veulent-rallier-l-autriche-a-pied-depuis-la-hongrie_4746473_3214_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 17\r\n \r\n \r\n... ou encore des photos de la chanceli\u00e8re allemande Angela Merkel, qui a r\u00e9cemment assoupli les conditions d'asile pour les Syriens.\r\nCr\u00e9dits : LASZLO BALOGH \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"... ou encore des photos de la chanceli\u00e8re allemande Angela Merkel, qui a r\u00e9cemment assoupli les conditions d'asile pour les Syriens.","source":"LASZLO BALOGH \/ REUTERS","index":3,"position":4,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/09\/05\/en-images-des-milliers-de-migrants-veulent-rallier-l-autriche-a-pied-depuis-la-hongrie_4746473_3214_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 17\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : LASZLO BALOGH \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"LASZLO BALOGH \/ REUTERS","index":4,"position":5,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/09\/05\/en-images-des-milliers-de-migrants-veulent-rallier-l-autriche-a-pied-depuis-la-hongrie_4746473_3214_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 17\r\n \r\n \r\nD'autres brandissaient le drapeau europ\u00e9en...\r\nCr\u00e9dits : LASZLO BALOGH \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"D'autres brandissaient le drapeau europ\u00e9en...","source":"LASZLO BALOGH \/ REUTERS","index":5,"position":6,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/09\/05\/en-images-des-milliers-de-migrants-veulent-rallier-l-autriche-a-pied-depuis-la-hongrie_4746473_3214_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 17\r\n \r\n \r\nCertains migrants faisaient le V de la victoire en marchant le long de l'autoroute.\r\nCr\u00e9dits : LASZLO BALOGH \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Certains migrants faisaient le V de la victoire en marchant le long de l'autoroute.","source":"LASZLO BALOGH \/ REUTERS","index":6,"position":7,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/09\/05\/en-images-des-milliers-de-migrants-veulent-rallier-l-autriche-a-pied-depuis-la-hongrie_4746473_3214_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 17\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : LASZLO BALOGH \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"LASZLO BALOGH \/ REUTERS","index":7,"position":8,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/09\/05\/en-images-des-milliers-de-migrants-veulent-rallier-l-autriche-a-pied-depuis-la-hongrie_4746473_3214_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 17\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : LASZLO BALOGH \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"LASZLO BALOGH \/ REUTERS","index":8,"position":9,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/09\/05\/en-images-des-milliers-de-migrants-veulent-rallier-l-autriche-a-pied-depuis-la-hongrie_4746473_3214_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 17\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : Frank Augstein \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"Frank Augstein \/ AP","index":9,"position":10,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/09\/05\/en-images-des-milliers-de-migrants-veulent-rallier-l-autriche-a-pied-depuis-la-hongrie_4746473_3214_9.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 11 \/ 17\r\n \r\n \r\nFace \u00e0 la d\u00e9termination de ces hommes et de ces femmes, dont certains se d\u00e9placent aid\u00e9s de b\u00e9quilles, le gouvernement hongrois a annonc\u00e9 vendredi soir qu\u2019il allait mettre en place un transport en autocars vers l\u2019Autriche.\r\nCr\u00e9dits : LEONHARD FOEGER \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Face \u00e0 la d\u00e9termination de ces hommes et de ces femmes, dont certains se d\u00e9placent aid\u00e9s de b\u00e9quilles, le gouvernement hongrois a annonc\u00e9 vendredi soir qu\u2019il allait mettre en place un transport en autocars vers l\u2019Autriche.","source":"LEONHARD FOEGER \/ REUTERS","index":10,"position":11,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/09\/05\/en-images-des-milliers-de-migrants-veulent-rallier-l-autriche-a-pied-depuis-la-hongrie_4746473_3214_10.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 12 \/ 17\r\n \r\n \r\nLe gouvernement de Viktor Orban a toutefois pr\u00e9venu que sa \"priorit\u00e9\" \u00e9tait \"que le transport en Hongrie ne soit pas paralys\u00e9\".\r\nCr\u00e9dits : Thanassis Stavrakis \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Le gouvernement de Viktor Orban a toutefois pr\u00e9venu que sa \"priorit\u00e9\" \u00e9tait \"que le transport en Hongrie ne soit pas paralys\u00e9\".","source":"Thanassis Stavrakis \/ AP","index":11,"position":12,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/09\/05\/en-images-des-milliers-de-migrants-veulent-rallier-l-autriche-a-pied-depuis-la-hongrie_4746473_3214_11.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 13 \/ 17\r\n \r\n \r\nA la suite de cette initiative, l'Autriche et l'Allemagne se sont dit pr\u00eates \u00e0 recevoir les migrants de Hongrie.\r\nCr\u00e9dits : Thanassis Stavrakis \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"A la suite de cette initiative, l'Autriche et l'Allemagne se sont dit pr\u00eates \u00e0 recevoir les migrants de Hongrie.","source":"Thanassis Stavrakis \/ AP","index":12,"position":13,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/09\/05\/en-images-des-milliers-de-migrants-veulent-rallier-l-autriche-a-pied-depuis-la-hongrie_4746473_3214_12.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 14 \/ 17\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : ATTILA KISBENEDEK \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"ATTILA KISBENEDEK \/ AFP","index":13,"position":14,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/09\/05\/en-images-des-milliers-de-migrants-veulent-rallier-l-autriche-a-pied-depuis-la-hongrie_4746473_3214_13.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 15 \/ 17\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : LEONHARD FOEGER \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"LEONHARD FOEGER \/ REUTERS","index":14,"position":15,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/09\/05\/en-images-des-milliers-de-migrants-veulent-rallier-l-autriche-a-pied-depuis-la-hongrie_4746473_3214_14.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 16 \/ 17\r\n \r\n \r\nSi certains ont accept\u00e9 de monter dans les autocars, d'autres ont continu\u00e9 leur route \u00e0 pied.\r\nCr\u00e9dits : LASZLO BALOGH \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Si certains ont accept\u00e9 de monter dans les autocars, d'autres ont continu\u00e9 leur route \u00e0 pied.","source":"LASZLO BALOGH \/ REUTERS","index":15,"position":16,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/09\/05\/en-images-des-milliers-de-migrants-veulent-rallier-l-autriche-a-pied-depuis-la-hongrie_4746473_3214_15.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 17 \/ 17\r\n \r\n \r\nSur cette photo, une famille se trouve \u00e0 une vingtaine de kilom\u00e8tres de son point de d\u00e9part, Budapest.\r\nCr\u00e9dits : LASZLO BALOGH \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Sur cette photo, une famille se trouve \u00e0 une vingtaine de kilom\u00e8tres de son point de d\u00e9part, Budapest.","source":"LASZLO BALOGH \/ REUTERS","index":16,"position":17,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/09\/05\/en-images-des-milliers-de-migrants-veulent-rallier-l-autriche-a-pied-depuis-la-hongrie_4746473_3214_16.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Le chaos règne toujours en Hongrie dans la crise des réfugiés. Des centaines d’entre eux, abandonnant l’espoir d’un départ direct en train vers l’Allemagne, le trafic ferroviaire international étant interrompu depuis jeudi, ont entrepris vendredi 4 septembre de gagner à pied la frontière autrichienne – située à environ 175 km – où les organismes de secours s’attendent à une nouvelle vague d’arrivées.La police hongroise n’avait pas entravé leur marche au cours de la journée, mais elle avait annoncé qu’elle ne les laisserait pas atteindre la frontière.La nuit tombe mais les Migrants marchent encore. Infatigables. #migrantcrisis @RadioCanadaInfo http://t.co/7Vh1BIAZa0— belangerjf (@J-Francois Belanger)require(["twitter/widgets"]);Des volontaires hongrois ont décidé d’aider, y compris en les prenant dans leurs véhicules, les plus fragiles des réfugiés, notamment les vieillards et les enfants. En Autriche, quelque 2 000 personnes avaient souscrit vendredi matin sur le réseau social Facebook à une initiative citoyenne proposant de former un convoi de voitures particulières pour « chercher », à partir de dimanche, des milliers de migrants bloqués en Hongrie. Les chemins de fer autrichiens, l’ÖBB, ont envoyé plusieurs trains et du personnel à la frontière, à Hegyeshalom, pour recevoir et transporter les gens – s’ils arrivent de l’autre côté.Isolement des demandeurs d’asile récalcitrantsDe la gare de Keleti de Budapest, où campaient dans des conditions déplorables des milliers de personnes venues du Moyen-Orient, l’abcès s’est déplacé vers la petite gare de Bicske, à l’ouest de la capitale. La police hongroise y a attiré jeudi un convoi de demandeurs d’asile, pour les amener ensuite par bus dans un camp d’internement provisoire.Lire aussi :En Hongrie, la police tente de forcer des migrants à aller dans un camp de réfugiésMais vendredi en milieu de journée, quelque 500 réfugiés refusaient toujours de descendre des wagons arrêtés sur les voies, ou même de prendre l’eau et les provisions proposées par les policiers. L’attitude de la police hongroise, qui a isolé le convoi des demandeurs d’asile récalcitrants, empêchant tout contact avec les ONG et les médias étrangers présents sur place, est déconcertante. Car elle laisse aussi passer sans difficulté des réfugiés qui parviennent à Bicske avec les trains régionaux pour se diriger ensuite vers l’ouest du pays, rapporte un journaliste de la radio publique autrichienne. Quelque 300 personnes internées dans le camp de transit de Röszke, à la frontière avec la Serbie, se sont par ailleurs échappées vendredi matin de l’enceinte où elles étaient retenues. La police a repris une partie d’entre elles.Gardienne de l’espace Schengen, dont elle est la pointe la plus avancée sur la route des Balkans qu’empruntent les réfugiés, la Hongrie est tenue, en vertu des accords communautaires de l’Union européenne, d’enregistrer les empreintes digitales de tous les demandeurs d’asile qui parviennent sur son territoire. Mais l’attitude du premier ministre conservateur Viktor Orban, qui a mobilisé depuis des mois son opinion avec des accents xénophobes, a exacerbé les tensions.« Race européenne, blanche et chrétienne »Vendredi, le Parlement hongrois a renforcé sa législation anti-migrants. Proposée par le gouvernement, la nouvelle législation accroit notamment les possibilités de déploiement de l’armée aux frontières, rend l’immigration illégale et alourdit considérablement les peines pour les passeurs. Le fait de franchir ou endommager la clôture de barbelés sera considéré comme un délit et le franchissement illégal de la frontière sera passible d’une peine maximale de trois ans de prison.« Nous ne voulons pas que nos enfants vivent dans un califat européen », a ainsi déclaré Antal Rogan, le chef de la fraction parlementaire du Fidesz, le parti de M. Orban. Un autre proche du premier ministre, le polémiste Zsolt Bayer, a exigé que l’Europe soit « libérée de cette horreur, si besoin par les armes », traitant les réfugiés de « sauvages » et d’« animaux » qui menacent « la race européenne, blanche et chrétienne ».Lire aussi :Qui est Viktor Orban, le premier ministre qui veut arrêter les migrants en Hongrie ?Pour la première fois depuis la chute du communisme, le trafic ferroviaire et routier est perturbé, pour des raisons politiques, entre la Hongrie et l’Autriche. Jeudi 3 septembre, il fallait prendre trois trains différents et compter neuf heures de trajet pour regagner Vienne au départ de Budapest, une situation qui s’est prolongée vendredi. Des policiers hongrois inspectent systématiquement les wagons de voyageurs, mais les contrôles sont aussi renforcés sur la route du côté autrichien. Quatre militants autrichiens qui voulaient prendre des réfugiés dans leur véhicule ont été interpellés à Budapest, soupçonnés d’être des passeurs. Ils ont été relâchés vendredi.Ironie de l’histoire, la locomotive du train dans lequel sont montés jeudi matin à Keleti les réfugiés attirés à Bicske portait des inscriptions commémorant le « pique-nique paneuropéen », organisé au printemps 1989 sur le rideau de fer par les autorités autrichiennes et hongroises de l’époque, qui avaient découpé à la cisaille un morceau de barbelés – un acte symbolique qui a précédé de quelques mois la chute du mur.La fracture est-ouest se manifeste aussi dans l’Eglise catholique. Alors que la Caritas se trouve en première ligne, en Autriche, pour accueillir les réfugiés et défendre le « droit d’asile », l’archevêque de Budapest, le cardinal Péter Erdö, est sorti de son long silence, cette semaine, pour désavouer ceux qui prennent le risque d’aider concrètement des migrants.Joëlle Stolz (Vienne, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.09.2015 à 16h13 • Mis à jour le04.09.2015 à 19h39 | Samuel Laurent Ils se disent « français de souche », invoquent la « résistance au Grand Remplacement » ou plus généralement à l’islam et à l’immigration. Sans être forcément encartés ou militants d’un parti, ils sont actifs sur Internet pour exprimer leurs idées, que ce soit sur les réseaux sociaux ou sur des sites « d’information alternative », qui forment ce qu’ils appellent la « réinfosphère ».De fdesouche à Dreuz en passant par Riposte laïque, cette « réacosphère », comme on la nomme parfois, se mobilise fortement depuis jeudi 3 septembre. Avec un objectif : tenter de contrecarrer la mobilisation qui naît en solidarité avec les réfugiés, et que la diffusion de la photo d’Aylan Kurdi, trois ans, mort noyé au large des côtes turques, semble avoir avivée. Tous les moyens sont bons pour y parvenir, y compris la manipulation.1. La tentation du complotDès l’apparition de la photo, de très nombreux comptes et sites ont agité le spectre de la « propagande ». Tout y passe : le fait que le nom de l’enfant soit rapidement connu (son père, qui a survécu au naufrage, a pu l’identifier), le fait que sur un cliché, on voit un sauveteur turc muni de ce qui pourrait être un appareil photo… Et même une erreur de légende du site franceinfo.fr. Même la position de l’enfant dans la mort semble suspecte à certains.Cette photo n'est pas naturelle.. le corps de cet enfant ne pouvait avoir été ainsi rejeté par la mer.Photo indécente. — adrenaline1001 (@Adrenaline ♈)require(["twitter/widgets"]);Tout y passe, jusqu’au fait que le père de l’enfant ait eu un gilet de sauvetage… Rapidement, cependant, même les plus militants devront changer de registre, et trouver d’autres arguments.2. Une fillette décapitée pour répondre à un enfant noyéC’est ainsi que vont apparaître, rapidement là encore, une série d’autres photos d’enfants morts. Plusieurs circuleront, dont l’une, particulièrement sordide, donne à voir le cadavre décapité d’une petite fille encore vêtue d’un tutu de danseuse – image présentée comme l’exemple de la sauvagerie de l’Etat islamique, accusé d’avoir décapité la fillette.Elle est très diffusée, toute la journée de jeudi, notamment en réponse aux appels à la mobilisation de certaines personnalités, avec pour propos de dénoncer un « deux poids, deux mesures » face à ces situations tragiques. Or, si l’EI s’est fait connaître par des actes d’une cruauté indicible, cette image ne peut pas lui être attribuée. On la retrouve en effet dès 2012, avant que l’Etat islamique ne s’implante en Syrie. Plusieurs sites de soutien aux rebelles syriens opposés à Bachar Al-Assad la publient le 17 septembre 2012, attribuant la mort de la fillette aux milices gouvernementales et non à l’EI. Si ce cliché est le plus diffusé, il n’est pas le seul. Par exemple, ce cliché d’un enfant supposément tué dans le Donbass par les forces ukrainiennes. Mais là encore, il s’agit d’une photo à qui ont fait dire quelque chose : l’image, de provenance indéterminée, se retrouve sur des dizaines de sites russes et sert de photo d’illustration, par exemple, pour un infanticide au nord de la Russie, ou même pour des faits divers étrangers.3. Image contre image, religion contre religionDe manière générale, l’image est un outil de prédilection pour ces militants antimigrants, qui ne prennent que peu garde à vérifier leurs sources et cherchent bien souvent à faire un distinguo en fonction de la religion (supposée) des réfugiés et des victimes du conflit.@jeunefrancaise Emotion sélective! D'autres enfants tués sans les larmes du monde entier. CHRETIENS http://t.co/78CL3f1hNA— pierrepaillet (@PAILLET)require(["twitter/widgets"]);Ce cliché date de 2014, il provient de l’AFP, et figure des enfants victimes d’un raid aérien à Alep, en Syrie. Mais rien ne permet d’affirmer, comme le fait l’auteur du tweet, que ces enfants sont chrétiens.Enfant #Syrie-n mort.Quand @LaurentFabius et #Hollande livrent des armes aux islamistes et sèment le chaos. #Migrants http://t.co/1TUvvE4glZ— netchys (@Netchys ن)require(["twitter/widgets"]);Quant à ce message accusant l’Occident d’avoir livré des armes « aux islamistes », il montre en réalité les conséquences du largage de barils d’explosifs par le régime de Bachar Al-Assad, en novembre 2014… et non pas par Daech.Autre exemple : cette image très dure d’enfants dans une cage.Je ne reste pas insensible à çe pauvre enfant mortPaix à son âme — Dartagn87058511 (@1 monde de merde)require(["twitter/widgets"]);Mais là encore, l’image doit être remise dans son contexte : il s’agit en réalité d’un « happening » organisé par un activiste syrien pour dénoncer les violences contre les enfants, sans qu’il soit aucunement question de religion ou de minorités chrétiennes.4. Le mensonge de l’exigence de nourriture hallalAu-delà des images, tout est bon pour démontrer que les réfugiés en provenance de Syrie ou d’Irak présentent un « danger » pour l’Europe. Voilà quelques jours, les mêmes réseaux faisaient amplement circuler une information disant que des réfugiés auraient refusé de la nourriture car elle n’était pas hallal.Or, comme l’ont démontré plusieurs médias, dont Libé Désintox, cette information, basée sur une vidéo qui a circulé sur de nombreux réseaux complotistes est fausse : La Croix-Rouge explique que ces colis ne contenaient aucun aliment pouvant poser la question du hallal, et le refus des migrants est motivé par le fait qu’on les empêche de traverser.5. La fausse réaction de l’Emir qatariAutre faux grossier, cette déclaration attribuée à l’émir du Qatar, supposé avoir dit à propos de l’accueil des réfugiés « nous avons assez d’esclaves comme cela ». Là encore, la citation a circulé dans ces cerles militants, qui stigmatisent l’inaction des pays du Golfe persique. Et là encore, il s’agit d’une intox. Cette fois, toutefois, ce sont nos militants qui ont été intoxiqués : cette « citation » provient d’el-manchar, un site parodique algérien, sur le modèle du « Gorafi français ». Elle n’a donc rien de vrai.Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.09.2015 à 11h30 • Mis à jour le05.09.2015 à 11h10 | David Revault d'Allonnes et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) François Hollande et Angela Merkel ont envoyé une lettre commune aux autorités européennes, où ils détaillent leurs propositions concernant la crise des migrants, jeudi 3 septembre. Cette lettre, que Le Monde s’est procurée, est adressée aux présidents du Conseil européen et de la Commission ainsi qu’au premier ministre luxembourgeois, qui assure la présidence semestrielle de l’Union.Lire aussi :François Hollande rejoint Angela Merkel sur les quotas d’accueil de réfugiésLes dirigeants français et allemand adressent un message sans ambiguïté, également à destination de certains de leurs partenaires au sujet de l’afflux de migrants, « grand défi pour l’Europe ». En invoquant « la responsabilité de chaque Etat membre et la solidarité de tous », ils appellent à mettre en œuvre « intégralement et sans délai » les récents dispositifs adoptés par l’Union européenne (UE), comme la création de « hot spots », des centres où migrants économiques et demandeurs d’asile seraient distingués dès leur arrivée en Grèce et en Italie, et que les deux dirigeants veulent « pleinement opérationnels au plus tard avant la fin de l’année ».Ils demandent à la Commission d’« utiliser tous les moyens dont elle dispose » pour forcer les Etats à respecter les règles du droit d’asile, tant en matière d’étude des dossiers que d’hébergement, et proposent, « à terme », « un système d’asile européen unifié ». Mme Merkel et M. Hollande proposent par ailleurs plusieurs mesures « complémentaires », comme l’établissement d’une liste commune de pays d’origine « sûrs », dans laquelle entreraient les pays des Balkans.Mais le point le plus crucial du texte concerne les quotas de répartition entre les pays, auxquels Paris s’est longtemps opposé. Les mots ont été choisis avec soin. Il ne s’agit plus de « quotas » de « migrants », mais de « répartition » des « réfugiés », et celle-ci doit tout de même s’opérer « équitablement et dans un esprit de solidarité entre les Etats membres », par un « mécanisme permanent et obligatoire de relocalisation ».Lire aussi :Hollande et Merkel s’accordent sur des quotas contraignants d’accueil de migrants« Libre circulation »Angela Merkel et François Hollande prennent également la défense du traité Schengen de 1985, qui « garantit la libre circulation » au sein de l’UE. Il « permet aux Etats membres de mieux relever les défis auxquels ils sont confrontés », assurent les deux dirigeants, adressant ainsi un message clair à tous ceux qui proposent de revenir sur ce traité, à l’instar de Nicolas Sarkozy en France, ou qui le critiquent vivement, comme le premier ministre britannique, David Cameron.Le message s’adresse en priorité aux pays d’Europe centrale et orientale qui traînent toujours des pieds, mais aussi au premier ministre britannique, qui formule des exigences pour un meilleur fonctionnement de l’UE, mais qui a jusqu’ici dédaigné de participer à l’effort général pour aider les populations qui fuient la guerre en Syrie. Lors de la difficile négociation du mois de juin sur la répartition de quarante mille réfugiés, la diplomatie britannique ironisait : « Nous prendrons zéro réfugié et, si on nous le demande, nous prendrons le double ensuite », aurait déclaré un diplomate de haut rang, selon le Financial Times du jeudi 3 septembre.Les ministres de l’intérieur évoqueront tous ces dossiers à l’occasion d’un conseil qui les réunira le 14 septembre ; les chefs d’Etat et de gouvernement devraient s’en emparer lors de leur prochain sommet, à la mi-octobre. La photo du petit Aylan Kurdi, enfant de migrants syriens mort sur la plage de Bodrum, en Turquie, n’explique pas à elle seule cette mobilisation. Mais elle paraît avoir libéré des énergies jusque-là très contenues en vue d’affronter l’une des plus graves crises de l’Union. Lettre sur l'accueil des réfugiésDavid Revault d'AllonnesGrand reporter au service politique. En charge de l'ElyséeSuivreAller sur la page de ce journalisteJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Intérim (Istanbul) La photo du fils cadet, dont le corps a été rejeté par la mer sur une plage des environs de Bodrum, en Turquie, a fait le tour du monde. Mais c’est une histoire tristement ordinaire après quatre années de guerre, que l’image a révélée : celle d’une famille syrienne, d’abord ballottée à l’intérieur du pays, puis contrainte à l’exil en Turquie, qui avait tenté un retour au pays avant de finalement prendre la route de l’Europe, dans l’espoir de rejoindre le Canada.La famille du petit Aylan, d’origine kurde, était native de Kobané, dans le nord de la Syrie, mais vivait depuis quelques années à Damas, où le père était barbier. Quelques mois après le début de la guerre civile syrienne, en 2011, le ménage prend la route d’Alep puis, fuyant à nouveau les combats qui s’intensifient, se réinstalle à Kobané. Lorsque les miliciens de l’organisation Etat islamique (EI) s’avancent vers cette cité, ils font partie des milliers de ressortissants syriens, essentiellement kurdes, qui traverseront à pied la frontière turque, située à quelques dizaines de mètres au nord de Kobané. Lorsque la ville est reprise par les forces kurdes au début de l’année, la famille Kurdi tente un retour après trois ans d’exil en Turquie, et revient à Kobané, selon un journaliste local interviewé par la presse turque.Les combats sporadiques qui éclatent en juin avec les forces de l’EI convainquent Abdullah et Rihana de repartir avec leurs deux enfants : Aylan, 3 ans, et Ghaleb, 5 ans. La famille Kurdi a été contrainte de prendre la route de la mer Egée après avoir essuyé un refus de sa demande d’asile de la part du Canada, a expliqué au National Post, un quotidien canadien, Tima Kurdi, la sœur d’Abdullah, qui a émigré à Vancouver il y a vingt ans et qui tentait d’organiser leur installation en Amérique du Nord. Un refus qui illustre la complexité de la situation des réfugiés en Turquie : puisqu’un visa n’est pas requis pour les ressortissants syriens, nombreux sont ceux qui arrivent dans ce pays voisin avec un simple statut de visiteur.« Mes deux enfants m’ont glissé des mains »Faute de statut de réfugié en bonne et due forme, le gouvernement canadien aurait rejeté la demande d’asile des Kurdi, en juin dernier. Les autorités canadiennes ont cependant contesté cette version, affirmant ne pas avoir reçu de dossier concernant cette famille. Sans visa pour le Canada, la famille a pris la route de l’Europe. Les Kurdi sont arrivés à Bodrum voilà un mois, le temps d’organiser leur traversée, d’emprunter de l’argent à des proches et de prendre contact avec des passeurs. « Nous avons payé à deux reprises », a expliqué le père à l’agence de presse turque Dogan après le drame. « La première fois, des garde-côtes nous ont interceptés et ramenés sur la rive turque. La seconde fois, les passeurs n’ont pas tenu parole et ne se sont pas présentés avec le bateau à l’heure du rendez-vous. » Abdullah Kurdi affirme avoir versé 4 000 euros pour le passage en Grèce des quatre membres de la famille.Après ces deux échecs, la famille Kurdi, en compagnie d’autres réfugiés, aurait organisé son départ en mer et pris place à bord d’un petit bateau de 5 mètres de longueur. « Peu de temps après le départ, l’eau a commencé à s’infiltrer, les gens ont paniqué, certains se sont levés, faisant chavirer le bateau », a expliqué Abdullah Kurdi aux policiers, selon le rapport qui a fuité dans la presse turque. « J’ai d’abord pu retenir ma femme, mais mes deux enfants m’ont glissé des mains. » Les corps d’Aylan, Ghaleb et celui de leur mère ont été transférés à Istanbul jeudi soir, accompagnés d’Abdullah Kurdi. Vendredi matin, les trois cercueils ont été enterrés, en présence de centaines de personnes.Farewell Alan, Ghalib and Rehana. Just burried. RIP. #AlanKurdi http://t.co/wBsQtExRzS— jenanmoussa (@Jenan Moussa)require(["twitter/widgets"]);Intérim (Istanbul) 04.09.2015 à 06h56 | Lucien Jedwab Les images insoutenables du corps sans vie d’un enfant syrien sur une plage turque, après celles de processions de familles exténuées stoppées aux frontières de l’Europe, ont été reproduites dans le monde entier. Le Monde lui-même a pris la décision, mûrement réfléchie, d’en faire sa « une ». Non pas pour choquer, mais pour éveiller les consciences. En mettant des mots sur des maux.« Réfugiés », donc. Et non plus simplement « migrants ». Non pas que ce terme soit péjoratif, comme le soutenait récemment un journaliste d’Al-Jazira sur son blog, mais parce qu’il recouvre une réalité complexe, pas toujours simple à décrire. Les réfugiés ont droit, selon les conventions internationales, à une protection toute particulière. Et si tous se trouvent être des migrants, tous les migrants ne sont pas des réfugiés, même s’ils ont le droit imprescriptible d’être traités avec respect et humanité.HésitationsLes reportages montrant ou décrivant les parcours de ces personnes ont recouru conjointement ou alternativement aux termes « migrants » ou « réfugiés ». Parce que la distinction n’est pas toujours aisée à faire entre ceux qui participent à une migration, quelles qu’en soient les raisons (et celles-ci ne sont pas toujours mauvaises), et ceux qui fuient leur pays d’origine afin d’échapper à un danger mortel. D’où les hésitations, dans la presse en général et dans Le Monde en particulier, quant à l’emploi des mots. Par exemple : « “Migrant”, “exilé”, “réfugié” : le poids des mots », dans La Tribune de Genève, ou bien encore : « “Migrant” ou “réfugié” : quelles différences ? », sur Lemonde.fr. A fortiori quand la place manque, dans un titre par exemple.Amnesty International utilise la formulation générale « migrants et réfugiés » (comme l’a fait Le Monde dans son éditorial du 24 août). Sauf, bien évidemment, quand la situation des personnes ou des populations est sans équivoque. Ainsi, dans les pays frontaliers de la Syrie, ce sont bien des « réfugiés » fuyant le régime de Bachar Al-Assad ou les exactions de l’Etat islamique qui ont été accueillis par centaines de milliers.Lucien JedwabJournaliste au Monde 17.09.2015 à 16h59 • Mis à jour le17.09.2015 à 17h38 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) C’est le paradoxe de cette campagne électorale grecque. Alors que l’Europe entière ne parle que de la crise migratoire et des milliers de réfugiés qui campent à ses portes, la question est étonnamment anecdotique dans les débats en vue des législatives de dimanche 20 septembre. Et pourtant la Grèce est l’une des principales portes d’entrée de ces réfugiés. Jusqu’à 4 000 Syriens, Afghans ou Africains arrivent sur ses îles chaque jour.Lire aussi :Sur l’île grecque de Lesbos, 86 000 habitants et 20 000 réfugiésSans surprise, le parti néonazi Aube dorée est le plus offensif sur la question. Son slogan identitaire a toujours été « La Grèce appartient aux Grecs » et fonde aujourd’hui encore la base de sa stratégie électorale. Mais, empêtré dans un procès-fleuve visant quasiment l’ensemble de ses députés, l’Aube dorée a choisi de manière générale de faire profil bas. Ses diatribes sont peut-être nationalistes et anti-migrants, mais on ne les entend que peu dans la campagne.Ces dernières années, c’était surtout le parti conservateur de la Nouvelle Démocratie (ND) qui se montrait offensif sur la question. Son ancien leader – et ex-premier ministre avant l’arrivée au pouvoir d’Alexis Tsipras en janvier 2015 – Antonis Samaras avait axé une partie de sa campagne de 2012 sur la « reconquête des villes grecques envahies de clandestins » et avait coutume de comparer « le nombre de chômeurs équivalents au nombre d’immigrés en situation illégale ». Une rhétorique qui chassait délibérément sur les terres de l’Aube dorée alors en pleine ascension.Aujourd’hui, la ND a un nouveau chef, Evangelos Meïmarakis. Or ce dernier a choisi dans cette campagne éclair – les élections ont été annoncées il y a moins d’un mois – de ne pas surfer sur cette thématique. Certes il évoque la question des réfugiés en parlant lui aussi d’« illégaux » , mais concentre ses attaques non pas tant sur les réfugiés eux-mêmes que sur le leader du parti de la gauche radicale, Alexis Tsipras. Accusant son gouvernement, aux affaires entre janvier et août, de n’avoir rien fait pour organiser ou endiguer le flux. « Le gouvernement Syriza a envoyé le message aux passeurs turcs que nos frontières n’étaient pas gardées, ouvrant ainsi les vannes », répète-t-il à chaque meeting.Lire aussi :Evangelos Meïmarakis, pompier de Nouvelle Démocratie« Comment nous rendre responsables de ce flux immense alors que c’est un phénomène visiblement global qui touche tous les pays européens », répond de son coté Alexis Tsipras. Après avoir lui aussi évité de placer la question migratoire au centre de ses discours, Syriza change un peu son fusil d’épaule ces tout derniers jours. Lors d’une réunion de quartier mercredi soir, la députée Syriza Vassiliki Katrivanou a longuement insisté sur la différence d’approche qu’un gouvernement de gauche avait de ce phénomène. « Nous sommes les mieux placés pour nous battre pour accueillir décemment et humainement ces réfugiés. Les précédents gouvernements de droite n’avaient qu’une approche répressive et tout l’argent disparaissait dans la construction de camps de rétention », affirme cette spécialiste des droits de l’homme, qui travaille depuis plus de 10 ans pour améliorer l’accueil des réfugiés en Grèce. Mme Katrivanou regrette un peu que « l’ensemble de la campagne soit creux et ne porte pas sur le fond, sur la politique migratoire comme ailleurs ».Campagne vidée de sa substanceDe fait, à droite comme à gauche, les débats portent davantage sur les personnes que sur les programmes. Chez Syriza, on dénonce l’appartenance de la ND à « cet ancien système corrompu et oligarchique qui a conduit le pays à la crise ». Et chez la ND, on pointe l’incohérence de Tsipras qui, après avoir longtemps fait campagne contre l’austérité, a ramené en Grèce un troisième plan introduisant trois nouvelles années d’austérité dans le pays. « Syriza tout comme Nouvelle Démocratie ont voté le 14 août dernier pour ce nouveau plan d’austérité, ce qui vide la campagne de sa substance principale puisque le cadre économique est fixé à l’avance » explique le politologue Georges Sefertzis.C’est donc à la marge, dans ce que Syriza appelle « les fenêtres de négociations restantes » que se joue la campagne. Chacun essayant de convaincre l’électorat qu’il sera le mieux placé pour limiter la casse. Syriza, en promettant de se battre pied à pied pour défendre en priorité les Grecs les plus vulnérables mais aussi réformer la Grèce, et la ND, en se posant en garant de la stabilité pour permettre aux entreprises grecques de retrouver le chemin de la croissance.Pour autant, aucun parti ne prend le risque de proposer des mesures précises et surtout chiffrées. « Ils ne veulent pas faire de nouvelles promesses qu’ils ne pourront pas tenir », souligne M. Sefertzis. Ce manque de substance explique, en partie, l’indifférence profonde des Grecs face à ce nouveau scrutin, après les législatives de janvier dernier, et un référendum sur le plan d’aide, en mai, très disputé. Selon les derniers sondages 15 % de l’électorat ne sait toujours pas pour qui, ni même s’il ira voter, dimanche. L’abstention pourrait atteindre un niveau record.Lire aussi :Grèce : sept candidats en quête de virginité politiqueAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.09.2015 à 12h22 | Nathalie Guibert Cinq frégates militaires de premier rang vont partir en Méditerranée au large des côtes libyennes avec l’objectif de s’opposer aux réseaux de passeurs qui précipitent des migrants sur des bateaux de fortune en direction de l’Europe. A l’issue de la conférence de « génération de forces » qui s’est tenue à Bruxelles mercredi 16 septembre, les Européens ont décidé de monter d’un cran leur engagement dans l’opération EUNAVFOR-Med : l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, la France, le Royaume-Uni vont envoyer des navires de guerre supplémentaires, l’Italie maintenant sur zone son porte-aéronefs déjà en place.Lire aussi :Libye : l’UE lance l’opération européenne Eunavfor Med contre les réseaux de passeursCes moyens lourds – la frégate française Courbet qui devrait bientôt quitter Toulon avec un hélicoptère, sera appuyée en cas de besoin par des forces spéciales – permettent de concrétiser la « phase deux » de l’opération européenne. Après une phase de renseignement, il avait été décidé d’occuper la haute mer. La décision de principe a été prise le 14 septembre par les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne. Un Conseil européen doit avaliser officiellement cette étape début octobre. La dernière phase aura pour objectif de frapper les bateaux des passeurs, jusqu’à terre en Libye.Il s’agit pour les marins européens de se tenir prêts, car l’action de vive force n’est pas possible dans l’immédiat. En effet, les autorités libyennes reconnues par la communauté internationale se sont jusqu’alors opposées aux prolongements coercitifs de l’opération navale dans leurs eaux territoriales. Et en juin, le projet porté par les Européens d’une résolution sous chapitre VII, qui autorise l’usage de la force, n’avait pas pu être soumis au vote à l’ONU faute de consensus. La résolution permettrait aussi d’agir dans les eaux libyennes.Lire aussi :Pas d’accord à l’ONU sur l’opération navale contre les passeursDérouter, mais pas détruireLes frégates risquent donc bien de quitter leur port d’attache sans cadre légal pour agir efficacement. Dans les eaux internationales, elles ne pourront intervenir que dans le cadre de l’article 110 de la Convention de Montego Bay, qui permet de monter à bord de bateaux en cas de soupçon de piraterie ou de « transport d’esclaves ». Un droit de visite qui permet de dérouter, mais non de détruire les bateaux des passeurs.Une autre difficulté se présente. Les bateaux de migrants pourraient bien emprunter d’autres routes. Celles-ci se déplacent à l’est. Selon de toutes récentes informations, un transport de migrants est parti d’Egypte, du port d’Alexandrie. Par ailleurs, avec l’approche de l’hiver, les flux vont se tarir, comme le constatent chaque année les militaires qui croisent dans les eaux méditerranéennes.Nathalie GuibertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cyril Simon L’opération était imminente depuis le recensement, le 15 septembre, du demi-­millier de réfugiés installés depuis plusieurs mois près de la gare d’Austerlitz, à Paris. Les quelque deux cents tentes posées le long de la Seine autour du pont Charles-­de-­Gaulle et jusqu’à la Cité de la mode et du design n’existent plus.Les équipes de l’Office français de la protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) et de la préfecture de Paris et d’Ile-de-France prennent actuellement en charge l’intégralité du campement, qui compte également quelques sans-domicile-fixe.Un dispositif similaire a été déployé pour les 400 réfugiés et migrants installés sur le parvis de la mairie du 18e arrondissement depuis le 4 septembre.Dans le même temps, 400 réfugiés, essentiellement soudanais, ont été pris en charge devant la mairie du 18e arrondissement. @lemondelive— CysooS (@Cyril Simon)require(["twitter/widgets"]);Des barrières pour empêcher un nouveau campLa maire de Paris avait annoncé, mardi, que ces deux interventions se dérouleraient en fin de semaine. A partir de jeudi, les près de 1 000 personnes concernées seront logées dans une vingtaine de centres d’hébergements d’urgence à Paris et en Ile-de-France, selon la préfecture de Paris.L’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) accompagnera les réfugiés dans leur démarche de régularisation. Ceux qui n’entreprendront aucune demande d’asile ne seront hébergés qu’un mois, les autres jusqu’au terme de la procédure. A noter que le suivi social des SDF s’effectuera dans des centres spécifiques.A Austerlitz, les services de la ville installeront des barrières empêchant l’installation d’un nouveau campement. Mercredi en fin d’après-midi, l’impatience était palpable. L’espoir d’en avoir terminé avec plusieurs semaines, voire plusieurs mois de précarité et d’abandon n’avait jamais été aussi proche. Sous des rafales de vent, certains étendaient leurs linges où ils le pouvaient.D’autres suivaient une dernière fois les leçons de français données par des bénévoles. A côté, s’improvisait un atelier coiffure. L’objectif : se sentir le mieux possible avant d’ouvrir une nouvelle page de leur vie. « Paris, je veux y faire ma vie »Booba, lui, se frottait les mains, un sourire dissimulé sous sa capuche. Comme une impression de reprendre sa vie, en pause depuis l’assassinat de l’intégralité de sa famille à Gao, dans le nord du Mali. « Maintenant, j’ai besoin d’aller à l’école et de vivre sous un toit. C’est ma priorité », dit-il. Ce Malien de 25 ans a débarqué il y a deux mois à Paris. Encore choqué par les comportements « racistes » dont il a été victime en Italie, où il a séjourné quelques semaines avant de passer la frontière de Vintimille.« Paris, je veux y faire ma vie. Une fois que je saurai écrire et que j’aurai fait mes études, je trouverai un travail. »Nabil, un bénévole présent au campement depuis son installation « il y a deux ans », espère que les réfugiés « retrouveront enfin la paix et en finiront avec cette sale histoire ». D’origine tunisienne, il est l’un des interlocuteurs privilégiés de la mairie et des services sociaux.« Depuis deux semaines, la solidarité s’organise réellement avec la mairie. On va tous ensemble vers le plus et pas vers le moins. On nous a dit que des responsables pourraient visiter les centres d’hébergement avant de s’y s’installer. »Avant l’évacuation, environ 1 450 réfugiés avaient déjà été pris en charge à Paris depuis le démantèlement en juin d’un premier point de regroupement, sous le métro aérien de La Chapelle dans le 18e arrondissement.Lire aussi :Comment la Ville de Paris organise l’hébergement des migrantsImage précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55fa8a532a813'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 10\r\n \r\n \r\n\u00ab 14 juin 2015. L\u2019Assembl\u00e9e g\u00e9n\u00e9rale. Migrants et soutiens. \u00bb\r\nCr\u00e9dits : © LAURA GENZ\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab 14 juin 2015. L\u2019Assembl\u00e9e g\u00e9n\u00e9rale. Migrants et soutiens. \u00bb","source":"\u00a9 LAURA GENZ","index":0,"position":1,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/arts\/portfolio\/2015\/09\/10\/dessins-de-refugies-par-laura-genz_4751690_1655012.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 10\r\n \r\n \r\n\u00ab 14 juin 2015. Le Concert de soutien. \u00bb\r\nCr\u00e9dits : © LAURA GENZ\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab 14 juin 2015. Le Concert de soutien. \u00bb","source":"\u00a9 LAURA GENZ","index":1,"position":2,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/arts\/portfolio\/2015\/09\/10\/dessins-de-refugies-par-laura-genz_4751690_1655012_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 10\r\n \r\n \r\n\u00ab 12 juillet 2015. La Table dress\u00e9e. \u00bb\r\nCr\u00e9dits : © LAURA GENZ\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab 12 juillet 2015. La Table dress\u00e9e. \u00bb","source":"\u00a9 LAURA GENZ","index":2,"position":3,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/arts\/portfolio\/2015\/09\/10\/dessins-de-refugies-par-laura-genz_4751690_1655012_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 10\r\n \r\n \r\n\u00ab 5 juillet 2015. La Toilette \u2013 Vaisselle \u2013 Lessive non potable. \u00bb\r\nCr\u00e9dits : © LAURA GENZ\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab 5 juillet 2015. La Toilette \u2013 Vaisselle \u2013 Lessive non potable. \u00bb","source":"\u00a9 LAURA GENZ","index":3,"position":4,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/arts\/portfolio\/2015\/09\/10\/dessins-de-refugies-par-laura-genz_4751690_1655012_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 10\r\n \r\n \r\n\u00ab 9 juillet 2015. Ils ont \u00e9vacu\u00e9 (Mairie \u2013 OFPRA \u2013 Emma\u00fcs). \u00bb\r\nCr\u00e9dits : © LAURA GENZ\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab 9 juillet 2015. Ils ont \u00e9vacu\u00e9 (Mairie \u2013 OFPRA \u2013 Emma\u00fcs). \u00bb","source":"\u00a9 LAURA GENZ","index":4,"position":5,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/arts\/portfolio\/2015\/09\/10\/dessins-de-refugies-par-laura-genz_4751690_1655012_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 10\r\n \r\n \r\n\u00ab 28 juillet 2015. La Vie du camp (Austerlitz II). \u00bb\r\nCr\u00e9dits : © LAURA GENZ\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab 28 juillet 2015. La Vie du camp (Austerlitz II). \u00bb","source":"\u00a9 LAURA GENZ","index":5,"position":6,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/arts\/portfolio\/2015\/09\/10\/dessins-de-refugies-par-laura-genz_4751690_1655012_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 10\r\n \r\n \r\n\u00ab 29 juillet 2015. Le Coup de K\u00e4rcher final. \u00bb\r\nCr\u00e9dits : © LAURA GENZ\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab 29 juillet 2015. Le Coup de K\u00e4rcher final. \u00bb","source":"\u00a9 LAURA GENZ","index":6,"position":7,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/arts\/portfolio\/2015\/09\/10\/dessins-de-refugies-par-laura-genz_4751690_1655012_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 10\r\n \r\n \r\n\u00ab 25 juillet 2015. De Lampedusa \u00e0 Calais, en passant par Vintimille, les Fronti\u00e8res tuent. \u00bb\r\nCr\u00e9dits : © LAURA GENZ\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab 25 juillet 2015. De Lampedusa \u00e0 Calais, en passant par Vintimille, les Fronti\u00e8res tuent. \u00bb","source":"\u00a9 LAURA GENZ","index":7,"position":8,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/arts\/portfolio\/2015\/09\/10\/dessins-de-refugies-par-laura-genz_4751690_1655012_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 10\r\n \r\n \r\n\u00ab 6 ao\u00fbt 2015. La premi\u00e8re Manif\u2019 d\u2019Austerlitz. \u00bb\r\nCr\u00e9dits : © LAURA GENZ\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab 6 ao\u00fbt 2015. La premi\u00e8re Manif\u2019 d\u2019Austerlitz. \u00bb","source":"\u00a9 LAURA GENZ","index":8,"position":9,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/arts\/portfolio\/2015\/09\/10\/dessins-de-refugies-par-laura-genz_4751690_1655012_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 10\r\n \r\n \r\n\u00ab 4 septembre 2015. Paris dit Welcome Refugees ! (Les Autorit\u00e9s). \u00bb\r\nCr\u00e9dits : © LAURA GENZ\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab 4 septembre 2015. Paris dit Welcome Refugees ! (Les Autorit\u00e9s). \u00bb","source":"\u00a9 LAURA GENZ","index":9,"position":10,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/arts\/portfolio\/2015\/09\/10\/dessins-de-refugies-par-laura-genz_4751690_1655012_9.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Cyril SimonJournaliste au Monde Philippe Bernard (Londres, correspondant) « Faut-il se réjouir de la victoire de Jeremy Corbyn ? » La polémiste Caroline Fourest ne le croit pas. Au contraire. Le nouveau leader du Parti travailliste britannique est à ses yeux « un pur produit de cette gauche radicale flirtant avec les pires extrémistes de la planète par esprit rebelle ou anti-américanisme primaire », cingle-t-elle dans une chronique publiée sur le site français du Huffington Post. Certes, elle trouve « rafraîchissantes » son opposition aux politiques d’austérité et ses plaidoiries en faveur des renationalisations. Mais elle dresse la liste des « prises de position douteuses », des « fréquentations complotistes et antisémites » qui feraient de M. Corbyn un dangereux allié des « intégristes et des tyrans au niveau international ».Pour ce faire, l’essayiste pioche dans la masse des articles et commentaires qu’ont suscitée cet été au Royaume-Uni, pendant la campagne des primaires du Labour, les positions de politique internationale effectivement très controversées du député d’Islington et ses proximités douteuses. Elle y ajoute quelques éléments sur ses relations avec les musulmans britanniques qui, elles, n’ont guère fait polémique jusqu’à présent.L’ennui est que, sans doute emportée par sa volonté de démontrer et de susciter l’indignation, elle ne semble pas avoir vérifié toutes ses informations, ne cite pas ses sources, et projette ses propres hantises sur la réalité britannique. Qu’en est-il des principales « casseroles » qu’elle prétend accrocher au nouveau chef de l’opposition britannique ?Jeremy Corbyn a « des fréquentations complotistes et antisémites » et appelle des cadres du Hamas et du Hezbollah « ses amis ».M. Corbyn est un militant propalestinien depuis des décennies, très actif en tant que parlementaire. Il a présidé d’autre part le collectif « Stop the War » qui a organisé de grandes manifestations contre les guerres en Afghanistan et en Irak. Attaqué en juillet pour avoir utilisé le mot « amis » en accueillant des délégations du Hamas et du Hezbollah lors d’une rencontre parlementaire, il a répondu qu’il s’agissait d’une expression « collective » et de « langage diplomatique ». « J’ai dit que je souhaitais que tous les gens impliqués au Moyen-Orient se rassemblent pour discuter. Cela signifie-t-il que j’approuve le Hamas ou le Hezbollah et ce qu’ils font ? Non. Je pense que pour parvenir à un processus de paix, il faut parler avec des gens avec qui vous êtes en profond désaccord. »Après l’avoir nié, Jeremy Corbyn a aussi admis avoir rencontré à Londres en 2009 Dyab Abou Jahjah, ancien combattant du Hezbollah et leader en Belgique d’un mouvement islamiste, la Ligue arabe européenne, qui a organisé à Anvers en 2002 des manifestations communautaires qui ont tourné à l’émeute après l’assassinat d’un enseignant d’origine marocaine. « Mon équipe a fait des recherches et me dit que j’ai rencontré cet homme en 2009, mais je n’ai pas de souvenir de lui. En tant que député, je rencontre des milliers de personnes. Le fait que je les rencontre ne signifie pas que je partage leur opinion. »En février 2009, Dyab Abou Jahjah a effectivement pris la parole dans une réunion du collectif « Stop the War », puis lors du lancement de la section britannique de l’Union internationale des parlementaires pour la Palestine, organisée par M. Corbyn. Cette présence avait suscité des protestations et débouché sur une interdiction de séjour de M. Jahjah au Royaume-Uni. En août, le militant a qualifié M. Corbyn d’« ami » sur son compte Twitter. Il a affirmé avoir « rencontré » M. Corbyn et avoir « collaboré » avec lui.M. Corbyn a aussi été mis en cause par le journal juif britannique Jewish Chronicle pour avoir assisté à des réunions du groupe « Deir Yassin Remembered » – du nom d’un village palestinien où des juifs extrémistes ont commis un massacre en 1948 –, fondé par le négationniste Paul Eisen. Le responsable travailliste a reconnu avoir assisté à « deux ou trois événements voici quelques années ».Il a assuré que Paul Eisen ne tenait pas de propos antisémites publiquement à cette époque et que, s’il l’avait su, il n’aurait pas participé à ces réunions. « L’idée selon laquelle je serais une sorte de raciste et d’antisémite est au-delà de tout affligeante, répugnante et profondément offensante, a-t-il ajouté en août sur la BBC. J’ai passé ma vie à lutter contre le racisme. [...] L’antisémitisme, l’islamophobie et le racisme d’extrême droite sont à rejeter totalement et absolument détestables. C’est absolument clair pour quiconque m’écoute sur ces sujets. »Jeremy Corbyn « a ses bureaux chez ses amis de la mosquée de Finsbury, l’une des plus radicales d’Europe ».La mosquée de Finsbury Park, centre du Londonistan islamiste des années 1990 et connue pour avoir été un nid de terroristes, est située dans la circonscription d’Islington-Nord dont Jeremy Corbyn est député depuis 1983. Il a été l’un des acteurs majeurs de sa déradicalisation et de sa réouverture selon un processus suivi de près par Scotland Yard, après qu’elle eut été fermée en 2003 et son imam Abou Hamza, proche d’Al-Qaida, arrêté pour terrorisme l’année suivante.Le député se présente comme un ami des musulmans et se fait fort de convaincre les radicaux de lutter par les seuls moyens politiques. Il entretient des relations proches avec Mohammed Kozbar, le nouvel imam de la mosquée de Finsbury Park, proche des Frères musulmans, qui assure que le lieu de culte, désormais sous haute surveillance et centre d’une intense vie sociale, est désormais « ouvert à tous ».Il n’a pas « ses bureaux » dans cette mosquée, mais il y tient des permanences mensuelles pour les habitants du quartier en tant que député. D’ailleurs, tenir des permanences dans des mosquées est une pratique courante d’élus britanniques de tous bords. Populaire parmi les musulmans, Jeremy Corbyn a cherché à attirer leur vote pendant la primaire travailliste.Une vidéo tournée le 31 juillet le montre en campagne électorale, s’exprimant devant les fidèles et leur adressant un long message d’hommage et de tolérance. Il rappelle qu’il se bat « pour les droits des Palestiniens » et qualifie la mosquée d’« endroit merveilleux » pour son ouverture. Il félicite l’assistance pour les messages de soutien aux victimes de l’attentat islamiste qui a coûté la vie à 38 touristes, dont 30 Britanniques, sur une plage tunisienne. L’imam Kozbar appelle explicitement les fidèles présents à voter pour M. Corbyn à la primaire du Labour.En juillet, M. Corbyn avait tenté en vain d’intervenir auprès de la banque HSBC, qui venait de clôturer d’autorité le compte de la mosquée de Finsbury Park. Une enquête de la BBC a établi que cette décision avait été prise afin d’éviter les foudres de l’administration du fait de l’inscription du lieu de culte sur un fichier de vigilance bancaire sous la rubrique « terrorisme » en raison de ses activités antérieures à 2005.L’interdiction bancaire est aussi liée, selon la BBC, à la présence au conseil d’administration de la mosquée de Mohammed Sawalha, une figure des Frères musulmans soupçonnée d’être un ancien commandant du Hamas à Gaza. Alors que M. Sawalha occupe cette position depuis la réouverture de la mosquée en 2005, le retrait de HSBC semble consécutif à la décision de David Cameron, en 2014, de commander un rapport sur les liens entre les Frères musulmans et le terrorisme, dont les conclusions n’ont pas été rendues publiques.Jeremy Corbin « prône une politique multiculturaliste “inclusive” ».C’est exact, mais cela ne le singularise nullement puisqu’il s’agit de la conception des relations entre « communautés » qui prévaut largement au Royaume-Uni, où des associations musulmanes gèrent certaines écoles publiques, où le voile islamique est répandu sur les lieux de travail, où la burqa est autorisée dans la rue et où des horaires réservés aux femmes sont fréquents dans les piscines municipales.Jeremy Corbyn estime que la chaîne d’Etat russe Russia Today est « la plus objective du paysage ».En réalité le leader du Labour, qui estime que l’attitude de l’OTAN a alimenté la crise ukrainienne, n’a pas précisément prononcé ces paroles. En avril 2011, pendant la révolution libyenne et le mariage de Kate et William, il a twitté : « Essayez Russia Today. Rien sur le mariage royal et plus objective sur la Libye que la plupart. »Jeremy Corbyn a manifesté en 2006 contre la publication des dessins de Mahomet et, écrit ironiquement Caroline Fourest, « il est tout à fait désolé de ce qui s’est passé [à Paris] le 7 janvier ».M. Corbyn a effectivement participé à Londres, le 12 février 2006, à une manifestation contre les caricatures. Il y a pris la parole. « La seule façon de survivre pour votre communauté, y a-t-il déclaré, est de manifester son respect mutuel […] pour les autres communautés, la foi des autres, la religion des autres. » A propos des attentats de Paris, le député a diffusé à la Chambre des communes une motion qui ne fait pas allusion à l’attaque meurtrière contre le supermarché casher, mais exprime sa « sympathie » à l’égard des victimes de l’attentat contre Charlie Hebdo. Il défend « la liberté de parole et d’expression » ainsi que « le droit de tous les journalistes à travailler sans crainte et sans menaces, intimidations et meurtres brutaux ».Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Maxime Vaudano Depuis 2012, c’est devenu l’un des chevaux de bataille de Nicolas Sarkozy en matière d’immigration : il faudrait réformer les accords de Schengen, qui régulent la libre circulation des personnes au sein de 26 pays européens.Le président du parti Les Républicains (LR) ne cesse de marteler que cet espace imaginé en 1985 ne « fonctionne plus », et qu’il faut le remplacer par un « Schengen 2 », plus efficace pour endiguer l’immigration illégale et gérer les flux de demandeurs d’asile. Une proposition plus difficile à appliquer qu’il n’y paraît.Lire les dernières informations :Manuel Valls « n’hésitera pas » à restaurer les contrôles temporaires aux frontières1. Que propose Nicolas Sarkozy ?Jamais exposée dans le détail, l’idée de l’ex-chef de l’Etat peut être reconstituée en rassemblant ses prises de parole depuis la campagne présidentielle de 2012 jusqu’à son entretien dans Le Figaro en septembre 2015, en passant par son intervention lors de la campagne pour les élections européennes de 2014.Il souhaite tout d’abord suspendre « provisoirement la libre circulation des ressortissants non européens au sein de Schengen », ce qui suppose de rétablir des contrôles aux frontières intérieures afin de séparer les personnes en règle des clandestins.Par la suite, Nicolas Sarkozy souhaite négocier avec les autres Européens un « Schengen 2 » avec des règles plus strictes :Les Etats ne pourraient y adhérer qu’après avoir « préalablement adopté une même politique d’intégration » (c’est-à-dire des règles communes pour l’accès des immigrés au marché du travail, à la santé, à l’éducation, etc.) et d’immigration (des critères harmonisés pour accepter ou non un immigré ou un réfugié).Un système de sanctions permettrait de suspendre ou d’exclure un Etat qui serait « défaillant » dans le contrôle de ses frontières – c’est-à-dire qui laisse pénétrer des clandestins dans l’espace Schengen.Un mécanisme qui interdise à « un étranger de pénétrer dans l’espace Schengen, puis une fois cette formalité accomplie de choisir le pays où les prestations sociales sont les plus généreuses ».2. Suspendre provisoirement Schengen, c’est possible« Suspendre Schengen » revient à rétablir des contrôles aux frontières intérieures, qui sont théoriquement interdits par le traité européen. Les Etats-membres ont toutefois le droit de le faire à titre provisoire et dans des circonstances exceptionnelles, grâce à certaines clauses de sauvegarde. C’est ce qu’on fait ces derniers jours l’Allemagne, l’Autriche ou la Slovaquie.Lire le décryptage :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ?Cette exception à la libre circulation ne peut toutefois durer plus de vingt-quatre mois, doit être justifiée par une « menace grave pour l’ordre public et la sécurité intérieure » et être proportionnelle à la gravité de la situation (fermer toutes les frontières n’est pas nécessaire si le problème vient d’un seul pays limitrophe, par exemple). Si ces critères ne sont pas respectés, la Commission européenne peut engager une procédure d’infraction contre l’Etat qui a rétabli ses frontières, et la forcer à les rouvrir, et lui infligeant éventuellement une amende.C’est ce qui avait failli arriver au Danemark quand le gouvernement libéral avait rétabli unilatéralement les contrôles sur ses frontières avec l’Allemagne et la Suède, en 2011, pour se protéger de la « criminalité transfrontalière ». L’annulation de la mesure par le gouvernement social-démocrate arrivé au pouvoir quelques mois plus tard avait mis un terme à la procédure.3. Instaurer un « Schengen 2 », c’est plus compliquéLa plupart des idées portées par Nicolas Sarkozy pour réformer Schengen ne pourraient être mises en œuvre sans une renégociation des traités qui régissent cet espace. Un processus très compliqué, qui nécessite un accord des Vingt-Huit puis une ratification de tous les pays membres (par un vote du Parlement ou un référendum). Or, la mauvaise expérience du traité de Lisbonne (très difficilement ratifié en 2009 après un « revote » des Irlandais) a refroidi les ardeurs des Européens les plus convaincus.Malheureusement pour Nicolas Sarkozy, il ne serait pas possible de faire passer ces modifications institutionnelles par la voie, plus commode, d’une directive européenne, comme lors de la précédente réforme, en 2013. « La possibilité d’exclure un Etat-membre ou de modifier la liste des membres doit forcément passer par une révision du traité », confirme Yves Pascouau, chercheur à l’Institut Jacques Delors et directeur de l’European Policy Centre.De même, mettre en place une politique européenne de l’intégration, comme l’appelle de ses vœux le président de LR, n’est pas vraiment possible en l’état actuel des traités. « L’intégration reste une compétence nationale : l’Union européenne peut seulement  coordonner les politiques d’intégration des Vingt-Huit, mais en aucun cas imposer la sienne », explique M. Pascouau. Impossible donc, par exemple, d’harmoniser les prestations sociales versées aux demandeurs d’asile dans les différents pays d’Europe, pour qu’ils évitent de choisir un pays d’accueil en fonction de ce critère.Ce problème remonte à la signature des accords de Schengen, en 1985, comme l’explique Yves Pascouau : « Pour aller plus vite, François Mitterrand et Helmut Kohl ont remis à plus tard la mise en place d’une politique commune d’immigration et d’intégration. Celle-ci n’a finalement jamais vu le jour, car les Etats n’ont jamais voulu s’attaquer à ce problème. » Un « oubli » que veut aujourd’hui combler Nicolas Sarkozy.Lire le décryptage :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ?Maxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Lemarié « Qu’on ne vienne pas me prononcer un procès de faiblesse, je n’en ai aucune ! » Le ton est donné. Nicolas Sarkozy a présenté un projet très droitier sur l’immigration, mercredi 16 septembre, lors d’une « journée de travail » sur ce thème au siège parisien du parti. L’occasion pour le président des Républicains (LR) – en l’absence d’Alain Juppé, de François Fillon et de Bruno Le Maire – de réitérer ses propositions pour faire face à la crise des réfugiés, avant un débat au Parlement sur le sujet.Lire : Réfugiés : Sarkozy veut refonder SchengenAlors que la France s’apprête à accueillir 24 000 demandeurs d’asile dans les deux ans à venir, l’ex-chef de l’Etat a réaffirmé son hostilité aux quotas de réfugiés à se répartir dans l’Union européenne. Pour lui, il convient d’abord de « refonder » Schengen et de « bâtir une nouvelle politique d’immigration européenne » impliquant une harmonisation des politiques sociales des Etats européens. « Sinon, ceux qui sont rentrés dans un autre pays vont se précipiter chez nous pour profiter de nos prestations sociales », a-t-il mis en garde. Une affirmation très discutable, puisque actuellement les réfugiés se rendent essentiellement en Allemagne, en Suède ou en Angleterre. De fait, alors que l’Allemagne attend jusqu’à un million de réfugiés cette année, la France devrait rester à des niveaux proches de 2014 (soit 66 000 demandes d’asile).S’il reste hostile aux quotas, M. Sarkozy est favorable à l’accueil des réfugiés à condition qu’ils retournent dans leur pays une fois la guerre terminée – il a de nouveau plaidé pour « l’activation d’un statut temporaire de réfugié de guerre » plus restrictif que celui de réfugié politique – et à condition que l’on diminue le nombre d’immigrés économiques (environ 200 000 par an). Pas question, dans son esprit, d’augmenter le nombre global d’immigrés en France. « Penser que l’immigration pourrait augmenter, c’est prendre un risque de déflagration de la société française », a-t-il prévenu, jugeant notamment nécessaire de réduire les conditions du regroupement familial.DURCISSEMENT« La France a le droit de choisir qui elle veut accueillir sur son territoire et qui elle veut refuser », a-t-il déclaré. Soulignant « les racines chrétiennes de la France », il se dit pour une immigration choisie : « Nous proposons que le Parlement ait le pouvoir de décider, chaque année, du nombre d’étrangers non européens admis à immigrer en France. » Pour les empêcher d’entrer sur le territoire, M. Sarkozy s’est de nouveau prononcé pour un rétablissement des contrôles aux frontières de l’espace Schengen pour les Non-Européens. Un système à deux vitesses difficilement applicable. Tout comme l’idée de créer un statut temporaire de réfugié de guerre. La preuve : même le député LR Pierre Lellouche a souligné lors de la réunion qu’il était « très difficile de trier les migrants économiques des réfugiés de guerre », comme le propose M. Sarkozy. « Un Malien qui vient en France, comment définir s’il fuit la guerre ou la misère ? », demande M. Lellouche.Officiellement, M. Sarkozy dit vouloir trouver une position médiane entre le Parti socialiste (PS), qui « se complaît dans des postures morales », et le Front national (FN), qui se borne à formuler des « impostures idéologiques ». Mais la ligne générale reste très à droite. Certaines propositions, en rupture avec ses credo passés, marquent un durcissement du discours de M. Sarkozy. Ce dernier plaide par exemple pour la suppression de d’aide médicale d’Etat (AME) accordée aux étrangers en situation irrégulière, alors qu’il disait ne pas vouloir « remettre en cause cette générosité française » lors de la campagne présidentielle de 2012. Autre signe de droitisation : le président des Républicains se dit désormais favorable à une « adaptation du droit du sol » pour durcir les conditions d’accès à la nationalité française, alors qu’il déclarait en 2012 : « Le droit du sol, c’est la France. »CLIVER AVEC JUPPÉSi son discours a pour objet de contrer l’extrême droite sur son terrain, dans l’espoir de reconquérir les électeurs de droite passés au FN, M. Sarkozy vise un autre objectif : souligner ses différences avec Alain Juppé, son principal rival dans l’optique de la primaire à droite pour la présidentielle de 2017, adepte d’une approche apaisée des problèmes d’immigration. La manœuvre se veut subtile. Le président de LR a expliqué que les adhérents de son parti auraient à approuver son projet sur l’immigration – lors d’un vote sur le site du parti, qui se déroulera de mercredi soir à vendredi soir – avant d’être soumis à l’approbation du bureau politique, le 22 septembre.Alors que les onze questions posées aux militants reprennent ses propositions, M. Sarkozy a estimé qu’il aurait été judicieux d’en ajouter « une douzième » sur la nécessité de contraindre les immigrés à « s’assimiler ». « Le débat entre l’assimilation et l’intégration est un débat central », a-t-il souligné, avant de lancer : « Je voudrais que l’on demande à nos adhérents : un étranger voulant devenir français doit-il s’assimiler ou s’intégrer ? C’est un débat qui n’est pas anecdotique, car l’intégration, cela veut dire : “Je viens comme je suis, avec ce que je suis et je m’intègre en France.” L’assimilation, c’est que le dernier arrivé accepte la langue, le mode de vie, la culture, les usages de ceux qu’il rejoint. C’est un sujet de débat entre nous [entre les ténors de LR]. Que les adhérents donnent leur sentiment. »Farouche partisan de « l’assimilation » – un mot issu de l’histoire coloniale –, M. Sarkozy tente ainsi de marginaliser M. Juppé. Lequel est favorable au concept d’« intégration » au motif qu’il « respecte les différences », et rejette celui de « l’assimilation », qui revient, selon lui, à « vouloir effacer les origines ».« SARKOZY JOUE AVEC LE FEU »L’objectif du président des Républicains : faire apparaître M. Juppé en décalage avec les aspirations de la base militante du parti, qui devrait à coup sûr se prononcer pour l’assimilation. « Sarkozy veut montrer qu’il incarne la ligne majoritaire au sein du parti. Il fait adopter par les adhérents un projet très à droite pour pousser Juppé à se démarquer et le faire passer pour un centriste », décrypte un dirigeant du parti.En opposant la légitimité des adhérents – plus radicaux que les sympathisants de droite – aux positions plus mesurées de son rival Juppé, l’ancien chef de l’Etat rejoue ainsi la même partition que lors de la campagne de 2012, quand il opposait « le peuple aux élites ». Reste que la manœuvre n’est pas sans risque. Celui qui se pose en garant de l’unité du parti se retrouve en effet à exacerber lui-même les divisions internes sur le sujet de l’immigration. « Sarkozy joue avec le feu en allumant lui-même un incendie en interne avec Juppé », s’inquiète un soutien de l’ex-chef de l’Etat. De quoi écorner l’image de rassembleur qu’il s’efforce de se donner dans l’optique de la primaire.Alexandre LemariéJournaliste en charge du suivi de l'UMPSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Bernard (Londres, correspondant) Trois jours après son élection triomphale à la tête du Labour, Jeremy Corbyn aurait-il déjà commis un crime de lèse-majesté ? La photo du leader de la gauche radicale, la mine recueillie, les mains jointes mais la bouche close au milieu d’invités chantant God Save the Queen, mardi 15 septembre, à la cathédrale Saint-Paul de Londres, faisait la manchette des journaux, mercredi matin, avec des titres outragés.« Corb snobe la reine », s’indigne The Sun, le plus lu des quotidiens britanniques qui dénonce un « outrage à l’hymne national », tandis que le Times annonce que les anciens combattants « ouvrent le feu » sur Corbyn après son refus de saluer la reine, chef de l’Etat, au cours d’une cérémonie commémorant le 75e anniversaire de la Bataille d’Angleterre.M. Corbyn « se tenait debout dans un silence respectueux », a rétorqué un porte-parole de l’intéressé.« Jeremy a assisté à la cérémonie pour montrer son respect à l’égard de ceux qui se sont battus pour la Grande-Bretagne. L’héroïsme de la Royal Air Force au cours de la Bataille d’Angleterre est une chose à l’égard de laquelle nous avons tous une dette de gratitude ».Pour l’occasion, le nouveau chef des travaillistes avait revêtu une cravate rouge, alors qu’il porte habituellement une chemise ouverte.Lire aussi :Qui est Jeremy Corbyn, nouveau leader de la gauche britannique ?Sentiments antimonarchistesOne image - and one story -dominates many of Wednesday's UK front pages — suttonnick (@Nick Sutton)require(["twitter/widgets"]);Jeremy Corbyn n’a jamais caché ses sentiments antimonarchistes. Pendant la campagne des primaires, la veste rouge qu’il avait osé porter pendant la cérémonie funèbre pour la reine mère avait été rappelée et décrite comme outrageante par de nombreux médias. Ces derniers jours, la question de savoir s’il répondra à l’invitation d’Elizabeth II de rejoindre son « conseil privé », comme c’est la tradition, a aussi défrayé la chronique. Il a finalement accepté lundi.Dans un pays où les symboles comptent et où la reine figure parmi les institutions les plus populaires avec l’armée, l’attitude de M. Corbyn sent politiquement le soufre. Non seulement Nicholas Soames, petit-fils de Winston Churchill, a estimé que le leader du Labour « s’est montré malpoli et irrespectueux envers la reine », mais M. Corbyn est largement critiqué dans son propre camp, y compris parmi les membres du cabinet fantôme qu’il vient de constituer.« Il devrait entonner le God Save the Queen lors de cérémonies d’Etat qu’il l’aime ou pas », a estimé le député Labour Simon Danczuk. Ne pas l’avoir fait « aura blessé les gens », a ajouté Kate Green, ministre des femmes et des égalités dans le cabinet fantôme.L’incident survient à la veille de la séance très attendue des questions au premier ministre, la première à laquelle Jeremy Corbyn doit participer en tant que chef de l’opposition du gouvernement… de Sa Majesté. Il a annoncé un complet changement de style de cette passe d’armes rituelle et hebdomadaire. M. Corbyn posera les questions que le public lui a transmises. Il dit en avoir reçu des dizaines de milliers.Lire aussi :Nucléaire, OTAN, Europe : les batailles de Jeremy Corbyn à la tête du LabourPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.09.2015 à 07h55 • Mis à jour le16.09.2015 à 08h34 La circulation s’annonce compliquée à Bruxelles, mercredi 16 septembre. Les syndicats de taxis européens manifesteront pour protester contre la concurrence d’Uber, ce service de transport avec chauffeur (VTC), qui propose des chauffeurs aux particuliers grâce à l’application pour smartphone UberPop.A partir de 8 heures, des taxis belges, français, espagnols, portugais ou encore allemands vont bloquer plusieurs carrefours de la capitale belge, où le groupe américain est implanté depuis dix-huit mois. Ils demanderont également à être reçus par la Commission européenne et par le ministre fédéral des finances belge, Johan Van Overtveldt, et le secrétaire d’Etat à la lutte contre la fraude sociale, Bart Tommelein.En France, Uber a annoncé début juillet la suspension de son service UberPop. Cette décision faisait suite aux manifestations des chauffeurs de taxis émaillées de violence qui avaient eu lieu dans plusieurs villes de France. Les taxis entendaient alors protester contre la concurrence déloyale de ces chauffeurs non licenciés.Le 30 septembre, Uber France et ses deux dirigeants seront jugés en correctionnelle notamment pour pratique commerciale trompeuse, complicité d’exercice illégal de la profession de taxi et traitement de données informatiques illégal. Jean-Baptiste de Montvalon Les Français restent majoritairement très réticents à l’idée d’accueillir des étrangers sur leur territoire, qu’ils soient migrants économiques ou réfugiés politiques. Le repli sur soi ainsi que la demande de sécurité et de protection sont dans notre pays des tendances lourdes et anciennes, face auxquelles le drame vécu par les centaines de milliers de personnes qui cherchent à gagner les Etats d’Europe occidentale au péril de leur vie ne pèse que d’un poids très relatif.Une évolution assez notable s’est certes produite au cours de l’été, compte tenu de l’ampleur du phénomène et de son relais par les médias. L’émotion suscitée par les 71 migrants retrouvés morts dans un camion frigorifique au bord d’une autoroute autrichienne, le 27 août et, surtout, par la diffusion massive, le 2 septembre, de la photo du corps du petit Aylan, un enfant syrien de 3 ans échoué sur une plage turque, a sensiblement modifié les avis recueillis dans les sondages.Selon une enquête de l’IFOP pour le site Atlantico, réalisée par Internet les 3 et 4 septembre auprès de 1 002 personnes, 49 % des Français se disaient favorables à ce que les migrants « soient répartis dans les différents pays d’Europe et à ce que la France en accueille une partie ». Soit treize points de plus que le taux de réponse à une question quasiment identique posée par le même institut entre le 25 juin et le 2 juillet.Lire aussi :Face aux réfugiés, des opinions européennes profondément diviséesDes « réticences très fortes »Doit-on voir le verre à moitié plein ou à moitié vide ? Instruits par l’expérience de dizaines d’enquêtes qui ont mis en lumière, depuis des années, les inquiétudes et la méfiance de la population française, les responsables des instituts de sondage ne croient pas à un revirement de l’opinion. « L’émotion peut jouer, surtout à gauche [où les avis favorables à la question précitée ont progressé de vingt points]. Mais les réticences sont très fortes, et les freins extrêmement puissants », note Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’IFOP.Lire aussi :Sarcelles, « ville laboratoire » de l’accueil de réfugiés en FranceSelon M. Fourquet, les facteurs qui structurent le plus les avis (favorables comme défavorables) à l’accueil des étrangers sont, par ordre d’importance : le degré de qualification présumé des migrants ; le risque – également présumé – en matière de sécurité ; puis, en dernier lieu, leur statut (migrants « économiques », réfugiés ou demandeurs d’asile). Dit autrement : avant d’envisager d’entrouvrir la porte, on songe en premier lieu à la concurrence sur le marché de l’emploi (et du logement), puis au risque terroriste. On retrouve là les données lourdes qui pèsent sur une société minée de longue date par le chômage et en proie à une profonde crise identitaire. Mieux vaut ne pas sous-estimer la moitié vide du verre… « Au pic de l’émotion, la moitié des Français était défavorable à l’accueil des migrants », préfère donc souligner M. Fourquet.« Mauvaise conscience »Directeur des études politiques chez Elabe, Yves-Marie Cann a lui aussi mesuré l’évolution de l’opinion début septembre. « La publication de la photo [du petit Aylan] et les images de l’Allemagne accueillant les migrants à bras ouverts ont provoqué une prise de conscience… et une mauvaise conscience », explique-t-il. Deux sondages réalisés par son institut pour BFM-TV – l’un juste avant la diffusion de la photo, l’autre une semaine plus tard – ont ainsi montré « une évolution spectaculaire » : 53 % des 1 001 personnes interrogées les 8 et 9 septembre se disaient favorables à ce que la France accueille « une part de ces migrants et réfugiés sur son territoire », soit neuf points de plus que le taux de réponses positives enregistré les 1er et 2 septembre.Après avoir commenté à chaud ce « basculement », M. Cann se montre prudent. « Il s’est produit une sorte de sursaut, mais cela n’efface en rien les réticences, la méfiance, les risques perçus sur le plan économique et social vis-à-vis d’une arrivée de migrants et de réfugiés », souligne-t-il. Une prudence accrue par le revirement de l’Allemagne. La décision de ce pays de rétablir des contrôles à ses frontières avec l’Autriche, dans un contexte où l’Europe se montre incapable de coordonner l’accueil des réfugiés, pourrait engendrer « une demande accrue de protection » de la part des Français, estime M. Cann.Les enquêtes d’opinion reflètent par ailleurs des constantes. Les clivages socioprofessionnels sont toujours aussi marqués sur les questions d’immigration. « Les cadres et professions supérieures, qui vivent une mondialisation heureuse, sont nettement favorables à l’accueil des migrants, alors que les catégories populaires, notamment les ouvriers, y sont hostiles », note M. Cann, qui lie cette hostilité à un « syndrome de la concurrence victimaire ».Jean-Baptiste de MontvalonJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Rémi Barroux L’actualité des centaines de milliers de réfugiés affluant aux frontières de l’Europe ne doit pas faire oublier les mouvements permanents de migration dans le monde. Dans son rapport annuel dressant les « perspectives des migrations internationales 2015 », rendu public mardi 22 septembre, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) indique que les flux migratoires ont augmenté de 6 % en 2014, par rapport à 2013, soit 4,3 millions d’entrées au total dans les pays de l’OCDE – 34 pays aux économies développées, dont la plupart des nations européennes, les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, le Mexique, le Chili ou encore la Corée.Lire aussi :L’Europe mieux armée pour faire face à cette crise migratoire inédite« La population née à l’étranger dans les pays de l’OCDE s’établissait à 117 millions de personnes en 2013, soit 35 millions et 40 % de plus qu’en 2000 », écrivent les auteurs du rapport. Après la crise des années 2007-2008 qui a ralenti en partie les migrations Sud-Nord pour des raisons économiques, la reprise est nette et les flux ont retrouvé leur niveau d’avant crise. Pour les économistes de l’OCDE, il faut y voir l’impact d’un « climat économique légèrement meilleur, combiné à des facteurs tels que l’évolution démographique et les crises géopolitiques ».L’Allemagne plus accueillanteL’Allemagne reste la destination européenne numéro un (2e derrière les Etats-Unis au niveau mondial), avec 468 800 entrées contre 259 800 pour la France en 2014 (4e rang derrière la Grande-Bretagne). Surtout, il faut noter qu’en sept ans, ces flux ont fortement augmenté outre-Rhin, puisqu’ils représentaient 232 900 personnes en 2007, soit plus du double en 2014, alors que la hausse est minime en France : 53 300 personnes en plus. « La migration vers l’Allemagne, sans compter la question des réfugiés, continue d’augmenter fortement, en raison notamment de la situation du marché du travail et, probablement, un contexte psychologique lié à son histoire », analyse Jean-Christophe Dumont, chef de la division des migrations internationales à la direction de l’emploi, du travail et des affaires sociales à l’OCDE. Pour autant, les politiques d’intégration et les législations ont évolué dans un certain nombre de pays. Les procédures de regroupement familial ont parfois été assouplies – les migrations familiales représentaient, en 2013, plus du tiers de toutes les entrées permanentes dans les pays de l’OCDE. De nouvelles réponses à la crise humanitaire dans la région méditerranéenne sont imaginées. Cependant, « la plupart des changements ont apporté des restrictions », note l’OCDE. Les pays sont plus sélectifs dans leur recherche de travailleurs qualifiés et des actions visant à renforcer les contrôles aux frontières, à encourager les retours volontaires et à lutter contre le travail illégal, ont été mises en œuvre.Traditionnel pays d’origine de migration économique, la Chine est en première place avec 557 000 migrants en 2013 (520 000 en 2007). Un nouvel immigré sur dix est Chinois. En deuxième position, la Roumanie a vu son nombre de départs fortement diminuer : 300 000 contre 557 000 en 2007. La Pologne voit aussi le nombre de ses migrants reculer, à 290 000 contre 339 000 voici huit ans.Forte hausse des demandes d’asileLes migrations pour raisons humanitaires et politiques ont fortement augmenté. Pour la seule année 2014, plus de 800 000 demandes d’asile ont été enregistrées soit, note l’OCDE, une hausse de 46 %, « un niveau jamais atteint depuis 1992 ». Et l’année 2015 devrait voir ce nombre en nette hausse. Les principaux pays de destination de cette migration sont l’Allemagne, les Etats-Unis, la Turquie, la Suède et l’Italie. La France n’arrive qu’en sixième position alors qu’elle a été longtemps l’un des trois pays principaux de destination.Si le rapport de l’OCDE n’étudie que les migrations à destination des pays membres, pour Jean-Christophe Dumont, elles ne représentent que la moitié des mouvements migratoires internationaux. On constate aussi une forte augmentation des flux sur le continent américain. Un rapport de l’Organisation des Etats américains (OEA), « Migrations internationales dans les Amériques », publié en août, fait état d’une augmentation de 5 % par an de ces migrations sur l’ensemble du continent entre 2011 et 2013 et même 17 % pour la seule Amérique latine et les Caraïbes. « Le nombre de migrants dans les Amériques est passé de 34 millions en 1990 à 61 millions en 2013 », écrivent les auteurs du rapport. Les Etats-Unis et le Canada, à eux seuls, en comptent 53 millions. Le mouvement est aussi fort dans les régions asiatiques, indique M. Dumont. Quant aux mouvements déterminés par les crises climatiques, il se fait d’abord à un niveau intranational et intrarégional.Quelles qu’en soient les raisons, les flux s’intensifient. En introduction au rapport de l’OCDE, les auteurs insistent sur la nécessité de communiquer sur la réalité de ces migrations, alors que les tensions augmentent au fur et à mesure de l’afflux des réfugiés aux portes de l’Europe. « Ne pas anticiper, ni communiquer sur les développements en cours risque fort d’être très préjudiciable à la confiance et, en fin de compte, sur la capacité à adapter si nécessaire, non seulement les mesures politiques d’urgence, mais aussi, plus généralement, les systèmes de gestion des migrations », écrivent les auteurs.Lire aussi :L’Union européenne pressée de trouver un accord sur la crise des migrantsRémi BarrouxJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 22.09.2015 à 11h00 • Mis à jour le22.09.2015 à 11h23 | Maryline Baumard L’ampleur de la crise migratoire de 2015 n’est pas sa seule spécificité. Certes, les 800 000 à 1 million de demandes d’asile que l’Allemagne attend cette année correspondent à un afflux inédit depuis la seconde guerre mondiale. Mais le Vieux Continent avait déjà traité 630 000 dossiers lors du conflit entre la Bosnie et la Serbie en 1992, remet l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en perspective. Dans un numéro spécial de Migration Policy Debates, rendu public aujourd’hui, les chercheurs de l’organisation internationale analysent les originalités de la crise actuelle par rapport aux autres vagues migratoires qu’a connues le vieux continent.Lire aussi :L’Union européenne pressée de trouver un accord sur la crise des migrantsD’abord, et contrairement aux crises précédentes, et notamment à celle des Balkans à l’aube des années 1990, les arrivées massives en Europe se font par deux points d’entrée distincts, tous deux maritimes. L’OCDE rappelle ainsi que 330 000 personnes sont entrées par la mer depuis le début de l’année, 210 000 en Grèce, 120 000 en Italie.L’Italie, la Grèce et la Hongrie sont donc clairement en première ligne même si la plupart des migrants n’y demandent pas l’asile, mais traversent seulement pour rejoindre l’Allemagne et dans une moindre mesure la Suède, l’Autriche ou la Suisse. Sur la destination finale, rien n’a changé vraiment et les principales destinations sont les mêmes qu’au début des années 1990, observe l’OCDE. Part importante de diplômésL’Europe en revanche, elle, a évolué. Si elle a du mal à s’entendre sur une répartition, elle est mieux armée pour recevoir ces réfugiés que dans les années 1990. Ce qui ne signifie pas qu’ils sont bien accueillis partout et que tout aille de soi, mais l’organisation de ce dispositif a partout progressé, sous l’égide de l’Europe et de ces règlements.En revanche, la variété des profils de migrants complique l’octroi de l’asile. « Le pays d’origine, le profil et les motivations ne sont pas les mêmes chez tous les réfugiés », rappelle Jean-Christophe Dumont, responsable de la cellule migration à l’OCDE à Paris. En fait, plusieurs nationalités se mêlent dans les flux, avec des motifs d’exode différents. Les Syriens, qui sont très majoritaires dans les flux ces derniers mois présentent aussi un niveau d’éducation différent des autres publics. Ils sont mieux formés que la population venue de l’ex-Yougoslavie lors du flux précédent, observe l’OCDE. Parmi ceux qui étaient venus pour raisons humanitaires, entre 1988 et 1993, 15 % avaient un diplôme d’enseignement supérieur.« Parmi la vague actuelle de Syriens, la part de diplômés du supérieur semble plus importante » rappelle M. Dumont. Selon les statistiques suédoises, plus de 40 % des Syriens arrivés dans leur pays en 2014, ont au moins un niveau supérieur, contre 20 % des Afghans et 10 % des Erythréens. En Allemagne, le repérage du niveau scolaire est moins systématique mais parmi les réfugiés arrivés en 2014, 15 % auraient un diplôme d’enseignement supérieur, 16 % un niveau bac, 35 % un niveau de fin de collège, 21 % de fin de primaire et 11 % rien du tout. Chez les Syriens, 21 % de ceux qui sont arrivés de janvier 2013 à septembre 2 014 avaient fréquenté l’université, 22 % avaient un niveau de lycée, et 47 % un niveau collège ou primaire.« Adapter les outils d’intégration »Si la chancelière Angela Merkel a compris cet atout, l’intégration de ces publics ne s’improvise pas. Pas plus en Allemagne que dans les autres pays. La réussite de ce processus demande la mise en place de mesures adaptées qui tiennent compte du pays d’origine, du niveau scolaire de départ et de la situation familiale. « Il faut de plus en plus adapter les outils d’intégration », répètent les chercheurs de l’OCDE. Une mobilisation essentielle car « non seulement une intégration réussie a un impact positif sur l’économie mais en plus elle augmente les rentrées fiscales des États et est aussi un facteur de cohésion sociale ».« Plus vite un réfugié accède au monde du travail, mieux se fera son intégration sur le long terme »En guise de conseil aux Etats, l’OCDE rappelle que « plus vite un réfugié accède au monde du travail, mieux se fera son intégration sur le long terme ». Aussi recommande-t-elle de donner le plus tôt possible aux nouveaux venus des compétences de base en langue. De même, à l’heure où les maires sont priés en France de proposer des logements vides, l’organisation internationale rappelle qu’il est important de trouver le bon équilibre entre la création d’une concentration importante de ces nouveaux venus sur un même lieu, et leur isolement. Elle souligne aussi qu’il est primordial de les installer dans les villes qui offrent du travail et pas seulement des logements. « C’est évidemment une politique qui coûte cher mais les bénéfices s’en feront ressentir sur le marché du travail, ainsi qu’en matière de cohésion sociale sur les générations suivantes », rappelle Jean-Christophe Dumont.Les travaux récents menés sur l’éducation par l’OCDE montrent qu’il est aussi particulièrement important de vérifier que l’école dispose des ressources pour aider les enfants de migrants à apprendre la langue de leur pays d’accueil. Or, une autre spécificité du mouvement 2015 est le grand nombre de mineurs venus seuls. Ils étaient 24 000 en 2014 soit 4 % des demandeurs d’asile de l’UE. L’analyse des chercheurs suggère donc que les Etats réfléchissent à autre chose qu’une scolarisation classique, notamment pour ceux, nombreux, qui arrivent à 16 ou 17 ans.Lire aussi :La crise des réfugiés déchire la PologneMaryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Parvenir à un accord, absolument. Pour éviter un vote à la majorité qualifiée qui ajouterait encore à la désunion entre des pays membres qui se déchirent sur la crise des migrants. Et pour faire en sorte que le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, mercredi 23 septembre, ne tourne pas au pugilat. Tel devait être l’objet du conseil extraordinaire des ministres de l’intérieur de l’Union européenne (UE), mardi 22 septembre à Bruxelles. Un conseil à haut risque, un de plus, huit jours après un autre qui s’était soldé par un échec.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?« J’espère qu’on ne causera pas davantage de dommages à l’Europe, il y a vraiment un risque qu’elle s’effondre », commentait, lundi soir, un diplomate. « Il faudra un miracle, mais nous y travaillons », murmurait une source proche de la présidence luxembourgeoise. Les ambassadeurs auprès de l’Union étaient encore en réunion, dans la matinée de mardi, pour tenter d’ébaucher des conclusions et permettre aux ministres de se prononcer sur un texte de la Commission européenne. Formulé le 9 septembre, le projet visait à répartir dans l’UE 120 000 demandeurs d’asile arrivés en Grèce, en Italie et en Hongrie. Sur une base obligatoire, en fonction d’une savante clé de répartition.Discussions explosives sur la répartition des réfugiésLa proposition de la Commission faisait suite à un projet de relocalisation pour 40 000 demandeurs d’asile, difficilement approuvé en juin et validé politiquement le 14 septembre seulement. Bruxelles évoquait aussi un système automatique de répartition pour le futur et une possibilité, pour les pays qui refuseraient des réfugiés, d’acquitter une sorte de pénalité financière. Ce dernier point ne sera pas évoqué mardi, tant il suscite la polémique. « On risquait d’accréditer l’idée qu’on peut payer pour ne pas accueillir et de créer un effet d’emballement. Cela aurait compliqué la situation des gouvernements prêts à accepter le plan de répartition », résume une source diplomatique.Lire aussi :Crise des migrants : les aides financières européennes au plus basAutre difficulté, de taille : le mécanisme des « 120 000 » est toujours refusé par la Slovaquie et la République tchèque. La proposition initiale de la Commission devait, dès lors, être en grande partie détricotée, mardi. A quelques heures de la réunion à Bruxelles, le premier ministre tchèque a confirmé que son pays refuse toujours les quotas obligatoires de réfugiés voulus par la Commission.Fléxibilités pour amadouer les détracteurs du projetDepuis quelques jours, les diplomates qui travaillaient à un accord ne parlaient plus que de « flexibilités » et planchaient sur un mécanisme complexe censé faire passer pour « obligatoires » des relocalisations qui pourraient, finalement, n’être que volontaires… Oubliée aussi, la « clé de répartition » qui aurait préfiguré un mécanisme permanent même si, à l’évidence, le flot des réfugiés est loin d’être tari.Pour le Luxembourg, qui assure la présidence tournante de l’UE, il s’agissait de tout faire pour conserver au moins le nombre, devenu symbolique, des 120 000 relocalisations de réfugiés (en deux ans…). « Si on n’y arrive pas, rien ne se fera. Je ne comprendrais pas qu’un pays puisse s’opposer à cela » expliquait, au Monde, lundi soir, le ministre des affaires étrangères, Jean Asselborn.Divers responsables convenaient qu’il fallait effectivement atteindre cet objectif pour éviter d’autres commentaires hostiles sur cette Europe qui n’arriverait même pas à s’entendre sur un nombre de plus en plus dérisoire face à la réalité de ce qui se déroule à ses frontières. On estime que de 4 000 à 6 000 personnes empruntent désormais quotidiennement la route des Balkans pour tenter de pénétrer dans l’UE.Rallier la Hongrie et apaiser le climatIl reste que, même pour annoncer un accord minimal sur les 120 000, les négociateurs devaient encore lever, mardi matin, un important blocage : le refus de la Hongrie de participer au mécanisme qui devait relocaliser 54 000 personnes présentes sur son territoire a compliqué un peu plus les négociations. Budapest refuse obstinément d’apparaître comme un pays « de première ligne », par où entrent les demandeurs d’asile et où ils doivent introduire leur requête, mais est toutefois prêt à accepter des migrants venus de Grèce et d’Italie.Le gouvernement veut éviter que des camps se forment sur son territoire et préfère soit bloquer les réfugiés devant les murs et les barbelés érigés à ses frontières avec la Serbie – et bientôt la Croatie –, soit les laisser transiter rapidement vers l’Autriche. Diverses hypothèses étaient sur la table : le « quota » hongrois serait octroyé à la Grèce, partagé entre la Grèce et l’Italie, ou serait présenté comme une « soupape » pouvant servir à d’autres Etats confrontés à une crise à l’avenir…Le renforcement des mesures répressives voté en Hongrie, avec le déploiement massif de policiers et de militaires désormais autorisés à utiliser leurs armes à feu, n’a suscité que peu de commentaires dans les institutions européennes. Elles ne veulent pas ajouter à la polémique, conscientes que les critiques du premier ministre, Viktor Orban, contre la Grèce, qui n’effectuerait pas les contrôles nécessaires à ses frontières, ou l’Allemagne, qui aurait créé un « appel d’air » pour les réfugiés, sont désormais partagées par d’autres capitales.Autre pays-clé pour une solution, la Pologne semblait, elle, décidée à accepter des réfugiés – et peut-être davantage que ce qui lui était demandé – mais sur une base volontaire. Sa position devait faciliter un éventuel accord. Varsovie demandait cependant à ne pas être placé dans une position impossible vis-à-vis de ses partenaires du groupe de Visegrad, au sein duquel la Hongrie et la Slovaquie adoptent une rhétorique anti-islam qui convainc aussi beaucoup de Polonais. Le PiS, parti conservateur donné favori pour les élections du 25 octobre dans le pays, adopte également ce discours. Ce qui complique la vie du gouvernement actuel et pourrait, en outre, conduire à un changement de position de la Pologne après ces élections.Lire aussi :La crise des réfugiés déchire la PologneJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.09.2015 à 22h03 • Mis à jour le22.09.2015 à 17h47 L’affaire Volkswagen va-t-elle faire tache d’huile ? Les Etats-Unis ont étendu à d’autres constructeurs automobiles leurs investigations après la découverte des manœuvres déployées par Volkswagen pour contourner les règles antipollution, a indiqué, lundi 21 septembre, l’agence fédérale de protection de l’environnement américaine (EPA).« L’EPA et la CARB [son homologue californienne] ont commencé des tests sur des véhicules déjà en circulation produits par d’autres constructeurs pour détecter la présence de possibles “logiciels trompeurs”. »Lire aussi :En Allemagne, l’« affaire Volkswagen » provoque une onde de chocLe groupe Volkswagen a en effet reconnu avoir massivement trompé les contrôleurs américains sur les niveaux d’émissions polluantes de ses véhicules diesel produits aux Etats-Unis en utilisant un logiciel interdit et très sophistiqué. « Nous avons reconnu les faits devant les autorités. Les accusations sont justifiées. Nous collaborons activement », a déclaré le groupe, qui a ordonné dimanche l’ouverture d’une enquête externe.« La pointe émergée de l’iceberg »L’agence environnementale ne précise pas quels constructeurs étaient désormais visés par l’enquête. Parmi les groupes américains, Fiat Chrysler (FCA US) est celui qui mise le plus sur le diesel, suivi par General Motors (GM). Le japonais Mazda est aussi présent sur ce marché.Les autres constructeurs sont restés jusqu’ici très discrets sur la question. L’autorité fédérale de contrôle des véhicules doit maintenant vérifier si les contrôleurs allemands ont également été dupés par les constructeurs. Selon l’association pour le transport écologiste VCD, la manipulation chez VW ne serait que « la pointe émergée de l’iceberg ». « Il faut s’attendre à ce que d’autres constructeurs manipulent leurs émissions, et pas seulement aux États-Unis », a déclaré le porte-parole de l’association Gerd Lottsiepen.Devenu numéro un mondial des ventes au premier semestre, devant Toyota, Volkswagen tentait depuis plusieurs années de conquérir en vain des parts du marché américain, notamment grâce au diesel. Mais, pris dans la tourmente après la révélation de la tricherie, le géant allemand de l’automobile a vu son titre dégringoler à la Bourse de Francfort lundi 21 septembre.Lire aussi :Volkswagen, ébranlé par un scandale, s’effondre en Bourse 21.09.2015 à 18h58 Le Parlement hongrois a adopté lundi 21 septembre une nouvelle législation renforçant les pouvoirs de la police et de l’armée à l’encontre des migrants. Le texte entérine la possibilité de déployer massivement des militaires aux frontières et autorise dans certaines conditions l’armée et la police à employer contre les migrants toute une batterie d’armes non létales (balles en caoutchouc, engins pyrotechniques, grenades lacrymogènes et fusils à filet).Lire aussi :Hongrie : une « atmosphère de guerre » contre les migrantsL’armée est également autorisée à procéder à des contrôles d’identité, et à procéder à la garde à vue de migrants. Le dispositif, qui prolonge une législation entrée en vigueur le 15 septembre, permet en outre à la police de perquisitionner tout domicile privé où des migrants sont soupçonnés de se trouver. Ces dispositions s’appliquent dans les zones où a été déclaré l’« état de crise due à une immigration massive », une mesure ad hoc mise en œuvre dans six départements limitrophes de la Serbie, la Croatie, la Slovénie et l’Autriche.Lire aussi :Pour les migrants, un no man’s land entre la Hongrie, la Slovénie, la Croatie et l’AutricheUn afflux de migrants en Autriche et en AllemagneLa Hongrie a vu transiter plus de 200 000 migrants depuis le début de l’année, qui dans leur très grande majorité ont poursuivi leur route vers l’ouest de l’Europe. En réponse, Budapest a fait ériger une clôture barbelée sur les 175 kilomètres de sa frontière avec la Serbie, et a entrepris de faire de même sur des segments de ses frontières avec la Roumanie et la Croatie.Lire aussi :Face à la crise des migrants, la difficile organisation des secours croatesCe week-end, la Hongrie a finalement décidé de convoyer directement vers l’Autriche les migrants arrivés de Croatie. Transportés en bus ou en train jusqu’à la ville frontalière hongroise de Hegyeshalom, plusieurs milliers d’entre eux ont ensuite rejoint à pied Nickelsdorf, côté autrichien. Dimanche, près de 10 700 migrants sont ainsi arrivés en Autriche, selon la police.Plusieurs milliers d’entre eux ont ensuite franchi la frontière allemande. Selon la police, 7 000 demandeurs d’asile sont arrivés ce week-end en Bavière (sud), point d’entrée en Allemagne depuis l’Autriche. Gerry Voitik, porte-parole de la Croix-Rouge autrichienne, a expliqué que quatre trains spéciaux étaient prévus lundi, alors qu’entre 5 000 et 6 000 migrants étaient attendus en Autriche pour l’ensemble de la journée, la plupart en provenance de Hongrie et « quelques centaines » de Slovénie.Les pays européens divisés sur les quotasLes pays européens ont des difficultés à s’entendre sur la réponse à apporter à l’arrivée de ces migrants. La Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie et la Lettonie sont fermement opposés à une répartition contraignante des demandeurs d’asile, soutenue par la France et l’Allemagne. « Je crains un désaccord », a averti le président du Parlement européen Martin Schulz, qui a rencontré lundi François Hollande pour « faire le maximum » afin d’éviter « un approfondissement des désaccords et des clivages qui existent déjà ».La veille, le président français avait haussé le ton à l’égard des pays frileux qui refusent un système de quotas. « Aucun pays » européen « ne peut s’exonérer » de cette répartition « des réfugiés relevant du droit d’asile », a-t-il martelé, alors que l’UE s’est montrée incapable de s’entendre sur la répartition de 120 000 réfugiés, quand plus de 440 000 migrants ont déjà rallié l’Europe cette année.Les ministres de l’intérieur vont se réunir, mardi 22 septembre à Bruxelles, pour tenter de construire un consensus en vue du Conseil européen prévu mercredi. Outre la question épineuse de la répartition des migrants, les Européens devraient discuter d’autres mesures urgentes pour maîtriser la crise migratoire.M. Schulz a ainsi souhaité qu’un « maximum d’argent » soit mobilisé pour aider les trois pays qui accueillent près de 4 millions de réfugiés syriens sur leur territoire : la Jordanie, la Turquie et le Liban. Un autre objectif est de mettre rapidement en place des « hot spots » – des centres d’enregistrement associant autorités nationales et agences européennes – aux frontières de l’Union européenne.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ? Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) En Allemagne, on l’appelle déjà le « scandale des émissions polluantes ». Les manipulations du groupe Volkswagen (VW) pour contourner la législation américaine sur les émissions de gaz polluants de ses véhicules ont provoqué une onde de choc sans précédent, lundi 21 septembre. Il faut dire qu’outre-Rhin, le constructeur automobile est une fierté nationale, qui plus est considéré comme une entreprise modèle.Que Volkswagen ait pu se rendre coupable d’une aussi vaste escroquerie dépasse l’entendement et suscite une très large et très forte désapprobation. Politiques, associations écologistes et de consommateurs ont condamné, lundi, à l’unisson les agissements de l’entreprise. Les critiques sont si dures que la démission de Martin Winterkorn, le PDG du groupe, qui avait réalisé un quasi sans-faute jusqu’ici, est ouvertement évoquée.Lire aussi :Volkswagen, ébranlé par un scandale, s’effondre en BourseLundi, des médias américains annonçaient que les autorités américaines avaient ouvert une enquête pénale contre Volkswagen.Le constructeur allemand a admis avoir utilisé un logiciel interdit et très sophistiqué pour contourner la législation et manipuler les données indiquant les émissions réelles de ses véhicules. « Nous avons reconnu les faits devant les autorités. Les accusations sont justifiées. Nous collaborons activement », a déclaré un porte-parole du groupe.Lire aussi :Volkswagen secoué par des accusations de pollution aux Etats-Unis« Beaucoup de soucis pour la réputation de l’industrie allemande »Le ministre-président du Land de Basse-Saxe, Stephan Weil, qui siège également au conseil de surveillance du groupe VW, n’a rien fait pour ménager l’entreprise phare de sa région : « Une manipulation des émissions lors des tests officiels est totalement inacceptable et ne peut être justifiée par rien. Il est évident que le groupe VW se doit de respecter la législation », a-t-il déclaré à Hanovre.Au ministère de l’économie, on n’est pas plus tendre : le ministre et vice-chancelier Sigmar Gabriel a déclaré lundi : « Il s’agit d’un incident très grave. Chacun peut comprendre que nous nous faisons beaucoup de soucis pour la réputation de toute l’industrie automobile allemande, considérée avec raison comme excellente. » « Nous sommes devant un cas de tromperie manifeste du consommateur et de dommage à l’environnement », a déclaré le secrétaire d’Etat à l’environnement, Jochen Flasbarth. Le gouvernement allemand a ordonné des « tests approfondis » sur tous les modèles diesel de Volkswagen.Enquête du parquetLe parquet de Brunswick, dont dépend la ville de Wolfsburg, en Basse-Saxe, siège de l’entreprise, examine actuellement si les faits reprochés à Volkswagen peuvent être considérés comme un délit en droit allemand. Le procureur général Klaus Ziehe, interrogé par le quotidien Handelsblatt, a déclaré suivre la situation avec attention, car il ne semble pas « invraisemblable » que la fraude trouve ses racines à Wolfsburg.« C’est un dommage énorme pour l’industrie allemande. La perte de prestige est une catastrophe pour l’entreprise comme pour l’ensemble de l’industrie automobile », a déclaré le président du groupe parlementaire CSU au Bundestag, Max Straubinger.« Comment peut-on être stupide au point de mettre en danger d’un coup de plume la réputation des constructeurs automobiles allemands ? », a lancé Klaus Müller, directeur de la fédération des associations de consommateurs.Lire aussi :Volkswagen : le modèle allemand à l’épreuve« Pointe émergée de l’iceberg »Les autres constructeurs, eux, sont en l’occurrence restés jusqu’ici très discrets sur la question, alors même que le salon automobile de Francfort, grand-messe du secteur, bat son plein. L’autorité fédérale de contrôle des véhicules doit maintenant vérifier si les contrôleurs allemands ont également été dupés par les constructeurs.Selon l’association pour le transport écologiste VCD, la manipulation chez VW ne serait que « la pointe émergée de l’iceberg ». L’association a demandé, dès 2013, des analyses complémentaires sur les émissions, nourrissant le soupçon qu’elles seraient en réalité beaucoup moins élevées lors des tests que dans le trafic normal. « Il faut s’attendre à ce que d’autres constructeurs manipulent leurs émissions, et pas seulement aux États-Unis », a déclaré le porte-parole de l’association Gerd Lottsiepen.L’agence fédérale de protection de l’environnement américaine a déclaré lundi soir avoir étendu à d’autres constructeurs automobiles ses investigations « pour détecter la présence de possibles “logiciels trompeurs” ».Lire aussi :Volkswagen : les Etats-Unis étendent leurs enquêtes à d’autres constructeursCécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au Monde Clément Martel (envoyé spécial en Croatie) « I don’t know. » Le ton est sans appel, et le chauffeur, moustache poivre et sel et lunettes noires, détourne son attention. Debout devant son bus, il attend avec ses collègues le groupe de cinquante-deux migrants arrivés à Tovarnik, petite bourgade croate posée le long de la frontière avec la Serbie, sans savoir encore où il va les convoyer. Les véhicules ont été affrétés en urgence par le gouvernement croate en réponse à la situation. Les chauffeurs, pas plus que les policiers ou les migrants eux-mêmes, ne savent à cette heure-là la destination de ce convoi.Lire aussi :En Croatie, l’itinéraire bis des migrants compromisDepuis que la Croatie est devenue l’itinéraire bis de la route des migrants, après que la Hongrie a fermé sa frontière avec la Serbie, les bonnes volontés sont légion dans le pays, mais l’information est rare. Porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), Babar Baloch peut en attester.A Beli Manastir, après avoir vu débarquer les migrants en nombre dans la nuit de jeudi à vendredi, l’organisation de l’ONU et les autres ONG chargées du camp de cette ville aux confins des frontières croate, serbe et hongroise ont mis les bouchées doubles. Objectif : pouvoir accueillir plusieurs milliers de migrants dès samedi, après que la « première vague » des réfugiés de Beli Manastir a franchi la frontière hongroise. Problème : ils ne sont jamais venus, et nul n’a prévenu les organisateurs du camp.Même son de cloche à Zagreb, où la Croix-Rouge croate a vu large pour s’assurer de faire face à la crise que rencontre le pays. Dans le sud de la capitale croate, plusieurs immenses hangars ont été investis et équipés de lits, douches, et tout ce qu’il faut pour assurer un maximum de confort aux réfugiés. Mais alors que la Croix-Rouge se préparait à accueillir quatre ou cinq mille réfugiés au cours du week-end, ils n’étaient que trente dimanche matin à avoir dormi sur place. Dans la grande majorité, des « échappés » du système, ayant préféré rejoindre la capitale par leurs propres moyens plutôt que d’attendre d’hypothétiques bus. Parmi eux, Ziyad Mardini, un Syrien de 24 ans, explique avoir fui Tovarnik, car « les conditions étaient trop horribles ». Il a préféré payer 500 euros pour faire conduire son petit groupe (six personnes) jusqu’à Zagreb.Pas de vue d’ensembleEn assumant de forcer la main à la Hongrie en raccompagnant les réfugiés de Tovarnik aux portes du pays voisin, la Croatie est parvenue à désengorger son territoire, comme le souhaitait le premier ministre, Zoran Milanovic, qui refusait que le pays ne devienne le « refuge des migrants ». Mais les décisions politiques ont souvent été prises à l’insu des personnes travaillant sur le terrain. Bénévoles et ONG semblent former une chaîne où chacun des maillons ignore tout des autres. Et sur le terrain, nul ne parvient à avoir de vue d’ensemble de la situation. Chacun pare au plus pressé. Face à l’urgence, la porte-parole de la Croix-Rouge croate, Katarina Zoric, confie ne pas savoir exactement le nombre de camps déployés par son organisation dans le pays.Dimanche, le ciel gris et bas crache une fine pluie sur le village de Tovarnik. Difficile de croire qu’il y a deux jours à peine, les migrants tentaient de s’y abriter du soleil par tous les moyens. Ils laissent derrière eux les tentes leur ayant servi d’abris le temps d’une nuit et plusieurs bénévoles quelque peu déroutés pliant bagages. « On nous a dit de ranger, je crois qu’ils vont fermer le camp », témoigne, perplexe, Isabelle Modigall de l’ONG Save the Children, alors que ses camarades démontent la tente qui leur a servi de centre dans le camp. Derrière elle, des bénévoles de plusieurs organisations non gouvernementales s’inquiètent pour les stocks de nourriture qu’ils ont acheminée vers Tovarnik au cours des derniers jours. « On ne nous dit rien », déplore une jeune femme venue de Zagreb prêter main-forte à la cuisine du camp improvisé.Nouveau camp en bord de DanubeOù ont été emmenés les migrants de Tovarnik ? La réponse arrivera plus tard dans l’après-midi, se propageant de bénévole en bénévole. Environ 4 000 d’entre eux ont été envoyés dans un camp temporaire à Opatovac, à 15 kilomètres plus au nord, sur les rives du Danube. Selon le ministre de l’intérieur croate, Ranko Ostojic, ce nouveau camp vise à offrir trente-six à quarante-huit heures de répit aux réfugiés avant qu’ils ne quittent le pays.#Refugees started entering Opatovac temporary settlement. They are being provided with medical care & registered. http://t.co/N1bvfA30UF— VladaRH (@Vlada R. Hrvatske)require(["twitter/widgets"]);A Tovarnik, dimanche, une trentaine de travailleurs en combinaison étanche travaillaient déjà à effacer les traces laissées par ce soudain afflux de population. Les pieds dans la gadoue et une pince à déchets à la main, Ruza Veselcic Sijakovic, la maire de ce village de 1 500 âmes, explique comment les habitants de Tovarnik et du village voisin se sont retroussé les manches pour « aider face à cette catastrophe humanitaire ». Avouant « prendre les jours les uns après les autres », elle déplore le manque de réponse rapide de Zagreb quand, submergé par les vagues de réfugiés, Tovarnik a appelé à l’aide.Dimanche soir, Zagreb comptabilisait 21 000 entrées sur son territoire en seulement cinq jours et en anticipait d’autres, des réfugiés continuant d’arriver de Grèce en Macédoine, puis en Serbie. En visite au nouveau camp d’Opatovac, le ministre de l’intérieur a expliqué lundi midi qu’il était compliqué de gérer l’arrivée de tant de personnes. S’attendant encore à au moins 2 000 migrants dans la journée à Tovarnik, il a appelé à ce que « le flux s’interrompe », répétant que « la Croatie ne [pouvait] gérer autant de migrants ».Clément Martel (envoyé spécial en Croatie)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Pouchard Avec le retour triomphal d’Alexis Tsipras à la tête du gouvernement après sa démission en août, le scrutin du dimanche 20 septembre a confirmé le passage en arrière-plan du paysage politique grec du parti socialiste Pasok, longtemps l’une des deux principales formations du pays. Le Mouvement socialiste panhellénique n’a obtenu que 6,3 % des suffrages exprimés, lui donnant 17 sièges à la Vouli, le Parlement grec.Certes, c’est mieux que lors des précédentes élections, en janvier, où le Pasok avait obtenu le pire score de son histoire, avec 4,7 % des suffrages et 13 sièges. Il s’agit malgré tout du deuxième plus mauvais résultat électoral du parti depuis la fin de la dictature et le retour de la démocratie, en 1974.Après avoir dirigé le pays entre 1993 et 2004, le Pasok était revenu au pouvoir en octobre 2009, avec la désignation de Georges Papandreou comme premier ministre. C’est ce dernier qui a découvert - et dévoilé officiellement - le maquillage des comptes publics auquel avaient procédé les gouvernements précédents pour cacher l’ampleur réelle du déficit.Cette annonce avait jeté le discrédit sur les autorités grecques et fait paniquer les marchés financiers. Elle a été surtout le point de départ à la mise en place d’un premier plan d’aide financier aux pays, lourdement endetté, et à l’engagement de mesures drastiques d’assainissement budgétaire et de réformes.Le pays n’est toujours pas sorti de cette spirale. Et les conséquences électorales ont été désastreuses pour le Pasok. Le parti reste la principale victime de la recomposition du champ politique à l’œuvre en Grèce, même s’il a réussi son pari de se maintenir au Parlement. Il pourrait désormais choisir de soutenir le programme de Syriza, sans entrer au gouvernement. #container_14428294762{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14428294762{ height:500px; } #container_14428294762 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14428294762 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14428294762 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14428294762 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }En Grèce, la dégringolade du PASOK aux élections législativesLe Mouvement socialiste panhellénique a payé dans les urnes les années de rigueur depuis le début de la crise grecque.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14428294762", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} %", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{enabled:true, symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} %", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "datetime", categories:null, title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value:%b %Y}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Score du PASOK", "color": "#0386c3", "data": [ [ 153961200000, 13.58 ], [ 248914800000, 25.34 ], [ 372290400000, 48.07 ], [ 486597600000, 45.8 ], [ 614210400000, 39.1 ], [ 626310000000, 40.7 ], [ 639612000000, 38.6 ], [ 750290400000, 46.88 ], [ 843429600000, 41.49 ], [ 955317600000, 43.79 ], [ 1078700400000, 40.5 ], [ 1189980000000, 38.1 ], [ 1254693600000, 43.92 ], [ 1336341600000, 13.18 ], [ 1339970400000, 12.3 ], [ 1420930800000, 4.7 ], [ 1442786400000, 6.3 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: "", valueDecimals: 2, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "%b %Y", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Lire aussi :La crise grecque en neuf plans d’austérité, trois plans d’aide et une réélectionAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jade Grandin de l'Eprevier Rien ne se perd, tout se transforme. Vendredi 18 septembre, la Croatie a voté un ensemble de lois permettant de convertir en euros les emprunts libellés en francs suisses, détenus par 53 000 citoyens. Dans le pays, 38 % des prêts immobiliers sont libellés dans cette monnaie. Ils représentent en tout 23,1 milliards de kunas croates en valeur nominale, soit 3 milliards d’euros. Ces nouvelles dispositions constituent un choix politique fort : cela revient à faire payer aux banques le coût de l’envolée de la monnaie helvétique, qui s’échange actuellement autour d’1,10 franc suisse par euro, 10 % plus cher qu’en début d’année. La devise a bondi en janvier, lorsque la Banque nationale suisse (BNS) a abandonné son taux plancher d’1,20 franc suisse par euro.Le gouvernement croate, une coalition de centre gauche, a poussé cette loi critiquée par les acteurs financiers privés et publics, alors qu’en novembre doivent avoir lieu des élections législatives, où les conservateurs de droite sont donnés favoris. Le Premier ministre Zoran Milanovic fait donc d’une pierre deux coups : il aide les ménages endettés et tient sa promesse de trouver une solution durable aux difficultés engendrées par la flambée du franc suisse. « De telles législations sont discutées surtout dans les pays qui traversent une période d’instabilité politique », soulignait Piotr Palenik, analyste à la filiale polonaise d’ING auprès de Bloomberg.Le service après-vente de la banque centrale croateLes banques payent donc l’addition : entre 800 millions et 1 milliard d’euros (6 à 8 milliards de kunas croates). Elles ont jusqu’à mi-novembre pour convertir les prêts et communiquer aux emprunteurs leurs nouvelles mensualités. Le taux de change pour le paiement des prêts est fixé à 6,39 kunas par franc suisse depuis janvier contre 6,99 kunas par franc suisse pour le taux actuel.Embarrassée par cette décision, la banque centrale croate devra pourtant assurer le service après-vente. D’un côté, elle a averti que la loi pénaliserait le système bancaire, creuserait les réserves de change et fragiliserait la monnaie croate. De l’autre, elle a tenté de rassurer les investisseurs en disant avoir assez d’instruments monétaires pour limiter les dégâts. Mais c’est un effet boule de neige que prévoit la Banque centrale européenne, inquiète pour « la stabilité macroéconomique du pays ».Les banques étrangères représentent 90 % du marché croate. Cinq d’entre elles (Erste Group Bank, UniCredit, Sberbank, Raiffeisen Bank International et Hypo Group Alpe Adria) veulent attaquer le gouvernement en justice. Dans un communiqué, elles estiment qu’« une conversion forcée qui ne prend en compte ni les revenus ni la capacité à rembourser du client est une grave ingérence rétroactive sur les contrats existants ». Acerbe, le ministre des finances, Boris Lalovac, a répliqué devant un parterre de journalistes : « Ce n’est pas très malin de poursuivre le gouvernement du pays où l’on fait des affaires. J’espère que les banques veulent continuer à exercer en Croatie, et que, pour la première fois de l’Histoire, elles écouteront la voix du peuple. » Dans la foulée du vote au Parlement, la plupart des banques présentes en Croatie ont reculé en Bourse.« Tout le monde est responsable »Croatie, Pologne, Hongrie, Autriche, Slovénie… dans les années 2000, les taux d’emprunt en franc suisse étaient beaucoup plus intéressants qu’en monnaie locale. Beaucoup en ont profité pour financer leur achat immobilier. Sur 4,2 millions de Croates, 100 000 y ont ainsi souscrit, dont plus de la moitié remboursent encore des traites. En Pologne, les prêts hypothécaires en franc suisse représentent 40 % des crédits immobiliers et 7,5 % du PIB.Dès 2004, le président de la BNS avait souligné lors d’un voyage en Autriche les « risques non négligeables » encourus par « les emprunteurs, dont de nombreux particuliers, cherchant à bénéficier de taux d’intérêt moins élevés ». Pendant dix ans, l’institution a multiplié ses mises en garde, en vain. En 2008, le piège s’est refermé une première fois. Lors de la crise financière, le franc suisse, considéré comme une valeur refuge, s’est envolé. La Hongrie et l’Autriche ont été frappées de plein fouet. Un million d’emprunteurs hongrois ont vu exploser leur crédit immobilier.Coïncidence ou providence, la Hongrie a anticipé, juste à temps, le big bang suisse de janvier 2015 sur le marché des devises. En novembre 2014, à l’instigation du premier ministre conservateur et populiste Viktor Orban, le Parlement hongrois a adopté une loi prévoyant un taux de conversion fixe protégeant les débiteurs en devises étrangères. Ailleurs, le piège s’est de nouveau refermé.« Quand quelque chose fonctionne, vous avez certaines personnes qui posent des questions, mais du moment que ça fonctionne… », explique Claudia Bernasconi, économiste spécialiste des marchés émergents chez Swiss Life AM. Selon elle, « tout le monde est responsable : les banques centrales, les gouvernements, les banques privées ». Car « c’était un gros risque aussi pour le secteur bancaire » : si les ménages ne peuvent plus rembourser, les banques se retrouvent avec des actifs en défaut de paiement sur les bras. D’ailleurs, en France, certains emprunteurs malheureux du franc suisse ont porté plainte contre BNP Paribas, le Crédit mutuel ou le Crédit agricole pour leur avoir vendu un produit financier sans en exposer les risques. La justice française doit trancher d’ici début 2016.Bataille électoraleProchaine sur la liste : la Pologne, où des élections législatives sont prévues à l’automne. Les responsables politiques de tous bords promettent qu’ils feront convertir les emprunts adossés au franc suisse. Mais leur point de vue diffère sur le poids à faire porter aux banques. Le parti au pouvoir (PO, centre droit), affaibli par une affaire d’écoutes illégales, a proposé en juillet que banques et particuliers fassent moitié-moitié. Le nouveau président Andrzej Duda, qui appartient au parti d’opposition (PiS) social-conservateur, voudrait faire passer une loi plus radicale, selon le quotidien polonais Dziennik Gazeta Prawna. Les emprunteurs pourraient convertir leurs prêts au taux de change en vigueur lors de la souscription. Ce serait « beaucoup plus difficile pour les banques », commente Claudia Bernasconi. Elles supporteraient un coût estimé à plus de 5 milliards d’euros. Certaines menacent également d’attaquer en justice.Jade Grandin de l'Eprevier Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Cela a été la véritable surprise de ces nouvelles législatives grecques. Le parti des Grecs Indépendants (ANEL) a réussi son pari de se maintenir au Parlement alors que tous les pronostics le plaçaient en dehors. Avec 3,69 % des voix, contre 4,8 % en janvier, il perd certes trois sièges, mais fait tout de même entrer dix députés à la chambre. Et redevient ainsi quasi automatiquement l’allié de coalition du parti de la gauche radicale Syriza.Arrivé en tête avec 35,47 % des voix, soit 145 députés, Syriza n’a cependant pas atteint la majorité absolue. Il lui manque six députés pour arriver aux 151 sièges requis, sur les 300 que compte le Parlement.Les dix députés d’ANEL sont un cadeau inespéré. « Nous ne nous y attendions pas et cela nous évite d’avoir à rechercher des alliances ailleurs, plus difficiles », a déclaré, dimanche soir à l’annonce des résultats, Takis Pavlopoulos, conseiller Europe d’Alexis Tsipras.Les autres partis potentiellement susceptibles d’entrer dans une coalition, les socialistes du Pasok et les centristes de To Potami, étaient en effet très exigeants, à la fois sur le contenu du programme que Syriza souhaite mettre en œuvre, mais aussi sur les ministères qu’ils auraient souhaité obtenir en échange de leur soutien. « C’est un grand soulagement pour nous, car nous avons déjà testé la coalition avec l’ANEL et cela se passe bien », a précisé M. Pavlopoulos.Loyal et très disciplinéEntre janvier et août, ANEL a en effet été l’allié loyal et très discipliné de Syriza. Même lorsque le gouvernement a fait adopter une loi sur la naturalisation des enfants de migrants de deuxième génération, nés ou éduqués sur le sol grec, l’ANEL est resté relativement silencieux. Alors que pour ce parti nationaliste et populiste, connu pour ses positions hostiles à l’immigration, il s’agissait tout de même d’une grosse couleuvre à avaler.Syriza a promis d’avancer sur d’autres lois sociales du même genre. En mettant par exemple en place un pacte civil sur le modèle du PACS permettant aux homosexuels de bénéficier de certains droits aujourd’hui accordés aux couples mariés. Sur la gestion de la crise migratoire aussi, les équipes d’Alexis Tsipras ont la volonté d’imprimer un virage à gauche.Panos Kammenos, le leader d’ANEL, restera-t-il le fidèle partenaire silencieux maintenant que de ses dix députés dépend si clairement la stabilité gouvernementale ? Les prochaines heures donneront déjà une idée des arbitrages en cours dans l’affectation des ministères. ANEL devrait certainement obtenir de peser un peu plus que précédemment dans l’action gouvernementale.Lire aussi :Panos Kammenos, l’encombrant allié d’Alexis TsiprasAller au bout du mandat de quatre ansCe gouvernement de coalition peut commencer à travailler très rapidement, mais avec seulement 155 députés au total il ne bénéficie que d’une petite marge de quatre parlementaires lui garantissant la majorité au Parlement. Or, aujourd’hui, même si les leaders de Syriza se veulent rassurants sur la question, rien ne garantit totalement que des voix dissidentes ne se fassent pas de nouveau entendre à l’avenir.Aussi Alexis Tsipras n’exclut-il pas d’élargir ses collaborations. Pas sous la forme d’une participation directe au gouvernement mais à travers un soutien au cas par cas au parlement, sur la base du programme de politique générale qui sera présenté dans les prochains jours par le nouveau premier ministre.Dans un entretien téléphonique avec la présidente du Pasok, Foffie Yenimata, Alexis Tsipras aurait abordé cette question, en précisant, nous dit-on, qu’il était temps que la social-démocratie grecque s’allie à la gauche pour faire front à la droite.Alexis Tsipras l’affirme, il veut aller au bout de son mandat de quatre ans. Mais, pour durer, il devra certainement raffermir encore un peu sa majorité parlementaire.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le parti de la gauche radicale Syriza est arrivé en tête au scrutin du dimanche 20 septembre en Grèce. Avec 35,47 % des voix, il fait beaucoup mieux qu’annoncé par les sondages et fait entrer 145 députés au parlement. Les conservateurs de Nouvelle Démocratie (ND) suivent ensuite avec 28,09 % des voix et 75 députés.Première leçon de ce scrutin : les Grecs ont choisi de reconduire un gouvernement dominé par la gauche radicale. Mais l’autre enseignement, c’est la fragmentation du paysage politique. Huit formations politiques vont siéger au parlement. Un phénomène dont l’ampleur n’avait pas été annoncée non plus par les sondages.Aube dorée, un parti néonazi sous pression judiciaireEn récoltant 6,99 % des voix, Aube dorée reste la troisième force politique du pays. Le parti néonazi compte désormais 18 députés au parlement soit un de plus que lors des dernières élections législatives, en janvier 2015. Malgré ses déboires judiciaires, Aube dorée dispose donc désormais d’un électorat stable. Sensible à la fois à sa rhétorique antimigrants mais aussi à son discours antiaustérité. Aube dorée est désormais la principale force opposée au mémorandum au sein du Parlement.Aube dorée a été officiellement créée en 1992. Longtemps anecdotique, le parti a fait brutalement son entrée au Parlement dès 2012, avec 6,97 % des voix. Un choc pour la société grecque mais qui révèle, à l’époque, le désarroi des électeurs qui ne savent plus pour qui voter et qui favorisent les partis qu’ils jugent antisystème. Son discours se concentre sur les thématiques xénophobes, souverainistes et nationalistes. Son slogan principal : « La Grèce appartient aux Grecs. »Le 18 septembre 2013, un militant d’Aube dorée poignarde à mort un militant antifasciste de 34 ans, Pavlos Fyssas. Il est arrêté et reconnaît les faits. Ce sera le début d’une longue enquête qui aboutit finalement à la mise en examen de plus de 70 membres ou sympathisants de la formation, dont la quasi-majorité de ses 17 députés, pour participation ou direction d’organisation criminelle. Le procès est en cours.Les Grecs indépendants, survivants du scrutinTous les sondages les donnaient battus, poussés hors du Parlement. Avec 3,69 % des voix, ils réussissent pourtant à y faire entrer 10 députés. Les Grecs indépendants (ANEL) redeviennent ainsi le partenaire de coalition de Syriza. Alexis Tsipras ne pouvait rêver de meilleur scénario que de retravailler avec Panos Kammenos, le leader d’ANEL, qui s’est montré durant les sept mois du précédent gouvernement un allié loyal et discipliné. Fondé en 2012 par Panos Kammenos, un dissident de Nouvelle Démocratie, ANEL est un parti très nationaliste, attaché à l’orthodoxie et hostile aux migrants. Une rhétorique mise en veilleuse durant cette campagne express.L’Union populaire, antieuro et grande perdante L’Union populaire (ou LAE) est un mouvement politique, pas encore tout à fait officiellement un parti, lancé par des dissidents de Syriza, dont la fronde avait précipité les nouvelles élections. Créé il y a quelques semaines seulement, il est dirigé par Panagiotis Lafazanis, qui se fait désormais le chantre de la lutte contre l’austérité. Il incarne surtout une ligne antieuro, qui a de tout temps existé au sein de Syriza. Pour LAE, la Grèce doit sortir de la zone euro et retrouver une monnaie nationale.La formation n’a pas réussi à dépasser le seuil de 3 % des voix nécessaires pour entrer au Parlement. D’un côté, cette ligne antieuro effraie la majorité de l’électorat grec très attaché à l’euro et à l’Europe. De l’autre, beaucoup des déçus de Syriza qui pensaient voter LAE ont choisi au tout dernier moment le vote utile. C’est-à-dire de continuer à soutenir Syriza afin de faire avant tout barrage à la droite.Le Pasok, marginalisé depuis la crise, limite la cassePour mettre le plus de chances de son coté, le Mouvement socialiste panhellénique (Pasok), laminé par la crise, s’est allié avec le petit parti de la Gauche démocrate (Dimar). Leur liste commune a récolté 6,28 % des voix, soit 17 députés au Parlement.Le Pasok est aujourd’hui dirigé par Fofi Gennimata, la fille de Georges Gennimata, plusieurs fois ministre tout au long des années 1980 et 1990. Le Pasok est né le 3 septembre 1974, deux mois après la chute du régime des colonels (1967-1974). Son fondateur, Andréas Papandréou, était le fils de Georges Papandréou, qui, à la tête d’Enosi Kentrou (Union du centre), avait gagné les élections de 1965. Après la dictature, Andréas Papandréou rejette cet héritage et fonde le Pasok qui prend la tête du pays en 1981. C’est le début d’un long règne qui va durer près de quatre décennies, interrompu par quelques incursions de ND. C’est me fils d’Andréas, Georges Papandréou, premier ministre en 2009, qui révèle l’état réel des finances grecques et entraîne le début de la crise.Avec ce score, le Pasok, qui reste la principale victime de la recomposition du champ politique à l’œuvre en Grèce, a réussi son pari de se maintenir au Parlement et pourrait désormais choisir de soutenir le programme de Syriza, sans entrer au gouvernement.Le Parti communiste de Grèce conserve son noyauLe Parti communiste de Grèce (KKE) a été fondé en 1918. Jusqu’en 1974, il fut un parti illégal et à ce titre nombre de ses militants ont été torturés en Grèce. Le KKE a joué un rôle important pendant la résistance contre les nazis et pendant la guerre civile qui a suivi la seconde guerre mondiale en Grèce. Jusqu’à très récemment et pendant la crise, le KKE a réussi à garder le noyau de ses électeurs presque entier, à 8 %. Il a remporté dimanche 5,55 % des voix et disposera donc de 15 députés dans le nouveau parlement.Revers pour To Potami, centriste et libéralTo Potami (« La Rivière ») est un parti centriste libéral, fondé en mars 2014 par Stavros Theodorakis, journaliste star de la chaîne télévisée Mega. Le parti a été créé avec l’ambition de se présenter aux élections européennes de 2014, et d’y incarner le centre proeuropéen de l’échiquier politique, dans un paysage fortement polarisé entre gauche et droite. Aux élections de janvier, To Potami avait rassemblé légèrement plus de 6 % des électeurs, se classant en quatrième position à quelques voix des néonazis d’Aube dorée. La formation espérait maintenir son score et se rêvait en partenaire de coalition. Finalement, elle n’a récolté que 4,09 % des voix et le nombre de ses députés tombe à 11.To Potami paie peut être ainsi le prix de sa confusion. Car sa plateforme idéologique part un peu dans toutes les directions. Même si ce parti concentre de vrais talents venus de la société civile, il n’arrive pas à toucher les couches populaires de l’électorat qui l’associe à un parti proche du monde des affaires.L’Union du centre, la percée d’une formation inclassableCela fait plus de 20 ans que Vassilis Leventis tente d’entrer au Parlement. Il connaît aujourd’hui son moment de gloire. Avec 3,43 % des voix, il fait entrer 9 députés au Parlement. Un score qui symbolise à lui tout seul l’éparpillement des voix lors du scrutin et prouve à quel point les Grecs sont déboussolés. M. Leventis est un personnage longtemps raillé par le personnel politique grec et par les Grecs eux-mêmes pour ses interminables diatribes enflammées lancées depuis sa chaîne de télévision Kanali 67 dans les années 1990. Il visait à faire revivre l’héritage de certaines grandes figures politiques du passé, telles que les premiers ministres Elefthérios Venizélos, Georges Papandréou et Alexandros Papanastasiou.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.09.2015 à 07h13 • Mis à jour le26.09.2015 à 12h25 La Russie et l’Ukraine, réunies à Bruxelles par l’Union européenne, ont fixé un protocole d’accord sur les livraisons de gaz russe à l’Ukraine, cet l’hiver, et à travers elle à l’Europe (15 % de l’approvisionnement de l’UE), vendredi 26 septembre au soir. Ces livraisons étaient suspendues depuis le 1er juillet.L’accord s’ouvrirait dès le 1er octobre et courrait jusqu’à la fin de mars 2016. Pour Bruxelles, il s’agit d’une « étape cruciale vers l’assurance que l’Ukraine ait des réserves de gaz suffisantes pour l’hiver à venir et pour qu’il n’y ait aucune menace pour un transit continu et fiable de la Russie vers l’UE ».La Russie et l’Ukraine étaient engagées dans un bras de fer sur le prix du gaz depuis l’arrivée au pouvoir de pro-occidentaux à Kiev au début de 2014. Après une première interruption des livraisons de plusieurs mois en 2014 puis un accord provisoire pour assurer du gaz à l’Ukraine pendant l’hiver, les livraisons avaient été de nouveau suspendues sur fond d’une guerre dans l’est de l’Ukraine, où combattent des troupes russes aux côtés de séparatistes locaux, qui a déjà fait 8 000 victimes. Les contacts s’étaient accélérés ces dernières semaines à l’approche de la saison froide, synonyme d’augmentation de la consommation en Ukraine et en Europe. L’Ukraine est dépendante du gaz russe pour moitié de sa consommation domestique.Un accord « acceptable » pour stabiliser l’UkraineL’Ukraine s’est engagée à « sécuriser le transport de gaz naturel via son territoire vers l’UE, notamment en ajoutant 2 milliards de mètres cubes de gaz » en octobre à ses réserves. Kiev a jugé « acceptable » l’accord conclu, qui contribuera, selon le ministre Vladimir Demtchychyne à la stabilisation économique de son pays. L’opération se fera entre l’opérateur gazier ukrainien Naftogaz et le russe Gazprom.L’Union européenne s’est engagée à faciliter le financement des achats ukrainiens, en particulier auprès d’institutions financières internationales comme la Banque mondiale ou le FMI, « mais ne fournit pas de financements supplémentaires », a souligné M. Sefcovic. Par ce biais, « au moins 500 millions de dollars devraient être disponibles d’ici la fin de l’année », selon le communiqué de la Commission.De son côté, la Russie a confirmé vendredi soir avoir baissé le prix du gaz vendu à l’Ukraine. Un décret qui détaille la formule déterminant les droits douaniers appliquée aux ventes de gaz russe a été publié. Elle revient, selon les agences russes, à une remise de 24,6 dollars pour 1 000 m3 par rapport au contrat en vigueur, et donc à un prix de 227,4 dollars pour 1 000 m3.Pour témoigner de sa bonne volonté, Gazprom ne met plus en avant la colossale dette gazière de l’Ukraine (4,45 milliards de dollars selon Kiev, quatre fois plus selon la Kremlin). Et le groupe russe renonce à une clause, dite « take or pay » qui prévoit l’achat et le paiement d’un volume minimal de gaz.Les prix sont « à un niveau comparable à celui appliqué aux pays voisins de l’UE », a indiqué le ministre russe de l’énergie, Alexandre Novak, évoquant un rabais « d’environ 20 dollars ». « Nous ne ménagerons pas nos efforts pour éviter tout problème », a-t-il assuré. Lucie Soullier (Envoyée spéciale à Izmir) Derrière le comptoir de son hôtel, Mehmet loue des chambres aux réfugiés qui vont tenter d’atteindre la Grèce par la mer. La ville balnéaire d’Izmir, en Turquie, compte plus de 70 000 Syriens enregistrés. Au point que l’un de ses quartiers, Basmane, est devenu une véritable petite Syrie. Alors depuis son ouverture il y a deux ans, l’hôtel Kervansaray n’a pas désempli. La guerre dans le pays voisin avait déjà commencé, Mehmet savait que l’investissement serait vite rentabilisé. Dans ses 32 chambres, 90 % des lits sont occupés par des Syriens.« On gagne notre pain avec ces gens », convient-il. Il les écoute aussi, tente de les dissuader lorsque le temps est trop mauvais. Les voit revenir parfois, quand leur bateau s’est renversé assez près de la côte. Comme celui sur lequel a embarqué Asma, la veille. Dans la nuit du mercredi 23 au jeudi 24 septembre, son bien le plus précieux lui a glissé des bras : son fils Zakaria, né il y a deux mois à Daraa, en Syrie. Leur pneumatique s’est renversé à 100 mètres des côtes turques. Asma et Zakaria ont pu rejoindre la rive. Evidemment, elle a eu peur. Mais elle réessaiera. « Pas d’autre choix. »Inutile de vous dire le bien le plus précieux d'Asma. Il est né en Syrie il y a deux mois. #Izmir #réfugiés http://t.co/mpJfwBlPDc— LucieSoullier (@Lucie Soullier)require(["twitter/widgets"]);« Je n’ai pas pu dormir pendant des jours après la photo du petit Aylan. On en voit tous les jours des petits comme lui », soupire Mehmet en inscrivant le numéro d’identification d’un nouveau client. Après deux avertissements cet été, il risque une amende de 400 livres pour avoir accepté des Syriens qui n’étaient pas enregistrés officiellement auprès des autorités. Mais il faut parfois quinze jours pour que la carte d’identification leur soit délivrée par Ankara et la plupart des migrants quittent la Turquie bien avant de l’obtenir. « Alors on fait quoi ? », soupire Mehmet, en tendant une clef à Yousef Alhariri, numéro 98824243964.Derrière lui, deux petites filles jouent avec un ballon gonflable. Dans un autre contexte, on pourrait croire à un moment innocent, mais pas ici. Car ces ballons sont utilisés par les candidats au passage pour y mettre à l’abri argent et téléphones, si jamais le canot se retournait.Kit de survieSifflet, mini-torche, étui étanche pour téléphone portable, ballon, gros rouleau de scotch... Dans les magasins du quartier, rien de plus facile que de se concocter un kit de sécurité avant d’embarquer. Sans compter les gilets de sauvetage, vendus entre 50 et 75 livres turques (entre 15 et 23 euros). Même montant pour une taille enfant. Le business est rentable. Un marchand de chaussures raconte ainsi qu’il vendait jusqu’à mille gilets par jour au plus fort de l’été.En ce moment, les piles se vident moins rapidement. Parce que les routes terrestres se sont ouvertes ? Non. Au contraire, le passage par Edirne, à la frontière avec la Bulgarie, s’est refermé. Puisque les autorités turques ont bloqué leur avancée, certains ont même fait demi-tour vers Izmir pour envisager la dernière option : le passage par la mer.Lire aussi :La Turquie a du mal à retenir les réfugiés venus de SyrieMais la météo et la mer sont capricieuses ces derniers jours, alors Basmane s’est un peu vidé. Car le quartier est davantage un carrefour qu’un lieu de vie. Les Syriens arrivent et repartent souvent en quelques jours, selon le nombre de tentatives nécessaires. Ils n’y viennent donc qu’au dernier moment, pour y trouver le passeur qui les emmènera vers Bodrum, Ayvalik, Kusadasi, Cesme... d’où ils embarqueront pour Kos, Lesbos, Samos, Chios. A chaque ville turque, son île grecque siamoise.Dash, elle, part ce soir, sans savoir où elle accostera. Une île favorite ? Lesbos, sans hésiter. « Il paraît que tu peux partir plus vite du camp », espère la jeune femme qui a fui Damas il y a moins d’une semaine. Pour beaucoup, les camps de réfugiés ne sont pas une option, même pour quelques jours. Dans la rue des hôtels, les fenêtres sont ornées d’affichettes « wifi ». Un atout commercial puisque beaucoup communiquent avec les passeurs par Whatsapp, un service de messagerie par Internet. Moulham ouvre l’application toutes les trente secondes. Sa maison a été bombardée à Damas. Un mois plus tard, le voilà assis sur les marches du perron d’un hôtel à 15 livres la nuit (moins de 5 euros), dans l’attente du message qui l’enverra à Cesme avec ce qu’il reste de sa famille. Pour s’y rendre, il prendra un taxi ou le minibus du passeur. Les instructions viendront en temps voulu : il n’est encore que 16 heures, et les départs se font à la nuit tombée. Comment a-t-il trouvé le numéro du passeur ? Par des proches qui ont déjà fait le voyage, explique Moulham.L’attente avant la merQuoi qu’il en soit, à Izmir, il est aussi aisé de trouver un passeur qu’un gilet de sauvetage. Ils finissent toujours par se découvrir, comme on aperçoit parfois la sangle d’un gilet sortir d’un sac poubelle – le moyen pour les réfugiés de ne pas être trahi en ville par un orange fluo si utile en mer. « Quand tu croises un passeur, tu le sais », affirme Moulham. Et l’on est bien obligé de l’admettre, devant un homme qui explique être arrivé il y a un an et demi. Sa femme a déjà atteint l’Allemagne. Quand la rejoindra-t-il ? Il est aussi vague que son eau de cologne est claire. Ici, personne n’est passeur. Et pourtant, impossible de ne pas les croiser, comme ce chauffeur de taxi qui a passé une année en prison. Passeur, lui ? « Oh, vous savez... » Il a prêté son téléphone à un client qui a appelé son passeur. Il l’a emmené à Cesme et a été arrêté. Maintenant, il fait attention. A-t-il cessé d’emmener des réfugiés vers les côtes ? Il sourit. Bien sûr que non, l’affaire est trop rentable. Peut-être même plus que les touristes.A Basmane, le quotidien des Syriens est fait de longues attentes. Avant d’avoir assez d’argent, de recevoir celui promis par un proche, avant que ne s’ouvrent les frontières ou que le passeur donne le feu vert. L’attente sur les marches des hôtels ; l’attente sur le perron de la mosquée qui s’est peuplé de matelas ; l’attente aux terrasses, prises d’assaut par les Syriens de passage. Venu d’Alep, Amar cuisine sa spécialité : des falafels. « Mais des syriens », ne confondez pas. « La nourriture leur manque, c’est pour ça qu’on a ouvert », explique-t-il en plongeant une dizaine de ses madeleines de Proust dans la friture. Chiffre d’affaire assuré. Pour les propriétaires des murs aussi, car quelques échopes plus loin, un épicier précise que c’est un Turc qui a ouvert, et que lui doit payer un loyer. Sans permis de travail, pas d’autre choix.Main d’œuvre à bas prixAbdulrahman travaille lui aussi illégalement. Du bazar de fruits et légumes où il passe quinze heures par jour, il ramène 30 livres (environ 10 euros) à sa famille installée près du chateau Kadifekale. Là-haut, une autre communauté syrienne s’affaire pour tenter d’organiser un semblant de vie. Entre peaux de mouton et robes satinées, pas de doute : « C’est Baïram », signale Abdulrahman. Soit la fête du grand Aïd en turc. Il est temps pour le trentenaire de rejoindre sa femme et sa petite fille née à Izmir, il y a onze mois. Mais aussi sa sœur, ses deux frères, sa mère et son père, éborgné par un éclat d’obus à Alep, « il y a si longtemps de ça ».Tous sont installés dans une maison qu’ils louent bien au-dessus des prix du marché, alors que les trois frères sont payés bien en-deça. A ce rythme là, difficile d’économiser pour atteindre les 1 000 à 1 300 dollars nécessaires au passage par la mer. Car même plus installés que leurs « chanceux » concitoyens d’en bas, ils n’ont pas plus envie de rester en Turquie. « Ici c’est travailler, dormir », soupire Mohammed Mohafik, le cadet. Du haut de ses 21 ans, il sait qu’il a amputé son avenir en quittant l’université. Il voudrait raconter la vie d’avant, mais son niveau d’anglais l’arrête. « Avant, je savais [parler anglais]. La guerre fait tout oublier. »Entre partir en Allemagne ou revenir en Syrie, le débat s’engage dans la famille. Ils finissent par trancher : ils reviendront le jour où le régime tombera. « Tu as déjà vu la Syrie ?, s’enquiert Adbdulrahman. C’était si beau avant la guerre. » Pourquoi ne pas attendre cela dans l’un des 25 camps turcs de l’ONU qui devraient bénéficier des nouvelles aides européennes ? Sur les 2,2 millions de réfugiés syriens enregistrés en Turquie, seuls 260 000 y vivent. Hors de question pour la famille d’y ajouter huit personnes. Parce que « trop de gens », parce qu’ici, « on peut gagner ce qu’on mange », parce qu’ici « on peut manger ce qu’on veut ». Et puis surtout, ajoute Mohammed Mohafik, du sourire triste de l’espoir perdu, « parce que le régime ne tombera pas. »Lucie Soullier (Envoyée spéciale à Izmir)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.09.2015 à 17h24 • Mis à jour le25.09.2015 à 17h44 Une Française originaire de Valenciennes (Nord) est emprisonnée depuis lundi en Turquie, à Istanbul. D’après France 3 Nord-Pas-de-Calais, qui a relayé l’information jeudi 24 septembre, Charlotte Lecaille, 28 ans, a été interpellée en compagnie d’une amie allemande par les autorités turques alors qu’elle se rendait à un rassemblement de soutien aux migrants syriens qui tentaient de rejoindre l’Europe.Les deux jeunes femmes sont accusées d’avoir incité les migrants à passer la frontière entre la Turquie et la Grèce, mais aussi d’avoir caillassé les policiers. Selon les médias locaux, elles sont également soupçonnées d’espionnage pour le compte d’« obscurs groupuscules à la solde des services de renseignements ».Des allégations rapidement balayées par la sœur de Charlotte, citée par La Voix du Nord, qui assure que la jeune femme n’aurait « jamais pu faire ça » :« Elle s’intéresse à leur histoire. Mais elle ne fait partie d’aucun groupuscule politique. C’est juste une femme extrêmement humaine ! Sans être activiste, c’est quelqu’un qui peut répondre à un mouvement spontané de solidarité. »Fermeture des administrationsCharlotte Lecaille, qui a réussi à téléphoner à sa famille et à des amis, a été transférée dans un centre de détention provisoire administratif. D’après le quotidien nordiste, la jeune femme est en contact régulier avec deux avocats missionnés par le consulat de France.Ses parents, qui ont réussi à l’avoir au téléphone deux fois, assurent que la jeune femme n’a pas été maltraitée mais souhaite être rapatriée en France au plus vite. Toutefois, en raison de la fête de l’Aïd el-Kébir, les administrations sont fermées jusqu’en début de semaine prochaine. 25.09.2015 à 10h40 • Mis à jour le25.09.2015 à 19h42 | Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) et Philippe Jacqué Le conseil de surveillance du constructeur allemand d’automobiles Volkswagen (VW) a choisi, vendredi 25 septembre, Matthias Müller, l’actuel patron de Porsche, pour succéder à Martin Winterkorn à la tête du directoire du groupe de Wolfsburg (nord de l’Allemagne) à la suite du scandale de manipulation des tests d’homologation de véhicules diesel.« Nous allons surmonter cette crise », a promis, sitôt officialisée sa nomination, le nouveau patron de Volkswagen. Le conseil de surveillance a également proposé de suspendre de leurs fonctions plusieurs salariés en attendant des éclaircissements. Et le groupe va par ailleurs adopter une nouvelle structure renforçant les responsabilités des marques et des régions. Le président du conseil de surveillance, Berthold Huber, a pour sa part qualifié vendredi l’affaire de « désastre moral et politique », en imputant la responsabilité à « un petit groupe de personnes » qui a « causé un énorme préjudice » à VW.Cheveux gris acier, regard clair et mise toujours impeccable, M. Müller est un pur produit du groupe. Il lui aura fallu seulement six mois pour obtenir ce poste, qu’il convoite depuis le printemps. Son protecteur, Ferdinand Piech, alors président du conseil de surveillance, l’avait imposé au sein au directoire afin de concurrencer M. Winterkorn. En mars, ce dernier avait réussi à contrecarrer les plans de son ancien mentor. Et c’est Ferdinand Piech qui était parti. Une victoire à la Pyrrhus.Lire aussi :Au pays de Volkswagen : « On a beaucoup travaillé pour être les premiers, on va le rester »A 62 ans, Matthias Müller connaît très bien les deux anciens patrons du groupe. Il a bénéficié de leur aide pour grimper un à un les échelons, d’abord chez Audi où il était en apprentissage au département outillage. Après quelques années chez le constructeur, ce fils de réfugiés d’Allemagne de l’Est installés en Bavière rejoint l’université de sciences appliquées de Munich, où il passe un diplôme d’informatique avant de revenir chez Audi en 1977. Il y travaillera au service informatique, puis prendra à partir de 1993 la responsabilité du programme de la nouvelle A3, la plus petite berline d’Audi.En 2003, Martin Winterkorn lui donne la haute main sur l’ensemble des programmes d’Audi et de Lamborghini. En 2007, l’ancien patron, promu à la tête de VW à Wolfsburg, l’emmène dans ses valises. Il sera chargé de la stratégie produit des marques VW. En 2010, il rejoint Porsche, qu’il mène de records commerciaux en records commerciaux tout en réussissant avec brio l’intégration dans le groupe.« Mister Cool »« Contrairement à Martin Winterkorn, un ingénieur automobile un peu refermé mais qui avait une aura très grande dans le groupe, Matthias Müller est beaucoup plus ouvert et abordable », juge un dirigeant français qui a l’habitude de le croiser. L’hebdomadaire allemand Der Spiegel le qualifie même de « Mister Cool ». C’est que M. Müller n’hésite pas à prendre la parole dans les médias sur des grands sujets de société, comme les réfugiés. Il a appelé l’ensemble des grands patrons à se mobiliser sur ce thème et à contrer les discours extrémistes. Une originalité chez les dirigeants automobiles allemands jugés ternes et repliés sur leur industrie.S’il fait bien plus jeune que son âge, M. Müller a confié à la presse allemande qu’il « n’était trop vieux pour rien ». « Aujourd’hui, confie ce dirigeant, c’est sa dernière chance de prendre la direction de VW. S’il y arrive, il devra prouver qu’il a les épaules pour diriger un tel mastodonte dans la tempête. » Pour cela, il pourra compter sur l’appui du conseil de surveillance, qui prévoit un grand nettoyage au sommet. Les responsables de la recherche-développement (R&D) d’Audi et Porsche, Ulrich Hackenberg et Wolfgang Hatz, ainsi que Heinz-Jakob Neusser, le directeur du développement de la marque VW, devraient être débarqués, selon la presse allemande et les agences.Cela ne devrait pas s’arrêter là. Michael Horn, le patron de VW aux Etats-Unis, devrait laisser sa place à Winfried Vahland, le PDG de la filiale tchèque qui a permis à la marque Skoda de vendre plus d’un million d’exemplaires par an en 2014. Christian Klingler, le puissant patron des ventes de l’ensemble des marques, serait également sur la sellette.Ce grand renouvellement de l’Etat-major du groupe devrait très rapidement s’accompagner d’une remise à plat de la gouvernance, comme le prévoyait initialement Martin Winterkorn. Les douze marques vont être rassemblées en sous-groupes gérés par des patrons qui récupéreront davantage de pouvoirs de la part du directoire. Cette décentralisation devrait permettre une plus grande flexibilité.Lire aussi :Volkswagen : le plus gros vendeur mondial de voitures en trois graphiquesBruxelles exige des tests dans l’ensemble des pays de l’UnionMalgré ces premières réformes, la tâche à laquelle face la nouvelle direction est gigantesque. Il va falloir restaurer la confiance des clients et des pouvoirs publics. Et affronter la pluie d’enquêtes qui s’annoncent sur le scandale des logiciels truqueurs sur l’un des moteurs diesel du groupe.Jeudi, le ministre fédéral des transports, Alexander Dobrindt, a indiqué que VW avait bien reconnu que des véhicules au moteur de 1,6 litre et 2 litres diesel manipulés pour passer les tests étaient également en circulation en Europe. Devant la commission d’enquête réunie à Berlin par le ministère autour de cette affaire, Volkswagen doit maintenant fournir des précisions pour déterminer le type de voitures concerné et le nombre de véhicules dans lequel le logiciel incriminé a été installé et est actif.La Commission européenne a demandé dans la foulée à l’ensemble des Etats de l’Union européenne d’organiser des tests sur les véhicules en circulation de la marque incriminée, mais pas seulement. Tout le parc va être exploré. En Allemagne, M. Dobrindt a déclaré que « les modèles Volkswagen [seraient] examinés au banc d’essai comme sur la route ». En France, Ségolène Royal, la ministre du développement durable et des transports, a mis en place une commission chargée de tester aléatoirement une centaine de véhicules de toute marque. Aux Etats-Unis, une trentaine d’Etats ont lancé jeudi une enquête groupée sur les agissements du groupe automobile allemand Volkswagen.Lire aussi :Affaire Volkswagen : les constructeurs français se font discretsLe diesel, autre victime collatéralePour la Deutsche Bank, la crise chez VW aura des conséquences à moyen terme sur le cours du Dax, l’indice de référence de la bourse de Francfort. En invoquant expressément la crise du constructeur, la banque a baissé ses prévisions de performance de l’indice et table sur une valeur de fin d’année de 10 300 points au lieu des 11 300 estimés initialement.Autre dégât collatéral : le diesel. Jeudi, c’est le ministre français de l’économie, Emmanuel Macron, qui est venu à son secours. « Dans l’affaire Volkswagen, il faut être extrêmement précis et clair », a-t-il déclaré. « C’est une fraude aujourd’hui vis-à-vis des gouvernements et des consommateurs sur un logiciel. Ça n’est pas une fraude qui est liée au moteur lui-même ou au principe même du diesel. »Pour lui, « les moteurs diesel de norme Euro 6 sont moins émetteurs de particules que beaucoup d’autres moteurs essence. Et donc ils sont au meilleur standard en termes d’émissions et de pollution. » Une défense qui ne doit rien au hasard. L’Etat est actionnaire à la fois de Renault et PSA, deux grands producteurs de moteurs diesel.Lire aussi :Volkswagen : le crépuscule d’une icôneCécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au MondePhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.09.2015 à 17h29 • Mis à jour le24.09.2015 à 17h59 | Alexandre Pouchard C’est un discours récurrent. Loin de l’image de la famille de réfugiés fuyant la guerre, les migrants arrivant en Europe ne seraient que très majoritairement des hommes seuls ne fuyant que la misère. Après avoir affirmé, sur RMC début septembre, que cette proportion atteignait même 99 %, la présidente du Front national, Marine Le Pen, a assuré, jeudi 24 septembre, et de nouveau sur RMC, qu’elle était de 75 %."Les institutions internationales disent qu'il y a 75% d'hommes parmi ces #migrants." #BourdinDirect— MLP_officiel (@Marine Le Pen)require(["twitter/widgets"]);C’est partiellement vrai mais…69 %Selon les chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 69 % des migrants ayant traversé la Méditerranée pour venir en Europe en 2015 étaient des hommes. Sur 100 personnes s’engageant dans ce périple, 13 étaient des femmes et 18 étaient des enfants. Pas 99 % ni 75 % comme l’affirme Marine Le Pen, donc, mais effectivement une majorité d’hommes.De plus, la proportion pourrait se rééquilibrer, selon d’autres comptages. Ainsi, en juin, les femmes et les enfants représentaient 10 % des migrants transitant par la Macédoine (route terrestre). Une proportion passée à un tiers en septembre, selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).Presque parité dans les camps de réfugiés au Proche-OrientEn revanche, si l’on prend le problème à l’une des sources, à savoir la situation des réfugiés syriens au Proche-Orient, le constat est tout autre parmi les 4 millions de réfugiés syriens – 92 % sont actuellement dans trois pays voisins de la Syrie : la Turquie (1,9 million de personnes), le Liban (1,1 million) et la Jordanie (628 000).Lire aussi :Réfugiés syriens : la Turquie, le Liban et la Jordanie en première ligne50,5 % de femmesDans les camps de réfugiés, les femmes sont légèrement majoritaires (50,5 %). Sans surprise, la tranche d’âge majoritaire est constituée par les 18-59 ans, où les femmes sont également majoritaires (23,9 % des femmes, 21,8 % des hommes). #container_14431066811{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14431066811{ height:500px; } #container_14431066811 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14431066811 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14431066811 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14431066811 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les femmes majoritaires dans les camps de réfugiés syriens au Proche-OrientRépartition des hommes et des femmes dans les camps de réfugiés en Turquie, au Liban, en Jordanie, en Irak et en Egypte.Source : HCR(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14431066811", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#ff3232","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} %", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} %", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Total","0-4 ans","5-11 ans","12-17 ans","18-59 ans","Plus de 60 ans"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Hommes ", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 49.5 ], [ "", 9.1 ], [ "", 10.7 ], [ "", 6.5 ], [ "", 21.8 ], [ "", 1.3 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Femmes ", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 50.5 ], [ "", 8.6 ], [ "", 10.1 ], [ "", 6.1 ], [ "", 23.9 ], [ "", 1.7 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }} Ils ne fuient que la misère ? C’est fauxC’est l’autre discours récurrent sur les migrants. Ceux fuyant la guerre ne représenteraient qu’une minorité."La réalité, c'est que la grande majorité de ces gens viennent pour des raisons économiques !" #BourdinDirect— MLP_officiel (@Marine Le Pen)require(["twitter/widgets"]);Or, c’est faux. Selon les mêmes chiffres du HCR, les Syriens, venant donc d’un pays en proie à une guerre civile des plus violentes, ont représenté à eux seuls 54 % des migrants ayant traversé la Méditerranée en 2015.La deuxième nationalité la plus représentée est constituée des Afghans, pays également en proie à une guerre civile (13 %), suivis des Erythréens, venant d’un Etat sous dictature totalitaire (7 %), puis des Irakiens, également en guerre (3 %), des Nigérians, dont le pays connaît des massacres réguliers par des groupes comme Boko Haram (3 %), la Somalie, pays à l’état de décomposition avancée (2 %) … #container_14431057371{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14431057371{ height:500px; } #container_14431057371 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14431057371 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14431057371 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14431057371 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les migrants viennent majoritairement de pays en guerreTop 10 des nationalités les plus présentes parmi les migrants ayant traversé la Méditerranée en 2015. Elles représentent 90 % des arrivées maritimes.Source : HCR(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14431057371", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} %", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} %", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Syrie","Afghanistan","Erythrée","Nigeria","Irak","Pakistan","Somalie","Soudan","Gambie","Bangladesh"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Part des migrants ", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 54 ], [ "", 13 ], [ "", 7 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Lire aussi :Syrie, Erythrée, Afghanistan… ce que fuient migrants et réfugiésAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye L’extrême droite française, vent debout contre l’accueil de réfugiés venant de Syrie, d’Irak ou de la corne de l’Afrique, a trouvé un bouc émissaire de choix dans la crise des migrants qui secoue l’Europe : l’Allemagne. Une manifestation « contre la déferlante migratoire » est organisée, jeudi 24 septembre, devant l’ambassade d’Allemagne, à Paris, à l’initiative du Siel (Souverainisme, indépendance et libertés), un petit parti allié au Front national.La formation de Marine Le Pen n’appelle pas elle-même à participer à ce rendez-vous, qui doit réunir, entre autres, l’écrivain Renaud Camus – théoricien du « grand remplacement » –, le groupuscule islamophobe Riposte laïque, l’Action française, ou encore la porte-parole du mouvement allemand anti immigrés Pegida. Il n’empêche, le FN n’est pas en reste sur le sujet.Depuis plusieurs semaines, Angela Merkel occupe une place de choix dans les discours de Marine Le Pen, au même titre que François Hollande ou Nicolas Sarkozy. La présidente du FN n’a de cesse de dénoncer le rôle moteur de la chancelière allemande dans la mise en place d’un système de répartition des migrants dans l’Union européenne, et critique la volonté de Mme Merkel d’accueillir 800 000 personnes dès 2015 sur son propre territoire.Lire aussi :La crise des migrants contraint les politiques français à clarifier leur discours« L’Europe à la schlague »« Sans doute l’Allemagne pense-t-elle à sa démographie moribonde, et sans doute cherche-t-elle encore à baisser les salaires et à continuer à recruter des esclaves via une immigration massive », a lancé Mme Le Pen lors du discours de clôture de l’université d’été de son parti, le 6 septembre, à Marseille. De son côté, Florian Philippot a pour sa part jugé que l’Allemagne « n’en finit plus de lancer ses diktats au visage de l’Europe : sur l’euro, les migrants ou le budget ».En manifestant son opposition à Angela Merkel, le Front national réactive un couplet déjà entonné au plus fort de la crise grecque, en juin : l’Allemagne, première économie du continent, ferait valoir ses vues à l’Europe au mépris des intérêts de ses partenaires. « C’est l’Europe à la schlague, dénonce Mme Le Pen, interrogée par Le Monde. En toutes circonstances et en tous domaines, l’Allemagne impose sa loi. »Lire aussi :Marine Le Pen rétropédale sur le « Grexit »« L’Allemagne paraît grande car nous sommes à genoux »En s’en prenant à la chancelière, chef de file supposée de l’Union européenne, la présidente du FN tente d’endosser le rôle de première opposante à l’ordre européen tel qu’il existe aujourd’hui. Et de dénoncer par-là même l’action de François Hollande, renvoyé à une simple position d’« administrateur de province sous direction allemande ».« L’Allemagne nous considère comme un esclave car elle obtient ce qu’elle demande : Mme Merkel demande l’accueil de 800 000 migrants, François Hollande applaudit ; puis Mme Merkel rétablit les frontières, et François Hollande applaudit encore. L’Allemagne paraît grande car nous sommes à genoux », juge Marine Le Pen.Un renversement d’alliances en faveur de la RussieCes critiques contre une supposée « Europe allemande » s’exprimaient déjà quand le premier ministre grec Alexis Tsipras tentait, avant l’été, d’obtenir un plan d’aide pour son pays sans contreparties trop sévères en terme d’austérité. Pendant la campagne présidentielle de 2012, déjà, le Front national s’en prenait à l’Allemagne pour son rôle dans le maintien d’un euro fort.Partisane d’un renversement d’alliances en faveur de la Russie et de relations bilatérales entre Etats, la fille de Jean-Marie Le Pen assure que si elle arrivait au pouvoir, elle ne ferait plus du couple franco-allemand un moteur des décisions en Europe. Finis les conseils des ministres communs, la visite à Berlin dès la prise de fonction... « Je traiterais l’Allemagne comme je traite les autres pays. Il n’y a pas d’objectif de tension ou d’hostilité, mais s’il faut en passer par là, on le fera », déclare la députée européenne.Lire aussi :Le monde vu du Front nationalOutre-Rhin, la présidente du Front national est perçue avec une certaine circonspection. L’entreprise de dédiabolisation du parti, qui consiste d’abord à le laver tout soupçon d’antisémitisme, ne convainc pas, le discours sur l’islam ou l’immigration n’ayant pas varié par rapport à l’époque de Jean-Marie Le Pen. Au lendemain des élections européennes, en mai 2014, Angela Merkel avait jugé « regrettable » les bons résultats des partis populistes en Europe. Son ministre de l’économie, Wolfgang Schäuble, avait quant à lui estimé que les Français avaient voté non « pas pour un parti de droite, mais pour un parti fasciste ». Pas de quoi réchauffer les relations entre le FN et le gouvernement allemand.Olivier Faye Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Terre d’asile obligée pour les réfugiés du conflit syrien, la Turquie est aussi désemparée que l’Union européenne face à l’exode de ses réfugiés. L’aide financière promise mercredi 23 septembre par les dirigeants européens – un milliard d’euros débloqués en urgence en faveur d’Ankara et des Etats des Balkans – est certainement bienvenue pour le gouvernement turc. Ce dernier assure avoir déjà consacré 6,6 milliards d’euros à l’accueil des réfugiés syriens depuis 2011. Mais rien ne dit que cette enveloppe suffira à maintenir sur place les candidats à l’asile.Lire aussi :Réfugiés : l’UE débloque plus d’un milliard d’eurosEn première ligne entre la Syrie et l’EuropeDepuis 2011, et le début de la crise syrienne, la Turquie a ouvert grand ses portes aux populations civiles victimes du conflit. A cet égard, les Turcs n’en reviennent pas de voir les Etats de l’Union européenne se chamailler pour l’accueil de 120 000 réfugiés syriens quand leur pays en héberge 2,2 millions. Mais cet élan d’hospitalité – une notion sacrée en Turquie – a ses limites. 260 000 personnes seulement vivent dans les 25 camps installés le long de la frontière turco-syrienne, décrits par les humanitaires comme des « cinq étoiles » – avec réseau wifi, des épiceries et des écoles où les cours sont dispensés en arabe. La majorité des réfugiés (environ 1,9 million) sont livrés à eux-mêmes dans les grandes villes du pays. Officiellement ils sont des « invités ». La Turquie leur offre une protection et non l’asile politique, susceptible d’être accordé uniquement aux… Européens de l’Ouest. Sans emploi, sans accès à l’éducation, parfois sans toit, des centaines de milliers de familles vivent un enfer.Perçue comme trop sensible, la question des réfugiés n’est un thème de campagne pour aucun des partis en lice avant les prochaines élections législatives, le 1er novembre. Pas question de troubler l’opinion publique, déjà assez éprouvée par ce fardeau. Les tensions ne sont pas rares surtout dans des villes comme Gaziantep, non loin de la frontière turco syrienne, où le prix des loyers est désormais plus élevé qu’à Istanbul.Conditions de vie précaires dans les grandes villesA Istanbul, où on estime à 350 000 le nombre de réfugiés, presque toutes les avenues sont envahies par des femmes qui mendient à même le sol, leurs nourrissons sur les genoux, tandis que les aînés, âgés parfois de 5 ans tout au plus, se faufilent pieds nus entre les voitures pour proposer à la vente mouchoirs et bouteilles d’eau. Les ateliers de confection emploient des « petites mains » âgées de dix à douze ans pour 300 livres turques (87 euros) mensuels. Evoqué un instant, l’octroi de permis de travail aux Syriens n’est plus de mise depuis que la Turquie est en plein marathon électoral, avec deux législatives en cinq mois. Selon le centre de recherches Xsights à Istanbul, auteur d’une étude récente sur les conditions de vie des réfugiés syriens en Turquie, 82 % éprouvent des difficultés à trouver du travail, 56 % se plaignent du manque d’accès aux services sociaux, 90 % trouvent les loyers trop chers.Lire aussi :« Nous avons perdu tout espoir » : les quatre raisons de l’exode des réfugiés syriens« Le plus gros problème, c’était le travail. J’ai été pris à plusieurs reprises comme manœuvre sur des chantiers mais comme je n’étais pas déclaré, je touchais 800 livres tandis que mes collègues turcs recevaient bien plus, soit 2 000 livres », explique Mohammad Wajoukh, 50 ans, un Syrien de Damas, arrivé en Turquie en 2013 avec sa femme et leurs deux enfants. La famille s’est alors établie à Kahramanmaras, à quelques centaines de kilomètres de la frontière syrienne, avant de rejoindre Istanbul, et envisage de rejoindre la Grèce, si possible par la route.Toujours plus de candidats au départ vers l’Europe par la merLes patrouilles de gendarmes et de gardes-côtes ont beau avoir été renforcées, le flot des candidats au départ ne tarit pas, depuis la côte – Izmir, Bodrum, Marmaris, Datça, Canakkale – vers les îles grecques les plus proches. Les plus démunis embarquent à bord de canots pneumatiques, les plus aisés assurent leurs arrières, tels ces 70 Syriens arrivés récemment sur l’île de Rhodes (Grèce) à bord d’un bateau de bois long de plusieurs mètres, acheté collectivement. Selon Numan Kurtulmus, le porte-parole du gouvernement, les gardes-côtes turcs ont secouru 53 000 naufragés depuis le début de l’année tandis que 274 migrants ont perdu la vie lors de ces périlleuses traversées.La frontière terrestre avec la Grèce fermée Il faut compter aussi avec ceux qui affluent à Edirne, la dernière grande ville turque avant la frontière terrestre avec la Grèce et la Bulgarie. Près d’un millier ont été regroupés dans un stade non loin de la ville, les autorités essaient de les convaincre de faire demi-tour. Le premier ministre Ahmet Davutoglu a fait le déplacement, samedi 19 septembre, pour écouter leurs doléances. Il était temps car les réfugiés avaient, peu avant, réussi à bloquer une portion d’autoroute. « La voix de nos frères syriens a été entendue par le monde entier, ils doivent maintenant retourner à leur vie normale », a expliqué le chef du gouvernement sur son compte twitter, peu après la rencontre. Des centaines d’autres candidats au départ sont parqués depuis plusieurs jours à la gare routière de Bayrampasa à Istanbul, empêchés de monter dans les autobus en partance pour la Thrace, la partie européenne de la Turquie. Les plus déterminés sont partis à pied le long de la bande d’urgence de l’autoroute, où ils ont été refoulés par la police.Des restrictions de circulationsDans la gare de Bayrampasa, les compagnies de bus affichent aux guichets une circulaire ministérielle de 2012, stipulant que les billets sont vendus exclusivement aux titulaires du numéro qui figure sur la carte d’identité turque. Une directive interne du ministère de l’intérieur, datée du 29 août, prévoit même un renforcement des contrôles, de sorte que les réfugiés syriens ne puissent quitter sans permission les provinces de Turquie où ils ont été enregistrés. Ceux qui tentent de se rendre illégalement en Europe sont « une menace à l’ordre public » et « affectent l’image de la Turquie aux yeux du monde », explique le document dont l’agence Associated Press a pu se procurer une copie. Les contrôles visent avant tout les Syriens, soit plus de la moitié des quatre millions de réfugiés hébergés au total par la Turquie.Lire aussi :Vives tensions dans les Balkans autour des réfugiésMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.09.2015 à 11h30 • Mis à jour le24.09.2015 à 15h15 | Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) et Philippe Jacqué Il était l’un des patrons allemands les mieux payés. Sera-t-il l’un des retraités les mieux chouchoutés par son entreprise ? C’est bien possible. Martin Winterkorn, le président du directoire démissionnaire du groupe Volkswagen, qui a émargé à 15 millions d’euros de rémunérations en 2014, pourrait toucher un véritable pactole pour son départ.Si l’on en croit le rapport financier 2014 de l’entreprise, l’ancien chef d’entreprise, âgé de 68 ans, a droit à une retraite de 28,5 millions d’euros, quelles que soient les conditions de son départ. Il peut également conserver son véhicule de fonction.Lire aussi :Après le scandale, Volkswagen change de patronDe plus, dans le cadre d’un départ négocié, il peut obtenir un chèque équivalent à deux années de salaires, soit au moins 30 millions d’euros si l’on prend l’ensemble de ses rémunérations, qui additionne un salaire fixe de 1,6 million d’euros, 300 000 euros d’indemnités diverses, et 13 millions au titre de plusieurs rémunérations variables liées à la performance, etc.Scandale en 2012Cependant, pour obtenir cet avantage, il faudra voir comment le conseil de surveillance qualifiera le départ de Martin Winterkorn. S’il estime que ce dernier quitte l’entreprise pour faute, il ne pourra prétendre à rien. S’il part dans un cadre plus propice, il pourra améliorer encore plus son ordinaire.Il faut toutefois se souvenir que l’ancien patron de Volkswagen a déjà fait l’objet d’un scandale en raison de sa rémunération en 2012. Il avait touché 17 millions d’euros au titre de l’année 2011 à la suite de l’activation d’un bonus lié à l’année financière exceptionnelle du groupe automobile (15,7 milliards d’euros de bénéfices).À l’époque, c’est Berthold Huber, le président d’IG Metall, le premier syndicat du groupe, qui s’était offusqué de ce montant, avant de se rétracter, car dans le système de cogestion allemand actuel, les syndicalistes votent les rémunérations des dirigeants. Aujourd’hui, c’est le même Berthold Huber qui dirige le conseil de surveillance de Volkswagen.Des sanctions attendues au niveau du managementLa direction de Volkswagen (VW) doit annoncer, vendredi 25 septembre, qui succédera à Martin Winterkorn à la tête du groupe d’automobile allemand. Le nom le plus souvent avancé est celui de Matthias Müller, l’actuel patron de Porsche.La direction du groupe a aussi indiqué qu’elle annoncera, à cette occasion, un certain nombre de remaniements au sein de ses différentes filiales et marques. Selon le Spiegel online, quelques têtes devraient ainsi tomber : notamment celles d’Ulrich Hackenberg, le patron de la R&D d’Audi, Heinz Jakob Neusser, patron du développement moteurs chez VW, et Wolfgang Hatz, membre du Board pour la R&D chez Porsche. Volkswagen et Porsche n’ont pas souhaité commenter l’information.Cécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au MondePhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Baptiste Chastand La clôture anti-migrants érigée par la Hongrie n’a pour l’instant aucun effet sur le flux de migrants tentant de rejoindre l’Europe par la « route des Balkans ». Au contraire, le nombre de réfugiés entrant sur le territoire hongrois a même atteint un nouveau record, mercredi 23 septembre, avec le passage de 10 046 personnes en une seule journée. La précédente journée record remontait au 14 septembre, la veille de la fermeture complète de la clôture entre la Hongrie et la Serbie, avec 9 380 entrées.Lire aussi :La Hongrie a connu un afflux record de réfugiés mercrediLa clôture érigée à la demande du premier ministre ultra-conservateur hongrois, Viktor Orban, n’a eu pour effet que de dériver le flux des migrants. Alors que ceux-ci rejoignaient jusqu’au 15 septembre directement Budapest depuis Belgrade, en longeant plus ou moins l’autoroute reliant les deux capitales, ceux-ci doivent désormais passer par la Croatie, plus à l’ouest. De la frontière avec la Serbie, ce pays les emmène ensuite par bus à la frontière hongroise.Voir aussi notre cartographie : La Hongrie, verrou sur la porte de l’EuropePour l’instant, la Hongrie accepte ensuite de les amener en Autriche. Seule la frontière serbo-hongroise est protégée par une clôture de quatre mètres. Le gouvernement hongrois a commencé à prolonger cette clôture vers la Croatie et a déjà déposé des rouleaux de barbelés, mais elle laisse encore les migrants rentrer par la petite ville de Beremend. De là, ils sont amenés en bus ou en train – sans même être enregistrés – vers le nord du pays et la frontière autrichienne. La Hongrie, qui a annoncé des mesures très dures contre les migrants comme des sanctions de trois ans de prison pour le franchissement de la clôture, a déclaré tolérer le passage des migrants « vulnérables ». En organisant ces convois par bus et par train, Viktor Orban cherche surtout à éviter un retour à la situation antérieure, lorsque des milliers de migrants dormaient devant les gares de Budapest, sous les yeux des habitants de la ville.Mauvais souvenirsL’arrivée massive de migrants en Croatie, pays qui était jusqu’ici à l’écart de la route des Balkans, suscite toutefois de nombreuses tensions avec son voisin serbe. Sept des huit points de passage entre les deux pays sont complètement fermés. Jugeant son pays débordé, le ministre de l’intérieur croate a annoncé jeudi qu’il allait fermer cet ultime point de passage à tous les véhicules serbes, alors que l’entrée des poids lourds est déjà bloquée depuis lundi. Cette mesure a été prise en représailles de la décision serbe de bloquer les camions et produits croate mercredi soir.« Il n’y aura ni guerre ni violence, tout va se passer dans le calme, mais ce n’est pas un comportement normal »Les deux pays – non membres de l’espace Schengen – sont libres d’appliquer de telles restrictions à leurs citoyens, mais ces décisions réveillent de mauvais souvenir dans une région qui reste marquée par la guerre des Balkans déclenchée par la déclaration d’indépendance de la Croatie en 1991. Jeudi matin, le ministre de la justice serbe a déclaré se sentir « brutalement attaqué » par la décision croate. « Il n’y aura ni guerre ni violence, tout va se passer dans le calme, mais ce n’est pas un comportement normal [de la part de la Serbie] », a toutefois voulu rassurer le premier ministre croate, Zoran Milanovic, depuis Bruxelles, mercredi soir.Selon les médias croates, Zagreb souhaiterait que la Serbie redirige au moins une partie du flux de réfugiés directement vers la Hongrie, via le poste frontière d’Horgos, sur l’autoroute Belgrade-Budapest. C’est à ce poste de frontière qu’ont eu lieu le 16 septembre des affrontements entre les migrants bloqués et la police hongroise. Depuis, les migrants ne passent plus par cet endroit et l’autoroute a même pu être rouverte dimanche. Il semble peu probable que la Hongrie, qui tient à montrer l’efficacité de sa clôture, autorise à nouveau les migrants à passer par là.Lire aussi :« Nous avons perdu tout espoir » : les quatre raisons de l’exode des réfugiés syriensJean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) C’était le sommet dont personne ne voulait, sauf la chancelière Angela Merkel et le premier ministre hongrois Viktor Orban. Décidé en urgence, il aura au moins permis aux Européens de se reparler, mercredi 23 septembre, et de recoller les morceaux après le conseil des ministres de l’intérieur qui, la veille, avait vu quatre pays de l’Est se dissocier de leurs partenaires au sujet de l’accueil de 120 000 réfugiés. La Hongrie, la Roumanie, la République tchèque et la Slovaquie ont voté contre ce dispositif de répartition des réfugiés entre pays membres.Lire aussi :L’UE impose la répartition de 120 000 réfugiés« Les tensions n’ont pas disparu, mais ne se sont pas manifestées, aucun pays n’a dit vouloir se dégager de ses obligations », a commenté François Hollande. Tout au plus Angela Merkel a-t-elle eu un échange un peu vif avec le populiste M. Orban, qui a, selon une source proche des discussions, dénoncé « l’impérialisme moral » de la chancelière, lui reprochant d’avoir, fin août, appelé les dirigeants de l’Union européenne (UE) à l’humanité face aux populations fuyant la guerre en Syrie.L’urgence, désormais, pour les dirigeants européens, est de protéger les frontières extérieures de l’Union, de « contenir » le flux des migrants. « Il y a 8 millions de Syriens déplacés dans leur pays, 4 millions dans les pays voisins. Cela fait des millions de réfugiés potentiels susceptibles de gagner l’Europe, sans parler de l’Erythrée, de l’Afghanistan, etc. », a souligné, en préambule de la réunion, Donald Tusk, le président du Conseil européen.L’aide humanitaire annoncée mercredi vise notamment à « fixer » les réfugiés près de leur pays d’origine, en améliorant un peu leur quotidien. Les Etats membres se sont engagés à augmenter d’« au moins 1 milliard d’euros » leur aide aux pays voisins de la Syrie (Turquie, Jordanie, Liban). Ces fonds devraient aller aux agences des Nations unies et au Programme alimentaire mondial (PAM), dont les moyens ont été rabotés, ce qui a entraîné le départ de nombreux Syriens des camps de réfugiés. Selon la Commission européenne, 38 % seulement des fonds réclamés par les agences humanitaires pour aider les réfugiés syriens ont été versés jusqu’ici.Renforcement de FrontexAutre décision, maintes fois annoncée : le renforcement des moyens de l’agence de surveillance Frontex, qui devrait organiser des retours rapides (et « dignes », souligne M. Hollande) des déboutés du droit d’asile, alors qu’actuellement moins de 40 % d’entre eux quittent effectivement l’Europe. La Commission a annoncé que 1,3 million d’euros supplémentaires – à trouver dans le budget de l’Union – devraient aller à Frontex en 2015, ainsi qu’au Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO) et à Europol.Lire aussi :L’Union européenne va aider davantage les agences de l’ONU venant en aide aux réfugiésLa France, elle, a de nouveau insisté sur la nécessité de faire fonctionner (dès novembre) les « hot spots ». La Commission persiste à appeler « équipes de soutien à la gestion de la migration » ces structures chargées de l’enregistrement, de l’orientation et du retour éventuel des déboutés du droit d’asile. Paris ajoute qu’il doit s’agir aussi de centres de rétention à établir en Grèce et Italie. La Hongrie refuse tout « hot spot », la Bulgarie en réclame un. Une évidente confusion règne quant à la mission exacte de ces structures. Les Européens l’ont tous reconnu mercredi soir : il faut lancer une « offensive diplomatique » vis-à-vis de la Turquie, sans laquelle la stratégie européenne d’endiguement des réfugiés ne fonctionnera pas. M. Tusk a déjà effectué une visite à Ankara début septembre, le pays sera convié à une réunion conjointe des ministres des affaires étrangères et de l’intérieur, à Luxembourg, au début du mois d’octobre.La question turque est toutefois très épineuse. Elle divise les Vingt-Huit, en désaccord sur le problème kurde, la démarche de préadhésion à l’Union ou l’éventuelle inscription du pays sur une liste des « Etats sûrs ». Et les dirigeants se font peu d’illusions. « Avant les élections du 1er novembre en Turquie, il sera difficile d’avancer sur quoi que ce soit », confiaient des diplomates européens, mercredi.Athènes sous pressionAu sujet des frontières, c’est la Grèce qui est dans le collimateur. Plusieurs capitales estiment que le manque de contrôle à la frontière gréco-turque, devenue première porte d’entrée des migrants en Europe, est l’un des problèmes urgents à résoudre. Athènes semblait d’autant plus sous pression, mercredi, qu’elle va bénéficier de plus de 50 000 « relocalisations » supplémentaires de réfugiés présents sur son territoire, grâce au mécanisme de relocalisation de 120 000 réfugiés agréé mardi.Beaucoup à Bruxelles soulignent les retards accumulés par les Grecs pour la mise en place des « hot spots ». Ils déplorent aussi que le pays n’ait pas davantage sollicité l’aide européenne à laquelle il peut prétendre pour financer l’accueil des milliers de réfugiés qui chaque jour désormais parviennent sur ses côtes.La Commission a d’ailleurs, mercredi, peu avant le sommet, officiellement lancé 40 procédures pour infraction au droit de l’Union en matière de droit d’asile, visant 19 pays (dont la France), mais pointant particulièrement les déficiences grecques. « C’est à la Grèce de faire une demande d’aide à l’Union, on ne peut rien lui imposer. On a fait passer le message à Alexis Tsipras », affirmaient plusieurs sources, mercredi.Lire aussi :La Commission européenne épingle 19 pays pour non-respect du droit d’asileCertains, comme la Hongrie, réclament des mesures radicales. Ils veulent imposer à Athènes un corps de gardes-frontières européens. Une option peu réaliste à court terme, même si la Commission a proposé de relancer, avant la fin de l’année, son projet de création d’un corps unifié de gardes-côtes.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.09.2015 à 15h02 • Mis à jour le02.09.2015 à 16h23 L’Italie s’est dite prête, mercredi 2 septembre, à renforcer temporairement les contrôles au tunnel du Brenner, la reliant à l’Autriche. Cette décision fait suite à une demande de l’Allemagne qui fait face à un afflux de migrants.La police frontalière de Bolzano, dans le nord du pays, a déclaré dans un communiqué que « le gouvernement s’est rapidement activé (…) en se disant prêt à renforcer, dans le respect des accords de Schengen, les contrôles à la frontière du Brenner, comme cela avait été le cas lors du G7 ».Au moment du sommet du G7 qui a eu lieu au début de juin en Bavière, dans le sud de l’Allemagne, ces contrôles avaient été mis en place pendant quelques semaines. Confrontée à une « vague record d’arrivées ces dernières heures », la Bavière a demandé « un soutien logistique » à ses voisins, a expliqué la province de Bolzano, située dans une région semi-autonome germanophone.Lire aussi :Afflux record de migrants en Autriche et en Allemagne« Une intervention humanitaire extraordinaire »Avec l’autorisation du gouvernement italien, la province va accueillir pour quelques jours, « de manière temporaire pour permettre à la Bavière de se réorganiser et d’affronter l’urgence, entre 300 et 400 réfugiés », est-il expliqué dans un communiqué.« Ils seront répartis dans des gymnases, où les installations d’hygiène et les infrastructures fonctionnent déjà », avec le soutien logistique de la protection civile et d’organisations bénévoles, a ajouté la province en précisant que le coût de cette « intervention humanitaire extraordinaire » serait pris en charge par l’Etat.Lire aussi :L’Union européenne au défi de l’immigration 02.09.2015 à 00h54 • Mis à jour le02.09.2015 à 09h25 La police turque a fait usage de grenades lacrymogènes, de balles en caoutchouc et de canons à eau mardi 1er septembre pour disperser, dans le centre d’Istanbul, une manifestation contre l’offensive anti-kurdes menée par le gouvernement.Le rassemblement, auquel participaient quelques 500 personnes, avait débuté paisiblement dans la célèbre rue Istiqlal, dans la partie européenne de la ville. La police est intervenue au milieu de cette rue lorsque les manifestants ont commencé à scander des slogans hostiles au gouvernement islamo-conservateur du président, Recep Tayyip Erdogan, et qu’ils ont protesté contre l’offensive qu’il a lancé contre les militants kurdes. Les manifestants tentaient de former une chaîne humaine jusqu’à la place Taksim.14 arrestationsLa police a dirigé les jets de ses canons à eau vers le milieu de l’avenue, dans cette zone commerciale très fréquentée, et a lancé des grenades lacrymogènes alors que les manifestants tentaient de se mettre à l’abri. Un photographe turc qui collabore avec l’Agence France-Presse a été brièvement arrêté et, selon les médias, un cameraman de l’agence de presse officielle Anatolie a été blessé. Au total, 14 personnes ont été arrêtées lors de cette intervention policière, selon Anatolie.Ankara a lancé le 24 juillet une « guerre contre le terrorisme » visant simultanément les combattants de l’Etat islamique (EI) en Syrie, mais aussi le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), mettant ainsi fin de facto à la trêve en vigueur depuis 2013. Les dizaines de raids aériens qui ont suivi se sont en effet concentrés sur la guérilla kurde, tandis que, de son côté, le PKK a repris ses attaques contre l’armée et la police à travers la Turquie, tuant une cinquantaine de membres des forces de sécurité depuis la fin de juillet, selon un décompte de la presse turque.Au mois de juillet, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait assuré que la campagne se poursuivrait « jusqu’à ce qu’il ne reste plus un seul terroriste à l’intérieur de nos frontières ! »Lire notre analyse :Erdogan met le processus de paix avec le PKK « au frigo » 01.09.2015 à 11h34 • Mis à jour le01.09.2015 à 11h58 Il y a bien eu « atteinte à la dignité ». La Cour européenne des droits de l’homme a condamné l’Italie, mardi 1er septembre, pour les conditions dans lesquelles des migrants tunisiens avaient été placés en rétention sur l’île de Lampedusa, avant d’être refoulés collectivement vers la Tunisie en 2011, durant les événements liés au printemps arabe.Les juges de Strasbourg, dont l’arrêt est susceptible d’appel sous trois mois devant la Grande Chambre de la CEDH, avaient été saisis par trois ressortissants tunisiens. Ayant fui la Tunisie par la mer en septembre 2011, ils avaient été escortés par les autorités italiennes jusqu’à un centre d’accueil à Contrada Imbriacola, sur l’île de Lampedusa, avant d’être expulsés avec un groupe de migrants vers la Tunise.Traitement inhumainTout en reconnaissant le caractère exceptionnel de la crise humanitaire à laquelle l’Italie était confrontée – près de 55 300 migrants avaient débarqué sur l’île de Lampedusa au moment des faits – la Cour a jugé que les conditions d’accueil dans ce centre constituaient un traitement inhumain ou dégradant : sanitaires et douches dénuées de portes, surpeuplement, couchage à même le sol et distribution limitée d’eau courante, interdiction de contact avec l’extérieur...Lire : Lampedusa, l'île où l'on ne "vient" pasSur le fond, la Cour a également jugé que la détention des requérants était « irrégulière. »« Dénuée de base légale, les raisons leur en sont restées inconnues et ils n’ont pas pu la contester ».Par ailleurs, la justice européenne estime que la pratique des expulsions collectives de migrants irréguliers violait la convention européenne des droits de l’homme. « Leurs décrets de refoulement ne faisant pas référence à leur situation personnelle », relève en effet la Cour.L’Italie devra verser à chacun des requérants 10 000 euros pour dommage moral, et conjointement 9 344,51 euros pour frais et dépens.  01.09.2015 à 11h22 • Mis à jour le01.09.2015 à 13h55 La gare internationale de Budapest a été évacuée, mardi 1er septembre au matin, en raison de l’afflux de centaines de migrants qui tentaient de monter à bord de trains pour l’Autriche et l’Allemagne. La gare de Keleti a ensuite rouvert, mais pour les non-migrants seulement, la police n’y laissant entrer que les détenteurs de titres de transport, de papiers d’identité et de visas.L’évacuation, qui s’est effectuée dans le calme, a ensuite provoqué, devant la gare, une manifestation spontanée de migrants candidats au départ criant : « Allemagne, Allemagne ! », et « Nous voulons partir ! ».Lundi 31 août, des centaines de migrants avaient pu embarquer dans des trains à destination de l’Autriche et de l’Allemagne. Près de deux mille personnes attendaient depuis des jours dans les gares de Budapest, bloquées par les autorités en l’absence de visa leur permettant de circuler dans l’espace Shengen.Lire :« Migrant » ou « réfugié » : quelles différences ?Trois mille six cent cinquante migrants arrivés à ViennePrès de quatre cents migrants partis de Budapest sont arrivés en train lundi soir en Bavière (sud de l’Allemagne) après avoir été débarqués et contrôlés à la frontière autrichienne dans l’après-midi. En outre, un total de 3 650 migrants partis en train de Budapest sont arrivés à Vienne lundi, un record cette année pour une seule journée, a annoncé mardi la police autrichienne.Lire aussi :« Gazelle », le poignant texte de rap retrouvé parmi les corps de migrantsLe même jour, les personnes se rendant en voiture de Hongrie en Autriche devaient patienter lundi dans des bouchons de 50 kilomètres près de la frontière, l’Autriche ayant renforcé les contrôles frontaliers pour traquer les trafiquants de migrants. Le pays a fait face à plusieurs tragédies ces dernières semaines, dont la découverte il y a quelques jours d’un camion contenant soixante et onze cadavres sur une autoroute. Près de vingt mille personnes ont manifesté à Vienne le 31 août pour protester contre le traitement infligé aux migrants. Deux nouvelles arrestations ont par ailleurs eu lieu mardi 1er septembre dans le cadre de l’enquête, portant à sept le nombre de personnes arrêtées dans cette affaire.Le nombre de migrants et de réfugiés morts en tentant de passer par l’est de l’Europe ou par la Méditerranée continue de croître alors que les réponses politiques apportées en Europe sont dispersées. Plus de 350 000 migrants ont traversé la Méditerranée depuis janvier, et plus de 2 600 personnes sont mortes en mer après avoir tenté de rallier l’Europe, a annoncé mardi l’Organisation internationale pour les migrations.Lire aussi :« La question de Schengen se posera » s’il n’y a pas d’accord sur les migrants, selon Mme Merkel Sandrine Morel (Melilla (Espagne), envoyée spéciale) Finis les assauts continus contre les clôtures, les images de migrants perchés sur des grilles, et le bruit infernal de l’hélicoptère en pleine nuit. Le calme semble régner dans l’enclave espagnole de Melilla, située au nord-est du Maroc. Depuis quatre mois, les triples grillages de six mètres de haut et 11,5 kilomètres de long n’ont connu aucune intrusion de migrants. La seule « tentative », le 3 août, a été déjouée avant même que les migrants ne s’approchent des barbelés. « Si nous ne faisons plus la “une” de la presse à cause du problème de l’immigration illégale, c’est qu’il n’y a plus de problème, a tranché, fin juillet, le président de Melilla, Juan José Imbroda. L’Espagne a fait du très bon travail. »Depuis le début de l’année, à peine une centaine de personnes sur les 3 700 qui ont essayé sont entrées à Melilla par les grillages. L’an dernier, 2 100 migrants avaient atteint leur but, sur les 19 000 à avoir tenté leur chance. Forte de ces résultats, la garde civile espagnole est même allée offrir son expertise à la Hongrie, lors de la récente construction d’un mur de barbelé à sa frontière avec la Serbie.Dans ses bureaux de Melilla, le colonel Ambrosio Martin Villaseñor, chef de la garde civile, refuse cependant de crier victoire : « C’est une partie d’échecs. Nous ne devons pas baisser la garde. A chaque complication que nous posons, les migrants cherchent des solutions. » Lire aussi notre enquête : Le journal d'un migrant à MelillaFlou juridiquePour déjouer les assauts des migrants, l’Espagne a renforcé matériellement, légalement et humainement le mur de fer qui sépare le Maroc de l’Espagne, l’un des points de passage entre l’Afrique et l’Europe. Depuis la vague de 2014, des renforts ont été dépêchés dans l’enclave d’à peine 12 km2 où œuvrent déjà 650 gardes civils.Une loi controversée dite « de sécurité citoyenne », entrée en vigueur au printemps, a donné un cadre légal au « rejet à la frontière » jusqu’alors pratiqué dans un certain flou juridique, afin de permettre aux gardes civils de refouler côté marocain, par de petites portes dans les grillages, les migrants qui viennent de poser le pied côté espagnol sans que ceux-ci puissent demander l’asile.Enfin, l’Espagne a implanté d’étroites mailles anti-escalade afin d’empêcher les migrants de s’agripper aux barrières, même si certains viennent à présent munis de crochets. A peine touchées, les grilles, dotées de senseurs et de caméras, déclenchent une alarme dans la salle de contrôle du siège de la garde civile. Les unités stationnées à proximité ne tardent pas longtemps à se poster côté espagnol, tandis que les forces de l’ordre communiquent à leurs homologues marocains le lieu de l’approche.Lire aussi :Fermer les frontières « n’arrête pas un migrant prêt à risquer sa vie »« Le tonnerre gronde ailleurs »Car aucune de ces mesures ne serait suffisante sans la coopération du Maroc. De l’autre côté des grillages espagnols, le royaume chérifien a fini d’installer en 2015 ses propres barbelés, a creusé un fossé et a posté de nombreuses patrouilles dans des tentes militaires, afin de les surveiller. Et surtout, il a démantelé les campements de fortune du mont Gourougou, où des centaines, voire des milliers, de migrants subsahariens attendaient leur heure pour franchir les portes de l’Europe, y revenant après chaque échec.« La police marocaine nous poursuit. Elle nous fatigue. Elle casse tout. Elle a détruit notre ghetto », raconte Abdullah Baldé, un Guinéen de 20 ans, devant les portes du Centre de séjour temporaire des immigrés (CETI) de Melilla. Abdullah assure qu’il est passé seul, à la quatrième tentative, il y a un mois, car « en groupe, on est vite repéré ».« On renvoie les migrants avec violence et on devrait s’en féliciter ?, s’indigne José Palazon, président de l’association d’aide à l’enfance Prodein. Lorsque le silence règne ici, le tonnerre gronde ailleurs. Ceux que l’on refoule ici vont ensuite tenter la traversée en mer. » Si l’Espagne est aujourd’hui loin d’être aussi exposée que la Grèce ou l’Italie, il fut un temps où elle connut, elle aussi, une grave crise migratoire.En 2006, un an après l’annonce de la régularisation de près de 400 000 sans-papiers par le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, 39 000 personnes étaient parvenues à entrer illégalement dans le pays, en particulier via les îles Canaries, et beaucoup d’autres avaient disparu pendant la traversée. En 2014, à peine 300 migrants ont pris la mer pour rejoindre les Canaries.Le nombre de migrants a augmenté« La route atlantique s’est asséchée grâce à la coopération avec le Sénégal, la Mauritanie et le Mali et aux patrouilles conjointes sur terre, en mer et dans les airs », résume le colonel Villaseñor. Pour parvenir à couper cette voie, le gouvernement de M. Zapatero avait travaillé sur trois fronts : la surveillance avec l’aide de l’agence européenne Frontex, la coopération policière avec les pays d’origine et l’aide au développement en direction du Sénégal, du Mali et de la Mauritanie en particulier.L’Espagne est-elle parvenue à couper à présent la voie de Melilla ? Rien n’est moins sûr. Car si les assauts des grillages ont cessé ces derniers mois, le nombre de migrants a augmenté. Alors que 5 300 entrées ont été recensées en 2014 (par le mur, mais aussi en bateau, à l’aide de faux documents ou cachés dans des véhicules), on en compte déjà 5 800 sur les huit premiers mois de l’année.La plupart rêve d’Allemagne, comme Mohammed Hamoud, 20 ans, qui discute sur le terrain vague qui borde le CETI avec d’autres compagnons d’infortune. Lui s’est d’abord rendu de Damas à Istanbul, d’où il a pris un avion pour la Mauritanie avant de louer une voiture pour parcourir les 3 000 km qui le séparaient encore de Melilla. « Aucun Syrien ne souhaite rester en Espagne. Ils savent qu’il y a beaucoup de chômage [22 % des actifs] et que les salaires sont bas », assure un policier du bureau d’asile. Le Maroc et l’Espagne ne sont que des étapes de plus dans leur long périple. Et Melilla les regarde à peine passer.Lire aussi :En Espagne, un migrant meurt asphyxié dans une valise, quatre autres se noient en MéditerranéeSandrine Morel (Melilla (Espagne), envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 31.08.2015 à 15h53 • Mis à jour le31.08.2015 à 21h41 Des centaines de migrants ont pu embarquer, lundi 31 août, en Hongrie dans des trains à destination de l’Autriche et de l’Allemagne. Les autorités magyares les empêchaient jusqu’alors d’accéder aux wagons en l’absence du visa nécessaire pour voyager dans l’espace Schengen.Ces migrants, pour la plupart des réfugiés syriens, font partie des quelque 2 000 personnes qui attendaient dans les gares de Budapest, transformées en camps de réfugiés improvisés ces derniers jours.Lire aussi : En Europe, une politique d’asile en ordre disperséPlusieurs d’entre eux en provenance de la capitale hongroise sont arrivés dans la soirée à Vienne et en Bavière, après avoir été arrêtés quelques heures à la frontière autrichienne, où ils avaient alors été débarqués. Ceux qui avaient déposé une demande d’asile en Hongrie devaient être renvoyés à Budapest, pour attendre que leur dossier soit traité. Car, selon les règles européennes actuelles définies par le règlement de Dublin, les demandeurs d’asile doivent rester dans le premier pays de l’Union européenne (UE) dans lequel ils sont arrivés en attendant le traitement de leur cas.Lire aussi :« Migrant » ou « réfugié » : quelles différences ?La route des Balkans de l’OuestL’Autriche a été confrontée la semaine dernière à plusieurs drames de l’immigration. Vendredi, un camion transportant vingt-six migrants, dont trois jeunes enfants, avait été arrêté dans l’ouest de l’Autriche. La veille, soixante et onze migrants avaient été retrouvés morts asphyxiés à l’arrière d’un camion venu de Hongrie. Cinq personnes ont été arrêtées dans cette affaire, suspectées d’être les petites mains d’un gang de trafic d’êtres humains.Lire aussi :En Autriche, « une terrible odeur de mort » autour du camionLa route des Balkans de l’Ouest, dont venaient probablement les migrants retrouvés morts en Autriche, est surtout empruntée par des réfugiés syriens ou des Irakiens voulant échapper à la guerre, mais aussi par des Albanais, Kosovars ou Serbes en quête d’une vie meilleure.Pour la plupart, les migrants, arrivés par bateaux dans les îles grecques en venant de Turquie, traversent la Macédoine à pied, puis la Serbie, avant d’arriver à la frontière de la Hongrie, pays de l’UE, qui a enregistré plus de cent quarante mille arrivées depuis le début de l’année.Lire aussi :Le mur anti-migrants achevé entre la Hongrie et la SerbieL’avenir de Schengen en questionLe premier ministre de la République tchèque, Bohuslav Sobotka, a annoncé lundi 31 août que les chefs des gouvernements du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, Slovaquie et République tchèque) se réuniront à Prague dans les prochains jours pour évoquer la crise migratoire. M. Sobotka a déclaré que ce « sommet extraordinaire » devrait être l’occasion de réaffirmer le rejet des quotas de migrants à accueillir par les membres de l’UE.Plusieurs responsables occidentaux, dont Laurent Fabius, le ministre des affaires étrangères de la France, ont critiqué récemment les pays de l’Est membres de l’UE pour le peu d’empressement dont ils font preuve pour participer à l’accueil de migrants débarquant sur les rives de la Méditerranée. Une position également tenue par Angela Merkel, la chancelière allemande, qui a encore une fois appelé à la mise en place de quotas d’accueil par pays européen lors d’une conférence de presse à Berlin. « Je sais que certains pays ont certaines positions », a-t-elle relevé, appelant les Etats de l’UE à adopter « une direction aussi commune que possible ».« Si on n’arrive pas à une répartition équitable, alors la question de [l’avenir de l’espace] Schengen se posera. Nous ne voulons pas ça. »Lire aussi :Crise des migrants : les drames se succèdent, sans réponse politique communeManifestation en Autriche contre le « traitement inhumain » fait aux migrantsPrès de 20 000 personnes, selon les chiffres de la police, ont manifesté lundi 31 août dans les rues de Vienne pour dénoncer le « traitement inhumain » fait aux migrants. Ce rassemblement intervient quelques jours après la découverte d’un camion contenant 71 cadavres sur une autoroute du pays. Les participants se sont retrouvés à la gare Westbahnhof avant de défiler le long d’une artère commerçante pendant qu’un service religieux à la mémoire des victimes se déroulait en la cathédrale Saint-Etienne de la capitale autrichienne. « Nous en avons eu assez, assez de morts, de souffrance et de persécutions », s’est à cette occasion exclamé l’archevêque de Vienne, le cardinal Christoph Schoenborn, en présence notamment de membres clés du gouvernement. Alexandre Pouchard C’est un discours récurrent. Loin de l’image de la famille de réfugiés fuyant la guerre, les migrants arrivant en Europe ne seraient que très majoritairement des hommes seuls ne fuyant que la misère. Après avoir affirmé, sur RMC début septembre, que cette proportion atteignait même 99 %, la présidente du Front national, Marine Le Pen, a assuré, jeudi 24 septembre, et de nouveau sur RMC, qu’elle était de 75 %."Les institutions internationales disent qu'il y a 75% d'hommes parmi ces #migrants." #BourdinDirect— MLP_officiel (@Marine Le Pen)require(["twitter/widgets"]);C’est partiellement vrai mais…69 %Selon les chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 69 % des migrants ayant traversé la Méditerranée pour venir en Europe en 2015 étaient des hommes. Sur 100 personnes s’engageant dans ce périple, 13 étaient des femmes et 18 étaient des enfants. Pas 99 % ni 75 % comme l’affirme Marine Le Pen, donc, mais effectivement une majorité d’hommes.De plus, la proportion pourrait se rééquilibrer, selon d’autres comptages. Ainsi, en juin, les femmes et les enfants représentaient 10 % des migrants transitant par la Macédoine (route terrestre). Une proportion passée à un tiers en septembre, selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).Presque parité dans les camps de réfugiés au Proche-OrientEn revanche, si l’on prend le problème à l’une des sources, à savoir la situation des réfugiés syriens au Proche-Orient, le constat est tout autre parmi les 4 millions de réfugiés syriens – 92 % sont actuellement dans trois pays voisins de la Syrie : la Turquie (1,9 million de personnes), le Liban (1,1 million) et la Jordanie (628 000).Lire aussi :Réfugiés syriens : la Turquie, le Liban et la Jordanie en première ligne50,5 % de femmesDans les camps de réfugiés, les femmes sont légèrement majoritaires (50,5 %). Sans surprise, la tranche d’âge majoritaire est constituée par les 18-59 ans, où les femmes sont également majoritaires (23,9 % des femmes, 21,8 % des hommes). #container_14431066811{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14431066811{ height:500px; } #container_14431066811 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14431066811 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14431066811 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14431066811 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les femmes majoritaires dans les camps de réfugiés syriens au Proche-OrientRépartition des hommes et des femmes dans les camps de réfugiés en Turquie, au Liban, en Jordanie, en Irak et en Egypte.Source : HCR(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14431066811", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#ff3232","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} %", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} %", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Total","0-4 ans","5-11 ans","12-17 ans","18-59 ans","Plus de 60 ans"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Hommes ", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 49.5 ], [ "", 9.1 ], [ "", 10.7 ], [ "", 6.5 ], [ "", 21.8 ], [ "", 1.3 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Femmes ", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 50.5 ], [ "", 8.6 ], [ "", 10.1 ], [ "", 6.1 ], [ "", 23.9 ], [ "", 1.7 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }} Ils ne fuient que la misère ? C’est fauxC’est l’autre discours récurrent sur les migrants. Ceux fuyant la guerre ne représenteraient qu’une minorité."La réalité, c'est que la grande majorité de ces gens viennent pour des raisons économiques !" #BourdinDirect— MLP_officiel (@Marine Le Pen)require(["twitter/widgets"]);Or, c’est faux. Selon les mêmes chiffres du HCR, les Syriens, venant donc d’un pays en proie à une guerre civile des plus violentes, ont représenté à eux seuls 54 % des migrants ayant traversé la Méditerranée en 2015.La deuxième nationalité la plus représentée est constituée des Afghans, pays également en proie à une guerre civile (13 %), suivis des Erythréens, venant d’un Etat sous dictature totalitaire (7 %), puis des Irakiens, également en guerre (3 %), des Nigérians, dont le pays connaît des massacres réguliers par des groupes comme Boko Haram (3 %), la Somalie, pays à l’état de décomposition avancée (2 %) … #container_14431057371{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14431057371{ height:500px; } #container_14431057371 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14431057371 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14431057371 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14431057371 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les migrants viennent majoritairement de pays en guerreTop 10 des nationalités les plus présentes parmi les migrants ayant traversé la Méditerranée en 2015. Elles représentent 90 % des arrivées maritimes.Source : HCR(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14431057371", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} %", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} %", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Syrie","Afghanistan","Erythrée","Nigeria","Irak","Pakistan","Somalie","Soudan","Gambie","Bangladesh"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Part des migrants ", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 54 ], [ "", 13 ], [ "", 7 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Lire aussi :Syrie, Erythrée, Afghanistan… ce que fuient migrants et réfugiésAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye L’extrême droite française, vent debout contre l’accueil de réfugiés venant de Syrie, d’Irak ou de la corne de l’Afrique, a trouvé un bouc émissaire de choix dans la crise des migrants qui secoue l’Europe : l’Allemagne. Une manifestation « contre la déferlante migratoire » est organisée, jeudi 24 septembre, devant l’ambassade d’Allemagne, à Paris, à l’initiative du Siel (Souverainisme, indépendance et libertés), un petit parti allié au Front national.La formation de Marine Le Pen n’appelle pas elle-même à participer à ce rendez-vous, qui doit réunir, entre autres, l’écrivain Renaud Camus – théoricien du « grand remplacement » –, le groupuscule islamophobe Riposte laïque, l’Action française, ou encore la porte-parole du mouvement allemand anti immigrés Pegida. Il n’empêche, le FN n’est pas en reste sur le sujet.Depuis plusieurs semaines, Angela Merkel occupe une place de choix dans les discours de Marine Le Pen, au même titre que François Hollande ou Nicolas Sarkozy. La présidente du FN n’a de cesse de dénoncer le rôle moteur de la chancelière allemande dans la mise en place d’un système de répartition des migrants dans l’Union européenne, et critique la volonté de Mme Merkel d’accueillir 800 000 personnes dès 2015 sur son propre territoire.Lire aussi :La crise des migrants contraint les politiques français à clarifier leur discours« L’Europe à la schlague »« Sans doute l’Allemagne pense-t-elle à sa démographie moribonde, et sans doute cherche-t-elle encore à baisser les salaires et à continuer à recruter des esclaves via une immigration massive », a lancé Mme Le Pen lors du discours de clôture de l’université d’été de son parti, le 6 septembre, à Marseille. De son côté, Florian Philippot a pour sa part jugé que l’Allemagne « n’en finit plus de lancer ses diktats au visage de l’Europe : sur l’euro, les migrants ou le budget ».En manifestant son opposition à Angela Merkel, le Front national réactive un couplet déjà entonné au plus fort de la crise grecque, en juin : l’Allemagne, première économie du continent, ferait valoir ses vues à l’Europe au mépris des intérêts de ses partenaires. « C’est l’Europe à la schlague, dénonce Mme Le Pen, interrogée par Le Monde. En toutes circonstances et en tous domaines, l’Allemagne impose sa loi. »Lire aussi :Marine Le Pen rétropédale sur le « Grexit »« L’Allemagne paraît grande car nous sommes à genoux »En s’en prenant à la chancelière, chef de file supposée de l’Union européenne, la présidente du FN tente d’endosser le rôle de première opposante à l’ordre européen tel qu’il existe aujourd’hui. Et de dénoncer par-là même l’action de François Hollande, renvoyé à une simple position d’« administrateur de province sous direction allemande ».« L’Allemagne nous considère comme un esclave car elle obtient ce qu’elle demande : Mme Merkel demande l’accueil de 800 000 migrants, François Hollande applaudit ; puis Mme Merkel rétablit les frontières, et François Hollande applaudit encore. L’Allemagne paraît grande car nous sommes à genoux », juge Marine Le Pen.Un renversement d’alliances en faveur de la RussieCes critiques contre une supposée « Europe allemande » s’exprimaient déjà quand le premier ministre grec Alexis Tsipras tentait, avant l’été, d’obtenir un plan d’aide pour son pays sans contreparties trop sévères en terme d’austérité. Pendant la campagne présidentielle de 2012, déjà, le Front national s’en prenait à l’Allemagne pour son rôle dans le maintien d’un euro fort.Partisane d’un renversement d’alliances en faveur de la Russie et de relations bilatérales entre Etats, la fille de Jean-Marie Le Pen assure que si elle arrivait au pouvoir, elle ne ferait plus du couple franco-allemand un moteur des décisions en Europe. Finis les conseils des ministres communs, la visite à Berlin dès la prise de fonction... « Je traiterais l’Allemagne comme je traite les autres pays. Il n’y a pas d’objectif de tension ou d’hostilité, mais s’il faut en passer par là, on le fera », déclare la députée européenne.Lire aussi :Le monde vu du Front nationalOutre-Rhin, la présidente du Front national est perçue avec une certaine circonspection. L’entreprise de dédiabolisation du parti, qui consiste d’abord à le laver tout soupçon d’antisémitisme, ne convainc pas, le discours sur l’islam ou l’immigration n’ayant pas varié par rapport à l’époque de Jean-Marie Le Pen. Au lendemain des élections européennes, en mai 2014, Angela Merkel avait jugé « regrettable » les bons résultats des partis populistes en Europe. Son ministre de l’économie, Wolfgang Schäuble, avait quant à lui estimé que les Français avaient voté non « pas pour un parti de droite, mais pour un parti fasciste ». Pas de quoi réchauffer les relations entre le FN et le gouvernement allemand.Olivier Faye Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Terre d’asile obligée pour les réfugiés du conflit syrien, la Turquie est aussi désemparée que l’Union européenne face à l’exode de ses réfugiés. L’aide financière promise mercredi 23 septembre par les dirigeants européens – un milliard d’euros débloqués en urgence en faveur d’Ankara et des Etats des Balkans – est certainement bienvenue pour le gouvernement turc. Ce dernier assure avoir déjà consacré 6,6 milliards d’euros à l’accueil des réfugiés syriens depuis 2011. Mais rien ne dit que cette enveloppe suffira à maintenir sur place les candidats à l’asile.Lire aussi :Réfugiés : l’UE débloque plus d’un milliard d’eurosEn première ligne entre la Syrie et l’EuropeDepuis 2011, et le début de la crise syrienne, la Turquie a ouvert grand ses portes aux populations civiles victimes du conflit. A cet égard, les Turcs n’en reviennent pas de voir les Etats de l’Union européenne se chamailler pour l’accueil de 120 000 réfugiés syriens quand leur pays en héberge 2,2 millions. Mais cet élan d’hospitalité – une notion sacrée en Turquie – a ses limites. 260 000 personnes seulement vivent dans les 25 camps installés le long de la frontière turco-syrienne, décrits par les humanitaires comme des « cinq étoiles » – avec réseau wifi, des épiceries et des écoles où les cours sont dispensés en arabe. La majorité des réfugiés (environ 1,9 million) sont livrés à eux-mêmes dans les grandes villes du pays. Officiellement ils sont des « invités ». La Turquie leur offre une protection et non l’asile politique, susceptible d’être accordé uniquement aux… Européens de l’Ouest. Sans emploi, sans accès à l’éducation, parfois sans toit, des centaines de milliers de familles vivent un enfer.Perçue comme trop sensible, la question des réfugiés n’est un thème de campagne pour aucun des partis en lice avant les prochaines élections législatives, le 1er novembre. Pas question de troubler l’opinion publique, déjà assez éprouvée par ce fardeau. Les tensions ne sont pas rares surtout dans des villes comme Gaziantep, non loin de la frontière turco syrienne, où le prix des loyers est désormais plus élevé qu’à Istanbul.Conditions de vie précaires dans les grandes villesA Istanbul, où on estime à 350 000 le nombre de réfugiés, presque toutes les avenues sont envahies par des femmes qui mendient à même le sol, leurs nourrissons sur les genoux, tandis que les aînés, âgés parfois de 5 ans tout au plus, se faufilent pieds nus entre les voitures pour proposer à la vente mouchoirs et bouteilles d’eau. Les ateliers de confection emploient des « petites mains » âgées de dix à douze ans pour 300 livres turques (87 euros) mensuels. Evoqué un instant, l’octroi de permis de travail aux Syriens n’est plus de mise depuis que la Turquie est en plein marathon électoral, avec deux législatives en cinq mois. Selon le centre de recherches Xsights à Istanbul, auteur d’une étude récente sur les conditions de vie des réfugiés syriens en Turquie, 82 % éprouvent des difficultés à trouver du travail, 56 % se plaignent du manque d’accès aux services sociaux, 90 % trouvent les loyers trop chers.Lire aussi :« Nous avons perdu tout espoir » : les quatre raisons de l’exode des réfugiés syriens« Le plus gros problème, c’était le travail. J’ai été pris à plusieurs reprises comme manœuvre sur des chantiers mais comme je n’étais pas déclaré, je touchais 800 livres tandis que mes collègues turcs recevaient bien plus, soit 2 000 livres », explique Mohammad Wajoukh, 50 ans, un Syrien de Damas, arrivé en Turquie en 2013 avec sa femme et leurs deux enfants. La famille s’est alors établie à Kahramanmaras, à quelques centaines de kilomètres de la frontière syrienne, avant de rejoindre Istanbul, et envisage de rejoindre la Grèce, si possible par la route.Toujours plus de candidats au départ vers l’Europe par la merLes patrouilles de gendarmes et de gardes-côtes ont beau avoir été renforcées, le flot des candidats au départ ne tarit pas, depuis la côte – Izmir, Bodrum, Marmaris, Datça, Canakkale – vers les îles grecques les plus proches. Les plus démunis embarquent à bord de canots pneumatiques, les plus aisés assurent leurs arrières, tels ces 70 Syriens arrivés récemment sur l’île de Rhodes (Grèce) à bord d’un bateau de bois long de plusieurs mètres, acheté collectivement. Selon Numan Kurtulmus, le porte-parole du gouvernement, les gardes-côtes turcs ont secouru 53 000 naufragés depuis le début de l’année tandis que 274 migrants ont perdu la vie lors de ces périlleuses traversées.La frontière terrestre avec la Grèce fermée Il faut compter aussi avec ceux qui affluent à Edirne, la dernière grande ville turque avant la frontière terrestre avec la Grèce et la Bulgarie. Près d’un millier ont été regroupés dans un stade non loin de la ville, les autorités essaient de les convaincre de faire demi-tour. Le premier ministre Ahmet Davutoglu a fait le déplacement, samedi 19 septembre, pour écouter leurs doléances. Il était temps car les réfugiés avaient, peu avant, réussi à bloquer une portion d’autoroute. « La voix de nos frères syriens a été entendue par le monde entier, ils doivent maintenant retourner à leur vie normale », a expliqué le chef du gouvernement sur son compte twitter, peu après la rencontre. Des centaines d’autres candidats au départ sont parqués depuis plusieurs jours à la gare routière de Bayrampasa à Istanbul, empêchés de monter dans les autobus en partance pour la Thrace, la partie européenne de la Turquie. Les plus déterminés sont partis à pied le long de la bande d’urgence de l’autoroute, où ils ont été refoulés par la police.Des restrictions de circulationsDans la gare de Bayrampasa, les compagnies de bus affichent aux guichets une circulaire ministérielle de 2012, stipulant que les billets sont vendus exclusivement aux titulaires du numéro qui figure sur la carte d’identité turque. Une directive interne du ministère de l’intérieur, datée du 29 août, prévoit même un renforcement des contrôles, de sorte que les réfugiés syriens ne puissent quitter sans permission les provinces de Turquie où ils ont été enregistrés. Ceux qui tentent de se rendre illégalement en Europe sont « une menace à l’ordre public » et « affectent l’image de la Turquie aux yeux du monde », explique le document dont l’agence Associated Press a pu se procurer une copie. Les contrôles visent avant tout les Syriens, soit plus de la moitié des quatre millions de réfugiés hébergés au total par la Turquie.Lire aussi :Vives tensions dans les Balkans autour des réfugiésMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.09.2015 à 11h30 • Mis à jour le24.09.2015 à 15h15 | Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) et Philippe Jacqué Il était l’un des patrons allemands les mieux payés. Sera-t-il l’un des retraités les mieux chouchoutés par son entreprise ? C’est bien possible. Martin Winterkorn, le président du directoire démissionnaire du groupe Volkswagen, qui a émargé à 15 millions d’euros de rémunérations en 2014, pourrait toucher un véritable pactole pour son départ.Si l’on en croit le rapport financier 2014 de l’entreprise, l’ancien chef d’entreprise, âgé de 68 ans, a droit à une retraite de 28,5 millions d’euros, quelles que soient les conditions de son départ. Il peut également conserver son véhicule de fonction.Lire aussi :Après le scandale, Volkswagen change de patronDe plus, dans le cadre d’un départ négocié, il peut obtenir un chèque équivalent à deux années de salaires, soit au moins 30 millions d’euros si l’on prend l’ensemble de ses rémunérations, qui additionne un salaire fixe de 1,6 million d’euros, 300 000 euros d’indemnités diverses, et 13 millions au titre de plusieurs rémunérations variables liées à la performance, etc.Scandale en 2012Cependant, pour obtenir cet avantage, il faudra voir comment le conseil de surveillance qualifiera le départ de Martin Winterkorn. S’il estime que ce dernier quitte l’entreprise pour faute, il ne pourra prétendre à rien. S’il part dans un cadre plus propice, il pourra améliorer encore plus son ordinaire.Il faut toutefois se souvenir que l’ancien patron de Volkswagen a déjà fait l’objet d’un scandale en raison de sa rémunération en 2012. Il avait touché 17 millions d’euros au titre de l’année 2011 à la suite de l’activation d’un bonus lié à l’année financière exceptionnelle du groupe automobile (15,7 milliards d’euros de bénéfices).À l’époque, c’est Berthold Huber, le président d’IG Metall, le premier syndicat du groupe, qui s’était offusqué de ce montant, avant de se rétracter, car dans le système de cogestion allemand actuel, les syndicalistes votent les rémunérations des dirigeants. Aujourd’hui, c’est le même Berthold Huber qui dirige le conseil de surveillance de Volkswagen.Des sanctions attendues au niveau du managementLa direction de Volkswagen (VW) doit annoncer, vendredi 25 septembre, qui succédera à Martin Winterkorn à la tête du groupe d’automobile allemand. Le nom le plus souvent avancé est celui de Matthias Müller, l’actuel patron de Porsche.La direction du groupe a aussi indiqué qu’elle annoncera, à cette occasion, un certain nombre de remaniements au sein de ses différentes filiales et marques. Selon le Spiegel online, quelques têtes devraient ainsi tomber : notamment celles d’Ulrich Hackenberg, le patron de la R&D d’Audi, Heinz Jakob Neusser, patron du développement moteurs chez VW, et Wolfgang Hatz, membre du Board pour la R&D chez Porsche. Volkswagen et Porsche n’ont pas souhaité commenter l’information.Cécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au MondePhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Baptiste Chastand La clôture anti-migrants érigée par la Hongrie n’a pour l’instant aucun effet sur le flux de migrants tentant de rejoindre l’Europe par la « route des Balkans ». Au contraire, le nombre de réfugiés entrant sur le territoire hongrois a même atteint un nouveau record, mercredi 23 septembre, avec le passage de 10 046 personnes en une seule journée. La précédente journée record remontait au 14 septembre, la veille de la fermeture complète de la clôture entre la Hongrie et la Serbie, avec 9 380 entrées.Lire aussi :La Hongrie a connu un afflux record de réfugiés mercrediLa clôture érigée à la demande du premier ministre ultra-conservateur hongrois, Viktor Orban, n’a eu pour effet que de dériver le flux des migrants. Alors que ceux-ci rejoignaient jusqu’au 15 septembre directement Budapest depuis Belgrade, en longeant plus ou moins l’autoroute reliant les deux capitales, ceux-ci doivent désormais passer par la Croatie, plus à l’ouest. De la frontière avec la Serbie, ce pays les emmène ensuite par bus à la frontière hongroise.Voir aussi notre cartographie : La Hongrie, verrou sur la porte de l’EuropePour l’instant, la Hongrie accepte ensuite de les amener en Autriche. Seule la frontière serbo-hongroise est protégée par une clôture de quatre mètres. Le gouvernement hongrois a commencé à prolonger cette clôture vers la Croatie et a déjà déposé des rouleaux de barbelés, mais elle laisse encore les migrants rentrer par la petite ville de Beremend. De là, ils sont amenés en bus ou en train – sans même être enregistrés – vers le nord du pays et la frontière autrichienne. La Hongrie, qui a annoncé des mesures très dures contre les migrants comme des sanctions de trois ans de prison pour le franchissement de la clôture, a déclaré tolérer le passage des migrants « vulnérables ». En organisant ces convois par bus et par train, Viktor Orban cherche surtout à éviter un retour à la situation antérieure, lorsque des milliers de migrants dormaient devant les gares de Budapest, sous les yeux des habitants de la ville.Mauvais souvenirsL’arrivée massive de migrants en Croatie, pays qui était jusqu’ici à l’écart de la route des Balkans, suscite toutefois de nombreuses tensions avec son voisin serbe. Sept des huit points de passage entre les deux pays sont complètement fermés. Jugeant son pays débordé, le ministre de l’intérieur croate a annoncé jeudi qu’il allait fermer cet ultime point de passage à tous les véhicules serbes, alors que l’entrée des poids lourds est déjà bloquée depuis lundi. Cette mesure a été prise en représailles de la décision serbe de bloquer les camions et produits croate mercredi soir.« Il n’y aura ni guerre ni violence, tout va se passer dans le calme, mais ce n’est pas un comportement normal »Les deux pays – non membres de l’espace Schengen – sont libres d’appliquer de telles restrictions à leurs citoyens, mais ces décisions réveillent de mauvais souvenir dans une région qui reste marquée par la guerre des Balkans déclenchée par la déclaration d’indépendance de la Croatie en 1991. Jeudi matin, le ministre de la justice serbe a déclaré se sentir « brutalement attaqué » par la décision croate. « Il n’y aura ni guerre ni violence, tout va se passer dans le calme, mais ce n’est pas un comportement normal [de la part de la Serbie] », a toutefois voulu rassurer le premier ministre croate, Zoran Milanovic, depuis Bruxelles, mercredi soir.Selon les médias croates, Zagreb souhaiterait que la Serbie redirige au moins une partie du flux de réfugiés directement vers la Hongrie, via le poste frontière d’Horgos, sur l’autoroute Belgrade-Budapest. C’est à ce poste de frontière qu’ont eu lieu le 16 septembre des affrontements entre les migrants bloqués et la police hongroise. Depuis, les migrants ne passent plus par cet endroit et l’autoroute a même pu être rouverte dimanche. Il semble peu probable que la Hongrie, qui tient à montrer l’efficacité de sa clôture, autorise à nouveau les migrants à passer par là.Lire aussi :« Nous avons perdu tout espoir » : les quatre raisons de l’exode des réfugiés syriensJean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) C’était le sommet dont personne ne voulait, sauf la chancelière Angela Merkel et le premier ministre hongrois Viktor Orban. Décidé en urgence, il aura au moins permis aux Européens de se reparler, mercredi 23 septembre, et de recoller les morceaux après le conseil des ministres de l’intérieur qui, la veille, avait vu quatre pays de l’Est se dissocier de leurs partenaires au sujet de l’accueil de 120 000 réfugiés. La Hongrie, la Roumanie, la République tchèque et la Slovaquie ont voté contre ce dispositif de répartition des réfugiés entre pays membres.Lire aussi :L’UE impose la répartition de 120 000 réfugiés« Les tensions n’ont pas disparu, mais ne se sont pas manifestées, aucun pays n’a dit vouloir se dégager de ses obligations », a commenté François Hollande. Tout au plus Angela Merkel a-t-elle eu un échange un peu vif avec le populiste M. Orban, qui a, selon une source proche des discussions, dénoncé « l’impérialisme moral » de la chancelière, lui reprochant d’avoir, fin août, appelé les dirigeants de l’Union européenne (UE) à l’humanité face aux populations fuyant la guerre en Syrie.L’urgence, désormais, pour les dirigeants européens, est de protéger les frontières extérieures de l’Union, de « contenir » le flux des migrants. « Il y a 8 millions de Syriens déplacés dans leur pays, 4 millions dans les pays voisins. Cela fait des millions de réfugiés potentiels susceptibles de gagner l’Europe, sans parler de l’Erythrée, de l’Afghanistan, etc. », a souligné, en préambule de la réunion, Donald Tusk, le président du Conseil européen.L’aide humanitaire annoncée mercredi vise notamment à « fixer » les réfugiés près de leur pays d’origine, en améliorant un peu leur quotidien. Les Etats membres se sont engagés à augmenter d’« au moins 1 milliard d’euros » leur aide aux pays voisins de la Syrie (Turquie, Jordanie, Liban). Ces fonds devraient aller aux agences des Nations unies et au Programme alimentaire mondial (PAM), dont les moyens ont été rabotés, ce qui a entraîné le départ de nombreux Syriens des camps de réfugiés. Selon la Commission européenne, 38 % seulement des fonds réclamés par les agences humanitaires pour aider les réfugiés syriens ont été versés jusqu’ici.Renforcement de FrontexAutre décision, maintes fois annoncée : le renforcement des moyens de l’agence de surveillance Frontex, qui devrait organiser des retours rapides (et « dignes », souligne M. Hollande) des déboutés du droit d’asile, alors qu’actuellement moins de 40 % d’entre eux quittent effectivement l’Europe. La Commission a annoncé que 1,3 million d’euros supplémentaires – à trouver dans le budget de l’Union – devraient aller à Frontex en 2015, ainsi qu’au Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO) et à Europol.Lire aussi :L’Union européenne va aider davantage les agences de l’ONU venant en aide aux réfugiésLa France, elle, a de nouveau insisté sur la nécessité de faire fonctionner (dès novembre) les « hot spots ». La Commission persiste à appeler « équipes de soutien à la gestion de la migration » ces structures chargées de l’enregistrement, de l’orientation et du retour éventuel des déboutés du droit d’asile. Paris ajoute qu’il doit s’agir aussi de centres de rétention à établir en Grèce et Italie. La Hongrie refuse tout « hot spot », la Bulgarie en réclame un. Une évidente confusion règne quant à la mission exacte de ces structures. Les Européens l’ont tous reconnu mercredi soir : il faut lancer une « offensive diplomatique » vis-à-vis de la Turquie, sans laquelle la stratégie européenne d’endiguement des réfugiés ne fonctionnera pas. M. Tusk a déjà effectué une visite à Ankara début septembre, le pays sera convié à une réunion conjointe des ministres des affaires étrangères et de l’intérieur, à Luxembourg, au début du mois d’octobre.La question turque est toutefois très épineuse. Elle divise les Vingt-Huit, en désaccord sur le problème kurde, la démarche de préadhésion à l’Union ou l’éventuelle inscription du pays sur une liste des « Etats sûrs ». Et les dirigeants se font peu d’illusions. « Avant les élections du 1er novembre en Turquie, il sera difficile d’avancer sur quoi que ce soit », confiaient des diplomates européens, mercredi.Athènes sous pressionAu sujet des frontières, c’est la Grèce qui est dans le collimateur. Plusieurs capitales estiment que le manque de contrôle à la frontière gréco-turque, devenue première porte d’entrée des migrants en Europe, est l’un des problèmes urgents à résoudre. Athènes semblait d’autant plus sous pression, mercredi, qu’elle va bénéficier de plus de 50 000 « relocalisations » supplémentaires de réfugiés présents sur son territoire, grâce au mécanisme de relocalisation de 120 000 réfugiés agréé mardi.Beaucoup à Bruxelles soulignent les retards accumulés par les Grecs pour la mise en place des « hot spots ». Ils déplorent aussi que le pays n’ait pas davantage sollicité l’aide européenne à laquelle il peut prétendre pour financer l’accueil des milliers de réfugiés qui chaque jour désormais parviennent sur ses côtes.La Commission a d’ailleurs, mercredi, peu avant le sommet, officiellement lancé 40 procédures pour infraction au droit de l’Union en matière de droit d’asile, visant 19 pays (dont la France), mais pointant particulièrement les déficiences grecques. « C’est à la Grèce de faire une demande d’aide à l’Union, on ne peut rien lui imposer. On a fait passer le message à Alexis Tsipras », affirmaient plusieurs sources, mercredi.Lire aussi :La Commission européenne épingle 19 pays pour non-respect du droit d’asileCertains, comme la Hongrie, réclament des mesures radicales. Ils veulent imposer à Athènes un corps de gardes-frontières européens. Une option peu réaliste à court terme, même si la Commission a proposé de relancer, avant la fin de l’année, son projet de création d’un corps unifié de gardes-côtes.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.09.2015 à 03h48 • Mis à jour le24.09.2015 à 09h22 Les 28 Etats membres de l’Union européenne (UE) sont convenus mercredi 23 septembre de mobiliser au moins 1 milliard d’euros supplémentaires pour les agences de l’ONU venant en aide aux réfugiés dans les pays voisins de la Syrie, a indiqué le président du Conseil européen Donald Tusk. Cette décision intervient au lendemain de l’accord sur la répartition de 120 000 réfugiés entre les différents Etats de l’UE.L’enveloppe tirée du budget européen ira principalement au Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations unies (HCR) et au Programme alimentaire mondial (PAM), a-t-il confirmé, à l’issue d’un sommet européen à Bruxelles sur la crise migratoire.Lire aussi :L’UE impose la répartition de 120 000 réfugiés« Le PAM a besoin d’argent »Donald Tusk avait insisté la semaine dernière dans une lettre adressée aux chefs d’Etat européens, sur les besoins urgents du Programme alimentaire mondial. Faute de moyens, il a été contraint de réduire la distribution de rations et de coupons alimentaires aux réfugiés syriens établis en Jordanie, en Turquie et au Liban.« C’est une question qui ne peut pas attendre. Le PAM a besoin d’argent pour fournir de la nourriture à onze millions de personnes en Syrie et dans la région. »Le président du Conseil a par ailleurs annoncé que les « hot spots », des centres d’accueil et d’enregistrement des migrants en Italie et en Grèce, seront mis en place « d’ici à la fin novembre ». Ces centres d’accueil, installés dans les pays situés en première ligne face à l’afflux de demandeurs d’asile, doivent permettre d’identifier, d’enregistrer et de prendre les empreintes digitales des migrants, avec une aide logistique d’agences de l’UE. C’est à partir de ces lieux que seront « relocalisés » des réfugiés vers d’autres Etats membres et que devront être renvoyés vers leurs pays d’origine ceux qui seront considérés comme des migrants illégaux, sans besoin d’une protection internationale.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?Une aide pour la gestion des frontières extérieures de l’UEPour tenter d’endiguer les problèmes aux frontières périphériques de l’UE, des ressources additionnelles vont aussi être attribuées aux agences européennes chargées des contrôles, avec le renfort de personnel et de matériel en provenance des Etats membres.« Une gestion et un contrôle corrects de nos frontières extérieures relèvent de notre responsabilité commune. Ce serait injuste de faire porter tout le fardeau par l’Italie, la Grèce ou d’autres pays », a expliqué M. Tusk.François Hollande promet « 100 millions d’euros sur deux ans »Côté français, le président François Hollande a précisé que la France allait dégager « 100 millions d’euros sur deux ans » pour l’aide aux réfugiés. Cet argent sera affecté au « Programme d’aide alimentaire, le PAM, mais également à l’aide aux réfugiés », a déclaré M. Hollande lors d’une conférence de presse, à l’issue du sommet européen. « Ces moyens vont aller précisément dans les camps de réfugiés pour que ces hommes, ces femmes, ces familles, puissent vivre dignement. C’est aussi un argent qu’il n’y aura pas à dépenser autrement parce que si ces réfugiés viennent dans notre pays, au regard du droit d’asile, nous les accueillerions et nous savons que ça aurait des conséquences également financières », a-t-il expliqué. Françoise Fressoz « Une manipulation, il n’y a que les imbéciles pour y croire. » Invité mercredi de l’émission Questions d’info sur LCP en partenariat avec Le Monde, France Info et l’AFP, Noël Mamère a opposé une fin de non-recevoir à la consultation citoyenne proposée par le premier secrétaire du parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis avant les élections régionales de décembre, pour tenter de ressouder la gauche.« C’est du bidon, ça ne changera rien du tout. Cambadélis me fait penser au mécano de la Générale. Il invente une petite combine politicienne pour montrer du doigt les écologistes et dire : “Les vilains, c’est à cause d’eux que Mme Le Pen risque de devenir présidente de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie”. Mais vous avez vu ce qu’ont donné cinquante ans de socialisme de notables, de petits barons, et de grands barons ? » Le député et maire de Bègles, ancien candidat écologiste à la présidentielle, analyse froidement la décomposition de la gauche : « Tout est à reconstruire pour retrouver l’adhésion des citoyens et ça ne se fera pas par le haut, par les appareils mais par le bas. » Selon lui, « petit à petit, la droite extrême a contaminé la droite républicaine et aujourd’hui, il y a une sorte d’hégémonie culturelle que symbolise Mme Le Pen. »La longue descente aux enfers d’EELVUn rien désabusé, l’élu observe : « J’ai 66 ans, je vois la nouvelle génération arriver, les trentenaires, mais qu’ont-ils fait, tous ces responsables que vous interviewez ? Ils ont été lycéens et étudiants dans les manifs. Après, ils sont devenus assistants parlementaires. Ils ont été fabriqués par les appareils ; ils ont vécu dans le hors-sol. Or, pour changer le monde, il faut savoir regarder le monde tel qu’il est. »Noël Mamère n’est guère plus tendre avec Europe-Ecologie-Les Verts dont il a claqué la porte en 2013. « C’est une longue descente aux enfers qui a commencé par un immense espoir, observe-t-il. Nous avions fait entrer massivement, dans une préfiguration de ce qu’est devenu Podemos en Espagne, des personnalités de la société civile : une juge, Eva Joly, un faucheur volontaire, José Bové, un directeur des campagnes de Greenpeace France, Yannick Jadot, une responsable de France nature environnement, Sandrine Bélier, un responsable de la fondation Nicolas Hulot, etc... L’appareil des Verts, que j’ai appelé la firme, a empêché la réussite de la coopérative pour garder la main et conserver le pouvoir sur le parti. A partir de là, tout s’est effiloché. »Lire aussi :« La question des alliances et du pouvoir » au cœur de la crise d’EELVSi Cécile Duflot se porte candidate à l’élection présidentielle en 2017, Noël Mamère la soutiendra parce que, dit-il, « il y a toujours eu un candidat écologiste à l’élection présidentielle depuis 1974 » et que « ce ne sont pas les candidatures écologistes qui favorisent le Front national. » S’il refuse d’employer le mot « trahison », il juge que la politique de François Hollande n’est pas conforme aux engagements pris : « La problématique de l’écologie ne figure pas au cœur des politiques publiques » déplore-t-il.Alors qu’une partie des écologistes est tentée par une alliance avec le Front de gauche, Noël Mamère se raidit : « Nous n’avons pas à nous définir par rapport à Mélenchon. Quand il nous explique que s’il avait à choisir entre l’Europe et la souveraineté ou le souverainisme, il choisirait le second, je ne suis pas d’accord. Moi, je suis un européen convaincu, comme tous les écologistes. » Pour le député-maire de Bègles, « le clivage politique aujourd’hui ne porte pas sur nos petites histoires mesquines d’Europe-Écologie-Les Verts mais sur l’euro, sur l’Europe ». Et de dénoncer avec force le « comportement de gens qui, comme Jacques Sapir, osent proposer un front de libération qui irait de l’extrême gauche jusqu’à l’extrême droite. » Françoise FressozéditorialisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Entre les islamo-conservateurs du Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir) et les prokurdes du Parti démocratique des peuples (HDP, gauche), la cohabitation aura été de courte durée. Mardi 22 septembre, les deux ministres prokurdes – Müslüm Dogan, ministre du développement, et Ali Haydar Konca, ministre de l’intégration européenne – ont profité d’une session du conseil des ministres pour présenter leurs démissions, aussitôt acceptées par le premier ministre, Ahmet Davutoglu. Ils étaient les deux seuls ministres non AKP du gouvernement intérimaire formé le 28 août pour gérer les affaires courantes d’ici aux législatives du 1er novembre.« L’AKP mène une logique de guerre et de coup d’Etat », a dénoncé Ali Haydar Konca dans une déclaration lue à la presse mardi soir. « Le palais et le parti aux ordres du palais ont déclenché la guerre à cause du résultat des législatives du 7 juin », a-t-il ajouté. L’AKP a subi un revers lors de ce scrutin législatif avec la perte de sa majorité absolue au Parlement, du jamais vu en treize ans de son règne sans partage sur le pays. Alors que les voix kurdes s’exprimaient jusque-là en faveur des islamo-conservateurs, elles sont allées cette fois-ci au HDP, qui a obtenu 13 % des suffrages et 80 députés.Reprise des hostilités avec le PKKLe succès du HDP a compromis le rêve du président Recep Tayyip Erdogan de devenir l’« hyper »-président du pays, sans freins à son pouvoir. Pour ce faire, son parti doit compter 367 députés sur les bancs de l’Assemblée. Avec 258 parlementaires élus le 7 juin, il est loin du compte. M. Erdogan espère que la répétition du scrutin sera l’occasion pour les électeurs de corriger leur erreur. « Le 1er novembre approche. Nous attendons de vous un dernier effort. Je vous demande non pas 400 mais 550 députés, authentiques et nationaux. Vous comprenez ce que je veux dire ? » a-t-il lancé à ses partisans, rassemblés sous la bannière de la « lutte contre le terrorisme », dimanche 20 septembre à Yenikapi, un quartier d’Istanbul.Lire aussi :Manifestation monstre à Istanbul contre le « terrorisme » des rebelles kurdesLe ton est insistant. Mardi soir, dans une adresse aux électeurs sur la chaîne Kanal 7, le chef de l’Etat a réitéré : « Si vous voulez la confiance, si vous voulez la prospérité, il faut réfléchir pour qui nous allons voter. Vous savez ce que nous vivons depuis cinq mois… » Depuis la fin du mois de juillet, les hostilités ont repris entre l’armée turque et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie), anéantissant l’espoir de paix né des pourparlers lancés en 2012. Dans les régions majoritairement peuplées de Kurdes dans le sud-est du pays, les attentats et les représailles sont redevenus le lot quotidien. C’est comme si ces régions étaient revenues treize ans en arrière, à l’époque de la sale guerre des années 1990-2000, avec son cortège de morts (40 000 au total), d’exécutions sommaires (plus de 3 000), de villages détruits.« A la nuit tombée, les commerçants déroulent leurs rideaux de fer et les rues se vident. Nous vivons à nouveau dans l’angoisse. »« A la nuit tombée, les commerçants déroulent leurs rideaux de fer et les rues se vident. Nous vivons à nouveau dans l’angoisse », confie Ekrem Kaya, professeur d’anglais à Mardin, dans le sud-est de la Turquie, contacté par téléphone. Le PKK n’est pas en reste. Régulièrement, les convois des forces de l’ordre sautent sur des mines placées sur les routes par les rebelles avant leur passage. Selon les données officielles, 90 % des attaques les plus meurtrières se déroulent de cette façon. Le 6 septembre à Daglica (près de la frontière irakienne), 17 soldats ont été tués dans l’explosion de leurs véhicules.Les propos des deux ministres ont été désavoués par Numan Kurtulmus, le porte-parole du gouvernement, irrité par la virulence de leur charge. Les deux ministres ont ainsi accusé l’élite islamo-conservatrice de ne pas envoyer ses enfants au service militaire. Ces derniers « se font faire des dispenses médicales » ou « achètent leur défection » (une procédure légale sous certaines conditions en Turquie) alors que « les enfants des pauvres n’ont pas d’autre choix que de se sacrifier ».Les deux démissionnaires se sont décrits comme « écartés » de la prise de décision au gouvernement. Le 9 septembre, ils faisaient partie d’une délégation du HDP en route vers la ville de Cizre, à la frontière de la Syrie et de l’Irak, soumise pendant huit jours à un blocus total de la part des forces spéciales. Vingt-trois personnes ont alors trouvé la mort, dont plusieurs civils privés de soins, les ambulances étant empêchées de circuler. Après avoir marché des dizaines de kilomètres à pied, la délégation du HDP a été stoppée par un cordon de police. Il lui a fallu plusieurs jours pour pouvoir entrer dans Cizre dévastée.Lire aussi :La ville turque de Cizre, épicentre de la reprise des combats entre Ankara et les KurdesMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.09.2015 à 14h25 • Mis à jour le23.09.2015 à 15h21 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Pour son grand retour dans l’arène européenne, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, sera à nouveau l’objet d’une vive attention et de pressions, mercredi 23 septembre, lors du sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement européens consacré à la crise migratoire.La Grèce est, avec l’Italie, l’une des principales portes d’entrée de réfugiés en Europe. Il lui est régulièrement reproché de ne pas faire assez pour garder ses frontières. Mais Athènes se défend d’être particulièrement laxiste.« Nous avons des dizaines d’îles face à la Turquie et des centaines de kilomètres de côtes à surveiller, explique un responsable au ministère, chargé de la politique migratoire. Les passeurs turcs nous envoient des dizaines de barques chaque jour par la mer. Une fois dans nos eaux, nous ne pouvons pas les renvoyer, le refoulement est interdit aux termes des conventions internationales, et il s’agit désormais à plus de quatre-vingt-dix pour cent de réfugiés demandant l’asile, pas de simples migrants économiques. Notre bataille n’est pas tant de les arrêter, ce que nous ne pouvons faire sans la collaboration de la Turquie, que de les accueillir décemment. »« Sortir définitivement du tout répressif »Alexis Tsipras a d’ailleurs nommé dans son nouveau gouvernement comme ministre délégué à la politique migratoire Yiannis Mouzalas, un gynécologue obstétricien très respecté en Grèce. Choisir un homme passé par Médecins du monde et connu pour être un bon gestionnaire des crises humanitaires symbolise l’orientation que le premier ministre souhaite donner à la politique migratoire de son pays.Lire aussi :Tsipras dévoile un nouveau gouvernement de fidèles« Il s’agit de sortir définitivement du tout répressif qui caractérisait l’action des précédents gouvernements conservateurs, précise une source ministérielle. Enfermer les réfugiés dans des camps pour qu’on ne les voie pas n’est pas la solution. Il s’agit aujourd’hui de leur permettre de traverser notre pays dans les meilleures conditions possible, car très peu souhaitent demander l’asile ici. » De fait, la majorité des quelque deux cent trente-cinq mille personnes arrivées en Grèce depuis le début de l’année en sont déjà reparties, via la Macédoine et la Serbie, puis la Hongrie, vers les pays de l’Europe du Nord réputés plus généreux et surtout mieux équipés, et plus prospères.« Nous devons aussi améliorer et accélérer nos procédures d’asile ici, en Grèce, car désormais, avec la politique des quotas, des milliers de réfugiés ayant obtenu l’asile sur notre sol pourront être accueillis dans d’autres pays européens », explique notre interlocuteur.Seulement 8 000 demandes d’asile déposéesLa Grèce va en effet bénéficier de plus de cinquante mille « relocalisations » supplémentaires de demandeurs d’asile provenant de son territoire vers d’autres pays de l’Union, selon la proposition de la Commission européenne, validée mardi 22 septembre à Bruxelles.Lire aussi :L’UE impose la répartition de 120 000 réfugiésPas facile cependant de convaincre les milliers de Syriens ou d’Afghans qui débarquent chaque jour sur les côtes grecques que leur rêve d’Allemagne ou de Suède peut désormais très bien commencer par un dépôt de demande d’asile en Grèce.« Ils ne nous croient pas lorsqu’on leur explique que les choses bougent en Europe et qu’ils n’ont plus forcément besoin de lancer leur famille sur la dangereuse route des Balkans », reconnaît une avocate bénévole qui conseille les réfugiés. Aujourd’hui, selon le HCR, seulement huit mille demandes ont été déposées au service d’asile grec.Mise en place de centres d’enregistrementAu-delà de la question des quotas qui a beaucoup divisé les Européens, l’autre grande idée, notamment soutenue par la France, est la mise en place de « hot spots » dans les pays d’entrée sur le territoire de l’Union. « Il s’agit de centres de recensement et d’enregistrement qui permettraient de séparer les demandeurs d’asile des migrants économiques », précise Grigoris Apostolou, le chef de liaison à Athènes de Frontex, l’agence européenne de gestion des frontières extérieures.Le 15 juillet, le commissaire européen à l’immigration, Dimitris Avramopoulos a envoyé aux Etats membres de l’Union européenne une feuille de route sur la création de ces centres en Italie et en Grèce. En Italie, quatre ports, Pozzallo, Porto Empedocle, Trapani et Lampedusa, dépendront d’un quartier général établi à Catane, en Sicile.« Un dispositif semblable devrait être mis en place en Grèce avec un QG au port du Pirée et des antennes dans les îles de la mer Egée, explique M. Apostolou. Mais nous attendons désormais les décisions du nouveau gouvernement, qui doit mettre à disposition des bâtiments pouvant accueillir ces opérations de screening. »Effort de solidarité de la part des autres paysPour Petros Mastakas, du haut-commissariat aux réfugiés, la mise en place de hot spots ne peut pas être décidée dans la panique, car la Grèce n’est pas équipée pour loger ces migrants le temps des opérations d’enregistrement. « Il n’y a pas de camps d’accueil, ni sur les îles, ni à Athènes, ni à Thessalonique. Comment la Grèce peut-elle financer la construction d’abris pour accueillir trois cent mille personnes ? Frontex va-t-elle donner des moyens ? Envoyer du personnel ? Rien n’est encore clair », assure M. Mastakas.« La seule chose claire, c’est qu’il s’agit à quatre-vingt-dix pour cent de réfugiés et pas de migrants économiques. Et même pour ces derniers, comment les renvoyer chez eux ? La Grèce en crise n’a pas les moyens de gérer seule cette situation. »C’est bien là le plaidoyer que devrait faire, mercredi soir à Bruxelles, Alexis Tsipras, qui demande un effort de solidarité de la part des autres pays de l’Union face à un phénomène qui dépasse largement la Grèce.Lire aussi :Allemagne : débat autour de l’impact économique de l’accueil des réfugiésAide européenne peu sollicitéeLes partenaires devraient, eux, assortir cette aide à la mise en place rapide de ces fameux hot spots. Certains pays, comme la Hongrie de Viktor Orban, n’hésitent pas à réclamer des mesures radicales. Imposer à Athènes un corps de gardes-frontières européens, même si des sources hongroises à Bruxelles reconnaissent que cela n’est pas très réaliste à court terme. Obtenir un accord à vingt-huit sur la formation d’un tel corps prendrait des années. Et la Commission répète sur tous les tons qu’il y va de la souveraineté de la Grèce et « qu’on ne peut pas imposer à un pays quelque chose qu’il n’a pas demandé ».Beaucoup à Bruxelles, en off, déplorent que la Grèce n’ait pas davantage sollicité l’aide européenne à laquelle elle peut prétendre. A la fin d’août, Athènes n’avait reçu que 30 millions d’euros de Bruxelles pour parer au flux de réfugiés, sur une enveloppe totale disponible de 470 millions d’euros.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.09.2015 à 18h36 • Mis à jour le10.09.2015 à 18h49 Toute la journée du jeudi 10 septembre, la rédaction du Monde était mobilisée pour suivre des migrants et réfugiés partout sur leur parcours vers l’Europe : de leur points de départs, en Afrique ou au Proche-Orient, sur leur route, en Méditerranée ou dans les Balkans, ou bien à leur arrivée en Allemagne ou en France.Lire : Relire le direct lors de cette journée spéciale Vous pouvez retrouver ci-dessous l’intégralité des récits de nos envoyés spéciaux sur Twitter (les tweets les plus récents apparaissent en premier).En EuropeEn FranceEt ailleurs... En Europe :Hongrie : Delphine Roucaute était dans la gare de BudapestTweets about #Jourdemigrants exclude:nativeretweets exclude:retweets from:Droucaute!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Macédoine : Elisa Perrigueur était à la frontière avec la SerbieTweets about #Jourdemigrants exclude:nativeretweets exclude:retweets from:elisaperrigueur!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Grèce : Adea Guillot était sur l’île de LesbosTweets about #Jourdemigrants exclude:nativeretweets exclude:retweets from:adea_guillot!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Italie : Philippe Ridet était à Catane, en SicileTweets about #Jourdemigrants exclude:nativeretweets exclude:retweets from:ridetridet!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Allemagne : Antonin Sabot racontait l’histoire de Hannan, un jeune Kurde réfugié HambourgTweets about #Jourdemigrants exclude:nativeretweets exclude:retweets from:antonin!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Allemagne : Cécile Boutelet était à MunichTweets about #Jourdemigrants exclude:nativeretweets exclude:retweets from:CecileBoutelet!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Royaume-Uni : Philippe Bernard était avec des bénévoles de Calaid, réseau d’aide aux migrants de CalaisTweets about #Jourdemigrants exclude:nativeretweets exclude:retweets from:canalbernard!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Espagne : Sandrine Morel était près d’un centre de rétention à MadridTweets about #Jourdemigrants exclude:nativeretweets exclude:retweets from:sandrinemorel!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Pologne : Annick Cojean était à WroclawTweets about #Jourdemigrants exclude:nativeretweets exclude:retweets from:AnnickCojean!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); En France : Cyril Simon était à l’arrivée de réfugiés à Cergy (Val-d’Oise) depuis MunichTweets about #Jourdemigrants exclude:nativeretweets exclude:retweets from:CysooS!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Sylvia Zappi était dans un camp de migrants près de la gare d’Austerlitz, à ParisTweets about #Jourdemigrants exclude:nativeretweets exclude:retweets from:sylviazappi!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Emeline Cazi était à la cour d’appel du droit d’asile, à ParisTweets about #Jourdemigrants exclude:nativeretweets exclude:retweets from:ecazi!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Richard Schittly était au Forum réfugiés à Lyon et avec des clandestins en comparution immédiateTweets about #Jourdemigrants exclude:nativeretweets exclude:retweets from:rschittly!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Julia Pascual était dans un camp de migrants à CalaisTweets about #Jourdemigrants exclude:nativeretweets exclude:retweets from:JuliaPascualita!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Elise Vincent était dans un foyer de migrants à ParisTweets about #Jourdemigrants exclude:nativeretweets exclude:retweets from:elise_vincent!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Clara Wright était dans un squat à ParisTweets about #Jourdemigrants exclude:nativeretweets exclude:retweets from:clarawright_!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Luc Leroux était à la plateforme d’accueil des réfugiés à MarseilleTweets about #Jourdemigrants exclude:nativeretweets exclude:retweets from:LucLeroux2!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Isabelle Rey était à Vintimille, à la frontière franco-italienneTweets about #Jourdemigrants exclude:nativeretweets exclude:retweets from:Isareylef!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Et ailleurs...Liban : Benjamin Barthe était à Beyrouth puis à TripoliTweets about #Jourdemigrants exclude:nativeretweets exclude:retweets from:benjbarthe!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Tunisie : Frédéric Bobin était à la frontière avec la Libye Tweets about #Jourdemigrants exclude:nativeretweets exclude:retweets from:FrdricBobin!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Sénégal : Christophe Châtelot était à DakarTweets about #Jourdemigrants exclude:nativeretweets exclude:retweets from:chatelot!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Turquie : Mathieu Godard était à IstanbulTweets about #Jourdemigrants exclude:nativeretweets exclude:retweets from:UnJourEnTurquie!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); 10.09.2015 à 15h07 • Mis à jour le10.09.2015 à 17h37 | Alexandre Lemarié Dans un long entretien au Figaro, jeudi 10 septembre, Nicolas Sarkozy présente des propositions pour faire face à ce qu’il décrit comme une « pression migratoire » inédite « dans l’histoire de l’Europe ». Dans cet entretien, le président du parti Les Républicains (LR) réaffirme son « hostilité » aux quotas de réfugiés à répartir au sein de l’Union européenne. Pour lui, il convient d’abord de « refonder » Schengen et de mettre en place « une nouvelle politique d’immigration européenne ».Lire aussi les réactions :Valls à Sarkozy : « Le droit d’asile ne se découpe pas en tranches »Si elle aborde des questions de politique internationale, la sortie de M. Sarkozy ressemble à une opération de politique intérieure. En insistant sur le thème des « frontières » et en adoptant un discours de fermeté sur l’immigration, celui qui se pose en chef de l’opposition renoue avec le ton de sa campagne présidentielle de 2012, inspiré par Patrick Buisson, son ancien conseiller venu de l’extrême droite. Avec un objectif assumé : reconquérir les électeurs de droite passés au Front national dans l’optique de la primaire à droite, qui aura lieu en novembre 2016 en vue de l’élection présidentielle de 2017. D’autant que les derniers sondages le placent en deuxième position derrière Alain Juppé.Pour les séduire, M. Sarkozy reprend des thèmes traditionnels du FN et durcit son discours par rapport aux années précédentes. Il préconise notamment de supprimer l’aide médicale d’Etat (AME) accordée aux étrangers en situation irrégulière, alors qu’il disait ne pas vouloir « remettre en cause cette générosité française » lors de la campagne de 2012.Lire aussi :Réfugiés : Sarkozy veut refonder Schengen« Adaptation du droit du sol »De la même manière, il se dit pour la première fois favorable à une « adaptation du droit du sol », ce qu’il s’était toujours refusé à faire, déclarant même lors en 2012 : « Je suis pour le droit du sol. Nous le garderons (…). Le droit du sol, c’est la France. »Jugeant par ailleurs nécessaire de « réguler et réduire les flux migratoires », il plaide pour une réduction du nombre de bénéficiaires du regroupement familial. Et suggère la préférence nationale dans l’attribution des prestations sociales. Un discours qui résonne avec celui de Marine Le Pen, favorable à l’abrogation du droit du sol, à la suppression de l’aide médicale d’Etat pour les étrangers en situation irrégulière et à l’abolition des accords de libre circulation de Schengen.Lire aussi :Pour Marine Le Pen, « l’immigration est un fardeau »En dévoilant ses nouvelles positions, M. Sarkozy se démarque de la droite européenne, notamment de la chancelière allemande, Angela Merkel, et du premier ministre britannique, David Cameron, qui se montrent plus ouverts sur l’accueil des réfugiés. S’il cherche à contenir la pression du FN, le président des Républicains cherche aussi à donner des gages à son électorat, de plus en plus réticent sur la question de l’immigration. Ainsi, 68 % des sympathisants de droite sont opposés à l’arrivée des réfugiés en France, selon un sondage Odoxa pour Paris-Match et i-Télé réalisé les 3 et 4 septembre.Alexandre LemariéJournaliste en charge du suivi de l'UMPSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.09.2015 à 13h39 • Mis à jour le10.09.2015 à 16h16 | Elisa Perrigueur (envoyée spéciale à Guevgueliya) Un pont étroit qui mène à la ville de Guevgueliya, en Macédoine. C’est sur cet édifice que plusieurs centaines de réfugiés, des Syriens, Afghans, Irakiens, sont restés bloqués, serrés, pendant plusieurs heures, jeudi 10 septembre.Comme chaque jour, dès l’aube, les réfugiés étaient arrivés au compte-gouttes dans le camp de Guevgueliya, venant de la Grèce, à 600 mètres. Sous la pluie battante, les migrants, trempés, pénétrant dans le pays par grappes de cinquante à cent personnes, se sont réfugiés sous les tentes des ONG. Epuisés après un long voyage, ils ne demandaient pourtant qu’à poursuivre leur périple vers la frontière serbe, à 171 kilomètres au nord. Mais ce jeudi, pour la première fois, le trafic des trains reliant le sud de la Macédoine à la Serbie était perturbé.« Ne poussez pas, pensez aux femmes et aux enfants »Affrétés par la Macédoine, il y avait jusqu’alors six trains par jour au minimum, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). « Il y a eu un train ce matin, le prochain devrait arriver à 17 heures », assurait un militaire macédonien, à la mi-journée. Aussi, plusieurs centaines de migrants ont-ils quitté le camp de réfugiés pour rejoindre le pont qui mène à la ville de Guevgueliya et aux quelques bus et taxis. Par petits groupes, les réfugiés ont convergé vers l’édifice. Les militaires macédoniens, munis de boucliers et de matraques, ont formé une ligne, tentant de contrôler le passage en fonction de l’arrivée des bus, environ un toutes les dix minutes.Les taxis, eux, filaient déjà tous vers la Serbie. « Les militaires sont dépassés, ils ne veulent surtout pas laisser entrer les migrants dans la ville, car ce serait incontrôlable, commentait un habitant vivant dans un des lotissements alentours et observant la scène. C’est la première fois que cela arrive, les migrants ne sont jamais allés plus loin que la gare. »La foule des réfugiés a grossi au fil des minutes. La file s’est allongée. Les migrants situés à l’avant du groupe se sont retrouvés compressés. « Ne poussez, pas, ne poussez pas, pensez aux femmes et aux enfants », s’égosillait un militaire dans un haut-parleur. Peu après, plusieurs membres d’ONG ont pris le micro pour s’adresser en arabe à la foule. « Calmez-vous, il y aura des bus pour tout le monde », hurlait une jeune femme blonde. Mais les personnes, désespérées et pressées, continuaient toutefois de pousser. Aucune parole n’apaisait cette foule à bout, éreintée. Malaises et cris de détresseDans un premier temps, les militaires ont tenté de faire passer femmes et enfants d’abord. A chaque brèche ouverte dans le cordon sécuritaire, la foule toutefois continuait de pousser, entraînant des corps-à-corps avec les militaires. Les enfants aux premiers rangs hurlaient. Des familles séparées, arrivées près des bus, s’époumonaient, enjoignant à leurs proches de les rejoindre. Plusieurs personnes, dont une femme âgée, ont fait des malaises. Les cris de détresse étaient toutefois tellement épars qu’il était difficile pour les militaires de savoir qui succombait réellement à un évanouissement. « Laissez-nous passer, nous ne voulons pas de bus, mais y aller à pied », criait un homme. « Laissez les gens passer, il y a des enfants », criaient d’autres. « Rangez-vous, mettez-vous près des bus », criait un militaire, matraque en main, aux personnes passées de l’autre côté, recherchant un proche.Au bout de plusieurs minutes de tensions, les autorités macédoniennes, débordées, ont fini par laisser passer l’ensemble du groupe. En quelques secondes, les personnes, entre précipitation et soulagement, ont déferlé vers les taxis et les bus pris d’assaut. D’autres ont rejoint les artères de la ville pour trouver un autre moyen de locomotion.Suivez notre journaliste en Macédoine :Tweets de @ElisaPerrigueur!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs");Alors que l’évacuation de l’île de Lesbos et de celles de la mer Egée, en Grèce, est en cours, les autorités macédoniennes attendent quelque vingt-trois mille personnes dans les trois à quatre prochains jours. Les réfugiés traversent en effet la Grèce, avant de rejoindre la Macédoine. La majorité d’entre eux veut ensuite poursuivre la « route des Balkans », transitant ensuite par la Serbie, la Hongrie, l’Autriche, pour rejoindre l’Allemagne. D’autres milliers de réfugiés sont attendus en Macédoine ce jeudi.Jeudi, journée spéciale sur Le Monde.fr #JourdemigrantsJeudi, la rédaction du Monde se mobilise avec près de trente reporteurs, en France, en Europe, en Afrique. De la frontière tuniso-libyenne à la gare de Munich, en Hongrie, en Macédoine ou sur l’île grecque de Lesbos, à Paris, à Lyon, à Marseille ou à Toulouse, ils décriront une journée parmi d’autres dans la vie de migrants.Retrouvez ces histoires, ces témoignages et les décryptages de nos journalistes lors de cette journée spéciale, dès 8 heures, jeudi 10 septembre, sur le live du Monde.fr, où nous répondrons également à vos questions, et sur Twitter et sur Instagram, avec le mot-clé #Jourdemigrants.Elisa Perrigueur (envoyée spéciale à Guevgueliya) 10.09.2015 à 13h17 • Mis à jour le10.09.2015 à 15h55 Le Parlement européen a approuvé jeudi 10 septembre à une large majorité une résolution en faveur des mesures d’urgence proposées par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, pour mieux répartir l’accueil des réfugiés entre les Etats membres, ainsi que sa proposition de créer un mécanisme de répartition permanent et contraignant.Anticipant une réunion cruciale des ministres de l’intérieur des Vingt-Huit, prévue lundi 14 septembre à Bruxelles, les députés européens ont dénoncé dans une résolution un « manque de solidarité regrettable des gouvernements envers les demandeurs d’asile ». Et ils se sont dits prêts, le moment venu, à donner leur aval législatif — « au moyen d’une procédure accélérée » — au projet présenté mercredi par la Commission.Dans leur résolution adoptée à Strasbourg par 432 voix pour, 142 contre et 57 abstentions, les eurodéputés ont apporté leur « soutien » à ces initiatives et ont réclamé une « clé de répartition équitable et obligatoire » entre Etats membres.Suivez notre journée spéciale en direct avec les migrants dans toute l’Europe Mécanisme de relocalisation permanentLors de son premier discours sur l’état de l’Union, largement dominé par la pire crise migratoire en Europe depuis 1945, le président de la Commission avait exhorté les Etats membres à se répartir d’urgence l’accueil de 160 000 réfugiés déjà sur le sol européen. « Ceci doit être fait de façon obligatoire », avait-il prôné, pour ne pas laisser « l’Italie, la Grèce et la Hongrie se débrouiller seules ».M. Juncker avait également préconisé qu’après ces mesures d’urgence, « un mécanisme de relocalisation permanent » et contraignant soit adopté.Plusieurs Etats européens ont d’ores et déjà réagi à la proposition du système de quotas fixé par Bruxelles : mercredi l’Espagne a fait savoir qu’elle assumerait sa part. A l’inverse, la Roumanie a annoncé, jeudi, qu’elle s’y opposait fermement, à l’image des pays membres du « groupe de Visegrad » (la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie). Les débats s’annoncent donc houleux lundi à Bruxelles.Appel à une conférence internationaleDans son discours, M. Juncker avait également pressé les Etats membres d’adopter une liste commune de pays tiers considérés comme « sûrs », afin de faciliter le traitement des demandes d’asile. Sur ce point, les parlementaires ont souhaité que cette liste « n’aille pas à l’encontre du principe de non-refoulement et du droit d’asile de chacun ».Enfin, le Parlement européen a appelé à la tenue d’une « conférence internationale » associant l’Union européenne et ses membres ainsi que l’ONU, les Etats-Unis, les Etats arabes et des ONG internationales afin de traiter de toutes ces questions. Clément Martel (envoyé spécial en Croatie) « I don’t know. » Le ton est sans appel, et le chauffeur, moustache poivre et sel et lunettes noires, détourne son attention. Debout devant son bus, il attend avec ses collègues le groupe de cinquante-deux migrants arrivés à Tovarnik, petite bourgade croate posée le long de la frontière avec la Serbie, sans savoir encore où il va les convoyer. Les véhicules ont été affrétés en urgence par le gouvernement croate en réponse à la situation. Les chauffeurs, pas plus que les policiers ou les migrants eux-mêmes, ne savent à cette heure-là la destination de ce convoi.Lire aussi :En Croatie, l’itinéraire bis des migrants compromisDepuis que la Croatie est devenue l’itinéraire bis de la route des migrants, après que la Hongrie a fermé sa frontière avec la Serbie, les bonnes volontés sont légion dans le pays, mais l’information est rare. Porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), Babar Baloch peut en attester.A Beli Manastir, après avoir vu débarquer les migrants en nombre dans la nuit de jeudi à vendredi, l’organisation de l’ONU et les autres ONG chargées du camp de cette ville aux confins des frontières croate, serbe et hongroise ont mis les bouchées doubles. Objectif : pouvoir accueillir plusieurs milliers de migrants dès samedi, après que la « première vague » des réfugiés de Beli Manastir a franchi la frontière hongroise. Problème : ils ne sont jamais venus, et nul n’a prévenu les organisateurs du camp.Même son de cloche à Zagreb, où la Croix-Rouge croate a vu large pour s’assurer de faire face à la crise que rencontre le pays. Dans le sud de la capitale croate, plusieurs immenses hangars ont été investis et équipés de lits, douches, et tout ce qu’il faut pour assurer un maximum de confort aux réfugiés. Mais alors que la Croix-Rouge se préparait à accueillir quatre ou cinq mille réfugiés au cours du week-end, ils n’étaient que trente dimanche matin à avoir dormi sur place. Dans la grande majorité, des « échappés » du système, ayant préféré rejoindre la capitale par leurs propres moyens plutôt que d’attendre d’hypothétiques bus. Parmi eux, Ziyad Mardini, un Syrien de 24 ans, explique avoir fui Tovarnik, car « les conditions étaient trop horribles ». Il a préféré payer 500 euros pour faire conduire son petit groupe (six personnes) jusqu’à Zagreb.Pas de vue d’ensembleEn assumant de forcer la main à la Hongrie en raccompagnant les réfugiés de Tovarnik aux portes du pays voisin, la Croatie est parvenue à désengorger son territoire, comme le souhaitait le premier ministre, Zoran Milanovic, qui refusait que le pays ne devienne le « refuge des migrants ». Mais les décisions politiques ont souvent été prises à l’insu des personnes travaillant sur le terrain. Bénévoles et ONG semblent former une chaîne où chacun des maillons ignore tout des autres. Et sur le terrain, nul ne parvient à avoir de vue d’ensemble de la situation. Chacun pare au plus pressé. Face à l’urgence, la porte-parole de la Croix-Rouge croate, Katarina Zoric, confie ne pas savoir exactement le nombre de camps déployés par son organisation dans le pays.Dimanche, le ciel gris et bas crache une fine pluie sur le village de Tovarnik. Difficile de croire qu’il y a deux jours à peine, les migrants tentaient de s’y abriter du soleil par tous les moyens. Ils laissent derrière eux les tentes leur ayant servi d’abris le temps d’une nuit et plusieurs bénévoles quelque peu déroutés pliant bagages. « On nous a dit de ranger, je crois qu’ils vont fermer le camp », témoigne, perplexe, Isabelle Modigall de l’ONG Save the Children, alors que ses camarades démontent la tente qui leur a servi de centre dans le camp. Derrière elle, des bénévoles de plusieurs organisations non gouvernementales s’inquiètent pour les stocks de nourriture qu’ils ont acheminée vers Tovarnik au cours des derniers jours. « On ne nous dit rien », déplore une jeune femme venue de Zagreb prêter main-forte à la cuisine du camp improvisé.Nouveau camp en bord de DanubeOù ont été emmenés les migrants de Tovarnik ? La réponse arrivera plus tard dans l’après-midi, se propageant de bénévole en bénévole. Environ 4 000 d’entre eux ont été envoyés dans un camp temporaire à Opatovac, à 15 kilomètres plus au nord, sur les rives du Danube. Selon le ministre de l’intérieur croate, Ranko Ostojic, ce nouveau camp vise à offrir trente-six à quarante-huit heures de répit aux réfugiés avant qu’ils ne quittent le pays.#Refugees started entering Opatovac temporary settlement. They are being provided with medical care & registered. http://t.co/N1bvfA30UF— VladaRH (@Vlada R. Hrvatske)require(["twitter/widgets"]);A Tovarnik, dimanche, une trentaine de travailleurs en combinaison étanche travaillaient déjà à effacer les traces laissées par ce soudain afflux de population. Les pieds dans la gadoue et une pince à déchets à la main, Ruza Veselcic Sijakovic, la maire de ce village de 1 500 âmes, explique comment les habitants de Tovarnik et du village voisin se sont retroussé les manches pour « aider face à cette catastrophe humanitaire ». Avouant « prendre les jours les uns après les autres », elle déplore le manque de réponse rapide de Zagreb quand, submergé par les vagues de réfugiés, Tovarnik a appelé à l’aide.Dimanche soir, Zagreb comptabilisait 21 000 entrées sur son territoire en seulement cinq jours et en anticipait d’autres, des réfugiés continuant d’arriver de Grèce en Macédoine, puis en Serbie. En visite au nouveau camp d’Opatovac, le ministre de l’intérieur a expliqué lundi midi qu’il était compliqué de gérer l’arrivée de tant de personnes. S’attendant encore à au moins 2 000 migrants dans la journée à Tovarnik, il a appelé à ce que « le flux s’interrompe », répétant que « la Croatie ne [pouvait] gérer autant de migrants ».Clément Martel (envoyé spécial en Croatie)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Pouchard Avec le retour triomphal d’Alexis Tsipras à la tête du gouvernement après sa démission en août, le scrutin du dimanche 20 septembre a confirmé le passage en arrière-plan du paysage politique grec du parti socialiste Pasok, longtemps l’une des deux principales formations du pays. Le Mouvement socialiste panhellénique n’a obtenu que 6,3 % des suffrages exprimés, lui donnant 17 sièges à la Vouli, le Parlement grec.Certes, c’est mieux que lors des précédentes élections, en janvier, où le Pasok avait obtenu le pire score de son histoire, avec 4,7 % des suffrages et 13 sièges. Il s’agit malgré tout du deuxième plus mauvais résultat électoral du parti depuis la fin de la dictature et le retour de la démocratie, en 1974.Après avoir dirigé le pays entre 1993 et 2004, le Pasok était revenu au pouvoir en octobre 2009, avec la désignation de Georges Papandreou comme premier ministre. C’est ce dernier qui a découvert - et dévoilé officiellement - le maquillage des comptes publics auquel avait procédé les gouvernements précédents pour cacher l’ampleur réelle du déficit.Cette annonce avait jeté le discrédit sur les autorités grecques et fait paniquer les marchés financiers. Elle a été surtout le point de départ à la mise en place d’un premier plan d’aide financier aux pays, lourdement endetté, et à l’engagement de mesures drastiques d’assainissement budgétaire et de réformes.Le pays n’est toujours pas sorti de cette spirale. Et les conséquences électorales ont été désastreuses pour le Pasok. Le parti reste la principale victime de la recomposition du champ politique à l’œuvre en Grèce, même s’il a réussi son pari de se maintenir au Parlement. Il pourrait désormais choisir de soutenir le programme de Syriza, sans entrer au gouvernement. #container_14428294762{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14428294762{ height:500px; } #container_14428294762 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14428294762 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14428294762 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14428294762 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }En Grèce, la dégringolade du PASOK aux élections législativesLe Mouvement socialiste panhellénique a payé dans les urnes les années de rigueur depuis le début de la crise grecque.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14428294762", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} %", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{enabled:true, symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} %", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "datetime", categories:null, title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value:%b %Y}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Score du PASOK", "color": "#0386c3", "data": [ [ 153961200000, 13.58 ], [ 248914800000, 25.34 ], [ 372290400000, 48.07 ], [ 486597600000, 45.8 ], [ 614210400000, 39.1 ], [ 626310000000, 40.7 ], [ 639612000000, 38.6 ], [ 750290400000, 46.88 ], [ 843429600000, 41.49 ], [ 955317600000, 43.79 ], [ 1078700400000, 40.5 ], [ 1189980000000, 38.1 ], [ 1254693600000, 43.92 ], [ 1336341600000, 13.18 ], [ 1339970400000, 12.3 ], [ 1420930800000, 4.7 ], [ 1442786400000, 6.3 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: "", valueDecimals: 2, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "%b %Y", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Lire aussi :La crise grecque en neuf plans d’austérité, trois plans d’aide et une réélectionAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jade Grandin de l'Eprevier Rien ne se perd, tout se transforme. Vendredi 18 septembre, la Croatie a voté un ensemble de lois permettant de convertir en euros les emprunts libellés en francs suisses, détenus par 53 000 citoyens. Dans le pays, 38 % des prêts immobiliers sont libellés dans cette monnaie. Ils représentent en tout 23,1 milliards de kunas croates en valeur nominale, soit 3 milliards d’euros. Ces nouvelles dispositions constituent un choix politique fort : cela revient à faire payer aux banques le coût de l’envolée de la monnaie helvétique, qui s’échange actuellement autour d’1,10 franc suisse par euro, 10 % plus cher qu’en début d’année. La devise a bondi en janvier, lorsque la Banque nationale suisse (BNS) a abandonné son taux plancher d’1,20 franc suisse par euro.Le gouvernement croate, une coalition de centre gauche, a poussé cette loi critiquée par les acteurs financiers privés et publics, alors qu’en novembre doivent avoir lieu des élections législatives, où les conservateurs de droite sont donnés favoris. Le Premier ministre Zoran Milanovic fait donc d’une pierre deux coups : il aide les ménages endettés et tient sa promesse de trouver une solution durable aux difficultés engendrées par la flambée du franc suisse. « De telles législations sont discutées surtout dans les pays qui traversent une période d’instabilité politique », soulignait Piotr Palenik, analyste à la filiale polonaise d’ING auprès de Bloomberg.Le service après-vente de la banque centrale croateLes banques payent donc l’addition : entre 800 millions et 1 milliard d’euros (6 à 8 milliards de kunas croates). Elles ont jusqu’à mi-novembre pour convertir les prêts et communiquer aux emprunteurs leurs nouvelles mensualités. Le taux de change pour le paiement des prêts est fixé à 6,39 kunas par franc suisse depuis janvier contre 6,99 kunas par franc suisse pour le taux actuel.Embarrassée par cette décision, la banque centrale croate devra pourtant assurer le service après-vente. D’un côté, elle a averti que la loi pénaliserait le système bancaire, creuserait les réserves de change et fragiliserait la monnaie croate. De l’autre, elle a tenté de rassurer les investisseurs en disant avoir assez d’instruments monétaires pour limiter les dégâts. Mais c’est un effet boule de neige que prévoit la Banque centrale européenne, inquiète pour « la stabilité macroéconomique du pays ».Les banques étrangères représentent 90 % du marché croate. Cinq d’entre elles (Erste Group Bank, UniCredit, Sberbank, Raiffeisen Bank International et Hypo Group Alpe Adria) veulent attaquer le gouvernement en justice. Dans un communiqué, elles estiment qu’« une conversion forcée qui ne prend en compte ni les revenus ni la capacité à rembourser du client est une grave ingérence rétroactive sur les contrats existants ». Acerbe, le ministre des finances, Boris Lalovac, a répliqué devant un parterre de journalistes : « Ce n’est pas très malin de poursuivre le gouvernement du pays où l’on fait des affaires. J’espère que les banques veulent continuer à exercer en Croatie, et que, pour la première fois de l’Histoire, elles écouteront la voix du peuple. » Dans la foulée du vote au Parlement, la plupart des banques présentes en Croatie ont reculé en Bourse.« Tout le monde est responsable »Croatie, Pologne, Hongrie, Autriche, Slovénie… dans les années 2000, les taux d’emprunt en franc suisse étaient beaucoup plus intéressants qu’en monnaie locale. Beaucoup en ont profité pour financer leur achat immobilier. Sur 4,2 millions de Croates, 100 000 y ont ainsi souscrit, dont plus de la moitié remboursent encore des traites. En Pologne, les prêts hypothécaires en franc suisse représentent 40 % des crédits immobiliers et 7,5 % du PIB.Dès 2004, le président de la BNS avait souligné lors d’un voyage en Autriche les « risques non négligeables » encourus par « les emprunteurs, dont de nombreux particuliers, cherchant à bénéficier de taux d’intérêt moins élevés ». Pendant dix ans, l’institution a multiplié ses mises en garde, en vain. En 2008, le piège s’est refermé une première fois. Lors de la crise financière, le franc suisse, considéré comme une valeur refuge, s’est envolé. La Hongrie et l’Autriche ont été frappées de plein fouet. Un million d’emprunteurs hongrois ont vu exploser leur crédit immobilier.Coïncidence ou providence, la Hongrie a anticipé, juste à temps, le big bang suisse de janvier 2015 sur le marché des devises. En novembre 2014, à l’instigation du premier ministre conservateur et populiste Viktor Orban, le Parlement hongrois a adopté une loi prévoyant un taux de conversion fixe protégeant les débiteurs en devises étrangères. Ailleurs, le piège s’est de nouveau refermé.« Quand quelque chose fonctionne, vous avez certaines personnes qui posent des questions, mais du moment que ça fonctionne… », explique Claudia Bernasconi, économiste spécialiste des marchés émergents chez Swiss Life AM. Selon elle, « tout le monde est responsable : les banques centrales, les gouvernements, les banques privées ». Car « c’était un gros risque aussi pour le secteur bancaire » : si les ménages ne peuvent plus rembourser, les banques se retrouvent avec des actifs en défaut de paiement sur les bras. D’ailleurs, en France, certains emprunteurs malheureux du franc suisse ont porté plainte contre BNP Paribas, le Crédit mutuel ou le Crédit agricole pour leur avoir vendu un produit financier sans en exposer les risques. La justice française doit trancher d’ici début 2016.Bataille électoraleProchaine sur la liste : la Pologne, où des élections législatives sont prévues à l’automne. Les responsables politiques de tous bords promettent qu’ils feront convertir les emprunts adossés au franc suisse. Mais leur point de vue diffère sur le poids à faire porter aux banques. Le parti au pouvoir (PO, centre droit), affaibli par une affaire d’écoutes illégales, a proposé en juillet que banques et particuliers fassent moitié-moitié. Le nouveau président Andrzej Duda, qui appartient au parti d’opposition (PiS) social-conservateur, voudrait faire passer une loi plus radicale, selon le quotidien polonais Dziennik Gazeta Prawna. Les emprunteurs pourraient convertir leurs prêts au taux de change en vigueur lors de la souscription. Ce serait « beaucoup plus difficile pour les banques », commente Claudia Bernasconi. Elles supporteraient un coût estimé à plus de 5 milliards d’euros. Certaines menacent également d’attaquer en justice.Jade Grandin de l'Eprevier Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Cela a été la véritable surprise de ces nouvelles législatives grecques. Le parti des Grecs Indépendants (ANEL) a réussi son pari de se maintenir au Parlement alors que tous les pronostics le plaçaient en dehors. Avec 3,69 % des voix, contre 4,8 % en janvier, il perd certes trois sièges, mais fait tout de même entrer dix députés à la chambre. Et redevient ainsi quasi automatiquement l’allié de coalition du parti de la gauche radicale Syriza.Arrivé en tête avec 35,47 % des voix, soit 145 députés, Syriza n’a cependant pas atteint la majorité absolue. Il lui manque six députés pour arriver aux 151 sièges requis, sur les 300 que compte le Parlement.Les dix députés d’ANEL sont un cadeau inespéré. « Nous ne nous y attendions pas et cela nous évite d’avoir à rechercher des alliances ailleurs, plus difficiles », a déclaré, dimanche soir à l’annonce des résultats, Takis Pavlopoulos, conseiller Europe d’Alexis Tsipras.Les autres partis potentiellement susceptibles d’entrer dans une coalition, les socialistes du Pasok et les centristes de To Potami, étaient en effet très exigeants, à la fois sur le contenu du programme que Syriza souhaite mettre en œuvre, mais aussi sur les ministères qu’ils auraient souhaité obtenir en échange de leur soutien. « C’est un grand soulagement pour nous, car nous avons déjà testé la coalition avec l’ANEL et cela se passe bien », a précisé M. Pavlopoulos.Loyal et très disciplinéEntre janvier et août, ANEL a en effet été l’allié loyal et très discipliné de Syriza. Même lorsque le gouvernement a fait adopter une loi sur la naturalisation des enfants de migrants de deuxième génération, nés ou éduqués sur le sol grec, l’ANEL est resté relativement silencieux. Alors que pour ce parti nationaliste et populiste, connu pour ses positions hostiles à l’immigration, il s’agissait tout de même d’une grosse couleuvre à avaler.Syriza a promis d’avancer sur d’autres lois sociales du même genre. En mettant par exemple en place un pacte civil sur le modèle du PACS permettant aux homosexuels de bénéficier de certains droits aujourd’hui accordés aux couples mariés. Sur la gestion de la crise migratoire aussi, les équipes d’Alexis Tsipras ont la volonté d’imprimer un virage à gauche.Panos Kammenos, le leader d’ANEL, restera-t-il le fidèle partenaire silencieux maintenant que de ses dix députés dépend si clairement la stabilité gouvernementale ? Les prochaines heures donneront déjà une idée des arbitrages en cours dans l’affectation des ministères. ANEL devrait certainement obtenir de peser un peu plus que précédemment dans l’action gouvernementale.Lire aussi :Panos Kammenos, l’encombrant allié d’Alexis TsiprasAller au bout du mandat de quatre ansCe gouvernement de coalition peut commencer à travailler très rapidement, mais avec seulement 155 députés au total il ne bénéficie que d’une petite marge de quatre parlementaires lui garantissant la majorité au Parlement. Or, aujourd’hui, même si les leaders de Syriza se veulent rassurants sur la question, rien ne garantit totalement que des voix dissidentes ne se fassent pas de nouveau entendre à l’avenir.Aussi Alexis Tsipras n’exclut-il pas d’élargir ses collaborations. Pas sous la forme d’une participation directe au gouvernement mais à travers un soutien au cas par cas au parlement, sur la base du programme de politique générale qui sera présenté dans les prochains jours par le nouveau premier ministre.Dans un entretien téléphonique avec la présidente du Pasok, Foffie Yenimata, Alexis Tsipras aurait abordé cette question, en précisant, nous dit-on, qu’il était temps que la social-démocratie grecque s’allie à la gauche pour faire front à la droite.Alexis Tsipras l’affirme, il veut aller au bout de son mandat de quatre ans. Mais, pour durer, il devra certainement raffermir encore un peu sa majorité parlementaire.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le parti de la gauche radicale Syriza est arrivé en tête au scrutin du dimanche 20 septembre en Grèce. Avec 35,47 % des voix, il fait beaucoup mieux qu’annoncé par les sondages et fait entrer 145 députés au parlement. Les conservateurs de Nouvelle Démocratie (ND) suivent ensuite avec 28,09 % des voix et 75 députés.Première leçon de ce scrutin : les Grecs ont choisi de reconduire un gouvernement dominé par la gauche radicale. Mais l’autre enseignement, c’est la fragmentation du paysage politique. Huit formations politiques vont siéger au parlement. Un phénomène dont l’ampleur n’avait pas été annoncée non plus par les sondages.Aube dorée, un parti néonazi sous pression judiciaireEn récoltant 6,99 % des voix, Aube dorée reste la troisième force politique du pays. Le parti néonazi compte désormais 18 députés au parlement soit un de plus que lors des dernières élections législatives, en janvier 2015. Malgré ses déboires judiciaires, Aube dorée dispose donc désormais d’un électorat stable. Sensible à la fois à sa rhétorique antimigrants mais aussi à son discours antiaustérité. Aube dorée est désormais la principale force opposée au mémorandum au sein du Parlement.Aube dorée a été officiellement créée en 1992. Longtemps anecdotique, le parti a fait brutalement son entrée au Parlement dès 2012, avec 6,97 % des voix. Un choc pour la société grecque mais qui révèle, à l’époque, le désarroi des électeurs qui ne savent plus pour qui voter et qui favorisent les partis qu’ils jugent antisystème. Son discours se concentre sur les thématiques xénophobes, souverainistes et nationalistes. Son slogan principal : « La Grèce appartient aux Grecs. »Le 18 septembre 2013, un militant d’Aube dorée poignarde à mort un militant antifasciste de 34 ans, Pavlos Fyssas. Il est arrêté et reconnaît les faits. Ce sera le début d’une longue enquête qui aboutit finalement à la mise en examen de plus de 70 membres ou sympathisants de la formation, dont la quasi-majorité de ses 17 députés, pour participation ou direction d’organisation criminelle. Le procès est en cours.Les Grecs indépendants, survivants du scrutinTous les sondages les donnaient battus, poussés hors du Parlement. Avec 3,69 % des voix, ils réussissent pourtant à y faire entrer 10 députés. Les Grecs indépendants (ANEL) redeviennent ainsi le partenaire de coalition de Syriza. Alexis Tsipras ne pouvait rêver de meilleur scénario que de retravailler avec Panos Kammenos, le leader d’ANEL, qui s’est montré durant les sept mois du précédent gouvernement un allié loyal et discipliné. Fondé en 2012 par Panos Kammenos, un dissident de Nouvelle Démocratie, ANEL est un parti très nationaliste, attaché à l’orthodoxie et hostile aux migrants. Une rhétorique mise en veilleuse durant cette campagne express.L’Union populaire, antieuro et grande perdante L’Union populaire (ou LAE) est un mouvement politique, pas encore tout à fait officiellement un parti, lancé par des dissidents de Syriza, dont la fronde avait précipité les nouvelles élections. Créé il y a quelques semaines seulement, il est dirigé par Panagiotis Lafazanis, qui se fait désormais le chantre de la lutte contre l’austérité. Il incarne surtout une ligne antieuro, qui a de tout temps existé au sein de Syriza. Pour LAE, la Grèce doit sortir de la zone euro et retrouver une monnaie nationale.La formation n’a pas réussi à dépasser le seuil de 3 % des voix nécessaires pour entrer au Parlement. D’un côté, cette ligne antieuro effraie la majorité de l’électorat grec très attaché à l’euro et à l’Europe. De l’autre, beaucoup des déçus de Syriza qui pensaient voter LAE ont choisi au tout dernier moment le vote utile. C’est-à-dire de continuer à soutenir Syriza afin de faire avant tout barrage à la droite.Le Pasok, marginalisé depuis la crise, limite la cassePour mettre le plus de chances de son coté, le Mouvement socialiste panhellénique (Pasok), laminé par la crise, s’est allié avec le petit parti de la Gauche démocrate (Dimar). Leur liste commune a récolté 6,28 % des voix, soit 17 députés au Parlement.Le Pasok est aujourd’hui dirigé par Fofi Gennimata, la fille de Georges Gennimata, plusieurs fois ministre tout au long des années 1980 et 1990. Le Pasok est né le 3 septembre 1974, deux mois après la chute du régime des colonels (1967-1974). Son fondateur, Andréas Papandréou, était le fils de Georges Papandréou, qui, à la tête d’Enosi Kentrou (Union du centre), avait gagné les élections de 1965. Après la dictature, Andréas Papandréou rejette cet héritage et fonde le Pasok qui prend la tête du pays en 1981. C’est le début d’un long règne qui va durer près de quatre décennies, interrompu par quelques incursions de ND. C’est me fils d’Andréas, Georges Papandréou, premier ministre en 2009, qui révèle l’état réel des finances grecques et entraîne le début de la crise.Avec ce score, le Pasok, qui reste la principale victime de la recomposition du champ politique à l’œuvre en Grèce, a réussi son pari de se maintenir au Parlement et pourrait désormais choisir de soutenir le programme de Syriza, sans entrer au gouvernement.Le Parti communiste de Grèce conserve son noyauLe Parti communiste de Grèce (KKE) a été fondé en 1918. Jusqu’en 1974, il fut un parti illégal et à ce titre nombre de ses militants ont été torturés en Grèce. Le KKE a joué un rôle important pendant la résistance contre les nazis et pendant la guerre civile qui a suivi la seconde guerre mondiale en Grèce. Jusqu’à très récemment et pendant la crise, le KKE a réussi à garder le noyau de ses électeurs presque entier, à 8 %. Il a remporté dimanche 5,55 % des voix et disposera donc de 15 députés dans le nouveau parlement.Revers pour To Potami, centriste et libéralTo Potami (« La Rivière ») est un parti centriste libéral, fondé en mars 2014 par Stavros Theodorakis, journaliste star de la chaîne télévisée Mega. Le parti a été créé avec l’ambition de se présenter aux élections européennes de 2014, et d’y incarner le centre proeuropéen de l’échiquier politique, dans un paysage fortement polarisé entre gauche et droite. Aux élections de janvier, To Potami avait rassemblé légèrement plus de 6 % des électeurs, se classant en quatrième position à quelques voix des néonazis d’Aube dorée. La formation espérait maintenir son score et se rêvait en partenaire de coalition. Finalement, elle n’a récolté que 4,09 % des voix et le nombre de ses députés tombe à 11.To Potami paie peut être ainsi le prix de sa confusion. Car sa plateforme idéologique part un peu dans toutes les directions. Même si ce parti concentre de vrais talents venus de la société civile, il n’arrive pas à toucher les couches populaires de l’électorat qui l’associe à un parti proche du monde des affaires.L’Union du centre, la percée d’une formation inclassableCela fait plus de 20 ans que Vassilis Leventis tente d’entrer au Parlement. Il connaît aujourd’hui son moment de gloire. Avec 3,43 % des voix, il fait entrer 9 députés au Parlement. Un score qui symbolise à lui tout seul l’éparpillement des voix lors du scrutin et prouve à quel point les Grecs sont déboussolés. M. Leventis est un personnage longtemps raillé par le personnel politique grec et par les Grecs eux-mêmes pour ses interminables diatribes enflammées lancées depuis sa chaîne de télévision Kanali 67 dans les années 1990. Il visait à faire revivre l’héritage de certaines grandes figures politiques du passé, telles que les premiers ministres Elefthérios Venizélos, Georges Papandréou et Alexandros Papanastasiou.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La réaction des créanciers de la Grèce (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Union européenne), lundi 21 septembre, à la victoire d’Alexis Tsipras n’avait rien à voir avec celle qui fut la leur, fin janvier, quand le jeune leader de Syriza avait pour la première fois remporté les législatives. Pas d’affolement, juste une pointe d’inquiétude, et encore.Lire aussi :Grèce : Tsipras parvient à se débarrasser des frondeurs de Syriza« Tous les partis grecs, sauf les néonazis d’Aube Dorée et l’aile dissidente de Syriza, ont voté pour le mémorandum [le contrat listant les réformes en échange d’un prêt de 86 milliards d’euros], donc, pour les mois qui viennent, nous n’avons pas d’inquiétude », explique une source diplomatique, proche des créanciers. « Il ne faut pas être naïfs, il y aura sans doute des difficultés de mise en œuvre des réformes, parce qu’elles sont difficiles pour les Grecs, mais le mémorandum est sur les rails [il a été finalisé fin août] », ajoute cette source.A Bruxelles, certains espéraient depuis des mois que ces nouvelles élections à Athènes seraient l’occasion de faire entrer au gouvernement les socialistes du Pasok ou les centristes de To Potami. Pour en finir avec les populistes. Ce n’est finalement pas le cas et ils sont certainement déçus. Cependant, depuis que M. Tsipras a fait son virage à 180 degrés, mi-juillet, en acceptant, dos au mur, pour éviter le Grexit (une sortie de la Grèce de la zone euro), un accord avec les Européens qu’il n’avait de cesse de dénoncer depuis janvier, les créanciers lui font plutôt confiance.Qui va devenir ministre des finances ?Désormais, le sentiment général, c’est que M. Tsipras sera le mieux à même de mettre en place les réformes difficiles censées mettre fin à la corruption, à l’évasion fiscale, qui gangrènent l’Etat grec depuis des années. De fait, les partis traditionnels (Pasok, les conservateurs de Nouvelle Démocratie) ont contribué à entretenir ce « système » et n’ont pas mis en place de manière suffisamment satisfaisante les deux précédents mémorandum (2010 et 2012), estime-t-on à Bruxelles. L’ex-premier ministre conservateur, Antonis Samaras, avait ainsi pas mal exaspéré jusqu’aux membres de sa famille politique (le Parti populaire européen) en refusant de mettre en place les réformes qu’exigeaient de lui les créanciers, en 2014.Lire aussi :Pourquoi la Grèce peine à sortir la tête de l’eauLa question, désormais, est de savoir qui va devenir ministre des finances du gouvernement « Tsipras 2 ». La configuration idéale, à Bruxelles, ce serait de pouvoir à nouveau compter sur le ministre par intérim George Chouliarakis, ou sur son collègue Euclide Tsakalotos. Tous deux font partie des équipes de négociation grecque depuis février et ont été particulièrement appréciés, ces derniers mois, pour leur « pragmatisme », « leurs compétences » et leurs convictions proeuropéennes, selon plusieurs sources proches des créanciers. Rien à voir avec l’ex-ministre des finances de M. Tsipras jusqu’en début juillet, le flamboyant Yanis Varoufakis, qui avait été nommé pour « internationaliser » la cause grecque en attirant sur lui les caméras du monde entier. Mais qui s’était mis à dos les 18 autres ministres de la zone euro.Lire aussi :Des Grecs dépensiers ou malhonnêtes… le tour des idées reçues« La bonne nouvelle, avec cette coalition inchangée Syriza-ANEL, c’est qu’à priori, les équipes grecques avec lesquelles les créanciers discutent depuis des mois, les hauts fonctionnaires, les membres de l’Eurogroup working groupe [groupe de travail préparatoire aux Eurogroupes], ne devraient pas trop changer » souligne une source européenne.Pas question de décaler le début de la « revue »De fait, Grecs et Européens ont du pain sur la planche dans les semaines qui viennent. Le mémorandum prévoit des dizaines de mesures à faire passer d’ici fin octobre (poursuite des réformes dans l’administration fiscale, la modernisation de l’administration, etc.). Les Européens sont censés venir vérifier sur pièces à partir de mi-octobre, lors d’une première « revue » du programme d’aide grec. Du bon déroulement de cette revue dépend le versement d’une tranche de prêts de 3 milliards d’euros supplémentaire et le début des négociations pour alléger le fardeau de la dette grecque (plus de 180 % du PIB du pays).« Vu que depuis trois semaines, avec la campagne pour les législatives, pas grand-chose a bougé à Athènes, on va devoir, dans les jours qui viennent, redéfinir un calendrier d’avancement des réformes prioritaires » explique une source européenne. Pas question pour l’instant de décaler le début de la « revue ». « Mais elle pourrait se terminer plutôt en décembre ou fin novembre que fin octobre » suggérait une autre source bruxelloise il y a quelques jours.Des contacts ont déjà été pris de manière informelle entre la Commission européenne, la BCE et le Mécanisme européen de stabilité (MES, le fonds qui va prêter l’essentiel des 86 milliards d’euros à Athènes). « Par ailleurs, on va avoir plein de rendez-vous officiels, dans les semaines qui viennent, pour avancer le travail avec les Grecs », explique une source bruxelloise. Un Eurogroupe working groupe est de fait prévu cette semaine, il sera suivi par un Eurogroupe, lundi 5 octobre, et un G20 Finance, à Lima, le 8 octobre.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.09.2015 à 06h52 • Mis à jour le21.09.2015 à 14h38 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Alain Salles (Athènes, envoyé spécial) Alexis Tsipras a réussi son « coup du chapeau » électoral. Cet amateur du club de football du Panathinaïkos a marqué son troisième but en un an, avec deux victoires aux élections législatives et une au référendum. Tous les sondages prédisaient un scrutin serré, une désillusion des militants de son parti, Syriza, et une punition pour l’ancien premier ministre. Les Grecs ne lui ont finalement pas tenu rigueur de ne pas avoir honoré ses promesses, en janvier, d’en finir avec l’austérité, ni de son revirement début juillet, quand il a accepté de signer un mémorandum avec les créanciers du pays, une semaine après l’éclatante victoire du non au référendum.Mettre en place une coalition gouvernementale entre Syriza et les Grecs indépendantsPour la troisième fois, les électeurs grecs font nettement confiance à M. Tsipras. Le parti de la gauche radicale Syriza est arrivé en tête des élections législatives, dimanche 20 septembre, avec 35,5 % des suffrages et 145 députés, en très léger retrait par rapport au scrutin de janvier (36,2 %, 149 députés). Il devance encore de 7 points Nouvelle Démocratie (droite, 28 %), qui progresse finalement peu.Son partenaire de coalition, les Grecs indépendants de Panos Kamménos, donnés battus dans tous les sondages, parviennent avec 3,7 % à faire élire 10 députés. De quoi reconduire la coalition au pouvoir. M. Tsipras veut aller vite. Il devrait être nommé premier ministre lundi après-midi et présenter la formation de son gouvernement dès mardi. Il devrait être ainsi prêt pour aller dîner avec ses homologues européens mercredi soir, à Bruxelles, pour le sommet sur la crise des demandeurs d’asile, dossier sur lequel la Grèce est en première ligne. Ce sera la première rencontre depuis cette humiliante nuit du 12 au 13 juillet 2015, où il avait été obligé de capituler. Deux mois après, Alexis Tsipras reviendra en vainqueur.Lire aussi :Grèce : Tsipras  annonce la formation d’un gouvernement avec les Grecs indépendantsDimanche, il est pourtant resté prudent : « Dès demain, nous retrousserons nos manches pour travailler dur », a lancé M. Tsipras devant ses supporters venus moins nombreux qu’en janvier. « La reprise ne va pas venir par magie (…). Le mandat que le peuple grec nous a donné est clair, c’est un mandat de quatre ans, pour se débarrasser de la corruption qui domine le pays. »Essayer d’humaniser la mise en œuvre du mémorandumEn janvier, M. Tsipras avait été élu à la fois sur le refus du mémorandum et le rejet de la vieille classe politique corrompue. Le référendum portait, lui, sur le refus des mesures d’austérité, mais son interprétation était ambiguë : rejet total de ces mesures ou moyen de faire pression pour obtenir une meilleure négociation ? Le résultat de dimanche donne raison à la seconde hypothèse.« Le non au référendum, cela voulait dire à la fois non à l’austérité et à l’humiliation, mais aussi oui à l’Europe. C’était avant tout un soutien à Tsipras pour renforcer sa position de négociation avec les Européens », explique Vasso Dritsoulas, une sympathisante venue célébrer la victoire au stand de Syriza. « On lui a demandé de rester dans l’Europe en mettant fin à l’austérité, mais il a compris qu’on voulait majoritairement rester dans l’euro et l’Europe », poursuit-elle.La déconfiture à la gauche de Syriza en témoigne. Unité populaire, le parti créé par le chef de la Plate-forme de gauche au Syriza, Panagiotis Lafazanis, ne parvient pas à se qualifier, après avoir fait campagne sur le non des électeurs, « volés » par M. Tsipras quand il a signé le mémorandum. Le soutien de l’ancien ministre des finances Yanis Varoufakis, de l’ancienne présidente du Parlement Zoé Konstantopoulou et du héros de la résistance grecque Manolis Glézos n’ont pas suffi à M. Lafazanis pour s’imposer. Sa campagne prônant ouvertement la sortie de l’euro a effrayé les Grecs, attachés à la monnaie unique.Lire aussi :Grèce : Tsipras parvient à se débarrasser des frondeurs de SyrizaMoins historique que les élections de janvier, qui marquaient l’accession de la gauche radicale au pouvoir dans un pays européen, le scrutin du 20 septembre constitue un tournant pour la politique grecque. Pour la première fois, un homme politique l’a emporté sans faire de promesses démesurées et en reconnaissant ses fautes. Il a simplement promis d’essayer d’humaniser la mise en œuvre du mémorandum. Et il l’a emporté avec un programme qui prévoit des baisses de retraites ou des augmentations d’impôts. La hausse de la TVA dans les îles n’a pas empêché Syriza d’arriver en tête dans la plupart d’entre elles, même à Lesbos, qui ploie sous l’afflux de réfugiés.Un agenda chargé avec les créanciersLe président français, François Hollande, Martin Schulz, le président du Parlement européen, et Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, ont félicité M. Tsipras. Les dirigeants européens se sont bien gardés d’intervenir dans la campagne, contrairement à ce qui s’était passé en 2012 et aux législatives de janvier, où plusieurs d’entre eux avaient soutenu Antonis Samaras, alors président de Nouvelle Démocratie. Le commissaire européen à l’économie, Pierre Moscovici, rappelait, le 12 septembre, qu’il n’avait « pas d’inquiétude quant aux résultats des élections ». Le nouveau gouvernement grec devra en effet mettre en œuvre l’accord signé avec les créanciers de la Grèce.En août 2015, le troisième mémorandum permettant au pays de recevoir 86 milliards d’euros d’aide en échange d’un plan de rigueur a été approuvé par Syriza, Nouvelle Démocratie, les socialistes du Pasok, les centristes de To Potami et les Grecs indépendants, qui représentent trois quarts des votes. Jamais un mémorandum n’avait recueilli une telle majorité en Grèce. En 2010 et 2011, la Nouvelle Démocratie d’Antonis Samaras votait contre les mesures défendues par l’ancien président du Pasok Georges Papandréou. Devenu premier ministre, M. Samaras affrontait l’opposition farouche d’Alexis Tsipras et de Panos Kamménos. Dans le prochain Parlement, seuls Aube dorée (6,9 %) et le parti communiste KKE (5,5 %) sont résolument hostiles à l’accord passé avec les créanciers.Lire aussi :Les créanciers pressés de se remettre au travail avec Athènes« Nous commencerons la renégociation de la dette dès fin octobre, lorsque la première revue de nos créanciers sera terminée », affirme avec un brin d’optimisme Georges Katrougalos, l’ancien ministre du travail. Mais le processus peut s’avérer plus compliqué au fur et à mesure que l’on entrera dans le détail de certaines lois. La majorité de 155 députés suffira-t-elle à éviter le départ de nouveaux élus qui ont accepté le mémorandum avec de nombreux remords ?« Les dissidents vont réfléchir à deux fois avant de se manifester maintenant. Ils ont vu l’exemple d’Unité populaire qui n’arrive même pas à entrer au Parlement »« Les dissidents vont réfléchir à deux fois avant de se manifester maintenant. Ils ont vu l’exemple d’Unité populaire qui n’arrive même pas à entrer au Parlement », explique Dimitris Tsoukalas, secrétaire général du ministère de l’intérieur. « Maintenant, pour garantir un peu de stabilité, Tsipras doit encore décider s’il ouvre la coalition à d’autres personnalités », reconnaît-il. « Nous allons essayer d’obtenir le soutien d’autres partis ou députés sur la base de notre programme de politique générale. Du soutien sans participation au gouvernement. Car nous devons désormais donner aux Grecs de la stabilité », confirme Nikos Voutsis, ancien ministre de l’intérieur.C’est le dernier message des élections. Le taux d’abstention record, de 43,5 %, montre qu’il sera difficile pour le futur gouvernement de risquer un nouveau scrutin si sa majorité commence à s’effilocher.Lire aussi :Portraits d’électeurs grecs déboussolésAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteAlain Salles (Athènes, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Ils seront au cœur de la négociation du nouveau conseil extraordinaire des ministres de l’intérieur, convoqué pour le mardi 22 septembre, à Bruxelles : une mise en place rapide et efficace des « hot spots » aux frontières de l’Union européenne permettra peut-être de désamorcer le conflit entre les Vingt-Huit au sujet de la crise des réfugiés. Au cours de ce conseil, durant lequel la présidence luxembourgeoise tentera d’éviter un vote qui mettrait un peu plus en lumière les divisions entre Etats de l’Est et de l’Ouest, la question de l’enregistrement et de la sélection rapide des demandeurs d’asile restera cruciale.Lire aussi :Pour les migrants, un no man’s land entre la Hongrie, la Slovénie, la Croatie et l’AutricheQu’est-ce qu’un « hot spot » ?La Commission européenne a proposé, au printemps, dans son « agenda pour la migration » d’aider les pays dits « de première ligne », particulièrement exposés au flux de migrants. Il s’agissait à l’époque d’aider l’Italie et de la Grèce. La Hongrie a, depuis, été ajoutée à la liste. D’autres pays pourraient en bénéficier s’ils en faisaient la demande.La création de « hot spots » vise à aider les pays concernés à remplir leurs obligations de contrôle, d’identification, d’enregistrement des témoignages et de prise d’empreintes des arrivants.Lire aussi :« Migrant » ou « réfugié » : quelles différences ?Qui compose le « hot spot » ?Les autorités nationales reçoivent l’appui de diverses agences européennes : Europol, l’agence de coopération policière ; Eurojust, pour la coopération judiciaire ; Frontex, l’agence européenne pour les frontières ; Easo, le Bureau européen d’appui en matière d’asile.Ces organismes aident à distinguer les personnes ayant clairement besoin d’une protection internationale des migrants dits « économiques », qui ne peuvent y prétendre. L’implication d’Europol et d’Eurojust vise notamment à tenter de lutter contre les filières et à exercer un contrôle en matière de terrorisme : les menaces de l’Etat islamique et les propos de divers courants populistes et extrémistes européens ont répandu l’idée que des djihadistes pourraient se faire passer pour des demandeurs d’asile.Lire aussi :L’Union européenne a reçu plus de 213 000 demandes d’asile d’avril à juinOù sont situés les « hot spots » ?En Italie, l’état-major est établi à Catane, en Sicile, et coordonne le travail de quatre ports, trois en Sicile (Trapani, Pozzallo, Porto Empedocle) et un sur l’île de Lampedusa. Chacun de ces centres peut accueillir jusqu’à 1 500 personnes. Les agences européennes y délèguent divers experts, interprètes et équipes de soutien.En Grèce, le projet est d’établir un état-major au Pirée, le port de la capitale, Athènes. Compte tenu de la géographie du pays, c’est là que seront centralisées les demandes d’asile.La Hongrie refuse, à ce stade, le projet d’installation de « hot spots », réfutant l’idée qu’elle est un pays de « première ligne » et rejetant, par ailleurs, le plan de relocalisation de 54 000 réfugiés présents sur son sol.Quand les « hot spots » seront-ils opérationnels ?C’est l’un des objets de la polémique actuelle. Les partenaires des pays concernés les accusent de traîner les pieds et de ne pas procéder aux contrôles nécessaires, ce qui aurait contribué à l’afflux incontrôlé des dernières semaines. En juillet, la Commission promettait une mise en œuvre « très rapide ». Elle évoque maintenant une planification qui serait presque terminée. L’affirmation laisse sceptique une série d’Etats, dont la France et l’Allemagne.Lors de leur dernière réunion, qui s’est soldée par un échec, les ministres de l’intérieur ont insisté pour un contrôle sévère, une sélection rapide et un renvoi des migrants irréguliers, avec une implication plus grande de Frontex, dont les moyens financiers et matériels devraient être augmentés.Le « hot spot », solution à la crise entre les Etats membres ?Il y a visiblement des divergences persistantes entre les pays, et entre ceux-ci et la Commission, au sujet du rôle précis des centres. Lieux d’accueil, chargés ensuite de mettre en œuvre la relocalisation de ceux qui ont droit au statut de réfugiés ? Ou lieux de rétention pour les migrants irréguliers en attente de leur renvoi ? Bruxelles réfute cette dernière idée, plusieurs capitales l’appuient. Les ministres devront trancher mardi, avant la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement, mercredi soir.Ce sommet réclamé par l’Allemagne devrait insister, pour sa part, sur l’urgence d’une politique de retour plus probante, sur la négociation à mener avec les pays tiers afin de faciliter ses retours et sur l’aide à apporter aux pays voisins de la Syrie, qui accueillent des millions de réfugiés. Ce dernier point est évoqué depuis des mois, mais le passage à l’action tarde.Lire aussi :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ? Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Cernés par des barres d’immeuble, les partisans d’Alexeï Navalny, blogueur et chantre de la lutte anti-corruption qui s’impose de plus en plus comme la figure de l’opposition en Russie, se sont réunis dimanche 20 septembre dans son quartier, à plus d’une quinzaine de kilomètres du centre de Moscou. Pas d’autre choix possible : cette banlieue du sud-est de la capitale était le seul lieu de rassemblement autorisé par les autorités, plus d’un an après la dernière manifestation de l’opposition en Russie.Ce nouvel appel survient huit jours après des élections régionales en Russie entachées de fraudes où l’opposition n’a pu concourir que dans la région pauvre et conservatrice de Kostroma. La dernière « grande » manifestation de l’oppposition, prévue en banlieue justement, avait été annulée après l’assassinat quelques jours plus tôt, le 27 février, de l’opposant Boris Nemstov, tué par plusieurs balles au pied du Kremlin. Elle s’était alors transformée en une marche émouvante d’hommage avec 50 000 personnes.Mais dimanche, devant une scène où s’affichait en grosses lettres « Pour le renouvellement du pouvoir », les protestataires, dont certains brandissaient le portrait de Boris Nemstov n’étaient pas plus de 5 000 personnes, un chiffre revendiqué par les organisateurs bien plus proche de la réalité que le chiffre fantaisiste de 500 avancé par la police venue en nombre. « Je sais que je suis minoritaire dans le pays mais ici, on respire », commentait avec un petit sourire Alexandre, cadre dans une entreprise commerciale. « Tous ceux qui sont là sont pour le changement du pouvoir, ils ne sont pas d’accord avec l’annexion de la Crimée, ni avec ce qui se passe dans le Donbass », ajoute-t-il.« Dans 33 mois, je serai libre »Sur scène les orateurs citent les noms des « prisonniers politiques », parmi lesquels figurent les « accusés de Bolotnaïa », du nom des personnes arrêtées lors des grandes manifestations de 2012 à Moscou, mais aussi le réalisateur Oleg Sentsov et la pilote ukrainienne Nadejda Savchenko dont le procès devrait s’ouvrir le 22 septembre à Donetsk, une ville russe éponyme de sa sœur de l’autre côté de la frontière, dans le Donbass, fief des séparatistes pro-russes… Rentre aussi dans cette catégorie Oleg Navalny, le frère de l’opposant, accusé de corruption et incarcéré pour dans une colonie pénitenciaire et dont un message audio emplit soudain l’espace. « Tenez bon, restez forts ! clame la voix enregistrée. Dans 33 mois, je serai libre et j’espère que la Russie le sera aussi ! ». « Liberté ! Liberté ! », scande presque timidement la foule où se tiennent serrés l’un contre l’autre, un couple d’étudiants en physique nucléaire. « Il faut bien continuer à lutter », affirment Philip et Daria en tendant devant eux une pancarte sur laquelle est inscrite « Ca suffit de mentir et de voler ».La nuit est déjà tombée lorsqu’Alexeï Navalny prend la parole. Dans un discours très court, l’opposant incite ses partisans à ne pas se décourager. « Ce n’est pas une lutte entre nous et Poutine ou entre nous et Russie Unie [le parti au pouvoir] mais entre nous et tous ceux qui pensent que tout est pourri et qu’on ne peut rien changer », lance-t-il. « Les gens honnêtes, poursuit-il, finiront par gagner un jour ou l’autre ». Mais le coeur n’y est pas. Et personne ne remarque l’immense affiche satirique, prestement retirée sur la face d’un immeuble qui proclamait avec le portrait d’opposants : « Nous sommes le pouvoir ».Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.09.2015 à 18h13 • Mis à jour le21.09.2015 à 17h50 | Alain Salles (Athènes, envoyé spécial) Alexis Tsipras vient d’arriver tout sourire, vers 20 heures dimanche, au siège de son parti, Syriza. Pour la troisième fois de l’année les électeurs grecs lui ont fait confiance. Syriza arrive en tête des élections législatives, dimanche 20 septembre, selon les sondages de sortie des urnes, avec près de 35 % des suffrages, devant Nouvelle Démocratie (conservateurs, 28 %). Son président, Evangelos Meïmarakis, a reconnu sa défaite et félicité M. Tsipras. « Devant nous s’ouvre la voie du travail et des luttes », a réagi ce dernier sur Twitter.Sa victoire se confirmait un peu plus quelques heures plus tard : sur la quasi-totalité (90 %) des bulletins dépouillés, Syriza était crédité de 35,53 % des voix contre 28,05 % à Nouvelle Démocratie, soit une avance de plus de sept points.Les électeurs ne semblent donc pas avoir tenu rigueur à l’ancien premier ministre des promesses, en janvier, d’en finir avec l’austérité, ni de son revirement en juillet, quand il a accepté de signer un mémorandum avec les créanciers du pays, une semaine après l’éclatante victoire du non au référendum du 5 juillet.Lire aussi :La douloureuse conversion de Tsipras au réalismeAlexis Tsipras réussit son pari, mais le fort taux d’abstention qui dépasse 40 % dans un pays où le vote est censé être obligatoire est un clair avertissement au futur gouvernement. Avec la prime de 50 députés supplémentaires accordée au parti arrivé en tête dans le système électoral grec, Syriza devrait obtenir, selon des estimations, 145 députés (contre 149 dans le Parlement sortant) contre 75 pour les conservateurs.M. Tsipras a annoncé qu’il allait s’allier de nouveau avec le parti souverainiste des Grecs indépendants (ANEL) pour former un gouvernement. La formation, créditée de quelque 3,5 % des suffrages devrait obtenir 10 députés. Cela suffirait pour arriver à la majorité absolue de 151 sièges. « Nous allons unir nos forces, (...), nous allons continuer ensemble », a lancé le dirigeant de Syriza devant ses sympathisants à Athènes, avant d’être rejoint à la tribune par le chef de file d’ANEL, Panos Kammemos. Plus tôt, celui-ci avait affirmé : « Lundi, avec le premier ministre Alexis Tsipras nous allons procéder à la formation d’un gouvernement [de coalition] pour faire sortir la Grèce de la récession et du chômage. » #container_14427716338{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14427716338{ height:500px; } #container_14427716338 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14427716338 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14427716338 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14427716338 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les forces politiques au Parlement grecSource : Minsitère de l'intérieur via "Ekathimerini"(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14427716338", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#ffc832","#0386c3","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: 160, startOnTick: true, endOnTick:"", reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Syriza (coalition de gauche radicale)","Nouvelle Démocratie (conservateurs)","Aube dorée (néonazis)","Pasok (socialistes)","KKE (communistes)","Potami (centristes)","Grecs indépendants (nationalistes)","Enosi Kentroon (centristes)"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de sièges à la Vouli en janvier 2015", "color": "#ffc832", "data": [ [ "", 149 ], [ "", 76 ], [ "", 17 ], [ "", 13 ], [ "", 15 ], [ "", 17 ], [ "", 13 ], [ "", null ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Nombre de sièges à la Vouli en septembre 2015 (estimations)", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 145 ], [ "", 75 ], [ "", 19 ], [ "", 17 ], [ "", 15 ], [ "", 10 ], [ "", 10 ], [ "", 9 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}La bataille pour la troisième place est serrée entre le parti néonazi Aube dorée (7-8 %) le Pasok (6-7 %) et le parti communiste KKE (5,5-6,5 %). L’Unité populaire créée par les dissidents de Syriza (2,5-3,5 %) n’est pas assurée de franchir le seuil de 3 % permettant d’entrer au Parlement, malgré le soutien de l’ancien ministre des finances, Yanis Varoufakis, de l’ancienne présidente du Parlement Zoé Konstantopoulou et du héros de la Résistance grecque Manolis Glézos. Enfin, le score du parti centriste To Potami (« la rivière ») s’annonce décevant (4- 5 %), alors qu’il avait l’ambition d’arriver en troisième position.Lire aussi :En Grèce, un paysage politique bouleversé par la criseFrançois Hollande : « Un message important pour la gauche européenne. »Le président français François Hollande a salué dimanche soir le « succès » de Syriza et de son chef de file, Alexis Tsipras aux élections législatives grecques. Le chef de l’Etat a estimé que cette victoire était « un message important pour la gauche européenne ». « La Grèce va connaître une période de stabilité avec une majorité solide », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Tanger, au Maroc. M. Hollande se rendra à Athènes « sans doute dans les prochaines semaines ».Alain Salles (Athènes, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alain Salles Membre de Syriza, ancienne députée, Réna Dourou est devenue en septembre 2014 la présidente de la région Attique, la plus importante de Grèce. Elle est devenue la première dirigeante de la gauche radicale à occuper des fonctions importantes, avant même la victoire d’Alexis Tsipras aux législatives du 25 janvier. Avant le scrutin très incertain du dimanche 20 septembre, elle explique dans un entretien au Monde comment Syriza a tenté de s’adapter aux réalités d’un pays aux abois.Lire aussi :La douloureuse conversion de Tsipras au réalismeVous attendiez-vous à voir Alexis Tsipras signer le mémorandum qu’il avait combattu ? Cela vous a surpris ou déçu ?On ne s’attendait pas à une telle pugnacité de la part de nos créanciers, à cette pression extrême au cours des négociations qui ont abouti au compromis du 12 juillet, au Sommet européen de Bruxelles. Un parti politique doit être prêt à affronter le pire et le meilleur, sans broncher, en essayant de faire de son mieux pour surmonter les difficultés, et de mettre en place les bases d’une alternative. Ce n’est pas une question de surprise ou de déception mais plutôt une question de choix politique.On doit garder le cap vers la mise en place d’une politique qui puisse faire avancer notre économie tout en respectant l’orientation européenne du pays. Il faut que le message soit clair : on n’abandonne pas les valeurs européennes, on revendique les politiques européennes qui ont permis les bases de la cohésion sociale prônée par l’ancien président de la Commission, Jacques Delors.Et ce n’est pas un hasard si Delors a su mettre les points sur les « i », critiquant le chemin parcouru jusqu’à aujourd’hui : « Quand elle se penchera sur l’Europe des années 2010-2015, l’histoire portera un regard très sévère sur cette Union économique et monétaire tellement mal conçue qu’il a été question qu’un de ses membres la quitte », écrivait-il en juillet.Le gouvernement Tsipras a finalement fait peu de choses depuis janvier. Est-ce seulement à cause des négociations avec l’UE ?Malgré les pressions dont notre gouvernement faisait l’objet, nous avons réussi pas mal de choses. On a échelonné les sommes dues au fisc pour à peu près un million de citoyens, on a protégé le logement principal des familles contre les enchères, on a établi la carte de solidarité pour les ménages les plus démunis.Aujourd’hui le plus urgent est, primo, de gagner les élections, en réunissant une majorité absolue, pour pouvoir former un gouvernement stable et efficace. Secundo, mettre en place des mesures pour surmonter les conséquences néfastes du mémorandum. Face à Nouvelle Démocratie (ND) dont la politique repose sur les principes du passé, ceux exactement qui ont mené le pays au gouffre, à la crise économique et sociale, nous sommes les garants de la sortie de cette crise tout en protégeant les plus démunis et en remettant en marche l’économie sur des bases saines.Notre but, en tant que force politique responsable à la tête du pays, est de combattre de façon efficace la bureaucratie, la corruption, la gabegie des deniers publics. Cette lutte contre les maux récurrents de la vie politique et sociale grecque, est vitale pour garantir les droits des citoyens.Vous êtes depuis un an à la tête de la région Attique. Quelles sont les « recettes » d’une gestion Syriza ? Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?On s’efforce de changer le paradigme d’exercice du pouvoir dans la région Attique. Ce n’est pas facile. Car les « plis » de la bureaucratie, de l’opacité, d’une gestion inefficace ne se défont pas facilement. Cela fait des décennies que les choses marchent comme ça, sous la gestion de ND et du Pasok, qui utilisaient la fonction publique comme un bastion à des fins électoralistes. Mais pour nous, il s’agit d’un pari vital et on va le gagner, quel qu’en soit le coût politique.Alain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alain Salles (Athènes, envoyé spécial) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le 5 juillet, les Grecs étaient invités à se prononcer, lors d’un référendum surprise, pour ou contre la proposition d’accord alors formulée par les créanciers du pays (Fonds monétaire international, Banque centrale et Commission européennes) au premier ministre de l’époque, Alexis Tsipras. Contredisant le pronostic d’un scrutin serré, le non l’avait emporté à une écrasante majorité de 62 % des suffrages. Un véritable plébiscite pour Alexis Tsipras et un vent d’espoir et de fierté pour les Grecs.Quelques jours plus tard, face au risque d’une sortie de la Grèce de la zone euro, M. Tsipras acceptait de signer un nouveau plan d’austérité, en contrepartie d’une nouvelle aide financière (86 milliards d’euros de prêt sur trois ans). Une déception pour beaucoup, qui s’est soldée par la démission du gouvernement Tsipras, le 20 août, et une division du parti de la gauche radicale Syriza, le lendemain.Quel sera l’impact de cette volte-face lors des élections législatives du dimanche 20 septembre ? Plusieurs Grecs retracent leur cheminement face à l’accélération politique de ces dernières semaines.Stavroula Zanopoulou, retraitée : « Au moins Tsipras essaie quelque chose de nouveau »Venant traditionnellement d’un milieu de droite, Stavroula Zanopoulou, 60 ans, a voté non au référendum. Elle était alors « en colère contre les Européens qui humiliaient » son pays. Son mari avait jusqu’alors toujours voté pour le parti conservateur mais lui aussi se disait prêt à donner sa voix à Tsipras. « Car lui au moins il se bat pour nous et pour que nous cessions de vivre sous perfusion d’argent prêté. »Aujourd’hui, Stavroula, qui travaillait dans une banque, a décidé de voter pour Syriza. « Au moins Tsipras essaie quelque chose de nouveau. Il a fait face dignement à des négociateurs européens inflexibles. A défaut d’avoir une Europe qui nous inspire, au moins on a un premier ministre qui pense à la Grèce d’abord. Et puis je le crois honnête et sincère. »Matina, professeure : « C’est blanc bonnet et bonnet blanc »Très méfiante envers les médias qu’elle traite de « vendus », Matina, 33 ans, avait à l’époque accepté du bout des lèvres de nous dire qu’elle allait voter non au référendum. « Le seul moyen que les choses s’arrangent dans ce pays pourri, où la même classe politique s’en met plein les poches alors que nous tirons la langue. »Toujours aussi méfiante, Matina précise ne pas « avoir été spécialement déçue par l’échec des négociations [avec les créanciers], car il n’y avait pas vraiment d’alternative ». Pour elle, ce sont les cinq années de gestion des précédents gouvernements qui ont mené à ce résultat. « Ce n’est pas un gouvernement d’à peine six mois qui a changé drastiquement le climat en Europe. »Lire aussi :La douloureuse conversion de Tsipras au réalismeSoutiendra-t-elle Syriza ? Matina refuse de le dire. Cette professeure des écoles n’a, à vrai dire, « pas encore décidé » pour qui elle votera, ni même si elle votera « tout court ». « Il me semble que c’est blanc bonnet et bonnet blanc maintenant. »Nicolina Ougranou, commerçante : « Je veux que cette parenthèse s’achève au plus vite »Très anxieuse en juillet, Nicolina Ougranou voulait voter oui. « Des deux mains ! Car seule l’Europe peut nous garantir un avenir de prospérité. Syriza joue avec le feu », déclarait-elle alors. Cette commerçante de 32 ans votera dimanche pour les conservateurs de Nouvelle Démocratie. « Ils sont les seuls à pouvoir garantir un semblant de stabilité économique dont nous avons désespérément besoin. Moi, je ne sais même plus pourquoi j’ouvre mon magasin le matin. Je ne gagne plus d’argent depuis des mois et j’ai dû cesser de payer mes charges. Je veux que cette parenthèse Syriza s’achève au plus vite. »Georges, chauffeur de métro : « Trop d’immigrés débarquent ici »Il était en juillet très remonté contre l’Europe. « Cette façon d’humilier les peuples, de ne pas respecter la démocratie… ça me dégoûte », déclarait Georges, un chauffeur de métro de 44 ans. Aujourd’hui, encore plus déçu par les revirements de Syriza, il s’apprête à voter pour le parti néonazi Aube dorée. « Eux au moins ils sont en dehors de ce système pourri. Et ce sont des patriotes qui mettront les intérêts de la Grèce avant ceux des puissances étrangères. » Leur racisme ? Leur violence ? « Tout cela est très grossi par les médias grecs qui sont de connivence avec l’establishment et puis de toute façon c’est vrai que trop d’immigrés débarquent ici. » Stavros Gazis, commerçant : « Tsipras ne pouvait pas faire autre chose »Dans son magasin de chaussures depuis trente ans, Stavros Gazis va voter Tsipras pour la deuxième fois. « Il est meilleur que les autres qui représentent les vieux partis, le vieux système. Il est plus neuf. » Cet ancien électeur du parti communiste, le KKE, a choisi Tsipras en janvier. Il a voté non au référendum du 5 juillet, mais n’en veut pas à Tsipras : « J’ai voté contre le mémorandum, pas contre l’euro. Tsipras ne pouvait pas faire autre chose. S’il ne signait pas le mémorandum, c’était le retour à la drachme. Et ce serait la catastrophe. Peut-être qu’au début de la crise en 2010, on aurait pu le faire mais maintenant on n’a plus de banques, on n’a plus rien. Le vrai problème de la Grèce, c’est la corruption et le clientélisme des vieux partis. En Europe on aurait besoin d’hommes politiques plus forts comme Kohl ou Mitterrand. »Sofia, employée : « Je choisirai au dernier moment »« Je ne sais toujours pas pour qui je vais voter. Je choisirai au dernier moment, mais je ne voterai pas Tsipras », explique Sofia, qui travaille dans un magasin de vêtements. En janvier, elle a voté KKE, le parti communiste. Elle a voté non au référendum, mais le revirement ne l’a pas surprise : « Je savais que ça ne changerait pas après. » Elle hésite aujourd’hui entre des petits partis de gauche ou Leventis, cet éternel candidat centriste, jamais pris au sérieux mais qui peut drainer une partie du vote protestataire ou nihiliste. Iannis Kakoulidis, avocat : « L’union des partis proeuropéens est la solution »Pour Iannis Kakoulidis, un avocat à la retraite, la solution devrait être évidente : « On a cinq partis qui ont approuvé le troisième mémorandum pour rester dans l’Europe. Ils pourraient s’entendre pour le mettre en œuvre efficacement, vu l’urgence de la situation. Mais ce n’est pas possible car nous sommes grecs. Nous aimons les difficultés et les conflits. Pourtant l’union des partis proeuropéens est la solution. » Dimanche, il votera pour le Pasok, auquel il est resté fidèle. Nikolaos Stamou, disquaire : « Punir les partis proeuropéens »« J’avais voté Syriza car j’en avais assez des mensonges du Pasok et de Nouvelle Démocratie. Et maintenant Tsipras continue la même politique et les mêmes mensonges », explique Nikolaos Stamou dans son magasin de disques. Il a voté non au référendum, « contre cette Europe-là, celle de l’austérité ». Il n’a pas encore arrêté sont choix pour dimanche, mais il veut « punir les partis proeuropéens », en votant KKE ou pour le parti de Lafazanis, Unité populaire, né de la scission de Syriza en août.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteAlain Salles (Athènes, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La Grèce vote dimanche 20 septembre pour élire ses députés après un tout petit mois d’une campagne bien terne. Après le référendum du 5 juillet, pour ou contre l’austérité, et les législatives du 25 janvier, les Grecs ont un peu le tournis et se montrent assez indifférents et surtout très indécis. Selon les sondages, 15 % de l’électorat ne sait pas encore pour qui voter, ni même d’ailleurs s’il ira voter tout court.Le parti de la gauche radicale, Syriza, a déçu une partie de ses soutiens en signant, le 13 juillet, un nouveau plan d’aide, assorti d’une nouvelle cure d’économies et de réformes, après avoir, ces dernières années, axé tout son discours sur la lutte contre l’austérité. L’espoir est retombé et a amplifié la fragmentation du paysage politique. Selon les sondages, jusqu’à huit partis pourraient entrer dimanche au parlement !Peu d’enjeux de fondLa campagne, elle, a tourné un peu à vide. Il y a peu d’enjeux de fond dans ce scrutin. La gauche et la droite ayant toutes deux voté au Parlement en faveur du nouveau plan négocié avec les créanciers du pays, le cadre général de l’action économique des trois prochaines années est déjà fixé.Les partenaires européens sont d’ailleurs assez confiants. Ils savent que le plus gros est passé. Quel que soit son gouvernement, la Grèce s’est engagée à respecter les engagements pris dans le cadre de ce plan.Lire aussi :Crise grecque : Bruxelles reste « zen »C’est donc à la marge, sur ce que Syriza appelle « les fenêtres de négociations restantes », que les électeurs sont appelés à choisir. Et là, Syriza comme le parti conservateur Nouvelle Démocratie (ND) tentent de jouer la polarisation et d’exacerber leurs différences.Le leader de Syriza, Alexis Tsipras, fait campagne sur sa capacité à se battre pour les intérêts des Grecs les plus vulnérables et affirme qu’il renégociera autant qu’il le peut le mémorandum adopté le 14 août au Parlement. Il tente de convaincre les électeurs de lui donner une seconde chance.Lire aussi :La douloureuse conversion de Tsipras au réalismeContinuer à se poser en homme neufA défaut d’avoir réussi à mettre fin à l’austérité, il promet de réformer en profondeur la Grèce pour la débarrasser de la corruption et du clientélisme. Il entend s’en prendre à l’oligarchie financière pour mieux répartir l’effort de la crise.« L’espoir arrive », disait le slogan de Syriza en janvier. Aujourd’hui, avec « Débarrassons-nous du vieux système politique – conquérons notre avenir ! », il s’agit plutôt de jouer la carte antisystème.A tout juste 41 ans, M. Tsipras continue de se poser en homme neuf, aux mains propres et surtout sincères. Capable de reconnaître ses erreurs, de les dépasser et de continuer à se battre pour le peuple. L’antithèse, affirme-t-il, du leader conservateur, Evangelos Meïmerakis, 62 ans, un homme d’appareil longtemps secrétaire général de son parti.Lire aussi :Evangelos Meïmarakis, pompier de Nouvelle Démocratie« L’affaire Flambouraris »Mais dans cette tentative de poser Syriza comme un parti pur, loin des « magouilles » népotiques et clientélistes qui ont caractérisé quarante ans de vie publique grecque, Alexis Tsipras est gêné ces derniers jours par ce que l’on appelle désormais « l’affaire Flambouraris », du nom de l’un de ses plus proches collaborateurs, le ministre d’état Alekos Flambouraris.Ce dernier est accusé de ne s’être pas suffisamment détaché de son entreprise lors de sa prise de fonctions en tant que ministre d’état. Et ce alors que ladite entreprise a bénéficié d’un appel d’offres public. « Une tentative scandaleuse de nous renvoyer dos à dos avec la ND et le Pasok [parti social-démocrate], qui fonctionnent ainsi », dénonce-t-on à Syriza.« Cet appel d’offres a été accordé en toute transparence en novembre 2014 alors même que Syriza n’était encore qu’un parti d’opposition, affirme Alexis Tsipras, et M. Flambouraris a ensuite cédé ses parts de l’entreprise une fois que nous sommes arrivés au pouvoir. On ne peut tout de même pas reprocher à un homme d’avoir travaillé pour gagner sa vie. »A ND en tout cas, l’affaire est instrumentalisée. M. Meïmerakis ironise à chaque meeting sur cette gauche radicale venue tout changer et qui s’est convertie en moins de six mois à l’austérité et s’est rapprochée de cette oligarchie qu’elle dénonce.Des bonnes intentions non chiffréesCette campagne surprend par son manque de substance. Les programmes sont très peu fournis, de part et d’autre, constitués surtout de bonnes intentions non chiffrées et qui ne sont pas débattues. Aucun thème n’est sérieusement abordé par les deux partis de tête.Un axe anti-austérité existe encore cependant, représenté à gauche notamment par la toute nouvelle formation Union populaire (LEA), dissidente de Syriza. Son chef, Panagiotis Lafazanis continue de promettre aux Grecs la fin des mémorandums et propose le retour à la monnaie nationale comme l’unique voie de sortie de la crise. LEA pourrait dépasser les 3 % des voix et gagner ainsi son ticket pour le Parlement.Les néonazis d’Aube dorée aussi continuent de faire campagne contre les mémorandums. En tout, près de 15 % de l’électorat grec se dit prêt, selon les sondages, à suivre cette ligne anti-mémorandum. Ce qui n’est rien par rapport à janvier où le vote anti-austérité représentait plus de la moitié de l’électorat.Lire aussi :En Grèce, profil bas pour les néonazis d’Aube doréeLa possibilité d’une forte abstentionSeul le parti centriste To Potami (« la rivière ») a essayé, en vain, de lancer des thèmes un peu concrets dans cette campagne en proposant de discuter éducation, fiscalité ou santé. To Potami se présente comme la force réformiste du pays. Et de fait, le parti concentre pas mal de personnalités talentueuses venues de la vie civile.Mais son leader, Stavros Theodorakis, un ancien journaliste star de la télévision, reste assez peu populaire. Il est même franchement détesté à gauche. Au-delà du sentiment d’inéluctabilité de nombreux Grecs après la signature du nouveau plan d’austérité, cette campagne creuse, sans promesses et sans vision, pourrait déboucher sur une large abstention dimanche.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.09.2015 à 14h49 • Mis à jour le18.09.2015 à 15h40 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Dimanche 20 septembre, les électeurs grecs sont de nouveau appelés aux urnes pour élire leurs députés. Ce scrutin, neuf mois à peine après le précédent, qui s’est tenu en janvier, se confirme une nouvelle fois l’explosion du champ politique. Après plus de trente-cinq ans de bipartisme presque parfait entre les socialistes du Pasok et les conservateurs de la Nouvelle Démocratie, les sondages prévoient la possible entrée de près de huit formations au Parlement, dimanche. Pour cela, les partis doivent dépasser le seuil de 3 % des voix. Le parti de la gauche radicale Syriza et les conservateurs de Nouvelle Démocratie sont pour le moment au coude-à-coude, autour de 30 % des intentions de vote, selon les enquêtes d’opinion. Tour d’horizon des partis en lice.Syriza, la première force politique en difficulté Cette coalition de la gauche radicale est devenue le premier parti de Grèce depuis les élections européennes de mai 2014, sous la direction d’Alexis Tsipras. C’est un parti politique de gauche, officiellement fondé en 2004 mais qui concentre en fait de nombreuses formations politiques préexistantes (13 au total) allant des eurocommunistes aux écologistes en passant par des eurosceptiques et des socialistes. Alexis Tsipras, ancien président du mouvement le plus important de la coalition, Synaspismós, en est le président depuis le 4 octobre 2009.Rassemblant 4 % des électeurs avant la crise, la formation est devenue la première force politique de Grèce en capitalisant sur un discours anti-austérité très populaire dans un pays où la pauvreté a crû fortement depuis 2010. Le 25 janvier, Syriza a emporté les législatives et porté Alexis Tsipras au pouvoir. Après de difficiles négociations avec les créanciers européens, et le Fonds monétaire international, le premier ministre a finalement adopté un nouveau plan d’austérité entériné par le Parlement grec le 14 août.Lire aussi :La douloureuse conversion de Tsipras au réalismeUn divorce intervient alors avec la frange la plus radicale du parti qui ne lui pardonne pas ses renoncements. Près d’une quarantaine de députés refusent de valider l’accord. Et 25 quittent le parti à la suite du dissident Panayiotis Lafazanis pour créer l’Union populaire. Syriza est aujourd’hui crédité de 30 % des voix dans les sondages.L’Union populaire, chantre de la ligne anti-euro L’Union populaire (ou LAE) est une formation politique, pas encore tout à fait officiellement un parti, lancée par des dissidents de Syriza. Créée il y a quelques semaines seulement, elle est dirigée par Panagiotis Lafazanis, qui se fait désormais le chantre de la lutte anti-austérité. Il incarne surtout une ligne anti-euro, qui avait de tout temps existé au sein de Syriza. Pour LAE, la Grèce doit sortir de la zone euro et retrouver une monnaie nationale. La formation pourrait passer le seuil de 3 % des voix et entrer au Parlement et, comble du paradoxe, devenir ainsi un parti d’opposition à Syriza.Lire aussi :Grèce : les « frondeurs » de Syriza lancent leur propre partiNouvelle Démocratie, survivante du bipartismeNouvelle Démocratie (ou ND), menée par Evangelos Meïmerakis, est un parti fondé par Konstantinos Karamanlis en 1974, deux mois après la chute de la dictature. Surnommé « le Vieux », Karamanlis a joué un rôle capital dans la vie politique grecque, pour lequel il a obtenu le titre honorifique d’ethnarchis (« chef de la nation »). Car c’est grâce à lui que la Grèce est véritablement entrée dans l’ère démocratique en mettant fin à la monarchie par référendum, en 1974. Il est aussi le fondateur d’une dynastie politique. Son neveu Kostas Karamanlis fut le dernier premier ministre avant le naufrage financier du pays entre 2004 et 2009.Lire aussi :Evangelos Meïmarakis, pompier de Nouvelle DémocratieND s’est pendant plus de trente ans partagé le pouvoir avec les socialistes du Pasok, obtenant régulièrement plus de 50 % des voix. Elle subit elle aussi le rejet d’une partie de l’électorat grec qui rend les grands partis traditionnels responsables de leur situation. Mais contrairement au Pasok qui s’est totalement effondré, ND continue de mobiliser entre 25 et 30 % des voix. La Grèce compte un peuple de droite solide. Les sondages placent aujourd’hui ND au coude-à-coude avec Syriza, avec près de 30 % des voix.Le Pasok, marginalisé depuis la crise Le Mouvement socialiste panhellénique (Pasok) est aujourd’hui dirigé par Fofi Yenimata, la fille de Georges Yenimata, plusieurs fois ministre tout au long des années 1980 et 1990. Le Pasok est né le 3 septembre 1974, deux mois après la chute du régime des colonels. Son chef, Andréas Papandréou, était le fils de George Papandréou, qui, comme chef d’Enosi Kentrou (Union du centre) avait gagné les élections de 1965 en obtenant 53 % des voix. Après la dictature, Andréas Papandréou rejette cet héritage et fonde le Pasok. Le parti prend la tête du pays en 1981 ; le début d’un long règne qui va durer près de quatre décennies, parfois interrompu par quelques incursions de Nouvelle Démocratie.Lire aussi :La faillite de la classe politique grecqueFils d’Andréas, Georges Papandréou a été élu premier ministre en 2009. C’est lui qui, en révélant l’état réel des finances grec, a entraîné le début de la crise qui agite toujours le pays. Aujourd’hui le Pasok est totalement marginalisé et représente moins de 5 % des voix. C’est la principale victime de la recomposition du champ politique à l’œuvre en Grèce.Le Parti communiste de Grèce et son noyau solideLe Parti communiste de Grèce (ou Kommounistiko Komma Elladas, KKE) a été fondé en 1918. Jusqu’en 1974, il fut un parti illégal et à ce titre nombre de ses militants ont été torturés en Grèce. Le KKE a joué un rôle important pendant la résistance contre les nazis et pendant la guerre civile qui a suivi la seconde guerre mondiale en Grèce. Jusqu’à très récemment et pendant la crise, le KKE a réussi à garder le noyau de ses électeurs presque entier, à 8 %. Il est aujourd’hui à 6 % des intentions de vote.To Potami, centriste et libéral To Potami (« la rivière ») est un parti centriste libéral, fondé en mars 2014 par Stavros Theodorakis, journaliste star de la chaîne télévisée Mega. Le parti a été créé avec l’ambition de se présenter aux élections européennes de 2014, et d’y incarner le centre proeuropéen de l’échiquier politique, dans un paysage fortement polarisé entre gauche et droite.To Potami se caractérise par un positionnement à gauche sur les questions de société et à droite en matière d’économie. Aux élections de janvier, To Potami a rassemblé légèrement plus de 6 % des électeurs, se classant en quatrième position à quelques voix des néonazis d’Aube dorée. Aujourd’hui, la formation espère maintenir son score et se rêve en partenaire de coalition du prochain gouvernement si aucun des deux partis en tête n’arrive à obtenir de majorité absolue.Aube dorée, un parti néonazi sous pression judiciaire Parti politique néonazi, Aube dorée est officiellement créé en 1992. Longtemps anecdotique, le parti a fait brutalement son entrée au Parlement dès 2012, avec 6,97 % des voix. Un choc pour la société grecque mais qui révèle, à l’époque, le désarroi des électeurs qui ne savent plus pour qui voter et qui favorisent les partis qu’ils jugent antisystème. Son discours se concentre sur les thématiques xénophobes, souverainistes et nationalistes. Son slogan principal : « La Grèce appartient aux Grecs ».Lire aussi :En Grèce, profil bas pour les néonazis d’Aube doréeLe 18 septembre 2013, un militant d’Aube dorée poignarde à mort un militant antifasciste de 34 ans, Pávlos Fýssas. Il est arrêté et reconnaît les faits. Ce sera le début d’une longue enquête qui aboutit finalement à la mise en examen de plus de 70 membres ou sympathisants de la formation, dont la quasi-majorité de ses 17 députés, pour participation ou direction d’organisation criminelle. Le procès est en cours. Mais cela n’empêche pas le parti de se présenter au scrutin de dimanche. Il devrait se maintenir à plus de 7 % des voix.L’Union du centre, outsider politiqueFondée en 1992 et dirigée par Vassillis Leventis, l’Union du centre pourrait entrer pour la première fois, à la surprise générale, au Parlement. M. Leventis est un personnage longtemps raillé par le personnel politique grec et par les Grecs eux-mêmes pour ses interminables diatribes enflammées lancées depuis sa chaîne de télévision Kanali 67 dans les années 1990. Il visait à faire revivre l’héritage de certaines grandes figures politiques du passé, telles que les premiers ministres Elefthérios Venizélos, Georges Papandréou et Alexandros Papanastasiou. Dans les derniers sondages, M. Leventis flirte avec les 4 % d’intentions de vote. Une performance qui illustre parfaitement la fragmentation des voix lors du scrutin à venir.Les Grecs indépendants, partenaires disciplinés de Syriza Egalement nommé ANEL, ce parti souverainiste dirigé par Panos Kammenos aura sans doute du mal à se maintenir au Parlement dimanche. Les sondages le placent en dessous de la barre des 3 %. Il était pourtant dans le gouvernement Syriza, l’allié de coalition d’Alexis Tsipras, qui rêverait de pouvoir recommencer l’expérience avec ce partenaire discipliné et loyal.Fondé en 2012 par Panos Kammenos, un dissident de Nouvelle Démocratie, ANEL est un parti très nationaliste, attaché à l’orthodoxie et hostile aux migrants. Privé de ce soutien, Tsipras devrait se tourner vers le Pasok et To Potami pour tenter de former une coalition s’il arrive en tête dimanche.Lire aussi :Panos Kammenos, l’encombrant allié d’Alexis TsiprasAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.09.2015 à 13h20 • Mis à jour le18.09.2015 à 17h26 Nouvelle porte d’entrée en Europe occidentale après la fermeture des frontières hongroises, la Croatie semble aujourd’hui débordée par l’afflux de migrants sur son territoire. Le premier ministre croate, Zoran Milanovic, a annoncé, vendredi 18 septembre, que son pays n’enregistrerait plus de nouveaux arrivants et que les migrants ne seraient plus hébergés.« La Hongrie a verrouillé sa frontière avec du fil barbelé, ce n’est pas une solution, mais la solution n’est pas non plus que ces gens restent en Croatie », a lancé M. Milanovic. La Croatie s’était imposée comme la nouvelle route pour gagner l’Europe occidentale depuis le verrouillage de la frontière serbo-hongroise. Dans un premier temps, les autorités croates avaient laissé le passage libre aux hommes, femmes et enfants qui entraient dans son territoire pour gagner l’Europe de l’Ouest.Lire aussi :L’Union européenne a reçu plus de 213 000 demandes d’asile d’avril à juinMigrants transportés vers la frontière hongroiseZagreb a finalement dû faire machine arrière : alors que les autorités croates estimaient que le nombre de migrants serait de 20 000 en deux semaines, il a presque été atteint en deux jours avec l’arrivée de 14 000 personnes, « saturant » les capacités d’accueil du pays. Les personnes qui arrivent désormais aux frontières croates seront transférées vers la Hongrie, où les autorités ont barricadé les frontières, ou vers la Slovénie.Selon des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP), un convoi de 22 autobus affrétés par la Croatie pour le transport des migrants est actuellement bloqué près de la frontière avec la Hongrie. Ils faisaient face à quelque 200 policiers et 50 militaires hongrois chargés de garder la frontière. Dans l’après-midi, deux bus ont été vus traversant la frontière et leurs passagers transférés dans des bus hongrois pour une destination qui n’a pas été précisée de source officielle, rendant difficile, pour l’heure, d’y voir un fléchissement de la politique hongroise.Le premier ministre croate a justifié sa décision :« Quel autre choix avons-nous ? Vous êtes les bienvenus si vous voulez traverser la Croatie. Mais ne restez pas. Pas que l’on ne vous aime pas, mais parce que nous ne sommes pas votre destination finale (...) Je ne vois pas où est le problème pour la Slovénie et la Hongrie de laisser ces gens passer. »Le gouvernement hongrois a répondu, par la voix de son porte-parole, Zoltan Kovacs, en qualifiant la décision d’« inacceptable » : « Un pays européen n’a pas le droit de ne pas respecter la loi européenne pour la seule raison qu’il n’est pas prêt ! » Viktor Orban, le premier ministre de la Hongrie, avait d’ailleurs annoncé plus tôt que son pays avait commencé à poser une clôture barbelée à sa frontière avec la Croatie et envisageait de faire de même à sa frontière avec la Roumanie.Lire le reportage :En Croatie, l’itinéraire bis des migrants compromis Aucune envie d’être un « hot spot »M. Milanovic a prévenu les autorités européennes que son pays refuserait d’être un « hot spot », ces centres d’accueil et d’enregistrement dont l’UE veut se doter à ses frontières extérieures pour y examiner les demandes d’asile. La veille, la Croatie avait annoncé la fermeture « jusqu’à nouvel ordre » de sept des huit points de passage avec la Serbie.La Slovénie, petit pays de l’espace Schengen, a annoncé à son tour avoir suspendu, jusqu’à vendredi au moins, son trafic ferroviaire avec la Croatie. La Slovénie dit n’avoir pas l’intention de faciliter l’entrée sur son territoire des migrants, qui ont commencé à arriver à sa frontière.Lire aussi :Hongrie, Croatie, Autriche, Allemagne... le point sur l’afflux de migrants en EuropeL’Allemagne avait été, dimanche, le premier pays à annoncer le rétablissement des contrôles à sa frontière avec l’Autriche. Depuis, les portes de l’Europe se sont fermées les unes après les autres : la République tchèque, la Slovaquie et l’Autriche avaient rapidement annoncé un contrôle renforcé de leurs frontières avec la Hongrie. Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Alain Salles En sept mois de gouvernement, il a déjà pris quelques années (et quelques kilos). Son sourire est désormais plus tendu et illumine moins son visage. Alexis Tsipras est à nouveau en campagne pour les élections législatives du dimanche 20 septembre, mais il a dû laisser en chemin une bonne partie des thèmes qui avaient fait son succès.« L’espoir » qu’incarnait l’arrivée de Syriza au pouvoir a disparu des affiches électorales. Le renouveau de la gauche européenne s’est enlisé dans les interminables et violentes négociations avec l’Union européenne. Et le grand combat contre l’austérité s’est achevé après la signature d’un troisième mémorandum avec les créanciers du pays.Lire aussi :Grèce : sept candidats en quête de virginité politiqueReste à Alexis Tsipras la carte de la jeunesse et l’opposition aux partis du passé… qui l’ont pourtant soutenu au moment de voter le mémorandum en août. Il essaie de convaincre les électeurs que son application sera moins douloureuse pour les plus pauvres avec un gouvernement Syriza. « Nous utiliserons chaque fenêtre possible pour alléger les effets de ce mémorandum », assure Yiannis Burnous, responsable des relations internationales du Syriza.Poignard dans le dosEtrange campagne qui ne mobilise pas les foules, où la peur d’une sortie de l’euro et le rejet du mémorandum, qui constituaient les deux axes des précédentes joutes électorales, ont presque disparu. Les deux principaux partis utilisent le même slogan : « Seulement en avant » pour Syriza et « La Grèce en avant » pour Nouvelle Démocratie. Seuls Unité populaire, le parti né de la scission de Syriza en août, le Parti communiste, ainsi que les néonazis d’Aube dorée, font du refus du mémorandum le thème de leur campagne, réunissant à peine 15 % des intentions de vote.Lire aussi :Evangelos Meïmarakis, pompier de Nouvelle DémocratieEn faisant le pari de nouvelles élections générales, Alexis Tsipras sortait du pire mois de son existence, après le référendum du 5 juillet rejetant les propositions de la Commission européenne, suivi, une semaine plus tard, de l’humiliation d’une nuit de négociations à Bruxelles, à l’issue de laquelle il était obligé de signer un accord imposant trois ans d’austérité supplémentaires à son pays. En opposition complète avec le discours et les promesses de Syriza depuis cinq ans.« Il n’a pas changé ! Il a des idées et de vraies convictions de gauche. Ne pensez pas qu’il va se transformer en centriste. »Alexis Tsipras, qui a toujours assumé la part de compromis intrinsèque à l’exercice du pouvoir, a poignardé dans le dos l’ancien dirigeant gauchiste qu’il était. Et qu’il voudrait être encore un peu. « Il n’a pas changé !, assure Yiannis Bournous. Il a des idées et de vraies convictions de gauche. Ne pensez pas qu’il va se transformer en centriste. » « Dans les quatre prochaines années, nous arriverons à imprimer notre marque, à montrer ce qu’un gouvernement de gauche peut faire pour l’intérêt général, pour la cohésion de la société, pour les plus vulnérables », affirme l’un de ses proches.Au sein de son parti, de nombreux membres sont partagés sur l’ampleur des concessions à réaliser. « C’est normal que des gens soient déçus par cet accord si éloigné de notre programme, et prennent leurs distances, explique M. Bournous, mais nous restons la meilleure chance pour ce pays. Le seul parti neuf. » « Alexis Tsipras a eu du mal à faire le deuil de la séparation avec ses anciens camarades de la Plate-forme de gauche. Il savait pourtant que le clash serait inévitable », explique le psychanalyste Stelios Stylianidis. Le parti souverainiste des Grecs indépendants (ANEL), qui a gouverné avec Syriza, s’en moque gentiment en montrant M. Tsipras avec un bras gauche en écharpe.« Il est divisé entre deux identités : le réaliste et le gauchiste », explique l’analyste politique Georges Sefertzis. Pour Stelios Stylianidis, « cette ambivalence, qui est perçue comme une forme de trahison de l’idéal révolutionnaire, est difficile à gérer. Il y a une sorte de clivage dans sa conscience ». « Il passe son temps à s’excuser d’avoir signé le mémorandum en demandant pardon au peuple grec, tout en s’engageant à le mettre en application », constate le psychanalyste.« Il a fait monter haut les attentes. L’atterrissage est brutal »« Alexis n’est pas un rêveur, souligne un de ses proches. C’est un pragmatique, qui écoute, a des convictions, mais sait s’adapter. Il comprend la notion d’intérêt supérieur. Et faire des concessions pour arriver à son but sur le long terme, c’est de l’intelligence politique, pas de la traîtrise comme certains veulent le faire croire. » A la fin de la campagne pour le référendum, Alexis Tsipras était en pleine euphorie. « Il a fait monter haut les attentes. L’atterrissage est brutal, explique le politologue Elias Nikolakopoulos. Mais il a clairement fait le choix du réalisme, même si ça lui a coûté personnellement. » Lire aussi :Les réfugiés, grands absents de la campagne en Grèce« On se salit les mains »« Réaliste, il fallait l’être, confirme un de ses proches. Nous ne voulons pas rester dans la position confortable du parti d’opposition éternellement pur mais jamais au pouvoir. Oui, on se salit les mains ; oui, on s’éloigne un peu de notre programme, mais nos convictions restent les mêmes. » « Alexis a surmonté sa profonde déception intime. Voter pour ce mémorandum n’a pas été facile pour lui non plus, mais il a la volonté d’inscrire son projet dans le temps », explique Antonis Markopoulos, coordinateur du bureau politique du Syriza.« Alexis s’est converti au réalisme politique, car c’était nécessaire. L’étranglement était complet à ce moment-là. Mais cela doit s’équilibrer avec des principes et une vision politique, un projet. Notre boulot à nous sera de le retenir pour qu’il ne bascule pas totalement », ajoute Vassiliki Katrivanou, une ancienne députée qui s’était abstenue lors du vote du mémorandum en août – « Un moment très dur », avoue-t-elle –, mais qui a finalement choisi de rester dans le parti. Cette militante des droits de l’homme, membre du « groupe des 53 », qui représente au sein de Syriza un courant plus à gauche que celui de M. Tsipras, a décidé de lui laisser « une seconde chance ».Pendant les sept mois au pouvoir de Syriza, l’efficacité gouvernementale n’a pas été toujours au rendez-vous. « S’ils gagnent les élections, il va falloir qu’ils gouvernent, ce qu’ils n’ont pas vraiment fait. Il va aussi falloir qu’ils cherchent de nouvelles alliances en s’ouvrant à d’autres personnalités », explique Elias Nikolakopoulos. Son partenaire de coalition, ANEL, n’est pas sûr de franchir la barre des 3 % nécessaires à l’entrée au Parlement. Tsipras risque de devoir s’allier avec le vieil ennemi du Pasok, symbole du clientélisme grec, mais très affaibli, ou avec les centristes de Potami, qui sont vus comme le diable par Syriza.Lire aussi :Sous les ruines de l’économie grecque, les jeunes pousses« Si Syriza gagne, il sera le troisième parti à appliquer le mémorandum, explique M. Sefertzis. Il devra assumer les conséquences des premières mesures d’austérité après les élections. Il est piégé politiquement. C’est pour cela qu’il est soutenu par une partie du système local et européen. » Bruxelles contemple le scrutin grec avec une certaine sérénité, et une victoire de M. Tsipras assurerait la plus large majorité à la mise en œuvre du mémorandum.Pour son dernier meeting, vendredi 18 septembre, Alexis Tsipras sera soutenu par Pablo Iglesias, le chef du parti de la gauche radicale espagnole Podemos. En janvier, les deux hommes étaient montés sur scène au son de First We Take Manhattan, Then We Take Berlin, de Leonard Cohen. Peut-être vont-ils changer de disque…Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteAlain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Clément Martel (Tovarnik (Croatie), envoyé spécial) On les avait laissés à la nuit tombante embarquant dans un autobus à la gare routière de Sombor, à quelques encablures de la frontière avec la Croatie, dont des policiers serbes avaient bloqué l’accès, mercredi 16 septembre. Direction Sid, petite bourgade du nord-ouest de la Serbie devenue en l’espace de deux jours la nouvelle voie d’accès à l’eldorado européen pour des milliers de migrants et réfugiés. Mahboob l’Afghan enthousiaste et ses compatriotes Astori, Besir et Hamayun étaient-ils parvenus à bon port ? Avaient-ils fait partie des rares personnes montées à bord des quelques trains affrétés par la Croatie pour les mener de la frontière serbe à Zagreb ?Un jour plus tard, on retrouve Mahboob Faqiry et sa petite bande au détour du campement improvisé dans le village frontière de Tovarnik, pendant croate de Sid, d’où les migrants arrivent en nombre, franchissant la frontière et les champs de maïs des plaines du Danube sous un soleil de plomb. L’ancien interprète pour l’armée allemande à Mazar-e-Charif attend depuis des heures un moyen de transport pour poursuivre sa route vers sa destination finale, la Suède.« On a été vraiment bien accueillis en Croatie », confie-t-il, et il reconnaît que, la veille encore, le nom même du pays – absent de l’itinéraire initial des migrants vers l’Europe – lui était inconnu. Mahbood évoque les boissons et la nourriture offertes, mais aussi la connexion à Internet, qui lui a permis de téléphoner à sa femme, restée au pays avec leur fils de 13 mois. Il ne lui avait pas parlé depuis plus d’une semaine. Il quittait alors la Grèce, direction la Macédoine, en compagnie d’un groupe de Syriens.Lire aussi :La Croatie, nouvelle route des migrants aux confins de l’espace SchengenDes bus pris d’assaut A Tovarnik, on s’abrite comme on peut : à l’ombre d’un gigantesque silo à céréales, en bordure de haies, ou, pour les plus jeunes, sous les jambes des policiers croates appelés en renfort pour canaliser la foule dans ce village quelque peu dépassé par les événements. Migrants eux aussi, les membres des organisations humanitaires saluent – dans l’après-midi – l’accueil du gouvernement croate, tout en déplorant le manque de bus et de trains. Mais, dans la soirée de jeudi, face à l’afflux de migrants, la Croatie a fermé « jusqu’à nouvel ordre » sept de ses huit passages frontaliers avec la Serbie – plus de treize mille personnes ont franchi la frontière croate depuis mercredi matin, « saturant » les capacités d’accueil du pays.C’est le cas de Taleb Ghanoum, un Syrien de 37 ans ayant fui Homs, réduite en « boum, boum… nothing », avec deux de ses cousins et douze proches en quête d’une vie meilleure en Suède, où certains rêvent d’achever leurs études. Mais avant les rives de la Baltique, c’est une autre marée qui empêche le groupe d’avancer. Un bus, l’un des deux seuls à partir de tout l’après-midi, arrive.Il est pris d’assaut par la foule qui menace de submerger les quelques policiers tentant de canaliser le flot autour de la porte. Malgré leur équipement de Robocop, ces policiers locaux ne sont pas formés à gérer de telles situations. S’ils bloquent l’accès du centre-ville aux migrants, ils s’efforcent néanmoins de leur rendre l’attente le plus supportable possible. Femmes et enfants d’abord, le bus est rapidement plein à craquer et démarre. Sans Taleb et son groupe, qui s’agacent que des Afghans leur soient passés devant.Sans Mahboob Faqiry non plus. Assis dans l’herbe, l’Afghan avoue avoir profité de la journée pour « réfléchir à la suite », et a déjà en tête un itinéraire précis leur permettant d’échapper aux contrôles aux frontières réinstaurés par l’Allemagne, destination de ses camarades. Lui vise désormais la Suède, où ses compatriotes seraient mieux accueillis qu’au pays d’Angela Merkel, « qui privilégie les Syriens ». Où sera-t-il demain ?Lire la synthèse :Hongrie, Croatie, Autriche, Allemagne... le point sur l’afflux de migrants en Europe Clément Martel (Tovarnik (Croatie), envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.09.2015 à 20h10 • Mis à jour le18.09.2015 à 17h38 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La crise des migrants, c’est une question de quotas, de relocalisation de demandeurs d’asile dans l’Union européenne, de contrôle des frontières, mais c’est aussi, même si la question est moins présente dans les médias, une affaire de gros sous. Car c’est en partie parce que les camps de réfugiés syriens en Turquie, Jordanie, et au Liban voient les aides financières diminuer que leurs occupants prennent la route pour l’Europe.Or, pour l’instant, au-delà des discours incantatoires, l’argent se fait attendre. « Il nous faut maintenant passer des paroles aux actes », a lancé Federica Mogherini, la représentante pour la politique extérieure et la sécurité de l’Union européenne, mardi 15 septembre. Martin Schulz, le président du Parlement européen, a de son côté fait parvenir jeudi 17 septembre, au premier ministre du Luxembourg, Xavier Bettel, dont le pays assure la présidence tournante de l’Union, une lettre, dont Le Monde a eu connaissance, soulignant l’urgence financière dans laquelle se trouvent les camps où s’entassent plus de 4 millions de Syriens.« Le roi de Jordanie vient de m’apprendre que son pays voulait continuer à faire tout ce qu’il fallait pour les réfugiés, mais que les fonds dont il disposait s’épuisent. Du coup un grand nombre de Syriens sont actuellement obligés de quitter les camps dans ces pays tiers alors qu’ils veulent, à terme, rentrer dans leur pays », rapporte M. Schulz au Monde.Budget contraintM. Schulz déplore que le fonds spécial pour la Syrie (UE Trust Fund ou Madad Trust Fund), créé en décembre 2014 par la Commission européenne et l’Italie, soit encore en partie vide. Il avait pour objet d’apporter un soutien aux pays tiers (Turquie, Liban et Jordanie) pour un meilleur accueil, notamment des centaines de milliers d’enfants en manque de soins et d’éducation dans les camps. Ce fonds devait être abondé à hauteur de 4 milliards d’euros. Mais pour l’heure, il ne compte qu’un peu moins de 50 millions d’euros, dont 41 millions d’euros proviennent du budget de l’Union européenne, 5 millions de Berlin et 3 millions de Rome…Qui doit fournir les milliards manquants ? Principalement les Etats membres. Le budget européen, un peu moins de 150 milliards d’euros par an, est en effet très contraint. Son enveloppe globale a été prédéfinie pour la période 2014-2020. Chaque année, il est négocié pour l’année suivante. On est actuellement en pleine négociation sur le budget 2016, mais les fonds déjà alloués aux migrations devraient être en partie absorbés par les coûts que devrait engendrer le plan de la Commission destiné à relocaliser cent soixante mille demandeurs d’asile dans toute l’Union (avec une aide de 6 000 euros par personne prise en charge, soit pas loin de 1 milliard d’euros en tout).Lors du conseil extraordinaire de lundi 14 septembre, les ministres de la justice et des affaires intérieures ont fait le vœu de consacrer davantage de moyens aux pays tiers. M. Schulz, Mme Mogherini et Jean-Claude Juncker, le président de la commission, veulent les prendre au mot. Ils espèrent en faire un des points inscrits à l’agenda du sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement, qui vient d’être convoqué pour mercredi 23 septembre.La veille, le 22 septembre, les ministres de l’intérieur tenteront de se mettre d’accord sur la répartition des réfugiés, pour déminer le terrain d’une négociation toujours explosive. A la fin du mois, c’est le commissaire Christos Stylianides, chargé du développement et de l’aide humanitaire qui tentera, lui, d’encourager les donateurs internationaux à mettre eux aussi la main à la poche, lors de la conférence des Nations unies sur le développement, à la fin de septembre à New York. « La crise des migrants syriens n’est pas seulement une crise européenne, c’est une crise mondiale », assure le commissaire chypriote.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.09.2015 à 16h59 • Mis à jour le17.09.2015 à 17h38 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) C’est le paradoxe de cette campagne électorale grecque. Alors que l’Europe entière ne parle que de la crise migratoire et des milliers de réfugiés qui campent à ses portes, la question est étonnamment anecdotique dans les débats en vue des législatives de dimanche 20 septembre. Et pourtant la Grèce est l’une des principales portes d’entrée de ces réfugiés. Jusqu’à 4 000 Syriens, Afghans ou Africains arrivent sur ses îles chaque jour.Lire aussi :Sur l’île grecque de Lesbos, 86 000 habitants et 20 000 réfugiésSans surprise, le parti néonazi Aube dorée est le plus offensif sur la question. Son slogan identitaire a toujours été « La Grèce appartient aux Grecs » et fonde aujourd’hui encore la base de sa stratégie électorale. Mais, empêtré dans un procès-fleuve visant quasiment l’ensemble de ses députés, l’Aube dorée a choisi de manière générale de faire profil bas. Ses diatribes sont peut-être nationalistes et anti-migrants, mais on ne les entend que peu dans la campagne.Ces dernières années, c’était surtout le parti conservateur de la Nouvelle Démocratie (ND) qui se montrait offensif sur la question. Son ancien leader – et ex-premier ministre avant l’arrivée au pouvoir d’Alexis Tsipras en janvier 2015 – Antonis Samaras avait axé une partie de sa campagne de 2012 sur la « reconquête des villes grecques envahies de clandestins » et avait coutume de comparer « le nombre de chômeurs équivalents au nombre d’immigrés en situation illégale ». Une rhétorique qui chassait délibérément sur les terres de l’Aube dorée alors en pleine ascension.Aujourd’hui, la ND a un nouveau chef, Evangelos Meïmarakis. Or ce dernier a choisi dans cette campagne éclair – les élections ont été annoncées il y a moins d’un mois – de ne pas surfer sur cette thématique. Certes il évoque la question des réfugiés en parlant lui aussi d’« illégaux » , mais concentre ses attaques non pas tant sur les réfugiés eux-mêmes que sur le leader du parti de la gauche radicale, Alexis Tsipras. Accusant son gouvernement, aux affaires entre janvier et août, de n’avoir rien fait pour organiser ou endiguer le flux. « Le gouvernement Syriza a envoyé le message aux passeurs turcs que nos frontières n’étaient pas gardées, ouvrant ainsi les vannes », répète-t-il à chaque meeting.Lire aussi :Evangelos Meïmarakis, pompier de Nouvelle Démocratie« Comment nous rendre responsables de ce flux immense alors que c’est un phénomène visiblement global qui touche tous les pays européens », répond de son coté Alexis Tsipras. Après avoir lui aussi évité de placer la question migratoire au centre de ses discours, Syriza change un peu son fusil d’épaule ces tout derniers jours. Lors d’une réunion de quartier mercredi soir, la députée Syriza Vassiliki Katrivanou a longuement insisté sur la différence d’approche qu’un gouvernement de gauche avait de ce phénomène. « Nous sommes les mieux placés pour nous battre pour accueillir décemment et humainement ces réfugiés. Les précédents gouvernements de droite n’avaient qu’une approche répressive et tout l’argent disparaissait dans la construction de camps de rétention », affirme cette spécialiste des droits de l’homme, qui travaille depuis plus de 10 ans pour améliorer l’accueil des réfugiés en Grèce. Mme Katrivanou regrette un peu que « l’ensemble de la campagne soit creux et ne porte pas sur le fond, sur la politique migratoire comme ailleurs ».Campagne vidée de sa substanceDe fait, à droite comme à gauche, les débats portent davantage sur les personnes que sur les programmes. Chez Syriza, on dénonce l’appartenance de la ND à « cet ancien système corrompu et oligarchique qui a conduit le pays à la crise ». Et chez la ND, on pointe l’incohérence de Tsipras qui, après avoir longtemps fait campagne contre l’austérité, a ramené en Grèce un troisième plan introduisant trois nouvelles années d’austérité dans le pays. « Syriza tout comme Nouvelle Démocratie ont voté le 14 août dernier pour ce nouveau plan d’austérité, ce qui vide la campagne de sa substance principale puisque le cadre économique est fixé à l’avance » explique le politologue Georges Sefertzis.C’est donc à la marge, dans ce que Syriza appelle « les fenêtres de négociations restantes » que se joue la campagne. Chacun essayant de convaincre l’électorat qu’il sera le mieux placé pour limiter la casse. Syriza, en promettant de se battre pied à pied pour défendre en priorité les Grecs les plus vulnérables mais aussi réformer la Grèce, et la ND, en se posant en garant de la stabilité pour permettre aux entreprises grecques de retrouver le chemin de la croissance.Pour autant, aucun parti ne prend le risque de proposer des mesures précises et surtout chiffrées. « Ils ne veulent pas faire de nouvelles promesses qu’ils ne pourront pas tenir », souligne M. Sefertzis. Ce manque de substance explique, en partie, l’indifférence profonde des Grecs face à ce nouveau scrutin, après les législatives de janvier dernier, et un référendum sur le plan d’aide, en mai, très disputé. Selon les derniers sondages 15 % de l’électorat ne sait toujours pas pour qui, ni même s’il ira voter, dimanche. L’abstention pourrait atteindre un niveau record.Lire aussi :Grèce : sept candidats en quête de virginité politiqueAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.09.2015 à 12h22 | Nathalie Guibert Cinq frégates militaires de premier rang vont partir en Méditerranée au large des côtes libyennes avec l’objectif de s’opposer aux réseaux de passeurs qui précipitent des migrants sur des bateaux de fortune en direction de l’Europe. A l’issue de la conférence de « génération de forces » qui s’est tenue à Bruxelles mercredi 16 septembre, les Européens ont décidé de monter d’un cran leur engagement dans l’opération EUNAVFOR-Med : l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, la France, le Royaume-Uni vont envoyer des navires de guerre supplémentaires, l’Italie maintenant sur zone son porte-aéronefs déjà en place.Lire aussi :Libye : l’UE lance l’opération européenne Eunavfor Med contre les réseaux de passeursCes moyens lourds – la frégate française Courbet qui devrait bientôt quitter Toulon avec un hélicoptère, sera appuyée en cas de besoin par des forces spéciales – permettent de concrétiser la « phase deux » de l’opération européenne. Après une phase de renseignement, il avait été décidé d’occuper la haute mer. La décision de principe a été prise le 14 septembre par les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne. Un Conseil européen doit avaliser officiellement cette étape début octobre. La dernière phase aura pour objectif de frapper les bateaux des passeurs, jusqu’à terre en Libye.Il s’agit pour les marins européens de se tenir prêts, car l’action de vive force n’est pas possible dans l’immédiat. En effet, les autorités libyennes reconnues par la communauté internationale se sont jusqu’alors opposées aux prolongements coercitifs de l’opération navale dans leurs eaux territoriales. Et en juin, le projet porté par les Européens d’une résolution sous chapitre VII, qui autorise l’usage de la force, n’avait pas pu être soumis au vote à l’ONU faute de consensus. La résolution permettrait aussi d’agir dans les eaux libyennes.Lire aussi :Pas d’accord à l’ONU sur l’opération navale contre les passeursDérouter, mais pas détruireLes frégates risquent donc bien de quitter leur port d’attache sans cadre légal pour agir efficacement. Dans les eaux internationales, elles ne pourront intervenir que dans le cadre de l’article 110 de la Convention de Montego Bay, qui permet de monter à bord de bateaux en cas de soupçon de piraterie ou de « transport d’esclaves ». Un droit de visite qui permet de dérouter, mais non de détruire les bateaux des passeurs.Une autre difficulté se présente. Les bateaux de migrants pourraient bien emprunter d’autres routes. Celles-ci se déplacent à l’est. Selon de toutes récentes informations, un transport de migrants est parti d’Egypte, du port d’Alexandrie. Par ailleurs, avec l’approche de l’hiver, les flux vont se tarir, comme le constatent chaque année les militaires qui croisent dans les eaux méditerranéennes.Nathalie GuibertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.09.2015 à 15h18 | Alain Salles Membre de Syriza, ancienne députée, Réna Dourou est devenue en septembre 2014 la présidente de la région Attique, la plus importante de Grèce. Elle est devenue la première dirigeante de la gauche radicale à occuper des fonctions importantes, avant même la victoire d’Alexis Tsipras aux législatives du 25 janvier. Avant le scrutin très incertain du dimanche 20 septembre, elle explique dans un entretien au Monde comment Syriza a tenté de s’adapter aux réalités d’un pays aux abois.Lire aussi :La douloureuse conversion de Tsipras au réalismeVous attendiez-vous à voir Alexis Tsipras signer le mémorandum qu’il avait combattu ? Cela vous a surpris ou déçu ?On ne s’attendait pas à une telle pugnacité de la part de nos créanciers, à cette pression extrême au cours des négociations qui ont abouti au compromis du 12 juillet, au Sommet européen de Bruxelles. Un parti politique doit être prêt à affronter le pire et le meilleur, sans broncher, en essayant de faire de son mieux pour surmonter les difficultés, et de mettre en place les bases d’une alternative. Ce n’est pas une question de surprise ou de déception mais plutôt une question de choix politique.On doit garder le cap vers la mise en place d’une politique qui puisse faire avancer notre économie tout en respectant l’orientation européenne du pays. Il faut que le message soit clair : on n’abandonne pas les valeurs européennes, on revendique les politiques européennes qui ont permis les bases de la cohésion sociale prônée par l’ancien président de la Commission, Jacques Delors.Et ce n’est pas un hasard si Delors a su mettre les points sur les « i », critiquant le chemin parcouru jusqu’à aujourd’hui : « Quand elle se penchera sur l’Europe des années 2010-2015, l’histoire portera un regard très sévère sur cette Union économique et monétaire tellement mal conçue qu’il a été question qu’un de ses membres la quitte », écrivait-il en juillet.Le gouvernement Tsipras a finalement fait peu de choses depuis janvier. Est-ce seulement à cause des négociations avec l’UE ?Malgré les pressions dont notre gouvernement faisait l’objet, nous avons réussi pas mal de choses. On a échelonné les sommes dues au fisc pour à peu près un million de citoyens, on a protégé le logement principal des familles contre les enchères, on a établi la carte de solidarité pour les ménages les plus démunis.Aujourd’hui le plus urgent est, primo, de gagner les élections, en réunissant une majorité absolue, pour pouvoir former un gouvernement stable et efficace. Secundo, mettre en place des mesures pour surmonter les conséquences néfastes du mémorandum. Face à Nouvelle Démocratie (ND) dont la politique repose sur les principes du passé, ceux exactement qui ont mené le pays au gouffre, à la crise économique et sociale, nous sommes les garants de la sortie de cette crise tout en protégeant les plus démunis et en remettant en marche l’économie sur des bases saines.Notre but, en tant que force politique responsable à la tête du pays, est de combattre de façon efficace la bureaucratie, la corruption, la gabegie des deniers publics. Cette lutte contre les maux récurrents de la vie politique et sociale grecque, est vitale pour garantir les droits des citoyens.Vous êtes depuis un an à la tête de la région Attique. Quelles sont les « recettes » d’une gestion Syriza ? Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?On s’efforce de changer le paradigme d’exercice du pouvoir dans la région Attique. Ce n’est pas facile. Car les « plis » de la bureaucratie, de l’opacité, d’une gestion inefficace ne se défont pas facilement. Cela fait des décennies que les choses marchent comme ça, sous la gestion de ND et du Pasok, qui utilisaient la fonction publique comme un bastion à des fins électoralistes. Mais pour nous, il s’agit d’un pari vital et on va le gagner, quel qu’en soit le coût politique.Alain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alain Salles (Athènes, envoyé spécial) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le 5 juillet, les Grecs étaient invités à se prononcer, lors d’un référendum surprise, pour ou contre la proposition d’accord alors formulée par les créanciers du pays (Fonds monétaire international, Banque centrale et Commission européennes) au premier ministre de l’époque, Alexis Tsipras. Contredisant le pronostic d’un scrutin serré, le non l’avait emporté à une écrasante majorité de 62 % des suffrages. Un véritable plébiscite pour Alexis Tsipras et un vent d’espoir et de fierté pour les Grecs.Quelques jours plus tard, face au risque d’une sortie de la Grèce de la zone euro, M. Tsipras acceptait de signer un nouveau plan d’austérité, en contrepartie d’une nouvelle aide financière (86 milliards d’euros de prêt sur trois ans). Une déception pour beaucoup, qui s’est soldée par la démission du gouvernement Tsipras, le 20 août, et une division du parti de la gauche radicale Syriza, le lendemain.Quel sera l’impact de cette volte-face lors des élections législatives du dimanche 20 septembre ? Plusieurs Grecs retracent leur cheminement face à l’accélération politique de ces dernières semaines.Stavroula Zanopoulou, retraitée : « Au moins Tsipras essaie quelque chose de nouveau »Venant traditionnellement d’un milieu de droite, Stavroula Zanopoulou, 60 ans, a voté non au référendum. Elle était alors « en colère contre les Européens qui humiliaient » son pays. Son mari avait jusqu’alors toujours voté pour le parti conservateur mais lui aussi se disait prêt à donner sa voix à Tsipras. « Car lui au moins il se bat pour nous et pour que nous cessions de vivre sous perfusion d’argent prêté. »Aujourd’hui, Stavroula, qui travaillait dans une banque, a décidé de voter pour Syriza. « Au moins Tsipras essaie quelque chose de nouveau. Il a fait face dignement à des négociateurs européens inflexibles. A défaut d’avoir une Europe qui nous inspire, au moins on a un premier ministre qui pense à la Grèce d’abord. Et puis je le crois honnête et sincère. »Matina, professeure : « C’est blanc bonnet et bonnet blanc »Très méfiante envers les médias qu’elle traite de « vendus », Matina, 33 ans, avait à l’époque accepté du bout des lèvres de nous dire qu’elle allait voter non au référendum. « Le seul moyen que les choses s’arrangent dans ce pays pourri, où la même classe politique s’en met plein les poches alors que nous tirons la langue. »Toujours aussi méfiante, Matina précise ne pas « avoir été spécialement déçue par l’échec des négociations [avec les créanciers], car il n’y avait pas vraiment d’alternative ». Pour elle, ce sont les cinq années de gestion des précédents gouvernements qui ont mené à ce résultat. « Ce n’est pas un gouvernement d’à peine six mois qui a changé drastiquement le climat en Europe. »Lire aussi :La douloureuse conversion de Tsipras au réalismeSoutiendra-t-elle Syriza ? Matina refuse de le dire. Cette professeure des écoles n’a, à vrai dire, « pas encore décidé » pour qui elle votera, ni même si elle votera « tout court ». « Il me semble que c’est blanc bonnet et bonnet blanc maintenant. »Nicolina Ougranou, commerçante : « Je veux que cette parenthèse s’achève au plus vite »Très anxieuse en juillet, Nicolina Ougranou voulait voter oui. « Des deux mains ! Car seule l’Europe peut nous garantir un avenir de prospérité. Syriza joue avec le feu », déclarait-elle alors. Cette commerçante de 32 ans votera dimanche pour les conservateurs de Nouvelle Démocratie. « Ils sont les seuls à pouvoir garantir un semblant de stabilité économique dont nous avons désespérément besoin. Moi, je ne sais même plus pourquoi j’ouvre mon magasin le matin. Je ne gagne plus d’argent depuis des mois et j’ai dû cesser de payer mes charges. Je veux que cette parenthèse Syriza s’achève au plus vite. »Georges, chauffeur de métro : « Trop d’immigrés débarquent ici »Il était en juillet très remonté contre l’Europe. « Cette façon d’humilier les peuples, de ne pas respecter la démocratie… ça me dégoûte », déclarait Georges, un chauffeur de métro de 44 ans. Aujourd’hui, encore plus déçu par les revirements de Syriza, il s’apprête à voter pour le parti néonazi Aube dorée. « Eux au moins ils sont en dehors de ce système pourri. Et ce sont des patriotes qui mettront les intérêts de la Grèce avant ceux des puissances étrangères. » Leur racisme ? Leur violence ? « Tout cela est très grossi par les médias grecs qui sont de connivence avec l’establishment et puis de toute façon c’est vrai que trop d’immigrés débarquent ici. » Stavros Gazis, commerçant : « Tsipras ne pouvait pas faire autre chose »Dans son magasin de chaussures depuis trente ans, Stavros Gazis va voter Tsipras pour la deuxième fois. « Il est meilleur que les autres qui représentent les vieux partis, le vieux système. Il est plus neuf. » Cet ancien électeur du parti communiste, le KKE, a choisi Tsipras en janvier. Il a voté non au référendum du 5 juillet, mais n’en veut pas à Tsipras : « J’ai voté contre le mémorandum, pas contre l’euro. Tsipras ne pouvait pas faire autre chose. S’il ne signait pas le mémorandum, c’était le retour à la drachme. Et ce serait la catastrophe. Peut-être qu’au début de la crise en 2010, on aurait pu le faire mais maintenant on n’a plus de banques, on n’a plus rien. Le vrai problème de la Grèce, c’est la corruption et le clientélisme des vieux partis. En Europe on aurait besoin d’hommes politiques plus forts comme Kohl ou Mitterrand. »Sofia, employée : « Je choisirai au dernier moment »« Je ne sais toujours pas pour qui je vais voter. Je choisirai au dernier moment, mais je ne voterai pas Tsipras », explique Sofia, qui travaille dans un magasin de vêtements. En janvier, elle a voté KKE, le parti communiste. Elle a voté non au référendum, mais le revirement ne l’a pas surprise : « Je savais que ça ne changerait pas après. » Elle hésite aujourd’hui entre des petits partis de gauche ou Leventis, cet éternel candidat centriste, jamais pris au sérieux mais qui peut drainer une partie du vote protestataire ou nihiliste. Iannis Kakoulidis, avocat : « L’union des partis proeuropéens est la solution »Pour Iannis Kakoulidis, un avocat à la retraite, la solution devrait être évidente : « On a cinq partis qui ont approuvé le troisième mémorandum pour rester dans l’Europe. Ils pourraient s’entendre pour le mettre en œuvre efficacement, vu l’urgence de la situation. Mais ce n’est pas possible car nous sommes grecs. Nous aimons les difficultés et les conflits. Pourtant l’union des partis proeuropéens est la solution. » Dimanche, il votera pour le Pasok, auquel il est resté fidèle. Nikolaos Stamou, disquaire : « Punir les partis proeuropéens »« J’avais voté Syriza car j’en avais assez des mensonges du Pasok et de Nouvelle Démocratie. Et maintenant Tsipras continue la même politique et les mêmes mensonges », explique Nikolaos Stamou dans son magasin de disques. Il a voté non au référendum, « contre cette Europe-là, celle de l’austérité ». Il n’a pas encore arrêté sont choix pour dimanche, mais il veut « punir les partis proeuropéens », en votant KKE ou pour le parti de Lafazanis, Unité populaire, né de la scission de Syriza en août.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteAlain Salles (Athènes, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.09.2015 à 19h52 Une vaste opération impliquant des ONG, des garde-côtes italiens, des navires des douanes et des bateaux allemands, britanniques et croates a permis de secourir près de 4 500 hommes, femmes et enfants en mer Méditerranée, au large de la Libye, samedi 19 septembre. Les migrants étaient entassés sur une vingtaine d’embarcations. Ils ont été acheminés vers des ports dans le sud de l’Italie.Selon Médecins sans frontières, parmi les rescapés figurent des Érythréens, des Nigérians, des Somaliens, des Libyens, des Syriens et des Africains originaires de l’est du continent. Le corps d’une femme a été retrouvé dans une embarcation, mais aucun décès n’a été à déplorer pendant les opérations de sauvetage. La veille, une centaine de personnes avaient déjà été secourues au large de la Libye mais sept cadavres, dont celui d’un enfant, avaient également été repêchés.En Grèce, le corps d’une petite fille, noyée, a été retrouvé par les garde-côtes au large de l’île grecque de Lesbos, alors que treize autres personnes sont portées disparues. Onze personnes, qui effectuaient la traversée entre les côtes de la Turquie et Lesbos, ont pu être secourues et une autre a réussi à rejoindre la terre ferme à la nage.430 000 personnes ont tenté la traversée, 2 800 sont mortes Selon l’Organisation internationale pour la migration (OIM), près de 430 000 réfugiés et migrants ont traversé la Méditerranée cette année dont 309 000 sont arrivés en Grèce. Près des trois quarts des personnes arrivant dans les îles grecques de la mer Egée sont des Syriens. Dans le même temps, 2 800 hommes, femmes et enfants sont morts en tentant cette traversée.Pour Leonard Doyle, porte-parole de l’OIM, l’indécision politique qui règne parmi les Etats membres de l’UE pourrait aboutir à de nouveaux naufrages. Plus il faudra du temps à l’UE pour prendre des décisions politiques, plus il y aura de chaos, a-t-il indiqué.« La décision prise par plusieurs gouvernements de mettre en place des contrôles aux frontières aura un effet très dommageable. »Lire sur Les Décodeurs :Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéos 19.09.2015 à 11h05 • Mis à jour le20.09.2015 à 07h18 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Ils sont bien sérieux au milieu de leurs livres, de leurs exercices de mathématiques et de théorie informatique. La plupart de leurs copains sont à la mer en attendant une reprise de la fac qui se fait attendre, mais Lefteris et Nikos ont choisi, eux, de se plonger dès à présent dans le programme de leur année d’université à venir. Et c’est ensemble, entre deux pauses-café et guitare, qu’ils révisent, enfermés dans l’appartement familial du quartier résidentiel de Metamorfosi, au nord d’Athènes.« Je suis étudiant en systèmes électroniques à la fac d’ingénieurs de l’université du Pirée, explique ainsi Lefteris Papageorgiou, 19 ans. Ma famille a fourni un effort considérable pour me permettre d’accéder à cette école et je me dois de réussir. » Ces deux frères veulent y croire, même s’ils savent que trouver un emploi s’annonce difficile en Grèce. « Il y a toujours plus de 50 % de chômage chez les jeunes. J’espère que d’ici à ce que j’aie terminé la fac, les choses iront mieux. Mais à ce rythme-là, on n’est pas près de s’en sortir ! », ironise Nikos.Les élections, une préoccupation secondaireLes élections législatives de dimanche ? Une préoccupation secondaire pour ces jeunes hommes si résolument occupés à se construire un avenir. Aux élections de janvier, Lefteris avait pourtant voté avec enthousiasme pour le parti de la gauche radicale Syriza. « Aujourd’hui, j’ai le sentiment d’avoir été trahi, d’avoir été trompé par quelqu’un à qui j’avais donné toute ma confiance », reconnaît-il, une lueur de colère dans les yeux. Lefteris n’ira peut-être pas voter dimanche. Il ne sait pas encore.Nikos, lui, n’avait déjà pas voté en janvier. « Personne pour me représenter, dit-il. La plupart de mes copains ont voté pour Syriza, mais moi, je pensais qu’il n’arriverait à rien parce qu’il promettait trop. Pour autant, je ne voulais pas voter non plus pour ceux qui nous ont menés à la catastrophe. Alors je me suis abstenu. Et je vais certainement faire pareil cette fois-ci. » En promettant d’en finir avec l’austérité, de bouter hors de Grèce la très détestée « troïka », mais aussi de préserver un système public d’éducation gratuit, un dernier point qui parle beaucoup aux jeunes en Grèce, le premier ministre, Alexis Tsipras, avait réussi à fédérer le vote de plus de 30 % des 18-34 ans. Selon un sondage paru il y a quelques jours dans le quotidien grec Ethnos, ils ne seraient plus que 18,6 % à le suivre.Lire aussi :En Grèce, un paysage politique bouleversé par la criseLe plus étonnant chez ces jeunes est la tristesse et la résignation qui traversent leurs regards. Comme si l’échec de Syriza à changer le système, en Grèce comme en Europe, avait éteint leurs rêves. « C’est exactement ce que je ressens, avoue Lefteris. Après ces cinq années très angoissantes, Syriza, c’était un espoir fort, qui s’est fracassé en moins de six mois. Que nous reste-t-il ? Vers qui nous tourner ? »Lire aussi :La douloureuse conversion de Tsipras au réalisme« Génération Grigoropoulos »Cette question, Andonis Papangelopoulos, 25 ans, étudiant en architecture, se l’est aussi posée le 13 juillet au petit matin, lorsque Alexis Tsipras a annoncé, après une très longue nuit de négociations à Bruxelles avec les créanciers, avoir signé un nouveau plan d’austérité. « J’ai ressenti une grande angoisse pour le jour d’après, explique ce jeune homme. Si Syriza ne peut pas donner une réponse claire et perd la bataille, qui va remplir le vide laissé par Syriza contre les politiques d’austérité ? Les nazis de l’Aube dorée ? Pourquoi la gauche a-t-elle gâché cette opportunité historique que l’on ne retrouvera peut-être jamais ? »Andonis était alors très actif dans le mouvement de jeunesse de Syriza. Il appartient à cette génération que l’on appelle la « génération Grigoropoulos », du nom de cet adolescent de 15 ans assassiné le 6 décembre 2008 par un policier. « J’avais 17 ans à l’époque et, comme presque tous les gens de mon âge, la mort d’Alexis nous a jetés dans la rue et a marqué le début de mon engagement en politique. » A l’époque, Syriza est dans l’opposition et se place aux côtés de cette jeunesse en colère. « M’engager pour Syriza était naturel et j’ai vraiment beaucoup donné. Je suis terriblement déçu par ce revirement. »Un temps, Andonis a pensé rentrer chez lui, se concentrer sur ses études et laisser tomber la politique. Et puis, fin août, Panagiotis Lafazanis, un dissident de Syriza, a créé un nouveau parti, l’Union populaire, qui reprend le flambeau de la lutte antiaustérité. « J’ai alors rejoint Lafazanis, non pas tant pour lui, mais parce que je crois qu’une véritable politique de gauche ne peut pas s’exprimer dans le cadre d’un mémorandum et de l’austérité. Je crois qu’on n’a pas le droit de se détourner de la politique. Parce que les autres, ceux qui sont à l’opposé de ce que je crois, eh bien eux, ils continuent. »« La gauche doit s’accrocher »Zoé Makrigianni, elle, a longuement hésité à prendre ses distances, comme nombre de jeunes militants de Syriza : « Finalement, je suis restée, parce que je pense que la gauche doit s’accrocher dans les situations difficiles et qu’il faut lutter de l’intérieur, même si on n’aime pas ce qui se passe. » Zoé se souvient du référendum du 5 juillet, sur les propositions des créanciers de la Grèce, comme d’un jour de fête.« Ce soir-là, nous avons été 62 % à dire non à l’austérité, non à l’humiliation, non au chantage, non aux forces conservatrices du pays qui voulaient nous imposer quoi penser. » Et pourtant, quelques jours plus tard, Alexis Tsipras cédait et signait un nouveau mémorandum. « Evidemment que ce moment a été très douloureux, mais avions-nous le choix ? J’ai beaucoup pleuré ce jour-là, mais j’ai aussi trouvé Alexis courageux et responsable. »Ces derniers jours, Alexis Tsipras en campagne s’est démené pour convaincre cette jeunesse désenchantée, tentée par l’abstention, de lui donner une seconde chance. « Ils n’ont rien compris une nouvelle fois, lance, fiévreux, Konstantinos, un tout jeune homme venu se renseigner au kiosque de campagne du groupuscule d’extrême gauche Antarsya. « En refusant de voter, on leur dit à tous : foutez le camp et laissez-nous le champ libre ! »Lire aussi :Sous les ruines de l’économie grecque, les jeunes poussesAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.09.2015 à 18h59 • Mis à jour le19.09.2015 à 17h05 En plein afflux de réfugiés en Bavière, la ville de Munich s’apprête à accueillir dès samedi 19 septembre et jusqu’au 4 octobre 6 millions de visiteurs pour sa traditionnelle Fête de la bière. Devant cette conjonction particulière, les autorités bavaroises ont décidé de prendre des mesures pour éviter tout débordement.Pour la 182e édition de l’Oktoberfest, la police a prévu de séparer les buveurs de bière et les migrants, souvent musulmans, afin d’éviter le choc culturel et d’empêcher que la situation ne dégénère. « Ces demandeurs d’asile de pays musulmans ne sont pas habitués à rencontrer en public des gens extrêmement ivres, a déclaré le ministre de l’intérieur bavarois, Joachim Herrmann. Notre but est de séparer les différents groupes pour qu’aucune situation de conflit n’apparaisse. »Si les nouveaux arrivants sont moins nombreux à Munich depuis la réintroduction de contrôles à la frontière autrichienne dimanche, où ils sont désormais pris en charge, les arrivées restent quotidiennes à la gare de la capitale bavaroise.Lire les dernières informations :Pour les migrants, un no man’s land entre la Hongrie, la Slovénie, la Croatie et l’AutricheTrains détournés et migrants escortés Wilfried Blume-Beyerle, chargé de l’Oktoberfest au sein du gouvernement bavarois, a d’ores et déjà annoncé que les visiteurs de la Fête de la bière seront orientés vers la sortie sud de la gare, près du Wiesn, le lieu du rassemblement des buveurs. Les migrants sortiront quant à eux par le nord, où des volontaires les accueillent tous les jours avec de la nourriture, des boissons et d’autres produits de première nécessité.Les autorités envisagent même de détourner dans les prochains jours certains trains transportant des migrants afin qu’ils contournent Munich et s’arrêtent dans d’autres gares. Il est également prévu que la police escorte les migrants à leur arrivée à Munich pour qu’ils évitent le flot de touristes.Slate note que le fait que la Bavière ait décidé de donner la priorité à la Fête de la bière a suscité nombre de réactions, notamment sur Twitter où le hashtag #Oktoberfestung (contraction d’Oktoberfest et de Festung, qui signifie « forteresse ») a concentré les critiques.Depuis le 1er septembre, quelque 75 000 migrants sont arrivés dans la seule Bavière en provenance d’Autriche, après un long périple à travers l’Europe. Mercredi, le Land du sud-ouest de l’Allemagne a accueilli 9 100 personnes, suivies de 1 600 autres jeudi.Lire aussi :En Allemagne, Munich débordée face à l’afflux de réfugiés Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Le Centre culturel américain à Moscou est-il condamné ? Dans un communiqué cinglant rendu public mercredi 16 septembre, l’ambassadeur américain en Russie, John Tefft, dénonce « la décision unilatérale du gouvernement russe de fermer le Centre américain » après « plus de 22 ans de coopération ». Le Centre, formellement, ne fermera pas mais son directeur américain est désormais exclu de la gestion du site et pour M. Teffts, la partie russe a bien « l’intention de prendre le contrôle complet de toutes [ses] activités ».C’en est trop pour l’ambassadeur, qui rappelle l’arrêt brutal par les autorités russes, il y a tout juste un an, en septembre 2014, du plus vieux programme d’échange scolaire avec les Etats-Unis baptisé « FLEX ». Ces décisions, souligne-t-il, « posent la question de la volonté du gouvernement russe de maintenir les liens » entre les deux peuples, pourtant « conservés même pendant la guerre froide et à d’autres moments compliqués de l’histoire de nos deux pays ».« Le centre ne fermera pas »Situé au cœur de la capitale russe, dans la Bibliothèque nationale de littérature étrangère Margarita Roudomino, le Centre américain avait renouvelé le 1er septembre, comme à son habitude, l’agrément nécessaire pour une entrée en vigueur prévue un mois plus tard. « Tout était prêt », assure Will Stevens, porte-parole de l’ambassade. Quatre cents activités culturelles et éducatives y ont été organisées l’an passé dans le Centre et dix mille livres en langue anglaise sont à la disposition du public. Rien de subversif, « à part peut-être Cinquante nuances de Grey », glisse sous forme de boutade M. Stevens, en référence au best-seller érotique de la britannique E.L. James.Mais entretemps, les autorités russes ont semble-t-il révisé leur position. Plus question de confier sa direction à un Américain, ni même d’accepter le financement assuré jusqu’ici par les services de l’ambassade. « Le Centre ne fermera pas. Nous sommes prêts à garder tout le personnel, toute la surface occupée, et tous les programmes mais nous devons adapter nos relations avec la législation de la fédération de Russie », s’est défendu sur le site de la bibliothèque son directeur, Vadim Douda. « Les activités du Centre sont très recherchées par nos lecteurs, poursuivait-il, nous y sommes très attachés et pour cela nous espérons ne pas servir de monnaie d’échange dans la situation politique ».Série préoccupante de manifestations hostilesCe différend pourrait passer pour un petit accroc de plus dans la relation compliquée qu’entretiennent Moscou et Washington. Mais il s’inscrit en réalité dans une série préoccupante de manifestations hostiles qui ne cessent de se développer ces derniers mois. Depuis deux ans déjà, 29 « American Corners », ces petits espaces consacrés à la littérature anglophone créés dans les bibliothèques de plusieurs régions de Russie, ont disparu. Puis, en juillet, Kendrick White, un Américain recteur adjoint de l’université de Nijni-Novgorod, à l’est de Moscou, a été débarqué de son poste après avoir été victime d’un véritable lynchage médiatique par l’un des principaux propagandistes du pouvoir, Dmitri Kisselev, qui figure dans la liste des personnalités russes sujettes aux sanctions européennes. Marié à une Russe et père de deux enfants, M. White avait été convié à ce poste par l’opposant Boris Nemtsov, assassiné en février à Moscou, mais qui était à l’époque gouverneur de la région.Lire aussi :Russie : la stratégie du complot permanentRécemment encore, un autre recteur d’origine américaine, Edward Crawley, a adressé un courrier à ses collègues les informant que son contrat pour diriger l’Institut Skolkovo, situé dans la banlieue de Moscou et souvent comparé à la Sillicon Valley russe, ne serait pas renouvelé à son terme en décembre après cinq années d’exercice.La dégradation des relations bilatérales russo-américaines ne remonte pas au conflit en Ukraine. Débuté il y a un peu plus d’un an, ce dernier a sans doute contribué à aggraver les choses. Mais tous les indicateurs montrent que les premiers signes sont apparus après les grandes manifestations de la place Bolotnaïa, organisées par l’opposition en 2012 au Centre de Moscou, dans la foulée de la réélection pour un troisième mandat de Vladimir Poutine à la tête du pays. Ces manifestations ont été vues par le Kremlin comme une tentative de destabilisation orchestrée par les Etats-Unis, au même titre que le soulèvement ukrainien de Maidan. En russie, l’anti-américanisme a le vent en poupe.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La Grèce vote dimanche 20 septembre pour élire ses députés après un tout petit mois d’une campagne bien terne. Après le référendum du 5 juillet, pour ou contre l’austérité, et les législatives du 25 janvier, les Grecs ont un peu le tournis et se montrent assez indifférents et surtout très indécis. Selon les sondages, 15 % de l’électorat ne sait pas encore pour qui voter, ni même d’ailleurs s’il ira voter tout court.Le parti de la gauche radicale, Syriza, a déçu une partie de ses soutiens en signant, le 13 juillet, un nouveau plan d’aide, assorti d’une nouvelle cure d’économies et de réformes, après avoir, ces dernières années, axé tout son discours sur la lutte contre l’austérité. L’espoir est retombé et a amplifié la fragmentation du paysage politique. Selon les sondages, jusqu’à huit partis pourraient entrer dimanche au parlement !Peu d’enjeux de fondLa campagne, elle, a tourné un peu à vide. Il y a peu d’enjeux de fond dans ce scrutin. La gauche et la droite ayant toutes deux voté au Parlement en faveur du nouveau plan négocié avec les créanciers du pays, le cadre général de l’action économique des trois prochaines années est déjà fixé.Les partenaires européens sont d’ailleurs assez confiants. Ils savent que le plus gros est passé. Quel que soit son gouvernement, la Grèce s’est engagée à respecter les engagements pris dans le cadre de ce plan.Lire aussi :Crise grecque : Bruxelles reste « zen »C’est donc à la marge, sur ce que Syriza appelle « les fenêtres de négociations restantes », que les électeurs sont appelés à choisir. Et là, Syriza comme le parti conservateur Nouvelle Démocratie (ND) tentent de jouer la polarisation et d’exacerber leurs différences.Le leader de Syriza, Alexis Tsipras, fait campagne sur sa capacité à se battre pour les intérêts des Grecs les plus vulnérables et affirme qu’il renégociera autant qu’il le peut le mémorandum adopté le 14 août au Parlement. Il tente de convaincre les électeurs de lui donner une seconde chance.Lire aussi :La douloureuse conversion de Tsipras au réalismeContinuer à se poser en homme neufA défaut d’avoir réussi à mettre fin à l’austérité, il promet de réformer en profondeur la Grèce pour la débarrasser de la corruption et du clientélisme. Il entend s’en prendre à l’oligarchie financière pour mieux répartir l’effort de la crise.« L’espoir arrive », disait le slogan de Syriza en janvier. Aujourd’hui, avec « Débarrassons-nous du vieux système politique – conquérons notre avenir ! », il s’agit plutôt de jouer la carte antisystème.A tout juste 41 ans, M. Tsipras continue de se poser en homme neuf, aux mains propres et surtout sincères. Capable de reconnaître ses erreurs, de les dépasser et de continuer à se battre pour le peuple. L’antithèse, affirme-t-il, du leader conservateur, Evangelos Meïmerakis, 62 ans, un homme d’appareil longtemps secrétaire général de son parti.Lire aussi :Evangelos Meïmarakis, pompier de Nouvelle Démocratie« L’affaire Flambouraris »Mais dans cette tentative de poser Syriza comme un parti pur, loin des « magouilles » népotiques et clientélistes qui ont caractérisé quarante ans de vie publique grecque, Alexis Tsipras est gêné ces derniers jours par ce que l’on appelle désormais « l’affaire Flambouraris », du nom de l’un de ses plus proches collaborateurs, le ministre d’état Alekos Flambouraris.Ce dernier est accusé de ne s’être pas suffisamment détaché de son entreprise lors de sa prise de fonctions en tant que ministre d’état. Et ce alors que ladite entreprise a bénéficié d’un appel d’offres public. « Une tentative scandaleuse de nous renvoyer dos à dos avec la ND et le Pasok [parti social-démocrate], qui fonctionnent ainsi », dénonce-t-on à Syriza.« Cet appel d’offres a été accordé en toute transparence en novembre 2014 alors même que Syriza n’était encore qu’un parti d’opposition, affirme Alexis Tsipras, et M. Flambouraris a ensuite cédé ses parts de l’entreprise une fois que nous sommes arrivés au pouvoir. On ne peut tout de même pas reprocher à un homme d’avoir travaillé pour gagner sa vie. »A ND en tout cas, l’affaire est instrumentalisée. M. Meïmerakis ironise à chaque meeting sur cette gauche radicale venue tout changer et qui s’est convertie en moins de six mois à l’austérité et s’est rapprochée de cette oligarchie qu’elle dénonce.Des bonnes intentions non chiffréesCette campagne surprend par son manque de substance. Les programmes sont très peu fournis, de part et d’autre, constitués surtout de bonnes intentions non chiffrées et qui ne sont pas débattues. Aucun thème n’est sérieusement abordé par les deux partis de tête.Un axe anti-austérité existe encore cependant, représenté à gauche notamment par la toute nouvelle formation Union populaire (LEA), dissidente de Syriza. Son chef, Panagiotis Lafazanis continue de promettre aux Grecs la fin des mémorandums et propose le retour à la monnaie nationale comme l’unique voie de sortie de la crise. LEA pourrait dépasser les 3 % des voix et gagner ainsi son ticket pour le Parlement.Les néonazis d’Aube dorée aussi continuent de faire campagne contre les mémorandums. En tout, près de 15 % de l’électorat grec se dit prêt, selon les sondages, à suivre cette ligne anti-mémorandum. Ce qui n’est rien par rapport à janvier où le vote anti-austérité représentait plus de la moitié de l’électorat.Lire aussi :En Grèce, profil bas pour les néonazis d’Aube doréeLa possibilité d’une forte abstentionSeul le parti centriste To Potami (« la rivière ») a essayé, en vain, de lancer des thèmes un peu concrets dans cette campagne en proposant de discuter éducation, fiscalité ou santé. To Potami se présente comme la force réformiste du pays. Et de fait, le parti concentre pas mal de personnalités talentueuses venues de la vie civile.Mais son leader, Stavros Theodorakis, un ancien journaliste star de la télévision, reste assez peu populaire. Il est même franchement détesté à gauche. Au-delà du sentiment d’inéluctabilité de nombreux Grecs après la signature du nouveau plan d’austérité, cette campagne creuse, sans promesses et sans vision, pourrait déboucher sur une large abstention dimanche.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 25.09.2015 à 12h35 • Mis à jour le25.09.2015 à 12h37 Les élections régionales, aux allures de plébiscite en faveur de l’indépendance de la Catalogne, auront lieu le dimanche 27 septembre. L’alliance entre les indépendantistes de gauche et les nationalistes de droite pourrait ouvrir un processus de sécession en Espagne.- Les Catalans veulent devenir une nation à part entière, par Josep Ramoneda, écrivain et journaliste. Contrairement à la France, l’Espagne n’a jamais été une nation unifiée, et aujourd’hui les consultations populaires démocratiques quoique illégales montrent que la population entend prendre son destin en main et se détacher de Madrid.- Démonter les fausses promesses économiques des indépendantistes catalans, par Josep Borrell, ancien président du Parlement européen et membre du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). Le programme économique truffé d’erreurs et de mensonges est une manipulation politique destinée à duper les électeurs.A lire aussi :- En Catalogne, les indépendantistes tentent un nouveau coup de force, par Sandrine Morel. La liste indépendantiste pourrait l’emporter lors des élections régionales, dimanche, au risque de tensions avec Madrid.- L’indépendance, ligne de fracture en Catalogne, par Sandrine Morel. Aux régionales du 27 septembre, une liste unitaire regroupe droite et gauche dans le but de déclarer l’indépendance de cette région espagnole dans les dix-huit mois. Un objectif qui ne fait pas l’unanimité. 24.09.2015 à 17h29 • Mis à jour le24.09.2015 à 17h59 | Alexandre Pouchard C’est un discours récurrent. Loin de l’image de la famille de réfugiés fuyant la guerre, les migrants arrivant en Europe ne seraient que très majoritairement des hommes seuls ne fuyant que la misère. Après avoir affirmé, sur RMC début septembre, que cette proportion atteignait même 99 %, la présidente du Front national, Marine Le Pen, a assuré, jeudi 24 septembre, et de nouveau sur RMC, qu’elle était de 75 %."Les institutions internationales disent qu'il y a 75% d'hommes parmi ces #migrants." #BourdinDirect— MLP_officiel (@Marine Le Pen)require(["twitter/widgets"]);C’est partiellement vrai mais…69 %Selon les chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 69 % des migrants ayant traversé la Méditerranée pour venir en Europe en 2015 étaient des hommes. Sur 100 personnes s’engageant dans ce périple, 13 étaient des femmes et 18 étaient des enfants. Pas 99 % ni 75 % comme l’affirme Marine Le Pen, donc, mais effectivement une majorité d’hommes.De plus, la proportion pourrait se rééquilibrer, selon d’autres comptages. Ainsi, en juin, les femmes et les enfants représentaient 10 % des migrants transitant par la Macédoine (route terrestre). Une proportion passée à un tiers en septembre, selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).Presque parité dans les camps de réfugiés au Proche-OrientEn revanche, si l’on prend le problème à l’une des sources, à savoir la situation des réfugiés syriens au Proche-Orient, le constat est tout autre parmi les 4 millions de réfugiés syriens – 92 % sont actuellement dans trois pays voisins de la Syrie : la Turquie (1,9 million de personnes), le Liban (1,1 million) et la Jordanie (628 000).Lire aussi :Réfugiés syriens : la Turquie, le Liban et la Jordanie en première ligne50,5 % de femmesDans les camps de réfugiés, les femmes sont légèrement majoritaires (50,5 %). Sans surprise, la tranche d’âge majoritaire est constituée par les 18-59 ans, où les femmes sont également majoritaires (23,9 % des femmes, 21,8 % des hommes). #container_14431066811{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14431066811{ height:500px; } #container_14431066811 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14431066811 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14431066811 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14431066811 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les femmes majoritaires dans les camps de réfugiés syriens au Proche-OrientRépartition des hommes et des femmes dans les camps de réfugiés en Turquie, au Liban, en Jordanie, en Irak et en Egypte.Source : HCR(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14431066811", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#ff3232","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} %", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} %", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Total","0-4 ans","5-11 ans","12-17 ans","18-59 ans","Plus de 60 ans"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Hommes ", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 49.5 ], [ "", 9.1 ], [ "", 10.7 ], [ "", 6.5 ], [ "", 21.8 ], [ "", 1.3 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Femmes ", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 50.5 ], [ "", 8.6 ], [ "", 10.1 ], [ "", 6.1 ], [ "", 23.9 ], [ "", 1.7 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }} Ils ne fuient que la misère ? C’est fauxC’est l’autre discours récurrent sur les migrants. Ceux fuyant la guerre ne représenteraient qu’une minorité."La réalité, c'est que la grande majorité de ces gens viennent pour des raisons économiques !" #BourdinDirect— MLP_officiel (@Marine Le Pen)require(["twitter/widgets"]);Or, c’est faux. Selon les mêmes chiffres du HCR, les Syriens, venant donc d’un pays en proie à une guerre civile des plus violentes, ont représenté à eux seuls 54 % des migrants ayant traversé la Méditerranée en 2015.La deuxième nationalité la plus représentée est constituée des Afghans, pays également en proie à une guerre civile (13 %), suivis des Erythréens, venant d’un Etat sous dictature totalitaire (7 %), puis des Irakiens, également en guerre (3 %), des Nigérians, dont le pays connaît des massacres réguliers par des groupes comme Boko Haram (3 %), la Somalie, pays à l’état de décomposition avancée (2 %) … #container_14431057371{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14431057371{ height:500px; } #container_14431057371 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14431057371 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14431057371 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14431057371 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les migrants viennent majoritairement de pays en guerreTop 10 des nationalités les plus présentes parmi les migrants ayant traversé la Méditerranée en 2015. Elles représentent 90 % des arrivées maritimes.Source : HCR(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14431057371", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} %", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} %", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Syrie","Afghanistan","Erythrée","Nigeria","Irak","Pakistan","Somalie","Soudan","Gambie","Bangladesh"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Part des migrants ", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 54 ], [ "", 13 ], [ "", 7 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 3 ], [ "", 2 ], [ "", 2 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Lire aussi :Syrie, Erythrée, Afghanistan… ce que fuient migrants et réfugiésAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye L’extrême droite française, vent debout contre l’accueil de réfugiés venant de Syrie, d’Irak ou de la corne de l’Afrique, a trouvé un bouc émissaire de choix dans la crise des migrants qui secoue l’Europe : l’Allemagne. Une manifestation « contre la déferlante migratoire » est organisée, jeudi 24 septembre, devant l’ambassade d’Allemagne, à Paris, à l’initiative du Siel (Souverainisme, indépendance et libertés), un petit parti allié au Front national.La formation de Marine Le Pen n’appelle pas elle-même à participer à ce rendez-vous, qui doit réunir, entre autres, l’écrivain Renaud Camus – théoricien du « grand remplacement » –, le groupuscule islamophobe Riposte laïque, l’Action française, ou encore la porte-parole du mouvement allemand anti immigrés Pegida. Il n’empêche, le FN n’est pas en reste sur le sujet.Depuis plusieurs semaines, Angela Merkel occupe une place de choix dans les discours de Marine Le Pen, au même titre que François Hollande ou Nicolas Sarkozy. La présidente du FN n’a de cesse de dénoncer le rôle moteur de la chancelière allemande dans la mise en place d’un système de répartition des migrants dans l’Union européenne, et critique la volonté de Mme Merkel d’accueillir 800 000 personnes dès 2015 sur son propre territoire.Lire aussi :La crise des migrants contraint les politiques français à clarifier leur discours« L’Europe à la schlague »« Sans doute l’Allemagne pense-t-elle à sa démographie moribonde, et sans doute cherche-t-elle encore à baisser les salaires et à continuer à recruter des esclaves via une immigration massive », a lancé Mme Le Pen lors du discours de clôture de l’université d’été de son parti, le 6 septembre, à Marseille. De son côté, Florian Philippot a pour sa part jugé que l’Allemagne « n’en finit plus de lancer ses diktats au visage de l’Europe : sur l’euro, les migrants ou le budget ».En manifestant son opposition à Angela Merkel, le Front national réactive un couplet déjà entonné au plus fort de la crise grecque, en juin : l’Allemagne, première économie du continent, ferait valoir ses vues à l’Europe au mépris des intérêts de ses partenaires. « C’est l’Europe à la schlague, dénonce Mme Le Pen, interrogée par Le Monde. En toutes circonstances et en tous domaines, l’Allemagne impose sa loi. »Lire aussi :Marine Le Pen rétropédale sur le « Grexit »« L’Allemagne paraît grande car nous sommes à genoux »En s’en prenant à la chancelière, chef de file supposée de l’Union européenne, la présidente du FN tente d’endosser le rôle de première opposante à l’ordre européen tel qu’il existe aujourd’hui. Et de dénoncer par-là même l’action de François Hollande, renvoyé à une simple position d’« administrateur de province sous direction allemande ».« L’Allemagne nous considère comme un esclave car elle obtient ce qu’elle demande : Mme Merkel demande l’accueil de 800 000 migrants, François Hollande applaudit ; puis Mme Merkel rétablit les frontières, et François Hollande applaudit encore. L’Allemagne paraît grande car nous sommes à genoux », juge Marine Le Pen.Un renversement d’alliances en faveur de la RussieCes critiques contre une supposée « Europe allemande » s’exprimaient déjà quand le premier ministre grec Alexis Tsipras tentait, avant l’été, d’obtenir un plan d’aide pour son pays sans contreparties trop sévères en terme d’austérité. Pendant la campagne présidentielle de 2012, déjà, le Front national s’en prenait à l’Allemagne pour son rôle dans le maintien d’un euro fort.Partisane d’un renversement d’alliances en faveur de la Russie et de relations bilatérales entre Etats, la fille de Jean-Marie Le Pen assure que si elle arrivait au pouvoir, elle ne ferait plus du couple franco-allemand un moteur des décisions en Europe. Finis les conseils des ministres communs, la visite à Berlin dès la prise de fonction... « Je traiterais l’Allemagne comme je traite les autres pays. Il n’y a pas d’objectif de tension ou d’hostilité, mais s’il faut en passer par là, on le fera », déclare la députée européenne.Lire aussi :Le monde vu du Front nationalOutre-Rhin, la présidente du Front national est perçue avec une certaine circonspection. L’entreprise de dédiabolisation du parti, qui consiste d’abord à le laver tout soupçon d’antisémitisme, ne convainc pas, le discours sur l’islam ou l’immigration n’ayant pas varié par rapport à l’époque de Jean-Marie Le Pen. Au lendemain des élections européennes, en mai 2014, Angela Merkel avait jugé « regrettable » les bons résultats des partis populistes en Europe. Son ministre de l’économie, Wolfgang Schäuble, avait quant à lui estimé que les Français avaient voté non « pas pour un parti de droite, mais pour un parti fasciste ». Pas de quoi réchauffer les relations entre le FN et le gouvernement allemand.Olivier Faye Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Terre d’asile obligée pour les réfugiés du conflit syrien, la Turquie est aussi désemparée que l’Union européenne face à l’exode de ses réfugiés. L’aide financière promise mercredi 23 septembre par les dirigeants européens – un milliard d’euros débloqués en urgence en faveur d’Ankara et des Etats des Balkans – est certainement bienvenue pour le gouvernement turc. Ce dernier assure avoir déjà consacré 6,6 milliards d’euros à l’accueil des réfugiés syriens depuis 2011. Mais rien ne dit que cette enveloppe suffira à maintenir sur place les candidats à l’asile.Lire aussi :Réfugiés : l’UE débloque plus d’un milliard d’eurosEn première ligne entre la Syrie et l’EuropeDepuis 2011, et le début de la crise syrienne, la Turquie a ouvert grand ses portes aux populations civiles victimes du conflit. A cet égard, les Turcs n’en reviennent pas de voir les Etats de l’Union européenne se chamailler pour l’accueil de 120 000 réfugiés syriens quand leur pays en héberge 2,2 millions. Mais cet élan d’hospitalité – une notion sacrée en Turquie – a ses limites. 260 000 personnes seulement vivent dans les 25 camps installés le long de la frontière turco-syrienne, décrits par les humanitaires comme des « cinq étoiles » – avec réseau wifi, des épiceries et des écoles où les cours sont dispensés en arabe. La majorité des réfugiés (environ 1,9 million) sont livrés à eux-mêmes dans les grandes villes du pays. Officiellement ils sont des « invités ». La Turquie leur offre une protection et non l’asile politique, susceptible d’être accordé uniquement aux… Européens de l’Ouest. Sans emploi, sans accès à l’éducation, parfois sans toit, des centaines de milliers de familles vivent un enfer.Perçue comme trop sensible, la question des réfugiés n’est un thème de campagne pour aucun des partis en lice avant les prochaines élections législatives, le 1er novembre. Pas question de troubler l’opinion publique, déjà assez éprouvée par ce fardeau. Les tensions ne sont pas rares surtout dans des villes comme Gaziantep, non loin de la frontière turco syrienne, où le prix des loyers est désormais plus élevé qu’à Istanbul.Conditions de vie précaires dans les grandes villesA Istanbul, où on estime à 350 000 le nombre de réfugiés, presque toutes les avenues sont envahies par des femmes qui mendient à même le sol, leurs nourrissons sur les genoux, tandis que les aînés, âgés parfois de 5 ans tout au plus, se faufilent pieds nus entre les voitures pour proposer à la vente mouchoirs et bouteilles d’eau. Les ateliers de confection emploient des « petites mains » âgées de dix à douze ans pour 300 livres turques (87 euros) mensuels. Evoqué un instant, l’octroi de permis de travail aux Syriens n’est plus de mise depuis que la Turquie est en plein marathon électoral, avec deux législatives en cinq mois. Selon le centre de recherches Xsights à Istanbul, auteur d’une étude récente sur les conditions de vie des réfugiés syriens en Turquie, 82 % éprouvent des difficultés à trouver du travail, 56 % se plaignent du manque d’accès aux services sociaux, 90 % trouvent les loyers trop chers.Lire aussi :« Nous avons perdu tout espoir » : les quatre raisons de l’exode des réfugiés syriens« Le plus gros problème, c’était le travail. J’ai été pris à plusieurs reprises comme manœuvre sur des chantiers mais comme je n’étais pas déclaré, je touchais 800 livres tandis que mes collègues turcs recevaient bien plus, soit 2 000 livres », explique Mohammad Wajoukh, 50 ans, un Syrien de Damas, arrivé en Turquie en 2013 avec sa femme et leurs deux enfants. La famille s’est alors établie à Kahramanmaras, à quelques centaines de kilomètres de la frontière syrienne, avant de rejoindre Istanbul, et envisage de rejoindre la Grèce, si possible par la route.Toujours plus de candidats au départ vers l’Europe par la merLes patrouilles de gendarmes et de gardes-côtes ont beau avoir été renforcées, le flot des candidats au départ ne tarit pas, depuis la côte – Izmir, Bodrum, Marmaris, Datça, Canakkale – vers les îles grecques les plus proches. Les plus démunis embarquent à bord de canots pneumatiques, les plus aisés assurent leurs arrières, tels ces 70 Syriens arrivés récemment sur l’île de Rhodes (Grèce) à bord d’un bateau de bois long de plusieurs mètres, acheté collectivement. Selon Numan Kurtulmus, le porte-parole du gouvernement, les gardes-côtes turcs ont secouru 53 000 naufragés depuis le début de l’année tandis que 274 migrants ont perdu la vie lors de ces périlleuses traversées.La frontière terrestre avec la Grèce fermée Il faut compter aussi avec ceux qui affluent à Edirne, la dernière grande ville turque avant la frontière terrestre avec la Grèce et la Bulgarie. Près d’un millier ont été regroupés dans un stade non loin de la ville, les autorités essaient de les convaincre de faire demi-tour. Le premier ministre Ahmet Davutoglu a fait le déplacement, samedi 19 septembre, pour écouter leurs doléances. Il était temps car les réfugiés avaient, peu avant, réussi à bloquer une portion d’autoroute. « La voix de nos frères syriens a été entendue par le monde entier, ils doivent maintenant retourner à leur vie normale », a expliqué le chef du gouvernement sur son compte twitter, peu après la rencontre. Des centaines d’autres candidats au départ sont parqués depuis plusieurs jours à la gare routière de Bayrampasa à Istanbul, empêchés de monter dans les autobus en partance pour la Thrace, la partie européenne de la Turquie. Les plus déterminés sont partis à pied le long de la bande d’urgence de l’autoroute, où ils ont été refoulés par la police.Des restrictions de circulationsDans la gare de Bayrampasa, les compagnies de bus affichent aux guichets une circulaire ministérielle de 2012, stipulant que les billets sont vendus exclusivement aux titulaires du numéro qui figure sur la carte d’identité turque. Une directive interne du ministère de l’intérieur, datée du 29 août, prévoit même un renforcement des contrôles, de sorte que les réfugiés syriens ne puissent quitter sans permission les provinces de Turquie où ils ont été enregistrés. Ceux qui tentent de se rendre illégalement en Europe sont « une menace à l’ordre public » et « affectent l’image de la Turquie aux yeux du monde », explique le document dont l’agence Associated Press a pu se procurer une copie. Les contrôles visent avant tout les Syriens, soit plus de la moitié des quatre millions de réfugiés hébergés au total par la Turquie.Lire aussi :Vives tensions dans les Balkans autour des réfugiésMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.09.2015 à 11h30 • Mis à jour le24.09.2015 à 15h15 | Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) et Philippe Jacqué Il était l’un des patrons allemands les mieux payés. Sera-t-il l’un des retraités les mieux chouchoutés par son entreprise ? C’est bien possible. Martin Winterkorn, le président du directoire démissionnaire du groupe Volkswagen, qui a émargé à 15 millions d’euros de rémunérations en 2014, pourrait toucher un véritable pactole pour son départ.Si l’on en croit le rapport financier 2014 de l’entreprise, l’ancien chef d’entreprise, âgé de 68 ans, a droit à une retraite de 28,5 millions d’euros, quelles que soient les conditions de son départ. Il peut également conserver son véhicule de fonction.Lire aussi :Après le scandale, Volkswagen change de patronDe plus, dans le cadre d’un départ négocié, il peut obtenir un chèque équivalent à deux années de salaires, soit au moins 30 millions d’euros si l’on prend l’ensemble de ses rémunérations, qui additionne un salaire fixe de 1,6 million d’euros, 300 000 euros d’indemnités diverses, et 13 millions au titre de plusieurs rémunérations variables liées à la performance, etc.Scandale en 2012Cependant, pour obtenir cet avantage, il faudra voir comment le conseil de surveillance qualifiera le départ de Martin Winterkorn. S’il estime que ce dernier quitte l’entreprise pour faute, il ne pourra prétendre à rien. S’il part dans un cadre plus propice, il pourra améliorer encore plus son ordinaire.Il faut toutefois se souvenir que l’ancien patron de Volkswagen a déjà fait l’objet d’un scandale en raison de sa rémunération en 2012. Il avait touché 17 millions d’euros au titre de l’année 2011 à la suite de l’activation d’un bonus lié à l’année financière exceptionnelle du groupe automobile (15,7 milliards d’euros de bénéfices).À l’époque, c’est Berthold Huber, le président d’IG Metall, le premier syndicat du groupe, qui s’était offusqué de ce montant, avant de se rétracter, car dans le système de cogestion allemand actuel, les syndicalistes votent les rémunérations des dirigeants. Aujourd’hui, c’est le même Berthold Huber qui dirige le conseil de surveillance de Volkswagen.Des sanctions attendues au niveau du managementLa direction de Volkswagen (VW) doit annoncer, vendredi 25 septembre, qui succédera à Martin Winterkorn à la tête du groupe d’automobile allemand. Le nom le plus souvent avancé est celui de Matthias Müller, l’actuel patron de Porsche.La direction du groupe a aussi indiqué qu’elle annoncera, à cette occasion, un certain nombre de remaniements au sein de ses différentes filiales et marques. Selon le Spiegel online, quelques têtes devraient ainsi tomber : notamment celles d’Ulrich Hackenberg, le patron de la R&D d’Audi, Heinz Jakob Neusser, patron du développement moteurs chez VW, et Wolfgang Hatz, membre du Board pour la R&D chez Porsche. Volkswagen et Porsche n’ont pas souhaité commenter l’information.Cécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au MondePhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Baptiste Chastand La clôture anti-migrants érigée par la Hongrie n’a pour l’instant aucun effet sur le flux de migrants tentant de rejoindre l’Europe par la « route des Balkans ». Au contraire, le nombre de réfugiés entrant sur le territoire hongrois a même atteint un nouveau record, mercredi 23 septembre, avec le passage de 10 046 personnes en une seule journée. La précédente journée record remontait au 14 septembre, la veille de la fermeture complète de la clôture entre la Hongrie et la Serbie, avec 9 380 entrées.Lire aussi :La Hongrie a connu un afflux record de réfugiés mercrediLa clôture érigée à la demande du premier ministre ultra-conservateur hongrois, Viktor Orban, n’a eu pour effet que de dériver le flux des migrants. Alors que ceux-ci rejoignaient jusqu’au 15 septembre directement Budapest depuis Belgrade, en longeant plus ou moins l’autoroute reliant les deux capitales, ceux-ci doivent désormais passer par la Croatie, plus à l’ouest. De la frontière avec la Serbie, ce pays les emmène ensuite par bus à la frontière hongroise.Voir aussi notre cartographie : La Hongrie, verrou sur la porte de l’EuropePour l’instant, la Hongrie accepte ensuite de les amener en Autriche. Seule la frontière serbo-hongroise est protégée par une clôture de quatre mètres. Le gouvernement hongrois a commencé à prolonger cette clôture vers la Croatie et a déjà déposé des rouleaux de barbelés, mais elle laisse encore les migrants rentrer par la petite ville de Beremend. De là, ils sont amenés en bus ou en train – sans même être enregistrés – vers le nord du pays et la frontière autrichienne. La Hongrie, qui a annoncé des mesures très dures contre les migrants comme des sanctions de trois ans de prison pour le franchissement de la clôture, a déclaré tolérer le passage des migrants « vulnérables ». En organisant ces convois par bus et par train, Viktor Orban cherche surtout à éviter un retour à la situation antérieure, lorsque des milliers de migrants dormaient devant les gares de Budapest, sous les yeux des habitants de la ville.Mauvais souvenirsL’arrivée massive de migrants en Croatie, pays qui était jusqu’ici à l’écart de la route des Balkans, suscite toutefois de nombreuses tensions avec son voisin serbe. Sept des huit points de passage entre les deux pays sont complètement fermés. Jugeant son pays débordé, le ministre de l’intérieur croate a annoncé jeudi qu’il allait fermer cet ultime point de passage à tous les véhicules serbes, alors que l’entrée des poids lourds est déjà bloquée depuis lundi. Cette mesure a été prise en représailles de la décision serbe de bloquer les camions et produits croate mercredi soir.« Il n’y aura ni guerre ni violence, tout va se passer dans le calme, mais ce n’est pas un comportement normal »Les deux pays – non membres de l’espace Schengen – sont libres d’appliquer de telles restrictions à leurs citoyens, mais ces décisions réveillent de mauvais souvenir dans une région qui reste marquée par la guerre des Balkans déclenchée par la déclaration d’indépendance de la Croatie en 1991. Jeudi matin, le ministre de la justice serbe a déclaré se sentir « brutalement attaqué » par la décision croate. « Il n’y aura ni guerre ni violence, tout va se passer dans le calme, mais ce n’est pas un comportement normal [de la part de la Serbie] », a toutefois voulu rassurer le premier ministre croate, Zoran Milanovic, depuis Bruxelles, mercredi soir.Selon les médias croates, Zagreb souhaiterait que la Serbie redirige au moins une partie du flux de réfugiés directement vers la Hongrie, via le poste frontière d’Horgos, sur l’autoroute Belgrade-Budapest. C’est à ce poste de frontière qu’ont eu lieu le 16 septembre des affrontements entre les migrants bloqués et la police hongroise. Depuis, les migrants ne passent plus par cet endroit et l’autoroute a même pu être rouverte dimanche. Il semble peu probable que la Hongrie, qui tient à montrer l’efficacité de sa clôture, autorise à nouveau les migrants à passer par là.Lire aussi :« Nous avons perdu tout espoir » : les quatre raisons de l’exode des réfugiés syriensJean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) C’était le sommet dont personne ne voulait, sauf la chancelière Angela Merkel et le premier ministre hongrois Viktor Orban. Décidé en urgence, il aura au moins permis aux Européens de se reparler, mercredi 23 septembre, et de recoller les morceaux après le conseil des ministres de l’intérieur qui, la veille, avait vu quatre pays de l’Est se dissocier de leurs partenaires au sujet de l’accueil de 120 000 réfugiés. La Hongrie, la Roumanie, la République tchèque et la Slovaquie ont voté contre ce dispositif de répartition des réfugiés entre pays membres.Lire aussi :L’UE impose la répartition de 120 000 réfugiés« Les tensions n’ont pas disparu, mais ne se sont pas manifestées, aucun pays n’a dit vouloir se dégager de ses obligations », a commenté François Hollande. Tout au plus Angela Merkel a-t-elle eu un échange un peu vif avec le populiste M. Orban, qui a, selon une source proche des discussions, dénoncé « l’impérialisme moral » de la chancelière, lui reprochant d’avoir, fin août, appelé les dirigeants de l’Union européenne (UE) à l’humanité face aux populations fuyant la guerre en Syrie.L’urgence, désormais, pour les dirigeants européens, est de protéger les frontières extérieures de l’Union, de « contenir » le flux des migrants. « Il y a 8 millions de Syriens déplacés dans leur pays, 4 millions dans les pays voisins. Cela fait des millions de réfugiés potentiels susceptibles de gagner l’Europe, sans parler de l’Erythrée, de l’Afghanistan, etc. », a souligné, en préambule de la réunion, Donald Tusk, le président du Conseil européen.L’aide humanitaire annoncée mercredi vise notamment à « fixer » les réfugiés près de leur pays d’origine, en améliorant un peu leur quotidien. Les Etats membres se sont engagés à augmenter d’« au moins 1 milliard d’euros » leur aide aux pays voisins de la Syrie (Turquie, Jordanie, Liban). Ces fonds devraient aller aux agences des Nations unies et au Programme alimentaire mondial (PAM), dont les moyens ont été rabotés, ce qui a entraîné le départ de nombreux Syriens des camps de réfugiés. Selon la Commission européenne, 38 % seulement des fonds réclamés par les agences humanitaires pour aider les réfugiés syriens ont été versés jusqu’ici.Renforcement de FrontexAutre décision, maintes fois annoncée : le renforcement des moyens de l’agence de surveillance Frontex, qui devrait organiser des retours rapides (et « dignes », souligne M. Hollande) des déboutés du droit d’asile, alors qu’actuellement moins de 40 % d’entre eux quittent effectivement l’Europe. La Commission a annoncé que 1,3 million d’euros supplémentaires – à trouver dans le budget de l’Union – devraient aller à Frontex en 2015, ainsi qu’au Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO) et à Europol.Lire aussi :L’Union européenne va aider davantage les agences de l’ONU venant en aide aux réfugiésLa France, elle, a de nouveau insisté sur la nécessité de faire fonctionner (dès novembre) les « hot spots ». La Commission persiste à appeler « équipes de soutien à la gestion de la migration » ces structures chargées de l’enregistrement, de l’orientation et du retour éventuel des déboutés du droit d’asile. Paris ajoute qu’il doit s’agir aussi de centres de rétention à établir en Grèce et Italie. La Hongrie refuse tout « hot spot », la Bulgarie en réclame un. Une évidente confusion règne quant à la mission exacte de ces structures. Les Européens l’ont tous reconnu mercredi soir : il faut lancer une « offensive diplomatique » vis-à-vis de la Turquie, sans laquelle la stratégie européenne d’endiguement des réfugiés ne fonctionnera pas. M. Tusk a déjà effectué une visite à Ankara début septembre, le pays sera convié à une réunion conjointe des ministres des affaires étrangères et de l’intérieur, à Luxembourg, au début du mois d’octobre.La question turque est toutefois très épineuse. Elle divise les Vingt-Huit, en désaccord sur le problème kurde, la démarche de préadhésion à l’Union ou l’éventuelle inscription du pays sur une liste des « Etats sûrs ». Et les dirigeants se font peu d’illusions. « Avant les élections du 1er novembre en Turquie, il sera difficile d’avancer sur quoi que ce soit », confiaient des diplomates européens, mercredi.Athènes sous pressionAu sujet des frontières, c’est la Grèce qui est dans le collimateur. Plusieurs capitales estiment que le manque de contrôle à la frontière gréco-turque, devenue première porte d’entrée des migrants en Europe, est l’un des problèmes urgents à résoudre. Athènes semblait d’autant plus sous pression, mercredi, qu’elle va bénéficier de plus de 50 000 « relocalisations » supplémentaires de réfugiés présents sur son territoire, grâce au mécanisme de relocalisation de 120 000 réfugiés agréé mardi.Beaucoup à Bruxelles soulignent les retards accumulés par les Grecs pour la mise en place des « hot spots ». Ils déplorent aussi que le pays n’ait pas davantage sollicité l’aide européenne à laquelle il peut prétendre pour financer l’accueil des milliers de réfugiés qui chaque jour désormais parviennent sur ses côtes.La Commission a d’ailleurs, mercredi, peu avant le sommet, officiellement lancé 40 procédures pour infraction au droit de l’Union en matière de droit d’asile, visant 19 pays (dont la France), mais pointant particulièrement les déficiences grecques. « C’est à la Grèce de faire une demande d’aide à l’Union, on ne peut rien lui imposer. On a fait passer le message à Alexis Tsipras », affirmaient plusieurs sources, mercredi.Lire aussi :La Commission européenne épingle 19 pays pour non-respect du droit d’asileCertains, comme la Hongrie, réclament des mesures radicales. Ils veulent imposer à Athènes un corps de gardes-frontières européens. Une option peu réaliste à court terme, même si la Commission a proposé de relancer, avant la fin de l’année, son projet de création d’un corps unifié de gardes-côtes.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.09.2015 à 03h48 • Mis à jour le24.09.2015 à 09h22 Les 28 Etats membres de l’Union européenne (UE) sont convenus mercredi 23 septembre de mobiliser au moins 1 milliard d’euros supplémentaires pour les agences de l’ONU venant en aide aux réfugiés dans les pays voisins de la Syrie, a indiqué le président du Conseil européen Donald Tusk. Cette décision intervient au lendemain de l’accord sur la répartition de 120 000 réfugiés entre les différents Etats de l’UE.L’enveloppe tirée du budget européen ira principalement au Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations unies (HCR) et au Programme alimentaire mondial (PAM), a-t-il confirmé, à l’issue d’un sommet européen à Bruxelles sur la crise migratoire.Lire aussi :L’UE impose la répartition de 120 000 réfugiés« Le PAM a besoin d’argent »Donald Tusk avait insisté la semaine dernière dans une lettre adressée aux chefs d’Etat européens, sur les besoins urgents du Programme alimentaire mondial. Faute de moyens, il a été contraint de réduire la distribution de rations et de coupons alimentaires aux réfugiés syriens établis en Jordanie, en Turquie et au Liban.« C’est une question qui ne peut pas attendre. Le PAM a besoin d’argent pour fournir de la nourriture à onze millions de personnes en Syrie et dans la région. »Le président du Conseil a par ailleurs annoncé que les « hot spots », des centres d’accueil et d’enregistrement des migrants en Italie et en Grèce, seront mis en place « d’ici à la fin novembre ». Ces centres d’accueil, installés dans les pays situés en première ligne face à l’afflux de demandeurs d’asile, doivent permettre d’identifier, d’enregistrer et de prendre les empreintes digitales des migrants, avec une aide logistique d’agences de l’UE. C’est à partir de ces lieux que seront « relocalisés » des réfugiés vers d’autres Etats membres et que devront être renvoyés vers leurs pays d’origine ceux qui seront considérés comme des migrants illégaux, sans besoin d’une protection internationale.Lire aussi :Comment fonctionneront les « hot spots » censés gérer l’accueil des migrants en Europe ?Une aide pour la gestion des frontières extérieures de l’UEPour tenter d’endiguer les problèmes aux frontières périphériques de l’UE, des ressources additionnelles vont aussi être attribuées aux agences européennes chargées des contrôles, avec le renfort de personnel et de matériel en provenance des Etats membres.« Une gestion et un contrôle corrects de nos frontières extérieures relèvent de notre responsabilité commune. Ce serait injuste de faire porter tout le fardeau par l’Italie, la Grèce ou d’autres pays », a expliqué M. Tusk.François Hollande promet « 100 millions d’euros sur deux ans »Côté français, le président François Hollande a précisé que la France allait dégager « 100 millions d’euros sur deux ans » pour l’aide aux réfugiés. Cet argent sera affecté au « Programme d’aide alimentaire, le PAM, mais également à l’aide aux réfugiés », a déclaré M. Hollande lors d’une conférence de presse, à l’issue du sommet européen. « Ces moyens vont aller précisément dans les camps de réfugiés pour que ces hommes, ces femmes, ces familles, puissent vivre dignement. C’est aussi un argent qu’il n’y aura pas à dépenser autrement parce que si ces réfugiés viennent dans notre pays, au regard du droit d’asile, nous les accueillerions et nous savons que ça aurait des conséquences également financières », a-t-il expliqué. Françoise Fressoz « Une manipulation, il n’y a que les imbéciles pour y croire. » Invité mercredi de l’émission Questions d’info sur LCP en partenariat avec Le Monde, France Info et l’AFP, Noël Mamère a opposé une fin de non-recevoir à la consultation citoyenne proposée par le premier secrétaire du parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis avant les élections régionales de décembre, pour tenter de ressouder la gauche.« C’est du bidon, ça ne changera rien du tout. Cambadélis me fait penser au mécano de la Générale. Il invente une petite combine politicienne pour montrer du doigt les écologistes et dire : “Les vilains, c’est à cause d’eux que Mme Le Pen risque de devenir présidente de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie”. Mais vous avez vu ce qu’ont donné cinquante ans de socialisme de notables, de petits barons, et de grands barons ? » Le député et maire de Bègles, ancien candidat écologiste à la présidentielle, analyse froidement la décomposition de la gauche : « Tout est à reconstruire pour retrouver l’adhésion des citoyens et ça ne se fera pas par le haut, par les appareils mais par le bas. » Selon lui, « petit à petit, la droite extrême a contaminé la droite républicaine et aujourd’hui, il y a une sorte d’hégémonie culturelle que symbolise Mme Le Pen. »La longue descente aux enfers d’EELVUn rien désabusé, l’élu observe : « J’ai 66 ans, je vois la nouvelle génération arriver, les trentenaires, mais qu’ont-ils fait, tous ces responsables que vous interviewez ? Ils ont été lycéens et étudiants dans les manifs. Après, ils sont devenus assistants parlementaires. Ils ont été fabriqués par les appareils ; ils ont vécu dans le hors-sol. Or, pour changer le monde, il faut savoir regarder le monde tel qu’il est. »Noël Mamère n’est guère plus tendre avec Europe-Ecologie-Les Verts dont il a claqué la porte en 2013. « C’est une longue descente aux enfers qui a commencé par un immense espoir, observe-t-il. Nous avions fait entrer massivement, dans une préfiguration de ce qu’est devenu Podemos en Espagne, des personnalités de la société civile : une juge, Eva Joly, un faucheur volontaire, José Bové, un directeur des campagnes de Greenpeace France, Yannick Jadot, une responsable de France nature environnement, Sandrine Bélier, un responsable de la fondation Nicolas Hulot, etc... L’appareil des Verts, que j’ai appelé la firme, a empêché la réussite de la coopérative pour garder la main et conserver le pouvoir sur le parti. A partir de là, tout s’est effiloché. »Lire aussi :« La question des alliances et du pouvoir » au cœur de la crise d’EELVSi Cécile Duflot se porte candidate à l’élection présidentielle en 2017, Noël Mamère la soutiendra parce que, dit-il, « il y a toujours eu un candidat écologiste à l’élection présidentielle depuis 1974 » et que « ce ne sont pas les candidatures écologistes qui favorisent le Front national. » S’il refuse d’employer le mot « trahison », il juge que la politique de François Hollande n’est pas conforme aux engagements pris : « La problématique de l’écologie ne figure pas au cœur des politiques publiques » déplore-t-il.Alors qu’une partie des écologistes est tentée par une alliance avec le Front de gauche, Noël Mamère se raidit : « Nous n’avons pas à nous définir par rapport à Mélenchon. Quand il nous explique que s’il avait à choisir entre l’Europe et la souveraineté ou le souverainisme, il choisirait le second, je ne suis pas d’accord. Moi, je suis un européen convaincu, comme tous les écologistes. » Pour le député-maire de Bègles, « le clivage politique aujourd’hui ne porte pas sur nos petites histoires mesquines d’Europe-Écologie-Les Verts mais sur l’euro, sur l’Europe ». Et de dénoncer avec force le « comportement de gens qui, comme Jacques Sapir, osent proposer un front de libération qui irait de l’extrême gauche jusqu’à l’extrême droite. » Françoise FressozéditorialisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Entre les islamo-conservateurs du Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir) et les prokurdes du Parti démocratique des peuples (HDP, gauche), la cohabitation aura été de courte durée. Mardi 22 septembre, les deux ministres prokurdes – Müslüm Dogan, ministre du développement, et Ali Haydar Konca, ministre de l’intégration européenne – ont profité d’une session du conseil des ministres pour présenter leurs démissions, aussitôt acceptées par le premier ministre, Ahmet Davutoglu. Ils étaient les deux seuls ministres non AKP du gouvernement intérimaire formé le 28 août pour gérer les affaires courantes d’ici aux législatives du 1er novembre.« L’AKP mène une logique de guerre et de coup d’Etat », a dénoncé Ali Haydar Konca dans une déclaration lue à la presse mardi soir. « Le palais et le parti aux ordres du palais ont déclenché la guerre à cause du résultat des législatives du 7 juin », a-t-il ajouté. L’AKP a subi un revers lors de ce scrutin législatif avec la perte de sa majorité absolue au Parlement, du jamais vu en treize ans de son règne sans partage sur le pays. Alors que les voix kurdes s’exprimaient jusque-là en faveur des islamo-conservateurs, elles sont allées cette fois-ci au HDP, qui a obtenu 13 % des suffrages et 80 députés.Reprise des hostilités avec le PKKLe succès du HDP a compromis le rêve du président Recep Tayyip Erdogan de devenir l’« hyper »-président du pays, sans freins à son pouvoir. Pour ce faire, son parti doit compter 367 députés sur les bancs de l’Assemblée. Avec 258 parlementaires élus le 7 juin, il est loin du compte. M. Erdogan espère que la répétition du scrutin sera l’occasion pour les électeurs de corriger leur erreur. « Le 1er novembre approche. Nous attendons de vous un dernier effort. Je vous demande non pas 400 mais 550 députés, authentiques et nationaux. Vous comprenez ce que je veux dire ? » a-t-il lancé à ses partisans, rassemblés sous la bannière de la « lutte contre le terrorisme », dimanche 20 septembre à Yenikapi, un quartier d’Istanbul.Lire aussi :Manifestation monstre à Istanbul contre le « terrorisme » des rebelles kurdesLe ton est insistant. Mardi soir, dans une adresse aux électeurs sur la chaîne Kanal 7, le chef de l’Etat a réitéré : « Si vous voulez la confiance, si vous voulez la prospérité, il faut réfléchir pour qui nous allons voter. Vous savez ce que nous vivons depuis cinq mois… » Depuis la fin du mois de juillet, les hostilités ont repris entre l’armée turque et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie), anéantissant l’espoir de paix né des pourparlers lancés en 2012. Dans les régions majoritairement peuplées de Kurdes dans le sud-est du pays, les attentats et les représailles sont redevenus le lot quotidien. C’est comme si ces régions étaient revenues treize ans en arrière, à l’époque de la sale guerre des années 1990-2000, avec son cortège de morts (40 000 au total), d’exécutions sommaires (plus de 3 000), de villages détruits.« A la nuit tombée, les commerçants déroulent leurs rideaux de fer et les rues se vident. Nous vivons à nouveau dans l’angoisse. »« A la nuit tombée, les commerçants déroulent leurs rideaux de fer et les rues se vident. Nous vivons à nouveau dans l’angoisse », confie Ekrem Kaya, professeur d’anglais à Mardin, dans le sud-est de la Turquie, contacté par téléphone. Le PKK n’est pas en reste. Régulièrement, les convois des forces de l’ordre sautent sur des mines placées sur les routes par les rebelles avant leur passage. Selon les données officielles, 90 % des attaques les plus meurtrières se déroulent de cette façon. Le 6 septembre à Daglica (près de la frontière irakienne), 17 soldats ont été tués dans l’explosion de leurs véhicules.Les propos des deux ministres ont été désavoués par Numan Kurtulmus, le porte-parole du gouvernement, irrité par la virulence de leur charge. Les deux ministres ont ainsi accusé l’élite islamo-conservatrice de ne pas envoyer ses enfants au service militaire. Ces derniers « se font faire des dispenses médicales » ou « achètent leur défection » (une procédure légale sous certaines conditions en Turquie) alors que « les enfants des pauvres n’ont pas d’autre choix que de se sacrifier ».Les deux démissionnaires se sont décrits comme « écartés » de la prise de décision au gouvernement. Le 9 septembre, ils faisaient partie d’une délégation du HDP en route vers la ville de Cizre, à la frontière de la Syrie et de l’Irak, soumise pendant huit jours à un blocus total de la part des forces spéciales. Vingt-trois personnes ont alors trouvé la mort, dont plusieurs civils privés de soins, les ambulances étant empêchées de circuler. Après avoir marché des dizaines de kilomètres à pied, la délégation du HDP a été stoppée par un cordon de police. Il lui a fallu plusieurs jours pour pouvoir entrer dans Cizre dévastée.Lire aussi :La ville turque de Cizre, épicentre de la reprise des combats entre Ankara et les KurdesMarie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Baptiste Chastand (Röszke, Hongrie, envoyé spécial) Un indescriptible chaos régnait, mardi 15 septembre, à la frontière entre la Serbie et la Hongrie, au lendemain de la décision de Budapest de fermer totalement sa frontière aux migrants. Effective depuis minuit, l’initiative a bloqué sur la route entre les deux pays plusieurs centaines de migrants qui essayaient de rejoindre au plus vite l’Allemagne en passant par la Hongrie. En colère, ceux-ci ont bloqué, mardi midi, l’autoroute reliant Belgrade à Budapest, qui était totalement fermée à la circulation.Devant les barricades de la police hongroise, les candidats à l’asile ont protesté en criant « Open, open, open », certains d’entre eux promettant même dans un acte de désespoir de mener une grève de la faim tant qu’ils ne pourraient pas passer. De l’autre côté, la police hongroise leur a demandé, en arabe, de se disperser. Sans succès, les migrants s’amassant le long des barricades, en plaçant les enfants devant au cas où les policiers et les militaires hongrois tenteraient de les disperser par la force.Lire aussi :La Hongrie veut construire une clôture antimigrants à sa frontière avec la RoumanieDans l’après-midi, pour décourager tout contournement de la frontière avec la Serbie, le gouvernement a annoncé son intention d’ériger une barrière similaire le long de la Roumanie. Les grillages s’étendraient « du point de jonction entre les frontières serbe, hongroise et roumaine sur une distance raisonnable », a déclaré le ministre hongrois des affaires étrangères, Peter Szijjarto, lors d’une conférence de presse à Budapest : cette mesure « est nécessaire étant donné que les passeurs pourraient changer leur route en raison de la clôture existante à la frontière serbo-hongroise », a-t-il expliqué.Conditions très particulièresAprès avoir marché 35 kilomètres le long de la clôture avec sa famille, John Ngoma, un congolais de 30 ans qui espère rejoindre la France, ne cachait pas son inquiétude. « Savez-vous ou on peut passer ? Est-ce qu’on peut demander l’asile en Hongrie », demande-t-il, un peu perdu, en se reposant dans un petit bosquet. « Opposant politique » en République démocratique du Congo, John Ngoma a réussi à obtenir un visa pour la Turquie, avant de tenter de rejoindre l’Europe par la Grèce et la route des Balkans. Bloqué devant la clôture, il hésite désormais à passer par un autre pays ou à déposer une demande d’asile en Hongrie.Alors qu’elles avaient pourtant annoncé la semaine dernière qu’elles y renonçaient, les autorités hongroises ont en effet officiellement installé mardi matin deux « zones de transit » à la frontière avec la Serbie, dont une tout près de l’autoroute de Röszke. Les migrants devraient être autorisés à y rentrer, mais dans des conditions très particulières : « Les personnes dans les zones de transit ne se trouveront pas sur le territoire hongrois d’un point de vue légal, mais comme dans une zone de transit d’aéroport », a expliqué le porte-parole du gouvernement hongrois lundi matin.Lire aussi :Afflux record de migrants en Hongrie avant la fermeture de sa frontière avec la SerbieÀ Röszke, cette « zone de transit » consiste en réalité en quelques containers accolés à la clôture. Une petite porte y donne accès. Elle s’ouvre de manière imprévisible. Derrière, trois policiers hongrois en masque acceptent de recevoir à chaque fois quelques migrants, alors que des dizaines se précipitent pour tenter de rentrer. Selon les ONG hongroises présentes sur places, les migrants doivent ensuite officiellement déposer leurs demandes d’asile en Hongrie, laisser leur empreinte digitale, et surtout prouver que la Serbie n’est pas un pays sûr pour eux, conformément à la nouvelle législation. Tous ceux qui ne remplissent pas ces conditions seront normalement immédiatement refoulés en Serbie.« On doit aussi être des humains »Pour décourager encore davantage les migrants, le gouvernement hongrois a annoncé, mardi, que soixante migrants avaient été arrêtés depuis lundi minuit en vertu de la nouvelle législation pénalisant de trois ans de prison ferme les migrants passant la clôture. Ces personnes « ont été arrêtées par la police alors qu’elles cisaillaient ou endommageaient la clôture (…) La police a ouvert une procédure pénale à leur encontre », a précisé un autre porte-parole du gouvernement, Gyorgy Bakondi. L’état d’urgence a été décrété dans les deux régions sud du pays, autorisant l’armée à contrôler les frontières, au côté de la police. Autant de mesures qui laissent peu d’espoirs aux migrants qui espéraient traverser la Hongrie.Parmi les migrants attendant une hypothétique ouverture de la frontière, Mohamed, un syrien, se démenait lui pour retrouver sa femme qui avait pu passer la clôture peu avant sa fermeture. « Nous étions un groupe de treize, nous avons creusé un trou sous la clôture, mais seuls onze ont pu passer avant que la police n’arrive », explique-t-il, particulièrement inquiet. Si lui compte tout faire pour passer, des dizaines d’autres migrants semblaient eux déjà chercher une autre voie pour parvenir en Europe, en se dispersant dans la campagne serbe à la recherche d’un taxi pouvant les amener plus loin.Mardi matin, le premier ministre ultra-conservateur hongrois Viktor Orban semblait de facto en passe de réussir son pari de barricader complètement son pays. « Le message que nous voulions faire passer est : “Ne venez pas, cette route ne vous mène pas à destination”. Selon nos données, les migrants ont compris ce message et les passeurs aussi », s’est ainsi félicité M. Bakondi. Venu assister à la fermeture de la frontière, l’ancien premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsány, a lui réclamé à Viktor Orban « de venir ici regarder les migrants dans les yeux pour comprendre leur misère. On doit respecter les obligations de Schengen mais on doit aussi être des humains », a-t-il expliqué, admettant toutefois que « deux tiers des Hongrois ne veulent pas accueillir les migrants ».Lire aussi :Hongrie : une « atmosphère de guerre » contre les migrantsJean-Baptiste Chastand (Röszke, Hongrie, envoyé spécial)Journaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Delphine Roucaute (Budapest, envoyée spéciale) Face à l’arrivée massive de migrants – fuyant principalement la Syrie et l’Irak – à sa frontière avec la Serbie, le gouvernement hongrois a fait voter, le 4 septembre 2015, une loi pénalisant le passage illégal de la frontière. Ces mesures législatives anti-immigration entrent en vigueur mardi 15 septembre et déclenchent l’inquiétude des associations de défense des droits de l’homme. L’avocate Marta Pardavi, coprésidente du comité Helsinki hongrois (comité de surveillance du respect des droits de l’homme), éclaire les points essentiels qui vont changer l’accueil fait aux migrants aux portes orientales de l’Europe.Lire aussi :La Hongrie veut construire une clôture antimigrants à sa frontière avec la RoumanieQuelles dispositions introduit la loi votée le 4 septembre ?Marta Pradavi : Cette nouvelle loi introduit dans le code pénal un amendement qui rend illégal le passage de la clôture de barbelés érigée le long de la frontière avec la Serbie. Pour le moment, et depuis les années 1990, le franchissement de la frontière est un délit. Aujourd’hui il devient un crime passible de trois ans de prison. La clôture est plus symbolique qu’autre chose, mais il faut noter qu’elle ne suit pas exactement le tracé de la frontière. Haute d’un mètre, elle est actuellement renforcée d’une deuxième barrière d’une hauteur de trois mètres, plus stable et plus difficile à traverser.Lire notre reportage à la frontière serbo-hongroise :La Hongrie a fermé sa frontière aux migrantsLa loi prévoyait également d’élargir la « zone frontière » à une soixantaine de mètres. Cette « zone frontière » aurait été une zone fictive dans laquelle les migrants devraient rester en attente d’une décision sur leur sort. Le gouvernement voulait faire construire des camps fermés, en forme de « U » aux sorties tournées vers la Serbie, dans lesquels les demandes d’asile seraient examinées dans le cadre de procédures accélérées. L’objectif était que tout ce qui concerne les migrants se passe là-bas. [Mais le gouvernement a finalement annoncé renoncer à ces camps fermés pour privilégier une intervention de l’armée à la frontière.]Quels seront les moyens pour les migrants d’entrer légalement en Hongrie ?Le gouvernement ne cesse de répéter qu’il veut que les migrants entrent légalement en Hongrie. Mais pour cela, il leur faudrait un passeport Schengen et un visa, choses qu’ils ne peuvent en aucune manière se procurer. Cette loi, c’est la réalisation pratique de cette conception hypocrite de l’Europe selon laquelle il y a un moyen légal de franchir ses portes, et qui est omniprésente dans la communication du gouvernement Orban.Il existe des portes et des brèches dans la clôture, notamment au niveau des routes et des rails du train qui relie Belgrade à Budapest, et qui croisent la clôture au niveau de la ville de Röszke [mais ces brèches ont été fermées dans la nuit de lundi à mardi]. Les migrants devront se présenter aux postes-frontières officiels, demander l’asile en Hongrie et attendre leur réponse dans la nouvelle zone frontière. Mais le gouvernement n’a pas l’intention d’accueillir un grand nombre de migrants. A partir de mardi, la seule solution pour la plupart des migrants, c’est le renvoi vers la Serbie.Cette loi est-elle conforme à la convention de Genève sur les réfugiés ?Non. L’article 31 de la convention de Genève dit que l’on ne peut pas sanctionner les demandeurs d’asile en cas de passage illégal. Le comité Helsinki a d’ailleurs proposé de transposer cet article dans le code pénal hongrois, mais n’a pas vraiment été écouté. De son côté, le gouvernement dit qu’il respecte Schengen et ses frontières, mais pas la convention de Genève. Il respecte les règles qui l’arrangent, celles qui lui permettent de garder les migrants en dehors de ses frontières.Lire aussi :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ? Quelles sont les suites à attendre de ce renforcement de l’attitude hostile du gouvernement face aux migrants ?Une autre loi doit être votée au Parlement le 21 septembre et entrer en vigueur le 1er octobre, élargissant les compétences de la police et de l’armée. Selon le projet de loi actuellement à l’étude, le gouvernement aura le droit de décréter un « état de crise » causé par l’immigration, un nouveau statut permettant des interventions spéciales. La police pourra notamment rentrer n’importe où, sans avoir à demander de mandat. De son côté, l’armée pourra utiliser des armes dans l’enceinte du pays, alors même qu’il ne sera pas en situation de guerre. En principe, les soldats pourront tirer à la frontière en cas d’actes de violence et auront l’autorisation de blesser mais pas de tuer. Ils pourront donc par exemple tirer dans les jambes des migrants tentant de s’enfuir. C’est une véritable atmosphère de guerre, comme s’il s’agissait d’un ennemi dont il faut protéger le pays.Les critères permettant le déclenchement d’un « état de crise » sont par ailleurs assez précis : si 500 migrants pénètrent sur le territoire tous les jours pendant un mois, s’il y a une moyenne de 750 entrées sur deux semaines, ou 800 par jour en une semaine. Mais également si le nombre de personnes dans la zone de transit atteint le chiffre de 2 000 personnes par jour en une semaine. Enfin, s’il y a des phénomènes de violence en ville impliquant des migrants, comme par exemple si trois Afghans hurlent dans les rues de Szeged. Mais ce dernier point est tellement scandaleux qu’il ne passera peut-être pas lors du vote.Avec toutes ces règles, il y aura sûrement de gros conflits où la police et l’armée pourront intervenir avec des armes. On assiste à la réalisation de l’intention du gouvernement de refuser toute protection aux migrants. Mais les lois ne peuvent changer qu’avec une opposition politique très ferme.Cette opposition politique existe-t-elle en Hongrie ?Non, les Hongrois sont devenus très apolitiques. Seule l’Union européenne peut avoir un impact sur la politique du gouvernement. Mais ça va être très compliqué pour le premier ministre Viktor Orban de reculer. Son discours officiel consiste à dire que reculer devant Bruxelles pourrait jouer en faveur de l’extrême droite et faire le lit du parti Jobbik. Mais l’attitude qu’a actuellement le gouvernement a une dimension importante, qui dépasse le contexte européen. Il y a un risque de banalisation de l’extrême droite. C’est une honte qu’un gouvernement responsable puisse faire la promotion de cette politique anti-migrants. Le seul rayon de soleil dans toute cette politique est la solidarité entre humains que l’on voit à l’œuvre dans l’engagement des bénévoles auprès de ces populations.Delphine Roucaute (Budapest, envoyée spéciale)Journaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.09.2015 à 13h02 • Mis à jour le15.09.2015 à 13h03 La justice turque a ouvert une enquête pour « propagande terroriste » contre le puissant groupe de médias Dogan, propriétaire du quotidien Hürriyet et de la chaîne d’information CNN-Türk, a rapporté l’agence de presse progouvernementale Anatolie, mardi 15 septembre.Le groupe est accusé d’avoir publié des images « non censurées » de soldats turcs tués lors de récents attentats commis par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et d’avoir au contraire flouté d’autres photos de combattants rebelles morts, a précisé Anatolie.Parmi les autres chefs d’accusation visant Dogan, l’agence Anatolie cite également le récent entretien d’une jeune militante qui a rejoint les rangs du PKK, diffusé sur CNN-Türk. Le siège de Hürriyet à Istanbul a été attaqué à deux reprises ces derniers jours par des partisans du président islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan. Les manifestants reprochaient au quotidien d’avoir déformé des propos du chef de l’Etat.Les médias turcs régulièrement intimidésDepuis son arrivée au pouvoir en 2003, M. Erdogan s’en est pris à plusieurs reprises au groupe de presse Dogan. A deux mois des élections législatives anticipées du 1er novembre, le chef de l’Etat est accusé par ses détracteurs de vouloir faire taire toute critique contre son régime. Il est également accusé d’exploiter les affrontements entre l’armée et le PKK pour remporter les élections législatives. M. Erdogan a vivement rejeté ces allégations.Lundi, le directeur de la publication du magazine Nokta a été interpellé et le siège du journal perquisitionné après la publication en première page de son dernier numéro d’un photomontage présentant M. Erdogan prenant un « selfie » devant le cercueil d’un soldat.La Turquie est régulièrement épinglée par les ONG de défense de la liberté de la presse, qui reprochent à son gouvernement ses pressions récurrentes sur les journalistes. Début septembre, une importante opération de police avait eu lieu à Ankara dans les locaux appartenant au groupe de médias Ipek, critique envers le régime islamo-conservateur et réputé proche de Fethullah Gülen, ennemi juré du président Erdogan.Lire aussi :Erdogan le despote et la presse turque 15.09.2015 à 10h52 • Mis à jour le15.09.2015 à 11h03 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Le ministre allemand de l’intérieur, Thomas de Maizière, a évoqué, mardi 15 septembre, la possibilité de réduire les fonds structurels versés par l’Union européenne (UE) aux pays qui rejettent l’idée de quotas de répartition des réfugiés, après un nouveau fiasco européen la veille sur les migrants. Les ministres de la justice et de l’intérieur de l’UE se sont quittés sans accord sur le partage équitable de 120 000 réfugiés, dans la soirée, à Bruxelles. «  Nous devons parler de moyens de pression  », a-t-il dit à la chaîne publique allemande ZDF. Les pays qui refusent la répartition par quotas «  sont souvent des pays qui reçoivent beaucoup de fonds structurels  ».«  Je trouve aussi juste (…) qu’ils reçoivent moins de moyens  », a poursuivi M. de Maizière sur ZDF.La menace du ministre est la première à être formulée de manière aussi claire même si, au cours des dernières semaines, divers responsables européens – et notamment la présidence luxembourgeoise de l’Union – ont voulu rappeler l’aide et la solidarité dont ont bénéficié les pays d’Europe centrale et orientale depuis la chute du mur de Berlin. Sans cacher son agacement devant leur attitude, la Commission s’est, elle efforcée de calmer le jeu, en évitant tout stigmatisation.Suivre notre live consacré à la crise des migrantsHostilité des ex-pays de l’EstLa République tchèque, la Slovaquie et la Roumanie ont campé fermement sur leur position de refus. La Pologne et la Lettonie n’ont à aucun moment caché leur scepticisme. Si elle s’est tue lors du dernier round de négociations – le plan de la Commission visait à lui venir en aide, en répartissant 54  000 réfugiés présents sur son sol –, la Hongrie reste, elle aussi, hostile.Excédé, le ministre Thomas de Maizière a menacé, dans la soirée, de recourir à un vote qui aurait permis à une majorité de se dégager, sans parler alors de couper les fonds structurels. Son homologue français, Bernard Cazeneuve, soulignait en vain que « chaque minute perdue, ce sont des morts supplémentaires ». D’autres insistaient sur les attentes de l’opinion publique. « Comment voulez-vous que j’aille expliquer ma décision devant mon Parlement ? », répliquait le ministre slovaque, l’un des pays les plus hostiles à l’accueil de Syriens, hormis quelques dizaines de chrétiens éventuellement.« Les uns et les autres ont passé trois heures à échanger des déclarations sur l’urgence de la situation et la nécessité de faire preuve de responsabilité. Au final, on n’a même pas évoqué la proposition de la Commission de relocaliser de manière permanente les réfugiés. Les pays ont bloqué sur le chiffre de 120  000, c’est tout », raconte une source européenne. «  Nous sommes déçus mais il est impossible de forcer des pays à accepter des demandeurs d’asile s’ils n’en veulent pas  », résumait une source de la Commission.Lire aussi :La Hongrie a fermé sa frontière aux migrantsProchain conseil le 8 octobreUn nouveau conseil ministériel aura lieu au plus tard le 8 octobre mais le pronostic est pessimiste : si un vote est organisé, comme l’autorisent les traités, à la majorité qualifié à cette occasion, il ne fera que confirmer les profondes divisions du continent. Et si les chefs d’Etat et de gouvernement, réunis en sommet, devaient s’emparer du dossier – comme le réclame notamment la Hongrie –, l’échec serait entériné  : leurs décisions doivent être adoptées par consensus.La Commission, comme la France, l’Allemagne et la présidence luxembourgeoise estiment que le travail va toutefois pouvoir commencer, au plan technique, pour aboutir à la relocalisation de 120 000 réfugiés. Avec la fixation d’une clé de répartition et l’examen des compensations financières à acquitter par un Etat qui refuserait son « quota ».La France et l’Allemagne ont presque tout tenté, lundi. Y compris les pressions sur leurs partenaires par médias interposés. A l’heure des journaux télévisés, MM. Cazeneuve et de Maizière ont détaillé devant la presse ce qui était, selon eux, « l’accord politique » conclu sur l’accueil des 120 000 réfugiés. En réalité, les pays d’Europe centrale et orientale restaient toujours opposés et l’ont fait savoir, ce qui a déclenché de fortes tensions, M. Cazeneuve les exhortant, en vain, d’être « à la hauteur de la situation ».Paris et Berlin avaient, dans la journée, tenté de les ­convaincre avec un texte « renforcé » insistant sur le contrôle strict des frontières, l’enregistrement rapide des demandes d’asile et une politique de retour plus efficace pour les migrants irréguliers. Ces points se retrouvent dans les conclusions du conseil mais n’ont pas suffi à emporter la décision des pays du « groupe de Visegrad » (République tchèque, Hongrie, Slovaquie, Pologne) et leurs alliés de circonstance, Roumanie et Lettonie.Lire aussi :L’Allemagne bouscule les règles de l’espace SchengenDes « hot spots » pour l’accueil en Italie et en GrèceLes « hot spots », structures chargées d’enregistrer et identifier les demandeurs d’asile, devraient être mis en place rapidement en Italie et en Grèce. Ils devraient distinguer plus rapidement les demandeurs d’asile des migrants « économiques  ». Les moyens de l’agence de surveillance Frontex devraient être augmentés pour assurer des retours accélérés des déboutés du droit d’asile. La répartition de quelque 40 000 réfugiés présents en Italie et en Grèce a, elle, été enfin avalisée (la décision avait été prise fin juin). Les ministres ont évoqué une aide financière accrue aux pays voisins de la Syrie.Dans les prochaines semaines, les Européens sont également censés plancher sur une liste des «  pays sûrs  », ce qui permettrait de renvoyer plus rapidement certains demandeurs d’asile et de ­désengorger les administrations nationales. Une autre question polémique avec, au cœur des discussions, la définition à donner de la Turquie.Enfin, la décision prise par l’Allemagne – rapidement imitée par d’autres pays – de rétablir des ­contrôles aux frontières a mis sur la table la question de l’avenir de la zone sans passeport de Schengen. Lundi, tout le monde voulait éviter le débat de fond, en parlant d’une «  décision temporaire  » et d’un retour rapide à la normale. «  Si nous échouons sur la question des réfugiés, ce sera l’éclatement de Schengen  », prophétisait toutefois une source diplomatique française.Lire aussi :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ?Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.09.2015 à 18h28 Les autorités turques accentuent encore la pression sur les médias. Lundi 14 septembre, la police a perquisitionné à Istanbul le siège du journal Nokta (« Le point », en turc) et arrêté un de ses responsables après la publication en « une » d’un photomontage du président, Recep Tayyip Erdogan, prenant un selfie tout sourire devant le cercueil d’un soldat tué par les rebelles kurdes.NOKTA 18. sayısıyla yarın tüm bayilerde... http://t.co/NhwVXsB3Y3— noktadergi (@NOKTA DERGİSİ)require(["twitter/widgets"]);(Nokta numéro 18. En kiosque demain)Selon son rédacteur en chef, Cevheri Güven, les forces de l’ordre se sont présentées une première fois dans la nuit devant les locaux du magazine. Ayant trouvé le bâtiment vide, elles y sont revenues à 8 h 30 lundi matin et ont saisi des documents. La presse turque rapporte que de nombreux exemplaires du magazine ont également été saisis ou retirés des kiosques.Le quotidien Hürriyet, visé à plusieurs reprises ces dernières semaines par des partisans du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, a publié la copie d’une décision du parquet d’Istanbul ordonnant la perquisition du journal, la saisie de son dernier numéro et le blocage de son compte Twitter pour « insulte au président » et « propagande terroriste ».Dans l’après-midi, les policiers sont revenus une troisième fois au siège de Nokta et ont interpellé son directeur de la publication, Murat Capan, a affirmé le journal sur Twitter. Cette réaction des autorités turques est motivée par la première page du dernier numéro du magazine.Lire notre analyse :En Turquie, les autorités accentuent la pression sur les médias« Une forme d’expression »Afin de se défendre, Nokta a expliqué sur son site Internet s’être inspiré d’un photomontage similaire publié en 2013 dans le Guardian qui montrait l’ex-premier ministre britannique Tony Blair prenant un selfie devant le panache de fumée noire d’une explosion pendant la guerre en Irak.« Notre couverture à l’origine de la descente de la police peut être jugée dure, perturbante et même cruelle (…), mais ce ne sont pas des crimes pour un média, simplement une forme d’expression. »B. Britanya yerleşmiş bir demokrasi olduğu için Blair selfiesi takibata uğramadı.TR'de RTE selfiesi hakaret sayıldı http://t.co/mbw6O5eQdp— KadriGursel (@Kadri Gürsel)require(["twitter/widgets"]);Critiquer Erdogan, un crime graveLes détracteurs du chef de l’Etat l’accusent d’exploiter les affrontements entre l’armée et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) pour remporter les élections législatives anticipées du 1er novembre. M. Erdogan a vivement rejeté ces allégations.« Critiquer Erdogan est devenu le crime le plus grave en Turquie », a ironisé lundi après l’opération visant Nokta un élu de l’opposition sociale-démocrate, Engin Altay. Cela « ne fait qu’aggraver le bilan déjà inquiétant de la Turquie en matière de liberté d’expression », a renchéri le haut-commissaire du Conseil de l’Europe pour les droits de l’homme, Nils Muiznieks.Lire aussi :M. Erdogan n’a pas renoncé à son rêve absolutisteLe gouvernement islamo-conservateur turc est régulièrement crituqué par les ONG de défense de la liberté de la presse, qui lui reproche ses pressions sur les médias. De nombreux journalistes sont poursuivis devant la justice pour « insulte » au président et, depuis le début du mois, deux journalistes britanniques et une Néerlandaise qui couvraient les combats entre l’armée et la rébellion kurde ont été expulsés. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Les ministres de l’intérieur et de l’immigration de l’Union européenne ne sont pas parvenus à se mettre d’accord, dans la soirée du lundi 14 septembre, sur la proposition phare avancée il y a une dizaine de jours par la Commission européenne, à savoir l’accueil et la répartition « solidaire » de 120 000 réfugiés présents en Grèce, en Hongrie et en Italie.Après des tractations assorties d’échanges peu aimables, les ministres ont dû se contenter de quelques accords :La mise en route rapide de « hot spots » en Italie et en Grèce, des structures chargées d’enregistrer les demandes d’asile et de distinguer rapidement les réfugiés des migrants irréguliers.Une augmentation des moyens de Frontex pour assurer des retours accélérés des déboutés du droit d’asile.La répartition de quelque 40 000 réfugiés présents en Italie et en Grèce, une décision prise avant l’été.On évoque aussi des contacts avec la Turquie, le Liban et la Jordanie pour les aider davantage et l’établissement prochain d’une liste de « pays sûrs », permettant de limiter le nombre de demandeurs.Il n’y a pas eu de consensus, en revanche, sur le partage, sur une base obligatoire, des 120 000 réfugiés. La République tchèque, la Slovaquie et la Roumanie ont campé jusqu’au bout sur leur position intransigeante. La Pologne et la Lettonie n’ont pas caché leur scepticisme. La Hongrie, qui a fermé sa frontière avec la Serbie, a tu le sien lors du dernier round de négociations.Malgré des menaces de l’Allemagne, le conseil a voulu éviter un vote qui aurait creusé davantage l’écart entre les deux camps. « Nous allons aider les pays qui hésitent à se diriger dans la bonne direction », a affirmé le président luxembourgeois de la réunion, Jean Asselborn. Un nouveau conseil aura lieu le 8 octobre, ou avant. Et, à ce stade, l’issue est plus qu’incertaine. « Je ne sais pas ce qui doit se passer pour qu’on puisse faire un pas en avant », confiait après la réunion la présidente et ministre de la justice suisse, Simonetta Sommaruga.Jusqu’à la dernière minuteLe couple franco-allemand avait pourtant tenté, en travaillant jusqu’à la dernière minute sur le texte d’un éventuel accord, d’emporter la décision des plus rétifs. Avec un texte « renforcé » mettant notamment la priorité sur la mise en place la plus rapide possible des « hot spots ».Le texte, approuvé par les ambassadeurs des 22 pays membres de Schengen, a suscité les critiques dès qu’il a été mis sur la table des ministres, en début de soirée. « Certains ont d’emblée demandé à ce que soit biffée la mention de  “tous” les États membres confirmant leur volonté de s’engager dans l’accueil », déplorait une source diplomatique.Pour tenter d’emporter leur décision, le ministre français Bernard Cazeneuve a menacé : « Pendant que nous tergiversons, les opinions publiques nous jugent, et les migrants meurent », lançait-il. Son collègue allemand Thomas de Maizière évoquait, lui, l’hypothèse d’un vote, une option tout à fait possible depuis l’instauration du Traité de Lisbonne mais difficile à envisager d’un point de vue politique : comment imposer à des pays comme la Slovaquie ou surtout la Hongrie l’accueil des réfugiés ou la mise en place de « hot spots », s’ils s’y opposent ?Contrôles renforcésLa décision, prise par l’Allemagne dimanche, (rapidement imitée par la République tchèque, la Slovaquie et l’Autriche, sans doute bientôt par les Pays-Bas et la Belgique) de rétablir des contrôles à ses frontières rendait d’autant plus tendue l’ambiance de cette réunion extraordinaire. Officiellement, l’avenir de l’espace Schengen ne figurait toutefois pas au menu, déjà suffisamment dense, des discussions. « Si nous échouons, ce sera l’éclatement de Schengen », affirmait toutefois une source diplomatique française.Dans une déclaration commune, MM. Cazeneuve et Maizière avaient voulu, au début de la réunion, fixer leurs priorités et faire pression sur les pays d’Europe centrale et orientale. Ils ont insisté sur le fait qu’il ne pouvait y avoir de solution humanitaire « sans responsabilité ». Paris et Berlin insistaient sur la mise en place de contrôles renforcés aux frontières extérieures et prônaient une aide urgente aux pays voisins de la Syrie. Ils avaient encore l’espoir qu’un accord puisse, quand même, être conclu, qui aurait mêlé « la responsabilité et l’humanité ». En vain.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.09.2015 à 17h38 • Mis à jour le14.09.2015 à 19h11 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La réunion du conseil extraordinaire des ministres de l’intérieur, lundi 14 septembre à Bruxelles, a été précédée d’une tentative de conciliation pilotée par la France et l’Allemagne. Les ministres Bernard Cazeneuve et Thomas de Maizière ont débattu pendant plus d’une heure avec leurs homologues italien, grec et hongrois, ainsi qu’avec la présidence luxembourgeoise de l’Union et la Commission européenne.Il s’agissait de négocier une sortie de crise, une série de pays (Hongrie, Slovaquie, République tchèque, Roumanie) refusant d’accepter un plan de répartition de 120 000 réfugiés élaboré par Bruxelles avec le soutien de l’Allemagne et de la France. Ce projet comporte une série d’autres dispositions, dont la création de centres d’enregistrement et de tri des demandeurs d’asile dans les pays où ils arrivent (les « hot spots »), la mise au point d’une liste de « pays sûrs » et l’instauration éventuelle d’un mécanisme permanent de répartition des réfugiés. La Commission évoquait aussi un système, déjà très contesté, de pénalité financière pour les Etats qui refuseraient de participer à la répartition des réfugiés.Lire aussi :Accueil des réfugiés : face à « l’urgence », les divisions demeurentDes réunions des ambassadeurs auprès de l’Union, dimanche soir et lundi matin, n’avaient rien donné. Pas plus qu’une tentative de la présidence luxembourgeoise, avec à la clé un texte suffisamment vague pour n’inquiéter aucune délégation. Ou encore des coups de fils passés par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, aux dirigeants des quatre pays hostiles à un accord, ainsi qu’à ceux de la Lettonie. Lundi, les Européens se sont seulement mis d’accord sur l’accueil de 40 000 réfugiés, comme proposé au printemps par Bruxelles, loin des 120 000 désormais en discussion.Contrôles renforcésLa décision de l’Allemagne (rapidement imitée par la République tchèque, la Slovaquie et l’Autriche, sans doute bientôt par les Pays-Bas et la Belgique) de rétablir des contrôles à ses frontières rendait d’autant plus tendue l’ambiance de cette réunion extraordinaire. Officiellement, l’avenir de l’espace Schengen ne figurait toutefois pas au menu, déjà suffisamment dense, des discussions.Dans une déclaration commune, MM. Cazeneuve et Maizière ont voulu fixer leurs priorités avant la séance plénière. Ils ont insisté sur le fait qu’il ne pouvait y avoir de solution humanitaire « sans responsabilité ». « Le texte de la présidence luxembourgeoise est une bonne base, que nous voulons compléter pour éviter toute ambiguïté », a déclaré le ministre français.Paris et Berlin insistent sur la mise en place de contrôles renforcés aux frontières extérieures de l’Union et plaident pour l’efficacité des hot spots. Ceux-ci devraient distinguer rapidement réfugiés et migrants irréguliers et pourraient, selon certaines sources, se transformer en centres de rétention pour les clandestins en l’attente de leur renvoi.La France et l’Allemagne prônent aussi une aide urgente aux pays qui abritent de nombreux Syriens, dont la Turquie. Et ils insistent pour que tous les Etats de l’Union participent à la relocalisation à partir des hot spots. Avec l’espoir qu’un accord puisse, quand même, être conclu lundi soir, mêlant « la responsabilité et l’humanité ».Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.09.2015 à 14h48 • Mis à jour le14.09.2015 à 17h30 | Maxime Vaudano et Alexandre Pouchard L’Allemagne est-elle en train de virer de bord dans la crise des migrants ? Dimanche 13 septembre, Berlin a annoncé le rétablissement des contrôles d’identité à sa frontière avec l’Autriche, pour endiguer le flux de réfugiés qui pénètrent depuis plusieurs semaines sur son territoire.Une décision interprétée par la droite et l’extrême droite françaises comme une validation de leurs thèses. La présidente du Front national, Marine Le Pen, a réclamé que la France suive l’exemple de l’Allemagne en suspendant « à son tour en urgence les accords de Schengen ». « Comme quoi c’est possible », a renchéri sa nièce Marion Maréchal-Le Pen sur Twitter :Submergée, l'Allemagne vient de rétablir sa frontière avec l'Autriche. Comme quoi c'est possible. #RipSchengen— Marion_M_Le_Pen (@Marion Le Pen)require(["twitter/widgets"]);Guillaume Larrivé, secrétaire national à l’immigration des Républicains (LR), s’est réjoui de son côté d’une décision qui validerait l’analyse de Nicolas Sarkozy. Le président de LR a encore réclamé la semaine dernière la suspension temporaire de la libre-circulation dans l’espace Schengen, le temps de renégocier cet accord européen.1. Que sont les accords de Schengen ?2. Comment les frontières européennes sont-elles contrôlées ?3. Les pays européens avaient-ils le droit de rétablir des contrôles à leurs frontières ?4. Cela annonce-t-il la mort de Schengen ?5. La France devra-t-elle accueillir les migrants refusés ailleurs ?1. Que sont les accords de Schengen ?Conclus en 1985 par la France, l’Allemagne de l’Ouest et le Benelux, les accords de Schengen visaient à supprimer progressivement les contrôles aux frontières communes et à instaurer un régime de libre circulation des personnes. Entré en vigueur en 1995, l’espace Schengen regroupe aujourd’hui 22 des 28 Etats de l’Union européenne, ainsi que quatre pays extérieurs : l’Islande, la Norvège, la Suisse et le Liechtenstein. Concrètement, il supprime tout contrôle des frontières terrestres, maritimes ou aériennes entre deux pays appartenant à cet espace.2. Comment les frontières européennes sont-elles contrôlées ?Chaque Etat ayant une frontière avec un pays non-membre de l’espace Schengen (comme la Hongrie avec la Serbie, par exemple) se doit de contrôler les entrées. L’Union européenne s’est dotée d’une base de données commune, baptisée « SIS » (pour système d’information Schengen), permettant d’identifier les individus pénétrant sur le territoire européen et de distinguer les arrivants interdits de séjour ou bien ceux recherchés. La coopération opérationnelle pour la surveillance des frontières est théoriquement assurée par l’agence européenne Frontex.Lire : Migrants en Méditerranée : après « Mare Nostrum », qu’est-ce que l’opération « Triton » ?Concernant les demandes d’asile, très majoritairement déposées par des personnes entrées illégalement sur le sol européen, le règlement dit « Dublin III », adopté en 2013, prévoit une série de critères pour l’examen des demandes d’asile. Dans le cas d’un migrant majeur arrivant en Europe sans famille résidant déjà sur le continent, c’est l’Etat par lequel il est entré dans l’UE qui sera responsable de sa demande. Cette disposition fait principalement peser l’effort sur les Etats ayant des frontières extérieures à l’UE et moins sur les pays « intérieurs ».Le règlement prévoit d’autres cas, comme celui d’un mineur ou de personnes disposant de famille ailleurs en Europe, et qui peuvent demander l’asile ailleurs que dans les pays d’entrée.3. Les pays européens avaient-ils le droit de rétablir des contrôles à leurs frontières ?Oui. Une clause de sauvegarde intégrée à l’article 2.2 de la convention de Schengen autorise les Etats à rétablir provisoirement des contrôles aux frontières dans des circonstances exceptionnelles.C’est le code frontières Schengen de 2006 qui en précise les contours : il autorise le rétablissement des contrôles en cas d’atteinte de « menace grave pour l’ordre public et la sécurité intérieure » (pour six mois maximum) ou pour faire face à des événements imprévus (cinq jours maximum), et après consultation des autres Etats du groupe Schengen. Une réforme des règles réclamée par le président français, Nicolas Sarkozy, et le président du conseil italien, Silvio Berlusconi, a étendu en 2013 la possibilité de rétablir les frontières jusqu’à vingt-quatre mois, dans des « circonstances exceptionnelles », et notamment une défaillance grave du contrôle des frontières extérieures.Ce type de mesure, appliqué en général deux à trois fois par an, s’est pour l’instant limité à des menaces imminentes de terrorisme ou à l’accueil d’événements internationaux : des réunions de la Banque centrale européenne à Barcelone, le G20 de Cannes, l’Euro 2012 de football ou la visite du président américain Barack Obama en Estonie ont ainsi donné lieu ces dernières années à un rétablissement des contrôles pour quelques jours.L’Allemagne est le premier pays à invoquer cette clause pour des questions d’immigration. Cette justification n’étant pas clairement présente dans les textes européens, Berlin va devoir justifier d’une « menace réelle, actuelle et suffisamment grave pour l’un des intérêts fondamentaux de la société » auprès de la Commission européenne. De même que la République tchèque, la Slovaquie et l’Autriche, qui ont annoncé dans la foulée un contrôle renforcé de leurs frontières avec la Hongrie.4. Cela annonce-t-il la mort de Schengen ?Malgré sa décision, le gouvernement allemand n’a aucune intention de remettre en cause les accords de Schengen. Il a expliqué son choix par un dépassement de ses capacités d’accueil – une manière de faire pression auprès de ses homologues européens pour une meilleure répartition des demandeurs d’asile au sein de l’UE.Le porte-parole de la chancelière Angela Merkel a d’ailleurs précisé lundi que l’Allemagne ne fermait pas sa frontière aux demandeurs d’asile : « Les contrôles provisoires aux frontières ne sont pas la même chose qu’une fermeture des frontières, c’est complètement différent. Des réfugiés vont continuer à venir en Allemagne, nous espérons que cela se déroule dans le cadre d’un processus mieux ordonné. »Toutefois, sans accord des Européens pour trouver une solution durable à la crise migratoire, les appels à réformer, voire démembrer l’espace Schengen, devraient porter de plus en plus dans le débat public.Lire aussi :Crise des réfugiés : pourquoi un accord européen est très improbable lundi5. La France devra-t-elle accueillir les migrants refusés ailleurs ?Certains responsables politiques français, à l’image de l’ancien ministre de l’intérieur (LR) Claude Guéant, craignent que la fermeture des frontières allemandes ne crée un « appel d’air » vers la France.Selon les quotas proposés le 7 septembre par la Commission européenne, l’Allemagne devait accueillir 31 400 demandeurs d’asile arrivés en Italie, en Grèce ou en Hongrie. Mais l’afflux est tel que ce quota est largement dépassé : 100 000 personnes sont arrivées pendant le seul mois d’août et le pays s’attend à accueillir 800 000 demandeurs d’asile en 2015.Lire aussi :L’Allemagne et le défi historique des réfugiésLa France, elle, a accepté d’accueillir au cours des deux prochaines années au moins 24 000 demandeurs d’asile, en plus des 6 275 pour lesquels elle s’était déjà engagée. Auxquels s’ajoutent environ un millier de Syriens et d’Irakiens acheminés en urgence depuis l’Allemagne, a ensuite annoncé le président François Hollande. La décision des différents pays européens de rétablir les contrôles ne change aucunement cet engagement.Les employés de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), qui s’occupe des demandes d’asile en France, faisaient jusqu’alors face à une difficulté inattendue : ils peinaient à convaincre des migrants de renoncer à « l’eldorado allemand » et de venir dans l’Hexagone. La décision allemande pourrait faire changer d’avis certains.Lire aussi :Ces migrants que la France ne fait pas rêverLire aussi :Pourquoi les accords de Schengen sont-ils remis en cause ?Onze rétablissements provisoires des frontières depuis 2011Depuis l’entrée en vigueur du code frontières, en 2006, toutes les réintroductions de contrôle aux frontières ont été liées à la prévention du terrorisme, de la criminalité, ou à des raisons de sécurité liées à l’accueil de réunions internationales ou d’événements sportifs. Elles sont répertoriées depuis novembre 2011 par des rapports semestriels de la Commission européenne sur le fonctionnement de l’espace Schengen :En France, du 24 octobre au 5 novembre 2012, pour le G20 de Cannes ;En Espagne : du 28 avril au 4 mai 2012, pour une réunion de la BCE ;En Espagne : du 2 au 4 mai 2012, pour une réunion de la BCE ;En Pologne : du 8 juin au 1er juillet 2012, pour l’euro de football ;En Norvège, du 3 au 12 décembre 2012 pour la cérémonie du Nobel de la paix à Oslo ;En Pologne, du 8 au 23 novembre 2013, pendant l’accueil de la 19e conférence climat ;Aux Pays-Bas : 14 au 28 mars 2014, pendant l’accueil d’un sommet sur la sécurité nucléaire à La Haye ;En Belgique, du 1er au 6 juin 2014, pour un sommet du G7 ;En Norvège, du 24 au 31 juillet 2014, pour prévenir une menace terroriste ;En Estonie, du 31 août au 3 septembre 2014, pour une visite du président américain Barack Obama ;En Allemagne, à partir du 13 septembre 2015, pour faire face à l’afflux de migrants.Migrants et asile : ce que proposent les partis françaisLe président du parti Les Républicains (LR), Nicolas Sarkozy, a de nouveau proposé le 10 septembre de « refonder » Schengen, c’est-à-dire de mettre en place « une nouvelle politique d’immigration européenne ». Pendant la campagne présidentielle de 2012, déjà, il avait « menacé » de « suspendre la participation de la France aux accords de Schengen » si un nouvel accord n’était pas trouvé, permettant notamment de « sanctionner, suspendre ou exclure de Schengen un Etat défaillant ». Mais l’ancien chef de l’Etat n’a pas précisé les contours de ce « Schengen 2 » souhaité au niveau européen, qui devrait être approuvé par ses 26 membres. En attendant, il souhaite suspendre la libre-circulation des personnes au sein de l’espace Schengen, comme l’a fait l’Allemagne à sa frontière avec l’Autriche, et mettre en place des « centres de rétention dans les pays périphériques à Schengen », comme au Maghreb par exemple.Dans son projet, le Parti socialiste (PS) ne prévoit pas de bouleversement des accords de Schengen. Le PS demande un « renforcement de contrôle du Parlement européen sur les règles régissant l’espace Schengen et sur les mécanismes de surveillance aux frontières » et la réduction des « différentiels sociaux » entre Etats, comme par exemple la mise en place de salaires minimaux dans tous les pays européen.Lors des élections européennes de 2014, les centristes de l’UDI et du Modem souhaitaient notamment l’instauration d’une « logique de quotas annuels par métier et par pays » pour davantage de « cohérence » dans la politique européenne d’immigration.Au même moment, Europe Ecologie-Les Verts (EELV) apportait son soutien à la liberté de circulation et d’installation au sein de l’Union européenne et demandait la refonte totale du dispositif Frontex, « qui verrouille l’accès à l’Europe et met en danger la vie des candidats à l’exil ».Le Front de gauche souhaite lui aussi renégocier les accords de Schengen pour revoir la politique d’immigration européenne en faveur du pourtour méditerranéen. Il demande la suppression des centres de rétention administrative, dénoncées comme étant des « zones de non-droit ».Le Front national (FN) souhaitant, lui, revenir purement et simplement aux frontières nationales en même temps qu’en sortant de l’euro, il demande également la fin de l’espace Schengen, symbole selon lui du « laxisme de l’Union européenne pour qui la seule réponse à l’immigration clandestine consiste à encourager l’accueil de masse et les régularisations quasi-systématiques ». La France se retrouverait alors dans la même position que le Royaume-Uni ou l’Irlande, membres de l’UE sans appartenir à l’espace Schengen – sans pour autant tarir le flux de demandeurs d’asile, qui pourraient toujours entrer clandestinement en France.Correction, le 14 septembre à 17h30 : une erreur décrivait le règlement « Dublin II », adopté en 2003, comme étant actuellement en vigueur, alors qu’il s’agit des dispositions de « Dublin III », adoptées en juin 2013.Maxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.09.2015 à 12h58 | Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Trente-six heures après avoir levé le couvre-feu établi sur la ville de Cizre, un fief du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie) dans le sud-est du pays, les autorités turques l’ont réimposé « jusqu’à nouvel ordre », dimanche 13 septembre.Privés d’eau, d’électricité, de téléphone et de soins médicaux depuis le 4 septembre 2015, les habitants de Cizre ont profité d’un court répit pour se réapprovisionner et enterrer leurs morts, soit 21 personnes tuées lors des récents combats de rue avec l’armée, avant de se barricader à nouveau chez eux.Les combats entre l’armée et le PKK dans les régions du Sud-Est à majorité kurde ont repris de plus belle depuis la fin du mois de juillet, une fois rompus les pourparlers de paix entre Ankara et les rebelles kurdes.Depuis, il ne se passe pas un jour sans l’annonce d’un nouvel attentat du PKK contre les forces de l’ordre. Deux policiers ont péri lors d’une attaque à la voiture piégée survenue à Sirnak, dimanche 13 septembre. Le même jour, un autre policier a été tué à Silvan, non loin de Diyarbakir, lors d’une attaque à la roquette.Combats et tirs de roquettesSituée près des frontières irakienne et syrienne, la ville (120 000 habitants) est un bastion du Mouvement de la jeunesse patriotique révolutionnaire (YDG-H), un mouvement constitué de jeunes Kurdes du PKK, formés à la guérilla urbaine. Récemment, ces jeunes avaient creusé des tranchées dans certains quartiers de Cizre afin d’empêcher les soldats turcs d’y pénétrer.Avant l’imposition du couvre-feu, le 4 septembre, des affrontements violents avaient éclaté. Suite au blocus, plusieurs quartiers de la ville ont été réduits à l’état de ruine par les combats et les tirs de roquettes, donnant à la petite ville des allures « de Beyrouth », selon les rares témoins qui ont pu se faufiler en ville à la faveur de la levée du couvre-feu.La députée du Parti de la démocratie des peuples (HDP, prokurde, gauche) Sibel Yigitalp a ainsi diffusé les photographies de la dépouille d’une mère de famille de Cizre entourée de bouteilles d’eau glacée. Empêchées de transporter à la morgue ou au cimetière les corps de leurs proches tués dans les accrochages, les familles font l’impossible pour conserver les cadavres.Situation politique paradoxalePendant l’opération de nettoyage menée par les forces turques du 4 au 12 septembre, aucun journaliste n’a pu entrer dans Cizre. Une trentaine de députés du HDP, dont le coprésident du parti Selahattin Demirtas ont bien tenté de marcher vers la ville dès le 9 septembre. Ils ont du rebrousser chemin après avoir été stoppés par des cordons de police. Dans le groupe de marcheurs figuraient Ali Haydar Konca, ministre de l’intégration européenne, et Muslim Dogan, ministre du développement, inclus dans le gouvernement intérimaire nommé récemment afin de mener le pays vers de nouvelles élections législatives, prévues pour le 1er novembre.La situation est on ne peut plus paradoxale. Seul parti d’opposition ayant accepté de participer au gouvernement intérimaire dominé par les islamo-conservateurs du Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir depuis 2002), le HDP détient deux portefeuilles mais il est régulièrement vilipendé par le président turc Recep Tayyip Erdogan pour sa collusion avec le PKK, tandis que son coprésident Selahattin Demirtas est sous le coup d’une double accusation de « terrorisme » et d’« insulte » au chef de l’Etat.Tout récemment, une nouvelle organisation pro gouvernementale baptisée « foyer ottoman » s’est livrée à des attaques sur les bureaux du HDP et sur des commerces tenus par des Kurdes dans plusieurs villes de Turquie. A Istanbul, à Ankara, à Alanya et à Kirsehir, des hordes de nervis ont lancé des opérations punitives tout en brandissant des drapeaux turcs et en chantant des slogans favorables à Recep Tayyip Erdogan.Erdogan renforcé au sein de l’AKPLa semaine dernière, les bureaux du quotidien Hürriyet à Istanbul ont été caillassés à deux reprises par une foule hostile chantant « Dieu est grand » et « Vive le président Erdogan ». Sur les réseaux sociaux, des partisans de l’AKP avaient appelé à brûler les locaux du journal d’opposition « tout comme le Madimak », un hôtel incendié en 1993 par des islamistes radicaux à Sivas (Anatolie) où 35 intellectuels laïcs réunis pour réciter des poèmes perdirent la vie.La rédaction d’Hürriyet était accusée d’avoir déformé les propos de M. Erdogan, prompt à déclarer à la télévision que la situation serait différente si les législatives du 7 juin avaient donné à l’AKP 400 députés au lieu de 258. « Si un parti avait obtenu 400 sièges aux élections et atteint le nombre requis au Parlement pour changer la Constitution, la situation serait différente », avait déclaré M. Erdogan.A la tête du groupe qui a attaqué Hürriyet se trouvait Abdurrahim Boynukalin, député de l’AKP et chef de son mouvement de jeunesse. Une initiative payante puisqu’il a été élu membre du comité exécutif du parti lors du congrès annuel de l’AKP à Ankara samedi 12 septembre. Intitulé « L’amour comme au premier jour », le 5e congrès de l’AKP a vu l’emprise du président Recep Tayyip Erdogan se renforcer. La majorité des 50 membres du comité exécutif du parti sont des fidèles du chef de l’Etat, parmi lesquels son beau-fils Berat Albayrak ainsi que son avocat Hayati Yazici. Les « pères » historiques de l’AKP, à l’instar de l’ancien président Abdullah Gül, qui s’est fait porter pâle le 12 septembre, ou de l’ex-vice premier ministre Bülent Arinc, apparaissent totalement marginalisés. « Au moment de sa fondation, l’AKP était le parti du “nous”. Il est désormais le parti du “moi” », a déclaré M. Arinc à la presse une fois le congrès achevé.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le sujet était encore brûlant au mois d’août. Il a depuis sérieusement refroidi : les ministres des finances de la zone euro ne se sont penchés que brièvement sur « l’approfondissement de l’union économique et monétaire », lors de l’Ecofin et de l’Eurogroupe du vendredi 11 et samedi 12 septembre, à Luxembourg. C’est-à-dire les réformes qu’il faudrait adopter pour corriger ses manifestes défauts (pas assez de convergence économique et fiscale…) et éviter de redonner le spectacle affligeant de la désunion et de l’inefficacité, durant la crise grecque des six premiers mois de l’année.Lire aussi :Eurogroupe, pourquoi tant de haine ?Officiellement, les décideurs européens sont encore très mobilisés sur le sujet, mais dès qu’il s’agit de discuter des réformes en particulier, ils sont déjà divisés. Deux exemples ? Mercredi 9 septembre, lors de son discours sur « l’état de l’Union », Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, a proposé la création d’une « garantie des dépôts européenne ». Pour que, partout dans l’Eurozone, les épargnes bancaires des citoyens soient protégées de la même façon, quand leur banque fait faillite. La Commission devrait faire une proposition législative dans ce sens d’ici quelques semaines.« Eviter le poulailler »M. Juncker a aussi proposé que l’Eurozone ne soit plus représentée que par une seule personne au Fonds monétaire international (FMI) ou à la Banque mondiale. « Pour éviter le poulailler », a dit l’ex-premier ministre luxembourgeois, afin que les Européens parlent d’une seule voix, un enjeu de crédibilité conséquent pour l’Eurozone.Lire aussi :Que retenir du discours de M. Juncker ?Ces propositions sont loin d’être neuves. Voilà des années qu’elles sont évoquées à Bruxelles. « Juncker parlait déjà de représentation unique des Européens au FMI au début des années 2000 », se rappelle une source diplomatique bruxelloise. Politiquement, elles ne paraissent pas non plus insurmontables… Pourtant, elles ne font pas l’unanimité.La représentation unique de l’Eurozone ? C’est surtout au FMI qu’elle pose problème. Les grands pays y ont chacun un représentant (la France, l’Allemagne…), la Commission et la Banque centrale européenne n’y ont que des rôles d’observateurs. Ne plus prétendre qu’à un seul représentant pour toute la zone euro priveraient certaines administrations nationales d’un très beau poste de fonctionnaire, et elles n’y sont pas franchement prêtes…Quant à la garantie européenne des dépôts, la Commission veut un système de solidarité dans l’Eurozone. Si une banque fait faillite dans un pays et que ce dernier n’a pas les moyens financiers de garantir l’épargne des déposants (cela aurait été le cas de la Grèce, cet été, si une de ses banques avait fait faillite), ce sont les autres, par le biais d’une « cagnotte » commune, qui s’en chargent.Parachever l’union bancaireMais les Allemands ont déjà fait connaître leur réprobation. « Ils craignent de devoir payer pour les pays qui n’auraient pas pris la précaution de mettre de côté suffisamment d’argent pour garantir les dépôts de leurs citoyens en cas de faillite », analyse une source européenne.Le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, a expliqué à ses collègues, vendredi, lors du conseil Ecofin (les 28 ministres des finances de l’Union), que la priorité de Berlin, avant de discuter de davantage de partage de risques entre les Européens, c’était de parachever l’union bancaire. De fait, fin mai, la France ou l’Italie n’avaient toujours pas fini de transposer dans leur droit national la directive « BRRD » (Redressement et résolution des crises bancaires) adoptée en pleine tourmente financière, visant notamment à faire porter le coût financier des faillites bancaires avant tout sur leurs actionnaires (et non plus les finances publiques, donc au final, les citoyens).« Le momentum vers davantage d’intégration européenne n’est plus franchement là », avoue un proche des discussions de l’Eurogroupe, le 11 septembre. D’autres nuancent : « Il y a bien une volonté d’avancer, mais une tension entre ceux qui voudraient aller très vite, et les autres, qui préfèrent procéder avec méthode », souligne Guntram Wolff, directeur du think tank bruxellois Bruegel.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Maryline Baumard « Chaque homme a deux patries. La sienne et la France. » Flatteuse, la citation de Thomas Jefferson mériterait pourtant de se terminer autrement. L’actuelle crise migratoire montre en effet que l’Allemagne a supplanté la France, devenant la destination de prédilection des demandeurs d’asile venus en Europe. Lundi 7 septembre, le chef de l’Etat rappelait que 60 000 migrants demanderont en 2015 la protection de la France. Quelques jours plus tôt, l’Allemagne avait annoncé qu’elle étudierait vraisemblablement 800 000 dossiers cette année. Soit treize fois plus.Lire aussi :Accueil des réfugiés : comment François Hollande s’est converti sur le tardCe décrochage massif est un phénomène récent puisque « avant 2012, la demande d’asile en France était légèrement supérieure à celle enregistrée par l’Allemagne », rappelle Gérard Sadik, spécialiste du dossier pour la Cimade. Cette année-là, en effet, l’Allemagne détrône la France et devient le pays le plus demandé en Europe. C’est aussi à cette époque que les Syriens arrivent plus massivement en Europe. « Outre-Rhin, le nombre de demandes commence à flamber à l’été et le seuil des 10 000 nouveaux dossiers déposés chaque mois est pour la première fois franchi. La France, elle, continue sur la même traîne, passant juste le cap des 5 000 demandes », observe M. Sadik. Un ordre de grandeur qui reste vrai aujourd’hui, alors que les demandes ont continué à s’emballer en Allemagne pour dépasser les 30 000 par mois.L’Allemagne distance la FranceSamedi 12 septembre, quelque 9 000 réfugiés sont arrivés dans la seule ville de Munich. Un record que Pierre Henry, le directeur de France Terre d’Asile, explique par la décision, rendue cet été, de la chancelière Angela Merkel de mettre entre parenthèses l’application des accords du Dublin 2 obligeant à renvoyer les demandeurs dans le premier pays d’Europe qu’ils ont foulé, c’est-à-dire majoritairement la Grèce et l’Italie. En jugeant injuste la charge imposée à ces deux pays, elle a rendu du même coup son pays plus attractif.C’est donc bien autour de la question syrienne que l’Allemagne a distancé la France. Or, très vite, cette nationalité a constitué le gros des arrivées. De janvier à mai, les Syriens ont déposé un cinquième des dossiers examinés par les pays de l’Union européenne. Sur les 30 000 enregistrés comme réfugiés en Europe durant le premier trimestre 2015, plus du tiers (13 850) a opté pour l’Allemagne. Viennent ensuite la Suède (3 205), les Pays-Bas (2 800), le Danemark (2 025) et la Bulgarie (1 040). La France, elle, existe à peine pour cette population. En 2014, ils étaient seulement 2 072 à s’y installer avec ce statut.« Historiquement, l’Allemagne a toujours été en pointe par rapport à la Syrie. En 2013 déjà, elle acceptait de relocaliser 20 000 Syriens quand la France disait “oui” à deux fois 500 », rappelle M. Henry. Ces chiffres, qui viennent s’ajouter aux demandes individuelles, ont permis la création d’une vraie communauté. Et les vagues suivantes ont fait le même choix afin de bénéficier de l’entraide communautaire.Aujourd’hui, la France est descendue au 4e rang des pays d’accueil en Europe (derrière l’Allemagne, la Suède et l’Italie). Compte tenu de la courbe de ses demandes, elle pourrait même perdre encore quelques places cette année… En 2014, alors que les demandes d’asile au sein de l’Union européenne augmentaient de 44 %, qu’en Allemagne elles connaissaient un bond de 60 % et en Suède de 50 %, la France, elle, enregistrait une baisse de 5 %, selon l’agence Eurostat (de 2,4 %, selon les données françaises). Ce tassement est en soi faible, mais compte tenu de la flambée que connaissent les autres pays européens, l’écart avec les autres se creuse. C’est ce que prouvent les premières données 2015 puisque 33 000 demandes – seulement – ont été enregistrées, soit le même nombre qu’en 2014.La durée de traitement des dossiers et le fort pourcentage de déboutés agissent comme un effet repoussoirA l’explication structurelle du décrochage français par la nationalité des demandeurs, s’ajoutent des arguments qui valent pour tous les requérants. La santé économique de l’Allemagne, son besoin en main-d’œuvre dans les décennies à venir, compte tenu de sa démographie déclinante, sont des arguments pour des populations bien éduquées qui veulent s’intégrer rapidement, comme les Syriens.A contrario, la France souffre d’un passif en matière d’asile. La durée de traitement des dossiers et le fort pourcentage de déboutés agissent comme un effet repoussoir sur ceux qui hésiteraient. « L’information circule. Les personnes en besoin de protection savent que les conditions de réception des demandeurs d’asile sont déplorables en France. Ils sont au courant que la procédure d’obtention du statut sera longue ; qu’elle pourra prendre deux ans ou plus et qu’ils ne seront peut-être même pas logés durant ce temps », rappelle Philippe Leclerc, le représentant en France du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Même si le gouvernement s’est engagé dans un grand chantier pour héberger de plus en plus de demandeurs et pour raccourcir les délais de traitements, les effets en sont encore invisibles.A ces informations déjà peu engageantes, s’ajoute le fort pourcentage de déboutés. Même si les Syriens ne sont pas concernés puisque 95 % d’entre eux obtiennent l’asile, les faibles taux d’obtention généraux sont rédhibitoires. Selon les mêmes statistiques européennes, la France n’a octroyé le précieux statut qu’à 28 % des demandeurs en 2014. Même si le taux d’acceptation des dossiers a crû début 2015 pour s’installer à 31 %, il reste inférieur de 13 % à la moyenne des pays européens. Et le bouche-à-oreille ne fait pas toujours le distinguo des résultats par nationalité. Si ce décrochage de la France ne chagrine pas tout le monde, il est grave. C’est en effet toute une part de l’« âme française », de la tradition du pays, qui est en jeu.Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Bernard (Londres, correspondant) Après les cris de victoire et les libations, le chaudron de Westminster. Jeremy Corbyn n’a guère eu le temps de savourer son élection triomphale, samedi 12 septembre, à la tête du Parti travailliste, avec 59,5 % des 422 000 adhérents et sympathisants du Labour. La consécration de ce député marginal, à l’origine simple candidat de témoignage de l’aile gauche du parti soutenu seulement par une quinzaine de députés (sur 232), constitue un séisme pour la vie politique britannique, à commencer par le Labour lui-même.La première tâche du nouveau patron du Parti travailliste consistait à former son cabinet fantôme, réplique du gouvernement en place capable de riposter sur tous les sujets. Jeremy Corbyn y est parvenu dans la soirée de dimanche, en dépit de l’hostilité de nombreux responsables du parti envers son opposition à la dissuasion nucléaire et à l’OTAN et ses prises de position en faveur des augmentations d’impôts et des renationalisations.Lire aussi :Qui est Jeremy Corbyn, nouveau leader de la gauche britannique ?Alors que sept membres du cabinet fantôme sortant avaient rendu leur tablier, M. Corbyn a réussi à y inclure des personnalités centristes. Il a nommé à l’intérieur son concurrent malheureux, Andy Burnham, tout en réservant le poste clé des finances à John McDonnell, chef du Socialist Campaign Group, la minuscule aile gauche du Labour.Certains élus craignent pour leur réélection si la ligne radicale Corbyn n’est pas infléchie et la presse conservatrice spécule sur les tentations de putsch. « Corbyn déclenche la guerre civile au Labour », titrait dimanche le Sunday Times. « Le risque de coup d’Etat est zéro », a rétorqué à la BBC Tom Watson, le numéro deux du parti élu également samedi, aux positions plus modérées. Même si M. Corbyn dispose de peu de soutiens chez les élus Labour, son score sans appel assoit sa légitimité.Mais M. Watson, un ancien proche de Gordon Brown, n’a pas caché son désaccord total avec son coéquipier sur des points essentiels, comme l’arme nucléaire et l’adhésion à l’OTAN, appelant à « un débat dans le parti ». Alors que M. Corbyn n’exclut pas de faire campagne pour sortir de l’Union européenne en cas de référendum, son adjoint s’est déclaré certain que le Labour appellerait à voter pour que le Royaume-Uni y demeure. « J’espère, a-t-il déclaré, que nous pourrons convaincre les sceptiques à l’intérieur du parti. »Calendrier parlementaire serréAvant même de s’affirmer comme le chef de l’opposition à David Cameron, Jeremy Corbyn doit affronter l’hostilité affichée des artisans du New Labour de Tony Blair dont son élection sonne le glas. Parmi eux, l’ancien ministre Peter Mandelson l’accuse d’incarner « le retour au gauchisme du début des années 1980 », qui avait débouché sur l’ère Thatcher. « Pour gagner, ajoute-t-il dans le Sunday Times, un parti doit défendre des politiques que les gens considèrent comme pertinentes et réalisables », agitant le spectre, pour le Labour, de « disparaître silencieusement dans l’Histoire. »M. Corbyn dispose de peu de temps pour mettre en ordre de bataille le parti et affiner sa ligne, tant le calendrier parlementaire qui l’attend est serré.Dès lundi 14 septembre, le débat à Westminster sur le projet de loi destiné à limiter le droit de grève et à affaiblir les syndicats, le placera sur l’un de ses terrains de prédilection. Les syndicats, qui ont soutenu et financé sa campagne, auront en lui un porte-parole fidèle. Les députés Labour les plus modérés y étant hostiles, le texte ne devrait pas mettre à l’épreuve l’unité du parti. M. Corbyn et sa rhétorique radicale seront encore scrutés mercredi, jour de la séance télévisée des questions au premier ministre, rituelle passe d’armes entre le chef du gouvernement et celui de l’opposition. La réponse que fera cet antimonarchiste à une invitation de la reine sera également très attendue.Opposition de principe à la guerreLe moment de vérité pourrait venir dès octobre, si, comme c’est probable, David Cameron demande au Parlement d’autoriser des frappes aériennes en Syrie, approbation que les députés, notamment travaillistes, lui avaient refusée en 2013. « Je ne suis pas convaincu que des frappes aériennes en Syrie ne feraient rien de bon à part tuer de nombreux civils », a déclaré M. Corbyn pendant sa campagne. Son opposition de principe à la guerre pourrait diviser le Labour au moment où les conservateurs répètent qu’il constitue « une menace pour la sécurité du pays ».Mais, pour le nouveau leader travailliste que les tabloïds situent subtilement entre Lénine et Che Guevara, l’énorme défi viendra en 2016, lorsque le Parlement sera appelé à voter le renouvellement des crédits de l’arsenal atomique « Trident ». Une force de dissuasion nucléaire à laquelle le Labour souscrit sans ambiguïté, mais contre laquelle Jeremy Corbyn longtemps chef de la campagne « Stop the war », milite depuis toujours.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Après deux semaines d’euphorie durant lesquelles plusieurs dizaines de milliers de réfugiés ont été accueillis à bras ouverts, l’Allemagne prend soudainement peur. A ce rythme, ce ne sont plus 800 000 demandeurs d’asile qu’elle va devoir accueillir cette année, mais bien davantage.Berlin se trouve en effet pris en étau entre des réfugiés qui ne souhaitent pas se rendre dans un autre pays de l’Union européenne (UE) et des pays qui, de toute façon, ne veulent pas les recevoir. Une situation politiquement et logistiquement intenable. Dimanche 13 septembre, à l’issue d’une concertation avec Mme Merkel, mais aussi avec les principaux ministres sociaux-démocrates, Thomas de Maizière, le ministre (CDU) de l’intérieur, a donc annoncé le rétablissement de contrôles d’identité à la frontière avec l’Autriche, sans exclure que la mesure soit étendue à d’autres secteurs.Même si, juridiquement, les accords de Schengen sont respectés, la libre circulation à l’intérieur de cet espace est bel et bien remise en question. Seuls désormais seront admis en Allemagne ceux qui ont des papiers en règle. Mais qu’en sera-t-il, par exemple, des Syriens ou des Afghans ? Le ministre n’a pas été explicite. « Le but de cette mesure est de limiter l’afflux actuel vers l’Allemagne et de retrouver une procédure organisée des entrées », a-t-il reconnu. Une façon élégante de dire que le pays ne contrôlait plus grand-chose.Pression sur les pays d’accueilCe week-end, à la gare de Munich, où ont été accueillis plus de 13 000 réfugiés samedi et plusieurs milliers dimanche, la situation était très tendue. Prise également sous la pression de la CSU bavaroise et d’élus chrétiens-démocrates inquiets du chaos qui commence à s’instaurer dans certaines villes allemandes, la mesure annoncée dimanche est un message aux Européens.« L’Etat membre qui est responsable non seulement enregistre le demandeur d’asile, mais instruit également la procédure d’asile », a déclaré M. de Maizière. « Selon le droit européen en vigueur, l’Allemagne n’est pas responsable pour la plus grande partie de ceux qui demandent protection », a-t-il rappelé, en une menace voilée. Selon les accords de Dublin, ce sont en effet les pays par lesquels les réfugiés entrent dans l’UE qui sont responsables de ceux-ci.Mais l’Allemagne se heurte à une seconde difficulté : son image est tellement positive parmi les demandeurs d’asile – on y est bien accueilli, les prestations sociales sont élevées et il y a du travail pour tous – que les réfugiés ont rarement envie d’aller ailleurs. « Les demandeurs d’asile doivent aussi accepter qu’ils ne peuvent pas choisir le pays européen auquel ils demandent protection. Cela vaudra aussi quand il y aura un système européen de répartition », a précisé le ministre.Prise à la veille de la réunion extraordinaire des ministres de l’intérieur, lundi 14 septembre, à Bruxelles, la décision allemande accroît la pression sur les premiers pays d’accueil des réfugiés (Grèce, Hongrie, Italie…), souvent accusés, à des degrés divers, de ne pas remplir leurs obligations en matière de contrôle et d’enregistrement des migrants. La situation reste tendue en Grèce, où un naufrage a fait 34 morts. La France a lancé, dimanche soir, un « rappel scrupuleux » au respect de ces règles et s’exprimera d’une seule voix avec l’Allemagne, a indiqué le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve.Lire aussi :La Hongrie renforce son arsenal juridique contre les réfugiésMême si Berlin a indiqué à de nombreuses reprises sa volonté de défendre les principes de l’espace sans passeport, sa décision – imitée par la République tchèque et la Slovaquie – renforce la position des partisans d’un rétablissement des contrôles aux frontières intérieures, voire d’un démantèlement de l’espace « de liberté, de sécurité et de justice » qu’incarne Schengen. Viktor Orban, le premier ministre hongrois, s’en est d’ailleurs félicité. Rétablir des contrôles est prévu par Schengen en cas d’événements exceptionnels, de « menaces graves » pour la sécurité, et de « défaillances graves aux frontières extérieures », susceptibles de remettre en cause l’équilibre global du système. Urgent plan de répartitionBerlin ne devrait guère avoir de difficultés à invoquer cette dernière condition, même si, en principe, la Commission européenne aurait dû préalablement donner son accord. Compte tenu de la situation, Bruxelles ne voulait pas, dimanche, ajouter à la division générale en insistant sur ses prérogatives…Lundi matin, le blocage semblait total, avant une nouvelle réunion des ambassadeurs des Vingt-Huit, censés dégager un compromis minimal sur un projet de conclusions. La Hongrie, la Slovaquie et la Roumanie continuaient de s’opposer à tout projet de répartition contraignante ou de mécanisme permanent pour la relocalisation des réfugiés.Issu d’une convention de 1985, institutionnalisé en 1997 et en vigueur depuis 2004, « Schengen » – du nom de la petite ville luxembourgeoise où fut signée la convention il y a trente ans – est une réalité tangible de la construction européenne pour quelque 400 millions de citoyens. D’où la crainte de la Commission que les événements actuels n’aboutissent à une remise en question plus générale de ses principes.Dimanche, Bruxelles s’est donc empressée de souligner, avec un évident embarras, que la décision allemande était sans doute compréhensible et compatible avec les règles de Schengen, mais qu’elle soulignait surtout « l’urgence » d’un plan de répartition européen des réfugiés. Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, a proposé une répartition de 120 000 personnes arrivées en Grèce, en Italie et en Hongrie. M. Juncker, qui défend bec et ongles l’approche « communautaire » du problème, va devoir faire preuve de beaucoup de force de conviction pour résister à la nouvelle vague de contestation de certaines capitales, à l’heure où la méfiance et les divisions de l’Europe remplacent les piliers de Schengen : la confiance et la solidarité.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteFrédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.09.2015 à 16h14 • Mis à jour le14.09.2015 à 00h57 Plus de cinquante-neuf millions de Russes ont voté, dimanche 13 septembre, pour élire leurs représentants régionaux dans le cadre d’un scrutin qui devrait confirmer l’emprise du parti pro-Kremlin Russie unie, puisque le parti d’Alexeï Navalny, principal opposant au pouvoir, a été quasi exclu des élections.Quarante-deux « sujets » de la Fédération de Russie — républiques, régions, territoires — doivent élire vingt et un gouverneurs, onze Parlements régionaux et vingt-trois administrations municipales, parfois simultanément.Les candidats doivent obtenir au moins 10 % des voix s’ils comptent participer aux élections législatives de 2016 sans avoir à présenter de dossier aux commissions électorales locales.Si le parti d’opposition libérale Iabloko a pu présenter mille cinq cents candidats à travers la Russie – mais un seul pour les élections de gouverneur –, Parnas n’a réussi à présenter que deux candidats à Kostroma, dans le centre du pays, les commissions électorales ayant refusé d’enregistrer les autres.« Les sales méthodes »Dirigé par Alexeï Navalny, l’opposant numéro un au Kremlin, et par Mikhaïl Kassianov, ancien premier ministre, le parti Parnas a en conséquence concentré tous ses efforts sur cette ville de deux cent soixante-dix mille habitants, située à 350 kilomètres au nord-est de Moscou.Mais sa campagne électorale y a été émaillée d’incidents : le candidat Ilia Iachine a été brièvement interpellé, tandis que le dirigeant de la section jeunesse de Parnas a été frappé lors d’un rassemblement. Les candidats du parti étaient accusés de servir les intérêts du gouvernement américain dans un reportage diffusé une semaine avant le scrutin par une chaîne de télévision locale, une accusation largement reprise par la population.Ilia Iachine, 32 ans, connu pour avoir été proche de l’opposant Boris Nemtsov, assassiné à la fin de février devant le Kremlin, confiait à l’Agence France-Presse qu’il était difficile de concentrer les débats sur le programme politique présenté par Parnas. « Dieu merci, la campagne électorale est finie. Nous l’avons menée de façon honnête, transparente et sans utiliser les sales méthodes qu’ont utilisées contre nous nos rivaux », a déclaré dimanche le second candidat de Parnas, Vladimir Andreïtchenko.Lire le reportage :A Kostroma, la périlleuse campagne électorale de l’opposition russeDes centaines de cas de fraudesIlia Iachine a néanmoins incité ses militants à ne pas baisser la garde, les appelant à surveiller le décompte des votes : « Vous connaissez la logique du gouvernement : l’important ce n’est pas le nombre de votes obtenus, mais la façon dont ils sont comptés », a-t-il dénoncé.Dimanche matin, l’ONG Golos, qui se donne pour mission de surveiller les élections en Russie, dénombrait déjà cinquante-six cas de fraudes à Kostroma et plus de mille à travers le pays.Tout comme le parti d’opposition libérale Iabloko, Parnas présentait peu de chances de remporter le scrutin : le parti au pouvoir Russie unie était crédité de 44 % des votes à Kostroma, contre 1 % pour les deux partis d’opposition, selon un sondage de l’institut VTSIOM publié lundi.Le taux d’abstention restait une des inconnues de ce scrutin peu suivi par les médias nationaux : en 2014, les élections régionales avaient réuni à peine 21 % des électeurs. Raphaëlle Besse Desmoulières Le Front de gauche réussira-t-il à survivre aux régionales de décembre ? « Je n’envisage même pas la possibilité que ça se passe autrement sinon nous serions des irresponsables », met en garde Marie-George Buffet, l’ex-secrétaire nationale du PCF. Pourtant, à écouter les uns et les autres dans les allées de la Fête de l’Humanité, rien n’est moins sûr. A trois mois de l’échéance, le rassemblement de la gauche radicale n’est toujours pas en ordre de marche. En cause : des stratégies à la carte de chacune de ses composantes.Vendredi 11 septembre, les leaders du Front de gauche ne se sont pas pressés pour venir inaugurer leur stand commun. Occupé ailleurs, Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF, a même séché la traditionnelle photo de famille. Avec Jean-Luc Mélenchon, ils ont eu beau se retrouver un peu plus tard pour échanger quelques mots sous le regard de quelques journalistes, l’ambiance n’est pas à la fête entre leurs deux formations qui ont mis en scène leurs divisions pendant le week-end.Lire aussi :A la Fête de « L’Huma », le Front de gauche se fracture sur la GrèceBlocagesPour décembre, le Parti de gauche (PG, l’un des partis constituant le Front de gauche) semble favoriser les alliances avec Europe Ecologie-Les Verts là où elles sont possibles afin de constituer « l’opposition de gauche » qu’ils appellent de leur vœux. En Rhône-Alpes-Auvergne, le deal a déjà été conclu mais sans les communistes pour cause de cumul des mandats. Les chefs de file PCF, détenteurs d’un mandat national, ont refusé de signer une « charte éthique »  qui leur interdisait de le cumuler avec un mandat local. « On ne peut pas défendre la VIe République et ne pas se l’appliquer à soi-même », juge Danielle Simonnet, coordinatrice national du PG.Trois autres régions sont potentiellement concernées par un accord entre les écologistes et tout ou partie du Front de gauche : Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon. Le PG y ajoute la Bretagne et Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. Les négociations semblent le plus avancées en Midi-Pyrénées-Languedoc-Rousillon qui pourrait être la seule région à voir une liste de large rassemblement à la gauche du PS.Ailleurs, les discussions bloquent le plus souvent entre le PCF et EELV, les communistes refusant de systématiquement s’aligner derrière les écologistes. Samedi, les militants d’EELV de Nord-Pas-de-Calais-Picardie ont choisi une stratégie à la gauche du PS mais l’alliance ne pourrait concerner au final que le PG. Idem en Provence-Alpes-Côte-d’Azur. « Le PG a d’énormes exigences dans certaines régions et aucune dans d’autres, c’est un peu le ventre mou, critique Pascal Savoldelli, chargé des élections au PCF. Ca n’est pas possible d’avoir des exigences à la carte. »Lire aussi :Régionales : les Verts nordistes choisissent de partir sans le PS« Pas une candidature de consensus »Autre point de blocage et non des moindres : l’Ile-de-France. Le patron des communistes, Pierre Laurent, a fait savoir sa volonté de mener les listes du Front de gauche. Mais sa candidature est loin de faire l’unanimité. Pour le PG, il est hors de question d’être représenté par celui qui est également sénateur de Paris. Là encore, la question du non-cumul des mandats lui est opposée. « Face à Bartolone et Pécresse, il faut une tête de liste qui diffère de ces cumulards, quelqu’un qui incarne cette exigence éthique », souligne Mme Simonnet. Le PG ne se dit pas fermé à une autre candidature communiste mais « non cumularde ». Du côté d’Ensemble, la troisième force du Front de gauche, on n’est pas non plus emballé par la proposition de M. Laurent. « Ce n’est pas une candidature de consensus », juge Clémentine Autain, porte-parole du mouvement.M. Laurent, lui, semble bien décidé à passer en force. « L’heure n’est pas à tergiverser mais à s’engager dans la bataille », a-t-il lancé samedi à la tribune, avant d’ajouter : « Mon ambition dans la vie n’est pas de cumuler des mandats. »  Pour lui, ce sujet est même « une blague », a-t-il expliqué vendredi à un déjeuner de presse. M. Savoldelli enfonce le clou . « On a la tête de liste la plus crédible, estime le conseiller général du Val-de-Marne. C’est une candidature haute avec un taux de mobilisation maximum pour empêcher la droite de prendre la région. » M. Savoldelli est persuadé que le PG ne prendra pas le risque de partir seul, sachant qu’Emmanuelle Cosse, la tête de liste écolo, a fermé la porte à des listes communes. « Il faut avoir les capacités de faire une offre régionale, juge le « monsieur élections » du PCF. A moins de 5 % des voix, on n’est pas remboursé. C’est aussi une question d’ancrage et de crédibilité. » Pour l’heure, chacun campe sur ses positions et l’heure tourne.Raphaëlle Besse DesmoulièresJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.09.2015 à 22h53 • Mis à jour le18.09.2015 à 22h55 A deux jours des élections législatives anticipées en Grèce, provoquées par la démission, fin août, d’Alexis Tsipras de son poste de premier ministre, aucune tendance nette ne se dégageait dans les sondages pour désigner un favori, vendredi 18 septembre.Le leader de Syriza et son rival, Vangelis Meïmarakis, dirigeant de la droite conservatrice de Nouvelle Démocratie, sont toujours au coude à coude selon les dernières estimations. Sur les cinq sondages parus depuis jeudi, deux donnaient l’avantage au Syriza de M. Tsipras, dans une fourchette variant de 0,3 à 3,6 points, tandis que deux autres misaient sur la Nouvelle Démocratie (ND), avec des avances de 0,3 à 1,4 point. Un cinquième les mettait à égalité, chacun à 28 %. Avec des pourcentages variant selon ces sondages de 25 à 32 %, aucun des deux partis n’était crédité de décrocher la majorité absolue, autour de 37 %.Lire aussi :En Grèce, l’heure n’est plus aux débats pour ou contre les mesures d’austéritéTsipras veut un « message » pour l’EuropePour son dernier meeting de campagne, Alexis Tsipras avait donné rendez-vous à ses partisans vendredi soir sur la place Syntagma à Athènes, devenue emblématique des rassemblements de la gauche radicale, inhabituellement clairsemée selon nos reporters sur place.Ce n'est pas la grande foule au meeting de #Tsipras à Syntagma. Mais l'espoir est là dit-il http://t.co/mh5veR3fvL— sallesleMonde (@AlainSalles)require(["twitter/widgets"]);Meeting final de #Tsipras place Syntagma a Athenes.. vraiment pas trop de monde http://t.co/NBKpm2XZGI— Adea_Guillot (@adea guillot)require(["twitter/widgets"]);M. Tsipras y a fait part de sa confiance, assurant que :« Syriza non seulement va gagner dimanche mais prendra le mandat pour former un gouvernement stable et fort lundi et faire avancer les réformes. »Rien n’est moins sûr, tant le scrutin s’annonce serré. Pour maximiser ses chances, l’ancien premier ministre a appelé l’électorat « à ne pas s’abstenir mais à voter pour la gauche, qui est le seul parti qui peut mieux négocier avec les créanciers la grande question de la dette publique ». M. Tsipras joue gros, confronté pour la première fois au verdict des urnes depuis la négociation du troisième plan d’aide accordé par la zone euro, en l’échange de promesse de réformes et de nouvelles mesures d’austérité très impopulaires, qu’il avait lui-même combattues pour se faire élire en janvier. Il a également appelé ses électeurs potentiels à regarder le « message » potentiel qu’une victoire de Syriza pourrait envoyer dans une Europe confrontée à de nombreux plans d’austérité. « Le message de notre victoire sera envoyé à Pablo (Iglesias) en Espagne (présent vendredi soir à Athènes), à (Gerry) Adams en Irlande et à un premier ministre progressiste au Portugal », a-t-il lancé.Lire aussi :La douloureuse conversion de Tsipras au réalismeMeïmarakis promet « la stabilité et la sécurité »Jeudi, Vangelis Meïmarakis tenait lui aussi son dernier rassemblement de campagne. Il promet, lui, de « former une équipe nationale avec tous ceux qui veulent y participer », ce qu’a refusé d’envisager M. Tsipras à de nombreuses reprises.Relevant que « chaque voix comptait » pour un scrutin, M. Meïmarakis a demandé un « mandat fort pour quatre ans pour ramener le pays à la normalité ». Une victoire de la droite garantira « la stabilité et la sécurité » et mettra fin « à la dangereuse expérimentation de Syriza », a-t-il lancé, accusant la gauche radicale d’avoir « tiré le pays vers le chaos » et risqué une sortie de l’euro. Il a aussi durci son discours sur la crise migratoire, assurant que « les places athéniennes croulent sous le flux incontrôlé des migrants », car le Syriza « n’a pas gardé les frontières », a-t-il accusé, évoquant aussi une « hausse de la criminalité ». Mais il a promis une prise en charge des réfugiés correspondant à leur statut.Lire aussi :En Grèce, un paysage politique bouleversé par la crise 18.09.2015 à 18h35 • Mis à jour le18.09.2015 à 18h53 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Le Centre culturel américain à Moscou est-il condamné ? Dans un communiqué cinglant rendu public mercredi 16 septembre, l’ambassadeur américain en Russie, John Tefft, dénonce « la décision unilatérale du gouvernement russe de fermer le Centre américain » après « plus de 22 ans de coopération ». Le Centre, formellement, ne fermera pas mais son directeur américain est désormais exclu de la gestion du site et pour M. Teffts, la partie russe a bien « l’intention de prendre le contrôle complet de toutes [ses] activités ».C’en est trop pour l’ambassadeur, qui rappelle l’arrêt brutal par les autorités russes, il y a tout juste un an, en septembre 2014, du plus vieux programme d’échange scolaire avec les Etats-Unis baptisé « FLEX ». Ces décisions, souligne-t-il, « posent la question de la volonté du gouvernement russe de maintenir les liens » entre les deux peuples, pourtant « conservés même pendant la guerre froide et à d’autres moments compliqués de l’histoire de nos deux pays ».« Le centre ne fermera pas »Situé au cœur de la capitale russe, dans la Bibliothèque nationale de littérature étrangère Margarita Roudomino, le Centre américain avait renouvelé le 1er septembre, comme à son habitude, l’agrément nécessaire pour une entrée en vigueur prévue un mois plus tard. « Tout était prêt », assure Will Stevens, porte-parole de l’ambassade. Quatre cents activités culturelles et éducatives y ont été organisées l’an passé dans le Centre et dix mille livres en langue anglaise sont à la disposition du public. Rien de subversif, « à part peut-être Cinquante nuances de Grey », glisse sous forme de boutade M. Stevens, en référence au best-seller érotique de la britannique E.L. James.Mais entretemps, les autorités russes ont semble-t-il révisé leur position. Plus question de confier sa direction à un Américain, ni même d’accepter le financement assuré jusqu’ici par les services de l’ambassade. « Le Centre ne fermera pas. Nous sommes prêts à garder tout le personnel, toute la surface occupée, et tous les programmes mais nous devons adapter nos relations avec la législation de la fédération de Russie », s’est défendu sur le site de la bibliothèque son directeur, Vadim Douda. « Les activités du Centre sont très recherchées par nos lecteurs, poursuivait-il, nous y sommes très attachés et pour cela nous espérons ne pas servir de monnaie d’échange dans la situation politique ».Série préoccupante de manifestations hostilesCe différend pourrait passer pour un petit accroc de plus dans la relation compliquée qu’entretiennent Moscou et Washington. Mais il s’inscrit en réalité dans une série préoccupante de manifestations hostiles qui ne cessent de se développer ces derniers mois. Depuis deux ans déjà, 29 « American Corners », ces petits espaces consacrés à la littérature anglophone créés dans les bibliothèques de plusieurs régions de Russie, ont disparu. Puis, en juillet, Kendrick White, un Américain recteur adjoint de l’université de Nijni-Novgorod, à l’est de Moscou, a été débarqué de son poste après avoir été victime d’un véritable lynchage médiatique par l’un des principaux propagandistes du pouvoir, Dmitri Kisselev, qui figure dans la liste des personnalités russes sujettes aux sanctions européennes. Marié à une Russe et père de deux enfants, M. White avait été convié à ce poste par l’opposant Boris Nemtsov, assassiné en février à Moscou, mais qui était à l’époque gouverneur de la région.Lire aussi :Russie : la stratégie du complot permanentRécemment encore, un autre recteur d’origine américaine, Edward Crawley, a adressé un courrier à ses collègues les informant que son contrat pour diriger l’Institut Skolkovo, situé dans la banlieue de Moscou et souvent comparé à la Sillicon Valley russe, ne serait pas renouvelé à son terme en décembre après cinq années d’exercice.La dégradation des relations bilatérales russo-américaines ne remonte pas au conflit en Ukraine. Débuté il y a un peu plus d’un an, ce dernier a sans doute contribué à aggraver les choses. Mais tous les indicateurs montrent que les premiers signes sont apparus après les grandes manifestations de la place Bolotnaïa, organisées par l’opposition en 2012 au Centre de Moscou, dans la foulée de la réélection pour un troisième mandat de Vladimir Poutine à la tête du pays. Ces manifestations ont été vues par le Kremlin comme une tentative de destabilisation orchestrée par les Etats-Unis, au même titre que le soulèvement ukrainien de Maidan. En russie, l’anti-américanisme a le vent en poupe.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La Grèce vote dimanche 20 septembre pour élire ses députés après un tout petit mois d’une campagne bien terne. Après le référendum du 5 juillet, pour ou contre l’austérité, et les législatives du 25 janvier, les Grecs ont un peu le tournis et se montrent assez indifférents et surtout très indécis. Selon les sondages, 15 % de l’électorat ne sait pas encore pour qui voter, ni même d’ailleurs s’il ira voter tout court.Le parti de la gauche radicale, Syriza, a déçu une partie de ses soutiens en signant, le 13 juillet, un nouveau plan d’aide, assorti d’une nouvelle cure d’économies et de réformes, après avoir, ces dernières années, axé tout son discours sur la lutte contre l’austérité. L’espoir est retombé et a amplifié la fragmentation du paysage politique. Selon les sondages, jusqu’à huit partis pourraient entrer dimanche au parlement !Peu d’enjeux de fondLa campagne, elle, a tourné un peu à vide. Il y a peu d’enjeux de fond dans ce scrutin. La gauche et la droite ayant toutes deux voté au Parlement en faveur du nouveau plan négocié avec les créanciers du pays, le cadre général de l’action économique des trois prochaines années est déjà fixé.Les partenaires européens sont d’ailleurs assez confiants. Ils savent que le plus gros est passé. Quel que soit son gouvernement, la Grèce s’est engagée à respecter les engagements pris dans le cadre de ce plan.Lire aussi :Crise grecque : Bruxelles reste « zen »C’est donc à la marge, sur ce que Syriza appelle « les fenêtres de négociations restantes », que les électeurs sont appelés à choisir. Et là, Syriza comme le parti conservateur Nouvelle Démocratie (ND) tentent de jouer la polarisation et d’exacerber leurs différences.Le leader de Syriza, Alexis Tsipras, fait campagne sur sa capacité à se battre pour les intérêts des Grecs les plus vulnérables et affirme qu’il renégociera autant qu’il le peut le mémorandum adopté le 14 août au Parlement. Il tente de convaincre les électeurs de lui donner une seconde chance.Lire aussi :La douloureuse conversion de Tsipras au réalismeContinuer à se poser en homme neufA défaut d’avoir réussi à mettre fin à l’austérité, il promet de réformer en profondeur la Grèce pour la débarrasser de la corruption et du clientélisme. Il entend s’en prendre à l’oligarchie financière pour mieux répartir l’effort de la crise.« L’espoir arrive », disait le slogan de Syriza en janvier. Aujourd’hui, avec « Débarrassons-nous du vieux système politique – conquérons notre avenir ! », il s’agit plutôt de jouer la carte antisystème.A tout juste 41 ans, M. Tsipras continue de se poser en homme neuf, aux mains propres et surtout sincères. Capable de reconnaître ses erreurs, de les dépasser et de continuer à se battre pour le peuple. L’antithèse, affirme-t-il, du leader conservateur, Evangelos Meïmerakis, 62 ans, un homme d’appareil longtemps secrétaire général de son parti.Lire aussi :Evangelos Meïmarakis, pompier de Nouvelle Démocratie« L’affaire Flambouraris »Mais dans cette tentative de poser Syriza comme un parti pur, loin des « magouilles » népotiques et clientélistes qui ont caractérisé quarante ans de vie publique grecque, Alexis Tsipras est gêné ces derniers jours par ce que l’on appelle désormais « l’affaire Flambouraris », du nom de l’un de ses plus proches collaborateurs, le ministre d’état Alekos Flambouraris.Ce dernier est accusé de ne s’être pas suffisamment détaché de son entreprise lors de sa prise de fonctions en tant que ministre d’état. Et ce alors que ladite entreprise a bénéficié d’un appel d’offres public. « Une tentative scandaleuse de nous renvoyer dos à dos avec la ND et le Pasok [parti social-démocrate], qui fonctionnent ainsi », dénonce-t-on à Syriza.« Cet appel d’offres a été accordé en toute transparence en novembre 2014 alors même que Syriza n’était encore qu’un parti d’opposition, affirme Alexis Tsipras, et M. Flambouraris a ensuite cédé ses parts de l’entreprise une fois que nous sommes arrivés au pouvoir. On ne peut tout de même pas reprocher à un homme d’avoir travaillé pour gagner sa vie. »A ND en tout cas, l’affaire est instrumentalisée. M. Meïmerakis ironise à chaque meeting sur cette gauche radicale venue tout changer et qui s’est convertie en moins de six mois à l’austérité et s’est rapprochée de cette oligarchie qu’elle dénonce.Des bonnes intentions non chiffréesCette campagne surprend par son manque de substance. Les programmes sont très peu fournis, de part et d’autre, constitués surtout de bonnes intentions non chiffrées et qui ne sont pas débattues. Aucun thème n’est sérieusement abordé par les deux partis de tête.Un axe anti-austérité existe encore cependant, représenté à gauche notamment par la toute nouvelle formation Union populaire (LEA), dissidente de Syriza. Son chef, Panagiotis Lafazanis continue de promettre aux Grecs la fin des mémorandums et propose le retour à la monnaie nationale comme l’unique voie de sortie de la crise. LEA pourrait dépasser les 3 % des voix et gagner ainsi son ticket pour le Parlement.Les néonazis d’Aube dorée aussi continuent de faire campagne contre les mémorandums. En tout, près de 15 % de l’électorat grec se dit prêt, selon les sondages, à suivre cette ligne anti-mémorandum. Ce qui n’est rien par rapport à janvier où le vote anti-austérité représentait plus de la moitié de l’électorat.Lire aussi :En Grèce, profil bas pour les néonazis d’Aube doréeLa possibilité d’une forte abstentionSeul le parti centriste To Potami (« la rivière ») a essayé, en vain, de lancer des thèmes un peu concrets dans cette campagne en proposant de discuter éducation, fiscalité ou santé. To Potami se présente comme la force réformiste du pays. Et de fait, le parti concentre pas mal de personnalités talentueuses venues de la vie civile.Mais son leader, Stavros Theodorakis, un ancien journaliste star de la télévision, reste assez peu populaire. Il est même franchement détesté à gauche. Au-delà du sentiment d’inéluctabilité de nombreux Grecs après la signature du nouveau plan d’austérité, cette campagne creuse, sans promesses et sans vision, pourrait déboucher sur une large abstention dimanche.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.09.2015 à 14h49 • Mis à jour le18.09.2015 à 15h40 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Dimanche 20 septembre, les électeurs grecs sont de nouveau appelés aux urnes pour élire leurs députés. Ce scrutin, neuf mois à peine après le précédent, qui s’est tenu en janvier, se confirme une nouvelle fois l’explosion du champ politique. Après plus de trente-cinq ans de bipartisme presque parfait entre les socialistes du Pasok et les conservateurs de la Nouvelle Démocratie, les sondages prévoient la possible entrée de près de huit formations au Parlement, dimanche. Pour cela, les partis doivent dépasser le seuil de 3 % des voix. Le parti de la gauche radicale Syriza et les conservateurs de Nouvelle Démocratie sont pour le moment au coude-à-coude, autour de 30 % des intentions de vote, selon les enquêtes d’opinion. Tour d’horizon des partis en lice.Syriza, la première force politique en difficulté Cette coalition de la gauche radicale est devenue le premier parti de Grèce depuis les élections européennes de mai 2014, sous la direction d’Alexis Tsipras. C’est un parti politique de gauche, officiellement fondé en 2004 mais qui concentre en fait de nombreuses formations politiques préexistantes (13 au total) allant des eurocommunistes aux écologistes en passant par des eurosceptiques et des socialistes. Alexis Tsipras, ancien président du mouvement le plus important de la coalition, Synaspismós, en est le président depuis le 4 octobre 2009.Rassemblant 4 % des électeurs avant la crise, la formation est devenue la première force politique de Grèce en capitalisant sur un discours anti-austérité très populaire dans un pays où la pauvreté a crû fortement depuis 2010. Le 25 janvier, Syriza a emporté les législatives et porté Alexis Tsipras au pouvoir. Après de difficiles négociations avec les créanciers européens, et le Fonds monétaire international, le premier ministre a finalement adopté un nouveau plan d’austérité entériné par le Parlement grec le 14 août.Lire aussi :La douloureuse conversion de Tsipras au réalismeUn divorce intervient alors avec la frange la plus radicale du parti qui ne lui pardonne pas ses renoncements. Près d’une quarantaine de députés refusent de valider l’accord. Et 25 quittent le parti à la suite du dissident Panayiotis Lafazanis pour créer l’Union populaire. Syriza est aujourd’hui crédité de 30 % des voix dans les sondages.L’Union populaire, chantre de la ligne anti-euro L’Union populaire (ou LAE) est une formation politique, pas encore tout à fait officiellement un parti, lancée par des dissidents de Syriza. Créée il y a quelques semaines seulement, elle est dirigée par Panagiotis Lafazanis, qui se fait désormais le chantre de la lutte anti-austérité. Il incarne surtout une ligne anti-euro, qui avait de tout temps existé au sein de Syriza. Pour LAE, la Grèce doit sortir de la zone euro et retrouver une monnaie nationale. La formation pourrait passer le seuil de 3 % des voix et entrer au Parlement et, comble du paradoxe, devenir ainsi un parti d’opposition à Syriza.Lire aussi :Grèce : les « frondeurs » de Syriza lancent leur propre partiNouvelle Démocratie, survivante du bipartismeNouvelle Démocratie (ou ND), menée par Evangelos Meïmerakis, est un parti fondé par Konstantinos Karamanlis en 1974, deux mois après la chute de la dictature. Surnommé « le Vieux », Karamanlis a joué un rôle capital dans la vie politique grecque, pour lequel il a obtenu le titre honorifique d’ethnarchis (« chef de la nation »). Car c’est grâce à lui que la Grèce est véritablement entrée dans l’ère démocratique en mettant fin à la monarchie par référendum, en 1974. Il est aussi le fondateur d’une dynastie politique. Son neveu Kostas Karamanlis fut le dernier premier ministre avant le naufrage financier du pays entre 2004 et 2009.Lire aussi :Evangelos Meïmarakis, pompier de Nouvelle DémocratieND s’est pendant plus de trente ans partagé le pouvoir avec les socialistes du Pasok, obtenant régulièrement plus de 50 % des voix. Elle subit elle aussi le rejet d’une partie de l’électorat grec qui rend les grands partis traditionnels responsables de leur situation. Mais contrairement au Pasok qui s’est totalement effondré, ND continue de mobiliser entre 25 et 30 % des voix. La Grèce compte un peuple de droite solide. Les sondages placent aujourd’hui ND au coude-à-coude avec Syriza, avec près de 30 % des voix.Le Pasok, marginalisé depuis la crise Le Mouvement socialiste panhellénique (Pasok) est aujourd’hui dirigé par Fofi Yenimata, la fille de Georges Yenimata, plusieurs fois ministre tout au long des années 1980 et 1990. Le Pasok est né le 3 septembre 1974, deux mois après la chute du régime des colonels. Son chef, Andréas Papandréou, était le fils de George Papandréou, qui, comme chef d’Enosi Kentrou (Union du centre) avait gagné les élections de 1965 en obtenant 53 % des voix. Après la dictature, Andréas Papandréou rejette cet héritage et fonde le Pasok. Le parti prend la tête du pays en 1981 ; le début d’un long règne qui va durer près de quatre décennies, parfois interrompu par quelques incursions de Nouvelle Démocratie.Lire aussi :La faillite de la classe politique grecqueFils d’Andréas, Georges Papandréou a été élu premier ministre en 2009. C’est lui qui, en révélant l’état réel des finances grec, a entraîné le début de la crise qui agite toujours le pays. Aujourd’hui le Pasok est totalement marginalisé et représente moins de 5 % des voix. C’est la principale victime de la recomposition du champ politique à l’œuvre en Grèce.Le Parti communiste de Grèce et son noyau solideLe Parti communiste de Grèce (ou Kommounistiko Komma Elladas, KKE) a été fondé en 1918. Jusqu’en 1974, il fut un parti illégal et à ce titre nombre de ses militants ont été torturés en Grèce. Le KKE a joué un rôle important pendant la résistance contre les nazis et pendant la guerre civile qui a suivi la seconde guerre mondiale en Grèce. Jusqu’à très récemment et pendant la crise, le KKE a réussi à garder le noyau de ses électeurs presque entier, à 8 %. Il est aujourd’hui à 6 % des intentions de vote.To Potami, centriste et libéral To Potami (« la rivière ») est un parti centriste libéral, fondé en mars 2014 par Stavros Theodorakis, journaliste star de la chaîne télévisée Mega. Le parti a été créé avec l’ambition de se présenter aux élections européennes de 2014, et d’y incarner le centre proeuropéen de l’échiquier politique, dans un paysage fortement polarisé entre gauche et droite.To Potami se caractérise par un positionnement à gauche sur les questions de société et à droite en matière d’économie. Aux élections de janvier, To Potami a rassemblé légèrement plus de 6 % des électeurs, se classant en quatrième position à quelques voix des néonazis d’Aube dorée. Aujourd’hui, la formation espère maintenir son score et se rêve en partenaire de coalition du prochain gouvernement si aucun des deux partis en tête n’arrive à obtenir de majorité absolue.Aube dorée, un parti néonazi sous pression judiciaire Parti politique néonazi, Aube dorée est officiellement créé en 1992. Longtemps anecdotique, le parti a fait brutalement son entrée au Parlement dès 2012, avec 6,97 % des voix. Un choc pour la société grecque mais qui révèle, à l’époque, le désarroi des électeurs qui ne savent plus pour qui voter et qui favorisent les partis qu’ils jugent antisystème. Son discours se concentre sur les thématiques xénophobes, souverainistes et nationalistes. Son slogan principal : « La Grèce appartient aux Grecs ».Lire aussi :En Grèce, profil bas pour les néonazis d’Aube doréeLe 18 septembre 2013, un militant d’Aube dorée poignarde à mort un militant antifasciste de 34 ans, Pávlos Fýssas. Il est arrêté et reconnaît les faits. Ce sera le début d’une longue enquête qui aboutit finalement à la mise en examen de plus de 70 membres ou sympathisants de la formation, dont la quasi-majorité de ses 17 députés, pour participation ou direction d’organisation criminelle. Le procès est en cours. Mais cela n’empêche pas le parti de se présenter au scrutin de dimanche. Il devrait se maintenir à plus de 7 % des voix.L’Union du centre, outsider politiqueFondée en 1992 et dirigée par Vassillis Leventis, l’Union du centre pourrait entrer pour la première fois, à la surprise générale, au Parlement. M. Leventis est un personnage longtemps raillé par le personnel politique grec et par les Grecs eux-mêmes pour ses interminables diatribes enflammées lancées depuis sa chaîne de télévision Kanali 67 dans les années 1990. Il visait à faire revivre l’héritage de certaines grandes figures politiques du passé, telles que les premiers ministres Elefthérios Venizélos, Georges Papandréou et Alexandros Papanastasiou. Dans les derniers sondages, M. Leventis flirte avec les 4 % d’intentions de vote. Une performance qui illustre parfaitement la fragmentation des voix lors du scrutin à venir.Les Grecs indépendants, partenaires disciplinés de Syriza Egalement nommé ANEL, ce parti souverainiste dirigé par Panos Kammenos aura sans doute du mal à se maintenir au Parlement dimanche. Les sondages le placent en dessous de la barre des 3 %. Il était pourtant dans le gouvernement Syriza, l’allié de coalition d’Alexis Tsipras, qui rêverait de pouvoir recommencer l’expérience avec ce partenaire discipliné et loyal.Fondé en 2012 par Panos Kammenos, un dissident de Nouvelle Démocratie, ANEL est un parti très nationaliste, attaché à l’orthodoxie et hostile aux migrants. Privé de ce soutien, Tsipras devrait se tourner vers le Pasok et To Potami pour tenter de former une coalition s’il arrive en tête dimanche.Lire aussi :Panos Kammenos, l’encombrant allié d’Alexis TsiprasAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.09.2015 à 13h20 • Mis à jour le19.09.2015 à 10h18 Nouvelle porte d’entrée en Europe occidentale après la fermeture des frontières hongroises, la Croatie semble aujourd’hui débordée par l’afflux de migrants sur son territoire. Le premier ministre croate, Zoran Milanovic, a annoncé, vendredi 18 septembre, que son pays n’enregistrerait plus de nouveaux arrivants et que les migrants ne seraient plus hébergés.Un revirement subit, alors que les autorités croates avaient dans un premier temps laissé le passage libre aux hommes, femmes et enfants qui entraient dans son territoire pour rejoindre l’Europe de l’Ouest. En effet, alors que les autorités estimaient que le nombre de migrants serait de 20 000 en deux semaines, il a presque été atteint en deux jours avec l’arrivée de 14 000 personnes, « saturant » rapidement les capacités d’accueil du pays. Le premier ministre croate a justifié ces mesures :« Quel autre choix avons-nous ? Vous êtes les bienvenus si vous voulez traverser la Croatie. Mais ne restez pas. Pas que l’on ne vous aime pas, mais parce que nous ne sommes pas votre destination finale (...) Je ne vois pas où est le problème pour la Slovénie et la Hongrie de laisser ces gens passer. »Le gouvernement hongrois a répondu, par la voix de son porte-parole, Zoltan Kovacs, en qualifiant la décision d’« inacceptable » : « Un pays européen n’a pas le droit de ne pas respecter la loi européenne pour la seule raison qu’il n’est pas prêt ! » Viktor Orban, le premier ministre de la Hongrie, avait d’ailleurs annoncé plus tôt que son pays avait commencé à poser des barbelés à sa frontière avec la Croatie (cette clôture de 41 km devait être achevée dans la nuit par 500 militaires) et envisageait de faire de même à sa frontière avec la Roumanie.Lire le reportage :En Croatie, l’itinéraire bis des migrants compromisDes bus passent la frontière hongroiseLes personnes qui arrivent désormais aux frontières croates sont transférées vers la Hongrie, où les autorités ont barricadé les frontières, ou vers la Slovénie. Pour la seule journée de vendredi, 4 400 migrants sont entrés en Hongrie, selon un recensement du gouvernement hongrois à 22 heures locales.Drôle de balai au poste-frontière. Les bus passent la frontière, et les migrants montent dans d'autres bus, hongrois http://t.co/6Xzli8auJl— martelclem (@Clément Martel)require(["twitter/widgets"]);« Ce n’est pas un couloir » de migration, a prévenu la ministre des affaires étrangères croate, Vesna Pusic. « La Croatie et la Hongrie sont convenues de coopérer et de laisser les groupes de migrants vulnérables entrer en Hongrie », a-t-elle précisé. Budapest avait auparavant nié tout accord sur le franchissement de sa frontière."Jusque là trente bus sont passés en #Hongrie, explique un policier Croate. Et vingt autres arrivent". http://t.co/Isrqv87B1u— martelclem (@Clément Martel)require(["twitter/widgets"]);Cet acheminement a paru susciter des tensions entre les deux pays, notamment quand un train transportant 800 migrants en Hongrie était escorté par 40 policiers croates armés. La présence de ces agents en armes sur le territoire hongrois a été qualifiée d’« incident de frontière sans exemple ». Les policiers ont été désarmés et brièvement arrêtés, selon des informations de la presse croate, ce qui a été démenti par les autorités de Zagreb. M. Milanovic a prévenu les autorités européennes que son pays refuserait d’être un « hot spot », ces centres d’accueil et d’enregistrement dont l’UE veut se doter à ses frontières extérieures pour y examiner les demandes d’asile. La veille, la Croatie avait annoncé la fermeture « jusqu’à nouvel ordre » de sept des huit points de passage avec la Serbie.Le traffic ferroviaire entre Slovénie et Croatie à l’arrêtLa Slovénie, petit pays de l’espace Schengen, a annoncé à son tour avoir suspendu, jusqu’à vendredi au moins, son trafic ferroviaire avec la Croatie. La Slovénie dit n’avoir pas l’intention de faciliter l’entrée sur son territoire des migrants, qui ont commencé à arriver à sa frontière. Vendredi soir, la police a dispersé avec des tirs de gaz lacrymogène un groupe de plusieurs centaines de migrants qui cherchait à forcer sa frontière.Lire aussi :Hongrie, Croatie, Autriche, Allemagne... le point sur l’afflux de migrants en EuropeL’Allemagne avait été, dimanche, le premier pays à annoncer le rétablissement des contrôles à sa frontière avec l’Autriche. Depuis, les portes de l’Europe se sont fermées les unes après les autres : la République tchèque, la Slovaquie et l’Autriche avaient rapidement annoncé un contrôle renforcé de leurs frontières avec la Hongrie.En Méditerranée, sept corps de migrants ont été repêchés au large de Tripoli, ont annoncé les garde-côtes libyens. Quatre femmes enceintes sont toujours portées disparues. Cent-deux autres migrants, d’origine africaine, ont pu être secourus. Une fillette syrienne de 4 ans, morte au large des côtes turques dans le naufrage d’une embarcation en route vers la Grèce, a été retrouvée gisant sur une plage turque, rappelant l’image du petit Aylan devenu un symbole du drame des migrants. Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Alain Salles En sept mois de gouvernement, il a déjà pris quelques années (et quelques kilos). Son sourire est désormais plus tendu et illumine moins son visage. Alexis Tsipras est à nouveau en campagne pour les élections législatives du dimanche 20 septembre, mais il a dû laisser en chemin une bonne partie des thèmes qui avaient fait son succès.« L’espoir » qu’incarnait l’arrivée de Syriza au pouvoir a disparu des affiches électorales. Le renouveau de la gauche européenne s’est enlisé dans les interminables et violentes négociations avec l’Union européenne. Et le grand combat contre l’austérité s’est achevé après la signature d’un troisième mémorandum avec les créanciers du pays.Lire aussi :Grèce : sept candidats en quête de virginité politiqueReste à Alexis Tsipras la carte de la jeunesse et l’opposition aux partis du passé… qui l’ont pourtant soutenu au moment de voter le mémorandum en août. Il essaie de convaincre les électeurs que son application sera moins douloureuse pour les plus pauvres avec un gouvernement Syriza. « Nous utiliserons chaque fenêtre possible pour alléger les effets de ce mémorandum », assure Yiannis Burnous, responsable des relations internationales du Syriza.Poignard dans le dosEtrange campagne qui ne mobilise pas les foules, où la peur d’une sortie de l’euro et le rejet du mémorandum, qui constituaient les deux axes des précédentes joutes électorales, ont presque disparu. Les deux principaux partis utilisent le même slogan : « Seulement en avant » pour Syriza et « La Grèce en avant » pour Nouvelle Démocratie. Seuls Unité populaire, le parti né de la scission de Syriza en août, le Parti communiste, ainsi que les néonazis d’Aube dorée, font du refus du mémorandum le thème de leur campagne, réunissant à peine 15 % des intentions de vote.Lire aussi :Evangelos Meïmarakis, pompier de Nouvelle DémocratieEn faisant le pari de nouvelles élections générales, Alexis Tsipras sortait du pire mois de son existence, après le référendum du 5 juillet rejetant les propositions de la Commission européenne, suivi, une semaine plus tard, de l’humiliation d’une nuit de négociations à Bruxelles, à l’issue de laquelle il était obligé de signer un accord imposant trois ans d’austérité supplémentaires à son pays. En opposition complète avec le discours et les promesses de Syriza depuis cinq ans.« Il n’a pas changé ! Il a des idées et de vraies convictions de gauche. Ne pensez pas qu’il va se transformer en centriste. »Alexis Tsipras, qui a toujours assumé la part de compromis intrinsèque à l’exercice du pouvoir, a poignardé dans le dos l’ancien dirigeant gauchiste qu’il était. Et qu’il voudrait être encore un peu. « Il n’a pas changé !, assure Yiannis Bournous. Il a des idées et de vraies convictions de gauche. Ne pensez pas qu’il va se transformer en centriste. » « Dans les quatre prochaines années, nous arriverons à imprimer notre marque, à montrer ce qu’un gouvernement de gauche peut faire pour l’intérêt général, pour la cohésion de la société, pour les plus vulnérables », affirme l’un de ses proches.Au sein de son parti, de nombreux membres sont partagés sur l’ampleur des concessions à réaliser. « C’est normal que des gens soient déçus par cet accord si éloigné de notre programme, et prennent leurs distances, explique M. Bournous, mais nous restons la meilleure chance pour ce pays. Le seul parti neuf. » « Alexis Tsipras a eu du mal à faire le deuil de la séparation avec ses anciens camarades de la Plate-forme de gauche. Il savait pourtant que le clash serait inévitable », explique le psychanalyste Stelios Stylianidis. Le parti souverainiste des Grecs indépendants (ANEL), qui a gouverné avec Syriza, s’en moque gentiment en montrant M. Tsipras avec un bras gauche en écharpe.« Il est divisé entre deux identités : le réaliste et le gauchiste », explique l’analyste politique Georges Sefertzis. Pour Stelios Stylianidis, « cette ambivalence, qui est perçue comme une forme de trahison de l’idéal révolutionnaire, est difficile à gérer. Il y a une sorte de clivage dans sa conscience ». « Il passe son temps à s’excuser d’avoir signé le mémorandum en demandant pardon au peuple grec, tout en s’engageant à le mettre en application », constate le psychanalyste.« Il a fait monter haut les attentes. L’atterrissage est brutal »« Alexis n’est pas un rêveur, souligne un de ses proches. C’est un pragmatique, qui écoute, a des convictions, mais sait s’adapter. Il comprend la notion d’intérêt supérieur. Et faire des concessions pour arriver à son but sur le long terme, c’est de l’intelligence politique, pas de la traîtrise comme certains veulent le faire croire. » A la fin de la campagne pour le référendum, Alexis Tsipras était en pleine euphorie. « Il a fait monter haut les attentes. L’atterrissage est brutal, explique le politologue Elias Nikolakopoulos. Mais il a clairement fait le choix du réalisme, même si ça lui a coûté personnellement. » Lire aussi :Les réfugiés, grands absents de la campagne en Grèce« On se salit les mains »« Réaliste, il fallait l’être, confirme un de ses proches. Nous ne voulons pas rester dans la position confortable du parti d’opposition éternellement pur mais jamais au pouvoir. Oui, on se salit les mains ; oui, on s’éloigne un peu de notre programme, mais nos convictions restent les mêmes. » « Alexis a surmonté sa profonde déception intime. Voter pour ce mémorandum n’a pas été facile pour lui non plus, mais il a la volonté d’inscrire son projet dans le temps », explique Antonis Markopoulos, coordinateur du bureau politique du Syriza.« Alexis s’est converti au réalisme politique, car c’était nécessaire. L’étranglement était complet à ce moment-là. Mais cela doit s’équilibrer avec des principes et une vision politique, un projet. Notre boulot à nous sera de le retenir pour qu’il ne bascule pas totalement », ajoute Vassiliki Katrivanou, une ancienne députée qui s’était abstenue lors du vote du mémorandum en août – « Un moment très dur », avoue-t-elle –, mais qui a finalement choisi de rester dans le parti. Cette militante des droits de l’homme, membre du « groupe des 53 », qui représente au sein de Syriza un courant plus à gauche que celui de M. Tsipras, a décidé de lui laisser « une seconde chance ».Pendant les sept mois au pouvoir de Syriza, l’efficacité gouvernementale n’a pas été toujours au rendez-vous. « S’ils gagnent les élections, il va falloir qu’ils gouvernent, ce qu’ils n’ont pas vraiment fait. Il va aussi falloir qu’ils cherchent de nouvelles alliances en s’ouvrant à d’autres personnalités », explique Elias Nikolakopoulos. Son partenaire de coalition, ANEL, n’est pas sûr de franchir la barre des 3 % nécessaires à l’entrée au Parlement. Tsipras risque de devoir s’allier avec le vieil ennemi du Pasok, symbole du clientélisme grec, mais très affaibli, ou avec les centristes de Potami, qui sont vus comme le diable par Syriza.Lire aussi :Sous les ruines de l’économie grecque, les jeunes pousses« Si Syriza gagne, il sera le troisième parti à appliquer le mémorandum, explique M. Sefertzis. Il devra assumer les conséquences des premières mesures d’austérité après les élections. Il est piégé politiquement. C’est pour cela qu’il est soutenu par une partie du système local et européen. » Bruxelles contemple le scrutin grec avec une certaine sérénité, et une victoire de M. Tsipras assurerait la plus large majorité à la mise en œuvre du mémorandum.Pour son dernier meeting, vendredi 18 septembre, Alexis Tsipras sera soutenu par Pablo Iglesias, le chef du parti de la gauche radicale espagnole Podemos. En janvier, les deux hommes étaient montés sur scène au son de First We Take Manhattan, Then We Take Berlin, de Leonard Cohen. Peut-être vont-ils changer de disque…Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteAlain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Clément Martel (Tovarnik (Croatie), envoyé spécial) On les avait laissés à la nuit tombante embarquant dans un autobus à la gare routière de Sombor, à quelques encablures de la frontière avec la Croatie, dont des policiers serbes avaient bloqué l’accès, mercredi 16 septembre. Direction Sid, petite bourgade du nord-ouest de la Serbie devenue en l’espace de deux jours la nouvelle voie d’accès à l’eldorado européen pour des milliers de migrants et réfugiés. Mahboob l’Afghan enthousiaste et ses compatriotes Astori, Besir et Hamayun étaient-ils parvenus à bon port ? Avaient-ils fait partie des rares personnes montées à bord des quelques trains affrétés par la Croatie pour les mener de la frontière serbe à Zagreb ?Un jour plus tard, on retrouve Mahboob Faqiry et sa petite bande au détour du campement improvisé dans le village frontière de Tovarnik, pendant croate de Sid, d’où les migrants arrivent en nombre, franchissant la frontière et les champs de maïs des plaines du Danube sous un soleil de plomb. L’ancien interprète pour l’armée allemande à Mazar-e-Charif attend depuis des heures un moyen de transport pour poursuivre sa route vers sa destination finale, la Suède.« On a été vraiment bien accueillis en Croatie », confie-t-il, et il reconnaît que, la veille encore, le nom même du pays – absent de l’itinéraire initial des migrants vers l’Europe – lui était inconnu. Mahbood évoque les boissons et la nourriture offertes, mais aussi la connexion à Internet, qui lui a permis de téléphoner à sa femme, restée au pays avec leur fils de 13 mois. Il ne lui avait pas parlé depuis plus d’une semaine. Il quittait alors la Grèce, direction la Macédoine, en compagnie d’un groupe de Syriens.Lire aussi :La Croatie, nouvelle route des migrants aux confins de l’espace SchengenDes bus pris d’assaut A Tovarnik, on s’abrite comme on peut : à l’ombre d’un gigantesque silo à céréales, en bordure de haies, ou, pour les plus jeunes, sous les jambes des policiers croates appelés en renfort pour canaliser la foule dans ce village quelque peu dépassé par les événements. Migrants eux aussi, les membres des organisations humanitaires saluent – dans l’après-midi – l’accueil du gouvernement croate, tout en déplorant le manque de bus et de trains. Mais, dans la soirée de jeudi, face à l’afflux de migrants, la Croatie a fermé « jusqu’à nouvel ordre » sept de ses huit passages frontaliers avec la Serbie – plus de treize mille personnes ont franchi la frontière croate depuis mercredi matin, « saturant » les capacités d’accueil du pays.C’est le cas de Taleb Ghanoum, un Syrien de 37 ans ayant fui Homs, réduite en « boum, boum… nothing », avec deux de ses cousins et douze proches en quête d’une vie meilleure en Suède, où certains rêvent d’achever leurs études. Mais avant les rives de la Baltique, c’est une autre marée qui empêche le groupe d’avancer. Un bus, l’un des deux seuls à partir de tout l’après-midi, arrive.Il est pris d’assaut par la foule qui menace de submerger les quelques policiers tentant de canaliser le flot autour de la porte. Malgré leur équipement de Robocop, ces policiers locaux ne sont pas formés à gérer de telles situations. S’ils bloquent l’accès du centre-ville aux migrants, ils s’efforcent néanmoins de leur rendre l’attente le plus supportable possible. Femmes et enfants d’abord, le bus est rapidement plein à craquer et démarre. Sans Taleb et son groupe, qui s’agacent que des Afghans leur soient passés devant.Sans Mahboob Faqiry non plus. Assis dans l’herbe, l’Afghan avoue avoir profité de la journée pour « réfléchir à la suite », et a déjà en tête un itinéraire précis leur permettant d’échapper aux contrôles aux frontières réinstaurés par l’Allemagne, destination de ses camarades. Lui vise désormais la Suède, où ses compatriotes seraient mieux accueillis qu’au pays d’Angela Merkel, « qui privilégie les Syriens ». Où sera-t-il demain ?Lire la synthèse :Hongrie, Croatie, Autriche, Allemagne... le point sur l’afflux de migrants en Europe Clément Martel (Tovarnik (Croatie), envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.09.2015 à 12h33 • Mis à jour le29.09.2015 à 15h16 Après avoir avoué avoir équipé 11 millions de véhicules dans le monde d’un logiciel capable de fausser les résultats des tests antipollution, Volkswagen continue à rendre publique, au compte-gouttes, les marques des véhicules et les pays concernés.La division Utilitaires du constructeur a reconnu, mardi 29 septembre, que 1,8 million de véhicules utilitaires étaient concernés. Puis, ce sont 700 000 autres qui ont été identifiés comme étant de la marque espagnole Seat. Jusqu’à maintenant, on savait que la présence du logiciel était confirmée sur :5 millions de voitures de marque Volkswagen ;2,1 millions de berlines haut de gamme Audi ;1,2 million de Skoda.Avec les dernières annonces, il ne manque plus que 200 000 unités à l’appel. Pour ce qui est des pays, on ne connaît pour l’heure que les chiffres pour l’Allemagne (2,8 millions de véhicules) et les Etats-Unis (500 000 véhicules).Lire aussi :Scandale Volkswagen : Bruxelles accusée d’avoir fermé les yeux« Un chemin long et pénible nous attend » Le constructeur allemand, sommé par le gouvernement de présenter d’ici au 7 octobre une feuille de route et un calendrier de rappel des voitures et de remise aux normes, a promis, par la voix de son nouveau PDG, Matthias Müller, « un plan d’action à grande échelle » visant à assurer que ses moteurs diesel respecteront dorénavant les normes établies par les différents pays.Volkswagen proposera à ses clients « dans les jours à venir » de venir modifier les modèles diesel équipés de logiciels. Matthias Müller a également dit que les autorités seraient informées en octobre de ces solutions techniques.Il a ajouté que la marque Volkswagen, qui a perdu plus du tiers de sa valeur en Bourse depuis que le scandale a éclaté, deviendrait indépendante au même titre qu’Audi et Porsche, rapporte Reuters. « La nouvelle structure de l’entreprise constituera la première étape et le fondement de la modernisation de Volkswagen. Un chemin long et pénible nous attend, ainsi que beaucoup de travail », a lancé M. Müller devant les actionnaires du groupe.Lire le décryptage :Six clés pour comprendre le scandale qui secoue Volkswagen Audrey Tonnelier Les Bourses de Tokyo et de Hongkong ont plongé de plus de 4 % et de 3,38 % respectivement, mardi 29 septembre, dans un contexte de déprime des marchés, de nouveau gagnés par l’inquiétude sur les fragilités de la croissance mondiale. La Bourse de New York avait fini, lundi, sur une baisse conséquente, le Dow Jones fléchissant de 1,92 % et le Nasdaq de 3,04 %, dans la foulée des places européennes. Mardi en fin de matinée, les places européennes semblaient toutefois se reprendre, et évoluaient dans le vert. Trois grandes raisons expliquent pourquoi les turbulences boursières actuelles sont parties pour durer.Lire aussi :Nerveux et agités, les marchés se cherchent une boussoleChineLe ralentissement économique de l’empire du Milieu, longtemps considéré comme la locomotive du monde, n’en finit pas d’inquiéter les investisseurs. Les marchés asiatiques ne se sont jamais remis du mini-krach boursier intervenu en août, sur fond de dévaluation du yuan et d’éclatement de la bulle immobilière chinoise. Lundi, un nouvel indicateur est venu raviver les craintes : les entreprises du secteur industriel en Chine ont vu leurs bénéfices chuter de 8,8 % sur un an en août. Ce repli, qui s’accélère, est un nouveau signal de l’essoufflement de l’activité dans la deuxième économie de la planète. Les marchés craignent une contagion aux autres pays émergents, au premier rang desquels le Brésil, et à toute l’économie mondiale.Matières premièresL’indicateur chinois a provoqué une nouvelle chute des matières premières. Les cours du pétrole ont cédé plus d’un dollar le baril à New York, lundi. Symbole de cette débâcle, le groupe suisse de matières premières Glencore a connu un lundi noir à la Bourse de Londres, où il est coté, avec une chute de 29,42 % de son action, à 68,62 pence, qui atteint son plus bas niveau historique après une note d’analyste pointant son fort endettement.« Ces secteurs, très consommateurs de produits industriels, pèsent sur les commandes d’autres entreprises cotées, comme Schneider ou Bureau Veritas par exemple », soulignent les analystes d’Aurel BGC.Lire aussi :Glencore : les raisons de la chute du roi du négoce FedLes tergiversations de la banque centrale américaine sur un relèvement de ses taux directeurs alimentent les incertitudes des investisseurs. Les statistiques macroéconomiques ne les aident pas à y voir plus clair sur l’état de l’économie : lundi, les promesses de ventes de logements en août ont connu un recul inattendu, mais la consommation des ménages américains a réservé une bonne surprise pour le même mois, venant une nouvelle fois plaider en faveur d’un relèvement des taux d’ici la fin de l’année.Le président de la Fed de New York, William Dudley, a en outre alimenté les spéculations en laissant entendre que la banque centrale pourrait passer à l’action dès sa prochaine réunion, fin octobre. Plusieurs autres responsables de la Réserve fédérale doivent s’exprimer au cours des prochains jours, et parmi eux sa présidente, Janet Yellen, mercredi. Et vendredi, les investisseurs prendront connaissance des chiffres de l’emploi en septembre.Audrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles,correspondant) Un troisième suspect, un Français, est incarcéré en Belgique dans le cadre de l’enquête sur l’attentat au Musée juif de Bruxelles, qui avait fait quatre morts le 24 mai 2014. Le parquet fédéral belge a confirmé, lundi 28 septembre, des informations diffusées par l’agence de presse Belga.L’homme, dont l’identité n’est pas révélée, a 28 ans et serait originaire de la région marseillaise. Il a été mis en examen pour avoir été, selon le parquet, « auteur, coauteur ou complice d’un quadruple meurtre dans un contexte terroriste ».Il est, en fait, incarcéré dans le royaume depuis le 1er juillet. Les autorités belges avaient lancé contre lui un mandat d’arrêt international et il leur a été livré par la France. Son rôle dans l’attentat, ou l’aide qu’il aurait apportée à l’auteur de la tuerie, Mehdi Nemmouche, restent indéterminés. L’agence Belga évoque des « contacts » entre les deux individus.Un autre Français, Nacer Bendrer, est lui aussi détenu dans une prison belge depuis le mois de février dernier. Les enquêteurs n’indiquent pas s’il a des liens avec le troisième suspect.Lire aussi :Ouverture d’une information judiciaire pour enlèvement et séquestration visant Mehdi NemmoucheUn quatrième homme toujours recherchéIls recherchent, par ailleurs, toujours la trace d’un quatrième individu, filmé sur un boulevard de Bruxelles en compagnie de Mehdi Nemmouche, le 28 mai, quatre jours après la tuerie. Grand, chauve, portant des habits sombres, l’homme, non identifié, portait un sac de sport qui contenait vraisemblablement des armes.Deux jours plus tard, le 30 mai, Nemmouche était arrêté par des douaniers lors d’un contrôle de routine à la gare de Marseille. Il portait une arme de poing et un sac contenant un chargeur de Kalachnikov. Cinq personnes ont été arrêtées, sept mois plus tard, à Marseille, dans le cadre de l’enquête sur l’attentat.Nemmouche disposait vraisemblablement de contacts dans cette région où il a passé 5 années en prison avant de se radicaliser et de s’envoler pour la Syrie en 2012. Il est soupçonné d’avoir été l’un des geôliers des quatre journalistes français retenus en Syrie au début 2014. Le parquet de Paris a ouvert récemment contre lui une information pour enlèvement et séquestration, en relation avec une entreprise terroriste.En Belgique, Nemmouche se tait obstinément depuis son incarcération. Il refuse notamment de répondre aux questions sur la présence dans sa planque bruxelloise d’un fauteuil roulant qui continue d’intriguer les enquêteurs.Lire aussi :Le djihadiste français Salim Benghalem aurait été le geôlier des ex-otages en SyrieJean-Pierre Stroobants (Bruxelles,correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Mathilde Damgé L’élection régionale de dimanche, en Catalogne, a abouti à une large victoire des indépendantistes. Cette région du nord-est de l’Espagne n’a jamais été un Etat souverain, mais connaît depuis quelques décennies un indépendantisme qui va croissant.Lire aussi :En Catalogne, l’urgence d’une négociationLe nationalisme catalan n’est apparu qu’assez tardivement : mouvement républicain s’opposant à la monarchie, il aboutit à la création d’un gouvernement catalan, la Generalitat, en 1932. Etouffée sous Franco, cette Generalitat est rétablie en 1977 et fait approuver en 2005 par le parlement catalan un projet d’autonomie.Le sentiment nationaliste reste toutefois largement minoritaire jusqu’en 2010. Cette année-là, un texte élargissant l’autonomie de la région et reconnaissant l’existence de la « nation » catalane est rejeté par le tribunal constitutionnel, à Madrid. En protestation, un million de personnes ont défilé à Barcelone, un mouvement d’ampleur dans une région de 7,5 millions d’habitants. Depuis, le nationalisme s’est intensifié et la fête nationale, la Diada a rassemblé encore cette année plus d’un million de personnes – même si les chiffres sont contestés par Madrid.Pourquoi cette région veut-elle son indépendance ? En a-t-elle les moyens ?Que représente la Catalogne en Espagne ?C’est l’une des régions les plus puissantes et les plus riches d’Espagne. Avec 16 % de la population, les Catalans produisent environ 20 % de la richesse du pays. Un quart des exportations espagnoles sont parties de Catalogne en 2014.Avec Barcelone, la Catalogne possède un des plus grands ports commerciaux de la Méditerranée, quatre aéroports internationaux, une industrie pharmaceutique compétitive, et abrite les sièges de grandes multinationales, comme le géant du textile Mango. Le taux de chômage, certes élevé, reste en deçà de la moyenne nationale : il était au deuxième trimestre de 19,1 % de la population active, contre 22,4 % au niveau national.Au niveau politique et administratif, la région a, comme les autres « communautés autonomes » (Andalousie, Canaries, Galice, etc.), son parlement et son gouvernement, qui s’occupent notamment de la santé, de l’éducation et des services sociaux. Elle dispose également de sa propre police.En termes de racines culturelles, la Catalogne a aussi sa propre langue, le catalan, plus utilisé que l’espagnol (castillan), son hymne, Els Segadors (les moissonneurs) et son drapeau à rayures rouge et or. Quelles sont les revendications des indépendantistes ?Très endettée, à hauteur de près d’un tiers de son PIB, la région prétend qu’elle ne serait pas déficitaire (le déficit public ressortait à 2 % fin 2013) si le régime de redistribution espagnol, dans lequel les provinces riches donnent aux pauvres, fonctionnait davantage en sa faveur.Selon les calculs de la Generalitat en 2011, la différence entre ce que la région verse à Madrid via les impôts et ce qu’elle reçoit de l’Etat est de l’ordre de 8,5 % du PIB catalan. Une contribution contestée par le gouvernement, qui avance un chiffre moitié moins élevé (4,3 % du PIB de la région).Lire aussi :Démonter les fausses promesses économiques des indépendantistes catalansAujourd’hui, la région gère environ la moitié des impôts, le pouvoir central lève l’autre moitié. Ce que souhaitent les forces nationalistes, c’est adapter le système déjà en vigueur au Pays basque : gérer tous les impôts en créant une sorte de guichet unique régional puis verser à Madrid une quote-part en fonction des services rendus par l’Etat en Catalogne, ainsi qu’une contribution à la solidarité territoriale (avec les régions les moins riches).Outre la question fiscale, les indépendantistes ont des revendications culturelles : ils militent ainsi contre la loi qui a instauré en 2012 l’utilisation du castillan dans les écoles – le ministre de l’éducation de l’époque, José Ignacio Wert, appelant même à « espagnoliser » les jeunes Catalans. Une déclaration qui avait réveillé de mauvais souvenirs chez ceux qui avaient connu la prise de la région par les franquistes pendant la guerre civile et la répression de l’identité catalane.Lire : Catalogne, le virage indépendantistePourquoi ça peut être compliquéDans le cadre du processus politique, plusieurs obstacles se dressent sur le chemin de l’indépendance catalane : la déclaration de souveraineté de la Catalogne a été jugée inconstitutionnelle. Elle s’oppose à l’article 2 de la Constitution (Unité de la nation et droit à l’autonomie) qui reconnaît le droit à l’autonomie des régions mais pas leur indépendance, selon le principe d’unité indissoluble de la nation.Le tribunal constitutionnel a toutefois reconnu aux Catalans le « droit à décider » suivant leur « aspiration politique », mais ils ne pourront l’exercer qu’une fois la Constitution révisée. Or ce processus complexe requiert une majorité dans chacune des deux chambres du parlement, ce que les indépendantistes n’ont pas. Le projet d’autodétermination de la Catalogne est donc pour l’heure illégal et anticonstitutionnel mais reste défendu par Artur Mas, le président (indépendantiste) de la région.Par ailleurs, comme dans le cas de l’Ecosse, il serait difficile de dire si une Catalogne indépendante pourrait intégrer l’Europe. Bruxelles estime de longue date que la sécession d’une région faisant jusqu’alors partie d’un Etat membre de l’Union européenne entraînerait automatiquement sa sortie du bloc constitué de 28 pays. « Une nouvelle région indépendante, du fait même de son indépendance, deviendrait un pays tiers par rapport à l’UE et pourrait alors poser sa candidature pour devenir un membre de l’Union », a expliqué le porte-parole de l’exécutif bruxellois, Margaritis Schinas la semaine dernière.Enfin, question non négligeable : où jouerait le Barça ? Le champion d’Espagne et tous les autres clubs catalans seraient en effet exclus de la Liga espagnole en cas de sécession de la région.Lire aussi :En Catalogne, Pep Guardiola, figure du Barça, se présente sur la liste indépendantisteEst-ce qu’une sécession serait favorable à la région ?La banque Natixis s’est penchée sur la question dans une analyse publiée il y a un an, et estime que Barcelone aurait ainsi beaucoup à perdre, énumérant :« Baisse de ses exportations avec l’application du tarif douanier commun et l’apparition de coûts de transactions, risque de relocalisation des entreprises installées en Catalogne qui souhaitent accéder au marché unique, réduction du montant des investissements directs étrangers (réalisés à 80 % par des entités européennes) »Au niveau national, il serait risqué pour la Catalogne de se frotter à un boycott du pouvoir central : la moitié du commerce catalan se fait avec le reste de l’Espagne. Le gouvernement catalan a de son côté publié une note sur les « relations commerciales entre la Catalogne et l’Espagne », où il part d’hypothèses moins pessimistes et conclut à un impact de seulement 2 % sur le PIB local d’une baisse des exportations de la Catalogne vers l’Espagne.Natixis note aussi que se pose la question du maintien de l’euro comme devise nationale, qui ajoute à l’incertitude quant à la viabilité d’un nouvel état catalan. Par ailleurs, la région reste fragile financièrement : elle ne peut pas se financer sur les marchés et n’a actuellement pour seule banque que Madrid.Mathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Lucie Soullier (Envoyée spéciale à Izmir) « Cette fois, on y est. » Dash et Kholio vont tenter la traversée. Depuis trois jours, les deux jeunes Syriens tournent en rond dans Izmir, en Turquie, dans l’attente d’un message du passeur qui doit les faire rejoindre la côte grecque. Mais ce soir est bien le leur. Ils ont rendez-vous jeudi 24 septembre à 22 heures. Dans trois heures.A 24 ans, Dash a quitté Damas il y a six jours. Six couchers de soleil en comptant celui qu’elle vient d’immortaliser en photo et d’envoyer à sa mère. « Elle adore. » Des touristes l’imitent sur la promenade Kordon. « C’est bizarre cette ville », observe Kholio devant une installation de plage pour l’été : un mini-tennis sur de la mauvaise pop turque. Un enfant s’arrête et lui tend une affiche en turc, où il explique qu’il est Syrien et qu’il a faim. Kholio lui tend 5 livres (1,5 euro). Etrange Izmir.Pour son dernier soir en Turquie, Dash ne voulait pas rester à Basmane, le quartier où se retrouvent les Syriens candidats au passage par la mer. Elle voulait « un endroit joli ». Elle voulait tenter d’oublier.Lire aussi :En Turquie, dans la petite Syrie d’Izmir, l’économie parallèle des réfugiésLa France ? « Déprimant »Tous deux énumèrent les bons points de leur odyssée. Leur passeur est le cousin d’une amie qui sera lui-même sur le bateau. « Ça ne peut pas être plus sûr », se rassure Dash. Et puis ils ne seront pas plus de quarante sur un bateau de 9 mètres, ajoute-t-elle. Comme un privilège. Kholio, lui, a vérifié : la mer est « ok ».Entre deux tables jonchées de pailles aussi fluos que leurs gilets de sauvetage, ils racontent la vie d’avant. Elle étudiait l’anglais à l’université de Damas. Lui, le droit. Ils ne sont pas en couple, Kholio et Dash ne s’aiment pas « dans ce sens-là » : il est le mari de sa sœur. « Ce qui fait d’elle ma belle-sœur, c’est bien ça ? » Et tellement plus. Quand l’épouse de Kholio aura son diplôme, elle aussi les rejoindra.Ensemble, Dash et Kholio ont participé à des manifestations pacifiques pour plus de libertés. Reçu les mêmes coups. « Je viens de dire “protester” à voix haute », se surprend-t-elle. En avril, sa mère a passé un mois en prison, dénoncée par un de ses collègues. Son forfait ? Avoir critiqué l’armée. Ils échangent un regard complice. « Tu ne peux pas imaginer le sentiment de pouvoir parler de tout ça dans la rue », confie-t-elle. Elle continue tout de même d’appeler Bachar Al-Assad « président ». On ne se libère pas si facilement. Kholio se souvient d’avoir vu la vidéo d’une femme refusant de serrer la main de Nicolas Sarkozy, en 2011. « Impensable en Syrie. » Lui aussi rêve d’une telle liberté, mais pas en France. Dash a entendu dire que c’était « déprimant ».Des selfies pour journal de bordLeur objectif, c’est l’Allemagne. « Mais d’abord, la Grèce », insiste Kholio. Au premier pied posé sur la plage de l’île de Chios, Dash sait qu’elle se sentira en sécurité pour la première fois depuis… « Depuis quand déjà ? », demande-t-elle à son compagnon de route. Le jour de leur départ de Damas, des soldats les ont arrêtés à la frontière. « Parce qu’on avait des sacs à dos. » Leur glisser quelques billets les a sauvés. Un de leurs amis a subi le même sort il y a quelques mois. Lui a fini en prison. Dans le téléphone de Kholio, sa photo porte un bandeau noir dans le coin gauche. Il est mort la semaine précédente dans les geôles syriennes.Dash fait glisser l’image pour passer aux suivantes. Celles des petites victoires. Car pour s’encourager, ils échangent des selfies avec leurs amis, eux aussi sur la route. Ici la liesse lors d’un débarquement à Kos, là un ami qui essaie son gilet de sauvetage. Une nouvelle vient de s’ajouter à leur collection : la plus précieuse, prise à la frontière allemande. Kholio sourit à nouveau et publie un cliché du restaurant dans la conversation qu’ils partagent avec leurs proches, sur le service de messagerie WhatsApp. « Notre journal de bord. »Dash attend le moment où elle pourra leur montrer l’Autriche. Elle a toujours rêvé de voir à quoi ça ressemblait. Peut-être même qu’ils pourraient y rester une journée ? « D’abord, la Grèce, je sais », soupire-t-elle presque, l’œil rivé sur son acolyte. Il porte un tee-shirt « Know your future » avec le poulpe de la Coupe du monde de football 2010. « Tu sais, celui qui devinait la fin du match. »Maintenant ou jamais« Il n’est que 20 h 30 ? » La journée n’en finit plus de s’étirer. Pour faire passer le temps, ils commandent leur premier repas sans hamburger à Izmir. « J’étais tellement contente en voyant Burger King », jubile Dash. En Syrie, aucun restaurant étranger n’est autorisé. Alors un jour, un ami a conduit jusqu’à la frontière libanaise pour leur ramener des menus de chez McDonald’s. « Quelle fête on a fait, se souvient-elle. Mais je préfère Burger King. »McDo ou Burger King : le débat au sujet de la junk food est finalement interrompu par la réalité. Il vaut mieux ne pas trop manger avant d’embarquer. Peu importe, ils n’ont pas vraiment faim. A cause de l’angoisse ? « Je vais mieux qu’il y a trois jours. Kholio m’a calmée. » Lui attend qu’elle s’absente quelques minutes pour partager ses craintes. « Je suis terrifié. Mais je ne veux pas lui montrer. » Elle n’est pas dupe. La nuit dernière, à chaque fois qu’elle se réveillait, elle le voyait à la fenêtre, une cigarette à la main.Alors pourquoi prendre le risque de passer par la mer ? « Par la frontière terrestre, c’est bloqué. Et si on attend plus longtemps, la mer sera trop mauvaise. » La fin de l’été les a donc décidés. C’est maintenant ou jamais.Trente minutes avant le départUne fois à Lesbos, leur programme est prêt. Récupérer auprès de la police le document qui leur permettra de voyager à l’intérieur de la Grèce ; prendre l’avion pour le point le plus au Nord ; puis remonter jusqu’en Allemagne, où vit légalement le frère de Dash, étudiant. « Il pourra venir nous chercher s’ils nous mettent dans un camp », assure Dash. Ensuite, elle fera venir sa mère et Kholio sa femme, par les voies légales espèrent-ils. Mais le jeune homme répète son mantra. « D’abord, la Grèce. »Plus que trente minutes avant le départ. Tout se bouscule. Dans la même seconde, Dash se demande si elle trouvera un coiffeur en Grèce qui l’aidera à arranger ses dreadlocks et si la carte SIM turque de leur téléphone fonctionnera. Lui vérifie ce qu’il a déjà vérifié mille fois : dans sa poche, le cordon de ses lunettes ; sur Internet, l’état de la mer. Ensemble, ils énumèrent : sifflet, boussole, deux barres de Snickers, des piles pour la lampe de poche, les passeports dans un sachet plastique… Et pour la chance ? Dash sourit. « Pour la chance, j’ai Kholio. »Vendredi, 16 heures. Aucune nouvelle depuis l’aube. Dash et Kholio attendaient encore sur la côte turque, retenus par les rondes trop pressantes des gardes-côtes.Samedi, 1 heure du matin. La nouvelle arrive par le frère de Dash, sur Facebook. « Ils viennent d’arriver ! C’est bon, ils sont en Grèce. » Une autre histoire peut commencer.Lucie Soullier (Envoyée spéciale à Izmir)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le scandale Volkswagen pourrait donner du grain à moudre aux partisans du TTIP, le très controversé traité de libre échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis, laborieusement négocié depuis juillet 2013 par la Commission européenne.Lire aussi :Fraude au diesel : Volkswagen avait été averti depuis longtempsDe fait, un des principaux arguments brandi par les « anti », c’est le risque de nivellement par le bas de la réglementation européenne en matière environnementale et de protection des consommateurs. Poulet au chlore, boeuf aux hormones, etc. Bruxelles a eu beau soigner sa communication, allumer des contrefeux, jurer sur tous les tons qu’il n’en serait pas question, que rien ne serait accepté qui abaisse les exigences européennes existantes, l’inquiétude persiste dans le grand public.Surtout en Allemagne, où les Verts sont en pointe dans le combat « anti-TTIP ». Alors même que – c’est le grand paradoxe de cette histoire –, les véritables négociations du TTIP n’ont pas encore vraiment commencé, les Américains étant encore trop occupés à boucler l’accord de partenariat transpacifique (TPP), jugé prioritaire à leurs yeux.Introduire plus de rationalitéQue révèle, cependant, l’affaire Volkswagen, au-delà des pratiques de tricherie à grande échelle du premier constructeur automobile allemand, qui a équipé des millions de véhicules d’un logiciel permettant de passer au travers des tests d’émissions de gaz polluants ? Que l’arsenal réglementaire européen en la matière est assez défaillant, pour ne pas dire plus. Que les exigences des Européens concernant les émissions polluantes des véhicules (notamment des oxydes d’azote, émis par le diesel), sont tout simplement moins dures que celles des Américains.Ce sont les Américains qui ont découvert le pot aux roses, alertés par une ONG berlinoise, certes, mais aussi grâce à la célérité de leur agence nationale de l’environnement (EPA). Elle a constaté que le constructeur allemand violait le « Clean Air Act », obligeant notamment toute personne désirant vendre une voiture aux Etats-Unis, à prouver que son véhicule a passé avec succès une batterie de tests d’émission et de conformité.Pour autant, cette affaire ne signifie pas qu’il faut négocier le TTIP les yeux fermés, faire confiance aveuglément aux Américains. Accepter, par exemple, que les contentieux futurs entre Etats et entreprises soient réglés par des tribunaux d’arbitrage largement dominés par des juges anglo-saxons, ou que les discussions continuent à se tenir dans une relavive opacité.Lire aussi :Les normes, des « barrières douanières déguisées »Mais le scandale VW pourrait permettre d’introduire un peu plus de rationalité et de bon sens dans le débat: non le TTIP n’est pas forcément mauvais en soi, cela n’a pas de sens de le rejeter en bloc. Par principe, par paresse, ou par calcul partisan.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.09.2015 à 05h32 Le Parti populaire (PP), au pouvoir en Espagne, a affirmé dimanche 27 septembre au soir des élections régionales en Catalogne que les habitants de la région avaient « rejeté l’indépendance ». Les deux listes indépendantistes ont remporté la majorité au parlement régional (72 sièges sur 135), selon une estimation quasi définitive portant sur 90 % des voix, mais n’ont pas rassemblé la majorité absolue des voix, avec 47,8 % des bulletins. « Nous allons continuiter à défendre l’unité de l’Espagne », a déclaré le porte-parole du PP, Pablo Casado, au siège du parti à Madrid. Sandrine Morel (Madrid, correspondance) L’élection régionale qui s’est tenue dimanche 27 septembre en Catalogne, présentée comme un plébiscite en faveur de l’indépendance par le gouvernement régional s’est soldée par une ample victoire des indépendantistes.La liste « Junts pel si » (Ensemble pour le oui), qui regroupe indépendantistes de gauche et nationalistes de droite, a remporté le scrutin avec 62 députés, un résultat à la hauteur de ses espoirs. Si l’on y ajoute les 10 députés de la CUP, un parti séparatiste anticapitaliste et europhobe, les indépendantistes obtiennent la majorité absolue en nombre de sièges (72), mais pas en vote (47,8 %).Que signifie ce résultat ?La forte participation, 77,5 %, soit 10,5 points de plus que lors des élections de 2012, déjà marquées par une forte mobilisation des électeurs, témoigne de l’importance d’un scrutin présenté comme « historique » par la plupart des partis en lice. Dans les quartiers populaires traditionnellement « unionistes » comme dans les fiefs indépendantistes, la participation a été très forte.Le Parti populaire (PP), qui pensait que cette hausse de la participation lui serait favorable, obtient un score très décevant, avec 11 députés (8,5 %), ce qui en fait l’avant-dernier parti sur l’échiquier politique catalan. C’est le jeune parti de centre droit Ciudadanos (Citoyens) qui capitalise le vote anti-independantiste, se hissant à la deuxième position avec 25 députés (18 %).Quelles sont les promesses des indépendantistes ?La liste « Junts pel si » s’est engagée à réaliser une déclaration institutionnelle dès l’investiture de ses élus afin d’exposer officiellement son intention de déclarer l’indépendance. Après une première phase de la législature qui sera consacrée à la construction de « structures d’Etat » permettant un transfert de souveraineté, les indépendantistes ont promis la tenue d’élections constituantes dans un délai maximal de 18 mois. Ce scrutin peut-il être apparenté à un référendum ?La portée de ce vote, interprété par certains comme justifiant une possible sécession, fait débat. Les indépendantistes revendiquent la légitimité supérieure des urnes à la légalité constitutionnelle. Mais cette position soulève plusieurs questions.La plus importante provient du fait que les indépendantistes ont obtenu une majorité de sièges (72 députés alors que la majorité absolue se situe à 68) mais pas de voix (47,8 %). Ainsi la large victoire des indépendantistes ne peut être assimilée, au-delà de la différence du mode de scrutin, à un « oui » dans le cadre d’un référendum d’autodétermination : une majorité absolue de Catalans n’a pas voté pour eux.D’autre part, certains électeurs ont voté en pensant faire pression sur Madrid pour mieux négocier, convaincus que le gouvernement central s’opposerait comme il n’a cessé de le répéter à une sécession de la Catalogne. En ce sens, les déclarations du numéro 7 de « Junts pel si », Oriol Amat, ont provoqué de vives critiques dans les rangs des indépendantistes. Cet économiste a affirmé cette semaine à une journaliste allemande, Julie Macher, qu’il y a « une forte probabilité qu’après les prochaines élections législatives de décembre », « le gouvernement fasse une offre » à la Catalogne et que si ‘Junts Pel si’la soumettait à un vote, une majorité de Catalans voteraient pour un accord avec Madrid. Une position non partagée au sein de la coalition.Que peut-il se passer ?Impossible de le savoir avec certitude. Le résultat des élections ne prédit pas ce qu’il adviendra de la Catalogne pour plusieurs raisons. La première est que Madrid refuse de lire ce scrutin comme un « plébiscite ». Pour le gouvernement conservateur, il s’agit d’élections régionales et en aucun cas elles ne peuvent être considérées comme un référendum. La confrontation avec Madrid pourrait donc s’intensifier dans les prochaines semaines, avec de possibles recours à la justice pour tenter de paralyser le processus indépendantiste.D’autre part, l’investiture du prochain président de la Généralité, le gouvernement catalan, s’annonce compliquée. Le parti séparatiste CUP a exprimé à de multiples occasions qu’il ne permettrait pas celle d’Artur Mas, le président sortant de la région. Il faudrait alors que « Junts pel si » présente un autre candidat de consensus, ce qui risque d’ouvrir des tensions entre les différents partis qui composent la liste unitaire.Enfin, un nouveau gouvernement sortira des urnes en Espagne en décembre et pourrait tenter de négocier une autre sortie à la crise politique entre Madrid et Barcelone.Cependant, Artur Mas a répété à l’envi qu’il ne discuterait avec Madrid que d’une chose : de l’indépendance. Pas question de revenir sur de simples concessions fiscales ou sur une renégociation du statut d’autonomie. Il a cependant souligné qu’il serait prêt à retarder l’application de la feuille de route si Madrid lui proposait d’organiser un véritable référendum, avec des garanties légales, tout en soulignant qu’il n’y croyait pas. Que proposent les différents partis ?Le PP aura du mal à sortir de sa posture actuelle, celle de la fermeté du « seul garant de l’unité de l’Espagne » comme il se définit. Et ce bien qu’en secret, certains de ses dirigeants reconnaissent qu’une réforme de la Constitution pour améliorer les relations entre la Catalogne et le reste de l’Espagne est inévitable.Ciudadanos prône le dialogue mais s’oppose à un référendum d’indépendance et défend l’unité de l’Espagne. Le parti socialiste (PSOE) défend une réforme de la Constitution qui renforcerait le fédéralisme.Podemos, qui ne souhaite pas l’indépendance, a dit cependant qu’il revenait aux Catalans de choisir et leur a donc promis un référendum d’autodétermination. La CUP souhaite une déclaration unilatérale d’indépendance immédiate et la sortie de l’Union européenne.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.09.2015 à 16h27 • Mis à jour le29.09.2015 à 18h02 | Aude Lasjaunias //sas_manager.render(21484); ADVERT_AD(['50270/464684', 21484, '', 'pave_milieu', '']); //sas_manager.render(21483); ADVERT_AD(['50270/464684', 21483, '', 'pave_haut', '']);les derniers articles de la thématique Monde Festival : 18 000 personnes pour « changer le monde » La femme, avenir du monde arabe Jordi Savall, gambiste engagétous les articles de la thématiqueAu fil des mois, le dossier grec est devenu le cas d’école pour aborder l’Europe et ses dysfonctionnements. Rien d’étonnant, donc, à ce que le débat entre Daniel Cohn-Bendit et Yanis Varoufakis, organisé dimanche 27 septembre dans le cadre du Monde Festival sur le thème « L’Europe a-t-elle tué la gauche ? », débute par une question sur le pays et les conséquences de l’application du mémorandum du 13 juillet : « Quelle sera la situation de la Grèce dans deux ans ? »Premier sourire de l’ancien ministre des finances grec. « Si l’accord est mis en œuvre en l’état, le futur ne sera que la continuité de ce que l’on constate aujourd’hui. » Et l’économiste de rappeler son opposition au texte conclu au terme de longues heures de discussion entre l’exécutif grec et les dirigeants européens, et de souligner que, dans tous les cas, le premier ministre, Alexis Tsipras, ne tiendra pas ses promesses – vis-à-vis de ses concitoyens ou des créanciers.Première réaction de l’ancien député d’Europe écologie-Les Verts au Parlement européen : « Théoriquement, Yanis a raison, politiquement, il a tort. » Lui aussi partage l’opinion que le gouvernement grec, sous pression, ne peut pas mettre en place les réformes dans les délais imposés. Lui aussi déplore les logiques contradictoires des différents Etats membres de la zone euro. Mais Alexis Tsipras a dû faire « face à un choix cornélien » : accepter l’austérité ou sortir de la zone euro. « Si certaines des réformes sont réellement adoptées, il y aura une possibilité de réduire la pression du mémorandum. La Grèce ne terminera pas dans deux ans avec le même poids de la dette qu’aujourd’hui », clame-t-il.« Les forces politiques ont abdiqué »Puis, « Daniel » et « Yanis » ont fait du « Cohn-Bendit » et du « Varoufakis » à grand renfort de phrases-chocs et d’expressions savoureuses saluées par les applaudissements de la salle. « Arrêtons ces négociations entre gouvernements qui ne font que chatouiller les égoïsmes nationaux ! », lance le premier. « Nous ne sommes plus une nation souveraine », tance le second en référence au contrôle de la « troïka » sur le budget du pays.#MFEurope : "Le problème c'est l'Europe pas la Grèce", insiste @yanisvaroufakis— AudeLjs (@Aude Lasjaunias)require(["twitter/widgets"]);Derrière le cas grec, le véritable enjeu de ce débat a été celui de l’avenir d’une Europe aujourd’hui « paralysée ». L’ancien leader du mouvement étudiant de Mai 68 est fermement partisan d’une solution fédérale. Une proposition qui ne semble pas déplaire à M. Varoufakis : « Si l’on veut créer des Etats-Unis d’Europe, il faut donner de la souveraineté au Parlement européen. » Pour lui, l’Eurogroupe – réunion mensuelle des ministres des finances de la monnaie unique – a pris le dessus sur les autres instances de l’UE. Même constat pour M. Cohn-Bendit, qui souligne que cette instance est non démocratique et qu’il est aujourd’hui impossible de remettre en cause les décisions prises en son sein : « Mais le problème ce n’est pas le Parlement, ce sont les forces politiques qui ont abdiqué. »Aude Lasjaunias 26.09.2015 à 15h41 • Mis à jour le26.09.2015 à 16h33 C’est un épisode digne de la guerre froide qui s’est déroulé, samedi 26 au matin. La Russie et l’Estonie ont échangé deux espions présumés sur un pont de la rivière Piusa, à la frontière des deux pays, ont annoncé les services de sécurité de la Fédération de Russie (FSB).Eston Kohver, un officier des services de sécurité estoniens arrêté en 2014 et condamné à quinze ans de travaux forcés, a été échangé contre Alexeï Dressen, un ancien membre des services estoniens arrêté en 2012 et condamné à seize ans de prison en Estonie pour espionnage.Les autorités estoniennes ont ensuite confirmé la libération d’Eston Kohver. L’Union européenne avait demandé en août sa libération immédiate. Pour Bruxelles, Kohver avait été enlevé le 5 septembre 2014 par des agents russes en territoire estonien.Lire aussi :L’affaire Eston Kohver, jeux d’espions sur la BaltiqueSelon les services de sécurité russes, Eston Kohver avait bien été interpellé en territoire russe et avait sur lui un pistolet Taurus avec ses munitions, 5 000 euros en liquide, du matériel d’écoute et des documents qui prouveraient qu’il menait une mission de renseignement. Maxime Vaudano Depuis 2012, c’est devenu l’un des chevaux de bataille de Nicolas Sarkozy en matière d’immigration : il faudrait réformer les accords de Schengen, qui régulent la libre circulation des personnes au sein de 26 pays européens. Le président du parti Les Républicains (LR) ne cesse de marteler que cet espace imaginé en 1985 ne « fonctionne plus », et qu’il faut le remplacer par un « Schengen 2 », plus efficace pour endiguer l’immigration illégale et gérer les flux de demandeurs d’asile. Une proposition plus difficile à appliquer qu’il n’y paraît.Lire aussi :Espace Schengen : pour Nicolas Sarkozy, la France doit suivre l’exemple allemand1. Que propose Nicolas Sarkozy ?Jamais exposée dans le détail, l’idée de l’ex-chef de l’Etat peut être reconstituée en rassemblant ses prises de parole depuis la campagne présidentielle de 2012 jusqu’à son entretien dans Le Figaro en septembre 2015, en passant par son intervention lors de la campagne pour les élections européennes de 2014.Il souhaite tout d’abord suspendre « provisoirement la libre circulation des ressortissants non européens au sein de Schengen », ce qui suppose de rétablir des contrôles aux frontières intérieures afin de séparer les personnes en règle des clandestins.Par la suite, Nicolas Sarkozy souhaite négocier avec les autres Européens un « Schengen 2 » avec des règles plus strictes :Les Etats ne pourraient y adhérer qu’après avoir « préalablement adopté une même politique d’intégration » (c’est-à-dire des règles communes pour l’accès des immigrés au marché du travail, à la santé, à l’éducation, etc.) et d’immigration (des critères harmonisés pour accepter ou non un immigré ou un réfugié).Un système de sanctions permettrait de suspendre ou d’exclure un Etat qui serait « défaillant » dans le contrôle de ses frontières – c’est-à-dire qui laisse pénétrer des clandestins dans l’espace Schengen.Un mécanisme qui interdise à « un étranger de pénétrer dans l’espace Schengen, puis une fois cette formalité accomplie de choisir le pays où les prestations sociales sont les plus généreuses ».2. Suspendre provisoirement Schengen, c’est possible« Suspendre Schengen » revient à rétablir des contrôles aux frontières intérieures, qui sont théoriquement interdits par le traité européen. Les Etats-membres ont toutefois le droit de le faire à titre provisoire et dans des circonstances exceptionnelles, grâce à certaines clauses de sauvegarde. C’est ce qu’on fait ces derniers jours l’Allemagne, l’Autriche ou la Slovaquie.Lire le décryptage :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ?Cette exception à la libre circulation ne peut toutefois durer plus de vingt-quatre mois, doit être justifiée par une « menace grave pour l’ordre public et la sécurité intérieure » et être proportionnelle à la gravité de la situation (fermer toutes les frontières n’est pas nécessaire si le problème vient d’un seul pays limitrophe, par exemple). Si ces critères ne sont pas respectés, la Commission européenne peut engager une procédure d’infraction contre l’Etat qui a rétabli ses frontières, et la forcer à les rouvrir, et lui infligeant éventuellement une amende.C’est ce qui avait failli arriver au Danemark quand le gouvernement libéral avait rétabli unilatéralement les contrôles sur ses frontières avec l’Allemagne et la Suède, en 2011, pour se protéger de la « criminalité transfrontalière ». L’annulation de la mesure par le gouvernement social-démocrate arrivé au pouvoir quelques mois plus tard avait mis un terme à la procédure.3. Instaurer un « Schengen 2 », c’est plus compliquéLa plupart des idées portées par Nicolas Sarkozy pour réformer Schengen ne pourraient être mises en œuvre sans une renégociation des traités qui régissent cet espace. Un processus très compliqué, qui nécessite un accord des Vingt-Huit puis une ratification de tous les pays membres (par un vote du Parlement ou un référendum). Or, la mauvaise expérience du traité de Lisbonne (très difficilement ratifié en 2009 après un « revote » des Irlandais) a refroidi les ardeurs des Européens les plus convaincus.Malheureusement pour Nicolas Sarkozy, il ne serait pas possible de faire passer ces modifications institutionnelles par la voie, plus commode, d’une directive européenne, comme lors de la précédente réforme, en 2013. « La possibilité d’exclure un Etat-membre ou de modifier la liste des membres doit forcément passer par une révision du traité », confirme Yves Pascouau, chercheur à l’Institut Jacques Delors et directeur de l’European Policy Centre.De même, mettre en place une politique européenne de l’intégration, comme l’appelle de ses vœux le président de LR, n’est pas vraiment possible en l’état actuel des traités. « L’intégration reste une compétence nationale : l’Union européenne peut seulement  coordonner les politiques d’intégration des Vingt-Huit, mais en aucun cas imposer la sienne », explique M. Pascouau. Impossible donc, par exemple, d’harmoniser les prestations sociales versées aux demandeurs d’asile dans les différents pays d’Europe, pour qu’ils évitent de choisir un pays d’accueil en fonction de ce critère.Ce problème remonte à la signature des accords de Schengen, en 1985, comme l’explique Yves Pascouau : « Pour aller plus vite, François Mitterrand et Helmut Kohl ont remis à plus tard la mise en place d’une politique commune d’immigration et d’intégration. Celle-ci n’a finalement jamais vu le jour, car les Etats n’ont jamais voulu s’attaquer à ce problème. » Un « oubli » que veut aujourd’hui combler Nicolas Sarkozy.Maxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Lemarié « Qu’on ne vienne pas me prononcer un procès de faiblesse, je n’en ai aucune ! » Le ton est donné. Nicolas Sarkozy a présenté un projet très droitier sur l’immigration, mercredi 16 septembre, lors d’une « journée de travail » sur ce thème au siège parisien du parti. L’occasion pour le président des Républicains (LR) – en l’absence d’Alain Juppé, de François Fillon et de Bruno Le Maire – de réitérer ses propositions pour faire face à la crise des réfugiés, avant un débat au Parlement sur le sujet.Lire : Réfugiés : Sarkozy veut refonder SchengenAlors que la France s’apprête à accueillir 24 000 demandeurs d’asile dans les deux ans à venir, l’ex-chef de l’Etat a réaffirmé son hostilité aux quotas de réfugiés à se répartir dans l’Union européenne. Pour lui, il convient d’abord de « refonder » Schengen et de « bâtir une nouvelle politique d’immigration européenne » impliquant une harmonisation des politiques sociales des Etats européens. « Sinon, ceux qui sont rentrés dans un autre pays vont se précipiter chez nous pour profiter de nos prestations sociales », a-t-il mis en garde. Une affirmation très discutable, puisque actuellement les réfugiés se rendent essentiellement en Allemagne, en Suède ou en Angleterre. De fait, alors que l’Allemagne attend jusqu’à un million de réfugiés cette année, la France devrait rester à des niveaux proches de 2014 (soit 66 000 demandes d’asile).S’il reste hostile aux quotas, M. Sarkozy est favorable à l’accueil des réfugiés à condition qu’ils retournent dans leur pays une fois la guerre terminée – il a de nouveau plaidé pour « l’activation d’un statut temporaire de réfugié de guerre » plus restrictif que celui de réfugié politique – et à condition que l’on diminue le nombre d’immigrés économiques (environ 200 000 par an). Pas question, dans son esprit, d’augmenter le nombre global d’immigrés en France. « Penser que l’immigration pourrait augmenter, c’est prendre un risque de déflagration de la société française », a-t-il prévenu, jugeant notamment nécessaire de réduire les conditions du regroupement familial.DURCISSEMENT« La France a le droit de choisir qui elle veut accueillir sur son territoire et qui elle veut refuser », a-t-il déclaré. Soulignant « les racines chrétiennes de la France », il se dit pour une immigration choisie : « Nous proposons que le Parlement ait le pouvoir de décider, chaque année, du nombre d’étrangers non européens admis à immigrer en France. » Pour les empêcher d’entrer sur le territoire, M. Sarkozy s’est de nouveau prononcé pour un rétablissement des contrôles aux frontières de l’espace Schengen pour les Non-Européens. Un système à deux vitesses difficilement applicable. Tout comme l’idée de créer un statut temporaire de réfugié de guerre. La preuve : même le député LR Pierre Lellouche a souligné lors de la réunion qu’il était « très difficile de trier les migrants économiques des réfugiés de guerre », comme le propose M. Sarkozy. « Un Malien qui vient en France, comment définir s’il fuit la guerre ou la misère ? », demande M. Lellouche.Officiellement, M. Sarkozy dit vouloir trouver une position médiane entre le Parti socialiste (PS), qui « se complaît dans des postures morales », et le Front national (FN), qui se borne à formuler des « impostures idéologiques ». Mais la ligne générale reste très à droite. Certaines propositions, en rupture avec ses credo passés, marquent un durcissement du discours de M. Sarkozy. Ce dernier plaide par exemple pour la suppression de d’aide médicale d’Etat (AME) accordée aux étrangers en situation irrégulière, alors qu’il disait ne pas vouloir « remettre en cause cette générosité française » lors de la campagne présidentielle de 2012. Autre signe de droitisation : le président des Républicains se dit désormais favorable à une « adaptation du droit du sol » pour durcir les conditions d’accès à la nationalité française, alors qu’il déclarait en 2012 : « Le droit du sol, c’est la France. »CLIVER AVEC JUPPÉSi son discours a pour objet de contrer l’extrême droite sur son terrain, dans l’espoir de reconquérir les électeurs de droite passés au FN, M. Sarkozy vise un autre objectif : souligner ses différences avec Alain Juppé, son principal rival dans l’optique de la primaire à droite pour la présidentielle de 2017, adepte d’une approche apaisée des problèmes d’immigration. La manœuvre se veut subtile. Le président de LR a expliqué que les adhérents de son parti auraient à approuver son projet sur l’immigration – lors d’un vote sur le site du parti, qui se déroulera de mercredi soir à vendredi soir – avant d’être soumis à l’approbation du bureau politique, le 22 septembre.Alors que les onze questions posées aux militants reprennent ses propositions, M. Sarkozy a estimé qu’il aurait été judicieux d’en ajouter « une douzième » sur la nécessité de contraindre les immigrés à « s’assimiler ». « Le débat entre l’assimilation et l’intégration est un débat central », a-t-il souligné, avant de lancer : « Je voudrais que l’on demande à nos adhérents : un étranger voulant devenir français doit-il s’assimiler ou s’intégrer ? C’est un débat qui n’est pas anecdotique, car l’intégration, cela veut dire : “Je viens comme je suis, avec ce que je suis et je m’intègre en France.” L’assimilation, c’est que le dernier arrivé accepte la langue, le mode de vie, la culture, les usages de ceux qu’il rejoint. C’est un sujet de débat entre nous [entre les ténors de LR]. Que les adhérents donnent leur sentiment. »Farouche partisan de « l’assimilation » – un mot issu de l’histoire coloniale –, M. Sarkozy tente ainsi de marginaliser M. Juppé. Lequel est favorable au concept d’« intégration » au motif qu’il « respecte les différences », et rejette celui de « l’assimilation », qui revient, selon lui, à « vouloir effacer les origines ».« SARKOZY JOUE AVEC LE FEU »L’objectif du président des Républicains : faire apparaître M. Juppé en décalage avec les aspirations de la base militante du parti, qui devrait à coup sûr se prononcer pour l’assimilation. « Sarkozy veut montrer qu’il incarne la ligne majoritaire au sein du parti. Il fait adopter par les adhérents un projet très à droite pour pousser Juppé à se démarquer et le faire passer pour un centriste », décrypte un dirigeant du parti.En opposant la légitimité des adhérents – plus radicaux que les sympathisants de droite – aux positions plus mesurées de son rival Juppé, le chef de l’Etat rejoue ainsi la même partition que lors de la campagne de 2012, quand il opposait « le peuple aux élites ». Reste que la manœuvre n’est pas sans risque. Celui qui se pose en garant de l’unité du parti se retrouve en effet à exacerber lui-même les divisions internes sur le sujet de l’immigration. « Sarkozy joue avec le feu en allumant lui-même un incendie en interne avec Juppé », s’inquiète un soutien de l’ex-chef de l’Etat. De quoi écorner l’image de rassembleur qu’il s’efforce de se donner dans l’optique de la primaire.Alexandre LemariéJournaliste en charge du suivi de l'UMPSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Bernard (Londres, correspondant) Trois jours après son élection triomphale à la tête du Labour, Jeremy Corbyn aurait-il déjà commis un crime de lèse-majesté ? La photo du leader de la gauche radicale, la mine recueillie, les mains jointes mais la bouche close au milieu d’invités chantant God Save the Queen, mardi 15 septembre, à la cathédrale Saint-Paul de Londres, faisait la manchette des journaux, mercredi matin, avec des titres outragés.« Corb snobe la reine », s’indigne The Sun, le plus lu des quotidiens britanniques qui dénonce un « outrage à l’hymne national », tandis que le Times annonce que les anciens combattants « ouvrent le feu » sur Corbyn après son refus de saluer la reine, chef de l’Etat, au cours d’une cérémonie commémorant le 75e anniversaire de la Bataille d’Angleterre.M. Corbyn « se tenait debout dans un silence respectueux », a rétorqué un porte-parole de l’intéressé.« Jeremy a assisté à la cérémonie pour montrer son respect à l’égard de ceux qui se sont battus pour la Grande-Bretagne. L’héroïsme de la Royal Air Force au cours de la Bataille d’Angleterre est une chose à l’égard de laquelle nous avons tous une dette de gratitude ».Pour l’occasion, le nouveau chef des travaillistes avait revêtu une cravate rouge, alors qu’il porte habituellement une chemise ouverte.Lire aussi :Qui est Jeremy Corbyn, nouveau leader de la gauche britannique ?Sentiments antimonarchistesOne image - and one story -dominates many of Wednesday's UK front pages — suttonnick (@Nick Sutton)require(["twitter/widgets"]);Jeremy Corbyn n’a jamais caché ses sentiments antimonarchistes. Pendant la campagne des primaires, la veste rouge qu’il avait osé porter pendant la cérémonie funèbre pour la reine mère avait été rappelée et décrite comme outrageante par de nombreux médias. Ces derniers jours, la question de savoir s’il répondra à l’invitation d’Elizabeth II de rejoindre son « conseil privé », comme c’est la tradition, a aussi défrayé la chronique. Il a finalement accepté lundi.Dans un pays où les symboles comptent et où la reine figure parmi les institutions les plus populaires avec l’armée, l’attitude de M. Corbyn sent politiquement le soufre. Non seulement Nicholas Soames, petit-fils de Winston Churchill, a estimé que le leader du Labour « s’est montré malpoli et irrespectueux envers la reine », mais M. Corbyn est largement critiqué dans son propre camp, y compris parmi les membres du cabinet fantôme qu’il vient de constituer.« Il devrait entonner le God Save the Queen lors de cérémonies d’Etat qu’il l’aime ou pas », a estimé le député Labour Simon Danczuk. Ne pas l’avoir fait « aura blessé les gens », a ajouté Kate Green, ministre des femmes et des égalités dans le cabinet fantôme.L’incident survient à la veille de la séance très attendue des questions au premier ministre, la première à laquelle Jeremy Corbyn doit participer en tant que chef de l’opposition du gouvernement… de Sa Majesté. Il a annoncé un complet changement de style de cette passe d’armes rituelle et hebdomadaire. M. Corbyn posera les questions que le public lui a transmises. Il dit en avoir reçu des dizaines de milliers.Lire aussi :Nucléaire, OTAN, Europe : les batailles de Jeremy Corbyn à la tête du LabourPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.09.2015 à 07h55 • Mis à jour le16.09.2015 à 08h34 La circulation s’annonce compliquée à Bruxelles, mercredi 16 septembre. Les syndicats de taxis européens manifesteront pour protester contre la concurrence d’Uber, ce service de transport avec chauffeur (VTC), qui propose des chauffeurs aux particuliers grâce à l’application pour smartphone UberPop.A partir de 8 heures, des taxis belges, français, espagnols, portugais ou encore allemands vont bloquer plusieurs carrefours de la capitale belge, où le groupe américain est implanté depuis dix-huit mois. Ils demanderont également à être reçus par la Commission européenne et par le ministre fédéral des finances belge, Johan Van Overtveldt, et le secrétaire d’Etat à la lutte contre la fraude sociale, Bart Tommelein.En France, Uber a annoncé début juillet la suspension de son service UberPop. Cette décision faisait suite aux manifestations des chauffeurs de taxis émaillées de violence qui avaient eu lieu dans plusieurs villes de France. Les taxis entendaient alors protester contre la concurrence déloyale de ces chauffeurs non licenciés.Le 30 septembre, Uber France et ses deux dirigeants seront jugés en correctionnelle notamment pour pratique commerciale trompeuse, complicité d’exercice illégal de la profession de taxi et traitement de données informatiques illégal. Jean-Baptiste de Montvalon Les Français restent majoritairement très réticents à l’idée d’accueillir des étrangers sur leur territoire, qu’ils soient migrants économiques ou réfugiés politiques. Le repli sur soi ainsi que la demande de sécurité et de protection sont dans notre pays des tendances lourdes et anciennes, face auxquelles le drame vécu par les centaines de milliers de personnes qui cherchent à gagner les Etats d’Europe occidentale au péril de leur vie ne pèse que d’un poids très relatif.Une évolution assez notable s’est certes produite au cours de l’été, compte tenu de l’ampleur du phénomène et de son relais par les médias. L’émotion suscitée par les 71 migrants retrouvés morts dans un camion frigorifique au bord d’une autoroute autrichienne, le 27 août et, surtout, par la diffusion massive, le 2 septembre, de la photo du corps du petit Aylan, un enfant syrien de 3 ans échoué sur une plage turque, a sensiblement modifié les avis recueillis dans les sondages.Selon une enquête de l’IFOP pour le site Atlantico, réalisée par Internet les 3 et 4 septembre auprès de 1 002 personnes, 49 % des Français se disaient favorables à ce que les migrants « soient répartis dans les différents pays d’Europe et à ce que la France en accueille une partie ». Soit treize points de plus que le taux de réponse à une question quasiment identique posée par le même institut entre le 25 juin et le 2 juillet.Lire aussi :Face aux réfugiés, des opinions européennes profondément diviséesDes « réticences très fortes »Doit-on voir le verre à moitié plein ou à moitié vide ? Instruits par l’expérience de dizaines d’enquêtes qui ont mis en lumière, depuis des années, les inquiétudes et la méfiance de la population française, les responsables des instituts de sondage ne croient pas à un revirement de l’opinion. « L’émotion peut jouer, surtout à gauche [où les avis favorables à la question précitée ont progressé de vingt points]. Mais les réticences sont très fortes, et les freins extrêmement puissants », note Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’IFOP.Lire aussi :Sarcelles, « ville laboratoire » de l’accueil de réfugiés en FranceSelon M. Fourquet, les facteurs qui structurent le plus les avis (favorables comme défavorables) à l’accueil des étrangers sont, par ordre d’importance : le degré de qualification présumé des migrants ; le risque – également présumé – en matière de sécurité ; puis, en dernier lieu, leur statut (migrants « économiques », réfugiés ou demandeurs d’asile). Dit autrement : avant d’envisager d’entrouvrir la porte, on songe en premier lieu à la concurrence sur le marché de l’emploi (et du logement), puis au risque terroriste. On retrouve là les données lourdes qui pèsent sur une société minée de longue date par le chômage et en proie à une profonde crise identitaire. Mieux vaut ne pas sous-estimer la moitié vide du verre… « Au pic de l’émotion, la moitié des Français était défavorable à l’accueil des migrants », préfère donc souligner M. Fourquet.« Mauvaise conscience »Directeur des études politiques chez Elabe, Yves-Marie Cann a lui aussi mesuré l’évolution de l’opinion début septembre. « La publication de la photo [du petit Aylan] et les images de l’Allemagne accueillant les migrants à bras ouverts ont provoqué une prise de conscience… et une mauvaise conscience », explique-t-il. Deux sondages réalisés par son institut pour BFM-TV – l’un juste avant la diffusion de la photo, l’autre une semaine plus tard – ont ainsi montré « une évolution spectaculaire » : 53 % des 1 001 personnes interrogées les 8 et 9 septembre se disaient favorables à ce que la France accueille « une part de ces migrants et réfugiés sur son territoire », soit neuf points de plus que le taux de réponses positives enregistré les 1er et 2 septembre.Après avoir commenté à chaud ce « basculement », M. Cann se montre prudent. « Il s’est produit une sorte de sursaut, mais cela n’efface en rien les réticences, la méfiance, les risques perçus sur le plan économique et social vis-à-vis d’une arrivée de migrants et de réfugiés », souligne-t-il. Une prudence accrue par le revirement de l’Allemagne. La décision de ce pays de rétablir des contrôles à ses frontières avec l’Autriche, dans un contexte où l’Europe se montre incapable de coordonner l’accueil des réfugiés, pourrait engendrer « une demande accrue de protection » de la part des Français, estime M. Cann.Les enquêtes d’opinion reflètent par ailleurs des constantes. Les clivages socioprofessionnels sont toujours aussi marqués sur les questions d’immigration. « Les cadres et professions supérieures, qui vivent une mondialisation heureuse, sont nettement favorables à l’accueil des migrants, alors que les catégories populaires, notamment les ouvriers, y sont hostiles », note M. Cann, qui lie cette hostilité à un « syndrome de la concurrence victimaire ».Jean-Baptiste de MontvalonJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.09.2015 à 16h41 • Mis à jour le16.09.2015 à 08h15 | Jean-Baptiste Chastand (Röszke, Hongrie, envoyé spécial) Un indescriptible chaos régnait, mardi 15 septembre, à la frontière entre la Serbie et la Hongrie, au lendemain de la décision de Budapest de fermer totalement sa frontière aux migrants. Effective depuis minuit, l’initiative a bloqué sur la route entre les deux pays plusieurs centaines de migrants qui essayaient de rejoindre au plus vite l’Allemagne en passant par la Hongrie. En colère, ceux-ci ont bloqué, mardi midi, l’autoroute reliant Belgrade à Budapest, qui était totalement fermée à la circulation.Devant les barricades de la police hongroise, les candidats à l’asile ont protesté en criant « Open, open, open », certains d’entre eux promettant même dans un acte de désespoir de mener une grève de la faim tant qu’ils ne pourraient pas passer. De l’autre côté, la police hongroise leur a demandé, en arabe, de se disperser. Sans succès, les migrants s’amassant le long des barricades, en plaçant les enfants devant au cas où les policiers et les militaires hongrois tenteraient de les disperser par la force.Lire aussi :La Hongrie veut construire une clôture antimigrants à sa frontière avec la RoumanieDans l’après-midi, pour décourager tout contournement de la frontière avec la Serbie, le gouvernement a annoncé son intention d’ériger une barrière similaire le long de la Roumanie. Les grillages s’étendraient « du point de jonction entre les frontières serbe, hongroise et roumaine sur une distance raisonnable », a déclaré le ministre hongrois des affaires étrangères, Peter Szijjarto, lors d’une conférence de presse à Budapest : cette mesure « est nécessaire étant donné que les passeurs pourraient changer leur route en raison de la clôture existante à la frontière serbo-hongroise », a-t-il expliqué.Conditions très particulièresAprès avoir marché 35 kilomètres le long de la clôture avec sa famille, John Ngoma, un congolais de 30 ans qui espère rejoindre la France, ne cachait pas son inquiétude. « Savez-vous ou on peut passer ? Est-ce qu’on peut demander l’asile en Hongrie », demande-t-il, un peu perdu, en se reposant dans un petit bosquet. « Opposant politique » en République démocratique du Congo, John Ngoma a réussi à obtenir un visa pour la Turquie, avant de tenter de rejoindre l’Europe par la Grèce et la route des Balkans. Bloqué devant la clôture, il hésite désormais à passer par un autre pays ou à déposer une demande d’asile en Hongrie.Alors qu’elles avaient pourtant annoncé la semaine dernière qu’elles y renonçaient, les autorités hongroises ont en effet officiellement installé mardi matin deux « zones de transit » à la frontière avec la Serbie, dont une tout près de l’autoroute de Röszke. Les migrants devraient être autorisés à y rentrer, mais dans des conditions très particulières : « Les personnes dans les zones de transit ne se trouveront pas sur le territoire hongrois d’un point de vue légal, mais comme dans une zone de transit d’aéroport », a expliqué le porte-parole du gouvernement hongrois lundi matin.Lire aussi :Afflux record de migrants en Hongrie avant la fermeture de sa frontière avec la SerbieÀ Röszke, cette « zone de transit » consiste en réalité en quelques containers accolés à la clôture. Une petite porte y donne accès. Elle s’ouvre de manière imprévisible. Derrière, trois policiers hongrois en masque acceptent de recevoir à chaque fois quelques migrants, alors que des dizaines se précipitent pour tenter de rentrer. Selon les ONG hongroises présentes sur places, les migrants doivent ensuite officiellement déposer leurs demandes d’asile en Hongrie, laisser leur empreinte digitale, et surtout prouver que la Serbie n’est pas un pays sûr pour eux, conformément à la nouvelle législation. Tous ceux qui ne remplissent pas ces conditions seront normalement immédiatement refoulés en Serbie.« On doit aussi être des humains »Pour décourager encore davantage les migrants, le gouvernement hongrois a annoncé, mardi, que soixante migrants avaient été arrêtés depuis lundi minuit en vertu de la nouvelle législation pénalisant de trois ans de prison ferme les migrants passant la clôture. Ces personnes « ont été arrêtées par la police alors qu’elles cisaillaient ou endommageaient la clôture (…) La police a ouvert une procédure pénale à leur encontre », a précisé un autre porte-parole du gouvernement, Gyorgy Bakondi. Mercredi, la police disait avoir arrêté 367 migrants entrés illégalement mardi. L’état d’urgence a été décrété dans les deux régions sud du pays, autorisant l’armée à contrôler les frontières, au côté de la police. Autant de mesures qui laissent peu d’espoirs aux migrants qui espéraient traverser la Hongrie.Parmi les migrants attendant une hypothétique ouverture de la frontière, Mohamed, un syrien, se démenait lui pour retrouver sa femme qui avait pu passer la clôture peu avant sa fermeture. « Nous étions un groupe de treize, nous avons creusé un trou sous la clôture, mais seuls onze ont pu passer avant que la police n’arrive », explique-t-il, particulièrement inquiet. Si lui compte tout faire pour passer, des dizaines d’autres migrants semblaient eux déjà chercher une autre voie pour parvenir en Europe, en se dispersant dans la campagne serbe à la recherche d’un taxi pouvant les amener plus loin.Mardi matin, le premier ministre ultra-conservateur hongrois Viktor Orban semblait de facto en passe de réussir son pari de barricader complètement son pays. « Le message que nous voulions faire passer est : “Ne venez pas, cette route ne vous mène pas à destination”. Selon nos données, les migrants ont compris ce message et les passeurs aussi », s’est ainsi félicité M. Bakondi. Venu assister à la fermeture de la frontière, l’ancien premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsány, a lui réclamé à Viktor Orban « de venir ici regarder les migrants dans les yeux pour comprendre leur misère. On doit respecter les obligations de Schengen mais on doit aussi être des humains », a-t-il expliqué, admettant toutefois que « deux tiers des Hongrois ne veulent pas accueillir les migrants ».Lire aussi :Hongrie : une « atmosphère de guerre » contre les migrantsJean-Baptiste Chastand (Röszke, Hongrie, envoyé spécial)Journaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Delphine Roucaute (Budapest, envoyée spéciale) Face à l’arrivée massive de migrants – fuyant principalement la Syrie et l’Irak – à sa frontière avec la Serbie, le gouvernement hongrois a fait voter, le 4 septembre 2015, une loi pénalisant le passage illégal de la frontière. Ces mesures législatives anti-immigration entrent en vigueur mardi 15 septembre et déclenchent l’inquiétude des associations de défense des droits de l’homme. L’avocate Marta Pardavi, coprésidente du comité Helsinki hongrois (comité de surveillance du respect des droits de l’homme), éclaire les points essentiels qui vont changer l’accueil fait aux migrants aux portes orientales de l’Europe.Lire aussi :La Hongrie veut construire une clôture antimigrants à sa frontière avec la RoumanieQuelles dispositions introduit la loi votée le 4 septembre ?Marta Pradavi : Cette nouvelle loi introduit dans le code pénal un amendement qui rend illégal le passage de la clôture de barbelés érigée le long de la frontière avec la Serbie. Pour le moment, et depuis les années 1990, le franchissement de la frontière est un délit. Aujourd’hui il devient un crime passible de trois ans de prison. La clôture est plus symbolique qu’autre chose, mais il faut noter qu’elle ne suit pas exactement le tracé de la frontière. Haute d’un mètre, elle est actuellement renforcée d’une deuxième barrière d’une hauteur de trois mètres, plus stable et plus difficile à traverser.Lire notre reportage à la frontière serbo-hongroise :La Hongrie a fermé sa frontière aux migrantsLa loi prévoyait également d’élargir la « zone frontière » à une soixantaine de mètres. Cette « zone frontière » aurait été une zone fictive dans laquelle les migrants devraient rester en attente d’une décision sur leur sort. Le gouvernement voulait faire construire des camps fermés, en forme de « U » aux sorties tournées vers la Serbie, dans lesquels les demandes d’asile seraient examinées dans le cadre de procédures accélérées. L’objectif était que tout ce qui concerne les migrants se passe là-bas. [Mais le gouvernement a finalement annoncé renoncer à ces camps fermés pour privilégier une intervention de l’armée à la frontière.]Quels seront les moyens pour les migrants d’entrer légalement en Hongrie ?Le gouvernement ne cesse de répéter qu’il veut que les migrants entrent légalement en Hongrie. Mais pour cela, il leur faudrait un passeport Schengen et un visa, choses qu’ils ne peuvent en aucune manière se procurer. Cette loi, c’est la réalisation pratique de cette conception hypocrite de l’Europe selon laquelle il y a un moyen légal de franchir ses portes, et qui est omniprésente dans la communication du gouvernement Orban.Il existe des portes et des brèches dans la clôture, notamment au niveau des routes et des rails du train qui relie Belgrade à Budapest, et qui croisent la clôture au niveau de la ville de Röszke [mais ces brèches ont été fermées dans la nuit de lundi à mardi]. Les migrants devront se présenter aux postes-frontières officiels, demander l’asile en Hongrie et attendre leur réponse dans la nouvelle zone frontière. Mais le gouvernement n’a pas l’intention d’accueillir un grand nombre de migrants. A partir de mardi, la seule solution pour la plupart des migrants, c’est le renvoi vers la Serbie.Cette loi est-elle conforme à la convention de Genève sur les réfugiés ?Non. L’article 31 de la convention de Genève dit que l’on ne peut pas sanctionner les demandeurs d’asile en cas de passage illégal. Le comité Helsinki a d’ailleurs proposé de transposer cet article dans le code pénal hongrois, mais n’a pas vraiment été écouté. De son côté, le gouvernement dit qu’il respecte Schengen et ses frontières, mais pas la convention de Genève. Il respecte les règles qui l’arrangent, celles qui lui permettent de garder les migrants en dehors de ses frontières.Lire aussi :Le retour des contrôles aux frontières en Europe signe-t-il la mort de l’espace Schengen ? Quelles sont les suites à attendre de ce renforcement de l’attitude hostile du gouvernement face aux migrants ?Une autre loi doit être votée au Parlement le 21 septembre et entrer en vigueur le 1er octobre, élargissant les compétences de la police et de l’armée. Selon le projet de loi actuellement à l’étude, le gouvernement aura le droit de décréter un « état de crise » causé par l’immigration, un nouveau statut permettant des interventions spéciales. La police pourra notamment rentrer n’importe où, sans avoir à demander de mandat. De son côté, l’armée pourra utiliser des armes dans l’enceinte du pays, alors même qu’il ne sera pas en situation de guerre. En principe, les soldats pourront tirer à la frontière en cas d’actes de violence et auront l’autorisation de blesser mais pas de tuer. Ils pourront donc par exemple tirer dans les jambes des migrants tentant de s’enfuir. C’est une véritable atmosphère de guerre, comme s’il s’agissait d’un ennemi dont il faut protéger le pays.Les critères permettant le déclenchement d’un « état de crise » sont par ailleurs assez précis : si 500 migrants pénètrent sur le territoire tous les jours pendant un mois, s’il y a une moyenne de 750 entrées sur deux semaines, ou 800 par jour en une semaine. Mais également si le nombre de personnes dans la zone de transit atteint le chiffre de 2 000 personnes par jour en une semaine. Enfin, s’il y a des phénomènes de violence en ville impliquant des migrants, comme par exemple si trois Afghans hurlent dans les rues de Szeged. Mais ce dernier point est tellement scandaleux qu’il ne passera peut-être pas lors du vote.Avec toutes ces règles, il y aura sûrement de gros conflits où la police et l’armée pourront intervenir avec des armes. On assiste à la réalisation de l’intention du gouvernement de refuser toute protection aux migrants. Mais les lois ne peuvent changer qu’avec une opposition politique très ferme.Cette opposition politique existe-t-elle en Hongrie ?Non, les Hongrois sont devenus très apolitiques. Seule l’Union européenne peut avoir un impact sur la politique du gouvernement. Mais ça va être très compliqué pour le premier ministre Viktor Orban de reculer. Son discours officiel consiste à dire que reculer devant Bruxelles pourrait jouer en faveur de l’extrême droite et faire le lit du parti Jobbik. Mais l’attitude qu’a actuellement le gouvernement a une dimension importante, qui dépasse le contexte européen. Il y a un risque de banalisation de l’extrême droite. C’est une honte qu’un gouvernement responsable puisse faire la promotion de cette politique anti-migrants. Le seul rayon de soleil dans toute cette politique est la solidarité entre humains que l’on voit à l’œuvre dans l’engagement des bénévoles auprès de ces populations.Delphine Roucaute (Budapest, envoyée spéciale)Journaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.09.2015 à 13h02 • Mis à jour le15.09.2015 à 13h03 La justice turque a ouvert une enquête pour « propagande terroriste » contre le puissant groupe de médias Dogan, propriétaire du quotidien Hürriyet et de la chaîne d’information CNN-Türk, a rapporté l’agence de presse progouvernementale Anatolie, mardi 15 septembre.Le groupe est accusé d’avoir publié des images « non censurées » de soldats turcs tués lors de récents attentats commis par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et d’avoir au contraire flouté d’autres photos de combattants rebelles morts, a précisé Anatolie.Parmi les autres chefs d’accusation visant Dogan, l’agence Anatolie cite également le récent entretien d’une jeune militante qui a rejoint les rangs du PKK, diffusé sur CNN-Türk. Le siège de Hürriyet à Istanbul a été attaqué à deux reprises ces derniers jours par des partisans du président islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan. Les manifestants reprochaient au quotidien d’avoir déformé des propos du chef de l’Etat.Les médias turcs régulièrement intimidésDepuis son arrivée au pouvoir en 2003, M. Erdogan s’en est pris à plusieurs reprises au groupe de presse Dogan. A deux mois des élections législatives anticipées du 1er novembre, le chef de l’Etat est accusé par ses détracteurs de vouloir faire taire toute critique contre son régime. Il est également accusé d’exploiter les affrontements entre l’armée et le PKK pour remporter les élections législatives. M. Erdogan a vivement rejeté ces allégations.Lundi, le directeur de la publication du magazine Nokta a été interpellé et le siège du journal perquisitionné après la publication en première page de son dernier numéro d’un photomontage présentant M. Erdogan prenant un « selfie » devant le cercueil d’un soldat.La Turquie est régulièrement épinglée par les ONG de défense de la liberté de la presse, qui reprochent à son gouvernement ses pressions récurrentes sur les journalistes. Début septembre, une importante opération de police avait eu lieu à Ankara dans les locaux appartenant au groupe de médias Ipek, critique envers le régime islamo-conservateur et réputé proche de Fethullah Gülen, ennemi juré du président Erdogan.Lire aussi :Erdogan le despote et la presse turque Alexandre Pouchard et Pierre Breteau Il y a eu les images des « assauts » coordonnés de centaines de personnes s’écharpant sur des grillages barbelés dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, au Maroc. Puis les décomptes macabres des dizaines, centaines, milliers de personnes mortes noyées dans la mer Méditerranée, les images des survivants hagards après avoir réussi à traverser la Méditerranée sur une embarcation de fortune. En cette rentrée, ils sont toujours plus nombreux à tenter de rejoindre l’Europe, certains fuyant la guerre dans leur pays, d’autres la misère.52,9 millionsCet afflux de migrants et de réfugiés est-il réellement le plus important depuis la seconde guerre mondiale, comme on a pu le lire et l’entendre récemment ? Les données de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (le Haut-Commissariat aux réfugiés ou HCR), qui comptabilise depuis 1951, dans chaque pays du monde, les demandeurs d’asile, ceux ayant obtenu le statut de réfugié, les déplacés intérieurs ou encore les apatrides, permettent de répondre à cette question : oui, c’est vrai. Il n’y a jamais eu, et de très loin, autant de réfugiés dans le monde depuis plus de soixante ans – on inclut ici et par la suite, dans la dénomination de « réfugié », toutes les catégories mentionnées ci-dessus.L’augmentation, progressive, a connu une accélération fulgurante depuis 2005. On comptait cette année-là 19,4 millions de réfugiés dans le monde – sans compter les rapatriés, de retour chez eux après une période d’exil. Début 2015, ils étaient 52,9 millions. #container_14406904636{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14406904636{ height:500px; } #container_14406904636 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14406904636 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14406904636 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14406904636 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Le nombre de réfugiés dans le monde a explosé au XXIe siècle Tous types de migrants inclus : réfugiés, demandeurs d'asile, déplacés au sein d'un pays, apatrides... Hors rapatriés.Source : HCR(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14406904636", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: "", endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "datetime", categories:null, title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value:%Y}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre total de réfugiés", "color": "#0386c3", "data": [ [ -599533200000, 2116011 ], [ -567997200000, 1952928 ], [ -536374800000, 1847304 ], [ -504838800000, 1749628 ], [ -473302800000, 1717966 ], [ -441766800000, 1767975 ], [ -410144400000, 1742514 ], [ -378608400000, 1698310 ], [ -347072400000, 1674185 ], [ -315536400000, 1656664 ], [ -283914000000, 1789067 ], [ -252378000000, 1765622 ], [ -220842000000, 1682403 ], [ -189306000000, 3079949 ], [ -157683600000, 3531615 ], [ -126147600000, 3501013 ], [ -94611600000, 2356991 ], [ -63075600000, 2463736 ], [ -31453200000, 2531177 ], [ 82800000, 2464730 ], [ 31618800000, 3279710 ], [ 63154800000, 3251850 ], [ 94777200000, 2901335 ], [ 126313200000, 2994463 ], [ 157849200000, 3529434 ], [ 189385200000, 4270631 ], [ 221007600000, 4518659 ], [ 252543600000, 5065844 ], [ 284079600000, 6279912 ], [ 315615600000, 8454937 ], [ 347238000000, 9714306 ], [ 378774000000, 10319369 ], [ 410310000000, 10620803 ], [ 441846000000, 10728326 ], [ 473468400000, 11863562 ], [ 505004400000, 12633974 ], [ 536540400000, 13128347 ], [ 568076400000, 14347051 ], [ 599698800000, 14732934 ], [ 631234800000, 17395979 ], [ 662770800000, 16854795 ], [ 694306800000, 17838074 ], [ 725929200000, 20523925 ], [ 757465200000, 21076681 ], [ 789001200000, 19182777 ], [ 820537200000, 18210799 ], [ 852159600000, 17992562 ], [ 883695600000, 17923285 ], [ 915231600000, 17147018 ], [ 946767600000, 20729850 ], [ 978390000000, 19196833 ], [ 1009926000000, 17287843 ], [ 1041462000000, 15676328 ], [ 1072998000000, 17938089 ], [ 1104620400000, 19424976 ], [ 1136156400000, 30264614 ], [ 1167692400000, 28879513 ], [ 1199228400000, 32497404 ], [ 1230850800000, 33985035 ], [ 1262386800000, 30803579 ], [ 1293922800000, 31664152 ], [ 1325458800000, 33776506 ], [ 1357081200000, 41094662 ], [ 1388617200000, 52988243 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Cette très forte augmentation résulte notamment de la multiplication des conflits – le HCR en a compté 14 au cours des cinq dernières années : huit en Afrique (Côte d’Ivoire, République centrafricaine, Libye, Mali, nord du Nigeria, République démocratique du Congo, Soudan du sud et, cette année, Burundi), trois au Moyen-Orient (Syrie, Irak, Yémen), un en Europe (Ukraine) et trois en Asie (Kirghizistan, plusieurs régions du Myanmar et du Pakistan). Les suites de conflits passés, comme des guerres civiles en Colombie ou au Népal, y ont aussi contribué.La carte ci-dessous permet de constater l’évolution du nombre de réfugiés dans chaque pays du monde de 2000 à 2014 : Les Syriens, première nationalité représentée11,7 millions de réfugiés syriensSans surprise, le contingent le plus important de réfugiés provient de Syrie, où la guerre civile débutée en 2011 est désormais une guerre totale dans un pays en ruines. Le HCR dénombrait en début d’année 11,7 millions de déplacés syriens, sur une population initiale de 23 millions de personnes, soit plus de la moitié. La situation est tellement catastrophique dans le pays que l’agence des Nations unies reconnaît désormais automatiquement comme « réfugié » toute personne fuyant la Syrie.Lire :Si la Syrie était la France, 32,5 millions de personnes auraient été déplacées par le conflit6,4 millions de réfugiés colombiensPlus étonnant, la deuxième nationalité la plus représentée parmi les réfugiés dans le monde est colombienne. Un peu plus de six millions de personnes ont fui les combats de la guerre civile entre l’armée et les groupes paramilitaires – FARC en premier lieu –, qui a causé la mort de plus de 220 000 personnes. Il s’agit principalement de déplacés intérieurs.4,1 millions de réfugiés irakiensLes Irakiens sont la troisième nationalité la plus touchée avec 4,1 millions de réfugiés. Un peu plus d’un tiers (1,5 million de personnes) sont des déplacés intérieurs, tandis que les autres ont fui le pays, qui a connu la guerre en 2003 puis la guerre civile entre chiites et sunnites. #container_14412038950{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14412038950{ height:500px; } #container_14412038950 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14412038950 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14412038950 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14412038950 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les 15 nationalités comptant le plus de réfugiés en 2014Total des réfugiés, des demandeurs d'asile, des déplacés intérieurs et apatrides.Source : HCR(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14412038950", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Syrie","Colombie","Irak","Afghanistan","RDC","Soudan","Somalie","Soudan du sud","Pakistan","Myanmar","Nigeria","Ukraine","République Centrafricaine.","Côte d'Ivoire","Azerbaïdjan"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Réfugiés", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 11757673 ], [ "", 6409155 ], [ "", 4193215 ], [ "", 3685499 ], [ "", 3452941 ], [ "", 2894739 ], [ "", 2288866 ], [ "", 2265332 ], [ "", 1756166 ], [ "", 1717178 ], [ "", 1378937 ], [ "", 1111035 ], [ "", 879937 ], [ "", 809312 ], [ "", 641362 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: "", valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " personnes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Pour l’anecdote, le HCR comptait 104 réfugiés français fin 2014 : 54 aux Etats-Unis, 36 au Canada et 14 en Allemagne. Comme Slate l’expliquait dans un article en 2013, il s’agit principalement d’enfants nés de parents étrangers qui sont nés sur le sol français et ont donc la nationalité française, mais dont la famille bénéficie du statut de réfugié.Les Proche et Moyen-Orient concentrent un tiers des réfugiésOù tous ces migrants, réfugiés et déplacés sont-ils ? Le HCR constate que neuf réfugiés sur dix se retrouvent dans des pays considérés comme économiquement moins développés – et non en Europe. Parmi ces principales terres « d’accueil », on retrouve le trio comptant le plus de nationaux réfugiés (Syrie, Colombie, Irak) mais également la République démocratique du Congo (3 millions), le Pakistan (2,8 millions) et le Soudan (2,4 millions). #container_14412074860{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14412074860{ height:500px; } #container_14412074860 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14412074860 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14412074860 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14412074860 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Les 10 pays qui comptaient le plus de réfugiés et demandeurs d'asile en 2014Nombre de réfugiés, demandeurs d'asile, déplacés intérieurs et apatrides. Hors rapatriés.Source : HCR(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14412074860", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:true, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#ffc832","#0386c3","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"Taux pour 10 000 habitants" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: 5000, startOnTick: true, endOnTick:"", reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: 10000000, startOnTick: true, endOnTick:"", reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Syrie","Colombie","Irak","RDC","Pakistan","Soudan","Soudan du sud","Turquie","Afghanistan","Nigeria"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Part dans la population", "color": "#ffc832", "data": [ [ "", 3410.880806 ], [ "", 1235.341165 ], [ "", 1165.737081 ], [ "", 436.942019 ], [ "", 155.9388199 ], [ "", 640.774748 ], [ "", 1613.180417 ], [ "", 223.4755532 ], [ "", 417.8853432 ], [ "", 66.66472325 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Nombre de réfugiés en 2014", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 7947604 ], [ "", 6044488 ], [ "", 3995956 ], [ "", 3030635 ], [ "", 2886941 ], [ "", 2483905 ], [ "", 1893667 ], [ "", 1694772 ], [ "", 1307167 ], [ "", 1190078 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 1, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: 1, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Le Proche-Orient et Moyen-Orient concentrent à eux seuls un tiers des réfugiés dans le monde (17,2 millions), avec notamment la Turquie (1,6 million, soit 223 pour 10 000 habitants) et le Liban (1,2 million, soit… 2 587 pour 10 000 habitants).Lire aussi :Réfugiés syriens : la Turquie, le Liban et la Jordanie en première ligneLa France comptait en fin d’année dernière un peu moins de 310 000 réfugiés ou demandeurs d’asile, soit 46 pour 10 000 habitants. Loin derrière d’autres pays européens comme la Lettonie (1 322 pour 10 000 habitants), l’Estonie (671), la Suède (233) et la Norvège (109). L’Allemagne, elle, ne comptait « que » 455 000 réfugiés et demandeurs d’asile fin 2014, soit relativement peu par rapport à sa population (56 pour 10 000 habitants), mais ce nombre est en très forte augmentation depuis le début de l’année (Berlin s’attend à en accueillir 800 000 d’ici la fin 2015).Voir aussi l'infographie : En Europe, une politique d'asile en ordre disperséLe HCR reconnaissait en juin son impuissance : « Nous ne sommes plus capables de ramasser les morceaux, déclarait Antonio Guterres, haut-commissaire aux réfugiés. Nous n’avons pas les capacités, les ressources pour toutes les victimes des conflits. »Pierre BreteauJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Madjid Zerrouky Un peu plus de vingt-cinq ans après la chute de celui de Berlin, l’Europe redécouvre les murs et érige des murailles de la Bulgarie à la Manche pour bloquer réfugiés et migrants. Dernier exemple : la Hongrie, qui construit une clôture de 175 km le long de sa frontière avec la Serbie.Au début des années 1990, déjà, l’Espagne a édifié des barbelés autour de ses enclaves nord-africaines ; la Grèce face à la Turquie en 2012 ; la Bulgarie en 2014… Pourtant, loin d’être hermétiques, ces barrières ne cessent d’être contournées quand elles ne cèdent pas, comme en cet été 2015, face à un afflux sans précédent de migrants.1. Ceuta et Melilla 2. Grèce 3. Bulgarie 4. Hongrie 5. CalaisCeuta et Melilla (1993)L’entrée de l’Espagne dans la Communauté européenne d’alors, en 1986, bouleverse le statut des territoires périphériques de la péninsule Ibérique ; outre les îles que le pays compte au large de l’Afrique (Canaries), deux territoires enclavés en plein cœur du Maroc – Ceuta (19 km2) et Melilla (12,3 km2) – deviennent des territoires européens.C’est en 1993 que le gouvernement espagnol, sous l’effet de l’augmentation des passages des migrants – surtout à Melilla – décide d’ériger des barrières pour tenter d’interdire l’accès par voie terrestre à ses deux territoires. Des clôtures, devenues un symbole de « l’Europe forteresse » pour leurs détracteurs, qui n’ont depuis cessé d’être renforcées : une triple rangée de grillages de 6 m de haut pour 11,5 km de long à Melilla,Depuis le début de l’année, à peine une centaine de migrants sur les 3 700 qui ont essayé sont parvenus à entrer dans l’enclave en escaladant le mur. Mais si les assauts massifs contre les grillages – qui impliquaient plusieurs centaines de personnes à la fois jusqu’à l’année dernière – ont pour l’instant cessé, le nombre de migrants atteignant l’enclave (par bateau, avec des faux papiers, cachés dans des véhicules) augmente : 5 300 en 2014 ; 5 800 depuis janvier 2015. Lire : Le journal d'un migrant à MelillaLire aussi :Migrants : l’efficacité en trompe l’œil des politiques répressives espagnolesEn mai 2004, le Maroc a à son tour décidé d’ajouter une barrière à l’édifice en érigeant sa clôture, haute de 5 mètres et surmontée de barbelés, autour de l’enclave espagnole de Melilla.Le mur d’Evros, en Grèce (2012)Plus symbolique qu’efficace, le mur érigé par Athènes face à la ville turque d’Edirne en 2012 est censé fermer une « brèche » de 12 km sur la frontière terrestre gréco-turque, séparée naturellement sur quelque 200 km par un cours d’eau, l’Evros. A cet endroit, le fleuve fait un coude dans le territoire turc, formant un corridor par lequel s’engouffraient jusque-là des dizaines de milliers de migrants.Sollicitée à l’époque par Athènes, la Commission européenne avait refusé de financer une barrière jugée à l’époque plutôt « inutile » par la commissaire chargée des affaires intérieures, Cecilia Malmström. Depuis, outre la traversée de l’Evros sur des embarcations, voire à la nage, les passeurs ont trouvé de nouvelles portes d’entrée : la Bulgarie ou la mer. Toutes les nuits, des migrants débarquent ainsi sur l’île de Kos après avoir traversé, depuis les côtes turques, un petit bras de mer Egée d’à peine 10 km. Cet été, la situation sur cette île touristique de 33 000 habitants pour 287 km2 est explosive, avec 7 000 migrants en attente d’un enregistrement.Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, sur les 224 000 réfugiés arrivés par la Méditerranée depuis janvier 2015, 124 000 sont entrés en Grèce.Lire aussi :A Kos, le flux de réfugiés ne tarit pasBulgarie (2014) Jusque-là « petite porte » d’entrée en Europe, la Bulgarie a vu ces derniers temps un nombre de plus en plus importent de migrants affluer sur son territoire en contournant la Grèce, une majorité venant de Syrie en transitant par la Turquie voisine. Depuis janvier, plus de 6 000 personnes ont ainsi franchi les 260 kilomètres de frontière que Sofia partage avec Ankara, soit trois fois plus que l’an dernier.Lire : Contre les migrants, un mur de barbelés fend la campagne bulgareEn 2014, l’un des pays les plus pauvres d’Europe a décidé de dresser un obstacle physique sur le chemin des migrants : en plus d’un dispositif de miradors et de caméras thermiques, un mur de barbelés haut de 3 mètres a été déployé sur les 30 km de la portion la moins montagneuse qui sépare le pays de la Turquie, considérée comme la plus facile d’accès. Un mur qui va être prolongé de 130 km en utilisant une partie des 15 millions d’euros reçus de l’Union européenne au titre de la protection des frontières en 2014, pour un coût total estimé de 46 millions d’euros. Hongrie (2015) S’estimant lâché par l’Union européenne, le gouvernement hongrois, dirigé par le conservateur Viktor Orban, a décidé à l’été 2015 de construire une barrière le long de sa frontière avec la Serbie pour endiguer le flux des migrants qui traversent le pays, provoquant notamment un vif échange entre le ministre des affaires étrangères hongrois et son homologue français Laurent Fabius qui a fortement critiqué cette initiative. Et Budapest prévoit en outre de voter une loi cet automne pour criminaliser toute tentative de franchissement de la clôture.Le pays a en outre annoncé, le 27 août, que plus de 2 100 policiers, des « chasseurs de frontière », selon la terminologie officielle, allaient effectuer des patrouilles accompagnées de chiens, et appuyés par des hélicoptères alors que le parti au pouvoir, le Fidesz, veut demander au Parlement l’autorisation de déployer l’armée à la frontière avec la Serbie.Cette année, près de 140 000 migrants sont entrés dans le pays – la plupart venant d’Irak, de Syrie, d’Afghanistan et de pays africains, d’où ils tentent de rejoindre d’autres pays de l’UE. 80 000 d’entre eux ont déposé une demande d’asile, contre 43 000 sur l’ensemble de l’année dernière.Calais« Centre de commandement et de contrôle, clôtures, vidéosurveillance, détecteurs infrarouges et projecteurs lumineux » et une double clôture de 3 km de long et de 2 à 4 mètres de haut… pour empêcher les migrants d’accéder au terminal d’Eurotunnel d’où ils espèrent gagner l’Angleterre.« Toutes ces mesures vont dans le même sens et envoient un signal fort : nos frontières sont sûres, et les passeurs commettent un acte criminel en faisant venir à Calais des migrants dont ils savent qu’ils ne pourront aller plus loin », clamaient les ministres de l’intérieur français et britannique dans la déclaration parue le 2 août 2015 dans le Journal du dimanche.Mardi 4 août, le gouvernement britannique a annoncé une rallonge de 10 millions d’euros pour renforcer la sécurité du terminal d’embarquement d’Eurotunnel à Coquelles, cible de plusieurs milliers de tentatives d’intrusion ces derniers jours.Environ 3 000 migrants se trouvent dans la région de Calais et cherchent à passer en Angleterre. Cet été, jusqu’à 2 000 tentatives d’intrusion par nuit ont été dénombrées sur les 650 hectares du site d’Eurotunnel et au moins neuf migrants ont trouvé la mort sur le site ou ses abords ces derniers mois.Face à la détérioration de la situation à Calais, devenue un cul-de-sac pour des migrants déterminés à rejoindre l’Angleterre coûte que coûte, le premier ministre, Manuel Valls, a annoncé la création en janvier 2016 d’un nouveau campement humanitaire quinze ans après la fermeture du centre de la Croix-Rouge de Sangatte.Lire aussi :« J’essaie tous les jours de passer en Angleterre »Le mur maritimeAu verrouillage des frontières terrestres s’ajoute un autre mur, immense espace maritime et mortel : la Méditerranée. Depuis janvier, plus de 2 500 personnes ont péri en tentant de traverser la mer pour rallier l’Europe. Parmi elles, jeudi 3 septembre, un enfant de 3 ans échoué sur une plage turque : Aylan Kurdi, dont la photo est devenue l’emblème d’un afflux migratoire sans précédent et de ses drames.Lire aussi :Réfugiés : une photo pour ouvrir les yeux Le fonds européen pour la surveillance des frontièresLe Fonds européen pour les frontières extérieures – ou Fonds pour la sécurité intérieure/volet frontières et visas depuis 2014 – , est un instrument financier qui vise un partage équitable, entre les Etats membres, de la gestion intégrée des frontières extérieures de l’UE.Puisque les Etats Schengen n’ont pas tous des frontières extérieures à contrôler et ne sont pas concernés dans la même mesure par les flux transfrontaliers, l’Union utilise ses fonds de sorte à compenser certains des coûts pesant sur les États membres situés à ses frontières extérieures. Son budget est de 4 milliards d’euros pour la période 2014-2020.Madjid ZerroukyJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La Ligue belge contre l’antisémitisme (LBCA) a décidé de déposer plainte contre un haut fonctionnaire européen, qui se serait rendu coupable d’une violente agression au cours de laquelle il aurait traité sa victime de « sale juive » après avoir fait l’apologie de Hitler et de Mussolini. L’intéressé, « administrateur » à la Commission de Bruxelles est, par ailleurs, le responsable de Génération 2004, l’un des syndicats qui s’occupent de défendre les intérêts des 35 000 fonctionnaires européens.Un soir de juillet, dans un café du quartier européen, une dispute a opposé le fonctionnaire à une personne d’origine italienne dont il ignorait, à ce moment, qu’elle occupait également une haute fonction en tant que chef d’unité à la direction générale « Voisinage » de la Commission. Elle y gère notamment l’aide financière apportée à l’Autorité palestinienne. L’homme, qui portait une plaque métallique à la gloire de Benito Mussolini et critiquait l’attitude d’Israël à l’égard des Palestiniens, a agressé cette fonctionnaire, qui lui avait fait observer que Mussolini était « quand même un dictateur ».Antisémitisme ambiantLa jeune femme, frappée à la tête et victime d’une tentative d’étranglement, a subi une commotion cérébrale, attestée par un certificat médical. Elle a déposé une plainte, appuyée par le témoignage d’un ami qui l’accompagnait et d’autres personnes présentes dans l’établissement. Ils confirment que l’homme qui l’a frappé aurait lancé « Hitler aurait dû tuer tous les juifs ». La victime n’est pas juive, mais a jugé que ce qu’elle avait subi était révélateur du climat d’antisémitisme ambiant.Elle a donc contacté la Ligue belge, qui demande à la Commission de prendre, à l’issue de l’enquête, « les mesures adaptées à la gravité des faits », à savoir de licencier l’auteur de l’agression pour faute grave. Entre-temps, celui-ci devrait être suspendu, « afin de garantir l’intégrité physique et psychologique de la victime », estime le président de la Ligue, Joël Rubinfeld.Contacté par courrier électronique et par téléphone jeudi matin, l’auteur de l’agression n’avait pas répondu jeudi soir aux sollicitations du Monde. Interrogé par Le Soir de Bruxelles, il n’a pas davantage souhaité commenter les faits mais a reconnu, en revanche, qu’il avait subi dans son pays d’origine, Malte, une condamnation à six mois de prison avec sursis, en 2002, pour détention d’images pédopornographiques.Interrogée, la Commission a indiqué qu’elle ignorait tout de cette affaire. Elle indique avoir ouvert une enquête interne et attendre les conclusions de l’enquête de la justice belge, avec la volonté de préserver la présomption d’innocence. Les services du président Juncker confirment que, lors de l’embauche d’un fonctionnaire, son casier judiciaire est, en principe, examiné, et qu’une condamnation qui y figurerait pourrait entraîner l’annulation d’un engagement.Lire aussi :Les juifs belges vivent dans la crainte d’un nouvel attentatJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne et son président, Jean-Claude Juncker, vont proposer un nouvel ensemble de mesures pour agir en urgence dans la crise des migrants. M. Juncker devrait évoquer, mercredi 9 septembre, à Strasbourg, l’accueil de 120 000 demandeurs d’asile supplémentaires arrivés en Grèce, en Italie mais aussi en Hongrie.Avant l’été, un plan de répartition de 40 000 réfugiés entre les Vingt-Huit avait suscité de vives discussions. Les « quotas » évoqués au départ avaient laissé la place à une répartition « volontaire ». Aujourd’hui, 30 000 de ces personnes arrivées sur les côtés italiennes ou grecques ont été « relocalisées », tandis que la route des Balkans connaît un nouvel afflux, transformant la Hongrie en l’un des premiers pays d’entrée dans l’Union européenne.En formulant une proposition d’accueil de nouveaux réfugiés, dont ceux présents en Hongrie, M. Juncker manifeste au premier ministre hongrois, Viktor Orban, qu’il doit rencontrer jeudi 3 septembre dans l’après-midi, sa volonté d’aider davantage son pays. Il vise également à briser l’alliance entre la Hongrie et ses voisins du « Groupe de Visegrad », qui doivent se réunir vendredi à Prague. La République tchèque, la Slovaquie et la Pologne restent elles aussi très réticentes face à l’idée d’accueillir des demandeurs d’asile sur leur territoire.Le président de la Commission proposera aussi la semaine prochaine un mécanisme permanent de relocalisation, avec une clé de répartition semblable à celle utilisée par la procédure d’urgence. Les capitales qui refuseraient de participer à la répartition verseraient de l’argent aux autres, en guise de contribution alternative. Une manière, peut-être, d’éviter de nouvelles discussions houleuses.Espace de Schengen « clairement menacé »A Bruxelles, Viktor Orban doit également rencontrer jeudi Donald Tusk, le président du Conseil européen, et Martin Schultz, celui du Parlement. Les différences d’approche de MM. Orban et Schultz sont apparues au grand jour, lors de leur conférence de presse commune. M. Orban a invité les candidats à l’asile à rester en Turquie et en Serbie, deux pays « sûrs », selon lui.Lire aussi :Réfugiés syriens : la Turquie, le Liban et la Jordanie en première ligneEt il a insisté sur le fait que son pays ne faisait rien d’autre que répondre aux injonctions de ses partenaires européens – notamment l’Allemagne et l’Autriche – en contrôlant sa frontière, quitte à y ériger des barbelés ou un mur. Il a également critiqué ses homologues qui, selon lui, ne sont « pas capables de contrôler la situation actuelle » et a estimé que l’espace de libre circulation de Schengen était « clairement menacé ». « Vous voyez combien notre discussion a été difficile », répondait M. Schulz, estimant que les solutions préconisées par la Hongrie n’étaient pas les bonnes.Lire aussi :A la demande de l’Allemagne, l’Italie va renforcer les contrôles frontaliersM. Juncker et la Commission proposent également d’établir une liste des « pays sûrs », réclamée par la France et l’Allemagne. Les ressortissants des Etats concernés se verraient rapidement refuser l’asile, avec l’objectif de désengorger les services nationaux chargés de l’examen des demandes. La politique des retours serait par ailleurs accélérée, avec la possibilité d’une intervention financière des institutions européennes.Tentant de prendre la main dans la crise de grande ampleur que connaît l’Union, la Commission va tenter d’imposer à cette occasion son « agenda » pour la migration. Une discussion aura également lieu à Luxembourg, jeudi et vendredi, lors d’une réunion informelle des ministres affaires étrangères. Les ministres français, allemand et italien viennent d’adresser à la haute représentante, Federica Mogherini, une lettre l’invitant à lancer une discussion sur une répartition « plus juste » des réfugiés, ainsi qu’un système d’asile et une politique de retours « plus efficaces ».Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Samuel Laurent « Image d’horreur insoutenable que celle d’une enfance sacrifiée. Indignation & écœurement face à l’inaction intolérable de la communauté int (ernationale) ». Non, cette citation n’émane pas d’un intellectuel de gauche, mais bien d’Eric Ciotti, député républicain des Alpes-Maritimes, sur Twitter. Image d’horreur insoutenable que celle d’une enfance sacrifiée. Indignation & écoeurement face à l’inaction intolérable de la communauté int— ECiotti (@Eric Ciotti ن)require(["twitter/widgets"]);Il évoque évidemment cette image d’Aylan, enfant de trois ans mort noyé le long des côtes turques. Publiée mercredi 2 septembre, notamment par la presse britannique, elle a ému l’opinion internationale sur le sort des réfugiés fuyant la guerre en Syrie.M. Ciotti a bien entendu le droit, comme tout un chacun, d’être ému et horrifié par cette photo. Il n’est, du reste, pas le seul. Nathalie Kosciusko-Morizet, vice-présidente des Républicains, a fait part sur France Inter jeudi 3 septembre de son indignation, dénonçant le fait qu’on ait « enchaîné les réunions d’urgence » européennes sur la Grèce, mais qu’il n’y en ait pas « pour qu’on arrête de mourir sur les plages ». Ce qui distingue M. Ciotti, c’est qu’il n’a, jusqu’ici, pas réellement manifesté de soutien à la cause des réfugiés syriens, au contraire : il fait partie de ceux qui, au sein des Républicains, tiennent les positions les plus fermes sur la question.Ainsi, M. Ciotti estimait, le 25 août, sur le plateau de « Mots Croisés », qu’il était temps « d’arrêter avec cette fausse générosité » à l’égard des migrants, et qu’il fallait lui préférer « la fermeté ». La fermeté est la seule garantie de l’humanité, il faut arrêter avec cette fausse générosité #Immigration #Europe #TirsCroisés— ECiotti (@Eric Ciotti ن)require(["twitter/widgets"]);Il expliquait également qu’il ne fallait pas parler de « migrants » (encore moins de réfugiés), car il s’agissait en réalité « pour la plupart » de « clandestins qui veulent venir en Europe ». Même le mot de #migrants masque la réalité : pour la plupart, il s'agit de clandestins qui veulent venir en Europe #TirsCroisés— ECiotti (@Eric Ciotti ن)require(["twitter/widgets"]);Un peu plus tôt, le 20 août, il répétait une de ses propositions phares : « détruire les bateaux » des passeurs par des actions militaires car « lorsque les clandestins sont en Europe, c’est trop tard ».Il faut s’attaquer aux passeurs, détruire leurs bateaux. Lorsque les clandestins sont en Europe c'est trop tard. #FranceInfo— ECiotti (@Eric Ciotti ن)require(["twitter/widgets"]);Le député des Alpes-Maritimes n’en est cependant pas à sa première contradiction sur le sujet : le 15 août, il cosignait une tribune en faveur des chrétiens d’Orient, appelant la France à « déclarer l’Etat d’urgence » pour aider ces populations, persécutées par l’Etat islamique en Syrie et en Irak.Mais le 10 août, il avait martelé son appel à « rompre avec le traitement idéologique qui est fait de cette crise et à défendre auprès de l’Union européenne une politique de fermeté, seule à pouvoir mettre un terme à cette situation. L’Union européenne doit engager sans plus attendre des opérations militaires visant à détruire les filières de passeurs à la source et créer des centres de rétention pour migrants dans les pays d’entrée en Europe ».Et fin juillet, il critiquait un gouvernement qualifié « d’irresponsable » pour avoir accepté « la proposition de la Commission européenne d’accueillir sur notre sol un quota de demandeurs d’asile, près de 10 000, alors que notre propre dispositif de traitement des demandeurs d’asile est à bout de souffle et débordé ».On pourrait multiplier les citations et les exemples. Tenant d’une ligne dure face à l’immigration, M. Ciotti souhaite créer des centres de rétention aux frontières européennes, et plaide pour la destruction militaire des navires de passeurs. Jusqu’ici, on ne l’avait pas ou peu entendu déplorer la situation humanitaire et le drame que constituent les millions de réfugiés syriens ou irakiens fuyant des pays en guerre.Sur France Inter, Mme Kosciusko-Morizet a affiché pour son parti une position différente de celle du député, estimant : « On ne rationne pas le droit d’asile. Quand quelqu’un est persécuté, on doit l’accueillir. »Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Francesca Fattori et Olivier Clairouin Depuis le début de l’année, plus de 350 000 personnes ont traversé la Méditerranée pour rejoindre l’Europe, ce qui représente la plus importante vague de réfugiés qu’a connue le vieux continent depuis la seconde guerre mondiale. Remise en cause de l’espace Schengen, divisions autour des quotas… Face à ces arrivées massives et à la crise humanitaire qu’elles représentent, l’Europe se crispe et se voit ébranlée dans ses fondements.Francesca FattoriJournaliste au MondeOlivier ClairouinJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.09.2015 à 15h02 • Mis à jour le02.09.2015 à 16h23 L’Italie s’est dite prête, mercredi 2 septembre, à renforcer temporairement les contrôles au tunnel du Brenner, la reliant à l’Autriche. Cette décision fait suite à une demande de l’Allemagne qui fait face à un afflux de migrants.La police frontalière de Bolzano, dans le nord du pays, a déclaré dans un communiqué que « le gouvernement s’est rapidement activé (…) en se disant prêt à renforcer, dans le respect des accords de Schengen, les contrôles à la frontière du Brenner, comme cela avait été le cas lors du G7 ».Au moment du sommet du G7 qui a eu lieu au début de juin en Bavière, dans le sud de l’Allemagne, ces contrôles avaient été mis en place pendant quelques semaines. Confrontée à une « vague record d’arrivées ces dernières heures », la Bavière a demandé « un soutien logistique » à ses voisins, a expliqué la province de Bolzano, située dans une région semi-autonome germanophone.Lire aussi :Afflux record de migrants en Autriche et en Allemagne« Une intervention humanitaire extraordinaire »Avec l’autorisation du gouvernement italien, la province va accueillir pour quelques jours, « de manière temporaire pour permettre à la Bavière de se réorganiser et d’affronter l’urgence, entre 300 et 400 réfugiés », est-il expliqué dans un communiqué.« Ils seront répartis dans des gymnases, où les installations d’hygiène et les infrastructures fonctionnent déjà », avec le soutien logistique de la protection civile et d’organisations bénévoles, a ajouté la province en précisant que le coût de cette « intervention humanitaire extraordinaire » serait pris en charge par l’Etat.Lire aussi :L’Union européenne au défi de l’immigration 07.09.2015 à 16h52 • Mis à jour le07.09.2015 à 17h57 C’est un nouveau geste envers les agriculteurs européens. La Commission européenne a proposé lundi 7 septembre de débloquer 500 millions d’euros d’aide d’urgence, principalement en faveur des producteurs laitiers, alors qu’un conseil ministériel de l’Union européenne se tient à Bruxelles. Cette enveloppe devrait être répartie entre « tous les Etats  membres », a fait savoir l’exécutif bruxellois dans un communiqué. Bruxelles a précisé que cette répartition se fera « avec un égard particulier pour les Etats membres dont les agriculteurs ont été le plus touchés par les évolutions du marché ».Cette proposition de la Commission est faite alors que des milliers d’agriculteurs manifestaient lundi à Bruxelles, dans le quartier des institutions européennes, pour mettre la pression sur les vingt-huit ministres européens réunis lors de ce conseil exceptionnel. Le monde agricole traverse une grave crise qui touche aussi bien le secteur de l’élevage que celui du lait, dont les producteurs sont victimes de l’effondrement des prix lié à une surproduction généralisée.Responsable de la mise en œuvre de la politique agricole commune (PAC), la Commission européenne a donc proposé une aide d’urgence à répartir entre les vingt-huit pays européens. A Bruxelles, on rappelle que la Commission avait déjà accordé 220 millions d’euros d’aide d’urgence aux agriculteurs depuis l’été 2014 et le début de l’embargo russe.Lire aussi :« L’agriculture européenne va crever »Enveloppe âprement négociéeL’enveloppe de la Commission a été âprement négociée au sein de l’institution. L’argent devrait en effet venir d’un fonds abondé par les amendes pour dépassement des quotas laitiers en 2014. Une manne supplémentaire devant normalement aller au budget général de l’Union. Or les priorités politiques à Bruxelles sont bien moins le secteur agricole, à qui va encore près de 38 % du budget de l’Union, que la gestion d’autres crises, jugées autrement plus dramatiques, comme celle des migrants.Lire aussi :Comprendre la crise des éleveursMais, pour la Commission, il était impossible de ne pas faire un geste, surtout que la crise est liée à des facteurs en grande partie exogènes. Principalement à l’embargo russe décrété en août 2014, touchant entre autres les produits laitiers, qui s’est ajouté à un autre embargo russe, sur le porc, décidé pour des raisons sanitaires au début de 2014.Les producteurs français demandent avec insistance la levée même partielle de l’embargo sur les abats de porc. Mais la Commission a jusqu’à présent été très ferme : l’Europe doit rester unie à l’égard de Vladimir Poutine, le président de la Russie ; elle ne soutiendra pas les initiatives individuelles d’un Etat membre, estimant qu’elles servent la stratégie de désunion de l’Union poursuivie par Moscou.Comme attendu, le « prix d’intervention » pour le lait n’a pas été augmenté, comme le réclamait certains pays comme la France, l’Espagne ou l’Italie. « Augmenter le prix payé pour l’intervention publique ne fera rien pour restaurer l’équilibre du marché mais créerait à la place un débouché artificiel pour les produits laitiers de l’UE, a expliqué Jyrki Katainen, vice-président chargé de l’investissement. Cela pèserait sur la compétitivité de l’Union pour les 10 % (ou plus) de la production laitière qui doit être exportée. »Le « prix d’intervention » est le prix fixé par la Commission auquel les Etats peuvent racheter le lait aux exploitants, quand ces derniers sont dans une situation très difficile. Il est actuellement fixé à 220 euros la tonne, un prix très en deçà du marché. 07.09.2015 à 14h22 • Mis à jour le07.09.2015 à 16h22 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Des milliers d’agriculteurs étaient confrontés à un imposant cordon de policiers en tenue de combat, lundi 7 septembre en début d’après-midi, sur le rond-point Schuman, à Bruxelles. Des centaines de tracteurs avaient convergé depuis la veille vers les bâtiments de la Commission et du Conseil européen, où les ministres de l’agriculture des 28 devaient tenir un conseil extraordinaire pour tenter de faire face à la nouvelle crise du lait et de l’élevage que connaît le secteur, singulièrement en France.Klaxons, sirènes, tambours, pétards et jets d’œufs : le quartier européen a connu l’ambiance des grands jours et un blocage généralisé, organisé par quelque 5 000 paysans – 3 000 selon la police. Les convois de tracteurs avaient emprunté, le matin, les autoroutes conduisant à la capitale belge et paralysé un bon nombre d’entrées de celle-ci, désertée par les « navetteurs » flamands et wallons qui s’y rendent chaque jour. Stéphane le Foll, le ministre français, qui devait participer au Conseil avec ses collègues en début d’après-midi, s’est trouvé coincé dans les gigantesques embouteillages du jour.Lire le décryptage :Comprendre la crise des éleveursDe nombreuses délégations venaient de Belgique et de France mais des Allemands, des Luxembourgeois, des Italiens, des Polonais ou des Bulgares étaient également présents. « C’est la troisième fois en six ans que nous vivons une telle catastrophe », martelaient des leaders syndicaux, réclamant des solutions d’urgence et des prix équitables faute de quoi, affirmait une banderole, « l’agriculture européenne va crever ».« Les politiques nous ont lâchés, ce sont eux les coupables » Une vache en plastique frappée du drapeau européen était accrochée à une grue au milieu du rond-point, où les manifestants, arrosés de temps en temps par les forces de police, mettaient le feu à des pneus. « Mon revenu ne dépasse pas 10 000 euros par an », affirme Bernard Dupont, venu du Pas-de-Calais. « On défend une agriculture pour le consommateur, pas pour les multinationales qui sont en train de s’enrichir », soutient Erwin Schöpges, du syndicat MIG, qui défend les producteurs laitiers. « S’il n’y a pas de solution aujourd’hui, on reviendra en force », ajoute-t-il. Le pronostic était, en effet, que le Conseil n’arriverait pas à dégager de véritables solutions lors de cette première discussion.Lire aussi :Bruxelles propose une aide d’urgence pour les éleveurs européensA côté du rond-point, un cercueil trônait au milieu d’une remorque. Posée sur lui, une pancarte interrogeait, en allemand : « Qui sera le dernier producteur » ? Plus loin, le tracteur d’un autre paysan allemand était orné de slogans hostiles aux chaînes de distribution Aldi et Lidl. Dans le cortège, un Français arborait un slogan, « Je suis éleveur », en référence au « Je suis Charlie » apparu en janvier dernier.Chaque délégation formulait des revendications nationales mais c’est la Commission européenne qui était particulièrement sollicitée, avec une demande insistante au commissaire Phil Hogan pour qu’il révise la politique actuelle. « Nous ne voulons pas de subventions mais une vie digne et des prix équitables » expliquaient les délégués hissés sur une tribune. « Il faut produire moins et gagner juste », insistaient d’autres. « Les politiques nous ont lâchés, ce sont eux les coupables », insistait un responsable italien.Lire aussi :Crise du porc : « La FNSEA occupe le terrain, mais c’est un leurre »Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Au cours d’un week-end exceptionnel, toute l’Allemagne semble s’être mobilisée pour recevoir les milliers de réfugiés – 20 000 selon la police – qui, samedi 5 et dimanche 6 septembre, sont arrivés dans le pays. Après la décision prise par Angela Merkel d’accueillir plusieurs milliers de réfugiés bloqués en Hongrie, les principales gares du pays se sont transformées dès samedi en centres d’accueil. Spontanément, les Allemands y ont apporté des vêtements et de la nourriture pour des réfugiés qu’ils ont accueillis avec des ballons multicolores, des fleurs, des applaudissements voire en leur faisant une véritable haie d’honneur.Lire aussi :Migrants : Merkel se félicite que l’Allemagne soit « un pays avec lequel les gens associent de l’espoir »Si la plupart des réfugiés sont arrivés à Munich, ils ont très rapidement été répartis dans tout le pays, selon des quotas très précis fixés après la seconde guerre mondiale, en fonction de la richesse et de la population de chaque Etat-région. Selon un sondage publié le 3 septembre par la chaîne ARD, 95 % des Allemands se félicitent du mouvement de solidarité que provoque l’afflux de réfugiés. 45 % des Allemands jugent que l’immigration offre « plutôt des avantages pour le pays » alors que 33 % pensent que les inconvénients l’emportent. Dans l’ancienne Allemagne de l’Est pourtant, les pourcentages sont presque inversés. Si les Allemands les plus aisés et ceux qui ont moins de 40 ans sont clairement en faveur de l’immigration, les plus âgés et les plus modestes sont beaucoup plus réservés. Malgré tout, 96 % des Allemands jugent justifié d’accueillir des réfugiés qui fuient la guerre. En revanche, 28 % seulement pensent que l’Allemagne doit accueillir des migrants économiques.Lire aussi :Et l’Allemagne ouvrit ses portesDimanche soir, les dirigeants de la coalition au pouvoir se sont réunis autour d’Angela Merkel pour répondre aux questions les plus urgentes que pose cette arrivée de réfugiés et pour tenter de clore la polémique entre la CSU et la chancelière. Le parti conservateur bavarois a qualifié de « mauvais signal » sa décision d’accueillir les milliers de réfugiés en provenance de Budapest. Celle-ci restera « une exception » a fait valoir le gouvernement. Dans la nuit de dimanche à lundi, celui-ci a pris plusieurs décisions pour à la fois aider les réfugiés mais aussi envoyer un signal aux Allemands inquiets. Moment historiqueL’Etat va débloquer 6 milliards d’euros en 2016, notamment pour aider les communes et les Länder à accueillir les réfugiés. Cent cinquante mille places supplémentaires vont être construites dans des foyers de premier accueil. L’ensemble des pays des Balkans occidentaux devraient être déclarés « pays sûrs ». Leurs habitants ne pourront plus se voir accorder le droit d’asile. En revanche, l’immigration légale en provenance de ces pays devrait être facilitée. Dans les centres de premier accueil, les réfugiés devraient recevoir « dès que possible » des prestations en nature et non plus de l’argent. Les expulsions devraient être mises en œuvre dans les trois mois et non dans le semestre qui suit la décision. En revanche, les réfugiés pourront travailler pour des sociétés d’intérim trois mois après leur arrivée. Enfin, trois mille postes de policiers vont êtres créés dans les trois ans à venir. « L’hospitalité à l’égard des réfugiés de guerre a une longue histoire. C’était déjà la même chose lors de la guerre dans l’ex-Yougoslavie. Peut-être est-ce dû au fait que de nombreux Allemands sont eux-mêmes descendants de réfugiés », analyse Joachim Fritz-Vannahme, de la Fondation Bertelsmann. Après la seconde guerre mondiale, environ 13 millions d’Allemands qui avaient été « déplacés » dans l’est de l’Europe des années auparavant, ont en effet « retrouvé » l’Allemagne, un pays que nombre d’entre eux ne connaissaient pas. Le fait que des néonazis multiplient les actions violentes à l’encontre des foyers de réfugiés incite en retour les Allemands à afficher leur solidarité avec les réfugiés.« Une expérience a commencé. Elle va modifier plus profondément l’Allemagne que la réunification »Les Allemands ont le sentiment de vivre un moment historique. « Une expérience a commencé. Elle va modifier plus profondément l’Allemagne que la réunification. Devant nous c’est l’inconnu », résume un éditorial de Die Zeit du 3 septembre. Dans le même journal, le sociologue Heinz Bude ajoute : « Nous sommes les Américains de l’Europe, que nous le voulions ou non ». Mais ce « moment allemand » ne va pas sans crainte. Si beaucoup en Allemagne insistent sur le fait que nombre de Syriens ou d’Afghans sont très qualifiés, Thomas de Maizière, ministre de l’Intérieur, évoque de « 15 % à 20 % d’adultes analphabètes ». 30 % des réfugiés sont mineurs et vont devoir intégrer le système scolaire qui manque déjà d’enseignants. Andrea Nahles, ministre de l’emploi et des affaires sociales, s’est fixé comme objectif « que les gens qui arrivent chez nous comme réfugiés deviennent rapidement des voisins et des collègues ». Un message positif qui, associé aux images de ce week-end qui ont fait le tour du monde, devrait encore accroître l’attrait de l’Allemagne auprès des populations en souffrance.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen), Jean-Baptiste Chastand et Les Décodeurs Voici le nombre de réfugiés que chaque pays devrait accueillir, ainsi que ce nombre rapporté au nombre d’habitants.Royaume-Uni, Irlande et Danemark, qui bénéficient d’exemptions en matière de politique migratoire, n’ont pas à participer à cette répartition, même s’ils pourront accueillir des migrants sur une base volontaire. Italie, Hongrie et Grèce, aux capacités d’accueil déjà saturées, n’apparaissent pas non plus dans ce graphe, car le plan de l’UE est justement de les délester d’une part de la charge de l’accueil. #container_14416117412{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14416117412{ height:500px; } #container_14416117412 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14416117412 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14416117412 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14416117412 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Migrants : les quotas proposés par la Commission européenneNombre de réfugiés à accueillir, en valeur absolue et rapporté au nombre d'habitants.Source : Commission européenne(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14416117412", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:true, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#d891b0","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"Nombre accueilli" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"Nombre par habitant" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Allemagne","France","Espagne","Pologne","Pays-Bas","Roumanie","Belgique","Suède","Autriche","Portugal","République tchèque","Finlande","Slovaquie","Bulgarie","Croatie","Slovénie","Lituanie","Lettonie","Luxembourg","Estonie","Chypre","Malte"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de réfugiés", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 31443 ], [ "", 24031 ], [ "", 14931 ], [ "", 9287 ], [ "", 7214 ], [ "", 4646 ], [ "", 4564 ], [ "", 4469 ], [ "", 3640 ], [ "", 3074 ], [ "", 2978 ], [ "", 2398 ], [ "", 1502 ], [ "", 1500 ], [ "", 1064 ], [ "", 631 ], [ "", 580 ], [ "", 526 ], [ "", 440 ], [ "", 373 ], [ "", 274 ], [ "", 133 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "pour 10000 habitants", "color": "#d891b0", "data": [ [ "", 3.900148846 ], [ "", 3.624585219 ], [ "", 3.192431046 ], [ "", 2.410329613 ], [ "", 4.294047619 ], [ "", 2.327655311 ], [ "", 4.075 ], [ "", 4.660062565 ], [ "", 4.297520661 ], [ "", 2.938814532 ], [ "", 2.830798479 ], [ "", 4.416206262 ], [ "", 2.776340111 ], [ "", 2.066115702 ], [ "", 2.503529412 ], [ "", 3.063106796 ], [ "", 1.966101695 ], [ "", 2.616915423 ], [ "", 8.148148148 ], [ "", 2.825757576 ], [ "", 2.403508772 ], [ "", 3.166666667 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 1, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: 1, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Lire aussi :Le nombre de migrants et de réfugiés a explosé au XXIe siècle dans le monde Les DécodeursJournaliste au MondeJean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) François Holllande a confirmé lundi 7 septembre que la France accueillerait 24 000 nouveaux réfugiés, conformément au plan de répartition élaboré par la Commission européenne. Son président, Jean-Claude Juncker, entend que les pays membres se répartissent un nouveau contingent d’environ 120 000 personnes ayant fui les zones de guerre : 50 400 en Grèce ; 15 000 en Italie ; et 54 000 en Hongrie. Soit 62 % des demandeurs d’asile qui ont atteint l’Europe au cours des trois derniers mois, selon un document lu par Le Monde. L’Allemagne pour sa part devra accueillir 31 443 nouveaux réfugiés, selon ce plan, qui doit être présenté devant le Parlement de Strasbourg mercredi. Dans le projet élaboré par la Commission, des Etats qui ont, jusqu’ici, marqué de vives réticences sont également sollicités : on prévoit 14 931 réfugiés en Espagne ; 9 287 en Pologne ; 2 978 en République tchèque. Les Pays-Bas accueilleraient 7 214 personnes, la Belgique 4 564, la Suède 4 469, la Roumanie 4 646, etc. Exemptés de la politique commune de migration, le Royaume-Uni, l’Irlande et le Danemark ne font pas partie des pays sollicités par la Commission, mais ils pourront accepter d’accueillir volontairement des réfugiés.David Cameron, le premier ministre britannique, a ainsi annoncé lundi que son pays était prêt à accueillir jusqu’à « 20 000 » réfugiés syriens sur cinq ans. #container_14416117412{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14416117412{ height:500px; } #container_14416117412 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14416117412 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14416117412 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14416117412 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }Migrants : les quotas proposés par la Commission européenneNombre de refugiés à accueillir, en valeur absolue et rapporté au nombre d’habitants.Source : Commission européenne(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14416117412", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:true, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#d891b0","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"Nombre accueilli" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"Nombre pour 10 000 habitants" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Allemagne","France","Espagne","Pologne","Pays-Bas","Roumanie","Belgique","Suède","Autriche","Portugal","République tchèque","Finlande","Slovaquie","Bulgarie","Croatie","Slovénie","Lituanie","Lettonie","Luxembourg","Estonie","Chypre","Malte"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de réfugiés", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 31443 ], [ "", 24031 ], [ "", 14931 ], [ "", 9287 ], [ "", 7214 ], [ "", 4646 ], [ "", 4564 ], [ "", 4469 ], [ "", 3640 ], [ "", 3074 ], [ "", 2978 ], [ "", 2398 ], [ "", 1502 ], [ "", 1500 ], [ "", 1064 ], [ "", 631 ], [ "", 580 ], [ "", 526 ], [ "", 440 ], [ "", 373 ], [ "", 274 ], [ "", 133 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "pour 10 000 habitants", "color": "#d891b0", "data": [ [ "", 3.900148846 ], [ "", 3.624585219 ], [ "", 3.192431046 ], [ "", 2.410329613 ], [ "", 4.294047619 ], [ "", 2.327655311 ], [ "", 4.075 ], [ "", 4.660062565 ], [ "", 4.297520661 ], [ "", 2.938814532 ], [ "", 2.830798479 ], [ "", 4.416206262 ], [ "", 2.776340111 ], [ "", 2.066115702 ], [ "", 2.503529412 ], [ "", 3.063106796 ], [ "", 1.966101695 ], [ "", 2.616915423 ], [ "", 8.148148148 ], [ "", 2.825757576 ], [ "", 2.403508772 ], [ "", 3.166666667 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 1, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: 1, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}La clé pour le calcul — qui prend en compte le nombre d’habitants, le taux de chômage, le nombre de demandes d’asile enregistrées dans le pays et le produit intérieur brut — a visiblement subi quelques aménagements pour les pays qui traînent les pieds : la Lituanie ne devrait accueillir que 580 personnes, la Lettonie 526, l’Estonie 373. Les pays Baltes, qui soulignent qu’ils n’ont pas de tradition d’accueil, risquaient de rejoindre les pays d’Europe centrale et orientale qui critiquent le projet de la Commission. Or, s’il espère faire passer son initiative, M. Juncker aura besoin d’une majorité qualifiée.Projet communautaire en périlA la fin de la semaine dernière, la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie, réunies au sein du « groupe de Visegrad », avaient redit, à Prague, leur refus de tout quota fixé par Bruxelles. La Commission espère, sans en avoir la certitude, que la Hongrie va désormais se désolidariser de ses partenaires. Bruxelles compte aussi sur le basculement d’une partie de l’opinion publique après le choc provoqué par la mort du petit Aylan Kurdi, en Turquie, qui pourrait amener certaines capitales à moins d’intransigeance.Avant l’été, la Commission avait fait une première tentative pour imposer des quotas à chaque pays pour l’accueil de 60 000 réfugiés. L’affaire avait créé une vive polémique, suscité de longs débats et s’était soldée par l’acceptation « volontaire » de nouveaux arrivants par les Etats, soit 32 000 « relocalisations » et 22 000 « réinstallations ». Le projet d’en accueillir 60 000 n’est donc à l’heure actuelle pas complètement réalisé. Ensemble, l’Allemagne et la France avaient fini par accepter volontairement le chiffre que Bruxelles voulait leur imposer (12 000 personnes pour la première, 9 000 pour la seconde).A la fin de la semaine dernière, la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie, réunies au sein du « groupe de Visegrad », avaient redit, à Prague, leur refus de tout « quota » fixé par BruxellesFace aux nouveaux afflux de réfugiés, par la Méditerranée et surtout, désormais, par la route des Balkans, M. Juncker veut presser le pas. La Commission a renoncé à l’usage du terme « quota », qui heurte notamment Paris, mais insiste sur la nécessaire solidarité entre les Vingt-Huit dans une situation d’extrême urgence. Son « discours sur l’état de l’Union », prévu mercredi au Parlement européen, sera largement consacré à la crise des réfugiés, l’une des plus graves de l’histoire de l’UE. Il y plaidera pour un effort collectif, faute de quoi, dira-t-il, l’Europe sans frontières de Schengen et le projet communautaire dans son ensemble seraient en péril.ExigencesMême les capitales les plus favorables à l’accueil de nouveaux réfugiés formulent des exigences : elles réclament un équilibre entre l’effort fourni par les uns et les autres et veulent que les pays par lesquels entrent les demandeurs d’asile procèdent à leur enregistrement rapide et systématique. La Commission promettra donc de hâter l’installation de « hotspots », des centres de contrôle et d’enregistrement, dans les Etats concernés.Elle dévoilera également son projet pour la mise en place d’une politique de retour rapide pour ceux qui ne peuvent prétendre à l’asile en Europe. A l’heure actuelle, 40 % d’entre eux seulement quittent le sol européen. L’agence Frontex pourrait se charger des retours collectifs, et Bruxelles négociera de nouveaux accords avec les pays d’origine. Ceux-ci se verraient promettre, en contrepartie de leur collaboration, des aides financières, des échanges commerciaux accrus, des facilités pour leurs étudiants, etc.Les pays de l’UE appelés à accueillir des réfugiés recevraient, eux, 6 000 euros par personne, prélevés sur le budget communautaire, tandis que la Grèce, l’Italie et la Hongrie se verraient attribuer 500 euros afin de couvrir les frais de voyage des personnes quittant leur sol.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Comment ne pas penser à ces images de novembre 1989 quand les Allemands de l’Ouest accueillaient ceux de l’Est sous les applaudissements ? Au cours de ce week-end exceptionnel du samedi 5 et du dimanche 6 septembre, toute l’Allemagne semble s’être mobilisée pour recevoir dans les meilleures conditions les milliers de réfugiés – 20 000 selon la police.A Munich, mais aussi à Francfort, Dortmund et de nombreuses autres villes, les gares se sont transformées dès samedi en centres d’accueil après la décision prise dans la nuit de vendredi à samedi par la chancelière Angela Merkel d’accueillir plusieurs milliers de réfugiés bloqués en Hongrie. Spontanément, les Allemands y ont apporté des vêtements et de la nourriture pour des réfugiés qu’ils ont accueillis avec des ballons multicolores, des cadeaux de bienvenue, des applaudissements voire en leur faisant une véritable haie d’honneur. Car si beaucoup de réfugiés sont arrivés à Munich, très rapidement ils ont été répartis dans tout le pays, selon des quotas très précis fixés après la seconde guerre mondiale, en fonction de la richesse et de la population de chaque Etat-région. Selon cette clé de répartition, la Rhénanie du Nord doit accueillir 21,2 % des réfugiés, la Bavière 15,3 %…et le plus petit Land, la ville de Brême 0,9 %. Si cette décision d’Angela Merkel a été approuvée par les sociaux-démocrates, la CSU bavaroise – le parti frère de la CDU – a jugé que c’était un « mauvais signal ».Dimanche soir, les dirigeants de la coalition au pouvoir se sont réunis autour de la chancelière pour organiser ces arrivées de réfugiés dont personne n’avait prévu l’ampleur il y a encore quelques mois. D’après les premiers échos, la KfW, la Caisse des dépôts allemande devrait débourser 300 millions d’euros pour construire 30 000 places supplémentaires dans les centres pour réfugiés. Pour répondre aux inquiétudes d’une partie de la population, 3 000 postes de policiers devraient également être créés durant les prochaines années.Selon un sondage publié le 3 septembre par la chaîne ARD, 95 % des Allemands se félicitent du mouvement de solidarité que provoque l’afflux de réfugiés. 45 % des Allemands jugent que l’immigration offre « plutôt des avantages pour le pays » alors que 33 % pensent que les inconvénients l’emportent. A noter que dans l’ancienne Allemagne de l’Est, les pourcentages sont presque inversés.De même, si les Allemands les plus aisés et ceux qui ont moins de 40 ans sont clairement en faveur de l’immigration, les plus âgés et les plus modestes sont beaucoup plus réservés. 34 % des gens avec un bas revenu mettent l’accent sur les avantages et 46 % sur les inconvénients. Malgré tout, 96 % des Allemands jugent justifié d’accueillir des réfugiés qui fuient la guerre. En revanche, 28 % seulement pensent que l’Allemagne doit accueillir des réfugiés économiques. « Nous sommes les Américains de l’Europe »« Cette hospitalité à l’égard des réfugiés de guerre a une longue histoire. C’était déjà la même chose lors de la guerre dans l’ex-Yougoslavie. Peut-être est-ce dû au fait que de nombreux Allemands sont eux-mêmes descendants de réfugiés », analyse Joachim Fritz-Vannahme, de la fondation Bertelsmann. Après la seconde guerre mondiale, environ 13 millions d’Allemands qui avaient été « déplacés » dans l’est de l’Europe des années auparavant, ont en effet « retrouvé » l’Allemagne, un pays que nombre d’entre eux ne connaissaient pas. Le fait que des néonazis multiplient les actions violentes à l’encontre des foyers de réfugiés ne peut, évidemment, qu’inciter en retour les Allemands à afficher leur solidarité avec les réfugiés.Les Allemands ont le sentiment de vivre un moment historique. « Une expérience a commencé. Elle va modifier plus profondément l’Allemagne que la réunification. Devant nous c’est l’inconnu », résume un éditorial de Die Zeit (du 3 septembre). Dans le même journal, le sociologue Heinz Bude ajoute : « Nous sommes les Américains de l’Europe, que nous le voulions ou non. » Mais ce « moment allemand » ne va pas sans crainte.Les pays qui ont une longue tradition d’immigration comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France « savent que l’immigration ne contribue pas seulement à résoudre des problèmes mais en crée de nouveaux », notait jeudi la Frankfurter Allgemeine Zeitung. « A court terme, le défi est surtout logistique. Pas politique », affirme un haut fonctionnaire. L’accueil de 800 000 nouveaux réfugiés cette année pose évidemment de multiples questions pratiques. Et les Etats-régions qui abritent déjà les réfugiés sous des tentes voient avec inquiétude l’hiver approcher. Mais cela n’est rien à côté du défi de l’intégration. « Par le passé, les réfugiés n’avaient pas les moyens d’apprendre rapidement l’allemand, de se former et d’accéder rapidement au marché du travail. Ça ne doit pas se répéter », vient de mettre en garde l’Institut d’économie allemande (IW) de Cologne, proche du patronat.Si beaucoup en Allemagne insistent sur le fait que nombre de Syriens ou d’Afghans sont très qualifiés, Thomas de Maizière, ministre de l’intérieur, est plus prudent et évoque « 15 % à 20 % d’adultes analphabètes ». Par ailleurs, 30 % des réfugiés sont mineurs. Ils vont donc devoir intégrer le système scolaire qui manque déjà d’enseignants.Andrea Nahles, ministre de l’emploi et des affaires sociales, a déjà fait ses comptes. Pour former les réfugiés, leur enseigner l’allemand et leur donner les aides sociales auxquelles ils auront droit, ses services ont besoin de 3 milliards d’euros supplémentaires en 2016, une somme qui devrait progressivement atteindre 7 milliards en 2019. Son objectif : « Que les gens qui arrivent chez nous comme réfugiés deviennent rapidement des voisins et des collègues. » Un message positif qui, associé aux images de ce week-end qui ont fait le tour du monde, devrait encore accroître l’attractivité de l’Allemagne auprès des populations en souffrance.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.09.2015 à 11h46 • Mis à jour le06.09.2015 à 18h11 L’ancien premier ministre Alain Juppé (Les Républicains) s’est prononcé dimanche 6 septembre en faveur de raids aériens contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie. « Je suis favorable à l’extension des frappes aériennes qui existent aujourd’hui en Irak, dans le cadre d’une coalition, en territoire syrien », a-t-il affirmé au Grand Rendez-Vous Europe 1-Le Monde-iTélé.Le maire de Bordeaux s’est cependant positionné contre une intervention au sol, contrairement à un autre candidat à la primaire des Républicains, Bruno Le Maire, qui a plaidé, dimanche dans une tribune au Monde, en faveur de l’envoi de troupes au sol. « Nous devons mettre en place une coalition militaire la plus large possible, qui rassemble des Etats européens, la Russie et des Etats du Moyen-Orient, a déclaré M. Le Maire. Cette coalition, la France devrait y participer à sa mesure avec des troupes au sol. »« La grande question qui est derrière est de savoir s’il faut accompagner ces frappes aériennes par un déploiement au sol, et là j’y suis tout à fait défavorable. », a estimé M. Juppé. « C’est aux pays de la région de faire le job », a-t-il ajouté, évoquant les pays arabes et la Turquie. Il a aussi souligné la nécessité de « chercher une solution politique ».Hollande et Cameron favorables à des bombardementsM. Juppé se place sur la même ligne que l’exécutif français. Selon les informations du Monde, l’exécutif français envisage de frapper l’EI en Syrie. Le sujet a été abordé lors d’un conseil restreint de défense réuni par le président François Hollande, vendredi 4 septembre dans la matinée, sur la crise syrienne. M. Hollande doit préciser ses orientations lors de sa conférence de presse de rentrée, lundi 7 septembre.Lire aussi :Paris étudie la possibilité de frappes en SyrieDe la même façon, Londres a entrouvert, samedi 5 septembre, la porte à des raids aériens contre le groupe Etat islamique en Syrie. Selon le Sunday Times, le premier ministre, David Cameron, pourrait organiser un vote du Parlement début octobre pour autoriser des bombardements en Syrie. Le Royaume-Uni, membre de la coalition internationale contre l’EI, cantonne pour l’heure, comme la France, ses bombardements aux positions du groupe djihadiste en Irak.Lire aussi :Le Royaume-Uni envisage de frapper l’EI en Syrie 05.09.2015 à 14h36 • Mis à jour le05.09.2015 à 15h11 | Jean-Pierre Stroobants (Luxembourg, Envoyé spécial) Réunis à Luxembourg samedi 5 septembre au matin, les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne devaient aborder la question cruciale de l’accueil des réfugiés et « ce n’a pas été facile » a indiqué, au cours d’une conférence de presse, la haute représentante Federica Mogherini. « La discussion a été difficile mais je garde espoir et, en tout cas, aucun pays ne peut avoir l’illusion qu’il n’est pas concerné », a-t-elle ajouté.Le climat était tendu par des polémiques persistantes entre les pays, encore alimentées par les derniers événements. Dont l’arrivée, en Autriche et en Allemagne, de milliers de réfugiés venus de Hongrie et la réaffirmation, la veille, par les pays du « groupe de Visegrad » (République tchèque, Pologne, Hongrie, Slovaquie) de leur opposition à l’idée de « quotas » obligatoires afin d’assurer une juste répartition des demandeurs d’asile entre les Vingt-Huit.Lire aussi :L’Europe centrale, forteresse face aux réfugiés« Je m’attendais à pire », a commenté le ministre luxembourgeois, Jean Asselborn, qui présidait la réunion. Les deux responsables voulaient visiblement, malgré la fermeté du communiqué publié la veille à Prague, ne pas envenimer la polémique alors que se profilent des échéances cruciales en vue d’une répartition solidaire des centaines de milliers de réfugiés entrés en Europe. M. Asselborn a toutefois rappelé que les pays de l’Est avaient, dans un passé récent, bénéficié de la solidarité des autres Européens. Et il a mis en avant l’exemple britannique : après un refus entêté d’accueillir d’autres réfugiés syriens, le premier ministre, David Cameron, a décidé d’ouvrir les portes de son pays à des milliers d’entre eux.Rencontre « informelle » de LuxembourgLa situation chaotique en Hongrie et les mesures restrictives adoptées par le gouvernement de Viktor Orban, sous couvert d’une obligation de contrôle d’une frontière extérieure de l’Union, étaient d’autres sujets de préoccupation. Budapest continue, en tout cas, d’accuser l’Allemagne, qui aurait, selon lui, fait preuve d’irresponsabilité en indiquant qu’elle était prête à de nouveaux contingents de réfugiés. M. Asselborn qui, la veille, avait dit sa « honte » face à la politique menée par le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a préféré ne pas renouveler ses critiques.La rencontre de Luxembourg était « informelle », c’est-à-dire sans prise de décision. Elle devait surtout tenter, si possible, de rapprocher les points de vue alors que la crise migratoire n’en est, pour certains, qu’à ses débuts et que les Européens devraient retrouver un semblant de cohérence avant des débats sur la réforme et l’unification du droit d’asile, l’éventuelle révision des accords de Dublin sur l’examen des demandes, ou la fixation d’un mécanisme permanent pour la répartition des demandeurs d’asile.Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, doit présenter ses propositions mercredi 9 septembre à Strasbourg. Les ministres de l’intérieur se réunissent le 14 à Bruxelles. Et les chefs d’Etat et de gouvernement n’échapperont pas à un sommet sur cette question, à la mi-octobre au plus tard. L’Autriche et des députés européens réclament même une réunion d’urgence avant cette date.Avant la réunion de ce week-end, les ministres français, allemand et italien des affaires étrangères ont écrit à Mme Mogherini, pour réclamer une action vigoureuse face à cette crise « sans précédent », cette « épreuve historique », écrivent Laurent Fabius, Frank-Walter Steinmeier et Paolo Gentiloni.Une « répartition équitable »Dans leur lettre, lue par Le Monde, les ministres soulignent la nécessité d’une « approche globale » qui doit démarrer par une aide de large ampleur, bien au-delà des moyens actuellement mis en œuvre, pour la Syrie, la Libye, le Sahel, la corne de l’Afrique et les Balkans. Un programme incluant une série de volets – l’aide humanitaire, l’éducation, le contrôle des frontières, la reconstruction d’un Etat de droit, la négociation d’accords de réadmission et la fixation de canaux d’immigration légale, etc. Il convient, par ailleurs, de redéfinir « de manière ambitieuse » les politiques d’asile et de retour, plaident les ministres.« Il convient de protéger les personnes en demande de protection, quel que soit le pays par lequel elles entrent dans l’Union », souligne la lettre, ce qui équivaut à demander une révision des accords de Dublin. Il faut unifier les critères d’octroi du droit d’asile, qui divergent fortement d’un Etat à l’autre. Enfin, une « répartition équitable » des demandes d’asile doit être promue, ce qui est bien le cœur de la discussion depuis des mois. Les trois ministres plaident encore pour la création d’un système intégré de contrôle des frontières extérieures.De manière plus prosaïque, Sebastian Kurz, le ministre autrichien, a invité, samedi matin, tous ses collègues à se pencher au plus vite sur « le bazar » qu’est, selon lui, la question migratoire en Europe. Samedi, on n’avait pas le sentiment que toutes les délégations avaient l’intention d’approfondir cette question même si, selon Mme Mogherini, « nous ne vivons pas une situation d’urgence mais une crise durable ».Les ministres ont cependant trouvé un accord minimal sur cinq priorités : offrir une meilleure protection aux personnes dans le besoin, mieux contrôler les frontières en respectant le droit, lutter contre les trafiquants, renforcer le dialogue avec les pays d’origine et de transit, lutter contre les causes des migrations.« L’Europe fonctionne par fermentation, chacun en arrivera à prendre sa part de responsabilité » assure, et se rassure, M. Asselborn.Jean-Pierre Stroobants (Luxembourg, Envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.02.2015 à 17h04 • Mis à jour le12.02.2015 à 17h25 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2h0wkj"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2h0wkj", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Une explosion a eu lieu dans une usine chimique d'Igualada, à 60 kilomètres de Barcelone, créant un nuage toxique orange pouvant provoquer des irritations. Les habitants de quatre villes catalanes étaient encouragés, jeudi matin, à rester chez eux. Cet ordre de confinement a été totalement levé dans l'après-midi. L'explosion, survenue peu après 9 heures, serait due à la mise en contact de composés chimiques (acide nitrique et sulfure de fer) lors de leur manipulation à l'extérieur de l'enceinte de l'entreprise, rapporte le quotidien espagnol El Pais.D'après la direction générale de la protection civile catalane, huit personnes ont été légèrement blessées. Deux employés de l'entreprise chimique souffrant de brûlures légères ont été pris en charge médicalement après qu'ils eurent inhalé le gaz. Une troisième personne travaillant dans une usine proche a elle aussi été blessée.#ProteccioCivil ha rebaixat a ALERTA el pla #PLASEQCAT x incident empresa química a #Igualada http://t.co/jdGECrgd7K http://t.co/hJajffSjLh— EmergènciesCatalunya (@emergenciescat)require(["twitter/widgets"]);« AUCUN DANGER POUR LA POPULATION »La protection civile catalane affirme qu'il n'y a aucun danger pour la population. L'alerte est cependant maintenue dans la zone infectée. Les autorités ont recommandé aux femmes enceintes, aux personnes âgées, aux enfants de moins de 3 ans et aux personnes souffrant de difficultés respiratoires de rester chez eux. Dans la matinée, 600 enfants étaient confinés dans leurs écoles et leurs crèches. Les pompiers œuvrent pour éliminer les substances dangereuses dispersées dans l'air.Imatges dels efectius dels #bomberscat del #SEM i de responsables empresa #Igualda a l'interior de la instal·lació http://t.co/LrPeo7FnnS— Bombers. Generalitat (@bomberscat)require(["twitter/widgets"]);Le ministre de l'intérieur catalan, Ramon Espadaler, a demandé jeudi matin aux parents de ne pas aller chercher leurs enfants à l'école, mais il a affirmé que le nuage de fumée ne représentait pas un grand danger pour la population. Cependant, le vent étant faible, le nuage de fumée va se dissiper lentement, explique-t-il. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le « cas grec » est à nouveau au menu de l’Europe, jeudi 12 février. Après un premier rendez-vous raté, mercredi soir, à l’occasion de la réunion des ministres des finances de la zone euro (Eurogroupe), ce sont les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union qui s’en emparent, à la faveur d’un Conseil européen informel qui débute en soiréeLes Européens espèrent qu’à cette occasion, le premier ministre grec, Alexis Tsipras – pour qui il s’agit du premier « vrai » rendez-vous sur la scène européenne – enverra un signal de bonne volonté. Une rencontre bilatérale pourrait avoir lieu entre M. Tsipras et la chancelière allemande Angela Merkel, un des rares dirigeants européens qu’il n’ait pas encore rencontré, et qui est pourtant incontournable dans la négociation qui s’est engagée entre la Grèce et ses créanciers pour renégocier son énorme dette.« Je suis sûr que tous ensemble nous pouvons trouver une solution viable pour soigner les blessures causées par l'austérité, a estimé M. Tsipras à son arrivée au sommet européen. Nous sommes à un tournant crucial pour l'Europe. »Martin Schulz, le président du Parlement européen, qui a déjà rencontré deux fois M. Tsipras, devait, en début de Conseil, appeler les chefs d'Etat et de gouvernement à trouver un accord, dans l'intérêt commun de la zone euro.La réunion de l’Eurogroupe, qui a été improductive, a, toutefois, laissé des traces dans les esprits, selon plusieurs sources européennes interrogées jeudi. Les Européens apparaissent très déçus de ce rendez-vous raté et commencent à émettre des doutes sur la possibilité d’arriver à quelque chose de suffisamment consistant lundi 16 février, lors d’un nouvel Eurogroupe.Après l'échec de l'Eurogroupe, la Grèce est-elle vraiment dans l'impasse ?« Prêts à signer mercredi soir »De fait, les ministres des finances de la zone euro ont passé près de six heures à travailler sur le texte d’un accord. Selon plusieurs sources, ce texte avait reçu, à un moment dans la soirée, l’accord des 19 représentants des pays de la zone euro, y compris la partie grecque. Ce texte « était plutôt satisfaisant pour les Grecs, puisqu’il évitait de mentionner la troïka des créanciers [Banque centrale et Commission européennes, Fonds monétaire international], on parlait d'"institutions" », rapporte une source.Le « draft » mentionnait aussi une extension du deuxième plan d’aide financier à la Grèce, qui s’achève théoriquement le 28 février, mais « en tenant compte des nouveaux projets du gouvernement » grec. Il s’agissait, en l’occurrence, de se donner de la marge pour négocier, dans les jours ou les semaines qui viennent, entre Athènes et le reste de l’eurozone, une liste de réformes à mettre en place en Grèce, tenant compte de la volonté politique de M. Tsipras d’en finir avec l’austérité.Mais, après un coup de téléphone à Athènes avec M. Tsipras, Yanis Varoufakis, le ministre des finances grec, est revenu sur le contenu du « draft ». « Cette stratégie a détruit beaucoup de bonne volonté de la part des Européens. Ils étaient prêts à signer mercredi soir », souligne une source, inquiète.Le dialogue n’est pas rompuDès lors, c’est la nouvelle réunion de l’Eurogroupe, prévue de longue date lundi 16 février, qui s’annonce décisive : elle est présentée comme le rendez-vous de la dernière chance pour trouver un accord entre Athènes et le reste de l’Eurozone.Pour formaliser cet accord, il faudra toutefois que les engagements du gouvernement grec soient suffisamment précis. Que celui-ci donne au moins une idée des réformes qu’il pourrait mettre en place, car bon nombre des mesures sur lesquelles le précédent gouvernement grec s’était engagé ne sont toujours pas sur les rails.Il faudra aussi que, si un accord est trouvé, il soit de susceptible d’être « défendu » par les gouvernements allemand, néerlandais, autrichien, et finlandais qui devront le faire avaliser par leurs parlements respectifs. Cela va demander un gros travail entre techniciens de la troïka des créanciers et les équipes du gouvernement Tsipras. Ces dernières étaient à Bruxelles encore jeudi. Le dialogue n’est pas rompu, selon plusieurs sources. Mais la volonté politique d’un accord rapide est-elle encore là ?Grèce : le scénario catastrophe de la sortie de la zone euro ?Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nicole Vulser Le textile est aux avant-postes de l’économie mondiale et l’étude annuelle publiée à l’occasion du principal salon mondial du textile, Première Vision, qui se tient à Villepinte (Seine-Saint-Denis) jusqu’au jeudi 12 février, donne le pouls de ces grands échanges planétaires.Fait nouveau, la Chine, dont les exportations vers l’Union européenne se tassaient sévèrement depuis 2011, rebondit. Mais de nouveaux fournisseurs montent aussi en puissance, portés à la fois par des facilités douanières et des bas coûts de main-d’œuvre : c’est le cas, par exemple, du Kenya pour les États-Unis, ou encore, pour le Vieux Continent, de certains pays d’Europe centrale, comme la Moldavie, ou la Macédoine.La Chine conforte sa position en Europe et aux États-UnisPremiers fournisseurs de vêtements dans l’Union européenne, les industriels chinois affichent une hausse de 5 %, à 28 milliards d’euros de leurs exportations sur les trois premiers trimestres 2014, selon l’étude de la fédération de la maille et de la lingerie. De façon plus générale, les importations européennes d’habillement ont augmenté de + 8 %, à 55,4 milliards d’euros sur cette période.Aux États-Unis aussi, les importations de vêtements progressent toujours et ont atteint 75,8 milliards de dollars (66,9 milliards d’euros) sur les onze premiers mois de 2014. La Chine occupe la première place dans ces importations.Lle Bangladesh souffre, le Kenya souritAux États-Unis, le Bangladesh, à la quatrième place des fournisseurs, connaît des difficultés. Barack Obama a retiré à ce pays le privilège d’un accès douanier gratuit aux États-Unis après la tragédie du Rana Plaza, qui avait fait 1 135 morts en avril 2013.> Lire aussi : Ateliers textiles au Bangladesh : des milliers de manquements à la sécurité mis au jour La géopolitique textile et le sourcing – les pays où s’approvisionnent les donneurs d’ordre – évoluent rapidement, de façon souvent aussi cynique que le dumping et la recherche incessante de coûts de main-d’œuvre les plus bas possibles.C’est ainsi par exemple que le Kenya a vu l’an dernier ses exportations bondir de 23,7 % presque exclusivement vers son premier marché, les États-Unis. Dans le cadre de l’AGOA en effet, les exportateurs kényans ne paieront pas de droits de douane pour les États-Unis jusqu’à fin 2015 et ils militent activement pour proroger cet accord.Les ateliers de Moldavie et de Macédoine alimentent l’EuropeAutre exemple en Europe. De plus en plus d’industriels italiens ou anglais, comme les maisons de luxe Armani, Dolce Gabbana, Versace, Moncler ou Prada, mais aussi les spécialistes de la mode à plus petits prix, comme Primark ou Benetton, sous-traitent en Moldavie, où le salaire moyen mensuel est de 210 euros.À Tiraspol, en Transnistrie, une des plus grandes entreprises textiles d’Europe affiche une capacité de production annuelle de 140 millions de mètres carrés de tissus ennoblis. Un reste historique du temps où cette région fournissait tous les uniformes soviétiques.Les exportations moldaves à destination de l’UE sont exonérées de droits de douane. Cela vaut aussi pour la Macédoine, qui compte elle aussi comme clients prestigieux Hugo Boss, Escada, Just Cavalli ou encore, dans la mode peu chère, Topshop.Depuis 2014, le système généralisé de préférences tarifaires - qui vise à aider certains pays à exporter - par des réductions ou des suppressions de droits de douane a été ramené de 177 à 90.Taxes douanières et marchés publics au cœur du traité transatlantiqueCette question de la facilitation des procédures douanières est aussi au centre des négociations du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP), dont le neuvième « round » est prévu en avril, à Washington. À terme, l’idée est d’arriver « à ne plus avoir de taxes douanières », des deux côtés de l’Atlantique a indiqué au « Monde », Gail Stricker qui négocie pour les États-Unis.Les travaux des représentants américains et européens se focalisent aussi sur les problèmes réglementaires visant à protéger les consommateurs et sur l’épineuse règle d’origine. « Pour faciliter les échanges commerciaux, nous demandons de lever des obstacles existants », explique au « Monde » Isabelle Weiler, en charge du commerce et de l’industrie au sein d’Euratex, la confédération européenne du textile et de l’habillement basé à Bruxelles.Sont sur la table toute une série des questions techniques comme l’étiquetage (les informations données ne sont pas les mêmes d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique), les tests d’inflammabilité des tissus (ils ne sont pas identiques, même s’ils exigent le même niveau de protection), ou encore les critères de non-dangerosité des vêtements pour enfants.Autre chantier complexe dans ces négociations, l’accès aux marchés publics. L’amendement Berry interdit par exemple aujourd’hui aux entreprises non américaines de participer à un appel d’offres visant à habiller les militaires américains. Réciproquement, même s’il n’existe pas de législation de ce type en France, il est très difficile aux entreprises textiles américaines d’obtenir un marché pour les uniformes des soldats français.« Nous en sommes aux discussions préliminaires sur ce dossier », confirme Gail Stricker qui négocie parallèlement pour les États-Unis dans l'’accord de partenariat transpacifique (Trans Pacific Partnership) depuis quatre ans.À la recherche de règles communes pour l’indication de l’origine des produitsEn ce qui concerne la recherche des règles communes pour l’indication de l’origine des produits, les revendications diffèrent selon les caractéristiques des deux marchés. Aux États-Unis, la filière est très intégrée et comprend aussi bien la production de fil (notamment de coton et de polyester) que le tissage et la confection.En Europe, la moitié des textiles produits est utilisée non pas dans la mode mais dans l’aérospatiale, la construction, la santé… « Aujourd’hui, c’est le pays où s’effectue la dernière opération qui peut figurer sur l’étiquette », explique Gail Stricker. Pour une chemise, si le fil vient des États-Unis, le tissage du Costa Rica et la confection du Salvador, c’est ce dernier qui figurera sur l’étiquette.Ce qui est en jeu dans les négociations TTIP n’est pas tant le nom du pays retenu, mais le nombre d’opérations effectuées sur le même territoire.Nicole VulserJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Maryline Baumard Alors qu’un nouveau drame a coûté la vie à plusieurs centaines de migrants venus d’Afrique, l’agence Frontex, chargée depuis Varsovie de surveiller les frontières de l’Europe, est accusée d’inefficacité et d’inadaptation face à la situation. En Méditerranée, son programme, baptisé Triton, assure la surveillance des côtes depuis novembre 2014. Il a remplacé la mission Mare Nostrum, financée par l’Italie et destinée au secours en mer. Entretien avec le directeur exécutif de Frontex, le Français Fabrice Leggeri, en poste depuis le 16 janvier.L’UE impuissante face aux drames de l’immigrationFrontex peut-il continuer à observer les naufrages sans agir ?Je voudrais d’abord rappeler ce qui s’est passé en début de semaine. L’Italie a reçu des appels de détresse de bateaux situés à 40 miles des côtes de Tripoli. L’Espagne, qui en a aussi reçu, les a reroutés vers l’Italie, preuve que l’Europe a un sens en matière de coopération.À quarante miles des côtes, nous sommes évidemment dans les eaux libyennes. D’emblée pourtant, les Italiens, qui ont reçu les premiers appels ont déclenché le plan « recherche et sauvetage ». Cela signifie que l’opération Triton de surveillance des frontières, que nous menons sous autorité italienne, a immédiatement été suspendue et que les navires italiens engagés dans Triton ont changé de commandement, passant sous l’autorité des gardes-côtes pour être intégrés dans l’opération de recherche. Ils le sont d’ailleurs encore et Frontex n’a toujours pas redémarré puisque si trois bateaux ont été retrouvés, un quatrième manque toujours à l’appel.Les récits rapportent que les bateaux de Frontex n’étaient pas opérationnels lors du naufrage…Sur la zone en question, la patrouille Frontex est composée d’un navire maltais et d’un autre islandais [ils sont prêtés par les Etats], auxquels s’ajoutent deux navires italiens. Les bâtiments maltais et islandais étaient effectivement en maintenance, mais les deux navires italiens ont été versés d’emblée à l’opération de recherche, même s’ils se trouvaient très loin de la zone. En réalité, Frontex a donc fourni des moyens supplémentaires à l’opération de secours mise en place par l’Italie.Des centaines de migrants en provenance de Libye disparus au large de l’île de LampedusaQue sait-on à l’heure actuelle de ce naufrage ?Dans un premier temps, les forces italiennes ont recueilli un premier bateau avec 75 personnes à bord. Dans un second temps, elles en ont repéré deux autres. Il ne restait que deux survivants sur l’un, et 7 sur le deuxième. Les autorités italiennes, qui, je vous le répète, ont repris le contrôle des navires de l’opération Triton, sont toujours à l’heure actuelle en train de rechercher la quatrième embarcation dont ont parlé les rescapés des trois premières. Ces migrants ont en effet expliqué que quatre bateaux étaient partis en même temps des côtes libyennes.Ce type de drame se reproduira inévitablement…Nous sommes confrontés à un trafic d’êtres humains. Les rescapés racontent avoir été contraints de monter dans les bateaux alors que les conditions météorologiques empêchaient tout départ. Ils ont vécu des heures épouvantables mais sont interrogés, lorsque leur état le permet, dans l’enquête ouverte, afin que l’on tente de prévenir les drames à venir.La solution ne passe-t-elle pas par une surveillance des eaux territoriales libyennes ? Frontex a un périmètre d’intervention plus limitée que Mare Nostrum qui lui préexistait…On n’intervient pas comme cela dans les eaux d’un Etat voisin ! Pour lutter contre la piraterie au large de la Somalie, il a fallu une décision du Conseil de sécurité de l’ONU et une coalition internationale d’Etat…Ne faut-il pas penser tout de même à un élargissement des missions de Frontex d’abord en charge de surveiller les frontières ? Nous prouvons chaque jour notre capacité opérationnelle. Je suis allé à Bruxelles depuis ma prise de fonction pour lancer un appel aux Etats membres, afin qu’ils prennent conscience de la situation. J’ai le sentiment que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, y est très attentif. En décembre, le Parlement européen a débloqué 20 millions d’euros supplémentaires pour Frontex, mais mon travail est de sécuriser les moyens opérationnels pour toute l’année 2015 et je m’y attache. Par ailleurs, je suis allé à Rome et nous avons décidé de faire le point régulièrement afin d’améliorer notre modus operandi.Vous êtes inquiets pour les prochains mois ?Oui, d’ordinaire peu de bateaux arrivent durant les mois d’hiver. Le drame que nous venons de connaître donne une idée de la situation à laquelle nous allons devoir faire face dans les mois à venir.Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Yves-Michel Riols L’accord sur l’Ukraine arraché dans la douleur, jeudi 12 février à Minsk, est forcément imparfait et fragile. Mais, en son absence, le scénario était écrit d’avance. La poursuite de la guerre masquée que mène la Russie en Ukraine depuis bientôt un an, avec son corollaire de tragédies quotidiennes : des victimes civiles de plus en plus nombreuses, des villes rasées et un flux incessant de réfugiés.Ukraine : Merkel et Hollande arrachent un plan de paix à PoutineDans ce contexte, la question n’était pas tant de savoir s’il était possible de parvenir à une paix « juste », mais d’esquisser une méthode pour freiner le bain de sang. Le président russe, Vladimir Poutine, a lâché le minimum : l’engagement à œuvrer à la mise en place d’un cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine, à partir du dimanche 15 février. De son côté, le président ukrainien, Petro Porochenko, a précisé que le retrait des armes lourdes commencera deux jours plus tard et que les deux camps auront 19 jours pour libérer leurs otages. Quant à François Hollande, il a évoqué un « espoir sérieux, même si tout n’est pas encore accompli », lors d’une déclaration commune, jeudi, aux côtés de la chancelière allemande, Angela Merkel.Une fausse retenueVladimir Poutine pouvait difficilement faire moins et renvoyer, à nouveau, François Hollande et Angela Merkel les mains vides, comme il l’avait fait la semaine dernière, à Moscou. L’affront aurait été total alors que les dirigeants français et allemand avaient pris le lourd risque de briser le cordon sanitaire diplomatique autour de M. Poutine en se rendant dans la capitale russe, le 6 février, après s’être déplacés, la veille, à Kiev. En cela, M. Poutine est resté prévisible. Depuis le début du conflit en Ukraine, il a, à chaque fois, feint la retenue à l’approche des rencontres des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne (UE) pour désamorcer les représailles. Le même scénario vient de se répéter puisque M. Hollande et Mme Merkel sont attendus, jeudi à Bruxelles, pour une réunion de l’UE, où la question de nouvelles rétorsions contre la Russie aurait forcément dominé les débats en cas de fiasco à Minsk.Lire aussi (en édition abonnés) : Merkel et Hollande unis pour jouer les médiateursAutre élément prévisible : Vladimir Poutine tient rarement parole. Il ne comprend que le rapport de force et le fait accompli. La Russie n’a jamais respecté les premiers accords de Minsk, conclus le 5 septembre 2014. Elle a continué à envoyer des hommes et du matériel militaire à travers une frontière dont elle s’est arrogé le contrôle. Et si M. Poutine n’a pas donné suite aux nombreuses tentatives d’ouvertures diplomatiques menées sans relâche par le couple franco-allemand depuis des mois, c’est qu’il ne cherche pas à stabiliser l’Ukraine. Au contraire, il veut affaiblir le gouvernement de Kiev par tous les moyens, militairement, économiquement et politiquement.Affaiblir KievMême si elle est déplaisante, la question qui se pose désormais est celle du moindre mal. Une « guerre totale », selon l’expression de M. Hollande, serait une catastrophe pour l’Ukraine. L’armée ukrainienne, à en croire les experts militaires, n’a ni les moyens, ni le savoir faire pour reconquérir le Donbass. Une telle option aurait un coût humain et social phénoménal. De plus, les Européens estiment, à tort ou à raison, qu’une telle stratégie ferait le jeu de M. Poutine, qui ouvrirait alors davantage les vannes de l’armement russe aux séparatistes de l’est de l’Ukraine. Dans l’immédiat, les prochaines semaines vont donner lieu à d’épineuses tractations sur la mise en œuvre de « Minsk 2 ». Les paramètres sont connus – statut des territoires de l’est du pays, contrôle de la frontière, étendue de la zone sous influence des séparatistes, échange de prisonniers, etc. Si compromis final il y a, il se traduira forcément par une forme de mise sous tutelle russe d’une partie du territoire ukrainien. Le tout étant de savoir jusqu’où ira cette emprise. « Nous sommes engagés dans un conflit de longue durée, il faut se préparer à vivre avec la menace russe pendant 20 à 30 ans », prédit un diplomate ukrainien.Bataille économiqueFace à ce scénario prévisible au goût amer pour les Ukrainiens, les Européens disposent néanmoins d’une boîte à outils. Elle n’est pas spectaculaire, mais elle peut être efficace, sur le long terme. Dans un premier temps, les Vingt-Huit peuvent maintenir les sanctions contre la Russie, tant que Moscou continuera sa campagne de déstabilisation de l’Ukraine. Et à défaut de livrer une bataille militaire, les Européens peuvent s’engager, avec les Etats-Unis, dans la bataille économique en octroyant massivement de l’aide à l’Ukraine. Pour éviter qu’à la déroute militaire s’ajoute aussi l’effondrement social.Lire aussi (en édition abonnés) : les finances du Donbass au cœur des pourparlersCe n’est pas un hasard si Christine Lagarde, la directrice du Fonds monétaire international, a proposé, jeudi matin, l’octroi d’un nouveau prêt de 17,5 milliards de dollars (15,5 milliards d’euros) sur quatre ans à l’Ukraine. Une somme sans doute insuffisante au regard des défis à surmonter. Le financier George Soros a récemment estimé que l’Ukraine aurait besoin d’un « plan Marshall » de l’ordre de 40 milliards de dollars (35 milliards d’euros). Quoi qu’il en soit, si l’Ukraine devient un Etat failli, Vladimir Poutine aura atteint tous ses objectifs.Yves-Michel RiolsJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Michel Bezat Nommé directeur général de Total fin octobre 2014, Patrick Pouyanné n’a pas tardé à prendre la mesure de la chute des cours du pétrole et les mesures qu’il estime nécessaire de mettre en place afin d’y faire face. Il a décidé de serrer les coûts. Partout.Les effectifs vont baisser (- 2 000 personnes à la fin de l’année sur près de 100 000), les investissements en exploration-exploitation seront réduits, de même que les capacités des raffineries. La valeur de certains actifs du groupe a également été réévaluée à la baisse pour tenir compte de ce recul de prix de l’or noir.Quelle est l’ampleur de la baisse du prix du pétrole ?Le prix du baril de Brent est tombé de 115 dollars (101 euros) mi-juin 2014 à 55 dollars fin décembre.Les prix du pétrole continuent de baisserQuel est l’impact sur les résultats de Total ?Le résultat net ajusté du groupe pour 2014 a accusé un recul de 10 %, à 12,8 milliards de dollars (11,3 milliards d’euros). Il baisse même de 62 % (4,24 milliards) si l’on tient compte des dépréciations d’actifs et des effets de stocks.Le chiffre d’affaires s’est replié de 6 %, à 236,12 milliards de dollars.Les majors pétrolières anglo-saxonnes ont résisté à la baisse des prix en 2014Où le groupe va-t-il freiner ses investissements ?La compagnie avait déjà annoncé, il y a un an, une baisse de ses investissements dans l’exploration-production. Face à la chute des cours amorcée quelques mois plus tard, elle avait décidé d’amplifier ce mouvement.Début janvier, M. Pouyanné a annoncé une réduction de 10 % des investissements (et de 30 % pour les campagnes d’exploration) : de 26 milliards de dollars en 2014, ils devraient tomber à 23-24 milliards cette année. Ils avaient atteint un pic historique, en 2013, avec 28 milliards de dollars.Ces réductions concerneront surtout sur des gisements matures en mer du Nord et en Afrique de l’Ouest. Leur déclin a été plus rapide que prévu, ce qui double parfois la durée de retour sur investissement.Sur quoi portent les dépréciations d'actifs ?Total a annoncé, jeudi, 6,5 milliards de dollars de dépréciations d’actifs au quatrième trimestre 2014 pour tenir compte de la baisse des prix du pétrole. Ces dépréciations atteignent globalement 7,1 milliards de dollars (6,2 milliards d’euros) sur l’année 2014.Les réévaluations à la baisse des actifs concernent essentiellement les sables bitumineux au Canada, le gaz non conventionnel - et notamment de schiste aux États-Unis -, mais aussi la participation du groupe dans le champ gazier de Kashagan, au Kazakhstan, et le raffinage français et britannique.Des cessions d’actifs sont-elles envisagées ?Oui. Total prévoit d’accélérer son programme de cessions de 10 milliards de dollars sur 2015-2017 pour le réaliser à hauteur de 5 milliards cette année.Pourquoi le groupe veut-il redimensionner ses raffineries ?Ce secteur d’activité est en surcapacité chronique depuis des années, en raison à la fois d’une baisse de la consommation de carburants sur le Vieux Continent et de capacités insuffisantes pour produire du gazole.Total va réduire de moitié la capacité de sa raffinerie de Lindsey (Royaume Uni), où les effectifs tomberont de 580 à environ 400 salariésAu-delà, le groupe va engager au printemps un plan de restructuration plus global du raffinage en Europe.Deux raffineries françaises, notamment celle de La Mède (Bouches-du-Rhône), devront faire l’objet de décisions difficiles.Raffineries : Total s’engage à ne fermer « aucun site industriel » en FranceQuel est désormais le seuil de rentabilité dans la production de pétrole ?Total estime que son « point mort », c’est-à-dire le seuil à partir duquel l’exploitation est rentable, doit être abaissé cette année à 70 dollars par baril. Cela signifie qu’il faut parvenir à une réduction de 40 dollars par baril.» Lire également : Baisse des prix du pétrole : le marché ne retrouvera pas ses sommets passés selon l’AIETotal va-t-il réduire sa production ?A priori non. Le groupe continue de tabler sur une hausse de sa production et vise un objectif un peu supérieur à 2,3 millions de barils par jour de pétrole et de gaz (2,15 millions en 2014), avec le démarrage de grands projets (Angola, Nigeria, Écosse…) et le renouvellement de l’énorme concession d’Abou Dhabi.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Maryline Baumard En 2014, 1,68 million de Français vivaient officiellement hors des frontières nationales. soit 2,3 % de plus qu’en 2013. Rendu public jeudi 12 février par le ministère des affaires étrangères, ce chiffre confirme un mouvement de fond à l’œuvre depuis des années.Cette hausse modérée infirme en même temps l’idée d’une fuite massive des Français – en raison de la crise et de la pression fiscale – qui a animé le débat politique en début d’année 2014. « Cette hausse est conforme aux précédentes. Entre 2012 et 2013, nous avons connu une augmentation de 2 % du nombre de Français installés à l’étranger et inscrits dans les consulats. Si l’on remonte plus loin, nous avons déjà connu des années à 3 % », rappelle Christophe Bouchard, directeur au Quai d’Orsay des Français de l’étranger.Pour avoir été en poste sur tous les continents, M. Bouchard connaît les expatriés autrement que par les statistiques. Depuis les différentes ambassades où il a travaillé, il a pu observer un glissement entre le classique expatrié et un nouveau profil plus aventurier, venu développer un projet dans des zones au dynamisme économique fort.Ainsi, les Emirats arabes unis illustrent ces pays qui connaissent une jonction de deux populations différentes. La communauté des 19 324 Français qui y est installée se partage entre « une partie importante d’expatriés au sens classique du terme, c’est-à-dire de personnes travaillant pour une entreprise française, envoyées là-bas quelque temps ; et un nombre important de Français venus tenter leur chance par eux-mêmes ».Dans cette zone qui a connu entre 2013 et 2014 une hausse de 11 % du nombre de Français immatriculés, « on croise beaucoup de cadres travaillant dans les services, le tourisme ou dans le bâtiment. Parfois aussi des artisans font le déménagement depuis la France », rappelle M. Bouchard. Dubaï connaît le même profil d’expatriés français. Certains n’hésitent pas à user du droit de rester un mois sans visa, offert par le pays, avant de ressortir dans le pays voisin et de revenir un mois encore… Le tout étant de se donner suffisamment de temps pour tester grandeur nature les chances de s’insérer économiquement.L’Australie, pays phareEn dépit du faible taux d’augmentation globale des départs de France, trois groupes de pays connaissent une hausse des installations, de l’ordre de 5 % ou plus : l’Afrique du Nord, l’Amérique du Nord et l’Asie-Océanie.L’Australie est un des pays phare de ce dernier groupe avec une hausse de 9 % des immatriculations de Français en 2014. Avec 22 539 ressortissants enregistrés, l’île-continent se place 18e pays d’accueil. Si l’on veut approcher le nombre réel de Français installés en Australie, il faut multiplier par trois les personnes inscrites, car là comme ailleurs, l’inscription au consulat est facultative. « C’est une destination à la mode qui accueille beaucoup de jeunes gens souhaitant y vivre un an avant de revenir en France. Les visas vacances-travail, mis en place par ce pays, ont permis à eux seuls d’accueillir une vingtaine de milliers de jeunes français en 2014 », rappelle M. Bouchard. La Nouvelle-Zélande profite du même attrait que sa voisine et a enregistré une hausse de 11,7 % d’arrivants Français.L’Amérique du Nord se défend bien et reste, comme les années précédentes, une destination prisée. Les Etats-Unis enregistrent une hausse de 4,9 % de la population française et le Canada de 4,3 %. « L’attrait de l’Amérique du Nord ne change pas beaucoup car l’idée qu’on peut y réussir est bien ancrée chez nous », souligne le diplomate. Il estime que c’est là un bel exemple du décalage qui peut exister entre « la perception qu’on peut avoir, de France, des facilités à s’installer et à entrer sur le marché du travail et les réalités locales », détaille M. Bouchard.Le troisième groupe, en forte hausse, reste le Maghreb. Pourtant, les données concernant cette zone sont moins significatives que pour les deux groupes précédents. Ainsi, les 8,5 % de Français supplémentaires enregistrés en Algérie cette année ne signifieraient pas vraiment que 8,5 % de Français supplémentaires s’y sont installés. « Nous observons en effet que le taux d’inscription auprès des autorités françaises varie en fonction de la situation politique locale », explique M. Bouchard. Dans l’histoire récente, ce phénomène s’observe de façon récurrente dans ce pays du Maghreb et explique à lui seul des variations importantes.L’inscription auprès des services français, qui va être facilitée et rendu possible sur Internet dès fin 2015, partout dans le monde, diffère largement d’un pays à l’autre. « Dans certains pays, nous savons que 90 % des Français s’inscrivent, explique M. Bouchard, alors qu’ailleurs, nous savons qu’il faut multiplier le nombre d’inscrits par trois pour évaluer la population française locale. Le degré de sécurité d’un pays influe sur le nombre d’inscription, mais il n’est pas le seul. » Portugal et Espagne, le retourEn Chine, l’inscription est assez courante. Et contre toute attente, ce pays ne figure pas dans la liste des pays qui attirent le plus aujourd’hui. Entre 2013 et 2014, son solde migratoire de population française est même nul. Une rupture alors que le pays plaisait beaucoup depuis dix ou quinze ans. « Des arrivées importantes de Français ont accompagné les implantations d’entreprises françaises ; mais il semblerait qu’aujourd’hui ces entreprises fassent plus appel à des locaux. S’ajoutent deux autres facteurs : d’une part une modification de la loi sur les stagiaires et les VIE [volontariat international en entreprise], et d’autre part, la récurrence du problème de pollution », rappelle le diplomate. Selon les enquêtes menées par les autorités françaises auprès des ressortissants vivant à Pékin, la pollution qui touche régulièrement la ville limite l’envie de s’installer là-bas.La moitié des expatriés restent malgré tout installés en Europe. En dépit de l’idée que les régimes fiscaux britaniques ou belges seraient plus favorables, ces deux destinations n’ont pas connu d’engouement cette année (respectivement 0 % et 2 % de hausse). Quant au Portugal ou à l’Espagne qui seraient devenues des destinations pour une retraite au soleil, leur solde migratoire sont tous deux négatifs (- 1,9 % pour le Portugal et - 1,2 % pour l’Espagne).Ces mouvements d’une année sur l’autre ont surtout le mérite de présenter une carte des tendances à court terme. Sur le long terme, en revanche, le fait que la population des Français de l’étranger a doublé ces vingt dernières années montre comment, hors conjoncture économique, la France s’est installée dans la mondialisation…Les cinq destinations les plus priséesLes cinq pays où l’on trouve le plus de Français expatriés sont :La Suisse avec 167 207 FrançaisLes Etats-Unis avec 135 837Le Royaume-Uni avec 126 804La Belgique avec 117 782L’Allemagne avec 112 879Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Isabelle Mandraud (Minsk, envoyée spéciale) Après dix-sept heures de négociations, les plus longues et les plus tendues qu’ils ont sans doute jamais eu à affronter, les quatre chefs d’Etat russe, ukrainien, allemand et français réunis à Minsk, la capitale biélorusse, sont parvenus, jeudi 12 février à midi (heure locale), à un plan de paix sur l’Ukraine.Accompagné d’Angela Merkel, François Hollande a fait une courte déclaration : « Ce fut une longue nuit et un long matin, mais nous sommes arrivés à un accord sur le cessez-le-feu et à un règlement politique global. Le cessez-le-feu prendra effet le 15 février à 0 heure et le règlement global portera sur l’ensemble des questions jusqu’au contrôle des frontières, le retrait des armes lourdes, la décentralisation et la reprise des questions économiques. La chancelière et moi-même, avec Petro Porochenko et Vladimir Poutine, nous nous sommes engagés à vérifier la mise en œuvre de ce processus ». Soulagé et épuisé, le président français a encore tenu à « saluer [l’Ukrainien] Petro Porochenko, qui a tellement engagé son pays dans la voie d’un règlement pacifique, et le président Poutine, qui a fait pression autant que nécessaire sur les séparatistes. Même si tout n’est pas accompli, c’est un espoir et un soulagement », a-t-il conclu avant d’embrasser la chancelière allemande. Vladimir Poutine et Petro Porochenko se sont exprimés chacun de leur côté. Dans un communiqué commun aux quatre chefs d’Etat, ils réaffirment leur « plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine ».Signe de la tension ambiante et de l’âpreté des négociations, un rebondissement de dernière minute a failli tout faire capoter. Alors qu’une annonce semblait imminente vers 10 h 30, tout est allé à vau-l’eau entre Poutine, Porochenko, Merkel et Hollande. Le premier est sorti s’isoler dans un bureau au troisième étage, sans un mot. Le second a filé au deuxième étage faire des déclarations selon lesquelles « les conditions posées par les Russes sont inacceptables », tout en affirmant qu’il restait tout de même « un espoir ». Les deux derniers sont alors, à leur tour, sortis du salon où le quator se trouvait retranché depuis des heures au rez-de-chaussée pour tenter de rattraper Poutine d’un côté, persuader Porochenko de l’autre, et tout le monde a fini par redescendre pour se retrouver à huis clos. Il a fallu une heure et demie de plus pour venir à bout des derniers différends, au terme d’une nuit de négociation, qui a pris parfois l’allure d’un vaudeville surréaliste.Espoir et déconvenuesDans la foulée de l’annonce de l’accord, le document, dont les quatre chefs d’Etat présents à Minsk se portent garants et caution, a été formellement paraphé par le « groupe de contact », qui réunit les protagonistes du conflit ukrainien (Kiev et les séparatistes prorusses) ainsi que l’Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE), déjà à l’origine d’un premier protocole d’accord pour la paix, signé également à Minsk le 5 septembre 2014, mais resté lettre morte. Commencé mercredi à 20 heures, « Minsk 2 », rehaussé par la présence des quatre chefs d’Etat, s’est éternisé au rythme d’une étrange alternance d’espoir et de déconvenues. La conclusion d’un accord semblait buter sur deux points essentiels : le contrôle de la frontière russo-ukrainienne par l’OSCE, dont Moscou ne voulait pas entendre parler ; et l’organisation d’élections locales dans le Donbass, fief des séparatistes prorusses, que Kiev refusait d’envisager, craignant, à terme, une « fédéralisation », voire un démembrement, de son territoire. « Nous avons avancé sur beaucoup de choses, nous avons une base », tentait de se consoler une source diplomatique française au petit matin.Mais que la nuit fut longue ! Sur son compte Twitter, le ministère des affaires étrangères ukrainien Pavlo Klimkin décrivait au matin des membres de délégations « littéralement endormis ». Hormis un court moment passé dans la grande salle solennelle du Palais de l’indépendance, un gigantesque bâtiment mi-soviétique, mi-mauresque mis à la disposition des participants du sommet par le président biélorusse Alexandre Loukachenko, les quatre dirigeants, constamment ravitaillés par des chariots de fruits et de café, sont restés enfermés dans le petit salon du rez-de-chaussée avec leurs interprètes. Le « groupe de contact » d’un côté, les sherpas des présidents de l’autre, ont travaillé sans relâche, tandis que l’épuisement gagnait les diplomates.Minsk, capitale improbable des négociations entre l’Ukraine et la RussieTension palpableL’ancienne éminence grise de Vladimir Poutine, Vladislav Sourkov, ex-chef de l’administration présidentielle russe chargé notamment des régions irrédentistes d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie, reconnus comme des Etats indépendants par Moscou après 2008, était venu en renfort. A un journaliste qui tentait de confirmer, jeudi vers 9 heures du matin, la proximité d’un accord, M. Sourkov a répondu, cynique : « Ce n’est qu’un début ».Tout a commencé dans le désordre et dans une tension palpable d’entrée de jeu. Juste un peu avant l’arrivée des hôtes de Minsk, mercredi, en début de soirée, un journaliste russe de LifeNews, média réputé proche des services russes, a aboyé à la face de l’une de ses consœurs ukrainiennes, provoquant un petit mouvement de surprise parmi les quelque 400 correspondants internationaux présents. Tension aussi, dans le visage grave et fermé de Petro Porochenko, arrivé le premier et aussitôt apostrophé par un média russe. « Pourquoi votre armée bombarde-t-elle des civils ? » Depuis Kiev, quelques heures plus tôt, le président ukrainien avait élevé la voix en se disant prêt à « introduire la loi martiale sur tout le territoire de l’Ukraine » en cas d’échec des négociations. « Nous sommes pour la paix, mais nous allons casser la gueule [à l’ennemi], avait tonné le chef de l’Etat ukrainien devant son conseil des ministres. Si nous devons défendre notre terre, nous allons le faire. » M. Porochenko ne nomme jamais la Russie, il dit « le pays voisin » : « Le pays voisin tente avec insistance d’exporter l’idée d’une fédération [en Ukraine]. L’ironie est que l’Etat voisin est le plus centralisé de la région ».NavettesEn fin d’après-midi, l’hôte biélorusse, Alexandre Loukachenko, a débuté ses navettes entre les salons de son palais et le tapis rouge de l’accueil. Angela Merkel et François Hollande sont arrivés ensemble depuis l’aéroport, dans une même voiture pourvue de deux fanions. Puis survient Vladimir Poutine, seul. Il est 19 h 45 à Minsk 2, lorsque les quatre dirigeants s’enferment avec leurs interprètes dans la petite salle qui n’était pas celle prévue à l’origine.Selon quelques brèves images diffusées par les télévisions autorisées à immortaliser la scène, la poignée de mains entre Vladimir Poutine et Petro Porochenko est glaciale. Les deux hommes paraissent se jauger du regard, tandis que François Hollande et Angela Merkel affectent des airs faussement détachés.Et le huis clos s’éternise. A l’extérieur, on guette le moindre signe, on interprète la moindre rumeur. Poutine aurait cassé un crayon entre ses doigts. Porochenko a quitté un instant la réunion, c’est un fait, mais l’a-t-il fait sur un coup de sang ou pour s’entretenir avec un conseiller ? Des témoins assurent que la première hypothèse prévaut. Les ministres des affaires étrangères patientent à la porte. Le Russe Serguei Lavrov part s’isoler, puis revient la main dans une poche. L’Allemand Franz-Walter Steinmeier maintient envers et contre tour un air de bonhomie. Son porte-parole annonce qu’il annule son déplacement au Brésil. « Les négociations ne sont pas faciles ; mais elles continuent. »« On vous réveillera »Le président biélorusse, lui, patiente dans un coin du gigantesque hall de marbre, entouré de ses gardes du corps. « On est chez lui, mais on ne veut pas de lui, c’est quand même spécial », note un membre d’une délégation. La sécurité biélorusse annonce : « Dans cinq minutes, une photo commune ! » Loukachenko, privé de visa aux Etats-Unis et en Europe depuis 2011 en raison de sa façon autoritaire d’exercer le pouvoir, y tient. C’est le seul moment où il peut espérer jouer un peu plus qu’un rôle de figurant. Tout est prêt dans l’immense hall. Cinq drapeaux sont disposés à l’aplomb d’un lustre rutilant : de gauche à droite, l’ukrainien, le français, l’allemand, le russe. Et le biélorusse. Mais la photo tarde.Enfin, les ministres rentrent, et, à 22 heures, la photo finit par se faire, juste le temps d’un coup de flash : à peine quelques secondes au pied des drapeaux, chacun devant le sien. Puis, c’est en version élargie aux délégations que les discussions reprennent dans la grande salle réservée aux rencontres solennelles – rarissimes, il faut bien le dire, à Minsk. En montant un escalier, Petro Porochenko glisse un œil derrière lui, comme pour surveiller le chef de « l’Etat voisin » qui le suit de près, en compagnie de Loukachenko.Le temps s’étire. Bientôt, les quatre dirigeants traversent de nouveau tout le palais pour s’enfermer dans le petit salon. « Vous n’allez pas vous coucher ? On vous réveillera ! » lance aux journalistes Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.Isabelle Mandraud (Minsk, envoyée spéciale)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Ridet (Rome, correspondant) L’histoire dans sa première version était déjà dramatique : 29 migrants morts de froid au large des côtes de la petite île italienne de Lampedusa, qu’ils tentaient de rejoindre depuis la Libye sur un bateau pneumatique, malgré des creux de huit mètres et des vents jusqu’à 120 km/h. Arrivées sur le lieu du drame six heures après le premier appel de secours, dimanche 8 février, les deux vedettes des gardes-côtes n’ont pu ramener que 76 survivants sur les 105 passagers. Sept personnes avaient déjà perdu la vie sur leur embarcation de fortune. Vingt-deux autres succomberont pendant leur transport. Mais le bilan, mercredi 11 février, apparaissait beaucoup plus lourd.Les sauveteurs ont en effet constaté que deux autres bateaux pneumatiques se trouvaient dans cette zone, à 110 milles des côtes, à bord desquels ils n’ont recueilli que neuf migrants. Un nombre de passagers anormalement bas pour ces embarcations que les passeurs remplissent jusqu’aux limites extrêmes de leurs capacités de flottaison.Point de départ, TripoliLes témoignages des survivants permettent à présent de tracer les contours « d’une tragédie énorme et horrible », selon les mots de Carlotta Sami, porte-parole en Italie du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, qui évoque 203 victimes. La presse italienne évoque le chiffre de plus de 300 disparus. En effet, ce sont quatre bateaux qui auraient quitté les côtes libyennes samedi 7 février. Ils étaient chargés de 460 personnes ayant payé en moyenne 800 dollars pour cette traversée et équipés de moteurs de 40 CV.Des survivants ont raconté à Giovanna Di Benedetto, de l’association Save the Children, qu’ils étaient « tenus enfermés dans un hangar de la périphérie de Tripoli » jusqu’à ce que les passeurs armés leurs ordonnent samedi de laisser leur campement pour rejoindre une petite plage de Tripoli. Quelques migrants voulaient attendre que la météo s’améliore. Mais ils ont été empêchés de revenir en arrière. Pendant la traversée, un premier bateau a coulé, avec à son bord des enfants. Un second s’est dégonflé par l’avant, et un autre embarquait de l’eau. Si ces récits sont confirmés, ce drame restera comme un de ceux au bilan le plus lourd. A l’automne 2013, près de 400 personnes avaient perdu la vie lors de deux naufrages presque simultanés au large de Malte et de Lampedusa. Ils avaient conduit les autorités italiennes à mettre sur pied l’opération « Mare Nostrum » pour porter secours aux migrants en difficulté jusqu’à 300 kilomètres des côtes de la Péninsule. Coûteuse et perçue par ses détracteurs comme « un encouragement à l’immigration », cette opération a été remplacée à partir du 1er novembre 2014 par « Triton », placée sous l’égide de l’agence européenne Frontex. Sa priorité n’est pas le sauvetage mais la surveillance des frontières.En Italie, un nouveau drame de l’immigration montre les failles de l’opération « Triton »Mare Nostrum a permis de venir au secours de plus de 20 000 personnes en 2014, année où 170 000 migrants sont arrivés par mer en Italie, mais elle n’a pu empêcher la mort de près de 3 200 candidats à l’immigration. Cette nouvelle tragédie confirme un début d’année dramatique puisque 44 migrants avaient déjà trouvé la mort et 42 autres disparu au large de la Libye, de l’Italie, de Malte, de l’Espagne et de la Turquie depuis janvier.Mardi, le ministre de l’Intérieur italien, Angelino Alfano (centre droit), qui avait voulu la mise en place de Triton, a exprimé sa « profonde douleur » et rappelé que même pendant l’opération Mare Nostrum « il y avait eu des centaines de morts » en Méditerranée. Pour le ministre des affaires étrangères, Paolo Gentiloni, Triton est « un début, mais pas suffisant ». Ancien président du conseil à l’origine de la création de Mare Nostrum, Enrico Letta (centre gauche) a demandé que cette opération soit remise en place « même si nous devons perdre des voix ». Les 29 morts, dont un seul a été identifié, seront enterrés dans différents cimetières de Sicile.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Et maintenant, que va-t-il se passer ? C’est toute la question après l’échec du premier rendez-vous formel, mercredi 11 février, entre le ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, qui veut renégocier l’énorme dette de son pays (320 milliards d’euros, 175 % du PIB), et ses 18 collègues de la zone euro, à l’occasion d’un Eurogroupe extraordinaire.Le « cas grec » est à nouveau au menu des dirigeants européens, jeudi 12 février. Dans l’après-midi, les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro se retrouvent à l’occasion d’un Conseil européen, à Bruxelles. Ce sera le premier « vrai » rendez-vous sur la scène européenne pour Alexis Tsipras, le nouveau premier ministre grec.Ce sera aussi l’occasion de (re) faire passer des messages, au plus haut niveau, avant une nouvelle réunion de l’Eurogroupe, lundi 16 février, jugée cruciale. Toutefois, les positions des différentes parties apparaissent aujourd’hui encore très éloignées.Personne n’attendait un accord dès mercredi« Nos échanges ont été intenses, des progrès ont été faits mais pas suffisamment pour aboutir à une position commune », a reconnu, mercredi, Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, à l’issue d’une réunion qui a duré près de 7 heures.Évoquant une « longue et constructive discussion », M. Varoufakis a, pour sa part, assuré qu’il n’avait « jamais été question de trouver un accord ce soir, mais de faire connaissance. »Les 18 autres ministres des finances de la zone euro ne se faisaient d’ailleurs pas d’illusion sur leur capacité à convaincre du premier coup M. Varoufakis. Mais ils pensaient au moins pouvoir obtenir un accord sur un « programme de travail » . > Lire aussi notre décryptage : Six ans de tragédie grecqueLes Européens attendaient un « signal » de la part des GrecsLes Européens attendaient des Grecs qu’ils demandent une « extension technique » du plan d’aide signé en 2012 entre Athènes et ses créanciers de la troïka (Fonds monétaire international, Banque centrale et Commission européennes).Ce plan d’aide s’achève le 28 février. Sans prolongation, la Grèce, qui doit faire face à plusieurs milliards d’euros de remboursements dès ce printemps, risque rapidement le défaut de paiement.Les Européens auraient souhaité que le gouvernement grec leur dise quelles réformes il veut mettre en place en priorité, quels financements il prévoit, comment cela pèsera, ou non sur les dépenses publiques…Les Européens étaient prêts à quelques ajustementsLes Européens semblaient prêts à amender quelque peu la liste des réformes non encore mises en place par Athènes, afin qu’elle corresponde davantage au programme « anti-austérité » promis par M. Tsipras aux Grecs.Ils se refusaient toutefois à valider un plan qui aurait été trop coûteux et qui aurait réduit à néant cinq années d’austérité budgétaire.Le gouvernement grec a opposé une fin de non-recevoirMercredi, un projet de conclusions a été longuement discuté. « Mais M. Varoufakis l’a finalement rejeté après un long coup de téléphone au premier ministre Tsipras » relatent deux sources européennes. « Comme Wolfgang Schäuble [le ministre allemand des finances, incontournable] était déjà reparti à Berlin, on a dû abandonner ce projet de déclaration commune. »Le gouvernement de M. Tsipras, qui vient d’obtenir la confiance du Parlement sur un programme promettant la fin de l’austérité, avait répété, ces dernières semaines, qu’il refusait toute prolongation du plan d’aide actuel et des mesures qui vont de paire.« Ce qui posait problème, c'était qu'on devait travailler dans le cadre du précédent programme ou d'un nouveau, expliquait-on, hjeudi matin, auprès du gouvernement grec. On ne peut pas demander à un nouveau gouvernement d'appliquer le programme de réformes du précédent. Ce serait faire comme si les élections grecques n'avaient pas eu lieu. »L’Europe espère encore trouver un compromis« Cette première réunion envoie un mauvais signal », constataient plusieurs participants à l’Eurogroupe, mercredi. Elle montre à quel point le travail politique pour rapprocher les Grecs du reste des Européens, est encore considérable.Les Européens espèrent toutefois qu’un compromis pourra être trouvé dans les temps. « Ce qui compte, c’est que le travail continue », indiquait une source diplomatique, mercredi dans la nuit.« On est très optimistes, on va trouver une solution », avance, de son côté, le gouvernement grec.Le but reste que le nouvel Eurogroupe, lundi 16 février, soit en mesure d’annoncer une extension du plan d’aide à la Grèce et un « squelette » de réformes. Avec, éventuellement, un surplus budgétaire primaire (hors charge de la dette) qu’Athènes s’engagerait à dégager.Personne ne veut d’un « Grexit »Personne ne veut prendre le risque d’un « Grexit » - une sortie de la Grèce de la zone euro - qui pourrait être provoqué par un effondrement du système bancaire grec si le pays se retrouve sans plan d’aide internationale, début mars.Aucun dirigeant de l’Eurozone n’a envie de risquer la contagion à d’autres pays jugés fragiles (Espagne, Portugal, Italie…). Par ailleurs, tout le monde a intérêt à ce que la Grèce retrouve le chemin de la croissance.Grèce : le scénario catastrophe de la sortie de la zone euro ?Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.02.2015 à 07h12 • Mis à jour le12.02.2015 à 14h08 | Jean-Baptiste Jacquin La machine répressive à l’encontre d’UberPop est lancée. Le procureur de la République a déjà reçu depuis le début de 2015 de la Préfecture de police de Paris plus d’une trentaine de dossiers de ces particuliers qui s’improvisent chauffeurs de taxis, a-t-on appris de bonne source. Les premières poursuites judiciaires pourraient être lancées rapidement.Sans confirmer le chiffre de trente, le commissaire de police Pierre-Etienne Hourlier, chef de la division de la prévention et de la répression de la délinquance routière de la Préfecture de police, reconnaît que la population des chauffeurs d’UberPop est « particulièrement visée depuis plusieurs semaines ». « Au cours du seul week-end des 7 et 8 février, six interpellations ont eu lieu », précise-t-il. Ce sont les « Boers », comme on appelle communément cette police des taxis, qui en sont chargés.Le ministère de l’intérieur avait fait savoir en décembre qu’UberPop serait illégal à compter du 1er janvier. Mais ce service de transport dans des voitures particulières proposé par la société américaine Uber à Paris, Lyon, Toulouse ou Bordeaux continue de se développer à grande vitesse. Et de recruter de nouveaux chauffeurs, qui, trois heures par semaine ou dix heures par jour, arrondissent leurs fins de mois ou ont trouvé leur nouveau gagne-pain.Ces particuliers ne sont pas salariés d’Uber, qui se charge de prélever auprès des clients le prix des courses et d’en reverser 75 % aux chauffeurs. Mais ils risquent gros. Pour exercice illégal de la profession de taxi, ils encourent une condamnation qui peut aller jusqu’à un an d’emprisonnement, 15 000 euros d’amende, une suspension de cinq ans du permis de conduire et la confiscation de leur véhicule.Ils sont devenus chauffeurs pour UberPopQuestions de constitutionnalitéLa société fondée il y a six ans à San Francisco, et qui est déjà valorisée 40 milliards de dollars (35 milliards d’euros), reste sereine. Elle répète à ses chauffeurs que la justice française ne considère en rien qu’UberPop serait illégal. La société se réfère à la seule décision intervenue à ce jour, celle du tribunal de commerce de Paris.Saisis en référé, les juges, à qui des sociétés de véhicules de transport avec chauffeur (VTC) et des associations de taxis réclamaient l’interdiction de ce service pour « concurrence déloyale », ont rejeté par une ordonnance du 12 décembre cette demande.Pour autant, le tribunal de commerce n’a pas jugé qu’UberPop était légal. Il s’est borné à constater que cela relevait, pour une partie des faits reprochés, du juge pénal, et pour une autre qu’il serait préférable de s’assurer de la constitutionnalité de certains articles de la loi Thévenoud. Deux questions prioritaires de constitutionnalité ont été retenues au sujet de cette loi du 1er octobre.Uber : « Les batailles juridiques seront sans fin »Les interpellations de ces dernières semaines pourraient bien ralentir l’expansion d’Uber en France. Son patron fondateur, Travis Kalanick, se réjouissait dans nos colonnes (Le Monde du 22 janvier) de compter en France « 4 000 chauffeurs VTC et plus d’un millier de particuliers comme chauffeurs UberPop ».L’activité de la société a décuplé en un an dans l’Hexagone. Quant aux procédures judiciaires qui se dressent sur sa route, il préfère, avant d’en tenir compte, qu’elles soient menées à leur terme après épuisement de tous les recours. « Nous verrons si cela nous impose de modifier notre façon de faire. En attendant, nous continuons », justifiait-il dans cet entretien.« Un délit pénal grave »Si Uber affirme soutenir ses chauffeurs dans ces procédures – autrement dit pourrait prendre en charge les éventuelles amendes –, la peur du gendarme risque d’en refroidir plus d’un. « C’est un délit pénal grave, et ils mettent leurs passagers en danger sans même avoir d’assurance professionnelle », s’offusque le commissaire Hourlier.Les « partenaires UberPop », selon la terminologie du groupe, qui se font pincer par les Boers dans les rues de Paris, devant les gares et à Roissy, sont priés de laisser leur véhicule sur place et sont emmenés pour audition par les enquêteurs à l’antenne de la Préfecture de police de la rue Albert, dans le 13e arrondissement.Le contraste est violent avec le joyeux emballement qu’a suscité l’application mobile, extrêmement simple d’usage tant pour les chauffeurs que pour les clients. Des retraités comme des sans-emploi de tous âges avaient flairé l’aubaine, sans forcément se soucier du traitement fiscal de cet argent.Quelques interpellations avaient déjà eu lieu à Bordeaux et à Lyon dès 2014. A Bordeaux, où une importante manifestation de taxis contre Uber a eu lieu mardi 10 février, le préfet de la région Aquitaine et de la Gironde, Michel Delpuech, avait reçu le 4 février le directeur de l’expansion France d’Uber, Alexandre Molla. « Il lui a rappelé le caractètre illégal de son activité au regard des différentes règles fiscales et sociales ainsi qu’au code des transports », selon le communiqué du Préfet.La bataille de ParisMais c’est bien à Paris que devrait se jouer la bataille UberPop. Pour le directeur général d’Uber France, Thibaud Simphal, l’objectif des opérations de police lancées dans la capitale ne serait pas de punir individuellement les chauffeurs. Il s’attend plutôt à voir le parquet nourrir une procédure plus vaste contre l’entreprise elle-même, notamment sur le terrain du travail dissimulé. « Mais nous avons des arguments juridiques très solides sur ce sujet », prévient-il.Alors que le groupe américain avait tenté dans un premier temps de faire passer ce service pour du covoiturage (il a été condamné pour « pratique commerciale trompeuse ») la séquence pénale qui s’ouvre risque de compliquer sa nouvelle stratégie.M. Kalanick souhaite désormais privilégier une stratégie de partenariat avec les villes où il souhaite exercer. Sur les plus de 270 villes dans le monde où il opère, Uber affirme avoir obtenu un feu vert règlementaire dans 22 cas en 2014.   Jean-Baptiste JacquinChroniqueur économiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Ce devait être une entrée en matière « constructive », le premier rendez-vous formel entre le ministre des finances grec Yanis Varoufakis, qui veut renégocier l’énorme dette de son pays (320 milliards d’euros), et ses 18 collègues de la zone euro, s’est soldé par un échec, dans la nuit de mercredi 11 à jeudi 12 février. « Nos échanges ont été intenses, des progrès ont été faits mais pas suffisamment pour aboutir à une position commune ce soir » a reconnu Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, à l’issue d’une réunion, qui a quand même duré près de 7 heures dans les locaux du conseil européen, à Bruxelles.Grèce : lancement d’un rendez-vous européen sous haute tensionLes 18 autres ministres des finances de la zone euro ne se faisaient pas d’illusion sur leur capacité à convaincre du premier coup M. Varoufakis, un économiste marxiste, qui, ces derniers jours, a multiplié les déclarations souvent provocantes au sujet de la « planche pourrie » de la Troika des créanciers et d’une dette italienne jugée « insoutenable ». Mais ils pensaient pouvoir au moins obtenir du gouvernement Tsipras, le leader de la gauche radicale élu il y a à peine 15 jours, un accord sur un « programme de travail » dans les jours et les semaines qui viennent.Renégocier avant le défaut de paiementL’idée était que M. Varoufakis, mercredi à l’Eurogroupe, accepte le principe de négocier dans le cadre du « plan d’aide » actuel à la Grèce, le deuxième du genre, accordé à partir de 2012. Un contrat passé entre Athènes et ses créanciers, avec 130 milliards d’euros de crédits réservés au pays, contre un long programme de réformes. Quitte à renégocier la liste des réformes encore à mettre sur les rails, que le gouvernement précédent du conservateur Alexis Samaras n’avait pas épuisée, afin qu’elle soit plus conforme à la volonté politique d’en « finir avec l’austérité » de M. Tsipras.Plus précisément, sachant que ce plan d’aide s’achève sur le papier le 28 février, les Européens espéraient mercredi, que les Grecs demanderaient une « extension technique » de ce plan. Ou du moins qu’ils donneraient une indication en ce sens afin de sécuriser les financements à la Grèce (les liquidités d’urgence prévues par les BCE aux banques hellènes et le versement d’environ 7 milliards restant du plan d’aide), liés au respect de ce contrat avec les créanciers. Sans prolongation du plan d’aide, la Grèce, qui doit faire face à plusieurs milliards d’euros de remboursements dès ce printemps, risque rapidement le défaut de paiement, selon de nombreuses sources.Michel Sapin : « il faut respecter le vote grec et les règles européennes »Des réunions techniques entre les Grecs et des représentants des créanciers - FMI, BCE, UE-, étaient déjà planifiées pour jeudi 12 février et les jours suivants afin d’éplucher les propositions des Grecs (quelles réformes veulent-ils mettre en place en priorité, quels financements en face, etc.) et de commencer à « faire le tri » entre celles acceptables par les créanciers, et les autres. Sachant que ces derniers s’apprêtaient à négocier pied à pied pour que les réformes grèvent le moins possible les finances publiques grecques, soucieux que cinq années d’austérité budgétaire grecque ne soient pas réduites à néant.Le but était que lundi 16 février, lors d’un nouvel Eurogroupe à Bruxelles, les 19 ministres des finances soient en mesure d’annoncer formellement une extension du plan d’aide, et un « squelette » de réformes, avec, éventuellement, un surplus budgétaire primaire qu’Athènes s’engagerait à dégager. De quoi laisser juste le temps avant le 28 février à des pays comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou la Finlande, où c’est la procédure de faire valider ce « cadre » par les parlements nationaux, de se prononcer sur des données concrètes, afin d’évaluer le coût supplémentaire d’une extension de programme pour les contribuables nationaux. « Le Bundestag a besoin de chiffres » glisse une source européenne.« Mauvais signal »Mercredi, un projet de conclusions a pourtant été discuté pendant au moins deux heures entre Européens. « Mais M. Varoufakis l’a finalement rejeté après un long coup de téléphone au premier ministre Tsipras » relatent deux sources européennes. « Comme Wolfgang Schäuble [le ministre allemand des finances allemand, l’un des acteurs clés autour de la table, et l’un des plus intransigeants avec Athènes] était déjà reparti à Berlin, on a dû abandonner un projet de déclaration commune ».« Cette première réunion envoie clairement un mauvais signal » constataient plusieurs participants à l’Eurogroupe, mercredi. Personne pourtant ne croyait à ce stade, qu’un compromis n’était pas encore possible. Jeudi, dans l’après-midi, les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro devaient se rencontrer à un conseil européen, également à Bruxelles, une occasion, cette fois, d’échanges au plus haut niveau, entre, notamment, Alexis Tsipras, Angela Merkel et François Hollande.Difficile conciliationSur le fond, pour l’instant, personne n’a intérêt à prendre le risque d’un « grexit », une sortie de la Grèce de la zone euro, qui pourrait être provoquée par un effondrement de son système bancaire si le pays se retrouvait sans plan d’aide internationale début mars. Personne n’a envie de risquer la contagion à d’autres pays jugés fragiles (Espagne, Portugal, Italie…). Par ailleurs, tout le monde a intérêt à ce que la Grèce retrouve le chemin de la croissance, qu’elle mette en place enfin une administration fiscale efficace, lutte plus efficacement contre la corruption et l’évasion fiscale (deux priorités de Tsipras).Grèce : le scénario catastrophe de la sortie de la zone euro ?Mais le travail politique pour rapprocher les points de vues est encore considérable. Pour le gouvernement Tsipras, qui vient d’obtenir la confiance du Parlement sur un programme promettant la fin de l’austérité, il est très difficile d’admettre qu’il n’y a pas de voie de négociation possible dans l’Eurozone hors du cadre d’un contrat avec des engagements de réformes, et que ses créanciers ne peuvent pas lui faire un chèque en blanc quand ils ont eux-mêmes des comptes à rendre à leurs populations sur les sommes prêtées. Côté Européens, il faut admettre que le nouveau pouvoir à Athènes a aussi ses lignes rouges : il n’est plus question de traiter avec une troika pussillamine et intrusive, ou d’accepter de nouvelles mesures d’austérité. M. Tsipras a bâti toute sa campagne électorale sur ces promesses.« Ce qui compte c’est que le travail continue, c’est cela le plus important » glissait, confiante, une source diplomatique. C’est vrai qu’il y aurait pu y avoir pire : on a échappé, mercredi soir à Bruxelles, au clash entre M. Varoufakis et les autres argentiers de la zone euro…Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.02.2015 à 15h20 • Mis à jour le13.02.2015 à 17h03 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) La presse russe a consacré toutes ses « unes » et ses gros titres, vendredi 13 février, au sommet de Minsk dont elle salue, dans l’ensemble, la signature, avec prudence. Le quotidien Moskovski Komsomolets (MK), qui tire à deux millions d’exemplaires, a barré sa « une » d’un bandeau optimiste, « La lumière de Minsk au bout du tunnel », tempéré par le titre de sa manchette avec un point d’interrogation : « Bonne matinée, Donbass ? » Le journal, qui publie une carte du conflit dans l’est de l’Ukraine avec les positions des séparatistes prorusses, parle « d’espoir » tout en relevant que les quatre chefs d’Etat présents dans la capitale biélorusse pour superviser ce plan de paix, Vladimir Poutine, François Hollande, Petro Porochenko et Angela Merkel, « ont refusé de faire une conférence de presse commune ». « Hollande et Merkel vont-ils recevoir le prix Nobel de la paix ? » s’interroge, mi-figue mi-raisin, le chroniqueur.Avec humour, MK s’interroge aussi sur la performance physique des quatre dirigeants « androïdes » qui ont mené les discussions sans discontinuer pendant 16 heures : « Des pourparlers aussi longs confirment que le monde est dirigé par des extraterrestres ». Le quotidien Izvestia a choisi pour sa part un titre sobre, « Le marathon de Minsk », accompagné de ce commentaire : « Les pourparlers sur les problèmes ukrainiens ont été longs mais concluants ». Ils « ont convenu aux représentants des DNR et LPR » (républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Louhansk), relève Izvestia qui note, a contrario, que le « résultat des pourparlers peut jouer beaucoup sur le sort de Petro Porochenko », confronté, croit savoir le quotidien, « à une élite ukrainienne très mécontente » de ce qui a été signé. Au passage, Izvestia souligne aussi que la visite du président français et de la chancelière allemande dans la capitale de la Biélorussie, considérée à l’ouest comme la « dernière dictature d’Europe », « était inimaginable il y a encore un an ».« Un bon matin »Les analyses sont rares dans la presse russe qui choisit de raconter parfois par le menu les détails sans importance du sommet, à l’image du journal Kommersant. Le quotidien populiste Komsomolskaïa Pravda se contente pour sa part de publier une photo joyeuse de Vladimir Poutine avec la citation ironique de son début d’allocution à l’issue du sommet, « Ce n’est pas la meilleure nuit de ma vie mais un bon matin », et de reprendre tous les mots du compte rendu de la rencontre publié sur le site du Kremlin sans autre forme.Dans son ensemble, la presse russe joue beaucoup sur la façon de dire bonjour, en russe, qui se dit aussi bon matin en début de journée. Rossiskaïa Gazeta titre ainsi « Bonne matinée » tout en accordant, plus que ses confrères, de l’importance aux photos. La poignée de mains entre Vladimir Poutine et Petro Porochenko, « qui donne de l’espoir » aux deux pays, est ainsi montrée en gros plan. Dans les pages intérieures tous les acteurs apparaissent, la mine grave ou préoccupée. Certains, comme le président ukrainien, ont l’oreille collée à leurs téléphones portables.« Première mine »Autre jeu de mot du journal économique Vedomosti : « Les dirigeants européens se sont séparés avec la paix ». Le mot paix et monde se disant de la même façon en russe, on peut entendre aussi qu’ils se sont séparés du monde… Vedomosti ne tait pas ses doutes sur le respect de l’accord de Minsk : « Le traité, souligne-t-il, peut exploser sur la première mine comprise dedans ». Et cette mine a un nom : « Le sort des militaires ukrainiens encerclés à Debalstevo », dans l’est de l’Ukraine, devenu, depuis quelques jours, le point chaud du conflit.Pour Novaïa Gazeta, l’une des rares voix critiques envers le pouvoir de la presse écrite russe, « un cessez-le-feu, même mauvais, est toujours mieux qu’une bonne guerre ». Minsk, titre le journal qui veut y croire, c’est d’abord, même sans illusions, « seize heures qui peuvent sauver le monde ».Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Adéa Guillot (Athènes, correspondance) C’est à un week-end très studieux que se préparent les équipes du gouvernement grec et de ses créanciers internationaux de la "troïka" (Fonds monétaire international, Commission européenne et Banque centrale européenne).À compter de vendredi, les réunions de travail vont se multiplier, à un niveau technique et non politique, en vue de la réunion de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro), programmée lundi 16 février à Bruxelles.Ce rendez-vous est jugé capital, car si aucun accord n’est trouvé sur le financement de la Grèce, cette dernière risque de se trouver très vite à court de liquidités. L’actuel plan d’aide à la Grèce se termine en effet officiellement le 28 février.« L’objectif est de finaliser une proposition qui sera soumise au groupe de travail Eurogroupe lundi à midi, puis à l’Eurogroupe dans l’après-midi pour trouver une solution », a déclaré, vendredi, le porte-parole du gouvernement grec, Gabriel Sakellaridis, qui s’exprimait sur Skai TV.Revenir sur 30 % des mesures prévues dans le plan d’aideLes représentants du conseil économique du premier ministre, Alexis Tsipras, accompagnés par des conseillers de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), vont travailler jusqu’à lundi pour établir la liste des réformes que le gouvernement grec compte entreprendre dans le cadre du plan de financement relais de six mois qu’il souhaite obtenir lundi à Bruxelles.Ils devront ensuite comparer cette liste avec celle des réformes restant à accomplir dans le cadre du précédent plan d’aide, dont les créanciers demandaient jusqu’ici l’extension en l’état au-delà du 28 février.L’économie grecque sort de six ans de récession L’Allemagne a rappelé, vendredi, par la voix du porte-parole du ministère des finances, que « la seule voie possible est une extension du programme » d'aide actuel. Mais Berlin a aussi souligné qu’« il est apparu clairement » lors des récentes discussions, notamment jeudi à Bruxelles, « que nous étions prêts à discuter des contours de ce programme. »Depuis plusieurs jours le compromis évoqué serait de permettre à la Grèce de revenir sur environ 30 % des mesures prévues par ce plan.La volonté des Grecs est de supprimer celles les plus marquées du sceau de l’austérité (changement sur la législation des licenciements collectifs, nouvelles baisses des retraites, etc..) pour se concentrer sur les réformes structurelles (de l’administration par exemple) et surtout sur la lutte contre la corruption et la fraude ou l’évasion fiscale.L’objectif est de mettre rapidement des estimations chiffrées en face des mesures qu’Athènes entend proposer lundi.Les interlocuteurs institutionnels de la Grèce - que l’on n’appelle désormais plus troïka, mais qui restent des représentants du Fonds monétaire international (FMI) de la Commission européenne ou de la Banque centrale européenne (BCE) - veulent que l’impact de ces mesures sur l’équilibre budgétaire soit aussi minimal que possible.Interrogations sur la possibilité d’un accord dès lundi« Nous demandons que ce programme relais, que nous espérons obtenir lundi, respecte notre volonté de nous attaquer à la crise humanitaire qui touche le pays. Pour le reste nous négocierons et sommes pour des réformes permettant de lutter contre la fraude fiscale ou le trafic de carburants », a déclaré, vendredi matin, Nikos Houdis, le ministre grec adjoint aux affaires européennes sur une station de radio grecque.« Ce que nous avons dit, c’est que nous voulons parvenir d’ici au 16 février à un accord mutuellement profitable avec nos partenaires, et nous avançons dans cette direction », a expliqué Alexis Tsipras.Nikos Houdis, lui, s’est montré plus prudent. Il a prévenu qu’il ne fallait peut-être pas attendre d’accord dès lundi. « Nous allons travailler dur pour essayer de chiffrer dans les prochaines 48 heures notre plan relais mais je crois que nous avons de toute façon un peu plus de temps et que tout ne se jouera pas lundi, a-t-il déclaré, le climat que nous ressentons ici à Bruxelles va dans le sens d’un accord et nous sommes confiants. »Si la réunion de lundi devrait permettre d’avoir une idée des points de convergence et de divergence, le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem ne croit pas, lui non plus, à la possibilité d’un accord dès lundi.« Je suis très pessimiste au sujet d’une étape concrète lundi, a-t-il assuré, vendredi, à la télévision publique néerlandaise NOS. Les Grecs ont de très grandes ambitions, mais les possibilités, étant donné l’état de l’économie grecque, sont limitées. Je ne sais pas si nous y arriverons lundi. »Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La publication du produit intérieur brut (PIB) pour le quatrième trimestre 2014, vendredi 13 février, confirme que la Grèce est bel et bien sortie de récession. Sur la période octobre-décembre, l’économie grecque a progressé de 1,7 % sur un an, la « richesse » nationale sur ce trimestre s’établissant à 46,7 milliards d’euros. Il s’agit du troisième trimestre de croissance consécutif sur un an pour le pays, a indiqué l’autorité des statistiques grecques, ELSTAT.Athènes et la "troïka" de ses bailleurs de fonds (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) prévoyaient une croissance de 0,6 % pour l’ensemble de 2014. Et la dernière estimation officielle, annoncée par le ministre des finances du précédent gouvernement grec, était de 0,7 %. Au vu des chiffres du dernier trimestre, la croissance pour 2014 s’établirait finalement à 0,8 %.Contraction au dernier trimestrePar rapport au troisième trimestre 2014, le PIB du dernier trimestre est cependant en baisse de 0,2 %, en données ajustées des variations saisonnières. Cette légère contraction est vue par certains analystes comme le signe d’une inquiétude des acteurs économiques grecs durant la période électorale, entamée début décembre.Lire : Grèce : le scénario catastrophe de la sortie de la zone euro ?Mais d’autres analystes y voient, eux, le signe d’un ajustement normal, après un troisième trimestre marqué par les excellentes performances du secteur du tourisme. Ce dernier aurait enregistré, en 2014, une hausse record, estimée entre 15 % et 20 %, du nombre de visiteurs par rapport à 2013, qui était déjà une très bonne année. Or, le secteur du tourisme représente pour la Grèce entre 16 % et 18 % de son PIB.La Grèce a perdu un quart de sa richesse nationale au cours de six années d’une récession profonde, qui s’était enracinée depuis la fin 2008. L’économie a commencé à redresser la tête au deuxième trimestre 2014, avec une hausse du PIB de 0,4 % sur un an, suivie d’une hausse de 1,6 % au troisième trimestre sur un an.Lire également notre décryptage : Six ans de tragédie grecqueCette publication des chiffres de croissance survient alors que les réunions de travail entre le gouvernement grec et ses créanciers devraient se multiplier tout au long du week-end, au niveau technique, en vue d’une réunion de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro), lundi 16 février à Bruxelles.Ce rendez-vous est jugé capital, car si aucun accord n’est trouvé sur le financement de la Grèce, cette dernière risque de se trouver très vite à court de liquidités. L’actuel plan d’aide à la Grèce se termine en effet officiellement le 28 février.Chacune des parties affiche la volonté de ne pas briser l’élan de la croissance en Grèce. Côté européen, on a la conviction que ces résultats encourageants sont à mettre au compte des réformes effectuées ces dernières années et qu’il ne faut pas relâcher les efforts.Côté grec, l’idée est qu’il faut désormais accompagner cette croissance, en relançant la demande intérieure notamment, et donc desserrer le nœud de l’austérité, qui étrangle le pouvoir d’achat des Grecs.Lire aussi : Résoudre la « crise humanitaire » grecque et honorer la dette : les difficiles promesses de TsiprasAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Isabelle Chaperon La banque française Société générale envisage de supprimer 1 500 postes en 2015 au sein de sa filiale russe Rosbank, a indiqué vendredi 13 février à l’AFP un porte-parole du groupe, confirmant une information de l’agence Bloomberg News.Une réduction de postes de même ampleur avait déjà été réalisée, en 2014, au sein de Rosbank, qui fait face à la situation économique dégradée de la Russie.La Société générale est l’une des banques étrangères les plus exposées en Russie depuis sa montée au capital de Rosbank, le sixième acteur du pays, entamée en 2006 (elle a progressivement porté sa participation de 20 % à 99,4 %).Cette activité en Russie a d’ailleurs pesé sur ses comptes 2014 : les difficultés de sa filiale se sont traduites par une perte nette de 538 millions d’euros. Les difficultés économiques du pays, la chute du rouble (- 34 % en 2014) font des dégâts.« Le sujet russe va être plus difficile en 2015 mais il reste sous contrôle », a précisé Frédéric Oudéa le PDg de la Sociétté générale, jeudi 12 février, en commentant les résultats 2014 de la banque française.Rosbank avait réagi, en 2014, en octroyant moins de crédits – pour éviter d’engranger de mauvais risques – et en collectant plus de dépôts (+ 18 % en roubles).Grâce à ces efforts, le financement que la Société générale accorde à sa filiale a été réduit de moitié.La Société générale annonce un bénéfice net en hausse en 2014Isabelle ChaperonJournaliste au service EconomieSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Claire Guélaud Il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser. Le produit intérieur brut (PIB) français a à peine progressé au quatrième trimestre (+ 0,1 %). Et sur l’ensemble de l’année 2014, la croissance de l’économie nationale a été limitée à un modeste + 0,4 %. Ni plus ni moins qu’en 2012 et qu’en 2013.L’économie française tourne donc au ralenti depuis trois ans. Le ministre des finances, Michel Sapin, parle, lui de trois années de « petite croissance », qui ont eu « des effets extrêmement négatifs sur l’emploi ».« L’économie française est une économie qui n’avance pas très vite. Le chiffre de + 0,4 %, c’est celui que nous observons en tendance annualisée depuis le premier trimestre 2011. C’est quelque chose de très réduit et de pas dynamique », analyse Philippe Waechter, directeur de la recherche économique de Natixis Asset Management.l’économie française confirme qu’elle est bien moins dynamique que celle de l’Allemagne, du Royaume-Uni ou encore de l’Espagne.L’économie allemande progresseEn 2014, les moteurs traditionnels de l’économie, au premier rang desquels figure la double composante de la demande intérieure (la consommation des ménages et l’investissement), sont restés quasiment à l’arrêt.Les enquêtes de climat des affaires, plutôt bien orientées en octobre et novembre, se sont stabilisées en décembre, ce qui n’est pas bon signe.La demande intérieure reste atoneLe ralentissement de la croissance trimestrielle en fin d’année 2014 (+ 0,1 % après + 0,3 %) s’explique par l’atonie de la demande intérieure.La consommation des ménages a ralenti : + 0,2 % après + 0,3 % au troisième trimestre. Cette progression faible doit beaucoup au repli de la consommation en énergie (- 2,3 %) du fait de températures supérieures aux normales saisonnières.Hors énergie, observe Vladimir Passeron, chef du département de la conjoncture à l’Insee, la progression de la consommation a été de 0,4 %. L’investissement total a continué de baisser : - 0,5 % après - 0,6 %.In fine, la contribution de la demande intérieure finale (hors stocks) à la croissance a été limitée à un petit + 0,1 %.Les signaux divergent en matière d’investissementsLe mauvais chiffre de l’investissement reflète des situations assez différentes : une stabilisation hors construction, qui traduit, selon l’Insee, encore « pas mal d’attentisme » des entreprises et la poursuite de la contraction de l’investissement dans la construction (- 1,1 %), lequel est tombé à son plus bas niveau depuis la fin de l’année 1998.« L’investissement dans la construction a chuté, ce qui prouve bien que le problème de l’économie française c’est le bâtiment. En revanche, l’investissement industriel se redresse et c’est de lui que viendra le déclic », veut croire le ministre des finances, Michel Sapin.Le commerce extérieur n’est pas d’un grand secoursLe commerce extérieur a par ailleurs contribué positivement à la croissance (+ 0,1 %) du dernier trimestre 2014. Les exportations ont rebondi (+ 2,3 % après + 0,7 %) du fait de livraisons de matériel de transport bien plus importantes (+ 10,7 % après - 5 %), et les importations sont restées dynamiques (+ 1,7 % après + 1,3 %).Sur l’ensemble de l’année, toutefois, la contribution du commerce extérieur à la croissance a été négative (- 0,4 %) annulant le modeste + 0,4 % de la demande intérieure. L’économie française est quasiment à l’arrêt.Les incertitudes sont nombreuses pour l’année 2015Si amélioration il y a, elle ne peut venir que de l’effet sur la croissance de la baisse du prix de l’or noir et du taux de change euro-dollar. Dans sa note de conjoncture de décembre, l’Insee l’avait évalué à + 0,4 point sur la base d’un cours du pétrole à 70 dollars le baril.Il pourrait être supérieur, analyse Vladimir Passeron, car le prix de l’or noir a continué de baisser.En décembre, l’Insee prévoyait que l’acquis de croissance serait de + 0,7 % à la mi-2015 et de 1 % en glissement annuel.Ces prévisions pourraient toutefois être revisées en mars, lors d’un prochain point de conjoncture.« Nous avons eu quelques surprises négatives, indique M. Passeron. L’investissement des ménages en logement a continué, par exemple, de baisser au rythme de - 1,5 % par trimestre (- 6 % sur l’année), alors que nous pensions qu’il allait se redresser. En revanche, il y a aussi des aléas haussiers. Le prix du pétrole a continué de chuter. Il est bien inférieur aux 70 dollars le baril que nous avions prévus en décembre. L’impact de la baisse du cours de l’or noir sur la croissance pourrait être supérieur à ce que nous avions prévu ».« Il nous reste à espérer que 2015 soit l’année de la rupture. Que les ménages aient un peu plus de pouvoir d’achat, que la dynamique économique soit un peu plus du côté de la demande et que la croissance s’en ressente », relève Philippe Waechter.Dans l’immédiat, la France n’en est pas là. Et le caractère médiocre des enquêtes de climat des affaires en fin d’année, après le rebond des mois d’octobre et novembre, n’incite pas vraiment à l’optimisme. La confiance semble toujours faire défaut aux chefs d’entreprise.Michel Sapin, lui, reste néanmoins confiant dans la possibilité de l’économie française d’atteindre en 2015 une croissance de 1 %.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Contrairement à la France, l’Allemagne a fini l’année 2014 en beauté. Au quatrième trimestre, l’économie allemande a progressé de 0,7 % par rapport au trimestre précédent, a annoncé, vendredi 13 février, Destatis, l’office fédéral de la statistique.Après un bon dernier trimestre 2013 (+ 0,4 %) et un bon démarrage de l’année 2014 (+ 0,8 % sur la période janvier-mars), l’activité avait chuté au deuxième trimestre (- 0,1 %), avant de se redresser un peu de juillet à septembre (+ 0,1 %). Les analystes s’attendaient à une croissance de « seulement » 0,3 % au dernier trimestre.Destatis qui avait annoncé, mi-janvier, que la croissance avait été de 1,5 % sur l’ensemble de l’année 2014, sans donner le détail du dernier trimestre, a corrigé ce chiffre à la hausse. En 2014, le produit intérieur brut (PIB) allemand a finalement été de 1,6%.L’estimation initiale, plus élevée que prévu à l’automne, avait déjà incité le gouvernement à revoir, fin janvier, à la hausse ses prévisions pour 2015, portant celles-ci de 1,3 % à 1,5 %.Demande intérieure, investissements et exportations en hausseSelon Destatis, la bonne surprise du quatrième trimestre s’explique par une pluralité de facteurs : la demande intérieure a progressé, les investissements, notamment dans le BTP, sont également en hausse, tout comme les exportations.Si la consommation est, depuis deux ans, le principal moteur de la croissance allemande, les exportations sont en effet loin de jouer un rôle négligeable.Le 9 février, Destatis avait d’ailleurs indiqué que l’année 2014 avait constitué un nouveau record dans ce domaine : les exportations se sont élevées à 1 095,8 milliards d’euros, en progression de 3,7 % sur un an. Et, du coup, le solde commercial a aussi atteint des sommets, à 217 milliards d’euros, en hausse de 11 %.Résultat de cette croissance : au quatrième trimestre 2014, l’Allemagne comptait 43 millions d’actifs, soit 412 000 de plus qu’un an auparavant.La conjoncture allemande bénéficie aussi de la baisse de l’euro et du faible prix des hydrocarbures.Chute des prixRevers de la médaille : les prix à la consommation ont, en janvier, baissé de 0,4 % par rapport à janvier 2014. Du jamais vu depuis la crise.Sur un mois, la baisse est encore plus spectaculaire, puisque les prix ont baissé de 1,1 %, en raison d’une baisse des prix des marchandises (- 2%), en partie compensée par une hausse des services (+ 1,2 %).Sur un an, la plupart des éléments qui composent l’indice des prix sont à la baisse, notamment le fioul domestique (- 30,8 %), l’essence (environ - 15 %) et les légumes (- 5,9 %).Utilisé comme référence par la Banque centrale européenne, l’indice des prix harmonisé à la consommation (IPHC) a été confirmé à - 0,5 % pour l’année 2014, bien loin de l’objectif officiel « sous les 2% mais proche des 2% ».Néanmoins, pour le moment, ni le gouvernement allemand ni la Bundesbank ne parlent de déflation.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Il y a quelques jours, une source européenne, très au fait du dossier grec, avait prévenu : « Vous verrez, il y aura un premier Eurogroupe très dur, voire un clash, puis ils signeront. » Au lendemain du Conseil européen (chefs d’Etat et de gouvernement) et deux jours après une réunion de l’Eurogroupe (instance qui réunit les ministres des finances de la zone euro), ce scénario n’est pas loin de se confirmer.Trouver un accord sur le « cas grec » semble désormais possible. C’est ce qu’a laissé entendre Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, jeudi 12 février à l’issue de la réunion, à Bruxelles, des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne (Conseil européen). « J’ai bon espoir que nous ayons un résultat sur la partie technique du processus, car je pense que c’est simplement une question de comparer différentes mesures et le contenu du programme [avec celui du gouvernement grec] », a-t-il déclaré en quittant le Conseil.M. Dijsselbloem a tenu à faire une différence entre accord « technique » et accord « politique » avec le nouveau gouvernement grec : « Je suis très prudent sur l’aspect politique. Ce sera très difficile. Cela prendra du temps. Attendez un peu avant d’espérer », a-t-il averti.« S’il y a accord technique, cela veut dire qu’il y a accord politique », a rétorqué le premier ministre grec, Alexis Tsipras, pour qui il s’agissait du premier « vrai » rendez-vous sur la scène européenne. « La discussion et l’évolution d’aujourd’hui signalent une disposition pour un accord politique, a-t-il insisté. Il a été prouvé que personne ne veut créer des conditions de rupture », au profit de la cohésion de la zone euro.Les mots « troïka » et « mémorandum » soigneusement évitésLes dirigeants européens n’ont pas engagé de négociations avec M. Tsipras sur la dette ou les difficultés économiques du pays, a toutefois tenu à souligner le président du Conseil européen, Donald Tusk.Et c’est vrai. Car le Conseil européen proprement dit n’a pratiquement pas évoqué le sujet grec. M. Tusk ne voulait pas que celui-ci fasse débat lors de ce rendez-vous.Tout, ou presque, s’était passé auparavant en coulisses. M. Dijsselbloem a rencontré M. Tsipras avant le Conseil pour tenter de renouer le dialogue après le fiasco de la veille. Et pouvoir annoncer la poursuite des négociations au cours du Conseil.Face à des pairs, en Conseil, M. Tsipras a néanmoins pu confirmer, conjointement avec M. Dijsselbloem, que le contact entre les Grecs et leurs créanciers internationaux, réunis au sein de la « troïka » (Fonds monétaire international, Banque centrale et Commission européennes), n’était pas rompu.« J’ai expliqué quels étaient les projets du gouvernement, les réformes dans l’administration publique, la lutte contre l’évasion fiscale et la corruption, comment nous comptions accroître les recettes publiques. Et que le traitement de choc qui avait été appliqué à la Grèce ces dernières années avait conduit à un désastre », a indiqué M. Tsipras.Les mots « troïka » (honni de la population grecque) et « mémorandum » (les mesures de rigueur) ont été soigneusement évités. Cela a été considéré comme une petite victoire pour la délégation grecque.Une concession – mineure – a été faite aux Allemands : on parle de discussions « techniques » et c’est l’Eurogroupe qui prendra la décision « politique ».Quand les économistes débattent sur la GrèceTrois jours de discussions « sur des bases communes »Vendredi 13 février, ces discussions « techniques » devaient reprendre entre le gouvernement grec, des représentants de la Commission européenne et de la BCE, à Bruxelles.Ces discussions vont se faire « sur des bases communes entre l’actuel plan d’aide et le plan des Grecs », selon l’entourage de M. Dijsselbloem.L’idée est que, pendant trois jours, les Grecs, aidés par leur conseil, l’OCDE, présentent les détails de leur plan de réformes. Et que cette liste soit comparée à celle des réformes restant à faire dans le cadre de l’actuel plan d’aide, signé avec le gouvernement grec précédent, mais dont ne veut pas entendre parler M. Tsipras.L’objectif est d’aboutir à une ébauche d’accord sur ce qui peut être gardé de l’ancienne liste, et ajouté de la nouvelle : quelles privatisations conserver, par exemple ? Combien d’embauches de fonctionnaires ajouter ? Sachant que les créanciers des Grecs veulent que l’impact sur les équilibres budgétaires soit minimal.Est-ce que cela suffira pour un accord lundi 16 février, lors d’une nouvelle réunion de l’Eurogroupe ? Personne ne voulait lancer de pronostic, vendredi, l’Eurogroupe précédent ayant laissé un goût trop amer aux Européens.« Pour lundi, c'est une réunion qui est difficile, c'est une réunion qui est décisive, a déclaré, vendredi matin, sur Europe 1, le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici. Je suis optimiste parce que je souhaite que nous trouvions cet accord, il est possible. »L’objectif est d’arriver à un accord sur un cadre juridique de négociation de la dette lundi. Car le temps compte désormais. L’actuel plan d’aide à la Grèce s’achève le 28 février à minuit. Au-delà, si aucun accord n’était conclu, le pays risquerait de se retrouver, très vite, à cours de liquidités.Grèce : le scénario catastrophe de la sortie de la zone euro ?Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.02.2015 à 00h06 • Mis à jour le13.02.2015 à 00h12 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) S’il n’y avait eu les négociations sur la guerre en Ukraine et la résurgence de la crise grecque, c’est le dossier de la lutte contre le terrorisme qui aurait essentiellement occupé les chefs d’Etat et de gouvernement réunis jeudi 12 février à Bruxelles. Il s’agissait initialement, lors de ce sommet informel, de publier une déclaration commune rappelant « les valeurs, la liberté et la tolérance des Européens, ainsi que leur unité », comme le soulignait une source diplomatique française.Le texte publié jeudi rappelle dès lors les grands principes et fixe des objectifs : une meilleure détection et une meilleure identification des terroristes ; une lutte accrue contre le financement des réseaux ; une politique de prévention censée endiguer la radicalisation — notamment sur Internet — ; une meilleure coordination des actions locales et nationales dans les prisons et les écoles ; des contacts accrus avec les pays tiers du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord, du Sahel ou des Balkans, etc.Au-delà des principes, des problèmes politiques concrets étaient posés. La France insistait notamment sur la nécessité de permettre le contrôle « systématique » de toutes les personnes entrant ou sortant de l’espace européen sans passeport de Schengen, ressortissants de pays tiers ou de l’Union. Paris demande en conséquence une révision du code Schengen, même si celui-ci permet déjà des contrôles renforcés dans certaines situations. La Commission est réticente, craignant une remise en cause du principe de la liberté de circulation et estimant que les dispositions actuelles sont suffisantes.« ADOPTION URGENTE »La déclaration adoptée évoque une « utilisation complète du cadre actuel » et « la nécessité d’agir sans délai en vue de contrôles systématiques et coordonnés » de suspects. Un « amendement ciblé » du code Schengen, nécessaire pour permettre des contrôles permanents sera mis à l’étude, sur la base d’une proposition de la Commission.A propos du projet de PNR [Passager Name Record] européen, le fichier des données des passagers aériens, le Conseil insiste sur la nécessité d’une « adoption urgente », assortie de mesures « solides » censées assurer la protection des données personnelles. Une manière de faire pression sur les eurodéputés tout en leur indiquant que leurs revendications quant à la protection des libertés fondamentales seront prises en compte.La commission des libertés du Parlement doit rendre un rapport à la fin du mois. Une majorité du Parlement paraît désormais acquise à l’idée d’un vote avant la fin de l’année.Les Européens se mobilisent d’une autre manière encore. Le 6 février, la haute représentante pour la politique extérieure et la sécurité de l’Union européenne, Federica Mogherini, a présenté une « stratégie globale » destinée à agir contre les crises en Irak et en Syrie, ainsi que contre les menaces de l’Etat Islamique. Le projet inclut des mesures sociales, politiques et humanitaires destinées à stabiliser la région mais aussi à tenter d’endiguer la radicalisation. Il vise également à mieux contrôler les frontières et à lutter contre le financement des groupes terroristes. Un milliard d’euros est mobilisé, s’ajoutant aux 3,2 milliards d’aide de la Commission et des Etats pour les victimes de la guerre syrienne.L’Europe sur tous les frontsJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.02.2015 à 17h04 • Mis à jour le12.02.2015 à 17h25 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2h0wkj"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2h0wkj", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Une explosion a eu lieu dans une usine chimique d'Igualada, à 60 kilomètres de Barcelone, créant un nuage toxique orange pouvant provoquer des irritations. Les habitants de quatre villes catalanes étaient encouragés, jeudi matin, à rester chez eux. Cet ordre de confinement a été totalement levé dans l'après-midi. L'explosion, survenue peu après 9 heures, serait due à la mise en contact de composés chimiques (acide nitrique et sulfure de fer) lors de leur manipulation à l'extérieur de l'enceinte de l'entreprise, rapporte le quotidien espagnol El Pais.D'après la direction générale de la protection civile catalane, huit personnes ont été légèrement blessées. Deux employés de l'entreprise chimique souffrant de brûlures légères ont été pris en charge médicalement après qu'ils eurent inhalé le gaz. Une troisième personne travaillant dans une usine proche a elle aussi été blessée.#ProteccioCivil ha rebaixat a ALERTA el pla #PLASEQCAT x incident empresa química a #Igualada http://t.co/jdGECrgd7K http://t.co/hJajffSjLh— EmergènciesCatalunya (@emergenciescat)require(["twitter/widgets"]);« AUCUN DANGER POUR LA POPULATION »La protection civile catalane affirme qu'il n'y a aucun danger pour la population. L'alerte est cependant maintenue dans la zone infectée. Les autorités ont recommandé aux femmes enceintes, aux personnes âgées, aux enfants de moins de 3 ans et aux personnes souffrant de difficultés respiratoires de rester chez eux. Dans la matinée, 600 enfants étaient confinés dans leurs écoles et leurs crèches. Les pompiers œuvrent pour éliminer les substances dangereuses dispersées dans l'air.Imatges dels efectius dels #bomberscat del #SEM i de responsables empresa #Igualda a l'interior de la instal·lació http://t.co/LrPeo7FnnS— Bombers. Generalitat (@bomberscat)require(["twitter/widgets"]);Le ministre de l'intérieur catalan, Ramon Espadaler, a demandé jeudi matin aux parents de ne pas aller chercher leurs enfants à l'école, mais il a affirmé que le nuage de fumée ne représentait pas un grand danger pour la population. Cependant, le vent étant faible, le nuage de fumée va se dissiper lentement, explique-t-il. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Trouver un accord sur le « cas grec » semble possible. C’est, tout du moins, ce qu’a laissé entendre Jeroen Dijsselbloem, le président de l'Eurogroupe (instance qui réunit les ministres des finances de la zone euro), jeudi 12 février à l’issue de la réunion, à Bruxelles, des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne (Conseil européen).« J'ai bon espoir que nous aurons un résultat sur la partie technique du processus car je pense que c'est simplement une question de comparer différentes mesures et le contenu du programme [avec celui du gouvernement grec] », a-t-il déclaré en quittant le Conseil.Mais M. Dijsselbloem a tenu à faire ne différence entre accord technique et accord politique avec le nouveau gouvernement grec: « Je suis très prudent sur l'aspect politique. Ce sera très difficile. Cela prendra du temps. Attendez un peu avant d'espérer », a-t-il averti.« S'il y a accord technique, cela veut dire qu'il y a un accord politique », a rétorqué le premire ministre grec, Alexis Tsipras, pour qui il s’agissait du premier « vrai » rendez-vous sur la scène européenne. « Toute la discussion et l'évolution d'aujourd'hui signalent une disposition pour un accord politique, a-t-il insisté. Il a été prouvé que personne ne veut créer des conditions de rupture », au profit de la cohésion de la zone euro.Les dirigeants européens réunis à Bruxelles n'ont pas engagé de négociations avec le M. Tsipras sur la dette ou les difficultés économiques du pays, a de son côté indiqué le président du Conseil européen, Donald Tusk.« Scénario d’intimidation »« Je suis sûr que tous ensemble nous pouvons trouver une solution viable pour soigner les blessures causées par l’austérité, avait estimé M. Tsipras à son arrivée au sommet européen. Nous sommes à un tournant crucial pour l’Europe. »Martin Schulz, le président du Parlement européen, qui a déjà rencontré deux fois M. Tsipras, avait appelé, en début de Conseil, les chefs d’Etat et de gouvernement à trouver un accord, dans l’intérêt commun de la zone euro.« On a fait des pas importants, on n'a pas couvert toute la distance, mais une partie importante. On a surtout profité du fait que l'Europe est faite de conflits mais aussi de compromis », a déclaré le premier ministre grec, à l'issue du sommet.#Tsipras: on respectera les règles d'équilibre budgétaire de l'UE— c_ducourtieux (@Cécile Ducourtieux)require(["twitter/widgets"]);M. Tspiras, qui a échangé une poignée de main et quelques mots en début de sommet européen avec la chancelière allemande Angela Merkel, a cependant réaffirmé que son pays « ne fait pas de chantage et n’accepte pas le chantage ».Il a aussi indiqué que le premier rendez-vous raté de mercredi soir, à l’occasion de la réunion des ministres des finances de la zone euro (Eurogroupe), s’est déroulé, à ses yeuxn, selon un « scénario d’intimidation » sur des risques de « faillite », en cas de refus de la part d’Athènes d’accepter la proposition de ses partenaires. « On n’a pas signé et il n’y a eu aucune catastrophe. »La réunion de l’Eurogroupe avait, en effet, laissé des traces dans les esprits, de l’avis de plusieurs sources européennes interrogées jeudi. Les Européens apparaissaient très déçus de ce rendez-vous raté et commençaient à émettre des doutes sur la possibilité d’arriver à quelque chose de suffisamment consistant lundi 16 février, lors d’un nouvel Eurogroupe.Après l'échec de l'Eurogroupe, la Grèce est-elle vraiment dans l'impasse ?« Prêts à signer mercredi soir »De fait, les ministres des finances de la zone euro ont passé près de six heures à travailler sur le texte d’un accord. Selon plusieurs sources, ce texte avait reçu, à un moment dans la soirée, l’accord des 19 représentants des pays de la zone euro, y compris la partie grecque. Ce texte « était plutôt satisfaisant pour les Grecs, puisqu’il évitait de mentionner la troïka des créanciers [Banque centrale et Commission européennes, Fonds monétaire international], on parlait d'"institutions" », rapporte une source.Le « draft » mentionnait aussi une extension du deuxième plan d’aide financier à la Grèce, qui s’achève théoriquement le 28 février, mais « en tenant compte des nouveaux projets du gouvernement » grec. Il s’agissait, en l’occurrence, de se donner de la marge pour négocier, dans les jours ou les semaines qui viennent, entre Athènes et le reste de l’eurozone, une liste de réformes à mettre en place en Grèce, tenant compte de la volonté politique de M. Tsipras d’en finir avec l’austérité.Mais, après un coup de téléphone à Athènes avec M. Tsipras, Yanis Varoufakis, le ministre des finances grec, était revenu sur le contenu du « draft ». « Cette stratégie a détruit beaucoup de bonne volonté de la part des Européens. Ils étaient prêts à signer mercredi soir », soulignait une source, inquiète.Le dialogue n’est pas rompuDès lors, c’est la nouvelle réunion de l’Eurogroupe, prévue de longue date lundi 16 février, qui s’annonce décisive : elle est présentée comme le rendez-vous de la dernière chance pour trouver un accord entre Athènes et le reste de l’Eurozone.Selon M. Tsipras, « le seul objet » des pourparlers en cours et de la prochaine réunion de l'Eurogroupe lundi sera « la transition » entre le programme actuel, dit memorandum, qui arrive à échéance le 28 février, et le « nouveau programme grec ».Pour formaliser cet accord, il faudra toutefois que les engagements du gouvernement grec soient suffisamment précis. Que celui-ci donne au moins une idée des réformes qu’il pourrait mettre en place, car bon nombre des mesures sur lesquelles le précédent gouvernement grec s’était engagé ne sont toujours pas sur les rails.Il faudra aussi que, si un accord est trouvé, il soit de susceptible d’être « défendu » par les gouvernements allemand, néerlandais, autrichien, et finlandais qui devront le faire avaliser par leurs parlements respectifs. Cela va demander un gros travail entre techniciens de la troïka des créanciers et les équipes du gouvernement Tsipras. Ces dernières étaient à Bruxelles encore jeudi. Le dialogue n’est pas rompu, selon plusieurs sources. Mais la volonté politique d’un accord rapide est-elle encore là ?Grèce : le scénario catastrophe de la sortie de la zone euro ?Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nicole Vulser Le textile est aux avant-postes de l’économie mondiale et l’étude annuelle publiée à l’occasion du principal salon mondial du textile, Première Vision, qui se tient à Villepinte (Seine-Saint-Denis) jusqu’au jeudi 12 février, donne le pouls de ces grands échanges planétaires.Fait nouveau, la Chine, dont les exportations vers l’Union européenne se tassaient sévèrement depuis 2011, rebondit. Mais de nouveaux fournisseurs montent aussi en puissance, portés à la fois par des facilités douanières et des bas coûts de main-d’œuvre : c’est le cas, par exemple, du Kenya pour les États-Unis, ou encore, pour le Vieux Continent, de certains pays d’Europe centrale, comme la Moldavie, ou la Macédoine.La Chine conforte sa position en Europe et aux États-UnisPremiers fournisseurs de vêtements dans l’Union européenne, les industriels chinois affichent une hausse de 5 %, à 28 milliards d’euros de leurs exportations sur les trois premiers trimestres 2014, selon l’étude de la fédération de la maille et de la lingerie. De façon plus générale, les importations européennes d’habillement ont augmenté de + 8 %, à 55,4 milliards d’euros sur cette période.Aux États-Unis aussi, les importations de vêtements progressent toujours et ont atteint 75,8 milliards de dollars (66,9 milliards d’euros) sur les onze premiers mois de 2014. La Chine occupe la première place dans ces importations.Lle Bangladesh souffre, le Kenya souritAux États-Unis, le Bangladesh, à la quatrième place des fournisseurs, connaît des difficultés. Barack Obama a retiré à ce pays le privilège d’un accès douanier gratuit aux États-Unis après la tragédie du Rana Plaza, qui avait fait 1 135 morts en avril 2013.> Lire aussi : Ateliers textiles au Bangladesh : des milliers de manquements à la sécurité mis au jour La géopolitique textile et le sourcing – les pays où s’approvisionnent les donneurs d’ordre – évoluent rapidement, de façon souvent aussi cynique que le dumping et la recherche incessante de coûts de main-d’œuvre les plus bas possibles.C’est ainsi par exemple que le Kenya a vu l’an dernier ses exportations bondir de 23,7 % presque exclusivement vers son premier marché, les États-Unis. Dans le cadre de l’AGOA en effet, les exportateurs kényans ne paieront pas de droits de douane pour les États-Unis jusqu’à fin 2015 et ils militent activement pour proroger cet accord.Les ateliers de Moldavie et de Macédoine alimentent l’EuropeAutre exemple en Europe. De plus en plus d’industriels italiens ou anglais, comme les maisons de luxe Armani, Dolce Gabbana, Versace, Moncler ou Prada, mais aussi les spécialistes de la mode à plus petits prix, comme Primark ou Benetton, sous-traitent en Moldavie, où le salaire moyen mensuel est de 210 euros.À Tiraspol, en Transnistrie, une des plus grandes entreprises textiles d’Europe affiche une capacité de production annuelle de 140 millions de mètres carrés de tissus ennoblis. Un reste historique du temps où cette région fournissait tous les uniformes soviétiques.Les exportations moldaves à destination de l’UE sont exonérées de droits de douane. Cela vaut aussi pour la Macédoine, qui compte elle aussi comme clients prestigieux Hugo Boss, Escada, Just Cavalli ou encore, dans la mode peu chère, Topshop.Depuis 2014, le système généralisé de préférences tarifaires - qui vise à aider certains pays à exporter - par des réductions ou des suppressions de droits de douane a été ramené de 177 à 90.Taxes douanières et marchés publics au cœur du traité transatlantiqueCette question de la facilitation des procédures douanières est aussi au centre des négociations du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP), dont le neuvième « round » est prévu en avril, à Washington. À terme, l’idée est d’arriver « à ne plus avoir de taxes douanières », des deux côtés de l’Atlantique a indiqué au « Monde », Gail Stricker qui négocie pour les États-Unis.Les travaux des représentants américains et européens se focalisent aussi sur les problèmes réglementaires visant à protéger les consommateurs et sur l’épineuse règle d’origine. « Pour faciliter les échanges commerciaux, nous demandons de lever des obstacles existants », explique au « Monde » Isabelle Weiler, en charge du commerce et de l’industrie au sein d’Euratex, la confédération européenne du textile et de l’habillement basé à Bruxelles.Sont sur la table toute une série des questions techniques comme l’étiquetage (les informations données ne sont pas les mêmes d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique), les tests d’inflammabilité des tissus (ils ne sont pas identiques, même s’ils exigent le même niveau de protection), ou encore les critères de non-dangerosité des vêtements pour enfants.Autre chantier complexe dans ces négociations, l’accès aux marchés publics. L’amendement Berry interdit par exemple aujourd’hui aux entreprises non américaines de participer à un appel d’offres visant à habiller les militaires américains. Réciproquement, même s’il n’existe pas de législation de ce type en France, il est très difficile aux entreprises textiles américaines d’obtenir un marché pour les uniformes des soldats français.« Nous en sommes aux discussions préliminaires sur ce dossier », confirme Gail Stricker qui négocie parallèlement pour les États-Unis dans l'’accord de partenariat transpacifique (Trans Pacific Partnership) depuis quatre ans.À la recherche de règles communes pour l’indication de l’origine des produitsEn ce qui concerne la recherche des règles communes pour l’indication de l’origine des produits, les revendications diffèrent selon les caractéristiques des deux marchés. Aux États-Unis, la filière est très intégrée et comprend aussi bien la production de fil (notamment de coton et de polyester) que le tissage et la confection.En Europe, la moitié des textiles produits est utilisée non pas dans la mode mais dans l’aérospatiale, la construction, la santé… « Aujourd’hui, c’est le pays où s’effectue la dernière opération qui peut figurer sur l’étiquette », explique Gail Stricker. Pour une chemise, si le fil vient des États-Unis, le tissage du Costa Rica et la confection du Salvador, c’est ce dernier qui figurera sur l’étiquette.Ce qui est en jeu dans les négociations TTIP n’est pas tant le nom du pays retenu, mais le nombre d’opérations effectuées sur le même territoire.Nicole VulserJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.02.2015 à 16h02 • Mis à jour le11.02.2015 à 18h07 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) L'essentiel Fouad Belkacem et d'autres membres du groupe islamiste Sharia4Belgium ont été condamnés pour avoir mis en place une filière de recrutement de combattants pour la Syrie.Trente-huit personnes, également jugées, étaient absentes, soient encore en Syrie, soit mortes.Le groupe est qualifié de violent et avec l'objectif de remplacer les régimes existants par un "Etat totalitaire islamique".  La justice belge a conclu par de lourdes peines, mercredi 11 février, le premier procès d’une filière de recrutement de combattants pour la Syrie. Huit dirigeants et membres du groupe Sharia4Belgium, un groupe salafiste inspiré par le prêcheur fondamentaliste britannique Anjem Choudary, étaient dans le box des prévenus.Trente-huit autres faisaient défaut, sans doute parce qu’ils combattent – ou sont morts – en Syrie. Tous les prévenus ont été reconnus comme membres d’une organisation terroriste et le tribunal a réclamé l’arrestation immédiate de tous ceux qu’il a condamnés à des peines de détention ferme.Le principal dirigeant de Sharia4Belgium, Fouad Belkacem, 32 ans, le seul prévenu à ne jamais avoir quitté la Belgique, a été condamné à douze ans de réclusion. Ses défenseurs avaient plaidé qu’il n’était qu’un provocateur et avaient réclamé son acquittement. Son groupe est toutefois qualifié de violent et ayant pour objectif de remplacer les régimes existants par « un Etat totalitaire islamique ». Le tribunal correctionnel d’Anvers a souligné que Fouad Belkacem encensait les martyrs et faisait visionner des scènes de décapitation à ses membres. Il les entraînait aussi, physiquement et mentalement, à la lutte armée.« Etat totalitaire islamique »D’autres membres du groupe ont été condamnés plus sévèrement encore : 15 ans pour Hicham Chaib, âgé de 33 ans, garde du corps de Belkacem et rallié à l’organisation Etat islamique (EI) en Syrie. Deux des proches du dirigeant, Feisal Yamoun et Nourredine Abouallal – le porte-parole de Sharia – sont morts en Syrie mais ont été condamnés symboliquement à 15 ans également.Hussein Elouassaki, un « émir » qui dirigeait un groupe de 100 combattants belges, français et néerlandais et procédait à des enlèvements et des exécutions, a été condamné à dix ans. Des membres de son unité l’auraient abattu en Syrie alors qu’il tentait de fuir. Brahim El Mimouni, le webmaster du groupe, actuellement en Syrie, est condamné à dix ans. Un jeune Tchétchène, Magomed Saralapov, 21 ans, parti en Syrie où il aurait procédé à des décapitations, est condamné à cinq ans.Une jeune convertie de 20 ans, Nora Verhoeven, dont le compagnon a été tué avant qu’elle ne prenne les armes, est condamnée à cinq ans. Comme un autre converti, Brian De Mulder, qui s’est marié en Syrie à une jeune Néerlandaise de 17 ans. Il avait, il y a quelques mois, proféré des menaces d’attentat contre la Belgique.Peines sévèresUn autre personnage clé du procès était Jejoen Bontinck, 19 ans. Il se présentait comme une victime de Belkacem. Parti en Syrie durant 226 jours, il en aurait passé 200 dans une cellule et dit avoir été maltraité. À son retour, il a livré de nombreuses informations à la police. Le tribunal a estimé qu’il s’était rendu volontairement en Syrie et qu’il n’était pas une victime mais l’a condamné à la peine la plus légère : quarante mois avec sursis.Le tribunal, dont le verdict devait en principe être rendu en janvier, quelques jours après les attentats de Paris, a manifestement tenu compte du climat qui prévaut actuellement en Belgique et dans les pays voisins. Il a prononcé des peines plus sévères que dans les nombreux procès pour terrorisme qui ont eu lieu dans le royaume depuis 2001.Le gouvernement belge a décidé récemment de maintenir un niveau d’alerte élevé dans le pays (niveau 3, sur une échelle qui en compte 4), ce qui suppose notamment la mobilisation des militaires pour renforcer la sécurité des lieux les plus exposés à une tentative d’attentat.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.02.2015 à 11h23 • Mis à jour le11.02.2015 à 18h45 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Voilà une réunion qui s’annonce très « musclée ». Les dix-neuf ministres des finances de la zone euro (l’Eurogroupe) sont arrivés à Bruxelles, mercredi 11 février, pour une séance extraordinaire, avec un sujet au menu : la Grèce. Et c’est peu dire que c’est un sujet qui fâche.« Ce sera très très dur », confiait au Monde l’une des personnes qui a préparé ce rendez-vous. Cela le sera d’autant plus que le ton est singulièrement monté ces deniers jours entre les différentes parties. Tout particulièrement, entre le gouvernement grec d’Alexis Tsipras et le gouvernement allemand.Cette réunion de l’Eurogroupe est-elle à « quitte ou double » ?A priori non. Le rendez-vous de mercredi, convoqué par le patron de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, n’a pas vocation à être « décisionnel ». C’est d’ailleurs ce qu’a rappelé, à son arrivée à Bruxelles, Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI).Christine Lagarde, " c'est juste le début du processus de discussion" en début d'Eurogroup— c_ducourtieux (@Cécile Ducourtieux)require(["twitter/widgets"]);La discussion sera « politique et non technique », a ajouté Pierre Moscovici, le commissaire européen à l’économie.Moscovici: " ce soir ce sera une discussion politique et pas technique " a Eurogroupe— c_ducourtieux (@Cécile Ducourtieux)require(["twitter/widgets"]);La Commission européenne, qui est à la manœuvre avec M. Dijsselbloem, espère qu’autour de la table Grecs et Européens s’entendront au moins sur un cadre de négociation. Il s’agit de parvenir à ébaucher un compromis avec le nouveau gouvernement grec sur la renégociation de son énorme dette publique (321 milliards d’euros, 175 % du PIB).Si les choses se déroulent ainsi, cela permettrait au Conseil européen (les 28 chefs d’Etat et de gouvernement), de valider politiquement ce cadre, jeudi 12 février à Bruxelles. L’ambition étant que l’Eurogroupe du lundi 16 février débouche sur un accord définitif.Mais, mercredi, les Allemands ont indiqué qu’aucune décision concrète sur le dossier grec ne pourra être adoptée lors du Conseil européen de jeudi, car toute proposition économique présentée par Athènes doit être soumise à la troïka de ses bailleurs de fonds (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international, Commission européenne).Pourquoi le calendrier est-il serré ?Parce que si les différentes parties n’arrivent pas à s’entendre avant le 28 février, l’Etat grec va, a priori, droit au défaut de paiement en mars.« La dette de la Grèce ne peut pas être remboursée dans un avenir proche », a déclaré le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis au magazine allemand Stern, dans un entretien paru mercredi.Regardez également notre décryptage : Six ans de tragédie grecqueLa date butoir du 28 février correspond à la fin du deuxième plan d’aide dont bénéficie la Grèce (130 milliards d’euros). Or, il reste encore une dernière tranche d’environ 7 milliards d’euros à verser.Mais celle-ci est conditionnée par la troïka à la mise en place de mesures d’austérité. Ce que refuse le nouveau gouvernement grec.Mardi soir, au Parlement, juste avant un vote de confiance des députés, le premier ministre grec, Alexis Tsipras a redit que son pays « ne demandera pas d’extension du plan d’aide. » Et il ne veut plus, non plus, entendre parler de la troïka, dont il dénonce les méthodes et le fonctionnementQue propose Athènes ?À en croire la presse grecque, Yanis Varoufakis a fait des propositions à Bruxelles en vue d’un compromis. Mardi, la Commission européenne a toutefois démenti avoir reçu un quelconque plan.Parmi les mesures avancées par Athènes figure le souhait d’afficher un excédent primaire (hors charge de la dette) pour le budget de l’Etat de seulement 1,5 % du PIB au lieu des 3 % demandés par la troïka pour 2015. Cela dégagerait une marge de manœuvre financière.S’y ajoute une demande d’une période de « transition » de quatre à six mois, le temps de négocier le nouveau « contrat » européen.Pour financer l’Etat grec pendant cette phase de transition, M. Varoufakis suggère qu’Athènes puisse puiser à deux sources : d’une part dans la cagnotte des bénéfices réalisés par les banques centrales nationales européennes suite aux achats d’obligations grecques (1,9 milliard d’euros) ; d’autre part dans les sommes réservées pour la recapitalisation des banques grecques en cas de besoin (environ 8 milliards d’euros).Enfin, les Grecs veulent faire intervenir l’OCDE dans la troïka : « une commission de coopération sera mise en place pour élaborer un accord sur des réformes qui vont relancer la croissance », a indiqué M. Tsipras, à l'issue d'une rencontre, mercredi, avec le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurria.« On est ici pour travailler avec et pour la Grèce, on n'est pas ici pour dire à la Grèce ce qu'elle doit faire, mais pour lui donner des outils déjà utilisés par d'autres gouvernements pour résoudre les mêmes problèmes », a souligné M. Gurria.Les réformes viseraient surtout la lutte contre la corruption, l'évasion fiscale et le clientélisme.Lundi, devant le Parlement, M. Varoufakis a aussi assuré qu’il était prêt à approuver 70 % des réformes encore exigées par la troïka. Ce qui a été perçu comme un signal d’ouverture par les Européens.Que sont prêts à accepter les Européens ?« Nous ne négocierons pas de nouveau programme pour la Grèce mercredi lors de la réunion de l’Eurogroupe », a prévenu, mardi soir, le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble.Il apparaît néanmoins que les pays européens ne sont pas fondamentalement opposés à discuter avec Athènes d’un nouveau « contrat », un réaménagement de la dette grecque.Mais ils ne veulent pas avancer les quelques milliards dont M. Tsipras a besoin pour les quatre à six mois qui viennent, sans engagement ferme des Grecs à mettre en œuvre des réformes respectant leurs équilibres budgétaires.Les Allemands ne sont toutefois pas les seuls à avoir des réticences : Espagnols, Portugais, Slovènes et Lettons aussi, qui ont accepté le traitement de choc de la troïka ou des cures d’austérité et voient d’un mauvais œil que l’on fasse une exception pour la Grèce.« Si tout le monde se comporte de manière rationnelle » aime t-on à répéter ces derniers jours à Bruxelles, un compromis pourrait être possible.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.02.2015 à 10h18 • Mis à jour le11.02.2015 à 12h10 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2gx6p9"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2gx6p9", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Pour François Fillon, « la crise ukrainienne est une affaire européenne ». Aussi a-t-il salué, mercredi 11 janvier sur Europe 1, la rencontre prévue le même jour à Minsk (Biélorussie) entre les chefs d’Etat français, allemand, russe et ukrainien, pour tenter de parvenir à un accord de paix. « Je félicite François Hollande », a même déclaré l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy, tempérant par la suite ses éloges : « Il est bon que la France et l’Allemagne parlent d’une même voix, c’est le retour de ce que devait être l’Europe, le contraire de ce qu’a fait François Hollande depuis deux ans. (…) Angela Merkel a le leadership en Europe parce que François Hollande ne l’a pas. »Ukraine : Américains et Européens privilégient la voie diplomatiqueSelon lui, « les Américains ont commis une quantité d’erreurs depuis le début de cette crise qui, de mon point de vue, ne les qualifient pas pour continuer à discuter avec la Russie. » Parmi ces « erreurs », M. Fillon estime que les Etats-Unis se sont mépris sur les véritables buts de Vladimir Poutine, le président russe : « Je n’ai jamais cru que la Russie voulait annexer l’Ukraine. » « On a tout fait pour m’éliminer »François Fillon s’est aussi exprimé sur les affaires intérieures de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) et sur la récente défaite du parti dans la législative partielle du Doubs, où il a été éliminé par la candidate Front national (FN). Il a dédouané la stratégie du parti, accusé de faire le jeu du FN en refusant de choisir entre le FN et le Parti socialiste dans ses consignes de vote : « On ne peut pas dire que le ni-ni favorise le FN ; le “front républicain” aussi. » Face à la « souffrance » des électeurs FN, l’opposition doit avoir un projet politique, un « programme de rupture ».« Pendant deux ans, on a tout fait pour m’éliminer de la direction de l’UMP », a-t-il lâché en évoquant ses démêlés avec Jean-François Copé pour prendre la tête du parti. « Ça fonctionne mieux avec la nouvelle direction [celle de Nicolas Sarkozy]. » A l’UMP, l’autorité de M. Sarkozy ne s’impose plusIl a refusé de s’exprimer sur Stéphane Tiki, président des Jeunes pop’ depuis décembre 2014 et… sans-papiers, comme l’a révélé Le Canard enchaîné de mercredi 11 janvier : « Je ne connais pas Stéphane Tiki, et je ne parle pas d’un sujet que je connais pas. »  11.02.2015 à 08h12 • Mis à jour le11.02.2015 à 09h08 La chaîne de télévision payante britannique Sky et l’opérateur téléphonique britannique BT (ex-British Telecom) se partageront les retransmissions des matches de la Premier League, le championnat de football anglais, pour les trois prochaines saisons (de 2016 à 2019). Et, pour ce faire, les deux entreprises ont cassé leur tirelire : elles ont accepté de débourser au total 5,2 milliards de livres (7 milliards d’euros) sur trois ans, soit une envolée de 68 % par rapport au contrat actuel.Les analystes s’attendaient à voir le total des droits partir pour 4 milliards de livres. L’envolée du prix du football anglais ne se dément donc pas.Sky, à elle seule, paie 4,2 milliards de livres (5,6 milliards d’euros). La chaîne a remporté cinq des sept lots aux enchères et diffusera 126 matches par saison, dont ceux du dimanche après-midi, avec des têtes d’affiche comme Manchester United et Arsenal.BT a remporté les enchères pour les deux lots restants, pour 960 millions de livres, et pourra diffuser 42 matches par saison.Pour le précédent contrat avec la Premier League en 2012, pour les saisons 2013 à 2016, le total des droits avait atteint 3 milliards de livres.BT en a payé le quart, ayant remporté deux des sept « packages » mis aux enchères, soit 38 matchs par saison. Sky détient le reste, soit 116 matchs par saison.L’inflation sans fin des droits du football anglaisCette inflation des prix est la conséquence de la guerre frontale entre Sky et BT. Le premier a fait du football son principal produit d’appel, avec les films. BT s’est, quant à lui, lancé dans la bataille en 2012. Le groupe a lancé ses propres chaînes de sport, intitulées BT Sport (elles ont commencé à diffuser à l’été 2013).Pour convaincre ses clients de s’abonner à son Internet haut débit, il leur offre – gratuitement – la retransmission des chaînes. Aujourd’hui, 1,9 million de téléspectateurs les regardent toutes les semaines. Près de 25 000 pubs se sont abonnés, plus que ceux qui ont choisi Sky.Lire aussi : Foot : les équipes anglaises, les plus riches au monde Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) La dette… mais allemande. C’est l’autre sujet de tension entre la Grèce et l’Allemagne. Le ministre grec des affaires étrangères, Nikos Kotzias, a remis, mardi 10 février à Berlin, une demande formelle de son gouvernement pour des réparations de guerre à la suite de l’occupation de la Grèce par la Wehrmacht, entre 1941 et la fin 1944.Dimanche, dans son discours de politique générale, le nouveau premier ministre grec, Alexis Tsipras, avait déclaré qu’« il y a une obligation morale envers notre peuple, envers l’Histoire, envers tous les peuples européens qui se sont battus et ont donné leur sang contre le nazisme, une obligation historique » à réclamer à l’Allemagne « des indemnités de guerre. »La facture s’élèverait, selon une évaluation faite en 2012 par la Cour des comptes grecque, à 162 milliards d’euros. Soit plus de la moitié de la dette publique grecque actuelle (315 milliards).Mais, pour l’Allemagne, il n’y a pas de sujet. Le gouvernement allemand juge le dossier clos et la revendication juridiquement injustifiée.Pour Berlin, tout a été « réglé » depuis 1960, quand l’Allemagne a conclu avec la Grèce – comme elle l’avait fait avec d’autres pays occidentaux – un accord de dédommagement, prévoyant le versement d’une indemnité de 115 millions de marks, essentiellement destinés aux victimes du nazisme.Importance symboliqueLes juristes allemands mettent également en avant un autre argument : les Américains avaient obtenu, en 1953, de leurs alliés qu’ils ne réclament les indemnités que leur devait l’Allemagne que lorsque celle-ci serait réunifiée et aurait conclu un « traité de paix », histoire de laisser à celle-ci le temps de se redresser et de ne pas commettre la même erreur qu’avec le traité de Versailles, après 1918.Or, le traité « 2 + 4 » (les deux Allemagne, la Russie, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France), qui a ratifié la réunification allemande en 1990, n’est pas un traité de paix et la Grèce l’a approuvé. Ce qui, pour l’Allemagne, met un terme au débat.Porté notamment par des figures de la résistance grecque au nazisme, le sujet est toutefois extrêmement sensible à Athènes. Et, à Berlin, on ne sous-estime plus son importance symbolique et on reconnaît qu’il envenime les relations entre les deux pays.De fait, cette revendication rappelle que la Grèce est l’un des pays où l’occupation nazie, à partir de 1941, a été la plus barbare. En outre, l’Allemagne avait imposé un prêt de 476 millions de Reichsmark à la Banque centrale de Grèce. Ce « prêt », jamais remboursé, était évalué à 8,25 milliards d’euros en 2012 par le Bundestag et à 11 milliards d’euros en janvier par le ministère des finances grec.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.02.2015 à 05h23 • Mis à jour le11.02.2015 à 09h37 Podemos (« Nous pouvons », mouvement espagnol antilibéral et antiaustérité, dont la popularité grandit à l'approche des législatives de novembre, se trouve dans la tourmente après la multiplication des accusations visant son numéro trois, Juan Carlos Monedero.Agé de 52 ans, le responsable des programmes du parti, qui fut aussi l'un des conseillers d'Hugo Chavez au Venezuela et de plusieurs régimes latino-américains de gauche, s'est vu contraint, lundi 9 février au soir, de diffuser des extraits de ses comptes bancaires pour répondre aux attaques de fraude fiscale dont il est régulièrement l'objet ces dernières semaines.Lire (édition abonnés) : En Espagne, le ras-le-bol de la « génération » Podemos425 000 EUROS VENUS D'AMÉRIQUE DU SUDAinsi, le 21 janvier, El Pais écrivait-il que Juan Carlos Monedero, très proche du chef de Podemos, Pablo Iglesias, avait reçu à la fin de 2013 quelque 425 000 euros versés par le Venezuela, l'Equateur, la Bolivie, et le Nicaragua. Il a ainsi été accusé d'avoir créé une société à la même époque pour encaisser ces revenus et verser un impôt sur les sociétés bien plus faible que celui qu'il aurait dû payer à titre personnel. Des accusations gênantes pour Podemos, alors que le mouvement s'est bâti sur la dénonciation de la corruption des élites.Lire : L'Espagne face à la vague PodemosJuan Carlos Monedero, par ailleurs professeur de sciences politiques, n'a jamais démenti ces montants. Il a simplement répondu qu'ils correspondaient « à pas moins de deux ans de travail », en tant que consultant et avaient été utilisés pour financer « La Tuerka », émission politique de gauche diffusée sur le câble et Internet et animée par Pablo Iglesias, le leader de Podemos.200 000 EUROS VERSÉS AU FISC À  LA FIN DE JANVIERLes attaques se sont cependant multipliées, portant davantage sur une éventuelle irrégularité fiscale que sur la provenance internationale des fonds.  « Je n'ai pas peur (...). J'ai payé tous mes impôts », a insisté M. Monedero lors d'un meeting le 29 janvier, reprenant un slogan de Podemos invitant ses sympathisants à « ne pas avoir peur » de la « caste ». Toutefois, selon la presse, il aurait versé près de 200 000 euros au fisc à la fin de janvier, se soumettant finalement au régime fiscal des personnes physiques.Le parti n'a pas confirmé ce montant mais a annoncé que M. Monedero avait bien fait une « déclaration fiscale complémentaire volontaire », soulignant « sa volonté de transparence ». Pablo Echenique, l'un des cinq députés européens de Podemos, a simplement dit qu'il fallait « attendre qu'il s'explique », sans prendre trop ouvertement sa défense.Il n'en fallait pas plus pour que les adversaires politiques de Podemos, le Parti populaire et le Parti socialiste,  s'en prennent virulemment à une formation politique qu'ils accusent régulièrement d'amateurisme et d'irréalisme. « Si tous les Espagnols faisaient ce que fait Monedero, on se demande comment on paierait les services publics », a ainsi ironisé Soraya Saenz de Santamaria, la vice-présidente du gouvernement dirigé par le Parti populaire.  >> Lire aussi : En Espagne, Podemos rêve d’un destin à la Syriza Elisa Perrigueur Sans surprise, le gouvernement d’Alexis Tsipras a obtenu la confiance du parlement grec, dans la nuit de mardi 10 à mercredi 11 février. Au total, 162 parlementaires sur les 299 présents ont validé le programme du parti de la gauche radicale, soit les 149 députés Syriza et leurs 13 alliés souverainistes du parti des Grecs indépendants (ANEL).À l’issue de ce vote, le parti de gauche radicale va pouvoir appliquer son programme politique consacré à l’urgence sociale en Grèce et entamer des négociations serrées avec les responsables européens.Vers minuit (heure locale), peu avant le vote, le premier ministre Alexis Tsipras, qui s’est exprimé face aux parlementaires, s’est montré ferme : « La démocratie grecque n’accepte plus les chantages et nous avons désormais le peuple à nos côtés ».Attaques de la droiteMardi, les députés se sont succédé à la tribune pour s’exprimer sur la formation d’Alexis Tsipras. Parmi les plus critiques du gouvernement, les 76 députés de la droite Nouvelle démocratie (ND), ex-parti au pouvoir et principale force d’opposition, ont voté contre le programme de Syriza. L’ancien premier ministre conservateur Antonis Samaras a ainsi affirmé que « depuis que le Parlement a échoué à élire un président (en décembre, provoquant les élections anticipées qui ont propulsé Syriza au pouvoir), le système bancaire a perdu plus de 15 milliards d’euros ».Et d’ajouter : « des investissements qui promettaient d’offrir aux Grecs des milliers d’emplois ont été gelés et notre pays refait la Une de l’actualité de manière dramatique ». Dans l’hémicycle l’ensemble des partis d’opposition, toutes tendances confondues, ont voté contre le programme de la gauche radicale.Négociations à hauts risques avec l’EuropeA l’issue de ce vote, le gouvernement entre dans une phase de négociations cruciales pour trouver un terrain d’entente avec les responsables européens. Mercredi se tient une réunion des ministres des finances de la zone euro, elle sera suivie d’un Conseil européen, jeudi. Syriza veut en finir avec le programme d’aide internationale de 240 milliards d’euros financé par la troïka. Le parti souhaite proposer à ses créanciers l’application d’un « programme relais » jusqu’en juin avant la mise en place d’un plan qui reposerait sur la croissance et l’investissement.Face aux députés, le premier ministre Alexis Tsipras a rappelé sa détermination : « Il n’y aura pas de retour en arrière, la Grèce ne peut pas retourner à l’âge des plans de sauvetage et de la soumission ». Et d’afficher son optimisme : « Je crois au compromis avec l’Europe, je ne peux pas croire que les responsables européens voudront de nouveau punir le peuple grec ».Les responsables européens se montrent plus réservés sur un éventuel consensus. L'« humeur » au sein de la zone euro n’est pas propice à une satisfaction « sans condition » des demandes du gouvernement grec, a alerté le président de la Commission, Jean-Claude Juncker. Le ministre des finances, Wolfgang Schaüble, a pour sa part affirmé : « nous ne négocions pas de nouveau programme. Nous avons déjà un programme. »L’Europe espère toutefois aboutir à un accord avec la Grèce le 16 février. Faute de consensus, Athènes, qui n’a plus accès aux marchés des capitaux, risque de se trouver à court de liquidités fin février, date d’expiration du programme d’aide en cours.Priorité à l’urgence sociale pour les GrecsCe vote ouvre également la voie à l’application de la feuille de route politique pour le pays. Sa priorité, après six années de récession, est de mettre fin à la « crise humanitaire » pour Syriza. Comme l’a solennellement rappelé Alexis Tsipras, mardi, « tout pouvoir vient du peuple et donc c’est le peuple qu’il doit servir ».Selon son programme, le parti de gauche radicale va débloquer 1,8 milliard d’euros pour mettre en place une série de mesures pour les plus démunis d’ici la fin de l’année. Parmi les principales promesses, l’augmentation du salaire minimum de 580 à 750 euros, la fourniture de l’électricité gratuite pour plusieurs milliers de foyers, la gratuité des transports publics pour les personnes sous le seuil de pauvreté… Afin de trouver des financements, Syriza a promis une « une guerre sans merci » contre la corruption et la fraude fiscale. La majorité de l’opinion soutient la position du gouvernementA la confiance du parlement s’ajoute également un soutien de la population grecque. La ligne de résistance au plan d’aide de la troïka, réaffirmée par les leaders lors de leur tournée européenne la semaine dernière, semble avoir séduit une partie de l’opinion publique. Selon un sondage de l’université de Macédoine pour la chaîne grecque Skaï tv, diffusé le 7 février, 72 % des Grecs approuveraient cette position de refus. Selon l’Agence France-Presse, plusieurs sondages publiés mardi dans la soirée ont également montré que huit Grecs sur dix avaient apprécié son discours de politique générale d’Alexis Tsipras. Et parmi eux, donc, des électeurs n’ayant pas voté Syriza.Pour Nikolaos Georgikopoulos, professeur d’économie à la New York University - Stern Business School, le contexte de crise joue dans cet appui national. « Il y a une réelle souffrance ressentie par le peuple en raison des mesures de rigueur, rappelle l’expert. Syriza dit aux Grecs : “Nous allons mettre fin à cette souffrance”, comme la priorité aujourd’hui est de sortir le pays de ce bourbier, tout le monde souhaite que ce gouvernement réussisse à appliquer son plan, peu importent les considérations politiques ». Nikolaos Georgikopoulos prévient : « Le fait de dire : “Je suis derrière le gouvernement” ne veut pas dire que l’on croit en leur programme politique ou économique. Il faudra rester prudents et analyser la situation dans les prochains mois ». » Lire : Trois questions sur la renégociation de la dette grecqueElisa PerrigueurJournaliste au Monde 10.02.2015 à 21h25 Le roi d'Espagne Felipe VI a baissé son salaire de 20 % par rapport à son père, Juan Carlos, a annoncé mardi 10 février la Maison royale, première décision budgétaire du nouveau monarque qui a promis de redorer l'image de la monarchie.Lire (en édition abonnés) : En Espagne, Felipe VI se sépare des Ferrari royalesDans une Espagne frappée par l'austérité et où près d'un actif sur quatre est au chômage, le budget de la Maison royale, voté avec la loi de financement en décembre, a été de nouveau gelé en 2015, à 7,8 millions d'euros.BUDGET EN BAISSE DEPUIS 2010Libre de répartir ce montant à sa guise, le roi Felipe VI, 47 ans, a décidé de réduire l'enveloppe lui étant destinée comme chef d'Etat de 20 % par rapport aux 292 752 d'euros assignés à son père Juan Carlos dans le budget 2014. Elle atteindra ainsi 234 204 euros par an.La reine Letizia, 42 ans, recevra en 2015 moitié moins que son époux (128 808 euros). C'est aussi Felipe VI qui a décidé de la quantité, 187 356 euros, que percevra son père Juan Carlos en 2015. Ayant abdiqué en juin 2014 alors que sa popularité avait plongé sous le coup d'une série de scandales, ce dernier garde le titre honorifique de roi, comme son épouse, la reine Sofia, qui elle touchera 105 396 euros.Lire (en édition abonnés) : La monarchie espagnole n’en a pas fini avec les frasques de Juan CarlosLe reste du budget royal est réparti entre dépenses de personnel (3,8 millions d'euros), dépenses en biens et services, comme les frais de matériel, de location et ceux liés aux cérémonies (2,9 millions), aux investissements (190 606 euros) et à un fond destiné à couvrir les imprévus (155 500 euros).Le budget de la Maison royale a été réduit ou gelé chaque année depuis 2010 alors que le pays était engagé dans une cure historique d'austérité. En 2014, le roi Juan Carlos avait décidé de geler son salaire tandis que le budget global de la famille royale avait lui baissé de 2 % par rapport à l'année précédente. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les dix-neuf ministres des finances de la zone euro (l’Eurogroupe) se réuniront mercredi 11 février à partir de 17 h 30 à Bruxelles avec un sujet au menu : la Grèce. Et un objectif : ébaucher un compromis avec le nouveau gouvernement de la gauche radicale Syriza sur la renégociation de l’énorme dette publique grecque (321 milliards d’euros, 175 % du PIB).Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le premier ministre grec, Alexis Tsipras, ont eu, mardi, un entretien téléphonique dans un « esprit positif de coopération », a déclaré la Commission.Cette dernière, qui est à la manœuvre avec le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, espère qu’autour de la table, Grecs et Européens s’entendront au moins sur un cadre de négociation.Puis que, jeudi 12 février, le Conseil européen (réunion des 28 chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro), réuni lui aussi à Bruxelles, validera politiquement ce cadre. L’ambition étant que l’Eurogroupe du lundi 16 février débouche sur un accord définitif.Cela laisserait le temps, théoriquement, à des pays comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou la Finlande de faire valider cet accord par leurs parlements nationaux avant fin février.Grèce : l’Europe à la recherche d’un accord politiqueSi les parties n’arrivent pas à s’entendre avant cette date, l’Etat grec va droit au défaut de paiement en mars.Blocages sur la fin du second plan d’aide, le rôle de la troïka et la façon d’en sortirLes Européens voulaient initialement imposer à Alexis Tsipras, nommé premier ministre il y a seulement 15 jours, de terminer le travail de son prédécesseur, le conservateur Antonis Samaras. C’est-à-dire clore « proprement » le deuxième plan d’aide à la Grèce (130 milliards d’euros), qui prend fin théoriquement le 28 février.Cela passait par la mise en place des réformes encore exigées par la troïka (Banque centrale européenne, le Fonds monétaire international, Union européenne). En « échange », Athènes devait percevoir une dernière tranche d’aide d’environ 7 milliards d’euros.M. Tsipras, qui a fait toute sa campagne contre l’austérité et les réformes imposées par la troïka, refuse toutefois catégoriquement d’accéder aux vœux des Européens.Mardi soir, à la tribune du Parlement, juste avant un vote de confiance des députés grecs, il a fermement déclaré que son pays « ne demandera pas d'extension du plan d'aide. »Les pays europées ne sont toutefois pas fondamentalement opposés à discuter avec Athènes d’un nouveau « contrat », un réaménagement de la dette grecque, surtout s’il permet au pays de poursuivre sur le chemin de la croissance.Mais ils ne veulent pas avancer les quelques milliards dont M. Tsipras a besoin pour les quatre à six mois qui viennent (pour payer ses fonctionnaires, faire face aux remboursements de créances…), sans engagement ferme des Grecs à mettre en œuvre des réformes respectant leurs équilibres budgétaires.Il faudra convaincre les Allemands, qui sont opposés à une suppression de la troïka - et que, par ailleurs, les prétentions grecques sur la « dette de guerre allemande », datant de la seconde guerre mondiale, blessent profondément.« Nous ne négocierons pas de nouveau programme pour la Grèce mercredi lors de la réunion de l’Eurogroupe », a fait savoir, mardi, le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble.Grèce: que veut Berlin ?Mais les Allemands ne sont pas les seuls à avoir des réticences : Espagnols, Portugais, Slovènes et Lettons aussi. Ces pays ont accepté le traitement de choc de la troïka ou des cures d’austérité et ils voient d’un très mauvais œil que l’on fasse une exception pour la Grèce.C’est pour cette raison que la Commission européenne passe son temps à insister sur le fait que pour qu’il y ait un accord, « il faudra qu’il soit à 19 pays de l’Eurozone ».Athènes avance des pistes de compromisA en croire la presse grecque, Yanis Varoufakis, le ministre grec des finances a fait des propositions à Bruxelles en vue d’un compromis.Parmi les mesures avancées : la négociation d’un excédent primaire (hors charge de la dette) pour le budget de l’Etat de seulement 1,5 % du PIB au lieu des 3 % demandés par la troïka pour 2015. Cela dégagerait une marge de manœuvre financière.S’y ajoute une demande d’une période de « transition » de quatre à six mois, le temps de négocier le nouveau « contrat » européen.Pour financer l’Etat grec pendant cette phase de transition, M. Varoufakis suggère par ailleurs qu’Athènes puisse puiser à deux sources : d’une part dans la cagnotte de 1,9 milliard d’euros des bénéfices réalisés par les banques centrales nationales européennes suite aux achats d’obligations grecques ; d’autre part dans les sommes réservées pour la recapitalisation des banques grecques, en cas de besoin, soit environ 8 milliards d’euros.L’accès à ces dernières sommes serait toutefois conditionné à la clôture du deuxième plan d’aide selon certains acteurs européens. Mais une source européenne glissait lundi : « elles sont en principe disponibles pour les Grecs, à condition que leur discours évolue. »Enfin, les Grecs réfléchiraient à faire intervenir l’OCDE dans la troïka, dont ils dénoncent les méthodes et le fonctionnement.Lundi, devant le Parlement d’Athènes, M. Varoufakis a par ailleurs assuré qu’il était prêt à approuver 70 % des réformes encore exigées par la troïka. Ce qui a été perçu comme un signal d’ouverture non négligeable par les Européens.Mardi, la Commission européenne a démenti avoir reçu un quelconque plan des Grecs. Elle assurait également que Jean-Claude Juncker, son président, n’avait pas formulé des propositions à Athènes, comme cela a été avancé par la presse grecque.Un risque de « Grexit » réduit« Si tout le monde se comporte de manière rationnelle » aime t-on à répéter ces derniers jours à Bruxelles, un compromis devrait donc être possible.La difficulté, dans le cas de cette nouvelle « crise grecque », est moins financière que politique : l’argent est quasi-disponible, et pour l’instant on ne parle que de quelques milliards d’euros d’aide nécessaires à Athènes.Personne n’a intérêt à un « Grexit », une sortie de la Grèce de la zone euro. Tout le monde l’a dit et répété, y compris la chancelière allemande, Angela Merkel, en début de cette semaine.Ce serait probablement une catastrophe économique pour la Grèce, qui subirait une très forte dévaluation en retournant à la Drachme.Les Européens ne sont pas non plus prêts à prendre le risque, même s’ils assurent que, depuis, la mise en place de l’Union bancaire et du Mécanisme européen de stabilité (qui détient environ 44 % de la dette grecque), la zone euro serait capable d’encaisser un tel choc sans contagion à d’autres pays jugés fragiles (Espagne, Italie, Portugal).Une sortie de la Grèce de la zone euro enverrait en effet un signal très négatif au reste du monde : elle signifierait la fin d’un cycle d’expansion et d’intégration de l’Union.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Claire Guélaud Réunis pendant 24 heures à Istanbul (Turquie), les ministres des finances et les banquiers centraux des pays du groupe des 20, qui rassemble plus de 85 % de l’économie mondiale, ont pris acte, mardi 10 février, de l’amélioration « inégale » des perspectives de croissance au niveau mondial et souligné la nécessité de conserver des politiques monétaires accommodantes dans plusieurs économies avancées, notamment celles menacées de « stagnation persistante ».Dans leur projet de communiqué final – la version définitive du texte doit être rendue publique mardi en fin de journée – les « financiers » du G20 renouvellent les engagements pris à Brisbane (Australie), fin 2014, en faveur d’une croissance plus forte et expriment leur volonté de poursuivre l’action engagée en matière de régulation financière et de lutte contre l’optimisation fiscale.L’insuffisance de la demande pointée du doigtLe diagnostic posé sur l’économie mondiale est nuancé. La conviction générale est que celle-ci souffre encore d’une insuffisance globale de la demande.Le G20 finances salue l’amélioration des perspectives de croissance dans certaines « économies clé ». Il fait état d’une reprise « lente, mais en progrès » ailleurs, mais aussi de l’« augmentation du risque de stagnation persistante » dans certains pays avancés. La zone euro et le Japon se reconnaîtront.L’« action déterminée » de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), qui a poussé l’institution de Francfort à faire du « Quantitative easing » (rachat de dettes), a été saluée.Le traitement de choc de la BCE pour réanimer la croissanceLes engagements pris en Australie de relever de plus de 2 % la croissance mondiale – soit plus de 2 000 milliards de dollars – d’ici à 2019 ont été renouvelés. Le sommet d’Antalia, à la fin de l’année, devrait être l’occasion de faire un point détaillé de l’état d’avancement des 1 000 mesures pro-croissance listées à Brisbane.La Turquie n’a en revanche pas encore réussi à convaincre ses partenaires du G20 du bien-fondé d’engagements chiffrés en matière d’investissements. Chacun s’accorde cependant à considérer qu’il s’agit d’une question clé pour la croissance. Des travaux sont en cours sur les partenariats public-privé.Des réserves émises sur l’« effet pétrole »Le débat à Istanbul a beaucoup tourné autour des effets très variés de la baisse du cours du baril de pétrole. Le G20 est apparu plus réservé que le Fonds monétaire international (FMI) sur les effets positifs sur la croissance de cette baisse du prix de l’or noir.Le sentiment général est que ce recul donne globalement de l’élan (« some boost ») à la croissance, même s’il tire aussi l’inflation vers le bas, ce qui est un problème en Europe par exemple.La baisse du prix du pétrole dopera la croissance, selon le FMIPar ailleurs, comme l’a fait le FMI, ministres des finances et grands argentiers appellent les pays importateurs, qui avaient mis en place des subventions énergétiques, à les supprimer au profit de transferts ciblés sur les populations les plus modestes.Le dossier grec non abordé officiellement, mais présent dans tous les espritsOfficiellement, il n’a pas été question de la Grèce lors de ces deux jours à Istanbul. En tout cas, le sujet n’a pas figuré dans les négociations entre délégations au sujet du communiqué final du G20. La situation à Athènes n’en était pas moins dans toutes les têtes.Avant que ne commence la réunion des ministres des finances et des grands argentiers, les États-Unis et le Canada ont appelé au pragmatisme et à un compromis. Mario Draghi et la directrice générale du FMI, Christine Lagarde devaient se rencontrer. Le FMI, toutefois, ne semble guère désireux de détailler sa position sur la Grèce avant la réunion de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro), mercredi 11 février.Grèce : l’Europe à la recherche d’un accord politiqueAmplifier les mesures de régulation financièreDans le domaine de la régulation financière, ministres des finances et grands argentiers sont convenus de poursuivre leurs efforts, qu’il s’agisse des banques, du « shadow banking », des infrastructures des marchés, comme les chambres de compensation, ou encore des assurances et des fonds d’investissement.Ils demandent aussi au FSB (Fonds de stabilité financière) de se pencher sur la sincérité des marchés et sur les problèmes de manipulation des cours, d’échanges de dérivés etc.Enfin, en matière de fiscalité, le G20 finances s’engage à suivre les recommandations de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en matière de lutte contre l’optimisation et l’évasion fiscales.Le G20 a enfin déploré le blocage persistant de la réforme financière du FMI.Vers une meilleure coordination de la lutte contre le financement du terrorismeLa France, qui y tenait beaucoup, a obtenu satisfaction sur la question du financement de la lutte contre le terrorisme. Le G20 Finances a chargé le Groupe d’action financière (GAFI) de faire un point en septembre sur l’état des standards et des normes dans ce domaine.Devraient être normalement évoqués à cette occasion la question du gel des avoirs et la coopération des structures de type Tracfin.En revanche, les résultats semblent plus modestes sur le financement de la lutte contre le réchauffement climatique, dont le gouvernement français fait grand cas dans la perspective de la COP21 à Paris en décembre.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.02.2015 à 17h38 Le harcèlement, la prison, l'exil, mais aussi la mort. Avec l'assassinat de l'ancien vice-premier ministre Boris Nemstov, dans la nuit de vendredi à samedi à Moscou, la liste des morts d'opposants au Kremlin depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine s'est encore allongée.Mis sur écoute, plusieurs fois interpellé, perquisitionné, Boris Nemstov se savait physiquement menacé ; il avait d'ailleurs confié il y a une quinzaine de jours à l'hebdomadaire Sobesednik sa peur d'être assassiné. Non sans raison : en Russie, et même à l'étranger, nombre de personnalités politiques, journalistes ou activistes ont payé de leur vie leur opposition au Kremlin. Voici quelques-uns des principaux noms d'une liste qui en comporte des dizaines d'autres : « Novaïa Gazeta », le journal martyr Le 7 octobre 2006, la journaliste d'investigation Anna Politkovskaïa, 48 ans, qui dénonçait notamment les atteintes aux droits de l'homme en Tchétchénie et l'autoritarisme de Vladimir Poutine dans le journal Novaïa Gazeta, est tuée par balles dans le hall de son immeuble à Moscou. Lire notre sélection d'archives : 7 octobre 2006 : assassinat d'Anna PolitkovskaïaCinq suspects – dont quatre Tchétchènes – ont été jugés et reconnus coupables du meurtre en 2014, mais le commanditaire de l'assassinat court toujours, et son nom n'a jamais été publiquement évoqué.Six autres journalistes ou collaborateurs de Novaïa Gazeta ont été tués entre 2000 et 2009, dont Natalia Estemirova, 50 ans, qui a succédé à Anna Politkovskaïa. Egalement militante des droits de l'homme et représentante en Tchétchénie de l'ONG Memorial, elle est enlevée le 15 juillet 2009 à Grozny et retrouvée morte quelques heures plus tard en Ingouchie, république voisine du Caucase russe. Elle dénonçait les exactions du pouvoir local.Le 19 janvier 2009 Stanislas Markelov, 34 ans, et Anastassia Babourova, 25 ans, sont tués par balle en pleine rue à Moscou alors qu'ils sortaient d'une conférence de presse.Lire notre reportage (abonnés) : En Russie, des journalistes sous contrôle La mort, jusqu'à l'étranger Menacés, certains, au fil des années, ont opté pour l'exil. Mais s'installer loin de la Russie ne protège pas pour autant de la mort. Le 23 novembre 2006, un ancien agent des services de renseignement russes collaborant avec le MI6 britannique, Alexandre Litvinenko, meurt, empoisonné au polonium, après avoir pris le thé avec deux hommes d'affaires et ex-agents du KGB.  « Les salauds m'ont eu (...) mais ils n'auront pas tout le monde », a-t-il déclaré avant de mourir.En mai 2007, le Royaume-Uni demande à la Russie d'extrader l'un des deux hommes, Andreï Lougovoï, mais le parquet général russe rejette la demande en invoquant la constitution russe, qui ne prévoit pas de possibilité d'extradition de nationaux vers d'autres Etats.L'affaire Litvinenko provoque alors une forte détérioration des relations entre la Russie et la Grande-Bretagne, qui expulsent mutuellement plusieurs diplomates.En mars 2013, c'est l'ex-oligarque et milliardaire Boris Berezovski, 67 ans, réfugié au Royaume-Uni après être entré en conflit avec Vladimir Poutine, qui est retrouvé mort dans la salle de bain de sa résidence d'Ascot (sud-ouest de Londres), un morceau de tissu autour du cou. L'enquête s'abstient de trancher entre assassinat et suicide, une hypothèse rejetée par son entourage.Lire (en édition abonnés) : Boris Berezovski portait les secrets de la Russie post-soviétique Ancien proche de Boris Berezovski, le député et président du parti Russie libérale, Sergueï Iouchenkov, 52 ans, est abattu le 17 avril 2013 avec un pistolet muni d'un silencieux à l'entrée de son immeuble à Moscou.L'OPPOSITION DÉNONCE UN MEURTRE ET APPELLE À MANIFESTERLa mort de Boris Nemstov a de nouveau créé un choc. De Paris, où le président français François Hollande a dénoncé un « assassinat odieux », à Washington, qui a exhorté Moscou « à rapidement mener une enquête impartiale et transparente », les réactions des capitales occidentales se sont succédé.Alors que Vladimir Poutine parle à la provocation, l'opposition dénonce un assassinat : « Savoir si Poutine a donné l'ordre d'assassiner Boris Nemtsov n'est pas le véritable point. C'est sa dictature. Sa propagande perpétuelle sur les ennemis de l'Etat », a twitté le joueur d'échecs Garry Kasparov.Boris Nemstov avait appelé, trois heures avant sa mort, à la tenue dimanche 1er mars d'un vaste rassemblement pour dénoncer la mauvaise gestion par le Kremlin de la grave crise économique que traverse la Russie en raison des sanctions occidentales et de la chute des prix du pétrole.Les autorités de la ville de Moscou ont autorisé l'opposition à organiser à la place une marche, qui pourra rassembler jusqu'à 50 000 participants, en mémoire de l'opposant. 28.02.2015 à 03h42 • Mis à jour le28.02.2015 à 16h45 A l'antenne d'une radio moscovite trois heures à peine avant sa mort, l'ancien ministre Boris Nemtsov, virulent critique du Kremlin, appelait les auditeurs à manifester dans un discours enflammé sur le dossier ukrainien et le président Vladimir Poutine.Vendredi 27 février, pendant 45 minutes, la voix grave, le ton sérieux, l'opposant a présenté ses propositions pour « changer la Russie », n'hésitant pas à couper ses interlocuteurs, deux journalistes d'Ekho Moskvy. Sans surprise, le rassemblement anticrise qu'il organisait, dimanche dans la banlieue de la capitale, occupe une place de choix dans l'interview, plus proche dans les faits du monologue.« Cette marche demande l'arrêt immédiat de la guerre avec l'Ukraine, elle exige que [le président russe Vladimir] Poutine cesse son agression. »Boris Nemtsov livre ensuite sa position sur la grave crise économique que traverse la Russie.« La cause de la crise, c'est l'agression [de l'Ukraine], qui a été suivie des sanctions, puis des fuites de capitaux, tout ça à cause de l'agression insensée contre l'Ukraine que mène Poutine. »« La force de la loi »A l'instar de Kiev et des Occidentaux, l'homme assure que Moscou a envoyé des troupes soutenir les séparatistes prorusses dans l'est du pays. Des allégations que le Kremlin a toujours démenties.Lorsqu'une journaliste évoque la Crimée, péninsule ukrainienne rattachée à la Russie en mars après un référendum, et assure que la population souhaitait rejoindre le pays, l'opposant tranche d'un ton catégorique, résumant en deux mots toutes ses convictions : « La force de la loi ».« La population voulait vivre en Russie, j'en conviens. Mais la question est ailleurs : il ne faut pas faire selon ses volontés, mais selon la loi et il faut respecter la communauté internationale. »Mettre les hommes politiques corrompus devant les tribunaux, couper de moitié le budget militaire et augmenter celui de l'éducation... Les propositions se succèdent, mais Boris Nemtsov n'est pas dupe : « L'opposition n'a pas beaucoup d'influence sur les Russes actuellement. »Et ce dernier de plaider pour l'octroi d'une heure d'antenne par semaine sur l'une des principales chaînes de télévision nationale. « Quand on concentre le pouvoir entre les mains d'une seule personne, cela ne peut mener qu'à la catastrophe. A une catastrophe absolue », avertit celui qui était l'un des rares à oser encore critiquer Vladimir Poutine.« Je n'ai pas si peur »Deux semaines avant son assassinat, dans un entretien à l'hebdomadaire russe Sobessednik, Boris Nemtsov confiait ses craintes sur sa sécurité et celle de sa famille. Interrogé sur la possibilité que Vladimir Poutine s'en prenne à lui, il répondait : «Vous savez, oui... un peu. [...] Mais malgré tout, je n'ai pas si peur de lui. Si j'avais très peur, je ne dirigerais pas un parti d'opposition et je ne ferais pas ce que je fais. » 28.02.2015 à 00h28 • Mis à jour le28.02.2015 à 18h03 L'essentielBoris Nemtsov est mort, tué par balle, dans la nuit de vendredi à samedi au pied du Kremlin. Les enquêteurs parlent d'« assassinat planifié ».Ancien ministre de Boris Eltsine, il avait incarné la génération des jeunes réformateurs des années 1990 avant de devenir un opposant virulent de Vladimir Poutine.Les autorités ont autorisé l'opposition à organiser dimanche une marche dans Moscou en mémoire de l'opposant.Il y a une quinzaine de jours, il confiait, dans une interview à l'hebdomadaire Sobesednik, sa peur d'être assassiné. Dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 février, alors qu'il marchait dans le centre de Moscou, Boris Nemtsov a été abattu, quatre balles ayant été tirées dans son dos. Il est tombé à quelques mètres du Kremlin : tout un symbole pour celui qui fut de tous les combats face au pouvoir en place.Ancien ministre de Boris Eltsine, l'homme de 55 ans avait incarné la génération des jeunes réformateurs des années 1990, avant de devenir un virulent critique du président Vladimir Poutine, qu'il comptait défier à nouveau dimanche en manifestant.Plusieurs fois interpellé par les forces de l'ordre lors de rassemblements de protestation au pouvoir en place, il avait aussi subi des perquisitions et été mis sur écoute, sans jamais cesser de dénoncer la corruption de ce qu'il appelait le « système oligarchique » en vigueur au pays des tsars.TRÈS PROCHE DE BORIS ELTSINELe teint toujours bronzé, l'air séducteur malgré de grands yeux noirs pochés de cernes, Boris Nemtsov, physicien de formation, avait commencé sa carrière peu avant l'effondrement de l'URSS. Il avait été élu en 1990 au Soviet suprême, le parlement soviétique.Après avoir été gouverneur de la région de Nijni-Novgorod, à 400 km à l'est de Moscou, il avait entamé une ascension fulgurante sous la présidence de Boris Eltsine. De mars 1997 à août 1998, il avait obtenu le poste de vice-premier ministre chargé du secteur énergétique et des monopoles, secteur très convoité, ce qui lui valait d'être régulièrement dénoncé par le Kremlin comme un homme politique lié aux oligarques qui ont profité de la vague de privatisations des années 1990.Le premier président de la Russie démocratique, dont il était très proche, avait envisagé un temps d'en faire son dauphin, avant de lui préférer le chef du FSB (ex-KGB), Vladimir Poutine. Limogé en août 1998, Boris Nemtsov a basculé dans l'opposition lorsque son rival a pris les rênes du pays.Aux législatives de 1999, l'opposant est élu à la Douma – chambre basse du parlement – et rejoint le parti libéral SPS (l'Union des forces de droite), dont il dirige une fraction qui se distingue par ses critiques virulentes envers le gouvernement en place. Son opposition au pouvoir se fait de plus en plus tranchante après les élections législatives de 2007, qu'il dénonce comme « les plus malhonnêtes de l'histoire de la Russie ».ASPERGÉ D'AMMONIACUn an plus tard, en 2008, après avoir échoué à se présenter à l'élection présidentielle comme candidat unique d'une opposition affaiblie par sa disparité, il décide de créer le mouvement Solidarnost, sous l'égide de l'ex-champion d'échecs Garry Kasparov.Mais c'est surtout aux côtés d'Alexeï Navalny qu'il s'affichera comme figure de proue des manifestations qui ont secoué Moscou pendant l'hiver 2011-2012. Après la réélection de Vladimir Poutine au Kremlin en mai 2012, il a continué à dénoncer les dépenses jugées excessives du président et la corruption, notamment lors de la tenue des Jeux olympiques d'Hiver à Sotchi, sa ville natale, en 2014. Cinq ans plus tôt, alors candidat à la mairie de cette localité des bords de la mer Noire, il avait d'ailleurs été aspergé d'ammoniac par des inconnus dans la rue.Plus récemment, Boris Nemtsov avait pris parti dans le conflit qui ravage depuis plus de dix mois l'est de l'Ukraine. Organisateur de plusieurs marches pacifiques en soutien à Kiev, il avait récemment réaffirmé sur son compte Facebook, qu'à ses yeux, l'annexion de la Crimée était illégale. Selon Ksenia Sobtchak, autre figure de l'opposition, Boris Nemtsov travaillait à un rapport sur la présence de forces russes en Ukraine, que le Kremlin nie avec acharnement.L'influence de ce vétéran de l'opposition, très présent sur les réseaux sociaux, semblait cependant diminuer au profit de la nouvelle génération incarnée par Alexeï Navalny, de 17 ans son benjamin.C'est d'ailleurs avec lui qu'il avait appelé à la tenue dimanche 1er mars d'un vaste rassemblement pour dénoncer la mauvaise gestion par le Kremlin de la grave crise économique que traverse la Russie en raison des sanctions occidentales et de la chute des prix du pétrole. Après la mise sous écrou de son cadet, mi-février, il en avait repris le flambeau.Les autorités de la ville de Moscou ont autorisé l'opposition à organiser, dimanche, une marche, qui pourra rassembler jusqu'à 50 000 participants, à travers le centre de la capitale russe en mémoire de l'opposant.Lire aussi en édition abonnés : Navalny en prison pour le priver de manifestation 27.02.2015 à 22h20 Près de cinq millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire en raison du conflit dans l'est de l'Ukraine, a estimé l'Organisation des nations unies (ONU) vendredi 27 février. « Il y a vraiment une crise humanitaire dans les zones tenues par les séparatistes », a souligné le coordinateur pour l'aide humanitaire des Nations unies en Ukraine, Neal Walker, de passage à Bruxelles pour inciter les institutions européennes à contribuer à une nouvelle levée de fonds de 316 millions de dollars lancée cette semaine.L'ONU estime que 4,7 millions de personnes se trouvant en territoire séparatiste, dans les zones de combats ou à proximité immédiate, ont besoin d'assistance. Par ailleurs, 300 000 personnes se sont réfugiées dans d'autres régions du pays et un million à l'étranger pour fuir le conflit qui a fait 5 800 morts en dix mois.« ACCALMIE MOMENTANÉE »« Nous avons vu une accalmie momentanée dans les combats ces dernières vingt-quatre heures et espérons vraiment que le cessez-le-feu va tenir pour nous permettre de répondre à ces besoins humanitaires critiques », a ajouté le coordinateur de l'ONU. Il faut construire « des abris d'urgence », des équipements sanitaires, raccorder l'eau, et « il y a un besoin désespéré de médicaments », a énuméré M. Walker. Jusqu'ici, « le conflit a fait qu'il était très difficile de travailler, il nous faut aussi vérifier que l'aide va seulement aux personnes vulnérables et à personne d'autre ».Lire l'analyse (édition abonnés) : Les zones d’ombre de l’accord de Minsk« Ces gens ont vécu dans des circonstances extrêmement difficiles, sous les bombardements constants (…) ils se sont cachés dans les caves et sous-sols, ont vécu sans sanitaires, souvent sans nourriture, manquant d'eau et de chauffage », a-t-il décrit.M. Walker a aussi relativisé l'impact humanitaire de la récente interruption de l'approvisionnement en gaz des territoires séparatistes par Kiev. « Qu'il y ait du gaz ou non, de nombreux bâtiments n'ont pas de chauffage. Leurs vitres sont toutes cassées, ou leurs toitures, trouées », a-t-il expliqué. « La question de l'abri et du chauffage n'a pas seulement à voir avec le gaz, mais surtout avec un cessez-le-feu viable, une paix viable », a-t-il insisté.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2h4nn8"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2h4nn8", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 27.02.2015 à 18h14 • Mis à jour le27.02.2015 à 21h36 Les autorités occidentales sont-elles capables de répondre à la menace posée par les extrémistes « de l'intérieur » ? La question se pose à nouveau, vendredi 27 février, alors que les médias britanniques révèlent que « Djihadi John » était dans le collimateur des services de renseignements britanniques cinq ans avant son apparition dans les vidéos d'exécutions de l'Etat islamique (EI).L'identité du bourreau de l'EI à l'accent anglais n'a toujours pas été confirmée officiellement, mais des médias britanniques et américains assurent, de sources sécuritaires, qu'il s'agit de Mohammed Emwazi, un citoyen britannique de 26 ans originaire du Koweït, qui a grandi dans l'ouest de Londres. Le premier ministre britannique, David Cameron, a refusé de confirmer cette information vendredi, car il estime que cela nuirait au déroulement de l'enquête, mais il a affirmé que tout serait fait « pour mettre hors d'état de nuire » pareil criminel.David Cameron a également salué vendredi « l'impressionnant travail » des organes de sécurité, pourtant mis en cause par les médias, qui dénoncent des failles dans la surveillance de Mohammed Emwazi, connu des services depuis plusieurs années.LES SERVICES ONT TENTÉ D'EN FAIRE UNE TAUPESelon le Guardian, des documents attestent qu'il était surveillé depuis que l'entrée en Tanzanie lui avait été refusée en 2009, car il était soupçonné de vouloir rejoindre le groupe terroriste des Chabab somaliens. Lui assure qu'il voulait se rendre dans le pays pour un y faire un safari. En juin 2010, il a été arrêté par des officiers du contre-terrorisme alors qu'il s'apprêtait à partir au Koweït et a été placé sur une liste de personnes susceptibles de commettre un acte terroriste. Il lui était alors interdit de quitter le pays.Mais malgré des contacts répétés – selon les médias britanniques, les services de renseignement ont même tenté d'en faire un informateur ; ce qu'il a refusé – il disparaît du radar des renseignements et parvient à rejoindre la Syrie. Sa famille est informée qu'il a traversé la frontière à la mi-2013.C'est ensuite en août 2014 qu'il réapparaît en tant que figure de proue de l'EI. Le groupe djihadiste le met en avant dans ses vidéos de propagande à destination de l'Occident. La première était celle montrant l'assassinat du journaliste américain James Foley.Pour Olivier Guitta, consultant en sécurité et risques géopolitiques à Londres interrogé par l'Agence France-Presse, les moyens humains disponibles ne sont pas à la hauteur des défis posés par la menace terroriste, que ce soit au Royaume-Uni, en France ou aux Etats-Unis. « Pour surveiller une personne, il faut 30 officiers. Mettons qu'il y ait 1 000 personnes à surveiller en Angleterre, vous avez besoin de 30 000 officiers. Nous ne les avons pas », confie-t-il.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x20dsur"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x20dsur", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 27.02.2015 à 13h56 • Mis à jour le27.02.2015 à 14h24 Gary Glitter, ancienne pop star britannique reconnue coupable d'actes pédophiles sur trois filles mineures entre 1975 et 1980, a été condamné à seize ans de prison, vendredi 27 février.L'ex-chanteur, de son vrai nom Paul Gadd, âgé de 70 ans, a été reconnu coupable d'une tentative de viol, de quatre attentats à la pudeur et d'avoir eu des relations sexuelles avec une mineure. Trois autres chefs d'accusation (deux concernant des attentats à la pudeur et un pour l'usage de drogues dans le but d'obtenir une relation sexuelle) n'ont finalement pas été retenus contre lui.« PRÉDATEUR SEXUEL RÉCIDIVISTE »« Paul Gadd a abusé de son accès à de jeunes fans pour se créer des occasions d'agresser et d'abuser ses victimes. De tels crimes ont des répercussions sur les victimes qui peuvent durer toute une vie », avait déclaré la procureure Baljit Ubhey.L'ancienne star du glamrock, qualifiée par la police de « prédateur sexuel récidiviste », avait abusé de deux jeunes filles de 12 et 13 ans en les attirant dans sa loge et en les isolant de leurs mères. La plus jeune des victimes était âgée de moins de 10 ans quand il a essayé de la violer en 1975. Glitter, qui signifie « paillettes » en anglais, avait été arrêté le 28 octobre 2012 à Londres, alors que les scandales de pédophilie impliquant des vieilles gloires du show-biz se multipliaient au Royaume-Uni.Il avait déjà été arrêté en 1997 et condamné à quatre mois de prison pour avoir téléchargé sur son ordinateur de la pédopornographie. Fuyant la presse, il s'était réfugié au Cambodge, d'où il avait été expulsé en 2002 pour des accusations de pédophilie. Il a ensuite été condamné en 2006 à trois ans de prison au Vietnam pour actes obscènes sur deux mineures. Après avoir purgé une peine de deux ans et neuf mois, il est rentré au Royaume-Uni en 2008.Le chanteur a vendu 20 millions de disques au cours de sa carrière, avec des tubes comme Rock and Roll, Part 1 & 2, I'm the Leader of the Gang (I am) et Hello, Hello, I'm Back Again. 27.02.2015 à 12h53 • Mis à jour le28.02.2015 à 10h13 | Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Les apparences sont parfois trompeuses. A première vue, la Grèce et l’Union européenne peuvent se réjouir du vote du Bundestag ce vendredi 27 février. Comme attendu, la prolongation de quatre mois du deuxième plan d’aide à Athènes a été approuvée par une écrasante majorité des députés allemands : 541 députés ont voté pour, 32 contre, 13 se sont abstenu et 45 n’ont pas pris part au vote. Avant la séance, 22 députés conservateurs (sur 311) avaient fait part de leur intention de voter contre. Mais on a rarement vu un vote aussi peu enthousiaste, après les tensions suscitées en Europe par les premiers pas du gouvernement d’Alexis Tsipras.Dès le début de sa courte intervention – moins de vingt minutes –, le ministre des finances, Wolfgang Schäuble (CDU), a reconnu que la décision de continuer à aider la Grèce n’était « pas facile à prendre ». Plutôt que d’expliquer l’accord avec Athènes, le ministre a insisté sur le fait qu’il ne s’agissait pas « de donner davantage d’argent à la Grèce » mais « plus de temps ». Il a ensuite rappelé le rôle de l’Allemagne dans la construction européenne. « Après la catastrophe [nazie], nous, Allemands, devrions tout faire pour que l’Union européenne reste unie. » Enfin, le ministre a appelé les Grecs à la responsabilité. « Nous aidons la Grèce de façon exceptionnelle, mais elle doit naturellement faire aussi sa part », a-t-il déclaré, rappelant que, dans plusieurs pays européens, les salaires, les prestations sociales et le niveau de vie sont inférieurs à ce qu’ils sont en Grèce. « Les Grecs doivent y penser quand ils invoquent la solidarité. (…) Une monnaie commune exige que chacun soit conscient de ses responsabilités. »Banques allemandes et françaises « pas sérieuses »Premier à intervenir à la suite du ministre, Gregor Gysi, président du groupe de la gauche radicale Die Linke, principal parti d’opposition a dénoncé « l’échec de l’Europe libérale », et s’est félicité de l’arrivée d’un gouvernement de gauche à Athènes. Après avoir appelé à un « plan Marshall » pour la Grèce, il a expliqué qu’il ne s’agissait pas « d’approuver un diktat néolibéral » exigeant des Grecs qu’ils épargnent toujours davantage. Il a néanmoins soutenu le texte de Wolfgang Schäuble afin de soutenir le nouveau gouvernement grec, Die Linke étant allié de la formation d’Alexis Tsipras, Syriza, au Parlement européen.Immédiatement après, Carsten Schneider, numéro deux du groupe social-démocrate, a mis Alexis Tsipras en garde : « Si le gouvernement grec devait financer ses promesses électorales grâce aux contribuables des autres pays, cela n’irait pas. »Anton Hofreiter, porte-parole des Verts, a à la fois critiqué les banques « allemandes et françaises » qui n’ont « pas été sérieuses » en prêtant par le passé de l’argent à la Grèce. Il a évoqué le rôle stratégique d’Athènes, expliquant que, pour cette raison aussi, il ne fallait pas que la Grèce sorte de l’euro. Un débat que son successeur Ralph Brinkhaus (CDU) a tout de suite éteint : « Nous ne sommes pas ici pour décider si la Grèce doit ou non rester dans l’euro. »Devant les députés conservateurs, Wolfgang Schäuble s’était dit, jeudi, « consterné » par les déclarations de Giannis Varoufakis, son homologue grec, qui a évoqué un effacement de la dette grecque. De même, les propos de celui-ci à Charlie Hebdo ont été très mal perçus à Berlin. « Si vous pensez que vous avez intérêt à abattre des gouvernements progressistes comme le nôtre, quelques jours seulement après notre élection, alors attendez-vous au pire ! », a-t-il menacé. Dans le même entretien, le ministre des finances grec ne semble désireux ni d’augmenter les impôts de l’Eglise orthodoxe ni ceux des armateurs : « Le problème est que l’immense richesse qu’elle [l’Eglise orthodoxe] possède ne lui procure pas un revenu très élevé qui puisse être taxé, a justifié le ministre. Enfin, les armateurs doivent en effet verser leur juste part. Mais la mise en œuvre d’une telle taxation est difficile : les armateurs sont très mobiles et il est probable que leurs revenus quitteraient le pays s’ils devaient être taxés. »Atmosphère teintée de populismeLe vote du Bundestag s’est déroulé dans une atmosphère teintée de populisme. Seuls 21 % des Allemands approuvent la prolongation de l’aide à Athènes et 71 % doutent qu’Athènes tiendra ses engagements. Jeudi, le quotidien Bild a publié un énorme « Non » à une nouvelle aide à la Grèce, invitant ses lecteurs à faire des selfies en affichant cette page. Cette initiative, dénoncée au Bundestag par plusieurs députés, rappelle les dérapages d’une partie des médias allemands en 2010 et ne laisse présager rien de bon pour les débats qui ne manqueront pas de se poser à l’issue des quatre mois de répit accordés à la Grèce, s’il se confirme qu’elle devait avoir besoin d’un troisième plan d’aide.D’ailleurs, vendredi, Angela Merkel, qui portait une veste d’un jaune éclatant, a semblé suivre les deux heures de débats d’une oreille distraite, contrairement à son habitude, quittant fréquemment son siège pour discuter avec tel ou tel, comme si le vote de ce vendredi n’était qu’une formalité et qu’elle se réservait pour d’autres échéances plus difficiles.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.02.2015 à 11h02 • Mis à jour le27.02.2015 à 11h37 Le ministre des finances de l'Allemagne,Wolfgang Schäuble, a appelé vendredi 27 février les députés du Bundestag à approuver une extension de l'aide financière à la Grèce décidée mardi par les Européens.Avant un vote attendu en fin de matinée, M. Schäuble a critiqué à plusieurs reprises l'attitude du gouvernement grec d'Alexis Tsipras. La décision de prolonger l'aide « n'est pas facile pour moi non plus, mais je demande à chaque député de ne pas la désapprouver, car nous causerions à notre peuple et à notre avenir de trop gros dégâts », a-t-il affirmé, très applaudi.Dans un discours au ton grave, le ministre allemand a invoqué la responsabilité de Berlin pour l'Europe, soulignant le rôle que celle-ci avait joué pour la paix et la prospérité de l'Allemagne après la seconde guerre mondiale. « Nous, Allemands, devons tout faire pour que l'Europe reste unie », a-t-il insisté. Mais « nous ne pouvons le faire seuls », a-t-il ajouté, soulignant la responsabilité des autres pays, notamment des Grecs, « à se tenir aux mesures qui sont nécessaires ».Lire aussi : L’aide à la Grèce suscite des réticences parmi les députés allemands« LA GRÈCE SEULE NE PEUT PAS DÉCIDER EN EUROPE DU MEILLEUR CHEMIN À SUIVRE »« Les discussions avant et après les élections grecques n'ont pas rendu cette décision [de prolonger l'aide au pays] plus facile. Les discussions des derniers jours et des dernières heures non plus, pour le dire avec beaucoup de retenue amicale », a ajouté M. Schäuble, en référence aux velléités du gouvernement grec de gauche radicale, élu en janvier, de remettre en question le cap de la rigueur budgétaire et des réformes de compétitivité, même s'il a finalement cédé aux pressions de ses créanciers (Commission européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne).Le ministre des finances a déclaré :« La base [de l'accord de prolongation de l'aide] que je soumets au Bundestag, c'est l'engagement du gouvernement grec à vouloir se conformer au programme sans aucune réserve, sans aucune limite. Il faudra en rester là. »L'accord présent « ne porte pas sur de nouveaux milliards pour la Grèce, il ne porte pas sur de quelconques changements au programme existant », a-t-il affirmé. Rendant hommage aux réformes menées au Portugal, en Irlande, en France ou en Italie, il a souligné l'isolement d'Athènes : « La Grèce seule ne peut pas décider en Europe du meilleur chemin à suivre. »lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2i04f9"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2i04f9", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Benoît Vitkine Nicolas Sarkozy s'est exprimé brièvement sur le conflit en Ukraine et ses conséquences sur les relations entre l'Europe et la Russie, samedi 7 février. Devant les dirigeants de l'UMP réunis à Paris, le président du parti d'opposition a soutenu : « La séparation entre l'Europe et la Russie est un drame. Que les Américains la souhaitent, c'est leur droit et c'est leur problème (...), mais nous ne voulons pas de la résurgence d'une guerre froide entre l'Europe et la Russie. »Ceci alors qu'au même moment à Munich, la diplomatie prenait précisément des accents de guerre froide sur la crise ukrainienne. Partant de ce constat, qui place l'entière responsabilité du divorce entre l'Occident et la Russie sur les Européens, M. Sarkozy a imaginé une « solution » reposant sur « trois principes ». « La Crimée choisit la Russie »« La Crimée choisit la Russie, on ne peut pas leur reprocher », a lancé le chef de l'UMP. Mais à vrai dire, le débat n'a jamais vraiment porté sur ce qu'il convient de « reprocher » aux Criméens ou aux Russes. Il porte plutôt sur la légalité de ce rattachement, que M. Sarkozy a semblé implicitement vouloir reconnaître. Or, si la plupart des dirigeants occidentaux estiment, en aparté, qu'il sera très difficile de revenir en arrière, le président de l'UMP est allé bien plus loin : il épouse la rhétorique des officiels russes, en prétendant qu'il s'agirait d'un choix démocratique en bonne et due forme.Le « choix » de la Crimée auquel Nicolas Sarkozy a fait référence est le référendum du 16 mars, non reconnu, organisé sans aucun contrôle international, à l'exception de la présence « d'observateurs » membres de quelques partis de l'extrême droite européenne. Ce référendum, qui aurait vu le « oui » à la Russie l'emporter à 96,6 %, s'est tenu après l'invasion de la péninsule par des hommes armés non identifiés. M. Poutine reconnaîtra lui-même deux mois plus tard qu'il s'agissait de militaires russes.L'argument de Nicolas Sarkozy ne manque pas de surprendre. Il était président de la République française lorsqu'au terme de la guerre entre la Géorgie et la Russie, en août 2008, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud ont proclamé leur indépendance. Si ce droit à l'autodétermination était si universel, pourquoi M.Sarkozy n'a-t-il pas alors, au nom de la France, reconnu les deux provinces géorgiennes ? Pour appuyer son argumentation, Nicolas Sarkozy a développé le précédent du Kosovo : « Si le Kosovo a eu le droit d'être indépendant de la Serbie, je ne vois pas comment on pourrait dire avec le même raisonnement que la Crimée n'a pas le droit de quitter l'Ukraine pour rejoindre la Russie. » Mais les deux cas n'ont rien à voir. Le Kosovo s'est séparé de la Serbie après une guerre qui a fait près de 10 000 morts, une opération de l'OTAN et le placement de cette ancienne province serbe sous protectorat des Nations unies, en 1999. Ce n'est qu'en février 2008, après neuf ans de préparation, que le Kosovo a proclamé son indépendance. Il n'y a eu, en Crimée, aucune persécution, aucune violence contre les russophones, les détenteurs d'un double-passeport ukrainien et russe. L'affaire a été menée en un mois.« Une force d'interposition pour protéger les russophones d'Ukraine »Voici la citation complète de M. Sarkozy : « L'Ukraine a 42 millions d'habitants [si l'on enlève la population de la Crimée, le chiffre est presque correct], il y a un tiers de russophones… Au moins une dizaine de millions de russophones, ce n'est pas anecdotique. Il faut certainement trouver les moyens d'une force d'interposition pour protéger les russophones d'Ukraine tant que la situation ne s'est pas calmée. »Cette déclaration pose problème. D'abord, le fait de quantifier la population « russophone » d'Ukraine est délicat. L'ancien président s'appuie peut-être sur le recensement de 2001, d'où il ressort que près de 30 % des Ukrainiens définissent le russe comme leur langue maternelle. Mais cela ne signifie en rien qu'ils le pratiquent au quotidien, alors que de la même façon, les personnes déclarant l'ukrainien comme langue maternelle peuvent très bien s'exprimer en russe.L'Ukraine est un pays totalement bilingue : Kiev, sa capitale, est très russophone, comme de nombreuses agglomérations du centre et même du centre-ouest. On y entend des débats à la télévision où les interlocuteurs s'expriment dans les deux langues sans que cela ne gêne personne ; les membres d'une même famille peuvent parler une langue différente…Par ailleurs, les régions très majoritairement russophones de l'Est et du Sud, comme Kharkiv, Dnipropetrovsk ou Odessa, ont très largement fait le choix de l'Ukraine dans le conflit actuel. La décision prise à Kiev en février 2014 mais jamais promulguée d'ôter au russe son statut de langue régionale a joué un rôle dans le déclenchement des troubles dans le Donbass, mais ce rôle est mineur.En évoquant la « protection » des russophones, M. Sarkozy reprend donc mot pour mot la rhétorique du Kremlin. Samedi 7 février, Sergueï Lavrov, ministre russe des affaires étrangères, a encore évoqué « l'éradication des Russes et des juifs » qui se déroulerait en Ukraine.L'Ukraine hors de l'OTAN et de l'UESelon Nicolas Sarkozy, « l'Ukraine doit garder sa position de pont entre l'Europe et la Russie, l'Ukraine n'a pas vocation à rentrer dans l'Union européenne et dans l'OTAN ». Le chef de l'UMP est ici en partie d'accord avec le président François Hollande, qui a affirmé à plusieurs reprises son opposition à une entrée de Kiev dans l'Alliance atlantique. Ces gages n'ont jamais paru satisfaire Vladimir Poutine.Il convient aussi de noter qu'au printemps 2008, lors du sommet de l'OTAN à Bucarest, Nicolas Sarkozy s'était engagé, aux côtés des autres chefs d'Etat et de gouvernement présents, à ce que l'Ukraine et la Géorgie fassent « un jour » leur entrée dans l'Alliance. Quant à l'Union européenne, elle est un horizon pour Kiev, mais un horizon lointain. Pour l'heure, l'Ukraine a seulement signé un accord d'association et de libre-échange avec Bruxelles. Mais ce choix stratégique et le refus de l'Union eurasienne expliquent en partie la fureur du Kremlin et son intransigeance dans les discussions.Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.02.2015 à 15h28 • Mis à jour le09.02.2015 à 16h26 | Cécile Chambraud  lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_youtube#IoYd7As6UgU"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "youtube", id: "IoYd7As6UgU", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Voir aussi la version longue de la vidéoLe pape François a rendu une visite surprise à des migrants, pour la plupart d’origine latino-américaine, hébergés dans un bidonville de Pietralata, un quartier au Nord-Est de Rome, dimanche 8 février. Selon Reuters, le pape s’y est arrêté alors qu’il se rendait à la paroisse voisine de San Michele Arcangelo, qui vient en aide à ces migrants.A son arrivée, il a rapidement été entouré par les habitants qui se trouvaient dans ce camp. Comme à son habitude, il a posé ses mains sur leur tête, serré les mains qui se tendaient et embrassé les bébés. « Il mange bien, hein ! », a-t-il lancé au père de l’un d’entre eux. Puis il a fait réciter le Notre père à la petite foule qui l’avait entouré, avant de la bénir.Lorsqu’il était évêque de Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio était connu pour se rendre fréquemment dans les villas miserias (bidonvilles) de la capitale argentine. Depuis son élection, il met l’accent sur la nécessité pour l’Eglise catholique d’être proche des plus pauvres et, pour ses pasteurs, d’avoir « l’odeur de leurs brebis ».Le pape défend la famille traditionnelle et les pauvres à Manille Cécile ChambraudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.02.2015 à 11h15 • Mis à jour le09.02.2015 à 13h05 Seize personnes ont été tuées dans des combats, notamment des bombardements, dans l'est de l'Ukraine ces dernières vingt-quatre heures, ont annoncé lundi les autorités de Kiev. Les affrontements ont été particulièrement intenses dans le secteur de Debaltseve, important nœud ferroviaire et routier au nord-est de la ville de Donetsk.« L'Ukraine a perdu neuf militaires, vingt-six autres ont été blessés », selon un porte-parole de l'armée. Les bombardements des forces séparatistes sur les villes d'Avdiivka et de Debaltseve ont fait également sept morts parmi les civils d'après un chef de la police.Lire le reportage : Village par village, les combattants prorusses progressent en UkraineKiev a affirmé que 1 500 soldats russes équipés de « 300 pièces d'équipement militaire, dont des lance-roquettes multiples Grad » avaient pénétré en Ukraine pendant le week-end. Environ 170 véhicules, parmi lesquels des camions, des camions-citernes et des voitures ont en outre traversé la frontière, selon la même source. EXPLOSION À DONETSKDans la ville de Donetsk, fief rebelle, de violents tirs d'artillerie ont repris vers 4 heures lundi matin à partir des positions rebelles et se poursuivaient en fin de matinée. Dimanche soir, une importante explosion a eu lieu dans l'enceinte d'une usine militaire fabriquant des explosifs industriels, des obus et des bombes aériennes à Donetsk. Le porte-parole militaire ukrainien a appuyé la thèse selon laquelle un dépôt de munitions rebelle avait été touché mais n'a pas confirmé qu'un tir d'artillerie de l'armée fût à l'origine de l'explosion.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2g0jri"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2g0jri", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Marie Charrel Et si la reprise – la vraie – était pour cette année ? Les « indicateurs avancés montrent de premiers signes d’inflexion positive de la croissance en zone euro », a ainsi indiqué, lundi 9 février, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).Ces frémissements de la croissance européenne seront l’un des sujets clés du G20 finances se tenant à Istanbul lundi 9 et mardi 10 février.Alors que l’Eurogroupe de mercredi se penchera sur le cas grec, au cœur des inquiétudes, un léger vent d’optimisme souffle depuis quelques jours sur l’Europe. Et particulier depuis que la Commission européenne a, le 5 février, revu à la hausse ses prévisions économiques.« Cette fois, il y a de bonnes raisons de croire à la reprise du Vieux Continent », juge ainsi Denis Ferrand, directeur général de l’institut d’études économiques Coe-Rexecode. « Après sept ans de crise, l’horizon s’éclaircit enfin », confirme Gabriel Stein, chez Oxford Economics.Certes, le diagnostic est prudent. Mais, de fait, Bruxelles table désormais sur une croissance de 1,7 % dans l’Union européenne (UE) et 1,3 % dans la zone euro pour 2015. En novembre 2014, elle misait respectivement sur 1,5 % et 1,1 % seulement. Mieux : selon ses économistes, il faudra même compter sur une hausse de 2,1 % et 1,9 % en 2016.Qu’est-ce qui a donc changé depuis trois mois ? « Une conjonction de facteurs favorables à la croissance s’est mise en place », explique Ludovic Subran, chef économiste de l’assureur-crédit Euler Hermes. A commencer par la chute des cours du pétrole, qui équivaut à une baisse d’impôts pour les consommateurs européens, et par celle de l’euro, qui a perdu 15 % face au dollar depuis l’été dernier. Un coup de pouce bienvenu pour nos entreprises, qui gagnent un peu de compétitivité à l’export. « Les deux effets cumulés apporteront 1 % de croissance à la zone euro entre 2015 et 2016 », calcule Christian Schulz, de la banque Berenberg.Autre facteur positif : l’assouplissement monétaire de la Banque centrale européenne (BCE). Le 22 janvier, celle-ci s’est lancée dans des rachats massifs de dette publique. « Grâce à cette mesure, les outils de financement à la disposition des entreprises seront moins onéreux, et pour longtemps », explique M. Ferrand.A quoi doit servir l’argent de la BCE ?S’ajoute à cela le desserrement des politiques d’austérité dans la plupart des pays périphériques de la zone euro, notamment en Espagne et en Irlande. De quoi redonner un peu d’oxygène à la demande intérieure de ces Etats. D’autant que l’Europe profitera aussi des effets du plan d’investissement de 315 milliards d’euros lancé par Jean-Claude Juncker, le président de la Commission.Autrement dit : tous les facteurs sont réunis pour que l’investissement redémarre en 2015, cette étincelle sans laquelle aucune reprise durable n’est possible. Si l’on en croit les dernières enquêtes de la BCE, celui-ci commence d’ailleurs à frémir, confirmant qu’il est enfin permis d’y croire…Rien de spectaculaireEt pourtant. Lorsqu’on prend un peu de recul, 1,3 % de croissance en zone euro n’a rien de spectaculaire. Surtout après sept ans de crise. Et plus encore au regard de la reprise enregistrée aux Etats-Unis, dont le PIB devrait croître de 3,5 % cette année. Est-ce à dire qu’en matière de croissance les Européens se contentent désormais de peu ? Peut-être bien.Car quelque chose a changé dans les attentes des agents économiques. Ces six dernières années, chaque mois de décembre, les dirigeants politiques constataient l’atonie (ou pire) de la croissance en promettant que la reprise, la vraie, serait pour l’année suivante. Mais, à chaque fois, la déception était au rendez-vous, la conjoncture continuant à se dégrader. « A force, tout le monde a fini par intégrer que la reprise européenne serait lente et fragile », explique M. Subran. Y compris les entreprises, qui ont établi des budgets 2015 bien plus conservateurs que ceux de 2014 ou 2013.Terminés les espoirs irréalistes, en somme : désormais, plus personne n’attend de miracle pour la croissance européenne. Au point que l’on avait presque oublié que les bonnes surprises, comme la baisse des cours de l’or noir, étaient encore possibles ! « Cela explique le regain d’optimisme de ces derniers jours : on n’osait plus y croire », commente M. Stein. « Je préfère cela : maintenant qu’ils ne comptent plus sur un rebond miraculeux, Etats et entreprises travaillent enfin à la construction d’une croissance solide », remarque un fonctionnaire européen.Combien de temps cela prendra-t-il ? Cinq ans, dix, peut-être plus. Car, si la zone euro est guérie, elle reste convalescente. Il lui faudra des années pour effacer les séquelles du chômage de masse (11,4 %), et pour alléger le poids des dettes. Deux handicaps qui pèseront longtemps encore sur l’activité, l’empêchant de retrouver d’ici là un rythme de croissance comparable à celui des Etats-Unis.Reste qu’à court terme, si la crise grecque trouve une issue rapide, et si les risques politiques ne viennent pas obscurcir l’horizon, la croissance de l’UE pourrait frôler la barre symbolique de 2 % cette année, ose avec une extrême prudence un économiste. On n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle…Le G20 met l’Europe sous pression Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sylvie Kauffmann (Munich, envoyée spéciale) Lorsque Angela Merkel, les traits tirés par la fatigue des négociations avec Vladimir Poutine et des voyages de ces derniers jours, a comparé le conflit ukrainien à l’érection du Mur de Berlin en 1961, les participants à la Conférence de Munich sur la sécurité ont compris, samedi 7 février, qu’un tournant avait été franchi dans cette crise qui n’a cessé de s’aggraver depuis un an. « J’avais sept ans, a poursuivi la chancelière, qui a grandi en Allemagne de l’Est. Personne ne savait alors combien de temps la guerre froide allait durer. Mais elle a fini par se terminer, et je ne serais pas là aujourd’hui devant vous si, tous, nous n’avions pas tenu bon pour l’unité de l’Allemagne. »En établissant le parallèle avec la guerre froide, Mme Merkel a donné le ton de cette conférence qui a déjà été témoin, par deux fois ces dernières années, de moments-clés dans l’évolution stratégique de l’Europe. En 2007, le président Vladimir Poutine s’y était livré à une diatribe contre la domination américaine d’un « monde unipolaire » et contre l’architecture de la sécurité mondiale. Pris de court à l’époque, les Occidentaux considèrent rétrospectivement ce discours comme fondateur, préfigurant les visées de Moscou sur son « étranger proche », la crise géorgienne et la crise ukrainienne.Moscou pose ses conditions avant le sommet de MinskDeux ans plus tard, comme il l’a rappelé samedi, le vice-président américain Joe Biden avait formulé à Munich, devant cette même conférence, le concept de « reset » (remise à zéro), grâce auquel les Etats-Unis espéraient relancer leur coopération avec la Russie. Aujourd’hui, M. Biden rejette toute la responsabilité de l’échec de cette tentative sur M. Poutine et propose de remplacer « reset » par « reassert », la réaffirmation des « principes fondamentaux sur lesquels reposent la liberté et la stabilité de l’Europe : inviolabilité des frontières, pas de sphères d’influence, droit souverain à choisir ses propres alliances ».« C’est Gromyko »Si l’expression « retour de la guerre froide » a été utilisée avec parfois trop de facilité depuis un an, elle a trouvé tout son sens ce week-end à Munich. La performance de Sergueï Lavrov, le ministre russe des affaires étrangères, qui, le visage fermé, intervenait après Mme Merkel, a laissé pantois ceux qui l’écoutaient, tant sa rhétorique paraissait revenir trente ans en arrière. « C’est Gromyko », a murmuré, consterné, un politologue polonais, en référence au chef de la diplomatie soviétique entre 1957 et 1985. Un député Vert allemand du Parlement européen n’a pu s’empêcher d’éclater bruyamment de rire devant les contre-vérités assénées par M. Lavrov, qui l’a foudroyé du regard. Même le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier, il n’y a pas si longtemps plutôt bien disposé à l’égard de Moscou, a déploré les propos de M. Lavrov qui « n’ont guère contribué à faire avancer » le débat. Une réelle tension s’est alors installée dans la salle, que n’a pas dissipée M. Biden en donnant des accents dramatiques à son intervention. Mais derrière la tonalité théâtrale, ce sont bien deux visions de l’ordre international qui se sont opposées à Munich. Le chaos bien plus meurtrier du Moyen-Orient était aussi à l’ordre du jour, mais nous sommes au cœur de l’Europe et, avec la mission Merkel-Hollande en toile de fond, c’est le sens profond du défi russe qui a retenu les esprits. Les uns après les autres, les orateurs, européens et américains, ont tenu à rappeler les valeurs et les principes constitutifs de ce fameux ordre international issu de l’après-guerre froide, aujourd’hui contesté par ce que le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a décrit comme « un pays avec d’énormes capacités militaires et un leader unique, qui n’agit pas selon la démocratie ».M. Poutine n’était pas là, mais à sa manière, il a aussi participé au débat, en confirmant, depuis Sotchi, que l’affrontement actuel se pose bien en termes de deux conceptions de l’ordre international : « La Russie, a-t-il dit devant la Fédération des syndicats indépendants, ne tolérera pas un système mondial post-guerre froide dominé par un seul leader. Ce type d’ordre mondial n’a jamais été acceptable pour la Russie. Peut-être y en a-t-il qui aiment ça, à qui cela plaît de vivre sous une quasi-occupation, mais nous, nous ne l’accepterons pas. » C’est, finalement, ce qu’il disait déjà en 2007 à Munich. Il a fallu huit ans aux Occidentaux pour le comprendre.Sylvie Kauffmann (Munich, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Marie Charrel Le premier ministre grec, Alexis Tsipras a annoncé, dimanche 8 février devant le Parlement, que la Grèce n’accepterait pas de prolonger du programme d’aide financière dont elle bénéficie de la part de la « troïka » (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne). « Le plan de sauvetage a échoué, a-t-il déclaré, le nouveau gouvernement n’est pas fondé à demander sa prolongation parce qu’on ne peut pas demander la prolongation d’une erreur. »À la place, M. Tsipras souhaite conclure un nouvel accord avec ses créanciers, qui prendrait notamment la forme d’un programme relais, valable jusqu’en juin. Selon lui, la conclusion d’un tel accord, qualifié de « New Deal », pourrait intervenir dans les quinze jours.Lundi, deux émissaires de la zone euro étaient à Athènes pour rencontrer des responsables du gouvernement : Declan Costello, représentant de la Commission européenne au sein de la troïka et Thomas Wieser, président de l'« Euro Working Group », l'instance qui prépare les Eurogroupes, réunions des ministres des finances de la zone euro.La Grèce peut-elle vraiment se passer du plan d’aide ?Cela paraît délicat. Athènes ne pourra pas tenir à la fois les échéances financières de cette année (le pays doit rendre 9 milliards au FMI, dont 2,3 milliards en février-mars, puis 6,7 milliards à la BCE) et financer ses généreuses promesses de campagne, estimées de 12 à 13,5 milliards d’euros.Sans plan d’aide, et sans accord lui permettant d’alléger la charge de la dette, l’Etat n’aura pas assez de ressources. D’autant que pendant la campagne électorale, nombre de Grecs ont arrêté de payer leurs impôts, espérant obtenir une amnistie lors de l’arrivée de Syriza au pouvoir. Résultat : les caisses de l’Etat sont vides, ou presque. Selon le quotidien Kathimerini, il y reste moins de 2 milliards d’euros.Jusqu’ici, M. Tsipras espérait qu’après le 28 février, date de la fin du plan d’aide, le pays pourrait continuer à se financer en émettant de la dette à court terme, achetée par les banques grecques, et placée ensuite par celle-ci en garantie (collatéral) à la BCE en échange de prêts. Mais le pays a déjà atteint le plafond autorisé en matière d’émission de dette à court terme, fixé à 15 milliards par la troïka.Surtout, en décidant, le 4 février, de ne plus accepter les bons du trésor grec en collatéral, la BCE a douché cet espoir-là, condamnant Athènes et ses partenaires à trouver un accord au plus vite.Liquidités : l’arme très politique de la BCEL’idée d’un financement relais est-elle envisageable ?Le gouvernement Tsipras propose, pour se passer de la troïka de ses créanciers, de contracter un « financement relais » auprès d’eux. Au cours de la semaine passée, les dirigeants grecs ont détaillé ce qu’ils considèrent comme une étape de transition afin de garantir les finances publiques pendant les prochains mois, le temps de négocier un accord sur la dette.Plutôt que de récupérer la nouvelle tranche d’aide de 7,2 milliards d’euros que la troïka devait verser fin février, Athènes souhaite pouvoir émettre des obligations à court terme, au-delà du plafond de 15 milliards.Le gouvernement grec souhaite également le versement de 1,9 milliard d’euros correspondant aux profits réalisés par la BCE sur les 27 milliards d’euros d’obligations grecques qu’elle détient depuis 2010. Une somme qu’elle s’est engagée à reverser au trésor grec, et déjà comprise dans les 7 milliards d’aide de la « troïka ».Mais obtenir un tel prêt-relais semble délicat, et a peu de chance d’être accepté en Europe. La BCE est réticente à l’idée que le gouvernement Tsipras émette de la dette à court terme au-delà de 15 milliards d’euros, jugeant que cela s’apparenterait à un financement monétaire du trésor grec, ce que les traités interdisent. « De toute façon, maintenant que la BCE refuse de prendre les titres grecs en collatéraux, plus grand monde n’a envie d’en acheter, y compris les banques grecques », tranche un économiste.De leur côté, les pays européens sont, pour l’instant, catégoriques : ce type d’arrangement financier n’existe pas. Il faudrait en passer par un « memorandum of understanding » (MOU), un contrat, ayant valeur de traité, qui engage le prêteur à rendre des comptes à ses bailleurs de fonds. « Nous n’avons pas cela dans notre boîte à outils » a asséné une source haut placée à Bruxelles, en fin de semaine dernière.La Grèce doit donc, selon les pays de l’Eurozone, supporter encore la troïka, quitte à ce que celle-ci change de nom et de méthodes. L’idée que des « politiques » soient désormais l’interlocuteur privilégié des Grecs a un temps circulé. Tout comme celle de mettre en avant le Mécanisme européen de stabilité (MES), qui détient 44 % de la dette grecque. Un rôle que ses dirigeants se disent prêts à jouer.Dimanche 8 février, Martin Schulz, le président du Parlement européen, a proposé que la troïka fonctionne avec uniquement l’Union européenne et le FMI en interlocuteur du gouvernement grec. La BCE resterait en retrait. Ce qui est déjà en grande partie le cas.« Le contrôle de la mise en œuvre effective des réformes promises pourrait aussi se faire sous une autre forme, a avancé M. Schulz dans les colonnes de l’hebdomadaire allemand Tagesspiegel am Sonntag. Le gouvernement du pays pourrait faire cela lui-même et rendre compte des résultats aux partenaires de l’UE et au Fonds monétaire international. »Où en sont les négociations sur la dette ?Elles avancent doucement. Les Grecs ont changé de ton. Lundi 3 février, le ministre des finances, Yanis Varoufakis, a présenté une nouvelle offre à la troïka. Il ne propose plus d’effacer une partie de l’énorme dette publique grecque (175 % du PIB), mais de l’échanger contre des obligations d’un nouveau genre, qui permettraient d’en alléger le fardeau.L’idée serait de remplacer les prêts accordés par les partenaires européens par des obligations indexées sur la croissance, et les obligations détenues par la BCE par des obligations « perpétuelles ».Grèce : « une dette perpétuelle laisserait du temps pour conduire les réformes »Ces « créativités financières » (notamment les obligations perpétuelles) n’ont, à ce stade, pas été examinées par les Européens et ne devraient pas être à l'ordre du jour dans les semaines à venir. Elles ont toutefois été vues comme un signal « positif » : un début de commencement d'envie de négocier. « En l’état, cela semble difficilement acceptable, mais c’est une base de travail », souffle une source européenne.Nombre d’économistes estiment que les négociations finiront par aboutir à un allongement sous une forme ou une autre de la dette grecque, aujourd’hui détenue pour plus de 70 % par les créanciers publics internationaux et les Etats de la zone euro. Mais les modalités dépendront des discussions sur la trajectoire budgétaire du pays.Ce n’est qu’une fois que les Européens et M. Tsipras se seront mis d’accord sur les mesures qu’Athènes pourra financer ou non sur son budget, qu’il sera possible d’évaluer à quel point il faudra alléger le fardeau de la dette.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.02.2015 à 09h04 • Mis à jour le09.02.2015 à 09h15 | Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) C’est une statistique qui va ravir les Allemands. Un peu moins leurs partenaires. Pour la première fois, l’excédent du commerce extérieur allemand a dépassé, en 2014, les 200 milliards d’euros : il a atteint 217 milliards, soit une hausse de plus de 11 % par rapport à 2013, a annoncé, lundi 9 février, l’office fédéral de la statistique, Destatis.Avec un excédent de 195 milliards d’euros, l’année 2013 avait déjà constitué un excellent millésime. Seule l’année 2007 avait connu un excédent légèrement plus élevé : 195,3 milliards d’euros.Alors que l’Allemagne est régulièrement critiquée pour ses excédents – ils sont jugés « excessifs », par exemple, par la Commission européenne –, le gouvernement d’Angela Merkel ne va pas pouvoir expliquer l’excédent de 2014 par la seule baisse du prix du pétrole.Ce solde (très) positif s’explique en effet surtout par la progression de 3,7 % des exportations, à 1 133,6 milliards d’euros, alors que, dans le même temps, les importations ont progressé de 2 %, à 916,5 milliards d’euros.Excédent de 2,8 milliards d’euros avec la zone euroSi l’Allemagne aime mettre en avant ses relations commerciales avec la Chine, Berlin réalise toutefois toujours plus de la moitié de son commerce extérieur avec les pays de l’Union européenne.Et, malgré la crise économique, les exportations allemandes à destination du reste de l’UE ont progressé de 5,4 %, et même de 10,2 % à destination des pays européens qui ne sont pas membres de la zone euro. En revanche, les exportations à destination des pays tiers n’ont progressé que de 1,5 %.Les importations en provenance de l’Union européenne ont-elles aussi progressé, de 3,6 %, alors que celles en provenances des pays tiers ont reculé de 0,9 %, sans doute en raison de la baisse du prix du pétrole.Avec la seule zone euro, il est à noter qu’au bout du compte, l’Allemagne n’affiche qu’un très léger excédent : 2,8 milliards d’euros.La vigueur du commerce extérieur allemand explique en partie pourquoi Angela Merkel – et Sigmar Gabriel, ministre de l’économie et président du parti social-démocrate – sont si favorables au traité de libre-échange avec les États-Unis. Selon toutes les études, l’Allemagne devrait être l’un des principaux bénéficiaires en Europe.Traité transatlantique : Européens et Américains veulent « intensifier » les négociationsLes Européens ne vont pas manquer de critiquer la faiblesse de la consommation allemande que ces chiffres reflètent également. Selon la Banque mondiale, en 2013, les exportations représentaient 51 % du PIB allemand, un chiffre étonnamment élevé pour un grand pays.Les Allemands, eux, sont ravis. « Le nationalisme lié au deutsche mark semble être devenu un nationalisme lié à l’export », notait récemment dans die Zeit, Hans Kundnani, directeur de recherches au Conseil européen des relations internationales (CEFR).L’Allemagne optimiste sur sa croissanceFrédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.02.2015 à 21h56 • Mis à jour le05.02.2015 à 13h22 | Mathilde Damgé Mathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.02.2015 à 16h26 • Mis à jour le09.02.2015 à 07h50 Tenir « toutes ses promesses » tout en honorant la dette de la Grèce vis-à-vis de ses créanciers. C'est le difficile engagement pris dimanche 8 février par le premier ministre, Alexis Tsipras, devant le nouveau Parlement grec. Pendant son discours de politique générale, le leader de Syriza a répété que son pays « ne veut pas d'extension du programme d'aide » internationale de 240 milliards d'euros financé par la troïka (Commission européenne, Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne). « La Grèce veut servir sa dette », en « invitant les partenaires » du pays à « venir à la table des négociations pour discuter du moyen de la rendre viable », a détaillé le premier ministre. Il se donne une quinzaine de jours pour la création de ce « programme relais », qui serait valable jusqu'au mois de juin.A ses yeux, ce « new deal », qui respecterait les règles communautaires, est la seule solution pour que la Grèce ne plonge pas dans une nouvelle récession, alors que sa dette représente toujours près de 175 % du PIB. L'objectif de son gouvernement, a-t-il poursuivi, est de parvenir à un équilibre budgétaire, argument que la Grèce fera valoir lors des négociations. Sous les applaudissements des nouveaux élus, il a conclu en lançant :« La Grèce fait des propositions, elle ne reçoit plus d'ordres, et donnés par e-mail en plus ».Lire le décryptage : Grèce : trois questions sur la renégociation de la dette« L'EURO EST FRAGILE, COMME UN CHÂTEAU DE CARTES » Depuis la victoire dans les urnes il y a deux semaines, le nouveau gouvernement a déjà annoncé des mesures pour faire face « à la crise humanitaire » que traverse le pays après six ans de récession et d'une politique d'austérité drastique en échange de prêts internationaux. Parmi les mesures sociales d'urgence présentées dimanche soir, le « rétablissement graduel du salaire minimum de 580 à 750 euros » par mois d'ici à 2016, une « guerre sans merci contre la corruption » ou la « réinstallation » de la télévision publique ERT, réouverte récemment mais dont plusieurs centaines d'anciens salariés sont encore au chômage. Ont également été évoqués un gel de la baisse des retraites et une réforme du code du travail contre les licenciements massifs.D'autres mesures plus symboliques ont été annoncées, comme une réduction du train de vie des ministres et des parlementaires ou la distribution gratuite de nourriture et d'électricité pour les foyers deshérités. Jeudi, des milliers de manifestants s'étaient rassemblés à Athènes pour afficher leur soutien au gouvernement, alors que celui-ci entame de difficiles négociations avec ses partenaires européens.Lire aussi : Tsipras : la Grèce a « l'obligation morale et historique » de réclamer « des indemnités de guerre » à l'AllemagneLe ministre des finances, Yanis Varoufakis, sera en première ligne pour présenter et vendre la politique du nouveau gouvernement lors d'une réunion à Bruxelles mercredi, à la veille du sommet des vingt-huit pays de l'Union européenne. Dans une interview accordée à la télévision italienne Rai, dimanche, M. Varoufakis a expliqué que le problème de la dette grecque devait être replacé dans le cadre du rejet des politiques d'austérité dans l'ensemble de la zone euro et a mis en garde ceux qui voient la sortie de la Grèce comme solution aux problèmes actuels.« L'euro est fragile, comme un château de cartes. Si vous retirez la carte grecque, les autres s'effondrent. »Si la plupart des partenaires européens, dont Berlin, ont fraîchement accueilli les propositions grecques présentées par Alexis Tsipras et Yanis Varoufakis pendant leur tournée cette semaine à Rome, Paris, Bruxelles, Francfort et Berlin, parvenir à un compromis à Bruxelles ne semble toutefois pas exclu. Thomas Wieser, un haut responsable de l'Eurogroupe, arrive à Athènes lundi, pour un première prise de température. Lire le décryptage : La Grèce, loin d'être le pays le plus endetté au monde Claire Guélaud Pour la deuxième fois depuis les débuts de la présidence turque, en décembre 2014, les « sherpas » des différents pays avancés et émergents membres du groupe des 20 (qui représente plus de 85 % de l’économie mondiale), se retrouvent, dimanche 8 février, à Istanbul pour plancher sur les stratégies de croissance, sur la régulation financière et sur la fiscalité.Officiellement, la Grèce ne figure pas à l’ordre du jour de cette réunion préparatoire au G20 finances, qui réunira, lundi 9 et mardi 10, ministres des finances et banquiers centraux des principales économies de la planète. Mais à la veille de l’Eurogroupe extraordinaire de mercredi, nul doute qu’elle sera dans toutes les têtes.Il devrait être beaucoup question, dimanche, de l’état de santé de la zone euro qui fait toujours figure d’« homme malade » de l’économie mondiale, malgré la révision à la hausse des prévisions de croissance de la Commission européenne.Trouver une solution au problème grecLes pays anglo-saxons (Etats-Unis, Canada, voire Royaume-Uni) et les émergents semblent résolus à exercer des pressions « de plus en plus fortes » sur les Européens pour qu’ils en fassent moins sur le terrain de la rigueur et de la consolidation budgétaire et qu’ils permettent ainsi une véritable reprise dans la première région économique du monde, observe un participant.Les questions des stratégies de croissance et d’un éventuel changement des politiques économiques et de réglage conjoncturel (policy-mix) dans un sens moins restrictif, réclamé par Syriza, la gauche radicale grecque, et par le nouveau premier ministre hellène, Alexis Tsipras, devraient être largement évoquées.Les pays anglo-saxons et les émergents, inquiets du caractère trop « faible » et trop « inégal » de la croissance mondiale, poussent en ce sens.Zone euro : désinflation ? Déflation ? En tout cas, baisse des prixLe Canada devrait aussi redire haut et fort qu’il est favorable à l’annulation de la dette grecque, une solution exclue par le Fonds monétaire international (FMI), la Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE).A l’évidence, les non Européens, traumatisés en 2010 par la crise des dettes souveraines et par la menace d’un éclatement de la zone euro, attendent tous de cette dernière qu’elle trouve une solution – le plus rapidement possible – au problème grec.L’Europe accroît la pression sur AthènesIls ne devraient pas manquer de rappeler aux Européens que c’est déjà avec la dette grecque qu’avait débuté, il y a quatre ans, la crise des dettes souveraines dans la zone euro.Inquiétudes sur la remontée des taux américainsLe débat macroéconomique devrait aussi porter sur le contre-choc pétrolier, dont les effets sont très différents selon que les pays sont exportateurs ou importateurs d’or noir, et sur la réapparition des crises de change dans les pays émergents.Ce dernier sujet est jugé particulièrement sensible en Turquie : le dévissage de la livre, au printemps 2013, lors de l’annonce par Ben Bernanke, alors président de la Réserve fédérale américaine (Fed, banque centrale), d’une normalisation progressive de sa politique monétaire, y a laissé de vifs souvenirs.Le pays hôte du G20 en 2015 est également préoccupé par la résurgence des turbulences financières dans de nombreuses économies émergentes en raison des anticipations de remontée des taux d’intérêt américains.Le gouvernement turc, dont les priorités pour le G20 (croissance inclusive, suivi des mesures pro-croissance adoptées lors du G20 en Australie en novembre 2014, investissement) sont encore « un peu floues », plaide pour la mise en place d’un groupe de travail sur le système monétaire international.Lutte contre le financement du terrorismeIl souhaite par ailleurs que le G20 se préoccupe davantage du sort des pays les moins avancés. Un bilan d’étape devrait être fait au sujet des 1 000 engagements pris par les chefs d’Etat et du gouvernement à Brisbane (Australie) pour relever de 2 000 milliards de dollars supplémentaires la croissance mondiale.Les travaux déjà bien engagés en matière de régulation financière, de lutte contre l’évasion fiscale et en faveur de l’échange automatique de renseignements fiscaux seront poursuivis. Le gouvernement français continue demander une régulation du « shadow banking ».Terrorisme : la France veut renforcer les dispositions « antiblanchiment »Avec le Brésil, la France souhaite ajouter un volet financier à la lutte contre le réchauffement climatique, dans la perspective de la COP21 (Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) de décembre 2015 à Paris. Elle devrait aussi demander à ses partenaires du G7 - lesquels débattront sûrement de la question Ukrainienne après la rencontre à Moscou entre Angela Merkel, François Hollande et Vladimir Poutine - ainsi que du G20 de s’engager dans la lutte contre le terrorisme et contre son financement.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.02.2015 à 01h51 • Mis à jour le09.02.2015 à 14h51 Les conservateurs slovaques ont échoué à renforcer l'interdiction constitutionnelle du mariage homosexuel, lors du référendum d'initiative populaire organisé samedi 7 février. Le scrutin a été déclaré invalide en raison d'un taux de participation trop faible, selon des résultats portant sur 94 % des circonscriptions, communiqués par l'office national des statistiques (SUSR).Un peu plus de 21 % des 4,4 millions d'électeurs se sont rendus aux urnes, alors que la barre requise était de 50 %.Ni les mariages ni les unions civiles entre personnes de même sexe ne sont autorisés par la loi slovaque, pas plus que l'adoption. Mais les conservateurs d'Aliancia Pre Rodinu (l'Alliance pour la famille), à l'origine de ce référendum d'initiative populaire, voulaient cimenter ces interdictions par une consultation populaire et compliquer toute évolution législative.LE « OUI » L'EMPORTE CHEZ LES VOTANTSCeux qui ont choisi de voter se sont toutefois massivement prononcés contre le mariage entre personnes de même sexe. « Les questions ont été clairement posées et 90 % des gens ont répondu oui. Oui à la famille, oui au mariage de l'homme et de la femme, c'est extraordinaire », s'est réjoui à la télévision Anton Chromik de l'Alliance pour la famille, mouvement à l'origine de la consultation.Les partisans des mariages gay et lesbien avaient, quant à eux, invité les Slovaques à boycotter ce référendum, qu'ils jugeaient a priori inutile au vu des textes déjà en vigueur.La consultation a pourtant révélé l'importance de la haine à l'égard des homosexuels dans ce pays de l'UE de 5,4 millions d'habitants, dont plus de 80 % se disent chrétiens et 70 % catholiques. « Je ressens une tristesse et une désillusion après ce que ce référendum a apporté à notre pays », a déclaré à la presse le président slovaque Andrej Kiska, après avoir voté dans la soirée.Lire aussi (édition abonnés) : La Manif pour tous s’exporte à Bratislava Joëlle Stolz (Vienne, correspondante) Séisme politique, ou tempête dans un plat de goulasch ? L'éruption de colère de l'homme d'affaires Lajos Simicska, qui vient de rompre de façon fracassante avec son vieil ami Viktor Orban, en reprochant au premier ministre conservateur, sur fond de querelle fiscale, ses tendances autoritaires et trop favorables à la Russie, a sidéré les milieux politiques et médiatiques à Budapest - dix jours avant la visite de Vladimir Poutine. Vendredi 6 février, M. Simicska, 55 ans, propriétaire, entre autres, d'un groupe de presse qui était l'un des piliers du gouvernement, a appris la démission, pour « raisons de conscience », de ses six plus proches collaborateurs, soit tout l'état-major de son empire : le quotidien Magyar Nemzet et son édition sur Internet, la chaîne de télévision Hir TV ainsi que Lanchid Radio. La veille, leur patron avait menacé de déclencher une « guerre ouverte » contre M. Orban si celui-ci ne revenait pas sur son projet de taxer à hauteur de 5% les revenus publicitaires de l'ensemble des médias hongrois. Les démissionnaires ont choisi l'autre camp.ÉMINENCE GRISE DU PARTILe discret M. Simicska, qui avait longtemps joué le rôle d'éminence grise du Fidesz, le parti conservateur au pouvoir depuis 2010, a alors donné, en quatre heures, davantage d'interviews que durant les quatre années précédentes, avec une préférence marquée pour les organes de presse liés à l'opposition de gauche. A l'hebdomadaire Magyar Narancs (Orange hongroise) – l'un de ceux qui ont perdu, dès 2010, tous leurs contrats publicitaires avec des organismes publics -, il a ainsi confié : « Mon alliance avec Orban reposait sur le fait que nous voulions abattre la dictature et le système postcommuniste. Mais dans cette alliance, il n'a jamais été question de construire, à la place, une nouvelle dictature ! ». Aîné de cinq ans du premier ministre, M. Simicska l'a épaulé dans son parcours politique depuis l'époque où le jeune Orban avait demandé, en juin 1989, le départ des troupes soviétiques.Lorsque le journaliste, Daniel Renyi, remarque que les excès anti-démocratiques du Fidesz ne paraissaient guère le gêner, tant qu'il a fait de bonnes affaires avec le gouvernement (l'opposition estime que Közgep, l'entreprise de BTP de M. Simicska, a reçu, depuis 2010, 40% des projets financés en Hongrie par l'Union européenne), l'oligarque répond : « Cela peut vous faire sourire, mais pour moi le monde ne se réduit pas au business, j'ai aussi des valeurs. (…) Je voyais Orban comme un homme d'état qui peut servir son pays, mais il ne l'est pas ». L'ex-fidèle du premier ministre a couvert celui-ci d'insultes, déclarant aux médias qu'il n'était qu'une « bite ». Puis il a quitté la Hongrie pour huit jours, après avoir promis cette fois la « guerre totale ». Samedi, il n'y avait pas d'indice clair d'une telle offensive dans les médias qu'il contrôle, tandis que le reste de la Hongrie s'interrogeait sur ce qui s'est réellement passé entre M. Orban et M. Simicska, ancien trésorier du Fidesz dont il connaît tous les secrets. « En descendant Simicska, Orban a prouvé qu'il pouvait descendre n'importe qui, analyse Daniel Renyi, interrogé au téléphone par Le Monde. C'est un message très fort : voilà ce qui va vous arriver si vous n'êtes pas loyal ».GUÉRILLAVendredi, l'oligarque a évoqué le risque d'être éliminé physiquement en représailles mais s'est bien gardé, malgré sa fureur, de faire des révélations sur les dessous économiques du pouvoir. Cet habile financier a souvent sauvé le Fidesz, notamment en lui permettant de réaliser une juteuse opération immobilière à une époque où le parti de M. Orban était aux abois. Il a ensuite constitué son groupe médiatique pour appuyer la stratégie de reconquête du leader conservateur, après que celui-ci eut perdu les élections après son premier mandat, en 2002. Dès le retour du Fidesz, en 2010, il en a été récompensé, élargissant son périmètre dans le BTP mais aussi dans le secteur agricole, à la faveur des attributions de terres détenues par l'état. L'étoile de Lajos Simicska a pâli après les législatives d'avril 2014. Ayant conquis une nouvelle fois les deux tiers au Parlement – grâce à un scrutin que l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, l'OSCE, a qualifié de « libre, mais non équitable » -, Viktor Orban a favorisé l'ascension une nouvelle génération, dont son chef de cabinet, Janos Lazar, et le ministre des affaires étrangères, Peter Szijjarto, sont emblématiques. On a donc assisté pendant des mois à une guérilla entre la « vieille garde », incarnée par M. Simicska, et ceux qui pensaient, avec M. Orban, qu'il était temps d'affaiblir son influence. L'oligarque aurait été tenu à l'écart des discussions touchant aux contrats gaziers que Budapest veut conclure avec Moscou. En rétorsion, il a envisagé quelque temps d'être candidat indépendant  à une importante élection locale, en février, afin d'enlever au Fidesz sa majorité des deux tiers.TAXE SUR LES MÉDIASLa rupture a été précipitée, début 2015, par deux décisions qui l'atteignent financièrement. Budapest a dû reconsidérer la taxe confiscatoire (50% des revenus publicitaires) qui ciblait la chaîne hongroise RTL, filiale du groupe allemand Bertelsmann. Sous la pression de la Commission européenne et de Berlin, le gouvernement hongrois envisage de la ramener à 5%, mais pour tous les médias. Cette concession vise à apaiser RTL, qui a beaucoup durci le ton de ses journaux télévisés contre le pouvoir.Auparavant, M. Orban avait annoncé sans ambages aux médias pro-gouvernementaux qu'il leur faudrait à l'avenir compter sur leurs propres ressources, au lieu d'engranger les contrats octroyés par le pouvoir. Dans le cadre d'une vaste restructuration des médias publics, dont l'audience est très faible parmi les jeunes, le premier ministre prépare une nouvelle chaîne de télévision, TV Petöfi, dont les émissions débuteront le 15 mars. Le contenu de ce projet, piloté par le conseiller médias de M. Orban, Arpad Habony, n'a pas encore été dévoilé. Mais ce sera sans doute un autre coup porté à la « vieille garde ».Joëlle Stolz (Vienne, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Dan Mulllaney, le négociateur en chef américain pour le traité transatlantique (TTIP) et son homologue côté européen, Ignacio Garcia Bercero, se sont engagés, vendredi 6 février à Bruxelles, à l’issue du 8e round de discussions, à « intensifier les discussions ». Un 9e round est programmé, en avril, à Washington. Et une 10e séance de négociations devrait se tenir avant la pause estivale.La semaine de discussions entre experts, qui vient de s’achever, a donc semblé jouer son rôle : elle a été l’occasion, pour Européens et Américains, engagés dans la négociation du TTIP depuis l’été 2013, de prouver qu’ils avaient encore la volonté de le conclure.En 2014, les discussions s’étaient en effet considérablement enlisées. À cause, notamment, de la fronde des opinions publiques, surtout en Europe.Ce futur accord commercial vise moins à obtenir des baisses de tarifs douaniers qu’une harmonisation des réglementations (sociales, environnementales, etc.) des deux côtés de l’Atlantique, pour parvenir, à terme, à un marché unique transatlantique des biens et des services.L’ambition est donc totalement hors norme. Et beaucoup, dans les partis de la gauche européenne, les ONG, etc., s’inquiètent que les règles de protection des citoyens en pâtissent. Le même type d’inquiétudes a aussi émergé aux États-Unis.Créer un « super-régulateur »Qu’a t-il été décidé durant ce 8e round ? Rien de très concret. Mais tous les sujets du TTIP ont été abordés. Les tarifs douaniers, les marchés des services, et aussi la possibilité d’ouvrir davantage, notamment aux États-Unis, les marchés publics, un des principaux enjeux du TTIP pour les Européens.Ces derniers ont par ailleurs proposé l’idée d’un « super-régulateur », qui coordonnerait le travail des régulateurs américains et européens, pour travailler à un rapprochement des futures normes, une fois le traité signé. Y siégeraient des représentants des régulateurs des deux côtés de l’Atlantique. Mais pas de représentants de la société civile, a précisé M. Garcia Bercero.Lors du dernier conseil européen, à Bruxelles en décembre 2014, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne avaient déclaré qu’ils espéraient une conclusion, au moins politique, du TTIP avant fin 2015.Critiquée sur le manque de transparence des discussions, la Commission européenne, qui négocie au nom des 28 pays de l’Union, a déjà, à plusieurs reprises, essayé de corriger le tir, et de faire de la pédagogie. En rendant public le mandat de négociations, en échangeant de plus en plus de documents avec le Parlement européen.Pour prouver leur bonne volonté, Américains et Européens ont promis, vendredi, que les conclusions des négociations du 8e round seraient mises en ligne la semaine prochaine.» Lire également les différentes tribunes publiées sur le TTIP et ses enjeux : Traité transatlantique : une harmonie encore à trouverCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le « patron » de l’Eurogroupe, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, a annoncé, vendredi 6 février, la tenue d’une réunion extraordinaire des ministres des finances de la zone euro, consacrée à la Grèce.Plus précisément, une bonne partie de la discussion devrait porter sur la prolongation du plan d’aide financier dont bénéficie Athènes, afin de se donner le temps de négocier les termes d’un nouveau « contrat grec ».Mais, à ce stade, les Européens d’un côté et les Grecs de l’autre ne mettent pas les mêmes conditions à ce possible prolongement du programme d’aide. C’est sur le maintien ou non d’une supervision par la troïka des bailleurs de fonds du pays (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne) que se cristallisent notamment les oppositions. Revue des enjeux.Grèce : ce que prônent les EuropéensQuel est l’objectif de cette réunion de l’Eurogroupe ?Elle a pour objectif de tenter d’arracher un accord avec les Grecs sur une prolongation, dite « technique », du deuxième plan d’aide (130 milliards d’euros, déclenché en 2012) dont bénéficie le pays.Il y a urgence à statuer sur ce sujet. Le programme de soutien financier arrive à échéance le 28 février. Mais le pays doit encore recevoir une dernière tranche d’environ 3,6 milliards d’euros.Or, pour que les Grecs bénéficient de ce dernier apport, ils doivent, au préalable, s’être mis d’accord avec leurs créanciers de la troïka. Cela signifie qu’Athènes accepte de mettre en place une série de réformes, exigées par la troïka.Le précédent gouvernement grec (celui d’Antonis Samaras) n’était pas parvenu à s’entendre avec la troïka sur ce sujet. À ce jour, le gouvernement d’Alexis Tsipras a indiqué qu’il souhaite s’affranchir des mesures dictées par ses créanciers.Si aucun accord n’est obtenu d’ici à fin février, la Grèce ne recevra pas les milliards prévus et risque le défaut.Cette réunion peut-elle être décisive ?Le rendez-vous du 11 février vise avant tout à « commencer les discussions au niveau ministériel », relève une source européenne. Il est peu probable qu’il aboutisse à une décision.« On accepte de discuter. C’est déjà beaucoup », relève une source au fait du dossier, à Bruxelles. « Même s’il ne sera pas conclusif, cet Eurogroupe aura cet avantage, vu les divergences de point de vue, de mettre les Grecs dans l’ambiance », ajoute une autre source européenne.C’est la réunion de l’Eurogroupe du 16 février, prévue de longue date, qui pourrait être décisive.Que vont proposer les Européens à la Grèce ?Ils prônent une « extension technique » du plan d’aide, d’au moins quatre ou cinq mois, c’est-à-dire boucler le deuxième plan d’aide, pour entrer un troisième mini-plan de soutien (avec une aide de quelques dizaines de milliards d’euros).Cela donnerait le temps de négocier avec Athènes les termes d’un nouveau « contrat » : liste de réformes, projet politique, maturité des dettes, taux des remboursements, etc.« On va préparer la discussion d’ici à mercredi autour du programme actuel, et de son extension, éventuellement adaptée », explique-t-on à Bruxelles.Le gouvernement grec est-il prêt à demander un prolongement du plan d’aide ?« D’ici à mercredi, le gouvernement grec devrait faire une proposition sur comment les choses doivent se poursuivre », a déclaré, vendredi, un porte-parole du ministère allemand des finances.Selon plusieurs sources européennes, les Grecs ont fait savoir, ces derniers jours, qu’ils voulaient qu’on leur aménage un plan d’aide « de transition », pendant trois ou quatre mois, pour leur laisser le temps de peaufiner leur nouveau « contrat avec l’Europe ».Mais le gouvernement de M. Tsipras y met une condition : il ne veut pas d’une poursuite de la supervision par la troïka.C’est un point de blocage. Pour les Européens, il n’est pas possible de se passer de la troïka tout de suite : il serait impossible de prêter de l’argent sans un "MOU" (memorandum of understanding), un document signé, qui engage la partie recevant des fonds à rendre compte. La troïka pourrait toutefois être renommée.Grèce : « une dette perpétuelle laisserait du temps pour conduire les réformes »Le gouvernement grec peut-il compter sur des soutiens ?M. Tsipras ne bénéficie objectivement d’aucun soutien. Les Allemands restent sur une ligne très dure, comme l’a montré le rendez-vous de jeudi 5 février, à Berlin, entre les ministres des finances, Wolfgang Schäuble et Yanis Varoufakis.Les Espagnols, les Irĺandais, les Portugais, ou encore les Slovènes et les Lettons sont aussi très agacés - et c’est peu dire - par les prises de position des Grecs.Par ailleurs, même si le gouvernement grec finissait par accepter le principe de l’extension du second plan d’aide, tel que le présentent les Européens, il faudrait que cette extension soit validée par plusieurs Parlements de l’eurozone.Et la partie est loin d’être gagnée : les Allemands, par exemple, ne voteront pas facilement, les Finlandais non plus. Quant aux Néerlandais, ils n’ont pas digéré la visite de M. Dijsselbloem à Athènes, le 30 janvier, conclue par une poignée de main ratée avec M. Varoufakis après les propos cinglants de ce dernier sur la troïka.Berlin inflexible face à AthènesCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cédric Pietralunga et Philippe Jacqué Mis une première fois en redressement judiciaire, en novembre 2013, le transporteur français Moryglobal (ex-Mory-Ducros), a officiellement demandé sa mise en redressement judiciaire lors d’un comité d’entreprise, vendredi 6 février, a-t-on appris auprès d’un représentant syndical. L’entreprise, détenue par le fonds Arcole Industries, doit déposer aujourd’hui une déclaration de cessation des paiements (DCP) au Tribunal de commerce de Bobigny.Le 21 janvier, Le Figaro avait évoqué cette possibilité du fait des difficultés structurelles insurmontables de cette société comptant encore 2 400 salariés, après le départ de 2 800 salariés. En 2014, Moryglobal a perdu 40 millions d’euros, pour 330 millions d’euros de chiffre d’affaires.En février 2014 l’entreprise avait bénéficié d’un prête de 17,5 millions d’euros de la part de l’Etat, via le Fonds de développement économique et social (FDES). Ce prêt fait l’objet d’une enquête approfondie de la Commission européenne, depuis septembre 2014 : celle-ci veut voir s’il est compatible avec les règles de l’Union européenne sur les aides d’Etat.Le Tribunal de commerce de Bobigny devrait se pencher la semaine prochaine sur le dossier et prononcer un placement en redressement judiciaire ou, plus probablement, une liquidation judiciaire directe.Lire aussi : Bruxelles va enquêter sur les aides françaises à FagorBrandt et Mory DucrosCe même tribunal devait décider, fin février, s’il autorisait Moryglobal à céder trois immeubles détenus par le groupe, pour une valeur de quelque 25 millions d’euros.Cédric PietralungaJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterPhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et (Avec AFP) Une réunion extraordinaire des ministres des finances de la zone euro consacrée au dossier grec se tiendra le 11 février à Bruxelles, à la veille d'un sommet européen, a annoncé vendredi Jeroen Dijsselbloem, le chef de l'Eurogroupe sur son compte Twitter. Les spéculations allaient bon train depuis plusieurs jours sur la tenue d'une telle réunion, alors que le programme d'aide grec arrive à son terme fin février et qu'une solution doit être trouvée pour que le pays ne soit pas en faillite et que les marchés ne soient pas pris de panique.Certains, au sein de l'Eurogroupe, conditionnaient la tenue d'une réunion extraordinaire au fait qu'Athènes adresse un signal de « compréhension de l'enjeu et des attentes » des Européens. Ils espéraient notamment que le gouvernement grec se résolve à demander officiellement une petite prolongation du plan d'aide dont il bénéfice.PLAN « DE TRANSITION », PENDANT TROIS OU QUATRE MOISA ce stade, selon plusieurs sources européennes, les Grecs ont fait savoir, ces derniers jours, qu'ils voulaient qu'on leur aménage un plan de sauvetage « de transition », pendant trois ou quatre mois (d'ici cet été donc), le temps pour eux de peaufiner leur nouveau « contrat avec l'Europe ». Mais hors supervision de la troïka de ses bailleurs de fonds (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne).A cette demande, les Européens répondent qu'« ils n'ont pas les instruments » pour proposer ce type de plan : il serait impossible de prêter de l'argent sans un « MOU » (memorandum of understanding), un document signé, qui engage la partie ayant reçu des fonds à rendre compte de leur usage, d'une manière ou d'une autre.« Ce qui se passera à la fin du plan d'aide actuel est totalement ouvert », a déclaré, vendredi, le porte-parole du ministère allemand des finances.« On accepte de discuter. C'est déjà beaucoup. On va préparer la discussion d'ici à mercredi autour du programme actuel, son extension éventuellemenf adaptée », ajoute une source à Bruxelles.Etant donné le désaccord qui s'est manifesté entre le gouvernement grec et l'Allemagne, chef de file des pays inflexibles vis-à-vis de la Grèce, lors de la rencontre entre les ministres des finances Wolfgang Schäuble et Yanis Varoufakis, jeudi 5 février, l'Eurogroupe du 11 février promet donc de se prolonger tard dans la nuit. Cette réunion extraordinaire sera la première pour le ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, qui a fait une tournée européenne cette semaine et a déjà rencontré plusieurs de ses homologues, dont le Français Michel Sapin et l'Allemand Wolfgang Schäuble.Il y a tout juste une semaine, il avait rencontré à Athènes M. Dijsselbloem. L'entretien avait été suivi d'une conférence de presse dans une ambiance glaciale, signe des tensions considérables entre le nouveau gouvernement grec et ses partenaires au sein de la zone euro.Lire (édition abonnés) : La BCE accentue la pression politique sur la GrèceHOSTILITÉ DE NOMBREUX ÉTATS MEMBRESLe gouvernement d'Alexis Tsipras, élu à la fin janvier, veut réduire la colossale dette du pays (plus de 175 % du PIB) et en finir avec l'austérité qui a prévalu depuis le début de la crise. Une ambition qui se heurte au refus de nombreux Etats membres, en premier lieu l'Allemagne, plus que jamais garante de l'orthodoxie budgétaire.Plusieurs autres pays n'entendent pas faire de cadeaux à Athènes. Parmi eux, la Finlande, les pays baltes, les Pays-Bas, ainsi que le Portugal et l'Espagne, touchés de plein fouet par la crise et qui ont dû faire des efforts pour répondre aux exigences de leurs créanciers.Lire aussi (édition abonnés) : Grèce : ce que prônent les Européens(Avec AFP)Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Benoît Vitkine et Yves-Michel Riols François Hollande et Angela Merkel devaient rencontrer Vladimir Poutine à Moscou, vendredi 6 février, pour lui présenter un plan de règlement du conflit en Ukraine qu’ils ont exposé, la veille, au président ukrainien, Petro Porochenko, lors d’un déplacement éclair à Kiev. Pour le président français comme pour la chancelière allemande, il s’agissait d’une première depuis la révolution de Maïdan, il y a un an.En d’autres temps, cette visite aurait constitué un geste fort de soutien au gouvernement pro-européen au pouvoir à Kiev. Mais l’enjeu est plus important : il s’agit, selon les mots de M. Hollande, d’éviter une « guerre totale » aux portes de l’Europe. Ou, selon ceux du président Porochenko, de venir en aide à une Ukraine qui vit « un moment critique de son histoire ».M. Hollande et Mme Merkel sont venus soumettre à M. Porochenko une ultime offre de paix pour l’est du pays en proie à une guerre qui a fait près de 5 400 morts en dix mois. Le document reflète, dit-on à l’Elysée, « l’esprit de l’accord de Minsk », conclu en septembre 2014 mais jamais appliqué, qui prévoyait notamment un cessez-le-feu et une décentralisation poussée pour les régions de l’est du pays dans le cadre du respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Le texte franco-allemand ne présente pas « d’éléments totalement nouveaux » par rapport à celui de Minsk, qui envisageait déjà un « statut spécial » pour l’est du pays, a souligné, vendredi matin, l’entourage de M. Hollande.L’OTAN renforce sa présence dans l’est de l’EuropeSelon des informations publiées, jeudi soir, par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, mais démenties par Berlin, ce plan prévoirait de « conclure un cessez-le-feu immédiat » contre « une autonomie plus grande accordée aux séparatistes prorusses, sur un territoire plus vaste que celui envisagé jusqu’ici ».L’Elysée a par ailleurs démenti, vendredi matin, des informations selon lesquelles la Russie aurait été à l’origine du texte présenté par M. Hollande et Mme Merkel. « C’est inexact », insiste une source bien informée, en mettant en garde contre des rumeurs propagées par Moscou. Cette proposition de règlement du conflit « est une initiative franco-allemande, de conception franco-allemande » qui a été présentée, mercredi à Kiev, aux autorités ukrainiennes par les conseillers diplomatiques de M. Hollande et de Mme Merkel, insiste l’entourage du président français. Tout en reconnaissant qu’il y a eu des « discussions permanentes » ces derniers jours entre Paris, Berlin, Moscou et Kiev. De son côté, le ministre ukrainien des affaires étrangères, Pavlo Klimkin, a affirmé dans un tweet, jeudi soir, que l’Ukraine « n’a pas été mise sous pression », en réponse à de possibles concessions territoriales à l’avantage des séparatistes.Au terme de la rencontre de deux heures entre M. Hollande, Mme Merkel et le président Porochenko, jeudi soir, la délégation française a assuré que Minsk demeurait le « cadre » des discussions avec la Russie. L’idée de la nouvelle proposition reste de « prendre en compte la souveraineté de l’Ukraine, tout en reconnaissant certaines réalités locales », dit-on, alors que les séparatistes ont poussé leur avantage sur le terrain ces derniers jours.La crainte d’un « nouveau Dayton »Depuis leur signature, le 5 septembre, les dirigeants européens font des accords de Minsk la pierre angulaire de toute négociation. Ces accords, qui prévoient notamment le retrait des armes lourdes le long de la ligne de démarcation, un contrôle conjoint de la frontière russo-ukrainienne ou le retrait des forces étrangères du sol ukrainien, sont demeurés largement caducs. La ligne de démarcation elle-même a bougé. Le volet politique du texte, lui, qui prévoit d’octroyer un pouvoir accru à la partie orientale du pays, a été mis à mal par l’organisation, en novembre, d’élections par les séparatistes non reconnues par Kiev.Côté ukrainien, on assure que l’initiative franco-allemande ne consiste pas à proposer un plan de remplacement. Il s’agirait plutôt de rédiger une « feuille de route pour que les différents points de l’accord soient respectés, en commençant par le plus important, le cessez-le-feu », indique une source diplomatique ukrainienne, qui ne cache toutefois pas son pessimisme quant aux chances de réussite de cette mission.La crainte ukrainienne est aussi de voir les Européens s’empresser d’accepter un accord qui, tout en respectant en apparence la « ligne rouge » de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, paralyserait le pays. Dès l’annonce de la visite de M. Hollande et Mme Merkel, l’influent journaliste et politologue ukrainien Vitaly Portnikov mettait en garde contre un « nouveau Dayton », en référence aux accords qui avaient mis fin à la guerre en Bosnie-Herzégovine, en 1995, mais qui ont aussi rendu le pays durablement ingouvernable.La Russie, un « pays ami »Jeudi, le Kremlin s’est dit ouvert à des « discussions constructives » avec le président français et la chancelière allemande, dans le but de mettre fin à la « guerre civile » dans l’est de l’Ukraine. A lui seul, l’emploi du terme révèle les limites de la négociation avec Moscou, qui se montre ouverte au dialogue, tout en niant son implication dans le conflit.Vladimir Poutine a aussi multiplié, ces derniers temps, les déclarations ressemblant à tout sauf à une recherche d’apaisement, qualifiant, notamment, l’armée ukrainienne de « Légion étrangère » de l’OTAN. Lors de sa conférence de presse à l’Elysée, jeudi matin, François Hollande a adopté un ton mesuré vis-à-vis de la Russie, un pays « ami ». « La France n’est pas favorable à ce que l’Ukraine entre dans l’Alliance atlantique », a répété M. Hollande, indiquant par là que la question figurait parmi les éléments en discussion. Toutefois, « l’option diplomatique ne peut pas être prolongée indéfiniment », a-t-il insisté.L’administration Obama partagée sur la livraison d’armes à KievKiev demande depuis des mois aux Occidentaux de lui fournir des armes pour renverser la situation sur le terrain, où l’armée ukrainienne est en mauvaise posture. L’option militaire a toujours été exclue par les Européens. Une position réitérée par M. Hollande, jeudi. « La France ne rentre pas dans le débat de la fourniture d’armes à l’Ukraine », a-t-il affirmé. Une doctrine aussi partagée par Mme Merkel, qui a récemment réaffirmé son opposition à toute assistance militaire à l’Ukraine. Egalement en visite à Kiev, jeudi, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a fait entendre un son de cloche légèrement différent. Interrogé sur la question de la livraison d’armes à Kiev, alors que le débat ne cesse de prendre de l’ampleur aux Etats-Unis, M. Kerry a indiqué que le président Obama « étudiait toutes les options ».Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteYves-Michel RiolsJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.02.2015 à 11h14 • Mis à jour le06.02.2015 à 11h24 Stéphane Delory, spécialiste des questions de défense, chargé d’études à la Fondation pour la recherche stratégiqueLes discussions actuellement en cours au sein de l’administration américaine sur le transfert éventuel d’armements « défensifs » vers l’Ukraine pose pour les Européens une question décisive. La concrétisation de cette décision risque en effet d’entraîner les Etats-Unis et la Russie dans une posture d’affrontement direct, qui sur le terrain, pourrait provoquer une implication plus directe et massive des forces russes aux côtés des forces indépendantistes. Dans une telle hypothèse, non seulement la capacité des forces ukrainienne à tenir ses positions peut être questionnée, mais la perspective d’une action directe et brusquée des forces russes n’est pas forcément à exclure.Le spectre d’un conflit bref et violent, justifié par la décision américaine, conduisant à la proclamation d’une république indépendantiste à l’est de l’Ukraine se profile lentement. À cet égard, il n’est pas à attendre que les États européens aient la capacité de se positionner clairement sur la nécessité ou non de soutenir l’Ukraine par des transferts d’armements. Bien que certains tendent à stigmatiser la position antirusse des États d’Europe centrale, qui pourraient donc être enclins à soutenir le projet américain, et leur opposent la position plus tempérée de la France ou de l’Allemagne, qui privilégient le règlement diplomatique du conflit, l’ensemble des États européen à bien conscience des implications graves du conflit ukrainien sur la sécurité du vieux continent. Sans même prétendre offrir à l’Ukraine la possibilité de recouvrer la souveraineté sur l’ensemble de son territoire, trouver une solution de statu quo permettant de figer l’escalade du conflit est une priorité pour tous, quels que soient les moyens privilégiés.Une décision complexeDans ce contexte, soutenir le réarmement de l’Ukraine sera une décision très difficile à prendre, y compris par les capitales les plus engagées en faveur de Kiev. Reste que le maintien d’un statu quo, difficile à admettre pour les Ukrainiens, mais préférable à un effondrement du front, est probablement une illusion. Du point de vue russe, la création d’un corridor permettant d’assurer une liaison terrestre avec la Crimée est très probablement une priorité de court à moyen terme. Mais au-delà de cette question particulière, Moscou ne peut en aucun cas rester indifférent aux choix stratégiques de Kiev, lesquels, dans le contexte actuel, ne peuvent qu’aller dans le sens d’un rapprochement fort vers l’occident.Laissée à elle-même, l’Ukraine ne peut devenir, dans la perception russe, qu’un pion des États-Unis. Maintenir un état de conflit durable à l’est du pays permet donc sur le long terme, de limiter toute tentative de rapprochement et, le cas échéant, de menacer d’agir militairement. Un scénario à la géorgienne, qui, dans l’état actuel des choses, s’avère assez fonctionnel. Dans ce sens, s’il est possible pour les États européens d’oublier le conflit en Ukraine – tentation déjà bien palpable dans plusieurs capitales – le conflit ukrainien ne sera pas un conflit gelé. Le seul statu quo qui vaille est celui que souhaite la Russie et à terme, le double objectif russe d’établir des républiques fédérées contrôlant l’est du pays et de finlandiser les restes de l’Etat ukrainien est très susceptible de se concrétiser.Etat frontalier, la Russie dispose de toutes les facilités matérielles pour ce faire et à toute latitude pour armer les indépendantistes. On peut arguer que le devenir de l’Ukraine n’est plus de notre ressort et admettre, comme certains, que la Russie est un grand pays ayant des intérêts vitaux à défendre et que, dans ce cadre, il faut avant tout soutenir une action diplomatique pour renouer le contact. À ceci près que jusqu’à présent, la position pour le moins conciliante des États-Unis et des Européens n’a eu pour seul résultat de concéder tacitement l’implication croissante et explicite de la Russie dans le conflit. L’action diplomatique concrétise le droit d’ingérence armé de Moscou dans un Etat souverain avec lequel aucun différend territorial n’existe, précédent, qu’il n’est pas forcément souhaitable de pérenniser.FinlandisationFaut-il pour autant réarmer l’Ukraine, sachant que si la Russie devait réagir militairement, les États européens ne disposent ni de la volonté politique ni des capacités militaires pour réagir. Une telle initiative pourrait alors conduire à décrédibiliser l’ensemble de l’architecture de sécurité euroatlantique, puisque si l’OTAN n’est pas fondée de réagir à une invasion de l’Ukraine, l’absence d’action serait un aveu d’impuissance dévastateur. Ce qui est certain toutefois, c’est qu’il ne faut pas laisser les États-Unis agir seuls. Si demain l’administration Obama décide d’agir, la réaction de la Russie sera partiellement calibrée par la réaction des États européens. En l’absence de soutien, il sera dans son intérêt direct d’accroître les tensions et de dénoncer l’inconséquence de la politique américaine.Et dans l’hypothèse où les Etats Unis bénéficieraient du soutien des Européens, ceux-ci doivent tirer les conséquences de cet engagement et être prêts, eux aussi à soutenir matériellement l’Ukraine, plus particulièrement en cas d’escalade russe. En effet, tant que Moscou ne décide pas d’intervenir directement en Ukraine, elle dispose de la capacité de désamorcer le conflit sans perte de crédibilité. Maximiser la pression en acceptant l’épreuve de force est probablement le seuil moyen pour les Occidentaux de conserver leur crédibilité sans se trouver confrontée au dilemme ingérable du conflit avec la Russie ou l’abandon pur et simple de l’Ukraine.Les Européens doivent avoir conscience qu’en faisant le choix de réduire considérablement leurs capacités militaires, ils ont remis les clefs de leur sécurité à d’autres. La crise ukrainienne leur laisse peu d’options : soit ils admettent que la Russie bénéficie de droits particuliers en Europe et qui font d’elle un partenaire dominant au sein de l’architecture de sécurité européenne ; soit ils estiment que le modèle euroatlantique, qui avait permis jusqu’à l’année dernière à une immense majorité d’États de vivre dans la paix et pour un nombre croissant d’entre eux, dans la démocratie, mérite d’être défendu. Et dans ce cas, il faut malheureusement accepter de prendre un risque substantiel. 06.02.2015 à 10h30 • Mis à jour le06.02.2015 à 11h14 L'industriel allemand Siemens a annoncé vendredi 6 février qu'il allait supprimer 7 800 emplois dans le monde, dont 3 300 en Allemagne, dans le cadre de son plan de réorganisation annoncé au printemps dernier.Pour les salariés, les détails du plan sont plutôt un soulagement : en mai, le président-directeur général du groupe, Joe Kaeser, avait déclaré que 11 600 emplois étaient jugés redondants au sein du groupe. Siemens, qui compte plus de 300 000 employés, précise par ailleurs dans un communiqué que les effectifs totaux resteront « virtuellement stables », car il a embauché plus de 11 000 personnes dans le monde depuis l'automne.Lire (édition abonnés) : Siemens va supprimer 7800 emploisDES PROBLÈMES PERSISTANTS Joe Kaeser avait présenté en mai 2014 un plan de réorganisation baptisé « Vision 2020 », qualifié de « plus vaste entrepris depuis vingt-cinq ans ». Il prévoyait le regroupement de certaines divisions et la suppression d'échelons hiérarchiques afin de réduire les coûts de 1 milliard d'euros d'ici à 2016. En lieu et place des quatre grosses divisions organisées par l'ancien PDG, M. Kaeser a créé huit secteurs. Moins autonomes qu'avant, ils doivent permettre au directoire de mieux coordonner l'action du navire Siemens et d'être plus réactif.La nouvelle structure suffira-t-elle pour rattraper à court terme le retard de compétitivité de Siemens par rapport à des concurrents comme General Electric ? Rien n'est moins sûr. Une analyse du dernier bilan du groupe montre que Siemens est encore loin d'avoir réglé ses problèmes : une croissance faible, voire négative, une faible profitabilité, et des charges exceptionnelles élevées. Claire Guélaud Le déficit commercial français s’est réduit en 2014, pour la troisième année consécutive. Après avoir battu des records historiques en 2011 (- 74,5 milliards d’euros), le solde a été ramené à - 53,8 milliards d’euros fin décembre, soit une baisse de 7 milliards d’euros (11,5 %) par rapport à 2013, selon les statistiques des douanes, rendues publiques vendredi 6 février.Il y a donc du mieux, même si, en valeur absolue, le montant du déficit commercial français fait pâle figure comparé à l’excédent allemand : en 2013, celui-ci avait crevé tous les plafonds et frisé les 200 milliards, son plus haut niveau depuis 1950. Le dernier excédent commercial annuel français remonte à… 2002.Et si, hors énergie, le déficit est en hausse de près de 35 %, à 16,7 milliards d'euros, les trois années consécutives de réduction du solde commercial français sont néanmoins à marquer d’une pierre blanche car elles éclaircissent le paysage économique français, jusqu’alors plutôt sombre. Tout comme vient de le faire la Commission européenne en révisant à la hausse sa prévision de croissance (+ 1 %) pour la France. Les parts de marché mondiales de la France se sont stabilisées à 3,1 % des échanges mondiaux, grâce notamment à l'augmentation des exportations vers la Chine et la Corée du Sud et malgré un repli des ventes vers le Brésil, l'Inde, la Russie et la Turquie.Résorber le déficit n’est plus un engagementFin novembre 2014, le secrétaire d’Etat au commerce extérieur, Matthias Fekl, avait fait savoir que, dans un contexte « difficile », il ne pouvait s’engager à résorber le déficit commercial d’ici à 2017, comme le gouvernement de Jean-Marc Ayrault en avait pris l’engagement au début du quinquennat de François Hollande.Lire également le décryptage : Pourquoi la réduction du déficit commercial français n’est pas forcément une bonne nouvelleIl ne faut toutefois pas exagérer la portée de l’amélioration de 2014, qui doit beaucoup à la baisse spectaculaire du cours du pétrole : le prix du baril a reculé de près de 60 % depuis l’été, du fait d’une offre surabondante et d’une demande moins vigoureuse, pour cause de ralentissement économique de la Chine et de faible croissance en zone euro.Cette chute du prix de l’or noir, réduisant le déficit des échanges français d’hydrocarbures naturels, s’est traduite dans les importations françaises, qui ont commencé à reculer en novembre 2014.Les importations totales françaises ont ainsi diminué de 1,6 % sur l’ensemble de l’année écoulée, à 491,1 milliards d'euros.À la mi-janvier, le directeur de COE-Rexecode, Denis Ferrand, avait cherché à calculer le montant de la réduction de la facture pétrolière à partir des 87 milliards d’euros d’importations de produits pétroliers bruts et raffinés de 2013.En faisant l’hypothèse d’un prix moyen du baril de 82 euros en 2013, 75,20 euros en 2014 et 45 euros en 2015, il avait estimé que la facture pétrolière de la France diminuerait de « 5 milliards d’euros en 2014 » - c’est probablement un minimum - et de « 17 à 22 milliards en 2015. » En définitive, la facture énergétique totale s’est allégée de 10,9 milliards l’an passé, selon les Douanes.Fortes livraisons dans l’aéronautiqueAprès un début d’année atone, les exportations françaises se sont, quant à elles, redressées progressivement au second semestre 2014. Sur l’année, elle sont en hausse de 0,1 %, à 437,3 milliards d'euros.Elles ont bénéficié de la baisse de l’euro, qui a perdu plus de 17 % face au dollar depuis mai 2014, après deux ans de hausse.Baisse de l’euro : certaines entreprises y gagnent, d’autres pasLes points forts de la spécialisation française ne changent pas : matériels de transport, produits agricoles, certains produits de l’industrie du luxe (habillement, joaillerie et bijouterie, parfums et cosmétiques, horlogerie).Les secteurs agroalimentaire et pharmaceutique ont cependant dégagé de moindres excédents qu'en 2013.L'excédent des produits chimiques, parfums et cosmétiques « s'est accru de plus de 15 % », à 10,8 milliards d'euros et l'aéronautique a dégagé « un nouvel excédent record », de 23,6 milliards d'euros, a relevé Matthias Fekl,Les livraisons d’Airbus qui avaient été excellentes en octobre, ont frôlé leur record de mars 2013 (2,88 milliards d’euros) en novembre. Un mois qui a également vu la mise en orbite d’un satellite pour le compte de la Malaise pour un montant de 102 millions d’euros.Airbus bat son record de livraisons d’avions en 2014Cet automne, en revanche, les ventes de produits pharmaceutiques comme les exportations de produits métalliques et métallurgiques ont joué au yoyo, tandis que les exportations de produits agricoles s’effritaient.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.02.2015 à 19h04 • Mis à jour le05.02.2015 à 19h37 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2gi3m4"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2gi3m4", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Environ 5 000 personnes ont participé, jeudi 5 février, à un rassemblement sur la place Syntagma d'Athènes, théâtre par le passé de violents heurts entre manifestants et policiers, dans un climat cette fois beaucoup plus calme, pour dénoncer la dimension politique de l'annonce de la BCE interprétée comme une pression sur le gouvernement de gauche radicale élu le 25 janvier.Peut être 3000 personnes désormais place Syntagma http://t.co/OSCXLi9Wym— Antonin Sabot (@antonin)require(["twitter/widgets"]);Lire : La BCE suspend le régime de faveur dont bénéficiaient les banques grecquesPratiquement aucun policier n'était visible aux abords de la place à l'occasion de la première manifestation du genre depuis l'arrivée au pouvoir du parti de la gauche radicale Syriza. Les manifestants entendaient afficher leur soutien au gouvernement du premier ministre Alexis Tsipras, qui a entamé de difficiles négociations avec ses partenaires européens pour sortir la Grèce du plan d'assistance financière internationale et restructurer la dette du pays. Lire : Grèce : ce que prônent les EuropéensLes manifestants entendent défendre leur « dignité », répètent-ils. Une dignité qu'ils reprochent à l'Europe de vouloir leur enlever. Dans la foule, les drapeaux de Syriza se font rares. Quelques pancartes en appellent au droit du peuple contre la loi des marchés.Les photographes se ruent sur les deux seules personnes qui ont une pancarte. Une contre les banques... #Athenes http://t.co/C523nOUKuo— Antonin Sabot (@antonin)require(["twitter/widgets"]);... L'autre en soutien au gouvernement #Syriza http://t.co/nsmGTOeTUo— Antonin Sabot (@antonin)require(["twitter/widgets"]);Dans la foule réunie devant le Parlement, Phanis Papageorgiou, 28 ans, chercheur, explique que les manifestants sont ici pour soutenir « un gouvernement qui veut changer le système économique de notre pays et de l'Europe ». Surtout, ajoute-t-il, « nous voulons montrer à tous que la crise est loin d'être finie ».« La décision de la BCE n'est pas surprenante. Ils [la troïka] font tout pour nous effrayer, nous les Grecs. Il y aura d'autres mesures, mais nous sommes prêts car aujourd'hui nous avons retrouvé espoir. »Sophia Galanis, la soixantaine, « très conservatrice » selon ses propres termes, n'est pas électrice de Syriza. « Mais ce que fait le gouvernement est juste, ce n'est que la justice », assure-t-elle, emmitouflée dans sa fourrure.Le gouvernement d'Alexis Tsipras a annoncé la fin de privatisations, imposées par les créanciers du pays, ainsi que des mesures pour faire face « à la crise humanitaire » que traverse la Grèce après six ans de récession et d'une politique d'austérité drastique en échange de prêts internationaux.A Thessalonique, deuxième ville grecque dans le nord du pays, environ 500 personnes se sont rassemblées pour scander « Non au chantage » de la BCE, selon une banderole des manifestants. Alain Beuve-Méry Le marché français de l’« entertainment » (musique, vidéos, jeux vidéo, livres…) souffre. Les dépenses des ménages dans ce domaine ont reculé de 4,6 % en 2014, à 7,2 milliards d’euros, selon les données communiquées, jeudi 5 février, par le cabinet d’études GFK.La hausse des achats « dématérialisés » (1,13 milliard d’euros au total, en hausse de 6 %) ne compense pas le déclin des achats des supports physiques (6,07 milliards d’euros au total). En 2013, les ventes « dématérialisées » avaient progressé de 23 %.Les livres représentent 55 % du marché de l’entertainment, et les loisir interactifs le reste : les jeux vidéos comptent pour 22 % des dépenses, la vidéo pour 15 %, la musique pour 8 %.À lui seul, le streaming, que ce soit pour écouter de la musique ou regarder des documents vidéos, représente 37 % des achats « dématérialisés ».Les achats de vidéos reculent de 10 %Le premier loisir plébiscité par les Français est le cinéma (62 % d’entre eux). Ce dernier se porte mieux que le secteur de la vidéo : les ventes dans ce dernier domaine sont en recul de 10 %. Aujourd’hui, une bonne année cinéma n’induit pas forcément une bonne année vidéo.Le marché de la vidéo est passé de 2,4 milliards d’euros en 2004 à 800 millions d’euros en 2014.La baisse des dépenses dans la vidéo est de 14 % pour les achats de supports physiques et de 8 % pour les achats numériques.Les achats de DVD classiques représentent 76 % du marché de la vidéo physique, alors que le Blu-Ray plafonne à 24 % : ce dernier ne prend pas dans la population.En France, on compte 11,2 millions de lecteurs de DVD installés, contre 1,5 million de lecteurs Blu-ray. Le prix du Blu-Ray est jugé trop cher (23 euros en moyenne).La VOD (vidéo à la demande) a vu ses ventes passer de 152 millions d’euros en 2010 à 259 millions d’euros en 2014.Elle devrait encore croître cette année, alors que les achats de supports physiques baisseraient encore de 15 %.Le marché des jeux vidéos est en croissance : + 3 %, à 2,6 milliards d’euros. Les achats de jeux sur supports physiques sont notamment en progression de 1 %, à 1,9 milliard d’euros. Il s’agit du seul marché physique qui affiche une hausse.Le marché de la musique reste difficile. Les ventes s’élèvent à 786 millions d’euros. Le streaming (150 millions d’euros) l’emporte sur le téléchargement (97 millions d’euros). Et le marché du CD poursuit son déclin (490 millions).Le livre est toujours en repliLe marché du livre en France a accusé un nouveau repli en 2014. Les ventes, tous types de supports confondus, sont en recul de 1,1%, selon les chiffres de la société d’études GfK, communiqués jeudi 5 février.Doucement, mais inexorablement, le marché du livre s'effrite depuis trois ans. En 2013, il avait enregistré un recul de 2,7 %, passant symboliquement, pour la première fois, sous le seuil des 4 milliards d'euros, pour atteindre 3,9 milliards.Ce sont les ventes de livres « physiques » qui reculent toujours : en 2014, elles ont baissé pour la quatrième année consécutive, relève GfK.Les ventes de livres numérique progressent, mais leur croissance est « plus faible qu’attendue », pointe le cabinet d’études, et cette hausse ne vient « compenser que partiellement » le repli du livre « papier ».Alain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) Le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, a opposé, jeudi 5 février, à son homologue grec Yanis Varoufakis une fin de non-recevoir. Il n’y aura ni annulation de la dette, ni remise en question de la coopération de la Grèce avec la troïka (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Union européenne), a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse commune au ministère des finances à Berlin.Premier ministre du nouveau gouvernement grec à effectuer une visite en Allemagne, Yanis Varoufakis n’espérait d’ailleurs sans doute pas vraiment obtenir de l’Allemagne un soutien dans la renégociation de son énorme dette. Que la rencontre débouche sur un constat de divergence n’a surpris personne.Difficile en réalité d’imaginer un rapprochement entre les deux ministres tant le contraste entre eux était saisissant.À Yanis Varoufakis, « jeune » ministre des finances inexpérimenté d’un « Etat en faillite », selon ses propres termes, faisait face Wolfgang Schäuble, 72 ans, monstre sacré de la politique en Allemagne et en Europe, grâce à qui l’Allemagne a rétabli l’équilibre de ses comptes publics en 2014.« Nous sommes d’accord sur nos divergences »Les deux hommes n’ont d’ailleurs pas cherché à donner des signes de bonne entente. « We agree that we disagree » (nous sommes d’accord sur nos divergences), a résumé Wolfgang Schäuble sur la question d’une renégociation de la dette, avant d’exprimer, dans une cruelle litote, ses doutes sur la politique du nouveau gouvernement grec : « Je n’ai pas pu dissimuler mon scepticisme sur le fait que certaines mesures annoncées, d’après nos convictions, ne vont pas forcément dans la bonne direction ».M. Varoufakis a également reconnu n’avoir obtenu aucun accord de l’Allemagne sur une éventuelle annulation de la dette. Le ministre a rappelé la situation « très critique de son pays », qui « fait tout » pour éviter un défaut de paiement.« L’Allemagne est sans doute le pays le mieux à même de nous comprendre », a déclaré le ministre grec, en référence à l’Allemagne de Weimar, qui avait vu l’endettement favoriser la montée du nazisme dans les années 1920 et 1930.« Le parti Aube Dorée est un parti nazi (…) nous avons besoin de l’Allemagne à nos côtés », a-t-il dit.La pression de la BCEAuparavant, Yanis Varoufakis avait multiplié les interviews à la presse allemande pour tenter de rallier l’opinion à la cause grecque. Il a ainsi exclu que son gouvernement accepte une quelconque aide financière de Moscou.Croyant flatter l’ego allemand, M. Varoufakis avait proposé que le pays lance un « plan Merkel », sur le modèle du plan Marshall qui avait permis à l’Allemagne, via un effacement de sa dette, de sortir de l’ornière au lendemain de la seconde Guerre mondiale.Invitant l’économiste John Keynes dans les débats, il avait déclaré, mercredi, au journal die Zeit : « Ce n’est pas une stratégie tenable à long terme de mener un Etat à sa ruine ».Mais ces références n’ont pas fait convaincu Wolfgang Schäuble, qui a insisté sur la nécessité « incontestable » pour le gouvernement grec de reprendre le dialogue avec les contrôleurs de la troïka.Son parti, la CDU, avait clairement indiqué qu’il ne consentirait à aucune renégociation des obligations contractées par le précédent gouvernement grec.Yanis Varoufakis repart donc bredouille de Berlin, alors que son pays subit, depuis jeudi matin, une nouvelle pression de la part de la BCE, qui a mis fin aux conditions préférentielles de refinancement des banques grecques auprès de l’institution monétaire.La BCE accentue la pression politique sur la GrèceCécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au Monde David Revault d'Allonnes et Olivier Faye En surface, ils sont d’accord. « La France doit jouer un rôle de protagoniste pour un changement de politique en Europe », a expliqué Alexis Tsipras. « Le dialogue entre la Grèce et ses partenaires européens doit se dérouler en vue de trouver un accord », a répondu François Hollande. La déclaration commune du président français et du premier ministre grec, mercredi 4 février après midi à l’Elysée à l’issue de leur premier entretien, a parfaitement respecté les formes. Mais ce premier contact n’augure en rien de la suite des événements, et du jeu exact que jouera Paris, dans les prochaines semaines, entre Athènes, Berlin et Bruxelles.Le gouvernement grec en tournée européenne pour rassurer ses partenairesLe chef de l’Etat, qui a rappelé que les règles européennes et les engagements pris devaient être respectés par la Grèce, a préconisé un dialogue « transparent » avec Athènes. Il s’est également affirmé en accord avec M. Tsipras pour que l’Europe évolue vers une politique plus solidaire et tournée vers la croissance. Le premier ministre grec, pour sa part, l’a assuré : « Nous ne sommes pas une menace pour l’Europe. » M. Tsipras a annoncé sa volonté de « mener des réformes en Grèce pour que notre pays devienne crédible ». « La dette grecque doit devenir viable, je suis persuadé que nous pouvons tous travailler en commun », a-t-il ajouté, alors que cette dette dépasse les 320 milliards d’euros.La Grèce propose un aménagement de sa detteLes propos du nouveau chef du gouvernement grec, issu de la gauche radicale et foncièrement anti-austéritaire le confirment : sur la scène européenne, le succès électoral de Syriza permet à François Hollande de se réinstaller dans la position du « trait d’union ». Celle qu’il avait adoptée avec un certain succès au début de son mandat, en pleine crise de la zone euro. Il avait alors joué les médiateurs, au conseil européen, entre les pays du Sud plombés par leurs déficits et leurs dettes et une Allemagne rigoriste. Une posture qui s’était quelque peu effilochée au fil des mois. La « nouvelle donne », selon l’Elysée, présente des avantages tactiques indéniables sur le théâtre bruxellois.Pour autant, pas question de faire de cette situation une posture stratégique assumée, ce qui comporterait des risques certains. « On s’est clairement mis dans la position du good cop, glisse un habitué de l’Elysée. Mais on va tout faire pour ne pas se mettre, opérationnellement, dans une position de médiateur, car on ne sait pas comment cela va se terminer. Il ne faut pas se laisser piéger dans une situation où l’on se poserait comme les grands médiateurs de l’Union européenne. Car si les Grecs semblent plutôt disposés à respecter la règle du jeu, moyennant quelques arrangements, on n’est pas sûr que cela tienne à moyen terme. »Rencontre avec le Front de gaucheL’épisode de la lettre qu’avait adressée M. Tsipras à M. Hollande après l’élection de ce dernier, restée sans réponse, est donc oubliée. « C’est un principe, se justifie un proche du chef de l’Etat pour expliquer cette non-réponse. On n’entame pas un dialogue avec les partis d’opposition. Quand tu reçois quelqu’un, tu le légitimes. Si on l’avait reçu il y a deux ans, le gouvernement grec de l’époque l’aurait mal pris. Et s’il faisait la même chose, nous, on le prendrait très mal. »M. Tsipras ne semble pas nourrir les mêmes préventions. Après le chef de l’Etat, il devait ainsi rencontrer discrètement, les responsables du Front de gauche. Certes, l’entourage de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, précisait que M. Tsipras n’entendait donner aucun caractère public à cette rencontre.Quant à Jean-Luc Mélenchon, patron du parti de gauche, il ne confirmait ni n’infirmait. « Les rencontres non officielles d’Alexis Tsipras en France donnent lieu à de nombreuses supputations. Mon attitude constante en la matière avec l’ensemble des chefs d’Etats et de gouvernements dans des circonstances similaires est de m’en tenir à ce que disent les intéressés eux-mêmes. J’en reste là. Je ne confirme, ni n’infirme rien. Je souhaite la bienvenue en France à monsieur le premier ministre grec », explique M. Mélenchon dans un communiqué.Olivier FayeDavid Revault d'AllonnesGrand reporter au service politique. En charge de l'ElyséeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.02.2015 à 16h52 • Mis à jour le04.02.2015 à 17h25 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Les banques grecques étaient au cœur de la réunion du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), mercredi 4 février dans l’après-midi. Celui-ci devait se prononcer sur le renouvellement, ou non, d’un soutien financier d’urgence aux établissements hellènes.Les quatre principales banques grecques, celles que l’on qualifie de « systémiques » (au sens où, si elles devaient être confrontées à de grosses difficultés, elles mettraient en péril l’économie du pays), ont-elles ou non des problèmes de liquidités ? Il est aujourd’hui difficile de véritablement cerner où elles en sont.Un jeu de poker menteur est à l’œuvre en Grèce et en Europe autour de cette question. Certains, comme les Allemands, redoutent que le pays abuse des liquidités exceptionelles fournies par la BCE pour financer sa dette.Entre Athènes et la BCE, « une partie de poker menteur »Quel est l’état de santé financier des banques grecques ?Une vaste opération de restructuration du secteur bancaire a été menée. Près de treize banques ont été placées en liquidation et leurs avoirs transférés aux quatre établissements systémiques ­ : la Banque nationale grecque, Piraeus Bank, Alpha Bank et Eurobank­, qui dominent désormais à 90 % le marché.Une première phase de recapitalisation a été bouclée à l’été 2013. Elle s’est faite par l’intermédiaire du Fonds grec de stabilité financière (HFSF), doté par le Fonds européen de stabilité financière d’une enveloppe totale de 50 milliards d’euros.Un deuxième processus de recapitalisation a ensuite eu lieu à l’été 2014. Si le HFSF a couvert 90 % de l’effort, les banques ont trouvé chacune les 10 % restants des sommes nécessaires auprès d’investisseurs privés.Les banques grecques sont-elles confrontées à un « bank run » ?Selon l’Union des banques grecques, la situation des établissements s’est améliorée par rapport à 2012. Les dépôts disponibles en 2008 atteignaient 228 milliards d’euros. Ils seraient tombés à 151 milliards d’euros au plus fort de la crise, en juin 2012, mais ils seraient remontés ces derniers mois aux environs de 162 milliards (chiffres de novembre 2014).Mais les banques assurent être confrontées à d’importants retraits des dépôts depuis l’annonce, en décembre 2014, des élections législatives anticipées.Face à l’instabilité politique, un certain nombre d’acteurs économiques grecs ont retiré des capitaux des banques : 3 milliards d’euros se sont « échappés » sur le mois de décembre.Les retraits de dépôts auraient augmenté dans les jours précédant le scrutin du 25 janvier 2015, qui a été remporté par le parti Syriza (gauche radicale), selon de sources bancaires grecques.Aucun chiffre officiel n’est cependant venu confirmer le niveau de ces retraits. Aucune donnée n’est disponible pour le mois de janvier 2015, les responsables de la Banque nationale de Grèce refusant de communiquer à ce stade.Malgré les rumeurs de « bank run » (fuite de capitaux), notamment relayées par la presse allemande, les officiels grecs restent prudents.Ils rappellent qu’il faudrait atteindre un niveau de retrait équivalent à 25 % des dépôts pour se situer dans ce cas de figure. Soit, pour un total de dépôts s’élevant à 162 milliards d’euros, près de 40 milliards d’euros. Ce qui ne serait pas le cas.Quel est le montant des aides demandées par les banques grecques à la BCE ?Le 21 janvier, alors que la victoire de Syriza lors du scrutin législatif du 25 janvier semble de plus en plus probable, la banque centrale grecque a demandé à la BCE d’autoriser une ligne de crédit d’urgence (« emergency liquidity assistance », ou ELA) pour les quatre principaux établissements du pays.La BCE a donné son feu vert à une utilisation de fonds d’urgence pendant deux semaines.Selon des sources bancaires grecques, citées par l’agence de presse Reuters le 2 février, trois des quatre banques grecques ont bien eu recours à l’ELA : elles auraient emprunté 2 milliards d’euros à titre de précaution, mettant en avant la hausse des retraits de leurs clientèles dans les jours précédant le scrutin.C’est sur le prolongement ou non de cette aide dite, ELA, que la BCE devait se prononcer mercredi 4 février.Selon le quotidien allemand Die Welt, elle devrait se prononcer en faveur d’une poursuite de la fourniture de liquidités d’urgence. Citant des sources de banques centrales, Die Welt indique que la banque centrale grecque a demandé à pouvoir fournir si nécessaire aux établissements bancaires du pays des liquidités à hauteur de plusieurs dizaines de milliards d’euros.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Mathilde Damgé Le nouveau ministre grec des finances, Yanis Varoufakis, s'est lancé début février dans une tournée des capitales européennes pour convaincre ses partenaires d'accepter un nouvel allégement de la dette de son pays.Lire : Grèce : le compte à rebours est enclenché pour éviter un défaut sur la detteJean-Luc Mélenchon, député européen Front de gauche, défend également cette solution d'une annulation de tout ou partie de la dette. Le parti espagnol de gauche radicale, Podemos, plaide également pour une restructuration de la dette espagnole, qui devrait atteindre le seuil symbolique de 100 % du PIB en 2015. Mais comment sont endettés les pays européens ? Voici une datavisualisation pour y voir plus clair. En valeur, les dettes française et allemande sont parmi les plus élevées du continent européen. Mais, pour bien comparer des dettes, le montant brut ne suffit pas. La méthode la plus commune consiste à les ramener au produit intérieur brut, le PIB, c'est-à-dire la richesse créée par le pays.On retient ici comme critère de comparaison la dette publique au sens de Maastricht, qui inclut, en plus de la dette de l'Etat, celles des administrations de sécurité sociale, des administrations publiques locales et des organismes divers d'administration centrale.A ce titre, d'autres pays dépassent allégrement le seuil d'endettement de 100 % du PIB : le Japon, par exemple, est endetté à hauteur de 245 % de son PIB. La moyenne des dettes des économies avancées de l'OCDE s'élève même à 117,4 % de leur PIB.Lire en édition abonnés : Dettes publiques : le record de 1945 bientôt dépasséEn zone euro, six pays dépassent le seuil de 100 % d'endettement par rapport au PIB en 2014 ; ils devraient être sept en 2015 et en 2016.Le ratio de la dette au PIB dans l'Union européenne et la zone euro devrait atteindre un niveau sans précédent l'année prochaine, respectivement 88,3 % et 94,8 %, a averti la Commission à l'automne.Attention toutefois à garder en tête que la comparaison de la dette et du PIB, pour traditionnelle qu'elle soit, ne dit pas tout de l'économie d'un pays. En effet, ce ratio compare du stock (la dette) à du flux (le PIB).Au-delà d'un problème méthodologique, il y a un problème logique : la dette est le résultat de plusieurs années, voire décennies, d'endettement, tandis que le PIB est une mesure annuelle. Or la dette ne se rembourse pas en un an.Si les banques calculaient l'endettement d'un ménage (intérêt et capital) par rapport à ce qu'il gagne en un an (et non sur la totalité de la durée de l'emprunt), elles ne prêteraient jamais.Mathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.02.2015 à 12h39 • Mis à jour le04.02.2015 à 13h20 Au moins quatre civils ont été tués, mercredi 4 février, par des tirs d'artillerie aux alentours d'un hôpital dans le fief séparatiste de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine. « Il y a eu un tir d'artillerie à midi (...) L'obus est tombé sur un hôpital et il y a des morts et des blessés », rapporte la mairie de la ville séparatiste.Ces quatre morts s'ajoutent à quatre civils tués dans l'est du pays au cours des dernières vingt-quatre heures, selon des bilans annoncés mercredi matin par Kiev et par les autorités séparatistes. En outre, le porte-parole de l'armée ukrainienne, Andriï Lyssenko, a pour sa part annoncé que quatre soldats avaient été tués et 25 blessés esur la même période. Selon Kiev, les rebelles prorusses ont tiré environ 80 obus et roquettes sur les positions gouvernementales pendant cette période.« UNE TRÊVE LOCALE TEMPORAIRE »Les combats ont connu une nette recrudescence ces dernières semaines et l'espoir d'une sortie de crise s'est dissipé avec l'échec de nouveaux pourparlers. Les rebelles ont menacé la semaine dernière d'élargir leur offensive à tout le territoire des régions de Donetsk et de Louhansk dont une grande partie est toujours contrôlée par les autorités de Kiev. L'Union européenne a appelé mercredi les belligérants qui s'affrontent dans l'est de l'Ukraine à observer « une trêve locale temporaire d'au moins trois jours » pour que les civils puissent fuir les combats.Lire aussi (édition abonnés) : En Ukraine, du côté de l’armée face aux prorussesL'armée ukrainienne dit avoir perdu environ 300 soldats dans l'est du pays depuis la signature, le 5 septembre, d'un cessez-le-feu resté lettre morte. Depuis avril 2014, le conflit en Ukraine a fait plus de cinq mille morts.Lire aussi l'édito : Faut-il armer l’Ukraine ? Philippe Ridet (Rome, correspondant) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La tournée européenne du nouveau gouvernement grec se poursuit à un rythme frénétique, pour tenter de renégocier l’énorme dette du pays avec ses principaux créanciers (BCE, Union européenne, FMI).A Rome, mardi 3 février, ils se sont donnés du « Matteo » et du « Alexis ». A 40 ans l’un comme l’autre, la conférence de presse qu’ont donnée le premier ministre grec, Alexis Tsipras, et Matteo Renzi, le chef du gouvernement italien, leur a permis d’afficher leur complicité générationnelle, même si l’Italie reste le troisième créancier de la Grèce avec une exposition de 40 milliards d’euros. « Notre génération est celle de personnes qui n’ont pas trouvé de travail ou qui l’ont perdu », a rappelé M. Renzi. « Nous avons en commun le désir de restituer tout son sens à la politique », a relancé Alexis Tsipras.Matteo Renzi a voulu voir dans la victoire de son hôte un parallèle avec la sienne lors des élections européennes de mai 2014, assurant qu’elles étaient l’illustration de la « victoire de l’espérance sur la peur ». « Alexis » a accepté le cadeau d’une cravate « made in Italy » à porter « le jour où la Grèce sera sortie de la crise ». « Cela arrivera plus vite que prévu », a commenté le dirigeant grec. Lors de cette rencontre sont aussi apparues des différences. Alors qu’Alexis Tsipras évoquait « la politique ruineuse de l’Europe », Matteo Renzi a répliqué : « Chaque pays doit faire les réformes nécessaires. Le sauvetage ne viendra pas des autres ». Une déclaration dans le droit de fil des assurances qu’il a données à Angela Merkel de ne pas créer « un front méditerranéen contre Berlin ».Grèce : les jours de la troïka sont comptésRencontre avec François HollandeMême son de cloche à Paris où M. Tsipras doit rencontrer le président François Hollande mercredi 4 février. « Un équilibre doit être trouvé entre le respect du choix démocratique des Grecs et le respect des engagements auquel s’engagent les pays de l’Union », faisait-on savoir dans l’entourage présidentiel, la veille de la rencontre.Pour l’heure, tous les Européens se rangent sur la même ligne de négociation : d’accord pour aider les Grecs, éventuellement pour réaménager leur dette (320 milliards d’euros), afin d’éviter un « Grexit » (sortie de la Grèce de la zone euro), trop risqué pour l’ensemble de l’eurozone. Mais pas à n’importe quelles conditions.Leurs lignes rouges ? Pas d’effacement du « nominal » de la dette (la somme prêtée doit être remboursée). Et pas de versements supplémentaires de la part des créanciers – la Grèce aurait besoin de plusieurs milliards dès le début du deuxième trimestre – sans engagements de la part d’Athènes de faire des réformes. « On n’est pas dans une économie du don, c’est la règle de base de tout prêteur », fait-on valoir à Bruxelles. C’est le message qu’a fait passer Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, à M. Tsipras, qu’il a reçu mercredi matin à Bruxelles.« Je suis très optimiste quant au fait que nous allons faire de notre mieux pour trouver une solution commune viable pour notre futur », a déclaré M. Tsipras lors d'une brève déclaration aux côtés du président du Parlement européen, Martin Schulz. « L'histoire de l'Europe est souvent faire de désaccords mais a la fin de la journée on finit toujours pas s'entendre » a-t-il ajouté. Martin Schulz a reconnu pour sa part que « les dirigeants grecs de démènent pour trouver une solution, la Grece veut rester dans la zone euro », saluant une recontre « fructueuse et constructive ».Selon une source gouvernementale à Athènes, M. Tsipras a souhaité mercredi à Bruxelles que la Grèce élabore, avec l'Union européenne, un plan de réformes et de financement sur quatre ans. Ce plan comprendrait un programme « radical » de réformes couplé à un allègement des obligations budgétaires de la Grèce.La BCE, maîtresse des liquiditésLors de leur première semaine d’exercice du pouvoir, M. Tsipras et ses ministres avaient pourtant fait des annonces fort peu appréciées à Bruxelles et Berlin : gel des privatisations en cours, refus de négocier avec la troïka (BCE, FMI et Commission européenne) des créanciers ou d’accepter de boucler le deuxième plan d’aide au pays (130 milliards d’euros)… Depuis, ils ont mis de l’eau dans leur vin.Plus question de prendre de décisions unilatérales, ont-ils dit. Ni d’exiger un effacement de la dette. M. Varoufakis a même suggéré de transformer une partie des créances en d’autres types d’obligations (perpétuelles, et indexées sur la croissance). Des propositions jugées « intéressantes » à Bruxelles. « Mais ce n’est pas suffisant pour entrer sérieusement en négociation », estime une source européenne haut placée. « Ils doivent venir avec un plan plus précis. Et on ne doit pas seulement parler de la dette. Ils doivent donner des détails sur leur politique économique, leur politique budgétaire », ajoute cette source.Lire aussi notre décryptage : Trois questions sur la renégociation de la dette grecqueEntre autres rendez-vous cruciaux et délicats, M. Varoufakis doit rencontrer son homologue allemand Wolfgang Schäuble, jeudi à Berlin et a rencontré auparavant, mercredi, Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE). « La BCE est la banque centrale de la Grèce (...) La BCE fera tout ce qu'il faut pour soutenir les Etats membres de la zone euro », a réagit le ministre en sortant de son entretien. « Je n'ai aucun doute sur le fait que nous pouvons faire aboutir nos discussions avec nos partenaires européens, ainsi qu'avec le FMI et la BCE, dans un délai très court afin de pouvoir faire redémarrer l'économie grecque », a-t-il ajouté.La BCE tient une partie du sort de la Grèce entre ses mains. Elle est en effet maîtresse des liquidités dont ont besoin les banques grecques qui financent en partie la dette du pays et elle menace de les couper si Athènes ne trouve pas d’accord – avant le 28 février. Une responsabilité très embarrassante…Entre Athènes et la BCE, « une partie de poker menteur »Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Pouchard C'était sa principale promesse de campagne et désormais sa priorité numéro un après son accession au pouvoir en Grèce. Le nouveau premier ministre, Alexis Tsipras, et son gouvernement majoritairement formé par la coalition de gauche radicale Syriza font la tournée des capitales européennes pour plaider une renégociation de la dette du pays. Le ministre des finances, Yanis Varoufakis, a évoqué, lundi 2 février à Londres, une restructuration de cette dette pour en alléger le poids sur l'économie grecque.Dans quelle situation est la Grèce ?175 % C'est le poids de la dette de la Grèce par rapport au produit intérieur brut (PIB) du pays, le taux le plus important de ces dernières années malgré les efforts fournis. Cela représentait 320 milliards d'euros de créances, alors que le pays entier produit environ 183 milliards d'euros en une année. Cette dette a été allégée de 100 milliards d'euros en mars 2012, quand des créanciers privés ont accepté une décote de 50 % à 75 %.if (!window.Highcharts) {') .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } .subtitre{ display:block; }$("#container_1423039125369 .graphe").css("height", 450)$("#container_1423039125369 .title").empty()if ("Grèce : la dette publique explose, le PIB chute"!= ""){Grèce : la dette publique explose, le PIB chute")}$("#container_1423039125369 .subtitle").empty()if (""!= ""){")}$(function () {Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher' }});$("#container_1423039125369 .graphe").highcharts({chart:{ backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, type: "line", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://ec.europa.eu/eurostat/tgm/refreshTableAction.do?tab=table&plugin=1&pcode=teina225&language=en", _blank ); } } }},colors:["#ff3232","#0386c3","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"],credits:{ enabled:true, text:"Eurostat", position: { align: "right", x: -15, y: -5 },},title: { text: ""},subtitle: { text: ""},plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true }},yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"Dette publique (% du PIB)" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} %" }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }]}, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"PIB (milliards d'euros)" }, labels:{ format:'{value} M €' }}],xAxis:{ type:"datetime", categories:null, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value:%Y}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }]},tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 2, xDateFormat: "%Y"},legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10},series:[ { "name": "Dette publique", "type": "line", "data": [ [ 1136073600000, 103.4 ], [ 1167609600000, 103.1 ], [ 1199145600000, 109.3 ], [ 1230768000000, 126.8 ], [ 1262304000000, 146 ], [ 1293840000000, 171.3 ], [ 1325376000000, 156.9 ], [ 1356998400000, 174.9 ] ], "color": "#ff3232" }, { "name": "PIB", "type": "line", "yAxis": "droit", "data": [ [ 1136073600000, 217.831 ], [ 1167609600000, 232.831 ], [ 1199145600000, 242.096 ], [ 1230768000000, 237.431 ], [ 1262304000000, 226.21 ], [ 1293840000000, 207.752 ], [ 1325376000000, 194.204 ], [ 1356998400000, 182.438 ] ], "color": "#0386c3" }]})});var chart = $('#container_1423039125369 .graphe').highcharts();if (1== 0){ $("#axeY2").hide() $(".invis").hide() $(".invis2").hide()} else { $("#axeY2").show() $(".invis").show() $(".invis2").show()}Pour venir en aide à la Grèce, étouffée par les dettes et dont des paiements arrivaient à échéance, l'Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international (la « troïka »), ainsi que la France et l'Allemagne, ont massivement prêté de l'argent à Athènes, pour un total de plus de 240 milliards d'euros. La Croix a très clairement répertorié la répartition des créanciers de la dette grecque :La troïka a conditionné son aide financière à une série de réformes structurelles radicales (baisse des salaires et des pensions de retraites, recul de l'âge de départ à la retraite, privatisations) pour que la Grèce puisse honorer ses dettes. Cette cure d'austérité est largement dénoncée dans le pays, notamment par Syriza, qui affirme que le remède est pire que le mal et entretient une spirale négative.Que propose le gouvernement grec ?Après avoir laissé entendre qu'il demanderait un effacement de la dette, en totalité ou en partie, le gouvernement d'Alexis Tsipras semble avoir adouci son discours. Le ministre de l'économie, Yanis Varoufakis, a affirmé au quotidien britannique Financial Times que la Grèce pourrait désormais demander une restructuration de la dette, c'est-à-dire que le montant reste inchangé mais les modalités de remboursement, elles, varient.Actuellement : la Grèce a des obligations « standards », c'est-à-dire un emprunt qu'elle rembourse quelques années après l'avoir souscrit (à moyen ou long terme selon les cas) mais paye des intérêts au fur et à mesure, une à deux fois par an. Problème : le pays étant étranglé économiquement, il peine à rembourser ses emprunts et est dépendant de l'aide financière de la troïka, versée à intervalles réguliers.Ce que propose le ministre des finances : il souhaite passer sur deux types d'obligations différents.Des « obligations perpétuelles », qui concerneraient tous les emprunts auprès de la Banque centrale européenne (soit plus de 25 milliards d'euros). Dans ce cas, les titres n'ont plus une date de validité à moyen ou long terme mais sont illimités. Ainsi, l'Etat grec continue à payer des intérêts mais ne doit plus rembourser plusieurs milliards d'euros à certaines échéances, ce qui allège son budget d'un poids certain. Il pourrait ainsi ne jamais rembourser le capital, mais paierait in fine plus d'intérêts que de capital emprunté au départ.Des obligations « indexées sur la croissance » pour les emprunts auprès des plans d'aides européens. Dans ce cas, le taux d'intérêts varie selon la croissance – pouvant descendre jusqu'à 0 % en cas de stagnation du PIB.Cela réussira-t-il ? Cette solution présente plusieurs avantages pour tous les acteurs de la crise. Pour le gouvernement grec, les obligations perpétuelles enlèvent l'épée de Damoclès qui pèse au-dessus de l'équilibre budgétaire. Rien qu'au cours de l'année 2015, la Grèce devra rembourser 9 milliards d'euros au FMI, près de 7 milliards à la BCE et 15 milliards à des banques grecques.Pour la Banque centrale européenne, cette possibilité évite un possible défaut de paiement de la Grèce, ainsi que la réaction en chaîne qu'il pourrait entraîner sur les marchés.Concernant la dette indexée sur la croissance, l'Argentine avait déjà eu recours à cette solution pendant sa grave crise financière au début des années 2000.Mais les créanciers pourraient ne pas voir l'autre proposition grecque d'un très bon œil. « Une obligation perpétuelle, qu'on ne rembourse jamais, c'est peut-être un peu difficile à faire passer. J'imagine plutôt un compromis sur une échéance très longue, par exemple cinquante ans », a commenté Frederik Ducrozet, analyste au Crédit agricole.Il faudra convaincre en particulier les acteurs européens : le premier ministre grec, Alexis Tsipras, en visite en Italie mardi, doit rencontrer François Hollande, mercredi à Paris, après un entretien à Bruxelles avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.Les marchés financiers ont eux accueilli favorablement la proposition du gouvernement grec, la Bourse d'Athènes clôturant mardi soir en hausse de 11,27 %.Lire aussi : Grèce : le compte à rebours est enclenché pour éviter un défaut sur la detteAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphanie Maupas (La Haye, correspondance) La Cour internationale de justice (CIJ) a décidé, mardi 3 février, que ni la Serbie, ni la Croatie n’avaient commis de génocide lors de la guerre en Croatie (1991-1995). Une décision qui met un terme à une très longue bataille juridique et mémorielle entre Zagreb et Belgrade.Pourquoi cette décision ?Pour les magistrats internationaux, la Croatie n’a pas apporté la preuve qu’un génocide aurait été commis par les Serbes. Si des meurtres et des disparitions forcées ont bien été perpétrés par les forces serbes, estiment-ils, ils ne l’ont pas été dans l’intention de détruire la population croate, mais pour l’expulser de territoires de Croatie, notamment d’une partie de la Slavonie et de la Dalmatie, alors revendiqués par les sécessionnistes serbes, qui souhaitaient « intégrer un Etat serbe ethniquement pur, rassemblant tous les Serbes d’ex-Yougoslavie ». Bref, une politique d’épuration ethnique.Les juges se basent sur plusieurs témoignages déposés par Zagreb, mais aussi sur les décisions du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). En vingt ans, ce tribunal, qui a jugé près de 150 personnes, n’a jamais établi l’existence d’un génocide en Croatie. La CIJ rappelle d’ailleurs que l’ex-président yougoslave, Slobodan Milosevic, n’a jamais dû répondre de crimes de génocide en Croatie.Les juges font le même constat concernant une contre-plainte pour génocide déposée en 2010 par la Serbie, visant particulièrement les crimes commis lors de l’opération Tempête qui, à la fin de la guerre, en août 1995, avait permis aux forces croates de reprendre des territoires conquis par les sécessionnistes serbes. Si des crimes ont été commis, précisent-ils, ils ne l’ont pas été « à une échelle telle » qu’ils démontreraient « une intention génocidaire ».Quels étaient les points les plus controversés ?La CIJ a aussi tranché sur la question de la bataille de Vukovar, au cours de laquelle 1 600 personnes, dont 1 100 civils, avaient été tuées. S’appuyant là encore sur les conclusions du TPIY, qui avaient été critiquées par la Croatie, elle estime que cette attaque était une réponse à la déclaration d’indépendance de la Croatie en avril 1991. Quant au massacre de prisonniers de guerre à Ovcara, les magistrats estiment qu’il « ne visait pas à détruire un groupe protégé mais à détruire l’ennemi, au sens militaire du terme ».La Cour confirme aussi les conclusions du TPIY concernant l’officier croate qui avait dirigé l’opération Tempête, le général Ante Gotovina, acquitté en 2012. La Serbie avait critiqué une « décision politique ».Qui a gagné ?Personne et tout le monde. Les deux parties sont renvoyées dos à dos, et toutes deux invitées par les juges à poursuivre leur coopération concernant les disparus. Près de 2 000 personnes n’ont toujours pas été retrouvées après cette guerre, qui a fait environ 20 000 morts.Peu après la décision, le président serbe, Tomislav Nikolic, a salué une décision qui établit que « des crimes de masse ont été commis contre les Serbes en Croatie », mais « espère sincèrement qu’à l’avenir, la Serbie et la Croatie auront assez de courage pour agir de bonne foi pour résoudre leurs problèmes ensemble et conduire la région vers une paix durable et prospère ». De son côté, le premier ministre croate, Zoran Milanovic, s’est déclaré « mécontent » de la décision, « mais nous l’acceptons de manière civilisée ». Le ministre des affaires étrangères serbe, Ivica Dacic, a estimé que cette décision « mettrait fin à la bataille [engagée] des deux côtés pour prouver qui est le pire criminel ».Lorsqu’en 1999, la Croatie avait porté plainte devant la CIJ contre la Serbie, les deux pays étaient engagés dans une sorte de guerre juridique, s’accusant mutuellement de génocide. En outre, Zagreb et Belgrade menaçaient d’émettre des actes d’accusation secrets contre leurs ressortissants respectifs.La Croatie a toujours bataillé, que ce soit devant la CIJ, chargée de régler les conflits entre Etats, ou le TPIY, qui conduit des procès contre des individus, pour démontrer qu’elle conduisait une guerre légitime. L’échec d’une tentative d’accord avait conduit la Serbie à porter plainte à son tour devant la CIJ en 2010.Stéphanie Maupas (La Haye, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.02.2015 à 15h13 • Mis à jour le04.02.2015 à 11h09 | Paul Benkimoun Les parlementaires du Royaume-Uni se sont prononcés, mardi 3 février, en faveur du projet d’assistance médicale à la procréation destinée à prévenir la transmission de maladies génétiques d’origine maternelle. Familièrement baptisée fécondation in vitro « à trois parents », elle consiste à remplacer dans l’œuf les petites structures appelées mitochondries, présentes dans toutes les cellules à qui elles fournissent l’énergie dont elles ont besoin. Certaines maladies sont en effet liées à des mutations affectant l’ADN des mitochondries. L’ensemble des mitochondries de l’embryon sont d’origine maternelle.Que sont les maladies mitochondriales ?Constituant des centrales à énergie permettant la synthèse des protéines et d’autres molécules, les mitochondries sont des structures présentes dans les cellules, à l’extérieur de leur noyau, dans le cytoplasme. Elles possèdent leur propre ADN, toujours hérité de la mère. Les mutations de cet ADN mitochondrial (ADNmt) sont responsables d’un ensemble de plus de 700 maladies métaboliques non curables à ce jour et pour certaines potentiellement mortelles dans l’enfance. Elles peuvent se manifester sur le plan neurologique, neuromusculaire, des atteintes ophtalmiques (neuropathie optique de Leiber), des anémies, de la surdité…Selon l’Autorité britannique sur la fécondation humaine et l’embryologie (HFEA), environ une naissance sur 5 000, et vraisemblablement une proportion plus importante de fœtus, présente une mutation de l’ADNmt. Toujours selon la HFEA, il est possible d’avoir un recours à un diagnostic pré-implantatoire, sélectionnant les embryons n’ayant que très peu de mutations de l’ADNmt, mais cela suppose d’avoir préalablement identifié la mutation en cause. En quoi consiste la technique de remplacement des mitochondries ?Si le problème est lié aux mitochondries, se sont dit des chercheurs britanniques de l’université de Newcastle, remplaçons-les, plutôt que de faire appel à un classique don d’ovocyte de la part d’une donneuse. L’idée était de conserver le patrimoine génétique maternel, porté par les chromosomes qui se trouvent dans le noyau cellulaire. Pour cela, les chercheurs ont eu recours à la technique du transfert nucléaire.Le procédé consiste à partir d’un ovocyte de la mère, contenant donc des mitochondries porteuses de la mutation incriminée. L’ovocyte est fécondé par un spermatozoïde paternel, puis, le noyau de l’œuf obtenu est prélevé. Un ovocyte provenant d’une donneuse, indemne de la maladie, a lui aussi été fécondé avant d’être débarrassé de son noyau. Le noyau comprenant la part de patrimoine génétique d’origine maternelle est alors transféré dans l’œuf provenant de la donneuse.L’œuf qui en résulte comporte donc un noyau recelant les patrimoines génétiques de la mère et du père, et un cytoplasme dont les mitochondries contiennent l’ADN de la donneuse exempt de mutations. Donc, trois ADN, celui de la donneuse étant ultra-minoritaire.Une autre technique existe, où le transfert est effectué à partir d’ovocytes, l’un maternel, l’autre de la donneuse, l’ovocyte résultant étant ensuite fécondé par un spermatozoïde paternel.Aux Etats-Unis, une demande d’autorisation d’un essai clinique utilisant cette technique a été soumis en février à la Food and Drug Administration. La FDA n’a pas encore rendu sa décision.Une technique sûre ?Dans un communiqué du 22 juillet 2014, annonçant le projet de loi gouvernemental autorisant le recours à la technique de remplacement de mitochondries, la HFEA précise que son panel d’expert, présidé par le Dr Andy Greenfield, avait clairement indiqué dans son rapport de juin 2014 qu’il « n’avait pas trouvé de preuve suggérant que le remplacement mitochondrial ne soit pas sûr et que de bons progrès avaient été accomplis au plan scientifique. » Etudiant les données animales et humaines sur plusieurs années, le panel avait pris en compte les aspects de sécurité liés au transfert lui-même, les réactifs utilisés pour cette technique ainsi que les interactions entre le noyau et les mitochondries.A cette occasion, le Dr Greenfield a déclaré : « Passer de la recherche à la pratique clinique implique toujours un certain degré d’incertitude. Si le parlement change effectivement la loi, la procédure régulatoire requise par la HFEA avant que le traitement soit proposé garantira, autant qu’il est possible de le faire, que le remplacement des mitochondries marche et est suffisamment sûr pour être proposé aux personnes atteintes de maladies mitochondriales sévères. »Quelles sont les questions éthiques soulevées ?Bien que le parlement britannique ait adopté la modification de la loi de 2008 sur l’assistance médicale à la procréation pour autoriser le remplacement des mitochondries, la technique n’en sera pas pour autant immédiatement proposée. Comme toute technique à la pointe de la science, elle doit être encadrée par des dispositions réglementaires que la HFEA doit élaborer. Cette instance de régulation doit concevoir et mettre en œuvre une procédure, définissant notamment un cahier des charges pour les établissements qui seraient autorisés à la pratiquer.Des questions éthiques sont également soulevées à propos de cette nouvelle technique. Tout d’abord, le fait qu’elle entraîne une modification de ce que l’on appelle la lignée germinale, autrement dit les cellules participant à la fécondation (par opposition à la lignée somatique qui donne les autres cellules de l’organisme). Dès lors, cela signifie que l’ADNmt provenant de la donneuse va également être transmis à la descendance en plus de celui des deux parents.De ce point de vue, il peut exister une différence entre les deux techniques. Dans celle où le transfert a lieu après la fécondation, l’identité génétique du futur embryon aura donc été établie par les chromosomes paternels et maternels, avant le traitement. Dans celle où le transfert est effectué sur des ovocytes avant fécondation, l’ADN mitochondrial de la donneuse préexiste et l’individu créé sera différent de ce qu’il aurait été avec les seuls deux parents.Le bénéfice – la non transmission de la mutation – est évident, mais cela peut susciter des interrogations. En particulier le caractère anonyme ou non du don de mitochondries (le don de gamète n’étant pas anonyme). Lors du congrès mondial de bioéthique, le 25 juin 2014 à Mexico, le Dr John Appelby, du centre d’éthique et de législation médicale du King’s College (Londres), a évoqué le fait que le don de mitochondries n’est pas susceptible d’influer significativement sur l’identité et les traits physiques des descendants, qui seraient donc peu enclins à s’enquérir de l’identité de la donneuse de mitochondries. Mais d’un autre côté, pourquoi refuser l’accès à une telle information, s’est-il interrogé.Des accusations d’eugénisme ont également été avancées comme dans d’autres techniques visant à éviter la naissance d’enfants porteurs de maladies graves. Mais, dans le cas du remplacement de mitochondries par transfert du noyau, il n’y a pas de sélection des embryons, avec élimination de ceux porteurs de la mutation de l’ADNmt. Paul BenkimounJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.02.2015 à 13h02 • Mis à jour le03.02.2015 à 17h07 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Une vraie bombe. La commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, a annoncé, mardi 3 février, que la Commission avait lancé une enquête officielle sur un système de « tax rulings » en Belgique.Après les LuxLeaks, ces révélations de la presse qui, en novembre 2014, pointaient du droit le système mis en place au Luxembourg pour permettre aux multinationales de payer le moins d’impôts possibles, ce sont maintenant les pratiques de la Belgique qui sont sur la sellette.C’est la première fois, par ailleurs, que la Commission s’en prend à un régime de rescrits fiscaux dans son ensemble et pas à des accords passés entre une entreprise en particulier et un Etat. Au printemps 2014, elle a ouvert des enquêtes approfondies pour soupçons d’aides d’Etat illicites concernant Starbuck au Pays-Bas, Amazon et Fiat au Luxembourg ou Apple en Irlande. Les conclusions de ces enquêtes sont attendues pour ce printemps.La Commission soupçonne la Belgique d’avoir fait bénéficier les multinationales – et uniquement elles – d’un régime fiscal leur permettant de diminuer drastiquement l’impôt dont elles sont redevables dans le pays.Ces groupes pouvaient réduire leur base imposable de bénéfices excédentaires. Les groupes belges n’avaient pas accès à ce régime clairement destiné à attirer des entreprises étrangères en Belgique. Ce régime existerait depuis 2004. La Commission soupçonne des aides d’Etat illégales. Quelques douzaines de multinationales seraient concernées. Elle n’a précisé, mardi, ni le nombre des sociétés multinationales ayant bénéficié des « tax rulings » incriminées ni le manque à gagner fiscal pour la Belgique.Début de revancheCette annonce sonne comme un début de revanche pour Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, attaqué fin 2014 suite au scandale LuxLeaks, car ayant occupé pendant près de dix-neuf ans le poste de premier ministre du Luxembourg.Le 12 novembre 2014, quand il avait dû s’expliquer au Parlement européen sur les LuxLeaks, pris à parti par Guy Verhofstadt, ex-premier ministre belge, M. Juncker avait affirmé : « S’il s’avérait que des aides d’Etat non autorisables ont été décidées par quelque instance luxembourgeoise, pourquoi voulez-vous que je démissionne de mon poste de président de la Commission ? Alors, j’aurais un problème. Vous avez été premier ministre. Pouvez-vous vous lever tout de suite et dire : “Jamais il n’y a eu une aide d’Etat refusée et annulée par la Commission pendant la période où j’étais premier ministre” ? Vous ne le savez pas. Je suis pour une investigation large et profonde, dans tous les pays. Peut-être, alors, aurez-vous un problème. »…Par ailleurs, l'AFP a annoncé, mardi matin, que la commission juridique du Parlement européen avait mis en garde sur la demande de création d'une commission d'enquête sur les pratiques d'optimisation fiscale en Europe, au motif que cela ferait double emploi avec les enquêtes de la Commission européenne. Cette commission d'enquête parlementaire a donc du plomb dans l'aile...Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.02.2015 à 14h53 • Mis à jour le08.02.2015 à 16h22 | Claire Guélaud Pour la deuxième fois depuis les débuts de la présidence turque, en décembre 2014, les « sherpas » des différents pays avancés et émergents membres du groupe des 20 (qui représente plus de 85 % de l’économie mondiale), se retrouvent, dimanche 8 février, à Istanbul pour plancher sur les stratégies de croissance, sur la régulation financière et sur la fiscalité.Officiellement, la Grèce ne figure pas à l’ordre du jour de cette réunion préparatoire au G20 finances, qui réunira, lundi 9 et mardi 10, ministres des finances et banquiers centraux des principales économies de la planète. Mais à la veille de l’Eurogroupe extraordinaire de mercredi, nul doute qu’elle sera dans toutes les têtes.Il devrait être beaucoup question, dimanche, de l’état de santé de la zone euro qui fait toujours figure d’« homme malade » de l’économie mondiale, malgré la révision à la hausse des prévisions de croissance de la Commission européenne.Trouver une solution au problème grecLes pays anglo-saxons (Etats-Unis, Canada, voire Royaume-Uni) et les émergents semblent résolus à exercer des pressions « de plus en plus fortes » sur les Européens pour qu’ils en fassent moins sur le terrain de la rigueur et de la consolidation budgétaire et qu’ils permettent ainsi une véritable reprise dans la première région économique du monde, observe un participant.Les questions des stratégies de croissance et d’un éventuel changement des politiques économiques et de réglage conjoncturel (policy-mix) dans un sens moins restrictif, réclamé par Syriza, la gauche radicale grecque, et par le nouveau premier ministre hellène, Alexis Tsipras, devraient être largement évoquées.Les pays anglo-saxons et les émergents, inquiets du caractère trop « faible » et trop « inégal » de la croissance mondiale, poussent en ce sens.Zone euro : désinflation ? Déflation ? En tout cas, baisse des prixLe Canada devrait aussi redire haut et fort qu’il est favorable à l’annulation de la dette grecque, une solution exclue par le Fonds monétaire international (FMI), la Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE).A l’évidence, les non Européens, traumatisés en 2010 par la crise des dettes souveraines et par la menace d’un éclatement de la zone euro, attendent tous de cette dernière qu’elle trouve une solution – le plus rapidement possible – au problème grec.L’Europe accroît la pression sur AthènesIls ne devraient pas manquer de rappeler aux Européens que c’est déjà avec la dette grecque qu’avait débuté, il y a quatre ans, la crise des dettes souveraines dans la zone euro.Inquiétudes sur la remontée des taux américainsLe débat macroéconomique devrait aussi porter sur le contre-choc pétrolier, dont les effets sont très différents selon que les pays sont exportateurs ou importateurs d’or noir, et sur la réapparition des crises de change dans les pays émergents.Ce dernier sujet est jugé particulièrement sensible en Turquie : le dévissage de la livre, au printemps 2013, lors de l’annonce par Ben Bernanke, alors président de la Réserve fédérale américaine (Fed, banque centrale), d’une normalisation progressive de sa politique monétaire, y a laissé de vifs souvenirs.Le pays hôte du G20 en 2015 est également préoccupé par la résurgence des turbulences financières dans de nombreuses économies émergentes en raison des anticipations de remontée des taux d’intérêt américains.Le gouvernement turc, dont les priorités pour le G20 (croissance inclusive, suivi des mesures pro-croissance adoptées lors du G20 en Australie en novembre 2014, investissement) sont encore « un peu floues », plaide pour la mise en place d’un groupe de travail sur le système monétaire international.Lutte contre le financement du terrorismeIl souhaite par ailleurs que le G20 se préoccupe davantage du sort des pays les moins avancés. Un bilan d’étape devrait être fait au sujet des 1 000 engagements pris par les chefs d’Etat et du gouvernement à Brisbane (Australie) pour relever de 2 000 milliards de dollars supplémentaires la croissance mondiale.Les travaux déjà bien engagés en matière de régulation financière, de lutte contre l’évasion fiscale et en faveur de l’échange automatique de renseignements fiscaux seront poursuivis. Le gouvernement français continue demander une régulation du « shadow banking ».Terrorisme : la France veut renforcer les dispositions « antiblanchiment »Avec le Brésil, la France souhaite ajouter un volet financier à la lutte contre le réchauffement climatique, dans la perspective de la COP21 (Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) de décembre 2015 à Paris. Elle devrait aussi demander à ses partenaires du G7 - lesquels débattront sûrement de la question Ukrainienne après la rencontre à Moscou entre Angela Merkel, François Hollande et Vladimir Poutine - ainsi que du G20 de s’engager dans la lutte contre le terrorisme et contre son financement.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.02.2015 à 01h51 Les conservateurs slovaques ont échoué à renforcer l'interdiction constitutionnelle du mariage homosexuel, lors du référendum d'initiative populaire organisé samedi 7 février. Le scrutin a été déclaré invalide en raison d'un taux de participation trop faible, selon des résultats portant sur 94 % des circonscriptions, communiqués par l'office national des statistiques (SUSR).Un peu plus de 21 % des 4,4 millions d'électeurs se sont rendus aux urnes, alors que la barre requise était de 50 %.Ni mariage homosexuel ni unions civiles ne sont autorisés par la loi slovaque entre personnes de même sexe, pas plus que l'adoption par des couples homosexuels. Mais les conservateurs d'Aliancia Pre Rodinu (l'Alliance pour la famille), à l'origine de ce référendum d'initiative populaire, voulaient cimenter ces interdictions par une consultation populaire et compliquer toute évolution législativeLE « OUI » L'EMPORTE CHEZ LES VOTANTSCeux qui ont choisi de voter se sont toutefois massivement prononcés contre le mariage entre personnes de même sexe. « Les questions ont été clairement posées et 90 % des gens ont répondu oui. Oui à la famille, oui au mariage de l'homme et de la femme, c'est extraordinaire », s'est réjoui à la télévision Anton Chromik de l'Alliance pour la famille, mouvement à l'origine de la consultation.Les partisans des mariages gay et lesbien avaient eux invité les Slovaques à boycotter ce référendum, qu'ils jugeaient a priori inutile au vu des textes déjà en vigueur.La consultation a pourtant révélé l'importance de la haine à l'égard des homosexuels dans ce pays de l'UE de 5,4 millions d'habitants, dont plus de 80 % se disent chrétiens et 70 % catholiques. « Je ressens une tristesse et une désillusion après ce que ce référendum a apporté à notre pays », a déclaré à la presse le président slovaque Andrej Kiska, après avoir voté dans la soirée.Lire aussi (édition abonnés) : La Manif pour tous s’exporte à Bratislava Joëlle Stolz (Vienne, correspondante) Séisme politique, ou tempête dans un plat de goulasch ? L'éruption de colère de l'homme d'affaires Lajos Simicska, qui vient de rompre de façon fracassante avec son vieil ami Viktor Orban, en reprochant au premier ministre conservateur, sur fond de querelle fiscale, ses tendances autoritaires et trop favorables à la Russie, a sidéré les milieux politiques et médiatiques à Budapest - dix jours avant la visite de Vladimir Poutine. Vendredi 6 février, M. Simicska, 55 ans, propriétaire, entre autres, d'un groupe de presse qui était l'un des piliers du gouvernement, a appris la démission, pour « raisons de conscience », de ses six plus proches collaborateurs, soit tout l'état-major de son empire : le quotidien Magyar Nemzet et son édition sur Internet, la chaîne de télévision Hir TV ainsi que Lanchid Radio. La veille, leur patron avait menacé de déclencher une « guerre ouverte » contre M. Orban si celui-ci ne revenait pas sur son projet de taxer à hauteur de 5% les revenus publicitaires de l'ensemble des médias hongrois. Les démissionnaires ont choisi l'autre camp.ÉMINENCE GRISE DU PARTILe discret M. Simicska, qui avait longtemps joué le rôle d'éminence grise du Fidesz, le parti conservateur au pouvoir depuis 2010, a alors donné, en quatre heures, davantage d'interviews que durant les quatre années précédentes, avec une préférence marquée pour les organes de presse liés à l'opposition de gauche. A l'hebdomadaire Magyar Narancs (Orange hongroise) – l'un de ceux qui ont perdu, dès 2010, tous leurs contrats publicitaires avec des organismes publics -, il a ainsi confié : « Mon alliance avec Orban reposait sur le fait que nous voulions abattre la dictature et le système postcommuniste. Mais dans cette alliance, il n'a jamais été question de construire, à la place, une nouvelle dictature ! ». Aîné de cinq ans du premier ministre, M. Simicska l'a épaulé dans son parcours politique depuis l'époque où le jeune Orban avait demandé, en juin 1989, le départ des troupes soviétiques.Lorsque le journaliste, Daniel Renyi, remarque que les excès anti-démocratiques du Fidesz ne paraissaient guère le gêner, tant qu'il a fait de bonnes affaires avec le gouvernement (l'opposition estime que Közgep, l'entreprise de BTP de M. Simicska, a reçu, depuis 2010, 40% des projets financés en Hongrie par l'Union européenne), l'oligarque répond : « Cela peut vous faire sourire, mais pour moi le monde ne se réduit pas au business, j'ai aussi des valeurs. (…) Je voyais Orban comme un homme d'état qui peut servir son pays, mais il ne l'est pas ». L'ex-fidèle du premier ministre a couvert celui-ci d'insultes, déclarant aux médias qu'il n'était qu'une « bite ». Puis il a quitté la Hongrie pour huit jours, après avoir promis cette fois la « guerre totale ». Samedi, il n'y avait pas d'indice clair d'une telle offensive dans les médias qu'il contrôle, tandis que le reste de la Hongrie s'interrogeait sur ce qui s'est réellement passé entre M. Orban et M. Simicska, ancien trésorier du Fidesz dont il connaît tous les secrets. « En descendant Simicska, Orban a prouvé qu'il pouvait descendre n'importe qui, analyse Daniel Renyi, interrogé au téléphone par Le Monde. C'est un message très fort : voilà ce qui va vous arriver si vous n'êtes pas loyal ».GUÉRILLAVendredi, l'oligarque a évoqué le risque d'être éliminé physiquement en représailles mais s'est bien gardé, malgré sa fureur, de faire des révélations sur les dessous économiques du pouvoir. Cet habile financier a souvent sauvé le Fidesz, notamment en lui permettant de réaliser une juteuse opération immobilière à une époque où le parti de M. Orban était aux abois. Il a ensuite constitué son groupe médiatique pour appuyer la stratégie de reconquête du leader conservateur, après que celui-ci eut perdu les élections après son premier mandat, en 2002. Dès le retour du Fidesz, en 2010, il en a été récompensé, élargissant son périmètre dans le BTP mais aussi dans le secteur agricole, à la faveur des attributions de terres détenues par l'état. L'étoile de Lajos Simicska a pâli après les législatives d'avril 2014. Ayant conquis une nouvelle fois les deux tiers au Parlement – grâce à un scrutin que l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, l'OSCE, a qualifié de « libre, mais non équitable » -, Viktor Orban a favorisé l'ascension une nouvelle génération, dont son chef de cabinet, Janos Lazar, et le ministre des affaires étrangères, Peter Szijjarto, sont emblématiques. On a donc assisté pendant des mois à une guérilla entre la « vieille garde », incarnée par M. Simicska, et ceux qui pensaient, avec M. Orban, qu'il était temps d'affaiblir son influence. L'oligarque aurait été tenu à l'écart des discussions touchant aux contrats gaziers que Budapest veut conclure avec Moscou. En rétorsion, il a envisagé quelque temps d'être candidat indépendant  à une importante élection locale, en février, afin d'enlever au Fidesz sa majorité des deux tiers.TAXE SUR LES MÉDIASLa rupture a été précipitée, début 2015, par deux décisions qui l'atteignent financièrement. Budapest a dû reconsidérer la taxe confiscatoire (50% des revenus publicitaires) qui ciblait la chaîne hongroise RTL, filiale du groupe allemand Bertelsmann. Sous la pression de la Commission européenne et de Berlin, le gouvernement hongrois envisage de la ramener à 5%, mais pour tous les médias. Cette concession vise à apaiser RTL, qui a beaucoup durci le ton de ses journaux télévisés contre le pouvoir.Auparavant, M. Orban avait annoncé sans ambages aux médias pro-gouvernementaux qu'il leur faudrait à l'avenir compter sur leurs propres ressources, au lieu d'engranger les contrats octroyés par le pouvoir. Dans le cadre d'une vaste restructuration des médias publics, dont l'audience est très faible parmi les jeunes, le premier ministre prépare une nouvelle chaîne de télévision, TV Petöfi, dont les émissions débuteront le 15 mars. Le contenu de ce projet, piloté par le conseiller médias de M. Orban, Arpad Habony, n'a pas encore été dévoilé. Mais ce sera sans doute un autre coup porté à la « vieille garde ».Joëlle Stolz (Vienne, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.02.2015 à 17h18 • Mis à jour le08.02.2015 à 04h41 A la veille d'un entretien téléphonique entre les présidents russe, français, ukrainien et la chancelière allemande en vue d'un accord de paix, qui semble peu probable, les séparatistes prorusses préparent de nouvelles offensives contre la ville portuaire de Marioupol et la localité de Debaltseve. Ils ont intensifié leurs pilonnages de positions gouvernementales, a annoncé samedi 7 février un porte-parole de l'armée ukrainienne, précisant : « Nous avons observé une hausse du nombre de tanks et de véhicules blindés vers Debaltseve. » Cinq soldats ont été tués et vingt-six autres blessés au cours des dernières vingt-quatre heures dans l'est de l'Ukraine, a ajouté le porte-parole.La prise de Debaltseve est devenue une priorité pour les rebelles, qui souhaitent prendre le contrôle de cette poche située entre les deux principales régions qu'ils contrôlent déjà. Cette ville est d'autant plus stratégique qu'elle est au cœur de voies routières et ferroviaires.DES CENTAINES DE CIVILS ONT QUITTÉ DEBALTSEVELe gouvernement ukrainien assure disposer d'une puissance de feu suffisante pour défendre la ville en dépit de l'avancée des séparatistes, qui tiennent plusieurs villes et villages entourant Debaltseve. Des centaines de civils ont toutefois quitté la ville, qui ne compte plus que 3 000 habitants sur les 25 000 enregistrés avant le conflit, selon des chiffres donnés vendredi par un représentant du gouvernement ukrainien.L'offensive des rebelles vise également Marioupol, une ville du Sud-Est que borde la mer d'Azov, enclavée entre la Crimée, annexée l'an dernier par la Russie, et des territoires contrôlés par les rebelles. Elle est la dernière grande ville tenue par Kiev dans la région et a été visée le mois dernier par d'intenses tirs d'artillerie, qui ont provoqué la mort de trente civils. La perte de Marioupol serait une catastrophe pour l'armée ukrainienne, qui avait reconnu à la fin de janvier avoir subi un lourd revers en étant contrainte d'abandonner sa principale position dans l'aéroport de Donetsk.Lire : En Ukraine, le port stratégique de Marioupol bombardé par les séparatistesJeudi 5 février, au terme de sa rencontre avec M. Hollande et Mme Merkel, le président ukrainien, Petro Porochenko, avait estimé que l'initiative franco-allemande « laiss[ait] espérer un cessez-le-feu » dans la région. Soutenue par Washington et par l'Union européenne, celle-ci a tout de la médiation de la dernière chance, après dix mois d'un conflit qui a fait plus de 5 300 morts et a provoqué une crise internationale rappelant les crispations de la guerre froide.Le chef de l'Etat ukrainien a également insisté sur la nécessité de respecter les accords de paix signés à Minsk en septembre par les belligérants. Conclus sous l'égide de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ce protocole, qui prévoyait un cessez-le-feu immédiat et le départ des « groupes armés illégaux », n'a pratiquement jamais été respecté. Frédéric Lemaitre (Munich, envoyé spécial) Intervenant samedi 7 février à la conférence de Munich sur la sécurité, quelques heures seulement après avoir quitté Vladimir Poutine, Angela Merkel n'a pas paru très optimiste quant aux chances d'aboutir à un accord sur l'Ukraine. La chancelière allemande a qualifié d'« incertain » le succès de la mission diplomatique qu'elle a entreprise avec François Hollande, jeudi à Kiev et vendredi à Moscou. « Il n'y a pas de garantie que Poutine fera ce que nous espérons » a-t-elle reconnu.Lire : Ukraine : Merkel et Hollande ont quitté Moscou sans accordAlors que le président ukrainien, Petro Porochenko, et le vice-président américain, Joe Biden, étaient assis au premier rang, Angela Merkel a très clairement expliqué pourquoi l'Allemagne s'opposait à la livraison d'armes à l'Ukraine, que souhaitent notamment plusieurs responsables politiques américains.« Je n'imagine pas une situation où l'armée ukrainienne serait tellement équipée qu'elle impressionnerait la Russie. » « Militairement, ce conflit ne peut être gagné. C'est dur à dire, mais c'est comme ça. » Mme Merkel a rappelé que quand l'Allemagne de l'Est avait construit le mur de Berlin, en 1961, les Occidentaux n'avaient pas réagi militairement. Pour elle, il faut donc « se concentrer sur une solution diplomatique et passer par des sanctions sur ce qui est notre point fort : l'économie ».Lire l'éditorial du Monde : Faut-il armer l’Ukraine ?La chancelière allemande sait que sa position ne fait pas l'unanimité : « Nous ne nous convaincrons pas les uns et les autres actuellement », a-t-elle reconnu. Mais elle a reproché aux Occidentaux d'être défaitistes : « Vingt-cinq ans après la fin de la guerre froide, je suis surprise qu'on ne croie plus au succès », a-t-elle dit.Le vice-président américain Joe Biden s'est pour sa part adressé à Vladimir Poutine, lui demandant « des actes, pas des paroles ».lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2gb5dj"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2gb5dj", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});« ÉPURATION ETHNIQUE »Prenant la parole trente minutes plus tard, Serguei Lavrov, ministre des affaires étrangères russe, a laissé peu d'espoir quant à un accord prochain. Alors qu'Angela Merkel avait dénoncé le non-respect par Moscou des accords d'Helsinki sur l'inviolabilité des frontières en Europe, Sergueï Lavrov a violemment critiqué les Etats-Unis, qui, selon lui, ne respectent pas les traités de non-prolifération de missiles intercontinentaux.M. Lavrov juge que l'Union européenne « a soutenu un coup d'Etat » en Ukraine, qui a débouché sur le départ du président Ianoukovitch. Il a également dénoncé « l'épuration ethnique » à laquelle se livrerait l'actuel gouvernement ukrainien et a reproché à l'Occident de ne pas réagir à « l'éradication des juifs et des Russes » à laquelle on assisterait, selon lui, en Ukraine. Pour M. Lavrov, la Crimée fait désormais partie intégrante de la Russie, car les habitants en ont décidé ainsi. Il a donc mis en avant « le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes », et si l'on veut la paix en Ukraine, il faut que le gouvernement de Kiev négocie avec les représentants des régions de l'Est, a-t-il dit.Même si Sergueï Lavrov a déclaré qu'« il est tout à fait possible d'avoir des résultats et de tomber d'accord sur des recommandations qui permettront aux deux parties de vraiment dénouer le conflit », dans la salle flottait malgré tout un léger parfum de guerre froide.Lire : Initiative franco-allemande de la dernière chance pour sortir du conflit en UkraineLes discussions lors de la conférence annuelle sur la sécurité devraient contribuer à déblayer le terrain avant une conversation téléphonique à quatre entre Petro Porochenko, Vladimir Poutine, Angela Merkel et François Hollande, prévue dimanche. « C'est une des dernières chances », a prévenu François Hollande, qui était en Corrèze samedi. « Si nous ne parvenons pas à trouver un accord durable de paix, nous connaissons parfaitement le scénario : il a un nom, il s'appelle la guerre. »Frédéric Lemaitre (Munich, envoyé spécial) Maryline Baumard La Turquie est dans la ligne de mire. Au goût des ministres français et allemands de l’intérieur, elle a trop fermé les yeux sur les départs de cargos de migrants à destination de l’Europe. Bernard Cazeneuve et son homologue allemand, Thomas de Maizière, viennent donc d’adresser une lettre au commissaire européen à la migration, Dimitris Avramopoulos, l’enjoignant de renforcer la coopération avec cet état qui « constitue au regard de la problématique de la traite et du trafic des personnes dans la zone méditerranéenne, un partenaire particulièrement important ». Le 31 décembre 2014 et le 2 janvier, alors que l’Europe était assoupie entre deux réveillons, deux « cargos poubelle » ont accosté sur les côtes du sud de l’Italie avec 1 200 migrants à leur bord, tous Syriens. Ces deux bateaux fantômes, à la dérive aux abords des côtes de l’Italie, ont dû être secourus, faute de quoi les migrants, abandonnés par les passeurs, étaient en danger de mort. Le Blue Sky M, c’est le nom du premier, et l’Ezadeen, le second, étaient tous deux partis du port de Marsin au sud de la Turquie. Or la missive des deux ministres rappelle que ces deux cargos ne sont pas des cas isolés et que « cinq autres cas ont été enregistrés » entre septembre et début décembre.Plus globalement, durant l’année 2014, ce sont 150 000 migrants qui auraient emprunté la très meutrière route de la méditerranée, aux mains de passeurs pour tenter de pénétrer la forteresse Europe, la situation en Irak et en Syrie ayant encore au fil des mois renforcé les masses de réfugiés en quête d’une nouvelle vie.Un contrôle actif « 24 heures sur 24 »Face à cette situation, MM. Cazeneuve et de Maizière demandent aujourd’hui qu’on associe davantage la Turquie, certes, mais aussi qu’on élargisse les missions de Frontex, l’agence européenne chargée de la surveillance des limites extérieures de l’espace Schengen. « Frontex devrait, être sollicitée encore plus intensément, précise le courrier. Il serait en particulier souhaitable que Frontex et l’Agence européenne pour la sécurité maritime coopèrent plus étroitement afin de mettre en place, sous les hospices de l’agence, un dispositif complémentaire de surveillance aérienne ou maritime des mouvements de bateaux suspects à proximité des côtes turques ou chypriotes ». Un contrôle actif « 24 heures sur 24 ». L’idée des deux ministres reste « d’empêcher les départs depuis les côtes turques ». Il en va de « la crédibilité de l’Union européenne » estiment-ils, précisant que « ces pays doivent être mis en mesure » de faire cesser ce trafic. Un usage du passif qui en dit long sur la prise en main souhaitée de la part de l’Union.La réponse du commissaire Dimitris Avramopoulos devrait arriver avant la révision de la politique migratoire européenne, attendue pour le printemps. Le courrier franco-allemand cherche à cadrer les discussions. Depuis le 16 janvier, l’agence Frontrex, qui va fêter ses dix ans au printemps, est dirigée par un Français, Fabrice Leggeri. Sa mission risque d’être plus large que celle de son prédécesseur.Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Dan Mulllaney, le négociateur en chef américain pour le traité transatlantique (TTIP) et son homologue côté européen, Ignacio Garcia Bercero, se sont engagés, vendredi 6 février à Bruxelles, à l’issue du 8e round de discussions, à « intensifier les discussions ». Un 9e round est programmé, en avril, à Washington. Et une 10e séance de négociations devrait se tenir avant la pause estivale.La semaine de discussions entre experts, qui vient de s’achever, a donc semblé jouer son rôle : elle a été l’occasion, pour Européens et Américains, engagés dans la négociation du TTIP depuis l’été 2013, de prouver qu’ils avaient encore la volonté de le conclure.En 2014, les discussions s’étaient en effet considérablement enlisées. À cause, notamment, de la fronde des opinions publiques, surtout en Europe.Ce futur accord commercial vise moins à obtenir des baisses de tarifs douaniers qu’une harmonisation des réglementations (sociales, environnementales, etc.) des deux côtés de l’Atlantique, pour parvenir, à terme, à un marché unique transatlantique des biens et des services.L’ambition est donc totalement hors norme. Et beaucoup, dans les partis de la gauche européenne, les ONG, etc., s’inquiètent que les règles de protection des citoyens en pâtissent. Le même type d’inquiétudes a aussi émergé aux États-Unis.Créer un « super-régulateur »Qu’a t-il été décidé durant ce 8e round ? Rien de très concret. Mais tous les sujets du TTIP ont été abordés. Les tarifs douaniers, les marchés des services, et aussi la possibilité d’ouvrir davantage, notamment aux États-Unis, les marchés publics, un des principaux enjeux du TTIP pour les Européens.Ces derniers ont par ailleurs proposé l’idée d’un « super-régulateur », qui coordonnerait le travail des régulateurs américains et européens, pour travailler à un rapprochement des futures normes, une fois le traité signé. Y siégeraient des représentants des régulateurs des deux côtés de l’Atlantique. Mais pas de représentants de la société civile, a précisé M. Garcia Bercero.Lors du dernier conseil européen, à Bruxelles en décembre 2014, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne avaient déclaré qu’ils espéraient une conclusion, au moins politique, du TTIP avant fin 2015.Critiquée sur le manque de transparence des discussions, la Commission européenne, qui négocie au nom des 28 pays de l’Union, a déjà, à plusieurs reprises, essayé de corriger le tir, et de faire de la pédagogie. En rendant public le mandat de négociations, en échangeant de plus en plus de documents avec le Parlement européen.Pour prouver leur bonne volonté, Américains et Européens ont promis, vendredi, que les conclusions des négociations du 8e round seraient mises en ligne la semaine prochaine.» Lire également les différentes tribunes publiées sur le TTIP et ses enjeux : Traité transatlantique : une harmonie encore à trouverCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le « patron » de l’Eurogroupe, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, a annoncé, vendredi 6 février, la tenue d’une réunion extraordinaire des ministres des finances de la zone euro, consacrée à la Grèce.Plus précisément, une bonne partie de la discussion devrait porter sur la prolongation du plan d’aide financier dont bénéficie Athènes, afin de se donner le temps de négocier les termes d’un nouveau « contrat grec ».Mais, à ce stade, les Européens d’un côté et les Grecs de l’autre ne mettent pas les mêmes conditions à ce possible prolongement du programme d’aide. C’est sur le maintien ou non d’une supervision par la troïka des bailleurs de fonds du pays (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne) que se cristallisent notamment les oppositions. Revue des enjeux.Grèce : ce que prônent les EuropéensQuel est l’objectif de cette réunion de l’Eurogroupe ?Elle a pour objectif de tenter d’arracher un accord avec les Grecs sur une prolongation, dite « technique », du deuxième plan d’aide (130 milliards d’euros, déclenché en 2012) dont bénéficie le pays.Il y a urgence à statuer sur ce sujet. Le programme de soutien financier arrive à échéance le 28 février. Mais le pays doit encore recevoir une dernière tranche d’environ 3,6 milliards d’euros.Or, pour que les Grecs bénéficient de ce dernier apport, ils doivent, au préalable, s’être mis d’accord avec leurs créanciers de la troïka. Cela signifie qu’Athènes accepte de mettre en place une série de réformes, exigées par la troïka.Le précédent gouvernement grec (celui d’Antonis Samaras) n’était pas parvenu à s’entendre avec la troïka sur ce sujet. À ce jour, le gouvernement d’Alexis Tsipras a indiqué qu’il souhaite s’affranchir des mesures dictées par ses créanciers.Si aucun accord n’est obtenu d’ici à fin février, la Grèce ne recevra pas les milliards prévus et risque le défaut.Cette réunion peut-elle être décisive ?Le rendez-vous du 11 février vise avant tout à « commencer les discussions au niveau ministériel », relève une source européenne. Il est peu probable qu’il aboutisse à une décision.« On accepte de discuter. C’est déjà beaucoup », relève une source au fait du dossier, à Bruxelles. « Même s’il ne sera pas conclusif, cet Eurogroupe aura cet avantage, vu les divergences de point de vue, de mettre les Grecs dans l’ambiance », ajoute une autre source européenne.C’est la réunion de l’Eurogroupe du 16 février, prévue de longue date, qui pourrait être décisive.Que vont proposer les Européens à la Grèce ?Ils prônent une « extension technique » du plan d’aide, d’au moins quatre ou cinq mois, c’est-à-dire boucler le deuxième plan d’aide, pour entrer un troisième mini-plan de soutien (avec une aide de quelques dizaines de milliards d’euros).Cela donnerait le temps de négocier avec Athènes les termes d’un nouveau « contrat » : liste de réformes, projet politique, maturité des dettes, taux des remboursements, etc.« On va préparer la discussion d’ici à mercredi autour du programme actuel, et de son extension, éventuellement adaptée », explique-t-on à Bruxelles.Le gouvernement grec est-il prêt à demander un prolongement du plan d’aide ?« D’ici à mercredi, le gouvernement grec devrait faire une proposition sur comment les choses doivent se poursuivre », a déclaré, vendredi, un porte-parole du ministère allemand des finances.Selon plusieurs sources européennes, les Grecs ont fait savoir, ces derniers jours, qu’ils voulaient qu’on leur aménage un plan d’aide « de transition », pendant trois ou quatre mois, pour leur laisser le temps de peaufiner leur nouveau « contrat avec l’Europe ».Mais le gouvernement de M. Tsipras y met une condition : il ne veut pas d’une poursuite de la supervision par la troïka.C’est un point de blocage. Pour les Européens, il n’est pas possible de se passer de la troïka tout de suite : il serait impossible de prêter de l’argent sans un "MOU" (memorandum of understanding), un document signé, qui engage la partie recevant des fonds à rendre compte. La troïka pourrait toutefois être renommée.Grèce : « une dette perpétuelle laisserait du temps pour conduire les réformes »Le gouvernement grec peut-il compter sur des soutiens ?M. Tsipras ne bénéficie objectivement d’aucun soutien. Les Allemands restent sur une ligne très dure, comme l’a montré le rendez-vous de jeudi 5 février, à Berlin, entre les ministres des finances, Wolfgang Schäuble et Yanis Varoufakis.Les Espagnols, les Irĺandais, les Portugais, ou encore les Slovènes et les Lettons sont aussi très agacés - et c’est peu dire - par les prises de position des Grecs.Par ailleurs, même si le gouvernement grec finissait par accepter le principe de l’extension du second plan d’aide, tel que le présentent les Européens, il faudrait que cette extension soit validée par plusieurs Parlements de l’eurozone.Et la partie est loin d’être gagnée : les Allemands, par exemple, ne voteront pas facilement, les Finlandais non plus. Quant aux Néerlandais, ils n’ont pas digéré la visite de M. Dijsselbloem à Athènes, le 30 janvier, conclue par une poignée de main ratée avec M. Varoufakis après les propos cinglants de ce dernier sur la troïka.Berlin inflexible face à AthènesCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cédric Pietralunga et Philippe Jacqué Mis une première fois en redressement judiciaire, en novembre 2013, le transporteur français Moryglobal (ex-Mory-Ducros), a officiellement demandé sa mise en redressement judiciaire lors d’un comité d’entreprise, vendredi 6 février, a-t-on appris auprès d’un représentant syndical. L’entreprise, détenue par le fonds Arcole Industries, doit déposer aujourd’hui une déclaration de cessation des paiements (DCP) au Tribunal de commerce de Bobigny.Le 21 janvier, Le Figaro avait évoqué cette possibilité du fait des difficultés structurelles insurmontables de cette société comptant encore 2 400 salariés, après le départ de 2 800 salariés. En 2014, Moryglobal a perdu 40 millions d’euros, pour 330 millions d’euros de chiffre d’affaires.En février 2014 l’entreprise avait bénéficié d’un prête de 17,5 millions d’euros de la part de l’Etat, via le Fonds de développement économique et social (FDES). Ce prêt fait l’objet d’une enquête approfondie de la Commission européenne, depuis septembre 2014 : celle-ci veut voir s’il est compatible avec les règles de l’Union européenne sur les aides d’Etat.Le Tribunal de commerce de Bobigny devrait se pencher la semaine prochaine sur le dossier et prononcer un placement en redressement judiciaire ou, plus probablement, une liquidation judiciaire directe.Lire aussi : Bruxelles va enquêter sur les aides françaises à FagorBrandt et Mory DucrosCe même tribunal devait décider, fin février, s’il autorisait Moryglobal à céder trois immeubles détenus par le groupe, pour une valeur de quelque 25 millions d’euros.Cédric PietralungaJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterPhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et (Avec AFP) Une réunion extraordinaire des ministres des finances de la zone euro consacrée au dossier grec se tiendra le 11 février à Bruxelles, à la veille d'un sommet européen, a annoncé vendredi Jeroen Dijsselbloem, le chef de l'Eurogroupe sur son compte Twitter. Les spéculations allaient bon train depuis plusieurs jours sur la tenue d'une telle réunion, alors que le programme d'aide grec arrive à son terme fin février et qu'une solution doit être trouvée pour que le pays ne soit pas en faillite et que les marchés ne soient pas pris de panique.Certains, au sein de l'Eurogroupe, conditionnaient la tenue d'une réunion extraordinaire au fait qu'Athènes adresse un signal de « compréhension de l'enjeu et des attentes » des Européens. Ils espéraient notamment que le gouvernement grec se résolve à demander officiellement une petite prolongation du plan d'aide dont il bénéfice.PLAN « DE TRANSITION », PENDANT TROIS OU QUATRE MOISA ce stade, selon plusieurs sources européennes, les Grecs ont fait savoir, ces derniers jours, qu'ils voulaient qu'on leur aménage un plan de sauvetage « de transition », pendant trois ou quatre mois (d'ici cet été donc), le temps pour eux de peaufiner leur nouveau « contrat avec l'Europe ». Mais hors supervision de la troïka de ses bailleurs de fonds (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne).A cette demande, les Européens répondent qu'« ils n'ont pas les instruments » pour proposer ce type de plan : il serait impossible de prêter de l'argent sans un « MOU » (memorandum of understanding), un document signé, qui engage la partie ayant reçu des fonds à rendre compte de leur usage, d'une manière ou d'une autre.« Ce qui se passera à la fin du plan d'aide actuel est totalement ouvert », a déclaré, vendredi, le porte-parole du ministère allemand des finances.« On accepte de discuter. C'est déjà beaucoup. On va préparer la discussion d'ici à mercredi autour du programme actuel, son extension éventuellemenf adaptée », ajoute une source à Bruxelles.Etant donné le désaccord qui s'est manifesté entre le gouvernement grec et l'Allemagne, chef de file des pays inflexibles vis-à-vis de la Grèce, lors de la rencontre entre les ministres des finances Wolfgang Schäuble et Yanis Varoufakis, jeudi 5 février, l'Eurogroupe du 11 février promet donc de se prolonger tard dans la nuit. Cette réunion extraordinaire sera la première pour le ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, qui a fait une tournée européenne cette semaine et a déjà rencontré plusieurs de ses homologues, dont le Français Michel Sapin et l'Allemand Wolfgang Schäuble.Il y a tout juste une semaine, il avait rencontré à Athènes M. Dijsselbloem. L'entretien avait été suivi d'une conférence de presse dans une ambiance glaciale, signe des tensions considérables entre le nouveau gouvernement grec et ses partenaires au sein de la zone euro.Lire (édition abonnés) : La BCE accentue la pression politique sur la GrèceHOSTILITÉ DE NOMBREUX ÉTATS MEMBRESLe gouvernement d'Alexis Tsipras, élu à la fin janvier, veut réduire la colossale dette du pays (plus de 175 % du PIB) et en finir avec l'austérité qui a prévalu depuis le début de la crise. Une ambition qui se heurte au refus de nombreux Etats membres, en premier lieu l'Allemagne, plus que jamais garante de l'orthodoxie budgétaire.Plusieurs autres pays n'entendent pas faire de cadeaux à Athènes. Parmi eux, la Finlande, les pays baltes, les Pays-Bas, ainsi que le Portugal et l'Espagne, touchés de plein fouet par la crise et qui ont dû faire des efforts pour répondre aux exigences de leurs créanciers.Lire aussi (édition abonnés) : Grèce : ce que prônent les Européens(Avec AFP)Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Benoît Vitkine et Yves-Michel Riols François Hollande et Angela Merkel devaient rencontrer Vladimir Poutine à Moscou, vendredi 6 février, pour lui présenter un plan de règlement du conflit en Ukraine qu’ils ont exposé, la veille, au président ukrainien, Petro Porochenko, lors d’un déplacement éclair à Kiev. Pour le président français comme pour la chancelière allemande, il s’agissait d’une première depuis la révolution de Maïdan, il y a un an.En d’autres temps, cette visite aurait constitué un geste fort de soutien au gouvernement pro-européen au pouvoir à Kiev. Mais l’enjeu est plus important : il s’agit, selon les mots de M. Hollande, d’éviter une « guerre totale » aux portes de l’Europe. Ou, selon ceux du président Porochenko, de venir en aide à une Ukraine qui vit « un moment critique de son histoire ».M. Hollande et Mme Merkel sont venus soumettre à M. Porochenko une ultime offre de paix pour l’est du pays en proie à une guerre qui a fait près de 5 400 morts en dix mois. Le document reflète, dit-on à l’Elysée, « l’esprit de l’accord de Minsk », conclu en septembre 2014 mais jamais appliqué, qui prévoyait notamment un cessez-le-feu et une décentralisation poussée pour les régions de l’est du pays dans le cadre du respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Le texte franco-allemand ne présente pas « d’éléments totalement nouveaux » par rapport à celui de Minsk, qui envisageait déjà un « statut spécial » pour l’est du pays, a souligné, vendredi matin, l’entourage de M. Hollande.L’OTAN renforce sa présence dans l’est de l’EuropeSelon des informations publiées, jeudi soir, par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, mais démenties par Berlin, ce plan prévoirait de « conclure un cessez-le-feu immédiat » contre « une autonomie plus grande accordée aux séparatistes prorusses, sur un territoire plus vaste que celui envisagé jusqu’ici ».L’Elysée a par ailleurs démenti, vendredi matin, des informations selon lesquelles la Russie aurait été à l’origine du texte présenté par M. Hollande et Mme Merkel. « C’est inexact », insiste une source bien informée, en mettant en garde contre des rumeurs propagées par Moscou. Cette proposition de règlement du conflit « est une initiative franco-allemande, de conception franco-allemande » qui a été présentée, mercredi à Kiev, aux autorités ukrainiennes par les conseillers diplomatiques de M. Hollande et de Mme Merkel, insiste l’entourage du président français. Tout en reconnaissant qu’il y a eu des « discussions permanentes » ces derniers jours entre Paris, Berlin, Moscou et Kiev. De son côté, le ministre ukrainien des affaires étrangères, Pavlo Klimkin, a affirmé dans un tweet, jeudi soir, que l’Ukraine « n’a pas été mise sous pression », en réponse à de possibles concessions territoriales à l’avantage des séparatistes.Au terme de la rencontre de deux heures entre M. Hollande, Mme Merkel et le président Porochenko, jeudi soir, la délégation française a assuré que Minsk demeurait le « cadre » des discussions avec la Russie. L’idée de la nouvelle proposition reste de « prendre en compte la souveraineté de l’Ukraine, tout en reconnaissant certaines réalités locales », dit-on, alors que les séparatistes ont poussé leur avantage sur le terrain ces derniers jours.La crainte d’un « nouveau Dayton »Depuis leur signature, le 5 septembre, les dirigeants européens font des accords de Minsk la pierre angulaire de toute négociation. Ces accords, qui prévoient notamment le retrait des armes lourdes le long de la ligne de démarcation, un contrôle conjoint de la frontière russo-ukrainienne ou le retrait des forces étrangères du sol ukrainien, sont demeurés largement caducs. La ligne de démarcation elle-même a bougé. Le volet politique du texte, lui, qui prévoit d’octroyer un pouvoir accru à la partie orientale du pays, a été mis à mal par l’organisation, en novembre, d’élections par les séparatistes non reconnues par Kiev.Côté ukrainien, on assure que l’initiative franco-allemande ne consiste pas à proposer un plan de remplacement. Il s’agirait plutôt de rédiger une « feuille de route pour que les différents points de l’accord soient respectés, en commençant par le plus important, le cessez-le-feu », indique une source diplomatique ukrainienne, qui ne cache toutefois pas son pessimisme quant aux chances de réussite de cette mission.La crainte ukrainienne est aussi de voir les Européens s’empresser d’accepter un accord qui, tout en respectant en apparence la « ligne rouge » de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, paralyserait le pays. Dès l’annonce de la visite de M. Hollande et Mme Merkel, l’influent journaliste et politologue ukrainien Vitaly Portnikov mettait en garde contre un « nouveau Dayton », en référence aux accords qui avaient mis fin à la guerre en Bosnie-Herzégovine, en 1995, mais qui ont aussi rendu le pays durablement ingouvernable.La Russie, un « pays ami »Jeudi, le Kremlin s’est dit ouvert à des « discussions constructives » avec le président français et la chancelière allemande, dans le but de mettre fin à la « guerre civile » dans l’est de l’Ukraine. A lui seul, l’emploi du terme révèle les limites de la négociation avec Moscou, qui se montre ouverte au dialogue, tout en niant son implication dans le conflit.Vladimir Poutine a aussi multiplié, ces derniers temps, les déclarations ressemblant à tout sauf à une recherche d’apaisement, qualifiant, notamment, l’armée ukrainienne de « Légion étrangère » de l’OTAN. Lors de sa conférence de presse à l’Elysée, jeudi matin, François Hollande a adopté un ton mesuré vis-à-vis de la Russie, un pays « ami ». « La France n’est pas favorable à ce que l’Ukraine entre dans l’Alliance atlantique », a répété M. Hollande, indiquant par là que la question figurait parmi les éléments en discussion. Toutefois, « l’option diplomatique ne peut pas être prolongée indéfiniment », a-t-il insisté.L’administration Obama partagée sur la livraison d’armes à KievKiev demande depuis des mois aux Occidentaux de lui fournir des armes pour renverser la situation sur le terrain, où l’armée ukrainienne est en mauvaise posture. L’option militaire a toujours été exclue par les Européens. Une position réitérée par M. Hollande, jeudi. « La France ne rentre pas dans le débat de la fourniture d’armes à l’Ukraine », a-t-il affirmé. Une doctrine aussi partagée par Mme Merkel, qui a récemment réaffirmé son opposition à toute assistance militaire à l’Ukraine. Egalement en visite à Kiev, jeudi, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a fait entendre un son de cloche légèrement différent. Interrogé sur la question de la livraison d’armes à Kiev, alors que le débat ne cesse de prendre de l’ampleur aux Etats-Unis, M. Kerry a indiqué que le président Obama « étudiait toutes les options ».Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteYves-Michel RiolsJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.02.2015 à 11h14 • Mis à jour le06.02.2015 à 11h24 Stéphane Delory, spécialiste des questions de défense, chargé d’études à la Fondation pour la recherche stratégiqueLes discussions actuellement en cours au sein de l’administration américaine sur le transfert éventuel d’armements « défensifs » vers l’Ukraine pose pour les Européens une question décisive. La concrétisation de cette décision risque en effet d’entraîner les Etats-Unis et la Russie dans une posture d’affrontement direct, qui sur le terrain, pourrait provoquer une implication plus directe et massive des forces russes aux côtés des forces indépendantistes. Dans une telle hypothèse, non seulement la capacité des forces ukrainienne à tenir ses positions peut être questionnée, mais la perspective d’une action directe et brusquée des forces russes n’est pas forcément à exclure.Le spectre d’un conflit bref et violent, justifié par la décision américaine, conduisant à la proclamation d’une république indépendantiste à l’est de l’Ukraine se profile lentement. À cet égard, il n’est pas à attendre que les États européens aient la capacité de se positionner clairement sur la nécessité ou non de soutenir l’Ukraine par des transferts d’armements. Bien que certains tendent à stigmatiser la position antirusse des États d’Europe centrale, qui pourraient donc être enclins à soutenir le projet américain, et leur opposent la position plus tempérée de la France ou de l’Allemagne, qui privilégient le règlement diplomatique du conflit, l’ensemble des États européen à bien conscience des implications graves du conflit ukrainien sur la sécurité du vieux continent. Sans même prétendre offrir à l’Ukraine la possibilité de recouvrer la souveraineté sur l’ensemble de son territoire, trouver une solution de statu quo permettant de figer l’escalade du conflit est une priorité pour tous, quels que soient les moyens privilégiés.Une décision complexeDans ce contexte, soutenir le réarmement de l’Ukraine sera une décision très difficile à prendre, y compris par les capitales les plus engagées en faveur de Kiev. Reste que le maintien d’un statu quo, difficile à admettre pour les Ukrainiens, mais préférable à un effondrement du front, est probablement une illusion. Du point de vue russe, la création d’un corridor permettant d’assurer une liaison terrestre avec la Crimée est très probablement une priorité de court à moyen terme. Mais au-delà de cette question particulière, Moscou ne peut en aucun cas rester indifférent aux choix stratégiques de Kiev, lesquels, dans le contexte actuel, ne peuvent qu’aller dans le sens d’un rapprochement fort vers l’occident.Laissée à elle-même, l’Ukraine ne peut devenir, dans la perception russe, qu’un pion des États-Unis. Maintenir un état de conflit durable à l’est du pays permet donc sur le long terme, de limiter toute tentative de rapprochement et, le cas échéant, de menacer d’agir militairement. Un scénario à la géorgienne, qui, dans l’état actuel des choses, s’avère assez fonctionnel. Dans ce sens, s’il est possible pour les États européens d’oublier le conflit en Ukraine – tentation déjà bien palpable dans plusieurs capitales – le conflit ukrainien ne sera pas un conflit gelé. Le seul statu quo qui vaille est celui que souhaite la Russie et à terme, le double objectif russe d’établir des républiques fédérées contrôlant l’est du pays et de finlandiser les restes de l’Etat ukrainien est très susceptible de se concrétiser.Etat frontalier, la Russie dispose de toutes les facilités matérielles pour ce faire et à toute latitude pour armer les indépendantistes. On peut arguer que le devenir de l’Ukraine n’est plus de notre ressort et admettre, comme certains, que la Russie est un grand pays ayant des intérêts vitaux à défendre et que, dans ce cadre, il faut avant tout soutenir une action diplomatique pour renouer le contact. À ceci près que jusqu’à présent, la position pour le moins conciliante des États-Unis et des Européens n’a eu pour seul résultat de concéder tacitement l’implication croissante et explicite de la Russie dans le conflit. L’action diplomatique concrétise le droit d’ingérence armé de Moscou dans un Etat souverain avec lequel aucun différend territorial n’existe, précédent, qu’il n’est pas forcément souhaitable de pérenniser.FinlandisationFaut-il pour autant réarmer l’Ukraine, sachant que si la Russie devait réagir militairement, les États européens ne disposent ni de la volonté politique ni des capacités militaires pour réagir. Une telle initiative pourrait alors conduire à décrédibiliser l’ensemble de l’architecture de sécurité euroatlantique, puisque si l’OTAN n’est pas fondée de réagir à une invasion de l’Ukraine, l’absence d’action serait un aveu d’impuissance dévastateur. Ce qui est certain toutefois, c’est qu’il ne faut pas laisser les États-Unis agir seuls. Si demain l’administration Obama décide d’agir, la réaction de la Russie sera partiellement calibrée par la réaction des États européens. En l’absence de soutien, il sera dans son intérêt direct d’accroître les tensions et de dénoncer l’inconséquence de la politique américaine.Et dans l’hypothèse où les Etats Unis bénéficieraient du soutien des Européens, ceux-ci doivent tirer les conséquences de cet engagement et être prêts, eux aussi à soutenir matériellement l’Ukraine, plus particulièrement en cas d’escalade russe. En effet, tant que Moscou ne décide pas d’intervenir directement en Ukraine, elle dispose de la capacité de désamorcer le conflit sans perte de crédibilité. Maximiser la pression en acceptant l’épreuve de force est probablement le seuil moyen pour les Occidentaux de conserver leur crédibilité sans se trouver confrontée au dilemme ingérable du conflit avec la Russie ou l’abandon pur et simple de l’Ukraine.Les Européens doivent avoir conscience qu’en faisant le choix de réduire considérablement leurs capacités militaires, ils ont remis les clefs de leur sécurité à d’autres. La crise ukrainienne leur laisse peu d’options : soit ils admettent que la Russie bénéficie de droits particuliers en Europe et qui font d’elle un partenaire dominant au sein de l’architecture de sécurité européenne ; soit ils estiment que le modèle euroatlantique, qui avait permis jusqu’à l’année dernière à une immense majorité d’États de vivre dans la paix et pour un nombre croissant d’entre eux, dans la démocratie, mérite d’être défendu. Et dans ce cas, il faut malheureusement accepter de prendre un risque substantiel. Philippe Ridet (Rome, correspondant) Il y avait dans les longs applaudissements des grands électeurs qui ont salué, samedi 31 janvier à Rome, l'élection au quatrième tour de scrutin, de Sergio Mattarella, 73 ans, davantage que le respect dû au douzième président de la République italienne. Non pas que la personnalité du successeur de Giorgio Napolitano, ne mérite pas tous les hommages.Sicilien, veuf, juge constitutionnel, ancien ministre indiscipliné de la Démocratie chrétienne, frère d'un ancien président de la région Sicile assassiné par la mafia le 6 janvier 1980, le nouveau président de la République semble mériter sur le papier tous les honneurs dus à sa réputation de droiture et de serviteur impartial de l'Etat.Mais dans les mines réjouies des votants (députés, sénateurs, délégués des régions) se lisait aussi une bonne part de soulagement. Soulagement d'avoir effacé par cette élection le cauchemar de celle de 2013, lorsque les grands électeurs, incapables de désigner le chef de l'Etat, avaient supplié, honteux et déconfits, Giorgio Napolitano de rempiler pour un nouveau mandat. Samedi, le Parlement italien a retrouvé ses prérogatives et son honneur.LE SENS TACTIQUE ET POLITIQUE DE MATTEO RENZIMais pour les élus du Parti Démocrate (PD, gauche), cette joie se double d'un triomphe. L'élection de Sergio Mattarella est d'abord une nouvelle preuve du sens tactique et politique de leur chef Matteo Renzi. Ayant déjà donné l'exemple de sa capacité de savoir gérer les élections au suffrage universel (européennes de 2014, plus de 40 % des voix pour le PD), il a démontré qu'il n'était pas manchot dans les scrutins en vase clos, comme dans le cas du vote pour le président de la République.Lire en édition abonnés : Matteo Renzi veut imposer son président de la RépubliqueAlors que chacun pariait à ce que le premier ministre s'accorde avec Silvio Berlusconi, son allié pour les réformes constitutionnelles (mode de scrutin et Sénat), sur le choix d'un candidat, il a offert le nom de Mattarella à son parti, mettant l'ex-Cavaliere au pied du mur. Mattarella ou rien. Un homme capable de se démettre d'un des gouvernements Andreotti, en 1990, pour protester contre l'adoption d'une loi qui favorisait la construction de l'empire audiovisuel du magnat des médias !L'ancien président du conseil, qui aurait préféré la personnalité réputée plus souple de Giuliano Amato, dont il attendait une grâce ou du moins un arrangement pour retrouver son poste de sénateur, a eu beau tempêter, hurler à la trahison, rappelé les « coups de main » que les élus de son parti, Forza Italia, avaient donné au premier ministre lors des votes sur la reforme du Code du travail et du mode de scrutin, Renzi n'a pas changé de ligne, profitant de l'occasion pour ressouder la totalité du PD derrière lui. Par mesure de rétorsion, Silvio Berlusconi a appelé ses troupes à voter blanc.Il n'y avait qu'à voir les mines hargneuses de ses partisans, bras ballants et muets à l'annonce du nom du douzième président de la République pour deviner leur amertume. Amertume de s'être fiés à Matteo Renzi qui, machiavélique et florentin, a préféré, pour cette fois, son parti duquel il avait beaucoup à se faire pardonner à son allié de circonstance. Amertume aussi d'avoir misé, une fois encore, sur les supposées qualités de négociateur de Silvio Berlusconi.BERLUSCONI ET BEPPE GRILLO, GRANDS PERDANTSReclus dans sa villa d'Arcore (Lombardie), où il est placé chaque fin de semaine en résidence surveillée suite à sa condamnation pour fraude fiscale, Silvio Berlusconi va devoir faire face à une fracture ouverte au sein de son parti. Raffaele Fitto, étoile montante, qui lui reproche d'avoir conclu un marché de dupes avec le premier ministre, de s'être fait rouler dans la farine par un jeunot de presque quarante ans son cadet. Pour un homme qui a régné vingt ans durant sur la vie politique italienne, cette erreur tactique pourrait précipiter son déclin déjà bien entamé. Seuls 105 des 143 parlementaires de Forza Italia qui on reçu l'ordre de voter blanc ont obéi à la consigne.Lire : Berlusconi, grand perdant de la présidentielle italienneIl n'est pas parvenu non plus à associer à sa démarche les élus du Nouveau Centre droit d'Angelino Alfano, son ancien dauphin. Tiraillé entre l'affection à son ancien mentor et le confort et la visibilité de son poste de ministre de l'intérieur qu'il doit à Matteo Renzi, il a choisi finalement, avec sa troupe d'une trentaine d'élus dont de nombreux Siciliens comme lui, de rester loyal au président du conseil qui a menacé de le virer du gouvernement…L'autre grand battu se nomme Beppe Grillo. Ne disposant plus que de 127 parlementaires après les démissions en cascade de dizaines de députés et sénateurs, il les a enjoints, à la suite d'une consultation sur Internet, de voter à chaque tour de scrutin pour Fernandino Imposimato, un ancien magistrat valeureux. Un autre candidat comme Romano Prodi, arrivé deuxième de ce référendum en ligne aurait pu tenter des électeurs du PD et troubler le jeu. S'ils ont pu démontrer à cette occasion leur discipline et leur fidélité, les parlementaires du M5S ont également apporté une nouvelle preuve de leur inutilité. Sergio Mattarella a été élu avec 665 voix sur 995 votants.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 31.01.2015 à 13h25 • Mis à jour le31.01.2015 à 17h39 Le juge constitutionnel Sergio Mattarella a été élu samedi 31 janvier président de la République italienne, avec 665 voix, soit largement au-dessus des 505 voix nécessaires, selon un résultat officiel.Lorsque le candidat soutenu par le chef du gouvernement Matteo Renzi a atteint le seuil requis, le décompte diffusé en direct à la télévision s'est arrêté quelques minutes, le temps de longs applaudissements dans les travées de l'hémicycle. « Bon travail, président Mattarella ! Vive l'Italie ! », a alors tweeté M. Renzi.Buon lavoro, Presidente Mattarella! Viva l'Italia— Matteo Renzi (@matteorenzi)require(["twitter/widgets"]);Lire (édition abonnés) : Matteo Renzi veut imposer son président de la RépubliqueSergio Mattarella, 73 ans, reclus dans son modeste appartement de fonctions à deux pas du palais présidentiel depuis plusieurs jours, a été aperçu s'engouffrant dans une Fiat Panda grise. Selon les médias italiens, il s'est rendu chez sa fille pour attendre les résultats. Il pourrait prêter serment dès le début de semaine prochaine, d'après les médias italiens.« AMITIÉ FRANCO-ITALIENNE »François Hollande a salué l'élection de Sergio Mattarella à la présidence de la République italienne, lui adressant tous ses « vœux de succès dans l'accomplissement de sa haute mission ». Le président français se dit dans un communiqué « impatient de nouer avec son nouvel homologue italien la même relation étroite et de confiance qu'il avait avec Giorgio Napolitano, au service de l'amitié franco-italienne et d'une Europe plus forte et plus prospère ».Le président de la République en Italie a essentiellement des pouvoirs honorifiques, mais il joue un rôle très important d'arbitre en cas de crise politique, ce qui a souvent été le cas ces dernières années. Son prédécesseur, Giorgio Napolitano, qui aura 90 ans cette année, avait démissionné début janvier avant la fin de son second mandat, en raison de son âge.Lire : Berlusconi, grand perdant de la présidentielle italienne 31.01.2015 à 07h49 • Mis à jour le31.01.2015 à 20h25 L'essentielL'Union européenne avait prévu de verser à la fin février 7 milliards d'euros à la Grèce, prévus par son plan d'aide.Ce versement dépendait du strict respect des mesures d'austérité, mais le nouveau gouvernement affirme pouvoir s'en passer.Le premier ministre grec Alexis Tsipras a téléphoné au président de la BCE pour l'assurer que son gouvernement souhaitait parvenir à une solution avec ses partenaires internationaux.  Moins d'une semaine après le triomphe du parti antiaustérité Syriza aux élections législatives grecques, le nouveau gouvernement entame les discussions à l'international concernant sa dette. Samedi 31 janvier, le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis, doit se rendre à Paris pour y rencontrer son homologue Michel Sapin dans la journée de dimanche. Un voyage avancé de quelques jours, puisqu'il devait initialement arriver en France lundi, au lendemain d'un passage à Londres.Engagé dans un bras de fer contre la « troïka » (UE, FMI et BCE), dont il souhaite se départir de la tutelle, le nouveau gouvernement grec s'est dit, vendredi 30 janvier, prêt à aller au bout de la rupture et à renoncer à sept milliards d'euros attendus de l'UE fin février. Il devait percevoir cette somme à la condition expresse que les réformes en cours aient abouti et que la Grèce observe un strict régime budgétaire.Le ministre grec des finances a réitéré officiellement, vendredi, devant le patron de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem, ces propos, tenus par le premier ministre, Alexis Tsipras, et par lui-même depuis quelques jours. Mais selon des sources gouvernementales grecques, le premier ministre a appelé Mario Draghi, le président de la BCE, vendredi, pour l'assurer de sa « volonté de parvenir à une solution mutuellement bénéfique pour la Grèce et pour l'Europe ».Lire l'entretien avec le nouveau ministre grec de la réforme administrative (édition abonnés) : Grèce : « Nous ne reconnaissons pas la troïka »MOINS DE 2 MILLIARDS D'EUROS DANS LES CAISSESLes déclarations du ministre des finances sont audacieuses, alors que la Grèce est plongée dans de grandes difficultés budgétaires. Celles-ci ont à nouveau perturbé la Bourse d'Athènes, en chute de 1,59 %, vendredi, tandis que l'obligation grecque à 10 ans faisait un bond à plus de 11,5 %, signe de grande défiance des marchés.Le pays, endetté à plus de 175 % de son PIB et exclu des marchés, est en effet dans une situation délicate. Selon le journal Kathimerini, il y aurait actuellement moins de deux milliards d'euros dans les caisses de l'Etat grec, qui auront disparu à la fin février. Et les finances publiques se portent d'autant plus mal que les Grecs ont pour certains arrêté de payer leurs impôts pendant la campagne électorale, en attendant de voir ce qui sortirait des urnes.Lire : La Grèce ne veut plus discuter avec « une commission branlante de la troïka »UN PROGRAMME ÉVALUÉ À 12 MILLIARDS D'EUROSLe rejet des sept milliards semble alors un pari osé, d'autant que le gouvernement a fait campagne sur un programme de dépenses publiques évalué à un peu moins de 12 milliards d'euros sur deux ans. C'est le montant nécessaire pour notamment permettre la hausse du salaire minimal à 750 euros, le versement d'un 13e mois pour les retraites de moins de 700 euros et un relèvement du seuil annuel de revenus imposables pour les particuliers promis.Syriza a affirmé qu'il comptait financer ce programme avec la lutte contre l'évasion fiscale et la contrebande, la réaffectation des ressources issues du programme européen et des ressources issues du fond de stabilité financière. Mais selon le quotidien Kathimerini, la Grèce devra également rembourser, courant 2015, 22,5 milliards d'euros à ses créanciers européens, ainsi que 4 milliards d'ici à la fin mars. Et un nouveau pic de 8 milliards en juillet et en août.Lire : Les premières mesures économiques que pourrait prendre SyrizaRENÉGOCIERLa clé, pour le gouvernement grec, se trouve en fait dans la négociation avec ses créanciers. « Nous devons négocier avec nos partenaires une remise sur les quelque 23 milliards d'euros que nous devons allouer au remboursement de la dette sur la seule année 2015 », affirmait au Monde l'économiste Georges Stathakis, l'un des artisans de ce projet économique. « Les sept milliards, nous n'en voulons pas, ce que nous voulons, c'est repenser tout le programme », avait ainsi affirmé M. Varoufakis au New York Times jeudi.Des négociations que les Grecs n'accepteront de tenir qu'avec l'Union européenne, le ministre des finances ayant rappelé, vendredi, qu'il refusait le dialogue avec « une commission branlante, [la délégation] de la “troïka” ». La chancelière allemande, Angela Merkel, a quant à elle exclu samedi un « nouvel effacement »  de la dette grecque. « Il y a déjà eu un renoncement volontaire des créanciers privés, les banques ont déjà renoncé à des milliards de créances sur la Grèce », a-t-elle expliqué au journal Hamburger Abendblat.Lire aussi : Après les élections en Grèce, premiers tiraillements entre Européens 30.01.2015 à 19h42 • Mis à jour le30.01.2015 à 19h43 C'est un véritable marathon des capitales européennes qui attend le nouveau premier ministre grec, Alexis Tsipras, la semaine prochaine.Première étape à Rome, mardi 3 février, où il rencontrera son homologue italien Matteo Renzi. Il est ensuite attendu par François Hollande à Paris, mercredi 4 février. Il doit enfin se rendre à Bruxelles dans la semaine pour rencontrer le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.NÉGOCIATIONS SERRÉESCes déplacements ont lieu sur font des tractations diplomatiques intensives avec les partenaires de l'Union européenne sur la question de l'allègement de la dette grecque.Vendredi, le ministre des finances Yanis Varoufakis s'est entretenu avec le chef de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, venu à Athènes, pour rencontrer pour la première fois le nouveau gouvernement grec.Si ce dernier s'est voulu ferme, M. Varoufakis a lui aussi campé sur ses positions, expliquant que le gouvernement grec voulait bien « dialoguer » avec l'Europe mais pas avec « une commission branlante, [la délégation] de la “troïka” » (UE, FMI et BCE). 30.01.2015 à 16h01 • Mis à jour le31.01.2015 à 04h27 L'essentielAprès son élection dimanche, le nouveau premier ministre grec, Alexis Tsipras, a consacré sa semaine à discuter avec ses partenaires européens sur la question de l'allégement de la dette.De leur côté, les représentants de l'UE se sont montrés fermes, invitant le nouveau gouvernement à respecter les accords.  Après la victoire, l'heure est aux discussions. Le nouveau premier ministre grec, Alexis Tsipras, a commencé à s'entretenir avec différents partenaires européens sur la question de la réduction de la dette grecque. Premier interlocuteur de poids, Jeroen Dijsselbloem, chef de l'Eurogroupe, est arrivé vendredi 30 janvier à Athènes, pour rencontrer pour la première fois le nouveau gouvernement.« Ignorer les accords [passés entre Athènes et ses partenaires européens] n'est pas le bon chemin à prendre », a lancé M. Dijsselbloem à l'issue d'une rencontre avec le nouveau ministre grec des finances Yanis Varoufakis, à qui il a demandé de « définir sa position pour aller de l'avant ». Celui-ci lui a répondu en expliquant que le gouvernement grec voulait bien « dialoguer » avec l'Europe mais pas avec « une commission branlante, [la délégation] de la “troïka” » (UE, FMI et BCE).« Cette plate-forme électorale nous a fait gagner la confiance du peuple grec. Notre première initiative gouvernementale ne sera pas de rejeter la logique de la remise en cause du programme [d'assistance financière] en demandant son extension ». Le nouveau gouvernement grec ne demandera donc pas une extension du programme d'assistance financière, qui expire le 28 février. Les deux parties décideront de la suite avant cette date butoir, a dit M. Dijsselbloem, qui a néanmoins qualifié les discussions de « constructives ».La Grèce attend encore le versement de 7,2 milliards d'euros, l'ultime tranche des programmes d'assistance d'un montant total de 240 milliards négociés depuis la crise de 2009. M. Varoufakis n'a pas précisé comment le pays, qui devra rembourser quelque 10 milliards d'euros d'obligations arrivant à échéance cet été, ferait sans nouvel accord.Lire l'entretien avec Georges Katrougalos, nouveau ministre grec de la réforme administrative : Grèce : « Nous, nous ne reconnaissons ni le mémorandum ni la troïka »ALEXIS TSIPRAS À PARIS LE 4 FÉVRIERDepuis Berlin, le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, avait déjà mis en garde Athènes contre toute tentative de pression au sujet de la restructuration de sa dette :« Sur ce point, il n'y a pas grand-chose à débattre avec nous ; en outre, c'est difficile de nous faire chanter. »Si les décisions prises sont respectées, en revanche, « nous sommes prêts à toute collaboration et à être solidaires. Mais seulement dans ce cadre-là et dans aucun autre », a bien insisté le ministre allemand.Le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel ont tenté vendredi soir, lors d'un dîner informel à Strasbourg organisé par le président du Parlement européen Martin Schulz, de trouver une position commune sur la Grèce.La semaine prochaine s'annonce chargée pour Alexis Tsipras, qui se rendra à Rome le 3 février, avant de rejoindre Paris le 4, pour rencontrer Matteo Renzi et François Hollande. Il est aussi attendu à Bruxelles pour rencontrer le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Et remettre sur la table les questions brûlantes qui ont été sans cesse évoquées cette semaine.Voir aussi notre décryptage : Syriza : quelle marge de manœuvre pour Alexis Tsipras ?lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2fms7y"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2fms7y", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant) Les pourparlers de Moscou, entre une partie de l’opposition syrienne et des émissaires de Damas, se sont achevés, jeudi 29 février, sans le moindre résultat concret, sinon un engagement à se revoir à une date ultérieure. Ces premières rencontres entre pro et anti-Assad depuis l’échec de la conférence de « Genève 2 », en février 2014, ont mis face à face une trentaine d’opposants « de l’intérieur », tolérés par le régime, notamment des membres du Comité de coordination nationale des forces de changement démocratique (CCNCD) et une délégation gouvernementale, conduite par Bachar Ja’afari, l’ambassadeur syrien à l’ONU.A court d’idées après quatre ans de guerre et plus de 200 000 morts, les puissances occidentales s’étaient abstenus de critiquer l’initiative de Moscou, Washington allant même jusqu’à exprimer son soutien officiel. Mais les discussions, organisées sur deux jours, dans une résidence du ministère des affaires étrangères russe, n’ont pas dépassé le stade de l’échange de vues, souvent crispé. « Bachar Ja’afari s’est bagarré avec tout le monde, affirme Samir Aita, membre du Forum démocratique syrien, un petit mouvement de gauche. Il ne nous a strictement rien donné, zéro, même sur le volet humanitaire. Au lieu d’être pragmatique, il nous a fait des leçons de morale. »« Sous un portrait de Bachar Al-Assad »La principale composante de l’opposition, la Coalition nationale syrienne (CNS), qui à l’inverse de son homologue « de l’intérieur » soutient la lutte armée, avait choisi de boycotter la réunion au motif que la Russie, alliée indéfectible du régime, ne peut faire office de médiateur. Le cheikh Mo’az Al-Khatib, un ancien président de la CNS, qui jouit d’un grand prestige dans les milieux anti-Assad, avait lui aussi renoncé à faire le voyage de Moscou en raison du refus du régime de libérer au préalable des femmes et des enfants incarcérés dans ses geôles.Beaucoup de pseudo-opposants, chefs des formations confidentielles créées après l’instauration en 2011 d’un multipartisme de façade, ont honoré en revanche la convocation russe. « Ce sont des gens qui tiennent leur congrès sous un portrait de Bachar Al-Assad, ironise Haytham Manna, le représentant à Paris du CCNCD. Dès le début des discussions, ils ont menacé de se retirer si la question du sort de Bachar était soulevée. »M. Ja’afari a qualifié les débats de « positifs », assurant qu’il n’y avait « pas de résultats parce qu’il s’agissait d’une première rencontre, d’une rencontre consultative ». Le diplomate syrien a toutefois critiqué l’attitude des opposants, déplorant que « ce que certains pouvaient accepter était rejeté par les autres ». A défaut de s’accorder sur le texte en dix points, très général, avancé par Vitaly Naumkine, l’universitaire russe chargé de modérer les discussions, les participants sont convenus de se retrouver dans le futur, à une date non spécifiée. « L’acte II de Moscou ne sera pas meilleur que l’acte I, prévient Haytham Manna. La France et les Etats-Unis ne doivent pas abandonner le terrain à la Russie. Il faut redonner espoir au peuple syrien. »Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)Correspondant au Proche-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martin Untersinger (Bletchley, envoyé spécial)Lorsqu'on arrive au petit matin près du manoir de Bletchley Park (Angleterre), occupé un temps par le mathématicien Alan Turing, il ne reste aucune trace de Benedict Cumberbatch et du tournage du film Imitiation Game. En revanche, on croise beaucoup de personnes âgées venues visiter ce qui est désormais un musée à la gloire des « casseurs de code », qui ont réussi à décrypter les communications allemandes pendant la seconde guerre mondiale. Au-delà de la sortie d'un film consacré au sujet, la fréquentation du lieu tient au nouveau statut d'Alan Turing, désormais considéré comme un inventeur génial de l'ordinateur moderne, après les excuses officielles du gouvernement, en 2009, et du pardon royal accordé en 2013 – Turing avait été condamné à un traitement hormonal en 1952 en raison de son homosexualité.Lire : Alan Turing, l'interminable réhabilitation d'un génieEn passant de l'ombre à la lumière, Turing a emmené Bletchley Park dans son sillage. Au tout début de la seconde guerre mondiale, 56 brillants membres des meilleures universités du Royaume-Uni (mathématiciens, linguistes, etc.) avaient été dépêchés, à 80 kilomètres au nord de Londres dans ce manoir victorien au goût architectural douteux pour préparer l'affrontement avec l'Allemagne nazie. EnigmaLeur but : décrypter la machine utilisée par le IIIe Reich pour ses communications radio, un engin cryptographique sophistiqué baptisé Enigma. Cet appareil, qui ressemble à une grosse machine à écrire dans un étui en bois, comporte trois rotors dotés chacun de 26 circuits électriques, un pour chaque lettre de l'alphabet. A chaque pression sur une touche, un courant électrique parcourt les trois rotors et vient allumer une petite ampoule sur le dessus de la machine qui illumine une lettre, la « transcription » de celle qui vient d'être tapée. Au fil de la saisie du texte, les rotors pivotent à un rythme préétabli, de sorte qu'une même lettre tapée au début et à la fin d'un message ne sera pas traduite de la même manière.Lire : Aux origines de la machine de chiffrement EnigmaCelui qui reçoit, en morse, le message crypté n'a qu'à configurer la machine de la même manière que son correspondant et à taper le texte qu'il reçoit. En retour s'allument les lettres tapées à l'origine par l'émetteur du message. Le problème pour celui qui tente de décrypter le message est immense : les possibilités de positionnement initial des rotors sont extrêmement nombreuses.Les Britanniques et les Français la pensent inviolable, jusqu'à ce que trois mathématiciens polonais, à la veille de l'invasion de leur pays par la Wehrmacht, leur dévoilent une technique permettant, en exploitant plusieurs failles de la machine et les erreurs des Allemands, de briser le chiffrement d'une bonne partie des messages. Dans les mois qui précèdent le début de la guerre, les armées allemandes modifient certaines caractéristiques de leurs machines Enigma qui réduisent à néant les avancées des scientifiques polonais. Alors que la menace allemande se fait de plus en plus sentir, la tâche incombe donc aux « professeurs » de Bletchley Park de percer le secret d'Enigma.Les plus brillants cerveaux du paysIls y parviendront, en grande partie et au prix d'un effort colossal et d'avancées sans précédent dans l'histoire de l'informatique. Les seuls cerveaux réunis à Bletchley Park ne suffisent évidemment pas. Alan Turing s'emploiera donc à démultiplier le cerveau humain avec une machine.Poursuivant les travaux des Polonais, Alan Turing et les autres mathématiciens construisent donc un appareil destiné à passer en revue extrêmement rapidement les différents paramètres possibles d'Enigma. Son nom ? « La bombe ». Elle est pourtant plus proche du gros réfrigérateur que de l'explosif. Sur son flanc, des dizaines de bobines tournent sur elles-mêmes pour passer en revue les différents paramètres possibles d'Enigma.Lorsque la machine et son bruit semblable à plusieurs milliers d'aiguilles qui s'entrechoquent s'arrêtent, une opératrice – 75 % des Britanniques présents à Bletchley Park sont des femmes – note la combinaison possible et vérifie si elle permet de déchiffrer les messages du jour. Plusieurs exemplaires de cette « bombe », prototypes des ordinateurs modernes, fonctionneront simultanément à Bletchley Park.De la « bombe » au « Colosse »Plus tard pendant dans la guerre sera même construit à Bletchley Park le premier véritable ordinateur électronique moderne, Colossus. Il s'attaquera avec succès à Lorenz, l'appareil utilisé par Hitler pour communiquer avec ses plus proches généraux, pourtant plus robuste qu'Enigma. Grâce à ces machines révolutionnaires pour l'époque, les Britanniques ont collecté de précieuses informations sur la stratégie et les mouvements des nazis. Les historiens estiment qu'ils ont largement contribué à accélérer la victoire des Alliés et sauvé des millions de vies. Jusqu'à une date relativement récente, cet épisode, pourtant l'un principaux actes de naissance de l'informatique et une des clés de la seconde guerre mondiale, était totalement inconnu. Lorsqu'on en demande la raison au docteur Joel Greenberg, mathématicien et historien de Bletchley Park, la réponse fuse : « le secret ! »L'effort entrepris par les mathématiciens de Bletchley était tellement crucial que ce qui s'y passait n'était connu que d'une petite poignée de très hauts responsables britanniques. Tous les renseignements issus des « codebreakers » étaient frappés du sceau « ultra », plus confidentiel encore que « top secret », un niveau de protection créé spécialement pour Bletchley. Tous ceux qui y travaillaient, y compris les responsables de la cantine, étaient soumis à l'Official Secret Act, un texte drastique qui leur interdisait toute allusion à leur activité, et ce, en théorie, jusqu'à leur mort. Le secret était tel que les 8 500 personnes qui y travaillaient au plus fort de la mobilisation ne savaient pas exactement ce que faisaient leurs collègues. Même les plus proches parents des mathématiciens impliqués ne savaient rien, pour certains jusqu'à leur lit de mort. Et pour cause : il fallait à tout prix que les Allemands ignorent l'existence et les succès de Bletchley Park. Pour ce faire, les Britanniques se sont même efforcés de faire croire que les informations cruciales obtenues via leurs casseurs de codes leur parvenaient par des moyens plus traditionnels, quitte à inventer, dans des messages destinés à tromper les Allemands, de faux réseaux d'espions dans toute l'Europe. Plus tard, avec la guerre froide, c'est la crainte des espions soviétiques qui a contribué à garder le silence sur les activités du manoir – dont l'existence et les premiers succès étaient pourtant connus de Staline.Ce secret n'a pas empêché les connaissances acquises à Bletchley Park de se diffuser après-guerre. Les Britanniques ont partagé avec les Américains le design des « bombes » et de « Colossus », ce qui leur a permis d'améliorer considérablement ce dernier. A la fin de la guerre, les mathématiciens sont retournés dans leurs universités et, pour certains, ont continué leurs travaux, sans pouvoir dire où et pourquoi ils avaient tant progressé.Le secret s'effrite un peu en 1974 avec la parution de l'ouvrage de Frederick William Winterbotham, The Ultra Secret, levant quelque peu le voile sur les activités de Bletchley Park. Mais jusqu'à 1982 et la parution de The Hut Six Story, de Gordon Welchman – un mathématicien qui a joué, aux côtés de Turing, un rôle majeur dans le décryptage des codes Allemands –, les informations concernant Bletchley Park sont généralistes et fragmentaires, explique M. Greenberg.De l'ombre à la lumièreL'obscurité qui recouvre cette période de l'histoire britannique s'est donc dissipée peu à peu. Ces dernières années, c'est même une pleine lumière qui se déverse sur le manoir victorien. Bletchley Park attirait en 2006 moins de 50 000 personnes par an. En 2014, ils ont été cinq fois plus nombreux à venir visiter les installations réhabilitées telles qu'elles existaient au tournant de l'année 1941. Le temps a passé depuis qu'en 1991, des historiens locaux ont réinvesti les lieux, quasiment délabrés et jusqu'ici vaguement utilisés par le gouvernement. Ce n'est même qu'au mois de mai, à l'issue d'un chantier de rénovation à 8 millions de livres, que le musée s'est doté d'un visage moderne. Créé en 1994, il vivait jusqu'alors de manière « précaire », concède-t-on aujourd'hui. Le retour en grâce, largement justifié, d'Alan Turing n'est pas étranger à son succès. « En décembre, le mois de la sortie de The Imitation Game au Royaume-Uni, le nombre de visiteurs a énormément augmenté », explique Iain Standen, le PDG de Bletchley Trust, l'organisation à but non lucratif qui gère le site.De quoi se féliciter et se rassurer quant à la pérennité des installations, financées notamment par Google, British Aerospace, le fabricant d'antivirus McAfee ou la loterie britannique. Mais les dirigeants du musée ne veulent pas trop dépendre de l'aura, forcément périssable, d'Alan Turing. « Nous rappelons volontiers qu'Alan Turing n'était qu'une personne sur près de 10 000 et que Bletchley Park ne représente qu'une partie d'un individu aux multiples facettes, explique encore M. Standen. C'était un travail de groupe ». Il s'agit donc de « raconter les histoires des autres héros méconnus » qui ont accompagné celui qu'on présente un peu vite comme le seul inventeur de l'ordinateur moderne. Difficile de lui donner tort : qui connaît Dilly Knox, John Jeffreys, Peter Twinn ou encore Gordon Welchman, qui ont pourtant été aussi importants dans les progrès réalisés à Bletchley que Turing lui-même ?Les pionniers de l'analyse des métadonnéesSi Alan Turing était responsable du décryptage des messages interceptés de la marine allemande, Bletchley Park ne se limitait pas à cette seule activité, abonde M. Greenberg. Ce dernier explique ainsi que les ingénieurs de Bletchley Park sont des pionniers de l'analyse de trafic. « Pour moi, c'est encore plus important que les avancées en matière de cryptographie », avance l'historien. Chaque utilisateur allemand d'Enigma disposait d'identifiants uniques. Les analystes de Bletchley se sont organisés de manière à pouvoir suivre précisément quel responsable parlait à qui, quand et où. Une excellente manière de surveiller l'armée allemande. « Cela ressemble beaucoup aux métadonnées d'aujourd'hui », explique M. Greenberg.Autre innovation développée à Bletchley : le stockage de données. A l'aide de petites fiches perforées traitées par des machines automatisées, qui servaient à organiser les informations recueillies dans les messages allemands décryptés, les experts de Bletchley ont pu faire des rapprochements inédits. Ainsi, au cours de la guerre, ils ont décodé un message allemand indiquant qu'un gradé de la Wehrmacht allait se rendre dans une ville du sud de l'Italie. Isolée, cette information ne vaut rien. Mais grâce à leur ingénieux système, ils retrouvent un ancien message, datant de plusieurs mois, qui leur permet de découvrir que ce gradé était en réalité responsable de l'établissement de bases aériennes allemandes. Et que les Allemands s'apprêtent donc à en installer dans le sud de l'Italie.Bletchley avait donc abouti à construire l'équivalent – très spécialisé – d'un véritable moteur de recherche...Lire aussi la critique : « The Imitation Game » : Alan Turing, génie tragique //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444463', 25258, '', 'parallax', 'desktop']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Martin Untersinger (Bletchley, envoyé spécial)JournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.01.2015 à 11h48 • Mis à jour le30.01.2015 à 15h17 Le gouvernement russe a annoncé, vendredi 30 janvier, avoir confié la construction du pont reliant la Russie à la Crimée, annexée par Moscou, à la société du milliardaire Arkadi Rotenberg, un proche du président Vladimir Poutine.Voir notre visuel interactif : Crimée : portrait d'une nouvelle région russeSelon un décret publié sur le site du gouvernement, Stroïgazmontaj devra livrer le pont routier et ferroviaire avant décembre 2018, pour un coût plafonné à 228,3 milliards de roubles (2,9 milliards d'euros). La traversée du détroit de Kertch, un bras de mer de 4,5 km au plus étroit entre mer d'Azov et mer Noire, à l'est de la Crimée, est le seul moyen, hors avion, de rejoindre la péninsule depuis le territoire russe sans passer par l'Ukraine.SANCTIONNÉE PAR LES ÉTATS-UNIS ET L'UNION EUROPÉENNEArkadi Rotenberg, 63 ans, figure avec son frère Boris parmi les personnalités russes proches du pouvoir sanctionnées par les Etats-Unis et l'Union européenne. Le Trésor américain affirmait en mars dernier que les deux frères avaient « gagné des milliards de dollars en contrats pour Gazprom ou pour les Jeux olympiques d'hiver attribués par Poutine ».Lire aussi : Monnaie, énergie, infrastructures… les questions concrètes de l'annexion de la Crimée à la RussieLe magazine Forbes estime la fortune d'Arkadi Rotenberg à 4 milliards de dollars. La construction de ce projet très symbolique annoncé par Vladimir Poutine s'annonce compliquée en raison de son coût et de l'impossibilité de trouver des financements de banques occidentales. L'Etat devra donc le financer entièrement au moment où il cherche à réduire ses dépenses pour compenser la baisse des revenus pétroliers.La participation de sociétés de BTP, comme souvent pour les grands projets d'infrastructure en Russie, sera délicate et Stroïgazmontaj n'a jamais bâti de pont. M. Rotenberg a évoqué la participation possible de sociétés de BTP de Turquie ou de Corée du Sud.Lire aussi (édition abonnés) : La Crimée à l’heure de Moscoulmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x1iifsc"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x1iifsc", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le nouveau gouvernement grec d’Alexis Tsipras a annoncé, mercredi 28 janvier, sa volonté de stopper le processus de privatisation du port du Pirée et de DEI, la compagnie nationale d’électricité. Au-delà de ces deux entreprises, c’est l’ensemble du programme de privatisation, lancé en 2011 par les autorités grecques, qui est en réalité aujourd’hui sur le point de prendre fin.Cet arrêt du programme de privatisations « n’est pas une surprise », affirme Yannis Eftathopoulos, économiste et consultant spécialiste des entreprises de service public. M. Tsipras a, en effet, à maintes reprises déclaré durant la campagne électorale qu’il fermerait le Taiped, le fonds en charge de la valorisation des biens publics en Grèce.Au Pirée, les dockers se réjouissent, les Chinois défendent leurs droitsQuel était l’objectif du programme de privatisations ?Les privatisations s’inscrivaient dans le cadre des engagements pris par les pouvoirs publics grecs vis-à-vis de leurs bailleurs de fonds internationaux, réunis dans la Troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international)« L’objectif de cette campagne de privatisations était double : à la fois budgétaire, en faisant rentrer des liquidités dans les caisses de l’Etat grec, et structurel, avec l’idée que privatiser une entreprise renforce sa compétitivité et son efficacité », explique M. Eftathopoulos.Quel était le degré d’avancement des cessions ?Sur le catalogue du Taiped figurait des dizaines d’aéroports, de ports, de plages, d’hôtels mais aussi quelques grosses entreprises publiques comme celles de l’électricité, du gaz ou de l’eau.À ce jour, depuis 2011, des accords de vente ont été conclus à hauteur de 5 milliards d’euros, sur lesquels 3 milliards auraient déjà été récoltés par l’Etat grec, selon les chiffres du Taiped. On est ainsi très loin des premiers objectifs qui avaient été affichés : 50 milliards de recettes étaient escomptés. Ce chiffre avait depuis, il est vrai, été ramené à moins de 25 milliards d’euros d’ici à 2020.« Avec la crise, la valeur des actifs a chuté, ce qui a impacté les recettes. Mais il y a aussi eu pas mal de blocages juridiques et des résistances de la population, qui a, par exemple, réussi à faire annuler la privatisation de la compagnie des eaux », relève M. Eftathopoulos.Le gouvernement peut-il compenser cet arrêt des privatisations et comment ?« Tout l’enjeu pour ce gouvernement, s’il arrive à tenir sa décision de ne plus privatiser, sera d’arriver à moderniser et réformer les entreprises publiques vers plus de performances », relève M. Eftathopoulos. « En cela l’Europe pourrait apporter son aide », ajoute-t-il.Reste que le gouvernement grec n’a pas vraiment d’argent dans les caisses. Comment pourra-t-il soutenir ces investissements publics ? « On en revient à la question de la dette. C’est bien pour regagner de la marge budgétaire et une capacité d’action que le gouvernement Tsipras demande une renégociation de la charge de la dette », indique M. Eftathopoulos.Grèce : premiers petits tiraillements entre EuropéensAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alain Beuve-Méry Le marché français de l’« entertainment » (musique, vidéos, jeux vidéo, livres…) souffre. Les dépenses des ménages dans ce domaine ont reculé de 4,6 % en 2014, à 7,2 milliards d’euros, selon les données communiquées, jeudi 5 février, par le cabinet d’études GFK.La hausse des achats « dématérialisés » (1,13 milliard d’euros au total, en hausse de 6 %) ne compense pas le déclin des achats des supports physiques (6,07 milliards d’euros au total). En 2013, les ventes « dématérialisées » avaient progressé de 23 %.Les loisirs « interactifs » représentent 55 % du marché de l’entertainment : les jeux vidéos comptent notamment pour 22 % des dépenses, la vidéo pour 15 %, la musique pour 8 %.À lui seul, le streaming, que ce soit pour écouter de la musique ou regarder des documents vidéos, représente 37 % des achats « dématérialisés ».Les achats de vidéos reculent de 10 %Le premier loisir plébiscité par les Français est le cinéma (62 % d’entre eux). Ce dernier se porte mieux que le secteur de la vidéo : les ventes dans ce dernier domaine sont en recul de 10 %. Aujourd’hui, une bonne année cinéma n’induit pas forcément une bonne année vidéo.Le marché de la vidéo est passé de 2,4 milliards d’euros en 2004 à 800 millions d’euros en 2014.La baisse des dépenses dans la vidéo est de 14 % pour les achats de supports physiques et de 8 % pour les achats numériques.Les achats de DVD classiques représentent 76 % du marché de la vidéo physique, alors que le Blue-Ray plafonne à 24 % : ce dernier ne prend pas dans la population.En France, on compte 11,2 millions de lecteurs de DVD installés, contre 1,5 million de lecteurs Blue-ray. Le prix du Blue-Ray est jugé trop cher (23 euros en moyenne).La VOD (vidéo à la demande) a vu ses ventes passer de 152 millions d’euros en 2010 à 259 millions d’euros en 2014.Elle devrait encore croître cette année, alors que les achats de supports physiques baisseraient encore de 15 %.Le marché des jeux vidéos est en croissance : + 3 %, à 2,6 milliards d’euros. Les achats de jeux sur supports physiques sont notamment en progression de 1 %, à 1,9 milliard d’euros. Il s’agit du seul marché physique qui affiche une hausse.Le marché de la musique reste difficile. Les ventes s’élèvent à 786 millions d’euros. Le streaming (150 millions d’euros) l’emporte sur le téléchargement (97 millions d’euros). Et le marché du CD poursuit son déclin (490 millions).Le livre est toujours en repliLe marché du livre en France a accusé un nouveau repli en 2014. Les ventes, tous types de supports confondus, sont en recul de 1,1%, selon les chiffres de la société d’études GfK, communiqués jeudi 5 février.Doucement, mais inexorablement, le marché du livre s'effrite depuis trois ans. En 2013, il avait enregistré un recul de 2,7 %, passant symboliquement, pour la première fois, sous le seuil des 4 milliards d'euros, pour atteindre 3,9 milliards.Ce sont les ventes de livres « physiques » qui reculent toujours : en 2014, elles ont baissé pour la quatrième année consécutive, relève GfK.Les ventes de livres numérique progressent, mais leur croissance est « plus faible qu’attendue », pointe le cabinet d’études, et cette hausse ne vient « compenser que partiellement » le repli du livre « papier ».Alain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) Le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, a opposé, jeudi 5 février, à son homologue grec Yanis Varoufakis une fin de non-recevoir. Il n’y aura ni annulation de la dette, ni remise en question de la coopération de la Grèce avec la troïka (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Union européenne), a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse commune au ministère des finances à Berlin.Premier ministre du nouveau gouvernement grec à effectuer une visite en Allemagne, Yanis Varoufakis n’espérait d’ailleurs sans doute pas vraiment obtenir de l’Allemagne un soutien dans la renégociation de son énorme dette. Que la rencontre débouche sur un constat de divergence n’a surpris personne.Difficile en réalité d’imaginer un rapprochement entre les deux ministres tant le contraste entre eux était saisissant.À Yanis Varoufakis, « jeune » ministre des finances inexpérimenté d’un « Etat en faillite », selon ses propres termes, faisait face Wolfgang Schäuble, 72 ans, monstre sacré de la politique en Allemagne et en Europe, grâce à qui l’Allemagne a rétabli l’équilibre de ses comptes publics en 2014.« Nous sommes d’accord sur nos divergences »Les deux hommes n’ont d’ailleurs pas cherché à donner des signes de bonne entente. « We agree that we disagree » (nous sommes d’accord sur nos divergences), a résumé Wolfgang Schäuble sur la question d’une renégociation de la dette, avant d’exprimer, dans une cruelle litote, ses doutes sur la politique du nouveau gouvernement grec : « Je n’ai pas pu dissimuler mon scepticisme sur le fait que certaines mesures annoncées, d’après nos convictions, ne vont pas forcément dans la bonne direction ».M. Varoufakis a également reconnu n’avoir obtenu aucun accord de l’Allemagne sur une éventuelle annulation de la dette. Le ministre a rappelé la situation « très critique de son pays », qui « fait tout » pour éviter un défaut de paiement.« L’Allemagne est sans doute le pays le mieux à même de nous comprendre », a déclaré le ministre grec, en référence à l’Allemagne de Weimar, qui avait vu l’endettement favoriser la montée du nazisme dans les années 1920 et 1930.« Le parti Aube Dorée est un parti nazi (…) nous avons besoin de l’Allemagne à nos côtés », a-t-il dit.La pression de la BCEAuparavant, Yanis Varoufakis avait multiplié les interviews à la presse allemande pour tenter de rallier l’opinion à la cause grecque. Il a ainsi exclu que son gouvernement accepte une quelconque aide financière de Moscou.Croyant flatter l’ego allemand, M. Varoufakis avait proposé que le pays lance un « plan Merkel », sur le modèle du plan Marshall qui avait permis à l’Allemagne, via un effacement de sa dette, de sortir de l’ornière au lendemain de la seconde Guerre mondiale.Invitant l’économiste John Keynes dans les débats, il avait déclaré, mercredi, au journal die Zeit : « Ce n’est pas une stratégie tenable à long terme de mener un Etat à sa ruine ».Mais ces références n’ont pas fait convaincu Wolfgang Schäuble, qui a insisté sur la nécessité « incontestable » pour le gouvernement grec de reprendre le dialogue avec les contrôleurs de la troïka.Son parti, la CDU, avait clairement indiqué qu’il ne consentirait à aucune renégociation des obligations contractées par le précédent gouvernement grec.Yanis Varoufakis repart donc bredouille de Berlin, alors que son pays subit, depuis jeudi matin, une nouvelle pression de la part de la BCE, qui a mis fin aux conditions préférentielles de refinancement des banques grecques auprès de l’institution monétaire.La BCE accentue la pression politique sur la GrèceCécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au Monde 05.02.2015 à 15h40 • Mis à jour le05.02.2015 à 17h19 | Alain Beuve-Méry Le marché du livre en France a accusé un nouveau repli en 2014. Les ventes, tous types de supports confondus, sont en recul de 1,1%, selon les chiffres de la société d’études GfK, communiqués jeudi 5 février.Doucement, mais inexorablement, le marché du livre s'effrite depuis trois ans. En 2013, il avait enregistré un recul de 2,7 %, passant symboliquement, pour la première fois, sous le seuil des 4 milliards d'euros, pour atteindre 3,9 milliards.Ce sont les ventes de livres « physiques » qui reculent toujours : en 2014, elles ont baissé pour la quatrième année consécutive, relève GfK.Les ventes de livres numérique progressent, mais leur croissance est « plus faible qu’attendue », pointe le cabinet d’études, et cette hausse ne vient « compenser que partiellement » le repli du livre « papier ».Lire également notre décryptage : Le secteur du livre ne veut pas céder à la morositéAlain Beuve-MéryJournaliste chargé de l'économie de la cultureSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Yves-Michel Riols Le président François Hollande a créé la surprise lors de sa conférence de presse à l’Elysée, jeudi 5 février, en annonçant qu’il se rendait à Kiev avec la chancelière allemande dans la journée, et le lendemain à Moscou, pour tenter de proposer un règlement au conflit en Ukraine.Cette démarche conjointe avec la chancelière est inédite et s’apparente à une tentative de la dernière chance. Jamais le président Hollande n’avait dressé un tableau aussi alarmant de la situation sur le terrain : « Oui, en Ukraine, c’est la guerre », a-t-il insisté.Le président Hollande a également brossé un constat d’échec des nombreuses médiations engagées depuis plusieurs mois par la France et l’Allemagne avec le président russe, Vladimir Poutine. De la rencontre de Normandie, en juin 2014, aux accords de Minsk, en septembre, les réunions se sont multipliées, mais à partir de l’automne, « tout s’est défait », a relevé M. Hollande. « On est passé en quelques mois d’un différend à un conflit, à la guerre ». A tel point, a souligné le chef de l’Etat, que « nous sommes dans une guerre et dans une guerre qui peut être totale ».Main tendue à la RussieFace à cette situation, François Hollande a explicité l’objectif de son déplacement à Kiev et à Moscou avec Mme Merkel. « Nous y allons non pas pour parler mais pour chercher un texte qui puisse être accepté par toutes les parties », a souligné M. Hollande. Il a notamment tendu la main à la Russie, qualifiée de pays « ami » de la France, et s’est voulu rassurant envers Moscou en rappelant l’opposition de la France à toute adhésion de l’Ukraine à l’Otan. « La France n’est pas favorable à ce que l’Ukraine entre dans l’Alliance atlantique », a souligné M. Hollande.« La France n’est pas favorable à ce que l’Ukraine entre dans l’Alliance atlantique », a souligné M. Hollande.Rien ne garantit que cette initiative franco-allemande soit plus concluante que les précédentes démarches diplomatiques. « Si nous échouons », a dit M. Hollande, on dira que la France et l’Allemagne, « en tant qu’amis de l’Ukraine et de la Russie, ont fait tout ce qu’elles pouvaient faire ». Mais le président Hollande a d’emblée rejeté l’idée de fournir une aide militaire à l’Ukraine, alors que les séparatistes prorusses sont ouvertement équipés par la Russie. « La France n’entre pas dans le débat de fournitures d’armes à l’Ukraine », a-t-il affirmé.Angela Merkel avait défendu la même position, lundi, lors d’une visite en Hongrie. « L’Allemagne ne soutiendra pas l’Ukraine avec des armes, avait insisté Mme Merkel. Nous faisons tout notre possible pour trouver une solution pacifique. »Paris livre des fournitures non létales (gilets pare-balles, médicaments, etc.) à l’Ukraine mais refuse d’aller au-delà. « Fournir des armes à l’Ukraine serait adopter les mêmes méthodes que la Russie, nous ne voulons pas ajouter la guerre à la guerre », avait insisté une source diplomatique française avant l’intervention du président Hollande. D’autant, dit-elle, que « les Ukrainiens n’arriveront pas à reprendre militairement le Donbass, c’est une stratégie vouée à l’échec ». Pas d’assistance militaireLe refus de M. Hollande et de Mme Merkel d’envisager une assistance militaire à l’Ukraine tranche avec la tonalité du débat aux Etats-Unis. A Washington, le sujet a été relancé par la publication, lundi, d’un rapport signé par huit anciens hauts responsables de l’administration américaine prônant la livraison d’armes « défensives » et par la multiplication de déclarations officieuses assurant, à la suite d’un article paru dans le New York Times, que le président Barack Obama examinait désormais cette option.La pression monte pour armer l’UkraineUne impression renforcée par le ministre américain de la défense pressenti, Ashton Carter, qui a affirmé, mercredi, être favorable à la livraison d’armes à l’Ukraine pour contrer les séparatistes prorusses. Lors de son audition de confirmation devant le Sénat, M. Carter a dit être « très enclin à aller dans cette direction, car je pense que nous devons aider les Ukrainiens à se défendre ».Le sujet sera sûrement abordé lors des entretiens, jeudi à Kiev, entre John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, et le président ukrainien, Petro Porochenko. Lors d’une conférence de presse commune, M. Kerry a appelé la Russie à œuvrer à un cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine. « Il doit y avoir un engagement immédiat à un réel cessez-le-feu, qui n’est pas seulement un bout de papier avec des paroles mais qui est suivi d’actions concrètes », a déclaré M. Kerry.Yves-Michel RiolsJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.02.2015 à 14h40 • Mis à jour le05.02.2015 à 16h06 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La décision prise par la Banque centrale européenne (BCE), mercredi 4 février, de fermer l’un des robinets à liquidités de la Grèce précipite le calendrier des négociations entre le gouvernement d’Alexis Tsipras et ses créanciers – la troïka, composée de la BCE, du Fonds monétaire international et de la Commission européenne. Et ce calendrier est très serré.Si les Européens faisaient la grimace, jeudi, suite à l’annonce de la BCE, qui met encore plus la pression sur tout le monde pour sortir vite du « problème grec », cette décision, quelque part, présente aussi un avantage. « M. Tsipras va devoir comprendre encore plus vite le peu de marge de manœuvre dont il dispose et la nécessité, pour lui, de respecter les engagements de son pays vis-à-vis de ses partenaires européens, relève une source bruxelloise. Eux sont prêts à aider son pays, mais il doit prendre conscience que certains, comme les Allemands, sont sur une position très dure, et que c’est à lui de faire le chemin. » Quelles sont les échéances théoriques du plan d’aide à la Grèce ?D’ici au 28 février, soit dans trois semaines, le gouvernement grec doit s’être mis d’accord avec ses créanciers pour boucler le deuxième programme de soutien financier au pays (130 milliards d’euros, déclenché en 2012), qui arrive à échéance précisément ce jour-là.Pour boucler ce plan d’aide, qui permettra à la Grèce de recevoir une dernière tranche d’environ 3,6 milliards d’euros, il faut toutefois que le gouvernement grec mette en route une série de réformes toujours exigées par la troïka (dont une nouvelle diminution du nombre de fonctionnaires).La négociation sur la dernière tranche d’aide peut-elle aboutir ?Etant donné que le précédent gouvernement grec, celui d’Antonis Samaras, pourtant conservateur, n’est pas parvenu à s’entendre en six mois avec la troïka sur la conclusion de ce deuxième plan, personne ne se fait d’illusion du côté des pays européens : aboutir en trois semaines est illusoire, avec un gouvernement en place depuis à peine quinze jours.Quels sont les risques pour la Grèce ?Si aucun accord n’est obtenu d’ici à fin février, la Grèce ne recevra pas les milliards prévus et risque le défaut, maintenant qu’elle ne dispose plus d’une des deux sources de liquidités de la BCE.Quelle est la solution prônée par les créanciers d’Athènes ?Les créanciers de la Grèce prônent donc une « extension technique » du plan d’aide, d’au moins quatre ou cinq mois, pour boucler ce plan. L’idée est de prendre du temps pour se poser et négocier avec Athènes les termes d’un nouveau « contrat grec » : liste de réformes, projet politique, maturité des dettes, taux des remboursements, etc.C’est ce message, très clair, qu’a fait passer Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, à Alexis Tsipras quand il l’a rencontré à Bruxelles, mercredi 4 février.C’est aussi celui que Wolfgang Schäuble, le ministre des finances allemand, a dû dire à Yanis Varoufakis, son homologue grec, en visite à Berlin, jeudi.« La peur ici, c’est que MM. Tsipras et Varoufakis n’aient encore pas compris à quel point ils ont le couteau sous la gorge, relève-t-on dans l’entourage de M. Juncker. S’ils comprennent ça, ça ira, sinon, on ira dans le mur. »Par ailleurs, M. Juncker aurait insisté auprès de M. Tsipras pour que ce dernier dise devant le Parlement grec, ce week-end, que la Grèce tiendra ses engagements.Le gouvernement Tsipras est-il prêt à demander un prolongement du plan d’aide ?Ce schéma d’une prolongation du plan d’aide se heurte à un problème. Et non des moindres : c’est au gouvernement grec de faire une demande officielle de prolongation du deuxième plan.Pour Alexis Tsipras, cela revient à accepter la « surveillance » de la troïka pendant encore plusieurs mois.C’est donc une décision politiquement très compliquée à prendre. D’autant que le leader de Syriza a fait toute sa campagne électorale sur la dénonciation de l’austérité et du « diktat » de la troïka.Pour qu’un accord puisse encore être signé avant fin février, M. Tsipras devrait faire une demande de prolongation du plan d’aide avant le vote de confiance de son gouvernement devant le Parlement grec, qui devrait avoir lieu lundi 9 février.Si Athènes demandait une prolongation du plan d’aide, quel serait alors l’agenda ?Si ce signal de « compréhension de l’enjeu et des attentes » des Européens est envoyé par Athènes, alors un Eurogroupe extraordinaire (réunion des ministres des finances de la zone euro) serait convoqué. Le 11 février probablement.C’est la date qui circule depuis au moins trois jours à Bruxelles. « Mais tant qu’on n’a pas ce signal positif des Grecs, rien ne sert de se réunir », glissent plusieurs sources européennes.Cet Eurogroupe permettrait de « débroussailler » le terrain, entre grands argentiers européens, avant les prises de position politiques des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne qui se réunissent le lendemain pour un Conseil européen informel, initialement consacré à l’Ukraine et à la lutte contre le terrorisme.Organiser un Eurogroupe la veille présenterait aussi l’avantage de se retrouver « entre membres de l’Eurozone », alors que le Conseil européen, la réunion des 28 pays de l’Union, est désormais (depuis fin 2014) présidé par un non-membre de la zone euro, l’ex-premier ministre polonais, Donald Tusk.Viendrait ensuite l’Eurogroupe prévu de longue date du 16 février, décisif, puisqu’il devrait arrêter les modalités de l’extension du plan d’aide à la Grèce.Dans ce court laps de temps – de la semaine prochaine à fin février –, il faudra parvenir à ce que l’extension du plan d’aide, si elle est demandée par Athènes, soit validée par plusieurs parlements nationaux, dont la Finlande ou l’Allemagne.« Et ce ne sera pas simple, notamment en Allemagne où Mme Merkel et M. Schäuble vont devoir mouiller la chemise pour y parvenir », prévient une source européenne haut placée.« Nous aurons beaucoup d’occasions dans les semaines qui viennent de trouver des solutions pour la Grèce », a estimé Pierre Moscovici, le commissaire aux affaires économiques et financières, jeudi à Bruxelles.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.02.2015 à 13h50 • Mis à jour le05.02.2015 à 13h58 Le conglomérat industriel allemand Siemens, en plein recentrage de ses activités, envisage de supprimer environ 7 400 emplois dans le monde, dont près de 3 300 en Allemagne, selon l'agence Bloomberg qui cite jeudi 5 février une source proche du dossier.Cette coupe dans les effectifs, qui représente environ 2 % de la masse salariale mondiale du groupe, pourrait être annoncée dans le courant de la semaine, ont rapporté, sous couvert d'anonymat, deux personnes informées du plan. Le comité de finance du conseil de surveillance s'est réuni ce jeudi et mercredi pour finaliser les négociations, selon ces sources. Siemens a refusé de commenter.Le patron du groupe, Joe Kaeser, avait présenté en mai 2014 un plan de réorganisation qui prévoyait le regroupement de certaines divisions et la suppression d'échelons hiérarchiques afin de réduire les coûts de 1 milliard d'euros d'ici à 2016.RECENTRAGESiemens, qui compte plus de 300 000 employés, avait précisé qu'environ 7 600 postes – au sein des divisions qui disparaîtront – seraient concernés et 4 000 au niveau de l'organisation régionale. M. Kaeser avait alors expliqué qu'une rencontre entre la direction et les représentants du personnel était prévue début février.Lire (édition abonnés) : Siemens se réorganise en profondeur pour réduire sa bureaucratieCandidat malheureux à l'été 2014 au rachat du français Alstom, Siemens a décidé de se désinvestir de certaines activités, comme par exemple les appareils auditifs ou l'électroménager, pour se recentrer sur ses activités les plus porteuses, pour beaucoup autour de l'énergie, du matériel médical, des systèmes de numérisation pour l'industrie et des transports, avec notamment la construction du train à grande vitesse ICE (pour Intercity-Express). 05.02.2015 à 11h54 • Mis à jour le05.02.2015 à 11h57 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) L’intéressée n’a pas dû en rire : dans un faire-part de remerciement tiré à quelques centaines d’exemplaires, le palais du Belvédère, à Laeken, a remercié les personnes qui s’étaient manifestées pour le décès de la reine Paola. Or, celle-ci est toujours bien vivante… Les services du palais, résidence de l’ex-roi des Belges, Albert II, et de son épouse ont confondu le prénom de celle-ci et celui de la reine Fabiola, sa belle-sœur, décédée en décembre 2014 à l’âge de 86 ans !De nombreux Belges avaient adressé des messages de condoléances à la famille royale et l’ex-roi, qui a abdiqué en 2013 au profit de son fils aîné Philippe, voulait les saluer. Comme le veut la tradition, ses services ont dès lors envoyé récemment un carton remerciant « de tout cœur » les familles et les personnes qui leur ont témoigné de la sympathie et « des mots de réconfort » lors du décès de « Sa Majesté la reine Paola »…La bévue a été révélée jeudi 5 février par le quotidien néerlandophone De Standaard, photo du bristol à l’appui. Personne ne l’avait semble-t-il remarquée avant le chroniqueur royal Rick Evers, qui assure de l’authenticité du courrier.En décembre déjà, une présentatrice de la RTBF avait annoncé dans son journal télévisé l’hommage « à la défunte reine Paola ».Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.02.2015 à 11h11 • Mis à jour le05.02.2015 à 15h41 | Patrick Roger et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Enfin une bonne nouvelle : la Commission européenne a revu à la hausse la croissance européenne, dans ses prévisions économiques d’hiver, publiées jeudi 5 février. Elle devrait atteindre 1,7 % pour toute l’Union européenne en 2015 et 1,3 % pour la zone euro (19 pays). Pour la première fois depuis 2007, tous les pays de l’Union verront leur économie croître à nouveau l’an prochain.Pour mémoire, dans ses « prévisions d’automne », publiées en novembre 2014, Bruxelles prévoyait une croissance dans l’Union de 1,5 % et de seulement 1,1 % pour la zone euro, pour 2015. « La chute des prix du pétrole [divisé par deux en six mois] et le cours de l’euro, qui s’est déprécié par rapport au dollar, représentent un vrai électrochoc pour l’économie européenne », a commenté Pierre Moscovici, commissaire européen à l’économie, jeudi 5 février.Ces prévisions font à Bercy l’effet d’une douce potion, puisqu’elles corroborent désormais les hypothèses du gouvernement français pour son budget 2015. Selon la Commission, le produit intérieur brut (PIB) hexagonal devrait ainsi croître de 1 % en 2015 – moins que la moyenne de la zone euro –, mais bien mieux que les 0,7 % sur lesquels tablait Bruxelles en novembre 2014… Quant au déficit public français, il devrait représenter 4,1 % du PIB en 2015, selon la Commission. Exactement les chiffres calculés par Bercy.Sachant que c’est sur la base de ces prévisions que la Commission va donner un avis sur le budget 2015 de la France, fin février ou début mars, le risque – déjà assez improbable – de sanctions pour non-respect des engagements du pacte de stabilité et de croissance s’éloigne. « Nous avons toujours dit que nous n’étions pas dans ce scénario », rappelle l’entourage de Michel Sapin.« S'agissant du déficit structurel prévu en 2015, dont la mesure statistique est complexe, le gouvernement s'est engagé à une diminution de 0,5 % et s'y tiendra », a déclaré M. Sapin dans un communiqué, en réponse à la demande du commissaire européen Pierre Moscovici de « mesures supplémentaires » pour la réduction du déficit public.Lire aussi : Déficit : la valse des promesses de Michel SapinNouvelle priorité : la croissanceLes informations en provenance de Bruxelles tombent d’autant plus à propos que le président de la République, François Hollande, tenait jeudi matin sa cinquième conférence de presse à l’Elysée. « L’opération vérité engagée en août 2014 [au moment où Bercy a averti Bruxelles des chiffres pour 2015] produit ses effets, se félicite le cabinet du ministre des finances. Nous avons fait le choix de tenir un discours de vérité, de dire ce qui était plutôt que de devoir réajuster sous la contrainte. Tout le monde peut à présent se rendre compte que ce n’était pas virtuel. » Pour Bercy, cette révision à la hausse de Bruxelles pour la France – « ce qui ne s’était pas produit depuis 2012 » – témoigne du sérieux de l’exécution budgétaire.Ces prévisions économiques interviennent dans un contexte particulier. A la Commission européenne, le « logiciel » a changé. Après des années de diktat de l’austérité, Jean-Claude Juncker, le nouveau président, a fixé une nouvelle priorité : la croissance. Par l’investissement et les réformes structurelles. La discipline budgétaire reste un objectif essentiel, mais ce n’est plus l’alpha et l’oméga européen. En témoigne le plan d’investissement à 315 milliards de M. Juncker.Par ailleurs, la Commission a publié, mi-janvier, une nouvelle « interprétation » des flexibilités du pacte de stabilité dont la logique vise à proposer davantage de souplesse – de temps – aux Etats qui font des réformes. Enfin, la Grèce a aussi, ces dernières semaines, déplacé la focale sur d’autres sujets jugés désormais prioritaires…Ce qui ne veut pas dire pour autant que Bruxelles va lâcher la bride sur le respect du pacte de stabilité et de croissance. Concernant Paris, elle a dit clairement ces dernières semaines qu’elle attend plus de réformes structurelles que la seule loi Macron.L’Allemagne, tout comme d’autres Etats européens très sensibles aux équilibres budgétaires, restera vigilante. Tout comme Mario Draghi, le patron de la BCE, qui le répète depuis des mois : le quantitative easing (faire tourner la planche à billets, comme il s’y est engagé), c’est une chose, mais les Etats européens doivent poursuivre les réformes structurelles. La baisse des prix du pétrole et de la parité euro/dollar ne suffira pas à restaurer leur compétitivité.Patrick RogerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le premier ministre grec Alexis Tsipras a finalement choisi Prokopis Pavlopoulos, un député issu des rangs du parti conservateur Nouvelle démocratie, comme candidat à la présidence de la République, pour remplacer le président sortant Carolos Papoulias. Un changement de cap de dernière minute, alors que depuis plusieurs semaines déjà, le grand favori semblait être Dimitris Avramopoulos, lui aussi issu des rangs de Nouvelle démocratie et actuel commissaire européen à l’immigration.Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, avait fait connaître ses derniers jours ses réticences à voir partir l’un de ses commissaires, ce qui aurait entraîné soit l’octroi de ce très sensible poste de l’immigration à un candidat issu des rangs de la gauche radicale Syriza, soit une redistribution des rôles à Bruxelles.Alexis Tsipras a par ailleurs subi ces derniers jours de nombreuses pressions de l’aile gauche de son parti qui réclamait, à défaut d’un compromis autour de M. Avramopoulos, que le poste de président de la république soit attribué à un représentant de la gauche en Grèce. Lors de son discours devant son groupe parlementaire, mardi 17 février, Alexis Tsipras s’est adressé à cette « plate-forme de gauche » en leur affirmant qu’il proposait avec Prokopis Pavlopoulos un candidat « avec un haut niveau de conscience nationale ».Le pari de l’unitéIl a fermement rappelé ses troupes à l’ordre, en affirmant que « face à l’Histoire, la gauche ne [devait] pas se montrer arrogante » et trop exiger. Car proposer un candidat de gauche, c’était s’exposer aux foudres de son partenaire de coalition Panos Kamménos des Grecs indépendants (ANEL, droite nationaliste) qui a affirmé à plusieurs reprises qu’il ne voterait que pour un candidat de droite. Or, sans les 13 députés d’ANEL, le gouvernement Tsipras n’a plus de majorité au Parlement. Le premier ministre ne pouvait donc pas se permettre d’aller au conflit avec son allié, quitte à froisser ouvertement les membres les plus à gauche de son parti. Prokopis Pavlopoulos est un professeur de droit et avocat, formé à Paris, marié et père de trois enfants. Il a notamment été ministre de l’intérieur entre 2004 et 2009 au sein du gouvernement de Costas Caramanlis. Pendant son mandat, il a été vivement critiqué, tant par l’aile droite de Nouvelle démocratie, qui ne le trouvait pas assez dur sur l’immigration, que par la gauche, qui le critiquait pour avoir favorisé le recrutement de milliers de fonctionnaires favorables à Nouvelle démocratie. C’est également lui qui était ministre de l’intérieur au moment des émeutes de décembre 2008, survenues après la mort d'un adolescent de 15 ans tué par balle par un agent de police.En proposant un candidat issu de la droite, Alexis Tsipras fait le pari de l’unité. Dans de son discours devant son groupe parlementaire, il a annoncé qu’il présenterait jeudi 19 février son premier projet de loi au Parlement, en tablant sur un vote dès vendredi soir. Dans ce contexte, il ne peut pas se permettre de perdre son allié gouvernemental.Le premier tour de scrutin pour l’élection du président de la République est prévu mercredi soir à 19h30.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.02.2015 à 14h04 • Mis à jour le17.02.2015 à 15h56 | Marie Jégo (Istanbul, correspondance) L'émotion a submergé 37 villes de Turquie après l'assassinat de Özgecan Aslan, une étudiante âgée de 20 ans, violée, amputée des deux mains, brûlée puis jetée dans le lit d'une rivière par ses agresseurs à Çamalan, dans la province de Mersin au sud du pays.De Trabzon à Diyarbakir, des milliers de personnes sont sorties dans les rues, de samedi 14 à lundi 16 février, pour dénoncer la recrudescence des violences envers les femmes. « Nous ne sommes pas en deuil, nous sommes révoltés » disaient les affiches brandies par les manifestants. Des appels ont retenti sur les réseaux sociaux pour que les victimes de viols et de harcèlement brisent la loi du silence sous le hashtag #sendeanlat (« #toiaussiraconte »). Un vent de colère a soufflé sur les obsèques de la jeune victime, samedi 14 février à Mersin, quand des femmes de l'entourage de la victime, bravant l'interdiction de l'imam, ont porté sa dépouille au cimetière, une tâche traditionnellement réservée aux hommes.« La violence contre les femmes est une plaie ouverte dans notre société [...], une rupture de la confiance de Dieu », s'est épanché, lundi, le président Recep Tayyip Erdogan, tandis que son premier ministre, Ahmet Davutoglu, promettait de « briser les mains » des coupables. Sous le coup de l'émotion, quelques figures du Parti pour la justice et le développement (AKP, islamo-conservateur, au pouvoir) – le ministre de l'économie Nihat Zeybekci, le député Burhan Kuzu, chargé de rédiger la nouvelle Constitution, son collègue Ahmet Iyimaya, qui dirige la commission parlementaire pour la justice – ont évoqué un éventuel rétablissement de la peine de mort, abolie en 2004 pour amener le pays aux standards européens.UN PROBLÈME DEVENU RÉCURRENTRacontée par la presse dans ses moindres détails, le calvaire de Özgecan Aslan a jeté une lumière crue sur un problème devenu récurrent en Turquie, quand la violence infligée aux femmes par les hommes n'a cessé d'augmenter ces dix dernières années. L'ONG « Stoppez les assassinats de femmes » dénombre 255 femmes tuées pendant les dix premier mois de 2014, contre 237 en 2013. Les chiffres cités par le ministère de la justice reflètent une courbe inégale selon les années : 66 assassinats en 2002, 1 011 en 2007, 1 126 en 2009, 155 en 2012.Lire : Les droits des femmes turques sont-ils en régression ?Toutes les ONG en conviennent, le plus souvent, l'assassin est le mari, le père, le beau-père, le fils ou l'amant. La mise à mort survient après une séparation, par jalousie ou dès lors qu'il est question du code de l'« honneur » (töre) invoqué pour justifier les actes les plus sauvages. C'est ce qui s'est passé le 31 janvier 2015 pour C. I., une jeune fille de 18 ans originaire de Mardin (sud est), qui fuyait sa famille en compagnie de son bien-aimé, Hamdullah, 25 ans. Des hommes, parents de la jeune fille, guettaient son arrivée à la gare routière d'Istanbul. Le couple, à peine sorti du bus, a été attaqué à coups de couteau. Le jeune homme est mort sur le coup, la jeune femme, grièvement blessée, emmenée à l'hôpital. Toute la scène eut lieu en plein jour, sous les regards de centaines de voyageurs. La violence est en effet présente au quotidien. D'après une étude faite en 2013 sur les femmes mariées à travers tout le pays, par l'université Hacettepe, à Ankara, 39 % des épouses interrogées reconnaissent avoir subi des violences physiques, 15 % confient avoir connu des violences sexuelles, 44 % déplorent des violences verbales.Les associations de défense des femmes dénoncent les failles du système judiciaire, plus enclin à justifier les hommes qu'à protéger les femmes. L'AKP est montré du doigt pour les sorties sexistes de ses ténors. En juillet 2014, le vice premier ministre Bülent Arinc avait été la risée des réseaux sociaux après avoir invité la gent féminine à « préserver sa décence (…), ne pas rire fort en public et protéger son honneur ».« UNE POLITIQUE DISCRIMINATOIRE »A Avcilar, un quartier périphérique à l'ouest d'Istanbul, où des centaines de militantes féministes s'étaient rassemblées dimanche matin, des accusations ont fusé contre le gouvernement, accusé de mener « une politique discriminatoire ».Nombreuses sont les jeunes citadines, indépendantes et éduquées, qui dénoncent la tendance des islamo-conservateurs du Parti de la justice et du développement (AKP) à vouloir leur imposer des règles de vie d'un autre âge. Comme ce jour du 24 novembre 2014, où le président Recep Tayyip Erdogan a affirmé, citant le Coran, que les femmes ne pouvaient être considérées comme les égales des hommes. « Notre religion a défini une place pour les femmes, la maternité », a-t-il expliqué devant les représentantes de l'association Femmes et démocratie, dirigée par sa fille cadette Sumeyye. La politique familiale de l'AKP s'est vite heurtée aux réticences des associations de femmes. Un projet de loi, visant en 2012 à ramener le délai légal de l'avortement de dix à quatre semaines, a du être abandonné face au tollé. Régulièrement, le chef de l'Etat recommande aux femmes de donner naissance à trois enfants, au minimum.A quatre mois des législatives, l'assassinat de la jeune étudiante a attisé les règlements de compte politiques. « L'AKP est arrivé au pouvoir en arguant que la moralité avait pris un gros coup [...], mais la démocratie et la morale ont perdu beaucoup de sang ces dernières années », a critiqué dimanche Kemal Kiliçdaroglu, le président du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate, opposition).Lundi au Parlement, la députée du CHP pour Mersin, Aytug Atici, a renouvelé la charge contre les islamo-conservateurs, critiqués pour leur piètre bilan en matière de droits des femmes. La Turquie préside actuellement le G20, le club des pays les plus riches du monde, dont l'un des buts déclarés est de réduire le fossé qui existe entre les femmes et les hommes, notamment en matière d'emploi, un secteur où les femmes turques sont peu représentées (29 % des actifs)Marie Jégo (Istanbul, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.02.2015 à 11h22 • Mis à jour le17.02.2015 à 14h44 Editorial du « Monde » La France dispose d’une des meilleures panoplies de textes législatifs et d’institutions pour faire respecter les droits de l’homme. Et, pourtant, ça ne suffit pas. Le défenseur des droits et le contrôleur général des lieux de privation de liberté ont beau faire un travail remarquable, le pays n’est plus à la hauteur de sa réputation en matière de droits de l’homme.Un rapport du Conseil de l’Europe s'inquiète « du recul de la tolérance » en FranceTel est le jugement, plutôt sévère, que porte le Conseil de l’Europe, la plus vieille des organisations intergouvernementales européennes, sur l’état des droits de l’homme en France. Chargé du sujet au sein du Conseil, le Letton Nils Muiznieks assure, dans un rapport publié mardi 17 février, que « la France pourrait faire beaucoup mieux ». Il s’inquiète d’« un recul de la tolérance », doublé d’« un inquiétant effritement de la cohésion sociale et du principe d’égalité ».Aux yeux du Conseil, dont dépend la Cour européenne des droits de l’homme, la France offre une citoyenneté à deux vitesses. Le rapport déplore le traitement réservé aux handicapés, aux Roms et aux demandeurs d’asile. Les premiers, devenus adultes, migrent par milliers vers la Belgique, qui leur propose une vie adaptée à leurs besoins. Les Roms, eux, sont expulsés manu militari de leurs camps et leurs enfants mal scolarisés. Quant aux demandeurs d’asile, ils peuvent dormir des mois dans la rue et ont moins de chances qu’ailleurs en Europe d’obtenir le statut de réfugié. Sans parler des Syriens, que la France jette aux mains des passeurs, faute de leur délivrer des visas, dit le Conseil.La loi, dans ces divers domaines, n’est pas en cause. Les injustices constatées sur le terrain le sont à l’ombre de beaux textes aussi protecteurs qu’inappliqués. La circulaire interministérielle du 22 août 2012 promettait la fin des démantèlements de camps de Roms sans « concertation préalable ». En 2014, un campement a été fermé tous les trois jours, sans proposition de relogement. Une nouvelle loi sur l’asile va être discutée prochainement au Sénat, après un large vote à l’Assemblée nationale. Elle ne permettra pas d’octroyer plus généreusement le statut de réfugié que seuls 18 % des demandeurs ont obtenu en 2013 – soit deux fois moins que dans la moyenne des pays européens. Quant aux handicapés, la loi de 2005, si elle a permis des avancées, est loin de résoudre nombre de leurs problèmes.Défaut bien français : les textes donnent l’illusion que les problèmes sont traités. Souvent, l’inflation législative vient pallier un manque de moyens réels et le nombre de lois non appliquées augmente. La vraie question est celle de la volonté politique. Elle imposerait, relève le Conseil, de condamner sans appel les discours de haine ou d’intolérance qui peuvent être entendus, ici ou là, dans la sphère publique. Elle commande que l’ensemble de la classe politique s’interdise toute rhétorique qui stigmatise tel ou tel groupe – migrants ou Roms, notamment.La France peut, doit, faire mieux. Maryline Baumard Le commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe n’avait pas imaginé les attaques de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher. Ni le cortège d’actes islamophobes ou antisémites qui s’enchaînent depuis. Pourtant, le rapport sur la France que Nils Muiznieks avait déjà finalisé à la veille de ces événements, et qu’il rend public mardi 17 février, voulait montrer une France déjà vacillante sur ses valeurs.« Le commissaire s’inquiète du recul de la tolérance et du nombre élevé d’agressions verbales et de démonstrations injurieuses à caractère haineux ou discriminatoire recensées en France », pose la toute première phrase de ses 52 pages. Il déplore également, dès le paragraphe suivant, « qu’aux discours s’ajoutent des actes haineux, qu’ils soient racistes, xénophobes, antimusulmans ou homophobes ». Ce que la France vit depuis janvier donne raison à son constat d’« un inquiétant effritement de la cohésion sociale et du principe d’égalité ». En effet, si « l’antisémitisme et l’islamophobie sont très graves dans tous les pays, ils le sont plus encore en France parce que les juifs et les musulmans y sont largement représentés », a-t-il expliqué au Monde. A ses yeux, la riposte est donc urgente.Antisémitisme : l’Etat en quête de réponses« Réagir avec vigueur », voilà la recommandation première faite par le représentant de l’Europe à « ce pays qui pourrait bien mieux faire », comme le rappelle M. Muiznieks. Ce dernier estime en effet qu’« un plan national d’action sur les droits de l’homme » est nécessaire, « plutôt qu’une série de mesures indépendantes ». Optimiste, il compte sur la mobilisation nationale contre le racisme qui doit être prochainement annoncée par François Hollande. « Une cause nationale permet de faire avancer des sujets. Espérons que les groupes victimes de discriminations seront au cœur de la réflexion », ajoute-t-il. Interrogé par Le Monde sur l’usage du terme « apartheid » par le premier ministre Manuel Valls, il estime qu’il s’agit d’un premier pas, parce que cela illustre la volonté d’un électrochoc.Dans la France de 2015 où les citoyens ne sont plus égaux, la prise de conscience est urgente. Lorsque le commissaire a fait sa visite, en septembre 2014, il a été « choqué » par la présence dans les rues de Paris de nombreux très jeunes migrants afghans sans abri, comme par la non-scolarisation régulière d’une vingtaine d’enfants roms dans un camp qu’il a visité à Marseille. « Et alors que les familles étaient installées là depuis des années », ajoute-t-il. « La France peut mieux faire en matière de scolarisation des enfants roms comme en matière d’évacuation des camps ». Au passage, d’ailleurs, il « prie les autorités de mettre un terme sans délai aux évacuations forcées » qui se sont égrenées toute l’année 2014 à raison d’une tous les trois jours.L’accueil de réfugiés syriens lui semble aussi une injure faite à cette immense catastrophe humanitaire. « La France en recevra 500 en 2015, comme en 2014, quand l’Allemagne en a accepté 10 000 l’an dernier », dit-il, laissant parler les chiffres. Dans le même registre, il se dit « très préoccupé » par les 2 300 migrants stationnés à Calais et rappelle que la situation « ne peut être résolue par les seules mesures sécuritaires ». Et ce n’est pas tout. A ses yeux, « la France a aussi un problème avec ses handicapés ». « Est-il normal que des milliers de handicapés adultes quittent leur pays pour rejoindre la Belgique parce qu’ils ne trouvent pas de solution de vie [des lieux adaptés] ? », interroge M. Muiznieks, étonné que le traitement du handicap ne soit jamais abordé dans l’Hexagone en termes de droits de l’homme.La France moins bonne élèveDerrière tous ces manquements, le diplômé en sciences politiques de l’université américaine de Berkeley (Etats-Unis) pointe la responsabilité de la classe politique. « Certains membres de la communauté politique tiennent des discours haineux et contribuent ainsi à la banalisation de tels propos. Leur langage donne un signal à la police, aux fonctionnaires en général mais aussi au citoyen », martèle-t-il, avant d’inviter « les représentants de l’Etat et de la classe politique à tenir un discours fort et clair, qui non seulement rejette le racisme, la xénophobie et toutes les formes de discrimination, mais aussi valorise le principe d’égalité et le respect des différences ». Il est bien loin le rapport précédent, publié en 2006, qui s’ouvrait sur le constat que « beaucoup d’Européens voient la France comme le pays des droits de l’homme et qu’effectivement la France offre un haut niveau de protection ». La France a changé et est moins bonne élève que nombre des pays européens comparables. Une plongée dans les rapports publiés récemment par Nils Muiznieks montre que l’homme n’est pas coutumier des discours alarmistes. En 2013, il remettait un rapport à l’Espagne, critiquant son système de garde à vue et le comportement des policiers lors des manifestations ; en mai 2014, son rapport sur les Pays-Bas insistait surtout sur le droit des immigrés et des enfants, un peu oubliés. Et quelques mois auparavant, son travail sur le Danemark pointait les faiblesses de l’accueil des migrants et des demandeurs d’asile, mais félicitait le pays pour avoir su aider ses policiers à limiter les discriminations. A chaque fois, des critiques certes, mais plus mesurées.L’UE impuissante face aux drames de l’immigrationPourtant, Nils Muiznieks estime que le pays qui a vu naître les droits de l’homme est armé pour réagir. Contrairement à d’autres, « la France est remarquablement outillée. Sur le plan des structures comme en matière législative, elle dispose de bien plus d’outils que la plupart de ses voisins. Par ailleurs, elle compte un maillage associatif qui fait un travail exceptionnel », observe l’universitaire letton. Une vraie note d’espoir !  Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.02.2015 à 10h39 • Mis à jour le17.02.2015 à 16h22 | Philippe Jacqué Le marché automobile européen repart d’un bon pied en 2015. Sur la lancée d’une année 2014 prometteuse, avec une croissance de 5,7 %, le mois de janvier confirme la tendance en affichant une progression de 6,7 % des immatriculations, selon les données de l’Association européenne des constructeurs automobiles, publiées mardi 17 février.En janvier, près d’un million de véhicules ont été immatriculés. Cela reste encore en retrait de 20 % à 30 % par rapport aux années d’avant 2008, année du déclenchement de la crise financière. Mais c’est déjà meilleur qu’en 2009, année où le marché s’était effondré, à 900 000 unités.La croissance du marché provient essentiellement du redressement des pays étrillés par la crise économique. Après l’Espagne, qui poursuit son rétablissement en janvier (+27,5 %), grâce à un plan de soutien gouvernemental, c’est au tour de l’Italie de prendre désormais le relais. Le marché italien a progressé de 10,9 % en janvier. Cela fait suite à la croissance de 4,2 % sur l’ensemble de l’année 2014.L’Irlande, un tout petit marché, poursuit également son retour, porté par la reprise économique. Ses immatriculations ont cru de 30,6 % en janvier, après avoir connu une année 2014 en hausse de 29,6 %. Le Portugal, après avoir connu un bond de 34,8 % de ses ventes l’an dernier, reste sur la même dynamique en ce début  2015. Les immatriculations progressent encore de 28 %.La poussée de NissanCôté constructeurs, la croissance profite, en termes de volumes, aux alliés Renault, Nissan et Daimler. Si Volkswagen (+ 6,8 %) et PSA (- 1,4 %) restent les deux premiers groupes européens, Renault tape sérieusement à la porte. Après une croissance de ses immatriculations l’an dernier de 13,3 %, les ventes du groupe français ont progressé en janvier de 10 %, à 95 315 unités.Cette fois, ce n’est pas seulement la marque à bas coût Dacia (7,3 %), qui dynamise les ventes du groupe, mais aussi Renault (11,3 %), grâce à la bonne tenue des ventes de Clio et Captur.Après une croissance 2014 de 13.4 %, le japonais Nissan accélère en 2015. Ses immatriculations ont bondi de 36,3 %, à 42 800 immatriculations. C’est à moins de 6 000 unités des ventes affichées par Toyota, le premier groupe japonais en Europe, qui accélère moins rapidement. Cette année, Nissan a annoncé sa volonté de devenir le premier constructeur japonais en Europe, porté par sa gamme de « crossover » (Juke, Qashqai, XTrail) et sa Pulsar, sa nouvelle berline compacte.Enfin, autre groupe en pleine croissance, Daimler. L’allié allemand de Renault et Nissan voi ses immatriculations progresser de 15 %, après une année de reconstruction (3,4 % en 2014). Le groupe de Stuttgart progresse dix fois plus vite qu’Audi et deux fois plus vite que BMW, ses deux rivaux dans le premium.Philippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye   Jean-Luc Mélenchon a décidé de faire taire le bruit et la fureur pour se muer, au moins durant un temps, en facilitateur. Le député européen est reçu, mardi 17 février à 15 h, à l’Elysée, par François Hollande pour plaider en faveur de la renégociation de la dette grecque. Le 4 février, il avait envoyé un courrier au chef de l’Etat pour lui demander cette entrevue. « Je n'ai pas d'autres moyens que celui de la discussion, de convaincre » le président de la République « qu'il ne peut pas accepter que la Banque centrale européenne (BCE) coupe les vivres à ceux qui n'obéissent pas à la troïka, car demain c'est notre tour », a expliqué, lundi, le fondateur du Parti de gauche.L’enjeu est crucial, alors que les discussions entre la Grèce et l’Eurogroupe ont achoppé lundi. Un ultimatum a été adressé au gouvernement d’Alexis Tsipras, qui est sommé d’accepter d’ici à la fin de la semaine une extension du plan d’aide à la Grèce. Cela supposerait pour le chef de file de la gauche radicale de revenir sur nombre des promesses de sa campagne, axée sur le refus de l’austérité.« On doit aux Grecs de tout tenter »Depuis la victoire fin janvier de M. Tsipras – désormais seul chef de gouvernement européen issu de la gauche radicale –, Jean-Luc Mélenchon fait tout pour venir en aide à celui qu’il soutient depuis des années. Y compris de mettre en sourdine ses critiques contre François Hollande. « Il ne s'agit pas pour moi de représenter les Grecs auprès de François Hollande, j'y vais en tant que Français, comme quelqu'un qui a contribué à sa victoire en 2012 », a expliqué M. Mélenchon. La France « tient sa chance de réorienter la politique européenne », a assuré le député européen.Grèce : la voie très étroite d’un accord sur la detteSon camp se montre néanmoins lucide sur les chances de voir aboutir positivement l’initiative. « Nous ne faisons pas trop d’illusions, mais on doit aux Grecs de tout tenter, y compris des choses que l’on n’imaginait pas faire il y a encore quelque temps », explique Eric Coquerel, coordinateur du Parti de gauche. « François Hollande a envie de jouer un rôle de trait d’union, mais quand une des parties – la troïka, Berlin – se montre intransigeante, vous ne pouvez pas rester dans cette position. Il faudra qu’il choisisse », assure M. Coquerel. Rencontre en petit comitéUne manifestation de soutien à la Grèce a été organisée, dimanche, à Paris, notamment à l’initiative du Front de gauche. Elle a réuni plusieurs milliers de personnes. Jean-Luc Mélenchon, comme Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, étaient en tête du cortège. Certains représentants d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) étaient eux aussi présents, le parti ayant appelé à se joindre à la manifestation. « Il faut soutenir le peuple grec, rendre sa dette soutenable, sinon le pays n’a aucun avenir », justifie la secrétaire nationale d’EELV, Emmanuelle Cosse, pour qui la France doit « mettre quelque chose sur la table ».Le 4 février, MM. Mélenchon et Laurent ont vu Alexis Tsipras en petit comité, à Paris, quelques heures seulement après la rencontre entre le chef du gouvernement grec et François Hollande au palais de l’Elysée. Un rendez-vous discret, sans caméra ni photographe, conformément à la volonté de M. Tsipras, qui ne souhaitait pas donner de publicité à l’événement. Foin de bruit et de fureur donc. Pour l’instant.Athènes ne voit pas d’accord possible avec l’Eurogroupe Olivier Faye 17.02.2015 à 08h36 • Mis à jour le17.02.2015 à 14h41 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) « Ultimatum européen », « Torpille allemande au plan Moscovici », « Violente confrontation »… Les titres de la presse grecque, mardi 17 février au matin, étaient pour le moins guerriers pour évoquer l’échec de l’Eurogroupe, la réunion des ministres des finances de la zone euro, la veille à Bruxelles.Après quatre petites heures de discussion seulement, le camp du premier ministre grec, Alexis Tsipras a qualifié d’« absurde et inacceptable » la proposition avancée par ses partenaires européens, ce qui a provoqué la fin de la réunion.« J’ai regardé hier soir la conférence de presse des représentants de l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI) et une colère profonde a commencé à monter », raconte visiblement toujours ému Vassilis Dimitriadou.En route pour son travail d’employé de banque, le jeune homme s’est arrêté ce matin consulter les titres de la presse devant l’un de ces nombreux kiosques qui peuplent Athènes. « Qu’est ce que c’était que cette condescendance ? J’ai bien compris qu’ils avaient désormais un front commun et que ce front c’est : vous acceptez d’abord de prolonger le plan et après on discute. Et nous alors, notre vote compte pour du beurre ? », s’énerve Vassilis.« Je suis sidéré des propos de Schäuble »La discussion s’engage alors avec les autres passants. « Je crois qu’il s’agit d’un nouveau tour de négociations, où chacun surjoue la fermeté pour atteindre une partie de ses objectifs », pense, quant à lui, un pharmacien venu lui aussi lire les titres.« Moi je suis sidéré des propos du ministre allemand, Schäuble, qui a dit, lundi matin, qu’il était désolé pour le peuple grec de l’irresponsabilité de notre gouvernement », intervient alors une dame d’un certain âge.« Mais pour qui se prend-il ?, poursuit-elle. Ce gouvernement, on l’a élu justement parce que l’on veut en finir avec l’austérité et, pour une fois, on a une équipe qui fait ce qu’elle a promis ! Et ce serait nous les irresponsables ? Il a compris Schäuble où va l’Europe avec un tel mépris de la démocratie et des gens ? » Cette question du déni démocratique revient beaucoup aujourd’hui. Le ministre des finances grec, Yanis Varoufakis lui-même dans sa conférence de presse post Eurogroupe lundi soir a insisté sur ce point.« Décréter des ultimatums, donner la priorité au principe de la continuité de l’État grec par rapport à celui de la démocratie, ne manquerait pas d’avoir des répercussions négatives sur l’ensemble du projet européen », a-t-il menacé.« Cette rhétorique guerrière m’effraie »« Moi, toute cette rhétorique guerrière m’effraie. À notre prétendue fermeté répond une fermeté accrue côté européen et je trouve tout cela dangereux », se désole, quand à lui, Nikitas Varlas. Pour ce jeune homme de 29 ans, employé dans un magasin de meubles, « la position agressive grecque m’interpelle ». « J’ai voté pour Syriza parce que la situation sociale est devenue insupportable en Grèce et que le mépris du précédent gouvernement pour les plus faibles était intolérable. Mais j’ai peur que ce gouvernement ne se montre finalement trop exigeant trop vite et que l’on sorte de l’euro », ajoute Nikitas, sous le regard réprobateur de deux de ses amis.« L’Europe trop à perdre à nous foutre dehors », lui répond ainsi Dané Stadila. Pour la jeune femme, « le coût politique d’un tel mépris des peuples est totalement sous estimé dans le débat. »Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L'essentielLa réunion des ministres des finances de la zone euro censée trouver une solution sur la dette de la Grèce s'est soldée par un échec.L'Eurogroupe a donné jusqu'à la fin de la semaine au gouvernement Tsipras pour accepter une extension du plan d'aide à la Grèce.Le ministre des finances grec s'est dit confiant sur la possibilité de trouver un accord avec la zone euro dans les prochains jours.L’Eurogroupe du lundi 16 février, à Bruxelles, a-t-il été une réunion où chacun – les Grecs d’un côté, les autres pays de la zone euro de l’autre – a surjoué l’affrontement, afin de ne pas perdre la face et mieux faire passer un futur accord, qui n’interviendra qu’à la dernière extrémité ? Ou a t-on assisté à un réel dialogue de sourds, sans issue ?« Je ne joue pas, je n’ai pas de plan B », a juré le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis, à la sortie de ce nouvel Eurogroupe, qualifié « de la dernière chance » et consacré à l’énorme dette d’Athènes – elle s’établit à 320 milliards d’euros, soit 175 % du produit intérieur brut (PIB) du pays. « J’espère qu’on était en pleine dramaturgie ce soir, mais je n’en sais rien », avouait, de son côté, une source bruxelloise. « Il y a encore du travail de compréhension », glissait, sobrement, une autre source, proche des négociations.Ce qui est sûr, c’est que, après le fiasco du 11 février, première réunion au sommet entre M. Varoufakis et les dix-huit autres grands argentiers de la zone euro, le rendez-vous de lundi a tourné au « clash ». Il n’y a pas d’accord, a constaté en début de soirée, Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, qui a donné « jusqu’à la fin de cette semaine, pas plus » aux Grecs pour accepter les conditions des Européens. « Je n’ai aucun doute que dans les prochaines 48 heures, l’Europe va réussir à nous soumettre [un document] afin que nous commencions le vrai travail et mettions sur pied un nouveau contrat », a répondu, un peu plus tard, M. Varoufakis.« On n’a pas avancé d’un iota » Au bout d’à peine trois heures de réunion, la délégation grecque était descendue en salle de presse du Conseil européen, où se tenaient les discussions des ministres, brandissant un « draft » de conclusions de l’Eurogroupe, qu’elle a qualifié d’« inacceptable ». Selon ce document, les Grecs devaient s’engager à « accepter de conclure avec succès le plan d’aide ». Les Européens, eux, s’engageaient à » utiliser toutes les flexibilités que recèle le programme actuel ».« Ce n’était pas du tout ce dont nous avions discuté avant l’Eurogroupe avec Pierre Moscovici [le commissaire européen à l’économie], avec qui nous avons eu un échange très constructif », a assuré une source gouvernementale grecque. Cette version des faits est toutefois contestée tant à la Commission qu’à l’Eurogroupe, où l’on prétend qu’il n’a même pas été question de discuter sur un texte d’accord, lundi, les positions ayant divergé tout de suite. « On en est au même point que la semaine dernière, on n’a pas avancé d’un iota », soupirait un proche des négociations, du côté des Européens, lundi soir.De fait, les termes du débat restent les mêmes. Arrivé au pouvoir il y a à peine trois semaines, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, leader du parti de la gauche radicale Syriza, a promis de mettre en œuvre son programme anti-austérité : mesures d’urgence pour les foyers les plus pauvres, relèvement du salaire minimum à 751 euros, remise en cause des privatisations et des mesures de libéralisation du marché du travail imposées par la « troïka » des créanciers (Commission et Banque centrale européennes, Fonds monétaire international). Il demande à l’Europe un « moratoire », ou un « plan relais » de trois ou quatre mois, le temps de négocier cette nouvelle donne.Utiliser « toutes les flexibilités »De leur côté, les Européens, unanimes depuis le début des négociations, estiment qu’ils ne peuvent pas donner au gouvernement grec un chèque en blanc, ni le laisser mettre à terre cinq ans de travail de la troïka, alors que celui-ci commence juste à porter ses fruits, le pays ayant dégagé un petit excédent primaire, en 2014.D’où leur exigence : Athènes doit accepter de « terminer » le deuxième plan d’aide internationale, quitte à en utiliser « toutes les flexibilités ». Ce plan, 130 milliards d’euros au total, lancé en 2012, est assorti de conditions, c’est-à-dire de réformes, qui visent à restaurer l’équilibre des finances publiques, la stabilité du système financier et la compétitivité des entreprises grecques, mais qui n’ont pas encore toutes été mises en place.Aux yeux des Européens, le plus « logique », au vu des délais – le plan d’aide s’achève théoriquement le 28 février –, serait que les Grecs sollicitent sa prolongation pour six mois. Cette prolongation devant ensuite être approuvée par les parlements nationaux d’au moins quatre pays (Allemagne, Pays-Bas, Finlande, Estonie).Ce schéma serait tenable d’ici à la fin de ce mois, si le « signal » d’Athènes arrive dans les jours qui viennent, assure-t-on à Bruxelles. Au-delà, sans « programme », la Grèce, qui doit faire face à d’importantes échéances de remboursement (en mars, en juin-juillet, puis en septembre) et ne peut se financer sur les marchés qu’au compte-gouttes et à un taux prohibitif, risque le défaut de paiement.On ne parle plus de « troïka »Mais pour M. Varoufakis, il n’est pas question, à ce stade, de se contenter des « flexibilités » promises par les Européens. Et pour M.Tsipras, il apparaît difficile, voire impossible d’accepter de travailler dans le cadre du deuxième plan d’aide : cela reviendrait à endosser politiquement un contrat signé par son prédécesseur, le conservateur Antonis Samaras.Il y a quelque jours, certains à Bruxelles, avaient évoqué la possibilité, plus conforme au souhait des Grecs, de se lancer dans une discussion sur un troisième plan d’aide. Cette voie a pour l’instant été mise de côté. La proposition de ne plus utiliser le terme « troïka », abhorré des Grecs, a en revanche été adoptée.A part cette concession minime, pour l’instant, c’est la ligne « dure » des Allemands qui prévaut. « Ils sont vraiment exaspérés », soulignait une source européenne, lundi soir. Les attaques de la presse grecque présentant le ministre des finances, Wolfgang Schäuble, en nazi, et les demandes répétées de M. Tsipras de récupérer une « dette de guerre » allemande n’arrangent rien.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Annick Cojean (Copenhague, envoyée spéciale) Moché Lewin est inquiet. Et sa courte visite à Copenhague — où il accompagnait, lundi 16 février, Anne Hidalgo venue assurer le maire de la capitale danoise de la solidarité des Parisiens après les deux attentats qui ont bouleversé sa ville — n'a fait qu’accroître le sentiment de malaise qu'il ressent depuis plusieurs mois. Conseiller spécial du grand rabbin de France, directeur exécutif de la conférence des rabbins européens et lui-même rabbin du Raincy, il a suivi de très près les attaques de Toulouse, de Bruxelles, de Paris et de Copenhague contre la communauté juive et il ne voit aucune lueur, aucun signe d'apaisement.« Chaque fois qu'un criminel veut défier la démocratie en s'attaquant aux symboles aussi forts que la liberté de la presse et la liberté de conscience religieuse, les juifs paient un lourd tribut, constate-t-il. On pourrait espérer que l'horreur réveille les consciences, que le choc suscite un sursaut. Il n'en est rien. Le contraire semble même se produire, avec un phénomène de mimétisme, à l'exemple de ces voitures brûlées la nuit du premier janvier. Un attentat en attire un autre. Y compris au-delà des frontières. » La similarité des attaques perpétrées à Paris et à Copenhague a été largement soulignée. Et les policiers danois tentent de cerner la façon dont l'attentat contre Charlie Hebdo a pu être un élément déclencheur pour l'auteur des fusillades danoise.Lire aussi : 30 000 personnes rassemblées à Copenhague en hommage aux victimes des fusilladesUne communauté traumatiséeMoché Lewin note que le nombre d'actes antisémites a doublé en France en un an. Qu'il augmente dans d'autres pays comme la Grande-Bretagne et l'Allemagne, sans compter la Hongrie, qu'il accuse de passivité et même de complaisance. Et il ne cache pas son anxiété à l'égard du nouveau pouvoir grec, à cause de son alliance avec les Grecs indépendants. Le Danemark aussi le bouleverse, même si l'on n'y avait pas connu d'agression depuis un attentat à la bombe il y a trente ans. Mais deux débats récents touchant à la pratique religieuse ont traumatisé la communauté juive : celui autour de l'interdiction par le ministère de l'agriculture de l'abattage rituel (au nom de la protection des animaux) et une tentative de remise en cause de la circoncision. « Les discussions sur ce point ont été houleuses au Parlement danois. Certains ont soutenu l'idée que le Danemark devrait être le premier pays d'Europe à interdire la circoncision, puisque l'Allemagne ne le pourrait jamais. Autant d'occasions, dit Moché Lewin, de constater avec déception des réflexes purement antisémites. »Lire : Comment compte-t-on les actes antisémites et islamophobes ?Mais sa rencontre rapide, lundi 16 février, avec les dirigeants de la communauté juive danoise fut aussi l'occasion de réagir à la nouvelle proposition du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, d'accueillir les juifs d'Europe. « Ils sont danois ! Et ce n'est pas la terreur des attentats qui les fera quitter leur pays, m'ont-ils dit. Et je les comprends. La sécurité est un problème international. Si on part en Israël pour des raisons spirituelles, on a une chance de réussir. Mais si l'on y émigre pour fuir, on se dirige vers la catastrophe. Ne sait-on pas que quatre personnes ont été assassinées à l'arme blanche il y a deux mois ? Que l'été dernier les enfants des zones situées près de Gaza ne pouvaient pas sortir jouer à cause des roquettes ? Il faut apprendre la résilience. Et vivre dans son pays. Vigilants. En luttant. » Mardi, la première ministre danoise, Helle Thoming-Schmidt, invitait d'ailleurs ses compatriotes juifs à ne pas suivre l'appel de M. Nétanyahou, affirmant que le pays avait besoin d'eux. « Nous ne serions pas les mêmes sans la communauté juive », a-t-elle déclaré avec force.Annick Cojean (Copenhague, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.02.2015 à 21h42 • Mis à jour le17.02.2015 à 12h02 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2heb4i"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2heb4i", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Près de 30 000 personnes s'étaient rassemblées lundi 16 février au soir à Copenhague pour rendre hommage aux victimes des fusillades qui ont touché le Danemark ce week-end. Les deux attaques, l'une contre une synagogue du centre de la ville et l'autre contre le centre culturel Krudttonden, un lieu symbolique de la liberté d'expression, ont fait deux morts et cinq blessés. « Je veux dire ce soir à tous les juifs danois : vous n'êtes pas seuls », a déclaré la chef du gouvernement, Helle Thorning-Schmidt, devant la foule, rassemblée près du centre culturel où a éclaté la première fusillade, samedi après-midi. « Nous insistons pour vivre des vies libres, en sécurité dans un pays démocratique. C'est pour cela que nous sommes là ce soir, a-t-elle dit. Quand d'autres essayent de nous faire peur et de nous séparer, notre réponse est toujours une communauté unie. »30.000 Danois rassemblés à #Copenhague pour célébrer valeurs de la démocratie et la liberté d'expression."Imagine" http://t.co/kvCkR8q9Iz— cojean annick (@AnnickCojean)require(["twitter/widgets"]);>> Lire les dernières informations sur l'enquête et le profil du tueur« UNE ATTAQUE CONTRE LE DANEMARK »« Une attaque contre les juifs du Danemark est une attaque contre le Danemark », a également déclaré Mme Thorning-Schmidt, faisant référence aux tirs qui ont visé la grande synagogue de Copenhague, tuant un juif de 37 ans qui montait la garde.La première ministre a aussi remercié, en français, « le peuple français (...) de nous tendre la main dans ce moment difficile ». L'ambassadeur de France au Danemark, François Zimeray, témoin de la première fusillade, a également pris la parole. Pour lui, « la France et le Danemark partagent la même tragédie (...), nous devons nous battre ensemble ». Le secrétaire d'Etat français aux affaires européennes, Harlem Désir, était dans l'assistance, de même que le premier ministre suédois, Stefan Löfven.Lire le décryptage des Décodeurs : Comment le Danemark fait face à la menace djihadiste 02.02.2015 à 16h36 • Mis à jour le02.02.2015 à 17h25 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le quotidien allemand Handelsblatt assurait, dimanche 1er février, que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, voulait « supprimer la troïka », cet attelage des principaux créanciers d’Athènes (Commission européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international).Il s’agit là d’une revendication forte du nouveau gouvernement grec, mené par Alexis Tsipras, qui a commencé de renégocier les termes de l’énorme dette du pays (320 milliards d’euros) avec l’Union européenne.Après la victoire de Syriza, Athènes veut « arrêter d’imiter Sisyphe »Lundi 2 février, Margaritis Schinas, le porte-parole de la Commission, a confirmé qu’à terme la troïka devrait évoluer, mais il a nié que des réflexions étaient déjà en cours pour savoir la forme que prendrait, à l’avenir, la structure chargée de surveiller la mise en œuvre de l’aide financière internationale à la Grèce. « Nous n’envisageons pas une nouvelle structure, n’avons pas de nouvelle formule », a t-il déclaré.Que la troïka soit, dans les mois qui viennent, amenée à disparaître ou du moins à fortement évoluer, n’est, en réalité une information ni nouvelle ni surprenante.Décryptage.M. Juncker a dénoncé à plusieurs reprises la troïka Une refonte de cet attelage était déjà présente dans le programme de campagne de M. Juncker, au printemps 2014, avant qu’il soit désigné, suite aux élections européennes, président de la Commission.« À l’avenir, nous devrions être en mesure de remplacer la troïka par une structure plus légitimement démocratique et plus comptable de ses actes, basée autour des institutions européennes, avec un contrôle parlementaire renforcé, tant au niveau européen que national », peut-on ainsi y lire.Pas plus tard que le 16 janvier, devant des étudiants de l’Ecole nationale d’administration, à Strasbourg, il soulignait également : « Les mécanismes de gestion de la crise que nous avons eus n’étaient pas très démocratiques. J’ai toujours plaidé pour que nous ajoutions une dose de démocratie à la troïka. Je note d’ailleurs que l’avocat général à la Cour de justice européenne de Luxembourg (…) semble vouloir interdire à la BCE de rester un membre de la troïka si, dorénavant – comme elle le fit par le passé –, la BCE peut à la fois fixer les termes d’un programme d’ajustement et participer à la mise en œuvre d’un tel programme. C’est une indication que la troïka dans la forme que nous avons connue jusqu’à présent ne devrait pas connaître de beaux lendemains. »Et d’ajouter de manière encore plus claire : « Je voudrais qu’il y ait une structure parlementaire, des membres du Parlement européen et des membres des parlements nationaux, qui se réunissent régulièrement pour évoquer les grands sujets économiques de l’Union européenne. »La troïka est aussi la cible de critiques du Parlement européenLes déclarations de M. Juncker au sujet de la nécessité d’introduire un contrôle parlementaire, c’est-à-dire démocratique, de la troïka, ne sont pas innocentes. Le Parlement européen s’est montré très critique, au printemps 2014, sur le travail de cette structure, dans les conclusions d’un rapport d’enquête, qui ont reçu un large écho médiatique.Ce rapport concluait qu’en Grèce, la troïka a privilégié les coupes budgétaires aux réformes de structure, qu’elle n’a pas assez tenu compte des problématiques sociales et de l’emploi locales.Il pointait également le fait qu’elle ne soit constituée que de « technocrates », qui plus est de « second rang », et que cela aboutissait à un manque d’efficacité : comment le pouvoir politique grec pouvait-il, sans ressentir une énorme humiliation, accepter des diktats de fonctionnaires de Bruxelles ?Par construction, la troïka est vouée à disparaîtreChargée, en Grèce, d’examiner la mise en œuvre des programmes d’ajustement, elle n’a plus lieu d’être dès lors que ceux-ci s’achèvent.En l’occurrence, elle aurait dû cesser son « activité » fin décembre 2014, au moment où devait s’achever, comme cela était prévu initialement, le deuxième plan d’aide à la Grèce (un prêt de 130 milliards d’euros, accordé par les Européens et le FMI en 2012, en échange de réformes).En l’absence d’accord entre l’ex-premier ministre grec, le conservateur Antonis Samaras, et la troïka, la date butoir pour les pourparlers entre Européens et Grecs sur la clôture du deuxième plan d’aide a toutefois été repoussée à fin février 2015.La question de la troïka va donc forcément être rediscutée dans le cadre de la négociation qui s’engage entre le gouvernement Tsipras et ses bailleurs de fonds.Mais dans le schéma initial, si tout s’était passé comme espéré par les bailleurs de fonds d’Athènes, une nouvelle phase, à partir du 1er janvier 2015, se serait ouverte.Les Grecs auraient pu bénéficier d’une ligne de « précaution » de quelques milliards d’euros en cas de nécessité. Et, pour ses besoins budgétaires courants, l’Etat grec se serait financé lui-même sur les marchés.Les créanciers auraient alors continué d’exercer une surveillance du pays, mais en suivant « de manière plus distante, à travers des missions plus légères, moins fréquentes, une dizaine de politiques publiques », comme l’avait indiqué, dans un entretien au « Monde », début janvier, Pierre Moscovici, commissaire européen chargé de l’économie (et du dossier grec).La troïka « a épuisé son rôle historique, parce que beaucoup de réformes ont été faites », avait ajouté l’ex-ministre de l’économie français.Les élections grecques ne seront « pas le déclencheur d’une crise », selon M. MoscoviciMise en place d’une nouvelle structureDans le contexte actuel, et même si Grecs et Européens (et FMI) décident, au bout du compte, dans quelques semaines, d’un troisième plan d’aide à la Grèce – si le pays n’a toujours pas les moyens de voler financièrement de ses ailes –, il est très probable que la troïka aura été modifiée. Et renommée.Ce sera un « trio », une « task force », représentant les intérêts des créanciers. La BCE n’y participera peut-être plus. Le FMI y sera peut-être plus discret.Les Européens savent qu’au moins en termes d’affichage, il faut qu’ils donnent aux Grecs ce gage : la troïka a trop été le symbole, ces cinq dernières années, de la « mise sous coupe réglée », de l’humiliation de tout un peuple.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.02.2015 à 15h38 • Mis à jour le02.02.2015 à 16h10 Oskar Gröning, 93 ans, est l'ancien comptable d'Auschwitz. Il comparaîtra à partir du 21 avril pour complicité d'assassinat de 300 000 personnes, selon le communiqué du tribunal.Sergent des Waffen SS, l'accusé a travaillé dans le camp d'extermination situé en Pologne du 16 mai 1944 au 11 juillet 1944. Une période pendant laquelle près de 425 000 personnes ont été déportées à Auschwitz, dont au moins 300 000 ont péri dans les chambres à gaz.Oskar Gröning était chargé de compter les billets de banque retrouvés dans les bagages des prisonniers et de les transférer aux autorités nazies à Berlin, selon le parquet de Hanovre. L'accusé devait également débarrasser les bagages des déportés afin qu'ils ne soient pas vus par les nouveaux prisonniers. D'après l'accusation, il était conscient que les prisonniers déclarés inaptes au travail « étaient assassinés directement après leur arrivée dans les chambres à gaz d'Auschwitz ».Cinquante-cinq parties civiles, essentiellement des survivants et des familles de victimes, participeront à l'audience qui se déroulera devant le tribunal de Lunebourg, une ville située au sud de Hambourg.« MAILLON DANS LA MACHINE À TUER »En 2005, Oskar Gröning avait indiqué au quotidien Bild qu'il regrettait d'avoir travaillé dans le camp d'extermination, affirmant qu'il continuait d'entendre les cris venant des chambres à gaz. « J'ai eu honte pendant des décennies et j'ai toujours honte aujourd'hui, non pas de mes actes parce que je n'ai jamais tué personne. Mais j'ai offert mon aide. J'étais un maillon dans la machine à tuer qui a éliminé des millions de personnes innocentes », avait souligné cet homme qui avait 21 ans lorsqu'il se trouvait à Auschwitz.La justice allemande s'était concentrée après-guerre sur les accusés contre lesquels elle disposait de preuves directes ou de témoignages, mais la condamnation de l'apatride d'origine ukrainienne John Demjanjuk à Munich en mai 2011 a élargi la qualification de complicité de meurtre à des personnes ayant des postes même subalternes et sans implication directe dans les crimes perpétrés dans les camps.Depuis les procès des dignitaires nazis à Nuremberg en 1945-46, environ 106 000 soldats allemands ou nazis ont été jugés, 13 000 reconnus coupables et la moitié condamnés, selon l'Office allemand chargé des crimes nazis. 02.02.2015 à 12h44 • Mis à jour le02.02.2015 à 14h25 | Stéphane Lauer (New York, correspondant) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Après une longue poignée de mains pour les photographes, lundi 2 février au matin, le négociateur en chef américain, Dan Mullaney, et son homologue européen, Ignacio Garcia Bercero, se sont engouffrés dans les bâtiments de la Commission européenne, à Bruxelles.Avec leurs équipes, ils vont, pendant une semaine, mener le 8e round de négociations du traité transatlantique, depuis le début des pourparlers, en juillet 2012.Ce marathon sera déterminant : s’il accouche d’une souris, le « TTIP » (pour Transatlantic Trade and Investment Partnership), qui bat déjà de l’aile, risque d’être compromis.Quels sont les objectifs du traité ?L’ambition est moins de trouver un accord sur un abaissement des droits de douane entre l’Union européenne et les Etats-Unis que de mettre en place un véritable marché unique transatlantique des biens et des services.Cela implique une harmonisation des réglementations dans l’industrie, les services, la reconnaissance des qualifications et des diplômes, etc. C’est un travail colossal.Les Européens tiennent à une reconnaissance de leurs appellations d’origine contrôlée. Et voudraient aussi obtenir une ouverture des marchés publics américains.Quant aux Américains, ils sont très intéressés par les marchés agricoles européens.Lire également : Pourquoi il faut s’intéresser au traité transatlantiqueQuand le traité devrait-il être conclu ?Les Etats européens ont rappelé, notamment lors du Conseil européen de fin décembre 2014 à Bruxelles, leur volonté d’achever les négociations sur le TTIP avant fin 2015.De l’avis de plusieurs sources proches du dossier, ce calendrier paraît extrêmement ambitieux, voire irréaliste.Comment la perspective de ce traité est-elle accueillie par les opinions ?Les opinions publiques sont de plus en plus mobilisées contre ce traité hors-norme.Beaucoup en Europe, notamment en Allemagne et en France, s’inquiètent d’un abaissement, à terme, des normes environnementales et de la protection sociale européenne.Au Parlement européen – qui a un droit de veto sur les traités internationaux –, les réticences sont aussi très marquées.Quels sont les points de blocage ?Les inquiétudes se focalisent notamment sur les « tribunaux d’arbitrage », auxquels tiennent beaucoup les Américains.Ces mécanismes, présents dans presque tous les accords d’investissement internationaux, visent à protéger une entreprise des expropriations par un Etat.Mais l’objet de ces arbitrages a été récemment dévoyé : Philip Morris a attaqué l’Australie, la société s’opposant à une loi sur le tabac. Le suédois Vattenfall réclame des milliards à l’Etat allemand après que Berlin a décidé la fin du nucléaire.Le risque ? Que les multinationales entravent le droit de légiférer des Etats.La Commission européenne a proposé, mi-janvier, des pistes d’amélioration : mise en place d’un mécanisme d’appel, garantie absolue du droit des Etats à légiférer, etc.La France et l’Allemagne ont, dans une lettre commune, appuyé la démarche de Bruxelles.Le 29 janvier a eu lieu à Paris une réunion de plusieurs ministres du commerce extérieur sur la question. Reste à trouver un accord politique à Vingt-Huit pour se lancer sur cette voie.Tribunaux d’arbitrage : comment corriger les failles ?Les Américains ont-ils la volonté d’aboutir ?Jusqu’à présent, les Américains ont semblé plus intéressés par la finalisation d’un autre accord d’envergure, le Trans-Pacific Partnership (TTP).Dans son discours sur l’Etat de l’Union, le 20 janvier, Barack Obama a toutefois redit sa volonté de mener à bien les deux accords de libre-échange et affirmé qu’il allait demander l’autorisation du Congrès pour négocier directement.Cette disposition, appelée « fast track », est considérée par les Européens comme essentielle pour donner un coup d’accélérateur aux discussions.Beaucoup dans le camp démocrate s’opposent à cette procédure, qui prive le Congrès de la possibilité d’amender l’accord négocié – il ne peut que s’y opposer.Mais la majorité républicaine semble plus encline à accompagner les négociations sur le TTIP.Jeudi 5 février, le vice-président des Etats-Unis, Joe Biden, sera en visite à Bruxelles où il est prévu qu’il rencontre Donald Tusk, le président du Conseil (la réunion des 28 Etats de l’Union).Cette rencontre pourrait donner le « coup de fouet » politique qui manque encore au traité, surtout côté américain.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.02.2015 à 10h25 • Mis à jour le02.02.2015 à 15h04 | Marie Charrel C’est une course contre la montre qu’a entamée ce week-end Yanis Varoufakis, le nouveau ministre grec des finances, en se lançant dans une tournée des capitales européennes. Dimanche 1er février, il a rencontré son homologue français, Michel Sapin, à Paris, avant de s’envoler pour Londres, puis Rome. Son objectif : convaincre ses partenaires d’accepter un nouvel allégement de la dette de son pays.Car il y a urgence. Si Athènes ne trouve pas rapidement un accord avec la « troïka » – Fonds monétaire international (FMI), Banque centrale européenne (BCE) et Commission européenne –, ses bailleurs de fonds, la Grèce pourrait avoir du mal à faire face à ses prochaines échéances financières.Le nouveau gouvernement grec veut « arrêter d’imiter Sisyphe »Quelle est l’ampleur de la dette grecque et qui la détient ?La dette publique se situe aujourd’hui à 321 milliards d’euros, soit 175 % du produit intérieur brut (PIB). Elle appartient pour plus de 70 % aux créanciers internationaux.Le FMI en détient 32 milliards, la BCE 27 milliards, les Etats de la zone euro 53 milliards, et le Fonds européen de stabilité financière (FESF), ce mécanisme de sauvetage créé en 2010, 141,8 milliards.De quels réaménagements a bénéficié la dette grecque ?La dette grecque a été restructurée en mars 2012. Les créanciers privés avaient alors accepté une décote de 50 % à 75 %, ce qui a permis d’effacer 100 milliards d’euros d’obligations grecques. Dans le même temps, le pays a touché 240 milliards d’euros d’aides de la troïka.Depuis cette restructuration de 2012, la dette grecque a aussi profité de nombreux aménagements. La maturité des prêts du FESF a ainsi été allongée de quinze à trente ans. Le taux des prêts bilatéraux a également été baissé (il est aujourd’hui de 0,56 %).Résultat, la maturité moyenne de la dette grecque est aujourd’hui de seize ans, contre sept ans pour la dette française. « Et son coût moyen est de 2,26 % seulement, soit moins que celui de la dette allemande, à 2,37 % », calcule Thibault Prébay, chez Quilvest Gestion.La dette grecque est-elle soutenable ?« Oui, d’un point de vue strictement théorique », estime Thibault Mercier, spécialiste du pays chez BNP Paribas. C’était du moins le cas avant l’élection de Syriza. Pour établir si une dette est soutenable, les économistes regardent si l’excédent budgétaire primaire dégagé par l’Etat permet de stabiliser son niveau. Or, grâce aux efforts d’austérité, c’est désormais le cas en Grèce.Selon Bruxelles, l’excédent primaire devrait être de 4,1 % du PIB cette année. S’il se maintient, et si la croissance dépasse 2,5 % par an durant les prochaines années, la dette baissera jusqu’à 120 % du PIB d’ici à 2022… Voilà pour la théorie. « Mais en pratique, cela signifie que le pays devrait consacrer la totalité de ses surplus budgétaires à la dette, explique Jésus Castillo, chez Natixis. Il n’aurait donc plus de marges pour investir dans l’avenir : intenable. » Quelles sont les échéances de remboursement ?Malgré cette soutenabilité très théorique, Athènes risque d’avoir des problèmes de liquidité à court terme.Certes, en 2016 et 2017, les échéances de remboursement du pays sont relativement peu élevées : 7 et 9,5 milliards d’euros, selon les calculs d’Eric Dor, économiste à l’école de commerce Iéseg. Mais en 2015, le pays doit rendre 9 milliards au FMI, dont 2,3 milliards en février-mars, puis 6,7 milliards à la BCE cet été, ainsi que 15 milliards aux banques grecques.Le pays a-t-il les moyens d’effectuer les remboursements ?Le problème, c’est que les caisses de l’Etat sont vides, ou presque. Selon le quotidien grec Kathimerini, il y reste moins de 2 milliards d’euros, notamment parce qu’une partie des Grecs ont arrêté de payer leurs impôts pendant la campagne électorale.Le premier ministre, Alexis Tsipras, assure pouvoir se passer des 7 milliards d’euros de la dernière tranche d’aide de la troïka, qui devait être versée ce mois-ci.« Le pays peut en effet continuer à se financer en émettant de la dette à court terme, achetée par les banques grecques », explique Alexandre Delaigue, professeur d’économie à Saint-Cyr. Les banques grecques empruntent ensuite à la BCE, en échange d’actifs baptisés « collatéraux » qu’elles lui laissent en garantie.L’ennui, c’est que cela ne fonctionne que parce que la BCE a accordé une dérogation à Athènes pour accepter ses collatéraux. En d’autres termes, si la BCE durcit ses conditions envers la Grèce, celle-ci risque le collapse. « Une preuve de plus qu’il est urgent de restructurer la dette du pays », conclut Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guy Dutheil Corsair International bientôt dans le giron d’Air Caraïbes ? Le tour-opérateur TUI France, maison mère de Corsair International, serait entré en « négociations exclusives » avec Air Caraïbes pour lui céder sa compagnie aérienne, spécialiste des Antilles.Interrogée, Air Caraïbes « se refuse à tout commentaire ». Toutefois, selon l’AFP, qui cite une source interne chez Corsair, Pascal de Izaguirre, PDG de la compagnie, à l’occasion d’un comité d’entreprise, jeudi 29 janvier, « a indiqué que les discussions en vue de l’ouverture du capital de la compagnie se poursuivaient avec plusieurs acteurs, dont l’un a fait part de son souhait d’entrer en négociations exclusives ».Outre Air Caraïbes, l’autre compagnie intéressée par Corsair International serait le groupe IAG, maison mère de British Airways.Pourquoi TUI veut-il céder Corsair ?Cette cession n’est pas une véritable surprise. Déjà, en décembre 2014, M. de Izaguirre avait prévenu que des discussions étaient menées « séparément avec plusieurs investisseurs, des professionnels de l’aérien » pour adosser Corsair à un investisseur solide.« Le tout est de trouver le bon partenaire avec lequel nous allons pouvoir développer un projet industriel avec de très bonnes synergies de coûts par exemple, des opportunités de croissance, de développement » du trafic, avait-il alors indiqué.Plutôt qu’une vente, il semblerait, selon certains, que les actionnaires allemands de TUI France, las de devoir remettre sans cesse la main à la poche veuillent se débarrasser de Corsair.En fait, la petite compagnie pourrait ne pas être vendue mais cédée à un repreneur avec une soulte, notamment pour financer un plan social.Quel est l’état de santé de Corsair ?La petite compagnie qui avait pour objectif de parvenir à l’équilibre en 2013-2014 continue à perdre de l’argent. En décembre 2014, elle a même affiché une perte opérationnelle de 8,9 millions d’euros.Corsair est depuis longtemps dans la tourmente. Déjà, à la rentrée 2012, les personnels de la compagnie avaient fait grève pendant trois jours pour protester contre un plan de départs volontaires, qui prévoyait 380 suppressions de postes.Les liaisons vers les Antilles constituent-elles un marché viable ?C’est « une petite consolidation » qui est l’œuvre sur le marché des Antilles, confie un spécialiste de l’aérien.Quatre acteurs, Air France, Air Caraïbes, Corsair et XL Airways, se disputent ce marché très restreint. « L’équivalent d’un Paris-New York », comme l’avait estimé, en 2013, Laurent Magnin, PDG d’XL Airways.Air France est l’acteur dominant de ces liaisons, avec, selon les chiffres de 2013, 43 % de parts de marché, devant Air Caraïbes (28 %), Corsair International (24 %) et XL Airways (moins de 10 %).Or, ce marché des Antilles souffre de surcapacités. Les crises économiques et sanitaires, notamment l’apparition du chikungunya, ont détourné une partie des passagers potentiels vers d’autres destinations.Comment les autres acteurs de ce marché se portent-ils ?Outre Corsair, XL Airways donne aussi des signes de difficultés. À l’été 2014, l’actionnaire majoritaire américain d’XL Airways avait quitté le tour de table faute d’avoir voulu honorer une créance de 21 millions d’euros.En ce début 2015, ce sont les tour-opérateurs qui s’inquiètent pour l’avenir de la compagnie low cost. Selon eux, cette dernière n’a toujours pas précisé, contrairement aux pratiques en vigueur, son programme d’hiver sur les Antilles, la saison ou l’affluence est la plus forte. En clair, ils ne savent pas si XL Airways desservira toujours les Antilles l’hiver prochain.Cette consolidation en cours illustre « la transformation du marché des tour-opérateurs et du transport aérien », pointe un spécialiste. Selon lui, « au contraire des pays d’Europe du nord, la France n’est pas un pays à tour-opérateurs. »Le modèle développé par TUI - dans chaque pays la filiale était flanquée de sa compagnie aérienne - a vécu. La faute en partie à Internet, car « les passagers ont appris à se passer d’un tour-opérateur pour organiser leur voyage ».In fine, le futur repreneur de Corsair International devra aussi décider de l’avenir de la flotte de la petite compagnie. Trois Boeing B747-400 de conception ancienne et très gourmands en carburant. Une anomalie sur un marché où l’Airbus A330 est considéré, par les spécialistes, comme le meilleur appareil.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alain Salles Comment résumer la stratégie du nouveau gouvernement grec ? Athènes veut « arrêter d’imiter Sisyphe », ose le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis, dans un entretien au Monde. « La bonne stratégie pour Sisyphe est d’arrêter de pousser son rocher, pas de le monter en haut de la colline », poursuit M. Varoufakis, aux yeux de qui le rocher est en l’occurrence le remboursement de la dette grecque.Lire la version longue de l’entretien (édition abonnés)Et le ministre de préciser sa métaphore : « On a accepté de prêter à la Grèce de larges sommes d’argent pour payer ses dettes, en lui demandant de réduire ses revenus. Ce n’était pas une bonne idée. » « On doit agir de façon plus intelligente en trouvant un plan qui marche dans l’intérêt de l’Europe, pas seulement de la Grèce », explique le ministre grec, qui a commencé à Paris, dimanche 1er février, une tournée européenne, qui le conduira aussi à Londres et à Rome.Le premier ministre Alexis Tsipras doit lui aussi se rendre à Rome, mardi, et à Paris, mercredi. Tous deux essaient de convaincre leurs partenaires européens de leur volonté de négocier. « Réinitialiser le programme »« Nous sommes déterminés à collaborer avec nos partenaires. Nous n’agirons pas de façon unilatérale », assure M. Varoufakis, tout en soulignant qu’il s’agit, pour le gouvernement grec de « réinitialiser le programme appliqué jusque-là qui reposait sur une logique erronée. » « Les deux principales erreurs des gouvernements grecs depuis des dizaines d’années sont le recours constant à l’endettement sans penser à l’avenir et l’absence de réformes. On va arrêter ça », prévient le ministre.Le gouvernement Tsipras a prévenu qu’il ne veut pas de la prochaine tranche de 7 milliards d’euros, qui doit lui être versée avant la clôture du plan d’aide de la « troïka » (FMI, Commission et banque centrale européennes). Interrogé sur comment l’Etat grec fera pour payer ses prochaines échéances, M. Varoufakis ne répond pas directement, mais indique vouloir « discuter avec nos partenaires pour être sûr que quand on empruntera de nouveau, ce sera dans le cadre d’un plan durable ». « Il est possible de mettre en place en quelques mois » ce plan, avance-t-il. « Tout ce que nous demandons c’est un espace budgétaire dans les prochaines semaines pour proposer nos réformes, en discuter avec nos partenaires, apprendre de leurs conseils et trouver ensemble les moyens de finir cette crise sans fin. »L’Europe se cherche face à Alexis Tsipras« Vendre les bijoux de famille » Concernant les privatisations, le ministre indique qu’« au milieu d’une crise déflationniste, ce n’est pas très intelligent de vendre les bijoux de famille pour des peccadilles ». « Il est plus sage de développer les biens de l’Etat, pour augmenter leur valeur en utilisant des moyens de financement intelligents pour renforcer notre économie », explique-t-il, assurant par ailleurs qu’« il ne serait pas sage de revenir sur des privatisations terminées. »Coup d’arrêt aux privatisations en GrècePrenant l’exemple du port du Pirée, dont une partie a été concédée au groupe chinois Cosco, M. Varoufakis déclare que « les investissements » de ce dernier « sont très positifs pour la Grèce »De façon plus générale, le ministre grec des finances dit considérer « les investissements étrangers, et notamment chinois » comme « une grande source d’espoir pour améliorer nos structures et renforcer notre compétitivité. » « Ce gouvernement peut assurer aux investisseurs étrangers qu’ils trouveront face à eux des esprits ouverts », lance-t-il.Au Pirée, les dockers se réjouissent, les Chinois défendent leurs droits Alain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.02.2015 à 04h31 • Mis à jour le02.02.2015 à 08h03 Alors que la situation en Ukraine ne cesse de se détériorer depuis quelques semaines, le gouvernement des Etats-Unis pourrait à nouveau fournir aux forces ukrainiennes des armes et des équipements défensifs, affirme dimanche 1er février The New York Times (NYT). Lire aussi le reportage (édition abonnés) : Village par village, les combattants prorusses progressent en UkraineSelon le quotidien, huit anciens hauts responsables américains doivent publier lundi un rapport demandant à Washington d'envoyer à Kiev pour 3 milliards de dollars (2,6 milliards d'euros) de matériel militaire, notamment des missiles antichars et des drones de reconnaissance. Cette mesure serait prise en réaction à l'intensification des combats contre les séparatistes prorusses dans l'est du pays.« SOLUTION NÉGOCIÉE DE LA CRISE »Le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le chef d'état-major interarmés, le général Martin Dempsey, se sont dits ouverts à la discussion sur le sujet, tandis que le commandant des forces de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) en Europe, le général Philip Breedlove, est désormais favorable à la fourniture d'équipements à destination létale, affirment les sources du NYT.La conseillère nationale à la sécurité, Susan Rice, jusqu'ici réticente à la fourniture de ce genre d'aide, serait, elle aussi, prête à revoir sa position. « Bien que nous restions concentrés sur la recherche d'une solution par les moyens diplomatiques, nous évaluons sans cesse d'autres options afin de créer un espace pour une solution négociée de la crise », a déclaré au quotidien la porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Bernadette Meehan.ISOLER LA RUSSIE SANS ACTION MILITAIREL'OTAN et l'Ukraine accusent la Russie d'envoyer des forces militaires et d'approvisionner en armes, en chars et en munitions les séparatistes prorusses pour soutenir leur avancée. Moscou dément être directement impliqué dans les combats sur un territoire que le Kremlin appelle la « Nouvelle Russie ». John Kerry est attendu jeudi à Kiev pour des entretiens avec le président Petro Porochenko.La semaine dernière, Barack Obama avait fait part de sa préoccupation à propos de la recrudescence des combats entre séparatistes prorusses et forces gouvernementales. Il avait indiqué que les Etats-Unis étudiaient toutes les possibilités pour isoler la Russie, à l'exception d'une action militaire.Regarder la vidéo : « Pourquoi les combats s'intensifient dans l'est de l'Ukraine ? »lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2frgoq"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2frgoq", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 31.01.2015 à 15h37 • Mis à jour le02.02.2015 à 07h58 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) Il y avait dans les longs applaudissements des grands électeurs qui ont salué, samedi 31 janvier à Rome, l'élection au quatrième tour de scrutin, de Sergio Mattarella, 73 ans, davantage que le respect dû au douzième président de la République italienne. Non pas que la personnalité du successeur de Giorgio Napolitano ne mérite pas tous les hommages.Sicilien, veuf, juge constitutionnel, ancien ministre indiscipliné de la Démocratie chrétienne, frère d'un ancien président de la région Sicile assassiné par la mafia le 6 janvier 1980, le nouveau président de la République semble mériter sur le papier tous les honneurs dus à sa réputation de droiture et de serviteur impartial de l'Etat.Mais dans les mines réjouies des votants (députés, sénateurs, délégués des régions) se lisait aussi une bonne part de soulagement. Soulagement d'avoir effacé par cette élection le cauchemar de celle de 2013, lorsque les grands électeurs, incapables de désigner le chef de l'Etat, avaient supplié, honteux et déconfits, Giorgio Napolitano de rempiler pour un nouveau mandat. Samedi, le Parlement italien a retrouvé ses prérogatives et son honneur.LE SENS TACTIQUE ET POLITIQUE DE MATTEO RENZIMais pour les élus du Parti démocrate (gauche), cette joie se double d'un triomphe. L'élection de Sergio Mattarella est d'abord une nouvelle preuve du sens tactique et politique de leur chef, Matteo Renzi. Ayant déjà donné des preuves de sa capacité à gérer les élections au suffrage universel (européennes de 2014, plus de 40 % des voix pour le Parti démocrate), il a démontré qu'il était tout aussi capable dans les scrutins au suffrage indirect, comme dans le cas de l'élection du président de la République.Lire (édition abonnés) : Matteo Renzi veut imposer son président de la RépubliqueAlors que chacun s'attendait à ce que le premier ministre s'accordât avec Silvio Berlusconi, son allié pour les réformes constitutionnelles (mode de scrutin et Sénat), sur le choix d'un candidat, il a offert le nom de Mattarella à son parti, mettant l'ex-Cavaliere au pied du mur. Mattarella ou rien. Un homme capable de se démettre d'un des gouvernements Andreotti, en 1990, pour protester contre l'adoption d'une loi qui favorisait la construction de l'empire audiovisuel du magnat des médias !L'ancien président du conseil, qui aurait préféré la personnalité réputée plus souple de Giuliano Amato, dont il attendait une grâce ou du moins un arrangement pour retrouver son poste de sénateur, a eu beau tempêter, hurler à la trahison, rappelé les « coups de main » que les élus de son parti, Forza Italia, avaient donné au premier ministre lors des votes sur la reforme du code du travail et du mode de scrutin, Renzi n'a pas changé de ligne, profitant de l'occasion pour ressouder la totalité du Parti démocrate derrière lui. Par mesure de rétorsion, Silvio Berlusconi a appelé ses troupes à voter blanc.Il n'y avait qu'à voir les mines hargneuses de ses partisans, bras ballants et muets à l'annonce du nom du douzième président de la République, pour deviner leur amertume. Amertume de s'être fiés à Matteo Renzi qui, machiavélique et florentin, a préféré, pour cette fois, son parti, duquel il avait beaucoup à se faire pardonner, à son allié de circonstance. Amertume aussi d'avoir misé, une fois encore, sur les supposées qualités de négociateur de Silvio Berlusconi.BERLUSCONI ET BEPPE GRILLO, GRANDS PERDANTSReclus dans sa villa d'Arcore (Lombardie), où il est placé chaque fin de semaine en résidence surveillée à la suite de sa condamnation pour fraude fiscale, Silvio Berlusconi va devoir faire face à une fracture ouverte au sein de son parti. Raffaele Fitto, étoile montante, qui lui reproche d'avoir conclu un marché de dupes avec le premier ministre, de s'être fait rouler dans la farine par un jeunot de presque quarante ans son cadet. Pour un homme qui a régné vingt ans durant sur la vie politique italienne, cette erreur tactique pourrait précipiter son déclin déjà bien entamé. Seuls 105 des 143 parlementaires de Forza Italia qui on reçu l'ordre de voter blanc ont obéi à la consigne.Lire : Berlusconi, grand perdant de la présidentielle italienneIl n'est pas parvenu non plus à associer à sa démarche les élus du Nouveau Centre droit d'Angelino Alfano, son ancien dauphin. Tiraillé entre l'affection pour son ancien mentor et le confort et la visibilité de son poste de ministre de l'intérieur qu'il doit à Matteo Renzi, il a choisi finalement, avec sa troupe d'une trentaine d'élus dont de nombreux Siciliens comme lui, de rester loyal au président du conseil qui a menacé de le virer du gouvernement…L'autre grand battu se nomme Beppe Grillo. Ne disposant plus que de 127 parlementaires après les démissions en cascade de dizaines de députés et sénateurs, il les a enjoints, à la suite d'une consultation sur Internet, de voter à chaque tour de scrutin pour Fernandino Imposimato, un ancien magistrat valeureux. Un autre candidat comme Romano Prodi, arrivé deuxième de ce référendum en ligne aurait pu tenter des électeurs du Parti démocrate et troubler le jeu. S'ils ont pu démontrer à cette occasion leur discipline et leur fidélité, les parlementaires du M5S (pour Movimento 5 Stelle – « Mouvement 5 étoiles ») ont également apporté une nouvelle preuve de leur inutilité. Sergio Mattarella a été élu avec 665 voix sur 995 votants.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 31.01.2015 à 13h25 • Mis à jour le31.01.2015 à 17h39 Le juge constitutionnel Sergio Mattarella a été élu samedi 31 janvier président de la République italienne, avec 665 voix, soit largement au-dessus des 505 voix nécessaires, selon un résultat officiel.Lorsque le candidat soutenu par le chef du gouvernement Matteo Renzi a atteint le seuil requis, le décompte diffusé en direct à la télévision s'est arrêté quelques minutes, le temps de longs applaudissements dans les travées de l'hémicycle. « Bon travail, président Mattarella ! Vive l'Italie ! », a alors tweeté M. Renzi.Buon lavoro, Presidente Mattarella! Viva l'Italia— Matteo Renzi (@matteorenzi)require(["twitter/widgets"]);Lire (édition abonnés) : Matteo Renzi veut imposer son président de la RépubliqueSergio Mattarella, 73 ans, reclus dans son modeste appartement de fonctions à deux pas du palais présidentiel depuis plusieurs jours, a été aperçu s'engouffrant dans une Fiat Panda grise. Selon les médias italiens, il s'est rendu chez sa fille pour attendre les résultats. Il pourrait prêter serment dès le début de semaine prochaine, d'après les médias italiens.« AMITIÉ FRANCO-ITALIENNE »François Hollande a salué l'élection de Sergio Mattarella à la présidence de la République italienne, lui adressant tous ses « vœux de succès dans l'accomplissement de sa haute mission ». Le président français se dit dans un communiqué « impatient de nouer avec son nouvel homologue italien la même relation étroite et de confiance qu'il avait avec Giorgio Napolitano, au service de l'amitié franco-italienne et d'une Europe plus forte et plus prospère ».Le président de la République en Italie a essentiellement des pouvoirs honorifiques, mais il joue un rôle très important d'arbitre en cas de crise politique, ce qui a souvent été le cas ces dernières années. Son prédécesseur, Giorgio Napolitano, qui aura 90 ans cette année, avait démissionné début janvier avant la fin de son second mandat, en raison de son âge.Lire : Berlusconi, grand perdant de la présidentielle italienne Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les dix-neuf ministres des finances de la zone euro (l’Eurogroupe) se réuniront mercredi 11 février à partir de 17 h 30 à Bruxelles avec un sujet au menu : la Grèce. Et un objectif : ébaucher un compromis avec le nouveau gouvernement de la gauche radicale Syriza sur la renégociation de l’énorme dette publique grecque (321 milliards d’euros, 175 % du PIB).Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le premier ministre grec, Alexis Tsipras, ont eu, mardi, un entretien téléphonique dans un « esprit positif de coopération », a déclaré la Commission.Cette dernière, qui est à la manœuvre avec le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, espère qu’autour de la table, Grecs et Européens s’entendront au moins sur un cadre de négociation.Puis que, jeudi 12 février, le Conseil européen (réunion des 28 chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro), réuni lui aussi à Bruxelles, validera politiquement ce cadre. L’ambition étant que l’Eurogroupe du lundi 16 février débouche sur un accord définitif.Cela laisserait le temps, théoriquement, à des pays comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou la Finlande de faire valider cet accord par leurs parlements nationaux avant fin février.Grèce : l’Europe à la recherche d’un accord politiqueSi les parties n’arrivent pas à s’entendre avant cette date, l’Etat grec va droit au défaut de paiement en mars.Blocages sur la fin du second plan d’aide, le rôle de la troïka et la façon d’en sortirLes Européens voulaient initialement imposer à Alexis Tsipras, nommé premier ministre il y a seulement 15 jours, de terminer le travail de son prédécesseur, le conservateur Antonis Samaras. C’est-à-dire clore « proprement » le deuxième plan d’aide à la Grèce (130 milliards d’euros), qui prend fin théoriquement le 28 février.Cela passait par la mise en place des réformes encore exigées par la troïka (Banque centrale européenne, le Fonds monétaire international, Union européenne). En « échange », Athènes devait percevoir une dernière tranche d’aide d’environ 7 milliards d’euros.M. Tsipras, qui a fait toute sa campagne contre l’austérité et les réformes imposées par la troïka, refuse toutefois catégoriquement d’accéder aux vœux des Européens.Ces derniers ne sont pas fondamentalement opposés à discuter avec Athènes d’un nouveau « contrat », un réaménagement de la dette grecque, surtout s’il permet au pays de poursuivre sur le chemin de la croissance.Mais ils ne veulent pas avancer les quelques milliards dont M. Tsipras a besoin pour les quatre à six mois qui viennent (pour payer ses fonctionnaires, faire face aux remboursements de créances…), sans engagement ferme des Grecs à mettre en œuvre des réformes respectant leurs équilibres budgétaires.Il faudra convaincre les Allemands, qui sont opposés à une suppression de la troïka - et que, par ailleurs, les prétentions grecques sur la « dette de guerre allemande », datant de la seconde guerre mondiale, blessent profondément.« Nous ne négocierons pas de nouveau programme pour la Grèce mercredi lors de la réunion de l’Eurogroupe », a fait savoir, mardi, le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble.Grèce: que veut Berlin ?Mais les Allemands ne sont pas les seuls à avoir des réticences : Espagnols, Portugais, Slovènes et Lettons aussi. Ces pays ont accepté le traitement de choc de la troïka ou des cures d’austérité et ils voient d’un très mauvais œil que l’on fasse une exception pour la Grèce.C’est pour cette raison que la Commission européenne passe son temps à insister sur le fait que pour qu’il y ait un accord, « il faudra qu’il soit à 19 pays de l’Eurozone ».Athènes avance des pistes de compromisA en croire la presse grecque, Yanis Varoufakis, le ministre grec des finances a fait des propositions à Bruxelles en vue d’un compromis.Parmi les mesures avancées : la négociation d’un excédent primaire (hors charge de la dette) pour le budget de l’Etat de seulement 1,5 % du PIB au lieu des 3 % demandés par la troïka pour 2015. Cela dégagerait une marge de manœuvre financière.S’y ajoute une demande d’une période de « transition » de quatre à six mois, le temps de négocier le nouveau « contrat » européen.Pour financer l’Etat grec pendant cette phase de transition, M. Varoufakis suggère par ailleurs qu’Athènes puisse puiser à deux sources : d’une part dans la cagnotte de 1,9 milliard d’euros des bénéfices réalisés par les banques centrales nationales européennes suite aux achats d’obligations grecques ; d’autre part dans les sommes réservées pour la recapitalisation des banques grecques, en cas de besoin, soit environ 8 milliards d’euros.L’accès à ces dernières sommes serait toutefois conditionné à la clôture du deuxième plan d’aide selon certains acteurs européens. Mais une source européenne glissait lundi : « elles sont en principe disponibles pour les Grecs, à condition que leur discours évolue. »Enfin, les Grecs réfléchiraient à faire intervenir l’OCDE dans la troïka, dont ils dénoncent les méthodes et le fonctionnement.Lundi, devant le Parlement d’Athènes, M. Varoufakis a par ailleurs assuré qu’il était prêt à approuver 70 % des réformes encore exigées par la troïka. Ce qui a été perçu comme un signal d’ouverture non négligeable par les Européens.Mardi, la Commission européenne a démenti avoir reçu un quelconque plan des Grecs. Elle assurait également que Jean-Claude Juncker, son président, n’avait pas formulé des propositions à Athènes, comme cela a été avancé par la presse grecque.Un risque de « Grexit » réduit« Si tout le monde se comporte de manière rationnelle » aime t-on à répéter ces derniers jours à Bruxelles, un compromis devrait donc être possible.La difficulté, dans le cas de cette nouvelle « crise grecque », est moins financière que politique : l’argent est quasi-disponible, et pour l’instant on ne parle que de quelques milliards d’euros d’aide nécessaires à Athènes.Personne n’a intérêt à un « Grexit », une sortie de la Grèce de la zone euro. Tout le monde l’a dit et répété, y compris la chancelière allemande, Angela Merkel, en début de cette semaine.Ce serait probablement une catastrophe économique pour la Grèce, qui subirait une très forte dévaluation en retournant à la Drachme.Les Européens ne sont pas non plus prêts à prendre le risque, même s’ils assurent que, depuis, la mise en place de l’Union bancaire et du Mécanisme européen de stabilité (qui détient environ 44 % de la dette grecque), la zone euro serait capable d’encaisser un tel choc sans contagion à d’autres pays jugés fragiles (Espagne, Italie, Portugal).Une sortie de la Grèce de la zone euro enverrait en effet un signal très négatif au reste du monde : elle signifierait la fin d’un cycle d’expansion et d’intégration de l’Union.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Claire Guélaud Réunis pendant 24 heures à Istanbul (Turquie), les ministres des finances et les banquiers centraux des pays du groupe des 20, qui rassemble plus de 85 % de l’économie mondiale, ont pris acte, mardi 10 février, de l’amélioration « inégale » des perspectives de croissance au niveau mondial et souligné la nécessité de conserver des politiques monétaires accommodantes dans plusieurs économies avancées, notamment celles menacées de « stagnation persistante ».Dans leur projet de communiqué final – la version définitive du texte doit être rendue publique mardi en fin de journée – les « financiers » du G20 renouvellent les engagements pris à Brisbane (Australie), fin 2014, en faveur d’une croissance plus forte et expriment leur volonté de poursuivre l’action engagée en matière de régulation financière et de lutte contre l’optimisation fiscale.L’insuffisance de la demande pointée du doigtLe diagnostic posé sur l’économie mondiale est nuancé. La conviction générale est que celle-ci souffre encore d’une insuffisance globale de la demande.Le G20 finances salue l’amélioration des perspectives de croissance dans certaines « économies clé ». Il fait état d’une reprise « lente, mais en progrès » ailleurs, mais aussi de l’« augmentation du risque de stagnation persistante » dans certains pays avancés. La zone euro et le Japon se reconnaîtront.L’« action déterminée » de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), qui a poussé l’institution de Francfort à faire du « Quantitative easing » (rachat de dettes), a été saluée.Le traitement de choc de la BCE pour réanimer la croissanceLes engagements pris en Australie de relever de plus de 2 % la croissance mondiale – soit plus de 2 000 milliards de dollars – d’ici à 2019 ont été renouvelés. Le sommet d’Antalia, à la fin de l’année, devrait être l’occasion de faire un point détaillé de l’état d’avancement des 1 000 mesures pro-croissance listées à Brisbane.La Turquie n’a en revanche pas encore réussi à convaincre ses partenaires du G20 du bien-fondé d’engagements chiffrés en matière d’investissements. Chacun s’accorde cependant à considérer qu’il s’agit d’une question clé pour la croissance. Des travaux sont en cours sur les partenariats public-privé.Des réserves émises sur l’« effet pétrole »Le débat à Istanbul a beaucoup tourné autour des effets très variés de la baisse du cours du baril de pétrole. Le G20 est apparu plus réservé que le Fonds monétaire international (FMI) sur les effets positifs sur la croissance de cette baisse du prix de l’or noir.Le sentiment général est que ce recul donne globalement de l’élan (« some boost ») à la croissance, même s’il tire aussi l’inflation vers le bas, ce qui est un problème en Europe par exemple.La baisse du prix du pétrole dopera la croissance, selon le FMIPar ailleurs, comme l’a fait le FMI, ministres des finances et grands argentiers appellent les pays importateurs, qui avaient mis en place des subventions énergétiques, à les supprimer au profit de transferts ciblés sur les populations les plus modestes.Le dossier grec non abordé officiellement, mais présent dans tous les espritsOfficiellement, il n’a pas été question de la Grèce lors de ces deux jours à Istanbul. En tout cas, le sujet n’a pas figuré dans les négociations entre délégations au sujet du communiqué final du G20. La situation à Athènes n’en était pas moins dans toutes les têtes.Avant que ne commence la réunion des ministres des finances et des grands argentiers, les États-Unis et le Canada ont appelé au pragmatisme et à un compromis. Mario Draghi et la directrice générale du FMI, Christine Lagarde devaient se rencontrer. Le FMI, toutefois, ne semble guère désireux de détailler sa position sur la Grèce avant la réunion de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro), mercredi 11 février.Grèce : l’Europe à la recherche d’un accord politiqueAmplifier les mesures de régulation financièreDans le domaine de la régulation financière, ministres des finances et grands argentiers sont convenus de poursuivre leurs efforts, qu’il s’agisse des banques, du « shadow banking », des infrastructures des marchés, comme les chambres de compensation, ou encore des assurances et des fonds d’investissement.Ils demandent aussi au FSB (Fonds de stabilité financière) de se pencher sur la sincérité des marchés et sur les problèmes de manipulation des cours, d’échanges de dérivés etc.Enfin, en matière de fiscalité, le G20 finances s’engage à suivre les recommandations de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en matière de lutte contre l’optimisation et l’évasion fiscales.Le G20 a enfin déploré le blocage persistant de la réforme financière du FMI.Vers une meilleure coordination de la lutte contre le financement du terrorismeLa France, qui y tenait beaucoup, a obtenu satisfaction sur la question du financement de la lutte contre le terrorisme. Le G20 Finances a chargé le Groupe d’action financière (GAFI) de faire un point en septembre sur l’état des standards et des normes dans ce domaine.Devraient être normalement évoqués à cette occasion la question du gel des avoirs et la coopération des structures de type Tracfin.En revanche, les résultats semblent plus modestes sur le financement de la lutte contre le réchauffement climatique, dont le gouvernement français fait grand cas dans la perspective de la COP21 à Paris en décembre.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.02.2015 à 13h12 • Mis à jour le10.02.2015 à 15h51 Poursuite du bras de fer qui empoisonne depuis dix ans les relations entre Londres et le Conseil de l'Europe (CE) – qui réunit 47 Etats, dont ceux de l'Union européenne. La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné une nouvelle fois, mardi 10 février, le Royaume-Uni pour la privation de leur droit de vote infligé à 1 015 détenus.La juridiction du Conseil de l'Europe avait établi sa jurisprudence sur le sujet dans un arrêt du 6 octobre 2005, dit « arrêt Hirst », estimant que la privation systématique du droit de vote dont sont assorties de multiples condamnations au Royaume-Uni était contraire au « droit à des élections libres ». Cette mesure concerne plus de la moitié de la population pénale britannique. D'autres pays comme la Russie et la Turquie ont aussi été condamnés pour des raisons similaires.CRISPATIONSD'autres condamnations ont suivi, provoquant une crispation des milieux politiques au Royaume-Uni. En février 2011, le Parlement britannique votait à une écrasante majorité contre une levée de l'interdiction du droit de vote imposée aux détenus. Le 25 janvier 2012, le premier ministre conservateur, David Cameron, s'était insurgé, dans un discours prononcé au sein du Conseil de l'Europe à Strasbourg, contre les pouvoirs excessifs que s'arroge, selon lui, la CEDH. « On ne prend pas suffisamment en compte les décisions démocratiques des Parlements nationaux », avait-il affirmé.Le décryptage : La Grande-Bretagne peut-elle s'affranchir de la justice européenne ?En 2010, la Cour de Strasbourg avait donné six mois au Royaume-Uni pour changer sa législation puis accepté de prolonger le délai jusqu'à un arrêt du 22 mai 2012 concernant une question similaire en Italie. En acceptant la législation italienne, qui assortit certaines condamnations d'une privation automatique du droit de vote, mais en fonction de critères précis et avec une possibilité de modulation par le juge, la Cour montrait à Londres la voie d'un compromis. Ce fut, semble-t-il, peine perdue.Lire (édition abonnés) : Droit de vote des détenus : "Londres doit s'exécuter"En campagne pour les élections générales de mai 2015 et face à la montée en puissance du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP), le Parti conservateur a prévu dans son programme de dénoncer la Convention européenne des droits de l'homme si la Cour refuse de reconnaître la primauté des lois britanniques sur ses arrêts. Camille Bordenet (Dublin, envoyée spéciale) Il n’y a déjà plus de fauteuils pour les retardataires. Qu’importe, des grappes de jeunes gens se massent au fond de la salle. Mercredi 4 février au soir, dans le centre-ville de Dublin, on est venu écouter Paul Murphy, le jeune chef de file et député de l’Alliance anti-austérité (AAA), un mouvement d’extrême gauche lancé en mai. Celui que certains surnomment déjà le « Tsipras irlandais » revient tout juste d’Athènes. Il a vu. Ce jour où l’Europe a basculé. Ce jour où le parti de la gauche radicale grecque, Syriza, a arraché le pouvoir. Déjà, la salle se tait, haletante. « Irlandais, il ne faut pas laisser passer cette opportunité historique de s’unir contre l’austérité. Syriza a ouvert la voie, à nous de suivre », lance Paul Murphy, 31 ans, des airs d’adolescent mais une verve de tribun. « Comment a-t-on pu accepter d’être asservis à la troïka [Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne] quand d’autres ont le courage de dire stop ? », renchérit-il sous les vivats.L’Irlande s’est officiellement soustraite à la tutelle de la « troïka » fin 2013 et le pays renoue enfin avec la croissance mais chacun, ce soir, porte encore les stigmates de six années d’austérité. Chacun s’accroche à ses espoirs, aussi. « Si ça a marché pour les Grecs, pourquoi pas pour nous ? », veut-on croire. Il n’est pas trop tard pour entrer en résistance. Il n’y a qu’à voir, depuis septembre, l’ampleur nationale qu’ont prise les manifestations contre la facturation de l’eau potable, cet engagement pris par Dublin dans le cadre du plan d’aide financière que les Irlandais voudraient justement oublier. La promesse du gouvernement de coalition d’Enda Kenny d’alléger la taxe n’a pas suffi à calmer l’exaspération.Lire (édition abonnés) : L’onde de choc grecque frappe l’Irlande, le bon élève de la « troïka »Une reprise qui semble inaccessibleAlors que les premières factures doivent tomber en avril et coûteront plusieurs centaines d’euros par an aux ménages, les campagnes appelant au non-paiement sous le mot d’ordre « No way, we won’t pay » (« pas question, on ne paiera pas »), essaiment à travers le pays. Du jamais vu depuis l’indépendance en 1922. Pas même au plus fort de la crise financière. Car l’eau cristallise tout le reste. Coupes dans les dépenses publiques, baisse des salaires, augmentation des impôts : la rigueur budgétaire – dont le pays est officiellement sorti en octobre – a demandé trop d’efforts aux Irlandais. Le taux de chômage a certes baissé, mais avoisine toujours les 10,7 %. Et, alors que le gouvernement les serine avec la reprise économique, une grande partie des 4,5 millions d’habitants n’en ressent toujours pas les effets. « Les 99 % de gens ordinaires voient qu’on fabrique une reprise pour les 1 % de riches aux dépends du reste de la population qu’on continue à saigner », tance Paul Murphy. Le député a encore sa carte au Parti socialiste (trotskiste), qu’il a intégré à l’âge de 18 ans.Lire l’analyse (édition abonnés) : L’Irlande sort à petits pas de sept années d’austéritéUne formation « partie de la rue, qui laisse des gens normaux faire de la politique », c’est ce qui a plu à Sean Malone, 24 ans, militant de l’AAA. Lui a compris un peu trop tôt ce que voulait dire « la crise » : en 2009, son lycée perd la moitié de ses enseignants, dont celui qui s’occupe de soigner sa dyslexie. « A 18 ans, j’ai réalisé que le système irlandais n’offrait pas de futur. Ça a signé le début de mon engagement en politique », résume le jeune homme, aujourd’hui serveur. Comme de nombreux jeunes Irlandais, il aurait pu s’exiler en Australie ou aux Etats-Unis. Ses parents l’y encourageaient. Il a préféré rester pour se battre. Et espérer convaincre d’autres jeunes de faire le même choix, à l’heure où l’émigration de masse inquiète. « Dans deux ans, on pourra avoir fait de l’AAA la force de gauche radicale qui changera le pays, à l’image de Syriza et Podemos [le parti anti-austérité espagnol], veut croire l’activiste. Mais pour y parvenir, il faut que les jeunes restent. »Lire aussi le reportage (édition abonnés) : Des jeunes Irlandais en colère refusent l'« émigration forcée »La soixantaine, Christine Sherry et Philomena Foster, elles, ne sont plus « toutes jeunes », conviennent-elles en riant, attablées autour de leur thé brûlant. Leurs enfants partis s’installer sur d’autres continents, elles ont décidé de consacrer leur temps libre à militer pour l’AAA. Inépuisables, les deux copines sillonnent les quartiers pour organiser débats et meetings, toujours armées de flyers, prêtes à tracter. Elles s’essaient « même » à Twitter et Facebook.Mais sous ses airs bon enfant, la jeune formation pourrait aussi pâtir de son activisme. Le 9 février, Paul Murphy et plusieurs opposants à la taxe sur l’eau ont ainsi été placés en garde à vue plusieurs heures – avant d’être finalement relâchés –, pour être questionnés sur leur possible lien avec un incident impliquant une ministre, lors d’une manifestation en novembre. « Une tentative de plus de dénigrer le mouvement contre la taxe sur l’eau », a immédiatement réagit l’AAA, certains militants dénonçant un « coup politique et médiatique ».Désobéissance civile Dans le quartier ouvrier de Crumlin, dans le sud de la capitale, la résistance fait moins de bruit, tapie dans la nuit glaciale. Elle n’en est pas moins efficace. Voilà sept mois que Derek Mac An Ucaire, Brendon Condron et Gerard Kelly ont réglé leur réveil à 5 heures du matin pour mener bataille contre les ouvriers de la compagnie Irish Water chargés d’installer les compteurs d’eau à chaque habitation. « Quand ils arrivent, on se positionne derrière les barrières de sécurité pour les empêcher d’accéder aux canalisations. C’est de la désobéissance civile », explique Derek, gaillard d’une quarantaine d’années, qui surveille les rues alentour en tentant de se réchauffer les mains. Une désobéissance d’autant plus légitime, considère-t-il, que les Irlandais « paient déjà l’eau dans leurs impôts ».Les trois hommes aussi ont déjà été arrêtés. « C’est le prix à payer, lâche Brendon en haussant les épaules, tant qu’on est relâchés ». Et cette guerre de tranchée semble payante. « Dans cette rue, ils n’ont pu installer que deux compteurs en une semaine », se félicite Derek, qui a sacrifié plusieurs journées de travail dans ce combat. Gerard et Brendon, eux, sont au chômage. Gerard poste une photo de la rue où ils se trouvent sur le groupe Facebook du quartier. Un moyen efficace de tenir les habitants au courant de leurs actions. Chaque groupe d’opposants, réparti par quartier, procède ainsi. Ils font aussi du porte-à-porte pour convaincre les riverains de ne pas payer les factures à venir. Les maisonnées de briques rouges sommeillent encore et le siège sera long, jusqu’à 16 heures et la relève du prochain groupe. Mais, déjà, un homme qui réside à quelques pâtés de maison leur donne l’alerte : les travaux commencent dans sa rue. Les trois activistes décampent.Porter politiquement la mobilisation citoyenne Paul Murphy n’en revient toujours pas. « Pour la première fois, le peuple irlandais a pris conscience de sa force. Pour résister, les gens se sont organisés d’eux-mêmes dans leur quartiers, sans être instrumentalisés », s’exclame-t-il, fébrile. De la même façon que Podemos, en Espagne, a voulu « convertir l'indignation en changement politique » – le titre de son manifeste –, en transformant la mobilisation sociale du mouvement des Indignés en processus électoral participatif, l’Alliance anti-austérité est née de la volonté de porter politiquement les revendications des militants mobilisés contre la taxe sur l’eau. « L’énergie populaire était si grande, il ne fallait pas la laisser retomber », renchérit, intarissable, le chef de file. Sans pratiquement de structure ni de logistique, la petite formation issue de la société civile a déjà remporté quatorze sièges de conseillers lors d’élections locales en mai dernier, et un fauteuil de député.Le défi consiste désormais à trouver son propre modèle de gauche radicale, « pas une copie de Podemos ou Syriza », et à se muer en « véritable force politique », résume Murphy. Et, d’ici aux élections générales de 2016, premier test d’envergure, le calendrier est serré pour espérer s’imposer dans le paysage politique, dominé depuis l’indépendance par les partis traditionnels : Fine Gael, Fianna Fail (centre-droit) et, dans une moindre mesure, les travaillistes du Labour. D’autant que la place de l’opposition est déjà occupée par les nationalistes de gauche du Sinn Fein (l’ancienne aile politique de l’Armée républicaine irlandaise, IRA), dont le discours anti-austérité attire jusqu’à 23 % des électeurs, selon les derniers sondages. Une tendance que la victoire de Syriza devrait accentuer.Concurrence à gaucheDans son bureau du Parlement, adossé à un mur décoré de tee-shirts de football gaélique, Gerry Adams, chef de file du Sinn Fein, a beau jeu de rappeler la « relation fraternelle » qu’il entretient avec Alexis Tsipras, qu’il a appelé avant et après l’élection. « Les programmes de Sinn Fein et de Syriza sont proches », affirme le leader républicain, qui se plaît à employer l’expression de « partis frères ». Comme le nouveau gouvernement grec, M. Adams réclame une conférence européenne sur la dette.Selon l’analyste politique Johnny Fallon, « qu’il s’agisse de Sinn Fein ou de l’AAA, la percée de la gauche radicale en Irlande dépendra très fortement de l’évolution de la situation en Grèce : si les Grecs obtiennent des concessions de l’UE ou de meilleures conditions de vie grâce au gouvernement de gauche qu’ils ont élu, alors les Irlandais seront tentés de suivre en se disant que c’est la solution à leurs problèmes ».A quelques couloirs de là, dans le bureau de Paul Murphy, pas question de se laisser impressionner. « Après tout, qui pariait sur Syriza il y a cinq ou six ans ? », font valoir les militants. Un premier objectif approche, déjà : faire en sorte qu’au moins la moitié des foyers irlandais censés payer une facture en avril s’y refusent. « Si on y parvient, ce sera une démonstration de force », estime Paul Murphy. Il lève soudain les yeux vers l’écran de télévision qui retransmet en direct les questions au gouvernement. Son tour approche. Il s’excuse, ramasse prestement ses notes et troque son pull-over élimé pour le blazer pendu derrière lui. Se glissera-t-il, dans quelques années, dans le costume d’un Alexis Tsipras irlandais ? « Trop tôt pour y penser. Il faut d’abord travailler dur pour construire cette nouvelle gauche radicale irlandaise », élude-t-il tandis qu’il s’éclipse pour aller rejoindre l’hémicycle.Camille Bordenet (Dublin, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.02.2015 à 10h05 • Mis à jour le10.02.2015 à 13h11 | Benoît Vitkine (Kiev, envoyé spécial) Moscou, Kiev et les capitales européennes sont engagés depuis quelques jours dans d’intenses consultations diplomatiques sur le dossier ukrainien. Le but : assurer la tenue d’un sommet à Minsk, mercredi 11 février, au cours duquel serait négocié un règlement pacifique durable du conflit qui ensanglante l’est de l’Ukraine depuis déjà dix mois.Ukraine : Américains et Européens privilégient la voie diplomatiqueOn ignore l’avancée précise des discussions, mais depuis la signature d’un cessez-le-feu qui n’a pas réussi à faire taire les armes, le 5 septembre, déjà dans la capitale biélorusse, ce sont les mêmes points qui sont sur la table. La ligne de démarcationLes territoires sous le contrôle des rebelles prorusses soutenus par Moscou représentent environ un tiers des régions administratives de Donetsk et de Louhansk, dans l’extrême est du pays. Ces territoires avaient été clairement définis lors de la signature des accords de Minsk, qui portent la signature des représentants de Kiev, de Moscou et des séparatistes. Mais depuis le mois de septembre, ces derniers ont continué à progresser, notamment depuis l’offensive majeure qu’ils ont lancée à la mi-janvier. La Russie et les séparatistes demandent qu’un nouvel accord prenne en compte ces gains qui représentent environ 500 km² de territoire.Village par village, les combattants prorusses progressent en UkraineLe cessez-le-feuC’est la priorité affichée de toutes les parties. Selon les décomptes de l’ONU, la guerre a fait plus de 5 500 morts et un million de déplacés – des chiffres probablement sous-estimés et qui ne prennent pas en compte les pertes rebelles et russes. Le cessez-le-feu conclu à Minsk n’a été respecté ni par les séparatistes ni par l’armée ukrainienne. Pour assurer sa pérennité, un retrait des armes lourdes de la ligne de front doit être discuté. Selon le texte de Minsk, le retrait devait s’effectuer sur une distance de 15 km de part et d’autre du front. Même si ce point n’a jamais été mis en œuvre, la distance discutée aujourd’hui est plus importante.D’autres points « militaires » sont discutés : une amnistie pour les combattants, le retrait des groupes armés illégaux et des combattants étrangers, et de nouveaux échanges de prisonniers, après ceux déjà réalisés au cours des mois passés.Le statut des régions sous contrôle rebelleL’accord de Minsk prévoyait d’accorder un « statut spécial » aux territoires tenus par les rebelles et d’y organiser des élections locales « conformes à la loi ukrainienne ». Le Parlement ukrainien a adopté une loi prévoyant l’octroi de ce statut et qui déléguait aux chefs rebelles le contrôle complet de leurs territoires. Les « Républiques populaires » de Donetsk et de Louhansk l’ont refusé et ont organisé, en novembre, leurs propres élections.Elections de façade et luttes de clans dans le DonbassDans une lettre transmise la semaine passée à Paris et Berlin, la Russie demanderait que Kiev reconnaisse ces élections et, par là, l’autonomie des deux régions. La partie ukrainienne sera sans doute obligée de faire des concessions importantes sur ce point.Mais une question reste pour l’heure en suspens, celle du financement. Le Donbass, déjà sinistré économiquement, a été ruiné par la guerre. L’Ukraine, qui est elle-même au bord de la faillite, n’a pas très envie d’assurer la survie d’une région dont le contrôle lui échapperait ; Moscou non plus.La réforme de la Constitution ukrainienneCe point est directement lié au précédent. Le texte de Minsk prévoyait une « décentralisation » du pouvoir ; Moscou préconise une « fédéralisation ». La différence peut paraître mince, elle est fondamentale. Le Kremlin a déjà expliqué par le passé ce qu’il entendait par « fédéralisation » : un système dans lequel les territoires posséderaient un droit de regard sur les décisions stratégiques du centre, y compris en matière de politique étrangère. On touche là l’un des objectifs de la Russie dans ce conflit : faire de l’Ukraine un pays ingouvernable aux institutions paralysées. C’est le scénario de la Bosnie-Herzégovine, que Kiev et les Occidentaux refusent pour l’heure catégoriquement.Les garantiesLe point central est ici celui de la frontière russo-ukrainienne. Après avoir apposé sa signature sur les accords de Minsk, la Russie a continué à approvisionner massivement la machine de guerre rebelle, permettant aux séparatistes de lancer leur offensive de janvier. L’accord de Minsk prévoyait un contrôle de cette frontière sous la supervision de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Kiev semble avoir renoncé à l’idée même de participer à un contrôle conjoint de la frontière et a plutôt choisi de se retrancher le long de la ligne de front pour prévenir toute velléité de progression future des rebelles.« Il n’y a pas de solution militaire au conflit » en UkraineLe « statut » de l’UkraineC’est à la fois le grand non-dit et un point central de la négociation. La question d’une éventuelle adhésion de l’Ukraine à l’UE et à l’OTAN ne fait théoriquement pas partie des points abordés lors des négociations, mais elle est dans tous les esprits. C’est cette perspective qui a décidé Vladimir Poutine à entreprendre une déstabilisation de l’Ukraine puis à y déclencher une guerre.Avant toute phase de négociations, François Hollande prend soin de préciser qu’il n’est pas favorable à une entrée de Kiev dans l’Alliance atlantique. La question de l’Union européenne est plus sensible, et on imagine mal Kiev, qui en a fait un horizon – lointain –, céder quoi que ce soit sur le sujet.La Crimée, annexée en mars par la Russie, ne fait pas non plus partie des sujets de discussion. Benoît Vitkine (Kiev, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Claire Guélaud Le ton s’est encore durci, lundi 9 février, entre le gouvernement grec et ses partenaires de la zone euro. Le premier ministre grec, Alexis Tsipras a répété qu’il ne prolongerait pas le plan d’aide, qui prévoit le maintien de l’austérité, et renouvelle son appel pour la mise en place d’un financement relais, jusqu’au 1er juin, afin de donner le temps à la Grèce de trouver les moyens de mettre en place un « New deal », qui entrerait en vigueur le 1er septembre. L’Allemagne, elle, reste sur une position de fermeté, la chancelière Angela Merkel exhortant la Grèce à soumettre aux Européens des « propositions viables » sur sa dette publique et le sort des programmes d’aide internationaux.Présent à la réunion du G20 à Istanbul, le ministre français des finances Michel Sapin explique, dans un entretien au Monde, qu’il faut « s’interroger sur la manière de passer la période qui est devant nous et qui nous mène jusqu’au moment où un nouveau contrat pourra être élaboré entre la Grèce et l’Union européenne ». « Nous avons peu de temps devant nous : quelques semaines cruciales, mais si chacun y met la part de respect de l’autre qui est nécessaire, nous trouverons la solution », assure-t-il alors que les ministres des finances de la zone euro (Eurogroupe) se réuniront mercredi 11 février.L’Europe peut-elle encore trouver un compromis avec le gouvernement grec ?Michel Sapin : La Grèce a changé de majorité il y a seulement dix jours. La semaine qui s’ouvre, décisive, a commencé assez naturellement par un rappel des positions de départ de chacun. C’est au fond ce qu’a fait dimanche M. Tsipras. C’est aussi ce qu’ont fait des responsables européens, en rappelant les principes de fonctionnement de l’Europe, de l’Eurogroupe ou de la Banque Centrale européenne (BCE).La négociation qui commence ne peut aboutir – et je suis persuadé qu’elle aboutira – que si l’on a en tête deux principes rappelés dès la semaine dernière par François Hollande. Le premier principe, c’est le respect du vote grec. Vouloir faire comme s’il n’y avait pas eu d’élection serait une manière de ne pas respecter le peuple grec. Le second principe, c’est le respect des règles européennes inscrites dans les traités, auxquels la Grèce a adhéré, comme celles du bon fonctionnement de la BCE ou du Fonds monétaire international (FMI).Celui qui voudrait faire comme si ces règles-là n’existaient pas, se mettrait dans une situation d’impasse.Alexis Tsipras a rappelé, dimanche, qu’il avait été élu sur un programme anti-austérité et déclaré que prolonger le plan de la troïka serait prolonger une erreur. Dans le même temps, l’Europe a fait savoir qu’elle n’avait pas dans sa boîte à outils de « plan relais ». Où sont les marges de négociations ?Ce sont bien entendu ces marges qu’il faut exploiter. Je connais le poids des mots. Je sais et je comprends que pour la Grèce, le mot troïka est devenu insupportable et pourtant, les autorités grecques savent très bien qu’elles devront dialoguer avec le FMI, et elles le font, avec l’Union européenne, et elles le font, avec la BCE et elles le font.Je sais combien le terme de "pays sous-programme" est insupportable aux Grecs. Je peux le comprendre compte tenu du degré de détail dans lequel des recommandations pouvaient être faites à la Grèce et des conséquences sociales que les efforts passés et nécessaires ont occasionnées.Pourtant, il faudra bien s’interroger sur la manière de passer la période qui est devant nous et qui nous mène jusqu’au moment où un nouveau contrat pourra être élaboré entre la Grèce et l’Union européenne (UE).Nous avons peu de temps devant nous : quelques semaines cruciales, mais si chacun y met la part de respect de l’autre qui est nécessaire, nous trouverons la solution.Les Etats-Unis et le Canada souhaitent un compromis. Peuvent-ils être utiles à l’Europe ? Les pays extérieurs à l’Europe peuvent être utiles dans le débat dès qu’il est clair que la situation actuelle n’est en rien comparable à celle de 2010. La Grèce a fait énormément d’efforts. Elle est aujourd’hui en excédent primaire, autrement dit, si elle n’avait pas de dette à rembourser, elle serait en excédent budgétaire. Et le gouvernement de M. Tsipras ne remet pas en cause la nécessité d’être en excédent primaire. Tous les pays de la zone euro ne sont pas dans cette situation !La zone euro, quant à elle, a changé et elle n’est pas à la merci de la Grèce. Elle a construit des murs de protection considérables pour pouvoir venir en aide aux Etats ou aux banques. Elle est beaucoup plus forte et stable qu’en 2010.Autrement dit, M. Varoufakis, le ministre des finances grec, se trompe quand il dit que l’euro est un château de cartes qui s’écroulerait sans la Grèce ?La situation de la Grèce n’est pas une menace pour la zone euro. Cela ne signifie pas, bien évidemment, qu’il faille se désintéresser du sort de la Grèce ! La zone euro est destinée à s’élargir pas à se rétrécir, il faut donc conserver la dynamique de l’élargissement en apportant les solidarités et les concours nécessaires au maintien et au renforcement de la zone euro actuelle avec la Grèce.Les pays anglo-saxons peuvent-ils contribuer à faire bouger l’Allemagne ?La Grèce n’est pas le seul sujet sur lequel les anglo-saxons expriment des points de vue qui ne sont pas partagés par l’ensemble de la zone euro. Quand le secrétaire d’Etat américain dit qu’il y a besoin d’une stimulation budgétaire en zone euro, je ne suis pas sûr qu’il soit entendu avec plaisir par l’Allemagne et pourtant il a raison.Mais quand j’entends au Royaume-Uni dire que la situation de la Grèce est une menace contre l’économie mondiale, c’est inexact et la France et l’Allemagne sont d’accord pour le dire. Le dialogue au G20 peut nous aider à trouver les voies d’un compromis.S’agissant de la zone euro, la révision à la hausse des prévisions de croissance de la Commission européenne fait-elle évoluer les débats de politique économique au G20 ? Les choses bougent en Europe plutôt dans le bon sens, mais trop lentement aux yeux du monde et de la France. Ce mouvement bienvenu ne changera pas l’appréciation globale d’autres grands pays sur la nécessité d’une croissance plus forte en Europe.Nous partageons totalement ce point de vue. Une croissance plus forte est la seule bonne solution du point de vue économique, social et politique pour résoudre la question du poids de la dette dans la zone euro.Quelles priorités allez-vous porter au G20 ?La première, c’est d’achever le dispositif de lutte contre l’optimisation fiscale dite agressive. Une première partie du travail a été faite en 2014. Une directive européenne est en cours d’élaboration. La France souhaite que d’ici au sommet d’Antalia, fin 2015, le G20 adopte la totalité des dispositifs préconisés par l’OCDE.Notre deuxième préoccupation, c’est le financement de la lutte contre le réchauffement de la planète dans la perspective de la COP21 à Paris en décembre. Il nous faut achever de mettre sur pied le fonds vert et sécuriser les 100 milliards de dollars par an nécessaires à l’horizon de 2020 à la lutte contre l’émission des gaz à effets de serre. Ces dispositifs de financement doivent être clarifiés d’ici à octobre, avant la conférence de Paris.Qu’en est-il de la lutte contre le terrorisme international ?Ce troisième sujet a été dramatiquement réactivé en début d’année. Qu’est-ce qui a permis le financement des actions terroristes de début janvier en France ? De petites opérations, des mouvements qui ont été anonymisés, qui parfois étaient en cash…Là dessus, nous avons besoin de beaucoup plus de coordination dans nos échanges d’informations mais aussi d’avoir des réglementations adaptées qui limitent les possibilités de mouvements anonymes. C’est un point auquel nous tenons beaucoup. Il est partagé et fera l’objet d’un paragraphe dans le communiqué final du G20 et d’une discussion en séance.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Benoît Vitkine Nicolas Sarkozy s'est exprimé brièvement sur le conflit en Ukraine et ses conséquences sur les relations entre l'Europe et la Russie, samedi 7 février. Devant les dirigeants de l'UMP réunis à Paris, le président du parti d'opposition a soutenu : « La séparation entre l'Europe et la Russie est un drame. Que les Américains la souhaitent, c'est leur droit et c'est leur problème (...), mais nous ne voulons pas de la résurgence d'une guerre froide entre l'Europe et la Russie. »Ceci alors qu'au même moment à Munich, la diplomatie prenait précisément des accents de guerre froide sur la crise ukrainienne. Partant de ce constat, qui place l'entière responsabilité du divorce entre l'Occident et la Russie sur les Européens, M. Sarkozy a présenté une « solution » reposant sur « trois principes ». « La Crimée choisit la Russie »« La Crimée choisit la Russie, on ne peut pas leur reprocher », a lancé le chef de l'UMP. Mais à vrai dire, le débat n'a jamais vraiment porté sur ce qu'il convient de « reprocher » aux Criméens ou aux Russes. Il porte plutôt sur la légalité de ce rattachement, que M. Sarkozy a semblé implicitement vouloir reconnaître. Or, si la plupart des dirigeants occidentaux estiment, en aparté, qu'il sera très difficile de revenir en arrière, le président de l'UMP est allé bien plus loin : il épouse la rhétorique des officiels russes, en prétendant qu'il s'agirait d'un choix démocratique en bonne et due forme.Le « choix » de la Crimée auquel Nicolas Sarkozy a fait référence est le référendum du 16 mars, non reconnu, organisé sans aucun contrôle international, à l'exception de la présence « d'observateurs » membres de quelques partis de l'extrême droite européenne. Ce référendum, qui aurait vu le « oui » à la Russie l'emporter à 96,6 %, s'est tenu après l'invasion de la péninsule par des hommes armés non identifiés. M. Poutine reconnaîtra lui-même deux mois plus tard qu'il s'agissait de militaires russes.L'argument de Nicolas Sarkozy ne manque pas de surprendre. Il était président de la République française lorsqu'au terme de la guerre entre la Géorgie et la Russie, en août 2008, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud ont proclamé leur indépendance. Si ce droit à l'autodétermination était si universel, pourquoi M.Sarkozy n'a-t-il pas alors, au nom de la France, reconnu les deux provinces géorgiennes ? Pour appuyer son argumentation, Nicolas Sarkozy a développé le précédent du Kosovo : « Si le Kosovo a eu le droit d'être indépendant de la Serbie, je ne vois pas comment on pourrait dire avec le même raisonnement que la Crimée n'a pas le droit de quitter l'Ukraine pour rejoindre la Russie. » Mais les deux cas n'ont rien à voir. Le Kosovo s'est séparé de la Serbie après une guerre qui a fait près de 10 000 morts, une opération de l'OTAN et le placement de cette ancienne province serbe sous protectorat des Nations unies, en 1999. Ce n'est qu'en février 2008, après neuf ans de préparation, que le Kosovo a proclamé son indépendance. Il n'y a eu, en Crimée, aucune persécution, aucune violence contre les russophones, les détenteurs de doubles passeports ukrainien et russe. L'affaire a été menée en un mois.« Une force d'interposition pour protéger les russophones d'Ukraine »Voici la citation complète de M. Sarkozy : « L'Ukraine a 42 millions d'habitants [si l'on enlève la population de la Crimée, le chiffre est presque correct], il y a un tiers de russophones… Au moins une dizaine de millions de russophones, ce n'est pas anecdotique. Il faut certainement trouver les moyens d'une force d'interposition pour protéger les russophones d'Ukraine tant que la situation ne s'est pas calmée. »Cette déclaration pose problème. D'abord, le fait de quantifier la population « russophone » d'Ukraine est délicat. L'ancien président s'appuie peut-être sur le recensement de 2001, d'où il ressort que près de 30 % des Ukrainiens définissent le russe comme leur langue maternelle. Mais cela ne signifie en rien qu'ils le pratiquent au quotidien, alors que de la même façon, les personnes déclarant l'ukrainien comme langue maternelle peuvent très bien s'exprimer en russe.L'Ukraine est un pays totalement bilingue : Kiev, sa capitale, est très russophone, comme de nombreuses agglomérations du centre et même du centre-ouest. On y entend des débats à la télévision où les interlocuteurs s'expriment dans les deux langues sans que cela ne gêne personne ; les membres d'une même famille peuvent parler une langue différente…Par ailleurs, les régions très majoritairement russophones de l'Est et du Sud, comme Kharkiv, Dnipropetrovsk ou Odessa, ont très largement fait le choix de l'Ukraine dans le conflit actuel. La décision prise à Kiev en février 2014 mais jamais promulguée d'ôter au russe son statut de langue régionale a joué un rôle dans le déclenchement des troubles dans le Donbass, mais ce rôle est mineur.En évoquant la « protection » des russophones, M. Sarkozy reprend donc mot pour mot la rhétorique du Kremlin. Samedi 7 février, Sergueï Lavrov, ministre russe des affaires étrangères, a encore évoqué « l'éradication des Russes et des juifs » qui se déroulerait en Ukraine.L'Ukraine hors de l'OTAN et de l'UESelon Nicolas Sarkozy, « l'Ukraine doit garder sa position de pont entre l'Europe et la Russie, l'Ukraine n'a pas vocation à rentrer dans l'Union européenne et dans l'OTAN ». Le chef de l'UMP est ici en partie d'accord avec le président François Hollande, qui a affirmé à plusieurs reprises son opposition à une entrée de Kiev dans l'Alliance atlantique. Ces gages n'ont jamais paru satisfaire Vladimir Poutine.Il convient aussi de noter qu'au printemps 2008, lors du sommet de l'OTAN à Bucarest, Nicolas Sarkozy s'était engagé, aux côtés des autres chefs d'Etat et de gouvernement présents, à ce que l'Ukraine et la Géorgie fassent « un jour » leur entrée dans l'Alliance. Quant à l'Union européenne, elle est un horizon pour Kiev, mais un horizon lointain. Pour l'heure, l'Ukraine a seulement signé un accord d'association et de libre-échange avec Bruxelles. Mais ce choix stratégique et le refus de l'Union eurasienne expliquent en partie la fureur du Kremlin et son intransigeance dans les discussions.Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.02.2015 à 15h28 • Mis à jour le09.02.2015 à 16h26 | Cécile Chambraud  lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_youtube#IoYd7As6UgU"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "youtube", id: "IoYd7As6UgU", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Voir aussi la version longue de la vidéoLe pape François a rendu une visite surprise à des migrants, pour la plupart d’origine latino-américaine, hébergés dans un bidonville de Pietralata, un quartier au Nord-Est de Rome, dimanche 8 février. Selon Reuters, le pape s’y est arrêté alors qu’il se rendait à la paroisse voisine de San Michele Arcangelo, qui vient en aide à ces migrants.A son arrivée, il a rapidement été entouré par les habitants qui se trouvaient dans ce camp. Comme à son habitude, il a posé ses mains sur leur tête, serré les mains qui se tendaient et embrassé les bébés. « Il mange bien, hein ! », a-t-il lancé au père de l’un d’entre eux. Puis il a fait réciter le Notre père à la petite foule qui l’avait entouré, avant de la bénir.Lorsqu’il était évêque de Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio était connu pour se rendre fréquemment dans les villas miserias (bidonvilles) de la capitale argentine. Depuis son élection, il met l’accent sur la nécessité pour l’Eglise catholique d’être proche des plus pauvres et, pour ses pasteurs, d’avoir « l’odeur de leurs brebis ».Le pape défend la famille traditionnelle et les pauvres à Manille Cécile ChambraudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.02.2015 à 11h15 • Mis à jour le09.02.2015 à 20h53 Seize personnes ont été tuées dans des combats, notamment des bombardements, dans l'est de l'Ukraine ces dernières vingt-quatre heures, ont annoncé lundi les autorités de Kiev. Les affrontements ont été particulièrement intenses dans le secteur de Debaltseve, important nœud ferroviaire et routier au nord-est de la ville de Donetsk.« L'Ukraine a perdu neuf militaires, vingt-six autres ont été blessés », selon un porte-parole de l'armée. Les bombardements des forces séparatistes sur les villes d'Avdiivka et de Debaltseve ont fait également sept morts parmi les civils d'après un chef de la police.Lire le reportage : Village par village, les combattants prorusses progressent en UkraineKiev a affirmé que 1 500 soldats russes équipés de « 300 pièces d'équipement militaire, dont des lance-roquettes multiples Grad » avaient pénétré en Ukraine pendant le week-end. Environ 170 véhicules, parmi lesquels des camions, des camions-citernes et des voitures ont en outre traversé la frontière, selon la même source. Dans la ville de Donetsk, fief rebelle, de violents tirs d'artillerie ont repris vers 4 heures lundi matin à partir des positions rebelles et se poursuivaient en fin de matinée.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2g0jri"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2g0jri", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});SANCTIONS EUROPÉENNES REPORTÉESDans le même temps, l'Union européenne a reporté l'entrée en vigueur de nouvelles sanctions contre des personnalités russes et séparatistes afin de donner une chance aux efforts en cours pour ramener la paix en Ukraine. « Afin de laisser de la marge aux efforts diplomatiques (...), nous avons décidé de suspendre l'entrée en vigueur » des sanctions « jusqu'au 16 février », a expliqué la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, à l'issue d'une réunion des ministres des affaires étrangères européens à Bruxelles.Les présidents russe, Vladimir Poutine, ukrainien, Petro Porochenko, et français, François Hollande, et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont convenu de se retrouver mercredi à Minsk en vue de signer un nouvel accord de cessez-le-feu, même s'il reste encore plusieurs points à régler.Lire aussi (édition abonnés) : Moscou pose ses conditions avant le sommet de Minsk Marie Charrel Et si la reprise – la vraie – était pour cette année ? Les « indicateurs avancés montrent de premiers signes d’inflexion positive de la croissance en zone euro », a ainsi indiqué, lundi 9 février, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).Ces frémissements de la croissance européenne seront l’un des sujets clés du G20 finances se tenant à Istanbul lundi 9 et mardi 10 février.Alors que l’Eurogroupe de mercredi se penchera sur le cas grec, au cœur des inquiétudes, un léger vent d’optimisme souffle depuis quelques jours sur l’Europe. Et particulier depuis que la Commission européenne a, le 5 février, revu à la hausse ses prévisions économiques.« Cette fois, il y a de bonnes raisons de croire à la reprise du Vieux Continent », juge ainsi Denis Ferrand, directeur général de l’institut d’études économiques Coe-Rexecode. « Après sept ans de crise, l’horizon s’éclaircit enfin », confirme Gabriel Stein, chez Oxford Economics.Certes, le diagnostic est prudent. Mais, de fait, Bruxelles table désormais sur une croissance de 1,7 % dans l’Union européenne (UE) et 1,3 % dans la zone euro pour 2015. En novembre 2014, elle misait respectivement sur 1,5 % et 1,1 % seulement. Mieux : selon ses économistes, il faudra même compter sur une hausse de 2,1 % et 1,9 % en 2016.Qu’est-ce qui a donc changé depuis trois mois ? « Une conjonction de facteurs favorables à la croissance s’est mise en place », explique Ludovic Subran, chef économiste de l’assureur-crédit Euler Hermes. A commencer par la chute des cours du pétrole, qui équivaut à une baisse d’impôts pour les consommateurs européens, et par celle de l’euro, qui a perdu 15 % face au dollar depuis l’été dernier. Un coup de pouce bienvenu pour nos entreprises, qui gagnent un peu de compétitivité à l’export. « Les deux effets cumulés apporteront 1 % de croissance à la zone euro entre 2015 et 2016 », calcule Christian Schulz, de la banque Berenberg.Autre facteur positif : l’assouplissement monétaire de la Banque centrale européenne (BCE). Le 22 janvier, celle-ci s’est lancée dans des rachats massifs de dette publique. « Grâce à cette mesure, les outils de financement à la disposition des entreprises seront moins onéreux, et pour longtemps », explique M. Ferrand.A quoi doit servir l’argent de la BCE ?S’ajoute à cela le desserrement des politiques d’austérité dans la plupart des pays périphériques de la zone euro, notamment en Espagne et en Irlande. De quoi redonner un peu d’oxygène à la demande intérieure de ces Etats. D’autant que l’Europe profitera aussi des effets du plan d’investissement de 315 milliards d’euros lancé par Jean-Claude Juncker, le président de la Commission.Autrement dit : tous les facteurs sont réunis pour que l’investissement redémarre en 2015, cette étincelle sans laquelle aucune reprise durable n’est possible. Si l’on en croit les dernières enquêtes de la BCE, celui-ci commence d’ailleurs à frémir, confirmant qu’il est enfin permis d’y croire…Rien de spectaculaireEt pourtant. Lorsqu’on prend un peu de recul, 1,3 % de croissance en zone euro n’a rien de spectaculaire. Surtout après sept ans de crise. Et plus encore au regard de la reprise enregistrée aux Etats-Unis, dont le PIB devrait croître de 3,5 % cette année. Est-ce à dire qu’en matière de croissance les Européens se contentent désormais de peu ? Peut-être bien.Car quelque chose a changé dans les attentes des agents économiques. Ces six dernières années, chaque mois de décembre, les dirigeants politiques constataient l’atonie (ou pire) de la croissance en promettant que la reprise, la vraie, serait pour l’année suivante. Mais, à chaque fois, la déception était au rendez-vous, la conjoncture continuant à se dégrader. « A force, tout le monde a fini par intégrer que la reprise européenne serait lente et fragile », explique M. Subran. Y compris les entreprises, qui ont établi des budgets 2015 bien plus conservateurs que ceux de 2014 ou 2013.Terminés les espoirs irréalistes, en somme : désormais, plus personne n’attend de miracle pour la croissance européenne. Au point que l’on avait presque oublié que les bonnes surprises, comme la baisse des cours de l’or noir, étaient encore possibles ! « Cela explique le regain d’optimisme de ces derniers jours : on n’osait plus y croire », commente M. Stein. « Je préfère cela : maintenant qu’ils ne comptent plus sur un rebond miraculeux, Etats et entreprises travaillent enfin à la construction d’une croissance solide », remarque un fonctionnaire européen.Combien de temps cela prendra-t-il ? Cinq ans, dix, peut-être plus. Car, si la zone euro est guérie, elle reste convalescente. Il lui faudra des années pour effacer les séquelles du chômage de masse (11,4 %), et pour alléger le poids des dettes. Deux handicaps qui pèseront longtemps encore sur l’activité, l’empêchant de retrouver d’ici là un rythme de croissance comparable à celui des Etats-Unis.Reste qu’à court terme, si la crise grecque trouve une issue rapide, et si les risques politiques ne viennent pas obscurcir l’horizon, la croissance de l’UE pourrait frôler la barre symbolique de 2 % cette année, ose avec une extrême prudence un économiste. On n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle…Le G20 met l’Europe sous pression Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sylvie Kauffmann (Munich, envoyée spéciale) Lorsque Angela Merkel, les traits tirés par la fatigue des négociations avec Vladimir Poutine et des voyages de ces derniers jours, a comparé le conflit ukrainien à l’érection du Mur de Berlin en 1961, les participants à la Conférence de Munich sur la sécurité ont compris, samedi 7 février, qu’un tournant avait été franchi dans cette crise qui n’a cessé de s’aggraver depuis un an. « J’avais sept ans, a poursuivi la chancelière, qui a grandi en Allemagne de l’Est. Personne ne savait alors combien de temps la guerre froide allait durer. Mais elle a fini par se terminer, et je ne serais pas là aujourd’hui devant vous si, tous, nous n’avions pas tenu bon pour l’unité de l’Allemagne. »En établissant le parallèle avec la guerre froide, Mme Merkel a donné le ton de cette conférence qui a déjà été témoin, par deux fois ces dernières années, de moments-clés dans l’évolution stratégique de l’Europe. En 2007, le président Vladimir Poutine s’y était livré à une diatribe contre la domination américaine d’un « monde unipolaire » et contre l’architecture de la sécurité mondiale. Pris de court à l’époque, les Occidentaux considèrent rétrospectivement ce discours comme fondateur, préfigurant les visées de Moscou sur son « étranger proche », la crise géorgienne et la crise ukrainienne.Moscou pose ses conditions avant le sommet de MinskDeux ans plus tard, comme il l’a rappelé samedi, le vice-président américain Joe Biden avait formulé à Munich, devant cette même conférence, le concept de « reset » (remise à zéro), grâce auquel les Etats-Unis espéraient relancer leur coopération avec la Russie. Aujourd’hui, M. Biden rejette toute la responsabilité de l’échec de cette tentative sur M. Poutine et propose de remplacer « reset » par « reassert », la réaffirmation des « principes fondamentaux sur lesquels reposent la liberté et la stabilité de l’Europe : inviolabilité des frontières, pas de sphères d’influence, droit souverain à choisir ses propres alliances ».« C’est Gromyko »Si l’expression « retour de la guerre froide » a été utilisée avec parfois trop de facilité depuis un an, elle a trouvé tout son sens ce week-end à Munich. La performance de Sergueï Lavrov, le ministre russe des affaires étrangères, qui, le visage fermé, intervenait après Mme Merkel, a laissé pantois ceux qui l’écoutaient, tant sa rhétorique paraissait revenir trente ans en arrière. « C’est Gromyko », a murmuré, consterné, un politologue polonais, en référence au chef de la diplomatie soviétique entre 1957 et 1985. Un député Vert allemand du Parlement européen n’a pu s’empêcher d’éclater bruyamment de rire devant les contre-vérités assénées par M. Lavrov, qui l’a foudroyé du regard. Même le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier, il n’y a pas si longtemps plutôt bien disposé à l’égard de Moscou, a déploré les propos de M. Lavrov qui « n’ont guère contribué à faire avancer » le débat. Une réelle tension s’est alors installée dans la salle, que n’a pas dissipée M. Biden en donnant des accents dramatiques à son intervention. Mais derrière la tonalité théâtrale, ce sont bien deux visions de l’ordre international qui se sont opposées à Munich. Le chaos bien plus meurtrier du Moyen-Orient était aussi à l’ordre du jour, mais nous sommes au cœur de l’Europe et, avec la mission Merkel-Hollande en toile de fond, c’est le sens profond du défi russe qui a retenu les esprits. Les uns après les autres, les orateurs, européens et américains, ont tenu à rappeler les valeurs et les principes constitutifs de ce fameux ordre international issu de l’après-guerre froide, aujourd’hui contesté par ce que le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a décrit comme « un pays avec d’énormes capacités militaires et un leader unique, qui n’agit pas selon la démocratie ».M. Poutine n’était pas là, mais à sa manière, il a aussi participé au débat, en confirmant, depuis Sotchi, que l’affrontement actuel se pose bien en termes de deux conceptions de l’ordre international : « La Russie, a-t-il dit devant la Fédération des syndicats indépendants, ne tolérera pas un système mondial post-guerre froide dominé par un seul leader. Ce type d’ordre mondial n’a jamais été acceptable pour la Russie. Peut-être y en a-t-il qui aiment ça, à qui cela plaît de vivre sous une quasi-occupation, mais nous, nous ne l’accepterons pas. » C’est, finalement, ce qu’il disait déjà en 2007 à Munich. Il a fallu huit ans aux Occidentaux pour le comprendre.Sylvie Kauffmann (Munich, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Marie Charrel Le premier ministre grec, Alexis Tsipras a annoncé, dimanche 8 février devant le Parlement, que la Grèce n’accepterait pas de prolonger du programme d’aide financière dont elle bénéficie de la part de la « troïka » (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne). « Le plan de sauvetage a échoué, a-t-il déclaré, le nouveau gouvernement n’est pas fondé à demander sa prolongation parce qu’on ne peut pas demander la prolongation d’une erreur. »À la place, M. Tsipras souhaite conclure un nouvel accord avec ses créanciers, qui prendrait notamment la forme d’un programme relais, valable jusqu’en juin. Selon lui, la conclusion d’un tel accord, qualifié de « New Deal », pourrait intervenir dans les quinze jours.Lundi, deux émissaires de la zone euro étaient à Athènes pour rencontrer des responsables du gouvernement : Declan Costello, représentant de la Commission européenne au sein de la troïka et Thomas Wieser, président de l'« Euro Working Group », l'instance qui prépare les Eurogroupes, réunions des ministres des finances de la zone euro.La Grèce peut-elle vraiment se passer du plan d’aide ?Cela paraît délicat. Athènes ne pourra pas tenir à la fois les échéances financières de cette année (le pays doit rendre 9 milliards au FMI, dont 2,3 milliards en février-mars, puis 6,7 milliards à la BCE) et financer ses généreuses promesses de campagne, estimées de 12 à 13,5 milliards d’euros.Sans plan d’aide, et sans accord lui permettant d’alléger la charge de la dette, l’Etat n’aura pas assez de ressources. D’autant que pendant la campagne électorale, nombre de Grecs ont arrêté de payer leurs impôts, espérant obtenir une amnistie lors de l’arrivée de Syriza au pouvoir. Résultat : les caisses de l’Etat sont vides, ou presque. Selon le quotidien Kathimerini, il y reste moins de 2 milliards d’euros.Jusqu’ici, M. Tsipras espérait qu’après le 28 février, date de la fin du plan d’aide, le pays pourrait continuer à se financer en émettant de la dette à court terme, achetée par les banques grecques, et placée ensuite par celle-ci en garantie (collatéral) à la BCE en échange de prêts. Mais le pays a déjà atteint le plafond autorisé en matière d’émission de dette à court terme, fixé à 15 milliards par la troïka.Surtout, en décidant, le 4 février, de ne plus accepter les bons du trésor grec en collatéral, la BCE a douché cet espoir-là, condamnant Athènes et ses partenaires à trouver un accord au plus vite.Liquidités : l’arme très politique de la BCEL’idée d’un financement relais est-elle envisageable ?Le gouvernement Tsipras propose, pour se passer de la troïka de ses créanciers, de contracter un « financement relais » auprès d’eux. Au cours de la semaine passée, les dirigeants grecs ont détaillé ce qu’ils considèrent comme une étape de transition afin de garantir les finances publiques pendant les prochains mois, le temps de négocier un accord sur la dette.Plutôt que de récupérer la nouvelle tranche d’aide de 7,2 milliards d’euros que la troïka devait verser fin février, Athènes souhaite pouvoir émettre des obligations à court terme, au-delà du plafond de 15 milliards.Le gouvernement grec souhaite également le versement de 1,9 milliard d’euros correspondant aux profits réalisés par la BCE sur les 27 milliards d’euros d’obligations grecques qu’elle détient depuis 2010. Une somme qu’elle s’est engagée à reverser au trésor grec, et déjà comprise dans les 7 milliards d’aide de la « troïka ».Mais obtenir un tel prêt-relais semble délicat, et a peu de chance d’être accepté en Europe. La BCE est réticente à l’idée que le gouvernement Tsipras émette de la dette à court terme au-delà de 15 milliards d’euros, jugeant que cela s’apparenterait à un financement monétaire du trésor grec, ce que les traités interdisent. « De toute façon, maintenant que la BCE refuse de prendre les titres grecs en collatéraux, plus grand monde n’a envie d’en acheter, y compris les banques grecques », tranche un économiste.De leur côté, les pays européens sont, pour l’instant, catégoriques : ce type d’arrangement financier n’existe pas. Il faudrait en passer par un « memorandum of understanding » (MOU), un contrat, ayant valeur de traité, qui engage le prêteur à rendre des comptes à ses bailleurs de fonds. « Nous n’avons pas cela dans notre boîte à outils » a asséné une source haut placée à Bruxelles, en fin de semaine dernière.La Grèce doit donc, selon les pays de l’Eurozone, supporter encore la troïka, quitte à ce que celle-ci change de nom et de méthodes. L’idée que des « politiques » soient désormais l’interlocuteur privilégié des Grecs a un temps circulé. Tout comme celle de mettre en avant le Mécanisme européen de stabilité (MES), qui détient 44 % de la dette grecque. Un rôle que ses dirigeants se disent prêts à jouer.Dimanche 8 février, Martin Schulz, le président du Parlement européen, a proposé que la troïka fonctionne avec uniquement l’Union européenne et le FMI en interlocuteur du gouvernement grec. La BCE resterait en retrait. Ce qui est déjà en grande partie le cas.« Le contrôle de la mise en œuvre effective des réformes promises pourrait aussi se faire sous une autre forme, a avancé M. Schulz dans les colonnes de l’hebdomadaire allemand Tagesspiegel am Sonntag. Le gouvernement du pays pourrait faire cela lui-même et rendre compte des résultats aux partenaires de l’UE et au Fonds monétaire international. »Où en sont les négociations sur la dette ?Elles avancent doucement. Les Grecs ont changé de ton. Lundi 3 février, le ministre des finances, Yanis Varoufakis, a présenté une nouvelle offre à la troïka. Il ne propose plus d’effacer une partie de l’énorme dette publique grecque (175 % du PIB), mais de l’échanger contre des obligations d’un nouveau genre, qui permettraient d’en alléger le fardeau.L’idée serait de remplacer les prêts accordés par les partenaires européens par des obligations indexées sur la croissance, et les obligations détenues par la BCE par des obligations « perpétuelles ».Grèce : « une dette perpétuelle laisserait du temps pour conduire les réformes »Ces « créativités financières » (notamment les obligations perpétuelles) n’ont, à ce stade, pas été examinées par les Européens et ne devraient pas être à l'ordre du jour dans les semaines à venir. Elles ont toutefois été vues comme un signal « positif » : un début de commencement d'envie de négocier. « En l’état, cela semble difficilement acceptable, mais c’est une base de travail », souffle une source européenne.Nombre d’économistes estiment que les négociations finiront par aboutir à un allongement sous une forme ou une autre de la dette grecque, aujourd’hui détenue pour plus de 70 % par les créanciers publics internationaux et les Etats de la zone euro. Mais les modalités dépendront des discussions sur la trajectoire budgétaire du pays.Ce n’est qu’une fois que les Européens et M. Tsipras se seront mis d’accord sur les mesures qu’Athènes pourra financer ou non sur son budget, qu’il sera possible d’évaluer à quel point il faudra alléger le fardeau de la dette.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.02.2015 à 09h04 • Mis à jour le09.02.2015 à 09h15 | Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) C’est une statistique qui va ravir les Allemands. Un peu moins leurs partenaires. Pour la première fois, l’excédent du commerce extérieur allemand a dépassé, en 2014, les 200 milliards d’euros : il a atteint 217 milliards, soit une hausse de plus de 11 % par rapport à 2013, a annoncé, lundi 9 février, l’office fédéral de la statistique, Destatis.Avec un excédent de 195 milliards d’euros, l’année 2013 avait déjà constitué un excellent millésime. Seule l’année 2007 avait connu un excédent légèrement plus élevé : 195,3 milliards d’euros.Alors que l’Allemagne est régulièrement critiquée pour ses excédents – ils sont jugés « excessifs », par exemple, par la Commission européenne –, le gouvernement d’Angela Merkel ne va pas pouvoir expliquer l’excédent de 2014 par la seule baisse du prix du pétrole.Ce solde (très) positif s’explique en effet surtout par la progression de 3,7 % des exportations, à 1 133,6 milliards d’euros, alors que, dans le même temps, les importations ont progressé de 2 %, à 916,5 milliards d’euros.Excédent de 2,8 milliards d’euros avec la zone euroSi l’Allemagne aime mettre en avant ses relations commerciales avec la Chine, Berlin réalise toutefois toujours plus de la moitié de son commerce extérieur avec les pays de l’Union européenne.Et, malgré la crise économique, les exportations allemandes à destination du reste de l’UE ont progressé de 5,4 %, et même de 10,2 % à destination des pays européens qui ne sont pas membres de la zone euro. En revanche, les exportations à destination des pays tiers n’ont progressé que de 1,5 %.Les importations en provenance de l’Union européenne ont-elles aussi progressé, de 3,6 %, alors que celles en provenances des pays tiers ont reculé de 0,9 %, sans doute en raison de la baisse du prix du pétrole.Avec la seule zone euro, il est à noter qu’au bout du compte, l’Allemagne n’affiche qu’un très léger excédent : 2,8 milliards d’euros.La vigueur du commerce extérieur allemand explique en partie pourquoi Angela Merkel – et Sigmar Gabriel, ministre de l’économie et président du parti social-démocrate – sont si favorables au traité de libre-échange avec les États-Unis. Selon toutes les études, l’Allemagne devrait être l’un des principaux bénéficiaires en Europe.Traité transatlantique : Européens et Américains veulent « intensifier » les négociationsLes Européens ne vont pas manquer de critiquer la faiblesse de la consommation allemande que ces chiffres reflètent également. Selon la Banque mondiale, en 2013, les exportations représentaient 51 % du PIB allemand, un chiffre étonnamment élevé pour un grand pays.Les Allemands, eux, sont ravis. « Le nationalisme lié au deutsche mark semble être devenu un nationalisme lié à l’export », notait récemment dans die Zeit, Hans Kundnani, directeur de recherches au Conseil européen des relations internationales (CEFR).L’Allemagne optimiste sur sa croissanceFrédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.02.2015 à 15h32 • Mis à jour le18.02.2015 à 17h35 Le débat fut percutant. De violentes altercations ont opposé des députés mardi 17 février au soir dans l'enceinte du Parlement de Turquie, à Ankara, autour d'un projet de loi très controversé renforçant les pouvoirs de la police.A moins de quatre mois des élections législatives du 7 juin, cinq élus de l'opposition, qui tentaient de retarder le débat sur ce texte, ont été blessés lors d'une bagarre générale au cours de laquelle ils se sont confrontés à leurs collègues du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) au pouvoir.Lire aussi (édition abonnés) : En Turquie, M. Erdogan veut un Parlement sous contrôleLa scène n'a pas été filmée, les débats se déroulant à huis clos. Mais des élus ont raconté à la presse la violence de l'affrontement : claques, jets de verre et même coups de maillet sur la tête. Quatre parlementaires ont été sérieusement touchés, au point d'être hospitalisés.L'OPPOSITION CRAINT UN « ÉTAT POLICIER »« Il y a toujours eu des bagarres au Parlement, mais c'est la première fois que je vois ça », a raconté à la télévision Ertugrul Kurkcu, élu du Parti démocratique des peuples (HDP, parti pro-kurde). «, lui-même blessé à la tête d'un coup de poing. Cette fois, c'est le projet de loi de réforme de la sécurité intérieure qui a provoqué les crispations entre députés. Décrié en Turquie comme à l'étranger, ce projet de loi renforce les pouvoirs de la police, autorisant entre autres arrestations, écoutes et perquisitions sur la base d'un simple « soupçon », sans contrôle immédiat du juge.L'opposition accuse le président, Recep Tayyip Erdogan, de vouloir transformer avec ce texte le pays en « Etat policier ». Elle a promis d'utiliser tous les moyens pour en retarder l'adoption, que le gouvernement souhaite à l'inverse « le plus rapide possible ». « On a vu ce qui est arrivé au Parlement. Je ne veux pas penser à ce qui va se passer dans les rues quand cette loi sera adoptée », a déclaré Melda Onur, députée du CHP.Les deux camps se sont renvoyés mercredi la responsabilité des événements de la nuit, qui illustrent la forte polarisation de la vie politique turque. En un an seulement, l'hémicycle de la Grande assemblée nationale a ainsi vu des députés rivaux en venir aux mains à au moins deux reprises. Eric Albert (Londres, correspondance) Le marché du travail continue à surprendre par sa vitalité au Royaume-Uni. Sur la période octobre-décembre 2014, le taux de chômage a baissé à 5,7 %, soit 1,5 point de moins qu’au cours du même trimestre un an auparavant, selon les chiffres publiés mercredi 18 février.Le chômage retrouve ainsi son plus bas niveau depuis août 2008, avant la faillite de la banque américaine Lehman Brothers et le début de la grande récession. Au total, il y avait 1,8 million de chômeurs au Royaume-Uni.Cette bonne nouvelle s’accompagne, dans le même temps, d’une poursuite de la progression du taux d’emploi, à 73,2 %. C’est un record historique, au plus haut depuis que cette série statistique a été commencée, en 1971.Cette robustesse du marché du travail britannique a été la principale surprise de la crise de ces dernières années.Les économistes s’attendaient initialement à une envolée du chômage, comme le Royaume-Uni l’avait connue lors des récessions précédentes dans les années 1980 et 1990. Cela ne s’est pas produit.L’essor des emplois précairesLe chômage a certes progressé, mais il s’est arrêté à un pic de 8,5 %, fin 2011, avant de fortement reculer avec le retour de la croissance.Initialement, l’explication venait en grande partie de l’explosion des emplois précaires et temporaires. Le nombre d’autoentrepreneurs a fortement progressé, souvent à la limite de l’abus du code du travail.On trouve ainsi des « autoentrepreneurs » qui sont chargés de relever les compteurs de gaz ou d’électricité, alors qu’ils n’ont pas le choix de leurs horaires de travail ni de l’endroit où ils doivent se rendre.Les livreurs de colis, qui se multiplient en cette ère de commandes sur internet, sont dans la même catégorie. En clair, le chômage n’a pas trop progressé parce que le nombre de travailleurs pauvres augmentait.Grande-Bretagne : plutôt travailleur précaire que chômeurDans le même temps, les salaires ont été gelés, tandis que l’inflation flambait. Sur les sept dernières années, les Britanniques ont connu la plus forte baisse de leur pouvoir d’achat depuis la crise des années 1930.Le retour des créations de postes à temps pleinCette tendance semble pourtant en train de s’inverser. Les dernières statistiques montrent que les emplois créés sont désormais très majoritairement à temps plein.Sur l’ensemble de 2014, le nombre d’emplois conventionnels a progressé d’un demi-million, tandis que le nombre d’autoentrepreneurs augmentait de 88 000.Surtout, les salaires progressent enfin plus vite que l’inflation. Les deux courbes se sont croisées pour la première fois à l’automne, et la tendance se confirme.L’inflation n’est plus que de 0,3 %, essentiellement grâce à la forte chute des prix du pétrole.Dans le même temps, les salaires ont augmenté de 2,1 % sur les douze derniers mois. Le pouvoir d’achat des Britanniques progresse enfin.À trois mois des élections législatives, ces bonnes nouvelles économiques apportent de l’eau au moulin de David Cameron. Le premier ministre conservateur affirme qu’il a redressé l’économie et demande un nouveau mandat pour « terminer le travail ».Néanmoins, dans la vie quotidienne, beaucoup de Britanniques ont encore un pouvoir d’achat inférieur à celui d’avant la crise et ces améliorations pourraient arriver trop tard pour qu’ils le ressentent réellement.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Audrey Tonnelier Après la régulation bancaire, Bruxelles s’attaque aux marchés. Mercredi 18 février, Jonathan Hill, le commissaire aux services financiers, devait présenter un livre vert sur l’« union des marchés de capitaux ». Un titre ambitieux pour un sujet qui occupe déjà régulièrement les places financières européennes : comment promouvoir le financement à long terme des entreprises, et notamment des PME-ETI, par les marchés ?Pour la Commission, il s’agit du prolongement du plan d’investissement Juncker de 315 milliards d’euros, adopté en décembre 2014 et destiné à relancer la croissance. « Il n’y aura pas de croissance sans marchés financiers capable de diriger l’argent là où il est nécessaire », résume-t-on à Bruxelles.La Commission rappelle qu’en Europe, les marchés financiers ne représentent que 20 % à 25 % du financement de l’économie, contre 80 % pour les banques. Aux États-Unis, la situation est inversée.Autre exemple : le capital-risque (destiné à financer les start-up et autres PME qui démarrent) est moins irrigué par l’argent privé qu’avant la crise : en 2013, 40 % de ses fonds provenaient du public, contre seulement 15 % en 2007.Quant à la part de l’épargne des ménages européens investie en actions et obligations, elle ne représente que 10 % de leurs économies, contre 35 % dans l’assurance-vie et 33 % sur leurs comptes en banque.« La précédente Commission s’est attachée à rendre le système financier plus solide, transparent et stable [avec l’union bancaire et la montée en puissance du mécanisme de résolution bancaire]. Il nous faut maintenant le consolider et pouvoir diriger les capitaux aux bons endroits, afin d’avoir plus de croissance et plus d’emploi », poursuit-on à Bruxelles.La Commission a identifié cinq freins principaux :- les difficultés des PME-ETI à trouver des fonds, notamment dans les états d’Europe du Sud affectés par la crise.- la mauvaise volonté des banques à financer des projets de long terme, notamment d’infrastructures ; la faiblesse des investissements transfrontaliers.- le fort taux d’épargne privé, au détriment de l’investissement.- la dépendance du système financier européen aux banques.Pas de vaste réforme, ni de création d’un nouveau gendarmeAprès des années de mise en place de réglementations du système bancaire et financier, les officiels bruxellois prennent toutefois soin de déminer le dossier : pas question de lancer une vaste réforme avec force textes de lois. Ni de mettre sur pied un nouveau gendarme des marchés, sur le modèle de ce qui a été fait avec Banque centrale européenne pour les établissements de crédit. C’est de toute façon déjà le rôle de l’ESMA (European Securities and Markets Authority, autorités des marchés européens).« L’industrie doit digérer les textes passés. Nous ne légiférerons que si c’est indispensable », convient-on dans l’entourage de la Commission, où il paraît acquis que la capacité des établissements financiers à supporter davantage de réglementations est épuisée.Conséquence de cette situation : le projet apparaît encore très flou, et peu de mesures concrètes semblent à même d’en sortir.La principale concerne la relance de la titrisation, ce procédé qui consiste à transformer des créances en titres financiers. Son intérêt est double, pour ses thuriféraires : rendre les crédits liquides, c’est-à-dire échangeables sur un marché, et pouvoir les sortir des bilans des banques, mobilisant ainsi moins de capital selon les nouvelles réglementations prudentielles - et le laissant donc disponible pour prêter aux entreprises.Mais la titrisation, révélée au grand public par la crise des subprimes, a très mauvaise presse : en diluant les risques, elle expose ses détenteurs a des conséquences parfois dramatiques. Il s’agirait cette fois de privilégier la « bonne titrisation », assure-t-on côté bruxellois, en n’utilisant que des prêts « de qualité, simples et transparents ».La Commission souhaite aussi améliorer l’accès aux marchés régulés pour les PME-ETI, à travers la simplification des prospectus lors d’introduction en Bourse ou de levées secondaires de capitaux.Contraste avec la sévérité de la Commission précédenteCes mesures, ne font toutefois pas l’unanimité. Elles contrastent singulièrement avec la sévérité de Michel Barnier vis-à-vis de la planète finance européenne, quand il était commissaire au marché intérieur et aux services, entre 2010 et 2014. « La question n’est pas d’opposer financement bancaire et marchés de capitaux. Certains canaux de financements via les marchés sont plus risqués que d’autres, de la même façon certains modèles de banques créent plus de risque que d’autres », souligne Frédéric Hache, coresponsable de l’analyse politique au sein de l’ONG Finance Watch.Selon lui, « plus que les entreprises, ces mesures vont favoriser les grandes banques d’affaires, premières gagnantes d’un recours intensifié aux marchés ». Et de déplorer que ce projet vise notamment à augmenter la profitabilité des institutions financières, pour répondre à une crainte de perte de compétitivité des banques européennes.Selon les procédures en vigueur à Bruxelles, la publication du livre vert ouvre la voie à une période de consultation de toutes les parties prenantes. M. Hill enverra dans la foulée un courrier à chaque ministre des finances, afin de lancer le débat au niveau national chez les 28, jusqu’en juin.Le sujet sera notamment discuté à l’Ecofin (réunion des ministres des finances européens) de Riga (Lettonie), en avril, avant que la Commission ne formalise un plan d’action, en septembre prochain.Audrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le gouvernement grec déposera, jeudi 19 février, sa demande d'extension du financement européen, qu'elle continue de distinguer clairement du "mémorandum", ce programme d'aide à la Grèce en cours depuis 2010 et associé à des mesures d'austérité, a indiqué, mercredi, à l'AFP une source gouvernementale grecque.« Attendons aujourd'hui qu'une demande de prolongation du contrat de prêt soit soumise par le ministre des finances », avait déclaré, un peu plus tôt, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Sakellaridis, lors d'une intervention sur la chaîne de télévision grecque Antenna TV.La source citée par l’AFP n'a pas précisé quelle forme prendrait la demande d'Athènes à la zone euro.A l'issue de la réunion des ministres des finances de la zone euro, lundi, l’Eurogroupe a donné jusqu'à vendredi à la Grèce pour solliciter une prolongation de l'aide financière, qui théoriquement s’achève le 28 février.« Les délibérations se poursuivent pour trouver un terrain d'entente, nous voulons croire que nous sommes sur la bonne voie. Nous nous rendons à la table des négociations pour trouver une solution », a ajouté M. Sakellaridis.Si la formulation de la demande grecque convient à l’Eurogroupe, une réunion des ministres des finances pourrait être convoquée, vendredi, peut-être par téléphone, pour acter la demande d’Athènes, mais éviter d’aller à nouveau au psychodrame en réunissant dans la même pièce Yanis Varoufakis, le bouillant ministre des finances grec, et Wolfgang Schauble, son homologue allemand, avec qui les relations se sont nettement dégradées ces derniers jours.Mais, à ce stade, rien n’est moin sûr. « Il n'y a absolument aucune perspective que nous demandions, dans aucun cas, une extension du memorandum », a réaffirmé le ministre d'Etat, Nikos Pappas, un des bras droits d'Alexis Tsipras, sur une chaîne de radio mercredi.L'Allemagne, elle, refuse d'envisager l'abandon des mesures de réforme programmées dans le plan d'aide à la Grèce actuellement en cours et Wolfgang Schäuble a jugé que le gouvernement Tsipras n'avait jusqu'ici pas fourni « le moindre début de réponse » sur la façon dont il comptait sortir la Grèce de ses problèmes.Lire nos explications : Grèce : partie de poker menteurVote sur des mesures socialesM. Sakellaridis a répété que le gouvernement grec, parvenu au pouvoir en janvier sur la promesse de mettre fin aux politiques d'austérité, ne céderait pas sur un certain nombre de points qu'il juge non-négociables. Mardi, M. Tsipras a d’ailleurs annoncé son intention de faire voter, dès vendredi, des mesures sociales promises aux Grecs pendant sa campagne électorale (sur les saisies immobilières ou l'étalement sur 100 mois des remboursements de prêts pour les plus démunis).Ces mesures vont à l'encontre des préconisations du programme d'aide à la Grèce, et surtout, sont prises de manière unilatérale, alors que Bruxelles exige du gouvernement Tsipras, qu’il s’engage à consulter ses partenaires et créanciers.A Bruxelles, ces annonces n’ont toutefois pas forcément alarmé. « On peut les voir comme une fin de non recevoir. Ou aussi comme un gage donné par Tsipras à l’aile gauche de son parti, pour le ménager juste avant de demander une extension du programme d’aide à Bruxelles », glissait une source européenne, mardi.Le fait que le premier ministre grec n’ait pas proposé la candidature au poste de président de la république grec l’actuel commissaire européen Dimitris Avramopoulos est aussi plutôt bien perçu à Bruxelles.M. Tsipras évite ainsi d’ouvrir un nouveau front avec la commission européenne, alors que son président, Jean-Claude Juncker, voyait d’un très mauvais oeil le fait d’être obligé de se séparer d’un commissaire conservateur pour accueillir, peut-être, un membre de Syriza.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.02.2015 à 17h08 • Mis à jour le18.02.2015 à 11h11 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le premier ministre grec Alexis Tsipras a finalement choisi Prokopis Pavlopoulos, un député issu des rangs du parti conservateur Nouvelle démocratie, comme candidat à la présidence de la République, pour remplacer le président sortant Carolos Papoulias. Un changement de cap de dernière minute, alors que depuis plusieurs semaines déjà, le grand favori semblait être Dimitris Avramopoulos, lui aussi issu des rangs de Nouvelle démocratie et actuel commissaire européen à l’immigration.Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, avait fait connaître ses derniers jours ses réticences à voir partir l’un de ses commissaires, ce qui aurait entraîné soit l’octroi de ce très sensible poste de l’immigration à un candidat issu des rangs de la gauche radicale Syriza, soit une redistribution des rôles à Bruxelles.Alexis Tsipras a par ailleurs subi ces derniers jours de nombreuses pressions de l’aile gauche de son parti qui réclamait, à défaut d’un compromis autour de M. Avramopoulos, que le poste de président de la république soit attribué à un représentant de la gauche en Grèce. Lors de son discours devant son groupe parlementaire, mardi 17 février, Alexis Tsipras s’est adressé à cette « plate-forme de gauche » en leur affirmant qu’il proposait avec Prokopis Pavlopoulos un candidat « avec un haut niveau de conscience nationale ».Le pari de l’unitéIl a fermement rappelé ses troupes à l’ordre, en affirmant que « face à l’Histoire, la gauche ne [devait] pas se montrer arrogante » et trop exiger. Car proposer un candidat de gauche, c’était s’exposer aux foudres de son partenaire de coalition Panos Kamménos des Grecs indépendants (ANEL, droite nationaliste) qui a affirmé à plusieurs reprises qu’il ne voterait que pour un candidat de droite. Or, sans les 13 députés d’ANEL, le gouvernement Tsipras n’a plus de majorité au Parlement. Le premier ministre ne pouvait donc pas se permettre d’aller au conflit avec son allié, quitte à froisser ouvertement les membres les plus à gauche de son parti. Prokopis Pavlopoulos est un professeur de droit et avocat, formé à Paris, marié et père de trois enfants. Il a notamment été ministre de l’intérieur entre 2004 et 2009 au sein du gouvernement de Costas Caramanlis. Pendant son mandat, il a été vivement critiqué, tant par l’aile droite de Nouvelle démocratie, qui ne le trouvait pas assez dur sur l’immigration, que par la gauche, qui le critiquait pour avoir favorisé le recrutement de milliers de fonctionnaires favorables à Nouvelle démocratie. C’est également lui qui était ministre de l’intérieur au moment des émeutes de décembre 2008, survenues après la mort d'un adolescent de 15 ans tué par balle par un agent de police.En proposant un candidat issu de la droite, Alexis Tsipras fait le pari de l’unité. Dans de son discours devant son groupe parlementaire, il a annoncé qu’il présenterait jeudi 19 février son premier projet de loi au Parlement, en tablant sur un vote dès vendredi soir. Dans ce contexte, il ne peut pas se permettre de perdre son allié gouvernemental.Le premier tour de scrutin pour l’élection du président de la République est prévu mercredi soir à 19h30.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.02.2015 à 14h04 • Mis à jour le17.02.2015 à 15h56 | Marie Jégo (Istanbul, correspondance) L'émotion a submergé 37 villes de Turquie après l'assassinat de Özgecan Aslan, une étudiante âgée de 20 ans, violée, amputée des deux mains, brûlée puis jetée dans le lit d'une rivière par ses agresseurs à Çamalan, dans la province de Mersin au sud du pays.De Trabzon à Diyarbakir, des milliers de personnes sont sorties dans les rues, de samedi 14 à lundi 16 février, pour dénoncer la recrudescence des violences envers les femmes. « Nous ne sommes pas en deuil, nous sommes révoltés » disaient les affiches brandies par les manifestants. Des appels ont retenti sur les réseaux sociaux pour que les victimes de viols et de harcèlement brisent la loi du silence sous le hashtag #sendeanlat (« #toiaussiraconte »). Un vent de colère a soufflé sur les obsèques de la jeune victime, samedi 14 février à Mersin, quand des femmes de l'entourage de la victime, bravant l'interdiction de l'imam, ont porté sa dépouille au cimetière, une tâche traditionnellement réservée aux hommes.« La violence contre les femmes est une plaie ouverte dans notre société [...], une rupture de la confiance de Dieu », s'est épanché, lundi, le président Recep Tayyip Erdogan, tandis que son premier ministre, Ahmet Davutoglu, promettait de « briser les mains » des coupables. Sous le coup de l'émotion, quelques figures du Parti pour la justice et le développement (AKP, islamo-conservateur, au pouvoir) – le ministre de l'économie Nihat Zeybekci, le député Burhan Kuzu, chargé de rédiger la nouvelle Constitution, son collègue Ahmet Iyimaya, qui dirige la commission parlementaire pour la justice – ont évoqué un éventuel rétablissement de la peine de mort, abolie en 2004 pour amener le pays aux standards européens.UN PROBLÈME DEVENU RÉCURRENTRacontée par la presse dans ses moindres détails, le calvaire de Özgecan Aslan a jeté une lumière crue sur un problème devenu récurrent en Turquie, quand la violence infligée aux femmes par les hommes n'a cessé d'augmenter ces dix dernières années. L'ONG « Stoppez les assassinats de femmes » dénombre 255 femmes tuées pendant les dix premier mois de 2014, contre 237 en 2013. Les chiffres cités par le ministère de la justice reflètent une courbe inégale selon les années : 66 assassinats en 2002, 1 011 en 2007, 1 126 en 2009, 155 en 2012.Lire : Les droits des femmes turques sont-ils en régression ?Toutes les ONG en conviennent, le plus souvent, l'assassin est le mari, le père, le beau-père, le fils ou l'amant. La mise à mort survient après une séparation, par jalousie ou dès lors qu'il est question du code de l'« honneur » (töre) invoqué pour justifier les actes les plus sauvages. C'est ce qui s'est passé le 31 janvier 2015 pour C. I., une jeune fille de 18 ans originaire de Mardin (sud est), qui fuyait sa famille en compagnie de son bien-aimé, Hamdullah, 25 ans. Des hommes, parents de la jeune fille, guettaient son arrivée à la gare routière d'Istanbul. Le couple, à peine sorti du bus, a été attaqué à coups de couteau. Le jeune homme est mort sur le coup, la jeune femme, grièvement blessée, emmenée à l'hôpital. Toute la scène eut lieu en plein jour, sous les regards de centaines de voyageurs. La violence est en effet présente au quotidien. D'après une étude faite en 2013 sur les femmes mariées à travers tout le pays, par l'université Hacettepe, à Ankara, 39 % des épouses interrogées reconnaissent avoir subi des violences physiques, 15 % confient avoir connu des violences sexuelles, 44 % déplorent des violences verbales.Les associations de défense des femmes dénoncent les failles du système judiciaire, plus enclin à justifier les hommes qu'à protéger les femmes. L'AKP est montré du doigt pour les sorties sexistes de ses ténors. En juillet 2014, le vice premier ministre Bülent Arinc avait été la risée des réseaux sociaux après avoir invité la gent féminine à « préserver sa décence (…), ne pas rire fort en public et protéger son honneur ».« UNE POLITIQUE DISCRIMINATOIRE »A Avcilar, un quartier périphérique à l'ouest d'Istanbul, où des centaines de militantes féministes s'étaient rassemblées dimanche matin, des accusations ont fusé contre le gouvernement, accusé de mener « une politique discriminatoire ».Nombreuses sont les jeunes citadines, indépendantes et éduquées, qui dénoncent la tendance des islamo-conservateurs du Parti de la justice et du développement (AKP) à vouloir leur imposer des règles de vie d'un autre âge. Comme ce jour du 24 novembre 2014, où le président Recep Tayyip Erdogan a affirmé, citant le Coran, que les femmes ne pouvaient être considérées comme les égales des hommes. « Notre religion a défini une place pour les femmes, la maternité », a-t-il expliqué devant les représentantes de l'association Femmes et démocratie, dirigée par sa fille cadette Sumeyye. La politique familiale de l'AKP s'est vite heurtée aux réticences des associations de femmes. Un projet de loi, visant en 2012 à ramener le délai légal de l'avortement de dix à quatre semaines, a du être abandonné face au tollé. Régulièrement, le chef de l'Etat recommande aux femmes de donner naissance à trois enfants, au minimum.A quatre mois des législatives, l'assassinat de la jeune étudiante a attisé les règlements de compte politiques. « L'AKP est arrivé au pouvoir en arguant que la moralité avait pris un gros coup [...], mais la démocratie et la morale ont perdu beaucoup de sang ces dernières années », a critiqué dimanche Kemal Kiliçdaroglu, le président du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate, opposition).Lundi au Parlement, la députée du CHP pour Mersin, Aytug Atici, a renouvelé la charge contre les islamo-conservateurs, critiqués pour leur piètre bilan en matière de droits des femmes. La Turquie préside actuellement le G20, le club des pays les plus riches du monde, dont l'un des buts déclarés est de réduire le fossé qui existe entre les femmes et les hommes, notamment en matière d'emploi, un secteur où les femmes turques sont peu représentées (29 % des actifs)Marie Jégo (Istanbul, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.02.2015 à 11h22 • Mis à jour le17.02.2015 à 14h44 Editorial du « Monde » La France dispose d’une des meilleures panoplies de textes législatifs et d’institutions pour faire respecter les droits de l’homme. Et, pourtant, ça ne suffit pas. Le défenseur des droits et le contrôleur général des lieux de privation de liberté ont beau faire un travail remarquable, le pays n’est plus à la hauteur de sa réputation en matière de droits de l’homme.Un rapport du Conseil de l’Europe s'inquiète « du recul de la tolérance » en FranceTel est le jugement, plutôt sévère, que porte le Conseil de l’Europe, la plus vieille des organisations intergouvernementales européennes, sur l’état des droits de l’homme en France. Chargé du sujet au sein du Conseil, le Letton Nils Muiznieks assure, dans un rapport publié mardi 17 février, que « la France pourrait faire beaucoup mieux ». Il s’inquiète d’« un recul de la tolérance », doublé d’« un inquiétant effritement de la cohésion sociale et du principe d’égalité ».Aux yeux du Conseil, dont dépend la Cour européenne des droits de l’homme, la France offre une citoyenneté à deux vitesses. Le rapport déplore le traitement réservé aux handicapés, aux Roms et aux demandeurs d’asile. Les premiers, devenus adultes, migrent par milliers vers la Belgique, qui leur propose une vie adaptée à leurs besoins. Les Roms, eux, sont expulsés manu militari de leurs camps et leurs enfants mal scolarisés. Quant aux demandeurs d’asile, ils peuvent dormir des mois dans la rue et ont moins de chances qu’ailleurs en Europe d’obtenir le statut de réfugié. Sans parler des Syriens, que la France jette aux mains des passeurs, faute de leur délivrer des visas, dit le Conseil.La loi, dans ces divers domaines, n’est pas en cause. Les injustices constatées sur le terrain le sont à l’ombre de beaux textes aussi protecteurs qu’inappliqués. La circulaire interministérielle du 22 août 2012 promettait la fin des démantèlements de camps de Roms sans « concertation préalable ». En 2014, un campement a été fermé tous les trois jours, sans proposition de relogement. Une nouvelle loi sur l’asile va être discutée prochainement au Sénat, après un large vote à l’Assemblée nationale. Elle ne permettra pas d’octroyer plus généreusement le statut de réfugié que seuls 18 % des demandeurs ont obtenu en 2013 – soit deux fois moins que dans la moyenne des pays européens. Quant aux handicapés, la loi de 2005, si elle a permis des avancées, est loin de résoudre nombre de leurs problèmes.Défaut bien français : les textes donnent l’illusion que les problèmes sont traités. Souvent, l’inflation législative vient pallier un manque de moyens réels et le nombre de lois non appliquées augmente. La vraie question est celle de la volonté politique. Elle imposerait, relève le Conseil, de condamner sans appel les discours de haine ou d’intolérance qui peuvent être entendus, ici ou là, dans la sphère publique. Elle commande que l’ensemble de la classe politique s’interdise toute rhétorique qui stigmatise tel ou tel groupe – migrants ou Roms, notamment.La France peut, doit, faire mieux. Maryline Baumard Le commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe n’avait pas imaginé les attaques de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher. Ni le cortège d’actes islamophobes ou antisémites qui s’enchaînent depuis. Pourtant, le rapport sur la France que Nils Muiznieks avait déjà finalisé à la veille de ces événements, et qu’il rend public mardi 17 février, voulait montrer une France déjà vacillante sur ses valeurs.« Le commissaire s’inquiète du recul de la tolérance et du nombre élevé d’agressions verbales et de démonstrations injurieuses à caractère haineux ou discriminatoire recensées en France », pose la toute première phrase de ses 52 pages. Il déplore également, dès le paragraphe suivant, « qu’aux discours s’ajoutent des actes haineux, qu’ils soient racistes, xénophobes, antimusulmans ou homophobes ». Ce que la France vit depuis janvier donne raison à son constat d’« un inquiétant effritement de la cohésion sociale et du principe d’égalité ». En effet, si « l’antisémitisme et l’islamophobie sont très graves dans tous les pays, ils le sont plus encore en France parce que les juifs et les musulmans y sont largement représentés », a-t-il expliqué au Monde. A ses yeux, la riposte est donc urgente.Antisémitisme : l’Etat en quête de réponses« Réagir avec vigueur », voilà la recommandation première faite par le représentant de l’Europe à « ce pays qui pourrait bien mieux faire », comme le rappelle M. Muiznieks. Ce dernier estime en effet qu’« un plan national d’action sur les droits de l’homme » est nécessaire, « plutôt qu’une série de mesures indépendantes ». Optimiste, il compte sur la mobilisation nationale contre le racisme qui doit être prochainement annoncée par François Hollande. « Une cause nationale permet de faire avancer des sujets. Espérons que les groupes victimes de discriminations seront au cœur de la réflexion », ajoute-t-il. Interrogé par Le Monde sur l’usage du terme « apartheid » par le premier ministre Manuel Valls, il estime qu’il s’agit d’un premier pas, parce que cela illustre la volonté d’un électrochoc.Dans la France de 2015 où les citoyens ne sont plus égaux, la prise de conscience est urgente. Lorsque le commissaire a fait sa visite, en septembre 2014, il a été « choqué » par la présence dans les rues de Paris de nombreux très jeunes migrants afghans sans abri, comme par la non-scolarisation régulière d’une vingtaine d’enfants roms dans un camp qu’il a visité à Marseille. « Et alors que les familles étaient installées là depuis des années », ajoute-t-il. « La France peut mieux faire en matière de scolarisation des enfants roms comme en matière d’évacuation des camps ». Au passage, d’ailleurs, il « prie les autorités de mettre un terme sans délai aux évacuations forcées » qui se sont égrenées toute l’année 2014 à raison d’une tous les trois jours.L’accueil de réfugiés syriens lui semble aussi une injure faite à cette immense catastrophe humanitaire. « La France en recevra 500 en 2015, comme en 2014, quand l’Allemagne en a accepté 10 000 l’an dernier », dit-il, laissant parler les chiffres. Dans le même registre, il se dit « très préoccupé » par les 2 300 migrants stationnés à Calais et rappelle que la situation « ne peut être résolue par les seules mesures sécuritaires ». Et ce n’est pas tout. A ses yeux, « la France a aussi un problème avec ses handicapés ». « Est-il normal que des milliers de handicapés adultes quittent leur pays pour rejoindre la Belgique parce qu’ils ne trouvent pas de solution de vie [des lieux adaptés] ? », interroge M. Muiznieks, étonné que le traitement du handicap ne soit jamais abordé dans l’Hexagone en termes de droits de l’homme.La France moins bonne élèveDerrière tous ces manquements, le diplômé en sciences politiques de l’université américaine de Berkeley (Etats-Unis) pointe la responsabilité de la classe politique. « Certains membres de la communauté politique tiennent des discours haineux et contribuent ainsi à la banalisation de tels propos. Leur langage donne un signal à la police, aux fonctionnaires en général mais aussi au citoyen », martèle-t-il, avant d’inviter « les représentants de l’Etat et de la classe politique à tenir un discours fort et clair, qui non seulement rejette le racisme, la xénophobie et toutes les formes de discrimination, mais aussi valorise le principe d’égalité et le respect des différences ». Il est bien loin le rapport précédent, publié en 2006, qui s’ouvrait sur le constat que « beaucoup d’Européens voient la France comme le pays des droits de l’homme et qu’effectivement la France offre un haut niveau de protection ». La France a changé et est moins bonne élève que nombre des pays européens comparables. Une plongée dans les rapports publiés récemment par Nils Muiznieks montre que l’homme n’est pas coutumier des discours alarmistes. En 2013, il remettait un rapport à l’Espagne, critiquant son système de garde à vue et le comportement des policiers lors des manifestations ; en mai 2014, son rapport sur les Pays-Bas insistait surtout sur le droit des immigrés et des enfants, un peu oubliés. Et quelques mois auparavant, son travail sur le Danemark pointait les faiblesses de l’accueil des migrants et des demandeurs d’asile, mais félicitait le pays pour avoir su aider ses policiers à limiter les discriminations. A chaque fois, des critiques certes, mais plus mesurées.L’UE impuissante face aux drames de l’immigrationPourtant, Nils Muiznieks estime que le pays qui a vu naître les droits de l’homme est armé pour réagir. Contrairement à d’autres, « la France est remarquablement outillée. Sur le plan des structures comme en matière législative, elle dispose de bien plus d’outils que la plupart de ses voisins. Par ailleurs, elle compte un maillage associatif qui fait un travail exceptionnel », observe l’universitaire letton. Une vraie note d’espoir !  Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Ridet (Rome, correspondant) Retracer la vie de Michele Ferrero, décédé samedi 14 février à Monaco à l’âge de 89 ans, c’est d’abord évoquer le produit avec lequel cet homme aussi discret que sa fortune était grande (environ 20 milliards d’euros selon le magazine Forbes) s’est identifié : la Nutella, pâte à tartiner à base de noisettes, de chocolat et d’huile de palme, née en 1964. « Ferrero a été pendant de très longues années au premier plan de l’industrie italienne, réussissant à rester toujours à la mode grâce à des produits innovants et à son travail tenace et réservé », a commenté le nouveau président de la république italienne, Sergio Matarella.Mais avant de devenir la première fortune de la Péninsule et le parangon de ce fameux « capitalisme à l’italienne » fait de vertus familiales, de saine gestion du patrimoine et d’acharnement, Michele Ferrero fut d’abord, à sa manière, un artisan. La mort de son père Pietro, en 1949, le laisse à la tête d’une entreprise de confiserie déjà florissante, sise à Alba (Piémont) et d’un produit d’appel, la Supercrema, dérivé du Gianduiotto piémontais, avec moins de chocolat (devenu cher après la guerre) et plus de noisettes (qui abondent dans la région). Seul problème, elle se tartine mal.Il faudra quinze ans de tâtonnements et d’expériences pour que s’élabore dans le secret la recette de la Nutella dont les Italiens vont faire le plus grand usage et l’élever au premier rang de leur patrimoine culturel à l’égal du Bel Canto et de la peinture classique. Dès lors, le nom de Michele Ferrero s’efface au profit de celui de sa création. Aujourd’hui, 365 000 tonnes de Nutella sont produites chaque année par 30 000 salariés dans 14 usines à travers le monde et consommées par des centaines de millions de gourmands (en tête : les Allemands, les Français, les Italiens et les Américains). L’entreprise affiche un chiffre d’affaires d’environ 8 milliards d’euros.Fort de ce succès, Michele Ferrero développe d’autres produits (Mon Chéri, Ferrero Rocher Kinder, Tic Tac, Estathe etc.) et bâtit un empire. Mais on ne le voit jamais dans la presse, ni à la télévision. Les photos de lui sont rares au point qu’on le surnomme « le Howard Hughes du chocolat ». La société à son siège au Luxembourg, le patriarche vivait à Monaco. « On ne doit apparaître dans les journaux que deux fois, disait-il : dans son avis de naissance et son faire part de décès ».Mais c’est toujours dans le cœur de son Piémont natal, à Alba (31 300 habitants), que l’empreinte de Michele Ferrero est la plus visible. Baptisée « Nutellapoli », la ville célèbre également pour les truffes blanches, illustre le « capitalisme social » version Ferrero. Les salaires y sont plus élevés que dans le reste de l’Italie, la société prend en charge, outre la crèche pour les enfants du personnel, les activités sportives et culturelles, la mutuelle de santé « jusqu’à la mort » pour qui a travaillé trente ans chez Ferrero. Les habitants d’Alba peuvent aussi, pour le chauffage, se brancher sur la petite centrale électrique de l’usine à un prix préférentiel. « Ce n’est pas une entreprise mais une oasis de bonheur, soutenait en 2014, Francesco Paolo Fulci, président de Ferrero SPA. En soixante-dix ans, nous n’avons jamais connu un jour de grève. »Éloigné des affaires par l’âge et la maladie, Michele Ferrero restait pourtant incontournable dans les choix stratégiques de l’entreprise. En 2009, il s’était opposé à ses fils qui avaient déclaré étudier une option de rachat du confiseur anglais Cadbury et envisageaient une entrée en bourse. « Si nous avions des actionnaires, ils nous demanderaient d’augmenter le chiffre d’affaires. Mais pour faire un bon produit, il faut du temps », confiait un cadre de l’entreprise. Michele Ferrero avait cédé la présidence du groupe en 2011 à son fils Giovanni, âgé aujourd’hui de 50 ans, juste après le décès de Pietro, qui avait succombé à un infarctus en Afrique du Sud à l’âge de 47 ans.Ses obsèques auront lieu à Alba, comme il se doit.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.02.2015 à 17h50 • Mis à jour le15.02.2015 à 19h47 « Attentat effroyable », « mépris pour la dignité humaine » : le double attentat de Copenhague, dans lequel deux hommes ont été tués, est condamné dans le monde entier.David CameronLes attaques de « Copenhague constituent un attentat effroyable contre la liberté d'expression et la liberté religieuse », a déclaré dans un communiqué le premier ministre britannique, David Cameron, en adressant ses « pensées » aux victimes et à leurs proches et en offrant au gouvernement danois son « soutien total » :« Le Danemark et le Royaume-Uni sont deux démocraties multi-ethniques et multiconfessionnelles épanouies et nous ne permettrons jamais à de tels actes de violence de causer du tort à ces valeurs. »Angela MerkelLa chancelière allemande, Angela Merkel, s'est de son côté entretenue par téléphone avec la chef du gouvernement danois, Helle Thorning-Schmidt, et a dénoncé le « mépris pour la dignité humaine » suintant derrière les attaques. « La chancelière a souligné que l'Allemagne se tenait fermement aux côtés du Danemark » et a promis à la première ministre danoise « de rester en contact étroit sur les mesures de lutte contre le terrorisme ».Etats-UnisLes Etats-Unis ont condamné dans la nuit de samedi à dimanche une attaque « déplorable » et ont offert leur aide pour contribuer à l'enquête.Le grand rabbin de France réclame des « actes forts »Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, s'est dit dimanche « bouleversé » et « scandalisé » par les attentats de Copenhague et réclame des « actes forts » pour lutter contre le terrorisme et ceux qui « instrumentalisent la religion pour tuer au nom de Dieu ». Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a, de son côté, appelé les dirigeants européens « au renforcement de leur coopération dans la lutte contre les djihadistes ».Lire : Après les attentats de Copenhague, Nétanyahou appelle les juifs d’Europe à rejoindre IsraëlNicolas Sarkozy« Emotion et vive condamnation à l'annonce de la fusillade à Copenhague. Encore un acte terroriste qui cible nos libertés, notre civilisation », a réagi samedi l'ancien président français sur son compte Twitter.Arabie saouditeRyad a condamné dimanche les attaques meurtrières survenues à Copenhague, tout en déplorant aussi l'assassinat de trois musulmans en Caroline du Nord.« Le royaume saoudien a suivi avec une profonde tristesse les événements terroristes et criminels survenus récemment dans la capitale danoise, Copenhague, et en Caroline du Nord, qui ont fait des morts et des blessés innocents. » 15.02.2015 à 17h17 • Mis à jour le15.02.2015 à 19h32 | Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2h9ecj"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2h9ecj", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Cela relève presque du rituel politique. Quelques heures après la double attaque terroriste perpétrée à Copenhague, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a lancé un nouvel appel aux juifs d'Europe, dimanche 15 février, afin qu'ils trouvent refuge dans son pays. « Nous disons aux juifs, à nos frères et à nos sœurs : Israël est votre maison, a déclaré le chef du gouvernement. Nous nous préparons et nous appelons à l'absorption d'une immigration massive d'Europe. » Le chef du gouvernement avait déjà lancé un tel appel après les attentats commis à Paris au début de janvier contre la rédaction de Charlie Hebdo et une supérette casher. Le gouvernement français avait exprimé son peu de goût pour la démarche. Dimanche, c'est le rabbin Jair Melchior, plus haute autorité dans la communauté danoise, qui a confié sa « déception » après les propos de M. Nétanyahou. « Si notre façon d'affronter la terreur est de nous enfuir quelque part, alors nous devrions tous partir sur une île déserte », a-t-il noté.Lorsqu'un acte antisémite d'envergure est commis dans le monde, il est habituel pour le gouvernement israélien d'exprimer sa solidarité, mais aussi sa volonté d'accueillir « à bras ouverts », comme l'a répété M. Nétanyahou dimanche, les nouveaux arrivants. Aujourd’hui, au-delà de ces formulations classiques, le gouvernement doit s'adapter, du point de vue administratif et financier, à une tendance lourde. Le nombre d’immigrants juifs en Israël a atteint en 2014 un chiffre record depuis dix ans, avec l’arrivée de 26 500 personnes, soit une hausse de 32 % par rapport à 2013, selon les autorités.ENCOURAGEMENT À L'IMMIGRATION DE JUIFS DE FRANCE, D'UKRAINE ET DE BELGIQUE« Il y a une perception largement partagée selon laquelle l'Europe est devenue plus dangereuse pour les juifs, explique au Monde le porte-parole de l'Agence juive, Yigal Palmor. Il y a plus d'attentats, d'incidents, de violences, d'insécurité, pour les juifs identifiables comme tels, notamment autour de leurs institutions, des écoles et des synagogues. » Après une année 2014 record, la France est devenue le premier pays dans le monde pour l'alyah (près de 7 000 départs). Les attentats commis contre Charlie Hebdo et l'épicerie Hyper Cacher risquent de provoquer un afflux de candidatures encore supérieur aux prévisions, qui étaient de 10 000 pour 2015. « On assiste à une augmentation dramatique des appels, des demandes d'informations, des inscriptions aux soirées organisées par l'Agence juive, souligne Yigal Palmor. Mais on ne saura que plus tard dans l'année si la barre des 15 000 sera franchie. On n'organise pas un départ en vingt-quatre heures. »Dimanche, le conseil des ministres a adopté un plan destiné à encourager l'immigration de juifs venant de France, d'Ukraine et de Belgique, trois pays stratégiques. La France et la Belgique, en raison des attentats antisémites récents qui y ont eu lieu, développant un sentiment d'insécurité et de mal-être chez certains citoyens de confession juive. L'Ukraine, parce que la guerre qui ravage la partie orientale du pays et la précarité économique poussent à l'alyah ceux qui ont des racines juives. Le plan interministériel, d'un montant de 40 millions d’euros, est un complément aux dispositifs existant déjà. Sa valeur est surtout symbolique, à un mois des élections législatives. Le plan vise à renforcer des programmes destinés aux juifs dans les pays sources, à densifier le réseau d'émissaires traitant les demandes, à améliorer l'orientation professionnelle des candidats à l'émigration.Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)ReporterSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.02.2015 à 15h56 • Mis à jour le15.02.2015 à 16h03 La ville de Braunschweig, en Basse-Saxe, a annulé un défilé de carnaval prévu dimanche 15 février en raison « d'une menace spécifique d'attaque islamiste », a annoncé la police allemande.Le défilé, qui était prévu à partir de 12 h 20, a été annulé à la suite d'un renseignement fourni par « des sources dignes de foi de la sécurité de l'Etat », selon un communiqué de la police.Selon les organisateurs, les festivités de Braunschweig, qui ont lieu chaque année, constituent le plus important défilé du nord de l'Allemagne durant la traditionnelle saison des carnavals, au mois de février, avec deux cent cinquante mille visiteurs attendus. La décision d'annuler l'événement a été prise par le maire de la ville, Ulrich Markurth, et par le président de la parade, Gerhard Baller.PAS DE LIEN AVEC LES ATTENTATS DE COPENHAGUELe mois dernier, le carnaval de Cologne, le plus important d'Allemagne, et qui est souvent le théâtre de satires politiques, avait interdit une banderole de soutien aux caricaturistes français du magazine Charlie Hebdo pour des raisons de sécurité.Le comité du carnaval avait affirmé soutenir le message qui défendait la liberté d'expression et de la presse, mais il avait reçu des « messages d'inquiétudes au niveau local », qu'il avait pris « au sérieux », même si la police n'avait donné aucune indication d'une possible menace terroriste.Interrogé par la chaîne de télévision allemande NDR, l'un des chefs de la police, Michael Pientka, a indiqué qu'il n'y avait pas de lien entre cette annulation et les attaques terroristes qui ont eu lieu samedi à Copenhague, au Danemark. 15.02.2015 à 15h07 • Mis à jour le15.02.2015 à 15h39 Les gardes-côtes italiens ont entrepris, dimanche 15 février, de porter secours à un millier de migrants en difficulté en Méditerranée à bord d'une dizaine de grands canots pneumatiques. C'est la troisième opération de ce genre en trois jours.Les gardes-côtes ont déclaré avoir recueilli jusqu'à présent plus de cent trente personnes qui se trouvaient à bord de deux canots pneumatiques à 180 kilomètres au sud de l'île italienne de Lampedusa, et s'employaient à sauver des migrants à bord de huit autres embarcations. « Nous avons sans doute affaire à plus de mille migrants », a déclaré un porte-parole des gardes-côtes à Rome.Plusieurs vedettes garde-côtes ont été dépêchées vers la zone du sauvetage, et quatre navires marchands et deux remorqueurs ont été dirigés vers les lieux pour participer à l'opération. Un navire de guerre, deux bâtiments de patrouille de la police et un bateau maltais sont aussi mobilisés, a ajouté le porte-parole.L'amélioration des conditions météorologiques en Méditerranée a incité ces derniers jours des migrants à tenter la traversée à partir des côtes d'Afrique du Nord. Plus de trois cents personnes ont péri voilà une semaine environ alors qu'elles tentaient d'atteindre les côtes italiennes. 15.02.2015 à 13h49 • Mis à jour le15.02.2015 à 19h46 | Olivier Truc (Correspondant régional) Les deux fusillades qui ont visé, samedi 14 février à Copenhague, un centre culturel et une synagogue, tuant deux civils et blessant cinq policiers, ont éclaté à quelques heures d'intervalle.Suivre les derniers développements de l'enquête en direct : Copenhague : le même tireur est responsable des deux fusillades15 heuresDes dizaines de personnes assistent à un débat sur le thème « Art, blasphème et liberté » au centre culturel Krudttonden, dans un quartier aisé du nord de la capitale danoise. La conférence se tient sous protection policière, puisque l'un des principaux participants est l'artiste suédois Lars Vilks, auteur en 2007 d'une caricature de Mahomet qui lui a valu des menaces de mort.Vers 15 h 30Une demi-heure plus tard, l'assaillant arrive et, sur un enregistrement diffusé par la BBC, on entend la chef de file des Femen Inna Shevchenko interrompue par des dizaines de coups de feu qui claquent, plusieurs par seconde.L'ambassadeur de France au Danemark, François Zimeray, invité à cette rencontre à peine plus d'un mois après les attaques de la région parisienne, raconte que toutes les personnes se jettent à terre dès les premières balles. « Intuitivement, je dirais qu'il y a eu au moins cinquante coups de feu, et les policiers ici nous disent deux cents. Des balles sont passées à travers les portes », dira-t-il.Dans la fusillade, un homme, âgé de 55 ans, est tué à l'extérieur du bâtiment (il s'agirait selon les médias danois du réalisateur Finn Norgaard) et trois policiers qui assurent la sécurité du bâtiment et du caricaturiste sont blessés. Plusieurs participants au débat, dont l'ambassadeur et le caricaturiste, se replient dans une autre salle, où ils resteront de longues minutes.L'assaillant quitte rapidement les lieux dans une Volkswagen Polo. La police se lance à sa recherche.L'homme ne garde pas sa voiture longtemps : il l'abandonne à deux kilomètres au nord du lieu de l'attentat, près d'une gare.17 heuresLa police diffuse l'immatriculation de cette voiture, et demande aux habitants de Copenhague de ne surtout pas tenter d'appréhender un suspect.17 h 54Elle annonce que la voiture a été retrouvée. 19 h 23Les enquêteurs diffusent cette description de l'assaillant : « Un homme de 25-30 ans, d'environ 1,85 m, de corpulence athlétique et d'apparence arabe, mais avec une peau plus claire que la normale et avec les cheveux noirs et raides », selon les mots du communiqué officiel. Une chasse à l'homme commence. Ils publient peu après 20 heures une photo tirée d'une caméra de vidéosurveillance d'un homme vêtu d'une doudoune foncée, d'un bonnet ou d'une cagoule bordeaux, et portant un grand sac noir.Krudttønden: Fotoefterlysning! Hvem er denne mand? Ring 114. RT gerne. Tak. #politidk http://t.co/q4AS9A8eRR http://t.co/I0hspYBwc5— Københavns Politi (@KobenhavnPoliti)require(["twitter/widgets"]);20 h 30La première ministre, Helle Thorning-Schmidt, se rend au centre culturel où a eu lieu l'attentat et déclare : « Maintenant que je suis ici, c'est pour dire, au nom des Danois, que le Danemark ne doit pas être comme ça, cela nous remplit de dégoût. » Vers 23 heuresLa police place l'appartement de l'auteur présumé de la fusillade sous surveillance, après avoir été prévenue par un chauffeur de taxi qu'il avait déposé l'homme à cette adresse, dans le quartier populaire de Norrebro, dans le nord-ouest de Copenhague, à 16 h 15, peu après la fusillade.0 h 50Quatre-vingts personnes se trouvaient dans la grande synagogue de Krystalgade, dans le centre de Copenhague, pour participer à une cérémonie de confirmation lorsque le bâtiment, placé sous surveillance à la suite de la fusillade du centre culturel, est la cible de tirs. Un jeune homme juif de 37 ans qui surveillait les accès à l'édifice est touché de plusieurs balles à la tête, il meurt. Deux policiers sont également blessés par les tirs. Le tireur repart à pied.Vers 5 heuresLe tueur présumé revient à l'appartement de Norrebro. Les policiers l'apostrophent. Il ouvre le feu. En répliquant, la police le tue. Olivier Truc (Correspondant régional)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.02.2015 à 12h04 • Mis à jour le15.02.2015 à 19h33 | Olivier Truc (correspondant régional) La traque de l'auteur présumé de la double fusillade à Copenhague aura duré quelques heures, entre l'attaque du centre culturel, samedi vers 15 h 30 et l'opération de police, qui s'est conclue par la mort du suspect, dimanche 15 février au petit matin.L'homme, dont l'identité est pour l'heure inconnue, quitte les lieux du premier attentat à bord d'une Polo Volskwagen, qu'il abandonne rapidement près d'une gare, à deux kilomètres du centre culturel où il a abattu un homme et blessé trois policiers.Lire aussi : Ce que l'on sait des deux fusillades de CopenhagueAPPARTEMENT SOUS SURVEILLANCELa police obtient l'accès à toutes les caméras de surveillance de l'endroit, et voit le suspect en train d'appeler d'une cabine téléphonique, vraisemblablement pour demander un taxi, qui arrive peu après. L'auteur présumé de la fusillade est déposé devant un appartement du quartier de Norrebro, dans le nord-ouest de Copenhague, à 16 h 15. Il en repart à 16 h 37.L'enquête se poursuit intensivement à partir notamment de ces vidéos et du témoignage du chauffeur de taxi. A partir de 23 heures samedi, l'appartement est placé sous surveillance.Parallèlement, les enquêteurs diffusent, après 19 heures, une description du suspect — un homme « entre 25 et 30 ans, d'environ 1,85 m, athlétique, d'apparence arabe, (...) les cheveux lisses » —, puis publient cette photo, tirée d'une caméra de surveillance :Krudttønden: Fotoefterlysning! Hvem er denne mand? Ring 114. RT gerne. Tak. #politidk http://t.co/q4AS9A8eRR http://t.co/I0hspYBwc5— Københavns Politi (@KobenhavnPoliti)require(["twitter/widgets"]);Après minuit, une deuxième fusillade éclate près de la principale synagogue de la capitale danoise. Un homme de 37 ans est tué, deux policiers blessés, et le tireur parvient à nouveau à s'enfuir.Vers 5 heures, dimanche matin, il revient vers l'appartement de Norrebro. La police l'apostrophe alors. L'homme tire vers les forces de l'ordre, qui l'abattent.La police procède désormais à plusieurs perquisitions dans le quartier de Mjølnerparken, proche de l'endroit où a été tué l'auteur présumé des fusillades.Olivier Truc (correspondant régional)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.02.2015 à 17h41 14.02.2015 à 12h00 • Mis à jour le14.02.2015 à 15h52 A quelques heures de l'entrée en vigueur théorique d'une trêve prévue par un accord conclu cette semaine à Minsk, la paix semble illusoire dans l'est de l'Ukraine. Samedi 14 février, la Russie s'est dite « gravement préoccupée » par ce qu'elle considère être des tentatives de l'Ukraine et de l'Occident de « déformer » cet accord.Lire aussi : Un accord de paix imparfait et fragile sur l’UkraineMoscou reproche notamment à Kiev et aux Occidentaux de « mettre en doute la mise en application des dispositions concrètes du document » soutenu officiellement par Vladimir Poutine, François Hollande, Petro Porochenko et Angela Merkel, précise la diplomatie russe un communiqué. Et ce alors que des représentants des régions rebelles de Donetsk et de Louhansk, dans l'est de l'Ukraine « font état de leur attitude responsable envers leurs engagements ».LA VILLE STRATÉGIQUE DE DEBALTSEVE BOMBARDÉELa Russie « réaffirme que le principal message des accords de Minsk est qu'il est nécessaire de mettre fin aux combats, de retirer les armes lourdes et d'amorcer une réforme constitutionnelle réelle en Ukraine ».Mais, sur le terrain, les séparatistes prorusses poursuivaient leur offensive samedi.La ville stratégique de Debaltseve, dans l'est du pays, a été bombardée. Viatcheslav Abroskine, chef de la police régionale pro-Kiev, a écrit sur son compte Facebook : « Les rebelles détruisent Debaltseve. Les tirs d'artillerie contre les immeubles d'habitation et les bâtiments administratifs ne cessent pas. La ville est en flammes. »Selon lui, le commissariat de police de la ville a été touché par une roquette Grad. L'armée ukrainienne a fait état samedi matin d'une « tentative d'assaut rebelle, avec des lance-roquettes multiples et des chars », de ses positions aux abords sud-est de Debaltseve, nœud ferroviaire à mi-chemin entre les villes rebelles de Donetsk et de Louhansk et théâtre d'intenses combats.Les troupes ukrainiennes y sont quasi encerclées par les rebelles. Geoffrey Pyatt, ambassadeur des Etats-Unis en Ukraine, a écrit samedi sur son compte Twitter qu'il s'agissait de systèmes « russes et non séparatistes » près de Debaltseve, y compris des systèmes de défense antiaérienne.Дебальцево. Мы уверены, это российские военные системы, а не средства сепаратистов http://t.co/7lKtpGD062— Geoffrey Pyatt (@GeoffPyatt)require(["twitter/widgets"]);2/3 Російські військові також розгорнули системи ППО поблизу Дебальцевого http://t.co/Hl606IlRRh— Geoffrey Pyatt (@GeoffPyatt)require(["twitter/widgets"]);3/3 Російські підрозділи на кордоні готують велику партію поставок "сепар-ам", що ведуть бойові дії у Східній Україні http://t.co/WiACL3FUCO— Geoffrey Pyatt (@GeoffPyatt)require(["twitter/widgets"]);Les forces gouvernementales font état de cent vingt attaques distinctes au cours des dernières vingt-quatre heures. La situation reste également tendue dans certaines zones de la région de Louhansk, précise l'armée.DEUX MORTS DANS UN BOMBARDEMENT À DONETSKDans le même temps, la ville de Donetsk, place forte des rebelles prorusses a été bombardée  ce samedi, causant la mort de deux personnes. Les obus sont tombés à proximité de la résidence du dirigeant de la « République populaire de Donetsk », Alexandre Zakhartchenko. L'accord conclu jeudi matin à Minsk, capitale de la Biélorussie, grâce à la médiation de la France et de l'Allemagne prévoit l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu samedi à minuit (23 heures, heure de Paris), un retrait des armes lourdes de la ligne de front et la constitution d'une zone tampon de 50 kilomètres sous contrôle de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2h4nn8"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2h4nn8", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 14.02.2015 à 01h49 • Mis à jour le14.02.2015 à 12h12 Alors que la prudence restait de mise depuis la signature des accords de Minsk, la paix semble de plus en plus illusoire, vendredi 13 février. Le cessez-le-feu décidé, la veille, entre les rebelles prorusses et les forces ukrainiennes doit entrer en vigueur samedi à minuit (23 heures, heure de Paris). Mais à quelques heures de l'échéance les combats continuent de faire rage dans l'est de l'Ukraine.Lire aussi : L’accord de Minsk, « seize heures qui peuvent sauver le monde »Le respect du texte, censé mettre un terme à dix mois de conflit meurtrier, est ainsi « en grand danger », a estimé le président de l'Ukraine, Petro Porochenko. A la faveur d'une rencontre avec le premier ministre de la Hongrie, Viktor Orban, à Kiev, il a accusé les séparatistes de bombarder la population. Le chef de l'Etat faisait ainsi référence à l'attaque au lance-roquettes de la ville d'Artemivsk, située à plus de trente kilomètres de la ligne de front, et qui a tué trois personnes, dont un enfant de 7 ans.« L'UKRAINE S'ATTEND À UNE ESCALADE »Les derniers bilans diffusés par les rebelles et les forces loyalistes dénombrent au total seize victimes civiles et douze morts parmi les militaires ukrainiens. « Malheureusement, après les accords de Minsk, l'opération offensive de la Russie a significativement augmenté », a jugé M. Porochenko.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2h4nn8"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2h4nn8", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});« L'Ukraine s'attend à une escalade et prend des mesures pour repousser les tirs », a déclaré pour sa part Petro Mekhed, vice-ministre de la défense. Et ce dernier d'affirmer que les séparatistes allaient tenter de prendre la ville de Debaltseve, ainsi que le port stratégique de Marioupol, sur les bords de la mer d'Azov.Dans le fief rebelle de Donetsk, les tirs d'artillerie étaient continus vendredi, selon les témoignages de journalistes de l'Agence France-Presse présents sur place. L'armée ukrainienne a également fait état dans la soirée de combats aux abords du nœud ferroviaire de Debaltseve, à mi-chemin entre les capitales des « républiques » de Donetsk et de Louhansk.DES ARMES LOURDES TOUJOURS DÉPLOYÉESSigne que l'hypothèse d'un échec de Minsk 2 fait son chemin, Valeriy Chaly, chef adjoint de l'administration présidentielle ukrainienne, a assuré lors d'une émission télévisée que, « en cas d'échec du cessez-le-feu, l'Ukraine recevra l'aide militaire de l'Occident ».Pour l'heure, les dirigeants des sept plus grandes puissances économiques mondiales (G7 : Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Royaume-Uni, Etats-Unis) ont appelé au « strict respect » des modalités de l'accord et se sont dits « prêts à adopter » des sanctions contre ceux qui les violeraient.La porte-parole du département d'Etat américain, Jennifer Psaki, a, quant à elle, accusé Moscou de continuer à déployer des armes lourdes dans l'est du pays, se disant très préoccupée par « les informations concernant des chars et des systèmes de missiles supplémentaires venus ces derniers jours de l'autre côté de la frontière ».De l'avis général, le texte signé dans la capitale biélorusse ne permettra pas d'instaurer la paix dans la région, car il ne prévoit pas de mécanismes concrets pour régler les questions litigieuses, en particulier le contrôle de la frontière, dont 400 kilomètres sont tenus par les rebelles. lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2h3tdq"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2h3tdq", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 13.02.2015 à 15h20 • Mis à jour le13.02.2015 à 17h03 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) La presse russe a consacré toutes ses « unes » et ses gros titres, vendredi 13 février, au sommet de Minsk dont elle salue, dans l’ensemble, la signature, avec prudence. Le quotidien Moskovski Komsomolets (MK), qui tire à deux millions d’exemplaires, a barré sa « une » d’un bandeau optimiste, « La lumière de Minsk au bout du tunnel », tempéré par le titre de sa manchette avec un point d’interrogation : « Bonne matinée, Donbass ? » Le journal, qui publie une carte du conflit dans l’est de l’Ukraine avec les positions des séparatistes prorusses, parle « d’espoir » tout en relevant que les quatre chefs d’Etat présents dans la capitale biélorusse pour superviser ce plan de paix, Vladimir Poutine, François Hollande, Petro Porochenko et Angela Merkel, « ont refusé de faire une conférence de presse commune ». « Hollande et Merkel vont-ils recevoir le prix Nobel de la paix ? » s’interroge, mi-figue mi-raisin, le chroniqueur.Avec humour, MK s’interroge aussi sur la performance physique des quatre dirigeants « androïdes » qui ont mené les discussions sans discontinuer pendant 16 heures : « Des pourparlers aussi longs confirment que le monde est dirigé par des extraterrestres ». Le quotidien Izvestia a choisi pour sa part un titre sobre, « Le marathon de Minsk », accompagné de ce commentaire : « Les pourparlers sur les problèmes ukrainiens ont été longs mais concluants ». Ils « ont convenu aux représentants des DNR et LPR » (républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Louhansk), relève Izvestia qui note, a contrario, que le « résultat des pourparlers peut jouer beaucoup sur le sort de Petro Porochenko », confronté, croit savoir le quotidien, « à une élite ukrainienne très mécontente » de ce qui a été signé. Au passage, Izvestia souligne aussi que la visite du président français et de la chancelière allemande dans la capitale de la Biélorussie, considérée à l’ouest comme la « dernière dictature d’Europe », « était inimaginable il y a encore un an ».« Un bon matin »Les analyses sont rares dans la presse russe qui choisit de raconter parfois par le menu les détails sans importance du sommet, à l’image du journal Kommersant. Le quotidien populiste Komsomolskaïa Pravda se contente pour sa part de publier une photo joyeuse de Vladimir Poutine avec la citation ironique de son début d’allocution à l’issue du sommet, « Ce n’est pas la meilleure nuit de ma vie mais un bon matin », et de reprendre tous les mots du compte rendu de la rencontre publié sur le site du Kremlin sans autre forme.Dans son ensemble, la presse russe joue beaucoup sur la façon de dire bonjour, en russe, qui se dit aussi bon matin en début de journée. Rossiskaïa Gazeta titre ainsi « Bonne matinée » tout en accordant, plus que ses confrères, de l’importance aux photos. La poignée de mains entre Vladimir Poutine et Petro Porochenko, « qui donne de l’espoir » aux deux pays, est ainsi montrée en gros plan. Dans les pages intérieures tous les acteurs apparaissent, la mine grave ou préoccupée. Certains, comme le président ukrainien, ont l’oreille collée à leurs téléphones portables.« Première mine »Autre jeu de mot du journal économique Vedomosti : « Les dirigeants européens se sont séparés avec la paix ». Le mot paix et monde se disant de la même façon en russe, on peut entendre aussi qu’ils se sont séparés du monde… Vedomosti ne tait pas ses doutes sur le respect de l’accord de Minsk : « Le traité, souligne-t-il, peut exploser sur la première mine comprise dedans ». Et cette mine a un nom : « Le sort des militaires ukrainiens encerclés à Debalstevo », dans l’est de l’Ukraine, devenu, depuis quelques jours, le point chaud du conflit.Pour Novaïa Gazeta, l’une des rares voix critiques envers le pouvoir de la presse écrite russe, « un cessez-le-feu, même mauvais, est toujours mieux qu’une bonne guerre ». Minsk, titre le journal qui veut y croire, c’est d’abord, même sans illusions, « seize heures qui peuvent sauver le monde ».Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Adéa Guillot (Athènes, correspondance) C’est à un week-end très studieux que se préparent les équipes du gouvernement grec et de ses créanciers internationaux de la « troïka » — Fonds monétaire international (FMI), Commission européenne et Banque centrale européenne (BCE).A compter de vendredi, les réunions de travail vont se multiplier, à un niveau technique et non politique, en vue de la réunion de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro), programmée lundi 16 février à Bruxelles.Ce rendez-vous est jugé capital, car si aucun accord n’est trouvé sur le financement de la Grèce, cette dernière risque de se trouver très vite à court de liquidités. L’actuel plan d’aide à la Grèce se termine en effet officiellement le 28 février.« L’objectif est de finaliser une proposition qui sera soumise au groupe de travail Eurogroupe lundi à midi, puis à l’Eurogroupe dans l’après-midi pour trouver une solution », a déclaré, vendredi, le porte-parole du gouvernement grec, Gabriel Sakellaridis, qui s’exprimait sur Skai TV.Revenir sur 30 % des mesures prévues dans le plan d’aideLes représentants du conseil économique du premier ministre, Alexis Tsipras, accompagnés par des conseillers de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), vont travailler jusqu’à lundi pour établir la liste des réformes que le gouvernement grec compte entreprendre dans le cadre du plan de financement relais de six mois qu’il souhaite obtenir lundi à Bruxelles.Ils devront ensuite comparer cette liste avec celle des réformes restant à accomplir dans le cadre du précédent plan d’aide, dont les créanciers demandaient jusqu’ici l’extension en l’état au-delà du 28 février.L’économie grecque sort de six ans de récessionL’Allemagne a rappelé, vendredi, par la voix du porte-parole du ministère des finances, que « la seule voie possible est une extension du programme » d’aide actuel. Mais Berlin a aussi souligné qu’« il est apparu clairement » lors des récentes discussions, notamment jeudi à Bruxelles, « que nous étions prêts à discuter des contours de ce programme ».Depuis plusieurs jours, le compromis évoqué serait de permettre à la Grèce de revenir sur environ 30 % des mesures prévues par ce plan.La volonté des Grecs est de supprimer celles qui sont les plus marquées du sceau de l’austérité (changement sur la législation des licenciements collectifs, nouvelles baisses des retraites, etc.) pour se concentrer sur les réformes structurelles (de l’administration, par exemple) et surtout sur la lutte contre la corruption et la fraude ou l’évasion fiscale.L’objectif est de mettre rapidement des estimations chiffrées en face des mesures qu’Athènes entend proposer lundi.Les interlocuteurs institutionnels de la Grèce — que l’on n’appelle désormais plus « troïka », mais qui restent des représentants du FMI de la Commission européenne ou de la BCE — veulent que l’impact de ces mesures sur l’équilibre budgétaire soit aussi minimal que possible.Interrogations sur la possibilité d’un accord dès lundi« Nous demandons que ce programme relais, que nous espérons obtenir lundi, respecte notre volonté de nous attaquer à la crise humanitaire qui touche le pays. Pour le reste, nous négocierons et sommes pour des réformes permettant de lutter contre la fraude fiscale ou le trafic de carburants », a déclaré, vendredi matin, Nikos Houdis, le ministre adjoint aux affaires européennes de la Grèce, sur une station de radio grecque.« Ce que nous avons dit, c’est que nous voulons parvenir d’ici au 16 février à un accord mutuellement profitable avec nos partenaires, et nous avançons dans cette direction », a expliqué Alexis Tsipras.Nikos Houdis, lui, s’est montré plus prudent. Il a prévenu qu’il ne fallait peut-être pas attendre d’accord dès lundi. « Nous allons travailler dur pour essayer de chiffrer dans les prochaines quarante-huit heures notre plan relais, mais je crois que nous avons de toute façon un peu plus de temps et que tout ne se jouera pas lundi, a-t-il déclaré, le climat que nous ressentons ici à Bruxelles va dans le sens d’un accord, et nous sommes confiants. »Si la réunion de lundi devrait permettre d’avoir une idée des points de convergence et de divergence, le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, ne croit pas, lui non plus, à la possibilité d’un accord dès lundi.« Je suis très pessimiste au sujet d’une étape concrète lundi, a-t-il assuré, vendredi, à la télévision publique néerlandaise NOS. Les Grecs ont de très grandes ambitions, mais les possibilités, étant donné l’état de l’économie grecque, sont limitées. Je ne sais pas si nous y arriverons lundi. »Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La publication du produit intérieur brut (PIB) pour le quatrième trimestre 2014, vendredi 13 février, confirme que la Grèce est bel et bien sortie de récession. Sur la période octobre-décembre, l’économie grecque a progressé de 1,7 % sur un an, la « richesse » nationale sur ce trimestre s’établissant à 46,7 milliards d’euros. Il s’agit du troisième trimestre de croissance consécutif sur un an pour le pays, a indiqué l’autorité des statistiques grecques, ELSTAT.Athènes et la "troïka" de ses bailleurs de fonds (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) prévoyaient une croissance de 0,6 % pour l’ensemble de 2014. Et la dernière estimation officielle, annoncée par le ministre des finances du précédent gouvernement grec, était de 0,7 %. Au vu des chiffres du dernier trimestre, la croissance pour 2014 s’établirait finalement à 0,8 %.Contraction au dernier trimestrePar rapport au troisième trimestre 2014, le PIB du dernier trimestre est cependant en baisse de 0,2 %, en données ajustées des variations saisonnières. Cette légère contraction est vue par certains analystes comme le signe d’une inquiétude des acteurs économiques grecs durant la période électorale, entamée début décembre.Lire : Grèce : le scénario catastrophe de la sortie de la zone euro ?Mais d’autres analystes y voient, eux, le signe d’un ajustement normal, après un troisième trimestre marqué par les excellentes performances du secteur du tourisme. Ce dernier aurait enregistré, en 2014, une hausse record, estimée entre 15 % et 20 %, du nombre de visiteurs par rapport à 2013, qui était déjà une très bonne année. Or, le secteur du tourisme représente pour la Grèce entre 16 % et 18 % de son PIB.La Grèce a perdu un quart de sa richesse nationale au cours de six années d’une récession profonde, qui s’était enracinée depuis la fin 2008. L’économie a commencé à redresser la tête au deuxième trimestre 2014, avec une hausse du PIB de 0,4 % sur un an, suivie d’une hausse de 1,6 % au troisième trimestre sur un an.Lire également notre décryptage : Six ans de tragédie grecqueCette publication des chiffres de croissance survient alors que les réunions de travail entre le gouvernement grec et ses créanciers devraient se multiplier tout au long du week-end, au niveau technique, en vue d’une réunion de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro), lundi 16 février à Bruxelles.Ce rendez-vous est jugé capital, car si aucun accord n’est trouvé sur le financement de la Grèce, cette dernière risque de se trouver très vite à court de liquidités. L’actuel plan d’aide à la Grèce se termine en effet officiellement le 28 février.Chacune des parties affiche la volonté de ne pas briser l’élan de la croissance en Grèce. Côté européen, on a la conviction que ces résultats encourageants sont à mettre au compte des réformes effectuées ces dernières années et qu’il ne faut pas relâcher les efforts.Côté grec, l’idée est qu’il faut désormais accompagner cette croissance, en relançant la demande intérieure notamment, et donc desserrer le nœud de l’austérité, qui étrangle le pouvoir d’achat des Grecs.Lire aussi : Résoudre la « crise humanitaire » grecque et honorer la dette : les difficiles promesses de TsiprasAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Isabelle Chaperon La banque française Société générale envisage de supprimer 1 500 postes en 2015 au sein de sa filiale russe Rosbank, a indiqué vendredi 13 février à l’AFP un porte-parole du groupe, confirmant une information de l’agence Bloomberg News.Une réduction de postes de même ampleur avait déjà été réalisée, en 2014, au sein de Rosbank, qui fait face à la situation économique dégradée de la Russie.La Société générale est l’une des banques étrangères les plus exposées en Russie depuis sa montée au capital de Rosbank, le sixième acteur du pays, entamée en 2006 (elle a progressivement porté sa participation de 20 % à 99,4 %).Cette activité en Russie a d’ailleurs pesé sur ses comptes 2014 : les difficultés de sa filiale se sont traduites par une perte nette de 538 millions d’euros. Les difficultés économiques du pays, la chute du rouble (- 34 % en 2014) font des dégâts.« Le sujet russe va être plus difficile en 2015 mais il reste sous contrôle », a précisé Frédéric Oudéa le PDg de la Sociétté générale, jeudi 12 février, en commentant les résultats 2014 de la banque française.Rosbank avait réagi, en 2014, en octroyant moins de crédits – pour éviter d’engranger de mauvais risques – et en collectant plus de dépôts (+ 18 % en roubles).Grâce à ces efforts, le financement que la Société générale accorde à sa filiale a été réduit de moitié.La Société générale annonce un bénéfice net en hausse en 2014Isabelle ChaperonJournaliste au service EconomieSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Claire Guélaud Il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser. Le produit intérieur brut (PIB) français a à peine progressé au quatrième trimestre (+ 0,1 %). Et sur l’ensemble de l’année 2014, la croissance de l’économie nationale a été limitée à un modeste + 0,4 %. Ni plus ni moins qu’en 2012 et qu’en 2013.L’économie française tourne donc au ralenti depuis trois ans. Le ministre des finances, Michel Sapin, parle, lui de trois années de « petite croissance », qui ont eu « des effets extrêmement négatifs sur l’emploi ».« L’économie française est une économie qui n’avance pas très vite. Le chiffre de + 0,4 %, c’est celui que nous observons en tendance annualisée depuis le premier trimestre 2011. C’est quelque chose de très réduit et de pas dynamique », analyse Philippe Waechter, directeur de la recherche économique de Natixis Asset Management.l’économie française confirme qu’elle est bien moins dynamique que celle de l’Allemagne, du Royaume-Uni ou encore de l’Espagne.L’économie allemande progresseEn 2014, les moteurs traditionnels de l’économie, au premier rang desquels figure la double composante de la demande intérieure (la consommation des ménages et l’investissement), sont restés quasiment à l’arrêt.Les enquêtes de climat des affaires, plutôt bien orientées en octobre et novembre, se sont stabilisées en décembre, ce qui n’est pas bon signe.La demande intérieure reste atoneLe ralentissement de la croissance trimestrielle en fin d’année 2014 (+ 0,1 % après + 0,3 %) s’explique par l’atonie de la demande intérieure.La consommation des ménages a ralenti : + 0,2 % après + 0,3 % au troisième trimestre. Cette progression faible doit beaucoup au repli de la consommation en énergie (- 2,3 %) du fait de températures supérieures aux normales saisonnières.Hors énergie, observe Vladimir Passeron, chef du département de la conjoncture à l’Insee, la progression de la consommation a été de 0,4 %. L’investissement total a continué de baisser : - 0,5 % après - 0,6 %.In fine, la contribution de la demande intérieure finale (hors stocks) à la croissance a été limitée à un petit + 0,1 %.Les signaux divergent en matière d’investissementsLe mauvais chiffre de l’investissement reflète des situations assez différentes : une stabilisation hors construction, qui traduit, selon l’Insee, encore « pas mal d’attentisme » des entreprises et la poursuite de la contraction de l’investissement dans la construction (- 1,1 %), lequel est tombé à son plus bas niveau depuis la fin de l’année 1998.« L’investissement dans la construction a chuté, ce qui prouve bien que le problème de l’économie française c’est le bâtiment. En revanche, l’investissement industriel se redresse et c’est de lui que viendra le déclic », veut croire le ministre des finances, Michel Sapin.Le commerce extérieur n’est pas d’un grand secoursLe commerce extérieur a par ailleurs contribué positivement à la croissance (+ 0,1 %) du dernier trimestre 2014. Les exportations ont rebondi (+ 2,3 % après + 0,7 %) du fait de livraisons de matériel de transport bien plus importantes (+ 10,7 % après - 5 %), et les importations sont restées dynamiques (+ 1,7 % après + 1,3 %).Sur l’ensemble de l’année, toutefois, la contribution du commerce extérieur à la croissance a été négative (- 0,4 %) annulant le modeste + 0,4 % de la demande intérieure. L’économie française est quasiment à l’arrêt.Les incertitudes sont nombreuses pour l’année 2015Si amélioration il y a, elle ne peut venir que de l’effet sur la croissance de la baisse du prix de l’or noir et du taux de change euro-dollar. Dans sa note de conjoncture de décembre, l’Insee l’avait évalué à + 0,4 point sur la base d’un cours du pétrole à 70 dollars le baril.Il pourrait être supérieur, analyse Vladimir Passeron, car le prix de l’or noir a continué de baisser.En décembre, l’Insee prévoyait que l’acquis de croissance serait de + 0,7 % à la mi-2015 et de 1 % en glissement annuel.Ces prévisions pourraient toutefois être revisées en mars, lors d’un prochain point de conjoncture.« Nous avons eu quelques surprises négatives, indique M. Passeron. L’investissement des ménages en logement a continué, par exemple, de baisser au rythme de - 1,5 % par trimestre (- 6 % sur l’année), alors que nous pensions qu’il allait se redresser. En revanche, il y a aussi des aléas haussiers. Le prix du pétrole a continué de chuter. Il est bien inférieur aux 70 dollars le baril que nous avions prévus en décembre. L’impact de la baisse du cours de l’or noir sur la croissance pourrait être supérieur à ce que nous avions prévu ».« Il nous reste à espérer que 2015 soit l’année de la rupture. Que les ménages aient un peu plus de pouvoir d’achat, que la dynamique économique soit un peu plus du côté de la demande et que la croissance s’en ressente », relève Philippe Waechter.Dans l’immédiat, la France n’en est pas là. Et le caractère médiocre des enquêtes de climat des affaires en fin d’année, après le rebond des mois d’octobre et novembre, n’incite pas vraiment à l’optimisme. La confiance semble toujours faire défaut aux chefs d’entreprise.Michel Sapin, lui, reste néanmoins confiant dans la possibilité de l’économie française d’atteindre en 2015 une croissance de 1 %.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Contrairement à la France, l’Allemagne a fini l’année 2014 en beauté. Au quatrième trimestre, l’économie allemande a progressé de 0,7 % par rapport au trimestre précédent, a annoncé, vendredi 13 février, Destatis, l’office fédéral de la statistique.Après un bon dernier trimestre 2013 (+ 0,4 %) et un bon démarrage de l’année 2014 (+ 0,8 % sur la période janvier-mars), l’activité avait chuté au deuxième trimestre (- 0,1 %), avant de se redresser un peu de juillet à septembre (+ 0,1 %). Les analystes s’attendaient à une croissance de « seulement » 0,3 % au dernier trimestre.Destatis qui avait annoncé, mi-janvier, que la croissance avait été de 1,5 % sur l’ensemble de l’année 2014, sans donner le détail du dernier trimestre, a corrigé ce chiffre à la hausse. En 2014, le produit intérieur brut (PIB) allemand a finalement été de 1,6%.L’estimation initiale, plus élevée que prévu à l’automne, avait déjà incité le gouvernement à revoir, fin janvier, à la hausse ses prévisions pour 2015, portant celles-ci de 1,3 % à 1,5 %.Demande intérieure, investissements et exportations en hausseSelon Destatis, la bonne surprise du quatrième trimestre s’explique par une pluralité de facteurs : la demande intérieure a progressé, les investissements, notamment dans le BTP, sont également en hausse, tout comme les exportations.Si la consommation est, depuis deux ans, le principal moteur de la croissance allemande, les exportations sont en effet loin de jouer un rôle négligeable.Le 9 février, Destatis avait d’ailleurs indiqué que l’année 2014 avait constitué un nouveau record dans ce domaine : les exportations se sont élevées à 1 095,8 milliards d’euros, en progression de 3,7 % sur un an. Et, du coup, le solde commercial a aussi atteint des sommets, à 217 milliards d’euros, en hausse de 11 %.Résultat de cette croissance : au quatrième trimestre 2014, l’Allemagne comptait 43 millions d’actifs, soit 412 000 de plus qu’un an auparavant.La conjoncture allemande bénéficie aussi de la baisse de l’euro et du faible prix des hydrocarbures.Chute des prixRevers de la médaille : les prix à la consommation ont, en janvier, baissé de 0,4 % par rapport à janvier 2014. Du jamais vu depuis la crise.Sur un mois, la baisse est encore plus spectaculaire, puisque les prix ont baissé de 1,1 %, en raison d’une baisse des prix des marchandises (- 2%), en partie compensée par une hausse des services (+ 1,2 %).Sur un an, la plupart des éléments qui composent l’indice des prix sont à la baisse, notamment le fioul domestique (- 30,8 %), l’essence (environ - 15 %) et les légumes (- 5,9 %).Utilisé comme référence par la Banque centrale européenne, l’indice des prix harmonisé à la consommation (IPHC) a été confirmé à - 0,5 % pour l’année 2014, bien loin de l’objectif officiel « sous les 2% mais proche des 2% ».Néanmoins, pour le moment, ni le gouvernement allemand ni la Bundesbank ne parlent de déflation.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Il y a quelques jours, une source européenne, très au fait du dossier grec, avait prévenu : « Vous verrez, il y aura un premier Eurogroupe très dur, voire un clash, puis ils signeront. » Au lendemain du Conseil européen (chefs d’Etat et de gouvernement) et deux jours après une réunion de l’Eurogroupe (instance qui réunit les ministres des finances de la zone euro), ce scénario n’est pas loin de se confirmer.Trouver un accord sur le « cas grec » semble désormais possible. C’est ce qu’a laissé entendre Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, jeudi 12 février à l’issue de la réunion, à Bruxelles, des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne (Conseil européen). « J’ai bon espoir que nous ayons un résultat sur la partie technique du processus, car je pense que c’est simplement une question de comparer différentes mesures et le contenu du programme [avec celui du gouvernement grec] », a-t-il déclaré en quittant le Conseil.M. Dijsselbloem a tenu à faire une différence entre accord « technique » et accord « politique » avec le nouveau gouvernement grec : « Je suis très prudent sur l’aspect politique. Ce sera très difficile. Cela prendra du temps. Attendez un peu avant d’espérer », a-t-il averti.« S’il y a accord technique, cela veut dire qu’il y a accord politique », a rétorqué le premier ministre grec, Alexis Tsipras, pour qui il s’agissait du premier « vrai » rendez-vous sur la scène européenne. « La discussion et l’évolution d’aujourd’hui signalent une disposition pour un accord politique, a-t-il insisté. Il a été prouvé que personne ne veut créer des conditions de rupture », au profit de la cohésion de la zone euro.Les mots « troïka » et « mémorandum » soigneusement évitésLes dirigeants européens n’ont pas engagé de négociations avec M. Tsipras sur la dette ou les difficultés économiques du pays, a toutefois tenu à souligner le président du Conseil européen, Donald Tusk.Et c’est vrai. Car le Conseil européen proprement dit n’a pratiquement pas évoqué le sujet grec. M. Tusk ne voulait pas que celui-ci fasse débat lors de ce rendez-vous.Tout, ou presque, s’était passé auparavant en coulisses. M. Dijsselbloem a rencontré M. Tsipras avant le Conseil pour tenter de renouer le dialogue après le fiasco de la veille. Et pouvoir annoncer la poursuite des négociations au cours du Conseil.Face à des pairs, en Conseil, M. Tsipras a néanmoins pu confirmer, conjointement avec M. Dijsselbloem, que le contact entre les Grecs et leurs créanciers internationaux, réunis au sein de la « troïka » (Fonds monétaire international, Banque centrale et Commission européennes), n’était pas rompu.« J’ai expliqué quels étaient les projets du gouvernement, les réformes dans l’administration publique, la lutte contre l’évasion fiscale et la corruption, comment nous comptions accroître les recettes publiques. Et que le traitement de choc qui avait été appliqué à la Grèce ces dernières années avait conduit à un désastre », a indiqué M. Tsipras.Les mots « troïka » (honni de la population grecque) et « mémorandum » (les mesures de rigueur) ont été soigneusement évités. Cela a été considéré comme une petite victoire pour la délégation grecque.Une concession – mineure – a été faite aux Allemands : on parle de discussions « techniques » et c’est l’Eurogroupe qui prendra la décision « politique ».Quand les économistes débattent sur la GrèceTrois jours de discussions « sur des bases communes »Vendredi 13 février, ces discussions « techniques » devaient reprendre entre le gouvernement grec, des représentants de la Commission européenne et de la BCE, à Bruxelles.Ces discussions vont se faire « sur des bases communes entre l’actuel plan d’aide et le plan des Grecs », selon l’entourage de M. Dijsselbloem.L’idée est que, pendant trois jours, les Grecs, aidés par leur conseil, l’OCDE, présentent les détails de leur plan de réformes. Et que cette liste soit comparée à celle des réformes restant à faire dans le cadre de l’actuel plan d’aide, signé avec le gouvernement grec précédent, mais dont ne veut pas entendre parler M. Tsipras.L’objectif est d’aboutir à une ébauche d’accord sur ce qui peut être gardé de l’ancienne liste, et ajouté de la nouvelle : quelles privatisations conserver, par exemple ? Combien d’embauches de fonctionnaires ajouter ? Sachant que les créanciers des Grecs veulent que l’impact sur les équilibres budgétaires soit minimal.Est-ce que cela suffira pour un accord lundi 16 février, lors d’une nouvelle réunion de l’Eurogroupe ? Personne ne voulait lancer de pronostic, vendredi, l’Eurogroupe précédent ayant laissé un goût trop amer aux Européens.« Pour lundi, c'est une réunion qui est difficile, c'est une réunion qui est décisive, a déclaré, vendredi matin, sur Europe 1, le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici. Je suis optimiste parce que je souhaite que nous trouvions cet accord, il est possible. »L’objectif est d’arriver à un accord sur un cadre juridique de négociation de la dette lundi. Car le temps compte désormais. L’actuel plan d’aide à la Grèce s’achève le 28 février à minuit. Au-delà, si aucun accord n’était conclu, le pays risquerait de se retrouver, très vite, à cours de liquidités.Grèce : le scénario catastrophe de la sortie de la zone euro ?Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Guy Dutheil Les salariés d’Aéroport de Paris (ADP) ne relâchent pas la pression sur la direction pour obtenir une augmentation générale des salaires. En grève de 24 heures, du 12 au 13 février, ils étaient 250 à l’appel de la CGT, à manifester, jeudi 19 février, devant le siège d’ADP, boulevard Raspail à Paris, à l’occasion du conseil d’administration d’ADP, chargé d’avaliser les résultats annuels 2014 du gestionnaire d’aéroports.Augustin de Romanet ne veut pas entendre parler d’augmentation générale. Le PDG d’ADP prône « une politique salariale responsable ». Il assure que « le salaire d’un collaborateur d’ADP en 2015 progressera en moyenne de 2,4 % », soit « un gain de pouvoir d’achat moyen de 1,8 % ».Aux syndicats, qu’il a reçus jeudi, le PDG a justifié son refus par « un rapport de force plus important en faveur de l’Etat, des actionnaires et des clients », tous opposés à une hausse des coûts, indique la CGT.Aéroports de Paris : les salaires au centre du mouvement de grèvePourtant, ADP aurait de quoi se montrer plus généreux avec ses personnels. Le gestionnaire d’aéroports est en pleine forme. Pour preuve, en 2014, l’excédent brut d’exploitation (Ebitda) « a progressé plus vite que le chiffre d’affaires, avec une hausse de 3,4 % à 1,109 milliard d’euros ».En 2014, le gestionnaire d’aéroports a aussi réalisé un confortable bénéfice net de 402 millions d’euros, en progression de 33,3 %. Un « ressaut marqué », comme s’en félicite M. de Romanet, obtenu grâce à la poursuite en 2014 d’un plan de réduction des coûts engagé en 2013. Ces mesures ont « généré 56 millions d’euros d’économies », ajoute le PDG.3,1 milliards d’euros d’investissementsJustement, Air France, qui entre pour 50 % du chiffre d’affaires d’ADP, louche sur la cagnotte des bénéfices. La compagnie aérienne, encore dans le rouge en 2014, voudrait une baisse ou la stabilité des taxes d’aéroports. « Les redevances aéroportuaires versées à ADP l’an dernier représentent en moyenne 2,5 % des charges d’Air France », se défend le PDG. Plutôt qu’une baisse, il promet de tout faire, à l’avenir, « pour les modérer et rester compétitifs ».ADP et Air France s’affontent sur les redevances aéroportuairesAu passage, M. de Romanet, rappelle à Air France qu’il a, avec l’aide de la compagnie, obtenu la suppression « sur deux ans de la taxe sur les passagers en correspondance ». Une mesure qui allège « de 70 millions d’euros par an la charge d’Air France », pointe encore le PDG.Pour justifier son opposition à une baisse des redevances aéroportuaires, ADP, pointe également qu’à l’occasion du troisième contrat de régulation économique (CRE 3) il a pris l’engagement « d’investir dans les cinq prochaines années plus de 3,1 milliards d’euros pour améliorer le hub de Paris ».ADP prévoit de construire un nouveau système de tri de bagages. « Si des compagnies considéraient que certains de nos investissements sont inutiles, je serais prêt à les écouter », ironise le PDG.En 2014, ADP a poussé les feux de son développement, notamment pour refaire son retard sur l’aéroport d’Heathrow à Londres. « Nous avons attiré à Paris quinze nouvelles compagnies aériennes en 2014 », signale le patron d’ADP. Un afflux qui a permis une hausse de 2,6 % du trafic passagers l’an dernier.« C’est un bon chiffre si l’on considère que la grève des pilotes d’Air France nous a fait perdre environ un point de croissance du trafic. Sans la grève, nous aurions atteint au minimum 3,6 % de hausse du trafic l’an passé », souligne le PDG.Augmenter les dépenses par passagerDepuis son arrivée aux commandes d’ADP, M. de Romanet a mis le cap sur l’international. Il vient de remporter l’appel d’offres pour l’aéroport de Santiago du Chili. « Une concession d’une durée de 20 ans », avec, à la clef, « un investissement de 900 millions de dollars pour les travaux de rénovation et de construction d’un nouveau terminal », se frotte les mains le patron.Après le Chili, c’est l’aéroport de La Guardia, à New York qui pourrait tomber dans l’escarcelle d’ADP. La réponse est attendue en juin. En Asie, « nous savons qu’il y a un intérêt du gouvernement vietnamien pour ouvrir la concession de l’aéroport d’Ho Chi Min ville (ex-Saïgon) ».Plus que le Vietnam, c’est la Chine qui fait saliver le patron d’ADP : « Le plan quinquennal chinois en cours prévoit la construction de 84 nouveaux aéroports et l’extension de 120 autres. »Le gestionnaire d’aéroports vise aussi la clientèle chinoise à Paris. Beaucoup plus dépensière. Un passager chinois achète en moyenne pour 122 euros dans les boutiques d’ADP quand un américain n’en dépense que 40.En 2014, le chiffre d’affaires par passager d’ADP a atteint 18,2 euros, en progression de 3 % par rapport à 2013. Encore loin d’Heathrow où il serait supérieur de 50 %.ADP aura besoin de beaucoup de voyageurs chinois pour remplir les objectifs du CRE3 qui prévoit que le revenu par passager devra atteindre 19 euros en 2015. « Nous devrions y parvenir », estime, prudent, M. de Romanet. Notamment en développant « une offre accessible de boutiques avec des marques plus grand public ».Après les grands noms du luxe, ce sont des marques milieu de gamme, comme Desigual et Mango, qui devraient ouvrir des boutiques à Orly et à Roissy.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Ce n’est pas le grand plan d’aide à l’Italie, souhaité par beaucoup, ou l’ébauche d’une nouvelle politique migratoire mais une simple mesure d’urgence : la Commission de Bruxelles a décidé, jeudi 19 février, de prolonger jusqu’à la fin de 2015 l’opération Triton de surveillance en Méditerranée et d’octroyer une aide d’urgence de 13,7 millions d’euros aux autorités italiennes pour les aider à gérer de nouveaux afflux de migrants et de demandeurs d’asile. Plus de 5 600 d’entre eux ont été sauvés en janvier, 19 500 depuis novembre 2014, a indiqué Dimitris Avramopoulos, le commissaire grec aux affaires intérieures.La Commission a débloqué jeudi un budget de 18 millions qui permettra de prolonger l’opération Triton, coordonnée par Frontex, l’agence de surveillance des frontières extérieures de l’Europe. Le mandat de l’opération ne semble, a priori, pas modifié, les États refusant que les bateaux s’approchent des côtes libyennes ou d’autres pays d’Afrique du Nord. Ils craignent un effet d’« aspiration » qui aurait pour effet d’accroître le nombre de des personnes tenant de rejoindre l’Europe.L’opération de sauvetage « Mare Nostrum » avait été arrêtée fin 2014, plusieurs pays ayant fait pression sur l’Italie en lui reprochant de favoriser les traversées de la Méditerranée. Selon ces critiques, les candidats à l’exil n’hésitaient pas à se lancer dans une traversée puisqu’ils étaient convaincus qu’ils seraient de toute façon recueillis. Rome affirmait, quant à elle, ne plus pouvoir supporter le coût d’une mission d’une telle ampleur.Menace terroristeTriton, dotée de moyens faibles (3 avions et 9 navires, dont une partie ne pouvant opérer en haute mer), ne paraît pas être un outil plus adapté à la situation actuelle, qui voit des clandestins tenter un passage malgré de mauvaises conditions climatiques et des passeurs se montrer de plus en plus agressifs et violents. Des gardes-côtes italiens ont, pour la première fois, été menacés par des hommes en armes la semaine dernière. Et, jusqu’ici, aucun pays n’a évoqué la possibilité de faire intervenir la force de réaction rapide coordonnée par Frontex, soit 1 800 hommes qui peuvent être déployés en une semaine.Un nouveau phénomène préoccupe, en tout cas, les autorités, sans que le commissaire y apporte une réponse convaincante : des officiels italiens et égyptiens s’inquiètent de la possible arrivée de membres de groupes terroristes sur le sol européen à la faveur des afflux de réfugiés. La Commission de Bruxelles doit débattre le 4 mars d’un nouveau calendrier concernant la politique migratoire. M. Avramopoulos affirme qu’elle doit ébaucher une stratégie sur le long terme et une approche « holistique » destinée à attaquer les racines du problème, en lien avec les pays d’origine et de transit. Les ministres de l’intérieur se réuniront le 12 mars pour évoquer les différents volets des problèmes actuels, et notamment la lutte contre les réseaux de passeurs.L’Italie « n’est pas seule »Dans l’immédiat, le commissaire grec assure que l’Italie « n’est pas seule » et souligne que si la politique migratoire européenne n’a « pas réussi » jusqu’ici, elle sera davantage solidaire à l’avenir. « La solidarité entre États était un slogan, elle ne s’est pas manifestée dans la pratique », a déclaré Dimitris Avramopoulos. Il estime que les choses vont changer et entend relancer les programmes européens d’installation des réfugiés. Il dit également vouloir redéfinir les conditions d’entrée « légales et sécurisées » pour les personnes qui fuient les conflits.Il n’indique pas, en revanche, comment il entend convaincre les États qui n’avaient pas voulu des propositions en ce sens de la précédente Commission. Et qui avaient aussi refusé de réviser l’accord dit « Dublin 2 », qui obligeait l’Etat où arrivent les migrants de traiter leur demande d’asile et de renvoyer ceux qui n’obtenaient pas de titre de séjour, y compris ceux appréhendés dans un autre pays de l’Union européenne.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.02.2015 à 13h08 • Mis à jour le19.02.2015 à 16h54 L'accord de Minsk, signé entre les deux camps qui se battent dans l'est de l'Ukraine, doit être appliqué dans son intégralité. Moscou, Kiev, Berlin et Paris en sont convenus lors d'un entretien téléphonique entre leurs quatre chefs de l'Etat, jeudi 19 février. Vladimir Poutine, Petro Porochenko, Angela Merkel et François Hollande ont dénoncé les récentes violations du cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine, a indiqué l'Elysée.Les ministres des affaires étrangères des quatre pays doivent dialoguer dans la journée pour définir les modalités du mécanisme de supervision de l'accord de Minsk. Et une rencontre devrait avoir lieu entre eux dans les jours qui viennent, peut-être à Paris, selon une source diplomatique française.Lire l'analyse (édition abonnés) : Les zones d’ombre de l’accord de MinskCESSEZ-LE-FEU THÉORIQUEM. Porochenko a ajouté qu'il avait été décidé lors de la conversation téléphonique que les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) aient pleinement accès à l'ensemble des sites « où ont lieu aujourd'hui des attaques ». M. Porochenko a également appelé ses homologues à « ne pas prétendre que ce qui s'est passé à Debaltsevo est conforme » à l'accord de cessez-le-feu conclu voilà une semaine à Minsk.De leur côté, réunis à Madrid, les chefs de la diplomatie espagnol et britannique ont assuré que la solution de la crise en Ukraine continuait à passer par le dialogue et ne pouvait impliquer un soutien militaire aux forces ukrainiennes.DEBALTSEVO, « PAS UNE HUMILIATION »L'armée ukrainienne s'est retirée de Debaltsevo, ville stratégique tombée mercredi aux mains des séparatistes prorusses. « Les troupes sont sorties avec leurs armes, il y a eu un nombre limité de victimes. Ce n'est pas une humiliation, c'est un retrait », affirmait-on jeudi de source diplomatique française.Treize militaires ukrainiens ont été tués mercredi lors du retrait de l'armée de la ville, a annoncé Kiev, jeudi, ajoutant qu'au moins quatre-vingt-treize soldats ukrainiens avaient été faits prisonniers et que quatre-vingt-deux étaient portés disparus.Lire nos explications : Comment Kiev a perdu DebaltsevoAPRÈS DEBALTSEVO, MARIOUPOL ?Mais les séparatistes prorusses vont-ils s'arrêter à Debaltsevo, verrou stratégique pour le contrôle de l'est de l'Ukraine, ou vont-ils pousser leur avantage et continuer de gagner du terrain plus à l'ouest, ou vers le sud maritime et le port de Marioupol ?Des soldats ukrainiens dans cette région et des témoins indiquent que des rebelles ont déclenché des tirs de mortier contre la localité de Chirokine, près de Marioupol, grande ville portuaire tenue par l'armée, au bord de la mer d'Azov, et massent des combattants. Lire le reportage : En Ukraine, le bruit des armes malgré la trêveCONVOI HUMANITAIRE ET LIVRAISON DE GAZCôté civils, un convoi conjoint de trois agences de l'Organisation des Nations unies transportant de l'aide humanitaire est attendu jeudi à Donetsk, le premier à parvenir dans le bastion des rebelles prorusses dans l'est de l'Ukraine. Sur une initiative conjointe du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ce sont six véhicules contenant 62 tonnes d'aide qui doivent parvenir à la population locale. Celle-ci manque notamment de médicaments et de biens de première nécessité, et subit des coupures d'électricité et d'eau.La Russie, de son côté, a commencé jeudi à fournir du gaz aux territoires de l'est de l'Ukraine après que les séparatistes eurent indiqué ne plus être approvisionnés par la compagnie ukrainienne, a annoncé le patron du groupe russe Gazprom.Voir le portfolio : En images : Ukraine, la guerre côté rebelleslmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2h4nn8"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2h4nn8", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Marie Charrel, Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L'essentielLa Grèce avait jusqu'au 20 février pour demander officiellement l'extension du plan d'aide actuel.Dans le document transmis jeudi, les autorités grecques promettent "l'équilibre budgétaire" pendant six mois, mais refusent toujours l'austérité.L'Eurogroupe répondra officiellement lors d'une réunion, vendredi. Depuis mardi 17 février au matin, Bruxelles attendait du gouvernement d’Alexis Tsipras qu’il formule, par écrit, une « demande d’extension du plan » d’aide internationale au pays. C’est ce que celui-ci vient de faire jeudi 19 février.Jeroen Dijsselbloem, le président de l'Eurogroupe (réunion des 19 ministres des finances de la zone euro), a confirmé, jeudi 19 février en milieu de matinée, que la Grèce a bien fait parvenir officiellement une demande de prolongation, et ce pour une durée de six mois, de l'accord portant sur une aide financière. La demande grecque « ouvre la voie à un compromis raisonnable », a indiqué dans la foulée le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Un point de vue que l’Allemagne ne partage pas.Lire l’intégralité de la lettre (en anglais)Pourquoi cette lettre était-elle tellement attendue ?Lundi 16 février au soir, à l’issue d’un Eurogroupe raté, Jeroen Dijsselbloem, avait lancé un ultimatum au gouvernement d’Alexis Tsipras : si la Grèce voulait continuer à bénéficier d’une aide financière de l’Europe, elle devait demander, avant le 20 février, une « extension du programme actuel » d’aide de quatre à six mois, assortie d’un certain nombre d’engagements.Les Européens avaient prévenu Athènes : après, il serait trop tard pour rallonger ce plan d’aide au-delà du 28 février, date théorique de son extinction.Or, sans « parapluie » financier et réglementaire, la Grèce, qui se relève à peine de six ans de crise violente, sera contrainte de se financer seule et à des taux prohibitifs sur les marchés. Elle devra faire face à des échéances de remboursement importantes de son énorme dette (175 % du produit intérieur brut) dès le printemps. Selon diverses estimations, Athènes aurait besoin d’un apport supplémentaire de 4 milliards d’euros pour « passer » le mois de mars.Regarder notre visuel interactif : Six ans de tragédie grecqueQuelles demandes le gouvernement grec formule-t-il ?Le ministre des finances Yanis Varoufakis avait prévenu que le document du gouvernement grec « sera rédigé de façon à satisfaire à la fois la Grèce et le président de l’Eurogroupe ».On y retrouve notamment les demandes suivantes : pouvoir abaisser le niveau d’excédent primaire du budhet de l’Etat grec (avant paiement des dettes) pour les années 2015 et 2016 au-dessous du seuil de 3 % du PIB prévu par le programme actuel, et relever le plafond d’émissions de bons du Trésor.Athènes souhaite également pouvoir appliquer une partie de son programme d’urgence sociale. Un premier projet de loi relatif au gel des saisies et mise aux enchères des biens immobiliers des foyers surendettés devait être présenté dès jeudi au Parlement.En échange, le gouvernement grec verrait d’un œil positif certaines des exigences de la « troïka » telles que le lancement de réformes visant à renforcer l’indépendance de l’administration fiscale et la modernisation du système judiciaire afin de lutter contre les oligarques.En revanche, le pays refuse toute nouvelle baisse des retraites, hausse de la TVA ou flexibilisation du droit du travail… Et ne veut pas entendre parler de mesures unilatérales.Par ailleurs, selon un responsable grec, cité par Reuters, la demande de prolongation de l’aide porte sur le dispositif d'aide financière obtenu auprès du Fonds européen de stabilité (FESF). Dans ce cadre, les conditions associées au versement de cette aide différeraient de celles auxquelles la Grèce est soumise dans le cadre du programme d'aide géré par la troïka (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne).Ce dernier programme avait été mis en place en 2012, avec un prêt de 130 milliards d’euros conditionné au lancement de réformes visant à restaurer la compétitivité du pays.Lire notre reportage interactif : Cette Grèce qui n'a pas voté SyrizaQui va décider si la demande de la Grèce est acceptable ou non ?Une réunion préparatoire à l’Eurogroupe a été convoquée pour jeudi 19 février, à 15 heures, pour examiner la lettre grecque. Cette réunion, à laquelle participent les directeurs du Trésor des 19 pays de la zone euro, doit statuer sur la demande des Grecs.Si rien n’est tranché, ce sera à un Eurogroupe – au niveau ministériel – de prendre la décision, vendredi 20 février ou lundi 23 février. « C’est le président de l’Eurogroupe, M. Dijsselbloem, qui prendra la décision », a annoncé Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission chargé de la stabilité de l’euro.Il s’agit d’apprécier si Athènes répond aux engagements attendus. Les Européens ne veulent en effet pas que M. Tsipras mette sur les rails des mesures anti-austérité qui entameraient la compétitivité et les finances publiques de la Grèce. La marge d’appréciation est conséquente et l’exercice éminemment politique.Les pays de la zone euro sont-ils tous sur la même ligne ?Les pays membres de la zone euro ne sont pas tous au diapason sur le sujet. Les Allemands sont sur une ligne dure : accorder une marge de manœuvre la plus faible possible à Athènes.Les Français sur une ligne plus compréhensive : le ministre des finances, Michel Sapin, déclarait ainsi mercredi que la France ferait « tout » pour qu’un accord soit rapidement conclu avec la Grèce.La Commission européenne, elle, joue aux « facilitateurs ». Son président, Jean-Claude Juncker, a ainsi passé sa journée de mercredi au téléphone avec le premier ministre grec, selon une source européenne. « Nous avons besoin de la Grèce dans la zone euro, et la Grèce a aussi besoin de la zone euro », disait pour sa part Pierre Moscovici, le commissaire à l’économie, mercredi matin sur Bel RTL.A quel jeu joue la BCE ?Le rôle que tient l’institut monétaire dans le dossier grec est à la fois déterminant et délicat. Créancier de la Grèce, il est aussi le maître des liquidités essentielles à la survie des banques grecques, fragilisées par les fuites de capitaux.Or, ce sont aujourd’hui ces banques qui achètent la dette à court terme de l’Etat grec et donc lui permettent de se financer… Le 11 février, la BCE a coupé l’un des régimes de liquidité d’exception accordés à la Grèce. Mais elle en a maintenu un second, baptisé « ELA », qui autorise la banque centrale d’Athènes à accorder directement des liquidités aux établissements helléniques.Le 18 février, elle a augmenté le plafond de ces ELA de 65 à 68,3 milliards d’euros. Et toutes les deux semaines elle devra renouveler ou non son feu vert pour son maintien. Une épée de Damoclès pour Athènes, qualifiée de scandaleux chantage de Francfort par certains.Mais s’il est clair que la BCE met la pression sur M. Tsipras et ses partenaires afin qu’ils trouvent un accord au plus vite, il est peu probable qu’elle suspende les ELA. Même au plus fort de la crise chypriote, elle n’a jamais imposé une telle saignée à Nicosie.Lire l’analyse (édition abonnés) : Alexis Tsipras, droit dans ses bottes face à l’EuropeAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) et Benoît Vitkine (Kiev, envoyé spécial) Les mots formatés et rassurants du président ukrainien Petro Porochenko, évoquant un « retrait organisé et planifié », ne convaincront pas grand monde. Mercredi 18 février, les quelques milliers de soldats ukrainiens pris au piège de la ville de Debaltsevo n’ont réussi à rompre l’encerclement dont ils faisaient l’objet qu’au prix de pertes importantes. On ignore leur nombre exact. L’armée a parlé de 6 tués pour 2 475 hommes sortis, mais a pour habitude de donner des bilans inférieurs à la réalité. Dans la morgue de la ville d’Artemivsk, qui sert de base arrière à cette portion nord du front, des journalistes ont compté une quarantaine de cadavres. Une centaine de blessés ont été accueillis à l’hôpital de cette ville. Il risque d’y en avoir d’autres, abandonnés tout au long de la vingtaine de kilomètres qui séparent Debaltsevo d’Artemivsk.Lire aussi : L'armée chassée du « chaudron » de Debaltsevo par les séparatistesParmi les soldats qui ont réussi à sortir, mercredi, certains ont raconté être partis à pied dans la nuit, passant à travers les champs et les bois pour éviter les positions séparatistes. D’autres ont grimpé à bord de camions et de véhicules blindés et foncé sur la route étroite et gelée, sous un pilonnage intensif d’artillerie. Plusieurs ne sont jamais arrivés. Debalstevo est passée sous le contrôle des séparatistes prorusses.La ville, 25 000 habitants en temps de paix, constituait une position stratégique pour l’état-major ukrainien. Nœud ferroviaire, elle forme un saillant dans le territoire rebelle, et coupe la route directe entre Donetsk et Louhansk, les « capitales » séparatistes. Elle est aussi un verrou pour le nord et une éventuelle reconquête des anciens fiefs rebelles de Slaviansk et Kramatorsk. Son encerclement était devenu évident depuis plusieurs jours, malgré les dénégations du président Porochenko.« Mauvais renseignements »Mercredi, en préambule à une réunion du Conseil de sécurité nationale et de défense, le dirigeant ukrainien a annoncé que son pays demanderait l’envoi d’une mission d’interposition policière de l’Union européenne. Ce serait « la meilleure option […] pour garantir la sécurité, dans une situation où le cessez-le-feu n’est respecté ni par la Russie, ni par ceux qui la soutiennent », a-t-il affirmé. Annoncé à Paris comme à Moscou, le nouvel échange téléphonique prévu dans la soirée entre les quatre parrains des accords de Minsk, Vladimir Poutine, Petro Porochenko, François Hollande et Angela Merkel, a été repoussé au lendemain matin, jeudi.Ce nouveau revers pour Kiev intervient une semaine après les accords de Minsk signés dans la capitale biélorusse le 12 février, qui devait imposer un cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine, ravagé depuis dix mois par un conflit sanglant. Or, malgré la « caution » apportée par quatre chefs d’Etat, le Russe Vladimir Poutine, l’Ukrainien Petro Porochenko et le couple franco-allemand François Hollande et Angela Merkel, non seulement le cessez-le-feu n’a jamais été mis en pratique mais la situation a empiré.En se séparant après seize heures de négociations tendues, les quatre dirigeants ne pouvaient pas ignorer le risque. Car, à Minsk, il a bien été question de Debaltsevo. Mais pendant toutes ces heures de négociations serrées le président ukrainien s’est arc-bouté à nier les difficultés de son armée, selon des témoignages recueillis par Le Monde. « Vous êtes encerclés : que faites-vous ? » l’a sans relâche interpellé Vladimir Poutine. « Non, nous ne sommes pas encerclés », lui a répondu systématiquement son homologue ukrainien. Ce fut un rapport de forces permanent, raconte un participant direct, qui l’assure : « Evidemment, cela ne s’est pas fait dans un climat de franche camaraderie, mais Debaltsevo a tout le temps été évoqué. » Pourquoi, alors qu’il bénéficiait du soutien du président français et de la chancelière allemande, l’Ukrainien s’est-il entêté à nier la fragilité de la position de son armée ? « Soit il espérait encore se désencercler, soit il avait de mauvais renseignements », estime une source diplomatique à Paris. « Soit il leur mentait, soit il ne connaissait pas la vérité », renchérit-on à Berlin.« Conditions inacceptables »Jusqu’au bout, la confusion a régné dans l’immense palais de la capitale biélorusse prêté par son président, Alexandre Loukachenko. A 10 h 30, ce fameux matin du 12 février, alors qu’un accord semblait imminent, Petro Porochenko, subitement, s’énerve. « Les conditions posées par les Russes sont inacceptables », déclare-t-il à des journalistes, tout en affirmant qu’il reste un « espoir ». Pendant ce temps, tandis que François Hollande et Angela Merkel s’emploient à entretenir coûte que coûte la perspective d’un plan de paix, Vladimir Poutine, lui, est parti tranquillement… se changer au troisième étage de l’imposant bâtiment. Le président russe ne cède rien. Il connaît la situation sur le terrain et les dénégations de son interlocuteur ne l’impressionnent pas. Et, lorsque les quatre de Minsk se retrouvent dans le petit salon du rez-de-chaussée, la discussion autour de Debaltsevo n’a pas évolué d’un iota.C’est dans ces conditions qu’un accord est annoncé. Guilleret, Vladimir Poutine se présente quelques instants plus tard devant la presse. « Avez-vous dormi ? Non ? Qu’est-ce que vous avez fait ? Nous, on a travaillé… » Et sans tarder le chef du Kremlin évoque le sujet : « Le problème […] est que les représentants des républiques populaires de Donetsk et de Louhansk affirment qu’en réponse aux actions agressives des autorités de Kiev ils ont non seulement résisté mais, en passant à l’offensive, ils ont encerclé un groupe de 6 000 à 8 000 soldats et ils espèrent, bien sûr, que ce groupe déposera les armes et cessera de combattre. » « Toutefois, ajoute-t-il, nous appelons les deux parties à agir avec réserve et à déposer les armes pour éviter une effusion de sang et à faire tout leur possible pour que la séparation des troupes encerclées et le retrait de l’artillerie lourde se passent sans victimes inutiles. » La suite était donc annoncée.« Incompétence »Sur place, la situation est devenue définitivement intenable mardi, lorsque des combats de rue à l’arme automatique ont éclaté à Debaltsevo. Une centaine d’Ukrainiens ont alors été faits prisonniers par les séparatistes et montrés à la télévision russe. Ce même jour, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté une résolution pour endosser les engagements pris à Minsk. « Ils deviennent donc des obligations que les parties signataires des accords prennent devant la communauté internationale », se réjouit alors François Delattre, le représentant français permanent à l’ONU. Pendant ce temps, en visite en Hongrie, Vladimir Poutine commente les événements sur un ton mordant : « Bien sûr que c’est dur de perdre. Ça l’est encore plus face à d’anciens mineurs et d’anciens conducteurs de tracteurs. Mais c’est la vie, ça passera. » Le soutien russe à l’offensive sur Debaltsevo ne fait en réalité aucun doute, quand bien même la ville faisait partie, selon Minsk, du territoire sous contrôle ukrainien. Une quantité sans précédent de blindés et de pièces d’artillerie ont été déployés pour venir à bout de la résistance ukrainienne. Trois jours plus tôt, Le Monde avait vu un détachement complet de soldats au visage asiatique participer à l’offensive.Mais cela n’explique pas l’entêtement de l’état-major ukrainien et de son commandant en chef, Petro Porochenko, à maintenir la position alors même que le piège se refermait peu à peu. Les chefs rebelles n’avaient pas fait mystère de leurs intentions, en s’arrogeant le « droit » de bombarder Debaltsevo malgré l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Aujourd’hui, le sort de la ville rappelle à la population ukrainienne la tragédie d’Ilovaïsk, un autre nœud ferroviaire où des milliers de soldats ukrainiens s’étaient retrouvés enfermés, au mois d’août. Entre 130 et 450 d’entre eux y avaient été tués. Le traumatisme, immense, avait alors coûté son poste au ministre de la défense.Dès mercredi, les attaques contre « la trahison » ou « l’incompétence » des officiers supérieurs ukrainiens ont d’ailleurs repris, lancées notamment par les commandants des bataillons de volontaires, qui avaient payé un lourd tribut lors de la bataille d’Ilovaïsk et qui ont aussi participé à celle de Debaltsevo. Ces critiques visent désormais M. Porochenko. Le très influent journaliste militaire Iouri Boutousov écrivait mercredi : « La démocratie, c’est lorsque ceux qui ont pris des responsabilités assument leurs erreurs. Si les gouvernants ignorent cela, alors les gens commencent à brûler des pneus. »Benoît Vitkine (Kiev, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marie Charrel Cela ne s’était pas produit depuis octobre 2009. En janvier, l’indice des prix à la consommation français a reculé de 0,4 % sur un an, selon les statistiques publiées, jeudi 19 février, par l’Insee. Sur un mois, le recul est même de 1 %.« C’est une situation presque inédite, décrypte Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo Securities, dans une note sur le sujet. En soixante ans, le cas ne s’est produit que durant quelques mois de 2009. À l’époque, le choc déflationniste avait pour cause la grave crise financière et la récession associée ». Faut-il s’inquiéter du chiffre du mois de janvier ? Comment interpréter cette baisse ?Pourquoi les prix ont-ils baissé en janvier ?Selon les économistes de l’Insee, cette forte baisse des prix sur le premier mois de l’année est principalement due aux soldes d’hiver. Le prix des produits manufacturés a ainsi reculé de 3,2 % sur un mois, et ceux de l’habillement, de 16,5 % !Autre phénomène notable : la chute des prix de l’énergie, qui ont reculé de 7,1 % sur un an. « Plusieurs taxes sur les produits énergétiques ont été relevées en janvier 2015, mais, pour les produits pétroliers, la chute des cours a plus que compensé ces mesures fiscales : leur prix baissent de nouveau (-6 % en janvier) », explique ainsi l’Insee.Lire aussi : Zone euro : désinflation ? Déflation ? En tout cas, baisse des prixPeut-on dire que la France est en situation de déflation ?Les économistes ne cessent de se diviser sur le sujet, car ils ne sont pas tous d’accord sur la définition de la déflation.En théorie, celle-ci se définit par une baisse généralisée, durable et auto-entretenue des prix. Un scénario inquiétant, car les consommateurs, espérant profiter de prix plus avantageux encore, reportent alors leurs achats. Les entreprises se retrouvent alors avec des stocks sur les bras, puissent cessent d’embaucher, d’investir… L’ensemble de l’économie se bloque.La France est-elle dans ce cas de figure ? A priori non, car la baisse des prix observée est essentiellement liée à la baisse des cours du pétrole. Or, celle-ci ne dépend pas des fondamentaux de l’économie française. Elle ne devrait donc pas durer.Et surtout, elle n’est pas auto-entretenue. Avec un seul mois d’inflation négative, la France n’est donc pas en déflation. Les prix ne devraient se redresser que très lentement en 2015. L’inflation sera faible pendant longtemps encore, et ce, dans l’ensemble de la zone euro.Lire aussi : Pourquoi la déflation est-elle tout sauf une bonne nouvelle ?Cetet situation est-elle positive ou négative pour les Français ?À court terme, l’inflation négative est favorable au pouvoir d’achat des Français et donc, à la croissance. En revanche, l’épargne des ménages est pénalisée. Le taux du Livret A, le produit d’épargne le plus populaire de notre pays, est en effet indexé sur l’inflation. Pour l’instant, son taux est toujours de 1 %.En théorie, l’application de la formule aurait dû conduire à une baisse de 0,75 point le 1er février dernier. Le taux du Livret A serait alors tombé 0,25 %. Mais le gouvernement a choisi de le maintenir à 1 %, pour limiter la désaffection pour ce produit d’épargne.Mais si l’inflation reste aussi faible ces prochains mois, il aura du mal à justifier le maintien de ce taux.Lire nos explications (édition abonnés) : Les prix continuent de baisser en zone euroMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 19.02.2015 à 07h21 • Mis à jour le19.02.2015 à 07h50 Pour l'ex-président Valéry Giscard d'Estaing, une sortie de la Grèce de la zone euro, ou « Grexit », est la meilleure solution pour mettre un terme à la crise actuelle.  « La Grèce ne peut régler ses problèmes aujourd'hui que si elle retrouve une monnaie dévaluable. Il faut donc envisager ce scénario très calmement, à froid, dans l'intérêt de la Grèce elle-même », a-t-il dit aux Echos, jeudi 19 février.« L'entrée de la Grèce dans l'euro en 2001 fut une erreur évidente, j'étais contre à l'époque et je l'ai dit. Il n'y a, à l'heure actuelle, aucune agitation particulière dans la zone euro. La situation de la Grèce est singulière et extrême. »« Ce processus de sortie ordonnée doit et peut se dérouler de manière non conflictuelle, dans l'intérêt mutuel de chacun. C'est ce que j'appellerais une 'friendly exit', une sortie dans un esprit amical. »« La question fondamentale est de savoir si l'économie grecque peut repartir et prospérer avec une monnaie aussi forte que l'euro. La réponse est clairement négative (...) La Grèce a besoin de se donner la possibilité de dévaluer sa monnaie. Si elle ne le faisait pas, sa situation s'aggraverait et déboucherait sur une crise encore plus sévère », a ensuite ajouté M. Giscard d'Estaing.Le nouveau gouvernement grec d'Alexis Tsipras négocie actuellement avec ses partenaires de la zone euro sur la suite à donner à l'aide financière accordée par la « troika », le programme actuel de 240 milliards d'euros expirant le 28 février.Depuis le 17 février au matin, Bruxelles attend du gouvernement Tsipras qu'il formule, très officiellement et par écrit, une « demande d'extension du plan ». Une exigence qui tient jusqu'au 20 février. Si tel n'est pas le cas, les Européens ont prévenu Athènes : il sera trop tard pour rallonger ce plan d'aide au-delà de la date limite.Lire le décryptage : La Grèce risque-t-elle à nouveau de sortir de la zone euro ? Stéphane Lauer (New York, correspondant) Relèvera ? Relèvera pas ? La valse-hésitation de la Réserve fédérale américaine (Fed) à propos d’une prochaine remontée des taux d’intérêt n’est pas prête de s’arrêter. Les « minutes », rendant compte de la dernière réunion du Comité de politique monétaire des 27 et 28 janvier, publiées mercredi 18 février, indiquent en effet que la banque centrale reste très partagée sur l’opportunité de relever le loyer de l’argent dès le mois de juin, comme semblent le croire un certain nombre d’observateurs. La faiblesse de l’inflation, la remontée du dollar et les incertitudes sur la conjoncture internationale incitent les membres du Comité à la plus grande prudence.« Beaucoup de participants [au Comité de politique monétaire] ont indiqué que leur évaluation de l’équilibre des risques liés à la date de début de normalisation de la politique les incitait à maintenir les taux fédéraux à sa valeur plancher pour un temps plus long », indiquent les minutes de la Fed dans un style inimitable. En clair, il est urgent d’attendre avant de relever les taux, qui sont proches de zéro depuis décembre 2008.Inflation trop faiblePrincipal sujet d’inquiétude : l’inflation. La Fed s’est fixé un objectif d’une hausse des prix de 2 %. Or à ce jour, malgré un taux de chômage ramené à 5,7 %, les salaires n’augmentent pratiquement pas. L’impact de la baisse des prix du pétrole ne faisant que ralentir encore plus la marche vers les 2 % d’inflation. « Plusieurs participants considèrent la faiblesse persistante de l’inflation comme une préoccupation », est-il expliqué dans les minutes, certains membres suggérant que du fait de « la faiblesse de la croissance des salaires nominaux », le retour à une inflation de 2 % « pourrait prendre plus de temps que ce qu’anticipait le Comité ».États-Unis : la croissance ralentitAu cours de sa dernière réunion, la Fed a également fait part de ses préoccupations sur la forte hausse du dollar ces dernières semaines. Celle-ci est considérée comme une « source persistante de contrainte des exportations » américaines, quelques participants ayant pointé « le risque que le dollar puisse continuer à s’apprécier ».Incertitudes mondialesSi la Fed reste globalement optimiste sur les perspectives économiques aux États-Unis, elle s’inquiète néanmoins de l’impact du ralentissement dans d’autres régions du monde. La Chine est ainsi considérée comme un facteur qui risque de peser sur « la croissance dans nombre de pays » auquel il faut ajouter « la pression déflationniste au niveau mondial, les tensions au Moyen-Orient et en Ukraine et les incertitudes financières en Grèce », souligne le texte. Toutefois, les membres de la Fed estiment que les risques pour les États-Unis restent « équilibrés ».Dans ce contexte, lors de la réunion de janvier, seule une minorité a considéré que la politique monétaire accommodante menée par la Fed depuis 2008 n’avait que trop duré. Même en prenant en compte les risques cités plus haut, cette poignée de participants estime « qu’il pourrait être approprié » de commencer à resserrer les taux « à court terme ».Confiance malgré toutLes minutes de la réunion font également part d’intenses débats à propos de la communication que la Fed devra utiliser dans les prochaines semaines. Quelques membres ont ainsi souligné les risques que constituerait l’abandon dans les prochains communiqués du terme de « patience » avant de relever les taux. Ils estiment que cela pourrait entraîner « un changement dans les attentes des marchés qui risquent d’anticiper à tort un resserrement de la politique monétaire à une date proche », ajoutant que « les marchés financiers pourraient réagir de façon exagérée, rendant les conditions financières plus strictes », s’inquiètent certains.Bref si la Fed semble confiante sur l’amélioration de la conjoncture américaine, le débat sur l’imminence d’une hausse des taux est loin d’être tranché. Il faudra attendre le prochain Comité de politique monétaire des 17 et 18 mars pour savoir si le sentiment majoritaire aura changé de camp.Aux Etats-Unis, un billet vert déjà trop cherStéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.02.2015 à 20h59 • Mis à jour le19.02.2015 à 11h18 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La lettre était attendue depuis deux jours. Elle est enfin arrivée, jeudi 19 février. Selon Jeroen Dijsselbloem, le président de l'Eurogroupe (les 19 ministres des finances de la zone euro), la Grèce a fait parvenir officiellement une demande de prolongation pour six mois de l'accord portant sur une aide financière.Selon un responsable grec, cité par Reuters, la demande porte sur le dispositif d'aide financière obtenu auprès du Fonds européen de stabilité (FESF). Dans la foulée, l’Eurogroupe a convoqué une réunion pour le 20 février.#Grèce: si Eurogroupe convoqué physiquement demain, c'est à priori que la lettre contient les éléments de langage— Cécile Ducourtieux (@c_ducourtieux) 19 Février 2015Dans ce cadre, les conditions associées au versement de cette aide différeraient de celles auxquelles la Grèce est soumise dans le cadre du programme d'aide géré par la troïka (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne). Sans plan, sans « parapluie » financier et réglementaire, la Grèce, qui se relève à peine de six ans de crise violente, avec un secteur bancaire convalescent et des finances publiques à peine équilibrées, sera obligée de se financer seule, à des taux prohibitifs sur le marché. Et devra faire face à des échéances de remboursement importantes de son énorme dette dès le printemps (321 milliards d’euros, auprès de la BCE, de l’UE et du FMI).Qu’attendent les Européens du gouvernement grec ?Lundi 16 février au soir, à l’issue d’un Eurogroupe raté, Jeroen Dijsselbloem avait lancé un ultimatum au gouvernement Tsipras. Pour continuer à bénéficier d’une aide financière de l’Europe, ela grèce devait demander une « extension du programme actuel » d’aide de quatre à six mois, assortie d’un certain nombre d’engagements.Parmi eux, celui de ne pas prendre de mesures unilatérales, de s’engager à ne pas revenir sur des réformes décidées par le précédent gouvernement du conservateur Antonis Samaras sans que cela ait été validé par les créanciers, d’honorer ses dettes, et d’assurer la stabilité du système financier.Le programme dont il est question est un prêt accordé à la Grèce, en 2012, d’un montant de 130 milliards d’euros (avancés par la BCE et l’UE), assorti déjà à l’époque de conditions, notamment la mise en place d’une longue liste de réformes visant à restaurer la compétitivité de l’économie grecque, et à rééquilibrer les finances publiques du pays.Lundi soir, M. Dijsselbloem a dit que l’Eurogroupe s’engageait à accepter des « aménagements » au programme de réformes actuelles. A en utiliser toutes les « flexibilités ».« Nous devons respecter le vote démocratique des Grecs, l’Europe ne peut pas ne pas en tenir compte », a expliqué le commissaire à l’économie, Pierre Moscovici. Mais les Grecs doivent accepter de travailler dans un cadre légal, « parce que c’est comme cela que l’Union fonctionne » répètent à l’unisson tous les ministres des finances de l’eurozone.Quelles demandes Athènes est-elle prête à formuler?Depuis le début du bras de fer avec le reste de l’eurozone, le nouveau premier ministre grec, Alexis Tsipras est décidé à mettre en œuvre un programme anti-austérité remettant en question la politique menée depuis cinq ans dans le pays par les créanciers d’Athènes (au premier rang desquels les pays de l’eurozone).Mais jusqu’à présent, il refusait de « terminer le deuxième plan d’aide », avec sa liste de réformes « pro-austérité » encore à mettre en place. Il sollicitait plutôt une « trêve » de quatre à six mois, un moratoire, ou un « programme relais », durant lequel l’Etat grec fonctionnerait avec une partie de l’argent qu’il doit encore recevoir dans le cadre du deuxième plan. Une période qu’Athènes mettrait à profit pour négocier avec les Européens la mise en place de sa propre liste de réformes politiques.Jusqu’à présent, les Européens qui ne peuvent accepter la remise en cause du plan, qu’ils considèrent comme un traité, ont dit qu’il n’existait pas de tels instruments (prêts relais, etc.) dans l’arsenal réglementaire de l’eurozone.Qui va décider si la demande de la Grèce est acceptable?« C’est le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, qui prendra la décision », a annoncé Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne chargé de la stabilité de l’euro. Concrètement, une réunion préparatoire à l’Eurogroupe a été convoquée pour jeudi 19 février, à 15 heures, pour examiner la lettre, si elle arrive effectivement.Cette réunion, à laquelle participent les directeurs du trésor des 19 pays de la zone euro, y compris, donc, évidemment, le directeur du Trésor grec (qui vient d’arriver à son poste), devra statuer sur la demande des Grecs.Si elle ne tranche pas, ce sera à un Eurogroupe – au niveau ministériel, donc politique – de prendre la décision, vendredi 20 février ou lundi 23 février. Peut-être au téléphone, pour éviter à M. Schauble, ministre des finances allemand, et son homologue, Yanis Varoufakis, de se retrouver dans la même pièce. Leurs relations se sont nettement détériorées ces derniers jours...Quel sera leur degré de souplesse par rapport aux termes utilisés par les Grecs ? La Commission européenne et certains, comme les Français, disent avoir la conviction qu’un accord est possible, et font tout pour aboutir à un accord en jouant les « facilitateurs ». M. Juncker, le président de la Commission, a passé sa journée au téléphone avec le premier ministre grec, selon une source européenne.Mais il faudra vaincre la résistance des Allemands, qui sont sur une ligne de négociation très dure vis-à-vis d’Athènes. Mardi soir, le ministre des finances allemand, Wolfgang Schauble, a martelé : « Il ne s'agit pas de prolonger un programme de crédit mais de savoir si le plan d'aide actuel sera bouclé, oui ou non. » Alors que son homologue français, Michel Sapin, déclarait mercredi que la France ferait « tout » pour qu'un accord soit rapidement conclu avec la Grèce. « Il faut trouver la solution qui permette à la Grèce d'avoir toute sa place dans l'Europe et à l'Europe de tenir compte des choix qui ont été faits par le peuple grec », a dit le ministre des finances français, en évoquant l'« échec politique grave » que constituerait une sortie de la Grèce de la zone euro.Voir aussi notre visuel interactif : Six ans de tragédie grecqueCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.02.2015 à 15h32 • Mis à jour le18.02.2015 à 17h35 Le débat fut percutant. De violentes altercations ont opposé des députés mardi 17 février au soir dans l'enceinte du Parlement de Turquie, à Ankara, autour d'un projet de loi très controversé renforçant les pouvoirs de la police.A moins de quatre mois des élections législatives du 7 juin, cinq élus de l'opposition, qui tentaient de retarder le débat sur ce texte, ont été blessés lors d'une bagarre générale au cours de laquelle ils se sont confrontés à leurs collègues du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) au pouvoir.Lire aussi (édition abonnés) : En Turquie, M. Erdogan veut un Parlement sous contrôleLa scène n'a pas été filmée, les débats se déroulant à huis clos. Mais des élus ont raconté à la presse la violence de l'affrontement : claques, jets de verre et même coups de maillet sur la tête. Quatre parlementaires ont été sérieusement touchés, au point d'être hospitalisés.L'OPPOSITION CRAINT UN « ÉTAT POLICIER »« Il y a toujours eu des bagarres au Parlement, mais c'est la première fois que je vois ça », a raconté à la télévision Ertugrul Kurkcu, élu du Parti démocratique des peuples (HDP, parti pro-kurde). «, lui-même blessé à la tête d'un coup de poing. Cette fois, c'est le projet de loi de réforme de la sécurité intérieure qui a provoqué les crispations entre députés. Décrié en Turquie comme à l'étranger, ce projet de loi renforce les pouvoirs de la police, autorisant entre autres arrestations, écoutes et perquisitions sur la base d'un simple « soupçon », sans contrôle immédiat du juge.L'opposition accuse le président, Recep Tayyip Erdogan, de vouloir transformer avec ce texte le pays en « Etat policier ». Elle a promis d'utiliser tous les moyens pour en retarder l'adoption, que le gouvernement souhaite à l'inverse « le plus rapide possible ». « On a vu ce qui est arrivé au Parlement. Je ne veux pas penser à ce qui va se passer dans les rues quand cette loi sera adoptée », a déclaré Melda Onur, députée du CHP.Les deux camps se sont renvoyés mercredi la responsabilité des événements de la nuit, qui illustrent la forte polarisation de la vie politique turque. En un an seulement, l'hémicycle de la Grande assemblée nationale a ainsi vu des députés rivaux en venir aux mains à au moins deux reprises. Eric Albert (Londres, correspondance) Le marché du travail continue à surprendre par sa vitalité au Royaume-Uni. Sur la période octobre-décembre 2014, le taux de chômage a baissé à 5,7 %, soit 1,5 point de moins qu’au cours du même trimestre un an auparavant, selon les chiffres publiés mercredi 18 février.Le chômage retrouve ainsi son plus bas niveau depuis août 2008, avant la faillite de la banque américaine Lehman Brothers et le début de la grande récession. Au total, il y avait 1,8 million de chômeurs au Royaume-Uni.Cette bonne nouvelle s’accompagne, dans le même temps, d’une poursuite de la progression du taux d’emploi, à 73,2 %. C’est un record historique, au plus haut depuis que cette série statistique a été commencée, en 1971.Cette robustesse du marché du travail britannique a été la principale surprise de la crise de ces dernières années.Les économistes s’attendaient initialement à une envolée du chômage, comme le Royaume-Uni l’avait connue lors des récessions précédentes dans les années 1980 et 1990. Cela ne s’est pas produit.L’essor des emplois précairesLe chômage a certes progressé, mais il s’est arrêté à un pic de 8,5 %, fin 2011, avant de fortement reculer avec le retour de la croissance.Initialement, l’explication venait en grande partie de l’explosion des emplois précaires et temporaires. Le nombre d’autoentrepreneurs a fortement progressé, souvent à la limite de l’abus du code du travail.On trouve ainsi des « autoentrepreneurs » qui sont chargés de relever les compteurs de gaz ou d’électricité, alors qu’ils n’ont pas le choix de leurs horaires de travail ni de l’endroit où ils doivent se rendre.Les livreurs de colis, qui se multiplient en cette ère de commandes sur internet, sont dans la même catégorie. En clair, le chômage n’a pas trop progressé parce que le nombre de travailleurs pauvres augmentait.Grande-Bretagne : plutôt travailleur précaire que chômeurDans le même temps, les salaires ont été gelés, tandis que l’inflation flambait. Sur les sept dernières années, les Britanniques ont connu la plus forte baisse de leur pouvoir d’achat depuis la crise des années 1930.Le retour des créations de postes à temps pleinCette tendance semble pourtant en train de s’inverser. Les dernières statistiques montrent que les emplois créés sont désormais très majoritairement à temps plein.Sur l’ensemble de 2014, le nombre d’emplois conventionnels a progressé d’un demi-million, tandis que le nombre d’autoentrepreneurs augmentait de 88 000.Surtout, les salaires progressent enfin plus vite que l’inflation. Les deux courbes se sont croisées pour la première fois à l’automne, et la tendance se confirme.L’inflation n’est plus que de 0,3 %, essentiellement grâce à la forte chute des prix du pétrole.Dans le même temps, les salaires ont augmenté de 2,1 % sur les douze derniers mois. Le pouvoir d’achat des Britanniques progresse enfin.À trois mois des élections législatives, ces bonnes nouvelles économiques apportent de l’eau au moulin de David Cameron. Le premier ministre conservateur affirme qu’il a redressé l’économie et demande un nouveau mandat pour « terminer le travail ».Néanmoins, dans la vie quotidienne, beaucoup de Britanniques ont encore un pouvoir d’achat inférieur à celui d’avant la crise et ces améliorations pourraient arriver trop tard pour qu’ils le ressentent réellement.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Audrey Tonnelier Après la régulation bancaire, Bruxelles s’attaque aux marchés. Mercredi 18 février, Jonathan Hill, le commissaire aux services financiers, devait présenter un livre vert sur l’« union des marchés de capitaux ». Un titre ambitieux pour un sujet qui occupe déjà régulièrement les places financières européennes : comment promouvoir le financement à long terme des entreprises, et notamment des PME-ETI, par les marchés ?Pour la Commission, il s’agit du prolongement du plan d’investissement Juncker de 315 milliards d’euros, adopté en décembre 2014 et destiné à relancer la croissance. « Il n’y aura pas de croissance sans marchés financiers capable de diriger l’argent là où il est nécessaire », résume-t-on à Bruxelles.La Commission rappelle qu’en Europe, les marchés financiers ne représentent que 20 % à 25 % du financement de l’économie, contre 80 % pour les banques. Aux États-Unis, la situation est inversée.Autre exemple : le capital-risque (destiné à financer les start-up et autres PME qui démarrent) est moins irrigué par l’argent privé qu’avant la crise : en 2013, 40 % de ses fonds provenaient du public, contre seulement 15 % en 2007.Quant à la part de l’épargne des ménages européens investie en actions et obligations, elle ne représente que 10 % de leurs économies, contre 35 % dans l’assurance-vie et 33 % sur leurs comptes en banque.« La précédente Commission s’est attachée à rendre le système financier plus solide, transparent et stable [avec l’union bancaire et la montée en puissance du mécanisme de résolution bancaire]. Il nous faut maintenant le consolider et pouvoir diriger les capitaux aux bons endroits, afin d’avoir plus de croissance et plus d’emploi », poursuit-on à Bruxelles.La Commission a identifié cinq freins principaux :- les difficultés des PME-ETI à trouver des fonds, notamment dans les états d’Europe du Sud affectés par la crise.- la mauvaise volonté des banques à financer des projets de long terme, notamment d’infrastructures ; la faiblesse des investissements transfrontaliers.- le fort taux d’épargne privé, au détriment de l’investissement.- la dépendance du système financier européen aux banques.Pas de vaste réforme, ni de création d’un nouveau gendarmeAprès des années de mise en place de réglementations du système bancaire et financier, les officiels bruxellois prennent toutefois soin de déminer le dossier : pas question de lancer une vaste réforme avec force textes de lois. Ni de mettre sur pied un nouveau gendarme des marchés, sur le modèle de ce qui a été fait avec Banque centrale européenne pour les établissements de crédit. C’est de toute façon déjà le rôle de l’ESMA (European Securities and Markets Authority, autorités des marchés européens).« L’industrie doit digérer les textes passés. Nous ne légiférerons que si c’est indispensable », convient-on dans l’entourage de la Commission, où il paraît acquis que la capacité des établissements financiers à supporter davantage de réglementations est épuisée.Conséquence de cette situation : le projet apparaît encore très flou, et peu de mesures concrètes semblent à même d’en sortir.La principale concerne la relance de la titrisation, ce procédé qui consiste à transformer des créances en titres financiers. Son intérêt est double, pour ses thuriféraires : rendre les crédits liquides, c’est-à-dire échangeables sur un marché, et pouvoir les sortir des bilans des banques, mobilisant ainsi moins de capital selon les nouvelles réglementations prudentielles - et le laissant donc disponible pour prêter aux entreprises.Mais la titrisation, révélée au grand public par la crise des subprimes, a très mauvaise presse : en diluant les risques, elle expose ses détenteurs a des conséquences parfois dramatiques. Il s’agirait cette fois de privilégier la « bonne titrisation », assure-t-on côté bruxellois, en n’utilisant que des prêts « de qualité, simples et transparents ».La Commission souhaite aussi améliorer l’accès aux marchés régulés pour les PME-ETI, à travers la simplification des prospectus lors d’introduction en Bourse ou de levées secondaires de capitaux.Contraste avec la sévérité de la Commission précédenteCes mesures, ne font toutefois pas l’unanimité. Elles contrastent singulièrement avec la sévérité de Michel Barnier vis-à-vis de la planète finance européenne, quand il était commissaire au marché intérieur et aux services, entre 2010 et 2014. « La question n’est pas d’opposer financement bancaire et marchés de capitaux. Certains canaux de financements via les marchés sont plus risqués que d’autres, de la même façon certains modèles de banques créent plus de risque que d’autres », souligne Frédéric Hache, coresponsable de l’analyse politique au sein de l’ONG Finance Watch.Selon lui, « plus que les entreprises, ces mesures vont favoriser les grandes banques d’affaires, premières gagnantes d’un recours intensifié aux marchés ». Et de déplorer que ce projet vise notamment à augmenter la profitabilité des institutions financières, pour répondre à une crainte de perte de compétitivité des banques européennes.Selon les procédures en vigueur à Bruxelles, la publication du livre vert ouvre la voie à une période de consultation de toutes les parties prenantes. M. Hill enverra dans la foulée un courrier à chaque ministre des finances, afin de lancer le débat au niveau national chez les 28, jusqu’en juin.Le sujet sera notamment discuté à l’Ecofin (réunion des ministres des finances européens) de Riga (Lettonie), en avril, avant que la Commission ne formalise un plan d’action, en septembre prochain.Audrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le gouvernement grec déposera, jeudi 19 février, sa demande d'extension du financement européen, qu'elle continue de distinguer clairement du "mémorandum", ce programme d'aide à la Grèce en cours depuis 2010 et associé à des mesures d'austérité, a indiqué, mercredi, à l'AFP une source gouvernementale grecque.« Attendons aujourd'hui qu'une demande de prolongation du contrat de prêt soit soumise par le ministre des finances », avait déclaré, un peu plus tôt, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Sakellaridis, lors d'une intervention sur la chaîne de télévision grecque Antenna TV.La source citée par l’AFP n'a pas précisé quelle forme prendrait la demande d'Athènes à la zone euro.A l'issue de la réunion des ministres des finances de la zone euro, lundi, l’Eurogroupe a donné jusqu'à vendredi à la Grèce pour solliciter une prolongation de l'aide financière, qui théoriquement s’achève le 28 février.« Les délibérations se poursuivent pour trouver un terrain d'entente, nous voulons croire que nous sommes sur la bonne voie. Nous nous rendons à la table des négociations pour trouver une solution », a ajouté M. Sakellaridis.Si la formulation de la demande grecque convient à l’Eurogroupe, une réunion des ministres des finances pourrait être convoquée, vendredi, peut-être par téléphone, pour acter la demande d’Athènes, mais éviter d’aller à nouveau au psychodrame en réunissant dans la même pièce Yanis Varoufakis, le bouillant ministre des finances grec, et Wolfgang Schauble, son homologue allemand, avec qui les relations se sont nettement dégradées ces derniers jours.Mais, à ce stade, rien n’est moin sûr. « Il n'y a absolument aucune perspective que nous demandions, dans aucun cas, une extension du memorandum », a réaffirmé le ministre d'Etat, Nikos Pappas, un des bras droits d'Alexis Tsipras, sur une chaîne de radio mercredi.L'Allemagne, elle, refuse d'envisager l'abandon des mesures de réforme programmées dans le plan d'aide à la Grèce actuellement en cours et Wolfgang Schäuble a jugé que le gouvernement Tsipras n'avait jusqu'ici pas fourni « le moindre début de réponse » sur la façon dont il comptait sortir la Grèce de ses problèmes.Lire nos explications : Grèce : partie de poker menteurVote sur des mesures socialesM. Sakellaridis a répété que le gouvernement grec, parvenu au pouvoir en janvier sur la promesse de mettre fin aux politiques d'austérité, ne céderait pas sur un certain nombre de points qu'il juge non-négociables. Mardi, M. Tsipras a d’ailleurs annoncé son intention de faire voter, dès vendredi, des mesures sociales promises aux Grecs pendant sa campagne électorale (sur les saisies immobilières ou l'étalement sur 100 mois des remboursements de prêts pour les plus démunis).Ces mesures vont à l'encontre des préconisations du programme d'aide à la Grèce, et surtout, sont prises de manière unilatérale, alors que Bruxelles exige du gouvernement Tsipras, qu’il s’engage à consulter ses partenaires et créanciers.A Bruxelles, ces annonces n’ont toutefois pas forcément alarmé. « On peut les voir comme une fin de non recevoir. Ou aussi comme un gage donné par Tsipras à l’aile gauche de son parti, pour le ménager juste avant de demander une extension du programme d’aide à Bruxelles », glissait une source européenne, mardi.Le fait que le premier ministre grec n’ait pas proposé la candidature au poste de président de la république grec l’actuel commissaire européen Dimitris Avramopoulos est aussi plutôt bien perçu à Bruxelles.M. Tsipras évite ainsi d’ouvrir un nouveau front avec la commission européenne, alors que son président, Jean-Claude Juncker, voyait d’un très mauvais oeil le fait d’être obligé de se séparer d’un commissaire conservateur pour accueillir, peut-être, un membre de Syriza.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.02.2015 à 16h19 Depuis deux jours, les hommages des internautes français aux attentats survenus le 14 février au Danemark sont pollués, à la marge, par un discours à connotation raciste. « Le tueur terroriste de #Copenhague s'appelle Omar (...) mais n'oubliez pas dès demain votre biberon médiatique #Padamalgam », ironise par exemple un membre de Twitter. « L'Etat islamique affirme dans une vidéo avoir décapité des Egyptiens, car ils étaient chrétiens. Mais chut... #PADAMALGAM », commente un autre. « Pour ceux qui avaient un doute sur l'identité du voleur de voiture dans la #Drome Mais #PADAMALGAM », peut-on encore lire.Islamophobie assuméeLes auteurs de ces messages sont assez transparents sur leur idéologie politique : on y retrouve pêle-mêle des « Français de souche », des militants frontistes, des zemmouriens, des catholiques proches de la Manif pour tous ou encore des anarchistes de droite. Leurs messages, à connotation raciste et islamophobe, étaient aisément visibles par quiconque cherchait à suivre l'actualité danoise sur le mot-clé #Copenhague, le plus utilisé sur Twitter.Plusieurs pages Facebook l'utilisant ont également été créées ces dernières quarante-huit heures. On pouvait, par exemple, y voir  une boîte de « Padamalgam 500 », qui serait un médicament à ingérer pour détourner les regards d'un supposé lien de cause à effet entre violence et religion musulmane. Sous couvert de parodie, il permet surtout aux communautés islamophobes de s'exprimer publiquement.   En tout, selon le site d'analyse de données en ligne Topsy, le mot d'ordre « Padamalgam » a été employé près de 5 000 fois sur Twitter sur les trente derniers jours, et un peu plus de 600 fois ces 24 dernières heures. Un volume qui reste faible, mais en nette progression sur le début d'année 2015. Ils étaient ainsi plusieurs dizaines de comptes extrêmistes à exulter ce week-end aux sons de l'actualité. De l'amalgame à l'appel à la haineNé dans les cercles identitaires et civilisationnistes lors de l'affaire Merah, ce mot dièse a pour objectif de moquer la volonté des politiques et des médias de ne pas confondre délinquance, radicalisation et fanatisme avec l'appartenance à une religion. Bref, de ne pas sombrer dans les amalgames.Pourtant, le mot d'ordre « Padamalgam » est lui-même un appel à l'amalgame, à l'image d'un gribouillage bicolore circulant sur Twitter, dans lequel l'auteur se vante d'avoir représenté, enchevêtré, l'islam d'une ligne et l'islamisme radical de l'autre, comme s'il était impossible de les démêler.« #JeSuisDanois #JegErDansk Mais attention, #padamalgam L'islam est une religion de paix. Enfin, il paraît », glisse ainsi un autre internaute d'extrême droite, visiblement oublieux du fait que le terrorisme islamiste date des années 1970, plus d'un millénaire après l'apparition de l'islam.D'une manière générale, ce point de ralliement de l'islamophobie en ligne ne se distingue guère par la demi-mesure. Dans un message tombant dans l'incitation à la haine envers un groupe en raison de son appartenance ethnique ou religieuse, un internaute sur Facebook se félicite ainsi d'être « allergique au Padamalgam 500 » mais que « le Napalmpoureux 1000, ça va ». 16.02.2015 à 15h20 • Mis à jour le16.02.2015 à 15h36 Editorial du « Monde ». I København den tolerante, Danmarks hovedstad, model for social integration, den jihadiske barbari har atter slået lørdag den 14. februar. Den var rettet imod de samme mål, som i Paris den 7. og 9. januar : udtryksfrihed, jøderne, politiet. Den kræver det samme svar : intet afstå, og nævne tingene ved deres navn.Mimetismen af de to dramaer, i Paris og i København, er markant. Den danske terrorist angreb et kulturcenter, hvor en konference blev afholdt til ære for Charlie Hebdo over emnet ”Kunst, blasfemi og udtryksfrihed“. Terroristen skyder udefra og dræber en af deltagerne, direktør Finn Nørgaard, og sårer tre politifolk. Et par timer efter, angriber han en synagoge og dræber en vagt foran bygningen, Dan Uzan, medlem af det københavnske jødiske samfund.De udvalgte mål afslører den samme patologi, det islamiske had som vil terrorisere et demokratisk samfund og tilfredsstille en voldsom antisemitisme – der i jihads navn retfærdiggær halshugning i søndags i Libyen af en snes kristne ægyptere. Udførelsen af handlingen udgør en særlig kriminel voldshandling som intet har at gøre med en økonomisk og social sammenhæng. Det er specielt rigtigt i Danmark, hvor velfærdsstaten uden tvivl er en af de mest udviklede og beskyttede i Europa.Copenhague-Paris, même combatDen europeiske jihadisme bruger alle stereotyperne af kontinentets gamle antisemitisme tilpasset vor tid : en blanding af komplot-teorier importeret fra Mellemøsten og udbredt over internettet. Den er et produkt af islamismen, islamsk barndoms – eller senil sygdom, ligesom Inkvisitionen eller Trediveårskrigen var udslag af en syg kristendom. I den forbindelse har den rigtigt nok at gøre med Islam. Den har også at gøre med den intellektuelle regression af den arabiske verden, hvor negationisme og antisemitisme ofte blir udtrykt i pressen.De ansvarlige jødiske samfund i de to lande siger det med overbevisning: frelsen skal findes i vore demokratier. Ikke i jødernes flugt fra Europa til Israel, som Benjamin Nétanyahou ikke undlod at opfordre til endnu en gang. Lad os huske, hvad Claude Lanzmann skrev i disse kolonner den 13. januar : ”Europa uden Europas jøder vil ikke længere være Europa“, da det ville være en ”posthume sejr for Hitler“.  Annick Cojean (Copenhague, envoyée spéciale ) Le choc bien sûr. L'indignation. La colère, l'émotion. Le Danemark réputé pour son équilibre et son art de vivre n'a pas l'habitude de telles irruptions de violence et de haine et les habitants de Copenhague, ce week-end, rejettent vigoureusement l'idée que les deux attentats puissent ébranler leur belle démocratie. Avec élan et fierté, ils affichent leur unité et la conviction que jamais ce pays ne laisserait remettre en cause des valeurs telles que la liberté, la fraternité et la tolérance, inscrites dans ses gênes. « Le Danemark est solide », proclament jeunes et plus anciens, venus parfois sur les lieux des deux attaques – un centre culturel et une synagogue – pour apporter des fleurs, allumer des bougies, afficher une solidarité inébranlable.Lire : Le profil du tueur se précise peu à peuThorbjorn Wolf, étudiant en informatique, rencontré le long des quais du centre, refuse catégoriquement l'idée de blessure ou de faille : « Allons donc ! Ces deux attentats, par principe, ne doivent pas nous effrayer. Nos valeurs forment un socle ! Et le criminel a montré des signes d'amateurisme qui montrent bien qu'on n'est pas dans la configuration de Paris. » Même certitude chez le couple Lisa et Jan, qui répugne à donner un nom de famille. Ils admettent « une grande colère », en aucun cas une parcelle d'inquiétude. « Deux attentats perpétrés par un dingue ne peuvent pas ébranler un pays comme le nôtre ! Ce n'est pas sérieux ! » En êtes-vous surs, insiste-t-on ? Il s'en est fallu de peu pour que le débat sur la liberté d'expression dans le centre culturel ne se transforme en carnage. « Si on laisse s'immiscer la peur, on est foutu, dit Jan. Ce serait la fin d'un mode de vie fondé sur la confiance. C'est inenvisageable. » Ce serait surtout accorder la victoire à « l'abruti » qui a tiré, insiste Lisa. « Or il a perdu ! » Cela ne se discute pas. Le même discours nous est répété à l'envie.« ON DOIT RESTER INFLEXIBLE SUR NOS LIBERTÉS »« On doit continuer nos vies comme si rien de tout cela n'était arrivé, affirme Iben Sander Jensen, une jeune designeuse, au piercing entre les narines. Maintenir le cap, rester inflexible sur nos libertés, ne jamais rien céder. » Là encore, la peur est invisible et le doute semble impossible. Pourtant, si l'on attend un peu : « Avoue que les dessinateurs pourraient y penser à deux fois avant de faire une caricature qui va rendre fous certains », affirme une femme, plus âgée, qui l'accompagne. Un silence...« C'est compliqué, admet la jeune femme. Cela pose un vrai dilemme. Il est certain qu'on ne convertira jamais les barbares à notre humour cynique et totalement libre. Impossible d'amorcer avec eux le moindre dialogue.– Oui, mais comme on connaît d'avance leur réaction, et qu'elle est dramatique, voire sanglante, ne faudrait-il pas se montrer plus intelligents qu'eux, et...– Et quoi ? Renoncer à caricaturer le prophète ? »Peut-être... C'est ce qu'a fait le journal Jyllands Posten, pourtant à l'origine il y a dix ans des fameuses caricatures qui ont embrasé le monde. Le doute, insidieusement, s'impose.Et Sven Havsteen, chercheur en théologie à l'université, est de ceux qui l'admettent, s'en inquiètent, mais préfèrent affronter les questions plutôt que de s'accrocher à un Danemark factice. Le Danemark, assure-t-il, est bien plus fragilisé qu'il ne l'affiche. « Cela fait bien dix ans que nous débattons des caricatures. Mais le fait est que la liberté d'expression est aujourd'hui menacée, même si personne ne veut l'avouer. Et le fait est qu'il y a au Danemark des signes d'antisémitisme. Et pas seulement dans les populations musulmanes issues de l'immigration. C'est douloureux à accepter, compliqué à analyser, mais il est urgent d'en prendre conscience afin de réagir. » Quant aux questions tournant autour de l'islam, « j'ai peur, dit-il, que les extrêmes n'exploitent la situation en soufflant sur les braises et en stigmatisant les musulmans ». Il le redoute, mais le croit inéluctable. Et d'ajouter : « Vous voyez qu'on a des problèmes similaires à ceux de la France... »Lire l'entretien : Chappatte : depuis l’attentat de « Charlie Hebdo », « on a franchi une ligne dans le sang »Annick Cojean (Copenhague, envoyée spéciale )Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.02.2015 à 09h31 • Mis à jour le16.02.2015 à 15h08 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La réunion, lundi 16 févrieraprès-midi à Bruxelles, de l’Eurogroupe, l’instance qui rassemble les ministres des finances de la zone euro, est présentée, depuis plusieurs jours, comme celle de la dernière chance pour trouver une solution sur la dette de la Grèce (320 milliards d’euros, 175 % du produit intérieur brut). En réalité, il n’est pas du tout certain que ce rendez-vous soit le dernier. A Bruxelles, on parle déjà d'un autre Eurogroupe, un peu plus tard dans la semaine.Des réunions « techniques » entre les équipes du gouvernement grec et celles de ses créanciers internationaux de la « troïka » (Fonds monétaire international [FMI], Commission européenne et Banque centrale européenne [BCE]), ont certes eu lieu durant tout le week-end. Mais, lundi matin, il semblait loin d’être acquis qu’un accord politique puisse être scellé dès lundi après-midi.« D’après ce que j’ai entendu dire des négociations techniques au cours du week-end, je suis très sceptique, mais un rapport nous sera remis aujourd’hui et nous verrons à ce moment-là », a déclaré le ministre allemand des finances Wolfgang Schäuble, lundi matin dans un entretien à la radio. Interrogé sur France 2, le ministre français des finances, Michel Sapin a, lui, considéré qu’il y a « heureusement » des chances de parvenir à un accord, lundi à Bruxelles.A leur arrivée au rendez-vous bruxellois, ni le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis, ni le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, n’ont souhaité faire de commentaires.En réalité, il faut du temps. Pour laisser une solution politiquement acceptable par tout le monde se dessiner. Pour montrer aux opinions publiques respectives que l’on a beaucoup résisté, avant de passer un compromis. Le problème, c’est que le calendrier est serré.Week-end marathon à Athènes avant l’EurogroupeY a-t-il urgence à conclure dès lundi ?À en croire les Européens, ce nouveau rendez-vous est une des dernières occasions de s’entendre avant la fin du deuxième plan d’aide à la Grèce (130 milliards d’euros), le 28 février. Au-delà, sans reconduite d’une aide internationale, le pays se retrouvera seul face à ses fragilités : un système bancaire convalescent, un Etat qui risque d’aller au défaut de paiement quand arriveront les premières grosses échéances de remboursement de sa dette (mars, puis juin et septembre).Regarder notre décryptage : Six ans de tragédie grecqueLes lignes ont-elles bougé ces derniers jours ?Des concessions ont été faites. Le gouvernement d’Alexis Tsipras n’exige plus un « effacement » de la dette. Les Grecs ont aussi dit qu’ils pouvaient accepter « 70 % du programme actuel » des réformes imposées par les créanciers du pays, et n’en remettre en question que 30 %. De leur côté, les négociateurs à Bruxelles ont laissé tomber le mot troïka, abhorré des Grecs et dont M. Tsipras a promis la disparition. Depuis trois ou quatre jours, à Bruxelles, on parle dorénavant des « institutions ».Les Européens exigent-ils toujours l’application des mesures prévues dans le plan d’aide ?Jusqu’à présent, les Européens exigent qu’Athènes termine la mise en œuvre des mesures d’austérité accompagnant le deuxième plan d’aide, quitte à demander une « extension technique » de ce dernier, au-delà du 28 février. Cette option est rejetée par M. Tsipras, qui demande la mise en place d’un plan relais, le temps de s’accorder sur un « nouveau contrat ».Lire aussi : La Grèce prête à un « plan national de réformes »Vendredi 13 février, plusieurs sources bruxelloises indiquaient que le scénario d’un « troisième plan d’aide » à la Grèce n’était pas exclu. Mais il ne semblait pas qu’il y ait une majorité de pays européens favorables à un tel scénario.Comment le programme de réformes voulues par M. Tsipras est-il accueilli ?Les Européens ne veulent pas laisser le leader de Syriza appliquer tout son « programme de Thessalonique ». Ils refusent que M. Tsipras mette à bas cinq ans de discipline budgétaire, alors que cette dernière commence, selon eux, à porter ses fruits : le PIB grec pourrait croître de 2,5 % en 2015, selon les projections de Bruxelles.Pour l’Allemagne, il est difficile de revenir sur une ligne de négociation « dure ». D’autant que Berlin a le sentiment de perdre la main sur la politique de sérieux budgétaire en Europe. Des pays comme l’Espagne, le Portugal, les pays Baltes, qui ont infligé de sévères cures d’austérité à leurs populations ces dernières années, voient aussi d’un mauvais œil un assouplissement en Grèce.La liste des réformes voulues par la troïka pourrait toutefois être amendée si les réformes nouvelles souhaitées par le gouvernement grec sont financées - par exemple par de nouvelles privatisations.L’économie grecque sort de six ans de récessionCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexis Duval et Isabelle Rey-Lefebvre Environ 300 personnes, selon une source policière, se sont rassemblées, dimanche 15 février en fin d'après-midi, devant l'ambassade du Danemark, dans le 16e arrondissement de Paris. Elles répondaient à l'appel lancé par le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), de SOS Racisme et l'Association française des victimes du terrorisme pour rendre hommage aux victimes des attentats survenus à Copenhague, samedi 14 février.Deux personnes, un réalisateur danois, Finn Nørgaard, et un bénévole de confession juive qui surveillait une synagogue, Dan Uzan, sont mortes. Le tueur présumé, qui, d'après les services de renseignement danois, aurait été influencé par « la propagande islamiste », a été abattu par la police, dimanche.Un mouvement de recueillement auquel s'est joint le chef de l'Etat français, François Hollande, qui s'est rendu à l'ambassade du Danemark pour « exprimer la solidarité de la France à l'égard du peuple danois ». M. Hollande s'est entretenu avec l'ambassadrice, avant de faire une déclaration, expliquant notamment qu'il existe, entre la France et le Danemark, « la même volonté pour résister, combattre et pour vaincre le terrorisme. »Lire notre synthèse : Ce que l'on sait des deux fusillades de CopenhagueFRATERNITÉ ET SOLIDARITÉ« Je ne pensais pas devoir ressortir aussi vite ma pancarte 'Je suis Charlie'... », soupirait une participante (qui n'a pas communiqué son nom) au rassemblement parisien. Quelques bougies et bouquets de fleurs déposés devant l'immeuble de l'ambassade incitaient au recueillement et à la gravité.Thomas Hannebique, 27 ans, fonctionnaire au ministère de la culture, brandissait sur une feuille de papier une citation du stratège grec Périclès : « Il n'y a point de bonheur sans liberté ni de liberté sans courage. » Comme beaucoup, il est venu « pour soutenir le peuple danois, attaché à la tolérance. Les Danois nous ont soutenus en janvier [après les attentats des 7, 8 et 9 janvier à Paris et à Montrouge], il était normal pour moi d'être ici. » Pour Hélène Bah-Ostrowiecki, 50 ans, enseignant-chercheur, « la fraternité et la solidarité démocratique sont l'essence de ce qu'on a à opposer face à ce qui se passe ».« ÊTRE DANS LA RUE NE SUFFIT PAS »De nombreux représentants de la communauté juive étaient présents, mais aussi l'imam d'Auxerre, Rachid Birbach. Roger Cukierman, président du CRIF, déplore qu' « après le Moyen-Orient et l'Afrique, le djihadisme développe son action en Europe. La Belgique, la France et maintenant le Danemark... Les cibles sont toujours les mêmes, les juifs ». « Mais, nuance-t-il, il ne faut pas oublier que les musulmans sont les victimes de ces fous d'Allah. »Président de l'UEJF, Sacha Reingewirtz a fait part de son émotion. « Je pense fort à tous les bénévoles qui, comme Dan Uzan, protègent les lieux de culte et aux forces de l'ordre, a-t-il déclaré. C'est important de se battre contre tous ceux qui voudraient faire partir les juifs. Mais être dans la rue ne suffit pas, il faut faire de la pédagogie, de la prévention. La question, c'est de savoir quels moyens on se donne pour arrêter les idéologies meurtrières. » Lire notre décryptage : Fusillades à Copenhague : comment la police est remontée au tueur présumé« DE NOUVELLES FORMES DE FASCISME »Dans le rassemblement, plusieurs personnalités politiques, notamment du Parti socialiste, qui a appelé par ailleurs à une manifestation le lendemain, lundi 16 février, à 18 heures devant l'ambassade, ont fait le déplacement. « Je suis désespéré, abattu, a confié le président du conseil général de l'Essonne (PS) Jérôme Guedj. Mais il faut réagir et commencer par désigner l'adversaire, l'islamisme, vis-à-vis duquel il y a une certaine complaisance d'une partie de la communauté nationale, comme on l'a vu [à l'occasion des incidents dans certaines écoles] lors de la minute de silence. » Pour le sénateur (PS, Paris) David Assouline, « l'école, les intellectuels, les médias doivent clairement désigner ces actes comme antisémites. »Touché par l'atteinte à la liberté d'expression et aux caricaturistes - l'attentat de Copenhague a eu lieu pendant un débat sur le blasphème au centre culturel Krudttønden -, le médecin urgentiste et chroniqueur à Charlie Hebdo Patrick Pelloux a déclaré que « nous [étions] face à de nouvelles formes de fascisme » et a appelé à « la cohésion » et à adresser « des messages de paix de tous les religieux et des laïcs ». A ses yeux, « les journalistes et les caricaturistes doivent continuer à faire leur travail. Et si ça ne plaît pas, il y a des tribunaux. » L'urgentiste se rendra lundi 16 février à Copenhague avec la délégation de la maire de Paris Anne Hidalgo.L'écrivain et journaliste Mohamed Sifaoui s'est dit « très remué de revivre sur le sol français ce qu'[il a] vécu en Algérie dans les années 1990 » - la vague d'attentats islamistes -, tout en n'étant « pas surpris par ce basculement idéologique, à l'oeuvre depuis plus de quinze ans. Il faut poser le bon diagnostic : il s'agit d'une crise à l'intérieur de l'islam. Il va falloir apprendre à vivre avec ce danger. »Alexis DuvalJournaliste éditeur print/webSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterIsabelle Rey-LefebvreJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Ridet (Rome, correspondant) Retracer la vie de Michele Ferrero, mort le samedi 14 février, à Monaco, à l’âge de 89 ans, c’est d’abord évoquer le produit avec lequel cet homme aussi discret que sa fortune était grande (environ 20 milliards d’euros selon le magazine Forbes) s’est identifié : le Nutella, pâte à tartiner à base de noisettes, de chocolat et d’huile de palme, né en 1964. « Ferrero a été pendant de très longues années au premier plan de l’industrie italienne, réussissant à rester toujours à la mode grâce à des produits innovants et à son travail tenace et réservé », a commenté le nouveau président de la République italienne, Sergio Matarella.Mais, avant de devenir la première fortune de la Péninsule et le parangon de ce fameux « capitalisme à l’italienne » fait de vertus familiales, de saine gestion du patrimoine et d’acharnement, Michele Ferrero, né le 26 avril 1925, fut d’abord, à sa manière, un artisan. La mort de son père, Pietro, en 1949, le laisse à la tête d’une entreprise de confiserie déjà florissante, sise à Alba (Piémont) et d’un produit d’appel, la Supercrema, dérivé du Gianduiotto piémontais, avec moins de chocolat (devenu cher après la guerre) et plus de noisettes (qui abondent dans la région). Seul problème, elle se tartine mal.L’égal du bel cantoIl faudra quinze ans de tâtonnements et d’expériences pour que s’élabore dans le secret la recette du Nutella, dont les Italiens vont faire le plus grand usage et l’élever au premier rang de leur patrimoine culturel à l’égal du bel canto et de la peinture classique. Dès lors, le nom de Michele Ferrero s’efface au profit de celui de sa création. Aujourd’hui, 365 000 tonnes de Nutella sont produites chaque année par 30 000 salariés dans 14 usines à travers le monde et consommées par des centaines de millions de gourmands (en tête : les Allemands, les Français, les Italiens et les Américains). L’entreprise affiche un chiffre d’affaires d’environ 8 milliards d’euros.Fort de ce succès, Michele Ferrero développe d’autres produits (Mon Chéri, Ferrero Rocher, Kinder, Tic Tac, Estathe, etc.) et bâtit un empire. Mais on ne le voit jamais dans la presse ni à la télévision. Les photos de lui sont rares, au point qu’on le surnomme « le Howard Hughes du chocolat ». La société a son siège au Luxembourg, le patriarche vivait à Monaco. « On ne doit apparaître dans les journaux que deux fois, disait-il. Dans son avis de naissance et son faire-part de décès. »Mais c’est toujours dans le cœur de son Piémont natal, à Alba (31 300 habitants), que l’empreinte de Michele Ferrero est la plus visible. Baptisée « Nutellapoli », la ville célèbre également pour les truffes blanches, illustre le « capitalisme social » version Ferrero. Les salaires y sont plus élevés que dans le reste de l’Italie, la société prend en charge, outre la crèche pour les enfants du personnel, les activités sportives et culturelles, la mutuelle de santé « jusqu’à la mort » pour qui a travaillé trente ans chez Ferrero.Les habitants d’Alba peuvent aussi, pour le chauffage, se brancher sur la petite centrale électrique de l’usine à un prix préférentiel. « Ce n’est pas une entreprise mais une oasis de bonheur, soutenait, en 2014, Francesco Paolo Fulci, président de Ferrero SPA. En soixante-dix ans, nous n’avons jamais connu un jour de grève. »Eloigné des affaires par l’âge et la maladie, Michele Ferrero restait pourtant incontournable dans les choix stratégiques de l’entreprise. En 2009, il s’était opposé à ses fils, qui avaient déclaré étudier une option de rachat du confiseur anglais Cadbury et envisageaient une entrée en Bourse. « Si nous avions des actionnaires, ils nous demanderaient d’augmenter le chiffre d’affaires. Mais, pour faire un bon produit, il faut du temps », confiait un cadre de l’entreprise.Michele Ferrero avait cédé la présidence du groupe en 2011 à son fils Giovanni, âgé aujourd’hui de 50 ans, juste après le décès de Pietro, qui avait succombé à un infarctus en Afrique du Sud, à l’âge de 47 ans.Ses obsèques auront lieu à Alba, comme il se doit.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.02.2015 à 15h13 • Mis à jour le03.02.2015 à 17h54 | Paul Benkimoun Les parlementaires du Royaume-Uni se sont prononcés, mardi 3 février, en faveur du projet d’assistance médicale à la procréation destinée à prévenir la transmission de maladies génétiques d’origine maternelle. Familièrement baptisée fécondation in vitro « à trois parents », elle consiste à remplacer dans l’ovocyte devant être fécondé les petites structures appelées mitochondries, présentes dans toutes les cellules à qui elles fournissent l’énergie dont elles ont besoin. Certaines maladies sont en effet liées à des mutations affectant l’ADN des mitochondries. L’ensemble des mitochondries de l’embryon sont d’origine maternelle.Que sont les maladies mitochondriales ?Constituant des centrales à énergie permettant la synthèse des protéines et d’autres molécules, les mitochondries sont des structures présentes dans les cellules, à l’extérieur de leur noyau, dans le cytoplasme. Elles possèdent leur propre ADN, toujours hérité de la mère. Les mutations de cet ADN mitochondrial (ADNmt) sont responsables d’un ensemble de plus de 700 maladies métaboliques non curables à ce jour et pour certaines potentiellement mortelles dans l’enfance. Elles peuvent se manifester sur le plan neurologique, neuromusculaire, des atteintes ophtalmiques (neuropathie optique de Leiber), des anémies, de la surdité…Selon l’Autorité britannique sur la fécondation humaine et l’embryologie (HFEA), environ une naissance sur 5 000, et vraisemblablement une proportion plus importante de fœtus, présente une mutation de l’ADNmt. Toujours selon la HFEA, il est possible d’avoir un recours à un diagnostic pré-implantatoire, sélectionnant les embryons n’ayant que très peu de mutations de l’ADNmt, mais cela suppose d’avoir préalablement identifié la mutation en cause. En quoi consiste la technique de remplacement des mitochondries ?Si le problème est lié aux mitochondries, se sont dit des chercheurs britanniques de l’université de Newcastle, remplaçons-les, plutôt que de faire appel à un classique don d’ovocyte de la part d’une donneuse. L’idée était de conserver le patrimoine génétique maternel, porté par les chromosomes qui se trouvent dans le noyau cellulaire. Pour cela, les chercheurs ont eu recours à la technique du transfert nucléaire.Le procédé consiste à partir d’un ovocyte de la mère, contenant donc des mitochondries porteuses de la mutation incriminée. L’ovocyte est fécondé par un spermatozoïde paternel, puis, le noyau de l’œuf obtenu est prélevé. Un ovocyte provenant d’une donneuse, indemne de la maladie, a lui aussi été fécondé avant d’être débarrassé de son noyau. Le noyau d’origine maternelle est alors transféré dans l’ovocyte de la donneuse.L’œuf qui en résulte comporte donc un noyau recelant le patrimoine génétique de la mère et du père, et un cytoplasme dont les mitochondries contiennent l’ADN de la donneuse exempt de mutations. Au total, l’œuf fécondé sera donc porteur de trois ADN : dans le noyau de ses cellules, ceux des parents, et, dans les mitochondries, celui de la donneuse.Aux Etats-Unis, une demande d’autorisation d’un essai clinique utilisant cette technique a été soumis en février à la Food and Drug Administration. La FDA n’a pas encore rendu sa décision.Une technique sûre ?Dans un communiqué du 22 juillet 2014, annonçant le projet de loi gouvernemental autorisant le recours à la technique de remplacement de mitochondries, la HFEA précise que son panel d’expert, présidé par le Dr Andy Greenfield, avait clairement indiqué dans son rapport de juin 2014 qu’il « n’avait pas trouvé de preuve suggérant que le remplacement mitochondrial ne soit pas sûr et que de bons progrès avaient été accomplis au plan scientifique. » Etudiant les données animales et humaines sur plusieurs années, le panel avait pris en compte les aspects de sécurité liés au transfert lui-même, les réactifs utilisés pour cette technique ainsi que les interactions entre le noyau et les mitochondries.A cette occasion, le Dr Greenfield a déclaré : « Passer de la recherche à la pratique clinique implique toujours un certain degré d’incertitude. Si le parlement change effectivement la loi, la procédure régulatoire requise par la HFEA avant que le traitement soit proposé garantira, autant qu’il est possible de le faire, que le remplacement des mitochondries marche et est suffisamment sûr pour être proposé aux personnes atteintes de maladies mitochondriales sévères. »Quelles sont les questions éthiques soulevées ?Bien que le parlement britannique ait adopté la modification de la loi de 2008 sur l’assistance médicale à la procréation pour autoriser le remplacement des mitochondries, la technique n’en sera pas pour autant immédiatement proposée. Comme toute technique à la pointe de la science, elle doit être encadrée par des dispositions réglementaires que la HFEA doit élaborer. Cette instance de régulation doit concevoir et mettre en œuvre une procédure, définissant notamment un cahier des charges pour les établissements qui seraient autorisés à la pratiquer.Des questions éthiques sont également soulevées à propos de cette nouvelle technique. Tout d’abord, le fait qu’elle entraîne une modification de ce que l’on appelle la lignée germinale, autrement dit les cellules participant à la fécondation (par opposition à la lignée somatique qui donne les autres cellules de l’organisme). Dès lors, cela signifie que l’ADNmt provenant de la donneuse va également être transmis à la descendance en plus de celui des deux parents.Le bénéfice – la non transmission de la mutation – est évident, mais cela peut susciter des interrogations. En particulier le caractère anonyme ou non du don de mitochondries (le don de gamète n’étant pas anonyme). Lors du congrès mondial de bioéthique, le 25 juin 2014 à Mexico, le Dr John Appelby, du centre d’éthique et de législation médicale du King’s College (Londres), a évoqué le fait que le don de mitochondries n’est pas susceptible d’influer significativement sur l’identité et les traits physiques des descendants, qui seraient donc peu enclins à s’enquérir de l’identité de la donneuse de mitochondries. Mais d’un autre côté, pourquoi refuser l’accès à une telle information, s’est-il interrogé.Des accusations d’eugénisme ont également été avancées comme dans d’autres techniques visant à éviter la naissance d’enfants porteurs de maladies graves. Mais, dans le cas du remplacement de mitochondries par transfert du noyau, il n’y a pas de sélection des embryons, avec élimination de ceux porteurs de la mutation de l’ADNmt. Paul BenkimounJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.02.2015 à 13h02 • Mis à jour le03.02.2015 à 17h07 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Une vraie bombe. La commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, a annoncé, mardi 3 février, que la Commission avait lancé une enquête officielle sur un système de « tax rulings » en Belgique.Après les LuxLeaks, ces révélations de la presse qui, en novembre 2014, pointaient du droit le système mis en place au Luxembourg pour permettre aux multinationales de payer le moins d’impôts possibles, ce sont maintenant les pratiques de la Belgique qui sont sur la sellette.C’est la première fois, par ailleurs, que la Commission s’en prend à un régime de rescrits fiscaux dans son ensemble et pas à des accords passés entre une entreprise en particulier et un Etat. Au printemps 2014, elle a ouvert des enquêtes approfondies pour soupçons d’aides d’Etat illicites concernant Starbuck au Pays-Bas, Amazon et Fiat au Luxembourg ou Apple en Irlande. Les conclusions de ces enquêtes sont attendues pour ce printemps.La Commission soupçonne la Belgique d’avoir fait bénéficier les multinationales – et uniquement elles – d’un régime fiscal leur permettant de diminuer drastiquement l’impôt dont elles sont redevables dans le pays.Ces groupes pouvaient réduire leur base imposable de bénéfices excédentaires. Les groupes belges n’avaient pas accès à ce régime clairement destiné à attirer des entreprises étrangères en Belgique. Ce régime existerait depuis 2004. La Commission soupçonne des aides d’Etat illégales. Quelques douzaines de multinationales seraient concernées. Elle n’a précisé, mardi, ni le nombre des sociétés multinationales ayant bénéficié des « tax rulings » incriminées ni le manque à gagner fiscal pour la Belgique.Début de revancheCette annonce sonne comme un début de revanche pour Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, attaqué fin 2014 suite au scandale LuxLeaks, car ayant occupé pendant près de dix-neuf ans le poste de premier ministre du Luxembourg.Le 12 novembre 2014, quand il avait dû s’expliquer au Parlement européen sur les LuxLeaks, pris à parti par Guy Verhofstadt, ex-premier ministre belge, M. Juncker avait affirmé : « S’il s’avérait que des aides d’Etat non autorisables ont été décidées par quelque instance luxembourgeoise, pourquoi voulez-vous que je démissionne de mon poste de président de la Commission ? Alors, j’aurais un problème. Vous avez été premier ministre. Pouvez-vous vous lever tout de suite et dire : “Jamais il n’y a eu une aide d’Etat refusée et annulée par la Commission pendant la période où j’étais premier ministre” ? Vous ne le savez pas. Je suis pour une investigation large et profonde, dans tous les pays. Peut-être, alors, aurez-vous un problème. »…Par ailleurs, l'AFP a annoncé, mardi matin, que la commission juridique du Parlement européen avait mis en garde sur la demande de création d'une commission d'enquête sur les pratiques d'optimisation fiscale en Europe, au motif que cela ferait double emploi avec les enquêtes de la Commission européenne. Cette commission d'enquête parlementaire a donc du plomb dans l'aile...Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marie Charrel et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) S’agit-il d’un pas de plus vers un accord entre la Grèce et ses créanciers ? Le changement de ton est en tout cas remarquable. Selon le Financial Times du 3 février, le ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, a présenté une nouvelle offre à la « troïka » − Commission européenne, Banque centrale européenne (BCE) et Fonds monétaire international (FMI). Selon le quotidien, il ne proposerait plus d’effacer une partie de l’énorme dette publique grecque, mais de… l’échanger contre des obligations d’un nouveau genre, qui permettraient d’en alléger le fardeau.Dans le détail, l’idée serait de remplacer les prêts accordés par les partenaires européens par des obligations indexées sur la croissance, et les obligations détenues par la BCE par des obligations « perpétuelles ». Ces dernières ne sont jamais remboursées, mais continuent de produire des intérêts indéfiniment − la BCE pourrait donc les revendre facilement à des investisseurs cherchant des placements de long terme, comme les fonds de pension.Les obligations indexées sur la croissance sont, quant à elles, saluées comme « une bonne solution qui permettrait de sortir de l’impasse » par Marcel Fratzscher, l’influent économiste allemand de l’institut DIW. Selon lui, elles permettraient de stabiliser la dette publique grecque, qui atteint 175 % du PIB, tout en incitant le pays à poursuivre les réformes susceptibles de favoriser la croissance.La « troïka » amenée à évoluerCertains économistes restent néanmoins sceptiques quant à l’accueil que les partenaires européens d’Athènes réserveront à cette offre. Ces derniers jours, ceux-ci semblent néanmoins avoir fait un pas en direction de la Grèce. Le quotidien allemand Handelsblatt assurait ainsi, dimanche 1er février, que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, serait partisan de « supprimer la “troïka” », honnie par l’opinion publique grecque. Il s’agit d’une revendication forte du nouveau gouvernement d’Alexis Tsipras, le leader du parti de gauche radicale Syriza.Après la victoire de Syriza, Athènes veut « arrêter d’imiter Sisyphe »Lundi 2 février, Margaritis Schinas, porte-parole de la Commission, a confirmé qu’« à terme » la « troïka » devrait évoluer, mais a nié que l’institution envisageait déjà « de nouvelles structures ». Mais que la « troïka » soit amenée à disparaître ou à fortement évoluer dans les mois qui viennent n’est en réalité ni une nouveauté ni une surprise.En effet, M. Juncker a déjà dénoncé à plusieurs reprises les dérives de cet organe mis en place en 2010 en Grèce pour surveiller les deux programmes d’ajustement successifs dont a bénéficié le pays (un premier plan d’aide, assorti d’exigences de réformes, entre 2010 et 2012, puis un deuxième, à partir de 2012). « A l’avenir, nous devrions être en mesure de remplacer la “troïka” par une structure plus légitimement démocratique et plus comptable de ses actes, basée autour des institutions européennes, avec un contrôle parlementaire renforcé, tant au niveau européen que national », peut-on ainsi lire dans le programme de campagne que M. Juncker a présenté devant le Parlement européen le 15 juillet 2014, juste avant d’être élu président de la Commission.Une énorme humiliationLe Parlement européen s’est lui aussi montré très critique, en adoptant en mars 2013 un rapport d’enquête sur la « troïka », qui concluait qu’elle avait privilégié les coupes budgétaires aux réformes de structure en Grèce.Il pointait également le fait qu’elle ne soit constituée que de « technocrates de second rang », et que cela aboutissait à un manque d’efficacité : comment le pouvoir politique grec pouvait-il, sans ressentir une énorme humiliation, accepter des diktats de fonctionnaires de Bruxelles ?De son côté, Pierre Moscovici, commissaire européen chargé de l’économie, déclarait dans un entretien au Monde début janvier que la « troïka » « a épuisé son rôle historique, parce que beaucoup de réformes ont été faites ».Les élections grecques ne seront « pas le déclencheur d’une crise », selon M. MoscoviciDans tous les cas, une chose est sûre : la « troïka » étant liée aux plans d’aide à la Grèce, elle n’aura plus lieu d’exister dès lors que ces derniers seront achevés. Le gouvernement d’Alexis Tsipras souhaite en sortir au plus vite, rejetant en théorie l’idée d’un troisième plan d’aide, ou encore d’une « ligne de précaution » qui aiderait le pays pendant la transition.Si l’issue des négociations est encore inconnue, il est donc presque acquis que la « troïka » disparaîtra d’ici peu. Même si la Grèce continue à bénéficier d’une aide européenne, il est probable que sa forme soit modifiée. Et renommée. Ce sera un « trio », une « task force », représentant les intérêts des créanciers. La BCE n’y participera peut-être plus. Le FMI s’y fera peut-être plus discret, il sera peut-être incarné par un « politique ».De fait, les Européens savent qu’au moins en termes d’affichage il est important d’offrir ce gage aux Grecs : la « troïka » a trop été le symbole, ces dernières années, de l’humiliation de tout un peuple.Partie de poker entre Athènes et la BCE Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.02.2015 à 11h40 • Mis à jour le03.02.2015 à 17h26 | Marie Charrel Le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis, sera mercredi 4 février à Francfort, pour une visite à la Banque centrale européenne (BCE). Il y rencontrera Mario Draghi, le président de l’institution monétaire.Ce rendez-vous aura lieu quelques heures avant une réunion du conseil des gouverneurs de la BCE, qui doit notamment se prononcer sur le renouvellement, ou non, d’un soutien financier d’urgence aux banques grecques, actuellement confrontées à d’importants retraits des dépôts.La visite de M. Varoufakis à Francfort s’annonce donc cruciale. Car, en marge des négociations autour de sa dette, la Grèce s’est engagée dans un étonnant rapport de force avec la Banque centrale européenne (BCE).« On peut même parler d’une partie de poker menteur où, d’un côté comme de l’autre, les arguments techniques masquent des tentatives de pressions politiques », ose un spécialiste de l’institution.Quels sont les liens financiers entre la BCE, l’État grec et les banques grecques ?Au titre de sa participation dans la « troïka » – avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Commission européenne –, la BCE détient une partie des obligations souveraines grecques (27 milliards d’euros).Mais en tant qu’institut monétaire de la zone euro, elle est aussi le maître de la liquidité bancaire. Or les banques grecques, qui assurent aujourd’hui une partie du financement de la dette publique du pays, en ont cruellement besoin.Depuis la crise, la Grèce répond à ses besoins de financement grâce aux prêts de la « troïka », mais aussi en émettant des obligations à court terme – les « T-bills » – achetées par ses banques.Dans la foulée, celles-ci empruntent à la BCE, en lui confiant en contrepartie, en guise de garantie, des titres financiers que l’on appelle « collatéraux ». « Ces derniers peuvent être des T-bills, ou encore, des dettes bancaires garanties par l’Etat grec », précise Frederik Ducrozet, au Crédit agricole CIB.Quels sont les besoins financiers de l’État grec et des banques grecques ?Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, ayant décidé de se passer des 7 milliards d’euros de la dernière tranche d’aide de la « troïka », le recours au T-bills est donc essentiel pour Athènes. Sans cela, le pays pourrait avoir du mal à rembourser les 20 milliards d’euros qu’il doit rendre à ses divers créanciers en 2015.Ce n’est pas tout : pour faire face aux retraits des dépôts, qu’elles estiment à plus de 10 milliards d’euros depuis décembre 2014, les banques grecques ont aussi demandé, le 22 janvier, à bénéficier des liquidités d’urgence (ELA) de la BCE. C’est la prolongation ou non de cette aide qui doit être décidée mercredi 4 février.Que se passera-t-il si Athènes rejette le plan d’aide la troïka ?L’ennui, c’est que la BCE, ont rappelé plusieurs de ces membres ces derniers jours, n’accorde ses faveurs à la Grèce que parce qu’elle est sous aide de la « troïka ». Si Athènes échoue à trouver un accord avec cette dernière, la BCE pourrait rejeter les collatéraux grecs et suspendre les aides ELA.Autrement dit, couper le robinet des liquidités pour les banques du pays, qui ne pourraient donc plus racheter la dette publique. A court de trésorerie, le pays risquerait alors le défaut…« C’est l’argument souvent brandi mais, en vérité, la BCE est libre de changer les règles, comme elle l’a souvent fait, pour continuer à aider les banques grecques », estime M. Ducrozet. Selon lui, l’institution ne prendra pas le risque de pousser Athènes vers un défaut qui serait ravageur pour la zone euro.« Je ne la vois pas aider les établissements grecs sans accord de la troïka », juge pour sa part Jean-François Robin, chez Natixis. Les Allemands, échaudés par les rachats de dette publique lancés par l’institution le 22 janvier, auraient en effet du mal à avaler la pilule…Dans tous les cas, une chose est sûre : Mario Draghi, le président de la BCE, se retrouve dans une situation particulièrement délicate. Le sort de la Grèce est entre ses mains.Grèce : les jours de la troïka sont comptés Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 03.02.2015 à 04h51 • Mis à jour le03.02.2015 à 08h44 Modifier les modalités de sa dette pour aplanir les divergences avec ses bailleurs de fonds. De passage à Londres, lundi 2 février, au lendemain de sa visite à Paris, le nouveau ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, a évoqué cette possibilité dans un entretien au quotidien économique The Financial Times.Grèce : compte à rebours enclenché pour éviter un défaut sur la detteLe nouvel homme fort de l'économie grecque affirme ainsi vouloir mettre un terme à la confrontation entre Athènes et ses créanciers en cessant de réclamer un effacement de la dette extérieure, avoisinant les 315 milliards d'euros, soit plus de 175 % du PIB. Il suggère, à la place, un échange de la dette détenue par la Banque centrale européenne (BCE) et le secteur public, en deux nouveaux types d'obligations.La première verrait ses taux d'intérêt calculés selon une formule prenant en considération la croissance du pays,La seconde prendrait la forme d'obligations perpétuelles, ce qui signifie qu'Athènes ne remboursera plus le capital prêté, mais uniquement les taux d'intérêt sans aucune date d'échéance.« UN PEU D'ESPACE BUDGÉTAIRE »« Ce que je dirai à nos partenaires est que nous mettons au point simultanément de quoi dégager un excédent budgétaire primaire ainsi qu'un calendrier de réformes », argue M. Varoufakis au quotidien.« Je dirai : “Aidez-nous à réformer notre pays et donnez-nous un peu d'espace budgétaire pour ce faire, sinon nous continuerons d'être étranglés et deviendrons non pas une Grèce réformée, mais une Grèce déformée.” »Le ministre précise par ailleurs, dans les colonnes du Financial Times, que le gouvernement compte sévir contre les riches adeptes de l'évasion fiscale. Une mise en garde déjà abondamment répétée lors de la campagne électorale du parti Syriza.Ces annonces interviennent alors que le nouveau premier ministre, Alexis Tsipras, et M. Varoufakis font une tournée des capitales européennes pour tenter d'imposer leur idée d'un dispositif se substituant à l'accord de renflouement passé avec la « troïka » (Union européenne, Fonds monétaire international, BCE). Le ministre des finances est ainsi attendu, mardi, à Rome, pour continuer de rallier des soutiens en Europe et convaincre des réformes que le nouvel exécutif entend conduire.Lire aussi : Grèce : les jours de la troïka sont comptés 02.02.2015 à 17h04 La Croatie a lancé lundi 2 février un programme d'effacement des dettes de plusieurs dizaines de milliers d'habitants parmi les plus démunis du pays, frappé depuis plus de six ans par une récession économique.Le montant total des dettes qui doivent être effacées représente environ 46 millions d'euros, soit 0,1 % du produit intérieur brut, a annoncé le gouvernement de centre-gauche, à la popularité décroissante, alors que des élections législatives sont prévues à la fin de l'année. Quelque 60 000 personnes pourront bénéficier de cette mesure.Elle consiste à effacer les dettes des personnes en difficulté, endettées à hauteur de 4 500 euros, auprès d'entreprises publiques, d'opérateurs de téléphonie ou de banques. Elle s'appliquera à ceux dont les revenus mensuels ne dépassent pas 325 euros, ainsi qu'aux familles dont les revenus cumulés ne dépassent pas 160 euros pour chacun de leurs membres. Cette disposition concerne également ceux qui touchent déjà des allocations sociales.« UNE MESURE EXCEPTIONNELLE »« C'est une mesure sociale dont nous sommes fiers », a déclaré le premier ministre croate, Zoran Milanovic. « C'est une mesure exceptionnelle. Le système ne pourra pas constamment reposer sur ce genre de solution, [mais] nous faisons tout ce qui est possible pour faciliter la vie des gens dans cette crise longue et épuisante », a-t-il ajouté.Le salaire moyen en Croatie, pays de 4,2 millions d'habitants, qui a adhéré en 2013 à l'Union européenne, était en octobre de 737 euros. Le chômage y touche 19,2 % de la population active. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le quotidien allemand Handelsblatt assurait, dimanche 1er février, que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, voulait « supprimer la troïka », cet attelage des principaux créanciers d’Athènes (Commission européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international).Il s’agit là d’une revendication forte du nouveau gouvernement grec, mené par Alexis Tsipras, qui a commencé de renégocier les termes de l’énorme dette du pays (320 milliards d’euros) avec l’Union européenne.Après la victoire de Syriza, Athènes veut « arrêter d’imiter Sisyphe »Lundi 2 février, Margaritis Schinas, le porte-parole de la Commission, a confirmé qu’à terme la troïka devrait évoluer, mais il a nié que des réflexions étaient déjà en cours pour savoir la forme que prendrait, à l’avenir, la structure chargée de surveiller la mise en œuvre de l’aide financière internationale à la Grèce. « Nous n’envisageons pas une nouvelle structure, n’avons pas de nouvelle formule », a t-il déclaré.Que la troïka soit, dans les mois qui viennent, amenée à disparaître ou du moins à fortement évoluer, n’est, en réalité une information ni nouvelle ni surprenante.Décryptage.M. Juncker a dénoncé à plusieurs reprises la troïka Une refonte de cet attelage était déjà présente dans le programme de campagne de M. Juncker, au printemps 2014, avant qu’il soit désigné, suite aux élections européennes, président de la Commission.« À l’avenir, nous devrions être en mesure de remplacer la troïka par une structure plus légitimement démocratique et plus comptable de ses actes, basée autour des institutions européennes, avec un contrôle parlementaire renforcé, tant au niveau européen que national », peut-on ainsi y lire.Pas plus tard que le 16 janvier, devant des étudiants de l’Ecole nationale d’administration, à Strasbourg, il soulignait également : « Les mécanismes de gestion de la crise que nous avons eus n’étaient pas très démocratiques. J’ai toujours plaidé pour que nous ajoutions une dose de démocratie à la troïka. Je note d’ailleurs que l’avocat général à la Cour de justice européenne de Luxembourg (…) semble vouloir interdire à la BCE de rester un membre de la troïka si, dorénavant – comme elle le fit par le passé –, la BCE peut à la fois fixer les termes d’un programme d’ajustement et participer à la mise en œuvre d’un tel programme. C’est une indication que la troïka dans la forme que nous avons connue jusqu’à présent ne devrait pas connaître de beaux lendemains. »Et d’ajouter de manière encore plus claire : « Je voudrais qu’il y ait une structure parlementaire, des membres du Parlement européen et des membres des parlements nationaux, qui se réunissent régulièrement pour évoquer les grands sujets économiques de l’Union européenne. »La troïka est aussi la cible de critiques du Parlement européenLes déclarations de M. Juncker au sujet de la nécessité d’introduire un contrôle parlementaire, c’est-à-dire démocratique, de la troïka, ne sont pas innocentes. Le Parlement européen s’est montré très critique, au printemps 2014, sur le travail de cette structure, dans les conclusions d’un rapport d’enquête, qui ont reçu un large écho médiatique.Ce rapport concluait qu’en Grèce, la troïka a privilégié les coupes budgétaires aux réformes de structure, qu’elle n’a pas assez tenu compte des problématiques sociales et de l’emploi locales.Il pointait également le fait qu’elle ne soit constituée que de « technocrates », qui plus est de « second rang », et que cela aboutissait à un manque d’efficacité : comment le pouvoir politique grec pouvait-il, sans ressentir une énorme humiliation, accepter des diktats de fonctionnaires de Bruxelles ?Par construction, la troïka est vouée à disparaîtreChargée, en Grèce, d’examiner la mise en œuvre des programmes d’ajustement, elle n’a plus lieu d’être dès lors que ceux-ci s’achèvent.En l’occurrence, elle aurait dû cesser son « activité » fin décembre 2014, au moment où devait s’achever, comme cela était prévu initialement, le deuxième plan d’aide à la Grèce (un prêt de 130 milliards d’euros, accordé par les Européens et le FMI en 2012, en échange de réformes).En l’absence d’accord entre l’ex-premier ministre grec, le conservateur Antonis Samaras, et la troïka, la date butoir pour les pourparlers entre Européens et Grecs sur la clôture du deuxième plan d’aide a toutefois été repoussée à fin février 2015.La question de la troïka va donc forcément être rediscutée dans le cadre de la négociation qui s’engage entre le gouvernement Tsipras et ses bailleurs de fonds.Mais dans le schéma initial, si tout s’était passé comme espéré par les bailleurs de fonds d’Athènes, une nouvelle phase, à partir du 1er janvier 2015, se serait ouverte.Les Grecs auraient pu bénéficier d’une ligne de « précaution » de quelques milliards d’euros en cas de nécessité. Et, pour ses besoins budgétaires courants, l’Etat grec se serait financé lui-même sur les marchés.Les créanciers auraient alors continué d’exercer une surveillance du pays, mais en suivant « de manière plus distante, à travers des missions plus légères, moins fréquentes, une dizaine de politiques publiques », comme l’avait indiqué, dans un entretien au « Monde », début janvier, Pierre Moscovici, commissaire européen chargé de l’économie (et du dossier grec).La troïka « a épuisé son rôle historique, parce que beaucoup de réformes ont été faites », avait ajouté l’ex-ministre de l’économie français.Les élections grecques ne seront « pas le déclencheur d’une crise », selon M. MoscoviciMise en place d’une nouvelle structureDans le contexte actuel, et même si Grecs et Européens (et FMI) décident, au bout du compte, dans quelques semaines, d’un troisième plan d’aide à la Grèce – si le pays n’a toujours pas les moyens de voler financièrement de ses ailes –, il est très probable que la troïka aura été modifiée. Et renommée.Ce sera un « trio », une « task force », représentant les intérêts des créanciers. La BCE n’y participera peut-être plus. Le FMI y sera peut-être plus discret.Les Européens savent qu’au moins en termes d’affichage, il faut qu’ils donnent aux Grecs ce gage : la troïka a trop été le symbole, ces cinq dernières années, de la « mise sous coupe réglée », de l’humiliation de tout un peuple.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.02.2015 à 15h38 • Mis à jour le02.02.2015 à 16h10 Oskar Gröning, 93 ans, est l'ancien comptable d'Auschwitz. Il comparaîtra à partir du 21 avril pour complicité d'assassinat de 300 000 personnes, selon le communiqué du tribunal.Sergent des Waffen SS, l'accusé a travaillé dans le camp d'extermination situé en Pologne du 16 mai 1944 au 11 juillet 1944. Une période pendant laquelle près de 425 000 personnes ont été déportées à Auschwitz, dont au moins 300 000 ont péri dans les chambres à gaz.Oskar Gröning était chargé de compter les billets de banque retrouvés dans les bagages des prisonniers et de les transférer aux autorités nazies à Berlin, selon le parquet de Hanovre. L'accusé devait également débarrasser les bagages des déportés afin qu'ils ne soient pas vus par les nouveaux prisonniers. D'après l'accusation, il était conscient que les prisonniers déclarés inaptes au travail « étaient assassinés directement après leur arrivée dans les chambres à gaz d'Auschwitz ».Cinquante-cinq parties civiles, essentiellement des survivants et des familles de victimes, participeront à l'audience qui se déroulera devant le tribunal de Lunebourg, une ville située au sud de Hambourg.« MAILLON DANS LA MACHINE À TUER »En 2005, Oskar Gröning avait indiqué au quotidien Bild qu'il regrettait d'avoir travaillé dans le camp d'extermination, affirmant qu'il continuait d'entendre les cris venant des chambres à gaz. « J'ai eu honte pendant des décennies et j'ai toujours honte aujourd'hui, non pas de mes actes parce que je n'ai jamais tué personne. Mais j'ai offert mon aide. J'étais un maillon dans la machine à tuer qui a éliminé des millions de personnes innocentes », avait souligné cet homme qui avait 21 ans lorsqu'il se trouvait à Auschwitz.La justice allemande s'était concentrée après-guerre sur les accusés contre lesquels elle disposait de preuves directes ou de témoignages, mais la condamnation de l'apatride d'origine ukrainienne John Demjanjuk à Munich en mai 2011 a élargi la qualification de complicité de meurtre à des personnes ayant des postes même subalternes et sans implication directe dans les crimes perpétrés dans les camps.Depuis les procès des dignitaires nazis à Nuremberg en 1945-46, environ 106 000 soldats allemands ou nazis ont été jugés, 13 000 reconnus coupables et la moitié condamnés, selon l'Office allemand chargé des crimes nazis. 07.02.2015 à 17h18 A la veille d'un entretien téléphonique entre les présidents russe, français, ukrainien et la chancelière allemande en vue d'un accord de paix, qui semble peu probable, les séparatistes prorusses préparent de nouvelles offensives contre la ville portuaire de Marioupol et la localité de Debaltseve. Ils ont intensifié leurs pilonnages de positions gouvernementales, a annoncé samedi 7 février un porte-parole de l'armée ukrainienne, précisant : « Nous avons observé une hausse du nombre de tanks et de véhicules blindés vers Debaltseve. » Cinq soldats ont été tués et vingt-six autres blessés au cours des dernières vingt-quatre heures dans l'est de l'Ukraine, a ajouté le porte-parole.La prise de Debaltseve est devenue une priorité pour les rebelles, qui souhaitent prendre le contrôle de cette poche située entre les deux principales régions qu'ils contrôlent déjà. Cette ville est d'autant plus stratégique qu'elle est au cœur de voies routières et ferroviaires.DES CENTAINES DE CIVILS ONT QUITTÉ DEBALTSEVELe gouvernement ukrainien assure disposer d'une puissance de feu suffisante pour défendre la ville en dépit de l'avancée des séparatistes, qui tiennent plusieurs villes et villages entourant Debaltseve. Des centaines de civils ont toutefois quitté la ville, qui ne compte plus que 3 000 habitants sur les 25 000 enregistrés avant le conflit, selon des chiffres donnés vendredi par un représentant du gouvernement ukrainien.L'offensive des rebelles vise également Marioupol, une ville du Sud-Est que borde la mer d'Azov, enclavée entre la Crimée, annexée l'an dernier par la Russie, et des territoires contrôlés par les rebelles. Elle est la dernière grande ville tenue par Kiev dans la région et a été visée le mois dernier par d'intenses tirs d'artillerie, qui ont provoqué la mort de trente civils. La perte de Marioupol serait une catastrophe pour l'armée ukrainienne, qui avait reconnu à la fin de janvier avoir subi un lourd revers en étant contrainte d'abandonner sa principale position dans l'aéroport de Donetsk.Lire : En Ukraine, le port stratégique de Marioupol bombardé par les séparatistesJeudi 5 février, au terme de sa rencontre avec M. Hollande et Mme Merkel, le président ukrainien, Petro Porochenko, avait estimé que l'initiative franco-allemande « laiss[ait] espérer un cessez-le-feu » dans la région. Soutenue par Washington et par l'Union européenne, celle-ci a tout de la médiation de la dernière chance, après dix mois d'un conflit qui a fait plus de 5 300 morts et a provoqué une crise internationale rappelant les crispations de la guerre froide.Le chef de l'Etat ukrainien a également insisté sur la nécessité de respecter les accords de paix signés à Minsk en septembre par les belligérants. Conclus sous l'égide de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ce protocole, qui prévoyait un cessez-le-feu immédiat et le départ des « groupes armés illégaux », n'a pratiquement jamais été respecté. Frédéric Lemaitre (Munich, envoyé spécial) Intervenant samedi 7 février à la conférence de Munich sur la sécurité, quelques heures seulement après avoir quitté Vladimir Poutine, Angela Merkel n'a pas paru très optimiste quant aux chances d'aboutir à un accord sur l'Ukraine. La chancelière allemande a qualifié d'« incertain » le succès de la mission diplomatique qu'elle a entreprise avec François Hollande, jeudi à Kiev et vendredi à Moscou. « Il n'y a pas de garantie que Poutine fera ce que nous espérons » a-t-elle reconnu.Lire : Ukraine : Merkel et Hollande ont quitté Moscou sans accordAlors que le président ukrainien, Petro Porochenko, et le vice-président américain, Joe Biden, étaient assis au premier rang, Angela Merkel a très clairement expliqué pourquoi l'Allemagne s'opposait à la livraison d'armes à l'Ukraine, que souhaitent notamment plusieurs responsables politiques américains.« Je n'imagine pas une situation où l'armée ukrainienne serait tellement équipée qu'elle impressionnerait la Russie. » « Militairement, ce conflit ne peut être gagné. C'est dur à dire, mais c'est comme ça. » Mme Merkel a rappelé que quand l'Allemagne de l'Est avait construit le mur de Berlin, en 1961, les Occidentaux n'avaient pas réagi militairement. Pour elle, il faut donc « se concentrer sur une solution diplomatique et passer par des sanctions sur ce qui est notre point fort : l'économie ».Lire l'éditorial du Monde : Faut-il armer l’Ukraine ?La chancelière allemande sait que sa position ne fait pas l'unanimité : « Nous ne nous convaincrons pas les uns et les autres actuellement », a-t-elle reconnu. Mais elle a reproché aux Occidentaux d'être défaitistes : « Vingt-cinq ans après la fin de la guerre froide, je suis surprise qu'on ne croie plus au succès », a-t-elle dit.Le vice-président américain Joe Biden s'est pour sa part adressé à Vladimir Poutine, lui demandant « des actes, pas des paroles ».lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2gb5dj"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2gb5dj", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});« ÉPURATION ETHNIQUE »Prenant la parole trente minutes plus tard, Serguei Lavrov, ministre des affaires étrangères russe, a laissé peu d'espoir quant à un accord prochain. Alors qu'Angela Merkel avait dénoncé le non-respect par Moscou des accords d'Helsinki sur l'inviolabilité des frontières en Europe, Sergueï Lavrov a violemment critiqué les Etats-Unis, qui, selon lui, ne respectent pas les traités de non-prolifération de missiles intercontinentaux.M. Lavrov juge que l'Union européenne « a soutenu un coup d'Etat » en Ukraine, qui a débouché sur le départ du président Ianoukovitch. Il a également dénoncé « l'épuration ethnique » à laquelle se livrerait l'actuel gouvernement ukrainien et a reproché à l'Occident de ne pas réagir à « l'éradication des juifs et des Russes » à laquelle on assisterait, selon lui, en Ukraine. Pour M. Lavrov, la Crimée fait désormais partie intégrante de la Russie, car les habitants en ont décidé ainsi. Il a donc mis en avant « le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes », et si l'on veut la paix en Ukraine, il faut que le gouvernement de Kiev négocie avec les représentants des régions de l'Est, a-t-il dit.Même si Sergueï Lavrov a déclaré qu'« il est tout à fait possible d'avoir des résultats et de tomber d'accord sur des recommandations qui permettront aux deux parties de vraiment dénouer le conflit », dans la salle flottait malgré tout un léger parfum de guerre froide.Lire : Initiative franco-allemande de la dernière chance pour sortir du conflit en UkraineLes discussions lors de la conférence annuelle sur la sécurité devraient contribuer à déblayer le terrain avant une conversation téléphonique à quatre entre Petro Porochenko, Vladimir Poutine, Angela Merkel et François Hollande, prévue dimanche. « C'est une des dernières chances », a prévenu François Hollande, qui était en Corrèze samedi. « Si nous ne parvenons pas à trouver un accord durable de paix, nous connaissons parfaitement le scénario : il a un nom, il s'appelle la guerre. »Frédéric Lemaitre (Munich, envoyé spécial) Maryline Baumard La Turquie est dans la ligne de mire. Au goût des ministres français et allemands de l’intérieur, elle a trop fermé les yeux sur les départs de cargos de migrants à destination de l’Europe. Bernard Cazeneuve et son homologue allemand, Thomas de Maizière, viennent donc d’adresser une lettre au commissaire européen à la migration, Dimitris Avramopoulos, l’enjoignant de renforcer la coopération avec cet état qui « constitue au regard de la problématique de la traite et du trafic des personnes dans la zone méditerranéenne, un partenaire particulièrement important ». Le 31 décembre 2014 et le 2 janvier, alors que l’Europe était assoupie entre deux réveillons, deux « cargos poubelle » ont accosté sur les côtes du sud de l’Italie avec 1 200 migrants à leur bord, tous Syriens. Ces deux bateaux fantômes, à la dérive aux abords des côtes de l’Italie, ont dû être secourus, faute de quoi les migrants, abandonnés par les passeurs, étaient en danger de mort. Le Blue Sky M, c’est le nom du premier, et l’Ezadeen, le second, étaient tous deux partis du port de Marsin au sud de la Turquie. Or la missive des deux ministres rappelle que ces deux cargos ne sont pas des cas isolés et que « cinq autres cas ont été enregistrés » entre septembre et début décembre.Plus globalement, durant l’année 2014, ce sont 150 000 migrants qui auraient emprunté la très meutrière route de la méditerranée, aux mains de passeurs pour tenter de pénétrer la forteresse Europe, la situation en Irak et en Syrie ayant encore au fil des mois renforcé les masses de réfugiés en quête d’une nouvelle vie.Un contrôle actif « 24 heures sur 24 »Face à cette situation, MM. Cazeneuve et de Maizière demandent aujourd’hui qu’on associe davantage la Turquie, certes, mais aussi qu’on élargisse les missions de Frontex, l’agence européenne chargée de la surveillance des limites extérieures de l’espace Schengen. « Frontex devrait, être sollicitée encore plus intensément, précise le courrier. Il serait en particulier souhaitable que Frontex et l’Agence européenne pour la sécurité maritime coopèrent plus étroitement afin de mettre en place, sous les hospices de l’agence, un dispositif complémentaire de surveillance aérienne ou maritime des mouvements de bateaux suspects à proximité des côtes turques ou chypriotes ». Un contrôle actif « 24 heures sur 24 ». L’idée des deux ministres reste « d’empêcher les départs depuis les côtes turques ». Il en va de « la crédibilité de l’Union européenne » estiment-ils, précisant que « ces pays doivent être mis en mesure » de faire cesser ce trafic. Un usage du passif qui en dit long sur la prise en main souhaitée de la part de l’Union.La réponse du commissaire Dimitris Avramopoulos devrait arriver avant la révision de la politique migratoire européenne, attendue pour le printemps. Le courrier franco-allemand cherche à cadrer les discussions. Depuis le 16 janvier, l’agence Frontrex, qui va fêter ses dix ans au printemps, est dirigée par un Français, Fabrice Leggeri. Sa mission risque d’être plus large que celle de son prédécesseur.Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Dan Mulllaney, le négociateur en chef américain pour le traité transatlantique (TTIP) et son homologue côté européen, Ignacio Garcia Bercero, se sont engagés, vendredi 6 février à Bruxelles, à l’issue du 8e round de discussions, à « intensifier les discussions ». Un 9e round est programmé, en avril, à Washington. Et une 10e séance de négociations devrait se tenir avant la pause estivale.La semaine de discussions entre experts, qui vient de s’achever, a donc semblé jouer son rôle : elle a été l’occasion, pour Européens et Américains, engagés dans la négociation du TTIP depuis l’été 2013, de prouver qu’ils avaient encore la volonté de le conclure.En 2014, les discussions s’étaient en effet considérablement enlisées. À cause, notamment, de la fronde des opinions publiques, surtout en Europe.Ce futur accord commercial vise moins à obtenir des baisses de tarifs douaniers qu’une harmonisation des réglementations (sociales, environnementales, etc.) des deux côtés de l’Atlantique, pour parvenir, à terme, à un marché unique transatlantique des biens et des services.L’ambition est donc totalement hors norme. Et beaucoup, dans les partis de la gauche européenne, les ONG, etc., s’inquiètent que les règles de protection des citoyens en pâtissent. Le même type d’inquiétudes a aussi émergé aux États-Unis.Créer un « super-régulateur »Qu’a t-il été décidé durant ce 8e round ? Rien de très concret. Mais tous les sujets du TTIP ont été abordés. Les tarifs douaniers, les marchés des services, et aussi la possibilité d’ouvrir davantage, notamment aux États-Unis, les marchés publics, un des principaux enjeux du TTIP pour les Européens.Ces derniers ont par ailleurs proposé l’idée d’un « super-régulateur », qui coordonnerait le travail des régulateurs américains et européens, pour travailler à un rapprochement des futures normes, une fois le traité signé. Y siégeraient des représentants des régulateurs des deux côtés de l’Atlantique. Mais pas de représentants de la société civile, a précisé M. Garcia Bercero.Lors du dernier conseil européen, à Bruxelles en décembre 2014, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne avaient déclaré qu’ils espéraient une conclusion, au moins politique, du TTIP avant fin 2015.Critiquée sur le manque de transparence des discussions, la Commission européenne, qui négocie au nom des 28 pays de l’Union, a déjà, à plusieurs reprises, essayé de corriger le tir, et de faire de la pédagogie. En rendant public le mandat de négociations, en échangeant de plus en plus de documents avec le Parlement européen.Pour prouver leur bonne volonté, Américains et Européens ont promis, vendredi, que les conclusions des négociations du 8e round seraient mises en ligne la semaine prochaine.» Lire également les différentes tribunes publiées sur le TTIP et ses enjeux : Traité transatlantique : une harmonie encore à trouverCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le « patron » de l’Eurogroupe, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, a annoncé, vendredi 6 février, la tenue d’une réunion extraordinaire des ministres des finances de la zone euro, consacrée à la Grèce.Plus précisément, une bonne partie de la discussion devrait porter sur la prolongation du plan d’aide financier dont bénéficie Athènes, afin de se donner le temps de négocier les termes d’un nouveau « contrat grec ».Mais, à ce stade, les Européens d’un côté et les Grecs de l’autre ne mettent pas les mêmes conditions à ce possible prolongement du programme d’aide. C’est sur le maintien ou non d’une supervision par la troïka des bailleurs de fonds du pays (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne) que se cristallisent notamment les oppositions. Revue des enjeux.Grèce : ce que prônent les EuropéensQuel est l’objectif de cette réunion de l’Eurogroupe ?Elle a pour objectif de tenter d’arracher un accord avec les Grecs sur une prolongation, dite « technique », du deuxième plan d’aide (130 milliards d’euros, déclenché en 2012) dont bénéficie le pays.Il y a urgence à statuer sur ce sujet. Le programme de soutien financier arrive à échéance le 28 février. Mais le pays doit encore recevoir une dernière tranche d’environ 3,6 milliards d’euros.Or, pour que les Grecs bénéficient de ce dernier apport, ils doivent, au préalable, s’être mis d’accord avec leurs créanciers de la troïka. Cela signifie qu’Athènes accepte de mettre en place une série de réformes, exigées par la troïka.Le précédent gouvernement grec (celui d’Antonis Samaras) n’était pas parvenu à s’entendre avec la troïka sur ce sujet. À ce jour, le gouvernement d’Alexis Tsipras a indiqué qu’il souhaite s’affranchir des mesures dictées par ses créanciers.Si aucun accord n’est obtenu d’ici à fin février, la Grèce ne recevra pas les milliards prévus et risque le défaut.Cette réunion peut-elle être décisive ?Le rendez-vous du 11 février vise avant tout à « commencer les discussions au niveau ministériel », relève une source européenne. Il est peu probable qu’il aboutisse à une décision.« On accepte de discuter. C’est déjà beaucoup », relève une source au fait du dossier, à Bruxelles. « Même s’il ne sera pas conclusif, cet Eurogroupe aura cet avantage, vu les divergences de point de vue, de mettre les Grecs dans l’ambiance », ajoute une autre source européenne.C’est la réunion de l’Eurogroupe du 16 février, prévue de longue date, qui pourrait être décisive.Que vont proposer les Européens à la Grèce ?Ils prônent une « extension technique » du plan d’aide, d’au moins quatre ou cinq mois, c’est-à-dire boucler le deuxième plan d’aide, pour entrer un troisième mini-plan de soutien (avec une aide de quelques dizaines de milliards d’euros).Cela donnerait le temps de négocier avec Athènes les termes d’un nouveau « contrat » : liste de réformes, projet politique, maturité des dettes, taux des remboursements, etc.« On va préparer la discussion d’ici à mercredi autour du programme actuel, et de son extension, éventuellement adaptée », explique-t-on à Bruxelles.Le gouvernement grec est-il prêt à demander un prolongement du plan d’aide ?« D’ici à mercredi, le gouvernement grec devrait faire une proposition sur comment les choses doivent se poursuivre », a déclaré, vendredi, un porte-parole du ministère allemand des finances.Selon plusieurs sources européennes, les Grecs ont fait savoir, ces derniers jours, qu’ils voulaient qu’on leur aménage un plan d’aide « de transition », pendant trois ou quatre mois, pour leur laisser le temps de peaufiner leur nouveau « contrat avec l’Europe ».Mais le gouvernement de M. Tsipras y met une condition : il ne veut pas d’une poursuite de la supervision par la troïka.C’est un point de blocage. Pour les Européens, il n’est pas possible de se passer de la troïka tout de suite : il serait impossible de prêter de l’argent sans un "MOU" (memorandum of understanding), un document signé, qui engage la partie recevant des fonds à rendre compte. La troïka pourrait toutefois être renommée.Grèce : « une dette perpétuelle laisserait du temps pour conduire les réformes »Le gouvernement grec peut-il compter sur des soutiens ?M. Tsipras ne bénéficie objectivement d’aucun soutien. Les Allemands restent sur une ligne très dure, comme l’a montré le rendez-vous de jeudi 5 février, à Berlin, entre les ministres des finances, Wolfgang Schäuble et Yanis Varoufakis.Les Espagnols, les Irĺandais, les Portugais, ou encore les Slovènes et les Lettons sont aussi très agacés - et c’est peu dire - par les prises de position des Grecs.Par ailleurs, même si le gouvernement grec finissait par accepter le principe de l’extension du second plan d’aide, tel que le présentent les Européens, il faudrait que cette extension soit validée par plusieurs Parlements de l’eurozone.Et la partie est loin d’être gagnée : les Allemands, par exemple, ne voteront pas facilement, les Finlandais non plus. Quant aux Néerlandais, ils n’ont pas digéré la visite de M. Dijsselbloem à Athènes, le 30 janvier, conclue par une poignée de main ratée avec M. Varoufakis après les propos cinglants de ce dernier sur la troïka.Berlin inflexible face à AthènesCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cédric Pietralunga et Philippe Jacqué Mis une première fois en redressement judiciaire, en novembre 2013, le transporteur français Moryglobal (ex-Mory-Ducros), a officiellement demandé sa mise en redressement judiciaire lors d’un comité d’entreprise, vendredi 6 février, a-t-on appris auprès d’un représentant syndical. L’entreprise, détenue par le fonds Arcole Industries, doit déposer aujourd’hui une déclaration de cessation des paiements (DCP) au Tribunal de commerce de Bobigny.Le 21 janvier, Le Figaro avait évoqué cette possibilité du fait des difficultés structurelles insurmontables de cette société comptant encore 2 400 salariés, après le départ de 2 800 salariés. En 2014, Moryglobal a perdu 40 millions d’euros, pour 330 millions d’euros de chiffre d’affaires.En février 2014 l’entreprise avait bénéficié d’un prête de 17,5 millions d’euros de la part de l’Etat, via le Fonds de développement économique et social (FDES). Ce prêt fait l’objet d’une enquête approfondie de la Commission européenne, depuis septembre 2014 : celle-ci veut voir s’il est compatible avec les règles de l’Union européenne sur les aides d’Etat.Le Tribunal de commerce de Bobigny devrait se pencher la semaine prochaine sur le dossier et prononcer un placement en redressement judiciaire ou, plus probablement, une liquidation judiciaire directe.Lire aussi : Bruxelles va enquêter sur les aides françaises à FagorBrandt et Mory DucrosCe même tribunal devait décider, fin février, s’il autorisait Moryglobal à céder trois immeubles détenus par le groupe, pour une valeur de quelque 25 millions d’euros.Cédric PietralungaJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterPhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et (Avec AFP) Une réunion extraordinaire des ministres des finances de la zone euro consacrée au dossier grec se tiendra le 11 février à Bruxelles, à la veille d'un sommet européen, a annoncé vendredi Jeroen Dijsselbloem, le chef de l'Eurogroupe sur son compte Twitter. Les spéculations allaient bon train depuis plusieurs jours sur la tenue d'une telle réunion, alors que le programme d'aide grec arrive à son terme fin février et qu'une solution doit être trouvée pour que le pays ne soit pas en faillite et que les marchés ne soient pas pris de panique.Certains, au sein de l'Eurogroupe, conditionnaient la tenue d'une réunion extraordinaire au fait qu'Athènes adresse un signal de « compréhension de l'enjeu et des attentes » des Européens. Ils espéraient notamment que le gouvernement grec se résolve à demander officiellement une petite prolongation du plan d'aide dont il bénéfice.PLAN « DE TRANSITION », PENDANT TROIS OU QUATRE MOISA ce stade, selon plusieurs sources européennes, les Grecs ont fait savoir, ces derniers jours, qu'ils voulaient qu'on leur aménage un plan de sauvetage « de transition », pendant trois ou quatre mois (d'ici cet été donc), le temps pour eux de peaufiner leur nouveau « contrat avec l'Europe ». Mais hors supervision de la troïka de ses bailleurs de fonds (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Commission européenne).A cette demande, les Européens répondent qu'« ils n'ont pas les instruments » pour proposer ce type de plan : il serait impossible de prêter de l'argent sans un « MOU » (memorandum of understanding), un document signé, qui engage la partie ayant reçu des fonds à rendre compte de leur usage, d'une manière ou d'une autre.« Ce qui se passera à la fin du plan d'aide actuel est totalement ouvert », a déclaré, vendredi, le porte-parole du ministère allemand des finances.« On accepte de discuter. C'est déjà beaucoup. On va préparer la discussion d'ici à mercredi autour du programme actuel, son extension éventuellemenf adaptée », ajoute une source à Bruxelles.Etant donné le désaccord qui s'est manifesté entre le gouvernement grec et l'Allemagne, chef de file des pays inflexibles vis-à-vis de la Grèce, lors de la rencontre entre les ministres des finances Wolfgang Schäuble et Yanis Varoufakis, jeudi 5 février, l'Eurogroupe du 11 février promet donc de se prolonger tard dans la nuit. Cette réunion extraordinaire sera la première pour le ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, qui a fait une tournée européenne cette semaine et a déjà rencontré plusieurs de ses homologues, dont le Français Michel Sapin et l'Allemand Wolfgang Schäuble.Il y a tout juste une semaine, il avait rencontré à Athènes M. Dijsselbloem. L'entretien avait été suivi d'une conférence de presse dans une ambiance glaciale, signe des tensions considérables entre le nouveau gouvernement grec et ses partenaires au sein de la zone euro.Lire (édition abonnés) : La BCE accentue la pression politique sur la GrèceHOSTILITÉ DE NOMBREUX ÉTATS MEMBRESLe gouvernement d'Alexis Tsipras, élu à la fin janvier, veut réduire la colossale dette du pays (plus de 175 % du PIB) et en finir avec l'austérité qui a prévalu depuis le début de la crise. Une ambition qui se heurte au refus de nombreux Etats membres, en premier lieu l'Allemagne, plus que jamais garante de l'orthodoxie budgétaire.Plusieurs autres pays n'entendent pas faire de cadeaux à Athènes. Parmi eux, la Finlande, les pays baltes, les Pays-Bas, ainsi que le Portugal et l'Espagne, touchés de plein fouet par la crise et qui ont dû faire des efforts pour répondre aux exigences de leurs créanciers.Lire aussi (édition abonnés) : Grèce : ce que prônent les Européens(Avec AFP)Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Benoît Vitkine et Yves-Michel Riols François Hollande et Angela Merkel devaient rencontrer Vladimir Poutine à Moscou, vendredi 6 février, pour lui présenter un plan de règlement du conflit en Ukraine qu’ils ont exposé, la veille, au président ukrainien, Petro Porochenko, lors d’un déplacement éclair à Kiev. Pour le président français comme pour la chancelière allemande, il s’agissait d’une première depuis la révolution de Maïdan, il y a un an.En d’autres temps, cette visite aurait constitué un geste fort de soutien au gouvernement pro-européen au pouvoir à Kiev. Mais l’enjeu est plus important : il s’agit, selon les mots de M. Hollande, d’éviter une « guerre totale » aux portes de l’Europe. Ou, selon ceux du président Porochenko, de venir en aide à une Ukraine qui vit « un moment critique de son histoire ».M. Hollande et Mme Merkel sont venus soumettre à M. Porochenko une ultime offre de paix pour l’est du pays en proie à une guerre qui a fait près de 5 400 morts en dix mois. Le document reflète, dit-on à l’Elysée, « l’esprit de l’accord de Minsk », conclu en septembre 2014 mais jamais appliqué, qui prévoyait notamment un cessez-le-feu et une décentralisation poussée pour les régions de l’est du pays dans le cadre du respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Le texte franco-allemand ne présente pas « d’éléments totalement nouveaux » par rapport à celui de Minsk, qui envisageait déjà un « statut spécial » pour l’est du pays, a souligné, vendredi matin, l’entourage de M. Hollande.L’OTAN renforce sa présence dans l’est de l’EuropeSelon des informations publiées, jeudi soir, par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, mais démenties par Berlin, ce plan prévoirait de « conclure un cessez-le-feu immédiat » contre « une autonomie plus grande accordée aux séparatistes prorusses, sur un territoire plus vaste que celui envisagé jusqu’ici ».L’Elysée a par ailleurs démenti, vendredi matin, des informations selon lesquelles la Russie aurait été à l’origine du texte présenté par M. Hollande et Mme Merkel. « C’est inexact », insiste une source bien informée, en mettant en garde contre des rumeurs propagées par Moscou. Cette proposition de règlement du conflit « est une initiative franco-allemande, de conception franco-allemande » qui a été présentée, mercredi à Kiev, aux autorités ukrainiennes par les conseillers diplomatiques de M. Hollande et de Mme Merkel, insiste l’entourage du président français. Tout en reconnaissant qu’il y a eu des « discussions permanentes » ces derniers jours entre Paris, Berlin, Moscou et Kiev. De son côté, le ministre ukrainien des affaires étrangères, Pavlo Klimkin, a affirmé dans un tweet, jeudi soir, que l’Ukraine « n’a pas été mise sous pression », en réponse à de possibles concessions territoriales à l’avantage des séparatistes.Au terme de la rencontre de deux heures entre M. Hollande, Mme Merkel et le président Porochenko, jeudi soir, la délégation française a assuré que Minsk demeurait le « cadre » des discussions avec la Russie. L’idée de la nouvelle proposition reste de « prendre en compte la souveraineté de l’Ukraine, tout en reconnaissant certaines réalités locales », dit-on, alors que les séparatistes ont poussé leur avantage sur le terrain ces derniers jours.La crainte d’un « nouveau Dayton »Depuis leur signature, le 5 septembre, les dirigeants européens font des accords de Minsk la pierre angulaire de toute négociation. Ces accords, qui prévoient notamment le retrait des armes lourdes le long de la ligne de démarcation, un contrôle conjoint de la frontière russo-ukrainienne ou le retrait des forces étrangères du sol ukrainien, sont demeurés largement caducs. La ligne de démarcation elle-même a bougé. Le volet politique du texte, lui, qui prévoit d’octroyer un pouvoir accru à la partie orientale du pays, a été mis à mal par l’organisation, en novembre, d’élections par les séparatistes non reconnues par Kiev.Côté ukrainien, on assure que l’initiative franco-allemande ne consiste pas à proposer un plan de remplacement. Il s’agirait plutôt de rédiger une « feuille de route pour que les différents points de l’accord soient respectés, en commençant par le plus important, le cessez-le-feu », indique une source diplomatique ukrainienne, qui ne cache toutefois pas son pessimisme quant aux chances de réussite de cette mission.La crainte ukrainienne est aussi de voir les Européens s’empresser d’accepter un accord qui, tout en respectant en apparence la « ligne rouge » de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, paralyserait le pays. Dès l’annonce de la visite de M. Hollande et Mme Merkel, l’influent journaliste et politologue ukrainien Vitaly Portnikov mettait en garde contre un « nouveau Dayton », en référence aux accords qui avaient mis fin à la guerre en Bosnie-Herzégovine, en 1995, mais qui ont aussi rendu le pays durablement ingouvernable.La Russie, un « pays ami »Jeudi, le Kremlin s’est dit ouvert à des « discussions constructives » avec le président français et la chancelière allemande, dans le but de mettre fin à la « guerre civile » dans l’est de l’Ukraine. A lui seul, l’emploi du terme révèle les limites de la négociation avec Moscou, qui se montre ouverte au dialogue, tout en niant son implication dans le conflit.Vladimir Poutine a aussi multiplié, ces derniers temps, les déclarations ressemblant à tout sauf à une recherche d’apaisement, qualifiant, notamment, l’armée ukrainienne de « Légion étrangère » de l’OTAN. Lors de sa conférence de presse à l’Elysée, jeudi matin, François Hollande a adopté un ton mesuré vis-à-vis de la Russie, un pays « ami ». « La France n’est pas favorable à ce que l’Ukraine entre dans l’Alliance atlantique », a répété M. Hollande, indiquant par là que la question figurait parmi les éléments en discussion. Toutefois, « l’option diplomatique ne peut pas être prolongée indéfiniment », a-t-il insisté.L’administration Obama partagée sur la livraison d’armes à KievKiev demande depuis des mois aux Occidentaux de lui fournir des armes pour renverser la situation sur le terrain, où l’armée ukrainienne est en mauvaise posture. L’option militaire a toujours été exclue par les Européens. Une position réitérée par M. Hollande, jeudi. « La France ne rentre pas dans le débat de la fourniture d’armes à l’Ukraine », a-t-il affirmé. Une doctrine aussi partagée par Mme Merkel, qui a récemment réaffirmé son opposition à toute assistance militaire à l’Ukraine. Egalement en visite à Kiev, jeudi, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a fait entendre un son de cloche légèrement différent. Interrogé sur la question de la livraison d’armes à Kiev, alors que le débat ne cesse de prendre de l’ampleur aux Etats-Unis, M. Kerry a indiqué que le président Obama « étudiait toutes les options ».Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteYves-Michel RiolsJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.02.2015 à 11h14 • Mis à jour le06.02.2015 à 11h24 Stéphane Delory, spécialiste des questions de défense, chargé d’études à la Fondation pour la recherche stratégiqueLes discussions actuellement en cours au sein de l’administration américaine sur le transfert éventuel d’armements « défensifs » vers l’Ukraine pose pour les Européens une question décisive. La concrétisation de cette décision risque en effet d’entraîner les Etats-Unis et la Russie dans une posture d’affrontement direct, qui sur le terrain, pourrait provoquer une implication plus directe et massive des forces russes aux côtés des forces indépendantistes. Dans une telle hypothèse, non seulement la capacité des forces ukrainienne à tenir ses positions peut être questionnée, mais la perspective d’une action directe et brusquée des forces russes n’est pas forcément à exclure.Le spectre d’un conflit bref et violent, justifié par la décision américaine, conduisant à la proclamation d’une république indépendantiste à l’est de l’Ukraine se profile lentement. À cet égard, il n’est pas à attendre que les États européens aient la capacité de se positionner clairement sur la nécessité ou non de soutenir l’Ukraine par des transferts d’armements. Bien que certains tendent à stigmatiser la position antirusse des États d’Europe centrale, qui pourraient donc être enclins à soutenir le projet américain, et leur opposent la position plus tempérée de la France ou de l’Allemagne, qui privilégient le règlement diplomatique du conflit, l’ensemble des États européen à bien conscience des implications graves du conflit ukrainien sur la sécurité du vieux continent. Sans même prétendre offrir à l’Ukraine la possibilité de recouvrer la souveraineté sur l’ensemble de son territoire, trouver une solution de statu quo permettant de figer l’escalade du conflit est une priorité pour tous, quels que soient les moyens privilégiés.Une décision complexeDans ce contexte, soutenir le réarmement de l’Ukraine sera une décision très difficile à prendre, y compris par les capitales les plus engagées en faveur de Kiev. Reste que le maintien d’un statu quo, difficile à admettre pour les Ukrainiens, mais préférable à un effondrement du front, est probablement une illusion. Du point de vue russe, la création d’un corridor permettant d’assurer une liaison terrestre avec la Crimée est très probablement une priorité de court à moyen terme. Mais au-delà de cette question particulière, Moscou ne peut en aucun cas rester indifférent aux choix stratégiques de Kiev, lesquels, dans le contexte actuel, ne peuvent qu’aller dans le sens d’un rapprochement fort vers l’occident.Laissée à elle-même, l’Ukraine ne peut devenir, dans la perception russe, qu’un pion des États-Unis. Maintenir un état de conflit durable à l’est du pays permet donc sur le long terme, de limiter toute tentative de rapprochement et, le cas échéant, de menacer d’agir militairement. Un scénario à la géorgienne, qui, dans l’état actuel des choses, s’avère assez fonctionnel. Dans ce sens, s’il est possible pour les États européens d’oublier le conflit en Ukraine – tentation déjà bien palpable dans plusieurs capitales – le conflit ukrainien ne sera pas un conflit gelé. Le seul statu quo qui vaille est celui que souhaite la Russie et à terme, le double objectif russe d’établir des républiques fédérées contrôlant l’est du pays et de finlandiser les restes de l’Etat ukrainien est très susceptible de se concrétiser.Etat frontalier, la Russie dispose de toutes les facilités matérielles pour ce faire et à toute latitude pour armer les indépendantistes. On peut arguer que le devenir de l’Ukraine n’est plus de notre ressort et admettre, comme certains, que la Russie est un grand pays ayant des intérêts vitaux à défendre et que, dans ce cadre, il faut avant tout soutenir une action diplomatique pour renouer le contact. À ceci près que jusqu’à présent, la position pour le moins conciliante des États-Unis et des Européens n’a eu pour seul résultat de concéder tacitement l’implication croissante et explicite de la Russie dans le conflit. L’action diplomatique concrétise le droit d’ingérence armé de Moscou dans un Etat souverain avec lequel aucun différend territorial n’existe, précédent, qu’il n’est pas forcément souhaitable de pérenniser.FinlandisationFaut-il pour autant réarmer l’Ukraine, sachant que si la Russie devait réagir militairement, les États européens ne disposent ni de la volonté politique ni des capacités militaires pour réagir. Une telle initiative pourrait alors conduire à décrédibiliser l’ensemble de l’architecture de sécurité euroatlantique, puisque si l’OTAN n’est pas fondée de réagir à une invasion de l’Ukraine, l’absence d’action serait un aveu d’impuissance dévastateur. Ce qui est certain toutefois, c’est qu’il ne faut pas laisser les États-Unis agir seuls. Si demain l’administration Obama décide d’agir, la réaction de la Russie sera partiellement calibrée par la réaction des États européens. En l’absence de soutien, il sera dans son intérêt direct d’accroître les tensions et de dénoncer l’inconséquence de la politique américaine.Et dans l’hypothèse où les Etats Unis bénéficieraient du soutien des Européens, ceux-ci doivent tirer les conséquences de cet engagement et être prêts, eux aussi à soutenir matériellement l’Ukraine, plus particulièrement en cas d’escalade russe. En effet, tant que Moscou ne décide pas d’intervenir directement en Ukraine, elle dispose de la capacité de désamorcer le conflit sans perte de crédibilité. Maximiser la pression en acceptant l’épreuve de force est probablement le seuil moyen pour les Occidentaux de conserver leur crédibilité sans se trouver confrontée au dilemme ingérable du conflit avec la Russie ou l’abandon pur et simple de l’Ukraine.Les Européens doivent avoir conscience qu’en faisant le choix de réduire considérablement leurs capacités militaires, ils ont remis les clefs de leur sécurité à d’autres. La crise ukrainienne leur laisse peu d’options : soit ils admettent que la Russie bénéficie de droits particuliers en Europe et qui font d’elle un partenaire dominant au sein de l’architecture de sécurité européenne ; soit ils estiment que le modèle euroatlantique, qui avait permis jusqu’à l’année dernière à une immense majorité d’États de vivre dans la paix et pour un nombre croissant d’entre eux, dans la démocratie, mérite d’être défendu. Et dans ce cas, il faut malheureusement accepter de prendre un risque substantiel. 06.02.2015 à 10h30 • Mis à jour le06.02.2015 à 11h14 L'industriel allemand Siemens a annoncé vendredi 6 février qu'il allait supprimer 7 800 emplois dans le monde, dont 3 300 en Allemagne, dans le cadre de son plan de réorganisation annoncé au printemps dernier.Pour les salariés, les détails du plan sont plutôt un soulagement : en mai, le président-directeur général du groupe, Joe Kaeser, avait déclaré que 11 600 emplois étaient jugés redondants au sein du groupe. Siemens, qui compte plus de 300 000 employés, précise par ailleurs dans un communiqué que les effectifs totaux resteront « virtuellement stables », car il a embauché plus de 11 000 personnes dans le monde depuis l'automne.Lire (édition abonnés) : Siemens va supprimer 7800 emploisDES PROBLÈMES PERSISTANTS Joe Kaeser avait présenté en mai 2014 un plan de réorganisation baptisé « Vision 2020 », qualifié de « plus vaste entrepris depuis vingt-cinq ans ». Il prévoyait le regroupement de certaines divisions et la suppression d'échelons hiérarchiques afin de réduire les coûts de 1 milliard d'euros d'ici à 2016. En lieu et place des quatre grosses divisions organisées par l'ancien PDG, M. Kaeser a créé huit secteurs. Moins autonomes qu'avant, ils doivent permettre au directoire de mieux coordonner l'action du navire Siemens et d'être plus réactif.La nouvelle structure suffira-t-elle pour rattraper à court terme le retard de compétitivité de Siemens par rapport à des concurrents comme General Electric ? Rien n'est moins sûr. Une analyse du dernier bilan du groupe montre que Siemens est encore loin d'avoir réglé ses problèmes : une croissance faible, voire négative, une faible profitabilité, et des charges exceptionnelles élevées. Claire Guélaud Le déficit commercial français s’est réduit en 2014, pour la troisième année consécutive. Après avoir battu des records historiques en 2011 (- 74,5 milliards d’euros), le solde a été ramené à - 53,8 milliards d’euros fin décembre, soit une baisse de 7 milliards d’euros (11,5 %) par rapport à 2013, selon les statistiques des douanes, rendues publiques vendredi 6 février.Il y a donc du mieux, même si, en valeur absolue, le montant du déficit commercial français fait pâle figure comparé à l’excédent allemand : en 2013, celui-ci avait crevé tous les plafonds et frisé les 200 milliards, son plus haut niveau depuis 1950. Le dernier excédent commercial annuel français remonte à… 2002.Et si, hors énergie, le déficit est en hausse de près de 35 %, à 16,7 milliards d'euros, les trois années consécutives de réduction du solde commercial français sont néanmoins à marquer d’une pierre blanche car elles éclaircissent le paysage économique français, jusqu’alors plutôt sombre. Tout comme vient de le faire la Commission européenne en révisant à la hausse sa prévision de croissance (+ 1 %) pour la France. Les parts de marché mondiales de la France se sont stabilisées à 3,1 % des échanges mondiaux, grâce notamment à l'augmentation des exportations vers la Chine et la Corée du Sud et malgré un repli des ventes vers le Brésil, l'Inde, la Russie et la Turquie.Résorber le déficit n’est plus un engagementFin novembre 2014, le secrétaire d’Etat au commerce extérieur, Matthias Fekl, avait fait savoir que, dans un contexte « difficile », il ne pouvait s’engager à résorber le déficit commercial d’ici à 2017, comme le gouvernement de Jean-Marc Ayrault en avait pris l’engagement au début du quinquennat de François Hollande.Lire également le décryptage : Pourquoi la réduction du déficit commercial français n’est pas forcément une bonne nouvelleIl ne faut toutefois pas exagérer la portée de l’amélioration de 2014, qui doit beaucoup à la baisse spectaculaire du cours du pétrole : le prix du baril a reculé de près de 60 % depuis l’été, du fait d’une offre surabondante et d’une demande moins vigoureuse, pour cause de ralentissement économique de la Chine et de faible croissance en zone euro.Cette chute du prix de l’or noir, réduisant le déficit des échanges français d’hydrocarbures naturels, s’est traduite dans les importations françaises, qui ont commencé à reculer en novembre 2014.Les importations totales françaises ont ainsi diminué de 1,6 % sur l’ensemble de l’année écoulée, à 491,1 milliards d'euros.À la mi-janvier, le directeur de COE-Rexecode, Denis Ferrand, avait cherché à calculer le montant de la réduction de la facture pétrolière à partir des 87 milliards d’euros d’importations de produits pétroliers bruts et raffinés de 2013.En faisant l’hypothèse d’un prix moyen du baril de 82 euros en 2013, 75,20 euros en 2014 et 45 euros en 2015, il avait estimé que la facture pétrolière de la France diminuerait de « 5 milliards d’euros en 2014 » - c’est probablement un minimum - et de « 17 à 22 milliards en 2015. » En définitive, la facture énergétique totale s’est allégée de 10,9 milliards l’an passé, selon les Douanes.Fortes livraisons dans l’aéronautiqueAprès un début d’année atone, les exportations françaises se sont, quant à elles, redressées progressivement au second semestre 2014. Sur l’année, elle sont en hausse de 0,1 %, à 437,3 milliards d'euros.Elles ont bénéficié de la baisse de l’euro, qui a perdu plus de 17 % face au dollar depuis mai 2014, après deux ans de hausse.Baisse de l’euro : certaines entreprises y gagnent, d’autres pasLes points forts de la spécialisation française ne changent pas : matériels de transport, produits agricoles, certains produits de l’industrie du luxe (habillement, joaillerie et bijouterie, parfums et cosmétiques, horlogerie).Les secteurs agroalimentaire et pharmaceutique ont cependant dégagé de moindres excédents qu'en 2013.L'excédent des produits chimiques, parfums et cosmétiques « s'est accru de plus de 15 % », à 10,8 milliards d'euros et l'aéronautique a dégagé « un nouvel excédent record », de 23,6 milliards d'euros, a relevé Matthias Fekl,Les livraisons d’Airbus qui avaient été excellentes en octobre, ont frôlé leur record de mars 2013 (2,88 milliards d’euros) en novembre. Un mois qui a également vu la mise en orbite d’un satellite pour le compte de la Malaise pour un montant de 102 millions d’euros.Airbus bat son record de livraisons d’avions en 2014Cet automne, en revanche, les ventes de produits pharmaceutiques comme les exportations de produits métalliques et métallurgiques ont joué au yoyo, tandis que les exportations de produits agricoles s’effritaient.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le Parlement européen et le Conseil (la réunion des 28 Etats membres) ont conjointement officialisé, mardi 27 janvier, un accord sur une directive antiblanchiment. Le texte était proposé par la Commission européenne depuis début 2013.Son principal intérêt ? Cette directive devrait permettre d’identifier les véritables bénéficiaires des « trusts » et autres fondations, entités juridiques particulièrement nombreuses dans les pays anglo-saxons, et jugées très opaques. Les Etats membres de l’Union européenne vont en effet devoir tenir des listes centralisées sur lesquelles figurent les propriétaires effectifs finaux de sociétés et autres entités légales, ainsi que de fiducies (trusts). « Un propriétaire “effectif” détient ou contrôle une entreprise ainsi que ses activités, et autorise, en fin de compte, les transactions – que cette propriété soit exercée directement ou par un mandataire », précise le Parlement, dans un communiqué.Les registres centraux seront accessibles, mais de manière limitée quand même. Les informations récoltées pays par pays sur les sociétés pourront être consultées par toute entité ou personne pouvant justifier « un intérêt légitime justifié », par exemple, en ce qui concerne le cas de blanchiment de capitaux suspecté, le financement du terrorisme, les soupçons de corruption, les infractions et la fraude fiscales. Banques, services de renseignement financiers, médias, mais sur demande, sont a priori concernés.Accès restreintConcernant les trusts, un régime spécial est instauré : l’accès au registre central les listant sera encore plus restreint. Les informations seront uniquement consultables par » les autorités et les entités soumises à des obligations [par exemple, les banques qui appliquent des mesures de vigilance à l’égard de la clientèle]. Les Britanniques tenaient tout particulièrement à cette restriction : « Au Royaume-Uni, les trusts sont très courants. On en créé un dès que, par exemple, on achète un appartement en copropriété ou pour une succession. Rendre le registre public, c’était un peu comme ficher toute la population. Difficile à accepter », précise une source diplomatique.Au Parlement, les eurodéputés Verts se sont notamment battus, lors des discussions sur le texte, pour une plus grande transparence du registre. Finalement, ils ont accepté le compromis, estimant qu’il représente déjà une forte avancée par rapport à la réglementation existante. « Il s’agit d’une avancée cruciale dans la mesure où ces [trusts] sont au cœur des mécanismes d’évasion fiscale et du financement du crime organisé à grande échelle, en Europe comme dans les pays en développement », estime l’élue Verte Eva Joly.Selon le texte, les banques, les auditeurs, les juristes, les agents immobiliers ou encore les casinos devraient se montrer plus vigilants concernant les transactions suspectes réalisées par leurs clients.Les Français, qui ont proposé, mardi, lors d’un Ecofin (réunion des ministres des finances des 28), que l’Europe fasse davantage d’efforts pour traquer les filières de financement du terrorisme, ont été tentés, ces derniers jours, de proposer des amendements dans le cadre de la directive blanchiment. Ils y ont finalement renoncé. « Cela aurait obligé à reprendre la discussion sur la directive, et à retarder d’autant son application. C’était trop risqué », explique une source européenne. Paris a donc préféré suggérer que la Commission européenne vienne avec une proposition de directive spécifique, qui tente, notamment, de mieux réguler l’usage des monnaies virtuelles, du type Bitcoin.Si un accord politique a été trouvé mardi, pour être formellement adopté, le texte de directive doit encore être validé par un vote en plénière au Parlement (en mars ou en avril prochain) et par le conseil des ministres de l’Union européenne, lors d’un prochain Ecofin. Les Etats membres disposeront ensuite de deux ans pour transposer la directive contre le blanchiment dans leurs droits nationaux.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Madjid Zerrouky Peut-on effacer la dette de la Grèce ? Oui ! répond Jean-Luc Mélenchon. Pour le député européen Front de gauche et fondateur du Parti de gauche, il est tout à fait possible d'effacer la dette d'Athènes. Et de citer un précédent : l'Irak au début des années 2000. « La dette de l'Irak a été annulée d'un trait de plume. Il y en avait pour combien ? 120 milliards de dollars », a-t-il ainsi déclaré sur BFM-TV et sur son blog.Pourquoi c'est plus compliquéLa dette irakienne a, il est vrai, largement diminué à partir de 2004 après la chute de Saddam Hussein, passant de 120 milliards à 40 milliards de dollars en l'espace de six ans. Deux tiers de la dette extérieure du pays ont ainsi été effacés. Sauf que cette réduction ne s'est pas faite d'un « trait de plume », et les contreparties exigées alors par les créanciers sont justement celles que dénonce régulièrement Jean-Luc Mélenchon dans le cas de la Grèce.Comme le rappelait France Info, la dette irakienne était détenue en partie par des pays du Moyen-Orient d'un côté, et des pays occidentaux – dont la France, les Etats-Unis, l'Allemagne – et la Russie de l'autre. Lesquels font partie du Club de Paris, qui rassemble depuis 1956 les principaux pays créanciers industrialisés.Au 31 décembre 2004, l'endettement extérieur total de l'Irak était de 120,2 milliards de dollars, dont 37,158 milliards dus au Club de Paris et 60 milliards dus à l'Arabie saoudite, au Koweït et aux Emirats arabes unis, qui avaient « cofinancé » à coup de prêts la guerre de l'Irak contre son voisin iranien (1980-1988).3 étapes et des contrepartiesC'est Washington qui va conduire à l'annulation partielle de la dette à partir du printemps 2003. Les Etats-Unis viennent alors d'envahir le pays, de chasser Saddam Hussein du pouvoir, et s'emploient à « reconstruire » un Etat qu'ils souhaitent allié. Les Américains justifient alors leur démarche en qualifiant la dette contractée par le régime baassiste d'« odieuse » : une notion – non juridique – énonçant que la dette souveraine encourue sans le consentement des populations et sans bénéfice pour elles ne doit pas être transférée à l'Etat successeur. Selon le secrétaire américain au Trésor d'alors, John Snow, « le peuple irakien ne doit pas être accablé par des dettes contractées par le régime du dictateur déchu ».Une notion que Washington se gardera par la suite d'invoquer de peur de créer un précédent.Car si l'argumentaire se voulait généreux, le programme d'effacement de 80 % de la dette irakienne enclenché par le Club de Paris à partir de novembre 2004 d'un côté, et les pays du Golfe sur lesquels les Etats-Unis ont usé de leur influence de l'autre, s'est déroulé selon un processus en trois étapes soumises à conditions.Si 30 % du montant dû au Club de Paris ont été effacés sur le champ en novembre 2014, 30 % ont été conditionnés au respect par l'Irak d'une série de réformes exigées par le Fonds monétaire international (FMI) et les 20% restant après l'application effective du programme du FMI.Licenciements et privatisationsUn programme qui a eu des conséquences sur le niveau de vie des Irakiens. Citons, pêle-mêle, l'augmentation des prix de l'essence et du fioul avec l'alignement des prix des produits pétroliers sur ceux pratiqués dans les autres pays dans la région ; la baisse du montant des pensions ; la privatisation des entreprises publiques (hors secteur pétrolier) ; la fin des subventions et la libéralisation des prix des produits alimentaires ; des licenciements et le gel des salaires dans la fonction publique…Des mesures d'ajustement qui avaient à l'époque été vivement critiquées par les ONG luttant contre la dette, qui dénonçaient un chantage. Et qui ne sont pas sans rappeler le « traitement de choc » infligé par la « troïka » à Athènes depuis 2010. Traitement que Jean-Luc Mélenchon ne cesse de dénoncer.Madjid ZerroukyJournaliste au Monde Philippe Ricard (Pologne, envoyé spécial) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2fq1db"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2fq1db", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Ils sont trois cents, rassemblés à l'entrée du camp de la mort. Trois cents survivants ont été invités, mardi 27 janvier, à commémorer les 70 ans de la découverte du camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau par l'Armée rouge, en compagnie d'une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement. Un immense chapiteau blanc a été dressé à l'entrée du site. A l'intérieur, les participants font face au tristement célèbre mirador, qui surveillait la voie ferrée d'accès aux lieux, située à quelques encablures des chambres à gaz, au milieu des rangées de baraques. Ici, plus de 1,1 million de personnes ont été exterminées par les nazis, dont un million de juifs, avant la libération du camp par l'armée rouge le 27 janvier 1945.« C'EST LEUR VOIX QUI PORTE LA MISE EN GARDE »Les cérémonies ont commencé à 15 h 30 dans cette région du sud de la Pologne balayée par la bise et la neige. Les survivants de différents pays, dont une centaine venus d'Israël, ont d'abord écouté le président polonais, Bronislaw Komorowski, et les témoignages poignants de trois rescapés venus de Pologne, d'Israël et des Etats-Unis. « Je pensais qu'un jour, je passerai par le crématorium, sans connaître l'effet d'un baiser d'amour », s'est souvenue l'une des survivantes, déportée à l'âge de 14 ans. « Pour moi, il est impossible d'oublier même pour une seconde les atrocités observées », a raconté un ancien déporté, en ravalant ses sanglots : « Cela suffit pour me réveiller la nuit jusqu'à la fin de mes jours. »« C'est leur voix qui porte la mise en garde contre notre capacité de pratiquer l'humiliation, la haine et le génocide, explique Piotr Cywinski, le directeur du Musée national d'Auschwitz-Birkenau : bientôt, ce sera à nous, les générations de l'après-guerre, de transmettre le leg que nous font les survivants. » Le réalisateur américain Steven Spielberg, présent aux cérémonies, a présenté un documentaire préparé pour l'occasion, peut-être la dernière fois qu'autant de rescapés sont en mesure d'être là pour se souvenir, et témoigner. Différentes prières ont ponctué l'hommage.Bougies en main, survivants et officiels devaient ensuite, à la nuit tombante, marcher en procession vers le monument aux victimes, installé près des restes des chambres à gaz et fours crématoire détruits par les nazis avant d'abandonner les lieux. Trois représentants de survivants ont ouvert la marche, accompagnés de jeunes.Lire sur Big Browser : Dans les camps, le dessin comme témoinPOUTINE ABSENTlmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2fqrw7"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2fqrw7", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Chefs d'Etat et de gouvernement suivaient, en présence du président allemand, Joaquim Gauck, et de nombreux responsables religieux. Le mémorial est situé au-delà des quais où les déportés descendaient des trains. Les uns, surtout les femmes et les enfants, pour être directement gazés, puis incinérés. Les autres, pour rejoindre les baraquements alignés par dizaines sur le site.Les cérémonies surviennent à un moment particulier en Europe. En France, les attentats de Paris ont rappelé que la violence antisémite continue de menacer la communauté juive. Plusieurs intervenants ont fait référence aux récentes attaques pour constater que les juifs sont encore « ciblés pour ce qu'ils sont ». Avant son déplacement en Pologne, François Hollande, a exhorté les juifs de France à ne pas quitter leur pays pour Israël : « la France est votre patrie », a insisté le chef de l'Etat.Le continent est par ailleurs plongé dans une ambiance de néo guerre froide, en raison de la crise avec la Russie au sujet de l'Ukraine. Le président russe, Vladimir Poutine, a décidé de ne pas venir aux commémorations, en prétextant ne pas y avoir pas été invité. La Russie reproche à la Pologne de minimiser le rôle des forces soviétiques dans la libération du camp. Quelques jours avant les 70 ans, le ministre polonais des affaires étrangères a jugé que le camp avait été libéré par les Ukrainiens.Depuis Moscou, où il participait à une cérémonie au musée du judaïsme, M. Poutine a qualifié d'« inacceptable » toute « tentative de réécrire l'Histoire ». « Souvent, derrière ces tentatives il y a le désir de cacher sa propre honte, la honte de sa lâcheté, hypocrisie et trahison, de cacher sa complicité tacite, passive ou active avec les nazis », a ajouté le président russe. Philippe Ricard (Pologne, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) S’il ne fallait qu’une preuve de l’embarras de Berlin après la victoire de la Syriza en Grèce, le communiqué publié par Angela Merkel l’apporterait. D’habitude très prompte à féliciter ses homologues, la chancelière allemande a cette fois attendu mardi matin, à 11 heures, pour publier un communiqué qui tient en quelques lignes :« Très honoré monsieur le premier ministre, je vous félicite pour votre nomination comme premier ministre de la République grecque. Vous prenez vos fonctions dans une période difficile et faites face à une grande responsabilité. J’espère que la collaboration avec vous permettra de consolider et d’approfondir la traditionnelle et profonde amitié qui lie nos deux peuples. Je vous souhaite beaucoup de force et de succès dans votre fonction de premier ministre. Sincères salutations. » La différence de ton avec le communiqué de l’Elysée est frappante. Dès lundi, le président de la République a d’ailleurs invité le vainqueur des élections de dimanche, Alexis Tsipras, à Paris, ce que n’a pas fait Angela Merkel. Sans doute pour des raisons en partie tactiques. Lundi, son porte-parole, Steffen Seibert, a rappelé qu’il ne s’agissait en aucun cas d’une confrontation entre la Grèce et l’Allemagne mais d’une discussion qui va concerner l’ensemble des Etats européens. Il est donc clair que l’Allemagne ne souhaite pas se mettre en première ligne dans les semaines à venir mais va chercher à peser sur l’attitude des autres Européens.« Un vieux routier de la politique »La Grèce sera évidemment au menu des discussions qu’Angela Merkel aura ce mercredi avec le polonais Donald Tusk, nouveau président du Conseil européen, et avec François Hollande et Martin Schulz, président (social-démocrate) du Parlement européen. Le rôle de ce dernier sera intéressant tant le Parti social-démocrate semble également décontenancé par ce qui se passe en Grèce. « Celui-ci n’accorde pas à la Syriza le crédit politique que lui accorde le Parti socialiste », analyse Ernst Hillebrand, responsable des questions européennes à la Fondation Friedrich Ebert. Seul espoir de la coalition au pouvoir à Berlin : qu’Alexis Tsipras oublie une partie de ses promesses électorales et se montre plus conciliant. « Son élection n’est pas une surprise et malgré les apparences, c’est déjà un vieux routier de la politique. On espère qu’il se montrera réaliste », résume M. Hillebrand.C’est aussi ce qu’espère une partie de la presse. Mardi, la Süddeutsche Zeitung se voulait optimiste. « Si les Grecs, avec Tsipras, balaient la corruption, ne créent plus d’emplois de complaisance dans l’administration et imposent réellement les plus riches, alors les Allemands, avec Merkel, doivent faire des concessions sur les taux d’intérêts, le rééchelonnement de la dette et les investissements. C’est dans l’intérêt de tous. »D’ailleurs, pour le quotidien de centre-gauche, l’enjeu est en partie symbolique. « Le rééchelonnement de la dette que Tsipras présente depuis des mois comme le remède miracle aiderait en réalité bien peu la Grèce. Comme les pays de la zone euro ont déjà prolongé sur 30 ans et plus le remboursement des crédits accordés à Athènes, le gouvernement grec n’a aucun euro à rembourser avant 2020. Seuls tombent les intérêts », fait valoir le journal.Un Parlement démocratiquement éluC’est aussi ce que pense le quotidien berlinois de gauche, la Tageszeitung. Pour celui-ci, cette victoire historique est considérée comme « une chance que la Grèce se débarrasse de décennies de corruption et de népotisme, dont Nouvelle Démocratie et le Pasok étaient inséparables ». Néanmoins, le journal met en valeur les dangers auxquels la Syriza est confrontée : avec sa rhétorique de campagne, elle a produit des « espoirs insatiables » et des « ennemis dangereux », or elle « n’échappera pas à des négociations avec les bailleurs de fonds européens ».En conclusion de son analyse, la « Taz » avertit ceux qui pourraient contester l’arrivée de la gauche radicale au pouvoir en Grèce : « La Grèce a démocratiquement élu son Parlement. Le résultat obtenu est digne de respect. Sinon, l'appareil de la démocratie sera mis en danger – et pas seulement à Athènes. » C’est donc la démocratie qui prévaut : il convient de respecter le choix électoral du peuple grec et de ne pas le prendre à la légère : « les Européens seront bien avisés de mener les négociations avec sérieux ».La Frankfurter Allgemeine Zeitung, quotidien conservateur, explique en quoi il est « inconcevable que les Grecs annulent leurs dettes immédiatement », rappelant notamment que la zone euro veut « éviter de créer un précédent ». Le journal de Francfort nie que les Grecs soient submergés par une dette élevée : « le populiste Alexis Tsipras a affirmé que la dette publique, atteignant 180 % du PIB, “étouffe” l'économie grecque. Ceci est faux, au moins à court terme. » Et d’expliquer que les prêts accordés à la Grèce ont des termes très éloignés dans le temps et surtout « inférieurs en moyenne à ce que l’Allemagne paie pour sa dette publique ».Des « concessions minimes mais répétées de la part des autres pays » pourraient selon la FAZ, permettre à Syriza « de conquérir les Grecs sur d’autres terrains plus douloureux » : un « espoir », selon le journal, qui estime de toute façon que les réformes promises par Tsipras ne seront pas réalisables « par manque de ressources ».Des réformes plus faciles à mettre en place« D’un point de vue économique, un “Grexit” ne serait plus aussi risqué qu’il était considéré il y a quelques années, à cause des plans de sauvetage et des actions de la Banque centrale. » A la question « Que signifierait un “Grexit” ? », à savoir une sortie de la Grèce de la zone euro, le quotidien résume sans ambages qu’« il en coûterait beaucoup d’argent au contribuable allemand ».C’est sans surprise que le quotidien Bild mettait en avant ce sujet. Mardi, celui-ci titrait sous une photo d’Alexis Tsipras : « Ses promesses nous coûtent 20 milliards d’euros. » Cette somme résulte de l’évaluation des promesses de campagne effectuée par l’Institut pour l’économie mondiale de Kiel. La Syriza évalue son programme à 12 milliards d’euros.Appartenant au même groupe de presse Springer, le quotidien conservateur Die Welt adopte un point de vue original en mettant en valeur la plus grande facilité qu’aura Alexis Tsipras à mettre en œuvre des réformes nécessaires : « La confiance populaire dont bénéficie Tsipras joue en sa faveur. Contrairement aux représentants des partis traditionnels, il n'est pas perçu dans le pays comme la marionnette des créanciers étrangers, grâce notamment à ses sorties contre Bruxelles et Berlin. Qui d'autre que lui pourrait arriver à imposer les réformes nécessaires en dépit des résistances ? » Ainsi, selon Die Welt, les Grecs pourront, grâce à « cet excellent populiste », cesser de « nier la réalité ».Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) L'essentielYanis Varoufakis, pourfendeur de « la dette odieuse », devient ministre des finances.Panos Kammenos, membre du parti de droite populiste des Grecs indépendants, et allié de Syriza, est nommé ministre de la défense.Le gouvernement comporte une dizaine de portefeuilles ministériels, regroupant une quarantaine de membres.Le premier gouvernement de M. Alexis Tsipras a été dévoilé, mardi 27 janvier. Resserré autour d'une dizaine de portefeuilles, il comporte notamment quatre « hyperministères » tournés vers les réformes économiques et attribués aux personnalités chargées ces dernières années de mettre en place le programme économique de Syriza. En incluant les vice-ministres et secrétaires d'Etat, il compte une quarantaine de membres, dont sept femmes.Lire le décryptage : Les questions que vous vous posez après la victoire de Syriza en GrèceYanis Varoufakis à  la tête des finances Avant même l'annonce officielle, l'universitaire polyglotte Yanis Varoufakis avait annoncé sur son blog qu'il était nommé ministre des finances. Agé de 53 ans, ce professeur d'économie à l'université d'Austin, au Texas, est étiqueté comme un des « radicaux » de Syriza, dont il s'est rapproché récemment.Pourfendeur de « la dette odieuse », il est un fervent partisan de la fin des mesures d'austérité, qui ont provoqué, selon lui, « une crise humanitaire ». Très actif sur les réseaux sociaux et dans les médias, il a conseillé Georges Papandréou, de 2004 à 2006, quand ce dernier était président du Pasok. Il est également connu pour son travail statistique sur les jeux vidéo.M. Varoufakis, qui avait vivement critiqué les plans de sauvetage de la Grèce, a expliqué vouloir mettre en place de profondes réformes pour l'économie grecque, « indépendamment de ce que [les] créditeurs demandent », et sans souscrire un autre prêt : « Notre Etat doit vivre par ses propres moyens dans le proche futur. Nous sommes prêts à mener une vie austère, ce qui est différent de l'austérité ! »Lire son portrait (édition abonnés) : Yanis Varoufakis, la nouvelle tête des finances grecquesYannis Dragasakis, vice-premier ministre Yannis Dragasakis, 68 ans, devrait superviser l'ensemble de l'action économique ainsi que les négociations avec les créanciers du pays. Transfuge du Parti communiste et député d'une circonscription d'Athènes, il dirige depuis deux ans un comité interne à Syriza réfléchissant à un modèle de développement pour la Grèce.Un autre « hyperministère » de l'économie, des infrastructures, de la marine marchande et du tourisme revient à l'économiste Georges Stathakis. Celui de la restructuration de la production, de l'environnement et de l'énergie revient à Panayotis Lafazanis, représentant de la plate-forme de gauche, courant contestataire interne à Syriza auquel M. Tsipras devait donner des gages. Le quatrième gros ministère, attribué à Aristides Baltas, regroupe la culture, l'éducation et les affaires religieuses.Panos Kammenos à la défense Fruit de l'alliance entre la Syriza et les Grecs indépendants (ANEL), Panos Kammenos, membre du parti de droite populiste, obtient le portefeuille qu'il convoitait. La concession est importante de la part de Syriza : tenant d'une ligne nationaliste dure vis-à-vis de la Turquie ou encore de l'ARYM, pays auquel il refuse de reconnaitre l'appellation de Macédoine, la tête de file des souverainistes de droite se situe à l'opposé des positions jusqu'ici défendues par Syriza sur ces questions.L'universitaire et ancien conseiller de l'ex-premier ministre socialiste Georges Papandréou, Nikos Kotzias, a été nommé ministre des affaires étrangères. Les ministères de la santé, de l'emploi et de la justice ont été respectivement répartis entre Panayotis Kouroublis, Panos Skourletis et Nikos Paraskevopoulos.Les quarante membres du gouvernement prêteront serment à 17 heures lors d'une cérémonie laïque pour tous ceux qui ne souhaitent pas jurer sur la Bible, comme l'a fait hier Alexis Tsipras lors de sa prestation de serment en tant que premier ministre. Une bénédiction religieuse sera parallèlement prévue pour ceux, comme Panos Kamménos, qui souhaitent la bénédiction de l'Eglise orthodoxe.Lire le portrait : Panos Kammenos, l’encombrant allié d’Alexis TsiprasLa Bourse d'Athènes chute de près de 4 %L'Athex  a chuté au moment où était annoncée la composition du nouveau gouvernement. L'indice général qui avait ouvert dans le rouge à 813 points est descendu jusqu'à 761 points, soit – 6,39% en milieu d'après-midi. L'Athex est ensuite légèrement remonté àet a clôturé à -3,69 % (793 points).Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Eric Albert (Londres, correspondance) Vu de France, la croissance britannique peut faire pâlir d’envie. Le PIB a augmenté de 2,6 % sur l’ensemble de 2014, d’après les chiffres publiés par l’Office national des statistiques mardi 27 janvier. Cela en fait sa meilleure année depuis la crise économique de 2008-2009.Néanmoins, derrière ce chiffre se cache une tendance qui ralentit. Au quatrième trimestre, la croissance était de 0,5 %, après 0,7 % au 3ème trimestre et 0,8 % au 2ème trimestre. Ce ralentissement vient avant tout du secteur de la construction, assez volatile, qui repasse dans le rouge, avec une baisse de 1,8 % au 4ème trimestre. La production industrielle est également décevante, en léger recul de 0,1 %. Ces deux secteurs demeurent encore en-dessous de leur pic de 2008, preuve que les cicatrices de la grande récession sont encore là. En revanche, le secteur des services (qui représente 78 % du PIB) est en forme : toutes ses composantes -hôtellerie et distribution, transports et communications, services aux entreprises et finance- sont en nette hausse.Le meilleur est passéL’économie britannique vient ainsi une fois de plus prouver qu’elle est l’une des plus volatiles du monde occidental. Après une récession en 2008-2009 particulièrement violente, suivie d’une longue période de stagnation jusqu’en 2013, la croissance est revenue d’un coup. Le rebond, largement tiré par la consommation des ménages et l’immobilier, a surpris les économistes par sa vitesse. Mais désormais, la plupart d’entre eux estiment que le meilleur est passé, même si tous tablent encore sur une croissance solide en 2015 (la prévision officielle du gouvernement est de 2,4 %).« De nombreuses difficultés attendent l’économie britannique en 2015 », estime Scott Corfe, du Centre for Economic and Business Research. Elle cite les élections législatives de mai, dont le résultat est très incertain, et qui pourrait donner lieu à une période de flottement politique lors des tractations en vue d’une éventuelle coalition. Mais sa principale inquiétude vient de la zone euro, « qui compte encore pour la moitié des exportations », ce qui va continuer à peser sur le secteur industriel. Des comptes qui restent dans le rouge L’effet est double : non seulement la croissance dans les pays de la monnaie unique est faible, ce qui réduit la demande, mais la livre sterling a aussi gagné 10 % par rapport à la monnaie unique en un an, ce qui renchérit les exportations. Et les investissements des entreprises, qui ont repris l’an dernier, risquent de ralentir pour la même raison. Enfin, les coupes dans les dépenses publiques continuent. Avec un déficit de 5,8 % du PIB l’an dernier (année fiscale 2013-2014), le Royaume-Uni a des comptes qui restent dans le rouge. Conservateurs comme travaillistes continuent à promettre une politique d’austérité après l’élection de mai, se disputant seulement sur la vitesse de réduction des dépenses. Cela laisse une fois de plus la croissance britannique très largement dépendante du consommateur britannique. Après des années à se serrer la ceinture, celui-ci s’est remis à dépenser. Mais c’est en grande partie son surendettement, notamment dans l’immobilier, qui avait provoqué la crise en 2008. L’économie du Royaume-Uni risque une nouvelle fois de faire face à ses démons traditionnels. Eric Albert Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Thomas Wieder et Amos Reichman L’information tient en deux phrases. Deux phrases tassées en pied de page et noyées au milieu de six colonnes de brèves. « L’agence Tass annonce la libération par l’Armée rouge de quatre mille déportés politiques français, belges et hollandais, détenus par les Allemands dans le camp de concentration d’Oswiecim. Radio Moscou annonce, de son côté, que le gouvernement provisoire de la République polonaise a envoyé aux déportés libérés d’importantes quantités de vivres. »Ce 8 février 1945, c’est sous la forme d’une simple brève que Le Monde apprend à ses lecteurs la « libération » d’Auschwitz par l’Armée rouge, intervenue une dizaine de jours plus tôt. Ce laconisme n’est pas propre au quotidien qu’a fondé Hubert Beuve-Méry quelques semaines auparavant. A part quelques lignes ici ou là, notamment dans Franc-Tireur et Fraternité, deux journaux issus de la Résistance, le silence est général. « Pas un mot, pas une ligne, même dans la presse communiste », pourtant bien disposée à relayer les informations diffusées par les Soviétiques, observe le journaliste Didier Epelbaum dans un livre paru en 2005 (Pas un mot, pas une ligne. Génocides et médias. 1944-1994, Stock). En France, sur le moment, la libération d’Auschwitz est un « non-événement médiatique », note l’historienne Annette Wieviorka. Spécialiste de l’histoire d’Auschwitz, Tal Bruttmann souligne qu’« en janvier, lorsque les Soviétiques arrivent, ils entrent dans un camp presque vide, avec 7 000 rescapés dans un ensemble prévu pour 250 000 perso... 27.01.2015 à 09h04 • Mis à jour le27.01.2015 à 10h58 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2fq1db"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2fq1db", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Le 27 janvier 1945, l'armée soviétique libérait le camp d'Auschwitz-Birkenau, en Pologne, où 1,1 million de personnes ont été exterminées par les nazis, dont un million de juifs de différents pays d'Europe.Soixante-dix ans après, survivants de l'Holocauste, chefs d'Etat et têtes couronnées se réunissent, mardi 27 janvier, à Auschwitz, pour lancer un nouveau « Plus jamais ça », sur fond de craintes de montée de l'antisémitisme en Europe. Cet appel a retenti dès lundi, sous des formes différentes, lors de multiples rencontres de survivants, souvent nonagénaires, tenues à proximité de l'immense camp recouvert d'une épaisse couche de neige fraîche.La cérémonie principale est prévue pour se tenir à partir de 15 h 30, sous une tente dressée à l'entrée du camp de concentration, en présence d'anciens prisonniers et prisonnières, ainsi que d'un représentant des « Piliers du souvenir » – les donateurs généreux du Musée. Les participants se rendront à pied jusqu'au monument aux victimes de Birkenau, distant de moins d'un kilomètre, pour y déposer des fleurs et allumer des cierges.HOMMAGE À PARISAvant de se rendre en Pologne, François Hollande prononce depuis 10 heures, un discours au Mémorial de la Shoah à Paris, en présence d'une centaine de survivants des camps, en hommage aux 75 000 juifs de France déportés sous le régime collaborationniste de Vichy.Hollande : "La Shoah, le plus grand crime jamais connu et jamais commis"— Thomas Wieder (@ThomasWieder)require(["twitter/widgets"]); Lundi, la chancelière allemande, Angela Merkel, a tenu à s'exprimer à l'occasion d'une cérémonie organisée à Berlin par le Comité international d'Auschwitz. Vêtue de noir, elle a déclaré : « Auschwitz nous concerne tous, aujourd'hui et demain. Et pas seulement les jours de commémoration. »Outre M. Hollande, les présidents allemand Joachim Gauck et ukrainien Petro Porochenko, et le secrétaire américain au Trésor Jack Lew, ainsi que les familles royales belge et néerlandaise, notamment, doivent assister à la cérémonie principale à Auschwitz mardi après-midi. La Russie doit être représentée par le chef de l'administration présidentielle Sergueï Ivanov. Le président Vladimir Poutine n'a pas souhaité se déplacer – alors qu'il l'avait fait en 2005 –, n'ayant pas été officiellement invité.Si l'extermination organisée comme une industrie par les nazis s'est déroulée essentiellement en Pologne occupée, l'Holocauste a touché plusieurs autres pays européens où les juifs ont été arrêtés pour être déportés vers les « camps de la mort ». A Budapest, le premier ministre conservateur Viktor Orban a déploré lundi le rôle de « très nombreux Hongrois », pendant la seconde guerre mondiale, qui « avaient choisi le mal plutôt que le bien et avaient opté pour des actes honteux plutôt que pour une conduite honorable ». Lire nos archives (éditions abonnés) : 27 janvier 1945 : libération d'Auschwitz Clément Martel (Dresde, envoyé spécial) Depuis douze semaines, le mouvement « Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident » (Pegida) rassemble chaque lundi plusieurs milliers de personnes dans les rues de Dresde (Saxe) et d’autres villes d’Allemagne. Né en octobre, le groupe Pegida revendique sa volonté de faire barrage au « fanatisme religieux et à toute forme de radicalisme », et plus précisément à « l’islamisation » de la société allemande, ou encore le multiculturalisme, qui diluerait la culture chrétienne allemande. Cela passe notamment pour eux par la fin de « l’abus de l’asile » dans un pays qui est devenu la première destination européenne des migrants. Si la chancelière allemande, Angela Merkel, a rejeté ces rassemblements « racistes », le mouvement doit de nouveau rassembler lundi 12 janvier, appelant, outre ses mots d’ordre habituels, à rendre hommage aux victimes des attentats de Charlie Hebdo, qui ont fait 17 victimes en France la semaine passée.Suivant de près Pegida depuis son lancement et enseignant à l’université technique de Dresde, le politologue Werner Pazelt décrypte ce mouvement pour Le Monde.Le Monde : Comment définir exactement le mouvement Pegida qui appelle à manifester lundi soir, et avez-vous été étonné de l’ampleur qu’il a pris ? Werner Pazelt : On n’a jamais connu un tel mouvement en Allemagne. Pegida, c’est une manifestation régulière à laquelle prennent part des gens qui s’inquiètent que la classe politique ait transformé l’Allemagne en un pays d’immigration sans avoir une politique bien définie sur la question. Ils craignent pour la société et la culture allemande. Beaucoup de personnes estiment que ce que l’on trouve dans les médias, en particulier à propos de la question de l’immigration, ne reflète pas ce qu’ils pensent. Exprimer ces « sentiments inavouables », c’est un phénomène européen, avec le Front national en France, les Démocrates suédois ou UKIP au Royaume-Uni, mais c’est absolument nouveau en Allemagne.En Allemagne, le discours raciste se banaliseJe n’avais pas imaginé que ce mouvement puisse prendre une telle ampleur, car au départ on a pensé qu’il s’agissait de rassemblements de personnes d’extrême droite. Or, on a ensuite constaté qu’un grand nombre de citoyens ordinaires participaient à ces manifestations parce qu’ils ont le sentiment que les gens qui parlent pour Pegida expriment – de façon assez simpliste – les soucis qu’ils ont. Cette transformation d’une petite manifestation de gens d’extrême droite en une manifestation populaire m’a vraiment étonné.Le Monde : Pegida a appelé à rendre hommage aux victimes des attentats de Paris, ce qui a indigné ses opposants, y compris le ministre de la justice allemand, qui a dénoncé « l’exploitation » du drame par le mouvement. A quoi doit-on s’attendre lundi soir ?Il y aura beaucoup plus de monde ce soir dans les rues de Dresde que la semaine passée, car les événements de Paris ont convaincu les participants aux « Montagsdemo » que leurs préoccupations sont fondées, qu’il y a vraiment un danger avec une certaine islamisation et des jeunes musulmans radicaux qui rejettent notre culture libérale. Ils ne sont pas contre les musulmans, ou le monde musulman, mais ce qu’ils veulent dire, c’est : « Ce qui s’est passé à Paris, c’est quelque chose dont nous ne voulons pas en Allemagne. »Quant aux déclarations d’Angela Merkel et de Heiko Maas [ministre de la justice allemand], elles sont absolument contre-productives et ont nourri le mouvement. Car en disant « ces gens-là sont plein de haine », elle s’est attiré la réaction des citoyens ordinaires de Pegida, uniquement en désaccord avec la politique d’immigration et voulant être pris au sérieux.L’Allemagne se mobilise contre l’islamophobieLe Monde : Pegida n’est pas un parti politique, mais que réclament-il ? Et l’émergence d’un tel mouvement populaire est-elle un bon signe pour la démocratie allemande ?L’un des problèmes du mouvement Pegida, c’est que ce n’est pas une organisation, ni un parti, capable de s’exprimer de manière organisée. Ce mouvement a vu le jour plus ou moins par hasard, et les organisateurs sont eux-mêmes étonnés par leur succès. Ce ne sont pas des politiciens, ils ne s’expriment pas bien, ils ont peur des médias, et n’ont aucun mandat politique. Et jusqu’à présent, ils n’ont pas essayé de faire acclamer leurs idées par les manifestants. Donc pour la classe politique, c’est compliqué d’entamer des relations avec le mouvement.Et comme ils ont l’impression que personne ne veut les comprendre, et que la presse ne fait que les caricaturer, les membres de Pegida ne veulent plus s’exprimer, ce qui est une faute politique. Car sans dire ce que l’on veut, personne ne peut comprendre exactement. Mais de son côté, la classe politique doit aussi prendre ce mouvement au sérieux, car sinon, on s’oriente vers une bipolarisation entre les élites politiques et le peuple, ce qui n’est pas bon pour notre démocratie.Clément Martel (Dresde, envoyé spécial)Journaliste au Monde 12.01.2015 à 16h16 • Mis à jour le12.01.2015 à 17h07 | Guy Dutheil L’essor des compagnies aériennes low cost au détriment des compagnies « historiques » ne se dément pas en Europe. Comme une baignoire qui se vide, les passagers des compagnies européennes classiques privilégient toujours un peu plus les transporteurs à bas coûts. Bilan de l’année 2014.Un rapport de un à deux pour la croissanceSi l’on regarde la croissance du trafic passager l’an dernier, la palme revient à un représentant des compagnies traditionnelles : IAG, maison mère de Bristish Airways totalise 15 % de passagers en plus, soit 77,3 millions au total. Ce bond s’explique par l’intégration des résultats de Vueling, sa filiale espagnole à bas coûts.Chez les acteurs du low cost, easyJet, la plus rentable des compagnies européennes, devance, avec une hausse de 6,5 % du trafic passager (à 65,3 millions), sa rivale irlandaise Ryanair : cette dernière a vu son trafic passager progresser de 6 %, à 86,4 millions de personnes, confortant ainsi la place de leader européen qu’elle détient depuis 2010.Si l’on compare les taux de croissance des deux principaux acteurs du low cost aérien et ceux affichés par l’ensemble des compagnies classiques (Air France, Lufthansa et autres British Airways), on voit que la hausse moyenne enregistrée par ces dernières n’est que de 2,7 %.Ryanair et easyJet : des compagnies low cost championnes d’Europe des bénéficesUn podium inchangéLa compagnie allemande Lufthansa approche les 107 millions de passagers transportés au total quand on englobe ses différentes marques (Lufthansa, Germanwings, Swiss, Austrian).Elle conserve ainsi son rang de numéro un européenne. Mais elle le doit à ses lignes long-courriers, car, pour les seuls vols intra-européens, elle totalise un peu plus de 79,2 millions de passagers. Soit moins que Ryanair : la compagnie à bas coût revendique 86,4 millions de passagers.Air France-KLM conserve de justesse sa troisième place. Le groupe, présidé par Alexandre de Juniac, a réuni 77,4 millions de passagers au total, soit une très légère hausse de 0,5 %.Air France bousculé en Europe et en AsieAir France ne totalise que 52,7 millions de passagers sur les liaisons intra-européennes, soit un recul de 35 000 passagers. La faute, pour partie, à la grève des pilotes, lors de la deuxième semaine de septembre.Plus encore que le conflit avec ses navigants, Air France-KLM souffre de l’impact de la restructuration de son réseau domestique : face à la concurrence de plus en plus dure des compagnies à bas coûts, Air France-KLM a engagé une politique sinon de fermetures de lignes en tout cas de réduction du nombre des fréquences de certaines dessertes.La seule « vraie satisfaction » pour le groupe est Transavia, sa filiale low cost. L’an dernier, elle aura transporté 9,9 millions de passagers, soit une progression de 11,4 %.Les bénéfices d’Air France s’effilochentMis à mal par les low cost en Europe, Air France-KLM est aussi bousculé par la montée en puissance des compagnies du Golfe sur ses lignes long-courriers. Notamment en Asie.Alors que les Emirates, Qatar Airways et autres Etihad, qui achètent des avions neufs à tour de bras, font le plein de passagers en Asie, le remplissage des appareils d’Air France-KLM a stagné d’une année sur l’autre.Il y a là-bas « une explosion du trafic mais qui profite totalement aux compagnies du Golfe. Ce sont elles qui poussent le trafic » à la hausse, fait-on valoir du côté du groupe franco-néerlandais.Cette concurrence acharnée a pour conséquence « une pression sur les prix ». Au point que chez Air France-KLM, on redoute de ne « pouvoir maintenir les lignes déficitaires. »Il reste qu’en France, Air France peut encore voir venir. La compagnie présidée par Frédéric Gagey y détient 77 % de part de marché.Une offre low cost qui n’est « pas encore stabilisée »Le poids pris par les compagnies à bas coûts Ryanair et d’easyJet ne devrait pas se réduire avant un petit moment : au moins dans les quatre ou cinq prochaines années, indique-t-on chez les compagnies régulières. Le temps pour les Transavia, Vueling ou Germanwings, filiale low cost de Lufthansa, de monter en puissance.« L’offre low cost n’est pas encore stabilisée. Elle va continuer à croître », signale un cadre dirigeant d’une compagnie classique. À l’en croire, « Il y a en Europe un vrai potentiel notamment vers les villes de taille moyenne ».Lire aussi : Lufthansa affirme son orientation low costGuy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) Du haut de sa colonne, l’amiral Nelson n’avait jamais vu ça. A la nuit tombante, deux immenses drapeaux tricolores ont été projetés sur la façade de la National Gallery, à laquelle la statue du vainqueur de Napoléon tourne le dos, sur Trafalgar Square. Même les fontaines se sont illuminées en bleu-blanc-rouge en hommage aux victimes des attentats de Paris. Des drapeaux français parsemaient la place qui commémore le désastre de Trafalgar. Mais ce déploiement tricolore contrastait avec la modestie du rassemblement : 2 000 personnes — dans une ville de 8,6 millions d’habitants — s’étaient réunies, à l’heure où le défilé parisien s’ébranlait, brandissant des crayons et des pancartes « Je suis Charlie » et parfois « Je suis juif ». Le silence qui marquait ces trois heures de communion dans le froid était régulièrement interrompu par La Marseillaise et par des applaudissements.Peu de Britanniques étaient présents, car le rassemblement n’avait guère été annoncé dans les grands médias, mais aussi sans doute parce que la « manif » à la française n’est pas dans les mœurs de ce côté-ci de la Manche. Quant à la tradition de satire anticléricale dont relève Charlie Hebdo, elle n’a pas d’équivalent britannique.« La majorité de mes collègues de travail se fichent complètement de ce qui s’est passé à Paris. Ils disent qu’on ne peut pas rire de tout, et qu’ils “ne sont pas Charlie” car ils ne comprennent pas ce qu’est Charlie hebdo, témoigne Marion Allen, 30 ans, employée dans un organisme de placement d’étudiants. Seuls quelques collègues sont venus me voir. On se sent isolés. C’est pour cela que je suis venue. » « Ils n’auraient pas dû faire ces dessins », a entendu Charlène, une autre Française de 30 ans, dans la bouche d’une voisine de travail.« Je me sens outragée »Thom Napper, 66 ans, photographe et graphiste, est anglais et, à l’inverse, connaît parfaitement le Charlie Hebdo de la grande époque, pour avoir vécu à Paris dans les années 1970. Il n’a pas retiré son casque de vélo, mais lève haut son crayon en signe de solidarité. « Je suis ici pour défendre le droit de déranger, d’offenser. Si nous perdons ce droit, on ne pourra plus dénoncer les abus et nos démocraties seront en péril. » Manifester sous la statue de Nelson avec des Français l’amuse — « Ça n’arrive pas souvent » — et il explique les réticences de ses compatriotes : « Les Anglais n’aiment pas attaquer les gens sur leur religion. La presse ne voit pas de raison de publier des dessins offensants. Nous avons tendance à être flegmatiques»»… jusqu’à ce qu’il nous arrive quelque chose. » « Je me sens outragée, renchérit Linda Kelly, professeure à la retraite, Britannique elle aussi. Ce qui s’est passé à Charlie Hebdo est une boucherie. Nos valeurs fondamentales sont atteintes. »Alors que David Cameron défilait à Paris, Nick Clegg, le vice-premier ministre britannique (libéral-démocrate), a fait une longue apparition sur Trafalgar Square, exprimant dans un français impeccable sa « solidarité avec tous ceux qui ont été touchés par cette attaque terroriste » et ajoutant : « Nous sommes Charlie, ici aussi à Londres. »Essentiellement des FrançaisMais la petite foule de Trafalgar Square était pour l’essentiel composée de Français venus manifester leur solidarité et leur rage. L’ambassade de France avait d’ailleurs appelé au rassemblement, auquel l’ambassadrice, Sylvie Bermann, a participé. Face à la National Gallery, Benoît Rey-Gagneux, banquier, 48 ans dont dix-sept passés à Londres, agite un drapeau tricolore « pour montrer notre unité ». « Ce rassemblement, explique-t-il, est un symbole destiné à marquer la défaite de ceux qui veulent nous diviser. Nous ne sommes pas impressionnés et nous le démontrons pacifiquement. » Les échos du défilé parisien avec tous ses chefs d’Etat, le rassemblement de Trafalgar Square ont fait « chaud au cœur » de Nicole Dalle, professeure de français, qui brandit, elle, un simple stylo. Après « le choc, le dégoût, la révolte et la tristesse », elle voit dans les événements de ce dimanche « comme un élan pour le vivre-ensemble ».Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marie Charrel Doucement, mais sûrement. D’après les nouvelles prévisions publiées, lundi 12 janvier, par l’Insee et ses équivalents allemand et italien, l’Ifo et l’Istat, la croissance de la zone euro se ressaisira très progressivement en 2015. Mais elle restera fébrile, et soumise à de nombreux risques. Voici pourquoi.1. La baisse de l’euro et celle du prix du pétrole auront des effets positifsD’après les économistes des trois instituts, le produit intérieur brut (PIB) de l’union monétaire devrait croître de 0,2 % au quatrième trimestre 2014. Début 2015, il devrait progresser de 0,3 % sur chacun des deux premiers trimestres.« Sur la première moitié de l’année, la chute des cours du pétrole devrait soutenir la consommation privée tandis que l’appréciation du dollar face à l’euro devrait porter le commerce extérieur », indique la note de conjoncture, qui se base sur l’hypothèse d’un baril se stabilisant à 56 dollars, et d’un euro restant autour de 1,21 dollar.Les trois facteurs qui expliquent la baisse de l’euroDans ces conditions, l’investissement devrait enfin repartir, mais modérément : + 0,2 % au premier trimestre et + 0,3 % au second. Il profitera notamment de la fin de la crise de l’immobilier se profilant en Espagne et en France.2. Le prix du pétrole contribuera à maintenir l’inflation très basseLa baisse des cours du pétrole et de l’euro aura une autre conséquence : elle continuera de tirer l’inflation vers le bas. « Depuis fin 2011, l’inflation suit une tendance baissière et a atteint un point bas de cinq ans en décembre 2014, à -0,2 % en rythme annuel », expliquent les économistes.Les prix ont reculé dans la zone euro, quelles conséquences ?Selon eux, les prix devraient progresser de 0,1 % seulement au premier trimestre et de 0,3 % au deuxième, également plombés par les perspectives négatives dans la production de biens. « L’accélération de l’activité prévue aura un effet limité sur les prix », précise la note.3. La croissance ne fera pas vraiment baisser le chômage« La légère reprise prévue sur la première moitié de 2015 aura un impact limité sur la croissance de l’emploi et les salaires devrait également croître lentement, en dépit de l’introduction d’un salaire minimum en Allemagne », prévoient les conjoncturistes des trois instituts.Voilà qui confirme que la courbe du chômage ne devrait pas s’inverser avant la seconde partie de l’année en France, où le taux de demandeurs d’emploi culmine toujours à 10,4 % de la population active.Europe sociale : le clivage Nord-Sud s’accentueUne consolation, tout de même : la faible inflation et les politiques budgétaires moins restrictives devraient profiter un peu au pouvoir d’achat des ménages.4. Les risques restent nombreuxCette relative éclaircie ne doit pas faire oublier que la reprise est très inégale : alors que la croissance sera relativement robuste en Allemagne et en Espagne, elle restera décevante en France et en Italie.L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a, de son côté, indiqué, lundi, que plusieurs économies européennes, comme l'Allemagne, l'Italie ou la Grande-Bretagne, devraient perdre de l'élan.L’indicateur avancé de l'OCDE pour la zone euro reste stable (à 100,6) depuis le mois d'août.Il enregistre un recul de 0,1 point pour l'Allemagne et pour l'Italie, à 99,5 et 101,0 respectivement, tandis qu'il se redresse de 0,1 point pour la France à 100,3.La Banque de France a pour sa part souligné, lundi, qu'un « rebond de la production est attendu en janvier » par les chefs d'entreprises interrogés.De plus, les risques sont nombreux. Selon les auteurs de la note, ils sont à la fois haussiers et baissiers. D’un côté, la chute des cours du pétrole et de l’euro pourrait soutenir plus encore que prévu la demande interne et externe. De l’autre, les élections à venir en Grèce comme les tensions qui l’entourent pourraient nuire au reste de la zone euro.Les élections grecques ne seront « pas le déclencheur d’une crise », selon M. MoscoviciMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alain Salles Paris sera, dimanche 11 janvier, la capitale européenne de la lutte contre le terrorisme. La marche républicaine organisée en hommage aux victimes des attentats de Paris sera une marche européenne. Le président Hollande a personnellement invité plusieurs chefs de gouvernement à participer au rassemblement. « Je serai avec eux », a expliqué le chef de l’Etat dans son allocution télévisée, vendredi.Le rassemblement sera placé sous le signe d’une véritable unité européenne contre le terrorisme. La chancelière allemande Angela Merkel, le président du Conseil européen Donald Tusk, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le premier ministre britannique David Cameron, le président du conseil italien Matteo Renzi, le premier ministre espagnol Mariano Rajoy, ou encore le chef du gouvernement hongrois Viktor Orban, ont confirmé leur présence.Ce soutien apporté à la France dépasse également les frontières de l’Europe. Seront ainsi présents le président ukrainien Petro Porochenko, le premier ministre turc Ahmet Davutoglu, le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov, le ministre américain de la justice Eric Holder, huit chefs d’Etat africains, dont les présidents malien Ibrahim Boubacar Keïta, gabonais Ali Bongo et nigérien Mahamadou Issoufou, ainsi que par le premier ministre tunisien Mehdi Jomaa. Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas seront également tous deux, de manière exceptionnelle, présents. Et la liste n’est pas exhaustive.Pour que ces rassemblements se déroulent sereinement, Manuel Valls a assuré que des « moyens de sécurité massifs » seraient mis en place dimanche à Paris mais aussi en province.Suivez les derniers événements en direct sur Le Monde.fr« Je serai à Paris dimanche »Dans un tweet, le premier ministre britannique, David Cameron, a expliqué qu’il avait « accepté l’invitation du président Hollande de participer au rassemblement unitaire pour soutenir les valeurs incarnées par #CharlieHebdo » (« celebrating the values behind #CharlieHebdo »). « Je serai à Paris dimanche pour soutenir le peuple français. L’Espagne avec la France contre le terrorisme et pour la liberté », a écrit le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, sur son compte Twitter.Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker a expliqué sa présence « en hommage à Charlie Hebdo ». « Le président Tusk a reçu un appel téléphonique du président François Hollande et il participera à la marche organisée dimanche à Paris », a expliqué un porte-parole du Conseil à l’AFP.La chancelière allemande, Angela Merkel, a officiellement confirmé sa présence qui avait été annoncée par le journal conservateur Die Welt. La rencontre prévue dimanche à Strasbourg, avant l’attaque contre Charlie Hebdo, entre le président Hollande et Mme Merkel avec le président du Parlement européen, avait été annulée vendredi en début d’après-midi.« Défi commun »En plus de cette marche hautement symbolique, Paris sera le lieu d’une réunion internationale consacrée au combat contre le terrorisme. Dimanche, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, recevra Alejandro Mayorkas, vice-ministre de l’intérieur des Etats-Unis, ainsi que le ministre de la justice, Eric Holder, en compagnie des ministres de l’intérieur allemand, britannique, espagnol, italien et polonais pour une réunion sur la lutte contre le terrorisme.Le commissaire européen Dimitris Avramopoulos sera également présent ainsi que le coordinateur de l’Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove. Il s’agit pour Bernard Cazeneuve de faire face à « ce défi commun que nous adressent les terroristes et qui ne pourra être résolu qu’en commun, au sein de l’Union européenne et au-delà ».Alain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Jacqué Le groupe automobile allemand Volkswagen (VW), a confirmé dimanche 11 janvier, avoir vendu 10,14 millions de véhicules lors de l'année 2014. C’est une première historique pour le constructeur de Wolfsburg qui s’atait fixié pour objectif d’atteindre ce chiffre de 10 millions ern 2018.L’objectif du constructeur était également de devenir à cet horizon, le numéro un mondial. Pour savoir si, en 2014, le groupe allemand a devancé Toyota et General Motors, il faudra encore attendre quelques jours, le temps que le japonais et l’américain présentent leurs données.Le match devrait être puisque Toyota, leader en 2013 avec 9,98 millions d'unités, tablait aux dernières nouvelles sur 10,22 millions pour 2014.GM, de son côté, a vendu 9,7 millions de voitures en 2013, à quasi égalité avec VW, et n'a pas donné d'objectifs pour 2014 mais sa PDG Mary Barra a indiqué jeudi que l'entreprise venait de réaliser sa meilleure année en Chine, devenue son premier marché devant les Etats-Unis.Concernant Volkswagen, c’est la marque mère, VW, qui réalise la majorité des volumes vendus. En 2014, elle a écoulé 6,12 millions de véhicules particuliers et 445 000 véhicules commerciaux. Les deux chiffres représentent un record historique.La marque Audi réalise également un record historique, avec 1,74 million de véhicules vendus, tout comme Skoda, qui a dépassé pour la première fois la barre du million de véhicules.Si les ventes de Seat progressent, elles restent modestes à côté de celles de VW ou Skoda. La marque espagnole a immatriculé 390 000 véhicules.Un secteur confronté à des vents contrairesPorsche a pour sa part atteint les 190 000 unités, également un record historique.Ces résultats devraient encore renforcer le bilan du groupe Volkswagen, Porsche apportant une grande part des bénéfices.Enfin, Bentley a vendu 11 000 limousines.Ces résultats sont d’autant plus remarquables que le secteur automobile fait face à d’importants vents contraires.La Chine (10 % de croissance) et l’Europe (5 %), où le groupe allemand est le numéro un, poursuivent leur développement et portent VW.En revanche, les marchés russe et sud-américain sont en plein doute et ont chuté de 18 % chacun.Quant au marché américain, s’il a progressé de 5,9 %, il ne bénéficie pas à Volkswagen, qui a vu ses ventes plonger de 10 % pour sa marque.Philippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) 2,95 millions. L’économie américaine n’avait plus créé autant d’emplois depuis quinze ans. Cette performance qui permet aux États-Unis d’afficher leur taux de chômage le plus bas depuis juin 2008. Celui-ci est tombé à 5,6 % de la population active, soit 0,2 point de moins qu’en novembre et 0,1 point de moins que ce que prévoyaient en moyenne les économistes.Ce sont ainsi 252 000 emplois qui ont été créés en décembre, selon les statistiques publiées, vendredi 9 janvier, par le Département du travail.Les chiffres d’octobre et de novembre ont été par ailleurs révisés à la hausse. Sur ces deux mois ce sont 50 000 emplois supplémentaires qui ont été créés, portant le nombre total sur l’ensemble de l’année à 2,95 millions, ce qui donne une moyenne mensuelle de 245 833.Il faut donc remonter à 1999 pour retrouver de tels chiffres. Cette année-là, l’économie américaine avait créé 3 millions d’emplois. Il est vrai qu’entre-temps, la population américaine a augmenté de 39 millions à 318 millions, ce qui relativise la performance.Dans le même temps, ces bonnes nouvelles pour l’économie américaine ont été quelque peu écornées par les statistiques sur l’évolution des salaires publiées simultanément. À la surprise générale, le salaire horaire a baissé de 0,2 %, du jamais vu depuis 2006.Du surplaceMême s’il est trop tôt pour dire si elle sera durable, il s’agit d’une inversion de tendance par rapport à novembre où les salaires avaient au contraire augmenté de 0,2 %.Sur l’ensemble de 2014, le salaire horaire moyen a augmenté de 1,7 %, soit la plus faible progression depuis octobre 2012. Ce chiffre doit également être mis en perspective avec l’inflation qui est à 1,3 %, ce qui veut dire qu’en réalité les salaires font quasiment du surplace en termes de pouvoir d’achat.Cet indicateur des salaires est étroitement surveillé par la Réserve fédérale (Fed), qui estime que sa faible progression est un signe que le marché de l’emploi reste convalescent.Cela démontre en effet que celui-ci n’est pas encore suffisamment dynamique pour exercer une pression sur les employeurs pour augmenter les salaires pour faire face à des difficultés de recrutement. Or, pour le moment, ce n’est pas le scénario auquel on assiste.C’est ce qu’indiquaient les minutes du Comité de politique monétaire de la Fed du 17 décembre 2014, publié le 7 janvier, certains membres soulignant qu’ils « ne voient pas de signe clair d’une accélération des salaires ».Ce sera « la grande question pour 2015 », prévient Joseph Lake, analyste chez The Economist Intelligence Unit.Le fait que les salaires ne repartent pas à la hausse n’est pas une bonne nouvelle pour la consommation des ménages, qui représente 70 % de l’activité économique aux États-Unis.En revanche, la chute brutale des prix de l’énergie, enregistrée ces dernières semaines, va procurer aux ménages un supplément de pouvoir d’achat qui va être le bienvenu dans ce contexte.Mais l’impact énergétique va jouer dans les deux sens. Car les entreprises du secteur pétrolier ont déjà prévenu qu’elles allaient lever le pied sur leurs investissements en 2015. La chute du prix du baril fait qu’un certain nombre de forages ne sont plus rentables.« Les suppressions d’emplois ajustées des variations saisonnières dans le secteur de l’énergie ont bondi à leur plus haut niveau depuis la fin 2012 », indique David Mericle, économiste chez Goldman Sachs. Le phénomène devrait s’amplifier dans les mois à venir et ainsi peser sur la dynamique générale de l’emploi.Depuis 2011, l’industrie pétrolière dans son ensemble a créé 779 000 emplois, soit un bond de 50 %, alors que la progression dans les autres secteurs n’a été que de 7 %.Un nombre important d’Américains disparaissent des statistiquesAutre indicateur, qui laisse dubitatif : le taux de participation au marché de l’emploi – c’est-à-dire la proportion de la population qui a un emploi ou qui en cherche effectivement un – a une nouvelle fois baissé en décembre à 62,7 %, du jamais vu depuis les années 1970.C’est d’ailleurs ce qui explique en grande partie la baisse du taux de chômage, font remarquer les analystes de la Deutsche bank. Un nombre important d’Américains, découragés de ne pas trouver d’emploi, disparaissent des statistiques officielles du chômage. Celles-ci indiquent qu’au 31 décembre 2014, il y a 8,7 millions de personnes en recherche d’emploi.Lorsqu’on ajoute des indicateurs comme le nombre de temps partiels subis, on arrive à un taux de chômage de 11,2 %, soit 0,2 point de moins qu’en novembre.On est revenu au niveau de septembre 2008, date de la faillite de la banque Lehman Brothers, mais on reste encore loin des taux d’avant-crise, qui oscillaient entre 8 % et 10 %. De quoi inciter la Fed à réfléchir avant d’augmenter ses taux d’intérêt. Si l’amélioration du marché du travail aux Etats-Unis est incontestable, il faudra encore un peu de temps pour revenir à une véritable situation de plein-emploi.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.01.2015 à 10h55 • Mis à jour le09.01.2015 à 10h58 | Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Le taux d’inflation de la Chine est demeuré à un niveau particulièrement faible en décembre 2014, à + 1,5 %, même si cela traduit une légère progression par rapport au 1,4 % enregistré en novembre.L’indice des prix à la consommation progresse ainsi de 2 % sur l’ensemble de l’ensemble de l’année 2014, bien en deçà de l’objectif officiel d’une inflation à 3,5 % fixé par Pékin, selon les statistiques publiées vendredi 9 janvier.De tels indicateurs devraient inciter le gouvernement chinois à assouplir encore davantage sa politique monétaire, selon les analystes.L’effet de la baisse du prix du pétrole et de la faiblesse de la demande intérieureLa relativement basse croissance de l’économie chinoise sur l’année écoulée et la baisse des prix de l’énergie sont les principaux facteurs d’explication de cette faible inflation.« L’effondrement des prix du pétrole est une raison majeure mais la faiblesse de la demande intérieure en est une autre », écrit Zhu Haibin, chef économiste de la banque JP Morgan, dans une note.La deuxième économie de la planète n’a probablement pas atteint en 2014 l’objectif d’une progression de 7,5 % de son PIB en 2014.La décélération de l'économie chinoise se confirmeCe ralentissement s’illustre particulièrement à l’entrée des usines chinoises, où l’indice des prix industriels baisse de 3,3 % sur un an en décembre. Cet indice PPI est en déflation depuis 34 mois, reflétant la baisse des coûts, notamment celui des matières premières et de l’énergie, qui lui-même s’explique en partie par la demande plus faible des grands émergents, dont la Chine, ces dernières années.« Le taux d’inflation est largement sous l’objectif fixé en début d’année dernière et le risque de déflation continue d’augmenter », juge par téléphone Ma Xiaoping, économiste de la HSBC à Pékin.De nouvelles mesures monétaires attenduesCompte tenu des perspectives d’évolution des prix, il y a, selon Ma Xiaoping encore davantage d’espace pour assouplir la politique monétaire de la Banque populaire de Chine et stimuler ainsi l’activité.L’établissement émetteur central, qui en République populaire est soumis à la direction de l’Etat-parti, a déjà baissé ses taux directeurs le 21 novembre.Pour soutenir son économie, Pékin abaisse le coût du créditIl s’agissait d’une première depuis deux ans et de la fin de l’épisode inflationniste, qui avait suivi le gigantesque plan de relance, de 540 milliards d’euros, déployé pour faire face à la crise financière mondiale, à partir de l’automne 2008.Le gouvernement chinois devrait probablement annoncer, au début du printemps, un objectif de croissance plus bas pour l’année 2015, autour de 7 %, en adéquation avec la « nouvelle norme » à laquelle doit s’adapter l’économie chinoise, selon l’expression du président Xi Jinping.L’agence Bloomberg pensait savoir cette semaine que les planificateurs chinois ont décidé d’accélérer environ 300 projets d’infrastructures.Un officiel de la puissante Commission nationale pour le développement et la réforme a pris soin de préciser qu’il s’agit uniquement de promouvoir les investissements dans sept domaines, dont les infrastructures, l’environnement ou la santé, selon un plan de développement courant jusqu’en 2016 et déjà évoqué par le premier ministre, Li Keqiang. Et nullement d’un nouveau plan de relance majeur.Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.01.2015 à 19h39 La chancelière allemande Angela Merkel a maintenu la pression sur la Russie, jeudi 8 janvier, en excluant tout allégement des sanctions économiques contre Moscou sans avancée majeure dans le conflit dans l'Est séparatiste prorusse de l'Ukraine.pourparlers cruciauxCes déclarations interviennent à une semaine de pourparlers cruciaux prévus au Kazakhstan entre les présidents ukrainien, Petro Porochenko, et russe, Vladimir Poutine, en présence de Mme Merkel et de François Hollande pour relancer un processus de paix qui piétine alors que le conflit a fait plus de 4 700 morts depuis avril.« Je pense qu'avant de pouvoir décréter la levée des sanctions, nous devons nous assurer que les accords de Minsk ont été appliqués dans leur intégralité », a déclaré la chancelière, rassurant ainsi le premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, en visite à Berlin. Ces accords signés en septembre prévoient notamment un cessez-le-feu et le retrait des « groupes armés illégaux, des armes lourdes et de tous les combattants et mercenaires du territoire ukrainien ».>> Lire notre analyse : Une trêve et après… où en est la guerre en Ukraine ?Le ministre de la défense ukrainien, Stepan Poltorak, a estimé jeudi que 7 500 soldats russes étaient toujours présents dans le Donbass. « D'abord les accords de Minsk doivent être respectés, seulement ensuite on peut discuter si les sanctions doivent être levées », a abondé M. Iatseniouk, rappelant le rôle « crucial » de ces sanctions prises après l'annexion de la Crimée en mars puis renforcées après la catastrophe du Boeing malaisien en juillet, abattu par un missile au-dessus d'une zone contrôlée par les séparatistes prorusses.Alors que les pourparlers de paix entre le groupe de contact composé de représentants de l'Ukraine, de la Russie et de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) avec les rebelles sont dans l'impasse, Kiev a annoncé un sommet dans le format dit Normandie (Ukraine, Russie, France, Allemagne) le 15 janvier à Astana, capitale du Kazakhstan. Cette date reste toutefois encore à confirmer « après les discussions prévues dans les prochains jours », a précisé Mme Merkel. Un entretien téléphonique entre les ministres des affaires étrangères des quatre pays est prévu vendredi, selon un responsable ukrainien.sanctions économiquesLa Russie subit de plein fouet des sanctions économiques européennes et américaines combinées à la chute du cours du pétrole. Le pays est entré en récession en novembre (– 0,5 %) pour la première fois depuis cinq ans et le rouble a perdu un tiers de sa valeur en 2014.>> Voir aussi la carte animée : Comprendre les origines de la crise en cinq minutesL'Ukraine paie elle aussi le prix de la guerre et de la crise économique. Elle a connu en 2014 sa pire année depuis 1945 avec un PIB en chute de 7,5 % et une monnaie dévaluée de 50 %, et le Parlement ukrainien a adopté un budget d'austérité pour 2015 qui va quintupler les dépenses de sécurité et de défense mais supprimer certains avantages sociaux et instaurer de nouveaux impôts.Toutefois, le gouvernement ukrainien devrait pouvoir compter sur une nouvelle aide de 1,8 milliard d'euros proposée, jeudi 8 janvier, par la Commission européenne, qui vient s'ajouter à 1,6 milliard d'euros déjà octroyés.>> Lire aussi : Jean-Claude Juncker annonce le déblocage de 1,8 milliard d'euros d'aide pour l'Ukraine Audrey Tonnelier Même pas un frisson. Alors que les citoyens du monde entier se rassemblaient pour exprimer leur horreur face à la tuerie survenue à Charlie Hebdo, mercredi 7 janvier, et que les plus grands journaux affichaient en « une » leur émotion et leur solidarité, les marchés financiers, eux, n’ont pas cillé. Au contraire.A la Bourse de Paris, le CAC 40 a bondi de 3,59 % jeudi, au lendemain de l’assassinat des caricaturistes de l’hebdomadaire. Comme la veille, l’ensemble des grands indices boursiers mondiaux a terminé dans le vert, accélérant même à la hausse dans l’après-midi.Une euphorie si déplacée, que, dans certaines salles de marché, elle semblait frôler l’indécence.« J’ai du mal à l’expliquer : il n’y a même pas eu de réaction épidermique de la Bourse dans la journée, comme cela se passe en général lorsque survient ce type d’événement », s’étonnait Jean-Louis Mourier, économiste chez le courtier parisien Aurel BGC.« En un sens, il est un peu triste de constater que les marchés ne réagissent absolument pas à cette horreur », osait, depuis New York, Gregori Volokhine, président du gérant Meeschaert aux Etats-Unis.Les précédentes attaques terroristes ont souvent fait trébucher les indices boursiers. Le 11 mars 2004, les attentats dans des trains de banlieue à Madrid avaient fait chuter la Bourse espagnole de plus de 2 %, et le CAC 40 de près de 3 %.Le 7 juillet 2005, les bombes placées dans le métro et dans un autobus londonien avaient provoqué un plongeon de plus de 3 % du Footsie britannique en séance, imité par les autres places européennes et par la livre sterling.Sans parler du 11 septembre 2001 : après l’effondrement des tours jumelles, Wall Street avait été fermée quatre jours, et il avait fallu la mobilisation des opérateurs financiers pour que le Dow Jones ne cède « que » 7 % à la réouverture des marchés, le 17 septembre.Pourquoi, dès lors, cette insensibilité des investisseurs à la tragédie parisienne ? « L’attentat n’a pas eu lieu dans un aéroport ou dans le métro. Il ne remet pas en cause l’activité dans le secteur des transports et ne devrait pas créer dans l’opinion un choc pouvant pénaliser les ventes au détail, comme lors du 11-Septembre », explique Christian Parisot, chez Aurel BGC.« L’attaque n’a pas touché un pays systémique [capable de faire trébucher l’ensemble des marchés en cas de chute] », avance Mathieu L’Hoir, stratégiste actions chez Axa IM.L’euro est déjà au tapisPar ailleurs, le fait que l’euro soit déjà au tapis – il a atteint lundi son plus bas niveau depuis neuf ans – peut expliquer l’absence de réaction de la monnaie unique.Mais c’est probablement la conjoncture macroéconomique qui permet le mieux de comprendre l’apparente absence d’empathie des marchés. « Ils ont les yeux rivés sur la Banque centrale européenne [BCE] », résume Franklin Pichard, chez Barclays Bourse.Mercredi, l’institut Eurostat a annoncé une inflation négative (– 0,2 %) en décembre 2014 en zone euro, du jamais vu depuis 2009. De quoi renforcer les craintes d’une spirale déflationniste, à même de torpiller la faible reprise européenne. Mais surtout, de quoi renforcer les espoirs d’une action de la BCE.Dans une ultime tentative pour ranimer l’économie du Vieux Continent, son président, Mario Draghi, pourrait annoncer dès la réunion du 22 janvier un programme de rachat d’obligations souveraines.A cela se sont ajoutées les déclarations rassurantes de la chancelière allemande, Angela Merkel, assurant de son souhait de voir la Grèce rester dans la zone euro. La perspective d’un « Grexit » avait en effet déclenché un début de panique sur les marchés, lundi 5 janvier.Tout en exprimant leur émotion face à la « barbarie » survenue à Charlie Hebdo, les opérateurs sont donc « passés au-dessus de cet événement », indique M. Pichard.« Seule une détérioration marquée de la situation en France, avec l’instauration d’une psychose qui se propagerait aux pays voisins, pourrait vraiment affecter la Bourse. Pour l’heure, on voit plutôt une population qui fait front, et cela est de nature à rassurer les investisseurs », conclut M. L’Hoir.Audrey TonnelierAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.01.2015 à 15h01 | Guy Dutheil Un son et lumière « hollywoodien », une chanteuse échappée d’une comédie musicale de Broadway, des centaines d’invités venus du monde entier, Qatar Airways avait décidé d’en mettre plein la vue pour la réception officielle, mercredi 7 janvier, de son premier exemplaire de l’A350, le tout nouveau gros-porteur long courrier d’Airbus.Posé sur le tarmac du tout neuf aéroport de Doha, le nouvel avion trônait, en vedette, derrière la scène, dans sa livrée crème et grenat, les couleurs de Qatar Airways.Avec l’A350, Airbus défie les 777 et 787 de BoeingL’arrivée dans la flotte de la compagnie qatarie du premier exemplaire du long courrier d’Airbus relance la rivalité entre les compagnies du Golfe : Emirates (Dubaï), Etihad (Abu Dhabi) et Qatar Airways.Les « trois sœurs ennemies » comme on les surnomme, se livrent une bataille acharnée. Chacune d’elle, à grand renfort d’aéroports surdimensionnés et de commandes géantes d’avions, tente de s’imposer comme le « hub » leader de la région.Fin décembre 2014, c’est Etihad qui a marqué les esprits. La compagnie d’Abu Dhabi a dévoilé, in situ, la nouvelle cabine de sa flotte.Sa nouvelle première classe la place parmi les meilleures compagnies aériennes du moment. Notamment grâce à sa « Résidence », un appartement de deux pièces, salle de bain et majordome. Une exclusivité des A380 d’Etihad. Avec Résidence, son appartement volant, Etihad se rêve en référence du voyage aérienQatar Airways a répliqué avec un A350 équipé de la cabine bi-classe (business et économique) dernier cri de la compagnie.Fier de son produit, Akbar Al Baker, PDG de Qatar Airways, n’a pas hésité à proclamer, un rien fanfaron : « avec une business class de cette qualité nous n’avons pas besoin de Première classe ».À défaut de « First », les quatre-vingts A350 commandés par la Qatar Airways seront tous équipés d’un bar réservé aux passagers de la classe affaires.Pression pour obtenir un A380 remotoriséToutefois, la réception officielle de l’A350 a aussi été pour M. Al Baker, l’occasion de relancer Airbus pour obtenir la mise en œuvre d’une version « neo », moins gourmande en carburant, de l’A380. « Un A380 remotorisé sauverait le programme », a assuré M. Al Baker.Présent à Doha, Didier Evrard, patron du programme A350, récemment nommé vice-président d’Airbus, s’est bien gardé de répondre. Pour l’heure, Airbus n’a pas tranché entre une remotorisation ou un allongement de l’avion pour y loger plus de passagers.« Nous devons d’abord écouter le marché car nous avons des clients qui n’ont pas tous la même exigence », a confié M. Evrard. Toutefois, il a confié que « la (re)motorisation de l’A380 est un axe prioritaire. Sur le principe, il est vraisemblable que la remotorisation arrive un jour. »Problème : les deux motoristes, Rolls Royce et Engine Alliance, qui équipent l’A380, ne se bousculent pas pour travailler sur un nouveau moteur moins gourmand. « C’est la question », a admis M. Evrard, conscient de la faiblesse des ventes de l’A380.Depuis son lancement en 2000, seuls 318 exemplaires du très gros porteur d’Airbus ont trouvé preneur, dont 140 pour la seule Emirates.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.01.2015 à 13h20 • Mis à jour le08.01.2015 à 13h37 Niels H., un infirmier allemand, jugé depuis plusieurs mois par un tribunal de la Basse-Saxe, a reconnu avoir tué une trentaine de patients gravement malades qui étaient hospitalisés en soins intensifs entre 2003 et 2005, rapporte l'agence de presse allemande DPA (Deutsche Presse-Agentur).Selon un expert psychiatre entendu jeudi 8 janvier durant une audience au procès, l'accusé lui avait avoué une trentaine d'homicides lors d'un examen. L'infirmier de 38 ans, Niels H., comparaît depuis septembre pour les meurtres de trois patients et tentatives de meurtre de deux autres patients, à qui il aurait injecté des surdoses de médicaments alors qu'ils étaient en soins intensifs.DÉMONTRER SES TALENTS DE RÉANIMATIONLes enquêteurs le soupçonnent d'avoir procédé à des injections entre 2003 et 2005 afin de démontrer ses talents de réanimation, amenant les patients près de la mort avant de tenter par la suite de les ranimer. D'après le psychiatre, l'accusé a également reconnu avoir administré des surdoses de médicament à une soixantaine d'autres patients qui, eux, ont survécu.Niels H. avait été condamné en 2008 à sept ans et demi de prison pour une tentative de meurtre. Il est incarcéré depuis. Employé à la clinique de Delmenhorst, près d'Oldenbourg, il avait été surpris à l'été 2005 par une collègue alors qu'il était en train d'injecter à un patient un médicament pour le cœur. Benoît Vitkine Au moins dix civils ont été tués, mardi 13 janvier dans l'est de l'Ukraine, dans ce qui apparaît comme l'une des tueries les plus importantes depuis le début de ce conflit qui a fait 4 800 victimes. Un autobus a été touché par un obus d'artillerie près de la localité de Volnavakha, à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale régionale, Donetsk. Le bus, qui reliait Marioupol, sur la côte de la mer d'Azov, à Donetsk, stationnait à un barrage de l'armée ukrainienne lorsqu'il a été atteint, apparemment par une roquette de type « Grad ».Les photos diffusées par l'état-major ukrainien montrent le véhicule criblé d'impacts, une mare de sang à côté. La majorité des tués seraient des femmes. Treize autres personnes ont été blessées, parmi lesquelles un policier et un membre des garde-frontière. Un journaliste ukrainien arrivé sur les lieux a évoqué la présence d'une jeune adolescente parmi les tués.L'armée ukrainienne a accusé les rebelles séparatistes d'avoir tiré depuis la petite localité de Dokoutchaïevsk, quelques kilomètres plus au nord. Ceux-ci ont démenti, assurant ne pas mener d'opérations militaires dans la zone. Cité par les agences de presse russes, Denis Pouchiline, l'un des dirigeants des séparatistes qui contrôlent une partie du Donbass, a évoqué une « provocation » de l'armée ukrainienne « pour pouvoir accuser les rebelles ». Un autre assurait que leurs systèmes d'artillerie ne leur permettait pas d'atteindre ce barrage.Dès mardi matin, avant que ne survienne cette tuerie, les autorités ukrainiennes avaient diffusé une liste des localités prises pour cible par les rebelles séparatistes. Volnovakha en faisait partie.SOMMET DU 15 JANVIER ANNULÉMalgé plusieurs cessez-le-feu, les combats n'ont jamais totalement cessé dans l'est de l'Ukraine. Ces derniers jours, ils avaient repris avec une intensité inégalée depuis la dernière trêve en date, conclue le 9 décembre à Minsk. Selon Kiev, les positions de l'armée ukrainienne ont été visées à 83 reprises ces dernières 24 heures.Du côté diplomatique, les négociations piétinent. Le sommet qui devait réunir jeudi les dirigeants russe, ukrainien, français et allemand à Astana, la capitale kazakhe, a finalement été annulé lundi, faute d'avancée suffisante dans les négociations préalables. Il aurait pourtant marqué une première, celle de faire asseoir Vladimir Poutine autour de la table des négociations.Lire aussi l'analyse (édition abonnés) : La diplomatie piétine dans le dossier ukrainienBenoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) 145 000 réponses contre sur un total de 150 000… La consultation lancée par la Commission européenne au printemps 2014 sur les arbitrages d’investissement, et dont elle n’a rendu les conclusions que mardi 13 janvier, a livré un résultat sans nuances : l’opinion publique, aujourd’hui, n’en veut pas. « Cela montre clairement qu’il existe un considérable scepticisme à l’égard de ce mécanisme », a reconnu Cécilia Malmström, la commissaire au commerce qui a fait le déplacement à Strasbourg, au Parlement européen – plutôt très négatif lui aussi sur les tribunaux d’arbitrage, lundi, pour présenter la consultation.L’arbitrage d’investissement est un mécanisme qui permet à une entreprise de recourir à un tribunal privé, « neutre », pour attaquer un Etat quand elle estime que son investissement a été lésé. Tous les accords bilatéraux d’investissement entre pays ou presque donnent la possibilité de recourir à cette justice, jugée très protectrice pour les entreprises. Mais depuis que la Commission européenne a annoncé qu’elle prévoyait d’inclure ces tribunaux d’arbitrages (ISDS pour Investment State Dispute Settlement), dans le traité transatlantique, un accord totalement hors norme et d’une portée géopolitique considérable – qu’elle a commencé avec les Etats-Unis, l’inquiétude est montée d’un cran.ONG, eurodéputés et simples citoyens s’inquiètent de la capacité des Etats à réglementer. Des cas récents les ont alertés : ainsi du cigarettier Philip Morris qui a attaqué l’Australie juste après que son gouvernement a adopté une loi exigeant la neutralité des paquets de cigarettes, en 2011. L’affaire n’a toujours pas été jugée.Parmi les réponses à la consultation, même les participants appartenant aux milieux d’affaires, s’ils ne sont pas hostiles au principe de l’arbitrage, s’inquiètent que l’Union européenne n'« abaisse le niveau de protection des investisseurs ». D’autres redoutent que le mécanisme d’arbitrage reste « une prérogative des très grandes entreprises », car il sera difficile pour les petits investisseurs privés d’y recourir, en raison « de son coût et de sa complexité ».Les Européens doivent se mettre d’accordsConsciente que l’ISDS présente des failles et qu’il faut l’améliorer, la Commission a esquissé quatre pistes de travail, mardi à Strasbourg. Garantir le droit des pays à réguler, mieux coordonner les justices nationales et ces tribunaux privés, mieux réguler le fonctionnement de ces arbitrages – vérifier que les arbitres sont effectivement indépendants. Et enfin, la nécessité de mettre en place un véritable appel des décisions de ces tribunaux – pour l’instant, c’est quasiment impossible.Cécilia Malmström a été très claire, mardi : « Nous devons mener une discussion franche et ouverte sur la protection des investissements et le règlement des différents dans le cadre du partenariat transatlantique avec les gouvernements des pays de l’Union européenne, le Parlement européen et la société civile avant d’émettre toute recommandation politique dans ce domaine. Ce sera la première chose à faire après la publication de ce rapport. »Il faudra que les Européens se mettent d’accord sur le fond dans les prochaines semaines avant de continuer à négocier le traité transatlantique avec les Américains. Maintient-on une procédure d’ISDS dans ce traité ou pas ? Au sein de la Commission, les avis sont partagés. Le président Juncker a publiquement exprimé ses préventions, fin 2014. Les services de l’institution sont plutôt pour, estimant que ces tribunaux restent un très bon moyen de protéger les investissements européens hors de l’Union.Les eurodéputés sont plutôt réservés, tous partis politiques confondus. Quant aux pays, ils sont aussi partagés. « La France n’a jamais été en faveur de l’intégration d’un ISDS dans le traité transatlantique », affirme au Monde le secrétaire d’Etat au commerce Matthias Fekl. Il doit se rendre dans les jours qui viennent à Berlin pour tenter de trouver un terrain commun avec son homologue allemand. « Si on doit maintenir l’ISDS dans le traité, alors on plaide pour que la désignation des arbitres soit mieux contrôlée, pour que puissent être condamnées les entreprises qui abusent de l’arbitrage », liste M. Fekl. « Pourquoi ne pas réfléchir, aussi, à une obligation de soumettre la décision d’arbitrage – pour validation – à un juge d’une cour nationale ? Ce serait aussi un moyen, pour les Etats, de reprendre la main », juge encore M. le secrétaire d’Etat.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.01.2015 à 10h51 • Mis à jour le13.01.2015 à 12h28 Le cinéaste Roman Polanski se dit prêt à collaborer avec les autorités polonaises dans le cadre de la procédure d'extradition réclamée par la justice américaine pour sa condamnation pour « crime sexuel » en 1977. Les services du ministère public polonais ont exprimé la semaine passée leur intention d'interroger le réalisateur après avoir reçu une demande d'extradition de la part de l'administration américaine.Roman Polanski, dont les parents étaient polonais, se trouve actuellement en Pologne pour le tournage d'un film consacré à l'affaire Dreyfus. « Je suis ici pour les préparatifs d'un film que je dois tourner cette année », a-t-il expliqué à la chaîne de télévision TVN24 lundi soir. « Je sais qu'une demande d'extradition est arrivée et, bien sûr, je vais me soumettre à la procédure et nous verrons. J'ai confiance dans le système judiciaire polonais. J'espère que tout va bien se passer. »L'EXTRADITION RESTE « POSSIBLE »>> Lire aussi le portrait : Polanski : les films et la vieEn octobre 2014, Roman Polanski avait été interrogé par le parquet de Cracovie. Laissé en liberté, M. Polanski s'était alors engagé à se présenter à chaque demande de la justice polonaise. Les magistrats avaient estimé qu'il n'y avait aucun fondement juridique à son arrestation et avaient dit attendre une demande d'extradition en provenance des Etats-Unis avant de prendre d'autres dispositions.En Pologne, sur le plan formel, c'est un tribunal indépendant qui statue sur une demande d'extradition. S'il la refuse, l'affaire est close. S'il l'approuve, la décision finale appartient au ministre de la justice. Théoriquement, l'extradition de Polanski « reste possible », selon le parquet polonais, car la prescription, dont son acte – « relations sexuelles avec une mineure » – bénéficie en Pologne, n'agit pas en cas de requête des Etats-Unis, présentée en vertu d'un accord de coopération entre les deux pays. 12.01.2015 à 22h12 • Mis à jour le13.01.2015 à 09h16 | Clément Martel (envoyé spécial à Dresde, Allemagne) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2em1f4"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2em1f4", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Le ministre de la justice ne voulait pas d'eux dans la rue ? Ils n'en sont descendus que plus nombreux. Aux cris de « Nous sommes le peuple », plus de 25 000 personnes selon la police (de 30 000 à 40 000 manifestants selon les organisateurs) ont défilé lundi 12 janvier dans les rues de Dresde, en Allemagne, à l'appel du mouvement Pegida. En réaction, des contre-manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes du pays, rassemblant près de 100 000 personnes.Les partisans de la tolérance et de l'ouverture, soutenus vigoureusement par la chancelière Angela Merkel pour qui l'« islam fait partie de l'Allemagne », étaient environ 30 000 à Leipzig, ville de l'est du pays située à quelques centaines de kilomètres du berceau de Pegida, 20 000 à Munich (sud), 17 000 à Hanovre. A Dresde, pour la douzième « Montagsdemo » (« manifestation du lundi ») du mouvement des Patriotes européens contre l'islamisation de l'Allemagne (Pegida), l'équipe organisatrice – le mouvement n'ayant pas de dirigeants aux postes définis – avait appelé ses fidèles à rendre hommage « aux victimes des attentats de Charlie Hebdo » en arborant un brassard noir. Attentats qui, selon leur page Facebook « confirment que l'islamisme n'est pas compatible avec la démocratie ».Lire aussi : « Les événements de Paris ont convaincu les manifestants de Pegida que leurs préoccupations sont fondées »QUELQUES « JE SUIS CHARLIE » ET DES DRAPEAUX FRANÇAISAprès avoir réuni 500 personnes lors d'un premier défilé en octobre, Pegida avait pris de l'ampleur pour rassembler un record de 18 000 personnes lundi dernier, record largement battu ce lundi dans la fraîcheur de la capitale saxonne. Si peu des « pégidistes » portaient un brassard, quelques « Je suis Charlie » et des drapeaux français se distinguaient dans la nuit dresdoise. « C'est ma première manifestation avec Pegida, explique Peter Glowka, la cinquantaine, qui arbore un de ces panneaux, mais je voulais montrer ma solidarité avec les victimes de Paris. »Après une minute de silence, et que le porte-parole du mouvement, Lutz Bachmann a évoqué à la tribune la mémoire des victimes de tous les extrémismes religieux – incluant celles d'Anders Breivik et des frères Kouachi – le cortège se met en marche sous le regard des forces de police présentes en nombre dans la ville.Si les pégidistes assument leur patriotisme, ils réfutent les accusations de racisme. Et dans le cortège, si l'on croise quelques personnes tenant des propos xénophobes, la majeure partie des manifestants tient un discours relativement modéré. Et n'accepte pas de bon cœur les cris « Nazis, dehors », lancés par les opposants au mouvement Pegida, postés à chaque coin de rue. Mais malgré un fin cordon de policier séparant pro et anti-Pegida, y compris lorsqu'une centaine de ces derniers improvise un « sitting » dans la rue pour dévier le cours de la manifestation, aucun incident n'émaille le parcours des 25 000 personnes clamant « être le peuple ». Les organisateurs y ont veillé, enjoignant leurs supporteurs pouvant avoir le sang chaud de « laisser parler ces idiots ». « NOUS REVIENDRONS »Après la chancelière, Angela Merkel, qui avait appelé les Allemands à ne pas suivre Pegida lors de ses vœux au pays, le ministre de la justice, Heiko Maas, s'est fermement prononcé dimanche contre l'hommage « honteux » aux personnes tuées à Paris. Dans une interview au journal Bild, le ministre appelait à l'annulation des manifestations prévues le lundi dans toute l'Allemagne par « décence ».Si dans l'ensemble du pays, les contre-manifestations ont plus mobilisé que Pegida lundi soir, ce n'est pas le cas à Dresde, où les opposants au mouvement étaient près de 8 000. Se félicitant de la belle mobilisation, la première après les attentats contre Charlie Hebdo, Lutz Bachmann a conclu, repris en cœur par la foule : « nous reviendrons ».Clément Martel (envoyé spécial à Dresde, Allemagne)Journaliste au Monde Clément Martel (Dresde, envoyé spécial) Depuis douze semaines, le mouvement « Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident » (Pegida) rassemble chaque lundi plusieurs milliers de personnes dans les rues de Dresde (Saxe) et d’autres villes d’Allemagne. Né en octobre, le groupe Pegida revendique sa volonté de faire barrage au « fanatisme religieux et à toute forme de radicalisme », et plus précisément à « l’islamisation » de la société allemande, ou encore le multiculturalisme, qui diluerait la culture chrétienne allemande. Cela passe notamment pour eux par la fin de « l’abus de l’asile » dans un pays qui est devenu la première destination européenne des migrants. Si la chancelière allemande, Angela Merkel, a rejeté ces rassemblements « racistes », le mouvement doit de nouveau rassembler lundi 12 janvier, appelant, outre ses mots d’ordre habituels, à rendre hommage aux victimes des attentats de Charlie Hebdo, qui ont fait 17 victimes en France la semaine passée.Suivant de près Pegida depuis son lancement et enseignant à l’université technique de Dresde, le politologue Werner Pazelt décrypte ce mouvement pour Le Monde.Le Monde : Comment définir exactement le mouvement Pegida qui appelle à manifester lundi soir, et avez-vous été étonné de l’ampleur qu’il a pris ? Werner Pazelt : On n’a jamais connu un tel mouvement en Allemagne. Pegida, c’est une manifestation régulière à laquelle prennent part des gens qui s’inquiètent que la classe politique ait transformé l’Allemagne en un pays d’immigration sans avoir une politique bien définie sur la question. Ils craignent pour la société et la culture allemande. Beaucoup de personnes estiment que ce que l’on trouve dans les médias, en particulier à propos de la question de l’immigration, ne reflète pas ce qu’ils pensent. Exprimer ces « sentiments inavouables », c’est un phénomène européen, avec le Front national en France, les Démocrates suédois ou UKIP au Royaume-Uni, mais c’est absolument nouveau en Allemagne.En Allemagne, le discours raciste se banaliseJe n’avais pas imaginé que ce mouvement puisse prendre une telle ampleur, car au départ on a pensé qu’il s’agissait de rassemblements de personnes d’extrême droite. Or, on a ensuite constaté qu’un grand nombre de citoyens ordinaires participaient à ces manifestations parce qu’ils ont le sentiment que les gens qui parlent pour Pegida expriment – de façon assez simpliste – les soucis qu’ils ont. Cette transformation d’une petite manifestation de gens d’extrême droite en une manifestation populaire m’a vraiment étonné.Le Monde : Pegida a appelé à rendre hommage aux victimes des attentats de Paris, ce qui a indigné ses opposants, y compris le ministre de la justice allemand, qui a dénoncé « l’exploitation » du drame par le mouvement. A quoi doit-on s’attendre lundi soir ?Il y aura beaucoup plus de monde ce soir dans les rues de Dresde que la semaine passée, car les événements de Paris ont convaincu les participants aux « Montagsdemo » que leurs préoccupations sont fondées, qu’il y a vraiment un danger avec une certaine islamisation et des jeunes musulmans radicaux qui rejettent notre culture libérale. Ils ne sont pas contre les musulmans, ou le monde musulman, mais ce qu’ils veulent dire, c’est : « Ce qui s’est passé à Paris, c’est quelque chose dont nous ne voulons pas en Allemagne. »Quant aux déclarations d’Angela Merkel et de Heiko Maas [ministre de la justice allemand], elles sont absolument contre-productives et ont nourri le mouvement. Car en disant « ces gens-là sont plein de haine », elle s’est attiré la réaction des citoyens ordinaires de Pegida, uniquement en désaccord avec la politique d’immigration et voulant être pris au sérieux.L’Allemagne se mobilise contre l’islamophobieLe Monde : Pegida n’est pas un parti politique, mais que réclament-il ? Et l’émergence d’un tel mouvement populaire est-elle un bon signe pour la démocratie allemande ?L’un des problèmes du mouvement Pegida, c’est que ce n’est pas une organisation, ni un parti, capable de s’exprimer de manière organisée. Ce mouvement a vu le jour plus ou moins par hasard, et les organisateurs sont eux-mêmes étonnés par leur succès. Ce ne sont pas des politiciens, ils ne s’expriment pas bien, ils ont peur des médias, et n’ont aucun mandat politique. Et jusqu’à présent, ils n’ont pas essayé de faire acclamer leurs idées par les manifestants. Donc pour la classe politique, c’est compliqué d’entamer des relations avec le mouvement.Et comme ils ont l’impression que personne ne veut les comprendre, et que la presse ne fait que les caricaturer, les membres de Pegida ne veulent plus s’exprimer, ce qui est une faute politique. Car sans dire ce que l’on veut, personne ne peut comprendre exactement. Mais de son côté, la classe politique doit aussi prendre ce mouvement au sérieux, car sinon, on s’oriente vers une bipolarisation entre les élites politiques et le peuple, ce qui n’est pas bon pour notre démocratie.Clément Martel (Dresde, envoyé spécial)Journaliste au Monde 12.01.2015 à 16h16 • Mis à jour le12.01.2015 à 17h07 | Guy Dutheil L’essor des compagnies aériennes low cost au détriment des compagnies « historiques » ne se dément pas en Europe. Comme une baignoire qui se vide, les passagers des compagnies européennes classiques privilégient toujours un peu plus les transporteurs à bas coûts. Bilan de l’année 2014.Un rapport de un à deux pour la croissanceSi l’on regarde la croissance du trafic passager l’an dernier, la palme revient à un représentant des compagnies traditionnelles : IAG, maison mère de Bristish Airways totalise 15 % de passagers en plus, soit 77,3 millions au total. Ce bond s’explique par l’intégration des résultats de Vueling, sa filiale espagnole à bas coûts.Chez les acteurs du low cost, easyJet, la plus rentable des compagnies européennes, devance, avec une hausse de 6,5 % du trafic passager (à 65,3 millions), sa rivale irlandaise Ryanair : cette dernière a vu son trafic passager progresser de 6 %, à 86,4 millions de personnes, confortant ainsi la place de leader européen qu’elle détient depuis 2010.Si l’on compare les taux de croissance des deux principaux acteurs du low cost aérien et ceux affichés par l’ensemble des compagnies classiques (Air France, Lufthansa et autres British Airways), on voit que la hausse moyenne enregistrée par ces dernières n’est que de 2,7 %.Ryanair et easyJet : des compagnies low cost championnes d’Europe des bénéficesUn podium inchangéLa compagnie allemande Lufthansa approche les 107 millions de passagers transportés au total quand on englobe ses différentes marques (Lufthansa, Germanwings, Swiss, Austrian).Elle conserve ainsi son rang de numéro un européenne. Mais elle le doit à ses lignes long-courriers, car, pour les seuls vols intra-européens, elle totalise un peu plus de 79,2 millions de passagers. Soit moins que Ryanair : la compagnie à bas coût revendique 86,4 millions de passagers.Air France-KLM conserve de justesse sa troisième place. Le groupe, présidé par Alexandre de Juniac, a réuni 77,4 millions de passagers au total, soit une très légère hausse de 0,5 %.Air France bousculé en Europe et en AsieAir France ne totalise que 52,7 millions de passagers sur les liaisons intra-européennes, soit un recul de 35 000 passagers. La faute, pour partie, à la grève des pilotes, lors de la deuxième semaine de septembre.Plus encore que le conflit avec ses navigants, Air France-KLM souffre de l’impact de la restructuration de son réseau domestique : face à la concurrence de plus en plus dure des compagnies à bas coûts, Air France-KLM a engagé une politique sinon de fermetures de lignes en tout cas de réduction du nombre des fréquences de certaines dessertes.La seule « vraie satisfaction » pour le groupe est Transavia, sa filiale low cost. L’an dernier, elle aura transporté 9,9 millions de passagers, soit une progression de 11,4 %.Les bénéfices d’Air France s’effilochentMis à mal par les low cost en Europe, Air France-KLM est aussi bousculé par la montée en puissance des compagnies du Golfe sur ses lignes long-courriers. Notamment en Asie.Alors que les Emirates, Qatar Airways et autres Etihad, qui achètent des avions neufs à tour de bras, font le plein de passagers en Asie, le remplissage des appareils d’Air France-KLM a stagné d’une année sur l’autre.Il y a là-bas « une explosion du trafic mais qui profite totalement aux compagnies du Golfe. Ce sont elles qui poussent le trafic » à la hausse, fait-on valoir du côté du groupe franco-néerlandais.Cette concurrence acharnée a pour conséquence « une pression sur les prix ». Au point que chez Air France-KLM, on redoute de ne « pouvoir maintenir les lignes déficitaires. »Il reste qu’en France, Air France peut encore voir venir. La compagnie présidée par Frédéric Gagey y détient 77 % de part de marché.Une offre low cost qui n’est « pas encore stabilisée »Le poids pris par les compagnies à bas coûts Ryanair et d’easyJet ne devrait pas se réduire avant un petit moment : au moins dans les quatre ou cinq prochaines années, indique-t-on chez les compagnies régulières. Le temps pour les Transavia, Vueling ou Germanwings, filiale low cost de Lufthansa, de monter en puissance.« L’offre low cost n’est pas encore stabilisée. Elle va continuer à croître », signale un cadre dirigeant d’une compagnie classique. À l’en croire, « Il y a en Europe un vrai potentiel notamment vers les villes de taille moyenne ».Lire aussi : Lufthansa affirme son orientation low costGuy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) Du haut de sa colonne, l’amiral Nelson n’avait jamais vu ça. A la nuit tombante, deux immenses drapeaux tricolores ont été projetés sur la façade de la National Gallery, à laquelle la statue du vainqueur de Napoléon tourne le dos, sur Trafalgar Square. Même les fontaines se sont illuminées en bleu-blanc-rouge en hommage aux victimes des attentats de Paris. Des drapeaux français parsemaient la place qui commémore le désastre de Trafalgar. Mais ce déploiement tricolore contrastait avec la modestie du rassemblement : 2 000 personnes — dans une ville de 8,6 millions d’habitants — s’étaient réunies, à l’heure où le défilé parisien s’ébranlait, brandissant des crayons et des pancartes « Je suis Charlie » et parfois « Je suis juif ». Le silence qui marquait ces trois heures de communion dans le froid était régulièrement interrompu par La Marseillaise et par des applaudissements.Peu de Britanniques étaient présents, car le rassemblement n’avait guère été annoncé dans les grands médias, mais aussi sans doute parce que la « manif » à la française n’est pas dans les mœurs de ce côté-ci de la Manche. Quant à la tradition de satire anticléricale dont relève Charlie Hebdo, elle n’a pas d’équivalent britannique.« La majorité de mes collègues de travail se fichent complètement de ce qui s’est passé à Paris. Ils disent qu’on ne peut pas rire de tout, et qu’ils “ne sont pas Charlie” car ils ne comprennent pas ce qu’est Charlie hebdo, témoigne Marion Allen, 30 ans, employée dans un organisme de placement d’étudiants. Seuls quelques collègues sont venus me voir. On se sent isolés. C’est pour cela que je suis venue. » « Ils n’auraient pas dû faire ces dessins », a entendu Charlène, une autre Française de 30 ans, dans la bouche d’une voisine de travail.« Je me sens outragée »Thom Napper, 66 ans, photographe et graphiste, est anglais et, à l’inverse, connaît parfaitement le Charlie Hebdo de la grande époque, pour avoir vécu à Paris dans les années 1970. Il n’a pas retiré son casque de vélo, mais lève haut son crayon en signe de solidarité. « Je suis ici pour défendre le droit de déranger, d’offenser. Si nous perdons ce droit, on ne pourra plus dénoncer les abus et nos démocraties seront en péril. » Manifester sous la statue de Nelson avec des Français l’amuse — « Ça n’arrive pas souvent » — et il explique les réticences de ses compatriotes : « Les Anglais n’aiment pas attaquer les gens sur leur religion. La presse ne voit pas de raison de publier des dessins offensants. Nous avons tendance à être flegmatiques»»… jusqu’à ce qu’il nous arrive quelque chose. » « Je me sens outragée, renchérit Linda Kelly, professeure à la retraite, Britannique elle aussi. Ce qui s’est passé à Charlie Hebdo est une boucherie. Nos valeurs fondamentales sont atteintes. »Alors que David Cameron défilait à Paris, Nick Clegg, le vice-premier ministre britannique (libéral-démocrate), a fait une longue apparition sur Trafalgar Square, exprimant dans un français impeccable sa « solidarité avec tous ceux qui ont été touchés par cette attaque terroriste » et ajoutant : « Nous sommes Charlie, ici aussi à Londres. »Essentiellement des FrançaisMais la petite foule de Trafalgar Square était pour l’essentiel composée de Français venus manifester leur solidarité et leur rage. L’ambassade de France avait d’ailleurs appelé au rassemblement, auquel l’ambassadrice, Sylvie Bermann, a participé. Face à la National Gallery, Benoît Rey-Gagneux, banquier, 48 ans dont dix-sept passés à Londres, agite un drapeau tricolore « pour montrer notre unité ». « Ce rassemblement, explique-t-il, est un symbole destiné à marquer la défaite de ceux qui veulent nous diviser. Nous ne sommes pas impressionnés et nous le démontrons pacifiquement. » Les échos du défilé parisien avec tous ses chefs d’Etat, le rassemblement de Trafalgar Square ont fait « chaud au cœur » de Nicole Dalle, professeure de français, qui brandit, elle, un simple stylo. Après « le choc, le dégoût, la révolte et la tristesse », elle voit dans les événements de ce dimanche « comme un élan pour le vivre-ensemble ».Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marie Charrel Doucement, mais sûrement. D’après les nouvelles prévisions publiées, lundi 12 janvier, par l’Insee et ses équivalents allemand et italien, l’Ifo et l’Istat, la croissance de la zone euro se ressaisira très progressivement en 2015. Mais elle restera fébrile, et soumise à de nombreux risques. Voici pourquoi.1. La baisse de l’euro et celle du prix du pétrole auront des effets positifsD’après les économistes des trois instituts, le produit intérieur brut (PIB) de l’union monétaire devrait croître de 0,2 % au quatrième trimestre 2014. Début 2015, il devrait progresser de 0,3 % sur chacun des deux premiers trimestres.« Sur la première moitié de l’année, la chute des cours du pétrole devrait soutenir la consommation privée tandis que l’appréciation du dollar face à l’euro devrait porter le commerce extérieur », indique la note de conjoncture, qui se base sur l’hypothèse d’un baril se stabilisant à 56 dollars, et d’un euro restant autour de 1,21 dollar.Les trois facteurs qui expliquent la baisse de l’euroDans ces conditions, l’investissement devrait enfin repartir, mais modérément : + 0,2 % au premier trimestre et + 0,3 % au second. Il profitera notamment de la fin de la crise de l’immobilier se profilant en Espagne et en France.2. Le prix du pétrole contribuera à maintenir l’inflation très basseLa baisse des cours du pétrole et de l’euro aura une autre conséquence : elle continuera de tirer l’inflation vers le bas. « Depuis fin 2011, l’inflation suit une tendance baissière et a atteint un point bas de cinq ans en décembre 2014, à -0,2 % en rythme annuel », expliquent les économistes.Les prix ont reculé dans la zone euro, quelles conséquences ?Selon eux, les prix devraient progresser de 0,1 % seulement au premier trimestre et de 0,3 % au deuxième, également plombés par les perspectives négatives dans la production de biens. « L’accélération de l’activité prévue aura un effet limité sur les prix », précise la note.3. La croissance ne fera pas vraiment baisser le chômage« La légère reprise prévue sur la première moitié de 2015 aura un impact limité sur la croissance de l’emploi et les salaires devrait également croître lentement, en dépit de l’introduction d’un salaire minimum en Allemagne », prévoient les conjoncturistes des trois instituts.Voilà qui confirme que la courbe du chômage ne devrait pas s’inverser avant la seconde partie de l’année en France, où le taux de demandeurs d’emploi culmine toujours à 10,4 % de la population active.Europe sociale : le clivage Nord-Sud s’accentueUne consolation, tout de même : la faible inflation et les politiques budgétaires moins restrictives devraient profiter un peu au pouvoir d’achat des ménages.4. Les risques restent nombreuxCette relative éclaircie ne doit pas faire oublier que la reprise est très inégale : alors que la croissance sera relativement robuste en Allemagne et en Espagne, elle restera décevante en France et en Italie.L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a, de son côté, indiqué, lundi, que plusieurs économies européennes, comme l'Allemagne, l'Italie ou la Grande-Bretagne, devraient perdre de l'élan.L’indicateur avancé de l'OCDE pour la zone euro reste stable (à 100,6) depuis le mois d'août.Il enregistre un recul de 0,1 point pour l'Allemagne et pour l'Italie, à 99,5 et 101,0 respectivement, tandis qu'il se redresse de 0,1 point pour la France à 100,3.La Banque de France a pour sa part souligné, lundi, qu'un « rebond de la production est attendu en janvier » par les chefs d'entreprises interrogés.De plus, les risques sont nombreux. Selon les auteurs de la note, ils sont à la fois haussiers et baissiers. D’un côté, la chute des cours du pétrole et de l’euro pourrait soutenir plus encore que prévu la demande interne et externe. De l’autre, les élections à venir en Grèce comme les tensions qui l’entourent pourraient nuire au reste de la zone euro.Les élections grecques ne seront « pas le déclencheur d’une crise », selon M. MoscoviciMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alain Salles Paris sera, dimanche 11 janvier, la capitale européenne de la lutte contre le terrorisme. La marche républicaine organisée en hommage aux victimes des attentats de Paris sera une marche européenne. Le président Hollande a personnellement invité plusieurs chefs de gouvernement à participer au rassemblement. « Je serai avec eux », a expliqué le chef de l’Etat dans son allocution télévisée, vendredi.Le rassemblement sera placé sous le signe d’une véritable unité européenne contre le terrorisme. La chancelière allemande Angela Merkel, le président du Conseil européen Donald Tusk, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le premier ministre britannique David Cameron, le président du conseil italien Matteo Renzi, le premier ministre espagnol Mariano Rajoy, ou encore le chef du gouvernement hongrois Viktor Orban, ont confirmé leur présence.Ce soutien apporté à la France dépasse également les frontières de l’Europe. Seront ainsi présents le président ukrainien Petro Porochenko, le premier ministre turc Ahmet Davutoglu, le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov, le ministre américain de la justice Eric Holder, huit chefs d’Etat africains, dont les présidents malien Ibrahim Boubacar Keïta, gabonais Ali Bongo et nigérien Mahamadou Issoufou, ainsi que par le premier ministre tunisien Mehdi Jomaa. Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas seront également tous deux, de manière exceptionnelle, présents. Et la liste n’est pas exhaustive.Pour que ces rassemblements se déroulent sereinement, Manuel Valls a assuré que des « moyens de sécurité massifs » seraient mis en place dimanche à Paris mais aussi en province.Suivez les derniers événements en direct sur Le Monde.fr« Je serai à Paris dimanche »Dans un tweet, le premier ministre britannique, David Cameron, a expliqué qu’il avait « accepté l’invitation du président Hollande de participer au rassemblement unitaire pour soutenir les valeurs incarnées par #CharlieHebdo » (« celebrating the values behind #CharlieHebdo »). « Je serai à Paris dimanche pour soutenir le peuple français. L’Espagne avec la France contre le terrorisme et pour la liberté », a écrit le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, sur son compte Twitter.Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker a expliqué sa présence « en hommage à Charlie Hebdo ». « Le président Tusk a reçu un appel téléphonique du président François Hollande et il participera à la marche organisée dimanche à Paris », a expliqué un porte-parole du Conseil à l’AFP.La chancelière allemande, Angela Merkel, a officiellement confirmé sa présence qui avait été annoncée par le journal conservateur Die Welt. La rencontre prévue dimanche à Strasbourg, avant l’attaque contre Charlie Hebdo, entre le président Hollande et Mme Merkel avec le président du Parlement européen, avait été annulée vendredi en début d’après-midi.« Défi commun »En plus de cette marche hautement symbolique, Paris sera le lieu d’une réunion internationale consacrée au combat contre le terrorisme. Dimanche, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, recevra Alejandro Mayorkas, vice-ministre de l’intérieur des Etats-Unis, ainsi que le ministre de la justice, Eric Holder, en compagnie des ministres de l’intérieur allemand, britannique, espagnol, italien et polonais pour une réunion sur la lutte contre le terrorisme.Le commissaire européen Dimitris Avramopoulos sera également présent ainsi que le coordinateur de l’Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove. Il s’agit pour Bernard Cazeneuve de faire face à « ce défi commun que nous adressent les terroristes et qui ne pourra être résolu qu’en commun, au sein de l’Union européenne et au-delà ».Alain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Jacqué Le groupe automobile allemand Volkswagen (VW), a confirmé dimanche 11 janvier, avoir vendu 10,14 millions de véhicules lors de l'année 2014. C’est une première historique pour le constructeur de Wolfsburg qui s’atait fixié pour objectif d’atteindre ce chiffre de 10 millions ern 2018.L’objectif du constructeur était également de devenir à cet horizon, le numéro un mondial. Pour savoir si, en 2014, le groupe allemand a devancé Toyota et General Motors, il faudra encore attendre quelques jours, le temps que le japonais et l’américain présentent leurs données.Le match devrait être puisque Toyota, leader en 2013 avec 9,98 millions d'unités, tablait aux dernières nouvelles sur 10,22 millions pour 2014.GM, de son côté, a vendu 9,7 millions de voitures en 2013, à quasi égalité avec VW, et n'a pas donné d'objectifs pour 2014 mais sa PDG Mary Barra a indiqué jeudi que l'entreprise venait de réaliser sa meilleure année en Chine, devenue son premier marché devant les Etats-Unis.Concernant Volkswagen, c’est la marque mère, VW, qui réalise la majorité des volumes vendus. En 2014, elle a écoulé 6,12 millions de véhicules particuliers et 445 000 véhicules commerciaux. Les deux chiffres représentent un record historique.La marque Audi réalise également un record historique, avec 1,74 million de véhicules vendus, tout comme Skoda, qui a dépassé pour la première fois la barre du million de véhicules.Si les ventes de Seat progressent, elles restent modestes à côté de celles de VW ou Skoda. La marque espagnole a immatriculé 390 000 véhicules.Un secteur confronté à des vents contrairesPorsche a pour sa part atteint les 190 000 unités, également un record historique.Ces résultats devraient encore renforcer le bilan du groupe Volkswagen, Porsche apportant une grande part des bénéfices.Enfin, Bentley a vendu 11 000 limousines.Ces résultats sont d’autant plus remarquables que le secteur automobile fait face à d’importants vents contraires.La Chine (10 % de croissance) et l’Europe (5 %), où le groupe allemand est le numéro un, poursuivent leur développement et portent VW.En revanche, les marchés russe et sud-américain sont en plein doute et ont chuté de 18 % chacun.Quant au marché américain, s’il a progressé de 5,9 %, il ne bénéficie pas à Volkswagen, qui a vu ses ventes plonger de 10 % pour sa marque.Philippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) 2,95 millions. L’économie américaine n’avait plus créé autant d’emplois depuis quinze ans. Cette performance qui permet aux États-Unis d’afficher leur taux de chômage le plus bas depuis juin 2008. Celui-ci est tombé à 5,6 % de la population active, soit 0,2 point de moins qu’en novembre et 0,1 point de moins que ce que prévoyaient en moyenne les économistes.Ce sont ainsi 252 000 emplois qui ont été créés en décembre, selon les statistiques publiées, vendredi 9 janvier, par le Département du travail.Les chiffres d’octobre et de novembre ont été par ailleurs révisés à la hausse. Sur ces deux mois ce sont 50 000 emplois supplémentaires qui ont été créés, portant le nombre total sur l’ensemble de l’année à 2,95 millions, ce qui donne une moyenne mensuelle de 245 833.Il faut donc remonter à 1999 pour retrouver de tels chiffres. Cette année-là, l’économie américaine avait créé 3 millions d’emplois. Il est vrai qu’entre-temps, la population américaine a augmenté de 39 millions à 318 millions, ce qui relativise la performance.Dans le même temps, ces bonnes nouvelles pour l’économie américaine ont été quelque peu écornées par les statistiques sur l’évolution des salaires publiées simultanément. À la surprise générale, le salaire horaire a baissé de 0,2 %, du jamais vu depuis 2006.Du surplaceMême s’il est trop tôt pour dire si elle sera durable, il s’agit d’une inversion de tendance par rapport à novembre où les salaires avaient au contraire augmenté de 0,2 %.Sur l’ensemble de 2014, le salaire horaire moyen a augmenté de 1,7 %, soit la plus faible progression depuis octobre 2012. Ce chiffre doit également être mis en perspective avec l’inflation qui est à 1,3 %, ce qui veut dire qu’en réalité les salaires font quasiment du surplace en termes de pouvoir d’achat.Cet indicateur des salaires est étroitement surveillé par la Réserve fédérale (Fed), qui estime que sa faible progression est un signe que le marché de l’emploi reste convalescent.Cela démontre en effet que celui-ci n’est pas encore suffisamment dynamique pour exercer une pression sur les employeurs pour augmenter les salaires pour faire face à des difficultés de recrutement. Or, pour le moment, ce n’est pas le scénario auquel on assiste.C’est ce qu’indiquaient les minutes du Comité de politique monétaire de la Fed du 17 décembre 2014, publié le 7 janvier, certains membres soulignant qu’ils « ne voient pas de signe clair d’une accélération des salaires ».Ce sera « la grande question pour 2015 », prévient Joseph Lake, analyste chez The Economist Intelligence Unit.Le fait que les salaires ne repartent pas à la hausse n’est pas une bonne nouvelle pour la consommation des ménages, qui représente 70 % de l’activité économique aux États-Unis.En revanche, la chute brutale des prix de l’énergie, enregistrée ces dernières semaines, va procurer aux ménages un supplément de pouvoir d’achat qui va être le bienvenu dans ce contexte.Mais l’impact énergétique va jouer dans les deux sens. Car les entreprises du secteur pétrolier ont déjà prévenu qu’elles allaient lever le pied sur leurs investissements en 2015. La chute du prix du baril fait qu’un certain nombre de forages ne sont plus rentables.« Les suppressions d’emplois ajustées des variations saisonnières dans le secteur de l’énergie ont bondi à leur plus haut niveau depuis la fin 2012 », indique David Mericle, économiste chez Goldman Sachs. Le phénomène devrait s’amplifier dans les mois à venir et ainsi peser sur la dynamique générale de l’emploi.Depuis 2011, l’industrie pétrolière dans son ensemble a créé 779 000 emplois, soit un bond de 50 %, alors que la progression dans les autres secteurs n’a été que de 7 %.Un nombre important d’Américains disparaissent des statistiquesAutre indicateur, qui laisse dubitatif : le taux de participation au marché de l’emploi – c’est-à-dire la proportion de la population qui a un emploi ou qui en cherche effectivement un – a une nouvelle fois baissé en décembre à 62,7 %, du jamais vu depuis les années 1970.C’est d’ailleurs ce qui explique en grande partie la baisse du taux de chômage, font remarquer les analystes de la Deutsche bank. Un nombre important d’Américains, découragés de ne pas trouver d’emploi, disparaissent des statistiques officielles du chômage. Celles-ci indiquent qu’au 31 décembre 2014, il y a 8,7 millions de personnes en recherche d’emploi.Lorsqu’on ajoute des indicateurs comme le nombre de temps partiels subis, on arrive à un taux de chômage de 11,2 %, soit 0,2 point de moins qu’en novembre.On est revenu au niveau de septembre 2008, date de la faillite de la banque Lehman Brothers, mais on reste encore loin des taux d’avant-crise, qui oscillaient entre 8 % et 10 %. De quoi inciter la Fed à réfléchir avant d’augmenter ses taux d’intérêt. Si l’amélioration du marché du travail aux Etats-Unis est incontestable, il faudra encore un peu de temps pour revenir à une véritable situation de plein-emploi.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cédric Pietralunga (Davos, envoyé spécial) Quel changement de ton ! Oublié, ou presque, le « french bashing », qui prévalait il y a encore quelques mois. À l’instar de la cote de popularité de François Hollande, qui remonte en France - elle part de très bas -, l’image de la France se redresse, elle aussi, auprès des grands décideurs mondiaux.« Il y a encore beaucoup d’incompréhensions et parfois d’agressivité sur des sujets comme le droit du travail ou la fiscalité, mais ce n’est plus le "french bashing" de ces deux dernières années », assure un patron tricolore habitué de la station alpine.Bien sûr, il y a l’« effet Charlie », qui génère une empathie pour tout ce qui est tricolore. « C’est fou, chacun des interlocuteurs que je rencontre commence par un speech de 5 minutes pour dire combien il est solidaire » après les attentats à Paris, qui ont fait 20 morts au total, raconte un autre PDG.« C’est un pays où il faut investir et nous allons le faire »Mais, assurent la plupart des dirigeants tricolores croisés à Davos, il y a également le début d’un changement de perception sur l’Hexagone. L’adoption du pacte de responsabilité, la mise en place du CICE et plus récemment la loi Macron sont autant d’éléments vus positivement par les chefs d’entreprise étranges présents dans la station suisse.« Ils ne connaissent pas nécessairement tout le détail, mais ils ont le sentiment que la France est en train de bouger et cela les intéresse », rapporte un consultant français.Mieux, certains dirigeants étrangers, et non des moindres, n’hésitent plus à dire publiquement tout le bien qu’ils pensent de l’Hexagone.« Vous avez parmi les meilleures start-up du monde, c’est impressionnant, explique par exemple John Chambers, le PDG de l’américain Cisco. La France est en train de prendre le mouvement, c’est un pays où il faut investir et nous allons le faire. » La démonstration tricolore au CES de Las Vegas, début janvier, a notamment impressionné la planète « high-tech » : la délégation française était la deuxième plus importante du grand rendez-vous de l’électronique grand public, avec 70 entreprises représentées.La belle cote des start-up françaises aux Etats-UnisDéjeuner avec 20 patronsConscient que certains malentendus, autour notamment de la taxe à 75 %, devaient être éclaircis, François Hollande a profité de sa visite à Davos, vendredi 23 janvier, pour déjeuner avec vingt chefs d’entreprise étrangers et responsables de fonds d’investissement, comme Jack Ma (Alibaba), Guo Ping (Huawei), Paul Bulcke (Nestlé) ou Bader Al Sa’ad, le responsable du fonds souverain du Koweït (KIA).« La discussion a été très dynamique, assure Michel Sapin, ministre des finances, qui accompagnait le chef de l’Etat. Il y a eu beaucoup de questions posées, sur le marché du travail notamment, avec parfois quelques stéréotypes, mais aussi beaucoup d’observations positives sur la créativité française, la qualité de nos ingénieurs, nos dispositifs d’aide à l’innovation… »Selon M. Sapin, certains chefs d’entreprise ont même proposé leurs services pour aider la France. « Jack Ma a, par exemple, fait une intervention très intéressante pour dire que la Chine allait demain devenir un grand pays importateur et non plus seulement exportateur, et qu’il était prêt à donner sa chance aux PME françaises pour qu’elles puissent vendre des produits en Chine via sa plate-forme Alibaba », raconte le ministre des finances.La France essaie d’attirer Alibaba« La France a une carte à jouer », confirme Pierre Nanterme, le patron tricolore du cabinet anglo-saxon Accenture, lui aussi ravi du changement de ton perçu à Davos.« Le monde n’a jamais été aussi complexe. Or, les Français sont parmi les meilleurs pour gérer la complexité, grâce à notre enseignement des mathématiques. C’est pour cela que nos multinationales s’en sortent très bien, parce que nous avons parmi les meilleurs dirigeants », poursuit M. Nanterme, avant de lancer : « Ce monde est fait pour les Français ! »Cédric Pietralunga (Davos, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.01.2015 à 16h17 • Mis à jour le23.01.2015 à 16h35 | Antoine Reverchon Si l’accueil des marchés financiers et des dirigeants politiques européens à l’annonce, jeudi 22 janvier par Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), d’un vaste programme de rachat de dettes a été au mieux enthousiaste, au pire prudent (en Allemagne), celui des économistes à ce que les Anglo-Saxons appellent du « quantitative easing » (QE) semble beaucoup plus diversifié, comme le montre une sélection de cinq tribunes publiées par Le Monde.La réaction la plus positive à ce programme de rachat, dès mars, de 1 140 milliards d’euros de dettes publiques et privées, vient d’André Grjebine (Centre d’Etudes et de Recherches Internationales CERI/Sciences Po) et Paul De Grauwe (London School of Economics), pour qui les Allemands « ne doivent pas avoir peur » du QE, au contraire.N’ayons pas peur des rachats de titres publics par la BCE !Trois économistes allemands réputés, Marcel Fratzscher (université Humboldt, Berlin), Michael Hüther (Institut de recherche économique, Cologne) et Guntram Wolff (Institut de recherche économique Bruegel, Bruxelles) rompent également avec la méfiance qui prévaut à Berlin. Ils suggèrent à la BCE de « sortir de son dilemme », en choisissant les options les plus propres à calmer les craintes de leurs compatriotes.Rachat d’obligations : le dilemme de la BCEEn revanche, Jean-Michel Naulot, ancien banquier et ancien membre du Collège de l’Autorité des marchés financiers, estime l’initiative de la BCE dangereuse et surtout inutile, dénonçant « l’illusion monétaire ».BCE : l’illusion monétaireEnfin, certains économistes jugent l’initiative de la BCE inachevée. Pour Frédéric Boccara (Université Paris 13) et Alain Grandjean (Fondation Nicolas Hulot), « l’argent de la BCE » doit servir à financer la transition énergétique et les services publics plutôt que les marchés financiers.A quoi doit servir l’argent de la BCE ?Pour Natacha Valla et Urszula Szczerbowicz (Centre d’études prospectives et d’informations internationales, Cepii), le QE sera inutile s’il ne comprend pas un volet d’achats « sur le marché des actions ».Et si la BCE achetait des actions ? Antoine ReverchonJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) La tension reste forte en Belgique après le démantèlement d’un réseau terroriste et l’assaut, le 15 janvier, contre la cache à partir de laquelle il devait opérer, à Verviers. Les menaces se sont multipliées contre une série de personnalités et la protection du roi Philippe, du premier ministre Charles Michel et de Bart De Wever, maire d’Anvers et dirigeant de l’Alliance néoflamande (NVA), a notamment été renforcée. Des dirigeants économiques semblent également visés.Diverses manifestations culturelles ont, par ailleurs, été annulées, par crainte de représailles. Un festival de cinéma, Ramdam, où devaient être projetés des films réputés « dérangeants » n’aura pas lieu : le complexe de Tournai, où il devait se dérouler, sera fermé jusqu’au 28 janvier, a annoncé, jeudi, le maire de la ville. Le Musée Hergé, à Louvain-la-Neuve, avait renoncé, la veille, à une exposition qu’il allait consacrer à Charlie Hebdo. Une exposition sur la censure a subi le même sort, à Bruxelles. Enfin, une manifestation de Vlativa, un mouvement qui se veut le pendant flamand de Pegida, l’organisation anti-islam allemande, a été interdite pour des raisons de sécurité. Première du genre en Belgique, elle devait avoir lieu lundi 26 janvier, à Anvers.L’inquiétude des autorités est nourrie par le sentiment général que, même si l’enquête sur le réseau djihadiste progresse, elle n’a pas encore permis d’identifier tous ses membres. Deux terroristes ont été tués à Verviers et leur identité est désormais connue : il s’agit de Sofiane Amghar, un Belgo-Marocain de 26 ans, et Khaled Ben Larbi, un Belge âgé de 23 ans. Tous deux se sont rendus en Syrie et étaient originaires de la commune bruxelloise de Molenbeek-Saint-Jean, où d’autres jeunes se sont radicalisés.« L’appui d’une dizaine d’étrangers »Un troisième homme était présent à Verviers : Marouane Al-Bali, 25 ans. Aujourd’hui sous les verrous, cet ancien agent de sécurité affirme s’être trouvé par hasard « au mauvais endroit ». Les enquêteurs le soupçonnent, sur la base d’écoutes téléphoniques, d’avoir été un « logisticien ». Un autre individu arrêté, Billel Houdhoud, 26 ans, rouage présumé du réseau, invoque son droit au silence depuis son incarcération. Mohamed Arshad Hajni, 26 ans, a signé le contrat de location de la planque de Verviers, mais nie toute implication. Mohamed Amghar, frère de l’un des deux tués, était en prison au moment des faits et aurait servi de relais.La police française a arrêté près de la frontière italienne deux suspects, les frères Souhaib et Ismaïl Al-Abdi, qui semblaient en route pour Rome. Un certain Omar D., un Algérien de 33 ans, a été appréhendé en Grèce. Zaiud Koullis, un Néerlandais de 18 ans, ancien de Syrie, est recherché : son passeport était à Verviers et il a fui, avec l’intention de se rendre en Espagne, mais les dernières traces que la police a de lui proviennent de Paris. Un de ses complices présumés, Abdelmounaim Haddad, 21 ans, s’est, lui, livré. Il avait tenté de rejoindre la Syrie en avril 2014, mais fut arrêté en Turquie et expulsé.Abdelhamid Abbaoud, alias Abou Omar Al-Soussi, est très activement recherché. « Cerveau » présumé du réseau, cet ancien combattant belge de l’Etat islamique serait en Grèce ou en Turquie. Il coordonnait la cellule qui préparait des attentats imminents et devant viser notamment la police. Les hommes de Verviers disposaient de quoi fabriquer une bombe et pouvaient, selon les écoutes effectuées, compter sur l’appui d’une dizaine d’« étrangers ». D’où l’inquiétude des enquêteurs belges, qui collaborent étroitement avec divers services européens pour tenter de déterminer jusqu’où s’étendait le réseau partiellement mis au jour.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.01.2015 à 13h17 • Mis à jour le23.01.2015 à 13h20 A deux jours des élections législatives en Grèce qui pourraient porter au pouvoir le parti de gauche radicale Syriza hostile à la politique d'austérité imposée par l'Union européenne, l'heure est aux dernières déclarations du côté de la diplomatie. La chancelière allemande, Angela Merkel, a ainsi souhaité vendredi 23 janvier à Florence que la Grèce « continue à faire partie de [l']histoire » européenne.« Je connais bien les difficultés auxquelles la Grèce est confrontée mais je rappelle que la base de nos principes est la solidarité », a souligné Mme Merkel lors d'une conférence de presse commune avec le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi.Lire aussi (édition abonnés) : Bruxelles se prépare au retour du « problème grec »PAS D'INQUIÉTUDE« Attendons les élections, je ne suis pas inquiète du résultat, a-t-elle assuré.  La population grecque va choisir de manière libre et indépendante la voie à suivre. Je suis sûre que nous trouverons tranquillement des solutions. »M. Renzi a lui aussi affirmé qu'il n'était « pas inquiet » : « quel que soit le vainqueur en Grèce, nous travaillerons avec le nouveau premier ministre dans la tranquillité et le respect du parcours établi. »Au bord de la faillite, la Grèce est depuis 2010 placée sous assistance financière massive des autorités européennes et du Fonds monétaire international. Mais Syriza, grand favori des élections législatives prévues dimanche, a adopté un ton très offensif concernant la cure d'austérité imposée par les bailleurs de fonds internationaux et n'a pas exclu une restructuration de la faramineuse dette publique du pays.Lire notre analyse (édition abonnés) : En Grèce, la victoire annoncée de la gauche radicale Philippe Bernard (Londres, correspondant) A la place des logos de chaque marque et des habillages graphiques bien connus, tous les paquets de cigarettes vendus au Royaume-Uni pourraient bientôt ne comporter qu’un énorme avertissement de santé, voire une photo choc représentant les ravages du tabac (cancer de la gorge, tumeurs de la bouche ou de la gorge).Après des mois d’atermoiements liés au lobbying des industriels du tabac, le gouvernement de David Cameron a annoncé, mercredi 21 janvier, qu’il déposerait un projet de loi dans ce sens au Parlement, destiné à être approuvé avant les élections législatives du 7 mai. Le royaume serait alors le second pays, après l’Australie, à adopter le paquet de cigarettes « neutre », sur lequel les marques figurent seulement dans une typographie standard. La réforme, destinée à rendre le tabac moins attrayant, est également programmée en France.Mais M. Cameron a décidé d’accélérer ce changement, approuvé par 72 % des électeurs britanniques, afin de ne pas laisser à l’opposition travailliste le monopole du discours sur la prévention en matière de santé. L’avenir du financement du Service national de santé (NHS), universel et gratuit, figure parmi les thèmes centraux de la campagne électorale qui vient de s’ouvrir. Le parti Labour promet d’instaurer lui aussi le paquet indifférencié s’il revient au pouvoir en mai.600 jeunes fumeurs de plus tous les joursEn annonçant le dépôt du projet de loi, la ministre de la santé, Jane Ellison, a assuré que le retrait des marques permettrait de « protéger les enfants des méfaits du tabac ». Quelque 80 000 décès sont attribués chaque année au tabac au Royaume-Uni et on estime à 600 le nombre de jeunes qui commencent chaque jour à fumer.Les industriels du tabac se sont déclarés consternés et ont annoncé qu’ils combattraient en justice la loi sur le « paquet neutre » si elle venait à être adoptée, estimant qu’elle bafoue leurs droits sur la propriété industrielle des marques. « La question de la légalité de la censure des marques par le gouvernement doit être soulevée, a déclaré un porte-parole de Philip Morris. Elle fausse la concurrence dans une économie de marché. » Selon les cigarettiers, les statistiques qui font état d’une diminution de la consommation de tabac en Australie depuis l’adoption du « paquet neutre » (moins 3,4 % en 2013) ne reflètent que la poursuite d’une tendance engagée auparavant. La principale conséquence, selon eux, est l’augmentation de la consommation de cigarettes de contrebande qui, elles, portent bien des marques. Mais l’intensité de l’hostilité des grandes firmes du tabac laisse penser qu’elles craignent que la mesure ait un véritable impact.Le vote attendu à Westminster d’ici à mai sera intéressant à observer, car les députés conservateurs n’auront pas de consigne de leur parti. La tendance « libertarienne » des tories pourrait être tentée de voir dans le « paquet neutre » une entorse aux libertés individuelles et au libre marché. Déjà, Nigel Farage, le chef du parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP, xénophobe et anti-européen) a fait entendre sa différence : « Le paquet “neutre” est une affligeante intrusion dans la liberté de choix des consommateurs et le fonctionnement du marché, a-t-il tweeté jeudi. Ce serait un coup dur pour l’emploi et les recettes fiscales. » Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.01.2015 à 11h19 • Mis à jour le23.01.2015 à 18h33 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Si les sondages donnent toujours le parti de la gauche radicale Syriza en tête du scrutin de dimanche, l’opinion publique grecque est, elle, très partagée, hésitant entre espoir de changement et peur de l’inconnu. C’est évidemment d’abord dans les rangs de l’électorat de Nouvelle Démocratie (droite) que l’on rencontre le plus d’anxiété à l’idée de voir Syriza arriver au pouvoir. Notamment du côté des entrepreneurs. « Ce que je redoute avant tout, c’est l’instabilité politique », avance ainsi un jeune chef d’entreprise du quartier chic de Kolonaki, situé dans le centre d’Athènes.En Grèce, la victoire annoncée de la gauche radicale« Tous ceux qui se battent pour maintenir à flot leur commerce ont peur de l’arrivée de Syriza. On ne sait pas du tout ce qui va se passer lundi. Mon amie possède une entreprise de tourisme et elle est encore plus inquiète que moi. Elle redoute de voir se répéter ce qu’elle a déjà vécu en 2011 lors de la chute du gouvernement de Georges Papandréou, c’est-à-dire une chute de ses réservations ainsi qu’une baisse des prix », explique le jeune homme, qui ajoute : « Je redoute aussi les divisions internes à ce parti. »Syriza ou le masque de Solon« Tout n’est pas à jeter ! »Alexis Tsipras, le chef de file de Syriza, n’effraie pas seulement à droite. Tout un peuple de centre gauche ne se reconnaît pas dans ses envolées anti-mémorandum. « Ce pays a besoin de réformes profondes et Tsipras promet qu’il va revenir sur ce qui a été fait ces dernières années, mais tout n’est pas à jeter ! », soutient Mary, une jeune postière du Pirée rencontrée lors d’une réunion organisée dans un appartement par un candidat du parti centriste To Potami, Dimitris Kiriakopoulos.En Grèce, depuis les élections législatives de juin 2012, une nouvelle forme de campagne s’est mise en place. A huis clos, dans le secret d’appartements familiaux. Et, ce soir-là, ce sont les beaux-parents du candidat qui ont invité leurs proches, voisins et amis afin que ce dernier expose le programme de To Potami, qui tient en un slogan : « Tout changer sans détruire le pays ». « Je suis très sensible à cela, car j’ai vraiment peur qu’avec son inflexibilité dans la négociation avec nos créanciers, Syriza n’entraîne une sortie de la Grèce de la zone euro. Aujourd’hui, je veux voter pour un petit parti capable d’équilibrer les forces », déclare Mary. L’hôte de la réunion, Héraclès Tournazis, pense quant à lui que « le programme de Syriza ne servira qu’à soigner les symptômes de la grippe ». Tous rêvent d’un gouvernement d’unité nationale alliant un maximum de partis, surtout Syriza et les conservateurs de Nouvelle Démocratie. Un pari bien compliqué dans le monde politique grec, très polarisé.Pourquoi les élections grecques sont importantes pour l’EuropeAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Michel Bezat Le prix du brut s’est orienté à la hausse en Asie, vendredi 23 janvier au matin, après l’annonce du décès du roi d’Arabie saoudite,Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars s’appréciait de 0,83 dollar ou 1,79 %, à 47,14 dollars, dans les échanges électroniques après être monté de 3,1 % à New York.Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance montait de 1,08 dollar ou 2,23 %, à 49,60 dollars.Malgré ce sursaut, les cours, erratiques depuis le début de l’année, sont en repli de plus de 3 % cette semaine.La hausse modérée de vendredi matin en Asie traduit l’inquiétude toute relative des marchés pétroliers sur l’après-Abdallah.La stratégie ne devrait pas être modifiéeSalman devrait en effet poursuivre la stratégie actuelle approuvée par son frère en 2014, estime Fatih Birol, économiste en chef de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).Le royaume devrait donc maintenir une production soutenue pour affaiblir les producteurs non-membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) - notamment américains et russes - et conserver ainsi ses parts de marché. Quitte à laisser s’effondrer les prix, tombés sous la barre des 50 dollars le baril.Fragilisée par la chute des cours du pétrole, l’Arabie saoudite reste fermeDes interrogations sur le ministre du pétroleLa seule incertitude porte sur l’avenir du ministre du pétrole et des ressources minières, Ali al-Naïmi. Nommé en 1995, aujourd’hui âgé de 79 ans, sa succession avait été évoquée dès 2010.Deux personnalités avaient alors émergé : Mohamed al-Saban, le négociateur saoudien dans les sommets sur le climat, et Abdallah al-Jumah, le patron de la puissante compagnie pétrolière publique Saudi Aramco.Même si le ministre ne fixe pas la stratégie pétrolière, confiée au Conseil suprême du pétrole présidé par le roi, son rôle reste crucial au sein de l’OPEP et sur la scène internationale.Les Saoudiens conservent un rôle majeur sur marché du pétroleSi le royaume wahhabite n’a plus le pouvoir de faire trembler le monde comme dans les années 1970, son rôle reste essentiel.Seul pays arabe membre du G20, il possède les deuxièmes réserves mondiales d’or noir (266 milliards de barils), derrière le Venezuela.Il reste le premier exportateur de brut (7 millions de barils par jour) et le seul à pouvoir mettre 2,5 millions de barils supplémentaires sur le marché pour éviter la pénurie et la flambée des prix en cas de défaillance d’un membre de l’OPEP.Un rôle de « producteur d’appoint » qu’il ne veut plus jouer au détriment de ses intérêts, comme il l’a prouvé fin novembre lors du dernier sommet de l’OPEP.Le royaume accuse le contrecoup de la baisse du prix du barilCette stratégie, la pétromonarchie la paie cher. L’année 2014 s’est mal terminée. Bien orientée au cours des trois premiers trimestres, la Bourse de Riyad a terminé en perte.En 2013, l’Arabie saoudite avait engrangé 276 milliards de dollars. Avec la chute des cours, le pays va devoir gérer une perte de recettes considérable, les hydrocarbures représentant 90 % de ses ressources budgétaires.Prévu à l’équilibre, le budget 2014 sera finalement en déficit de 14 milliards de dollars (11,72 milliards d’euros).Le gouvernement a déjà intégré la chute des cours du brut en annonçant, fin 2014, un budget 2015 en déficit de 38,6 milliards de dollars, un niveau sans précédent dans l’histoire du royaume.Le pays dispose toujours d’importantes réserves financièresLe pays a les poches profondes. On estime ses réserves de devises à 750 milliards de dollars. Avant son décès, le roi avait autorisé le gouvernement à y puiser ou à emprunter sur les marchés pour combler le déficit budgétaire.En 2011, alors que le monde arabe était secoué par les révolutions de la Tunisie, au Yémen et de l’Égypte à la Libye et à Bahreïn, Abdallah n’avait pas hésité à puiser 130 milliards dans les caisses pour acheter la paix sociale et éviter la contagion révolutionnaire.Après plusieurs années de vaches grasses, le royaume a encore les moyens d’une telle munificence. « Avec la baisse des prix pétroliers, nous avons considérablement revu le projet de budget, mais nous maintenons nos projets de développement et nous avons la capacité de supporter cette baisse », a récemment souligné le ministre des finances, Ibrahim Al-Assaf.Notamment le financement des « programmes de développement de l’éducation et de la santé et les services sociaux » et la création « davantage d’emplois pour les citoyens », alors que la frustration de la jeunesse est grande face à un chômage endémique.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La France veut profiter de l’Ecofin, la réunion des 28 ministres des finances européens, à Bruxelles, mardi 27 janvier, pour faire des propositions afin de mieux lutter contre le financement du terrorisme.Un projet de directive « antiblanchiment » de la commission européenne est actuellement en cours d'adoption au Conseil (réunion des Etats membres). Elle devrait être formellement adoptée mardi, par les 28.Elle propose notamment - c'est l’une de ses principales avancées-, la mise en place de registres listant les "trusts", ce qui devrait permettre, dans une certaine mesure, de remonter jusqu'à leurs bénéficiaires effectifs.Les Français plaidaient pour un texte demandant que le registre soit davantage public mais les Britanniques s'y sont opposés, au motif que les trusts sont très répandus au Royaume-Uni et que cela revenait à ficher une bonne partie de leur population.Pas question, à ce stade, pour Paris, de revenir sur ce texte législatif, qui a demandé des mois de négociation. Mais ils suggèrent d'autres dispositions pour mieux "tracer" les flux financiers.Les Français demandent ainsi à la Commission européenne de définir, pourquoi pas par un acte délégué (modifiant, a posteriori, un acte législatif) une liste des pays non coopératifs, au regard de l’échange des informations sur le financement du terrorisme.Cibler le BitcoinAutre suggestion : que la Commission se saisisse de la question des monnaies virtuelles, particulièrement du Bitcoin, qui sert aussi à financer des activités illicites (trafic de drogue, etc.), au travers de transactions sur Internet difficiles à tracer.Et qu’elle renforce les moyens d’action des douanes, notamment pour mieux identifier les transferts de fonds physiques (or, billets) aux frontières.Autre souhait : une meilleure coordination au niveau européen des agences nationales de renseignement financier, un meilleur échange d’informations entre l’agence française Tracfin (Traitement du Renseignement et Action contre les Circuits FINanciers clandestins, dépendant du ministère de l’économie et des finances) et ses équivalents étrangers.Les Européens pourraient aussi se doter de fichiers de comptes bancaires, du type Ficoba en France, gérés par l'administration des finances, ce qui permettrait, là encore, de mieux identifier, et plus vite, les bénéficiaires de certains flux.Enfin, les Français veulent suggérer que les dispositifs déjà existants pour geler les avoirs des terroristes, fonctionnent mieux. De fait, la Cour de justice de l’Union européenne, à Luxembourg, s’est, à plusieurs reprises, prononcée contre le gel d’avoirs, pour des motifs de non-conformité avec le droit européen.Ces chantiers considérables, sur des domaines très sensibles, regardant aux données privées, prendront sans doute du temps à aboutir à Bruxelles. Même s’il existe indéniablement un « momentum » politique en Europe, suite aux attentats parisiens de début janvier.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.01.2015 à 07h49 • Mis à jour le23.01.2015 à 10h50 | Cédric Pietralunga (Davos, envoyé spécial) Le ralentissement de l’économie chinoise ne se dément pas. En janvier, la production manufacturière s’est contractée, selon HSBC, qui a publié, vendredi 23 janvier, son indice PMI préliminaire des directeurs d’achat. Le niveau de cet indicateur (qui doit encore être confirmé, le mois de janvier n’étant pas encore fini) s’établit à 49,8. C’est toutefois un peu mieux qu’en décembre (49,6).Un chiffre supérieur à 50 marque une expansion de l’activité manufacturière, tandis qu’un indice inférieur à ce seuil signale une contraction.« Le ralentissement manufacturier se poursuit donc dans un contexte de demande intérieure en berne », a souligné Qu Hongbin, économiste chez HSBC.Selon lui, la situation laisse présager de nouvelles mesures d’assouplissement monétaire et de nouvelles mesures fiscales dans les mois prochains.La Banque centrale chinoise (PBOC) a déjà procédé, en novembre 2014, à une baisse inattendue de ses taux d’intérêt, une mesure inédite depuis 2012. Elle vient de prendre des mesures pour soutenir les banques.La Chine engage de nouvelles mesures de soutien à ses banquesAnnoncé la veille de l’ouverture du Forum mondial de l’économie de Davos, le chiffre de la croissance chinoise en 2014 (+ 7,4 %, contre 7,5 % officiellement attendus), qui est le plus mauvais résultat enregistré depuis 24 ans, a alimenté les conversations dans la station suisse.Présent mercredi à Davos, le premier ministre chinois Li Keqiang s’est voulu rassurant. Oui, la Chine ralentit, mais « le train avance toujours à grande vitesse. Il aura juste un rythme plus égal », a-t-il assuré (en chinois) devant une assemblée de plusieurs centaines de dirigeants venus l’écouter dans la salle du palais des congrès de la ville des Grisons, transformé en véritable bunker durant quatre jours.« Il ne faut pas oublier que la Chine est la deuxième puissance économique mondiale : 7 % de croissance, cela représente 800 milliards de dollars d’activité supplémentaire, a rappelé M. Li. C’est plus qu’il y a cinq ans lorsque nous avions 10 % de croissance. »Lire également : La croissance chinoise au plus bas depuis 24 ans« Ne faisons pas la fine bouche »S’ils se disent attentifs à l’évolution de l’économie chinoise - le Fonds monétaire international (FMI) prévoyant que la croissance ne devrait être que de 6,8 % cette année et de 6,3 % en 2016 - les chefs d’entreprise croisés à Davos se montrent également rassurants.« La croissance chinoise reste formidable, estime Jean-Louis Chaussade, PDG de Suez Environnement, le numéro 2 français de la propreté, qui emploie 7 000 personnes en Chine et y gère quelque 200 unités de traitement d’eau. Le pays a tellement de projets liés à l’environnement, en cours ou à venir, que ce ralentissement n’aura pas d’impact dans nos métiers. »« Au-delà des aléas conjoncturels, les perspectives sont bonnes en Chine, comme au Brésil ou en Russie, confirme Carlos Ghosn, PDG de Renault Nissan, venu à Davos débattre de l’avenir des BRICS [acronyme désignant les grands pays émergents que sont le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du sud]. Il n’est pas question pour nous de changer de stratégie : dans l’industrie automobile, on investit pour dix ou vingt ans, pas pour deux ans. »« Ne faisons pas la fine bouche, même à 6 % ou 7 % de croissance, la Chine reste un pays très attrayant », abonde Jean-Pierre Clamadieu, PDG du chimiste belge Solvay, qui possède 17 sites industriels et 4 centres de recherche dans l’Empire du milieu.Selon différents interlocuteurs, les mesures anti-corruption adoptées par Xi Jinping, le président chinois, sont la preuve que Pékin a pris la mesure de l’essoufflement de son économie. « Les « coûts de frottement » étaient devenus tels que cela entravait le développement de nos activités, reconnaît le patron d’une entreprise de la construction. Il fallait y mettre le holà. »D’autres louent également la politique d’augmentation des salaires menée par l’exécutif. « Cela va permettre à la classe moyenne de grossir et donc soutenir la consommation, qui sera demain un facteur de croissance primordial, peut-être plus important que les exportations », estime Mario Polegato, créateur de la marque de chaussures Geox.L’italien a d’ailleurs de grandes ambitions en Chine : il compte doubler le nombre de ses points de vente en deux ans et atteindre 400 magasins fin 2016.« Un sans-faute en matière de politique économique »« Un rythme de croissance de 12 % à 13 % par an n’était de toute façon pas soutenable, notamment parce que cela provoquait trop d’inflation », explique Justin Lin, ancien chef économiste de la Banque mondiale, aujourd’hui professeur à l’université de Pékin, venu lui aussi arpenter les rues verglacées de Davos.« Mais la Chine a le potentiel pour croître de 7 % à 8 % par an, poursuit-il, ce qui continuera d’en faire le pays le plus performant au monde. À la condition que la consommation intérieure augmente car les exportations seront moins un facteur de croissance qu’avant. »« Les enjeux sociaux sont tels que les dirigeants chinois n’ont pas d’autre choix que de réussir un atterrissage en douceur, estime M. Clamadieu. Mais je fais confiance au gouvernement : depuis quatre ans, Pékin a réalisé un sans-faute en matière de politique économique. » « On sent qu’il y a aujourd’hui un pilote aux commandes, confirme Charles-Edouard Bouée, PDG du cabinet allemand Roland Berger, qui vit à Shanghai depuis 2006. Alors que le pays s’était développé depuis trente ans par le biais de l’enrichissement personnel, les dirigeants se sont rendus compte que cela engendrait trop de dérives : corruption, pollution, inégalités sociales… Le pays veut aujourd’hui se développer globalement et non plus par le biais des individus. C’est un changement fondamental qui, s’il est bien géré, peut entraîner un nouveau cycle de dix ans de croissance. » Vraiment pas de quoi s’inquiéter…Cédric Pietralunga (Davos, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Denis Cosnard Enfin une bonne nouvelle sur le front économique en France : les faillites refluent. Surtout parmi les PME et les petits groupes.Des chaussures Bata à l’Encyclopædia Universalis en passant par la compagnie maritime SNCM, plusieurs noms connus ont encore dû passer devant le tribunal de commerce ces derniers mois. Mais la décrue paraît nettement amorcée. Seules 452 entreprises de plus de 50 salariés ont déposé leur bilan ou été placées en procédure de sauvegarde en 2014, selon le baromètre publié vendredi 23 janvier par le cabinet Altares à partir des données des greffes. C’est 20 % de moins que l’année précédente, et le nombre le plus faible enregistré depuis 2007, la dernière belle année avant le début de la crise. La baisse atteint 25 % sur le seul quatrième trimestre.« La situation de l’ensemble des PME s’améliore sensiblement », commente Thierry Millon, le directeur des études d’Altares. Le mouvement est également sensible pour les entreprises de 10 à 50 salariés, même s’il est moins marqué. Au total, moins de 4 600 PME ont déposé leur bilan en 2014, le plus bas niveau depuis 2008. « Les trésoreries restent inconfortables et les carnets de commandes modestement garnis, mais dans les PME, la prudence a désormais pris le pas sur l’inquiétude, assure M. Millon. L’heure n’est plus à la gestion de crise mais à la reconquête des affaires en dépit d’une croissance fragile. »Grâce à cette embellie parmi les poids moyens de l’économie, le nombre global de défaillances s’est tassé de 5 % au quatrième trimestre, et de 0,8 % sur l’ensemble de l’année. Quant aux emplois menacés par les faillites, ils se sont limités à 244 400, soit 9 % de moins en un an.Difficile de crier victoire pour autant. Malgré le rayon de soleil de fin d’année, le nombre d’entreprises en difficulté reste considérable : 62 586 en 2014, contre 45 000 à 50 000 par an avant la crise de 2008-2009. La France est un des pays au monde où les faillites restent les plus nombreuses, alors qu’elles ont déjà nettement diminué en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Espagne, aux Pays-Bas, aux Etats-Unis, etc.Les entreprises les plus petites en situation délicateSurtout, si la grande vague noire qui avait submergé les PME semble se retirer, les entreprises plus petites restent, elles, en situation extrêmement délicate. En particulier celles qui ne comptent qu’un ou deux salariés. Petits cafés, coiffeurs, salons de beauté, etc. : les dépôts de bilan de ces entreprises de proximité, très nombreux, ont bondi de 18 % en un an, et ne donnent aucun signe de répit.Alma, Altia-Caddie, Desseilles : il y a une vie après le tribunal de commerceEn outre, il n’est pas certain que la baisse du dernier trimestre annonce un retournement durable. « Un point d’inflexion est en train d’être atteint », veut croire Altares. Plusieurs facteurs devraient en effet donner un peu d’oxygène aux entreprises ces prochains mois. La chute spectaculaire du prix du pétrole et des carburants bénéficie directement à des filières très consommatrices comme la chimie et les transports. Dans l’hypothèse d’un cours moyen du baril de brent à 52 dollars, la France économiserait 17 milliards d’euros en 2015, selon les calculs de l’institut Coe-Rexecode.La baisse de l’euro, tombé jeudi à son plus bas niveau depuis onze ans face au dollar, améliore aussi la compétitivité des entreprises – du moins à celles qui exportent hors de la zone euro. Enfin, les taux d’intérêt très bas apportent des marges de manœuvre financières.« On est au début des ennuis »Yves Poinsot, lui, se montre beaucoup plus pessimiste. « On est au début des ennuis, pas à la fin !, affirme le patron pour la France d’Atradius, un des trois grands assureurs crédit mondiaux avec Euler Hermes et Coface. Depuis avril 2014, les déclarations d’impayés par nos clients ne cessent d’augmenter, les trésoreries se tendent, et je ne vois pas pourquoi cela s’arrêterait. »A ses yeux, le plongeon des matières premières, la baisse de l’euro et celle des taux d’intérêt sont certes positifs. Mais ils profitent surtout aux grandes entreprises, aux stars du CAC à même de capter la croissance à l’étranger. Beaucoup moins au tissu des PME. « Surtout, cela ne compense pas tout le reste. » Et d’égrener les points noirs qui empêchent une vraie sortie de crise : le chômage en hausse freine la consommation des ménages, les entreprises renâclent à investir faute de marché, une nouvelle dégradation s’annonce dans le bâtiment et les travaux publics… Sans compter l’augmentation des coûts salariaux qui « pince les marges, plus encore en France qu’ailleurs », soulignait l’agence Standard & Poor’s, le 14 janvier. Les taux d’intérêt sont certes très bas, mais sans perspective ni confiance en la suite, pourquoi les entreprises en profiteraient-elles ? « L’amélioration ? Je n’en vois aucune pour le moment, au contraire », appuie Cédric Colaert, dont le cabinet de conseil Eight Advisory a suivi 150 dossiers d’entreprises en difficulté en 2014. « Les grosses PME les plus fragiles sont déjà tombées, ajoute-t-il.Maintenant, c’est au tour de sociétés plus petites. » Passée la trêve des fêtes, les dépôts de bilan ont d’ailleurs repris en janvier avec plusieurs dossiers sensibles, comme les abattoirs normands AIM ou la petite compagnie Air Méditerranée.L’activité au point mortAucun signe net de redémarrage économique n’est perceptible en France. L’activité dans le secteur privé s’est une nouvelle fois légèrement contractée en France en janvier, selon les estimations des indices Markit, publiées vendredi 23 janvier. L’indice PMI, qui combine l’industrie et les services, s’inscrit à 49,5, après 49,7 en décembre, restant sous la barre de 50 séparant les zones de contraction et d’expansion de l’activité. Selon les données publiées simultanément par l’Insee, le climat des affaires est resté stable en France en janvier. L’indicateur global est ressorti à 94 comme en décembre et en novembre et reste nettement en deçà de sa moyenne de long terme, qui se situe à 100.Denis CosnardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alain Salles Paris sera, dimanche 11 janvier, la capitale européenne de la lutte contre le terrorisme. La marche républicaine organisée en hommage aux victimes des attentats de Paris sera une marche européenne. Le président Hollande a personnellement invité plusieurs chefs de gouvernement à participer au rassemblement. « Je serai avec eux », a expliqué le chef de l’Etat dans son allocution télévisée, vendredi.Le rassemblement sera placé sous le signe d’une véritable unité européenne contre le terrorisme. La chancelière allemande Angela Merkel, le président du Conseil européen Donald Tusk, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le premier ministre britannique David Cameron, le président du conseil italien Matteo Renzi, le premier ministre espagnol Mariano Rajoy, ou encore le chef du gouvernement hongrois Viktor Orban, ont confirmé leur présence.Ce soutien apporté à la France dépasse également les frontières de l’Europe. Seront ainsi présents le président ukrainien Petro Porochenko, le premier ministre turc Ahmet Davutoglu, le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov, le ministre américain de la justice Eric Holder, huit chefs d’Etat africains, dont les présidents malien Ibrahim Boubacar Keïta, gabonais Ali Bongo et nigérien Mahamadou Issoufou, ainsi que par le premier ministre tunisien Mehdi Jomaa. Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas seront également tous deux, de manière exceptionnelle, présents. Et la liste n’est pas exhaustive.Pour que ces rassemblements se déroulent sereinement, Manuel Valls a assuré que des « moyens de sécurité massifs » seraient mis en place dimanche à Paris mais aussi en province.Suivez les derniers événements en direct sur Le Monde.fr« Je serai à Paris dimanche »Dans un tweet, le premier ministre britannique, David Cameron, a expliqué qu’il avait « accepté l’invitation du président Hollande de participer au rassemblement unitaire pour soutenir les valeurs incarnées par #CharlieHebdo » (« celebrating the values behind #CharlieHebdo »). « Je serai à Paris dimanche pour soutenir le peuple français. L’Espagne avec la France contre le terrorisme et pour la liberté », a écrit le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, sur son compte Twitter.Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker a expliqué sa présence « en hommage à Charlie Hebdo ». « Le président Tusk a reçu un appel téléphonique du président François Hollande et il participera à la marche organisée dimanche à Paris », a expliqué un porte-parole du Conseil à l’AFP.La chancelière allemande, Angela Merkel, a officiellement confirmé sa présence qui avait été annoncée par le journal conservateur Die Welt. La rencontre prévue dimanche à Strasbourg, avant l’attaque contre Charlie Hebdo, entre le président Hollande et Mme Merkel avec le président du Parlement européen, avait été annulée vendredi en début d’après-midi.« Défi commun »En plus de cette marche hautement symbolique, Paris sera le lieu d’une réunion internationale consacrée au combat contre le terrorisme. Dimanche, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, recevra Alejandro Mayorkas, vice-ministre de l’intérieur des Etats-Unis, ainsi que le ministre de la justice, Eric Holder, en compagnie des ministres de l’intérieur allemand, britannique, espagnol, italien et polonais pour une réunion sur la lutte contre le terrorisme.Le commissaire européen Dimitris Avramopoulos sera également présent ainsi que le coordinateur de l’Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove. Il s’agit pour Bernard Cazeneuve de faire face à « ce défi commun que nous adressent les terroristes et qui ne pourra être résolu qu’en commun, au sein de l’Union européenne et au-delà ».Alain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Jacqué Le chiffre des ventes globales du groupe allemand Volkswagen (VW) ne sera officialisé que lundi 12 janvier. Mais d’ores et déjà, en additionnant les ventes de sept de ses douze marques, le constructeur de Wolfsburg affiche un cru 2014 historique.Pour la première fois de son histoire, le groupe a vendu sur l’année plus de 10 millions de véhicules. Un objectif qu’il s’était fixé pour 2018.L’objectif du constructeur était également de devenir à cet horizon, le numéro un mondial. Pour savoir si, en 2014, le groupe allemand a devancé Toyota et General Motors, il faudra encore attendre quelques jours, le temps que le japonais et l’américain présentent leurs données.Les trois groupes devraient, en tout cas, tous tutoyer ou dépasser la barre symbolique de dix millions d’unités pour l’année, une première pour autant de constructeurs.Concernant Volkswagen, c’est la marque mère, VW, qui réalise la majorité des volumes vendus. En 2014, elle a écoulé 6,12 millions de véhicules particuliers et 445 000 véhicules commerciaux. Les deux chiffres représentent un record historique.La marque Audi réalise également un record historique, avec 1,74 million de véhicules vendus, tout comme Skoda, qui a dépassé pour la première fois la barre du million de véhicules.Si les ventes de Seat progressent, elles restent modestes à côté de celles de VW ou Skoda. La marque espagnole a immatriculé 390 000 véhicules.Un secteur confronté à des vents contrairesPorsche a pour sa part atteint les 190 000 unités, également un record historique.Ces résultats devraient encore renforcer le bilan du groupe Volkswagen, Porsche apportant une grande part des bénéfices.Enfin, Bentley a vendu 11 000 limousines.Ces résultats sont d’autant plus remarquables que le secteur automobile fait face à d’importants vents contraires.La Chine (10 % de croissance) et l’Europe (5 %), où le groupe allemand est le numéro un, poursuivent leur développement et portent VW.En revanche, les marchés russe et sud-américain sont en plein doute et ont chuté de 18 % chacun.Quant au marché américain, s’il a progressé de 5,9 %, il ne bénéficie pas à Volkswagen, qui a vu ses ventes plonger de 10 % pour sa marque.Philippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) 2,95 millions. L’économie américaine n’avait plus créé autant d’emplois depuis quinze ans. Cette performance qui permet aux États-Unis d’afficher leur taux de chômage le plus bas depuis juin 2008. Celui-ci est tombé à 5,6 % de la population active, soit 0,2 point de moins qu’en novembre et 0,1 point de moins que ce que prévoyaient en moyenne les économistes.Ce sont ainsi 252 000 emplois qui ont été créés en décembre, selon les statistiques publiées, vendredi 9 janvier, par le Département du travail.Les chiffres d’octobre et de novembre ont été par ailleurs révisés à la hausse. Sur ces deux mois ce sont 50 000 emplois supplémentaires qui ont été créés, portant le nombre total sur l’ensemble de l’année à 2,95 millions, ce qui donne une moyenne mensuelle de 245 833.Il faut donc remonter à 1999 pour retrouver de tels chiffres. Cette année-là, l’économie américaine avait créé 3 millions d’emplois. Il est vrai qu’entre-temps, la population américaine a augmenté de 39 millions à 318 millions, ce qui relativise la performance.Dans le même temps, ces bonnes nouvelles pour l’économie américaine ont été quelque peu écornées par les statistiques sur l’évolution des salaires publiées simultanément. À la surprise générale, le salaire horaire a baissé de 0,2 %, du jamais vu depuis 2006.Du surplaceMême s’il est trop tôt pour dire si elle sera durable, il s’agit d’une inversion de tendance par rapport à novembre où les salaires avaient au contraire augmenté de 0,2 %.Sur l’ensemble de 2014, le salaire horaire moyen a augmenté de 1,7 %, soit la plus faible progression depuis octobre 2012. Ce chiffre doit également être mis en perspective avec l’inflation qui est à 1,3 %, ce qui veut dire qu’en réalité les salaires font quasiment du surplace en termes de pouvoir d’achat.Cet indicateur des salaires est étroitement surveillé par la Réserve fédérale (Fed), qui estime que sa faible progression est un signe que le marché de l’emploi reste convalescent.Cela démontre en effet que celui-ci n’est pas encore suffisamment dynamique pour exercer une pression sur les employeurs pour augmenter les salaires pour faire face à des difficultés de recrutement. Or, pour le moment, ce n’est pas le scénario auquel on assiste.C’est ce qu’indiquaient les minutes du Comité de politique monétaire de la Fed du 17 décembre 2014, publié le 7 janvier, certains membres soulignant qu’ils « ne voient pas de signe clair d’une accélération des salaires ».Ce sera « la grande question pour 2015 », prévient Joseph Lake, analyste chez The Economist Intelligence Unit.Le fait que les salaires ne repartent pas à la hausse n’est pas une bonne nouvelle pour la consommation des ménages, qui représente 70 % de l’activité économique aux États-Unis.En revanche, la chute brutale des prix de l’énergie, enregistrée ces dernières semaines, va procurer aux ménages un supplément de pouvoir d’achat qui va être le bienvenu dans ce contexte.Mais l’impact énergétique va jouer dans les deux sens. Car les entreprises du secteur pétrolier ont déjà prévenu qu’elles allaient lever le pied sur leurs investissements en 2015. La chute du prix du baril fait qu’un certain nombre de forages ne sont plus rentables.« Les suppressions d’emplois ajustées des variations saisonnières dans le secteur de l’énergie ont bondi à leur plus haut niveau depuis la fin 2012 », indique David Mericle, économiste chez Goldman Sachs. Le phénomène devrait s’amplifier dans les mois à venir et ainsi peser sur la dynamique générale de l’emploi.Depuis 2011, l’industrie pétrolière dans son ensemble a créé 779 000 emplois, soit un bond de 50 %, alors que la progression dans les autres secteurs n’a été que de 7 %.Un nombre important d’Américains disparaissent des statistiquesAutre indicateur, qui laisse dubitatif : le taux de participation au marché de l’emploi – c’est-à-dire la proportion de la population qui a un emploi ou qui en cherche effectivement un – a une nouvelle fois baissé en décembre à 62,7 %, du jamais vu depuis les années 1970.C’est d’ailleurs ce qui explique en grande partie la baisse du taux de chômage, font remarquer les analystes de la Deutsche bank. Un nombre important d’Américains, découragés de ne pas trouver d’emploi, disparaissent des statistiques officielles du chômage. Celles-ci indiquent qu’au 31 décembre 2014, il y a 8,7 millions de personnes en recherche d’emploi.Lorsqu’on ajoute des indicateurs comme le nombre de temps partiels subis, on arrive à un taux de chômage de 11,2 %, soit 0,2 point de moins qu’en novembre.On est revenu au niveau de septembre 2008, date de la faillite de la banque Lehman Brothers, mais on reste encore loin des taux d’avant-crise, qui oscillaient entre 8 % et 10 %. De quoi inciter la Fed à réfléchir avant d’augmenter ses taux d’intérêt. Si l’amélioration du marché du travail aux Etats-Unis est incontestable, il faudra encore un peu de temps pour revenir à une véritable situation de plein-emploi.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.01.2015 à 10h55 • Mis à jour le09.01.2015 à 10h58 | Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Le taux d’inflation de la Chine est demeuré à un niveau particulièrement faible en décembre 2014, à + 1,5 %, même si cela traduit une légère progression par rapport au 1,4 % enregistré en novembre.L’indice des prix à la consommation progresse ainsi de 2 % sur l’ensemble de l’ensemble de l’année 2014, bien en deçà de l’objectif officiel d’une inflation à 3,5 % fixé par Pékin, selon les statistiques publiées vendredi 9 janvier.De tels indicateurs devraient inciter le gouvernement chinois à assouplir encore davantage sa politique monétaire, selon les analystes.L’effet de la baisse du prix du pétrole et de la faiblesse de la demande intérieureLa relativement basse croissance de l’économie chinoise sur l’année écoulée et la baisse des prix de l’énergie sont les principaux facteurs d’explication de cette faible inflation.« L’effondrement des prix du pétrole est une raison majeure mais la faiblesse de la demande intérieure en est une autre », écrit Zhu Haibin, chef économiste de la banque JP Morgan, dans une note.La deuxième économie de la planète n’a probablement pas atteint en 2014 l’objectif d’une progression de 7,5 % de son PIB en 2014.La décélération de l'économie chinoise se confirmeCe ralentissement s’illustre particulièrement à l’entrée des usines chinoises, où l’indice des prix industriels baisse de 3,3 % sur un an en décembre. Cet indice PPI est en déflation depuis 34 mois, reflétant la baisse des coûts, notamment celui des matières premières et de l’énergie, qui lui-même s’explique en partie par la demande plus faible des grands émergents, dont la Chine, ces dernières années.« Le taux d’inflation est largement sous l’objectif fixé en début d’année dernière et le risque de déflation continue d’augmenter », juge par téléphone Ma Xiaoping, économiste de la HSBC à Pékin.De nouvelles mesures monétaires attenduesCompte tenu des perspectives d’évolution des prix, il y a, selon Ma Xiaoping encore davantage d’espace pour assouplir la politique monétaire de la Banque populaire de Chine et stimuler ainsi l’activité.L’établissement émetteur central, qui en République populaire est soumis à la direction de l’Etat-parti, a déjà baissé ses taux directeurs le 21 novembre.Pour soutenir son économie, Pékin abaisse le coût du créditIl s’agissait d’une première depuis deux ans et de la fin de l’épisode inflationniste, qui avait suivi le gigantesque plan de relance, de 540 milliards d’euros, déployé pour faire face à la crise financière mondiale, à partir de l’automne 2008.Le gouvernement chinois devrait probablement annoncer, au début du printemps, un objectif de croissance plus bas pour l’année 2015, autour de 7 %, en adéquation avec la « nouvelle norme » à laquelle doit s’adapter l’économie chinoise, selon l’expression du président Xi Jinping.L’agence Bloomberg pensait savoir cette semaine que les planificateurs chinois ont décidé d’accélérer environ 300 projets d’infrastructures.Un officiel de la puissante Commission nationale pour le développement et la réforme a pris soin de préciser qu’il s’agit uniquement de promouvoir les investissements dans sept domaines, dont les infrastructures, l’environnement ou la santé, selon un plan de développement courant jusqu’en 2016 et déjà évoqué par le premier ministre, Li Keqiang. Et nullement d’un nouveau plan de relance majeur.Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.01.2015 à 19h39 La chancelière allemande Angela Merkel a maintenu la pression sur la Russie, jeudi 8 janvier, en excluant tout allégement des sanctions économiques contre Moscou sans avancée majeure dans le conflit dans l'Est séparatiste prorusse de l'Ukraine.pourparlers cruciauxCes déclarations interviennent à une semaine de pourparlers cruciaux prévus au Kazakhstan entre les présidents ukrainien, Petro Porochenko, et russe, Vladimir Poutine, en présence de Mme Merkel et de François Hollande pour relancer un processus de paix qui piétine alors que le conflit a fait plus de 4 700 morts depuis avril.« Je pense qu'avant de pouvoir décréter la levée des sanctions, nous devons nous assurer que les accords de Minsk ont été appliqués dans leur intégralité », a déclaré la chancelière, rassurant ainsi le premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, en visite à Berlin. Ces accords signés en septembre prévoient notamment un cessez-le-feu et le retrait des « groupes armés illégaux, des armes lourdes et de tous les combattants et mercenaires du territoire ukrainien ».>> Lire notre analyse : Une trêve et après… où en est la guerre en Ukraine ?Le ministre de la défense ukrainien, Stepan Poltorak, a estimé jeudi que 7 500 soldats russes étaient toujours présents dans le Donbass. « D'abord les accords de Minsk doivent être respectés, seulement ensuite on peut discuter si les sanctions doivent être levées », a abondé M. Iatseniouk, rappelant le rôle « crucial » de ces sanctions prises après l'annexion de la Crimée en mars puis renforcées après la catastrophe du Boeing malaisien en juillet, abattu par un missile au-dessus d'une zone contrôlée par les séparatistes prorusses.Alors que les pourparlers de paix entre le groupe de contact composé de représentants de l'Ukraine, de la Russie et de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) avec les rebelles sont dans l'impasse, Kiev a annoncé un sommet dans le format dit Normandie (Ukraine, Russie, France, Allemagne) le 15 janvier à Astana, capitale du Kazakhstan. Cette date reste toutefois encore à confirmer « après les discussions prévues dans les prochains jours », a précisé Mme Merkel. Un entretien téléphonique entre les ministres des affaires étrangères des quatre pays est prévu vendredi, selon un responsable ukrainien.sanctions économiquesLa Russie subit de plein fouet des sanctions économiques européennes et américaines combinées à la chute du cours du pétrole. Le pays est entré en récession en novembre (– 0,5 %) pour la première fois depuis cinq ans et le rouble a perdu un tiers de sa valeur en 2014.>> Voir aussi la carte animée : Comprendre les origines de la crise en cinq minutesL'Ukraine paie elle aussi le prix de la guerre et de la crise économique. Elle a connu en 2014 sa pire année depuis 1945 avec un PIB en chute de 7,5 % et une monnaie dévaluée de 50 %, et le Parlement ukrainien a adopté un budget d'austérité pour 2015 qui va quintupler les dépenses de sécurité et de défense mais supprimer certains avantages sociaux et instaurer de nouveaux impôts.Toutefois, le gouvernement ukrainien devrait pouvoir compter sur une nouvelle aide de 1,8 milliard d'euros proposée, jeudi 8 janvier, par la Commission européenne, qui vient s'ajouter à 1,6 milliard d'euros déjà octroyés.>> Lire aussi : Jean-Claude Juncker annonce le déblocage de 1,8 milliard d'euros d'aide pour l'Ukraine Audrey Tonnelier Même pas un frisson. Alors que les citoyens du monde entier se rassemblaient pour exprimer leur horreur face à la tuerie survenue à Charlie Hebdo, mercredi 7 janvier, et que les plus grands journaux affichaient en « une » leur émotion et leur solidarité, les marchés financiers, eux, n’ont pas cillé. Au contraire.A la Bourse de Paris, le CAC 40 a bondi de 3,59 % jeudi, au lendemain de l’assassinat des caricaturistes de l’hebdomadaire. Comme la veille, l’ensemble des grands indices boursiers mondiaux a terminé dans le vert, accélérant même à la hausse dans l’après-midi.Une euphorie si déplacée, que, dans certaines salles de marché, elle semblait frôler l’indécence.« J’ai du mal à l’expliquer : il n’y a même pas eu de réaction épidermique de la Bourse dans la journée, comme cela se passe en général lorsque survient ce type d’événement », s’étonnait Jean-Louis Mourier, économiste chez le courtier parisien Aurel BGC.« En un sens, il est un peu triste de constater que les marchés ne réagissent absolument pas à cette horreur », osait, depuis New York, Gregori Volokhine, président du gérant Meeschaert aux Etats-Unis.Les précédentes attaques terroristes ont souvent fait trébucher les indices boursiers. Le 11 mars 2004, les attentats dans des trains de banlieue à Madrid avaient fait chuter la Bourse espagnole de plus de 2 %, et le CAC 40 de près de 3 %.Le 7 juillet 2005, les bombes placées dans le métro et dans un autobus londonien avaient provoqué un plongeon de plus de 3 % du Footsie britannique en séance, imité par les autres places européennes et par la livre sterling.Sans parler du 11 septembre 2001 : après l’effondrement des tours jumelles, Wall Street avait été fermée quatre jours, et il avait fallu la mobilisation des opérateurs financiers pour que le Dow Jones ne cède « que » 7 % à la réouverture des marchés, le 17 septembre.Pourquoi, dès lors, cette insensibilité des investisseurs à la tragédie parisienne ? « L’attentat n’a pas eu lieu dans un aéroport ou dans le métro. Il ne remet pas en cause l’activité dans le secteur des transports et ne devrait pas créer dans l’opinion un choc pouvant pénaliser les ventes au détail, comme lors du 11-Septembre », explique Christian Parisot, chez Aurel BGC.« L’attaque n’a pas touché un pays systémique [capable de faire trébucher l’ensemble des marchés en cas de chute] », avance Mathieu L’Hoir, stratégiste actions chez Axa IM.L’euro est déjà au tapisPar ailleurs, le fait que l’euro soit déjà au tapis – il a atteint lundi son plus bas niveau depuis neuf ans – peut expliquer l’absence de réaction de la monnaie unique.Mais c’est probablement la conjoncture macroéconomique qui permet le mieux de comprendre l’apparente absence d’empathie des marchés. « Ils ont les yeux rivés sur la Banque centrale européenne [BCE] », résume Franklin Pichard, chez Barclays Bourse.Mercredi, l’institut Eurostat a annoncé une inflation négative (– 0,2 %) en décembre 2014 en zone euro, du jamais vu depuis 2009. De quoi renforcer les craintes d’une spirale déflationniste, à même de torpiller la faible reprise européenne. Mais surtout, de quoi renforcer les espoirs d’une action de la BCE.Dans une ultime tentative pour ranimer l’économie du Vieux Continent, son président, Mario Draghi, pourrait annoncer dès la réunion du 22 janvier un programme de rachat d’obligations souveraines.A cela se sont ajoutées les déclarations rassurantes de la chancelière allemande, Angela Merkel, assurant de son souhait de voir la Grèce rester dans la zone euro. La perspective d’un « Grexit » avait en effet déclenché un début de panique sur les marchés, lundi 5 janvier.Tout en exprimant leur émotion face à la « barbarie » survenue à Charlie Hebdo, les opérateurs sont donc « passés au-dessus de cet événement », indique M. Pichard.« Seule une détérioration marquée de la situation en France, avec l’instauration d’une psychose qui se propagerait aux pays voisins, pourrait vraiment affecter la Bourse. Pour l’heure, on voit plutôt une population qui fait front, et cela est de nature à rassurer les investisseurs », conclut M. L’Hoir.Audrey TonnelierAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.01.2015 à 15h01 | Guy Dutheil Un son et lumière « hollywoodien », une chanteuse échappée d’une comédie musicale de Broadway, des centaines d’invités venus du monde entier, Qatar Airways avait décidé d’en mettre plein la vue pour la réception officielle, mercredi 7 janvier, de son premier exemplaire de l’A350, le tout nouveau gros-porteur long courrier d’Airbus.Posé sur le tarmac du tout neuf aéroport de Doha, le nouvel avion trônait, en vedette, derrière la scène, dans sa livrée crème et grenat, les couleurs de Qatar Airways.Avec l’A350, Airbus défie les 777 et 787 de BoeingL’arrivée dans la flotte de la compagnie qatarie du premier exemplaire du long courrier d’Airbus relance la rivalité entre les compagnies du Golfe : Emirates (Dubaï), Etihad (Abu Dhabi) et Qatar Airways.Les « trois sœurs ennemies » comme on les surnomme, se livrent une bataille acharnée. Chacune d’elle, à grand renfort d’aéroports surdimensionnés et de commandes géantes d’avions, tente de s’imposer comme le « hub » leader de la région.Fin décembre 2014, c’est Etihad qui a marqué les esprits. La compagnie d’Abu Dhabi a dévoilé, in situ, la nouvelle cabine de sa flotte.Sa nouvelle première classe la place parmi les meilleures compagnies aériennes du moment. Notamment grâce à sa « Résidence », un appartement de deux pièces, salle de bain et majordome. Une exclusivité des A380 d’Etihad. Avec Résidence, son appartement volant, Etihad se rêve en référence du voyage aérienQatar Airways a répliqué avec un A350 équipé de la cabine bi-classe (business et économique) dernier cri de la compagnie.Fier de son produit, Akbar Al Baker, PDG de Qatar Airways, n’a pas hésité à proclamer, un rien fanfaron : « avec une business class de cette qualité nous n’avons pas besoin de Première classe ».À défaut de « First », les quatre-vingts A350 commandés par la Qatar Airways seront tous équipés d’un bar réservé aux passagers de la classe affaires.Pression pour obtenir un A380 remotoriséToutefois, la réception officielle de l’A350 a aussi été pour M. Al Baker, l’occasion de relancer Airbus pour obtenir la mise en œuvre d’une version « neo », moins gourmande en carburant, de l’A380. « Un A380 remotorisé sauverait le programme », a assuré M. Al Baker.Présent à Doha, Didier Evrard, patron du programme A350, récemment nommé vice-président d’Airbus, s’est bien gardé de répondre. Pour l’heure, Airbus n’a pas tranché entre une remotorisation ou un allongement de l’avion pour y loger plus de passagers.« Nous devons d’abord écouter le marché car nous avons des clients qui n’ont pas tous la même exigence », a confié M. Evrard. Toutefois, il a confié que « la (re)motorisation de l’A380 est un axe prioritaire. Sur le principe, il est vraisemblable que la remotorisation arrive un jour. »Problème : les deux motoristes, Rolls Royce et Engine Alliance, qui équipent l’A380, ne se bousculent pas pour travailler sur un nouveau moteur moins gourmand. « C’est la question », a admis M. Evrard, conscient de la faiblesse des ventes de l’A380.Depuis son lancement en 2000, seuls 318 exemplaires du très gros porteur d’Airbus ont trouvé preneur, dont 140 pour la seule Emirates.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.01.2015 à 13h20 • Mis à jour le08.01.2015 à 13h37 Niels H., un infirmier allemand, jugé depuis plusieurs mois par un tribunal de la Basse-Saxe, a reconnu avoir tué une trentaine de patients gravement malades qui étaient hospitalisés en soins intensifs entre 2003 et 2005, rapporte l'agence de presse allemande DPA (Deutsche Presse-Agentur).Selon un expert psychiatre entendu jeudi 8 janvier durant une audience au procès, l'accusé lui avait avoué une trentaine d'homicides lors d'un examen. L'infirmier de 38 ans, Niels H., comparaît depuis septembre pour les meurtres de trois patients et tentatives de meurtre de deux autres patients, à qui il aurait injecté des surdoses de médicaments alors qu'ils étaient en soins intensifs.DÉMONTRER SES TALENTS DE RÉANIMATIONLes enquêteurs le soupçonnent d'avoir procédé à des injections entre 2003 et 2005 afin de démontrer ses talents de réanimation, amenant les patients près de la mort avant de tenter par la suite de les ranimer. D'après le psychiatre, l'accusé a également reconnu avoir administré des surdoses de médicament à une soixantaine d'autres patients qui, eux, ont survécu.Niels H. avait été condamné en 2008 à sept ans et demi de prison pour une tentative de meurtre. Il est incarcéré depuis. Employé à la clinique de Delmenhorst, près d'Oldenbourg, il avait été surpris à l'été 2005 par une collègue alors qu'il était en train d'injecter à un patient un médicament pour le cœur. 07.01.2015 à 13h29 • Mis à jour le07.01.2015 à 17h09 La Pologne a reçu une demande d'extradition du cinéaste franco-polonais Roman Polanski vers les Etats-Unis, où court toujours une plainte pour agression sexuelle déposée contre lui en 1977, rapporte l'agence de presse polonaise PAP, qui rapporte des propos du bureau du procureur général. Le cinéaste, né en Pologne et qui vit en France, se trouve actuellement à Cracovie où il prévoit de tourner un film. L'affaire ressurgit régulièrement. En octobre, les autorités américaines avaient demandé ainsi en vain son interpellation alors qu'il se trouvait en Pologne.Le 24 décembre, un juge de Los Angeles a rejeté une motion déposée par les avocats de Roman Polanski pour classer la plainte pour agression sexuelle déposée contre le réalisateur. Les défenseurs du cinéaste de 81 ans font valoir depuis des années que Roman Polanski a été dans cette affaire la victime d'une faute professionnelle de la part de la justice et du procureur de l'époque. Mais, dans ce jugement, le juge de la Cour supérieure de Los Angeles James Brandlin a déclaré que Roman Polanski devait, s'il veut régler le dossier, revenir aux Etats-Unis, où un mandat d'arrestation à son encontre est toujours en vigueur. Accusé d'avoir eu un rapport sexuel avec une adolescente de 13 ans, Samantha Geimer, Roman Polanski avait plaidé coupable en 1977. Il avait passé 42 jours en prison puis avait été libéré sous caution. En 1978, il avait fui les Etats-Unis avant l'audience qui devait fixer sa peine, craignant que le juge ne lui inflige une peine plus lourde.En 2009, il a été arrêté à Zurich en vertu du mandat d'arrêt lancé contre lui plus de 30 ans auparavant et placé en résidence surveillée. Il a recouvré la liberté en 2010, les autorités suisses ayant décidé de ne pas l'extrader vers les Etats-Unis.L'an dernier, Samantha Geimer a écrit un livre avec son avocat, sur la soirée du 10 mars 1977 où, selon elle, Polanski lui avait fait boire du champagne et lui avait donné un somnifère avant de lui imposer des relations sexuelles dans la maison de Jack Nicholson. Désormais âgée de 51 ans, elle avait ajouté qu'elle avait pardonné à Polanski, réalisateur notamment de Rosemary's Baby, Chinatown, Le Locataire ou encore Tess.Lire aussi : La justice américaine refuse d'abandonner les poursuites contre Roman Polanski 07.01.2015 à 10h12 • Mis à jour le07.01.2015 à 12h13 | Claire Guélaud Voilà une nouvelle qui n’est pas franchement une surprise mais qui pourrait contrarier les plans de communication de l’Elysée : alors que le président de la République a placé ses vœux 2015 sous le signe de l’optimisme et de l’audace, les premières estimations de la Commission européenne sur les produits intérieurs bruts (PIB) britannique et français en 2014 montrent que le Royaume-Uni a détrôné la France comme cinquième puissance économique mondiale.Manifestement François Hollande n’en avait pas été averti lorsqu’il a déclaré, le 31 décembre 2014 : « La France, c’est un grand pays ; elle est la cinquième puissance économique du monde. »Dynamisme, inflation et revalorisationCette première estimation, dénichée par Le Figaro sur le site Internet de la Commission européenne, devrait être confirmée dans les prochaines semaines. D’une certaine manière, elle résume, à elle seule, les atouts de l’économie britannique et les faiblesses françaises.Jusqu’en 2013, la France avait réussi à tenir son rang dans le club des dix premières puissances mondiales. Malgré ses difficultés persistantes (croissance nulle ou faible et chômage élevé, déficits jumeaux, dégradation de la compétitivité de son économie, effondrement des taux de marge des entreprises…), elle continuait d’occuper la cinquième place derrière les Etats-Unis, la Chine, le Japon et l’Allemagne mais devant le Royaume-Uni.En 2014, elle a été reléguée en 6e position. Le dynamisme de l’économie britannique, qui a connu une croissance en volume de 3 % contre 0,4 % en France, le niveau plus élevé de l’inflation outre-Manche (1,5 % contre 0,4 %) et la revalorisation de la livre sterling par rapport à l’euro expliquent pour l’essentiel cette évolution.Renversement de tendanceLe PIB est l’ensemble des richesses créées annuellement dans un pays ou, comme préfère le dire l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la somme des valeurs ajoutées de ce pays. En 2013, mesuré en valeur absolue et non en parité de pouvoir d’achat (PPA), le PIB s’est élevé à 2 114 milliards d’euros en France contre 2 017 milliards au Royaume-Uni. Soit une différence de 97 milliards d’euros à l’avantage de Paris.Un an plus tard, la situation s’est inversée : à la faveur d’une reprise qui a surpris les observateurs par sa vigueur, le Royaume-Uni est passé en tête. Son PIB en 2014 s’élèverait à 2 232 milliards d’euros, soit 98 milliards de plus que le PIB français (2 134 milliards). Ce renversement de tendance tient d’abord à l’inégalité des taux de croissance des deux économies. La reprise a été particulièrement dynamique outre-Manche : le PIB a progressé de 3 % en 2014 à la faveur, analyse Philippe Waechter, directeur des études de Natixis Asset Management, du dynamisme de la demande intérieure.Ce qui a porté cette dernière ? « Une politique budgétaire pas très restrictive, qui a soutenu la demande intérieure ; la politique de Quantitative Easing conduite par la Banque d’Angleterre, qui a permis de redistribuer du crédit aux ménages dès le début 2013 ; un marché du travail flexible qui a rendu possibles des créations nettes d’emploi. Mêmes précaires, celles-ci ont contribué à soutenir la demande des ménages et la consommation », résume l’économiste.On pourrait y ajouter la qualité du climat des affaires – les enquêtes de conjoncture restent à un niveau élevé – et les effets richesse liés à l’état du marché immobilier. Autant de points positifs qui ont permis à l’économie britannique de repartir, alors même qu’elle continue de souffrir, elle aussi, de la baisse de sa productivité.Panorama conjoncturel sombreLe panorama conjoncturel français de 2014 était, on le sait, bien plus sombre : une croissance obstinément atone et ce pour la troisième année de suite ; des déficits public et commercial marqués ; un chômage à deux chiffres qui continue d’augmenter et qui pèse sur la consommation des ménages – l’épargne de précaution reste d’ailleurs importante – ; des entreprises qui, malgré les premiers effets du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), rencontrent toujours de sérieuses difficultés financières. A quoi s’ajoute une forme de pessimisme généralisée qui n’aide pas l’économie à redémarrer.D’après Le Figaro, les différences de taux de croissance portent sur une soixantaine de milliards d’euros. La plus forte inflation outre-Manche (+ 1,5 %, contre 0,4 % en France) expliquerait un écart de PIB en faveur de Londres de l’ordre de 30 à 40 milliards. La forte revalorisation de la livre sterling par rapport à un euro en baisse ferait l’essentiel du reste.En revanche, le fait que les comptables nationaux britanniques aient accepté en 2013, contrairement à leurs homologues français, d’intégrer les activités liées à la prostitution et à la drogue dans la mesure de leur PIB aurait eu des conséquences marginales. On ne leur doit pas, en tout cas, la relégation française.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Ridet (Rome, correspondant) Il y avait dans les longs applaudissements des grands électeurs qui ont salué, samedi 31 janvier à Rome, l'élection au quatrième tour de scrutin, de Sergio Mattarella, 73 ans, davantage que le respect dû au douzième président de la République italienne. Non pas que la personnalité du successeur de Giorgio Napolitano, ne mérite pas tous les hommages.Sicilien, veuf, juge constitutionnel, ancien ministre indiscipliné de la Démocratie chrétienne, frère d'un ancien président de la région Sicile assassiné par la mafia le 6 janvier 1980, le nouveau président de la République semble mériter sur le papier tous les honneurs dus à sa réputation de droiture et de serviteur impartial de l'Etat.Mais dans les mines réjouies des votants (députés, sénateurs, délégués des régions) se lisait aussi une bonne part de soulagement. Soulagement d'avoir effacé par cette élection le cauchemar de celle de 2013, lorsque les grands électeurs, incapables de désigner le chef de l'Etat, avaient supplié, honteux et déconfits, Giorgio Napolitano de rempiler pour un nouveau mandat. Samedi, le Parlement italien a retrouvé ses prérogatives et son honneur.LE SENS TACTIQUE ET POLITIQUE DE MATTEO RENZIMais pour les élus du Parti Démocrate (PD, gauche), cette joie se double d'un triomphe. L'élection de Sergio Mattarella est d'abord une nouvelle preuve du sens tactique et politique de leur chef Matteo Renzi. Ayant déjà donné l'exemple de sa capacité de savoir gérer les élections au suffrage universel (européennes de 2014, plus de 40 % des voix pour le PD), il a démontré qu'il n'était pas manchot dans les scrutins en vase clos, comme dans le cas du vote pour le président de la République.Lire en édition abonnés : Matteo Renzi veut imposer son président de la RépubliqueAlors que chacun pariait à ce que le premier ministre s'accorde avec Silvio Berlusconi, son allié pour les réformes constitutionnelles (mode de scrutin et Sénat), sur le choix d'un candidat, il a offert le nom de Mattarella à son parti, mettant l'ex-Cavaliere au pied du mur. Mattarella ou rien. Un homme capable de se démettre d'un des gouvernements Andreotti, en 1990, pour protester contre l'adoption d'une loi qui favorisait la construction de l'empire audiovisuel du magnat des médias !L'ancien président du conseil, qui aurait préféré la personnalité réputée plus souple de Giuliano Amato, dont il attendait une grâce ou du moins un arrangement pour retrouver son poste de sénateur, a eu beau tempêter, hurler à la trahison, rappelé les « coups de main » que les élus de son parti, Forza Italia, avaient donné au premier ministre lors des votes sur la reforme du Code du travail et du mode de scrutin, Renzi n'a pas changé de ligne, profitant de l'occasion pour ressouder la totalité du PD derrière lui. Par mesure de rétorsion, Silvio Berlusconi a appelé ses troupes à voter blanc.Il n'y avait qu'à voir les mines hargneuses de ses partisans, bras ballants et muets à l'annonce du nom du douzième président de la République pour deviner leur amertume. Amertume de s'être fiés à Matteo Renzi qui, machiavélique et florentin, a préféré, pour cette fois, son parti duquel il avait beaucoup à se faire pardonner à son allié de circonstance. Amertume aussi d'avoir misé, une fois encore, sur les supposées qualités de négociateur de Silvio Berlusconi.BERLUSCONI ET BEPPE GRILLO, GRANDS PERDANTSReclus dans sa villa d'Arcore (Lombardie), où il est placé chaque fin de semaine en résidence surveillée suite à sa condamnation pour fraude fiscale, Silvio Berlusconi va devoir faire face à une fracture ouverte au sein de son parti. Raffaele Fitto, étoile montante, qui lui reproche d'avoir conclu un marché de dupes avec le premier ministre, de s'être fait rouler dans la farine par un jeunot de presque quarante ans son cadet. Pour un homme qui a régné vingt ans durant sur la vie politique italienne, cette erreur tactique pourrait précipiter son déclin déjà bien entamé. Seuls 105 des 143 parlementaires de Forza Italia qui on reçu l'ordre de voter blanc ont obéi à la consigne.Lire : Berlusconi, grand perdant de la présidentielle italienneIl n'est pas parvenu non plus à associer à sa démarche les élus du Nouveau Centre droit d'Angelino Alfano, son ancien dauphin. Tiraillé entre l'affection à son ancien mentor et le confort et la visibilité de son poste de ministre de l'intérieur qu'il doit à Matteo Renzi, il a choisi finalement, avec sa troupe d'une trentaine d'élus dont de nombreux Siciliens comme lui, de rester loyal au président du conseil qui a menacé de le virer du gouvernement…L'autre grand battu se nomme Beppe Grillo. Ne disposant plus que de 127 parlementaires après les démissions en cascade de dizaines de députés et sénateurs, il les a enjoints, à la suite d'une consultation sur Internet, de voter à chaque tour de scrutin pour Fernandino Imposimato, un ancien magistrat valeureux. Un autre candidat comme Romano Prodi, arrivé deuxième de ce référendum en ligne aurait pu tenter des électeurs du PD et troubler le jeu. S'ils ont pu démontrer à cette occasion leur discipline et leur fidélité, les parlementaires du M5S ont également apporté une nouvelle preuve de leur inutilité. Sergio Mattarella a été élu avec 665 voix sur 995 votants.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 31.01.2015 à 13h25 • Mis à jour le31.01.2015 à 17h39 Le juge constitutionnel Sergio Mattarella a été élu samedi 31 janvier président de la République italienne, avec 665 voix, soit largement au-dessus des 505 voix nécessaires, selon un résultat officiel.Lorsque le candidat soutenu par le chef du gouvernement Matteo Renzi a atteint le seuil requis, le décompte diffusé en direct à la télévision s'est arrêté quelques minutes, le temps de longs applaudissements dans les travées de l'hémicycle. « Bon travail, président Mattarella ! Vive l'Italie ! », a alors tweeté M. Renzi.Buon lavoro, Presidente Mattarella! Viva l'Italia— Matteo Renzi (@matteorenzi)require(["twitter/widgets"]);Lire (édition abonnés) : Matteo Renzi veut imposer son président de la RépubliqueSergio Mattarella, 73 ans, reclus dans son modeste appartement de fonctions à deux pas du palais présidentiel depuis plusieurs jours, a été aperçu s'engouffrant dans une Fiat Panda grise. Selon les médias italiens, il s'est rendu chez sa fille pour attendre les résultats. Il pourrait prêter serment dès le début de semaine prochaine, d'après les médias italiens.« AMITIÉ FRANCO-ITALIENNE »François Hollande a salué l'élection de Sergio Mattarella à la présidence de la République italienne, lui adressant tous ses « vœux de succès dans l'accomplissement de sa haute mission ». Le président français se dit dans un communiqué « impatient de nouer avec son nouvel homologue italien la même relation étroite et de confiance qu'il avait avec Giorgio Napolitano, au service de l'amitié franco-italienne et d'une Europe plus forte et plus prospère ».Le président de la République en Italie a essentiellement des pouvoirs honorifiques, mais il joue un rôle très important d'arbitre en cas de crise politique, ce qui a souvent été le cas ces dernières années. Son prédécesseur, Giorgio Napolitano, qui aura 90 ans cette année, avait démissionné début janvier avant la fin de son second mandat, en raison de son âge.Lire : Berlusconi, grand perdant de la présidentielle italienne 31.01.2015 à 07h49 • Mis à jour le31.01.2015 à 11h40 L'essentielL'Union européenne avait prévu de verser à la fin février 7 milliards d'euros à la Grèce, prévus par son plan d'aide.Ce versement dépendait du strict respect des mesures d'austérité, mais le nouveau gouvernement affirme pouvoir s'en passer.Le ministre grec des finances doit rencontrer samedi à Paris son homologue Français Michel Sapin.  Moins d'une semaine après le triomphe du parti antiaustérité Syriza aux élections législatives grecques, le nouveau gouvernement entame les discussions à l'international concernant sa dette. Samedi 31 janvier, le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis, doit se rendre à Paris pour y rencontrer son homologue Michel Sapin. Un voyage avancé de quelques jours, puisqu'il devait initialement arriver en France lundi, au lendemain d'un passage à Londres.Engagé dans un bras de fer contre la « troïka » (UE, FMI et BCE), dont il souhaite se départir de la tutelle, le nouveau gouvernement grec s'est dit, vendredi 30 janvier, prêt à aller au bout de la rupture et à renoncer à sept milliards d'euros attendus de l'UE fin février. Il devait percevoir cette somme à la condition expresse que les réformes en cours aient abouti et que la Grèce observe un strict régime budgétaire.Le ministre grec des finances a réitéré officiellement, vendredi, devant le patron de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem, ces propos, tenus par le premier ministre, Alexis Tsipras, et par lui-même depuis quelques jours.Lire l'entretien avec le nouveau ministre grec de la réforme administrative (édition abonnés) : Grèce : « Nous ne reconnaissons pas la troïka »MOINS DE 2 MILLIARDS D'EUROS DANS LES CAISSESDes déclarations audacieuses, alors que la Grèce est plongée dans de grandes difficultés budgétaires. Celles-ci ont à nouveau perturbé la Bourse d'Athènes, en chute de 1,59 %, vendredi, tandis que l'obligation grecque à 10 ans faisait un bond à plus de 11,5 %, signe de grande défiance des marchés.Le pays, endetté à plus de 175 % de son PIB et exclu des marchés, est en effet dans une situation délicate. Selon le journal Kathimerini, il y aurait actuellement moins de deux milliards d'euros dans les caisses de l'Etat grec, qui auront disparu à la fin février. Et les finances publiques se portent d'autant plus mal que les Grecs ont pour certains arrêté de payer leurs impôts pendant la campagne électorale, en attendant de voir ce qui sortirait des urnes.Lire : La Grèce ne veut plus discuter avec « une commission branlante de la troïka »UN PROGRAMME ÉVALUÉ À 12 MILLIARDS D'EUROSLe rejet des sept milliards semble alors un pari osé, d'autant que le gouvernement a fait campagne sur un programme de dépenses publiques évalué à un peu moins de 12 milliards d'euros sur deux ans. C'est le montant nécessaire pour notamment permettre la hausse du salaire minimal à 750 euros, le versement d'un 13e mois pour les retraites de moins de 700 euros et un relèvement du seuil annuel de revenus imposables pour les particuliers promis.Syriza a affirmé qu'il comptait financer ce programme avec la lutte contre l'évasion fiscale et la contrebande, la réaffectation des ressources issues du programme européen et des ressources issues du fond de stabilité financière. Mais selon le quotidien Kathimerini, la Grèce devra également rembourser, courant 2015, 22,5 milliards d'euros à ses créanciers européens, ainsi que 4 milliards d'ici à la fin mars. Et un nouveau pic de 8 milliards en juillet et en août.Lire : Les premières mesures économiques que pourrait prendre SyrizaRENÉGOCIERLa clé, pour le gouvernement grec, se trouve en fait dans la négociation avec ses créanciers. « Nous devons négocier avec nos partenaires une remise sur les quelque 23 milliards d'euros que nous devons allouer au remboursement de la dette sur la seule année 2015 », affirmait au Monde l'économiste Georges Stathakis, l'un des artisans de ce projet économique. « Les sept milliards, nous n'en voulons pas, ce que nous voulons, c'est repenser tout le programme », avait ainsi affirmé M. Varoufakis au New York Times jeudi.Des négociations que les Grecs n'accepteront de tenir qu'avec l'Union européenne, le ministre des finances ayant rappelé, vendredi, qu'il refusait le dialogue avec « une commission branlante, [la délégation] de la “troïka” ». La chancelière allemande, Angela Merkel, a quant à elle exclu samedi un « nouvel effacement »  de la dette grecque. « Il y a déjà eu un renoncement volontaire des créanciers privés, les banques ont déjà renoncé à des milliards de créances sur la Grèce », a-t-elle expliqué au journal Hamburger Abendblat.Lire aussi : Après les élections en Grèce, premiers tiraillements entre Européens 30.01.2015 à 19h42 • Mis à jour le30.01.2015 à 19h43 C'est un véritable marathon des capitales européennes qui attend le nouveau premier ministre grec, Alexis Tsipras, la semaine prochaine.Première étape à Rome, mardi 3 février, où il rencontrera son homologue italien Matteo Renzi. Il est ensuite attendu par François Hollande à Paris, mercredi 4 février. Il doit enfin se rendre à Bruxelles dans la semaine pour rencontrer le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.NÉGOCIATIONS SERRÉESCes déplacements ont lieu sur font des tractations diplomatiques intensives avec les partenaires de l'Union européenne sur la question de l'allègement de la dette grecque.Vendredi, le ministre des finances Yanis Varoufakis s'est entretenu avec le chef de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, venu à Athènes, pour rencontrer pour la première fois le nouveau gouvernement grec.Si ce dernier s'est voulu ferme, M. Varoufakis a lui aussi campé sur ses positions, expliquant que le gouvernement grec voulait bien « dialoguer » avec l'Europe mais pas avec « une commission branlante, [la délégation] de la “troïka” » (UE, FMI et BCE). 30.01.2015 à 16h01 • Mis à jour le31.01.2015 à 04h27 L'essentielAprès son élection dimanche, le nouveau premier ministre grec, Alexis Tsipras, a consacré sa semaine à discuter avec ses partenaires européens sur la question de l'allégement de la dette.De leur côté, les représentants de l'UE se sont montrés fermes, invitant le nouveau gouvernement à respecter les accords.  Après la victoire, l'heure est aux discussions. Le nouveau premier ministre grec, Alexis Tsipras, a commencé à s'entretenir avec différents partenaires européens sur la question de la réduction de la dette grecque. Premier interlocuteur de poids, Jeroen Dijsselbloem, chef de l'Eurogroupe, est arrivé vendredi 30 janvier à Athènes, pour rencontrer pour la première fois le nouveau gouvernement.« Ignorer les accords [passés entre Athènes et ses partenaires européens] n'est pas le bon chemin à prendre », a lancé M. Dijsselbloem à l'issue d'une rencontre avec le nouveau ministre grec des finances Yanis Varoufakis, à qui il a demandé de « définir sa position pour aller de l'avant ». Celui-ci lui a répondu en expliquant que le gouvernement grec voulait bien « dialoguer » avec l'Europe mais pas avec « une commission branlante, [la délégation] de la “troïka” » (UE, FMI et BCE).« Cette plate-forme électorale nous a fait gagner la confiance du peuple grec. Notre première initiative gouvernementale ne sera pas de rejeter la logique de la remise en cause du programme [d'assistance financière] en demandant son extension ». Le nouveau gouvernement grec ne demandera donc pas une extension du programme d'assistance financière, qui expire le 28 février. Les deux parties décideront de la suite avant cette date butoir, a dit M. Dijsselbloem, qui a néanmoins qualifié les discussions de « constructives ».La Grèce attend encore le versement de 7,2 milliards d'euros, l'ultime tranche des programmes d'assistance d'un montant total de 240 milliards négociés depuis la crise de 2009. M. Varoufakis n'a pas précisé comment le pays, qui devra rembourser quelque 10 milliards d'euros d'obligations arrivant à échéance cet été, ferait sans nouvel accord.Lire l'entretien avec Georges Katrougalos, nouveau ministre grec de la réforme administrative : Grèce : « Nous, nous ne reconnaissons ni le mémorandum ni la troïka »ALEXIS TSIPRAS À PARIS LE 4 FÉVRIERDepuis Berlin, le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, avait déjà mis en garde Athènes contre toute tentative de pression au sujet de la restructuration de sa dette :« Sur ce point, il n'y a pas grand-chose à débattre avec nous ; en outre, c'est difficile de nous faire chanter. »Si les décisions prises sont respectées, en revanche, « nous sommes prêts à toute collaboration et à être solidaires. Mais seulement dans ce cadre-là et dans aucun autre », a bien insisté le ministre allemand.Le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel ont tenté vendredi soir, lors d'un dîner informel à Strasbourg organisé par le président du Parlement européen Martin Schulz, de trouver une position commune sur la Grèce.La semaine prochaine s'annonce chargée pour Alexis Tsipras, qui se rendra à Rome le 3 février, avant de rejoindre Paris le 4, pour rencontrer Matteo Renzi et François Hollande. Il est aussi attendu à Bruxelles pour rencontrer le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Et remettre sur la table les questions brûlantes qui ont été sans cesse évoquées cette semaine.Voir aussi notre décryptage : Syriza : quelle marge de manœuvre pour Alexis Tsipras ?lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2fms7y"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2fms7y", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant) Les pourparlers de Moscou, entre une partie de l’opposition syrienne et des émissaires de Damas, se sont achevés, jeudi 29 février, sans le moindre résultat concret, sinon un engagement à se revoir à une date ultérieure. Ces premières rencontres entre pro et anti-Assad depuis l’échec de la conférence de « Genève 2 », en février 2014, ont mis face à face une trentaine d’opposants « de l’intérieur », tolérés par le régime, notamment des membres du Comité de coordination nationale des forces de changement démocratique (CCNCD) et une délégation gouvernementale, conduite par Bachar Ja’afari, l’ambassadeur syrien à l’ONU.A court d’idées après quatre ans de guerre et plus de 200 000 morts, les puissances occidentales s’étaient abstenus de critiquer l’initiative de Moscou, Washington allant même jusqu’à exprimer son soutien officiel. Mais les discussions, organisées sur deux jours, dans une résidence du ministère des affaires étrangères russe, n’ont pas dépassé le stade de l’échange de vues, souvent crispé. « Bachar Ja’afari s’est bagarré avec tout le monde, affirme Samir Aita, membre du Forum démocratique syrien, un petit mouvement de gauche. Il ne nous a strictement rien donné, zéro, même sur le volet humanitaire. Au lieu d’être pragmatique, il nous a fait des leçons de morale. »« Sous un portrait de Bachar Al-Assad »La principale composante de l’opposition, la Coalition nationale syrienne (CNS), qui à l’inverse de son homologue « de l’intérieur » soutient la lutte armée, avait choisi de boycotter la réunion au motif que la Russie, alliée indéfectible du régime, ne peut faire office de médiateur. Le cheikh Mo’az Al-Khatib, un ancien président de la CNS, qui jouit d’un grand prestige dans les milieux anti-Assad, avait lui aussi renoncé à faire le voyage de Moscou en raison du refus du régime de libérer au préalable des femmes et des enfants incarcérés dans ses geôles.Beaucoup de pseudo-opposants, chefs des formations confidentielles créées après l’instauration en 2011 d’un multipartisme de façade, ont honoré en revanche la convocation russe. « Ce sont des gens qui tiennent leur congrès sous un portrait de Bachar Al-Assad, ironise Haytham Manna, le représentant à Paris du CCNCD. Dès le début des discussions, ils ont menacé de se retirer si la question du sort de Bachar était soulevée. »M. Ja’afari a qualifié les débats de « positifs », assurant qu’il n’y avait « pas de résultats parce qu’il s’agissait d’une première rencontre, d’une rencontre consultative ». Le diplomate syrien a toutefois critiqué l’attitude des opposants, déplorant que « ce que certains pouvaient accepter était rejeté par les autres ». A défaut de s’accorder sur le texte en dix points, très général, avancé par Vitaly Naumkine, l’universitaire russe chargé de modérer les discussions, les participants sont convenus de se retrouver dans le futur, à une date non spécifiée. « L’acte II de Moscou ne sera pas meilleur que l’acte I, prévient Haytham Manna. La France et les Etats-Unis ne doivent pas abandonner le terrain à la Russie. Il faut redonner espoir au peuple syrien. »Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)Correspondant au Proche-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martin Untersinger (Bletchley, envoyé spécial)Lorsqu'on arrive au petit matin près du manoir de Bletchley Park (Angleterre), occupé un temps par le mathématicien Alan Turing, il ne reste aucune trace de Benedict Cumberbatch et du tournage du film Imitiation Game. En revanche, on croise beaucoup de personnes âgées venues visiter ce qui est désormais un musée à la gloire des « casseurs de code », qui ont réussi à décrypter les communications allemandes pendant la seconde guerre mondiale. Au-delà de la sortie d'un film consacré au sujet, la fréquentation du lieu tient au nouveau statut d'Alan Turing, désormais considéré comme un inventeur génial de l'ordinateur moderne, après les excuses officielles du gouvernement, en 2009, et du pardon royal accordé en 2013 – Turing avait été condamné à un traitement hormonal en 1952 en raison de son homosexualité.Lire : Alan Turing, l'interminable réhabilitation d'un génieEn passant de l'ombre à la lumière, Turing a emmené Bletchley Park dans son sillage. Au tout début de la seconde guerre mondiale, 56 brillants membres des meilleures universités du Royaume-Uni (mathématiciens, linguistes, etc.) avaient été dépêchés, à 80 kilomètres au nord de Londres dans ce manoir victorien au goût architectural douteux pour préparer l'affrontement avec l'Allemagne nazie. EnigmaLeur but : décrypter la machine utilisée par le IIIe Reich pour ses communications radio, un engin cryptographique sophistiqué baptisé Enigma. Cet appareil, qui ressemble à une grosse machine à écrire dans un étui en bois, comporte trois rotors dotés chacun de 26 circuits électriques, un pour chaque lettre de l'alphabet. A chaque pression sur une touche, un courant électrique parcourt les trois rotors et vient allumer une petite ampoule sur le dessus de la machine qui illumine une lettre, la « transcription » de celle qui vient d'être tapée. Au fil de la saisie du texte, les rotors pivotent à un rythme préétabli, de sorte qu'une même lettre tapée au début et à la fin d'un message ne sera pas traduite de la même manière.Lire : Aux origines de la machine de chiffrement EnigmaCelui qui reçoit, en morse, le message crypté n'a qu'à configurer la machine de la même manière que son correspondant et à taper le texte qu'il reçoit. En retour s'allument les lettres tapées à l'origine par l'émetteur du message. Le problème pour celui qui tente de décrypter le message est immense : les possibilités de positionnement initial des rotors sont extrêmement nombreuses.Les Britanniques et les Français la pensent inviolable, jusqu'à ce que trois mathématiciens polonais, à la veille de l'invasion de leur pays par la Wehrmacht, leur dévoilent une technique permettant, en exploitant plusieurs failles de la machine et les erreurs des Allemands, de briser le chiffrement d'une bonne partie des messages. Dans les mois qui précèdent le début de la guerre, les armées allemandes modifient certaines caractéristiques de leurs machines Enigma qui réduisent à néant les avancées des scientifiques polonais. Alors que la menace allemande se fait de plus en plus sentir, la tâche incombe donc aux « professeurs » de Bletchley Park de percer le secret d'Enigma.Les plus brillants cerveaux du paysIls y parviendront, en grande partie et au prix d'un effort colossal et d'avancées sans précédent dans l'histoire de l'informatique. Les seuls cerveaux réunis à Bletchley Park ne suffisent évidemment pas. Alan Turing s'emploiera donc à démultiplier le cerveau humain avec une machine.Poursuivant les travaux des Polonais, Alan Turing et les autres mathématiciens construisent donc un appareil destiné à passer en revue extrêmement rapidement les différents paramètres possibles d'Enigma. Son nom ? « La bombe ». Elle est pourtant plus proche du gros réfrigérateur que de l'explosif. Sur son flanc, des dizaines de bobines tournent sur elles-mêmes pour passer en revue les différents paramètres possibles d'Enigma.Lorsque la machine et son bruit semblable à plusieurs milliers d'aiguilles qui s'entrechoquent s'arrêtent, une opératrice – 75 % des Britanniques présents à Bletchley Park sont des femmes – note la combinaison possible et vérifie si elle permet de déchiffrer les messages du jour. Plusieurs exemplaires de cette « bombe », prototypes des ordinateurs modernes, fonctionneront simultanément à Bletchley Park.De la « bombe » au « Colosse »Plus tard pendant dans la guerre sera même construit à Bletchley Park le premier véritable ordinateur électronique moderne, Colossus. Il s'attaquera avec succès à Lorenz, l'appareil utilisé par Hitler pour communiquer avec ses plus proches généraux, pourtant plus robuste qu'Enigma. Grâce à ces machines révolutionnaires pour l'époque, les Britanniques ont collecté de précieuses informations sur la stratégie et les mouvements des nazis. Les historiens estiment qu'ils ont largement contribué à accélérer la victoire des Alliés et sauvé des millions de vies. Jusqu'à une date relativement récente, cet épisode, pourtant l'un principaux actes de naissance de l'informatique et une des clés de la seconde guerre mondiale, était totalement inconnu. Lorsqu'on en demande la raison au docteur Joel Greenberg, mathématicien et historien de Bletchley Park, la réponse fuse : « le secret ! »L'effort entrepris par les mathématiciens de Bletchley était tellement crucial que ce qui s'y passait n'était connu que d'une petite poignée de très hauts responsables britanniques. Tous les renseignements issus des « codebreakers » étaient frappés du sceau « ultra », plus confidentiel encore que « top secret », un niveau de protection créé spécialement pour Bletchley. Tous ceux qui y travaillaient, y compris les responsables de la cantine, étaient soumis à l'Official Secret Act, un texte drastique qui leur interdisait toute allusion à leur activité, et ce, en théorie, jusqu'à leur mort. Le secret était tel que les 8 500 personnes qui y travaillaient au plus fort de la mobilisation ne savaient pas exactement ce que faisaient leurs collègues. Même les plus proches parents des mathématiciens impliqués ne savaient rien, pour certains jusqu'à leur lit de mort. Et pour cause : il fallait à tout prix que les Allemands ignorent l'existence et les succès de Bletchley Park. Pour ce faire, les Britanniques se sont même efforcés de faire croire que les informations cruciales obtenues via leurs casseurs de codes leur parvenaient par des moyens plus traditionnels, quitte à inventer, dans des messages destinés à tromper les Allemands, de faux réseaux d'espions dans toute l'Europe. Plus tard, avec la guerre froide, c'est la crainte des espions soviétiques qui a contribué à garder le silence sur les activités du manoir – dont l'existence et les premiers succès étaient pourtant connus de Staline.Ce secret n'a pas empêché les connaissances acquises à Bletchley Park de se diffuser après-guerre. Les Britanniques ont partagé avec les Américains le design des « bombes » et de « Colossus », ce qui leur a permis d'améliorer considérablement ce dernier. A la fin de la guerre, les mathématiciens sont retournés dans leurs universités et, pour certains, ont continué leurs travaux, sans pouvoir dire où et pourquoi ils avaient tant progressé.Le secret s'effrite un peu en 1974 avec la parution de l'ouvrage de Frederick William Winterbotham, The Ultra Secret, levant quelque peu le voile sur les activités de Bletchley Park. Mais jusqu'à 1982 et la parution de The Hut Six Story, de Gordon Welchman – un mathématicien qui a joué, aux côtés de Turing, un rôle majeur dans le décryptage des codes Allemands –, les informations concernant Bletchley Park sont généralistes et fragmentaires, explique M. Greenberg.De l'ombre à la lumièreL'obscurité qui recouvre cette période de l'histoire britannique s'est donc dissipée peu à peu. Ces dernières années, c'est même une pleine lumière qui se déverse sur le manoir victorien. Bletchley Park attirait en 2006 moins de 50 000 personnes par an. En 2014, ils ont été cinq fois plus nombreux à venir visiter les installations réhabilitées telles qu'elles existaient au tournant de l'année 1941. Le temps a passé depuis qu'en 1991, des historiens locaux ont réinvesti les lieux, quasiment délabrés et jusqu'ici vaguement utilisés par le gouvernement. Ce n'est même qu'au mois de mai, à l'issue d'un chantier de rénovation à 8 millions de livres, que le musée s'est doté d'un visage moderne. Créé en 1994, il vivait jusqu'alors de manière « précaire », concède-t-on aujourd'hui. Le retour en grâce, largement justifié, d'Alan Turing n'est pas étranger à son succès. « En décembre, le mois de la sortie de The Imitation Game au Royaume-Uni, le nombre de visiteurs a énormément augmenté », explique Iain Standen, le PDG de Bletchley Trust, l'organisation à but non lucratif qui gère le site.De quoi se féliciter et se rassurer quant à la pérennité des installations, financées notamment par Google, British Aerospace, le fabricant d'antivirus McAfee ou la loterie britannique. Mais les dirigeants du musée ne veulent pas trop dépendre de l'aura, forcément périssable, d'Alan Turing. « Nous rappelons volontiers qu'Alan Turing n'était qu'une personne sur près de 10 000 et que Bletchley Park ne représente qu'une partie d'un individu aux multiples facettes, explique encore M. Standen. C'était un travail de groupe ». Il s'agit donc de « raconter les histoires des autres héros méconnus » qui ont accompagné celui qu'on présente un peu vite comme le seul inventeur de l'ordinateur moderne. Difficile de lui donner tort : qui connaît Dilly Knox, John Jeffreys, Peter Twinn ou encore Gordon Welchman, qui ont pourtant été aussi importants dans les progrès réalisés à Bletchley que Turing lui-même ?Les pionniers de l'analyse des métadonnéesSi Alan Turing était responsable du décryptage des messages interceptés de la marine allemande, Bletchley Park ne se limitait pas à cette seule activité, abonde M. Greenberg. Ce dernier explique ainsi que les ingénieurs de Bletchley Park sont des pionniers de l'analyse de trafic. « Pour moi, c'est encore plus important que les avancées en matière de cryptographie », avance l'historien. Chaque utilisateur allemand d'Enigma disposait d'identifiants uniques. Les analystes de Bletchley se sont organisés de manière à pouvoir suivre précisément quel responsable parlait à qui, quand et où. Une excellente manière de surveiller l'armée allemande. « Cela ressemble beaucoup aux métadonnées d'aujourd'hui », explique M. Greenberg.Autre innovation développée à Bletchley : le stockage de données. A l'aide de petites fiches perforées traitées par des machines automatisées, qui servaient à organiser les informations recueillies dans les messages allemands décryptés, les experts de Bletchley ont pu faire des rapprochements inédits. Ainsi, au cours de la guerre, ils ont décodé un message allemand indiquant qu'un gradé de la Wehrmacht allait se rendre dans une ville du sud de l'Italie. Isolée, cette information ne vaut rien. Mais grâce à leur ingénieux système, ils retrouvent un ancien message, datant de plusieurs mois, qui leur permet de découvrir que ce gradé était en réalité responsable de l'établissement de bases aériennes allemandes. Et que les Allemands s'apprêtent donc à en installer dans le sud de l'Italie.Bletchley avait donc abouti à construire l'équivalent – très spécialisé – d'un véritable moteur de recherche...Lire aussi la critique : « The Imitation Game » : Alan Turing, génie tragique //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444463', 25258, '', 'parallax', 'desktop']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Martin Untersinger (Bletchley, envoyé spécial)JournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.01.2015 à 11h48 • Mis à jour le30.01.2015 à 15h17 Le gouvernement russe a annoncé, vendredi 30 janvier, avoir confié la construction du pont reliant la Russie à la Crimée, annexée par Moscou, à la société du milliardaire Arkadi Rotenberg, un proche du président Vladimir Poutine.Voir notre visuel interactif : Crimée : portrait d'une nouvelle région russeSelon un décret publié sur le site du gouvernement, Stroïgazmontaj devra livrer le pont routier et ferroviaire avant décembre 2018, pour un coût plafonné à 228,3 milliards de roubles (2,9 milliards d'euros). La traversée du détroit de Kertch, un bras de mer de 4,5 km au plus étroit entre mer d'Azov et mer Noire, à l'est de la Crimée, est le seul moyen, hors avion, de rejoindre la péninsule depuis le territoire russe sans passer par l'Ukraine.SANCTIONNÉE PAR LES ÉTATS-UNIS ET L'UNION EUROPÉENNEArkadi Rotenberg, 63 ans, figure avec son frère Boris parmi les personnalités russes proches du pouvoir sanctionnées par les Etats-Unis et l'Union européenne. Le Trésor américain affirmait en mars dernier que les deux frères avaient « gagné des milliards de dollars en contrats pour Gazprom ou pour les Jeux olympiques d'hiver attribués par Poutine ».Lire aussi : Monnaie, énergie, infrastructures… les questions concrètes de l'annexion de la Crimée à la RussieLe magazine Forbes estime la fortune d'Arkadi Rotenberg à 4 milliards de dollars. La construction de ce projet très symbolique annoncé par Vladimir Poutine s'annonce compliquée en raison de son coût et de l'impossibilité de trouver des financements de banques occidentales. L'Etat devra donc le financer entièrement au moment où il cherche à réduire ses dépenses pour compenser la baisse des revenus pétroliers.La participation de sociétés de BTP, comme souvent pour les grands projets d'infrastructure en Russie, sera délicate et Stroïgazmontaj n'a jamais bâti de pont. M. Rotenberg a évoqué la participation possible de sociétés de BTP de Turquie ou de Corée du Sud.Lire aussi (édition abonnés) : La Crimée à l’heure de Moscoulmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x1iifsc"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x1iifsc", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le nouveau gouvernement grec d’Alexis Tsipras a annoncé, mercredi 28 janvier, sa volonté de stopper le processus de privatisation du port du Pirée et de DEI, la compagnie nationale d’électricité. Au-delà de ces deux entreprises, c’est l’ensemble du programme de privatisation, lancé en 2011 par les autorités grecques, qui est en réalité aujourd’hui sur le point de prendre fin.Cet arrêt du programme de privatisations « n’est pas une surprise », affirme Yannis Eftathopoulos, économiste et consultant spécialiste des entreprises de service public. M. Tsipras a, en effet, à maintes reprises déclaré durant la campagne électorale qu’il fermerait le Taiped, le fonds en charge de la valorisation des biens publics en Grèce.Au Pirée, les dockers se réjouissent, les Chinois défendent leurs droitsQuel était l’objectif du programme de privatisations ?Les privatisations s’inscrivaient dans le cadre des engagements pris par les pouvoirs publics grecs vis-à-vis de leurs bailleurs de fonds internationaux, réunis dans la Troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international)« L’objectif de cette campagne de privatisations était double : à la fois budgétaire, en faisant rentrer des liquidités dans les caisses de l’Etat grec, et structurel, avec l’idée que privatiser une entreprise renforce sa compétitivité et son efficacité », explique M. Eftathopoulos.Quel était le degré d’avancement des cessions ?Sur le catalogue du Taiped figurait des dizaines d’aéroports, de ports, de plages, d’hôtels mais aussi quelques grosses entreprises publiques comme celles de l’électricité, du gaz ou de l’eau.À ce jour, depuis 2011, des accords de vente ont été conclus à hauteur de 5 milliards d’euros, sur lesquels 3 milliards auraient déjà été récoltés par l’Etat grec, selon les chiffres du Taiped. On est ainsi très loin des premiers objectifs qui avaient été affichés : 50 milliards de recettes étaient escomptés. Ce chiffre avait depuis, il est vrai, été ramené à moins de 25 milliards d’euros d’ici à 2020.« Avec la crise, la valeur des actifs a chuté, ce qui a impacté les recettes. Mais il y a aussi eu pas mal de blocages juridiques et des résistances de la population, qui a, par exemple, réussi à faire annuler la privatisation de la compagnie des eaux », relève M. Eftathopoulos.Le gouvernement peut-il compenser cet arrêt des privatisations et comment ?« Tout l’enjeu pour ce gouvernement, s’il arrive à tenir sa décision de ne plus privatiser, sera d’arriver à moderniser et réformer les entreprises publiques vers plus de performances », relève M. Eftathopoulos. « En cela l’Europe pourrait apporter son aide », ajoute-t-il.Reste que le gouvernement grec n’a pas vraiment d’argent dans les caisses. Comment pourra-t-il soutenir ces investissements publics ? « On en revient à la question de la dette. C’est bien pour regagner de la marge budgétaire et une capacité d’action que le gouvernement Tsipras demande une renégociation de la charge de la dette », indique M. Eftathopoulos.Grèce : premiers petits tiraillements entre EuropéensAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.01.2015 à 16h01 • Mis à jour le30.01.2015 à 18h32 L'essentielAprès son élection dimanche, le nouveau premier ministre grec, Alexis Tsipras, a consacré sa semaine à discuter avec ses partenaires européens sur la question de l'allégement de la dette.De leur côté, les représentants de l'UE se sont montrés fermes, invitant le nouveau gouvernement à respecter les accords. Après la victoire, l'heure est aux discussions. Le nouveau premier ministre grec, Alexis Tsipras, a commencé à s'entretenir avec différents partenaires européens sur la question de la réduction de la dette grecque. Premier interlocuteur de poids, Jeroen Dijsselbloem, chef de l'Eurogroupe, est arrivé vendredi 30 janvier à Athènes, pour rencontrer pour la première fois le nouveau gouvernement grec.« Ignorer les accords [passés entre Athènes et ses partenaires européens] n'est pas le bon chemin à prendre », a lancé M. Dijsselbloem à l'issue d'une rencontre avec le nouveau ministre grec des finances Yanis Varoufakis, à qui il a demandé de « définir sa position pour aller de l'avant ». Celui-ci lui a répondu en expliquant que le gouvernement grec voulait bien « dialoguer » avec l'Europe mais pas avec « une commission branlante, [la délégation] de la “troïka” » (UE, FMI et BCE).« Cette plate-forme électorale nous a fait gagner la confiance du peuple grec. Notre première initiative gouvernementale ne sera pas de rejeter la logique de la remise en cause du programme [d'assistance financière] en demandant son extension ». Le nouveau gouvernement grec ne demandera donc pas une extension du programme d'assistance financière, qui expire le 28 février. Les deux parties décideront de la suite avant cette date butoir, a dit M. Dijsselbloem, qui a néanmoins qualifié les discussions de « constructives ».La Grèce attend encore le versement de 7,2 milliards d'euros, l'ultime tranche des programmes d'assistance d'un montant total de 240 milliards négociés depuis la crise de 2009. M. Varoufakis n'a pas précisé comment la Grèce, qui devra rembourser quelque 10 milliards d'euros d'obligations arrivant à échéance cet été, ferait sans nouvel accord.Lire l'entretien avec Georges Katrougalos, nouveau ministre grec de la réforme administrative : Grèce : « Nous, nous ne reconnaissons ni le mémorandum ni la troïka »ALEXIS TSIPRAS À PARIS LE 4 FÉVRIERDepuis Berlin, le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, avait déjà mis en garde Athènes contre toute tentative de pression au sujet de la restructuration de sa dette :« Sur ce point, il n'y a pas grand-chose à débattre avec nous ; en outre, c'est difficile de nous faire chanter. »Si les décisions prises sont respectées, en revanche, « nous sommes prêts à toute collaboration et à être solidaires. Mais seulement dans ce cadre-là et dans aucun autre », a bien insisté le ministre allemand.Le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel tenteront vendredi soir, lors d'un dîner informel à Strasbourg organisé par le président du Parlement européen Martin Schulz, de trouver une position commune sur la Grèce.La semaine prochaine s'annonce chargée pour Alexis Tsipras, qui se rendra à Rome le 3 février, avant de rejoindre Paris le 4, pour rencontrer Mateo Renzi et François Hollande. Il est aussi attendu à Bruxelles pour rencontrer le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Et remettre sur la table les questions brûlantes qui ont été sans cesse évoquées cette semaine.Voir aussi notre décryptage : Syriza : quelle marge de manœuvre pour Alexis Tsipras ?lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2fms7y"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2fms7y", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant) Les pourparlers de Moscou, entre une partie de l’opposition syrienne et des émissaires de Damas, se sont achevés, jeudi 29 février, sans le moindre résultat concret, sinon un engagement à se revoir à une date ultérieure. Ces premières rencontres entre pro et anti-Assad depuis l’échec de la conférence de « Genève 2 », en février 2014, ont mis face à face une trentaine d’opposants « de l’intérieur », tolérés par le régime, notamment des membres du Comité de coordination nationale des forces de changement démocratique (CCNCD) et une délégation gouvernementale, conduite par Bachar Ja’afari, l’ambassadeur syrien à l’ONU.A court d’idées après quatre ans de guerre et plus de 200 000 morts, les puissances occidentales s’étaient abstenus de critiquer l’initiative de Moscou, Washington allant même jusqu’à exprimer son soutien officiel. Mais les discussions, organisées sur deux jours, dans une résidence du ministère des affaires étrangères russe, n’ont pas dépassé le stade de l’échange de vues, souvent crispé. « Bachar Ja’afari s’est bagarré avec tout le monde, affirme Samir Aita, membre du Forum démocratique syrien, un petit mouvement de gauche. Il ne nous a strictement rien donné, zéro, même sur le volet humanitaire. Au lieu d’être pragmatique, il nous a fait des leçons de morale. »« Sous un portrait de Bachar Al-Assad »La principale composante de l’opposition, la Coalition nationale syrienne (CNS), qui à l’inverse de son homologue « de l’intérieur » soutient la lutte armée, avait choisi de boycotter la réunion au motif que la Russie, alliée indéfectible du régime, ne peut faire office de médiateur. Le cheikh Mo’az Al-Khatib, un ancien président de la CNS, qui jouit d’un grand prestige dans les milieux anti-Assad, avait lui aussi renoncé à faire le voyage de Moscou en raison du refus du régime de libérer au préalable des femmes et des enfants incarcérés dans ses geôles.Beaucoup de pseudo-opposants, chefs des formations confidentielles créées après l’instauration en 2011 d’un multipartisme de façade, ont honoré en revanche la convocation russe. « Ce sont des gens qui tiennent leur congrès sous un portrait de Bachar Al-Assad, ironise Haytham Manna, le représentant à Paris du CCNCD. Dès le début des discussions, ils ont menacé de se retirer si la question du sort de Bachar était soulevée. »M. Ja’afari a qualifié les débats de « positifs », assurant qu’il n’y avait « pas de résultats parce qu’il s’agissait d’une première rencontre, d’une rencontre consultative ». Le diplomate syrien a toutefois critiqué l’attitude des opposants, déplorant que « ce que certains pouvaient accepter était rejeté par les autres ». A défaut de s’accorder sur le texte en dix points, très général, avancé par Vitaly Naumkine, l’universitaire russe chargé de modérer les discussions, les participants sont convenus de se retrouver dans le futur, à une date non spécifiée. « L’acte II de Moscou ne sera pas meilleur que l’acte I, prévient Haytham Manna. La France et les Etats-Unis ne doivent pas abandonner le terrain à la Russie. Il faut redonner espoir au peuple syrien. »Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)Correspondant au Proche-OrientSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martin Untersinger (Bletchley, envoyé spécial)Lorsqu'on arrive au petit matin près du manoir de Bletchley Park (Angleterre), occupé un temps par le mathématicien Alan Turing, il ne reste aucune trace de Benedict Cumberbatch et du tournage du film Imitiation Game. En revanche, on croise beaucoup de personnes âgées venues visiter ce qui est désormais un musée à la gloire des « casseurs de code », qui ont réussi à décrypter les communications allemandes pendant la seconde guerre mondiale. Au-delà de la sortie d'un film consacré au sujet, la fréquentation du lieu tient au nouveau statut d'Alan Turing, désormais considéré comme un inventeur génial de l'ordinateur moderne, après les excuses officielles du gouvernement, en 2009, et du pardon royal accordé en 2013 – Turing avait été condamné à un traitement hormonal en 1952 en raison de son homosexualité.Lire : Alan Turing, l'interminable réhabilitation d'un génieEn passant de l'ombre à la lumière, Turing a emmené Bletchley Park dans son sillage. Au tout début de la seconde guerre mondiale, 56 brillants membres des meilleures universités du Royaume-Uni (mathématiciens, linguistes, etc.) avaient été dépêchés, à 80 kilomètres au nord de Londres dans ce manoir victorien au goût architectural douteux pour préparer l'affrontement avec l'Allemagne nazie. EnigmaLeur but : décrypter la machine utilisée par le IIIe Reich pour ses communications radio, un engin cryptographique sophistiqué baptisé Enigma. Cet appareil, qui ressemble à une grosse machine à écrire dans un étui en bois, comporte trois rotors dotés chacun de 26 circuits électriques, un pour chaque lettre de l'alphabet. A chaque pression sur une touche, un courant électrique parcourt les trois rotors et vient allumer une petite ampoule sur le dessus de la machine qui illumine une lettre, la « transcription » de celle qui vient d'être tapée. Au fil de la saisie du texte, les rotors pivotent à un rythme préétabli, de sorte qu'une même lettre tapée au début et à la fin d'un message ne sera pas traduite de la même manière.Lire : Aux origines de la machine de chiffrement EnigmaCelui qui reçoit, en morse, le message crypté n'a qu'à configurer la machine de la même manière que son correspondant et à taper le texte qu'il reçoit. En retour s'allument les lettres tapées à l'origine par l'émetteur du message. Le problème pour celui qui tente de décrypter le message est immense : les possibilités de positionnement initial des rotors sont extrêmement nombreuses.Les Britanniques et les Français la pensent inviolable, jusqu'à ce que trois mathématiciens polonais, à la veille de l'invasion de leur pays par la Wehrmacht, leur dévoilent une technique permettant, en exploitant plusieurs failles de la machine et les erreurs des Allemands, de briser le chiffrement d'une bonne partie des messages. Dans les mois qui précèdent le début de la guerre, les armées allemandes modifient certaines caractéristiques de leurs machines Enigma qui réduisent à néant les avancées des scientifiques polonais. Alors que la menace allemande se fait de plus en plus sentir, la tâche incombe donc aux « professeurs » de Bletchley Park de percer le secret d'Enigma.Les plus brillants cerveaux du paysIls y parviendront, en grande partie et au prix d'un effort colossal et d'avancées sans précédent dans l'histoire de l'informatique. Les seuls cerveaux réunis à Bletchley Park ne suffisent évidemment pas. Alan Turing s'emploiera donc à démultiplier le cerveau humain avec une machine.Poursuivant les travaux des Polonais, Alan Turing et les autres mathématiciens construisent donc un appareil destiné à passer en revue extrêmement rapidement les différents paramètres possibles d'Enigma. Son nom ? « La bombe ». Elle est pourtant plus proche du gros réfrigérateur que de l'explosif. Sur son flanc, des dizaines de bobines tournent sur elles-mêmes pour passer en revue les différents paramètres possibles d'Enigma.Lorsque la machine et son bruit semblable à plusieurs milliers d'aiguilles qui s'entrechoquent s'arrêtent, une opératrice – 75 % des Britanniques présents à Bletchley Park sont des femmes – note la combinaison possible et vérifie si elle permet de déchiffrer les messages du jour. Plusieurs exemplaires de cette « bombe », prototypes des ordinateurs modernes, fonctionneront simultanément à Bletchley Park.De la « bombe » au « Colosse »Plus tard pendant dans la guerre sera même construit à Bletchley Park le premier véritable ordinateur électronique moderne, Colossus. Il s'attaquera avec succès à Lorenz, l'appareil utilisé par Hitler pour communiquer avec ses plus proches généraux, pourtant plus robuste qu'Enigma. Grâce à ces machines révolutionnaires pour l'époque, les Britanniques ont collecté de précieuses informations sur la stratégie et les mouvements des nazis. Les historiens estiment qu'ils ont largement contribué à accélérer la victoire des Alliés et sauvé des millions de vies. Jusqu'à une date relativement récente, cet épisode, pourtant l'un principaux actes de naissance de l'informatique et une des clés de la seconde guerre mondiale, était totalement inconnu. Lorsqu'on en demande la raison au docteur Joel Greenberg, mathématicien et historien de Bletchley Park, la réponse fuse : « le secret ! »L'effort entrepris par les mathématiciens de Bletchley était tellement crucial que ce qui s'y passait n'était connu que d'une petite poignée de très hauts responsables britanniques. Tous les renseignements issus des « codebreakers » étaient frappés du sceau « ultra », plus confidentiel encore que « top secret », un niveau de protection créé spécialement pour Bletchley. Tous ceux qui y travaillaient, y compris les responsables de la cantine, étaient soumis à l'Official Secret Act, un texte drastique qui leur interdisait toute allusion à leur activité, et ce, en théorie, jusqu'à leur mort. Le secret était tel que les 8 500 personnes qui y travaillaient au plus fort de la mobilisation ne savaient pas exactement ce que faisaient leurs collègues. Même les plus proches parents des mathématiciens impliqués ne savaient rien, pour certains jusqu'à leur lit de mort. Et pour cause : il fallait à tout prix que les Allemands ignorent l'existence et les succès de Bletchley Park. Pour ce faire, les Britanniques se sont même efforcés de faire croire que les informations cruciales obtenues via leurs casseurs de codes leur parvenaient par des moyens plus traditionnels, quitte à inventer, dans des messages destinés à tromper les Allemands, de faux réseaux d'espions dans toute l'Europe. Plus tard, avec la guerre froide, c'est la crainte des espions soviétiques qui a contribué à garder le silence sur les activités du manoir – dont l'existence et les premiers succès étaient pourtant connus de Staline.Ce secret n'a pas empêché les connaissances acquises à Bletchley Park de se diffuser après-guerre. Les Britanniques ont partagé avec les Américains le design des « bombes » et de « Colossus », ce qui leur a permis d'améliorer considérablement ce dernier. A la fin de la guerre, les mathématiciens sont retournés dans leurs universités et, pour certains, ont continué leurs travaux, sans pouvoir dire où et pourquoi ils avaient tant progressé.Le secret s'effrite un peu en 1974 avec la parution de l'ouvrage de Frederick William Winterbotham, The Ultra Secret, levant quelque peu le voile sur les activités de Bletchley Park. Mais jusqu'à 1982 et la parution de The Hut Six Story, de Gordon Welchman – un mathématicien qui a joué, aux côtés de Turing, un rôle majeur dans le décryptage des codes Allemands –, les informations concernant Bletchley Park sont généralistes et fragmentaires, explique M. Greenberg.De l'ombre à la lumièreL'obscurité qui recouvre cette période de l'histoire britannique s'est donc dissipée peu à peu. Ces dernières années, c'est même une pleine lumière qui se déverse sur le manoir victorien. Bletchley Park attirait en 2006 moins de 50 000 personnes par an. En 2014, ils ont été cinq fois plus nombreux à venir visiter les installations réhabilitées telles qu'elles existaient au tournant de l'année 1941. Le temps a passé depuis qu'en 1991, des historiens locaux ont réinvesti les lieux, quasiment délabrés et jusqu'ici vaguement utilisés par le gouvernement. Ce n'est même qu'au mois de mai, à l'issue d'un chantier de rénovation à 8 millions de livres, que le musée s'est doté d'un visage moderne. Créé en 1994, il vivait jusqu'alors de manière « précaire », concède-t-on aujourd'hui. Le retour en grâce, largement justifié, d'Alan Turing n'est pas étranger à son succès. « En décembre, le mois de la sortie de The Imitation Game au Royaume-Uni, le nombre de visiteurs a énormément augmenté », explique Iain Standen, le PDG de Bletchley Trust, l'organisation à but non lucratif qui gère le site.De quoi se féliciter et se rassurer quant à la pérennité des installations, financées notamment par Google, British Aerospace, le fabricant d'antivirus McAfee ou la loterie britannique. Mais les dirigeants du musée ne veulent pas trop dépendre de l'aura, forcément périssable, d'Alan Turing. « Nous rappelons volontiers qu'Alan Turing n'était qu'une personne sur près de 10 000 et que Bletchley Park ne représente qu'une partie d'un individu aux multiples facettes, explique encore M. Standen. C'était un travail de groupe ». Il s'agit donc de « raconter les histoires des autres héros méconnus » qui ont accompagné celui qu'on présente un peu vite comme le seul inventeur de l'ordinateur moderne. Difficile de lui donner tort : qui connaît Dilly Knox, John Jeffreys, Peter Twinn ou encore Gordon Welchman, qui ont pourtant été aussi importants dans les progrès réalisés à Bletchley que Turing lui-même ?Les pionniers de l'analyse des métadonnéesSi Alan Turing était responsable du décryptage des messages interceptés de la marine allemande, Bletchley Park ne se limitait pas à cette seule activité, abonde M. Greenberg. Ce dernier explique ainsi que les ingénieurs de Bletchley Park sont des pionniers de l'analyse de trafic. « Pour moi, c'est encore plus important que les avancées en matière de cryptographie », avance l'historien. Chaque utilisateur allemand d'Enigma disposait d'identifiants uniques. Les analystes de Bletchley se sont organisés de manière à pouvoir suivre précisément quel responsable parlait à qui, quand et où. Une excellente manière de surveiller l'armée allemande. « Cela ressemble beaucoup aux métadonnées d'aujourd'hui », explique M. Greenberg.Autre innovation développée à Bletchley : le stockage de données. A l'aide de petites fiches perforées traitées par des machines automatisées, qui servaient à organiser les informations recueillies dans les messages allemands décryptés, les experts de Bletchley ont pu faire des rapprochements inédits. Ainsi, au cours de la guerre, ils ont décodé un message allemand indiquant qu'un gradé de la Wehrmacht allait se rendre dans une ville du sud de l'Italie. Isolée, cette information ne vaut rien. Mais grâce à leur ingénieux système, ils retrouvent un ancien message, datant de plusieurs mois, qui leur permet de découvrir que ce gradé était en réalité responsable de l'établissement de bases aériennes allemandes. Et que les Allemands s'apprêtent donc à en installer dans le sud de l'Italie.Bletchley avait donc abouti à construire l'équivalent – très spécialisé – d'un véritable moteur de recherche...Lire aussi la critique : « The Imitation Game » : Alan Turing, génie tragique //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444463', 25258, '', 'parallax', 'desktop']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Martin Untersinger (Bletchley, envoyé spécial)JournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.01.2015 à 11h48 • Mis à jour le30.01.2015 à 15h17 Le gouvernement russe a annoncé, vendredi 30 janvier, avoir confié la construction du pont reliant la Russie à la Crimée, annexée par Moscou, à la société du milliardaire Arkadi Rotenberg, un proche du président Vladimir Poutine.Voir notre visuel interactif : Crimée : portrait d'une nouvelle région russeSelon un décret publié sur le site du gouvernement, Stroïgazmontaj devra livrer le pont routier et ferroviaire avant décembre 2018, pour un coût plafonné à 228,3 milliards de roubles (2,9 milliards d'euros). La traversée du détroit de Kertch, un bras de mer de 4,5 km au plus étroit entre mer d'Azov et mer Noire, à l'est de la Crimée, est le seul moyen, hors avion, de rejoindre la péninsule depuis le territoire russe sans passer par l'Ukraine.SANCTIONNÉE PAR LES ÉTATS-UNIS ET L'UNION EUROPÉENNEArkadi Rotenberg, 63 ans, figure avec son frère Boris parmi les personnalités russes proches du pouvoir sanctionnées par les Etats-Unis et l'Union européenne. Le Trésor américain affirmait en mars dernier que les deux frères avaient « gagné des milliards de dollars en contrats pour Gazprom ou pour les Jeux olympiques d'hiver attribués par Poutine ».Lire aussi : Monnaie, énergie, infrastructures… les questions concrètes de l'annexion de la Crimée à la RussieLe magazine Forbes estime la fortune d'Arkadi Rotenberg à 4 milliards de dollars. La construction de ce projet très symbolique annoncé par Vladimir Poutine s'annonce compliquée en raison de son coût et de l'impossibilité de trouver des financements de banques occidentales. L'Etat devra donc le financer entièrement au moment où il cherche à réduire ses dépenses pour compenser la baisse des revenus pétroliers.La participation de sociétés de BTP, comme souvent pour les grands projets d'infrastructure en Russie, sera délicate et Stroïgazmontaj n'a jamais bâti de pont. M. Rotenberg a évoqué la participation possible de sociétés de BTP de Turquie ou de Corée du Sud.Lire aussi (édition abonnés) : La Crimée à l’heure de Moscoulmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x1iifsc"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x1iifsc", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le nouveau gouvernement grec d’Alexis Tsipras a annoncé, mercredi 28 janvier, sa volonté de stopper le processus de privatisation du port du Pirée et de DEI, la compagnie nationale d’électricité. Au-delà de ces deux entreprises, c’est l’ensemble du programme de privatisation, lancé en 2011 par les autorités grecques, qui est en réalité aujourd’hui sur le point de prendre fin.Cet arrêt du programme de privatisations « n’est pas une surprise », affirme Yannis Eftathopoulos, économiste et consultant spécialiste des entreprises de service public. M. Tsipras a, en effet, à maintes reprises déclaré durant la campagne électorale qu’il fermerait le Taiped, le fonds en charge de la valorisation des biens publics en Grèce.Au Pirée, les dockers se réjouissent, les Chinois défendent leurs droitsQuel était l’objectif du programme de privatisations ?Les privatisations s’inscrivaient dans le cadre des engagements pris par les pouvoirs publics grecs vis-à-vis de leurs bailleurs de fonds internationaux, réunis dans la Troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international)« L’objectif de cette campagne de privatisations était double : à la fois budgétaire, en faisant rentrer des liquidités dans les caisses de l’Etat grec, et structurel, avec l’idée que privatiser une entreprise renforce sa compétitivité et son efficacité », explique M. Eftathopoulos.Quel était le degré d’avancement des cessions ?Sur le catalogue du Taiped figurait des dizaines d’aéroports, de ports, de plages, d’hôtels mais aussi quelques grosses entreprises publiques comme celles de l’électricité, du gaz ou de l’eau.À ce jour, depuis 2011, des accords de vente ont été conclus à hauteur de 5 milliards d’euros, sur lesquels 3 milliards auraient déjà été récoltés par l’Etat grec, selon les chiffres du Taiped. On est ainsi très loin des premiers objectifs qui avaient été affichés : 50 milliards de recettes étaient escomptés. Ce chiffre avait depuis, il est vrai, été ramené à moins de 25 milliards d’euros d’ici à 2020.« Avec la crise, la valeur des actifs a chuté, ce qui a impacté les recettes. Mais il y a aussi eu pas mal de blocages juridiques et des résistances de la population, qui a, par exemple, réussi à faire annuler la privatisation de la compagnie des eaux », relève M. Eftathopoulos.Le gouvernement peut-il compenser cet arrêt des privatisations et comment ?« Tout l’enjeu pour ce gouvernement, s’il arrive à tenir sa décision de ne plus privatiser, sera d’arriver à moderniser et réformer les entreprises publiques vers plus de performances », relève M. Eftathopoulos. « En cela l’Europe pourrait apporter son aide », ajoute-t-il.Reste que le gouvernement grec n’a pas vraiment d’argent dans les caisses. Comment pourra-t-il soutenir ces investissements publics ? « On en revient à la question de la dette. C’est bien pour regagner de la marge budgétaire et une capacité d’action que le gouvernement Tsipras demande une renégociation de la charge de la dette », indique M. Eftathopoulos.Grèce : premiers petits tiraillements entre EuropéensAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.01.2015 à 20h34 • Mis à jour le30.01.2015 à 07h42 | Nathalie Guibert Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-54cb286286bfa'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 6\r\n \r\n \r\nUne c\u00e9r\u00e9monie d'hommage aux victimes fran\u00e7aises du crash du F-16 a eu lieu, jeudi 29 janvier, sur la base a\u00e9rienne de Los Llanos, au sud-est de l'Espagne, avant le rapatriement des corps. La veille, les militaires avaient rendu hommage aux deux pilotes grecs morts dans cet accident, et dont les corps ont aussi \u00e9t\u00e9 rapatri\u00e9s.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/JOSE JORDAN\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une c\u00e9r\u00e9monie d'hommage aux victimes fran\u00e7aises du crash du F-16 a eu lieu, jeudi 29 janvier, sur la base a\u00e9rienne de Los Llanos, au sud-est de l'Espagne, avant le rapatriement des corps. La veille, les militaires avaient rendu hommage aux deux pilotes grecs morts dans cet accident, et dont les corps ont aussi \u00e9t\u00e9 rapatri\u00e9s.","source":"AFP\/JOSE JORDAN","index":0,"position":1,"total_count":6,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/01\/29\/ceremonie-avant-le-rapatriement-des-corps-des-militaires-tues-dans-le-crash-du-f-16_4566565_3210.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 6\r\n \r\n \r\n_\r\nCr\u00e9dits : AFP\/JOSE JORDAN\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"_","source":"AFP\/JOSE JORDAN","index":1,"position":2,"total_count":6,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/01\/29\/ceremonie-avant-le-rapatriement-des-corps-des-militaires-tues-dans-le-crash-du-f-16_4566565_3210_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 6\r\n \r\n \r\n_\r\nCr\u00e9dits : AFP\/JOSE JORDAN\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"_","source":"AFP\/JOSE JORDAN","index":2,"position":3,"total_count":6,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/01\/29\/ceremonie-avant-le-rapatriement-des-corps-des-militaires-tues-dans-le-crash-du-f-16_4566565_3210_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 6\r\n \r\n \r\n_\r\nCr\u00e9dits : AFP\/JOSE JORDAN\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"_","source":"AFP\/JOSE JORDAN","index":3,"position":4,"total_count":6,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/01\/29\/ceremonie-avant-le-rapatriement-des-corps-des-militaires-tues-dans-le-crash-du-f-16_4566565_3210_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 6\r\n \r\n \r\n_\r\nCr\u00e9dits : AFP\/JOSEMA MORENO\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"_","source":"AFP\/JOSEMA MORENO","index":4,"position":5,"total_count":6,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/01\/29\/ceremonie-avant-le-rapatriement-des-corps-des-militaires-tues-dans-le-crash-du-f-16_4566565_3210_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 6\r\n \r\n \r\n_\r\nCr\u00e9dits : AFP\/JOSEMA MORENO\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"_","source":"AFP\/JOSEMA MORENO","index":5,"position":6,"total_count":6,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/01\/29\/ceremonie-avant-le-rapatriement-des-corps-des-militaires-tues-dans-le-crash-du-f-16_4566565_3210_5.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Le général Denis Mercier, chef d’état-major de l’armée de l’air, a détaillé jeudi 29 janvier à Paris le contexte et les circonstances de l’accident dramatique d’Albacete, qui a tué neuf aviateurs français et en a blessé grièvement cinq autres lundi au cours d’un entraînement entre alliés de l’Organisation du traité de l'Atlantique Nord.Quand l’accident a eu lieu cet après-midi-là, deux Mirage 2000-5 français venaient tout juste de décoller. « Les autres avions étaient sur le parking en train de mettre en route, alors que certains avions de la coalition du jour étaient en train de décoller eux-mêmes, avec une patrouille de quatre F16 grecs. Le dernier des appareils grecs, au décollage, a eu un problème qui a fait que son équipage a tenté de s’éjecter », a expliqué le général Mercier.« D'UN COUP, C'EST L'HORREUR »L’avion, qui a fortement dévié de sa trajectoire, « est venu percuter la ligne française et un peu la ligne italienne qui était à côté », provoquant la mort de neuf Français et blessant une dizaine de personne côté italien. Ce bilan est « très très lourd », a souligné le général, les traits marqués, en rendant hommage à ses personnels :« L’image qui me vient en tête, quand on commence à écouter les premiers témoignages, c’est ce film “Pearl Harbour” : les gens sont dans leurs occupations opérationnelles, en temps de paix, tout est calme, chacun à sa place au bon endroit, et d’un seul coup c’est l’horreur. »Le chef d’état-major a décrit des scènes terribles : « Des mécaniciens qui pensaient, alors que tout était en feu, à sauver les avions, à pousser les Rafale plus qu’à sauver leur propre vie. (...) Un pilote qui s’est précipité alors qu’un mécanicien était sous un avion, il fait partie de nos grands brûlés, mais il lui a sauvé la vie, il faudra aussi savoir récompenser ces actions-là. »LA SÉCURITÉ EST « ADAPTÉE »Le rapatriement des neuf corps a attendu l'accord des autorités espagnoles. Il était prévu pour jeudi soir, à Nancy. En ce qui concerne les blessés, trois étaient soignés au service des grands brûlés de Madrid. Deux ont été traités à Albacete, « victimes de beaucoup de fractures, des personnels qui ont été polycriblés par les débris sur F16 et des appareils sur lesquels il est tombé ».Un des grands brûlés, le plus atteint, se trouve toujours à Madrid et devrait être rapatrié au début de la semaine prochaine. Par ailleurs, depuis la catastrophe, des psychologues et des psychiatres du service de santé ont été dépêchés à Nancy et à Albacete : les militaires présents ont été extrêmement choqués.Toutefois, la sécurité de la base d'Albacete n’est selon le général Denis Mercier pas en cause : « Elle est parfaitement adaptée. Cet accident ne vient pas d’un problème de sécurité ou de l’organisation, il vient d’un problème de malchance totale, d’un avion qui dévie 40 à 45 degrés de sa trajectoire au décollage alors qu’il a une panne, ce qui est extrêmement rare, et vient taper sur une ligne d’avions alors qu’à quelques mètres près cela aurait pu être très différent. »« GARANTIE DE TRANSPARENCE »Le général Mercier a également précisé l’exercice qui avait lieu, le Tactical Leadership Program, qui concerne des équipages très expérimentés, dans le but de leur apprendre à travailler en coalition. Y ont participé cette fois deux Mirage 2000-D de la base de Nancy, deux Mirage 2000-5 de la base de Luxeuil, deux Alpha Jet venus de Cazaux et deux Rafale de Saint-Dizier.Au bout du compte, quatre appareils ont été détruits et deux Rafale endommagés. « A côté de ça, nous sommes des soldats, notre vie de soldats continue, a rappelé le chef d'état-major. Depuis l’accident, plus de vingt missions de combat ont été effectuées par des appareils français, tant au dessus de l’Irak qu’au Sahel. »Il a ajouté que la France participait aux deux enquêtes ouvertes en Espagne, l’enquête judiciaire, à laquelle travaillent des gendarmes, et à l’enquête technique, à laquelle participent des membres du bureau d’enquête accident défense. « Ce sera une enquête multinationale, les gens ont commencé à travailler ensemble », a précisé le général,  selon qui « nous avons des garanties de transparence ».Nathalie GuibertJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L’Allemand Martin Schulz, le président du Parlement européen, jeudi. Le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro), vendredi. Les Européens se pressent à Athènes pour rencontrer Alexis Tsipras, le leader du parti de la gauche radicale anti-austérité Syriza, depuis qu’il a été nommé premier ministre, lundi 26 janvier.Ces volontés d’ouverture sont largement partagées à Bruxelles, où l’on sait la nécessité de trouver une solution avec la Grèce, afin d’éviter un « Grexit », une sortie de la Grèce de la zone euro, dont personne ne veut. Mais une ligne de « fracture » commence à apparaître. Certains trouvent un peu précipitées les rencontres de ces dernières heures. D’autant qu’elles sont le fait de sociaux-démocrates.Dans le camp conservateur, on craint ainsi la formation d’un front social-démocrate qui pourrait, se montrer un peu trop accommodant avec Athènes. Alors que, pour l’instant, la ligne de négociation assumée des Européens est assez dure avec Athènes.Pas question de parler à ce stade d’effacement de la detteM. Schulz a fait le déplacement, non pour entamer de quelconques négociations concernant l’énorme dette grecque (320 milliards d’euros, 175 % du PIB), mais « pour renouer le dialogue, après les problèmes de communication pendant les élections parlementaires grecques » explique son entourage.Début décembre 2014, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, avait en effet affiché son soutien à Antonis Samaras, l’ex-premier ministre, avant de prudemment garder le silence quand la campagne électorale a vraiment démarré.« J’ai appris de notre conversation que les Grecs n’ont pas l’intention de prendre des décisions unilatérales sur leur dette, mais qu’ils veulent négocier de manière constructive avec leurs partenaires. Le gouvernement de M. Tsipras veut travailler dans un esprit de partenariat », a déclaré M. Schulz à Athènes, mercredi après-midi, à l’issue d’une conférence de presse.Le président du Parlement reste sur la ligne des Européens : pas question de parler à ce stade d’effacement de la dette grecque.Lire aussi : En Grèce, les premières mesures antiaustérité inquiètent l’UE et au-delàDijsselbloem « ne dispose d’aucun mandat »M. Dijsselbloem, appartenant lui aussi à la famille sociale-démocrate, devrait, pour sa part, probablement entrer davantage dans les détails des engagements réciproques de la Grèce et de ses bailleurs de fonds (Union européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne).Les Européens ont en effet besoin - en urgence - de savoir à quoi s’en tenir concernant le deuxième plan d’aide à la Grèce (130 milliards d’euros, accordés à partir de 2012).Celui-ci doit théoriquement se clore fin février 2015, avec le versement d’une dernière tranche de financements internationaux (environ 3,6 milliards de la part des Européens), en échange de réformes supplémentaires en Grèce.« Ce deuxième plan engage juridiquement la Commission européenne et l’Etat grec », assure t-on du côté de la Commission. Autrement dit : si les Grecs ne veulent pas le terminer « proprement », en faisant les réformes demandées, l’argent ne leur sera pas versé…Cependant, de source européenne, le président de l’Eurogroupe n’entamera formellement pas la discussion. « Il ne dispose d’aucun mandat. Il va à Athènes pour rencontre les membres du nouveau gouvernement, faire connaissance ».Jeudi, M. Dijsselbloem a indiqué que le nouveau gouvernement grec risque de compromettre les réformes et la reprise économique s’il s’en tient aux promesses faites pendant la campagne électorale. Il s’est dit prêt à écouter les propositions d’Athènes pour alléger le fardeau de la dette publique grecque mais il a ajouté : « Le plus important pour la Grèce, c’est qu’elle respecte simplement les accords qui nous lient les uns aux autres. »« Nous avons besoin d’apprendre à nous connaître »« Etablir le dialogue avec le nouveau gouvernement grec est une démarche positive, a estimé le président du PPE, le parti conservateur au Parlement européen, l’allemand Manfred Weber. Après tout le vacarme assez troublant produit par Syriza pendant la campagne des élections législatives en Grèce, nous avons besoin d’apprendre à nous connaître. »Toute en nuançant le défilé actuel : « Mais de là à ce que chaque jour, des responsables européens de premier plan se précipitent à Athènes moins d’une semaine après les élections pour rencontrer le nouveau premier ministre, ce n’était pas forcément indispensable. »« La première condition maintenant, c’est que le gouvernement Tsipras maintienne le cap des réformes et reconnaisse le fait que la Grèce doit tenir les promesses qu’elle a faites vis-à-vis des autres Etats membres de l’Union européenne », prévient-il.« La Commission observe le jeu des uns et des autres »D’abord boucler le deuxième plan d’aide, après négocier la dette proprement dite, c’est le scénario des Européens, mais certainement pas accepter un effacement, même partiel. M. Juncker l’a à nouveau répété clairement dans Le Figaro du 29 janvier : « il n’est pas question de supprimer la dette » d’Athènes même si « des arrangements sont possibles. »Pour l’instant, aucune date de rendez-vous entre MM. Tsipras et Juncker n’a été fixée. Le Luxembourgeois a invité officiellement le premier ministre grec, lors de sa nomination, mais il n’entend pas, lui, faire le déplacement à Athènes : il l’attend à Bruxelles. « La commission observe le jeu des uns et des autres, les colombes, les faucons, son rôle viendra le moment venu. C’est elle qui a l’initiative législative », rappelle une source européenne.Une manière de dire qu’elle compte bien rester dans le jeu, alors que deux commissaires, Pierre Moscovici et Valdis Dombrovskis, sont directement en charge du dossier grec, « en plus de Juncker qui le connaît par cœur », assure encore cette source.Lire nos explications : Les questions que vous vous posez après la victoire de Syriza en GrèceCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gaëlle Picut Les pays alliant des emplois de qualité à une protection sociale efficace et à un fort investissement dans le capital humain ont mieux résisté à la crise économique. C’est là une des principales conclusions du rapport 2014 de la Commission européenne publié fin décembre sur l’évolution de l’emploi et de la situation sociale en Europe, consacré aux séquelles de la récession.L’apprentissage tout au long de la vie a été mesuré en termes de taux de participation à la formation continue durant les quatre semaines précédent l’enquête réalisée des périodes différentes selon les pays.Ce taux a globalement augmenté par rapport aux périodes avant la récession, avec des taux plus élevés en 2013 qu’en 2008, en dehors d’une légère baisse en 2011. La place accordée à la formation continue est très variable selon les pays europée... Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le terminal container de l’Autorité du Port d’Athènes (OLP), l’entreprise publique en charge de l’exploitation commerciale d’une partie du port du Pirée, était désert jeudi 29 janvier dans la matinée. Pas un navire dans la rade. Pas un ouvrier sur les quais. Seul le personnel de direction vaque à ses occupations dans les bureaux.Cet air de désolation contraste avec la joie des quelque 1 100 employés du groupe, qui ont appris, la veille, l’arrêt du processus de privatisation de leur entreprise.« C’est une excellente nouvelle », se réjouit Konstantinos Georges Soros, secrétaire général du syndicat des dockers.« OLP doit rester sous contrôle de l’Etat et l’Etat doit investir afin d’augmenter notre capacité de traitement de containers, car, pour l’instant, nous n’avons qu’un tiers de la capacité de notre concurrent chinois d’à côté et nous devons rétablir l’équilibre pour mettre fin à la situation de monopole qui s’est installée », soutient le syndicaliste.« Nous avons signé un contrat avec l’Etat grec »Côté chinois, justement, sur les deux terminaux gérés par l’entreprise PCT (Piraeus Container Terminal), filiale du groupe chinois Cosco, c’est l’effervescence.Des dizaines de grues électroniques dernier cri, directement importées des usines chinoises, traitent, dans un ballet impressionnant, des centaines de containers.Mais le ministère chinois du commerce s’est dit, jeudi 29 janvier, « très préoccupé » par l’arrêt de la privatisation du port du Pirée.« Nous avons appris par des articles de presse que le nouveau gouvernement en Grèce a annoncé le 28 janvier mettre un terme à la privatisation du port du Pirée. Cela nous préoccupe beaucoup », a déclaré Shen Danyang, porte-parole du ministère chinois.« Nous comptons exhorter le gouvernement grec à protéger les droits et intérêts légaux des sociétés chinoises en Grèce, dont Cosco », a ajouté Danyang Shen lors d’un point presse à Pékin.Car, au-delà de mettre fin au projet de privatisation d’OLP, pour lequel Cosco avait montré son intérêt, le ministre grec adjoint à la marine, Theodore Dristas a aussi prévenu qu’il souhaitait réexaminer les conditions d’attribution de la gestion à Cosco des deux terminaux exploités depuis 2009 par l’entreprise.« Nous avons signé un contrat avec l’Etat grec pas avec un gouvernement précis et nous attendons de l’Etat grec qu’il honore ce contrat », déclare Tassos Vamvakidis, le responsable commercial de PCT.Fermeture du Fonds de valorisation des biens publicsL’annonce, au lendemain de la formation du nouveau gouvernement du leader de la gauche radicale, Alexis Tsipras, du gel de la privatisation de l’OLP a beau surprendre, elle s’inscrit en droite ligne des promesses effectuées tout au long de la campagne.M. Tsipras a notamment, à maintes reprises, répété qu’il fermerait le Taiped, le Fonds en charge de la valorisation des biens publics en Grèce.Sur le catalogue de ce dernier figure des dizaines d’aéroports, de ports, de plages, d’hôtels mais aussi quelques grosses entreprises publiques, comme celle de l’électricité, du gaz ou de l’eau.Une fois cet outil fermé, que deviendront tous ces biens ? Certains, comme des immeubles vides et inutilisés, mais propriété de l’Etat, sont aujourd’hui mis en vente et rapportent quelques liquidités via un système d’enchères électroniques.Que deviendra ce système ? Le gouvernement entend-il revenir sur d’autres privatisations, comme celle du vaste ancien aéroport d’Athènes, l’Hellenikon, cédé il y a quelques mois pour moins d’un milliard d’euros au groupe Lamda Dévelopment ?Beaucoup de questions mais peu de réponses aujourd’hui. Après les annonces tonitruantes de mercredi, le gouvernement n’a, pour l’instant, rien précisé de plus sinon qu’il souhaitait d’une manière générale mettre fin à la privatisation des structures qui pourraient s’avérer utiles à la relance de la croissance, une fois la Grèce sortie de la crise.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Claire Guélaud Un gouvernement qui, pour sa première réunion le 27 janvier, défend des mesures d’austérité et argumente que celles-ci sont nécessaires à la relance de l’activité économique. Une banque centrale qui, une semaine plus tôt, relève ses taux directeurs - donc le coût du crédit - en indiquant qu’il s’agit de freiner l’envolée des prix, mais au risque de freiner dans l'immédiat la reprise de l'investissement et donc de l’activité... En ce début d’année, les signaux envoyés par le Brésil peuvent apparaître un peu contradictoires. Et suscitent des interrogations sur la capacité du pays à retrouver rapidement le chemin de la croissance.Excès de pessimisme ou lucidité ? Les marchés, eux en tout cas, continuent de douter de la capacité du Brésil à renouer en 2015 avec une hausse de son produit intérieur brut (PIB), après une année 2014 marquée par une légère récession. Ils n’excluent pas que la première économie latino-américaine, en difficulté depuis 2011, connaisse une deuxième année consécutive de stagnation.Dans l’enquête hebdomadaire Focus, réalisée par la Banque centrale brésilienne auprès d’une centaine d’institutions financières, la prévision de croissance du PIB a été révisée à la baisse, lundi 26 janvier, de 0,38 % à 0,13 %, et celle d’inflation revue en hausse, de 6,67 % à 6,99 % très loin de l’objectif officiel de 4,5 % par an (avec une bande de fluctuation de 2 points).Le « choc de crédibilité » peine à convaincre Un peu plus de deux mois après la constitution par la présidente Dilma Rousseff, réélue le 26 octobre et en fonction depuis le 1er janvier, d’une équipe économique taillée pour l’austérité, les premières mesures prises par le ministre des finances, Joaquim Levy, pour tailler dans les dépenses et enrayer la dérive des comptes publics n’ont pas encore totalement convaincu.À peine nommé, M. Levy a annoncé son intention de porter l’excédent budgétaire primaire - celui qui permet de stabiliser la dette - de 0,6 % en 2014 à 1,2 % en 2015 et à plus de 2 % en 2016.Il s’emploie ainsi à restaurer la confiance des investisseurs et à éviter une dégradation de la note souveraine brésilienne, après une « piteuse » année 2014 sur fond de croissance zéro, d’inflation élevée et de creusement des déficits extérieurs, résume Jean-Louis Martin du Crédit agricole.Pour redresser les finances publiques, M. Levy, ancien haut fonctionnaire passé par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque interaméricaine de développement, a commencé à tailler dans les dépenses.Le Brésil prend le virage de l’austéritéM. Levy a réduit certains des avantages dont bénéficiaient les fonctionnaires retraités et leurs ayants droit, durci les conditions d’indemnisation du chômage, mis fin aux subventions accordées aux entreprises d’électricité et réduit les subventions implicites dont bénéficiaient les entreprises empruntant à la BNDES, la banque de développement.De nouvelles coupes budgétaires et de nouvelles hausses d’impôt, après celles annoncées en décembre, sont à prévoir.Issue, comme l’ancien président Lula, de la gauche et, plus précisément, du Parti des travailleurs, Mme Rousseff a défendu, mardi 27 janvier, lors de la première réunion de son gouvernement l’inflexion de la politique économique brésilienne qui est critiquée par une partie de sa majorité.« Les ajustements sont nécessaires pour maintenir le cap, tout en préservant les priorités sociales et économiques », a fait valoir la présidente non sans préciser que « des comptes publics en ordre sont nécessaires pour le contrôle de l’inflation, la croissance économique et la garantie durable de l’emploi et des revenus. » Les marchés ont salué à leur manière ce changement de cap. « Le real, qui s’était beaucoup déprécié mais reste surévalué, est un peu remonté ces dernières semaines », analyse M. Martin (Crédit agricole). Lire également : Au Brésil, le bilan économique de Dilma Rousseff résumé en 3 graphiquesLe difficile pas de deux entre limiter l’inflation et relancer l’investissement Parallèlement, l’arme monétaire a été utilisée pour essayer de contenir l’inflation. Mercredi 21 janvier, pour la troisième fois depuis le mois d’octobre 2014, la Banque centrale du Brésil a relevé le taux du Selic.Cette dernière augmentation, de 50 points de base, l’a porté à 12,25 %. Une quatrième hausse de même importance est attendue en février.Mais les pressions inflationnistes restent fortes, la Banque centrale elle-même prévoyant une augmentation de 9,3 % des prix administrés en 2015, qui tirera l’indice des prix vers le haut.On voit mal dans ces conditions comment le gouvernement pourrait tenir son objectif de ramener l’inflation de 6,41 % en 2014 à 4,5 % par an. Or, l’inflation élevée pèse sur le pouvoir d’achat des ménages et sur leur consommation. Donc sur la croissance.Dans un pays qui souffre d’une insuffisance chronique d’investissement, la hausse répétée du taux directeur de référence peut par ailleurs avoir des conséquences fâcheuses.Dans un article sur l’économie brésilienne intitulé « Le patient brésilien », Sylvain Bellefontaine, économiste de BNP Paribas, a observé, en décembre 2014, que l’investissement était reparti au troisième trimestre 2014 (+ 0,9 %) après quatre trimestres consécutifs de repli.La hausse du Selic pourrait freiner cette reprise et compliquer le redémarrage du pays.Des obstacles structurels qui demeurent La magie des années 1990 (+ 1,9 % de croissance par an en moyenne) et des années 2000 (+ 3,4 %) n’opère plus, qui permit au Brésil d’augmenter de 60 % son PIB par habitant (12 200 dollars en 2013), de réduire les inégalités et de développer une classe moyenne de quelque 100 millions de personnes.Le géant latino-américain a bien résisté à la dernière crise : le PIB ne s’est contracté que de 0,3 % en 2009 et il est reparti très fort en 2010 (+ 7, 5 %). Mais, depuis 2011, ses performances décevantes inquiètent.Faiblesse de l’investissement productif, perte de compétitivité de l’industrie (les coûts salariaux s’envolent notamment pour les personnels qualifiés), infrastructures en piteux état, lourdeur de la bureaucratie, climat des affaires terni par des scandales de corruption, au premier rang desquels celui de Pétrobras : les économistes pointent tous les mêmes obstacles structurels à la croissance.Carlos Quenan, économiste et professeur à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine (IHEAL) n’exclut pas qu’en raison de ces difficultés et pour cause d’impact récessif des coupes dans les dépenses publiques, le pays puisse retomber en récession.Même si ce n’est pas le cas, le Brésil va devoir engager des réformes structurelles sans croissance et sans pouvoir compter sur un environnement international porteur.À la fin des années 1990, déjà, le pays avait connu une crise de change et quatre années difficiles sur le plan économique avant de réussir à repartir d’un bon pied.Mais l’environnement international était alors plutôt bon, alors que le ralentissement chinois, la fin du super-cycle des matières premières et le ralentissement du commerce mondial constituent aujourd’hui un handicap supplémentaire pour l’économie brésilienne.Dans de telles conditions, le second mandat de Dilma Rousseff s’annonce redoutable sur le plan économique et social.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.01.2015 à 12h24 • Mis à jour le29.01.2015 à 17h53 L'essentielUn F-16 s'est écrasé lundi au centre de formation de pilotes d'élite de l'OTAN. Onze personnes ont été tuées, dont neuf militaires français, et vingt ont été blessées.Le parquet de Paris a ouvert une enquête sur les causes de l'accident.L'hommage national aux soldats français tués aura lieu le 3 février. L'avion de chasse grec F-16 qui s'est écrasé lundi 26 janvier sur la base espagnole d'Albacete, faisant onze morts, dont neuf militaires français, a eu une panne au décollage, et les deux pilotes ont tenté de s'éjecter, a rapporté, le ministère de la défense. « Ce qu'on sait, c'est que l'équipage du F-16, assez rapidement, pratiquement après le décollage, a essayé de s'éjecter. Donc cela confirme bien cette panne », a déclaré le chef d'état-major de l'armée de l'air, le général Denis Mercier, sans pouvoir se prononcer sur la nature de la panne. Il s'agit du plus grave accident aérien subi par les troupes de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) et par l'armée française dans le cadre d'un entraînement.L'hommage national aux soldats français tués aura lieu à Paris mardi 3 février, à 10 heures, aux Invalides. Un autre hommage leur sera rendu lundi sur la base aérienne 133 de Nancy-Ochey (en Meurthe-et-Moselle), dont la plupart étaient originaires.OUVERTURE D'UNE ENQUÊTE EN FRANCELe parquet de Paris a ouvert une enquête sur les causes de l'accident, car, même si les faits ont eu lieu à l'étranger, l'ouverture d'une enquête en France est une procédure classique lorsque des nationaux figurent parmi les victimes.Des officiers de police judiciaire de la section de recherches de la gendarmerie de l'air et des militaires de l'institut de recherche criminelle de la gendarmerie se sont ainsi rendus sur place, mardi, dans le cadre d'une demande d'entraide pénale internationale transmise aux autorités judiciaires espagnoles. Côté espagnol, une enquête a également été ouverte et confiée à un juge de Valence avec la garde civile. Une commission d'enquête technique est aussi à l'œuvre.NOMBREUSES PERSONNES DÉPLOYÉES AU SOLL'accident s'est produit vers 15 heures lundi, lors d'un entraînement sur la base aérienne de Los Llanos, dans la province d'Albacete, située à environ 250 kilomètres au sud-est de Madrid.Au moment du décollage, le F-16 a perdu de sa puissance et s'est écrasé sur le tarmac, heurtant cinq appareils qui s'y trouvaient, dont deux Alpha Jet et deux Mirage 2000-D, alors que de nombreuses personnes étaient déployées au sol. Les pompiers ont mis une heure à éteindre l'incendie causé par le crash.Lire (édition abonnés) : En Espagne, le plus grave accident aérien de l’OTAN Romain Geoffroy Invité sur France Info mercredi 28 janvier, Pierre Moscovici, récemment nommé commissaire européen aux affaires économiques et financières, a montré une certaine gêne au moment où sa rémunération a été abordée. Quand le chroniqueur Guy Birenbaum évoque sa «  très confortable indemnité de commissaire européen, pas loin de 24 000 euros mensuels », M. Moscovici botte en touche :Ce qu'il a dit :« Je paye des impôts et beaucoup d'impôts. Je ne m'en plains pas. J'ai un travail, un bon salaire, mais pas celui que vous dites. (...) Vous êtes franchement dans une exagération, je pourrai vous donner ma feuille de paye, elle est déjà très confortable. »Pourquoi ne rien dire est inutileCes données sont pourtant publiques. Sur le site de la Commission européenne, un document détaille l'ensemble des rémunérations auxquelles un commissaire peut prétendre.20 832,54C'est, en euros, le salaire mensuel brut de base d'un commissaire européen. Il est fixé à cette somme depuis le 1er juillet 2012. Un montant qui monte à 23 147,27 euros pour les vice-présidents de l'organe exécutif de l'Union européenne (UE) et à 24 073,15 euros pour le poste de haut représentant, tandis que le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, dispose d'un salaire de 25 554,58 euros. C'est largement plus que François Hollande, qui gagne environ 15 000 euros mensuels (il a diminué cette rémunération de 30 %, son prédécesseur émargeait à 21 300 euros).Ce salaire est, comme le rappelle le commissaire européen français, sujet à un impôt communautaire. Exonérées de l'impôt sur le revenu national, les rémunérations versées par la Commission aux fonctionnaires européens sont en effet imposées à la source. L'impôt communautaire est directement reversé au budget de l'UE. Le prélèvement est appliqué selon une règle de progressivité qui s'étend sur 14 tranches allant de 8 à 45 %. Un « prélèvement de solidarité » de 7 % du salaire est également appliqué depuis 2014.Lire aussi : Les traitements et indemnités des commissaires de l'Union européenne suscitent la polémique3 124,9Contraint de résider à Bruxelles, où se trouve le siège de la Commission européenne, Pierre Moscovici touche également chaque mois une allocation de résidence correspondant à 15 % de son salaire, soit 3 124,9 euros.607,71La nature des tâches confiées appelant les commissaires « à engager régulièrement des frais de représentation », Bruxelles verse tous les mois une indemnité forfaitaire de fonction de plus de 600 euros.Au total, M. Moscovici perçoit donc une rémunération mensuelle brute de 24 565,15 euros. En évoquant une indemnité de près de 24 000 euros mercredi matin, le chroniqueur de France Info avait donc visé juste, quoiqu'en dise l'ancien ministre socialiste.Lire le portrait (édition abonnés) : « Mosco », le BruxelloisIndemnités exceptionnellesA ce total, on peut ajouter les remboursements des frais de déplacement vers Bruxelles et quelques indemnités exceptionnelles dont peut bénéficier chaque commissaire.Au moment de l'installation dans la capitale belge, qui fait suite à la nomination en tant que commissaire, une indemnité de deux mois de salaire de base est versée, soit 41 665 euros.Quand le mandat d'un commissaire européen prend fin, celui-ci touche une indemnité de réinstallation correspondant à un mois de salaire (soit 20 832 euros) et se voit rembourser l'intégralité de ses frais de déménagement et de voyage.Il touche également pendant les trois ans qui suivent la fin de son mandat une indemnité de transition mensuelle allant de 40 % à 65 % du salaire de base selon la durée de sa fonction (de 8 332 à 13 540 euros). La Commission précise que l'indemnité de transition est cependant plafonnée : « Si l'ancien commissaire exerce une nouvelle activité, sa rémunération ne doit pas dépasser, y compris cette indemnité, celle qu'il percevait en tant que membre de la Commission.  »Lire aussi : L'UE veut durcir les règles de reconversion des commissaires européensRetraite potentielle de 4 450 eurosA partir de 65 ans, les anciens commissaires bénéficient d'une retraite calculée sur la base de 4,275 % du salaire de base pour chaque année exercée en tant que commissaire. Si M. Moscovici, 57 ans, se contente de son mandat de cinq ans pour sa carrière européenne, il pourrait donc toucher une pension de retraite mensuelle de 4 452,84 euros.Romain GeoffroyJournaliste au Monde Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) En Allemagne, l’heure est à un relatif optimisme en ce qui concerne l’évolution de l’économie. Après une année 2014, qui a vu le produit intérieur brut (PIB) progresser de 1,5 %, soit davantage que ce qui était prévu à l’automne, le gouvernement allemand a officiellement porté, mercredi 28 janvier, ses prévisions de croissance pour 2015 de 1,3 % à 1,5 %.En conséquence, Berlin escompte la création de 170 000 emplois supplémentaires, ce qui porterait le nombre d’actifs à 42,8 millions, un record.Le taux de chômage, actuellement de 6,7 %, devrait légèrement reculer à 6,6 %. En 2014, l’emploi avait cru pour la huitième année consécutive. Le nombre d’actifs a augmenté de 371 000 et il atteint désormais 42,7 millions.La croissance allemande est plus vigoureuse que prévuLes ménages consommentSelon le ministre de l’économie, Sigmar Gabriel (par ailleurs président du parti social-démocrate, SPD), ce sont les dépenses de consommation privée qui devraient tirer la croissance.Celea tiendra notamment, selon lui, à la création au 1er janvier 2015 d’un salaire minimum, au coup de pouce donné en 2014 aux retraites et à la baisse des prix du pétrole.Par ailleurs les exportations devraient bénéficier d’un euro faible et croître de 3,6 % en 2015.Bien que social-démocrate, Sigmar Gabriel s’est félicité de l’équilibre budgétaire qui devrait à nouveau être atteint en 2015, comme en 2014 et qui est, selon lui, l’une des raisons de l’état « relativement robuste de l’économie allemande ».Pour 2016, M. Gabriel se veut prudemment optimiste et ne fait pas de prévisions. Il rappelle qu’en début d’année 2014, le gouvernement et la plupart des experts prévoyaient une croissance de 1,8 %.Mais après un début d’année en fanfare, l’économie allemande avait stagné durant quasiment un semestre.Le patronat réclame des investissementsEn 2015, l’année commence, en tout cas, sous de bons auspices. Mercredi, le baromètre GfK, qui mesure les attentes des consommateurs, s’affiche à 9 points en janvier, sa deuxième hausse consécutive.L’institut mise sur une nouvelle hausse du baromètre en février, à 9,3 points. Le moral des ménages serait ainsi à son plus haut depuis treize ans, souligne GfK.De son côté, l’indice Ifo du climat des affaires, publié lundi 26 janvier, a atteint son plus haut niveau ces six derniers mois. L’indicateur s’est établi à 106,7 points ce mois-ci, contre 105,5 points en décembre.« L’économie allemande démarre bien l’année », a commenté Hans-Werner Sinn, président de l’institut Ifo, peu connu pour son optimisme.Réagissant aux prévisions du gouvernement, le patronat (BDI) a jugé, mercredi, que la situation était effectivement favorable, grâce notamment à la baisse du prix du pétrole.Mais le patronat juge que « le gouvernement doit plus investir ». Alors que le SPD vante l’équilibre budgétaire, c’est le patronat qui regrette que « les moyens consacrés aux investissements publics restent plutôt limités ».Accueil mitigé aux 10 milliards d’euros d’investissement consentis par l’AllemagneFrédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.01.2015 à 15h04 • Mis à jour le 28.01.2015 à 15h37Abonnez-vousà partir de 1 €data-url="http://campus.lemonde.fr/moocs-docs/article/2015/01/28/liberation-d-auschwitz-des-expositions-et-des-documents-web-pour-comprendre_4564576_4401467.html"data-title="Libération d'Auschwitz : des expositions et des documents Web pour comprendre"data-picture="http://s2.lemde.fr/image/2015/01/27/400x300/4564607_7_c12f_photos-issues-du-webdocumentaire-les-deux_8cb9f67f83d83af120b7a8416de7ea82.png" Partager data-href="http://campus.lemonde.fr/moocs-docs/article/2015/01/28/liberation-d-auschwitz-des-expositions-et-des-documents-web-pour-comprendre_4564576_4401467.html" data-layout="standard" data-action="recommend" data-show-faces="false" A l'occasion des soixante-dix ans de la libération d'Auschwitz, en Pologne, le 27 janvier 1945, différentes institutions reviennent sur l'histoire des camps d'extermination nazis, et plus particulièrement sur celle d'Auschwitz. Tour d'horizon de ces ressources en ligne et des expositions spécialement organisées.SUR INTERNET...Webdocumentaire Les Deux Albums d'AuschwitzLa Fondation pour la mémoire de la Shoah et le réseau Canopé ont réalisé un webdocumentaire, Les Deux Albums d'Auschwitz, mis en ligne mardi 27 janvier. Il s'appuie sur deux albums photos de l'époque, l'un découvert en 1945 par une rescapée, Lili Jacob, l'autre transmis des années plus tard par un soldat américain anonyme, qui racontent une même histoire, « celle d'Auschwitz-Birkenau, de ses victimes, de ses bourreaux, au plus proche du processus génocidaire », indique l'introduction. Chacun peut y découvrir, de manière immersive, plus de cent photographies, une centaine d'articles historiques, deux heures de vidéos, des cartes interactives et des fiches chronologiques.Consulter : Les Deux Albums d'AuschwitzLes archives vidéos de l'INAA travers une sélection de neuf vidéos, l'INA revient sur l'époque comme sur la mémoire de la Shoah jusqu'à aujourd'hui : un film tourné par des soldats soviétiques lors de la libération d'Auschwitz, les témoignages d'anciens combattants de l'Armée rouge et de victimes, ou, plus contemporains, un discours du président français Jacques Chirac à Auschwitz ou le 60e anniversaire de la libération du camp, avec Simone Veil.>> Consulter : les vidéos d'archives de l'INA« Un cours d'histoire », des lycéens à AuschwitzLe mois dernier, 140 lycéens et apprentis d'Ile-de-France se sont rendus pour une journée à Auschwitz, au côté d'Yvette Lévy, une ancienne déportée. En quatre épisodes vidéos, Un cours d'histoire revient sur la préparation en classe de cette journée, sur la visite de ces élèves au mémorial de la Shoah à Paris, et enfin sur leur voyage. Une série dévoilée au fur et à mesure, du 26 au 29 janvier. >> Consulter : Un cours d'histoire...ET À PARIS Photos des survivants, dans les rues du 4e arrondissement et sur le WebL'Hôtel de Ville de Paris présente une exposition photo gratuite, dans les rues du 4e arrondissement, en partenariat avec le Mémorial de la Shoah. Elle montre les conditions de rapatriement et d'accueil des survivants et de leurs familles. Ces photos commentées font aussi l'objet d'une exposition virtuelle.« 1945-2015 : 70e anniversaire de la libération des camps », dans les rues du 4e arrondissement de Paris, jusqu'au 9 février.La guerre et les camps filmés par les Soviétiques, au Mémorial de la ShoahCette exposition montre l'horreur du génocide juif à travers les témoignages filmés par des opérateurs de cinéma soviétiques, d'une ampleur et d'une diversité exceptionnelles. Des images fortes et rares, voire inconnues du public, filmées dès 1941, notamment dans les camps d'extermination de l'Est, plus riches et variées que celles tournées par les Américains.« Filmer la guerre : les Soviétiques face à la Shoah (1941-1946) », au Mémorial de la Shoah, 17, rue Geoffroy-l'Asnier,75004 Paris, jusqu'au 27 septembre.La Shoah par balle, à la Maison de l'UnescoCompiler des preuves, des photos, des témoignages des massacres par balle des Juifs durant la seconde guerre mondiale, voilà à quoi s'attelle l'association Yahad-In Unum depuis dix ans. Cette enquête, à partir des archives soviétiques et allemandes, est retracée dans une exposition.« La Shoah par balles, 10 ans d'investigation », au Hall Ségur de la Maison de l'Unesco,  7, place de Fontenoy, 75007 Paris, jusqu'au 10 février.Inès Belgacem width="314" height="157" alt="" src="http://s2.lemde.fr/image/2015/01/28/314x157/4565424_3_868f_2015-01-28-e822d1f-28713-10nwg1w_656055dc936ecb93ce762a3fa90bdfb5.png" L’école de commerce Skema se développe à Paris et au Brésil Vous partez pour un voyage touristique, un stage ou un volontariat international, mais êtes-vous bien préparé ? Ces quelques précautions vous permettrons de vous en assurer. width="314" height="157" alt="En septembre 2015, la première école de manga de niveau bac + 5 ouvrira ses portes à Angoulême." src="http://s2.lemde.fr/image/2015/01/28/314x157/4565081_3_c1c9_en-septembre-2015-la-premiere-ecole-de-manga-d_25b91ce0cc07921e7fd6c0191693bc3c.jpg" Une école de manga bac + 5 ouvrira en septembre A l'université de technologie de Troyes, 58% des étudiants signent un contrat de travail avant même d'obtenir leur diplôme. width="314" height="157" alt="Campus de Facebook, à Menlo Park (Californie)." src="http://s2.lemde.fr/image/2015/01/28/314x157/4565314_3_360a_campus-de-facebook-a-menlo-park-californie_b211fbcae24c63ffec04019b05bb78c3.jpg" Emploi: le parcours des candidats ingénieurs n’a plus de frontière 28.01.2015 à 11h25 • Mis à jour le28.01.2015 à 17h40 L'essentielAlexis Tsipras est devenu premier ministre de la Grèce à la suite de la victoire, dimanche, de la Syriza, parti de la gauche radicale, aux élections législatives.Il devrait annoncer dans la journée des mesures concrètes anti-austérité.Il rencontrera ces prochains jours des dignitaires de l'Union européenne pour parler de la dette grecque. La place financière d'Athène a clos en forte baisse mercredi 28 janvier, son principale indice perdant 9,24 %. Les quatre principales banques grecques ont, elles, chuté de 25 % sur les marchés. Une dégringolade inquiétante, survenue après les premières annonces du nouveau gouvernement d'Alexis Tsipras.Quelques jours après son triomphe aux élections législatives en Grèce, le premier ministre a en effet inauguré dans la journée son tout premier conseil des ministres. Dans son discours d'ouverture, il a officiellement réaffirmé sa volonté de « négocier un allégement de dette », souhaitant trouver « une solution juste, viable et mutuellement utile » avec les créanciers de la Grèce.Le montant de la dette s'élève à 175 % du produit intérieur brut (PIB), soit près de 300 milliards d'euros. Les créanciers, plutôt qu'un allégement, envisagent de leur côté de discuter d'un rééchelonnement.Appelant son gouvernement à ne pas décevoir les attentes des électeurs, M. Tsipras a souligné que le peuple grec voulait des « changements radicaux » : « Nous n'entrerons pas dans un affrontement mutuellement destructeur, mais nous ne poursuivrons pas une politique de soumission. »Le premier ministre a souligné que la lutte contre le chômage, qui touche 25 % de la population active, sera la priorité de son action.Lire le portrait (édition abonnés) : Alexis Tsipras, le météoreL'ARRÊT DE « LA PRIVATISATION DU PORT DU PIRÉE  »Première mesure annoncée par Théodoros Dritsas, ministre adjoint de la marine marchande, au sortir du conseil des ministres : l'arrêt de « la privatisation du port du Pirée et celui de Thessalonique ». Alexis Tsipras devrait annoncer dans les jours à venir une série de mesures antiaustérité.Le gouvernement a notamment l'intention de faire adopter très vite une loi rehaussant de 580 euros à 751 euros le salaire minimal. Le nouveau ministre des finances, Yanis Varoufakis, a réitéré que le pays allait « tourner la page de la politique d'austérité » et appelé à « un 'New Deal' paneuropéen pour la reprise ».Lire aussi : Les premières mesures économiques que pourrait prendre SyrizaLA BOURSE D'ATHÈNES CHUTELe ministre de l'économie allemand Sigmar Gabriel a lancé une pique après ce discours, demandant à la Grèce de se montrer, elle aussi, « juste » envers les Allemands et Européens, qui ont été « solidaires » des Grecs avec les aides consenties depuis 2010.  La France, de son côté, a invité Alexis Tsipras à Paris avant le prochain Conseil européen, prévu le 12 février.Les annonces du gouvernement grec sont faites à un moment essentiel, l'Union européenne ayant prévu de verser à la Grèce à la fin février les 7 derniers milliards prévus par son plan d'aide, mais à la condition expresse que les réformes en cours aient abouti et que la Grèce observe un strict régime budgétaire. Lire (édition abonnés) : Après le choc, l’Europe face aux défis posés par Syriza Eric Albert (Londres, correspondance) Dans un retournement de dernière minute, après une longue lutte boursière, le Qatar a finalement mis la main sur Canary Wharf, le quartier d'affaires de Londres. Mercredi 28 janvier, les principaux actionnaires de Songbird, une entreprise qui possède 69 % de Canary Wharf, ont accepté l'offre conjointe formulée par la Qatar Investment Authority (QIA) et le groupe canadien d'immobilier Brookfield. A 350 pence par action, l'acquisition valorise Songbird à 2,6 milliards de livres (3,5 milliards d'euros).Canary Wharf est un immense quartier d'affaires, à l'est de Londres, entièrement privé. Cet ancien quartier de docks en bord de Tamise avait été développé sous Margaret Thatcher, profitant de la relative étroitesse de la City, le quartier des affaires traditionnel aux immeubles de taille modeste.Les gratte-ciels de Canary Wharf sont dominés par les logos des grandes banques internationales, et les télévisions utilisent ses images pour représenter la « City » (qui est, techniquement, un quartier du centre de Londres).Lire aussi : La belle échappée de Canary WharfLa transaction peut être vue comme un symbole des temps : elle se fait en partie entre un fonds souverain et un autre. Songbird est actuellement détenu par trois actionnaires majoritaires : China Investment Authority, un fonds souverain chinois, ainsi que Simon Glick, un investisseur new-yorkais et Morgan Stanley, la banque américaine.Quand ceux-ci ont été approchés, en novembre 2014, par QIA et Brookfield, leur réaction initiale a été de repousser l'offre, qu'ils jugeaient sous-évaluée. Après plusieurs rebondissements, l'offre a été augmentée de 19 % début janvier. Mais les actionnaires avaient laissé entendre qu'ils ne voulaient toujours pas en entendre parler.Finalement, après avoir tenté de trouver d'autres investisseurs, ils ont changé d'avis, mercredi. Sans enthousiasme : « le conseil d'administration pense que l'offre ne reflète pas la pleine valeur de l'entreprise », souligne le communiqué. Le conseil de Songbird évalue l'entreprise à 381 pence par action.RETRAIT DE LA BOURSE ET PROJET D'EXPANSIONQIA et Brookfield devraient maintenant retirer Songbird de la Bourse. L'objectif est de simplifier l'actionnariat de Canary Wharf, qui est particulièrement touffu. Avant l'offre, QIA possédait déjà 28 % de Songbird et Brookfield avait directement 22 % de Canary Wharf Group.Ensemble, en prenant le contrôle de Songbird, les deux acteurs vont avoir la main haute sur le quartier d'affaires, devenant de loin les deux actionnaires majoritaires. Cela devrait simplifier l'exécution du grand plan d'expansion du quartier d'affaires. Un nouveau groupe d'immeubles résidentiels, comprenant 3 000 logements, est prévu.Grand comme un tiers du quartier actuel, sur 450 000 mètres carrés, il a reçu en juillet 2014 l'approbation de son permis de construire par la mairie locale. Cette extension, connue sous le nom de Wood Wharf, nécessite d'importants investissements.Le Qatar poursuit ainsi ses acquisitions tous azimuts dans l'immobilier londonien. Le petit pays est déjà propriétaire du Shard, la plus haute tour de Londres, signée de l'architecte Renzo Piano. Il a aussi multiplié les achats dans les beaux quartiers, notamment autour de Mayfair. L'émirat aux riches ressources pétrolières et gazières contrôle aussi les supermarchés Sainsbury's et détient aussi une partie de l'opérateur boursier London Stock Exchange.Lire notre décryptage : L'envol économique du Qatar en trois graphiquesEric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L’« agenda numérique » fait partie des priorités de la Commission européenne, dirigée par Jean-Claude Juncker. Celle-ci veut présenter avant l’été, ses solutions pour aboutir - enfin - à un marché unique du digital en Europe, et notamment réformer le droit du copyright.C’est le vice-président de la Commission, l’Estonien Andrus Ansip qui doit coordonner ces chantiers dans l’institution communautaire.Mardi 27 janvier, il a fait le déplacement à Paris, pour rencontrer Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au numérique, alors qu’en France, les puissantes sociétés d’auteur voient d’un mauvais œil la volonté réformatrice de la commission sur le copyright.Mercredi 28 janvier, il réunissait à Bruxelles ses collègues commissaires pour fixer l’agenda des semaines à venir.Redéfinir le copyright La Commission veut toiletter une directive datant de 2001, c’est-à-dire des débuts de l’Internet grand public, quand la vidéo à la demande et la catch up TV n’existaient pas encore.L’idée est d’homogénéiser les régimes européens du copyright, notamment, de mettre fin à la territorialité des droits : le fait qu’un diffuseur soit contraint d’acheter des droits de retransmission d’un contenu pays par pays.Les sociétés d’auteur françaises redoutent que le système français de rémunération de l’ensemble de la filière création soit mis à bas. M. Ansip se veut rassurant. « Les gens pensent que, quand on parle de réforme du copyright, c’est forcément qu’on va arrêter de protéger les droits d’auteurs et bafouer les droits des créateurs. Pas du tout. Mais la situation actuelle est perdante pour tout le monde, consommateurs et créateurs », assure le commissaire.Les internautes qui passent les frontières ne peuvent pas acheter des contenus, car leur accès est bloqué, « alors même qu’ils sont prêts à payer », poursuit-il.En mettant fin à la territorialité, « le marché serait bien plus important et on éviterait le comportement de certains, qui parviennent facilement à pirater les contenus qu’ils veulent voir », souligne M. Ansip.« Les Français ont peur que leurs revenus baissent en cas de fin du principe de territorialité. Ils ont tort, le marché serait plus important. Évidemment, cela implique un changement de modèle économique. »La Commission a promis de rendre sa proposition de directive avant l’été.Renforcer l’intégration numérique de l’UEAvant, en mai, la Commission doit également donner ses orientations sur les moyens de renforcer l’intégration numérique de l’Union européenne (UE). « Les biens et les services circulent librement, mais ce principe de l’Union n’existe pas en ligne. Seuls 12 % des Européens achètent en ligne dans un pays différent du leur. Seules 5 % des sociétés online vendent hors de leurs frontières, rappelle M. Ansip.Comment surmonter ce problème ? « Nous devons renforcer les droits des consommateurs, pour que leur confiance augmente, et sécuriser l’activité des PME, qui doivent composer avec 28 régulateurs différents. »Faire adopter la directive sur les données personnellesM. Ansip déclare que sa « priorité » est d’adopter la directive sur la protection des données personnelles, présentée par la Commission en janvier 2012, mais qui toujours en cours de discussion entre le Conseil européen et le Parlement. « J’espère que l’on va aboutir à un accord sur le texte cette année. » Au Parlement européen, beaucoup d’élus demandent à la Commission de proposer, aussi, un texte qui réglemente les durées de réglementation des données. Un sujet ultrasensible, surtout depuis les attentats de Paris, alors que les États poussent à l’adoption de mesures antiterroristes visant à davantage contrôler l’activité des citoyens sur le web. « Nous devons être très prudents avec ce sujet. Après les attentats de Madrid, en 2004, ceux de Londres, en 2005, nous avons promulgué une directive sur la rétention des données en 2006. Mais l’année dernière, la Cour de justice de l’Union européenne l’a invalidée. Elle n’a pas dit que la rétention des données est non conforme au droit, mais qu’il doit y avoir des garde-fous et qu’il faut appliquer le principe de proportionnalité », explique M. Ansip.« Avant de reproposer un texte, il faudra faire cette fois une analyse vraiment fine », avance le commissaire. La Commission veut donc d’abord voir la directive protection des données adoptée avant de s’atteler à ce deuxième chantier.Redimensionner les frais de « roaming » pour l’accès aux donnéesAutre pilier de l’union numérique européenne, une plus grande intégration des marchés des télécommunications. Là aussi, une directive est sur la table : plutôt, un ensemble de textes, le « paquet télécom », sur lesquels les États ont le plus grand mal à s’entendre.Parmi les dispositions qui « coincent » le plus : la neutralité de l’Internet, et les frais de « roaming », c’est-à-dire le coût d’une communication transfrontalière.Les États, dont la France, ont longtemps résisté à une baisse trop drastique des prix du « roaming », qui représentaient de substantiels revenus pour leurs opérateurs télécoms.Un accord a été trouvé pour ramener à presque zéro ces coûts pour les appels téléphoniques, et un accord est enfin en train de se dessiner au Conseil européen, concernant ceux pour l’accès aux données, depuis un terminal mobile.« On ne peut pas avoir un marché unique du numérique si les consommateurs paient dix fois plus leur consommation d’internet quand ils passent une frontière européenne », explique M. Ansip.Il admet toutefois que « ce n’est pas une décision facile à prendre, d’annuler les frais de roaming », car « dans les pays touristiques, par exemple, les opérateurs sont obligés d’investir considérablement dans leurs infrastructures pour que les touristes puissent accéder à la 3G et aux services mobiles, comme chez eux. » « Le problème, c’est que ces investissements ne sont utiles que quelques mois par an, et si les frais de roaming disparaissent, les opérateurs ont plus de mal à les financer. Nous devons tenir compte de ces problèmes spécifiques », relève-t-il.Trouver rapidement une définition commune de la neutralité du NetConcernant la neutralité de l’internet, l’égalité de traitement des contenus en ligne, quels qu’ils soient (vidéo, texte, etc), un sujet également très sensible, un compromis a été proposé par le Conseil, mi-janvier, et doit être discuté entre les pays dans les jours qui viennent.L’idée est de garantir cette égalité de traitement, tout en permettant - dans des conditions très encadrées - aux opérateurs télécoms de facturer davantage certains flux vraiment très encombrants (du type Netflix).« Si nous n’avons pas une définition commune de ce que nous entendons par Internet ouvert et neutralité du Net, nous allons nous retrouver bientôt avec 28 définitions différentes et des marchés encore plus fragmentés. Il faut aller vite : les Pays-Bas, la Slovénie et la Finlande sont en train déjà de plancher sur leurs propres définitions. Il y a urgence », relève M. Ansip.Trancher la question d’une « taxe Google »Ce sujet fait l’objet de débats à l’intérieur même de l’institution communautaire. La commissaire à la concurrence, la Danoise Margrethe Vestager doit décider si elle poursuit ou pas Google pour abus de position dominante, alors qu’une enquête formelle sur les pratiques en Europe du géant de l’internet américain traîne en longueur depuis près de cinq ans.D’autres poussent pour une « régulation des plates-formes web », qui obligerait Google et les autres multinationales du Net à obéir aux mêmes contraintes réglementaires que les sociétés traditionnelles des médias.La fronde européenne anti-Google se durcitM. Ansip reste très prudent : « Il n’y a que Mme Vestager qui peut parler d’une entreprise en particulier. Nous, nous devons parler de politiques dans leur ensemble, pas stigmatiser une entreprise en particulier. » Et d’ajouter : « concernant le paiement pour le référencement, des lois ont été votées en Espagne et en Allemagne [dites loi Google], mais il est trop tôt pour dire si elles sont efficaces ou pas. Nous suivons ces initiatives de près, mais c’est trop tôt pour dire si nous allons nous en inspirer pour prendre des décisions au niveau européen », conclut le vice-président estonien.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marie Charrel Plus rien n’arrête l’ascension du yuan, la monnaie chinoise. Selon les données publiées mercredi 28 janvier par Swift, l’entreprise spécialiste des transferts de données bancaires, celle-ci a grimpé au 5e rang des devises les plus utilisées pour les paiements internationaux. Il y a deux ans, il n’occupait que la 13e position.Le yuan est-il en passe de devenir une monnaie internationale ?Hier classé « devise de paiement émergente », le yuan est devenu, aujourd’hui, une devise « couramment employée », selon les termes de Wim Raymaekers, responsable des marchés bancaires chez Swift.Il « est voué à devenir une monnaie internationale », indique Jean-Louis Mourier, chez Aurel BGC. « Mais à long terme », précise l’analyste.En effet, en décembre 2014, le renminbi (« monnaie du peuple ») ne pesait encore que 2,17 % des paiements mondiaux.Le dollar américain, l’euro et la livre Sterling représentent toujours près de 80 % des paiements internationaux.Que fait Pékin pour pousser sa monnaie ?Ce qui est sûr, c’est que les autorités chinoises poussent à cette internationalisation, en développant l’usage du yuan.Pékin s’est lancé, ces derniers mois, dans une opération séduction envers les grandes places financières mondiales.Son objectif : créer un marché international du yuan, en montant un réseau permettant de réaliser des opérations sécurisées dans la devise chinoise.Quelques villes clés ont été sélectionnées, afin d’en faire des centres « offshore » permettant l’utilisation du yuan hors du pays.Hongkong est le plus grand de ces centres, suivi de près par Londres, qui pèse 60 % des volumes d’échange de renminbi hors de Chine continentale.Dans la zone euro, Paris, Francfort et le Luxembourg sont au coude à coude. Et les accords en tout genre se multiplient : chambres de compensation pour les paiements dans la devise chinoise, quotas d’investissement, émissions d’obligation…En septembre 2014, la Bank of China (BoC) a émis les premières obligations en devise chinoise à Paris, pour 2 milliards de yuans (240 millions d’euros).Peut-on imaginer que le yuan détrône un jour le dollar ?« Le chemin à parcourir avant que le yuan détrône le dollar est encore long », relève Jean-Louis Mourier.Aujourd’hui, le yuan reste très contrôlé par le pouvoir chinois et n’est que partiellement convertible. Pour s’imposer face aux autres monnaies, il faudra donc d’abord qu’il devienne pleinement convertible face aux autres devises.Il faudra aussi que le secteur financier chinois, encore balbutiant, se développe. Et que le pays ouvre pleinement ses marchés aux capitaux internationaux.Selon les experts, cela n’arrivera pas avant dix ou quinze ans.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.01.2015 à 20h24 Plusieurs milliers de manifestants kosovars sont descendus dans les rues de la capitale du Kosovo, Pristina, mardi 26 janvier, pour réclamer la démission d'un ministre serbe accusé d'avoir insulté les Albanais kosovars. De violents incidents ont éclaté lorsque les manifestants, réunis à l'appel du mouvement nationaliste kosovar Autodétermination (Vetvendosje, opposition), ont tenté de pénétrer dans le bâtiment du gouvernement, faisant plus de 80 blessés, dont 56 dans les rangs des forces de l'ordre kosovares.Des manifestants ont jeté des pierres contre la police, qui a riposté en utilisant du gaz lacrymogène lors de ces incidents devant le siège du gouvernement à Pristina, a rapporté un correspondant de l'Agence France-Presse. Plus d'une centaine de manifestants ont été interpellés, selon la police.DES EXCUSES PUBLIQUESIl s'agit de la deuxième manifestation depuis samedi à Pristina pour réclamer la démission du Serbe kosovar Aleksandar Jablanovic, ministre du travail et l'un des trois ministres serbes du cabinet du premier ministre, Isa Mustafa. Il y a deux semaines, M. Jablanovic avait provoqué la colère des Albanais lorsqu'il avait qualifié de « sauvages » des manifestants albanais qui avaient empêché un groupe de Serbes de visiter un monastère à l'occasion du Noël orthodoxe dans l'ouest du Kosovo sous le prétexte que des « criminels de guerre » se trouvaient parmi les pèlerins.Le ministre s'est publiquement excusé, mais ses propos ont provoqué plusieurs manifestations d'Albanais, qui représentent plus de 90 % des 1,8 million d'habitants du Kosovo. « Nous allons poursuivre nos manifestations jusqu'à la démission de Jablanovic », a déclaré à la presse le chef de ce mouvement, Albin Kurti.Au Kosovo, au printemps 1999, des bombardements aériens de l'OTAN ont mis fin au conflit entre les indépendantistes kosovars et les forces de Belgrade (1998-1999), qui se sont soldés par le retrait des forces de la Serbie du territoire. Sur quelque 120 000 Serbes restés au Kosovo, environ 40 000 vivent dans le nord limitrophe de la Serbie et 80 000 dans des enclaves éparpillées sur le territoire peuplé essentiellement d'Albanais.Les échanges entre Belgrade et Pristina se sont multipliés depuis l'accord conclu en 2013 visant à la normalisation des relations bilatérales, parrainé par l'Union européenne. Le gouvernement de M. Mustafa, récemment formé, compte trois ministres serbes, signe d'une volonté d'apaisement des relations entre les Albanais et les Serbes du Kosovo mais aussi avec la Serbie. Le dialogue entre Pristina et Belgrade doit reprendre début février à Bruxelles.Lire l'analyse (édition abonnés) : La Serbie et le Kosovo normalisent leurs relations sous la pression de l'UE Mathilde Damgé La commémoration des 70 ans de la libération du principal camp de la mort nazi, qui a lieu mardi 27 janvier, est troublée par les tensions actuelles entre Polonais et Russes à propos de l'Ukraine. Jean-Charles Szurek, directeur de recherche au CNRS, explique en quoi les rapports de force entre les pays jouent un rôle majeur dans la muséographie et le travail de mémoire.Comment expliquer l'absence de Vladimir Poutine à la commémoration ?Les Etats sont informés de la commémoration et peuvent venir s'ils le souhaitent. Mais, contrairement à la commémoration du 60e anniversaire, il n'y a pas de discours des chefs d'Etat ou de leurs représentants. Les seuls discours sont ceux de trois déportés, un Polonais et deux Juifs, ainsi que celui du président polonais, Bronislaw Komorowski. Le Conseil international du musée, composé d'anciens déportés et de personnalités qualifiées, a voulu mettre tous les Etats à égalité.Fallait-il adresser une invitation spéciale à la Russie au nom du fait que l'Armée rouge avait libéré le camp d'Auschwitz au prix de la vie de ses soldats ? C'est ce que semble signifier la réaction de Vladimir Poutine, encore que la Russie soit représentée par un ancien vice-premier ministre, Sergueï Ivanov.Les déclarations récentes du ministre des affaires étrangères polonais, affirmant qu'Auschwitz avait été libéré par des Ukrainiens car des Ukrainiens se trouvaient dans le corps d'armée des troupes soviétiques qui avaient pénétré dans le camp le 27 février 1945, ont été pour le moins malencontreuses. Les autorités russes ont eu beau jeu ensuite de rappeler que de nombreuses nations composaient l'Armée rouge.Lire le reportage : A Auschwitz-Birkenau, procession vers le monument aux victimesComment a évolué le musée d'Auschwitz en sept décennies ?Le musée d'Auschwitz est créé en 1947 comme « musée du martyre de la nation polonaise et des autres nations ». Dans cet intitulé sont déjà présents les conflits de mémoire des années 1980, entre une lecture polonaise et une lecture juive du camp.Il faut rappeler que le camp d'Auschwitz  est à la fois le plus grand cimetière juif,  avec un million de morts, et aussi le plus grand cimetière polonais, avec 75 000 morts. Après la guerre, une puissante organisation de déportés polonais du camp, dominée par des communistes dans le contexte de la soviétisation du pays, amène l'Etat à en préserver le site afin de faire œuvre de mémoire.Le caractère exceptionnel d'Auschwitz comme camp d'extermination des juifs est occulté au profit d'une mémoire polonaise et antifasciste. Les organisations juives de l'époque, du moins ce qu'il en restait, furent consultées par la direction du musée, qui jugea finalement « que celui-ci ne pouvait donner l'impression qu'Auschwitz est exclusivement une souffrance juive ».Le destin spécifique des juifs fut dès lors minoré pratiquement jusqu'à la fin du régime communiste, d'autant que les juifs étaient perçus uniquement – et commodément – comme des citoyens de leurs nations respectives. Dans les dernières années du régime communiste, le site du musée fut aussi investi par l'Eglise catholique, ce qui provoqua le fameux conflit de mémoire autour du carmel.Lire le reportage : Enseigner la Shoah, c’est parfois « moins facile qu’avant »Et aujourd'hui ?Depuis l'avènement de la démocratie en Pologne, le dispositif muséologique a changé, tout comme, par exemple, les manuels scolaires. Le destin précis des juifs européens acheminés et assassinés à Auschwitz-Birkenau n'est plus gommé.On perçoit maintenant clairement que les valises, lunettes, prothèses, et autres objets ayant appartenu aux déportés, exposés depuis la création du musée, appartenaient aux juifs de Hollande, de France ou d'ailleurs.La mémoire polonaise est toujours présente, notamment par la cellule du père Kolbe, ce prêtre qui échangea sa vie contre un père de famille polonais. Les nouveaux défis qu'affronte la direction actuelle du musée ont pour nom : l'afflux croissant de visiteurs, leur comportement, la conservation des objets, la mise en place – déjà amorcée – de nouvelles expositions, la superposition d'un langage muséologique contemporain sur des strates cumulées de signes et de symboles.Lire sur Big Browser : Auschwitz-Birkenau, une visite virtuelleMathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le Parlement européen et le Conseil (la réunion des 28 Etats membres) ont conjointement officialisé, mardi 27 janvier, un accord sur une directive antiblanchiment. Le texte était proposé par la Commission européenne depuis début 2013.Son principal intérêt ? Cette directive devrait permettre d’identifier les véritables bénéficiaires des « trusts » et autres fondations, entités juridiques particulièrement nombreuses dans les pays anglo-saxons, et jugées très opaques. Les Etats membres de l’Union européenne vont en effet devoir tenir des listes centralisées sur lesquelles figurent les propriétaires effectifs finaux de sociétés et autres entités légales, ainsi que de fiducies (trusts). « Un propriétaire “effectif” détient ou contrôle une entreprise ainsi que ses activités, et autorise, en fin de compte, les transactions – que cette propriété soit exercée directement ou par un mandataire », précise le Parlement, dans un communiqué.Les registres centraux seront accessibles, mais de manière limitée quand même. Les informations récoltées pays par pays sur les sociétés pourront être consultées par toute entité ou personne pouvant justifier « un intérêt légitime justifié », par exemple, en ce qui concerne le cas de blanchiment de capitaux suspecté, le financement du terrorisme, les soupçons de corruption, les infractions et la fraude fiscales. Banques, services de renseignement financiers, médias, mais sur demande, sont a priori concernés.Accès restreintConcernant les trusts, un régime spécial est instauré : l’accès au registre central les listant sera encore plus restreint. Les informations seront uniquement consultables par » les autorités et les entités soumises à des obligations [par exemple, les banques qui appliquent des mesures de vigilance à l’égard de la clientèle]. Les Britanniques tenaient tout particulièrement à cette restriction : « Au Royaume-Uni, les trusts sont très courants. On en créé un dès que, par exemple, on achète un appartement en copropriété ou pour une succession. Rendre le registre public, c’était un peu comme ficher toute la population. Difficile à accepter », précise une source diplomatique.Au Parlement, les eurodéputés Verts se sont notamment battus, lors des discussions sur le texte, pour une plus grande transparence du registre. Finalement, ils ont accepté le compromis, estimant qu’il représente déjà une forte avancée par rapport à la réglementation existante. « Il s’agit d’une avancée cruciale dans la mesure où ces [trusts] sont au cœur des mécanismes d’évasion fiscale et du financement du crime organisé à grande échelle, en Europe comme dans les pays en développement », estime l’élue Verte Eva Joly.Selon le texte, les banques, les auditeurs, les juristes, les agents immobiliers ou encore les casinos devraient se montrer plus vigilants concernant les transactions suspectes réalisées par leurs clients.Les Français, qui ont proposé, mardi, lors d’un Ecofin (réunion des ministres des finances des 28), que l’Europe fasse davantage d’efforts pour traquer les filières de financement du terrorisme, ont été tentés, ces derniers jours, de proposer des amendements dans le cadre de la directive blanchiment. Ils y ont finalement renoncé. « Cela aurait obligé à reprendre la discussion sur la directive, et à retarder d’autant son application. C’était trop risqué », explique une source européenne. Paris a donc préféré suggérer que la Commission européenne vienne avec une proposition de directive spécifique, qui tente, notamment, de mieux réguler l’usage des monnaies virtuelles, du type Bitcoin.Si un accord politique a été trouvé mardi, pour être formellement adopté, le texte de directive doit encore être validé par un vote en plénière au Parlement (en mars ou en avril prochain) et par le conseil des ministres de l’Union européenne, lors d’un prochain Ecofin. Les Etats membres disposeront ensuite de deux ans pour transposer la directive contre le blanchiment dans leurs droits nationaux.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Madjid Zerrouky Peut-on effacer la dette de la Grèce ? Oui ! répond Jean-Luc Mélenchon. Pour le député européen Front de gauche et fondateur du Parti de gauche, il est tout à fait possible d'effacer la dette d'Athènes. Et de citer un précédent : l'Irak au début des années 2000. « La dette de l'Irak a été annulée d'un trait de plume. Il y en avait pour combien ? 120 milliards de dollars », a-t-il ainsi déclaré sur BFM-TV et sur son blog.Pourquoi c'est plus compliquéLa dette irakienne a, il est vrai, largement diminué à partir de 2004 après la chute de Saddam Hussein, passant de 120 milliards à 40 milliards de dollars en l'espace de six ans. Deux tiers de la dette extérieure du pays ont ainsi été effacés. Sauf que cette réduction ne s'est pas faite d'un « trait de plume », et les contreparties exigées alors par les créanciers sont justement celles que dénonce régulièrement Jean-Luc Mélenchon dans le cas de la Grèce.Comme le rappelait France Info, la dette irakienne était détenue en partie par des pays du Moyen-Orient d'un côté, et des pays occidentaux – dont la France, les Etats-Unis, l'Allemagne – et la Russie de l'autre. Lesquels font partie du Club de Paris, qui rassemble depuis 1956 les principaux pays créanciers industrialisés.Au 31 décembre 2004, l'endettement extérieur total de l'Irak était de 120,2 milliards de dollars, dont 37,158 milliards dus au Club de Paris et 60 milliards dus à l'Arabie saoudite, au Koweït et aux Emirats arabes unis, qui avaient « cofinancé » à coup de prêts la guerre de l'Irak contre son voisin iranien (1980-1988).3 étapes et des contrepartiesC'est Washington qui va conduire à l'annulation partielle de la dette à partir du printemps 2003. Les Etats-Unis viennent alors d'envahir le pays, de chasser Saddam Hussein du pouvoir, et s'emploient à « reconstruire » un Etat qu'ils souhaitent allié. Les Américains justifient alors leur démarche en qualifiant la dette contractée par le régime baassiste d'« odieuse » : une notion – non juridique – énonçant que la dette souveraine encourue sans le consentement des populations et sans bénéfice pour elles ne doit pas être transférée à l'Etat successeur. Selon le secrétaire américain au Trésor d'alors, John Snow, « le peuple irakien ne doit pas être accablé par des dettes contractées par le régime du dictateur déchu ».Une notion que Washington se gardera par la suite d'invoquer de peur de créer un précédent.Car si l'argumentaire se voulait généreux, le programme d'effacement de 80 % de la dette irakienne enclenché par le Club de Paris à partir de novembre 2004 d'un côté, et les pays du Golfe sur lesquels les Etats-Unis ont usé de leur influence de l'autre, s'est déroulé selon un processus en trois étapes soumises à conditions.Si 30 % du montant dû au Club de Paris ont été effacés sur le champ en novembre 2014, 30 % ont été conditionnés au respect par l'Irak d'une série de réformes exigées par le Fonds monétaire international (FMI) et les 20% restant après l'application effective du programme du FMI.Licenciements et privatisationsUn programme qui a eu des conséquences sur le niveau de vie des Irakiens. Citons, pêle-mêle, l'augmentation des prix de l'essence et du fioul avec l'alignement des prix des produits pétroliers sur ceux pratiqués dans les autres pays dans la région ; la baisse du montant des pensions ; la privatisation des entreprises publiques (hors secteur pétrolier) ; la fin des subventions et la libéralisation des prix des produits alimentaires ; des licenciements et le gel des salaires dans la fonction publique…Des mesures d'ajustement qui avaient à l'époque été vivement critiquées par les ONG luttant contre la dette, qui dénonçaient un chantage. Et qui ne sont pas sans rappeler le « traitement de choc » infligé par la « troïka » à Athènes depuis 2010. Traitement que Jean-Luc Mélenchon ne cesse de dénoncer.Madjid ZerroukyJournaliste au Monde Philippe Jacqué Le chiffre des ventes globales du groupe allemand Volkswagen (VW) ne sera officialisé que lundi 12 janvier. Mais d’ores et déjà, en additionnant les ventes de sept de ses douze marques, le constructeur de Wolfsburg affiche un cru 2014 historique.Pour la première fois de son histoire, le groupe a vendu sur l’année plus de 10 millions de véhicules. Un objectif qu’il s’était fixé pour 2018.L’objectif du constructeur était également de devenir à cet horizon, le numéro un mondial. Pour savoir si, en 2014, le groupe allemand a devancé Toyota et General Motors, il faudra encore attendre quelques jours, le temps que le japonais et l’américain présentent leurs données.Les trois groupes devraient, en tout cas, tous tutoyer ou dépasser la barre symbolique de dix millions d’unités pour l’année, une première pour autant de constructeurs.Concernant Volkswagen, c’est la marque mère, VW, qui réalise la majorité des volumes vendus. En 2014, elle a écoulé 6,12 millions de véhicules particuliers et 445 000 véhicules commerciaux. Les deux chiffres représentent un record historique.La marque Audi réalise également un record historique, avec 1,74 million de véhicules vendus, tout comme Skoda, qui a dépassé pour la première fois la barre du million de véhicules.Si les ventes de Seat progressent, elles restent modestes à côté de celles de VW ou Skoda. La marque espagnole a immatriculé 390 000 véhicules.Un secteur confronté à des vents contrairesPorsche a pour sa part atteint les 190 000 unités, également un record historique.Ces résultats devraient encore renforcer le bilan du groupe Volkswagen, Porsche apportant une grande part des bénéfices.Enfin, Bentley a vendu 11 000 limousines.Ces résultats sont d’autant plus remarquables que le secteur automobile fait face à d’importants vents contraires.La Chine (10 % de croissance) et l’Europe (5 %), où le groupe allemand est le numéro un, poursuivent leur développement et portent VW.En revanche, les marchés russe et sud-américain sont en plein doute et ont chuté de 18 % chacun.Quant au marché américain, s’il a progressé de 5,9 %, il ne bénéficie pas à Volkswagen, qui a vu ses ventes plonger de 10 % pour sa marque.Philippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) 2,95 millions. L’économie américaine n’avait plus créé autant d’emplois depuis quinze ans. Cette performance qui permet aux États-Unis d’afficher leur taux de chômage le plus bas depuis juin 2008. Celui-ci est tombé à 5,6 % de la population active, soit 0,2 point de moins qu’en novembre et 0,1 point de moins que ce que prévoyaient en moyenne les économistes.Ce sont ainsi 252 000 emplois qui ont été créés en décembre, selon les statistiques publiées, vendredi 9 janvier, par le Département du travail.Les chiffres d’octobre et de novembre ont été par ailleurs révisés à la hausse. Sur ces deux mois ce sont 50 000 emplois supplémentaires qui ont été créés, portant le nombre total sur l’ensemble de l’année à 2,95 millions, ce qui donne une moyenne mensuelle de 245 833.Il faut donc remonter à 1999 pour retrouver de tels chiffres. Cette année-là, l’économie américaine avait créé 3 millions d’emplois. Il est vrai qu’entre-temps, la population américaine a augmenté de 39 millions à 318 millions, ce qui relativise la performance.Dans le même temps, ces bonnes nouvelles pour l’économie américaine ont été quelque peu écornées par les statistiques sur l’évolution des salaires publiées simultanément. À la surprise générale, le salaire horaire a baissé de 0,2 %, du jamais vu depuis 2006.Surplace du pouvoir d’achatMême s’il est trop tôt pour dire si elle sera durable, il s’agit d’une inversion de tendance par rapport à novembre où les salaires avaient au contraire augmenté de 0,2 %.Sur l’ensemble de 2014, le salaire horaire moyen a augmenté de 1,7 %, soit la plus faible progression depuis octobre 2012. Ce chiffre doit également être mis en perspective avec l’inflation qui est à 1,3 %, ce qui veut dire qu’en réalité les salaires font quasiment du surplace en termes de pouvoir d’achat.Cet indicateur des salaires est étroitement surveillé par la Réserve fédérale (Fed), qui estime que sa faible progression est un signe que le marché de l’emploi reste convalescent.Cela démontre en effet que celui-ci n’est pas encore suffisamment dynamique pour exercer une pression sur les employeurs pour augmenter les salaires pour faire face à des difficultés de recrutement. Or, pour le moment, ce n’est pas le scénario auquel on assiste.C’est ce qu’indiquaient les minutes du Comité de politique monétaire de la Fed du 17 décembre 2014, publié le 7 janvier, certains membres soulignant qu’ils « ne voient pas de signe clair d’une accélération des salaires ».Le fait que les salaires ne repartent pas à la hausse n’est pas une bonne nouvelle pour la consommation des ménages, qui représente 70 % de l’activité économique aux États-Unis.En revanche, la chute brutale des prix de l’énergie, enregistrée ces dernières semaines, va procurer aux ménages un supplément de pouvoir d’achat qui va être le bienvenu dans ce contexte.Mais l’impact énergétique va jouer dans les deux sens. Car les entreprises du secteur pétrolier ont déjà prévenu qu’elles allaient lever le pied sur leurs investissements en 2015. La chute du prix du baril fait qu’un certain nombre de forages ne sont plus rentables.« Les suppressions d’emplois ajustées des variations saisonnières dans le secteur de l’énergie ont bondi à leur plus haut niveau depuis la fin 2012 », indique David Mericle, économiste chez Goldman Sachs. Le phénomène devrait s’amplifier dans les mois à venir.Un nombre important d’Américains disparaissent des statistiquesAutre indicateur, qui laisse dubitatif : le taux de participation au marché de l’emploi - c’est-à-dire la proportion de la population qui a un emploi ou qui en cherche effectivement un – a une nouvelle fois baissé en décembre à 62,7 %, du jamais vu depuis les années 1970.Ce qui indique qu’un nombre important d’Américains, découragés de ne pas trouver d’emploi, disparaissent des statistiques officielles du chômage. Celles-ci indiquent qu’au 31 décembre 2014, il y a 8,7 millions de personnes en recherche d’emploi.Lorsqu’on ajoute des indicateurs comme le nombre de temps partiels subis, on arrive à un taux de chômage de 11,2 %, soit 0,2 point de moins qu’en novembre.Pour mémoire, au cours de la décennie qui a précédé la crise financière le taux oscillait entre 8 % et 10 %. Le marché du travail aux États-Unis s’améliore sûrement, mais il faudra encore un peu de patience pour le retour à une situation de plein-emploi.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.01.2015 à 10h55 • Mis à jour le09.01.2015 à 10h58 | Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Le taux d’inflation de la Chine est demeuré à un niveau particulièrement faible en décembre 2014, à + 1,5 %, même si cela traduit une légère progression par rapport au 1,4 % enregistré en novembre.L’indice des prix à la consommation progresse ainsi de 2 % sur l’ensemble de l’ensemble de l’année 2014, bien en deçà de l’objectif officiel d’une inflation à 3,5 % fixé par Pékin, selon les statistiques publiées vendredi 9 janvier.De tels indicateurs devraient inciter le gouvernement chinois à assouplir encore davantage sa politique monétaire, selon les analystes.L’effet de la baisse du prix du pétrole et de la faiblesse de la demande intérieureLa relativement basse croissance de l’économie chinoise sur l’année écoulée et la baisse des prix de l’énergie sont les principaux facteurs d’explication de cette faible inflation.« L’effondrement des prix du pétrole est une raison majeure mais la faiblesse de la demande intérieure en est une autre », écrit Zhu Haibin, chef économiste de la banque JP Morgan, dans une note.La deuxième économie de la planète n’a probablement pas atteint en 2014 l’objectif d’une progression de 7,5 % de son PIB en 2014.La décélération de l'économie chinoise se confirmeCe ralentissement s’illustre particulièrement à l’entrée des usines chinoises, où l’indice des prix industriels baisse de 3,3 % sur un an en décembre. Cet indice PPI est en déflation depuis 34 mois, reflétant la baisse des coûts, notamment celui des matières premières et de l’énergie, qui lui-même s’explique en partie par la demande plus faible des grands émergents, dont la Chine, ces dernières années.« Le taux d’inflation est largement sous l’objectif fixé en début d’année dernière et le risque de déflation continue d’augmenter », juge par téléphone Ma Xiaoping, économiste de la HSBC à Pékin.De nouvelles mesures monétaires attenduesCompte tenu des perspectives d’évolution des prix, il y a, selon Ma Xiaoping encore davantage d’espace pour assouplir la politique monétaire de la Banque populaire de Chine et stimuler ainsi l’activité.L’établissement émetteur central, qui en République populaire est soumis à la direction de l’Etat-parti, a déjà baissé ses taux directeurs le 21 novembre.Pour soutenir son économie, Pékin abaisse le coût du créditIl s’agissait d’une première depuis deux ans et de la fin de l’épisode inflationniste, qui avait suivi le gigantesque plan de relance, de 540 milliards d’euros, déployé pour faire face à la crise financière mondiale, à partir de l’automne 2008.Le gouvernement chinois devrait probablement annoncer, au début du printemps, un objectif de croissance plus bas pour l’année 2015, autour de 7 %, en adéquation avec la « nouvelle norme » à laquelle doit s’adapter l’économie chinoise, selon l’expression du président Xi Jinping.L’agence Bloomberg pensait savoir cette semaine que les planificateurs chinois ont décidé d’accélérer environ 300 projets d’infrastructures.Un officiel de la puissante Commission nationale pour le développement et la réforme a pris soin de préciser qu’il s’agit uniquement de promouvoir les investissements dans sept domaines, dont les infrastructures, l’environnement ou la santé, selon un plan de développement courant jusqu’en 2016 et déjà évoqué par le premier ministre, Li Keqiang. Et nullement d’un nouveau plan de relance majeur.Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.01.2015 à 19h39 La chancelière allemande Angela Merkel a maintenu la pression sur la Russie, jeudi 8 janvier, en excluant tout allégement des sanctions économiques contre Moscou sans avancée majeure dans le conflit dans l'Est séparatiste prorusse de l'Ukraine.pourparlers cruciauxCes déclarations interviennent à une semaine de pourparlers cruciaux prévus au Kazakhstan entre les présidents ukrainien, Petro Porochenko, et russe, Vladimir Poutine, en présence de Mme Merkel et de François Hollande pour relancer un processus de paix qui piétine alors que le conflit a fait plus de 4 700 morts depuis avril.« Je pense qu'avant de pouvoir décréter la levée des sanctions, nous devons nous assurer que les accords de Minsk ont été appliqués dans leur intégralité », a déclaré la chancelière, rassurant ainsi le premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, en visite à Berlin. Ces accords signés en septembre prévoient notamment un cessez-le-feu et le retrait des « groupes armés illégaux, des armes lourdes et de tous les combattants et mercenaires du territoire ukrainien ».>> Lire notre analyse : Une trêve et après… où en est la guerre en Ukraine ?Le ministre de la défense ukrainien, Stepan Poltorak, a estimé jeudi que 7 500 soldats russes étaient toujours présents dans le Donbass. « D'abord les accords de Minsk doivent être respectés, seulement ensuite on peut discuter si les sanctions doivent être levées », a abondé M. Iatseniouk, rappelant le rôle « crucial » de ces sanctions prises après l'annexion de la Crimée en mars puis renforcées après la catastrophe du Boeing malaisien en juillet, abattu par un missile au-dessus d'une zone contrôlée par les séparatistes prorusses.Alors que les pourparlers de paix entre le groupe de contact composé de représentants de l'Ukraine, de la Russie et de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) avec les rebelles sont dans l'impasse, Kiev a annoncé un sommet dans le format dit Normandie (Ukraine, Russie, France, Allemagne) le 15 janvier à Astana, capitale du Kazakhstan. Cette date reste toutefois encore à confirmer « après les discussions prévues dans les prochains jours », a précisé Mme Merkel. Un entretien téléphonique entre les ministres des affaires étrangères des quatre pays est prévu vendredi, selon un responsable ukrainien.sanctions économiquesLa Russie subit de plein fouet des sanctions économiques européennes et américaines combinées à la chute du cours du pétrole. Le pays est entré en récession en novembre (– 0,5 %) pour la première fois depuis cinq ans et le rouble a perdu un tiers de sa valeur en 2014.>> Voir aussi la carte animée : Comprendre les origines de la crise en cinq minutesL'Ukraine paie elle aussi le prix de la guerre et de la crise économique. Elle a connu en 2014 sa pire année depuis 1945 avec un PIB en chute de 7,5 % et une monnaie dévaluée de 50 %, et le Parlement ukrainien a adopté un budget d'austérité pour 2015 qui va quintupler les dépenses de sécurité et de défense mais supprimer certains avantages sociaux et instaurer de nouveaux impôts.Toutefois, le gouvernement ukrainien devrait pouvoir compter sur une nouvelle aide de 1,8 milliard d'euros proposée, jeudi 8 janvier, par la Commission européenne, qui vient s'ajouter à 1,6 milliard d'euros déjà octroyés.>> Lire aussi : Jean-Claude Juncker annonce le déblocage de 1,8 milliard d'euros d'aide pour l'Ukraine Audrey Tonnelier Même pas un frisson. Alors que les citoyens du monde entier se rassemblaient pour exprimer leur horreur face à la tuerie survenue à Charlie Hebdo, mercredi 7 janvier, et que les plus grands journaux affichaient en « une » leur émotion et leur solidarité, les marchés financiers, eux, n’ont pas cillé. Au contraire.A la Bourse de Paris, le CAC 40 a bondi de 3,59 % jeudi, au lendemain de l’assassinat des caricaturistes de l’hebdomadaire. Comme la veille, l’ensemble des grands indices boursiers mondiaux a terminé dans le vert, accélérant même à la hausse dans l’après-midi.Une euphorie si déplacée, que, dans certaines salles de marché, elle semblait frôler l’indécence.« J’ai du mal à l’expliquer : il n’y a même pas eu de réaction épidermique de la Bourse dans la journée, comme cela se passe en général lorsque survient ce type d’événement », s’étonnait Jean-Louis Mourier, économiste chez le courtier parisien Aurel BGC.« En un sens, il est un peu triste de constater que les marchés ne réagissent absolument pas à cette horreur », osait, depuis New York, Gregori Volokhine, président du gérant Meeschaert aux Etats-Unis.Les précédentes attaques terroristes ont souvent fait trébucher les indices boursiers. Le 11 mars 2004, les attentats dans des trains de banlieue à Madrid avaient fait chuter la Bourse espagnole de plus de 2 %, et le CAC 40 de près de 3 %.Le 7 juillet 2005, les bombes placées dans le métro et dans un autobus londonien avaient provoqué un plongeon de plus de 3 % du Footsie britannique en séance, imité par les autres places européennes et par la livre sterling.Sans parler du 11 septembre 2001 : après l’effondrement des tours jumelles, Wall Street avait été fermée quatre jours, et il avait fallu la mobilisation des opérateurs financiers pour que le Dow Jones ne cède « que » 7 % à la réouverture des marchés, le 17 septembre.Pourquoi, dès lors, cette insensibilité des investisseurs à la tragédie parisienne ? « L’attentat n’a pas eu lieu dans un aéroport ou dans le métro. Il ne remet pas en cause l’activité dans le secteur des transports et ne devrait pas créer dans l’opinion un choc pouvant pénaliser les ventes au détail, comme lors du 11-Septembre », explique Christian Parisot, chez Aurel BGC.« L’attaque n’a pas touché un pays systémique [capable de faire trébucher l’ensemble des marchés en cas de chute] », avance Mathieu L’Hoir, stratégiste actions chez Axa IM.L’euro est déjà au tapisPar ailleurs, le fait que l’euro soit déjà au tapis – il a atteint lundi son plus bas niveau depuis neuf ans – peut expliquer l’absence de réaction de la monnaie unique.Mais c’est probablement la conjoncture macroéconomique qui permet le mieux de comprendre l’apparente absence d’empathie des marchés. « Ils ont les yeux rivés sur la Banque centrale européenne [BCE] », résume Franklin Pichard, chez Barclays Bourse.Mercredi, l’institut Eurostat a annoncé une inflation négative (– 0,2 %) en décembre 2014 en zone euro, du jamais vu depuis 2009. De quoi renforcer les craintes d’une spirale déflationniste, à même de torpiller la faible reprise européenne. Mais surtout, de quoi renforcer les espoirs d’une action de la BCE.Dans une ultime tentative pour ranimer l’économie du Vieux Continent, son président, Mario Draghi, pourrait annoncer dès la réunion du 22 janvier un programme de rachat d’obligations souveraines.A cela se sont ajoutées les déclarations rassurantes de la chancelière allemande, Angela Merkel, assurant de son souhait de voir la Grèce rester dans la zone euro. La perspective d’un « Grexit » avait en effet déclenché un début de panique sur les marchés, lundi 5 janvier.Tout en exprimant leur émotion face à la « barbarie » survenue à Charlie Hebdo, les opérateurs sont donc « passés au-dessus de cet événement », indique M. Pichard.« Seule une détérioration marquée de la situation en France, avec l’instauration d’une psychose qui se propagerait aux pays voisins, pourrait vraiment affecter la Bourse. Pour l’heure, on voit plutôt une population qui fait front, et cela est de nature à rassurer les investisseurs », conclut M. L’Hoir.Audrey TonnelierAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.01.2015 à 15h01 | Guy Dutheil Un son et lumière « hollywoodien », une chanteuse échappée d’une comédie musicale de Broadway, des centaines d’invités venus du monde entier, Qatar Airways avait décidé d’en mettre plein la vue pour la réception officielle, mercredi 7 janvier, de son premier exemplaire de l’A350, le tout nouveau gros-porteur long courrier d’Airbus.Posé sur le tarmac du tout neuf aéroport de Doha, le nouvel avion trônait, en vedette, derrière la scène, dans sa livrée crème et grenat, les couleurs de Qatar Airways.Avec l’A350, Airbus défie les 777 et 787 de BoeingL’arrivée dans la flotte de la compagnie qatarie du premier exemplaire du long courrier d’Airbus relance la rivalité entre les compagnies du Golfe : Emirates (Dubaï), Etihad (Abu Dhabi) et Qatar Airways.Les « trois sœurs ennemies » comme on les surnomme, se livrent une bataille acharnée. Chacune d’elle, à grand renfort d’aéroports surdimensionnés et de commandes géantes d’avions, tente de s’imposer comme le « hub » leader de la région.Fin décembre 2014, c’est Etihad qui a marqué les esprits. La compagnie d’Abu Dhabi a dévoilé, in situ, la nouvelle cabine de sa flotte.Sa nouvelle première classe la place parmi les meilleures compagnies aériennes du moment. Notamment grâce à sa « Résidence », un appartement de deux pièces, salle de bain et majordome. Une exclusivité des A380 d’Etihad. Avec Résidence, son appartement volant, Etihad se rêve en référence du voyage aérienQatar Airways a répliqué avec un A350 équipé de la cabine bi-classe (business et économique) dernier cri de la compagnie.Fier de son produit, Akbar Al Baker, PDG de Qatar Airways, n’a pas hésité à proclamer, un rien fanfaron : « avec une business class de cette qualité nous n’avons pas besoin de Première classe ».À défaut de « First », les quatre-vingts A350 commandés par la Qatar Airways seront tous équipés d’un bar réservé aux passagers de la classe affaires.Pression pour obtenir un A380 remotoriséToutefois, la réception officielle de l’A350 a aussi été pour M. Al Baker, l’occasion de relancer Airbus pour obtenir la mise en œuvre d’une version « neo », moins gourmande en carburant, de l’A380. « Un A380 remotorisé sauverait le programme », a assuré M. Al Baker.Présent à Doha, Didier Evrard, patron du programme A350, récemment nommé vice-président d’Airbus, s’est bien gardé de répondre. Pour l’heure, Airbus n’a pas tranché entre une remotorisation ou un allongement de l’avion pour y loger plus de passagers.« Nous devons d’abord écouter le marché car nous avons des clients qui n’ont pas tous la même exigence », a confié M. Evrard. Toutefois, il a confié que « la (re)motorisation de l’A380 est un axe prioritaire. Sur le principe, il est vraisemblable que la remotorisation arrive un jour. »Problème : les deux motoristes, Rolls Royce et Engine Alliance, qui équipent l’A380, ne se bousculent pas pour travailler sur un nouveau moteur moins gourmand. « C’est la question », a admis M. Evrard, conscient de la faiblesse des ventes de l’A380.Depuis son lancement en 2000, seuls 318 exemplaires du très gros porteur d’Airbus ont trouvé preneur, dont 140 pour la seule Emirates.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.01.2015 à 13h20 • Mis à jour le08.01.2015 à 13h37 Niels H., un infirmier allemand, jugé depuis plusieurs mois par un tribunal de la Basse-Saxe, a reconnu avoir tué une trentaine de patients gravement malades qui étaient hospitalisés en soins intensifs entre 2003 et 2005, rapporte l'agence de presse allemande DPA (Deutsche Presse-Agentur).Selon un expert psychiatre entendu jeudi 8 janvier durant une audience au procès, l'accusé lui avait avoué une trentaine d'homicides lors d'un examen. L'infirmier de 38 ans, Niels H., comparaît depuis septembre pour les meurtres de trois patients et tentatives de meurtre de deux autres patients, à qui il aurait injecté des surdoses de médicaments alors qu'ils étaient en soins intensifs.DÉMONTRER SES TALENTS DE RÉANIMATIONLes enquêteurs le soupçonnent d'avoir procédé à des injections entre 2003 et 2005 afin de démontrer ses talents de réanimation, amenant les patients près de la mort avant de tenter par la suite de les ranimer. D'après le psychiatre, l'accusé a également reconnu avoir administré des surdoses de médicament à une soixantaine d'autres patients qui, eux, ont survécu.Niels H. avait été condamné en 2008 à sept ans et demi de prison pour une tentative de meurtre. Il est incarcéré depuis. Employé à la clinique de Delmenhorst, près d'Oldenbourg, il avait été surpris à l'été 2005 par une collègue alors qu'il était en train d'injecter à un patient un médicament pour le cœur. 07.01.2015 à 13h29 • Mis à jour le07.01.2015 à 17h09 La Pologne a reçu une demande d'extradition du cinéaste franco-polonais Roman Polanski vers les Etats-Unis, où court toujours une plainte pour agression sexuelle déposée contre lui en 1977, rapporte l'agence de presse polonaise PAP, qui rapporte des propos du bureau du procureur général. Le cinéaste, né en Pologne et qui vit en France, se trouve actuellement à Cracovie où il prévoit de tourner un film. L'affaire ressurgit régulièrement. En octobre, les autorités américaines avaient demandé ainsi en vain son interpellation alors qu'il se trouvait en Pologne.Le 24 décembre, un juge de Los Angeles a rejeté une motion déposée par les avocats de Roman Polanski pour classer la plainte pour agression sexuelle déposée contre le réalisateur. Les défenseurs du cinéaste de 81 ans font valoir depuis des années que Roman Polanski a été dans cette affaire la victime d'une faute professionnelle de la part de la justice et du procureur de l'époque. Mais, dans ce jugement, le juge de la Cour supérieure de Los Angeles James Brandlin a déclaré que Roman Polanski devait, s'il veut régler le dossier, revenir aux Etats-Unis, où un mandat d'arrestation à son encontre est toujours en vigueur. Accusé d'avoir eu un rapport sexuel avec une adolescente de 13 ans, Samantha Geimer, Roman Polanski avait plaidé coupable en 1977. Il avait passé 42 jours en prison puis avait été libéré sous caution. En 1978, il avait fui les Etats-Unis avant l'audience qui devait fixer sa peine, craignant que le juge ne lui inflige une peine plus lourde.En 2009, il a été arrêté à Zurich en vertu du mandat d'arrêt lancé contre lui plus de 30 ans auparavant et placé en résidence surveillée. Il a recouvré la liberté en 2010, les autorités suisses ayant décidé de ne pas l'extrader vers les Etats-Unis.L'an dernier, Samantha Geimer a écrit un livre avec son avocat, sur la soirée du 10 mars 1977 où, selon elle, Polanski lui avait fait boire du champagne et lui avait donné un somnifère avant de lui imposer des relations sexuelles dans la maison de Jack Nicholson. Désormais âgée de 51 ans, elle avait ajouté qu'elle avait pardonné à Polanski, réalisateur notamment de Rosemary's Baby, Chinatown, Le Locataire ou encore Tess.Lire aussi : La justice américaine refuse d'abandonner les poursuites contre Roman Polanski 07.01.2015 à 10h12 • Mis à jour le07.01.2015 à 12h13 | Claire Guélaud Voilà une nouvelle qui n’est pas franchement une surprise mais qui pourrait contrarier les plans de communication de l’Elysée : alors que le président de la République a placé ses vœux 2015 sous le signe de l’optimisme et de l’audace, les premières estimations de la Commission européenne sur les produits intérieurs bruts (PIB) britannique et français en 2014 montrent que le Royaume-Uni a détrôné la France comme cinquième puissance économique mondiale.Manifestement François Hollande n’en avait pas été averti lorsqu’il a déclaré, le 31 décembre 2014 : « La France, c’est un grand pays ; elle est la cinquième puissance économique du monde. »Dynamisme, inflation et revalorisationCette première estimation, dénichée par Le Figaro sur le site Internet de la Commission européenne, devrait être confirmée dans les prochaines semaines. D’une certaine manière, elle résume, à elle seule, les atouts de l’économie britannique et les faiblesses françaises.Jusqu’en 2013, la France avait réussi à tenir son rang dans le club des dix premières puissances mondiales. Malgré ses difficultés persistantes (croissance nulle ou faible et chômage élevé, déficits jumeaux, dégradation de la compétitivité de son économie, effondrement des taux de marge des entreprises…), elle continuait d’occuper la cinquième place derrière les Etats-Unis, la Chine, le Japon et l’Allemagne mais devant le Royaume-Uni.En 2014, elle a été reléguée en 6e position. Le dynamisme de l’économie britannique, qui a connu une croissance en volume de 3 % contre 0,4 % en France, le niveau plus élevé de l’inflation outre-Manche (1,5 % contre 0,4 %) et la revalorisation de la livre sterling par rapport à l’euro expliquent pour l’essentiel cette évolution.Renversement de tendanceLe PIB est l’ensemble des richesses créées annuellement dans un pays ou, comme préfère le dire l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la somme des valeurs ajoutées de ce pays. En 2013, mesuré en valeur absolue et non en parité de pouvoir d’achat (PPA), le PIB s’est élevé à 2 114 milliards d’euros en France contre 2 017 milliards au Royaume-Uni. Soit une différence de 97 milliards d’euros à l’avantage de Paris.Un an plus tard, la situation s’est inversée : à la faveur d’une reprise qui a surpris les observateurs par sa vigueur, le Royaume-Uni est passé en tête. Son PIB en 2014 s’élèverait à 2 232 milliards d’euros, soit 98 milliards de plus que le PIB français (2 134 milliards). Ce renversement de tendance tient d’abord à l’inégalité des taux de croissance des deux économies. La reprise a été particulièrement dynamique outre-Manche : le PIB a progressé de 3 % en 2014 à la faveur, analyse Philippe Waechter, directeur des études de Natixis Asset Management, du dynamisme de la demande intérieure.Ce qui a porté cette dernière ? « Une politique budgétaire pas très restrictive, qui a soutenu la demande intérieure ; la politique de Quantitative Easing conduite par la Banque d’Angleterre, qui a permis de redistribuer du crédit aux ménages dès le début 2013 ; un marché du travail flexible qui a rendu possibles des créations nettes d’emploi. Mêmes précaires, celles-ci ont contribué à soutenir la demande des ménages et la consommation », résume l’économiste.On pourrait y ajouter la qualité du climat des affaires – les enquêtes de conjoncture restent à un niveau élevé – et les effets richesse liés à l’état du marché immobilier. Autant de points positifs qui ont permis à l’économie britannique de repartir, alors même qu’elle continue de souffrir, elle aussi, de la baisse de sa productivité.Panorama conjoncturel sombreLe panorama conjoncturel français de 2014 était, on le sait, bien plus sombre : une croissance obstinément atone et ce pour la troisième année de suite ; des déficits public et commercial marqués ; un chômage à deux chiffres qui continue d’augmenter et qui pèse sur la consommation des ménages – l’épargne de précaution reste d’ailleurs importante – ; des entreprises qui, malgré les premiers effets du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), rencontrent toujours de sérieuses difficultés financières. A quoi s’ajoute une forme de pessimisme généralisée qui n’aide pas l’économie à redémarrer.D’après Le Figaro, les différences de taux de croissance portent sur une soixantaine de milliards d’euros. La plus forte inflation outre-Manche (+ 1,5 %, contre 0,4 % en France) expliquerait un écart de PIB en faveur de Londres de l’ordre de 30 à 40 milliards. La forte revalorisation de la livre sterling par rapport à un euro en baisse ferait l’essentiel du reste.En revanche, le fait que les comptables nationaux britanniques aient accepté en 2013, contrairement à leurs homologues français, d’intégrer les activités liées à la prostitution et à la drogue dans la mesure de leur PIB aurait eu des conséquences marginales. On ne leur doit pas, en tout cas, la relégation française.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.01.2015 à 08h28 • Mis à jour le07.01.2015 à 10h23 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Pierre Moscovici, le commissaire européen en charge de l’économie et de la fiscalité, déclare, dans un entretien au Monde, qu’« il faut laisser les Grecs faire leur choix » lors des élections législatives anticipées du 25 janvier, et que, « quel que soit leur choix, il sera respecté. Ce n’est pas à nous de sélectionner, d’ostraciser, le dirigeant d’un pays de l’Union européenne. »Le ton utilisé par M. Moscovici, au nom de la Commission, tranche avec celui prêté au gouvernement allemand, Angela Merkel étant, selon le magazine Der Spiegel, favorable à une sortie de la Grèce de la zone euro.M. Moscovici assure notamment que si Alexis Tsipras, le dirigeant de Syrisa (extrême gauche), qui prône la fin des mesures d’austérité imposées par la « Troïka » (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international, Commission européenne) et une restructuration de la dette grecque, « emporte les élections et devient Premier ministre », la porte de la Commission « lui est ouverte. » Tout en écartant une annulation partielle ou totale de la dette, M. Moscovici indique que, si celle-ci « doit être remboursée », cela peut se faire « à un rythme ou à un autre. » Le risque de contagionSelon M. Moscovici, « il faut prendre ces élections pour ce qu’elles sont : un rendez-vous démocratique très significatif mais pas le déclencheur possible d’une crise ». Il assure que « la situation d’incertitude créée par les élections provoque des mouvements très limités, en ampleur et en volume s’agissant des marchés. Plus encore, s’agissant des capitaux. »La possibilité d’une sortie de la Grèce de la zone euro M. Moscovici ne veut pas s’inscrire dans cette perspective. « Cette question ne se pose pas », relève-t-il, indiquant que la Commission « souhaite que le pays reste » dans la zone euro. « C’est important pour la zone euro, son intégrité, son attractivité », mais aussi « pour la Grèce, qui a bénéficié à travers les programmes décidés en sa faveur, de fonds européens considérables, pour l’aider à restructurer son économie », argumente-t-il.La restructuration de la dette « Cette question ne se pose pas », assure M. Moscovici. « Une dette n’est pas faite pour être effacée, elle existe, elle doit être remboursée », déclare-t-il, tout en ajoutant : « à un rythme ou à un autre. » Ce qui pourrait laisser la porte ouverte à un rééchelonnement. Le commissaire souligne aussi qu’un « effacement de la dette, totale ou partielle, a un coût pour les citoyens de l’Union européenne, Allemands, Italiens, Français, en fonction des créances sur la Grèce détenues par les économies de ces pays. »La poursuite des réformesSi la Grèce veut pouvoir bénéficier de la fin du programme d’assistance actuel - elle doit recevoir encore près de 4 milliards d’euros - cela passe par de nouvelles réformes. À ce propos, M. Moscovici souligne que « ce n’est pas [de] davantage d’austérité » dont a besoin le pays, mais qu’il lui faut mettre en place « une meilleure collecte des impôts, une économie plus compétitive ».La « surveillance » de la GrèceElle doit être maintenue, mais sous une nouvelle forme, en suivant « de manière plus distante, à travers des missions plus légères, moins fréquentes une dizaine de politiques publiques », indique M. Moscovici.La Troïka, qui « a joué un rôle utile » et sans qui « la Grèce aurait souffert bien davantage », doit passer la main : elle « a épuisé son rôle historique, parce que beaucoup de réformes ont été faites. »« Il faut passer à un autre stade de l’aide internationale », avance M. Moscovici, qui rappelle que « l’UE est prête à mettre en place une ligne de crédit de 10 milliards d’euros » et « le FMI, à passer à un programme de précaution, plus léger. »Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.01.2015 à 01h00 • Mis à jour le07.01.2015 à 10h37 | Eric Albert (Londres, correspondance) Dans un exercice sans précédent, la Banque d’Angleterre a accepté de dévoiler, mercredi 7 janvier, l’ensemble des procès-verbaux des réunions internes de sa « cour », l’équivalent de son conseil d’administration, entre 2007 et 2009, au plus fort de la crise financière. Si la volonté de transparence est exemplaire, le résultat, qui s’étend sur plusieurs centaines de pages, n’est guère reluisant.Il y est révélé que la vieille institution n’a pratiquement rien vu venir de cette crise. Elle s’est montrée complaisante et lente à réagir. Au fur et à mesure des secousses des marchés, elle a changé d’avis, prenant conscience que la structure de surveillance du système financier au Royaume-Uni – qu’elle défendait mordicus – ne fonctionnait pas.Si de nombreux observateurs extérieurs ont déjà porté ces accusations contre la Banque d’Angleterre, et son gouverneur d’alors, Mervyn King, voir ainsi les discussions internes, la reconnaissance des errements et les hésitations jette une lumière crue sur les limites de l’institution au début de la crise.« Le système bancaire est solide »Le 12 septembre 2007, la cour se rassemble – le gouverneur, les deux vice-gouverneurs et les seize membres non exécutifs sont présents. Le président de la Financial Services Authority (FSA), qui est alors le régulateur financier, a aussi été invité. Nous sommes deux jours avant l’écroulement de Northern Rock, qui provoquera une panique bancaire avec des milliers de clients qui forment des files d’attente pour retirer leur argent.Mais dans les salles feutrées du bâtiment de Threadneedle Street, le mal semble encore bénin. Bien sûr, les marchés financiers ont été agités tout l’été, mais il n’y a pas lieu de s’alerter. « Le système bancaire britannique est solide », insiste le président de la FSA, Callum McCarthy.L’inquiétude autour des produits financiers structurés a bien été évoquée, mais c’est pour mieux la balayer : un dirigeant de la Banque d’Angleterre (son nom n’est pas précisé) « estime que les risques sont compris par la plupart des [établissements financiers]. »Le lendemain, la même cour est réunie d’urgence pour approuver une ligne de liquidités de secours à Northern Rock. C’est déjà trop tard. La banque sera finalement nationalisée.Peu de questionnementsLa solidarité presque instinctive entre les membres non exécutifs du conseil d’administration et les dirigeants de la Banque d’Angleterre est aussi illustrée par ces procès-verbaux. Alors que les premiers sont censés questionner les seconds, cela ne semble presque jamais se produire.Deux semaines après la faillite de Northern Rock, la réunion de la cour commence par un message de M. King, qui remercie les membres non exécutifs « pour leurs messages de soutien » pendant la crise.L’un d’entre eux interroge quand même : « Est-ce que la Banque était aussi bien préparée qu’elle aurait dû l’être ? » Réponse du bout des lèvres d’un des gouverneurs : les réformes nécessaires étaient en cours, mais « nous n’avions pas anticipé leur urgence »…Le 10 septembre 2008, cinq jours avant la faillite de Lehman Brothers, la cour se réunit de nouveau. Cette fois-ci, la crise est dans tous les esprits. La banque américaine est nommément citée comme une source possible de risques. Mais le ton n’est pas à l’urgence. M. King présente ses priorités pour son deuxième mandat de cinq ans, qui a démarré en juillet. La supervision financière britannique est en cours de modification, mais il note que rien ne sera finalisé au mieux avant 2009.Le cataclysme financier qui s’abat quelques jours plus tard rend ses paroles caduques. Il faudra l’intervention du gouvernement, avec la nationalisation de deux grandes banques, pour calmer les marchés.« Ces procès-verbaux prouvent que durant la crise, la Banque d’Angleterre n’avait pas un conseil d’administration digne de ce nom, attaque Andrew Tyrie, le député qui préside le comité parlementaire en charge des questions financières. La cour étant presque seulement réactive : il n’y a quasiment aucun signe d’un membre non exécutif qui a fait une suggestion ou questionné de façon constructive la direction [de la Banque d’Angleterre]. »Réformes du fonctionnement interneNormalement, ces documents n’auraient pas dû être publiés avant 2027. Mais le comité parlementaire en charge des questions financières fait pression depuis 2011 pour les obtenir.M. King s’y était toujours refusé, arguant de la confidentialité des discussions. Mais son successeur, Mark Carney, en place depuis 2013, a décidé de faire le ménage.Lire également : La Banque d’Angleterre, un nouveau "flic" dans la City de LondresM. Carney a annoncé, en décembre 2014, une série de réformes du fonctionnement interne de la Banque, notamment pour améliorer sa transparence.Au passage, il a accepté de dévoiler ces procès-verbaux. Une méchante pique contre son prédécesseur.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Samuel Laurent et Alexandre Pouchard Le débat sur l'immigration s'enflamme en Allemagne. Près de 18 000 personnes ont manifesté lundi 5 janvier à Dresde, dans l'Est du pays, à l'appel du mouvement « les Européens patriotes contre l'islamisation de l'Occident » (Pegida). Ils ont ainsi établi un nouveau record de participation à ces rassemblements de plus en plus réguliers, qui engendrent également des mobilisations d'opposants. Ce phénomène anti-immigration est relativement nouveau dans le pays le plus peuplé de l'Union européenne, qui connaît un afflux migratoire important depuis quelques années. 1. Que dénoncent les manifestants ?Le groupe Pegida est né en octobre sur Facebook, à l'initiative de Lutz Bachmann, un ancien cuisinier de 41 ans reconverti dans la communication. Fervent partisan de la « tolérance zéro » pour les immigrés qui commettent des délits, il a été condamné à plusieurs reprises lui-même pour divers délits et se trouve actuellement en liberté conditionnelle, expliquait notre correspondant à Berlin en décembre. Il a lancé le principe d'une manifestation tous les lundis, dont l'affluence grandit semaine après semaine.Le credo de Pegida ? L'opposition au « fanatisme religieux et à toute forme de radicalisme », et plus précisément le refus de « l'islamisation » de la société allemande. Cela passe par la fin de « l'abus de l'asile » dans un pays qui est devenu la première destination européenne des migrants (voir ci-dessous). Une banderole déployée lundi à Cologne réclamait ainsi « des pommes de terre plutôt que des kebabs », allusion à la forte immigration turque en Allemagne.Au-delà de l'immigration, le mouvement dénonce les médias (« tous des menteurs »), les élites politiques ou encore le multiculturalisme, qui diluerait la culture chrétienne allemande.2. Que représente l'immigration en Allemagne ?15 millions Depuis les années 1950, l'Allemagne a fait appel à de la main-d'œuvre immigrée de manière régulière : les « gastarbeiter » (littéralement « travailleurs invités ») ont contribué au redressement économique du pays durant des décennies. En 2010, selon les statistiques officielles, on comptait 19,3 % de personnes issues de l'immigration dans le pays : 8,6 millions étaient de nationalité allemande et 7,15 millions de nationalité étrangère. Parmi ces immigrés, 10,6 millions étaient nés à l'étranger et 5,15 millions en Allemagne. A titre de comparaison, en France, 8,4 % de la population est immigrée.if (!window.jQuery) {') .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } .subtitre{ display:block; }$("#container_1420543074307 .graphe").css("height", 450)$("#container_1420543074307 .title").empty()if ("Immigration en Allemagne depuis 1950"!= ""){Immigration en Allemagne depuis 1950")}$("#container_1420543074307 .subtitle").empty()if (""!= ""){")}$(function () {Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher' }});$("#container_1420543074307 .graphe").highcharts({chart:{ backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, type: "line", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "", _blank ); } } }},colors:["#0386c3","#f0e0b6","#f7bebe","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"],credits:{ enabled:true, text:"", position: { align: "right", x: -15, y: -5 },},title: { text: ""},subtitle: { text: ""},plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true }},yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }]}, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' }}],xAxis:{ type:"datetime", categories:null, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value:%Y}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }]},tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:true, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "%Y"},legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10},series:[ { "name": "Solde migratoire", "type": "column", "stack": "", "data": [ [ -631152000000, 17992 ], [ -599616000000, -37722 ], [ -568080000000, -47707 ], [ -536457600000, -20665 ], [ -504921600000, -24722 ], [ -473385600000, -9056 ], [ -441849600000, -9015 ], [ -410227200000, 26971 ], [ -378691200000, 50655 ], [ -347155200000, 48736 ], [ -315619200000, 176442 ], [ -283996800000, 222887 ], [ -252460800000, 240126 ], [ -220924800000, 150184 ], [ -189388800000, 240842 ], [ -157766400000, 302234 ], [ -126230400000, 93562 ], [ -94694400000, -205808 ], [ -63158400000, 253212 ], [ -31536000000, 544046 ], [ 0, 547085 ], [ 31536000000, 382069 ], [ 63072000000, 283939 ], [ 94694400000, 352564 ], [ 126230400000, -34600 ], [ 157766400000, -223902 ], [ 189302400000, -92847 ], [ 220924800000, 16915 ], [ 252460800000, 100851 ], [ 283996800000, 230741 ], [ 315532800000, 296791 ], [ 347155200000, 135104 ], [ 378691200000, -89476 ], [ 410227200000, -132772 ], [ 441763200000, -194445 ], [ 473385600000, 55559 ], [ 504921600000, 160076 ], [ 536457600000, 193247 ], [ 567993600000, 441139 ], [ 599616000000, 593962 ], [ 631152000000, 681872 ], [ 662688000000, 602523 ], [ 694224000000, 782071 ], [ 725846400000, 462096 ], [ 757382400000, 314998 ], [ 788918400000, 397935 ], [ 820454400000, 282197 ], [ 852076800000, 93664 ], [ 883612800000, 47098 ], [ 915148800000, 201975 ], [ 946684800000, 167120 ], [ 978307200000, 272723 ], [ 1009843200000, 219288 ], [ 1041379200000, 142645 ], [ 1072915200000, 82543 ], [ 1104537600000, 78953 ], [ 1136073600000, 22791 ], [ 1167609600000, 43912 ], [ 1199145600000, -55743 ], [ 1230768000000, -12782 ], [ 1262304000000, 127677 ], [ 1293840000000, 279330 ], [ 1325376000000, 368945 ], [ 1356998400000, 428607 ] ], "color": "#0386c3" }, { "name": "Arrivées", "type": "line", "data": [ [ -631152000000, 96140 ], [ -599616000000, 88349 ], [ -568080000000, 88089 ], [ -536457600000, 101599 ], [ -504921600000, 111490 ], [ -473385600000, 127921 ], [ -441849600000, 159086 ], [ -410227200000, 200142 ], [ -378691200000, 212520 ], [ -347155200000, 227600 ], [ -315619200000, 395016 ], [ -283996800000, 489423 ], [ -252460800000, 566465 ], [ -220924800000, 576951 ], [ -189388800000, 698609 ], [ -157766400000, 791737 ], [ -126230400000, 702337 ], [ -94694400000, 398403 ], [ -63158400000, 657513 ], [ -31536000000, 980731 ], [ 0, 1042760 ], [ 31536000000, 936349 ], [ 63072000000, 852549 ], [ 94694400000, 932583 ], [ 126230400000, 601013 ], [ 157766400000, 429064 ], [ 189302400000, 476286 ], [ 220924800000, 522611 ], [ 252460800000, 559620 ], [ 283996800000, 649832 ], [ 315532800000, 736362 ], [ 347155200000, 605629 ], [ 378691200000, 404019 ], [ 410227200000, 354496 ], [ 441763200000, 410387 ], [ 473385600000, 480872 ], [ 504921600000, 567215 ], [ 536457600000, 591765 ], [ 567993600000, 860578 ], [ 599616000000, 1133794 ], [ 631152000000, 1256250 ], [ 662688000000, 1198978 ], [ 694224000000, 1502198 ], [ 725846400000, 1277408 ], [ 757382400000, 1082553 ], [ 788918400000, 1096048 ], [ 820454400000, 959691 ], [ 852076800000, 840633 ], [ 883612800000, 802456 ], [ 915148800000, 874023 ], [ 946684800000, 841158 ], [ 978307200000, 879217 ], [ 1009843200000, 842543 ], [ 1041379200000, 768975 ], [ 1072915200000, 780175 ], [ 1104537600000, 707352 ], [ 1136073600000, 661855 ], [ 1167609600000, 680766 ], [ 1199145600000, 682146 ], [ 1230768000000, 721014 ], [ 1262304000000, 798282 ], [ 1293840000000, 958299 ], [ 1325376000000, 1080936 ], [ 1356998400000, 1226493 ] ], "color": "#f0e0b6" }, { "name": "Départs", "type": "line", "data": [ [ -631152000000, 78148 ], [ -599616000000, 126071 ], [ -568080000000, 135796 ], [ -536457600000, 122264 ], [ -504921600000, 136212 ], [ -473385600000, 136977 ], [ -441849600000, 168101 ], [ -410227200000, 173171 ], [ -378691200000, 161865 ], [ -347155200000, 178864 ], [ -315619200000, 218574 ], [ -283996800000, 266536 ], [ -252460800000, 326339 ], [ -220924800000, 426767 ], [ -189388800000, 457767 ], [ -157766400000, 489503 ], [ -126230400000, 608775 ], [ -94694400000, 604211 ], [ -63158400000, 404301 ], [ -31536000000, 436685 ], [ 0, 495675 ], [ 31536000000, 554280 ], [ 63072000000, 568610 ], [ 94694400000, 580019 ], [ 126230400000, 635613 ], [ 157766400000, 652966 ], [ 189302400000, 569133 ], [ 220924800000, 505696 ], [ 252460800000, 458769 ], [ 283996800000, 419091 ], [ 315532800000, 439571 ], [ 347155200000, 470525 ], [ 378691200000, 493495 ], [ 410227200000, 487268 ], [ 441763200000, 604832 ], [ 473385600000, 425313 ], [ 504921600000, 407139 ], [ 536457600000, 398518 ], [ 567993600000, 419439 ], [ 599616000000, 539832 ], [ 631152000000, 574378 ], [ 662688000000, 596455 ], [ 694224000000, 720127 ], [ 725846400000, 815312 ], [ 757382400000, 767555 ], [ 788918400000, 698113 ], [ 820454400000, 677494 ], [ 852076800000, 746969 ], [ 883612800000, 755358 ], [ 915148800000, 672048 ], [ 946684800000, 674038 ], [ 978307200000, 606494 ], [ 1009843200000, 623255 ], [ 1041379200000, 626330 ], [ 1072915200000, 697632 ], [ 1104537600000, 628399 ], [ 1136073600000, 639064 ], [ 1167609600000, 636854 ], [ 1199145600000, 737889 ], [ 1230768000000, 733796 ], [ 1262304000000, 670605 ], [ 1293840000000, 678969 ], [ 1325376000000, 711991 ], [ 1356998400000, 797886 ] ], "color": "#f7bebe" }]})});var chart = $('#container_1420543074307 .graphe').highcharts();if (1== 0){ $("#axeY2").hide() $(".invis").hide() $(".invis2").hide()} else { $("#axeY2").show() $(".invis").show() $(".invis2").show()}L'Europe de l'Est et la Turquie ont longtemps fourni l'essentiel du contingent d'immigrés allemands : on compte 2,5 millions de personnes d'origine turque en Allemagne et plus de deux millions d'immigrés d'origine russe ou polonaise. Il y a une explication historique à ce phénomène : longtemps, des populations d'origine allemande rapatriées des pays de l'ancienne Union soviétique ont constitué des cohortes importantes. Autre contingent nombreux, celui des immigrés venus des pays de l'ex-Yougoslavie.Cette immigration a été très importante jusque dans les années 1980, avant de diminuer au cours des années 1990. Mais elle a aussi connu un mouvement de sédentarisation : les travailleurs venus dans le cadre de migrations temporaires sont restés en Allemagne.Autre élément à rappeler : l'Allemagne était régie, jusqu'en 2000, par la politique du droit du sang. Il fallait avoir un parent allemand pour acquérir cette nationalité. Depuis la réforme, un enfant dont les parents étrangers résident depuis au moins huit ans en Allemagne peut être allemand. En France, c'est également le droit du sol qui prévaut pour les enfants d'étrangers : ils peuvent acquérir la nationalité s'ils justifient d'au moins cinq ans de résidence sur le territoire national. Ainsi, 8 millions de personnes ont obtenu la nationalité allemande.3. Pourquoi cette flambée anti-immigrants ?Plusieurs phénomènes peuvent expliquer cette flambée du discours anti-immigration. D'une part, la démographie allemande est en berne et les autorités n'ont pas freiné les arrivées dans le pays. Selon Destatis, l'office fédéral de la statistique, le pays a connu 673 000 naissances en 2012 pour 869 000 décès, soit un solde négatif de 196 000 personnes. Depuis des décennies, c'est uniquement grâce à l'immigration que l'Allemagne maintient un solde démographique positif.Mais surtout, depuis le début de la décennie 2010, l'Allemagne redevient un pays d'immigration massive. C'est notamment la première destination en matière de demandes d'asile en Europe, avec une véritable envolée des demandes ces dernières années.if (!window.Highcharts) {') .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } .subtitre{ display:block; }$("#container_1420561443039 .graphe").css("height", 450)$("#container_1420561443039 .title").empty()if ("Premières demandes d'asile déposées par mois"!= ""){Premières demandes d'asile déposées par mois")}$("#container_1420561443039 .subtitle").empty()if ("La France connaît une relative stabilité, quand l'Allemagne voit les demandes augmenter fortement depuis 2012."!= ""){La France connaît une relative stabilité, quand l'Allemagne voit les demandes augmenter fortement depuis 2012.")}$(function () {Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher' }});$("#container_1420561443039 .graphe").highcharts({chart:{ backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, type: "line", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://appsso.eurostat.ec.europa.eu/nui/submitViewTableAction.do;jsessionid=Uce__p94O6P8DsKt4PfvquV2KxXJs79ysmddp1ljF2CgylFLQzee!-642403921", _blank ); } } }},colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"],credits:{ enabled:true, text:"Eurostat", position: { align: "right", x: -15, y: -5 },},title: { text: ""},subtitle: { text: ""},plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true }},yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }]}, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' }}],xAxis:{ type:"datetime", categories:null, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value:%Y}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }]},tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "%Y"},legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10},series:[ { "name": "Allemagne", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 1230768000000, 2445 ], [ 1233446400000, 2045 ], [ 1235865600000, 2080 ], [ 1238544000000, 1960 ], [ 1241136000000, 1900 ], [ 1243814400000, 2005 ], [ 1246406400000, 2605 ], [ 1249084800000, 2525 ], [ 1251763200000, 2705 ], [ 1254355200000, 2690 ], [ 1257033600000, 2520 ], [ 1259625600000, 2170 ], [ 1262304000000, 2715 ], [ 1264982400000, 2455 ], [ 1267401600000, 2715 ], [ 1270080000000, 2455 ], [ 1272672000000, 2415 ], [ 1275350400000, 2895 ], [ 1277942400000, 3380 ], [ 1280620800000, 4100 ], [ 1283299200000, 4770 ], [ 1285891200000, 4975 ], [ 1288569600000, 4755 ], [ 1291161600000, 3700 ], [ 1293840000000, 3900 ], [ 1296518400000, 3370 ], [ 1298937600000, 3625 ], [ 1301616000000, 3030 ], [ 1304208000000, 3500 ], [ 1306886400000, 3255 ], [ 1309478400000, 3555 ], [ 1312156800000, 4065 ], [ 1314835200000, 4190 ], [ 1317427200000, 4185 ], [ 1320105600000, 4890 ], [ 1322697600000, 4175 ], [ 1325376000000, 4665 ], [ 1328054400000, 3915 ], [ 1330560000000, 3715 ], [ 1333238400000, 3285 ], [ 1335830400000, 3590 ], [ 1338508800000, 4125 ], [ 1341100800000, 4750 ], [ 1343779200000, 5485 ], [ 1346457600000, 6925 ], [ 1349049600000, 10195 ], [ 1351728000000, 9000 ], [ 1354320000000, 4880 ], [ 1356998400000, 7530 ], [ 1359676800000, 5995 ], [ 1362096000000, 5790 ], [ 1364774400000, 7710 ], [ 1367366400000, 7685 ], [ 1370044800000, 8600 ], [ 1372636800000, 9805 ], [ 1375315200000, 9830 ], [ 1377993600000, 11730 ], [ 1380585600000, 13285 ], [ 1383264000000, 12400 ], [ 1385856000000, 9220 ], [ 1388534400000, 12555 ], [ 1391212800000, 9830 ], [ 1393632000000, 9840 ], [ 1396310400000, 10200 ], [ 1398902400000, 11160 ], [ 1401580800000, 12075 ], [ 1404172800000, 16190 ], [ 1406851200000, 15140 ], [ 1409529600000, 16215 ] ], "color": "#0386c3" }, { "name": "France", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 1230768000000, 2905 ], [ 1233446400000, 3755 ], [ 1235865600000, 3640 ], [ 1238544000000, 3490 ], [ 1241136000000, 2815 ], [ 1243814400000, 3475 ], [ 1246406400000, 3550 ], [ 1249084800000, 3200 ], [ 1251763200000, 3480 ], [ 1254355200000, 4135 ], [ 1257033600000, 3720 ], [ 1259625600000, 3905 ], [ 1262304000000, 3325 ], [ 1264982400000, 4350 ], [ 1267401600000, 4600 ], [ 1270080000000, 3835 ], [ 1272672000000, 3720 ], [ 1275350400000, 3800 ], [ 1277942400000, 3755 ], [ 1280620800000, 3620 ], [ 1283299200000, 3830 ], [ 1285891200000, 4655 ], [ 1288569600000, 3910 ], [ 1291161600000, 4625 ], [ 1293840000000, 4150 ], [ 1296518400000, 4325 ], [ 1298937600000, 4920 ], [ 1301616000000, 4785 ], [ 1304208000000, 4625 ], [ 1306886400000, 4125 ], [ 1309478400000, 4220 ], [ 1312156800000, 3695 ], [ 1314835200000, 4205 ], [ 1317427200000, 4610 ], [ 1320105600000, 3960 ], [ 1322697600000, 4520 ], [ 1325376000000, 4175 ], [ 1328054400000, 4660 ], [ 1330560000000, 4430 ], [ 1333238400000, 3965 ], [ 1335830400000, 3850 ], [ 1338508800000, 4230 ], [ 1341100800000, 4750 ], [ 1343779200000, 4410 ], [ 1346457600000, 4175 ], [ 1349049600000, 5680 ], [ 1351728000000, 4650 ], [ 1354320000000, 5315 ], [ 1356998400000, 4635 ], [ 1359676800000, 5100 ], [ 1362096000000, 5370 ], [ 1364774400000, 5400 ], [ 1367366400000, 4655 ], [ 1370044800000, 5095 ], [ 1372636800000, 5635 ], [ 1375315200000, 4535 ], [ 1377993600000, 4510 ], [ 1380585600000, 5840 ], [ 1383264000000, 4810 ], [ 1385856000000, 4890 ], [ 1388534400000, 4455 ], [ 1391212800000, 4725 ], [ 1393632000000, 5360 ], [ 1396310400000, 5210 ], [ 1398902400000, 4190 ], [ 1401580800000, 4515 ], [ 1404172800000, 4880 ], [ 1406851200000, 3775 ], [ 1409529600000, 4680 ] ], "color": "#FFc832" }, { "name": "Royaume-Uni", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 1230768000000, 3325 ], [ 1233446400000, 3305 ], [ 1235865600000, 3935 ], [ 1238544000000, 2870 ], [ 1241136000000, 2355 ], [ 1243814400000, 2375 ], [ 1246406400000, 2295 ], [ 1249084800000, 2060 ], [ 1251763200000, 2090 ], [ 1254355200000, 2260 ], [ 1257033600000, 2135 ], [ 1259625600000, 1660 ], [ 1262304000000, 1760 ], [ 1264982400000, 1845 ], [ 1267401600000, 1950 ], [ 1270080000000, 1895 ], [ 1272672000000, 1795 ], [ 1275350400000, 1930 ], [ 1277942400000, 1815 ], [ 1280620800000, 1800 ], [ 1283299200000, 1990 ], [ 1285891200000, 2055 ], [ 1288569600000, 2070 ], [ 1291161600000, 1740 ], [ 1293840000000, 2085 ], [ 1296518400000, 1925 ], [ 1298937600000, 2205 ], [ 1301616000000, 1980 ], [ 1304208000000, 2035 ], [ 1306886400000, 2215 ], [ 1309478400000, 2345 ], [ 1312156800000, 2040 ], [ 1314835200000, 2205 ], [ 1317427200000, 2135 ], [ 1320105600000, 2565 ], [ 1322697600000, 2170 ], [ 1325376000000, 2230 ], [ 1328054400000, 1885 ], [ 1330560000000, 2210 ], [ 1333238400000, 1910 ], [ 1335830400000, 2415 ], [ 1338508800000, 2035 ], [ 1341100800000, 2450 ], [ 1343779200000, 2365 ], [ 1346457600000, 2585 ], [ 1349049600000, 2860 ], [ 1351728000000, 2760 ], [ 1354320000000, 2265 ], [ 1356998400000, 2475 ], [ 1359676800000, 2325 ], [ 1362096000000, 2350 ], [ 1364774400000, 2490 ], [ 1367366400000, 2415 ], [ 1370044800000, 2425 ], [ 1372636800000, 2750 ], [ 1375315200000, 2405 ], [ 1377993600000, 2610 ], [ 1380585600000, 2840 ], [ 1383264000000, 2545 ], [ 1385856000000, 2240 ], [ 1388534400000, 2385 ], [ 1391212800000, 2370 ], [ 1393632000000, 2670 ], [ 1396310400000, 2225 ], [ 1398902400000, 2160 ], [ 1401580800000, 2475 ], [ 1404172800000, 2900 ], [ 1406851200000, 2780 ], [ 1409529600000, 3090 ] ], "color": "#ff3232" }]})});var chart = $('#container_1420561443039 .graphe').highcharts();if (0== 0){ $("#axeY2").hide() $(".invis").hide() $(".invis2").hide()} else { $("#axeY2").show() $(".invis").show() $(".invis2").show()}De plus, avec l'immigration, l'Allemagne a connu une hausse du nombre de ses citoyens musulmans, qui sont aujourd'hui 5 millions environ, sur une population de 80 millions, selon les statistiques officielles. C'est notamment sur la question de la religion que des mouvements tels Pegida mobilisent.>> Voir le reportage : En Allemagne, le discours raciste se banaliseAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.01.2015 à 14h45 • Mis à jour le06.01.2015 à 15h09 Retournement de situation pour le meurtrier belge Frank Van Den Bleeken, cinq jours avant la date prévue de son euthanasie. Ses médecins ont « décidé de ne plus continuer la procédure d'euthanasie », qui devait avoir lieu dimanche, a annoncé le ministre de la justice belge, Koen Geens, mardi 6 janvier.Emprisonné depuis vingt-six ans — essentiellement dans des institutions psychiatriques — pour un assassinat en 1989 et de multiples viols, Frank Van Den Bleeken, 52 ans, avait demandé à bénéficier de la loi belge de 2002 autorisant l'euthanasie en raison de souffrances psychiques. Un droit à mourir que lui avait accordé la Cour d'appel de Bruxelles en septembre.Frank Van Den Bleeken sera finalement transféré dans un centre psychiatrique spécialisé ouvert en novembre à Gand (Ouest), a précisé le ministre dans un communiqué. Le ministre n'a fourni aucune précision sur les motifs de ce revirement, indiquant seulement que « les motivations personnelles de cette décision relèvent du secret médical ».Lire le récit (édition abonnés) : En Belgique, un détenu obtient le droit d'être euthanasié pour raisons psychiatriques« PERSPECTIVE D'UN TRANSFERT RAPIDE »La polémique enflait en Belgique depuis l'annonce, samedi, de la date programmée pour l'euthanasie de ce quinquagénaire, beaucoup dénonçant dans cette évolution un détournement de la loi belge sur l'aide à la fin de vie. Frank Van Den Bleeken se considère comme un danger pour la société, et ne souhaite pas être remis en liberté. Mais jugeant ses conditions de détention inhumaines, il avait demandé à être transféré dans un établissement psychiatrique spécialisé aux Pays-Bas. Après le refus de la justice, il estimait n'avoir pas d'autre issue que l'euthanasie.Le ministre de la justice dit avoir « décidé de transférer » Frank Van Den Bleeken au centre psychiatrique légal de Gand en vue d'y mettre en œuvre un « trajet adapté de soins ». En outre, selon M. Geens, des « contacts très récents et intenses » avec les autorités néerlandaises « offrent une claire perspective d'un transfert rapide vers un centre spécialisé dans les longs séjours d'internement ».CARENCES DANS LA PRISE EN CHARGE DES MALADES MENTAUXCette affaire a souligné les limites de la loi de 2002 autorisant l'euthanasie dans certaines conditions, dont la présence « d'une souffrance physique ou psychique constante et insupportable ». La Ligue belge des droits de l'homme (LDH) a notamment jugé que le choix de Frank Van Den Bleeken était « le résultat direct des manquements de l'Etat belge à son obligation de prise en charge des personnes souffrant de troubles mentaux ».Le ministre de la justice a promis de développer dans les six prochains mois un « plan en vue de l'organisation d'une capacité concrète d'accueil en Belgique » des internés souffrant de troubles psychiques profonds. Le pays a été plusieurs fois condamné par la Cour européenne des droits de l'homme pour ses carences dans ce domaine.Lire le décryptage : Légalisation de l'euthanasie : où en sont les pays européens ? 06.01.2015 à 11h07 • Mis à jour le06.01.2015 à 16h16 | Marie Charrel L’année n’aurait guère pu commencer plus mal pour la zone euro. Lundi 5 janvier au matin, l’ensemble des bourses européennes ont dévissé sur fond d’inquiétudes sur l’économie de la Grèce. Le CAC 40 a reculé de 3,31 %, la bourse de Milan a chuté de 4,92 % à Milan et celle d’Athènes, de 5,63 %, avant de se reprendre mardi. De son côté, l’euro est tombé à 1,1864 dollar, son plus bas niveau depuis mars 2006.L’hypothèse d’un « Grexit », une sortie de la Grèce de la zone euro, hante de nouveau tous les esprits. Les inquiétudes ont été relancées ce week-end par Der Spiegel. Selon l’hebdomadaire allemand, le gouvernement d’Angela Merkel jugerait qu’une sortie grecque serait inévitable si le parti de la Gauche radicale Syriza remportait les législatives du 25 janvier. Et surtout si son leader, Alexis Tsipras, renonçait à la discipline budgétaire, et à rembourser la dette du pays.De là à craindre que le scénario 2012 se reproduise, lorsque les peurs d’un défaut grec avaient contaminé l’ensemble des marchés européens et laissé craindre l’explosion de la zone euro, il y a qu’un pas… Qu’il serait pourtant dangereux de franchir.Quel est le montant des aides versées à la Grèce ?Fin 2011, alors que les marchés s’inquiétaient d’une explosion de la zone euro, la dette publique grecque était d’environ 360 milliards d’euros, soit environ 170 % du PIB.Elle se décomposait en :155 milliards d’euros détenus par les créanciers publics internationaux, Fonds européen de stabilité financière (FESF), Fonds monétaire international (FMI) et Banque centrale européenne (BCE).205 milliards d’euros détenus par des créanciers privés.Le 8 mars 2012, la dette publique du pays a été restructurée sous supervision de la Troïka (FMI, BCE, Commission européenne). Les créanciers privés détenteurs de 83,5 % de la dette ont alors accepté une perte (la décote) de 53,5 % à 70 % du montant de leurs créances.Cela a ouvert la voie au déblocage d’une partie des 130 milliards d’euros de prêts publics européens du deuxième plan de sauvetage du pays. Dans la foulée, le FMI a octroyé un crédit de 28 milliards d’euros, dont 9,7 milliards d’euros déjà inclus dans le premier programme d’aide au pays de mai 2010.Au total, la Commission européenne estime que la Grèce a touché 380 milliards d’euros d’aides diverses, sous forme de prêts, sommes directement injectées et dettes effacées.Dans le détail, cette somme correspond aux 40 milliards d’euros de financement de l’Union Européenne sur la période 2007-2013, aux 100 milliards d’euros de dette que le secteur privé a accepté d’effacer et aux 240 milliards d’euros d’aides fournies par l’UE et le FMI.Échappera-t-on à une nouvelle restructuration de la dette grecque ?Que Syriza gagne ou non les élections, une nouvelle intervention sur la dette publique grecque semble inévitable.Sa trajectoire paraît en effet insoutenable. Si sa restructuration en 2012 a permis de faire baisser son niveau de 170,3 % à 157 % du PIB, celle-ci est remontée à 174,4 % en 2013. Entre 2015 et 2047, Athènes devra en effet rembourser 4 à… 18 milliards d’euros par an à ses créanciers, sans compter le paiement des intérêts.Ces sommes engloutiront la totalité des excédents primaires aujourd’hui dégagés par le pays, et l’empêcheront d’investir dans l’avenir. Voilà pourquoi M. Tsipras évoque aujourd’hui un nouveau défaut.Il existe néanmoins d’autres options. La Grèce pourrait ainsi demander un allongement de la durée des prêts que lui ont accordé ses partenaires européens, solution probablement la moins douloureuse pour tous. Mais qu’Athènes aura du mal à négocier si elle renonce totalement à la rigueur budgétaire.Lire le décryptage : Qu'est-ce que Syriza, le parti antiaustérité qui progresse en Grèce ?Faut-il craindre une contagion à d’autres pays ?Ce risque est beaucoup moins élevé qu’en 2011-2012, et est de nature très différente. D’abord, parce que 90 % de la dette publique grecque appartient, depuis sa restructuration de 2012, aux États Européens et aux créanciers publics internationaux. Elle concerne beaucoup moins les banques européennes qu’il y a quatre ans.De plus, les institutions de la zone euro ont été renforcées depuis 2010 : les États membres ont bâti l’union bancaire et le Mécanisme européen de stabilité (MES), qui doivent limiter les contagions en cas de nouvelle crise. Même si ces « instruments » ne sont pas parfaits, ils représentent un réel progrès.Surtout, les analystes estiment que les déclarations allemandes sont avant tout politiques. Mme Merkel chercherait à faire pression sur les électeurs grecs et Syriza. De fait, l’appartenance d’Athènes est « irrévocable », a martelé Annika Breidthardt, une porte-parole de la Commission européenne.En somme, si le risque grec était financier il y a trois ans, il est aujourd’hui surtout politique. L’émergence de Syriza est en effet le symptôme d’un mal plus grand : l’opinion publique, surtout dans les pays du sud de l’Europe, commence à rejeter l’austérité. Une lassitude dont se nourrissent les mouvements populistes.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Derrière une grande banderole « Bienvenue aux réfugiés », plusieurs milliers de personnes ont manifesté, lundi 5 janvier en début de soirée, dans les rues de Berlin. Parmi elles, Heiko Maas, le ministre (SPD) de la justice. Pas question pour la gauche ni pour la majorité des partis politiques allemands de laisser la rue aux « pegidistes », ces « patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident » qui, chaque lundi, manifestent dans plusieurs villes à l’appel du mouvement Pegida, parti de Dresde (Saxe).Comme c’est souvent le cas, les contre-manifestants étaient nettement plus nombreux à Berlin que les quelques centaines de pegidistes, même si les associations turques, qui avaient annoncé vouloir réunir 10 000 manifestants devant la porte de Brandebourg, n’en ont attiré que quelques dizaines. Déjà, fin décembre, 12 000 personnes avaient manifesté dans les rues de Munich contre Pegida, un mouvement pourtant quasi inexistant dans la capitale bavaroise. Ils étaient 10 000 à Munster lundi, 8 000 à Stuttgart et 4 000 à Hambourg.Critique de la chancelièreCe lundi 5 janvier, le principal opposant à Pegida n’a même pas eu besoin de descendre dans la rue. Pour montrer son désaccord avec les thèses extrémistes de ce mouvement, le cardinal Woelki, responsable de la cathédrale de Cologne, a décidé d’éteindre l’éclairage de cet édifice devant lequel les pegidistes avaient prévu de défiler. Il ne pouvait faire davantage contre les manifestants qui, souvent, brandissent une grande croix aux couleurs de l’Allemagne : le parvis relève des seules autorités municipales. Cette initiative a inspiré un mouvement intitulé « Pas de lumière pour les racistes ».A Cologne, outre la cathédrale, c’est toute la vieille ville qui a été plongée dans le noir par la mairie, ainsi que les ponts que devaient emprunter les manifestants. A Dresde, où Pegida a rassemblé 18 000 manifestants – un record à ce jour –, l’opéra de la ville, le célèbre Semperoper, est resté dans l’obscurité, tout comme les bâtiments de Volkswagen. « Nous sommes en faveur d’une société ouverte, libre et démocratique » a expliqué le groupe automobile pour justifier son engagement. Même la porte de Brandebourg à Berlin a été éteinte lundi soir.Lors de ses vœux, le 31 décembre, Angela Merkel avait surpris en critiquant, sans le nommer, ce mouvement qui prétend « défendre l’Occident » et manifeste aux cris de : « Nous sommes le peuple », le slogan des opposants à la RDA en 1989. « Ils disent : nous sommes le peuple. Mais en fait, ils veulent dire : vous n’en faites pas partie, à cause de la couleur de votre peau ou de votre religion », a déclaré la chancelière. Quelques jours plus tôt, dans le Spiegel, l’ancien ministre de l’intérieur Hans-Peter Friedrich, membre de l’Union sociale-démocrate (CSU) qui siège au gouvernement, avait rendu la politique trop centriste d’Angela Merkel directement responsable de la montée de Pegida. « Je crois que dans le passé, nous nous sommes trop peu préoccupés de la question de l’identité de notre peuple et de notre nation », avait-il déclaré. Manifestement, la chancelière n’en a tenu aucun compte.Mardi 6 janvier, le quotidien populaire Bild s’est à son tour clairement engagé contre Pegida, publiant un appel de 50 personnalités, la plupart issues de la politique, des affaires, du sport et du spectacle contre ce mouvement.Fracture confirméeAlors que pegidistes et anti-pegidistes se toisent désormais chaque lundi soir, plusieurs chercheurs, réunis au sein du conseil pour les migrations, ont présenté lundi 5 janvier une étude sur « l’Allemagne post-migratoire ». Les résultats confirment la fracture qui caractérise la société allemande sur ce sujet. 36 % des Allemands approuvent une culture de l’accueil et de l’intégration plus forte, mais 31 % n’en voient pas la nécessité. 47 % des Allemands approuvent la diversité mais 25 % la rejettent. Et si 54 % des Allemands trouvent bien que « les migrants se sentent chez eux en Allemagne », seuls 36 % se félicitent que « tant d’immigrés choisissent l’Allemagne comme nouvelle patrie ». Pour ces chercheurs, « la thèse selon laquelle l’intégration des immigrés balaie les préjugés est fausse. […] Les personnes qui pensent que la cohésion de la société est en danger le pensent parce qu’elles croient à une nation culturellement homogène et refusent la diversité ».69 % des personnes interrogées surévaluent d’ailleurs le nombre de musulmans qui vivent en Allemagne. 23 % des sondés estiment que les musulmans constituent plus de 20 % de la population alors qu’ils en représentent environ 5 %.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Charrel L'euro baissait encore un peu face au dollar mardi 6 janvier, restant fermement ancré sous 1,20 dollar au lendemain de sa dégringolade.Vers 11 H 50 à Paris, la monnaie unique européenne valait 1,1898 dollar contre 1,1933 dollar lundi soir. Elle était tombée lundi dans les échanges asiatiques à 1,1864 dollar, son niveau le plus faible depuis mars 2006.La devise européenne baissait face à la monnaie nippone, à 141,45 yens - déclinant même vers 10H40 GMT à 141,38 yens, son niveau le plus faible en deux mois, contre 142,74 yens lundiTrois facteurs contribuent à ce recul : les inquiétudes sur la Grèce, avivées par les propos prêtés à Angela Merkel sur une éventuelle sortie du pays de la zone euro ; une progression des prix qui ralentit sans cesse en zone euro et fait craindre un passage en situation de déflation ; enfin, des spéculations sur la possibilité de rachats massifs d’actifs - y compris de dettes des États - par la Banque centrale européenne.L’inquiétude sur l’avenir de la GrèceLa Grèce et la possibilité d’une sortie du pays de la zone euro - le « Grexit » - sont au centre des inquiétudes des investisseurs, à l’approche d’un scrutin législatif anticipé, le 25 janvier.Celui-ci pourrait être remporté par le parti de gauche Syriza, qui ne cache pas son hostilité aux mesures de rigueur, qui accompagnent les plans d’aide, et ambitionne de renégocier la dette grecque.Les inquiétudes ont été relancées ce week-end par Der Spiegel. Selon l’hebdomadaire allemand, la chancelière allemande serait prête à laisser sortir la Grèce de la zone euro si Syriza remporte le scrutin et décide d’abandonner la ligne de rigueur budgétaire et de ne plus rembourser la dette du pays.Une porte-parole de la Commission européenne a cependant rappelé, lundi, que l’appartenance d’un pays à la zone euro est « irrévocable ».Le risque grec fait de nouveau trembler la zone euroLa crainte de la déflationA ces interrogations sur la Grèce s’ajoutent les craintes de voir la zone euro basculer dans la déflation. Celles-ci sont d’autant plus fortes que l’inflation allemande est tombée à 0,2 % en rythme annuel en décembre, après 0,6 % en novembre, d’après les statistiques publiées lundi 5 janvier. Il s’agit de la plus faible hausse des prix enregistrée depuis octobre 2009 chez nos voisins.Même si cette baisse est essentiellement liée à celle des cours du pétrole, elle est de mauvais augure pour l’union monétaire. « L’inflation dans la zone euro en décembre, attendue mercredi, devrait être décevante elle aussi », pronostique Frederik Ducrozet, économiste au Crédit agricole CIB.Baisse « temporaire » des prix en zone euroD’après le consensus des économistes, celle-ci devrait tomber à - 0,1 %, loin de la cible de 2 % de la Banque centrale européenne (BCE). Il s’agirait surtout du premier recul des prix enregistré depuis 2009.L’attente de mesures non orthodoxes de la BCEDepuis la fin de la semaine dernière, les marchés ont également intégré dans le niveau de l’euro l’imminence d’une action non conventionnelle de la Banque centrale européenne (BCE) : ils attendent la mise en place de mesures dites d’« assouplissement quantitatif » (quantitative easing en anglais, ou QE).Cette politique, déjà mise en œuvre aux États-Unis ou au Royaume-Uni, consisterait pour la banque centrale à racheter des obligations souveraines ou d’entreprises.Vendredi 2 janvier, Mario Draghi, le président de la BCE, a indiqué au quotidien allemand Handelsblatt que son institution se prépare « techniquement pour modifier début 2015 l’ampleur, le rythme et le caractère des moyens à mettre en place s’il devenait nécessaire de réagir à une trop longue période d’inflation trop faible ». En achetant la dette des pays membres, la BCE assurerait à ces derniers des coûts de financement très bas. Cela soutiendrait aussi un peu les exportations européennes en poussant encore l’euro à la baisse. La BCE tient sa réunion mensuelle le 22 janvier.Spéculations autour de nouvelles mesures de la BCEMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.01.2015 à 08h26 • Mis à jour le06.01.2015 à 17h39 | Jean-Michel Bezat if (!window.jQuery) {') .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } .subtitre{ display:block; }$("#container_1420539074867 .graphe").css("height", 450)$("#container_1420539074867 .title").empty()if ("Le cours du pétrole s'effondre depuis six mois"!= ""){Le cours du pétrole s'effondre depuis six mois")}$("#container_1420539074867 .subtitle").empty()if ("Cours du contrat de light sweet crude en dollars à New York"!= ""){Cours du contrat de light sweet crude en dollars à New York")}$(function () {Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher' }});$("#container_1420539074867 .graphe").highcharts({chart:{ backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, type: "line", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "", _blank ); } } }},colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"],credits:{ enabled:true, text:"Bloomberg", position: { align: "right", x: -15, y: -5 },},title: { text: ""},subtitle: { text: ""},plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true }},yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:0, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }]}, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' }}],xAxis:{ type:"datetime", categories:null, title:{ text:" " }, labels:{ format:'{value:%b %Y}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }]},tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:" dollars", shared:true, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 2, xDateFormat: "%b %Y"},legend:{ enabled:false, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10},series:[ { "name": "Dernier Prix", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 1404691200000, 103.53 ], [ 1404777600000, 103.4 ], [ 1404864000000, 102.29 ], [ 1404950400000, 102.93 ], [ 1405036800000, 100.83 ], [ 1405296000000, 100.91 ], [ 1405382400000, 99.96 ], [ 1405468800000, 101.2 ], [ 1405555200000, 103.19 ], [ 1405641600000, 103.13 ], [ 1405900800000, 104.59 ], [ 1405987200000, 104.42 ], [ 1406073600000, 103.12 ], [ 1406160000000, 102.07 ], [ 1406246400000, 102.09 ], [ 1406505600000, 101.67 ], [ 1406592000000, 100.97 ], [ 1406678400000, 100.27 ], [ 1406764800000, 98.17 ], [ 1406851200000, 97.88 ], [ 1407110400000, 98.29 ], [ 1407196800000, 97.38 ], [ 1407283200000, 96.92 ], [ 1407369600000, 97.34 ], [ 1407456000000, 97.65 ], [ 1407715200000, 98.08 ], [ 1407801600000, 97.37 ], [ 1407888000000, 97.59 ], [ 1407974400000, 95.58 ], [ 1408060800000, 97.35 ], [ 1408320000000, 96.41 ], [ 1408406400000, 94.48 ], [ 1408492800000, 96.07 ], [ 1408579200000, 93.96 ], [ 1408665600000, 93.65 ], [ 1408924800000, 93.35 ], [ 1409011200000, 93.86 ], [ 1409097600000, 93.88 ], [ 1409184000000, 94.55 ], [ 1409270400000, 95.96 ], [ 1409616000000, 92.88 ], [ 1409702400000, 95.54 ], [ 1409788800000, 94.45 ], [ 1409875200000, 93.29 ], [ 1410134400000, 92.66 ], [ 1410220800000, 92.75 ], [ 1410307200000, 91.67 ], [ 1410393600000, 92.83 ], [ 1410480000000, 92.27 ], [ 1410739200000, 92.92 ], [ 1410825600000, 94.88 ], [ 1410912000000, 94.42 ], [ 1410998400000, 93.07 ], [ 1411084800000, 92.41 ], [ 1411344000000, 91.52 ], [ 1411430400000, 91.56 ], [ 1411516800000, 92.8 ], [ 1411603200000, 92.53 ], [ 1411689600000, 93.54 ], [ 1411948800000, 94.57 ], [ 1412035200000, 91.16 ], [ 1412121600000, 90.73 ], [ 1412208000000, 91.01 ], [ 1412294400000, 89.74 ], [ 1412553600000, 90.34 ], [ 1412640000000, 88.85 ], [ 1412726400000, 87.31 ], [ 1412812800000, 85.77 ], [ 1412899200000, 85.82 ], [ 1413158400000, 85.74 ], [ 1413244800000, 81.84 ], [ 1413331200000, 81.78 ], [ 1413417600000, 82.7 ], [ 1413504000000, 82.75 ], [ 1413763200000, 82.71 ], [ 1413849600000, 82.81 ], [ 1413936000000, 80.52 ], [ 1414022400000, 82.09 ], [ 1414108800000, 81.01 ], [ 1414368000000, 81 ], [ 1414454400000, 81.42 ], [ 1414540800000, 82.2 ], [ 1414627200000, 81.12 ], [ 1414713600000, 80.54 ], [ 1414972800000, 78.78 ], [ 1415059200000, 77.19 ], [ 1415145600000, 78.68 ], [ 1415232000000, 77.91 ], [ 1415318400000, 78.65 ], [ 1415577600000, 77.4 ], [ 1415664000000, 77.94 ], [ 1415750400000, 77.18 ], [ 1415836800000, 74.21 ], [ 1415923200000, 75.82 ], [ 1416182400000, 75.64 ], [ 1416268800000, 74.61 ], [ 1416355200000, 74.58 ], [ 1416441600000, 75.58 ], [ 1416528000000, 76.51 ], [ 1416787200000, 75.78 ], [ 1416873600000, 74.09 ], [ 1416960000000, 73.69 ], [ 1417132800000, 66.15 ], [ 1417392000000, 69 ], [ 1417478400000, 66.88 ], [ 1417564800000, 67.38 ], [ 1417651200000, 66.81 ], [ 1417737600000, 65.84 ], [ 1417996800000, 63.05 ], [ 1418083200000, 63.82 ], [ 1418169600000, 60.94 ], [ 1418256000000, 59.95 ], [ 1418342400000, 57.81 ], [ 1418601600000, 55.91 ], [ 1418688000000, 55.93 ], [ 1418774400000, 56.47 ], [ 1418860800000, 54.11 ], [ 1418947200000, 56.52 ], [ 1419206400000, 55.26 ], [ 1419292800000, 57.12 ], [ 1419379200000, 55.84 ], [ 1419552000000, 54.73 ], [ 1419811200000, 53.61 ], [ 1419897600000, 54.12 ], [ 1419984000000, 53.27 ], [ 1420156800000, 52.69 ], [ 1420416000000, 50.04 ], [ 1420502400000, 48.52 ] ], "color": "#0386c3", "visible": true }]})});var chart = $('#container_1420539074867 .graphe').highcharts();if (0== 0){ $("#axeY2").hide() $(".invis").hide() $(".invis2").hide()} else { $("#axeY2").show() $(".invis").show() $(".invis2").show()}Cinquante dollars ! Il y a six mois, quel analyste aurait parié sur une dégringolade aussi brutale ? C’est pourtant à ce niveau inconnu depuis le printemps 2009 qu’est tombé le prix du baril d’or noir, lundi 5 janvier, sur le marché de New York, après être passé sous la barre symbolique des 50 dollars en cours de séance et qui poursuivait cette tendance mardi.Certains opérateurs n’hésitent plus à envisager des cours tombant à 40 dollars, le niveau atteint dans les semaines qui suivirent la faillite de la banque Lehman Brothers en 2008.Tout se conjugue pour maintenir la pression à la baisse. Tout d’abord, l’offre reste surabondante. Et certains éléments récents tendent à montrer que cela ne devrait pas changer avant un petit moment. Par ailleurs, la demande en pétrole devrait rester très modérée au cours du premier semestre, voire au-delà, en raison des médiocres performances économiques de l’Europe et de la Chine.Voir : Trois graphiques pour comprendre la baisse des cours du pétrole Records de production en Russie et en IrakAlors que l’Arabie saoudite confirme sa volonté de maintenir inchangés ses volumes de pompage, contribuant ainsi à tirer les prix à la baisse, d’autres pays affichent aussi des niveaux de production très élevés.C’est le cas de la Russie où, en décembre, la production a atteint un record inégalé depuis la chute de l’URSS en 1991, selon des analystes. Elle devrait poursuivre sur cette tendance en 2015, malgré les sanctions occidentales qui frappent le secteur de l’énergie.L’Irak est également en situation de forte croissance de sa production : le pays n’a jamais exporté autant de brut depuis 1980, à la veille de sa guerre avec l’Iran (1980-1988), avec 2,94 millions de barils par jour en décembre, a récemment indiqué Assem Jihad, porte-parole du ministère du pétrole.Lire aussi : « Dans la chute des cours du pétrole, l'Arabie saoudite détient les clés du jeu » Les États-Unis assouplissent leurs exportations L’administration Obama a autorisé, fin décembre, l’exportation de pétrole brut très léger réclamée par certaines compagnies. Elle a ainsi rompu, partiellement, avec un embargo qui remontait au premier choc pétrolier de 1973.Pour certains analystes, ce sont jusqu’à 1 million de barils supplémentaires qui pourraient se déverser sur les marchés.De nouveaux gisements devraient entrer en service D’autre pétrole pourrait affluer sur le marché dans les prochains mois. Les majors occidentales ont en effet annoncé l’entrée en production en 2015-2016 de gisements découverts il y a moins de dix ans et développés à grands frais au cours des dernières années au Moyen-Orient, en Caspienne et en Afrique de l’Ouest.Ainsi Total a-t-il prévu de porter sa production quotidienne de 2,3 à 2,8 millions de barils entre 2014 et 2017 grâce aux projets en Angola, au Nigeria, au Canada ou en Australie.Des interrogations sur la politique de l’Arabie saoudite L’inconnue reste l’Arabie saoudite, où le roi Abdallah, qui a environ 90 ans, est hospitalisé depuis sept jours pour une pneumonie. La transition inquiète les marchés pétroliers.On ignore si Ryad maintiendra sa politique actuelle de fermeté et laissera les vannes ouvertes, contribuant à maintenir les prix à un bas niveau. C’est ce que confiait le ministre du pétrole, Ali Al Naïmi, prêt à supporter un baril à 20 dollars, disait-il.Lire aussi (édition abonnés) : Les grands perdants de la chute des cours du pétroleJean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.01.2015 à 22h43 Voilà un nouveau geste de défi qui risque fort d'irriter le Kremlin. L'opposant russe Alexeï Navalny, condamné le 30 décembre à trois ans et demi de prison avec sursis pour détournement de fonds, a coupé son bracelet électronique et annoncé lundi 5 janvier qu'il cessait de respecter les conditions de son assignation à résidence.L'ancien meneur des grandes manifestations anti-Poutine de l'hiver 2011-2012 a déclaré sur son blog qu'il était sans doute la seule personne dans l'histoire judiciaire de la Russie à être maintenu en résidence surveillée après avoir été condamné. Il avait été assigné à résidence il y a près d'un an, le temps que la justice enquête sur les soupçons de détournement de fonds.Lire l'analyse après la condamnation de Navalny : En Russie, du sursis pour museler Alexeï NavalnyIL NE COMPTE PAS VOYAGER LOINIl a estimé qu'il aurait dû être libéré après sa condamnation alors que le tribunal a ordonné la levée de son assignation le 15 janvier, jour de la publication du verdict. « Je refuse de respecter les obligations de ma détention illégale en résidence surveillée. J'ai coupé le bracelet, avec un peu d'effort, à l'aide d'un couteau de cuisine », a écrit l'opposant, qui ajoute qu'il ne compte pas voyager loin.Oleg Navalny, accusé comme son frère Alexeï d'avoir dérobé 30 millions de roubles (environ 400 000 euros au cours actuel) au détriment de deux sociétés dont une filiale du français Yves Rocher, a été condamné à trois ans et demi de prison ferme. Pour ses partisans, mettre Alexeï en prison aurait pu donner lieu à de nouvelles manifestations, c'est donc par l'intermédiaire de son frère que la répression s'est exercée.Lire : Comment le procès d'Alexeï Navalny est devenu « l'affaire Yves Rocher »Après la condamnation, Alexeï Navalny a déjà enfreint les conditions de son assignation à résidence en rejoignant plusieurs centaines de partisans protestant sous les murs du Kremlin. Il a été rapidement interpellé par la police et reconduit à son domicile.Lire aussi le portrait : Russie : Alexeï Navalny, l'opposant 2.0 05.01.2015 à 17h18 • Mis à jour le06.01.2015 à 08h55 |Maryline Baumard On l’appellera Radwan. Le 31 décembre à 3 h 30 du matin, cet homme de moins de 40 ans, teint hâlé, visage exténué, est descendu du cargo Blue Sky à Gallipoli, dans le sud de l’Italie, avec son épouse enceinte. Depuis, le migrant Syrien s’est reposé dans une école, un centre d’hébergement avant de prendre le train pour remonter l’Europe. En trois jours, il a quitté les frontières de l’Italie.Aujourd’hui, Radwan continue sa route vers le nord avec, en Italie, un ange gardien du nom de Tommaso Tomaiuolo qui veille sur lui. L’amitié entre ces deux hommes a commencé le 31 décembre au travers d’une grille de cour d’école. Celle de l’établissement de Gallipoli où Radwan avait été emmené pour se reposer après que son cargo – abandonné par son capitaine – eut été ramené dans le port.Comme ses voisins et ses amis, Tommaso s’apprêtait à fêter tranquillement le réveillon de la Saint-Sylvestre dans les Pouilles quand le Blue Sky a fait irruption dans sa vie. Depuis l’arrivée de ce cargo et de ses 768 migrants, dans le port de sa petite ville, le jeune quadragénaire est comme happé dans un tourbillon fou. « Je n’oublierai jamais les rencontres que j’ai faites depuis le 31 décembre, ni les regards. Ils ont changé mon regard sur la vie », raconte ce créateur de sites Internet qui travaille pour une petite société italienne et habite à Alezio, à 5 kilomètres de Gallipoli, dans les Pouilles.«  Je voulais être utile » Dès qu’il apprend que le navire vogue sans capitaine, en direction des côtes de son pays, il twitte heure par heure le sauvetage et alimente son compte Facebook. Dès les premières heures du jour, levé tôt, il file au port.« Un navire vide c’est bien… Mais ce n’était pas mon but ! , raconte-t-il, je voulais être utile. » Tommaso pressent que la couche de rouille du cargo cache bien des drames humains. Comme il ne décroche pas des radios locales, il apprend tout de suite dans quelles écoles de la ville ont été installés les migrants, afin qu’ils puissent se reposer. « Le maire a eu six heures pour réagir et trouver des solutions. Juste le temps du sauvetage du navire », ajoute Tommaso.L’homme file vers les centres ouverts, comme beaucoup d’autres citoyens de cette zone pauvre, touchée de plein fouet par le chômage, mais prêts là à toutes les générosités. « Durant la soirée du 30 décembre, entre 21 heures – heure à laquelle on a appris que le bateau fantôme se dirigeait vers nos côtes – et son arrivée, 70 bénévoles de la protection civile se sont mobilisés, aux côtés de ceux de la Croix Rouge et de beaucoup de simples citoyens comme moi », explique-t-il.Quand Tommaso Tomaiuolo arrive dans une des écoles d’accueil, des hommes sont là derrière les grilles. « A un premier, je demande ce dont il a besoin, il me montre timidement mon téléphone mobile que je tenais à la main et comme je lui passe, il semble douter qu’il puisse vraiment appeler à l’étranger. » L’homme joint la Turquie, parle quelques minutes et rend à Tommaso son smartphone « avec un sourire que je n’oublierai jamais ». Tous deux fument ensemble une cigarette. Tommaso lui pose quelques questions.Quand l’ingénieur revient à l’école, l’après-midi, il trouve un autre Syrien à la place du premier. C’est Radwan. Son épouse se repose de ce voyage dans des conditions effroyables. Les deux hommes sympathisent, partagent quelques cigarettes. « Radwan a quitté la Syrie, il y a un an et vit depuis en Turquie. Là, il a dû une nouvelle fois refaire ses bagages, parce qu’en Turquie il n’a trouvé aucun travail », rappelle l’Italien. Tommaso Tomaiuolo, qui ne veut pas se mettre en scène, reconnaît du bout des lèvres qu’il a aidé financièrement cet homme à partir vers le nord et à charger son téléphone portable. Il lui a aussi donné deux livres et deux crayons. Radwan n’est pas « pauvre », mais il vient tout de même de débourser 14 000 euros pour payer son passage et celui de son épouse et il ne sait pas quand son périple s’arrêtera…Pour les épisodes précédents, les photos prises par l’Italien parlent d’elles-mêmes. « Comme nous n’avions pas de connexion Internet, j’ai photographié avec mon téléphone l’intérieur de la cale du Blue Sky. Et franchement, cela m’a bouleversé de voir comment ces gens avaient été traités », raconte Tommaso.« Rester en Syrie pour y mourir ou partir »La discussion s’installe entre les deux hommes et Radwan raconte comment il lui a fallu prendre un petit bateau de pêche pour rejoindre le cargo qui mouillait dans les eaux internationales au large du port turc de Mersin. « Comme il avait un très bon anglais, pour avoir vécu quelque temps en Grande-Bretagne, nous avons pu parler longuement. Pour Radwan, la question syrienne n’est pas un problème que doit gérer l’Italie ou l’Europe, mais c’est bien un sujet qui doit être pris en charge par les Nations unies. Je n’avais que deux options, m’a dit Radwan : rester en Syrie pour y mourir ou partir », rapporte l’Italien.La discussion entre Radwan et Tommaso a été stoppée, ce 31 décembre par les cris de deux femmes. Toutes deux pleuraient l’arrestation par la police italienne de leur fils et frère Rani Ahmad Sarkas, soupçonné par les autorités d’être un des passeurs et d’avoir piloté le cargo.Dimanche 4 janvier, le quotidien italien La Republica racontait son audition par la police, traduite par l’AFP. « Ils m’ont promis 15 000 dollars [12 500 euros] et la possibilité de faire venir toute ma famille », a-t-il expliqué aux inspecteurs. Tommaso confirme que les deux femmes lui ont expliqué que treize autres membres de la famille se trouvaient sur le Blue Sky.Rani Ahmad Sarkas est un Syrien âgé de 36 ans. Des extraits de son audition, reproduits par le journal italien permettent de comprendre comment il a pris la barre du navire. « Je suis arrivé en Turquie par avion depuis le Liban où j’étais réfugié. Là, j’ai été contacté par une connaissance qui savait que j’étais capitaine de navire », ajoute-t-il. Les deux hommes se rencontrent à Istanbul, font affaire. Rani Sarkas embarque alors avec trois autres hommes sur le Blue Sky, battant pavillon moldave, à destination de Mersin, port turc situé près la côte syrienne. Le cargo reste deux jours, ancré au large, dans l’attente de sa « cargaison ». Le troisième jour, un bateau a emmené un premier groupe de 30 personnes sur le Blue Sky. Pendant quatre jours, la noria a continué et, le 25 décembre, ils ont largué les amarres avec 768 passagers à bord. « J’ai personnellement tracé la route pour l’Italie », a raconté le jeune homme aux enquêteurs. Après s’être abrité près des côtes grecques, pour éviter la tempête, il a repris sa route vers le sud de l’Italie. Il a ensuite abandonné la passerelle pour se réfugier dans la cale après avoir bloqué la barre et le moteur. Le navire a continué sa route à environ six nœuds (11 km/h) vers la terre. Sans intervention de la marine italienne, il se serait fracassé contre les rochers avec sa cargaison humaine.« La mère et la sœur du capitaine m’ont demandé si je pouvais les aider à trouver un avocat, mais aucune des deux n’a voulu que je les filme. Elles avaient peur de la mafia turque si un jour, elles retournent en Turquie », regrette Tommaso. Avant qu’il ne soit question de cela, les migrants sont montés dans un bus pour être mieux installés ailleurs en Italie. L’école a refermé ses portes pour se préparer au retour des élèves italiens ce lundi.« Le 31, j’ai surtout surveillé ma messagerie pour voir si Radwan m’avait écrit. J’ai eu le plaisir de découvrir que oui », ajoute-t-il. Le 1er janvier, Tommaso Tomaiuolo a refait le tour des écoles. La dernière était en train d’être évacuée. Gallipoli refermait la parenthèse du Blue Sky. « Pour moi, cela aura vraiment été une Saint-Sylvestre riche en tragédie et en émotion. Un de ces moments qui changent un regard sur la vie. Je n’oublierai jamais comment ma ville a su prendre soin des migrants. J’aime me rappeler cette photo du maire qui fait une partie de volley-ball avec quelques-uns d’entre eux. La vie est rude dans l’Italie du sud, très touchée par la crise, mais elle est belle. Nous avons des valeurs », conclut l’Italien avant de repartir à son quotidien d’informaticien.*Initialement, Tommaso Tomaiuolo ne souhaitait pas apparaître dans ce récit. « Je veux juste que cette tragédie soit connue. Je n’ai fait que ce que d’autres citoyens comme moi ont aussi fait pour ces gens. Par humanité », ajoute-t-il à l’issue d’un long entretien téléphonique. Convaincu que le lecteur de cet article a envie de le connaître, il a finalement accepté que son nom et ses actions figurent dans le récit de ce moment que dit-il, il « n’oubliera jamais ».Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.01.2015 à 08h39 • Mis à jour le04.01.2015 à 16h40 Le gouvernement allemand est prêt à laisser la Grèce sortir de la zone euro, au cas où la gauche radicale remettrait en cause la politique de rigueur budgétaire dans ce pays, a affirmé samedi 3 janvier le magazine Spiegel.« Le gouvernement allemand juge quasiment inévitable une sortie (de la Grèce) de la zone euro, si le chef de l'opposition Alexis Tsipras dirige le gouvernement après les élections (législatives), abandonne la ligne de rigueur budgétaire et ne rembourse plus les dettes du pays », affirme le site web de l'hebdomadaire, en s'appuyant sur « des sources proches du gouvernement allemand ».Lire l'enquête (édition abonnés) : En Grèce, le théorème de SyrizaUNE HYPOTHÈSE « SUPPORTABLE »Angela Merkel et son ministre des finances Wolfgang Schäuble, tous deux conservateurs, « jugent supportable une sortie du pays de la monnaie unique en raison des progrès accomplis par la zone euro depuis le sommet de la crise en 2012 », assure le Spiegel.Au sein du gouvernement, la première réaction à cet article est venue du secrétaire d'Etat social-démocrate aux affaires européennes, Michael Roth. « La Grèce est membre de la zone euro. Et doit le rester. Il faut éviter de provoquer, par la parole, des conséquences politiques et économiques qui seraient malvenues », a-t-il déclaré sur son compte Twitter.La chancellerie et le ministère allemand des finances n'ont quant à eux ni confirmé ni infirmé les informations du Spiegel. « La Grèce a rempli ses obligations dans le passé », a toutefois tempéré un porte-parole du gouvernement, ajoutant que «le gouvernement allemand part du principe que la Grèce va continuer à l'avenir de remplir ses obligations envers la troïka » de ses créanciers (Union européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international).«  AUCUNE ALTERNATIVE », SELON BERLIN Le Parlement grec a annoncé, mercredi, sa dissolution et a confirmé l'organisation le 25 janvier d'élections législatives anticipées pour lesquelles la gauche radicale, Syriza, est donnée favorite dans les sondages. Son leader, Alexis Tsipras, veut en finir avec la politique d'austérité imposée au pays par ses créanciers internationaux en échange de quelque 240 milliards d'euros de prêts. Il souhaite aussi négocier une nouvelle restructuration de la dette publique qui plombe l'économie grecque.Lire le décryptage : Qu'est-ce que Syriza, le parti antiaustérité qui progresse en Grèce ?M. Wolfgang Schäuble a publiquement jugé, lundi, que la Grèce était tenue de continuer sur la voie des réformes déjà engagées, « sans aucune alternative », quel que soit le résultat du futur scrutin.Deux jours plus tard, Michael Fuchs, un responsable du parti conservateur CDU d'Angela Merkel estimait dans une interview qu'aider financièrement Athènes n'était plus une nécessité aujourd'hui, évoquant une possible sortie du pays de la zone euro. Une hypothèse déjà envisagée plusieurs fois depuis le début de la crise économique en Grèce.Lire le décryptage : L'UE suit de près la crise politique en Grèce 04.01.2015 à 00h31 • Mis à jour le04.01.2015 à 18h09 |Maryline Baumard Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-54a9769393825'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 10\r\n \r\n \r\nL'Ezadeen, navire de 73 m\u00e8tres de long immatricul\u00e9 en Sierra Leone et destin\u00e9 au transport des animaux, est entr\u00e9 dans le port calabrais de Corigliano, au sud de l'Italie, aux alentours de 23 heures (heure locale).\r\nCr\u00e9dits : REUTERS\/STRINGER\/ITALY\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"L'Ezadeen, navire de 73 m\u00e8tres de long immatricul\u00e9 en Sierra Leone et destin\u00e9 au transport des animaux, est entr\u00e9 dans le port calabrais de Corigliano, au sud de l'Italie, aux alentours de 23 heures (heure locale).","source":"REUTERS\/STRINGER\/ITALY","index":0,"position":1,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/societe\/portfolio\/2015\/01\/03\/les-naufrages-de-l-ezadeem-pris-en-charge-en-italie_4548750_3224.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 10\r\n \r\n \r\nQuelque 450 migrants clandestins se trouvaient \u00e0 son bord.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/ALFONSO DI VINCENZO\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Quelque 450 migrants clandestins se trouvaient \u00e0 son bord.","source":"AFP\/ALFONSO DI VINCENZO","index":1,"position":2,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/societe\/portfolio\/2015\/01\/03\/les-naufrages-de-l-ezadeem-pris-en-charge-en-italie_4548750_3224_1.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 10\r\n \r\n \r\nParmi les passagers du cargo, des hommes, des femmes, mais aussi des enfants.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/ALFONSO DI VINCENZO\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Parmi les passagers du cargo, des hommes, des femmes, mais aussi des enfants.","source":"AFP\/ALFONSO DI VINCENZO","index":2,"position":3,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/societe\/portfolio\/2015\/01\/03\/les-naufrages-de-l-ezadeem-pris-en-charge-en-italie_4548750_3224_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 10\r\n \r\n \r\nLa marine n'a pas communiqu\u00e9 leur nationalit\u00e9, mais ils seraient tous d'origine syrienne selon les m\u00e9dias italiens.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/ALFONSO DI VINCENZO\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"La marine n'a pas communiqu\u00e9 leur nationalit\u00e9, mais ils seraient tous d'origine syrienne selon les m\u00e9dias italiens.","source":"AFP\/ALFONSO DI VINCENZO","index":3,"position":4,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/societe\/portfolio\/2015\/01\/03\/les-naufrages-de-l-ezadeem-pris-en-charge-en-italie_4548750_3224_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 10\r\n \r\n \r\nLe bateau avait \u00e9t\u00e9 rep\u00e9r\u00e9 jeudi soir, apparemment en difficult\u00e9, \u00e0 quelque 80 milles (environ 130 km) au large de Crotone (Calabre).\r\nCr\u00e9dits : AFP\/ALFONSO DI VINCENZO\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Le bateau avait \u00e9t\u00e9 rep\u00e9r\u00e9 jeudi soir, apparemment en difficult\u00e9, \u00e0 quelque 80 milles (environ 130 km) au large de Crotone (Calabre).","source":"AFP\/ALFONSO DI VINCENZO","index":4,"position":5,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/societe\/portfolio\/2015\/01\/03\/les-naufrages-de-l-ezadeem-pris-en-charge-en-italie_4548750_3224_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 10\r\n \r\n \r\nLes autorit\u00e9s maritimes avaient aussit\u00f4t contact\u00e9 le navire, qui n'a pas r\u00e9pondu, avant qu'une passag\u00e8re r\u00e9ussisse \u00e0 expliquer la situation par radio.\u00a0\r\nCr\u00e9dits : AFP\/ALFONSO DI VINCENZO\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Les autorit\u00e9s maritimes avaient aussit\u00f4t contact\u00e9 le navire, qui n'a pas r\u00e9pondu, avant qu'une passag\u00e8re r\u00e9ussisse \u00e0 expliquer la situation par radio.\u00a0","source":"AFP\/ALFONSO DI VINCENZO","index":5,"position":6,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/societe\/portfolio\/2015\/01\/03\/les-naufrages-de-l-ezadeem-pris-en-charge-en-italie_4548750_3224_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 10\r\n \r\n \r\nLa marine a d'abord contact\u00e9 un navire islandais croisant dans les parages du cargo et faisant partie du dispositif europ\u00e9en Triton de surveillance de la M\u00e9diterran\u00e9e, a pr\u00e9cis\u00e9 de son c\u00f4t\u00e9 Frontex, l'agence europ\u00e9enne de contr\u00f4le des fronti\u00e8res de l'Union europ\u00e9enne.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/ALFONSO DI VINCENZO\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"La marine a d'abord contact\u00e9 un navire islandais croisant dans les parages du cargo et faisant partie du dispositif europ\u00e9en Triton de surveillance de la M\u00e9diterran\u00e9e, a pr\u00e9cis\u00e9 de son c\u00f4t\u00e9 Frontex, l'agence europ\u00e9enne de contr\u00f4le des fronti\u00e8res de l'Union europ\u00e9enne.","source":"AFP\/ALFONSO DI VINCENZO","index":6,"position":7,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/societe\/portfolio\/2015\/01\/03\/les-naufrages-de-l-ezadeem-pris-en-charge-en-italie_4548750_3224_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 10\r\n \r\n \r\nIls n'ont d'abord rien pu faire, le navire abandonn\u00e9 \u00e0 son sort par l'\u00e9quipage avan\u00e7ant \u00e0 pleine vitesse. Ce n'est qu'une fois le carburant totalement \u00e9puis\u00e9 que cinq marins islandais ont pu monter \u00e0 bord et lancer une aussi\u00e8re (gros cordage) afin de permettre son remorquage.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/ALFONSO DI VINCENZO\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Ils n'ont d'abord rien pu faire, le navire abandonn\u00e9 \u00e0 son sort par l'\u00e9quipage avan\u00e7ant \u00e0 pleine vitesse. Ce n'est qu'une fois le carburant totalement \u00e9puis\u00e9 que cinq marins islandais ont pu monter \u00e0 bord et lancer une aussi\u00e8re (gros cordage) afin de permettre son remorquage.","source":"AFP\/ALFONSO DI VINCENZO","index":7,"position":8,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/societe\/portfolio\/2015\/01\/03\/les-naufrages-de-l-ezadeem-pris-en-charge-en-italie_4548750_3224_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 10\r\n \r\n \r\nSelon les garde-c\u00f4tes italiens, l'Ezadeen \u00e9tait parti de Turquie. Mais selon le site marinetraffic.com, il aurait quitt\u00e9 le port de Famagouste, situ\u00e9 sur la c\u00f4te est de Chypre et sous contr\u00f4le turc, apr\u00e8s \u00eatre parti de Tartous en Syrie.\r\nCr\u00e9dits : REUTERS\/STRINGER\/ITALY\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Selon les garde-c\u00f4tes italiens, l'Ezadeen \u00e9tait parti de Turquie. Mais selon le site marinetraffic.com, il aurait quitt\u00e9 le port de Famagouste, situ\u00e9 sur la c\u00f4te est de Chypre et sous contr\u00f4le turc, apr\u00e8s \u00eatre parti de Tartous en Syrie.","source":"REUTERS\/STRINGER\/ITALY","index":8,"position":9,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/societe\/portfolio\/2015\/01\/03\/les-naufrages-de-l-ezadeem-pris-en-charge-en-italie_4548750_3224_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 10\r\n \r\n \r\nToujours selon ce site sp\u00e9cialis\u00e9 dans le suivi du trafic maritime, sa destination officielle \u00e9tait le port de S\u00e8te, dans le sud de la France.\r\nCr\u00e9dits : AP\/Antonino D'Urso\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Toujours selon ce site sp\u00e9cialis\u00e9 dans le suivi du trafic maritime, sa destination officielle \u00e9tait le port de S\u00e8te, dans le sud de la France.","source":"AP\/Antonino D'Urso","index":9,"position":10,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/societe\/portfolio\/2015\/01\/03\/les-naufrages-de-l-ezadeem-pris-en-charge-en-italie_4548750_3224_9.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});C'est son premier bateau de migrants. Francesco Perroti, le capitaine du port de Corigliano, une petite ville calabraise, craint fort que l'Ezadeen ne soit que le premier d'une longue série. C'est sous sa surveillance que sont descendus un à un, vendredi 2 janvier tard, les 359 naufragés de l'Ezadeen, un navire rempli de migrants, battant pavillon sierra-léonais.« Nous avons su une quinzaine d'heures avant son arrivée, que sa destination finale serait notre port », rappelle le militaire. Durant ces 15 heures, il a joué l'homme-orchestre, avec la préfecture, pour préparer l'accueil de ces naufragés de la vie. « Il fallait que nous puissions offrir une assistance médicale, de la nourriture, des bus pour les acheminer le plus rapidement possible vers les centres d'hébergement », rappelle le capitaine de frégate. Bien sûr, tout s'est mis en place sous les ordres du préfet, mais en tant que responsable du lieu, Francesco Perroti a été très étroitement associé.Lui aussi a vu ces visages émaciés, les traits tirés par la fatigue, la faim, le froid et la peur. Le lot commun du migrant qui passe onze jours dans les cales d'un navire habilité au seul transport de bétail. Comme le militaire préfère les faits aux commentaires, il s'accroche à ses chiffres. « Il y avait 255 hommes, 42 femmes dont trois étaient enceintes et 62 mineurs », rappelle-t-il presque chirurgicalement. Pour eux, les bus ont démarré très vite, partant vers d'autres régions d'Italie. Des places avaient été trouvées en Campanie, Lombardie et en Emilie Romagne. Seuls 94 ont été installés en Calabre ; 60 à Catanzaro, 34 à Crotone. « Il n'y avait rien ici pour les recevoir », fait valoir une passante interrogée en centre ville, et qui a suivi de près « les péripéties de ces gens ».DES CONDITIONS DE TRAVERSÉE INDÉCENTESL'Italie a déjà dû faire face, dans la province voisine des Pouilles à l'arrivée de plus de 900 autres clandestins quelques jours auparavant. Croix Rouge et Protection civile se sont relayées pendant quatre jours, pour installer le mieux possible ces personnes traumatisées par un voyage dans des conditions innommables. Là encore, des places en hébergement ont été trouvées un peu partout dans le pays.Pour les passagers de l'Ezadeen, la traversée n'a pas été une sinécure depuis la Turquie. Aux privations en nourriture et eau, aux conditions indécentes, s'ajoute l'abandon de la barre par l'équipage. Le nom de ce navire a ainsi surgi jeudi soir dans l'actualité. Le 1er janvier au soir, les gardes-côtes de permanence à Corigliani ont reçu un SOS. Une femme, passagère du cargo leur demandait de l'aide. L'embarcation dérivait, moteurs arrêtés dans la forte tempête qui balayait alors la Méditerranée depuis quelques jours.La capitainerie a rerouté le message et une frégate islandaise, en patrouille à proximité pour Frontex, la mission européenne de surveillance des frontières, s'est approchée du bateau. Faute de pouvoir l'accoster, trois médecins et trois marins y ont été hélitreuillés. Très vite, il est apparu que les réservoirs étaient vides. Tout simplement.« Vu les circonstances et l'état du bateau, une de mes deux frégates a été dépêchée sur place, avec une autre embarcation des gardes-côtes de Crotone, à 100 kilomètres au sud. Elles sont restées près du navire jusqu'à ce qu'il soit arrivé à bon port », rapporte le capitaine. « Il est de notre mission de protéger les vies. Ce bateau était en situation critique. Imaginez que quelqu'un tombe à la mer », ajoute le militaire.LES MEILLEURS ALLIÉS DES PLUS FRAGILESLes 80 hommes qu'il dirige font ce métier pour porter secours. Samedi, après une nuit écourtée, les permanenciers étaient présents dans le bâtiment préfabriqué, fidèles au poste. Si l'on n'est plus dans la mythologie du garde-côte avec ses longues-vues, scrutant l'horizon, le fonctionnaire italien reste le meilleur garant de la sécurité des passagers de la mer. C'est un militaire qui a pour mission première de surveiller les usages « civils » de l'océan.L'an dernier, ce corps - créé il y a 150 ans - a porté secours à 150 000 migrants. Ce sont les meilleurs alliés des plus fragiles. Ils pensent d'abord sauvetage avant de faire la fine bouche si le sauvé n'a pas le visa. En revanche, l'Europe et son bras armé Frontex n'a pas la même approche, même si elle respecte, elle aussi, le code de la navigation, qui impose de porter assistance, sa mission première reste la surveillance des frontières.« Qu'il s'agisse de l'Europe ou de l'Italie, nous devons tous garder les yeux bien ouverts. Nous avons évité de justesse deux catastrophes de grande ampleur, mais attention, la prochaine fois, nous pourrions ne pas réussir à éviter le drame », s'inquiète Francesco Perroti. Sur ces mots, le capitaine prend congé, se lève et ouvre son placard. Là, il hésite et choisit finalement la casquette qui convient à une rencontre avec le préfet à propos justement de l'épave de l'Ezadeen.Samedi 3 janvier, le bateau est à quai dans son port, consigné pour enquête. Plusieurs pseudo-passagers ont été écroués. Ils pourraient être les passeurs et s'être déguisés en migrants après l'abandon des commandes. Ainsi va la vie dans la petite station balnéaire du sud de l'Italie qui croyait pouvoir dormir tranquille durant l'hiver.Lire le reportage (édition abonnés ) : « Personne ne pensait s’en sortir vivant »Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.01.2015 à 19h43 • Mis à jour le02.01.2015 à 19h51 Le ferry Norman Atlantic, dont l'incendie a fait au moins 13 morts et un nombre indéterminé de « disparus », est amarré dans le port de Brindisi, dans le sud est du pays, où sa « boîte noire » a été récupérée.Le procureur de Bari, Giuseppe Volpe, chargé de l'enquête en Italie, a ordonné le retour du ferry dans le pays pour pouvoir poursuivre les recherches d'éventuels corps de passagers clandestins ou de passagers qui dormaient dans leurs cabines lorsque le feu s'est déclaré à bord dimanche.Selon les autorités italiennes le nombre total des rescapés s'élève à 477 personnes et cette liste a été adressée aux autorités grecques, qui enquêtent également sur les circonstances du drame, afin de vérifier le bilan.Lire le décryptage : Les multiples anomalies apparues après l'incendie du ferry « Norman Atlantic »Ettore Cardinali, le magistrat qui mène l'enquête sous la direction de M. Volpe, a effectué dans l'après-midi une première inspection rapide du ferry. « Pour le moment il n'est pas possible d'entrer dans le garage du ferry pour des raisons de sécurité car cela présenterait des risques pour tous », a expliqué M. Cardinali à la presse en descendant du Norman Atlantic.INCERTITUDE SUR LE NOMBRE DE VICTIMESLe magistrat, détaché par le parquet de Bari, a précisé qu'il se rendra samedi et dans les prochains jours de nouveau à Brindisi pour la poursuite de l'enquête. En attendant la fouille détaillée, le mystère reste entier sur le nombre exact de victimes de l'incendie, le manifeste de bord s'étant révélé faux. En outre, la présence de clandestins à bord a été « établie » par les enquêteurs. Trois d'entre eux ont en effet été identifiés– deux Afghans et un Syrien ayant demandé l'asile politique – mais il y en avait sans doute bien davantage cachés dans les nombreux camions transportés par le Norman Atlantic, avait expliqué le procureur de Bari. Or, l'incendie s'est déclenché au niveau des ponts inférieurs, là où étaient garés ces camions.  Au total, près de 500 personnes ont pu se trouver à bord du Norman Atlantic, a estimé le procureur Volpe. Lire aussi le témoignage des rescapés : « Le feu venait de partout »lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2dm9nh"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2dm9nh", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 02.01.2015 à 15h07 • Mis à jour le02.01.2015 à 15h49 La polémique déclenchée par le président islamo-conservateur turc, Recep Tayyip Erdogan, sur la place « naturelle » des femmes a rebondi, vendredi 2 janvier, en Turquie après une sortie de son ministre de la santé jugeant que la maternité était leur seule « carrière » possible.Lire le décryptage : Les droits des femmes turques sont-ils en régression ?A la faveur d'une visite rendue aux premiers bébés de l'année 2015 dans les maternités d'Istanbul, le ministre a dispensé quelques conseils à leurs mères. « Les mères ne doivent pas mettre d'autres carrières que la maternité au centre de leur vie. Elever de nouvelles générations doit être au centre de leurs préoccupations », a lancé Mehmet Muezzinoglu, cité par les médias turcs.UNE VOLÉE DE CRITIQUESCes déclarations ont suscité une volée de critiques. « La maternité n'est pas une carrière, a réagi sur son compte Twitter l'écrivaine à succès Elif Safak. Les femmes turques doivent décider elles-mêmes de leur chemin dans la vie (pas se le faire imposer par des hommes politiques). »Motherhood is Not a"career"anyway.Turkishwomen should decide their own paths in life(not male politicians from above)— Elif Şafak / Shafak (@Elif_Safak)require(["twitter/widgets"]);Une députée de l'opposition, Aylin Nazliaka, a pour sa part suggéré à M. Muezzinoglu « d'arrêter de parler ». « Il a des motifs cachés derrière ces déclarations. Leur but est de faire des femmes des citoyennes de seconde zone », a-t-elle écrit sur Twitter. « UNE CARRIÈRE INDISCUTABLE ET SACRÉE »Droit dans ses bottes, le ministre de la santé a réitéré ses propos vendredi. « La maternité n'est pas une carrière ouverte à tous (...), c'est une carrière indiscutable et sacrée », a-t-il insisté devant la presse. Habitué des déclarations à l'emporte-pièce, M. Erdogan s'est lui aussi illustré récemment par une série de sorties sur le même thème, qui ont provoqué l'ire des féministes.Lire aussi : Recep Tayyip Erdogan, « gardien du vagin des femmes turques »A la fin de novembre, il avait jugé l'égalité hommes-femmes « contre nature » et souligné que l'islam avait « défini une place pour les femmes : la maternité ». En décembre, le chef de l'Etat, qui milite fermement pour que les femmes aient au moins trois enfants, avait également comparé la contraception à une « trahison ».M. Erdogan, qui a dirigé le gouvernement pendant onze ans avant son élection à la présidence, en août dernier, est régulièrement accusé par ses détracteurs de vouloir islamiser la société turque, en limitant notamment les droits des femmes.Lire aussi (édition abonnés) : Le président turc juge l’égalité des sexes contre-nature 02.01.2015 à 11h54 • Mis à jour le02.01.2015 à 12h04 Sonia Combe, historienneLa commémoration, cet acte politique lesté d’enjeux qui comme on le sait ne sont pas que mémoriels, peut nuire gravement à la vérité historique. Laissons de côté celle de 1914-1918 et tournons-nous vers nos voisins d’outre Rhin. La fièvre commémorative qu’a connue Berlin l’automne dernier vient de nous en administrer la preuve. Ce n’est pas le côté spectaculaire qui est ici en cause. Le lâcher de ballons le long de l’ancien tracé du Mur fut du plus bel effet. Rien à dire non plus du concert, on ne boudera jamais son plaisir à entendre une 9e symphonie bien dirigée.On aurait pu s’en tenir là mais, pour que le spectacle soit total, il fallait mettre la mémoire à contribution. Une mémoire très sélective. Une ex-citoyenne de la RDA m’a raconté comment, attirée par une chaîne de télévision à un ancien point de passage du Mur, elle fut interrogée sur la joie qu’elle aurait éprouvée à passer à l’Ouest le soir du 9 novembre 1989. Hélas, elle avoua que, courant depuis plus d’un mois d’un comité de citoyens à un autre, sa préoccupation première n’avait pas été de s’y rendre. Ce qui se passait à l’Est était alors bien plus intéressant ! Déçue, la journaliste l’orienta alors vers la Stasi. En avait-elle eu peur ? Là, la déception fut plus grande encore : l’ex-citoyenne de l’Est expliqua qu’elle n’exprimait ses critiques à l’égard du régime qu’à l’intérieur du Parti et que, pour être honnête, elle n’avait pas vécu dans la peur de la Stasi car elle n’avait pas appartenu à un cercle de dissidents. Pire, elle n’avait pas été de ceux qui avaient applaudi au plan en dix points pour la réunification du Chancelier Kohl lancé le 28 novembre 1989.C’était plus qu’on ne voulait entendre. Promptement délaissée, elle n’eut aucun écho de sa prestation télévisée. Comme n’en eut guère l’initiative du Musée juif de Berlin qui, le 6 novembre, organisait une table ronde sur la façon dont des minorités, turques, vietnamienne, juive ou autre avaient pu vivre l’événement. C’est un sociologue germano-africain qui ouvrit le débat : fils d’une communiste est-allemande et ayant grandi en RDA, il militait en 1989 pour une « meilleure RDA » et avoua avoir pleuré lors de l’annonce de la chute du Mur. Au contraire la représentante de la communauté turque dit combien elle s’était réjouie avec les Berlinois de l’Ouest ; elle les avait rejoints dans la rue pour aller à la rencontre de ceux de l’Est, prête à les embrasser, mais ces derniers avaient reculé en la voyant, si brune…Le pogrom de novembreVenue du Vietnam où la RDA recrutait ses travailleurs immigrés, sa voisine disait elle-aussi s’être réjouie car elle n’aurait plus à redouter de tomber enceinte. En RDA les travailleuses émigrées n’avaient ni le droit d‘avoir des enfants ni celui d’avorter. De cette disposition on n’était guère au courant. Elle n’avait rien à voir avec la Stasi, mais avec le cynisme des États contractants. Ce fut enfin au tour du directeur du Centrum Judaicum, Hermann Simon, de prendre la parole. Historien dont les parents avaient choisi de vivre en RDA, il raconta avec son humour habituel comment sa femme et lui, ce fameux soir, n’ayant rien compris à ce qu’avait bredouillé Schabowski (le secrétaire du parti de Berlin Est par qui tout était arrivé), étaient allés se coucher et qu’ayant appris à son réveil la chute du Mur, il s’était simplement dit : ça, c’est pas bon pour les Juifs ! Un an auparavant, le 9 novembre 1988, les deux Allemagnes avaient rivalisé dans la piété commémorative de la « nuit de cristal » survenue 50 ans plus tôt. Une commémoration en masque toujours une autre.Cette année les cérémonies en souvenir du pogrome nazi ont été éclipsées par la joie ressuscitée des vingt-cinq ans de la chute du Mur. Fidèle à son engagement, Hans Coppi, ce fils d’un couple de résistants du réseau dit de « l’orchestre rouge », né en prison (l’exécution de sa mère avait été repoussée jusqu’à l’accouchement), avait convié au nom du Comité antifasciste à la commémoration du 9 novembre 1938 sur le site de l’ancienne prison et lieu d’exécution de Plötzensee. S’y retrouvèrent quelques vieux antifascistes accompagnés d’ex citoyens de RDA qui, pour la plupart, n’avaient pas souhaité la disparition leur pays. À l’époque c’étaient des partisans de la « troisième voie » dont l’écrivaine Christa Wolf fut le porte-parole, celle d’un « socialisme qu’on ne fuirait pas ».Ce n’est pas la chute du Mur qu’on vient de célébrer en Allemagne, mais la réunification. En dépit du lien qui les relie et qu’on a fini par croire naturel comme on avait fini par trouver normale la division de l’Allemagne auparavant, il s’agit de deux événements distincts. Oubliée par les médias, ignorée par une historiographie de la RDA encadrée par des historiens originaires des rives du Rhin ou de Bavière, la part non négligeable de la société est-allemande que n’enchanta pas le plan du chancelier Kohl lancé à la fin de ce mois de novembre euphorique fut pourtant une réalité. Rappeler son existence vingt-cinq ans après aurait-il troublé la joie orchestrée ? Le consensus entre le spectacle médiatique et l’histoire savante risque de nous priver pendant encore quelques bonnes années, dans le meilleur des cas jusqu’au prochain chiffre rond, du récit dépassionné et objectif, en un mot désidéologisé, de « ce qui s’est réellement passé » en cet automne 1989, le fameux « wie es eigentlich gewesen » de l’historien Herbert von Ranke.Sonia Combe, vient de publier Une vie contre une autre. L’échange de victime et les modalités de survie dans le camp de Buchenwald, Fayard, 2014 Maryline Baumard (Brindisi, envoyée spéciale) Dans le port de Brindisi, Dennis Osadiaye regarde débarquer les bateaux. Il a entendu les histoires des nouveaux venus en Europe et trouve que la traversée de la Méditerranée devient vraiment très dangereuse. « J’ai vu à la télévision qu ils étaient nombreux ces jours-ci à nous rejoindre après avoir risqué leur vie », observe le jeune Nigérian. Lui est à Brindisi depuis sept mois. « J’étais passé de la Libye à la Sicile sur un tout petit bateau et on m’a amené à Brindisi quand j’ai dit que je voulais demander l’asile », raconte-t-il, fataliste. Ce passage lui a coûté quatre mois de son salaire de laveur de voitures libyen.En fait, Dennis voyage depuis trois ans. Il est parti à 17 ans du Nigeria, et en a 20 aujourd’hui. D’abord, il s’est arrêté deux ans en Libye, où il raconte avoir toujours travaillé facilement. Puis il a continué vers l’Europe, son but. « Sept mois en Italie, c’est beaucoup et peu », note-t-il, pensif. Beaucoup, parce qu’il n’imagine plus de repartir. Peu, parce qu’il n’a pas avancé dans son projet d’apprendre un métier dans le bâtiment et de s’installer vraiment. « J’attends une réponse à l’appel de ma demande d’asile. Pendant ce temps, je ne peux pas travailler », regrette-t-il. Bien sûr, il a fait la cueillette des olives ou d’autres petits travaux. Mais c’est toujours occasionnel.Bateaux fantômes en MéditerranéeJeudi, Dennis est venu à la gare de Brindisi. Comme il le fait souvent l’après-midi, parce que ce lieu est un point de ralliement. Le square qui jouxte la gare offre ses bancs et l’ombre d’un arbre. Ça suffit à créer un espace convivial pour la vingtaine de jeunes Africains qui rient et partagent ce moment. On se souhaite la bonne année dans toutes les langues, et Dennis est l’un des rares à parler anglais. « En général, les Nigérians vont à Londres et moi je suis là », ajoute-t-il, sans qu’on comprenne vraiment si c’est par choix ou parce que la vie en a décidé ainsi.Pour Dennis, comme pour d’autres jeunes aux vies plus faciles, il y a d’abord les plaisirs simples du présent. « Ceux qui ont déjà les papiers passent nous voir à la gare. Parfois, ils m’emmènent manger chez eux. Et puis, les Italiens aussi passent nous voir. Ils savent qu’on est là et viennent nous donner des choses, ou de la nourriture. Ça aide. » En tant que demandeur d’asile, Dennis reçoit 2,50 euros par jour et se nourrit avec. La nuit, il était hébergé, jusque-là. « Mais je sais qu’avec les nouvelles arrivées, je vais devoir laisser ma place. Alors je viendrai dormir a la gare. Avec les autres », ajoute-t-il, une pointe de regret dans la voix.Un troisième navire en perdition et des garde-côtes en alerte Maryline Baumard (Brindisi, envoyée spéciale)JournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.01.2015 à 21h08 La police suédoise recherchait activement, jeudi 1er janvier, l'auteur d'une attaque à la bombe incendiaire contre une mosquée de la ville d'Uppsala dans la nuit de mercredi à jeudi, la troisième de ce type en huit jours en Suède.L'Association islamique de Suède a posté sur Internet une photographie de la porte principale de la mosquée, sur laquelle était écrit : « Cassez-vous sales musulmans. »La police d'Uppsala, quatrième ville du pays, a été alertée par des passants qui ont témoigné avoir vu un homme lancer un projectile enflammé sur la mosquée. Le bâtiment était désert et n'a pas pris feu à la suite de l'attaque.Cette attaque a eu lieu trois jours après qu'un incendie, visiblement criminel, se fut déclaré dans une mosquée au rez-de-chaussée d'un immeuble d'Eslöv, dans le sud du pays. Le feu avait été rapidement éteint. Le jour de Noël, cinq personnes avaient été blessées dans l'incendie d'une mosquée au rez-de-chaussée d'un immeuble d'Eskilstuna (Centre).lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2demfu"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2demfu", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});SÉCURITÉ RENFORCÉE AUTOUR DES LIEUX DE CULTELe premier ministre suédois, Stefan Löfven, a appelé à condamner fermement cette attaque, ajoutant que le gouvernement mettrait à disposition des financements supplémentaires pour renforcer la sécurité autour des lieux de culte.Ces attaques surviennent alors que le débat autour de l'immigration et de l'intégration des réfugiés s'intensifie dans ce pays nordique traditionnellement tolérant. La Suède devrait recevoir plus de cent mille demandes d'asile cette année, un record.Le mois dernier, le parti d'extrême droite les Démocrates de Suède, devenu la troisième force politique du pays après les élections de septembre, a manqué de peu de faire chuter le gouvernement de gauche sur sa politique d'immigration, jugée trop généreuse. Les sondages le créditent de 16 % d'opinions positives.Les Démocrates de Suède ont cependant condamné ces attaques, estimant qu'elles relevaient d'actes « criminels », et « non politiques ». Les associations de musulmans ont appelé les responsables politiques à rejoindre les veillées organisées vendredi dans plusieurs grandes villes du pays afin de montrer leur rejet de cette violence xénophobe.Lire aussi (édition abonnés) : En Suède, accord historique contre l’extrême droite Guy Dutheil Un son et lumière « hollywoodien », une chanteuse échappée d’une comédie musicale de Broadway, des centaines d’invités venus du monde entier, Qatar Airways avait décidé d’en mettre plein la vue pour la réception officielle, mercredi 7 janvier, de son premier exemplaire de l’A350, le tout nouveau gros-porteur long courrier d’Airbus.Posé sur le tarmac du tout neuf aéroport de Doha, le nouvel avion trônait, en vedette, derrière la scène, dans sa livrée crème et grenat, les couleurs de Qatar Airways.Avec l’A350, Airbus défie les 777 et 787 de BoeingL’arrivée dans la flotte de la compagnie qatarie du premier exemplaire du long courrier d’Airbus relance la rivalité entre les compagnies du Golfe : Emirates (Dubaï), Etihad (Abu Dhabi) et Qatar Airways.Les « trois sœurs ennemies » comme on les surnomme, se livrent une bataille acharnée. Chacune d’elle, à grand renfort d’aéroports surdimensionnés et de commandes géantes d’avions, tente de s’imposer comme le « hub » leader de la région.Fin décembre 2014, c’est Etihad qui a marqué les esprits. La compagnie d’Abu Dhabi a dévoilé, in situ, la nouvelle cabine de sa flotte.Sa nouvelle première classe la place parmi les meilleures compagnies aériennes du moment. Notamment grâce à sa « Résidence », un appartement de deux pièces, salle de bain et majordome. Une exclusivité des A380 d’Etihad. Avec Résidence, son appartement volant, Etihad se rêve en référence du voyage aérienQatar Airways a répliqué avec un A350 équipé de la cabine bi-classe (business et économique) dernier cri de la compagnie.Fier de son produit, Akbar Al Baker, PDG de Qatar Airways, n’a pas hésité à proclamer, un rien fanfaron : « avec une business class de cette qualité nous n’avons pas besoin de Première classe ».À défaut de « First », les quatre-vingts A350 commandés par la Qatar Airways seront tous équipés d’un bar réservé aux passagers de la classe affaires.Pression pour obtenir un A380 remotoriséToutefois, la réception officielle de l’A350 a aussi été pour M. Al Baker, l’occasion de relancer Airbus pour obtenir la mise en œuvre d’une version « neo », moins gourmande en carburant, de l’A380. « Un A380 remotorisé sauverait le programme », a assuré M. Al Baker.Présent à Doha, Didier Evrard, patron du programme A350, récemment nommé vice-président d’Airbus, s’est bien gardé de répondre. Pour l’heure, Airbus n’a pas tranché entre une remotorisation ou un allongement de l’avion pour y loger plus de passagers.« Nous devons d’abord écouter le marché car nous avons des clients qui n’ont pas tous la même exigence », a confié M. Evrard. Toutefois, il a confié que « la (re)motorisation de l’A380 est un axe prioritaire. Sur le principe, il est vraisemblable que la remotorisation arrive un jour. »Problème : les deux motoristes, Rolls Royce et Engine Alliance, qui équipent l’A380, ne se bousculent pas pour travailler sur un nouveau moteur moins gourmand. « C’est la question », a admis M. Evrard, conscient de la faiblesse des ventes de l’A380.Depuis son lancement en 2000, seuls 318 exemplaires du très gros porteur d’Airbus ont trouvé preneur, dont 140 pour la seule Emirates.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.01.2015 à 13h20 • Mis à jour le08.01.2015 à 13h37 Niels H., un infirmier allemand, jugé depuis plusieurs mois par un tribunal de la Basse-Saxe, a reconnu avoir tué une trentaine de patients gravement malades qui étaient hospitalisés en soins intensifs entre 2003 et 2005, rapporte l'agence de presse allemande DPA (Deutsche Presse-Agentur).Selon un expert psychiatre entendu jeudi 8 janvier durant une audience au procès, l'accusé lui avait avoué une trentaine d'homicides lors d'un examen. L'infirmier de 38 ans, Niels H., comparaît depuis septembre pour les meurtres de trois patients et tentatives de meurtre de deux autres patients, à qui il aurait injecté des surdoses de médicaments alors qu'ils étaient en soins intensifs.DÉMONTRER SES TALENTS DE RÉANIMATIONLes enquêteurs le soupçonnent d'avoir procédé à des injections entre 2003 et 2005 afin de démontrer ses talents de réanimation, amenant les patients près de la mort avant de tenter par la suite de les ranimer. D'après le psychiatre, l'accusé a également reconnu avoir administré des surdoses de médicament à une soixantaine d'autres patients qui, eux, ont survécu.Niels H. avait été condamné en 2008 à sept ans et demi de prison pour une tentative de meurtre. Il est incarcéré depuis. Employé à la clinique de Delmenhorst, près d'Oldenbourg, il avait été surpris à l'été 2005 par une collègue alors qu'il était en train d'injecter à un patient un médicament pour le cœur. 07.01.2015 à 13h29 • Mis à jour le07.01.2015 à 17h09 La Pologne a reçu une demande d'extradition du cinéaste franco-polonais Roman Polanski vers les Etats-Unis, où court toujours une plainte pour agression sexuelle déposée contre lui en 1977, rapporte l'agence de presse polonaise PAP, qui rapporte des propos du bureau du procureur général. Le cinéaste, né en Pologne et qui vit en France, se trouve actuellement à Cracovie où il prévoit de tourner un film. L'affaire ressurgit régulièrement. En octobre, les autorités américaines avaient demandé ainsi en vain son interpellation alors qu'il se trouvait en Pologne.Le 24 décembre, un juge de Los Angeles a rejeté une motion déposée par les avocats de Roman Polanski pour classer la plainte pour agression sexuelle déposée contre le réalisateur. Les défenseurs du cinéaste de 81 ans font valoir depuis des années que Roman Polanski a été dans cette affaire la victime d'une faute professionnelle de la part de la justice et du procureur de l'époque. Mais, dans ce jugement, le juge de la Cour supérieure de Los Angeles James Brandlin a déclaré que Roman Polanski devait, s'il veut régler le dossier, revenir aux Etats-Unis, où un mandat d'arrestation à son encontre est toujours en vigueur. Accusé d'avoir eu un rapport sexuel avec une adolescente de 13 ans, Samantha Geimer, Roman Polanski avait plaidé coupable en 1977. Il avait passé 42 jours en prison puis avait été libéré sous caution. En 1978, il avait fui les Etats-Unis avant l'audience qui devait fixer sa peine, craignant que le juge ne lui inflige une peine plus lourde.En 2009, il a été arrêté à Zurich en vertu du mandat d'arrêt lancé contre lui plus de 30 ans auparavant et placé en résidence surveillée. Il a recouvré la liberté en 2010, les autorités suisses ayant décidé de ne pas l'extrader vers les Etats-Unis.L'an dernier, Samantha Geimer a écrit un livre avec son avocat, sur la soirée du 10 mars 1977 où, selon elle, Polanski lui avait fait boire du champagne et lui avait donné un somnifère avant de lui imposer des relations sexuelles dans la maison de Jack Nicholson. Désormais âgée de 51 ans, elle avait ajouté qu'elle avait pardonné à Polanski, réalisateur notamment de Rosemary's Baby, Chinatown, Le Locataire ou encore Tess.Lire aussi : La justice américaine refuse d'abandonner les poursuites contre Roman Polanski 07.01.2015 à 10h12 • Mis à jour le07.01.2015 à 12h13 | Claire Guélaud Voilà une nouvelle qui n’est pas franchement une surprise mais qui pourrait contrarier les plans de communication de l’Elysée : alors que le président de la République a placé ses vœux 2015 sous le signe de l’optimisme et de l’audace, les premières estimations de la Commission européenne sur les produits intérieurs bruts (PIB) britannique et français en 2014 montrent que le Royaume-Uni a détrôné la France comme cinquième puissance économique mondiale.Manifestement François Hollande n’en avait pas été averti lorsqu’il a déclaré, le 31 décembre 2014 : « La France, c’est un grand pays ; elle est la cinquième puissance économique du monde. »Dynamisme, inflation et revalorisationCette première estimation, dénichée par Le Figaro sur le site Internet de la Commission européenne, devrait être confirmée dans les prochaines semaines. D’une certaine manière, elle résume, à elle seule, les atouts de l’économie britannique et les faiblesses françaises.Jusqu’en 2013, la France avait réussi à tenir son rang dans le club des dix premières puissances mondiales. Malgré ses difficultés persistantes (croissance nulle ou faible et chômage élevé, déficits jumeaux, dégradation de la compétitivité de son économie, effondrement des taux de marge des entreprises…), elle continuait d’occuper la cinquième place derrière les Etats-Unis, la Chine, le Japon et l’Allemagne mais devant le Royaume-Uni.En 2014, elle a été reléguée en 6e position. Le dynamisme de l’économie britannique, qui a connu une croissance en volume de 3 % contre 0,4 % en France, le niveau plus élevé de l’inflation outre-Manche (1,5 % contre 0,4 %) et la revalorisation de la livre sterling par rapport à l’euro expliquent pour l’essentiel cette évolution.Renversement de tendanceLe PIB est l’ensemble des richesses créées annuellement dans un pays ou, comme préfère le dire l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la somme des valeurs ajoutées de ce pays. En 2013, mesuré en valeur absolue et non en parité de pouvoir d’achat (PPA), le PIB s’est élevé à 2 114 milliards d’euros en France contre 2 017 milliards au Royaume-Uni. Soit une différence de 97 milliards d’euros à l’avantage de Paris.Un an plus tard, la situation s’est inversée : à la faveur d’une reprise qui a surpris les observateurs par sa vigueur, le Royaume-Uni est passé en tête. Son PIB en 2014 s’élèverait à 2 232 milliards d’euros, soit 98 milliards de plus que le PIB français (2 134 milliards). Ce renversement de tendance tient d’abord à l’inégalité des taux de croissance des deux économies. La reprise a été particulièrement dynamique outre-Manche : le PIB a progressé de 3 % en 2014 à la faveur, analyse Philippe Waechter, directeur des études de Natixis Asset Management, du dynamisme de la demande intérieure.Ce qui a porté cette dernière ? « Une politique budgétaire pas très restrictive, qui a soutenu la demande intérieure ; la politique de Quantitative Easing conduite par la Banque d’Angleterre, qui a permis de redistribuer du crédit aux ménages dès le début 2013 ; un marché du travail flexible qui a rendu possibles des créations nettes d’emploi. Mêmes précaires, celles-ci ont contribué à soutenir la demande des ménages et la consommation », résume l’économiste.On pourrait y ajouter la qualité du climat des affaires – les enquêtes de conjoncture restent à un niveau élevé – et les effets richesse liés à l’état du marché immobilier. Autant de points positifs qui ont permis à l’économie britannique de repartir, alors même qu’elle continue de souffrir, elle aussi, de la baisse de sa productivité.Panorama conjoncturel sombreLe panorama conjoncturel français de 2014 était, on le sait, bien plus sombre : une croissance obstinément atone et ce pour la troisième année de suite ; des déficits public et commercial marqués ; un chômage à deux chiffres qui continue d’augmenter et qui pèse sur la consommation des ménages – l’épargne de précaution reste d’ailleurs importante – ; des entreprises qui, malgré les premiers effets du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), rencontrent toujours de sérieuses difficultés financières. A quoi s’ajoute une forme de pessimisme généralisée qui n’aide pas l’économie à redémarrer.D’après Le Figaro, les différences de taux de croissance portent sur une soixantaine de milliards d’euros. La plus forte inflation outre-Manche (+ 1,5 %, contre 0,4 % en France) expliquerait un écart de PIB en faveur de Londres de l’ordre de 30 à 40 milliards. La forte revalorisation de la livre sterling par rapport à un euro en baisse ferait l’essentiel du reste.En revanche, le fait que les comptables nationaux britanniques aient accepté en 2013, contrairement à leurs homologues français, d’intégrer les activités liées à la prostitution et à la drogue dans la mesure de leur PIB aurait eu des conséquences marginales. On ne leur doit pas, en tout cas, la relégation française.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.01.2015 à 08h28 • Mis à jour le07.01.2015 à 10h23 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Pierre Moscovici, le commissaire européen en charge de l’économie et de la fiscalité, déclare, dans un entretien au Monde, qu’« il faut laisser les Grecs faire leur choix » lors des élections législatives anticipées du 25 janvier, et que, « quel que soit leur choix, il sera respecté. Ce n’est pas à nous de sélectionner, d’ostraciser, le dirigeant d’un pays de l’Union européenne. »Le ton utilisé par M. Moscovici, au nom de la Commission, tranche avec celui prêté au gouvernement allemand, Angela Merkel étant, selon le magazine Der Spiegel, favorable à une sortie de la Grèce de la zone euro.M. Moscovici assure notamment que si Alexis Tsipras, le dirigeant de Syrisa (extrême gauche), qui prône la fin des mesures d’austérité imposées par la « Troïka » (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international, Commission européenne) et une restructuration de la dette grecque, « emporte les élections et devient Premier ministre », la porte de la Commission « lui est ouverte. » Tout en écartant une annulation partielle ou totale de la dette, M. Moscovici indique que, si celle-ci « doit être remboursée », cela peut se faire « à un rythme ou à un autre. » Le risque de contagionSelon M. Moscovici, « il faut prendre ces élections pour ce qu’elles sont : un rendez-vous démocratique très significatif mais pas le déclencheur possible d’une crise ». Il assure que « la situation d’incertitude créée par les élections provoque des mouvements très limités, en ampleur et en volume s’agissant des marchés. Plus encore, s’agissant des capitaux. »La possibilité d’une sortie de la Grèce de la zone euro M. Moscovici ne veut pas s’inscrire dans cette perspective. « Cette question ne se pose pas », relève-t-il, indiquant que la Commission « souhaite que le pays reste » dans la zone euro. « C’est important pour la zone euro, son intégrité, son attractivité », mais aussi « pour la Grèce, qui a bénéficié à travers les programmes décidés en sa faveur, de fonds européens considérables, pour l’aider à restructurer son économie », argumente-t-il.La restructuration de la dette « Cette question ne se pose pas », assure M. Moscovici. « Une dette n’est pas faite pour être effacée, elle existe, elle doit être remboursée », déclare-t-il, tout en ajoutant : « à un rythme ou à un autre. » Ce qui pourrait laisser la porte ouverte à un rééchelonnement. Le commissaire souligne aussi qu’un « effacement de la dette, totale ou partielle, a un coût pour les citoyens de l’Union européenne, Allemands, Italiens, Français, en fonction des créances sur la Grèce détenues par les économies de ces pays. »La poursuite des réformesSi la Grèce veut pouvoir bénéficier de la fin du programme d’assistance actuel - elle doit recevoir encore près de 4 milliards d’euros - cela passe par de nouvelles réformes. À ce propos, M. Moscovici souligne que « ce n’est pas [de] davantage d’austérité » dont a besoin le pays, mais qu’il lui faut mettre en place « une meilleure collecte des impôts, une économie plus compétitive ».La « surveillance » de la GrèceElle doit être maintenue, mais sous une nouvelle forme, en suivant « de manière plus distante, à travers des missions plus légères, moins fréquentes une dizaine de politiques publiques », indique M. Moscovici.La Troïka, qui « a joué un rôle utile » et sans qui « la Grèce aurait souffert bien davantage », doit passer la main : elle « a épuisé son rôle historique, parce que beaucoup de réformes ont été faites. »« Il faut passer à un autre stade de l’aide internationale », avance M. Moscovici, qui rappelle que « l’UE est prête à mettre en place une ligne de crédit de 10 milliards d’euros » et « le FMI, à passer à un programme de précaution, plus léger. »Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.01.2015 à 01h00 • Mis à jour le07.01.2015 à 10h37 | Eric Albert (Londres, correspondance) Dans un exercice sans précédent, la Banque d’Angleterre a accepté de dévoiler, mercredi 7 janvier, l’ensemble des procès-verbaux des réunions internes de sa « cour », l’équivalent de son conseil d’administration, entre 2007 et 2009, au plus fort de la crise financière. Si la volonté de transparence est exemplaire, le résultat, qui s’étend sur plusieurs centaines de pages, n’est guère reluisant.Il y est révélé que la vieille institution n’a pratiquement rien vu venir de cette crise. Elle s’est montrée complaisante et lente à réagir. Au fur et à mesure des secousses des marchés, elle a changé d’avis, prenant conscience que la structure de surveillance du système financier au Royaume-Uni – qu’elle défendait mordicus – ne fonctionnait pas.Si de nombreux observateurs extérieurs ont déjà porté ces accusations contre la Banque d’Angleterre, et son gouverneur d’alors, Mervyn King, voir ainsi les discussions internes, la reconnaissance des errements et les hésitations jette une lumière crue sur les limites de l’institution au début de la crise.« Le système bancaire est solide »Le 12 septembre 2007, la cour se rassemble – le gouverneur, les deux vice-gouverneurs et les seize membres non exécutifs sont présents. Le président de la Financial Services Authority (FSA), qui est alors le régulateur financier, a aussi été invité. Nous sommes deux jours avant l’écroulement de Northern Rock, qui provoquera une panique bancaire avec des milliers de clients qui forment des files d’attente pour retirer leur argent.Mais dans les salles feutrées du bâtiment de Threadneedle Street, le mal semble encore bénin. Bien sûr, les marchés financiers ont été agités tout l’été, mais il n’y a pas lieu de s’alerter. « Le système bancaire britannique est solide », insiste le président de la FSA, Callum McCarthy.L’inquiétude autour des produits financiers structurés a bien été évoquée, mais c’est pour mieux la balayer : un dirigeant de la Banque d’Angleterre (son nom n’est pas précisé) « estime que les risques sont compris par la plupart des [établissements financiers]. »Le lendemain, la même cour est réunie d’urgence pour approuver une ligne de liquidités de secours à Northern Rock. C’est déjà trop tard. La banque sera finalement nationalisée.Peu de questionnementsLa solidarité presque instinctive entre les membres non exécutifs du conseil d’administration et les dirigeants de la Banque d’Angleterre est aussi illustrée par ces procès-verbaux. Alors que les premiers sont censés questionner les seconds, cela ne semble presque jamais se produire.Deux semaines après la faillite de Northern Rock, la réunion de la cour commence par un message de M. King, qui remercie les membres non exécutifs « pour leurs messages de soutien » pendant la crise.L’un d’entre eux interroge quand même : « Est-ce que la Banque était aussi bien préparée qu’elle aurait dû l’être ? » Réponse du bout des lèvres d’un des gouverneurs : les réformes nécessaires étaient en cours, mais « nous n’avions pas anticipé leur urgence »…Le 10 septembre 2008, cinq jours avant la faillite de Lehman Brothers, la cour se réunit de nouveau. Cette fois-ci, la crise est dans tous les esprits. La banque américaine est nommément citée comme une source possible de risques. Mais le ton n’est pas à l’urgence. M. King présente ses priorités pour son deuxième mandat de cinq ans, qui a démarré en juillet. La supervision financière britannique est en cours de modification, mais il note que rien ne sera finalisé au mieux avant 2009.Le cataclysme financier qui s’abat quelques jours plus tard rend ses paroles caduques. Il faudra l’intervention du gouvernement, avec la nationalisation de deux grandes banques, pour calmer les marchés.« Ces procès-verbaux prouvent que durant la crise, la Banque d’Angleterre n’avait pas un conseil d’administration digne de ce nom, attaque Andrew Tyrie, le député qui préside le comité parlementaire en charge des questions financières. La cour étant presque seulement réactive : il n’y a quasiment aucun signe d’un membre non exécutif qui a fait une suggestion ou questionné de façon constructive la direction [de la Banque d’Angleterre]. »Réformes du fonctionnement interneNormalement, ces documents n’auraient pas dû être publiés avant 2027. Mais le comité parlementaire en charge des questions financières fait pression depuis 2011 pour les obtenir.M. King s’y était toujours refusé, arguant de la confidentialité des discussions. Mais son successeur, Mark Carney, en place depuis 2013, a décidé de faire le ménage.Lire également : La Banque d’Angleterre, un nouveau "flic" dans la City de LondresM. Carney a annoncé, en décembre 2014, une série de réformes du fonctionnement interne de la Banque, notamment pour améliorer sa transparence.Au passage, il a accepté de dévoiler ces procès-verbaux. Une méchante pique contre son prédécesseur.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Samuel Laurent et Alexandre Pouchard Le débat sur l'immigration s'enflamme en Allemagne. Près de 18 000 personnes ont manifesté lundi 5 janvier à Dresde, dans l'Est du pays, à l'appel du mouvement « les Européens patriotes contre l'islamisation de l'Occident » (Pegida). Ils ont ainsi établi un nouveau record de participation à ces rassemblements de plus en plus réguliers, qui engendrent également des mobilisations d'opposants. Ce phénomène anti-immigration est relativement nouveau dans le pays le plus peuplé de l'Union européenne, qui connaît un afflux migratoire important depuis quelques années. 1. Que dénoncent les manifestants ?Le groupe Pegida est né en octobre sur Facebook, à l'initiative de Lutz Bachmann, un ancien cuisinier de 41 ans reconverti dans la communication. Fervent partisan de la « tolérance zéro » pour les immigrés qui commettent des délits, il a été condamné à plusieurs reprises lui-même pour divers délits et se trouve actuellement en liberté conditionnelle, expliquait notre correspondant à Berlin en décembre. Il a lancé le principe d'une manifestation tous les lundis, dont l'affluence grandit semaine après semaine.Le credo de Pegida ? L'opposition au « fanatisme religieux et à toute forme de radicalisme », et plus précisément le refus de « l'islamisation » de la société allemande. Cela passe par la fin de « l'abus de l'asile » dans un pays qui est devenu la première destination européenne des migrants (voir ci-dessous). Une banderole déployée lundi à Cologne réclamait ainsi « des pommes de terre plutôt que des kebabs », allusion à la forte immigration turque en Allemagne.Au-delà de l'immigration, le mouvement dénonce les médias (« tous des menteurs »), les élites politiques ou encore le multiculturalisme, qui diluerait la culture chrétienne allemande.2. Que représente l'immigration en Allemagne ?15 millions Depuis les années 1950, l'Allemagne a fait appel à de la main-d'œuvre immigrée de manière régulière : les « gastarbeiter » (littéralement « travailleurs invités ») ont contribué au redressement économique du pays durant des décennies. En 2010, selon les statistiques officielles, on comptait 19,3 % de personnes issues de l'immigration dans le pays : 8,6 millions étaient de nationalité allemande et 7,15 millions de nationalité étrangère. Parmi ces immigrés, 10,6 millions étaient nés à l'étranger et 5,15 millions en Allemagne. A titre de comparaison, en France, 8,4 % de la population est immigrée.if (!window.jQuery) {') .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } .subtitre{ display:block; }$("#container_1420543074307 .graphe").css("height", 450)$("#container_1420543074307 .title").empty()if ("Immigration en Allemagne depuis 1950"!= ""){Immigration en Allemagne depuis 1950")}$("#container_1420543074307 .subtitle").empty()if (""!= ""){")}$(function () {Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher' }});$("#container_1420543074307 .graphe").highcharts({chart:{ backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, type: "line", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "", _blank ); } } }},colors:["#0386c3","#f0e0b6","#f7bebe","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"],credits:{ enabled:true, text:"", position: { align: "right", x: -15, y: -5 },},title: { text: ""},subtitle: { text: ""},plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true }},yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }]}, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' }}],xAxis:{ type:"datetime", categories:null, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value:%Y}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }]},tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:true, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "%Y"},legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10},series:[ { "name": "Solde migratoire", "type": "column", "stack": "", "data": [ [ -631152000000, 17992 ], [ -599616000000, -37722 ], [ -568080000000, -47707 ], [ -536457600000, -20665 ], [ -504921600000, -24722 ], [ -473385600000, -9056 ], [ -441849600000, -9015 ], [ -410227200000, 26971 ], [ -378691200000, 50655 ], [ -347155200000, 48736 ], [ -315619200000, 176442 ], [ -283996800000, 222887 ], [ -252460800000, 240126 ], [ -220924800000, 150184 ], [ -189388800000, 240842 ], [ -157766400000, 302234 ], [ -126230400000, 93562 ], [ -94694400000, -205808 ], [ -63158400000, 253212 ], [ -31536000000, 544046 ], [ 0, 547085 ], [ 31536000000, 382069 ], [ 63072000000, 283939 ], [ 94694400000, 352564 ], [ 126230400000, -34600 ], [ 157766400000, -223902 ], [ 189302400000, -92847 ], [ 220924800000, 16915 ], [ 252460800000, 100851 ], [ 283996800000, 230741 ], [ 315532800000, 296791 ], [ 347155200000, 135104 ], [ 378691200000, -89476 ], [ 410227200000, -132772 ], [ 441763200000, -194445 ], [ 473385600000, 55559 ], [ 504921600000, 160076 ], [ 536457600000, 193247 ], [ 567993600000, 441139 ], [ 599616000000, 593962 ], [ 631152000000, 681872 ], [ 662688000000, 602523 ], [ 694224000000, 782071 ], [ 725846400000, 462096 ], [ 757382400000, 314998 ], [ 788918400000, 397935 ], [ 820454400000, 282197 ], [ 852076800000, 93664 ], [ 883612800000, 47098 ], [ 915148800000, 201975 ], [ 946684800000, 167120 ], [ 978307200000, 272723 ], [ 1009843200000, 219288 ], [ 1041379200000, 142645 ], [ 1072915200000, 82543 ], [ 1104537600000, 78953 ], [ 1136073600000, 22791 ], [ 1167609600000, 43912 ], [ 1199145600000, -55743 ], [ 1230768000000, -12782 ], [ 1262304000000, 127677 ], [ 1293840000000, 279330 ], [ 1325376000000, 368945 ], [ 1356998400000, 428607 ] ], "color": "#0386c3" }, { "name": "Arrivées", "type": "line", "data": [ [ -631152000000, 96140 ], [ -599616000000, 88349 ], [ -568080000000, 88089 ], [ -536457600000, 101599 ], [ -504921600000, 111490 ], [ -473385600000, 127921 ], [ -441849600000, 159086 ], [ -410227200000, 200142 ], [ -378691200000, 212520 ], [ -347155200000, 227600 ], [ -315619200000, 395016 ], [ -283996800000, 489423 ], [ -252460800000, 566465 ], [ -220924800000, 576951 ], [ -189388800000, 698609 ], [ -157766400000, 791737 ], [ -126230400000, 702337 ], [ -94694400000, 398403 ], [ -63158400000, 657513 ], [ -31536000000, 980731 ], [ 0, 1042760 ], [ 31536000000, 936349 ], [ 63072000000, 852549 ], [ 94694400000, 932583 ], [ 126230400000, 601013 ], [ 157766400000, 429064 ], [ 189302400000, 476286 ], [ 220924800000, 522611 ], [ 252460800000, 559620 ], [ 283996800000, 649832 ], [ 315532800000, 736362 ], [ 347155200000, 605629 ], [ 378691200000, 404019 ], [ 410227200000, 354496 ], [ 441763200000, 410387 ], [ 473385600000, 480872 ], [ 504921600000, 567215 ], [ 536457600000, 591765 ], [ 567993600000, 860578 ], [ 599616000000, 1133794 ], [ 631152000000, 1256250 ], [ 662688000000, 1198978 ], [ 694224000000, 1502198 ], [ 725846400000, 1277408 ], [ 757382400000, 1082553 ], [ 788918400000, 1096048 ], [ 820454400000, 959691 ], [ 852076800000, 840633 ], [ 883612800000, 802456 ], [ 915148800000, 874023 ], [ 946684800000, 841158 ], [ 978307200000, 879217 ], [ 1009843200000, 842543 ], [ 1041379200000, 768975 ], [ 1072915200000, 780175 ], [ 1104537600000, 707352 ], [ 1136073600000, 661855 ], [ 1167609600000, 680766 ], [ 1199145600000, 682146 ], [ 1230768000000, 721014 ], [ 1262304000000, 798282 ], [ 1293840000000, 958299 ], [ 1325376000000, 1080936 ], [ 1356998400000, 1226493 ] ], "color": "#f0e0b6" }, { "name": "Départs", "type": "line", "data": [ [ -631152000000, 78148 ], [ -599616000000, 126071 ], [ -568080000000, 135796 ], [ -536457600000, 122264 ], [ -504921600000, 136212 ], [ -473385600000, 136977 ], [ -441849600000, 168101 ], [ -410227200000, 173171 ], [ -378691200000, 161865 ], [ -347155200000, 178864 ], [ -315619200000, 218574 ], [ -283996800000, 266536 ], [ -252460800000, 326339 ], [ -220924800000, 426767 ], [ -189388800000, 457767 ], [ -157766400000, 489503 ], [ -126230400000, 608775 ], [ -94694400000, 604211 ], [ -63158400000, 404301 ], [ -31536000000, 436685 ], [ 0, 495675 ], [ 31536000000, 554280 ], [ 63072000000, 568610 ], [ 94694400000, 580019 ], [ 126230400000, 635613 ], [ 157766400000, 652966 ], [ 189302400000, 569133 ], [ 220924800000, 505696 ], [ 252460800000, 458769 ], [ 283996800000, 419091 ], [ 315532800000, 439571 ], [ 347155200000, 470525 ], [ 378691200000, 493495 ], [ 410227200000, 487268 ], [ 441763200000, 604832 ], [ 473385600000, 425313 ], [ 504921600000, 407139 ], [ 536457600000, 398518 ], [ 567993600000, 419439 ], [ 599616000000, 539832 ], [ 631152000000, 574378 ], [ 662688000000, 596455 ], [ 694224000000, 720127 ], [ 725846400000, 815312 ], [ 757382400000, 767555 ], [ 788918400000, 698113 ], [ 820454400000, 677494 ], [ 852076800000, 746969 ], [ 883612800000, 755358 ], [ 915148800000, 672048 ], [ 946684800000, 674038 ], [ 978307200000, 606494 ], [ 1009843200000, 623255 ], [ 1041379200000, 626330 ], [ 1072915200000, 697632 ], [ 1104537600000, 628399 ], [ 1136073600000, 639064 ], [ 1167609600000, 636854 ], [ 1199145600000, 737889 ], [ 1230768000000, 733796 ], [ 1262304000000, 670605 ], [ 1293840000000, 678969 ], [ 1325376000000, 711991 ], [ 1356998400000, 797886 ] ], "color": "#f7bebe" }]})});var chart = $('#container_1420543074307 .graphe').highcharts();if (1== 0){ $("#axeY2").hide() $(".invis").hide() $(".invis2").hide()} else { $("#axeY2").show() $(".invis").show() $(".invis2").show()}L'Europe de l'Est et la Turquie ont longtemps fourni l'essentiel du contingent d'immigrés allemands : on compte 2,5 millions de personnes d'origine turque en Allemagne et plus de deux millions d'immigrés d'origine russe ou polonaise. Il y a une explication historique à ce phénomène : longtemps, des populations d'origine allemande rapatriées des pays de l'ancienne Union soviétique ont constitué des cohortes importantes. Autre contingent nombreux, celui des immigrés venus des pays de l'ex-Yougoslavie.Cette immigration a été très importante jusque dans les années 1980, avant de diminuer au cours des années 1990. Mais elle a aussi connu un mouvement de sédentarisation : les travailleurs venus dans le cadre de migrations temporaires sont restés en Allemagne.Autre élément à rappeler : l'Allemagne était régie, jusqu'en 2000, par la politique du droit du sang. Il fallait avoir un parent allemand pour acquérir cette nationalité. Depuis la réforme, un enfant dont les parents étrangers résident depuis au moins huit ans en Allemagne peut être allemand. En France, c'est également le droit du sol qui prévaut pour les enfants d'étrangers : ils peuvent acquérir la nationalité s'ils justifient d'au moins cinq ans de résidence sur le territoire national. Ainsi, 8 millions de personnes ont obtenu la nationalité allemande.3. Pourquoi cette flambée anti-immigrants ?Plusieurs phénomènes peuvent expliquer cette flambée du discours anti-immigration. D'une part, la démographie allemande est en berne et les autorités n'ont pas freiné les arrivées dans le pays. Selon Destatis, l'office fédéral de la statistique, le pays a connu 673 000 naissances en 2012 pour 869 000 décès, soit un solde négatif de 196 000 personnes. Depuis des décennies, c'est uniquement grâce à l'immigration que l'Allemagne maintient un solde démographique positif.Mais surtout, depuis le début de la décennie 2010, l'Allemagne redevient un pays d'immigration massive. C'est notamment la première destination en matière de demandes d'asile en Europe, avec une véritable envolée des demandes ces dernières années.if (!window.Highcharts) {') .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } .subtitre{ display:block; }$("#container_1420561443039 .graphe").css("height", 450)$("#container_1420561443039 .title").empty()if ("Premières demandes d'asile déposées par mois"!= ""){Premières demandes d'asile déposées par mois")}$("#container_1420561443039 .subtitle").empty()if ("La France connaît une relative stabilité, quand l'Allemagne voit les demandes augmenter fortement depuis 2012."!= ""){La France connaît une relative stabilité, quand l'Allemagne voit les demandes augmenter fortement depuis 2012.")}$(function () {Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher' }});$("#container_1420561443039 .graphe").highcharts({chart:{ backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, type: "line", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://appsso.eurostat.ec.europa.eu/nui/submitViewTableAction.do;jsessionid=Uce__p94O6P8DsKt4PfvquV2KxXJs79ysmddp1ljF2CgylFLQzee!-642403921", _blank ); } } }},colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"],credits:{ enabled:true, text:"Eurostat", position: { align: "right", x: -15, y: -5 },},title: { text: ""},subtitle: { text: ""},plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true }},yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }]}, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' }}],xAxis:{ type:"datetime", categories:null, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value:%Y}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }]},tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "%Y"},legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10},series:[ { "name": "Allemagne", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 1230768000000, 2445 ], [ 1233446400000, 2045 ], [ 1235865600000, 2080 ], [ 1238544000000, 1960 ], [ 1241136000000, 1900 ], [ 1243814400000, 2005 ], [ 1246406400000, 2605 ], [ 1249084800000, 2525 ], [ 1251763200000, 2705 ], [ 1254355200000, 2690 ], [ 1257033600000, 2520 ], [ 1259625600000, 2170 ], [ 1262304000000, 2715 ], [ 1264982400000, 2455 ], [ 1267401600000, 2715 ], [ 1270080000000, 2455 ], [ 1272672000000, 2415 ], [ 1275350400000, 2895 ], [ 1277942400000, 3380 ], [ 1280620800000, 4100 ], [ 1283299200000, 4770 ], [ 1285891200000, 4975 ], [ 1288569600000, 4755 ], [ 1291161600000, 3700 ], [ 1293840000000, 3900 ], [ 1296518400000, 3370 ], [ 1298937600000, 3625 ], [ 1301616000000, 3030 ], [ 1304208000000, 3500 ], [ 1306886400000, 3255 ], [ 1309478400000, 3555 ], [ 1312156800000, 4065 ], [ 1314835200000, 4190 ], [ 1317427200000, 4185 ], [ 1320105600000, 4890 ], [ 1322697600000, 4175 ], [ 1325376000000, 4665 ], [ 1328054400000, 3915 ], [ 1330560000000, 3715 ], [ 1333238400000, 3285 ], [ 1335830400000, 3590 ], [ 1338508800000, 4125 ], [ 1341100800000, 4750 ], [ 1343779200000, 5485 ], [ 1346457600000, 6925 ], [ 1349049600000, 10195 ], [ 1351728000000, 9000 ], [ 1354320000000, 4880 ], [ 1356998400000, 7530 ], [ 1359676800000, 5995 ], [ 1362096000000, 5790 ], [ 1364774400000, 7710 ], [ 1367366400000, 7685 ], [ 1370044800000, 8600 ], [ 1372636800000, 9805 ], [ 1375315200000, 9830 ], [ 1377993600000, 11730 ], [ 1380585600000, 13285 ], [ 1383264000000, 12400 ], [ 1385856000000, 9220 ], [ 1388534400000, 12555 ], [ 1391212800000, 9830 ], [ 1393632000000, 9840 ], [ 1396310400000, 10200 ], [ 1398902400000, 11160 ], [ 1401580800000, 12075 ], [ 1404172800000, 16190 ], [ 1406851200000, 15140 ], [ 1409529600000, 16215 ] ], "color": "#0386c3" }, { "name": "France", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 1230768000000, 2905 ], [ 1233446400000, 3755 ], [ 1235865600000, 3640 ], [ 1238544000000, 3490 ], [ 1241136000000, 2815 ], [ 1243814400000, 3475 ], [ 1246406400000, 3550 ], [ 1249084800000, 3200 ], [ 1251763200000, 3480 ], [ 1254355200000, 4135 ], [ 1257033600000, 3720 ], [ 1259625600000, 3905 ], [ 1262304000000, 3325 ], [ 1264982400000, 4350 ], [ 1267401600000, 4600 ], [ 1270080000000, 3835 ], [ 1272672000000, 3720 ], [ 1275350400000, 3800 ], [ 1277942400000, 3755 ], [ 1280620800000, 3620 ], [ 1283299200000, 3830 ], [ 1285891200000, 4655 ], [ 1288569600000, 3910 ], [ 1291161600000, 4625 ], [ 1293840000000, 4150 ], [ 1296518400000, 4325 ], [ 1298937600000, 4920 ], [ 1301616000000, 4785 ], [ 1304208000000, 4625 ], [ 1306886400000, 4125 ], [ 1309478400000, 4220 ], [ 1312156800000, 3695 ], [ 1314835200000, 4205 ], [ 1317427200000, 4610 ], [ 1320105600000, 3960 ], [ 1322697600000, 4520 ], [ 1325376000000, 4175 ], [ 1328054400000, 4660 ], [ 1330560000000, 4430 ], [ 1333238400000, 3965 ], [ 1335830400000, 3850 ], [ 1338508800000, 4230 ], [ 1341100800000, 4750 ], [ 1343779200000, 4410 ], [ 1346457600000, 4175 ], [ 1349049600000, 5680 ], [ 1351728000000, 4650 ], [ 1354320000000, 5315 ], [ 1356998400000, 4635 ], [ 1359676800000, 5100 ], [ 1362096000000, 5370 ], [ 1364774400000, 5400 ], [ 1367366400000, 4655 ], [ 1370044800000, 5095 ], [ 1372636800000, 5635 ], [ 1375315200000, 4535 ], [ 1377993600000, 4510 ], [ 1380585600000, 5840 ], [ 1383264000000, 4810 ], [ 1385856000000, 4890 ], [ 1388534400000, 4455 ], [ 1391212800000, 4725 ], [ 1393632000000, 5360 ], [ 1396310400000, 5210 ], [ 1398902400000, 4190 ], [ 1401580800000, 4515 ], [ 1404172800000, 4880 ], [ 1406851200000, 3775 ], [ 1409529600000, 4680 ] ], "color": "#FFc832" }, { "name": "Royaume-Uni", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 1230768000000, 3325 ], [ 1233446400000, 3305 ], [ 1235865600000, 3935 ], [ 1238544000000, 2870 ], [ 1241136000000, 2355 ], [ 1243814400000, 2375 ], [ 1246406400000, 2295 ], [ 1249084800000, 2060 ], [ 1251763200000, 2090 ], [ 1254355200000, 2260 ], [ 1257033600000, 2135 ], [ 1259625600000, 1660 ], [ 1262304000000, 1760 ], [ 1264982400000, 1845 ], [ 1267401600000, 1950 ], [ 1270080000000, 1895 ], [ 1272672000000, 1795 ], [ 1275350400000, 1930 ], [ 1277942400000, 1815 ], [ 1280620800000, 1800 ], [ 1283299200000, 1990 ], [ 1285891200000, 2055 ], [ 1288569600000, 2070 ], [ 1291161600000, 1740 ], [ 1293840000000, 2085 ], [ 1296518400000, 1925 ], [ 1298937600000, 2205 ], [ 1301616000000, 1980 ], [ 1304208000000, 2035 ], [ 1306886400000, 2215 ], [ 1309478400000, 2345 ], [ 1312156800000, 2040 ], [ 1314835200000, 2205 ], [ 1317427200000, 2135 ], [ 1320105600000, 2565 ], [ 1322697600000, 2170 ], [ 1325376000000, 2230 ], [ 1328054400000, 1885 ], [ 1330560000000, 2210 ], [ 1333238400000, 1910 ], [ 1335830400000, 2415 ], [ 1338508800000, 2035 ], [ 1341100800000, 2450 ], [ 1343779200000, 2365 ], [ 1346457600000, 2585 ], [ 1349049600000, 2860 ], [ 1351728000000, 2760 ], [ 1354320000000, 2265 ], [ 1356998400000, 2475 ], [ 1359676800000, 2325 ], [ 1362096000000, 2350 ], [ 1364774400000, 2490 ], [ 1367366400000, 2415 ], [ 1370044800000, 2425 ], [ 1372636800000, 2750 ], [ 1375315200000, 2405 ], [ 1377993600000, 2610 ], [ 1380585600000, 2840 ], [ 1383264000000, 2545 ], [ 1385856000000, 2240 ], [ 1388534400000, 2385 ], [ 1391212800000, 2370 ], [ 1393632000000, 2670 ], [ 1396310400000, 2225 ], [ 1398902400000, 2160 ], [ 1401580800000, 2475 ], [ 1404172800000, 2900 ], [ 1406851200000, 2780 ], [ 1409529600000, 3090 ] ], "color": "#ff3232" }]})});var chart = $('#container_1420561443039 .graphe').highcharts();if (0== 0){ $("#axeY2").hide() $(".invis").hide() $(".invis2").hide()} else { $("#axeY2").show() $(".invis").show() $(".invis2").show()}De plus, avec l'immigration, l'Allemagne a connu une hausse du nombre de ses citoyens musulmans, qui sont aujourd'hui 5 millions environ, sur une population de 80 millions, selon les statistiques officielles. C'est notamment sur la question de la religion que des mouvements tels Pegida mobilisent.>> Voir le reportage : En Allemagne, le discours raciste se banaliseAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.01.2015 à 14h45 • Mis à jour le06.01.2015 à 15h09 Retournement de situation pour le meurtrier belge Frank Van Den Bleeken, cinq jours avant la date prévue de son euthanasie. Ses médecins ont « décidé de ne plus continuer la procédure d'euthanasie », qui devait avoir lieu dimanche, a annoncé le ministre de la justice belge, Koen Geens, mardi 6 janvier.Emprisonné depuis vingt-six ans — essentiellement dans des institutions psychiatriques — pour un assassinat en 1989 et de multiples viols, Frank Van Den Bleeken, 52 ans, avait demandé à bénéficier de la loi belge de 2002 autorisant l'euthanasie en raison de souffrances psychiques. Un droit à mourir que lui avait accordé la Cour d'appel de Bruxelles en septembre.Frank Van Den Bleeken sera finalement transféré dans un centre psychiatrique spécialisé ouvert en novembre à Gand (Ouest), a précisé le ministre dans un communiqué. Le ministre n'a fourni aucune précision sur les motifs de ce revirement, indiquant seulement que « les motivations personnelles de cette décision relèvent du secret médical ».Lire le récit (édition abonnés) : En Belgique, un détenu obtient le droit d'être euthanasié pour raisons psychiatriques« PERSPECTIVE D'UN TRANSFERT RAPIDE »La polémique enflait en Belgique depuis l'annonce, samedi, de la date programmée pour l'euthanasie de ce quinquagénaire, beaucoup dénonçant dans cette évolution un détournement de la loi belge sur l'aide à la fin de vie. Frank Van Den Bleeken se considère comme un danger pour la société, et ne souhaite pas être remis en liberté. Mais jugeant ses conditions de détention inhumaines, il avait demandé à être transféré dans un établissement psychiatrique spécialisé aux Pays-Bas. Après le refus de la justice, il estimait n'avoir pas d'autre issue que l'euthanasie.Le ministre de la justice dit avoir « décidé de transférer » Frank Van Den Bleeken au centre psychiatrique légal de Gand en vue d'y mettre en œuvre un « trajet adapté de soins ». En outre, selon M. Geens, des « contacts très récents et intenses » avec les autorités néerlandaises « offrent une claire perspective d'un transfert rapide vers un centre spécialisé dans les longs séjours d'internement ».CARENCES DANS LA PRISE EN CHARGE DES MALADES MENTAUXCette affaire a souligné les limites de la loi de 2002 autorisant l'euthanasie dans certaines conditions, dont la présence « d'une souffrance physique ou psychique constante et insupportable ». La Ligue belge des droits de l'homme (LDH) a notamment jugé que le choix de Frank Van Den Bleeken était « le résultat direct des manquements de l'Etat belge à son obligation de prise en charge des personnes souffrant de troubles mentaux ».Le ministre de la justice a promis de développer dans les six prochains mois un « plan en vue de l'organisation d'une capacité concrète d'accueil en Belgique » des internés souffrant de troubles psychiques profonds. Le pays a été plusieurs fois condamné par la Cour européenne des droits de l'homme pour ses carences dans ce domaine.Lire le décryptage : Légalisation de l'euthanasie : où en sont les pays européens ? 01.01.2015 à 14h22 • Mis à jour le01.01.2015 à 14h49 Le pape François a appelé jeudi 1er décembre les gens de toutes religions et de toutes cultures à unir leurs forces pour combattre l'esclavage moderne et le trafic d'êtres humains, affirmant lors d'une messe pour la paix, à l'occasion du Nouvel An, le droit de chacun à vivre libre.Lire l'edito du Monde (édition abonnés) : François, pape putschisteLe souverain pontife a célébré une messe solennelle en la basilique Saint-Pierre de Rome le jour où l'Eglise catholique marquait la Journée mondiale de la paix, dont le thème, cette année, était « Plus esclaves, mais frères et sœurs » :« Nous sommes tous appelés à être libres, tous à être fils et filles, chacun selon ses responsabilités, à lutter contre les formes modernes d'esclavage. Venant de tout peuple, culture et religion, unissons nos forces. »« LA PAIX EST TOUJOURS POSSIBLE »Le mois dernier, le pape avait appelé les consommateurs à bouder les biens de consommation à bas coût, susceptibles d'être le fruit d'un travail forcé ou d'autres formes d'exploitation.Après son homélie, le pape a prononcé son message traditionnel du Nouvel An devant les dizaines de milliers de personnes venues l'écouter place Saint-Pierre. « La paix est toujours possible mais nous devons la rechercher. Prions pour la paix », a-t-il dit à ses auditeurs qui portaient des ballons et des banderoles avec des slogans en faveur de la paix.Lire aussi : Le pape condamne la « persécution brutale » des « minorités » 31.12.2014 à 18h04 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2b9oo7"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2b9oo7", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});La préfecture de Melilla évoque une « nuit d'extrême pression migratoire ». Cent cinquante-six migrants sont parvenus ces dernières vingt-quatre heures à passer en force la barrière grillagée qui sépare l'enclave espagnole de Melilla du Maroc, ont prévenu les autorités, mercredi 31 décembre.Lire (édition abonnés) : Le journal d'un migrant à Melilla« Depuis 22 heures » mardi, « plus de huit cents migrants, divisés en plusieurs groupes parfaitement organisés, ont tenté d'atteindre la barrière frontalière qui sépare le Maroc de Melilla », écrit la préfecture de l'enclave dans un communiqué.Mardi, cent deux migrants subsahariens étaient déjà parvenus à entrer en Espagne en franchissant la triple barrière haute de six mètres, l'une des seules frontières terrestres entre l'Europe et l'Afrique, avec l'autre enclave espagnole de Ceuta. Mercredi matin, « cinquante-quatre subsahariens sont parvenus à franchir l'ensemble du dispositif » censé empêcher leur entrée en Espagne, qui comprend un grillage spécialement étudié pour en empêcher l'escalade.4 700 MIGRANTS DEPUIS LE DÉBUT DE L'ANNÉE « Nous ne pouvons pas permettre que les assauts massifs, employant la force, soient une constante à la frontière sud de l'Europe », a déclaré le préfet de Melilla, Abdelmalik El Barkani, cité dans le communiqué. « Ce n'est pas un modèle d'immigration auquel nous devons ni ne pouvons nous résigner », a-t-il ajouté.Avec les conflits en Syrie, en Irak, au Soudan ou au Mali, les tentatives d'entrée se sont multipliées ces derniers mois dans les enclaves de Melilla et de Ceuta. Les derniers chiffres disponibles du ministère de l'intérieur espagnol faisaient état au 16 novembre de l'entrée de près de quatre mille sept cents immigrants clandestins à Melilla depuis le début de l'année, contre un peu plus de trois mille pour l'ensemble de 2013.Certains, comme mardi et mercredi, se lancent en groupes, le plus souvent à l'aube, pour franchir la triple barrière grillagée. D'autres, munis de faux papiers, tentent de se fondre dans le flot de Marocains qui passent chaque jour la frontière. Les autorités estiment que trente mille Marocains, commerçants ou porteurs, viennent chaque jour à Ceuta et à Melilla, deux enclaves que le Maroc revendique.Lire aussi notre reportage à Melilla (édition abonnés) : A Melilla, les fantômes de l'immigration 31.12.2014 à 15h22 • Mis à jour le31.12.2014 à 17h16 Au lendemain de sa condamnation à trois ans et six mois de prison avec sursis, l'opposant russe Alexeï Navalny a fait appel, mercredi 31 décembre, de son assignation à résidence, qui court jusqu'au 15 février. M. Navalny a été brièvement arrêté mardi soir alors qu'il tentait de se rendre à une manifestation de ses partisans organisée au pied de la muraille du Kremlin. « Oui, l'assignation à résidence est toujours en vigueur, mais aujourd'hui, j'ai trop envie d'être avec vous. C'est pourquoi, je me rends moi aussi à la manifestation », avait-il lancé sur son compte Twitter.Le service de l'exécution des peines a déposé mercredi une plainte pour « violation de l'assignation à résidence » auprès de la justice, qui a refusé de l'examiner, selon un porte-parole cité par l'agence de presse Ria Novosti.PLUS DE 70 MANIFESTANTS EN ATTENTE DE JUGEMENTL'opposant avait appelé ses partisans à descendre dans la rue pour « détruire » le régime du président Vladimir Poutine après l'annonce de sa condamnation avec sursis par la justice russe, qui a aussi condamné son frère Oleg à trois ans et six mois de prison ferme. Environ 1 500 personnes avaient répondu à son appel malgré une forte présence policière. Une centaine de manifestants ont été interpellés, selon la police. La BBC a rapporté que Maria Alyokhina, membre du groupe Pussy Riot, faisait partie des personnes arrêtées. Plus de 70 d'entre eux étaient toujours détenus mercredi par la police et devaient être jugés pour refus d'optempérer et participation à une manifestation non autorisée, selon un membre de l'ONG russe OVD-Info, spécialisée dans le suivi des arrestations. Selon l'agence de presse russe Ria Novosti, deux participants ont déjà été condamnés à 15 jours de détention.Alors que la manifestation s'était déroulée dans le calme, le député pro-Kremlin Frants Klintsevitch, par ailleurs président des anciens combattants de la guerre en Afghanistan, a mis en garde « ceux qui voudraient organiser un Maïdan à Moscou ». « Nous ne le laisserons pas faire », a-t-il déclaré en menaçant de faire descendre dans la rue les anciens militaires.Lire la synthèse : En Russie, du sursis pour museler Alexeï Navalny 31.12.2014 à 11h18 • Mis à jour le01.01.2015 à 14h30 |Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) C’est l’une des réformes les plus débattues de ces dernières années, elle restera comme un des grands textes de la législature actuelle : à partir du 1er janvier 2015, l’Allemagne dispose d’un salaire minimum. Celui-ci est fixé à 8,50 euros de l’heure pour tous les travailleurs, à quelques exceptions près, notamment pour les apprentis, les stagiaires et les chômeurs de longue durée. Si l’Allemagne a longtemps hésité à se doter d’un tel outil, la réforme a été adoptée au Parlement à une très grande majorité, et certains sondages attestent qu’elle est soutenue par près de 90 % de la population.A quoi ressemblera l’Allemagne avec le salaire minimum ? Les experts s’accordent à dire qu’il devrait modifier profondément le marché du travail. D’abord parce que le tarif défini vaudra aussi bien à l’est qu’à l’ouest du pays. Vingt-cinq ans après la chute du Mur, la persistante frontière des salaires devrait enfin être gommée. C’est en tout cas ce qu’espère le Parti social-démocrate, porteur de la réforme. Les Allemands vivant à l’Est devraient être les premiers bénéficiaires du salaire minimum : un sur quatre gagne actuellement moins de 8,50 euros de l’heure.L’Allemagne est un des pays d’Europe qui comporte le plus de bas salairesLe salaire minimum devrait également transformer le secteur des bas salaires, qui représentent aujourd’hui près d’un emploi sur quatre en Allemagne. Selon une étude de l’institut de recherche sur le travail et l’emploi IAB publiée en 2013, l’Allemagne est un des pays d’Europe qui comporte le plus de bas salaires. Un quart des salariés en Allemagne gagnait en 2010 moins de 9,54 euros brut de l’heure, le salaire médian, soit plus de 7 millions de personnes. Selon les artisans de la réforme qui entrera en vigueur au 1er janvier, le salaire minimum devrait avoir des répercussions sur 4 millions de salariés seulement. Il s’agit essentiellement des personnes à activité réduite, des femmes, ainsi que des employés non qualifiés.On peut se faire couper les cheveux pour moins de 15 eurosParmi les métiers touchés, celui de coiffeur est le plus emblématique. On peut se faire couper les cheveux en Allemagne pour moins de 15 euros. Certaines chaînes en ont fait leur spécialité. Sur les vitrines de ces discounters, un prix unique de 10 à 12 euros pour une coupe attire le chaland, même dans les rues les plus à la mode de Berlin. Comment cela est-il possible ? Grâce à un accord de branche qui prévoyait jusqu’à il y a peu un salaire de base de l’artisan coiffeur à moins de 5 euros de l’heure, plus un intéressement au chiffre d’affaires. Anticipant la réforme, la profession a finalement adopté en novembre 2014 un nouvel accord de branche qui introduit une augmentation progressive du salaire minimum, actuellement fixé à 7,50 euros et qui devra atteindre 8,50 euros de l’heure au 1er août 2015 à Berlin et dans les régions de l’Est. Cette hausse devrait faire grimper les prix.Certains salons déplorent déjà une baisse de leur chiffre d’affaires. Les experts surveillent ce secteur, espérant y déceler les effets à long terme du salaire minimum : l’évolution du chiffre d’affaires, de l’emploi et du marché noir donneront des indices pour tout le secteur des services au consommateur, très concerné par les bas salaires. C’est le cas des chauffeurs de taxi, dont le salaire moyen, temps d’attente inclus, ne dépasse pas les 7 euros de l’heure et qui devront augmenter leurs prix. Les salariés dans le secteur de la restauration ou encore les fleuristes sont aussi concernés. Dans l’agriculture, malgré les exceptions autorisées par la loi pour les travailleurs saisonniers, de nombreux exploitants estiment que le salaire minimum aura des conséquences négatives sur leurs revenus et leur compétitivité.Un taux de chômage à 4,9 %La question des effets du salaire minimum sur l’emploi, dans une Allemagne qui pavoise avec un taux de chômage à 4,9 %, divise. Certains experts, comme le président de la banque centrale allemande, Jens Weidmann, craignent un « enrayement de la dynamique de l’emploi », des difficultés à embaucher pour les entreprises en croissance et un frein à l’accès à l’emploi des personnes peu qualifiées. L’institut de recherche économique IFO estime que 900 000 emplois pourraient disparaître, dont 340 000 à plein temps. Les conséquences sur l’emploi dans l’Est, où le tissu économique reste faible, inquiètent nombre d’économistes. Le directeur de l’agence pour l’emploi, Franck-Jürgen Weise, rejette, lui, le scénario de conséquences dramatiques pour le marché du travail.Les conséquences réelles de l’introduction du salaire minimum ne seront connues que dans quelques années. Populaire, la réforme permettra surtout d’atténuer les inégalités salariales devenues intolérables aux yeux du plus grand nombre. Karl Brenke, économiste à l’institut économique de Berlin DIW, insiste cependant sur le fait que la réforme seule « ne saurait être un instrument efficace pour lutter contre la pauvreté et les inégalités salariales » grandissantes en Allemagne. « Le salaire minimum, souvent répercuté sur les prix à la consommation, affectera surtout le pouvoir d’achat », juge-t-il. L’Allemagne compte aujourd’hui 4,4 millions de prestataires de l’allocation minimum dite Harz IV, soit seulement un demi-million de moins que lors de son introduction il y a cinq ans.Cécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au Monde Marie Charrel Vilnius, un après-midi frisquet de décembre. Un immense sapin de Noël décoré de notes de musique se dresse devant l’hôtel de ville, au cœur de la vieille ville. De rares passants se pressent autour du petit marché, sur la place. Dans sa boutique, tout près, Ramune Piekautaite range quelques vêtements. Depuis plusieurs semaines, elle affiche les prix à la fois en euros et dans la devise lituanienne, pour préparer la clientèle. « Le litas est la monnaie de notre indépendance, j’y suis très attachée », dit avec nostalgie cette jolie blonde de 44 ans, en songeant à ces jours de janvier 1991 où elle participa aux manifestations contre l’armée soviétique. « Mais tout sera plus facile avec l’euro : plus de frais de change pour payer mes fournisseurs italiens, plus de problème pour voyager, convient-elle. Et puis nous serons un peu plus près encore de l’Europe. »Après l’Estonie en 2011 et la Lettonie en 2014, la Lituanie est, le 1er janvier 2015, le dernier pays balte à rentrer dans la zone euro, qui comptera alors dix-neuf membres. Et la crise de l’union monétaire, qui peine encore à renouer avec la croissance, n’a pas refroidi les ardeurs de ce petit Etat de 3 millions d’habitants. Il faut dire qu’en 2006-2007 il avait raté son examen de passage, à cause de l’inflation galopante (11 % en 2008). Une humiliation désormais oubliée.Mais surtout la crise ukrainienne et les mouvements militaires russes dans l’enclave voisine de Kaliningrad ont réveillé les douloureux souvenirs de cinquante ans d’occupation soviétique. « Ici, tout le monde a un père, un grand-père ou une tante qui a été déporté dans les camps de Sibérie », témoigne Laimutis Paskevicius, patron d’un centre médical à Vilnius. « L’entrée dans l’euro est une étape de plus dans notre ancrage au camp de l’Ouest, essentiel pour notre sécurité, explique Rimantas Sadzius, le ministre des finances. Désormais, les pays baltes se tiennent du bon côté du mur. »« La monnaie unique sera favorable à la croissance de notre pays » Crainte d’une hausse des prix A Vilnius, on s’est préparé à la monnaie unique dans le calme. Selon l’Eurobaromètre de Bruxelles publié en décembre 2014, 63 % de la population est favorable au changement. Mais beaucoup redoutent la hausse des prix. « On va perdre tous nos repères, comment savoir si les commerçants sont honnêtes ? », s’inquiète ainsi Vilma, serveuse dans l’un des Coffee In de la ville, un chaîne de cafés branchés. Un point sur lequel les autorités se veulent rassurantes : « Les prix ont grimpé de 0,1 % à 0,3 % seulement dans les pays déjà passés à l’euro, y compris nos voisins », explique Ingrida Simonyte, vice-présidente de la banque centrale de Lituanie.Le pays s’est beaucoup inspiré des expériences lettonne et estonienne pour préparer la transition. Un « euro bus » a sillonné le pays pour répondre aux questions de la population, tandis que 3 millions de SMS d’information ont été envoyés. Les entreprises, elles, ont planché sur la mise à jour de leurs logiciels de comptabilité dès l’été 2014. « Nos voisins baltes nous ont appris qu’il est essentiel de disposer de beaucoup de petites coupures dans les commerces de proximité les premières semaines, pour éviter la pénurie », explique Kestutis Kadelskas, de New Vision, compagnie qui a aidé les entreprises à se préparer. Si les billets ont été fabriqués en Allemagne, la Lituanie, contrairement à ses voisins, a conçu ses propres pièces.A quelques kilomètres du centre-ville, l’institut de frappe lituanien tourne 24 heures sur 24 depuis plusieurs semaines. Deux millions de pièces sortent chaque jour des chaînes. Au total, 370 millions seront produites. « Pour tenir la cadence, nous sommes passés aux trois-huit et avons embauché trente personnes de plus », raconte Saulius Vaitiekuna, le patron des lieux. Avant de présenter avec fierté et émotion les euros lituaniens, qui portent l’emblème du cavalier Vytis, blason historique de l’Etat lituanien. Pendant l’ère soviétique, les représentations de ce dernier étaient interdites. « Il est poignant d’imaginer que, dans très peu de temps, ces pièces seront entre les mains de tous les habitants », ajoute M. Vaitiekuna.Paradoxalement, l’euro ne changera pas grand-chose à la vie quotidienne des Lituaniens. L’économie est, en effet, déjà largement « euroïsée » : 70 % des prêts sont libellés en euros, et le litas est arrimé à la monnaie unique depuis 2002. Même quand la crise a durement frappé le pays en 2009 (le produit intérieur brut a reculé de 15 % !), celui-ci a préféré opter pour une sévère cure d’austérité plutôt que dévaluer sa monnaie. Les salaires des fonctionnaires ont été taillés de 10 % à 40 %, les effectifs publics ont fondu, le chômage a grimpé jusqu’à 18 %, et 6 % de la population a émigré… « Nous avons fait autant d’efforts que les Grecs, mais en une seule année, raconte Zygimantas Mauricas, économiste à la banque Nordea, à Vilnius. Les Lituaniens ont l’habitude des sacrifices. »2,7 % de croissance en 2014Aujourd’hui, le pays va mieux : la croissance est l’une des plus vigoureuses d’Europe (2,7 % en 2014), la dette et le déficit publics sont respectivement tombés à 41,3 % et 1,2 % du PIB. « L’euro nous apportera la stabilité et augmentera notre attractivité aux yeux des investisseurs, assure le premier ministre Algirdas Butkevicius, que la stagnation européenne ne semble pas inquiéter. Nous créerons plus d’emplois et de croissance. »« Les réformes que nous avons menées nous ont permis de bien gérer les crises économiques et financières »De fait, l’économie lituanienne devrait croître de 2,6 % à 2,9 % en 2015, selon les économistes. C’est moins que les 3,3 % prévus il y a quelques mois encore, car le pays est pénalisé par les sanctions de Moscou. « Heureusement, lors de la crise russe de 1998, nos entreprises ont complètement réorienté leurs échanges vers l’Union européenne, qui pèse aujourd’hui pour 50 % de nos exports », explique Nerijus Maciulis, économiste à la Swedbank. Même si l’essentiel des exportations vers la Russie (20 % du total) concerne en réalité des réexports de produits polonais ou allemands passant par le territoire, le secteur agricole est tout de même durement affecté par les embargos imposés par le président russe, Vladimir Poutine. Mais, comme en 1998, les entreprises ont commencé à chercher de nouveaux débouchés, notamment en Asie, pour compenser. « Elles sont très réactives, question d’habitude », dit en souriant M. Maciulis.Soucieux d’assurer sa sécurité énergique, Vilnius vient également d’acquérir un terminal flottant de gaz naturel. Le pays, qui importait jusque-là 100 % de son gaz de Russie, peut désormais se fournir en Norvège. « Plus personne ne pourra nous faire du chantage ou nous forcer à payer un prix politique », s’est félicitée la présidente Dalia Grybauskaite. Installé dans le port de Klaipeda, le navire a été baptisé L’Indépendance.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.12.2014 à 00h39 • Mis à jour le31.12.2014 à 07h50 Angela Merkel appellera ses compatriotes à ne pas participer aux manifestations contre « l'islamisation de l'Occident », mercredi 31 décembre, dans son allocution de fin d'année. Ces rassemblements, organisés principalement à Dresde, et copiés sur le modèle de ceux qui ont conduit à la chute du mur de Berlin, embarrassent le pays depuis plusieurs semaines.Lire : En Allemagne, les élites démunies face aux manifestations « contre l'islamisation »La chancelière les avait déjà condamnées une première fois à la mi-décembre, jugeant qu'il n'y avait pas de place en Allemagne « pour l'incitation à la haine et à la calomnie ». D'après le texte de son allocution de mercredi, la chancelière allemande pointera cette fois du doigt les organisateurs de ces manifestations :« Je dis à tous ceux qui vont à ces manifestations : “Ne suivez pas ceux qui appellent à y participer ! Car trop souvent, leurs cœurs sont remplis de préjugés, de froideur, voire de haine.” »CONTRE-MANIFESTATIONSLes rassemblements, organisés par un groupe appelé les Européens patriotes contre l'islamisation de l'Occident (ou Pegida, pour Patriotische Europäer gegen die Islamisierung des Abendlandes, en allemand), ont réuni des milliers de personnes ces dernières semaines.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2d9cmt"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2d9cmt", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});En parallèle, un mouvement d'opposition à Pegida s'est mis en place organisant des contre-manifestations. Le 22 décembre, alors que 17 500 personnes défilaient pour Pegida dans la capitale de Saxe, ils étaient ainsi 20 000 dans toute l'Allemagne, et notamment 12 000 à Munich (Sud), à arpenter les rues contre le racisme et l'exclusion.Lire (édition abonnés) : En Allemagne, le discours raciste se banalise 30.12.2014 à 17h31 • Mis à jour le30.12.2014 à 18h58 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2dqbrp"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2dqbrp", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});L'opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, qui avait appelé, mardi 30 décembre, ses partisans à manifester en masse dans le centre de Moscou après sa condamnation à de la prison avec sursis, a été arrêté par la police en pleine rue, alors qu'il était en route pour la manifestation. Le blogueur pourfendeur de la corruption en Russie est assigné depuis février à résidence et n'avait pas le droit de se rendre à ce rassemblement.Photo of #Navalny being pushed into a police bus. The bus drove away. #manezhka http://t.co/gSPfJMf7jC— Yury Barmin (@yurybarmin)require(["twitter/widgets"]);« Oui, l'assignation à résidence est toujours en vigueur, mais aujourd'hui, j'ai trop envie d'être avec vous. C'est pourquoi, je me rends moi aussi à la manifestation » sur la place de Manège, à deux pas du Kremlin, avait-il écrit sur son compte Twitter. La mairie de Moscou avait pour sa part prévenu que les policiers anti-émeute empêcheraient « toute manifestation non autorisée ».DES CENTAINES D'INTERPELLATIONSelon l'agence de presse russe Interfax, la police serait en train de reconduire Alexeï Navalny à son domicile. Ce dernier a appelé ses partisans, toujours sur son compte Twitter, à ne pas quitter la place du Manège. « Ils ne peuvent pas arrêter tout le monde », a-t-il notamment écrit.Le site Manezhka, proche des contestataires du Kremlin, diffuse des images en direct du rassemblement. Les policiers russes sont très présents dans le cortège, d'après ces images. Ils auraient procédé à l'interpellation de plus de 130 personnes, selon OVD-Info, une ONG spécialisée dans la surveillance des arrestations en Russie. Ce chiffre n'a toutefois pas été confirmé dans l'immédiat ni par la police, ni par les journalistes de l'AFP sur place.Un journaliste du Wall Street Journal à Moscou a toutefois indiqué que son passeport et son acrréditation lui avaient été enlevés en marge de la manifestation.Detained at rally just outside Ritz. Passport, accreditation taken away— Alexander Kolyandr (@kolyandr)require(["twitter/widgets"]);Lire l'analyse après la condamnation de Navalny : En Russie, du sursis pour museler Alexeï Navalny UNE CONDAMNATION « POLITIQUE » SELON L'UEL'opposant à Vladimir Poutine avait appelé à manifester pour « détruire » le régime du président Vladimir Poutine, après que la justice russe l'eut reconnu coupable avec son frère Oleg d'avoir escroqué une filiale russe de la société française de cosmétiques Yves Rocher. Alexeï, militant anticorruption devenu opposant numéro un du président russe, a été condamné à trois ans et demi de prison avec sursis. Le cadet, Oleg, a reçu la même peine, mais ferme. Il rejoindra une colonie pénitentiaire.La condamnation d'Alexeï Navalny et de son frère « semble avoir une motivation politique », a de son côté regretté l'Union européenne dans un communiqué. « Les accusations portées à leur encontre n'ont pas été étayées pendant le procès », a ajouté une porte-parole de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini. « A l'exception de quelques représentants des médias qui avaient été sélectionnés, ni le public ni les observateurs internationaux n'ont été autorisés à entrer dans le tribunal pour la lecture du jugement », a-t-elle ajouté.Lire aussi : Comment le procès d'Alexeï Navalny est devenu « l'affaire Yves Rocher » 30.12.2014 à 13h02 • Mis à jour le31.12.2014 à 08h03 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2dm9nh"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2dm9nh", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Les autorités maritimes poursuivent leurs recherches mardi 30 décembre après l'incendie du ferry Norman Atlantic en mer Adriatique, alors que la marine italienne a annoncé qu'au moins treize personnes ont péri des suites de l'incendie qui s'est déclaré à bord du navire, dans la nuit de dimanche à lundi. Le bateau assurait la liaison entre Patras, dans le sud-ouest de la Grèce, et Ancône, dans l'est de l'Italie.Le parquet de Bari, dans le sud-est de l'Italie, a choisi d'ouvrir une enquête « criminelle », lundi pour tenter d'éclaircir les circonstances du drame et de désigner d'éventuels responsables. Si l'origine du sinistre est encore inconnue, autorités et rescapés ont d'ores et déjà souligné de nombreux dysfonctionnements.Un nombre imprécis de passagers à bordConnaître le nombre exact de personnes en péril est essentiel pour l'organisation des secours, notamment pour savoir si certains manquent à l'appel. Or lorsque l'opération de sauvetage a commencé, la compagnie grecque de transport maritime Anek a annoncé que 478 personnes — équipage compris — se trouvaient à bord du navire. Elle a ensuite ramené ce chiffre à 475 lundi dans la soirée.Mais ce nouveau décompte ne correspond pas au nombre des rescapés... qui diffère encore selon les sources. Ainsi si les garde-côtes grecs ont déclaré que 432 personnes avaient été évacuées, le ministre des transports italien a pour sa part annoncé que 427 survivants – dont les 56 membres de l'équipage – avaient été secourus.Le nombre de disparus est donc inconnuDe telles différences dans les chiffres n'ont pas été expliquées pour l'heure par les autorités. Pire, un responsable de la garde côtière italienne, Giovanni Pettorino, a précisé que 80 de ces rescapés n'étaient même pas inscrits sur la liste d'embarquement, renforçant la thèse selon laquelle des passagers clandestins avaient embarqué dans le but de rejoindre l'Italie.Toutes ces incertitudes ont poussé lundi soir le ministre grec de la marine marchande, Miltiadis Varvitsiotis, à reconnaître que « la liste [d'embarquement] est peut-être inexacte », et le ministre italien des transports, Maurizio Lupi, à avouer être « dans l'impossibilité de dire combien de personnes ont disparu ». « Une fois l'épave récupérée, nous trouverons probablement d'autres victimes » a affirmé mardi le procureur de Bari, Giuseppe Volpe.Une seule certitude, sur les 371 rescapés, 234 sont grecs, 54 turcs, 22 albanais, 22 italiens et 10 de nationalité suisse, selon M. Lupi. Par ailleurs neuf des dix Français présents à bord « ont été localisés et pris en charge », a indiqué le gouvernement français. Aucune précision n'a été donnée sur le dixième Français.Dysfonctionnement d'une porte coupe-feuUne inspection effectuée quelques jours avant le drame, le 19 décembre, dans le cadre de l'accord international sur la sécurité maritime avait laissé apparaître des dysfonctionnements au niveau de la sécurité incendie sur le bateau. Des anomalies constatées « plus exactement sur l'une de ses portes coupe-feu, responsable de la propagation de l'incendie au niveau du pont inférieur », précise le Huffington Post. Si l'armateur italien affirme que « le problème avait été résolu avant de partir » d'autres failles de sécurité ont été relatées par les passagers.Lire aussi : Incendie du ferry « Norman Atlantic » : « Le feu venait de partout »Pas d'alarme incendieSelon plusieurs témoins, l'alarme incendie n'aurait pas retenti dans un premier temps, certains ayant été réveillés par l'odeur de brûlé ou prévenus par des personnes qui ont frappé aux portes des cabines pour lancer l'alerte.Un équipage mal forméInterrogé sur la chaîne italienne SKYTG24, un passager a dénoncé le manque d'entraînement de l'équipage et l'impossibilité de mettre des chaloupes à la mer, précisant qu'« une seule a pu être mise à l'eau ».D'autres affirment même que l'équipage n'a donné aucune instruction aux passagers durant l'évacuation, les contraignant à chercher eux-mêmes leur gilet de sauvetage. Un père de famille raconte à SKYTG24 : « Il n'y avait aucun avertissement, aucune communication, personne ne nous a dit ce que nous devions faire. J'ai dû chercher mon gilet de sauvetage. J'ai dû sauver mes enfants et il n'y avait personne pour m'aider. C'était la panique, c'était fou. »Une évacuation cauchemardesqueLa règle de sauver « les femmes et les enfants d'abord » aurait quant à elle été foulée aux pieds. « La loi de la jungle prévalait » assure Irene Varsioti, une passagère grecque, à l'Associated Press. « Tout le monde se piétinait pour accéder à l'hélicoptère » (qui a permis d'hélitreuiller les rescapés), raconte un chauffeur de poids lourd grec à l'agence de presse américaine.Douze hélicoptères, deux avions et une quinzaine de navires, dont neuf cargos, ont participé à cette opération de sauvetage déclenchée dimanche matin et qui a pris fin lundi en début de soirée. On a appris mardi matin la mort de deux marins albanais grièvement blessés dans les opérations de sauvetage par la rupture d'un câble de remorquage. La justice italienne doit désormais s'efforcer d'éclaircir les circonstances de ce drame et de comprendre les origines de l'incendie. Benoît Vitkine L’affaire pour laquelle ont été condamnés, mardi 30 décembre, Alexeï et Oleg Navalny, restera dans les annales de la justice russe sous le nom d’« affaire Yves Rocher ». La société française de cosmétiques aura été de bout en bout présente dans les débats, et risque de porter longtemps comme une tache son rôle dans le procès du principal opposant russe.Le jugement rendu mardi conclut que la société de logistique des frères Navalny a escroqué 26 millions de roubles (370 000 euros) à la compagnie de cosmétiques en lui surfacturant ses services entre 2008 et 2012, une surfacturation obtenue grâce au poste de cadre qu’Oleg occupait à la Poste russe.Lire l’analyse : En Russie, du sursis pour museler Alexeï NavalnyPour comprendre le rôle de la société française, il faut remonter à 2008. C’est alors Yves Rocher qui sollicite Glavpodpiska pour assurer la livraison d’une partie des commandes de ses clients. Les deux entreprises travaillent ensemble pendant quatre ans. Fin 2012, Bruno Leproux, directeur général d’Yves Rocher Vostok, filiale russe de la maison mère, demande au Comité d’enquête russe d’établir si Glavpodpiska a abusé son entreprise. La démarche équivaut à une plainte.Que s’est-il passé pour qu’Yves Rocher poursuive son prestataire ? On sait seulement que, peu auparavant, la justice avait commencé à s’intéresser à l’entreprise de cosmétiques dans le cadre d’une autre affaire, Kirovles, impliquant également Alexeï Navalny. Les enquêteurs ont-ils fait pression sur Yves Rocher Vostok afin qu’il porte plainte ? C’est ce que pensent nombre d’observateurs, et parmi eux Sergueï Gouriev, économiste russe réfugié à Paris : « Je ne sais pas précisément quels moyens de pression les enquêteurs ont utilisé, mais il était important pour eux qu’une société étrangère soit impliquée. Cela donnait au dossier une apparence de solidité. »La société française semble avoir regretté ensuite de s’être laissée manipuler. Lors d’une des audiences, son directeur financier a assuré que les prix pratiqués par Glavpodpiska étaient inférieurs à ceux du marché, et que s’il devait resigner aujourd’hui le même contrat, il le ferait. L’entreprise a également conduit un audit interne concluant qu’elle n’avait subi aucun préjudice.« Comme s’ils n’étaient pas concernés  »Ce que les soutiens d’Alexeï Navalny reprochent à Yves Rocher, c’est de n’avoir pas déclaré publiquement que, puisque il n’y avait pas de préjudice, il n’y avait pas de coupable. Depuis le début de l’affaire, la société a gardé le silence, se contentant de rares communiqués laconiques. Un journaliste qui a suivi les audiences explique que les représentants d’Yves Rocher, lorsqu’ils étaient présents au tribunal, se sont conduits sinon en victimes, du moins « comme des observateurs neutres, comme s’ils n’étaient pas concernés ». Pour cela, Yves Rocher a dû affronter plusieurs campagnes internationales intitulées « Nous voulons des réponses » et des appels au boycottage d’autant plus gênants que le marché russe est le deuxième après la France.« Ce silence est leur principale erreur, estime un patron français installé à Moscou. S’ils avaient alerté ne serait-ce que l’ambassade, ils auraient pu être protégés. Mais c’est un milieu habitué aux tracasseries avec les douanes, pas à se retrouver dans des situations aussi sensibles. » Seul fait solide dans cette affaire qui semble montée de toutes pièces, l’enquête a mis au jour une société offshore montée par les Navalny, dans le contrat qu’ils ont signé avec Yves Rocher.Bruno Leproux, l’ex-directeur général, n’a accordé qu’un seul entretien à une journaliste russe, publié lundi, veille du verdict. Il y fait des réponses extrêmement évasives, mais assure ne pas avoir subi de pressions. Yves Rocher n’a pas renouvelé son contrat. Un an plus tard, il a retrouvé un emploi chez Ile de Beauté, une société russe de parfumerie connue pour ses liens avec les cercles du pouvoir.Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.01.2015 à 17h18 • Mis à jour le05.01.2015 à 18h10 |Maryline Baumard On l’appellera Radwan. Le 31 décembre à 3 h 30 du matin, cet homme de moins de 40 ans, teint hâlé, visage exténué, est descendu du cargo Blue Sky à Gallipoli, dans le sud de l’Italie, avec son épouse enceinte. Depuis, le migrant Syrien s’est reposé dans une école, un centre d’hébergement avant de prendre le train pour remonter l’Europe. En trois jours, il a quitté les frontières de l’Italie.Aujourd’hui, Radwan continue sa route vers le nord avec, en Italie, un ange gardien du nom de Tommaso Tomaiuolo qui veille sur lui. L’amitié entre ces deux hommes a commencé le 31 décembre au travers d’une grille de cour d’école. Celle de l’établissement de Gallipoli où Radwan avait été emmené pour se reposer après que son cargo – abandonné par son capitaine – eut été ramené dans le port.Comme ses voisins et ses amis, Tommaso s’apprêtait à fêter tranquillement le réveillon de la Saint-Sylvestre dans les Pouilles quand le Blue Sky a fait irruption dans sa vie. Depuis l’arrivée de ce cargo et de ses 768 migrants, dans le port de sa petite ville, le jeune quadragénaire est comme happé dans un tourbillon fou. « Je n’oublierai jamais les rencontres que j’ai faites depuis le 31 décembre, ni les regards. Ils ont changé mon regard sur la vie », raconte ce créateur de sites Internet qui travaille pour une petite société italienne et habite à Alezio, à 5 kilomètres de Gallipoli, dans les Pouilles.«  Je voulais être utile » Dès qu’il apprend que le navire vogue sans capitaine, en direction des côtes de son pays, il twitte heure par heure le sauvetage et alimente son compte Facebook. Dès les premières heures du jour, levé tôt, il file au port.« Un navire vide c’est bien… Mais ce n’était pas mon but ! , raconte-t-il, je voulais être utile. » Tommaso pressent que la couche de rouille du cargo cache bien des drames humains. Comme il ne décroche pas des radios locales, il apprend tout de suite dans quelles écoles de la ville ont été installés les migrants, afin qu’ils puissent se reposer. « Le maire a eu six heures pour réagir et trouver des solutions. Juste le temps du sauvetage du navire », ajoute Tommaso.L’homme file vers les centres ouverts, comme beaucoup d’autres citoyens de cette zone pauvre, touchée de plein fouet par le chômage, mais prêts là à toutes les générosités. « Durant la soirée du 30 décembre, entre 21 heures – heure à laquelle on a appris que le bateau fantôme se dirigeait vers nos côtes – et son arrivée, 70 bénévoles de la protection civile se sont mobilisés, aux côtés de ceux de la Croix Rouge et de beaucoup de simples citoyens comme moi », explique-t-il.Quand Tommaso Tomaiuolo arrive dans une des écoles d’accueil, des hommes sont là derrière les grilles. « A un premier, je demande ce dont il a besoin, il me montre timidement mon téléphone mobile que je tenais à la main et comme je lui passe, il semble douter qu’il puisse vraiment appeler à l’étranger. » L’homme joint la Turquie, parle quelques minutes et rend à Tommaso son smartphone « avec un sourire que je n’oublierai jamais ». Tous deux fument ensemble une cigarette. Tommaso lui pose quelques questions.Quand l’ingénieur revient à l’école, l’après-midi, il trouve un autre Syrien à la place du premier. C’est Radwan. Son épouse se repose de ce voyage dans des conditions effroyables. Les deux hommes sympathisent, partagent quelques cigarettes. « Radwan a quitté la Syrie, il y a un an et vit depuis en Turquie. Là, il a dû une nouvelle fois refaire ses bagages, parce qu’en Turquie il n’a trouvé aucun travail », rappelle l’Italien. Tommaso Tomaiuolo, qui ne veut pas se mettre en scène, reconnaît du bout des lèvres qu’il a aidé financièrement cet homme à partir vers le nord et à charger son téléphone portable. Il lui a aussi donné deux livres et deux crayons. Radwan n’est pas « pauvre », mais il vient tout de même de débourser 14 000 euros pour payer son passage et celui de son épouse et il ne sait pas quand son périple s’arrêtera…Pour les épisodes précédents, les photos prises par l’Italien parlent d’elles-mêmes. « Comme nous n’avions pas de connexion Internet, j’ai photographié avec mon téléphone l’intérieur de la cale du Blue Sky. Et franchement, cela m’a bouleversé de voir comment ces gens avaient été traités », raconte Tommaso.« Rester en Syrie pour y mourir ou partir »La discussion s’installe entre les deux hommes et Radwan raconte comment il lui a fallu prendre un petit bateau de pêche pour rejoindre le cargo qui mouillait dans les eaux internationales au large du port turc de Mersin. « Comme il avait un très bon anglais, pour avoir vécu quelque temps en Grande-Bretagne, nous avons pu parler longuement. Pour Radwan, la question syrienne n’est pas un problème que doit gérer l’Italie ou l’Europe, mais c’est bien un sujet qui doit être pris en charge par les Nations unies. Je n’avais que deux options, m’a dit Radwan : rester en Syrie pour y mourir ou partir », rapporte l’Italien.La discussion entre Radwan et Tommaso a été stoppée, ce 31 décembre par les cris de deux femmes. Toutes deux pleuraient l’arrestation par la police italienne de leur fils et frère Rani Ahmad Sarkas, soupçonné par les autorités d’être un des passeurs et d’avoir piloté le cargo.Dimanche 4 janvier, le quotidien italien La Republica racontait son audition par la police, traduite par l’AFP. « Ils m’ont promis 15 000 dollars [12 500 euros] et la possibilité de faire venir toute ma famille », a-t-il expliqué aux inspecteurs. Tommaso confirme que les deux femmes lui ont expliqué que treize autres membres de la famille se trouvaient sur le Blue Sky.Rani Ahmad Sarkas est un Syrien âgé de 36 ans. Des extraits de son audition, reproduits par le journal italien permettent de comprendre comment il a pris la barre du navire. « Je suis arrivé en Turquie par avion depuis le Liban où j’étais réfugié. Là, j’ai été contacté par une connaissance qui savait que j’étais capitaine de navire », ajoute-t-il. Les deux hommes se rencontrent à Istanbul, font affaire. Rani Sarkas embarque alors avec trois autres hommes sur le Blue Sky, battant pavillon moldave, à destination de Mersin, port turc situé près la côte syrienne. Le cargo reste deux jours, ancré au large, dans l’attente de sa « cargaison ». Le troisième jour, un bateau a emmené un premier groupe de 30 personnes sur le Blue Sky. Pendant quatre jours, la noria a continué et, le 25 décembre, ils ont largué les amarres avec 768 passagers à bord. « J’ai personnellement tracé la route pour l’Italie », a raconté le jeune homme aux enquêteurs. Après s’être abrité près des côtes grecques, pour éviter la tempête, il a repris sa route vers le sud de l’Italie. Il a ensuite abandonné la passerelle pour se réfugier dans la cale après avoir bloqué la barre et le moteur. Le navire a continué sa route à environ six nœuds (11 km/h) vers la terre. Sans intervention de la marine italienne, il se serait fracassé contre les rochers avec sa cargaison humaine.« La mère et la sœur du capitaine m’ont demandé si je pouvais les aider à trouver un avocat, mais aucune des deux n’a voulu que je les filme. Elles avaient peur de la mafia turque si un jour, elles retournent en Turquie », regrette Tommaso. Avant qu’il ne soit question de cela, les migrants sont montés dans un bus pour être mieux installés ailleurs en Italie. L’école a refermé ses portes pour se préparer au retour des élèves italiens ce lundi.« Le 31, j’ai surtout surveillé ma messagerie pour voir si Radwan m’avait écrit. J’ai eu le plaisir de découvrir que oui », ajoute-t-il. Le 1er janvier, Tommaso Tomaiuolo a refait le tour des écoles. La dernière était en train d’être évacuée. Gallipoli refermait la parenthèse du Blue Sky. « Pour moi, cela aura vraiment été une Saint-Sylvestre riche en tragédie et en émotion. Un de ces moments qui changent un regard sur la vie. Je n’oublierai jamais comment ma ville a su prendre soin des migrants. J’aime me rappeler cette photo du maire qui fait une partie de volley-ball avec quelques-uns d’entre eux. La vie est rude dans l’Italie du sud, très touchée par la crise, mais elle est belle. Nous avons des valeurs », conclut l’Italien avant de repartir à son quotidien d’informaticien.*Initialement, Tommaso Tomaiuolo ne souhaitait pas apparaître dans ce récit. « Je veux juste que cette tragédie soit connue. Je n’ai fait que ce que d’autres citoyens comme moi ont aussi fait pour ces gens. Par humanité », ajoute-t-il à l’issue d’un long entretien téléphonique. Convaincu que le lecteur de cet article a envie de le connaître, il a finalement accepté que son nom et ses actions figurent dans le récit de ce moment que dit-il, il « n’oubliera jamais ».Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le Pasok, le parti socialiste grec, implose. L’ancien premier ministre Georges Papandréou, 62 ans, député du Pasok et fils de son fondateur Andréas Papandréou, vient de claquer la porte du parti et de créer une formation dissidente, Le Mouvement des socialistes démocrates.Les statuts de ce nouveau parti ont été déposés à temps, samedi 3 janvier, pour participer aux législatives du 25 janvier où M. Papandréou espère bien dépasser le Pasok, crédité pour l’instant de 3,5 % à 6 % des voix. S’il s’agit, pour le chef du gouvernement au pouvoir au moment du naufrage de la Grèce, de mettre fin à « l’anéantissement des valeurs du parti » dirigé depuis 2011 par son grand rival, et ancien ministre, Evangélos Vénizélos, il est difficile de ne pas voir dans cette annonce le dernier soubresaut d’un Pasok laminé par la crise.Pendant près de quarante ans pourtant, les socialistes du Pasok, créé en 1974 à la chute de la dictature des colonels, et les conservateurs de la Nouvelle Démocratie se sont partagés le pouvoir. Un bipartisme presque absolu qui a volé en éclats lorsque, en 2010, Georges Papandréou, alors président du parti et premier ministre, a signé les premiers accords instituant l’austérité en Grèce en échange d’un premier plan d’aide international d’un montant de 110 milliards d’euros. Les Grecs ont alors rejeté ce parti considéré comme le principal responsable de l’impasse dans laquelle le pays est plongé depuis lors.Redresser son imageM. Papandréou fait aujourd’hui le pari de la fidélité à la charge historique de son nom et mise sur une génération de jeunes hommes et femmes politiques pour redresser une image personnelle dégradée, associée, pour de nombreux Grecs, au début de la catastrophe.M. Vénizélos, lui-même très impopulaire, a dénoncé une action « personnelle ». Pour Stavros Théodorakis, le président du petit parti de centre gauche To Potami (« la Rivière »), directement menacé par ce nouveau rival, « M. Papandréou a déjà eu sa chance et n’en a rien fait alors même qu’il disposait [entre 2009 et 2011] de la majorité absolue au Parlement. Qu’espère-t-il accomplir de plus en tant que simple petit parti minoritaire ? »On saura le 25 janvier si M. Papandréou a gagné son pari ou n’a fait qu’accentuer l’éparpillement des voix dans un paysage politique grec en pleine mutation.Lire le décryptage : Qu'est-ce que Syriza, le parti antiaustérité qui progresse en Grèce ?Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.01.2015 à 13h00 • Mis à jour le05.01.2015 à 13h13 L'appartenance d'un pays à la zone euro est « irrévocable », a rappelé lundi 5 janvier Annika Breidthardt, une porte-parole de la Commission européenne, en réponse à une question sur une possible sortie de la Grèce de la monnaie unique. Rappelant que cette règle était inscrite dans le traité européen.Lire aussi : L'UE suit de près la crise politique en GrèceLES GRECS, « SOUVERAINS » POUR FRANÇOIS HOLLANDEVendredi 3 janvier, le magazine Spiegel, s'appuyant sur des « sources proches du gouvernement allemand », affirmait qu'Angela Merkel jugerait « quasi inévitable » une sortie de la Grèce en cas de victoire du parti de gauche et anti-austérité Syriza lors des législatives du 25 janvier. La chancelière et son ministre des finances Wolfgang Schäuble, tous deux conservateurs, « jugent supportable une sortie du pays de la monnaie unique en raison des progrès accomplis par la zone euro depuis le sommet de la crise en 2012 », selon le Spiegel.Intervenant sur France Inter, lundi matin, François Hollande a semblé beaucoup plus modéré.« Les Grecs sont libres de décider souverainement de leur gouvernement (...), quant à l'appartenance de la Grèce à la zone euro, c'est à la Grèce seule d'en décider. Il n'y a pas aujourd'hui à émettre je ne sais quelle considération. » 04.01.2015 à 13h03 • Mis à jour le04.01.2015 à 16h02 Le pape François a annoncé, dimanche 4 janvier, la nomination de 20 nouveaux cardinaux originaires des cinq continents et en majorité âgés de moins de 80 ans. Ces nouveaux « princes » de l'Eglise « originaires de tous les continents (...) montrent le lien indélébile entre l'Eglise de Rome et les églises du monde entier », a dit le souverain pontife.Par cette annonce, le pape François confirme sa volonté d'ouvrir davantage l'Eglise aux régions les plus éloignées de son centre, en créant 15 nouveaux cardinaux électeurs, dont trois viennent d'Asie, trois d'Amérique latine, deux de l'Océanie et deux autres d'Afrique.Lors de la prière traditionnelle de l'angelus prononcée chaque dimanche place Saint-Pierre, le pape a détaillé la liste de ses nouveaux cardinaux, qui sont originaires de pays comme l'Ethiopie, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, le Mexique, le Panama, l'Uruguay, la Nouvelle-Zélande, la Birmanie, le Vietnam, les îles Tonga et la Thaïlande. Il a choisi plusieurs prélats issus de diocèses où jamais aucun cardinal n'avait été créé.UN FRANÇAIS NOMMÉ Quinze d'entre eux sont âgés de moins de 80 ans et auront donc le droit de participer à un conclave chargé de choisir un nouveau pontife en cas de décès ou de démission de François. Le collège des cardinaux va également s'agrandir de cinq nouveaux membres, les cardinaux émérites, non électeurs, nommés par le pape en récompense de leur travail au sein de l'église.Un Français, Mgr Dominique Mamberti, ancien ministre des affaires étrangères du Vatican, y figure également. C'est le seul membre de la curie, le gouvernement du Vatican que veut réformer le pape François, à avoir été nommé. Les nouveaux cardinaux seront installés le 4 février lors d'un consistoire au Vatican. Seulement cinq Européens figurent parmi les cardinaux électeurs. En revanche, aucun Nord-Américain n'a été nommé. Ce n'était pas nécessaire, selon le porte-parole du Vatican, le Père Federico Lombardi, « leur nombre étant déjà consistant et resté stable ».Le pape avait une première fois nommé 19 cardinaux il y a un an, dont 16 électeurs. Le 14 février, le Sacré collège, assemblée des cardinaux, comptera au total 228 membres, dont 125 électeurs en cas de conclave.Les nouveaux cardinaux électeurs :Dominique Mamberti (français ancien ministre des affaires étrangères du Vatican)Archevêque Manuel Jose Macario do Nascimento Clemente (Portugal)Archevêque Berhaneyesus Demerew Souraphiel (Ethiopie)Archevêque John Atcherley Dew (Nouvelle-Zélande)Archevêque Edoardo Menichelli (Italie)Archevêque Pierre Nguyen Van Nhon (Viêtnam)Archevêque Alberto Suarez Inda (Mexique)Archevêque Charles Maung Bo (Birmanie)Archevêque Francis Xavier Kriengsak Kovithavanij (Thaïlande)Archevêque Francesco Montenegro (Italie)Archevêque Daniel Fernando Sturla Berhouet (Uruguay)Archevêque Ricardo Blazquez Perez (Espagne)Evêque Jose Luis Lacunza Maestrojuan (Panama)Evêque Arlindo Gomes Furtado (Cap-Vert)Evêque Soane Patita Paini Mafi (Tonga) Les cardinaux émérites (âgés de plus de 80 ans) :Archevêque émérite Jose de Jesus Pimiento Rodriguez (Colombie)Archevêque titulaire Luigi De Magistris (Italie)Archevêque titulaire Karl-Joseph Rauber (Allemagne)Archevêque émérite Luis Hector Villalba (Argentine)Evêque émérite Julio Duarte Langa (Mozambique) Lire aussi : Les quinze maux de la curie, selon le pape François 04.01.2015 à 02h07 • Mis à jour le04.01.2015 à 03h02 En raison de mauvaises conditions de météorologiques, un cargo immatriculé à Chypre a fait naufrage à 25 kilomètres au large de Wick, dans le nord-est de l'Ecosse. Les huit membres de l'équipage sont portés disparus. Les recherches pour les secourir ont été interrompues dans la nuit du samedi 3 au dimanche 4 janvier. Le Cemfjord a été aperçu par un ferry, samedi vers 14 h 30 locales (15 h 30 à Paris). La dernière position du navire avait été enregistrée la veille à 13 h 15 locales (14 h 15 à Paris). La compagnie maritime Brise of Hamburg, propriétaire du bateau, a confirmé que l'équipage, sept Polonais et un Philippin, était porté manquant « suite à un accident grave ». « Aucun appel de détresse n'a été reçu », selon le communiqué.Construit en 1984, le cargo de 83 mètres de long avait passé avec succès sa dernière inspection en décembre. Le navire acheminait quelque 2 000 tonnes de ciment d'Aalborg (Danemark) à Runcorn, près de Liverpool, sur la côte du nord-ouest de l'Angleterre, où il devait arriver lundi. Maryline Baumard Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-54aabcba508de'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 10\r\n \r\n \r\nL'Ezadeen, navire de 73 m\u00e8tres de long immatricul\u00e9 en Sierra Leone et destin\u00e9 au transport des animaux, est entr\u00e9 dans le port calabrais de Corigliano, au sud de l'Italie, aux alentours de 23 heures (heure locale).\r\nCr\u00e9dits : REUTERS\/STRINGER\/ITALY\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"L'Ezadeen, navire de 73 m\u00e8tres de long immatricul\u00e9 en Sierra Leone et destin\u00e9 au transport des animaux, est entr\u00e9 dans le port calabrais de Corigliano, au sud de l'Italie, aux alentours de 23 heures (heure locale).","source":"REUTERS\/STRINGER\/ITALY","index":0,"position":1,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/societe\/portfolio\/2015\/01\/03\/les-naufrages-de-l-ezadeem-pris-en-charge-en-italie_4548750_3224.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 10\r\n \r\n \r\nQuelque 450 migrants clandestins se trouvaient \u00e0 son bord.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/ALFONSO DI VINCENZO\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Quelque 450 migrants clandestins se trouvaient \u00e0 son bord.","source":"AFP\/ALFONSO DI VINCENZO","index":1,"position":2,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/societe\/portfolio\/2015\/01\/03\/les-naufrages-de-l-ezadeem-pris-en-charge-en-italie_4548750_3224_1.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 10\r\n \r\n \r\nParmi les passagers du cargo, des hommes, des femmes, mais aussi des enfants.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/ALFONSO DI VINCENZO\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Parmi les passagers du cargo, des hommes, des femmes, mais aussi des enfants.","source":"AFP\/ALFONSO DI VINCENZO","index":2,"position":3,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/societe\/portfolio\/2015\/01\/03\/les-naufrages-de-l-ezadeem-pris-en-charge-en-italie_4548750_3224_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 10\r\n \r\n \r\nLa marine n'a pas communiqu\u00e9 leur nationalit\u00e9, mais ils seraient tous d'origine syrienne selon les m\u00e9dias italiens.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/ALFONSO DI VINCENZO\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"La marine n'a pas communiqu\u00e9 leur nationalit\u00e9, mais ils seraient tous d'origine syrienne selon les m\u00e9dias italiens.","source":"AFP\/ALFONSO DI VINCENZO","index":3,"position":4,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/societe\/portfolio\/2015\/01\/03\/les-naufrages-de-l-ezadeem-pris-en-charge-en-italie_4548750_3224_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 10\r\n \r\n \r\nLe bateau avait \u00e9t\u00e9 rep\u00e9r\u00e9 jeudi soir, apparemment en difficult\u00e9, \u00e0 quelque 80 milles (environ 130 km) au large de Crotone (Calabre).\r\nCr\u00e9dits : AFP\/ALFONSO DI VINCENZO\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Le bateau avait \u00e9t\u00e9 rep\u00e9r\u00e9 jeudi soir, apparemment en difficult\u00e9, \u00e0 quelque 80 milles (environ 130 km) au large de Crotone (Calabre).","source":"AFP\/ALFONSO DI VINCENZO","index":4,"position":5,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/societe\/portfolio\/2015\/01\/03\/les-naufrages-de-l-ezadeem-pris-en-charge-en-italie_4548750_3224_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 10\r\n \r\n \r\nLes autorit\u00e9s maritimes avaient aussit\u00f4t contact\u00e9 le navire, qui n'a pas r\u00e9pondu, avant qu'une passag\u00e8re r\u00e9ussisse \u00e0 expliquer la situation par radio.\u00a0\r\nCr\u00e9dits : AFP\/ALFONSO DI VINCENZO\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Les autorit\u00e9s maritimes avaient aussit\u00f4t contact\u00e9 le navire, qui n'a pas r\u00e9pondu, avant qu'une passag\u00e8re r\u00e9ussisse \u00e0 expliquer la situation par radio.\u00a0","source":"AFP\/ALFONSO DI VINCENZO","index":5,"position":6,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/societe\/portfolio\/2015\/01\/03\/les-naufrages-de-l-ezadeem-pris-en-charge-en-italie_4548750_3224_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 10\r\n \r\n \r\nLa marine a d'abord contact\u00e9 un navire islandais croisant dans les parages du cargo et faisant partie du dispositif europ\u00e9en Triton de surveillance de la M\u00e9diterran\u00e9e, a pr\u00e9cis\u00e9 de son c\u00f4t\u00e9 Frontex, l'agence europ\u00e9enne de contr\u00f4le des fronti\u00e8res de l'Union europ\u00e9enne.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/ALFONSO DI VINCENZO\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"La marine a d'abord contact\u00e9 un navire islandais croisant dans les parages du cargo et faisant partie du dispositif europ\u00e9en Triton de surveillance de la M\u00e9diterran\u00e9e, a pr\u00e9cis\u00e9 de son c\u00f4t\u00e9 Frontex, l'agence europ\u00e9enne de contr\u00f4le des fronti\u00e8res de l'Union europ\u00e9enne.","source":"AFP\/ALFONSO DI VINCENZO","index":6,"position":7,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/societe\/portfolio\/2015\/01\/03\/les-naufrages-de-l-ezadeem-pris-en-charge-en-italie_4548750_3224_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 10\r\n \r\n \r\nIls n'ont d'abord rien pu faire, le navire abandonn\u00e9 \u00e0 son sort par l'\u00e9quipage avan\u00e7ant \u00e0 pleine vitesse. Ce n'est qu'une fois le carburant totalement \u00e9puis\u00e9 que cinq marins islandais ont pu monter \u00e0 bord et lancer une aussi\u00e8re (gros cordage) afin de permettre son remorquage.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/ALFONSO DI VINCENZO\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Ils n'ont d'abord rien pu faire, le navire abandonn\u00e9 \u00e0 son sort par l'\u00e9quipage avan\u00e7ant \u00e0 pleine vitesse. Ce n'est qu'une fois le carburant totalement \u00e9puis\u00e9 que cinq marins islandais ont pu monter \u00e0 bord et lancer une aussi\u00e8re (gros cordage) afin de permettre son remorquage.","source":"AFP\/ALFONSO DI VINCENZO","index":7,"position":8,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/societe\/portfolio\/2015\/01\/03\/les-naufrages-de-l-ezadeem-pris-en-charge-en-italie_4548750_3224_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 10\r\n \r\n \r\nSelon les garde-c\u00f4tes italiens, l'Ezadeen \u00e9tait parti de Turquie. Mais selon le site marinetraffic.com, il aurait quitt\u00e9 le port de Famagouste, situ\u00e9 sur la c\u00f4te est de Chypre et sous contr\u00f4le turc, apr\u00e8s \u00eatre parti de Tartous en Syrie.\r\nCr\u00e9dits : REUTERS\/STRINGER\/ITALY\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Selon les garde-c\u00f4tes italiens, l'Ezadeen \u00e9tait parti de Turquie. Mais selon le site marinetraffic.com, il aurait quitt\u00e9 le port de Famagouste, situ\u00e9 sur la c\u00f4te est de Chypre et sous contr\u00f4le turc, apr\u00e8s \u00eatre parti de Tartous en Syrie.","source":"REUTERS\/STRINGER\/ITALY","index":8,"position":9,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/societe\/portfolio\/2015\/01\/03\/les-naufrages-de-l-ezadeem-pris-en-charge-en-italie_4548750_3224_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 10\r\n \r\n \r\nToujours selon ce site sp\u00e9cialis\u00e9 dans le suivi du trafic maritime, sa destination officielle \u00e9tait le port de S\u00e8te, dans le sud de la France.\r\nCr\u00e9dits : AP\/Antonino D'Urso\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Toujours selon ce site sp\u00e9cialis\u00e9 dans le suivi du trafic maritime, sa destination officielle \u00e9tait le port de S\u00e8te, dans le sud de la France.","source":"AP\/Antonino D'Urso","index":9,"position":10,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/societe\/portfolio\/2015\/01\/03\/les-naufrages-de-l-ezadeem-pris-en-charge-en-italie_4548750_3224_9.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});C'est son premier bateau de migrants. Francesco Perroti, le capitaine du port de Corigliano, une petite ville calabraise, craint fort que l'Ezadeen ne soit que le premier d'une longue série. C'est sous sa surveillance que sont descendus un à un, vendredi 2 janvier tard, les 359 naufragés de l'Ezadeen, un navire rempli de migrants, battant pavillon sierra-léonais.« Nous avons su une quinzaine d'heures avant son arrivée, que sa destination finale serait notre port », rappelle le militaire. Durant ces 15 heures, il a joué l'homme-orchestre, avec la préfecture, pour préparer l'accueil de ces naufragés de la vie. « Il fallait que nous puissions offrir une assistance médicale, de la nourriture, des bus pour les acheminer le plus rapidement possible vers les centres d'hébergement », rappelle le capitaine de frégate. Bien sûr, tout s'est mis en place sous les ordres du préfet, mais en tant que responsable du lieu, Francesco Perroti a été très étroitement associé.Lui aussi a vu ces visages émaciés, les traits tirés par la fatigue, la faim, le froid et la peur. Le lot commun du migrant qui passe onze jours dans les cales d'un navire habilité au seul transport de bétail. Comme le militaire préfère les faits aux commentaires, il s'accroche à ses chiffres. « Il y avait 255 hommes, 42 femmes dont trois étaient enceintes et 62 mineurs », rappelle-t-il presque chirurgicalement. Pour eux, les bus ont démarré très vite, partant vers d'autres régions d'Italie. Des places avaient été trouvées en Campanie, Lombardie et en Emilie Romagne. Seuls 94 ont été installés en Calabre ; 60 à Catanzaro, 34 à Crotone. « Il n'y avait rien ici pour les recevoir », fait valoir une passante interrogée en centre ville, et qui a suivi de près « les péripéties de ces gens ».DES CONDITIONS DE TRAVERSÉE INDÉCENTESL'Italie a déjà dû faire face, dans la province voisine des Pouilles à l'arrivée de plus de 900 autres clandestins quelques jours auparavant. Croix Rouge et Protection civile se sont relayées pendant quatre jours, pour installer le mieux possible ces personnes traumatisées par un voyage dans des conditions innommables. Là encore, des places en hébergement ont été trouvées un peu partout dans le pays.Pour les passagers de l'Ezadeen, la traversée n'a pas été une sinécure depuis la Turquie. Aux privations en nourriture et eau, aux conditions indécentes, s'ajoute l'abandon de la barre par l'équipage. Le nom de ce navire a ainsi surgi jeudi soir dans l'actualité. Le 1er janvier au soir, les gardes-côtes de permanence à Corigliani ont reçu un SOS. Une femme, passagère du cargo leur demandait de l'aide. L'embarcation dérivait, moteurs arrêtés dans la forte tempête qui balayait alors la Méditerranée depuis quelques jours.La capitainerie a rerouté le message et une frégate islandaise, en patrouille à proximité pour Frontex, la mission européenne de surveillance des frontières, s'est approchée du bateau. Faute de pouvoir l'accoster, trois médecins et trois marins y ont été hélitreuillés. Très vite, il est apparu que les réservoirs étaient vides. Tout simplement.« Vu les circonstances et l'état du bateau, une de mes deux frégates a été dépêchée sur place, avec une autre embarcation des gardes-côtes de Crotone, à 100 kilomètres au sud. Elles sont restées près du navire jusqu'à ce qu'il soit arrivé à bon port », rapporte le capitaine. « Il est de notre mission de protéger les vies. Ce bateau était en situation critique. Imaginez que quelqu'un tombe à la mer », ajoute le militaire.LES MEILLEURS ALLIÉS DES PLUS FRAGILESLes 80 hommes qu'il dirige font ce métier pour porter secours. Samedi, après une nuit écourtée, les permanenciers étaient présents dans le bâtiment préfabriqué, fidèles au poste. Si l'on n'est plus dans la mythologie du garde-côte avec ses longues-vues, scrutant l'horizon, le fonctionnaire italien reste le meilleur garant de la sécurité des passagers de la mer. C'est un militaire qui a pour mission première de surveiller les usages « civils » de l'océan.L'an dernier, ce corps - créé il y a 150 ans - a porté secours à 150 000 migrants. Ce sont les meilleurs alliés des plus fragiles. Ils pensent d'abord sauvetage avant de faire la fine bouche si le sauvé n'a pas le visa. En revanche, l'Europe et son bras armé Frontex n'a pas la même approche, même si elle respecte, elle aussi, le code de la navigation, qui impose de porter assistance, sa mission première reste la surveillance des frontières.« Qu'il s'agisse de l'Europe ou de l'Italie, nous devons tous garder les yeux bien ouverts. Nous avons évité de justesse deux catastrophes de grande ampleur, mais attention, la prochaine fois, nous pourrions ne pas réussir à éviter le drame », s'inquiète Francesco Perroti. Sur ces mots, le capitaine prend congé, se lève et ouvre son placard. Là, il hésite et choisit finalement la casquette qui convient à une rencontre avec le préfet à propos justement de l'épave de l'Ezadeen.Samedi 3 janvier, le bateau est à quai dans son port, consigné pour enquête. Plusieurs pseudo-passagers ont été écroués. Ils pourraient être les passeurs et s'être déguisés en migrants après l'abandon des commandes. Ainsi va la vie dans la petite station balnéaire du sud de l'Italie qui croyait pouvoir dormir tranquille durant l'hiver.Lire le reportage (édition abonnés ) : « Personne ne pensait s’en sortir vivant »Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.01.2015 à 19h43 • Mis à jour le02.01.2015 à 19h51 Le ferry Norman Atlantic, dont l'incendie a fait au moins 13 morts et un nombre indéterminé de « disparus », est amarré dans le port de Brindisi, dans le sud est du pays, où sa « boîte noire » a été récupérée.Le procureur de Bari, Giuseppe Volpe, chargé de l'enquête en Italie, a ordonné le retour du ferry dans le pays pour pouvoir poursuivre les recherches d'éventuels corps de passagers clandestins ou de passagers qui dormaient dans leurs cabines lorsque le feu s'est déclaré à bord dimanche.Selon les autorités italiennes le nombre total des rescapés s'élève à 477 personnes et cette liste a été adressée aux autorités grecques, qui enquêtent également sur les circonstances du drame, afin de vérifier le bilan.Lire le décryptage : Les multiples anomalies apparues après l'incendie du ferry « Norman Atlantic »Ettore Cardinali, le magistrat qui mène l'enquête sous la direction de M. Volpe, a effectué dans l'après-midi une première inspection rapide du ferry. « Pour le moment il n'est pas possible d'entrer dans le garage du ferry pour des raisons de sécurité car cela présenterait des risques pour tous », a expliqué M. Cardinali à la presse en descendant du Norman Atlantic.INCERTITUDE SUR LE NOMBRE DE VICTIMESLe magistrat, détaché par le parquet de Bari, a précisé qu'il se rendra samedi et dans les prochains jours de nouveau à Brindisi pour la poursuite de l'enquête. En attendant la fouille détaillée, le mystère reste entier sur le nombre exact de victimes de l'incendie, le manifeste de bord s'étant révélé faux. En outre, la présence de clandestins à bord a été « établie » par les enquêteurs. Trois d'entre eux ont en effet été identifiés– deux Afghans et un Syrien ayant demandé l'asile politique – mais il y en avait sans doute bien davantage cachés dans les nombreux camions transportés par le Norman Atlantic, avait expliqué le procureur de Bari. Or, l'incendie s'est déclenché au niveau des ponts inférieurs, là où étaient garés ces camions.  Au total, près de 500 personnes ont pu se trouver à bord du Norman Atlantic, a estimé le procureur Volpe. Lire aussi le témoignage des rescapés : « Le feu venait de partout »lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2dm9nh"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2dm9nh", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 02.01.2015 à 15h07 • Mis à jour le02.01.2015 à 15h49 La polémique déclenchée par le président islamo-conservateur turc, Recep Tayyip Erdogan, sur la place « naturelle » des femmes a rebondi, vendredi 2 janvier, en Turquie après une sortie de son ministre de la santé jugeant que la maternité était leur seule « carrière » possible.Lire le décryptage : Les droits des femmes turques sont-ils en régression ?A la faveur d'une visite rendue aux premiers bébés de l'année 2015 dans les maternités d'Istanbul, le ministre a dispensé quelques conseils à leurs mères. « Les mères ne doivent pas mettre d'autres carrières que la maternité au centre de leur vie. Elever de nouvelles générations doit être au centre de leurs préoccupations », a lancé Mehmet Muezzinoglu, cité par les médias turcs.UNE VOLÉE DE CRITIQUESCes déclarations ont suscité une volée de critiques. « La maternité n'est pas une carrière, a réagi sur son compte Twitter l'écrivaine à succès Elif Safak. Les femmes turques doivent décider elles-mêmes de leur chemin dans la vie (pas se le faire imposer par des hommes politiques). »Motherhood is Not a"career"anyway.Turkishwomen should decide their own paths in life(not male politicians from above)— Elif Şafak / Shafak (@Elif_Safak)require(["twitter/widgets"]);Une députée de l'opposition, Aylin Nazliaka, a pour sa part suggéré à M. Muezzinoglu « d'arrêter de parler ». « Il a des motifs cachés derrière ces déclarations. Leur but est de faire des femmes des citoyennes de seconde zone », a-t-elle écrit sur Twitter. « UNE CARRIÈRE INDISCUTABLE ET SACRÉE »Droit dans ses bottes, le ministre de la santé a réitéré ses propos vendredi. « La maternité n'est pas une carrière ouverte à tous (...), c'est une carrière indiscutable et sacrée », a-t-il insisté devant la presse. Habitué des déclarations à l'emporte-pièce, M. Erdogan s'est lui aussi illustré récemment par une série de sorties sur le même thème, qui ont provoqué l'ire des féministes.Lire aussi : Recep Tayyip Erdogan, « gardien du vagin des femmes turques »A la fin de novembre, il avait jugé l'égalité hommes-femmes « contre nature » et souligné que l'islam avait « défini une place pour les femmes : la maternité ». En décembre, le chef de l'Etat, qui milite fermement pour que les femmes aient au moins trois enfants, avait également comparé la contraception à une « trahison ».M. Erdogan, qui a dirigé le gouvernement pendant onze ans avant son élection à la présidence, en août dernier, est régulièrement accusé par ses détracteurs de vouloir islamiser la société turque, en limitant notamment les droits des femmes.Lire aussi (édition abonnés) : Le président turc juge l’égalité des sexes contre-nature 16.01.2015 à 11h22 • Mis à jour le16.01.2015 à 16h37 | Jean-Baptiste Chastand Si la croissance devrait un peu s’améliorer en 2015, la situation de l’emploi ne devrait en revanche pas s’éclaircir. L’Unedic, l’organisme qui gère l’assurance-chômage, a publié de sombres pronostics, vendredi 16 janvier. Ils prévoient une hausse du taux de chômage à 10,3 % en métropole fin 2015, contre 9,9 % actuellement. Le nombre de chômeurs sans aucune activité (la « catégorie A » de Pôle emploi) devrait s’établir dans un an à 3,6 millions de personnes, contre un peu moins de 3,5 millions actuellement.En comptant les chômeurs ayant une activité réduite (catégories B et C), le nombre d’inscrits à Pôle emploi pourrait grimper de 5,2 à près de 5,4 millions de personnes. Cette situation a une raison simple : le timide retour de la croissance, que l’Unedic estime à 0,8 % pour 2015 en accord avec le consensus des économistes, ne permettra pas de créer suffisamment d’emplois pour compenser la hausse de la population active. Ces prévisions sont similaires à celles de l’Insee, publiées le 18 décembre 2014, qui pronostiquent un taux de chômage à 10,6 % en 2015, DOM compris. François Hollande n’avait pas contesté en décembre ces sombres présages. « Est-ce que 1 % de croissance suffit pour réduire le chômage en France ? Non, parce qu’en France, la population active augmente », avait-il déclaré en déplacement à Bruxelles. Depuis son échec à « inverser la courbe du chômage avant fin 2013 » comme il s’y était engagé, le président de la République est très prudent sur ses promesses publiques en matière d’emploi. En avril, il s’est uniquement engagé à ne pas se représenter en 2017 si le chômage ne reculait pas d’ici là.DérapageSouci supplémentaire, cette nouvelle montée du nombre de chômeurs va se traduire par une forte hausse du déficit de l’Unedic. Alors que l’assurance-chômage prévoyait encore en septembre de réduire son déficit en dessous de 3,7 milliards d’euros en 2015 (contre près de 4 milliards en 2013), celui-ci devrait finalement se stabiliser en 2014 puis déraper à plus de 4,6 milliards en 2015. L’Unedic, qui est déficitaire depuis 2009 et le début de la crise, va voir sa dette totale grimper à près de 26 milliards à cet horizon.Si un déficit est logique en période de crise pour l’assurance-chômage, ce dérapage des comptes devrait peser sur la prochaine négociation des règles d’indemnisation des chômeurs. Les syndicats et le patronat, qui gèrent l’Unedic, ont prévu de les rediscuter en 2016, mais un premier groupe de travail doit se réunir en 2015. Il apparaît déjà que l’actuelle convention, rentrée totalement en vigueur début octobre, ne permettra pas de stabiliser le déficit comme espéré, malgré les 600 millions d’euros d’économies prévues par le texte.Cette convention prévoyait pourtant un durcissement de l’indemnisation des intermittents, l’allongement du délai de carence pour les salariés quittant leur entreprise avec des indemnités supralégales ou la création de « droits rechargeables » plus simples mais souvent moins avantageux pour les chômeurs reprenant une activité temporaire. Mais les fondamentaux – un jour cotisé pour un jour travaillé, une durée d’indemnisation pouvant aller jusqu’à deux ans, voire trois ans – étaient restés les mêmes.Le Medef n’a jamais caché qu’il souhaitait s’y attaquer et le gouvernement a publiquement demandé en octobre aux partenaires sociaux de durcir davantage ces règles. « La question de l’efficacité, de l’équité des règles » du régime d’assurance-chômage « est un débat légitime », avait déclaré Manuel Valls le 8 octobre, en laissant entendre que les règles d’indemnisation n’incitaient pas, selon lui, suffisamment les chômeurs à rechercher un emploi.Jean-Baptiste ChastandJournaliste en charge du social et de l'emploiSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.01.2015 à 10h08 • Mis à jour le16.01.2015 à 15h57 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne a rendu public, vendredi 16 janvier, l’intégralité de sa décision justifiant l’ouverture d’une enquête pour aide d’Etat concernant le groupe américain Amazon et ses pratiques fiscales au Luxembourg, qui avait été annoncé en octobre 2014.Bruxelles estime que les autorités luxembourgeoises « octroient un avantage à Amazon » à travers certaines pratiques fiscales, et que cela « constitue une aide d’Etat » illégale.La publication du détail des accusations de la Commission à l’encontre d’Amazon, et du Luxembourg, intervient après les révélations « LuxLeaks », début novembre 2014, un travail journalistique de grande ampleur, qui a mis à jour, au Luxembourg, un système d’évasion fiscale de grande envergure au profit des multinationales.LuxLeaks : L’évasion fiscale, un sport national pour les géants américainsPourquoi ne dévoiler le contenu des griefs que maintenant ?La décision d’ouverture d’enquête à l’encontre d’Amazon avait été rendue publique le 7 octobre 2014, mais les détails justifiant cette démarche n’avaient pas été divulgués, pour laisser aux parties concernées le temps d’en extraire ce qu’elles jugent relever du secret des affaires.La Commission s’était déjà prêtée à ce genre d’exercice (publier l’intégralité de sa décision d’ouverture d’enquête), fin 2014, à propos des pratiques fiscales de Starbucks aux Pays-Bas et d’Apple en Irlande.Les informations publiées vendredi (25 pages au total), n’apportent pas de données nouvelles concernant l’avancée de l’enquête de Bruxelles. La commissaire en charge de la concurrence, Margrethe Vestager s’est engagée à communiquer sur ce sujet avant la fin du premier trimestre 2015.Quelles sont les pratiques fiscales visées ? Ce qui est visé par l’enquête de Bruxelles c’est le système du « rescrit fiscal » (ou « tax ruling ») : celui-ci permet à une entreprise de demander à l’avance comment sa situation fiscale sera traitée dans un pays, et est utilisé par les multinationales pour faire de l’optimisation en répartissant profits et coûts entre leurs filiales dans différents pays.Amazon et le Luxembourg sont-ils les seuls visés par la Commission ?Non. La Commission a demandé des renseignements sur cette pratique du rescrit fiscal en juin 2014 à six pays : Chypre, l’Irlande, le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas et le Royaume-Uni.Elle a ouvert à ce jour quatre enquêtes sur des « tax rulings » qu’elle soupçonne de constituer des aides d’Etat illégales : deux d’entre elles visent le Luxembourg, pour des accords avec le Amazon et le groupe automobile italien Fiat. Les deux autres concernent l’Irlande avec Apple et les Pays-Bas avec Starbucks.Que montrent les 25 pages publiées par la Commission ?Le document publié vendredi éclaire sur les pratiques fiscales d’Amazon en Europe, particulièrement dans le Grand-Duché.La Commission explique soupçonner le fisc luxembourgeois d’avoir pris, au bénéfice du géant américain de la vente en ligne, une décision fiscale anticipative, le 6 novembre 2003, qui validerait des prix de transfert contestables entre les filiales luxembourgeoises d’Amazon et la maison mère.Les prix de transfert désignent les prix facturés pour des opérations commerciales entre diverses parties d’un même groupe d’entreprises, prix fixés pour l’usage de droits de propriété intellectuelle, pour la vente de produits et services, etc...Ces prix de transfert doivent être évalués conformément aux conditions du marché, c’est-à-dire, au prix auquel ces biens et services seraient facturés si une entité d’un groupe devait les acquérir sur le marché au lieu de le faire à l’intérieur du groupe.Une évaluation erronée des prix de transfert peut conduire à la diminution de la base fiscale d’une entreprise sur un territoire, donc à la minimisation de son bénéfice imposable.La Commission se penche notamment sur la structure d’Amazon au Luxembourg. Le groupe y a regroupé quasiment toutes ses activités en Europe.Ce que reproche la Commission c'est l'accord sur le prix de transfert entre deux entités luxembourgeoises, Lux SCS et Lux Eu SARL.Amazon Eu SARL « joue le rôle de siège principal d’Amazon pour l’Europe et est le principal opérateur des services de commerce de détail et des services aux entreprises offerts par l’intermédiaire des sites web européens d’Amazon », indique le document de Bruxelles publié vendredi. En outre, elle assume des fonctions de gestion de trésorerie et détient (directement ou indirectement) les autres filiales européennes d’Amazon qui assurent la commercialisation, le marketing et les fonctions de support. »Cette filiale a déclaré un chiffre d’affaires de 13,6 milliards d’euros. Cette société Amazon EU SARL joue le rôle de société mère pour d’autres filiales luxembourgeoises. Amazon emploie environ 1 000 salariés au Luxembourg, dont des postes de direction stratégique gérant l’ensemble des activités européennes d’Amazon.Lux SCS est une entité « fiscalement transparente » selon le rapport de Bruxelles, qui possède 100 % du capital de Lux EU SARL, qui, elle, est la société qui est censée payer des impôts au LuxembourgLux SCS licencie des droits de propriété intellectuels à Lux EU SARL, selon un prix de transfert, qui a été approuvé par le fisc luxembourgeois en 2003, et que Bruxelles soupçonne de ne pas être conforme au prix du marché : il aurait été surévalué pour minimiser la base imposable de Lux Eu SARL.Que répondent les « accusés » ?Les autorités luxembourgeoises ont immédiatement réagi à la publication de ces documents en assurant dans un communiqué que « le Luxembourg est confiant que les allégations d’aide d’État dans cette affaire sont sans mérite ».Le Luxembourg se dit assuré « qu’il sera à même de convaincre la Commission de la légitimité de la décision anticipative en cause et qu’aucun avantage sélectif n’a été accordé ».Où en sont les projets de la Commission pour plus de transparence fiscale ?Consciente de l’impact délétère sur les opinions publiques des révélations LuxLeaks, la Commission européenne, et son président, Jean-Claude Juncker, qui a été premier ministre du Luxembourg pendant près de 19 ans, ont pris à plusieurs reprises l’engagement, fin 2014, de faire de la lutte contre l’évasion et la fraude fiscale en Europe une de leurs priorités.Lire aussi : Les Européens avancent dans la lutte contre l’optimisation fiscaleLe commissaire à l’économie et à la fiscalité, Pierre Moscovici doit présenter, d’ici à la fin du premier trimestre 2015, une directive sur l’échange automatique et obligatoire des accords fiscaux préalables.Mais la pression sur la Commission européenne pour agir contre l’évasion et la fraude fiscale va croissante. Au Parlement européen, une commission d’enquête est sur le point d’être formée, à l’initiative des Verts, qui aura des pouvoirs étendus.LuxLeaks : le Parlement européen veut mettre en place une commission d’enquêteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.01.2015 à 09h23 • Mis à jour le16.01.2015 à 09h26 L’envol du franc suisse face à l’euro, après le changement de cap effectué, jeudi 15 janvier, par la banque centrale suisse (BNS), pourrait avoir un effet dévastateur pour les exportateurs, à commencer par l’industrie de l’horlogerie.Dès les heures qui ont suivi l’annonce de la BNS, les professionnels de ce secteur, déjà malmenés depuis plusieurs mois à l’export, ont d’ailleurs tiré le signal d’alarme. « Ce que la BNS provoque là, c’est un tsunami », a déclaré Nick Hayek, le patron de Swatch Group, le principal fabricant mondial de montres, à l’agence suisse ATS.Jeudi, le franc est remonté en flèche face à la monnaie unique après que la BNS a annoncé qu’elle mettait un terme au taux plancher, qui empêchait le franc suisse de tomber sous la barre de 1,20 franc pour un euro.La Suisse renonce à bloquer le cours du franc face à l’euro« Nous sommes surpris de cette décision et très inquiets quant à ses conséquences sur notre industrie », a déclaré Jean-Daniel Pasche, le président de la fédération de l’horlogerie suisse, à l’AFP. Même si les cours peuvent encore évoluer ces prochains jours, il est fort à craindre que le franc va rester fort et pénaliser notre branche. » La décision de la BNS a déclenché une véritable tempête sur la Bourse suisse, qui a chuté en clôture de près de 9 %. Ce sont d’ailleurs les valeurs du luxe qui ont affiché les plus fortes baisses. L’action de l’horloger Swatch Group a dégringolé de 16,35 %, à 382,30 francs suisses, tandis que celle de Richemont lâchait 15,50 %, à 74,95 francs suisses.Marchés européens en baisseIl faut dire que l’industrie horlogère suisse exporte près de 95 % de sa production vers les zones euro et dollar, comme l’a rappelé M. Pasche, et que ses coûts de production sont en francs suisses, ces groupes fabriquant dans le pays pour obtenir le fameux label « Swiss Made », qui certifie la qualité suisse.Les acteurs suisses du secteur horloger n’avaient pas besoin de ce nouveau coup dur. Cela fait plusieurs mois qu’ils ne sont plus à la fête. « Nos principaux marchés européens comme l’Allemagne et la France accusent déjà de fortes baisses », a rappelé M. Pasche.Les exportations horlogères ont reculé de 4,4 % en novembre 2014 par rapport au même mois de 2013. Si sur les onze premiers mois de l’année 2014, elles affichent un rebond de 2,3 %, certains pays connaissent toujours un recul : la Chine (- 0,5 %), pénalisée par les mesures anti-corruption mises en place par le gouvernement de Pékin, ou encore l’Allemagne (- 7,1 %) et la France (-6,2 %).Richemont (propriétaire notamment des marques Piaget, IWC et Vacheron Constantin), qui a publié jeudi 15 janvier ses ventes du troisième trimestre, accuse, en monnaie constante, un recul de 4 % de son chiffre d’affaires dans le secteur des montres.Toutes activités confondues, ce groupe souffre particulièrement en Asie, où ses ventes sont en baisse de 12 % en monnaie constante et de - 5 % en monnaie courante. Denis Cosnard Après six ans de recul, les ventes de voitures neuves dans les 27 pays de l’Union européenne sont remontées de 5,7 % sur l’année 2014, à 12,5 millions d’immatriculations, selon les chiffres publiés, vendredi 16 janvier, par l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA). En décembre, seizième mois consécutif de hausse, l’augmentation a atteint 4,7 %.Le marché reste loin de ses sommetsPour les professionnels, pas question de pousser des hourras. « Une reprise ? Mieux vaut parler de stabilisation, commente Bernard Lycke, le directeur général du CECRA, l’association européenne des concessionnaires. On a stoppé la chute, c’est tout. Le marché européen reste loin de ses sommets et ne les retrouvera pas avant des années. »Pendant dix ans, de 1997 à 2007, les ventes en Europe ont oscillé entre 14 et 15 millions de voitures neuves par an. La crise a tout remis en cause, et le rétablissement est lent.Avec 12,5 millions d’immatriculations en 2014, le marché demeure 17 % en dessous de ses records historiques.La Grande-Bretagne moteur de l’EuropeAu sein de l’UE, un seul grand marché, la Grande-Bretagne, se situe au même niveau qu’avant la crise. « L’an dernier, cela a été le principal contributeur à la remontée des ventes européennes, avec une hausse de 9 % », soulignent les consultants de LMC Automotive. Un reflet du tonus de l’économie britannique et de conditions d’emprunt avantageuses.Ailleurs en Europe, certains marchés ont connu des rebonds notables, en particulier l’Espagne (+ 18 %), la Grèce (+ 21 %) et le Portugal (+ 35 %). Sans retrouver pour autant leurs niveaux d’avant la crise, loin s’en faut.Ce n’est pas non plus le cas en France, où les ventes ont stagné en 2014, ni en Allemagne, où elles ont progressé d’un modeste 3 %.Le marché auto n’a pas décollé en 2014Les bons scores de Renault et NissanRenault et Nissan, constituent les principaux gagnants de la petite reprise du marché européen. Au total, le duo pèse désormais 13,4 % du marché européen, contre 12,5 % en 2013.Nissan a obtenu un meilleur score (ventes en hausse de 13 % sur l’exercice) grâce en particulier à son nouveau Qashqai, un modèle à mi-chemin entre une berline et un 4x4 tout-terrain. Renault a été porté surtout par sa marque d’entrée de gamme Dacia (+ 24 %).« Avec la crise, les consommateurs privilégient les modèles les moins chers, explique Flavien Neuvy, directeur de l’observatoire Cetelem de l’automobile. Dacia et Skoda, la marque low cost de Volkswagen, profitent à plein de ce mouvement. »Le colosse allemand Volkswagen, qui a vendu près de 3,2 millions de voitures en 2014, reste le premier constructeur européen, loin d’ailleurs devant : en hausse presque continue depuis vingt ans, sa part de marché a franchi en 2014 le cap des 25 % !Année record en 2014 pour VolkswagenLes autres grands constructeurs, en revanche, voient leurs positions stagner ou s’éroder. En particulier General Motors (- 4,6 %). Pénalisé par l’abandon de sa marque Chevrolet en Europe, le champion américain y est à présent dépassé par son compatriote Ford (+ 5,8 %).Des perspectives peu engageantesDans une Europe en panne de croissance, le secteur automobile ne s’attend pas à voir ses ventes progresser forttement. M. Lycke ne voit pas de raison à ce que les ventes montent de plus de 1% en 2015. D’autres experts se montrent à peine plus positifs : IHS et Barclays tablent sur environ 2,5 % de hausse, LMC sur 3 %.« Le marché européen est saturé, résume M. Lycke. Les particuliers ont déjà des voitures, et les problèmes de pouvoir d’achat les amènent souvent à en retarder le remplacement. Sans compter l’autopartage et tous les bâtons qu’on met dans les roues des automobilistes… »Denis CosnardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.01.2015 à 05h53 • Mis à jour le17.01.2015 à 10h01 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2euigm"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2euigm", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Une semaine après les attentats de Paris, les forces de sécurité belge ont mené, jeudi 15 janvier, une vaste opération dans le pays. Des unités des forces spéciales de la police fédérale ont mené plusieurs perquisitions dans et aux alentours des villes de Verviers, Bruxelles et Vilvorde. Deux djihadistes ont été tués et quinze personnes ont été interpellées dans le cadre de cette opération qui visait le démantèlement d'un groupe s'apprêtant à commettre des attentats. Cinq personnes ont finalement été inculpées pour « participation aux activités d'un groupe terroriste ».Lire aussi : Belgique : deux djihadistes tués lors d'une opération antiterroriste12 perquisitions, 5 inculpationsLa principale intervention policière a été lancée jeudi peu avant 18 heures à Verviers, dans l'est du pays. Les suspects visés « ont ouvert le feu au moyen d'armes de guerre et d'armes de poing » à l'approche des forces de l'ordre, selon un substitut du parquet fédéral, Thierry Werts. Deux djihadistes présumés sont morts dans cette opération, un troisième a été interpellé.Parallèlement, d'autres perquisitions ont eu lieu en Belgique, douze au total :  deux à Verviers, six à Molenbeek, une à Anderlecht, une sur le territoire de la Ville de Bruxelles, une à Berchem-Sainte-Agathe et une à Liedekerke.Vendredi, le Parquet fédéral a annoncé que cinq personnes avaient été inculpées pour « participation aux activités d'un groupe terroriste », dont trois placées en détention préventive. L'une des trois personnes placées en détention est le djihadiste présumé qui a survécu à l'assaut.Les huit autres personnes interpellées jeudi ne sont pas poursuivies.Des kalachnikovs et des uniformes de police découvertsPlusieurs armes ont été retrouvées, dont « quatre de type kalachnikov AK 47 ainsi que des armes de poing, des munitions, des uniformes de police, des téléphones portables, du matériel de communication, des documents falsifiés et de grosses sommes d'argent » sur le lieu de l'assaut, rue de la Colline, à Verviers, a précisé le Parquet fédéral.Le groupe voulait « tuer des policiers »Cette vaste opération visait une « cellule opérationnelle (…) sur le point de commettre des attentats d'envergure en Belgique, et ce, de façon imminente ». Le parquet fédéral a précisé vendredi que les terroristes présumés envisageaient de commettre des attentats pour « tuer des policiers ».Les terroristes présumés de Verviers s'apprêtaient à agirSelon le quotidien belge Le Soir, leur identification est toujours en cours. Les deux jeunes tués et le troisième blessé étaient partis combattre en Syrie et revenus il y a une semaine. Ils avaient été mis sur écoute par la police. D'après les forces de l'ordre belges, les trois djihadistes présumés s'apprêtaient à agir « sous quelques heures ». La Belgique en alerteLe niveau de menace terroriste, qualifié de « grave », a été relevé dans la nuit d'un cran, à 3 sur une échelle de 4, pour l'ensemble du royaume.A Bruxelles, les postes de police ont été fermés et les commissariats filtraient les entrées. Dans plusieurs zones, les policiers étaient priés de ne pas se rendre sur la voie publique en uniforme sans arme ni gilet pare-balles. Les responsables de la communauté juive ont par ailleurs décidé d'annuler les cours et de fermer les écoles vendredi à Anvers et à Bruxelles, après avoir été informés qu'elles étaient des cibles potentielles, selon le site Joods Actueel.Pas de lien avec les terroristes françaisLe premier ministre français, Manuel Valls, a assuré vendredi que l'opération belge n'avait pas de lien avec l'enquête sur les attaques terroristes de la semaine passée à Paris. Jeudi, un habitant de Charleroi, en Belgique, avait été mis en examen pour « trafic d'armes » qui auraient pu servir aux attentats commis à Paris par Amedy Coulibaly. La piste d'un lien avec cette opération semble donc écartée.Lire (édition abonnés) : La piste belge pour l’arsenal de CoulibalyLes enquêtes menées en Belgique avaient commencé avant l'attentat perpétré par les frères Chérif et Saïd Kouachi contre le journal Charlie Hebdo le 7 janvier. Elle « ne fait pas partie d'une opération à grande échelle au niveau européen, a assuré un substitut. Il s'agit essentiellement d'une opération belge menée en Belgique. » 15.01.2015 à 19h44 • Mis à jour le15.01.2015 à 20h59 Le gouvernement italien a annoncé, jeudi 15 janvier au soir, que les deux jeunes humanitaires italiennes enlevées au début du mois d'août en Syrie avaient été libérées. « Greta Ramelli et Vanessa Marzullo sont libres, elles rentreront bientôt en Italie », a écrit sans plus de détails la présidence du conseil italien.Greta Ramelli e Vanessa Marzullo sono libere, torneranno presto in Italia— Palazzo_Chigi (@Palazzo_Chigi)require(["twitter/widgets"]);La disparition et l'enlèvement de ces deux jeunes femmes de 20 et 21 ans avaient été annoncés le 6 août 2014. Originaires de la Lombardie (Nord), elles avaient fondé une association baptisée « Horryaty » pour aider dans le domaine de l'eau et de la santé. Elles auraient été enlevées dans un village proche d'Alep, dans le nord de la Syrie.APPARITION SUR UNE VIDÉO A la fin de décembre, elles étaient apparues dans une vidéo filmée quelques semaines plus tôt, habillées de robes noires et coiffées d'un foulard. Assises devant un mur blanc, elles déclinaient leur identité et l'une d'elles appelait le gouvernement italien à les ramener à la maison avant Noël, avec une diction laissant penser qu'elle lisait un texte.Aucun détail de cette vidéo de vingt-trois secondes ne permettait d'identifier le groupe qui détenait les jeunes femmes et personne d'autre qu'elles n'apparaissait dans la séquence. La vidéo avait été mise en ligne sur YouTube sous le titre « Le Front Al-Nosra détient deux Italiennes en raison de la participation de leur gouvernement à la coalition » internationale combattant les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) en Syrie.Le Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaida, qui a également été visée par la coalition, n'a cependant pas fait état de cette vidéo à travers ses comptes officiels sur les réseaux sociaux. 15.01.2015 à 19h05 • Mis à jour le16.01.2015 à 16h17 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2euigm"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2euigm", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Une opération antiterroriste a fait deux morts, jeudi 15 janvier, dans le quartier du palais de justice de Verviers, dans l'est de la Belgique. Il s'agit de deux hommes suspectés de préparer des attaques terroristes « de grande envergure », et ce « de manière imminente », sur le territoire belge. Un troisième suspect a été « intercepté ».Lors de l'opération de police, les trois suspects ont « ouvert le feu avec des armes de guerre et des armes de poing, a précisé le procureur fédéral lors d'une conférence de presse. Aucun témoin ni policier n'a été blessé. » Selon de premières indications, les services antiterroristes ont décidé d'intervenir à Verviers après avoir intercepté des informations évoquant l'imminence d'un attentat. Il s'agissait de trois jeunes gens rentrés de Syrie il y a quelques jours et qui étaient sous surveillance. « Aucun lien n'a été établi à ce stade » entre cette opération et les attentats de Paris, a indiqué un substitut du procureur du parquet fédéral, Eric Van der Sijpt. L'enquête qui a conduit la police belge à intervenir avait été ouverte avant l'attaque contre Charlie Hebdo, le 7 janvier, a précisé l'agence de presse Belga, citant des sources judiciaires. De son côté, le porte-parole du gouvernement a évoqué dans la soirée une opération représentant le « fruit de plusieurs mois d'enquête et de travail ». Selon Le Soir, une autre intervention de policiers armés a eu lieu dans la soirée « à proximité du premier lieu d'assaut, dans une habitation située rue du Palais à Verviers ». Une dizaine d'habitants de cette ville, qui compte notamment une forte minorité tchétchène, auraient rejoint les rangs de groupes djihadistes. Un imam fondamentaliste a été expulsé d'une mosquée somalienne de la ville il y a quelques mois. Un autre imam, un Marocain, a été dénoncé par son fils pour avoir incité des jeunes à se lancer dans le djihad. Ces vastes opérations ont permis l'arrestation de 13 personnes, dans le cadre du démantèlement d'un groupe qui s'apprêtait à commettre des attentats pour « tuer des policiers », a annoncé vendredi le parquet fédéral. Lire le reportage : Belges, jeunes et engagés dans la voie du djihad en SyrieVASTE RÉSEAU ISLAMISTEUne dizaine d'autres opérations policières ont été menées simultanément dans la région de Bruxelles : à Bruxelles-Ville, à Molenbeek, à Schaerbeek, à Vilvorde et à Zaventem, pour ce qui apparaît comme une tentative de démantèlement d'un vaste réseau islamiste. Lequel préparait sans doute des actions simultanées. La menace visait les services de police, a précisé le parquet.Des arrestations ont eu lieu dans la capitale, mais des suspects seraient parvenus à prendre la fuite. Les magistrats n'ont pas communiqué sur ce qui se déroulait à Bruxelles, laissant entendre que les opérations des services spécialisés n'étaient pas terminées. Une autre conférence de presse devrait se tenir vendredi matin.Lire (édition abonnés) : Bruxelles, capitale du djihadisme européenLa tension est d'autant plus vive dans le royaume que des menaces ont été proférées jeudi par des combattants sur le Web, dont de jeunes Flamands, qui évoquaient de futurs attentats contre la France, la Belgique, l'Allemagne et la Suisse. Selon des experts, ces recrues de l'Etat islamique visaient surtout à contester le leadership d'Al-Qaida alors que la branche yéménite a revendiqué les attentats de Paris.L'OCAM, l'Organe de coordination pour l'analyse de la menace, a fait passer jeudi soir le niveau d'alerte terroriste du niveau 2 au niveau 3 – sur une échelle de 4 — pour les services de police et les palais de justice. Le niveau 3 suppose des menaces pour des lieux précis, comme les bâtiments de la police, des délégations étrangères ou des lieux de la communauté juive.Le premier ministre, Charles Michel, a tenu dans la soirée une réunion de crise à laquelle ont participé les ministres de l'intérieur et de la justice, ainsi que les services de sécurité, a rapporté l'agence Belga. « Cela démontre la détermination du gouvernement belge à combattre ceux qui veulent semer la terreur. La peur doit changer de camp », a déclaré M. Michel, cité par son porte-parole, à l'issue de cette rencontre. Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.01.2015 à 14h24 • Mis à jour le15.01.2015 à 14h34 Le Parlement ukrainien a adopté une loi prévoyant trois vagues de « mobilisation partielle » de réservistes dans l'armée en 2015 pour répondre au conflit qui s'enlise face aux rebelles séparatistes prorusse dans l'Est du pays. Selon ce texte, qui fait suite à un décret présidentiel signé la veille, la première vague débutera le 20 janvier et mobilisera environ 50 000 personnes. Les autres phases sont prévues en avril et juin.Le décret du président Petro Porochenko justifie cette décision par la nécessité d'« une réaction adéquate aux menaces causées par les actions agressives de la Russie » et qui pèsent sur la « sécurité nationale », l'« indépendance » de l'Ukraine et son « intégrité territoriale ».Après quelques semaines de calme relatif, les combats dans l'Est connaissent un net regain depuis plusieurs jours, rappelant les pires heures du conflit l'été dernier. Mardi, douze civils ont notamment été tués dans un bus frappé par une roquette qui visait un barrage ukrainien à Volnovakha, la plus sanglante attaque contre des civils depuis les accords de paix de Minsk en septembre.CRAINTE D'UNE GUERRE GÉNÉRALISÉELe secrétaire du Conseil national de sécurité ukrainien Olexandre Tourtchinov a évoqué devant les députés « deux scénarios » pour l'avenir. « Le premier est la reprise des hostilités à grande échelle et une attaque avec la participation active des forces armées russes, dont les conséquences pourraient devenir une guerre continentale à grande échelle, a-t-il assuré. Le deuxième scénario implique des tentatives du Kremlin visant à empêcher la stabilisation de la situation en Ukraine. »Moscou chercherait ainsi à « épuiser » Kiev économiquement, militairement et moralement pour « mettre en œuvre son objectif : la destruction de l'Etat indépendant d'Ukraine », a-t-il estimé.« L'Ukraine se prépare à la guerre. Nous sommes prêts à donner la réponse adéquate. Nous ne sommes pas faibles », a répondu le président de la « république » autoproclamée de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko.Lire aussi (édition abonnés) : La diplomatie piétine dans le dossier ukrainien 22.01.2015 à 16h21 • Mis à jour le22.01.2015 à 16h45 | Marie Charrel C’est une petite révolution dans le monde des banquiers centraux. Jeudi 22 janvier, après des semaines d’espoirs et de rumeurs sur le sujet, la Banque centrale européenne (BCE) a dévoilé les contours de son arme anti-déflation : le programme d’assouplissement quantitatif, ou quantitative easing en anglais (« QE »). « Boom ! », « c’est une offensive monétaire inédite », « c’est Noël à Francfort ! » ont aussitôt réagi les analystes spécialistes de l’institution sur leurs comptes Twitter. Beaucoup, en effet, ne s’attendaient pas à une annonce d’une telle ampleur.Les marchés financiers ont d’ailleurs accueilli favorablement cette annonce : les indices des bourses européennes ont grimpé d’un peu plus de 1 % en milieu d’après-midi. Et les taux d’emprunt de la France, de l’Espagne et de l’Italie ont atteint leurs plus bas niveaux historiques après les propos de Mario Draghi.Que va faire la BCE ? À partir du mois mars, la BCE va racheter des titres de dettes aux institutions financières de la zone euro, principalement auprès des banques. L’institut monétaire achètera, via les banques centrales nationales, des obligations souveraines (les emprunts des États), des titres privés (obligations sécurisées d’institutions financières) et des titres d’agences européennes.Le montant de ces achats sera de 60 milliards d’euros par mois, au moins jusqu’en septembre 2016, soit plus de 1 000 milliards d’euros au total. C’est plus que ce qu’attendaient les analystes, qui misaient sur 500 à 750 milliards d’euros.La BCE se garde la liberté de poursuivre les achats tant que l’inflation ne se redresse pas suffisamment. Les obligations des pays sous programme d’assistance de la Troïka (Fonds monétaire international, Commission et Union européennes), comme la Grèce, seront soumises à des critères supplémentaires.Quel est l’objectif de ces rachats de dettes ?Si les modalités de ce plan sont un peu techniques, l’objectif de Mario Draghi, le président de la BCE, est simple : il s’agit de lutter contre les pressions déflationnistes à l’œuvre dans l’union monétaire et de relancer la croissance. En décembre, les prix ont en effet reculé de 0,2 % dans la zone euro, bien loin de l’objectif d’une hausse de 2 %, fixé par son mandat.« Elle n’avait pas le choix, elle devait faire quelque chose », commente Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque.Zone euro : pourquoi les remèdes traditionnels ne fonctionnent plusComment Mario Draghi a-t-il répondu aux préventions allemandes ?La bataille avec les Allemands n’a pas été facile. Ces dernières semaines, opposants et supporters du QE se sont ainsi livrés à une guerre des mots dans la presse allemande. Juste avant la conférence de Mario Draghi, jeudi, la chancelière allemande, Angela Merkel, qui était au Forum économique mondial à Davos, a encore tenu à rappeler que les décisions de la BCE ne devaient pas « faire dévier du chemin des réformes » les pays européens.Les Allemands se sont opposés jusqu’au bout à l’action de la BCESi Mario Draghi a donc fini par l’emporter, il a toutefois pris soin de placer des garde-fous de nature à rassurer Berlin. Les Allemands sont en effet très réticents aux rachats de dette publique, les jugeant non seulement inefficaces, mais surtout dangereux. Ils redoutent en effet que cela n’incite les États les moins sérieux à renoncer à la discipline budgétaire, puisqu’ils auront la garantie que la BCE achètera leurs obligations, quoi qu’il arrive.Par conséquent, les achats de titres publics seront réalisés sur la base de la participation des banques centrales nationales au capital de la BCE, où l’Allemagne et la France arrivent en tête. Ces achats ne favoriseront donc pas outre mesure les pays du sud de la zone euro face aux autres, comme le craignaient les Allemands.De plus, 20 % seulement des titres achetés seront soumis à un partage des risques. Une mesure plus symbolique qu’autre chose. « Je dois dire que je suis surpris que ce point ait pris autant d’importance aujourd’hui, il ne devrait pas », a d’ailleurs balayé Mario Draghi. La décision de lancer jeudi un programme de rachats massifs de dette publique et privée a été prise « à une large majorité », a précisé le président de la BCE.Quels sont les effets attendus de ces mesures sur l’économie ?En théorie, le QE peut avoir plusieurs effets sur l’économie réelle.- Le premier effet est psychologique : en montrant qu’elle prend le taureau par les cornes, la BCE espère influencer les anticipations des marchés en matière d’inflation et de croissance. Si les financiers et plus largement, l’ensemble des agents économiques ne croient pas au scénario déflationniste, en grande partie auto-réalisateur, celui-ci a moins de chance de se produire.Les prix reculent dans la zone euro pour la première fois depuis 2009- Deuxièmement, en rachetant des titres souverains, la BCE entend également assurer des coûts de financement bas aux États, et ce pour longtemps. Ces titres rachetés par la BCE deviendront du même coup moins attractifs pour le reste des investisseurs, qui seront alors poussés à se tourner vers des actifs financiers plus rentables, comme les obligations d’entreprises. Cela doit contribuer, si cela fonctionne, au redémarrage de l’activité.La reprise en zone euro sera lente et modérée- Enfin, en augmentant la quantité de monnaie en circulation (on dit qu’elle fait « tourner la planche à billets »), la banque centrale poussera le cours de l’euro à la baisse face aux autres devises – en particulier le dollar. De quoi donner un petit coup de pouce aux exportateurs européens.Jeudi, sitôt l’annonce de Mario Draghi connue, l’euro est d’ailleurs reparti à la baisse face au dollar : à 15 h 10 à Paris, il est tombé à 1,1483 dollar, alors qu’il évoluait quelques instants avant autour de 1,1620 dollar et qu’il valait 1,1607 dollar mercredi soir.« La baisse de l’euro, c’est surtout une hausse du dollar »En la matière, les entreprises françaises et italiennes, dont les produits moyens de gamme sont très sensibles aux prix, devraient être les premières à en profiter. Avec une nuance, tout de même : les marchés ayant largement anticipé le QE, la devise européenne a déjà reculé de plus de 10 % face au billet vert depuis l’été 2014.Les mesures de la BCE peuvent-elles faire repartir la croissance ?Si les analystes soulignent qu’il était important, face au recul des prix, que la BCE déploie cette nouvelle arme, ils sont en revanche partagés sur son efficacité. Aux États-Unis et au Royaume-Uni, où ce type de programme de rachat de dettes a été utilisé entre 2008 et 2014, cela a efficacement soutenu la reprise. Au Japon, où la banque centrale l’a lancé en 2013, son impact en revanche est très incertain : fin 2014, l’archipel est même retombé en récession…BCE : les effets très incertains de la planche à billetsChez nous, son efficacité dépendra en grande partie du reste de la politique économique européenne. À savoir, des mesures que les pays membres entreprendront de leur côté pour soutenir la croissance.Le plan d’investissement Junker et la plus grande flexibilité budgétaire que la Commission européenne a décidé d’accorder aux États seront un vrai plus. Mais il faudra tout de même des mois, et probablement des années, avant que la zone euro retrouve un niveau d’activité similaire à celui d’avant la crise.« Le QE peut booster les marchés financiers, mais il ne réparera pas les faiblesses des banques, et ne se substituera pas aux réformes structurelles nécessaires ni au plan de relance par l’investissement », résument les analystes de RBS.Quel sera l’impact de l’action de la BCE au quotidien pour les ménages européens ?Dans tous les cas, le programme de rachat de dettes publiques annoncé par la BCE n’aura pas d’impact immédiat et direct sur la vie des Européens, et notamment des Français. Les effets ne seront ressentis qu’à moyen terme. Si le plan fonctionne et atteint ses objectifs.La baisse de l’euro, la hausse des prix et surtout la reprise économique qui sont attendues doivent permettre aux salaires de repartir à la hausse. Elles doivent aussi contribuer à réduire le chômage.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Le Musée Hergé de Louvain-la-Neuve, en Belgique, a décidé d’annuler le vernissage d’une exposition qui devait être consacrée à la caricature et à Charlie Hebdo. La manifestation devait avoir lieu jeudi 22 janvier et a été supprimée compte tenu des menaces terroristes pesant sur le pays, dont le seuil d’alerte a été relevé – au niveau 3 sur une échelle de 4 – après des attentats déjoués et le démantèlement d’un réseau djihadiste à Verviers et à Bruxelles.« L’encre doit couler, pas le sang »Une réunion entre la police et le bourgmestre (maire) de la ville universitaire de Louvain-la-Neuve a eu lieu au cours des dernières heures et ont été évoqués des risques potentiels pour les riverains et le personnel du musée. Avertis de la nécessité de renforcer la surveillance à l’entrée et dans la salle, les responsables ont décidé de ne pas ouvrir l’exposition. « Le Musée Hergé n’est pas là pour attiser le feu. On va laisser passer quelques jours pour réfléchir », a expliqué Nick Rodwell, le deuxième mari de la veuve d’Hergé, patron de la société Moulinsart qui gère les droits du créateur de Tintin et a créé le Musée en 2009.Le parcours devait s’ouvrir avec un mur couvert d’impacts dessiné par Hergé et orné d’un slogan : « L’encre doit couler, pas le sang ». Portraits, dessins et premières pages de Charlie Hebdo devaient commémorer la mémoire des personnes assassinées, dont Wolinski, que le créateur de Tintin avait notamment côtoyé au festival d’Angoulême. Des dessinateurs belges ont immédiatement déploré cette annulation. Ils sont d’autant plus inquiets qu’elle fait suite à d’autres décisions semblables. Un débat sur les attentats a été annulé dans la région de Liège et une exposition à Bruxelles sur la censure, supprimée.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 22.01.2015 à 12h55 • Mis à jour le22.01.2015 à 13h27 L'Espagne a enregistré en 2014 un recul de son taux de chômage à 23,7 %,  selon des chiffres publiés jeudi 22 janvier par l'Institut national de la statistique (INE). L'Espagne compte encore 5 457 700 chômeurs.Le nombre de foyers dont tous les membres en situation de travailler sont sans emploi a reculé de 23 100 sur le dernier trimestre et s'élève à 1,77 million. C'est mieux que prévu par le gouvernement de Mariano Rajoy, qui tablait sur un taux de chômage de 24,2 % à la fin de l'année écoulée.Le pays compte 433 900 créations d'emplois sur l'année écoulée, selon l'INE. Elles ont été notables dans les services, alors que le poids du tourisme est important en Espagne, dans l'industrie et la construction, en pleine renaissance après l'explosion de la bulle immobilière en 2007. Madrid s'attend à une croissance de 1,4 % sur l'année écoulée (une première estimation du PIB sera publiée le 30 janvier) et de 2 % cette année.SITUATION DRAMATIQUE POUR LES JEUNESPour autant, la question de l'emploi reste le gros point noir de la quatrième économie de la zone euro. L'Espagne est en avant-dernière place des 19 pays de cette zone, loin derrière Chypre (16,8 %) et devant la Grèce (25,8 % à fin octobre selon les dernières données disponibles). La situation des jeunes de moins de vingt-cinq ans est particulièrement dramatique, avec un taux de chômage de 51,8 %.Il s'agit de la deuxième année de baisse consécutive après 2013, où le taux de chômage était ressorti à 25,73 %. « Le nombre total de chômeurs se situe à 5 457 700 », précise l'INE.Les conservateurs au pouvoir s'attendent à un taux de chômage de 22,2 % à la fin de 2015. L'Organisation mondiale du travail (OIT) est plus pessimiste et parle de 23,8 % dans son dernier rapport publié mardi. Elle pense que l'Espagne restera au-dessus des 20 % à la fin de la décennie. Le taux de chômage en 2007 s'élevait à 8,57 %.Lire aussi : « Prudence, la reprise espagnole est relative » Benoît Vitkine L’armée ukrainienne a reconnu, jeudi 22 janvier, avoir subi un lourd revers en étant contrainte d’abandonner sa principale position dans l’aéroport de Donetsk, théâtre depuis des mois de l’une des batailles les plus sanglantes de la guerre dans l’est de l’Ukraine.« En raison des tirs provenant de toutes les directions, la décision a été prise de quitter le territoire du terminal pour de nouvelles positions », a indiqué, jeudi matin, un porte-parole de l’armée, Vladislav Selezniov. Dans le même temps, le ministère de la défense précisait qu’une partie des bâtiments et de l’enceinte de l’aéroport restaient sous le contrôle de l’armée de Kiev.Les premières informations sur cette importante défaite avaient commencé à filtrer dès la nuit de mercredi à jeudi sur les réseaux sociaux. De nombreux soldats et volontaires ukrainiens y sont présents, rendant compte de leur vie au front et des derniers développements militaires. Leur récit des faits évoque moins un repli stratégique qu’une déroute.« Les gars au rez-de-chaussée ont atteint leurs limites »« Nous avons échoué à garder le contrôle des ruines du nouveau terminal durant six jours. Et les gars au rez-de-chaussée… Ils sont faits de chair et de sang. Ils ont atteint leurs limites », écrivait Iouri Birioukov, le chef de l’une des principales organisations d’aide aux soldats, par ailleurs conseiller du président Petro Porochenko. Selon un autre, George Tuka, l’état-major de Kiev avait conçu un plan destiné à encercler l’aéroport et à en déloger les séparatistes prorusses. Mais le plan a tourné court et ces derniers ont pris le contrôle des premier et troisième étages du nouveau terminal de l’aéroport. Les troupes ukrainiennes, cantonnées au deuxième étage auraient commencé à se retirer après que le plafond s’est en partie effondré. Kiev évoque six soldats tués au cours de l’opération. Selon un volontaire présent sur place, « 37 héros ont été tués à l’aéroport », et nombre d’entre eux « ont été achevés par des mercenaires tchétchènes ».Dans l’est de l’Ukraine, les combats les plus violents depuis l’étéLa situation avait commencé à se dégrader sérieusement pour les forces ukrainiennes durant le week-end. Selon Kiev, l’offensive des prorusses s’est intensifiée alors que les séparatistes recevaient le renfort direct de troupes régulières russes. En début de semaine, plusieurs prisonniers ukrainiens étaient exhibés à Donetsk.[Ajout : nous avons publié dans une première version de cet article une vidéo diffusée par les séparatistes et montrant un prisonnier ukrainien exhibé devant une petite foule de civils. L’homme présente des ecchymoses au visage. Il est pris à partie et frappé à plusieurs reprises par des civils, avant d’être emmené par les hommes en arme qui le détiennent. Nous avons décidé de retirer cette vidéo.]Un coup dur pour KievLa perte de l’aéroport est un coup dur pour Kiev, et ce à plusieurs égards. Cette position était la pointe la plus avancée de l’armée ukrainienne dans l’agglomération de Donetsk, la capitale régionale. A ce titre, elle constituait une menace permanente pour les combattants séparatistes qui tiennent la ville, mais aussi pour les civils habitant encore les quartiers environnants du nord de la ville, victimes de bombardements réguliers. Jeudi matin, treize d’entre eux sont morts à un arrêt de bus dans un bombardement dont l’origine est inconnue.La perte est surtout symbolique. D’abord parce que l’aéroport Sergueï-Prokofiev de Donetsk faisait partie des quelques infrastructures ultramodernes construites dans cette ville fleurie et propre à l’occasion du championnat de football de l’Euro 2012. Sa destruction, semaine après semaine, rappelle aux Ukrainiens l’immense gâchis de cette guerre. Le territoire que se disputaient les deux camps était en réalité une ruine.Voir ci-dessous le territoire de l’aéroport filmé le 15 janvier par un drone :lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2f29lx"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2f29lx", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});L’aéroport est devenu un lieu majeur de la guerre fin mai 2014, quand, dans la foulée de l’élection présidentielle ukrainienne, des commandos séparatistes armés se sont emparés du bâtiment. L’opération lancée par l’armée ukrainienne pour les déloger se soldera par la mort d’une quarantaine de combattants séparatistes. Durant les mois qui suivirent, l’aéroport fut régulièrement le théâtre de combats sporadiques. Mais ce n’est qu’à l’automne que le lieu a acquis le statut d’emblème de la guerre en Ukraine. L’été a vu l’armée ukrainienne reculer sur tous les fronts, vaincue grâce à l’intervention directe de l’armée russe dans les combats. L’aéroport, lui, tient, malgré les communiqués séparatistes annonçant régulièrement sa prise. Tout au long de l’automne et de l’hiver, les soldats ukrainiens qui y vivent retranchés ont subi de lourdes pertes, mais repoussé tous les assauts lancés contre leurs positions. Ils y ont gagné, dans l’opinion ukrainienne, le surnom de « cyborgs ».Leur vie est un enfer. L’aéroport n’est relié au reste des positions ukrainiennes que par une fine trace partant du village de Piski. L’emprunter est synonyme de roulette russe et, dès lors, le ravitaillement et les rotations des troupes se font aléatoires.Forte émotion en Ukraine et en RussieTrès peu de journalistes ont pu raconter le quotidien de ces hommes. Parmi eux, celui du Los Angeles Times, Sergueï Loïko, qui en a ramené, fin octobre, une série de photographies époustouflantes. Le journaliste et quelques autres ont aussi raconté les bombardements permanents, les belligérants parfois séparés par un simple mur, les cigarettes interdites la nuit pour ne pas alerter les snipers adverses…La chute de l’aéroport a donc provoqué une forte émotion en Ukraine, mais aussi en Russie. Les chefs des deux bataillons séparatistes les plus impliqués dans cette bataille, « Guivi » et « Motorola », y étaient devenus des vedettes, multipliant les interviews et menant les journalistes de leur côté de la ligne de front.L’armée ukrainienne tentera peut-être une contre-offensive pour récupérer ce lieu stratégique, mais ce revirement peut aussi faciliter les difficiles négociations de paix qui mettent aux prises à la fois les belligérants et plusieurs capitales européennes. La question de la ligne de démarcation constituait depuis plusieurs semaines le principal point de blocage des discussions, les séparatistes et leur soutien russe refusant de reconnaître celle définie dans les accords conclus le 5 septembre 2014 à Minsk.Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Dominique Gallois et Guy Dutheil Air France prépare un nouveau plan de départs volontaires. C’est ce qu’a annoncé la direction de la compagnie aérienne lors d’un comité central d’entreprise (CCE), jeudi 22 janvier, a-t-on appris de source syndicale. Le plan de départs volontaires concernera 500 personnels au sol et 300 hôtesses et stewards. La direction a confirmé ce chiffre.Un Comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire se tiendra le 5 février. La direction a également évoqué une mesure de modération salariale, après trois ans de gel des salaires. Elle envisage aussi de réduire la croissance de sa flotte d’avions.Air France envisage de faire 1,3 milliard d’euros d’économies sur cinq ans (il y aurait également 700 millinos d’éconolmies programmées chez KLM).Air France a déjà réduit ses effectifs. Et à deux reprises ces deux dernières années. Lancé par Alexandre de Juniac, quelques mois après son arrivée à la tête d’Air France, le plan Transform prévoyait initialement de faire partir 5 000 salariés.Toutefois, face à aux difficultés rencontrées par la compagnie, un nouveau volet de près de 3 000 suppressions de postes avait été ajouté à l’automne 2013.Mais la situation économique d’Air France est difficile. La compagnie ne s’en est d’ailleurs pas cachée, laissant entendre qu’il pourrait y avoir des suppressions d’effectifs.A l’occasion de la présentation du plan Perform 2020, qui doit restaurer la compétitivité du groupe, Alexandre de Juniac, PDG d’Air France-KLM, avait précisé qu’il pourrait y avoir des coupes dans certaines activités.La direction a même lancé, le 18 décembre 2014, un avertissement sur résultats. A cette occasion, elle avait précisé que « la situation du groupe et le contexte concurrentiel dégradé » nécessitaient « un durcissement du plan Perform 2020 par un volet de réduction des coûts et un volet de réduction des investissements ».La « recette unitaire » est en baisseCes mesures ont été évoquées notamment pour faire face à une « baisse de la recette unitaire ».Air France a du mal à gagner de l’argent, même sur les lignes ou le trafic est en augmentation, comme en Asie, à cause d’une concurrence accrue des transporteurs locaux et des compagnies du Golfe.Pire, la compagnie doit aussi baisser le prix de ses billets pour répercuter, au moins en partie, la baisse durable des prix des carburants.Outre les effectifs, Air France va aussi opérer « des fermetures de lignes non rentables ». Elle va par ailleurs demander à Aéroports de Paris (ADP) « de faire des efforts ».ADP et Air France s’affontent sur les redevances aéroportuairesDominique GalloisJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteGuy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 22.01.2015 à 11h25 • Mis à jour le22.01.2015 à 14h34 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) C’est entendu, Vladimir Poutine n’ira pas aux cérémonies du 70e anniversaire de la libération par l’Armée rouge du camp nazi d’Auschwitz, en Pologne, le 27 janvier. Sergueï Lavrov, le ministre des affaires étrangères russe, l’a confirmé devant la presse, mercredi 21 janvier : « Il n’y a pas eu d’invitation officielle. Il y a eu une lettre du directeur du musée [organisateur de la commémoration] via notre ambassadeur dans laquelle il était dit : “Vous pouvez venir et, si vous venez, précisez qui viendra.” A une telle invitation, on peut ne pas répondre. »Mais aucune invitation officielle n’a été envoyée nulle part, le musée d’Auschwitz-Birkenau ayant décidé de consacrer ce 70e anniversaire aux derniers survivants. Cela n’a pas empêché les présidents français François Hollande, allemand, Joachim Gauck, ou ukrainien, Petro Porochenko, d’annoncer leur venue. Au total, 38 pays devraient être représentés, certains, tels la Belgique et les Pays-Bas, par leur roi.Climat de néoguerre froideMais d’ores et déjà, la commémoration de la libération du camp d’extermination est entachée par le climat de néoguerre froide qui s’est installé entre la Russie et les Occidentaux en raison du conflit en Ukraine.Côté russe, c’est donc finalement le chef de l’administration présidentielle, Sergueï Ivanov, inscrit sur la liste américaine des personnalités russes visées par les sanctions, qui fera le déplacement. Tout un symbole, alors que, pour la première fois, l’Etat russe s’est associé directement, en Russie, aux commémorations de ce 70e anniversaire. Une exposition a ouvert ses portes à Moscou sur le site gigantesque consacré à la seconde guerre mondiale avec son musée qui vous ramène subitement des décennies en arrière.« Avant, c’était célébré par des organisations, cette année, pour la première fois, avec le concours de l’Etat », assure Youri Kanner, président du Congrès juif russe. « La libération d’Auschwitz est un fait historique, ajoute-t-il. On le sait peu mais ce sont des médecins de Saint-Pétesbourg qui se sont occupés des survivants, parce qu’ils avaient déjà travaillé sur le blocus de Leningrad et la sous-nutrition. »Le prétexte avancé par Moscou, l’absence d’invitation officielle, masque mal, en réalité, le peu d’empressement de son président à se rendre dans un pays membre de l’OTAN, avec lequel les relations se sont singulièrement dégradées depuis le début de la crise ukrainienne.« Renaissance du nazisme »Les déclarations, mercredi, du ministre des affaires étrangères polonais, Grzegorz Schetyna, affirmant que les premiers soviétiques libérateurs du camp étaient des soldats ukrainiens issus des bataillons de ce qui était alors appelé le « front ukrainien » n’ont rien arrangé. Dans la soirée, son homologue russe ripostait violemment : « C’est assez difficile d’imaginer qu’un responsable gouvernemental à ce niveau puisse être aussi ignorant. Le premier front ukrainien avait pour nom le front Voronej jusqu’en novembre 1943 et, avant cela, c’était le front Bryansk. » « Quelques individus, a ajouté Sergueï Lavrov, devraient arrêter de tourner en dérision l’Histoire et laisser leur hystérie anti-russe qui les pousse à manquer de respect à ceux qui n’ont pas épargné leur vie pour sauver l’Europe. »Les propos du premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, sur « l’invasion soviétique de l’Allemagne et de l’Ukraine » en 1945, diffusés le 8 janvier sur une chaîne de télévision allemande, avaient déjà déclenché, à Moscou, des accusations de « révisionnisme ».Mercredi, devant la presse, Sergueï Lavrov n’a cessé de mettre en avant la « nécessité » de prévenir « la renaissance du nazisme » en Europe. « Le vaccin contre ce virus mortel semble avoir perdu de ses effets », a-t-il poursuivi en citant l’Ukraine.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) La banque centrale chinoise a annoncé, jeudi 22 janvier, avoir injecté l’équivalent de 6,9 milliards d’euros dans le système financier du pays.Il s’agit d’une nouvelle illustration de la volonté de Pékin d’offrir davantage de soutien à une économie nationale en phase de décélération.Quelles sont les mesures de soutien mises en place ?La Banque populaire de Chine a refinancé les banques chinoises à hauteur de 50 milliards de yuans, sous forme d’accords de rachat à sept jour – « repo » selon l’abréviation anglaise.Ce mécanisme, auquel le pouvoir chinois n’avait pas eu recours depuis un an, permet de s’assurer que les établissements bancaires du pays disposent de liquidités suffisantes à court terme.L’établissement central a également fait savoir qu’il a prolongé des crédits à trois mois distribués en octobre 2014, à hauteur de 37 milliards d’euros, et offert l’équivalent de 6,9 milliards d’euros en prêts à six mois.Pourquoi initier ces mesures maintenant ?Ces opérations sont partiellement motivées par un facteur saisonnier. L’approche du Nouvel an lunaire, période de fête la plus importante du calendrier chinois et qui, cette année, tombe le 19 février, est synonyme de très forte demande et d’importants retraits.Les autorités souhaitent donc s’assurer que le système ne sera pas exposé à un manque de liquidités.Mais, cette fois-ci, il s’agit également d’apporter un soutien à la deuxième économie de la planète, dont la croissance a atteint 7,4 % en 2014, un chiffre moindre que l’objectif que s’était fixé le gouvernement et son rythme de progression le plus lent depuis vingt-quatre ans.Lire également : La croissance chinoise au plus bas depuis 24 ansMercredi, au Forum économique mondial de Davos (Suisse), le gouverneur de la banque centrale chinoise, Zhou Xiaochuan, a, à son tour, évoqué la « nouvelle norme » de croissance chinoise, tout en assurant vouloir conserver une politique monétaire stable.D’autres actions sont-elles envisagées ?Malgré ce discours, visant à faire comprendre qu’il n’y aura pas de politique monétaire de relance massive, c’est-à-dire comparable aux « Abenomics » au Japon, ou aux importantes injections de liquidités attendues de la part de la Banque centrale européenne (BCE) pour la zone euro, la Chine a déjà baissé une première fois ses taux d’intérêt, en novembre 2014.Le premier ministre chinois, Li Keqiang a de son côté assuré, mercredi, à la communauté d’affaires réunie actuellement en Suisse, qu’il n’y aura pas « d’atterrissage difficile » pour son pays.Dans une note, publiée jeudi, le chef économiste de JP Morgan en Chine, Zhu Haibin, estime que la banque centrale pourrait procéder à une baisse des ratios de réserves imposés aux établissements bancaires dès avant la nouvelle année lunaire.Là encore, il s’agirait d’une manière de libérer du crédit. Car Pékin souhaite, malgré tout, s’assurer que la Chine parviendra à maintenir une croissance qualifiée dans les nouveaux discours officiels de « modérément élevée ».Il s’agit donc de trouver un équilibre dans la politique de soutien.Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Depuis plusieurs semaines, l’Allemagne mène une intense campagne contre le programme de rachat de titres d’Etat que la Banque centrale européenne (BCE) devrait annoncer jeudi 22 janvier en début d’après-midi.Si l’on en croit la presse allemande, au sein même du conseil des gouverneurs de l’institution monétaire, c’est moins Jens Weidmann, président de la Bundesbank, qui devrait monter au créneau dans la matinée que sa compatriote Sabine Lautenschläger.Moins connue du grand public, Mme Lautenschläger, seule femme à être membre du directoire de la BCE, a récemment dit tout le mal qu’elle pensait d’une politique monétaire trop conciliante. « Il n’est pas question de déflation en ce moment », a-t-elle déclaré, ajoutant que « les instituts de crédit du sud de l’Europe ne manquent pas de liquidités ».Ces arguments sont repris en boucle par Jürgen Stark. L’ancien chef économiste de la BCE regrette-t-il d’avoir démissionné en 2011 pour protester contre la politique de la BCE qu’il jugeait déjà laxiste ?En tout cas, il mène désormais la bataille de l’extérieur, multipliant les entretiens dans lesquels il explique imperturbablement que la déflation n’est pas une menace, que les prix se stabiliseront dès que le cours du pétrole se stabilisera et que, du coup, les moyens mis en œuvre par la BCE ne sont pas nécessaires. « Les limites de la politique monétaire pour surmonter la crise sont depuis longtemps dépassées », explique-t-il.Regardez notre décryptage : Pourquoi est-ce une journée importante pour la zone euro ?« La BCE soutient Alexis Tsipras »Pour M. Stark, comme pour la plupart des Allemands, le rachat d’obligations d’Etat est une façon de soutenir la Grèce – « la BCE soutient Alexis Tsipras », titrait, mercredi, la Frankfurter Allgemeine Zeitung – et plus généralement les mauvais élèves de la zone euro.L’argumentaire ? En menant une politique qui va contribuer à encore baisser les taux longs, la BCE donne un coup de pouce à ces mauvais élèves, au détriment des épargnants allemands qui ne savent plus où placer leurs économies.Inquiets de la baisse des rendements, les lobbies allemands de la banque et de l’assurance ne manquent jamais une occasion de critiquer la baisse des taux, au nom de la défense de leurs clients, bien sûr.Et Angela Merkel, qu’en pense-t-elle ? Après avoir rappelé que la BCE est indépendante, la chancelière a profité, lundi, d’une réunion à la Deutsche Börse pour donner son avis : « Je n’ai qu’une requête (…) et elle s’adresse à tous les représentants de la BCE : il faut éviter qu’une mesure prise par la BCE, dans quelque domaine que ce soit, se traduise par l’impression que ce qui est nécessaire en matière budgétaire et en matière de compétitivité peut être relégué au second plan. » « La pression en faveur d’une amélioration de la compétitivité en Europe doit être maintenue, sinon rien, je dis bien rien, ne pourra nous aider », a ajouté la chancelière.Zone euro : pourquoi les remèdes traditionnels ne fonctionnent plusAngela Merkel plus réservée que franchement hostileMario Draghi, le président de la BCE, assis au premier rang, n’a pas bronché. C’est qu’Angela Merkel avait pris soin, quelques heures auparavant, de faire passer un autre message, indiquant que cette semaine ne serait « pas décisive pour l’euro » et que « la crise de l’euro n’était pas surmontée. »Angela Merkel semble donc plus réservée que franchement hostile à la politique de Mario Draghi, qu’elle reçoit d’ailleurs régulièrement – et discrètement – à Berlin.Dans un long entretien à Die Zeit, le 15 janvier, M. Draghi avait tenté de se défendre, arguant que « la BCE n’a fait aucune perte et que chaque année elle distribue des milliards de gains à ses membres. Notamment la Bundesbank qui les reverse au ministère des finances et donc aux citoyens allemand qui, de plus, profitent de crédits publics et privés inhabituellement bon marché. »Il en faudra plus pour convaincre les Allemands, sans doute tout autant dépités par la perte de pouvoir de la Bundesbank que par les mesures concrètes prises par la BCE. Comme le disait Jacques Delors lorsque les Européens préparaient l’euro : « tous les Allemands ne croient pas en Dieu, mais tous croient en la Bundesbank ».Le problème est que, selon les calculs du Tagesspiegel, on compte au conseil de la BCE, douze colombes, six neutres et sept faucons, dont les deux Allemands.Passe d’armes médiatique au sein de la BCE sur le rachat de dettes publiquesFrédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Françoise Fressoz Jean-Marie Le Guen a vigoureusement défendu mercredi 21 janvier Manuel Valls, qui avait suscité l’émoi en parlant la veille d' « apartheid » pour qualifier la situation de certaines parties du territoire. Invité de l’émission « Questions d’info » sur LCP en partenariat avec Le Monde, France Info et l’Agence France-Presse, le secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement a trouvé mercredi « légitime, fort, puissant » l’emploi de ce terme. Il a salué « l’apport un peu personnel » du premier ministre, qui « dit des vérités » en considérant comme « malvenues » les critiques qui ont fusé à droite comme à gauche et qui émanent, selon lui, de ceux qui « ne comprennent pas la donne dans laquelle nous sommes » ou « qui sont dans les solutions hypersimplistes ».« Apartheid » en France ? Valls lève un tabou« Les vérités peuvent choquer », a reconnu l’ex-député de Paris, mais « si on veut traiter les choses, il faut les dire », a-t-il plaidé, en expliquant : « Pendant des années nous avons mené des politiques urbaines qui ont laissé s’accumuler des zones de relégation. Pour résoudre un certain nombre de questions, il ne suffit pas d’amasser des politiques sociales ou éducatives, parfaitement légitimes par ailleurs… »L’« apartheid » en France ? Pourquoi les mots de Manuel Valls marquent une ruptureMélenchon et Duflot critiquésAlors que les élections départementales de mars approchent, Jean-Marie le Guen s’est inquiété de la persistance de fortes divisions à gauche. « A la gauche de la gauche il y a une classe politico-sociale qui est un petit peu à côté de la réalité politique et sociale de notre pays, qui est en décalage avec ce que souhaitent véritablement les électeurs », a- t-il accusé.Dans le collimateur, Jean-Luc Mélenchon, certains syndicalistes de la Confédération générale du travail et tous ceux qui « par une sorte de sectarisme absolu, une absence de solidarité » risquent de faire « passer la droite, voire l’extrême droite ». Cette gauche radicale « peut faire perdre la gauche, et je dirais même plus, à certains endroits, faire perdre la République ! », a lancé Jean-Marie Le Guen.Le secrétaire d’Etat n’a pas ménagé non plus l’ancienne ministre verte Cécile Duflot, qui a assisté lundi soir à une réunion de soutien au parti grec Syriza au côté de Jean-Luc Mélenchon et de Pierre Laurent. « Se saisir de tous les sujets pour être de plus en plus critique quand on a été deux ans au gouvernement, c’est quand même assez bizarre », a-t-il accusé. Cécile Duflot est, selon lui, « sur une trajectoire politique, dans une espèce de voie de radicalisation ». Et ce faisant elle se démarque « non seulement de la majorité, mais du fonctionnement de son propre groupe », estime Jean-Marie Le Guen, en affirmant que le dialogue entre le gouvernement et les élus écologistes reste « très positif «. Pour lui, Cécile Duflot « ce n’est pas les Verts ».Cécile Duflot annonce son soutien à SyrizaFrançoise FressozéditorialisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.01.2015 à 00h55 • Mis à jour le22.01.2015 à 07h51 L'essentielLes combats se sont intensifiés depuis plusieurs jours dans l'est de l'Ukraine entre les rebelles prorusses et l'armée ukrainienneLes ministres des affaires étrangères russes et ukrainiens participaient à une réunion de négociations avec leurs homologues allemands et français mercredi soirIls se sont mis d'accord pour lancer un appel commun à faire « cesser les hostilités » et à respecter une zone tampon mise en place depuis le 19 septembre. Les discussions qui ont eu lieu, mercredi 21 janvier au soir, à Berlin, pour tenter d'esquisser une sortie de crise dans l'est de l'Ukraine ont donné lieu à « des progrès perceptibles », selon le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier.Les ministres des affaires ukrainiens et russes ont tous deux pris part à ces négociations, avec leurs homologues français et allemands, alors que les combats se sont intensifiés entre l'armée ukrainienne et des rebelles prorusses, ces derniers jours, en particulier autour de l'aéroport de Donetsk. Les bombardements réguliers ont fait au moins six morts, dont cinq civils dans la nuit de mardi à mercredi.Mercredi, Kiev avait pour la première fois accusé Moscou de prendre part aux hostilités. Le président ukrainien Petro Porochenko a notamment affirmé que « plus de 9 000 soldats de la Fédération de Russie » se trouvaient dans son pays « avec plus de 500 chars, pièces d'artillerie lourde et véhicules de transport de troupes ».Lire nos explications : Dans l’est de l’Ukraine, les combats les plus violents depuis l’étéRETIRER LES ARMES DE LA ZONE TAMPON« Les ministres appellent toutes les parties à cesser les hostilités et à retirer les armes lourdes en accord avec la ligne de contact » définie par les accords de Minsk, ont-ils annoncé dans un communiqué, évoquant la zone tampon décidée lors des accords de cessez-le-feu le 19 septembre.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x1dltfd"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x1dltfd", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});« Je ne vais pas vous dire que nous avons effectué ici la percée décisive » a toutefois nuancé M. Steinmeier. « Cette réunion n'a pas réglé tous les problèmes » a renchéri Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères français. Reste aujourd'hui à savoir si ces appels à la pacification seront suivis d'effet sur le terrain.L'objectif de cette réunion demeurait toutefois préparation d'un éventuel sommet à Astana, au Kazakhstan, entre les chefs d'Etat de ces quatre pays. Cette rencontre, envisagée le 15 janvier avait finalement été reportée. « Les ministres aviseront ultérieurement en fonction du respect de cette mesure (l'accord de mercredi) et du cessez-le-feu sur la tenue éventuelle du sommet d'Astana », a précisé M. Fabius à l'issue de la réunion à Berlin. Mercredi, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a accusé les séparatistes de mener une tentative d'« annexion flagrante » d'une partie du territoire ukrainien qui constitue « une violation directe des accords de Minsk dont ils sont signataires ». « Les Etats-Unis continuent à soutenir l'intégrité territoriale de l'Ukraine et condamnent tous les actes qui visent à saper sa souveraineté », a-t-il ajouté. Lire aussi (édition abonnés) : La diplomatie piétine dans le dossier ukrainien Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Créé à l'automne 2014, Pegida, le mouvement des Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident, va-t-il vivre au-delà d'un trimestre ? Lutz Bachmann, fondateur de ce mouvement anti-islam, a été contraint de démissionner de ses fonctions mercredi 21 janvier. En cause, la révélation, le matin même, par le quotidien Bild que ce quadragénaire avait posté sur Facebook et Twitter une photo de lui grimé en Hitler et qu'en septembre 2014, il traitait les étrangers de « bétail » et de « bâtards ». Pour un mouvement qui était à la recherche d'une certaine respectabilité et se défendait d'être raciste, ces révélations tombaient on ne peut plus mal.Cuisinier reconverti dans la publicité, Lutz Bachmann, 41 ans, natif de Dresde, avait fondé Pegida en octobre 2014 pour protester contre l'installation de camps de réfugiés en Saxe. Un thème sensible dans tout le pays. En 2014, l'Allemagne a dû faire face à l'arrivée de plus de 200 000 demandeurs d'asile, un record qui s'est traduit par l'ouverture de nombreux centres d'hébergement dans la précipitation et parfois en opposition avec les populations locales. La Saxe est pourtant l'un des Etats-régions où le nombre d'immigrants est le plus faible.Lutz Bachmann appelait la population à manifester chaque lundi dans les rues de Dresde, une démarche qui rappelait les manifestations pour la démocratie qui ont fait tomber le régime communiste en RDA à l'automne 1989. Au départ, seules quelques centaines de personnes ont répondu à son appel lancé sur Facebook. Mais à partir de décembre, elles étaient plusieurs milliers. Outre des slogans contre les étrangers, les manifestants s'en prenaient aux « politiciens » et surtout à la « presse mensongère » (Lügenpresse), une expression créée par les nazis dans les années 1930. Ils soutenaient également Vladimir Poutine, le président russe, contre l'Occident. Le 12 janvier, selon la police, 25 000 personnes avaient participé à la manifestation de Dresde. Un record.LIBERTÉ CONDITIONNELLE Avant même la publication de sa photo grimée et de ses insultes racistes, Lutz Bachmann était en difficulté. Déjà condamné pour divers délits à trois ans et huit mois de prison, il s'était dans un premier temps réfugié en Afrique du Sud pour échapper à la justice. Après son extradition en Allemagne et un séjour de deux ans derrière les barreaux, ce partisan de la « tolérance zéro » pour les immigrés qui commettent des délits s'est fait de nouveau condamner pour détention de 40 grammes de cocaïne.Il est actuellement en liberté conditionnelle et la justice doit se pencher sur son sort en mars. Son image était suffisamment mauvaise pour que, le 18 janvier, ce ne soit pas lui mais la porte-parole du mouvement, Kathrin Oertel, qui aille représenter Pegida dans un talk-show télévisé très écouté, le premier auquel participait cette organisation. Signe que Pegida n'avait plus vraiment de boussole : après cette émission, Lutz Bachmann et Kathrin Oertel avaient, lundi 19 janvier, tenu une première conférence face à la « presse mensongère ».Après les révélations de Bild, le procureur avait annoncé mercredi lancer contre Lutz Bachmann une enquête pour « incitation à la haine ». Une décision qui a sans doute provoqué la démission de celui-ci. Ce n'est pas Pegida qui, initialement, a rendu public ce départ mais Frauke Petry, une responsable du parti eurosceptique Alternative pour l'Allemagne (AfD), ce qui en dit long sur les liens entre les deux organisations.« HAINE »Lors de ses vœux le 31 décembre, Angela Merkel avait dénoncé les dirigeants de Pegida qui, disait-elle, incitaient à « la haine », même si elle disait « devoir comprendre les préoccupations » des manifestants. Si Pegida avait commencé à essaimé dans quelques pays européens, le mouvement n'a pas réussi à se développer en Allemagne. Lorsque des « Pegida locaux » ont vu le jour, l'équipe de Dresde a souvent pris ses distances avec ces rejetons.C'est notamment le cas à Leipzig – l'autre grande ville de la Saxe – où le mouvement Legida a fait défiler 15 000 personnes mercredi 21 janvier. Un chiffre important mais très inférieur aux prévisions des organisateurs (environ 50 000) et également inférieur à celui des contre-manifestants, environ 20 000 selon la police. Or, mercredi en début de soirée, Kathrin Oertel a pris ses distances à l'égard de Legida, menaçant même d'attaquer ses dirigeants devant la justice. Selon les renseignements généraux de Saxe, Legida est beaucoup plus à droite que Pegida. Des incidents ont d'ailleurs éclaté à la fin de la manifestation.Lire notre visuel interactif : A Dresde, berceau du mouvement Pegida contre « l'islamisation de l'Europe » Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Ridet (Rome, correspondant) Neuf ans pour « naufrage par imprudence », quatorze ans pour l’« homicide involontaire de 32 personnes » et trois ans pour « abandon de navire », soit vingt-six ans de prison auxquels s’ajoutent trois mois pour fausses déclarations aux autorités maritimes… C’est la peine qui a été requise, lundi 26 janvier, par les procureurs du tribunal de Grosseto (Toscane), où est jugé Francesco Schettino, ancien capitaine du Costa-Concordia, le paquebot qui, la nuit du 13 au 14 janvier 2012, suite à une manœuvre aventureuse, s’est échoué à l’entrée du port de l’île du Giglio. Les juges ont également réclamé l’arrestation du prévenu « pour risque de fuite » ainsi que la déchéance de ses droits à commander un navire.Lors des réquisitions, l’un des magistrats du parquet a ainsi dressé le portrait de celui que l’Italie ne surnomme plus que le « capitaine poltron ». « Schettino concentre sur lui l’image de l’optimiste imprudent et de l’idiot habile, ce qui fait de lui un idiot imprudent. » « Que Dieu ait pitié de lui, nous, c’est impossible », a ajouté un autre procureur. Le verdict sera rendu au mois de février.Aucune circonstance atténuanteL’absence de circonstances atténuantes prouve bien à quel point l’accusation n’a jamais cru un mot de la défense de Francesco Schettino. Ce dernier s’est présenté comme un capitaine expérimenté, victime de la médiocrité de ses adjoints et de son équipage. La manœuvre fatale de l’inchino qui consiste à s’approcher le plus près des côtes pour faire admirer le paysage aux passagers aurait été « sans danger » si l’on avait écouté scrupuleusement ses consignes.Or le procès a démontré qu’il n’avait cessé de donner des ordres imprudents au timonier et qu’il n’aurait que rarement consulté les instruments du bord jusqu’au moment du choc avec un récif. « Une erreur magistrale », ont indiqué les juges. « Avec trente secondes de plus, la catastrophe aurait été évitée », a plaidé le capitaine. « L’équipage croyait être sur un Concorde, pas sur le Concordia », a-t-il déclaré encore samedi, dans une nouvelle tentative de minimiser ses responsabilités. « Je suis prêt à en assumer une part. Mais une part seulement », a-t-il précisé.Niant contre toute évidence les faits, assurant que sans sa décision de faire échouer le bateau au plus près des côtes le bilan aurait été encore plus lourd, ce personnage hâbleur a semblé vouloir se conformer à son image d’homme le plus détesté de la Péninsule. Un homme prêt à gagner la terre ferme dans sa chaloupe alors que des centaines de passagers cherchaient encore à fuir la carcasse du navire. « Il n’a pas cherché à sauver des vies. Il est resté sur un rocher à regarder couler son navire », accusent les magistrats… « Peuple de poètes et de navigateurs », comme il est inscrit au fronton du Palais de civilisation à Rome, les Italiens n’ont pas apprécié qu’on se moque d’eux. Les juges non plus.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Yves Eudes Dans le sillage des attentats de Paris, plusieurs pays européens, dont la France, ont lancé à Bruxelles une nouvelle offensive sur un dossier en souffrance depuis des années. Pour lutter plus efficacement contre le terrorisme et la criminalité, ils souhaitent la création d'un PNR (Passenger Name Record) – une base de données centralisée qui contiendrait des fichiers détaillés sur tous les passagers transitant par un aéroport européen, conservés pendant cinq ans.L'affaire des PNR agite les eurodéputés depuis une décennie. Après les attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis avaient exigé que les Européens leur communiquent les données personnelles des passagers des vols transatlantiques. Après une longue bataille diplomatique et juridique, les Etats-Unis finissent par l'emporter : en avril 2012, le parlement européen ratifie l'accord PNR euro-américain, grâce aux voix des socialistes et du PPE (Parti populaire européen, centre-droit). Les libéraux, les verts et la gauche radicale votent contre.Forts de ce premier succès, plusieurs Etats-membres, dont la France, demandent alors à la Commission européenne de préparer un projet de PNR européen. Or, cette fois, la commission parlementaire « Libé » (libertés civiles, justice et affaires intérieures), au sein de laquelle Verts et libéraux sont très actifs, réussit à bloquer le projet, et demande à la Cour européenne de justice (CEJ) de statuer sur sa conformité avec la Convention européenne des droits de l'homme. Le scandale des programmes de surveillance de masse de la NSA américaine, révélés par Edward Snowden, était venu renforcer le camp des opposants.Or, en ce début 2015, l'actualité semble cette fois favoriser les partisans du PNR. Au lendemain des attentats de Paris, le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, explique aux médias qu'un PNR européen est indispensable. A Bruxelles, l'eurodéputé français Dominique Riquet (UDI, groupe libéral-démocrate), spécialiste des transports aériens, explique sans détour qu'il faut sauter sur l'occasion : « Ces événements ont changé l'ambiance au parlement, y compris chez les socialistes. Il y a une nouvelle pression sur les dossiers de terrorisme et de criminalité. Prenez l'exemple de Hayat Boumeddiene (la compagne du tueur Amedy Coulibaly, qui est sans doute en Syrie) : elle est allée en Espagne, puis elle a pris l'avion pour la Turquie, et cela n'a déclenché aucun signalement européen. » Selon lui, « le PNR va revenir sur la table, et cette fois, je sens qu'il va passer ». Sur le fond, M. Riquet dit ne pas comprendre pourquoi les Européens, qui acceptent de livrer leurs données PNR aux Américains, refuseraient de se les donner à eux-mêmes…« Garanties minimales de protection »Le projet initial ayant été rejeté par la commission Libé, il faudra présenter un texte légèrement modifié : « pour la forme, assure M. Riquet, mais l'esprit sera le même ». Les partisans du PNR ont officiellement demandé à la CEJ de rendre son arrêt dès que possible. Ils espèrent boucler le dossier en trois mois. Cela dit, sur le plan technique, M. Riquet reconnaît que la mise en place d'un PNR européen prendra du temps, car certains pays, notamment en Europe de l'Est, n'ont pas d'infrastructure dans ce secteur.Face à cette offensive, les anti-PNR restent mobilisés. La fronde est menée par l'eurodéputée néerlandaise libérale-démocrate Sophia In 't Veld, qui appartient au même groupe que Dominique Riquet. Elle connaît bien le sujet, car elle fut rapporteure du projet d'accord PNR euro-américain. Elle avait recommandé de voter contre le texte, qui selon elle, « n'offre aucune des garanties minimales pour la protection des données personnelles des Européens une fois qu'elles ont été envoyées aux USA. » Elle se dit persuadée que la défaite de son camp a été provoquée par les « pressions incroyables » exercées par les Etats-Unis sur certains pays.Aujourd'hui, elle accuse les partisans du PNR d'utiliser des tactiques déloyales : « Cette façon d'exploiter l'émotion provoquée par les attentats de Paris est très cynique – et je reste polie. » Pour conforter son opposition, Mme In 't Veld s'appuie sur un autre arrêt de la CEJ : « La Cour a affirmé que la rétention de données peut se faire uniquement pour des personnes déjà soupçonnées d'un crime, et non pas pour toute une population », dont le seul « crime » est d'avoir pris l'avion. Dans son pays, Sophia In 't Veld n'est pas isolée. En janvier, le Parlement néerlandais a rejeté un projet de création d'un PNR national.De même, les Verts restent hostiles au projet. L'eurodéputé vert allemand Jan-Philipp Albrecht, vice-président de la commission Libé et ancien rapporteur du projet de règlement européen sur la protection des données personnelles, refuse d'envisager un PNR européen tant que le Conseil n'aura pas adopté les directives et les règlements garantissant une meilleure protection des données personnelles. Revenant sur l'actualité, M. Albrecht affirme que si le PNR européen avait existé, cela n'aurait rien changé aux attentats de Paris : « Les tueurs étaient déjà signalés, ils étaient dans le fichier Schengen, ce qui n'a d'ailleurs servi à rien. Or, le PNR servirait surtout à surveiller des "non-suspects", des gens à qui on ne reproche rien. » M. Albrecht affirme que la création d'un PNR paneuropéen coûterait 500 millions d'euros, plus les frais de fonctionnement annuels.Yves EudesGrand reporterSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.01.2015 à 15h14 • Mis à jour le26.01.2015 à 15h51 | Elisa Perrigueur Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-54c670df51669'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 11\r\n \r\n \r\nIrlande - \u00ab\u00a0Le leader de Syriza mandat\u00e9 pour mettre fin \u00e0 l'aust\u00e9rit\u00e9\u00a0\u00bb, titre The Irish Times. D'apr\u00e8s plusieurs observateurs, la victoire du parti radical grec pourrait influencer la politique du pays, affect\u00e9 ces derni\u00e8res ann\u00e9es par la crise.\r\nCr\u00e9dits : The Irish Times\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":"Irlande","legende":"\u00ab\u00a0Le leader de Syriza mandat\u00e9 pour mettre fin \u00e0 l'aust\u00e9rit\u00e9\u00a0\u00bb, titre The Irish Times. D'apr\u00e8s plusieurs observateurs, la victoire du parti radical grec pourrait influencer la politique du pays, affect\u00e9 ces derni\u00e8res ann\u00e9es par la crise.","source":"The Irish Times","index":0,"position":1,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/actualite-medias\/portfolio\/2015\/01\/26\/la-grece-a-la-une-de-la-presse-internationale_4563604_3236.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 11\r\n \r\n \r\nTurquie - Hurriyet titre sur la victoire de la Syriza au \u00ab\u00a0Yunanistan\u00a0\u00bb (\u00ab le pays des Ioniens\u00a0\u00bb, nom donn\u00e9 \u00e0 la Gr\u00e8ce en Turquie). Si les relations diplomatiques ne sont pas forc\u00e9ment au beau fixe entre les deux pays, le voisin turc, qui aspire \u00e0 entrer dans l'Union europ\u00e9enne, regarde de pr\u00e8s les \u00e9volutions en Gr\u00e8ce.\r\nCr\u00e9dits : Hurriyet\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":"Turquie","legende":"Hurriyet titre sur la victoire de la Syriza au \u00ab\u00a0Yunanistan\u00a0\u00bb (\u00ab le pays des Ioniens\u00a0\u00bb, nom donn\u00e9 \u00e0 la Gr\u00e8ce en Turquie). Si les relations diplomatiques ne sont pas forc\u00e9ment au beau fixe entre les deux pays, le voisin turc, qui aspire \u00e0 entrer dans l'Union europ\u00e9enne, regarde de pr\u00e8s les \u00e9volutions en Gr\u00e8ce.","source":"Hurriyet","index":1,"position":2,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/actualite-medias\/portfolio\/2015\/01\/26\/la-grece-a-la-une-de-la-presse-internationale_4563604_3236_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 11\r\n \r\n \r\nItalie - La Reppublica annonce : \u00ab\u00a0Le triomphe de Tsipras fait trembler l'Union europ\u00e9enne.\u00a0\u00bb Affect\u00e9e elle aussi par l'aust\u00e9rit\u00e9, l'Italie suit \u00e9galement les \u00e9volutions de la Gr\u00e8ce avec int\u00e9r\u00eat.\r\nCr\u00e9dits : la Repubblica\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":"Italie","legende":"La Reppublica annonce : \u00ab\u00a0Le triomphe de Tsipras fait trembler l'Union europ\u00e9enne.\u00a0\u00bb Affect\u00e9e elle aussi par l'aust\u00e9rit\u00e9, l'Italie suit \u00e9galement les \u00e9volutions de la Gr\u00e8ce avec int\u00e9r\u00eat.","source":"la Repubblica","index":2,"position":3,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/actualite-medias\/portfolio\/2015\/01\/26\/la-grece-a-la-une-de-la-presse-internationale_4563604_3236_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 11\r\n \r\n \r\nRoyaume-Uni - Selon The Guardian, la \u00ab\u00a0victoire historique de Syriza met la Gr\u00e8ce en confrontation avec l'Europe\u00a0\u00bb. L'arriv\u00e9e du parti de la gauche radicale au pouvoir devrait en effet remettre en question les principes m\u00eames qui liaient la tro\u00efka (Commission europ\u00e9enne, Banque centrale europ\u00e9enne et Fonds mon\u00e9taire international) au pays.\r\nCr\u00e9dits : The Guardian\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":"Royaume-Uni","legende":"Selon The Guardian, la \u00ab\u00a0victoire historique de Syriza met la Gr\u00e8ce en confrontation avec l'Europe\u00a0\u00bb. L'arriv\u00e9e du parti de la gauche radicale au pouvoir devrait en effet remettre en question les principes m\u00eames qui liaient la tro\u00efka (Commission europ\u00e9enne, Banque centrale europ\u00e9enne et Fonds mon\u00e9taire international) au pays.","source":"The Guardian","index":3,"position":4,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/actualite-medias\/portfolio\/2015\/01\/26\/la-grece-a-la-une-de-la-presse-internationale_4563604_3236_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 11\r\n \r\n \r\nFrance - Le quotidien proven\u00e7al La Marseillaise, consacre toute sa \u00ab\u00a0une\u00a0\u00bb \u00e0 la Gr\u00e8ce en mentionnant \u00ab\u00a0l'exemple\u00a0\u00bb. La cit\u00e9 phoc\u00e9enne (Massilia en grec) a une diaspora grecque importante, pour des raisons historiques.\r\nCr\u00e9dits : la Marseillaise\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":"France","legende":"Le quotidien proven\u00e7al La Marseillaise, consacre toute sa \u00ab\u00a0une\u00a0\u00bb \u00e0 la Gr\u00e8ce en mentionnant \u00ab\u00a0l'exemple\u00a0\u00bb. La cit\u00e9 phoc\u00e9enne (Massilia en grec) a une diaspora grecque importante, pour des raisons historiques.","source":"la Marseillaise","index":4,"position":5,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/actualite-medias\/portfolio\/2015\/01\/26\/la-grece-a-la-une-de-la-presse-internationale_4563604_3236_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 11\r\n \r\n \r\nEspagne - \u00ab\u00a0La victoire de la Syriza annonce une p\u00e9riode d'agitation pour l'Europe\u00a0\u00bb, selon El Pais. D'apr\u00e8s plusieurs observateurs, la victoire du parti anti-aust\u00e9rit\u00e9 pourrait avoir une connotation particuli\u00e8re en Espagne, o\u00f9 le parti de la gauche radicale Podemos est \u00e9galement en t\u00eate des sondages.\r\nCr\u00e9dits : El Pais\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":"Espagne","legende":"\u00ab\u00a0La victoire de la Syriza annonce une p\u00e9riode d'agitation pour l'Europe\u00a0\u00bb, selon El Pais. D'apr\u00e8s plusieurs observateurs, la victoire du parti anti-aust\u00e9rit\u00e9 pourrait avoir une connotation particuli\u00e8re en Espagne, o\u00f9 le parti de la gauche radicale Podemos est \u00e9galement en t\u00eate des sondages.","source":"El Pais","index":5,"position":6,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/actualite-medias\/portfolio\/2015\/01\/26\/la-grece-a-la-une-de-la-presse-internationale_4563604_3236_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 11\r\n \r\n \r\nRoyaume-Uni - The Times titre sur \u00ab\u00a0l'Europe secou\u00e9e par la r\u00e9volte grecque contre l'aust\u00e9rit\u00e9\u00a0\u00bb.\r\nCr\u00e9dits : The Times\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":"Royaume-Uni","legende":"The Times titre sur \u00ab\u00a0l'Europe secou\u00e9e par la r\u00e9volte grecque contre l'aust\u00e9rit\u00e9\u00a0\u00bb.","source":"The Times","index":6,"position":7,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/actualite-medias\/portfolio\/2015\/01\/26\/la-grece-a-la-une-de-la-presse-internationale_4563604_3236_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 11\r\n \r\n \r\nAllemagne - Sobre, le quotidien conservateur Die Welt se contente d'annoncer une victoire historique. Les dirigeants allemands, favorable \u00e0 l'application d'une politique de rigueur pour redresser les finances grecques, ont scrut\u00e9 cette \u00e9lection avec inqui\u00e9tude.\u00a0\r\nCr\u00e9dits : Die Weilt\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":"Allemagne","legende":"Sobre, le quotidien conservateur Die Welt se contente d'annoncer une victoire historique. Les dirigeants allemands, favorable \u00e0 l'application d'une politique de rigueur pour redresser les finances grecques, ont scrut\u00e9 cette \u00e9lection avec inqui\u00e9tude.\u00a0","source":"Die Weilt","index":7,"position":8,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/actualite-medias\/portfolio\/2015\/01\/26\/la-grece-a-la-une-de-la-presse-internationale_4563604_3236_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 11\r\n \r\n \r\nRoyaume-Uni - Le quotidien \u00e9conomique Financial Times estime que la victoire grecque \u00ab\u00a0lance un d\u00e9fi \u00e0 l'establishment europ\u00e9en\u00a0\u00bb. D\u00e9sormais le parti de la gauche radicale grec et les cr\u00e9anciers de la tro\u00efka vont devoir trouver des compromis malgr\u00e9 leurs nombreux points de discorde.\r\nCr\u00e9dits : Financial Times\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":"Royaume-Uni","legende":"Le quotidien \u00e9conomique Financial Times estime que la victoire grecque \u00ab\u00a0lance un d\u00e9fi \u00e0 l'establishment europ\u00e9en\u00a0\u00bb. D\u00e9sormais le parti de la gauche radicale grec et les cr\u00e9anciers de la tro\u00efka vont devoir trouver des compromis malgr\u00e9 leurs nombreux points de discorde.","source":"Financial Times","index":8,"position":9,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/actualite-medias\/portfolio\/2015\/01\/26\/la-grece-a-la-une-de-la-presse-internationale_4563604_3236_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 11\r\n \r\n \r\nFrance - L'Humanit\u00e9 titre : \u00ab\u00a0Syriza ouvre une br\u00e8che\u00a0\u00bb. \u00ab\u00a0L'espoir d'une autre Europe vient de se lever\u00a0\u00bb, d'apr\u00e8s le titre.\r\nCr\u00e9dits : L'Humanité\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":"France","legende":"L'Humanit\u00e9 titre : \u00ab\u00a0Syriza ouvre une br\u00e8che\u00a0\u00bb. \u00ab\u00a0L'espoir d'une autre Europe vient de se lever\u00a0\u00bb, d'apr\u00e8s le titre.","source":"L'Humanit\u00e9","index":9,"position":10,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/actualite-medias\/portfolio\/2015\/01\/26\/la-grece-a-la-une-de-la-presse-internationale_4563604_3236_9.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 11 \/ 11\r\n \r\n \r\nArgentine - El Chronista estime que \u00ab\u00a0la victoire de la gauche complique l'\u00e9conomie europ\u00e9enne et met la pression sur l'Argentine\u00a0\u00bb. Le journal qualifie Alexis Tsipras d'\u00ab\u00a0enfant de la crise qui r\u00eave d'une r\u00e9novation europ\u00e9enne\u00a0\u00bb. L'Argentine a connu une grave crise \u00e9conomique au d\u00e9but des ann\u00e9es 2000 et a \u00e9t\u00e9 en situation de faillite. Les sc\u00e9narios \u00e9conomiques du pays et de la Gr\u00e8ce font souvent l'objet de comparaison par les \u00e9conomistes.\u00a0\r\nCr\u00e9dits : El Chronista\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":"Argentine","legende":"El Chronista estime que \u00ab\u00a0la victoire de la gauche complique l'\u00e9conomie europ\u00e9enne et met la pression sur l'Argentine\u00a0\u00bb. Le journal qualifie Alexis Tsipras d'\u00ab\u00a0enfant de la crise qui r\u00eave d'une r\u00e9novation europ\u00e9enne\u00a0\u00bb. L'Argentine a connu une grave crise \u00e9conomique au d\u00e9but des ann\u00e9es 2000 et a \u00e9t\u00e9 en situation de faillite. Les sc\u00e9narios \u00e9conomiques du pays et de la Gr\u00e8ce font souvent l'objet de comparaison par les \u00e9conomistes.\u00a0","source":"El Chronista","index":10,"position":11,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/actualite-medias\/portfolio\/2015\/01\/26\/la-grece-a-la-une-de-la-presse-internationale_4563604_3236_10.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Au lendemain du triomphe électoral de Syriza, qui a récolté 36,3 % des suffrages aux législatives anticipées, les médias grecs insistent, lundi 26 janvier, sur le scénario politique inédit que vit le pays : une nouvelle force politique anti-austérité devient majoritaire, fait chuter les partis historiques et remet en question la politique européenne. Tout sourire et main levée, le leader de Syriza Alexis Tsipras occupe la « une » du journal centriste Ta Nea qui titre : « 36,3 %. La Grèce a tourné la page ». Dans son éditorial, intitulé « La vague » il insiste sur la rupture qu'entraîne cette élection. Il s'agit, pour le quotidien, de « la première élection qui dit “non” aux mémorandums d'austérité et certainement la première qui dit “oui” à une politique économique alternative ». Le Huffington Post grec évoque un « séisme politique » pour le pays. L'arrivée de Syriza au pouvoir met en effet fin à quarante ans de bipartisme. Depuis la fin de la dictature, en 1974, le pays a été successivement dirigé par le Pasok (socialistes) et la Nouvelle Démocratie (conservateurs), à l'exception de gouvernements de coalition qui avaient intégré d'autres partis minoritaires.Lire le décryptage : Les questions que vous vous posez après la victoire de Syriza en GrèceLE DÉFI EUROPÉEN DE SYRIZALe quotidien Avghi, proche de Syriza, qui titre « Victoire : une étape importante pour la Grèce », s'emballe sur l'effet domino de cette élection en Europe :« Aujourd'hui Syriza, demain Podemos, la victoire du parti radical grec sera tôt ou tard un tremplin pour les peuples du sud, affectés par l'austérité. » Le quotidien libéral Kathimerini reste sobre, évoquant « une victoire historique mais sans majorité ». L'éditorialiste Nikos Konstandaras rappelle les responsabilités du parti : « A partir de maintenant, Syriza va devoir se confronter à la réalité. Le parti devra gérer l'économie, tenir ses promesses alors que la trésorerie est à sec ». Mais avant-tout, selon le chroniqueur, « Syriza va devoir s'accorder avec nos partenaires et créanciers qui ont clairement répété que la Grèce devait respecter ses engagements ». Le quotidien insiste sur le fait qu'un « compromis » devra être trouvé entre la gauche radicale et la troïka. Lire aussi : Les premières mesures économiques que pourrait prendre SyrizaL'ÉCHEC CUISANT D'ANTONIS SAMARASDemokratia, journal de droite, titre sur « lourde punition infligée par la classe moyenne » à la Nouvelle Démocratie (ND), qui n'a récolté que 27,9 % des voix à ces législatives. Le journal qualifie le dimanche 25 janvier de « jour de défaite » du parti de droite conservateur et égratigne son président, le premier ministre Antonis Samaras.Selon le journal, ND a commis une erreur en choisissant la voie de « l'attaque aux classes moyennes », en créant davantage de taxes, « à l'image de l'imposition ENFIA ». Cette taxe d'habitation nouvellement créée, incluse dans la fature d'électricité des Grecs – pour forcer le paiement – avait suscité une polémique dans le pays. Eleftheros Typos minimise une « victoire sur le fil du rasoir » de Syriza, qui remporte l'élection « mais n'a pas la majorité ». Le média revient également sur la chute du parti du premier ministre, « qui a perdu en raison des mesures d'austérité mises en place mais surtout parce qu'il n'a pas su, ces derniers jours, trouver des alliances » lors de la campagne électorale.Elisa PerrigueurJournaliste au Monde 26.01.2015 à 14h01 • Mis à jour le26.01.2015 à 17h52 | Camille Bordenet C'est une nouvelle ère politique qui s'ouvre en Grèce, et peut-être en Europe, avec la victoire du parti de gauche radicale Syriza. C'est la première fois qu'une formation qui s'oppose aux politiques d'austérité menée par Bruxelles dirige un pays. Après un certain vent d'espoir, salué par de nombreuses formations politiques, se posent les questions concrètes.Syriza peut-elle se passer des autres partis grecs ? La victoire du parti de gauche radicale est historique parce qu'elle se conjugue avec le recul des grands partis traditionnels, les conservateurs de Nouvelle Démocratie – qui obtiennent 76 sièges – et les socialistes du Pasok, qui n'obtient que 4,88 % des voix et 13 sièges, mettant fin à quarante ans de bipartisme dans le pays.Syriza n'ayant pas obtenu la majorité absolue au Parlement – 149 sièges au lieu des 151 requis –, elle doit mettre en place des alliances ou une coalition, qui ne se négocieront pas avec les grands partis traditionnels, mais avec une ou plusieurs des autres formations qui ont dépassé le seuil des 3 % des voix nécessaires pour avoir des élus.C'est avec le parti de droite souverainiste Grecs indépendants AN.EL qu'un accord de gouvernement se dessinait lundi matin. « Nous allons donner un vote de confiance au nouveau premier ministre, Alexis Tsipras », a affirmé Panos Kammenos, président de cette petite formation. M. Tsipras est devenu le premier ministre le plus jeune du pays en plus d'un siècle lors d'une cérémonie lundi après-midi.Une consultation avec les centristes de To Potami est également envisagée, représentant une option d'alliance plus modérée vis-à-vis de l'Union européenne (UE). Aucun rendez-vous n'a cependant été fixé avec eux, pas plus qu'avec les communistes du KKE, avec lesquels M. Tsipras souhaite discuter, bien qu'ils aient régulièrement exclu toute alliance.Lire nos explications : Qui sont les possibles soutiens de Syriza pour une coalition ?Quel sera le rapport de force avec l'Union européenne ? Même si Alexis Tsipras a promis de maintenir son pays dans la zone euro, évitant ainsi la « Grexit », et s'il a modéré son discours ces dernières semaines, sa nomination comme premier ministre constitue la remise en question la plus marquée de la méthode de gestion de crise adoptée par l'UE depuis plusieurs années.Le plus gros dossier qui sera au menu des pourparlers avec la « troïka » de créanciers est le remboursement de la dette publique grecque, qui atteint 321,7 milliards d'euros (175 % du PIB), et sur les conditions du versement de plus de 7 milliards d'euros d'aides financières dont la Grèce a besoin au cours des mois à venir car elle est encore incapable de lever des capitaux seule sur les marchés.Les mises en garde des responsables européens n'ont pas tardé à tomber lundi. Ainsi de la Banque centrale européenne (BCE), qui a déclaré :« Il n'appartient pas à la BCE de décider si la Grèce a besoin d'un allégement de la dette. Mais il est absolument clair que nous ne pouvons pas être d'accord avec l'allégement d'une dette qui comprend des obligations grecques détenues par la BCE. »La chancelière allemande, Angela Merkel, a répété que Berlin attendait du futur gouvernement grec qu'il respecte les engagements pris jusqu'à présent par le pays en matière de réformes économiques et de rigueur budgétaire, a fait savoir son porte-parole. Un rééchelonnement de la dette grecque est une option, mais il n'est pas question pour l'Allemagne d'accepter un effacement. Ni pour les ministres de l'économie européens, qui se réunissent lundi à Bruxelles, à en croire le premier ministre finlandais Alexander Stubb : « Il n'y aura pas de remises de dette, mais nous sommes prêts à discuter d'une extension du programme de renflouement ou des échéances [qui arrive à échéance le 28 février]. »Lire l'analyse (édition abonnés) : Après le choc, l’Europe face aux défis posés par SyrizaQuelles seront les premières mesures que prendra Syriza ?Mettre fin à l'austérité, renégocier la dette et relancer la croissance : le programme économique de Syriza est connu depuis avant le début de la campagne pour les législatives. Le parti avait annoncé la mise en œuvre d'une dizaine de mesures au lendemain même de la formation de son gouvernement, mercredi, visant à relever le niveau de vie des plus vulnérables en agissant sur le niveau du salaire minimal ou de la retraite, mais aussi en introduisant des allégements fiscaux et en mettant en place des aides sociales pour les plus démunis.Entre autres mesures, le programme de Syriza prévoit une hausse du salaire minimal à 750 euros, un 13e mois pour les retraites de moins de 700 euros et un relèvement du seuil annuel de revenus imposables pour les particuliers, abaissé à 5 000 euros, et que Syriza propose d'établir à 12 000 euros. Le coût de l'ensemble de ce programme est estimé par Syriza à un peu moins de 12 milliards d'euros sur deux ans, qu'il compte financer avec la lutte contre l'évasion fiscale et la contrebande, la réaffectation des ressources issues du programme européen et des ressources issues du fonds de stabilité financière.Lire aussi : Les premières mesures économiques que pourrait prendre SyrizaCette dynamique politique peut-elle se répéter dans d'autres pays européens ?Avant même les législatives, Syriza avait inspiré plusieurs partis politiques europeéns. Avec cette victoire, les yeux vont se tourner vers l'Espagne, dont le parti de gauche radicale Podemos rêve d'un destin similaire pour les rendez-vous électoraux de 2015 – des municipales en mai, des régionales partielles au printemps et en septembre, puis des législatives, en principe en novembre.Lire l'enquête (édition abonnés) : En Espagne, Podemos rêve d’un destin à la SyrizaLes deux partis politiques s'opposent à une « troïka » (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international et Commission européenne) jugée responsable des maux de l'Europe, dénoncent la corruption des « élites », accusées de « s'être approprié » des institutions démocratiques et revendiquent une solidarité des peuples de l'Europe du Sud.Au-delà de l'Espagne, la situation politique grecque intéresse en Irlande ou au Portugal, pays aussi durement touchés par des politiques économiques d'austérité. Si le Portugal ne dispose pas, pour l'heure, d'une formation calquée sur le modèle de Syriza – les mouvements et les partis situés à gauche du Parti socialiste ne sont pas parvenus à créer d'alliance ou de dynamique –, le paysage politique irlandais voit, lui, monter l'Anti-Austerity Alliance, une large alliance anticapitaliste lancée en 2014. Leur leader, Paul Murphy, était d'ailleurs venu vivre la victoire en direct à Athènes.Bella Ciao ringing out through out the crowd. First Left government in Europe in a long time. pic.twitter.com/AhZA19lAcX— Paul Murphy (@paulmurphyAAA) 25 Janvier 2015En France, le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, très présent dans les médias dès dimanche soir, prédit que « c'est une page nouvelle pour l'Europe » et une « occasion de refonder l'Europe, qui est devenue l'Europe fédérale des libéraux ». Lire les réactions : Après la victoire de Syriza, l'Europe divisée entre joie et crainteCette victoire peut-elle avoir une incidence sur la politique française ?Difficile à dire. Il ne fait pas de doute que plusieurs formations de gauche, au premier rang desquelles le Parti de gauche, espèrent un effet de contagion : profiter de cette victoire pour montrer que l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement de gauche radicale et antiaustérité est possible. M. Mélenchon y voit déjà un « effet domino » grec et un « printemps européen ». Chez les Verts, Cécile Duflot, qui a signé une tribune mise en ligne sur le site de Libération, juge que « la première bonne nouvelle grecque, c'est de faire renaître un vrai débat européen » et que, désormais, « un nouveau consensus peut naître ».Ces dirigeants avaient fait part de leur soutien à Syriza en se réunissant lundi au gymnase Japy, à Paris. D'aucun voyaient déjà dans cet improbable rendez-vous « le futur gouvernement de la France ». Pour autant, les conditions ne sont pas, aujourd'hui en France, réunies pour l'émergence d'une grande force de gauche radicale, ainsi que l'explique notre journaliste Nicolas Chapuis (voir vidéo ci-dessus).Lire : La gauche de la gauche voit en Syriza son espoir pour la FrancePourquoi même des partis de droite se réclament de Syriza en France ?Ce n'est pas exactement que ces partis de droite se réclament politiquement de Syriza, plutôt qu'ils ont vu dans cette ascension une occasion de rappeler leur positionnement eurosceptique.Ainsi de Marine Le Pen qui, avant les élections, annonçait son soutien à Syriza, une stratégie qui visait aussi à démarquer le Front national (FN) du parti néonazi Aube dorée, arrivé en troisième place avec 17 élus, mais auquel le FN ne veut pas être associé.Lire aussi (édition bonnés) : Aube dorée, en troisième position, crie victoireAinsi aussi de Nicolas Dupont-Aignan, député de l'Essonne et président de Debout la France, parti gaulliste et eurosceptique, qui a salué la victoire de Syriza, estimant qu'il ne s'agissait « pas seulement [de] la victoire de la gauche radicale mais aussi [du] réveil d'un peuple qui n'en pouvait plus ».Camille BordenetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.01.2015 à 11h24 • Mis à jour le26.01.2015 à 15h18 L'essentielSyriza, qui conteste l'austérité imposée par l'UE, a remporté nettement les législatives dimanche, avec 36,3 % des voix.Le parti obtiendrait 149 sièges au Parlement, à 2 sièges de la majorité absolue.Son leader charismatique, Alexis Tsipras, qui a été officiellement nommé premier ministre à 15 heures, devra mettre en place des alliances ou une coalition. Syriza, le parti de la gauche radicale grecque qui a largement emporté les élections législatives, dimanche 25 janvier, devrait cependant manquer, à deux sièges près, la majorité absolue (151 députés). Il doit donc former un gouvernement de coalition et ce pourrait être avec l'appui du parti des Grecs indépendants, a annoncé lundi matin le chef de file de la petite formation de droite AN.EL.Lire : Grèce : quel est le rapport de force des partis politiques ?Ce dernier, Panos Kammenos, 49 ans, s'est entretenu dans la matinée avec le leader du parti de la gauche radicale Alexis Tsipras, qui a été officiellement nommé premier ministre à 15 heures. « Nous allons donner un vote de confiance au nouveau premier ministre Alexis Tsipras », a-t-il précisé ajoutant : « Le premier ministre verra dans la journée le président pour sa prestation de serment et annoncera la composition du gouvernement auquel les Grecs indépendants participeront », a précisé Kammenos. Avec 13 élus au Parlement, la formation de Kammenos issu d'une scission dans les rangs de Nouvelle démocratie, le parti du premier ministre sortant Antonis Samaras, lui servira d'appoint. Bien que clairement marqué à droite et très souverainiste, l'AN.EL., fondée en février 2012, a objectivement aidé, au mois de décembre, Syriza à obtenir l'élection législative anticipée qui l'a porté dimanche au pouvoir, en s'abstenant de voter pour le candidat à la présidentielle présenté par M. Samaras. Ce blocage avait entraîné la dissolution du Parlement.Les deux partis ont des points de vue divergents sur de nombreux sujets de société mais partagent un même rejet des conditions fixées en contrepartie du plan d'aide financière accordé à la Grèce par ses partenaires européens et le Fonds monétaire international.Une autre alliance était envisageable avec les pro-européens de centre gauche du To Potami, créé en avril 2014 seulement. Après seulement un mois d'existence, le parti pro-européen, qui veut représenter la voix du bon sens en Grèce, a réussi à faire entrer deux députés (sur 21 pour l'ensemble du pays) au Parlement européen lors des élections de mai. Dimanche, le parti talonnait la formation d'inspiration néonazie Aube dorée pour la troisième place, obtenant, comme elle, 17 sièges.Les Grecs indépendants et les pro-européens de centre gauche ont prévenu qu'ils refuseraient de participer à un gouvernement dont l'autre fait partie.Lire aussi : La Grèce risque-t-elle à nouveau de sortir de la zone euro ? Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Le baromètre Ifo, qui « mesure » le moral des chefs d’entreprises allemands a atteint, en janvier, son plus haut niveau depuis six mois. L’indicateur s’établit à 106,7 points, contre 105,5 points en décembre, selon les données publiées lundi 26 janvier.Ce chiffre se situe un peu au-dessus des attentes des analystes interrogés par l’agence Bloomberg News, qui tablaient en moyenne sur une progression à 106,5 points.Il s’agit de la troisième hausse consécutive de cet indicateur. Il faut dire que, dans une zone euro qui broie du noir, où la croissance est en panne, l’économie allemande donne des signes positifs et semble repartie.Elle a fini l’année 2014 sur de meilleurs chiffres que prévu : la croissance a atteint + 1,5 %, au lieu du + 1,2 % prévu, après une médiocre année 2012 (+ 0,4 %) et un exercice 2013 atone (+ 0,1 %).La croissance allemande est plus vigoureuse que prévuLes économistes ont toutefois tempéré la lecture de ces chiffres. « L’économie allemande a stagné une bonne partie de l’année 2014. En réalité, c’est le vigoureux démarrage de 2014 qui a conduit à ce bon résultat », fait remarquer Ferdinand Fichtner, de l’institut d’économie de Berlin (DIW).De fait, la croissance a été de + 0,8 % au premier trimestre de 2014 par rapport au trimestre précédent, nulle au deuxième, de + 0,1 % seulement au troisième et vraisemblablement de 0,25 % au quatrième.Pour autant, le gouvernement allemand devrait annoncer, le 28 janvier, qu’il relève de 1,3 % à 1,5 % ses prévisions de croissance pour 2015. « L’économie allemande démarre bien l’année », a commenté pour sa part, lundi, Hans-Werner Sinn, président de l’institut Ifo.La composante du baromètre Ifo mesurant l’appréciation par les patrons allemands de la situation actuelle s’améliore, à 111,7 points, contre 109,8 en décembre et celle relative aux attentes à l’égard de la conjoncture progresse à 102,0 points, contre 101,3 le mois dernier.Néanmoins, pour 2015, la plupart des économistes sont plus optimistes qu’à l’automne. « L’évolution sera plus soutenue en 2015, prévoit M. Fichtner. La consommation surtout devrait tirer la croissance, mais le commerce extérieur et les investissements pourraient repartir aussi. » Pour lui, tant la baisse du pétrole que le développement de l’emploi profiteront à la croissance. Et même les rachats de dette publique que profiteront à Berlin puisqu’ils vont encore tirer vers le bas les taux d’intérêt à long terme.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, envoyés spéciaux) et Alain Salles Le programme économique de Syriza est connu depuis plusieurs mois : mettre fin à l’austérité, renégocier la dette et relancer la croissance. Syriza annonce la mise en œuvre d’une dizaine de mesures au lendemain même de la formation de son gouvernement, visant principalement à relever le niveau de vie des Grecs les plus vulnérables en agissant sur le niveau de salaire ou de retraite, mais aussi en introduisant des allégements fiscaux et en mettant en place des aides sociales aux plus démunis.Il prévoit, notamment, une hausse du salaire minimum à 750 euros, un 13e mois pour les retraites de moins de 700 euros et un relèvement du seuil annuel de revenus imposables pour les particuliers, abaissé à 5 000 euros, et que Syriza propose d’établir à 12 000 euros. Le coût de l’ensemble de ce programme est estimé par Syriza à un peu moins de 12 milliards d’euros.En Grèce, les grands chantiers de SyrizaComment Syriza entend-il financer ce plan alors que le pays est toujours exclu des marchés et en attente, depuis décembre 2014, du versement d’une tranche de plus de 7 milliards d’euros de prêts de ses créanciers ? « Il serait financé à hauteur de 6 milliards par les transferts de fonds européens et à hauteur de 3 milliards par des recettes issues de la lutte contre la fraude fiscale », assure l’économiste Georges Stathakis, l’un des artisans de ce projet économique. « Au final, il ne nous resterait que 3 milliards d’euros à trouver, ce qui ne me semble pas insurmontable. » Selon le quotidien Kathimerini, la Grèce devra pourtant rembourser, courant 2015, 22,5 milliards d’euros à ses créanciers européens ainsi que 4 milliards d’ici à la fin mars. Et un nouveau pic de 8 milliards en juillet et en août. Financer en plus le plan de 12 milliards d’euros d’urgence sociale paraît un pari compliqué.« Nous devons négocier avec nos partenaires une remise sur les quelque 23 milliards d’euros que nous devons allouer au remboursement de la dette sur la seule année 2015 », affirme M. Stathakis. « Nous souhaitons abaisser le niveau du remboursement de notre dette publique de 4 % du PIB à 2 % pour les dix prochaines années. Nous paierons le FMI, mais voulons renégocier la partie de notre dette publique détenue par les Etats européens, la Banque centrale européenne et le Mécanisme européen de stabilité », complète-t-il.Négociations longuesDans le planning européen de Syriza se profile donc une négociation immédiate de cette fameuse remise sur la dette pour l’année 2015, avant qu’il s’attaque à la renégociation globale de la charge de la dette, qui atteint toujours 175 % du PIB. « Nous avons un agenda logique qui fera aussi du bien à l’Europe et sommes ouverts à la négociation sur tout, avance Georges Stathakis. L’Europe a intérêt à permettre à la Grèce de rester dans l’euro − ce que nous souhaitons − et à renouer avec la croissance sans l’étouffer sous la dette. »Les négociations s’annoncent longues et difficiles. Les créanciers du pays insistent pour l’instant pour que le nouveau gouvernement respecte les engagements pris par l’Etat grec et termine le plan d’aide qui s’achève fin février. « On ne peut pas nous demander de signer l’extension de ce plan illogique, cela voudrait dire que l’on doit renoncer à nos critiques depuis quatre ans, alors que c’est pour ça que nous allons être élus », répond Yanis Varoufakis, économiste, pressenti parmi d’autres pour participer au gouvernement Tsipras.« Nous sommes prêts à mener une vie austère »M. Varoufakis estime que la Grèce ne doit pas recevoir la prochaine tranche ni activer la ligne de crédit d’urgence proposée par les partenaires européens. « Notre Etat doit vivre par ses propres moyens dans le proche futur. Nous sommes prêts à mener une vie austère, ce qui est différent de l’austérité. Mais comment voulez-vous être austère si vous empruntez des centaines de milliards d’euros ! », s’emporte l’économiste.Pour Georges Pagoulatos, professeur d’économie à l’université d’Athènes, « le scénario optimiste serait que l’Europe accepte les mesures sociales d’urgence de Syriza et même de revenir sur certaines lois du travail, à condition que le gouvernement respecte l’équilibre budgétaire et qu’il s’attaque aussi à ces fameux oligarques ». Mais pour cet ancien conseiller de l’éphémère gouvernement Papademos, « si Syriza ne veut pas signer le mémorandum pour recevoir la dernière tranche d’aide, il ne faut pas sous-estimer une réaction ferme des Européens ».Angelos Tsakanikas, directeur de la recherche au sein du think tank IOBE, considère aussi que des négociations sont possibles, mais il n’exclut pas « le mauvais scénario : que Tsipras se sente suffisamment confiant pour être sur une ligne dure avec l’UE ». « Cela peut être dangereux. La Commission pourrait couper les fonds structurels. La tension provoquerait alors une fuite de capitaux », affirme M. Tsakanikas.Adéa Guillot (Athènes, envoyés spéciaux)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteAlain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 26.01.2015 à 09h59 • Mis à jour le26.01.2015 à 10h10 | Sylvie Kauffmann et Cédric Pietralunga Après la victoire, dimanche 25 janvier, de Syriza et d’Alexis Tsipras aux élections législatives en Grèce, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde indique, dans un entretien au Monde, que sa priorité est de « réengager le dialogue avec les autorités grecques, notamment sur leur programme de réformes structurelles », car il y a, selon elle, « beaucoup de retard à combler. »Un dernier versement de 3,6 milliards d’euros reste à effectuer à la Grèce dans le cadre du deuxième plan d’aide internationale, mais il doit se faire en échange de réformes exigées par la Troïka (Fonds monétaire international, Commission et Banque centrale européennes).« Il faut notamment mettre en œuvre la réforme de l’appareil d’État et du système de collecte de l’impôt, le raccourcissement des délais judiciaires. Il ne s’agit pas là de mesures d’austérité, ce sont des réformes de fond qui restent à faire », explique Mme Lagarde.Interrogée sur la promesse faite par M. Tsipras de restructurer la dette du pays, la « patronne » du FMI est formelle : il n’est pas question d’accepter un effacement de la dette grecque, une question d’équité entre pays européens. « Il y a des règles internes à la zone euro à respecter. On ne peut pas faire des catégories spéciales pour tel ou tel pays », relève-t-elle.La dette, priorité du nouveau gouvernement grecNéanmoins, Mme Lagarde indique que « différentes hypothèses, dont nous discuterons avec les autorités grecques et nos partenaires européens » sont sur la table. Si elle se refuse à donner plus de détails, une source proche du dossier grec explique que les négociations pourraient porter sur le volume, le taux d’intérêt ou la durée de remboursement de la dette grecque.Grèce : plan d’aide et dette au menu des « argentiers » européensCédric PietralungaJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSylvie KauffmannJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.01.2015 à 15h07 • Mis à jour le02.01.2015 à 15h49 La polémique déclenchée par le président islamo-conservateur turc, Recep Tayyip Erdogan, sur la place « naturelle » des femmes a rebondi, vendredi 2 janvier, en Turquie après une sortie de son ministre de la santé jugeant que la maternité était leur seule « carrière » possible.Lire le décryptage : Les droits des femmes turques sont-ils en régression ?A la faveur d'une visite rendue aux premiers bébés de l'année 2015 dans les maternités d'Istanbul, le ministre a dispensé quelques conseils à leurs mères. « Les mères ne doivent pas mettre d'autres carrières que la maternité au centre de leur vie. Elever de nouvelles générations doit être au centre de leurs préoccupations », a lancé Mehmet Muezzinoglu, cité par les médias turcs.UNE VOLÉE DE CRITIQUESCes déclarations ont suscité une volée de critiques. « La maternité n'est pas une carrière, a réagi sur son compte Twitter l'écrivaine à succès Elif Safak. Les femmes turques doivent décider elles-mêmes de leur chemin dans la vie (pas se le faire imposer par des hommes politiques). »Motherhood is Not a"career"anyway.Turkishwomen should decide their own paths in life(not male politicians from above)— Elif Şafak / Shafak (@Elif_Safak)require(["twitter/widgets"]);Une députée de l'opposition, Aylin Nazliaka, a pour sa part suggéré à M. Muezzinoglu « d'arrêter de parler ». « Il a des motifs cachés derrière ces déclarations. Leur but est de faire des femmes des citoyennes de seconde zone », a-t-elle écrit sur Twitter. « UNE CARRIÈRE INDISCUTABLE ET SACRÉE »Droit dans ses bottes, le ministre de la santé a réitéré ses propos vendredi. « La maternité n'est pas une carrière ouverte à tous (...), c'est une carrière indiscutable et sacrée », a-t-il insisté devant la presse. Habitué des déclarations à l'emporte-pièce, M. Erdogan s'est lui aussi illustré récemment par une série de sorties sur le même thème, qui ont provoqué l'ire des féministes.Lire aussi : Recep Tayyip Erdogan, « gardien du vagin des femmes turques »A la fin de novembre, il avait jugé l'égalité hommes-femmes « contre nature » et souligné que l'islam avait « défini une place pour les femmes : la maternité ». En décembre, le chef de l'Etat, qui milite fermement pour que les femmes aient au moins trois enfants, avait également comparé la contraception à une « trahison ».M. Erdogan, qui a dirigé le gouvernement pendant onze ans avant son élection à la présidence, en août dernier, est régulièrement accusé par ses détracteurs de vouloir islamiser la société turque, en limitant notamment les droits des femmes.Lire aussi (édition abonnés) : Le président turc juge l’égalité des sexes contre-nature 02.01.2015 à 11h54 • Mis à jour le02.01.2015 à 12h04 Sonia Combe, historienneLa commémoration, cet acte politique lesté d’enjeux qui comme on le sait ne sont pas que mémoriels, peut nuire gravement à la vérité historique. Laissons de côté celle de 1914-1918 et tournons-nous vers nos voisins d’outre Rhin. La fièvre commémorative qu’a connue Berlin l’automne dernier vient de nous en administrer la preuve. Ce n’est pas le côté spectaculaire qui est ici en cause. Le lâcher de ballons le long de l’ancien tracé du Mur fut du plus bel effet. Rien à dire non plus du concert, on ne boudera jamais son plaisir à entendre une 9e symphonie bien dirigée.On aurait pu s’en tenir là mais, pour que le spectacle soit total, il fallait mettre la mémoire à contribution. Une mémoire très sélective. Une ex-citoyenne de la RDA m’a raconté comment, attirée par une chaîne de télévision à un ancien point de passage du Mur, elle fut interrogée sur la joie qu’elle aurait éprouvée à passer à l’Ouest le soir du 9 novembre 1989. Hélas, elle avoua que, courant depuis plus d’un mois d’un comité de citoyens à un autre, sa préoccupation première n’avait pas été de s’y rendre. Ce qui se passait à l’Est était alors bien plus intéressant ! Déçue, la journaliste l’orienta alors vers la Stasi. En avait-elle eu peur ? Là, la déception fut plus grande encore : l’ex-citoyenne de l’Est expliqua qu’elle n’exprimait ses critiques à l’égard du régime qu’à l’intérieur du Parti et que, pour être honnête, elle n’avait pas vécu dans la peur de la Stasi car elle n’avait pas appartenu à un cercle de dissidents. Pire, elle n’avait pas été de ceux qui avaient applaudi au plan en dix points pour la réunification du Chancelier Kohl lancé le 28 novembre 1989.C’était plus qu’on ne voulait entendre. Promptement délaissée, elle n’eut aucun écho de sa prestation télévisée. Comme n’en eut guère l’initiative du Musée juif de Berlin qui, le 6 novembre, organisait une table ronde sur la façon dont des minorités, turques, vietnamienne, juive ou autre avaient pu vivre l’événement. C’est un sociologue germano-africain qui ouvrit le débat : fils d’une communiste est-allemande et ayant grandi en RDA, il militait en 1989 pour une « meilleure RDA » et avoua avoir pleuré lors de l’annonce de la chute du Mur. Au contraire la représentante de la communauté turque dit combien elle s’était réjouie avec les Berlinois de l’Ouest ; elle les avait rejoints dans la rue pour aller à la rencontre de ceux de l’Est, prête à les embrasser, mais ces derniers avaient reculé en la voyant, si brune…Le pogrom de novembreVenue du Vietnam où la RDA recrutait ses travailleurs immigrés, sa voisine disait elle-aussi s’être réjouie car elle n’aurait plus à redouter de tomber enceinte. En RDA les travailleuses émigrées n’avaient ni le droit d‘avoir des enfants ni celui d’avorter. De cette disposition on n’était guère au courant. Elle n’avait rien à voir avec la Stasi, mais avec le cynisme des États contractants. Ce fut enfin au tour du directeur du Centrum Judaicum, Hermann Simon, de prendre la parole. Historien dont les parents avaient choisi de vivre en RDA, il raconta avec son humour habituel comment sa femme et lui, ce fameux soir, n’ayant rien compris à ce qu’avait bredouillé Schabowski (le secrétaire du parti de Berlin Est par qui tout était arrivé), étaient allés se coucher et qu’ayant appris à son réveil la chute du Mur, il s’était simplement dit : ça, c’est pas bon pour les Juifs ! Un an auparavant, le 9 novembre 1988, les deux Allemagnes avaient rivalisé dans la piété commémorative de la « nuit de cristal » survenue 50 ans plus tôt. Une commémoration en masque toujours une autre.Cette année les cérémonies en souvenir du pogrome nazi ont été éclipsées par la joie ressuscitée des vingt-cinq ans de la chute du Mur. Fidèle à son engagement, Hans Coppi, ce fils d’un couple de résistants du réseau dit de « l’orchestre rouge », né en prison (l’exécution de sa mère avait été repoussée jusqu’à l’accouchement), avait convié au nom du Comité antifasciste à la commémoration du 9 novembre 1938 sur le site de l’ancienne prison et lieu d’exécution de Plötzensee. S’y retrouvèrent quelques vieux antifascistes accompagnés d’ex citoyens de RDA qui, pour la plupart, n’avaient pas souhaité la disparition leur pays. À l’époque c’étaient des partisans de la « troisième voie » dont l’écrivaine Christa Wolf fut le porte-parole, celle d’un « socialisme qu’on ne fuirait pas ».Ce n’est pas la chute du Mur qu’on vient de célébrer en Allemagne, mais la réunification. En dépit du lien qui les relie et qu’on a fini par croire naturel comme on avait fini par trouver normale la division de l’Allemagne auparavant, il s’agit de deux événements distincts. Oubliée par les médias, ignorée par une historiographie de la RDA encadrée par des historiens originaires des rives du Rhin ou de Bavière, la part non négligeable de la société est-allemande que n’enchanta pas le plan du chancelier Kohl lancé à la fin de ce mois de novembre euphorique fut pourtant une réalité. Rappeler son existence vingt-cinq ans après aurait-il troublé la joie orchestrée ? Le consensus entre le spectacle médiatique et l’histoire savante risque de nous priver pendant encore quelques bonnes années, dans le meilleur des cas jusqu’au prochain chiffre rond, du récit dépassionné et objectif, en un mot désidéologisé, de « ce qui s’est réellement passé » en cet automne 1989, le fameux « wie es eigentlich gewesen » de l’historien Herbert von Ranke.Sonia Combe, vient de publier Une vie contre une autre. L’échange de victime et les modalités de survie dans le camp de Buchenwald, Fayard, 2014 Maryline Baumard (Brindisi, envoyée spéciale) Dans le port de Brindisi, Dennis Osadiaye regarde débarquer les bateaux. Il a entendu les histoires des nouveaux venus en Europe et trouve que la traversée de la Méditerranée devient vraiment très dangereuse. « J’ai vu à la télévision qu ils étaient nombreux ces jours-ci à nous rejoindre après avoir risqué leur vie », observe le jeune Nigérian. Lui est à Brindisi depuis sept mois. « J’étais passé de la Libye à la Sicile sur un tout petit bateau et on m’a amené à Brindisi quand j’ai dit que je voulais demander l’asile », raconte-t-il, fataliste. Ce passage lui a coûté quatre mois de son salaire de laveur de voitures libyen.En fait, Dennis voyage depuis trois ans. Il est parti à 17 ans du Nigeria, et en a 20 aujourd’hui. D’abord, il s’est arrêté deux ans en Libye, où il raconte avoir toujours travaillé facilement. Puis il a continué vers l’Europe, son but. « Sept mois en Italie, c’est beaucoup et peu », note-t-il, pensif. Beaucoup, parce qu’il n’imagine plus de repartir. Peu, parce qu’il n’a pas avancé dans son projet d’apprendre un métier dans le bâtiment et de s’installer vraiment. « J’attends une réponse à l’appel de ma demande d’asile. Pendant ce temps, je ne peux pas travailler », regrette-t-il. Bien sûr, il a fait la cueillette des olives ou d’autres petits travaux. Mais c’est toujours occasionnel.Bateaux fantômes en MéditerranéeJeudi, Dennis est venu à la gare de Brindisi. Comme il le fait souvent l’après-midi, parce que ce lieu est un point de ralliement. Le square qui jouxte la gare offre ses bancs et l’ombre d’un arbre. Ça suffit à créer un espace convivial pour la vingtaine de jeunes Africains qui rient et partagent ce moment. On se souhaite la bonne année dans toutes les langues, et Dennis est l’un des rares à parler anglais. « En général, les Nigérians vont à Londres et moi je suis là », ajoute-t-il, sans qu’on comprenne vraiment si c’est par choix ou parce que la vie en a décidé ainsi.Pour Dennis, comme pour d’autres jeunes aux vies plus faciles, il y a d’abord les plaisirs simples du présent. « Ceux qui ont déjà les papiers passent nous voir à la gare. Parfois, ils m’emmènent manger chez eux. Et puis, les Italiens aussi passent nous voir. Ils savent qu’on est là et viennent nous donner des choses, ou de la nourriture. Ça aide. » En tant que demandeur d’asile, Dennis reçoit 2,50 euros par jour et se nourrit avec. La nuit, il était hébergé, jusque-là. « Mais je sais qu’avec les nouvelles arrivées, je vais devoir laisser ma place. Alors je viendrai dormir a la gare. Avec les autres », ajoute-t-il, une pointe de regret dans la voix.Un troisième navire en perdition et des garde-côtes en alerte Maryline Baumard (Brindisi, envoyée spéciale)JournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.01.2015 à 21h08 La police suédoise recherchait activement, jeudi 1er janvier, l'auteur d'une attaque à la bombe incendiaire contre une mosquée de la ville d'Uppsala dans la nuit de mercredi à jeudi, la troisième de ce type en huit jours en Suède.L'Association islamique de Suède a posté sur Internet une photographie de la porte principale de la mosquée, sur laquelle était écrit : « Cassez-vous sales musulmans. »La police d'Uppsala, quatrième ville du pays, a été alertée par des passants qui ont témoigné avoir vu un homme lancer un projectile enflammé sur la mosquée. Le bâtiment était désert et n'a pas pris feu à la suite de l'attaque.Cette attaque a eu lieu trois jours après qu'un incendie, visiblement criminel, se fut déclaré dans une mosquée au rez-de-chaussée d'un immeuble d'Eslöv, dans le sud du pays. Le feu avait été rapidement éteint. Le jour de Noël, cinq personnes avaient été blessées dans l'incendie d'une mosquée au rez-de-chaussée d'un immeuble d'Eskilstuna (Centre).lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2demfu"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2demfu", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});SÉCURITÉ RENFORCÉE AUTOUR DES LIEUX DE CULTELe premier ministre suédois, Stefan Löfven, a appelé à condamner fermement cette attaque, ajoutant que le gouvernement mettrait à disposition des financements supplémentaires pour renforcer la sécurité autour des lieux de culte.Ces attaques surviennent alors que le débat autour de l'immigration et de l'intégration des réfugiés s'intensifie dans ce pays nordique traditionnellement tolérant. La Suède devrait recevoir plus de cent mille demandes d'asile cette année, un record.Le mois dernier, le parti d'extrême droite les Démocrates de Suède, devenu la troisième force politique du pays après les élections de septembre, a manqué de peu de faire chuter le gouvernement de gauche sur sa politique d'immigration, jugée trop généreuse. Les sondages le créditent de 16 % d'opinions positives.Les Démocrates de Suède ont cependant condamné ces attaques, estimant qu'elles relevaient d'actes « criminels », et « non politiques ». Les associations de musulmans ont appelé les responsables politiques à rejoindre les veillées organisées vendredi dans plusieurs grandes villes du pays afin de montrer leur rejet de cette violence xénophobe.Lire aussi (édition abonnés) : En Suède, accord historique contre l’extrême droite 01.01.2015 à 14h22 • Mis à jour le01.01.2015 à 14h49 Le pape François a appelé jeudi 1er décembre les gens de toutes religions et de toutes cultures à unir leurs forces pour combattre l'esclavage moderne et le trafic d'êtres humains, affirmant lors d'une messe pour la paix, à l'occasion du Nouvel An, le droit de chacun à vivre libre.Lire l'edito du Monde (édition abonnés) : François, pape putschisteLe souverain pontife a célébré une messe solennelle en la basilique Saint-Pierre de Rome le jour où l'Eglise catholique marquait la Journée mondiale de la paix, dont le thème, cette année, était « Plus esclaves, mais frères et sœurs » :« Nous sommes tous appelés à être libres, tous à être fils et filles, chacun selon ses responsabilités, à lutter contre les formes modernes d'esclavage. Venant de tout peuple, culture et religion, unissons nos forces. »« LA PAIX EST TOUJOURS POSSIBLE »Le mois dernier, le pape avait appelé les consommateurs à bouder les biens de consommation à bas coût, susceptibles d'être le fruit d'un travail forcé ou d'autres formes d'exploitation.Après son homélie, le pape a prononcé son message traditionnel du Nouvel An devant les dizaines de milliers de personnes venues l'écouter place Saint-Pierre. « La paix est toujours possible mais nous devons la rechercher. Prions pour la paix », a-t-il dit à ses auditeurs qui portaient des ballons et des banderoles avec des slogans en faveur de la paix.Lire aussi : Le pape condamne la « persécution brutale » des « minorités » 31.12.2014 à 18h04 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2b9oo7"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2b9oo7", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});La préfecture de Melilla évoque une « nuit d'extrême pression migratoire ». Cent cinquante-six migrants sont parvenus ces dernières vingt-quatre heures à passer en force la barrière grillagée qui sépare l'enclave espagnole de Melilla du Maroc, ont prévenu les autorités, mercredi 31 décembre.Lire (édition abonnés) : Le journal d'un migrant à Melilla« Depuis 22 heures » mardi, « plus de huit cents migrants, divisés en plusieurs groupes parfaitement organisés, ont tenté d'atteindre la barrière frontalière qui sépare le Maroc de Melilla », écrit la préfecture de l'enclave dans un communiqué.Mardi, cent deux migrants subsahariens étaient déjà parvenus à entrer en Espagne en franchissant la triple barrière haute de six mètres, l'une des seules frontières terrestres entre l'Europe et l'Afrique, avec l'autre enclave espagnole de Ceuta. Mercredi matin, « cinquante-quatre subsahariens sont parvenus à franchir l'ensemble du dispositif » censé empêcher leur entrée en Espagne, qui comprend un grillage spécialement étudié pour en empêcher l'escalade.4 700 MIGRANTS DEPUIS LE DÉBUT DE L'ANNÉE « Nous ne pouvons pas permettre que les assauts massifs, employant la force, soient une constante à la frontière sud de l'Europe », a déclaré le préfet de Melilla, Abdelmalik El Barkani, cité dans le communiqué. « Ce n'est pas un modèle d'immigration auquel nous devons ni ne pouvons nous résigner », a-t-il ajouté.Avec les conflits en Syrie, en Irak, au Soudan ou au Mali, les tentatives d'entrée se sont multipliées ces derniers mois dans les enclaves de Melilla et de Ceuta. Les derniers chiffres disponibles du ministère de l'intérieur espagnol faisaient état au 16 novembre de l'entrée de près de quatre mille sept cents immigrants clandestins à Melilla depuis le début de l'année, contre un peu plus de trois mille pour l'ensemble de 2013.Certains, comme mardi et mercredi, se lancent en groupes, le plus souvent à l'aube, pour franchir la triple barrière grillagée. D'autres, munis de faux papiers, tentent de se fondre dans le flot de Marocains qui passent chaque jour la frontière. Les autorités estiment que trente mille Marocains, commerçants ou porteurs, viennent chaque jour à Ceuta et à Melilla, deux enclaves que le Maroc revendique.Lire aussi notre reportage à Melilla (édition abonnés) : A Melilla, les fantômes de l'immigration 31.12.2014 à 15h22 • Mis à jour le31.12.2014 à 17h16 Au lendemain de sa condamnation à trois ans et six mois de prison avec sursis, l'opposant russe Alexeï Navalny a fait appel, mercredi 31 décembre, de son assignation à résidence, qui court jusqu'au 15 février. M. Navalny a été brièvement arrêté mardi soir alors qu'il tentait de se rendre à une manifestation de ses partisans organisée au pied de la muraille du Kremlin. « Oui, l'assignation à résidence est toujours en vigueur, mais aujourd'hui, j'ai trop envie d'être avec vous. C'est pourquoi, je me rends moi aussi à la manifestation », avait-il lancé sur son compte Twitter.Le service de l'exécution des peines a déposé mercredi une plainte pour « violation de l'assignation à résidence » auprès de la justice, qui a refusé de l'examiner, selon un porte-parole cité par l'agence de presse Ria Novosti.PLUS DE 70 MANIFESTANTS EN ATTENTE DE JUGEMENTL'opposant avait appelé ses partisans à descendre dans la rue pour « détruire » le régime du président Vladimir Poutine après l'annonce de sa condamnation avec sursis par la justice russe, qui a aussi condamné son frère Oleg à trois ans et six mois de prison ferme. Environ 1 500 personnes avaient répondu à son appel malgré une forte présence policière. Une centaine de manifestants ont été interpellés, selon la police. La BBC a rapporté que Maria Alyokhina, membre du groupe Pussy Riot, faisait partie des personnes arrêtées. Plus de 70 d'entre eux étaient toujours détenus mercredi par la police et devaient être jugés pour refus d'optempérer et participation à une manifestation non autorisée, selon un membre de l'ONG russe OVD-Info, spécialisée dans le suivi des arrestations. Selon l'agence de presse russe Ria Novosti, deux participants ont déjà été condamnés à 15 jours de détention.Alors que la manifestation s'était déroulée dans le calme, le député pro-Kremlin Frants Klintsevitch, par ailleurs président des anciens combattants de la guerre en Afghanistan, a mis en garde « ceux qui voudraient organiser un Maïdan à Moscou ». « Nous ne le laisserons pas faire », a-t-il déclaré en menaçant de faire descendre dans la rue les anciens militaires.Lire la synthèse : En Russie, du sursis pour museler Alexeï Navalny 24.01.2015 à 08h25 La campagne électorale est entrée dans sa dernière ligne droite en Grèce avant le scrutin législatif, dimanche 25 janvier. Crucial, ce vote survient dans un pays dont la vie politique a été bouleversée par de longues années de crise : le bipartisme en vigueur pendant plus de quarante ans a volé en éclats.Le parti socialiste Pasok, au pouvoir en 2010 lors du lancement du premier plan d’aide financier international, est en voie de marginalisation. La droite conservatrice (Nouvelle Démocratie) du premier ministre sortant Antonis Samaras risque, quant à elle, d’être battue par le parti de la gauche radicale, Syriza, auparavant réduite à un rôle de figuration.Les contours d’une future coalition en cas de victoire de Syriza sont d’autant plus incertains que d’autres formations plus modestes se positionnent, et que selon les dernières enquêtes d’opinion, un électeur sur dix reste indécis. Les derniers sondages placent To Potami (6,5 %), Aube dorée (5,6 %), le Pasok (4,9 %) et le KKE (5,6 %) au coude-à-coude en troisième position, profitant de l’éclatement de la gauche traditionnelle. Tour d’horizon des forces en présence.Lire l'analyse : En Grèce, la victoire annoncée de la gauche radicaleLa gauche radicale SyrizaFruit d’une alliance allant de la gauche traditionnelle à l’extrême gauche, en passant par des écologistes, l’émergence de Syriza a été longue et progressive : la coalition est issue du mouvement Synapismos, dont provient Alexis Tsipras. Longtemps cantonné à un score de 5 %, son poids politique a augmenté à mesure que la crise grecque durait, et c’est au moment de l’implosion du Pasok, considéré comme responsable de l'arrivée des mesures d'austérité à partir de 2010, que la coalition s’est affirmée comme « la » grande force d’opposition à la droite.Syriza a fait une percée importante lors des élections législatives de 2012, remportant 71 sièges et devenant la deuxième formation politique du pays. Ses structures sont alors modifiées pour fonctionner en parti et non en coalition. Alexis Tsipras en profite pour canaliser son opposition eurosceptique dans un courant qui représente 30 % du parti. Celui-ci domine alors le débat interne, défendant la ligne consistant à alléger la politique d’austérité et d’annuler une partie de la dette du pays - 321,7 milliards d’euros, soit 175 % du PIB - auprès de ses bailleurs internationaux.Lire aussi : Qu'est-ce que Syriza, le parti antiaustérité qui progresse en Grèce ?Les conservateurs de Nouvelle DémocratieC’est l’un des deux partis historiques du pays, fondé, comme son vieux rival socialiste du Pasok, juste après la chute de la junte militaire des colonels en 1974. Ce parti conservateur de centre-droit est d’ailleurs arrivé au pouvoir dès cette année et a fourni depuis lors de nombreux premiers ministres au pays. Bien que Nouvelle Démocratie ait été au pouvoir juste avant la crise de 2010, et depuis 2012, le parti a beaucoup moins souffert que le Pasok, même s’il pâtit de l’éclosion d’une série de formations centristes.Nouvelle Démocratie – 127 sièges actuellement au Parlement– entend respecter les engagements dans le cadre du plan d’aide européen, tout en cherchant à en sortir le plus vite possible.Le Pasok socialisteJadis poids lourd du le paysage politique grec, le Pasok connaît une descente aux enfers électorale depuis 2010, puisqu’il est considéré comme le principal responsable des maux qui accablent la Grèce. C’est George Papandréou, le fils du fondateur de la formation, qui a signé le premier plan d’aide en échange d’une cure drastique d’austérité. Fin 2011, alors que sa majorité ne tient plus qu’à un fil, il démissionne pour laisser la place à un gouvernement de coalition intérimaire dirigé par Lucas Papadémos, un ancien vice-président de la Banque centrale européenne. Nouvelle Démocratie et Pasok y participent.Lors des élections de 2012, le Pasok (avec 28 sièges) est déjà devancé par Syriza. Mais il accepte de s’associer à la droite au sein du gouvernement dirigé par Antonis Samaras. Quant à M. Papandréou, il a depuis constitué une formation dissidente, Kinima.Les centristes de To PotamiFondé au printemps 2014 par un journaliste vedette de la télévision, Stavros Theodorakis, To Potami (« la rivière ») se présente comme une alternative antisystème et fait de la lutte contre la corruption son fer de lance : « Chez nous, pas de professionnels de la politique, car ce sont eux qui ont mené le pays à la ruine », affirme M. Theodorakis. De fait, To Potami refuse tout politicien parmi ses membres, et préfère regrouper des civils – médecins, universitaires ou encore avocats. Plutôt que de proposer des promesses qu’il ne pourrait pas tenir, le parti a présenté de grandes thématiques qui le situent à gauche pour les questions sociales et dans le camp libéral en matière d’économie : il se prononce par exemple pour la séparation de l’Eglise et de l’Etat et en faveur du mariage pour les homosexuels, mais aussi pour les privatisations et des baisses d’effectif dans la fonction publique.Les néonazis d’Aube doréeMalgré sa situation actuelle – toute la direction du parti, y compris sept députés sur seize, sont emprisonnés, dans l’attente de leur jugement, pour « appartenance à une organisation criminelle » –, le parti ultranationaliste, europhobe et ouvertement néonazi, participe à la campagne. Il pourrait remporter une part non négligeable des suffrages, quand bien même sa cote dans les sondages a régressé depuis cette série d’interpellations. Le secrétaire général du parti, Nikolaos Michaloliakos, lui aussi en prison, affirme son opposition à la participation à un quelconque gouvernement, puisqu’il ne veut s’associer « ni avec les serviteurs de l’austérité [Nouvelle Démocratie], ni avec les bolchevicks [Syriza] ».Les communistes du KKETroisième force politique pendant de longues années et jusqu’à très récemment, le KKE, fondé en 1918, détient 12 sièges dans le Parlement sortant. La formation est eurosceptique, favorable à l’annulation de la dette publique, ainsi qu’à un interventionnisme étatique accru. Le KKE, un des derniers vestiges de stalinisme en Europe, n'envisage pas d’alliance avec Syriza, qui s'est notamment constitué autour des eurocommunistes de Synapismos, dont faisait partie Alexis Tsipras.Des formations plus modestesD’autres formations auront sans doute du mal à franchir le seuil des 3 % nécessaire pour avoir des élus. Mais elles vont contribuer à la dispersion des voix, au détriment des principaux partis. Comme les Grecs indépendants (Anel), une scission souverainiste de la Nouvelle Démocratie qui comptent actuellement 12 sièges au Parlement. S'ils franchissent la barre des 3%, ils pourraient paradoxalement soutenir Syriza, sur la base de l'opposition à la "troïka". L’Alerte populaire orthodoxe (Laos) est un parti d’extrême droite qui n’était pas parvenu à obtenir de siège en 2012. La Gauche démocrate (Dimar), issue d'une scission de Syriza, est en désaccord avec une orientation jugée trop radicale. Leur poids actuel est de 10 sièges au Parlement élu.Clara Bonzon 23.01.2015 à 20h19 • Mis à jour le24.01.2015 à 16h10 | Elisa Perrigueur La Syriza, le parti de la gauche radicale, créditée de 32,5 % des intentions de vote, selon une des dernières enquêtes d'opinion avant les élections législatives anticipées du 25 janvier en Grèce, est aux portes du pouvoir, même si une victoire totale n'est pas acquise. Aucun sondage ne lui donne en effet la majorité absolue de cent cinquante et un sièges sur les trois cents que compte le Parlement.Si c'est le cas, deux possibilités s'offriront alors à elle : créer un gouvernement de coalition avec des petits partis ou se contenter de leur soutien au Parlement dans le cadre d’un gouvernement minoritaire. Dans les deux cas, la politique qu'entend appliquer son leader, Alexis Tsipras, sera en rupture totale avec celle menée par le gouvernement de droite actuel, et obligera le pays à revoir ses relations avec l'Europe.Lire l'analyse : En Grèce, la victoire annoncée de la gauche radicaleDes négociations (musclées) avec la « troïka » La « troïka » des créanciers de la Grèce — Banque centrale européenne (BCE), Fonds monétaire international (FMI) et Commission européenne — craint désormais moins un « Grexit » (une sortie du pays de la zone euro), techniquement difficile, qu'une longue et âpre négociation autour du plan d'aide dont a bénéficié le pays.M. Tsipras, qui a tenté de rassurer les sphères européennes pendant la campagne, a aussi voulu le faire, ces derniers jours, vis-à-vis de ses électeurs : la Syriza « affrontera » les créanciers, qui ont prêté jusqu'ici 240 milliards d'euros au pays, en échange de réformes, a-t-il promis. Dans une tribune intitulée « La Grèce peut équilibrer ses comptes sans tuer la démocratie » publiée dans le Financial Times, le 20 janvier , il exposait :« Nous avons le devoir de négocier ouvertement, honnêtement et entre égaux avec nos partenaires européens. »Et de répéter, optimiste : « Nous ne sommes pas en 2012 [en mai, lors des précédentes législatives], il y a une marge de négociation. » La Syriza souhaite obtenir l'annulation d'une partie de la dette, de 321,7 milliards d’euros (qui représente 175 % du produit intérieur brut), et modifier le mécanisme de remboursement du reste de la charge. « Une dette est une dette, c'est un contrat. Faire défaut, restructurer, changer les termes a des conséquences sur la signature » d'un pays, a prévenu la directrice du FMI, Christine Lagarde, le 19 janvier dans les colonnes du Irish Times.Lire l'analyse : Une sortie de la Grèce coûterait cher à la zone euroUn changement radical pour les Grecs, selon LA SyrizaImage précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-54c3d728d4560'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 18\r\n \r\n \r\nA Ath\u00e8nes, l'organisation non gouvernementale Galini sert 250 repas chaque jour aux sans-abri et aux familles dans le besoin.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\nDans cette Gr\u00e8ce d\u00e9class\u00e9e pr\u00eate \u00e0 voter Syriza\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"A Ath\u00e8nes, l'organisation non gouvernementale Galini sert 250 repas chaque jour aux sans-abri et aux familles dans le besoin.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":0,"position":1,"total_count":18,"item_lie":{"titre":"Dans cette Gr\u00e8ce d\u00e9class\u00e9e pr\u00eate \u00e0 voter Syriza","link":"\/europe\/article\/2015\/01\/19\/dans-cette-grece-declassee-prete-a-voter-syriza_4558894_3214.html"},"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 18\r\n \r\n \r\n\u00a0Dans une banque alimentaire cr\u00e9\u00e9e par l'ONG Galini \u00e0 Ath\u00e8nes, 250 repas sont servis chaque jour pour les sans-abri et les familles dans le besoin.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00a0Dans une banque alimentaire cr\u00e9\u00e9e par l'ONG Galini \u00e0 Ath\u00e8nes, 250 repas sont servis chaque jour pour les sans-abri et les familles dans le besoin.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":1,"position":2,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 18\r\n \r\n \r\nDes enfants sans-abri dans les rues d'Ath\u00e8nes. A cause de la crise \u00e9conomique et des mesures d'aust\u00e9rit\u00e9, la hausse du ch\u00f4mage touche d\u00e9sormais toutes les g\u00e9n\u00e9rations.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des enfants sans-abri dans les rues d'Ath\u00e8nes. A cause de la crise \u00e9conomique et des mesures d'aust\u00e9rit\u00e9, la hausse du ch\u00f4mage touche d\u00e9sormais toutes les g\u00e9n\u00e9rations.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":2,"position":3,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 18\r\n \r\n \r\nSoin p\u00e9diatrique \u00e0 la polyclinique de M\u00e9decins du monde.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Soin p\u00e9diatrique \u00e0 la polyclinique de M\u00e9decins du monde.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":3,"position":4,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 18\r\n \r\n \r\nUn jeune fille avec sa m\u00e8re \u00e0 l'unit\u00e9 de p\u00e9diatrie de M\u00e9decins du monde qui fournit des soins de sant\u00e9 gratuits.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un jeune fille avec sa m\u00e8re \u00e0 l'unit\u00e9 de p\u00e9diatrie de M\u00e9decins du monde qui fournit des soins de sant\u00e9 gratuits.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":4,"position":5,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 18\r\n \r\n \r\nUn sans-abri dormant dans le centre d'Ath\u00e8nes. Il a v\u00e9cu dans la rue pendant plus de trois ans et b\u00e9n\u00e9ficie aujourd'hui du soutien d'organisations humanitaires, comme Klimaka.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un sans-abri dormant dans le centre d'Ath\u00e8nes. Il a v\u00e9cu dans la rue pendant plus de trois ans et b\u00e9n\u00e9ficie aujourd'hui du soutien d'organisations humanitaires, comme Klimaka.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":5,"position":6,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 18\r\n \r\n \r\nChristina, toxicomane, en visiste m\u00e9dicale \u00e0 la polyclinique de M\u00e9decins du monde.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Christina, toxicomane, en visiste m\u00e9dicale \u00e0 la polyclinique de M\u00e9decins du monde.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":6,"position":7,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 18\r\n \r\n \r\nMelina, b\u00e9n\u00e9vole de l'ONG Klimaka, vient en aide aux sans-abri dans le quartier du Pir\u00e9e.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Melina, b\u00e9n\u00e9vole de l'ONG Klimaka, vient en aide aux sans-abri dans le quartier du Pir\u00e9e.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":7,"position":8,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 18\r\n \r\n \r\nUn sans-abri attend la fourgonnette de l'ONG Klimaka, qui fournit une alimentation quotidienne aux personnes dans le besoin.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un sans-abri attend la fourgonnette de l'ONG Klimaka, qui fournit une alimentation quotidienne aux personnes dans le besoin.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":8,"position":9,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 18\r\n \r\n \r\nDans la polyclinique de l'ONG M\u00e9decins du monde.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Dans la polyclinique de l'ONG M\u00e9decins du monde.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":9,"position":10,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_9.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 11 \/ 18\r\n \r\n \r\nUn sans-abri, place Klathmonos, \u00e0 Ath\u00e8nes.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un sans-abri, place Klathmonos, \u00e0 Ath\u00e8nes.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":10,"position":11,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_10.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 12 \/ 18\r\n \r\n \r\nUne femme sans abri attend des v\u00eatements et de la nourriture fournis par l'ONG Klimaka qui lutte contre l'exclusion sociale.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une femme sans abri attend des v\u00eatements et de la nourriture fournis par l'ONG Klimaka qui lutte contre l'exclusion sociale.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":11,"position":12,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_11.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 13 \/ 18\r\n \r\n \r\nD\u00e9pistage de maladies sexuellement transmissibles \u00e0 la polyclinique de M\u00e9decins du monde.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"D\u00e9pistage de maladies sexuellement transmissibles \u00e0 la polyclinique de M\u00e9decins du monde.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":12,"position":13,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_12.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 14 \/ 18\r\n \r\n \r\nSoin p\u00e9diatrique \u00e0 la polyclinique de M\u00e9decins du monde.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Soin p\u00e9diatrique \u00e0 la polyclinique de M\u00e9decins du monde.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":13,"position":14,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_13.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 15 \/ 18\r\n \r\n \r\n\u00a0250 repas sont servis chaque jour pour les sans-abri par l'ONG Galini.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00a0250 repas sont servis chaque jour pour les sans-abri par l'ONG Galini.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":14,"position":15,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_14.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 16 \/ 18\r\n \r\n \r\nDans la polyclinique de M\u00e9decins du monde.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Dans la polyclinique de M\u00e9decins du monde.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":15,"position":16,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_15.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 17 \/ 18\r\n \r\n \r\nDes sans-abri attendant de la nourriture et des v\u00eatements fournis par l'ONG Klimaka.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des sans-abri attendant de la nourriture et des v\u00eatements fournis par l'ONG Klimaka.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":16,"position":17,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_16.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 18 \/ 18\r\n \r\n \r\nUne famille \u00e0 la recherche d'un abri pour passer la nuit dans le centre d'Ath\u00e8nes.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une famille \u00e0 la recherche d'un abri pour passer la nuit dans le centre d'Ath\u00e8nes.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":17,"position":18,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_17.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Après cinq ans de récession et de politique économique de rigueur, la Syriza séduit à grand renfort de promesses sociales. Son « programme de Thessalonique » comporte deux grands chantiers : le traitement de « la crise humanitaire » et la relance de la croissance. Parmi les mesures, on relève :Le courant électrique gratuit pour trois cent mille ménages. Des milliers de foyers défavorisés sont sans courant pour cause d'impayés auprès de la compagnie nationale d'électricité, DEI ;La suppression de la nouvelle loi d'imposition du patrimoine immobilier (Enfia). Cette taxe prolonge, sous une autre appellation, un impôt instauré en 2011 et inclus directement dans la facture d'électricité ;Création de trois cent mille emplois ;Le rétablissement du salaire minimal à 751 euros. Celui-ci a été abaissé à 586 euros en 2012 ;La gratuité des soins de santé pour tous. Près d'un quart des Grecs n'ont plus de couverture sociale, selon l'organisation non gouvernementale Médecins du monde.Réouverture de l'ERT (Ellinikí Radiofonía Tileórasi). Le groupe audiovisuel public employant deux mille salariés avait brutalement fermé en 2013 dans le cadre des suppressions de postes dans le service public.Douze milliards d'euros. C'est la somme que veut trouver le parti au cours des deux prochaines années pour financer ces mesures, grâce à la relance, à la lutte contre l'évasion fiscale et la contrebande, à la réaffectation des ressources issues du programme européen et des ressources issues du fonds de stabilité financière. « Ce n'est pas réaliste, ils doivent obtenir l'accord des créanciers pour ces ressources, met en doute Takis Michas, journaliste et analyste pour le Wall Street Journal. Les promesses non tenues de la Syriza pourraient ramener la colère dans la rue. »>> Lire le reportage : Dans cette Grèce déclassée prête à voter SyrizaUne victoire symbolique pour la gauche radicale en EuropeL'arrivée de la Coalition de la gauche radicale (Synaspismós Rhizospastikís Aristerás, Syriza) à la tête du pays, après son ascension fulgurante, fascine de nombreux partis de la gauche radicale européens, qui y voient un appui populaire à leur lutte contre les politiques de rigueur dans la zone euro. Pablo Iglesias, dirigeant de Podemos, en Espagne, voit en cette probable victoire « le retour de la souveraineté nationale » pour les pays du Sud, davantage minés par la crise économique.En France, le coprésident du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon prédit un « effet domino » et parle de « printemps européen ». Peu convaincu de réelles retombées politiques, Takis Michas nuance : « Il ne faut pas oublier qu'aucun pays d'Europe ne s'identifie à la Grèce, qui fait figure de cas à part dans la zone euro. » Et d'ajouter : « Je ne suis pas impressionné par le score de la Syriza dans les sondages, je pensais qu'ils feraient bien mieux, vu la situation économique catastrophique de la Grèce. » Sûr de son influence, Alexis Tsipras le maintient toutefois, une « victoire de la Syriza sera un tournant historique pour l'Europe ».Lire le reportage : La gauche de la gauche voit en Syriza son espoir pour la Francelmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2femvo"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2femvo", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Elisa PerrigueurJournaliste au Monde Cédric Pietralunga (Davos, envoyé spécial) Quel changement de ton ! Oublié, ou presque, le « french bashing », qui prévalait il y a encore quelques mois. À l’instar de la cote de popularité de François Hollande, qui remonte en France – elle part de très bas – l’image de la France se redresse, elle aussi, auprès des grands décideurs mondiaux.« Il y a encore beaucoup d’incompréhensions et parfois d’agressivité sur des sujets comme le droit du travail ou la fiscalité, mais ce n’est plus le "french bashing" de ces deux dernières années », assure un patron tricolore habitué de la station alpine.« C’est un pays où il faut investir et nous allons le faire »Bien sûr, il y a l’« effet Charlie », qui génère une empathie pour tout ce qui est tricolore. « C’est fou, chacun des interlocuteurs que je rencontre commence par un speech de 5 minutes pour dire combien il est solidaire » après les attentats à Paris, qui ont fait 20 morts au total, raconte un autre PDG. Mais, assurent la plupart des dirigeants tricolores croisés à Davos, il y a également le début d’un changement de perception sur l’Hexagone. L’adoption du pacte de responsabilité, la mise en place du CICE et plus récemment la loi Macron sont autant d’éléments vus positivement par les chefs d’entreprise étrangers présents dans la station suisse.« Ils ne connaissent pas nécessairement tout le détail, mais ils ont le sentiment que la France est en train de bouger et cela les intéresse », rapporte un consultant français. Mieux, certains dirigeants étrangers, et non des moindres, n’hésitent plus à dire publiquement tout le bien qu’ils pensent de l’Hexagone.« Vous avez parmi les meilleures start-up du monde, c’est impressionnant, explique par exemple John Chambers, le PDG de l’américain Cisco. La France est en train de prendre le mouvement, c’est un pays où il faut investir et nous allons le faire. » La démonstration tricolore au CES de Las Vegas, début janvier, a notamment impressionné la planète « high-tech » : la délégation française était la deuxième plus importante du grand rendez-vous de l’électronique grand public, avec 70 entreprises représentées.La belle cote des start-up françaises aux Etats-UnisDéjeuner avec 20 patronsConscient que certains malentendus, autour notamment de la taxe à 75 %, devaient être éclaircis, François Hollande a profité de sa visite à Davos, vendredi 23 janvier, pour déjeuner avec vingt chefs d’entreprise étrangers et responsables de fonds d’investissement, comme Jack Ma (Alibaba), Guo Ping (Huawei), Paul Bulcke (Nestlé) ou Bader Al Sa’ad, le responsable du fonds souverain du Koweït (KIA).« La discussion a été très dynamique, assure Michel Sapin, ministre des finances, qui accompagnait le chef de l’Etat. Il y a eu beaucoup de questions posées, sur le marché du travail notamment, avec parfois quelques stéréotypes, mais aussi beaucoup d’observations positives sur la créativité française, la qualité de nos ingénieurs, nos dispositifs d’aide à l’innovation… »Selon M. Sapin, certains chefs d’entreprise ont même proposé leurs services pour aider la France. « Jack Ma a, par exemple, fait une intervention très intéressante pour dire que la Chine allait demain devenir un grand pays importateur et non plus seulement exportateur, et qu’il était prêt à donner sa chance aux PME françaises pour qu’elles puissent vendre des produits en Chine via sa plate-forme Alibaba », raconte le ministre des finances.La France essaie d’attirer Alibaba« La France a une carte à jouer », confirme Pierre Nanterme, le patron tricolore du cabinet anglo-saxon Accenture, lui aussi ravi du changement de ton perçu à Davos. « Le monde n’a jamais été aussi complexe. Or, les Français sont parmi les meilleurs pour gérer la complexité, grâce à notre enseignement des mathématiques. C’est pour cela que nos multinationales s’en sortent très bien, parce que nous avons parmi les meilleurs dirigeants », poursuit M. Nanterme, avant de lancer : « Ce monde est fait pour les Français ! »Cédric Pietralunga (Davos, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.01.2015 à 16h17 • Mis à jour le23.01.2015 à 16h35 | Antoine Reverchon Si l’accueil des marchés financiers et des dirigeants politiques européens à l’annonce, jeudi 22 janvier par Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), d’un vaste programme de rachat de dettes a été au mieux enthousiaste, au pire prudent (en Allemagne), celui des économistes à ce que les Anglo-Saxons appellent du « quantitative easing » (QE) semble beaucoup plus diversifié, comme le montre une sélection de cinq tribunes publiées par Le Monde.La réaction la plus positive à ce programme de rachat, dès mars, de 1 140 milliards d’euros de dettes publiques et privées, vient d’André Grjebine (Centre d’Etudes et de Recherches Internationales CERI/Sciences Po) et Paul De Grauwe (London School of Economics), pour qui les Allemands « ne doivent pas avoir peur » du QE, au contraire.N’ayons pas peur des rachats de titres publics par la BCE !Trois économistes allemands réputés, Marcel Fratzscher (université Humboldt, Berlin), Michael Hüther (Institut de recherche économique, Cologne) et Guntram Wolff (Institut de recherche économique Bruegel, Bruxelles) rompent également avec la méfiance qui prévaut à Berlin. Ils suggèrent à la BCE de « sortir de son dilemme », en choisissant les options les plus propres à calmer les craintes de leurs compatriotes.Rachat d’obligations : le dilemme de la BCEEn revanche, Jean-Michel Naulot, ancien banquier et ancien membre du Collège de l’Autorité des marchés financiers, estime l’initiative de la BCE dangereuse et surtout inutile, dénonçant « l’illusion monétaire ».BCE : l’illusion monétaireEnfin, certains économistes jugent l’initiative de la BCE inachevée. Pour Frédéric Boccara (Université Paris 13) et Alain Grandjean (Fondation Nicolas Hulot), « l’argent de la BCE » doit servir à financer la transition énergétique et les services publics plutôt que les marchés financiers.A quoi doit servir l’argent de la BCE ?Pour Natacha Valla et Urszula Szczerbowicz (Centre d’études prospectives et d’informations internationales, Cepii), le QE sera inutile s’il ne comprend pas un volet d’achats « sur le marché des actions ».Et si la BCE achetait des actions ? Antoine ReverchonJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) La tension reste forte en Belgique après le démantèlement d’un réseau terroriste et l’assaut, le 15 janvier, contre la cache à partir de laquelle il devait opérer, à Verviers. Les menaces se sont multipliées contre une série de personnalités et la protection du roi Philippe, du premier ministre Charles Michel et de Bart De Wever, maire d’Anvers et dirigeant de l’Alliance néoflamande (NVA), a notamment été renforcée. Des dirigeants économiques semblent également visés.Diverses manifestations culturelles ont, par ailleurs, été annulées, par crainte de représailles. Un festival de cinéma, Ramdam, où devaient être projetés des films réputés « dérangeants » n’aura pas lieu : le complexe de Tournai, où il devait se dérouler, sera fermé jusqu’au 28 janvier, a annoncé, jeudi, le maire de la ville. Le Musée Hergé, à Louvain-la-Neuve, avait renoncé, la veille, à une exposition qu’il allait consacrer à Charlie Hebdo. Une exposition sur la censure a subi le même sort, à Bruxelles. Enfin, une manifestation de Vlativa, un mouvement qui se veut le pendant flamand de Pegida, l’organisation anti-islam allemande, a été interdite pour des raisons de sécurité. Première du genre en Belgique, elle devait avoir lieu lundi 26 janvier, à Anvers.L’inquiétude des autorités est nourrie par le sentiment général que, même si l’enquête sur le réseau djihadiste progresse, elle n’a pas encore permis d’identifier tous ses membres. Deux terroristes ont été tués à Verviers et leur identité est désormais connue : il s’agit de Sofiane Amghar, un Belgo-Marocain de 26 ans, et Khaled Ben Larbi, un Belge âgé de 23 ans. Tous deux se sont rendus en Syrie et étaient originaires de la commune bruxelloise de Molenbeek-Saint-Jean, où d’autres jeunes se sont radicalisés.« L’appui d’une dizaine d’étrangers »Un troisième homme était présent à Verviers : Marouane Al-Bali, 25 ans. Aujourd’hui sous les verrous, cet ancien agent de sécurité affirme s’être trouvé par hasard « au mauvais endroit ». Les enquêteurs le soupçonnent, sur la base d’écoutes téléphoniques, d’avoir été un « logisticien ». Un autre individu arrêté, Billel Houdhoud, 26 ans, rouage présumé du réseau, invoque son droit au silence depuis son incarcération. Mohamed Arshad Hajni, 26 ans, a signé le contrat de location de la planque de Verviers, mais nie toute implication. Mohamed Amghar, frère de l’un des deux tués, était en prison au moment des faits et aurait servi de relais.La police française a arrêté près de la frontière italienne deux suspects, les frères Souhaib et Ismaïl Al-Abdi, qui semblaient en route pour Rome. Un certain Omar D., un Algérien de 33 ans, a été appréhendé en Grèce. Zaiud Koullis, un Néerlandais de 18 ans, ancien de Syrie, est recherché : son passeport était à Verviers et il a fui, avec l’intention de se rendre en Espagne, mais les dernières traces que la police a de lui proviennent de Paris. Un de ses complices présumés, Abdelmounaim Haddad, 21 ans, s’est, lui, livré. Il avait tenté de rejoindre la Syrie en avril 2014, mais fut arrêté en Turquie et expulsé.Abdelhamid Abbaoud, alias Abou Omar Al-Soussi, est très activement recherché. « Cerveau » présumé du réseau, cet ancien combattant belge de l’Etat islamique serait en Grèce ou en Turquie. Il coordonnait la cellule qui préparait des attentats imminents et devant viser notamment la police. Les hommes de Verviers disposaient de quoi fabriquer une bombe et pouvaient, selon les écoutes effectuées, compter sur l’appui d’une dizaine d’« étrangers ». D’où l’inquiétude des enquêteurs belges, qui collaborent étroitement avec divers services européens pour tenter de déterminer jusqu’où s’étendait le réseau partiellement mis au jour.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 23.01.2015 à 13h17 • Mis à jour le23.01.2015 à 13h20 A deux jours des élections législatives en Grèce qui pourraient porter au pouvoir le parti de gauche radicale Syriza hostile à la politique d'austérité imposée par l'Union européenne, l'heure est aux dernières déclarations du côté de la diplomatie. La chancelière allemande, Angela Merkel, a ainsi souhaité vendredi 23 janvier à Florence que la Grèce « continue à faire partie de [l']histoire » européenne.« Je connais bien les difficultés auxquelles la Grèce est confrontée mais je rappelle que la base de nos principes est la solidarité », a souligné Mme Merkel lors d'une conférence de presse commune avec le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi.Lire aussi (édition abonnés) : Bruxelles se prépare au retour du « problème grec »PAS D'INQUIÉTUDE« Attendons les élections, je ne suis pas inquiète du résultat, a-t-elle assuré.  La population grecque va choisir de manière libre et indépendante la voie à suivre. Je suis sûre que nous trouverons tranquillement des solutions. »M. Renzi a lui aussi affirmé qu'il n'était « pas inquiet » : « quel que soit le vainqueur en Grèce, nous travaillerons avec le nouveau premier ministre dans la tranquillité et le respect du parcours établi. »Au bord de la faillite, la Grèce est depuis 2010 placée sous assistance financière massive des autorités européennes et du Fonds monétaire international. Mais Syriza, grand favori des élections législatives prévues dimanche, a adopté un ton très offensif concernant la cure d'austérité imposée par les bailleurs de fonds internationaux et n'a pas exclu une restructuration de la faramineuse dette publique du pays.Lire notre analyse (édition abonnés) : En Grèce, la victoire annoncée de la gauche radicale Philippe Bernard (Londres, correspondant) A la place des logos de chaque marque et des habillages graphiques bien connus, tous les paquets de cigarettes vendus au Royaume-Uni pourraient bientôt ne comporter qu’un énorme avertissement de santé, voire une photo choc représentant les ravages du tabac (cancer de la gorge, tumeurs de la bouche ou de la gorge).Après des mois d’atermoiements liés au lobbying des industriels du tabac, le gouvernement de David Cameron a annoncé, mercredi 21 janvier, qu’il déposerait un projet de loi dans ce sens au Parlement, destiné à être approuvé avant les élections législatives du 7 mai. Le royaume serait alors le second pays, après l’Australie, à adopter le paquet de cigarettes « neutre », sur lequel les marques figurent seulement dans une typographie standard. La réforme, destinée à rendre le tabac moins attrayant, est également programmée en France.Mais M. Cameron a décidé d’accélérer ce changement, approuvé par 72 % des électeurs britanniques, afin de ne pas laisser à l’opposition travailliste le monopole du discours sur la prévention en matière de santé. L’avenir du financement du Service national de santé (NHS), universel et gratuit, figure parmi les thèmes centraux de la campagne électorale qui vient de s’ouvrir. Le parti Labour promet d’instaurer lui aussi le paquet indifférencié s’il revient au pouvoir en mai.600 jeunes fumeurs de plus tous les joursEn annonçant le dépôt du projet de loi, la ministre de la santé, Jane Ellison, a assuré que le retrait des marques permettrait de « protéger les enfants des méfaits du tabac ». Quelque 80 000 décès sont attribués chaque année au tabac au Royaume-Uni et on estime à 600 le nombre de jeunes qui commencent chaque jour à fumer.Les industriels du tabac se sont déclarés consternés et ont annoncé qu’ils combattraient en justice la loi sur le « paquet neutre » si elle venait à être adoptée, estimant qu’elle bafoue leurs droits sur la propriété industrielle des marques. « La question de la légalité de la censure des marques par le gouvernement doit être soulevée, a déclaré un porte-parole de Philip Morris. Elle fausse la concurrence dans une économie de marché. » Selon les cigarettiers, les statistiques qui font état d’une diminution de la consommation de tabac en Australie depuis l’adoption du « paquet neutre » (moins 3,4 % en 2013) ne reflètent que la poursuite d’une tendance engagée auparavant. La principale conséquence, selon eux, est l’augmentation de la consommation de cigarettes de contrebande qui, elles, portent bien des marques. Mais l’intensité de l’hostilité des grandes firmes du tabac laisse penser qu’elles craignent que la mesure ait un véritable impact.Le vote attendu à Westminster d’ici à mai sera intéressant à observer, car les députés conservateurs n’auront pas de consigne de leur parti. La tendance « libertarienne » des tories pourrait être tentée de voir dans le « paquet neutre » une entorse aux libertés individuelles et au libre marché. Déjà, Nigel Farage, le chef du parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP, xénophobe et anti-européen) a fait entendre sa différence : « Le paquet “neutre” est une affligeante intrusion dans la liberté de choix des consommateurs et le fonctionnement du marché, a-t-il tweeté jeudi. Ce serait un coup dur pour l’emploi et les recettes fiscales. » Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Nicolas Chapuis Au Parti socialiste, l’embarras se traduit souvent par une économie de mots. Pour résumer la position de son parti sur l’élection législative du dimanche 25 janvier en Grèce, le premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, donne dans la formule : « Nous sommes inconditionnellement pour la victoire de la gauche rassemblée. » La probable victoire de Syriza place les socialistes face à un dilemme de taille. D’un côté, la difficulté de soutenir Alexis Tsipras, le chef de file de cette gauche radicale décomplexée, qui veut mettre fin à l’austérité et renégocier la dette, en contradiction complète avec les positions de François Hollande sur la scène européenne et intérieure. De l’autre, l’impossibilité de se ranger aux côtés d’Antonis Samaras, le premier ministre conservateur sortant, symbole d’une droite « austéritaire » que le PS combat en Europe.En Grèce, la victoire annoncée de la gauche radicaleBruxelles se prépare au retour du « problème grec »La gauche française pâtit de l’effondrement de son allié traditionnel, le Parti socialiste panhellénique (Pasok), miné par les affaires de corruption et coupable aux yeux des électeurs d’avoir participé à la coalition avec les conservateurs. Georges Papandréou, l’ancien premier ministre et actuel président de l’Internationale socialiste, s’en est allé de son côté fonder un nouveau parti social-démocrate.« Tsipras a levé un espoir dans son pays »Selon les derniers sondages, les socialistes pourraient tout simplement être balayés du Parlement. Un scénario noir pour le PS, qui espère qu’en dernier lieu Syriza aura besoin d’une alliance avec les socialistes pour former une coalition majoritaire. Dans les dernières projections de l’institut Alco, le parti de la gauche radicale, en bénéficiant de la prime de 50 députés accordée à la formation arrivée en tête, pourrait obtenir 147 sièges sur 300. Un accord pourrait être envisagé avec le Dimar, petit parti de gauche qui devrait gagner quelques sièges. « Nous pensons qu’il faut qu’il y ait une alliance entre les partis de gauche, car Syriza ne sera pas majoritaire seule, veut croire M. Cambadélis. Un gouvernement minoritaire, ce serait déraisonnable. »L’hypothèse d’un parti de la gauche radicale qui parvient seul au pouvoir en Europe n’enchante pas les responsables socialistes. Lundi 19 janvier, le Front de gauche, une partie des écologistes et quelques élus de l’aile gauche du PS ont tenu meeting commun à Paris en soutien à Syriza. L’ébauche pour certains d’une alliance alternative au sein de cette gauche, où la politique économique menée par François Hollande ne fait pas l’unanimité. Jean-Luc Mélenchon, proche d’Alexis Tsipras, pousse dans ce sens.Nombreux sont également les socialistes qui, à la gauche du parti, se réjouissent de la percée de Syriza. « Tsipras a levé un espoir dans son pays et dans toute la gauche européenne, estime Emmanuel Maurel, député européen et chef de file de l’aile gauche du PS. C’est révélateur de la faillite des partis traditionnels, englués dans les politiques d’austérité, sans imagination ni capacité de résistance. Syriza porte un discours socialiste traditionnel qui s’assume, et pas du tout radical. »Minimiser la contagionPas question pour autant parmi les dirigeants du PS de faire des parallèles avec la situation française. « C’est à nous d’inventer notre propre modèle », tempère M. Maurel. « Si Syriza existe en Grèce, c’est parce qu’il y a eu un effondrement du Pasok, ce n’est pas le cas en France, rappelle Carlos Da Silva, porte-parole du PS et proche de Manuel Valls. Le PS a vocation à organiser durablement le débat à gauche, dans le respect de ses partenaires. »Pour minimiser le risque de contagion, les responsables socialistes mettent volontiers en avant la mue que Syriza aurait effectuée avant de prétendre diriger le pays. Malgré son hostilité aux traités européens actuels, le parti ne prévoit notamment pas de sortie de l’euro dans son programme. « Il n’a échappé à personne que le discours de Syriza a totalement changé », assure Carlos Da Silva. A la direction du PS, on veut même croire à un effet positif sur le rapport de forces en Europe, à l’heure où la France plaide pour une politique de l’investissement. « Cela renforcera ceux qui sont pour la relance en Europe et pour la croissance, explique M. Cambadélis, qui assure que « le programme de Syriza est plus proche de celui du Pasok que de celui du Front de gauche ».Mais face à la volonté de M. Tsipras de renégocier la dette et d’en effacer une partie, les dirigeants socialistes bottent en touche. François Hollande lui-même, qui a défendu le plan d’austérité en Grèce aux côtés de la chancelière allemande, Angela Merkel, n’a pas voulu s’exprimer sur le résultat de l’élection. Tout juste a-t-il glissé : « Les gouvernants auront à respecter les engagements pris. » Si les sondages se révèlent exacts, M. Hollande pourra en discuter de vive voix avec Alexis Tsipras dans les semaines à venir.Nicolas ChapuisJournaliste au service PolitiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alain Salles Paris sera, dimanche 12 janvier, la capitale européenne de la lutte contre le terrorisme. La marche républicaine organisée en hommage aux victimes des attentats de Paris sera une marche européenne. Le président Hollande a personnellement invité plusieurs chefs de gouvernement à participer au rassemblement. « Je serai avec eux », a expliqué le chef de l’Etat dans son allocution télévisée, vendredi.Le rassemblement sera placé sous le signe d’une véritable unité européenne contre le terrorisme. La chancelière allemande Angela Merkel, le président du Conseil européen Donald Tusk, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le premier ministre britannique David Cameron, le président du conseil italien Matteo Renzi et le premier ministre espagnol Mariano Rajoy ont confirmé leur présence.Pour que ces rassemblements se déroulent sereinement, Manuel Valls a assuré que des « moyens de sécurité massifs » seraient mis en place dimanche à Paris mais aussi en province.Suivez les derniers événements en direct sur Le Monde.fr« Je serai à Paris dimanche »Dans un tweet, le premier ministre britannique, David Cameron, a expliqué qu’il avait « accepté l’invitation du président Hollande de participer au rassemblement unitaire pour soutenir les valeurs incarnées par #CharlieHebdo » (« celebrating the values behind #CharlieHebdo »). « Je serai à Paris dimanche pour soutenir le peuple français. L’Espagne avec la France contre le terrorisme et pour la liberté », a écrit le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, sur son compte Twitter.Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker a expliqué sa présence « en hommage à Charlie Hebdo ». « Le président Tusk a reçu un appel téléphonique du président François Hollande et il participera à la marche organisée dimanche à Paris », a expliqué un porte-parole du Conseil à l’AFP.La chancelière allemande, Angela Merkel, a officiellement confirmé sa présence qui avait été annoncée par le journal conservateur Die Welt. La rencontre prévue dimanche à Strasbourg, avant l’attaque contre Charlie Hebdo, entre le président Hollande et Mme Merkel avec le président du Parlement européen, avait été annulée vendredi en début d’après-midi.« Défi commun »En plus de cette marche hautement symbolique, Paris sera le lieu d’une réunion internationale consacrée au combat contre le terrorisme. Dimanche, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, recevra Alejandro Mayorkas, vice-ministre de l’intérieur des Etats-Unis, ainsi que le ministre de la justice, Eric Holder, en compagnie des ministres de l’intérieur allemand, britannique, espagnol, italien et polonais pour une réunion sur la lutte contre le terrorisme.Le commissaire européen Dimitris Avramopoulos sera également présent ainsi que le coordinateur de l’Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove. Il s’agit pour Bernard Cazeneuve de faire face à « ce défi commun que nous adressent les terroristes et qui ne pourra être résolu qu’en commun, au sein de l’Union européenne et au-delà ».Alain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Jacqué Le chiffre des ventes globales du groupe allemand Volkswagen (VW) ne sera officialisé que lundi 12 janvier. Mais d’ores et déjà, en additionnant les ventes de sept de ses douze marques, le constructeur de Wolfsburg affiche un cru 2014 historique.Pour la première fois de son histoire, le groupe a vendu sur l’année plus de 10 millions de véhicules. Un objectif qu’il s’était fixé pour 2018.L’objectif du constructeur était également de devenir à cet horizon, le numéro un mondial. Pour savoir si, en 2014, le groupe allemand a devancé Toyota et General Motors, il faudra encore attendre quelques jours, le temps que le japonais et l’américain présentent leurs données.Les trois groupes devraient, en tout cas, tous tutoyer ou dépasser la barre symbolique de dix millions d’unités pour l’année, une première pour autant de constructeurs.Concernant Volkswagen, c’est la marque mère, VW, qui réalise la majorité des volumes vendus. En 2014, elle a écoulé 6,12 millions de véhicules particuliers et 445 000 véhicules commerciaux. Les deux chiffres représentent un record historique.La marque Audi réalise également un record historique, avec 1,74 million de véhicules vendus, tout comme Skoda, qui a dépassé pour la première fois la barre du million de véhicules.Si les ventes de Seat progressent, elles restent modestes à côté de celles de VW ou Skoda. La marque espagnole a immatriculé 390 000 véhicules.Un secteur confronté à des vents contrairesPorsche a pour sa part atteint les 190 000 unités, également un record historique.Ces résultats devraient encore renforcer le bilan du groupe Volkswagen, Porsche apportant une grande part des bénéfices.Enfin, Bentley a vendu 11 000 limousines.Ces résultats sont d’autant plus remarquables que le secteur automobile fait face à d’importants vents contraires.La Chine (10 % de croissance) et l’Europe (5 %), où le groupe allemand est le numéro un, poursuivent leur développement et portent VW.En revanche, les marchés russe et sud-américain sont en plein doute et ont chuté de 18 % chacun.Quant au marché américain, s’il a progressé de 5,9 %, il ne bénéficie pas à Volkswagen, qui a vu ses ventes plonger de 10 % pour sa marque.Philippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Stéphane Lauer (New York, correspondant) 2,95 millions. L’économie américaine n’avait plus créé autant d’emplois depuis quinze ans. Cette performance qui permet aux États-Unis d’afficher leur taux de chômage le plus bas depuis juin 2008. Celui-ci est tombé à 5,6 % de la population active, soit 0,2 point de moins qu’en novembre et 0,1 point de moins que ce que prévoyaient en moyenne les économistes.Ce sont ainsi 252 000 emplois qui ont été créés en décembre, selon les statistiques publiées, vendredi 9 janvier, par le Département du travail.Les chiffres d’octobre et de novembre ont été par ailleurs révisés à la hausse. Sur ces deux mois ce sont 50 000 emplois supplémentaires qui ont été créés, portant le nombre total sur l’ensemble de l’année à 2,95 millions, ce qui donne une moyenne mensuelle de 245 833.Il faut donc remonter à 1999 pour retrouver de tels chiffres. Cette année-là, l’économie américaine avait créé 3 millions d’emplois. Il est vrai qu’entre-temps, la population américaine a augmenté de 39 millions à 318 millions, ce qui relativise la performance.Dans le même temps, ces bonnes nouvelles pour l’économie américaine ont été quelque peu écornées par les statistiques sur l’évolution des salaires publiées simultanément. À la surprise générale, le salaire horaire a baissé de 0,2 %, du jamais vu depuis 2006.Du surplaceMême s’il est trop tôt pour dire si elle sera durable, il s’agit d’une inversion de tendance par rapport à novembre où les salaires avaient au contraire augmenté de 0,2 %.Sur l’ensemble de 2014, le salaire horaire moyen a augmenté de 1,7 %, soit la plus faible progression depuis octobre 2012. Ce chiffre doit également être mis en perspective avec l’inflation qui est à 1,3 %, ce qui veut dire qu’en réalité les salaires font quasiment du surplace en termes de pouvoir d’achat.Cet indicateur des salaires est étroitement surveillé par la Réserve fédérale (Fed), qui estime que sa faible progression est un signe que le marché de l’emploi reste convalescent.Cela démontre en effet que celui-ci n’est pas encore suffisamment dynamique pour exercer une pression sur les employeurs pour augmenter les salaires pour faire face à des difficultés de recrutement. Or, pour le moment, ce n’est pas le scénario auquel on assiste.C’est ce qu’indiquaient les minutes du Comité de politique monétaire de la Fed du 17 décembre 2014, publié le 7 janvier, certains membres soulignant qu’ils « ne voient pas de signe clair d’une accélération des salaires ».Ce sera « la grande question pour 2015 », prévient Joseph Lake, analyste chez The Economist Intelligence Unit.Le fait que les salaires ne repartent pas à la hausse n’est pas une bonne nouvelle pour la consommation des ménages, qui représente 70 % de l’activité économique aux États-Unis.En revanche, la chute brutale des prix de l’énergie, enregistrée ces dernières semaines, va procurer aux ménages un supplément de pouvoir d’achat qui va être le bienvenu dans ce contexte.Mais l’impact énergétique va jouer dans les deux sens. Car les entreprises du secteur pétrolier ont déjà prévenu qu’elles allaient lever le pied sur leurs investissements en 2015. La chute du prix du baril fait qu’un certain nombre de forages ne sont plus rentables.« Les suppressions d’emplois ajustées des variations saisonnières dans le secteur de l’énergie ont bondi à leur plus haut niveau depuis la fin 2012 », indique David Mericle, économiste chez Goldman Sachs. Le phénomène devrait s’amplifier dans les mois à venir et ainsi peser sur la dynamique générale de l’emploi.Depuis 2011, l’industrie pétrolière dans son ensemble a créé 779 000 emplois, soit un bond de 50 %, alors que la progression dans les autres secteurs n’a été que de 7 %.Un nombre important d’Américains disparaissent des statistiquesAutre indicateur, qui laisse dubitatif : le taux de participation au marché de l’emploi – c’est-à-dire la proportion de la population qui a un emploi ou qui en cherche effectivement un – a une nouvelle fois baissé en décembre à 62,7 %, du jamais vu depuis les années 1970.C’est d’ailleurs ce qui explique en grande partie la baisse du taux de chômage, font remarquer les analystes de la Deutsche bank. Un nombre important d’Américains, découragés de ne pas trouver d’emploi, disparaissent des statistiques officielles du chômage. Celles-ci indiquent qu’au 31 décembre 2014, il y a 8,7 millions de personnes en recherche d’emploi.Lorsqu’on ajoute des indicateurs comme le nombre de temps partiels subis, on arrive à un taux de chômage de 11,2 %, soit 0,2 point de moins qu’en novembre.On est revenu au niveau de septembre 2008, date de la faillite de la banque Lehman Brothers, mais on reste encore loin des taux d’avant-crise, qui oscillaient entre 8 % et 10 %. De quoi inciter la Fed à réfléchir avant d’augmenter ses taux d’intérêt. Si l’amélioration du marché du travail aux Etats-Unis est incontestable, il faudra encore un peu de temps pour revenir à une véritable situation de plein-emploi.Stéphane Lauer (New York, correspondant)Correspondant à New YorkSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.01.2015 à 10h55 • Mis à jour le09.01.2015 à 10h58 | Harold Thibault (Shanghaï, correspondance) Le taux d’inflation de la Chine est demeuré à un niveau particulièrement faible en décembre 2014, à + 1,5 %, même si cela traduit une légère progression par rapport au 1,4 % enregistré en novembre.L’indice des prix à la consommation progresse ainsi de 2 % sur l’ensemble de l’ensemble de l’année 2014, bien en deçà de l’objectif officiel d’une inflation à 3,5 % fixé par Pékin, selon les statistiques publiées vendredi 9 janvier.De tels indicateurs devraient inciter le gouvernement chinois à assouplir encore davantage sa politique monétaire, selon les analystes.L’effet de la baisse du prix du pétrole et de la faiblesse de la demande intérieureLa relativement basse croissance de l’économie chinoise sur l’année écoulée et la baisse des prix de l’énergie sont les principaux facteurs d’explication de cette faible inflation.« L’effondrement des prix du pétrole est une raison majeure mais la faiblesse de la demande intérieure en est une autre », écrit Zhu Haibin, chef économiste de la banque JP Morgan, dans une note.La deuxième économie de la planète n’a probablement pas atteint en 2014 l’objectif d’une progression de 7,5 % de son PIB en 2014.La décélération de l'économie chinoise se confirmeCe ralentissement s’illustre particulièrement à l’entrée des usines chinoises, où l’indice des prix industriels baisse de 3,3 % sur un an en décembre. Cet indice PPI est en déflation depuis 34 mois, reflétant la baisse des coûts, notamment celui des matières premières et de l’énergie, qui lui-même s’explique en partie par la demande plus faible des grands émergents, dont la Chine, ces dernières années.« Le taux d’inflation est largement sous l’objectif fixé en début d’année dernière et le risque de déflation continue d’augmenter », juge par téléphone Ma Xiaoping, économiste de la HSBC à Pékin.De nouvelles mesures monétaires attenduesCompte tenu des perspectives d’évolution des prix, il y a, selon Ma Xiaoping encore davantage d’espace pour assouplir la politique monétaire de la Banque populaire de Chine et stimuler ainsi l’activité.L’établissement émetteur central, qui en République populaire est soumis à la direction de l’Etat-parti, a déjà baissé ses taux directeurs le 21 novembre.Pour soutenir son économie, Pékin abaisse le coût du créditIl s’agissait d’une première depuis deux ans et de la fin de l’épisode inflationniste, qui avait suivi le gigantesque plan de relance, de 540 milliards d’euros, déployé pour faire face à la crise financière mondiale, à partir de l’automne 2008.Le gouvernement chinois devrait probablement annoncer, au début du printemps, un objectif de croissance plus bas pour l’année 2015, autour de 7 %, en adéquation avec la « nouvelle norme » à laquelle doit s’adapter l’économie chinoise, selon l’expression du président Xi Jinping.L’agence Bloomberg pensait savoir cette semaine que les planificateurs chinois ont décidé d’accélérer environ 300 projets d’infrastructures.Un officiel de la puissante Commission nationale pour le développement et la réforme a pris soin de préciser qu’il s’agit uniquement de promouvoir les investissements dans sept domaines, dont les infrastructures, l’environnement ou la santé, selon un plan de développement courant jusqu’en 2016 et déjà évoqué par le premier ministre, Li Keqiang. Et nullement d’un nouveau plan de relance majeur.Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.01.2015 à 19h39 La chancelière allemande Angela Merkel a maintenu la pression sur la Russie, jeudi 8 janvier, en excluant tout allégement des sanctions économiques contre Moscou sans avancée majeure dans le conflit dans l'Est séparatiste prorusse de l'Ukraine.pourparlers cruciauxCes déclarations interviennent à une semaine de pourparlers cruciaux prévus au Kazakhstan entre les présidents ukrainien, Petro Porochenko, et russe, Vladimir Poutine, en présence de Mme Merkel et de François Hollande pour relancer un processus de paix qui piétine alors que le conflit a fait plus de 4 700 morts depuis avril.« Je pense qu'avant de pouvoir décréter la levée des sanctions, nous devons nous assurer que les accords de Minsk ont été appliqués dans leur intégralité », a déclaré la chancelière, rassurant ainsi le premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, en visite à Berlin. Ces accords signés en septembre prévoient notamment un cessez-le-feu et le retrait des « groupes armés illégaux, des armes lourdes et de tous les combattants et mercenaires du territoire ukrainien ».>> Lire notre analyse : Une trêve et après… où en est la guerre en Ukraine ?Le ministre de la défense ukrainien, Stepan Poltorak, a estimé jeudi que 7 500 soldats russes étaient toujours présents dans le Donbass. « D'abord les accords de Minsk doivent être respectés, seulement ensuite on peut discuter si les sanctions doivent être levées », a abondé M. Iatseniouk, rappelant le rôle « crucial » de ces sanctions prises après l'annexion de la Crimée en mars puis renforcées après la catastrophe du Boeing malaisien en juillet, abattu par un missile au-dessus d'une zone contrôlée par les séparatistes prorusses.Alors que les pourparlers de paix entre le groupe de contact composé de représentants de l'Ukraine, de la Russie et de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) avec les rebelles sont dans l'impasse, Kiev a annoncé un sommet dans le format dit Normandie (Ukraine, Russie, France, Allemagne) le 15 janvier à Astana, capitale du Kazakhstan. Cette date reste toutefois encore à confirmer « après les discussions prévues dans les prochains jours », a précisé Mme Merkel. Un entretien téléphonique entre les ministres des affaires étrangères des quatre pays est prévu vendredi, selon un responsable ukrainien.sanctions économiquesLa Russie subit de plein fouet des sanctions économiques européennes et américaines combinées à la chute du cours du pétrole. Le pays est entré en récession en novembre (– 0,5 %) pour la première fois depuis cinq ans et le rouble a perdu un tiers de sa valeur en 2014.>> Voir aussi la carte animée : Comprendre les origines de la crise en cinq minutesL'Ukraine paie elle aussi le prix de la guerre et de la crise économique. Elle a connu en 2014 sa pire année depuis 1945 avec un PIB en chute de 7,5 % et une monnaie dévaluée de 50 %, et le Parlement ukrainien a adopté un budget d'austérité pour 2015 qui va quintupler les dépenses de sécurité et de défense mais supprimer certains avantages sociaux et instaurer de nouveaux impôts.Toutefois, le gouvernement ukrainien devrait pouvoir compter sur une nouvelle aide de 1,8 milliard d'euros proposée, jeudi 8 janvier, par la Commission européenne, qui vient s'ajouter à 1,6 milliard d'euros déjà octroyés.>> Lire aussi : Jean-Claude Juncker annonce le déblocage de 1,8 milliard d'euros d'aide pour l'Ukraine Audrey Tonnelier Même pas un frisson. Alors que les citoyens du monde entier se rassemblaient pour exprimer leur horreur face à la tuerie survenue à Charlie Hebdo, mercredi 7 janvier, et que les plus grands journaux affichaient en « une » leur émotion et leur solidarité, les marchés financiers, eux, n’ont pas cillé. Au contraire.A la Bourse de Paris, le CAC 40 a bondi de 3,59 % jeudi, au lendemain de l’assassinat des caricaturistes de l’hebdomadaire. Comme la veille, l’ensemble des grands indices boursiers mondiaux a terminé dans le vert, accélérant même à la hausse dans l’après-midi.Une euphorie si déplacée, que, dans certaines salles de marché, elle semblait frôler l’indécence.« J’ai du mal à l’expliquer : il n’y a même pas eu de réaction épidermique de la Bourse dans la journée, comme cela se passe en général lorsque survient ce type d’événement », s’étonnait Jean-Louis Mourier, économiste chez le courtier parisien Aurel BGC.« En un sens, il est un peu triste de constater que les marchés ne réagissent absolument pas à cette horreur », osait, depuis New York, Gregori Volokhine, président du gérant Meeschaert aux Etats-Unis.Les précédentes attaques terroristes ont souvent fait trébucher les indices boursiers. Le 11 mars 2004, les attentats dans des trains de banlieue à Madrid avaient fait chuter la Bourse espagnole de plus de 2 %, et le CAC 40 de près de 3 %.Le 7 juillet 2005, les bombes placées dans le métro et dans un autobus londonien avaient provoqué un plongeon de plus de 3 % du Footsie britannique en séance, imité par les autres places européennes et par la livre sterling.Sans parler du 11 septembre 2001 : après l’effondrement des tours jumelles, Wall Street avait été fermée quatre jours, et il avait fallu la mobilisation des opérateurs financiers pour que le Dow Jones ne cède « que » 7 % à la réouverture des marchés, le 17 septembre.Pourquoi, dès lors, cette insensibilité des investisseurs à la tragédie parisienne ? « L’attentat n’a pas eu lieu dans un aéroport ou dans le métro. Il ne remet pas en cause l’activité dans le secteur des transports et ne devrait pas créer dans l’opinion un choc pouvant pénaliser les ventes au détail, comme lors du 11-Septembre », explique Christian Parisot, chez Aurel BGC.« L’attaque n’a pas touché un pays systémique [capable de faire trébucher l’ensemble des marchés en cas de chute] », avance Mathieu L’Hoir, stratégiste actions chez Axa IM.L’euro est déjà au tapisPar ailleurs, le fait que l’euro soit déjà au tapis – il a atteint lundi son plus bas niveau depuis neuf ans – peut expliquer l’absence de réaction de la monnaie unique.Mais c’est probablement la conjoncture macroéconomique qui permet le mieux de comprendre l’apparente absence d’empathie des marchés. « Ils ont les yeux rivés sur la Banque centrale européenne [BCE] », résume Franklin Pichard, chez Barclays Bourse.Mercredi, l’institut Eurostat a annoncé une inflation négative (– 0,2 %) en décembre 2014 en zone euro, du jamais vu depuis 2009. De quoi renforcer les craintes d’une spirale déflationniste, à même de torpiller la faible reprise européenne. Mais surtout, de quoi renforcer les espoirs d’une action de la BCE.Dans une ultime tentative pour ranimer l’économie du Vieux Continent, son président, Mario Draghi, pourrait annoncer dès la réunion du 22 janvier un programme de rachat d’obligations souveraines.A cela se sont ajoutées les déclarations rassurantes de la chancelière allemande, Angela Merkel, assurant de son souhait de voir la Grèce rester dans la zone euro. La perspective d’un « Grexit » avait en effet déclenché un début de panique sur les marchés, lundi 5 janvier.Tout en exprimant leur émotion face à la « barbarie » survenue à Charlie Hebdo, les opérateurs sont donc « passés au-dessus de cet événement », indique M. Pichard.« Seule une détérioration marquée de la situation en France, avec l’instauration d’une psychose qui se propagerait aux pays voisins, pourrait vraiment affecter la Bourse. Pour l’heure, on voit plutôt une population qui fait front, et cela est de nature à rassurer les investisseurs », conclut M. L’Hoir.Audrey TonnelierAudrey TonnelierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.01.2015 à 15h01 | Guy Dutheil Un son et lumière « hollywoodien », une chanteuse échappée d’une comédie musicale de Broadway, des centaines d’invités venus du monde entier, Qatar Airways avait décidé d’en mettre plein la vue pour la réception officielle, mercredi 7 janvier, de son premier exemplaire de l’A350, le tout nouveau gros-porteur long courrier d’Airbus.Posé sur le tarmac du tout neuf aéroport de Doha, le nouvel avion trônait, en vedette, derrière la scène, dans sa livrée crème et grenat, les couleurs de Qatar Airways.Avec l’A350, Airbus défie les 777 et 787 de BoeingL’arrivée dans la flotte de la compagnie qatarie du premier exemplaire du long courrier d’Airbus relance la rivalité entre les compagnies du Golfe : Emirates (Dubaï), Etihad (Abu Dhabi) et Qatar Airways.Les « trois sœurs ennemies » comme on les surnomme, se livrent une bataille acharnée. Chacune d’elle, à grand renfort d’aéroports surdimensionnés et de commandes géantes d’avions, tente de s’imposer comme le « hub » leader de la région.Fin décembre 2014, c’est Etihad qui a marqué les esprits. La compagnie d’Abu Dhabi a dévoilé, in situ, la nouvelle cabine de sa flotte.Sa nouvelle première classe la place parmi les meilleures compagnies aériennes du moment. Notamment grâce à sa « Résidence », un appartement de deux pièces, salle de bain et majordome. Une exclusivité des A380 d’Etihad. Avec Résidence, son appartement volant, Etihad se rêve en référence du voyage aérienQatar Airways a répliqué avec un A350 équipé de la cabine bi-classe (business et économique) dernier cri de la compagnie.Fier de son produit, Akbar Al Baker, PDG de Qatar Airways, n’a pas hésité à proclamer, un rien fanfaron : « avec une business class de cette qualité nous n’avons pas besoin de Première classe ».À défaut de « First », les quatre-vingts A350 commandés par la Qatar Airways seront tous équipés d’un bar réservé aux passagers de la classe affaires.Pression pour obtenir un A380 remotoriséToutefois, la réception officielle de l’A350 a aussi été pour M. Al Baker, l’occasion de relancer Airbus pour obtenir la mise en œuvre d’une version « neo », moins gourmande en carburant, de l’A380. « Un A380 remotorisé sauverait le programme », a assuré M. Al Baker.Présent à Doha, Didier Evrard, patron du programme A350, récemment nommé vice-président d’Airbus, s’est bien gardé de répondre. Pour l’heure, Airbus n’a pas tranché entre une remotorisation ou un allongement de l’avion pour y loger plus de passagers.« Nous devons d’abord écouter le marché car nous avons des clients qui n’ont pas tous la même exigence », a confié M. Evrard. Toutefois, il a confié que « la (re)motorisation de l’A380 est un axe prioritaire. Sur le principe, il est vraisemblable que la remotorisation arrive un jour. »Problème : les deux motoristes, Rolls Royce et Engine Alliance, qui équipent l’A380, ne se bousculent pas pour travailler sur un nouveau moteur moins gourmand. « C’est la question », a admis M. Evrard, conscient de la faiblesse des ventes de l’A380.Depuis son lancement en 2000, seuls 318 exemplaires du très gros porteur d’Airbus ont trouvé preneur, dont 140 pour la seule Emirates.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.01.2015 à 13h20 • Mis à jour le08.01.2015 à 13h37 Niels H., un infirmier allemand, jugé depuis plusieurs mois par un tribunal de la Basse-Saxe, a reconnu avoir tué une trentaine de patients gravement malades qui étaient hospitalisés en soins intensifs entre 2003 et 2005, rapporte l'agence de presse allemande DPA (Deutsche Presse-Agentur).Selon un expert psychiatre entendu jeudi 8 janvier durant une audience au procès, l'accusé lui avait avoué une trentaine d'homicides lors d'un examen. L'infirmier de 38 ans, Niels H., comparaît depuis septembre pour les meurtres de trois patients et tentatives de meurtre de deux autres patients, à qui il aurait injecté des surdoses de médicaments alors qu'ils étaient en soins intensifs.DÉMONTRER SES TALENTS DE RÉANIMATIONLes enquêteurs le soupçonnent d'avoir procédé à des injections entre 2003 et 2005 afin de démontrer ses talents de réanimation, amenant les patients près de la mort avant de tenter par la suite de les ranimer. D'après le psychiatre, l'accusé a également reconnu avoir administré des surdoses de médicament à une soixantaine d'autres patients qui, eux, ont survécu.Niels H. avait été condamné en 2008 à sept ans et demi de prison pour une tentative de meurtre. Il est incarcéré depuis. Employé à la clinique de Delmenhorst, près d'Oldenbourg, il avait été surpris à l'été 2005 par une collègue alors qu'il était en train d'injecter à un patient un médicament pour le cœur. 07.01.2015 à 13h29 • Mis à jour le07.01.2015 à 17h09 La Pologne a reçu une demande d'extradition du cinéaste franco-polonais Roman Polanski vers les Etats-Unis, où court toujours une plainte pour agression sexuelle déposée contre lui en 1977, rapporte l'agence de presse polonaise PAP, qui rapporte des propos du bureau du procureur général. Le cinéaste, né en Pologne et qui vit en France, se trouve actuellement à Cracovie où il prévoit de tourner un film. L'affaire ressurgit régulièrement. En octobre, les autorités américaines avaient demandé ainsi en vain son interpellation alors qu'il se trouvait en Pologne.Le 24 décembre, un juge de Los Angeles a rejeté une motion déposée par les avocats de Roman Polanski pour classer la plainte pour agression sexuelle déposée contre le réalisateur. Les défenseurs du cinéaste de 81 ans font valoir depuis des années que Roman Polanski a été dans cette affaire la victime d'une faute professionnelle de la part de la justice et du procureur de l'époque. Mais, dans ce jugement, le juge de la Cour supérieure de Los Angeles James Brandlin a déclaré que Roman Polanski devait, s'il veut régler le dossier, revenir aux Etats-Unis, où un mandat d'arrestation à son encontre est toujours en vigueur. Accusé d'avoir eu un rapport sexuel avec une adolescente de 13 ans, Samantha Geimer, Roman Polanski avait plaidé coupable en 1977. Il avait passé 42 jours en prison puis avait été libéré sous caution. En 1978, il avait fui les Etats-Unis avant l'audience qui devait fixer sa peine, craignant que le juge ne lui inflige une peine plus lourde.En 2009, il a été arrêté à Zurich en vertu du mandat d'arrêt lancé contre lui plus de 30 ans auparavant et placé en résidence surveillée. Il a recouvré la liberté en 2010, les autorités suisses ayant décidé de ne pas l'extrader vers les Etats-Unis.L'an dernier, Samantha Geimer a écrit un livre avec son avocat, sur la soirée du 10 mars 1977 où, selon elle, Polanski lui avait fait boire du champagne et lui avait donné un somnifère avant de lui imposer des relations sexuelles dans la maison de Jack Nicholson. Désormais âgée de 51 ans, elle avait ajouté qu'elle avait pardonné à Polanski, réalisateur notamment de Rosemary's Baby, Chinatown, Le Locataire ou encore Tess.Lire aussi : La justice américaine refuse d'abandonner les poursuites contre Roman Polanski 07.01.2015 à 10h12 • Mis à jour le07.01.2015 à 12h13 | Claire Guélaud Voilà une nouvelle qui n’est pas franchement une surprise mais qui pourrait contrarier les plans de communication de l’Elysée : alors que le président de la République a placé ses vœux 2015 sous le signe de l’optimisme et de l’audace, les premières estimations de la Commission européenne sur les produits intérieurs bruts (PIB) britannique et français en 2014 montrent que le Royaume-Uni a détrôné la France comme cinquième puissance économique mondiale.Manifestement François Hollande n’en avait pas été averti lorsqu’il a déclaré, le 31 décembre 2014 : « La France, c’est un grand pays ; elle est la cinquième puissance économique du monde. »Dynamisme, inflation et revalorisationCette première estimation, dénichée par Le Figaro sur le site Internet de la Commission européenne, devrait être confirmée dans les prochaines semaines. D’une certaine manière, elle résume, à elle seule, les atouts de l’économie britannique et les faiblesses françaises.Jusqu’en 2013, la France avait réussi à tenir son rang dans le club des dix premières puissances mondiales. Malgré ses difficultés persistantes (croissance nulle ou faible et chômage élevé, déficits jumeaux, dégradation de la compétitivité de son économie, effondrement des taux de marge des entreprises…), elle continuait d’occuper la cinquième place derrière les Etats-Unis, la Chine, le Japon et l’Allemagne mais devant le Royaume-Uni.En 2014, elle a été reléguée en 6e position. Le dynamisme de l’économie britannique, qui a connu une croissance en volume de 3 % contre 0,4 % en France, le niveau plus élevé de l’inflation outre-Manche (1,5 % contre 0,4 %) et la revalorisation de la livre sterling par rapport à l’euro expliquent pour l’essentiel cette évolution.Renversement de tendanceLe PIB est l’ensemble des richesses créées annuellement dans un pays ou, comme préfère le dire l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la somme des valeurs ajoutées de ce pays. En 2013, mesuré en valeur absolue et non en parité de pouvoir d’achat (PPA), le PIB s’est élevé à 2 114 milliards d’euros en France contre 2 017 milliards au Royaume-Uni. Soit une différence de 97 milliards d’euros à l’avantage de Paris.Un an plus tard, la situation s’est inversée : à la faveur d’une reprise qui a surpris les observateurs par sa vigueur, le Royaume-Uni est passé en tête. Son PIB en 2014 s’élèverait à 2 232 milliards d’euros, soit 98 milliards de plus que le PIB français (2 134 milliards). Ce renversement de tendance tient d’abord à l’inégalité des taux de croissance des deux économies. La reprise a été particulièrement dynamique outre-Manche : le PIB a progressé de 3 % en 2014 à la faveur, analyse Philippe Waechter, directeur des études de Natixis Asset Management, du dynamisme de la demande intérieure.Ce qui a porté cette dernière ? « Une politique budgétaire pas très restrictive, qui a soutenu la demande intérieure ; la politique de Quantitative Easing conduite par la Banque d’Angleterre, qui a permis de redistribuer du crédit aux ménages dès le début 2013 ; un marché du travail flexible qui a rendu possibles des créations nettes d’emploi. Mêmes précaires, celles-ci ont contribué à soutenir la demande des ménages et la consommation », résume l’économiste.On pourrait y ajouter la qualité du climat des affaires – les enquêtes de conjoncture restent à un niveau élevé – et les effets richesse liés à l’état du marché immobilier. Autant de points positifs qui ont permis à l’économie britannique de repartir, alors même qu’elle continue de souffrir, elle aussi, de la baisse de sa productivité.Panorama conjoncturel sombreLe panorama conjoncturel français de 2014 était, on le sait, bien plus sombre : une croissance obstinément atone et ce pour la troisième année de suite ; des déficits public et commercial marqués ; un chômage à deux chiffres qui continue d’augmenter et qui pèse sur la consommation des ménages – l’épargne de précaution reste d’ailleurs importante – ; des entreprises qui, malgré les premiers effets du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), rencontrent toujours de sérieuses difficultés financières. A quoi s’ajoute une forme de pessimisme généralisée qui n’aide pas l’économie à redémarrer.D’après Le Figaro, les différences de taux de croissance portent sur une soixantaine de milliards d’euros. La plus forte inflation outre-Manche (+ 1,5 %, contre 0,4 % en France) expliquerait un écart de PIB en faveur de Londres de l’ordre de 30 à 40 milliards. La forte revalorisation de la livre sterling par rapport à un euro en baisse ferait l’essentiel du reste.En revanche, le fait que les comptables nationaux britanniques aient accepté en 2013, contrairement à leurs homologues français, d’intégrer les activités liées à la prostitution et à la drogue dans la mesure de leur PIB aurait eu des conséquences marginales. On ne leur doit pas, en tout cas, la relégation française.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.01.2015 à 08h28 • Mis à jour le07.01.2015 à 10h23 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Pierre Moscovici, le commissaire européen en charge de l’économie et de la fiscalité, déclare, dans un entretien au Monde, qu’« il faut laisser les Grecs faire leur choix » lors des élections législatives anticipées du 25 janvier, et que, « quel que soit leur choix, il sera respecté. Ce n’est pas à nous de sélectionner, d’ostraciser, le dirigeant d’un pays de l’Union européenne. »Le ton utilisé par M. Moscovici, au nom de la Commission, tranche avec celui prêté au gouvernement allemand, Angela Merkel étant, selon le magazine Der Spiegel, favorable à une sortie de la Grèce de la zone euro.M. Moscovici assure notamment que si Alexis Tsipras, le dirigeant de Syrisa (extrême gauche), qui prône la fin des mesures d’austérité imposées par la « Troïka » (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international, Commission européenne) et une restructuration de la dette grecque, « emporte les élections et devient Premier ministre », la porte de la Commission « lui est ouverte. » Tout en écartant une annulation partielle ou totale de la dette, M. Moscovici indique que, si celle-ci « doit être remboursée », cela peut se faire « à un rythme ou à un autre. » Le risque de contagionSelon M. Moscovici, « il faut prendre ces élections pour ce qu’elles sont : un rendez-vous démocratique très significatif mais pas le déclencheur possible d’une crise ». Il assure que « la situation d’incertitude créée par les élections provoque des mouvements très limités, en ampleur et en volume s’agissant des marchés. Plus encore, s’agissant des capitaux. »La possibilité d’une sortie de la Grèce de la zone euro M. Moscovici ne veut pas s’inscrire dans cette perspective. « Cette question ne se pose pas », relève-t-il, indiquant que la Commission « souhaite que le pays reste » dans la zone euro. « C’est important pour la zone euro, son intégrité, son attractivité », mais aussi « pour la Grèce, qui a bénéficié à travers les programmes décidés en sa faveur, de fonds européens considérables, pour l’aider à restructurer son économie », argumente-t-il.La restructuration de la dette « Cette question ne se pose pas », assure M. Moscovici. « Une dette n’est pas faite pour être effacée, elle existe, elle doit être remboursée », déclare-t-il, tout en ajoutant : « à un rythme ou à un autre. » Ce qui pourrait laisser la porte ouverte à un rééchelonnement. Le commissaire souligne aussi qu’un « effacement de la dette, totale ou partielle, a un coût pour les citoyens de l’Union européenne, Allemands, Italiens, Français, en fonction des créances sur la Grèce détenues par les économies de ces pays. »La poursuite des réformesSi la Grèce veut pouvoir bénéficier de la fin du programme d’assistance actuel - elle doit recevoir encore près de 4 milliards d’euros - cela passe par de nouvelles réformes. À ce propos, M. Moscovici souligne que « ce n’est pas [de] davantage d’austérité » dont a besoin le pays, mais qu’il lui faut mettre en place « une meilleure collecte des impôts, une économie plus compétitive ».La « surveillance » de la GrèceElle doit être maintenue, mais sous une nouvelle forme, en suivant « de manière plus distante, à travers des missions plus légères, moins fréquentes une dizaine de politiques publiques », indique M. Moscovici.La Troïka, qui « a joué un rôle utile » et sans qui « la Grèce aurait souffert bien davantage », doit passer la main : elle « a épuisé son rôle historique, parce que beaucoup de réformes ont été faites. »« Il faut passer à un autre stade de l’aide internationale », avance M. Moscovici, qui rappelle que « l’UE est prête à mettre en place une ligne de crédit de 10 milliards d’euros » et « le FMI, à passer à un programme de précaution, plus léger. »Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.01.2015 à 15h49 • Mis à jour le21.01.2015 à 18h30 | Benoît Vitkine Le président ukrainien, Petro Porochenko, a décidé d’écourter son séjour à Davos et rentrera mercredi 21 janvier en Ukraine, en raison de « l’aggravation » de la situation dans l’Est. Les combats se sont intensifiés ces derniers jours, notamment pour le contrôle de l’aéroport de Donetsk et dans la partie nord de la région de Louhansk. Pour la première fois depuis l’été, Kiev a accusé l’armée russe de prendre directement part à ces combats qui ont tué cinq civils à Donetsk, dans la nuit de mardi à mercredi.Si l’Ukraine a fréquemment accusé Moscou de fournir du matériel et des blindés aux rebelles du Donbass, c’est la première fois depuis l’été qu’elle affirme que des troupes régulières russes participent directement aux combats. Lundi, l’état-major ukrainien faisait état de l’arrivée sur le territoire rebelle de deux bataillons tactiques de l’armée russe, chacun comptant 300 à 350 hommes et du matériel. Ceux-ci auraient passé la frontière dans la région de Louhansk.Le lendemain, Kiev assurait que ces soldats avaient pris part à des combats précisément dans la partie nord de cette région de Louhansk. L’armée ukrainienne y a notamment subi de lourds bombardements et a dû abandonner un barrage qu’elle tenait à l’est de la ville de Louhansk.En tout, selon le président Petro Porochenko, plus de 9 000 soldats russes seraient présents sur le sol ukrainien. Un chiffre invérifiable.Moscou a qualifié ces accusations « d’hallucinations », comme elle nie depuis le début de la guerre être impliquée de quelque façon que ce soit. La livraison d’armes et le passage d’hommes en armes par la frontière ont pourtant été documentés à plusieurs reprises et constatés par de nombreuses sources indépendantes.Sur les renforts russes, lire : Pourquoi l’ONU évoque le risque d’une guerre civile dans l’est de l’UkraineOù et pourquoi combat-on ?Au cours de l’été, l’intervention directe de l’armée russe avait stoppé net l’armée ukrainienne alors que celle-ci menait une offensive victorieuse contre les places fortes des séparatistes dans la région.Petro Porochenko : « La ligne de front pour défendre les valeurs de l’Europe, c’est l’Ukraine »Des combats, le plus souvent sous forme d’échanges d’artillerie, ont lieu tout le long de la ligne de front. Il y a quelques jours, l’explosion d’une roquette a tué treize occupants d’un bus près de la localité de Volnovakha. L’épisode, survenu en un lieu relativement épargné par les violences ces dernières semaines, a fortement ému l’Ukraine.Lire aussi Treize civils tués dans une attaque contre un barrage de l’armée ukrainienneMais les affrontements les plus durs sont localisés sur quelques points chauds des régions de Donetsk et de Louhansk, notamment le nord de cette dernière. Là, les rebelles essaient depuis plusieurs mois de prendre la ville Chtchastia, qui abrite une centrale thermique et dont le contrôle leur permettrait de mettre Louhansk à l’abri.Voir ci-dessous la carte de situation de l’état-major ukrainien : Le cas de l’aéroport de Donetsk est différent. C’est là qu’ont lieu les combats les plus sanglants. L’infrastructure elle-même, totalement détruite, est hors de service depuis le mois de mai, mais le contrôle des lieux est devenu un enjeu symbolique majeur pour les deux camps. Le territoire de l’aéroport constitue aussi une pointe avancée de l’armée ukrainienne dans la ville de Donetsk, et donc une menace permanente pour les séparatistes.Voir ci-dessous le territoire de l’aéroport filmé par un drone :lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_youtube#_2dsVMpyL40"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "youtube", id: "_2dsVMpyL40", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});La trêve est-elle enterrée ?Plusieurs cessez-le-feu ont été conclus dans ce conflit qui dure depuis neuf mois et qui a fait officiellement 4 800 morts, et sans doute davantage. Les deux derniers, conclus à Minsk en septembre et en décembre 2014, portaient la signature de la partie russe et ont fait baisser l’intensité des combats. Mais ceux-ci ne se sont jamais arrêtés. Il y a une dizaine de jours, le niveau des violences a brutalement augmenté, les bombardements et les accrochages reprenant avec une vigueur qui rappelle les durs combats de l’été. Une dizaine de soldats ukrainiens et autant de civils y sont morts – les chiffres des tués dans les rangs séparatistes ne sont pas connus. Les deux camps se rendent mutuellement responsables du déclenchement des combats et affirment ne faire que riposter aux attaques adverses.Pour autant, les accords de Minsk ne sont pas morts. Ils servent toujours de base aux épisodiques négociations entre belligérants et capitales impliquées dans le dossier. Ces accords ont un volet militaire – cessez-le-feu, retrait des armes lourdes, retrait des combattants étrangers, échange de prisonniers… – et un volet politique et institutionnel qui paraît particulièrement ambitieux dans le contexte actuel.La diplomatie au point mortMercredi soir, les ministres des affaires étrangères russe, ukrainien, allemand et français doivent se retrouver à Berlin. L’objectif reste la préparation d’une éventuelle rencontre à Astana, au Kazakhstan, entre les chefs d’Etat de ces quatre pays. Mais ce sommet semble très hypothétique.Initialement prévue le 15 janvier, une telle rencontre a déjà été annulée il y a dix jours, alors même que la situation sur le terrain était plus calme. Les diplomates occidentaux indiquaient alors que les discussions achoppaient sur le tracé d’une ligne de démarcation entre les deux camps, la Russie refusant de reconnaître celle définie lors des accords de Minsk de septembre 2014.Lire aussi (en édition abonnés) La diplomatie piétine dans le dossier ukrainienBenoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.01.2015 à 13h51 • Mis à jour le21.01.2015 à 14h26 | Laurence Girard Un vent froid a soufflé sur les marchés des matières premières en 2014 et ses effets devraient encore se faire sentir en 2015. La chute des prix mondiaux pourrait atteindre 27 % en 2015, selon Philippe Chalmin, professeur à l’université de Paris-Dauphine et fondateur de la société Cyclope, qui publiait, mercredi 21 janvier, comme chaque année, son bilan et ses perspectives sur les matières premières.Hors pétrole et métaux précieux, le recul serait de 7 %. Un fort repli après une baisse de 7,35 % en 2014.« 2014, année du contre-choc sur les marchés mondiaux de matières premières et de commodités », ce titre serait pour M. Chalmin, facile à utiliser pour caractériser ce qui s’est passé ces derniers mois mais s’avèrerait simpliste pour décrire des situations contrastées. Personne n’avait imaginé un décrochage aussi brutal du prix du pétroleSi contre-choc il y a eu, c’est surtout le cours du pétrole qui l’a subi de plein fouet. Et les spécialistes de l’art si délicat des prévisions le reconnaissent.Cyclope, lui-même, tablait il y a un an sur un cours stable autour des 100 euros. L’heure était alors plus à la crainte d’une hausse des cours, l’aggravation de la tension au Moyen-Orient pouvant causer une baisse de la production.Mais un tout autre scénario géopolitique s’est déroulé. Tout a basculé à l’été, lorsque l’Arabie saoudite a joué l’ouverture des vannes et la carte du prix agressif pour regagner des parts de marché face aux pétroliers américains, très concurrentiels avec leur pétrole de schiste.Pétrole : les raisons de la chute continue des prixLes Etats-Unis qui, un temps, ont vu dans la baisse du prix un moyen de faire pression sur la Russie et l’Iran, ont accompagné le mouvement. Résultat, alors qu’en juin, le baril culminait à 112 dollars, il a terminé l’année à 60 dollars, emporté par l’abondance de l’offre.Pour Cyclope, qui s’appuie sur des moyennes de prix comparées d’une année sur l’autre, cette dégringolade, sensible surtout en fin d’année, devrait plutôt affecter les données 2015.« Il n’y a aucune perspective que le pétrole remonte à court terme, juge M. Chalmin. On peut s’attendre à une légère reprise à partir de l’été. »Les récoltes surabondantes font plonger les matières premières agricolesLa baisse du pétrole a entraîné dans son sillage celle du charbon et du gaz naturel. Mais les plus fortes chutes, en 2014, selon les données de Cyclope, sont le fait des matières premières agricoles, orge et maïs (–32 %) en tête. Blé, riz, sucre ou huile de palme ont aussi été entraînés dans une spirale baissière.Le cours du blé fluctue entre le Nil et la VolgaBien que le spectre d’El Niño ait été agité il y a un an, aucun aléa climatique majeur n’a affecté les cultures. Or, les exploitants agricoles, dont l’appétit a été aiguisé par les prix très élevés atteints en 2011-2012, avaient accru les surfaces plantées.Les récoltes ont donc été plus qu’abondantes, comparables aux records déjà décrochés en 2013, et les stocks montent.Et même si en début d’année, la crise ukrainienne a fait monter les cours des céréales, la concrétisation d’une production plus qu’abondante a fait plonger les cours à partir de l’été.C’est également l’attrait d’un prix élevé en 2013 qui a incité les éleveurs à accroître la production de lait, suscitant une baisse des cours dès l’automne 2014.La surproduction peut entraîner des situations critiques.C’est le cas pour le caoutchouc dont le cours s’est effondré (–32 %) après cinq ans de récoltes surabondantes, précipitant dans la crise les planteurs d’hévéas thaïlandais.Mais il suffit que les conditions météorologiques se dégradent pour réenflammer les prix des matières premières agricoles.Ainsi le café a flambé en 2014, signant une des plus fortes hausses de 2014 (+30 %) après la sècheresse qui a frappé les régions productrices brésiliennes.Les incertitudes sur les niveaux de récolte du cacao ont aussi propulsé son prix vers des sommets (+25 %), même si finalement les prévisions ont été revues à la hausse.L’évolution de l’économie chinoise scrutée de prèsAutre baromètre scruté de près : l’évolution de l’économie chinoise, premier consommateur et importateur mondial de nombre de matières premières.Le ralentissement de sa croissance en 2014, qui a atteint 7,4 % en 2014, son plus bas niveau depuis 1990, suscite des interrogations.Lire également : La croissance chinoise au plus bas depuis 24 ansLe cours du minerai de fer a été plombé (–25 %) par le coup de mou de la construction en Chine, même si la véritable cause du décrochage est la surcapacité de cette industrie portée par l’Australie.La politique des stocks publics ou privés de l’empire du Milieu affecte également les équilibres de certains marchés. Ainsi, les stocks chinois de coton ajouté aux excédents de production ont fait chuter les cours.En 2015, estime Cyclope, les marchés resteront « nerveux et instables, à l’affût des moindres aléas climatiques et géopolitiques ». La situation de la Chine et des pays émergents étant la principale inconnue.L’horizon des pays émergents s’assombritLe ralentissement de la croissance mondiale intervient alors que les investissements consentis ces dernières années dans des capacités de production de minerais ou de produits agricoles donnent leur plein effet.Laurence GirardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.01.2015 à 11h22 • Mis à jour le21.01.2015 à 13h37 La série de mesures contre le terrorisme annoncée, mercredi 21 janvier, par Manuel Valls, au sortir du conseil des ministres, ne comprend guère de surprises. La plupart de ces décisions avaient déjà été annoncées, et ces arbitrages n’entrent pas dans les détails.Manuel Valls annonce la création de 2680 postes pour lutter contre le terrorismeDéploiement de Vigipirate Quelque 10 500 militaires ont été déployés sur tout le territoire, a rappelé le premier ministre, dont 5 800 en Ile-de-France, prioritairement sur les lieux de culte juifs et musulmans.Renforcement du renseignementLes moyens humains et matériels des services de lutte contre le terrorisme vont être accrus. 1 400 emplois seront créés au ministère de l’intérieur dans les trois ans, dont 1 100 pour le renseignement intérieur (la DGSI, direction générale de la sécurité intérieure, le Service central du renseignement territorial – les anciens Renseignements généraux – et la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris). 530 personnes seront recrutées en 2015.Des effectifs à la justice, à la défense et à Bercy950 nouveaux emplois, pour l’essentiel déjà prévus, seront créés dans les trois ans et répartis entre les juridictions, l’administration pénitentiaire et la protection judiciaire de la jeunesse. Les services du ministère de la défense et des finances qui participent à la lutte contre le terrorisme ou les trafics alimentant les réseaux bénéficieront également d’un renfort en personnels : 250 au ministère de la défense et 80 au ministère des finances, dont 70 pour les douanes.736 millions sur trois ansLes moyens en équipement seront renforcés, pour notamment améliorer le niveau de protection des policiers, gendarmes et policiers municipaux, en les équipant de matériels « modernes et adaptés », pour un coût de 425 millions d’euros sur trois ans. L’ensemble de ces mesures représentent environ 736 millions d’euros d’ici 2017, dont 246 millions en 2015.La loi sur le renseignementLe projet de loi sur le renseignement, soumis au Parlement « dans les prochains mois », donnera aux services « les moyens juridiques » d’accomplir leurs missions « tout en garantissant un contrôle externe et indépendant de leurs activités ».Jean-Marie Le Guen, le secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, a ensuite précisé que le projet de loi ferait l'objet d'une procédure d'urgence, avec des « délais raccourcis au maximum » et « une adoption définitive début juin ». M. Le Guen a dit espérer une « unanimité » sur ce sujet.La « déradicalisation »60 millions d’euros seront mobilisés, au travers du fonds interministériel de prévention de la délinquance, pour la mise en œuvre de dispositifs de contre-radicalisation, de suivi individualisé et de réinsertion, dans chaque ­département.Les équipes des parquets et le renseignement pénitentiaire seront renforcés, le regroupement des détenus radicalisés, expérimenté à Fresnes, sera étendu à quatre autres quartiers ; 60 aumôniers musulmans seront recrutés pour se joindre aux 182 existants, et les moyens financiers de l’aumônerie musulmane seront doublés. Une mission « de veille et d’information » sera créée à la direction de la protection judiciaire de la jeunesse.Le fichier terroristeUn fichier des personnes « condamnées ou mises en cause » pour des faits de terrorisme sera créé, avec obligation pour ces suspects de justifier de leur adresse à intervalles réguliers. Le non-respect de ces mesures sera constitutif d’une infraction. Ce nouveau fichier, placé sous le contrôle d’un juge, facilitera les mesures de surveillance des services de renseignement.La propagande numériqueLa lutte contre la diffusion de messages terroristes sur Internet sera renforcée. Les effectifs des unités de cyber-patrouille et d’investigations vont être renforcés, des procédures « plus rapides et plus efficientes » seront mises en place avec les opérateurs pour bloquer les sites faisant l’apologie du terrorisme.La coopération européenneLa coopération internationale et européenne devrait permettre d’obtenir « des avancées concrètes » pour Internet. Les contrôles aux frontières extérieures de l’espace Schengen seront renforcés et « un meilleur suivi » des déplacements des personnes signalées mis en place. Le dispositif PNR (le contrôle des passagers aériens), qui sera opérationnel en France en septembre 2015, devra être mis en œuvre au niveau européen – le Parlement européen s’y refuse pour l’heure.Mobilisation contre le racisme et l’antisémitismeLa lutte contre le racisme et l’antisémitisme a été déclarée « grande cause nationale » en décembre 2014   : elle prendra la forme « d’une mobilisation nationale et territoriale des forces vives de la République ». Le gouvernement proposera que les injures et diffamations soient introduites dans le code pénal (et non plus dans la loi sur la presse de 1881) lorsqu’elles sont aggravées par des circonstances liées au racisme ou à l’antisémitisme. David Revault d'Allonnes et Bastien Bonnefous Un renforcement des moyens humains et matériels : c’est l’essentiel de la réponse apportée mercredi 21 janvier par l’exécutif, deux semaines jour pour jour après la tuerie de Charlie Hebdo, en matière de lutte antiterroriste. Le premier ministre a annoncé un budget de 425 millions d’euros sur trois ans en matériel. Avec le coût du personnel, l’enveloppe devrait se monter à 736 millions d’euros d’ici 2017, dont 246 millions pour 2015 Le président l’avait confié à ses proches, ces derniers jours : « L’attitude de la droite, illustrée par ce que faisait Sarkozy, c’est : “un événement, une loi”. La gauche, elle, explique qu’il n’y a qu’à appliquer les textes. J’entends pour ma part être pragmatique : ce qu’il faut, c’est corriger, améliorer. » Le gouvernement, qui avait d’emblée écarté l’hypothèse d’un Patriot Act à la française pourtant exigé par une partie de l’opposition, mais évidemment aussi celle d’un statu quo intenable du point de vue de l’opinion, a donc opté pour la solution technique, comportant beaucoup de mesures déjà annoncées et quelques bonnes résolutions : « Pas de surenchère démagogique, mais une très grande fermeté dans l’action et une volonté de prendre la question à bras-le-corps, et la traiter sans états d’âme et sans angélisme », explique un conseiller de l’exécutif.Martialement flanqué de ses ministres Bernard Cazeneuve, Christiane Taubira, Jean-Yves Le Drian et Laurent Fabius, Manuel Valls a en personne annoncé, dès le conseil des ministres achevé, la création de 1 400 emplois au ministère de l’intérieur dans les trois prochaines années, dont 1 100 seront affectés aux différents services de renseignement. La moitié seraient recrutés « dès cette année ».2 500 personnes à surveillerIl s’agit de répondre à la menace principale, selon les services : l’augmentation, en Europe et en France, du nombre de personnes à surveiller. En plus des 1 300 environ passées ou encore en Syrie, quelque 500 personnes sont également connues pour appartenir à des filières terroristes dans d’autres régions (Afghanistan, Pakistan, Yémen, Tunisie, Libye…), et près d’un millier actives dans la « djihadosphère ». Au total, ce sont donc plus de 2 500 personnes qu’il faut surveiller.De même, 950 nouveaux emplois seront créés en trois ans à la Chancellerie, répartis entre les juridictions, l’administration pénitentiaire et la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Enfin 250 emplois seront créés au ministère de la défense et 80 à Bercy, essentiellement des postes de douaniers, pour lutter contre le financement des réseaux terroristes. « Les moyens en équipement des services » devraient de même être renforcés afin de doter ces derniers « de matériels modernes et adaptés ».Sur la question, politiquement sensible, de la fixation du curseur en matière de surveillance et d’écoutes, le gouvernement, pour l’heure, ne s’avance guère. Il se montre même particulièrement évasif. Tout juste apprend-on que le projet de loi sur le renseignement, qui devrait être présenté en avril au Parlement, « donnera aux services les moyens juridiques d’accomplir leurs missions tout en garantissant un contrôle externe et indépendant de leurs activités », afin de doter le pays « d’un cadre légal pour l’action de ses services de renseignement, légitimant leur activité tout en respectant les libertés publiques et individuelles ». « L’objectif du prochain projet de loi sur le renseignement est de garantir une base juridique claire pour les services, mais aussi permettre une autorisation d’écoutes plus rapide qu’aujourd’hui et contrôlée de manière externe par une autorité indépendante », explique-t-on au gouvernement.Lutte contre la radicalisation en prisonM. Valls devait également annoncer la création d’un fichier dédié, placé sous contrôle d’un magistrat et sur le modèle de celui qui existe actuellement pour les délinquants sexuels, « dans lequel seront obligatoirement inscrites toutes les personnes condamnées ou mises en cause pour des faits de terrorisme ». Celles-ci devront régulièrement informer les autorités de leurs changements de domiciles et déclarer tout séjour à l’étranger. Le renforcement des contrôles aux frontières extérieures de Schengen et « un meilleur suivi des déplacements des personnes signalées » sont également annoncé. « Le dispositif PNR, qui sera opérationnel en France en septembre 2015, doit être dorénavant mis en œuvre au niveau européen », se limite à plaider le gouvernement.Au chapitre justice, le gouvernement annonce ainsi qu’il augmentera « effectifs et moyens du renseignement pénitentiaire ». Une inspection conjointe sera lancée au sein de la PJJ pour dresser un constat objectif et complet des jeunes délinquants pris en charge par ses services. « Avant de se précipiter dans des réponses qui ne correspondraient pas forcément à la réalité sur le terrain, on veut savoir de quels types de jeunes on parle, quels sont les publics qui peuvent se radicaliser, dans quelles proportions, etc. », explique-t-on au gouvernement.Afin de lutter contre les phénomènes de radicalisation en prison, le regroupement des islamistes radicaux détenus, expérimenté à Fresnes (Val-de-Marne), sera étendu avec la création de quatre quartiers dédiés, et soixante aumôniers musulmans supplémentaires recrutés. Enfin 60 millions d’euros seront affectés au fonds interministériel de prévention de la délinquance « pour la mise en œuvre de dispositifs de contre-radicalisation ». L’exécutif proposera en outre la pénalisation des injures et diffamations « lorsqu’elles sont aggravées par une circonstance liée au racisme ou à l’antisémitisme ». Il n’a en revanche pas retenu la proposition de l’UMP de créer une peine d’« indignité nationale ».Bastien BonnefousJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteDavid Revault d'AllonnesGrand reporter au service politique. En charge de l'ElyséeSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.01.2015 à 10h03 • Mis à jour le21.01.2015 à 10h24 | Jean-Baptiste Jacquin Travis Kalanick, 38 ans, le PDG fondateur de la société américaine Uber, explique, dans un entretien au Monde, qu’il n’est « pas opposé à la régulation, au contraire ». Il précise qu’il veut « que les tribunaux se prononcent, y compris d’un point de vue constitutionnel, sur [la] loi » Thévenoud du 1er octobre 2014, qui régit l’activité des voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) en France. « En attendant, ajoute-t-il, nous continuons » l’activité d’Uber sur le territoire français.De fait, si le ministère de l’intérieur a affirmé que l’un des services de la société Uber, UberPop, qui permet à des particuliers de s’improviser chauffeur, serait interdit à compter du 1er janvier, celui-ci est toujours utilisable. Par ailleurs, les chauffeurs affiliés à Uber violent la loi qui réserve la maraude aux taxis ou impose aux VTC de sortir de la circulation entre deux courses.Pourquoi UberPop va continuer sur sa lancée après le 1er janvier« De nombreuses façons d’interpréter une loi »« Il existe de nombreuses façons d’interpréter une loi », argumente M. Kalanick, qui rappelle qu’« il y a un peu plus d’an, un décret imposait en France un délai de 15 minutes minimum entre le moment où un client commande un VTC et le moment où il peut monter dedans. Ce décret a été jugé inconstitutionnel et annulé. »Soulignant qu’« il y a des procédures en cours » et que sa société « cherche à les mener de façon respectueuse à leur terme », le PDG d’Uber déclare : « restons prudents et attendons que les tribunaux disent ce qu’il en est. Nous verrons si cela nous impose de modifier notre façon de faire. »Créée il y a près de cinq ans en Californie, Uber est aujourd’hui présente dans 270 villes dans le monde. Elle est déjà valorisée 40 milliards de dollars (35 milliards d’euros).L’application mobile qui permet de commander une voiture avec chauffeur (VTC) en un clic a provoqué l’opposition des taxis dans la plupart des pays.M. Kalanick relève que sa société propose « de travailler avec les gouvernements pour établir un cadre, ce qui permettrait de créer des emplois et d’augmenter les recettes fiscales du pays. » En début de semaine, il a promis de créer 50 000 emplois dans l’Union européenneUber promet des emplois en EuropeJean-Baptiste JacquinChroniqueur économiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cédric Pietralunga (envoyé spécial à Davos) C’est ce qui s’appelle avoir le blues. Seulement 37 % des chefs d’entreprise anticipent une amélioration de la croissance mondiale en 2015, selon une étude de PwC, dévoilée mardi 20 janvier à Davos, à l’ouverture du 45e Forum économique mondial, qui se tient dans la station suisse jusqu’au 24 janvier et doit réunir quelque 2 500 participants.C’est certes mieux qu’en 2013, lorsque ce chiffre était tombé à 18 %, mais cela marque un recul par rapport à l’an dernier, où 44 % des patrons interrogés par le cabinet d’audit britannique se montraient optimistes.Pis, « 17 % des dirigeants anticipent un ralentissement de la croissance », selon cette étude réalisée auprès de 1 322 chefs d’entreprise originaires de 77 pays, alors qu’ils n’étaient que 7 % à se montrer aussi pessimistes en 2014.Les Français sont les plus préoccupés« Il y a clairement une baisse de moral des PDG, note Bernard Gainnier, président de PwC pour la France et l’Afrique francophone. Les entreprises vivent aujourd’hui dans un véritable chaudron concurrentiel, des acteurs comme Uber ou Netflix ouvrent de nouvelles brèches, la technologie bouleverse les business models existants… Tout cela inquiète. »Sans surprise, ce sont les patrons français qui se montrent les plus préoccupés : seulement 14 % d’entre eux s’attendent à une amélioration de la croissance dans le monde cette année, contre 33 % en Allemagne et 45 % dans la région Asie-Pacifique.Paradoxalement, 39 % des dirigeants interrogés par PwC se disent néanmoins « très confiants » dans leur capacité à augmenter leur chiffre d’affaires en 2015. « La crise est clairement passée par là, analyse M. Gainnier. Même s’ils sont inquiets, les chefs d’entreprise s’estiment aujourd’hui mieux armés pour résister, ils s’adaptent plus vite, réagissent mieux. »Les patrons américains redressent particulièrement la tête, boostés par la croissance apportée par les gaz et pétroles de schiste dans leur pays : ils sont 43 % à se montrer optimistes pour leur business, un chiffre en hausse de 10 points par rapport à l’an dernier.Les Etats-Unis, principal relais de croissancePreuve qu’il se passe quelque chose outre-Atlantique, 38 % des chefs d’entreprise citent d’ailleurs les Etats-Unis comme leur principal relais de croissance cette année, alors qu’ils n’étaient que 30 % en 2014.La banque centrale américaine s’inquiète du ralentissement de la croissance mondiale« C’est la première fois en cinq ans que les Etats-Unis passent devant la Chine, on assiste à un vrai basculement », estime M. Gainnier. A bien y regarder, c’est d’ailleurs l’ensemble des pays matures qui reprend du poil de la bête : le Royaume-Uni dépasse le Brésil, l’Allemagne conserve sa troisième position, le Japon prend la place de la Russie…De là à dire que les pays émergents ont laissé passer leur chance, c’est peut-être aller un peu vite. Mais certains signes montrent que l’élite économique mondiale s’interroge.Le Forum de Davos a ainsi inscrit pas moins de trois conférences sur l’empire du Milieu à son agenda et Li Keqiang, le premier ministre chinois, devait lui-même venir disserter, mercredi, sur « l’impact global de la transformation de l’économie chinoise ».L’horizon des pays émergents s’assombritCédric Pietralunga (envoyé spécial à Davos)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.01.2015 à 17h46 • Mis à jour le20.01.2015 à 19h18 L'essentielLes chefs de la diplomatie des quatre pays veulent favoriser une désescalade du conflit entre les prorusses et les forces loyalistes.L'armée ukrainienne affirme que des soldats de l'armée russe ont attaqué mardi ses positions dans l'Est. Le ministre des affaires étrangères de l'Allemagne, Frank-Walter Steinmeier, a annoncé, mardi 20 janvier, une nouvelle réunion, mercredi soir à Berlin, avec ses homologues français, russe et ukrainien. Cette rencontre, souhaitée par l'Ukraine et la Russie, « vise à empêcher une nouvelle aggravation de la confrontation militaire et une nouvelle escalade politique entre Kiev et Moscou », a expliqué M. Steinmeier.« Il y a de nouveau une situation dangereuse avec de nouveaux combats qui font rage ces derniers jours dans l'est de l'Ukraine », a-t-il souligné, évoquant des contacts intenses entre les quatre ministres du « format Normandie » — en référence à la première rencontre à quatre, organisée en juin 2014 en marge des cérémonies commémorant le débarquement allié en Normandie — pour « rechercher des compromis politiques ».Lire aussi : Les Vingt-Huit restent divisés sur la RussieLe chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, et son homologue ukrainien, Pavlo Klimkine, « m'ont demandé d'organiser de nouveau des discussions à Berlin », a ajouté Frank-Walter Steinmeier.COMBATS DANS L'ESTLes combats, notamment à l'artillerie, continuaient mardi dans l'est séparatiste de l'Ukraine, selon Kiev. L'armée ukrainienne a affirmé que des soldats de l'armée russe avaient attaqué ses positions. De leur côté, les Russes démentent catégoriquement l'arrivée récente de renforts militaires dans les territoires prorusses, qualifiant ces affirmations d'« absurdité totale » et d'« hallucinations ».Le 12 janvier, les ministres des affaires étrangères allemand, français, russe et ukrainien s'étaient déjà rencontrés à Berlin pour tenter d'organiser un sommet entre les présidents russe, Vladimir Poutine, et ukrainien, Petro Porochenko, sous l'égide du président français, François Hollande, et de la chancelière allemande, Angela Merkel.UN SOMMET REPORTÉ SINE DIEMais ils avaient échoué à trouver un accord, et ce sommet, un temps envisagé le 15 janvier à Astana (Kazakhstan), a été reporté sine die. Kiev et les séparatistes prorusses s'accusent mutuellement du regain de violences observé depuis une dizaine de jours dans l'est de l'Ukraine, qui a culminé ce week-end avec de féroces combats à l'aéroport de Donetsk et l'arrivée de chars ukrainiens pour repousser une offensive rebelle. 20.01.2015 à 15h48 • Mis à jour le20.01.2015 à 16h25 Le Kremlin vole à la rescousse de ses banques, et ne lésine pas sur les moyens. Le ministre des finances, Anton Silouanov, a donné des précisions mardi 20 janvier sur ce plan de bataille prévu par Moscou, qui prévoit au total le déblocage par les pouvoirs publics de 1 000 milliards de roubles (13,3 milliards d'euros).Selon lui, 30 banques, dont il n'a pas encore dévoilé l'identité, bénéficieront du plan de recapitalisation annoncé à la fin décembre par l'Etat russe pour renflouer le secteur bancaire, fragilisé par l'effondrement du rouble. Une aide qui devrait permettre aux établissements financiers de continuer à financer l'activité économique au moment où le pays se prépare à une profonde récession.Lire aussi : Cinq questions sur la chute du rouble– 41 % FACE AU DOLLAR EN 2014Les banques russes, déjà privées d'accès aux marchés de capitaux par les sanctions liées à la crise ukrainienne, voient en effet fortement augmenter les remboursements de leurs dettes contractées en devises. Elles ont par ailleurs subi des retraits massifs de la part des clients au plus fort de la chute du rouble à la mi-décembre.Elles doivent en outre faire face à un fort renchérissement de l'accès aux liquidités, la banque centrale ayant radicalement augmenté ses taux pour enrayer le plongeon de la monnaie (– 41 % face au dollar en 2014).CONDITIONS TRÈS STRICTESAu départ, les autorités avaient laissé entendre que le plan pourrait concerner plus d'une centaine de banques. Mais le gouvernement a ensuite posé des conditions très strictes concernant l'attribution des fonds publics, attribués sous la forme d'obligations d'Etat par l'agence chargée de l'assurance des dépôts.L'aide de l'Etat ne pourra bénéficier qu'aux banques dont le capital dépasse 25 milliards de roubles (330 millions d'euros), qui s'engagent à augmenter les crédits aux secteurs prioritaires de l'économie ainsi qu'à limiter les hausses de salaires des employés et de dividendes versés aux actionnaires. Les industries de transformation, chimiques et agroalimentaires ainsi que les secteurs des transports, de la construction et de la communication doivent être les principaux bénéficiaires, a expliqué récemment le premier ministre, Dmitri Medvedev.PAS UN « SAUVETAGE DES BANQUES À PROBLÈMES »« Je veux insister sur le fait que ces fonds ne doivent pas servir au sauvetage des banques à problèmes [mais] à développer le crédit  [et] aider l'économie », a insisté le chef du gouvernement à la mi-janvier. Le secteur bancaire russe compte plus de 800 banques, parfois très modestes héritées de l'époque soviétique.Les pouvoirs publics retirent régulièrement les licences de petits établissements régionaux soupçonnés de pratiques douteuses. Ils ont dû procéder à la mi-décembre au sauvetage d'une grosse banque, Trust, et la renflouer à hauteur de 127 milliards de roubles (1,7 milliard d'euros).Sans attendre le plan global, l'Etat avait renfloué à la fin décembre les numéro deux et trois du secteur, VTB et Gazprombank, visées par des sanctions occidentales, respectivement à hauteur de 100 milliards de roubles (1,3 milliard d'euros) et 40 milliards de roubles (530 millions d'euros).Lire aussi le décryptage : Les effets inattendus de la chute du rouble 18.01.2015 à 12h59 L'armée ukrainienne affirme avoir repoussé l'offensive des rebelles prorusses à l'aéroport de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine. Mais les combats se poursuivaient à ses abords, dimanche 18 janvier. Une partie de la ville a également été paralysée par des bombardements.La grande majorité des tirs avait lieu à l'aéroport Serge-Prokofiev, mais des obus sont également tombés près du centre de la ville, où les transports publics ont cessé de fonctionner et où les magasins ont fermé. Une habitante témoigne :« Pendant toute la nuit, des obus passaient près de notre immeuble. L'artillerie rebelle tire d'un quartier résidentiel sur l'aéroport. Ce matin, des vitres ont été brisées par l'onde de choc. Tout tremble. On a très peur. »Lire aussi (édition abonnés) : La diplomatie piétine dans le dossier ukrainienlmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2crweg"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2crweg", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});OFFENSIVE REBELLEA 6 heures du matin, heure locale, « les troupes ukrainiennes ont reçu l'ordre d'ouvrir le feu massivement sur les positions séparatistes connues », a écrit sur sa page Facebook un conseiller du président ukrainien, Iouri Birioukov, qui se trouve près de la ligne du front. La veille, l'armée, à l'aide d'au moins dix chars, a arrêté l'offensive rebelle et a créé un corridor pour l'envoi des renforts à l'aéroport et l'évacuation des victimes.Un porte-parole militaire a annoncé, samedi, que trois soldats avaient été tués et dix-huit blessés durant les dernières vingt-quatre heures dans l'Est séparatiste prorusse. Les autorités municipales séparatistes de Donetsk ont elles fait état, dimanche, d'au moins deux civils tués et de cinq blessés dans le même laps de temps. Depuis son éclatement, en avril 2014, le conflit en Ukraine a fait plus de 4 800 morts. Une nouvelle trêve avait été instaurée le 9 décembre. Elle a été rompue dès janvier.Lire aussi le décryptage : Une trêve et après… où en est la guerre en Ukraine ?lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x1dltfd"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x1dltfd", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 17.01.2015 à 10h01 • Mis à jour le17.01.2015 à 10h11 Après le démantèlement, jeudi 15 janvier, d'une cellule djihadiste qui planifiait des attentats, des militaires ont commencé, samedi, à prendre la relève de policiers pour surveiller des sites sensibles en Belgique, notamment à Anvers (dans le nord) où vit une importante communauté juive.« Le Comité ministériel restreint a décidé de mobiliser progressivement jusqu'à 300 militaires. Concrètement, ces soldats seront déployés à Bruxelles et Anvers. Ils pourront l'être aussi à Verviers (est) et dans d'autres endroits », ont annoncé les services du premier ministre Charles Michel.« Les militaires mobilisés seront armés et auront principalement pour tâche la surveillance de certains sites. Ils viendront en renfort des services de police », ont-il précisé.Lire notre décryptage : Ce que l'on sait de l'opération antiterroriste en BelgiqueUNE PREMIÈRE DEPUIS LES ANNÉES 1980Le gouvernement belge avait annoncé vendredi le déploiement rapide de l'armée sur certains sites, au lendemain d'un assaut à Verviers dans lequel deux djihadistes présumés prévoyant d'attaquer des policiers sont morts. L'appel à des militaires pour des opérations de maintien de l'ordre est une première en Belgique depuis une vague d'attentats commis dans les années 1980.Cette mesure, annoncée vendredi avec une dizaine d'autres pour prévenir la radicalisation et empêcher les candidats au djihad de rallier la Syrie ou l'Irak, est valable pour un mois renouvelable, et tant que le niveau d'alerte sera à 3 sur une échelle de 4, comme c'est le cas depuis jeudi soir.13 PERSONNES INTERPELLÉESLe maire d'Anvers avait immédiatement réclamé l'envoi de troupes dans sa ville, qui accueille une importante communauté juive orthodoxe, forte de 15 à 20 000 personnes. Samedi matin, les premiers soldats, lourdement armés, ont fait leur apparition dans le quartier juif de la ville, site considéré comme sensible dans le contexte des attentats déjoués, a rapporté la chaîne publique flamande VRT.La cellule démantelée en Belgique jeudi et vendredi était composée en partie de djihadistes partis combattre en Syrie. Ils étaient sur le point de « tuer des policiers sur la voie publique et dans des commissariats », selon le parquet fédéral. Treize personnes ont été interpellées en Belgique, dont cinq ont été inculpées pour « participation à un groupe terroriste ». Deux membres présumés de la cellule, des Belges qui voulaient fuir en Italie, ont été arrêtés en France.Lire le récit (abonnés) : Vaste opération antiterroriste en BelgiquePAS DE LIEN AVEC LES TERRORISTES FRANÇAISLe premier ministre français, Manuel Valls, a assuré vendredi que l'opération belge n'avait pas de lien avec l'enquête sur les attaques terroristes de la semaine passée à Paris. Jeudi, un habitant de Charleroi, en Belgique, avait été mis en examen pour « trafic d'armes » qui auraient pu servir aux attentats commis à Paris par Amedy Coulibaly. La piste d'un lien avec cette opération semble donc écartée.Lire (édition abonnés) : La piste belge pour l'arsenal de Coulibaly Jean-Baptiste Chastand Si la croissance devrait un peu s’améliorer en 2015, la situation de l’emploi ne devrait en revanche pas s’éclaircir. L’Unedic, l’organisme qui gère l’assurance-chômage, a publié de sombres pronostics, vendredi 16 janvier. Ils prévoient une hausse du taux de chômage à 10,3 % en métropole fin 2015, contre 9,9 % actuellement. Le nombre de chômeurs sans aucune activité (la « catégorie A » de Pôle emploi) devrait s’établir dans un an à 3,6 millions de personnes, contre un peu moins de 3,5 millions actuellement.En comptant les chômeurs ayant une activité réduite (catégories B et C), le nombre d’inscrits à Pôle emploi pourrait grimper de 5,2 à près de 5,4 millions de personnes. Cette situation a une raison simple : le timide retour de la croissance, que l’Unedic estime à 0,8 % pour 2015 en accord avec le consensus des économistes, ne permettra pas de créer suffisamment d’emplois pour compenser la hausse de la population active. Ces prévisions sont similaires à celles de l’Insee, publiées le 18 décembre 2014, qui pronostiquent un taux de chômage à 10,6 % en 2015, DOM compris. François Hollande n’avait pas contesté en décembre ces sombres présages. « Est-ce que 1 % de croissance suffit pour réduire le chômage en France ? Non, parce qu’en France, la population active augmente », avait-il déclaré en déplacement à Bruxelles. Depuis son échec à « inverser la courbe du chômage avant fin 2013 » comme il s’y était engagé, le président de la République est très prudent sur ses promesses publiques en matière d’emploi. En avril, il s’est uniquement engagé à ne pas se représenter en 2017 si le chômage ne reculait pas d’ici là.DérapageSouci supplémentaire, cette nouvelle montée du nombre de chômeurs va se traduire par une forte hausse du déficit de l’Unedic. Alors que l’assurance-chômage prévoyait encore en septembre de réduire son déficit en dessous de 3,7 milliards d’euros en 2015 (contre près de 4 milliards en 2013), celui-ci devrait finalement se stabiliser en 2014 puis déraper à plus de 4,6 milliards en 2015. L’Unedic, qui est déficitaire depuis 2009 et le début de la crise, va voir sa dette totale grimper à près de 26 milliards à cet horizon.Si un déficit est logique en période de crise pour l’assurance-chômage, ce dérapage des comptes devrait peser sur la prochaine négociation des règles d’indemnisation des chômeurs. Les syndicats et le patronat, qui gèrent l’Unedic, ont prévu de les rediscuter en 2016, mais un premier groupe de travail doit se réunir en 2015. Il apparaît déjà que l’actuelle convention, rentrée totalement en vigueur début octobre, ne permettra pas de stabiliser le déficit comme espéré, malgré les 600 millions d’euros d’économies prévues par le texte.Cette convention prévoyait pourtant un durcissement de l’indemnisation des intermittents, l’allongement du délai de carence pour les salariés quittant leur entreprise avec des indemnités supralégales ou la création de « droits rechargeables » plus simples mais souvent moins avantageux pour les chômeurs reprenant une activité temporaire. Mais les fondamentaux – un jour cotisé pour un jour travaillé, une durée d’indemnisation pouvant aller jusqu’à deux ans, voire trois ans – étaient restés les mêmes.Le Medef n’a jamais caché qu’il souhaitait s’y attaquer et le gouvernement a publiquement demandé en octobre aux partenaires sociaux de durcir davantage ces règles. « La question de l’efficacité, de l’équité des règles » du régime d’assurance-chômage « est un débat légitime », avait déclaré Manuel Valls le 8 octobre, en laissant entendre que les règles d’indemnisation n’incitaient pas, selon lui, suffisamment les chômeurs à rechercher un emploi.Jean-Baptiste ChastandJournaliste en charge du social et de l'emploiSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.01.2015 à 10h08 • Mis à jour le16.01.2015 à 15h57 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne a rendu public, vendredi 16 janvier, l’intégralité de sa décision justifiant l’ouverture d’une enquête pour aide d’Etat concernant le groupe américain Amazon et ses pratiques fiscales au Luxembourg, qui avait été annoncé en octobre 2014.Bruxelles estime que les autorités luxembourgeoises « octroient un avantage à Amazon » à travers certaines pratiques fiscales, et que cela « constitue une aide d’Etat » illégale.La publication du détail des accusations de la Commission à l’encontre d’Amazon, et du Luxembourg, intervient après les révélations « LuxLeaks », début novembre 2014, un travail journalistique de grande ampleur, qui a mis à jour, au Luxembourg, un système d’évasion fiscale de grande envergure au profit des multinationales.LuxLeaks : L’évasion fiscale, un sport national pour les géants américainsPourquoi ne dévoiler le contenu des griefs que maintenant ?La décision d’ouverture d’enquête à l’encontre d’Amazon avait été rendue publique le 7 octobre 2014, mais les détails justifiant cette démarche n’avaient pas été divulgués, pour laisser aux parties concernées le temps d’en extraire ce qu’elles jugent relever du secret des affaires.La Commission s’était déjà prêtée à ce genre d’exercice (publier l’intégralité de sa décision d’ouverture d’enquête), fin 2014, à propos des pratiques fiscales de Starbucks aux Pays-Bas et d’Apple en Irlande.Les informations publiées vendredi (25 pages au total), n’apportent pas de données nouvelles concernant l’avancée de l’enquête de Bruxelles. La commissaire en charge de la concurrence, Margrethe Vestager s’est engagée à communiquer sur ce sujet avant la fin du premier trimestre 2015.Quelles sont les pratiques fiscales visées ? Ce qui est visé par l’enquête de Bruxelles c’est le système du « rescrit fiscal » (ou « tax ruling ») : celui-ci permet à une entreprise de demander à l’avance comment sa situation fiscale sera traitée dans un pays, et est utilisé par les multinationales pour faire de l’optimisation en répartissant profits et coûts entre leurs filiales dans différents pays.Amazon et le Luxembourg sont-ils les seuls visés par la Commission ?Non. La Commission a demandé des renseignements sur cette pratique du rescrit fiscal en juin 2014 à six pays : Chypre, l’Irlande, le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas et le Royaume-Uni.Elle a ouvert à ce jour quatre enquêtes sur des « tax rulings » qu’elle soupçonne de constituer des aides d’Etat illégales : deux d’entre elles visent le Luxembourg, pour des accords avec le Amazon et le groupe automobile italien Fiat. Les deux autres concernent l’Irlande avec Apple et les Pays-Bas avec Starbucks.Que montrent les 25 pages publiées par la Commission ?Le document publié vendredi éclaire sur les pratiques fiscales d’Amazon en Europe, particulièrement dans le Grand-Duché.La Commission explique soupçonner le fisc luxembourgeois d’avoir pris, au bénéfice du géant américain de la vente en ligne, une décision fiscale anticipative, le 6 novembre 2003, qui validerait des prix de transfert contestables entre les filiales luxembourgeoises d’Amazon et la maison mère.Les prix de transfert désignent les prix facturés pour des opérations commerciales entre diverses parties d’un même groupe d’entreprises, prix fixés pour l’usage de droits de propriété intellectuelle, pour la vente de produits et services, etc...Ces prix de transfert doivent être évalués conformément aux conditions du marché, c’est-à-dire, au prix auquel ces biens et services seraient facturés si une entité d’un groupe devait les acquérir sur le marché au lieu de le faire à l’intérieur du groupe.Une évaluation erronée des prix de transfert peut conduire à la diminution de la base fiscale d’une entreprise sur un territoire, donc à la minimisation de son bénéfice imposable.La Commission se penche notamment sur la structure d’Amazon au Luxembourg. Le groupe y a regroupé quasiment toutes ses activités en Europe.Ce que reproche la Commission c'est l'accord sur le prix de transfert entre deux entités luxembourgeoises, Lux SCS et Lux Eu SARL.Amazon Eu SARL « joue le rôle de siège principal d’Amazon pour l’Europe et est le principal opérateur des services de commerce de détail et des services aux entreprises offerts par l’intermédiaire des sites web européens d’Amazon », indique le document de Bruxelles publié vendredi. En outre, elle assume des fonctions de gestion de trésorerie et détient (directement ou indirectement) les autres filiales européennes d’Amazon qui assurent la commercialisation, le marketing et les fonctions de support. »Cette filiale a déclaré un chiffre d’affaires de 13,6 milliards d’euros. Cette société Amazon EU SARL joue le rôle de société mère pour d’autres filiales luxembourgeoises. Amazon emploie environ 1 000 salariés au Luxembourg, dont des postes de direction stratégique gérant l’ensemble des activités européennes d’Amazon.Lux SCS est une entité « fiscalement transparente » selon le rapport de Bruxelles, qui possède 100 % du capital de Lux EU SARL, qui, elle, est la société qui est censée payer des impôts au LuxembourgLux SCS licencie des droits de propriété intellectuels à Lux EU SARL, selon un prix de transfert, qui a été approuvé par le fisc luxembourgeois en 2003, et que Bruxelles soupçonne de ne pas être conforme au prix du marché : il aurait été surévalué pour minimiser la base imposable de Lux Eu SARL.Que répondent les « accusés » ?Les autorités luxembourgeoises ont immédiatement réagi à la publication de ces documents en assurant dans un communiqué que « le Luxembourg est confiant que les allégations d’aide d’État dans cette affaire sont sans mérite ».Le Luxembourg se dit assuré « qu’il sera à même de convaincre la Commission de la légitimité de la décision anticipative en cause et qu’aucun avantage sélectif n’a été accordé ».Où en sont les projets de la Commission pour plus de transparence fiscale ?Consciente de l’impact délétère sur les opinions publiques des révélations LuxLeaks, la Commission européenne, et son président, Jean-Claude Juncker, qui a été premier ministre du Luxembourg pendant près de 19 ans, ont pris à plusieurs reprises l’engagement, fin 2014, de faire de la lutte contre l’évasion et la fraude fiscale en Europe une de leurs priorités.Lire aussi : Les Européens avancent dans la lutte contre l’optimisation fiscaleLe commissaire à l’économie et à la fiscalité, Pierre Moscovici doit présenter, d’ici à la fin du premier trimestre 2015, une directive sur l’échange automatique et obligatoire des accords fiscaux préalables.Mais la pression sur la Commission européenne pour agir contre l’évasion et la fraude fiscale va croissante. Au Parlement européen, une commission d’enquête est sur le point d’être formée, à l’initiative des Verts, qui aura des pouvoirs étendus.LuxLeaks : le Parlement européen veut mettre en place une commission d’enquêteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.01.2015 à 09h23 • Mis à jour le16.01.2015 à 09h26 L’envol du franc suisse face à l’euro, après le changement de cap effectué, jeudi 15 janvier, par la banque centrale suisse (BNS), pourrait avoir un effet dévastateur pour les exportateurs, à commencer par l’industrie de l’horlogerie.Dès les heures qui ont suivi l’annonce de la BNS, les professionnels de ce secteur, déjà malmenés depuis plusieurs mois à l’export, ont d’ailleurs tiré le signal d’alarme. « Ce que la BNS provoque là, c’est un tsunami », a déclaré Nick Hayek, le patron de Swatch Group, le principal fabricant mondial de montres, à l’agence suisse ATS.Jeudi, le franc est remonté en flèche face à la monnaie unique après que la BNS a annoncé qu’elle mettait un terme au taux plancher, qui empêchait le franc suisse de tomber sous la barre de 1,20 franc pour un euro.La Suisse renonce à bloquer le cours du franc face à l’euro« Nous sommes surpris de cette décision et très inquiets quant à ses conséquences sur notre industrie », a déclaré Jean-Daniel Pasche, le président de la fédération de l’horlogerie suisse, à l’AFP. Même si les cours peuvent encore évoluer ces prochains jours, il est fort à craindre que le franc va rester fort et pénaliser notre branche. » La décision de la BNS a déclenché une véritable tempête sur la Bourse suisse, qui a chuté en clôture de près de 9 %. Ce sont d’ailleurs les valeurs du luxe qui ont affiché les plus fortes baisses. L’action de l’horloger Swatch Group a dégringolé de 16,35 %, à 382,30 francs suisses, tandis que celle de Richemont lâchait 15,50 %, à 74,95 francs suisses.Marchés européens en baisseIl faut dire que l’industrie horlogère suisse exporte près de 95 % de sa production vers les zones euro et dollar, comme l’a rappelé M. Pasche, et que ses coûts de production sont en francs suisses, ces groupes fabriquant dans le pays pour obtenir le fameux label « Swiss Made », qui certifie la qualité suisse.Les acteurs suisses du secteur horloger n’avaient pas besoin de ce nouveau coup dur. Cela fait plusieurs mois qu’ils ne sont plus à la fête. « Nos principaux marchés européens comme l’Allemagne et la France accusent déjà de fortes baisses », a rappelé M. Pasche.Les exportations horlogères ont reculé de 4,4 % en novembre 2014 par rapport au même mois de 2013. Si sur les onze premiers mois de l’année 2014, elles affichent un rebond de 2,3 %, certains pays connaissent toujours un recul : la Chine (- 0,5 %), pénalisée par les mesures anti-corruption mises en place par le gouvernement de Pékin, ou encore l’Allemagne (- 7,1 %) et la France (-6,2 %).Richemont (propriétaire notamment des marques Piaget, IWC et Vacheron Constantin), qui a publié jeudi 15 janvier ses ventes du troisième trimestre, accuse, en monnaie constante, un recul de 4 % de son chiffre d’affaires dans le secteur des montres.Toutes activités confondues, ce groupe souffre particulièrement en Asie, où ses ventes sont en baisse de 12 % en monnaie constante et de - 5 % en monnaie courante. Denis Cosnard Après six ans de recul, les ventes de voitures neuves dans les 27 pays de l’Union européenne sont remontées de 5,7 % sur l’année 2014, à 12,5 millions d’immatriculations, selon les chiffres publiés, vendredi 16 janvier, par l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA). En décembre, seizième mois consécutif de hausse, l’augmentation a atteint 4,7 %.Le marché reste loin de ses sommetsPour les professionnels, pas question de pousser des hourras. « Une reprise ? Mieux vaut parler de stabilisation, commente Bernard Lycke, le directeur général du CECRA, l’association européenne des concessionnaires. On a stoppé la chute, c’est tout. Le marché européen reste loin de ses sommets et ne les retrouvera pas avant des années. »Pendant dix ans, de 1997 à 2007, les ventes en Europe ont oscillé entre 14 et 15 millions de voitures neuves par an. La crise a tout remis en cause, et le rétablissement est lent.Avec 12,5 millions d’immatriculations en 2014, le marché demeure 17 % en dessous de ses records historiques.La Grande-Bretagne moteur de l’EuropeAu sein de l’UE, un seul grand marché, la Grande-Bretagne, se situe au même niveau qu’avant la crise. « L’an dernier, cela a été le principal contributeur à la remontée des ventes européennes, avec une hausse de 9 % », soulignent les consultants de LMC Automotive. Un reflet du tonus de l’économie britannique et de conditions d’emprunt avantageuses.Ailleurs en Europe, certains marchés ont connu des rebonds notables, en particulier l’Espagne (+ 18 %), la Grèce (+ 21 %) et le Portugal (+ 35 %). Sans retrouver pour autant leurs niveaux d’avant la crise, loin s’en faut.Ce n’est pas non plus le cas en France, où les ventes ont stagné en 2014, ni en Allemagne, où elles ont progressé d’un modeste 3 %.Le marché auto n’a pas décollé en 2014Les bons scores de Renault et NissanRenault et Nissan, constituent les principaux gagnants de la petite reprise du marché européen. Au total, le duo pèse désormais 13,4 % du marché européen, contre 12,5 % en 2013.Nissan a obtenu un meilleur score (ventes en hausse de 13 % sur l’exercice) grâce en particulier à son nouveau Qashqai, un modèle à mi-chemin entre une berline et un 4x4 tout-terrain. Renault a été porté surtout par sa marque d’entrée de gamme Dacia (+ 24 %).« Avec la crise, les consommateurs privilégient les modèles les moins chers, explique Flavien Neuvy, directeur de l’observatoire Cetelem de l’automobile. Dacia et Skoda, la marque low cost de Volkswagen, profitent à plein de ce mouvement. »Le colosse allemand Volkswagen, qui a vendu près de 3,2 millions de voitures en 2014, reste le premier constructeur européen, loin d’ailleurs devant : en hausse presque continue depuis vingt ans, sa part de marché a franchi en 2014 le cap des 25 % !Année record en 2014 pour VolkswagenLes autres grands constructeurs, en revanche, voient leurs positions stagner ou s’éroder. En particulier General Motors (- 4,6 %). Pénalisé par l’abandon de sa marque Chevrolet en Europe, le champion américain y est à présent dépassé par son compatriote Ford (+ 5,8 %).Des perspectives peu engageantesDans une Europe en panne de croissance, le secteur automobile ne s’attend pas à voir ses ventes progresser forttement. M. Lycke ne voit pas de raison à ce que les ventes montent de plus de 1% en 2015. D’autres experts se montrent à peine plus positifs : IHS et Barclays tablent sur environ 2,5 % de hausse, LMC sur 3 %.« Le marché européen est saturé, résume M. Lycke. Les particuliers ont déjà des voitures, et les problèmes de pouvoir d’achat les amènent souvent à en retarder le remplacement. Sans compter l’autopartage et tous les bâtons qu’on met dans les roues des automobilistes… »Denis CosnardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.01.2015 à 05h53 • Mis à jour le17.01.2015 à 10h01 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2euigm"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2euigm", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Une semaine après les attentats de Paris, les forces de sécurité belge ont mené, jeudi 15 janvier, une vaste opération dans le pays. Des unités des forces spéciales de la police fédérale ont mené plusieurs perquisitions dans et aux alentours des villes de Verviers, Bruxelles et Vilvorde. Deux djihadistes ont été tués et quinze personnes ont été interpellées dans le cadre de cette opération qui visait le démantèlement d'un groupe s'apprêtant à commettre des attentats. Cinq personnes ont finalement été inculpées pour « participation aux activités d'un groupe terroriste ».Lire aussi : Belgique : deux djihadistes tués lors d'une opération antiterroriste12 perquisitions, 5 inculpationsLa principale intervention policière a été lancée jeudi peu avant 18 heures à Verviers, dans l'est du pays. Les suspects visés « ont ouvert le feu au moyen d'armes de guerre et d'armes de poing » à l'approche des forces de l'ordre, selon un substitut du parquet fédéral, Thierry Werts. Deux djihadistes présumés sont morts dans cette opération, un troisième a été interpellé.Parallèlement, d'autres perquisitions ont eu lieu en Belgique, douze au total :  deux à Verviers, six à Molenbeek, une à Anderlecht, une sur le territoire de la Ville de Bruxelles, une à Berchem-Sainte-Agathe et une à Liedekerke.Vendredi, le Parquet fédéral a annoncé que cinq personnes avaient été inculpées pour « participation aux activités d'un groupe terroriste », dont trois placées en détention préventive. L'une des trois personnes placées en détention est le djihadiste présumé qui a survécu à l'assaut.Les huit autres personnes interpellées jeudi ne sont pas poursuivies.Des kalachnikovs et des uniformes de police découvertsPlusieurs armes ont été retrouvées, dont « quatre de type kalachnikov AK 47 ainsi que des armes de poing, des munitions, des uniformes de police, des téléphones portables, du matériel de communication, des documents falsifiés et de grosses sommes d'argent » sur le lieu de l'assaut, rue de la Colline, à Verviers, a précisé le Parquet fédéral.Le groupe voulait « tuer des policiers »Cette vaste opération visait une « cellule opérationnelle (…) sur le point de commettre des attentats d'envergure en Belgique, et ce, de façon imminente ». Le parquet fédéral a précisé vendredi que les terroristes présumés envisageaient de commettre des attentats pour « tuer des policiers ».Les terroristes présumés de Verviers s'apprêtaient à agirSelon le quotidien belge Le Soir, leur identification est toujours en cours. Les deux jeunes tués et le troisième blessé étaient partis combattre en Syrie et revenus il y a une semaine. Ils avaient été mis sur écoute par la police. D'après les forces de l'ordre belges, les trois djihadistes présumés s'apprêtaient à agir « sous quelques heures ». La Belgique en alerteLe niveau de menace terroriste, qualifié de « grave », a été relevé dans la nuit d'un cran, à 3 sur une échelle de 4, pour l'ensemble du royaume.A Bruxelles, les postes de police ont été fermés et les commissariats filtraient les entrées. Dans plusieurs zones, les policiers étaient priés de ne pas se rendre sur la voie publique en uniforme sans arme ni gilet pare-balles. Les responsables de la communauté juive ont par ailleurs décidé d'annuler les cours et de fermer les écoles vendredi à Anvers et à Bruxelles, après avoir été informés qu'elles étaient des cibles potentielles, selon le site Joods Actueel.Pas de lien avec les terroristes françaisLe premier ministre français, Manuel Valls, a assuré vendredi que l'opération belge n'avait pas de lien avec l'enquête sur les attaques terroristes de la semaine passée à Paris. Jeudi, un habitant de Charleroi, en Belgique, avait été mis en examen pour « trafic d'armes » qui auraient pu servir aux attentats commis à Paris par Amedy Coulibaly. La piste d'un lien avec cette opération semble donc écartée.Lire (édition abonnés) : La piste belge pour l’arsenal de CoulibalyLes enquêtes menées en Belgique avaient commencé avant l'attentat perpétré par les frères Chérif et Saïd Kouachi contre le journal Charlie Hebdo le 7 janvier. Elle « ne fait pas partie d'une opération à grande échelle au niveau européen, a assuré un substitut. Il s'agit essentiellement d'une opération belge menée en Belgique. » 15.01.2015 à 19h44 • Mis à jour le15.01.2015 à 20h59 Le gouvernement italien a annoncé, jeudi 15 janvier au soir, que les deux jeunes humanitaires italiennes enlevées au début du mois d'août en Syrie avaient été libérées. « Greta Ramelli et Vanessa Marzullo sont libres, elles rentreront bientôt en Italie », a écrit sans plus de détails la présidence du conseil italien.Greta Ramelli e Vanessa Marzullo sono libere, torneranno presto in Italia— Palazzo_Chigi (@Palazzo_Chigi)require(["twitter/widgets"]);La disparition et l'enlèvement de ces deux jeunes femmes de 20 et 21 ans avaient été annoncés le 6 août 2014. Originaires de la Lombardie (Nord), elles avaient fondé une association baptisée « Horryaty » pour aider dans le domaine de l'eau et de la santé. Elles auraient été enlevées dans un village proche d'Alep, dans le nord de la Syrie.APPARITION SUR UNE VIDÉO A la fin de décembre, elles étaient apparues dans une vidéo filmée quelques semaines plus tôt, habillées de robes noires et coiffées d'un foulard. Assises devant un mur blanc, elles déclinaient leur identité et l'une d'elles appelait le gouvernement italien à les ramener à la maison avant Noël, avec une diction laissant penser qu'elle lisait un texte.Aucun détail de cette vidéo de vingt-trois secondes ne permettait d'identifier le groupe qui détenait les jeunes femmes et personne d'autre qu'elles n'apparaissait dans la séquence. La vidéo avait été mise en ligne sur YouTube sous le titre « Le Front Al-Nosra détient deux Italiennes en raison de la participation de leur gouvernement à la coalition » internationale combattant les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) en Syrie.Le Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaida, qui a également été visée par la coalition, n'a cependant pas fait état de cette vidéo à travers ses comptes officiels sur les réseaux sociaux. 18.01.2015 à 12h59 L'armée ukrainienne affirme avoir repoussé l'offensive des rebelles prorusses à l'aéroport de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine. Mais les combats se poursuivaient à ses abords, dimanche 18 janvier. Une partie de la ville a également été paralysée par des bombardements.La grande majorité des tirs avait lieu à l'aéroport Serge-Prokofiev, mais des obus sont également tombés près du centre de la ville, où les transports publics ont cessé de fonctionner et où les magasins ont fermé. Une habitante témoigne :« Pendant toute la nuit, des obus passaient près de notre immeuble. L'artillerie rebelle tire d'un quartier résidentiel sur l'aéroport. Ce matin, des vitres ont été brisées par l'onde de choc. Tout tremble. On a très peur. »Lire aussi (édition abonnés) : La diplomatie piétine dans le dossier ukrainienlmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2crweg"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2crweg", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});OFFENSIVE REBELLEA 6 heures du matin, heure locale, « les troupes ukrainiennes ont reçu l'ordre d'ouvrir le feu massivement sur les positions séparatistes connues », a écrit sur sa page Facebook un conseiller du président ukrainien, Iouri Birioukov, qui se trouve près de la ligne du front. La veille, l'armée, à l'aide d'au moins dix chars, a arrêté l'offensive rebelle et a créé un corridor pour l'envoi des renforts à l'aéroport et l'évacuation des victimes.Un porte-parole militaire a annoncé, samedi, que trois soldats avaient été tués et dix-huit blessés durant les dernières vingt-quatre heures dans l'Est séparatiste prorusse. Les autorités municipales séparatistes de Donetsk ont elles fait état, dimanche, d'au moins deux civils tués et de cinq blessés dans le même laps de temps. Depuis son éclatement, en avril 2014, le conflit en Ukraine a fait plus de 4 800 morts. Une nouvelle trêve avait été instaurée le 9 décembre. Elle a été rompue dès janvier.Lire aussi le décryptage : Une trêve et après… où en est la guerre en Ukraine ?lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x1dltfd"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x1dltfd", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 17.01.2015 à 10h01 • Mis à jour le17.01.2015 à 10h11 Après le démantèlement, jeudi 15 janvier, d'une cellule djihadiste qui planifiait des attentats, des militaires ont commencé, samedi, à prendre la relève de policiers pour surveiller des sites sensibles en Belgique, notamment à Anvers (dans le nord) où vit une importante communauté juive.« Le Comité ministériel restreint a décidé de mobiliser progressivement jusqu'à 300 militaires. Concrètement, ces soldats seront déployés à Bruxelles et Anvers. Ils pourront l'être aussi à Verviers (est) et dans d'autres endroits », ont annoncé les services du premier ministre Charles Michel.« Les militaires mobilisés seront armés et auront principalement pour tâche la surveillance de certains sites. Ils viendront en renfort des services de police », ont-il précisé.Lire notre décryptage : Ce que l'on sait de l'opération antiterroriste en BelgiqueUNE PREMIÈRE DEPUIS LES ANNÉES 1980Le gouvernement belge avait annoncé vendredi le déploiement rapide de l'armée sur certains sites, au lendemain d'un assaut à Verviers dans lequel deux djihadistes présumés prévoyant d'attaquer des policiers sont morts. L'appel à des militaires pour des opérations de maintien de l'ordre est une première en Belgique depuis une vague d'attentats commis dans les années 1980.Cette mesure, annoncée vendredi avec une dizaine d'autres pour prévenir la radicalisation et empêcher les candidats au djihad de rallier la Syrie ou l'Irak, est valable pour un mois renouvelable, et tant que le niveau d'alerte sera à 3 sur une échelle de 4, comme c'est le cas depuis jeudi soir.13 PERSONNES INTERPELLÉESLe maire d'Anvers avait immédiatement réclamé l'envoi de troupes dans sa ville, qui accueille une importante communauté juive orthodoxe, forte de 15 à 20 000 personnes. Samedi matin, les premiers soldats, lourdement armés, ont fait leur apparition dans le quartier juif de la ville, site considéré comme sensible dans le contexte des attentats déjoués, a rapporté la chaîne publique flamande VRT.La cellule démantelée en Belgique jeudi et vendredi était composée en partie de djihadistes partis combattre en Syrie. Ils étaient sur le point de « tuer des policiers sur la voie publique et dans des commissariats », selon le parquet fédéral. Treize personnes ont été interpellées en Belgique, dont cinq ont été inculpées pour « participation à un groupe terroriste ». Deux membres présumés de la cellule, des Belges qui voulaient fuir en Italie, ont été arrêtés en France.Lire le récit (abonnés) : Vaste opération antiterroriste en BelgiquePAS DE LIEN AVEC LES TERRORISTES FRANÇAISLe premier ministre français, Manuel Valls, a assuré vendredi que l'opération belge n'avait pas de lien avec l'enquête sur les attaques terroristes de la semaine passée à Paris. Jeudi, un habitant de Charleroi, en Belgique, avait été mis en examen pour « trafic d'armes » qui auraient pu servir aux attentats commis à Paris par Amedy Coulibaly. La piste d'un lien avec cette opération semble donc écartée.Lire (édition abonnés) : La piste belge pour l'arsenal de Coulibaly Jean-Baptiste Chastand Si la croissance devrait un peu s’améliorer en 2015, la situation de l’emploi ne devrait en revanche pas s’éclaircir. L’Unedic, l’organisme qui gère l’assurance-chômage, a publié de sombres pronostics, vendredi 16 janvier. Ils prévoient une hausse du taux de chômage à 10,3 % en métropole fin 2015, contre 9,9 % actuellement. Le nombre de chômeurs sans aucune activité (la « catégorie A » de Pôle emploi) devrait s’établir dans un an à 3,6 millions de personnes, contre un peu moins de 3,5 millions actuellement.En comptant les chômeurs ayant une activité réduite (catégories B et C), le nombre d’inscrits à Pôle emploi pourrait grimper de 5,2 à près de 5,4 millions de personnes. Cette situation a une raison simple : le timide retour de la croissance, que l’Unedic estime à 0,8 % pour 2015 en accord avec le consensus des économistes, ne permettra pas de créer suffisamment d’emplois pour compenser la hausse de la population active. Ces prévisions sont similaires à celles de l’Insee, publiées le 18 décembre 2014, qui pronostiquent un taux de chômage à 10,6 % en 2015, DOM compris. François Hollande n’avait pas contesté en décembre ces sombres présages. « Est-ce que 1 % de croissance suffit pour réduire le chômage en France ? Non, parce qu’en France, la population active augmente », avait-il déclaré en déplacement à Bruxelles. Depuis son échec à « inverser la courbe du chômage avant fin 2013 » comme il s’y était engagé, le président de la République est très prudent sur ses promesses publiques en matière d’emploi. En avril, il s’est uniquement engagé à ne pas se représenter en 2017 si le chômage ne reculait pas d’ici là.DérapageSouci supplémentaire, cette nouvelle montée du nombre de chômeurs va se traduire par une forte hausse du déficit de l’Unedic. Alors que l’assurance-chômage prévoyait encore en septembre de réduire son déficit en dessous de 3,7 milliards d’euros en 2015 (contre près de 4 milliards en 2013), celui-ci devrait finalement se stabiliser en 2014 puis déraper à plus de 4,6 milliards en 2015. L’Unedic, qui est déficitaire depuis 2009 et le début de la crise, va voir sa dette totale grimper à près de 26 milliards à cet horizon.Si un déficit est logique en période de crise pour l’assurance-chômage, ce dérapage des comptes devrait peser sur la prochaine négociation des règles d’indemnisation des chômeurs. Les syndicats et le patronat, qui gèrent l’Unedic, ont prévu de les rediscuter en 2016, mais un premier groupe de travail doit se réunir en 2015. Il apparaît déjà que l’actuelle convention, rentrée totalement en vigueur début octobre, ne permettra pas de stabiliser le déficit comme espéré, malgré les 600 millions d’euros d’économies prévues par le texte.Cette convention prévoyait pourtant un durcissement de l’indemnisation des intermittents, l’allongement du délai de carence pour les salariés quittant leur entreprise avec des indemnités supralégales ou la création de « droits rechargeables » plus simples mais souvent moins avantageux pour les chômeurs reprenant une activité temporaire. Mais les fondamentaux – un jour cotisé pour un jour travaillé, une durée d’indemnisation pouvant aller jusqu’à deux ans, voire trois ans – étaient restés les mêmes.Le Medef n’a jamais caché qu’il souhaitait s’y attaquer et le gouvernement a publiquement demandé en octobre aux partenaires sociaux de durcir davantage ces règles. « La question de l’efficacité, de l’équité des règles » du régime d’assurance-chômage « est un débat légitime », avait déclaré Manuel Valls le 8 octobre, en laissant entendre que les règles d’indemnisation n’incitaient pas, selon lui, suffisamment les chômeurs à rechercher un emploi.Jean-Baptiste ChastandJournaliste en charge du social et de l'emploiSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.01.2015 à 10h08 • Mis à jour le16.01.2015 à 15h57 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne a rendu public, vendredi 16 janvier, l’intégralité de sa décision justifiant l’ouverture d’une enquête pour aide d’Etat concernant le groupe américain Amazon et ses pratiques fiscales au Luxembourg, qui avait été annoncé en octobre 2014.Bruxelles estime que les autorités luxembourgeoises « octroient un avantage à Amazon » à travers certaines pratiques fiscales, et que cela « constitue une aide d’Etat » illégale.La publication du détail des accusations de la Commission à l’encontre d’Amazon, et du Luxembourg, intervient après les révélations « LuxLeaks », début novembre 2014, un travail journalistique de grande ampleur, qui a mis à jour, au Luxembourg, un système d’évasion fiscale de grande envergure au profit des multinationales.LuxLeaks : L’évasion fiscale, un sport national pour les géants américainsPourquoi ne dévoiler le contenu des griefs que maintenant ?La décision d’ouverture d’enquête à l’encontre d’Amazon avait été rendue publique le 7 octobre 2014, mais les détails justifiant cette démarche n’avaient pas été divulgués, pour laisser aux parties concernées le temps d’en extraire ce qu’elles jugent relever du secret des affaires.La Commission s’était déjà prêtée à ce genre d’exercice (publier l’intégralité de sa décision d’ouverture d’enquête), fin 2014, à propos des pratiques fiscales de Starbucks aux Pays-Bas et d’Apple en Irlande.Les informations publiées vendredi (25 pages au total), n’apportent pas de données nouvelles concernant l’avancée de l’enquête de Bruxelles. La commissaire en charge de la concurrence, Margrethe Vestager s’est engagée à communiquer sur ce sujet avant la fin du premier trimestre 2015.Quelles sont les pratiques fiscales visées ? Ce qui est visé par l’enquête de Bruxelles c’est le système du « rescrit fiscal » (ou « tax ruling ») : celui-ci permet à une entreprise de demander à l’avance comment sa situation fiscale sera traitée dans un pays, et est utilisé par les multinationales pour faire de l’optimisation en répartissant profits et coûts entre leurs filiales dans différents pays.Amazon et le Luxembourg sont-ils les seuls visés par la Commission ?Non. La Commission a demandé des renseignements sur cette pratique du rescrit fiscal en juin 2014 à six pays : Chypre, l’Irlande, le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas et le Royaume-Uni.Elle a ouvert à ce jour quatre enquêtes sur des « tax rulings » qu’elle soupçonne de constituer des aides d’Etat illégales : deux d’entre elles visent le Luxembourg, pour des accords avec le Amazon et le groupe automobile italien Fiat. Les deux autres concernent l’Irlande avec Apple et les Pays-Bas avec Starbucks.Que montrent les 25 pages publiées par la Commission ?Le document publié vendredi éclaire sur les pratiques fiscales d’Amazon en Europe, particulièrement dans le Grand-Duché.La Commission explique soupçonner le fisc luxembourgeois d’avoir pris, au bénéfice du géant américain de la vente en ligne, une décision fiscale anticipative, le 6 novembre 2003, qui validerait des prix de transfert contestables entre les filiales luxembourgeoises d’Amazon et la maison mère.Les prix de transfert désignent les prix facturés pour des opérations commerciales entre diverses parties d’un même groupe d’entreprises, prix fixés pour l’usage de droits de propriété intellectuelle, pour la vente de produits et services, etc...Ces prix de transfert doivent être évalués conformément aux conditions du marché, c’est-à-dire, au prix auquel ces biens et services seraient facturés si une entité d’un groupe devait les acquérir sur le marché au lieu de le faire à l’intérieur du groupe.Une évaluation erronée des prix de transfert peut conduire à la diminution de la base fiscale d’une entreprise sur un territoire, donc à la minimisation de son bénéfice imposable.La Commission se penche notamment sur la structure d’Amazon au Luxembourg. Le groupe y a regroupé quasiment toutes ses activités en Europe.Ce que reproche la Commission c'est l'accord sur le prix de transfert entre deux entités luxembourgeoises, Lux SCS et Lux Eu SARL.Amazon Eu SARL « joue le rôle de siège principal d’Amazon pour l’Europe et est le principal opérateur des services de commerce de détail et des services aux entreprises offerts par l’intermédiaire des sites web européens d’Amazon », indique le document de Bruxelles publié vendredi. En outre, elle assume des fonctions de gestion de trésorerie et détient (directement ou indirectement) les autres filiales européennes d’Amazon qui assurent la commercialisation, le marketing et les fonctions de support. »Cette filiale a déclaré un chiffre d’affaires de 13,6 milliards d’euros. Cette société Amazon EU SARL joue le rôle de société mère pour d’autres filiales luxembourgeoises. Amazon emploie environ 1 000 salariés au Luxembourg, dont des postes de direction stratégique gérant l’ensemble des activités européennes d’Amazon.Lux SCS est une entité « fiscalement transparente » selon le rapport de Bruxelles, qui possède 100 % du capital de Lux EU SARL, qui, elle, est la société qui est censée payer des impôts au LuxembourgLux SCS licencie des droits de propriété intellectuels à Lux EU SARL, selon un prix de transfert, qui a été approuvé par le fisc luxembourgeois en 2003, et que Bruxelles soupçonne de ne pas être conforme au prix du marché : il aurait été surévalué pour minimiser la base imposable de Lux Eu SARL.Que répondent les « accusés » ?Les autorités luxembourgeoises ont immédiatement réagi à la publication de ces documents en assurant dans un communiqué que « le Luxembourg est confiant que les allégations d’aide d’État dans cette affaire sont sans mérite ».Le Luxembourg se dit assuré « qu’il sera à même de convaincre la Commission de la légitimité de la décision anticipative en cause et qu’aucun avantage sélectif n’a été accordé ».Où en sont les projets de la Commission pour plus de transparence fiscale ?Consciente de l’impact délétère sur les opinions publiques des révélations LuxLeaks, la Commission européenne, et son président, Jean-Claude Juncker, qui a été premier ministre du Luxembourg pendant près de 19 ans, ont pris à plusieurs reprises l’engagement, fin 2014, de faire de la lutte contre l’évasion et la fraude fiscale en Europe une de leurs priorités.Lire aussi : Les Européens avancent dans la lutte contre l’optimisation fiscaleLe commissaire à l’économie et à la fiscalité, Pierre Moscovici doit présenter, d’ici à la fin du premier trimestre 2015, une directive sur l’échange automatique et obligatoire des accords fiscaux préalables.Mais la pression sur la Commission européenne pour agir contre l’évasion et la fraude fiscale va croissante. Au Parlement européen, une commission d’enquête est sur le point d’être formée, à l’initiative des Verts, qui aura des pouvoirs étendus.LuxLeaks : le Parlement européen veut mettre en place une commission d’enquêteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.01.2015 à 09h23 • Mis à jour le16.01.2015 à 09h26 L’envol du franc suisse face à l’euro, après le changement de cap effectué, jeudi 15 janvier, par la banque centrale suisse (BNS), pourrait avoir un effet dévastateur pour les exportateurs, à commencer par l’industrie de l’horlogerie.Dès les heures qui ont suivi l’annonce de la BNS, les professionnels de ce secteur, déjà malmenés depuis plusieurs mois à l’export, ont d’ailleurs tiré le signal d’alarme. « Ce que la BNS provoque là, c’est un tsunami », a déclaré Nick Hayek, le patron de Swatch Group, le principal fabricant mondial de montres, à l’agence suisse ATS.Jeudi, le franc est remonté en flèche face à la monnaie unique après que la BNS a annoncé qu’elle mettait un terme au taux plancher, qui empêchait le franc suisse de tomber sous la barre de 1,20 franc pour un euro.La Suisse renonce à bloquer le cours du franc face à l’euro« Nous sommes surpris de cette décision et très inquiets quant à ses conséquences sur notre industrie », a déclaré Jean-Daniel Pasche, le président de la fédération de l’horlogerie suisse, à l’AFP. Même si les cours peuvent encore évoluer ces prochains jours, il est fort à craindre que le franc va rester fort et pénaliser notre branche. » La décision de la BNS a déclenché une véritable tempête sur la Bourse suisse, qui a chuté en clôture de près de 9 %. Ce sont d’ailleurs les valeurs du luxe qui ont affiché les plus fortes baisses. L’action de l’horloger Swatch Group a dégringolé de 16,35 %, à 382,30 francs suisses, tandis que celle de Richemont lâchait 15,50 %, à 74,95 francs suisses.Marchés européens en baisseIl faut dire que l’industrie horlogère suisse exporte près de 95 % de sa production vers les zones euro et dollar, comme l’a rappelé M. Pasche, et que ses coûts de production sont en francs suisses, ces groupes fabriquant dans le pays pour obtenir le fameux label « Swiss Made », qui certifie la qualité suisse.Les acteurs suisses du secteur horloger n’avaient pas besoin de ce nouveau coup dur. Cela fait plusieurs mois qu’ils ne sont plus à la fête. « Nos principaux marchés européens comme l’Allemagne et la France accusent déjà de fortes baisses », a rappelé M. Pasche.Les exportations horlogères ont reculé de 4,4 % en novembre 2014 par rapport au même mois de 2013. Si sur les onze premiers mois de l’année 2014, elles affichent un rebond de 2,3 %, certains pays connaissent toujours un recul : la Chine (- 0,5 %), pénalisée par les mesures anti-corruption mises en place par le gouvernement de Pékin, ou encore l’Allemagne (- 7,1 %) et la France (-6,2 %).Richemont (propriétaire notamment des marques Piaget, IWC et Vacheron Constantin), qui a publié jeudi 15 janvier ses ventes du troisième trimestre, accuse, en monnaie constante, un recul de 4 % de son chiffre d’affaires dans le secteur des montres.Toutes activités confondues, ce groupe souffre particulièrement en Asie, où ses ventes sont en baisse de 12 % en monnaie constante et de - 5 % en monnaie courante. Denis Cosnard Après six ans de recul, les ventes de voitures neuves dans les 27 pays de l’Union européenne sont remontées de 5,7 % sur l’année 2014, à 12,5 millions d’immatriculations, selon les chiffres publiés, vendredi 16 janvier, par l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA). En décembre, seizième mois consécutif de hausse, l’augmentation a atteint 4,7 %.Le marché reste loin de ses sommetsPour les professionnels, pas question de pousser des hourras. « Une reprise ? Mieux vaut parler de stabilisation, commente Bernard Lycke, le directeur général du CECRA, l’association européenne des concessionnaires. On a stoppé la chute, c’est tout. Le marché européen reste loin de ses sommets et ne les retrouvera pas avant des années. »Pendant dix ans, de 1997 à 2007, les ventes en Europe ont oscillé entre 14 et 15 millions de voitures neuves par an. La crise a tout remis en cause, et le rétablissement est lent.Avec 12,5 millions d’immatriculations en 2014, le marché demeure 17 % en dessous de ses records historiques.La Grande-Bretagne moteur de l’EuropeAu sein de l’UE, un seul grand marché, la Grande-Bretagne, se situe au même niveau qu’avant la crise. « L’an dernier, cela a été le principal contributeur à la remontée des ventes européennes, avec une hausse de 9 % », soulignent les consultants de LMC Automotive. Un reflet du tonus de l’économie britannique et de conditions d’emprunt avantageuses.Ailleurs en Europe, certains marchés ont connu des rebonds notables, en particulier l’Espagne (+ 18 %), la Grèce (+ 21 %) et le Portugal (+ 35 %). Sans retrouver pour autant leurs niveaux d’avant la crise, loin s’en faut.Ce n’est pas non plus le cas en France, où les ventes ont stagné en 2014, ni en Allemagne, où elles ont progressé d’un modeste 3 %.Le marché auto n’a pas décollé en 2014Les bons scores de Renault et NissanRenault et Nissan, constituent les principaux gagnants de la petite reprise du marché européen. Au total, le duo pèse désormais 13,4 % du marché européen, contre 12,5 % en 2013.Nissan a obtenu un meilleur score (ventes en hausse de 13 % sur l’exercice) grâce en particulier à son nouveau Qashqai, un modèle à mi-chemin entre une berline et un 4x4 tout-terrain. Renault a été porté surtout par sa marque d’entrée de gamme Dacia (+ 24 %).« Avec la crise, les consommateurs privilégient les modèles les moins chers, explique Flavien Neuvy, directeur de l’observatoire Cetelem de l’automobile. Dacia et Skoda, la marque low cost de Volkswagen, profitent à plein de ce mouvement. »Le colosse allemand Volkswagen, qui a vendu près de 3,2 millions de voitures en 2014, reste le premier constructeur européen, loin d’ailleurs devant : en hausse presque continue depuis vingt ans, sa part de marché a franchi en 2014 le cap des 25 % !Année record en 2014 pour VolkswagenLes autres grands constructeurs, en revanche, voient leurs positions stagner ou s’éroder. En particulier General Motors (- 4,6 %). Pénalisé par l’abandon de sa marque Chevrolet en Europe, le champion américain y est à présent dépassé par son compatriote Ford (+ 5,8 %).Des perspectives peu engageantesDans une Europe en panne de croissance, le secteur automobile ne s’attend pas à voir ses ventes progresser forttement. M. Lycke ne voit pas de raison à ce que les ventes montent de plus de 1% en 2015. D’autres experts se montrent à peine plus positifs : IHS et Barclays tablent sur environ 2,5 % de hausse, LMC sur 3 %.« Le marché européen est saturé, résume M. Lycke. Les particuliers ont déjà des voitures, et les problèmes de pouvoir d’achat les amènent souvent à en retarder le remplacement. Sans compter l’autopartage et tous les bâtons qu’on met dans les roues des automobilistes… »Denis CosnardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.01.2015 à 05h53 • Mis à jour le17.01.2015 à 10h01 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2euigm"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2euigm", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Une semaine après les attentats de Paris, les forces de sécurité belge ont mené, jeudi 15 janvier, une vaste opération dans le pays. Des unités des forces spéciales de la police fédérale ont mené plusieurs perquisitions dans et aux alentours des villes de Verviers, Bruxelles et Vilvorde. Deux djihadistes ont été tués et quinze personnes ont été interpellées dans le cadre de cette opération qui visait le démantèlement d'un groupe s'apprêtant à commettre des attentats. Cinq personnes ont finalement été inculpées pour « participation aux activités d'un groupe terroriste ».Lire aussi : Belgique : deux djihadistes tués lors d'une opération antiterroriste12 perquisitions, 5 inculpationsLa principale intervention policière a été lancée jeudi peu avant 18 heures à Verviers, dans l'est du pays. Les suspects visés « ont ouvert le feu au moyen d'armes de guerre et d'armes de poing » à l'approche des forces de l'ordre, selon un substitut du parquet fédéral, Thierry Werts. Deux djihadistes présumés sont morts dans cette opération, un troisième a été interpellé.Parallèlement, d'autres perquisitions ont eu lieu en Belgique, douze au total :  deux à Verviers, six à Molenbeek, une à Anderlecht, une sur le territoire de la Ville de Bruxelles, une à Berchem-Sainte-Agathe et une à Liedekerke.Vendredi, le Parquet fédéral a annoncé que cinq personnes avaient été inculpées pour « participation aux activités d'un groupe terroriste », dont trois placées en détention préventive. L'une des trois personnes placées en détention est le djihadiste présumé qui a survécu à l'assaut.Les huit autres personnes interpellées jeudi ne sont pas poursuivies.Des kalachnikovs et des uniformes de police découvertsPlusieurs armes ont été retrouvées, dont « quatre de type kalachnikov AK 47 ainsi que des armes de poing, des munitions, des uniformes de police, des téléphones portables, du matériel de communication, des documents falsifiés et de grosses sommes d'argent » sur le lieu de l'assaut, rue de la Colline, à Verviers, a précisé le Parquet fédéral.Le groupe voulait « tuer des policiers »Cette vaste opération visait une « cellule opérationnelle (…) sur le point de commettre des attentats d'envergure en Belgique, et ce, de façon imminente ». Le parquet fédéral a précisé vendredi que les terroristes présumés envisageaient de commettre des attentats pour « tuer des policiers ».Les terroristes présumés de Verviers s'apprêtaient à agirSelon le quotidien belge Le Soir, leur identification est toujours en cours. Les deux jeunes tués et le troisième blessé étaient partis combattre en Syrie et revenus il y a une semaine. Ils avaient été mis sur écoute par la police. D'après les forces de l'ordre belges, les trois djihadistes présumés s'apprêtaient à agir « sous quelques heures ». La Belgique en alerteLe niveau de menace terroriste, qualifié de « grave », a été relevé dans la nuit d'un cran, à 3 sur une échelle de 4, pour l'ensemble du royaume.A Bruxelles, les postes de police ont été fermés et les commissariats filtraient les entrées. Dans plusieurs zones, les policiers étaient priés de ne pas se rendre sur la voie publique en uniforme sans arme ni gilet pare-balles. Les responsables de la communauté juive ont par ailleurs décidé d'annuler les cours et de fermer les écoles vendredi à Anvers et à Bruxelles, après avoir été informés qu'elles étaient des cibles potentielles, selon le site Joods Actueel.Pas de lien avec les terroristes françaisLe premier ministre français, Manuel Valls, a assuré vendredi que l'opération belge n'avait pas de lien avec l'enquête sur les attaques terroristes de la semaine passée à Paris. Jeudi, un habitant de Charleroi, en Belgique, avait été mis en examen pour « trafic d'armes » qui auraient pu servir aux attentats commis à Paris par Amedy Coulibaly. La piste d'un lien avec cette opération semble donc écartée.Lire (édition abonnés) : La piste belge pour l’arsenal de CoulibalyLes enquêtes menées en Belgique avaient commencé avant l'attentat perpétré par les frères Chérif et Saïd Kouachi contre le journal Charlie Hebdo le 7 janvier. Elle « ne fait pas partie d'une opération à grande échelle au niveau européen, a assuré un substitut. Il s'agit essentiellement d'une opération belge menée en Belgique. » 15.01.2015 à 19h44 • Mis à jour le15.01.2015 à 20h59 Le gouvernement italien a annoncé, jeudi 15 janvier au soir, que les deux jeunes humanitaires italiennes enlevées au début du mois d'août en Syrie avaient été libérées. « Greta Ramelli et Vanessa Marzullo sont libres, elles rentreront bientôt en Italie », a écrit sans plus de détails la présidence du conseil italien.Greta Ramelli e Vanessa Marzullo sono libere, torneranno presto in Italia— Palazzo_Chigi (@Palazzo_Chigi)require(["twitter/widgets"]);La disparition et l'enlèvement de ces deux jeunes femmes de 20 et 21 ans avaient été annoncés le 6 août 2014. Originaires de la Lombardie (Nord), elles avaient fondé une association baptisée « Horryaty » pour aider dans le domaine de l'eau et de la santé. Elles auraient été enlevées dans un village proche d'Alep, dans le nord de la Syrie.APPARITION SUR UNE VIDÉO A la fin de décembre, elles étaient apparues dans une vidéo filmée quelques semaines plus tôt, habillées de robes noires et coiffées d'un foulard. Assises devant un mur blanc, elles déclinaient leur identité et l'une d'elles appelait le gouvernement italien à les ramener à la maison avant Noël, avec une diction laissant penser qu'elle lisait un texte.Aucun détail de cette vidéo de vingt-trois secondes ne permettait d'identifier le groupe qui détenait les jeunes femmes et personne d'autre qu'elles n'apparaissait dans la séquence. La vidéo avait été mise en ligne sur YouTube sous le titre « Le Front Al-Nosra détient deux Italiennes en raison de la participation de leur gouvernement à la coalition » internationale combattant les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) en Syrie.Le Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaida, qui a également été visée par la coalition, n'a cependant pas fait état de cette vidéo à travers ses comptes officiels sur les réseaux sociaux. 20.01.2015 à 16h26 • Mis à jour le20.01.2015 à 16h41 Le monde entier se tourne à nouveau vers la Grèce avant le scrutin de dimanche 25 janvier, pour lequel la gauche radicale de Syriza est favori. Ces élections législatives anticipées ont été convoquées en raison de l’échec en décembre 2014 du candidat à la présidence, l’ancien commissaire européen Stavros Dimas, proposé par la coalition au pouvoir, mais incapable de rassembler autour de son nom la majorité requise.L’enjeu est d’une grande importance à la fois pour la Grèce, placée sous perfusion financière depuis 2010, et pour ses créanciers internationaux, à commencer par l’Union européenne (UE). A quelques jours du vote, le parti de la gauche radicale Syriza, dirigé par Alexis Tsipras, est donné gagnant avec une avance de 3 % à 4,5 % selon les derniers sondages, face au premier ministre sortant Antonis Samaras (Nouvelle Démocratie, conservateur). Syriza promet de remettre en cause les réformes et l’austérité imposées par les bailleurs de fonds du pays, la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE), et le Fonds monétaire international (FMI).Lire les explications : Qu'est-ce que Syriza, le parti antiaustérité qui progresse en Grèce ?Un vote pour ou contre l’austérité Après quatre ans d’assainissement des finances publiques, Syriza entend alléger les efforts demandés à la population grecque. Depuis 2010, en échange des quelque 240 milliards d’euros d’assistance, la « troïka » des bailleurs de fonds (BCE, FMI et Commission européenne) a exigé une cure d’austérité sans précédent pour éviter la faillite à la Grèce.Selon la coalition sortante, cette politique commence à porter ses fruits, mais elle a plongé le pays dans une longue récession, et porté le chômage à plus de 25 % de la population active. Pour diminuer le fardeau, Syriza suggère en particulier une nouvelle restructuration de la dette grecque (qui a atteint 175 % du PIB en 2013, selon le chiffre de la BCE). Il s’agirait de dégager des marges de manœuvre budgétaires en indexant l’effort de remboursement sur le niveau de la croissance, tout en annulant une partie de l’endettement, à l’image de ce qui s’est fait pour l’Allemagne en 1953, comme le martèle M. Tsipras.Une perspective qui effraie les créanciers du pays, à commencer par les Etats de la zone euro, désormais détenteurs de l’essentiel de la dette grecque. Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, a prévenu, dans un entretien accordé à l’agence Reuters lundi 19 janvier, que « le gouvernement qui sera élu en Grèce devra respecter les engagements déjà pris et tenir le cap de la réforme et de la responsabilité budgétaire ».Croissance et crise sociale au cœur de la campagneTandis que M. Samaras entend respecter les engagements pris auprès des bailleurs de fonds, M. Tsipras suggère plutôt de relancer certaines dépenses publiques afin d’améliorer le sort des populations les plus touchées par ces longues années de crise. Il promet la mise en place de subventions pour l’alimentation des familles pauvres, des aides aux retraités ou encore des soins et des médicaments gratuits pour les chômeurs dépourvus d’assurance. Afin de délester les ménages, il veut supprimer les taxes foncières pour les petits propriétaires et relever le seuil des revenus imposables, qui passerait de 5 000 à 12 000 euros.Syriza propose également la création d’une nouvelle banque d’investissement. Pour favoriser l’emploi et les travailleurs, le parti de la gauche radicale prévoit de rétablir le salaire minimum à 751 euros, de créer 300 000 emplois dans le privé et le public, mais aussi d’annuler les réformes du droit du travail menées depuis quatre ans. Au total, ce programme coûterait quelque 12 milliards d’euros.Au contraire, Antonis Samaras compte continuer « l’assainissement du secteur public » tout en promettant qu’il n’y aura pas de nouvelles mesures d’austérité. Pour réduire le chômage, le premier ministre sortant, soutenu par Angela Merkel, veut encourager la compétitivité, poursuivre la dérégulation du marché du travail, et propose d’investir 150 milliards d’euros dans les secteurs de l’agriculture, du tourisme, de l’énergie, de l’environnement ou encore de l’industrie pharmaceutique : 770 000 emplois seraient concernés d’ici à 2021.Des lendemains de scrutin incertainsEn dépit de son avance dans les sondages, Syriza n’est pas sûr d’obtenir une majorité absolue des sièges au Parlement (soit 151 élus), malgré le « bonus » de 50 députés accordé au parti arrivé en tête. En fonction de son score, il peut décider de former un gouvernement minoritaire avec le soutien de petites formations. Il peut aussi diriger un gouvernement de coalition, mais le choix de ses partenaires sera délicat.Le parti qui arrivera en troisième position aura une importance considérable en l’absence d’une majorité claire. Pour l’heure, trois partis sont au coude-à-coude derrière Syriza et Nouvelle Démocratie : le parti néonazi Aube dorée, le nouveau parti de centre-gauche To Potami et les communistes du KKE. Le KKE refuse toute alliance avec Syriza, dont les positions sont par ailleurs incompatibles avec Aube dorée. Seul Potami pourrait être l’arbitre de la formation d’une coalition. Cet éparpillement des votes vient en grande partie des difficultés qu’a le centre-gauche à se recomposer depuis l’effondrement du parti socialiste Pasok, accusé d’être responsable de tous les maux subis par la Grèce depuis 2010.Selon la Constitution grecque, le parti arrivé en tête sans majorité absolue reçoit un mandat pour tenter de former une coalition ; s’il n’y parvient pas, le mandat passe aux mains du deuxième parti, puis du troisième. Faute de compromis, de nouvelles élections devront être convoquées, comme cela avait été le cas lors du scrutin de 2012, au plus fort de la crise de la zone euro.Un pays vulnérable sur le plan financierEn cas de blocage politique, l’incertitude risque de fragiliser la Grèce un peu plus. Déjà, lors de la campagne, certaines banques ont signalé de possibles difficultés de financement, et ont demandé à la BCE d’y remédier. Elles ont ainsi pris leurs précautions, alors que les retraits au guichet ont atteint quelque 3 milliards d’euros en décembre 2014. Certains craignent une sortie précipitée de la zone euro si Syriza ne parvenait pas, après une éventuelle victoire, à se mettre d’accord avec les instances européennes.Au cours de la campagne, une telle hypothèse a été relancée par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, qui citait des sources berlinoises anonymes. Depuis, la chancelière Angela Merkel et ses proches ont démenti tout projet en ce sens, en appelant cependant les Grecs, et le futur gouvernement, à respecter les engagements pris depuis 2010.Dans l’attente du scrutin, les bailleurs de fonds ont suspendu les négociations sur une nouvelle tranche d’aide (7,2 milliards d’euros) dont la Grèce aura tôt ou tard besoin. Les soucis financiers du pays pourraient être d’autant plus importants que les recettes fiscales semblent avoir pâti du climat électoral : depuis décembre 2014, des contribuables auraient négligé de remplir leurs obligations fiscales, générant un manque-à-gagner en milliards d’euros pour les caisses publiques.Clara Bonzon 20.01.2015 à 14h08 • Mis à jour le20.01.2015 à 19h48 L'essentielUn Algérien de 33 ans a été arrêté samedi à Athènes.Selon la justice belge, cet homme « pourrait avoir un lien » avec la cellule djihadiste démantelée la semaine dernière en Belgique.La justice grecque a ordonné son extradition. La justice grecque a ordonné mardi 20 janvier l'extradition d'un Algérien de 33 ans arrêté samedi à Athènes. L'homme est soupçonné d'avoir un lien avec la cellule djihadiste démantelée la semaine dernière en Belgique. Selon une source judiciaire grecque, son extradition devrait avoir lieu mardi soir ou mercredi.La décision a été prise par le président de la cour d'appel d'Athènes quelques heures après la comparution du suspect devant le procureur. Celui-ci avait lui-même requis cette extradition pour appartenance à une organisation terroriste. Selon une source judiciaire grecque, le suspect a assuré vouloir être extradé vers ce pays afin de « prouver son innocence » dans cette affaire, lors de sa comparution devant le procureur de la cour d'appel d'Athènes.Selon la source judiciaire, il avait appelé « trois ou quatre fois » d'Athènes un djihadiste présumé emprisonné en Belgique et a été arrêté pour ce motif à la demande de la Belgique. Il a lui-même reconnu avoir passé ces appels car il « connaissait » le prisonnier, a-t-elle ajouté.UN AUTRE HOMME RELÂCHÉJusqu'ici, il n'a pas encore été établi si l'homme emprisonné en Belgique avait un lien avec les deux hommes abattus jeudi soir par la police belge, à Verviers (est). Le suspect avait été arrêté samedi dans le centre d'Athènes en compagnie d'un autre homme qui a été relâché depuis.Lire aussi : Nouvelles perquisitions dans l'enquête sur la cellule djihadiste en BelgiqueCes arrestations s'inscrivent dans le cadre de l'enquête ouverte par la Belgique dans plusieurs pays européens après avoir découvert qu'une « cellule terroriste » s'apprêtait à « tuer des policiers sur la voie publique et dans les commissariats » belges, enquête qui a abouti à l'assaut au cours duquel deux hommes ont été tués jeudi soir. Abel Mestre C’est un soutien pour le moins étonnant. Marine Le Pen, présidente du Front national a déclaré au Monde qu’elle « espérait la victoire de Syriza », lors des élections législatives grecques qui auront lieu dimanche 25 janvier.Pour la prétendante à l’Elysée, il n’y a aucune contradiction à ce que le parti d’extrême droite soutienne la coalition de gauche et d’extrême gauche. « Il y a une fracture en Europe qui passe par la reprise en main des peuples contre le totalitarisme de l’Union européenne et de ses complices, les marchés financiers, continue Mme Le Pen. Je suis complètement cohérente. Cela ne fait pas de moi une militante d’extrême gauche ! Nous ne sommes pas d’accord avec tout leur programme, notamment sur le plan de l’immigration. Mais nous nous réjouirions de leur victoire. »La gauche radicale se rapproche de SyrizaBrouiller les cartesEn résumé, selon elle, la victoire de Syriza contribuerait à renforcer le camp des eurosceptiques… Même si Syriza est favorable au maintien de la Grèce dans la zone euro. Ce soutien à une famille politique adverse est donc tactique et ponctuel. Et n’a pas vocation à se généraliser. Ainsi, en Espagne, Mme Le Pen espère qu’une « partie du Parti populaire [droite, au pouvoir en Espagne] aura le courage de ne pas rester dans le soutien absolu à l’Union européenne ». Cette prise de position permet une nouvelle fois à Marine Le Pen de brouiller les cartes politiques. Et quand elle donne quitus à l’extrême gauche, cela n’a rien d’innocent. C’est un élément de plus de sa stratégie de dédiabolisation. Car, plus il y a de confusion, plus il est difficile de renvoyer le FN à ce qu’il est fondamentalement, c’est-à-dire un parti d’extrême droite.De plus, concernant spécifiquement la Grèce, soutenir Syriza lui donne l’avantage de se démarquer nettement des néonazis d’Aube dorée. Mme Le Pen ajoute d’ailleurs avec amusement, que dans les pays comme l’Espagne et la Grèce où « il n’y a pas d’équivalent au Front national, c’est l’extrême gauche qui prend notre place ». Ce n’est pas la première fois que Marine Le Pen pioche à la gauche de la gauche. Elle regarde attentivement ce qu’il se passe de l’autre côté du spectre politique depuis le début des années 2000. En 2003, elle avait même donné une conférence de presse à l’occasion du Forum social européen organisé à Paris. Elle estimait, déjà, que les altermondialistes posaient « de bonnes questions mais [apportaient] de mauvaises réponses ». En Grèce, les grands chantiers de SyrizaDans cette Grèce déclassée prête à voter SyrizaAbel MestreJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Isabelle Chaperon A lui seul, Lorenzo Bini Smaghi, qui deviendra président de la Société générale à l’issue de l’assemblée générale du 19 mai, symbolise les nouvelles règles du jeu du secteur bancaire européen. D’abord parce qu’il est italien. Il sera ainsi le premier président d’une grande banque française non pourvu d’un passeport tricolore. Un tabou franchi au lendemain de la mise en œuvre d’une supervision bancaire européenne, le 4 novembre 2014. L’économiste, ensuite, ancien membre du directoire de la Banque centrale européenne, témoigne d’un impeccable pedigree de banquier central, devenu quasiment un prérequis quand les régulateurs tiennent la bride de plus en plus courte aux établissements de crédit.En tant que président non exécutif de la Société générale, M. Bini Smaghi, 58 ans, aura en effet un rôle déterminant de représentation auprès des régulateurs internationaux. Compte tenu de son passé, il devrait apparaître moins suspect que les purs banquiers pour faire passer des messages auprès des grands argentiers qui se méfient comme de la peste des lobbys bancaires. M. Bini Smaghi mènera ensuite les travaux du conseil d’administration de la Société générale où cinq nationalités sont représentées. De son côté, Frédéric Oudéa, actuel PDG, conservera le pilotage opérationnel de la banque.« Tour de banque » accéléréCette dissociation des pouvoirs a été imposée précisément par la directive européenne dite CRD4 entrée en vigueur en 2014. La Société générale avait obtenu quelques mois de répit pour une mise en place à l’issue de son assemblée générale 2015. M. Bini Smaghi était entré au conseil d’administration de la banque française en mai 2014, avec un titre de « second vice-président ». Et une perspective de monter en grade, si affinités… L’Italien a ensuite fait un « tour de banque » accéléré, notamment auprès des filiales internationales. L’occasion également de vérifier sa compatibilité avec M. Oudéa, avec qui il devra bien s’entendre pour diriger la Société générale.Les deux hommes se connaissaient à peine. C’est un chasseur de têtes qui avait repéré M. Bini Smaghi. Il faut dire que l’Italien, en plus de son expérience, présente l’avantage de parler un français parfait. M. Bini Smaghi a, en effet, grandi, à partir de 6 ans, en Tunisie, où son ingénieur de père construisait des digues. Il a même passé un an dans un internat à Chamonix avant de décrocher son bac au lycée français de Bruxelles et d’étudier les sciences économiques à l’université de Louvain. Une formation prolongée ensuite par un doctorat à l’université de Chicago.L’économiste a ensuite suivi le parcours idéal du haut fonctionnaire italien europhile, entre le département de recherche économique de la Banque d’Italie et la préparation de la création de l’euro à l’Institut monétaire européen à Francfort. En 1998, un certain Mario Draghi, qui dirigeait alors le Trésor italien, lui propose de rentrer en Italie pour jouer les sherpas dans les G7 et autres sommets internationaux. En 2005, M. Bini Smaghi entre au directoire de la BCE où il officiera pendant sept ans et essuiera les débuts de la tempête liée à la crise grecque, avant de quitter l’institution en décembre 2011.Courte escapade chez Morgan StanleyAlors que d’aucuns le voyaient prendre la succession de Mario Draghi qui venait de quitter la Banque d’Italie pour prendre la présidence de la BCE, M. Bini Smaghi enseigne depuis à Harvard, écrivant des opinions dans le Financial Times et un livre notamment pour dénoncer la politique d’austérité. Il assume également la présidence de Snam, un groupe gazier milanais. Enfin, cet héritier d’une grande famille de Florence préside la Fondation du Palais Strozzi, avec la bénédiction de l’ancien maire de la ville, Matteo Renzi, le chef du gouvernement italien.De telles qualités et relations n’étaient pas passées inaperçues dans le monde bancaire. Comme M. Draghi, ancien de Goldman Sachs, M. Bini Smaghi avait cédé aux sirènes des banques d’investissement américaines en rejoignant en octobre 2013 le conseil de Morgan Stanley International. Une courte escapade, car la proposition de la Société générale lui a apparemment semblé plus attirante et il a coupé les ponts avec la banque américaine en rejoignant le groupe tricolore.La Société générale n’est pas la seule à renouveler ses instances dirigeantes : toutes les banques françaises sont engagées sur ce chemin, pour des raisons différentes d’ailleurs. BNP Paribas a été la première à faire évoluer ses instances, avec le remplacement de Baudouin Prot par Jean Lemierre le 1er décembre 2014. Un passage de témoin accéléré par l’amende massive de 6,6 milliards d’euros infligée par les autorités américaines en juillet 2014. Le Crédit agricole, de son côté, doit remplacer Jean-Paul Chifflet, le directeur général de Crédit agricole SA, atteint par la limite d’âge, qui quittera la banque en mai. Le Crédit mutuel Centre Est Europe, lui, amorce en douceur la succession de son dirigeant historique Michel Lucas, 75 ans, qui abandonne peu à peu ses mandats.Toute la place, enfin, s’interroge pour savoir si les barons de BPCE vont tenter de profiter des démêlés judiciaires de François Pérol, le président du directoire mis en examen pour « prise illégale d’intérêt », pour tenter un coup d’Etat.Isabelle ChaperonJournaliste au service EconomieSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.01.2015 à 10h44 • Mis à jour le20.01.2015 à 12h22 | Marie Charrel et Cédric Pietralunga L’annonce a fait l’effet d’une douche froide. En décidant, jeudi 15 janvier, de décrocher le franc suisse de l’euro, la Banque nationale suisse a fait s’envoler le cours de la devise helvétique… et elle a plongé dans l’embarras les 2 500 VIP attendus au Forum économique mondial de Davos, qui doit se tenir dans les Alpes du mercredi 21 au samedi 24 janvier.Déjà considérée comme (très) huppée, la station des Grisons pourrait de fait devenir hors de prix pour les visiteurs étrangers. Avec l’actuel boom du franc suisse, il faudra débourser l’équivalent de plus de 400 dollars (340 euros) pour s’offrir une bouteille de Dom Pérignon à l’hôtel Seehof, l’un des meilleurs quatre étoiles de la ville, a calculé l’agence Bloomberg…Officiellement placé sous le thème du « nouveau contexte mondial », le 45e Forum de Davos – qui doit accueillir quelque 1 500 chefs d’entreprise et au moins 300 chefs d’Etat ou membres de gouvernement, dont François Hollande pour la première fois mais également Matteo Renzi ou Angela Merkel – devrait à nouveau faire la part belle aux questions monétaires. Non seulement à cause de la décision de la banque centrale helvétique mais parce que l’événement va se tenir, hasard du calendrier, au milieu d’une semaine cruciale pour la zone euro. Pour ne pas dire à haut risque.Les yeux tournés vers FrancfortJeudi 22 janvier, tous les yeux se tourneront en effet vers Francfort, où siège la Banque centrale européenne (BCE). Le président de l’institution, Mario Draghi, devrait y annoncer, au moins dans les grandes lignes, son programme choc de lutte contre la déflation. Car l’heure est grave. En décembre 2014, les prix ont reculé de 0,2 % dans l’union monétaire, laissant craindre que celle-ci sombre dans la déflation, cette terrible spirale où le recul des prix paralyse l’ensemble de l’économie.Pour y remédier, la BCE devrait se mettre à acheter la dette publique des pays membres de l’union monétaire. Un programme dit d’assouplissement quantitatif (QE en anglais), très controversé en Allemagne, où l’on redoute qu’il n’incite les Etats à renoncer à la discipline budgétaire, mais que la plupart des économistes appellent de leurs vœux. Y compris ceux du Fonds monétaire international (FMI). Sans cela, estiment les partisans du « QE », l’Europe peinera à retrouver le chemin de la croissance. Attendue à Davos, dont elle n’a pas raté une seule édition depuis son accession à la tête du FMI, Christine Lagarde devrait marteler ce message. « Autant dire que lors des rencontres à huis clos, la chancelière allemande, Angela Merkel, sera cuisinée sur les raisons des réticences de Berlin », prédit un député européen.Contrairement à 2014 et sauf changement de dernière minute, M. Draghi ne sera néanmoins pas présent à Davos. Le Français Benoît Cœuré, membre du directoire de la BCE, également l’un des économistes le plus influents d’Europe, participera en revanche aux débats vendredi 23 et samedi 24 janvier. « En fonction de la décision prise jeudi, il sera applaudi dans les couloirs ou assailli de questions », souffle un fin connaisseur de l’institution. Pour amadouer l’Allemagne, M. Draghi pourrait en effet adopter un QE d’ampleur limitée. Au risque qu’il soit moins efficace…Mais la BCE ne sera pas la seule banque centrale sur le devant de la scène. « La coordination des politiques monétaires sera clairement débattue », explique Gilles Moëc, économiste chez Bank of America. Et cela, pour une raison bien simple : alors que l’Europe s’enfonce dans la stagnation, les Etats-Unis affichent une reprise vigoureuse. « Rarement le découplage entre les deux continents n’aura été aussi fort », estime M. Moëc.De quoi semer un sérieux désordre monétaire à travers le monde, qui inquiète déjà les chefs d’entreprise, dont la fine fleur est attendue dans la station suisse, comme Carlos Ghosn (Renault-Nissan), Paul Bulcke (Nestlé), Michael Dell (Dell), Joe Kaeser (Siemens), Oleg Deripaska (Rusal) ou encore Bill Gates.Le dollar, porté par la croissance américaine, devrait en effet poursuivre sa hausse face à l’euro. « Les autres pays devront adapter leurs taux de change face à cette nouvelle donne », anticipe Philippe Waechter, chez Natixis AM.La Banque nationale suisse, qui a décidé de laisser sa monnaie fluctuer librement, pourrait ainsi être suivie par d’autres. En particulier dans les pays nordiques, qui ont eux aussi lié leur devise à l’euro. « Le FMI et les grands argentiers discuteront de la meilleure façon de coordonner ces mouvements pour éviter l’instabilité, prédit Christopher Dembik, chez Saxo Banque. Mais passé Davos, ce sera le retour du chacun pour soi. » Certains économistes craignent même le retour de la guerre des monnaies.Autre risque qui devrait être largement débattu à Davos : la Grèce. Dimanche 25 janvier, au lendemain de la clôture du Forum, les élections législatives pourraient y porter la gauche radicale de Syriza au pouvoir. Son leader, Alexis Tsipras, réclame un nouvel allégement de la dette publique de son pays, qui dépasse 175 % du produit intérieur brut (PIB). Il n’en fallait pas plus pour que les craintes d’une sortie de la Grèce de la zone euro resurgissent.L’insoutenable dette helléniqueOfficiellement, les chefs d’Etat européens se montrent rassurants : personne ne souhaite qu’Athènes quitte la monnaie unique, car tout le monde serait perdant. Mais officieusement, les négociations vont bon train. Elles devraient se poursuivre en Suisse, tant la dette hellénique est insoutenable. « Il faudra bien l’alléger d’une façon ou d’un autre, explique Eric Dor, économiste à l’Ieseg. Or, aujourd’hui, elle est détenue à 70 % par les autres pays européens. » Ces derniers pourraient décider d’allonger la maturité des prêts accordés à Athènes. Mais pas sans concession de la part de M. Tsipras.Le pétrole sera enfin à l’affiche de plusieurs tables rondes du Forum économique, avec la participation notamment de Patrick Pouyanné (Total) et de Robert Dudley (BP). « Au début, tout le monde a salué la baisse des cours, car elle apporte une bouffée d’oxygène à la croissance, explique M. Dembik, de Saxo Banque. Mais les inquiétudes pointent déjà : la chute a été trop brutale. » Si elle dure, elle pénalisera les pays producteurs, comme la Russie. Au risque de nourrir le feu des tensions géopolitiques avec l’Occident.« Contrairement aux années précédentes, la reprise américaine fera souffler un vent d’optimisme sur nos discussions, relativise Alain Pons, PDG du cabinet de conseil Deloitte France, sur le point de s’envoler pour la Suisse. Mais les risques économiques n’ont pas disparu pour autant. » Les virées en ski sur les hauteurs de Davos devront attendre…Après Nicolas Sarkozy, François Hollande fait le déplacement à DavosMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterCédric PietralungaJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.01.2015 à 09h09 • Mis à jour le20.01.2015 à 11h30 L'essentielLa police allemande a mené des perquisitions à Berlin et dans les Länder alentours.Vendredi, deux suspects ont été interpellés.L'enquête dure depuis plus d'un an.  De nouvelles perquisitions ont été menées tôt le matin du mardi 20 juillet en Allemagne au sein de la mouvance islamiste, après celles déjà conduites vendredi à Berlin. Les perquisitions ont été menées dans treize appartements à Berlin et dans les Länder de Brandebourg, voisin de Berlin, et de Thuringe, précise la police dans un communiqué. Environ 200 policiers ont été déployés, selon la même source.Les policiers enquêtent dans l'entourage proche des deux suspects interpellés lors des opérations de vendredi à Berlin, Ismet D. et Emin F.. Les personnes visées par les perquisitions étaient en « contact étroit » avec les deux interpellés mais ne font pour l'instant l'objet d'aucune inculpation, explique la police, qui par ailleurs ajoute qu'aucun élément n'indique qu'elles préparaient des attentats sur le sol allemandVendredi dernier, une dizaine de perquisitions au sein de la « mouvance islamiste » ont été menées à Berlin. L'une des deux personnes arrêtées lors de ces perquisitions, Ismet D., est soupçonnée de diriger « un groupe d'extrémistes islamistes comprenant des ressortissants turcs ou russes d'origine tchétchène ou daghestanaise » et d'avoir préparé puis soutenu matériellement et financièrement des aspirants au djihad. Selon la presse allemande, les autorités soupçonnent également les deux hommes d'avoir participé l'année dernière au financement d'une attaque contre des soldats syriens.« L'enquête contre ce groupe dure depuis plus d'un an (…) C'est un pur hasard que [ces perquisitions] soient menées » après les attentats djihadistes perpétrés à Paris et dans lesquels 17 personnes ont perdu la vie, a rapporté M. Stefan Redlich, porte-parole de la police de Berlin, à la chaîne d'information allemande N-TV. 20.01.2015 à 04h00 • Mis à jour le20.01.2015 à 17h28 | Claire Guélaud À la veille de l’ouverture du quarante-cinquième Forum économique mondial de Davos (Suisse), le Fonds monétaire international (FMI) a présenté, mardi 20 janvier, de nouvelles prévisions qui n’incitent pas à l’optimisme. Au-delà même des chiffres de la croissance mondiale, révisés à la baisse de 0,3 point à 3,5 % en 2015 et à 3,7 % en 2016, deux caractéristiques fortes ressortent de la mise à jour des Perspectives de l’économie mondiale (PEM) par rapport aux précédentes, publiées en octobre 2014 : les pays émergents et en développement traversent une période difficile et, globalement, la baisse du prix du pétrole ne suffira pas pour compenser les effets négatifs de la faiblesse de l’investissement et de la diminution de la croissance potentielle dans la plupart des grands pays.Pour le FMI, qui n’a cessé de revoir ses prévisions à la baisse depuis 2010, l’économie américaine est la seule grande économie dont les projections ont été revues à la hausse. La reprise en zone euro et au Japon reste poussive : elle serait plus lente que prévu il y a quatre mois.La Chine et les pays émergents ralentissent Les anciens BRICS, dont on célébrait le dynamisme au début des années 2000, connaissent de sérieuses difficultés. La croissance dans les pays émergents et en développement a été révisée en baisse de 0,6 point à + 4,3 % cette année et de 0,5 point à + 4,7 %, en 2016. Les ajustements les plus forts concernent la Communauté des Etats indépendants (CEI, ex-URSS), l’Afrique subsaharienne et l’Amérique latine, qui sont notamment touchés par la fin du boom des matières premières.En moyenne, la croissance des émergents serait plus faible en 2015 (+ 4,3 %) qu’en 2014 (+ 4,4 %). Un fléchissement qui résulte d’une combinaison de facteurs : le ralentissement chinois, la récession russe et la baisse de la croissance potentielle dans les pays exportateurs de produits de base.En 2014, la progression du produit intérieur brut (PIB) de la Chine a été limitée à 7,4 %, soit son niveau le plus bas depuis vingt-quatre ans. Le ralentissement de la première économie mondiale, qui a bien évidemment des conséquences globales, pèse d’abord sur l’activité des pays émergents d’Asie.L’économie indienne s’en sortirait un peu mieux que la moyenne. Elle repasserait au-dessus de la barre des 6 % et afficherait, en 2016, un rythme de croissance supérieur à celui de la Chine : 6,5 % contre 6,3 %. L’affaiblissement de la demande extérieure adressée à New Delhi serait compensé par l’amélioration des termes de l’échange, ainsi que par un redressement de l’activité industrielle et de l’investissement après les réformes conduites depuis la nomination de Narendra Modi au poste de premier ministre.Un autre facteur de ralentissement dans les émergents est la dégradation de l’économie russe. Bien qu’attendue du fait des sanctions liées à l’intervention en Ukraine et de la baisse des prix du pétrole, elle est impressionnante : le PIB se contracterait de 3,5 % en 2015 et de 1 % en 2016. La récession russe et la dépréciation du rouble fragiliseraient à leur tour les autres pays de la région.Dans de nombreux pays en développement exportateurs de produits de base, enfin, la baisse des cours de l’or noir et d’autres produits de base entamerait la croissance à moyen terme. C’est ce qui explique la révision à la baisse des perspectives économiques en Amérique latine et en Afrique.Nombreux sont aussi les pays qui pourraient souffrir de l’affaiblissement de leurs monnaies par rapport à un dollar qui s’est apprécié d’environ 6 % en valeur effective réelle par rapport à octobre 2014.La baisse du pétrole ne suffit pas Dans les pays avancés, dont beaucoup sont importateurs de pétrole, la dégringolade des prix de l’or noir, qui ont chuté de 55 % en dollars depuis septembre, donnera « un coup d’accélérateur à la croissance mondiale au cours des deux prochaines années environ », en accroissant le pouvoir d’achat et la demande privée. Le 22 décembre 2014, Rabah Arezki et Olivier Blanchard, l’économiste en chef du Fonds, avaient détaillé deux scénarios sur leur blog : l’un, où les prix tombant de 22 % en 2014 et de 13 % en 2019, le surcroît de PIB serait de 0,7-0,8 % pour le monde ; le second, où les prix se redressant progressivement, l’amélioration serait plus limitée, de + 0,3 à + 0,4 point.Ce coup d’accélérateur ne compensera pas les faiblesses de l’investissement et les effets négatifs de la baisse de la croissance potentielle. Le FMI insiste en outre sur « l’incertitude considérable » entourant l’évolution future des prix du pétrole.La baisse du prix du pétrole dopera la croissance, selon le FMIUn bon dosage à trouver dans les politiques budgétaires et monétaires Dans ce paysage économique mondial plutôt sombre, le FMI juge « urgent d’opérer des réformes structurelles dans de nombreux pays, avancés et émergents, tandis que les priorités de la politique macroéconomique diffèrent. »Évoquant implicitement les pressions désinflationnistes en zone euro, le Fonds insiste sur la nécessité pour la politique monétaire de « rester accommodante par d’autres moyens afin d’éviter une hausse des taux d’intérêt réels. » L’institution recommande aussi de « moduler le rythme et la composition de l’ajustement budgétaire de manière à soutenir à la fois la reprise et la croissance de long terme. »Les présidents de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, et de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, auront sûrement reçu le message.Des risques « élevés » sur les marchés financiers Last but not least, le Fonds juge « élevés » les risques sur les marchés financiers qui sont liés aux changements d’état d’esprit et aux poussées de volatilité. Les éléments déclencheurs, précise-t-il, pourraient être une évolution inattendue de l’activité dans les grands pays ou une trajectoire inattendue de la normalisation monétaire américaine dans le contexte d’une expansion mondiale inégale. Les pays émergents, précise-t-il, y seraient particulièrement exposés, et pourraient faire face – à nouveau – à une inversion des flux de capitaux.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.01.2015 à 20h38 • Mis à jour le19.01.2015 à 21h46 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne se sont réunis à Bruxelles, lundi 19 janvier, pour évoquer la lutte contre le terrorisme et ébaucher une discussion sur un possible renforcement de la coordination dans ce domaine. La réunion de lundi était la première des Européens depuis les attentats de Paris – hormis celle tenue à Paris, dimanche 11 janvier, en présence de certains ministres de l’intérieur.Très attendue, elle ne pouvait toutefois déboucher que sur des résultats assez vagues : les ministres des affaires étrangères ne sont pas les plus directement concernés par les moyens concrets de combattre le terrorisme. Mais, surtout, l’UE dispose de compétences finalement limitées dans ce domaine. Sa diplomatie inclut, certes, un volet « sécurité » mais le renseignement, par exemple, reste une compétence nationale et les Etats sont généralement très peu enclins à la partager.« Enorme solidarité avec la France »Il fallait donc s’attendre à ce que la réunion de Bruxelles s’en tienne à quelques généralités et réaffirme le soutien des Vingt-Huit à la France et d’autres pays particulièrement exposés à la menace. « Nous avons manifesté notre énorme solidarité avec la France, d’autant qu’il y a peu de pays qui auraient été capables de réagir comme elle l’a fait », a par exemple déclaré le ministre luxembourgeois, Jean Asselborn.Afin de ne pas en rester à des déclarations de bonne intention et à des constats – « il faut renforcer la coopération entre les services de renseignement, il faut que le Parlement européen comprenne la nécessité d’un fichier des données passagers, il faut reparler des contrôles aux frontières de l’espace Schengen » – les ministres ont toutefois pris une décision concrète. Des mesures de coopération renforcée avec des pays tiers, évoquées dès octobre 2014, ont été entérinées.Il s’agit d’aider l’Egypte, la Turquie, les pays du Maghreb et certains pays d’Afrique à mettre en œuvre des programmes éducatifs, à réformer leurs services de sécurité, à prendre mieux en compte le phénomène de la radicalisation, etc. Il s’agit aussi de faciliter l’échange d’informations et les procédures d’extradition avec ces pays.Des « attachés de sécurité » seront affectés par le Service d’action extérieure aux représentations de l’UE dans les pays concernés. Et la diplomatie européenne se souciera davantage de communiquer, dans leur langue, avec les pays arabes. Pour mieux expliquer la politique suivie par les Européens et pour mieux répondre aux objections qu’elle pourrait susciter.« Dilemme philosophique »La question de la liberté d’expression a également été débattue et, malgré certaines réticences initiales, tous les ministres auraient affirmé leur soutien à la position exprimée par Paris : cette liberté ne doit connaître aucune limite de principe et ceux qui estimeraient qu’elle bafoue leurs droits peuvent s’adresser à la justice pour les faire respecter. La Haute représentante, Federica Mogherini, invitait elle, au début de la réunion, à la « prudence » dans ce qu’elle appelle le « dilemme philosophique » de la libre expression et du respect d’une conviction religieuse.Avant la réunion de lundi, la France avait annoncé qu’elle déposerait sept propositions sur la table. Paris voulait notamment faire valider le principe d’une application plus « souple » du code qui régit le fonctionnement de l’espace Schengen, avec la systématisation du contrôle des titulaires d’un passeport européen venant d’un pays hors Europe. Sans remettre en cause le principe de la libre circulation, assurait une source française. Le débat aura sans doute lieu plus tard car les homologues de Laurent Fabius indiquaient que le point n’avait fait l’objet d’aucune discussion. Et, selon son habitude à Bruxelles, le ministre s’est éclipsé sans faire de déclaration.Paris demande également avec insistance au Parlement de Strasbourg d’adopter un PNR Européen, consultable par les services de police et de renseignement. Un projet de directive PNR Européen est bloqué par les députés depuis près de deux ans, Une réunion est fixée au 4 février entre des experts de la Commission européenne, des eurodéputés et des experts des pays membres, afin de tenter de relancer le processus législatif.Autres points évoqués par Paris : la meilleure alimentation d’Europol et Eurojust par les services nationaux ainsi qu’un nécessaire débat sur le cadre juridique en matière de contrôle du trafic d’armes sur le continent, clairement défaillant. Autre demande, encore : le renforcement du dialogue avec les grands fournisseurs d’accès et de services Internet pour systématiser le retrait des sites Web illicites.Convié à une discussion avec les ministres, l’Egyptien Nabil Al-Arabi, secrétaire général de la Ligue arabe, a estimé, quant à lui, que la lutte contre le terrorisme islamiste ne se résume pas à des questions sécuritaires et militaires mais doit être abordée au niveau « culturel, médiatique et religieux ». Une position relayée par Mme Mogherini, qui ajoute la nécessité de prendre en compte la réalité économique et sociale des jeunes dans les pays arabes.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 19.01.2015 à 13h27 • Mis à jour le19.01.2015 à 15h15 Editorial du Monde. Cette semaine, les projecteurs du monde économique seront tournés vers Davos, la cossue station helvète où les « grands » de la planète débattront des enjeux de 2015. Jeudi 22 janvier, c’est pourtant Francfort, siège de la Banque centrale européenne (BCE), qui monopolisera les esprits. Mario Draghi, le patron de la BCE, pourrait y annoncer son nouveau cocktail antidéflation. Enfin.Baptisé « assouplissement quantitatif » dans le jargon des économistes – QE pour « quantitative easing » en anglais –, ce programme consisterait, pour l’essentiel, en des rachats de dette publique. Un remède déjà appliqué avec succès aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Le Japon l’a également lancé en 2013, avec des résultats moins concluants.En théorie, l’objectif du QE est simple. En rachetant des titres d’Etat, la banque centrale injecte de la monnaie dans le système économique – on dit qu’elle fait « tourner la planche à billets ». S’ensuit une cascade d’effets susceptibles... Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Un « tifo » géant déployé dans une tribune du Standard de Liège a choqué, dimanche 25 janvier, alors que l'équipe locale recevait sa grande rivale bruxelloise, le Sporting d'Anderlecht. La banderole géante reprenait la formule « Red or dead » (« rouge ou mort »), le slogan du noyau dur des supporteurs. Le Standard joue en rouge et blanc et l'équipe est familièrement désignée comme « Les Rouches ».Le scandale est né du dessin qui ornait le tifo : l'image d'un guerrier armé d'un sabre et tenant de la main gauche la tête grimaçante de Steven Defour, le meneur de jeu de l'équipe adverse. Une allusion un peu trop évidente aux pratiques du groupe terroriste Etat islamique, le jour même où deux otages japonais ont sans doute subi le même sort que d'autres otages avant eux…Et au Standard Liège, on a le sens de l'hospitalité pour Steven Defour, ancien rouche maintenant à Anderlecht.. #Foot http://t.co/IecOSQxQp9— Christophe-C Garnier (@ChrisCGarnier)require(["twitter/widgets"]);Un transfert perçu comme une « trahison »Steven Defour a commencé sa carrière à Genk avant de jouer au Standard, dont il a été capitaine. Il a remporté deux titres de champion de Belgique avec ce club. Il a ensuite passé plusieurs années au FC Porto avant d'intégrer, pour la saison actuelle, l'équipe d'Anderlecht. Les fans liégeois ne lui ont pas pardonné ce qu'ils estiment être une trahison. Ils avaient promis de lui réserver un accueil dont il se souviendrait lors du match de dimanche, qui marquait son retour au stade de Liège-Sclessin.Personne ne s'attendait toutefois à une image d'un pareil mauvais goût même si la direction du club et la police, méfiantes, avaient apparemment demandé aux « ultras » de leur montrer le calicot géant avant le démarrage de la rencontre. Les supporteurs auraient sorti une autre banderole avant de procéder à une substitution. L'autoroute menant de Liège à Bruxelles était quant à elle ornée de nombreux slogans hostiles au médian d'Anderlecht.Demande de sanctionsL'attitude des supporteurs – qui auraient travaillé six semaines à la confection de leur tifo – a suscité une réprobation unanime. De nombreuses personnes ont réclamé une sanction de la fédération belge de football. « De mauvais goût, stupide et inacceptable », a même tweeté un vice-premier ministre, le libéral Didier Reynders, originaire de Liège.Manifestement déstabilisé, Steven Defour a reçu deux cartons jaunes, ce qui lui a valu une exclusion en deuxième mi-temps. Le Standard a remporté la rencontre 2-0.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 25.01.2015 à 15h38 • Mis à jour le25.01.2015 à 17h20 L'essentielLes séparatistes prorusses ont lancé depuis plusieurs jours une vaste offensive, reprenant l'aéroport de Donetsk et bombardant Marioupol, ville de l'est de l'Ukraine encore contrôlée par le gouvernement de Kiev.Le ministre des affaires étrangères russe a accusé l'armée ukrainienne d'avoir provoqué ces violences par des attaques « permanentes » contre des « localités peuplées ».Barack Obama s'est dit « inquiet des violations du cessez-le-feu et veut accroître la pression sur Moscou.Après plusieurs jours d'offensive des séparatistes prorusses et au lendemain de bombardements ayant tué au moins 30 personnes à Marioupol, dernière grande ville contrôlée par le gouvernement de Kiev dans l'est de l'Ukraine, le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a affirmé dimanche 25 janvier que ces violences avaient été provoquées par des attaques « permanentes » de l'armée ukrainienne contre des « localités peuplées ».« L'aggravation de la situation est le résultat des tirs permanents des forces ukrainiennes contre des localités peuplées, en violation grossière des accords de Minsk », a déclaré M. Lavrov lors d'un entretien téléphonique avec son homologue américain, John Kerry, selon un communiqué du ministère.Le président ukrainien, Petro Porochenko, « n'a toujours pas répondu » à la proposition du président russe, Vladimir Poutine, de retirer les armes lourdes de la ligne de contact entre les forces ukrainiennes et les rebelles prorusses dans l'est, a-t-il rappelé. Les autorités ukrainiennes « n'ont pas rempli non plus leur obligation de lancer un processus constitutionnel global avec participation de toutes les régions et toutes les forces politiques du pays », a accusé le chef de la diplomatie russe.Il a appelé les Etats-Unis à « utiliser leur influence sur les autorités ukrainiennes pour que celles-ci refusent de miser sur un scénario militaire ». MM. Lavrov et Kerry se sont prononcés pour un « arrêt immédiat des bombardements à l'artillerie dans le Donbass et le retrait des armes lourdes », en réitérant la volonté de Moscou et de Washington de « contribuer au règlement de la crise ukrainienne », ajoute-t-il.OBAMA « INQUIET DES VIOLATIONS DU CESSEZ-LE-FEU » En déplacement en Inde, Barack Obama a déclaré dimanche vouloir accroître la pression sur la Russie après le bombardement de Marioupol.  « Je vais regarder toutes les options supplémentaires à notre disposition, hormis la confrontation militaire », a déclaré le président américain.Les Occidentaux ont fermement condamné l'attaque menée samedi contre cette dernière grande ville de l'Est séparatiste sous contrôle de Kiev, certains évoquant de nouvelles sanctions contre la Russie, accusée de soutenir militairement la rébellion.« Nous sommes très inquiets des dernières violations du cessez-le-feu et de l'agression commise par les séparatistes avec un soutien russe, un équipement russe, un financement russe, un entraînement russe et des troupes russes », a ajouté M. Obama.Le président américain s'est interrogé sur la pertinence de la position russe en Ukraine : « La question est de savoir s'ils veulent poursuivre dans cette voie, qui est mauvaise non seulement pour le peuple ukrainien, mais également (...) pour le peuple russe », a-t-il ajouté. « J'ai toujours été clair sur le fait qu'il ne serait pas efficace pour nous de nous engager dans un conflit militaire avec la Russie », a-t-il souligné. En revanche, les Etats-Unis maintiendraient une « pression économique » et un « isolement diplomatique », a-t-il dit.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x1dltfd"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x1dltfd", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Alain Salles (Athènes, envoyé spécial) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La victoire de Syriza est annoncée. La dynamique de fin d’élection joue en faveur de son président, Alexis Tsipras, et l’écart semble se creuser avec Nouvelle démocratie. Selon un sondeur, l’écart entre les deux partis pourrait dépasser dix points, lors des élections législatives du dimanche 25 janvier. Ce qui constituerait un triomphe pour Alexis Tsipras.Selon un premier sondage sorti des urnes, Syriza, le parti de gauche radicale anti-austérité, devance de plus de huit points le parti de droite au pouvoir. L'écart va ainsi de 8,5 à 16,5 points, bien au-delà des derniers sondages. Le parti d'Alexis Tsipras obtiendrait entre 35,5 % et 39,5 %, tandis que Nouvelle Démocratie du premier ministre Antonis Samaras est crédité de 23 à 27 %.A son arrivée, en voiture, vers 10 h 40, au bureau de vote du quartier populaire de Kypséli, non loin de son domicile personnel, deux gardes du corps se sont précipités pour tenter de lui ouvrir un passage dans une cohue de plusieurs centaines de journalistes et caméras du monde entier, la plupart arrivées dès 6 h 30 du matin. Après avoir glissé son bulletin dans l’urne sous les flashs des photographes, le président du parti de la gauche radicale a dû monter sur une table dans le hall principal de l’école pour arriver à se faire entendre.900 journalistes internationauxEntre d’un côté la bataille des journalistes pour avoir le meilleur plan ou la meilleure photo et de l’autre une dizaine de militants criant à plein poumons le slogan « Le temps de la gauche est arrivé ! », Alexis Tsipras a donné, en grec, puis en anglais, un dernier message aux électeurs grecs :« Le choix est plus clair que jamais. Soit la troïka revient et poursuit le travail de Samaras et la catastrophique politique d’austérité, soit on va vers une renégociation dure et difficile avec nos partenaires pour reconquérir une vie digne. » Le mot de « dignité » est d’ailleurs revenu à quatre reprises dans son discours, qu’il a complété en anglais en disant que « le temps de la démocratie, de la solidarité et de la coopération » était arrivé. M. Tsipras arborait un sourire, franc, épanoui : « Notre avenir commun en Europe n’est pas celui de l’austérité, c’est celui de la démocratie, de la solidarité et de la coopération. »Même dans un bureau de vote du quartier touristique de Plaka au centre d’Athènes, il y a presque davantage de journalistes que de votants. De la télévision russe à des journalistes japonais, les caméras se pressent pour sonder le cœur des électeurs grecs. Le monde entier a de nouveau les yeux tournés vers la Grèce. Quelque 900 journalistes internationaux sont accrédités pour ces élections, alors qu’il n’y en avait que 700 lors des législatives de 2012.« On veut retrouver notre honneur »Une électrice, Areti, ne veut pas dire pour qui elle vote, mais fait clairement comprendre qu’elle ne choisira le parti au pouvoir, Nouvelle Démocratie. « Les choses doivent changer. Il faut que l’on puisse retrouver un peu d’espoir. Pendant ces années de crise, les Grecs ont été déshonorés devant le monde entier. On veut retrouver notre honneur. »Katarina clame haut et fort qu’elle a voté Syriza « car c’est le seul moyen de retrouver notre dignité » et espère que le parti « aura une majorité absolue ». Pour Vassilis Sklias, un ancien fonctionnaire européen, cette majorité est nécessaire pour faire passer les réformes : « Il faut assainir la fonction publique pour mettre fin au système clientéliste créé par le Pasok et Nouvelle démocratie, avec leurs cortèges d’employés du parti. » Il espère que l’Europe va tenir compte du message venu de Grèce. « Que va-t-il se passer si on attaque cette gauche pro-européenne ? Cela profitera à l’extrême droite anti-européenne. On est prêts à discuter. Nous voulons rester dans le cadre institutionnel européen. Nous ne voulons pas devenir Cuba. »Alex, un ingénieur venu avec ses deux enfants, claironne qu’il a voté Nouvelle Démocratie « même s’ils ont fait de mauvaises choses ». Il n’est pas effrayé par une victoire de Syriza, qui ne lui fait pas perdre son sourire : « Ils ont promis tellement de choses que tout le monde sait qu’ils ne pourront pas les appliquer, et heureusement, car elles sont dangereuses. Dès lundi, ils reviendront à la raison et suivront les règles. »« Les lendemains seront difficiles »Sur la place Syntagma, le stand de Nouvelle Démocratie est presque désert. Une poignée de militants discutent. Antonis Birbilis s’occupe de ce stand depuis plusieurs élections. Il espère encore que les indécis peuvent encore changer les événements, mais il n’y croit guère. Et il a peur : « Tsipras va rapidement décevoir ses électeurs. Il donne de l’espoir à tout le monde, mais les lendemains seront difficiles. »Lire aussi : Concrètement, que peut changer l'arrivée de la Syriza à la tête de la Grèce ?Loin d’Athènes et des caméras de télévision étrangères, le premier ministre, Antonis Samaras, a voté dans son fief de Pylos, dans le Péloponnèse. « Aujourd’hui, nous décidons si nous avançons ou si nous nous lançons dans l’inconnu » – M. Samaras, qui parle bien français, doit connaître Baudelaire. Les Grecs aujourd’hui sont bien tentés de « plonger au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau. »Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteAlain Salles (Athènes, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Maxime Vaudano A l'heure des élections législatives grecques, dimanche 25 janvier, tous les regards sont braqués sur Syriza, la formation de la gauche radicale qui pourrait accéder au pouvoir. Partisan de la fin de l'austérité et d'une restructuration de la dette, son leader Alexis Tsipras menace-t-il le maintien de la Grèce dans la zone euro ?1. Où en est la Grèce ?Un déficit qui se réduit. Les chiffres officiels des finances publiques grecques ne sont a première vue guère réjouissants : la dette culmine encore à plus de 170 % du PIB, tandis que le déficit est reparti à la hausse en 2013, à plus de 12 % de la richesse nationale.Ils masquent toutefois une réalité plus complexe : hors « dépenses exceptionnelles » et soutien au secteur bancaire, le déficit grec s'établissait en 2013 à 2,1 %. Mieux : Athènes dégageait même un excédent primaire de 0,8 % du PIB - c'est à dire qu'en faisant exception du service de la dette, l'administration grecque a collecté plus d'argent qu'elle n'en a dépensé.Ces résultats ne sont pas suffisants pour la troïka, qui réclame à la Grèce qu'elle prouve sa stabilité budgétaire à l'horizon 2015/2016 avant de déserrer l'étau de l'austérité.Des aides toujours en suspens. Entre les différents plans d'aide européens et internationaux, la restructuration d'une partie de sa dette et le financement classique de l'Union européenne, la Grèce a touché pas moins de 380 milliards d'euros depuis 2007. Un peu plus de 10 milliards doivent encore être prêtés à la Grèce : 7 milliards par le FMI, et 3,6 milliards par les Européens, pour la dernière tranche de leur deuxième plan de sauvetage.2. Sortir de l'euro est-il juridiquement possible ?Les traités européens ne prévoient pas la possibilité pour un Etat de quitter la zone euro. La Commission européenne l'a rappelé le 5 janvier pour tenter de dissiper les rumeurs : l'appartenance d'un pays à la zone euro est « irrévocable ».Dès lors, deux possibilités s'offriraient à la Grèce si elle voulait le faire, comme l'expliquait déjà en 2011 l'économiste Eric Dor :La voie légale : elle sort carrément de l'Union européenne (grâce à l'article 50 du traité de Lisbonne), puis y ré-adhére dans la foulée en négociant une exception lui permettant de ne pas avoir à entrer dans la zone euro (comme le Royaume-Uni, la Suède ou le Danemark l'ont fait dans les années 1990).La voie exceptionnelle : les Vingt-Huit amendent les traités européens pour y introduire une clause de sortie de la zone euro, pour permettre à la Grèce de quitter la monnaie unique sans devoir claquer la porte de l'UE. Il serait même possible, selon certains observateurs, de contourner le droit européen si tout le monde (Commission et Etats-membres) était d'accord.Lire : Les élections grecques ne seront « pas le déclencheur d’une crise », selon M. Moscovici3. Le scénario de sortie de la Grèce est-il plausible ?Le parti de la gauche radicale Syriza, favori des sondages pour les prochaines élections en Grèce, ne prône pas la sortie d'Athènes de la zone euro, contrairement au parti néo-nazi Aube dorée, par exemple. Ce sont plutôt les conséquences indirectes de son programme qui font ressurgir les craintes d'un scénario de « Grexit » (« Greece Exit »).Le parti d'Alexis Tsipras exige en effet une révision des politiques d'austérité et de réforme imposées par la troïka de ses créanciers (FMI, Banque centrale et Commission européennes) et propose à l'inverse une politique de relance pour l'économie grecque (créations d'emplois publics, rétablissement du salaire minimal, investissements). Mais surtout, il souhaite renégocier la dette restante de la Grèce avec ses créanciers.Autant de perspectives qui effraient les marchés financiers et irritent ses voisins européens. Si elle était délaissée par les investisseurs, la Grèce pourrait replonger dans la situation castrophique qui a failli la conduire à la sortie de l'euro en 2011-2012.Lire : Une sortie de la Grèce coûterait cher à la zone euroSans qu'une telle extrêmité arrive, le bâton du « Grexit » pourrait également être brandi comme menace par la Commission européenne et les Etats européens, Allemagne en tête. D'autant que sans l'aide européenne, Athènes est incapable de se financer seule sur les marchés, avec des taux d'emprunts tournant aujourd'hui autour de 9 %Tout porte donc à croire que Syriza et Bruxelles vont chercher un compromis. En renonçant au moratoire sur le remboursement de la dette qu'il prônait encore récemment, le parti de gauche radicale pourrait négocier une restructuration pour avoir un peu d'air. Cela pourra prendre la forme d'un étalement ou même de l'effacement d'une partie des dettes.Lire aussi : Pourquoi Syriza ne fait pas (trop) peur à BruxellesMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 24.01.2015 à 13h04 • Mis à jour le25.01.2015 à 17h20 L'essentielCes bombardements ont touché le port stratégique de Marioupol, dernière grande ville de l'Est séparatiste prorusse contrôlée par Kiev.Les combats entre l'armée ukrainienne et les séparatistes prorusses se sont aggravés depuis quelques jours dans l'est du pays, après quelques semaines de trêve.L'armée loyaliste a été contrainte d'abandonner du terrain face aux séparatistes, notamment le très stratégique aéroport de Donetsk. Au moins 30 civils ont été tués et une plus de 80 autres blessés, samedi 24 janvier, lors de bombardements d'un quartier de Marioupol, port stratégique dans le sud-est de l'Ukraine et  dernière grande ville contrôlée par Kiev dans la région, a indiqué le ministère de l'intérieur ukrainien.« L'offensive sur Marioupol a débuté aujourd'hui. Ce sera le meilleur hommage à toutes les victimes », a confirmé Alexandre Zakhartchenko, le « président » de la République populaire autoproclamée de Donetsk (DNR), cité par l'agence publique russe Ria Novosti. Le même homme avait annoncé, vendredi, le début d'une offensive dans toute la région, à Marioupol, donc, mais aussi à Debaltseve, une ville au nord-est de Donetsk.L'armée ukrainienne a précisé qu'il s'agissait de « tirs rebelles au lance-roquettes multiples Grad sur le faubourg Est de Marioupol » et que des maisons et des écoles avaient été détruites par des missiles Grad. « Les rebelles n'ont pas besoin de la paix, ils exécutent les ordres du Kremlin pour une escalade de la situation dans le Donbass », bassin minier en proie depuis avril à une rébellion armée prorusse, a ajouté l'état-major de l'opération ukrainienne dans l'Est.« UNE GRAVE DÉTÉRIORATION » Le chef de l'Etat ukrainien, Petro Porochenko, a convoqué pour dimanche une réunion d'urgence du conseil de sécurité afin de décider des mesures à prendre face à une « dégradation rapide » de la situation. « De la région de Louhansk jusqu'à Marioupol, partout des groupes armés illégaux, épaulés par des unités russes, sont passés à l'offensive », a annoncé le ministre de la défense Stepan Poltorak. Kiev estime qu'environ 9 000 soldats russes se trouvaient sur le territoire ukrainien. Moscou continue de nier avoir envoyé des forces et des armes, malgré ce que l'Occident présente comme des preuves irréfutables. « Cette escalade va inévitablement provoquer une grave détérioration des relations entre l'UE et la Russie », a affirmé la représentante de la diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini. L'OSCE – dont les experts qui se sont rendus sur le site ont conclu que les bombardements provenaient de deux positions contrôlées par les séparatistes prorusses – a condamné ce bombardement « téméraire, aveugle et honteux » et demandé « un cessez-le-feu immédiat ». Un tel cessez-le-feu, signé entre les deux camps à l'automne, n'a été respecté par personne. De son côté, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a « condamné fermement » ces bombardements. Il a argué « que les roquettes semblent avoir été lancées de manière aveugle sur des zones civiles, ce qui constituerait une violation des lois humanitaires internationales ». M. Ban a par ailleurs dénoncé les déclarations belliqueuses des séparatistes prorusses.Au bord de la mer d'Azov, le port de Marioupol est stratégique, étant un axe majeur entre le territoire russe et la Crimée, région que Moscou a annexée en mars. Sa perte serait une catastrophe pour l'armée ukrainienne, qui a reconnu jeudi avoir subi un lourd revers en étant contrainte d'abandonner sa principale position dans l'aéroport de Donetsk. Depuis avril, près de 5 000 personnes ont été tuées dans les combats entre Ukrainiens et rebelles prorusses, selon l'ONU, qui a constaté que le conflit est entré dans sa « phase la plus meurtrière » depuis le mois de septembre.Lire l'analyse : La chute de l’aéroport de Donetsk, tournant symbolique de la guerre en Ukraine 23.01.2015 à 21h21 L'affaire « Luxleaks » continue à créer des remous au Luxembourg. Depuis la révélation par plusieurs médias, dont Le Monde, de ce vaste scandale d'accords fiscaux entre le Luxembourg et des multinationales, la police luxembourgeoise mène l'enquête pour déterminer les sources de cette fuite. Un deuxième ressortissant français a été inculpé, vendredi 23 janvier, de « vol domestique, violation du secret professionnel, violation de secret d'affaires, blanchiment et accès frauduleux à un système de traitement automatisé de données ».Lire aussi : Evasion fiscale : tout sur les secrets du LuxembourgL'auteur de la fuite présumée, Antoine Deltour, ancien collaborateur du cabinet d'audit PWC Luxembourg, avait été inculpé le 12 décembre 2014. L'identité du second prévenu n'a pas été dévoilée, mais il s'agit d'un ressortissant français âgé de 38 ans, lui aussi ancien collaborateur du cabinet PWC Luxembourg, a-t-on appris auprès d'une source proche du dossier. Il est poursuivi pour le vol de 16 documents, des déclarations fiscales de sociétés américaines clientes du cabinet PWC dont la publications le 9 décembre 2014 constitue le second volet de l'affaire Luxleaks. Les deux anciens collaborateurs de PWC n'auraient pas agi de façon concertée, selon les premiers éléments de l'enquête.Lire aussi : Luxleaks : le Français auteur des fuites dénonce « des stratégies à l'échelle industrielle »Selon les dirigeants de PWC Luxembourg, Antoine Deltour a copié les données confidentielles transmises à la presse peu avant son départ du cabinet d'audit en septembre 2010. Le second collaborateur a lui agi en 2012. Le scandale LuxLeaks a éclaboussé le nouveau président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui était premier ministre du Luxembourg lorsque ces accords ont été passés par l'administration fiscale du Grand-Duché. Elisa Perrigueur La Syriza, le parti de la gauche radicale, créditée de 32,5 % des intentions de vote, selon une des dernières enquêtes d'opinion avant les élections législatives anticipées du 25 janvier en Grèce, est aux portes du pouvoir, même si une victoire totale n'est pas acquise. Aucun sondage ne lui donne en effet la majorité absolue de cent cinquante et un sièges sur les trois cents que compte le Parlement.Si c'est le cas, deux possibilités s'offriront alors à elle : créer un gouvernement de coalition avec des petits partis ou se contenter de leur soutien au Parlement dans le cadre d’un gouvernement minoritaire. Dans les deux cas, la politique qu'entend appliquer son leader, Alexis Tsipras, sera en rupture totale avec celle menée par le gouvernement de droite actuel, et obligera le pays à revoir ses relations avec l'Europe.Lire l'analyse : En Grèce, la victoire annoncée de la gauche radicaleDes négociations (musclées) avec la « troïka » La « troïka » des créanciers de la Grèce — Banque centrale européenne (BCE), Fonds monétaire international (FMI) et Commission européenne — craint désormais moins un « Grexit » (une sortie du pays de la zone euro), techniquement difficile, qu'une longue et âpre négociation autour du plan d'aide dont a bénéficié le pays.M. Tsipras, qui a tenté de rassurer les sphères européennes pendant la campagne, a aussi voulu le faire, ces derniers jours, vis-à-vis de ses électeurs : la Syriza « affrontera » les créanciers, qui ont prêté jusqu'ici 240 milliards d'euros au pays, en échange de réformes, a-t-il promis. Dans une tribune intitulée « La Grèce peut équilibrer ses comptes sans tuer la démocratie » publiée dans le Financial Times, le 20 janvier , il exposait :« Nous avons le devoir de négocier ouvertement, honnêtement et entre égaux avec nos partenaires européens. »Et de répéter, optimiste : « Nous ne sommes pas en 2012 [en mai, lors des précédentes législatives], il y a une marge de négociation. » La Syriza souhaite obtenir l'annulation d'une partie de la dette, de 321,7 milliards d’euros (qui représente 175 % du produit intérieur brut), et modifier le mécanisme de remboursement du reste de la charge. « Une dette est une dette, c'est un contrat. Faire défaut, restructurer, changer les termes a des conséquences sur la signature » d'un pays, a prévenu la directrice du FMI, Christine Lagarde, le 19 janvier dans les colonnes du Irish Times.Lire l'analyse : Une sortie de la Grèce coûterait cher à la zone euroUn changement radical pour les Grecs, selon LA SyrizaImage précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-54c4fffd9ead5'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 18\r\n \r\n \r\nA Ath\u00e8nes, l'organisation non gouvernementale Galini sert 250 repas chaque jour aux sans-abri et aux familles dans le besoin.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\nDans cette Gr\u00e8ce d\u00e9class\u00e9e pr\u00eate \u00e0 voter Syriza\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"A Ath\u00e8nes, l'organisation non gouvernementale Galini sert 250 repas chaque jour aux sans-abri et aux familles dans le besoin.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":0,"position":1,"total_count":18,"item_lie":{"titre":"Dans cette Gr\u00e8ce d\u00e9class\u00e9e pr\u00eate \u00e0 voter Syriza","link":"\/europe\/article\/2015\/01\/19\/dans-cette-grece-declassee-prete-a-voter-syriza_4558894_3214.html"},"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 18\r\n \r\n \r\n\u00a0Dans une banque alimentaire cr\u00e9\u00e9e par l'ONG Galini \u00e0 Ath\u00e8nes, 250 repas sont servis chaque jour pour les sans-abri et les familles dans le besoin.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00a0Dans une banque alimentaire cr\u00e9\u00e9e par l'ONG Galini \u00e0 Ath\u00e8nes, 250 repas sont servis chaque jour pour les sans-abri et les familles dans le besoin.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":1,"position":2,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 18\r\n \r\n \r\nDes enfants sans-abri dans les rues d'Ath\u00e8nes. A cause de la crise \u00e9conomique et des mesures d'aust\u00e9rit\u00e9, la hausse du ch\u00f4mage touche d\u00e9sormais toutes les g\u00e9n\u00e9rations.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des enfants sans-abri dans les rues d'Ath\u00e8nes. A cause de la crise \u00e9conomique et des mesures d'aust\u00e9rit\u00e9, la hausse du ch\u00f4mage touche d\u00e9sormais toutes les g\u00e9n\u00e9rations.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":2,"position":3,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 18\r\n \r\n \r\nSoin p\u00e9diatrique \u00e0 la polyclinique de M\u00e9decins du monde.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Soin p\u00e9diatrique \u00e0 la polyclinique de M\u00e9decins du monde.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":3,"position":4,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 18\r\n \r\n \r\nUn jeune fille avec sa m\u00e8re \u00e0 l'unit\u00e9 de p\u00e9diatrie de M\u00e9decins du monde qui fournit des soins de sant\u00e9 gratuits.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un jeune fille avec sa m\u00e8re \u00e0 l'unit\u00e9 de p\u00e9diatrie de M\u00e9decins du monde qui fournit des soins de sant\u00e9 gratuits.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":4,"position":5,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 18\r\n \r\n \r\nUn sans-abri dormant dans le centre d'Ath\u00e8nes. Il a v\u00e9cu dans la rue pendant plus de trois ans et b\u00e9n\u00e9ficie aujourd'hui du soutien d'organisations humanitaires, comme Klimaka.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un sans-abri dormant dans le centre d'Ath\u00e8nes. Il a v\u00e9cu dans la rue pendant plus de trois ans et b\u00e9n\u00e9ficie aujourd'hui du soutien d'organisations humanitaires, comme Klimaka.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":5,"position":6,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 18\r\n \r\n \r\nChristina, toxicomane, en visiste m\u00e9dicale \u00e0 la polyclinique de M\u00e9decins du monde.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Christina, toxicomane, en visiste m\u00e9dicale \u00e0 la polyclinique de M\u00e9decins du monde.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":6,"position":7,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 18\r\n \r\n \r\nMelina, b\u00e9n\u00e9vole de l'ONG Klimaka, vient en aide aux sans-abri dans le quartier du Pir\u00e9e.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Melina, b\u00e9n\u00e9vole de l'ONG Klimaka, vient en aide aux sans-abri dans le quartier du Pir\u00e9e.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":7,"position":8,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 18\r\n \r\n \r\nUn sans-abri attend la fourgonnette de l'ONG Klimaka, qui fournit une alimentation quotidienne aux personnes dans le besoin.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un sans-abri attend la fourgonnette de l'ONG Klimaka, qui fournit une alimentation quotidienne aux personnes dans le besoin.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":8,"position":9,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 18\r\n \r\n \r\nDans la polyclinique de l'ONG M\u00e9decins du monde.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Dans la polyclinique de l'ONG M\u00e9decins du monde.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":9,"position":10,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_9.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 11 \/ 18\r\n \r\n \r\nUn sans-abri, place Klathmonos, \u00e0 Ath\u00e8nes.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un sans-abri, place Klathmonos, \u00e0 Ath\u00e8nes.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":10,"position":11,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_10.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 12 \/ 18\r\n \r\n \r\nUne femme sans abri attend des v\u00eatements et de la nourriture fournis par l'ONG Klimaka qui lutte contre l'exclusion sociale.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une femme sans abri attend des v\u00eatements et de la nourriture fournis par l'ONG Klimaka qui lutte contre l'exclusion sociale.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":11,"position":12,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_11.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 13 \/ 18\r\n \r\n \r\nD\u00e9pistage de maladies sexuellement transmissibles \u00e0 la polyclinique de M\u00e9decins du monde.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"D\u00e9pistage de maladies sexuellement transmissibles \u00e0 la polyclinique de M\u00e9decins du monde.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":12,"position":13,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_12.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 14 \/ 18\r\n \r\n \r\nSoin p\u00e9diatrique \u00e0 la polyclinique de M\u00e9decins du monde.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Soin p\u00e9diatrique \u00e0 la polyclinique de M\u00e9decins du monde.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":13,"position":14,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_13.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 15 \/ 18\r\n \r\n \r\n\u00a0250 repas sont servis chaque jour pour les sans-abri par l'ONG Galini.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00a0250 repas sont servis chaque jour pour les sans-abri par l'ONG Galini.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":14,"position":15,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_14.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 16 \/ 18\r\n \r\n \r\nDans la polyclinique de M\u00e9decins du monde.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Dans la polyclinique de M\u00e9decins du monde.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":15,"position":16,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_15.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 17 \/ 18\r\n \r\n \r\nDes sans-abri attendant de la nourriture et des v\u00eatements fournis par l'ONG Klimaka.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des sans-abri attendant de la nourriture et des v\u00eatements fournis par l'ONG Klimaka.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":16,"position":17,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_16.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 18 \/ 18\r\n \r\n \r\nUne famille \u00e0 la recherche d'un abri pour passer la nuit dans le centre d'Ath\u00e8nes.\r\nCr\u00e9dits : Myrto Papadopoulos pour "Le Monde"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une famille \u00e0 la recherche d'un abri pour passer la nuit dans le centre d'Ath\u00e8nes.","source":"Myrto Papadopoulos pour \"Le Monde\"","index":17,"position":18,"total_count":18,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/01\/19\/a-athenes-une-precarite-de-plus-en-plus-visible_4558684_3214_17.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Après cinq ans de récession et de politique économique de rigueur, la Syriza séduit à grand renfort de promesses sociales. Son « programme de Thessalonique » comporte deux grands chantiers : le traitement de « la crise humanitaire » et la relance de la croissance. Parmi les mesures, on relève :Le courant électrique gratuit pour trois cent mille ménages. Des milliers de foyers défavorisés sont sans courant pour cause d'impayés auprès de la compagnie nationale d'électricité, DEI ;La suppression de la nouvelle loi d'imposition du patrimoine immobilier (Enfia). Cette taxe prolonge, sous une autre appellation, un impôt instauré en 2011 et inclus directement dans la facture d'électricité ;Création de trois cent mille emplois ;Le rétablissement du salaire minimal à 751 euros. Celui-ci a été abaissé à 586 euros en 2012 ;La gratuité des soins de santé pour tous. Près d'un quart des Grecs n'ont plus de couverture sociale, selon l'organisation non gouvernementale Médecins du monde.Réouverture de l'ERT (Ellinikí Radiofonía Tileórasi). Le groupe audiovisuel public employant deux mille salariés avait brutalement fermé en 2013 dans le cadre des suppressions de postes dans le service public.Douze milliards d'euros. C'est la somme que veut trouver le parti au cours des deux prochaines années pour financer ces mesures, grâce à la relance, à la lutte contre l'évasion fiscale et la contrebande, à la réaffectation des ressources issues du programme européen et des ressources issues du fonds de stabilité financière. « Ce n'est pas réaliste, ils doivent obtenir l'accord des créanciers pour ces ressources, met en doute Takis Michas, journaliste et analyste pour le Wall Street Journal. Les promesses non tenues de la Syriza pourraient ramener la colère dans la rue. »>> Lire le reportage : Dans cette Grèce déclassée prête à voter SyrizaUne victoire symbolique pour la gauche radicale en EuropeL'arrivée de la Coalition de la gauche radicale (Synaspismós Rhizospastikís Aristerás, Syriza) à la tête du pays, après son ascension fulgurante, fascine de nombreux partis de la gauche radicale européens, qui y voient un appui populaire à leur lutte contre les politiques de rigueur dans la zone euro. Pablo Iglesias, dirigeant de Podemos, en Espagne, voit en cette probable victoire « le retour de la souveraineté nationale » pour les pays du Sud, davantage minés par la crise économique.En France, le coprésident du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon prédit un « effet domino » et parle de « printemps européen ». Peu convaincu de réelles retombées politiques, Takis Michas nuance : « Il ne faut pas oublier qu'aucun pays d'Europe ne s'identifie à la Grèce, qui fait figure de cas à part dans la zone euro. » Et d'ajouter : « Je ne suis pas impressionné par le score de la Syriza dans les sondages, je pensais qu'ils feraient bien mieux, vu la situation économique catastrophique de la Grèce. » Sûr de son influence, Alexis Tsipras le maintient toutefois, une « victoire de la Syriza sera un tournant historique pour l'Europe ».Lire le reportage : La gauche de la gauche voit en Syriza son espoir pour la Francelmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2femvo"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2femvo", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Elisa PerrigueurJournaliste au Monde Cédric Pietralunga (Davos, envoyé spécial) Quel changement de ton ! Oublié, ou presque, le « french bashing », qui prévalait il y a encore quelques mois. À l’instar de la cote de popularité de François Hollande, qui remonte en France – elle part de très bas – l’image de la France se redresse, elle aussi, auprès des grands décideurs mondiaux.« Il y a encore beaucoup d’incompréhensions et parfois d’agressivité sur des sujets comme le droit du travail ou la fiscalité, mais ce n’est plus le "french bashing" de ces deux dernières années », assure un patron tricolore habitué de la station alpine.« C’est un pays où il faut investir et nous allons le faire »Bien sûr, il y a l’« effet Charlie », qui génère une empathie pour tout ce qui est tricolore. « C’est fou, chacun des interlocuteurs que je rencontre commence par un speech de 5 minutes pour dire combien il est solidaire » après les attentats à Paris, qui ont fait 20 morts au total, raconte un autre PDG. Mais, assurent la plupart des dirigeants tricolores croisés à Davos, il y a également le début d’un changement de perception sur l’Hexagone. L’adoption du pacte de responsabilité, la mise en place du CICE et plus récemment la loi Macron sont autant d’éléments vus positivement par les chefs d’entreprise étrangers présents dans la station suisse.« Ils ne connaissent pas nécessairement tout le détail, mais ils ont le sentiment que la France est en train de bouger et cela les intéresse », rapporte un consultant français. Mieux, certains dirigeants étrangers, et non des moindres, n’hésitent plus à dire publiquement tout le bien qu’ils pensent de l’Hexagone.« Vous avez parmi les meilleures start-up du monde, c’est impressionnant, explique par exemple John Chambers, le PDG de l’américain Cisco. La France est en train de prendre le mouvement, c’est un pays où il faut investir et nous allons le faire. » La démonstration tricolore au CES de Las Vegas, début janvier, a notamment impressionné la planète « high-tech » : la délégation française était la deuxième plus importante du grand rendez-vous de l’électronique grand public, avec 70 entreprises représentées.La belle cote des start-up françaises aux Etats-UnisDéjeuner avec 20 patronsConscient que certains malentendus, autour notamment de la taxe à 75 %, devaient être éclaircis, François Hollande a profité de sa visite à Davos, vendredi 23 janvier, pour déjeuner avec vingt chefs d’entreprise étrangers et responsables de fonds d’investissement, comme Jack Ma (Alibaba), Guo Ping (Huawei), Paul Bulcke (Nestlé) ou Bader Al Sa’ad, le responsable du fonds souverain du Koweït (KIA).« La discussion a été très dynamique, assure Michel Sapin, ministre des finances, qui accompagnait le chef de l’Etat. Il y a eu beaucoup de questions posées, sur le marché du travail notamment, avec parfois quelques stéréotypes, mais aussi beaucoup d’observations positives sur la créativité française, la qualité de nos ingénieurs, nos dispositifs d’aide à l’innovation… »Selon M. Sapin, certains chefs d’entreprise ont même proposé leurs services pour aider la France. « Jack Ma a, par exemple, fait une intervention très intéressante pour dire que la Chine allait demain devenir un grand pays importateur et non plus seulement exportateur, et qu’il était prêt à donner sa chance aux PME françaises pour qu’elles puissent vendre des produits en Chine via sa plate-forme Alibaba », raconte le ministre des finances.La France essaie d’attirer Alibaba« La France a une carte à jouer », confirme Pierre Nanterme, le patron tricolore du cabinet anglo-saxon Accenture, lui aussi ravi du changement de ton perçu à Davos. « Le monde n’a jamais été aussi complexe. Or, les Français sont parmi les meilleurs pour gérer la complexité, grâce à notre enseignement des mathématiques. C’est pour cela que nos multinationales s’en sortent très bien, parce que nous avons parmi les meilleurs dirigeants », poursuit M. Nanterme, avant de lancer : « Ce monde est fait pour les Français ! »Cédric Pietralunga (Davos, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.01.2015 à 14h24 • Mis à jour le15.01.2015 à 14h34 Le Parlement ukrainien a adopté une loi prévoyant trois vagues de « mobilisation partielle » de réservistes dans l'armée en 2015 pour répondre au conflit qui s'enlise face aux rebelles séparatistes prorusse dans l'Est du pays. Selon ce texte, qui fait suite à un décret présidentiel signé la veille, la première vague débutera le 20 janvier et mobilisera environ 50 000 personnes. Les autres phases sont prévues en avril et juin.Le décret du président Petro Porochenko justifie cette décision par la nécessité d'« une réaction adéquate aux menaces causées par les actions agressives de la Russie » et qui pèsent sur la « sécurité nationale », l'« indépendance » de l'Ukraine et son « intégrité territoriale ».Après quelques semaines de calme relatif, les combats dans l'Est connaissent un net regain depuis plusieurs jours, rappelant les pires heures du conflit l'été dernier. Mardi, douze civils ont notamment été tués dans un bus frappé par une roquette qui visait un barrage ukrainien à Volnovakha, la plus sanglante attaque contre des civils depuis les accords de paix de Minsk en septembre.CRAINTE D'UNE GUERRE GÉNÉRALISÉELe secrétaire du Conseil national de sécurité ukrainien Olexandre Tourtchinov a évoqué devant les députés « deux scénarios » pour l'avenir. « Le premier est la reprise des hostilités à grande échelle et une attaque avec la participation active des forces armées russes, dont les conséquences pourraient devenir une guerre continentale à grande échelle, a-t-il assuré. Le deuxième scénario implique des tentatives du Kremlin visant à empêcher la stabilisation de la situation en Ukraine. »Moscou chercherait ainsi à « épuiser » Kiev économiquement, militairement et moralement pour « mettre en œuvre son objectif : la destruction de l'Etat indépendant d'Ukraine », a-t-il estimé.« L'Ukraine se prépare à la guerre. Nous sommes prêts à donner la réponse adéquate. Nous ne sommes pas faibles », a répondu le président de la « république » autoproclamée de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko.Lire aussi (édition abonnés) : La diplomatie piétine dans le dossier ukrainien Christine Salvadé (Genève, correspondance) Un euro pour 1,20 franc suisse, c’est fini. La Banque nationale suisse (BNS) a mis fin, jeudi 15 janvier dans la matinée, à ce taux plancher qui avait été fixé le 6 septembre 2011.Mais cette annonce, inattendue, a eu pour effet de faire remonter brutalement la valeur du franc suisse face à l’euro et de faire plonger la Bourse suisse.Pourquoi le taux plancher avait-il été mis en place ?Le « cours plancher » avait pour but de limiter l’appréciation du franc suisse : c’est-à-dire que les autorités suisses toléraient que l’on puisse avec 1,20 franc acheter 1 euro, mais pas que l’on puisse acquérir 1 euro avec 1,15 franc.Plus la valeur du franc suisse face à l'euro baisse, plus, en fait, la valeur du franc suisse augmente : il faut de moins en moins de franc suisse pour acheter un euro.Ce cours avait été fixé en septembre 2011, au plus fort de la crise des dettes souveraines en zone euro, le franc suisse faisant office de valeur refuge.Dans la pratique, la banque centrale devait acheter en masse des devises étrangères pour contenir sa propre devise.Lire aussi notre décryptage sur le mécanisme du cours plancherPourquoi le taux plancher est-il supprimé maintenant ?« Nous avons étudié notre bilan et sommes arrivés à la conclusion que le moment de mettre fin au taux plancher était arrivé, maintenant et non pas dans six mois ou dans un an », a déclaré, jeudi après-midi, Thomas Jordan, président de la direction générale de la BNS.Un peu plus tôt, dans un communiqué, la BNS avait indiqué, que « le franc demeure certes à un niveau élevé, mais depuis l’introduction du cours plancher, sa surévaluation s’est dans l’ensemble atténuée ». Elle évoque également le net affaiblissement de l’euro par rapport au dollar.En décembre, face aux secousses sur les marchés monétaires liées à la chute du rouble, la BNS avait déjà été contrainte de procéder à un nouvel ajustement en imposant un taux négatif sur les dépôts que les banques effectuent auprès d'elle.Récemment, les pressions spéculatives s’étaient accentuées sur le cours plancher du franc suisse. Même après l’annonce de l’introduction des taux d’intérêt négatifs, en décembre 2014, juste après Noël, rappelle le quotidien Le Temps.Selon Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque, « on peut clairement appréhender la décision de la Suisse comme une action préventive juste avant que la BCE ne lance son programme de rachats de dettes souveraines le 22 janvier qui va encore un peu plus diluer la valeur de l’euro et faire échec à sa politique monétaire ».Le franc suisse s’envole et la Bourse chuteThomas Jordan a admis que cette décision pourrait être « momentanément douloureuse ».Sitôt l’annonce faite, la Bourse suisse a dévissé : à 12 H 30 locales, l’indice SMI des 20 valeurs vedettes perdait 12,04 %, affichant 8 093,81 points.« Personne ne s’attendait à l’abandon du cours du plancher sans mise en garde préalable », relève Christopher Dembik.« La Banque nationale suisse a choqué les investisseurs », renchérit Connor Campbell, analyste chez Spreadex, relevant que la réaction immédiate a été « explosive ».De fait, la réaction à la décision de la BNS n’a pas tardé sur le marché des changes. Le franc suisse s’est apprécié en flèche par rapport à l’euro, celui-ci valant un peu plus de 1,1608 franc à 11 h 05, contre 1,20 franc environ juste avant l’annonce de la BNS.Un peu avant 11 heures, la monnaie suisse a même atteint 0,8517 franc suisse pour un euro, un sommet historique, puisque la devise suisse n’avait jamais franchi le seuil de parité d’un euro pour un franc suisse, depuis l’introduction de la monnaie unique en 1999.L'annonce de la BNS a levé un vent de panique en Pologne où quelque 700 000 ménages détiennent des crédits immobiliers en devise helvétique, le zloty décrochant de près de 20% face au franc suisse. La bourse de Varsovie chutait jeudi de quelque 2 % à la mi-journée.Les entreprises suisses exportatrices évoquent un « tsunami »Autre conséquence : en l’espace de quelques instants, les produits suisses à l’exportation sont devenus 30 % plus chers, du fait de l’abandon du taux plancher.Les entreprises suisses exportatrices risquent donc d’avoir des difficultés à vendre leurs produits à l’étranger.« Ce que la BNS provoque là, c'est un tsunami », a déclaré, à l'agence ATS, Nick Hayek, directeur général de Swatch Group, numéro un mondial de l'horlogerie, estimant que cela aura des répercussions pour « l'industrie d'exportation, le tourisme, mais également pour l'ensemble de la Suisse ».« Il n'est pas possible que nos PME - la colonne vertébrale de notre économie - soient ainsi abandonnées », a réagi Swissmechanic, l’organisation patronale de l'industrie des machines. Plus de 80% de ces PME exportent leur production, essentiellement vers l'Union européenne et plus particulièrement en Allemagne.La banque suisse UBS estime que les exportations vont diminuer de 5 milliards de francs suisses et que la croissance de l’économie helvétique devrait être amputée de 0,7 point de pourcentage.En revanche, pour les milliers de frontaliers travaillant en Suisse, l’effet est positif : ils sont les grands gagnants indirects de l'opération puisque leur revenu a progressé de 30 %.Comment la Suisse compte-t-elle atténuer l’effet de sa décision ?Pour que cette suppression n’entraîne pas de durcissement inopportun des conditions monétaires, la BNS a abaissé considérablement les taux d’intérêt appliqués aux dépôts effectués par les banques auprès d’elle.Elle avait déjà instauré, fin 2014, un taux négatif sur les dépôts bancaires au-delà d’un certain seuil - une première depuis les années 1970 - afin de rendre dissuasifs ces dépôts et pousser les banques à investir cet argent. Jeudi, la BNS a annoncé que le taux passait à -0,75 % contre - 0,25 %.À l’avenir, elle continuera de prendre en compte la situation sur le marché des changes pour définir sa politique.« Cela signifie probablement qu’elle envisage une gestion des changes non plus sur une devise, mais sur un panier de devises. Cette solution a été évoquée récemment par le Conseil fédéral », relève l’économiste et analyste financier François Savary.Pourquoi ne pas l’avoir annoncé dans la foulée ? « Il faut d’abord que le marché des changes se stabilise », répond M. Savary.Le cabinet d’analyse économique londonien Capital Economics estime que la BNS « sera bientôt obligée d’intervenir pour empêcher une rapide appréciation de la devise helvétique vis-à-vis de l’euro ».Christine Salvadé (Genève, correspondance)Journaliste au Monde 15.01.2015 à 10h35 • Mis à jour le15.01.2015 à 12h35 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Mauvaise nouvelle pour l’équipe de Jean-Claude Juncker, à la Commission européenne : les présidents des groupes politiques du Parlement de Strasbourg ont validé, jeudi 15 janvier, la constitution d’une commission d’enquête sur l’affaire « LuxLeaks », la politique ultra-avantageuse du fisc luxembourgeois pour attirer les multinationales, révélée en novembre 2014. M. Juncker a été premier ministre du Grand-Duché pendant près de 19 ans.Sous l’impulsion des Verts, notamment de l’eurodéputée Eva Joly, un total de 194 signatures avait été recueillies, mercredi 14 janvier - il en faut 188 au minimum, selon les règlements du Parlement, pour démarrer une commission d’enquête.Le feu vert définitif au lancement de cette commission reste toutefois encore à donner. Martin Schulz, le président du Parlement, veut un recomptage : 20 députes conservateurs et 25 socio-démocrates ont rejoint Eva Joly. Les conservateurs cherchent à convaincre les leurs de retirer leurs signatures.« Cette commission, c’était le minimum que le Parlement pouvait faire suite à ce scandale de dumping fiscal. Nous, eurodéputés, nous devons en savoir le plus possible. L’injustice qui est faite aux citoyens de l’Union est trop grande », explique Eva Joly.Eviter de déstabiliser les institutionsJusqu’alors, les eurodéputés conservateurs et sociaux-démocrates du Parlement, qui ont contribué à l’élection de M. Juncker en 2014, avaient fait bloc pour éviter que l’affaire LuxLeaks déstabilise un président de la commission tout nouvellement élu.Le but n’était pas d’étouffer le scandale, mais d’éviter qu’il déstabilise des institutions européennes, déjà affaiblies par la montée de l’euroscepticisme partout dans l’Union.Ainsi, une motion de censure déposée par les eurosceptiques (Marine Le Pen, Nigel Farage), avait été aisément repoussée, fin novembre à Strasbourg.La commission Juncker résiste à la pression des europhobesDans la foulée, les sociaux-démocrates et les conservateurs ont mis en place une simple mission d’enquête, sous le contrôle des responsables de la « commission Econ », ces eurodéputés qui s’occupent plus spécialement du travail législatif sur les sujets économiques et fiscaux.Mais les chefs des deux partis majoritaires n’ont pas pu contrôler totalement leurs troupes, certains conservateurs se sont laissés convaincre. Et les Verts ont finalement réussi à s’entendre avec la gauche radicale.Changement de dimension En tout cas, avec la commission d’enquête, dont le mandat précis et les rapporteurs doivent être encore négociés (et validés par un vote en séance plénière), le travail du Parlement sur LuxLeaks va changer de dimension.La commission dispose en effet de douze mois (avec des prolongations de trois mois possibles), pour mener ses investigations.Une quarantaine de députés pourra auditionner des acteurs clés de LuxLeaks - dont probablement le président de la commission, M. Juncker -, effectuer des voyages dans certains pays. Ils disposeront d’une mini-administration pour les soutenir dans leur travail.Juncker se défend sur LuxLeaks : « Nous n’avions pas le choix, il fallait diversifier notre économie »« C’est vraiment dommage, la commission va faire perdre beaucoup de temps à l’exécutif européen. On avait un momentum politique là, avec LuxLeaks, pour aller vite et obtenir des pays membres qu’ils acceptent des dispositifs anti fraude et évasion fiscale. On risque de le laisser passer », peste un responsable conservateur au Parlement.« La commission d’enquête n’empêche absolument pas la Commission européenne de travailler. Et par ailleurs, l’enquête du Parlement ne se limitera pas au Luxembourg. D’autres, comme les Pays-Bas, pratiquent un dumping fiscal encore plus important », assure Mme Joly.De fait, consciente de l’impact délétère sur les opinions publiques des révélations LuxLeaks, la Commission européenne, et son président, M. Juncker, ont pris à plusieurs reprises l’engagement, fin 2014, de faire de la lutte contre l’évasion et la fraude fiscale en Europe une de leurs priorités.Les Européens avancent dans la lutte contre l’optimisation fiscaleObtenir plus de transparenceEn charge de la concurrence, la commissaire danoise Margrethe Vestager a reçu l’assurance de travailler en toute indépendance, et poursuit les enquêtes formelles lancées mi-2014, pour aides d’Etat, concernant Amazon au Luxembourg, Starbuck aux Pays-Bas, et Apple en Irlande.Ses services ont par ailleurs annoncé fin 2014 qu’ils avaient demandé plus d’informations à tous les pays de l’Union qui pratiquent les « rescrits » (ces accords fiscaux préalables avec les entreprises).Par ailleurs, le commissaire à l’économie et à la fiscalité, Pierre Moscovici prépare pour la fin du premier trimestre un texte législatif obligeant à la transmission automatique des rescrits fiscaux.Il dit vouloir aller le plus loin possible dans la transparence : pour les spécialistes, c’est en tout cas un moyen jugé efficace pour lutter contre les abus.Dans un deuxième temps, M. Moscovici a dit qu’il s’attacherait à un chantier considéré comme encore plus difficile, celui de l’harmonisation des bases fiscales pour les entreprises.Un projet de directive existe mais il est complètement bloqué au Conseil, où les États n’avaient jusqu’à présent pas réussi à s’entendre, un grand nombre n’étant pas du tout prêt à la convergence de leurs impôts sur les sociétés.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.01.2015 à 09h09 • Mis à jour le15.01.2015 à 11h31 | Marie Charrel Mercredi 14 janvier, l’euro est tombé à 1,1729 dollar. Une première depuis novembre 2005. Et, surtout, une valeur inférieure à son cours d’introduction, en janvier 1999 (1,1747 dollar).Cette baisse continue de la monnaie unique européenne (-10 % face au dollar depuis l’été 2014, - 5 % face aux autres devises) constitue-t-elle une bonne nouvelle pour les entreprises européennes, et françaises en particulier ? La réponse est : oui et… non.L’effet de ce recul n’est pas homogène suivant les secteurs d’activité. Certaines entreprises y gagnent. D’autres pas. En effet, avec le recul de l’euro, le prix de tout ce qui est facturé en dollar augmente, notamment les matières premières. Cela veut dire que les gros importateurs, comme les entreprises du BTP, sont donc perdants.Tout comme les compagnies aériennes, qui vendent leurs billets en euros, mais achètent le kérosène en dollars. « Entre le carburant, les redevances et les pièces détachées, beaucoup de nos coûts augmentent avec la hausse du billet vert », confirme-t-on chez Air France. Le groupe voit néanmoins sa compétitivité augmenter face à ses concurrents basés en zone dollar, telles les compagnies du Golfe.Le luxe, l’aéronautique et l’agroalimentaire haut de gamme y gagnentÀ l’inverse, les entreprises qui fabriquent dans la zone euro et exportent en dehors sont gagnantes : la baisse de l’euro gonfle leurs marges. Leurs produits paraissent moins chers que ceux en dollars : leur « compétitivité prix » augmente.Selon les calculs du CEPII, un euro 10 % plus faible gonfle la valeur des exportations de 7,5 % en moyenne.  Les premiers à profiter de cet effet sont les groupes du luxe, de l’aéronautique et de l’agroalimentaire haut de gamme. Pour Airbus, par exemple, 10 centimes d’euro de moins, pendant au moins un an, représente une hausse de 1 milliard d’euros du résultat opérationnel. Chez Pernod Ricard, on estime qu’une hausse de 1 % du dollar améliore le résultat d’exploitation de 16 millions d’euros.Ces effets doivent néanmoins être nuancés. D'abord, parce que les entreprises se « couvrent » des variations de change, ce qui en limite l'impact à la hausse comme à la baisse.De plus, sur certains créneaux de niche, celles-ci ont peu d'effet sur les ventes. « Nous vendons des compresseurs à air sur mesure à des industriels, ils ne nous en achètent pas plus quand l'euro baisse », témoigne ainsi Laurent Vronski, directeur général de la PME Ervor. Enfin, les PME qui n'exportent pas, ou uniquement dans la zone euro, sont elles aussi peu concernées.L’euro baisse, bonne nouvelle ?Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.01.2015 à 02h15 • Mis à jour le15.01.2015 à 11h49 En rendant hommage devant les députés du Bundestag aux victimes des attentats perpétrés la semaine dernière en France au nom du djihadisme, la chancelière allemande a promis, jeudi 15 janvier, de combattre les idéologues du terrorisme. « Ceux qui prononcent des paroles de haine, qui commettent des actes violents au nom de l'islam, leurs complices et les idéologues du terrorisme international seront combattus avec rigueur, en employant tous les moyens à la disposition d'un Etat de droit », a promis Angela Merkel, dans un discours devant la chambre basse du Parlement allemand, à l'issue d'une minute de silence.Elle a assuré aux juifs d'allemagne comme aux musulmans d'Allemagne qu'ils seraient protégés par les autorités.« Nous en Allemagne, nous ne nous laisserons pas diviser. Chaque terroriste qui déclenche une explosion ou qui tire sur quelqu'un sait qu'il vise des gens qu'il ne connaît pas et qui ne lui ont rien fait. Ce faisant, chaque terroriste prend une décision dont il doit assumer la responsabilité. Nous poursuivrons avec résolution les actes antisémites avec tous les moyens de l'Etat de droit (…) Il en va de même pour les attaques contre les mosquées. » AMITIÉ FRANCO-ALLEMANDE « Nous sommes choqués et stupéfaits par la mort des 17 personnes innocentes. Notre compassion va aux proches des victimes, aux blessés et au peuple français. (…) L'Allemagne et la France ont une amitié particulière. L'Allemagne et la France sont ensemble en ces jours difficiles. Nous sommes conscients qu'il n'y a pas de sécurité chez nous en Allemagne, s'il n'y a pas de sécurité en France. La France et l'Allemagne ont des destins inséparables l'un de l'autre dans la mondialisation. »RESTRICTIONS AUX VOYAGESMercredi, le gouvernement allemand avait déjà annoncé le renforcement des restrictions aux voyages pour empêcher les djihadistes potentiels de se rendre dans des zones de combat en Syrie et en Irak. Les personnes soupçonnées de vouloir partir à l'étranger pour participer au djihad pourront désormais se voir priver de carte d'identité en Allemagne. Cette mesure vient compléter une loi précédente qui autorisait déjà la saisie de leurs passeports. La carte d'identité est en effet le seul document nécessaire pour voyager au sein de l'Union européenne et vers la Turquie, ce qui aurait permis à au moins vingt candidats au djihad privés de passeport de rejoindre les zones de combat, a estimé le gouvernement lors d'une séance de questions parlementaires. La plupart ont gagné la Turquie par voie terrestre ou aérienne, avant de traverser la frontière turco-syrienne, tandis que d'autres sont passés par la Belgique ou les Pays-Bas pour brouiller les pistes, d'après le ministère de l'intérieur.Les suspects se verront remettre une carte d'identité de remplacement, pour une période de 3 ans au maximum, sur laquelle l'interdiction de voyager sera mentionnée.Lire : « Les événements de Paris ont convaincu les manifestants de Pegida que leurs préoccupations sont fondées »« DISPROPORTIONNÉ » POUR L'OPPOSITIONLes Verts, dans l'opposition, ont mis en cause l'efficacité d'un tel texte. « Le risque existe que les terroristes présumés, confrontés à l'obligation de rendre leurs papiers d'identité, mettent leurs projets à exécution sur le champ », a estimé la députée Irene Mihalic, citée par l'agence allemande DPA.Jan Korte, spécialiste de politique intérieure au sein du parti de gauche radicale Die Linke, a de son côté rappelé que les papiers d'identité servaient dans un grand nombre de situations, comme pour souscrire un forfait téléphonique ou pour réceptionner un colis, pas uniquement pour voyager. Avec la carte de remplacement, vendeurs de téléphones portables, facteurs, livreurs, seront immédiatement au courant des soupçons de terrorisme pesant sur leur interlocuteur a-t-il fait valoir, jugeant cette mesure disproportionnée.180 DJIHADISTES RENTRÉSL'Allemagne cherche depuis plusieurs mois à renforcer son arsenal de lutte contre le terrorisme, craignant des attentats perpétrés par des djihadistes qui reviendraient sur le territoire allemand. Selon le quotidien Rheinische Post, qui cite des sources au sein des services de sécurité, plus de 600 Allemands sont allés se battre en Syrie et environ 180 en seraient revenus.Dans un texte qui devrait être discuté courant janvier, le gouvernement prévoit par ailleurs de pénaliser tous les préparatifs pour le djihad ou l'expédition d'armes, modifiant une loi de 2009 qui ne punissait que le retour des combats. La loi ciblera, par exemple, les tentatives de quitter l'Allemagne en emportant des armes, des gilets pare-balles ou des équipements de visée nocturne.Enfin, le ministre de la justice Heiko Maas a annoncé avant la fin du mois un durcissement des peines encourues pour le financement du terrorisme, même quand les sommes en jeu sont très faibles. Une quatrième piste, qui divise le gouvernement, concerne le stockage par les opérateurs des données téléphoniques, des emails et des connections internet pour les communiquer aux enquêteurs.Les conservateurs de la CDU d'Angela Merkel réclament cette mesure depuis longtemps, mais les sociaux-démocrates s'y opposent en invoquant le respect de la vie privée.Lire (édition abonnés) : L’UE cherche une réponse au défi djihadiste 14.01.2015 à 18h09 • Mis à jour le15.01.2015 à 09h04 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Audrey Garric L'Europe a mis fin à des années de blocage sur le dossier OGM. Mardi 13 janvier, les eurodéputés ont adopté à une large majorité (480 voix contre 159), en deuxième lecture, un amendement à une directive datant de 2001, permettant à un pays de l'Union de s'opposer aux cultures d'organismes génétiquement modifiés sur son territoire, même si une autorisation a été délivrée au niveau de Bruxelles. Dans le même temps, cette législation, qui entrera en vigueur au printemps, devrait faciliter la culture de semences transgéniques sur un Vieux Continent hostile aux biotechnologies.Jusqu'à présent, la Commission autorisait les OGM après avis de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), mais se retrouvait systématiquement confrontée à l'hostilité des Etats anti-OGM lors des conseils européens et ne parvenait pas à obtenir de majorité qualifiée lors des votes. De leur côté, les Etats « anti-OGM » (ils sont 19, dont la France, à s'opposer à ces cultures) ne pouvaient interdire les cultures transgéniques qu'en prenant sur leur territoire des clauses de sauvegarde ou des mesures d'urgence pour des motifs environnementaux et sanitaires. Une procédure très fragile juridiquement.Lire le décryptage : OGM : tout comprendre au nouveau cadre européenDésormais, les capitales pourront évoquer également des motifs de politique agricole, d'aménagement du territoire ou des conséquences socio-économiques. Dans le détail, les Etats qui souhaitent bannir des OGM devront négocier avec les semenciers, sous la houlette de la Commission, pour leur demander d'être retirés du périmètre de culture proposé par les entreprises. Si la firme refuse, l'Etat membre pourra néanmoins interdire de manière unilatérale l'OGM. Ce qui devrait, en toute logique, empêcher les firmes des biotechnologies (Monsanto, etc.) de contester leurs décisions devant la Cour de justice de l'Union européenne.DISTORSION DE CONCURRENCEPourtant, beaucoup d'eurodéputés, à part la famille sociale-démocrate, restent sur leur faim, ou alors franchement insatisfaits. Les anti, comme les pro-OGM. Côté conservateurs – majoritaires dans l'hémicycle –, on dénonce, à l'instar du député UMP Alain Lamassoure, un « recul de l'Europe qui va laisser les pays décider comme ils l'entendent ». Le texte voté mardi prévoit ainsi des garde-fous, pour éviter la dissémination des OGM d'un pays qui en aurait autorisé la culture à un voisin. Mais la nature des « zones tampons » à mettre en place, leur surface, etc., tout cela sera à la discrétion des capitales.Autre crainte des députés conservateurs : « Ce texte risque d'introduire une distorsion de concurrence entre agriculteurs, entre ceux des pays qui ont autorisé les cultures et les autres. Ce serait redoutable », relève l'eurodéputée UMP Françoise Grossetête. Les Verts, qui ont voté contre le texte, soulignent aussi ce risque de distorsion de concurrence, mais à l'inverse pour les agriculteurs n'utilisant pas d'OGM. RECOURS D'UNE FIRME OGMMais surtout, José Bové, pour la délégation française, s'inquiète qu'en voulant corriger une incertitude juridique la nouvelle directive en introduise d'autres, peut-être plus graves, selon lui. « On n'est pas à l'abri d'un recours d'une firme des biotechnologies contre un Etat européen qui déciderait de s'opposer à une semence génétiquement modifiée, en utilisant des mécanismes d'arbitrage privé [prévus dans de nombreux traités bilatéraux entre Etats], au motif que leur investissement dans ce pays en pâtira », assure l'eurodéputé français. « D'autres pourraient être tentées de faire un recours devant l'Organisation mondiale du commerce [OMC], pour entrave au commerce, en instrumentalisant un petit pays extra-européen [seuls des pays peuvent faire des recours devant cette instance] », ajoute M. Bové. Or, l'OMC peut sanctionner des décisions politiques basées sur des arguments socio-économiques et non scientifiques.« Certains Etats anti-OGM vont se retrouver dans une position schizophrénique, prévient en outre Eric Meunier, chargé de mission pour l'association Inf'OGM. Ils pourront interdire un OGM sur leur territoire mais, en échange, la Commission européenne attend qu'ils ne s'opposent pas à l'autorisation de cet OGM dans le reste de l'Europe. »HUIT OGM EN ATTENTE D'AUTORISATIONUne chose est sûre, la nouvelle législation va accélérer la mise en culture de semences transgéniques sur le sol européen. Conséquence des années de blocage, un seul OGM est actuellement cultivé en Europe : le maïs MON810 du groupe américain Monsanto. Cette semence, plantée presque exclusivement en Espagne et au Portugal, fait l'objet d'un moratoire dans huit pays, tandis que la France a voté une loi en mai 2014 pour interdire la culture des maïs transgéniques. Trois autres semences génétiquement modifiées ont été autorisées mais abandonnées par les entreprises qui les commercialisaient, faute de débouchés : le maïs Bt176 de Syngenta, le maïs T25 de Bayer et la pomme de terre Amflora de BASF.Or, huit dossiers d'OGM attendent une autorisation européenne de culture, selon Inf'OGM : le MON810 (demande de renouvellement), le TC1507 de l'Américain Pioneer, proposé à la culture par la Commission en novembre 2013 sous la pression d'un arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne, ainsi que six autres maïs de Pioneer, Dow AgroSciences et Syngenta. Les premières mises en culture ne devraient pas intervenir avant 2016, au vu des délais pour la mise en œuvre de la nouvelle législation.D'ici là, la situation pourrait même encore avoir changé. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a ainsi inscrit dans ses priorités de 2015 la révision de la procédure d'autorisation des OGM. La controverse n'est peut-être pas close.Audrey GarricChef adjointe du service Planète/Sciences du MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.01.2015 à 14h15 • Mis à jour le15.01.2015 à 14h52 | Eric Nunès Les images étaient belles, dimanche 11 janvier. Celles d'un peuple uni derrière des valeurs communes, un moment de grâce républicaine qui ressemblait à de l'unité nationale. Mais dans les collèges et les lycées de la République, l'heure n'est pas forcément au recueillement ou à la main tendue. Plusieurs professeurs ont répondu à un appel à témoignages du Monde.fr. Les noms des professeurs ont été modifiés.Dos aux tableaux noirs de leurs salles de classe, ces enseignants expliquent leurs difficultés à faire passer un message humaniste à nombre de leurs élèves. Ils soulignent toutefois l'occasion qui leur est offerte de rappeler quelques principes, comme la liberté d'expression ou la laïcité.Lire le reportage : A Saint-Denis, collégiens et lycéens ne sont pas tous « Charlie »« Charlie l'a cherché »Professeur ardéchois, Christian C. souligne que les élèves musulmans sont également les victimes de la défiance que ne manqueront pas d'engendrer ces attentats . « Il faut entendre ces élèves dire qu'ils ont peur qu'on les montre du doigt, les entendre dire à quel point l'islam n'a strictement rien à voir avec les terroristes, que les terroristes ne sont pas musulmans... et les entendre dire combien ils sont sincèrement choqués par certains dessins de Charlie Hebdo. »Si la majorité des élèves ont été marqués par la violence des tueries, nombreux sont aussi ceux qui « trouvent que Charlie Hebdo l'a bien cherché », témoigne Christophe T., professeur d'anglais dans le nord de Paris. Même discours dans un lycée professionnel lyonnais :« C'est bien fait pour eux, ils n'avaient qu'à ne pas insulter le Prophète », rapporte Alban N., résumant ce qu'il a entendu de la part de certains élèves dans sa classe.Des propos qui trouvent un écho bien au-delà des zones urbaines et périurbaines. Dans un collège rural des Alpes-de-Haute-Provence, Sylvie S., professeure de mathématiques, entend également : « Il ne fallait pas insulter, on va répliquer ! » Ces réactions sont « minoritaires», mais loin d'être isolées, selon les dizaines de témoignages reçus.Lire aussi : Dans une classe de 6e à Paris : « Les élèves ont besoin de parler de l'attentat contre "Charlie Hebdo" »Deux poids deux mesures« On n'est pas Charlie ! » Pour les élèves d'un cours pour jeunes adultes bruxellois, le message est clair, selon leur professeur d'économie, Paul-Henri G : « On en a marre de toujours se faire insulter. » Dans la salle de classe, « on ne voit pas la différence entre la caricature de la religion par Charlie et l'insulte des religionnaires ou l'incitation à la haine de Dieudonné », analyse l'enseignant.Il y aurait « deux poids deux mesures ». C'est le point de vue de collégiens parisiens rapporté par Elias C., enseignant. D'un côté, « Dieudonné avait été censuré et empêché de s'exprimer au théâtre alors que Charlie Hebdo avait pu continuer à se moquer de l'islam et du prophète Mahomet ». Pourquoi rendre hommage aux victimes des attentats de Charlie Hebdo et pas « une minute de silence pour les Palestiniens ou l'Afrique? », ont interpellé des collégiens.Lire l'interview d'Abdelkrim Branine, rédacteur en chef de Beur FM : « Il faut écouter ceux qui disent “Je ne suis pas Charlie”»Le décalage est également médiatique, selon Bertrand L., professeur dans un lycée havrais : « Certains élèves semblaient vaguement fascinés, admiratifs de l'action menée par les terroristes... Le contraste est saisissant avec les reportages télévisés, montrant des jeunes, issus visiblement des 'beaux quartiers parisiens', effondrés et aux réactions pleines d'humanité. »Quelles sont les valeurs que doit défendre la République ? L'éducation nationale doit jouer un rôle majeur dans la formation civique de jeunes dont « les seuls interlocuteurs à la maison sont les réseaux sociaux », estime une enseignante de Seine-Saint-Denis. « Il faut trouver un programme commun et national pour apaiser cette situation et faire comprendre que la laïcité est notre fondement », souligne-t-elle.« J'ai une classe d'adolescents de 16 à 17 ans, raconte Sarah C., enseignante en Suisse. Beaucoup ne comprenaient pas le mot 'intégriste' issu de la caricature de Charlie Hebdo. Pour la plupart, 'intégriste' voulait dire : 'celui qui intègre' ! Une fois l'explication du mot fournie, un élève a réagi : 'Mais madame, eux aussi utilisent des mots qu'on ne comprend pas ! ». « L'éducation est précieuse », estime l'enseignante.Lire également : « Charlie », Dieudonné… : quelles limites à la liberté d'expression ? Eric NunèsJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter TGC'den Cumhuriyet gazetesi açıklaması geldi— cumhuriyet.com.tr (@cumhuriyetgzt)require(["twitter/widgets"]);Dans la capitale, un petit groupe d'étudiants hostiles à cette publication a défilé devant le journal, sans incident, selon l'agence de presse gouvernementale Anatolie. Jacques Follorou Nommé en juin 2013 par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, Jean-Paul Laborde, ancien magistrat français, occupe les fonctions de directeur exécutif du Comité contre le terrorisme (CTED) rattaché au Conseil de sécurité. Après les attentats de Paris, il ne juge pas nécessaire un Patriot Act à la française, préférant appliquer les lois déjà existantes et accroître la coopération entre les Etats européens.Mardi 13 janvier, devant le Parlement français, Manuel Valls a reproché à l’Europe d’être un frein à la lutte antiterroriste, notamment en bloquant l’adoption d’un fichier commun sur les échanges de données des passagers européens dit « PNR » (Passenger Name Record). Est-ce justifié ?Tout d’abord, permettez-moi de présenter mes plus sincères condoléances aux familles de toutes les victimes des attentats du 7 janvier. Je tiens également à condamner, dans les termes les plus fermes, les actes terroristes commis à Paris, ainsi que l’attaque qui a eu lieu à Sanaa au Yémen et qui a causé la mort de 37 personnes le même jour, car hélas la barbarie du terrorisme s’étend au monde entier. Il faut ajouter que les actes terroristes contre Charlie Hebdo n’ont pas seulement pris pour cible des êtres humains innocents, mais constituent également une atteinte inadmissible aux libertés d’expression et d’opinion, ainsi qu’une agression intolérable vis-à-vis des médias.Il me semble, en effet, qu’un « PNR européen », qui regrouperait tous les éléments venant de tous les Etats de l’Union européenne, serait à la fois plus efficace et plus protecteur de la liberté des citoyens que des plans nationaux qui pourraient créer des disparités entre les Etats membres avec des niveaux de réponses et des protections des libertés civiles différentes selon les pays. Enfin, je tiens à mentionner que, sur la question des combattants terroristes étrangers, le Conseil de sécurité a reconnu, en décembre 2014, qu’un « PNR » est une bonne pratique internationale qui aide la police des frontières dans ses contrôles.Certains responsables politiques français souhaitent la mise en place d’un Patriot Act en France. Que pensez-vous d’une telle éventualité ?Certes, à la suite de tels événements, il peut y avoir une tentation légitime de renforcer encore le dispositif juridique antiterroriste. Mais la France a récemment adopté une loi qui vise à prévenir et à réprimer le phénomène des combattants terroristes étrangers. Elle a été adoptée, il y a à peine deux mois. Sa mise en œuvre et son efficacité doivent tout d’abord être éprouvées pour ensuite examiner si d’autres mesures doivent être prises à l’avenir.Concernant la mise en place d’une loi similaire à celle du Patriot Act, il faut souligner que la France a des obligations en vertu des traités européens qu’elle a signés et qu’elle ne pourrait envisager une loi comme le Patriot Act sans entraîner des questionnements sur les règles de la libre circulation dans l’espace de l’Union européenne. Par contre, on peut bien entendu penser à une meilleure coopération européenne pour l’échange d’informations à tous les niveaux (renseignements, police, judiciaire, justice). Mais ces décisions se prennent au niveau de l’Union.Quoi qu’il en soit, en général, les lois antiterroristes doivent prendre en compte principalement trois éléments : la nature de la menace spécifique au pays, les impératifs de coopération internationale résultant des conventions et protocoles auxquels l’État membre est partie et qui permettent aux pays de faire face à la menace. Et enfin les obligations internationales concernant les droits de l’homme. Tel est le message du Conseil de sécurité et de son Comité contre le terrorisme.Certes, toute mesure pénale prise au niveau national fait partie intégrante du droit souverain exclusif des Etats membres. Mais pour faire face au mode opératoire actuel des terroristes, couplé à la nouvelle menace posée par les combattants terroristes étrangers, il est certainement nécessaire de réfléchir au niveau européen à plus d’harmonisation et d’intégration des systèmes de justice pénale entre les Etats membres.Est-il souhaitable, comme dans le cas américain, que les services de renseignement aient le monopole d’une politique de sécurité en matière d’antiterrorisme ? Une stratégie nationale intégrée destinée à contrer le terrorisme et le phénomène des combattants djihadistes, incluant notamment le dialogue avec l’ensemble des acteurs de la société civile, est une nécessité. Que les citoyens s’opposent à cette barbarie est un devoir et la grande marche du 11 janvier à Paris constitue une démonstration ferme de la volonté de s’opposer au terrorisme. Il convient de ne pas laisser retomber cet élan.A ce sujet, le système éducatif, les médias et le cercle familial doivent constituer des vecteurs essentiels pour s’opposer à l’extrémisme violent. En outre, il est également vital que l’Etat protège la liberté de culte, et que les chefs religieux affirment ensemble leur engagement ferme contre l’extrémisme violent. Personne n’a le monopole de la lutte contre le terrorisme, mais tout le monde doit faire face à ses responsabilités.La France a régulièrement dénoncé les failles du système dit Schengen de contrôle des frontières extérieures de l’Europe. Est-ce fondé ?Sans entrer dans des débats trop techniques, on notera que la menace est souvent extracommunautaire et qu’elle résulte, en grande partie, de déplacements de combattants terroristes étrangers potentiels dans des pays non-membres de l’Union. Il s’agit donc d’obtenir des renseignements précis sur ces déplacements hors de l’Union européenne.Pour la sécurité des frontières, en particulier pour les Etats membres de l’espace Schengen, toute menace contre un de ces Etats concerne donc aussi ses partenaires, de sorte que certaines problématiques, que l’on cherche à résoudre au niveau national, doivent peut-être se traiter au niveau européen. Pour cela, il est souhaitable d’engager davantage les institutions européennes concernées dans le processus de sécurisation des frontières, telles Eurojust et Europol. Enfin, il faut rappeler que la résolution 2178 du Conseil de sécurité a également confié au Comité que je dirige de travailler sur le phénomène des combattants terroristes étrangers.En réalité, la question est surtout liée aux voyages que de jeunes adultes, voire des mineurs, citoyens de l’Union, peuvent effectuer en dehors de l’Union, avec simplement une carte d’identité, et au fait qu’ils se rendent sur des zones où sévissent des groupes terroristes, pour y être endoctrinés et formés aux techniques de combat. Il est certain aussi que la mobilité des terroristes doit être contrée et que cela passe par des contrôles aux frontières. A cet égard, la France peut, par exemple, exploiter les dispositions du traité de Lisbonne pour améliorer encore sa situation. Peut-être est-il également temps de mettre en place au niveau européen un centre de coordination des acteurs chargés du contrôle des frontières. Ces quatre organes (Eurojust, Europol, Frontex, INTCEN) constituent les principaux éléments.Ne pensez-vous que la lutte européenne contre le terrorisme se heurte surtout au fait que les Etats membres considèrent que le renseignement relève de la souveraineté nationale ?La coopération entre les services de renseignement est essentielle. Les Etats ont chacun leurs méthodes, leurs principes et privilégient la coopération bilatérale. Ce qui compte, c’est que cette coopération permette de lutter efficacement contre le terrorisme et que tous les Etats mettent cette menace au premier rang de leur travail national de renseignement.Il est sûr qu’il existe une bonne coopération des services européens sur ces questions. A ce sujet, ne serait-il donc pas plus judicieux, si cela est nécessaire, de renforcer les structures existantes plutôt que d’en créer de nouvelles et d’ajuster leurs méthodes de travail aux menaces actuelles.Jacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Peines de prison, confiscation des biens, saisie des comptes bancaires : les familles des personnes condamnées pour actes de terrorisme pourraient être coresponsables pénalement. Un projet de loi en ce sens a été déposé par le Parlement tchétchène à la Douma, le Parlement russe, lundi 12 janvier, afin de modifier la loi fédérale. S’il était adopté, les nouvelles dispositions seraient alors appliquées sur tout le territoire russe.Ce texte, qualifié par des défenseurs des droits de l’homme de « retour au Moyen Age », fait par ailleurs explicitement référence à la peine de mort, pourtant objet d’un moratoire depuis 1996 en Russie – une condition requise pour sa participation au Conseil de l’Europe. Il fait surtout suite à l’assaut sanglant mené à Grozny, la capitale tchétchène, par un commando armé dans la nuit du 4 décembre 2014, au cours duquel 25 hommes, dont 14 membres des forces de sécurité, sont morts.Dès le lendemain, plusieurs maisons considérées comme appartenant à des proches du commando avaient été incendiées en représailles. Et Ramzan Kadyrov, le président de cette petite République musulmane membre de la Fédération de Russie, avait prévenu : « C’est fini le temps où l’on pouvait dire que les parents ne sont pas responsables de leurs fils ou de leurs filles. En Tchétchénie, ils seront responsables ! »Interprétations extensivesLe parlement local lui a emboîté le pas. Dans une note explicative, les élus estiment que « les sanctions définies par le code pénal ne sont pas suffisantes pour prévenir ces crimes ». La responsabilité des familles doit, selon eux, être engagée, à condition que ces dernières, définies comme « parents et/ou proches, membres de la famille ou autres personnes », aient apporté une aide « sous quelque forme que ce soit » aux terroristes.« MÊME SOUS STALINE, ON DISAIT QUE LE FILS N’EST PAS RESPONSABLE DU PÈRE ET VICE VERSA », S’EST ALARMÉE LA MILITANTE DES DROITS DE L’HOMME SVETLANA GANNOUCHKINA »Des formulations suffisamment vagues qui font craindre des interprétations extensives. « J’espère que la Douma ne va pas adopter ce projet de loi. Même sous Staline, on disait que le fils n’est pas responsable du père et vice versa », s’est alarmée la militante des droits de l’homme Svetlana Gannouchkina, citée par l’agence de presse Interfax. Il faudra prouver qu’il y a eu aide, tempère Igor Kaliapine, fondateur du comité contre la torture. « La pratique d’expulser des proches de combattants juste parce qu’ils sont de la famille, ou la destruction de leur habitation, sera et restera illégale, et même plus, criminelle », affirme-t-il.La colère de M. Kadyrov s’étend aujourd’hui à Paris. Tout en se proclamant sur son compte Instagram « l’ennemi le plus acharné des terroristes au monde », le dirigeant tchétchène, connu pour ses outrances, estime qu’« on ne peut pas assurer la sécurité à Paris, à Londres, à Madrid et ailleurs si, dans le monde entier, on n’accuse pas ceux qui, sous prétexte de soutien à une opposition, fournissent des armes et de l’argent aux terroristes ». Il a surtout pris la tête d’un mouvement hostile aux caricatures, allant jusqu’à laisser planer au lendemain des manifestations historiques en France, des menaces contre les médias russes « tentés par cette aventure ». Ajoutant : « Si aujourd’hui, on ne dit rien, cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas soulever dans le monde entier des millions de personnes pour des marches de protestation contre ceux qui se permettent d’insulter les sentiments religieux des musulmans. C’est ce que vous voulez ? »Mercredi, M. Kadyrov a annoncé passer à l’action, en organisant le 19 janvier une manifestation ­contre Charlie-Hebdo à Grozny, pour laquelle, il promet déjà « 500 000 personnes ».Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.01.2015 à 14h15 • Mis à jour le14.01.2015 à 16h50 | Eric Nunès Les images étaient belles, dimanche 11 janvier. Celles d'un peuple uni derrière des valeurs communes, un moment de grâce républicaine qui ressemblait à de l'unité nationale. Mais dans les collèges et les lycées de la République, l'heure n'est pas forcément au recueillement ou à la main tendue. Plusieurs professeurs ont répondu à un appel à témoignages du Monde.fr. Les noms des professeurs ont été modifiés.Dos aux tableaux noirs de leurs salles de classe, ces enseignants expliquent leurs difficultés à faire passer un message humaniste à nombre de leurs élèves. Ils soulignent toutefois l'occasion qui leur est offerte de rappeler quelques principes, comme la liberté d'expression ou la laïcité.Lire le reportage : A Saint-Denis, collégiens et lycéens ne sont pas tous « Charlie »« Charlie l'a cherché »Professeur ardéchois, Christian C. souligne que les élèves musulmans sont également les victimes de la défiance que ne manqueront pas d'engendrer ces attentats . « Il faut entendre ces élèves dire qu'ils ont peur qu'on les montre du doigt, les entendre dire à quel point l'islam n'a strictement rien à voir avec les terroristes, que les terroristes ne sont pas musulmans... et les entendre dire combien ils sont sincèrement choqués par certains dessins de Charlie Hebdo. »Si la majorité des élèves ont été marqués par la violence des tueries, nombreux sont aussi ceux qui « trouvent que Charlie Hebdo l'a bien cherché », témoigne Christophe T., professeur d'anglais dans le nord de Paris. Même discours dans un lycée professionnel lyonnais :« C'est bien fait pour eux, ils n'avaient qu'à ne pas insulter le Prophète », rapporte Alban N., résumant ce qu'il a entendu de la part de certains élèves dans sa classe.Des propos qui trouvent un écho bien au-delà des zones urbaines et périurbaines. Dans un collège rural des Alpes-de-Haute-Provence, Sylvie S., professeure de mathématiques, entend également : « Il ne fallait pas insulter, on va répliquer ! » Ces réactions sont « minoritaires», mais loin d'être isolées, selon les dizaines de témoignages reçus.Lire aussi : Dans une classe de 6e à Paris : « Les élèves ont besoin de parler de l'attentat contre "Charlie Hebdo" »Deux poids deux mesures« On n'est pas Charlie ! » Pour les élèves d'un cours pour jeunes adultes bruxellois, le message est clair, selon leur professeur d'économie, Paul-Henri G : « On en a marre de toujours se faire insulter. » Dans la salle de classe, « on ne voit pas la différence entre la caricature de la religion par Charlie et l'insulte des religionnaires ou l'incitation à la haine de Dieudonné », analyse l'enseignant.Il y aurait « deux poids deux mesures ». C'est le point de vue de collégiens parisiens rapporté par Elias C., enseignant. D'un côté, « Dieudonné avait été censuré et empêché de s'exprimer au théâtre alors que Charlie Hebdo avait pu continuer à se moquer de l'islam et du prophète Mahomet ». Pourquoi rendre hommage aux victimes des attentats de Charlie Hebdo et pas « une minute de silence pour les Palestiniens ou l'Afrique? », ont interpellé des collégiens.Lire l'interview d'Abdelkrim Branine, rédacteur en chef de Beur FM : « Il faut écouter ceux qui disent “Je ne suis pas Charlie”»Le décalage est également médiatique, selon Bertrand L., professeur dans un lycée havrais : « Certains élèves semblaient vaguement fascinés, admiratifs de l'action menée par les terroristes... Le contraste est saisissant avec les reportages télévisés, montrant des jeunes, issus visiblement des 'beaux quartiers parisiens', effondrés et aux réactions pleines d'humanité. »Quelles sont les valeurs que doit défendre la République ? L'éducation nationale doit jouer un rôle majeur dans la formation civique de jeunes dont « les seuls interlocuteurs à la maison sont les réseaux sociaux », estime une enseignante de Seine-Saint-Denis. « Il faut trouver un programme commun et national pour apaiser cette situation et faire comprendre que la laïcité est notre fondement », souligne-t-elle.« J'ai une classe d'adolescents de 16 à 17 ans, raconte Sarah C., enseignante en Suisse. Beaucoup ne comprenaient pas le mot 'intégriste' issu de la caricature de Charlie Hebdo. Pour la plupart, 'intégriste' voulait dire : 'celui qui intègre' ! Une fois l'explication du mot fournie, un élève a réagi : 'Mais madame, eux aussi utilisent des mots qu'on ne comprend pas ! ». « L'éducation est précieuse », estime l'enseignante.Lire également : « Charlie », Dieudonné… : quelles limites à la liberté d'expression ? Eric NunèsJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter TGC'den Cumhuriyet gazetesi açıklaması geldi— cumhuriyet.com.tr (@cumhuriyetgzt)require(["twitter/widgets"]);Dans la capitale, un petit groupe d'étudiants hostiles à cette publication a défilé devant le journal, sans incident, selon l'agence de presse gouvernementale Anatolie. Jacques Follorou Nommé en juin 2013 par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, Jean-Paul Laborde, ancien magistrat français, occupe les fonctions de directeur exécutif du Comité contre le terrorisme (CTED) rattaché au Conseil de sécurité. Après les attentats de Paris, il ne juge pas nécessaire un Patriot Act à la française, préférant appliquer les lois déjà existantes et accroître la coopération entre les Etats européens.Mardi 13 janvier, devant le Parlement français, Manuel Valls a reproché à l’Europe d’être un frein à la lutte antiterroriste, notamment en bloquant l’adoption d’un fichier commun sur les échanges de données des passagers européens dit « PNR » (Passenger Name Record). Est-ce justifié ?Tout d’abord, permettez-moi de présenter mes plus sincères condoléances aux familles de toutes les victimes des attentats du 7 janvier. Je tiens également à condamner, dans les termes les plus fermes, les actes terroristes commis à Paris, ainsi que l’attaque qui a eu lieu à Sanaa au Yémen et qui a causé la mort de 37 personnes le même jour, car hélas la barbarie du terrorisme s’étend au monde entier. Il faut ajouter que les actes terroristes contre Charlie Hebdo n’ont pas seulement pris pour cible des êtres humains innocents, mais constituent également une atteinte inadmissible aux libertés d’expression et d’opinion, ainsi qu’une agression intolérable vis-à-vis des médias.Il me semble, en effet, qu’un « PNR européen », qui regrouperait tous les éléments venant de tous les Etats de l’Union européenne, serait à la fois plus efficace et plus protecteur de la liberté des citoyens que des plans nationaux qui pourraient créer des disparités entre les Etats membres avec des niveaux de réponses et des protections des libertés civiles différentes selon les pays. Enfin, je tiens à mentionner que, sur la question des combattants terroristes étrangers, le Conseil de sécurité a reconnu, en décembre 2014, qu’un « PNR » est une bonne pratique internationale qui aide la police des frontières dans ses contrôles.Certains responsables politiques français souhaitent la mise en place d’un Patriot Act en France. Que pensez-vous d’une telle éventualité ?Certes, à la suite de tels événements, il peut y avoir une tentation légitime de renforcer encore le dispositif juridique antiterroriste. Mais la France a récemment adopté une loi qui vise à prévenir et à réprimer le phénomène des combattants terroristes étrangers. Elle a été adoptée, il y a à peine deux mois. Sa mise en œuvre et son efficacité doivent tout d’abord être éprouvées pour ensuite examiner si d’autres mesures doivent être prises à l’avenir.Concernant la mise en place d’une loi similaire à celle du Patriot Act, il faut souligner que la France a des obligations en vertu des traités européens qu’elle a signés et qu’elle ne pourrait envisager une loi comme le Patriot Act sans entraîner des questionnements sur les règles de la libre circulation dans l’espace de l’Union européenne. Par contre, on peut bien entendu penser à une meilleure coopération européenne pour l’échange d’informations à tous les niveaux (renseignements, police, judiciaire, justice). Mais ces décisions se prennent au niveau de l’Union.Quoi qu’il en soit, en général, les lois antiterroristes doivent prendre en compte principalement trois éléments : la nature de la menace spécifique au pays, les impératifs de coopération internationale résultant des conventions et protocoles auxquels l’État membre est partie et qui permettent aux pays de faire face à la menace. Et enfin les obligations internationales concernant les droits de l’homme. Tel est le message du Conseil de sécurité et de son Comité contre le terrorisme.Certes, toute mesure pénale prise au niveau national fait partie intégrante du droit souverain exclusif des Etats membres. Mais pour faire face au mode opératoire actuel des terroristes, couplé à la nouvelle menace posée par les combattants terroristes étrangers, il est certainement nécessaire de réfléchir au niveau européen à plus d’harmonisation et d’intégration des systèmes de justice pénale entre les Etats membres.Est-il souhaitable, comme dans le cas américain, que les services de renseignement aient le monopole d’une politique de sécurité en matière d’antiterrorisme ? Une stratégie nationale intégrée destinée à contrer le terrorisme et le phénomène des combattants djihadistes, incluant notamment le dialogue avec l’ensemble des acteurs de la société civile, est une nécessité. Que les citoyens s’opposent à cette barbarie est un devoir et la grande marche du 11 janvier à Paris constitue une démonstration ferme de la volonté de s’opposer au terrorisme. Il convient de ne pas laisser retomber cet élan.A ce sujet, le système éducatif, les médias et le cercle familial doivent constituer des vecteurs essentiels pour s’opposer à l’extrémisme violent. En outre, il est également vital que l’Etat protège la liberté de culte, et que les chefs religieux affirment ensemble leur engagement ferme contre l’extrémisme violent. Personne n’a le monopole de la lutte contre le terrorisme, mais tout le monde doit faire face à ses responsabilités.La France a régulièrement dénoncé les failles du système dit Schengen de contrôle des frontières extérieures de l’Europe. Est-ce fondé ?Sans entrer dans des débats trop techniques, on notera que la menace est souvent extracommunautaire et qu’elle résulte, en grande partie, de déplacements de combattants terroristes étrangers potentiels dans des pays non-membres de l’Union. Il s’agit donc d’obtenir des renseignements précis sur ces déplacements hors de l’Union européenne.Pour la sécurité des frontières, en particulier pour les Etats membres de l’espace Schengen, toute menace contre un de ces Etats concerne donc aussi ses partenaires, de sorte que certaines problématiques, que l’on cherche à résoudre au niveau national, doivent peut-être se traiter au niveau européen. Pour cela, il est souhaitable d’engager davantage les institutions européennes concernées dans le processus de sécurisation des frontières, telles Eurojust et Europol. Enfin, il faut rappeler que la résolution 2178 du Conseil de sécurité a également confié au Comité que je dirige de travailler sur le phénomène des combattants terroristes étrangers.En réalité, la question est surtout liée aux voyages que de jeunes adultes, voire des mineurs, citoyens de l’Union, peuvent effectuer en dehors de l’Union, avec simplement une carte d’identité, et au fait qu’ils se rendent sur des zones où sévissent des groupes terroristes, pour y être endoctrinés et formés aux techniques de combat. Il est certain aussi que la mobilité des terroristes doit être contrée et que cela passe par des contrôles aux frontières. A cet égard, la France peut, par exemple, exploiter les dispositions du traité de Lisbonne pour améliorer encore sa situation. Peut-être est-il également temps de mettre en place au niveau européen un centre de coordination des acteurs chargés du contrôle des frontières. Ces quatre organes (Eurojust, Europol, Frontex, INTCEN) constituent les principaux éléments.Ne pensez-vous que la lutte européenne contre le terrorisme se heurte surtout au fait que les Etats membres considèrent que le renseignement relève de la souveraineté nationale ?La coopération entre les services de renseignement est essentielle. Les Etats ont chacun leurs méthodes, leurs principes et privilégient la coopération bilatérale. Ce qui compte, c’est que cette coopération permette de lutter efficacement contre le terrorisme et que tous les Etats mettent cette menace au premier rang de leur travail national de renseignement.Il est sûr qu’il existe une bonne coopération des services européens sur ces questions. A ce sujet, ne serait-il donc pas plus judicieux, si cela est nécessaire, de renforcer les structures existantes plutôt que d’en créer de nouvelles et d’ajuster leurs méthodes de travail aux menaces actuelles.Jacques FollorouJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Peines de prison, confiscation des biens, saisie des comptes bancaires : les familles pourraient être coresponsables, pénalement, des personnes condamnées pour actes de terrorisme. Un projet de loi en ce sens a été déposé par le Parlement tchétchène à la Douma, le Parlement russe, lundi 12 janvier, afin de modifier la loi fédérale. S’il était adopté, les nouvelles dispositions seraient alors appliquées sur tout le territoire russe.Ce texte, qualifié par des défenseurs des droits de l’homme de « retour au Moyen Age », fait par ailleurs explicitement référence à la peine de mort, pourtant objet d’un moratoire depuis 1996 en Russie – une condition requise pour sa participation au Conseil de l’Europe. Il fait surtout suite à l’assaut sanglant mené à Grozny, la capitale tchétchène, par un commando armé dans la nuit du 4 décembre 2014, au cours duquel 25 hommes, dont 14 membres des forces de sécurité, sont morts.Maisons incendiées en représaillesDès le lendemain, plusieurs maisons considérées comme appartenant à des proches du commando avaient été incendiées en représailles. Et Ramzan Kadyrov, le président de cette petite République musulmane membre de la Fédération de Russie, avait prévenu : « C’est fini le temps où l’on pouvait dire que les parents ne sont pas responsables de leurs fils ou de leurs filles. En Tchétchénie, ils seront responsables ! »Le parlement local lui a emboîté le pas. Dans une note explicative, les élus estiment que « les sanctions définies par le code pénal ne sont pas suffisantes pour prévenir ces crimes ». La responsabilité des familles doit être à leurs yeux ainsi engagée, à condition que ces dernières, définies comme « parents et/ou proches, membres de la famille ou autres personnes », aient apporté une aide « sous quelque forme que ce soit » aux terroristes.« Même sous Staline, on disait que le fils n’est pas responsable du père et vice-versa », s’est alarmée la militante des droits de l’homme Svetlana GannouchkinaDes formulations suffisamment vagues qui font craindre des interprétations extensives. « J’espère que la Douma ne va pas adopter ce projet de loi. Même sous Staline, on disait que le fils n’est pas responsable du père et vice-versa », s’est alarmée la militante des droits de l’homme Svetlana Gannouchkina, citée par l’agence Interfax. Il faudra prouver qu’il y a eu aide, tempère Igor Kaliapine, fondateur du comité contre la torture. « La pratique d’expulser des proches de combattants juste parce qu’ils sont de la famille, ou la destruction de leur habitation, sera et restera illégale, et même plus, criminelle », affirme-t-il.La colère de M. Kadyrov s’étend aujourd’hui à Paris. Tout en se proclamant sur son compte Instagram « l’ennemi le plus acharné des terroristes au monde », le dirigeant tchétchène, connu pour ses outrances, estime qu’« on ne peut pas assurer la sécurité à Paris, à Londres, à Madrid et ailleurs si, dans le monde entier, on n’accuse pas ceux qui, sous prétexte de soutien à une opposition, fournissent des armes et de l’argent aux terroristes ». Il a surtout pris la tête d’un mouvement hostile aux caricatures, allant jusqu’à laisser planer le 12 janvier, au lendemain des manifestations monstres en France, des menaces contre les médias russes « tentés par cette aventure ». Ajoutant : « Si aujourd’hui, on ne dit rien, cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas soulever dans le monde entier des millions de personnes pour des marches de protestation contre ceux qui se permettent d’insulter les sentiments religieux des musulmans. C’est ce que vous voulez ? »Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Claire Guélaud Le prix du pétrole continuait de baisser, mercredi 14 janvier, en Asie et tout laisse penser qu’il devrait rester bas. C’est une bonne nouvelle pour l’économie mondiale, même si elle va s’accompagner d’un transfert de revenus massif des pays exportateurs vers les pays importateurs.Mercredi en début d’après-midi en Asie, le baril de « light sweet crude » (WTI) pour livraison en février cédait 34 cents à 45,55 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à la même date abandonnait 43,33 cents à 46,16 dollars.Vers 12 H 30 à Paris, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février valait 46,49 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 10 cents par rapport à la clôture de mardi.Lors d’un forum sur l’industrie pétrolière à Abou Dhabi, le ministre koweïtien du pétrole, Ali al-Omaïr, a attribué la dégringolade des cours à une surproduction d’environ 1,8 million de barils par jour (mbj) combinée au ralentissement de l’économie mondiale.M. al-Omaïr a écarté la tenue d’une réunion d’urgence de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) pour envisager une réduction de sa production de 30 mbj.Aux Etats-Unis, l’agence gouvernementale d’information sur l’énergie (EIA) a prévu que la production américaine serait de 9,3 mbj en 2015 et grimperait à 9,5 mbj en 2016. Soit le niveau de production annuel « le plus élevé dans l’histoire des Etats-Unis » après le record de 1970 (9,6 mbj).Le précédent de 1986La surabondance de l’offre, doublée d’une faible demande dans les pays développés et d’une moindre demande chinoise, entretient la baisse spectaculaire des prix.Resté autour de 105 dollars le baril pendant quatre ans, le prix du pétrole a commencé à baisser à l’été 2014, perdant 50 % de sa valeur depuis juin et 40 % depuis septembre, avaient relevé Olivier Blanchard, économiste en chef du Fonds monétaire international et un de ses collègues du FMI, Rabah Arezki, dans un Post de blog publié le 22 décembre 2014.« Une chute des cours aussi spectaculaire s’était produite en 1986 lorsque l’Arabie saoudite avait décidé de ne plus jouer le rôle de producteur d’appoint », avaient-ils observé en rappelant que les prix avaient mis une quinzaine d’années à se redresser.Dans sa note de conjoncture de décembre, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a évalué à plus de 0,4 point de croissance supplémentaire d’ici mi-2015 l’effet combiné des baisses du taux de change et du prix de l’or noir en France. Cette évaluation reposait sur l’hypothèse d’un euro à 1,23 dollar et d’un baril à 70 dollars.Plus récemment, le directeur de COE-Rexecode, Denis Ferrand, a cherché à calculer le montant de la réduction de la facture pétrolière à partir de la valeur des importations de produits pétroliers bruts et raffinés en 2013.En faisant l’hypothèse d’un prix moyen du baril de 82 euros en 2013, 75,20 euros en 2014 et 45 euros en 2015, la facture pétrolière de la France diminuerait de « 5 milliards d’euros en 2014 » et de « 17 à 22 milliards en 2015 ».Bonne nouvelle pour la zone euroLes effets de cette baisse sont très variables. Ils sont fonction de l’intensité énergétique des secteurs d’activité, autrement dit de ce que représentent pour ces derniers les achats de produits énergétiques dans leur valeur ajoutée.L’industrie chimique devrait être la première bénéficiaire de la baisse du cours de l’or noir : ses achats de produits énergétiques représentent en effet 64,9 % de sa valeur ajoutée, contre 23 % dans les transports et seulement 1,4 % dans les services marchands.Mais attention, observe Denis Ferrand, les entreprises n’enregistreront pas immédiatement le bénéfice de la baisse des prix. Et elles peuvent l’utiliser de différentes manières : pour améliorer leur situation financière, pour baisser elles-mêmes leurs prix ou pour faire un peu des deux. « Il est trop tôt, précise l’économiste, pour savoir ce qui ira au redressement des marges, a priori favorable à l’investissement et à l’emploi, et ce qui ira à la baisse des prix pour les ménages, donc à davantage de pouvoir d’achat et éventuellement de consommation. »Au-delà du cas français, un pétrole durablement bas serait une bonne nouvelle pour la zone euro dans son ensemble. Ce serait « un formidable outil de relance dans les pays européens », analyse Philippe Waechter. Le directeur de la recherche de Natixis Asset Management évalue aussi à au moins 1 point de PIB mondial, voire plus, le montant des transferts de revenus des pays producteurs aux importateurs liée au recul des prix de l’or noir.De leur côté, MM. Blanchard et Arezki ont effectué deux simulations. Si elles « ne constituent pas une prévision de l’état de l’économie mondiale, elles signalent une poussée du PIB mondial de l’ordre de 0,3 % à 0,7 % en 2015, par rapport à un scénario sans chute des cours », ont-ils observé.La Banque mondiale abaisse ses prévisions de croissanceLa fragilité de la reprise a conduit la Banque mondiale à réviser à la baisse ses prévisions de croissance pour le produit intérieur brut (PIB) mondial à 3 % en 2015 et à 3,3 % en 2016, au lieu des 3, 4 % et 3,5 % respectivement prévus en juin. Les pays en développement croîtraient à un rythme plus de deux fois plus supérieur à celui des économies développées. Malgré le ralentissement chinois, l’Asie du Sud-Est et le Pacifique serait en tête mais talonnée par l’Asie du Sud. La Banque invite les pays en développement importateurs de pétrole à profiter de la baisse des prix pour réformer leur fiscalité énergétique et réduire les subventions au profit de transferts ciblés sur les plus pauvres.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 14.01.2015 à 10h55 • Mis à jour le14.01.2015 à 17h06 | Guy Dutheil Air France annoncera des mesures supplémentaires pour redresser la compagnie aux représentants du personnel lors d'un comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire le 5 février, a indiqué l’AFP mercredi 14 janvier.Le PDG d'Air France, Frédéric Gagey présentera dans un premier temps la situation économique aux salariés lors d'un CCE ordinaire le 22 janvier, a précisé une source syndicale.Selon Le Figaro, paru mercredi 14 janvier, Air France pourrait supprimer 5 000 postes supplémentaires. Une nouvelle saignée qui viendrait s’ajouter aux près de 8 000 départs consécutifs à la mise en place, en 2012, du plan Transform 2015.La direction de la compagnie signale qu’elle « n’a pas de plan » général de réduction des effectifs dans ses tiroirs. Toutefois, elle ne dément pas d’éventuelles nouvelles réductions d’effectifs ciblées. Mais, à l’en croire, « rien n’est décidé » et tout chiffrage « est prématuré ».Selon nos informations, la direction d’Air France prévoit de boucler le calendrier d’un tour de vis supplémentaire « dans la première moitié de 2015 ».La situation du groupe se dégradeAir France a déjà réduit ses effectifs. À deux reprises ces deux dernières années. Lancé par Alexandre de Juniac, quelques mois après son arrivée à la tête d’Air France, le plan Transform prévoyait initialement de faire partir 5 000 salariés.Toutefois, face à aux difficultés rencontrées par la compagnie, un nouveau volet de près de 3 000 suppressions de postes avait été ajouté à l’automne 2013.Il n’empêche, la situation économique d’Air France est difficile. La compagnie ne s’en est d’ailleurs pas cachée, laissant entendre qu’il pourrait y avoir des suppressions d’effectifs.À l’occasion de la présentation du plan Perform 2020, qui doit restaurer la compétitivité du groupe, Alexandre de Juniac, PDG d’Air France-KLM, avait précisé qu’il pourrait y avoir des coupes claires dans certaines activités.La direction a même lancé, le 18 décembre 2014, un avertissement sur résultats. À cette occasion, elle avait précisé que « la situation du groupe et le contexte concurrentiel dégradé » nécessitaient « un durcissement du plan Perform 2020 par un volet de réduction des coûts et un volet de réduction des investissements ».La direction est vent debout pour défendre les résultats du plan Transform. « Sans la grève des pilotes, Air France aura atteint l’équilibre », se défend la compagnie.La facture des deux semaines de conflit avec les navigants, en septembre 2014, s’est élevée à près de 500 millions d’euros.In fine, en 2014 Air France aura perdu « plusieurs dizaines de millions d’euros. Elle sera dans le rouge alors que, sans la grève, elle devait être dans le vert pour la première fois depuis sept ans », enrage un cadre dirigeant.La « recette unitaire » est en baisseCes mesures ont été évoquées notamment pour faire face à une « baisse de la recette unitaire ».Air France a du mal à gagner de l’argent, même sur les lignes ou le trafic est en augmentation, comme en Asie, à cause d’une concurrence accrue des transporteurs locaux et des compagnies du Golfe.Pire, la compagnie doit aussi baisser le prix de ses billets pour répercuter, au moins en partie, la baisse durable des prix des carburants.Outre les effectifs, Air France va aussi opérer « des fermetures de lignes non rentables ». Elle va par ailleurs demander à Aéroports de Paris (ADP) « de faire des efforts ».Les coûts restent supérieurs à ceux des concurrentsMardi 13 janvier, la direction d’Air France a de nouveau présenté aux organisations professionnelles « un comparatif des coûts avec les autres compagnies », précise un délégué syndical. « En novembre 2014, elle nous l’avait déjà présenté. Et cela ne fait pas débat », doit admettre ce syndicaliste.Selon les comparaisons établies par la direction, il existe « des écarts de coûts de 40 % à 50 % » par rapport aux autres compagnies concurrentes d’Air France.À l’époque, la direction pointait déjà du doigt « les coûts des escales et des bases de province ».Air France est encore loin derrière ses concurrentes directes telles Lufthansa, British Airways. En revanche, sa performance, ces derniers mois, est supérieure à celle de sa filiale KLM.La direction cherche à ménager les syndicatsAvec ou sans plan de grande ampleur, il ne fait guère de doutes qu’Air France ne pourra échapper à des réductions d’effectifs supplémentaires. Mais la direction de la compagnie marche sur des œufs. Elle n’a pas encore rencontré les syndicats.Alors que les accords avec les pilotes, suite à la grève à propos de la filiale à bas coûts Transavia, n’ont été « finalisés que mardi », la direction ne veut surtout pas mécontenter les syndicats à quelques mois des élections professionnelles, prévues en mars. Au risque qu’ils se radicalisent pour séduire leurs électeurs.« Le chiffre de 5 000 départs paraît complètement incohérent », indique Jean-Marc Quattrochi, le délégué de l’UNAC (syndicat des hôtesses et stewards), qui rappelle que « deux guichets de départ ont déjà été ouverts ».Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Charrel En décembre, les prix à la consommation français ont progressé de 0,1 % seulement sur un mois, après une baisse de 0,2 % en novembre, selon les statistiques officielles publiées, mercredi 14 janvier, par l’Insee. Sur un an, la hausse des prix est de 0,1 % seulement, contre + 0,3 % fin novembre.Sur l’ensemble de l’année 2014, l'inflation a donc été de + 0,5 %, contre + 0,9 % en 2013, a précisé l'Insee.Un chiffre aussi bas n'avait pas été vu depuis 2009, quand les prix n'avaient augmenté que de 0,1 % en moyenne sur l'année, avant de remonter nettement les années suivantes (1,5 % en 2010 puis 2,1 % en 2012).Ces chiffres sont dans la lignée de ceux parus le 7 janvier, selon lesquels les prix ont reculé de 0,2 % dans la zone euro en décembre, sur un an.Au Royaume-Uni, où la reprise est pourtant plus vigoureuse, l’inflation est également tombée à 0,5 %.L’inflation sous-jacente, qui exclut les prix des produits les plus volatils comme ceux de l’énergie, a pour sa part reculé de 0,1 % sur un an. En novembre, cet indicateur avait déjà reculé de 0,2 %. Il s’agissait du premier chiffre négatif enregistré depuis 1990.Faut-il s’en inquiéter ? Quelles conséquences aura cette inflation faible ? Comment l’interpréter ?Des baisses de prix pour l’énergie et les produits de consommation Si les prix se sont encore tassés, c’est d’abord à cause de la chute des cours du pétrole. Depuis l’été 2015, ces derniers ont reculé de près de 50 %, entraînant dans leur sillage les tarifs de l’énergie. Selon l’Insee, ces derniers ont baissé de 2,6 % en décembre sur un mois (et de - 4,4 % sur un an), après - 0,6 % en décembre.Les prix des carburants, eux, ont reculé de 4,4 % (- 9,9 % sur un an) et ceux du fioul domestique de 6,8 % (- 16,7 % sur un an).Pétrole : les raisons de la chute continue des prixPar ailleurs, les prix du gaz de ville diminuent (- 0,7 % et + 1,2 % sur un an) tandis que les prix de l’électricité sont stables (+ 4,8 % sur un an).De plus, les prix des produits de consommation continuent de reculer dans la grande distribution, du fait notamment de la guerre des prix que se livrent les distributeurs.En décembre 2014, les prix des produits alimentaires se sont repliés de 0,1 % sur un mois et leur recul sur un an s’accentue : - 0,4 % après - 0,2 % en novembre.« Hors produits frais, les prix de l’alimentation se replient également de 0,1 % en décembre 2014 et de 0,4 % sur un an, comme en novembre, souligne l’Insee. Cette baisse touche plusieurs postes de consommation et est désormais marquée sur un an notamment pour les céréales (- 3 %), les œufs (- 2,5 %), les sucres, confitures, chocolat, confiserie et produits glacés (- 2,6 %) et les boissons non alcoolisées (- 1,5 %) ».Les prix alimentaires toujours en baisseLa France n’est pas en déflationLa déflation correspond à un recul généralisé, durable et auto-entretenu des prix. Elle est le symptôme d’une économie à l’arrêt. Quand les prix reculent, les consommateurs reportent leurs dépenses dans l’espoir d’acheter moins cher plus tard. Du coup, les entreprises n’arrivent pas à écouler leurs stocks. Elles cessent d’investir et embaucher, voire licencient. Ce qui pèse sur la consommation des ménages, et donc la croissance… Un cercle vicieux particulièrement dur à briser.Pour l’instant, la France, comme la zone euro, n’est donc pas en déflation. Certains économistes prédisent que les prix, après un léger recul ces prochains mois, devraient se ressaisir mi-2015 et qu’il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter. Les analystes de Natixis tablent ainsi sur une inflation de 0,3 % sur l’ensemble de 2015.Les prix reculent dans la zone euro pour la première fois depuis 2009D’autres économistes redoutent en revanche que l’inflation reste durablement basse, et que si l’on ne fait rien, la zone euro bascule bel et bien dans la déflation.Le recul de l’inflation sous-jacente en France est, il est vrai, un signe inquiétant, puisque celle-ci exclut les prix du pétrole. Elle témoigne du rédémarrage très poussif de notre économie.Il est néanmoins probable que la Banque centrale européenne (BCE) agisse d’ici peu. Par exemple, en achetant des dettes publiques, ce qui permettrait de soutenir les prix et l’activité.Un coup de pouce au pouvoir d’achat mais une menace pour le taux du Livret AÀ court terme, il profite au pouvoir d’achat des Français et donc, à la croissance. En revanche, l’épargne des ménages est pénalisée. Le taux du Livret A, le produit d’épargne le plus populaire de notre pays, est en effet indexé sur l’inflation. Le gouvernement doit annoncer son niveau d’ici le 1er février.« L’application de la formule pourrait conduire à une baisse de 0,75 point. Le taux du Livret A serait alors de 0,25 % », explique Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne.Mais le gouvernement peut déroger à cette règle. C’est d’ailleurs ce qu’il a fait à de nombreuses reprises.« Depuis l’introduction de la formule de calcul en 2009, les gouvernements ne l’ont respectée qu’avec parcimonie. Dernier exemple en date, en août dernier, le taux aurait dû en théorie tomber à 0,5 % », souligne M. Crevel.Lire aussi : Le taux du Livret A pourrait, en théorie, baisser à 0,25 %Une nouvelle baisse du rendement accélérerait le désintérêt des particuliers pour ce produit. Au cours des onze premiers mois de l’année, le Livret A a enregistré une décollecte de près de 6 milliards d’euros, les épargnants se reportant sur l’assurance-vie ou sur le plan d’épargne logement (PEL).« Une nouvelle diminution du taux du Livret A amplifierait ce mouvement », prévient M. Crevel, qui doute toutefois que le gouvernement ne descende en dessous de 1 %. « Non seulement cela donnerait un coup au moral des épargnants, mais cela acterait que la France s’approche dangereusement de la déflation. »Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.01.2015 à 08h20 • Mis à jour le14.01.2015 à 14h54 | Marie Charrel C’est une épée de Damoclès qui planait au-dessus de la tête de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), depuis des mois. Ce dernier peut déjà pousser un premier« ouf » de soulagement.Mercredi 14 janvier, l’avocat général de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a indiqué que le fameux programme d’achat de dette publique de l’institution de Francfort, dit « OMT », pour « opérations monétaires sur titres », est compatible « en principe » avec le droit européen, sous néanmoins quelques conditions non contraignantes.Si M. Draghi peut commencer à souffler, il va toutefois devoir encore retenir un peu sa respiration. Les recommandations de l'avocat général de la CJUE n'ont en effet pas de caractère contraignant. Elles sont néanmoins, en général, suivies par la Cour. Celle-ci pourrait ne statuer qu'au second semestre.En quoi consiste le programme OMT ?Le programme OMT a été évoqué en septembre 2012 par le président de la BCE. Il n’a pas encore été mis en place.Mais sa seule évocation a stoppé net la crise des dettes souveraines, sans même avoir été déployé.« C’est une puissante arme dissuasive, rappelle Charles Wyplosz, économiste à l’Institut des hautes études internationales et du développement de Genève. Il a suffi que la BCE promette aux investisseurs qu’en cas de problème elle rachèterait sans limite leurs titres souverains, pour que ceux-ci cessent de spéculer sur les dettes espagnole, portugaise ou grecque. »En d’autres termes, le pouvoir de l’OMT est surtout celui des mots.Pourquoi la Cour de justice européenne a-t-elle été saisie ?Même s’il n’a pas encore été utilisé, le programme OMT a été jugé intolérable par les juges de la Cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe.Saisis en 2013 par des particuliers, les gardiens du droit allemand estiment que l’OMT est probablement illégal et ce, à double titre.Selon eux, ce programme permettrait à la BCE de financer directement les États, au risque que la facture finale incombe aux contribuables allemands. Ce qui ne serait pas conforme à la Loi fondamentale du pays - l’équivalent de notre Constitution - et encore moins au mandat que les traités européens ont confié à la BCE.Autre reproche, selon Karlsruhe : avec l’OMT, l’institution de Francfort sortirait de sa mission strictement monétaire pour se mêler de politique économique.L’une des conditions au déclenchement du programme est en effet que les pays en difficulté aient au préalable sollicité une aide financière du mécanisme européen de stabilité (MES), aide obligatoirement accompagnée de la mise en œuvre de réformes structurelles, par exemple sur le marché du travail.En liant réformes et achats de dettes, M. Draghi s’adonnerait ainsi à un dangereux mélange des genres…Puisque le mandat de la BCE relève du droit communautaire, et non national, Karlsruhe a demandé en février 2014 à la CJUE de trancher en premier lieu sur le sujet. Dans le jargon juridique, il s’agit d’une « question préjudicielle », et c’est la première fois de son histoire que la puissante Cour constitutionnelle y a recours.Lire aussi : Les juges constitutionnels allemands offrent un répit à la BCEQue va-t-il se passer maintenant ?L’opinion formulée, mercredi, par l’avocat général de la CJUE à Luxembourg n’est qu’une étape dans le processus juridique de longue haleine.La cour ne statuera définitivement sur le sujet que d’ici la deuxième partie de l’année.La BCE a indiqué dans un tweet mercredi avoir « pris note » de l'avis favorable émis par la justice européenne sur son programme de rachat de dette publique, et indiqué qu'il était toujours « prêt à l'emploi ».La BCE devrait annoncer dans les semaines à venir - après la prochaine réunion de politique monétaire du conseil des gouverneurs le 22 janvier ou à la suivante début mars - un programme de « quantitative easing » (QE), c’est-à-dire de rachats massifs de dette publique, destiné à contrer le risque déflationniste pesant sur la zone euro.Ce QE pourrait être contesté lui aussi devant la cour de Karlsruhe en Allemagne, où ces derniers mois, le parti anti-euro AfD (Alternative pour l’Allemagne) a gagné du terrain.Passe d’armes médiatique au sein de la BCE sur le rachat de dettes publiquesQuesls sont les scénarios possibles ?- Premier scénario : la CJUE, quand elle statuera, donne raison aux juges de Karlsruhe et rejette l’OMT ou en exige sa limitation - ce qui reviendrait au même.Pour certains experts, ce serait un cataclysme : le filet de sécurité qui a permis d’éteindre la crise des dettes souveraines serait anéanti, et rien n’empêcherait la panique de s’emparer à nouveau des marchés.Pour d’autres, ces craintes sont largement exagérées, parce que les taux souverains ont beaucoup baissé depuis 2012 et que, depuis, la zone euro a renforcé ses institutions, en créant par exemple l’union bancaire. Le filet de sécurité de l’OMT n’est donc plus indispensable.Dans tous les cas, la BCE serait probablement contrainte de limiter aussi le QE, par exemple, en le limitant aux achats de dette publique jugée très sûre par les agences de notation, c’est-à-dire noté triple A. Cela aurait pour avantage de rassurer l’Allemagne. Mais le QE serait alors moins efficace. - Deuxième scénario, bien plus probable : la CJUE donne raison à l’institution de Francfort. « Elle est proeuropéenne, difficile d’imaginer le contraire », estime Christian Jimenez, président de Diamant Bleu Gestion.Elle appuierait alors sa décision sur deux grands arguments. D’abord, les achats de dette publique auraient lieu sur le marché secondaire, où les banques revendent les obligations souveraines qu’elles détiennent. Il ne s’agirait donc pas d’un financement direct des États, les traités européens seraient respectés.Surtout, le mandat de la BCE est avant tout d’assurer la stabilité des prix. Or, avec une inflation tombée à - 0,2 % en décembre, elle est loin de le respecter. Sa priorité doit donc être de déployer tous les outils possibles pour relancer les prix, comme le QE.Les juges de Karlsruhe se rangeraient-ils derrière un tel arrêt de la CJUE ? Peut-être. Mais rien n’est moins sûr.- Troisième scénario : les juges de Karlsruhe reprennent le dossier et, arguant que l’OMT ne respecte pas la Constitution allemande, exigent qu’il soit révisé ou pire, refusent que la banque centrale allemande, la Bundesbank, y prenne part.Cela signerait l’arrêt de mort du programme. « Dans tous les cas, les marges de manœuvre de M. Draghi sont limitées, tant le poids de l’Allemagne est déterminant au sein des politiques économiques européennes », estime Christian Schulz, de la banque Berenberg.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Claire Guélaud La Banque mondiale parie sur l’Inde et sur sa capacité à retrouver une croissance forte après des années 2012 et 2013 décevantes. Dans ses perspectives économiques globales, présentées le 13 janvier, l’institution de Washington prévoit que le produit intérieur brut (PIB) indien progressera de 6,4 % en 2015 (soit 0,8 point de plus qu’en 2014) puis de 7 % à partir de 2016. Dans le même temps, le ralentissement chinois, orchestré par Pékin et lié au passage à un modèle de croissance davantage tiré par la consommation intérieure, ramènerait la progression du PIB chinois de 7,4 % en 2014 à 7,1 % en 2015, 7 % en 2016 et 6,9 % en 2017. A cette date, le dynamisme de l’économie indienne l’emporterait sur celui de la Chine continentale.De telles prévisions méritent qu’on s’y attarde. L’Inde, en effet, est connue pour être, comme le Brésil, un des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) qui souffre de l’insuffisance et de la mauvaise qualité de ses infrastructures. Les coupures d’électricité y rendent la vie des entreprises quotidiennement difficiles. Le climat des affaires y a longtemps été médiocre, notamment du fait des difficultés rencontrées par les entreprises étrangères lorsqu’elles veulent investir et s’implanter.Amélioration du moral des entrepreneursLes experts de la Banque mondiale n’ignorent rien de ces freins, de ces goulets d’étranglement qui n’ont pas disparu comme par magie depuis les élections générales de 2014 et l’arrivée au pouvoir de Narendra Modi. Mais ils semblent considérer que les efforts conduits depuis plus d’un an par la Banque centrale indienne pour réduire l’inflation, relancer la croissance et s’attaquer au déficit courant, ont porté leurs fruits et que la nomination de M. Modi, très pro-business, au poste de premier ministre devrait durablement contribuer à l’amélioration du moral des entrepreneurs.A l’évidence, en tout cas, l’incertitude politique qui prévalait en 2013 et début 2014 pendant la campagne électorale a disparu. Une situation que la Banque mondiale juge favorable à la reprise de l’investissement. Or il représente 30 % du PIB de la plus grande démocratie du monde. Les exportations indiennes bénéficieraient aussi de la reprise aux Etats-Unis, un partenaire commercial clé du sous-continent. Consciente de la part de risques associés à ces prévisions, l’organisation internationale prévient toutefois que « le moindre relâchement dans le rythme des réformes se traduirait par une croissance plus modérée ».Reprise fragilePour le reste, la Banque mondiale continue de juger la reprise fragile et inégale, ce qui ressort de ses statistiques : + 2,6 % de croissance pour le PIB mondial en 2014 (en hausse de 0,1 point par rapport à 2013), + 3 % en 2015, + 3,3 % en 2016 et + 3,2 % en 2017. Rien à voir avec ce que l’on a connu dans les années 2000. La croissance des pays en développement, qui dépasserait en moyenne les 5 % en 2016, resterait plus de deux fois supérieure à celle des pays dits avancés (autour de 2,2 % à 2,4 %). Ces derniers sont pénalisés par la stagnation de la zone euro (+ 0,8 % en 2014 et 1,1 % en 2015) et les difficultés persistantes du Japon (+ 0,2 % et + 1,2 %).Dans les pays en développement, l’amélioration de 2015 serait en partie due aux faibles prix du pétrole (une bénédiction pour les pays importateurs), à la reprise de l’économie américaine, aux bas taux d’intérêt mondiaux et à l’apaisement des turbulences ayant secoué plusieurs grands marchés émergents. Les champions du dynamisme économique resteraient l’Asie de l’Est et du Pacifique, toutefois talonnés par l’Asie du Sud. A noter que les Philippines, la Malaisie et l’Indonésie ont retrouvé des rythmes de croissance égaux ou supérieurs à ceux qu’ils avaient connus entre 2001 et 2012.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) C’était dit et répété depuis plusieurs mois. C’est désormais formalisé par écrit : la Commission Juncker veut changer le « logiciel » économique européen. Mardi 13 janvier, devant les eurodéputés réunis en plénière à Strasbourg, le président de l’institution communautaire a présenté « une dose supplémentaire de flexibilité » dans le pacte de stabilité et de croissance – qui fixe un déficit public ne devant pas dépasser 3 % du produit intérieur brut (PIB) et une dette sous les 60 % du PIB.La priorité de Bruxelles n’est plus seulement la discipline budgétaire – certains diraient l’austérité. Elle acte le fait que la réduction des déficits à elle seule n’a pas suffi à relancer la croissance. L’heure est aux réformes de structure et à l’investissement. Pour relancer la croissance, créer à nouveau des emplois, dans une Union européenne (UE) où le chômage des jeunes atteint des niveaux alarmants. Et tant pis – dans une certaine mesure – si les pays qui investissent et qui se réforment s’éloignent un peu des « clous » du pacte ou mettent plus de temps pour y revenir.« La Commission ne leur donne pas un chèque en blanc »Cette nouvelle grille de lecture devrait, logiquement, être bien accueillie à Paris et à Rome, où depuis des mois, le président François Hollande et le premier ministre italien, Matteo Renzi, plaident pour plus de flexibilité. Pour autant, la « Commission ne leur donne pas un chèque en blanc », précise une source européenne.Concrètement, mardi, elle a confirmé un traitement spécial pour les pays qui verseront directement des sommes au fonds d’investissement qu’elle va lancer dans les prochaines semaines pour mettre en œuvre le plan de relance à 315 milliards d’euros de M. Juncker. Leurs contributions seront comptabilisées comme du déficit ou de la dette supplémentaire. Mais dans le cadre du pacte de stabilité, la Commission n’en tiendra pas compte. Si, à la suite d’un versement de plusieurs milliards au fonds, un pays voit son déficit dépasser les 3 % de son PIB, Bruxelles ne lancera pas de procédure dite de « déficit excessif ».Pour les pays hors « déficit excessif », les sommes qu’ils investissent directement (sans passer par le fonds Juncker), en partenariat avec l’UE, sur des projets de lutte contre le chômage des jeunes, pour des infrastructures de transport… bénéficieront aussi d’une lecture accommodante du pacte. C’est une disposition considérée comme un « cadeau » à M. Renzi, qui demandait que les investissements nationaux soient « sortis » du pacte. Cette « clause d’investissement » ne pourra pas s’appliquer à la France qui est en déficit excessif depuis 2008.Concernant les réformes, la Commission explique qu’elle en tiendra mieux compte, à condition qu’elles soient vraiment « structurelles » – il faut, au sens de Bruxelles, qu’elles soient majeures, qu’elles aient un impact positif et vérifiable sur les équilibres budgétaires, qu’elles augmentent la croissance potentielle des Etats membres. Pour les pays qui ne sont pas en procédure de déficit excessif, Bruxelles autorisera une dérive de 0,5 % de leur PIB au maximum. Pour ceux qui sont dans cette catégorie, (la France, l’Espagne, le Portugal…), la Commission leur accordera plus de temps pour revenir dans les clous des 3 %, dès lors que les réformes seront engagées et qu’ils auront effectué des efforts de réduction des déficits suffisants.Ne pas affoler les investisseursQue faut-il en déduire pour Paris ? A l’automne 2014, la France a échappé de peu à un rejet de son projet de budget 2015, encore à 4,1 % de déficit, alors qu’il devait repasser sous les 3 %. La Commission s’est donné jusqu’à mars pour examiner, avec des chiffres de conjoncture actualisés, la situation budgétaire du pays pour trancher. Avec les nouvelles « flexibilités », Bruxelles pourrait accorder – à nouveau – quelques années supplémentaires à Paris pour passer sous les 3 % de déficit. A condition que soit produit « un plan dédié de réformes crédibles ». La loi Macron suffira-t-elle ? Elle va dans la bonne direction mais sa portée est limitée, dit-on à la Commission. Cette dernière a fait passer un message, mardi : elle lâche du lest… sans relâcher la pression.Cette nouvelle lecture du pacte s’applique immédiatement, « car nous n’apportons aucune modification, nous ne changeons pas les règles », a insisté Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission pour l’euro et le dialogue social, mardi. De fait, même si le virage est sensible, personne ne veut, ni à la Commission ni dans les capitales, toucher au pacte et à sa philosophie – la coordination et la discipline budgétaire. Ce traité a été renforcé en pleine crise de l’euro et c’est cela qui a permis de regagner la confiance des investisseurs dans l’eurozone. Pas question de les affoler, alors que la Grèce, où est née la crise, est entrée, à nouveau, dans une zone d’instabilité politique.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.01.2015 à 15h13 • Mis à jour le14.01.2015 à 12h41 | Benoît Vitkine Au moins douze civils ont été tués, mardi 13 janvier dans l'est de l'Ukraine, dans ce qui apparaît comme l'une des tueries les plus importantes depuis le début de ce conflit qui a fait 4 800 victimes. Un autobus a été touché par un obus d'artillerie près de la localité de Volnavakha, à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale régionale, Donetsk. Le bus, qui reliait Marioupol, sur la côte de la mer d'Azov, à Donetsk, stationnait à un barrage de l'armée ukrainienne lorsqu'il a été atteint, apparemment par une roquette de type « Grad ».Les photos diffusées par l'état-major ukrainien montrent le véhicule criblé d'impacts, une mare de sang à côté. La majorité des tués seraient des femmes. Une dizaine d'autres personnes ont été blessées, parmi lesquelles un policier et un membre des garde-frontière. Un journaliste ukrainien arrivé sur les lieux a évoqué la présence d'une jeune adolescente parmi les tués.L'armée ukrainienne a accusé les rebelles séparatistes d'avoir tiré depuis la petite localité de Dokoutchaïevsk, quelques kilomètres plus au nord. Ceux-ci ont démenti, assurant ne pas mener d'opérations militaires dans la zone. Cité par les agences de presse russes, Denis Pouchiline, l'un des dirigeants des séparatistes qui contrôlent une partie du Donbass, a évoqué une « provocation » de l'armée ukrainienne « pour pouvoir accuser les rebelles ». Un autre assurait que leurs systèmes d'artillerie ne leur permettait pas d'atteindre ce barrage.Dès mardi matin, avant que ne survienne cette tuerie, les autorités ukrainiennes avaient diffusé une liste des localités prises pour cible par les rebelles séparatistes. Volnovakha en faisait partie.SOMMET DU 15 JANVIER ANNULÉMalgé plusieurs cessez-le-feu, les combats n'ont jamais totalement cessé dans l'est de l'Ukraine. Ces derniers jours, ils avaient repris avec une intensité inégalée depuis la dernière trêve en date, conclue le 9 décembre à Minsk. Selon Kiev, les positions de l'armée ukrainienne ont été visées à 83 reprises ces dernières 24 heures.Du côté diplomatique, les négociations piétinent. Le sommet qui devait réunir jeudi les dirigeants russe, ukrainien, français et allemand à Astana, la capitale kazakhe, a finalement été annulé lundi, faute d'avancée suffisante dans les négociations préalables. Il aurait pourtant marqué une première, celle de faire asseoir Vladimir Poutine autour de la table des négociations.Lire aussi l'analyse (édition abonnés) : La diplomatie piétine dans le dossier ukrainienBenoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les fonctionnaires de Bruxelles n’avaient pas vu le coup venir. Alors que les négociations sur un accord de libre-échange entre la Commission européenne et les Etats-Unis venaient de débuter, à l’été 2013, des organisations non gouvernementales (ONG), des eurodéputés, des citoyens lambda ont commencé à s’inquiéter d’une des dispositions que ce traité hors-norme prévoyait : le recours à l’arbitrage d’investissement. L’« ISDS » en anglais (Investor-State Dispute Settlement) est un mécanisme très peu connu du grand public permettant à une entreprise de porter un litige l’opposant à un Etat devant une juridiction privée.Un véritable cheval de Troie des multinationales, ont alerté les « anti ». De cette manière, elles se soustraient aux droits nationaux, voire empêchent les Etats de légiférer. Et de rappeler quelques précédents. En 2011, le cigarettier Philip Morris a intenté une action en arbitrage contre l’Australie, après que le parlement a adopté une loi obligeant l’emballage neutre des paquets de cigarettes. La décision n’a toujours pas été rendue. La même année, la société d’électricité suédoise Vattenfall a réclamé 3,7 milliards d’euros de dommages et intérêts à l’Allemagne, à la suite de la décision du gouvernement d’arrêter les centrales nucléaires du pays après Fukushima. La France vient d’être attaquée par un investisseur turc, qui lui reproche d’avoir utilisé sans l’indemniser ses brevets sur des coques de navires militaires.Pour éviter qu’on l’accuse d’ignorer le problème, la Commission a lancé une consultation publique sur l’ISDS, au printemps 2014. Laquelle a suscité un nombre inhabituel de réponses pour ce genre d’exercice : 150 000… Elections européennes oblige – la Suédoise Cécilia Malmström est désormais la « super-ministre européenne du commerce » –, Bruxelles n’a rendu ses conclusions que mardi 13 janvier. L’essentiel des réponses (145 000) disent « non » à l’ISDS, mais aussi « non » au traité transatlantique. Quelques milliers de participants seulement suggèrent d’améliorer le dispositif.Pourtant, le mécanisme de l’ISDS existe depuis cinquante ans et il est opérationnel dans près de 3 000 traités d’investissement internationaux. La France a signé environ 90 traités y ayant recours. Sécuriser les investissementsL’arbitrage d’investissement est apparu à la suite de la signature d’une convention internationale, en 1965, sous l’égide de la Banque mondiale. Il s’agissait d’accompagner le développement international des entreprises européennes et américaines. De sécuriser leurs investissements, « d’éviter en cas de litige qu’elles s’exposent à des justices locales pas toujours indépendantes », note Emmanuel Gaillard, associé du cabinet d’avocats Shearman & Sterling. « Les droits nationaux, y compris aux Etats-Unis, prévoient des principes de discrimination au profit de leurs entreprises. Sans ISDS, les étrangères n’ont aucune chance », ajoute une source européenne.« Pas un investissement d’importance ne se fait sans ce type d’accord. Pour attirer les investisseurs, les Etats acceptent ces mécanismes », précise Thomas Clay, professeur à l’université de Versailles Saint-Quentin. Ainsi, pour qu’Eurodisney s’implante à Marne-La-Vallée, le gouvernement, qui n’avait pas signé de traité bilatéral d’investissement avec les Etats-Unis, a fait adopter une loi ad hoc, en août 1986, permettant le recours à l’arbitrage pour ce cas précis…Le processus d’arbitrage n’est pas aussi opaque qu’on le dit, affirment les experts. Le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi), dépendant de la Banque mondiale, en a consigné les grandes règles. Quand une entreprise a un litige avec un Etat, elle porte sa demande d’arbitrage au secrétariat du Cirdi. Les deux parties choisissent chacune un arbitre (un juge) à leur entière discrétion. Ces deux arbitres en désignent un troisième. C’est ce trio qui prononcera le jugement. Dans le cas de la procédure turque contre la France, le gouvernement a choisi M. Clay comme arbitre.« L’arbitrage ne fait pas toujours la part belle aux entreprises »« Les parties peuvent choisir des spécialistes de leur secteur et la langue dans laquelle leur dossier sera plaidé », relève M. Clay. Autre point positif : l’arbitrage ne dure pas plus de trois ou quatre ans. Alors qu’il faut parfois attendre bien plus quand un contentieux est porté devant les juridictions nationales, souvent engorgées.Les arbitres ? « Non, ils ne sont pas forcément proches des entreprises », assure M. Gaillard. Le professionnel a plaidé l’« arbitrage du siècle », après avoir été choisi comme avocat par les actionnaires majoritaires de Ioukos – dont l’ex-patron, le Russe Mikhaïl Khodorkovski, opposant à Vladimir Poutine, a passé dix ans en prison. Il leur a fait gagner… 50 milliards de dollars ( 42,40 milliards d’euros) contre Moscou, en 2014. Mais il faudra des années pour récupérer l’argent, en parvenant à saisir des biens appartenant à l’Etat russe, nuance M. Gaillard, « car l’arbitrage ne fait pas toujours la part belle aux entreprises ». Nikos Lavranos, secrétaire général d’Efila, un lobby pro-ISDS, abonde dans son sens : « Lancer une procédure contre un Etat n’est pas sans conséquences. Qu’elle gagne ou qu’elle perde, l’entreprise aura du mal à rester dans le pays, par peur des pressions. »« D’une affaire à l’autre, c’est presque tout le temps les mêmes qui sont sollicités, un petit oligopole d’experts internationaux »Donc, à en croire les spécialistes, sur le principe, l’ISDS n’est pas mauvais, au contraire. Pourtant, tous, même ses plus fervents défenseurs, le reconnaissent : l’arbitrage présente de sérieuses failles. L’indépendance des arbitres, par exemple. « D’une affaire à l’autre, c’est presque tout le temps les mêmes qui sont sollicités, un petit oligopole d’experts internationaux, relève un spécialiste, préférant rester anonyme,la plupart sont avocats. Comme arbitres, ils peuvent être tentés de juger en faveur de la partie les ayant désignés, pour qu’elle choisisse leur cabinet dans une autre affaire. »Apparition de « tiers financeurs »Autre souci, de taille : l’appel du jugement, quasi-impossible. « Un recours en annulation devant la juridiction du pays de la partie gagnante est parfois envisageable, mais il s’agira d’un simple contrôle formel de la procédure », regrette l’avocat Cyril Bourayne, du cabinet parisien Dizier & Bourayne.Sophie Henry, secrétaire générale du Centre de médiation et d’arbitrage de Paris, pointe, elle, un phénomène inquiétant : l’apparition de « tiers financeurs », qui prennent des paris sur des arbitrages, comme d’autres sur des start-up. Ils proposent à des multinationales de financer leur action, et se rémunèrent sur les dommages et intérêts.« L’arbitrage ne risque-t-il pas d’être déconnecté des réalités économiques ? Quels sont ses liens des fonds avec les arbitres ? », s’interroge Mme Henry.Plus inquiétant encore, le risque d’entrave au droit de légiférer des Etats. « Les entreprises recourent à la notion d’expropriation indirecte, beaucoup trop vague. Elle risque d’être invoquée à chaque fois que la valeur d’un investissement diminue, par exemple, à la suite de l’adoption d’une loi », reconnaît une source européenne haut placée. « Le mécanisme d’arbitrage a été dévoyé. Il risque aujourd’hui d’être détourné par des multinationales qui s’attaquent aux choix politiques des Etats, c’est très dangereux, souligne Matthias Fekl, le secrétaire d’Etat français chargé du commerce. La France n’a jamais été favorable à l’intégration de l’ISDS dans le traité transatlantique. »Vu le quasi-consensus « anti » auquel a abouti la consultation publique de la Commission, cette dernière n’a plus trop le choix. Pour espérer conserver un arbitrage dans le traité transatlantique, pour convaincre les Etats membres, les eurodéputés, les opinions publiques, elle va devoir négocier avec les Américains un ISDS ultra-sécurisé.Tribunaux d’arbitrage : comment corriger les failles ?Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 19.01.2015 à 13h27 • Mis à jour le19.01.2015 à 15h15 Editorial du Monde. Cette semaine, les projecteurs du monde économique seront tournés vers Davos, la cossue station helvète où les « grands » de la planète débattront des enjeux de 2015. Jeudi 22 janvier, c’est pourtant Francfort, siège de la Banque centrale européenne (BCE), qui monopolisera les esprits. Mario Draghi, le patron de la BCE, pourrait y annoncer son nouveau cocktail antidéflation. Enfin.Baptisé « assouplissement quantitatif » dans le jargon des économistes – QE pour « quantitative easing » en anglais –, ce programme consisterait, pour l’essentiel, en des rachats de dette publique. Un remède déjà appliqué avec succès aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Le Japon l’a également lancé en 2013, avec des résultats moins concluants.En théorie, l’objectif du QE est simple. En rachetant des titres d’Etat, la banque centrale injecte de la monnaie dans le système économique – on dit qu’elle fait « tourner la planche à billets ». S’ensuit une cascade d’effets susceptibles... 19.01.2015 à 11h50 • Mis à jour le19.01.2015 à 17h44 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) L'essentielUne foule importante a manifesté dans la République tchétchène contre les caricatures publiées par Charlie Hebdo.Le président, Ramzan Kadyrov, s'est lancé dans une diatribe « contre ceux qui insultent la religion musulmane »Depuis plusieurs jours, les mobilisations contre ces dessins satiriques représentant le prophète Mahomet se multiplient dans le monde. lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2f21rx"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2f21rx", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à Grozny, capitale de la Tchétchénie, lundi 19 janvier, pour protester contre les caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo. Le ministère de l'intérieur de cette petite république musulmane qui fait partie de la fédération de Russie avance le chiffre de « un million de personnes », quand le ministre de l'intérieur russe évoque 800 000 personnes, soit 60 % de la population tchétchène. Mais des observateurs ont signalé la présence de manifestants venus de différents pays, dans cette ville de seulement 271 000 habitants. De grandes banderoles siglées de cœurs rouges et d'inscriptions en arabe proclamant leur amour pour le Prophète étaient visibles dans le cortège. « We love prophet Muhammad », brandissaient, en anglais, mais aussi en russe et en arabe, les protestataires qui ont lâché des centaines de ballons rouges dans le ciel porteurs du même message. Une foule majoritairement composée d'hommes a également prié, à proximité de la mosquée Akhmad-Kadyrov, du nom du président assassiné en 2004. L'imposant édifice, inauguré en 2008, est surnommé « le cœur de la Tchétchénie ».« SPECTACLE DE RUE » La manifestation de Grozny a été couverte en direct par la télévision nationale russe, signe d'un soutien tacite du président russe Vladimir Poutine. Sur une tribune, les dignitaires tchétchènes, dont le président, Ramzan Kadyrov, qui dirige la Tchétchénie d'une main de fer, se sont relayés. « Ceci est une manifestation contre ceux qui insultent la religion musulmane, a déclaré le dirigeant tchétchène. Nous n'autoriserons jamais qui que ce soit à insulter notre prophète. »En début d'après-midi, M. Kadyrov n'a pas hésité à se livrer à quelques caricatures verbales, en déclarant : « L'incident pourrait avoir été organisé par les autorités et services secrets des pays occidentaux souhaitant provoquer une nouvelle vague d'embrigadement pour l'Etat islamique. »Puis il a ajouté, selon les agences russes : « Nous voyons que l'Europe n'a pas tiré de leçons des événements sanglants de Paris. Au lieu de condamner les tireurs et ceux qui les ont provoqués en publiant leurs caricatures, les autorités françaises ont organisé un spectacle de rue en faveur d'une permissivité excessive. »TÊTE DE FILE DES « ANTI-CHARLIE »Depuis l'attentat commis le 7 janvier en France, qu'il a condamné du bout des lèvres, Ramzan Kadyrov a pris la tête de la contestation « anti-Charlie » dans la région, admonestant, et même menaçant, les médias russes qui se laisseraient « tenter par l'aventure » de publier des caricatures par solidarité.Meilleur allié de Vladimir Poutine après les deux guerres russo-tchétchènes des années 1994-1996 et 1999-2000, sans doute le dirigeant tchétchène a-t-il vu dans ce mouvement un moyen de redorer son image dans le monde musulman. Plusieurs ressortissants tchétchènes ont rejoint les rangs de l'Etat islamique en Irak et en Russie.Interdit de territoire par les Etats-Unis et l'Union européenne, Kadyrov se sert fréquemment de tels rassemblements pour réaffirmer son allégeance au gouvernement russe. La république tchétchène dépend en effet très largement du soutien financier et militaire de Moscou pour maintenir une paix fragile dans cette région. « SOLIDARITÉ AVEC LES MEURTRIERS »La manifestation a été diversement commentée. « Solidarité avec les meurtriers », grinçait sur son blog le journaliste et écrivain russe Andreï Malguine. Un rassemblement prévu à Moscou pour le 25 janvier, similaire à celui de Gozny, a été interdit par les autorités russes.Samedi, environ 15 000 personnes s'étaient rassemblées en Ingouchie, autre république du Caucase russe dont la population est majoritairement musulmane, pour protester contre les caricatures du Prophète. Des manifestations, parfois très violentes, se sont multipliées ces derniers jours dans le monde, notamment au Pakistan ou au Niger, où dix personnes sont mortes en marge des rassemblements.Lire aussi : Des milliers de manifestants dans le monde musulman contre les caricatures de MahometIsabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 19.01.2015 à 07h18 • Mis à jour le19.01.2015 à 08h54 Uber, la société américaine dont les services de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) font polémique à travers le monde – quand ils ne sont pas interdits –, cherche à amadouer les pouvoirs publics européens.Travis Kalanick, le directeur général de la société, également cofondateur d'Uber, a ainsi promis, dimanche 18 janvier, de créer 50 000 emplois dans l’Union européenne. « Nous voulons faire de 2015 l'année au cours de laquelle nous nouons de nouveaux partenariats avec les villes » du Vieux Continent, a-t-il indiqué.La société, présente dans environ 250 villes à travers le monde, est contestée dans de nombreux pays, notamment en France, où les taxis dénoncent une concurrence déloyale.Pourquoi UberPop va continuer sur sa lancée après le 1er janvierLe dernier revers en date subi par Uber remonte à une dizaine de jours, quand la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, plus haute juridiction d'Allemagne, a refusé d'examiner un recours d'Uber contre son interdiction à Hambourg.Selon M. Kalanick, Uber a créé des milliers d'emplois, à temps plein ou partiel, dans les villes où la société peut faire tourner ses services.En Chine, Uber signe un accord avec Baidu .Jean-Pierre Stroobants L'essentielDes perquisitions ont eu lieu dimanche à BruxellesLe « cerveau » présumé des attentats qui étaient programmés est activement recherchéL'enquête se dirige aussi vers des fonctionnaires de police soupçonnés de liens avec les milieux radicaux  De nouvelles perquisitions ont eu lieu à Bruxelles, dimanche 18 janvier, dans le cadre de l'enquête sur le réseau terroriste démantelé la semaine dernière, a indiqué le parquet fédéral. Il n'y a eu aucune arrestation. L'opération visait à compléter les informations dont disposent les enquêteurs après l'assaut de Verviers et la dizaine d'opérations menées à Bruxelles et dans sa périphérie, jeudi 15 janvier.L'opération des unités spéciales de la police à Verviers avait entraîné la mort de deux membres d'une cellule, cachés dans un appartement du centre-ville. Un suspect, le « cerveau » et commanditaire présumé des attentats qui étaient programmés — apparemment pour vendredi 16 janvier — et qui devaient viser prioritairement des policiers, est activement recherché.Lire aussi : Ce que l'on sait de l'opération antiterroriste en BelgiqueIl s'agit d'Abdelhamid Abaaoud, alias Abou Omar Soussi, un habitant de Molenbeek-Saint-Jean, qui a rejoint en 2014 la Syrie et les rangs de Daech — ou Etat islamique. Après avoir fait croire à sa mort lors de combats en Syrie, il a, sous une fausse identité, rejoint la Grèce (où son téléphone a été localisé avec l'aide des services américains et français, qui apportent leur appui à la Belgique), d'où il aurait dirigé la ou les cellules belges.SOUPÇONS ENVERS DES FONCTIONNAIRES DE POLICEQuatre personnes ont été arrêtées samedi à Athènes. Deux d'entre elles ont été mises hors cause, les empreintes digitales et l'ADN des deux autres ont été transmis à la justice belge. La Belgique devait lancer, lundi, un mandat d'arrêt européen pour obtenir l'extradition de l'un de ces suspects.Le parquet fédéral ne confirme toujours pas qu'Abaaoud serait l'instigateur du complot, même si des sources confirment qu'il a appelé à diverses reprises l'un des deux djihadistes tués à Verviers. Il s'agirait de Souhaid El-Abdi, un Belge d'origine marocaine âgé de 25 ans. Son comparse serait un autre belgo-marocain de Molenbeek Saint-Jean.L'enquête belge se dirige aussi, désormais, vers certains fonctionnaires de police soupçonnés de liens avec les milieux radicaux, a rapporté, dimanche 18 janvier, le quotidien La Dernière Heure. Le parquet enquêterait sur un enquêteur dont un proche fait partie du mouvement radical Sharia4Belgium. Plusieurs membres de cette organisation, qui a recruté des djihadistes, sont actuellement jugés à Anvers. L'épouse d'un autre policier aurait adopté un comportement indiquant qu'elle a glissé vers le radicalisme. Un troisième refuserait de serrer la main de ses collègues féminines.RENFORTS MILITAIRES DANS LES VILLES BELGESC'est dans ce climat très lourd que l'on a vu apparaître, samedi 17 janvier, les premiers soldats en armes dans les rues d'Anvers et de Bruxelles. Dans la capitale, ils sont notamment affectés à la surveillance de l'ambassade des Etats-Unis, de la grande synagogue, du Musée juif et des bâtiments de l'Union européenne. Verviers et d'autres villes ont réclamé des renforts militaires.Au plan politique, un mouvement anti-islam se constitue en Flandre, sur le modèle de l'organisation allemande Pegida. Vlativa — Flamands contre l'islamisation de la Mère-patrie — dit vouloir agir en solidarité avec les victimes de Paris et compte organiser sa première manifestation à Anvers le 26 janvier. Le mouvement a rallié jusqu'ici quelque six mille cinq cents sympathisants sur sa page Facebook et tente d'essaimer dans la partie francophone du pays.Un débat interne l'agite déjà quant au maintien, ou non, du projet de défilé le 26 janvier, compte tenu de l'ambiance qui règne actuellement dans le pays et des menaces persistantes d'attentat.Lire (édition abonnés) : Le gouvernement belge déploie l’armée contre la menace djihadiste.Jean-Pierre Stroobants 18.01.2015 à 12h59 • Mis à jour le18.01.2015 à 18h45 L'armée ukrainienne affirme avoir repoussé l'offensive des rebelles prorusses à l'aéroport de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine. Mais les combats se poursuivaient à ses abords, dimanche 18 janvier. Une partie de la ville a également été paralysée par des bombardements.La grande majorité des tirs avait lieu à l'aéroport Serge-Prokofiev, mais des obus sont également tombés près du centre de la ville, où les transports publics ont cessé de fonctionner et où les magasins ont fermé. Une habitante témoigne :« Pendant toute la nuit, des obus passaient près de notre immeuble. L'artillerie rebelle tire d'un quartier résidentiel sur l'aéroport. Ce matin, des vitres ont été brisées par l'onde de choc. Tout tremble. On a très peur. »Lire aussi (édition abonnés) : La diplomatie piétine dans le dossier ukrainienlmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2crweg"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2crweg", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});OFFENSIVE REBELLEA 6 heures du matin, heure locale, « les troupes ukrainiennes ont reçu l'ordre d'ouvrir le feu massivement sur les positions séparatistes connues », a écrit sur sa page Facebook un conseiller du président ukrainien, Iouri Birioukov, qui se trouve près de la ligne du front. La veille, l'armée, à l'aide d'au moins dix chars, a arrêté l'offensive rebelle et a créé un corridor pour l'envoi des renforts à l'aéroport et l'évacuation des victimes.Un porte-parole militaire a annoncé, samedi, que trois soldats avaient été tués et dix-huit blessés durant les dernières vingt-quatre heures dans l'Est séparatiste prorusse. Les autorités municipales séparatistes de Donetsk ont elles fait état, dimanche, d'au moins deux civils tués et de cinq blessés dans le même laps de temps. La Russie s'est dite « extrêmement préoccupée » par l'intensification des combats. M. Poutine a ainsi envoyé dans la nuit de jeudi à vendredi une lettre à M. Porochenko proposant « un plan concret pour le retrait de l'artillerie lourde » de la ligne de front, selon le Kremlin.Depuis son éclatement, en avril 2014, le conflit en Ukraine a fait plus de 4 800 morts. Une nouvelle trêve avait été instaurée le 9 décembre. Elle a été rompue dès janvier.Lire aussi le décryptage : Une trêve et après… où en est la guerre en Ukraine ?lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x1dltfd"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x1dltfd", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 17.01.2015 à 10h01 • Mis à jour le17.01.2015 à 10h11 Après le démantèlement, jeudi 15 janvier, d'une cellule djihadiste qui planifiait des attentats, des militaires ont commencé, samedi, à prendre la relève de policiers pour surveiller des sites sensibles en Belgique, notamment à Anvers (dans le nord) où vit une importante communauté juive.« Le Comité ministériel restreint a décidé de mobiliser progressivement jusqu'à 300 militaires. Concrètement, ces soldats seront déployés à Bruxelles et Anvers. Ils pourront l'être aussi à Verviers (est) et dans d'autres endroits », ont annoncé les services du premier ministre Charles Michel.« Les militaires mobilisés seront armés et auront principalement pour tâche la surveillance de certains sites. Ils viendront en renfort des services de police », ont-il précisé.Lire notre décryptage : Ce que l'on sait de l'opération antiterroriste en BelgiqueUNE PREMIÈRE DEPUIS LES ANNÉES 1980Le gouvernement belge avait annoncé vendredi le déploiement rapide de l'armée sur certains sites, au lendemain d'un assaut à Verviers dans lequel deux djihadistes présumés prévoyant d'attaquer des policiers sont morts. L'appel à des militaires pour des opérations de maintien de l'ordre est une première en Belgique depuis une vague d'attentats commis dans les années 1980.Cette mesure, annoncée vendredi avec une dizaine d'autres pour prévenir la radicalisation et empêcher les candidats au djihad de rallier la Syrie ou l'Irak, est valable pour un mois renouvelable, et tant que le niveau d'alerte sera à 3 sur une échelle de 4, comme c'est le cas depuis jeudi soir.13 PERSONNES INTERPELLÉESLe maire d'Anvers avait immédiatement réclamé l'envoi de troupes dans sa ville, qui accueille une importante communauté juive orthodoxe, forte de 15 à 20 000 personnes. Samedi matin, les premiers soldats, lourdement armés, ont fait leur apparition dans le quartier juif de la ville, site considéré comme sensible dans le contexte des attentats déjoués, a rapporté la chaîne publique flamande VRT.La cellule démantelée en Belgique jeudi et vendredi était composée en partie de djihadistes partis combattre en Syrie. Ils étaient sur le point de « tuer des policiers sur la voie publique et dans des commissariats », selon le parquet fédéral. Treize personnes ont été interpellées en Belgique, dont cinq ont été inculpées pour « participation à un groupe terroriste ». Deux membres présumés de la cellule, des Belges qui voulaient fuir en Italie, ont été arrêtés en France.Lire le récit (abonnés) : Vaste opération antiterroriste en BelgiquePAS DE LIEN AVEC LES TERRORISTES FRANÇAISLe premier ministre français, Manuel Valls, a assuré vendredi que l'opération belge n'avait pas de lien avec l'enquête sur les attaques terroristes de la semaine passée à Paris. Jeudi, un habitant de Charleroi, en Belgique, avait été mis en examen pour « trafic d'armes » qui auraient pu servir aux attentats commis à Paris par Amedy Coulibaly. La piste d'un lien avec cette opération semble donc écartée.Lire (édition abonnés) : La piste belge pour l'arsenal de Coulibaly Jean-Baptiste Chastand Si la croissance devrait un peu s’améliorer en 2015, la situation de l’emploi ne devrait en revanche pas s’éclaircir. L’Unedic, l’organisme qui gère l’assurance-chômage, a publié de sombres pronostics, vendredi 16 janvier. Ils prévoient une hausse du taux de chômage à 10,3 % en métropole fin 2015, contre 9,9 % actuellement. Le nombre de chômeurs sans aucune activité (la « catégorie A » de Pôle emploi) devrait s’établir dans un an à 3,6 millions de personnes, contre un peu moins de 3,5 millions actuellement.En comptant les chômeurs ayant une activité réduite (catégories B et C), le nombre d’inscrits à Pôle emploi pourrait grimper de 5,2 à près de 5,4 millions de personnes. Cette situation a une raison simple : le timide retour de la croissance, que l’Unedic estime à 0,8 % pour 2015 en accord avec le consensus des économistes, ne permettra pas de créer suffisamment d’emplois pour compenser la hausse de la population active. Ces prévisions sont similaires à celles de l’Insee, publiées le 18 décembre 2014, qui pronostiquent un taux de chômage à 10,6 % en 2015, DOM compris. François Hollande n’avait pas contesté en décembre ces sombres présages. « Est-ce que 1 % de croissance suffit pour réduire le chômage en France ? Non, parce qu’en France, la population active augmente », avait-il déclaré en déplacement à Bruxelles. Depuis son échec à « inverser la courbe du chômage avant fin 2013 » comme il s’y était engagé, le président de la République est très prudent sur ses promesses publiques en matière d’emploi. En avril, il s’est uniquement engagé à ne pas se représenter en 2017 si le chômage ne reculait pas d’ici là.DérapageSouci supplémentaire, cette nouvelle montée du nombre de chômeurs va se traduire par une forte hausse du déficit de l’Unedic. Alors que l’assurance-chômage prévoyait encore en septembre de réduire son déficit en dessous de 3,7 milliards d’euros en 2015 (contre près de 4 milliards en 2013), celui-ci devrait finalement se stabiliser en 2014 puis déraper à plus de 4,6 milliards en 2015. L’Unedic, qui est déficitaire depuis 2009 et le début de la crise, va voir sa dette totale grimper à près de 26 milliards à cet horizon.Si un déficit est logique en période de crise pour l’assurance-chômage, ce dérapage des comptes devrait peser sur la prochaine négociation des règles d’indemnisation des chômeurs. Les syndicats et le patronat, qui gèrent l’Unedic, ont prévu de les rediscuter en 2016, mais un premier groupe de travail doit se réunir en 2015. Il apparaît déjà que l’actuelle convention, rentrée totalement en vigueur début octobre, ne permettra pas de stabiliser le déficit comme espéré, malgré les 600 millions d’euros d’économies prévues par le texte.Cette convention prévoyait pourtant un durcissement de l’indemnisation des intermittents, l’allongement du délai de carence pour les salariés quittant leur entreprise avec des indemnités supralégales ou la création de « droits rechargeables » plus simples mais souvent moins avantageux pour les chômeurs reprenant une activité temporaire. Mais les fondamentaux – un jour cotisé pour un jour travaillé, une durée d’indemnisation pouvant aller jusqu’à deux ans, voire trois ans – étaient restés les mêmes.Le Medef n’a jamais caché qu’il souhaitait s’y attaquer et le gouvernement a publiquement demandé en octobre aux partenaires sociaux de durcir davantage ces règles. « La question de l’efficacité, de l’équité des règles » du régime d’assurance-chômage « est un débat légitime », avait déclaré Manuel Valls le 8 octobre, en laissant entendre que les règles d’indemnisation n’incitaient pas, selon lui, suffisamment les chômeurs à rechercher un emploi.Jean-Baptiste ChastandJournaliste en charge du social et de l'emploiSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L’Allemand Martin Schulz, le président du Parlement européen, jeudi. Le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro), vendredi. Les Européens se pressent à Athènes pour rencontrer Alexis Tsipras, le leader du parti de la gauche radicale anti-austérité Syriza, depuis qu’il a été nommé premier ministre, lundi 26 janvier.Ces volontés d’ouverture sont largement partagées à Bruxelles, où l’on sait la nécessité de trouver une solution avec la Grèce, afin d’éviter un « Grexit «, une sortie de la Grèce de la zone euro, dont personne ne veut. Mais une ligne de « fracture » commence à apparaître. Certains trouvent un peu précipitées les rencontres de ces dernières heures. D’autant qu’elles sont le fait de sociaux-démocrates.Dans le camp conservateur, on craint ainsi la formation d’un front social-démocrate qui pourrait, se montrer un peu trop accommodant avec Athènes. Alors que, pour l’instant, la ligne de négociation assumée des Européens est assez dure avec Athènes.Pas question de parler à ce stade d’effacement de la detteM. Schulz a fait le déplacement, non pour entamer de quelconques négociations concernant l’énorme dette grecque (320 milliards d’euros, 175 % du PIB), mais « pour renouer le dialogue, après les problèmes de communication pendant les élections parlementaires grecques » explique son entourage.Début décembre 2014, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, avait en effet affiché son soutien à Antonis Samaras, l’ex-premier ministre, avant de prudemment garder le silence quand la campagne électorale a vraiment démarré.« J’ai appris de notre conversation que les Grecs n’ont pas l’intention de prendre des décisions unilatérales sur leur dette, mais qu’ils veulent négocier de manière constructive avec leurs partenaires. Le gouvernement de M. Tsipras veut travailler dans un esprit de partenariat », a déclaré M. Schulz à Athènes, mercredi après-midi, à l’issue d’une conférence de presse.Le président du Parlement reste sur la ligne des Européens : pas question de parler à ce stade d’effacement de la dette grecque.Lire aussi : En Grèce, les premières mesures antiaustérité inquiètent l'UE et au-delàDijsselbloem « ne dispose d’aucun mandat »M. Dijsselbloem, appartenant lui aussi à la famille sociale-démocrate, devrait, pour sa part, probablement entrer davantage dans les détails des engagements réciproques de la Grèce et de ses bailleurs de fonds (Union européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne).Les Européens ont en effet besoin - en urgence - de savoir à quoi s’en tenir concernant le deuxième plan d’aide à la Grèce (130 milliards d’euros, accordés à partir de 2012).Celui-ci doit théoriquement se clore fin février 2015, avec le versement d’une dernière tranche de financements internationaux (environ 3,6 milliards de la part des Européens), en échange de réformes supplémentaires en Grèce.« Ce deuxième plan engage juridiquement la Commission européenne et l’Etat grec », assure t-on du côté de la Commission. Autrement dit : si les Grecs ne veulent pas le terminer « proprement », en faisant les réformes demandées, l’argent ne leur sera pas versé…Cependant, de source européenne, le président de l’Eurogroupe n’entamera formellement pas la discussion. « Il ne dispose d’aucun mandat. Il va à Athènes pour rencontre les membres du nouveau gouvernement, faire connaissance ».Jeudi, M. Dijsselbloem a indiqué que le nouveau gouvernement grec risque de compromettre les réformes et la reprise économique s'il s'en tient aux promesses faites pendant la campagne électorale.Il s'est dit prêt à écouter les propositions d'Athènes pour alléger le fardeau de la dette publique grecque mais il a ajouté: « Le plus important pour la Grèce, c'est qu'elle respecte simplement les accords qui nous lient les uns aux autres. »« La Commission observe le jeu des uns et des autres »D’abord boucler le deuxième plan d’aide, après négocier la dette proprement dite, c’est le scénario des Européens, mais certainement pas accepter un effacement, même partiel.M. Juncker l’a à nouveau répété clairement dans Le Figaro du 29 janvier : « il n’est pas question de supprimer la dette » d’Athènes même si « des arrangements sont possibles. »Pour l’instant, aucune date de rendez-vous entre MM. Tsipras et Juncker n’a été fixée. Le Luxembourgeois a invité officiellement le premier ministre grec, lors de sa nomination, mais il n’entend pas, lui, faire le déplacement à Athènes : il l’attend à Bruxelles. « La commission observe le jeu des uns et des autres, les colombes, les faucons, son rôle viendra le moment venu. C’est elle qui a l’initiative législative », rappelle une source européenne.Une manière de dire qu’elle compte bien rester dans le jeu, alors que deux commissaires, Pierre Moscovici et Valdis Dombrovskis, sont directement en charge du dossier grec, « en plus de Juncker qui le connaît par cœur », assure encore cette source.Lire nos explications : Les questions que vous vous posez après la victoire de Syriza en GrèceCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Gaëlle Picut Les pays alliant des emplois de qualité à une protection sociale efficace et à un fort investissement dans le capital humain ont mieux résisté à la crise économique. C’est là une des principales conclusions du rapport 2014 de la Commission européenne publié fin décembre sur l’évolution de l’emploi et de la situation sociale en Europe, consacré aux séquelles de la récession.L’apprentissage tout au long de la vie a été mesuré en termes de taux de participation à la formation continue durant les quatre semaines précédent l’enquête réalisée des périodes différentes selon les pays.Ce taux a globalement augmenté par rapport aux périodes avant la récession, avec des taux plus élevés en 2013 qu’en 2008, en dehors d’une légère baisse en 2011. La place accordée à la formation continue est très variable selon les pays europée... Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le terminal container de l’Autorité du Port d’Athènes (OLP), l’entreprise publique en charge de l’exploitation commerciale d’une partie du port du Pirée, était désert jeudi 29 janvier dans la matinée. Pas un navire dans la rade. Pas un ouvrier sur les quais. Seul le personnel de direction vaque à ses occupations dans les bureaux.Cet air de désolation contraste avec la joie des quelque 1 100 employés du groupe, qui ont appris, la veille, l’arrêt du processus de privatisation de leur entreprise.« C’est une excellente nouvelle », se réjouit Konstantinos Georges Soros, secrétaire général du syndicat des dockers.« OLP doit rester sous contrôle de l’Etat et l’Etat doit investir afin d’augmenter notre capacité de traitement de containers, car, pour l’instant, nous n’avons qu’un tiers de la capacité de notre concurrent chinois d’à côté et nous devons rétablir l’équilibre pour mettre fin à la situation de monopole qui s’est installée », soutient le syndicaliste.« Nous avons signé un contrat avec l’Etat grec »Côté chinois, justement, sur les deux terminaux gérés par l’entreprise PCT (Piraeus Container Terminal), filiale du groupe chinois Cosco, c’est l’effervescence.Des dizaines de grues électroniques dernier cri, directement importées des usines chinoises, traitent, dans un ballet impressionnant, des centaines de containers.Mais le ministère chinois du commerce s’est dit, jeudi 29 janvier, « très préoccupé » par l’arrêt de la privatisation du port du Pirée.« Nous avons appris par des articles de presse que le nouveau gouvernement en Grèce a annoncé le 28 janvier mettre un terme à la privatisation du port du Pirée. Cela nous préoccupe beaucoup », a déclaré Shen Danyang, porte-parole du ministère chinois.« Nous comptons exhorter le gouvernement grec à protéger les droits et intérêts légaux des sociétés chinoises en Grèce, dont Cosco », a ajouté Danyang Shen lors d’un point presse à Pékin.Car, au-delà de mettre fin au projet de privatisation d’OLP, pour lequel Cosco avait montré son intérêt, le ministre grec adjoint à la marine, Theodore Dristas a aussi prévenu qu’il souhaitait réexaminer les conditions d’attribution de la gestion à Cosco des deux terminaux exploités depuis 2009 par l’entreprise.« Nous avons signé un contrat avec l’Etat grec pas avec un gouvernement précis et nous attendons de l’Etat grec qu’il honore ce contrat », déclare Tassos Vamvakidis, le responsable commercial de PCT.Fermeture du Fonds de valorisation des biens publicsL’annonce, au lendemain de la formation du nouveau gouvernement du leader de la gauche radicale, Alexis Tsipras, du gel de la privatisation de l’OLP a beau surprendre, elle s’inscrit en droite ligne des promesses effectuées tout au long de la campagne.M. Tsipras a notamment, à maintes reprises, répété qu’il fermerait le Taiped, le Fonds en charge de la valorisation des biens publics en Grèce.Sur le catalogue de ce dernier figure des dizaines d’aéroports, de ports, de plages, d’hôtels mais aussi quelques grosses entreprises publiques, comme celle de l’électricité, du gaz ou de l’eau.Une fois cet outil fermé, que deviendront tous ces biens ? Certains, comme des immeubles vides et inutilisés, mais propriété de l’Etat, sont aujourd’hui mis en vente et rapportent quelques liquidités via un système d’enchères électroniques.Que deviendra ce système ? Le gouvernement entend-il revenir sur d’autres privatisations, comme celle du vaste ancien aéroport d’Athènes, l’Hellenikon, cédé il y a quelques mois pour moins d’un milliard d’euros au groupe Lamda Dévelopment ?Beaucoup de questions mais peu de réponses aujourd’hui. Après les annonces tonitruantes de mercredi, le gouvernement n’a, pour l’instant, rien précisé de plus sinon qu’il souhaitait d’une manière générale mettre fin à la privatisation des structures qui pourraient s’avérer utiles à la relance de la croissance, une fois la Grèce sortie de la crise.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Claire Guélaud Un gouvernement qui, pour sa première réunion le 27 janvier, défend des mesures d’austérité et argumente que celles-ci sont nécessaires à la relance de l’activité économique. Une banque centrale qui, une semaine plus tôt, relève ses taux directeurs - donc le coût du crédit - en indiquant qu’il s’agit de freiner l’envolée des prix, mais au risque de freiner dans l'immédiat la reprise de l'investissement et donc de l’activité... En ce début d’année, les signaux envoyés par le Brésil peuvent apparaître un peu contradictoires. Et suscitent des interrogations sur la capacité du pays à retrouver rapidement le chemin de la croissance.Excès de pessimisme ou lucidité ? Les marchés, eux en tout cas, continuent de douter de la capacité du Brésil à renouer en 2015 avec une hausse de son produit intérieur brut (PIB), après une année 2014 marquée par une légère récession. Ils n’excluent pas que la première économie latino-américaine, en difficulté depuis 2011, connaisse une deuxième année consécutive de stagnation.Dans l’enquête hebdomadaire Focus, réalisée par la Banque centrale brésilienne auprès d’une centaine d’institutions financières, la prévision de croissance du PIB a été révisée à la baisse, lundi 26 janvier, de 0,38 % à 0,13 %, et celle d’inflation revue en hausse, de 6,67 % à 6,99 % très loin de l’objectif officiel de 4,5 % par an (avec une bande de fluctuation de 2 points).Le « choc de crédibilité » peine à convaincre Un peu plus de deux mois après la constitution par la présidente Dilma Rousseff, réélue le 26 octobre et en fonction depuis le 1er janvier, d’une équipe économique taillée pour l’austérité, les premières mesures prises par le ministre des finances, Joaquim Levy, pour tailler dans les dépenses et enrayer la dérive des comptes publics n’ont pas encore totalement convaincu.À peine nommé, M. Levy a annoncé son intention de porter l’excédent budgétaire primaire - celui qui permet de stabiliser la dette - de 0,6 % en 2014 à 1,2 % en 2015 et à plus de 2 % en 2016.Il s’emploie ainsi à restaurer la confiance des investisseurs et à éviter une dégradation de la note souveraine brésilienne, après une « piteuse » année 2014 sur fond de croissance zéro, d’inflation élevée et de creusement des déficits extérieurs, résume Jean-Louis Martin du Crédit agricole.Pour redresser les finances publiques, M. Levy, ancien haut fonctionnaire passé par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque interaméricaine de développement, a commencé à tailler dans les dépenses.Le Brésil prend le virage de l’austéritéM. Levy a réduit certains des avantages dont bénéficiaient les fonctionnaires retraités et leurs ayants droit, durci les conditions d’indemnisation du chômage, mis fin aux subventions accordées aux entreprises d’électricité et réduit les subventions implicites dont bénéficiaient les entreprises empruntant à la BNDES, la banque de développement.De nouvelles coupes budgétaires et de nouvelles hausses d’impôt, après celles annoncées en décembre, sont à prévoir.Issue, comme l’ancien président Lula, de la gauche et, plus précisément, du Parti des travailleurs, Mme Rousseff a défendu, mardi 27 janvier, lors de la première réunion de son gouvernement l’inflexion de la politique économique brésilienne qui est critiquée par une partie de sa majorité.« Les ajustements sont nécessaires pour maintenir le cap, tout en préservant les priorités sociales et économiques », a fait valoir la présidente non sans préciser que « des comptes publics en ordre sont nécessaires pour le contrôle de l’inflation, la croissance économique et la garantie durable de l’emploi et des revenus. » Les marchés ont salué à leur manière ce changement de cap. « Le real, qui s’était beaucoup déprécié mais reste surévalué, est un peu remonté ces dernières semaines », analyse M. Martin (Crédit agricole). Lire également : Au Brésil, le bilan économique de Dilma Rousseff résumé en 3 graphiquesLe difficile pas de deux entre limiter l’inflation et relancer l’investissement Parallèlement, l’arme monétaire a été utilisée pour essayer de contenir l’inflation. Mercredi 21 janvier, pour la troisième fois depuis le mois d’octobre 2014, la Banque centrale du Brésil a relevé le taux du Selic.Cette dernière augmentation, de 50 points de base, l’a porté à 12,25 %. Une quatrième hausse de même importance est attendue en février.Mais les pressions inflationnistes restent fortes, la Banque centrale elle-même prévoyant une augmentation de 9,3 % des prix administrés en 2015, qui tirera l’indice des prix vers le haut.On voit mal dans ces conditions comment le gouvernement pourrait tenir son objectif de ramener l’inflation de 6,41 % en 2014 à 4,5 % par an. Or, l’inflation élevée pèse sur le pouvoir d’achat des ménages et sur leur consommation. Donc sur la croissance.Dans un pays qui souffre d’une insuffisance chronique d’investissement, la hausse répétée du taux directeur de référence peut par ailleurs avoir des conséquences fâcheuses.Dans un article sur l’économie brésilienne intitulé « Le patient brésilien », Sylvain Bellefontaine, économiste de BNP Paribas, a observé, en décembre 2014, que l’investissement était reparti au troisième trimestre 2014 (+ 0,9 %) après quatre trimestres consécutifs de repli.La hausse du Selic pourrait freiner cette reprise et compliquer le redémarrage du pays.Des obstacles structurels qui demeurent La magie des années 1990 (+ 1,9 % de croissance par an en moyenne) et des années 2000 (+ 3,4 %) n’opère plus, qui permit au Brésil d’augmenter de 60 % son PIB par habitant (12 200 dollars en 2013), de réduire les inégalités et de développer une classe moyenne de quelque 100 millions de personnes.Le géant latino-américain a bien résisté à la dernière crise : le PIB ne s’est contracté que de 0,3 % en 2009 et il est reparti très fort en 2010 (+ 7, 5 %). Mais, depuis 2011, ses performances décevantes inquiètent.Faiblesse de l’investissement productif, perte de compétitivité de l’industrie (les coûts salariaux s’envolent notamment pour les personnels qualifiés), infrastructures en piteux état, lourdeur de la bureaucratie, climat des affaires terni par des scandales de corruption, au premier rang desquels celui de Pétrobras : les économistes pointent tous les mêmes obstacles structurels à la croissance.Carlos Quenan, économiste et professeur à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine (IHEAL) n’exclut pas qu’en raison de ces difficultés et pour cause d’impact récessif des coupes dans les dépenses publiques, le pays puisse retomber en récession.Même si ce n’est pas le cas, le Brésil va devoir engager des réformes structurelles sans croissance et sans pouvoir compter sur un environnement international porteur.À la fin des années 1990, déjà, le pays avait connu une crise de change et quatre années difficiles sur le plan économique avant de réussir à repartir d’un bon pied.Mais l’environnement international était alors plutôt bon, alors que le ralentissement chinois, la fin du super-cycle des matières premières et le ralentissement du commerce mondial constituent aujourd’hui un handicap supplémentaire pour l’économie brésilienne.Dans de telles conditions, le second mandat de Dilma Rousseff s’annonce redoutable sur le plan économique et social.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.01.2015 à 12h24 • Mis à jour le29.01.2015 à 17h53 L'essentielUn F-16 s'est écrasé lundi au centre de formation de pilotes d'élite de l'OTAN. Onze personnes ont été tuées, dont neuf militaires français, et vingt ont été blessées.Le parquet de Paris a ouvert une enquête sur les causes de l'accident.L'hommage national aux soldats français tués aura lieu le 3 février. L'avion de chasse grec F-16 qui s'est écrasé lundi 26 janvier sur la base espagnole d'Albacete, faisant onze morts, dont neuf militaires français, a eu une panne au décollage, et les deux pilotes ont tenté de s'éjecter, a rapporté, le ministère de la défense. « Ce qu'on sait, c'est que l'équipage du F-16, assez rapidement, pratiquement après le décollage, a essayé de s'éjecter. Donc cela confirme bien cette panne », a déclaré le chef d'état-major de l'armée de l'air, le général Denis Mercier, sans pouvoir se prononcer sur la nature de la panne. Il s'agit du plus grave accident aérien subi par les troupes de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) et par l'armée française dans le cadre d'un entraînement.L'hommage national aux soldats français tués aura lieu à Paris mardi 3 février, à 10 heures, aux Invalides. Un autre hommage leur sera rendu lundi sur la base aérienne 133 de Nancy-Ochey (en Meurthe-et-Moselle), dont la plupart étaient originaires.OUVERTURE D'UNE ENQUÊTE EN FRANCELe parquet de Paris a ouvert une enquête sur les causes de l'accident, car, même si les faits ont eu lieu à l'étranger, l'ouverture d'une enquête en France est une procédure classique lorsque des nationaux figurent parmi les victimes.Des officiers de police judiciaire de la section de recherches de la gendarmerie de l'air et des militaires de l'institut de recherche criminelle de la gendarmerie se sont ainsi rendus sur place, mardi, dans le cadre d'une demande d'entraide pénale internationale transmise aux autorités judiciaires espagnoles. Côté espagnol, une enquête a également été ouverte et confiée à un juge de Valence avec la garde civile. Une commission d'enquête technique est aussi à l'œuvre.NOMBREUSES PERSONNES DÉPLOYÉES AU SOLL'accident s'est produit vers 15 heures lundi, lors d'un entraînement sur la base aérienne de Los Llanos, dans la province d'Albacete, située à environ 250 kilomètres au sud-est de Madrid.Au moment du décollage, le F-16 a perdu de sa puissance et s'est écrasé sur le tarmac, heurtant cinq appareils qui s'y trouvaient, dont deux Alpha Jet et deux Mirage 2000-D, alors que de nombreuses personnes étaient déployées au sol. Les pompiers ont mis une heure à éteindre l'incendie causé par le crash.Lire (édition abonnés) : En Espagne, le plus grave accident aérien de l’OTAN 29.01.2015 à 07h57 • Mis à jour le29.01.2015 à 09h14 | Alain Salles et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le nouveau gouvernement grec, dirigé par Alexis Tsipras, le leader de la gauche radicale Syriza, a multiplié, mercredi 28 janvier lors de son premier conseil des ministres, les annonces : arrêt de la privatisation du port du Pirée et de celui de Thessalonique, ou de la compagnie d’électricité DEI, hausse du salaire minimum, réintégration de plusieurs milliers de fonctionnaires, relèvement des pensions des retraités les plus pauvres…Autant de sujets qui s’inscrivent à l’opposé des memorandums conclus avec la Troïka des bailleurs de fonds du pays (Fonds monétaire international, Commission et Banque centrale européennes) et qui ont eu pour effet de provoquer une chute de l’indice de la Bourse d’Athènes (- 9,24 %), ainsi qu’une remontée du taux des emprunts grecs à 10 ans, repassé au-dessus de 10 %.Lire aussi : La Bourse d'Athènes dévisse après les premières déclarations de Tsipras« Nous, nous ne reconnaissons ni le mémorandum ni la troïka », déclare Georges Katrougalos, le nouveau ministre de la réforme administrative, dans un entretien au « Monde » à paraître jeudi.Rappelant que ses « prédécesseurs ont inscrit toute leur action de réforme dans le cadre des objectifs quantitatifs de réduction de la fonction publique dictés par la Troïka, qu’ils ne contestaient pas », M. Katrougalos se déclare « libre de dessiner seul les contours de la réforme qu’[il croit] nécessaire. » S’attaquer « au problème du clientélisme »Indiquant que sa « première mesure symbolique » est de « réembaucher les quelque 2 000 fonctionnaires victimes de licenciements injustes, en dehors de toute procédure d’évaluation, comme les 500 femmes du ministère de l’économie ou les gardiens d’école qui ont été écartés simplement pour répondre à l’objectif de 15 000 licenciements d’ici à fin 2014 », le nouveau ministre admet que « le coût et les modalités juridiques de ces réintégrations restent encore à préciser. » M. Katrougalos estime que l’« on ne peut pas réduire plus » la taille de la fonction publique grecque. « Quantitativement le nombre d’agents a diminué drastiquement depuis 2011 et nous sommes désormais en dessous de la moyenne européenne », indique-t-il, tout en affirmant vouloir, par ailleurs, s’« attaquer au problème du clientélisme ».« Tous les ministres se sont heurtés à des résistances au sein de leurs services mais nous sommes un parti neuf, sans clientèle politique, et le premier ministre m’a donné carte blanche pour lutter contre ce fléau », affirme-t-il à ce propos.Le gouvernement grec tourné vers le redressement économiqueAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteAlain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Romain Geoffroy Invité sur France Info mercredi 28 janvier, Pierre Moscovici, récemment nommé commissaire européen aux affaires économiques et financières, a montré une certaine gêne au moment où sa rémunération a été abordée. Quand le chroniqueur Guy Birenbaum évoque sa «  très confortable indemnité de commissaire européen, pas loin de 24 000 euros mensuels », M. Moscovici botte en touche :Ce qu'il a dit :« Je paye des impôts et beaucoup d'impôts. Je ne m'en plains pas. J'ai un travail, un bon salaire, mais pas celui que vous dites. (...) Vous êtes franchement dans une exagération, je pourrai vous donner ma feuille de paye, elle est déjà très confortable. »Pourquoi ne rien dire est inutileCes données sont pourtant publiques. Sur le site de la Commission européenne, un document détaille l'ensemble des rémunérations auxquelles un commissaire peut prétendre.20 832,54C'est, en euros, le salaire mensuel brut de base d'un commissaire européen. Il est fixé à cette somme depuis le 1er juillet 2012. Un montant qui atteint 23 147,27 euros pour les vice-présidents de l'organe exécutif de l'Union européenne (UE) et 24 073,15 euros pour le poste de haut représentant, tandis que le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, dispose d'un salaire de 25 554,58 euros. C'est largement plus que François Hollande, qui gagne environ 15 000 euros mensuels (il a diminué cette rémunération de 30 %, son prédécesseur émargeait à 21 300 euros).Ce salaire est, comme le rappelle le commissaire européen français, sujet à un impôt communautaire. Exonérées de l'impôt sur le revenu national, les rémunérations versées par la Commission aux fonctionnaires européens sont en effet imposées à la source. L'impôt communautaire est directement reversé au budget de l'UE. Le prélèvement est appliqué selon une règle de progressivité qui s'étend sur quatorze tranches allant de 8 à 45 %. Un « prélèvement de solidarité » de 7 % du salaire est également appliqué depuis 2014.Lire aussi : Les traitements et indemnités des commissaires de l'Union européenne suscitent la polémique3 124,9Contraint de résider à Bruxelles, où se trouve le siège de la Commission européenne, Pierre Moscovici touche également chaque mois une allocation de résidence correspondant à 15 % de son salaire, soit 3 124,9 euros.607,71La nature des tâches confiées appelant les commissaires « à engager régulièrement des frais de représentation », Bruxelles verse tous les mois une indemnité forfaitaire de fonction de plus de 600 euros.Au total, M. Moscovici perçoit donc une rémunération mensuelle brute de 24 565,15 euros. En évoquant une indemnité de près de 24 000 euros mercredi matin, le chroniqueur de France Info avait donc visé juste, quoi qu'en dise l'ancien ministre socialiste.Lire le portrait (édition abonnés) : « Mosco », le BruxelloisIndemnités exceptionnellesA ce total, on peut ajouter les remboursements des frais de déplacement vers Bruxelles et quelques indemnités exceptionnelles dont peut bénéficier chaque commissaire.Au moment de l'installation dans la capitale belge, qui fait suite à la nomination en tant que commissaire, une indemnité de deux mois de salaire de base est versée, soit 41 665 euros.Quand le mandat d'un commissaire européen prend fin, celui-ci touche une indemnité de réinstallation correspondant à un mois de salaire (soit 20 832 euros) et se voit rembourser l'intégralité de ses frais de déménagement et de voyage.Il touche également pendant les trois ans qui suivent la fin de son mandat une indemnité de transition mensuelle allant de 40 % à 65 % du salaire de base selon la durée de sa fonction (de 8 332 à 13 540 euros). La Commission précise que l'indemnité de transition est cependant plafonnée : « Si l'ancien commissaire exerce une nouvelle activité, sa rémunération ne doit pas dépasser, y compris cette indemnité, celle qu'il percevait en tant que membre de la Commission.  »Lire aussi : L'UE veut durcir les règles de reconversion des commissaires européensRetraite potentielle de 4 450 eurosA partir de 65 ans, les anciens commissaires bénéficient d'une retraite calculée sur la base de 4,275 % du salaire de base pour chaque année exercée en tant que commissaire. Si M. Moscovici, 57 ans, se contente de son mandat de cinq ans pour sa carrière européenne, il pourrait donc toucher une pension de retraite mensuelle de 4 452,84 euros.Statut fiscal des fonctionnaires internationnauxComme c'est le cas pour les commissaires européens, les fonctionnaires des différentes institutions de l'Union européenne (UE) sont exonérés d'impôt national sur le revenu mais sujets à un impôt communautaire. Les agents des principales organisations internationales, comme le Fonds monétaire international (FMI) ou l'Organisation mondiale de la santé (OMS), et les diplomates sont eux aussi exonérés d'impôt national sur le revenu. Les fonctionnaires de l'Organisation des nations unies (ONU) sont tout de même redevables d'une contribution obligatoire perçue par l'organisation.Romain GeoffroyJournaliste au Monde Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) En Allemagne, l’heure est à un relatif optimisme en ce qui concerne l’évolution de l’économie. Après une année 2014, qui a vu le produit intérieur brut (PIB) progresser de 1,5 %, soit davantage que ce qui était prévu à l’automne, le gouvernement allemand a officiellement porté, mercredi 28 janvier, ses prévisions de croissance pour 2015 de 1,3 % à 1,5 %.En conséquence, Berlin escompte la création de 170 000 emplois supplémentaires, ce qui porterait le nombre d’actifs à 42,8 millions, un record.Le taux de chômage, actuellement de 6,7 %, devrait légèrement reculer à 6,6 %. En 2014, l’emploi avait cru pour la huitième année consécutive. Le nombre d’actifs a augmenté de 371 000 et il atteint désormais 42,7 millions.La croissance allemande est plus vigoureuse que prévuLes ménages consommentSelon le ministre de l’économie, Sigmar Gabriel (par ailleurs président du parti social-démocrate, SPD), ce sont les dépenses de consommation privée qui devraient tirer la croissance.Celea tiendra notamment, selon lui, à la création au 1er janvier 2015 d’un salaire minimum, au coup de pouce donné en 2014 aux retraites et à la baisse des prix du pétrole.Par ailleurs les exportations devraient bénéficier d’un euro faible et croître de 3,6 % en 2015.Bien que social-démocrate, Sigmar Gabriel s’est félicité de l’équilibre budgétaire qui devrait à nouveau être atteint en 2015, comme en 2014 et qui est, selon lui, l’une des raisons de l’état « relativement robuste de l’économie allemande ».Pour 2016, M. Gabriel se veut prudemment optimiste et ne fait pas de prévisions. Il rappelle qu’en début d’année 2014, le gouvernement et la plupart des experts prévoyaient une croissance de 1,8 %.Mais après un début d’année en fanfare, l’économie allemande avait stagné durant quasiment un semestre.Le patronat réclame des investissementsEn 2015, l’année commence, en tout cas, sous de bons auspices. Mercredi, le baromètre GfK, qui mesure les attentes des consommateurs, s’affiche à 9 points en janvier, sa deuxième hausse consécutive.L’institut mise sur une nouvelle hausse du baromètre en février, à 9,3 points. Le moral des ménages serait ainsi à son plus haut depuis treize ans, souligne GfK.De son côté, l’indice Ifo du climat des affaires, publié lundi 26 janvier, a atteint son plus haut niveau ces six derniers mois. L’indicateur s’est établi à 106,7 points ce mois-ci, contre 105,5 points en décembre.« L’économie allemande démarre bien l’année », a commenté Hans-Werner Sinn, président de l’institut Ifo, peu connu pour son optimisme.Réagissant aux prévisions du gouvernement, le patronat (BDI) a jugé, mercredi, que la situation était effectivement favorable, grâce notamment à la baisse du prix du pétrole.Mais le patronat juge que « le gouvernement doit plus investir ». Alors que le SPD vante l’équilibre budgétaire, c’est le patronat qui regrette que « les moyens consacrés aux investissements publics restent plutôt limités ».Accueil mitigé aux 10 milliards d’euros d’investissement consentis par l’AllemagneFrédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.01.2015 à 15h04 • Mis à jour le 28.01.2015 à 15h37Abonnez-vousà partir de 1 €data-url="http://campus.lemonde.fr/moocs-docs/article/2015/01/28/liberation-d-auschwitz-des-expositions-et-des-documents-web-pour-comprendre_4564576_4401467.html"data-title="Libération d'Auschwitz : des expositions et des documents Web pour comprendre"data-picture="http://s2.lemde.fr/image/2015/01/27/400x300/4564607_7_c12f_photos-issues-du-webdocumentaire-les-deux_8cb9f67f83d83af120b7a8416de7ea82.png" Partager data-href="http://campus.lemonde.fr/moocs-docs/article/2015/01/28/liberation-d-auschwitz-des-expositions-et-des-documents-web-pour-comprendre_4564576_4401467.html" data-layout="standard" data-action="recommend" data-show-faces="false" A l'occasion des soixante-dix ans de la libération d'Auschwitz, en Pologne, le 27 janvier 1945, différentes institutions reviennent sur l'histoire des camps d'extermination nazis, et plus particulièrement sur celle d'Auschwitz. Tour d'horizon de ces ressources en ligne et des expositions spécialement organisées.SUR INTERNET...Webdocumentaire Les Deux Albums d'AuschwitzLa Fondation pour la mémoire de la Shoah et le réseau Canopé ont réalisé un webdocumentaire, Les Deux Albums d'Auschwitz, mis en ligne mardi 27 janvier. Il s'appuie sur deux albums photos de l'époque, l'un découvert en 1945 par une rescapée, Lili Jacob, l'autre transmis des années plus tard par un soldat américain anonyme, qui racontent une même histoire, « celle d'Auschwitz-Birkenau, de ses victimes, de ses bourreaux, au plus proche du processus génocidaire », indique l'introduction. Chacun peut y découvrir, de manière immersive, plus de cent photographies, une centaine d'articles historiques, deux heures de vidéos, des cartes interactives et des fiches chronologiques.Consulter : Les Deux Albums d'AuschwitzLes archives vidéos de l'INAA travers une sélection de neuf vidéos, l'INA revient sur l'époque comme sur la mémoire de la Shoah jusqu'à aujourd'hui : un film tourné par des soldats soviétiques lors de la libération d'Auschwitz, les témoignages d'anciens combattants de l'Armée rouge et de victimes, ou, plus contemporains, un discours du président français Jacques Chirac à Auschwitz ou le 60e anniversaire de la libération du camp, avec Simone Veil.>> Consulter : les vidéos d'archives de l'INA« Un cours d'histoire », des lycéens à AuschwitzLe mois dernier, 140 lycéens et apprentis d'Ile-de-France se sont rendus pour une journée à Auschwitz, au côté d'Yvette Lévy, une ancienne déportée. En quatre épisodes vidéos, Un cours d'histoire revient sur la préparation en classe de cette journée, sur la visite de ces élèves au mémorial de la Shoah à Paris, et enfin sur leur voyage. Une série dévoilée au fur et à mesure, du 26 au 29 janvier. >> Consulter : Un cours d'histoire...ET À PARIS Photos des survivants, dans les rues du 4e arrondissement et sur le WebL'Hôtel de Ville de Paris présente une exposition photo gratuite, dans les rues du 4e arrondissement, en partenariat avec le Mémorial de la Shoah. Elle montre les conditions de rapatriement et d'accueil des survivants et de leurs familles. Ces photos commentées font aussi l'objet d'une exposition virtuelle.« 1945-2015 : 70e anniversaire de la libération des camps », dans les rues du 4e arrondissement de Paris, jusqu'au 9 février.La guerre et les camps filmés par les Soviétiques, au Mémorial de la ShoahCette exposition montre l'horreur du génocide juif à travers les témoignages filmés par des opérateurs de cinéma soviétiques, d'une ampleur et d'une diversité exceptionnelles. Des images fortes et rares, voire inconnues du public, filmées dès 1941, notamment dans les camps d'extermination de l'Est, plus riches et variées que celles tournées par les Américains.« Filmer la guerre : les Soviétiques face à la Shoah (1941-1946) », au Mémorial de la Shoah, 17, rue Geoffroy-l'Asnier,75004 Paris, jusqu'au 27 septembre.La Shoah par balle, à la Maison de l'UnescoCompiler des preuves, des photos, des témoignages des massacres par balle des Juifs durant la seconde guerre mondiale, voilà à quoi s'attelle l'association Yahad-In Unum depuis dix ans. Cette enquête, à partir des archives soviétiques et allemandes, est retracée dans une exposition.« La Shoah par balles, 10 ans d'investigation », au Hall Ségur de la Maison de l'Unesco,  7, place de Fontenoy, 75007 Paris, jusqu'au 10 février.Inès Belgacem width="314" height="157" alt="" src="http://s2.lemde.fr/image/2015/01/29/314x157/4566531_3_2725_2015-01-28-aa4dfc8-27830-1ofrs1z_09df7625cac48de922e9f484a4386213.jpg" Les classements, obsession risquée des universités A Pittsburgh, aux Etats-Unis, « Another mother » propose de laver votre linge, faire votre vaisselle ou encore vous livrer un kit de survie en période d'examens. width="314" height="157" alt="Des fiches méthodologiques pour réussir son bac" src="http://s2.lemde.fr/image/2015/01/29/314x157/4566420_3_6c0c_des-fiches-methodologiques-pour-reussir-son-bac_9f033098cc3d1012ff83114908932375.jpg" Des fiches méthodologiques pour réussir le bac et les concours Le rectorat de Paris propose aux élèves, à partir de la seconde jusqu'au BTS et à la prépa, des entraînements intensifs axés sur l'oral en anglais, allemand et espagnol. width="314" height="157" alt="Comment se préparer à l'oral de TPE" src="http://s2.lemde.fr/image/2015/01/29/314x157/4566350_3_76f1_comment-se-preparer-a-l-oral-de-tpe_83bdee8adae1e5aefc043f79db4fd5e0.jpg" Dix conseils pour préparer l'oral des TPE 28.01.2015 à 11h25 • Mis à jour le28.01.2015 à 20h34 L'essentielAlexis Tsipras est devenu premier ministre de la Grèce à la suite de la victoire, dimanche, de la Syriza, parti de la gauche radicale, aux élections législatives.Il devrait annoncer dans la journée des mesures concrètes anti-austérité.Il rencontrera ces prochains jours des dignitaires de l'Union européenne pour parler de la dette grecque. La place financière d'Athènes a clos en forte baisse mercredi 28 janvier, son principal indice perdant 9,24 %. Les quatre principales banques grecques ont, elles, chuté de 25 % sur les marchés. Une dégringolade inquiétante, survenue après les premières annonces du nouveau gouvernement d'Alexis Tsipras.Quelques jours après son triomphe aux élections législatives en Grèce, le premier ministre a en effet inauguré dans la journée son tout premier conseil des ministres. Dans son discours d'ouverture, il a officiellement réaffirmé sa volonté de « négocier un allégement de dette », souhaitant trouver « une solution juste, viable et mutuellement utile » avec les créanciers de la Grèce.Le montant de la dette s'élève à 175 % du produit intérieur brut (PIB), soit près de 300 milliards d'euros. Les créanciers, plutôt qu'un allégement, envisagent de leur côté de discuter d'un rééchelonnement.Appelant son gouvernement à ne pas décevoir les attentes des électeurs, M. Tsipras a souligné que le peuple grec voulait des « changements radicaux » : « Nous n'entrerons pas dans un affrontement mutuellement destructeur, mais nous ne poursuivrons pas une politique de soumission. »Le premier ministre a souligné que la lutte contre le chômage, qui touche 25 % de la population active, sera la priorité de son action.Lire le portrait (en édition abonnés) : Alexis Tsipras, le météoreL'ARRÊT DE « LA PRIVATISATION DU PORT DU PIRÉE  »Première mesure annoncée par Théodoros Dritsas, ministre adjoint de la marine marchande, au sortir du conseil des ministres : l'arrêt de « la privatisation du port du Pirée et celui de Thessalonique ». Alexis Tsipras devrait annoncer dans les jours à venir une série de mesures antiaustérité.Le gouvernement a notamment l'intention de faire adopter très vite une loi rehaussant de 580 euros à 751 euros le salaire minimal. Le nouveau ministre des finances, Yanis Varoufakis, a réitéré que le pays allait « tourner la page de la politique d'austérité » et appelé à « un 'New Deal' paneuropéen pour la reprise ».Lire : Les premières mesures économiques que pourrait prendre SyrizaLA BOURSE D'ATHÈNES CHUTELe ministre de l'économie allemand Sigmar Gabriel a lancé une pique après ce discours, demandant à la Grèce de se montrer, elle aussi, « juste » envers les Allemands et Européens, qui ont été « solidaires » des Grecs avec les aides consenties depuis 2010.  La France, de son côté, a invité Alexis Tsipras à Paris avant le prochain Conseil européen, prévu le 12 février.Les annonces du gouvernement grec sont faites à un moment essentiel, l'Union européenne ayant prévu de verser à la Grèce à la fin février les 7 derniers milliards prévus par son plan d'aide, mais à la condition expresse que les réformes en cours aient abouti et que la Grèce observe un strict régime budgétaire. Lire (en édition abonnés) : Après le choc, l’Europe face aux défis posés par Syriza Jean-Baptiste Chastand Si la croissance devrait un peu s’améliorer en 2015, la situation de l’emploi ne devrait en revanche pas s’éclaircir. L’Unedic, l’organisme qui gère l’assurance-chômage, a publié de sombres pronostics, vendredi 16 janvier. Ils prévoient une hausse du taux de chômage à 10,3 % en métropole fin 2015, contre 9,9 % actuellement. Le nombre de chômeurs sans aucune activité (la « catégorie A » de Pôle emploi) devrait s’établir dans un an à 3,6 millions de personnes, contre un peu moins de 3,5 millions actuellement.En comptant les chômeurs ayant une activité réduite (catégories B et C), le nombre d’inscrits à Pôle emploi pourrait grimper de 5,2 à près de 5,4 millions de personnes. Cette situation a une raison simple : le timide retour de la croissance, que l’Unedic estime à 0,8 % pour 2015 en accord avec le consensus des économistes, ne permettra pas de créer suffisamment d’emplois pour compenser la hausse de la population active. Ces prévisions sont similaires à celles de l’Insee, publiées le 18 décembre 2014, qui pronostiquent un taux de chômage à 10,6 % en 2015, DOM compris. François Hollande n’avait pas contesté en décembre ces sombres présages. « Est-ce que 1 % de croissance suffit pour réduire le chômage en France ? Non, parce qu’en France, la population active augmente », avait-il déclaré en déplacement à Bruxelles. Depuis son échec à « inverser la courbe du chômage avant fin 2013 » comme il s’y était engagé, le président de la République est très prudent sur ses promesses publiques en matière d’emploi. En avril, il s’est uniquement engagé à ne pas se représenter en 2017 si le chômage ne reculait pas d’ici là.DérapageSouci supplémentaire, cette nouvelle montée du nombre de chômeurs va se traduire par une forte hausse du déficit de l’Unedic. Alors que l’assurance-chômage prévoyait encore en septembre de réduire son déficit en dessous de 3,7 milliards d’euros en 2015 (contre près de 4 milliards en 2013), celui-ci devrait finalement se stabiliser en 2014 puis déraper à plus de 4,6 milliards en 2015. L’Unedic, qui est déficitaire depuis 2009 et le début de la crise, va voir sa dette totale grimper à près de 26 milliards à cet horizon.Si un déficit est logique en période de crise pour l’assurance-chômage, ce dérapage des comptes devrait peser sur la prochaine négociation des règles d’indemnisation des chômeurs. Les syndicats et le patronat, qui gèrent l’Unedic, ont prévu de les rediscuter en 2016, mais un premier groupe de travail doit se réunir en 2015. Il apparaît déjà que l’actuelle convention, rentrée totalement en vigueur début octobre, ne permettra pas de stabiliser le déficit comme espéré, malgré les 600 millions d’euros d’économies prévues par le texte.Cette convention prévoyait pourtant un durcissement de l’indemnisation des intermittents, l’allongement du délai de carence pour les salariés quittant leur entreprise avec des indemnités supralégales ou la création de « droits rechargeables » plus simples mais souvent moins avantageux pour les chômeurs reprenant une activité temporaire. Mais les fondamentaux – un jour cotisé pour un jour travaillé, une durée d’indemnisation pouvant aller jusqu’à deux ans, voire trois ans – étaient restés les mêmes.Le Medef n’a jamais caché qu’il souhaitait s’y attaquer et le gouvernement a publiquement demandé en octobre aux partenaires sociaux de durcir davantage ces règles. « La question de l’efficacité, de l’équité des règles » du régime d’assurance-chômage « est un débat légitime », avait déclaré Manuel Valls le 8 octobre, en laissant entendre que les règles d’indemnisation n’incitaient pas, selon lui, suffisamment les chômeurs à rechercher un emploi.Jean-Baptiste ChastandJournaliste en charge du social et de l'emploiSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.01.2015 à 10h08 • Mis à jour le16.01.2015 à 15h57 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne a rendu public, vendredi 16 janvier, l’intégralité de sa décision justifiant l’ouverture d’une enquête pour aide d’Etat concernant le groupe américain Amazon et ses pratiques fiscales au Luxembourg, qui avait été annoncé en octobre 2014.Bruxelles estime que les autorités luxembourgeoises « octroient un avantage à Amazon » à travers certaines pratiques fiscales, et que cela « constitue une aide d’Etat » illégale.La publication du détail des accusations de la Commission à l’encontre d’Amazon, et du Luxembourg, intervient après les révélations « LuxLeaks », début novembre 2014, un travail journalistique de grande ampleur, qui a mis à jour, au Luxembourg, un système d’évasion fiscale de grande envergure au profit des multinationales.LuxLeaks : L’évasion fiscale, un sport national pour les géants américainsPourquoi ne dévoiler le contenu des griefs que maintenant ?La décision d’ouverture d’enquête à l’encontre d’Amazon avait été rendue publique le 7 octobre 2014, mais les détails justifiant cette démarche n’avaient pas été divulgués, pour laisser aux parties concernées le temps d’en extraire ce qu’elles jugent relever du secret des affaires.La Commission s’était déjà prêtée à ce genre d’exercice (publier l’intégralité de sa décision d’ouverture d’enquête), fin 2014, à propos des pratiques fiscales de Starbucks aux Pays-Bas et d’Apple en Irlande.Les informations publiées vendredi (25 pages au total), n’apportent pas de données nouvelles concernant l’avancée de l’enquête de Bruxelles. La commissaire en charge de la concurrence, Margrethe Vestager s’est engagée à communiquer sur ce sujet avant la fin du premier trimestre 2015.Quelles sont les pratiques fiscales visées ? Ce qui est visé par l’enquête de Bruxelles c’est le système du « rescrit fiscal » (ou « tax ruling ») : celui-ci permet à une entreprise de demander à l’avance comment sa situation fiscale sera traitée dans un pays, et est utilisé par les multinationales pour faire de l’optimisation en répartissant profits et coûts entre leurs filiales dans différents pays.Amazon et le Luxembourg sont-ils les seuls visés par la Commission ?Non. La Commission a demandé des renseignements sur cette pratique du rescrit fiscal en juin 2014 à six pays : Chypre, l’Irlande, le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas et le Royaume-Uni.Elle a ouvert à ce jour quatre enquêtes sur des « tax rulings » qu’elle soupçonne de constituer des aides d’Etat illégales : deux d’entre elles visent le Luxembourg, pour des accords avec le Amazon et le groupe automobile italien Fiat. Les deux autres concernent l’Irlande avec Apple et les Pays-Bas avec Starbucks.Que montrent les 25 pages publiées par la Commission ?Le document publié vendredi éclaire sur les pratiques fiscales d’Amazon en Europe, particulièrement dans le Grand-Duché.La Commission explique soupçonner le fisc luxembourgeois d’avoir pris, au bénéfice du géant américain de la vente en ligne, une décision fiscale anticipative, le 6 novembre 2003, qui validerait des prix de transfert contestables entre les filiales luxembourgeoises d’Amazon et la maison mère.Les prix de transfert désignent les prix facturés pour des opérations commerciales entre diverses parties d’un même groupe d’entreprises, prix fixés pour l’usage de droits de propriété intellectuelle, pour la vente de produits et services, etc...Ces prix de transfert doivent être évalués conformément aux conditions du marché, c’est-à-dire, au prix auquel ces biens et services seraient facturés si une entité d’un groupe devait les acquérir sur le marché au lieu de le faire à l’intérieur du groupe.Une évaluation erronée des prix de transfert peut conduire à la diminution de la base fiscale d’une entreprise sur un territoire, donc à la minimisation de son bénéfice imposable.La Commission se penche notamment sur la structure d’Amazon au Luxembourg. Le groupe y a regroupé quasiment toutes ses activités en Europe.Ce que reproche la Commission c'est l'accord sur le prix de transfert entre deux entités luxembourgeoises, Lux SCS et Lux Eu SARL.Amazon Eu SARL « joue le rôle de siège principal d’Amazon pour l’Europe et est le principal opérateur des services de commerce de détail et des services aux entreprises offerts par l’intermédiaire des sites web européens d’Amazon », indique le document de Bruxelles publié vendredi. En outre, elle assume des fonctions de gestion de trésorerie et détient (directement ou indirectement) les autres filiales européennes d’Amazon qui assurent la commercialisation, le marketing et les fonctions de support. »Cette filiale a déclaré un chiffre d’affaires de 13,6 milliards d’euros. Cette société Amazon EU SARL joue le rôle de société mère pour d’autres filiales luxembourgeoises. Amazon emploie environ 1 000 salariés au Luxembourg, dont des postes de direction stratégique gérant l’ensemble des activités européennes d’Amazon.Lux SCS est une entité « fiscalement transparente » selon le rapport de Bruxelles, qui possède 100 % du capital de Lux EU SARL, qui, elle, est la société qui est censée payer des impôts au LuxembourgLux SCS licencie des droits de propriété intellectuels à Lux EU SARL, selon un prix de transfert, qui a été approuvé par le fisc luxembourgeois en 2003, et que Bruxelles soupçonne de ne pas être conforme au prix du marché : il aurait été surévalué pour minimiser la base imposable de Lux Eu SARL.Que répondent les « accusés » ?Les autorités luxembourgeoises ont immédiatement réagi à la publication de ces documents en assurant dans un communiqué que « le Luxembourg est confiant que les allégations d’aide d’État dans cette affaire sont sans mérite ».Le Luxembourg se dit assuré « qu’il sera à même de convaincre la Commission de la légitimité de la décision anticipative en cause et qu’aucun avantage sélectif n’a été accordé ».Où en sont les projets de la Commission pour plus de transparence fiscale ?Consciente de l’impact délétère sur les opinions publiques des révélations LuxLeaks, la Commission européenne, et son président, Jean-Claude Juncker, qui a été premier ministre du Luxembourg pendant près de 19 ans, ont pris à plusieurs reprises l’engagement, fin 2014, de faire de la lutte contre l’évasion et la fraude fiscale en Europe une de leurs priorités.Lire aussi : Les Européens avancent dans la lutte contre l’optimisation fiscaleLe commissaire à l’économie et à la fiscalité, Pierre Moscovici doit présenter, d’ici à la fin du premier trimestre 2015, une directive sur l’échange automatique et obligatoire des accords fiscaux préalables.Mais la pression sur la Commission européenne pour agir contre l’évasion et la fraude fiscale va croissante. Au Parlement européen, une commission d’enquête est sur le point d’être formée, à l’initiative des Verts, qui aura des pouvoirs étendus.LuxLeaks : le Parlement européen veut mettre en place une commission d’enquêteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.01.2015 à 09h23 • Mis à jour le16.01.2015 à 09h26 L’envol du franc suisse face à l’euro, après le changement de cap effectué, jeudi 15 janvier, par la banque centrale suisse (BNS), pourrait avoir un effet dévastateur pour les exportateurs, à commencer par l’industrie de l’horlogerie.Dès les heures qui ont suivi l’annonce de la BNS, les professionnels de ce secteur, déjà malmenés depuis plusieurs mois à l’export, ont d’ailleurs tiré le signal d’alarme. « Ce que la BNS provoque là, c’est un tsunami », a déclaré Nick Hayek, le patron de Swatch Group, le principal fabricant mondial de montres, à l’agence suisse ATS.Jeudi, le franc est remonté en flèche face à la monnaie unique après que la BNS a annoncé qu’elle mettait un terme au taux plancher, qui empêchait le franc suisse de tomber sous la barre de 1,20 franc pour un euro.La Suisse renonce à bloquer le cours du franc face à l’euro« Nous sommes surpris de cette décision et très inquiets quant à ses conséquences sur notre industrie », a déclaré Jean-Daniel Pasche, le président de la fédération de l’horlogerie suisse, à l’AFP. Même si les cours peuvent encore évoluer ces prochains jours, il est fort à craindre que le franc va rester fort et pénaliser notre branche. » La décision de la BNS a déclenché une véritable tempête sur la Bourse suisse, qui a chuté en clôture de près de 9 %. Ce sont d’ailleurs les valeurs du luxe qui ont affiché les plus fortes baisses. L’action de l’horloger Swatch Group a dégringolé de 16,35 %, à 382,30 francs suisses, tandis que celle de Richemont lâchait 15,50 %, à 74,95 francs suisses.Marchés européens en baisseIl faut dire que l’industrie horlogère suisse exporte près de 95 % de sa production vers les zones euro et dollar, comme l’a rappelé M. Pasche, et que ses coûts de production sont en francs suisses, ces groupes fabriquant dans le pays pour obtenir le fameux label « Swiss Made », qui certifie la qualité suisse.Les acteurs suisses du secteur horloger n’avaient pas besoin de ce nouveau coup dur. Cela fait plusieurs mois qu’ils ne sont plus à la fête. « Nos principaux marchés européens comme l’Allemagne et la France accusent déjà de fortes baisses », a rappelé M. Pasche.Les exportations horlogères ont reculé de 4,4 % en novembre 2014 par rapport au même mois de 2013. Si sur les onze premiers mois de l’année 2014, elles affichent un rebond de 2,3 %, certains pays connaissent toujours un recul : la Chine (- 0,5 %), pénalisée par les mesures anti-corruption mises en place par le gouvernement de Pékin, ou encore l’Allemagne (- 7,1 %) et la France (-6,2 %).Richemont (propriétaire notamment des marques Piaget, IWC et Vacheron Constantin), qui a publié jeudi 15 janvier ses ventes du troisième trimestre, accuse, en monnaie constante, un recul de 4 % de son chiffre d’affaires dans le secteur des montres.Toutes activités confondues, ce groupe souffre particulièrement en Asie, où ses ventes sont en baisse de 12 % en monnaie constante et de - 5 % en monnaie courante. Denis Cosnard Après six ans de recul, les ventes de voitures neuves dans les 27 pays de l’Union européenne sont remontées de 5,7 % sur l’année 2014, à 12,5 millions d’immatriculations, selon les chiffres publiés, vendredi 16 janvier, par l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA). En décembre, seizième mois consécutif de hausse, l’augmentation a atteint 4,7 %.Le marché reste loin de ses sommetsPour les professionnels, pas question de pousser des hourras. « Une reprise ? Mieux vaut parler de stabilisation, commente Bernard Lycke, le directeur général du CECRA, l’association européenne des concessionnaires. On a stoppé la chute, c’est tout. Le marché européen reste loin de ses sommets et ne les retrouvera pas avant des années. »Pendant dix ans, de 1997 à 2007, les ventes en Europe ont oscillé entre 14 et 15 millions de voitures neuves par an. La crise a tout remis en cause, et le rétablissement est lent.Avec 12,5 millions d’immatriculations en 2014, le marché demeure 17 % en dessous de ses records historiques.La Grande-Bretagne moteur de l’EuropeAu sein de l’UE, un seul grand marché, la Grande-Bretagne, se situe au même niveau qu’avant la crise. « L’an dernier, cela a été le principal contributeur à la remontée des ventes européennes, avec une hausse de 9 % », soulignent les consultants de LMC Automotive. Un reflet du tonus de l’économie britannique et de conditions d’emprunt avantageuses.Ailleurs en Europe, certains marchés ont connu des rebonds notables, en particulier l’Espagne (+ 18 %), la Grèce (+ 21 %) et le Portugal (+ 35 %). Sans retrouver pour autant leurs niveaux d’avant la crise, loin s’en faut.Ce n’est pas non plus le cas en France, où les ventes ont stagné en 2014, ni en Allemagne, où elles ont progressé d’un modeste 3 %.Le marché auto n’a pas décollé en 2014Les bons scores de Renault et NissanRenault et Nissan, constituent les principaux gagnants de la petite reprise du marché européen. Au total, le duo pèse désormais 13,4 % du marché européen, contre 12,5 % en 2013.Nissan a obtenu un meilleur score (ventes en hausse de 13 % sur l’exercice) grâce en particulier à son nouveau Qashqai, un modèle à mi-chemin entre une berline et un 4x4 tout-terrain. Renault a été porté surtout par sa marque d’entrée de gamme Dacia (+ 24 %).« Avec la crise, les consommateurs privilégient les modèles les moins chers, explique Flavien Neuvy, directeur de l’observatoire Cetelem de l’automobile. Dacia et Skoda, la marque low cost de Volkswagen, profitent à plein de ce mouvement. »Le colosse allemand Volkswagen, qui a vendu près de 3,2 millions de voitures en 2014, reste le premier constructeur européen, loin d’ailleurs devant : en hausse presque continue depuis vingt ans, sa part de marché a franchi en 2014 le cap des 25 % !Année record en 2014 pour VolkswagenLes autres grands constructeurs, en revanche, voient leurs positions stagner ou s’éroder. En particulier General Motors (- 4,6 %). Pénalisé par l’abandon de sa marque Chevrolet en Europe, le champion américain y est à présent dépassé par son compatriote Ford (+ 5,8 %).Des perspectives peu engageantesDans une Europe en panne de croissance, le secteur automobile ne s’attend pas à voir ses ventes progresser forttement. M. Lycke ne voit pas de raison à ce que les ventes montent de plus de 1% en 2015. D’autres experts se montrent à peine plus positifs : IHS et Barclays tablent sur environ 2,5 % de hausse, LMC sur 3 %.« Le marché européen est saturé, résume M. Lycke. Les particuliers ont déjà des voitures, et les problèmes de pouvoir d’achat les amènent souvent à en retarder le remplacement. Sans compter l’autopartage et tous les bâtons qu’on met dans les roues des automobilistes… »Denis CosnardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.01.2015 à 05h53 • Mis à jour le16.01.2015 à 19h18 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2euigm"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2euigm", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Une semaine après les attentats de Paris, les forces de sécurité belge ont mené, jeudi 15 janvier, une vaste opération dans le pays. Des unités des forces spéciales de la police fédérale ont mené plusieurs perquisitions dans et aux alentours des villes de Verviers, Bruxelles et Vilvorde. Deux djihadistes ont été tués et quinze personnes ont été interpellées dans le cadre de cette opération qui visait le démantèlement d'un groupe s'apprêtant à commettre des attentats. Cinq personnes ont finalement été inculpées pour « participation aux activités d'un groupe terroriste ».Lire aussi : Belgique : deux djihadistes tués lors d'une opération antiterroriste12 perquisitions, 5 inculpationsLa principale intervention policière a été lancée jeudi peu avant 18 heures à Verviers, dans l'est du pays. Les suspects visés « ont ouvert le feu au moyen d'armes de guerre et d'armes de poing » à l'approche des forces de l'ordre, selon un substitut du parquet fédéral, Thierry Werts. Deux djihadistes présumés sont morts dans cette opération, un troisième a été interpellé.Parallèlement, d'autres perquisitions ont eu lieu en Belgique, douze au total :  deux à Verviers, six à Molenbeek, une à Anderlecht, une sur le territoire de la Ville de Bruxelles, une à Berchem-Sainte-Agathe et une à Liedekerke.Vendredi, le Parquet fédéral a annoncé que cinq personnes avaient été inculpées pour « participation aux activités d'un groupe terroriste », dont trois placées en détention préventive. L'une des trois personnes placées en détention est le djihadiste présumé qui a survécu à l'assaut.Les huit autres personnes interpellées jeudi ne sont pas poursuivies.Des kalachnikovs et des uniformes de police découvertsPlusieurs armes ont été retrouvées, dont « quatre de type kalachnikov AK 47 ainsi que des armes de poing, des munitions, des uniformes de police, des téléphones portables, du matériel de communication, des documents falsifiés et de grosses sommes d'argent » sur le lieu de l'assaut, rue de la Colline, à Verviers, a précisé le Parquet fédéral.Le groupe voulait « tuer des policiers »Cette vaste opération visait une « cellule opérationnelle (…) sur le point de commettre des attentats d'envergure en Belgique, et ce, de façon imminente ». Le parquet fédéral a précisé vendredi que les terroristes présumés envisageaient de commettre des attentats pour « tuer des policiers ».Les terroristes présumés de Verviers s'apprêtaient à agirSelon le quotidien belge Le Soir, leur identification est toujours en cours. Les deux jeunes tués et le troisième blessé étaient partis combattre en Syrie et revenus il y a une semaine. Ils avaient été mis sur écoute par la police. D'après les forces de l'ordre belges, les trois djihadistes présumés s'apprêtaient à agir « sous quelques heures ». La Belgique en alerteLe niveau de menace terroriste, qualifié de « grave », a été relevé dans la nuit d'un cran, à 3 sur une échelle de 4, pour l'ensemble du royaume.A Bruxelles, les postes de police ont été fermés et les commissariats filtraient les entrées. Dans plusieurs zones, les policiers étaient priés de ne pas se rendre sur la voie publique en uniforme sans arme ni gilet pare-balles. Les responsables de la communauté juive ont par ailleurs décidé d'annuler les cours et de fermer les écoles vendredi à Anvers et à Bruxelles, après avoir été informés qu'elles étaient des cibles potentielles, selon le site Joods Actueel.Pas de lien avec les terroristes françaisLe premier ministre français, Manuel Valls, a assuré vendredi que l'opération belge n'avait pas de lien avec l'enquête sur les attaques terroristes de la semaine passée à Paris. Jeudi, un habitant de Charleroi, en Belgique, avait été mis en examen pour « trafic d'armes » qui auraient pu servir aux attentats commis à Paris par Amedy Coulibaly. La piste d'un lien avec cette opération semble donc écartée.Lire (édition abonnés) : La piste belge pour l’arsenal de CoulibalyLes enquêtes menées en Belgique avaient commencé avant l'attentat perpétré par les frères Chérif et Saïd Kouachi contre le journal Charlie Hebdo le 7 janvier. Elle « ne fait pas partie d'une opération à grande échelle au niveau européen, a assuré un substitut. Il s'agit essentiellement d'une opération belge menée en Belgique. » 15.01.2015 à 19h44 • Mis à jour le15.01.2015 à 20h59 Le gouvernement italien a annoncé, jeudi 15 janvier au soir, que les deux jeunes humanitaires italiennes enlevées au début du mois d'août en Syrie avaient été libérées. « Greta Ramelli et Vanessa Marzullo sont libres, elles rentreront bientôt en Italie », a écrit sans plus de détails la présidence du conseil italien.Greta Ramelli e Vanessa Marzullo sono libere, torneranno presto in Italia— Palazzo_Chigi (@Palazzo_Chigi)require(["twitter/widgets"]);La disparition et l'enlèvement de ces deux jeunes femmes de 20 et 21 ans avaient été annoncés le 6 août 2014. Originaires de la Lombardie (Nord), elles avaient fondé une association baptisée « Horryaty » pour aider dans le domaine de l'eau et de la santé. Elles auraient été enlevées dans un village proche d'Alep, dans le nord de la Syrie.APPARITION SUR UNE VIDÉO A la fin de décembre, elles étaient apparues dans une vidéo filmée quelques semaines plus tôt, habillées de robes noires et coiffées d'un foulard. Assises devant un mur blanc, elles déclinaient leur identité et l'une d'elles appelait le gouvernement italien à les ramener à la maison avant Noël, avec une diction laissant penser qu'elle lisait un texte.Aucun détail de cette vidéo de vingt-trois secondes ne permettait d'identifier le groupe qui détenait les jeunes femmes et personne d'autre qu'elles n'apparaissait dans la séquence. La vidéo avait été mise en ligne sur YouTube sous le titre « Le Front Al-Nosra détient deux Italiennes en raison de la participation de leur gouvernement à la coalition » internationale combattant les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) en Syrie.Le Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaida, qui a également été visée par la coalition, n'a cependant pas fait état de cette vidéo à travers ses comptes officiels sur les réseaux sociaux. 15.01.2015 à 19h05 • Mis à jour le16.01.2015 à 16h17 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2euigm"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2euigm", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Une opération antiterroriste a fait deux morts, jeudi 15 janvier, dans le quartier du palais de justice de Verviers, dans l'est de la Belgique. Il s'agit de deux hommes suspectés de préparer des attaques terroristes « de grande envergure », et ce « de manière imminente », sur le territoire belge. Un troisième suspect a été « intercepté ».Lors de l'opération de police, les trois suspects ont « ouvert le feu avec des armes de guerre et des armes de poing, a précisé le procureur fédéral lors d'une conférence de presse. Aucun témoin ni policier n'a été blessé. » Selon de premières indications, les services antiterroristes ont décidé d'intervenir à Verviers après avoir intercepté des informations évoquant l'imminence d'un attentat. Il s'agissait de trois jeunes gens rentrés de Syrie il y a quelques jours et qui étaient sous surveillance. « Aucun lien n'a été établi à ce stade » entre cette opération et les attentats de Paris, a indiqué un substitut du procureur du parquet fédéral, Eric Van der Sijpt. L'enquête qui a conduit la police belge à intervenir avait été ouverte avant l'attaque contre Charlie Hebdo, le 7 janvier, a précisé l'agence de presse Belga, citant des sources judiciaires. De son côté, le porte-parole du gouvernement a évoqué dans la soirée une opération représentant le « fruit de plusieurs mois d'enquête et de travail ». Selon Le Soir, une autre intervention de policiers armés a eu lieu dans la soirée « à proximité du premier lieu d'assaut, dans une habitation située rue du Palais à Verviers ». Une dizaine d'habitants de cette ville, qui compte notamment une forte minorité tchétchène, auraient rejoint les rangs de groupes djihadistes. Un imam fondamentaliste a été expulsé d'une mosquée somalienne de la ville il y a quelques mois. Un autre imam, un Marocain, a été dénoncé par son fils pour avoir incité des jeunes à se lancer dans le djihad. Ces vastes opérations ont permis l'arrestation de 13 personnes, dans le cadre du démantèlement d'un groupe qui s'apprêtait à commettre des attentats pour « tuer des policiers », a annoncé vendredi le parquet fédéral. Lire le reportage : Belges, jeunes et engagés dans la voie du djihad en SyrieVASTE RÉSEAU ISLAMISTEUne dizaine d'autres opérations policières ont été menées simultanément dans la région de Bruxelles : à Bruxelles-Ville, à Molenbeek, à Schaerbeek, à Vilvorde et à Zaventem, pour ce qui apparaît comme une tentative de démantèlement d'un vaste réseau islamiste. Lequel préparait sans doute des actions simultanées. La menace visait les services de police, a précisé le parquet.Des arrestations ont eu lieu dans la capitale, mais des suspects seraient parvenus à prendre la fuite. Les magistrats n'ont pas communiqué sur ce qui se déroulait à Bruxelles, laissant entendre que les opérations des services spécialisés n'étaient pas terminées. Une autre conférence de presse devrait se tenir vendredi matin.Lire (édition abonnés) : Bruxelles, capitale du djihadisme européenLa tension est d'autant plus vive dans le royaume que des menaces ont été proférées jeudi par des combattants sur le Web, dont de jeunes Flamands, qui évoquaient de futurs attentats contre la France, la Belgique, l'Allemagne et la Suisse. Selon des experts, ces recrues de l'Etat islamique visaient surtout à contester le leadership d'Al-Qaida alors que la branche yéménite a revendiqué les attentats de Paris.L'OCAM, l'Organe de coordination pour l'analyse de la menace, a fait passer jeudi soir le niveau d'alerte terroriste du niveau 2 au niveau 3 – sur une échelle de 4 — pour les services de police et les palais de justice. Le niveau 3 suppose des menaces pour des lieux précis, comme les bâtiments de la police, des délégations étrangères ou des lieux de la communauté juive.Le premier ministre, Charles Michel, a tenu dans la soirée une réunion de crise à laquelle ont participé les ministres de l'intérieur et de la justice, ainsi que les services de sécurité, a rapporté l'agence Belga. « Cela démontre la détermination du gouvernement belge à combattre ceux qui veulent semer la terreur. La peur doit changer de camp », a déclaré M. Michel, cité par son porte-parole, à l'issue de cette rencontre. Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.01.2015 à 14h24 • Mis à jour le15.01.2015 à 14h34 Le Parlement ukrainien a adopté une loi prévoyant trois vagues de « mobilisation partielle » de réservistes dans l'armée en 2015 pour répondre au conflit qui s'enlise face aux rebelles séparatistes prorusse dans l'Est du pays. Selon ce texte, qui fait suite à un décret présidentiel signé la veille, la première vague débutera le 20 janvier et mobilisera environ 50 000 personnes. Les autres phases sont prévues en avril et juin.Le décret du président Petro Porochenko justifie cette décision par la nécessité d'« une réaction adéquate aux menaces causées par les actions agressives de la Russie » et qui pèsent sur la « sécurité nationale », l'« indépendance » de l'Ukraine et son « intégrité territoriale ».Après quelques semaines de calme relatif, les combats dans l'Est connaissent un net regain depuis plusieurs jours, rappelant les pires heures du conflit l'été dernier. Mardi, douze civils ont notamment été tués dans un bus frappé par une roquette qui visait un barrage ukrainien à Volnovakha, la plus sanglante attaque contre des civils depuis les accords de paix de Minsk en septembre.CRAINTE D'UNE GUERRE GÉNÉRALISÉELe secrétaire du Conseil national de sécurité ukrainien Olexandre Tourtchinov a évoqué devant les députés « deux scénarios » pour l'avenir. « Le premier est la reprise des hostilités à grande échelle et une attaque avec la participation active des forces armées russes, dont les conséquences pourraient devenir une guerre continentale à grande échelle, a-t-il assuré. Le deuxième scénario implique des tentatives du Kremlin visant à empêcher la stabilisation de la situation en Ukraine. »Moscou chercherait ainsi à « épuiser » Kiev économiquement, militairement et moralement pour « mettre en œuvre son objectif : la destruction de l'Etat indépendant d'Ukraine », a-t-il estimé.« L'Ukraine se prépare à la guerre. Nous sommes prêts à donner la réponse adéquate. Nous ne sommes pas faibles », a répondu le président de la « république » autoproclamée de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko.Lire aussi (édition abonnés) : La diplomatie piétine dans le dossier ukrainien Christine Salvadé (Genève, correspondance) Un euro pour 1,20 franc suisse, c’est fini. La Banque nationale suisse (BNS) a mis fin, jeudi 15 janvier dans la matinée, à ce taux plancher qui avait été fixé le 6 septembre 2011.Mais cette annonce, inattendue, a eu pour effet de faire remonter brutalement la valeur du franc suisse face à l’euro et de faire plonger la Bourse suisse.Pourquoi le taux plancher avait-il été mis en place ?Le « cours plancher » avait pour but de limiter l’appréciation du franc suisse : c’est-à-dire que les autorités suisses toléraient que l’on puisse avec 1,20 franc acheter 1 euro, mais pas que l’on puisse acquérir 1 euro avec 1,15 franc.Plus la valeur du franc suisse face à l'euro baisse, plus, en fait, la valeur du franc suisse augmente : il faut de moins en moins de franc suisse pour acheter un euro.Ce cours avait été fixé en septembre 2011, au plus fort de la crise des dettes souveraines en zone euro, le franc suisse faisant office de valeur refuge.Dans la pratique, la banque centrale devait acheter en masse des devises étrangères pour contenir sa propre devise.Lire aussi notre décryptage sur le mécanisme du cours plancherPourquoi le taux plancher est-il supprimé maintenant ?« Nous avons étudié notre bilan et sommes arrivés à la conclusion que le moment de mettre fin au taux plancher était arrivé, maintenant et non pas dans six mois ou dans un an », a déclaré, jeudi après-midi, Thomas Jordan, président de la direction générale de la BNS.Un peu plus tôt, dans un communiqué, la BNS avait indiqué, que « le franc demeure certes à un niveau élevé, mais depuis l’introduction du cours plancher, sa surévaluation s’est dans l’ensemble atténuée ». Elle évoque également le net affaiblissement de l’euro par rapport au dollar.En décembre, face aux secousses sur les marchés monétaires liées à la chute du rouble, la BNS avait déjà été contrainte de procéder à un nouvel ajustement en imposant un taux négatif sur les dépôts que les banques effectuent auprès d'elle.Récemment, les pressions spéculatives s’étaient accentuées sur le cours plancher du franc suisse. Même après l’annonce de l’introduction des taux d’intérêt négatifs, en décembre 2014, juste après Noël, rappelle le quotidien Le Temps.Selon Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque, « on peut clairement appréhender la décision de la Suisse comme une action préventive juste avant que la BCE ne lance son programme de rachats de dettes souveraines le 22 janvier qui va encore un peu plus diluer la valeur de l’euro et faire échec à sa politique monétaire ».Le franc suisse s’envole et la Bourse chuteThomas Jordan a admis que cette décision pourrait être « momentanément douloureuse ».Sitôt l’annonce faite, la Bourse suisse a dévissé : à 12 H 30 locales, l’indice SMI des 20 valeurs vedettes perdait 12,04 %, affichant 8 093,81 points.« Personne ne s’attendait à l’abandon du cours du plancher sans mise en garde préalable », relève Christopher Dembik.« La Banque nationale suisse a choqué les investisseurs », renchérit Connor Campbell, analyste chez Spreadex, relevant que la réaction immédiate a été « explosive ».De fait, la réaction à la décision de la BNS n’a pas tardé sur le marché des changes. Le franc suisse s’est apprécié en flèche par rapport à l’euro, celui-ci valant un peu plus de 1,1608 franc à 11 h 05, contre 1,20 franc environ juste avant l’annonce de la BNS.Un peu avant 11 heures, la monnaie suisse a même atteint 0,8517 franc suisse pour un euro, un sommet historique, puisque la devise suisse n’avait jamais franchi le seuil de parité d’un euro pour un franc suisse, depuis l’introduction de la monnaie unique en 1999.L'annonce de la BNS a levé un vent de panique en Pologne où quelque 700 000 ménages détiennent des crédits immobiliers en devise helvétique, le zloty décrochant de près de 20% face au franc suisse. La bourse de Varsovie chutait jeudi de quelque 2 % à la mi-journée.Les entreprises suisses exportatrices évoquent un « tsunami »Autre conséquence : en l’espace de quelques instants, les produits suisses à l’exportation sont devenus 30 % plus chers, du fait de l’abandon du taux plancher.Les entreprises suisses exportatrices risquent donc d’avoir des difficultés à vendre leurs produits à l’étranger.« Ce que la BNS provoque là, c'est un tsunami », a déclaré, à l'agence ATS, Nick Hayek, directeur général de Swatch Group, numéro un mondial de l'horlogerie, estimant que cela aura des répercussions pour « l'industrie d'exportation, le tourisme, mais également pour l'ensemble de la Suisse ».« Il n'est pas possible que nos PME - la colonne vertébrale de notre économie - soient ainsi abandonnées », a réagi Swissmechanic, l’organisation patronale de l'industrie des machines. Plus de 80% de ces PME exportent leur production, essentiellement vers l'Union européenne et plus particulièrement en Allemagne.La banque suisse UBS estime que les exportations vont diminuer de 5 milliards de francs suisses et que la croissance de l’économie helvétique devrait être amputée de 0,7 point de pourcentage.En revanche, pour les milliers de frontaliers travaillant en Suisse, l’effet est positif : ils sont les grands gagnants indirects de l'opération puisque leur revenu a progressé de 30 %.Comment la Suisse compte-t-elle atténuer l’effet de sa décision ?Pour que cette suppression n’entraîne pas de durcissement inopportun des conditions monétaires, la BNS a abaissé considérablement les taux d’intérêt appliqués aux dépôts effectués par les banques auprès d’elle.Elle avait déjà instauré, fin 2014, un taux négatif sur les dépôts bancaires au-delà d’un certain seuil - une première depuis les années 1970 - afin de rendre dissuasifs ces dépôts et pousser les banques à investir cet argent. Jeudi, la BNS a annoncé que le taux passait à -0,75 % contre - 0,25 %.À l’avenir, elle continuera de prendre en compte la situation sur le marché des changes pour définir sa politique.« Cela signifie probablement qu’elle envisage une gestion des changes non plus sur une devise, mais sur un panier de devises. Cette solution a été évoquée récemment par le Conseil fédéral », relève l’économiste et analyste financier François Savary.Pourquoi ne pas l’avoir annoncé dans la foulée ? « Il faut d’abord que le marché des changes se stabilise », répond M. Savary.Le cabinet d’analyse économique londonien Capital Economics estime que la BNS « sera bientôt obligée d’intervenir pour empêcher une rapide appréciation de la devise helvétique vis-à-vis de l’euro ».Christine Salvadé (Genève, correspondance)Journaliste au Monde 02.01.2015 à 17h23 • Mis à jour le02.01.2015 à 17h39 Le procès de « l'affaire des écoutes » s'est ouvert vendredi 2 janvier devant un tribunal d'Ankara. Treize personnes y sont poursuivies pour avoir illégalement placé sur écoute les bureaux de l'ex-premier ministre et actuel président, Recep Tayyip Erdogan.Poursuivis pour « espionnage » et « violation de la vie privée », les accusés – douze policiers et un haut fonctionnaire – risquent des peines de vingt et un à trente six ans et demi de réclusion criminelle, a précisé l'agence de presse gouvernementale Anatolie. Seuls huit des suspects étaient présents à cette audience, cinq autres étant toujours en fuite, a indiqué le quotidien Hürriyet sur son site internet.Parmi les accusés présents à la barre figurent le chef des gardes du corps de M. Erdogan, le policier chargé du service de sécurité du chef du gouvernement, ainsi que l'ancien chef adjoint de l'agence turque pour les sciences et la technologie (Tübitak).Lors de la première audience, le juge a rejeté une demande d'acquittement des treize accusés, et formellement accepté la constitution de partie civile du chef de l'Etat dans le dossier. Ce procès est le premier concernant la retentissante affaire des écoutes téléphoniques qui ont visé M. Erdogan et son entourage il y a un an.Lire nos explications : Ecoutes, purges, affaires : tout comprendre de la crise en TurquieLES ENREGISTREMENTS, « DES MONTAGES » SELON ERDOGANChef du gouvernement depuis 2003, élu chef de l'Etat en août dernier, l'homme fort du pays, ses proches et plusieurs de ses ministres ont été mis en cause il y a un an dans une affaire de corruption sans précédent qui a secoué son régime. De nombreux éléments à charge avaient été publiés sur les réseaux sociaux, notamment des enregistrements de ses conversations téléphoniques. L'enquête a révélé que le premier ministre de l'époque avait été placé sur écoute.M. Erdogan a nié catégoriquement toutes les accusations de corruption et dénoncé les enregistrements de ses conversations téléphoniques comme des « montages ». Il accuse les auteurs et les commanditaires de ces écoutes d'être des proches du mouvement religieux du prédicateur musulman Fethullah Gülen, soupçonné d'être à l'origine des enquêtes anticorruption qui l'ont visé pour le déstabiliser.Depuis cette affaire, M. Erdogan a lancé une chasse aux sorcières contre le mouvement Gülen en procédant à une vague d'arrestations et de purges visant des milliers de policiers et de magistrats qui, selon lui, ont formé un « Etat parallèle ».Le mois dernier, le régime a également fait arrêter plusieurs responsables de médias de la mouvance Gülen, érigée en « ennemi public no 1 ». A la faveur de changements de procureurs et de juges, les enquêtes judiciaires visant M. Erdogan et son gouvernement ont depuis toutes été classées sans suite.Lire aussi (en édition abonnés) : La Turquie lance un mandat d’arrêt contre Fethullah Gülen 02.01.2015 à 12h22 • Mis à jour le02.01.2015 à 12h28 Scène des attentats meurtriers du 11 mars 2004, la gare ferroviaire de Madrid-Puerta de Atocha a été évacuée après qu'un homme eut menacé de s'y faire exploser, vendredi 2 janvier. Mais la police a annoncé que l'homme n'avait pas d'explosif sur lui.« La procédure pour menace terroriste a été activée, a rapporté un porte-parole de la police. Un homme a été arrêté qui disait qu'il allait faire exploser un engin qu'il portait dans son sac à dos. Nous avons vérifié, il n'y a aucun engin explosif. »L'ensemble de la gare a été évacuée très rapidement, d'après les témoignages de plusieurs passagers sur les réseaux sociaux, qui saluent la « leçon de maturité des Madrilènes ».Estación de Atocha desalojada en tiempo récord y lección de madurez de los madrileños. http://t.co/AZDx7fxpSH— Andrés Navarro (@NavarroMoralesA)require(["twitter/widgets"]);Dans la capitale espagnole, le souvenir des attentats du 11 mars 2004 reste fort. Des attentats islamistes avaient alors fait cent quatre-vingt-onze morts et environ deux mille blessés dans quatre trains de banlieue qui entraient en gare d'Atocha.Lire (édition abonnés) : Il y a dix ans, les attentats de Madrid 02.01.2015 à 11h07 • Mis à jour le02.01.2015 à 11h19 |Maryline Baumard (Brindisi, envoyée spéciale) Dans le port de Brindisi, Dennis Osadiaye regarde débarquer les bateaux. Il a entendu les histoires des nouveaux venus en Europe et trouve que la traversée de la Méditerranée devient vraiment très dangereuse. « J’ai vu à la télévision qu ils étaient nombreux ces jours-ci à nous rejoindre après avoir risqué leur vie », observe le jeune Nigérian. Lui est à Brindisi depuis sept mois. « J’étais passé de la Libye à la Sicile sur un tout petit bateau et on m’a amené à Brindisi quand j’ai dit que je voulais demander l’asile », raconte-t-il, fataliste. Ce passage lui a coûté quatre mois de son salaire de laveur de voitures libyen.En fait, Dennis voyage depuis trois ans. Il est parti à 17 ans du Nigeria, et en a 20 aujourd’hui. D’abord, il s’est arrêté deux ans en Libye, où il raconte avoir toujours travaillé facilement. Puis il a continué vers l’Europe, son but. « Sept mois en Italie, c’est beaucoup et peu », note-t-il, pensif. Beaucoup, parce qu’il n’imagine plus de repartir. Peu, parce qu’il n’a pas avancé dans son projet d’apprendre un métier dans le bâtiment et de s’installer vraiment. « J’attends une réponse à l’appel de ma demande d’asile. Pendant ce temps, je ne peux pas travailler », regrette-t-il. Bien sûr, il a fait la cueillette des olives ou d’autres petits travaux. Mais c’est toujours occasionnel.Bateaux fantômes en MéditerranéeJeudi, Dennis est venu à la gare de Brindisi. Comme il le fait souvent l’après-midi, parce que ce lieu est un point de ralliement. Le square qui jouxte la gare offre ses bancs et l’ombre d’un arbre. Ça suffit à créer un espace convivial pour la vingtaine de jeunes Africains qui rient et partagent ce moment. On se souhaite la bonne année dans toutes les langues, et Dennis est l’un des rares à parler anglais. « En général, les Nigérians vont à Londres et moi je suis là », ajoute-t-il, sans qu’on comprenne vraiment si c’est par choix ou parce que la vie en a décidé ainsi.Pour Dennis, comme pour d’autres jeunes aux vies plus faciles, il y a d’abord les plaisirs simples du présent. « Ceux qui ont déjà les papiers passent nous voir à la gare. Parfois, ils m’emmènent manger chez eux. Et puis, les Italiens aussi passent nous voir. Ils savent qu’on est là et viennent nous donner des choses, ou de la nourriture. Ça aide. » En tant que demandeur d’asile, Dennis reçoit 2,50 euros par jour et se nourrit avec. La nuit, il était hébergé, jusque-là. « Mais je sais qu’avec les nouvelles arrivées, je vais devoir laisser ma place. Alors je viendrai dormir a la gare. Avec les autres », ajoute-t-il, une pointe de regret dans la voix.Un troisième navire en perdition et des garde-côtes en alerte Maryline Baumard (Brindisi, envoyée spéciale)JournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.01.2015 à 21h08 La police suédoise recherchait activement, jeudi 1er janvier, l'auteur d'une attaque à la bombe incendiaire contre une mosquée de la ville d'Uppsala dans la nuit de mercredi à jeudi, la troisième de ce type en huit jours en Suède.L'Association islamique de Suède a posté sur Internet une photographie de la porte principale de la mosquée, sur laquelle était écrit : « Cassez-vous sales musulmans. »La police d'Uppsala, quatrième ville du pays, a été alertée par des passants qui ont témoigné avoir vu un homme lancer un projectile enflammé sur la mosquée. Le bâtiment était désert et n'a pas pris feu à la suite de l'attaque.Cette attaque a eu lieu trois jours après qu'un incendie, visiblement criminel, se fut déclaré dans une mosquée au rez-de-chaussée d'un immeuble d'Eslöv, dans le sud du pays. Le feu avait été rapidement éteint. Le jour de Noël, cinq personnes avaient été blessées dans l'incendie d'une mosquée au rez-de-chaussée d'un immeuble d'Eskilstuna (Centre).lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2demfu"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2demfu", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});SÉCURITÉ RENFORCÉE AUTOUR DES LIEUX DE CULTELe premier ministre suédois, Stefan Löfven, a appelé à condamner fermement cette attaque, ajoutant que le gouvernement mettrait à disposition des financements supplémentaires pour renforcer la sécurité autour des lieux de culte.Ces attaques surviennent alors que le débat autour de l'immigration et de l'intégration des réfugiés s'intensifie dans ce pays nordique traditionnellement tolérant. La Suède devrait recevoir plus de cent mille demandes d'asile cette année, un record.Le mois dernier, le parti d'extrême droite les Démocrates de Suède, devenu la troisième force politique du pays après les élections de septembre, a manqué de peu de faire chuter le gouvernement de gauche sur sa politique d'immigration, jugée trop généreuse. Les sondages le créditent de 16 % d'opinions positives.Les Démocrates de Suède ont cependant condamné ces attaques, estimant qu'elles relevaient d'actes « criminels », et « non politiques ». Les associations de musulmans ont appelé les responsables politiques à rejoindre les veillées organisées vendredi dans plusieurs grandes villes du pays afin de montrer leur rejet de cette violence xénophobe.Lire aussi (édition abonnés) : En Suède, accord historique contre l’extrême droite 01.01.2015 à 14h22 • Mis à jour le01.01.2015 à 14h49 Le pape François a appelé jeudi 1er décembre les gens de toutes religions et de toutes cultures à unir leurs forces pour combattre l'esclavage moderne et le trafic d'êtres humains, affirmant lors d'une messe pour la paix, à l'occasion du Nouvel An, le droit de chacun à vivre libre.Lire l'edito du Monde (édition abonnés) : François, pape putschisteLe souverain pontife a célébré une messe solennelle en la basilique Saint-Pierre de Rome le jour où l'Eglise catholique marquait la Journée mondiale de la paix, dont le thème, cette année, était « Plus esclaves, mais frères et sœurs » :« Nous sommes tous appelés à être libres, tous à être fils et filles, chacun selon ses responsabilités, à lutter contre les formes modernes d'esclavage. Venant de tout peuple, culture et religion, unissons nos forces. »« LA PAIX EST TOUJOURS POSSIBLE »Le mois dernier, le pape avait appelé les consommateurs à bouder les biens de consommation à bas coût, susceptibles d'être le fruit d'un travail forcé ou d'autres formes d'exploitation.Après son homélie, le pape a prononcé son message traditionnel du Nouvel An devant les dizaines de milliers de personnes venues l'écouter place Saint-Pierre. « La paix est toujours possible mais nous devons la rechercher. Prions pour la paix », a-t-il dit à ses auditeurs qui portaient des ballons et des banderoles avec des slogans en faveur de la paix.Lire aussi : Le pape condamne la « persécution brutale » des « minorités » 31.12.2014 à 18h04 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2b9oo7"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2b9oo7", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});La préfecture de Melilla évoque une « nuit d'extrême pression migratoire ». Cent cinquante-six migrants sont parvenus ces dernières vingt-quatre heures à passer en force la barrière grillagée qui sépare l'enclave espagnole de Melilla du Maroc, ont prévenu les autorités, mercredi 31 décembre.Lire (édition abonnés) : Le journal d'un migrant à Melilla« Depuis 22 heures » mardi, « plus de huit cents migrants, divisés en plusieurs groupes parfaitement organisés, ont tenté d'atteindre la barrière frontalière qui sépare le Maroc de Melilla », écrit la préfecture de l'enclave dans un communiqué.Mardi, cent deux migrants subsahariens étaient déjà parvenus à entrer en Espagne en franchissant la triple barrière haute de six mètres, l'une des seules frontières terrestres entre l'Europe et l'Afrique, avec l'autre enclave espagnole de Ceuta. Mercredi matin, « cinquante-quatre subsahariens sont parvenus à franchir l'ensemble du dispositif » censé empêcher leur entrée en Espagne, qui comprend un grillage spécialement étudié pour en empêcher l'escalade.4 700 MIGRANTS DEPUIS LE DÉBUT DE L'ANNÉE « Nous ne pouvons pas permettre que les assauts massifs, employant la force, soient une constante à la frontière sud de l'Europe », a déclaré le préfet de Melilla, Abdelmalik El Barkani, cité dans le communiqué. « Ce n'est pas un modèle d'immigration auquel nous devons ni ne pouvons nous résigner », a-t-il ajouté.Avec les conflits en Syrie, en Irak, au Soudan ou au Mali, les tentatives d'entrée se sont multipliées ces derniers mois dans les enclaves de Melilla et de Ceuta. Les derniers chiffres disponibles du ministère de l'intérieur espagnol faisaient état au 16 novembre de l'entrée de près de quatre mille sept cents immigrants clandestins à Melilla depuis le début de l'année, contre un peu plus de trois mille pour l'ensemble de 2013.Certains, comme mardi et mercredi, se lancent en groupes, le plus souvent à l'aube, pour franchir la triple barrière grillagée. D'autres, munis de faux papiers, tentent de se fondre dans le flot de Marocains qui passent chaque jour la frontière. Les autorités estiment que trente mille Marocains, commerçants ou porteurs, viennent chaque jour à Ceuta et à Melilla, deux enclaves que le Maroc revendique.Lire aussi notre reportage à Melilla (édition abonnés) : A Melilla, les fantômes de l'immigration 07.01.2015 à 11h25 Un garçon de 14 ans a été abattu dans la nuit de mardi à mercredi lors d'affrontements entre la police turque et des manifestants à Cizre, ville kurde du Sud-Est anatolien, ont annoncé, mercredi 7 janvier, les services de sécurité. Les heurts ont fait par ailleurs un blessé. L'adolescent est mort à l'hôpital après avoir été blessé à la poitrine, dit-on au sein des services de sécurité.Cette mort souligne la fragilité du processus de paix entamé il y a deux ans entre le gouvernement turc et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui a mené une insurrection de près de trente ans dans le pays.Cizre, située après de la frontière de la Turquie avec l'Irak et la Syrie, a été le théâtre ces dernières semaines d'affrontements entre partisans de Hüda-Par (la branche politique du Hezbollah turc), qui a toujours été hostile au PKK, et de jeunes liés au PKK.De violents combats de rue entre partisans de Hüda-Par et le PKK ont eu lieu dans le sud-est de la Turquie en octobre, alors que l'Etat islamique combattait les forces kurdes dans la ville à majorité kurde de Kobané, de l'autre côté de la frontière, en Syrie. Claire Guélaud Voilà une nouvelle qui n’est pas franchement une surprise mais qui pourrait contrarier les plans de communication de l’Elysée : alors que le président de la République a placé ses vœux 2015 sous le signe de l’optimisme et de l’audace, les premières estimations de la Commission européenne sur les produits intérieurs bruts (PIB) britannique et français en 2014 montrent que le Royaume-Uni a détrôné la France comme cinquième puissance économique mondiale.Manifestement François Hollande n’en avait pas été averti lorsqu’il a déclaré, le 31 décembre 2014 : « La France, c’est un grand pays ; elle est la cinquième puissance économique du monde. »Dynamisme, inflation et revalorisationCette première estimation, dénichée par Le Figaro sur le site Internet de la Commission européenne, devrait être confirmée dans les prochaines semaines. D’une certaine manière, elle résume, à elle seule, les atouts de l’économie britannique et les faiblesses françaises.Jusqu’en 2013, la France avait réussi à tenir son rang dans le club des dix premières puissances mondiales. Malgré ses difficultés persistantes (croissance nulle ou faible et chômage élevé, déficits jumeaux, dégradation de la compétitivité de son économie, effondrement des taux de marge des entreprises…), elle continuait d’occuper la cinquième place derrière les Etats-Unis, la Chine, le Japon et l’Allemagne mais devant le Royaume-Uni.En 2014, elle a été reléguée en 6e position. Le dynamisme de l’économie britannique, qui a connu une croissance en volume de 3 % contre 0,4 % en France, le niveau plus élevé de l’inflation outre-Manche (1,5 % contre 0,4 %) et la revalorisation de la livre sterling par rapport à l’euro expliquent pour l’essentiel cette évolution.Renversement de tendanceLe PIB est l’ensemble des richesses créées annuellement dans un pays ou, comme préfère le dire l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la somme des valeurs ajoutées de ce pays. En 2013, mesuré en valeur absolue et non en parité de pouvoir d’achat (PPA), le PIB s’est élevé à 2 114 milliards d’euros en France contre 2 017 milliards au Royaume-Uni. Soit une différence de 97 milliards d’euros à l’avantage de Paris.Un an plus tard, la situation s’est inversée : à la faveur d’une reprise qui a surpris les observateurs par sa vigueur, le Royaume-Uni est passé en tête. Son PIB en 2014 s’élèverait à 2 232 milliards d’euros, soit 98 milliards de plus que le PIB français (2 134 milliards). Ce renversement de tendance tient d’abord à l’inégalité des taux de croissance des deux économies. La reprise a été particulièrement dynamique outre-Manche : le PIB a progressé de 3 % en 2014 à la faveur, analyse Philippe Waechter, directeur des études de Natixis Asset Management, du dynamisme de la demande intérieure.Ce qui a porté cette dernière ? « Une politique budgétaire pas très restrictive, qui a soutenu la demande intérieure ; la politique de Quantitative Easing conduite par la Banque d’Angleterre, qui a permis de redistribuer du crédit aux ménages dès le début 2013 ; un marché du travail flexible qui a rendu possibles des créations nettes d’emploi. Mêmes précaires, celles-ci ont contribué à soutenir la demande des ménages et la consommation », résume l’économiste.On pourrait y ajouter la qualité du climat des affaires – les enquêtes de conjoncture restent à un niveau élevé – et les effets richesse liés à l’état du marché immobilier. Autant de points positifs qui ont permis à l’économie britannique de repartir, alors même qu’elle continue de souffrir, elle aussi, de la baisse de sa productivité.Panorama conjoncturel sombreLe panorama conjoncturel français de 2014 était, on le sait, bien plus sombre : une croissance obstinément atone et ce pour la troisième année de suite ; des déficits public et commercial marqués ; un chômage à deux chiffres qui continue d’augmenter et qui pèse sur la consommation des ménages – l’épargne de précaution reste d’ailleurs importante – ; des entreprises qui, malgré les premiers effets du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), rencontrent toujours de sérieuses difficultés financières. A quoi s’ajoute une forme de pessimisme généralisée qui n’aide pas l’économie à redémarrer.D’après Le Figaro, les différences de taux de croissance portent sur une soixantaine de milliards d’euros. La plus forte inflation outre-Manche (+ 1,5 %, contre 0,4 % en France) expliquerait un écart de PIB en faveur de Londres de l’ordre de 30 à 40 milliards. La forte revalorisation de la livre sterling par rapport à un euro en baisse ferait l’essentiel du reste.En revanche, le fait que les comptables nationaux britanniques aient accepté en 2013, contrairement à leurs homologues français, d’intégrer les activités liées à la prostitution et à la drogue dans la mesure de leur PIB aurait eu des conséquences marginales. On ne leur doit pas, en tout cas, la relégation française.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.01.2015 à 08h28 • Mis à jour le07.01.2015 à 10h23 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Pierre Moscovici, le commissaire européen en charge de l’économie et de la fiscalité, déclare, dans un entretien au Monde, qu’« il faut laisser les Grecs faire leur choix » lors des élections législatives anticipées du 25 janvier, et que, « quel que soit leur choix, il sera respecté. Ce n’est pas à nous de sélectionner, d’ostraciser, le dirigeant d’un pays de l’Union européenne. »Le ton utilisé par M. Moscovici, au nom de la Commission, tranche avec celui prêté au gouvernement allemand, Angela Merkel étant, selon le magazine Der Spiegel, favorable à une sortie de la Grèce de la zone euro.M. Moscovici assure notamment que si Alexis Tsipras, le dirigeant de Syrisa (extrême gauche), qui prône la fin des mesures d’austérité imposées par la « Troïka » (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international, Commission européenne) et une restructuration de la dette grecque, « emporte les élections et devient Premier ministre », la porte de la Commission « lui est ouverte. » Tout en écartant une annulation partielle ou totale de la dette, M. Moscovici indique que, si celle-ci « doit être remboursée », cela peut se faire « à un rythme ou à un autre. » Le risque de contagionSelon M. Moscovici, « il faut prendre ces élections pour ce qu’elles sont : un rendez-vous démocratique très significatif mais pas le déclencheur possible d’une crise ». Il assure que « la situation d’incertitude créée par les élections provoque des mouvements très limités, en ampleur et en volume s’agissant des marchés. Plus encore, s’agissant des capitaux. »La possibilité d’une sortie de la Grèce de la zone euro M. Moscovici ne veut pas s’inscrire dans cette perspective. « Cette question ne se pose pas », relève-t-il, indiquant que la Commission « souhaite que le pays reste » dans la zone euro. « C’est important pour la zone euro, son intégrité, son attractivité », mais aussi « pour la Grèce, qui a bénéficié à travers les programmes décidés en sa faveur, de fonds européens considérables, pour l’aider à restructurer son économie », argumente-t-il.La restructuration de la dette « Cette question ne se pose pas », assure M. Moscovici. « Une dette n’est pas faite pour être effacée, elle existe, elle doit être remboursée », déclare-t-il, tout en ajoutant : « à un rythme ou à un autre. » Ce qui pourrait laisser la porte ouverte à un rééchelonnement. Le commissaire souligne aussi qu’un « effacement de la dette, totale ou partielle, a un coût pour les citoyens de l’Union européenne, Allemands, Italiens, Français, en fonction des créances sur la Grèce détenues par les économies de ces pays. »La poursuite des réformesSi la Grèce veut pouvoir bénéficier de la fin du programme d’assistance actuel - elle doit recevoir encore près de 4 milliards d’euros - cela passe par de nouvelles réformes. À ce propos, M. Moscovici souligne que « ce n’est pas [de] davantage d’austérité » dont a besoin le pays, mais qu’il lui faut mettre en place « une meilleure collecte des impôts, une économie plus compétitive ».La « surveillance » de la GrèceElle doit être maintenue, mais sous une nouvelle forme, en suivant « de manière plus distante, à travers des missions plus légères, moins fréquentes une dizaine de politiques publiques », indique M. Moscovici.La Troïka, qui « a joué un rôle utile » et sans qui « la Grèce aurait souffert bien davantage », doit passer la main : elle « a épuisé son rôle historique, parce que beaucoup de réformes ont été faites. »« Il faut passer à un autre stade de l’aide internationale », avance M. Moscovici, qui rappelle que « l’UE est prête à mettre en place une ligne de crédit de 10 milliards d’euros » et « le FMI, à passer à un programme de précaution, plus léger. »Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.01.2015 à 01h00 • Mis à jour le07.01.2015 à 10h37 | Eric Albert (Londres, correspondance) Dans un exercice sans précédent, la Banque d’Angleterre a accepté de dévoiler, mercredi 7 janvier, l’ensemble des procès-verbaux des réunions internes de sa « cour », l’équivalent de son conseil d’administration, entre 2007 et 2009, au plus fort de la crise financière. Si la volonté de transparence est exemplaire, le résultat, qui s’étend sur plusieurs centaines de pages, n’est guère reluisant.Il y est révélé que la vieille institution n’a pratiquement rien vu venir de cette crise. Elle s’est montrée complaisante et lente à réagir. Au fur et à mesure des secousses des marchés, elle a changé d’avis, prenant conscience que la structure de surveillance du système financier au Royaume-Uni – qu’elle défendait mordicus – ne fonctionnait pas.Si de nombreux observateurs extérieurs ont déjà porté ces accusations contre la Banque d’Angleterre, et son gouverneur d’alors, Mervyn King, voir ainsi les discussions internes, la reconnaissance des errements et les hésitations jette une lumière crue sur les limites de l’institution au début de la crise.« Le système bancaire est solide »Le 12 septembre 2007, la cour se rassemble – le gouverneur, les deux vice-gouverneurs et les seize membres non exécutifs sont présents. Le président de la Financial Services Authority (FSA), qui est alors le régulateur financier, a aussi été invité. Nous sommes deux jours avant l’écroulement de Northern Rock, qui provoquera une panique bancaire avec des milliers de clients qui forment des files d’attente pour retirer leur argent.Mais dans les salles feutrées du bâtiment de Threadneedle Street, le mal semble encore bénin. Bien sûr, les marchés financiers ont été agités tout l’été, mais il n’y a pas lieu de s’alerter. « Le système bancaire britannique est solide », insiste le président de la FSA, Callum McCarthy.L’inquiétude autour des produits financiers structurés a bien été évoquée, mais c’est pour mieux la balayer : un dirigeant de la Banque d’Angleterre (son nom n’est pas précisé) « estime que les risques sont compris par la plupart des [établissements financiers]. »Le lendemain, la même cour est réunie d’urgence pour approuver une ligne de liquidités de secours à Northern Rock. C’est déjà trop tard. La banque sera finalement nationalisée.Peu de questionnementsLa solidarité presque instinctive entre les membres non exécutifs du conseil d’administration et les dirigeants de la Banque d’Angleterre est aussi illustrée par ces procès-verbaux. Alors que les premiers sont censés questionner les seconds, cela ne semble presque jamais se produire.Deux semaines après la faillite de Northern Rock, la réunion de la cour commence par un message de M. King, qui remercie les membres non exécutifs « pour leurs messages de soutien » pendant la crise.L’un d’entre eux interroge quand même : « Est-ce que la Banque était aussi bien préparée qu’elle aurait dû l’être ? » Réponse du bout des lèvres d’un des gouverneurs : les réformes nécessaires étaient en cours, mais « nous n’avions pas anticipé leur urgence »…Le 10 septembre 2008, cinq jours avant la faillite de Lehman Brothers, la cour se réunit de nouveau. Cette fois-ci, la crise est dans tous les esprits. La banque américaine est nommément citée comme une source possible de risques. Mais le ton n’est pas à l’urgence. M. King présente ses priorités pour son deuxième mandat de cinq ans, qui a démarré en juillet. La supervision financière britannique est en cours de modification, mais il note que rien ne sera finalisé au mieux avant 2009.Le cataclysme financier qui s’abat quelques jours plus tard rend ses paroles caduques. Il faudra l’intervention du gouvernement, avec la nationalisation de deux grandes banques, pour calmer les marchés.« Ces procès-verbaux prouvent que durant la crise, la Banque d’Angleterre n’avait pas un conseil d’administration digne de ce nom, attaque Andrew Tyrie, le député qui préside le comité parlementaire en charge des questions financières. La cour étant presque seulement réactive : il n’y a quasiment aucun signe d’un membre non exécutif qui a fait une suggestion ou questionné de façon constructive la direction [de la Banque d’Angleterre]. »Réformes du fonctionnement interneNormalement, ces documents n’auraient pas dû être publiés avant 2027. Mais le comité parlementaire en charge des questions financières fait pression depuis 2011 pour les obtenir.M. King s’y était toujours refusé, arguant de la confidentialité des discussions. Mais son successeur, Mark Carney, en place depuis 2013, a décidé de faire le ménage.Lire également : La Banque d’Angleterre, un nouveau "flic" dans la City de LondresM. Carney a annoncé, en décembre 2014, une série de réformes du fonctionnement interne de la Banque, notamment pour améliorer sa transparence.Au passage, il a accepté de dévoiler ces procès-verbaux. Une méchante pique contre son prédécesseur.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Samuel Laurent et Alexandre Pouchard Le débat sur l'immigration s'enflamme en Allemagne. Près de 18 000 personnes ont manifesté lundi 5 janvier à Dresde, dans l'Est du pays, à l'appel du mouvement « les Européens patriotes contre l'islamisation de l'Occident » (Pegida). Ils ont ainsi établi un nouveau record de participation à ces rassemblements de plus en plus réguliers, qui engendrent également des mobilisations d'opposants. Ce phénomène anti-immigration est relativement nouveau dans le pays le plus peuplé de l'Union européenne, qui connaît un afflux migratoire important depuis quelques années. 1. Que dénoncent les manifestants ?Le groupe Pegida est né en octobre sur Facebook, à l'initiative de Lutz Bachmann, un ancien cuisinier de 41 ans reconverti dans la communication. Fervent partisan de la « tolérance zéro » pour les immigrés qui commettent des délits, il a été condamné à plusieurs reprises lui-même pour divers délits et se trouve actuellement en liberté conditionnelle, expliquait notre correspondant à Berlin en décembre. Il a lancé le principe d'une manifestation tous les lundis, dont l'affluence grandit semaine après semaine.Le credo de Pegida ? L'opposition au « fanatisme religieux et à toute forme de radicalisme », et plus précisément le refus de « l'islamisation » de la société allemande. Cela passe par la fin de « l'abus de l'asile » dans un pays qui est devenu la première destination européenne des migrants (voir ci-dessous). Une banderole déployée lundi à Cologne réclamait ainsi « des pommes de terre plutôt que des kebabs », allusion à la forte immigration turque en Allemagne.Au-delà de l'immigration, le mouvement dénonce les médias (« tous des menteurs »), les élites politiques ou encore le multiculturalisme, qui diluerait la culture chrétienne allemande.2. Que représente l'immigration en Allemagne ?15 millions Depuis les années 1950, l'Allemagne a fait appel à de la main-d'œuvre immigrée de manière régulière : les « gastarbeiter » (littéralement « travailleurs invités ») ont contribué au redressement économique du pays durant des décennies. En 2010, selon les statistiques officielles, on comptait 19,3 % de personnes issues de l'immigration dans le pays : 8,6 millions étaient de nationalité allemande et 7,15 millions de nationalité étrangère. Parmi ces immigrés, 10,6 millions étaient nés à l'étranger et 5,15 millions en Allemagne. A titre de comparaison, en France, 8,4 % de la population est immigrée.if (!window.jQuery) {') .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } .subtitre{ display:block; }$("#container_1420543074307 .graphe").css("height", 450)$("#container_1420543074307 .title").empty()if ("Immigration en Allemagne depuis 1950"!= ""){Immigration en Allemagne depuis 1950")}$("#container_1420543074307 .subtitle").empty()if (""!= ""){")}$(function () {Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher' }});$("#container_1420543074307 .graphe").highcharts({chart:{ backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, type: "line", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "", _blank ); } } }},colors:["#0386c3","#f0e0b6","#f7bebe","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"],credits:{ enabled:true, text:"", position: { align: "right", x: -15, y: -5 },},title: { text: ""},subtitle: { text: ""},plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true }},yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }]}, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' }}],xAxis:{ type:"datetime", categories:null, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value:%Y}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }]},tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:true, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "%Y"},legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10},series:[ { "name": "Solde migratoire", "type": "column", "stack": "", "data": [ [ -631152000000, 17992 ], [ -599616000000, -37722 ], [ -568080000000, -47707 ], [ -536457600000, -20665 ], [ -504921600000, -24722 ], [ -473385600000, -9056 ], [ -441849600000, -9015 ], [ -410227200000, 26971 ], [ -378691200000, 50655 ], [ -347155200000, 48736 ], [ -315619200000, 176442 ], [ -283996800000, 222887 ], [ -252460800000, 240126 ], [ -220924800000, 150184 ], [ -189388800000, 240842 ], [ -157766400000, 302234 ], [ -126230400000, 93562 ], [ -94694400000, -205808 ], [ -63158400000, 253212 ], [ -31536000000, 544046 ], [ 0, 547085 ], [ 31536000000, 382069 ], [ 63072000000, 283939 ], [ 94694400000, 352564 ], [ 126230400000, -34600 ], [ 157766400000, -223902 ], [ 189302400000, -92847 ], [ 220924800000, 16915 ], [ 252460800000, 100851 ], [ 283996800000, 230741 ], [ 315532800000, 296791 ], [ 347155200000, 135104 ], [ 378691200000, -89476 ], [ 410227200000, -132772 ], [ 441763200000, -194445 ], [ 473385600000, 55559 ], [ 504921600000, 160076 ], [ 536457600000, 193247 ], [ 567993600000, 441139 ], [ 599616000000, 593962 ], [ 631152000000, 681872 ], [ 662688000000, 602523 ], [ 694224000000, 782071 ], [ 725846400000, 462096 ], [ 757382400000, 314998 ], [ 788918400000, 397935 ], [ 820454400000, 282197 ], [ 852076800000, 93664 ], [ 883612800000, 47098 ], [ 915148800000, 201975 ], [ 946684800000, 167120 ], [ 978307200000, 272723 ], [ 1009843200000, 219288 ], [ 1041379200000, 142645 ], [ 1072915200000, 82543 ], [ 1104537600000, 78953 ], [ 1136073600000, 22791 ], [ 1167609600000, 43912 ], [ 1199145600000, -55743 ], [ 1230768000000, -12782 ], [ 1262304000000, 127677 ], [ 1293840000000, 279330 ], [ 1325376000000, 368945 ], [ 1356998400000, 428607 ] ], "color": "#0386c3" }, { "name": "Arrivées", "type": "line", "data": [ [ -631152000000, 96140 ], [ -599616000000, 88349 ], [ -568080000000, 88089 ], [ -536457600000, 101599 ], [ -504921600000, 111490 ], [ -473385600000, 127921 ], [ -441849600000, 159086 ], [ -410227200000, 200142 ], [ -378691200000, 212520 ], [ -347155200000, 227600 ], [ -315619200000, 395016 ], [ -283996800000, 489423 ], [ -252460800000, 566465 ], [ -220924800000, 576951 ], [ -189388800000, 698609 ], [ -157766400000, 791737 ], [ -126230400000, 702337 ], [ -94694400000, 398403 ], [ -63158400000, 657513 ], [ -31536000000, 980731 ], [ 0, 1042760 ], [ 31536000000, 936349 ], [ 63072000000, 852549 ], [ 94694400000, 932583 ], [ 126230400000, 601013 ], [ 157766400000, 429064 ], [ 189302400000, 476286 ], [ 220924800000, 522611 ], [ 252460800000, 559620 ], [ 283996800000, 649832 ], [ 315532800000, 736362 ], [ 347155200000, 605629 ], [ 378691200000, 404019 ], [ 410227200000, 354496 ], [ 441763200000, 410387 ], [ 473385600000, 480872 ], [ 504921600000, 567215 ], [ 536457600000, 591765 ], [ 567993600000, 860578 ], [ 599616000000, 1133794 ], [ 631152000000, 1256250 ], [ 662688000000, 1198978 ], [ 694224000000, 1502198 ], [ 725846400000, 1277408 ], [ 757382400000, 1082553 ], [ 788918400000, 1096048 ], [ 820454400000, 959691 ], [ 852076800000, 840633 ], [ 883612800000, 802456 ], [ 915148800000, 874023 ], [ 946684800000, 841158 ], [ 978307200000, 879217 ], [ 1009843200000, 842543 ], [ 1041379200000, 768975 ], [ 1072915200000, 780175 ], [ 1104537600000, 707352 ], [ 1136073600000, 661855 ], [ 1167609600000, 680766 ], [ 1199145600000, 682146 ], [ 1230768000000, 721014 ], [ 1262304000000, 798282 ], [ 1293840000000, 958299 ], [ 1325376000000, 1080936 ], [ 1356998400000, 1226493 ] ], "color": "#f0e0b6" }, { "name": "Départs", "type": "line", "data": [ [ -631152000000, 78148 ], [ -599616000000, 126071 ], [ -568080000000, 135796 ], [ -536457600000, 122264 ], [ -504921600000, 136212 ], [ -473385600000, 136977 ], [ -441849600000, 168101 ], [ -410227200000, 173171 ], [ -378691200000, 161865 ], [ -347155200000, 178864 ], [ -315619200000, 218574 ], [ -283996800000, 266536 ], [ -252460800000, 326339 ], [ -220924800000, 426767 ], [ -189388800000, 457767 ], [ -157766400000, 489503 ], [ -126230400000, 608775 ], [ -94694400000, 604211 ], [ -63158400000, 404301 ], [ -31536000000, 436685 ], [ 0, 495675 ], [ 31536000000, 554280 ], [ 63072000000, 568610 ], [ 94694400000, 580019 ], [ 126230400000, 635613 ], [ 157766400000, 652966 ], [ 189302400000, 569133 ], [ 220924800000, 505696 ], [ 252460800000, 458769 ], [ 283996800000, 419091 ], [ 315532800000, 439571 ], [ 347155200000, 470525 ], [ 378691200000, 493495 ], [ 410227200000, 487268 ], [ 441763200000, 604832 ], [ 473385600000, 425313 ], [ 504921600000, 407139 ], [ 536457600000, 398518 ], [ 567993600000, 419439 ], [ 599616000000, 539832 ], [ 631152000000, 574378 ], [ 662688000000, 596455 ], [ 694224000000, 720127 ], [ 725846400000, 815312 ], [ 757382400000, 767555 ], [ 788918400000, 698113 ], [ 820454400000, 677494 ], [ 852076800000, 746969 ], [ 883612800000, 755358 ], [ 915148800000, 672048 ], [ 946684800000, 674038 ], [ 978307200000, 606494 ], [ 1009843200000, 623255 ], [ 1041379200000, 626330 ], [ 1072915200000, 697632 ], [ 1104537600000, 628399 ], [ 1136073600000, 639064 ], [ 1167609600000, 636854 ], [ 1199145600000, 737889 ], [ 1230768000000, 733796 ], [ 1262304000000, 670605 ], [ 1293840000000, 678969 ], [ 1325376000000, 711991 ], [ 1356998400000, 797886 ] ], "color": "#f7bebe" }]})});var chart = $('#container_1420543074307 .graphe').highcharts();if (1== 0){ $("#axeY2").hide() $(".invis").hide() $(".invis2").hide()} else { $("#axeY2").show() $(".invis").show() $(".invis2").show()}L'Europe de l'Est et la Turquie ont longtemps fourni l'essentiel du contingent d'immigrés allemands : on compte 2,5 millions de personnes d'origine turque en Allemagne et plus de deux millions d'immigrés d'origine russe ou polonaise. Il y a une explication historique à ce phénomène : longtemps, des populations d'origine allemande rapatriées des pays de l'ancienne Union soviétique ont constitué des cohortes importantes. Autre contingent nombreux, celui des immigrés venus des pays de l'ex-Yougoslavie.Cette immigration a été très importante jusque dans les années 1980, avant de diminuer au cours des années 1990. Mais elle a aussi connu un mouvement de sédentarisation : les travailleurs venus dans le cadre de migrations temporaires sont restés en Allemagne.Autre élément à rappeler : l'Allemagne était régie, jusqu'en 2000, par la politique du droit du sang. Il fallait avoir un parent allemand pour acquérir cette nationalité. Depuis la réforme, un enfant dont les parents étrangers résident depuis au moins huit ans en Allemagne peut être allemand. En France, c'est également le droit du sol qui prévaut pour les enfants d'étrangers : ils peuvent acquérir la nationalité s'ils justifient d'au moins cinq ans de résidence sur le territoire national. Ainsi, 8 millions de personnes ont obtenu la nationalité allemande.3. Pourquoi cette flambée anti-immigrants ?Plusieurs phénomènes peuvent expliquer cette flambée du discours anti-immigration. D'une part, la démographie allemande est en berne et les autorités n'ont pas freiné les arrivées dans le pays. Selon Destatis, l'office fédéral de la statistique, le pays a connu 673 000 naissances en 2012 pour 869 000 décès, soit un solde négatif de 196 000 personnes. Depuis des décennies, c'est uniquement grâce à l'immigration que l'Allemagne maintient un solde démographique positif.Mais surtout, depuis le début de la décennie 2010, l'Allemagne redevient un pays d'immigration massive. C'est notamment la première destination en matière de demandes d'asile en Europe, avec une véritable envolée des demandes ces dernières années.if (!window.Highcharts) {') .titre{ position:relative; z-index:5 margin-top: 5 0 0 10; } .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } .subtitre{ display:block; }$("#container_1420561443039 .graphe").css("height", 450)$("#container_1420561443039 .title").empty()if ("Premières demandes d'asile déposées par mois"!= ""){Premières demandes d'asile déposées par mois")}$("#container_1420561443039 .subtitle").empty()if ("La France connaît une relative stabilité, quand l'Allemagne voit les demandes augmenter fortement depuis 2012."!= ""){La France connaît une relative stabilité, quand l'Allemagne voit les demandes augmenter fortement depuis 2012.")}$(function () {Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher' }});$("#container_1420561443039 .graphe").highcharts({chart:{ backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, type: "line", events:{ load:function(){ this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://appsso.eurostat.ec.europa.eu/nui/submitViewTableAction.do;jsessionid=Uce__p94O6P8DsKt4PfvquV2KxXJs79ysmddp1ljF2CgylFLQzee!-642403921", _blank ); } } }},colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"],credits:{ enabled:true, text:"Eurostat", position: { align: "right", x: -15, y: -5 },},title: { text: ""},subtitle: { text: ""},plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true }},yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }]}, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' }}],xAxis:{ type:"datetime", categories:null, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value:%Y}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }]},tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "%Y"},legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10},series:[ { "name": "Allemagne", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 1230768000000, 2445 ], [ 1233446400000, 2045 ], [ 1235865600000, 2080 ], [ 1238544000000, 1960 ], [ 1241136000000, 1900 ], [ 1243814400000, 2005 ], [ 1246406400000, 2605 ], [ 1249084800000, 2525 ], [ 1251763200000, 2705 ], [ 1254355200000, 2690 ], [ 1257033600000, 2520 ], [ 1259625600000, 2170 ], [ 1262304000000, 2715 ], [ 1264982400000, 2455 ], [ 1267401600000, 2715 ], [ 1270080000000, 2455 ], [ 1272672000000, 2415 ], [ 1275350400000, 2895 ], [ 1277942400000, 3380 ], [ 1280620800000, 4100 ], [ 1283299200000, 4770 ], [ 1285891200000, 4975 ], [ 1288569600000, 4755 ], [ 1291161600000, 3700 ], [ 1293840000000, 3900 ], [ 1296518400000, 3370 ], [ 1298937600000, 3625 ], [ 1301616000000, 3030 ], [ 1304208000000, 3500 ], [ 1306886400000, 3255 ], [ 1309478400000, 3555 ], [ 1312156800000, 4065 ], [ 1314835200000, 4190 ], [ 1317427200000, 4185 ], [ 1320105600000, 4890 ], [ 1322697600000, 4175 ], [ 1325376000000, 4665 ], [ 1328054400000, 3915 ], [ 1330560000000, 3715 ], [ 1333238400000, 3285 ], [ 1335830400000, 3590 ], [ 1338508800000, 4125 ], [ 1341100800000, 4750 ], [ 1343779200000, 5485 ], [ 1346457600000, 6925 ], [ 1349049600000, 10195 ], [ 1351728000000, 9000 ], [ 1354320000000, 4880 ], [ 1356998400000, 7530 ], [ 1359676800000, 5995 ], [ 1362096000000, 5790 ], [ 1364774400000, 7710 ], [ 1367366400000, 7685 ], [ 1370044800000, 8600 ], [ 1372636800000, 9805 ], [ 1375315200000, 9830 ], [ 1377993600000, 11730 ], [ 1380585600000, 13285 ], [ 1383264000000, 12400 ], [ 1385856000000, 9220 ], [ 1388534400000, 12555 ], [ 1391212800000, 9830 ], [ 1393632000000, 9840 ], [ 1396310400000, 10200 ], [ 1398902400000, 11160 ], [ 1401580800000, 12075 ], [ 1404172800000, 16190 ], [ 1406851200000, 15140 ], [ 1409529600000, 16215 ] ], "color": "#0386c3" }, { "name": "France", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 1230768000000, 2905 ], [ 1233446400000, 3755 ], [ 1235865600000, 3640 ], [ 1238544000000, 3490 ], [ 1241136000000, 2815 ], [ 1243814400000, 3475 ], [ 1246406400000, 3550 ], [ 1249084800000, 3200 ], [ 1251763200000, 3480 ], [ 1254355200000, 4135 ], [ 1257033600000, 3720 ], [ 1259625600000, 3905 ], [ 1262304000000, 3325 ], [ 1264982400000, 4350 ], [ 1267401600000, 4600 ], [ 1270080000000, 3835 ], [ 1272672000000, 3720 ], [ 1275350400000, 3800 ], [ 1277942400000, 3755 ], [ 1280620800000, 3620 ], [ 1283299200000, 3830 ], [ 1285891200000, 4655 ], [ 1288569600000, 3910 ], [ 1291161600000, 4625 ], [ 1293840000000, 4150 ], [ 1296518400000, 4325 ], [ 1298937600000, 4920 ], [ 1301616000000, 4785 ], [ 1304208000000, 4625 ], [ 1306886400000, 4125 ], [ 1309478400000, 4220 ], [ 1312156800000, 3695 ], [ 1314835200000, 4205 ], [ 1317427200000, 4610 ], [ 1320105600000, 3960 ], [ 1322697600000, 4520 ], [ 1325376000000, 4175 ], [ 1328054400000, 4660 ], [ 1330560000000, 4430 ], [ 1333238400000, 3965 ], [ 1335830400000, 3850 ], [ 1338508800000, 4230 ], [ 1341100800000, 4750 ], [ 1343779200000, 4410 ], [ 1346457600000, 4175 ], [ 1349049600000, 5680 ], [ 1351728000000, 4650 ], [ 1354320000000, 5315 ], [ 1356998400000, 4635 ], [ 1359676800000, 5100 ], [ 1362096000000, 5370 ], [ 1364774400000, 5400 ], [ 1367366400000, 4655 ], [ 1370044800000, 5095 ], [ 1372636800000, 5635 ], [ 1375315200000, 4535 ], [ 1377993600000, 4510 ], [ 1380585600000, 5840 ], [ 1383264000000, 4810 ], [ 1385856000000, 4890 ], [ 1388534400000, 4455 ], [ 1391212800000, 4725 ], [ 1393632000000, 5360 ], [ 1396310400000, 5210 ], [ 1398902400000, 4190 ], [ 1401580800000, 4515 ], [ 1404172800000, 4880 ], [ 1406851200000, 3775 ], [ 1409529600000, 4680 ] ], "color": "#FFc832" }, { "name": "Royaume-Uni", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 1230768000000, 3325 ], [ 1233446400000, 3305 ], [ 1235865600000, 3935 ], [ 1238544000000, 2870 ], [ 1241136000000, 2355 ], [ 1243814400000, 2375 ], [ 1246406400000, 2295 ], [ 1249084800000, 2060 ], [ 1251763200000, 2090 ], [ 1254355200000, 2260 ], [ 1257033600000, 2135 ], [ 1259625600000, 1660 ], [ 1262304000000, 1760 ], [ 1264982400000, 1845 ], [ 1267401600000, 1950 ], [ 1270080000000, 1895 ], [ 1272672000000, 1795 ], [ 1275350400000, 1930 ], [ 1277942400000, 1815 ], [ 1280620800000, 1800 ], [ 1283299200000, 1990 ], [ 1285891200000, 2055 ], [ 1288569600000, 2070 ], [ 1291161600000, 1740 ], [ 1293840000000, 2085 ], [ 1296518400000, 1925 ], [ 1298937600000, 2205 ], [ 1301616000000, 1980 ], [ 1304208000000, 2035 ], [ 1306886400000, 2215 ], [ 1309478400000, 2345 ], [ 1312156800000, 2040 ], [ 1314835200000, 2205 ], [ 1317427200000, 2135 ], [ 1320105600000, 2565 ], [ 1322697600000, 2170 ], [ 1325376000000, 2230 ], [ 1328054400000, 1885 ], [ 1330560000000, 2210 ], [ 1333238400000, 1910 ], [ 1335830400000, 2415 ], [ 1338508800000, 2035 ], [ 1341100800000, 2450 ], [ 1343779200000, 2365 ], [ 1346457600000, 2585 ], [ 1349049600000, 2860 ], [ 1351728000000, 2760 ], [ 1354320000000, 2265 ], [ 1356998400000, 2475 ], [ 1359676800000, 2325 ], [ 1362096000000, 2350 ], [ 1364774400000, 2490 ], [ 1367366400000, 2415 ], [ 1370044800000, 2425 ], [ 1372636800000, 2750 ], [ 1375315200000, 2405 ], [ 1377993600000, 2610 ], [ 1380585600000, 2840 ], [ 1383264000000, 2545 ], [ 1385856000000, 2240 ], [ 1388534400000, 2385 ], [ 1391212800000, 2370 ], [ 1393632000000, 2670 ], [ 1396310400000, 2225 ], [ 1398902400000, 2160 ], [ 1401580800000, 2475 ], [ 1404172800000, 2900 ], [ 1406851200000, 2780 ], [ 1409529600000, 3090 ] ], "color": "#ff3232" }]})});var chart = $('#container_1420561443039 .graphe').highcharts();if (0== 0){ $("#axeY2").hide() $(".invis").hide() $(".invis2").hide()} else { $("#axeY2").show() $(".invis").show() $(".invis2").show()}De plus, avec l'immigration, l'Allemagne a connu une hausse du nombre de ses citoyens musulmans, qui sont aujourd'hui 5 millions environ, sur une population de 80 millions, selon les statistiques officielles. C'est notamment sur la question de la religion que des mouvements tels Pegida mobilisent.>> Voir le reportage : En Allemagne, le discours raciste se banaliseAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.01.2015 à 14h45 • Mis à jour le06.01.2015 à 15h09 Retournement de situation pour le meurtrier belge Frank Van Den Bleeken, cinq jours avant la date prévue de son euthanasie. Ses médecins ont « décidé de ne plus continuer la procédure d'euthanasie », qui devait avoir lieu dimanche, a annoncé le ministre de la justice belge, Koen Geens, mardi 6 janvier.Emprisonné depuis vingt-six ans — essentiellement dans des institutions psychiatriques — pour un assassinat en 1989 et de multiples viols, Frank Van Den Bleeken, 52 ans, avait demandé à bénéficier de la loi belge de 2002 autorisant l'euthanasie en raison de souffrances psychiques. Un droit à mourir que lui avait accordé la Cour d'appel de Bruxelles en septembre.Frank Van Den Bleeken sera finalement transféré dans un centre psychiatrique spécialisé ouvert en novembre à Gand (Ouest), a précisé le ministre dans un communiqué. Le ministre n'a fourni aucune précision sur les motifs de ce revirement, indiquant seulement que « les motivations personnelles de cette décision relèvent du secret médical ».Lire le récit (édition abonnés) : En Belgique, un détenu obtient le droit d'être euthanasié pour raisons psychiatriques« PERSPECTIVE D'UN TRANSFERT RAPIDE »La polémique enflait en Belgique depuis l'annonce, samedi, de la date programmée pour l'euthanasie de ce quinquagénaire, beaucoup dénonçant dans cette évolution un détournement de la loi belge sur l'aide à la fin de vie. Frank Van Den Bleeken se considère comme un danger pour la société, et ne souhaite pas être remis en liberté. Mais jugeant ses conditions de détention inhumaines, il avait demandé à être transféré dans un établissement psychiatrique spécialisé aux Pays-Bas. Après le refus de la justice, il estimait n'avoir pas d'autre issue que l'euthanasie.Le ministre de la justice dit avoir « décidé de transférer » Frank Van Den Bleeken au centre psychiatrique légal de Gand en vue d'y mettre en œuvre un « trajet adapté de soins ». En outre, selon M. Geens, des « contacts très récents et intenses » avec les autorités néerlandaises « offrent une claire perspective d'un transfert rapide vers un centre spécialisé dans les longs séjours d'internement ».CARENCES DANS LA PRISE EN CHARGE DES MALADES MENTAUXCette affaire a souligné les limites de la loi de 2002 autorisant l'euthanasie dans certaines conditions, dont la présence « d'une souffrance physique ou psychique constante et insupportable ». La Ligue belge des droits de l'homme (LDH) a notamment jugé que le choix de Frank Van Den Bleeken était « le résultat direct des manquements de l'Etat belge à son obligation de prise en charge des personnes souffrant de troubles mentaux ».Le ministre de la justice a promis de développer dans les six prochains mois un « plan en vue de l'organisation d'une capacité concrète d'accueil en Belgique » des internés souffrant de troubles psychiques profonds. Le pays a été plusieurs fois condamné par la Cour européenne des droits de l'homme pour ses carences dans ce domaine.Lire le décryptage : Légalisation de l'euthanasie : où en sont les pays européens ? 06.01.2015 à 11h07 • Mis à jour le06.01.2015 à 16h16 | Marie Charrel L’année n’aurait guère pu commencer plus mal pour la zone euro. Lundi 5 janvier au matin, l’ensemble des bourses européennes ont dévissé sur fond d’inquiétudes sur l’économie de la Grèce. Le CAC 40 a reculé de 3,31 %, la bourse de Milan a chuté de 4,92 % à Milan et celle d’Athènes, de 5,63 %, avant de se reprendre mardi. De son côté, l’euro est tombé à 1,1864 dollar, son plus bas niveau depuis mars 2006.L’hypothèse d’un « Grexit », une sortie de la Grèce de la zone euro, hante de nouveau tous les esprits. Les inquiétudes ont été relancées ce week-end par Der Spiegel. Selon l’hebdomadaire allemand, le gouvernement d’Angela Merkel jugerait qu’une sortie grecque serait inévitable si le parti de la Gauche radicale Syriza remportait les législatives du 25 janvier. Et surtout si son leader, Alexis Tsipras, renonçait à la discipline budgétaire, et à rembourser la dette du pays.De là à craindre que le scénario 2012 se reproduise, lorsque les peurs d’un défaut grec avaient contaminé l’ensemble des marchés européens et laissé craindre l’explosion de la zone euro, il y a qu’un pas… Qu’il serait pourtant dangereux de franchir.Quel est le montant des aides versées à la Grèce ?Fin 2011, alors que les marchés s’inquiétaient d’une explosion de la zone euro, la dette publique grecque était d’environ 360 milliards d’euros, soit environ 170 % du PIB.Elle se décomposait en :155 milliards d’euros détenus par les créanciers publics internationaux, Fonds européen de stabilité financière (FESF), Fonds monétaire international (FMI) et Banque centrale européenne (BCE).205 milliards d’euros détenus par des créanciers privés.Le 8 mars 2012, la dette publique du pays a été restructurée sous supervision de la Troïka (FMI, BCE, Commission européenne). Les créanciers privés détenteurs de 83,5 % de la dette ont alors accepté une perte (la décote) de 53,5 % à 70 % du montant de leurs créances.Cela a ouvert la voie au déblocage d’une partie des 130 milliards d’euros de prêts publics européens du deuxième plan de sauvetage du pays. Dans la foulée, le FMI a octroyé un crédit de 28 milliards d’euros, dont 9,7 milliards d’euros déjà inclus dans le premier programme d’aide au pays de mai 2010.Au total, la Commission européenne estime que la Grèce a touché 380 milliards d’euros d’aides diverses, sous forme de prêts, sommes directement injectées et dettes effacées.Dans le détail, cette somme correspond aux 40 milliards d’euros de financement de l’Union Européenne sur la période 2007-2013, aux 100 milliards d’euros de dette que le secteur privé a accepté d’effacer et aux 240 milliards d’euros d’aides fournies par l’UE et le FMI.Échappera-t-on à une nouvelle restructuration de la dette grecque ?Que Syriza gagne ou non les élections, une nouvelle intervention sur la dette publique grecque semble inévitable.Sa trajectoire paraît en effet insoutenable. Si sa restructuration en 2012 a permis de faire baisser son niveau de 170,3 % à 157 % du PIB, celle-ci est remontée à 174,4 % en 2013. Entre 2015 et 2047, Athènes devra en effet rembourser 4 à… 18 milliards d’euros par an à ses créanciers, sans compter le paiement des intérêts.Ces sommes engloutiront la totalité des excédents primaires aujourd’hui dégagés par le pays, et l’empêcheront d’investir dans l’avenir. Voilà pourquoi M. Tsipras évoque aujourd’hui un nouveau défaut.Il existe néanmoins d’autres options. La Grèce pourrait ainsi demander un allongement de la durée des prêts que lui ont accordé ses partenaires européens, solution probablement la moins douloureuse pour tous. Mais qu’Athènes aura du mal à négocier si elle renonce totalement à la rigueur budgétaire.Lire le décryptage : Qu'est-ce que Syriza, le parti antiaustérité qui progresse en Grèce ?Faut-il craindre une contagion à d’autres pays ?Ce risque est beaucoup moins élevé qu’en 2011-2012, et est de nature très différente. D’abord, parce que 90 % de la dette publique grecque appartient, depuis sa restructuration de 2012, aux États Européens et aux créanciers publics internationaux. Elle concerne beaucoup moins les banques européennes qu’il y a quatre ans.De plus, les institutions de la zone euro ont été renforcées depuis 2010 : les États membres ont bâti l’union bancaire et le Mécanisme européen de stabilité (MES), qui doivent limiter les contagions en cas de nouvelle crise. Même si ces « instruments » ne sont pas parfaits, ils représentent un réel progrès.Surtout, les analystes estiment que les déclarations allemandes sont avant tout politiques. Mme Merkel chercherait à faire pression sur les électeurs grecs et Syriza. De fait, l’appartenance d’Athènes est « irrévocable », a martelé Annika Breidthardt, une porte-parole de la Commission européenne.En somme, si le risque grec était financier il y a trois ans, il est aujourd’hui surtout politique. L’émergence de Syriza est en effet le symptôme d’un mal plus grand : l’opinion publique, surtout dans les pays du sud de l’Europe, commence à rejeter l’austérité. Une lassitude dont se nourrissent les mouvements populistes.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Derrière une grande banderole « Bienvenue aux réfugiés », plusieurs milliers de personnes ont manifesté, lundi 5 janvier en début de soirée, dans les rues de Berlin. Parmi elles, Heiko Maas, le ministre (SPD) de la justice. Pas question pour la gauche ni pour la majorité des partis politiques allemands de laisser la rue aux « pegidistes », ces « patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident » qui, chaque lundi, manifestent dans plusieurs villes à l’appel du mouvement Pegida, parti de Dresde (Saxe).Comme c’est souvent le cas, les contre-manifestants étaient nettement plus nombreux à Berlin que les quelques centaines de pegidistes, même si les associations turques, qui avaient annoncé vouloir réunir 10 000 manifestants devant la porte de Brandebourg, n’en ont attiré que quelques dizaines. Déjà, fin décembre, 12 000 personnes avaient manifesté dans les rues de Munich contre Pegida, un mouvement pourtant quasi inexistant dans la capitale bavaroise. Ils étaient 10 000 à Munster lundi, 8 000 à Stuttgart et 4 000 à Hambourg.Critique de la chancelièreCe lundi 5 janvier, le principal opposant à Pegida n’a même pas eu besoin de descendre dans la rue. Pour montrer son désaccord avec les thèses extrémistes de ce mouvement, le cardinal Woelki, responsable de la cathédrale de Cologne, a décidé d’éteindre l’éclairage de cet édifice devant lequel les pegidistes avaient prévu de défiler. Il ne pouvait faire davantage contre les manifestants qui, souvent, brandissent une grande croix aux couleurs de l’Allemagne : le parvis relève des seules autorités municipales. Cette initiative a inspiré un mouvement intitulé « Pas de lumière pour les racistes ».A Cologne, outre la cathédrale, c’est toute la vieille ville qui a été plongée dans le noir par la mairie, ainsi que les ponts que devaient emprunter les manifestants. A Dresde, où Pegida a rassemblé 18 000 manifestants – un record à ce jour –, l’opéra de la ville, le célèbre Semperoper, est resté dans l’obscurité, tout comme les bâtiments de Volkswagen. « Nous sommes en faveur d’une société ouverte, libre et démocratique » a expliqué le groupe automobile pour justifier son engagement. Même la porte de Brandebourg à Berlin a été éteinte lundi soir.Lors de ses vœux, le 31 décembre, Angela Merkel avait surpris en critiquant, sans le nommer, ce mouvement qui prétend « défendre l’Occident » et manifeste aux cris de : « Nous sommes le peuple », le slogan des opposants à la RDA en 1989. « Ils disent : nous sommes le peuple. Mais en fait, ils veulent dire : vous n’en faites pas partie, à cause de la couleur de votre peau ou de votre religion », a déclaré la chancelière. Quelques jours plus tôt, dans le Spiegel, l’ancien ministre de l’intérieur Hans-Peter Friedrich, membre de l’Union sociale-démocrate (CSU) qui siège au gouvernement, avait rendu la politique trop centriste d’Angela Merkel directement responsable de la montée de Pegida. « Je crois que dans le passé, nous nous sommes trop peu préoccupés de la question de l’identité de notre peuple et de notre nation », avait-il déclaré. Manifestement, la chancelière n’en a tenu aucun compte.Mardi 6 janvier, le quotidien populaire Bild s’est à son tour clairement engagé contre Pegida, publiant un appel de 50 personnalités, la plupart issues de la politique, des affaires, du sport et du spectacle contre ce mouvement.Fracture confirméeAlors que pegidistes et anti-pegidistes se toisent désormais chaque lundi soir, plusieurs chercheurs, réunis au sein du conseil pour les migrations, ont présenté lundi 5 janvier une étude sur « l’Allemagne post-migratoire ». Les résultats confirment la fracture qui caractérise la société allemande sur ce sujet. 36 % des Allemands approuvent une culture de l’accueil et de l’intégration plus forte, mais 31 % n’en voient pas la nécessité. 47 % des Allemands approuvent la diversité mais 25 % la rejettent. Et si 54 % des Allemands trouvent bien que « les migrants se sentent chez eux en Allemagne », seuls 36 % se félicitent que « tant d’immigrés choisissent l’Allemagne comme nouvelle patrie ». Pour ces chercheurs, « la thèse selon laquelle l’intégration des immigrés balaie les préjugés est fausse. […] Les personnes qui pensent que la cohésion de la société est en danger le pensent parce qu’elles croient à une nation culturellement homogène et refusent la diversité ».69 % des personnes interrogées surévaluent d’ailleurs le nombre de musulmans qui vivent en Allemagne. 23 % des sondés estiment que les musulmans constituent plus de 20 % de la population alors qu’ils en représentent environ 5 %.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.08.2015 à 04h47 • Mis à jour le27.08.2015 à 12h01 Responsables européens et dirigeants des Balkans de l’Ouest se réunissent à Vienne, jeudi 27 août, à l’occasion d’un sommet consacré à la crise des migrants. La chancelière allemande, Angela Merkel, et la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, participeront également à cette réunion, qui devrait permettre d’avancer sur les questions de répartition des demandeurs d’asile dans les pays européens, alors que des milliers de Syriens et d’Irakiens fuient les guerres dans leur pays, et que des Albanais, des Kosovars ou des Serbes viennent en Europe occidentale chercher une vie meilleure.La Serbie et la Macédoine ont d’ores et déjà appelé l’Union européenne à agir lors de ce sommet. « A moins d’avoir une réponse européenne à cette crise [...], personne ne doit nourrir l’illusion que cela peut être réglé », a déclaré le ministre macédonien des affaires étrangères, Nikola Poposki. Son homologue serbe, Ivica Dacic, a quant à lui réclamé un « plan d’action » européen, avant d’ajouter : « Je vais être très direct, nous sommes en train de supporter le poids du problème. » De nombreux pays ont déjà dû prendre des mesures d’urgence pour faire face à cet afflux de migrants de grande ampleur.La GrèceLe pays est la première destination européenne pour les migrants qui transitent par la Turquie, et passent sur des embarcations de fortune la mer Egée. Venus du Moyen-Orient ou de l’Extrême-Orient, les migrants, en majorité Syriens, cherchent à gagner l’île de Kos, à 20 kilomètres des côtes turques, où ils attendent d’obtenir un laisser-passer, pour ensuite rejoindre Athènes et les autres pays européens.Désorganisée et faisant face à un nombre grandissant d’arrivées – plus de 20 000 en une semaine au mois d’août – la Grèce a obtenu une aide de 474 millions d’euros de la Commission européenne pour faire face à la situation, qui a provoqué des mouvements de violence sur l’île de Kos. Depuis le début de l’année, quelque 124 000 migrants sont arrivés dans les îles grecques depuis la Turquie, selon des chiffres du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR).La MacédoineAprès leur arrivée en Grèce, les migrants progressent vers l’Europe de l’Ouest, en passant notamment par la Macédoine. Le pays a décrété l’état d’urgence, jeudi 20 août, dans le sud et le nord du pays. L’armée a été déployée sur place pour aider les autorités locales, ce qui s’est parfois traduit par des incidents entre migrants et militaires. La frontière avec la Grèce, d’abord partiellement fermée, a finalement été ouverte pour laisser passer des milliers de migrants, dimanche 23 août.La SerbieAlors que le premier ministre serbe, Aleksandar Vucic, a affirmé sa volonté d’accueillir et de gérer avec dignité l’arrivée des migrants en Serbie, la situation est beaucoup plus critique. Pays hors de l’espace Schengen et de l’UE, la Serbie sert de porte d’entrée dans l’UE, via Subotica, dernière ville serbe avant la frontière hongroise. Là s’y est développée une « jungle », où les conditions de vie sont déplorables, sans eau, sans sanitaires, sans électricité.Lire aussi le reportage :Dans « la jungle » serbe de Subotica, contrôlée par les trafiquantsLa HongrieAlors que la police hongroise a annoncé jeudi qu’un nombre record de 3 241 migrants étaient arrivés mercredi, le pays a déjà pris des mesures drastiques. A partir du 5 septembre, la Hongrie enverra plus de 2 000 policiers en renfort à la frontière avec la Serbie. Mille policiers travaillent déjà régulièrement dans cette zone pour contrôler l’afflux des migrants.D’ici à la fin du mois d’août, le pays achèvera surtout la construction d’une barrière anti-migrants – un grillage métallique de 4 mètres de haut – le long de la frontière avec la Serbie, soit 175 kilomètres. Depuis le début de l’année, la Hongrie a connu plus de 140 000 arrivées sur son territoire, soit plus du double du total de l’année 2014. Gaëlle Picut Eurofound, la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail, a publié, en juillet dernier, un rapport intitulé "Revalorisation ou polarisation ? Les changements de la structure de l’emploi à long terme et au niveau mondial". Il s’est notamment intéressé aux emplois qui ont le plus été détruits et ceux qui ont connu les plus forts taux de croissance dans l’Union européenne, durant la période post crise, c’est-à-dire entre 2011 et 2014 . L’objectif consiste à évaluer dans quelle mesure les changements récents ont un effet polarisant, causé par une baisse des emplois à rémunération moyenne, ou revalorisant, du fait de la croissance des emplois à haute rémunération. Sur cet intervalle de trois ans, la croissance de l’emploi dans l’UE a présenté une polarisation asymétrique : les emplois bien rémunérés ont connu la plus forte croissance ; l’évolution a été modeste pour les emplois les moins rémunérés et la catégorie des salaires moyens a connu une baisse de l’emploi.Le rapport rappelle qu’un quart de l’emploi de l’UE est concentré dans seulement 11 métiers et la moitié dans environ 60. Les deux types de professions employant le plus de personnes sont les travailleurs dans le commerce de détail (12 millions) et les professionnels de l’enseignement (9,6 millions). Durant la période 2011-2014, ces salariés ont eu un emploi stable, avec une augmentation très modeste pour ceux dans l’enseignement.  Dans le même temps, les plus grandes pertes d’emplois en absolu et en relatif ont continué à se produire dans le secteur de la construction, avec des baisses annuelles comprises entre 3,4% et 5,2% selon les métiers, et dans celui de l’industrie. Huit millions d’emplois ont ainsi été détruits pendant la période 2008-2013. Cette diminution constante de l’emploi dans ces deux grands secteurs d’activité a été le principal facteur de polarisation observé durant la crise.Les emplois liés aux services à la clientèle dans le secteur financier ont également connu une forte baisse relative. Des emplois publics ont également été détruits, montrant ainsi la pression sur la masse salariale et les contraintes budgétaires accrues dans la fonction publique depuis 2011. Enfin, dans les 10 métiers qui ont le plus diminué entre 2011 et 2014, on trouve des emplois du secteur du commerce de détail et de gros, des destructions s’expliquant par le développement des nouvelles technologies et du commerce en ligne.Les croissances relatives les plus fortes se situent dans les services, notamment du côté des professionnels de la santé et des services aux particuliers, mais également dans le secteur de l’information et de la communication et du consulting.Depuis le deuxième trimestre 2013, le niveau d’emploi net dans l’UE a amorcé une reprise, avec une hausse d’1,8 million au 2ème trimestre 2014. Néanmoins, le niveau global de l’emploi dans l’UE accuse encore un différentiel négatif de quatre millions par rapport au niveau du début de la crise il y a six ans.Une progression de l’emploi temps partielDans certains pays européens, notamment au Royaume-Uni, les emplois de services faiblement rémunérés ont représenté une grande part de la croissance récente. "Cette situation agite le spectre de la croissance de l’emploi à faible productivité, dans laquelle la production et, en fin de compte, le niveau de vie n’augmentent pas en dépit d’une augmentation des opportunités d’emploi", écrivent les auteurs du rapport. On assiste également à une forte croissance récente de la part de l’emploi à temps partiel. Aujourd’hui, les services représentent 7 emplois sur 10 en Europe. Il y a eu 2,8 millions nouveaux emplois nets dans le secteur des services en 2014 par rapport à 2011. Parallèlement, les emplois à haute rémunération continuent de progresser.Le rapport conclut que si l’on classe les emplois de l’UE en cinq catégories de taille égale (quintiles) en fonction du salaire, il apparaît manifestement que la croissance de l’emploi à durée indéterminée et à temps plein est de plus en plus confinée au quintile supérieur, les emplois bien rémunérés ; dans tous les autres quintiles de la répartition des salaires, elle est en baisse.A noter que France Stratégie, aussi appelé Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP), a également publié le 24 août un document de travail intitulé "La polarisation des emplois : une réalité américaine plus qu’européenne ?" (mais qui ne prend pas en compte les données du dernier rapport d’Eurofound). Selon son auteure, "la polarisation des emplois est avérée sur longue période aux Etats-Unis mais apparaît moins évidente en Europe" . Elle estime que "la réversibilité ou l’accentuation de la polarisation – dont la réalité est à nuancer – reste donc posée et constitue une interrogation majeure pour l’avenir".Gaëlle PicutJournaliste au Monde Frédéric Lemaître (à Berlin), Salvatore Aloïse (à Rome) et Eric Albert (à Londres) Les débats sur l’afflux de migrants butent sur les mêmes problèmes de sémantique, un peu partout en Europe. Avec les mutations des phénomènes migratoires, les mots changent. En Allemagne, les deux expressions les plus utilisées sont « Flüchtlinge » – les réfugiés – et « Asylbewerber » – les demandeurs d’asile –, qui parlent de ces étrangers qui fuient un danger.Les années précédentes, c’était le terme d’« Einwanderer », les immigrés, qui était au centre des débats. Un mot qui avait succédé au sinistre « Gastarbeiter », ces « travailleurs invités » grâce auxquels l’Allemagne a assuré sa prospérité de 1955 à la fin des années soixante. L’expression reconnaissait cyniquement que ces hommes issus de Turquie et du bassin méditerranéen n’étaient perçus que comme une main-d’œuvre invitée… à repartir. Mais ces hommes sont restés, posant la question de l’intégration des Allemands avec « Migrationshintergrund » - « issu de l’immigration ». Un terme qui fait aussi débat.Lire sur Les Décodeurs :« Migrant » ou « réfugié » : quelles différences ?« Immigré » forcément « illégal »Au Royaume-Uni, le mot « migrant » a longtemps été le plus neutre de tous pour parler des gens qui migrent vers l’Europe. Mais avec ce qui est appelé la « crise des migrants », le ton général des médias et de la classe politique britannique a pris une connotation très négative. Une étude du vocabulaire utilisé dans les journaux britanniques entre 2010 et 2012, réalisée par l’université d’Oxford, montre que le mot « immigré » est quatorze fois plus souvent associé à « illégal » que celui de « migrant ».C’est en train de changer. La réflexion sur les mots employés et leur caractère négatif a été lancée par la chaîne Al-Jazira qui a annoncé qu’elle n’utiliserait plus le mot de « migrant », trop péjoratif, et lui préférerait celui de « réfugié ». Lindsey Hilsum, journaliste à Channel 4, a fait de même. Selon elle, « migrant » même s’il a l’avantage de la neutralité, le terme a progressivement été dévoyé. Elle aussi va désormais choisir « réfugié » de façon plus systématique.En Italie, le terme généralement employé est celui de « migrants » qui permet de ne pas devoir spécifier s’il s’agit de réfugié ou pas. Le changement sémantique plutôt récent : le sociologue Ilvo Diamanti le fait remonter à la période qui a suivi la visite du Pape à Lampedusa en juillet 2013. C’est à ce moment-là, dit-il, que la presse cesse de parler de « clandestins » – ce que continue à faire, pratiquement seule, la xénophobe Ligue du Nord. À la fin des années 1980, l’Italie avait pris douloureusement conscience de n’être plus terre de migration mais d’accueil, désignant ses étrangers comme des « extra-communautaires » et des « vucumpra » – c’est-à-dire la formule « vuoi comprare? » (« tu veux acheter ? »), mal prononcée par les vendeurs à la sauvette étrangers. Ces termes sont devenus aujourd’hui imprononçables.Lire aussi :Migrants : le silence gêné des politiquesFrédéric Lemaître (à Berlin)journalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteEric Albert (à Londres)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSalvatore Aloïse (à Rome)Journaliste au Monde 26.08.2015 à 06h48 • Mis à jour le26.08.2015 à 17h42 | Isabelle Piquer (Madrid, correspondance) Entreposé au musée Reina Sofia depuis le 11 août, le tableau de Picasso Tête de jeune fille – confisqué au banquier espagnol Jaime Botin, suspecté de vouloir le vendre en Suisse malgré l’interdiction de Madrid – attend que la justice espagnole se décide sur son sort. « On ne sait pas pour combien de temps. Pour l’instant, il reste ici bien emballé » pendant que la Guardia Civil mène son enquête, explique l’une des porte-parole du musée madrilène.L’affaire commence le 31 juillet. La douane française saisit l’œuvre dans le port de Calvi (Haute-Corse), alertée la veille par le dépôt à Bastia d’une demande d’autorisation d’exportation vers la Suisse.La justice espagnole considère le tableau comme un « trésor national qui ne peut en aucun cas être sorti du pays »Le tableau, d’une valeur estimée à 25 millions d’euros, se trouvait à bord de l’Adix, un superbe trois-mâts de 65 mètres de longueur, battant pavillon britannique, propriété de M. Botin par le biais d’une compagnie domiciliée à Guernesey. Le banquier n’était pas présent à bord du yacht et le capitaine du navire n’a pu présenter qu’un document d’évaluation de l’œuvre. Dépêchés sur place, des policiers espagnols et une conservatrice du musée ont récupéré le tableau, onze jours plus tard.Cela faisait déjà plusieurs mois que l’unité de la Guardia Civil chargée de la protection du patrimoine surveillait l’Adix, voilier d’habitude ancré au port espagnol de Valence. Depuis mai, l’Audience nationale, l’une des plus hautes cours de justice espagnoles, considérait le tableau comme « un trésor national qui ne pouvait en aucun cas être sorti d’Espagne », un bien culturel « inexportable » car « il n’en existe pas de similaire » dans le pays.Tournant crucialPicasso peint la Tête de jeune fille en 1906, pendant la période dite de « Gosol », un petit village des Pyrénées catalanes où l’artiste s’installe durant quelques mois avec sa compagne, Fernande Olivier. Il commence tout juste à vivre de son travail et vient de vendre Famille d’acrobates avec un singe à Leo Stein, qui lui achètera d’autres œuvres. Ces ventes lui permettront de sortir de la misère du Bateau-Lavoir, l’immeuble dans lequel il habitait à Paris.« Le tableau est en bon état, confirme le musée Reina Sofia, il a été examiné lorsque les agents espagnols l’ont récupéré en Corse. » Le musée, où est exposé le tableau Guernica, ne cache pas qu’il aimerait bien conserver l’œuvre, même s’il n’en a pas fait la demande officielle.Difficile de savoir ce qui a le plus choqué les Espagnols dans cette histoire : qu’une œuvre majeure de Picasso soit restée pendant si longtemps à bord d’un yacht ; ou que l’un des membres de la famille Botin, la grande dynastie de banquiers espagnols – M. Botin, 79 ans, est l’oncle d’Ana Patricia Botin, l’actuelle présidente du Santander, la première institution financière du pays –, ait essayé de l’envoyer en Suisse, malgré l’interdiction de Madrid.Le contentieux remonte à décembre 2012. C’est alors que la maison de vente aux enchères Christie’s demande, au nom de M. Botin, la sortie du tableau pour pouvoir le vendre à Londres. En juillet 2013, le ministère de la culture espagnol refuse et déclare que le bien ne peut être exporté car il illustre « une étape de Picasso clairement influencée par l’art ibérique ». Un tournant crucial « non seulement pour le cubisme mais pour l’évolution postérieure de la peinture du XXe siècle ».ContradictionUne loi espagnole de 1985 indique que l’Etat peut « récupérer des biens illégalement exportés » s’ils sont inscrits au registre du Patrimoine historique, ce qui n’est pas le cas du tableau de la Tête de jeune fille.C’est ce que critiquent les avocats du M. Botin, soutenant que le tableau n’a pas été officiellement déclaré « comme faisant partie du Patrimoine ». Il ne serait pas soumis au droit espagnol, car il a été acheté à Londres en 1977. Ils ajoutent que, « depuis des années, le tableau se trouve en permanence à bord d’un bateau à pavillon britannique, qui constitue un territoire étranger à tous les effets, même quand il accoste dans des ports espagnols ».Les autorités de Madrid rejettent ces arguments et rappellent que M. Botin n’a acheté son voilier qu’à la fin des années 1990.Si les avocats « disent que le tableau a été acheté à l’étranger et qu’il y a toujours demeuré, pourquoi ont-ils demandé un permis d’exportation ? C’est une énorme contradiction, indique Javier Garcia Fernandez, professeur de droit constitutionnel à l’université Complutense de Madrid, au quotidien numérique El Confidencial. A partir du moment où l’on sollicite une autorisation pour exporter un bien, qu’on se la voit refuser et que l’on mène l’affaire devant un tribunal espagnol, on reconnaît qu’il appartient à l’Espagne ».Isabelle Piquer (Madrid, correspondance)Journaliste au Monde 26.08.2015 à 02h47 • Mis à jour le26.08.2015 à 10h59 La Serbie et le Kosovo sont parvenus à un accord « historique » dans plusieurs secteurs clés, mardi 25 août, ce qui représente une avancée majeure dans la normalisation des relations entre les deux pays depuis la guerre et la déclaration unilatérale d’indépendance de Pristina, selon l’Union européenne.Le premier ministre serbe, Aleksandar Vucic, et son homologue du Kosovo, Isa Mustafa, ont passé un accord dans quatre domaines dont l’énergie et les télécommunications, a annoncé la chef de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini, qui supervise les négociations.Sommet des pays des Balkans jeudi« L’aboutissement de ce jour représente une réussite historique dans le processus de normalisation, souligne l’ancienne ministre des affaires étrangères italienne dans un communiqué. Les solutions trouvées aujourd’hui bénéficient concrètement aux populations et en même temps permettent aux deux pays d’avancer sur le chemin de l’Europe. »L’accord intervient avant un sommet qui doit réunir jeudi à Vienne les dirigeants des pays des Balkans de l’Ouest et Mme Mogherini, dans un climat d’inquiétude en raison de la crise migratoire et des tensions avec la Russie.La Serbie et le Kosovo entretiennent des relations difficiles depuis le conflit armé qui a opposé les forces de Belgrade à une guérilla indépendantiste au Kosovo en 1998-1999, poussant l’OTAN à intervenir au printemps 1999. Les bombardements aériens avaient provoqué le retrait des forces serbes, et le Kosovo a déclaré son indépendance en 2008. Le pays a été reconnu par l’UE.Nouveau système judiciaire dans le nord du KosovoEn 2013, Pristina et Belgrade ont signé un accord de normalisation sous l’égide de l’Union européenne, ouvrant la voie un an plus tard à des pourparlers pour l’entrée de la Serbie dans l’Union européenne.Lire : La Serbie et le Kosovo normalisent leurs relations sous la pression de l'UEL’accord de mardi comprend la mise en place d’un système judiciaire dans le nord du Kosovo qui soit acceptable à la fois pour la minorité serbe et les Kosovars d’origine albanaise, majoritaires.Il comprend également un volet sur l’énergie, un plan de modernisation du système de télécommunications et un accord sur le pont de Mitrovica, disputé par les deux populations qui composent cette ville du nord du Kosovo.Lire :Au Kosovo, la désillusion face à la tutelle européenne Alexandre Pouchard Migrants ou réfugiés ? Le débat sémantique s’installe en Europe pour savoir comment qualifier les milliers de personnes qui arrivent quotidiennement sur les côtes méditerranéennes. Le premier terme est fustigé pour ne pas refléter la détresse de ceux qui, le plus souvent, fuient un conflit.Le média qatari Al-Jazira a ainsi annoncé le 20 août qu’il n’utilisera plus que le mot « réfugié » dans le contexte méditerranéen :« Le terme parapluie “migrant” ne suffit désormais plus pour décrire l’horreur qui se déroule en mer Méditerranée. Il a évolué depuis ses définitions de dictionnaire, pour devenir un outil péjoratif qui déshumanise et distance. (…) C’est un mot qui ôte la voix aux personnes qui souffrent. »Al-Jazira rappelle que la plupart de ces personnes viennent de Syrie − où une terrible guerre civile se déroule depuis quatre ans −, d’Afghanistan, d’Irak, de Libye, d’Erythrée ou de Somalie, « autant de pays dont les ressortissants obtiennent généralement l’asile ».Alors que d’autres médias s’interrogent, à l’image du Guardian, et que le débat prête le flanc aux interprétations politiques, quelles réalités recouvrent les définitions des termes « migrant » et « réfugié » ?Lire aussi :Le « migrant », nouveau visage de l’imaginaire françaisTout réfugié est un migrant…En droit international, le « réfugié » est le statut officiel d’une personne qui a obtenu l’asile d’un Etat tiers. Il est défini par une des conventions de Genève (« relative au statut des réfugiés »), signée en 1951 et ratifiée par 145 Etats membres des Nations unies :« Le terme “réfugié” s’appliquera à toute personne (…) qui, craignant d’être persécutée du fait de sa race [son origine], de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ; ou qui, si elle n’a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle à la suite de tels événements, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner. »Ce statut peut être « perdu » si la situation dans son pays a changé, si la personne y est retournée volontairement ou encore si elle a changé de nationalité.Une demande d’asile est normalement individuelle. Est donc réfugiée toute personne qui a demandé l’asile et est reconnue par un Etat comme ayant fui son pays en raison de menaces sérieuses pour sa vie. Cette condition doit normalement être argumentée : le réfugié doit apporter à son Etat d’accueil la preuve de ces menaces.Le cas spécifique des conflits généralisés. Ces dernières années, les réfugiés en Europe ou au Moyen-Orient sont principalement des Syriens, Afghans, Irakiens ou encore des Libyens. Autant de pays en proie à des guerres civiles largement reconnues sur le plan international. Dans le cas d’afflux massifs d’habitants fuyant des combats, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) reconnaît que « la capacité de mener un entretien personnel d’asile avec chaque personne ayant traversé la frontière n’est pas suffisante – et ne le sera jamais. Cela ne s’avère d’ailleurs pas nécessaire dans la mesure où, dans de telles circonstances, la raison de leur fuite est généralement évidente ». Ces groupes sont alors dits réfugiés prima facie, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas besoin d’apporter la preuve de persécutions.Dans une note d’octobre 2013 consacrée à la Syrie, le HCR déclare donc qu’il reconnaît comme « réfugié » toute personne fuyant le pays et correspondant à des profils parfois très spécifiques (opposants, journalistes) mais aussi très larges : enfants pouvant être menacés par des actes de violence, femmes risquant d’être violées ou mariées de force, personnes appartenant à un groupe religieux ou un groupe ethnique… ce qui recoupe toute la population. Les soutiens du gouvernement, traqués par les rebelles, sont également inclus. Seuls les individus reconnus comme ayant commis des actes de violence sont exclus de cette disposition.… mais tous les migrants ne sont pas des réfugiésLe dictionnaire Larousse définit un « migrant » comme toute personne qui effectue une migration, c’est-à-dire qui se déplace volontairement dans un autre pays ou une autre région « pour des raisons économiques, politiques ou culturelles ». Le Petit Robert restreint la raison de ces déplacements au fait de « s’établir ».Dans les faits, les milliers de personnes ayant traversé la mer Méditerranée sont bien des migrants, car ils se sont déplacés d’un pays à un autre, même d’un continent à un autre. Parmi eux se trouvaient des personnes considérées comme réfugiés par le HCR (comme les Syriens). Les autres, de nationalités diverses, quittant un pays en développement pour chercher une vie meilleure en Europe, sont dits « migrants économiques » car « ils font le choix du déplacement pour de meilleures perspectives pour eux et pour leurs familles », explique le HCR. Les réfugiés, quant à eux, sont « dans l’obligation de se déplacer s’ils veulent sauver leur vie ou préserver leur liberté ».Ce sont les migrants économiques qui sont généralement ciblés par les politiques dures en matière d’immigration. Le HCR regrette depuis plusieurs années que des mesures soient « appliquées de manière indiscriminée et rendent très difficile, sinon impossible, l’entrée des réfugiés dans un pays où ils pourraient trouver la sécurité et le soutien dont ils ont besoin, et auxquels ils ont droit en vertu du droit international ».Malgré tout, considérant que la majorité des migrants traversant la Méditerranée « viennent de pays en guerre ou en proie à des violences et des persécutions (Syrie, Afghanistan, Irak, Erythrée) », le HCR, contacté par Le Monde, décrit le mouvement massif vers l’Europe comme « une crise de réfugiés ». Il utilise toutefois les deux termes, réfugiés et migrants, pour décrire la population dans son ensemble, assurant par exemple que, « jusqu’à aujourd’hui, 292 000 réfugiés et migrants sont arrivés par la mer en Europe en 2015 ».L’utilisation des deux termes est également le parti pris des organisations telles qu’Amnesty International, Human Rights Watch ou encore la Cimade en France. Cette dernière fournit un accompagnement juridique aux migrants et tient, sauf exception, à privilégier le vocabulaire précis : des demandeurs d’asile peuvent être déclarés réfugiés en cas de réponse positive. « Le terme de “réfugié” est très précis dans le droit international, alors nous ne l’utilisons que dans ce contexte, explique Louise Carr, du programme des personnes déracinées à Amnesty International. Mais il est vrai que le terme “migrant” est de plus en plus connoté péjorativement et recoupe beaucoup de situations très diverses. »L’asile constitutionnel et la « protection subsidiaire » comme alternativesLe statut de réfugié n’est pas le seul possible pour des demandeurs d’asile. La France, par le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 – à laquelle le préambule de la Constitution de 1958 fait référence –, reconnaît l’asile constitutionnel. Il peut être octroyé « à toute personne persécutée en raison de son action en faveur de la liberté ».Par transposition de règles européennes, la France peut aussi accorder une « protection subsidiaire » à toute personne ne remplissant pas les conditions d’octroi du statut de réfugiés mais étant menacée de peine de mort, de traitements inhumains ou dégradants ou de « violence aveugle résultant d’une situation de conflit armé interne ou international ».Lire aussi sur les Décodeurs : Etrangers, regroupement familial, séjour... Petit lexique de l'immigrationAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.08.2015 à 12h46 • Mis à jour le25.08.2015 à 13h42 « Si vous êtes ici illégalement, nous prendrons des mesures pour vous empêcher de travailler, de louer un appartement, d’ouvrir un compte en banque ou de conduire une voiture. » James Brokenshire, secrétaire d’Etat à l’immigration en Grande-Bretagne, a lancé une nouvelle charge contre les sans-papiers installés sur le territoire britannique, mardi 25 août.Le ministre continuait de présenter les mesures qui figureront dans le projet de loi sur l’immigration, prévu pour l’automne et destiné à durcir la répression de l’immigration illégale, l’une des principales préoccupations du gouvernement de David Cameron.Lire aussi :Des policiers britanniques déployés à Calais pour lutter contre les passeursSaisie des salairesAprès avoir annoncé un renforcement de la surveillance des frontières, des mesures de répression des propriétaires louant un logement à des clandestins ou encore une facilitation de l’expulsion de ces derniers de leur logement, M. Brokenshire a cette fois détaillé les mesures visant les travailleurs clandestins, non seulement les sans-papiers mais aussi ceux qui les emploient.Les travailleurs illégaux pourraient, si le texte est adopté en l’état, s’exposer à une peine de six mois de prison et à une amende illimitée. Le gouvernement avait également annoncé que les salaires perçus dans le cadre d’une activité illégale pourraient être saisis.« Cela signifie qu’au lieu d’être conduits dans des centres de rétention, les migrants illégaux iront devant la justice, puis en prison », indique le Telegraph.Lire aussi :Comment fonctionne la politique migratoire entre le Royaume-Uni et la France ?Les patrons également menacésPoursuivant son entreprise de dissuasion des citoyens britanniques de traiter avec des clandestins, le secrétaire d’Etat à l’immigration a également annoncé des mesures sévères visant les employeurs qui auraient recours à de la main-d’œuvre illégale. Certaines entreprises telles que les pubs, les commerces et les restaurants de vente à emporter qui emploieraient des travailleurs sans papiers s’exposeront ainsi au retrait de leur licence. « Toute entreprise qui emploierait régulièrement des migrants illégaux sera sujette à une fermeture de quarante-huit heures pendant que la police des frontières enquêtera », ajoute encore le Financial Times.Selon la BBC, la législation pour d’autres types d’entreprises devrait aussi changer. « Ils ne pourront plus prétendre qu’ils ne savaient pas que l’un de leurs employés n’était pas autorisé à travailler, car ils devront fournir la preuve qu’ils avaient bien effectué les vérifications qui s’imposent avant de les engager », explique le site britannique. Il ajoute que la peine maximale pour les employeurs ayant recours à de la main-d’œuvre illégale pourrait passer « de deux à cinq ans de prison, en plus des amendes déjà en vigueur ». Ces mesures visant à créer un « environnement hostile » pour les sans-papiers en Grande-Bretagne sont dévoilées alors que Londres s’apprête à découvrir « une nouvelle série de chiffres embarrassants sur l’immigration, qui doivent être rendus publics jeudi », note le Guardian.En 2014, le solde migratoire s’est établi à 318 000 personnes, soit 50 % de plus qu’en 2013, alors que David Cameron avait promis en 2010 de limiter le nombre net d’immigrants légaux à quelques dizaines de milliers par an.Lire aussi :Dans le Kent, les services sociaux sous pression face à l’afflux de migrants 12.08.2015 à 12h36 • Mis à jour le12.08.2015 à 14h52 Moins de 1,2 milliard d’euros : c’est la somme que devait officiellement rembourser la France à la Russie, à la suite de l’annulation de la vente de deux navires de guerre Mistral. Selon le ministre de la défense français, Jean-Yves Le Drian, l’accord, annoncé le 5 août après huit mois d’intenses négociations, prévoyait en effet le strict remboursement du prix d’achat initial des bâtiments. Mais selon les calculs du Canard enchaîné, la facture serait bien plus élevée : près du double, à savoir autour de 2 milliards d’euros.Lire aussi :Paris et Moscou trouvent un accord sur les MistralLe communiqué de l’Elysée précise que le remboursement concerne « exclusivement » « les sommes avancées au titre du contrat ». Mais, selon l’hebdomadaire, si la France a déjà remboursé les quelque 896 millions d’euros qui avaient été versés par Moscou, un certain nombre de frais indirects, également avancés par les Russes, demeurent.Le Canard énumère ainsi : le remboursement des frais d’aménagement du port de Vladivostok pour l’accueil des navires ; l’adaptation de trente-deux hélicoptères K52 emportés par le navire ; et la formation de quatre cents marins russes pendant un an et demi.Paris devra également payer, comme promis, la marge escomptée par la DCNS, le groupe industriel public constructeur des Mistral. Et restituer la totalité des équipements électroniques à Moscou. Mettre, également, les navires aux normes de l’OTAN, et payer encore d’onéreux frais de gardiennage et d’entretien des navires à quai pendant les mois nécessaires à ces opérations. Bref, au total, « la facture de la vente annulée devrait dépasser 2 milliards d’euros », estime le journal.Lire aussi :210 jours avec le Mistral, le récit d’un marin russe dépitéLes conditions de l’accord annoncées au Parlement à la rentréeSi les termes de l’accord franco-russe, et notamment la facture à payer, n’ont pas été rendus publics lors de son annonce, ces conditions seront précisées au moment de l’examen du texte au Parlement, « dès la rentrée », soit à partir du 14 septembre, a dit le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, qui assure « qu’on s’en tire très bien, d’après ce que me disait le premier ministre ». François Hollande avait confirmé que « le Parlement français sera[it] saisi d’un projet de loi pour ratifier cet accord » et que « les chiffres très précis ser[aie]nt dans le document parlementaire ».Après des mois de tergiversations qui ont empoisonné les relations franco-russes, la France a donc récupéré la « pleine propriété et la libre disposition » des deux navires. La marine française n’ayant pas l’intention de les garder, restrictions budgétaires obligent, Paris s’est mis en quête de nouveaux acquéreurs. Le 6 août, le président Hollande a assuré qu’ils « suscit[ai]ent une certaine demande de la part de beaucoup de pays, et [qu’]il n’y aura[it] aucune difficulté pour trouver preneur ». Le Caire serait notamment candidat à leur rachat, tout autant que l’Arabie saoudite. 12.08.2015 à 11h41 • Mis à jour le12.08.2015 à 14h03 | Cécile Boutelet (Berlin, correspondance), Alain Salles et Marie Charrel (envoyée spéciale à Athènes) Un grand pas a été fait, mais la route est encore longue. Si Athènes et les représentants des créanciers sont parvenus, mardi 11 août, à un accord technique sur le troisième plan d’aide au pays, les discussions vont désormais entrer dans une séquence plus politique. Après les experts, ce sont désormais le Parlement grec, certains parlements nationaux et surtout les ministres des finances de la zone euro (l’Eurogroupe) qui devront valider le nouveau programme d’aide, de 86 milliards d’euros sur trois ans.Une phase qui s’annonce délicate, même si Athènes se comporte comme si tout était déjà réglé. De fait, mardi 11 août, les réactions des partenaires du pays étaient aussi prudentes que mesurées. Certains se sont même gardés de trop se prononcer.C’est le cas de l’Allemagne, qui n’a jamais caché ses réticences face à la signature d’un accord rapide. « Le ministère des finances va prendre le temps d’examiner l’accord en profondeur », déclarait ainsi mardi matin Jens Spahn, le secrétaire parlementaire au ministère des finances. Tout en louant la détermination d’Athènes dans les négociations, il a précisé que l’important, pour Berlin, est que « le programme soit en mesure de remettre la Grèce sur le chemin de la croissance ».Lire nos explications :Grèce : un nouvel accord, et maintenant ?Pas encore de réaction officielle de ParisSelon une source proche du gouvernement allemand, une première réaction de celui-ci sur le détail du plan pourrait n’intervenir que jeudi. Il faut dire que le calendrier est délicat. La chancelière Angela Merkel, qui devrait apporter son soutien au texte, doit en effet faire revenir les parlementaires de vacances pour qu’ils puissent voter la semaine prochaine, alors qu’une partie d’entre eux a voté contre l’accord du 13 juillet qui scellait les grandes lignes du programme.Si le processus prenait du retard, Athènes pourrait toucher un prêt relais, comme en juillet, pour rembourser les 3,5 milliards d’euros qu’elle devait à la Banque centrale européenne (BCE) le 20 juillet. Une option que Berlin favorise depuis le début, soulignant qu’un accord « exhaustif » est plus souhaitable qu’un propos « rapide ». Une option que défendait encore Mme Merkel auprès du premier ministre grec Alexis Tsipras lundi soir, au téléphone. A Paris, où il n’y a pas encore eu de réaction officielle, on salue un programme plus orienté vers les réformes que vers les économies budgétaires. « Les Grecs ont répondu dans les délais et avec le niveau de précision décidé en juillet », indique-t-on du côté de l’Elysée. Paris rappelle que si le calendrier est respecté, un nouvel allégement de la dette publique grecque pourra être discuté à l’automne.Lire sur Les Décodeurs :Six ans de crise en Grèce, neuf plans d’austérité, trois plans d’aide...« Nous avons besoin d’un accord politique »Les institutions partenaires d’Athènes – la BCE, le Fonds monétaire international (FMI), le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Commission européenne – se sont quant à elles montrées très discrètes.Seule la Commission s’est prononcée officiellement. « Ce que nous avons à ce stade, c’est un accord technique. Nous n’avons pas pour l’instant d’accord au niveau politique et c’est ce dont nous avons besoin », a ainsi déclaré une porte-parole, Annika Breidthardt. Plusieurs sources bruxelloises et européennes confirment avec insistance que sans feu vert politique, le compromis technique ne vaut rien.De son côté, M. Tsipras a déposé l’accord, sous la forme d’un texte de loi de près de 400 pages, à la Vouli, le Parlement grec, dans la nuit du mardi 11 au mercredi 12 août. Son examen en commission devrait intervenir mercredi ou jeudi, avec un vote en plénière dans la nuit. S’exprimant pour la première fois depuis la fin des négociations mercredi, le premier ministre grec s’est dit « confiant » dans la conclusion définitive de cet accord. Tout en prédisant l’échec de ceux qui voudraient « réaménager la zone euro en se servant de la Grèce ».« Comme lors des deux derniers rounds de mesures d’austérité, le projet devrait être adopté grâce au soutien de l’opposition », explique Blanka Kolenikova, analyste au cabinet IHS. L’aile gauche de Syriza est en effet très réticente à l’adoption du nouveau plan. Selon les observateurs, Alexis Tsipras sera probablement contraint d’appeler à des législatives anticipées après le résultat du vote, s’il veut rassembler ses troupes.Lire le récit :Entre la Grèce et ses créanciers, des négociations… dans le calme« Affiner les détails »Dans tous les cas, les ministres des finances de la zone euro tiendront une téléconférence vendredi 14 août pour évoquer l’accord, a annoncé mardi 11 août Mariano Rajoy, le président du gouvernement espagnol, en précisant que son Parlement pourrait se prononcer sur le plan la semaine prochaine.L’Eurogroupe peut-il rejeter le texte ? Certains pays, notamment les Pays-Bas, l’Espagne et la Finlande, sont réticents. « Parler d’un accord est un bien grand mot, il reste du travail à accomplir pour affiner les détails », assénait ainsi mardi 11 août le ministre finlandais des finances Alexander Stubb.Mais tout porte à croire qu’après les négociations apaisées de ces derniers jours, l’Eurogroupe donnera son feu vert. Cela permettra à certains parlements nationaux – comme en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Finlande –, de se prononcer à leur tour, la semaine prochaine.Christophe Garach (Bruxelles, correspondance)Marie Charrel (envoyée spéciale à Athènes)Journaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterCécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au MondeAlain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Charrel « En six ans de crise, on n’avait jamais vu ça », s’étonne encore une source européenne. Depuis le samedi 8 août, lorsque les négociations entre Athènes et ses créanciers ont accéléré pour aboutir à un accord technique mardi 11 août, les deux parties donnent le même son de cloche. « Les discussions se sont faites en bonne entente », dit-on côté grec. « Nous avons travaillé dans une ambiance apaisée pour conclure un compromis au plus vite », déclare-t-on du côté des « institutions », à savoir la Commission européenne, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE) et le Mécanisme européen de stabilité (MES).Depuis le 20 juillet, les représentants des créanciers, le ministre grec des finances Euclide Tsakalotos et celui de l’économie, George Stathakis, se sont régulièrement rencontrés dans l’Hôtel Hilton, au centre d’Athènes, où logeaient les premiers. Ensemble, ils ont négocié des dizaines de mesures que la Grèce devra appliquer en contrepartie de l’aide. « Des discussions aussi techniques auraient pu s’étaler pendant des mois », s’étonne Nick Kounis, économiste chez ABN Amro.En échange d’une nouvelle aide de 86 milliards d’euros sur trois ans, la Grèce s’est ainsi engagée à déréguler le marché du gaz naturel, à créer un fonds de privatisation, à supprimer les exemptions fiscales des agriculteurs, lancer une série de réformes structurelles ambitieuses, etc.Lire la synthèse :Grèce : un nouvel accord, et maintenant ?« Virage à 180 degrés » « C’est à peine croyable : il y a tout juste trois mois, Tsipras n’aurait jamais accepté un tel programme », souligne un proche des négociateurs. Et pour cause : le premier ministre, leader de la gauche radicale de Syriza, a construit sa victoire sur le rejet de la rigueur et des deux premiers plans d’aide. Pendant six mois, il a fait traîner les discussions. Les psychodrames et coups d’éclat étaient alors la règle. Les maladresses de l’ex-ministre des finances, le trublion Yannis Varoufakis, dont les chemises à fleurs laissaient pantois à Bruxelles, faisaient craindre le pire. Les tensions ont culminé le 5 juillet, lorsque M. Tsipras a organisé un référendum pour ou contre l’austérité, en appelant les Grecs à voter contre…Que s’est-il passé depuis ? « Tsipras a opéré un virage à 180 degrés », explique Yannis Koutsomitis, analyste indépendant. « Tout a changé après l’accord européen du 13 juillet, lorsque les dirigeants de la zone euro se sont entendus pour négocier un troisième plan d’aide », confirme M. Kounis.D’un coup, Alexis Tsipras s’est résolu à accepter l’essentiel des demandes de ses partenaires, à l’exception de quelques lignes rouges. Varoufakis a été remplacé par le discret Euclide Tsakalotos. Celui-ci a mené les négociations en compagnie de George Chouliarakis, bon connaisseur des institutions européennes. Tous les deux étaient sur la même ligne que le premier ministre : conclure un accord au plus vite, quitte à céder sur plus de points que prévu. Et ce, pour au moins deux raisons.La première est que la conjoncture économique grecque s’est dégradée bien plus vite que le gouvernement ne l’imaginait. Les banques, sous contrôle des capitaux depuis le 29 juin, sont au bord de l’effondrement. L’économie a replongé en récession. Le leader grec a compris qu’il n’avait plus une minute à perdre pour éviter un nouveau naufrage financier à son pays.Sa seconde motivation est politique. En concluant les négociations au plus vite, Tspiras espère couper l’herbe sous le pied à l’aile gauche de Syriza, vigoureusement opposée au troisième plan d’aide. Et qui pourrait fait scission. Selon les observateurs, c’est d’ailleurs pour empêcher ses détracteurs de monter un parti parallèle qu’il aurait annoncé, le 29 juillet, envisager des élections législatives anticipées.Pour resserrer ses rangs, il pourra mettre en avant la renégociation de la dette publique du pays, dont le principe est selon lui acquis. Mais qui ne sera pas abordée avant l’automne. Plusieurs pays, dont l’Allemagne, ne veulent en effet pas entendre parler de sa réduction. Autant dire que le ton pourrait à nouveau monter lorsque le sujet reviendra sur la table…Lire sur Les Décodeurs :Six ans de crise en Grèce, neuf plans d’austérité, trois plans d’aide...Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.08.2015 à 18h12 • Mis à jour le11.08.2015 à 18h28 Le chef du principal groupe de rebelles islamistes russes a été tué dans une opération des forces de l’ordre au Daguestan, république instable du Caucase du Nord, ont annoncé mardi 11 août le Comité national antiterroriste (NAK) et un site rebelle. Le chef de l’Emirat du Caucase, Magomed Souleïmanov, 39 ans, est mort avec trois autres rebelles, dont son bras droit Kamil Saïdov, recherché depuis 2006 pour « terrorisme », précise un communiqué cité par les agences de presse russes.L’opération, qui impliquait notamment des hélicoptères, a duré deux jours. Elle a eu lieu dans le village de montagne de Guimry, au Daguestan, a affirmé de son côté le site indépendantiste Kavkaz Center.Allégeance à l’Etat islamiqueL’Emirat du Caucase a revendiqué ces dernières années de nombreuses attaques sur le territoire russe, notamment l’attentat à l’aéroport Domodedovo de Moscou qui a fait 37 morts en 2011 et le double attentat à Volgograd, dans le sud de Russie, où ont péri 34 personnes en 2013.A la fin de juin, la rébellion armée islamiste dans le Caucase russe avait prêté allégeance à l’organisation Etat islamique (EI), dans une vidéo publiée en ligne. Environ 2 000 Russes combattraient dans les rangs du groupe djihadiste en Syrie et en Irak, selon les services de renseignement.Lire aussi :Tchétchénie : de jeunes insurgés rejoignent les rangs de l’EIMagomed Souleïmanov avait fait ses études à l’Institut islamique Al-Fatih à Damas, en Syrie, avant de commencer à recruter des hommes pour la rébellion du Caucase dans son village natal, Guimry, selon sa biographie publiée sur le site indépendantiste. Ce n’est qu’en juillet qu’il avait pris la tête du groupe Emirat du Caucase, après la mort de son prédécesseur, Aliaskhab Kebekov, tué dans une opération des forces spéciales russes en avril.Aliaskhab Kebekov avait pris la tête du groupe islamiste après la mort, en mars 2014, du chef rebelle Dokou Oumarov, lui aussi tué par les forces russes. 11.08.2015 à 12h27 • Mis à jour le11.08.2015 à 15h06 | Martin Untersinger WikiLeaks offrira 100 000 euros à qui lui fera parvenir le texte du traité de libre-échange transatlantique (TTIP, aussi connu sous le nom de « Tafta »), tenu secret et actuellement négocié par l’Union européenne et les Etats-Unis. La cagnotte que l’organisation de Julian Assange amasse depuis mardi 11 août à cette fin compte un contributeur de marque : Yanis Varoufakis, ancien ministre des finances grec.Ce dernier n’est pas le seul à avoir mis au pot : parmi les donateurs figurent également le journaliste à l’origine des Pentagon Papers, Daniel Ellsberg, la créatrice de mode Vivienne Westwood et le journaliste américain Glenn Greenwald.Le montant de leurs contributions respectives n’a pas été communiqué. Une poignée d’heures après le début de la collecte, celle-ci s’élève à environ 12 000 euros.Lire : Pourquoi il faut s’intéresser au traité transatlantique« Il est temps de mettre fin au secret »« Le secret du TTIP menace le futur de la démocratie européenne. Certains intérêts en profitent et s’en donnent à cœur joie, comme on l’a vu lors du récent siège financier contre le peuple grec. Le TTIP influe sur les vies de tous les Européens et entraîne l’Europe dans un conflit de long terme avec l’Asie. Il est temps de mettre fin au secret », a expliqué Julian Assange dans un communiqué.WikiLeaks promet déjà, depuis le mois de juin, 100 000 dollars (91 000 euros) à celui ou à celle qui lui fournira le texte d’un autre accord, le TPP (Trans-Pacific Partnership Agreement). 80 % de cette somme a été à ce jour collectée.WikiLeaks s’est fait connaître par la publication de documents confidentiels et met un point d’honneur à protéger, techniquement et juridiquement, les sources qui les lui font parvenir. Mais que le site propose de l’argent en échange de documents est une nouveauté.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.08.2015 à 22h20 Les pilotes allemands n’ont pas apprécié le rapport de l’Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) dévoilé en juillet et préconisant notamment la présence d’un deuxième membre d’équipage dans la cabine d’un avion et aux dépistages de drogue et d’alcool, recommandés au niveau européen après le crash du vol de Germanwings en mars.L’AESA avait été chargée par la Commission européenne de repérer les failles ayant permis au copilote Andreas Lubitz d’écraser volontairement l’A320 de la compagnie low cost reliant Barcelone à Düsseldorf dans les Alpes françaises, provoquant la mort de 150 personnes.« La mise en place d’un réseau de soutien aux pilotes (en difficulté) particulièrement est une évolution positive. Il n’y a qu’ainsi que l’on peut s’assurer que les concernés ne veuillent plus se cacher, mais cherchent plutôt de l’aide en temps voulu », a expliqué Markus Wahl, un porte-parole du syndicat Cockpit cité dans un communiqué. En revanche, il étrille la présence à tout instant d’un deuxième membre d’équipage, préconisée par l’AESA et déjà appliquée à titre volontaire par de nombreuses compagnies européennes depuis le drame.Des mesures « contre-productives »Ces recommandations, que Bruxelles pourrait rendre obligatoires, « ne remédient en aucun cas au problème et pourraient même s’avérer contre-productives », a assuré M. Wahl. Dans un document détaillant point par point les mesures européennes, Cockpit estime que la règle d’une deuxième personne dans la cabine comporte des « risques » qui « pèsent plus lourd que les gains de sécurité présumés ».Selon le syndicat, cela ne garantit pas d’empêcher un acte prémédité comme celui de M. Lubitz. Un scénario où la deuxième personne est complice ne peut par ailleurs pas être exclu. En outre, la présence d’un deuxième membre d’équipage rend également l’ouverture de la porte blindée de la cabine plus prévisible en vol, et les compagnies aériennes n’ont malgré leurs promesses pas augmenté le nombre de stewards et hôtesses de l’air, nécessaires pour cette mesure, argue Cockpit.Quant aux dépistages aléatoires, un tel système « met les pilotes en doute a priori », alors qu’aucun rapport n’a pour l’instant été établi entre l’usage de drogue ou d’alcool et la catastrophe. Le syndicat insiste enfin sur la préservation du secret médical, alors que l’AESA envisage la création d’un « référentiel de données » permettant de partager les informations médicales des pilotes au niveau européen. 10.08.2015 à 11h16 • Mis à jour le10.08.2015 à 11h20 La justice fédérale allemande a finalement renoncé à poursuivre deux journalistes pour trahison, après la publication de révélations sur les systèmes de surveillance des agences allemandes de renseignement.Le site Netzpolitik, engagé dans la défense des libertés individuelles, avait découvert en juillet qu’il faisait l’objet d’une enquête pour trahison après une série de révélations publiées plus tôt dans l’année.Très critiquée en Allemagne et ailleurs dans le monde, cette procédure avait conduit, il y a une semaine, à la mise à la retraite anticipée du procureur fédéral Harald Range. Ce dernier avait temporairement suspendu l’enquête, et demandé une expertise indépendante pour confirmer que les documents publiés révélaient bien des secrets d’Etat- il avait ensuite affirmé que le ministre de la justice, Heiko Maas, avait tenté d’interférer avec son enquête, et avait alors dû quitter son poste.Le bureau du procureur fédéral a annoncé lunid qu’il mettait fin aux poursuites sur ce chef d’accusation, et qu’il estimait que les révélations de Netzpolitik ne trahissaient aucun secret d’Etat. D’autres critères nécessaires pour obtenir une condamnation pour trahison n’étaient pas non plus remplis, affirme le ministère public.Lire nos explications :3 questions pour comprendre le scandale Netzpolitik en Allemagne Marie Charrel Est-ce l’effet de la torpeur estivale ? Ou bien l’absence de Yanis Varoufakis, le turbulent ex-ministre grec des finances, remplacé par le discret Euclide Tsakalotos à la table des négociations ? Ces derniers jours, les discussions entre Athènes et ses créanciers ont progressé à un rythme soutenu, dans une ambiance apaisée. Pour ne pas dire optimiste.De fait, les deux parties s’entendent pour dire qu’un accord sur le troisième plan d’aide à la Grèce, de 86 milliards d’euros, pourrait être conclu le lundi 10 août au soir ou le mardi 11 dans la matinée.Les tractations sont « dans la dernière ligne droite », indiquait samedi Georges Stathakis, le ministre grec de l’économie, en écho aux propos encourageants tenus par le premier ministre, Alexis Tsipras, deux jours plus tôt. De son côté, une source européenne confie au Monde : « Tout le monde a travaillé d’arrache-pied et en bonne entente pour que le calendrier soit tenu, les progrès sont indiscutables. »Lire sur Les Décodeurs :Six ans de crise en Grèce, neuf plans d’austérité, trois plans d’aide...Boucler le compromis avant le 20 aoûtVoilà qui tranche avec l’atmosphère houleuse des deux derniers mois, où les volte-face du gouvernement Tsipras et les réticences de certains partenaires européens laissaient craindre une sortie grecque de la zone euro. Le calendrier reste malgré tout très serré. Les autorités hellènes et leurs créanciers, la Banque centrale européenne (BCE), le Fonds monétaire international (FMI), la Commission européenne et le Mécanisme européen de stabilité (MES), doivent en effet boucler le compromis avant le 20 août, afin qu’Athènes puisse toucher une première tranche du plan d’aide – soit 25 milliards d’euros, dont 10 pour recapitaliser les banques – ou, a minima, bénéficier d’un nouveau prêt-relais. Ce jour-là, le pays doit en effet rembourser à la BCE 3,5 milliards d’euros d’obligations arrivant à échéance. Sans aide, le pays risque donc un défaut de paiement, cette fois bien plus grave que le non-paiement des 1,5 milliard d’euros dus au FMI le 30 juin (et depuis remboursés).Dans le scénario idéal, Athènes et ses partenaires tomberont d’accord d’ici à mardi sur le détail et le calendrier des réformes que la Grèce adoptera en échange de l’aide. Le projet de mémorandum encadrant le déblocage du nouveau prêt, ainsi qu’une salve « d’actions prioritaires » – c’est-à-dire de nouvelles réformes et de coupes budgétaires –, pourraient ainsi être adoptés jeudi 13 août par le Parlement grec, en théorie en vacances, mais qui reprendrait séance pour l’occasion. « S’il ne vote pas les mesures prioritaires dès cette semaine, les Allemands, les Finlandais, les Néerlandais auront beaucoup de mal à accepter l’accord », précise une source européenne.Dans la foulée, les ministres des finances de la zone euro (l’Eurogroupe) tiendraient une conférence téléphonique vendredi 14 août pour acter l’accord, qui serait ensuite validé par les Parlements nationaux devant être consultés en la matière – c’est notamment le cas, donc, en Finlande, aux Pays-Bas et en Allemagne. Une première enveloppe de l’aide serait alors versée, juste à temps pour l’échéance du 20 août.Besoin de recapitalisation rapideEn cas d’échec ou de retard dans le processus, la Grèce pourrait se voir accorder un nouveau prêt-relais du Mécanisme européen de stabilité financière (EFSM), comme celui de 7 milliards d’euros déjà accordé en juillet. Une option défendue par les responsables allemands, souvent prompts à doucher les espoirs d’accords rapides dans le dossier grec, et doutant de la capacité d’Athènes à appliquer les réformes promises. « Un nouveau crédit-relais vaut mieux qu’un programme mal conçu », a ainsi déclaré, vendredi 7 août, une source du ministère allemand des finances au quotidien Süddeutsche Zeitung.Tenant d’une ligne dure envers Athènes, le ministre finlandais des affaires étrangères, l’eurosceptique Timo Soini, a pour sa part annoncé samedi 8 août à Reuters que son pays pourrait « rester à l’écart d’un troisième programme d’aide ». Un rejet du plan par le Parlement finlandais n’empêcherait néanmoins pas son adoption.De son côté, en Grèce, la gauche radicale de Syriza ne veut pas entendre parler d’un nouveau prêt-relais. Tout comme la BCE. Car le temps presse : les banques grecques, mises à mal par le retournement de la conjoncture et l’explosion des créances douteuses, ont besoin d’une recapitalisation rapide.Des rumeurs ont un temps laissé penser que de l’argent frais pourrait être injecté dans le capital des banques dès cet été. Mais une telle option semble peu probable avant que la revue de la qualité des actifs des banques (l’AQR) et les tests de résistance ne soient achevés. Menés par le superviseur bancaire unique européen et la Banque de Grèce, ces examens permettront de connaître l’état de santé exact des établissements et leurs besoins en capitaux. Leurs résultats seront connus à l’automne. D’ici là, le système bancaire restera sous contrôle des capitaux, mesure instaurée le 29 juin pour ralentir la fuite des dépôts.Si peu de détails sur le contenu du mémorandum ont filtré, les discussions de samedi, qui ont duré plus de six heures, se sont concentrées sur les « actions prioritaires », selon nos informations. La question de la niche fiscale des agriculteurs était encore en discussion, tout comme celle sur le fonds de privatisation de 50 milliards d’euros, dont le fonctionnement se rapprocherait de celui du fonds souverain norvégien. Ce qui fait dire à notre source : « Le marathon était intense, mais il est enfin sur le point de s’achever. »Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.08.2015 à 17h19 • Mis à jour le13.08.2015 à 09h17 Toutes les nuits, depuis des mois, des canots pneumatiques chargés de familles qui ont payé plusieurs milliers d’euros la courte traversée à partir des côtes turques accostent sur les plages de Kos, une petite île grecque. Porte d’entrée de l’Europe en mer Egée, ce confetti de terre de 287 kilomètres carrés est désormais moins connu pour ses paysages de carte postale que pour ses difficultés à gérer l’afflux de migrants, venant pour la plupart de l’Afghanistan et de la Syrie en guerre, par la Turquie voisine.Sur l’île de quelque 33 000 habitants, la situation, très tendue depuis plusieurs mois, est au bord de l’explosion. Faute de structure d’accueil, les réfugiés dorment dans des tentes ou des hébergements de fortune dans les parcs, les rues, sur les quais et les plages de ce port très prisé des touristes. Plusieurs jours, voire parfois plusieurs semaines, sont nécessaires pour qu’ils puissent s’enregistrer auprès de la police grecque afin d’obtenir le laissez-passer leur permettant de poursuivre leur voyage vers Athènes et d’autres pays européens. Parqués dans un stadeLundi 10 août, un premier débordement a embrasé l’île. Un policier local a été suspendu pour avoir été filmé giflant un migrant qui s’approchait plus près que toléré du poste de police local. Le lendemain, la municipalité a tenté d’organiser le transfert d’une partie des 7 000 migrants en attente d’un enregistrement vers un stade et un gymnase, afin de faciliter les démarches administratives. Or, selon l’Agence France-Presse (AFP), plusieurs centaines de migrants ont tenté au cours de cette opération d’entrer en même temps dans le bureau prévu pour les enregistrements. Les policiers , débordés, ont alors frappé les migrants avec des matraques et vidé des extincteurs sur la foule. Le maire de Kos en a appelé à l’Etat, affirmant que « le sang risquait de couler et la situation de dégénérer » face au nombre croissant d’arrivées de migrants sur l’île – plus de 500 personnes chaque jour, selon l’édile.Voir aussi notre reportage : Sur la route deAprès cet appel à l’aide, quarante policiers des forces antiémeute grecques sont arrivés sur l’île. « Des renforts vont également être envoyés sur les autres îles de l’est de la mer Egée », a fait savoir à l’AFP un porte-parole de police. La presse grecque évoque un total de 250 hommes supplémentaires pour assister les forces locales sur les îles en première ligne des flux croissants de migrants arrivant de la Turquie voisine, comme Lesbos, Chios, Leros, Kalymnos ou Samos.« Escalader des grillages pour acheter de l’eau »« Nous espérons que d’ici à vendredi la plupart des migrants en attente auront pu être enregistrés et pourront quitter l’île », a expliqué mercredi le maire de Kos. Mais la situation reste encore très précaire dans le stade de Kos, où environ 2 000 personnes demeurent dans des conditions extrêmement précaires, selon l’ONG Médecins sans frontières (MSF), la seule présente sur l’île. Parmi elles, « de nombreuses familles avec des bébés et de jeunes enfants, faisant la queue sous un soleil de plomb, par 32 degrés (…) sans aucune installation sanitaire, sans ombre et sans abri », contraintes « d’escalader des grillages pour acheter de l’eau ».Le quotidien britannique The Guardian fait part de « malaises » et d’un migrant qui a fait une « crise d’épilepsie ». Julia Kourafa, porte-parole de MSF citée par le quotidien britannique, témoigne :« C’est la première fois qu’on voit, en Grèce, des gens enfermés dans un stade et contrôlés par les forces de police antiémeute. Il y a des mères avec de jeunes enfants et des personnes âgées. Ils ont été enfermés là pendant des heures sous le soleil. » Plus généralement, les équipes de MSF ont été témoins du harcèlement des réfugiés dans les espaces publics. Selon Brice de La Vigne, le directeur des opérations de l’ONG, « auparavant, on assistait à l’inaction de l’Etat. Désormais, ce sont les abus de l’Etat, avec la police usant de plus en plus de la force contre ces personnes vulnérables ».« C’est l’Union européenne et c’est absolument honteux » Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), sur 224 000 réfugiés arrivés par la Méditerranée depuis janvier, près de 124 000 sont entrés par la Grèce, un chiffre multiplié par sept par rapport à 2014. « En trente ans d’expérience humanitaire, je n’ai jamais vu une situation pareille (…). C’est l’Union européenne et c’est absolument honteux », a déclaré Vincent Cochetel le directeur pour l’Europe du HCR, de retour d’un déplacement dans plusieurs îles grecques, dont Kos, la semaine dernière.En juillet déjà, le HCR avait déploré le manque d’organisation et de coordination des pouvoirs publics grecs pour gérer l’arrivée des migrants. Il a notamment demandé au gouvernement de « désigner d’urgence une seule autorité pour coordonner » ses actions. Au début d’août, Alexis Tsipras, le premier ministre de la Grèce, a promis des mesures pour améliorer les structures et les procédures d’accueil. « Ce problème nous dépasse. La Grèce est un pays qui subit une crise économique et fait face à une crise humanitaire dans la crise », a-t-il aussi affirmé, demandant la « solidarité européenne ».La Commission européenne a approuvé lundi le déblocage d’une aide de 2,4 milliards d’euros sur six ans pour aider les pays européens à faire face à l’arrivée croissante de migrants, dont 473 millions d’euros pour la Grèce. 12.08.2015 à 12h25 • Mis à jour le12.08.2015 à 12h27 En proie depuis plusieurs semaines à une escalade de la violence, la Turquie multiplie les arrestations dans les milieux djihadistes. Selon l’agence de presse progouvernementale Anatolie, les autorités ont en effet arrêté, mercredi 12 août à l’aube, au moins une dizaine de djihadistes présumés appartenant à l’organisation Etat islamique (EI) dans plusieurs villes du pays.Cette nouvelle opération d’envergure a été menée à Ankara, à Istanbul, à Hatay (province proche de la Syrie) et à Kirikkale, dans le centre du pays. Quatre autres militants présumés de l’EI étaient encore recherchés par la police à la mi-journée. Les autorités ont également annoncé l’arrestation de vingt-trois étrangers, dont des femmes et des enfants, qui tentaient de traverser la frontière syrienne pour rejoindre la Syrie. Parmi ces étrangers se trouvent des Chinois, des Indonésiens, des Russes et des Ukrainiens, précise l’agence Anatolie. Au total, près de 1 300 suspects ont été arrêtés en un mois lors d’opérations policières menées contre des organisations terroristes à travers le pays. Toutefois, la grande majorité de ces arrestations concerne des membres présumés du PKK.Lire aussi :Erdogan met le processus de paix avec le PKK « au frigo »« Guerre contre le terrorisme »Ankara a lancé le 24 juillet une « guerre contre le terrorisme » visant simultanément le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et les combattants du groupe EI, le long de sa frontière avec la Syrie et l’Irak. Mais les dizaines de raids aériens se sont concentrées sur la guérilla kurde.Le président Recep Tayyip Erdogan a affiché son intention de poursuivre les raids contre les rebelles kurdes « jusqu’à ce qu’il ne reste plus aucun terroriste ». Réticente auparavant à lutter contre les djihadistes de l’EI, Ankara a multiplié les bombardements aériens le long de la frontière depuis un attentat à la frontière syrienne, le 20 juillet, qui a tué trente-deux civils.Lire aussi :La Turquie, sans gouvernement, s’enfonce peu à peu dans la violence Cécile Boutelet (Berlin, correspondance), Alain Salles et Marie Charrel (envoyée spéciale à Athènes) Un grand pas a été fait, mais la route est encore longue. Si Athènes et les représentants des créanciers sont parvenus, mardi 11 août, à un accord technique sur le troisième plan d’aide au pays, les discussions vont désormais entrer dans une séquence plus politique. Après les experts, ce sont désormais le Parlement grec, certains parlements nationaux et surtout les ministres des finances de la zone euro (l’Eurogroupe) qui devront valider le nouveau programme d’aide, de 86 milliards d’euros sur trois ans.Une phase qui s’annonce délicate, même si Athènes se comporte comme si tout était déjà réglé. De fait, mardi 11 août, les réactions des partenaires du pays étaient aussi prudentes que mesurées. Certains se sont même gardés de trop se prononcer.C’est le cas de l’Allemagne, qui n’a jamais caché ses réticences face à la signature d’un accord rapide. « Le ministère des finances va prendre le temps d’examiner l’accord en profondeur », déclarait ainsi mardi matin Jens Spahn, le secrétaire parlementaire au ministère des finances. Tout en louant la détermination d’Athènes dans les négociations, il a précisé que l’important, pour Berlin, est que « le programme soit en mesure de remettre la Grèce sur le chemin de la croissance ».Lire nos explications :Grèce : un nouvel accord, et maintenant ?Pas encore de réaction officielle de ParisSelon une source proche du gouvernement allemand, une première réaction de celui-ci sur le détail du plan pourrait n’intervenir que jeudi. Il faut dire que le calendrier est délicat. La chancelière Angela Merkel, qui devrait apporter son soutien au texte, doit en effet faire revenir les parlementaires de vacances pour qu’ils puissent voter la semaine prochaine, alors qu’une partie d’entre eux a voté contre l’accord du 13 juillet qui scellait les grandes lignes du programme.Si le processus prenait du retard, Athènes pourrait toucher un prêt relais, comme en juillet, pour rembourser les 3,5 milliards d’euros qu’elle devait à la Banque centrale européenne (BCE) le 20 juillet. Une option que Berlin favorise depuis le début, soulignant qu’un accord « exhaustif » est plus souhaitable qu’un propos « rapide ». Une option que défendait encore Mme Merkel auprès du premier ministre grec Alexis Tsipras lundi soir, au téléphone. A Paris, où il n’y a pas encore eu de réaction officielle, on salue un programme plus orienté vers les réformes que vers les économies budgétaires. « Les Grecs ont répondu dans les délais et avec le niveau de précision décidé en juillet », indique-t-on du côté de l’Elysée. Paris rappelle que si le calendrier est respecté, un nouvel allégement de la dette publique grecque pourra être discuté à l’automne.Lire sur Les Décodeurs :Six ans de crise en Grèce, neuf plans d’austérité, trois plans d’aide...« Nous avons besoin d’un accord politique »Les institutions partenaires d’Athènes – la BCE, le Fonds monétaire international (FMI), le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Commission européenne – se sont quant à elles montrées très discrètes.Seule la Commission s’est prononcée officiellement. « Ce que nous avons à ce stade, c’est un accord technique. Nous n’avons pas pour l’instant d’accord au niveau politique et c’est ce dont nous avons besoin », a ainsi déclaré une porte-parole, Annika Breidthardt. Plusieurs sources bruxelloises et européennes confirment avec insistance que sans feu vert politique, le compromis technique ne vaut rien.De son côté, M. Tsipras a déposé l’accord, sous la forme d’un texte de loi de près de 400 pages, à la Vouli, le Parlement grec, dans la nuit du mardi 11 au mercredi 12 août. Son examen en commission devrait intervenir mercredi ou jeudi, avec un vote en plénière dans la nuit. S’exprimant pour la première fois depuis la fin des négociations mercredi, le premier ministre grec s’est dit « confiant » dans la conclusion définitive de cet accord. Tout en prédisant l’échec de ceux qui voudraient « réaménager la zone euro en se servant de la Grèce ».« Comme lors des deux derniers rounds de mesures d’austérité, le projet devrait être adopté grâce au soutien de l’opposition », explique Blanka Kolenikova, analyste au cabinet IHS. L’aile gauche de Syriza est en effet très réticente à l’adoption du nouveau plan. Selon les observateurs, Alexis Tsipras sera probablement contraint d’appeler à des législatives anticipées après le résultat du vote, s’il veut rassembler ses troupes.Lire le récit :Entre la Grèce et ses créanciers, des négociations… dans le calme« Affiner les détails »Dans tous les cas, les ministres des finances de la zone euro tiendront une téléconférence vendredi 14 août pour évoquer l’accord, a annoncé mardi 11 août Mariano Rajoy, le président du gouvernement espagnol, en précisant que son Parlement pourrait se prononcer sur le plan la semaine prochaine.L’Eurogroupe peut-il rejeter le texte ? Certains pays, notamment les Pays-Bas, l’Espagne et la Finlande, sont réticents. « Parler d’un accord est un bien grand mot, il reste du travail à accomplir pour affiner les détails », assénait ainsi mardi 11 août le ministre finlandais des finances Alexander Stubb.Mais tout porte à croire qu’après les négociations apaisées de ces derniers jours, l’Eurogroupe donnera son feu vert. Cela permettra à certains parlements nationaux – comme en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Finlande –, de se prononcer à leur tour, la semaine prochaine.Christophe Garach (Bruxelles, correspondance)Marie Charrel (envoyée spéciale à Athènes)Journaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterCécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au MondeAlain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Charrel « En six ans de crise, on n’avait jamais vu ça », s’étonne encore une source européenne. Depuis le samedi 8 août, lorsque les négociations entre Athènes et ses créanciers ont accéléré pour aboutir à un accord technique mardi 11 août, les deux parties donnent le même son de cloche. « Les discussions se sont faites en bonne entente », dit-on côté grec. « Nous avons travaillé dans une ambiance apaisée pour conclure un compromis au plus vite », déclare-t-on du côté des « institutions », à savoir la Commission européenne, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE) et le Mécanisme européen de stabilité (MES).Depuis le 20 juillet, les représentants des créanciers, le ministre grec des finances Euclide Tsakalotos et celui de l’économie, George Stathakis, se sont régulièrement rencontrés dans l’Hôtel Hilton, au centre d’Athènes, où logeaient les premiers. Ensemble, ils ont négocié des dizaines de mesures que la Grèce devra appliquer en contrepartie de l’aide. « Des discussions aussi techniques auraient pu s’étaler pendant des mois », s’étonne Nick Kounis, économiste chez ABN Amro.En échange d’une nouvelle aide de 86 milliards d’euros sur trois ans, la Grèce s’est ainsi engagée à déréguler le marché du gaz naturel, à créer un fonds de privatisation, à supprimer les exemptions fiscales des agriculteurs, à mettre fin aux pré-retraites...Lire la synthèse :Grèce : un nouvel accord, et maintenant ?« Virage à 180 degrés » « C’est à peine croyable : il y a tout juste trois mois, Tsipras n’aurait jamais accepté un tel programme », souligne un proche des négociateurs. Et pour cause : le premier ministre, leader de la gauche radicale de Syriza, a fait campagne sur le rejet de la rigueur et des deux premiers plans d’aide. Pendant six mois, les psychodrames et coups d’éclat étaient alors la règle. Les maladresses de l’ex-ministre des finances, le trublion Yannis Varoufakis, dont les chemises à fleurs laissaient pantois à Bruxelles, faisaient craindre le pire. Les tensions ont culminé le 5 juillet, lorsque M. Tsipras a organisé un référendum pour ou contre l’austérité, en appelant les Grecs à voter contre…Que s’est-il passé depuis ? « Tsipras a opéré un virage à 180 degrés », explique Yannis Koutsomitis, analyste indépendant. « Tout a changé après l’accord européen du 13 juillet, lorsque les dirigeants de la zone euro se sont entendus pour négocier un troisième plan d’aide », confirme M. Kounis.D’un coup, Alexis Tsipras s’est résolu à accepter l’essentiel des demandes de ses partenaires, à l’exception de quelques lignes rouges. Varoufakis a été remplacé par le discret Euclide Tsakalotos. Celui-ci a mené les négociations en compagnie de Georges Chouliarakis, le négociateur grec, bon connaisseur des institutions européennes. Tous les deux étaient sur la même longueur d’ondes : conclure un accord au plus vite, quitte à céder sur plus de points que prévu. Et ce, pour au moins deux raisons.La première est que la conjoncture économique grecque s’est dégradée bien plus vite que le gouvernement ne l’imaginait. Les banques, sous contrôle des capitaux depuis le 29 juin, sont au bord de l’effondrement. L’économie a replongé en récession. Le leader grec a compris qu’il n’avait plus une minute à perdre pour éviter un nouveau naufrage financier à son pays.Sa seconde motivation est politique. En concluant les négociations au plus vite, Tspiras espère couper l’herbe sous le pied à l’aile gauche de Syriza, vigoureusement opposée au troisième plan d’aide. Et qui pourrait fait scission. Selon les observateurs, c’est d’ailleurs pour empêcher ses détracteurs de monter un parti parallèle qu’il aurait annoncé, le 29 juillet, envisager des élections législatives anticipées.D’autres estiment qu’en déclenchant des élections au plus vite, il pourra encore compter sur sa popularité auprès des Grecs. Pour l’instant, beaucoup ne mesurent en effet pas la portée des mesures du nouveau programme. « Certains pourraient se sentir trahis », confie une source européenne. « La plupart seront problement résignés : après six ans de crise, ils ont malheureusement l’habitude ». Lire sur Les Décodeurs :Six ans de crise en Grèce, neuf plans d’austérité, trois plans d’aide...Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.08.2015 à 18h12 • Mis à jour le11.08.2015 à 18h28 Le chef du principal groupe de rebelles islamistes russes a été tué dans une opération des forces de l’ordre au Daguestan, république instable du Caucase du Nord, ont annoncé mardi 11 août le Comité national antiterroriste (NAK) et un site rebelle. Le chef de l’Emirat du Caucase, Magomed Souleïmanov, 39 ans, est mort avec trois autres rebelles, dont son bras droit Kamil Saïdov, recherché depuis 2006 pour « terrorisme », précise un communiqué cité par les agences de presse russes.L’opération, qui impliquait notamment des hélicoptères, a duré deux jours. Elle a eu lieu dans le village de montagne de Guimry, au Daguestan, a affirmé de son côté le site indépendantiste Kavkaz Center.Allégeance à l’Etat islamiqueL’Emirat du Caucase a revendiqué ces dernières années de nombreuses attaques sur le territoire russe, notamment l’attentat à l’aéroport Domodedovo de Moscou qui a fait 37 morts en 2011 et le double attentat à Volgograd, dans le sud de Russie, où ont péri 34 personnes en 2013.A la fin de juin, la rébellion armée islamiste dans le Caucase russe avait prêté allégeance à l’organisation Etat islamique (EI), dans une vidéo publiée en ligne. Environ 2 000 Russes combattraient dans les rangs du groupe djihadiste en Syrie et en Irak, selon les services de renseignement.Lire aussi :Tchétchénie : de jeunes insurgés rejoignent les rangs de l’EIMagomed Souleïmanov avait fait ses études à l’Institut islamique Al-Fatih à Damas, en Syrie, avant de commencer à recruter des hommes pour la rébellion du Caucase dans son village natal, Guimry, selon sa biographie publiée sur le site indépendantiste. Ce n’est qu’en juillet qu’il avait pris la tête du groupe Emirat du Caucase, après la mort de son prédécesseur, Aliaskhab Kebekov, tué dans une opération des forces spéciales russes en avril.Aliaskhab Kebekov avait pris la tête du groupe islamiste après la mort, en mars 2014, du chef rebelle Dokou Oumarov, lui aussi tué par les forces russes. 11.08.2015 à 12h27 • Mis à jour le11.08.2015 à 15h06 | Martin Untersinger WikiLeaks offrira 100 000 euros à qui lui fera parvenir le texte du traité de libre-échange transatlantique (TTIP, aussi connu sous le nom de « Tafta »), tenu secret et actuellement négocié par l’Union européenne et les Etats-Unis. La cagnotte que l’organisation de Julian Assange amasse depuis mardi 11 août à cette fin compte un contributeur de marque : Yanis Varoufakis, ancien ministre des finances grec.Ce dernier n’est pas le seul à avoir mis au pot : parmi les donateurs figurent également le journaliste à l’origine des Pentagon Papers, Daniel Ellsberg, la créatrice de mode Vivienne Westwood et le journaliste américain Glenn Greenwald.Le montant de leurs contributions respectives n’a pas été communiqué. Une poignée d’heures après le début de la collecte, celle-ci s’élève à environ 12 000 euros.Lire : Pourquoi il faut s’intéresser au traité transatlantique« Il est temps de mettre fin au secret »« Le secret du TTIP menace le futur de la démocratie européenne. Certains intérêts en profitent et s’en donnent à cœur joie, comme on l’a vu lors du récent siège financier contre le peuple grec. Le TTIP influe sur les vies de tous les Européens et entraîne l’Europe dans un conflit de long terme avec l’Asie. Il est temps de mettre fin au secret », a expliqué Julian Assange dans un communiqué.WikiLeaks promet déjà, depuis le mois de juin, 100 000 dollars (91 000 euros) à celui ou à celle qui lui fournira le texte d’un autre accord, le TPP (Trans-Pacific Partnership Agreement). 80 % de cette somme a été à ce jour collectée.WikiLeaks s’est fait connaître par la publication de documents confidentiels et met un point d’honneur à protéger, techniquement et juridiquement, les sources qui les lui font parvenir. Mais que le site propose de l’argent en échange de documents est une nouveauté.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.08.2015 à 22h20 Les pilotes allemands n’ont pas apprécié le rapport de l’Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) dévoilé en juillet et préconisant notamment la présence d’un deuxième membre d’équipage dans la cabine d’un avion et aux dépistages de drogue et d’alcool, recommandés au niveau européen après le crash du vol de Germanwings en mars.L’AESA avait été chargée par la Commission européenne de repérer les failles ayant permis au copilote Andreas Lubitz d’écraser volontairement l’A320 de la compagnie low cost reliant Barcelone à Düsseldorf dans les Alpes françaises, provoquant la mort de 150 personnes.« La mise en place d’un réseau de soutien aux pilotes (en difficulté) particulièrement est une évolution positive. Il n’y a qu’ainsi que l’on peut s’assurer que les concernés ne veuillent plus se cacher, mais cherchent plutôt de l’aide en temps voulu », a expliqué Markus Wahl, un porte-parole du syndicat Cockpit cité dans un communiqué. En revanche, il étrille la présence à tout instant d’un deuxième membre d’équipage, préconisée par l’AESA et déjà appliquée à titre volontaire par de nombreuses compagnies européennes depuis le drame.Des mesures « contre-productives »Ces recommandations, que Bruxelles pourrait rendre obligatoires, « ne remédient en aucun cas au problème et pourraient même s’avérer contre-productives », a assuré M. Wahl. Dans un document détaillant point par point les mesures européennes, Cockpit estime que la règle d’une deuxième personne dans la cabine comporte des « risques » qui « pèsent plus lourd que les gains de sécurité présumés ».Selon le syndicat, cela ne garantit pas d’empêcher un acte prémédité comme celui de M. Lubitz. Un scénario où la deuxième personne est complice ne peut par ailleurs pas être exclu. En outre, la présence d’un deuxième membre d’équipage rend également l’ouverture de la porte blindée de la cabine plus prévisible en vol, et les compagnies aériennes n’ont malgré leurs promesses pas augmenté le nombre de stewards et hôtesses de l’air, nécessaires pour cette mesure, argue Cockpit.Quant aux dépistages aléatoires, un tel système « met les pilotes en doute a priori », alors qu’aucun rapport n’a pour l’instant été établi entre l’usage de drogue ou d’alcool et la catastrophe. Le syndicat insiste enfin sur la préservation du secret médical, alors que l’AESA envisage la création d’un « référentiel de données » permettant de partager les informations médicales des pilotes au niveau européen. 22.08.2015 à 13h48 • Mis à jour le22.08.2015 à 14h59 Une opération était en cours, samedi 22 août, pour venir en aide à près de trois mille migrants bloqués sur des embarcations au large des côtes libyennes. Les garde-côtes italiens ont précisé avoir reçu des appels à l’aide de dix-huit bateaux, dont quatorze pneumatiques. Au moins sept bâtiments – six italiens et un norvégien – participaient à cette vaste opération de secours.Plus de cent quatre mille migrants d’Afrique, du Proche-Orient et d’Asie du Sud ont atteint les ports d’Italie méridionale depuis le début de cette année après avoir été secourus en Méditerranée. Quelque cent trente-cinq mille autres sont arrivés en Grèce et plus de deux mille trois cents sont morts en mer après avoir tenté de rallier l’Europe par l’entremise de passeurs.Lire aussi :L’Europe se déchire sur le sort des migrantsLa police de Palerme, en Sicile, a annoncé samedi avoir arrêté six Egyptiens soupçonnés d’avoir été les passeurs de migrants retrouvés à bord d’un bateau surchargé et à la dérive le 19 août.Lire : Méditerranée : chiffres et carte pour comprendre la tragédie 21.08.2015 à 12h41 • Mis à jour le21.08.2015 à 17h29 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Même pas peur. La démission du premier ministre grec Alexis Tsipras, annoncée jeudi 20 août au soir, et la tenue d’élections législatives anticipées en septembre ne semblent pas inquiéter outre mesure les responsables européens et les représentants des créanciers, qui viennent de valider, il y a à peine une semaine, lors de l’Eurogroupe du 14 août, une aide supplémentaire massive de 86 milliards d’euros sur trois ans à la Grèce. De fait, ce nouveau soubresaut politique était largement anticipé, voire souhaité, par les représentants des créanciers d’Athènes.« La Commission européenne prend note de l’annonce en Grèce. Les clés du succès seront un large support au MOU [Memorandum of Understanding, la liste des conditions sur lesquelles s’est engagé le pays en échange de l’aide] et un respect des engagements » a ainsi tweeté, jeudi soir, Annika Breidthardt, une des porte-parole de la Commission. Le tweet, jeudi soir, du directeur de cabinet du président de la Commission Juncker, Martin Selmayr, est lui aussi sans ambiguïté : « Des élections rapides en Grèce peuvent être le moyen d’élargir le soutien au programme de stabilité du MES [le troisième plan d’aide] que vient juste de signer M. Tsipras ».Lire aussi :Grèce : les « frondeurs » de la Syriza lancent leur propre parti« Etape attendue » « J’espère que les élections vont conduire à un soutien encore plus grand [au plan d’aide] de la part du Parlement grec. Espérons qu’elles auront lieu relativement vite afin que la Grèce puisse, comme prévu, prendre des décisions importantes en octobre », a pour sa part déclaré Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, selon l’agence Reuters. Même type de message de la part d’un de ses collègues, Thomas Wieser, un personnage clé à Bruxelles, qui préside le groupe de travail de l’Eurogroupe. « C’était vraiment une étape attendue », a t-il commenté sur la chaîne de télévision publique autrichienne ORF. « Et pour de nombreuses personnes, cela était une étape voulue pour avoir une structure plus claire dans le gouvernement grec, a-t-il ajouté. Si cela n’avait pas eu lieu, la situation serait devenue plus risquée. »Lire aussi :Grèce : le nouveau coup de poker d’Alexis Tsipras« Depuis qu’un tiers des députés du parti Syriza ont voté contre le plan d’aide à Athènes, la semaine dernière, la démission de Tsipras était largement anticipée, ici, renchérit une source diplomatique à Bruxelles. Cette démission est considérée comme une opportunité par les créanciers d’Athènes, qui espèrent que Tsipras sera réélu et que cela va permettre de clarifier la situation politique, d’aboutir à un gouvernement plus cohérent, qui soutienne davantage le plan d’aide et la mise en œuvre des réformes exigées en échange. » Ces élections anticipées étaient même souhaitées depuis des mois, plus ou moins ouvertement, par certains responsables européens, qui y voyaient le moyen de « purger » la coalition gouvernementale grecque de ses éléments les plus radicaux, ceux qui, comme Yanis Varoufakis, l’ex-ministre des finances, ont semblé jouer, durant toutes les négociations entre Athènes et ses créanciers, davantage la sortie de la Grèce de la zone euro que son maintien.Lire le portrait :La « star » Varoufakis se cherche un destinL’agenda des réformes bousculé ?Ce nouveau processus électoral ne risque-t-il pas, néanmoins, de compromettre l’agenda très serré du programme d’aide ? Un premier chèque de 13 milliards d’euros a certes été envoyé à Athènes jeudi, pour rembourser la Banque centrale européenne et les arriérés dus au Fonds monétaire international, et 10 autres milliards ont été sécurisés pour recapitaliser les banques hellènes. Mais pour que les autres prêts soient versés, Athènes va devoir, tous les trimestres, se soumettre à une série d’audits.D’ici octobre, Athènes s’est ainsi d’ores et déjà engagée sur une liste impressionnante de « prior actions », de réformes encore à mettre en place. Poursuite de la réforme des retraites, de la simplification du système de TVA, de la collecte des impôts, etc. Un travail administratif considérable en perspective, alors que, d’ici à la tenue des prochaines élections législatives, fin septembre, il est peu probable que le gouvernement intérimaire se lance dans des chantiers d’envergure.Si M. Tsipras se maintient avec une coalition solide, après les élections législatives, il ne lui restera plus que quelques semaines pour mettre en place les « prior actions » avant que les fonctionnaires de la Commission européenne débarquent à Athènes pour leur première « revue » des réformes.« Cet agenda est tenable, estime une source diplomatique, interrogée par Le Monde. Les Grecs ont déjà prouvé qu’ils peuvent constituer un nouveau gouvernement et être opérationnels en un temps record ». L’agence de notation Moody’s, jeudi soir, a néanmoins mis en garde les investisseurs, estimant que « la démission du premier ministre Tsipras et l’appel à des élections législatives anticipées le 20 septembre pourraient accroître les préoccupations concernant la mise en place du programme d’aide, et potentiellement, faire peser un risque sur les futurs versements de prêts [au pays] ».Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 10h31 • Mis à jour le21.08.2015 à 10h33 Alors qu’Ankara a lancé il y a un mois une vaste offensive contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), l’agence gouvernementale turque Anatolie a affirmé, vendredi 21 août, que l’armée turque aurait tué 771 rebelles kurdes. Des chiffres impossibles à vérifier, l’agence basant généralement ses informations sur des sources de renseignements militaires.Dans le détail, Anatolie a précisé que les nombreux raids de l’aviation turque contre les bases arrières du PKK dans le nord de l’Irak avaient tué 430 rebelles. Dans les opérations menées sur le sol turc, 260 membres de la guérilla kurde ont été tués, a affirmé Anatolie. Les autres seraient décédés des suites de leurs blessures.« Guerre contre le terrorisme »Ankara a lancé le 24 juillet une « guerre contre le terrorisme » visant simultanément le PKK, mettant ainsi fin à une trêve en vigueur depuis 2013, et les combattants de l’Etat islamique (EI) en Syrie. Mais les dizaines de raids aériens qui ont suivi se sont concentrés sur la guérilla kurde, seuls trois d’entre eux ayant été jusqu’à présent officiellement signalés contre l’EI.De son côté, le PKK a repris ses attaques contre l’armée et la police à travers la Turquie, tuant une cinquantaine de membres des forces de sécurité depuis la fin de juillet, selon un décompte de la presse turque. Des hommes armés ont attaqué, vendredi matin, un poste de police du quartier populaire d’Esenyurt à Istanbul, sans faire de blessés, a rapporté l’agence de presse Dogan. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne monte à son tour au créneau. A maintenant 100 jours du début de la COP 21, la cruciale 21e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, qui se tiendra à Paris entre le 30 novembre et le 11 décembre prochain, Bruxelles estime que les négociations patinent.Jeudi 20 août, le commissaire européen à l’énergie et au climat, l’espagnol Miguel Arias Cañete, a réclamé, lors d’une conférence de presse à Bruxelles, que les discussions techniques « aillent plus vite ». La volonté politique est là, a t-il assuré, « mais concernant le fonds, le texte de compromis est bien trop long [80 pages environ], avec toutes les options mises sur la table par les pays plus tôt cette année toujours pas tranchées » a souligné le commissaire.Deuxième source d’inquiétude : il manque encore des pays à l’appel, qui n’ont pas soumis leurs contributions en termes de réduction des émissions de CO2 , et pas des moindres.De gros émetteurs, des pays importants du G20, comme le Brésil, l’Argentine, l’Inde, l’Indonésie, l’Arabie saoudite, l’Afrique du Sud ou la Turquie. A ce jour, 56 pays représentant 61 % des émissions globales actuelles ont fait des propositions, ce n’est pas suffisant pour faire de Paris un succès a estimé le commissaire, jeudi.S’engager sur des objectifs à long termeEnfin, et surtout, a insisté M. Cañete, il s’agit de préciser quels sont les éléments clés de l’accord de Paris, en décembre prochain. Il faudra que les principaux pays émetteurs de la planète soient de la partie, et que ceux qui ont le plus de responsabilités et de capacités soient les plus ambitieux en matière de réductions des gaz à effet de serre. Les pays devront aussi s’engager sur des objectifs à long terme de réduction globale des émissions de 60 % en 2050 par rapport au niveau de 2010.Paris peut encore être un succès, selon le commissaire, mais « la fenêtre d’opportunité pour parvenir à l’objectif de maintenir le réchauffement global à une hausse moyenne des températures de 2 degrés se referme vite » a prévenu M. Cañete, jeudi. Il a par ailleurs annoncé que la Commission européenne allait organiser avec le Maroc, le pays qui prendra la présidence des négociations climat à la suite de la France, une conférence à Rabat, les 12 et 13 octobre prochains. L’occasion de faire à nouveau le point sur les négociations, à un mois et demi du début de la conférence de Paris.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marina Rafenberg (Athènes, intérim) D’un pas décidé, le regard sombre, Alexis Tsipras s’est dirigé vers 20 h 30, jeudi 20 août, devant les caméras : « Le mandat que j’ai reçu le 25 janvier a atteint ses limites. » Le premier ministre grec a officiellement annoncé sa démission et la tenue de nouvelles élections anticipées, tentant un nouveau coup de poker, un peu plus d’un mois après le référendum sur le plan d’aide à la Grèce qui a fait trembler l’Europe et failli aboutir à la sortie de la Grèce de la zone euro.Alexis Tsipras a demandé aux électeurs de le « juger aussi bien sur ses succès que sur ses erreurs ». Le premier ministre, tout en rappelant qu’il avait tout fait pour obtenir le meilleur accord possible avec les créanciers du pays, a demandé au peuple « de décider si l’accord est valable pour sortir un jour des plans de rigueur » et « de savoir qui peut mener les réformes nécessaires ». Lire les dernières informations :Grèce : les « frondeurs » de la Syriza lancent leur propre partiMalgré la victoire du non au référendum, la Grèce a accepté un prêt de 86 milliards d’euros sur trois ans assorti de nouvelles mesures de rigueur… rejetées par les Grecs quelques semaines plus tôt.Depuis la défection d’une quarantaine de députés de Syriza qui ont refusé, le 14 août, de voter en faveur du troisième plan d’aide de 86 milliards d’euros au pays, la démission du premier ministre et la tenue de nouvelles élections faisaient la « une » de tous les médias grecs.La majorité parlementaire, désormais réduite à 119 députés sur les 300 que compte l’Assemblée, « ne laissait pas d’autre choix à Alexis Tsipras que de convoquer de nouvelles élections », explique l’analyste politique Georges Séfertzis.« La fracture au sein du parti devenait de plus en plus évidente et Alexis Tsipras a besoin d’un gouvernement stable s’il veut passer toutes les mesures nécessaires et rester au pouvoir le temps d’une législature normale [quatre ans]. Il lui fallait clarifier les choses et évincer les dissidents. »Lire le reportage :En Grèce, « ces élections anticipées sont un désastre pour la population »« L’irresponsabilité d’Alexis Tsipras »Alexis Tsipras n’a pas précisé de date pour ces prochaines élections législatives, troisième vote de l’année pour les Grecs, mais les médias spéculaient jeudi sur le 20 septembre, à moins que l’opposition – qui n’est pas en position de force – n’essaie de gagner du temps.Quelques minutes après l’allocution télévisée d’Alexis Tsipras, Evangelos Meïmarakis, le nouveau chef de Nouvelle Démocratie (ND, droite), principal parti d’opposition, a fait savoir qu’il explorerait « toutes les possibilités pour que les élections soient la dernière des options ». Au Pasok (parti socialiste), la présidente, Fofi Gennimata, a dénoncé « l’irresponsabilité d’Alexis Tsipras qui encore une fois fuit ses responsabilités », et qualifié les élections de « catastrophiques pour le pays ». La Constitution grecque prévoit que le président de la République, Prokopis Pavlopoulos, doit demander au deuxième parti, en l’occurrence Nouvelle Démocratie, s’il est en mesure de former un gouvernement. « Sans l’appui des députés du Syriza et des Grecs indépendants (ANEL), l’opposition n’y arrivera pas », commente Michalis Spourdalakis, professeur de sciences politiques à l’université d’Athènes.Vendredi, Evangelos Meïmarakis a reçu du président grec un mandat de trois jours pour former un nouveau gouvernement. En cas d’échec, le président de la République devra nommer un premier ministre provisoire jusqu’aux élections. Comme le veut la Constitution, ce sera la présidente de la Cour suprême, Vassiliki Thanou-Christophilou, qui dirigera alors le gouvernement.Lire aussi :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciersFronde interne La préoccupation d’Alexis Tsipras n’est pas son opposition, mais l’aile gauche de son parti, en voie de dissidence, qui critique ouvertement le premier ministre. « Le gouvernement agit sous le régime de la panique et de la peur. (…) Il veut appeler les citoyens à voter avant qu’ils ne soient informés de la totalité des mesures comprises dans le troisième mémorandum et avant qu’ils ne ressentent leurs effets au quotidien », explique dans un communiqué la Plate-forme de gauche. Vendredi, 25 députés de Syriza issus de cette plateforme ont décidé de créer un nouveau parti, derrière l’ancien ministre de l’énergie, Panagiotis Lafazanis.Celui-ci avait été écarté du gouvernement le 17 juillet à la suite de l’accord signé par Alexis Tsipras avec ses créanciers européens. Issu des rangs traditionnels du parti communiste, M. Lafazanis est favorable à un retour à la drachme et la fin des plans d’aide. Ce nouveau parti devrait se nommer « Unité populaire ». Selon la télévision publique ERT, il pourrait être soutenu par Zoé Konstantopoulou, la présidente du Parlement qui s’est plusieurs fois prononcée contre l’accord signé par le premier ministre, mais le très médiatique ex-ministre des finances, Yanis Varoufakis, ne devrait pas être de la partie. Il ne devrait pas non plus être sur les listes de Syriza.Si l’organisation de ces élections était attendue, la rapidité de l’annonce a néanmoins surpris, alors que Syriza devait organiser un congrès en septembre ou octobre. « Alexis Tsipras a bien conscience que plus il attend, plus sa cote de popularité risque de baisser », explique Georges Séfertzis. M. Tsipras pourra en plus bénéficier d’une disposition de la constitution qui prévoit que si les élections ont lieu moins de 18 mois après les précédentes, les électeurs ne peuvent se prononcer que sur des listes fermées, et non panacher les noms à leur guise.D’après le dernier sondage publié fin juillet par l’institut Metro Analysis, Syriza recueillerait près de 33,6 % des voix aux prochaines élections, contre 17,8 % pour la Nouvelle Démocratie et 6,1 % pour To Potami (centristes). Michalis Spourdalakis pense même que Syriza pourrait obtenir les 37 % nécessaires pour obtenir la majorité absolue et se passer d’une coalition : « Les Grecs, pour le moment, croient qu’Alexis Tsipras a tout tenté dans les négociations, qu’il a été l’objet de chantage de la part des Européens. En outre, ils ne veulent pas de l’ancienne classe politique corrompue, l’opposition actuelle ne représente pas une alternative. »La formation d’un nouveau front antiaustérité mené par la Plate-forme de gauche constitue-t-elle une menace pour Alexis Tsipras ? « Pas vraiment. L’aile gauche du Syriza anti-euro ne représente qu’entre 3 et 4 % de l’électorat de Syriza », estime Michalis Spourdalakis. Si Syriza n’obtient pas la majorité absolue, « tout devient plus compliqué, poursuit-il. Les Grecs indépendants risquent de ne pas dépasser 3 % et de ne pas avoir de députés. Et alors, quelle coalition serait possible ? Le Pasok et To Potami sont trop libéraux pour Syriza… »Marina Rafenberg (Athènes, intérim) Jean-Baptiste Chastand Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55d85e824d158'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 10\r\n \r\n \r\nDes migrants en provenance de Gr\u00e8ce sont stopp\u00e9s \u00e0 la fronti\u00e8re mac\u00e9donienne par la police, vendredi 21 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des migrants en provenance de Gr\u00e8ce sont stopp\u00e9s \u00e0 la fronti\u00e8re mac\u00e9donienne par la police, vendredi 21 ao\u00fbt.","source":"ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS","index":0,"position":1,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 10\r\n \r\n \r\nUne femme collecte du petit bois pour faire du feu pr\u00e8s d'Idomeni, \u00e0 la fronti\u00e8re entre la Gr\u00e8ce et la Mac\u00e9doine o\u00f9 des incidents ont eu lieu entre les migrants et la police, le 21 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : Darko Vojinovic \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une femme collecte du petit bois pour faire du feu pr\u00e8s d'Idomeni, \u00e0 la fronti\u00e8re entre la Gr\u00e8ce et la Mac\u00e9doine o\u00f9 des incidents ont eu lieu entre les migrants et la police, le 21 ao\u00fbt.","source":"Darko Vojinovic \/ AP","index":1,"position":2,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 10\r\n \r\n \r\nUne fillette pr\u00e8s de la fronti\u00e8re entre la Gr\u00e8ce et la Mac\u00e9doine, mercredi 19 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : Darko Vojinovic \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une fillette pr\u00e8s de la fronti\u00e8re entre la Gr\u00e8ce et la Mac\u00e9doine, mercredi 19 ao\u00fbt.","source":"Darko Vojinovic \/ AP","index":2,"position":3,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 10\r\n \r\n \r\nDes incidents ont eu lieu tout au long de la matin\u00e9e du vendredi 21 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : Darko Vojinovic \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des incidents ont eu lieu tout au long de la matin\u00e9e du vendredi 21 ao\u00fbt.","source":"Darko Vojinovic \/ AP","index":3,"position":4,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 10\r\n \r\n \r\nUn homme tient son enfant bless\u00e9.\r\nCr\u00e9dits : Darko Vojinovic \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un homme tient son enfant bless\u00e9.","source":"Darko Vojinovic \/ AP","index":4,"position":5,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS","index":5,"position":6,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : SAKIS MITROLIDIS \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"SAKIS MITROLIDIS \/ AFP","index":6,"position":7,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : SAKIS MITROLIDIS \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"SAKIS MITROLIDIS \/ AFP","index":7,"position":8,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : ROBERT ATANASOVSKI \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"ROBERT ATANASOVSKI \/ AFP","index":8,"position":9,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : ROBERT ATANASOVSKI \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"ROBERT ATANASOVSKI \/ AFP","index":9,"position":10,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_9.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Située au milieu de la « route des Balkans » qui mène les migrants d’Athènes en Allemagne, en passant par la Serbie et la Hongrie, la Macédoine, qui fait face depuis plusieurs mois à des arrivées incessantes sur la route de l’Europe, a annoncé l’état d’urgence dans ses régions frontalières dans le sud et dans le nord du pays. Le gouvernement a décidé d’y déployer l’armée pour, officiellement, « améliorer la sécurité des citoyens dans ces deux régions et permettre une meilleure approche des gens qui souhaitent demander l’asile », explique un communiqué officiel.Cette décision s’est traduite, vendredi 21 août, par de violents incidents, des soldats tirant au gaz lacrymogène sur une foule de plusieurs milliers de personnes qui avaient passé la nuit dans un no man’s land entre la Grèce et la Macédoine, dans des conditions extrêmement précaires. Si la police macédonienne nie tout incident à la frontière, Anthonis Rijas, coordinateur local de Médecins sans frontières (MSF), affirme que des forces spéciales de police « ont tiré des balles en plastique et ont dispersé les migrants à coups de bâton ». Il a « recensé une dizaine de blessés », et ajoute qu’il y a « des centaines de migrants qui attendent et de plus en plus arrivent toutes les heures ».La police a finalement permis dans l’après-midi à plusieurs centaines de personnes, essentiellement des familles avec des enfants et des femmes enceintes, de franchir la frontière après que le gouvernement eut annoncé qu’il permettrait « à un nombre limité de migrants illégaux faisant partie des catégories vulnérables » d’entrer sur son territoire.Ces derniers mois, plusieurs centaines de migrants — surtout venus de Syrie, d’Afghanistan ou du Pakistan — franchissaient chaque jour la frontière avec la Grèce, avant de prendre le train de la petite ville de Gevgelija, dans le Sud, pour se rendre en Serbie, au nord. Ils ont été 39 000 à la traverser en juillet, selon un décompte de l’agence Associated Press.« Il n’y a plus de migrants depuis jeudi matin à Gevgelija » Jeudi matin, tous les migrants qui avaient tenté de passer la frontière aux points de passage habituels en avaient été empêchés par la police militarisée. « Il n’y a plus de migrants depuis jeudi matin à Gevgelija, et entre quinze cents et deux mille sont retenus côté grec, assurait alors Anthonis Rijas. La situation est très difficile car il pleut. Nous avons distribué des ponchos, mais nous n’en avons pas assez pour tout le monde. »Ceux-ci recevaient un récépissé leur donnant soixante-douze heures pour déposer une demande d’asile, délai dont la plupart profitaient pour continuer leur périple vers le nord. Des bus et des trains spéciaux avaient d’ailleurs été mis en place pour transférer plus vite les migrants ; le pays se traverse en quelques heures.Mais, face à l’ampleur des arrivées, la situation s’était tendue ces derniers jours à Gevgelija. Les trains n’étaient plus en nombre suffisant, ce qui a conduit à des affrontements entre migrants et policiers pour monter à bord. Mercredi, le gouvernement macédonien avait appelé à l’aide ses voisins, leur demandant l’envoi de « wagons » supplémentaires. L’arrivée annoncée jeudi d’un navire transportant deux mille sept cents migrants syriens des îles grecques vers Thessalonique, à 80 kilomètres de la frontière avec la Macédoine, semble avoir conduit Skopje à prendre cette décision. « Malheureusement, la Grèce, non seulement ne garde pas sa frontière, mais nous constatons nombre de cas de transferts organisés de migrants illégaux jusqu’à notre frontière », a expliqué à l’AFP le porte-parole du ministère de l’intérieur macédonien, Ivo Kotevski. Le gouvernement grec avait en effet affrété des bus pour conduire directement les migrants de Thessalonique à la frontière. Mais ce navire, parti de l’île de Kos mercredi matin, a finalement été détourné sans explication officielle vers Athènes, à la grande déception des migrants, qui avaient dû payer cent euros pour être transportés jusqu’à la frontière.Voir le reportage interactif : La Macédoine, nouveau purgatoire des migrants sur la route de l’Europe« La frontière n’est pas fermée, mais elle n’a jamais été ouverte non plus » Malgré l’état d’urgence, la frontière avec la Grèce ne devrait toutefois pas être totalement fermée. « La frontière n’est pas fermée, mais elle n’a jamais été ouverte non plus », a ainsi théorisé M. Kotevski. « Le gouvernement nous a expliqué qu’il laisserait seulement passer le nombre de migrants que le pays peut accueillir dans de bonnes conditions, soit une centaine par jour », assure Mersiha Smailovic, qui travaille pour Legis, une ONG d’aide aux migrants.Mais les associations s’inquiètent que le renforcement de ces contrôles pousse les migrants à opter pour des voies plus périlleuses. « Je suis sûre que les passeurs vont venir se réinstaller et vont trouver d’autres chemins », estime Mme Smailovic. Une situation qui prévalait jusqu’au printemps, avant que la Macédoine ne décide d’organiser un minimum les flux de migrants en raison des pratiques mafieuses observées sur le terrain. Plusieurs migrants avaient alors témoigné du racket et des violences qu’ils avaient dû subir de la part des trafiquants. Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.08.2015 à 20h56 • Mis à jour le21.08.2015 à 02h22 | Elisa Perrigueur (Athènes, envoyée spéciale) L’annonce, jeudi 20 août, de la démission du premier ministre grec, Alexis Tsipras, et de la tenue d’élections législatives anticipées en septembre n’a pas ébranlé la capitale grecque. Dans les rues désertées d’Athènes, la vie tourne au ralenti. La majorité des habitants, en vacances, a quitté la ville pour les îles ou les villages.Lire :Le premier ministre grec Alexis Tsipras démissionneAu Roumeli, l’un des rares cafés du quartier de Neapoli-Exarkion ouverts en cette saison, le patron, Achilleas Dukas, a tranquillement monté le son du poste de télévision. A la tombée de la nuit, trois clients étaient réunis dans le petit local aux néons blafards pour suivre le discours du chef du gouvernement. Lorsque le visage grave du premier ministre est apparu à l’écran, le taulier a poussé un soupir, résigné. « Ces élections anticipées sont un désastre pour la population. Psychologiquement, nous sommes déjà passés par des phases intenses [la fermeture des banques, le contrôle des capitaux et le référendum du 5 juillet]. Les gens sont tellement stressés », lâche-t-il.« Je voterai pour Aube dorée »Lors des législatives anticipées de janvier, Achilleas Dukas avait voté, enthousiaste, pour Syriza, la formation d’extrême gauche d’Alexis Tsipras. Aujourd’hui, le cafetier ne dissimule pas sa déception, après plusieurs semaines et l’acceptation d’un mémorandum qu’il trouve « beaucoup trop difficile pour le peuple », incluant notamment une hausse de la TVA sur certains produits ou une profonde réforme des retraites. Il hausse les épaules : « Je voterai pour Aube dorée [parti néonazi] aux prochaines élections, ce sera la seule solution pour montrer notre mécontentement ! ». La force politique extrémiste, troisième parti du pays, avait récolté plus de 6 % des voix aux dernières élections. La gauche radicale, elle, avait remporté plus de 36 % des suffrages, soit la majorité dès le premier tour.Pour ce nouveau scrutin, le parti de gauche radicale et son dirigeant jouissent toujours d’opinions favorables au sein de la population. Syriza disposait de 33,6 % d’intentions de vote le 24 juillet, selon un sondage relayé par Reuters. Pour Georges Contogeorgis, professeur de sciences politiques à l’université Panteion, à Athènes, c’est cette popularité encore acquise qui a poussé le premier ministre a démissionner maintenant. « Alexis Tsipras choisit de convoquer des élections dans l’immédiat, car il sait que dans six mois, il ne bénéficiera pas forcément d’une bonne cote de popularité. » Cette accélération du calendrier permettra en effet la tenue d’un scrutin avant que les électeurs ne ressentent les effets des nouvelles mesures d’austérité.Dans le café vide Roumeli, Dimitri Rezus, écrivain, se concentre sur les informations, verre de tsipouro à la main. « Tout le monde est dans l’attente, l’angoisse. On va aller voter puisque de toute façon, on ne peut faire que ça. Je ne suis pas sûr que c’était la bonne période pour les élections même si on s’y attendait, commente-t-il. Le parti est divisé, d’accord, mais quand on a un problème en interne, on le règle en interne, on ne provoque pas des élections qui concernent tout un peuple. »Lire aussi :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciersL’homme prédit : « On risque d’avoir des surprises lors de ces élections anticipées, davantage qu’en janvier. » L’écrivain ne se « reconnaî [t] plus » dans les partis actuels. « Ces dernières années, la politique est devenue chaotique dans le pays. Le paysage politique a beaucoup changé, les gens sont perdus idéologiquement, des partis politiques ont chuté, comme le Pasok (socialistes). » Pour le Grec, il est impossible d’anticiper le résultat de l’élection. La réaction « de la rue », en revanche, est prévisible, d’après lui. Conséquence du troisième Mémorandum et de cette nouvelle annonce d’élections anticipées, « les gens iront de nouveau protester, crier, se battre pour leurs droits, mais je ne suis pas optimiste. Cela fait longtemps que l’on manifeste sans que cela soit efficace ».Des élections « pour sauver un parti » Quelques rues plus loin, à la terrasse d’une taverne du quartier de l’université Panapistimio, Dimitri, évoque la situation ; tirant nerveusement sur sa cigarette. Cet Athénien au chômage n’a pas regardé le discours du premier ministre à la télévision, car « il n’y a rien de surprenant dans ses interventions », s’énerve-t-il. Ce dernier, qui vote pour le parti de droite Nouvelle Démocratie reste « étonné » par « les revirements » du chef de gouvernement. Il dit « ne plus comprendre sa stratégie ». « Avant son élection, il était très à gauche, proche des communistes et maintenant il se range derrière les créanciers pour un troisième plan d’austérité qui n’a plus de sens. ». Pour le cinquantenaire, ces élections anticipées ont lieu « seulement pour sauver le parti Syriza, le renforcer, elles n’ont pas lieu dans l’intérêt du peuple ». Il se dit « pessimiste » pour les mois à venir. « L’économie est dans une situation catastrophique, nous avons du mal à nous relever et nous n’avons aucune industrie à part le tourisme. Une fois que la saison sera terminée, nous n’aurons plus rien. »Aux terrasses qui bordent la rue, les visiteurs sont majoritaires. Cette année, la Grèce va atteindre un record de fréquentation, en augmentation par rapport à 2014. Le tourisme est l’un des rares secteurs qui ne connaît pas la crise.Lire :En Grèce, malgré la crise, les touristes affluentElisa Perrigueur (Athènes, envoyée spéciale) 20.08.2015 à 08h48 • Mis à jour le20.08.2015 à 10h42 La police antiterroriste stambouliote a mené une vaste opération, jeudi 20 août à l’aube, contre les milieux d’extrême gauche, au lendemain d’une fusillade devant les bureaux du premier ministre, ont rapporté les médias locaux.Plusieurs suspects ont été arrêtés dans les descentes de police effectuées à Sariyer et Baltalimani, deux districts de la rive européenne de la ville, a indiqué l’agence de presse Dogan.İstanbul'da operasyon http://t.co/yoL6Rsesaj http://t.co/Mxa8bkU7Ne— solhaberportali (@soL Haber Portalı)require(["twitter/widgets"]);Attaque revendiquée par un groupe d’extrême gaucheL’opération visait le groupe d’extrême gauche DHKP-C (Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple), qui a revendiqué l’attaque contre le consulat américain à Istanbul, le 9 août, et celle de mercredi contre des policiers en faction devant un palais ottoman d’Istanbul, lieu touristique, au bord du Bosphore. Deux hommes armés ont été arrêtés juste après la fusillade, qui n’a pas fait de blessé, en possession de grenades et de fusils automatiques selon les services du gouverneur.Le palais abrite les bureaux du premier ministre islamo-conservateur, Ahmet Davutoglu, qui a échoué à former un gouvernement de coalition à l’issue des élections législatives de juin. Selon les médias officiels, la commission électorale a d’ailleurs proposé la date du 1er novembre pour des législatives anticipées.Lire aussi :La Turquie s’adresse au PKK : « C’est soit les armes, soit la démocratie » 20.08.2015 à 06h48 • Mis à jour le20.08.2015 à 12h05 | Eric Albert (Londres, correspondance) Le gouvernement britannique veut accélérer l’exploration du gaz de schiste. Frustré par les nombreuses difficultés rencontrées jusqu’à présent, si bien qu’aucun forage n’est en cours depuis trois ans, il multiplie les coups de pouce pour tenter de lancer cette industrie.Mardi 18 août, il a accordé 27 licences d’exploration supplémentaires, essentiellement dans le nord de l’Angleterre : 2 700 kilomètres carrés qui peuvent potentiellement être forés, en utilisant la technique controversée et polluante de la fracturation hydrau­lique. Engie (ex-GDF Suez) et Total font partie des entreprises qui en bénéficient. Cent trente-deux autres licences sont à l’étude et une attribution est attendue d’ici à la fin de l’année.Cette décision fait suite à l’annonce, le 12 août, de mesures d’accélération des procédures d’autorisation pour les forages. Furieux contre les collectivités locales qui prennent souvent plus d’un an pour accorder leur feu vert, nécessaire en plus des licences, le ­gouvernement britannique entend se saisir de tous les dossiers qui dépassent quatre mois. Selon le ministère de l’énergie, le gaz de schiste est une « priorité ­nationale ».« Il faut que l’on avance », explique Nicholas Bourne, le sous-secrétaire d’Etat à l’énergie. Selon lui, cette ressource est indispensable. « Garder les lumières allumées et fournir de l’énergie à notre économie ne sont pas négociables. »Politiquement explosifVoilà des années que David Cameron, le premier ministre britannique, vante le gaz de schiste. Il rêve de connaître au Royaume-Uni une révolution similaire à celle des Etats-Unis, où les prix des ­hydrocarbures se sont effondrés et où l’indépendance énergétique est à portée. Pourtant, depuis 2012, c’est la panne sèche.Pour l’industrie, les problèmes ont commencé avec une série de petites secousses sismiques au printemps 2011 près de Blackpool, dans le nord-ouest du pays. En cause : la fracturation hydrau­lique utilisée dans un forage d’exploration par l’entreprise britannique Cuadrilla. L’année suivante, un moratoire a été instauré en attendant d’en savoir plus.S’il a rapidement été levé, après l’imposition de quelques mesures de précaution supplémentaires, un virage psychologique a été pris. Quand une autorisation de forage a été demandée en 2013 à Balcombe, dans les prospères campagnes du sud de l’Angleterre, toujours par Cuadrilla, la popu­lation s’y est massivement opposée. Une coalition hétéroclite de conservateurs inquiets pour leurpaysageet de militants écolo­gistes s’est formée pour bloquer le projet.Désormais, le sujet est politiquement explosif. Les opposants au gaz de schiste sont passés de 29 % à 43 % en dix-huit mois au Royaume-Uni, tandis que seuls 32 % des personnes sondés se disent en sa faveur. Fin juin, les partisans de la fracturation hydraulique ont essuyé un nouveau revers. Le comté du Lancashire a surpris tout le monde en rejetant une demande de forage, une ­nouvelle fois provenant de Cuadrilla, en raison du bruit et de l’impact visuel des travaux qui en découleraient. Pourtant, son ­comité ­technique s’était prononcé favorablement.Réserves potentiellement énormesLes compagnies pétrolières n’ont cependant pas dit leur dernier mot. « Nous sommes prêts à patienter quelques années si c’est le temps nécessaire pour convaincre », confie une source d’une multinationale pétrolière. Une bonne douzaine d’entreprises mènent actuellement des études préparatoires en vue d’exploiter du gaz de schiste au Royaume-Uni.Ineos, un groupe pétrochimique britannique – basé en Suisse pour des raisons fiscales –, est l’une d’entre elles. Il a obtenu trois licences supplémentaires mercredi et espère commencer ses ­forages dès 2016. « C’est vrai que ça a été difficile, mais les récentes annonces du gouvernement montrent qu’on a passé un cap », veut croire Patrick Erwin, son directeur commercial. Total, qui est un partenaire sur plusieurs projets, vise lui aussi un forage dès 2016 et un début de production en 2018.Si les entreprises restent mobilisées, c’est que les réserves sont potentiellement énormes. Le Bowland, un bassin géologique au nord de l’Angleterre, renfermerait à lui seul 38 000 milliards de mètres cubes de gaz de schiste. Même si seulement 10 % pouvaient être exploités (l’estimation des entreprises), cela resterait suffisant pour fournir quarante années de consommation de gaz à l’ensemble du pays.Ces statistiques ne sont pas fiables et il faudra attendre les premiers forages pour les vérifier, mais elles font rêver le gouvernement britannique, qui œuvre de toutes ses forces à débloquer la ­situation. De quoi provoquer la colère des opposants : « C’est le coup d’envoi d’une lutte pour l’avenir de nos campagnes, estime Daisy Sands, de Greenpeace. Des centaines de batailles vont apparaître à travers le pays pour défendre les paysages ruraux de la pollution, du bruit et des derricks. »Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.08.2015 à 17h42 • Mis à jour le11.08.2015 à 18h03 Au moins cinq personnes soupçonnées de trafic d’êtres humains entre la France et la Grande-Bretagne ont été arrêtées lundi 10 août par les forces de l’ordre près de Calais, selon une source policière citée par l’AFP. Le réseau, démantelé par les hommes de la brigade mobile de recherches (BMR) de la police aux frontières, est « plus complexe (que d’habitude) avec des ramifications internationales », précise-t-on.Lire aussi :Comment fonctionne la politique migratoire entre le Royaume-Uni et la France ?D’après le quotidien Nord littoral, quatre des suspects interpellés sont d’origine albanaise. La cinquième est une femme vivant près des côtes dans le nord de la France. Ces passeurs permettaient à des migrants, contre rémunération, de se rendre en Grande-Bretagne en se cachant dans des camions. « Il y avait un lien avec les chauffeurs. De là à savoir si c’était les mêmes ou non, c’est l’enquête qui l’éclaircira », a indiqué la source policière à l’AFP.Renforcement des contrôlesDes centaines de migrants affluent en permanence à Calais dans l’espoir de trouver un passage vers l’Angleterre, soit à bord des ferries partant du port, soit sur les trains navettes qui empruntent le tunnel vers Folkestone. Le renforcement des mesures de contrôle et de sécurité depuis deux mois rend ces tentatives de plus en plus hasardeuses.Concernant le passage souterrain, où des tentatives d’intrusion massives se sont récemment multipliées, les autorités françaises ont renforcé les effectifs de police et le premier ministre britannique David Cameron a annoncé l’envoi de chiens renifleurs supplémentaires pour sécuriser le site d’Eurotunnel. L’entreprise a évoqué fin juillet une « explosion du nombre de migrants » et « 37 000 » interpellations depuis le 1er janvier.Lire aussi :« J’essaie tous les jours de passer en Angleterre » Martin Untersinger WikiLeaks offrira 100 000 euros à qui lui fera parvenir le texte du traité de libre-échange transatlantique (TTIP, aussi connu sous le nom de « Tafta »), tenu secret et actuellement négocié par l’Union européenne et les Etats-Unis. La cagnotte que l’organisation de Julian Assange amasse depuis mardi 11 août à cette fin compte un contributeur de marque : Yanis Varoufakis, ancien ministre des finances grec.Ce dernier n’est pas le seul à avoir mis au pot : parmi les donateurs figurent également le journaliste à l’origine des Pentagon Papers, Daniel Ellsberg, la créatrice de mode Vivienne Westwood et le journaliste américain Glenn Greenwald.Le montant de leurs contributions respectives n’a pas été communiqué. Une poignée d’heures après le début de la collecte, celle-ci s’élève à environ 12 000 euros.Lire : Pourquoi il faut s’intéresser au traité transatlantique« Il est temps de mettre fin au secret »« Le secret du TTIP menace le futur de la démocratie européenne. Certains intérêts en profitent et s’en donnent à cœur joie, comme on l’a vu lors du récent siège financier contre le peuple grec. Le TTIP influe sur les vies de tous les Européens et entraîne l’Europe dans un conflit de long terme avec l’Asie. Il est temps de mettre fin au secret », a expliqué Julian Assange dans un communiqué.WikiLeaks promet déjà, depuis le mois de juin, 100 000 dollars (91 000 euros) à celui ou à celle qui lui fournira le texte d’un autre accord, le TPP (Trans-Pacific Partnership Agreement). 80 % de cette somme a été à ce jour collectée.WikiLeaks s’est fait connaître par la publication de documents confidentiels et met un point d’honneur à protéger, techniquement et juridiquement, les sources qui les lui font parvenir. Mais que le site propose de l’argent en échange de documents est une nouveauté.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.08.2015 à 22h20 Les pilotes allemands n’ont pas apprécié le rapport de l’Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) dévoilé en juillet et préconisant notamment la présence d’un deuxième membre d’équipage dans la cabine d’un avion et aux dépistages de drogue et d’alcool, recommandés au niveau européen après le crash du vol de Germanwings en mars.L’AESA avait été chargée par la Commission européenne de repérer les failles ayant permis au copilote Andreas Lubitz d’écraser volontairement l’A320 de la compagnie low cost reliant Barcelone à Düsseldorf dans les Alpes françaises, provoquant la mort de 150 personnes.« La mise en place d’un réseau de soutien aux pilotes (en difficulté) particulièrement est une évolution positive. Il n’y a qu’ainsi que l’on peut s’assurer que les concernés ne veuillent plus se cacher, mais cherchent plutôt de l’aide en temps voulu », a expliqué Markus Wahl, un porte-parole du syndicat Cockpit cité dans un communiqué. En revanche, il étrille la présence à tout instant d’un deuxième membre d’équipage, préconisée par l’AESA et déjà appliquée à titre volontaire par de nombreuses compagnies européennes depuis le drame.Des mesures « contre-productives »Ces recommandations, que Bruxelles pourrait rendre obligatoires, « ne remédient en aucun cas au problème et pourraient même s’avérer contre-productives », a assuré M. Wahl. Dans un document détaillant point par point les mesures européennes, Cockpit estime que la règle d’une deuxième personne dans la cabine comporte des « risques » qui « pèsent plus lourd que les gains de sécurité présumés ».Selon le syndicat, cela ne garantit pas d’empêcher un acte prémédité comme celui de M. Lubitz. Un scénario où la deuxième personne est complice ne peut par ailleurs pas être exclu. En outre, la présence d’un deuxième membre d’équipage rend également l’ouverture de la porte blindée de la cabine plus prévisible en vol, et les compagnies aériennes n’ont malgré leurs promesses pas augmenté le nombre de stewards et hôtesses de l’air, nécessaires pour cette mesure, argue Cockpit.Quant aux dépistages aléatoires, un tel système « met les pilotes en doute a priori », alors qu’aucun rapport n’a pour l’instant été établi entre l’usage de drogue ou d’alcool et la catastrophe. Le syndicat insiste enfin sur la préservation du secret médical, alors que l’AESA envisage la création d’un « référentiel de données » permettant de partager les informations médicales des pilotes au niveau européen. 10.08.2015 à 11h16 • Mis à jour le10.08.2015 à 11h20 La justice fédérale allemande a finalement renoncé à poursuivre deux journalistes pour trahison, après la publication de révélations sur les systèmes de surveillance des agences allemandes de renseignement.Le site Netzpolitik, engagé dans la défense des libertés individuelles, avait découvert en juillet qu’il faisait l’objet d’une enquête pour trahison après une série de révélations publiées plus tôt dans l’année.Très critiquée en Allemagne et ailleurs dans le monde, cette procédure avait conduit, il y a une semaine, à la mise à la retraite anticipée du procureur fédéral Harald Range. Ce dernier avait temporairement suspendu l’enquête, et demandé une expertise indépendante pour confirmer que les documents publiés révélaient bien des secrets d’Etat- il avait ensuite affirmé que le ministre de la justice, Heiko Maas, avait tenté d’interférer avec son enquête, et avait alors dû quitter son poste.Le bureau du procureur fédéral a annoncé lunid qu’il mettait fin aux poursuites sur ce chef d’accusation, et qu’il estimait que les révélations de Netzpolitik ne trahissaient aucun secret d’Etat. D’autres critères nécessaires pour obtenir une condamnation pour trahison n’étaient pas non plus remplis, affirme le ministère public.Lire nos explications :3 questions pour comprendre le scandale Netzpolitik en Allemagne Marie Charrel Est-ce l’effet de la torpeur estivale ? Ou bien l’absence de Yanis Varoufakis, le turbulent ex-ministre grec des finances, remplacé par le discret Euclide Tsakalotos à la table des négociations ? Ces derniers jours, les discussions entre Athènes et ses créanciers ont progressé à un rythme soutenu, dans une ambiance apaisée. Pour ne pas dire optimiste.De fait, les deux parties s’entendent pour dire qu’un accord sur le troisième plan d’aide à la Grèce, de 86 milliards d’euros, pourrait être conclu le lundi 10 août au soir ou le mardi 11 dans la matinée.Les tractations sont « dans la dernière ligne droite », indiquait samedi Georges Stathakis, le ministre grec de l’économie, en écho aux propos encourageants tenus par le premier ministre, Alexis Tsipras, deux jours plus tôt. De son côté, une source européenne confie au Monde : « Tout le monde a travaillé d’arrache-pied et en bonne entente pour que le calendrier soit tenu, les progrès sont indiscutables. »Lire sur Les Décodeurs :Six ans de crise en Grèce, neuf plans d’austérité, trois plans d’aide...Boucler le compromis avant le 20 aoûtVoilà qui tranche avec l’atmosphère houleuse des deux derniers mois, où les volte-face du gouvernement Tsipras et les réticences de certains partenaires européens laissaient craindre une sortie grecque de la zone euro. Le calendrier reste malgré tout très serré. Les autorités hellènes et leurs créanciers, la Banque centrale européenne (BCE), le Fonds monétaire international (FMI), la Commission européenne et le Mécanisme européen de stabilité (MES), doivent en effet boucler le compromis avant le 20 août, afin qu’Athènes puisse toucher une première tranche du plan d’aide – soit 25 milliards d’euros, dont 10 pour recapitaliser les banques – ou, a minima, bénéficier d’un nouveau prêt-relais. Ce jour-là, le pays doit en effet rembourser à la BCE 3,5 milliards d’euros d’obligations arrivant à échéance. Sans aide, le pays risque donc un défaut de paiement, cette fois bien plus grave que le non-paiement des 1,5 milliard d’euros dus au FMI le 30 juin (et depuis remboursés).Dans le scénario idéal, Athènes et ses partenaires tomberont d’accord d’ici à mardi sur le détail et le calendrier des réformes que la Grèce adoptera en échange de l’aide. Le projet de mémorandum encadrant le déblocage du nouveau prêt, ainsi qu’une salve « d’actions prioritaires » – c’est-à-dire de nouvelles réformes et de coupes budgétaires –, pourraient ainsi être adoptés jeudi 13 août par le Parlement grec, en théorie en vacances, mais qui reprendrait séance pour l’occasion. « S’il ne vote pas les mesures prioritaires dès cette semaine, les Allemands, les Finlandais, les Néerlandais auront beaucoup de mal à accepter l’accord », précise une source européenne.Dans la foulée, les ministres des finances de la zone euro (l’Eurogroupe) tiendraient une conférence téléphonique vendredi 14 août pour acter l’accord, qui serait ensuite validé par les Parlements nationaux devant être consultés en la matière – c’est notamment le cas, donc, en Finlande, aux Pays-Bas et en Allemagne. Une première enveloppe de l’aide serait alors versée, juste à temps pour l’échéance du 20 août.Besoin de recapitalisation rapideEn cas d’échec ou de retard dans le processus, la Grèce pourrait se voir accorder un nouveau prêt-relais du MES, comme celui de 7 milliards d’euros déjà accordé en juillet. Une option défendue par les responsables allemands, souvent prompts à doucher les espoirs d’accords rapides dans le dossier grec, et doutant de la capacité d’Athènes à appliquer les réformes promises. « Un nouveau crédit-relais vaut mieux qu’un programme mal conçu », a ainsi déclaré, vendredi 7 août, une source du ministère allemand des finances au quotidien Süddeutsche Zeitung.Tenant d’une ligne dure envers Athènes, le ministre finlandais des affaires étrangères, l’eurosceptique Timo Soini, a pour sa part annoncé samedi 8 août à Reuters que son pays pourrait « rester à l’écart d’un troisième programme d’aide ». Un rejet du plan par le Parlement finlandais n’empêcherait néanmoins pas son adoption.De son côté, en Grèce, la gauche radicale de Syriza ne veut pas entendre parler d’un nouveau prêt-relais. Tout comme la BCE. Car le temps presse : les banques grecques, mises à mal par le retournement de la conjoncture et l’explosion des créances douteuses, ont besoin d’une recapitalisation rapide.Des rumeurs ont un temps laissé penser que de l’argent frais pourrait être injecté dans le capital des banques dès cet été. Mais une telle option semble peu probable avant que la revue de la qualité des actifs des banques (l’AQR) et les tests de résistance ne soient achevés. Menés par le superviseur bancaire unique européen et la Banque de Grèce, ces examens permettront de connaître l’état de santé exact des établissements et leurs besoins en capitaux. Leurs résultats seront connus à l’automne. D’ici là, le système bancaire restera sous contrôle des capitaux, mesure instaurée le 29 juin pour ralentir la fuite des dépôts.Si peu de détails sur le contenu du mémorandum ont filtré, les discussions de samedi, qui ont duré plus de six heures, se sont concentrées sur les « actions prioritaires », selon nos informations. La question de la niche fiscale des agriculteurs était encore en discussion, tout comme celle sur le fonds de privatisation de 50 milliards d’euros, dont le fonctionnement se rapprocherait de celui du fonds souverain norvégien. Ce qui fait dire à notre source : « Le marathon était intense, mais il est enfin sur le point de s’achever. »Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.08.2015 à 18h55 • Mis à jour le10.08.2015 à 10h44 L’Ukraine a placé samedi 8 août sur liste noire une dizaine d’artistes considérés par Kiev comme « menace pour la sécurité nationale », les accusant d’avoir soutenu les rebelles prorusses dans l’est et l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par Moscou.Ces artistes, dont la majorité sont des acteurs et chanteurs russes, sont désormais interdits d’antenne à la télévision et radio en Ukraine, a annoncé le ministère ukrainien de la culture, qui a publié cette liste.Parmi les 13 Russes inscrits sur cette liste noire se trouve également le comédien français Gérard Depardieu, devenu citoyen russe il y a deux ans et déjà déclaré persona non grata en Ukraine par Kiev fin juillet.Lire le portrait de Gérard Depardieu :Le déraisonnableNi la télévision ni les salles de cinéma n’ont le droit de diffuser un film auquel participe un de ces acteurs mis sur liste noire, a expliqué à l’AFP la porte-parole du ministère, Daryna Glouchtchenko, ajoutant que les licences de ces films seront révoquées sous peu par l’agence ukrainienne pour le cinéma.L’interdiction touchera jusqu’à des films datant de l’époque soviétique : la star du cinéma de l’URSS, Mikhaïl Boïarski, figure en effet sur la liste, le gouvernement lui reprochant d’avoir signé une lettre publique soutenant l’annexion de la Crimée, a précisé Mme Glouchtchenko.Les chanteurs russes ne sont pas en reste : les chansons de ceux figurant sur la liste ne pourront être diffusées ni à la radio ni à la télévision ukrainiennes. Ainsi, le légendaire crooner soviétique et député Iossif Kobzon, surnommé le « Frank Sinatra de l’URSS », est désormais interdit d’antenne, en plus d’être déjà visé par des sanctions européennes pour son soutien aux séparatistes prorusses. 07.08.2015 à 15h52 • Mis à jour le07.08.2015 à 16h57 Après le naufrage d’un navire de pêche ayant fait plus de deux cents morts au large de la Libye mercredi 5 août, la police italienne a annoncé, vendredi, avoir arrêté à Palerme cinq des survivants de ce nouveau drame en Méditerranée. Il s’agit de deux Algériens, de deux Libyens et d’un Tunisien, âgés de 21 à 24 ans, tous soupçonnés d’avoir été des passeurs. Ils risquent des poursuites pour homicides avec circonstances aggravantes et aide à l’immigration clandestine, a précisé la police de Palerme dans un communiqué.Les autorités italiennes pensent qu’ils auraient fait embarquer six cent cinquante personnes sur le navire qui a coulé. Ces migrants, en majorité des Syriens fuyant la guerre civile, auraient payé chacune entre 1 200 et 1 800 dollars pour leur passage en Europe, au départ de la Libye.Lire aussi :La Libye, bombe migratoire au sud de l’EuropeDeux cent passagers portés disparusSelon des témoignages recueillis auprès des trois cent soixante survivants arrivés jeudi au port de Palerme, en Sicile, « les criminels avaient chacun un rôle précis à bord » : l’un pilotait le bateau, aidé de deux autres passeurs, tandis que d’autres étaient chargés d’empêcher les passagers de bouger, usant pour cela de couteaux et de bâtons.Les témoignages font également état de différences de traitement en fonction de l’origine des migrants : les « Africains » n’obéissant pas aux ordres ont été « marqués au couteau au niveau de la tête », tandis que les « Arabes » étaient frappés avec des ceintures. Les passeurs ont assuré aux passagers du pont que les Africains devaient « supporter de rester enfermés pendant trois jours dans la cale, étant donné qu’ils avaient payé la moitié du prix des autres pour leur traversée », a rapporté la police de Palerme dans son communiqué.Le bateau a rapidement pris l’eau au nord de la ville libyenne de Zouara, au point de noyer le moteur mercredi matin. Les migrants avaient alors lancé un appel au secours. Lorsqu’un navire irlandais est arrivé à leur secours plusieurs heures plus tard, un mouvement de foule a fait chavirer le bateau, qui a rapidement coulé.Une importante opération de secours, impliquant sept bateaux, a permis de sauver près de quatre cents personnes, mais aussi de repêcher vingt-six corps. Quelque deux cents autres passagers, en particulier ceux qui n’ont pas eu le temps de sortir de la soute, sont toujours portés disparus.« Cimetière des migrants »Depuis plusieurs années, la Méditerranée a hérité du surnom de « cimetière des migrants ». Venus pour l’essentiel de Libye, du Soudan, d’Érythrée, de Syrie ou d’Afghanistan, ils sont plus de deux mille hommes, femmes et enfants à avoir perdu la vie en mer en tentant de gagner les côtes italiennes ou grecques depuis janvier, selon l’Organisation internationale pour les migrants.En avril, un naufrage avait coûté la vie à quelque huit cents personnes et conduit l’Union européenne à augmenter les moyens alloués à son dispositif de surveillance et de sauvetage maritimes. Au grand dam des ONG, cette opération, baptisée « Triton », n’a pas pour priorité de sauver les migrants mais de surveiller les frontières. Son budget est trois fois inférieur à celui de l’opération italienne « Mare Nostrum », et son équipement, bien plus modeste.Au total, cent quatre-vingt-huit mille personnes sont arrivées illégalement depuis janvier en Europe, via la Méditerranée. Le Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO) a estimé que le nombre de demandeurs d’asile dans les pays de l’Union européenne avait fait un bond de 68 % au cours des cinq premiers mois. 07.08.2015 à 06h03 • Mis à jour le07.08.2015 à 08h18 Quatre ans après le carnage perpétré par Anders Behring Breivik, un millier de jeunes militants travaillistes se sont donné rendez-vous à Utoya pour participer, à partir de ce vendredi 7 août, au premier camp d’été à se tenir sur l’île depuis le drame.Déterminés à reprendre possession des lieux, les apprentis politiciens, y compris des survivants de la fusillade, vont planter leur tente pour quelques jours à l’endroit même où l’extrémiste de droite a fauché 69 vies le 22 juillet 2011.« Le jour le plus noir qu’ait connu la Norvège » « Utoya est un point de rencontre pour des jeunes engagés, un atelier politique, un endroit pour la culture, le sport, l’amitié et, ce n’est pas le moins important, l’amour », a dit Mani Hussaini, le chef de la Jeunesse travailliste (AUF), cette semaine lors d’une visite de presse.« Utoya, c’est aussi le lieu du jour le plus noir qu’ait connu la Norvège en temps de paix. Utoya sera toujours l’endroit où l’on se souviendra de ceux que l’on a perdus mais y revenir pour le camp d’été, c’est refuser que l’histoire la plus sombre l’emporte ».Pendant une heure et quart, Breivik avait froidement ouvert le feu sur quelque 600 participants du camp d’été d’AUF. Un peu avant, il avait fait exploser une bombe de 950 kg près du siège du gouvernement à Oslo, tuant huit autres personnes.Encombrés de sacs à dos, tentes et peluches, les jeunes militants ont convergé sur l’île protégée pour l’occasion par un imposant dispositif de sécurité. Alors que les autorités norvégiennes avaient été vivement critiquées pour leur impréparation après les attentats de Breivik, deux bateaux de police et des agents en armes ont été cette fois-ci déployés.Lire : Il y a quatre ans, le massacre d'UtoyaLe parti travailliste plus populaire Pour ses retrouvailles avec la Jeunesse travailliste, Utoya a fait peau neuve : de nouveaux bâtiments ont été érigés à côté des anciens, fraîchement retapés. Seule la cafétéria, où 13 jeunes avaient été abattus, conserve délibérément les impacts de balles du tueur, réminiscence du drame qui s’y est joué.Un peu à l’écart, un mémorial baptisé « la clairière » a été aménagé dans les bois : suspendu aux sapins, un grand cylindre métallique, dont la forme évoque cohésion et éternité, y décline les noms de 60 des 69 victimes. Les autres familles ont refusé que le nom de leurs chers disparus y soit gravé.Alors que Breivik a dit avoir voulu tarir le vivier du parti travailliste, la formation historiquement dominante du pays scandinave qu’il accusait de faire le lit du multiculturalisme, son geste semble avoir eu l’effet inverse. Le nombre d’adhérents d’AUF a augmenté de près de 50 % depuis la tuerie pour atteindre près de 14 000 membres.L’extrémiste de droite purge aujourd’hui une peine de 21 ans de prison susceptible d’être prolongée indéfiniment s’il reste considéré comme une menace pour la société.Lire : Pour éviter un nouvelle « barbarie », Breivik veut créer un parti « fasciste » en Norvège 31.08.2015 à 15h11 | Alain Salles (Athènes, envoyé spécial) Après avoir réussi à obtenir 17 sièges de députés au Parlement en janvier, avec 6 % des voix, le parti centriste To Potami (« la Rivière »), créé en 2014, voudrait peser dans un éventuel gouvernement de coalition en cas de victoire d’Alexis Tsipras aux législatives anticipées du 20 septembre.Cependant, le chef de la gauche radicale vise une large majorité et a exclu toute alliance avec le « vieux système » de la Grèce. To Potami est jugé trop libéral par les cadres de Syriza. Les premiers sondages n’indiquent pas de percée de To Potami, après sept mois de mandats parlementaires. Son président, Stavros Theodorakis, évoque, dans un entretien accordé au Monde, les conditions d’une éventuelle alliance.Lire aussi :En Grèce, un scrutin plus serré que prévu pour Alexis TsiprasAlexis Tsipras devait-il provoquer ces nouvelles élections, prévues le 20 septembre ?Il a le comportement habituel des politiciens grecs, quand ils sont dans une impasse. La plupart des anciens premiers ministres ont convoqué des élections anticipées. Alexis Tsipras est allé plus vite que ses prédécesseurs, alors que l’accord sur le nouveau mémorandum [avec les pays créanciers] a été voté par plus de 200 députés. Il pouvait prendre le risque de continuer à gouverner et provoquer des élections s’il était vraiment mis en minorité.Que pensez-vous du changement d’attitude de Syriza sur le mémorandum ?Pendant des mois, le gouvernement nous a expliqué que le mémorandum, c’était la mort de l’Europe, et finalement 120 députés ont signé. On s’interroge surtout sur combien nous allons payer pour ce changement tardif. Sans doute quelques dizaines de milliards d’euros. Les cours particuliers de M. Tsipras sur l’Europe coûtent cher à la Grèce. Je ne suis pas sûr de la réalité de ce changement. Il faut qu’il apporte des preuves. Si l’on veut que les réformes prévues dans le Mémorandum fonctionnent, il faut les accepter pleinement, pas les présenter comme des travaux forcés.Lire aussi :Grèce : le nouveau coup de poker d’Alexis TsiprasPeut-on faire évoluer ce mémorandum ?Il y a des erreurs et des inégalités dans le texte signé. Le nouveau gouvernement devra le faire évoluer en proposant des mesures équivalentes financièrement. On peut le faire pour les îles, par exemple. Cette question importante pour la Grèce doit faire l’objet d’un traitement global et ne pas être vue uniquement sous l’angle d’une augmentation de la TVA. C’est la même chose pour la taxe sur l’enseignement privé. Alexis Tsipras vise la majorité et a annoncé qu’il ne ferait pas d’alliance avec les partis du vieux système, qui inclut selon lui To Potami.Etes-vous prêt à gouverner avec lui ?C’est le peuple grec qui s’exprimera sur les alliances gouvernementales, pas M. Tsipras. S’il décide de nous renforcer et d’affaiblir Syriza, ce sera un mandat très clair. S’il ne peut pas renouveler son alliance avec les Grecs indépendants, qui représentent l’extrême droite, parce qu’ils n’entrent pas au Parlement, il doit regarder les autres listes. On espère que les gens ne vont pas voter pour les anciens partis, comme Nouvelle démocratie, le Pasok ou Syriza qui utilisent les mêmes vieilles méthodes de gestion du pouvoir.Quel va être votre programme pour les élections ?Le prochain gouvernement doit mettre en place un plan très concret. Le mémorandum ne peut pas constituer un projet. Il faut mettre en avant ses propres changements. Nous voulons défendre les droits de la Grèce qui produit et qui travaille. Ce n’est pas notre priorité de protéger la nomenklatura des partis. Il faut renforcer les petites et les grandes entreprises afin de permettre aux hommes et aux femmes de travailler. Nous avons aussi un projet de refondation de l’éducation, qui est loin de ce que veut faire Syriza.Alors, comment allez-vous pouvoir gouverner avec eux, le cas échéant ?Il n’y a pas de solution idéale en politique. Je ne peux pas changer les politiciens avec qui je peux collaborer. Il faut faire avec ceux qui existent. Nous avons de nombreux cadres disponibles pour changer la Grèce.Alain Salles (Athènes, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 31.08.2015 à 13h38 • Mis à jour le31.08.2015 à 16h46 Au moins quatre-vingt-dix policiers ont été blessés par une explosion devant le Parlement ukrainien, à Kiev, lundi 31 août. Arsen Avakov, le ministre de l’intérieur de l’Ukraine, a annoncé qu’un des policiers était mort, après avoir reçu un fragment d’un engin explosif dans le cœur. La déflagration a eu lieu alors que des affrontements avaient lieu entre la police et des manifestants, qui protestaient contre l’adoption en première lecture par les députés d’un projet de loi controversé donnant davantage d’autonomie aux territoires de l’Est prorusse.Plusieurs personnes ensanglantées demeuraient allongées à même le sol devant la Rada. A la sortie du Parlement, des manifestants ont lancé des grenades fumigènes, propageant des nuages de fumées noire et blanche devant le bâtiment ; du gaz lacrymogène aurait également été utilisé par les deux camps.Les partis de droite, à l’origine des manifestations aux alentours du Parlement, ont dénoncé le texte, qu’ils qualifient d’« antiukrainien » et de « pro-Poutine », et ont tenté de faire pression sur les députés. La réforme cristallise les tensions dans ce pays en proie à une guerre civile depuis près de trois ans. Avant le vote à la Rada, des élus du Parti radical, qui fait pourtant partie de la coalition proprésidentielle, avaient en effet bloqué l’accès à la tribune du Parlement pour empêcher ce vote en scandant « Honte ! ».Une réforme qui ravive les tensionsDans le même temps, plusieurs centaines de militants du parti nationaliste Svoboda manifestaient devant le Parlement, protestant eux aussi contre cette réforme, alors que le mouvement d’extrême droite Pravy sektor a déclaré avoir bloqué la circulation dans la rue devant l’assemblée monocamérale. M. Avakov a accusé les membres de Svoboda d’avoir provoqué la police et d’avoir lancé « plusieurs engins explosifs » sur les forces de l’ordre.Lire aussi :Les combats ont gagné en intensité dans l’est de l’UkraineLa réforme constitutionnelle, souhaitée par les Occidentaux conformément aux accords de paix de Minsk signés en février, est au cœur de débats acharnés en Ukraine, où beaucoup la voient comme une tentative de légaliser de facto le contrôle par les rebelles d’une partie de l’est industriel du pays. Son adoption octroie davantage de pouvoirs aux conseils des élus régionaux et locaux, notamment ceux situés dans la zone actuellement sous contrôle rebelle. La création d’une « police populaire » cristallise notamment les critiques. Mais, contrairement aux attentes des séparatistes, elle ne confirme pas définitivement le statut semi-autonome des territoires sous leur contrôle. Selon le texte, ce statut doit être déterminé par une loi séparée et seulement pour une durée de trois ans. 31.08.2015 à 05h44 • Mis à jour le31.08.2015 à 09h51 Après un discours plutôt généreux sur l’accueil des migrants, Manuel Valls passe aux travaux pratiques, lundi 31 août, avec un déplacement à Calais, un des lieux emblématiques de cette crise. La question de la coopération avec le Royaume-Uni doit y être abordée, avant une réunion européenne d’urgence le 14 septembre.Le premier ministre, accompagné de son ministre de l’intérieur et de deux commissaires européens, visitera notamment dans la matinée le centre d’accueil Jules-Ferry, qui jouxte « la jungle » où vivent des milliers d’hommes et de femmes tentant de rejoindre l’Angleterre.Lire notre enquête :A Calais, le très lucratif trafic de migrants« Humanité » mais « fermeté »Dimanche, devant les militants socialistes en clôture de l’université PS à La Rochelle, Manuel Valls, sans renoncer à une exigence de « fermeté », avait insisté sur le besoin d’« humanité » et de « responsabilité » à l’égard des migrants. Les personnes qui « fuient la guerre, les persécutions, la torture, les dictatures, doivent être accueillies, (…) traitées dignement, abritées, soignées », a déclaré le premier ministre.A l’appel de Berlin, Londres et Paris, les ministres de l’intérieur de l’Union européenne se réuniront le 14 septembre « pour avancer concrètement » face à la crise, alors que l’Europe peine à trouver des solutions à l’afflux de réfugiés, syriens notamment.L’Italie, qui figure avec la Grèce et la Hongrie parmi les pays les plus exposés aux migrations, a annoncé de son côté son intention de faire de la création d’un droit d’asile européen « la bataille des prochains mois ». Le ton est par ailleurs monté entre Paris et Budapest après les critiques émises par Laurent Fabius sur l’attitude de la Hongrie face à cette crise, et jugées « choquantes » par le ministre des affaires étrangères hongrois.Pour Manuel Valls, il s’agit de montrer « que le gouvernement est mobilisé et que la France est à l’initiative avec l’Allemagne », a souligné auprès de l’AFP son entourage. Manuel Valls avait salué dimanche les prises de position et les « bonnes décisions » de la chancelière Angela Merkel en faveur des réfugiés, alors que l’Allemagne est le principal octroyeur d’asile dans l’Union européenne.Lire aussi notre analyse :L’Allemagne bouscule le système de demande d’asile européenIl avait invité la droite française, qu’il a accusée de « courir après le Front national » sur les questions d’immigration, à imiter la dirigeante allemande. Manuel Valls s’emploiera ainsi à montrer que la France n’est pas passive, même si les 60 000 demandeurs d’asile attendus cette année dans l’Hexagone sont bien loin de la prévision record de 800 000 côté allemand.« Un exercice de communication »En fin de matinée, le premier ministre doit visiter le site d’Eurotunnel à Coquelles (Pas-de-Calais), où de nouvelles barrières visant à bloquer les migrants tentant de pénétrer dans le tunnel sous la Manche ont été installées début août, aux frais des Britanniques. Des renforts policiers et sécuritaires ont également été annoncés dans le cadre de l’accord franco-britannique signé le 20 août par Bernard Cazeneuve et son homologue d’outre-Manche, Theresa May.Lire aussi :A Calais, la France est « le bras policier » de LondresManuel Valls rendra d’ailleurs visite aux forces de l’ordre dans l’après-midi. Eurotunnel a dénombré jusqu’à 2 000 tentatives d’intrusion par nuit fin juillet, avec plusieurs morts au cours de l’été.Manuel Valls rencontrera également des associations d’aide aux migrants. L’une d’entre elles, Passeurs d’hospitalité, a d’ores et déjà dénoncé dans un communiqué un « exercice de communication », visant à « montrer qu’on fait quelque chose alors qu’on ne répète que les mêmes recettes ». Le premier ministre se rendra enfin dans l’après-midi à l’hôpital de Calais, qui doit gérer l’accueil de nombreux migrants.Lire aussi notre reportage :« J’essaie tous les jours de passer en Angleterre » 30.08.2015 à 19h36 • Mis à jour le30.08.2015 à 19h36 Les ministres de l’intérieur des pays de l’Union européenne vont tenir une réunion d’urgence le 14 septembre à Bruxelles, alors que l’Europe tente de trouver des solutions communes face à l’aggravation de la crise migratoire.« Dans le but d’évaluer la situation sur le terrain, les actions politiques en cours et de discuter de nouvelles initiatives visant à renforcer la réponse européene, le ministre luxembourgeois de l’immigration et de l’asile Jean Asselborn a décidé d’organiser un conseil justice et affaires intérieures extraordinaire », a indiqué dans un communiqué le Luxembourg, qui assure la présidence tournante de l’UE. 30.08.2015 à 06h45 • Mis à jour le30.08.2015 à 12h39 Deux jours après la découverte d’un camion charnier contenant 71 cadavres, probablement des Syriens, la police autrichienne a annoncé samedi 29 août qu’un nouveau drame lié à la crise migratoire semblait avoir été évité de justesse avec l’interception d’un autre poids lourd transportant des migrants.Ce nouveau camion a été intercepté vendredi matin dans l’ouest de l’Autriche avec 26 migrants à bord, dont 3 jeunes enfants souffrant de « déshydratation sévère » et dont l’état a été qualifié d’« extrêmement mauvais », d’après un communiqué des forces de l’ordre.Camion pris en chasseLe camion a été pris en chasse lorsque son chauffeur a refusé de s’arrêter à un contrôle de routine près de la ville de Braunau am Inn, à proximité de la frontière allemande. Le véhicule transportait « 26 étrangers en situation illégale » venant de Syrie, du Bangladesh et d’Afghanistan et disant vouloir aller en Allemagne, selon la police.Ce camion a été intercepté au lendemain de la découverte d’un poids lourd abandonné sur la bande d’arrêt d’urgence d’une autoroute de l’est de l’Autriche, près de la Hongrie, et contenant 71 cadavres de migrants en décomposition.Un cinquième suspect, bulgare, a été arrêté dans cette affaire par la police hongroise dans la nuit de samedi à dimanche. Quatre hommes, trois Bulgares et un Afghan, avaient déjà été arrêté vendredi, soupçonnés d’être les « petites mains » d’un gang de trafic d’êtres humains.Lire aussi :Autriche : après le choc, la traque des responsablesLa découverte macabre jeudi en Autriche n’est que la dernière d’une série de tragédies, plus souvent en mer Méditerranée, qui ont causé la mort ces derniers mois de milliers de migrants, parfois des familles entières fuyant la guerre ou la misère et qui ont livré leur sort aux réseaux de passeurs sans scrupules. Samedi, un migrant de 17 ans a « probablement » été tué par balle lors d’une intervention de la police portuaire grecque en mer Egée contre un bateau passeur.La Hongrie a installé sa barrière anti-migrantsAlors que plusieurs Etats européens rechignent à donner asile aux dizaines de milliers de réfugiés fuyant notamment la guerre en Syrie, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a notamment appelé à la mise en place de « canaux légaux et sûrs de migration ».La « route des Balkans de l’Ouest », dont venaient probablement les migrants retrouvés morts en Autriche, est quant à elle surtout empruntée par des réfugiés syriens ou des Irakiens voulant échapper à la guerre mais aussi par des Albanais, Kosovars ou Serbes en quête d’une vie meilleure.Lire aussi :Le nouveau rideau de ferPour la plupart, les migrants continuent leur route à pied à travers la Macédoine, puis la Serbie, avant d’arriver à la frontière de la Hongrie, pays de l’UE, qui a enregistré plus de 140 000 arrivées depuis le début de l’année.Pour tenter d’empêcher leur entrée, la Hongrie a fini d’installer une clôture constituée de trois spirales superposées de fils de fer barbelés, le long de ses 175 km de frontière avec la Serbie, a annoncé samedi le ministère de la défense. Mais en dépit de cette clôture, les réfugiés continuent d’arriver massivement en Hongrie : ils étaient 2 700 samedi, selon les chiffres de la police.Lire aussi :Crise migratoire : le ton monte entre la France et la HongrieLes ministres français, allemand et britannique de l’intérieur ont appelé dimanche à l’organisation d’une réunion des ministres de l’intérieur et de la justice de l’Union européenne « dans les deux prochaines semaines » face à cette crise. 29.08.2015 à 21h09 • Mis à jour le29.08.2015 à 21h20 La Hongrie a achevé samedi 29 août la pose de la clôture de fils de fer barbelés destinée à empêcher les milliers l’entrée des milliers de migrants qui se pressent à sa frontière avec la Serbie.« La première partie de la clôture frontalière a été achevée deux jours avant la date fixée au 31 août », a indiqué le ministère de la défense. Une palissade de quatre mètres de haut doit ensuite être construite sur les 175 kilomètres de frontière, fermée le 17 juin par les autorités hongroises.Lire le reportage :A la frontière serbo-hongroise, en attendant la construction du mur  « Ce n’est rien comparé à ce que nous avons traversé »Au cours de la seule journée de mercredi, 3 000 personnes, dont 700 enfants, ont franchi la frontière hongroise, d’après les registres des autorités hongroises. Un record. La moyenne quotidienne se situait seulement quelques jours plus tôt entre 1 000 et 1 500 passages, ce qui constituait déjà une grosse progression par rapport aux 250 à 500 personnes enregistrées depuis le début de l’année. En tout, depuis janvier, 140 000 personnes ont traversé. Selon le gouvernement de M. Orban, 95 % d’entre eux pénétreraient dans le pays par sa frontière avec la Serbie, qui n’est pas membre de l’UE.Des migrants, pour une grande part issus de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan, qui ne semblent pas craindre la mise en place de la barrière. « Nous ne craignons ni la police hongroise, ni la clôture », a ainsi expliqué à l’AFP Nasreen, une Syrienne âgée de 29 ans. « Ce n’est rien, comparé à ce que nous avons traversé en Syrie, dit-elle. Notre pays a été détruit, nous avons connu quotidiennement les bombes, les assassinats, le sang et les morts ». Beaucoup de migrants utilisent les tiges de mesure laissées négligemment par les troupes hongroises comme leviers pour soulever la partie inférieure de la clôture, ce qui est bien plus sûr que de se frayer un chemin à travers les barbelés à l’aspect menaçant.Mais pour protéger sa frontière, le premier ministre de Viktor Orban a décidé d’envoyer à partir du 5 septembre un renfort de 2 000 policiers, en appui des 1 000 agents déjà en poste. Le gouvernement de Viktor Orban a même laissé entendre, via un membre de son parti, le Fidesz, qu’il se laissait la possibilité d’« avoir la possibilité de recourir à l’armée pour des tâches liées à la défense de la frontière et aux migrations ».Le gouvernement serbe s’est déclaré choqué par la politique de M. Orban. Son premier ministre, Aleksandar Vucic, a déclaré en juin : « La solution n’est pas de dresser des murs. La Serbie ne peut pas être responsable de la situation créée par les migrants, nous ne sommes qu’un pays de transit. »Pour se défendre, le gouvernement hongrois a rappelé que d’autres pays européens avaient opté pour la même solution : la Bulgarie, la Grèce et l’Espagne.Lire la chronique de Sylvie Kauffmann :Le nouveau rideau de fer 28.08.2015 à 19h37 • Mis à jour le28.08.2015 à 21h01 Le gouvernement polonais est presque certain que le train découvert par deux chasseurs de trésor dans la région de Walbrzych est bien un train allemand, dont la rumeur dit qu’il aurait été enseveli par les nazis avec un chargement d’armes et de bijoux. Piotr Zuchowski, vice-ministre de la culture, s’est dit sûr « à quatre-vingt-dix-neuf pour cent » de son existence, sur la foi de photographies prises par un radar à imagerie souterraine montrant un train de plus de 100 mètres de long. Il parle d’une découverte « exceptionnelle ».C’est la première fois qu’un responsable polonais confirme l’existence de ce train. M. Zuchowski a toutefois précisé que « les informations sur son contenu [restaient] invérifiables pour le moment ».« Le fait que ce soit un train blindé suggère qu’à l’intérieur il peut y avoir des objets de valeur, des objets précieux, des œuvres d’art, voire des archives dont nous avons connu l’existence, sans les découvrir. »Des « matériaux dangereux »Les autorités polonaises avaient commencé à chercher activement ce train après avoir été alertées par les avocats d’un Allemand et d’un Polonais qui affirmaient l’avoir localisé dans la région de Walbrzych, à l’époque sous le contrôle des nazis.M. Zuchowski a confirmé que les deux hommes pourraient légitimement demander 10 % de la valeur de leur trouvaille. Le Congrès juif mondial pense, en revanche, que ce qui sera retrouvé dans ce train devrait être restitué à ses propriétaires légitimes « dans la mesure où certains des objets retrouvés en Pologne pourraient avoir été volés à des juifs avant qu’il ne furent envoyés à la mort ».M. Zuchowski a aussi mis en garde d’autres potentiels chercheurs de trésor qui formeraient le projet de s’aventurer dans la région, car le train pourrait contenir aussi des « matériaux dangereux ».« Les opérations de déterrement devront être menées par des services spécialisés, dont des artificiers, du fait du risque que le train soit miné. »La région de Walbrzych est connue pour abriter un énorme chantier nazi de constructions souterraines, connues sous le nom de code de Riese (« Géant »). Ces galeries secrètes auraient été creusées par des prisonniers de camps de concentration et abriteraient des trésors du IIIe Reich abandonnés par les nazis en 1945. Une partie de ces galeries souterraines est aujourd’hui ouverte aux touristes, et certains espèrent encore en trouver d’autres. 30.08.2015 à 06h45 • Mis à jour le30.08.2015 à 12h39 Deux jours après la découverte d’un camion charnier contenant 71 cadavres, probablement des Syriens, la police autrichienne a annoncé samedi 29 août qu’un nouveau drame lié à la crise migratoire semblait avoir été évité de justesse avec l’interception d’un autre poids lourd transportant des migrants.Ce nouveau camion a été intercepté vendredi matin dans l’ouest de l’Autriche avec 26 migrants à bord, dont 3 jeunes enfants souffrant de « déshydratation sévère » et dont l’état a été qualifié d’« extrêmement mauvais », d’après un communiqué des forces de l’ordre.Camion pris en chasseLe camion a été pris en chasse lorsque son chauffeur a refusé de s’arrêter à un contrôle de routine près de la ville de Braunau am Inn, à proximité de la frontière allemande. Le véhicule transportait « 26 étrangers en situation illégale » venant de Syrie, du Bangladesh et d’Afghanistan et disant vouloir aller en Allemagne, selon la police.Ce camion a été intercepté au lendemain de la découverte d’un poids lourd abandonné sur la bande d’arrêt d’urgence d’une autoroute de l’est de l’Autriche, près de la Hongrie, et contenant 71 cadavres de migrants en décomposition.Un cinquième suspect, bulgare, a été arrêté dans cette affaire par la police hongroise dans la nuit de samedi à dimanche. Quatre hommes, trois Bulgares et un Afghan, avaient déjà été arrêté vendredi, soupçonnés d’être les « petites mains » d’un gang de trafic d’êtres humains.Lire aussi :Autriche : après le choc, la traque des responsablesLa découverte macabre jeudi en Autriche n’est que la dernière d’une série de tragédies, plus souvent en mer Méditerranée, qui ont causé la mort ces derniers mois de milliers de migrants, parfois des familles entières fuyant la guerre ou la misère et qui ont livré leur sort aux réseaux de passeurs sans scrupules. Samedi, un migrant de 17 ans a « probablement » été tué par balle lors d’une intervention de la police portuaire grecque en mer Egée contre un bateau passeur.La Hongrie a installé sa barrière anti-migrantsAlors que plusieurs Etats européens rechignent à donner asile aux dizaines de milliers de réfugiés fuyant notamment la guerre en Syrie, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a notamment appelé à la mise en place de « canaux légaux et sûrs de migration ».La « route des Balkans de l’Ouest », dont venaient probablement les migrants retrouvés morts en Autriche, est quant à elle surtout empruntée par des réfugiés syriens ou des Irakiens voulant échapper à la guerre mais aussi par des Albanais, Kosovars ou Serbes en quête d’une vie meilleure.Lire aussi :Le nouveau rideau de ferPour la plupart, les migrants continuent leur route à pied à travers la Macédoine, puis la Serbie, avant d’arriver à la frontière de la Hongrie, pays de l’UE, qui a enregistré plus de 140 000 arrivées depuis le début de l’année.Pour tenter d’empêcher leur entrée, la Hongrie a fini d’installer une clôture constituée de trois spirales superposées de fils de fer barbelés, le long de ses 175 km de frontière avec la Serbie, a annoncé samedi le ministère de la défense. Mais en dépit de cette clôture, les réfugiés continuent d’arriver massivement en Hongrie : ils étaient 2 700 samedi, selon les chiffres de la police.Lire aussi :Laurent Fabius dénonce l’attitude « scandaleuse » de la Hongrie dans la crise des migrantsLes ministres français, allemand et britannique de l’intérieur ont appelé dimanche à l’organisation d’une réunion des ministres de l’intérieur et de la justice de l’Union européenne « dans les deux prochaines semaines » face à cette crise. 29.08.2015 à 21h09 • Mis à jour le29.08.2015 à 21h20 La Hongrie a achevé samedi 29 août la pose de la clôture de fils de fer barbelés destinée à empêcher les milliers l’entrée des milliers de migrants qui se pressent à sa frontière avec la Serbie.« La première partie de la clôture frontalière a été achevée deux jours avant la date fixée au 31 août », a indiqué le ministère de la défense. Une palissade de quatre mètres de haut doit ensuite être construite sur les 175 kilomètres de frontière, fermée le 17 juin par les autorités hongroises.Lire le reportage :A la frontière serbo-hongroise, en attendant la construction du mur  « Ce n’est rien comparé à ce que nous avons traversé »Au cours de la seule journée de mercredi, 3 000 personnes, dont 700 enfants, ont franchi la frontière hongroise, d’après les registres des autorités hongroises. Un record. La moyenne quotidienne se situait seulement quelques jours plus tôt entre 1 000 et 1 500 passages, ce qui constituait déjà une grosse progression par rapport aux 250 à 500 personnes enregistrées depuis le début de l’année. En tout, depuis janvier, 140 000 personnes ont traversé. Selon le gouvernement de M. Orban, 95 % d’entre eux pénétreraient dans le pays par sa frontière avec la Serbie, qui n’est pas membre de l’UE.Des migrants, pour une grande part issus de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan, qui ne semblent pas craindre la mise en place de la barrière. « Nous ne craignons ni la police hongroise, ni la clôture », a ainsi expliqué à l’AFP Nasreen, une Syrienne âgée de 29 ans. « Ce n’est rien, comparé à ce que nous avons traversé en Syrie, dit-elle. Notre pays a été détruit, nous avons connu quotidiennement les bombes, les assassinats, le sang et les morts ». Beaucoup de migrants utilisent les tiges de mesure laissées négligemment par les troupes hongroises comme leviers pour soulever la partie inférieure de la clôture, ce qui est bien plus sûr que de se frayer un chemin à travers les barbelés à l’aspect menaçant.Mais pour protéger sa frontière, le premier ministre de Viktor Orban a décidé d’envoyer à partir du 5 septembre un renfort de 2 000 policiers, en appui des 1 000 agents déjà en poste. Le gouvernement de Viktor Orban a même laissé entendre, via un membre de son parti, le Fidesz, qu’il se laissait la possibilité d’« avoir la possibilité de recourir à l’armée pour des tâches liées à la défense de la frontière et aux migrations ».Le gouvernement serbe s’est déclaré choqué par la politique de M. Orban. Son premier ministre, Aleksandar Vucic, a déclaré en juin : « La solution n’est pas de dresser des murs. La Serbie ne peut pas être responsable de la situation créée par les migrants, nous ne sommes qu’un pays de transit. »Pour se défendre, le gouvernement hongrois a rappelé que d’autres pays européens avaient opté pour la même solution : la Bulgarie, la Grèce et l’Espagne.Lire la chronique de Sylvie Kauffmann :Le nouveau rideau de fer 28.08.2015 à 19h37 • Mis à jour le28.08.2015 à 21h01 Le gouvernement polonais est presque certain que le train découvert par deux chasseurs de trésor dans la région de Walbrzych est bien un train allemand, dont la rumeur dit qu’il aurait été enseveli par les nazis avec un chargement d’armes et de bijoux. Piotr Zuchowski, vice-ministre de la culture, s’est dit sûr « à quatre-vingt-dix-neuf pour cent » de son existence, sur la foi de photographies prises par un radar à imagerie souterraine montrant un train de plus de 100 mètres de long. Il parle d’une découverte « exceptionnelle ».C’est la première fois qu’un responsable polonais confirme l’existence de ce train. M. Zuchowski a toutefois précisé que « les informations sur son contenu [restaient] invérifiables pour le moment ».« Le fait que ce soit un train blindé suggère qu’à l’intérieur il peut y avoir des objets de valeur, des objets précieux, des œuvres d’art, voire des archives dont nous avons connu l’existence, sans les découvrir. »Des « matériaux dangereux »Les autorités polonaises avaient commencé à chercher activement ce train après avoir été alertées par les avocats d’un Allemand et d’un Polonais qui affirmaient l’avoir localisé dans la région de Walbrzych, à l’époque sous le contrôle des nazis.M. Zuchowski a confirmé que les deux hommes pourraient légitimement demander 10 % de la valeur de leur trouvaille. Le Congrès juif mondial pense, en revanche, que ce qui sera retrouvé dans ce train devrait être restitué à ses propriétaires légitimes « dans la mesure où certains des objets retrouvés en Pologne pourraient avoir été volés à des juifs avant qu’il ne furent envoyés à la mort ».M. Zuchowski a aussi mis en garde d’autres potentiels chercheurs de trésor qui formeraient le projet de s’aventurer dans la région, car le train pourrait contenir aussi des « matériaux dangereux ».« Les opérations de déterrement devront être menées par des services spécialisés, dont des artificiers, du fait du risque que le train soit miné. »La région de Walbrzych est connue pour abriter un énorme chantier nazi de constructions souterraines, connues sous le nom de code de Riese (« Géant »). Ces galeries secrètes auraient été creusées par des prisonniers de camps de concentration et abriteraient des trésors du IIIe Reich abandonnés par les nazis en 1945. Une partie de ces galeries souterraines est aujourd’hui ouverte aux touristes, et certains espèrent encore en trouver d’autres. 28.08.2015 à 16h31 • Mis à jour le28.08.2015 à 19h45 Les autorités allemandes ont annoncé, vendredi 28 août, l’envoi de renforts policiers à Heidenau, en Saxe, par crainte de nouveaux débordements de militants d’extrême droite visant des centres d’accueil de réfugiés.Des affrontements avaient eu lieu la semaine dernière à Heidenau. A l’appel de la formation d’extrême droite NPD, un millier de manifestants s’étaient rassemblés pour protester contre l’ouverture d’un centre d’accueil pour réfugiés. Angela Merkel y a également été huée et insultée lors d’une visite mercredi.La chancelière a souligné que l’Etat fédéral avait « donné son accord, par la voie du ministère de l’intérieur, pour vérifier comment soutenir la police » de la Saxe. Le ministère de l’intérieur n’a pas été en mesure de chiffrer les renforts envoyés sur place.L’interdiction de manifester maintenue en appelCette décision fait suite à l’annulation par la justice, dans un premier temps, de l’interdiction de manifester à Heidenau. Les autorités locales avaient décidé d’y interdire des manifestations le temps du week-end, car elles estimaient qu’elles n’avaient pas les effectifs policiers nécessaires pour assurer la sécurité. Le tribunal administratif de Dresde avait jugé cette mesure « illégale », mais l’interdiction a finalement été rétablie en appel.Dresde, la capitale régionale, est le bastion du mouvement islamophobe Pegida, qui a réussi à rassembler en début d’année jusqu’à vingt-cinq mille personnes.L’Allemagne, qui attend un nombre record de 800 000 demandes d’asile en 2015, soit quatre fois plus que l’année précédente, est devenue le premier pays d’accueil d’Europe, alors que le continent est confronté à une grave crise migratoire. Une hausse des actes racistes a parallèlement été enregistrée. Salvatore Aloïse (Rome, correspondance) Jusqu’ici, ils n’étaient connus qu’à travers un chiffre et une date : les 49 cadavres du 15 août. Un parmi les nombreux naufrages de cet été, le long de la route des migrants, dans le canal de Sicile. Mais ce chiffre commence à « parler » : on sait à présent comment certains de ces hommes, enfermés dans la cale de l’embarcation qui devait les mener vers l’Italie, ont passé les derniers moments de leur vie.L’un écrivait une chanson de rap, un autre écoutait de la musique sur son iPod, avec ses écouteurs. Il y avait celui qui avait apporté avec lui un sachet d’aspirine.Parmi les objets retrouvés, en vrac : des dinars libyens, un téléphone portable de fabrication chinoise, un collier en cuir, un porte-monnaie vide… La Repubblica a publié, jeudi 27 août, les photos des pièces à conviction à la disposition de la police criminelle de Catane, en Sicile, qui mène l’enquête pour « homicides ».Ces hommes venaient du Bangladesh, du Pakistan, de la Côte d’Ivoire… Grâce aux témoignages des survivants, les policiers savent désormais qu’ils ont tenté de remonter à l’air libre pour échapper aux fumées rejetées par le moteur. Mais ils ont été roués de coups à chaque tentative de sortir de cette soute de six mètres sur quatre, d’une hauteur d’à peine 1,2 m, où l’on ne pouvait tenir qu’allongé. Parmi les pièces à conviction, un policier qui, avant, enquêtait sur les morts le long des rues de Catane, et qui aujourd’hui s’occupe des cadavres trouvés en mer, a toujours entre les mains la n° 15, racontent les deux journalistes du quotidien romain. Il s’agit de paroles de rap, dédiés à « Gazelle », le titre de la chanson. « C’est l’histoire tragique d’une jeune fille qui s’appelle Gazelle », écrit-il d’emblée. Sur le second feuillet, l’écriture devient presque incompréhensible.D’une « beauté sublime », Gazelle « aime la vie malgré l’enfer où elle est tombée » – une histoire d’hommes qui ont abusé d’elle et l’ont abandonnée. L’agent ne cesse de retourner à la cellule frigorifiée du navire où se trouvent les dépouilles des 49 morts du 15 août. Mais il n’a pas encore réussi à trouver celui qui, parmi eux, était le rappeur probablement amoureux, comme « Gazelle », de la vie.Salvatore Aloïse (Rome, correspondance)Journaliste au Monde 27.08.2015 à 22h44 • Mis à jour le29.08.2015 à 16h37 Plusieurs opérations de sauvetage pour venir en aide à des embarcations ayant fait naufrage au large de la Libye font craindre qu’un nouveau drame de taille se soit produit en mer Méditerranée, vendredi 28 août.Selon un bilan diffusé par l’antenne libyenne du Croissant-Rouge, qui participe aux opérations, au moins 111 cadavres ont été récupérés et une centaine de personnes ont pu être sauvées. Les autorités libyennes parlent de 198 survivants. Les deux bateaux, qui ont coulé au large de la ville libyenne de Zouara, transportaient entre 300 et 500 hommes, femmes et enfants, selon le témoignages de survivants.A Genève, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) craint un bilan bien plus lourd, car, selon son décompte, près de 200 personnes, au total, seraient encore portées disparues. « Il y a toujours des disparus, des dizaines, mais on ne connaît pas leur nombre », a résumé un porte-parole du Croissant-Rouge, Mohammed Al-Masrati.« Nous essayons de parler aux survivants, mais la plupart sont trop traumatisés pour parler de ce qu’il s’est passé. Certains recherchent encore leurs amis ».« Nous avons passé neuf heures dans l’eau » Faute de moyens, les secours ont réquisitionné des bateaux de pêche et des canots pneumatiques pour tenter de retrouver des survivants et de ramener les corps sur la terre ferme. Les corps des victimes, des personnes venant d’Afrique subsaharienne, du Pakistan, de Syrie, du Maroc et du Bangladesh, étaient ramenés sur la terre libyenne et comptés. La plupart se sont noyées dans la cale des bateaux alors qu’ils coulaient.Shefaz Hamza, un jeune Pakistanais de 17 ans interrogé par l’AFP, a raconté ce qu’il a vécu après le naufrage du bateau qui transportait sa famille :« J’ai vu mon frère éloigner un homme d’un coup de pied parce qu’il essayait de lui arracher son gilet de sauvetage. Quant à ma petite soeur, la dernière fois que je l’ai aperçue, une personne tentait de s’accrocher à ses épaules, la poussant vers le bas, avant qu’elle ne disparaisse sous l’eau. Nous avons passé neuf heures dans l’eau, ma mère et moi, accrochés à un morceau de bois. Je n’ai pas cessé de lui dire que tout allait s’arranger mais elle n’a pas tenu le coup et a coulé à peine un quart d’heure avant que les secours n’arrivent »Seddik Said, qui dirige les opérations de secours pour le Croissant-Rouge, explique la difficulté à laquelle font face les sauveteurs :« C’est difficile d’avoir les chiffres exacts, même celui des morts. On peut seulement fournir le nombre de personnes que nous avons retrouvées mortes. Nous menons des missions similaires chaque semaine désormais. Des dizaines de personnes meurent au large de cette plage chaque semaine. »300 000 arrivées de l’Afrique et du Maghreb en 2015Ce nouveau drame, comme celui qui a eu lieu en Autriche, vient alourdir les tristes statistiques humaines dévoilées un peu plus tôt par le HCR. Depuis le début de l’année, plus de 2 500 personnes ont péri en tentant de traverser la Méditerranée pour rallier l’Europe. Plus de 300 000 personnes ont réussi à rejoindre les côtes grecques ou italiennes en traversant la mer sur des embarcations souvent à peine navigables.Sur les 1 770 kilomètres de côtes libyennes, les départs de clandestins n’ont cessé de s’intensifier depuis la chute, en 2011, du régime de Mouammar Kadhafi, qui a entraîné le pays dans le chaos. Minée par les violences, la Libye compte deux gouvernements rivaux, une situation qui facilite le travail des passeurs.La Libye n’est située qu’à un peu plus de 300 kilomètres de l’île italienne de Lampedusa, que des centaines de migrants venus d’Afrique, de Syrie ou d’autres zones de conflit tentent chaque semaine d’atteindre. Mercredi, une cinquantaine de personnes mortes avaient été découvertes dans la cale d’un bateau dans le cadre d’un sauvetage massif d’une dizaine d’embarcations en route pour l’Europe. Par ailleurs, un navire des gardes-côtes suédois a accosté en Sicile jeudi soir avec 52 cadavres de migrants récupérés mercredi près une longue dérive.Lire la synthèse :Crise des migrants : les drames se succèdent, sans réponse politique commune 28.08.2015 à 15h59 | Salvatore Aloïse (Rome, correspondance) Jusqu’ici, ils n’étaient connus qu’à travers un chiffre et une date : les 49 cadavres du 15 août. Un parmi les nombreux naufrages de cet été, le long de la route des migrants, dans le canal de Sicile. Mais ce chiffre commence à « parler » : on sait à présent comment certains de ces hommes, enfermés dans la cale de l’embarcation qui devait les mener vers l’Italie, ont passé les derniers moments de leur vie.L’un écrivait une chanson de rap, un autre écoutait de la musique sur son iPod, avec ses écouteurs. Il y avait celui qui avait apporté avec lui un sachet d’aspirine. Parmi les objets retrouvés, en vrac : des dinars libyens, un téléphone portable de fabrication chinoise, un collier en cuir, un porte-monnaie vide… La Repubblica a publié, jeudi 27 août, les photos des pièces à conviction à la disposition de la police criminelle de Catane, en Sicile, qui mène l’enquête pour « homicides ».Ces hommes venaient du Bangladesh, du Pakistan, de la Côte d’Ivoire… Grâce aux témoignages des survivants, les policiers savent désormais qu’ils ont tenté de remonter à l’air libre pour échapper aux fumées rejetées par le moteur. Mais ils ont été roués de coups à chaque tentative de sortir de cette soute de six mètres sur quatre, d’une hauteur d’à peine 1,2 m, où l’on ne pouvait tenir qu’allongé. Parmi les pièces à conviction, un policier qui, avant, enquêtait sur les morts le long des rues de Catane, et qui aujourd’hui s’occupe des cadavres trouvés en mer, a toujours entre les mains la n° 15, racontent les deux journalistes du quotidien romain. Il s’agit de paroles de rap, dédiés à « Gazelle », le titre de la chanson. « C’est l’histoire tragique d’une jeune fille qui s’appelle Gazelle », écrit-il d’emblée. Sur le second feuillet, l’écriture devient presque incompréhensible. D’une « beauté sublime », Gazelle « aime la vie malgré l’enfer où elle est tombée » – une histoire d’hommes qui ont abusé d’elle et l’ont abandonnée. L’agent ne cesse de retourner à la cellule frigorifiée du navire où se trouvent les dépouilles des 49 morts du 15 août. Mais il n’a pas encore réussi à trouver celui qui, parmi eux, était le rappeur probablement amoureux, comme « Gazelle », de la vie.Salvatore Aloïse (Rome, correspondance)Journaliste au Monde 27.08.2015 à 22h44 • Mis à jour le28.08.2015 à 16h26 Plusieurs opérations de sauvetage pour venir en aide à des embarcations ayant fait naufrage au large de la Libye font craindre qu’un nouveau drame de taille se soit produit en mer Méditerranée, vendredi 28 août. Selon un bilan diffusé par le Croissant-Rouge, qui participe aux opérations, au moins 76 cadavres ont été récupérés et 198 personnes ont pu être sauvées dans l’un des bateaux. L’un des bateaux, qui a coulé au large de la ville libyenne de Zouara, transportait entre 300 et 500 hommes, femmes et enfants, selon le témoignages de survivants.A Genève, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) craint un bilan bien plus lourd, car, selon son décompte, près de 200 personnes, au total, seraient encore portées disparues « Il y a toujours des disparus, des dizaines, mais on ne connaît pas leur nombre », a résumé un porte-parole du Croissant-Rouge, Mohammed Al-Masrati.« Nous essayons de parler aux survivants, mais la plupart sont trop traumatisés pour parler de ce qu’il s’est passé. Certains recherchent encore leurs amis ».Faute de moyens, les secours ont réquisitionné des bateaux de pêche et des canots pneumatiques pour tenter de retrouver des survivants et de ramener les corps sur la terre ferme.Les corps des victimes, des personnes venant d’Afrique subsaharienne, du Pakistan, de Syrie, du Maroc et du Bangladesh, étaient ramenés sur la terre libyenne et comptés. Seddik Said, qui dirige les opérations de secours pour le Croissant-Rouge, explique la difficulté à laquelle font face les sauveteurs :« C’est difficile d’avoir les chiffres exacts, même celui des morts. On peut seulement fournir le nombre de personnes que nous avons retrouvées mortes. Nous menons des missions similaires chaque semaine désormais. Des dizaines de personnes meurent au large de cette plage chaque semaine. »300 000 arrivées de l’Afrique et du Maghreb en 2015 Ce nouveau drame, comme celui qui a eu lieu en Autriche, vient alourdir les tristes statistiques humaines dévoilées un peu plus tôt par le HCR. Depuis le début de l’année, plus de 2 500 personnes ont péri en tentant de traverser la Méditerranée pour rallier l’Europe. Plus de 300 000 personnes ont réussi à rejoindre les côtes grecques ou italiennes en traversant la mer sur des embarcations souvent à peine navigables.Sur les 1 770 kilomètres de côtes libyennes, les départs de clandestins n’ont cessé de s’intensifier depuis la chute, en 2011, du régime de Mouammar Kadhafi, qui a entraîné le pays dans le chaos. Minée par les violences, la Libye compte deux gouvernements rivaux, une situation qui facilite le travail des passeurs.La Libye n’est située qu’à un peu plus de 300 kilomètres de l’île italienne de Lampedusa, que des centaines de migrants venus d’Afrique, de Syrie ou d’autres zones de conflit tentent chaque semaine d’atteindre. Mercredi, une cinquantaine de personnes mortes avaient été découvertes dans la cale d’un bateau dans le cadre d’un sauvetage massif d’une dizaine d’embarcations en route pour l’Europe. Par ailleurs, un navire des gardes-côtes suédois a accosté en Sicile jeudi soir avec 52 cadavres de migrants récupérés mercredi près une longue dérive. 27.08.2015 à 16h44 • Mis à jour le27.08.2015 à 17h00 Vassiliki Thanou-Christophilou est devenue, jeudi 27 août, la première femme à prendre la tête d’un gouvernement grec. Jusque-là présidente de la Cour suprême, elle vient d’être nommée à la tête du gouvernement intérimaire chargé de gérer les affaires courantes d’ici aux élections législatives anticipées convoquées après la démission d’Alexis Tsipras.Mme Thanou-Christophilou prêtera serment jeudi en début de soirée avant de prendre ses fonctions et de nommer son gouvernement vendredi. La magistrate, âgée de 65 ans, officiera pour un mandat à la durée encore indéterminée : la date officielle des élections n’a pas encore été arrêtée, mais elles pourraient toutefois se tenir le 20 ou le 27 septembre.Lire sur Les Décodeurs :En Grèce, neuf plans d’austérité, trois plans d’aide et une démissionTsipras veut la majorité absolueSa nomination intervient une semaine tout juste après la démission de M. Tsipras, qui a quitté son poste en espérant consolider sa majorité au Parlement.Il a pris cette décision après la scission de son parti, Syriza, qui s’est déchiré sur le nouvel accord conclu entre la Grèce et l’Union européenne au sujet du nouveau prêt accordé à ce pays endetté, en contrepartie d’une poursuite de l’austérité.Après l’échec des partis d’opposition dans leurs tentatives de former un gouvernement de coalition ces derniers jours, le président a décidé de nommer un gouvernement par intérim pour organiser des élections, comme le prévoit la Constitution. Alexis Tsipras a exclu mercredi de former un gouvernement d’unité nationale avec les partis de droite ou de gauche s’il n’obtient pas la majorité absolue, dans un entretien, le premier depuis sa démission la semaine dernière, avec la chaîne de télévision Alpha. « Je ne vais pas devenir un premier ministre qui coopère avec la Nouvelle Démocratie (droite) », le Pasok (socialistes) ou To Potami (centre gauche), a-t-il souligné, appelant les Grecs à donner la majorité absolue à son parti.Lire le reportage :Le blues des militants de Syriza avant les élections 27.08.2015 à 14h08 • Mis à jour le27.08.2015 à 14h55 « Le défaut de paiement tant attendu par nos ennemis n’a pas eu lieu. » C’est avec cette assertion fanfaronnante que le premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, a ouvert le conseil des ministres, jeudi 27 août. Après des mois d’incertitude, un accord sur la restructuration de la dette a été trouvé entre Kiev et ses créanciers, et devrait donc permettre d’éviter le défaut de paiement. « Aucun pays qui ne s’est pas déclaré en défaut de paiement n’a obtenu de telles conditions », a renchéri le premier ministre, en précisant que le niveau moyen d’effacement pour ces pays était de « 10 % ».Après des négociations fleuves, l’Ukraine a obtenu :un effacement de 20 % de sa dette, soit environ 3,6 milliards de dollars (3,2 milliards d’euros).un allongement de quatre ans de la période de remboursement.une légère hausse du taux d’intérêt, 7,75 % contre une moyenne de 7,2 % actuellement.La Russie pas partie prenante de l’accordLa négociation d’un allégement de sa dette était indispensable pour un , ravagée par une grave crise économique et par un conflit armé meurtrier avec les rebelles prorusses. Le pays devait à tout prix respecter les conditions posées par le Fonds monétaire international pour obtenir la poursuite de son aide financière.Depuis le 12 mars, Kiev avait donc engagé des négociations avec ses bailleurs privés et publics avec pour objectif de dégager 15 milliards de dollars (14 milliards d’euros) d’allégements dans le cadre d’un plan d’aide international de 40 milliards de dollars (environ 37 milliards d’euros) sur quatre ans. Cet accord devrait permettre à Kiev d’économiser 11,1 milliards de dollars sur quatre ans.La semaine dernière, le fonds Franklin Templeton et trois autres institutions financières – qui détiennent 8,9 milliards de dollars de la dette publique du pays – avaient rejeté la proposition de Kiev d’un effacement de 40 % de sa dette. Ils ne proposaient en échange qu’un allégement de 5 % à 10 % soumis à de strictes conditions.A Moscou, le ministre des finances russe, Anton Silouanov, a déclaré que son pays n’était pas partie prenante de l’accord. L’Ukraine doit à la Russie 3 milliards de dollars en obligations (2,8 milliards d’euros), qui doivent être intégralement remboursés en décembre. 27.08.2015 à 04h47 • Mis à jour le27.08.2015 à 12h01 Responsables européens et dirigeants des Balkans de l’Ouest se réunissent à Vienne, jeudi 27 août, à l’occasion d’un sommet consacré à la crise des migrants. La chancelière allemande, Angela Merkel, et la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, participeront également à cette réunion, qui devrait permettre d’avancer sur les questions de répartition des demandeurs d’asile dans les pays européens, alors que des milliers de Syriens et d’Irakiens fuient les guerres dans leur pays, et que des Albanais, des Kosovars ou des Serbes viennent en Europe occidentale chercher une vie meilleure.La Serbie et la Macédoine ont d’ores et déjà appelé l’Union européenne à agir lors de ce sommet. « A moins d’avoir une réponse européenne à cette crise [...], personne ne doit nourrir l’illusion que cela peut être réglé », a déclaré le ministre macédonien des affaires étrangères, Nikola Poposki. Son homologue serbe, Ivica Dacic, a quant à lui réclamé un « plan d’action » européen, avant d’ajouter : « Je vais être très direct, nous sommes en train de supporter le poids du problème. » De nombreux pays ont déjà dû prendre des mesures d’urgence pour faire face à cet afflux de migrants de grande ampleur.La GrèceLe pays est la première destination européenne pour les migrants qui transitent par la Turquie, et passent sur des embarcations de fortune la mer Egée. Venus du Moyen-Orient ou de l’Extrême-Orient, les migrants, en majorité Syriens, cherchent à gagner l’île de Kos, à 20 kilomètres des côtes turques, où ils attendent d’obtenir un laisser-passer, pour ensuite rejoindre Athènes et les autres pays européens.Désorganisée et faisant face à un nombre grandissant d’arrivées – plus de 20 000 en une semaine au mois d’août – la Grèce a obtenu une aide de 474 millions d’euros de la Commission européenne pour faire face à la situation, qui a provoqué des mouvements de violence sur l’île de Kos. Depuis le début de l’année, quelque 124 000 migrants sont arrivés dans les îles grecques depuis la Turquie, selon des chiffres du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR).La MacédoineAprès leur arrivée en Grèce, les migrants progressent vers l’Europe de l’Ouest, en passant notamment par la Macédoine. Le pays a décrété l’état d’urgence, jeudi 20 août, dans le sud et le nord du pays. L’armée a été déployée sur place pour aider les autorités locales, ce qui s’est parfois traduit par des incidents entre migrants et militaires. La frontière avec la Grèce, d’abord partiellement fermée, a finalement été ouverte pour laisser passer des milliers de migrants, dimanche 23 août.La SerbieAlors que le premier ministre serbe, Aleksandar Vucic, a affirmé sa volonté d’accueillir et de gérer avec dignité l’arrivée des migrants en Serbie, la situation est beaucoup plus critique. Pays hors de l’espace Schengen et de l’UE, la Serbie sert de porte d’entrée dans l’UE, via Subotica, dernière ville serbe avant la frontière hongroise. Là s’y est développée une « jungle », où les conditions de vie sont déplorables, sans eau, sans sanitaires, sans électricité.Lire aussi le reportage :Dans « la jungle » serbe de Subotica, contrôlée par les trafiquantsLa HongrieAlors que la police hongroise a annoncé jeudi qu’un nombre record de 3 241 migrants étaient arrivés mercredi, le pays a déjà pris des mesures drastiques. A partir du 5 septembre, la Hongrie enverra plus de 2 000 policiers en renfort à la frontière avec la Serbie. Mille policiers travaillent déjà régulièrement dans cette zone pour contrôler l’afflux des migrants.D’ici à la fin du mois d’août, le pays achèvera surtout la construction d’une barrière anti-migrants – un grillage métallique de 4 mètres de haut – le long de la frontière avec la Serbie, soit 175 kilomètres. Depuis le début de l’année, la Hongrie a connu plus de 140 000 arrivées sur son territoire, soit plus du double du total de l’année 2014. Gaëlle Picut Eurofound, la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail, a publié, en juillet dernier, un rapport intitulé "Revalorisation ou polarisation ? Les changements de la structure de l’emploi à long terme et au niveau mondial". Il s’est notamment intéressé aux emplois qui ont le plus été détruits et ceux qui ont connu les plus forts taux de croissance dans l’Union européenne, durant la période post crise, c’est-à-dire entre 2011 et 2014 . L’objectif consiste à évaluer dans quelle mesure les changements récents ont un effet polarisant, causé par une baisse des emplois à rémunération moyenne, ou revalorisant, du fait de la croissance des emplois à haute rémunération. Sur cet intervalle de trois ans, la croissance de l’emploi dans l’UE a présenté une polarisation asymétrique : les emplois bien rémunérés ont connu la plus forte croissance ; l’évolution a été modeste pour les emplois les moins rémunérés et la catégorie des salaires moyens a connu une baisse de l’emploi.Le rapport rappelle qu’un quart de l’emploi de l’UE est concentré dans seulement 11 métiers et la moitié dans environ 60. Les deux types de professions employant le plus de personnes sont les travailleurs dans le commerce de détail (12 millions) et les professionnels de l’enseignement (9,6 millions). Durant la période 2011-2014, ces salariés ont eu un emploi stable, avec une augmentation très modeste pour ceux dans l’enseignement.  Dans le même temps, les plus grandes pertes d’emplois en absolu et en relatif ont continué à se produire dans le secteur de la construction, avec des baisses annuelles comprises entre 3,4% et 5,2% selon les métiers, et dans celui de l’industrie. Huit millions d’emplois ont ainsi été détruits pendant la période 2008-2013. Cette diminution constante de l’emploi dans ces deux grands secteurs d’activité a été le principal facteur de polarisation observé durant la crise.Les emplois liés aux services à la clientèle dans le secteur financier ont également connu une forte baisse relative. Des emplois publics ont également été détruits, montrant ainsi la pression sur la masse salariale et les contraintes budgétaires accrues dans la fonction publique depuis 2011. Enfin, dans les 10 métiers qui ont le plus diminué entre 2011 et 2014, on trouve des emplois du secteur du commerce de détail et de gros, des destructions s’expliquant par le développement des nouvelles technologies et du commerce en ligne.Les croissances relatives les plus fortes se situent dans les services, notamment du côté des professionnels de la santé et des services aux particuliers, mais également dans le secteur de l’information et de la communication et du consulting.Depuis le deuxième trimestre 2013, le niveau d’emploi net dans l’UE a amorcé une reprise, avec une hausse d’1,8 million au 2ème trimestre 2014. Néanmoins, le niveau global de l’emploi dans l’UE accuse encore un différentiel négatif de quatre millions par rapport au niveau du début de la crise il y a six ans.Une progression de l’emploi temps partielDans certains pays européens, notamment au Royaume-Uni, les emplois de services faiblement rémunérés ont représenté une grande part de la croissance récente. "Cette situation agite le spectre de la croissance de l’emploi à faible productivité, dans laquelle la production et, en fin de compte, le niveau de vie n’augmentent pas en dépit d’une augmentation des opportunités d’emploi", écrivent les auteurs du rapport. On assiste également à une forte croissance récente de la part de l’emploi à temps partiel. Aujourd’hui, les services représentent 7 emplois sur 10 en Europe. Il y a eu 2,8 millions nouveaux emplois nets dans le secteur des services en 2014 par rapport à 2011. Parallèlement, les emplois à haute rémunération continuent de progresser.Le rapport conclut que si l’on classe les emplois de l’UE en cinq catégories de taille égale (quintiles) en fonction du salaire, il apparaît manifestement que la croissance de l’emploi à durée indéterminée et à temps plein est de plus en plus confinée au quintile supérieur, les emplois bien rémunérés ; dans tous les autres quintiles de la répartition des salaires, elle est en baisse.A noter que France Stratégie, aussi appelé Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP), a également publié le 24 août un document de travail intitulé "La polarisation des emplois : une réalité américaine plus qu’européenne ?" (mais qui ne prend pas en compte les données du dernier rapport d’Eurofound). Selon son auteure, "la polarisation des emplois est avérée sur longue période aux Etats-Unis mais apparaît moins évidente en Europe" . Elle estime que "la réversibilité ou l’accentuation de la polarisation – dont la réalité est à nuancer – reste donc posée et constitue une interrogation majeure pour l’avenir".Gaëlle PicutJournaliste au Monde Frédéric Lemaître (à Berlin), Salvatore Aloïse (à Rome) et Eric Albert (à Londres) Les débats sur l’afflux de migrants butent sur les mêmes problèmes de sémantique, un peu partout en Europe. Avec les mutations des phénomènes migratoires, les mots changent. En Allemagne, les deux expressions les plus utilisées sont « Flüchtlinge » – les réfugiés – et « Asylbewerber » – les demandeurs d’asile –, qui parlent de ces étrangers qui fuient un danger.Les années précédentes, c’était le terme d’« Einwanderer », les immigrés, qui était au centre des débats. Un mot qui avait succédé au sinistre « Gastarbeiter », ces « travailleurs invités » grâce auxquels l’Allemagne a assuré sa prospérité de 1955 à la fin des années soixante. L’expression reconnaissait cyniquement que ces hommes issus de Turquie et du bassin méditerranéen n’étaient perçus que comme une main-d’œuvre invitée… à repartir. Mais ces hommes sont restés, posant la question de l’intégration des Allemands avec « Migrationshintergrund » - « issu de l’immigration ». Un terme qui fait aussi débat.Lire sur Les Décodeurs :« Migrant » ou « réfugié » : quelles différences ?« Immigré » forcément « illégal »Au Royaume-Uni, le mot « migrant » a longtemps été le plus neutre de tous pour parler des gens qui migrent vers l’Europe. Mais avec ce qui est appelé la « crise des migrants », le ton général des médias et de la classe politique britannique a pris une connotation très négative. Une étude du vocabulaire utilisé dans les journaux britanniques entre 2010 et 2012, réalisée par l’université d’Oxford, montre que le mot « immigré » est quatorze fois plus souvent associé à « illégal » que celui de « migrant ».C’est en train de changer. La réflexion sur les mots employés et leur caractère négatif a été lancée par la chaîne Al-Jazira qui a annoncé qu’elle n’utiliserait plus le mot de « migrant », trop péjoratif, et lui préférerait celui de « réfugié ». Lindsey Hilsum, journaliste à Channel 4, a fait de même. Selon elle, « migrant » même s’il a l’avantage de la neutralité, le terme a progressivement été dévoyé. Elle aussi va désormais choisir « réfugié » de façon plus systématique.En Italie, le terme généralement employé est celui de « migrants » qui permet de ne pas devoir spécifier s’il s’agit de réfugié ou pas. Le changement sémantique plutôt récent : le sociologue Ilvo Diamanti le fait remonter à la période qui a suivi la visite du Pape à Lampedusa en juillet 2013. C’est à ce moment-là, dit-il, que la presse cesse de parler de « clandestins » – ce que continue à faire, pratiquement seule, la xénophobe Ligue du Nord. À la fin des années 1980, l’Italie avait pris douloureusement conscience de n’être plus terre de migration mais d’accueil, désignant ses étrangers comme des « extra-communautaires » et des « vucumpra » – c’est-à-dire la formule « vuoi comprare? » (« tu veux acheter ? »), mal prononcée par les vendeurs à la sauvette étrangers. Ces termes sont devenus aujourd’hui imprononçables.Lire aussi :Migrants : le silence gêné des politiquesFrédéric Lemaître (à Berlin)journalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteEric Albert (à Londres)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSalvatore Aloïse (à Rome)Journaliste au Monde 06.08.2015 à 10h40 • Mis à jour le06.08.2015 à 10h55 Si le dossier de la vente des Mistral à la Russie est « clos » pour le gouvernement, il continue d’intéresser au plus haut point au sein de la droite. Jeudi 6 août, plusieurs hommes et femmes politiques ont dénoncé l’attitude de l’Elysée après son annonce, la veille au soir, d’un accord de non-livraison des deux navires de guerre à Moscou, et d’un remboursement dont la somme fait encore débat.Le député des Français de l’étranger, Thierry Mariani (Les Républicains), a lancé la première charge.#Mistral. Hollande a cédé et la France obéi aux USA et à l'Europe. Jour de deuil pour ce qu'il reste de notre indépendance nationale...— ThierryMARIANI (@Thierry MARIANI ن)require(["twitter/widgets"]);« Livrer les Mistral n’aurait eu aucun impact sur la crise ukranienne alors que les combats se passent au sol », a-t-il argué sur RMC et BFMTV. Le parlementaire, qui s’est récemment rendu en Crimée contre l’avis du Quai d’Orsay pour combattre la « désinformation des médias européens sur cette affaire », a brandi l’argument économique : pour le pays – « les marchés que l’on perd, d’autres les prennent » –, et pour les ménages – « le contribuable devra payer environ 1,5 milliard d’euros suite à l’annulation de la vente ».« Suivisme »Même indignation chez Eric Ciotti (Les Républicains). Invité de Sud Radio, le député des Alpes-Maritimes a qualifié la décision du gouvernement de « faute absolue », estimant que le président s’était plié aux souhaits des Etats-Unis. Sur Facebook, l’eurodéputée Nadine Morano (Les Républicains) dénonce aussi le « suivisme » de Paris. « La France a renié sa signature commerciale qui ne vaut plus grand-chose sur la scène internationale. »Dans un communiqué, la présidente du Front national, Marine Le Pen, estime que la décision de l’exécutif décrédibilise « gravement » le pays. Et la responsable d’extrême droite d’ajouter :« Comment ne pas s’étonner de l’ardeur mise par François Hollande à annuler ce contrat au nom de principes moraux, qui soudainement s’évaporent lorsqu’il s’agit de conclure des contrats d’armement avec des pays tels que l’Arabie saoudite ou le Qatar, deux dictatures islamistes appliquant la sharia (sic). »Lire aussi :210 jours avec le Mistral, le récit d’un marin russe dépité Benoît Vitkine Le feuilleton de la vente avortée par la France de deux navires Mistral à la Russie touche à sa fin. L’épilogue de cette affaire qui a empoisonné pendant de longs mois les relations entre Paris et Moscou est intervenu mercredi 5 août.Dans la soirée, un communiqué de la présidence française indique que « la France et la Russie sont parvenues à un accord pour mettre un terme au contrat signé en 2011 qui prévoyait la livraison de deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral ». Peu après, la partie russe confirme, dans un communiqué distinct, que « Moscou considère l’affaire des Mistral comme complètement réglée ».Le calendrier s’est donc accéléré, puisque le premier ministre, Manuel Valls, assurait il y a quelques jours encore que « des décisions importantes seraient prises à la fin de l’été ». Les présidents français et russe ont apparemment finalisé les derniers détails de l’accord lors d’une conversation téléphonique, mercredi après-midi.Pour comprendre le contexte :Mistral : entre la France et la Russie, les navires de la discordeAucun chiffre officielLe communiqué de l’Elysée – tout comme celui du Kremlin – ne mentionne aucun chiffre, mais il précise que « la Fédération de Russie est exclusivement et intégralement remboursée des sommes avancées » au titre de ce contrat estimé à quelque 1,2 milliard d’euros.Depuis novembre 2014 et la décision de Paris de reporter « jusqu’à nouvel ordre » la livraison du premier des deux navires, le Vladivostok, décision motivée par l’annexion russe de la Crimée puis le rôle joué par Moscou dans la guerre dans l’est de l’Ukraine, les discussions entre les deux parties achoppaient principalement sur le montant du remboursement. Les autorités russes jugeaient insuffisante la proposition française de rembourser 785 millions d’euros d’avances déjà perçues et chiffraient le préjudice subi à près de 1,163 milliard d’euros.Pour expliquer cette différence, Moscou mettait en avant les sommes dépensées pour la formation des 400 marins qui devaient constituer l’équipage des Mistral, la construction d’infrastructures spéciales à Vladivostok, où devait être basé le premier Mistral, et la fabrication de quatre hélicoptères de combat. Or, le communiqué français précise bien que le remboursement concerne « exclusivement » « les sommes avancées au titre du contrat » et que « les équipements russes qui ont été installés sur les bâtiments seront restitués », une formulation qui laisse penser que les arguments français l’ont emporté, d’autant que l’agence de presse russe Tass indiquait dès mardi que des experts allaient être envoyés en France en septembre pour démanteler et récupérer les équipements de communication à bord des deux navires.Jeudi matin, le quotidien russe Kommersant assurait pourtant, en citant des sources au sein du lobby militaro-industriel russe, que le montant du remboursement s’élevait à « plus de 1,1 milliard d’euros ». Selon le journal, l’argent a d’ores et déjà été transféré, en secret, sur le compte d’une banque russe, pour éviter qu’il ne soit gelé par la justice dans le cadre de l’affaire Ioukos, qui a vu la Russie condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme à rembourser 50 milliards de dollars aux anciens actionnaires du groupe pétrolier.« Le montant exact sera communiqué au Parlement parce qu’il y aura une loi de ratification et le Parlement va être saisi très rapidement et du montant et du dispositif », a réagi sur RTL, jeudi, le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, précisant seulement que la somme était inférieure à 1,2 milliard.Lire les réactions :Pour la droite, la non-livraison des Mistral à la Russie est une « faute absolue »« Un certain nombre de pays ont fait connaître leur intérêt »Dernier point de l’accord rendu public par les deux parties, « la France aura la pleine propriété et la libre disposition des deux bâtiments ». Cela signifie que Paris a désormais la possibilité de revendre ces navires de haute technologie à qui elle le souhaite, même si les pistes paraissent encore minces. La partie n’était pas gagnée, Moscou mettant en avant lors des négociations la clause de « non-réexportation » contenue dans le contrat.« Un certain nombre de pays, ils sont nombreux, ont fait connaître leur intérêt pour ces bateaux », a assuré M. Le Drian.« Il est souhaitable de le faire le plus rapidement possible. On ne pouvait pas le faire tant que le contentieux n’était pas réglé avec la Russie. »La fin de ce feuilleton constitue une bonne nouvelle pour la présidence Hollande. L’affaire n’a pas empêché la diplomatie française de jouer les premiers rôles dans le conflit ukrainien, mais elle n’a jamais cessé de compliquer ses relations avec la Russie et d’irriter certains de ses partenaires européens.La livraison à Moscou de ces navires de guerre polyvalents pouvant transporter des hélicoptères, des chars et accueillir un état-major embarqué ou un hôpital n’a jamais été de soi à Paris. Dès le début des discussions, en 2009, soit un an après la guerre de 2008 entre la Russie et la Géorgie, une partie de l’état-major français s’est fermement opposée à une telle vente.Au nom des bonnes relations entre la France et la Russie, mais aussi en soutien aux chantiers navals de Saint-Nazaire, la ligne défendue par le premier ministre, François Fillon, et le ministre de la défense, Hervé Morin, allait finalement l’emporter, sur un ultime arbitrage du président de l’époque, Nicolas Sarkozy.Lire aussi :210 jours avec le Mistral, le récit d’un marin russe dépitéBenoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.08.2015 à 20h25 • Mis à jour le06.08.2015 à 06h53 Le feuilleton de la vente de deux navires de guerre Mistral qui empoisonne depuis plusieurs mois les relations entre la France et la Russie semble enfin connaître son épilogue. Le président François Hollande et son homologue russe Vladimir Poutine sont en effet parvenus à un accord sur la non-livraison des navires Mistral.L’Elysée a ainsi annoncé, mercredi 5 août en début de soirée, que la France aura « la pleine propriété et la libre disposition » des deux bâtiments, actuellement stationnés dans le port français de Saint-Nazaire. Pour sa part, la Russie sera « exclusivement et intégralement remboursée des sommes avancées au titre du contrat », dont le montant total atteignait les 1,2 milliard d’euros.Les équipements russes qui ont été installés sur les bâtiments seront notamment restitués. La Russie a fait savoir que les 800 millions d’euros d’avances qu’elle avait versés avait déjà été remboursés par la France.En guise de réconciliation entre les deux pays, François Hollande et Vladimir Poutine « se sont félicités du climat de partenariat amical et ouvert qui a marqué les négociations » et « se sont accordés sur le fait que, désormais, ce dossier était clos », conclut le communiqué de l'Elysée. Le Kremlin a dit considérer l’affaire des Mistral comme « totalement réglée ». Aucun des deux communiqués n’a fait état d’éventuels dédommagements.Lire aussi :Mistral : entre la France et la Russie, les navires de la discordeLa fin d’un conflit de huit moisCet accord clôt huit mois d’intenses négociations entre Paris et Moscou, qui avaient placé la présidence française dans une situation inconfortable, tiraillée entre les intérêts économiques en jeu et sa volonté de pousser la Russie à infléchir sa position dans la crise ukrainienne.La France avait suspendu en novembre 2014, et ce pour une durée indéterminée, la livraison de deux navires construits à Saint-Nazaire. Les Occidentaux accusaient alors la Russie de soutenir les rebelles armés prorusses qui tiennent une partie de l’est de l’Ukraine, la soupçonnant même d’avoir engagé des éléments armés sur le terrain, ce que Moscou continue de démentir malgré la publication de nombreux éléments étayant ces soupçons.Construits au chantier STX, ces navires de guerre polyvalents peuvent transporter des hélicoptères, des chars ou des chalands de débarquement et accueillir un état-major embarqué ou un hôpital. Le constructeur des Mistral, DCNS, filiale à 35 % de l’équipementier Thales, avait estimé en juillet à au moins un million d’euros par mois le coup d’entretien des deux porte-hélicoptères, dans l’attente d’une décision de la France et de la Russie.L’adaptation des Mistral pour un client de remplacement coûterait de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de millions d’euros selon ses besoins, avait déclaré le PDG de DCNS, Hervé Guillou. Le Canada et Singapour, tout comme l’Egypte, qui vient d’acquérir une frégate multimissions Fremm et quatre corvettes Gowind, sont cités comme clients potentiels, mais DCNS s’est refusé à tout commentaire sur ce point.Lire aussi :210 jours avec le Mistral, le récit d’un marin russe dépité Martin Untersinger Le site Netzpolitik est, depuis plusieurs jours, au cœur d’un scandale retentissant en Allemagne. En cause, une enquête pour « trahison » ouverte à la suite de deux de ses articles, publiés en février et en avril.1. Netzpolitik, c’est quoi ?Netzpolitik est un site d’information fondé en Allemagne par Markus Beckedahl et qui va fêter son onzième anniversaire à l’automne. Comme son nom l’indique, il s’intéresse aux questions de politique numérique, notamment « la protection des données, les cultures numériques, la neutralité du Net, les questions de copyright et la surveillance ».Ses journalistes, qui se présentent comme engagés, veulent promouvoir les « libertés numériques et leur implémentation politique ». Actuellement animé par quatre personnes, Netzpolitik compte aussi de nombreux collaborateurs indépendants.Ce site dont l’audience reste relativement modeste – il revendique environ 40 000 visiteurs par jour – peut cependant, dans un pays où la question des libertés numériques a le vent en poupe, se targuer d’une très solide réputation.Dès 2005, il a été récompensé par Reporters sans frontières pour sa défense de la liberté d’expression sur Internet. Très bien informés, notamment sur les questions de surveillance, ses animateurs sont même devenus le véritable poil à gratter du gouvernement allemand : la chancellerie s’était même plainte de leur travail auprès des députés formant la commission d’enquête sur les activités de la NSA dans le pays. « Nous avons une place centrale dans les débats sur la politique numérique », se réjouissait d’ailleurs, sans fausse modestie, l’un des journalistes actuellement poursuivis, Andre Meister, dans une vidéo récente.Netzpolitik fait figure de précurseur, à l’échelle allemande comme européenne sur les questions numériques. « Lorsque nous nous sommes lancés, nous étions contents si, une fois par mois, Internet était abordé dans l’agenda politique. Aujourd’hui, on a davantage peur au début de chaque semaine en regardant le nombre de fois où la politique numérique va être abordée », s’amusait il y a peu son fondateur, M. Beckedahl.2. Que racontent les articles pour lesquels le site est poursuivi ?Deux articles ont fortement déplu au Bundesamt für Verfassungsschutz (BfV, Office fédéral de protection de la Constitution), le service de renseignement intérieur allemand. Ces articles racontaient comment ce service prévoyait davantage de moyens, notamment pour mettre en place une cellule de surveillance des réseaux sociaux pour lutter contre le terrorisme.Dans un premier article, publié le 25 février, le site a d’abord révélé des extraits détaillés du projet de budget du BfV. Les détails des comptes de ce service de renseignement sont, comme dans la plupart des pays, secrets. On connaît la totalité de l’enveloppe consacrée au fonctionnement des services, pas leur répartition exacte.Sur la base d’un document, Netzpolitik raconte donc que le BfV va se doter de moyens informatiques pour « analyser massivement des données Internet », notamment sur les réseaux sociaux, grâce à une enveloppe de 2,75 millions d’euros. Le but est de pouvoir « déterminer des relations, jusqu’ici invisibles, entre des individus ou des groupes sur Internet », une tâche « impossible à réaliser manuellement ».Dans un second article, mis en ligne le 15 avril, le site apporte davantage de précisons sur les projets des services allemands grâce à de nouveaux documents qu’ils s’est procuré. Le BfV va compter dans ses rangs une unité appelée Erweiterte Fachunterstützung Internet (EFI, support internet étendu spécialisé), composée de 75 agents. Ils se concentreront notamment sur les conversations en ligne et sur les données présentes sur Facebook.Netzpolitik rappelle alors que cette volonté de traiter des données de manière massive semble contrevenir à la législation allemande qui encadre les activités du BfV, puisque ce dernier ne doit enquêter que de manière ciblée.Le site évoque également le programme Perseus, un outil utilisé par les services pour traiter les données brutes récoltées, notamment les métadonnées. Enfin, il évoque la volonté du BfV de se doter de capacité « de collecte d’information clandestine », c’est-à-dire pour aller au-delà des informations publiquement disponibles.Comme le rappelle Netzpolitik dans ses deux articles, ces informations avaient déjà fuité dans de nombreux journaux allemands. Mais le site spécialisé apporte des précisions et des détails inédits. Ce qui n’a pas plu au BfV.3. Où en est-on de la procédure ?Après les deux articles de Netzpolitik, le BfV a porté plainte. Ce sont ensuite les services du procureur fédéral, Harald Range, qui ont mené l’enquête. Dans leur viseur, deux journalistes de Netzpolitik – l’auteur des articles, Andre Meister, et le responsable du site Markus Beckedahl – ainsi qu’une personne « inconnue », leur source. L’affaire est rendue publique le 30 juillet, lorsque les deux journalistes reçoivent un courrier des services du procureur les informant qu’ils sont accusés de trahison. Un chef d’accusation qui n’a pas été utilisé depuis 1962.Le procureur a ensuite ordonné une expertise juridique afin de savoir si les informations rendues publiques par Netzpolitik relevaient du secret d’Etat, et en attendant les résultats, a suspendu l’enquête. Les conclusions de l’expertise ont été connues lundi 3 août : oui, les journalistes ont publié des informations secrètes. Le gouvernement, qui avait déjà publiquement pris ses distances avec le procureur, aurait ensuite, selon ce dernier, fait pression pour que les conclusions de l’expertise soient ignorées. Harald Range a ensuite, fait très inhabituel, dénoncé les pressions exercées par le gouvernement. En réponse, le ministre de la justice Heiko Maas a mis le procureur à la retraite d’office. Il sera remplacé par l’actuel procureur fédéral de Munich Peter Frank.Lire aussi :En Allemagne, le ministre de la justice limoge le procureur généralAujourd’hui, l’enquête est toujours ouverte et la plainte déposée par le service de renseignement allemande n’a pas été retirée.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.08.2015 à 10h56 • Mis à jour le05.08.2015 à 16h15 | Jean-Baptiste de Montvalon Géographe, ancien ambassadeur, Michel Foucher est titulaire de la chaire de géopolitique appliquée au Collège d’études mondiales. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels L’Obsession des frontières (éd. Tempus Perrin, 2012).Face à la crise des migrants à Calais, un député du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) a suggéré que l’Angleterre reprenne la ville, tandis que des élus français ont souhaité que les contrôles à l’entrée du Royaume-Uni soient déplacés à Douvres… Que vous inspire cette « bataille » autour d’une frontière intra-européenne ?Si une « bataille » s’annonçait, les « bourgeois de Calais » sauraient cette fois résister à un siège… Nos capacités stratégiques ont progressé depuis la guerre de Cent Ans ! Que ce scénario de reconquête soit énoncé par un député eurosceptique est amusant et a le mérite, si l’on peut dire, d’exhumer une vieille carte mentale : la Manche fut, jusqu’au XIXe siècle, une mer pour deux royaumes, donc une aire d’affrontement. Devenue mer intérieure européenne, c’est la seule dotée d’un double toponyme sur les cartes officielles : Manche et English Channel. Dans la tradition militaire anglaise, la mer sépare et fait frontière ; en France, c’est la côte fortifiée.Lire le reportage :« J’essaie tous les jours de passer en Angleterre »Où est la frontière franco-britannique ? Elle se situe là où s’effectuent les contrôles de douane et de police : à la gare du Nord et à Saint-Pancras, à Roissy et Heathrow, à Douvres, Calais, comme dans une douzaine d’autres ports. La frontière juridique est maritime, à mi-distance des côtes des Etats riverains, et terrestre, au milieu du tunnel sous la Manche selon le traité signé à la cathédrale de Canterbury en février 1986, en présence de la reine Elisabeth et du président Mitterrand. Ces limites fixent l’aire d’extension de la convention de Schengen, que Londres a refusée tout en ouvrant ses portes aux migrants des Etats ayant adhéré à l’Union européenne en 2004, surtout Polonais et Baltes.Que recouvre sur notre continent la notion de frontière ?Les limites de la souveraineté et de l’identité nationales demeurent. En passant de Strasbourg à Kehl, en Allemagne, sur le pont de l’Europe, l’absence de contrôle douanier n’efface en rien les traits propres aux deux nations. L’espace de l’Europe instituée est plus fluide. La liberté de circulation est saluée par les opinions européennes, quand elle s’applique à elles-mêmes.Mais la mise en commun d’attributs de souveraineté suppose de bâtir à chaque instant des accords collectifs, comme on l’a vu lors de la crise grecque. L’Etat-nation, doté de son enveloppe frontalière – limite, pas barrière – est le noyau de base mais, dans le monde tel qu’il a l’inconvénient d’être, il doit se développer de concert avec les autres pour peser.Le coût humain et financier des migrations va-t-il engendrer un renforcement des frontières ou les remettre en cause ?Le calcul du coût suppose une typologie fine, selon les trajectoires migratoires. De qui parle-t-on ? Des Français de Londres ? Des Kurdes de Berlin ? Des Maliens d’Ile-de-France ? Des Syriens de Stockholm ? Les études sérieuses montrent que les bénéfices, individuels et collectifs, sont nettement supérieurs aux coûts : travail fourni, compétences importées et acquises, envoi de salaires aux familles des lieux d’origine. A l’âge global, chacun, dans l’ancien tiers-monde comme en Moldavie, sait qu’ailleurs l’herbe est plus verte. Les migrations sont irrépressibles. La prospérité et la sécurité de l’Europe la rendent attractive. Il faut renforcer la concertation dans la gestion des régimes frontaliers, au-delà des circonstances exceptionnelles.Après les drames autour des Canaries, Madrid a réalisé qu’il était aussi important d’aider la Mauritanie ou le Sénégal que les pays andins hispanophones. L’accès légal à l’espace européen pour étudier ou exercer une activité suppose une démarche cogérée avec les pays de départ. La convention de Schengen n’avait qu’un objectif interne, de libre circulation réservée aux ressortissants des pays signataires. Les crises et drames actuels posent la question d’une action à l’extérieur de l’Union européenne : aide ciblée au développement, programmes cogérés de migration circulaire et surtout de mobilité dans les zones d’interaction migratoire et, parfois, interventions dans les zones de crise.Lire le compte-rendu :Plus de 2 000 hommes, femmes et enfants sont morts « aux portes de l’Europe » en 2015Des chercheurs étudient les conséquences d’une éventuelle ouverture de toutes les frontières. Que vous inspire cette piste de travail ? L’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme affirme en effet le droit à quitter son pays. Cette liberté n’est pas encore acquise partout. Mais le droit d’émigrer ne trouve pas son corollaire dans celui d’immigrer. La disparité dans le régime des visas est grande : il est plus facile à un Danois d’aller en Indonésie que l’inverse. Les visas pour entrer dans l’espace Schengen sont exigés dans 134 Etats. Il n’est pas certain que l’asymétrie de traitement soit durable, au nom de l’égalité des droits des Etats. Le Sénégal a rétabli les visas pour les Français, et se rendre en Algérie n’est pas simple – message de réciprocité, en quelque sorte. Toutes les pistes méritent d’être expérimentées, d’abord celles traitant de la mobilité, depuis et vers l’Europe instituée.Lire sur Les Décodeurs :Comment fonctionne la politique migratoire entre le Royaume-Uni et la France ?Quel jugement portez-vous sur la façon dont les politiques français abordent cette question des frontières et des migrations ?La frontière civilisée est une interface et une ressource. Sa fonction de barrière ne s’impose qu’en cas de menace directe sur notre sécurité. Un changement de discours politique sur ces questions serait salutaire, avec la reconnaissance publique de la réalité durable des mobilités et la nécessaire construction de dispositifs les encadrant : visas de travail de longue durée, cogestion des mobilités entre pays de départ et pays d’arrivée, mise en place de règles pour détruire le régime illégal des passeurs…Ce qui est en jeu est également notre choix d’un rapport au monde. L’image positive du Royaume-Uni, projetée au loin par le message des Jeux olympiques de Londres, en 2012, cette image d’un pays moderne et multiculturel, ouvert et globalisé, nourrit une attraction irrésistible, même au fin fond du Soudan. D’où l’afflux vers Calais. Les Français – opinion et dirigeants –, qui candidatent pour des JO en 2024 et une Exposition universelle en 2025, seraient bien inspirés d’y réfléchir et d’assumer enfin toutes les composantes d’une politique d’ouverture, dans un monde de communication instantanée, loin d’un illusoire repli sur soi.Jean-Baptiste de MontvalonJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Eric Albert (Londres, correspondance) Comme dans un cauchemar, les affaires de pédophilie n’en finissent pas de s’accumuler au Royaume-Uni, plus sordides les unes que les autres. La dernière accusation en date concerne l’ancien premier ministre Edward Heath. Au pouvoir entre 1970 et 1974, mort en 2005, l’ancien dirigeant conservateur est sous le coup de cinq enquêtes différentes. Les polices de Londres, du Wiltshire, du Kent, de l’Hampshire et de l’île Anglo-Normande de Jersey mènent chacune des investigations pour établir les faits.L’affaire est devenue publique lundi 3 août quand la police des polices (Independent Police Complaints Commission, IPCC) a annoncé avoir ouvert une enquête sur la gestion des investigations par la police du Wiltshire. Il s’agissait de comprendre pourquoi celle-ci avait classé sans suite une plainte déposée dans les années 1990 contre M. Heath. C’est un ancien policier à la retraite, qui n’avait jamais accepté le traitement de ce dossier, qui a décidé de ressortir l’affaire, en allant témoigner auprès de l’IPCC.Mardi, les médias britanniques ont affirmé que plusieurs forces de police avaient déjà ouvert ces derniers mois une enquête sur l’ancien premier ministre, à chaque fois pour des accusations de pédophilie.L’affaire semble sérieuse. Au cœur du scandale se trouve la tenancière d’une maison de passe du Wiltshire. Selon plusieurs médias britanniques, Myra Ling-Ling Forde, d’origine philippine, dirigeait au début des années 1990 l’Oriental Massage Parlour, à Salisbury, où habitait M. Heath. L’établissement exploitait comme prostituées de nombreuses jeunes filles mineures.« Politiciens et stars »Quand la tenancière a fait l’objet d’une première enquête, elle a nommé l’ancien premier ministre comme l’un de ses clients. Plusieurs officiers haut gradés seraient alors intervenus pour faire classer l’affaire. Néanmoins, en 1995, Mme Ling-Ling Forde a finalement été condamnée pour proxénétisme, sans que le nom de M. Heath n’apparaisse. Pendant le procès, le cas d’une jeune fille de 13 ans, qui allait directement de l’école à la maison de passe, a été cité. Une autre adolescente de 15 ans apparaissait également dans le dossier.En 2009, Mme Ling-Ling Forde a été une nouvelle fois condamnée pour proxénétisme. Interrogée par le Daily Telegraph, sa sœur, Mia Pablico, affirme que l’établissement du Wiltshire était fréquenté par du beau monde : « Je sais ce qu’elle a fait à Salisbury. Elle connaissait plein de politiciens et de stars à cause de cela. »Par ailleurs, M. Heath est accusé d’avoir violé un jeune garçon de 12 ans en 1961, selon une information du Daily Mirror. D’après la victime, celui qui était alors simple député l’aurait pris en auto-stop et emmené dans son appartement du centre de Londres. A l’époque, l’adolescent est allé se plaindre, mais la police l’aurait traité d’affabulateur. Et ce n’est que quatre ans plus tard qu’il aurait découvert l’identité de M. Heath, en le voyant sur des affiches électorales.L’ancien premier ministre, qui reste comme l’homme politique qui a fait entrer le Royaume-Uni dans la Communauté économique européenne en 1973, était un homme très discret. Jamais marié, son inclination sexuelle a souvent fait l’objet de spéculations, mais généralement pour laisser entendre qu’il était homosexuel, à une époque où cela était encore tabou.Les accusations contre M. Heath éclatent au grand jour dans un contexte de grand ménage sur les affaires de pédophilie. Le Royaume-Uni a été traumatisé en 2012 par la découverte que l’une de ses stars préférées du petit écran, Jimmy Savile, avait été un pédophile multirécidiviste. L’ampleur du scandale, dévoilé peu après sa mort, a sidéré le pays et semble avoir libéré la parole. Face aux nombreuses plaintes pour des affaires vieilles de plusieurs décennies, la police a lancé une vaste enquête pour faire toute la lumière sur ces dossiers d’abus sexuels historiques, l’opération « Hydrant ».« Tact et respect »Elle est d’une ampleur colossale. En mai, la police révélait que plus de 1 400 suspects faisaient l’objet d’une enquête. Parmi eux se trouvent 261 personnes « au profil public », y compris 76 responsables politiques. Et le nombre de plaintes ne cesse d’augmenter, avec une hausse de 165 % en trois ans pour les cas de pédophilie dans des affaires anciennes. « De nombreuses victimes ont désormais trouvé l’assurance nécessaire pour témoigner de ces abus, sachant que nous les traiterons avec tact et respect, et que nous les prendrons au sérieux », estimait, en mai, Simon Bailey, le policier qui supervise « Hydrant ».Parmi les nombreuses enquêtes menées en parallèle par la police, on trouve également l’opération « Midland ». Celle-ci se concentre sur un réseau pédophile, qui regroupait des députés, des ministres, des avocats, des juges, des militaires, des membres des services secrets… Les faits restent nébuleux, mais les accusations sont d’une extrême gravité : ces hommes auraient violé et agressé des jeunes garçons dans les années 1970 et 1980.Face à l’ampleur du scandale, il semble extraordinaire que ces faits n’aient pas été connus plus tôt. Il avait fallu attendre que le député Tom Watson ose, en octobre 2012, publiquement les évoquer à la Chambre des communes. Les témoignages se sont multipliés. Au moins trois maisons où se déroulaient les viols en groupe ont été identifiées : une guesthouse dans le sud de Londres, un centre pour orphelins, et Dolphin Square, des appartements de luxe près de Westminster, que louaient nombre de députés.Les enquêtes de police continuent. Mais face à la gravité des faits, sous pression des anciennes victimes, la ministre de l’intérieur Theresa May a parallèlement ouvert une enquête publique. Objectif : comprendre comment ces différentes affaires ont ainsi pu être étouffées durant toutes ces années.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Matthieu Goar Au cœur de la trêve estivale, la crise des migrants à Calais et à Paris a offert une fenêtre de tir à la droite pour critiquer l’exécutif. En première ligne, le député de l’Aisne du parti Les Républicains (LR), Xavier Bertrand, a d’abord proposé dans le JDD de « laisser partir les migrants » en Angleterre avant de mettre la pression sur la majorité socialiste. « Je demande à Bernard Cazeneuve et Manuel Valls d’être plus fermes, plus offensifs à l’égard du gouvernement anglais », a-t-il répété, mardi 4 août sur RTL, en agitant la peur de voir des « barbelés tout le long du littoral. » « Pas question de laisser dénaturer la Côte d’Opale pour faire plaisir aux Anglais. » A Paris, l’occupation d’un lycée professionnel désaffecté du 19e arrondissement a entraîné une salve de communiqués. Claude Goasguen, député de Paris, a dénoncé un « précédent qui constitue un attrait toujours plus important des migrants », et Nadine Morano, députée européenne, a pris la même ligne, évoquant un « appel d’air considérable à l’immigration illégale », tout en dénonçant dans le même texte la saleté des rues de Paris « envahies de SDF, de matelas sur les trottoirs. Une honte pour l’image de la France ».Lire sur Les Décodeurs :Comment fonctionne la politique migratoire entre le Royaume-Uni et la France ?Un bilan comparableDepuis des semaines, la droite affiche sa fermeté en réclamant une stricte application de la loi, notamment en matière de reconduite à la frontière des demandeurs d’asile déboutés. Mardi, Eric Ciotti, secrétaire général adjoint de LR, a ainsi enjoint au gouvernement de mettre en place « une politique responsable, cohérente et lucide, se traduisant par une application ferme et résolue de la politique de reconduite des étrangers en situation irrégulière ». « A Calais comme à Paris, nous sommes en train de créer des abcès de fixation qui profitent aux passeurs et nuisent aux vrais demandeurs d’asile à la dérive », explique au Monde Roger Karoutchi, rapporteur spécial de la mission « Immigration, asile et intégration » au Sénat : « Il faut reconduire à la frontière ceux qui n’ont pas de raison de demander l’asile, sinon à quoi cela sert que nous votions des lois ? »Le Front national s’est engouffré dans la brèche mercredi et a accusé Nicolas Sarkozy de porter une « responsabilité historique » dans « l’aggravation des flux d’immigration clandestine dans notre pays ». « C’est lui qui a déstabilisé la Libye avec le soutien de François Hollande », a lancé sur RTL la présidente du parti, Marine Le Pen, assénant : « La classe politique française passe sa vie à essayer d’aller chercher des responsabilités ailleurs, alors que c’est eux les responsables de la situation. »Si la droite accuse la gauche de laxisme, les deux camps ont pourtant un bilan comparable en matière de reconduites à la frontière. En 2014, le ministère de l’intérieur a ainsi procédé à 27 606 « éloignements » d’immigrés illégaux (27 081 en 2013). Cette baisse par rapport au pic de 2012 (36 822 expulsions) est à relativiser, puisque le nombre d’expulsions en 2014 correspond environ à celui de 2010, à l’époque de la présidence de Nicolas Sarkozy (28 126). Mais la droite estime que la pression migratoire a augmenté et que la gauche n’est pas assez montée en puissance. Le nombre de demandes d’asile progresse en effet continuellement depuis 2007 (29 937 cette année-là contre 50 952 en 2014). « La situation migratoire de 2015 n’a rien à voir avec celle de 2003 », justifie M. Karoutchi, alors que Xavier Bertrand s’en est pris aux accords du Touquet, signés le 4 février 2003 par Nicolas Sarkozy, à l’époque ministre de l’intérieur.Lire aussi :Plus de 2 000 hommes, femmes et enfants sont morts « aux portes de l’Europe » en 2015Opposition frontaleAu niveau législatif, les parlementaires LR continuent également à s’opposer frontalement. Ils ont voté contre la réforme du droit d’asile, adoptée définitivement le 15 juillet, qui vise notamment à réduire la durée moyenne de traitement des demandes.Une semaine plus tard, les députés LR ont également voté contre le projet de loi sur le droit des étrangers, dont certains articles facilitent les reconduites à la frontière. Depuis son retour à la vie politique, Nicolas Sarkozy prône, lui, une refonte totale du droit migratoire européen avec la mise en place d’un Schengen 2, où tous les pays signataires se mettraient d’accord sur des conditions d’asile communes.Son principal rival à droite, Alain Juppé, s’y oppose en réclamant un renforcement des moyens de Frontex dans le cadre de Schengen. Divisés sur ce sujet, les dirigeants de la droite sont en tout cas d’accord sur une chose : à quelques mois des élections régionales, ils ne peuvent pas laisser le terrain de l’immigration au FN. Cela explique l’activisme de Xavier Bertrand, candidat dans la région Nord–Pas-Calais–Picardie, où il affrontera Marine Le Pen.Matthieu GoarJournaliste au Monde 04.08.2015 à 19h14 • Mis à jour le05.08.2015 à 07h30 Une affaire de moeurs, impliquant un mineur, dans les années 1990 a-t-elle réellement été étouffée au Royaume-Uni lorsque le nom d’Edward Heath est apparu ? C’est ce qu’affirme un ancien officier de police, dont les allégations ont conduit la police des polices à annoncer lundi 3 août, devant la maison même de l’ancien premier ministre conservateur (1970-1974) à Salisbury, dans le sud de l’Angleterre, l’ouverture d’une enquête.L’histoire faisait mardi la une de tous les médias britanniques qui rappelaient notamment les rumeurs qui ont poursuivi ce célibataire endurci et sans enfants pendant toute sa vie, jusqu’à sa mort à l’âge de 89 ans en 2005. Premier ministre du Royaume-Uni de 1970 à 1974, il avait contribué à faire entrer la Grande-Bretagne dans la Communauté économique européenne (CEE) en janvier 1973.Nommé dans plusieurs enquêtes« La Commission indépendante sur les plaintes à l’encontre de la police [Independent Police Complaints Commission, IPCC] va enquêter sur des allégations concernant la gestion par la police de Wiltshire d’une plainte sur des abus sexuels sur enfants déposée dans les années 1990 », a indiqué la police des polices britannique dans un communiqué. « Il est présumé que des poursuites pénales n’ont pas été menées à terme lorsqu’une personne a menacé de révéler que Sir Edward Heath pourrait avoir été impliqué dans des crimes concernant des enfants », poursuit l’IPCC, qui va également examiner si « la police de Wiltshire a ensuite pris des mesures pour enquêter sur ces allégations ». Un appel à témoins a été lancé par la police de Wiltshire pour tenter de retrouver des personnes victimes d’abus sexuels.Mardi, le Guardian a révélé qu’Edward Heath est également nommé dans une enquête de la police de l’île de Jersey sur des abus sexuels sur mineurs, l’opération « Whistle ». Son nom apparaît aussi dans l’enquête de Scotland Yard sur le meurtre de trois petits garçons par un réseau pédophile à Westminster. Selon le Mirror, un homme affirme avoir été violé par l’ancien premier ministre en 1961 alors qu’il était âgé de 12 ans.Le Royaume-Uni dans la tourmente des scandales pédophilesD’autres enquêtes sur des accusations anciennes de pédophilie sont actuellement en cours au Royaume-Uni sur la base de déclarations à la police mettant en cause quelque 260 personnalités publiques, dont 76 politiciens. L’ex-animateur vedette de la BBC Jimmy Savile a été notamment accusé d’avoir agressé sexuellement plusieurs dizaines de victimes.Ces derniers mois, l’attention s’est toutefois portée surtout sur le monde politique. En mars, la police des polices avait déjà ouvert une enquête après des plaintes accusant des policiers d’avoir couvert les agissements d’un réseau de pédophiles impliquant des responsables politiques dans les années 1970-2000. En 2014, des révélations de presse confirmées par les ministères concernés avaient eux montré que 114 dossiers relatifs à des accusations de sévices sexuels infligés à des enfants entre 1979 et 1999 avaient disparu mystérieusement.Selon le Guardian, « au moins trois députés siégeant actuellement au Parlement » ont été signalés à la police, soupçonnés d’abus sur enfants. Vendredi, une première audience est prévue devant le tribunal de Westminster à Londres dans le dossier Greville Janner, un membre de la chambre des Lord de 86 ans inculpé d’agressions sexuelles sur mineurs entre 1963 et 1988. Le mois dernier, une vaste enquête publique indépendante impliquant des responsables politiques et des institutions publiques dans les années 1980 et 1990 a été ouverte.Lire aussi :Réseaux pédophiles au Royaume-Uni : plusieurs centaines de milliers de victimes potentielles 04.08.2015 à 18h05 • Mis à jour le05.08.2015 à 06h43 | Sandrine Morel (Madrid, correspondance) L’Espagne va mieux, et le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy entend faire en sorte que cela se voie dans le budget 2016, présenté mardi 4 août au Parlement par le ministre des finances Cristobal Montoro.Véritable outil de propagande électoral, alors que des élections législatives se tiendront à l’automne, il comprend des baisses d’impôts sur le revenu et les sociétés, déjà avancées au 1er juillet dernier, et qui se reproduiront « à mesure qu’augmentera notre capacité budgétaire », a promis M. Montoro.Coup de pouce aux fonctionnairesIl prévoit, pour la première fois depuis 2009, une légère revalorisation du salaire des fonctionnaires, de 1 %. Il augmente la part des dépenses sociales de 3,8 %, afin d’améliorer les ressources des familles en difficulté, les aides des personnes dépendantes ou les bourses scolaires. La recherche civile bénéficiera de 2,2 % de plus. Les dépenses culturelles augmentent de 7,2 %. Et l’investissement public, qui avait bondi de 8,5 % en 2015, augmentera encore, mais d’à peine 1 %.Avec une croissance du PIB prévue de 3,3 % en 2015 et de 3 % en 2016, selon les chiffres du gouvernement, soutenue par une forte reprise de la demande interne, le gouvernement espagnol a vu augmenter considérablement ses recettes fiscales. Les revenus de l’impôt sur les sociétés devraient ainsi augmenter de 10 %, selon les prévisions de Madrid. De plus, grâce à la croissance de l’emploi attendue, de 3 % cette année et la suivante, les dépenses totales en indemnités de chômage devraient baisser de 3,5 milliards d’euros (- 22 %). Et les intérêts de la dette baisser de 10 % grâce à la réduction des taux, symbole du retour de la confiance des investisseurs.Discours politiqueAinsi, bien qu’il doive poursuivre la politique d’austérité afin de rabaisser le déficit public de 4,2 % cette année à 2,8 % l’an prochain, le gouvernement dispose d’une marge suffisante pour « rendre à la société espagnole l’effort qu’elle a fourni ces dernières années, » a souligné M. Montoro.Transformant le discours de présentation du budget en véritable discours politique et bilan de législature, le ministre des finances a été clair : « Ce qui nous a permis de sortir de la crise, c’est l’austérité », a déclaré M. Montoro, qui a comparé, comme le font régulièrement ses collègues de gouvernement, la situation de l’Espagne à celle de la Grèce, où « les mouvements de capitaux sont limités car ils n’ont pas mené chez eux la politique économique que nous menons en Espagne depuis 2012. »Tout n’est cependant pas rose dans le royaume. Les légères augmentations budgétaires sont très loin de rétablir le niveau de dépenses publiques antérieur à la crise. La dette s’approchera des 100 % du PIB (98,7 %) cette année avant de commencer sa possible descente. Le nombre de chômeurs de longue durée, ne percevant plus qu’une faible indemnité de 426 euros par mois, explique aussi la baisse des dépenses de chômage. La reprise de l’emploi cache une augmentation des emplois précaires.Réduire le poids de la dette« Nous avons mené une politique économique rigoureuse qui nous a permis de sortir l’Espagne de la crise (…), de nous situer à la pointe de la croissance et de la création d’emplois dans la zone euro », s’est félicité de son côté M. Montoro, qui a souligné que l’an prochain le pays affichera « pour la première fois un excédent primaire nominal qui lui permettra de réduire le poids de la dette publique », avant de promettre, pour la prochaine législature, « si le veulent les Espagnols, » de récupérer « le niveau d’emploi antérieur à la crise. »Pour que le budget 2016 soit approuvé avant la dissolution des chambres, probablement fin septembre, le gouvernement a décidé d’appuyer sur l’accélérateur et de le faire voter en première lecture aux députés, qui voient leurs vacances écourtées, fin août.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Morel (Madrid, correspondance) L’Espagne va mieux, et le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy entend faire en sorte que cela se voie dans le budget 2016, présenté mardi 4 août au Parlement par le ministre des finances Cristobal Montoro.Véritable outil de propagande électoral, alors que des élections législatives se tiendront à l’automne, il comprend des baisses d’impôts sur le revenu et les sociétés, déjà avancées au 1er juillet dernier, et qui se reproduiront « à mesure qu’augmentera notre capacité budgétaire », a promis M. Montoro.Coup de pouce aux fonctionnairesIl prévoit, pour la première fois depuis 2009, une légère revalorisation du salaire des fonctionnaires, de 1 %. Il augmente la part des dépenses sociales de 3,8 %, afin d’améliorer les ressources des familles en difficulté, les aides des personnes dépendantes ou les bourses scolaires. La recherche civile bénéficiera de 2,2 % de plus. Les dépenses culturelles augmentent de 7,2 %. Et l’investissement public, qui avait bondi de 8,5 % en 2015, augmentera encore, mais d’à peine 1 %.Avec une croissance du PIB prévue de 3,3 % en 2015 et de 3 % en 2016, selon les chiffres du gouvernement, soutenue par une forte reprise de la demande interne, le gouvernement espagnol a vu augmenter considérablement ses recettes fiscales. Les revenus de l’impôt sur les sociétés devraient ainsi augmenter de 10 %, selon les prévisions de Madrid. De plus, grâce à la croissance de l’emploi attendue, de 3 % cette année et la suivante, les dépenses totales en indemnités de chômage devraient baisser de 3,5 milliards d’euros (- 22 %). Et les intérêts de la dette baisser de 10 % grâce à la réduction des taux, symbole du retour de la confiance des investisseurs.Discours politiqueAinsi, bien qu’il doive poursuivre la politique d’austérité afin de rabaisser le déficit public de 4,2 % cette année à 2,8 % l’an prochain, le gouvernement dispose d’une marge suffisante pour « rendre à la société espagnole l’effort qu’elle a fourni ces dernières années, » a souligné M. Montoro.Transformant le discours de présentation du budget en véritable discours politique et bilan de législature, le ministre des finances a été clair : « Ce qui nous a permis de sortir de la crise, c’est l’austérité », a déclaré M. Montoro, qui a comparé, comme le font régulièrement ses collègues de gouvernement, la situation de l’Espagne à celle de la Grèce, où « les mouvements de capitaux sont limités car ils n’ont pas mené chez eux la politique économique que nous menons en Espagne depuis 2012. »Tout n’est cependant pas rose dans le royaume. Les légères augmentations budgétaires sont très loin de rétablir le niveau de dépenses publiques antérieur à la crise. La dette s’approchera des 100 % du PIB (98,7 %) cette année avant de commencer sa possible descente. Le nombre de chômeurs de longue durée, ne percevant plus qu’une faible indemnité de 426 euros par mois, explique aussi la baisse des dépenses de chômage. La reprise de l’emploi cache une augmentation des emplois précaires.Réduire le poids de la dette« Nous avons mené une politique économique rigoureuse qui nous a permis de sortir l’Espagne de la crise (…) de nous situer à la pointe de la croissance et de la création d’emplois dans la zone euro », s’est félicité de son côté M. Montoro, qui a souligné que l’an prochain le pays affichera « pour la première fois un excédent primaire nominal qui lui permettra de réduire le poids de la dette publique », avant de promettre, pour la prochaine législature, « si le veulent les Espagnols, » de récupérer « le niveau d’emploi antérieur à la crise. »Pour que le budget 2016 soit approuvé avant la dissolution des chambres, probablement fin septembre, le gouvernement a décidé d’appuyer sur l’accélérateur et de le faire voter en première lecture aux députés, qui voient leurs vacances écourtées, fin août.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.08.2015 à 10h46 • Mis à jour le04.08.2015 à 14h21 La chaîne française de grande distribution Auchan, très présente en Russie avec 88 magasins, fait face à un nouveau scandale sanitaire lié à la viande de cheval. Les autorités sanitaires russes ont annoncé, mardi 4 août, avoir identifié de la viande chevaline, mais aussi du bœuf et de la volaille, dans de la farce censée être à base de porc saisie dans les supermarchés de l’enseigne Auchan.Ces analyses, annoncées par l’agence sanitaire Rosselkhoznadzor, interviennent après une série de contrôles, menée la semaine dernière dans les supermarchés de l’enseigne à Moscou et dans la région de Toula, au sud de la capitale russe.Les autorités russes avaient déjà accusé Auchan de repousser de manière artificielle les dates de péremption et de ne pas respecter la réglementation dans le traitement des déchets alimentaires. Elles avaient alors indiqué avoir constaté que le distributeur utilisait de la volaille périmée pour des pizzas.A lire :Le mauvais cheval de la filière bovineUn scandale né en Russie en 2013En 2013, de la viande de cheval avait été découverte, alors qu’elle n’était pas mentionnée sur l’étiquette, dans des saucisses vendues en Russie par le géant suédois de l’ameublement Ikea. Cette découverte intervenait quelques semaines après l’éclatement d’un vaste scandale alimentaire en Irlande et en Grande-Bretagne, qui avait touché ensuite la plus grande partie de l’Europe mais aussi l’Asie et les Caraïbes.Des tests pratiqués par la suite dans l’Union européenne, dont les résultats ont été publiés par la Commission, ont décelé de la viande de cheval dans moins de 5 % des produits censés ne contenir que du bœuf. En avril dernier, un trafic de viande de cheval illégale a été démantelé en Europe menant à des dizaines d’arrestation en France et d’autres pays. 03.08.2015 à 12h51 • Mis à jour le03.08.2015 à 12h52 Plusieurs migrants ont trouvé la mort depuis dimanche en tentant d’entrer illégalement en Espagne. La garde civile a révélé, lundi 3 août, qu’un Marocain de 27 ans était mort asphyxié, caché dans une valise placée dans le coffre d’une voiture sur un bateau. Son frère, âgé de 34 ans, avait embarqué légalement avec un véhicule à bord du ferry qui reliait Melilla, enclave espagnole au Maroc, et Almeria, dans le sud de l’Espagne.Selon un responsable espagnol, il semble avoir tenté de faire passer clandestinement son jeune frère en Europe en le cachant à bord du véhicule. Il a été arrêté et inculpé d’homicide involontaire.En mai, un petit garçon ivoirien de huit ans avait été découvert caché dans une valise par la garde civile – une histoire qui avait ému l’Espagne et mis crûment en lumière la sévérité des règles imposées par l’administration aux migrants.Lire aussi :L’« enfant dans la valise » bouleverse l’EspagneDes bateaux à la dériveLes corps sans vie de quatre migrants qui tentaient de rejoindre l’enclave espagnole de Ceuta, au nord-est du Maroc, ont été retrouvés en mer dimanche, selon des informations d’El Pais. Trois personnes ont elles été secourues par une patrouille de la marine marocaine.Peu avant, un bateau avec onze personnes à son bord avait été signalé à la dérive dans les eaux du détroit de Gibraltar, mais les autorités n’ont pas encore réussi à déterminer si les quatre morts et les trois rescapés étaient des passagers de ce navire. La nationalité de ces migrants n’est pas non plus connue. 03.08.2015 à 04h50 • Mis à jour le04.08.2015 à 06h52 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La Bourse d’Athènes a clôturé lundi 3 août sur une chute historique, avec une baisse de 16,23 % de l’Athex, l’indice principal, qui a fini à 668,06 points. Il faut remonter à décembre 1987 pour trouver trace d’une telle baisse. A l’époque, les pertes s’étaient élevées à 15,3 % sur la séance.La Bourse d’Athènes avait rouvert ce matin après cinq longues semaines de fermeture. Dès les premières transactions, l’Athex avait perdu 22 % avant de se stabiliser autour des 16 % à la mi-journée. Les banques, qui représentent environ 20 % de l’indice boursier grec, ont particulièrement souffert : elles plongeaient en moyenne, à l’ouverture, de près de 30 %.Selon le quotidien grec Avgi, proche du gouvernement d’Alexis Tsipras, Athènes recherche environ 10 milliards d’euros ce mois-ci pour recapitaliser les établissements financiers hellènes, fragilisés par la fuite des capitaux. D’après l’association des banques grecques, près de 40 milliards d’euros auraient été retirés par les déposants depuis décembre 2014. Les opérations boursières ont repris normalement pour les investisseurs étrangers, mais elles restent plus encadrées pour les investisseurs locaux.Ces derniers ne peuvent pas financer l’achat de titres en retirant de l’argent sur leurs comptes bancaires en Grèce, car le contrôle des capitaux, instauré le 29 juin, est toujours en vigueur dans le pays. Ils peuvent en revanche se servir de comptes à l’étranger ou effectuer des transactions en liquide.La réouverture de la Bourse d’Athènes intervient sur fonds d’incertitudes multiples. La Commission européenne prévoit en effet le retour à la récession dès cette année alors que 2014 avait été marquée par une légère reprise. Par ailleurs, les rumeurs continues d’élections anticipées liées aux divisions qui agitent la majorité parlementaire, le parti de la gauche radicale Syriza, rendent les investisseurs particulièrement prudents.Lire nos explications :Grèce : à quoi sert le contrôle des capitaux ? « Notre objectif reste de pouvoir soulager les plus vulnérables »Surtout, les négociations avec les créanciers d’Athènes (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Mécanisme européen de stabilité et Commission européenne) sur un troisième plan d’aide de plus de 80 milliards d’euros pour les trois prochaines années ne sont toujours pas finalisées.Aussi bien le gouvernement grec que le quartet des représentants des créanciers, présents à Athènes depuis quelques jours, affirment que les discussions avancent « plutôt bien ». Mais plusieurs désaccords sont déjà apparus autour de la réforme du régime des retraites anticipées ou sur certaines mesures fiscales. Les créanciers exigent notamment que l’impôt sur la solidarité soit ramené de 8 % à 6 % maximum pour les revenus supérieurs à 500 000 euros. Car, selon eux, le taux actuel encouragerait l’évasion fiscale.Le gouvernement grec estime qu’il lui appartient de choisir comment répartir l’effort de l’impôt. « Notre objectif a toujours été et reste, dans le cadre qui nous est imposé, de pouvoir soulager les plus vulnérables. Et là, on voudrait de nouveau épargner les plus riches », s’indignait, vendredi, une source Syriza.La question épineuse de la création d’un nouveau fonds de privatisation devant récolter près de 50 milliards d’euros d’actifs grecs dans les trente prochaines années doit aussi être discutée dans les prochains jours. Bref, il y a encore beaucoup de points à éclaircir. Pas sûr, dans ce contexte, que le calendrier extrêmement serré qu’Athènes espère encore pouvoir suivre soit tenable. « Nous avons rempli notre part du contrat »Le 13 juillet au petit matin Alexis Tsipras acceptait lors d’un sommet exceptionnel des chefs d’Etats de la zone euro un accord-cadre qui sert aujourd’hui de feuille de route aux négociations. Le gouvernement grec espère conclure d’ici au 11 août un accord global sur la base de ce qui avait alors été évoqué afin d’obtenir dans la foulée une validation en Eurogroupe (réunion des 19 ministres des finances de l’eurozone).Ce texte devra ensuite être validé par plusieurs Parlements européens, dont le grec, avant le 18 août, et permettre de libérer une première tranche de prêts avant le 20 août, date à laquelle Athènes doit rembourser près de 3,2 milliards d’euros à la BCE. Argent qu’elle ne possède pas à ce jour.Mais les créanciers européens et le FMI semblent poser sur la table de nouvelles exigences et demanderaient notamment que soient adoptées très rapidement de nouvelles mesures en préalable à la signature de l’accord global.Afin de lancer ce cycle de négociations, Alexis Tsipras a pourtant déjà fait voter, les 15 et 22 juillet, de difficiles mesures au Parlement grec. Il ne souhaite pas aller plus loin à ce stade. « Nous nous y étions engagés lorsque nous avons accepté l’accord du 13 juillet, explique-t-on au gouvernement. Nous avons donc rempli notre part du contrat. Et maintenant on veut nous imposer de nouveaux préalables ? »Le vice-président du gouvernement, Yannis Dragasakis, a jugé dimanche 2 août qu’un « changement des procédures de négociations telles qu’elles ont été convenues lors du sommet du 13 juillet dernier pourrait ouvrir la boîte de Pandore ».Le gouvernement grec pourrait solliciter auprès de ses créanciers internationaux le versement mi-août d’une première tranche d’aide de 24 milliards d’euros pour faire face à ses besoins financiers immédiats soit 3,2 milliards d’euros pour la BCE, 10 milliards d’euros pour la recapitalisation des banques et 1,2 milliard pour le FMI en septembre.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.08.2015 à 17h00 « Arrêtons les morts du tunnel, les gens avant les bénéfices dans le tunnel ». Telles étaient les inscriptions, scandées tels des slogans, qu’on pouvait lire sur les pancartes de la vingtaine de manifestants venus défendre un traitement humain des migrants, devant l’entrée de service du terminal Eurotunnel à Folkestone, dans le sud-est de l’Angleterre, samedi 1er août.« Nous sommes ici pour dire clairement aux migrants que beaucoup de gens ici sont prêts à les accueillir et que nous n’approuvons pas la façon dont ils sont traités », a dit à l’AFP Bridget Chapman, l’organisatrice du rassemblement qui a débuté à 12 heures (heure française) et s’est achevé dans le calme à 14 heures.Une trentaine de membres issus du parti d’extrême droite la Ligue de défense anglaise (English Defense League, EDL) et du parti politique Britain First, créé en 2011 par d’anciens membres de l’EDL, sont venus pour dénoncer cette manifestation de soutien.« Envoyer l’armée pour stopper cette marée humaine » Au son de l’hymne britannique, ces derniers arboraient de larges drapeaux britanniques et des drapeaux de l’Angleterre avec une croix rouge sur fond blanc et criaient « l’Angleterre d’abord, récupérons notre pays », « A qui sont les rues, à nous ! » ou encore « Traîtres de gauchistes ». Le chef du parti Britain First, Paul Goding, a déclaré :« Nous sommes ici pour nous opposer à ces manifestants gauchistes. Le peuple britannique ne veut pas de l’immigration. Nous sommes une petite île surpeuplée. Nous n’avons déjà pas assez de place pour nos concitoyens sans compter une immigration de masse dans ce pays. »Interrogé sur ce qui pouvait être fait pour régler la situation des migrants qui se rassemblent par centaines chaque soir à Calais pour tenter de rejoindre le Royaume-Uni, il a répondu : « Nous pouvons envoyer l’armée pour stopper cette marée humaine. »Lire aussi notre reportage :« J’essaie tous les jours de passer en Angleterre »Intrusions en baisse la nuit dernièreDans la nuit de vendredi à samedi, quelque 300 tentatives d’intrusion de migrants ont été constatées par la police sur le site d’Eurotunnel près de Calais – une zone de 650 hectares –, un chiffre en forte baisse par rapport aux nuits précédentes : depuis près de deux mois, 1 500 à 2 000 tentatives d’intrusion sont constatées quotidiennement.Pour aider la France à faire face à la situation, Londres s’est dit prêt, vendredi, à envoyer des moyens supplémentaires. « Nous sommes prêts à aider davantage et à travailler main dans la main avec nos homologues français pour faire baisser la tension des deux côtés de la frontière », a déclaré le premier ministre britannique, David Cameron, en annonçant l’envoi de nouvelles clôtures et de chiens renifleurs supplémentaires.Lire aussi notre analyse (abonnés) :A Calais, la France est « le bras policier » de Londres 31.07.2015 à 15h57 Par Jean Bizet, Sénateur (LR, Basse-Normandie)Le calme revient dans les campagnes mais pour combien de temps ? Déjà, en 2009, les éleveurs déversaient du lait devant le Mont Saint-Michel. Une récurrence autant qu’un découragement. Des barrages ? Ce sont plutôt des blocages de la profession tant tout paraît noué. Ce n’est pas 4 centimes de plus par litre qui changeront les choses. Car il est certain que tout recommencera, demain, ici ou ailleurs. La faute est collective mais elle est d’abord interne, tant il y a d’arguments éculés, d’attentes vaines et de méthodes à bannir.Lire aussi :Après la crise de la viande, celle du laitQue dire du sempiternel discours sur la fin des quotas laitiers depuis avril 2015 ? En France, tout se passe comme si les éleveurs n’avaient jamais vraiment cru que cela arriverait. La faute aux distorsions de concurrence ? L’ancien Commissaire Dacian Ciolos racontait que lorsqu’il fit le tour de l’Union, chaque État lui avait fait part de récriminations contre les autres. Les Français évoquent la main-d’œuvre étrangère employée en Allemagne. Mais ils ne voient pas qu’ils ont un foncier dix fois moins onéreux qu’outre Rhin et que beaucoup ont encore recours aux services quasi gratuits de leurs vieux parents. Même si cela ne durera qu’un temps.L’augmentation du prix, une désillusionLes éleveurs français réclament une régulation de substitution. Tel fut l’objet des règlements européens du paquet lait de 2012, pris à l’initiative de la France, qui prévoyaient des contrats de livraison négociés par des organisations professionnelles, les OP. Mais les syndicats rechignent à leur confier le soin de signer des contrats. Les éleveurs attendent plutôt la hausse du prix d’intervention, afin de permettre à la Commission de racheter du beurre et de la poudre de lait à des prix moins humiliants que les 22 centimes le litre d’aujourd’hui. C’est l’ordre du jour du Conseil agricole du 7 septembre. Mais on peut craindre que, même s’il augmente, le prix d’intervention ne couvrira jamais les coûts. Autant de désillusion en perspectives.Lire aussi :Au revoir les quotas laitiers, bienvenue aux lois du marchéAujourd’hui, les éleveurs font la chasse aux importations alimentaires. Il y a vingt ans, les agriculteurs avaient arrêté les camions de fraises espagnoles. Dans un arrêt de 1997, la Cour de Justice avait condamné la France - pas les paysans, non, l’État pour entrave à la libre circulation et manquement aux obligations des traités. Passons sur la question juridique, mais un peu de bon sens : alors que la France est parvenue à réunir un Conseil agricole début septembre, les éleveurs commencent à arrêter les camions des autres États. Comment les indisposer davantage ?Les éleveurs font face à des partenaires engagés, au premier rang desquels figurent les acheteurs, les industriels et la distribution. Les prix des produits laitiers sont un jeu à trois. Mais tout se fait par paire, en face à face, et à aucun moment les trois ne sont présents en même temps. C’est très bien d’avoir pu arracher un accord avec la grande distribution sur 34 centimes le litre, mais cela ne concerne que les marques de distributeurs, et, sitôt l’accord signé, les industriels ont indiqué qu’ils ne pouvaient rien garantir. Dès lors que 60 % de leurs ventes sont à l’export, ils ne peuvent s’engager sur un prix du lait supérieur à celui des concurrents. Les industriels ont été absents dans cette phase du conflit. N’ont-ils rien à proposer ? Mettre les coûts de production dans les formules de prix dans les prochains contrats de livraison par exemple. Voilà qui aurait été une belle annonce. Qu’ont-ils à cacher ? Se désintéressent-ils à ce point du marché français pour disparaître ? Ce fut une erreur.Repenser la PACDeuxième partenaire : les médias, aussi volatiles que le prix du lait. Les médias, d’ordinaire si prompts à dénoncer les agriculteurs pollueurs et les conditions d’élevage, ont tu leurs critiques et n’ont pas ressorti leur ritournelle sur les vertus des circuits courts et du bio, qui sont de vraies pistes individuelles mais une fausse solution collective.L’Union européenne a fait le choix du libre marché et de la compétitivité. Soit. Il faut repenser la Politique agricole commune (PAC), cesser les aides aux revenus, injustifiées lorsque les prix sont élevés, réfléchir à un système assurantiel, remettre de la solidarité au cœur de la PAC, réinventer l’intervention non plus pour stocker en attendant des jours meilleurs mais pour assurer une redistribution alimentaire lorsque les besoins se font sentir, comme c’est le cas en ce moment.Lire aussi :Prix du lait : en Allemagne, « nous avons les mêmes difficultés que les agriculteurs français »Enfin, l’Etat. 24 mesures d’urgence, avec l’étalement des dettes, l’allégement des charges, la fiscalité, un logo promotionnel, etc. Alors, pourquoi cette déception ? Parce que l’État ne fait que présenter un catalogue alors que les éleveurs attendent une stratégie. Avec la fin des quotas, le paysage laitier européen va changer. Il y a des pays à potentiel et à ambition (Allemagne, Pays Bas, Irlande) et des pays qui n’avaient gardé une capacité laitière que grâce aux quotas nationaux. La France est, sur ce plan, l’Europe en plus petit. Il y a des ambiances laitières différentes, des régions en dynamiques laitières et d’autres en déprise. Que fait-on maintenant ? Il y a des choix industriels et des choix politiques à faire. La question des grandes fermes se pose. Elles permettent de maintenir une masse critique de collecte et peut-être utile aux régions qui risquent de perdre leur production laitière. Sur un plan politique, ou l’État joue la compétitivité de la filière en acceptant des concentrations régionales et de taille, ou il fait le choix de garder des fermes et des laiteries partout en France. Dans ce cas, il faut un soutien massif des régions, autres grandes absentes de cette nouvelle crise laitière. Le Sénat, représentant des territoires, prendra sa place dans cette réflexion.La fin des quotas laitiers est un défi pour la France mais tout semble bloqué. Ce n’est pas une révolte qui apporte 4 centimes par litre qui changera les choses, il faudrait aux éleveurs une révolution qui leur donnerait une espérance.Lire aussi :La crise du lait n’épargne pas les producteurs allemands 31.07.2015 à 14h38 • Mis à jour le01.08.2015 à 05h22 Après de nouvelles tentatives d’intrusion de migrants sur le site d’Eurotunnel la nuit dernière, Londres s’est dit prêt à envoyer des moyens supplémentaires pour aider la France à faire face à la situation, vendredi 31 juillet.« Nous sommes prêts à aider davantage et à travailler main dans la main avec nos homologues français pour faire baisser la tension des deux côtés de la frontière », a déclaré le premier ministre britannique David Cameron, en annonçant l’envoi de nouvelles clôtures et de chiens renifleurs supplémentaires.Une image prise dans la nuit du 30 au 31 juillet révélerait que certains migrants sont parvenus à échapper cette semaine aux contrôles mis en place à Calais, et ce malgré le déploiement de 120 policiers supplémentaires, depuis jeudi. C’est en effet la première image montrant des personnes présentées comme des migrants ayant réussi la traversée. Sur le cliché, on distingue quelques camions passant au-dessus des voies ferrées à l’arrivée du terminal de Folkstone, au Royaume-Uni, à quelques centaines de mètres de la sortie du tunnel qui permet à de nombreux poids lourds de traverser la Manche. Et sur le toit de l’un d’eux, deux silhouettes : il s’agirait de deux migrants qui auraient réussi à entrer au Royaume-Uni, couchés sur le poids lourd.« Si quelqu’un veut aller quelque part, rien ne l’en empêchera »« C’est la première fois que je vois des migrants à la sortie du tunnel », rapporte au Monde Justin Tallis, photojournaliste de l’AFP, qui a réalisé le cliché, en précisant cependant qu’il n’avait pas vu précisément les migrants sortir du tunnel sur le toit du camion.A une trentaine de kilomètres de Folkstone, côté français, 3 000 clandestins patientent actuellement espérant passer la frontière : depuis près de deux mois, 1 500 à 2 000 tentatives d’intrusion sont constatées quotidiennement sur le site d’Eurotunnel, une zone de 650 hectares.Les mêmes migrants, désireux de rejoindre l’Angleterre, tentent leur chance plusieurs fois par nuit, par groupe d’une dizaine, voire d’une centaine de personnes.Les tentatives ont été plus nombreuses encore ces derniers jours, des migrants cherchant à s’introduire sur le site d’Eurotunnel à Calais, essayant de monter sur des navettes pour rejoindre l’Angleterre. Dans la nuit de mercredi à jeudi, la police a procédé à environ 300 interceptions et comptabilisé entre 800 et 1 000 migrants aux alentours du site. Malgré tout, des migrants font toujours l’impossible pour s’introduire sur le site, en passant à travers champs ou en escaladant les grilles. « Si quelqu’un veut aller quelque part, si c’est son objectif, rien ne l’en empêchera », témoigne l’un d’entre eux.« Aucune leçon à recevoir » pour CazeneuveAlors que plus de mille tentatives d’intrusion ont encore été recensées par la police dans la nuit de jeudi à vendredi, le premier ministre britannique, David Cameron, a annoncé que de nouvelles clôtures et des chiens renifleurs supplémentaires allaient être envoyés pour sécuriser le site à Calais.« La situation est inacceptable. Des gens essaient d’entrer illégalement dans notre pays et ici les routiers et vacanciers font face à des perturbations. Nous allons envoyer des clôtures, des chiens renifleurs et des moyens supplémentaires. »M. Cameron a ajouté qu’il allait « parler au président Hollande plus tard dans la journée » (ce qu’a confirmé ce dernier, vendredi après-midi), pour le « remercier d’avoir mobilisé des policiers supplémentaires, ce qui a déjà produit des effets ». Il a également déclaré que Londres était prêt « à aider davantage et à travailler main dans la main avec [ses] homologues français pour faire baisser la tension des deux côtés de la frontière ».Une tension palpable également dans les propos tenus par la presse britannique jeudi. Des propos que Bernard Cazeneuve a vivement critiqués à la sortie du conseil des ministres.« Nous n’avons aucune leçon à recevoir d’aucune sorte quant à la mobilisation des moyens mis en œuvre par le gouvernement français (…)  les outrances, les excès, les insultes n’ont jamais réglé aucun problème de dimension humanitaire. »Dans un entretien avec son homologue britannique, Theresa May, M. Cazeneuve a rappelé, dans la nuit de jeudi à vendredi, la « détermination » de la France à « l’effort conjoint de solidarité » et de « mobilisation », insistant sur le fait que cet effort « doit être davantage partagé ». Un appel visiblement entendu par David Cameron.Lire le reportage :« J’essaie tous les jours de passer en Angleterre » 30.07.2015 à 10h25 • Mis à jour le30.07.2015 à 16h11 Des centaines de migrants se sont de nouveau introduits sur le site d’Eurotunnel à Calais dans la nuit de mercredi à jeudi pour tenter de monter sur des navettes et rejoindre ainsi l’Angleterre, selon des sources policières citées par l’AFP.La police a procédé à environ 300 interceptions et comptabilisé entre 800 et 1 000 migrants aux alentours du site. Eurotunnel n’a pas encore confirmé ces chiffres, mais a déclaré que la sécurisation du site avait été « très bien coordonnée avec les nouvelles équipes arrivées dès [mercredi] soir ».Mercredi, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, avait annoncé le déploiement de 120 policiers supplémentaires sur le site afin de sécuriser les abords du tunnel sous la Manche. Malgré tout, des migrants ont tenté de s’introduire sur le site par tous les moyens possibles, en passant à travers champs ou en escaladant les grilles. A chaque fois, la plupart ont été refoulés, sans violence ni animosité de la part des forces de l’ordre. D’autres ont organisé un sit-in devant les sorties des navettes.Eurotunnel a déclaré que le trafic à l’intérieur du tunnel avait été « un peu perturbé », mais ce matin aucun retard n’était à signaler, ni côté anglais ni côté français. 1 500 à 2 000 tentatives chaque nuitEnviron 3 000 clandestins sont actuellement présents dans la ville de Calais. Depuis près de deux mois, 1 500 à 2 000 tentatives d’intrusion sont constatées quotidiennement sur le site, une zone de 650 hectares. Les mêmes migrants, désireux de rejoindre l’Angleterre, tentent leur chance plusieurs fois par nuit, par groupe d’une dizaine, voire d’une centaine de personnes.Dans la nuit de mardi à mercredi, un migrant d’origine soudanaise et âgé d’une trentaine d’années a été retrouvé mort dans l’allée centrale de l’accès fret du site. La victime aurait été percutée par un camion descendant d’une navette alors qu’elle tentait de monter dessus. Ce drame porte à neuf le nombre de migrants ayant perdu la vie depuis le début du mois de juin à l’intérieur du site ou en tentant d’y pénétrer.En début d’après-midi mercredi, un jeune Egyptien a lui été électrocuté à la gare du Nord de Paris alors qu’il tentait de prendre clandestinement un Eurostar à destination de l’Angleterre. Jeudi matin, il était toujours dans un état critique. Adèle Humbert Les opérations s’enchaînent et passent presque inaperçues : chaque jour, les autorités italiennes annoncent le sauvetage de migrants repêchés en Méditerranée. Des centaines de vie ont été sauvées depuis le renforcement, lors du Conseil européen du 23 avril, des moyens de la mission « Triton », après la disparition dramatique de centaines de personnes dans les premiers mois de l’année. A l’époque, le Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations unies n’hésitait pas à qualifier la Méditerranée de « route la plus meurtrière du monde ».Le danger reste très important pour les migrants acheminés depuis la Libye par les passeurs dans des conditions souvent sordides. Mais le nombre de morts est en net recul, à en croire un rapport publié le 1er juillet par l’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) : si ce flux ne cesse de croître – 150 000 personnes sont arrivées sur les côtes européennes par la Méditerranée depuis le début de l’année, dont la moitié en Italie –, le nombre d’individus décédés ou portés disparus a diminué de manière spectaculaire. 12 victimes ont été identifiées au mois de juin, contre plus de 1 750 entre janvier et avril 2015.Lire aussi :Migrants : l’échec des Européens, pas de l’Europe« Impact immédiat » des opérations de sauvetageComment expliquer une telle amélioration ? Les conditions météorologiques, meilleures en été, et la réduction du nombre de naufrages fournissent une partie de la réponse, tout comme le changement d’approche des Européens dans la Méditerranée. « Les opérations de recherche et de sauvetage menées par les Européens depuis mai ont eu un impact immédiat et positif », note le HCR.Pour Ewa Moncure, porte-parole de l’agence européenne de protection des frontières, Frontex, la baisse du nombre de morts en Méditerranée serait, en effet, directement liée à l’augmentation significative des moyens humains et logistiques de l’opération « Triton » entre avril et mai, dans la foulée du Conseil européen du 23 avril. La zone d’intervention de la mission a alors été élargie pour se rapprocher des côtes libyennes, et son budget, revu à la hausse. Plusieurs Etats se sont de surcroît engagés à fournir à Frontex des moyens matériels plus importants – navires, avions ou hélicoptères.Tandis que la mission « Triton » a d’abord été conçue pour surveiller les côtes européennes afin d’endiguer le flux des migrants, il s’agissait à l’époque d’essayer de faire aussi bien que la mission de sauvetage « Mare Nostrum », déployée puis suspendue par l’Italie en novembre 2014, faute de moyens. Mais sans le dire officiellement. « Techniquement, Frontex est une agence de protection des frontières mais dans la pratique nous sauvons des individus et les ramenons en Italie, donc notre action ne diffère en rien de celle de “Mare Nostrum” », reconnaît Ewa Moncure. Résultat : depuis le renforcement de la mission, 1 migrant sur 427 embarqués en Méditerranée a perdu la vie en mer contre 1 sur 16 en début d’année.Lire aussi :Naufrages en Méditerranée : Frontex et sa mission « Triton » mises en causeAmbiguïté de la mission de « Triton »Pour Jean-François Dubost, responsable du programme « personnes déracinées » pour Amnesty International, cette ambiguïté sur le caractère de la mission est liée à « l’appréhension des dirigeants européens » vis-à-vis de l’opinion publique : « C’est une mission humanitaire qui ne dit pas son nom » affirme le juriste : « Lorsque Donald Tusk et Jean-Claude Juncker [respectivement président du Conseil européen et président de la Commission européenne] ont présenté les conclusions du sommet des vingt-huit, le 23 avril, ils sont restés flous, c’est seulement dans la mise en œuvre opérationnelle qu’on se rend compte que “Triton” est devenue une mission humanitaire. »Cependant, Jean-François Dubost redoute une éventuelle opération d’intervention contre les bateaux de passeurs au large de la Libye, comme esquissée par les chefs d’Etat et de gouvernement européens, fin avril : « Certains des navires qui effectuent les missions de sauvetage actuellement sont des navires militaires, dit le militant d’Amnesty International. Si la mission de destruction est validée, il est possible que les navires qui effectuent les missions de sauvetage actuellement soient réaffectés. Nous redoutons que les moyens soient détournés à d’autres fins et que cela entrave l’efficacité des secours. » Même prudence du côté du HCR. Pour l’organisation, « les mois les plus intenses restent à venir » en matière migratoire, et de nouveaux naufrages ne sont jamais à exclure.Lire aussi :Face aux naufrages, les Vingt-Huit cherchent une parade à la crise migratoireAdèle HumbertJournaliste au Monde 07.08.2015 à 15h52 • Mis à jour le07.08.2015 à 16h57 Après le naufrage d’un navire de pêche ayant fait plus de deux cents morts au large de la Libye mercredi 5 août, la police italienne a annoncé, vendredi, avoir arrêté à Palerme cinq des survivants de ce nouveau drame en Méditerranée. Il s’agit de deux Algériens, de deux Libyens et d’un Tunisien, âgés de 21 à 24 ans, tous soupçonnés d’avoir été des passeurs. Ils risquent des poursuites pour homicides avec circonstances aggravantes et aide à l’immigration clandestine, a précisé la police de Palerme dans un communiqué.Les autorités italiennes pensent qu’ils auraient fait embarquer six cent cinquante personnes sur le navire qui a coulé. Ces migrants, en majorité des Syriens fuyant la guerre civile, auraient payé chacune entre 1 200 et 1 800 dollars pour leur passage en Europe, au départ de la Libye.Lire aussi :La Libye, bombe migratoire au sud de l’EuropeDeux cent passagers portés disparusSelon des témoignages recueillis auprès des trois cent soixante survivants arrivés jeudi au port de Palerme, en Sicile, « les criminels avaient chacun un rôle précis à bord » : l’un pilotait le bateau, aidé de deux autres passeurs, tandis que d’autres étaient chargés d’empêcher les passagers de bouger, usant pour cela de couteaux et de bâtons.Les témoignages font également état de différences de traitement en fonction de l’origine des migrants : les « Africains » n’obéissant pas aux ordres ont été « marqués au couteau au niveau de la tête », tandis que les « Arabes » étaient frappés avec des ceintures. Les passeurs ont assuré aux passagers du pont que les Africains devaient « supporter de rester enfermés pendant trois jours dans la cale, étant donné qu’ils avaient payé la moitié du prix des autres pour leur traversée », a rapporté la police de Palerme dans son communiqué.Le bateau a rapidement pris l’eau au nord de la ville libyenne de Zouara, au point de noyer le moteur mercredi matin. Les migrants avaient alors lancé un appel au secours. Lorsqu’un navire irlandais est arrivé à leur secours plusieurs heures plus tard, un mouvement de foule a fait chavirer le bateau, qui a rapidement coulé.Une importante opération de secours, impliquant sept bateaux, a permis de sauver près de quatre cents personnes, mais aussi de repêcher vingt-six corps. Quelque deux cents autres passagers, en particulier ceux qui n’ont pas eu le temps de sortir de la soute, sont toujours portés disparus.« Cimetière des migrants »Depuis plusieurs années, la Méditerranée a hérité du surnom de « cimetière des migrants ». Venus pour l’essentiel de Libye, du Soudan, d’Érythrée, de Syrie ou d’Afghanistan, ils sont plus de deux mille hommes, femmes et enfants à avoir perdu la vie en mer en tentant de gagner les côtes italiennes ou grecques depuis janvier, selon l’Organisation internationale pour les migrants.En avril, un naufrage avait coûté la vie à quelque huit cents personnes et conduit l’Union européenne à augmenter les moyens alloués à son dispositif de surveillance et de sauvetage maritimes. Au grand dam des ONG, cette opération, baptisée « Triton », n’a pas pour priorité de sauver les migrants mais de surveiller les frontières. Son budget est trois fois inférieur à celui de l’opération italienne « Mare Nostrum », et son équipement, bien plus modeste.Au total, cent quatre-vingt-huit mille personnes sont arrivées illégalement depuis janvier en Europe, via la Méditerranée. Le Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO) a estimé que le nombre de demandeurs d’asile dans les pays de l’Union européenne avait fait un bond de 68 % au cours des cinq premiers mois. 07.08.2015 à 06h03 • Mis à jour le07.08.2015 à 08h18 Quatre ans après le carnage perpétré par Anders Behring Breivik, un millier de jeunes militants travaillistes se sont donné rendez-vous à Utoya pour participer, à partir de ce vendredi 7 août, au premier camp d’été à se tenir sur l’île depuis le drame.Déterminés à reprendre possession des lieux, les apprentis politiciens, y compris des survivants de la fusillade, vont planter leur tente pour quelques jours à l’endroit même où l’extrémiste de droite a fauché 69 vies le 22 juillet 2011.« Le jour le plus noir qu’ait connu la Norvège » « Utoya est un point de rencontre pour des jeunes engagés, un atelier politique, un endroit pour la culture, le sport, l’amitié et, ce n’est pas le moins important, l’amour », a dit Mani Hussaini, le chef de la Jeunesse travailliste (AUF), cette semaine lors d’une visite de presse.« Utoya, c’est aussi le lieu du jour le plus noir qu’ait connu la Norvège en temps de paix. Utoya sera toujours l’endroit où l’on se souviendra de ceux que l’on a perdus mais y revenir pour le camp d’été, c’est refuser que l’histoire la plus sombre l’emporte ».Pendant une heure et quart, Breivik avait froidement ouvert le feu sur quelque 600 participants du camp d’été d’AUF. Un peu avant, il avait fait exploser une bombe de 950 kg près du siège du gouvernement à Oslo, tuant huit autres personnes.Encombrés de sacs à dos, tentes et peluches, les jeunes militants ont convergé sur l’île protégée pour l’occasion par un imposant dispositif de sécurité. Alors que les autorités norvégiennes avaient été vivement critiquées pour leur impréparation après les attentats de Breivik, deux bateaux de police et des agents en armes ont été cette fois-ci déployés.Lire : Il y a quatre ans, le massacre d'UtoyaLe parti travailliste plus populaire Pour ses retrouvailles avec la Jeunesse travailliste, Utoya a fait peau neuve : de nouveaux bâtiments ont été érigés à côté des anciens, fraîchement retapés. Seule la cafétéria, où 13 jeunes avaient été abattus, conserve délibérément les impacts de balles du tueur, réminiscence du drame qui s’y est joué.Un peu à l’écart, un mémorial baptisé « la clairière » a été aménagé dans les bois : suspendu aux sapins, un grand cylindre métallique, dont la forme évoque cohésion et éternité, y décline les noms de 60 des 69 victimes. Les autres familles ont refusé que le nom de leurs chers disparus y soit gravé.Alors que Breivik a dit avoir voulu tarir le vivier du parti travailliste, la formation historiquement dominante du pays scandinave qu’il accusait de faire le lit du multiculturalisme, son geste semble avoir eu l’effet inverse. Le nombre d’adhérents d’AUF a augmenté de près de 50 % depuis la tuerie pour atteindre près de 14 000 membres.L’extrémiste de droite purge aujourd’hui une peine de 21 ans de prison susceptible d’être prolongée indéfiniment s’il reste considéré comme une menace pour la société.Lire : Pour éviter un nouvelle « barbarie », Breivik veut créer un parti « fasciste » en Norvège 06.08.2015 à 20h49 • Mis à jour le07.08.2015 à 07h48 Le président François Hollande a assuré, jeudi 6 août, que la France n’aurait à verser « aucune pénalité » à la Russie à la suite de la rupture du contrat qui liait les deux pays pour la vente des deux navires de guerre Mistral, annulée en raison de la crise ukrainienne.M. Hollande s’exprimait devant la presse à l’issue de la cérémonie d’inauguration de l’élargissement du canal de Suez, en Egypte, au lendemain de l’annonce par Paris d’un accord avec Moscou sur le remboursement des sommes payées par la Russie pour acquérir ces bâtiments.« Je me suis entretenu plusieurs fois avec le président Poutine, et c’est un bon accord qui a été trouvé », a déclaré M. Hollande, ajoutant :« Seront remboursées aux Russes les sommes qui avaient été versées et les frais qui avaient été occasionnés. Par ailleurs, ces bateaux suscitent une certaine demande de la part de beaucoup de pays, et il n’y aura aucune difficulté pour trouver preneur ».Il a également confirmé le remboursement aux Russes de « moins de 1,2 milliard d’euros ».« Le Parlement français sera saisi d’un projet de loi pour ratifier cet accord. Les chiffres très précis seront dans le document parlementaire ».Cet accord a suscité la vindicte d’élus de droite et d’extrême droite en France, certains déplorant la remise en cause de la « parole de la France », d’autres fustigeant son « alignement » sur Washington et Bruxelles, ou estimant que la facture sera payée par le contribuable français.Pour comprendre le contexte :Paris et Moscou trouvent un accord sur les Mistral 06.08.2015 à 10h40 • Mis à jour le06.08.2015 à 10h55 Si le dossier de la vente des Mistral à la Russie est « clos » pour le gouvernement, il continue d’intéresser au plus haut point au sein de la droite. Jeudi 6 août, plusieurs hommes et femmes politiques ont dénoncé l’attitude de l’Elysée après son annonce, la veille au soir, d’un accord de non-livraison des deux navires de guerre à Moscou, et d’un remboursement dont la somme fait encore débat.Le député des Français de l’étranger, Thierry Mariani (Les Républicains), a lancé la première charge.#Mistral. Hollande a cédé et la France obéi aux USA et à l'Europe. Jour de deuil pour ce qu'il reste de notre indépendance nationale...— ThierryMARIANI (@Thierry MARIANI ن)require(["twitter/widgets"]);« Livrer les Mistral n’aurait eu aucun impact sur la crise ukranienne alors que les combats se passent au sol », a-t-il argué sur RMC et BFMTV. Le parlementaire, qui s’est récemment rendu en Crimée contre l’avis du Quai d’Orsay pour combattre la « désinformation des médias européens sur cette affaire », a brandi l’argument économique : pour le pays – « les marchés que l’on perd, d’autres les prennent » –, et pour les ménages – « le contribuable devra payer environ 1,5 milliard d’euros suite à l’annulation de la vente ».« Suivisme »Même indignation chez Eric Ciotti (Les Républicains). Invité de Sud Radio, le député des Alpes-Maritimes a qualifié la décision du gouvernement de « faute absolue », estimant que le président s’était plié aux souhaits des Etats-Unis. Sur Facebook, l’eurodéputée Nadine Morano (Les Républicains) dénonce aussi le « suivisme » de Paris. « La France a renié sa signature commerciale qui ne vaut plus grand-chose sur la scène internationale. »Dans un communiqué, la présidente du Front national, Marine Le Pen, estime que la décision de l’exécutif décrédibilise « gravement » le pays. Et la responsable d’extrême droite d’ajouter :« Comment ne pas s’étonner de l’ardeur mise par François Hollande à annuler ce contrat au nom de principes moraux, qui soudainement s’évaporent lorsqu’il s’agit de conclure des contrats d’armement avec des pays tels que l’Arabie saoudite ou le Qatar, deux dictatures islamistes appliquant la sharia (sic). »Lire aussi :210 jours avec le Mistral, le récit d’un marin russe dépité Benoît Vitkine Le feuilleton de la vente avortée par la France de deux navires Mistral à la Russie touche à sa fin. L’épilogue de cette affaire qui a empoisonné pendant de longs mois les relations entre Paris et Moscou est intervenu mercredi 5 août.Dans la soirée, un communiqué de la présidence française indique que « la France et la Russie sont parvenues à un accord pour mettre un terme au contrat signé en 2011 qui prévoyait la livraison de deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral ». Peu après, la partie russe confirme, dans un communiqué distinct, que « Moscou considère l’affaire des Mistral comme complètement réglée ».Le calendrier s’est donc accéléré, puisque le premier ministre, Manuel Valls, assurait il y a quelques jours encore que « des décisions importantes seraient prises à la fin de l’été ». Les présidents français et russe ont apparemment finalisé les derniers détails de l’accord lors d’une conversation téléphonique, mercredi après-midi.Pour comprendre le contexte :Mistral : entre la France et la Russie, les navires de la discordeAucun chiffre officielLe communiqué de l’Elysée – tout comme celui du Kremlin – ne mentionne aucun chiffre, mais il précise que « la Fédération de Russie est exclusivement et intégralement remboursée des sommes avancées » au titre de ce contrat estimé à quelque 1,2 milliard d’euros.Depuis novembre 2014 et la décision de Paris de reporter « jusqu’à nouvel ordre » la livraison du premier des deux navires, le Vladivostok, décision motivée par l’annexion russe de la Crimée puis le rôle joué par Moscou dans la guerre dans l’est de l’Ukraine, les discussions entre les deux parties achoppaient principalement sur le montant du remboursement. Les autorités russes jugeaient insuffisante la proposition française de rembourser 785 millions d’euros d’avances déjà perçues et chiffraient le préjudice subi à près de 1,163 milliard d’euros.Pour expliquer cette différence, Moscou mettait en avant les sommes dépensées pour la formation des 400 marins qui devaient constituer l’équipage des Mistral, la construction d’infrastructures spéciales à Vladivostok, où devait être basé le premier Mistral, et la fabrication de quatre hélicoptères de combat. Or, le communiqué français précise bien que le remboursement concerne « exclusivement » « les sommes avancées au titre du contrat » et que « les équipements russes qui ont été installés sur les bâtiments seront restitués », une formulation qui laisse penser que les arguments français l’ont emporté, d’autant que l’agence de presse russe Tass indiquait dès mardi que des experts allaient être envoyés en France en septembre pour démanteler et récupérer les équipements de communication à bord des deux navires.Jeudi matin, le quotidien russe Kommersant assurait pourtant, en citant des sources au sein du lobby militaro-industriel russe, que le montant du remboursement s’élevait à « plus de 1,1 milliard d’euros ». Selon le journal, l’argent a d’ores et déjà été transféré, en secret, sur le compte d’une banque russe, pour éviter qu’il ne soit gelé par la justice dans le cadre de l’affaire Ioukos, qui a vu la Russie condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme à rembourser 50 milliards de dollars aux anciens actionnaires du groupe pétrolier.« Le montant exact sera communiqué au Parlement parce qu’il y aura une loi de ratification et le Parlement va être saisi très rapidement et du montant et du dispositif », a réagi sur RTL, jeudi, le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, précisant seulement que la somme était inférieure à 1,2 milliard.Lire les réactions :Pour la droite, la non-livraison des Mistral à la Russie est une « faute absolue »« Un certain nombre de pays ont fait connaître leur intérêt »Dernier point de l’accord rendu public par les deux parties, « la France aura la pleine propriété et la libre disposition des deux bâtiments ». Cela signifie que Paris a désormais la possibilité de revendre ces navires de haute technologie à qui elle le souhaite, même si les pistes paraissent encore minces. La partie n’était pas gagnée, Moscou mettant en avant lors des négociations la clause de « non-réexportation » contenue dans le contrat.« Un certain nombre de pays, ils sont nombreux, ont fait connaître leur intérêt pour ces bateaux », a assuré M. Le Drian.« Il est souhaitable de le faire le plus rapidement possible. On ne pouvait pas le faire tant que le contentieux n’était pas réglé avec la Russie. »La fin de ce feuilleton constitue une bonne nouvelle pour la présidence Hollande. L’affaire n’a pas empêché la diplomatie française de jouer les premiers rôles dans le conflit ukrainien, mais elle n’a jamais cessé de compliquer ses relations avec la Russie et d’irriter certains de ses partenaires européens.La livraison à Moscou de ces navires de guerre polyvalents pouvant transporter des hélicoptères, des chars et accueillir un état-major embarqué ou un hôpital n’a jamais été de soi à Paris. Dès le début des discussions, en 2009, soit un an après la guerre de 2008 entre la Russie et la Géorgie, une partie de l’état-major français s’est fermement opposée à une telle vente.Au nom des bonnes relations entre la France et la Russie, mais aussi en soutien aux chantiers navals de Saint-Nazaire, la ligne défendue par le premier ministre, François Fillon, et le ministre de la défense, Hervé Morin, allait finalement l’emporter, sur un ultime arbitrage du président de l’époque, Nicolas Sarkozy.Lire aussi :210 jours avec le Mistral, le récit d’un marin russe dépitéBenoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.08.2015 à 20h25 • Mis à jour le06.08.2015 à 06h53 Le feuilleton de la vente de deux navires de guerre Mistral qui empoisonne depuis plusieurs mois les relations entre la France et la Russie semble enfin connaître son épilogue. Le président François Hollande et son homologue russe Vladimir Poutine sont en effet parvenus à un accord sur la non-livraison des navires Mistral.L’Elysée a ainsi annoncé, mercredi 5 août en début de soirée, que la France aura « la pleine propriété et la libre disposition » des deux bâtiments, actuellement stationnés dans le port français de Saint-Nazaire. Pour sa part, la Russie sera « exclusivement et intégralement remboursée des sommes avancées au titre du contrat », dont le montant total atteignait les 1,2 milliard d’euros.Les équipements russes qui ont été installés sur les bâtiments seront notamment restitués. La Russie a fait savoir que les 800 millions d’euros d’avances qu’elle avait versés avait déjà été remboursés par la France.En guise de réconciliation entre les deux pays, François Hollande et Vladimir Poutine « se sont félicités du climat de partenariat amical et ouvert qui a marqué les négociations » et « se sont accordés sur le fait que, désormais, ce dossier était clos », conclut le communiqué de l'Elysée. Le Kremlin a dit considérer l’affaire des Mistral comme « totalement réglée ». Aucun des deux communiqués n’a fait état d’éventuels dédommagements.Lire aussi :Mistral : entre la France et la Russie, les navires de la discordeLa fin d’un conflit de huit moisCet accord clôt huit mois d’intenses négociations entre Paris et Moscou, qui avaient placé la présidence française dans une situation inconfortable, tiraillée entre les intérêts économiques en jeu et sa volonté de pousser la Russie à infléchir sa position dans la crise ukrainienne.La France avait suspendu en novembre 2014, et ce pour une durée indéterminée, la livraison de deux navires construits à Saint-Nazaire. Les Occidentaux accusaient alors la Russie de soutenir les rebelles armés prorusses qui tiennent une partie de l’est de l’Ukraine, la soupçonnant même d’avoir engagé des éléments armés sur le terrain, ce que Moscou continue de démentir malgré la publication de nombreux éléments étayant ces soupçons.Construits au chantier STX, ces navires de guerre polyvalents peuvent transporter des hélicoptères, des chars ou des chalands de débarquement et accueillir un état-major embarqué ou un hôpital. Le constructeur des Mistral, DCNS, filiale à 35 % de l’équipementier Thales, avait estimé en juillet à au moins un million d’euros par mois le coup d’entretien des deux porte-hélicoptères, dans l’attente d’une décision de la France et de la Russie.L’adaptation des Mistral pour un client de remplacement coûterait de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de millions d’euros selon ses besoins, avait déclaré le PDG de DCNS, Hervé Guillou. Le Canada et Singapour, tout comme l’Egypte, qui vient d’acquérir une frégate multimissions Fremm et quatre corvettes Gowind, sont cités comme clients potentiels, mais DCNS s’est refusé à tout commentaire sur ce point.Lire aussi :210 jours avec le Mistral, le récit d’un marin russe dépité Martin Untersinger Le site Netzpolitik est, depuis plusieurs jours, au cœur d’un scandale retentissant en Allemagne. En cause, une enquête pour « trahison » ouverte à la suite de deux de ses articles, publiés en février et en avril.1. Netzpolitik, c’est quoi ?Netzpolitik est un site d’information fondé en Allemagne par Markus Beckedahl et qui va fêter son onzième anniversaire à l’automne. Comme son nom l’indique, il s’intéresse aux questions de politique numérique, notamment « la protection des données, les cultures numériques, la neutralité du Net, les questions de copyright et la surveillance ».Ses journalistes, qui se présentent comme engagés, veulent promouvoir les « libertés numériques et leur implémentation politique ». Actuellement animé par quatre personnes, Netzpolitik compte aussi de nombreux collaborateurs indépendants.Ce site dont l’audience reste relativement modeste – il revendique environ 40 000 visiteurs par jour – peut cependant, dans un pays où la question des libertés numériques a le vent en poupe, se targuer d’une très solide réputation.Dès 2005, il a été récompensé par Reporters sans frontières pour sa défense de la liberté d’expression sur Internet. Très bien informés, notamment sur les questions de surveillance, ses animateurs sont même devenus le véritable poil à gratter du gouvernement allemand : la chancellerie s’était même plainte de leur travail auprès des députés formant la commission d’enquête sur les activités de la NSA dans le pays. « Nous avons une place centrale dans les débats sur la politique numérique », se réjouissait d’ailleurs, sans fausse modestie, l’un des journalistes actuellement poursuivis, Andre Meister, dans une vidéo récente.Netzpolitik fait figure de précurseur, à l’échelle allemande comme européenne sur les questions numériques. « Lorsque nous nous sommes lancés, nous étions contents si, une fois par mois, Internet était abordé dans l’agenda politique. Aujourd’hui, on a davantage peur au début de chaque semaine en regardant le nombre de fois où la politique numérique va être abordée », s’amusait il y a peu son fondateur, M. Beckedahl.2. Que racontent les articles pour lesquels le site est poursuivi ?Deux articles ont fortement déplu au Bundesamt für Verfassungsschutz (BfV, Office fédéral de protection de la Constitution), le service de renseignement intérieur allemand. Ces articles racontaient comment ce service prévoyait davantage de moyens, notamment pour mettre en place une cellule de surveillance des réseaux sociaux pour lutter contre le terrorisme.Dans un premier article, publié le 25 février, le site a d’abord révélé des extraits détaillés du projet de budget du BfV. Les détails des comptes de ce service de renseignement sont, comme dans la plupart des pays, secrets. On connaît la totalité de l’enveloppe consacrée au fonctionnement des services, pas leur répartition exacte.Sur la base d’un document, Netzpolitik raconte donc que le BfV va se doter de moyens informatiques pour « analyser massivement des données Internet », notamment sur les réseaux sociaux, grâce à une enveloppe de 2,75 millions d’euros. Le but est de pouvoir « déterminer des relations, jusqu’ici invisibles, entre des individus ou des groupes sur Internet », une tâche « impossible à réaliser manuellement ».Dans un second article, mis en ligne le 15 avril, le site apporte davantage de précisons sur les projets des services allemands grâce à de nouveaux documents qu’ils s’est procuré. Le BfV va compter dans ses rangs une unité appelée Erweiterte Fachunterstützung Internet (EFI, support internet étendu spécialisé), composée de 75 agents. Ils se concentreront notamment sur les conversations en ligne et sur les données présentes sur Facebook.Netzpolitik rappelle alors que cette volonté de traiter des données de manière massive semble contrevenir à la législation allemande qui encadre les activités du BfV, puisque ce dernier ne doit enquêter que de manière ciblée.Le site évoque également le programme Perseus, un outil utilisé par les services pour traiter les données brutes récoltées, notamment les métadonnées. Enfin, il évoque la volonté du BfV de se doter de capacité « de collecte d’information clandestine », c’est-à-dire pour aller au-delà des informations publiquement disponibles.Comme le rappelle Netzpolitik dans ses deux articles, ces informations avaient déjà fuité dans de nombreux journaux allemands. Mais le site spécialisé apporte des précisions et des détails inédits. Ce qui n’a pas plu au BfV.3. Où en est-on de la procédure ?Après les deux articles de Netzpolitik, le BfV a porté plainte. Ce sont ensuite les services du procureur fédéral, Harald Range, qui ont mené l’enquête. Dans leur viseur, deux journalistes de Netzpolitik – l’auteur des articles, Andre Meister, et le responsable du site Markus Beckedahl – ainsi qu’une personne « inconnue », leur source. L’affaire est rendue publique le 30 juillet, lorsque les deux journalistes reçoivent un courrier des services du procureur les informant qu’ils sont accusés de trahison. Un chef d’accusation qui n’a pas été utilisé depuis 1962.Le procureur a ensuite ordonné une expertise juridique afin de savoir si les informations rendues publiques par Netzpolitik relevaient du secret d’Etat, et en attendant les résultats, a suspendu l’enquête. Les conclusions de l’expertise ont été connues lundi 3 août : oui, les journalistes ont publié des informations secrètes. Le gouvernement, qui avait déjà publiquement pris ses distances avec le procureur, aurait ensuite, selon ce dernier, fait pression pour que les conclusions de l’expertise soient ignorées. Harald Range a ensuite, fait très inhabituel, dénoncé les pressions exercées par le gouvernement. En réponse, le ministre de la justice Heiko Maas a mis le procureur à la retraite d’office. Il sera remplacé par l’actuel procureur fédéral de Munich Peter Frank.Lire aussi :En Allemagne, le ministre de la justice limoge le procureur généralAujourd’hui, l’enquête est toujours ouverte et la plainte déposée par le service de renseignement allemande n’a pas été retirée.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.08.2015 à 10h56 • Mis à jour le05.08.2015 à 16h15 | Jean-Baptiste de Montvalon Géographe, ancien ambassadeur, Michel Foucher est titulaire de la chaire de géopolitique appliquée au Collège d’études mondiales. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels L’Obsession des frontières (éd. Tempus Perrin, 2012).Face à la crise des migrants à Calais, un député du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) a suggéré que l’Angleterre reprenne la ville, tandis que des élus français ont souhaité que les contrôles à l’entrée du Royaume-Uni soient déplacés à Douvres… Que vous inspire cette « bataille » autour d’une frontière intra-européenne ?Si une « bataille » s’annonçait, les « bourgeois de Calais » sauraient cette fois résister à un siège… Nos capacités stratégiques ont progressé depuis la guerre de Cent Ans ! Que ce scénario de reconquête soit énoncé par un député eurosceptique est amusant et a le mérite, si l’on peut dire, d’exhumer une vieille carte mentale : la Manche fut, jusqu’au XIXe siècle, une mer pour deux royaumes, donc une aire d’affrontement. Devenue mer intérieure européenne, c’est la seule dotée d’un double toponyme sur les cartes officielles : Manche et English Channel. Dans la tradition militaire anglaise, la mer sépare et fait frontière ; en France, c’est la côte fortifiée.Lire le reportage :« J’essaie tous les jours de passer en Angleterre »Où est la frontière franco-britannique ? Elle se situe là où s’effectuent les contrôles de douane et de police : à la gare du Nord et à Saint-Pancras, à Roissy et Heathrow, à Douvres, Calais, comme dans une douzaine d’autres ports. La frontière juridique est maritime, à mi-distance des côtes des Etats riverains, et terrestre, au milieu du tunnel sous la Manche selon le traité signé à la cathédrale de Canterbury en février 1986, en présence de la reine Elisabeth et du président Mitterrand. Ces limites fixent l’aire d’extension de la convention de Schengen, que Londres a refusée tout en ouvrant ses portes aux migrants des Etats ayant adhéré à l’Union européenne en 2004, surtout Polonais et Baltes.Que recouvre sur notre continent la notion de frontière ?Les limites de la souveraineté et de l’identité nationales demeurent. En passant de Strasbourg à Kehl, en Allemagne, sur le pont de l’Europe, l’absence de contrôle douanier n’efface en rien les traits propres aux deux nations. L’espace de l’Europe instituée est plus fluide. La liberté de circulation est saluée par les opinions européennes, quand elle s’applique à elles-mêmes.Mais la mise en commun d’attributs de souveraineté suppose de bâtir à chaque instant des accords collectifs, comme on l’a vu lors de la crise grecque. L’Etat-nation, doté de son enveloppe frontalière – limite, pas barrière – est le noyau de base mais, dans le monde tel qu’il a l’inconvénient d’être, il doit se développer de concert avec les autres pour peser.Le coût humain et financier des migrations va-t-il engendrer un renforcement des frontières ou les remettre en cause ?Le calcul du coût suppose une typologie fine, selon les trajectoires migratoires. De qui parle-t-on ? Des Français de Londres ? Des Kurdes de Berlin ? Des Maliens d’Ile-de-France ? Des Syriens de Stockholm ? Les études sérieuses montrent que les bénéfices, individuels et collectifs, sont nettement supérieurs aux coûts : travail fourni, compétences importées et acquises, envoi de salaires aux familles des lieux d’origine. A l’âge global, chacun, dans l’ancien tiers-monde comme en Moldavie, sait qu’ailleurs l’herbe est plus verte. Les migrations sont irrépressibles. La prospérité et la sécurité de l’Europe la rendent attractive. Il faut renforcer la concertation dans la gestion des régimes frontaliers, au-delà des circonstances exceptionnelles.Après les drames autour des Canaries, Madrid a réalisé qu’il était aussi important d’aider la Mauritanie ou le Sénégal que les pays andins hispanophones. L’accès légal à l’espace européen pour étudier ou exercer une activité suppose une démarche cogérée avec les pays de départ. La convention de Schengen n’avait qu’un objectif interne, de libre circulation réservée aux ressortissants des pays signataires. Les crises et drames actuels posent la question d’une action à l’extérieur de l’Union européenne : aide ciblée au développement, programmes cogérés de migration circulaire et surtout de mobilité dans les zones d’interaction migratoire et, parfois, interventions dans les zones de crise.Lire le compte-rendu :Plus de 2 000 hommes, femmes et enfants sont morts « aux portes de l’Europe » en 2015Des chercheurs étudient les conséquences d’une éventuelle ouverture de toutes les frontières. Que vous inspire cette piste de travail ? L’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme affirme en effet le droit à quitter son pays. Cette liberté n’est pas encore acquise partout. Mais le droit d’émigrer ne trouve pas son corollaire dans celui d’immigrer. La disparité dans le régime des visas est grande : il est plus facile à un Danois d’aller en Indonésie que l’inverse. Les visas pour entrer dans l’espace Schengen sont exigés dans 134 Etats. Il n’est pas certain que l’asymétrie de traitement soit durable, au nom de l’égalité des droits des Etats. Le Sénégal a rétabli les visas pour les Français, et se rendre en Algérie n’est pas simple – message de réciprocité, en quelque sorte. Toutes les pistes méritent d’être expérimentées, d’abord celles traitant de la mobilité, depuis et vers l’Europe instituée.Lire sur Les Décodeurs :Comment fonctionne la politique migratoire entre le Royaume-Uni et la France ?Quel jugement portez-vous sur la façon dont les politiques français abordent cette question des frontières et des migrations ?La frontière civilisée est une interface et une ressource. Sa fonction de barrière ne s’impose qu’en cas de menace directe sur notre sécurité. Un changement de discours politique sur ces questions serait salutaire, avec la reconnaissance publique de la réalité durable des mobilités et la nécessaire construction de dispositifs les encadrant : visas de travail de longue durée, cogestion des mobilités entre pays de départ et pays d’arrivée, mise en place de règles pour détruire le régime illégal des passeurs…Ce qui est en jeu est également notre choix d’un rapport au monde. L’image positive du Royaume-Uni, projetée au loin par le message des Jeux olympiques de Londres, en 2012, cette image d’un pays moderne et multiculturel, ouvert et globalisé, nourrit une attraction irrésistible, même au fin fond du Soudan. D’où l’afflux vers Calais. Les Français – opinion et dirigeants –, qui candidatent pour des JO en 2024 et une Exposition universelle en 2025, seraient bien inspirés d’y réfléchir et d’assumer enfin toutes les composantes d’une politique d’ouverture, dans un monde de communication instantanée, loin d’un illusoire repli sur soi.Jean-Baptiste de MontvalonJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Eric Albert (Londres, correspondance) Comme dans un cauchemar, les affaires de pédophilie n’en finissent pas de s’accumuler au Royaume-Uni, plus sordides les unes que les autres. La dernière accusation en date concerne l’ancien premier ministre Edward Heath. Au pouvoir entre 1970 et 1974, mort en 2005, l’ancien dirigeant conservateur est sous le coup de cinq enquêtes différentes. Les polices de Londres, du Wiltshire, du Kent, de l’Hampshire et de l’île Anglo-Normande de Jersey mènent chacune des investigations pour établir les faits.L’affaire est devenue publique lundi 3 août quand la police des polices (Independent Police Complaints Commission, IPCC) a annoncé avoir ouvert une enquête sur la gestion des investigations par la police du Wiltshire. Il s’agissait de comprendre pourquoi celle-ci avait classé sans suite une plainte déposée dans les années 1990 contre M. Heath. C’est un ancien policier à la retraite, qui n’avait jamais accepté le traitement de ce dossier, qui a décidé de ressortir l’affaire, en allant témoigner auprès de l’IPCC.Mardi, les médias britanniques ont affirmé que plusieurs forces de police avaient déjà ouvert ces derniers mois une enquête sur l’ancien premier ministre, à chaque fois pour des accusations de pédophilie.L’affaire semble sérieuse. Au cœur du scandale se trouve la tenancière d’une maison de passe du Wiltshire. Selon plusieurs médias britanniques, Myra Ling-Ling Forde, d’origine philippine, dirigeait au début des années 1990 l’Oriental Massage Parlour, à Salisbury, où habitait M. Heath. L’établissement exploitait comme prostituées de nombreuses jeunes filles mineures.« Politiciens et stars »Quand la tenancière a fait l’objet d’une première enquête, elle a nommé l’ancien premier ministre comme l’un de ses clients. Plusieurs officiers haut gradés seraient alors intervenus pour faire classer l’affaire. Néanmoins, en 1995, Mme Ling-Ling Forde a finalement été condamnée pour proxénétisme, sans que le nom de M. Heath n’apparaisse. Pendant le procès, le cas d’une jeune fille de 13 ans, qui allait directement de l’école à la maison de passe, a été cité. Une autre adolescente de 15 ans apparaissait également dans le dossier.En 2009, Mme Ling-Ling Forde a été une nouvelle fois condamnée pour proxénétisme. Interrogée par le Daily Telegraph, sa sœur, Mia Pablico, affirme que l’établissement du Wiltshire était fréquenté par du beau monde : « Je sais ce qu’elle a fait à Salisbury. Elle connaissait plein de politiciens et de stars à cause de cela. »Par ailleurs, M. Heath est accusé d’avoir violé un jeune garçon de 12 ans en 1961, selon une information du Daily Mirror. D’après la victime, celui qui était alors simple député l’aurait pris en auto-stop et emmené dans son appartement du centre de Londres. A l’époque, l’adolescent est allé se plaindre, mais la police l’aurait traité d’affabulateur. Et ce n’est que quatre ans plus tard qu’il aurait découvert l’identité de M. Heath, en le voyant sur des affiches électorales.L’ancien premier ministre, qui reste comme l’homme politique qui a fait entrer le Royaume-Uni dans la Communauté économique européenne en 1973, était un homme très discret. Jamais marié, son inclination sexuelle a souvent fait l’objet de spéculations, mais généralement pour laisser entendre qu’il était homosexuel, à une époque où cela était encore tabou.Les accusations contre M. Heath éclatent au grand jour dans un contexte de grand ménage sur les affaires de pédophilie. Le Royaume-Uni a été traumatisé en 2012 par la découverte que l’une de ses stars préférées du petit écran, Jimmy Savile, avait été un pédophile multirécidiviste. L’ampleur du scandale, dévoilé peu après sa mort, a sidéré le pays et semble avoir libéré la parole. Face aux nombreuses plaintes pour des affaires vieilles de plusieurs décennies, la police a lancé une vaste enquête pour faire toute la lumière sur ces dossiers d’abus sexuels historiques, l’opération « Hydrant ».« Tact et respect »Elle est d’une ampleur colossale. En mai, la police révélait que plus de 1 400 suspects faisaient l’objet d’une enquête. Parmi eux se trouvent 261 personnes « au profil public », y compris 76 responsables politiques. Et le nombre de plaintes ne cesse d’augmenter, avec une hausse de 165 % en trois ans pour les cas de pédophilie dans des affaires anciennes. « De nombreuses victimes ont désormais trouvé l’assurance nécessaire pour témoigner de ces abus, sachant que nous les traiterons avec tact et respect, et que nous les prendrons au sérieux », estimait, en mai, Simon Bailey, le policier qui supervise « Hydrant ».Parmi les nombreuses enquêtes menées en parallèle par la police, on trouve également l’opération « Midland ». Celle-ci se concentre sur un réseau pédophile, qui regroupait des députés, des ministres, des avocats, des juges, des militaires, des membres des services secrets… Les faits restent nébuleux, mais les accusations sont d’une extrême gravité : ces hommes auraient violé et agressé des jeunes garçons dans les années 1970 et 1980.Face à l’ampleur du scandale, il semble extraordinaire que ces faits n’aient pas été connus plus tôt. Il avait fallu attendre que le député Tom Watson ose, en octobre 2012, publiquement les évoquer à la Chambre des communes. Les témoignages se sont multipliés. Au moins trois maisons où se déroulaient les viols en groupe ont été identifiées : une guesthouse dans le sud de Londres, un centre pour orphelins, et Dolphin Square, des appartements de luxe près de Westminster, que louaient nombre de députés.Les enquêtes de police continuent. Mais face à la gravité des faits, sous pression des anciennes victimes, la ministre de l’intérieur Theresa May a parallèlement ouvert une enquête publique. Objectif : comprendre comment ces différentes affaires ont ainsi pu être étouffées durant toutes ces années.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 31.07.2015 à 17h16 • Mis à jour le31.07.2015 à 17h19 La Russie a dénoncé, sans surprise, l’enquête publique menée par un juge britannique sur le meurtre d’Alexandre Litvinenko, l’ancien espion russe assassiné à Londres en 2006. Cette enquête, ouverte en janvier, doit prendre fin vendredi 31 juillet. Le juge Robert Owen a jusqu’à la fin de l’année pour rendre ses conclusions.L’avocat de la femme et du fils de M. Litvinenko, Ben Emmerson, a profité de sa plaidoirie pour accuser directement le président russe, Vladimir Poutine, d’être derrière le meurtre. A ses yeux, rapporte le Guardian, il y a assez de preuves pour impliquer directement le président russe, notamment le fait que le polonium était d’origine russe et les liens d’un des accusés, Andreï Lougovoï, avec M. Poutine, les deux hommes étant passés par le KGB (les services secrets russes, remplacés depuis par le FSB). Les policiers en charge de l’enquête ne sont pas allés jusqu’à pointer directement du doigt Vladimir Poutine, tout en n’écartant pas une éventuelle responsabilité de l’Etat russe.Le ministère des affaires étrangères russe a déjà qualifié cette enquête de « sélective » et « politisée ». Il a condamné « le refus obstiné » du juge Owen d’entendre « les avis des services russes compétents ».L’enquête publique a été autorisée par le gouvernement britannique en juillet 2014, alors que l’armée russe intensifiait la guerre dans l’est séparatiste de l’Ukraine. Elle fait suite à une enquête judiciaire menée par le même juge. Cette procédure lui a donné accès à des documents sensibles du gouvernement britannique et des services secrets, consultés à huis clos et qui ne doivent pas être rendus publics au terme de l’enquête.Pas de feu vert de Moscou L’homme d’affaires russe Dmitri Kovtoun, l’un des deux principaux suspects du meurtre, ne s’est pas présenté depuis Moscou par vidéoconférence devant la Royal Court of Justice de Londres, comme il aurait dû le faire en début de semaine. Il a affirmé qu’il ne pouvait témoigner car il n’avait pas obtenu le feu vert des autorités russes. Il accuse les Britanniques de ne pas avoir contacté leurs homologues russes.La police britannique, qui se penche sur la possible implication du Kremlin dans cette affaire, soupçonne les Russes Kovtoun et Andreï Lougovoï, ancien du service de protection du Kremlin devenu député, d’avoir empoisonné Litvinenko, opposant au régime, dans un grand hôtel londonien le 1er novembre 2006.Après avoir pris un thé avec eux, Alexandre Litvinenko avait commencé à se sentir mal et était mort trois semaines plus tard d’un empoisonnement au polonium-210, une substance radioactive extrêmement toxique et quasiment indétectable.« Ces procédures ont depuis longtemps cessé de m’intéresser car j’ai compris qu’elles étaient biaisées et politisées », a réagi M. Lougovoï, cité par l’agence Interfax. « Elles ne m’intéressent plus depuis que les autorités britanniques ont classé secret certains éléments de l’affaire, avant de les déclassifer après les événements en Crimée et le crash du Boeing malaisien en Ukraine », a-t-il ajouté, estimant que toute l’affaire ne servait qu’à « prolonger la stigmatisation de la Russie ».Lire : Alexandre Litvinenko était un agent secret britannique 31.07.2015 à 14h45 Par Harlem Désir, Secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes et Sandro Gozi, Secrétaire d’Etat italien aux Affaires européennesLors d’une interminable nuit bruxelloise, les pays de la zone euro ont dansé au bord du gouffre. L’esprit de solidarité et de responsabilité l’a finalement emporté et les bonnes décisions ont été prises pour maintenir la Grèce au sein de la zone euro, préserver son intégrité et donc celle de l’Europe.Mais la crise grecque, au-delà de la situation propre à ce pays, est venue rappeler les insuffisances et les fragilités de la zone euro elle-même. Trop peu de gouvernance politique, trop de divergences économiques, tel est le constat. Depuis le début de la crise, les écarts de revenus, de compétitivité et d’emploi entre pays se sont accrus, en même temps qu’augmentaient la défiance populaire vis-à-vis de l’Europe et la méfiance entre États membres, concernant le respect des règles pour les uns et le soutien à la croissance pour les autres.L’euro, une souveraineté partagéeDes progrès importants ont pourtant été accomplis pour assurer une plus grande stabilité de la zone euro face aux crises. L’Union bancaire, le Mécanisme européen de Stabilité, la politique monétaire de la Banque centrale européenne, empêchent aujourd’hui qu’une crise bancaire ou financière dans un pays ne se propage aux autres. C’est une avancée incontestable. Mais l’on ne peut s’en contenter.Car la zone euro n’a pas seulement besoin d’amortisseurs, elle a besoin de moteurs.L’euro est en effet bien plus qu’une monnaie. C’est un projet politique, une souveraineté partagée pour renforcer nos économies, notre croissance, l’emploi et donc finalement nos sociétés dans la mondialisation.Lire aussi :Hollande plaide pour un « gouvernement de la zone euro »C’est pourquoi nous devons replacer au cœur de ce projet l’objectif de convergence réelle des économies de la zone euro. Une convergence qui soit à la fois économique, financière, fiscale et sociale. Dans le même temps, il nous faut assurer un pilotage efficace de la zone euro au service de la croissance et de l’emploi, ce qui implique au début de chaque semestre européen un diagnostic partagé sur la situation de la zone euro et une appropriation des orientations communes lors de l’élaboration et de la mise en œuvre de nos budgets, de nos politiques fiscales et sociales, en un mot de tous nos instruments de politique économique. C’est pourquoi il nous faut aujourd’hui non pas opposer mais renforcer le respect des règles, la solidarité, la convergence et la légitimité. C’est la nouvelle étape que nous devons franchir.Créer un budget de la zone euroPour assurer une plus grande convergence, et une gouvernance réellement efficace de la zone euro, nous avons besoin d’instruments financiers. L’histoire de la construction européenne a souvent parcouru ce chemin. C’est le doublement des crédits alloués aux fonds structurels qui a permis à Jacques Delors de convaincre les États membres de créer le marché unique. La compétition ne pouvait se détacher de la cohésion et de la solidarité. C’est aussi la création du fonds de cohésion qui a permis de rendre soutenable la trajectoire vers la monnaie unique des États membres qui accusaient les retards les plus importants. Demain, la création d’un budget de la zone euro, qui viendra compléter le plan Juncker en donnant à l’Union les moyens de soutenir les investissements et d’intervenir – le cas échéant – sur le cycle économique, devra constituer une nouvelle étape de notre intégration.Lire aussi :Zone euro : la réponse prudente de Merkel à HollandePour piloter ce projet et ce budget, nous aurons besoin d’institutions légitimes et efficaces. Les sommets de la zone euro doivent cesser d’être des rencontres de la dernière chance et se réunir régulièrement, pour construire et non simplement réparer. L’Eurogroupe doit avoir à sa tête un président stable qui se consacre pleinement à cette mission visant à assurer la convergence de nos économies, la cohérence et la coordination de nos politiques. Et il ne peut y avoir de gouvernement de la zone euro sans un parlement de la zone euro car il ne peut y avoir d’efficacité sans légitimité. Pour que chacun soit associé aux décisions et que les peuples se reconnaissent mieux dans l’Europe.La monnaie unique est notre bien commun. Il ne s’agit pas que d’un moyen d’échange, ni même d’une fin en soi. C’est un des outils de notre ambition : l’émergence d’un sentiment commun, d’une identité partagée, d’une solidarité dans les bons et dans les mauvais moments.Avec les pays qui en décideront, et nous y travaillons, nous allons donc pousser à une organisation renforcée de la zone euro, pour plus de croissance, d’investissement et d’emploi. Plus d’ambition européenne et de solidarité.C’est la leçon que nous tirons des événements récents.La « solidarité de fait », chère à Robert Schuman, Alcide de Gasperi et Konrad Adenauer, reste notre méthode. Mais il nous faut franchir un pas supplémentaire, celui du passage de l’Union économique et monétaire à l’Union politique, de « l’euro monnaie » à « l’euro politique ».Lire aussi :L’Allemagne doit profiter de la crise grecque pour repenser la gouvernance économique de l’EuropeLire aussi :La crise grecque ? Une « opportunité » pour la zone euro, selon Elisabeth Guigou 30.07.2015 à 23h02 • Mis à jour le30.07.2015 à 23h38 C’est la première fois depuis plus de cinquante ans que des journalistes risquent d’être poursuivis pour trahison en Allemagne. La justice allemande a ouvert, jeudi 30 juillet, une enquête pour trahison visant le site d’information sur Internet Netzpolitik.org, soupçonné d’avoir publié des informations confidentielles sur les activités de l’Office fédéral de protection de la Constitution (BfV), les services de renseignement intérieurs.Cette enquête fait suite à une plainte du BfV après des articles publiés sur le site internet le 25 février et le 15 avril et s’appuyant sur des fuites d’informations confidentielles. Selon le groupe de radiotélévision public ARD, Netzpolitik.org a publié un article qui affirme que le BfV voulait des fonds supplémentaires pour renforcer sa surveillance d’Internet et créer une unité spéciale chargée de contrôler les réseaux sociaux.« Attaque contre la liberté de la presse »Si le gouvernement fédéral justifie ces mesures pour lutter contre le djihadisme sur Internet en traquant les profils Facebook, notamment, le fondateur du site a une tout autre explication. Cité par le quotidien allemand Zeit, il avance que les autorités allemandes souhaiteraient surveiller les articles écrits au sujet de l’aide apportée par l’Allemagne à l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA) dans le scandale de surveillance des entreprises et dirigeants européens.Lire :Liaisons dangereuses entre services secrets allemands et américains« C’est une attaque contre la liberté de la presse. Nous ne nous laisserons pas intimider », a réagi Andre Meister, journaliste du site et directement visé par l’enquête avec le rédacteur en chef, Markus Beckedahl. Michael Konken, président de l’Association de la presse allemande (DJV), a quant à lui dénoncé « une tentative inacceptable de faire taire deux journalistes critiques ». 30.07.2015 à 09h33 • Mis à jour le31.07.2015 à 13h54 | Adèle Humbert Les opérations s’enchaînent et passent presque inaperçues : chaque jour, les autorités italiennes annoncent le sauvetage de migrants repêchés en Méditerranée. Des centaines de vie ont été sauvées depuis le renforcement, lors du Conseil européen du 23 avril, des moyens de la mission « Triton », après la disparition dramatique de centaines de personnes dans les premiers mois de l’année. A l’époque, le Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations unies n’hésitait pas à qualifier la Méditerranée de « route la plus meurtrière du monde ».Le danger reste très important pour les migrants acheminés depuis la Libye par les passeurs dans des conditions souvent sordides. Mais le nombre de morts est en net recul, à en croire un rapport publié le 1er juillet par l’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) : si ce flux ne cesse de croître – 150 000 personnes sont arrivées sur les côtes européennes par la Méditerranée depuis le début de l’année, dont la moitié en Italie –, le nombre d’individus décédés ou portés disparus a diminué de manière spectaculaire. 12 victimes ont été identifiées au mois de juin, contre plus de 1 750 entre janvier et avril 2015.Lire aussi :Migrants : l’échec des Européens, pas de l’Europe« Impact immédiat » des opérations de sauvetageComment expliquer une telle amélioration ? Les conditions météorologiques, meilleures en été, et la réduction du nombre de naufrages fournissent une partie de la réponse, tout comme le changement d’approche des Européens dans la Méditerranée. « Les opérations de recherche et de sauvetage menées par les Européens depuis mai ont eu un impact immédiat et positif », note le HCR.Pour Ewa Moncure, porte-parole de l’agence européenne de protection des frontières, Frontex, la baisse du nombre de morts en Méditerranée serait, en effet, directement liée à l’augmentation significative des moyens humains et logistiques de l’opération « Triton » entre avril et mai, dans la foulée du Conseil européen du 23 avril. La zone d’intervention de la mission a alors été élargie pour se rapprocher des côtes libyennes, et son budget, revu à la hausse. Plusieurs Etats se sont de surcroît engagés à fournir à Frontex des moyens matériels plus importants – navires, avions ou hélicoptères.Tandis que la mission « Triton » a d’abord été conçue pour surveiller les côtes européennes afin d’endiguer le flux des migrants, il s’agissait à l’époque d’essayer de faire aussi bien que la mission de sauvetage « Mare Nostrum », déployée puis suspendue par l’Italie en novembre 2014, faute de moyens. Mais sans le dire officiellement. « Techniquement, Frontex est une agence de protection des frontières mais dans la pratique nous sauvons des individus et les ramenons en Italie, donc notre action ne diffère en rien de celle de “Mare Nostrum” », reconnaît Ewa Moncure. Résultat : depuis le renforcement de la mission, 1 migrant sur 427 embarqués en Méditerranée a perdu la vie en mer contre 1 sur 16 en début d’année.Lire aussi :Naufrages en Méditerranée : Frontex et sa mission « Triton » mises en causeAmbiguïté de la mission de « Triton »Pour Jean-François Dubost, responsable du programme « personnes déracinées » pour Amnesty International, cette ambiguïté sur le caractère de la mission est liée à « l’appréhension des dirigeants européens » vis-à-vis de l’opinion publique : « C’est une mission humanitaire qui ne dit pas son nom » affirme le juriste : « Lorsque Donald Tusk et Jean-Claude Juncker [respectivement président du Conseil européen et président de la Commission européenne] ont présenté les conclusions du sommet des vingt-huit, le 23 avril, ils sont restés flous, c’est seulement dans la mise en œuvre opérationnelle qu’on se rend compte que “Triton” est devenue une mission humanitaire. »Cependant, Jean-François Dubost redoute une éventuelle opération d’intervention contre les bateaux de passeurs au large de la Libye, comme esquissée par les chefs d’Etat et de gouvernement européens, fin avril : « Certains des navires qui effectuent les missions de sauvetage actuellement sont des navires militaires, dit le militant d’Amnesty International. Si la mission de destruction est validée, il est possible que les navires qui effectuent les missions de sauvetage actuellement soient réaffectés. Nous redoutons que les moyens soient détournés à d’autres fins et que cela entrave l’efficacité des secours. » Même prudence du côté du HCR. Pour l’organisation, « les mois les plus intenses restent à venir » en matière migratoire, et de nouveaux naufrages ne sont jamais à exclure.Lire aussi :Face aux naufrages, les Vingt-Huit cherchent une parade à la crise migratoireAdèle HumbertJournaliste au Monde Philippe Jacqué Les efforts finissent par payer. C’est ce qui ressort des résultats financiers du premier semestre 2015. Et les performances de Renault, qui a présenté ses résultats jeudi 30 juillet, n’y dérogent pas (chiffre d’affaires en croissance de 12% sur six mois, à 22,1 milliards d’euros).Que ce soit PSA Peugeot Citroën, General Motors, Ford ou Renault, tous ces constructeurs, particulièrement affaiblis pendant la crise, sont en train de voir le bout du tunnel grâce à une reprise solide du marché européen.Lire aussi :Après trois ans de pertes, PSA renoue avec les bénéficesAu premier semestre, les immatriculations y ont progressé de 8,2 %. Et sur le seul mois de juin, elles ont bondi de 14,6 %. Pour autant, le marché est encore loin de ses sommets de 2006, quand il se vendait 15,5 millions de voitures sur le Vieux Continent. Si la dynamique se poursuit cette année, il devrait s’écouler 13 millions d’unités.Retour aux bénéficesC’est désormais assez pour que les constructeurs gagnent de l’argent. En 2012, tous les groupes automobiles ont engagé d’importantes restructurations, en fermant une demi-douzaine d’usines qu’ils étaient incapables de rentabiliser. Outre le site PSA d’Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, des sites d’Opel (General Motors) ou de Ford ont par exemple été arrêtés en Allemagne, au Royaume-Uni et en Belgique.Moins nombreuses, les usines ont vu leur volume de production progresser d’autant plus vite que le marché reprenait. Parallèlement, la multiplication des accords de compétitivité avec les syndicats, pour assurer la pérennité des sites restants, a permis de faire baisser les coûts.Ces trois effets ont assuré la rentabilité de l’essentiel des sites ouest-européens. Et cela se voit dans les comptes. Le groupe Renault a quasiment doublé son bénéfice net au premier semestre, le faisant passer de 749 millions à 1,39 milliard d’euros.Au deuxième trimestre, l’américain Fordaffiche encore un déficit de 14 millions de dollars, mais, il avait perdu 185 millions de dollars au premier trimestre. General Motors, lui, a limité à 41 millions de dollars sa perte au second trimestre, contre 1,4 milliard en 2014.Lire aussi :Ford affiche ses plus gros profits trimestriels depuis 15 ansLe retournement financier le plus spectaculaire revient cependant à PSA. Le groupe a affiché 571 millions d’euros de bénéfices au premier semestre, contre une perte de 114 millions sur la même période de 2014. La branche automobile de PSA (qui compte aussi l’équipementier Faurecia) est aujourd’hui de nouveau rentable, avec une marge opérationnelle de 5 %, deux fois celle de la marque Volkswagen !phjacque@lemonde.fr@PhjacquePhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Séverin Graveleau « La pression qui s’exerce maintenant chaque nuit dépasse ce qu’un concessionnaire peut raisonnablement faire. » C’est par ces mots que le groupe Eurotunnel a une nouvelle fois appelé, mercredi 29 juillet, l’Etat français à prendre ses responsabilités. Alors que le tunnel sous la Manche fait face depuis plusieurs semaines à une explosion des tentatives d’intrusion de migrants cherchant à gagner le Royaume-Uni, le concessionnaire affirme avoir intercepté « plus de 37 000 migrants » depuis le 1er janvier et avoir investi « au-delà de ses obligations contractuelles » dans la protection du terminal d’embarquement.Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve et le premier ministre Manuel Valls ont répondu en appelant aussi le groupe à « assumer ses responsabilités ». Déjà dans une lettre adressée le 23 juillet à Jacques Gounon, PDG du groupe, M. Cazeneuve avait reproché à Eurotunnel d’avoir « divisé par trois les moyens humains qu’il consacre à la sécurisation du site ». Il répondait ainsi à la demande de l’exploitant d’une indemnisation de 9,7 millions d’euros aux Etats français et britannique pour compenser les pertes liées à l’afflux des clandestins.Lire aussi :Nouvelles intrusions de migrants sur le site d’Eurotunnel à CalaisObligation valable qu’à l’intérieur de l’enceinteAu centre du débat autour des attributions des uns et des autres, le traité de concession dit « Liaison fixe transmanche », signé en 1986 par chacun des acteurs, et depuis amendé à plusieurs reprises. S’il précise bien que le concessionnaire « doit mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour permettre […] la circulation dans de bonnes conditions de sécurité et de commodité », cette obligation n’est valable qu’à l’intérieur de ses murs et pour l’exercice de son activité. Il n’impose pas à Eurotunnel de garantir à lui seul le périmètre extérieur du site de Coquelles contre les incursions – « ce qui nécessiterait des pouvoirs de police qu’il ne possède pas », précisait même en 2007 une sentence du tribunal arbitral international de La Haye, sur laquelle Eurotunnel compte s’appuyer.A la suite des perturbations causées à son exploitation par les intrusions de migrants en provenance du centre d’accueil de Sangatte – fermé en 2002 – l’entreprise avait demandé réparation et obtenu 24 millions d’euros d’indemnisation. La responsabilité de la France et du Royaume-Uni était engagée dans la mesure où il leur incombait de « maintenir des conditions normales de sûreté et d’ordre public dans le terminal de Coquelles et autour de celui-ci » précisait la sentence.Lire aussi :Les migrants de Calais mettent Français et Britanniques au bord de la crise diplomatique L’emprise du tunnel, « un espace privé »Le ministère de l’intérieur comme l’entreprise privée dénoncent deux choses différentes. « C’est bien la sécurité “aux abords” du site que nous réclamons, et de façon pérenne », confirme un porte-parole d’Eurotunnel. « L’emprise du tunnel en tant que tel est un espace privé, la sécurité de celui-ci incombe à l’entreprise », précise-t-on place Beauvau en indiquant qu’« il n’y a aucune volonté de décharger l’Etat de sa mission de contrôle des frontières ».Quid de la responsabilité du Royaume-Uni, dont le refus de signer les accords de Schengen impose de fait ces contrôles à la frontière française ? Dans un avis rendu le 2 juillet, la Commission nationale consultative des droits de l’homme, instance indépendante, recommandait la « dénonciation » de certains traités bilatéraux franco-britanniques qui conduisent selon elle la France à être « le bras policier de la politique migratoire britannique ». Une option qui « n’est pas à l’ordre du jour », indique le ministère de l’intérieur.Jeudi matin, l’entreprise et le ministère de l’Intérieur jouaient enfin l’apaisement. Dans un communiqué la place Beauveau indique que Bernard Cazeneuve et Jacques Gounon « s’accordent sur la necessité de renforcer encore la sécurisation du site dans un esprit de responsabilité partagé ». Eurotunnel se félicite de son côté que son appel ait « été entendu avec une réponse immédiate et oppérationnelle des deux gouvernements ». La société fait référence aux deux unités supplémentaires de CRS et gendarmes mobiles envoyées dès jeudi soir sur le site, portant à près de 500 le nombre de CRS et de gendarmes mobilisés. Mais aussi aux 10 millions d’euros supplémentaires promis par le Royaume-Uni pour renforcer la sécurité du terminal français. Une première réunion à ce sujet doit se réunir ce jeudi pour « identifier les aménagements nécessaires ».Selon les informations recueuillies par « Le Monde », le dispositif renforcé a déjà permiImage précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55ba30b928732'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 10\r\n \r\n \r\nDes migrants tentent d'atteindre le tunnel sous la Manche, pr\u00e8s de Frethun (Pas-de-Calais), le 28 juillet.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des migrants tentent d'atteindre le tunnel sous la Manche, pr\u00e8s de Frethun (Pas-de-Calais), le 28 juillet.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":0,"position":1,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 10\r\n \r\n \r\nApr\u00e8s de nombreuses tentatives d\u2019intrusion dans la nuit de lundi \u00e0 mardi, le site d\u2019Eurotunnel \u00e0 Calais a de nouveau \u00e9t\u00e9 l\u2019objet d\u2019au moins \u00ab 1 500 \u00bb tentatives d\u2019intrusions de la part de migrants dans la nuit de mardi \u00e0 mercredi, a indiqu\u00e9 \u00e0 l\u2019AFP une source polici\u00e8re. L\u2019un d\u2019entre eux a trouv\u00e9 la mort.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Apr\u00e8s de nombreuses tentatives d\u2019intrusion dans la nuit de lundi \u00e0 mardi, le site d\u2019Eurotunnel \u00e0 Calais a de nouveau \u00e9t\u00e9 l\u2019objet d\u2019au moins \u00ab 1 500 \u00bb tentatives d\u2019intrusions de la part de migrants dans la nuit de mardi \u00e0 mercredi, a indiqu\u00e9 \u00e0 l\u2019AFP une source polici\u00e8re. L\u2019un d\u2019entre eux a trouv\u00e9 la mort.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":1,"position":2,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 10\r\n \r\n \r\nSur les rails du terminal d'Eurotunnel, le 28 juillet. La veille, l\u2019entreprise avait annonc\u00e9 avoir recens\u00e9 environ 2 000 tentatives de migrants pour \u00ab rentrer \u00bb sur le site du tunnel sous la Manche \u00e0 Calais, dans la nuit de lundi \u00e0 mardi, soit le nombre de tentatives le plus important depuis plus d\u2019un mois et demi, selon un porte-parole.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Sur les rails du terminal d'Eurotunnel, le 28 juillet. La veille, l\u2019entreprise avait annonc\u00e9 avoir recens\u00e9 environ 2 000 tentatives de migrants pour \u00ab rentrer \u00bb sur le site du tunnel sous la Manche \u00e0 Calais, dans la nuit de lundi \u00e0 mardi, soit le nombre de tentatives le plus important depuis plus d\u2019un mois et demi, selon un porte-parole.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":2,"position":3,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 10\r\n \r\n \r\nEurotunnel avait pr\u00e9venu ses usagers, mardi peu avant 11 heures, que des retards avaient lieu au d\u00e9part de l\u2019Angleterre en raison de perturbations dues \u00e0 \u00ab la pr\u00e9sence de migrants dans la nuit \u00bb, sans donner davantage de pr\u00e9cisions.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Eurotunnel avait pr\u00e9venu ses usagers, mardi peu avant 11 heures, que des retards avaient lieu au d\u00e9part de l\u2019Angleterre en raison de perturbations dues \u00e0 \u00ab la pr\u00e9sence de migrants dans la nuit \u00bb, sans donner davantage de pr\u00e9cisions.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":3,"position":4,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 10\r\n \r\n \r\nEurotunnel a insist\u00e9 sur le fait qu\u2019aucun migrant n\u2019est entr\u00e9 physiquement dans le tunnel.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Eurotunnel a insist\u00e9 sur le fait qu\u2019aucun migrant n\u2019est entr\u00e9 physiquement dans le tunnel.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":4,"position":5,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 10\r\n \r\n \r\n\u00ab Ils ont \u00e9t\u00e9 intercept\u00e9s aux barri\u00e8res ou sur le terminal, mais en aucun cas dans le tunnel \u00bb, a pr\u00e9cis\u00e9 la soci\u00e9t\u00e9 au \"T\u00e9l\u00e9gramme\". Pourtant, des m\u00e9dias reprenant l\u2019information publi\u00e9e par \"Le Figaro\", dont \"Valeurs actuelles\" ou \"La Libre Belgique\", n\u2019ont pas h\u00e9sit\u00e9 \u00e0 affirmer que ces migrants avaient \u00ab envahi \u00bb le tunnel.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab Ils ont \u00e9t\u00e9 intercept\u00e9s aux barri\u00e8res ou sur le terminal, mais en aucun cas dans le tunnel \u00bb, a pr\u00e9cis\u00e9 la soci\u00e9t\u00e9 au \"T\u00e9l\u00e9gramme\". Pourtant, des m\u00e9dias reprenant l\u2019information publi\u00e9e par \"Le Figaro\", dont \"Valeurs actuelles\" ou \"La Libre Belgique\", n\u2019ont pas h\u00e9sit\u00e9 \u00e0 affirmer que ces migrants avaient \u00ab envahi \u00bb le tunnel.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":5,"position":6,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 10\r\n \r\n \r\nLes migrants auraient, en fait, profit\u00e9 de la paralysie du trafic d\u00fb au conflit social entre la compagnie maritime MyFerryLink et le groupe Eurotunnel pour monter dans les camions \u00e0 l\u2019arr\u00eat \u00e0 Calais.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Les migrants auraient, en fait, profit\u00e9 de la paralysie du trafic d\u00fb au conflit social entre la compagnie maritime MyFerryLink et le groupe Eurotunnel pour monter dans les camions \u00e0 l\u2019arr\u00eat \u00e0 Calais.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":6,"position":7,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 10\r\n \r\n \r\nA l\u2019issue d\u2019une r\u00e9union sur la question migratoire entre le ministre de l\u2019int\u00e9rieur, Bernard Cazeneuve, et son homologue britannique, Theresa May, cette derni\u00e8re a annonc\u00e9 une rallonge de 7 millions de livres (10 millions d\u2019euros) pour renforcer la s\u00e9curit\u00e9 du terminal d\u2019embarquement d\u2019Eurotunnel \u00e0 Coquelles.\r\nCr\u00e9dits : Thibault Camus \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"A l\u2019issue d\u2019une r\u00e9union sur la question migratoire entre le ministre de l\u2019int\u00e9rieur, Bernard Cazeneuve, et son homologue britannique, Theresa May, cette derni\u00e8re a annonc\u00e9 une rallonge de 7 millions de livres (10 millions d\u2019euros) pour renforcer la s\u00e9curit\u00e9 du terminal d\u2019embarquement d\u2019Eurotunnel \u00e0 Coquelles.","source":"Thibault Camus \/ AP","index":7,"position":8,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 10\r\n \r\n \r\nLe ministre de l'int\u00e9rieur a annonc\u00e9 mercredi l'envoi de deux unit\u00e9s mobiles de CRS suppl\u00e9mentaires pour s\u00e9curiser la zone.\r\nCr\u00e9dits : Thibault Camus \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Le ministre de l'int\u00e9rieur a annonc\u00e9 mercredi l'envoi de deux unit\u00e9s mobiles de CRS suppl\u00e9mentaires pour s\u00e9curiser la zone.","source":"Thibault Camus \/ AP","index":8,"position":9,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 10\r\n \r\n \r\nDe con c\u00f4t\u00e9, le groupe Eurotunnel a demand\u00e9 une indemnisation de 9,7 millions d\u2019euros aux gouvernements fran\u00e7ais et britannique, pour compenser ses d\u00e9penses et pertes d\u2019exploitation li\u00e9es \u00e0 l\u2019afflux de migrants depuis le 1er janvier.\r\nCr\u00e9dits : Thibault Camus \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"De con c\u00f4t\u00e9, le groupe Eurotunnel a demand\u00e9 une indemnisation de 9,7 millions d\u2019euros aux gouvernements fran\u00e7ais et britannique, pour compenser ses d\u00e9penses et pertes d\u2019exploitation li\u00e9es \u00e0 l\u2019afflux de migrants depuis le 1er janvier.","source":"Thibault Camus \/ AP","index":9,"position":10,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_9.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Séverin GraveleauJournaliste au Monde Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance) Le veto des Russes était attendu. Mais il a consterné les onze membres du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) qui avaient voté favorablement au projet de résolution prévoyant la création d’un tribunal international pour juger les responsables du crash du vol MH17, abattu au-dessus de l’Ukraine, le 17 juillet 2014.Après une minute de silence en hommage aux 298 victimes du crash du Boeing malaisien, le Conseil de sécurité a mis au vote le projet de résolution qui aurait obligé tous les pays à coopérer avec le tribunal sous peine de sanctions. La Russie s’y est donc opposée. La Chine, l’Angola et le Venezuela se sont abstenus.Le ministre des transports malaisien Dato Sri Liow Tiong Lai avait prévenu à l’ouverture de la séance que ce projet de résolution était « un appel à la justice » pour soulager les familles des victimes. « Le Conseil de sécurité doit envoyer un message clair aux acteurs non étatiques. Car tous ceux qui voyageront en avion courront dorénavant un risque » a t-il averti.Face à l’ampleur de la catastrophe, qui a plongé dans le deuil près de 18 pays, le Conseil de sécurité aurait voulu offrir une figure d’unité et prouver sa volonté de poursuivre la résolution 2166 qui demandait à tous les états de coopérer pleinement à l’enquête qui devait être « exhaustive, minutieuse et indépendante ».La Russie plaide sa bonne foiUn an plus tard, où en est-on ? « L’enquête indépendante a été effectuée » affirme le ministre des transports malaisien et le rapport devrait être remis courant octobre 2015. « Nous voulions créer ce tribunal international très en amont des résultats de l’enquête pour dépolitiser l’enjeu » assure Albert Koenders, le ministre des affaires étrangères néerlandais. « Quels qu’en soient les auteurs, nous voulons qu’ils soient jugés. »D’après les premiers éléments de l’enquête, le missile qui a détruit le Boeing 777 de Malaysia Airlines a « probablement » été tiré d’une zone à l’est de l’Ukraine, contrôlée par les séparatistes prorusses. Le représentant russe aux Nations unies, Vitali Tchourkine, a plaidé la bonne foi de son pays qui a fourni « des données satellites » aux Néerlandais et qui aurait été le premier à évoquer la possibilité que l’avion ait été abattu par un missile sol-air Buk de fabrication soviétique. Ce missile ne serait plus utilisé par l’armée russe, mais Moscou affirme que les Ukrainiens en disposeraient dans leur arsenal.L’ambassadeur russe a assuré « vouloir que les responsabilités du crash soient établies » mais que la création d’un tribunal ne devait pas être « du ressort du Conseil de sécurité » en l’absence de conclusions claires sur l’accident.Julie Bishop, ministre des affaires étrangères d’Australie, pays qui a perdu 59 ressortissants dans la catastrophe, s’est montrée la plus virulente contre son homologue russe. « Ce veto est un affront à la mémoire des victimes. » a-t-elle lancé, rageuse. « Le veto ne devrait jamais être autorisé quand il empêche la justice. La Russie s’est moquée de son engagement à être un partenaire responsable… »Ce veto « qui marque un grave échec pour le Conseil » selon François Delattre, le représentant français « ne doit pas nous faire baisser les bras ». Faute de tribunal pénal international, la commission d’enquête menée par les Pays-Bas, l’Australie, l’Ukraine, la Malaisie et la Belgique a promis « de faire tout ce qui est en son pouvoir pour mener les responsables devant la justice ».Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance)Journaliste au Monde 29.07.2015 à 14h45 • Mis à jour le29.07.2015 à 20h32 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Dans une très longue interview de plus de deux heures, mercredi 29 juillet, à la radio Kokkino, très proche du parti de la gauche radicale Syriza, le premier ministre Alexis Tsipras est longuement revenu sur les divisions qui déchirent aujourd’hui son parti. « Je suis le dernier à vouloir des élections, a-t-il notamment déclaré, mais si je n’ai plus de majorité parlementaire alors je n’aurai pas d’autre choix que de convoquer ces élections. » Le premier ministre grec fait en effet face à une fronde grandissante au sein de son propre parti, dont une frange lui reproche d’avoir signé le 13 juillet dernier un accord amenant en Grèce de nouvelles mesures d’austérité, alors que l’ensemble de la campagne de Syriza s’était concentrée sur la lutte contre l’austérité. Lors des votes de premiers trains de mesures les 15 et 22 juillet, près d’une quarantaine de députés s’étaient désolidarisés du gouvernement, faisant tomber la majorité parlementaire en dessous des 151 voix requises pour faire adopter un texte. Ces mesures n’étaient finalement passées qu’avec les voix de l’opposition.Deux camps, un congrès exceptionnelDepuis, la fronde s’organise et Syriza est véritablement divisé aujourd’hui en deux camps. Le grand test sera l’adoption dans les prochaines semaines du nouveau plan de plus de 80 milliards d’euros de prêt sur trois ans, actuellement en cours de négociation, et qui devrait être présenté au parlement d’ici au 20 août.Si moins de 120 députés du groupe parlementaire Syriza soutiennent ce texte, alors Alexis Tsipras n’aura en effet pas d’autre choix que de recourir à des élections, car il deviendra intenable de ne faire adopter des lois qu’avec le soutien de l’opposition. Une clarification sera nécessaire.Il a confirmé lors de son interview de mercredi matin qu’il souhaiterait que se réunisse avant cela, peut-être début septembre, « un congrès exceptionnel pour demander aux 30 000 membres de Syriza de se prononcer sur la ligne que devra suivre le parti ». Pour décider aussi des candidats qui seront inscrits sur les listes électorales.Selon ce scénario, le calendrier idéal de M. Tsipras serait donc : conclusion de l’accord, adoption au parlement puis congrès Syriza avant des élections fin septembre ou début octobre.Bousculer les équilibres internesMais les dissidents de Syriza exigent, eux, que les choses aillent plus vite, faisant pression sur le gouvernement et le parti pour que les organes internes se réunissent avant la conclusion de l’accord avec les créanciers. Ils espèrent ainsi bousculer les équilibres internes et renverser la « ligne présidentielle », menée par Alexis Tsipras, qui reste à ce jour la ligne majoritaire au sein de Syriza.Derrière cette bataille, deux conceptions s’opposent : d’un coté, celle de M. Tsipras, qui vise à continuer à négocier avec les créanciers, pour avant tout rester dans la zone euro, et de l’autre, la vision défendue notamment, et de plus en plus fort, par Panayiotis Lafazanis, le chef du courant dissident de la plateforme de gauche, appelant, lui, à la rupture et à la sortie de la zone euro. « Le peuple grec ne nous a jamais demandé de sortir le pays de la zone euro, a précisé M. Tsipras, sur Kokkino. L’heure est arrivée pour la gauche de se montrer responsable. Quand un parti prend la décision de gouverner, il doit gouverner et pouvoir compter sur sa majorité parlementaire. »La première bataille de cette guerre des tranchées aura lieu jeudi 30 juillet. Le comité central doit se réunir et répondre à une question : les consultations internes au parti auront-elles lieu avant ou après la conclusion de l’accord ?Sans surprise, l’opposition comme les créanciers aimeraient que cela se produise après. Une fois le nouveau plan adopté au parlement.En cas d’élection, selon tous les sondages de ces dernières semaines, Syriza arriverait toujours en tête, avec même la possibilité de dégager une majorité absolue de 151 députés (sur les 300 sièges que compte le parlement). Ce qu’il n’avait pas réussi à faire le 25 janvier dernier.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Martin Untersinger Le site Netzpolitik est, depuis plusieurs jours, au cœur d’un scandale retentissant en Allemagne. En cause, une enquête pour « trahison » ouverte à la suite de deux de ses articles, publiés en février et en avril.1. Netzpolitik, c’est quoi ?Netzpolitik est un site d’information fondé en Allemagne par Markus Beckedahl et qui va fêter son onzième anniversaire à l’automne. Comme son nom l’indique, il s’intéresse aux questions de politique numérique, notamment « la protection des données, les cultures numériques, la neutralité du Net, les questions de copyright et la surveillance ».Ses journalistes, qui se présentent comme engagés, veulent promouvoir les « libertés numériques et leur implémentation politique ». Actuellement animé par quatre personnes, Netzpolitik compte aussi de nombreux collaborateurs indépendants.Ce site dont l’audience reste relativement modeste – il revendique environ 40 000 visiteurs par jour – peut cependant, dans un pays où la question des libertés numériques a le vent en poupe, se targuer d’une très solide réputation.Dès 2005, il a été récompensé par Reporters sans frontières pour sa défense de la liberté d’expression sur Internet. Très bien informés, notamment sur les questions de surveillance, ses animateurs sont même devenus le véritable poil à gratter du gouvernement allemand : la chancellerie s’était même plainte de leur travail auprès des députés formant la commission d’enquête sur les activités de la NSA dans le pays. « Nous avons une place centrale dans les débats sur la politique numérique », se réjouissait d’ailleurs, sans fausse modestie, l’un des journalistes actuellement poursuivis, Andre Meister, dans une vidéo récente.Netzpolitik fait figure de précurseur, à l’échelle allemande comme européenne sur les questions numériques. « Lorsque nous nous sommes lancés, nous étions contents si, une fois par mois, Internet était abordé dans l’agenda politique. Aujourd’hui, on a davantage peur au début de chaque semaine en regardant le nombre de fois où la politique numérique va être abordée », s’amusait il y a peu son fondateur, M. Beckedahl.2. Que racontent les articles pour lesquels le site est poursuivi ?Deux articles ont fortement déplu au Bundesamt für Verfassungsschutz (BfV, Office fédéral de protection de la Constitution), le service de renseignement intérieur allemand. Ces articles racontaient comment ce service prévoyait davantage de moyens, notamment pour mettre en place une cellule de surveillance des réseaux sociaux pour lutter contre le terrorisme.Dans un premier article, publié le 25 février, le site a d’abord révélé des extraits détaillés du projet de budget du BfV. Les détails des comptes de ce service de renseignement sont, comme dans la plupart des pays, secrets. On connaît la totalité de l’enveloppe consacrée au fonctionnement des services, pas leur répartition exacte.Sur la base d’un document, Netzpolitik raconte donc que le BfV va se doter de moyens informatiques pour « analyser massivement des données Internet », notamment sur les réseaux sociaux, grâce à une enveloppe de 2,75 millions d’euros. Le but est de pouvoir « déterminer des relations, jusqu’ici invisibles, entre des individus ou des groupes sur Internet », une tâche « impossible à réaliser manuellement ».Dans un second article, mis en ligne le 15 avril, le site apporte davantage de précisons sur les projets des services allemands grâce à de nouveaux documents qu’ils s’est procuré. Le BfV va compter dans ses rangs une unité appelée Erweiterte Fachunterstützung Internet (EFI, support internet étendu spécialisé), composée de 75 agents. Ils se concentreront notamment sur les conversations en ligne et sur les données présentes sur Facebook.Netzpolitik rappelle alors que cette volonté de traiter des données de manière massive semble contrevenir à la législation allemande qui encadre les activités du BfV, puisque ce dernier ne doit enquêter que de manière ciblée.Le site évoque également le programme Perseus, un outil utilisé par les services pour traiter les données brutes récoltées, notamment les métadonnées. Enfin, il évoque la volonté du BfV de se doter de capacité « de collecte d’information clandestine », c’est-à-dire pour aller au-delà des informations publiquement disponibles.Comme le rappelle Netzpolitik dans ses deux articles, ces informations avaient déjà fuité dans de nombreux journaux allemands. Mais le site spécialisé apporte des précisions et des détails inédits. Ce qui n’a pas plu au BfV.3. Où en est-on de la procédure ?Après les deux articles de Netzpolitik, le BfV a porté plainte. Ce sont ensuite les services du procureur fédéral, Harald Range, qui ont mené l’enquête. Dans leur viseur, deux journalistes de Netzpolitik – l’auteur des articles, Andre Meister, et le responsable du site Markus Beckedahl – ainsi qu’une personne « inconnue », leur source. L’affaire est rendue publique le 30 juillet, lorsque les deux journalistes reçoivent un courrier des services du procureur les informant qu’ils sont accusés de trahison. Un chef d’accusation qui n’a pas été utilisé depuis 1962.Le procureur a ensuite ordonné une expertise juridique afin de savoir si les informations rendues publiques par Netzpolitik relevaient du secret d’Etat, et en attendant les résultats, a suspendu l’enquête. Les conclusions de l’expertise ont été connues lundi 3 août : oui, les journalistes ont publié des informations secrètes. Le gouvernement, qui avait déjà publiquement pris ses distances avec le procureur, aurait ensuite, selon ce dernier, fait pression pour que les conclusions de l’expertise soient ignorées. Harald Range a ensuite, fait très inhabituel, dénoncé les pressions exercées par le gouvernement. En réponse, le ministre de la justice Heiko Maas a mis le procureur à la retraite d’office. Il sera remplacé par l’actuel procureur fédéral de Munich Peter Frank.Lire aussi :En Allemagne, le ministre de la justice limoge le procureur généralAujourd’hui, l’enquête est toujours ouverte et la plainte déposée par le service de renseignement allemande n’a pas été retirée.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.08.2015 à 10h56 • Mis à jour le05.08.2015 à 16h15 | Jean-Baptiste de Montvalon Géographe, ancien ambassadeur, Michel Foucher est titulaire de la chaire de géopolitique appliquée au Collège d’études mondiales. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels L’Obsession des frontières (éd. Tempus Perrin, 2012).Face à la crise des migrants à Calais, un député du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) a suggéré que l’Angleterre reprenne la ville, tandis que des élus français ont souhaité que les contrôles à l’entrée du Royaume-Uni soient déplacés à Douvres… Que vous inspire cette « bataille » autour d’une frontière intra-européenne ?Si une « bataille » s’annonçait, les « bourgeois de Calais » sauraient cette fois résister à un siège… Nos capacités stratégiques ont progressé depuis la guerre de Cent Ans ! Que ce scénario de reconquête soit énoncé par un député eurosceptique est amusant et a le mérite, si l’on peut dire, d’exhumer une vieille carte mentale : la Manche fut, jusqu’au XIXe siècle, une mer pour deux royaumes, donc une aire d’affrontement. Devenue mer intérieure européenne, c’est la seule dotée d’un double toponyme sur les cartes officielles : Manche et English Channel. Dans la tradition militaire anglaise, la mer sépare et fait frontière ; en France, c’est la côte fortifiée.Lire le reportage :« J’essaie tous les jours de passer en Angleterre »Où est la frontière franco-britannique ? Elle se situe là où s’effectuent les contrôles de douane et de police : à la gare du Nord et à Saint-Pancras, à Roissy et Heathrow, à Douvres, Calais, comme dans une douzaine d’autres ports. La frontière juridique est maritime, à mi-distance des côtes des Etats riverains, et terrestre, au milieu du tunnel sous la Manche selon le traité signé à la cathédrale de Canterbury en février 1986, en présence de la reine Elisabeth et du président Mitterrand. Ces limites fixent l’aire d’extension de la convention de Schengen, que Londres a refusée tout en ouvrant ses portes aux migrants des Etats ayant adhéré à l’Union européenne en 2004, surtout Polonais et Baltes.Que recouvre sur notre continent la notion de frontière ?Les limites de la souveraineté et de l’identité nationales demeurent. En passant de Strasbourg à Kehl, en Allemagne, sur le pont de l’Europe, l’absence de contrôle douanier n’efface en rien les traits propres aux deux nations. L’espace de l’Europe instituée est plus fluide. La liberté de circulation est saluée par les opinions européennes, quand elle s’applique à elles-mêmes.Mais la mise en commun d’attributs de souveraineté suppose de bâtir à chaque instant des accords collectifs, comme on l’a vu lors de la crise grecque. L’Etat-nation, doté de son enveloppe frontalière – limite, pas barrière – est le noyau de base mais, dans le monde tel qu’il a l’inconvénient d’être, il doit se développer de concert avec les autres pour peser.Le coût humain et financier des migrations va-t-il engendrer un renforcement des frontières ou les remettre en cause ?Le calcul du coût suppose une typologie fine, selon les trajectoires migratoires. De qui parle-t-on ? Des Français de Londres ? Des Kurdes de Berlin ? Des Maliens d’Ile-de-France ? Des Syriens de Stockholm ? Les études sérieuses montrent que les bénéfices, individuels et collectifs, sont nettement supérieurs aux coûts : travail fourni, compétences importées et acquises, envoi de salaires aux familles des lieux d’origine. A l’âge global, chacun, dans l’ancien tiers-monde comme en Moldavie, sait qu’ailleurs l’herbe est plus verte. Les migrations sont irrépressibles. La prospérité et la sécurité de l’Europe la rendent attractive. Il faut renforcer la concertation dans la gestion des régimes frontaliers, au-delà des circonstances exceptionnelles.Après les drames autour des Canaries, Madrid a réalisé qu’il était aussi important d’aider la Mauritanie ou le Sénégal que les pays andins hispanophones. L’accès légal à l’espace européen pour étudier ou exercer une activité suppose une démarche cogérée avec les pays de départ. La convention de Schengen n’avait qu’un objectif interne, de libre circulation réservée aux ressortissants des pays signataires. Les crises et drames actuels posent la question d’une action à l’extérieur de l’Union européenne : aide ciblée au développement, programmes cogérés de migration circulaire et surtout de mobilité dans les zones d’interaction migratoire et, parfois, interventions dans les zones de crise.Lire le compte-rendu :Plus de 2 000 hommes, femmes et enfants sont morts « aux portes de l’Europe » en 2015Des chercheurs étudient les conséquences d’une éventuelle ouverture de toutes les frontières. Que vous inspire cette piste de travail ? L’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme affirme en effet le droit à quitter son pays. Cette liberté n’est pas encore acquise partout. Mais le droit d’émigrer ne trouve pas son corollaire dans celui d’immigrer. La disparité dans le régime des visas est grande : il est plus facile à un Danois d’aller en Indonésie que l’inverse. Les visas pour entrer dans l’espace Schengen sont exigés dans 134 Etats. Il n’est pas certain que l’asymétrie de traitement soit durable, au nom de l’égalité des droits des Etats. Le Sénégal a rétabli les visas pour les Français, et se rendre en Algérie n’est pas simple – message de réciprocité, en quelque sorte. Toutes les pistes méritent d’être expérimentées, d’abord celles traitant de la mobilité, depuis et vers l’Europe instituée.Lire sur Les Décodeurs :Comment fonctionne la politique migratoire entre le Royaume-Uni et la France ?Quel jugement portez-vous sur la façon dont les politiques français abordent cette question des frontières et des migrations ?La frontière civilisée est une interface et une ressource. Sa fonction de barrière ne s’impose qu’en cas de menace directe sur notre sécurité. Un changement de discours politique sur ces questions serait salutaire, avec la reconnaissance publique de la réalité durable des mobilités et la nécessaire construction de dispositifs les encadrant : visas de travail de longue durée, cogestion des mobilités entre pays de départ et pays d’arrivée, mise en place de règles pour détruire le régime illégal des passeurs…Ce qui est en jeu est également notre choix d’un rapport au monde. L’image positive du Royaume-Uni, projetée au loin par le message des Jeux olympiques de Londres, en 2012, cette image d’un pays moderne et multiculturel, ouvert et globalisé, nourrit une attraction irrésistible, même au fin fond du Soudan. D’où l’afflux vers Calais. Les Français – opinion et dirigeants –, qui candidatent pour des JO en 2024 et une Exposition universelle en 2025, seraient bien inspirés d’y réfléchir et d’assumer enfin toutes les composantes d’une politique d’ouverture, dans un monde de communication instantanée, loin d’un illusoire repli sur soi.Jean-Baptiste de MontvalonJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Eric Albert (Londres, correspondance) Comme dans un cauchemar, les affaires de pédophilie n’en finissent pas de s’accumuler au Royaume-Uni, plus sordides les unes que les autres. La dernière accusation en date concerne l’ancien premier ministre Edward Heath. Au pouvoir entre 1970 et 1974, mort en 2005, l’ancien dirigeant conservateur est sous le coup de cinq enquêtes différentes. Les polices de Londres, du Wiltshire, du Kent, de l’Hampshire et de l’île Anglo-Normande de Jersey mènent chacune des investigations pour établir les faits.L’affaire est devenue publique lundi 3 août quand la police des polices (Independent Police Complaints Commission, IPCC) a annoncé avoir ouvert une enquête sur la gestion des investigations par la police du Wiltshire. Il s’agissait de comprendre pourquoi celle-ci avait classé sans suite une plainte déposée dans les années 1990 contre M. Heath. C’est un ancien policier à la retraite, qui n’avait jamais accepté le traitement de ce dossier, qui a décidé de ressortir l’affaire, en allant témoigner auprès de l’IPCC.Mardi, les médias britanniques ont affirmé que plusieurs forces de police avaient déjà ouvert ces derniers mois une enquête sur l’ancien premier ministre, à chaque fois pour des accusations de pédophilie.L’affaire semble sérieuse. Au cœur du scandale se trouve la tenancière d’une maison de passe du Wiltshire. Selon plusieurs médias britanniques, Myra Ling-Ling Forde, d’origine philippine, dirigeait au début des années 1990 l’Oriental Massage Parlour, à Salisbury, où habitait M. Heath. L’établissement exploitait comme prostituées de nombreuses jeunes filles mineures.« Politiciens et stars »Quand la tenancière a fait l’objet d’une première enquête, elle a nommé l’ancien premier ministre comme l’un de ses clients. Plusieurs officiers haut gradés seraient alors intervenus pour faire classer l’affaire. Néanmoins, en 1995, Mme Ling-Ling Forde a finalement été condamnée pour proxénétisme, sans que le nom de M. Heath n’apparaisse. Pendant le procès, le cas d’une jeune fille de 13 ans, qui allait directement de l’école à la maison de passe, a été cité. Une autre adolescente de 15 ans apparaissait également dans le dossier.En 2009, Mme Ling-Ling Forde a été une nouvelle fois condamnée pour proxénétisme. Interrogée par le Daily Telegraph, sa sœur, Mia Pablico, affirme que l’établissement du Wiltshire était fréquenté par du beau monde : « Je sais ce qu’elle a fait à Salisbury. Elle connaissait plein de politiciens et de stars à cause de cela. »Par ailleurs, M. Heath est accusé d’avoir violé un jeune garçon de 12 ans en 1961, selon une information du Daily Mirror. D’après la victime, celui qui était alors simple député l’aurait pris en auto-stop et emmené dans son appartement du centre de Londres. A l’époque, l’adolescent est allé se plaindre, mais la police l’aurait traité d’affabulateur. Et ce n’est que quatre ans plus tard qu’il aurait découvert l’identité de M. Heath, en le voyant sur des affiches électorales.L’ancien premier ministre, qui reste comme l’homme politique qui a fait entrer le Royaume-Uni dans la Communauté économique européenne en 1973, était un homme très discret. Jamais marié, son inclination sexuelle a souvent fait l’objet de spéculations, mais généralement pour laisser entendre qu’il était homosexuel, à une époque où cela était encore tabou.Les accusations contre M. Heath éclatent au grand jour dans un contexte de grand ménage sur les affaires de pédophilie. Le Royaume-Uni a été traumatisé en 2012 par la découverte que l’une de ses stars préférées du petit écran, Jimmy Savile, avait été un pédophile multirécidiviste. L’ampleur du scandale, dévoilé peu après sa mort, a sidéré le pays et semble avoir libéré la parole. Face aux nombreuses plaintes pour des affaires vieilles de plusieurs décennies, la police a lancé une vaste enquête pour faire toute la lumière sur ces dossiers d’abus sexuels historiques, l’opération « Hydrant ».« Tact et respect »Elle est d’une ampleur colossale. En mai, la police révélait que plus de 1 400 suspects faisaient l’objet d’une enquête. Parmi eux se trouvent 261 personnes « au profil public », y compris 76 responsables politiques. Et le nombre de plaintes ne cesse d’augmenter, avec une hausse de 165 % en trois ans pour les cas de pédophilie dans des affaires anciennes. « De nombreuses victimes ont désormais trouvé l’assurance nécessaire pour témoigner de ces abus, sachant que nous les traiterons avec tact et respect, et que nous les prendrons au sérieux », estimait, en mai, Simon Bailey, le policier qui supervise « Hydrant ».Parmi les nombreuses enquêtes menées en parallèle par la police, on trouve également l’opération « Midland ». Celle-ci se concentre sur un réseau pédophile, qui regroupait des députés, des ministres, des avocats, des juges, des militaires, des membres des services secrets… Les faits restent nébuleux, mais les accusations sont d’une extrême gravité : ces hommes auraient violé et agressé des jeunes garçons dans les années 1970 et 1980.Face à l’ampleur du scandale, il semble extraordinaire que ces faits n’aient pas été connus plus tôt. Il avait fallu attendre que le député Tom Watson ose, en octobre 2012, publiquement les évoquer à la Chambre des communes. Les témoignages se sont multipliés. Au moins trois maisons où se déroulaient les viols en groupe ont été identifiées : une guesthouse dans le sud de Londres, un centre pour orphelins, et Dolphin Square, des appartements de luxe près de Westminster, que louaient nombre de députés.Les enquêtes de police continuent. Mais face à la gravité des faits, sous pression des anciennes victimes, la ministre de l’intérieur Theresa May a parallèlement ouvert une enquête publique. Objectif : comprendre comment ces différentes affaires ont ainsi pu être étouffées durant toutes ces années.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Matthieu Goar Au cœur de la trêve estivale, la crise des migrants à Calais et à Paris a offert une fenêtre de tir à la droite pour critiquer l’exécutif. En première ligne, le député de l’Aisne du parti Les Républicains (LR), Xavier Bertrand, a d’abord proposé dans le JDD de « laisser partir les migrants » en Angleterre avant de mettre la pression sur la majorité socialiste. « Je demande à Bernard Cazeneuve et Manuel Valls d’être plus fermes, plus offensifs à l’égard du gouvernement anglais », a-t-il répété, mardi 4 août sur RTL, en agitant la peur de voir des « barbelés tout le long du littoral. » « Pas question de laisser dénaturer la Côte d’Opale pour faire plaisir aux Anglais. » A Paris, l’occupation d’un lycée professionnel désaffecté du 19e arrondissement a entraîné une salve de communiqués. Claude Goasguen, député de Paris, a dénoncé un « précédent qui constitue un attrait toujours plus important des migrants », et Nadine Morano, députée européenne, a pris la même ligne, évoquant un « appel d’air considérable à l’immigration illégale », tout en dénonçant dans le même texte la saleté des rues de Paris « envahies de SDF, de matelas sur les trottoirs. Une honte pour l’image de la France ».Lire sur Les Décodeurs :Comment fonctionne la politique migratoire entre le Royaume-Uni et la France ?Un bilan comparableDepuis des semaines, la droite affiche sa fermeté en réclamant une stricte application de la loi, notamment en matière de reconduite à la frontière des demandeurs d’asile déboutés. Mardi, Eric Ciotti, secrétaire général adjoint de LR, a ainsi enjoint au gouvernement de mettre en place « une politique responsable, cohérente et lucide, se traduisant par une application ferme et résolue de la politique de reconduite des étrangers en situation irrégulière ». « A Calais comme à Paris, nous sommes en train de créer des abcès de fixation qui profitent aux passeurs et nuisent aux vrais demandeurs d’asile à la dérive », explique au Monde Roger Karoutchi, rapporteur spécial de la mission « Immigration, asile et intégration » au Sénat : « Il faut reconduire à la frontière ceux qui n’ont pas de raison de demander l’asile, sinon à quoi cela sert que nous votions des lois ? »Le Front national s’est engouffré dans la brèche mercredi et a accusé Nicolas Sarkozy de porter une « responsabilité historique » dans « l’aggravation des flux d’immigration clandestine dans notre pays ». « C’est lui qui a déstabilisé la Libye avec le soutien de François Hollande », a lancé sur RTL la présidente du parti, Marine Le Pen, assénant : « La classe politique française passe sa vie à essayer d’aller chercher des responsabilités ailleurs, alors que c’est eux les responsables de la situation. »Si la droite accuse la gauche de laxisme, les deux camps ont pourtant un bilan comparable en matière de reconduites à la frontière. En 2014, le ministère de l’intérieur a ainsi procédé à 27 606 « éloignements » d’immigrés illégaux (27 081 en 2013). Cette baisse par rapport au pic de 2012 (36 822 expulsions) est à relativiser, puisque le nombre d’expulsions en 2014 correspond environ à celui de 2010, à l’époque de la présidence de Nicolas Sarkozy (28 126). Mais la droite estime que la pression migratoire a augmenté et que la gauche n’est pas assez montée en puissance. Le nombre de demandes d’asile progresse en effet continuellement depuis 2007 (29 937 cette année-là contre 50 952 en 2014). « La situation migratoire de 2015 n’a rien à voir avec celle de 2003 », justifie M. Karoutchi, alors que Xavier Bertrand s’en est pris aux accords du Touquet, signés le 4 février 2003 par Nicolas Sarkozy, à l’époque ministre de l’intérieur.Lire aussi :Plus de 2 000 hommes, femmes et enfants sont morts « aux portes de l’Europe » en 2015Opposition frontaleAu niveau législatif, les parlementaires LR continuent également à s’opposer frontalement. Ils ont voté contre la réforme du droit d’asile, adoptée définitivement le 15 juillet, qui vise notamment à réduire la durée moyenne de traitement des demandes.Une semaine plus tard, les députés LR ont également voté contre le projet de loi sur le droit des étrangers, dont certains articles facilitent les reconduites à la frontière. Depuis son retour à la vie politique, Nicolas Sarkozy prône, lui, une refonte totale du droit migratoire européen avec la mise en place d’un Schengen 2, où tous les pays signataires se mettraient d’accord sur des conditions d’asile communes.Son principal rival à droite, Alain Juppé, s’y oppose en réclamant un renforcement des moyens de Frontex dans le cadre de Schengen. Divisés sur ce sujet, les dirigeants de la droite sont en tout cas d’accord sur une chose : à quelques mois des élections régionales, ils ne peuvent pas laisser le terrain de l’immigration au FN. Cela explique l’activisme de Xavier Bertrand, candidat dans la région Nord–Pas-Calais–Picardie, où il affrontera Marine Le Pen.Matthieu GoarJournaliste au Monde 04.08.2015 à 19h14 • Mis à jour le05.08.2015 à 07h30 Une affaire de moeurs, impliquant un mineur, dans les années 1990 a-t-elle réellement été étouffée au Royaume-Uni lorsque le nom d’Edward Heath est apparu ? C’est ce qu’affirme un ancien officier de police, dont les allégations ont conduit la police des polices à annoncer lundi 3 août, devant la maison même de l’ancien premier ministre conservateur (1970-1974) à Salisbury, dans le sud de l’Angleterre, l’ouverture d’une enquête.L’histoire faisait mardi la une de tous les médias britanniques qui rappelaient notamment les rumeurs qui ont poursuivi ce célibataire endurci et sans enfants pendant toute sa vie, jusqu’à sa mort à l’âge de 89 ans en 2005. Premier ministre du Royaume-Uni de 1970 à 1974, il avait contribué à faire entrer la Grande-Bretagne dans la Communauté économique européenne (CEE) en janvier 1973.Nommé dans plusieurs enquêtes« La Commission indépendante sur les plaintes à l’encontre de la police [Independent Police Complaints Commission, IPCC] va enquêter sur des allégations concernant la gestion par la police de Wiltshire d’une plainte sur des abus sexuels sur enfants déposée dans les années 1990 », a indiqué la police des polices britannique dans un communiqué. « Il est présumé que des poursuites pénales n’ont pas été menées à terme lorsqu’une personne a menacé de révéler que Sir Edward Heath pourrait avoir été impliqué dans des crimes concernant des enfants », poursuit l’IPCC, qui va également examiner si « la police de Wiltshire a ensuite pris des mesures pour enquêter sur ces allégations ». Un appel à témoins a été lancé par la police de Wiltshire pour tenter de retrouver des personnes victimes d’abus sexuels.Mardi, le Guardian a révélé qu’Edward Heath est également nommé dans une enquête de la police de l’île de Jersey sur des abus sexuels sur mineurs, l’opération « Whistle ». Son nom apparaît aussi dans l’enquête de Scotland Yard sur le meurtre de trois petits garçons par un réseau pédophile à Westminster. Selon le Mirror, un homme affirme avoir été violé par l’ancien premier ministre en 1961 alors qu’il était âgé de 12 ans.Le Royaume-Uni dans la tourmente des scandales pédophilesD’autres enquêtes sur des accusations anciennes de pédophilie sont actuellement en cours au Royaume-Uni sur la base de déclarations à la police mettant en cause quelque 260 personnalités publiques, dont 76 politiciens. L’ex-animateur vedette de la BBC Jimmy Savile a été notamment accusé d’avoir agressé sexuellement plusieurs dizaines de victimes.Ces derniers mois, l’attention s’est toutefois portée surtout sur le monde politique. En mars, la police des polices avait déjà ouvert une enquête après des plaintes accusant des policiers d’avoir couvert les agissements d’un réseau de pédophiles impliquant des responsables politiques dans les années 1970-2000. En 2014, des révélations de presse confirmées par les ministères concernés avaient eux montré que 114 dossiers relatifs à des accusations de sévices sexuels infligés à des enfants entre 1979 et 1999 avaient disparu mystérieusement.Selon le Guardian, « au moins trois députés siégeant actuellement au Parlement » ont été signalés à la police, soupçonnés d’abus sur enfants. Vendredi, une première audience est prévue devant le tribunal de Westminster à Londres dans le dossier Greville Janner, un membre de la chambre des Lord de 86 ans inculpé d’agressions sexuelles sur mineurs entre 1963 et 1988. Le mois dernier, une vaste enquête publique indépendante impliquant des responsables politiques et des institutions publiques dans les années 1980 et 1990 a été ouverte.Lire aussi :Réseaux pédophiles au Royaume-Uni : plusieurs centaines de milliers de victimes potentielles 04.08.2015 à 18h05 • Mis à jour le05.08.2015 à 06h43 | Sandrine Morel (Madrid, correspondance) L’Espagne va mieux, et le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy entend faire en sorte que cela se voie dans le budget 2016, présenté mardi 4 août au Parlement par le ministre des finances Cristobal Montoro.Véritable outil de propagande électoral, alors que des élections législatives se tiendront à l’automne, il comprend des baisses d’impôts sur le revenu et les sociétés, déjà avancées au 1er juillet dernier, et qui se reproduiront « à mesure qu’augmentera notre capacité budgétaire », a promis M. Montoro.Coup de pouce aux fonctionnairesIl prévoit, pour la première fois depuis 2009, une légère revalorisation du salaire des fonctionnaires, de 1 %. Il augmente la part des dépenses sociales de 3,8 %, afin d’améliorer les ressources des familles en difficulté, les aides des personnes dépendantes ou les bourses scolaires. La recherche civile bénéficiera de 2,2 % de plus. Les dépenses culturelles augmentent de 7,2 %. Et l’investissement public, qui avait bondi de 8,5 % en 2015, augmentera encore, mais d’à peine 1 %.Avec une croissance du PIB prévue de 3,3 % en 2015 et de 3 % en 2016, selon les chiffres du gouvernement, soutenue par une forte reprise de la demande interne, le gouvernement espagnol a vu augmenter considérablement ses recettes fiscales. Les revenus de l’impôt sur les sociétés devraient ainsi augmenter de 10 %, selon les prévisions de Madrid. De plus, grâce à la croissance de l’emploi attendue, de 3 % cette année et la suivante, les dépenses totales en indemnités de chômage devraient baisser de 3,5 milliards d’euros (- 22 %). Et les intérêts de la dette baisser de 10 % grâce à la réduction des taux, symbole du retour de la confiance des investisseurs.Discours politiqueAinsi, bien qu’il doive poursuivre la politique d’austérité afin de rabaisser le déficit public de 4,2 % cette année à 2,8 % l’an prochain, le gouvernement dispose d’une marge suffisante pour « rendre à la société espagnole l’effort qu’elle a fourni ces dernières années, » a souligné M. Montoro.Transformant le discours de présentation du budget en véritable discours politique et bilan de législature, le ministre des finances a été clair : « Ce qui nous a permis de sortir de la crise, c’est l’austérité », a déclaré M. Montoro, qui a comparé, comme le font régulièrement ses collègues de gouvernement, la situation de l’Espagne à celle de la Grèce, où « les mouvements de capitaux sont limités car ils n’ont pas mené chez eux la politique économique que nous menons en Espagne depuis 2012. »Tout n’est cependant pas rose dans le royaume. Les légères augmentations budgétaires sont très loin de rétablir le niveau de dépenses publiques antérieur à la crise. La dette s’approchera des 100 % du PIB (98,7 %) cette année avant de commencer sa possible descente. Le nombre de chômeurs de longue durée, ne percevant plus qu’une faible indemnité de 426 euros par mois, explique aussi la baisse des dépenses de chômage. La reprise de l’emploi cache une augmentation des emplois précaires.Réduire le poids de la dette« Nous avons mené une politique économique rigoureuse qui nous a permis de sortir l’Espagne de la crise (…), de nous situer à la pointe de la croissance et de la création d’emplois dans la zone euro », s’est félicité de son côté M. Montoro, qui a souligné que l’an prochain le pays affichera « pour la première fois un excédent primaire nominal qui lui permettra de réduire le poids de la dette publique », avant de promettre, pour la prochaine législature, « si le veulent les Espagnols, » de récupérer « le niveau d’emploi antérieur à la crise. »Pour que le budget 2016 soit approuvé avant la dissolution des chambres, probablement fin septembre, le gouvernement a décidé d’appuyer sur l’accélérateur et de le faire voter en première lecture aux députés, qui voient leurs vacances écourtées, fin août.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.08.2015 à 10h46 • Mis à jour le04.08.2015 à 14h21 La chaîne française de grande distribution Auchan, très présente en Russie avec 88 magasins, fait face à un nouveau scandale sanitaire lié à la viande de cheval. Les autorités sanitaires russes ont annoncé, mardi 4 août, avoir identifié de la viande chevaline, mais aussi du bœuf et de la volaille, dans de la farce censée être à base de porc saisie dans les supermarchés de l’enseigne Auchan.Ces analyses, annoncées par l’agence sanitaire Rosselkhoznadzor, interviennent après une série de contrôles, menée la semaine dernière dans les supermarchés de l’enseigne à Moscou et dans la région de Toula, au sud de la capitale russe.Les autorités russes avaient déjà accusé Auchan de repousser de manière artificielle les dates de péremption et de ne pas respecter la réglementation dans le traitement des déchets alimentaires. Elles avaient alors indiqué avoir constaté que le distributeur utilisait de la volaille périmée pour des pizzas.A lire :Le mauvais cheval de la filière bovineUn scandale né en Russie en 2013En 2013, de la viande de cheval avait été découverte, alors qu’elle n’était pas mentionnée sur l’étiquette, dans des saucisses vendues en Russie par le géant suédois de l’ameublement Ikea. Cette découverte intervenait quelques semaines après l’éclatement d’un vaste scandale alimentaire en Irlande et en Grande-Bretagne, qui avait touché ensuite la plus grande partie de l’Europe mais aussi l’Asie et les Caraïbes.Des tests pratiqués par la suite dans l’Union européenne, dont les résultats ont été publiés par la Commission, ont décelé de la viande de cheval dans moins de 5 % des produits censés ne contenir que du bœuf. En avril dernier, un trafic de viande de cheval illégale a été démantelé en Europe menant à des dizaines d’arrestation en France et d’autres pays. 03.08.2015 à 12h51 • Mis à jour le03.08.2015 à 12h52 Plusieurs migrants ont trouvé la mort depuis dimanche en tentant d’entrer illégalement en Espagne. La garde civile a révélé, lundi 3 août, qu’un Marocain de 27 ans était mort asphyxié, caché dans une valise placée dans le coffre d’une voiture sur un bateau. Son frère, âgé de 34 ans, avait embarqué légalement avec un véhicule à bord du ferry qui reliait Melilla, enclave espagnole au Maroc, et Almeria, dans le sud de l’Espagne.Selon un responsable espagnol, il semble avoir tenté de faire passer clandestinement son jeune frère en Europe en le cachant à bord du véhicule. Il a été arrêté et inculpé d’homicide involontaire.En mai, un petit garçon ivoirien de huit ans avait été découvert caché dans une valise par la garde civile – une histoire qui avait ému l’Espagne et mis crûment en lumière la sévérité des règles imposées par l’administration aux migrants.Lire aussi :L’« enfant dans la valise » bouleverse l’EspagneDes bateaux à la dériveLes corps sans vie de quatre migrants qui tentaient de rejoindre l’enclave espagnole de Ceuta, au nord-est du Maroc, ont été retrouvés en mer dimanche, selon des informations d’El Pais. Trois personnes ont elles été secourues par une patrouille de la marine marocaine.Peu avant, un bateau avec onze personnes à son bord avait été signalé à la dérive dans les eaux du détroit de Gibraltar, mais les autorités n’ont pas encore réussi à déterminer si les quatre morts et les trois rescapés étaient des passagers de ce navire. La nationalité de ces migrants n’est pas non plus connue. 03.08.2015 à 04h50 • Mis à jour le04.08.2015 à 06h52 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La Bourse d’Athènes a clôturé lundi 3 août sur une chute historique, avec une baisse de 16,23 % de l’Athex, l’indice principal, qui a fini à 668,06 points. Il faut remonter à décembre 1987 pour trouver trace d’une telle baisse. A l’époque, les pertes s’étaient élevées à 15,3 % sur la séance.La Bourse d’Athènes avait rouvert ce matin après cinq longues semaines de fermeture. Dès les premières transactions, l’Athex avait perdu 22 % avant de se stabiliser autour des 16 % à la mi-journée. Les banques, qui représentent environ 20 % de l’indice boursier grec, ont particulièrement souffert : elles plongeaient en moyenne, à l’ouverture, de près de 30 %.Selon le quotidien grec Avgi, proche du gouvernement d’Alexis Tsipras, Athènes recherche environ 10 milliards d’euros ce mois-ci pour recapitaliser les établissements financiers hellènes, fragilisés par la fuite des capitaux. D’après l’association des banques grecques, près de 40 milliards d’euros auraient été retirés par les déposants depuis décembre 2014. Les opérations boursières ont repris normalement pour les investisseurs étrangers, mais elles restent plus encadrées pour les investisseurs locaux.Ces derniers ne peuvent pas financer l’achat de titres en retirant de l’argent sur leurs comptes bancaires en Grèce, car le contrôle des capitaux, instauré le 29 juin, est toujours en vigueur dans le pays. Ils peuvent en revanche se servir de comptes à l’étranger ou effectuer des transactions en liquide.La réouverture de la Bourse d’Athènes intervient sur fonds d’incertitudes multiples. La Commission européenne prévoit en effet le retour à la récession dès cette année alors que 2014 avait été marquée par une légère reprise. Par ailleurs, les rumeurs continues d’élections anticipées liées aux divisions qui agitent la majorité parlementaire, le parti de la gauche radicale Syriza, rendent les investisseurs particulièrement prudents.Lire nos explications :Grèce : à quoi sert le contrôle des capitaux ? « Notre objectif reste de pouvoir soulager les plus vulnérables »Surtout, les négociations avec les créanciers d’Athènes (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Mécanisme européen de stabilité et Commission européenne) sur un troisième plan d’aide de plus de 80 milliards d’euros pour les trois prochaines années ne sont toujours pas finalisées.Aussi bien le gouvernement grec que le quartet des représentants des créanciers, présents à Athènes depuis quelques jours, affirment que les discussions avancent « plutôt bien ». Mais plusieurs désaccords sont déjà apparus autour de la réforme du régime des retraites anticipées ou sur certaines mesures fiscales. Les créanciers exigent notamment que l’impôt sur la solidarité soit ramené de 8 % à 6 % maximum pour les revenus supérieurs à 500 000 euros. Car, selon eux, le taux actuel encouragerait l’évasion fiscale.Le gouvernement grec estime qu’il lui appartient de choisir comment répartir l’effort de l’impôt. « Notre objectif a toujours été et reste, dans le cadre qui nous est imposé, de pouvoir soulager les plus vulnérables. Et là, on voudrait de nouveau épargner les plus riches », s’indignait, vendredi, une source Syriza.La question épineuse de la création d’un nouveau fonds de privatisation devant récolter près de 50 milliards d’euros d’actifs grecs dans les trente prochaines années doit aussi être discutée dans les prochains jours. Bref, il y a encore beaucoup de points à éclaircir. Pas sûr, dans ce contexte, que le calendrier extrêmement serré qu’Athènes espère encore pouvoir suivre soit tenable. « Nous avons rempli notre part du contrat »Le 13 juillet au petit matin Alexis Tsipras acceptait lors d’un sommet exceptionnel des chefs d’Etats de la zone euro un accord-cadre qui sert aujourd’hui de feuille de route aux négociations. Le gouvernement grec espère conclure d’ici au 11 août un accord global sur la base de ce qui avait alors été évoqué afin d’obtenir dans la foulée une validation en Eurogroupe (réunion des 19 ministres des finances de l’eurozone).Ce texte devra ensuite être validé par plusieurs Parlements européens, dont le grec, avant le 18 août, et permettre de libérer une première tranche de prêts avant le 20 août, date à laquelle Athènes doit rembourser près de 3,2 milliards d’euros à la BCE. Argent qu’elle ne possède pas à ce jour.Mais les créanciers européens et le FMI semblent poser sur la table de nouvelles exigences et demanderaient notamment que soient adoptées très rapidement de nouvelles mesures en préalable à la signature de l’accord global.Afin de lancer ce cycle de négociations, Alexis Tsipras a pourtant déjà fait voter, les 15 et 22 juillet, de difficiles mesures au Parlement grec. Il ne souhaite pas aller plus loin à ce stade. « Nous nous y étions engagés lorsque nous avons accepté l’accord du 13 juillet, explique-t-on au gouvernement. Nous avons donc rempli notre part du contrat. Et maintenant on veut nous imposer de nouveaux préalables ? »Le vice-président du gouvernement, Yannis Dragasakis, a jugé dimanche 2 août qu’un « changement des procédures de négociations telles qu’elles ont été convenues lors du sommet du 13 juillet dernier pourrait ouvrir la boîte de Pandore ».Le gouvernement grec pourrait solliciter auprès de ses créanciers internationaux le versement mi-août d’une première tranche d’aide de 24 milliards d’euros pour faire face à ses besoins financiers immédiats soit 3,2 milliards d’euros pour la BCE, 10 milliards d’euros pour la recapitalisation des banques et 1,2 milliard pour le FMI en septembre.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.08.2015 à 17h40 • Mis à jour le15.08.2015 à 17h57 Au moins 40 migrants ont été retrouvés morts d’asphyxie, samedi 15 août, dans la cale d’un bateau de pêche surchargé, près des côtes libyennes, au cours d’une opération de la marine italienne.Les personnes sont probablement mortes d’avoir inhalé des émanations de carburant. Une voie d’eau s’était déclarée dans la cale du bateau, a expliqué le capitaine du navire qui a porté secours aux naufragés.Le commandant Massimo Tozzi a aussi affirmé à l’Agenzia giornalistica italia (AGI) que 319 personnes étaient saines et sauves, dont quelques mineurs et une dizaine de femmes. Il a raconté avoir « assisté à une scène bouleversante » : « De nombreux cadavres flottaient à la surface de l’eau, ainsi que des excréments humains et du carburant. »Angelino Alfano, le ministre de l’intérieur de l’Italie, a prévenu que le bilan pourrait s’alourdir. Il a donné une conférence de presse, au cours de laquelle il a fait cette mise en garde :« Cette tragédie ne sera pas la dernière si la communauté internationale ne trouve pas une solution à la crise en Libye. »Lire l'entretien :« L’UE oblige les migrants à des traversées dangereuses pour obtenir un droit qu’elle leur reconnaît »Plus de 2 300 morts depuis janvierLes gardes-côtes italiens ont dit craindre de nouvelles traversées de la Méditerranée, favorisées par l’amélioration des conditions en mer ces dernières heures, après plusieurs jours de mauvais temps. Ils étaient d’ailleurs engagés à la mi-journée dans le sauvetage d’environ 650 personnes en difficulté à bord de deux canots pneumatiques et d’un bateau.Les migrants qui sont arrivés en Italie ont raconté que les passeurs opérant en Libye exigeaient entre 1 200 et 1 800 dollars par personne pour une place sur le pont d’un bateau. Le prix est divisé par deux pour ceux qui acceptent de faire le trajet entassés dans la cale – en général des migrants originaires d’Afrique subsaharienne. Piégées dans un espace si confiné, ces personnes courent le risque de mourir étouffés, asphyxiés par les émanations de carburant, ou encore noyés si le bateau prend l’eau.Lire aussi :Les négriers de la MéditerranéeMardi soir, une cinquantaine de migrants qui se trouvaient à bord d’un canot pneumatique ont été portés disparus en mer. Près de 2 000 personnes ont été secourues au cours de la semaine.Environ 200 migrants ont certainement péri la semaine passée lorsque leur embarcation a chaviré près des côtes libyennes.Selon le dernier bilan de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), établi vendredi, plus de 2 300 personnes ont perdu la vie dans la traversée de la Méditerranée depuis le début de l’année.Lire aussi :Plus de 2 000 hommes, femmes et enfants sont morts « aux portes de l’Europe » en 2015 14.08.2015 à 21h44 • Mis à jour le15.08.2015 à 10h41 Christophe Garach (Bruxelles, correspondance)Une bonne dose d’espoir, un paquet de milliards et un zeste d’arrière-pensées : au terme d’un énième marathon, l’Eurogroupe est finalement parvenu, vendredi 14 août, à valider un troisième plan d’aide à la Grèce. En espérant que, cette fois, ce soit « le bon », s’est exclamé Michel Sapin, le ministre des finances de la France. Signe que le consensus n’a pas été trop douloureux pour Berlin, Wolfgang Schäuble, l’inflexible ministre des finances de l’Allemagne, s’est déclaré lui aussi satisfait du résultat, avant de préciser qu’il fallait cependant « rester prudent, parce que, bien sûr, nous avons fourni une énorme somme d’argent ».Au total, le montant de « la solidarité européenne » ne devrait pas dépasser 86 milliards d’euros (25 milliards d’euros serviront de « tampon » pour venir en aide aux banques grecques en cas de besoin). Pour l’instant, cette aide sera cofinancée par les seuls Européens, sans le soutien du Fonds monétaire international (FMI), qui prendra sa décision en octobre. Ce nouveau programme d’assistance financière est censé aider la Grèce à sortir la tête de l’eau après deux mois d’intenses turbulences qui ont fait plonger son économie au plus bas : la Commission européenne table désormais sur une récession à hauteur de 2,5 % en 2015, fait savoir Valdis Dombrovskis, son vice-président.Lire le récit :Six ans de crise en Grèce, neuf plans d’austérité, trois plans d’aide...La méfiance reste de miseMême si tous les protagonistes ont expliqué que le retour de la confiance – côté grec surtout – avait largement contribué à finaliser cet accord, la méfiance reste de mise et le décaissement des 86 milliards d’euros se fera au compte-gouttes d’ici à 2018. A la veille de probables élections anticipées en Grèce, les faucons de l’Eurogroupe maintiennent la pression sur Alexis Tsípras, le premier ministre grec de la gauche radicale.Ainsi, dès le 20 août, lorsque les Parlements nationaux qui doivent encore se prononcer auront donné leur aval, et dès que le conseil des gouverneurs du Mécanisme européen de stabilité (MES) chargé de superviser l’aide à la Grèce aura délivré son autorisation, une première tranche sera alors versée. Sur le papier, 26 milliards d’euros sont prévus ; 10 seront affectés à la recapitalisation des banques grecques, mais ces milliards resteront dans les mains du MES, qui n’ouvrira les vannes que sous condition. Restent 16 milliards d’euros : seuls 13 milliards seront effectivement décaissés pour permettre à la Grèce d’honorer le remboursement de ses dettes à court terme (dont 3,4 milliards à verser à la Banque centrale européenne le 20 août).Lire aussi notre analyse :L’accord avec la Grèce à l’épreuve du politique Quant aux 3 derniers milliards, ils ne seront libérés que plus tard, probablement en septembre, voire en octobre, sans garantie sur le calendrier. Comme l’essentiel du programme, tout dépendra de la mise en œuvre effective du très large éventail de réformes que la Grèce s’est engagée à faire, avec l’accord préalable de ses créanciers.Un calendrier de réformes jugé « ambitieux » par Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe. Mais le qualificatif demeure en deçà de la réalité. Le protocole d’accord que la Grèce a négocié avec ses créanciers pour obtenir cette manne financière l’obligera à engager un insondable processus de mutation en trois ans seulement, avec à la clé des réductions budgétaires, une chasse à l’évasion fiscale, une libéralisation à marche forcée de son économie, une réorganisation de son mode d’organisation sociale, des privatisations de pans entiers de son secteur public jugé démesuré et défaillant…Dette toujours « insoutenable », selon le FMIM. Sapin évoque un plan de réformes qui aura une profonde incidence sur toute la société grecque. S’il convient que les efforts demandés sont considérables, le patron de Bercy juge cependant que ces derniers sont « très équilibrés » et que ce plan est malgré tout « destiné à réussir », parce que tout a été fait pour éviter les erreurs des deux premiers plans de sauvetage. Il est vrai qu’un programme d’investissement doit aussi accompagner cette métamorphose et qu’Athènes pourra également compter sur plusieurs dizaines de milliards d’euros puisés directement dans le budget de l’Union européenne.Ces milliards bénéficieront directement à l’économie hellène, promettent le président de l’Eurogroupe et Klaus Regling, le directeur général du MES. Euclide Tsakalotos, le nouveau ministre des finances de la Grèce, lui, croise les doigts. « Nous espérons que cela aidera la Grèce à aller de l’avant » ,mais « cela dépendra de la façon dont la société grecque réagira », a-t-il déclaré au sortir de la réunion.Quant aux conséquences de ce nouveau plan de sauvetage sur la dette grecque – qui risque de frôler les 200 % du produit intérieur brut d’ici peu –, le FMI a maintenu le cap lors de la réunion de l’Eurogroupe. En dépit d’une analyse fournie par la Commission européenne, Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, a souligné qu’elle restait persuadée que la dette grecque était « insoutenable » et qu’une restructuration était nécessaire et complémentaire.Le 13 juillet, les chefs d’Etat et de gouvernement ont évoqué cette hypothèse. Mais cette promesse demeure encore bien improbable vu l’hostilité de Berlin. Avec une certitude : une décote de la dette est déjà exclue. La question reviendra quoi qu’il en soit en octobre sur la table des ministres des finances.Lire aussi nos explications :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciers 14.08.2015 à 17h22 • Mis à jour le14.08.2015 à 20h52 Les ministres des finances de la zone euro ont commencé leur réunion dans une ambiance relativement optimiste, vendredi 14 août, pour valider, ou non, le troisième programme d’assistance à Athènes, de près de 85 milliards d’euros sur trois ans. Juste avant l’ouverture de leur rencontre, prévue pour 15 heures, dans les bâtiments du Conseil de l’Union à Bruxelles, plusieurs d’entre eux se sont déclarés confiants quant à l’adoption du troisième programme d’aide à la Grèce.« Les choses vont dans le bon sens »L’inflexible ministre des finances de l’Allemagne, Wolfgang Schäuble, a donné le ton : « Je suis confiant dans le fait que nous allons aboutir à un résultat aujourd’hui », a-t-il déclaré à son arrivée. Prudent, il s’est toutefois empressé de rappeler qu’en cas de blocage des négociations une autre solution restait sur la table : celle d’un prêt-relais que l’Union européenne pourrait accorder à la Grèce en attendant un accord global.La Commission confiante, Schäuble aussiLa Commission européenne s’est dite confiante dans l’approbation par les ministres des finances de l’Eurogroupe du plan d’aide, trouvant « encourageant le vote sans appel ce matin par le Parlement grec ».Le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, s’est quant à lui montré plus réservé, se refusant à « spéculer » sur l’issue de la réunion. Il a estimé que la question de la « confiance politique » avec la Grèce était « encore sur la table ».Enfin, le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, a assuré vendredi 14 août après-midi qu’il était « confiant dans le fait que nous allons aboutir à un résultat aujourd’hui ». « Si nous ne trouvons pas de solution aujourd’hui, nous devrions mettre en place un prêt-relais », a-t-il toutefois ajouté.Peu avant, Alexander Stubb, son homologue finlandais, dont le pays fait également partie des plus méfiants à l’endroit de la Grèce, a souligné que « les choses allaient dans le bon sens », tout en ironisant sur le fait que la saga grecque n’allait pas durer « deux ans » mais plutôt « dix ans ».Lire aussi :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciersManifestement plus déterminé à faire aboutir les discussions dans la journée, Michel Sapin, le ministre des finances de la France, a annoncé à son arrivée que cette réunion était faite « pour décider », tout en reconnaissant qu’il y aurait d’abord des points à clarifier durant la réunion. Pierre Gramegna, son homologue luxembourgeois, était sur la même longueur d’onde : « La Grèce a fait plus de progrès en un mois que ces six derniers mois », a-t-il dit avec insistance, alors que le Parlement grec vient d’adopter un nouveau paquet de réformes, traduction anticipée du troisième plan d’aide que les ministres de l’Eurogroupe doivent précisément approuver.Christine Lagarde attendueLa validation du troisième plan d’aide à la Grèce par l’Eurogroupe, pourrait, si elle se confirmait, s’accompagner d’une première tranche d’aides comprise entre 23 et 26 milliards d’euros (sur près de 85 milliards d’euros au total), selon une source grecque. Mais, signe des tractations en cours, rien n’était encore arrêté en début de soirée.Cette première tranche servirait essentiellement à rembourser des échéances cruciales de la Grèce. Dans l’hypothèse d’un premier versement de 23 milliards, 10 milliards seraient affectés au soutien du système bancaire grec et 13 milliards seraient débloqués dans le cadre du remboursement de la dette grecque (dont 3,4 milliards à payer pour le 20 août à la Banque centrale européenne).Au-delà de l’adoption du programme d’aide à la Grèce, c’est l’attitude du Fonds monétaire international (FMI) qui sera observée de près. A leur arrivée à Bruxelles, de nombreux ministres ont exhorté le FMI à participer au fonds. Le Fonds a fait savoir à plusieurs reprises que son soutien dépendrait notamment d’un examen approfondi de la soutenabilité de la dette grecque. Selon nos informations, c’est Christine Lagarde, la directrice du FMI, qui devait s’exprimer en visioconférence durant la réunion des ministres de l’Eurogroupe.Lire aussi :Six ans de crise en Grèce, neuf plans d’austérité, trois plans d’aide...« Retrouver de l’oxygène »Même si la question de la soutenabilité de la dette grecque n’est formellement pas à l’ordre du jour de la réunion des ministres de l’Eurogroupe, la question a été abordée à plusieurs reprises juste avant la rencontre ministérielle. M. Sapin a ouvert le bal en rappelant que les ministres rediscuteront « en octobre » la question du « reprofilage de la dette grecque » afin que l’économie hellène puisse « retrouver de l’oxygène ».Plus direct, M. Gramegna a souligné que « la restructuration de la dette n’est pas exclue, elle est prévue formellement dans le compromis » scellé en juillet par les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro. Si la déclaration finale du 13 juillet dernier évoque à nouveau effectivement l’hypothèse d’« un allongement éventuel des périodes de grâce et des délais de remboursement », celle-ci demeure toutefois étroitement corsetée par une série de conditions assez rédhibitoires. Ce projet sera « envisagé si nécessaire ». Ces mesures seront en outre « subordonnées à la mise en œuvre intégrale des mesures à convenir dans le cadre d’un nouveau programme éventuel et seront envisagées après le premier réexamen qui aura abouti à un résultat concluant », précise la déclaration du 13 juillet. Enfin, et pour que les choses soient extrêmement claires, les chefs d’Etat et de gouvernement avaient dit que « le sommet de la zone euro souligne que l’on ne peut pas opérer de décote nominale sur la dette ».Christophe Garach 14.08.2015 à 12h32 • Mis à jour le14.08.2015 à 12h59 Ravagée par le conflit qui l’oppose aux rebelles prorusses dans l’est du pays, l’économie ukrainienne s’est effondrée de 14,7 % sur un an au deuxième trimestre 2015 , selon les chiffres publiés vendredi 14 août par le service national de la statistique. La richesse nationale avait déjà chuté de 17,2 % de janvier à mars.La situation est bien pire que l’an dernier, quand, malgré la crise avec la Russie et l’annexion par celle-ci de la Crimée, le PIB n’avait cédé « que » 4,5 % au deuxième trimestre.La banque centrale ukrainienne prévoit une contraction de 9,5 % du produit intérieur brut (PIB) sur l’ensemble de 2015 après - 6,8 % en 2014.Négociation pour restructurer la detteCes résultats catastrophiques tombent alors que Kiev négocie depuis trois jours pour restructurer sa dette afin d’éviter le défaut de paiement, qui pourrait avoir lieu dès le 2 septembre. La ministre des finances, Natalie Jaresko, s’est déplacée à San Francisco pour négocier avec les principaux créanciers de l’Ukraine, des institutions financières américaines.L’ancienne république soviétique a obtenu un plan d’aide de 40 milliards de dollars de ses alliés occidentaux, Fonds monétaire international (FMI) en tête, mais ce programme comprend un effort de 15,3 milliards de dollars auquel doivent consentir les créanciers privés de Kiev. Or, ces derniers rejettent depuis des semaines les conditions de la restructuration proposées par les autorités ukrainiennes.Lire aussi :L’Ukraine s’enfonce dans la crise financière 14.08.2015 à 11h38 • Mis à jour le14.08.2015 à 11h48 Combien coûtera l’annulation de la vente de deux navires de guerre Mistral à la Russie ? Le Canard enchaîné, qui avait calculé une facture totale de 2 milliards d’euros, a vu ses chiffres démentis, vendredi 14 août, par le ministre des finances, Michel Sapin. « C’est inexact, ça arrive d’ailleurs au Canard de dire des choses inexactes » a-t-il déclaré sur France Inter. « Ce sont des chiffres inférieurs à un milliard », a-t-il précisé.« Tous les chiffres seront donnés, ils seront totalement transparents », a encore promis M. Sapin, qui a confirmé que le Parlement serait saisi de ce dossier à la rentrée, mi-septembre. « Vous aurez tous les chiffres qui seront donnés aux parlementaires lorsque le traité [l’accord entre Paris et Moscou pour résoudre la question des Mistal] sera adopté », a-t-il assuré, précisant que ce texte sera d’abord « adopté en conseil des ministres d’ici à la fin août ».« C’est une décision politique qui était indispensable, nous ne pouvions pas livrer du matériel militaire à un pays qui aujourd’hui viole les règles internationales en occupant une partie de l’Ukraine, en annexant des territoires d’un autre pays. »Remboursé « intégralement »Paris et Moscou sont parvenus la semaine dernière à un accord sur l’épineux dossier des navires Mistral, dont la livraison à la Russie avait été suspendue en raison de la crise ukrainienne : Paris en récupérera la « pleine propriété » après avoir « intégralement » remboursé Moscou.Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, avait déjà indiqué que le montant exact de la somme versée par la France à la Russie serait inférieur au prix d’achat initial de 1,2 milliard d’euros. Le président François Hollande avait confirmé que « le Parlement français serait saisi d’un projet de loi pour ratifier cet accord » et que « les chiffres très précis seraient dans le document parlementaire ».Cette semaine, le Canard enchaîné a affirmé que la facture grimperait à deux milliards en ajoutant au remboursement du prix des deux navires une série de coûts annexes, dont le paiement par l’Etat de la marge du chantier naval DCNS, les frais d’adaptation et de gardiennage des navires, ou encore l’annulation du contrat de maintenance passé avec la Russie. 14.08.2015 à 06h45 • Mis à jour le14.08.2015 à 15h36 | Marie Charrel Un ultime Eurogroupe pour sauver la Grèce ? Vendredi 14 août, les ministres des finances de la zone euro se réunissent pour valider, ou non, le troisième programme d’assistance à Athènes, de près de 85 milliards sur trois ans. L’enjeu est de taille. Et le calendrier serré : le 20 août, le pays doit en effet rembourser 3,5 milliards d’euros à la Banque centrale européenne (BCE). Sans nouvelle aide, il risque de faire défaut.En théorie, l’Eurogroupe devrait donner son feu vert sans difficulté. Mardi 11, le gouvernement d’Alexis Tsipras et ses créanciers, la BCE, le Fonds monétaire international (FMI), le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Commission européenne, ont en effet conclu un accord « technique » sur le plan. Les négociations se sont déroulées dans une ambiance étonnamment cordiale.Lire aussi :La course contre la montre d’Alexis TsiprasUne longue série de réformesEn échange d’une nouvelle aide, Athènes s’est engagé à adopter une longue série de réformes, que les parlementaires Grecs ont voté vendredi matin. Et ce, en dépit de la révolte de l’aile gauche de Syriza, le parti de M. Tspiras, au bord de la scission.Dans ces conditions, l’Eurogroupe n’a aucune raison de ne pas valider l’accord. Seulement voilà : l’Allemagne hésite. Wolfgang Schäuble, son ministre des finances, a fait savoir qu’il soulèverait de nombreuses « questions » lors de la réunion. Il s’inquiète de la soutenabilité de la dette grecque et veut s’assurer que le FMI, silencieux ces derniers jours, restera impliqué dans le pays. La chancelière Angela Merkel est dans une situation délicate. Une partie des députés allemands sont réticents à aider encore Athènes. Pour les calmer, elle aurait préféré que la Grèce bénéficie d’un prêt-relais pour passer l’échéance du 20 août. Et que les négociations se prolongent.Les hésitations allemandes peuvent-elles faire échouer l’Eurogroupe ? Possible. Mais peu probable. Berlin ne prendrait en effet pas le risque d’être la seule capitale de la zone euro à s’opposer à l’accord. La Finlande, l’autre pays méfiant à l’égard du gouvernement Tsipras, a en effet déjà fait savoir qu’elle le soutenait.Si la journée de vendredi se déroule sans encombre, plusieurs parlements nationaux, notamment en Allemagne, au Pays-Bas et en Espagne, devront encore donner leur blanc-seing, en début de semaine prochaine, pour qu’Athènes puisse toucher une première tranche d’aide avant le 20 août. M. Tsipras pourra alors souffler. Mais pas pour longtemps : il devra, dès lors, gérer la fronde au sein de son propre parti…Lire aussi :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciersLa Commission confiante, Schäuble aussiLa Commission européenne s’est dite confiante dans l’approbation par les ministres des finances de l’Eurogroupe du plan d’aide, trouvant « encourageant le vote sans appel ce matin par le Parlement grec ».Le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, s’est quant à lui montré plus réservé, se refusant à « spéculer » sur l’issue de la réunion. Il a estimé que la question de la « confiance politique » avec la Grèce était « encore sur la table ».Enfin, le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, a assuré vendredi 14 août après-midi qu’il était « confiant dans le fait que nous allons aboutir à un résultat aujourd’hui ». « Si nous ne trouvons pas de solution aujourd’hui, nous devrions mettre en place un prêt-relais », a-t-il toutefois ajouté.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.08.2015 à 18h46 • Mis à jour le14.08.2015 à 10h37 Vingt-neuf pages, seize actions prioritaires et cinquante-deux « réalisations clés » : le protocole d’accord négocié en moins de quatre semaines entre la Grèce et ses créanciers – Commission européenne, Banque centrale européenne, Mécanisme européen de stabilité et Fonds monétaire international (FMI) –, qui doit être avalisé par les ministres de l’Eurogroupe vendredi 14 août, va bien au-delà d’une simple feuille de route en contrepartie d’un troisième plan d’aide. Un plan évalué entre 82 et 86 milliards d’euros.Lire aussi :Grèce : un nouvel accord, et maintenant ?Si le document n’est que la traduction « technique » de la déclaration des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro du 13 juillet, le protocole n’en fixe pas moins un agenda législatif extrêmement serré et intrusif.Toutes les décisions ayant un impact budgétaire devront avoir été négociées au préalable avec les créanciers. A charge pour le gouvernement et le Parlement grecs, d’exécuter cet agenda sans tarder, c’est-à-dire dès la fin du mois d’août pour les aspects bancaires les plus urgents et entre fin 2015 et mi-2016 pour les réformes structurelles les plus lourdes.Au-delà des précautions diplomatiques rappelant que ce plan de relance prend en compte « le besoin de justice sociale et d’équité » et que sa mise en œuvre devra être partagée « par tous les segments de la société », le régime imposé à Athènes pour les trois prochaines années s’annonce douloureux.Les quatre priorités retenues résument l’ampleur du chantier. A commencer par les mesures destinées à stabiliser le budget grec à l’heure où les déficits repartent à la hausse. Pour faire entrer l’argent dans les caisses de l’Etat, le code des impôts sera profondément révisé, la chasse aux fraudeurs renforcée, la rationalisation des dépenses de santé y sera déterminante. Sans parler du nouveau Fonds de privatisation (qui pourrait drainer jusqu’à 50 milliards d’euros même si ce montant paraît toujours très ambitieux) : l’organisme chargé de sa gestion devra être installé dès le mois d’octobre.Les objectifs sont clairement définis : les procédures de libéralisation des ports du Pirée et de Thessalonique devront entrer dans une phase active avant la fin du mois d’octobre et des mesures « irréversibles » devront être adoptées concernant la vente des aéroports régionaux. Les bénéfices liés à ces privatisations devront à la fois permettre le remboursement de la dette grecque et favoriser les investissements publics dont la Grèce a cruellement besoin.Seconde priorité identifiée : le rétablissement de la stabilité financière en Grèce, qui reste loin d’être acquise, et qui fera l’objet d’un accompagnement d’urgence après l’instauration durant plusieurs semaines du contrôle des capitaux.Le protocole détaille également les mesures destinées à soutenir la croissance et la compétitivité du pays : réforme du marché du travail (retraite à 67 ans), libéralisation du marché de l’énergie, des services…Enfin, le protocole annonce une dernière priorité : la mise en place d’une « administration moderne » signe supplémentaire de la défiance des créanciers.Lire aussi :Six ans de crise en Grèce, neuf plans d’austérité, trois plans d’aide...Des questions à réglerLe gouvernement grec pourra toutefois compter sur l’appui des fonds européens classiques : 38 milliards d’euros réservés à la Grèce pour la période 2007-2013 restent disponibles et 35 milliards sont encore prévus d’ici à 2020. La Banque européenne d’investissement continuera, de son côté, à financer les grands projets de développement.Reste un point d’interrogation dans ce protocole : si la question de la dette grecque (177 % d’endettement, fin 2014) y est naturellement évoquée à vingt-sept reprises, son éventuelle restructuration n’est en revanche jamais mentionnée. Les pays du Nord de l’Europe s’y opposent toujours farouchement. La déclaration des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro le rappelait sans détour en juillet dernier tout en soulignant les « doutes sérieux » planant sur la soutenabilité de la dette hellène.C’est d’ailleurs l’un des enjeux majeurs de ce protocole. Pour le FMI, qui a participé à sa rédaction, la question de l’allégement de la dette devrait être envisagée parallèlement, dans une seconde étape. Etape dont les modalités ne sont pas prévues par le protocole d’accord.A Bruxelles, Christophe Garach 12.08.2015 à 17h19 • Mis à jour le13.08.2015 à 09h17 Toutes les nuits, depuis des mois, des canots pneumatiques chargés de familles qui ont payé plusieurs milliers d’euros la courte traversée à partir des côtes turques accostent sur les plages de Kos, une petite île grecque. Porte d’entrée de l’Europe en mer Egée, ce confetti de terre de 287 kilomètres carrés est désormais moins connu pour ses paysages de carte postale que pour ses difficultés à gérer l’afflux de migrants, venant pour la plupart de l’Afghanistan et de la Syrie en guerre, par la Turquie voisine.Sur l’île de quelque 33 000 habitants, la situation, très tendue depuis plusieurs mois, est au bord de l’explosion. Faute de structure d’accueil, les réfugiés dorment dans des tentes ou des hébergements de fortune dans les parcs, les rues, sur les quais et les plages de ce port très prisé des touristes. Plusieurs jours, voire parfois plusieurs semaines, sont nécessaires pour qu’ils puissent s’enregistrer auprès de la police grecque afin d’obtenir le laissez-passer leur permettant de poursuivre leur voyage vers Athènes et d’autres pays européens. Parqués dans un stadeLundi 10 août, un premier débordement a embrasé l’île. Un policier local a été suspendu pour avoir été filmé giflant un migrant qui s’approchait plus près que toléré du poste de police local. Le lendemain, la municipalité a tenté d’organiser le transfert d’une partie des 7 000 migrants en attente d’un enregistrement vers un stade et un gymnase, afin de faciliter les démarches administratives. Or, selon l’Agence France-Presse (AFP), plusieurs centaines de migrants ont tenté au cours de cette opération d’entrer en même temps dans le bureau prévu pour les enregistrements. Les policiers , débordés, ont alors frappé les migrants avec des matraques et vidé des extincteurs sur la foule. Le maire de Kos en a appelé à l’Etat, affirmant que « le sang risquait de couler et la situation de dégénérer » face au nombre croissant d’arrivées de migrants sur l’île – plus de 500 personnes chaque jour, selon l’édile.Voir aussi notre reportage : Sur la route deAprès cet appel à l’aide, quarante policiers des forces antiémeute grecques sont arrivés sur l’île. « Des renforts vont également être envoyés sur les autres îles de l’est de la mer Egée », a fait savoir à l’AFP un porte-parole de police. La presse grecque évoque un total de 250 hommes supplémentaires pour assister les forces locales sur les îles en première ligne des flux croissants de migrants arrivant de la Turquie voisine, comme Lesbos, Chios, Leros, Kalymnos ou Samos.« Escalader des grillages pour acheter de l’eau »« Nous espérons que d’ici à vendredi la plupart des migrants en attente auront pu être enregistrés et pourront quitter l’île », a expliqué mercredi le maire de Kos. Mais la situation reste encore très précaire dans le stade de Kos, où environ 2 000 personnes demeurent dans des conditions extrêmement précaires, selon l’ONG Médecins sans frontières (MSF), la seule présente sur l’île. Parmi elles, « de nombreuses familles avec des bébés et de jeunes enfants, faisant la queue sous un soleil de plomb, par 32 degrés (…) sans aucune installation sanitaire, sans ombre et sans abri », contraintes « d’escalader des grillages pour acheter de l’eau ».Le quotidien britannique The Guardian fait part de « malaises » et d’un migrant qui a fait une « crise d’épilepsie ». Julia Kourafa, porte-parole de MSF citée par le quotidien britannique, témoigne :« C’est la première fois qu’on voit, en Grèce, des gens enfermés dans un stade et contrôlés par les forces de police antiémeute. Il y a des mères avec de jeunes enfants et des personnes âgées. Ils ont été enfermés là pendant des heures sous le soleil. » Plus généralement, les équipes de MSF ont été témoins du harcèlement des réfugiés dans les espaces publics. Selon Brice de La Vigne, le directeur des opérations de l’ONG, « auparavant, on assistait à l’inaction de l’Etat. Désormais, ce sont les abus de l’Etat, avec la police usant de plus en plus de la force contre ces personnes vulnérables ».« C’est l’Union européenne et c’est absolument honteux » Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), sur 224 000 réfugiés arrivés par la Méditerranée depuis janvier, près de 124 000 sont entrés par la Grèce, un chiffre multiplié par sept par rapport à 2014. « En trente ans d’expérience humanitaire, je n’ai jamais vu une situation pareille (…). C’est l’Union européenne et c’est absolument honteux », a déclaré Vincent Cochetel le directeur pour l’Europe du HCR, de retour d’un déplacement dans plusieurs îles grecques, dont Kos, la semaine dernière.En juillet déjà, le HCR avait déploré le manque d’organisation et de coordination des pouvoirs publics grecs pour gérer l’arrivée des migrants. Il a notamment demandé au gouvernement de « désigner d’urgence une seule autorité pour coordonner » ses actions. Au début d’août, Alexis Tsipras, le premier ministre de la Grèce, a promis des mesures pour améliorer les structures et les procédures d’accueil. « Ce problème nous dépasse. La Grèce est un pays qui subit une crise économique et fait face à une crise humanitaire dans la crise », a-t-il aussi affirmé, demandant la « solidarité européenne ».La Commission européenne a approuvé lundi le déblocage d’une aide de 2,4 milliards d’euros sur six ans pour aider les pays européens à faire face à l’arrivée croissante de migrants, dont 473 millions d’euros pour la Grèce. 21.08.2015 à 13h45 • Mis à jour le21.08.2015 à 18h34 Les discussions ont tourné court. Après les vains efforts du premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, pour constituer un gouvernement de coalition, le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé, vendredi 21 août, la tenue d’élections législatives anticipées le 1er novembre.Avant cette échéance, le premier ministre sera chargé de constituer en début de semaine prochaine un gouvernement de transition dont les membres seront choisis au sein du Parlement mais également à l’extérieur de celui-ci.M. Erdogan a ajouté qu’il rencontrerait le président du Parlement le 24 août pour prendre les dispositions nécessaires à l’organisation de ce scrutin.Revers du 7 juinLe parti islamo-conservateur de la Justice et du Développement (AKP), qui régnait depuis 2002 sans partage, a subi un sérieux revers lors du scrutin législatif du 7 juin, qui ne lui a pas permis d’obtenir la majorité absolue et de former un gouvernement seul. M. Erdogan espère qu’un nouveau scrutin le lui permettra.M. Erdogan, qui a été premier ministre de 2003 à 2014, avant de devenir le premier président élu au suffrage universel direct, rêve par ailleurs d’une réforme de la Constitution qui lui accorderait des pouvoirs étendus. Un projet mis à mal à l’issue des élections de juin, mais auquel le chef de l’Etat n’a pas renoncé. Le 14 août, il expliquait :« Que vous le vouliez ou non, en Turquie, le système a changé. Il faudrait donner un cadre légal à cette situation au moyen d’une nouvelle Constitution. »Pour l’éditorialiste en chef du journal Hürriyet, Murat Yetkin, M. Erdogan a usé de tous les moyens possibles pour prolonger le mandat de l’AKP, malgré le désaveu des urnes.Lire aussi :M. Erdogan n’a pas renoncé à son rêve absolutistePas en reste, l’opposition estime que le président n’a cessé de jouer sur la peur et l’instabilité croissantes pour obtenir un nouveau scrutin dans l’espoir que l’AKP retrouve sa majorité gouvernementale : « Une seule personne a pris la Turquie en otage avec ses ambitions », a martelé ainsi, jeudi, le porte-parole des sociaux-démocrates du CHP (deuxième force au Parlement), Haluk Koç, dans une critique à peine voilée contre l’homme fort de Turquie.Violents affrontements La presse a fait en outre état ces derniers jours de ministres ou d’officiels hués par la foule lorsqu’ils assistaient aux funérailles de soldats ou de policiers, en signe de désapprobation de l’offensive militaire décidée par le gouvernement contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).La Turquie vit depuis un mois une escalade de la violence marquée par des affrontements quotidiens avec le PKK. Officiellement, Ankara a lancé une « guerre contre le terrorisme », contre les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI) et contre les rebelles kurdes, mais dans les faits, l’aviation turque concentre ses frappes sur le PKK. En réponse, les rebelles kurdes ont rompu un cessez-le-feu avec Ankara en vigueur depuis 2013 et ont repris leurs attaques contre l’armée et la police à travers le pays, tuant une cinquantaine de membres des forces de sécurité depuis la fin de juillet, selon un relevé de la presse turque. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Même pas peur. La démission du premier ministre grec Alexis Tsipras, annoncée jeudi 20 août au soir, et la tenue d’élections législatives anticipées en septembre ne semblent pas inquiéter outre mesure les responsables européens et les représentants des créanciers, qui viennent de valider, il y a à peine une semaine, lors de l’Eurogroupe du 14 août, une aide supplémentaire massive de 86 milliards d’euros sur trois ans à la Grèce. De fait, ce nouveau soubresaut politique était largement anticipé, voire souhaité, par les représentants des créanciers d’Athènes.« La Commission européenne prend note de l’annonce en Grèce. Les clés du succès seront un large support au MOU [Memorandum of Understanding, la liste des conditions sur lesquelles s’est engagé le pays en échange de l’aide] et un respect des engagements » a ainsi tweeté, jeudi soir, Annika Breidthardt, une des porte-parole de la Commission. Le tweet, jeudi soir, du directeur de cabinet du président de la Commission Juncker, Martin Selmayr, est lui aussi sans ambiguïté : « Des élections rapides en Grèce peuvent être le moyen d’élargir le soutien au programme de stabilité du MES [le troisième plan d’aide] que vient juste de signer M. Tsipras ».Lire aussi :Grèce : les « frondeurs » de la Syriza lancent leur propre parti« Etape attendue » « J’espère que les élections vont conduire à un soutien encore plus grand [au plan d’aide] de la part du Parlement grec. Espérons qu’elles auront lieu relativement vite afin que la Grèce puisse, comme prévu, prendre des décisions importantes en octobre », a pour sa part déclaré Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, selon l’agence Reuters. Même type de message de la part d’un de ses collègues, Thomas Wieser, un personnage clé à Bruxelles, qui préside le groupe de travail de l’Eurogroupe. « C’était vraiment une étape attendue », a t-il commenté sur la chaîne de télévision publique autrichienne ORF. « Et pour de nombreuses personnes, cela était une étape voulue pour avoir une structure plus claire dans le gouvernement grec, a-t-il ajouté. Si cela n’avait pas eu lieu, la situation serait devenue plus risquée. »Lire aussi :Grèce : le nouveau coup de poker d’Alexis Tsipras« Depuis qu’un tiers des députés du parti Syriza ont voté contre le plan d’aide à Athènes, la semaine dernière, la démission de Tsipras était largement anticipée, ici, renchérit une source diplomatique à Bruxelles. Cette démission est considérée comme une opportunité par les créanciers d’Athènes, qui espèrent que Tsipras sera réélu et que cela va permettre de clarifier la situation politique, d’aboutir à un gouvernement plus cohérent, qui soutienne davantage le plan d’aide et la mise en œuvre des réformes exigées en échange. » Ces élections anticipées étaient même souhaitées depuis des mois, plus ou moins ouvertement, par certains responsables européens, qui y voyaient le moyen de « purger » la coalition gouvernementale grecque de ses éléments les plus radicaux, ceux qui, comme Yanis Varoufakis, l’ex-ministre des finances, ont semblé jouer, durant toutes les négociations entre Athènes et ses créanciers, davantage la sortie de la Grèce de la zone euro que son maintien.Lire le portrait :La « star » Varoufakis se cherche un destinL’agenda des réformes bousculé ?Ce nouveau processus électoral ne risque-t-il pas, néanmoins, de compromettre l’agenda très serré du programme d’aide ? Un premier chèque de 13 milliards d’euros a certes été envoyé à Athènes jeudi, pour rembourser la Banque centrale européenne et les arriérés dus au Fonds monétaire international, et 10 autres milliards ont été sécurisés pour recapitaliser les banques hellènes. Mais pour que les autres prêts soient versés, Athènes va devoir, tous les trimestres, se soumettre à une série d’audits.D’ici octobre, Athènes s’est ainsi d’ores et déjà engagée sur une liste impressionnante de « prior actions », de réformes encore à mettre en place. Poursuite de la réforme des retraites, de la simplification du système de TVA, de la collecte des impôts, etc. Un travail administratif considérable en perspective, alors que, d’ici à la tenue des prochaines élections législatives, fin septembre, il est peu probable que le gouvernement intérimaire se lance dans des chantiers d’envergure.Si M. Tsipras se maintient avec une coalition solide, après les élections législatives, il ne lui restera plus que quelques semaines pour mettre en place les « prior actions » avant que les fonctionnaires de la Commission européenne débarquent à Athènes pour leur première « revue » des réformes.« Cet agenda est tenable, estime une source diplomatique, interrogée par Le Monde. Les Grecs ont déjà prouvé qu’ils peuvent constituer un nouveau gouvernement et être opérationnels en un temps record ». L’agence de notation Moody’s, jeudi soir, a néanmoins mis en garde les investisseurs, estimant que « la démission du premier ministre Tsipras et l’appel à des élections législatives anticipées le 20 septembre pourraient accroître les préoccupations concernant la mise en place du programme d’aide, et potentiellement, faire peser un risque sur les futurs versements de prêts [au pays] ».Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 10h31 • Mis à jour le21.08.2015 à 10h33 Alors qu’Ankara a lancé il y a un mois une vaste offensive contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), l’agence gouvernementale turque Anatolie a affirmé, vendredi 21 août, que l’armée turque aurait tué 771 rebelles kurdes. Des chiffres impossibles à vérifier, l’agence basant généralement ses informations sur des sources de renseignements militaires.Dans le détail, Anatolie a précisé que les nombreux raids de l’aviation turque contre les bases arrières du PKK dans le nord de l’Irak avaient tué 430 rebelles. Dans les opérations menées sur le sol turc, 260 membres de la guérilla kurde ont été tués, a affirmé Anatolie. Les autres seraient décédés des suites de leurs blessures.« Guerre contre le terrorisme »Ankara a lancé le 24 juillet une « guerre contre le terrorisme » visant simultanément le PKK, mettant ainsi fin à une trêve en vigueur depuis 2013, et les combattants de l’Etat islamique (EI) en Syrie. Mais les dizaines de raids aériens qui ont suivi se sont concentrés sur la guérilla kurde, seuls trois d’entre eux ayant été jusqu’à présent officiellement signalés contre l’EI.De son côté, le PKK a repris ses attaques contre l’armée et la police à travers la Turquie, tuant une cinquantaine de membres des forces de sécurité depuis la fin de juillet, selon un décompte de la presse turque. Des hommes armés ont attaqué, vendredi matin, un poste de police du quartier populaire d’Esenyurt à Istanbul, sans faire de blessés, a rapporté l’agence de presse Dogan. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne monte à son tour au créneau. A maintenant 100 jours du début de la COP 21, la cruciale 21e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, qui se tiendra à Paris entre le 30 novembre et le 11 décembre prochain, Bruxelles estime que les négociations patinent.Jeudi 20 août, le commissaire européen à l’énergie et au climat, l’espagnol Miguel Arias Cañete, a réclamé, lors d’une conférence de presse à Bruxelles, que les discussions techniques « aillent plus vite ». La volonté politique est là, a t-il assuré, « mais concernant le fonds, le texte de compromis est bien trop long [80 pages environ], avec toutes les options mises sur la table par les pays plus tôt cette année toujours pas tranchées » a souligné le commissaire.Deuxième source d’inquiétude : il manque encore des pays à l’appel, qui n’ont pas soumis leurs contributions en termes de réduction des émissions de CO2 , et pas des moindres.De gros émetteurs, des pays importants du G20, comme le Brésil, l’Argentine, l’Inde, l’Indonésie, l’Arabie saoudite, l’Afrique du Sud ou la Turquie. A ce jour, 56 pays représentant 61 % des émissions globales actuelles ont fait des propositions, ce n’est pas suffisant pour faire de Paris un succès a estimé le commissaire, jeudi.S’engager sur des objectifs à long termeEnfin, et surtout, a insisté M. Cañete, il s’agit de préciser quels sont les éléments clés de l’accord de Paris, en décembre prochain. Il faudra que les principaux pays émetteurs de la planète soient de la partie, et que ceux qui ont le plus de responsabilités et de capacités soient les plus ambitieux en matière de réductions des gaz à effet de serre. Les pays devront aussi s’engager sur des objectifs à long terme de réduction globale des émissions de 60 % en 2050 par rapport au niveau de 2010.Paris peut encore être un succès, selon le commissaire, mais « la fenêtre d’opportunité pour parvenir à l’objectif de maintenir le réchauffement global à une hausse moyenne des températures de 2 degrés se referme vite » a prévenu M. Cañete, jeudi. Il a par ailleurs annoncé que la Commission européenne allait organiser avec le Maroc, le pays qui prendra la présidence des négociations climat à la suite de la France, une conférence à Rabat, les 12 et 13 octobre prochains. L’occasion de faire à nouveau le point sur les négociations, à un mois et demi du début de la conférence de Paris.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marina Rafenberg (Athènes, intérim) D’un pas décidé, le regard sombre, Alexis Tsipras s’est dirigé vers 20 h 30, jeudi 20 août, devant les caméras : « Le mandat que j’ai reçu le 25 janvier a atteint ses limites. » Le premier ministre grec a officiellement annoncé sa démission et la tenue de nouvelles élections anticipées, tentant un nouveau coup de poker, un peu plus d’un mois après le référendum sur le plan d’aide à la Grèce qui a fait trembler l’Europe et failli aboutir à la sortie de la Grèce de la zone euro.Alexis Tsipras a demandé aux électeurs de le « juger aussi bien sur ses succès que sur ses erreurs ». Le premier ministre, tout en rappelant qu’il avait tout fait pour obtenir le meilleur accord possible avec les créanciers du pays, a demandé au peuple « de décider si l’accord est valable pour sortir un jour des plans de rigueur » et « de savoir qui peut mener les réformes nécessaires ». Lire les dernières informations :Grèce : les « frondeurs » de la Syriza lancent leur propre partiMalgré la victoire du non au référendum, la Grèce a accepté un prêt de 86 milliards d’euros sur trois ans assorti de nouvelles mesures de rigueur… rejetées par les Grecs quelques semaines plus tôt.Depuis la défection d’une quarantaine de députés de Syriza qui ont refusé, le 14 août, de voter en faveur du troisième plan d’aide de 86 milliards d’euros au pays, la démission du premier ministre et la tenue de nouvelles élections faisaient la « une » de tous les médias grecs.La majorité parlementaire, désormais réduite à 119 députés sur les 300 que compte l’Assemblée, « ne laissait pas d’autre choix à Alexis Tsipras que de convoquer de nouvelles élections », explique l’analyste politique Georges Séfertzis.« La fracture au sein du parti devenait de plus en plus évidente et Alexis Tsipras a besoin d’un gouvernement stable s’il veut passer toutes les mesures nécessaires et rester au pouvoir le temps d’une législature normale [quatre ans]. Il lui fallait clarifier les choses et évincer les dissidents. »Lire le reportage :En Grèce, « ces élections anticipées sont un désastre pour la population »« L’irresponsabilité d’Alexis Tsipras »Alexis Tsipras n’a pas précisé de date pour ces prochaines élections législatives, troisième vote de l’année pour les Grecs, mais les médias spéculaient jeudi sur le 20 septembre, à moins que l’opposition – qui n’est pas en position de force – n’essaie de gagner du temps.Quelques minutes après l’allocution télévisée d’Alexis Tsipras, Evangelos Meïmarakis, le nouveau chef de Nouvelle Démocratie (ND, droite), principal parti d’opposition, a fait savoir qu’il explorerait « toutes les possibilités pour que les élections soient la dernière des options ». Au Pasok (parti socialiste), la présidente, Fofi Gennimata, a dénoncé « l’irresponsabilité d’Alexis Tsipras qui encore une fois fuit ses responsabilités », et qualifié les élections de « catastrophiques pour le pays ». La Constitution grecque prévoit que le président de la République, Prokopis Pavlopoulos, doit demander au deuxième parti, en l’occurrence Nouvelle Démocratie, s’il est en mesure de former un gouvernement. « Sans l’appui des députés du Syriza et des Grecs indépendants (ANEL), l’opposition n’y arrivera pas », commente Michalis Spourdalakis, professeur de sciences politiques à l’université d’Athènes.Vendredi, Evangelos Meïmarakis a reçu du président grec un mandat de trois jours pour former un nouveau gouvernement. En cas d’échec, le président de la République devra nommer un premier ministre provisoire jusqu’aux élections. Comme le veut la Constitution, ce sera la présidente de la Cour suprême, Vassiliki Thanou-Christophilou, qui dirigera alors le gouvernement.Lire aussi :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciersFronde interne La préoccupation d’Alexis Tsipras n’est pas son opposition, mais l’aile gauche de son parti, en voie de dissidence, qui critique ouvertement le premier ministre. « Le gouvernement agit sous le régime de la panique et de la peur. (…) Il veut appeler les citoyens à voter avant qu’ils ne soient informés de la totalité des mesures comprises dans le troisième mémorandum et avant qu’ils ne ressentent leurs effets au quotidien », explique dans un communiqué la Plate-forme de gauche. Vendredi, 25 députés de Syriza issus de cette plateforme ont décidé de créer un nouveau parti, derrière l’ancien ministre de l’énergie, Panagiotis Lafazanis.Celui-ci avait été écarté du gouvernement le 17 juillet à la suite de l’accord signé par Alexis Tsipras avec ses créanciers européens. Issu des rangs traditionnels du parti communiste, M. Lafazanis est favorable à un retour à la drachme et la fin des plans d’aide. Ce nouveau parti devrait se nommer « Unité populaire ». Selon la télévision publique ERT, il pourrait être soutenu par Zoé Konstantopoulou, la présidente du Parlement qui s’est plusieurs fois prononcée contre l’accord signé par le premier ministre, mais le très médiatique ex-ministre des finances, Yanis Varoufakis, ne devrait pas être de la partie. Il ne devrait pas non plus être sur les listes de Syriza.Si l’organisation de ces élections était attendue, la rapidité de l’annonce a néanmoins surpris, alors que Syriza devait organiser un congrès en septembre ou octobre. « Alexis Tsipras a bien conscience que plus il attend, plus sa cote de popularité risque de baisser », explique Georges Séfertzis. M. Tsipras pourra en plus bénéficier d’une disposition de la constitution qui prévoit que si les élections ont lieu moins de 18 mois après les précédentes, les électeurs ne peuvent se prononcer que sur des listes fermées, et non panacher les noms à leur guise.D’après le dernier sondage publié fin juillet par l’institut Metro Analysis, Syriza recueillerait près de 33,6 % des voix aux prochaines élections, contre 17,8 % pour la Nouvelle Démocratie et 6,1 % pour To Potami (centristes). Michalis Spourdalakis pense même que Syriza pourrait obtenir les 37 % nécessaires pour obtenir la majorité absolue et se passer d’une coalition : « Les Grecs, pour le moment, croient qu’Alexis Tsipras a tout tenté dans les négociations, qu’il a été l’objet de chantage de la part des Européens. En outre, ils ne veulent pas de l’ancienne classe politique corrompue, l’opposition actuelle ne représente pas une alternative. »La formation d’un nouveau front antiaustérité mené par la Plate-forme de gauche constitue-t-elle une menace pour Alexis Tsipras ? « Pas vraiment. L’aile gauche du Syriza anti-euro ne représente qu’entre 3 et 4 % de l’électorat de Syriza », estime Michalis Spourdalakis. Si Syriza n’obtient pas la majorité absolue, « tout devient plus compliqué, poursuit-il. Les Grecs indépendants risquent de ne pas dépasser 3 % et de ne pas avoir de députés. Et alors, quelle coalition serait possible ? Le Pasok et To Potami sont trop libéraux pour Syriza… »Marina Rafenberg (Athènes, intérim) Jean-Baptiste Chastand Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55d85e824d158'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 10\r\n \r\n \r\nDes migrants en provenance de Gr\u00e8ce sont stopp\u00e9s \u00e0 la fronti\u00e8re mac\u00e9donienne par la police, vendredi 21 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des migrants en provenance de Gr\u00e8ce sont stopp\u00e9s \u00e0 la fronti\u00e8re mac\u00e9donienne par la police, vendredi 21 ao\u00fbt.","source":"ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS","index":0,"position":1,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 10\r\n \r\n \r\nUne femme collecte du petit bois pour faire du feu pr\u00e8s d'Idomeni, \u00e0 la fronti\u00e8re entre la Gr\u00e8ce et la Mac\u00e9doine o\u00f9 des incidents ont eu lieu entre les migrants et la police, le 21 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : Darko Vojinovic \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une femme collecte du petit bois pour faire du feu pr\u00e8s d'Idomeni, \u00e0 la fronti\u00e8re entre la Gr\u00e8ce et la Mac\u00e9doine o\u00f9 des incidents ont eu lieu entre les migrants et la police, le 21 ao\u00fbt.","source":"Darko Vojinovic \/ AP","index":1,"position":2,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 10\r\n \r\n \r\nUne fillette pr\u00e8s de la fronti\u00e8re entre la Gr\u00e8ce et la Mac\u00e9doine, mercredi 19 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : Darko Vojinovic \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une fillette pr\u00e8s de la fronti\u00e8re entre la Gr\u00e8ce et la Mac\u00e9doine, mercredi 19 ao\u00fbt.","source":"Darko Vojinovic \/ AP","index":2,"position":3,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 10\r\n \r\n \r\nDes incidents ont eu lieu tout au long de la matin\u00e9e du vendredi 21 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : Darko Vojinovic \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des incidents ont eu lieu tout au long de la matin\u00e9e du vendredi 21 ao\u00fbt.","source":"Darko Vojinovic \/ AP","index":3,"position":4,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 10\r\n \r\n \r\nUn homme tient son enfant bless\u00e9.\r\nCr\u00e9dits : Darko Vojinovic \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un homme tient son enfant bless\u00e9.","source":"Darko Vojinovic \/ AP","index":4,"position":5,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS","index":5,"position":6,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : SAKIS MITROLIDIS \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"SAKIS MITROLIDIS \/ AFP","index":6,"position":7,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : SAKIS MITROLIDIS \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"SAKIS MITROLIDIS \/ AFP","index":7,"position":8,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : ROBERT ATANASOVSKI \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"ROBERT ATANASOVSKI \/ AFP","index":8,"position":9,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : ROBERT ATANASOVSKI \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"ROBERT ATANASOVSKI \/ AFP","index":9,"position":10,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_9.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Située au milieu de la « route des Balkans » qui mène les migrants d’Athènes en Allemagne, en passant par la Serbie et la Hongrie, la Macédoine, qui fait face depuis plusieurs mois à des arrivées incessantes sur la route de l’Europe, a annoncé l’état d’urgence dans ses régions frontalières dans le sud et dans le nord du pays. Le gouvernement a décidé d’y déployer l’armée pour, officiellement, « améliorer la sécurité des citoyens dans ces deux régions et permettre une meilleure approche des gens qui souhaitent demander l’asile », explique un communiqué officiel.Cette décision s’est traduite, vendredi 21 août, par de violents incidents, des soldats tirant au gaz lacrymogène sur une foule de plusieurs milliers de personnes qui avaient passé la nuit dans un no man’s land entre la Grèce et la Macédoine, dans des conditions extrêmement précaires. Si la police macédonienne nie tout incident à la frontière, Anthonis Rijas, coordinateur local de Médecins sans frontières (MSF), affirme que des forces spéciales de police « ont tiré des balles en plastique et ont dispersé les migrants à coups de bâton ». Il a « recensé une dizaine de blessés », et ajoute qu’il y a « des centaines de migrants qui attendent et de plus en plus arrivent toutes les heures ».La police a finalement permis dans l’après-midi à plusieurs centaines de personnes, essentiellement des familles avec des enfants et des femmes enceintes, de franchir la frontière après que le gouvernement eut annoncé qu’il permettrait « à un nombre limité de migrants illégaux faisant partie des catégories vulnérables » d’entrer sur son territoire.Ces derniers mois, plusieurs centaines de migrants — surtout venus de Syrie, d’Afghanistan ou du Pakistan — franchissaient chaque jour la frontière avec la Grèce, avant de prendre le train de la petite ville de Gevgelija, dans le Sud, pour se rendre en Serbie, au nord. Ils ont été 39 000 à la traverser en juillet, selon un décompte de l’agence Associated Press.« Il n’y a plus de migrants depuis jeudi matin à Gevgelija » Jeudi matin, tous les migrants qui avaient tenté de passer la frontière aux points de passage habituels en avaient été empêchés par la police militarisée. « Il n’y a plus de migrants depuis jeudi matin à Gevgelija, et entre quinze cents et deux mille sont retenus côté grec, assurait alors Anthonis Rijas. La situation est très difficile car il pleut. Nous avons distribué des ponchos, mais nous n’en avons pas assez pour tout le monde. »Ceux-ci recevaient un récépissé leur donnant soixante-douze heures pour déposer une demande d’asile, délai dont la plupart profitaient pour continuer leur périple vers le nord. Des bus et des trains spéciaux avaient d’ailleurs été mis en place pour transférer plus vite les migrants ; le pays se traverse en quelques heures.Mais, face à l’ampleur des arrivées, la situation s’était tendue ces derniers jours à Gevgelija. Les trains n’étaient plus en nombre suffisant, ce qui a conduit à des affrontements entre migrants et policiers pour monter à bord. Mercredi, le gouvernement macédonien avait appelé à l’aide ses voisins, leur demandant l’envoi de « wagons » supplémentaires. L’arrivée annoncée jeudi d’un navire transportant deux mille sept cents migrants syriens des îles grecques vers Thessalonique, à 80 kilomètres de la frontière avec la Macédoine, semble avoir conduit Skopje à prendre cette décision. « Malheureusement, la Grèce, non seulement ne garde pas sa frontière, mais nous constatons nombre de cas de transferts organisés de migrants illégaux jusqu’à notre frontière », a expliqué à l’AFP le porte-parole du ministère de l’intérieur macédonien, Ivo Kotevski. Le gouvernement grec avait en effet affrété des bus pour conduire directement les migrants de Thessalonique à la frontière. Mais ce navire, parti de l’île de Kos mercredi matin, a finalement été détourné sans explication officielle vers Athènes, à la grande déception des migrants, qui avaient dû payer cent euros pour être transportés jusqu’à la frontière.Voir le reportage interactif : La Macédoine, nouveau purgatoire des migrants sur la route de l’Europe« La frontière n’est pas fermée, mais elle n’a jamais été ouverte non plus » Malgré l’état d’urgence, la frontière avec la Grèce ne devrait toutefois pas être totalement fermée. « La frontière n’est pas fermée, mais elle n’a jamais été ouverte non plus », a ainsi théorisé M. Kotevski. « Le gouvernement nous a expliqué qu’il laisserait seulement passer le nombre de migrants que le pays peut accueillir dans de bonnes conditions, soit une centaine par jour », assure Mersiha Smailovic, qui travaille pour Legis, une ONG d’aide aux migrants.Mais les associations s’inquiètent que le renforcement de ces contrôles pousse les migrants à opter pour des voies plus périlleuses. « Je suis sûre que les passeurs vont venir se réinstaller et vont trouver d’autres chemins », estime Mme Smailovic. Une situation qui prévalait jusqu’au printemps, avant que la Macédoine ne décide d’organiser un minimum les flux de migrants en raison des pratiques mafieuses observées sur le terrain. Plusieurs migrants avaient alors témoigné du racket et des violences qu’ils avaient dû subir de la part des trafiquants. Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.08.2015 à 20h56 • Mis à jour le21.08.2015 à 02h22 | Elisa Perrigueur (Athènes, envoyée spéciale) L’annonce, jeudi 20 août, de la démission du premier ministre grec, Alexis Tsipras, et de la tenue d’élections législatives anticipées en septembre n’a pas ébranlé la capitale grecque. Dans les rues désertées d’Athènes, la vie tourne au ralenti. La majorité des habitants, en vacances, a quitté la ville pour les îles ou les villages.Lire :Le premier ministre grec Alexis Tsipras démissionneAu Roumeli, l’un des rares cafés du quartier de Neapoli-Exarkion ouverts en cette saison, le patron, Achilleas Dukas, a tranquillement monté le son du poste de télévision. A la tombée de la nuit, trois clients étaient réunis dans le petit local aux néons blafards pour suivre le discours du chef du gouvernement. Lorsque le visage grave du premier ministre est apparu à l’écran, le taulier a poussé un soupir, résigné. « Ces élections anticipées sont un désastre pour la population. Psychologiquement, nous sommes déjà passés par des phases intenses [la fermeture des banques, le contrôle des capitaux et le référendum du 5 juillet]. Les gens sont tellement stressés », lâche-t-il.« Je voterai pour Aube dorée »Lors des législatives anticipées de janvier, Achilleas Dukas avait voté, enthousiaste, pour Syriza, la formation d’extrême gauche d’Alexis Tsipras. Aujourd’hui, le cafetier ne dissimule pas sa déception, après plusieurs semaines et l’acceptation d’un mémorandum qu’il trouve « beaucoup trop difficile pour le peuple », incluant notamment une hausse de la TVA sur certains produits ou une profonde réforme des retraites. Il hausse les épaules : « Je voterai pour Aube dorée [parti néonazi] aux prochaines élections, ce sera la seule solution pour montrer notre mécontentement ! ». La force politique extrémiste, troisième parti du pays, avait récolté plus de 6 % des voix aux dernières élections. La gauche radicale, elle, avait remporté plus de 36 % des suffrages, soit la majorité dès le premier tour.Pour ce nouveau scrutin, le parti de gauche radicale et son dirigeant jouissent toujours d’opinions favorables au sein de la population. Syriza disposait de 33,6 % d’intentions de vote le 24 juillet, selon un sondage relayé par Reuters. Pour Georges Contogeorgis, professeur de sciences politiques à l’université Panteion, à Athènes, c’est cette popularité encore acquise qui a poussé le premier ministre a démissionner maintenant. « Alexis Tsipras choisit de convoquer des élections dans l’immédiat, car il sait que dans six mois, il ne bénéficiera pas forcément d’une bonne cote de popularité. » Cette accélération du calendrier permettra en effet la tenue d’un scrutin avant que les électeurs ne ressentent les effets des nouvelles mesures d’austérité.Dans le café vide Roumeli, Dimitri Rezus, écrivain, se concentre sur les informations, verre de tsipouro à la main. « Tout le monde est dans l’attente, l’angoisse. On va aller voter puisque de toute façon, on ne peut faire que ça. Je ne suis pas sûr que c’était la bonne période pour les élections même si on s’y attendait, commente-t-il. Le parti est divisé, d’accord, mais quand on a un problème en interne, on le règle en interne, on ne provoque pas des élections qui concernent tout un peuple. »Lire aussi :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciersL’homme prédit : « On risque d’avoir des surprises lors de ces élections anticipées, davantage qu’en janvier. » L’écrivain ne se « reconnaî [t] plus » dans les partis actuels. « Ces dernières années, la politique est devenue chaotique dans le pays. Le paysage politique a beaucoup changé, les gens sont perdus idéologiquement, des partis politiques ont chuté, comme le Pasok (socialistes). » Pour le Grec, il est impossible d’anticiper le résultat de l’élection. La réaction « de la rue », en revanche, est prévisible, d’après lui. Conséquence du troisième Mémorandum et de cette nouvelle annonce d’élections anticipées, « les gens iront de nouveau protester, crier, se battre pour leurs droits, mais je ne suis pas optimiste. Cela fait longtemps que l’on manifeste sans que cela soit efficace ».Des élections « pour sauver un parti » Quelques rues plus loin, à la terrasse d’une taverne du quartier de l’université Panapistimio, Dimitri, évoque la situation ; tirant nerveusement sur sa cigarette. Cet Athénien au chômage n’a pas regardé le discours du premier ministre à la télévision, car « il n’y a rien de surprenant dans ses interventions », s’énerve-t-il. Ce dernier, qui vote pour le parti de droite Nouvelle Démocratie reste « étonné » par « les revirements » du chef de gouvernement. Il dit « ne plus comprendre sa stratégie ». « Avant son élection, il était très à gauche, proche des communistes et maintenant il se range derrière les créanciers pour un troisième plan d’austérité qui n’a plus de sens. ». Pour le cinquantenaire, ces élections anticipées ont lieu « seulement pour sauver le parti Syriza, le renforcer, elles n’ont pas lieu dans l’intérêt du peuple ». Il se dit « pessimiste » pour les mois à venir. « L’économie est dans une situation catastrophique, nous avons du mal à nous relever et nous n’avons aucune industrie à part le tourisme. Une fois que la saison sera terminée, nous n’aurons plus rien. »Aux terrasses qui bordent la rue, les visiteurs sont majoritaires. Cette année, la Grèce va atteindre un record de fréquentation, en augmentation par rapport à 2014. Le tourisme est l’un des rares secteurs qui ne connaît pas la crise.Lire :En Grèce, malgré la crise, les touristes affluentElisa Perrigueur (Athènes, envoyée spéciale) 20.08.2015 à 08h48 • Mis à jour le20.08.2015 à 10h42 La police antiterroriste stambouliote a mené une vaste opération, jeudi 20 août à l’aube, contre les milieux d’extrême gauche, au lendemain d’une fusillade devant les bureaux du premier ministre, ont rapporté les médias locaux.Plusieurs suspects ont été arrêtés dans les descentes de police effectuées à Sariyer et Baltalimani, deux districts de la rive européenne de la ville, a indiqué l’agence de presse Dogan.İstanbul'da operasyon http://t.co/yoL6Rsesaj http://t.co/Mxa8bkU7Ne— solhaberportali (@soL Haber Portalı)require(["twitter/widgets"]);Attaque revendiquée par un groupe d’extrême gaucheL’opération visait le groupe d’extrême gauche DHKP-C (Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple), qui a revendiqué l’attaque contre le consulat américain à Istanbul, le 9 août, et celle de mercredi contre des policiers en faction devant un palais ottoman d’Istanbul, lieu touristique, au bord du Bosphore. Deux hommes armés ont été arrêtés juste après la fusillade, qui n’a pas fait de blessé, en possession de grenades et de fusils automatiques selon les services du gouverneur.Le palais abrite les bureaux du premier ministre islamo-conservateur, Ahmet Davutoglu, qui a échoué à former un gouvernement de coalition à l’issue des élections législatives de juin. Selon les médias officiels, la commission électorale a d’ailleurs proposé la date du 1er novembre pour des législatives anticipées.Lire aussi :La Turquie s’adresse au PKK : « C’est soit les armes, soit la démocratie » 20.08.2015 à 06h48 • Mis à jour le20.08.2015 à 12h05 | Eric Albert (Londres, correspondance) Le gouvernement britannique veut accélérer l’exploration du gaz de schiste. Frustré par les nombreuses difficultés rencontrées jusqu’à présent, si bien qu’aucun forage n’est en cours depuis trois ans, il multiplie les coups de pouce pour tenter de lancer cette industrie.Mardi 18 août, il a accordé 27 licences d’exploration supplémentaires, essentiellement dans le nord de l’Angleterre : 2 700 kilomètres carrés qui peuvent potentiellement être forés, en utilisant la technique controversée et polluante de la fracturation hydrau­lique. Engie (ex-GDF Suez) et Total font partie des entreprises qui en bénéficient. Cent trente-deux autres licences sont à l’étude et une attribution est attendue d’ici à la fin de l’année.Cette décision fait suite à l’annonce, le 12 août, de mesures d’accélération des procédures d’autorisation pour les forages. Furieux contre les collectivités locales qui prennent souvent plus d’un an pour accorder leur feu vert, nécessaire en plus des licences, le ­gouvernement britannique entend se saisir de tous les dossiers qui dépassent quatre mois. Selon le ministère de l’énergie, le gaz de schiste est une « priorité ­nationale ».« Il faut que l’on avance », explique Nicholas Bourne, le sous-secrétaire d’Etat à l’énergie. Selon lui, cette ressource est indispensable. « Garder les lumières allumées et fournir de l’énergie à notre économie ne sont pas négociables. »Politiquement explosifVoilà des années que David Cameron, le premier ministre britannique, vante le gaz de schiste. Il rêve de connaître au Royaume-Uni une révolution similaire à celle des Etats-Unis, où les prix des ­hydrocarbures se sont effondrés et où l’indépendance énergétique est à portée. Pourtant, depuis 2012, c’est la panne sèche.Pour l’industrie, les problèmes ont commencé avec une série de petites secousses sismiques au printemps 2011 près de Blackpool, dans le nord-ouest du pays. En cause : la fracturation hydrau­lique utilisée dans un forage d’exploration par l’entreprise britannique Cuadrilla. L’année suivante, un moratoire a été instauré en attendant d’en savoir plus.S’il a rapidement été levé, après l’imposition de quelques mesures de précaution supplémentaires, un virage psychologique a été pris. Quand une autorisation de forage a été demandée en 2013 à Balcombe, dans les prospères campagnes du sud de l’Angleterre, toujours par Cuadrilla, la popu­lation s’y est massivement opposée. Une coalition hétéroclite de conservateurs inquiets pour leurpaysageet de militants écolo­gistes s’est formée pour bloquer le projet.Désormais, le sujet est politiquement explosif. Les opposants au gaz de schiste sont passés de 29 % à 43 % en dix-huit mois au Royaume-Uni, tandis que seuls 32 % des personnes sondés se disent en sa faveur. Fin juin, les partisans de la fracturation hydraulique ont essuyé un nouveau revers. Le comté du Lancashire a surpris tout le monde en rejetant une demande de forage, une ­nouvelle fois provenant de Cuadrilla, en raison du bruit et de l’impact visuel des travaux qui en découleraient. Pourtant, son ­comité ­technique s’était prononcé favorablement.Réserves potentiellement énormesLes compagnies pétrolières n’ont cependant pas dit leur dernier mot. « Nous sommes prêts à patienter quelques années si c’est le temps nécessaire pour convaincre », confie une source d’une multinationale pétrolière. Une bonne douzaine d’entreprises mènent actuellement des études préparatoires en vue d’exploiter du gaz de schiste au Royaume-Uni.Ineos, un groupe pétrochimique britannique – basé en Suisse pour des raisons fiscales –, est l’une d’entre elles. Il a obtenu trois licences supplémentaires mercredi et espère commencer ses ­forages dès 2016. « C’est vrai que ça a été difficile, mais les récentes annonces du gouvernement montrent qu’on a passé un cap », veut croire Patrick Erwin, son directeur commercial. Total, qui est un partenaire sur plusieurs projets, vise lui aussi un forage dès 2016 et un début de production en 2018.Si les entreprises restent mobilisées, c’est que les réserves sont potentiellement énormes. Le Bowland, un bassin géologique au nord de l’Angleterre, renfermerait à lui seul 38 000 milliards de mètres cubes de gaz de schiste. Même si seulement 10 % pouvaient être exploités (l’estimation des entreprises), cela resterait suffisant pour fournir quarante années de consommation de gaz à l’ensemble du pays.Ces statistiques ne sont pas fiables et il faudra attendre les premiers forages pour les vérifier, mais elles font rêver le gouvernement britannique, qui œuvre de toutes ses forces à débloquer la ­situation. De quoi provoquer la colère des opposants : « C’est le coup d’envoi d’une lutte pour l’avenir de nos campagnes, estime Daisy Sands, de Greenpeace. Des centaines de batailles vont apparaître à travers le pays pour défendre les paysages ruraux de la pollution, du bruit et des derricks. »Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Isabelle Piquer (Madrid, correspondance) C’est dans l’arène politique que les taureaux espagnols affrontent depuis quelques mois leur mise à mort. A la tête de nombreuses municipalités, diverses formations de la gauche radicale, élues lors des élections régionales et municipales du 24 mai, ont décidé d’en finir avec les corridas, pourtant toujours populaires.Alors que l’Espagne commence tout juste à sortir de la crise, les nouveaux responsables des plates-formes citoyennes et des partis proches des « indignés » ne veulent plus subventionner un spectacle qu’ils qualifient de « sauvage » et d’« anachronique ». En pleine période de Fiestas, la fronde gagne du terrain.A Palma de Majorque, le 30 juillet, Som Palma – une coalition proche du parti anti-austérité Podemos – a déclaré la ville « anti-taurine » grâce à l’appui des socialistes et des indépendantistes. La municipalité ne financera plus de spectacles de taureaux ni leur cédera d’espaces publics. La plate-forme Mallorca sin sangre (« Majorque sans sang ») a déjà recueilli 131 000 signatures pour interdire la pratique dans toutes les îles de l’archipel des Baléares. Elle dénonce « l’atrocité » d’un « spectacle cruel qui remplit de honte la majorité des citoyens ».A La Corogne (nord-ouest de l’Espagne), la plate-forme Marea Atlantica (« Marée atlantique ») a annulé les spectacles taurins au nom de « l’intérêt public » et pour économiser 50 000 euros. Les villes d’Alicante et de Huesca ont annoncé la tenue de référendums pour se déclarer également « anti-tauromachie ». A Madrid, la maire, Manuela Carmena, a renoncé à occuper la tribune officielle des arènes de las Ventas. Elle ne subventionnera plus l’école taurine – bien qu’aucune décision n’a encore été prise – pour faire de la capitale « une municipalité amie des animaux ».« Nous devons créer un cadre pour protéger cette expression singulière de notre culture », affirmeJosé Ignacio Wert, le ministre espagnol de la cultureCe n’est pas un phénomène tout à fait nouveau. L’archipel des Canaries a été la première région à interdire les corridas en 1991, suivi de la Catalogne en 2010 qui permet cependant la tenue des populaires bous al carrer (littéralement « les taureaux dans la rue »).Les Espagnols ont des avis partagés sur la tauromachie. Le dernier sondage sur la question, qui date de 2010, prouve qu’elle n’agite pas vraiment les consciences. Selon l’Institut Metroscopia, si 60 % des Espagnols affirmaient ne pas aimer les corridas, 52 % se déclaraient tout de même favorables à leur maintien. Les toreros restent des personnages très populaires de la farándula (les célébrités locales). Le matador Francisco Rivera Ordoñez, encorné lors d’une corrida à Huesca, le 10 août, a fait la « une » de la presse ibérique.Le secteur taurin, très touché par la crise, commence à refaire surface mais il n’est pas sûr qu’il puisse survivre sans les subventions régionales. Selon les statistiques du ministère de la culture espagnol, 1 868 corridas ont eu lieu en 2014, un peu plus que l’année précédente mais presque 25 % de moins qu’en 2010. L’Association nationale des organisateurs de spectacles taurins (Anoet) affirme avoir vendu 6 millions de billets d’entrée en 2014 (en comparaison, la Liga en a vendu 13 millions lors de la dernière saison de football).Instrument politiqueLes plates-formes dénoncent certes les mauvais traitements et les tortures contre les animaux, mais, à quelques mois des élections législatives, prévues avant la fin de l’année, la tauromachie est surtout devenue un instrument politique contre les conservateurs du Parti populaire au pouvoir. Le gouvernement de Mariano Rajoy a en effet beaucoup défendu la Fiesta. En mai, le Parlement a inclus les corridas dans une nouvelle loi sur le patrimoine culturel immatériel. « Nous devons créer un cadre pour protéger cette expression singulière de notre culture que nous projetons à l’extérieur », avait alors défendu le ministre de la culture, José Ignacio Wert.Malgré les enjeux politiques, les taureaux restent un sujet délicat. La coalition de la gauche indépendantiste basque Bildu, qui avait supprimé les corridas à Saint-Sébastien, n’a rien dit sur les San Fermin de Pampelune (où 27 personnes ont été blessées cette année lors des lâchers de taureaux dans les rues). En Andalousie, où se célèbre le plus de corridas, ni le PSOE au pouvoir ni Podemos (qui a remporté 15 % des voix) n’ont remis en cause les spectacles.A Saragosse, le nouveau maire, Pedro Santisteve, de la plate-forme citoyenne Zaragoza en Común, s’est réuni avec les associations de quartiers pour leur annoncer qu’il ne financerait plus les fêtes populaires de taureaux ensogados (« cornes attachées » ) ou embolados (enduites d’une substance inflammable). Par contre, les vaquillas (vachettes lâchées dans une arène) seront toujours autorisées.Même Podemos n’est pas allé jusqu’au bout de ses revendications. Dans son programme électoral de mai, il proposait d’interdire la tauromachie puis il s’est limité à demander la fin des subventions publiques. « Les taureaux ne devraient pas être un problème, à condition qu’ils ne coûtent rien au citoyen », déclarait José Manuel Lopez, le candidat à la région de Madrid.A Valence, après plus de vingt ans de règne ininterrompu du Parti populaire, Joan Ribó, le maire de la coalition Compromís ( nationaliste de gauche), a promis d’éliminer toutes les subventions. « Nous n’aimons pas les taureaux, c’est clair », a-t-il déclaré il y a quelques semaines au quotidien Veinte Minutos pour ajouter qu’il allait « étudier soigneusement la question » car « ils plaisent à beaucoup de gens et sont une coutume et une tradition de notre ville ». Quant à éliminer les corridas : « Peut-être dans quelques années. »LexiqueCorridaCombat à l’issue duquel le taureau est mis à mort par un torero dans une arène. L’Andalousie, Madrid et la Castille sont les grandes régions des aficionados de corrida. Le secteur emploie plus de 10 000 personnes (97,6 % d’hommes).EncierroAussi appelé sueltas, il s’agit d’un lâcher de taureaux sur un parcours clos (dans les rues ou une arène) sans mise à mort. Il peut être organisé avec des taureaux ou des vachettes (vaquillas). Chaque année 20 000 encierros ont lieu en Espagne, souvent dans des conditions assez précaires. La massification et l’abus d’alcool sont la cause de nombreux accidents. Il y a déjà eu 10 morts cet été, neuf d’entre eux encornés. Jugés cruels et inhumains, les encierros sont aussi dans le collimateur de la gauche radicale.Isabelle Piquer (Madrid, correspondance)Journaliste au Monde Gaëlle Picut Eurofound, la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail, a publié, en juillet dernier, un rapport intitulé "Revalorisation ou polarisation ? Les changements de la structure de l’emploi à long terme et au niveau mondial". Il s’est notamment intéressé aux emplois qui ont le plus été détruits et ceux qui ont connu les plus forts taux de croissance dans l’Union européenne, durant la période post crise, c’est-à-dire entre 2011 et 2014 . L’objectif consiste à évaluer dans quelle mesure les changements récents ont un effet polarisant, causé par une baisse des emplois à rémunération moyenne, ou revalorisant, du fait de la croissance des emplois à haute rémunération. Sur cet intervalle de trois ans, la croissance de l’emploi dans l’UE a présenté une polarisation asymétrique : les emplois bien rémunérés ont connu la plus forte croissance ; l’évolution a été modeste pour les emplois les moins rémunérés et la catégorie des salaires moyens a connu une baisse de l’emploi.Le rapport rappelle qu’un quart de l’emploi de l’UE est concentré dans seulement 11 métiers et la moitié dans environ 60. Les deux types de professions employant le plus de personnes sont les travailleurs dans le commerce de détail (12 millions) et les professionnels de l’enseignement (9,6 millions). Durant la période 2011-2014, ces salariés ont eu un emploi stable, avec une augmentation très modeste pour ceux dans l’enseignement.  Dans le même temps, les plus grandes pertes d’emplois en absolu et en relatif ont continué à se produire dans le secteur de la construction, avec des baisses annuelles comprises entre 3,4% et 5,2% selon les métiers, et dans celui de l’industrie. Huit millions d’emplois ont ainsi été détruits pendant la période 2008-2013. Cette diminution constante de l’emploi dans ces deux grands secteurs d’activité a été le principal facteur de polarisation observé durant la crise.Les emplois liés aux services à la clientèle dans le secteur financier ont également connu une forte baisse relative. Des emplois publics ont également été détruits, montrant ainsi la pression sur la masse salariale et les contraintes budgétaires accrues dans la fonction publique depuis 2011. Enfin, dans les 10 métiers qui ont le plus diminué entre 2011 et 2014, on trouve des emplois du secteur du commerce de détail et de gros, des destructions s’expliquant par le développement des nouvelles technologies et du commerce en ligne.Les croissances relatives les plus fortes se situent dans les services, notamment du côté des professionnels de la santé et des services aux particuliers, mais également dans le secteur de l’information et de la communication et du consulting.Depuis le deuxième trimestre 2013, le niveau d’emploi net dans l’UE a amorcé une reprise, avec une hausse d’1,8 million au 2ème trimestre 2014. Néanmoins, le niveau global de l’emploi dans l’UE accuse encore un différentiel négatif de quatre millions par rapport au niveau du début de la crise il y a six ans.Une progression de l’emploi temps partielDans certains pays européens, notamment au Royaume-Uni, les emplois de services faiblement rémunérés ont représenté une grande part de la croissance récente. "Cette situation agite le spectre de la croissance de l’emploi à faible productivité, dans laquelle la production et, en fin de compte, le niveau de vie n’augmentent pas en dépit d’une augmentation des opportunités d’emploi", écrivent les auteurs du rapport. On assiste également à une forte croissance récente de la part de l’emploi à temps partiel. Aujourd’hui, les services représentent 7 emplois sur 10 en Europe. Il y a eu 2,8 millions nouveaux emplois nets dans le secteur des services en 2014 par rapport à 2011. Parallèlement, les emplois à haute rémunération continuent de progresser.Le rapport conclut que si l’on classe les emplois de l’UE en cinq catégories de taille égale (quintiles) en fonction du salaire, il apparaît manifestement que la croissance de l’emploi à durée indéterminée et à temps plein est de plus en plus confinée au quintile supérieur, les emplois bien rémunérés ; dans tous les autres quintiles de la répartition des salaires, elle est en baisse.A noter que France Stratégie, aussi appelé Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP), a également publié le 24 août un document de travail intitulé "La polarisation des emplois : une réalité américaine plus qu’européenne ?" (mais qui ne prend pas en compte les données du dernier rapport d’Eurofound). Selon son auteure, "la polarisation des emplois est avérée sur longue période aux Etats-Unis mais apparaît moins évidente en Europe" . Elle estime que "la réversibilité ou l’accentuation de la polarisation – dont la réalité est à nuancer – reste donc posée et constitue une interrogation majeure pour l’avenir".Gaëlle PicutJournaliste au Monde Frédéric Lemaître (à Berlin), Salvatore Aloïse (à Rome) et Eric Albert (à Londres) Les débats sur l’afflux de migrants butent sur les mêmes problèmes de sémantique, un peu partout en Europe. Avec les mutations des phénomènes migratoires, les mots changent. En Allemagne, les deux expressions les plus utilisées sont « Flüchtlinge » – les réfugiés – et « Asylbewerber » – les demandeurs d’asile –, qui parlent de ces étrangers qui fuient un danger.Les années précédentes, c’était le terme d’« Einwanderer », les immigrés, qui était au centre des débats. Un mot qui avait succédé au sinistre « Gastarbeiter », ces « travailleurs invités » grâce auxquels l’Allemagne a assuré sa prospérité de 1955 à la fin des années soixante. L’expression reconnaissait cyniquement que ces hommes issus de Turquie et du bassin méditerranéen n’étaient perçus que comme une main-d’œuvre invitée… à repartir. Mais ces hommes sont restés, posant la question de l’intégration des Allemands avec « Migrationshintergrund » - « issu de l’immigration ». Un terme qui fait aussi débat.Lire sur Les Décodeurs :« Migrant » ou « réfugié » : quelles différences ?« Immigré » forcément « illégal »Au Royaume-Uni, le mot « migrant » a longtemps été le plus neutre de tous pour parler des gens qui migrent vers l’Europe. Mais avec ce qui est appelé la « crise des migrants », le ton général des médias et de la classe politique britannique a pris une connotation très négative. Une étude du vocabulaire utilisé dans les journaux britanniques entre 2010 et 2012, réalisée par l’université d’Oxford, montre que le mot « immigré » est quatorze fois plus souvent associé à « illégal » que celui de « migrant ».C’est en train de changer. La réflexion sur les mots employés et leur caractère négatif a été lancée par la chaîne Al-Jazira qui a annoncé qu’elle n’utiliserait plus le mot de « migrant », trop péjoratif, et lui préférerait celui de « réfugié ». Lindsey Hilsum, journaliste à Channel 4, a fait de même. Selon elle, « migrant » même s’il a l’avantage de la neutralité, le terme a progressivement été dévoyé. Elle aussi va désormais choisir « réfugié » de façon plus systématique.En Italie, le terme généralement employé est celui de « migrants » qui permet de ne pas devoir spécifier s’il s’agit de réfugié ou pas. Le changement sémantique plutôt récent : le sociologue Ilvo Diamanti le fait remonter à la période qui a suivi la visite du Pape à Lampedusa en juillet 2013. C’est à ce moment-là, dit-il, que la presse cesse de parler de « clandestins » – ce que continue à faire, pratiquement seule, la xénophobe Ligue du Nord. À la fin des années 1980, l’Italie avait pris douloureusement conscience de n’être plus terre de migration mais d’accueil, désignant ses étrangers comme des « extra-communautaires » et des « vucumpra » – c’est-à-dire la formule « vuoi comprare? » (« tu veux acheter ? »), mal prononcée par les vendeurs à la sauvette étrangers. Ces termes sont devenus aujourd’hui imprononçables.Lire aussi :Migrants : le silence gêné des politiquesFrédéric Lemaître (à Berlin)journalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteEric Albert (à Londres)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSalvatore Aloïse (à Rome)Journaliste au Monde 26.08.2015 à 05h28 • Mis à jour le26.08.2015 à 16h08 La chancelière allemande avait décidé de se rendre, mercredi 26 août, dans un foyer de réfugiés à Heidenau, dans la Saxe, pour dénoncer la série d’actes xénophobes visant ce lieu d’accueil et d’autres du même type ces derniers jours.Huée à son arrivée par une centaine de personnes réunies à l’appel de l’extrême droite, Mme Merkel a ensuite pris la parole pour dire qu’il n’y aura « aucune tolérance » en Allemagne pour ceux qui se livrent à des agressions « abjectes » et « honteuses » et « qui remettent en cause la dignité d’autrui ». Le centre de Heidenau, près de la frontière avec la République tchèque, a été incendié au cours du week-end par une foule menée par des néo-nazis.Il s’agit de la première visite de Mme Merkel dans un foyer de réfugiés depuis que la crise migratoire européenne s’est aggravé. Dans le même temps, le président Joachim Gauck a visité un centre d’accueil à Berlin pour remercier les bénévoles qui y travaillent. Le gouvernement allemand a été très critiqué pour son manque d’empressement à se saisir du dossier, alors que son pays s’attend à recevoir 800 000 demandes d’asile en 2015, soit quatre fois plus que l’an dernier. Un afflux composé en grande partie de personnes fuyant leur pays en guerre, comme la Syrie, l’Afghanistan ou l’Irak.Ces arrivées massives ont cristallisé la tension dans le pays. Dans la nuit de mardi à mercredi, des incidents plus ou moins graves ont été recensés dans l’est du pays, notamment à Leipzig. La veille, c’est un gymnase qui devait servir de local d’accueil pour une centaine de réfugiés à partir de septembre, près de Berlin, qui a été totalement détruit par les flammes.Lire aussi :« Migrant » ou « réfugié » : quelles différences ?Tentatives de coordonner la politique européenneSilencieuse dans un premier temps, la chancellerie semble avoir désormais pris conscience de l’ampleur de la crise. Berlin a annoncé mardi avoir renoncé à renvoyer les Syriens vers leur pays d’entrée dans l’UE, une mesure discrètement mise en œuvre de longue date. Cette remise en cause des accord dits de Berlin est le « seul cas dont nous avons connaissance parmi les Etats membres », a commenté à Bruxelles la porte-parole de la Commission européenne, Natasha Bertaud, qui s’est félicitée d’un « acte de solidarité européenne ».Jeudi, l’ensemble des pays de l’espace Schengen concernés doivent se réunir à Vienne. L’Autriche, très touchée par cet afflux migratoire, doit proposer lors du sommet un plan d’action en cinq points. Celui-ci prévoit d’intensifier la lutte contre les réseaux de passeurs, une répartition « plus équitable » des réfugiés entre les pays de l’UE, une coopération sécuritaire renforcée, une aide aux pays d’origine des migrants et une « stratégie d’asile à l’échelle européenne ».La France et l’Allemagne, tout en demandant une politique européenne commune en matière d’accueil de migrants, ont critiqué l’Italie et la Grèce, leur reprochant de ne pas chercher à identifier les arrivants et permettant à nombre d’entre eux de poursuivre leur route pour déposer ailleurs leur demande d’asile.Les accords de Dublin obligent en effet les demandeurs d’asile à déposer leur dossier dans le premier pays européen où ils ont été enregistrés. Dans un entretien au quotidien Corriere della Sera, le ministre des affaires étrangères italien, Paolo Gentiloni, a rejeté ces critiques et appelé à revenir sur ces accords. Il estime que « l’Italie fait ce qu’elle doit faire », et décrit son pays comme « un modèle positif au niveau international ».« L’Europe a besoin d’aller dans la direction exactement opposée à celle qui consiste à taper sur les pays situés sur sa frontière extérieure. (…) Cela peut sembler ambitieux, mais (…) c’est la seule voie possible. Les migrants arrivent en Europe, pas en Italie, en Grèce, en Allemagne ou en Hongrie. Au train où vont les choses, on risque de remettre Schengen en cause et de revenir aux anciennes frontières. » 25.08.2015 à 20h21 • Mis à jour le26.08.2015 à 12h50 | Alexandre Pouchard Migrants ou réfugiés ? Le débat sémantique s’installe en Europe pour savoir comment qualifier les milliers de personnes qui arrivent quotidiennement sur les côtes méditerranéennes. Le premier terme est fustigé pour ne pas refléter la détresse de ceux qui, le plus souvent, fuient un conflit.Le média qatari Al-Jazira a ainsi annoncé le 20 août qu’il n’utilisera plus que le mot « réfugié » dans le contexte méditerranéen :« Le terme parapluie “migrant” ne suffit désormais plus pour décrire l’horreur qui se déroule en mer Méditerranée. Il a évolué depuis ses définitions de dictionnaire, pour devenir un outil péjoratif qui déshumanise et distance. (…) C’est un mot qui ôte la voix aux personnes qui souffrent. »Al-Jazira rappelle que la plupart de ces personnes viennent de Syrie − où une terrible guerre civile se déroule depuis quatre ans −, d’Afghanistan, d’Irak, de Libye, d’Erythrée ou de Somalie, « autant de pays dont les ressortissants obtiennent généralement l’asile ».Alors que d’autres médias s’interrogent, à l’image du Guardian, et que le débat prête le flanc aux interprétations politiques, quelles réalités recouvrent les définitions des termes « migrant » et « réfugié » ?Lire aussi :Le « migrant », nouveau visage de l’imaginaire françaisTout réfugié est un migrant…En droit international, le « réfugié » est le statut officiel d’une personne qui a obtenu l’asile d’un Etat tiers. Il est défini par une des conventions de Genève (« relative au statut des réfugiés »), signée en 1951 et ratifiée par 145 Etats membres des Nations unies :« Le terme “réfugié” s’appliquera à toute personne (…) qui, craignant d’être persécutée du fait de sa race [son origine], de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ; ou qui, si elle n’a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle à la suite de tels événements, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner. »Ce statut peut être « perdu » si la situation dans son pays a changé, si la personne y est retournée volontairement ou encore si elle a changé de nationalité.Une demande d’asile est normalement individuelle. Est donc réfugiée toute personne qui a demandé l’asile et est reconnue par un Etat comme ayant fui son pays en raison de menaces sérieuses pour sa vie. Cette condition doit normalement être argumentée : le réfugié doit apporter à son Etat d’accueil la preuve de ces menaces.Le cas spécifique des conflits généralisés. Ces dernières années, les réfugiés en Europe ou au Moyen-Orient sont principalement des Syriens, Afghans, Irakiens ou encore des Libyens. Autant de pays en proie à des guerres civiles largement reconnues sur le plan international. Dans le cas d’afflux massifs d’habitants fuyant des combats, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) reconnaît que « la capacité de mener un entretien personnel d’asile avec chaque personne ayant traversé la frontière n’est pas suffisante – et ne le sera jamais. Cela ne s’avère d’ailleurs pas nécessaire dans la mesure où, dans de telles circonstances, la raison de leur fuite est généralement évidente ». Ces groupes sont alors dits réfugiés prima facie, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas besoin d’apporter la preuve de persécutions.Dans une note d’octobre 2013 consacrée à la Syrie, le HCR déclare donc qu’il reconnaît comme « réfugié » toute personne fuyant le pays et correspondant à des profils parfois très spécifiques (opposants, journalistes) mais aussi très larges : enfants pouvant être menacés par des actes de violence, femmes risquant d’être violées ou mariées de force, personnes appartenant à un groupe religieux ou un groupe ethnique… ce qui recoupe toute la population. Les soutiens du gouvernement, traqués par les rebelles, sont également inclus. Seuls les individus reconnus comme ayant commis des actes de violence sont exclus de cette disposition.… mais tous les migrants ne sont pas des réfugiésLe dictionnaire Larousse définit un « migrant » comme toute personne qui effectue une migration, c’est-à-dire qui se déplace volontairement dans un autre pays ou une autre région « pour des raisons économiques, politiques ou culturelles ». Le Petit Robert restreint la raison de ces déplacements au fait de « s’établir ».Dans les faits, les milliers de personnes ayant traversé la mer Méditerranée sont bien des migrants, car ils se sont déplacés d’un pays à un autre, même d’un continent à un autre. Parmi eux se trouvaient des personnes considérées comme réfugiés par le HCR (comme les Syriens). Les autres, de nationalités diverses, quittant un pays en développement pour chercher une vie meilleure en Europe, sont dits « migrants économiques » car « ils font le choix du déplacement pour de meilleures perspectives pour eux et pour leurs familles », explique le HCR. Les réfugiés, quant à eux, sont « dans l’obligation de se déplacer s’ils veulent sauver leur vie ou préserver leur liberté ».Ce sont les migrants économiques qui sont généralement ciblés par les politiques dures en matière d’immigration. Le HCR regrette depuis plusieurs années que des mesures soient « appliquées de manière indiscriminée et rendent très difficile, sinon impossible, l’entrée des réfugiés dans un pays où ils pourraient trouver la sécurité et le soutien dont ils ont besoin, et auxquels ils ont droit en vertu du droit international ».Malgré tout, considérant que la majorité des migrants traversant la Méditerranée « viennent de pays en guerre ou en proie à des violences et des persécutions (Syrie, Afghanistan, Irak, Erythrée) », le HCR, contacté par Le Monde, décrit le mouvement massif vers l’Europe comme « une crise de réfugiés ». Il utilise toutefois les deux termes, réfugiés et migrants, pour décrire la population dans son ensemble, assurant par exemple que, « jusqu’à aujourd’hui, 292 000 réfugiés et migrants sont arrivés par la mer en Europe en 2015 ».L’utilisation des deux termes est également le parti pris des organisations telles qu’Amnesty International, Human Rights Watch ou encore la Cimade en France. Cette dernière fournit un accompagnement juridique aux migrants et tient, sauf exception, à privilégier le vocabulaire précis : des demandeurs d’asile peuvent être déclarés réfugiés en cas de réponse positive. « Le terme de “réfugié” est très précis dans le droit international, alors nous ne l’utilisons que dans ce contexte, explique Louise Carr, du programme des personnes déracinées à Amnesty International. Mais il est vrai que le terme “migrant” est de plus en plus connoté péjorativement et recoupe beaucoup de situations très diverses. »L’asile constitutionnel et la « protection subsidiaire » comme alternativesLe statut de réfugié n’est pas le seul possible pour des demandeurs d’asile. La France, par le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 – à laquelle le préambule de la Constitution de 1958 fait référence –, reconnaît l’asile constitutionnel. Il peut être octroyé « à toute personne persécutée en raison de son action en faveur de la liberté ».Par transposition de règles européennes, la France peut aussi accorder une « protection subsidiaire » à toute personne ne remplissant pas les conditions d’octroi du statut de réfugiés mais étant menacée de peine de mort, de traitements inhumains ou dégradants ou de « violence aveugle résultant d’une situation de conflit armé interne ou international ».Lire aussi sur les Décodeurs : Etrangers, regroupement familial, séjour... Petit lexique de l'immigrationAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.08.2015 à 12h46 • Mis à jour le25.08.2015 à 13h42 « Si vous êtes ici illégalement, nous prendrons des mesures pour vous empêcher de travailler, de louer un appartement, d’ouvrir un compte en banque ou de conduire une voiture. » James Brokenshire, secrétaire d’Etat à l’immigration en Grande-Bretagne, a lancé une nouvelle charge contre les sans-papiers installés sur le territoire britannique, mardi 25 août.Le ministre continuait de présenter les mesures qui figureront dans le projet de loi sur l’immigration, prévu pour l’automne et destiné à durcir la répression de l’immigration illégale, l’une des principales préoccupations du gouvernement de David Cameron.Lire aussi :Des policiers britanniques déployés à Calais pour lutter contre les passeursSaisie des salairesAprès avoir annoncé un renforcement de la surveillance des frontières, des mesures de répression des propriétaires louant un logement à des clandestins ou encore une facilitation de l’expulsion de ces derniers de leur logement, M. Brokenshire a cette fois détaillé les mesures visant les travailleurs clandestins, non seulement les sans-papiers mais aussi ceux qui les emploient.Les travailleurs illégaux pourraient, si le texte est adopté en l’état, s’exposer à une peine de six mois de prison et à une amende illimitée. Le gouvernement avait également annoncé que les salaires perçus dans le cadre d’une activité illégale pourraient être saisis.« Cela signifie qu’au lieu d’être conduits dans des centres de rétention, les migrants illégaux iront devant la justice, puis en prison », indique le Telegraph.Lire aussi :Comment fonctionne la politique migratoire entre le Royaume-Uni et la France ?Les patrons également menacésPoursuivant son entreprise de dissuasion des citoyens britanniques de traiter avec des clandestins, le secrétaire d’Etat à l’immigration a également annoncé des mesures sévères visant les employeurs qui auraient recours à de la main-d’œuvre illégale. Certaines entreprises telles que les pubs, les commerces et les restaurants de vente à emporter qui emploieraient des travailleurs sans papiers s’exposeront ainsi au retrait de leur licence. « Toute entreprise qui emploierait régulièrement des migrants illégaux sera sujette à une fermeture de quarante-huit heures pendant que la police des frontières enquêtera », ajoute encore le Financial Times.Selon la BBC, la législation pour d’autres types d’entreprises devrait aussi changer. « Ils ne pourront plus prétendre qu’ils ne savaient pas que l’un de leurs employés n’était pas autorisé à travailler, car ils devront fournir la preuve qu’ils avaient bien effectué les vérifications qui s’imposent avant de les engager », explique le site britannique. Il ajoute que la peine maximale pour les employeurs ayant recours à de la main-d’œuvre illégale pourrait passer « de deux à cinq ans de prison, en plus des amendes déjà en vigueur ». Ces mesures visant à créer un « environnement hostile » pour les sans-papiers en Grande-Bretagne sont dévoilées alors que Londres s’apprête à découvrir « une nouvelle série de chiffres embarrassants sur l’immigration, qui doivent être rendus publics jeudi », note le Guardian.En 2014, le solde migratoire s’est établi à 318 000 personnes, soit 50 % de plus qu’en 2013, alors que David Cameron avait promis en 2010 de limiter le nombre net d’immigrants légaux à quelques dizaines de milliers par an.Lire aussi :Dans le Kent, les services sociaux sous pression face à l’afflux de migrants 25.08.2015 à 10h35 • Mis à jour le25.08.2015 à 14h47 « Wikipédia a commencé à être bloqué en Russie. Savoir quoi faire avant qu’il ne soit trop tard. » Sur la page d’accueil de la version russe de Wikipédia, les internautes étaient accueillis, ces 24 et 25 août, par ce bandeau, qui renvoie vers une liste de ressources pour naviguer anonymement et contourner les systèmes de censure, comme le logiciel Tor.Le régulateur russe du Web, le Roskomnadzor, avait annoncé qu’en raison de la présence d’une page donnant, selon elle, des indications sur la manière de préparer une drogue à base de cannabis, elle avait demandé aux fournisseurs d’accès à Internet du pays de bloquer cette page. Mais Wikipédia utilisant le protocole de sécurisation https sur toutes ses pages, le régulateur affirme ne pas avoir d’autre choix que de bloquer l’ensemble du site si la page n’est pas retirée – ce que Wikipédia s’est refusé à faire, arguant que son contenu n’était pas contraire à la loi.Le régulateur russe a finalement fait marche arrière, après de vives protestations en Russie. Mardi midi, Wikipédia a été retirée de la liste des sites sujet à un blocage. Selon les constatations du Monde, cette volte-face est intervenue avant que le blocage soit effectif.Dans un premier temps, Wikipédia avait renommé la page visée par la censure russe, et édité en partie son texte pour préciser que la consommation de drogues est dangereuse pour la santé et interdite en Russie. Des modifications suffisantes, a jugé le Roskomnadzor, pour lever la menace de blocage.Menaces régulières contre WikipédiaLe responsable de la fondation Wikimedia en Russie, Stanislav Kozlovskiy, avait estimé que le blocage serait rapidement mis en place. « Mais nous n’allons pas cesser d’utiliser le protocole https pour faciliter le travail de censure du Roskomnadzor », a-t-il déclaré au Washington Post.Les autorités russes ont menacé à plusieurs reprises de bloquer l’accès à tout ou partie de l’encyclopédie en ligne depuis 2012 et l’entrée en vigueur d’une loi donnant au Roskomnadzor de larges pouvoirs de censure administrative – c’est-à-dire sans décision judiciaire. Mais c’est la première fois que l’ordre est envoyé aux fournisseurs d’accès à Internet de bloquer Wikipédia.A la mi-août, les autorités russes avaient bloqué temporairement l’accès au forum Reddit. Le Roskomnadzor accusait le site d’héberger une page en russe donnant un mode d’emploi pour la culture de champignons hallucinogènes. La page, vieille de plus de deux ans, avait finalement été supprimée de Reddit.Lire aussi :La Russie bloque puis débloque le site Reddit 25.08.2015 à 06h56 • Mis à jour le25.08.2015 à 09h11 Un millier de migrants ont poursuivi leur marche vers l’Europe occidentale en entrant en Hongrie, lundi 24 août dans la soirée. Au moins un millier de personnes venant de Serbie, parmi lesquelles de nombreux Syriens fuyant les combats dans leur pays, ont franchi la frontière hongroise en longeant une voie ferrée transfrontalière, près du village hongrois de Röszke. Cette arrivée intervient quelques jours avant l’achèvement de l’installation de la barrière destinée à empêcher l’entrée des migrants, annoncé pour le 31 août 2015 par le gouvernement hongrois.Lire aussi :Migrants et réfugiés : Europe, réveille-toi !Le groupe de migrants est arrivé à un passage de la frontière qui n’était pas encore clôturé. Ils ont été accueillis par la police hongroise, qui les a escortés vers un centre d’enregistrement proche, selon l’agence officielle MTI. Ces migrants font partie des milliers de personnes passées par la Grèce puis la Macédoine. Ce dernier a vainement tenté en fin de semaine dernière de les endiguer.Lire aussi :La Macédoine, débordée, ouvre sa frontièreTandis que Budapest prévoit de voter une loi en septembre destinée à criminaliser les passages illégaux de la frontière et toute tentative de franchir la clôture, le ministre de l’intérieur hongrois a donné son feu vert, lundi 24 août, au déploiement d’unités spéciales de police ayant pour mission d’intercepter les migrants. La barrière destinée à endiguer le flux de réfugiés construite par la Hongrie est haute de quatre mètres et prévue sur les 175 km de la frontière avec la Serbie.Hollande et Merkel appellent à « une réponse unifiée »Au même moment, à Berlin, le président François Hollande et la chancelière Angela Merkel plaidaient pour une réponse « unifiée » de l’Union européenne à l’afflux sans précédent de réfugiés sur le continent. « Nous devons mettre en œuvre un système unifié de droit d’asile », a lancé le chef de l’Etat français devant la presse aux côtés de la chancelière, soulignant qu’il s’agissait d’une « situation exceptionnelle qui [allait] durer ». Mme Merkel a quant à elle relevé que si l’Union européenne a « de manière globale un même droit d’asile », tous les pays européens doivent le mettre en application « le plus rapidement possible ».Après sa réunion avec Mme Merkel, François Hollande a qualifié d’« indispensable » l’« accélération de la mise en place de centres d’accueil en Italie et en Grèce ». Il a également demandé à ce que soit faite une « distinction entre les personnes qui viennent en tant que demandeurs d’asile et celles qui viennent en migration ».En dehors des Balkans, les garde-côtes italiens ont coordonné le sauvetage de 4 400 migrants en Méditerranée pour la seule journée de samedi, tandis que les autorités grecques se montrent complètement débordées par l’afflux de réfugiés syriens sur l’île touristique de Kos.Opposition violente en AllemagneEn Allemagne, un nombre record de 800 000 demandes d’asile est attendu pour cette année, si bien que le pays peine à assurer l’accueil de tous. Le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, voyant dans cette arrivée sans précédent de migrants « le plus grand défi de l’Allemagne depuis la réunification » du pays, s’est montré virulent dimanche à l’encontre du manque de réaction des pays européens. « L’Europe est d’une certaine façon dans un sommeil profond », a-t-il déclaré à la télévision publique, considérant comme une « énorme honte » le fait que « la majorité des Etats membres dise que “cela ne nous concerne en rien” ».Vendredi à Heidenau, dans la Saxe, alors qu’une ancienne grande surface reconvertie en foyer d’accueil devait recevoir ses premiers réfugiés, plusieurs centaines de personnes ont répondu à l’appel du parti néonazi NPD et tenté de s’opposer à cette ouverture, s’en prenant parfois violemment aux forces de l’ordre.Angela Merkel, critiquée pour son silence face à ce type de heurts, a dénoncé ces « abjectes » violences d’extrême droite. La chancelière ne tolère pas que les réfugiés soient accueillis en Allemagne par des « slogans haineux et des braillards ivres », a rapporté son porte-parole, Stefan Seibert. 01.08.2015 à 17h00 « Arrêtons les morts du tunnel, les gens avant les bénéfices dans le tunnel ». Telles étaient les inscriptions, scandées tels des slogans, qu’on pouvait lire sur les pancartes de la vingtaine de manifestants venus défendre un traitement humain des migrants, devant l’entrée de service du terminal Eurotunnel à Folkestone, dans le sud-est de l’Angleterre, samedi 1er août.« Nous sommes ici pour dire clairement aux migrants que beaucoup de gens ici sont prêts à les accueillir et que nous n’approuvons pas la façon dont ils sont traités », a dit à l’AFP Bridget Chapman, l’organisatrice du rassemblement qui a débuté à 12 heures (heure française) et s’est achevé dans le calme à 14 heures.Une trentaine de membres issus du parti d’extrême droite la Ligue de défense anglaise (English Defense League, EDL) et du parti politique Britain First, créé en 2011 par d’anciens membres de l’EDL, sont venus pour dénoncer cette manifestation de soutien.« Envoyer l’armée pour stopper cette marée humaine » Au son de l’hymne britannique, ces derniers arboraient de larges drapeaux britanniques et des drapeaux de l’Angleterre avec une croix rouge sur fond blanc et criaient « l’Angleterre d’abord, récupérons notre pays », « A qui sont les rues, à nous ! » ou encore « Traîtres de gauchistes ». Le chef du parti Britain First, Paul Goding, a déclaré :« Nous sommes ici pour nous opposer à ces manifestants gauchistes. Le peuple britannique ne veut pas de l’immigration. Nous sommes une petite île surpeuplée. Nous n’avons déjà pas assez de place pour nos concitoyens sans compter une immigration de masse dans ce pays. »Interrogé sur ce qui pouvait être fait pour régler la situation des migrants qui se rassemblent par centaines chaque soir à Calais pour tenter de rejoindre le Royaume-Uni, il a répondu : « Nous pouvons envoyer l’armée pour stopper cette marée humaine. »Lire aussi notre reportage :« J’essaie tous les jours de passer en Angleterre »Intrusions en baisse la nuit dernièreDans la nuit de vendredi à samedi, quelque 300 tentatives d’intrusion de migrants ont été constatées par la police sur le site d’Eurotunnel près de Calais – une zone de 650 hectares –, un chiffre en forte baisse par rapport aux nuits précédentes : depuis près de deux mois, 1 500 à 2 000 tentatives d’intrusion sont constatées quotidiennement.Pour aider la France à faire face à la situation, Londres s’est dit prêt, vendredi, à envoyer des moyens supplémentaires. « Nous sommes prêts à aider davantage et à travailler main dans la main avec nos homologues français pour faire baisser la tension des deux côtés de la frontière », a déclaré le premier ministre britannique, David Cameron, en annonçant l’envoi de nouvelles clôtures et de chiens renifleurs supplémentaires.Lire aussi notre analyse (abonnés) :A Calais, la France est « le bras policier » de Londres 31.07.2015 à 15h57 Par Jean Bizet, Sénateur (LR, Basse-Normandie)Le calme revient dans les campagnes mais pour combien de temps ? Déjà, en 2009, les éleveurs déversaient du lait devant le Mont Saint-Michel. Une récurrence autant qu’un découragement. Des barrages ? Ce sont plutôt des blocages de la profession tant tout paraît noué. Ce n’est pas 4 centimes de plus par litre qui changeront les choses. Car il est certain que tout recommencera, demain, ici ou ailleurs. La faute est collective mais elle est d’abord interne, tant il y a d’arguments éculés, d’attentes vaines et de méthodes à bannir.Lire aussi :Après la crise de la viande, celle du laitQue dire du sempiternel discours sur la fin des quotas laitiers depuis avril 2015 ? En France, tout se passe comme si les éleveurs n’avaient jamais vraiment cru que cela arriverait. La faute aux distorsions de concurrence ? L’ancien Commissaire Dacian Ciolos racontait que lorsqu’il fit le tour de l’Union, chaque État lui avait fait part de récriminations contre les autres. Les Français évoquent la main-d’œuvre étrangère employée en Allemagne. Mais ils ne voient pas qu’ils ont un foncier dix fois moins onéreux qu’outre Rhin et que beaucoup ont encore recours aux services quasi gratuits de leurs vieux parents. Même si cela ne durera qu’un temps.L’augmentation du prix, une désillusionLes éleveurs français réclament une régulation de substitution. Tel fut l’objet des règlements européens du paquet lait de 2012, pris à l’initiative de la France, qui prévoyaient des contrats de livraison négociés par des organisations professionnelles, les OP. Mais les syndicats rechignent à leur confier le soin de signer des contrats. Les éleveurs attendent plutôt la hausse du prix d’intervention, afin de permettre à la Commission de racheter du beurre et de la poudre de lait à des prix moins humiliants que les 22 centimes le litre d’aujourd’hui. C’est l’ordre du jour du Conseil agricole du 7 septembre. Mais on peut craindre que, même s’il augmente, le prix d’intervention ne couvrira jamais les coûts. Autant de désillusion en perspectives.Lire aussi :Au revoir les quotas laitiers, bienvenue aux lois du marchéAujourd’hui, les éleveurs font la chasse aux importations alimentaires. Il y a vingt ans, les agriculteurs avaient arrêté les camions de fraises espagnoles. Dans un arrêt de 1997, la Cour de Justice avait condamné la France - pas les paysans, non, l’État pour entrave à la libre circulation et manquement aux obligations des traités. Passons sur la question juridique, mais un peu de bon sens : alors que la France est parvenue à réunir un Conseil agricole début septembre, les éleveurs commencent à arrêter les camions des autres États. Comment les indisposer davantage ?Les éleveurs font face à des partenaires engagés, au premier rang desquels figurent les acheteurs, les industriels et la distribution. Les prix des produits laitiers sont un jeu à trois. Mais tout se fait par paire, en face à face, et à aucun moment les trois ne sont présents en même temps. C’est très bien d’avoir pu arracher un accord avec la grande distribution sur 34 centimes le litre, mais cela ne concerne que les marques de distributeurs, et, sitôt l’accord signé, les industriels ont indiqué qu’ils ne pouvaient rien garantir. Dès lors que 60 % de leurs ventes sont à l’export, ils ne peuvent s’engager sur un prix du lait supérieur à celui des concurrents. Les industriels ont été absents dans cette phase du conflit. N’ont-ils rien à proposer ? Mettre les coûts de production dans les formules de prix dans les prochains contrats de livraison par exemple. Voilà qui aurait été une belle annonce. Qu’ont-ils à cacher ? Se désintéressent-ils à ce point du marché français pour disparaître ? Ce fut une erreur.Repenser la PACDeuxième partenaire : les médias, aussi volatiles que le prix du lait. Les médias, d’ordinaire si prompts à dénoncer les agriculteurs pollueurs et les conditions d’élevage, ont tu leurs critiques et n’ont pas ressorti leur ritournelle sur les vertus des circuits courts et du bio, qui sont de vraies pistes individuelles mais une fausse solution collective.L’Union européenne a fait le choix du libre marché et de la compétitivité. Soit. Il faut repenser la Politique agricole commune (PAC), cesser les aides aux revenus, injustifiées lorsque les prix sont élevés, réfléchir à un système assurantiel, remettre de la solidarité au cœur de la PAC, réinventer l’intervention non plus pour stocker en attendant des jours meilleurs mais pour assurer une redistribution alimentaire lorsque les besoins se font sentir, comme c’est le cas en ce moment.Lire aussi :Prix du lait : en Allemagne, « nous avons les mêmes difficultés que les agriculteurs français »Enfin, l’Etat. 24 mesures d’urgence, avec l’étalement des dettes, l’allégement des charges, la fiscalité, un logo promotionnel, etc. Alors, pourquoi cette déception ? Parce que l’État ne fait que présenter un catalogue alors que les éleveurs attendent une stratégie. Avec la fin des quotas, le paysage laitier européen va changer. Il y a des pays à potentiel et à ambition (Allemagne, Pays Bas, Irlande) et des pays qui n’avaient gardé une capacité laitière que grâce aux quotas nationaux. La France est, sur ce plan, l’Europe en plus petit. Il y a des ambiances laitières différentes, des régions en dynamiques laitières et d’autres en déprise. Que fait-on maintenant ? Il y a des choix industriels et des choix politiques à faire. La question des grandes fermes se pose. Elles permettent de maintenir une masse critique de collecte et peut-être utile aux régions qui risquent de perdre leur production laitière. Sur un plan politique, ou l’État joue la compétitivité de la filière en acceptant des concentrations régionales et de taille, ou il fait le choix de garder des fermes et des laiteries partout en France. Dans ce cas, il faut un soutien massif des régions, autres grandes absentes de cette nouvelle crise laitière. Le Sénat, représentant des territoires, prendra sa place dans cette réflexion.La fin des quotas laitiers est un défi pour la France mais tout semble bloqué. Ce n’est pas une révolte qui apporte 4 centimes par litre qui changera les choses, il faudrait aux éleveurs une révolution qui leur donnerait une espérance.Lire aussi :La crise du lait n’épargne pas les producteurs allemands 31.07.2015 à 14h38 • Mis à jour le01.08.2015 à 05h22 Après de nouvelles tentatives d’intrusion de migrants sur le site d’Eurotunnel la nuit dernière, Londres s’est dit prêt à envoyer des moyens supplémentaires pour aider la France à faire face à la situation, vendredi 31 juillet.« Nous sommes prêts à aider davantage et à travailler main dans la main avec nos homologues français pour faire baisser la tension des deux côtés de la frontière », a déclaré le premier ministre britannique David Cameron, en annonçant l’envoi de nouvelles clôtures et de chiens renifleurs supplémentaires.Une image prise dans la nuit du 30 au 31 juillet révélerait que certains migrants sont parvenus à échapper cette semaine aux contrôles mis en place à Calais, et ce malgré le déploiement de 120 policiers supplémentaires, depuis jeudi. C’est en effet la première image montrant des personnes présentées comme des migrants ayant réussi la traversée. Sur le cliché, on distingue quelques camions passant au-dessus des voies ferrées à l’arrivée du terminal de Folkstone, au Royaume-Uni, à quelques centaines de mètres de la sortie du tunnel qui permet à de nombreux poids lourds de traverser la Manche. Et sur le toit de l’un d’eux, deux silhouettes : il s’agirait de deux migrants qui auraient réussi à entrer au Royaume-Uni, couchés sur le poids lourd.« Si quelqu’un veut aller quelque part, rien ne l’en empêchera »« C’est la première fois que je vois des migrants à la sortie du tunnel », rapporte au Monde Justin Tallis, photojournaliste de l’AFP, qui a réalisé le cliché, en précisant cependant qu’il n’avait pas vu précisément les migrants sortir du tunnel sur le toit du camion.A une trentaine de kilomètres de Folkstone, côté français, 3 000 clandestins patientent actuellement espérant passer la frontière : depuis près de deux mois, 1 500 à 2 000 tentatives d’intrusion sont constatées quotidiennement sur le site d’Eurotunnel, une zone de 650 hectares.Les mêmes migrants, désireux de rejoindre l’Angleterre, tentent leur chance plusieurs fois par nuit, par groupe d’une dizaine, voire d’une centaine de personnes.Les tentatives ont été plus nombreuses encore ces derniers jours, des migrants cherchant à s’introduire sur le site d’Eurotunnel à Calais, essayant de monter sur des navettes pour rejoindre l’Angleterre. Dans la nuit de mercredi à jeudi, la police a procédé à environ 300 interceptions et comptabilisé entre 800 et 1 000 migrants aux alentours du site. Malgré tout, des migrants font toujours l’impossible pour s’introduire sur le site, en passant à travers champs ou en escaladant les grilles. « Si quelqu’un veut aller quelque part, si c’est son objectif, rien ne l’en empêchera », témoigne l’un d’entre eux.« Aucune leçon à recevoir » pour CazeneuveAlors que plus de mille tentatives d’intrusion ont encore été recensées par la police dans la nuit de jeudi à vendredi, le premier ministre britannique, David Cameron, a annoncé que de nouvelles clôtures et des chiens renifleurs supplémentaires allaient être envoyés pour sécuriser le site à Calais.« La situation est inacceptable. Des gens essaient d’entrer illégalement dans notre pays et ici les routiers et vacanciers font face à des perturbations. Nous allons envoyer des clôtures, des chiens renifleurs et des moyens supplémentaires. »M. Cameron a ajouté qu’il allait « parler au président Hollande plus tard dans la journée » (ce qu’a confirmé ce dernier, vendredi après-midi), pour le « remercier d’avoir mobilisé des policiers supplémentaires, ce qui a déjà produit des effets ». Il a également déclaré que Londres était prêt « à aider davantage et à travailler main dans la main avec [ses] homologues français pour faire baisser la tension des deux côtés de la frontière ».Une tension palpable également dans les propos tenus par la presse britannique jeudi. Des propos que Bernard Cazeneuve a vivement critiqués à la sortie du conseil des ministres.« Nous n’avons aucune leçon à recevoir d’aucune sorte quant à la mobilisation des moyens mis en œuvre par le gouvernement français (…)  les outrances, les excès, les insultes n’ont jamais réglé aucun problème de dimension humanitaire. »Dans un entretien avec son homologue britannique, Theresa May, M. Cazeneuve a rappelé, dans la nuit de jeudi à vendredi, la « détermination » de la France à « l’effort conjoint de solidarité » et de « mobilisation », insistant sur le fait que cet effort « doit être davantage partagé ». Un appel visiblement entendu par David Cameron.Lire le reportage :« J’essaie tous les jours de passer en Angleterre » 30.07.2015 à 10h25 • Mis à jour le30.07.2015 à 16h11 Des centaines de migrants se sont de nouveau introduits sur le site d’Eurotunnel à Calais dans la nuit de mercredi à jeudi pour tenter de monter sur des navettes et rejoindre ainsi l’Angleterre, selon des sources policières citées par l’AFP.La police a procédé à environ 300 interceptions et comptabilisé entre 800 et 1 000 migrants aux alentours du site. Eurotunnel n’a pas encore confirmé ces chiffres, mais a déclaré que la sécurisation du site avait été « très bien coordonnée avec les nouvelles équipes arrivées dès [mercredi] soir ».Mercredi, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, avait annoncé le déploiement de 120 policiers supplémentaires sur le site afin de sécuriser les abords du tunnel sous la Manche. Malgré tout, des migrants ont tenté de s’introduire sur le site par tous les moyens possibles, en passant à travers champs ou en escaladant les grilles. A chaque fois, la plupart ont été refoulés, sans violence ni animosité de la part des forces de l’ordre. D’autres ont organisé un sit-in devant les sorties des navettes.Eurotunnel a déclaré que le trafic à l’intérieur du tunnel avait été « un peu perturbé », mais ce matin aucun retard n’était à signaler, ni côté anglais ni côté français. 1 500 à 2 000 tentatives chaque nuitEnviron 3 000 clandestins sont actuellement présents dans la ville de Calais. Depuis près de deux mois, 1 500 à 2 000 tentatives d’intrusion sont constatées quotidiennement sur le site, une zone de 650 hectares. Les mêmes migrants, désireux de rejoindre l’Angleterre, tentent leur chance plusieurs fois par nuit, par groupe d’une dizaine, voire d’une centaine de personnes.Dans la nuit de mardi à mercredi, un migrant d’origine soudanaise et âgé d’une trentaine d’années a été retrouvé mort dans l’allée centrale de l’accès fret du site. La victime aurait été percutée par un camion descendant d’une navette alors qu’elle tentait de monter dessus. Ce drame porte à neuf le nombre de migrants ayant perdu la vie depuis le début du mois de juin à l’intérieur du site ou en tentant d’y pénétrer.En début d’après-midi mercredi, un jeune Egyptien a lui été électrocuté à la gare du Nord de Paris alors qu’il tentait de prendre clandestinement un Eurostar à destination de l’Angleterre. Jeudi matin, il était toujours dans un état critique. Adèle Humbert Les opérations s’enchaînent et passent presque inaperçues : chaque jour, les autorités italiennes annoncent le sauvetage de migrants repêchés en Méditerranée. Des centaines de vie ont été sauvées depuis le renforcement, lors du Conseil européen du 23 avril, des moyens de la mission « Triton », après la disparition dramatique de centaines de personnes dans les premiers mois de l’année. A l’époque, le Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations unies n’hésitait pas à qualifier la Méditerranée de « route la plus meurtrière du monde ».Le danger reste très important pour les migrants acheminés depuis la Libye par les passeurs dans des conditions souvent sordides. Mais le nombre de morts est en net recul, à en croire un rapport publié le 1er juillet par l’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) : si ce flux ne cesse de croître – 150 000 personnes sont arrivées sur les côtes européennes par la Méditerranée depuis le début de l’année, dont la moitié en Italie –, le nombre d’individus décédés ou portés disparus a diminué de manière spectaculaire. 12 victimes ont été identifiées au mois de juin, contre plus de 1 750 entre janvier et avril 2015.Lire aussi :Migrants : l’échec des Européens, pas de l’Europe« Impact immédiat » des opérations de sauvetageComment expliquer une telle amélioration ? Les conditions météorologiques, meilleures en été, et la réduction du nombre de naufrages fournissent une partie de la réponse, tout comme le changement d’approche des Européens dans la Méditerranée. « Les opérations de recherche et de sauvetage menées par les Européens depuis mai ont eu un impact immédiat et positif », note le HCR.Pour Ewa Moncure, porte-parole de l’agence européenne de protection des frontières, Frontex, la baisse du nombre de morts en Méditerranée serait, en effet, directement liée à l’augmentation significative des moyens humains et logistiques de l’opération « Triton » entre avril et mai, dans la foulée du Conseil européen du 23 avril. La zone d’intervention de la mission a alors été élargie pour se rapprocher des côtes libyennes, et son budget, revu à la hausse. Plusieurs Etats se sont de surcroît engagés à fournir à Frontex des moyens matériels plus importants – navires, avions ou hélicoptères.Tandis que la mission « Triton » a d’abord été conçue pour surveiller les côtes européennes afin d’endiguer le flux des migrants, il s’agissait à l’époque d’essayer de faire aussi bien que la mission de sauvetage « Mare Nostrum », déployée puis suspendue par l’Italie en novembre 2014, faute de moyens. Mais sans le dire officiellement. « Techniquement, Frontex est une agence de protection des frontières mais dans la pratique nous sauvons des individus et les ramenons en Italie, donc notre action ne diffère en rien de celle de “Mare Nostrum” », reconnaît Ewa Moncure. Résultat : depuis le renforcement de la mission, 1 migrant sur 427 embarqués en Méditerranée a perdu la vie en mer contre 1 sur 16 en début d’année.Lire aussi :Naufrages en Méditerranée : Frontex et sa mission « Triton » mises en causeAmbiguïté de la mission de « Triton »Pour Jean-François Dubost, responsable du programme « personnes déracinées » pour Amnesty International, cette ambiguïté sur le caractère de la mission est liée à « l’appréhension des dirigeants européens » vis-à-vis de l’opinion publique : « C’est une mission humanitaire qui ne dit pas son nom » affirme le juriste : « Lorsque Donald Tusk et Jean-Claude Juncker [respectivement président du Conseil européen et président de la Commission européenne] ont présenté les conclusions du sommet des vingt-huit, le 23 avril, ils sont restés flous, c’est seulement dans la mise en œuvre opérationnelle qu’on se rend compte que “Triton” est devenue une mission humanitaire. »Cependant, Jean-François Dubost redoute une éventuelle opération d’intervention contre les bateaux de passeurs au large de la Libye, comme esquissée par les chefs d’Etat et de gouvernement européens, fin avril : « Certains des navires qui effectuent les missions de sauvetage actuellement sont des navires militaires, dit le militant d’Amnesty International. Si la mission de destruction est validée, il est possible que les navires qui effectuent les missions de sauvetage actuellement soient réaffectés. Nous redoutons que les moyens soient détournés à d’autres fins et que cela entrave l’efficacité des secours. » Même prudence du côté du HCR. Pour l’organisation, « les mois les plus intenses restent à venir » en matière migratoire, et de nouveaux naufrages ne sont jamais à exclure.Lire aussi :Face aux naufrages, les Vingt-Huit cherchent une parade à la crise migratoireAdèle HumbertJournaliste au Monde Philippe Jacqué Les efforts finissent par payer. C’est ce qui ressort des résultats financiers du premier semestre 2015. Et les performances de Renault, qui a présenté ses résultats jeudi 30 juillet, n’y dérogent pas (chiffre d’affaires en croissance de 12% sur six mois, à 22,1 milliards d’euros).Que ce soit PSA Peugeot Citroën, General Motors, Ford ou Renault, tous ces constructeurs, particulièrement affaiblis pendant la crise, sont en train de voir le bout du tunnel grâce à une reprise solide du marché européen.Lire aussi :Après trois ans de pertes, PSA renoue avec les bénéficesAu premier semestre, les immatriculations y ont progressé de 8,2 %. Et sur le seul mois de juin, elles ont bondi de 14,6 %. Pour autant, le marché est encore loin de ses sommets de 2006, quand il se vendait 15,5 millions de voitures sur le Vieux Continent. Si la dynamique se poursuit cette année, il devrait s’écouler 13 millions d’unités.Retour aux bénéficesC’est désormais assez pour que les constructeurs gagnent de l’argent. En 2012, tous les groupes automobiles ont engagé d’importantes restructurations, en fermant une demi-douzaine d’usines qu’ils étaient incapables de rentabiliser. Outre le site PSA d’Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, des sites d’Opel (General Motors) ou de Ford ont par exemple été arrêtés en Allemagne, au Royaume-Uni et en Belgique.Moins nombreuses, les usines ont vu leur volume de production progresser d’autant plus vite que le marché reprenait. Parallèlement, la multiplication des accords de compétitivité avec les syndicats, pour assurer la pérennité des sites restants, a permis de faire baisser les coûts.Ces trois effets ont assuré la rentabilité de l’essentiel des sites ouest-européens. Et cela se voit dans les comptes. Le groupe Renault a quasiment doublé son bénéfice net au premier semestre, le faisant passer de 749 millions à 1,39 milliard d’euros.Au deuxième trimestre, l’américain Fordaffiche encore un déficit de 14 millions de dollars, mais, il avait perdu 185 millions de dollars au premier trimestre. General Motors, lui, a limité à 41 millions de dollars sa perte au second trimestre, contre 1,4 milliard en 2014.Lire aussi :Ford affiche ses plus gros profits trimestriels depuis 15 ansLe retournement financier le plus spectaculaire revient cependant à PSA. Le groupe a affiché 571 millions d’euros de bénéfices au premier semestre, contre une perte de 114 millions sur la même période de 2014. La branche automobile de PSA (qui compte aussi l’équipementier Faurecia) est aujourd’hui de nouveau rentable, avec une marge opérationnelle de 5 %, deux fois celle de la marque Volkswagen !phjacque@lemonde.fr@PhjacquePhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Séverin Graveleau « La pression qui s’exerce maintenant chaque nuit dépasse ce qu’un concessionnaire peut raisonnablement faire. » C’est par ces mots que le groupe Eurotunnel a une nouvelle fois appelé, mercredi 29 juillet, l’Etat français à prendre ses responsabilités. Alors que le tunnel sous la Manche fait face depuis plusieurs semaines à une explosion des tentatives d’intrusion de migrants cherchant à gagner le Royaume-Uni, le concessionnaire affirme avoir intercepté « plus de 37 000 migrants » depuis le 1er janvier et avoir investi « au-delà de ses obligations contractuelles » dans la protection du terminal d’embarquement.Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve et le premier ministre Manuel Valls ont répondu en appelant aussi le groupe à « assumer ses responsabilités ». Déjà dans une lettre adressée le 23 juillet à Jacques Gounon, PDG du groupe, M. Cazeneuve avait reproché à Eurotunnel d’avoir « divisé par trois les moyens humains qu’il consacre à la sécurisation du site ». Il répondait ainsi à la demande de l’exploitant d’une indemnisation de 9,7 millions d’euros aux Etats français et britannique pour compenser les pertes liées à l’afflux des clandestins.Lire aussi :Nouvelles intrusions de migrants sur le site d’Eurotunnel à CalaisObligation valable qu’à l’intérieur de l’enceinteAu centre du débat autour des attributions des uns et des autres, le traité de concession dit « Liaison fixe transmanche », signé en 1986 par chacun des acteurs, et depuis amendé à plusieurs reprises. S’il précise bien que le concessionnaire « doit mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour permettre […] la circulation dans de bonnes conditions de sécurité et de commodité », cette obligation n’est valable qu’à l’intérieur de ses murs et pour l’exercice de son activité. Il n’impose pas à Eurotunnel de garantir à lui seul le périmètre extérieur du site de Coquelles contre les incursions – « ce qui nécessiterait des pouvoirs de police qu’il ne possède pas », précisait même en 2007 une sentence du tribunal arbitral international de La Haye, sur laquelle Eurotunnel compte s’appuyer.A la suite des perturbations causées à son exploitation par les intrusions de migrants en provenance du centre d’accueil de Sangatte – fermé en 2002 – l’entreprise avait demandé réparation et obtenu 24 millions d’euros d’indemnisation. La responsabilité de la France et du Royaume-Uni était engagée dans la mesure où il leur incombait de « maintenir des conditions normales de sûreté et d’ordre public dans le terminal de Coquelles et autour de celui-ci » précisait la sentence.Lire aussi :Les migrants de Calais mettent Français et Britanniques au bord de la crise diplomatique L’emprise du tunnel, « un espace privé »Le ministère de l’intérieur comme l’entreprise privée dénoncent deux choses différentes. « C’est bien la sécurité “aux abords” du site que nous réclamons, et de façon pérenne », confirme un porte-parole d’Eurotunnel. « L’emprise du tunnel en tant que tel est un espace privé, la sécurité de celui-ci incombe à l’entreprise », précise-t-on place Beauvau en indiquant qu’« il n’y a aucune volonté de décharger l’Etat de sa mission de contrôle des frontières ».Quid de la responsabilité du Royaume-Uni, dont le refus de signer les accords de Schengen impose de fait ces contrôles à la frontière française ? Dans un avis rendu le 2 juillet, la Commission nationale consultative des droits de l’homme, instance indépendante, recommandait la « dénonciation » de certains traités bilatéraux franco-britanniques qui conduisent selon elle la France à être « le bras policier de la politique migratoire britannique ». Une option qui « n’est pas à l’ordre du jour », indique le ministère de l’intérieur.Jeudi matin, l’entreprise et le ministère de l’Intérieur jouaient enfin l’apaisement. Dans un communiqué la place Beauveau indique que Bernard Cazeneuve et Jacques Gounon « s’accordent sur la necessité de renforcer encore la sécurisation du site dans un esprit de responsabilité partagé ». Eurotunnel se félicite de son côté que son appel ait « été entendu avec une réponse immédiate et oppérationnelle des deux gouvernements ». La société fait référence aux deux unités supplémentaires de CRS et gendarmes mobiles envoyées dès jeudi soir sur le site, portant à près de 500 le nombre de CRS et de gendarmes mobilisés. Mais aussi aux 10 millions d’euros supplémentaires promis par le Royaume-Uni pour renforcer la sécurité du terminal français. Une première réunion à ce sujet doit se réunir ce jeudi pour « identifier les aménagements nécessaires ».Selon les informations recueuillies par « Le Monde », le dispositif renforcé a déjà permiImage précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55ba30b928732'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 10\r\n \r\n \r\nDes migrants tentent d'atteindre le tunnel sous la Manche, pr\u00e8s de Frethun (Pas-de-Calais), le 28 juillet.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des migrants tentent d'atteindre le tunnel sous la Manche, pr\u00e8s de Frethun (Pas-de-Calais), le 28 juillet.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":0,"position":1,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 10\r\n \r\n \r\nApr\u00e8s de nombreuses tentatives d\u2019intrusion dans la nuit de lundi \u00e0 mardi, le site d\u2019Eurotunnel \u00e0 Calais a de nouveau \u00e9t\u00e9 l\u2019objet d\u2019au moins \u00ab 1 500 \u00bb tentatives d\u2019intrusions de la part de migrants dans la nuit de mardi \u00e0 mercredi, a indiqu\u00e9 \u00e0 l\u2019AFP une source polici\u00e8re. L\u2019un d\u2019entre eux a trouv\u00e9 la mort.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Apr\u00e8s de nombreuses tentatives d\u2019intrusion dans la nuit de lundi \u00e0 mardi, le site d\u2019Eurotunnel \u00e0 Calais a de nouveau \u00e9t\u00e9 l\u2019objet d\u2019au moins \u00ab 1 500 \u00bb tentatives d\u2019intrusions de la part de migrants dans la nuit de mardi \u00e0 mercredi, a indiqu\u00e9 \u00e0 l\u2019AFP une source polici\u00e8re. L\u2019un d\u2019entre eux a trouv\u00e9 la mort.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":1,"position":2,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 10\r\n \r\n \r\nSur les rails du terminal d'Eurotunnel, le 28 juillet. La veille, l\u2019entreprise avait annonc\u00e9 avoir recens\u00e9 environ 2 000 tentatives de migrants pour \u00ab rentrer \u00bb sur le site du tunnel sous la Manche \u00e0 Calais, dans la nuit de lundi \u00e0 mardi, soit le nombre de tentatives le plus important depuis plus d\u2019un mois et demi, selon un porte-parole.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Sur les rails du terminal d'Eurotunnel, le 28 juillet. La veille, l\u2019entreprise avait annonc\u00e9 avoir recens\u00e9 environ 2 000 tentatives de migrants pour \u00ab rentrer \u00bb sur le site du tunnel sous la Manche \u00e0 Calais, dans la nuit de lundi \u00e0 mardi, soit le nombre de tentatives le plus important depuis plus d\u2019un mois et demi, selon un porte-parole.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":2,"position":3,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 10\r\n \r\n \r\nEurotunnel avait pr\u00e9venu ses usagers, mardi peu avant 11 heures, que des retards avaient lieu au d\u00e9part de l\u2019Angleterre en raison de perturbations dues \u00e0 \u00ab la pr\u00e9sence de migrants dans la nuit \u00bb, sans donner davantage de pr\u00e9cisions.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Eurotunnel avait pr\u00e9venu ses usagers, mardi peu avant 11 heures, que des retards avaient lieu au d\u00e9part de l\u2019Angleterre en raison de perturbations dues \u00e0 \u00ab la pr\u00e9sence de migrants dans la nuit \u00bb, sans donner davantage de pr\u00e9cisions.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":3,"position":4,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 10\r\n \r\n \r\nEurotunnel a insist\u00e9 sur le fait qu\u2019aucun migrant n\u2019est entr\u00e9 physiquement dans le tunnel.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Eurotunnel a insist\u00e9 sur le fait qu\u2019aucun migrant n\u2019est entr\u00e9 physiquement dans le tunnel.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":4,"position":5,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 10\r\n \r\n \r\n\u00ab Ils ont \u00e9t\u00e9 intercept\u00e9s aux barri\u00e8res ou sur le terminal, mais en aucun cas dans le tunnel \u00bb, a pr\u00e9cis\u00e9 la soci\u00e9t\u00e9 au \"T\u00e9l\u00e9gramme\". Pourtant, des m\u00e9dias reprenant l\u2019information publi\u00e9e par \"Le Figaro\", dont \"Valeurs actuelles\" ou \"La Libre Belgique\", n\u2019ont pas h\u00e9sit\u00e9 \u00e0 affirmer que ces migrants avaient \u00ab envahi \u00bb le tunnel.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab Ils ont \u00e9t\u00e9 intercept\u00e9s aux barri\u00e8res ou sur le terminal, mais en aucun cas dans le tunnel \u00bb, a pr\u00e9cis\u00e9 la soci\u00e9t\u00e9 au \"T\u00e9l\u00e9gramme\". Pourtant, des m\u00e9dias reprenant l\u2019information publi\u00e9e par \"Le Figaro\", dont \"Valeurs actuelles\" ou \"La Libre Belgique\", n\u2019ont pas h\u00e9sit\u00e9 \u00e0 affirmer que ces migrants avaient \u00ab envahi \u00bb le tunnel.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":5,"position":6,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 10\r\n \r\n \r\nLes migrants auraient, en fait, profit\u00e9 de la paralysie du trafic d\u00fb au conflit social entre la compagnie maritime MyFerryLink et le groupe Eurotunnel pour monter dans les camions \u00e0 l\u2019arr\u00eat \u00e0 Calais.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Les migrants auraient, en fait, profit\u00e9 de la paralysie du trafic d\u00fb au conflit social entre la compagnie maritime MyFerryLink et le groupe Eurotunnel pour monter dans les camions \u00e0 l\u2019arr\u00eat \u00e0 Calais.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":6,"position":7,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 10\r\n \r\n \r\nA l\u2019issue d\u2019une r\u00e9union sur la question migratoire entre le ministre de l\u2019int\u00e9rieur, Bernard Cazeneuve, et son homologue britannique, Theresa May, cette derni\u00e8re a annonc\u00e9 une rallonge de 7 millions de livres (10 millions d\u2019euros) pour renforcer la s\u00e9curit\u00e9 du terminal d\u2019embarquement d\u2019Eurotunnel \u00e0 Coquelles.\r\nCr\u00e9dits : Thibault Camus \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"A l\u2019issue d\u2019une r\u00e9union sur la question migratoire entre le ministre de l\u2019int\u00e9rieur, Bernard Cazeneuve, et son homologue britannique, Theresa May, cette derni\u00e8re a annonc\u00e9 une rallonge de 7 millions de livres (10 millions d\u2019euros) pour renforcer la s\u00e9curit\u00e9 du terminal d\u2019embarquement d\u2019Eurotunnel \u00e0 Coquelles.","source":"Thibault Camus \/ AP","index":7,"position":8,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 10\r\n \r\n \r\nLe ministre de l'int\u00e9rieur a annonc\u00e9 mercredi l'envoi de deux unit\u00e9s mobiles de CRS suppl\u00e9mentaires pour s\u00e9curiser la zone.\r\nCr\u00e9dits : Thibault Camus \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Le ministre de l'int\u00e9rieur a annonc\u00e9 mercredi l'envoi de deux unit\u00e9s mobiles de CRS suppl\u00e9mentaires pour s\u00e9curiser la zone.","source":"Thibault Camus \/ AP","index":8,"position":9,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 10\r\n \r\n \r\nDe con c\u00f4t\u00e9, le groupe Eurotunnel a demand\u00e9 une indemnisation de 9,7 millions d\u2019euros aux gouvernements fran\u00e7ais et britannique, pour compenser ses d\u00e9penses et pertes d\u2019exploitation li\u00e9es \u00e0 l\u2019afflux de migrants depuis le 1er janvier.\r\nCr\u00e9dits : Thibault Camus \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"De con c\u00f4t\u00e9, le groupe Eurotunnel a demand\u00e9 une indemnisation de 9,7 millions d\u2019euros aux gouvernements fran\u00e7ais et britannique, pour compenser ses d\u00e9penses et pertes d\u2019exploitation li\u00e9es \u00e0 l\u2019afflux de migrants depuis le 1er janvier.","source":"Thibault Camus \/ AP","index":9,"position":10,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_9.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Séverin GraveleauJournaliste au Monde Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance) Le veto des Russes était attendu. Mais il a consterné les onze membres du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) qui avaient voté favorablement au projet de résolution prévoyant la création d’un tribunal international pour juger les responsables du crash du vol MH17, abattu au-dessus de l’Ukraine, le 17 juillet 2014.Après une minute de silence en hommage aux 298 victimes du crash du Boeing malaisien, le Conseil de sécurité a mis au vote le projet de résolution qui aurait obligé tous les pays à coopérer avec le tribunal sous peine de sanctions. La Russie s’y est donc opposée. La Chine, l’Angola et le Venezuela se sont abstenus.Le ministre des transports malaisien Dato Sri Liow Tiong Lai avait prévenu à l’ouverture de la séance que ce projet de résolution était « un appel à la justice » pour soulager les familles des victimes. « Le Conseil de sécurité doit envoyer un message clair aux acteurs non étatiques. Car tous ceux qui voyageront en avion courront dorénavant un risque » a t-il averti.Face à l’ampleur de la catastrophe, qui a plongé dans le deuil près de 18 pays, le Conseil de sécurité aurait voulu offrir une figure d’unité et prouver sa volonté de poursuivre la résolution 2166 qui demandait à tous les états de coopérer pleinement à l’enquête qui devait être « exhaustive, minutieuse et indépendante ».La Russie plaide sa bonne foiUn an plus tard, où en est-on ? « L’enquête indépendante a été effectuée » affirme le ministre des transports malaisien et le rapport devrait être remis courant octobre 2015. « Nous voulions créer ce tribunal international très en amont des résultats de l’enquête pour dépolitiser l’enjeu » assure Albert Koenders, le ministre des affaires étrangères néerlandais. « Quels qu’en soient les auteurs, nous voulons qu’ils soient jugés. »D’après les premiers éléments de l’enquête, le missile qui a détruit le Boeing 777 de Malaysia Airlines a « probablement » été tiré d’une zone à l’est de l’Ukraine, contrôlée par les séparatistes prorusses. Le représentant russe aux Nations unies, Vitali Tchourkine, a plaidé la bonne foi de son pays qui a fourni « des données satellites » aux Néerlandais et qui aurait été le premier à évoquer la possibilité que l’avion ait été abattu par un missile sol-air Buk de fabrication soviétique. Ce missile ne serait plus utilisé par l’armée russe, mais Moscou affirme que les Ukrainiens en disposeraient dans leur arsenal.L’ambassadeur russe a assuré « vouloir que les responsabilités du crash soient établies » mais que la création d’un tribunal ne devait pas être « du ressort du Conseil de sécurité » en l’absence de conclusions claires sur l’accident.Julie Bishop, ministre des affaires étrangères d’Australie, pays qui a perdu 59 ressortissants dans la catastrophe, s’est montrée la plus virulente contre son homologue russe. « Ce veto est un affront à la mémoire des victimes. » a-t-elle lancé, rageuse. « Le veto ne devrait jamais être autorisé quand il empêche la justice. La Russie s’est moquée de son engagement à être un partenaire responsable… »Ce veto « qui marque un grave échec pour le Conseil » selon François Delattre, le représentant français « ne doit pas nous faire baisser les bras ». Faute de tribunal pénal international, la commission d’enquête menée par les Pays-Bas, l’Australie, l’Ukraine, la Malaisie et la Belgique a promis « de faire tout ce qui est en son pouvoir pour mener les responsables devant la justice ».Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance)Journaliste au Monde 29.07.2015 à 14h45 • Mis à jour le29.07.2015 à 20h32 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Dans une très longue interview de plus de deux heures, mercredi 29 juillet, à la radio Kokkino, très proche du parti de la gauche radicale Syriza, le premier ministre Alexis Tsipras est longuement revenu sur les divisions qui déchirent aujourd’hui son parti. « Je suis le dernier à vouloir des élections, a-t-il notamment déclaré, mais si je n’ai plus de majorité parlementaire alors je n’aurai pas d’autre choix que de convoquer ces élections. » Le premier ministre grec fait en effet face à une fronde grandissante au sein de son propre parti, dont une frange lui reproche d’avoir signé le 13 juillet dernier un accord amenant en Grèce de nouvelles mesures d’austérité, alors que l’ensemble de la campagne de Syriza s’était concentrée sur la lutte contre l’austérité. Lors des votes de premiers trains de mesures les 15 et 22 juillet, près d’une quarantaine de députés s’étaient désolidarisés du gouvernement, faisant tomber la majorité parlementaire en dessous des 151 voix requises pour faire adopter un texte. Ces mesures n’étaient finalement passées qu’avec les voix de l’opposition.Deux camps, un congrès exceptionnelDepuis, la fronde s’organise et Syriza est véritablement divisé aujourd’hui en deux camps. Le grand test sera l’adoption dans les prochaines semaines du nouveau plan de plus de 80 milliards d’euros de prêt sur trois ans, actuellement en cours de négociation, et qui devrait être présenté au parlement d’ici au 20 août.Si moins de 120 députés du groupe parlementaire Syriza soutiennent ce texte, alors Alexis Tsipras n’aura en effet pas d’autre choix que de recourir à des élections, car il deviendra intenable de ne faire adopter des lois qu’avec le soutien de l’opposition. Une clarification sera nécessaire.Il a confirmé lors de son interview de mercredi matin qu’il souhaiterait que se réunisse avant cela, peut-être début septembre, « un congrès exceptionnel pour demander aux 30 000 membres de Syriza de se prononcer sur la ligne que devra suivre le parti ». Pour décider aussi des candidats qui seront inscrits sur les listes électorales.Selon ce scénario, le calendrier idéal de M. Tsipras serait donc : conclusion de l’accord, adoption au parlement puis congrès Syriza avant des élections fin septembre ou début octobre.Bousculer les équilibres internesMais les dissidents de Syriza exigent, eux, que les choses aillent plus vite, faisant pression sur le gouvernement et le parti pour que les organes internes se réunissent avant la conclusion de l’accord avec les créanciers. Ils espèrent ainsi bousculer les équilibres internes et renverser la « ligne présidentielle », menée par Alexis Tsipras, qui reste à ce jour la ligne majoritaire au sein de Syriza.Derrière cette bataille, deux conceptions s’opposent : d’un coté, celle de M. Tsipras, qui vise à continuer à négocier avec les créanciers, pour avant tout rester dans la zone euro, et de l’autre, la vision défendue notamment, et de plus en plus fort, par Panayiotis Lafazanis, le chef du courant dissident de la plateforme de gauche, appelant, lui, à la rupture et à la sortie de la zone euro. « Le peuple grec ne nous a jamais demandé de sortir le pays de la zone euro, a précisé M. Tsipras, sur Kokkino. L’heure est arrivée pour la gauche de se montrer responsable. Quand un parti prend la décision de gouverner, il doit gouverner et pouvoir compter sur sa majorité parlementaire. »La première bataille de cette guerre des tranchées aura lieu jeudi 30 juillet. Le comité central doit se réunir et répondre à une question : les consultations internes au parti auront-elles lieu avant ou après la conclusion de l’accord ?Sans surprise, l’opposition comme les créanciers aimeraient que cela se produise après. Une fois le nouveau plan adopté au parlement.En cas d’élection, selon tous les sondages de ces dernières semaines, Syriza arriverait toujours en tête, avec même la possibilité de dégager une majorité absolue de 151 députés (sur les 300 sièges que compte le parlement). Ce qu’il n’avait pas réussi à faire le 25 janvier dernier.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.08.2015 à 15h46 • Mis à jour le24.08.2015 à 15h49 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne a proposé ses services aux Etats membres afin de travailler sur une uniformisation des règles de sûreté dans les trains, après la probable tentative d’attentat dans le Thalys Amsterdam-Paris, vendredi 21 août. « Nous avons mis en place en 2012 un groupe de travail sur le sujet dans les transports terrestres, qui pourrait plancher avant le conseil des ministres des transports, en octobre prochain », a déclaré Jakub Adamowicz, porte-parole de la Commission, lundi 24 août.Une réunion informelle des ministres des transports doit en effet se tenir le 8 octobre à Luxembourg. Au menu, l’état d’avancement du « quatrième paquet ferroviaire » (libéralisation poussée du secteur du rail), mais aussi, assurément, la sécurité dans les trains.Lire aussi :Attaque dans le Thalys : la sécurité dans les gares en questionCe groupe de travail de la Commission européenne, le Landsec (pour Land Transport Security), est composé de représentants des vingt-huit Etats membres de l’Union et de membres de l’industrie, qui se rassemblent environ quatre fois par an, la dernière réunion ayant eu lieu le 1er juillet dernier. On y parle surtout harmonisation des procédures en matière de sécurité (du matériel roulant) et de sûreté (des passagers), « mais jusqu’à présent, ce groupe de travail n’avait pas suscité l’enthousiasme des Etats membres », a reconnu M. Adamowicz, lundi.« Le train reste une prérogative nationale »Les principaux Etats concernés par les risques d’attentat dans les réseaux à grande vitesse (France, Espagne, Italie, Allemagne), seront-ils plus assidus dans les semaines qui viennent ? « Il y a une culture particulière de la sécurité dans le secteur du rail. Dans l’aérien, tout est harmonisé au niveau mondial, surtout depuis les attentats du 11 septembre 2001. Le train reste considéré par beaucoup d’Etats membres comme une prérogative nationale », relève une source bruxelloise.La Commission assure en tout cas qu’elle ne plaidera pas pour la mise en place d’un modèle tout sécuritaire, du type Eurostar, avec scanner systématique des bagages et contrôle d’identité des passagers. « Le cas des Eurostar est très spécifique. Il y a évidemment le fait que l’on sort de l’espace Schengen [de libre circulation des personnes] en traversant la Manche, mais des raisons de sécurité spécifiques liées au passage dans le tunnel », explique une source européenne.Non pas qu’il soit interdit de pratiquer, dans l’espace Schengen, des contrôles systématiques ou aléatoires des identités à l’entrée dans les trains, mais la Commission met en avant un principe de « proportionnalité ». « En Russie ou en Chine, les autorités ont mis en place des contrôles un peu comme dans les aéroports, mais ces installations et ces trains sont récents. En Europe, les trains à grande vitesse sont intégrés dans les gares. Pour les sécuriser de manière spécifique, il faudrait réaliser de gros investissements, et aussi, obliger les passagers à arriver en avance, c’est toute une logistique. Et si on sécurise à outrance les TGV, les terroristes se mettront à cibler les trains roulant à moins de 160 km/h… », relève une source européenne.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Mirel Bran (Bucarest, correspondant) Le Parlement roumain va décider, lundi 24 août, s’il valide une réforme fiscale qui devrait changer radicalement le paysage économique du pays. Le nouveau projet de code des prélèvements prévoit une baisse de la TVA qui la ferait passer de 24 % à 20 % et une réduction massive des taxes et impôts.L’objectif est de relancer la consommation et de rendre la Roumanie plus attractive pour les investisseurs étrangers. Début juin, Bucarest a déjà baissé la TVA sur les produits alimentaires et les services touristiques de quinze points, la ramenant à 9 %. « Le plus important est de donner un message fondamental pour l’économie et la société, avait déclaré le premier ministre socialiste, Victor Ponta, le 19 juillet. Si on prend en compte la réduction pour les aliments, la TVA s’élèvera en moyenne à 16 %. »Le geste du gouvernement, destiné à bénéficier à la croissance, ne fait pas l’unanimité. Une première tentative pour faire passer ce code fiscal a déjà eu lieu le 24 juin. Le Parlement avait donné son feu vert. Mais le 17 juillet, le président libéral, Klaus Iohannis, a refusé de le promulguer loi et l’a renvoyé devant les députés. « Nous devons faire preuve d’une attitude équilibrée et rationnelle afin d’éviter des dysfonctionnements qu’il nous faudrait corriger par la suite, a justifié le chef de l’Etat.Le FMI sceptiqueM. Iohannis, qui doit gérer une cohabitation difficile avec son premier ministre socialiste depuis sa victoire à l’élection présidentielle de novembre 2014, n’est pas le seul à critiquer cette réforme. Le Fonds monétaire international (FMI) a conseillé à la Roumanie de revoir ses projets, « pour préserver des progrès durement acquis en matière de stabilité économique », a ainsi affirmé la représentation du Fonds dans le pays dans un communiqué rendu public le 4 août. Il n’est pas évident qu’un nouveau coup de pouce à la consommation financé par la dette soit souhaitable. La Roumanie a besoin de mesures qui favorisent l’investissement et d’une meilleure gestion des dépenses publiques et de l’utilisation des fonds de développement européens. »Sur le budget pour la période allant de 2007 à 2013, Bucarest a reçu 32 milliards d’euros de fonds de la Commission européenne. Mais, en l’absence de projets fiables pour utiliser cette manne, le pays n’a dépensé qu’un tiers de ce budget. Sur le budget 2014-2020, la Roumanie devrait bénéficier de 44 milliards d’euros de l’Union européenne (UE), mais le gouvernement a accumulé beaucoup de retard pour déposer à Bruxelles les projets attendus.Au-delà des défis économiques liés à la réforme fiscale se profile la bataille politique dans la perspective des élections législatives qui auront lieu en novembre 2016. D’une part, le premier ministre socialiste tente de relancer l’économie pour gagner du capital politique, d’autre part, le président libéral ne veut pas que le prochain gouvernement paie la note d’un relâchement fiscal controversé.Le pays sur des rails depuis 2000Souvent montrée du doigt comme le mouton noir de l’Europe en raison d’une corruption endémique, la Roumanie a réussi une performance économique. Après la chute de la dictature communiste en 1989 et la transition chaotique des années 1990, le pays s’est remis sur les rails à partir de 2000 lorsque Bucarest a entamé les négociations d’adhésion à l’UE. Mais la crise qui a touché l’économie mondiale en 2008 a interrompu cet élan.Confronté à un scénario à la grecque, le président de centre droit de l’époque – Traian Basescu – avait demandé à son gouvernement de mettre en œuvre une politique d’austérité. En 2010, du jour au lendemain, les fonctionnaires avaient vu leur traitement diminuer d’un quart et la TVA était passée de 19 % à 24 %, ce qui avait pénalisé la consommation. Plus de 200 000 emplois avaient été supprimés dans la fonction publique.« Une croissance économique exagérée et basée sur la consommation est vouée à s’effondrer, a rappelé l’ancien président Basescu le 16 août à propos de la réforme fiscale. Si le nouveau code passe, nous serons confrontés, en 2017, à la crise que nous avons déjà connu en 2010. » Lundi 24 août, le Parlement roumain décidera de la direction que prendront les finances du pays.Mirel Bran (Bucarest, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.08.2015 à 09h16 • Mis à jour le24.08.2015 à 18h08 François Hollande et Angela Merkel ont appelé lundi 24 août à une réponse « unifiée » de l’Europe face à la crise des migrants. « Nous devons mettre en œuvre un système unifié de droit d’asile », a lancé le chef de l’Etat français devant la presse aux côtés de la chancelière, soulignant qu’il s’agissait d’une « situation exceptionnelle qui [allait] durer ». Mme Merkel a quant à elle relevé que si l’Union européenne a « de manière globale un même droit d’asile », tous les pays européens doivent le mettre en application « le plus rapidement possible ».La chancelière allemande recevait le président français à Berlin pour, dans un premier temps, discuter de l’afflux de migrants en Europe et des initiatives à prendre pour faire face à ce qui est considéré comme le pire exode de populations depuis la seconde guerre mondiale. Aucun « nouveau papier » ne devrait sortir lundi de la rencontre, selon Paris.Les deux chefs d’Etat devaient ensuite rencontrer le président ukrainien pour discuter de « la situation en Ukraine ainsi que la mise en application des mesures des accords de Minsk ».340 000 arrivants en UE depuis janvierSelon les chiffres de l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures (Frontex), 340 000 personnes ont traversé les frontières de l’Union sur les sept premiers mois de l’année : le chiffre total d’entrées en 2014 (280 000) est d’ores et déjà dépassé. Pour la seule journée de samedi, les gardes-côtes italiens ont coordonné le sauvetage de 4 400 migrants en mer Méditerranée. Durant le week-end, ce sont pas moins de 7 000 personnes qui sont entrées en Serbie en direction de l’Europe occidentale, auxquelles se sont ajoutées 2 000 autres qui ont franchi la frontière dans la nuit de dimanche à lundi.Ces personnes sont passées par la Macédoine, qui a vu plus de 42 000 réfugiés en provenance de Grèce traverser son territoire depuis le mois de juin. Les autorités grecques se montrent, elles, complètement débordées par l’afflux de réfugiés syriens sur l’île touristique de Kos. Au début du mois d’août, l’Organisation internationale pour les migrations diffusait un autre triste record : plus de 2 000 hommes, femmes et enfants sont morts en mer en tentant de gagner les côtes européennes depuis le début de l’année.Après sa réunion avec Mme Merkel, François Hollande a qualifié d’« indispensable » l’« accélération de la mise en place de centres d’accueil en Italie et en Grèce ». Il a également demandé à ce que soit faite une « distinction entre les personnes qui viennent en tant que demandeurs d’asile et celles qui viennent en migration ». Lire le reportage :A Kos, le flux de réfugiés ne tarit pasL’Europe dans un « sommeil profond »Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55db4192e4043'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 10\r\n \r\n \r\nDes migrants en provenance de Gr\u00e8ce sont stopp\u00e9s \u00e0 la fronti\u00e8re mac\u00e9donienne par la police, vendredi 21 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des migrants en provenance de Gr\u00e8ce sont stopp\u00e9s \u00e0 la fronti\u00e8re mac\u00e9donienne par la police, vendredi 21 ao\u00fbt.","source":"ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS","index":0,"position":1,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 10\r\n \r\n \r\nUne femme collecte du petit bois pour faire du feu pr\u00e8s d'Idomeni, \u00e0 la fronti\u00e8re entre la Gr\u00e8ce et la Mac\u00e9doine o\u00f9 des incidents ont eu lieu entre les migrants et la police, le 21 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : Darko Vojinovic \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une femme collecte du petit bois pour faire du feu pr\u00e8s d'Idomeni, \u00e0 la fronti\u00e8re entre la Gr\u00e8ce et la Mac\u00e9doine o\u00f9 des incidents ont eu lieu entre les migrants et la police, le 21 ao\u00fbt.","source":"Darko Vojinovic \/ AP","index":1,"position":2,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 10\r\n \r\n \r\nUne fillette pr\u00e8s de la fronti\u00e8re entre la Gr\u00e8ce et la Mac\u00e9doine, mercredi 19 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : Darko Vojinovic \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une fillette pr\u00e8s de la fronti\u00e8re entre la Gr\u00e8ce et la Mac\u00e9doine, mercredi 19 ao\u00fbt.","source":"Darko Vojinovic \/ AP","index":2,"position":3,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 10\r\n \r\n \r\nDes incidents ont eu lieu tout au long de la matin\u00e9e du vendredi 21 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : Darko Vojinovic \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des incidents ont eu lieu tout au long de la matin\u00e9e du vendredi 21 ao\u00fbt.","source":"Darko Vojinovic \/ AP","index":3,"position":4,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 10\r\n \r\n \r\nUn homme tient son enfant bless\u00e9.\r\nCr\u00e9dits : Darko Vojinovic \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un homme tient son enfant bless\u00e9.","source":"Darko Vojinovic \/ AP","index":4,"position":5,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS","index":5,"position":6,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : SAKIS MITROLIDIS \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"SAKIS MITROLIDIS \/ AFP","index":6,"position":7,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : SAKIS MITROLIDIS \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"SAKIS MITROLIDIS \/ AFP","index":7,"position":8,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : ROBERT ATANASOVSKI \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"ROBERT ATANASOVSKI \/ AFP","index":8,"position":9,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : ROBERT ATANASOVSKI \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"ROBERT ATANASOVSKI \/ AFP","index":9,"position":10,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_9.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, voyant dans cette arrivée sans précédent de migrants « le plus grand défi de l’Allemagne depuis la réunification » du pays, s’est montré virulent dimanche à l’encontre du manque de réaction des pays européens. « L’Europe est d’une certaine façon dans un sommeil profond », a-t-il déclaré à la télévision publique, considérant comme une « énorme honte » le fait que « la majorité des Etats membres dise que “cela ne nous concerne en rien” ».En Allemagne, le nombre record de 800 000 demandes d’asile est attendu pour cette année. Le pays peine à assurer l’accueil de tous, et parallèlement des actes de violence, généralement imputés à l’extrême droite, se font de plus en plus fréquents. Vendredi à Heidenau, au sud de Dresde, alors qu’une ancienne grande surface reconvertie en foyer d’accueil devait recevoir ses premiers réfugiés, plusieurs centaines de personnes ont répondu à l’appel du parti néonazi (NPD) et tenté de s’opposer à cette ouverture, s’en prenant parfois violemment aux forces de l’ordre.Angela Merkel, critiquée pour son silence face à ce type de heurts, a dénoncé ces « abjectes » violences d’extrême droite. La chancelière ne tolère pas que les réfugiés soient accueillis en Allemagne par des « slogans haineux et des braillards ivres », a rapporté son porte-parole, Stefan Seibert.« La chancelière et l’ensemble du gouvernement condamnent le plus fermement possible les violents troubles et l’atmosphère xénophobe [du week-end]. (...) La manière dont des extrémistes de droite et des néonazis cherchent à diffuser leur message creux de haine est abjecte. » 22.08.2015 à 13h48 • Mis à jour le22.08.2015 à 14h59 Une opération était en cours, samedi 22 août, pour venir en aide à près de trois mille migrants bloqués sur des embarcations au large des côtes libyennes. Les garde-côtes italiens ont précisé avoir reçu des appels à l’aide de dix-huit bateaux, dont quatorze pneumatiques. Au moins sept bâtiments – six italiens et un norvégien – participaient à cette vaste opération de secours.Plus de cent quatre mille migrants d’Afrique, du Proche-Orient et d’Asie du Sud ont atteint les ports d’Italie méridionale depuis le début de cette année après avoir été secourus en Méditerranée. Quelque cent trente-cinq mille autres sont arrivés en Grèce et plus de deux mille trois cents sont morts en mer après avoir tenté de rallier l’Europe par l’entremise de passeurs.Lire aussi :L’Europe se déchire sur le sort des migrantsLa police de Palerme, en Sicile, a annoncé samedi avoir arrêté six Egyptiens soupçonnés d’avoir été les passeurs de migrants retrouvés à bord d’un bateau surchargé et à la dérive le 19 août.Lire : Méditerranée : chiffres et carte pour comprendre la tragédie 21.08.2015 à 12h41 • Mis à jour le21.08.2015 à 17h29 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Même pas peur. La démission du premier ministre grec Alexis Tsipras, annoncée jeudi 20 août au soir, et la tenue d’élections législatives anticipées en septembre ne semblent pas inquiéter outre mesure les responsables européens et les représentants des créanciers, qui viennent de valider, il y a à peine une semaine, lors de l’Eurogroupe du 14 août, une aide supplémentaire massive de 86 milliards d’euros sur trois ans à la Grèce. De fait, ce nouveau soubresaut politique était largement anticipé, voire souhaité, par les représentants des créanciers d’Athènes.« La Commission européenne prend note de l’annonce en Grèce. Les clés du succès seront un large support au MOU [Memorandum of Understanding, la liste des conditions sur lesquelles s’est engagé le pays en échange de l’aide] et un respect des engagements » a ainsi tweeté, jeudi soir, Annika Breidthardt, une des porte-parole de la Commission. Le tweet, jeudi soir, du directeur de cabinet du président de la Commission Juncker, Martin Selmayr, est lui aussi sans ambiguïté : « Des élections rapides en Grèce peuvent être le moyen d’élargir le soutien au programme de stabilité du MES [le troisième plan d’aide] que vient juste de signer M. Tsipras ».Lire aussi :Grèce : les « frondeurs » de la Syriza lancent leur propre parti« Etape attendue » « J’espère que les élections vont conduire à un soutien encore plus grand [au plan d’aide] de la part du Parlement grec. Espérons qu’elles auront lieu relativement vite afin que la Grèce puisse, comme prévu, prendre des décisions importantes en octobre », a pour sa part déclaré Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, selon l’agence Reuters. Même type de message de la part d’un de ses collègues, Thomas Wieser, un personnage clé à Bruxelles, qui préside le groupe de travail de l’Eurogroupe. « C’était vraiment une étape attendue », a t-il commenté sur la chaîne de télévision publique autrichienne ORF. « Et pour de nombreuses personnes, cela était une étape voulue pour avoir une structure plus claire dans le gouvernement grec, a-t-il ajouté. Si cela n’avait pas eu lieu, la situation serait devenue plus risquée. »Lire aussi :Grèce : le nouveau coup de poker d’Alexis Tsipras« Depuis qu’un tiers des députés du parti Syriza ont voté contre le plan d’aide à Athènes, la semaine dernière, la démission de Tsipras était largement anticipée, ici, renchérit une source diplomatique à Bruxelles. Cette démission est considérée comme une opportunité par les créanciers d’Athènes, qui espèrent que Tsipras sera réélu et que cela va permettre de clarifier la situation politique, d’aboutir à un gouvernement plus cohérent, qui soutienne davantage le plan d’aide et la mise en œuvre des réformes exigées en échange. » Ces élections anticipées étaient même souhaitées depuis des mois, plus ou moins ouvertement, par certains responsables européens, qui y voyaient le moyen de « purger » la coalition gouvernementale grecque de ses éléments les plus radicaux, ceux qui, comme Yanis Varoufakis, l’ex-ministre des finances, ont semblé jouer, durant toutes les négociations entre Athènes et ses créanciers, davantage la sortie de la Grèce de la zone euro que son maintien.Lire le portrait :La « star » Varoufakis se cherche un destinL’agenda des réformes bousculé ?Ce nouveau processus électoral ne risque-t-il pas, néanmoins, de compromettre l’agenda très serré du programme d’aide ? Un premier chèque de 13 milliards d’euros a certes été envoyé à Athènes jeudi, pour rembourser la Banque centrale européenne et les arriérés dus au Fonds monétaire international, et 10 autres milliards ont été sécurisés pour recapitaliser les banques hellènes. Mais pour que les autres prêts soient versés, Athènes va devoir, tous les trimestres, se soumettre à une série d’audits.D’ici octobre, Athènes s’est ainsi d’ores et déjà engagée sur une liste impressionnante de « prior actions », de réformes encore à mettre en place. Poursuite de la réforme des retraites, de la simplification du système de TVA, de la collecte des impôts, etc. Un travail administratif considérable en perspective, alors que, d’ici à la tenue des prochaines élections législatives, fin septembre, il est peu probable que le gouvernement intérimaire se lance dans des chantiers d’envergure.Si M. Tsipras se maintient avec une coalition solide, après les élections législatives, il ne lui restera plus que quelques semaines pour mettre en place les « prior actions » avant que les fonctionnaires de la Commission européenne débarquent à Athènes pour leur première « revue » des réformes.« Cet agenda est tenable, estime une source diplomatique, interrogée par Le Monde. Les Grecs ont déjà prouvé qu’ils peuvent constituer un nouveau gouvernement et être opérationnels en un temps record ». L’agence de notation Moody’s, jeudi soir, a néanmoins mis en garde les investisseurs, estimant que « la démission du premier ministre Tsipras et l’appel à des élections législatives anticipées le 20 septembre pourraient accroître les préoccupations concernant la mise en place du programme d’aide, et potentiellement, faire peser un risque sur les futurs versements de prêts [au pays] ».Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 10h31 • Mis à jour le21.08.2015 à 10h33 Alors qu’Ankara a lancé il y a un mois une vaste offensive contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), l’agence gouvernementale turque Anatolie a affirmé, vendredi 21 août, que l’armée turque aurait tué 771 rebelles kurdes. Des chiffres impossibles à vérifier, l’agence basant généralement ses informations sur des sources de renseignements militaires.Dans le détail, Anatolie a précisé que les nombreux raids de l’aviation turque contre les bases arrières du PKK dans le nord de l’Irak avaient tué 430 rebelles. Dans les opérations menées sur le sol turc, 260 membres de la guérilla kurde ont été tués, a affirmé Anatolie. Les autres seraient décédés des suites de leurs blessures.« Guerre contre le terrorisme »Ankara a lancé le 24 juillet une « guerre contre le terrorisme » visant simultanément le PKK, mettant ainsi fin à une trêve en vigueur depuis 2013, et les combattants de l’Etat islamique (EI) en Syrie. Mais les dizaines de raids aériens qui ont suivi se sont concentrés sur la guérilla kurde, seuls trois d’entre eux ayant été jusqu’à présent officiellement signalés contre l’EI.De son côté, le PKK a repris ses attaques contre l’armée et la police à travers la Turquie, tuant une cinquantaine de membres des forces de sécurité depuis la fin de juillet, selon un décompte de la presse turque. Des hommes armés ont attaqué, vendredi matin, un poste de police du quartier populaire d’Esenyurt à Istanbul, sans faire de blessés, a rapporté l’agence de presse Dogan. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne monte à son tour au créneau. A maintenant 100 jours du début de la COP 21, la cruciale 21e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, qui se tiendra à Paris entre le 30 novembre et le 11 décembre prochain, Bruxelles estime que les négociations patinent.Jeudi 20 août, le commissaire européen à l’énergie et au climat, l’espagnol Miguel Arias Cañete, a réclamé, lors d’une conférence de presse à Bruxelles, que les discussions techniques « aillent plus vite ». La volonté politique est là, a t-il assuré, « mais concernant le fonds, le texte de compromis est bien trop long [80 pages environ], avec toutes les options mises sur la table par les pays plus tôt cette année toujours pas tranchées » a souligné le commissaire.Deuxième source d’inquiétude : il manque encore des pays à l’appel, qui n’ont pas soumis leurs contributions en termes de réduction des émissions de CO2 , et pas des moindres.De gros émetteurs, des pays importants du G20, comme le Brésil, l’Argentine, l’Inde, l’Indonésie, l’Arabie saoudite, l’Afrique du Sud ou la Turquie. A ce jour, 56 pays représentant 61 % des émissions globales actuelles ont fait des propositions, ce n’est pas suffisant pour faire de Paris un succès a estimé le commissaire, jeudi.S’engager sur des objectifs à long termeEnfin, et surtout, a insisté M. Cañete, il s’agit de préciser quels sont les éléments clés de l’accord de Paris, en décembre prochain. Il faudra que les principaux pays émetteurs de la planète soient de la partie, et que ceux qui ont le plus de responsabilités et de capacités soient les plus ambitieux en matière de réductions des gaz à effet de serre. Les pays devront aussi s’engager sur des objectifs à long terme de réduction globale des émissions de 60 % en 2050 par rapport au niveau de 2010.Paris peut encore être un succès, selon le commissaire, mais « la fenêtre d’opportunité pour parvenir à l’objectif de maintenir le réchauffement global à une hausse moyenne des températures de 2 degrés se referme vite » a prévenu M. Cañete, jeudi. Il a par ailleurs annoncé que la Commission européenne allait organiser avec le Maroc, le pays qui prendra la présidence des négociations climat à la suite de la France, une conférence à Rabat, les 12 et 13 octobre prochains. L’occasion de faire à nouveau le point sur les négociations, à un mois et demi du début de la conférence de Paris.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marina Rafenberg (Athènes, intérim) D’un pas décidé, le regard sombre, Alexis Tsipras s’est dirigé vers 20 h 30, jeudi 20 août, devant les caméras : « Le mandat que j’ai reçu le 25 janvier a atteint ses limites. » Le premier ministre grec a officiellement annoncé sa démission et la tenue de nouvelles élections anticipées, tentant un nouveau coup de poker, un peu plus d’un mois après le référendum sur le plan d’aide à la Grèce qui a fait trembler l’Europe et failli aboutir à la sortie de la Grèce de la zone euro.Alexis Tsipras a demandé aux électeurs de le « juger aussi bien sur ses succès que sur ses erreurs ». Le premier ministre, tout en rappelant qu’il avait tout fait pour obtenir le meilleur accord possible avec les créanciers du pays, a demandé au peuple « de décider si l’accord est valable pour sortir un jour des plans de rigueur » et « de savoir qui peut mener les réformes nécessaires ». Lire les dernières informations :Grèce : les « frondeurs » de la Syriza lancent leur propre partiMalgré la victoire du non au référendum, la Grèce a accepté un prêt de 86 milliards d’euros sur trois ans assorti de nouvelles mesures de rigueur… rejetées par les Grecs quelques semaines plus tôt.Depuis la défection d’une quarantaine de députés de Syriza qui ont refusé, le 14 août, de voter en faveur du troisième plan d’aide de 86 milliards d’euros au pays, la démission du premier ministre et la tenue de nouvelles élections faisaient la « une » de tous les médias grecs.La majorité parlementaire, désormais réduite à 119 députés sur les 300 que compte l’Assemblée, « ne laissait pas d’autre choix à Alexis Tsipras que de convoquer de nouvelles élections », explique l’analyste politique Georges Séfertzis.« La fracture au sein du parti devenait de plus en plus évidente et Alexis Tsipras a besoin d’un gouvernement stable s’il veut passer toutes les mesures nécessaires et rester au pouvoir le temps d’une législature normale [quatre ans]. Il lui fallait clarifier les choses et évincer les dissidents. »Lire le reportage :En Grèce, « ces élections anticipées sont un désastre pour la population »« L’irresponsabilité d’Alexis Tsipras »Alexis Tsipras n’a pas précisé de date pour ces prochaines élections législatives, troisième vote de l’année pour les Grecs, mais les médias spéculaient jeudi sur le 20 septembre, à moins que l’opposition – qui n’est pas en position de force – n’essaie de gagner du temps.Quelques minutes après l’allocution télévisée d’Alexis Tsipras, Evangelos Meïmarakis, le nouveau chef de Nouvelle Démocratie (ND, droite), principal parti d’opposition, a fait savoir qu’il explorerait « toutes les possibilités pour que les élections soient la dernière des options ». Au Pasok (parti socialiste), la présidente, Fofi Gennimata, a dénoncé « l’irresponsabilité d’Alexis Tsipras qui encore une fois fuit ses responsabilités », et qualifié les élections de « catastrophiques pour le pays ». La Constitution grecque prévoit que le président de la République, Prokopis Pavlopoulos, doit demander au deuxième parti, en l’occurrence Nouvelle Démocratie, s’il est en mesure de former un gouvernement. « Sans l’appui des députés du Syriza et des Grecs indépendants (ANEL), l’opposition n’y arrivera pas », commente Michalis Spourdalakis, professeur de sciences politiques à l’université d’Athènes.Vendredi, Evangelos Meïmarakis a reçu du président grec un mandat de trois jours pour former un nouveau gouvernement. En cas d’échec, le président de la République devra nommer un premier ministre provisoire jusqu’aux élections. Comme le veut la Constitution, ce sera la présidente de la Cour suprême, Vassiliki Thanou-Christophilou, qui dirigera alors le gouvernement.Lire aussi :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciersFronde interne La préoccupation d’Alexis Tsipras n’est pas son opposition, mais l’aile gauche de son parti, en voie de dissidence, qui critique ouvertement le premier ministre. « Le gouvernement agit sous le régime de la panique et de la peur. (…) Il veut appeler les citoyens à voter avant qu’ils ne soient informés de la totalité des mesures comprises dans le troisième mémorandum et avant qu’ils ne ressentent leurs effets au quotidien », explique dans un communiqué la Plate-forme de gauche. Vendredi, 25 députés de Syriza issus de cette plateforme ont décidé de créer un nouveau parti, derrière l’ancien ministre de l’énergie, Panagiotis Lafazanis.Celui-ci avait été écarté du gouvernement le 17 juillet à la suite de l’accord signé par Alexis Tsipras avec ses créanciers européens. Issu des rangs traditionnels du parti communiste, M. Lafazanis est favorable à un retour à la drachme et la fin des plans d’aide. Ce nouveau parti devrait se nommer « Unité populaire ». Selon la télévision publique ERT, il pourrait être soutenu par Zoé Konstantopoulou, la présidente du Parlement qui s’est plusieurs fois prononcée contre l’accord signé par le premier ministre, mais le très médiatique ex-ministre des finances, Yanis Varoufakis, ne devrait pas être de la partie. Il ne devrait pas non plus être sur les listes de Syriza.Si l’organisation de ces élections était attendue, la rapidité de l’annonce a néanmoins surpris, alors que Syriza devait organiser un congrès en septembre ou octobre. « Alexis Tsipras a bien conscience que plus il attend, plus sa cote de popularité risque de baisser », explique Georges Séfertzis. M. Tsipras pourra en plus bénéficier d’une disposition de la constitution qui prévoit que si les élections ont lieu moins de 18 mois après les précédentes, les électeurs ne peuvent se prononcer que sur des listes fermées, et non panacher les noms à leur guise.D’après le dernier sondage publié fin juillet par l’institut Metro Analysis, Syriza recueillerait près de 33,6 % des voix aux prochaines élections, contre 17,8 % pour la Nouvelle Démocratie et 6,1 % pour To Potami (centristes). Michalis Spourdalakis pense même que Syriza pourrait obtenir les 37 % nécessaires pour obtenir la majorité absolue et se passer d’une coalition : « Les Grecs, pour le moment, croient qu’Alexis Tsipras a tout tenté dans les négociations, qu’il a été l’objet de chantage de la part des Européens. En outre, ils ne veulent pas de l’ancienne classe politique corrompue, l’opposition actuelle ne représente pas une alternative. »La formation d’un nouveau front antiaustérité mené par la Plate-forme de gauche constitue-t-elle une menace pour Alexis Tsipras ? « Pas vraiment. L’aile gauche du Syriza anti-euro ne représente qu’entre 3 et 4 % de l’électorat de Syriza », estime Michalis Spourdalakis. Si Syriza n’obtient pas la majorité absolue, « tout devient plus compliqué, poursuit-il. Les Grecs indépendants risquent de ne pas dépasser 3 % et de ne pas avoir de députés. Et alors, quelle coalition serait possible ? Le Pasok et To Potami sont trop libéraux pour Syriza… »Marina Rafenberg (Athènes, intérim) Jean-Baptiste Chastand Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55d85e824d158'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 10\r\n \r\n \r\nDes migrants en provenance de Gr\u00e8ce sont stopp\u00e9s \u00e0 la fronti\u00e8re mac\u00e9donienne par la police, vendredi 21 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des migrants en provenance de Gr\u00e8ce sont stopp\u00e9s \u00e0 la fronti\u00e8re mac\u00e9donienne par la police, vendredi 21 ao\u00fbt.","source":"ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS","index":0,"position":1,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 10\r\n \r\n \r\nUne femme collecte du petit bois pour faire du feu pr\u00e8s d'Idomeni, \u00e0 la fronti\u00e8re entre la Gr\u00e8ce et la Mac\u00e9doine o\u00f9 des incidents ont eu lieu entre les migrants et la police, le 21 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : Darko Vojinovic \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une femme collecte du petit bois pour faire du feu pr\u00e8s d'Idomeni, \u00e0 la fronti\u00e8re entre la Gr\u00e8ce et la Mac\u00e9doine o\u00f9 des incidents ont eu lieu entre les migrants et la police, le 21 ao\u00fbt.","source":"Darko Vojinovic \/ AP","index":1,"position":2,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 10\r\n \r\n \r\nUne fillette pr\u00e8s de la fronti\u00e8re entre la Gr\u00e8ce et la Mac\u00e9doine, mercredi 19 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : Darko Vojinovic \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une fillette pr\u00e8s de la fronti\u00e8re entre la Gr\u00e8ce et la Mac\u00e9doine, mercredi 19 ao\u00fbt.","source":"Darko Vojinovic \/ AP","index":2,"position":3,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 10\r\n \r\n \r\nDes incidents ont eu lieu tout au long de la matin\u00e9e du vendredi 21 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : Darko Vojinovic \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des incidents ont eu lieu tout au long de la matin\u00e9e du vendredi 21 ao\u00fbt.","source":"Darko Vojinovic \/ AP","index":3,"position":4,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 10\r\n \r\n \r\nUn homme tient son enfant bless\u00e9.\r\nCr\u00e9dits : Darko Vojinovic \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un homme tient son enfant bless\u00e9.","source":"Darko Vojinovic \/ AP","index":4,"position":5,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS","index":5,"position":6,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : SAKIS MITROLIDIS \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"SAKIS MITROLIDIS \/ AFP","index":6,"position":7,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : SAKIS MITROLIDIS \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"SAKIS MITROLIDIS \/ AFP","index":7,"position":8,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : ROBERT ATANASOVSKI \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"ROBERT ATANASOVSKI \/ AFP","index":8,"position":9,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : ROBERT ATANASOVSKI \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"ROBERT ATANASOVSKI \/ AFP","index":9,"position":10,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_9.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Située au milieu de la « route des Balkans » qui mène les migrants d’Athènes en Allemagne, en passant par la Serbie et la Hongrie, la Macédoine, qui fait face depuis plusieurs mois à des arrivées incessantes sur la route de l’Europe, a annoncé l’état d’urgence dans ses régions frontalières dans le sud et dans le nord du pays. Le gouvernement a décidé d’y déployer l’armée pour, officiellement, « améliorer la sécurité des citoyens dans ces deux régions et permettre une meilleure approche des gens qui souhaitent demander l’asile », explique un communiqué officiel.Cette décision s’est traduite, vendredi 21 août, par de violents incidents, des soldats tirant au gaz lacrymogène sur une foule de plusieurs milliers de personnes qui avaient passé la nuit dans un no man’s land entre la Grèce et la Macédoine, dans des conditions extrêmement précaires. Si la police macédonienne nie tout incident à la frontière, Anthonis Rijas, coordinateur local de Médecins sans frontières (MSF), affirme que des forces spéciales de police « ont tiré des balles en plastique et ont dispersé les migrants à coups de bâton ». Il a « recensé une dizaine de blessés », et ajoute qu’il y a « des centaines de migrants qui attendent et de plus en plus arrivent toutes les heures ».La police a finalement permis dans l’après-midi à plusieurs centaines de personnes, essentiellement des familles avec des enfants et des femmes enceintes, de franchir la frontière après que le gouvernement eut annoncé qu’il permettrait « à un nombre limité de migrants illégaux faisant partie des catégories vulnérables » d’entrer sur son territoire.Ces derniers mois, plusieurs centaines de migrants — surtout venus de Syrie, d’Afghanistan ou du Pakistan — franchissaient chaque jour la frontière avec la Grèce, avant de prendre le train de la petite ville de Gevgelija, dans le Sud, pour se rendre en Serbie, au nord. Ils ont été 39 000 à la traverser en juillet, selon un décompte de l’agence Associated Press.« Il n’y a plus de migrants depuis jeudi matin à Gevgelija » Jeudi matin, tous les migrants qui avaient tenté de passer la frontière aux points de passage habituels en avaient été empêchés par la police militarisée. « Il n’y a plus de migrants depuis jeudi matin à Gevgelija, et entre quinze cents et deux mille sont retenus côté grec, assurait alors Anthonis Rijas. La situation est très difficile car il pleut. Nous avons distribué des ponchos, mais nous n’en avons pas assez pour tout le monde. »Ceux-ci recevaient un récépissé leur donnant soixante-douze heures pour déposer une demande d’asile, délai dont la plupart profitaient pour continuer leur périple vers le nord. Des bus et des trains spéciaux avaient d’ailleurs été mis en place pour transférer plus vite les migrants ; le pays se traverse en quelques heures.Mais, face à l’ampleur des arrivées, la situation s’était tendue ces derniers jours à Gevgelija. Les trains n’étaient plus en nombre suffisant, ce qui a conduit à des affrontements entre migrants et policiers pour monter à bord. Mercredi, le gouvernement macédonien avait appelé à l’aide ses voisins, leur demandant l’envoi de « wagons » supplémentaires. L’arrivée annoncée jeudi d’un navire transportant deux mille sept cents migrants syriens des îles grecques vers Thessalonique, à 80 kilomètres de la frontière avec la Macédoine, semble avoir conduit Skopje à prendre cette décision. « Malheureusement, la Grèce, non seulement ne garde pas sa frontière, mais nous constatons nombre de cas de transferts organisés de migrants illégaux jusqu’à notre frontière », a expliqué à l’AFP le porte-parole du ministère de l’intérieur macédonien, Ivo Kotevski. Le gouvernement grec avait en effet affrété des bus pour conduire directement les migrants de Thessalonique à la frontière. Mais ce navire, parti de l’île de Kos mercredi matin, a finalement été détourné sans explication officielle vers Athènes, à la grande déception des migrants, qui avaient dû payer cent euros pour être transportés jusqu’à la frontière.Voir le reportage interactif : La Macédoine, nouveau purgatoire des migrants sur la route de l’Europe« La frontière n’est pas fermée, mais elle n’a jamais été ouverte non plus » Malgré l’état d’urgence, la frontière avec la Grèce ne devrait toutefois pas être totalement fermée. « La frontière n’est pas fermée, mais elle n’a jamais été ouverte non plus », a ainsi théorisé M. Kotevski. « Le gouvernement nous a expliqué qu’il laisserait seulement passer le nombre de migrants que le pays peut accueillir dans de bonnes conditions, soit une centaine par jour », assure Mersiha Smailovic, qui travaille pour Legis, une ONG d’aide aux migrants.Mais les associations s’inquiètent que le renforcement de ces contrôles pousse les migrants à opter pour des voies plus périlleuses. « Je suis sûre que les passeurs vont venir se réinstaller et vont trouver d’autres chemins », estime Mme Smailovic. Une situation qui prévalait jusqu’au printemps, avant que la Macédoine ne décide d’organiser un minimum les flux de migrants en raison des pratiques mafieuses observées sur le terrain. Plusieurs migrants avaient alors témoigné du racket et des violences qu’ils avaient dû subir de la part des trafiquants. Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 10.08.2015 à 06h33 • Mis à jour le10.08.2015 à 11h12 | Marie Charrel Est-ce l’effet de la torpeur estivale ? Ou bien l’absence de Yanis Varoufakis, le turbulent ex-ministre grec des finances, remplacé par le discret Euclide Tsakalotos à la table des négociations ? Ces derniers jours, les discussions entre Athènes et ses créanciers ont progressé à un rythme soutenu, dans une ambiance apaisée. Pour ne pas dire optimiste.De fait, les deux parties s’entendent pour dire qu’un accord sur le troisième plan d’aide à la Grèce, de 86 milliards d’euros, pourrait être conclu le lundi 10 août au soir ou le mardi 11 dans la matinée.Les tractations sont « dans la dernière ligne droite », indiquait samedi Georges Stathakis, le ministre grec de l’économie, en écho aux propos encourageants tenus par le premier ministre, Alexis Tsipras, deux jours plus tôt. De son côté, une source européenne confie au Monde : « Tout le monde a travaillé d’arrache-pied et en bonne entente pour que le calendrier soit tenu, les progrès sont indiscutables. »Lire sur Les Décodeurs :Et le Parlement grec adopta un neuvième plan d’austérité en 6 ansBoucler le compromis avant le 20 aoûtVoilà qui tranche avec l’atmosphère houleuse des deux derniers mois, où les volte-face du gouvernement Tsipras et les réticences de certains partenaires européens laissaient craindre une sortie grecque de la zone euro. Le calendrier reste malgré tout très serré. Les autorités hellènes et leurs créanciers, la Banque centrale européenne (BCE), le Fonds monétaire international (FMI), la Commission européenne et le Mécanisme européen de stabilité (MES), doivent en effet boucler le compromis avant le 20 août, afin qu’Athènes puisse toucher une première tranche du plan d’aide – soit 25 milliards d’euros, dont 10 pour recapitaliser les banques – ou, a minima, bénéficier d’un nouveau prêt-relais. Ce jour-là, le pays doit en effet rembourser à la BCE 3,5 milliards d’euros d’obligations arrivant à échéance. Sans aide, le pays risque donc un défaut de paiement, cette fois bien plus grave que le non-paiement des 1,5 milliard d’euros dus au FMI le 30 juin (et depuis remboursés).Dans le scénario idéal, Athènes et ses partenaires tomberont d’accord d’ici à mardi sur le détail et le calendrier des réformes que la Grèce adoptera en échange de l’aide. Le projet de mémorandum encadrant le déblocage du nouveau prêt, ainsi qu’une salve « d’actions prioritaires » – c’est-à-dire de nouvelles réformes et de coupes budgétaires –, pourraient ainsi être adoptés jeudi 13 août par le Parlement grec, en théorie en vacances, mais qui reprendrait séance pour l’occasion. « S’il ne vote pas les mesures prioritaires dès cette semaine, les Allemands, les Finlandais, les Néerlandais auront beaucoup de mal à accepter l’accord », précise une source européenne.Dans la foulée, les ministres des finances de la zone euro (l’Eurogroupe) tiendraient une conférence téléphonique vendredi 14 août pour acter l’accord, qui serait ensuite validé par les Parlements nationaux devant être consultés en la matière – c’est notamment le cas, donc, en Finlande, aux Pays-Bas et en Allemagne. Une première enveloppe de l’aide serait alors versée, juste à temps pour l’échéance du 20 août.Besoin de recapitalisation rapideEn cas d’échec ou de retard dans le processus, la Grèce pourrait se voir accorder un nouveau prêt-relais du MES, comme celui de 7 milliards d’euros déjà accordé en juillet. Une option défendue par les responsables allemands, souvent prompts à doucher les espoirs d’accords rapides dans le dossier grec, et doutant de la capacité d’Athènes à appliquer les réformes promises. « Un nouveau crédit-relais vaut mieux qu’un programme mal conçu », a ainsi déclaré, vendredi 7 août, une source du ministère allemand des finances au quotidien Süddeutsche Zeitung.Tenant d’une ligne dure envers Athènes, le ministre finlandais des affaires étrangères, l’eurosceptique Timo Soini, a pour sa part annoncé samedi 8 août à Reuters que son pays pourrait « rester à l’écart d’un troisième programme d’aide ». Un rejet du plan par le Parlement finlandais n’empêcherait néanmoins pas son adoption.De son côté, en Grèce, la gauche radicale de Syriza ne veut pas entendre parler d’un nouveau prêt-relais. Tout comme la BCE. Car le temps presse : les banques grecques, mises à mal par le retournement de la conjoncture et l’explosion des créances douteuses, ont besoin d’une recapitalisation rapide.Des rumeurs ont un temps laissé penser que de l’argent frais pourrait être injecté dans le capital des banques dès cet été. Mais une telle option semble peu probable avant que la revue de la qualité des actifs des banques (l’AQR) et les tests de résistance ne soient achevés. Menés par le superviseur bancaire unique européen et la Banque de Grèce, ces examens permettront de connaître l’état de santé exact des établissements et leurs besoins en capitaux. Leurs résultats seront connus à l’automne. D’ici là, le système bancaire restera sous contrôle des capitaux, mesure instaurée le 29 juin pour ralentir la fuite des dépôts.Si peu de détails sur le contenu du mémorandum ont filtré, les discussions de samedi, qui ont duré plus de six heures, se sont concentrées sur les « actions prioritaires », selon nos informations. La question de la niche fiscale des agriculteurs était sur le point d’être réglée, tandis qu’un accord aurait été trouvé sur la réforme des retraites et sur le fonds de privatisation de 50 milliards d’euros, dont le fonctionnement se rapprocherait de celui du fonds souverain norvégien. Ce qui fait dire à notre source : « Le marathon était intense, mais il est enfin sur le point de s’achever. »Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.08.2015 à 18h55 • Mis à jour le10.08.2015 à 10h44 L’Ukraine a placé samedi 8 août sur liste noire une dizaine d’artistes considérés par Kiev comme « menace pour la sécurité nationale », les accusant d’avoir soutenu les rebelles prorusses dans l’est et l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par Moscou.Ces artistes, dont la majorité sont des acteurs et chanteurs russes, sont désormais interdits d’antenne à la télévision et radio en Ukraine, a annoncé le ministère ukrainien de la culture, qui a publié cette liste.Parmi les 13 Russes inscrits sur cette liste noire se trouve également le comédien français Gérard Depardieu, devenu citoyen russe il y a deux ans et déjà déclaré persona non grata en Ukraine par Kiev fin juillet.Lire le portrait de Gérard Depardieu :Le déraisonnableNi la télévision ni les salles de cinéma n’ont le droit de diffuser un film auquel participe un de ces acteurs mis sur liste noire, a expliqué à l’AFP la porte-parole du ministère, Daryna Glouchtchenko, ajoutant que les licences de ces films seront révoquées sous peu par l’agence ukrainienne pour le cinéma.L’interdiction touchera jusqu’à des films datant de l’époque soviétique : la star du cinéma de l’URSS, Mikhaïl Boïarski, figure en effet sur la liste, le gouvernement lui reprochant d’avoir signé une lettre publique soutenant l’annexion de la Crimée, a précisé Mme Glouchtchenko.Les chanteurs russes ne sont pas en reste : les chansons de ceux figurant sur la liste ne pourront être diffusées ni à la radio ni à la télévision ukrainiennes. Ainsi, le légendaire crooner soviétique et député Iossif Kobzon, surnommé le « Frank Sinatra de l’URSS », est désormais interdit d’antenne, en plus d’être déjà visé par des sanctions européennes pour son soutien aux séparatistes prorusses. 07.08.2015 à 15h52 • Mis à jour le07.08.2015 à 16h57 Après le naufrage d’un navire de pêche ayant fait plus de deux cents morts au large de la Libye mercredi 5 août, la police italienne a annoncé, vendredi, avoir arrêté à Palerme cinq des survivants de ce nouveau drame en Méditerranée. Il s’agit de deux Algériens, de deux Libyens et d’un Tunisien, âgés de 21 à 24 ans, tous soupçonnés d’avoir été des passeurs. Ils risquent des poursuites pour homicides avec circonstances aggravantes et aide à l’immigration clandestine, a précisé la police de Palerme dans un communiqué.Les autorités italiennes pensent qu’ils auraient fait embarquer six cent cinquante personnes sur le navire qui a coulé. Ces migrants, en majorité des Syriens fuyant la guerre civile, auraient payé chacune entre 1 200 et 1 800 dollars pour leur passage en Europe, au départ de la Libye.Lire aussi :La Libye, bombe migratoire au sud de l’EuropeDeux cent passagers portés disparusSelon des témoignages recueillis auprès des trois cent soixante survivants arrivés jeudi au port de Palerme, en Sicile, « les criminels avaient chacun un rôle précis à bord » : l’un pilotait le bateau, aidé de deux autres passeurs, tandis que d’autres étaient chargés d’empêcher les passagers de bouger, usant pour cela de couteaux et de bâtons.Les témoignages font également état de différences de traitement en fonction de l’origine des migrants : les « Africains » n’obéissant pas aux ordres ont été « marqués au couteau au niveau de la tête », tandis que les « Arabes » étaient frappés avec des ceintures. Les passeurs ont assuré aux passagers du pont que les Africains devaient « supporter de rester enfermés pendant trois jours dans la cale, étant donné qu’ils avaient payé la moitié du prix des autres pour leur traversée », a rapporté la police de Palerme dans son communiqué.Le bateau a rapidement pris l’eau au nord de la ville libyenne de Zouara, au point de noyer le moteur mercredi matin. Les migrants avaient alors lancé un appel au secours. Lorsqu’un navire irlandais est arrivé à leur secours plusieurs heures plus tard, un mouvement de foule a fait chavirer le bateau, qui a rapidement coulé.Une importante opération de secours, impliquant sept bateaux, a permis de sauver près de quatre cents personnes, mais aussi de repêcher vingt-six corps. Quelque deux cents autres passagers, en particulier ceux qui n’ont pas eu le temps de sortir de la soute, sont toujours portés disparus.« Cimetière des migrants »Depuis plusieurs années, la Méditerranée a hérité du surnom de « cimetière des migrants ». Venus pour l’essentiel de Libye, du Soudan, d’Érythrée, de Syrie ou d’Afghanistan, ils sont plus de deux mille hommes, femmes et enfants à avoir perdu la vie en mer en tentant de gagner les côtes italiennes ou grecques depuis janvier, selon l’Organisation internationale pour les migrants.En avril, un naufrage avait coûté la vie à quelque huit cents personnes et conduit l’Union européenne à augmenter les moyens alloués à son dispositif de surveillance et de sauvetage maritimes. Au grand dam des ONG, cette opération, baptisée « Triton », n’a pas pour priorité de sauver les migrants mais de surveiller les frontières. Son budget est trois fois inférieur à celui de l’opération italienne « Mare Nostrum », et son équipement, bien plus modeste.Au total, cent quatre-vingt-huit mille personnes sont arrivées illégalement depuis janvier en Europe, via la Méditerranée. Le Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO) a estimé que le nombre de demandeurs d’asile dans les pays de l’Union européenne avait fait un bond de 68 % au cours des cinq premiers mois. 07.08.2015 à 06h03 • Mis à jour le07.08.2015 à 08h18 Quatre ans après le carnage perpétré par Anders Behring Breivik, un millier de jeunes militants travaillistes se sont donné rendez-vous à Utoya pour participer, à partir de ce vendredi 7 août, au premier camp d’été à se tenir sur l’île depuis le drame.Déterminés à reprendre possession des lieux, les apprentis politiciens, y compris des survivants de la fusillade, vont planter leur tente pour quelques jours à l’endroit même où l’extrémiste de droite a fauché 69 vies le 22 juillet 2011.« Le jour le plus noir qu’ait connu la Norvège » « Utoya est un point de rencontre pour des jeunes engagés, un atelier politique, un endroit pour la culture, le sport, l’amitié et, ce n’est pas le moins important, l’amour », a dit Mani Hussaini, le chef de la Jeunesse travailliste (AUF), cette semaine lors d’une visite de presse.« Utoya, c’est aussi le lieu du jour le plus noir qu’ait connu la Norvège en temps de paix. Utoya sera toujours l’endroit où l’on se souviendra de ceux que l’on a perdus mais y revenir pour le camp d’été, c’est refuser que l’histoire la plus sombre l’emporte ».Pendant une heure et quart, Breivik avait froidement ouvert le feu sur quelque 600 participants du camp d’été d’AUF. Un peu avant, il avait fait exploser une bombe de 950 kg près du siège du gouvernement à Oslo, tuant huit autres personnes.Encombrés de sacs à dos, tentes et peluches, les jeunes militants ont convergé sur l’île protégée pour l’occasion par un imposant dispositif de sécurité. Alors que les autorités norvégiennes avaient été vivement critiquées pour leur impréparation après les attentats de Breivik, deux bateaux de police et des agents en armes ont été cette fois-ci déployés.Lire : Il y a quatre ans, le massacre d'UtoyaLe parti travailliste plus populaire Pour ses retrouvailles avec la Jeunesse travailliste, Utoya a fait peau neuve : de nouveaux bâtiments ont été érigés à côté des anciens, fraîchement retapés. Seule la cafétéria, où 13 jeunes avaient été abattus, conserve délibérément les impacts de balles du tueur, réminiscence du drame qui s’y est joué.Un peu à l’écart, un mémorial baptisé « la clairière » a été aménagé dans les bois : suspendu aux sapins, un grand cylindre métallique, dont la forme évoque cohésion et éternité, y décline les noms de 60 des 69 victimes. Les autres familles ont refusé que le nom de leurs chers disparus y soit gravé.Alors que Breivik a dit avoir voulu tarir le vivier du parti travailliste, la formation historiquement dominante du pays scandinave qu’il accusait de faire le lit du multiculturalisme, son geste semble avoir eu l’effet inverse. Le nombre d’adhérents d’AUF a augmenté de près de 50 % depuis la tuerie pour atteindre près de 14 000 membres.L’extrémiste de droite purge aujourd’hui une peine de 21 ans de prison susceptible d’être prolongée indéfiniment s’il reste considéré comme une menace pour la société.Lire : Pour éviter un nouvelle « barbarie », Breivik veut créer un parti « fasciste » en Norvège 06.08.2015 à 20h49 • Mis à jour le07.08.2015 à 07h48 Le président François Hollande a assuré, jeudi 6 août, que la France n’aurait à verser « aucune pénalité » à la Russie à la suite de la rupture du contrat qui liait les deux pays pour la vente des deux navires de guerre Mistral, annulée en raison de la crise ukrainienne.M. Hollande s’exprimait devant la presse à l’issue de la cérémonie d’inauguration de l’élargissement du canal de Suez, en Egypte, au lendemain de l’annonce par Paris d’un accord avec Moscou sur le remboursement des sommes payées par la Russie pour acquérir ces bâtiments.« Je me suis entretenu plusieurs fois avec le président Poutine, et c’est un bon accord qui a été trouvé », a déclaré M. Hollande, ajoutant :« Seront remboursées aux Russes les sommes qui avaient été versées et les frais qui avaient été occasionnés. Par ailleurs, ces bateaux suscitent une certaine demande de la part de beaucoup de pays, et il n’y aura aucune difficulté pour trouver preneur ».Il a également confirmé le remboursement aux Russes de « moins de 1,2 milliard d’euros ».« Le Parlement français sera saisi d’un projet de loi pour ratifier cet accord. Les chiffres très précis seront dans le document parlementaire ».Cet accord a suscité la vindicte d’élus de droite et d’extrême droite en France, certains déplorant la remise en cause de la « parole de la France », d’autres fustigeant son « alignement » sur Washington et Bruxelles, ou estimant que la facture sera payée par le contribuable français.Pour comprendre le contexte :Paris et Moscou trouvent un accord sur les Mistral 06.08.2015 à 10h40 • Mis à jour le06.08.2015 à 10h55 Si le dossier de la vente des Mistral à la Russie est « clos » pour le gouvernement, il continue d’intéresser au plus haut point au sein de la droite. Jeudi 6 août, plusieurs hommes et femmes politiques ont dénoncé l’attitude de l’Elysée après son annonce, la veille au soir, d’un accord de non-livraison des deux navires de guerre à Moscou, et d’un remboursement dont la somme fait encore débat.Le député des Français de l’étranger, Thierry Mariani (Les Républicains), a lancé la première charge.#Mistral. Hollande a cédé et la France obéi aux USA et à l'Europe. Jour de deuil pour ce qu'il reste de notre indépendance nationale...— ThierryMARIANI (@Thierry MARIANI ن)require(["twitter/widgets"]);« Livrer les Mistral n’aurait eu aucun impact sur la crise ukranienne alors que les combats se passent au sol », a-t-il argué sur RMC et BFMTV. Le parlementaire, qui s’est récemment rendu en Crimée contre l’avis du Quai d’Orsay pour combattre la « désinformation des médias européens sur cette affaire », a brandi l’argument économique : pour le pays – « les marchés que l’on perd, d’autres les prennent » –, et pour les ménages – « le contribuable devra payer environ 1,5 milliard d’euros suite à l’annulation de la vente ».« Suivisme »Même indignation chez Eric Ciotti (Les Républicains). Invité de Sud Radio, le député des Alpes-Maritimes a qualifié la décision du gouvernement de « faute absolue », estimant que le président s’était plié aux souhaits des Etats-Unis. Sur Facebook, l’eurodéputée Nadine Morano (Les Républicains) dénonce aussi le « suivisme » de Paris. « La France a renié sa signature commerciale qui ne vaut plus grand-chose sur la scène internationale. »Dans un communiqué, la présidente du Front national, Marine Le Pen, estime que la décision de l’exécutif décrédibilise « gravement » le pays. Et la responsable d’extrême droite d’ajouter :« Comment ne pas s’étonner de l’ardeur mise par François Hollande à annuler ce contrat au nom de principes moraux, qui soudainement s’évaporent lorsqu’il s’agit de conclure des contrats d’armement avec des pays tels que l’Arabie saoudite ou le Qatar, deux dictatures islamistes appliquant la sharia (sic). »Lire aussi :210 jours avec le Mistral, le récit d’un marin russe dépité Benoît Vitkine Le feuilleton de la vente avortée par la France de deux navires Mistral à la Russie touche à sa fin. L’épilogue de cette affaire qui a empoisonné pendant de longs mois les relations entre Paris et Moscou est intervenu mercredi 5 août.Dans la soirée, un communiqué de la présidence française indique que « la France et la Russie sont parvenues à un accord pour mettre un terme au contrat signé en 2011 qui prévoyait la livraison de deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral ». Peu après, la partie russe confirme, dans un communiqué distinct, que « Moscou considère l’affaire des Mistral comme complètement réglée ».Le calendrier s’est donc accéléré, puisque le premier ministre, Manuel Valls, assurait il y a quelques jours encore que « des décisions importantes seraient prises à la fin de l’été ». Les présidents français et russe ont apparemment finalisé les derniers détails de l’accord lors d’une conversation téléphonique, mercredi après-midi.Pour comprendre le contexte :Mistral : entre la France et la Russie, les navires de la discordeAucun chiffre officielLe communiqué de l’Elysée – tout comme celui du Kremlin – ne mentionne aucun chiffre, mais il précise que « la Fédération de Russie est exclusivement et intégralement remboursée des sommes avancées » au titre de ce contrat estimé à quelque 1,2 milliard d’euros.Depuis novembre 2014 et la décision de Paris de reporter « jusqu’à nouvel ordre » la livraison du premier des deux navires, le Vladivostok, décision motivée par l’annexion russe de la Crimée puis le rôle joué par Moscou dans la guerre dans l’est de l’Ukraine, les discussions entre les deux parties achoppaient principalement sur le montant du remboursement. Les autorités russes jugeaient insuffisante la proposition française de rembourser 785 millions d’euros d’avances déjà perçues et chiffraient le préjudice subi à près de 1,163 milliard d’euros.Pour expliquer cette différence, Moscou mettait en avant les sommes dépensées pour la formation des 400 marins qui devaient constituer l’équipage des Mistral, la construction d’infrastructures spéciales à Vladivostok, où devait être basé le premier Mistral, et la fabrication de quatre hélicoptères de combat. Or, le communiqué français précise bien que le remboursement concerne « exclusivement » « les sommes avancées au titre du contrat » et que « les équipements russes qui ont été installés sur les bâtiments seront restitués », une formulation qui laisse penser que les arguments français l’ont emporté, d’autant que l’agence de presse russe Tass indiquait dès mardi que des experts allaient être envoyés en France en septembre pour démanteler et récupérer les équipements de communication à bord des deux navires.Jeudi matin, le quotidien russe Kommersant assurait pourtant, en citant des sources au sein du lobby militaro-industriel russe, que le montant du remboursement s’élevait à « plus de 1,1 milliard d’euros ». Selon le journal, l’argent a d’ores et déjà été transféré, en secret, sur le compte d’une banque russe, pour éviter qu’il ne soit gelé par la justice dans le cadre de l’affaire Ioukos, qui a vu la Russie condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme à rembourser 50 milliards de dollars aux anciens actionnaires du groupe pétrolier.« Le montant exact sera communiqué au Parlement parce qu’il y aura une loi de ratification et le Parlement va être saisi très rapidement et du montant et du dispositif », a réagi sur RTL, jeudi, le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, précisant seulement que la somme était inférieure à 1,2 milliard.Lire les réactions :Pour la droite, la non-livraison des Mistral à la Russie est une « faute absolue »« Un certain nombre de pays ont fait connaître leur intérêt »Dernier point de l’accord rendu public par les deux parties, « la France aura la pleine propriété et la libre disposition des deux bâtiments ». Cela signifie que Paris a désormais la possibilité de revendre ces navires de haute technologie à qui elle le souhaite, même si les pistes paraissent encore minces. La partie n’était pas gagnée, Moscou mettant en avant lors des négociations la clause de « non-réexportation » contenue dans le contrat.« Un certain nombre de pays, ils sont nombreux, ont fait connaître leur intérêt pour ces bateaux », a assuré M. Le Drian.« Il est souhaitable de le faire le plus rapidement possible. On ne pouvait pas le faire tant que le contentieux n’était pas réglé avec la Russie. »La fin de ce feuilleton constitue une bonne nouvelle pour la présidence Hollande. L’affaire n’a pas empêché la diplomatie française de jouer les premiers rôles dans le conflit ukrainien, mais elle n’a jamais cessé de compliquer ses relations avec la Russie et d’irriter certains de ses partenaires européens.La livraison à Moscou de ces navires de guerre polyvalents pouvant transporter des hélicoptères, des chars et accueillir un état-major embarqué ou un hôpital n’a jamais été de soi à Paris. Dès le début des discussions, en 2009, soit un an après la guerre de 2008 entre la Russie et la Géorgie, une partie de l’état-major français s’est fermement opposée à une telle vente.Au nom des bonnes relations entre la France et la Russie, mais aussi en soutien aux chantiers navals de Saint-Nazaire, la ligne défendue par le premier ministre, François Fillon, et le ministre de la défense, Hervé Morin, allait finalement l’emporter, sur un ultime arbitrage du président de l’époque, Nicolas Sarkozy.Lire aussi :210 jours avec le Mistral, le récit d’un marin russe dépitéBenoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.08.2015 à 20h25 • Mis à jour le06.08.2015 à 06h53 Le feuilleton de la vente de deux navires de guerre Mistral qui empoisonne depuis plusieurs mois les relations entre la France et la Russie semble enfin connaître son épilogue. Le président François Hollande et son homologue russe Vladimir Poutine sont en effet parvenus à un accord sur la non-livraison des navires Mistral.L’Elysée a ainsi annoncé, mercredi 5 août en début de soirée, que la France aura « la pleine propriété et la libre disposition » des deux bâtiments, actuellement stationnés dans le port français de Saint-Nazaire. Pour sa part, la Russie sera « exclusivement et intégralement remboursée des sommes avancées au titre du contrat », dont le montant total atteignait les 1,2 milliard d’euros.Les équipements russes qui ont été installés sur les bâtiments seront notamment restitués. La Russie a fait savoir que les 800 millions d’euros d’avances qu’elle avait versés avait déjà été remboursés par la France.En guise de réconciliation entre les deux pays, François Hollande et Vladimir Poutine « se sont félicités du climat de partenariat amical et ouvert qui a marqué les négociations » et « se sont accordés sur le fait que, désormais, ce dossier était clos », conclut le communiqué de l'Elysée. Le Kremlin a dit considérer l’affaire des Mistral comme « totalement réglée ». Aucun des deux communiqués n’a fait état d’éventuels dédommagements.Lire aussi :Mistral : entre la France et la Russie, les navires de la discordeLa fin d’un conflit de huit moisCet accord clôt huit mois d’intenses négociations entre Paris et Moscou, qui avaient placé la présidence française dans une situation inconfortable, tiraillée entre les intérêts économiques en jeu et sa volonté de pousser la Russie à infléchir sa position dans la crise ukrainienne.La France avait suspendu en novembre 2014, et ce pour une durée indéterminée, la livraison de deux navires construits à Saint-Nazaire. Les Occidentaux accusaient alors la Russie de soutenir les rebelles armés prorusses qui tiennent une partie de l’est de l’Ukraine, la soupçonnant même d’avoir engagé des éléments armés sur le terrain, ce que Moscou continue de démentir malgré la publication de nombreux éléments étayant ces soupçons.Construits au chantier STX, ces navires de guerre polyvalents peuvent transporter des hélicoptères, des chars ou des chalands de débarquement et accueillir un état-major embarqué ou un hôpital. Le constructeur des Mistral, DCNS, filiale à 35 % de l’équipementier Thales, avait estimé en juillet à au moins un million d’euros par mois le coup d’entretien des deux porte-hélicoptères, dans l’attente d’une décision de la France et de la Russie.L’adaptation des Mistral pour un client de remplacement coûterait de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de millions d’euros selon ses besoins, avait déclaré le PDG de DCNS, Hervé Guillou. Le Canada et Singapour, tout comme l’Egypte, qui vient d’acquérir une frégate multimissions Fremm et quatre corvettes Gowind, sont cités comme clients potentiels, mais DCNS s’est refusé à tout commentaire sur ce point.Lire aussi :210 jours avec le Mistral, le récit d’un marin russe dépité 21.08.2015 à 12h41 • Mis à jour le21.08.2015 à 13h11 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Même pas peur. La démission du premier ministre grec Alexis Tsipras, annoncée jeudi 20 août au soir, et la tenue d’élections législatives anticipées en septembre ne semblent pas inquiéter outre mesure les responsables européens et les représentants des créanciers, qui viennent de valider, il y a à peine une semaine, lors de l’Eurogroupe du 14 août, une aide supplémentaire massive de 86 milliards d’euros sur trois ans à la Grèce. De fait, ce nouveau soubresaut politique était largement anticipé, voire souhaité, par les représentants des créanciers d’Athènes.« La Commission européenne prend note de l’annonce en Grèce. Les clés du succès seront un large support au MOU [Memorandum of Understanding, la liste des conditions sur lesquelles s’est engagé le pays en échange de l’aide] et un respect des engagements » a ainsi tweeté, jeudi soir, Annika Breidthardt, une des porte-parole de la Commission. Le tweet, jeudi soir, du directeur de cabinet du président de la Commission Juncker, Martin Selmayr, est lui aussi sans ambiguïté : « Des élections rapides en Grèce peuvent être le moyen d’élargir le soutien au programme de stabilité du MES [le troisième plan d’aide] que vient juste de signer M. Tsipras ».Lire aussi :Grèce : les « frondeurs » de la Syriza lancent leur propre parti« Etape attendue » « J’espère que les élections vont conduire à un soutien encore plus grand [au plan d’aide] de la part du Parlement grec. Espérons qu’elles auront lieu relativement vite afin que la Grèce puisse, comme prévu, prendre des décisions importantes en octobre », a pour sa part déclaré Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, selon l’agence Reuters. Même type de message de la part d’un de ses collègues, Thomas Wieser, un personnage clé à Bruxelles, qui préside le groupe de travail de l’Eurogroupe. « C’était vraiment une étape attendue », a t-il commenté sur la chaîne de télévision publique autrichienne ORF. « Et pour de nombreuses personnes, cela était une étape voulue pour avoir une structure plus claire dans le gouvernement grec, a-t-il ajouté. Si cela n’avait pas eu lieu, la situation serait devenue plus risquée. »Lire aussi :Grèce : le nouveau coup de poker d’Alexis Tsipras« Depuis qu’un tiers des députés du parti Syriza ont voté contre le plan d’aide à Athènes, la semaine dernière, la démission de Tsipras était largement anticipée, ici, renchérit une source diplomatique à Bruxelles. Cette démission est considérée comme une opportunité par les créanciers d’Athènes, qui espèrent que Tsipras sera réélu et que cela va permettre de clarifier la situation politique, d’aboutir à un gouvernement plus cohérent, qui soutienne davantage le plan d’aide et la mise en œuvre des réformes exigées en échange. » Ces élections anticipées étaient même souhaitées depuis des mois, plus ou moins ouvertement, par certains responsables européens, qui y voyaient le moyen de « purger » la coalition gouvernementale grecque de ses éléments les plus radicaux, ceux qui, comme Yanis Varoufakis, l’ex-ministre des finances, ont semblé jouer, durant toutes les négociations entre Athènes et ses créanciers, davantage la sortie de la Grèce de la zone euro que son maintien.Lire le portrait :La « star » Varoufakis se cherche un destinL’agenda des réformes bousculé ?Ce nouveau processus électoral ne risque-t-il pas, néanmoins, de compromettre l’agenda très serré du programme d’aide ? Un premier chèque de 13 milliards d’euros a certes été envoyé à Athènes jeudi, pour rembourser la Banque centrale européenne et les arriérés dus au Fonds monétaire international, et 10 autres milliards ont été sécurisés pour recapitaliser les banques hellènes. Mais pour que les autres prêts soient versés, Athènes va devoir, tous les trimestres, se soumettre à une série d’audits.D’ici octobre, Athènes s’est ainsi d’ores et déjà engagée sur une liste impressionnante de « prior actions », de réformes encore à mettre en place. Poursuite de la réforme des retraites, de la simplification du système de TVA, de la collecte des impôts, etc. Un travail administratif considérable en perspective, alors que, d’ici à la tenue des prochaines élections législatives, fin septembre, il est peu probable que le gouvernement intérimaire se lance dans des chantiers d’envergure.Si M. Tsipras se maintient avec une coalition solide, après les élections législatives, il ne lui restera plus que quelques semaines pour mettre en place les « prior actions » avant que les fonctionnaires de la Commission européenne débarquent à Athènes pour leur première « revue » des réformes.« Cet agenda est tenable, estime une source diplomatique, interrogée par Le Monde. Les Grecs ont déjà prouvé qu’ils peuvent constituer un nouveau gouvernement et être opérationnels en un temps record ». L’agence de notation Moody’s, jeudi soir, a néanmoins mis en garde les investisseurs, estimant que « la démission du premier ministre Tsipras et l’appel à des élections législatives anticipées le 20 septembre pourraient accroître les préoccupations concernant la mise en place du programme d’aide, et potentiellement, faire peser un risque sur les futurs versements de prêts [au pays] ».Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.08.2015 à 10h31 • Mis à jour le21.08.2015 à 10h33 Alors qu’Ankara a lancé il y a un mois une vaste offensive contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), l’agence gouvernementale turque Anatolie a affirmé, vendredi 21 août, que l’armée turque aurait tué 771 rebelles kurdes. Des chiffres impossibles à vérifier, l’agence basant généralement ses informations sur des sources de renseignements militaires.Dans le détail, Anatolie a précisé que les nombreux raids de l’aviation turque contre les bases arrières du PKK dans le nord de l’Irak avaient tué 430 rebelles. Dans les opérations menées sur le sol turc, 260 membres de la guérilla kurde ont été tués, a affirmé Anatolie. Les autres seraient décédés des suites de leurs blessures.« Guerre contre le terrorisme »Ankara a lancé le 24 juillet une « guerre contre le terrorisme » visant simultanément le PKK, mettant ainsi fin à une trêve en vigueur depuis 2013, et les combattants de l’Etat islamique (EI) en Syrie. Mais les dizaines de raids aériens qui ont suivi se sont concentrés sur la guérilla kurde, seuls trois d’entre eux ayant été jusqu’à présent officiellement signalés contre l’EI.De son côté, le PKK a repris ses attaques contre l’armée et la police à travers la Turquie, tuant une cinquantaine de membres des forces de sécurité depuis la fin de juillet, selon un décompte de la presse turque. Des hommes armés ont attaqué, vendredi matin, un poste de police du quartier populaire d’Esenyurt à Istanbul, sans faire de blessés, a rapporté l’agence de presse Dogan. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne monte à son tour au créneau. A maintenant 100 jours du début de la COP 21, la cruciale 21e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, qui se tiendra à Paris entre le 30 novembre et le 11 décembre prochain, Bruxelles estime que les négociations patinent.Jeudi 20 août, le commissaire européen à l’énergie et au climat, l’espagnol Miguel Arias Cañete, a réclamé, lors d’une conférence de presse à Bruxelles, que les discussions techniques « aillent plus vite ». La volonté politique est là, a t-il assuré, « mais concernant le fonds, le texte de compromis est bien trop long [80 pages environ], avec toutes les options mises sur la table par les pays plus tôt cette année toujours pas tranchées » a souligné le commissaire.Deuxième source d’inquiétude : il manque encore des pays à l’appel, qui n’ont pas soumis leurs contributions en termes de réduction des émissions de CO2 , et pas des moindres.De gros émetteurs, des pays importants du G20, comme le Brésil, l’Argentine, l’Inde, l’Indonésie, l’Arabie saoudite, l’Afrique du Sud ou la Turquie. A ce jour, 56 pays représentant 61 % des émissions globales actuelles ont fait des propositions, ce n’est pas suffisant pour faire de Paris un succès a estimé le commissaire, jeudi.S’engager sur des objectifs à long termeEnfin, et surtout, a insisté M. Cañete, il s’agit de préciser quels sont les éléments clés de l’accord de Paris, en décembre prochain. Il faudra que les principaux pays émetteurs de la planète soient de la partie, et que ceux qui ont le plus de responsabilités et de capacités soient les plus ambitieux en matière de réductions des gaz à effet de serre. Les pays devront aussi s’engager sur des objectifs à long terme de réduction globale des émissions de 60 % en 2050 par rapport au niveau de 2010.Paris peut encore être un succès, selon le commissaire, mais « la fenêtre d’opportunité pour parvenir à l’objectif de maintenir le réchauffement global à une hausse moyenne des températures de 2 degrés se referme vite » a prévenu M. Cañete, jeudi. Il a par ailleurs annoncé que la Commission européenne allait organiser avec le Maroc, le pays qui prendra la présidence des négociations climat à la suite de la France, une conférence à Rabat, les 12 et 13 octobre prochains. L’occasion de faire à nouveau le point sur les négociations, à un mois et demi du début de la conférence de Paris.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marina Rafenberg (Athènes, intérim) D’un pas décidé, le regard sombre, Alexis Tsipras s’est dirigé vers 20 h 30, jeudi 20 août, devant les caméras : « Le mandat que j’ai reçu le 25 janvier a atteint ses limites. » Le premier ministre grec a officiellement annoncé sa démission et la tenue de nouvelles élections anticipées, tentant un nouveau coup de poker, un peu plus d’un mois après le référendum sur le plan d’aide à la Grèce qui a fait trembler l’Europe et failli aboutir à la sortie de la Grèce de la zone euro.Alexis Tsipras a demandé aux électeurs de le « juger aussi bien sur ses succès que sur ses erreurs ». Le premier ministre, tout en rappelant qu’il avait tout fait pour obtenir le meilleur accord possible avec les créanciers du pays, a demandé au peuple « de décider si l’accord est valable pour sortir un jour des plans de rigueur » et « de savoir qui peut mener les réformes nécessaires ». Lire les dernières informations :Grèce : les « frondeurs » de la Syriza lancent leur propre partiMalgré la victoire du non au référendum, la Grèce a accepté un prêt de 86 milliards d’euros sur trois ans assorti de nouvelles mesures de rigueur… rejetées par les Grecs quelques semaines plus tôt.Depuis la défection d’une quarantaine de députés de Syriza qui ont refusé, le 14 août, de voter en faveur du troisième plan d’aide de 86 milliards d’euros au pays, la démission du premier ministre et la tenue de nouvelles élections faisaient la « une » de tous les médias grecs.La majorité parlementaire, désormais réduite à 119 députés sur les 300 que compte l’Assemblée, « ne laissait pas d’autre choix à Alexis Tsipras que de convoquer de nouvelles élections », explique l’analyste politique Georges Séfertzis.« La fracture au sein du parti devenait de plus en plus évidente et Alexis Tsipras a besoin d’un gouvernement stable s’il veut passer toutes les mesures nécessaires et rester au pouvoir le temps d’une législature normale [quatre ans]. Il lui fallait clarifier les choses et évincer les dissidents. »Lire le reportage :En Grèce, « ces élections anticipées sont un désastre pour la population »« L’irresponsabilité d’Alexis Tsipras »Alexis Tsipras n’a pas précisé de date pour ces prochaines élections législatives, troisième vote de l’année pour les Grecs, mais les médias spéculaient jeudi sur le 20 septembre, à moins que l’opposition – qui n’est pas en position de force – n’essaie de gagner du temps.Quelques minutes après l’allocution télévisée d’Alexis Tsipras, Evangelos Meïmarakis, le nouveau chef de Nouvelle Démocratie (ND, droite), principal parti d’opposition, a fait savoir qu’il explorerait « toutes les possibilités pour que les élections soient la dernière des options ». Au Pasok (parti socialiste), la présidente, Fofi Gennimata, a dénoncé « l’irresponsabilité d’Alexis Tsipras qui encore une fois fuit ses responsabilités », et qualifié les élections de « catastrophiques pour le pays ». La Constitution grecque prévoit que le président de la République, Prokopis Pavlopoulos, doit demander au deuxième parti, en l’occurrence Nouvelle Démocratie, s’il est en mesure de former un gouvernement. « Sans l’appui des députés du Syriza et des Grecs indépendants (ANEL), l’opposition n’y arrivera pas », commente Michalis Spourdalakis, professeur de sciences politiques à l’université d’Athènes.Vendredi, Evangelos Meïmarakis a reçu du président grec un mandat de trois jours pour former un nouveau gouvernement. En cas d’échec, le président de la République devra nommer un premier ministre provisoire jusqu’aux élections. Comme le veut la Constitution, ce sera la présidente de la Cour suprême, Vassiliki Thanou-Christophilou, qui dirigera alors le gouvernement.Lire aussi :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciersFronde interne La préoccupation d’Alexis Tsipras n’est pas son opposition, mais l’aile gauche de son parti, en voie de dissidence, qui critique ouvertement le premier ministre. « Le gouvernement agit sous le régime de la panique et de la peur. (…) Il veut appeler les citoyens à voter avant qu’ils ne soient informés de la totalité des mesures comprises dans le troisième mémorandum et avant qu’ils ne ressentent leurs effets au quotidien », explique dans un communiqué la Plate-forme de gauche. Vendredi, 25 députés de Syriza issus de cette plateforme ont décidé de créer un nouveau parti, derrière l’ancien ministre de l’énergie, Panagiotis Lafazanis.Celui-ci avait été écarté du gouvernement le 17 juillet à la suite de l’accord signé par Alexis Tsipras avec ses créanciers européens. Issu des rangs traditionnels du parti communiste, M. Lafazanis est favorable à un retour à la drachme et la fin des plans d’aide. Ce nouveau parti devrait se nommer « Unité populaire ». Selon la télévision publique ERT, il pourrait être soutenu par Zoé Konstantopoulou, la présidente du Parlement qui s’est plusieurs fois prononcée contre l’accord signé par le premier ministre, mais le très médiatique ex-ministre des finances, Yanis Varoufakis, ne devrait pas être de la partie. Il ne devrait pas non plus être sur les listes de Syriza.Si l’organisation de ces élections était attendue, la rapidité de l’annonce a néanmoins surpris, alors que Syriza devait organiser un congrès en septembre ou octobre. « Alexis Tsipras a bien conscience que plus il attend, plus sa cote de popularité risque de baisser », explique Georges Séfertzis. M. Tsipras pourra en plus bénéficier d’une disposition de la constitution qui prévoit que si les élections ont lieu moins de 18 mois après les précédentes, les électeurs ne peuvent se prononcer que sur des listes fermées, et non panacher les noms à leur guise.D’après le dernier sondage publié fin juillet par l’institut Metro Analysis, Syriza recueillerait près de 33,6 % des voix aux prochaines élections, contre 17,8 % pour la Nouvelle Démocratie et 6,1 % pour To Potami (centristes). Michalis Spourdalakis pense même que Syriza pourrait obtenir les 37 % nécessaires pour obtenir la majorité absolue et se passer d’une coalition : « Les Grecs, pour le moment, croient qu’Alexis Tsipras a tout tenté dans les négociations, qu’il a été l’objet de chantage de la part des Européens. En outre, ils ne veulent pas de l’ancienne classe politique corrompue, l’opposition actuelle ne représente pas une alternative. »La formation d’un nouveau front antiaustérité mené par la Plate-forme de gauche constitue-t-elle une menace pour Alexis Tsipras ? « Pas vraiment. L’aile gauche du Syriza anti-euro ne représente qu’entre 3 et 4 % de l’électorat de Syriza », estime Michalis Spourdalakis. Si Syriza n’obtient pas la majorité absolue, « tout devient plus compliqué, poursuit-il. Les Grecs indépendants risquent de ne pas dépasser 3 % et de ne pas avoir de députés. Et alors, quelle coalition serait possible ? Le Pasok et To Potami sont trop libéraux pour Syriza… »Marina Rafenberg (Athènes, intérim) Jean-Baptiste Chastand Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55d73151c0b08'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 10\r\n \r\n \r\nDes migrants en provenance de Gr\u00e8ce sont stopp\u00e9s \u00e0 la fronti\u00e8re mac\u00e9donienne par la police, vendredi 21 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des migrants en provenance de Gr\u00e8ce sont stopp\u00e9s \u00e0 la fronti\u00e8re mac\u00e9donienne par la police, vendredi 21 ao\u00fbt.","source":"ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS","index":0,"position":1,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 10\r\n \r\n \r\nUne femme collecte du petit bois pour faire du feu pr\u00e8s d'Idomeni, \u00e0 la fronti\u00e8re entre la Gr\u00e8ce et la Mac\u00e9doine o\u00f9 des incidents ont eu lieu entre les migrants et la police, le 21 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : Darko Vojinovic \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une femme collecte du petit bois pour faire du feu pr\u00e8s d'Idomeni, \u00e0 la fronti\u00e8re entre la Gr\u00e8ce et la Mac\u00e9doine o\u00f9 des incidents ont eu lieu entre les migrants et la police, le 21 ao\u00fbt.","source":"Darko Vojinovic \/ AP","index":1,"position":2,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 10\r\n \r\n \r\nUne fillette pr\u00e8s de la fronti\u00e8re entre la Gr\u00e8ce et la Mac\u00e9doine, mercredi 19 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : Darko Vojinovic \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une fillette pr\u00e8s de la fronti\u00e8re entre la Gr\u00e8ce et la Mac\u00e9doine, mercredi 19 ao\u00fbt.","source":"Darko Vojinovic \/ AP","index":2,"position":3,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 10\r\n \r\n \r\nDes incidents ont eu lieu tout au long de la matin\u00e9e du vendredi 21 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : Darko Vojinovic \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des incidents ont eu lieu tout au long de la matin\u00e9e du vendredi 21 ao\u00fbt.","source":"Darko Vojinovic \/ AP","index":3,"position":4,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 10\r\n \r\n \r\nUn homme tient son enfant bless\u00e9.\r\nCr\u00e9dits : Darko Vojinovic \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un homme tient son enfant bless\u00e9.","source":"Darko Vojinovic \/ AP","index":4,"position":5,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS","index":5,"position":6,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : SAKIS MITROLIDIS \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"SAKIS MITROLIDIS \/ AFP","index":6,"position":7,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : SAKIS MITROLIDIS \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"SAKIS MITROLIDIS \/ AFP","index":7,"position":8,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : ROBERT ATANASOVSKI \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"ROBERT ATANASOVSKI \/ AFP","index":8,"position":9,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : ROBERT ATANASOVSKI \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"ROBERT ATANASOVSKI \/ AFP","index":9,"position":10,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_9.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Située au milieu de la « route des Balkans » qui mène les migrants d’Athènes en Allemagne, en passant par la Serbie et la Hongrie, la Macédoine, qui fait face depuis plusieurs mois à des arrivées incessantes sur la route de l’Europe, a annoncé l’état d’urgence dans ses régions frontalières dans le sud et dans le nord du pays. Le gouvernement a décidé de déployer l’armée pour officiellement « améliorer la sécurité des citoyens dans ces deux régions et permettre une meilleure approche des gens qui souhaitent demander l’asile », explique le communiqué officiel.Cette décision s’est traduite, vendredi 21 août, par de violents incidents, avec des soldats tirant au gaz lacrymogène sur une foule de plusieurs milliers de personnes qui avaient passé la nuit dans un no mans land, entre la Grèce et la Macédoine, dans des conditions extrêmement précaires. Si la police macédonienne nie tout incident à la frontière, Anthonis Rijas, coordinateur local de Médecins sans frontières (MSF) affirme que des forces spéciales de police « ont tiré des balles en plastique et ont dispersé les migrants à coup de bâton ». Il a « recensé une dizaine de blessés », avant d’ajouter qu’il y a « des centaines de migrants qui attendent et de plus en plus arrivent toutes les heures ».Ces derniers mois, plusieurs centaines de migrants – surtout issus de Syrie, d’Afghanistan ou du Pakistan – franchissaient chaque jour la frontière avec la Grèce, avant de prendre le train de la petite ville de Gevgelija, dans le Sud, pour se rendre en Serbie, au nord. Ils ont été 39 000 à la traverser en juillet, selon un décompte de l’Associated Press.« Il n’y a plus de migrants depuis jeudi matin à Gevgelija » Jeudi matin, tous les migrants qui avaient tenté de passer la frontière aux points de passage habituels en avaient été empêchés par la police militarisée. « Il n’y a plus de migrants depuis jeudi matin à Gevgelija et entre 1 500 et 2 000 sont retenus côté grec, assurait alors Anthonis Rijas. La situation est très difficile car il pleut. Nous avons distribué des ponchos mais nous n’en avons pas assez pour tout le monde. »Ceux-ci recevaient un récépissé leur donnant soixante-douze heures pour déposer une demande d’asile, délai dont la plupart profitaient pour continuer leur périple vers le nord. Des bus et des trains spéciaux avaient d’ailleurs été mis en place pour transférer plus vite les migrants ; le pays se traverse en quelques heures.Mais, face à l’ampleur des arrivées, la situation s’était tendue ces derniers jours à Gevgelija. Les trains n’étaient plus en nombre suffisant, ce qui a conduit à des affrontements entre migrants et policiers pour monter à bord. Mercredi, le gouvernement macédonien avait appelé à l’aide ses voisins, leur demandant l’envoi de « wagons » supplémentaires. L’arrivée annoncée jeudi d’un navire transportant 2 700 migrants syriens depuis les îles grecques vers Thessalonique, à 80 kilomètres de la frontière avec la Macédoine, semble avoir conduit Skopje à prendre cette décision. « Malheureusement, la Grèce, non seulement ne garde pas sa frontière, mais nous constatons nombre de cas de transferts organisés de migrants illégaux jusqu’à notre frontière », a expliqué à l’AFP le porte-parole du ministère macédonien de l’intérieur, Ivo Kotevski. Le gouvernement grec avait en effet affrété des bus pour conduire directement les migrants de Thessalonique à la frontière. Mais ce navire, parti de l’île de Kos mercredi matin, a finalement été détourné sans explication officielle vers Athènes, à la grande déception des migrants, qui avaient dû payer cent euros pour être transportés jusqu’à la frontière.Voir le reportage interactif : La Macédoine, nouveau purgatoire des migrants sur la route de l’Europe« La frontière n’est pas fermée, mais elle n’a jamais été ouverte non plus » Malgré l’état d’urgence, la frontière avec la Grèce ne devrait toutefois pas être totalement fermée. « La frontière n’est pas fermée, mais elle n’a jamais été ouverte non plus », a ainsi théorisé M. Kotevski. « Le gouvernement nous a expliqué qu’il laisserait seulement passer le nombre de migrants que le pays peut accueillir dans de bonnes conditions, soit une centaine par jour », assure Mersiha Smailovic, qui travaille pour Legis, une ONG d’aide aux migrants.Mais les associations s’inquiètent que le renforcement de ces contrôles pousse les migrants à opter pour des voies plus périlleuses. « Je suis sûre que les passeurs vont venir se réinstaller et vont trouver d’autres chemins », estime Mme Smailovic. Une situation qui prévalait jusqu’au printemps, avant que la Macédoine ne décide d’organiser un minimum les flux de migrants en raison des pratiques mafieuses observées sur le terrain. Plusieurs migrants avaient alors témoigné du racket et des violences qu’ils avaient dû subir de la part des trafiquants. Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.08.2015 à 20h56 • Mis à jour le21.08.2015 à 02h22 | Elisa Perrigueur (Athènes, envoyée spéciale) L’annonce, jeudi 20 août, de la démission du premier ministre grec, Alexis Tsipras, et de la tenue d’élections législatives anticipées en septembre n’a pas ébranlé la capitale grecque. Dans les rues désertées d’Athènes, la vie tourne au ralenti. La majorité des habitants, en vacances, a quitté la ville pour les îles ou les villages.Lire :Le premier ministre grec Alexis Tsipras démissionneAu Roumeli, l’un des rares cafés du quartier de Neapoli-Exarkion ouverts en cette saison, le patron, Achilleas Dukas, a tranquillement monté le son du poste de télévision. A la tombée de la nuit, trois clients étaient réunis dans le petit local aux néons blafards pour suivre le discours du chef du gouvernement. Lorsque le visage grave du premier ministre est apparu à l’écran, le taulier a poussé un soupir, résigné. « Ces élections anticipées sont un désastre pour la population. Psychologiquement, nous sommes déjà passés par des phases intenses [la fermeture des banques, le contrôle des capitaux et le référendum du 5 juillet]. Les gens sont tellement stressés », lâche-t-il.« Je voterai pour Aube dorée »Lors des législatives anticipées de janvier, Achilleas Dukas avait voté, enthousiaste, pour Syriza, la formation d’extrême gauche d’Alexis Tsipras. Aujourd’hui, le cafetier ne dissimule pas sa déception, après plusieurs semaines et l’acceptation d’un mémorandum qu’il trouve « beaucoup trop difficile pour le peuple », incluant notamment une hausse de la TVA sur certains produits ou une profonde réforme des retraites. Il hausse les épaules : « Je voterai pour Aube dorée [parti néonazi] aux prochaines élections, ce sera la seule solution pour montrer notre mécontentement ! ». La force politique extrémiste, troisième parti du pays, avait récolté plus de 6 % des voix aux dernières élections. La gauche radicale, elle, avait remporté plus de 36 % des suffrages, soit la majorité dès le premier tour.Pour ce nouveau scrutin, le parti de gauche radicale et son dirigeant jouissent toujours d’opinions favorables au sein de la population. Syriza disposait de 33,6 % d’intentions de vote le 24 juillet, selon un sondage relayé par Reuters. Pour Georges Contogeorgis, professeur de sciences politiques à l’université Panteion, à Athènes, c’est cette popularité encore acquise qui a poussé le premier ministre a démissionner maintenant. « Alexis Tsipras choisit de convoquer des élections dans l’immédiat, car il sait que dans six mois, il ne bénéficiera pas forcément d’une bonne cote de popularité. » Cette accélération du calendrier permettra en effet la tenue d’un scrutin avant que les électeurs ne ressentent les effets des nouvelles mesures d’austérité.Dans le café vide Roumeli, Dimitri Rezus, écrivain, se concentre sur les informations, verre de tsipouro à la main. « Tout le monde est dans l’attente, l’angoisse. On va aller voter puisque de toute façon, on ne peut faire que ça. Je ne suis pas sûr que c’était la bonne période pour les élections même si on s’y attendait, commente-t-il. Le parti est divisé, d’accord, mais quand on a un problème en interne, on le règle en interne, on ne provoque pas des élections qui concernent tout un peuple. »Lire aussi :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciersL’homme prédit : « On risque d’avoir des surprises lors de ces élections anticipées, davantage qu’en janvier. » L’écrivain ne se « reconnaî [t] plus » dans les partis actuels. « Ces dernières années, la politique est devenue chaotique dans le pays. Le paysage politique a beaucoup changé, les gens sont perdus idéologiquement, des partis politiques ont chuté, comme le Pasok (socialistes). » Pour le Grec, il est impossible d’anticiper le résultat de l’élection. La réaction « de la rue », en revanche, est prévisible, d’après lui. Conséquence du troisième Mémorandum et de cette nouvelle annonce d’élections anticipées, « les gens iront de nouveau protester, crier, se battre pour leurs droits, mais je ne suis pas optimiste. Cela fait longtemps que l’on manifeste sans que cela soit efficace ».Des élections « pour sauver un parti » Quelques rues plus loin, à la terrasse d’une taverne du quartier de l’université Panapistimio, Dimitri, évoque la situation ; tirant nerveusement sur sa cigarette. Cet Athénien au chômage n’a pas regardé le discours du premier ministre à la télévision, car « il n’y a rien de surprenant dans ses interventions », s’énerve-t-il. Ce dernier, qui vote pour le parti de droite Nouvelle Démocratie reste « étonné » par « les revirements » du chef de gouvernement. Il dit « ne plus comprendre sa stratégie ». « Avant son élection, il était très à gauche, proche des communistes et maintenant il se range derrière les créanciers pour un troisième plan d’austérité qui n’a plus de sens. ». Pour le cinquantenaire, ces élections anticipées ont lieu « seulement pour sauver le parti Syriza, le renforcer, elles n’ont pas lieu dans l’intérêt du peuple ». Il se dit « pessimiste » pour les mois à venir. « L’économie est dans une situation catastrophique, nous avons du mal à nous relever et nous n’avons aucune industrie à part le tourisme. Une fois que la saison sera terminée, nous n’aurons plus rien. »Aux terrasses qui bordent la rue, les visiteurs sont majoritaires. Cette année, la Grèce va atteindre un record de fréquentation, en augmentation par rapport à 2014. Le tourisme est l’un des rares secteurs qui ne connaît pas la crise.Lire :En Grèce, malgré la crise, les touristes affluentElisa Perrigueur (Athènes, envoyée spéciale) 20.08.2015 à 08h48 • Mis à jour le20.08.2015 à 10h42 La police antiterroriste stambouliote a mené une vaste opération, jeudi 20 août à l’aube, contre les milieux d’extrême gauche, au lendemain d’une fusillade devant les bureaux du premier ministre, ont rapporté les médias locaux.Plusieurs suspects ont été arrêtés dans les descentes de police effectuées à Sariyer et Baltalimani, deux districts de la rive européenne de la ville, a indiqué l’agence de presse Dogan.İstanbul'da operasyon http://t.co/yoL6Rsesaj http://t.co/Mxa8bkU7Ne— solhaberportali (@soL Haber Portalı)require(["twitter/widgets"]);Attaque revendiquée par un groupe d’extrême gaucheL’opération visait le groupe d’extrême gauche DHKP-C (Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple), qui a revendiqué l’attaque contre le consulat américain à Istanbul, le 9 août, et celle de mercredi contre des policiers en faction devant un palais ottoman d’Istanbul, lieu touristique, au bord du Bosphore. Deux hommes armés ont été arrêtés juste après la fusillade, qui n’a pas fait de blessé, en possession de grenades et de fusils automatiques selon les services du gouverneur.Le palais abrite les bureaux du premier ministre islamo-conservateur, Ahmet Davutoglu, qui a échoué à former un gouvernement de coalition à l’issue des élections législatives de juin. Selon les médias officiels, la commission électorale a d’ailleurs proposé la date du 1er novembre pour des législatives anticipées.Lire aussi :La Turquie s’adresse au PKK : « C’est soit les armes, soit la démocratie » 20.08.2015 à 06h48 • Mis à jour le20.08.2015 à 12h05 | Eric Albert (Londres, correspondance) Le gouvernement britannique veut accélérer l’exploration du gaz de schiste. Frustré par les nombreuses difficultés rencontrées jusqu’à présent, si bien qu’aucun forage n’est en cours depuis trois ans, il multiplie les coups de pouce pour tenter de lancer cette industrie.Mardi 18 août, il a accordé 27 licences d’exploration supplémentaires, essentiellement dans le nord de l’Angleterre : 2 700 kilomètres carrés qui peuvent potentiellement être forés, en utilisant la technique controversée et polluante de la fracturation hydrau­lique. Engie (ex-GDF Suez) et Total font partie des entreprises qui en bénéficient. Cent trente-deux autres licences sont à l’étude et une attribution est attendue d’ici à la fin de l’année.Cette décision fait suite à l’annonce, le 12 août, de mesures d’accélération des procédures d’autorisation pour les forages. Furieux contre les collectivités locales qui prennent souvent plus d’un an pour accorder leur feu vert, nécessaire en plus des licences, le ­gouvernement britannique entend se saisir de tous les dossiers qui dépassent quatre mois. Selon le ministère de l’énergie, le gaz de schiste est une « priorité ­nationale ».« Il faut que l’on avance », explique Nicholas Bourne, le sous-secrétaire d’Etat à l’énergie. Selon lui, cette ressource est indispensable. « Garder les lumières allumées et fournir de l’énergie à notre économie ne sont pas négociables. »Politiquement explosifVoilà des années que David Cameron, le premier ministre britannique, vante le gaz de schiste. Il rêve de connaître au Royaume-Uni une révolution similaire à celle des Etats-Unis, où les prix des ­hydrocarbures se sont effondrés et où l’indépendance énergétique est à portée. Pourtant, depuis 2012, c’est la panne sèche.Pour l’industrie, les problèmes ont commencé avec une série de petites secousses sismiques au printemps 2011 près de Blackpool, dans le nord-ouest du pays. En cause : la fracturation hydrau­lique utilisée dans un forage d’exploration par l’entreprise britannique Cuadrilla. L’année suivante, un moratoire a été instauré en attendant d’en savoir plus.S’il a rapidement été levé, après l’imposition de quelques mesures de précaution supplémentaires, un virage psychologique a été pris. Quand une autorisation de forage a été demandée en 2013 à Balcombe, dans les prospères campagnes du sud de l’Angleterre, toujours par Cuadrilla, la popu­lation s’y est massivement opposée. Une coalition hétéroclite de conservateurs inquiets pour leurpaysageet de militants écolo­gistes s’est formée pour bloquer le projet.Désormais, le sujet est politiquement explosif. Les opposants au gaz de schiste sont passés de 29 % à 43 % en dix-huit mois au Royaume-Uni, tandis que seuls 32 % des personnes sondés se disent en sa faveur. Fin juin, les partisans de la fracturation hydraulique ont essuyé un nouveau revers. Le comté du Lancashire a surpris tout le monde en rejetant une demande de forage, une ­nouvelle fois provenant de Cuadrilla, en raison du bruit et de l’impact visuel des travaux qui en découleraient. Pourtant, son ­comité ­technique s’était prononcé favorablement.Réserves potentiellement énormesLes compagnies pétrolières n’ont cependant pas dit leur dernier mot. « Nous sommes prêts à patienter quelques années si c’est le temps nécessaire pour convaincre », confie une source d’une multinationale pétrolière. Une bonne douzaine d’entreprises mènent actuellement des études préparatoires en vue d’exploiter du gaz de schiste au Royaume-Uni.Ineos, un groupe pétrochimique britannique – basé en Suisse pour des raisons fiscales –, est l’une d’entre elles. Il a obtenu trois licences supplémentaires mercredi et espère commencer ses ­forages dès 2016. « C’est vrai que ça a été difficile, mais les récentes annonces du gouvernement montrent qu’on a passé un cap », veut croire Patrick Erwin, son directeur commercial. Total, qui est un partenaire sur plusieurs projets, vise lui aussi un forage dès 2016 et un début de production en 2018.Si les entreprises restent mobilisées, c’est que les réserves sont potentiellement énormes. Le Bowland, un bassin géologique au nord de l’Angleterre, renfermerait à lui seul 38 000 milliards de mètres cubes de gaz de schiste. Même si seulement 10 % pouvaient être exploités (l’estimation des entreprises), cela resterait suffisant pour fournir quarante années de consommation de gaz à l’ensemble du pays.Ces statistiques ne sont pas fiables et il faudra attendre les premiers forages pour les vérifier, mais elles font rêver le gouvernement britannique, qui œuvre de toutes ses forces à débloquer la ­situation. De quoi provoquer la colère des opposants : « C’est le coup d’envoi d’une lutte pour l’avenir de nos campagnes, estime Daisy Sands, de Greenpeace. Des centaines de batailles vont apparaître à travers le pays pour défendre les paysages ruraux de la pollution, du bruit et des derricks. »Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.08.2015 à 13h15 • Mis à jour le18.08.2015 à 17h01 Entre le 8 et le 14 août, 20 843 migrants sont arrivés en Grèce, a annoncé, mardi 18 août, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Ce nombre représente près de 50 % des arrivées de migrants par la mer en Grèce au cours de toute l’année 2014. Pour le seul mois de juillet, il y en a eu 50 242, soit plus que les 43 500 personnes arrivées sur toute l’année 2014.Concernant les migrants arrivés la semaine dernière, la grande majorité venait de Syrie (82 %) ; 14 % sont des Afghans, 3 % sont des Irakiens. Le HCR relève que le « rythme des arrivées ne fait qu’augmenter ces dernières semaines » et qu’une « grande majorité de ces arrivants devraient recevoir le statut de réfugiés ».Profitant de bonnes conditions estivales, les personnes qui tentent de traverser la mer Egée en direction des rives européennes sont de plus en plus nombreuses. Entre Bodrum, ville balnéaire turque, et l’île de Kos, elles payent plus de 1 000 dollars (900 euros) pour emprunter l’un des plus courts passages entre la Turquie et l’Europe sur des petites embarcations ou des canots pneumatiques. La Turquie avait, de son côté, recensé près de 18 300 migrants secourus en mer Egée entre le 17 juillet et le 17 août.Depuis des mois, le HCR a lancé des avertissements concernant la crise grandissante des réfugiés sur les îles grecques. Il demande ainsi d’urgence le renforcement des structures d’accueil sur les îles et dans le reste du pays. Il « recommande aux autorités grecques de mettre en place une structure unique chargée de coordonner la réponse d’urgence » à cette crise et de « mettre en place un mécanisme d’assistance humanitaire adéquat ». L’île de Kos au centre des trajets L’île de Kos, située à environ 20 kilomètres des côtes turques, est la principale destination de ces réfugiés venus du Moyen-Orient ou de l’Extrême-Orient. D’une superficie de 287 kilomètres carrés, elle compte 33 000 habitants et des touristes estivaux, mais manque de structures d’accueil.Les réfugiés y dorment dans des tentes ou des abris de fortune dans les parcs, les rues, sur les quais et les plages. Plusieurs jours, voire parfois plusieurs semaines, sont nécessaires pour qu’ils puissent s’enregistrer auprès de la police grecque afin d’obtenir le laissez-passer leur permettant de poursuivre leur voyage vers Athènes et d’autres pays européens.Environ 2 000 personnes demeurent dans des conditions extrêmement précaires, selon l’ONG Médecins sans frontières (MSF), la seule présente sur l’île. Parmi elles, « de nombreuses familles avec des bébés et de jeunes enfants, faisant la queue sous un soleil de plomb, par 32 °C (…) sans aucune installation sanitaire, sans ombre et sans abri », contraintes d’« escalader des grillages pour acheter de l’eau ».Selon les statistiques de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), près de 250 000 personnes ont traversé la Méditerranée cette année pour gagner l’Europe. Ils sont plus de 2 000 hommes, femmes et enfants à avoir perdu la vie en mer depuis janvier.L’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures (Frontex) a pour sa part publié des chiffres impressionnants. Pour le seul mois de juillet, 107 500 migrants ont été recensés aux frontières européennes, soit trois fois plus que lors du même mois l’an passé. C’est la première fois depuis 2008, année où Frontex a commencé à établir ces relevés, que la barre de 100 000 migrants en un mois est dépassée.La Commission européenne a approuvé, au début d’août, le déblocage d’une aide de 2,4 milliards d’euros sur six ans pour aider les pays européens à faire face à l’arrivée croissante de migrants sur leur territoire. La Grèce a obtenu une aide de 474 millions d’euros.Lire le reportage :En Grèce, l’île de Kos débordée par les migrants 17.08.2015 à 18h15 Les combats dans l’est de l’Ukraine redoublent de violence, six mois après la trêve signée entre les autorités ukrainiennes et les séparatistes prorusses. Dix personnes, dont huit civils, ont été tuées en vingt-quatre heures dans la zone de conflit, selon un bilan établi lundi 17 août par l’AFP, une semaine après une précédente offensive meurtrière.Lire aussi :Ukraine : violents affrontements dans le DonbassLes autorités ukrainiennes ont annoncé la mort de trois civils et deux soldats dans la zone qu’elles contrôlent. Un couple a notamment succombé à des tirs de rebelles à Sartana, près de Marioupol, ville portuaire stratégique tenue par Kiev et convoitée ouvertement par les séparatistes. Ces derniers ont fait état de cinq morts dans deux localités sous contrôle des prorusses.La Russie accuse Kiev de préparer une « action militaire »La trêve signée le 12 février sous l’égide de la France, de l’Allemagne et de la Russie n’a jamais permis de faire cesser totalement les combats, qui ont fait plus de 6 800 morts depuis le début du conflit il y a seize mois. Les affrontements se sont toutefois intensifiés ces derniers jours.La Russie, par la voix de son ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov, a accusé lundi l’armée ukrainienne de préparer une offensive dans l’est de l’Ukraine :« Nous sommes inquiets du cours qu’ont pris les événements ces derniers jours, qui ressemblent très fortement à la préparation d’une action militaire. »Kiev craint au contraire une nouvelle offensive séparatiste autour du 24 août, jour anniversaire de l’indépendance de l’Ukraine, et dénonce la provocation du président Vladimir Poutine, qui s’est déplacé lundi en Crimée pour faire la promotion du tourisme dans ce territoire annexé par la Russie en mars 2014.L’Allemagne juge la situation « explosive »De son côté, l’Union européenne a « condamné la récente escalade des affrontements ». « Le plus important est que les deux parties respectent pleinement le cessez-le-feu et prennent toutes les mesures appropriées pour protéger les civils », a déclaré la porte-parole de la Commission européenne Catherine Ray.Les négociations de paix qui se poursuivent à Minsk avec la médiation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ne semblent pas avancer. Le ministre allemand des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a déclaré dimanche dans Bild que la situation était « explosive » et que « si les deux parties ne reviennent pas au processus de paix, une nouvelle escalade militaire [pouvait] se déclencher à tout moment ». 15.08.2015 à 17h40 • Mis à jour le15.08.2015 à 17h57 Au moins 40 migrants ont été retrouvés morts d’asphyxie, samedi 15 août, dans la cale d’un bateau de pêche surchargé, près des côtes libyennes, au cours d’une opération de la marine italienne.Les personnes sont probablement mortes d’avoir inhalé des émanations de carburant. Une voie d’eau s’était déclarée dans la cale du bateau, a expliqué le capitaine du navire qui a porté secours aux naufragés.Le commandant Massimo Tozzi a aussi affirmé à l’Agenzia giornalistica italia (AGI) que 319 personnes étaient saines et sauves, dont quelques mineurs et une dizaine de femmes. Il a raconté avoir « assisté à une scène bouleversante » : « De nombreux cadavres flottaient à la surface de l’eau, ainsi que des excréments humains et du carburant. »Angelino Alfano, le ministre de l’intérieur de l’Italie, a prévenu que le bilan pourrait s’alourdir. Il a donné une conférence de presse, au cours de laquelle il a fait cette mise en garde :« Cette tragédie ne sera pas la dernière si la communauté internationale ne trouve pas une solution à la crise en Libye. »Lire l'entretien :« L’UE oblige les migrants à des traversées dangereuses pour obtenir un droit qu’elle leur reconnaît »Plus de 2 300 morts depuis janvierLes gardes-côtes italiens ont dit craindre de nouvelles traversées de la Méditerranée, favorisées par l’amélioration des conditions en mer ces dernières heures, après plusieurs jours de mauvais temps. Ils étaient d’ailleurs engagés à la mi-journée dans le sauvetage d’environ 650 personnes en difficulté à bord de deux canots pneumatiques et d’un bateau.Les migrants qui sont arrivés en Italie ont raconté que les passeurs opérant en Libye exigeaient entre 1 200 et 1 800 dollars par personne pour une place sur le pont d’un bateau. Le prix est divisé par deux pour ceux qui acceptent de faire le trajet entassés dans la cale – en général des migrants originaires d’Afrique subsaharienne. Piégées dans un espace si confiné, ces personnes courent le risque de mourir étouffés, asphyxiés par les émanations de carburant, ou encore noyés si le bateau prend l’eau.Lire aussi :Les négriers de la MéditerranéeMardi soir, une cinquantaine de migrants qui se trouvaient à bord d’un canot pneumatique ont été portés disparus en mer. Près de 2 000 personnes ont été secourues au cours de la semaine.Environ 200 migrants ont certainement péri la semaine passée lorsque leur embarcation a chaviré près des côtes libyennes.Selon le dernier bilan de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), établi vendredi, plus de 2 300 personnes ont perdu la vie dans la traversée de la Méditerranée depuis le début de l’année.Lire aussi :Plus de 2 000 hommes, femmes et enfants sont morts « aux portes de l’Europe » en 2015 14.08.2015 à 21h44 • Mis à jour le15.08.2015 à 10h41 Christophe Garach (Bruxelles, correspondance)Une bonne dose d’espoir, un paquet de milliards et un zeste d’arrière-pensées : au terme d’un énième marathon, l’Eurogroupe est finalement parvenu, vendredi 14 août, à valider un troisième plan d’aide à la Grèce. En espérant que, cette fois, ce soit « le bon », s’est exclamé Michel Sapin, le ministre des finances de la France. Signe que le consensus n’a pas été trop douloureux pour Berlin, Wolfgang Schäuble, l’inflexible ministre des finances de l’Allemagne, s’est déclaré lui aussi satisfait du résultat, avant de préciser qu’il fallait cependant « rester prudent, parce que, bien sûr, nous avons fourni une énorme somme d’argent ».Au total, le montant de « la solidarité européenne » ne devrait pas dépasser 86 milliards d’euros (25 milliards d’euros serviront de « tampon » pour venir en aide aux banques grecques en cas de besoin). Pour l’instant, cette aide sera cofinancée par les seuls Européens, sans le soutien du Fonds monétaire international (FMI), qui prendra sa décision en octobre. Ce nouveau programme d’assistance financière est censé aider la Grèce à sortir la tête de l’eau après deux mois d’intenses turbulences qui ont fait plonger son économie au plus bas : la Commission européenne table désormais sur une récession à hauteur de 2,5 % en 2015, fait savoir Valdis Dombrovskis, son vice-président.Lire le récit :Six ans de crise en Grèce, neuf plans d’austérité, trois plans d’aide...La méfiance reste de miseMême si tous les protagonistes ont expliqué que le retour de la confiance – côté grec surtout – avait largement contribué à finaliser cet accord, la méfiance reste de mise et le décaissement des 86 milliards d’euros se fera au compte-gouttes d’ici à 2018. A la veille de probables élections anticipées en Grèce, les faucons de l’Eurogroupe maintiennent la pression sur Alexis Tsípras, le premier ministre grec de la gauche radicale.Ainsi, dès le 20 août, lorsque les Parlements nationaux qui doivent encore se prononcer auront donné leur aval, et dès que le conseil des gouverneurs du Mécanisme européen de stabilité (MES) chargé de superviser l’aide à la Grèce aura délivré son autorisation, une première tranche sera alors versée. Sur le papier, 26 milliards d’euros sont prévus ; 10 seront affectés à la recapitalisation des banques grecques, mais ces milliards resteront dans les mains du MES, qui n’ouvrira les vannes que sous condition. Restent 16 milliards d’euros : seuls 13 milliards seront effectivement décaissés pour permettre à la Grèce d’honorer le remboursement de ses dettes à court terme (dont 3,4 milliards à verser à la Banque centrale européenne le 20 août).Lire aussi notre analyse :L’accord avec la Grèce à l’épreuve du politique Quant aux 3 derniers milliards, ils ne seront libérés que plus tard, probablement en septembre, voire en octobre, sans garantie sur le calendrier. Comme l’essentiel du programme, tout dépendra de la mise en œuvre effective du très large éventail de réformes que la Grèce s’est engagée à faire, avec l’accord préalable de ses créanciers.Un calendrier de réformes jugé « ambitieux » par Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe. Mais le qualificatif demeure en deçà de la réalité. Le protocole d’accord que la Grèce a négocié avec ses créanciers pour obtenir cette manne financière l’obligera à engager un insondable processus de mutation en trois ans seulement, avec à la clé des réductions budgétaires, une chasse à l’évasion fiscale, une libéralisation à marche forcée de son économie, une réorganisation de son mode d’organisation sociale, des privatisations de pans entiers de son secteur public jugé démesuré et défaillant…Dette toujours « insoutenable », selon le FMIM. Sapin évoque un plan de réformes qui aura une profonde incidence sur toute la société grecque. S’il convient que les efforts demandés sont considérables, le patron de Bercy juge cependant que ces derniers sont « très équilibrés » et que ce plan est malgré tout « destiné à réussir », parce que tout a été fait pour éviter les erreurs des deux premiers plans de sauvetage. Il est vrai qu’un programme d’investissement doit aussi accompagner cette métamorphose et qu’Athènes pourra également compter sur plusieurs dizaines de milliards d’euros puisés directement dans le budget de l’Union européenne.Ces milliards bénéficieront directement à l’économie hellène, promettent le président de l’Eurogroupe et Klaus Regling, le directeur général du MES. Euclide Tsakalotos, le nouveau ministre des finances de la Grèce, lui, croise les doigts. « Nous espérons que cela aidera la Grèce à aller de l’avant » ,mais « cela dépendra de la façon dont la société grecque réagira », a-t-il déclaré au sortir de la réunion.Quant aux conséquences de ce nouveau plan de sauvetage sur la dette grecque – qui risque de frôler les 200 % du produit intérieur brut d’ici peu –, le FMI a maintenu le cap lors de la réunion de l’Eurogroupe. En dépit d’une analyse fournie par la Commission européenne, Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, a souligné qu’elle restait persuadée que la dette grecque était « insoutenable » et qu’une restructuration était nécessaire et complémentaire.Le 13 juillet, les chefs d’Etat et de gouvernement ont évoqué cette hypothèse. Mais cette promesse demeure encore bien improbable vu l’hostilité de Berlin. Avec une certitude : une décote de la dette est déjà exclue. La question reviendra quoi qu’il en soit en octobre sur la table des ministres des finances.Lire aussi nos explications :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciers 14.08.2015 à 17h22 • Mis à jour le14.08.2015 à 20h52 Les ministres des finances de la zone euro ont commencé leur réunion dans une ambiance relativement optimiste, vendredi 14 août, pour valider, ou non, le troisième programme d’assistance à Athènes, de près de 85 milliards d’euros sur trois ans. Juste avant l’ouverture de leur rencontre, prévue pour 15 heures, dans les bâtiments du Conseil de l’Union à Bruxelles, plusieurs d’entre eux se sont déclarés confiants quant à l’adoption du troisième programme d’aide à la Grèce.« Les choses vont dans le bon sens »L’inflexible ministre des finances de l’Allemagne, Wolfgang Schäuble, a donné le ton : « Je suis confiant dans le fait que nous allons aboutir à un résultat aujourd’hui », a-t-il déclaré à son arrivée. Prudent, il s’est toutefois empressé de rappeler qu’en cas de blocage des négociations une autre solution restait sur la table : celle d’un prêt-relais que l’Union européenne pourrait accorder à la Grèce en attendant un accord global.La Commission confiante, Schäuble aussiLa Commission européenne s’est dite confiante dans l’approbation par les ministres des finances de l’Eurogroupe du plan d’aide, trouvant « encourageant le vote sans appel ce matin par le Parlement grec ».Le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, s’est quant à lui montré plus réservé, se refusant à « spéculer » sur l’issue de la réunion. Il a estimé que la question de la « confiance politique » avec la Grèce était « encore sur la table ».Enfin, le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, a assuré vendredi 14 août après-midi qu’il était « confiant dans le fait que nous allons aboutir à un résultat aujourd’hui ». « Si nous ne trouvons pas de solution aujourd’hui, nous devrions mettre en place un prêt-relais », a-t-il toutefois ajouté.Peu avant, Alexander Stubb, son homologue finlandais, dont le pays fait également partie des plus méfiants à l’endroit de la Grèce, a souligné que « les choses allaient dans le bon sens », tout en ironisant sur le fait que la saga grecque n’allait pas durer « deux ans » mais plutôt « dix ans ».Lire aussi :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciersManifestement plus déterminé à faire aboutir les discussions dans la journée, Michel Sapin, le ministre des finances de la France, a annoncé à son arrivée que cette réunion était faite « pour décider », tout en reconnaissant qu’il y aurait d’abord des points à clarifier durant la réunion. Pierre Gramegna, son homologue luxembourgeois, était sur la même longueur d’onde : « La Grèce a fait plus de progrès en un mois que ces six derniers mois », a-t-il dit avec insistance, alors que le Parlement grec vient d’adopter un nouveau paquet de réformes, traduction anticipée du troisième plan d’aide que les ministres de l’Eurogroupe doivent précisément approuver.Christine Lagarde attendueLa validation du troisième plan d’aide à la Grèce par l’Eurogroupe, pourrait, si elle se confirmait, s’accompagner d’une première tranche d’aides comprise entre 23 et 26 milliards d’euros (sur près de 85 milliards d’euros au total), selon une source grecque. Mais, signe des tractations en cours, rien n’était encore arrêté en début de soirée.Cette première tranche servirait essentiellement à rembourser des échéances cruciales de la Grèce. Dans l’hypothèse d’un premier versement de 23 milliards, 10 milliards seraient affectés au soutien du système bancaire grec et 13 milliards seraient débloqués dans le cadre du remboursement de la dette grecque (dont 3,4 milliards à payer pour le 20 août à la Banque centrale européenne).Au-delà de l’adoption du programme d’aide à la Grèce, c’est l’attitude du Fonds monétaire international (FMI) qui sera observée de près. A leur arrivée à Bruxelles, de nombreux ministres ont exhorté le FMI à participer au fonds. Le Fonds a fait savoir à plusieurs reprises que son soutien dépendrait notamment d’un examen approfondi de la soutenabilité de la dette grecque. Selon nos informations, c’est Christine Lagarde, la directrice du FMI, qui devait s’exprimer en visioconférence durant la réunion des ministres de l’Eurogroupe.Lire aussi :Six ans de crise en Grèce, neuf plans d’austérité, trois plans d’aide...« Retrouver de l’oxygène »Même si la question de la soutenabilité de la dette grecque n’est formellement pas à l’ordre du jour de la réunion des ministres de l’Eurogroupe, la question a été abordée à plusieurs reprises juste avant la rencontre ministérielle. M. Sapin a ouvert le bal en rappelant que les ministres rediscuteront « en octobre » la question du « reprofilage de la dette grecque » afin que l’économie hellène puisse « retrouver de l’oxygène ».Plus direct, M. Gramegna a souligné que « la restructuration de la dette n’est pas exclue, elle est prévue formellement dans le compromis » scellé en juillet par les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro. Si la déclaration finale du 13 juillet dernier évoque à nouveau effectivement l’hypothèse d’« un allongement éventuel des périodes de grâce et des délais de remboursement », celle-ci demeure toutefois étroitement corsetée par une série de conditions assez rédhibitoires. Ce projet sera « envisagé si nécessaire ». Ces mesures seront en outre « subordonnées à la mise en œuvre intégrale des mesures à convenir dans le cadre d’un nouveau programme éventuel et seront envisagées après le premier réexamen qui aura abouti à un résultat concluant », précise la déclaration du 13 juillet. Enfin, et pour que les choses soient extrêmement claires, les chefs d’Etat et de gouvernement avaient dit que « le sommet de la zone euro souligne que l’on ne peut pas opérer de décote nominale sur la dette ».Christophe Garach 14.08.2015 à 12h32 • Mis à jour le14.08.2015 à 12h59 Ravagée par le conflit qui l’oppose aux rebelles prorusses dans l’est du pays, l’économie ukrainienne s’est effondrée de 14,7 % sur un an au deuxième trimestre 2015 , selon les chiffres publiés vendredi 14 août par le service national de la statistique. La richesse nationale avait déjà chuté de 17,2 % de janvier à mars.La situation est bien pire que l’an dernier, quand, malgré la crise avec la Russie et l’annexion par celle-ci de la Crimée, le PIB n’avait cédé « que » 4,5 % au deuxième trimestre.La banque centrale ukrainienne prévoit une contraction de 9,5 % du produit intérieur brut (PIB) sur l’ensemble de 2015 après - 6,8 % en 2014.Négociation pour restructurer la detteCes résultats catastrophiques tombent alors que Kiev négocie depuis trois jours pour restructurer sa dette afin d’éviter le défaut de paiement, qui pourrait avoir lieu dès le 2 septembre. La ministre des finances, Natalie Jaresko, s’est déplacée à San Francisco pour négocier avec les principaux créanciers de l’Ukraine, des institutions financières américaines.L’ancienne république soviétique a obtenu un plan d’aide de 40 milliards de dollars de ses alliés occidentaux, Fonds monétaire international (FMI) en tête, mais ce programme comprend un effort de 15,3 milliards de dollars auquel doivent consentir les créanciers privés de Kiev. Or, ces derniers rejettent depuis des semaines les conditions de la restructuration proposées par les autorités ukrainiennes.Lire aussi :L’Ukraine s’enfonce dans la crise financière 14.08.2015 à 11h38 • Mis à jour le14.08.2015 à 11h48 Combien coûtera l’annulation de la vente de deux navires de guerre Mistral à la Russie ? Le Canard enchaîné, qui avait calculé une facture totale de 2 milliards d’euros, a vu ses chiffres démentis, vendredi 14 août, par le ministre des finances, Michel Sapin. « C’est inexact, ça arrive d’ailleurs au Canard de dire des choses inexactes » a-t-il déclaré sur France Inter. « Ce sont des chiffres inférieurs à un milliard », a-t-il précisé.« Tous les chiffres seront donnés, ils seront totalement transparents », a encore promis M. Sapin, qui a confirmé que le Parlement serait saisi de ce dossier à la rentrée, mi-septembre. « Vous aurez tous les chiffres qui seront donnés aux parlementaires lorsque le traité [l’accord entre Paris et Moscou pour résoudre la question des Mistal] sera adopté », a-t-il assuré, précisant que ce texte sera d’abord « adopté en conseil des ministres d’ici à la fin août ».« C’est une décision politique qui était indispensable, nous ne pouvions pas livrer du matériel militaire à un pays qui aujourd’hui viole les règles internationales en occupant une partie de l’Ukraine, en annexant des territoires d’un autre pays. »Remboursé « intégralement »Paris et Moscou sont parvenus la semaine dernière à un accord sur l’épineux dossier des navires Mistral, dont la livraison à la Russie avait été suspendue en raison de la crise ukrainienne : Paris en récupérera la « pleine propriété » après avoir « intégralement » remboursé Moscou.Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, avait déjà indiqué que le montant exact de la somme versée par la France à la Russie serait inférieur au prix d’achat initial de 1,2 milliard d’euros. Le président François Hollande avait confirmé que « le Parlement français serait saisi d’un projet de loi pour ratifier cet accord » et que « les chiffres très précis seraient dans le document parlementaire ».Cette semaine, le Canard enchaîné a affirmé que la facture grimperait à deux milliards en ajoutant au remboursement du prix des deux navires une série de coûts annexes, dont le paiement par l’Etat de la marge du chantier naval DCNS, les frais d’adaptation et de gardiennage des navires, ou encore l’annulation du contrat de maintenance passé avec la Russie. 14.08.2015 à 06h45 • Mis à jour le14.08.2015 à 15h36 | Marie Charrel Un ultime Eurogroupe pour sauver la Grèce ? Vendredi 14 août, les ministres des finances de la zone euro se réunissent pour valider, ou non, le troisième programme d’assistance à Athènes, de près de 85 milliards sur trois ans. L’enjeu est de taille. Et le calendrier serré : le 20 août, le pays doit en effet rembourser 3,5 milliards d’euros à la Banque centrale européenne (BCE). Sans nouvelle aide, il risque de faire défaut.En théorie, l’Eurogroupe devrait donner son feu vert sans difficulté. Mardi 11, le gouvernement d’Alexis Tsipras et ses créanciers, la BCE, le Fonds monétaire international (FMI), le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Commission européenne, ont en effet conclu un accord « technique » sur le plan. Les négociations se sont déroulées dans une ambiance étonnamment cordiale.Lire aussi :La course contre la montre d’Alexis TsiprasUne longue série de réformesEn échange d’une nouvelle aide, Athènes s’est engagé à adopter une longue série de réformes, que les parlementaires Grecs ont voté vendredi matin. Et ce, en dépit de la révolte de l’aile gauche de Syriza, le parti de M. Tspiras, au bord de la scission.Dans ces conditions, l’Eurogroupe n’a aucune raison de ne pas valider l’accord. Seulement voilà : l’Allemagne hésite. Wolfgang Schäuble, son ministre des finances, a fait savoir qu’il soulèverait de nombreuses « questions » lors de la réunion. Il s’inquiète de la soutenabilité de la dette grecque et veut s’assurer que le FMI, silencieux ces derniers jours, restera impliqué dans le pays. La chancelière Angela Merkel est dans une situation délicate. Une partie des députés allemands sont réticents à aider encore Athènes. Pour les calmer, elle aurait préféré que la Grèce bénéficie d’un prêt-relais pour passer l’échéance du 20 août. Et que les négociations se prolongent.Les hésitations allemandes peuvent-elles faire échouer l’Eurogroupe ? Possible. Mais peu probable. Berlin ne prendrait en effet pas le risque d’être la seule capitale de la zone euro à s’opposer à l’accord. La Finlande, l’autre pays méfiant à l’égard du gouvernement Tsipras, a en effet déjà fait savoir qu’elle le soutenait.Si la journée de vendredi se déroule sans encombre, plusieurs parlements nationaux, notamment en Allemagne, au Pays-Bas et en Espagne, devront encore donner leur blanc-seing, en début de semaine prochaine, pour qu’Athènes puisse toucher une première tranche d’aide avant le 20 août. M. Tsipras pourra alors souffler. Mais pas pour longtemps : il devra, dès lors, gérer la fronde au sein de son propre parti…Lire aussi :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciersLa Commission confiante, Schäuble aussiLa Commission européenne s’est dite confiante dans l’approbation par les ministres des finances de l’Eurogroupe du plan d’aide, trouvant « encourageant le vote sans appel ce matin par le Parlement grec ».Le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, s’est quant à lui montré plus réservé, se refusant à « spéculer » sur l’issue de la réunion. Il a estimé que la question de la « confiance politique » avec la Grèce était « encore sur la table ».Enfin, le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, a assuré vendredi 14 août après-midi qu’il était « confiant dans le fait que nous allons aboutir à un résultat aujourd’hui ». « Si nous ne trouvons pas de solution aujourd’hui, nous devrions mettre en place un prêt-relais », a-t-il toutefois ajouté.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.08.2015 à 08h48 • Mis à jour le20.08.2015 à 10h42 La police antiterroriste stambouliote a mené une vaste opération, jeudi 20 août à l’aube, contre les milieux d’extrême gauche, au lendemain d’une fusillade devant les bureaux du premier ministre, ont rapporté les médias locaux.Plusieurs suspects ont été arrêtés dans les descentes de police effectuées à Sariyer et Baltalimani, deux districts de la rive européenne de la ville, a indiqué l’agence de presse Dogan.İstanbul'da operasyon http://t.co/yoL6Rsesaj http://t.co/Mxa8bkU7Ne— solhaberportali (@soL Haber Portalı)require(["twitter/widgets"]);Attaque revendiquée par un groupe d’extrême gaucheL’opération visait le groupe d’extrême gauche DHKP-C (Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple), qui a revendiqué l’attaque contre le consulat américain à Istanbul, le 9 août, et celle de mercredi contre des policiers en faction devant un palais ottoman d’Istanbul, lieu touristique, au bord du Bosphore. Deux hommes armés ont été arrêtés juste après la fusillade, qui n’a pas fait de blessé, en possession de grenades et de fusils automatiques selon les services du gouverneur.Le palais abrite les bureaux du premier ministre islamo-conservateur, Ahmet Davutoglu, qui a échoué à former un gouvernement de coalition à l’issue des élections législatives de juin. Selon les médias officiels, la commission électorale a d’ailleurs proposé la date du 1er novembre pour des législatives anticipées.Lire aussi :La Turquie s’adresse au PKK : « C’est soit les armes, soit la démocratie » 20.08.2015 à 06h48 • Mis à jour le20.08.2015 à 12h05 | Eric Albert (Londres, correspondance) Le gouvernement britannique veut accélérer l’exploration du gaz de schiste. Frustré par les nombreuses difficultés rencontrées jusqu’à présent, si bien qu’aucun forage n’est en cours depuis trois ans, il multiplie les coups de pouce pour tenter de lancer cette industrie.Mardi 18 août, il a accordé 27 licences d’exploration supplémentaires, essentiellement dans le nord de l’Angleterre : 2 700 kilomètres carrés qui peuvent potentiellement être forés, en utilisant la technique controversée et polluante de la fracturation hydrau­lique. Engie (ex-GDF Suez) et Total font partie des entreprises qui en bénéficient. Cent trente-deux autres licences sont à l’étude et une attribution est attendue d’ici à la fin de l’année.Cette décision fait suite à l’annonce, le 12 août, de mesures d’accélération des procédures d’autorisation pour les forages. Furieux contre les collectivités locales qui prennent souvent plus d’un an pour accorder leur feu vert, nécessaire en plus des licences, le ­gouvernement britannique entend se saisir de tous les dossiers qui dépassent quatre mois. Selon le ministère de l’énergie, le gaz de schiste est une « priorité ­nationale ».« Il faut que l’on avance », explique Nicholas Bourne, le sous-secrétaire d’Etat à l’énergie. Selon lui, cette ressource est indispensable. « Garder les lumières allumées et fournir de l’énergie à notre économie ne sont pas négociables. »Politiquement explosifVoilà des années que David Cameron, le premier ministre britannique, vante le gaz de schiste. Il rêve de connaître au Royaume-Uni une révolution similaire à celle des Etats-Unis, où les prix des ­hydrocarbures se sont effondrés et où l’indépendance énergétique est à portée. Pourtant, depuis 2012, c’est la panne sèche.Pour l’industrie, les problèmes ont commencé avec une série de petites secousses sismiques au printemps 2011 près de Blackpool, dans le nord-ouest du pays. En cause : la fracturation hydrau­lique utilisée dans un forage d’exploration par l’entreprise britannique Cuadrilla. L’année suivante, un moratoire a été instauré en attendant d’en savoir plus.S’il a rapidement été levé, après l’imposition de quelques mesures de précaution supplémentaires, un virage psychologique a été pris. Quand une autorisation de forage a été demandée en 2013 à Balcombe, dans les prospères campagnes du sud de l’Angleterre, toujours par Cuadrilla, la popu­lation s’y est massivement opposée. Une coalition hétéroclite de conservateurs inquiets pour leurpaysageet de militants écolo­gistes s’est formée pour bloquer le projet.Désormais, le sujet est politiquement explosif. Les opposants au gaz de schiste sont passés de 29 % à 43 % en dix-huit mois au Royaume-Uni, tandis que seuls 32 % des personnes sondés se disent en sa faveur. Fin juin, les partisans de la fracturation hydraulique ont essuyé un nouveau revers. Le comté du Lancashire a surpris tout le monde en rejetant une demande de forage, une ­nouvelle fois provenant de Cuadrilla, en raison du bruit et de l’impact visuel des travaux qui en découleraient. Pourtant, son ­comité ­technique s’était prononcé favorablement.Réserves potentiellement énormesLes compagnies pétrolières n’ont cependant pas dit leur dernier mot. « Nous sommes prêts à patienter quelques années si c’est le temps nécessaire pour convaincre », confie une source d’une multinationale pétrolière. Une bonne douzaine d’entreprises mènent actuellement des études préparatoires en vue d’exploiter du gaz de schiste au Royaume-Uni.Ineos, un groupe pétrochimique britannique – basé en Suisse pour des raisons fiscales –, est l’une d’entre elles. Il a obtenu trois licences supplémentaires mercredi et espère commencer ses ­forages dès 2016. « C’est vrai que ça a été difficile, mais les récentes annonces du gouvernement montrent qu’on a passé un cap », veut croire Patrick Erwin, son directeur commercial. Total, qui est un partenaire sur plusieurs projets, vise lui aussi un forage dès 2016 et un début de production en 2018.Si les entreprises restent mobilisées, c’est que les réserves sont potentiellement énormes. Le Bowland, un bassin géologique au nord de l’Angleterre, renfermerait à lui seul 38 000 milliards de mètres cubes de gaz de schiste. Même si seulement 10 % pouvaient être exploités (l’estimation des entreprises), cela resterait suffisant pour fournir quarante années de consommation de gaz à l’ensemble du pays.Ces statistiques ne sont pas fiables et il faudra attendre les premiers forages pour les vérifier, mais elles font rêver le gouvernement britannique, qui œuvre de toutes ses forces à débloquer la ­situation. De quoi provoquer la colère des opposants : « C’est le coup d’envoi d’une lutte pour l’avenir de nos campagnes, estime Daisy Sands, de Greenpeace. Des centaines de batailles vont apparaître à travers le pays pour défendre les paysages ruraux de la pollution, du bruit et des derricks. »Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.08.2015 à 14h34 • Mis à jour le20.08.2015 à 01h26 Des coups de feu ont été entendus mercredi 19 août à Istanbul, en Turquie, devant le palais de Dolmabahçe, où se trouvent des bureaux du premier ministre, ont annoncé des médias locaux. Cet édifice de l’ère ottomane est aussi un site touristique, sur la rive européenne de la ville, près de la tour de Galata.Selon de premières informations, l’attaque n’a fait ni mort ni blessé. La police a interpellé les deux assaillants et des ambulances ont été dépêchées sur les lieux de la fusillade alors que la police a bouclé les rues avoisinantes, précise le journalHürriyet.Le premier ministre, Ahmet Davutoglu, ne se trouvait pas dans le palais stambouliote, mais à Ankara, où il a annoncé mardi qu’il renonçait à former un nouveau gouvernement, ouvrant la voie à des élections législatives anticipées.Lire aussi :La Turquie, sans gouvernement, s’enfonce peu à peu dans la violenceUne série d’attentats meurtriersCette nouvelle attaque survient plus d’une semaine après une série d’attentats qui ont ciblé Istanbul et des villes du sud-est du pays, tuant six membres des forces de sécurité. A Istanbul, l’attaque du consulat américain avait été revendiquée par un groupe d’extrême gauche (DHKP-C, Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple), et celle d’un poste de police à Sultanbeyli (sur la rive asiatique) par les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).Les tensions entre les insurgés kurdes et Ankara sont à leur comble dans le sud-est du pays depuis l’offensive militaire turque lancée le 24 juillet.Lire :Erdogan met le processus de paix avec le PKK « au frigo »A la suite de l’attentat-suicide de Suruç, qui a causé la mort de trentre-trois jeunes gens proches de la cause kurde et a été attribué à l’organisation Etat islamique (EI), la Turquie a lancé une « guerre contre le terrorisme » sur deux fronts, ciblant à la fois les djihadistes de l’EI et les rebelles du PKK.Huit soldats turcs tués dans une attaque du PKKHuit soldats turcs ont été tués, mercredi 19 août, dans une attaque survenue dans la province de Siirt, dans le sud-est de la Turquie, et attribuée aux rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a annoncé l’agence de presse progouvernementale Anatolie.Une bombe a explosé au passage d’une patrouille militaire dans une zone rurale du district de Pervari. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière contre l’armée turque depuis qu’Ankara a lancé une vaste offensive contre la guérilla kurde, en juillet. 19.08.2015 à 06h49 • Mis à jour le19.08.2015 à 20h52 | Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Pour remercier la chancelière de l’accueil que lui avait réservé l’Allemagne en janvier, une Ghanéenne a décidé de prénommer sa petite dernière, née en février, Angelamerkel. Une initiative acceptée par les services sociaux de la ville d’Hanovre où la famille est hébergée. Il n’est pas certain que la chancelière apprécie cet hommage et la publicité qui lui est ainsi faite. Son pays a en effet de plus en plus de mal à gérer les demandes d’asile dont l’augmentation est spectaculaire.Après avoir dû faire face à plus de 200 000 demandes d’asile en 2014 – un record depuis 1993 –, l’Allemagne s’attendait initialement à un doublement de ce nombre cette année. En fait, selon de nouvelles estimations fournies mercredi 19 août par le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, ces prévisions seront très largement dépassées. Il évalue à 800 000 le nombre de migrants qui pourraient cette année tenter leur chance en Allemagne. Si un grand nombre vient de Syrie, d’Irak ou d’Afghanistan, une part importante – plus de 80 000 au premier semestre – vient des Balkans.Lire aussi :Le centre de la Havel, havre menacé dans les bois berlinoisLes Etats-régions, qui doivent accueillir ces réfugiés selon une clé de répartition élaborée il y a plusieurs décennies, sont débordés. « Chaque jour, 500 réfugiés arrivent dans le Bade-Wurtemberg. Nous devons chaque jour construire un immeuble pour les héberger », résume Bilkay Öney, la ministre (sociale-démocrate) chargée de l’intégration dans ce Land du sud-ouest du pays. Après avoir reconverti certaines casernes, les Etats-régions multiplient les acquisitions de containers spécialement aménagés mais peuvent de moins en moins éviter d’héberger des réfugiés dans de simples tentes.Liste de « pays sûrs »Thomas de Maizière a provoqué une polémique en proposant que les réfugiés venant de pays sûrs qui, durant un trimestre, perçoivent 143 euros d’« argent de poche » par mois, reçoivent désormais des prestations en nature, moins incitatives. Une suggestion contre laquelle s’est insurgée sa collègue sociale-démocrate chargée de la famille, Manuela Schwesig. Dimanche 16 août, dans son interview de rentrée accordée à la chaîne ZDF, Mme Merkel a jugé que l’afflux des réfugiés et les questions humanitaires, mais aussi diplomatiques et géostratégiques qu’il soulève « vont nous occuper bien davantage que la question de la Grèce et celle de la stabilité de l’euro ». A ses yeux, « le thème de l’asile pourrait être le prochain grand projet européen ». Jugeant la situation actuelle « absolument non satisfaisante », la chancelière a dit en avoir parlé à Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne.Lire aussi :Royaume-Uni : après Calais, le soulagement puis l’attenteEn juillet, les Européens se sont mis d’accord pour réinstaller 22 500 réfugiés syriens vivant actuellement dans des pays du Proche-Orient (Liban, Jordanie). Ils ne sont, également, parvenus à s’entendre que sur la répartition volontaire de 32 256 demandeurs d’asile arrivés en Grèce et en Italie, deux pays qui n’arrivent plus à faire face à la situation. Un chiffre dérisoire face à l’ampleur des arrivées. La chancelière voudrait qu’au moins l’Union européenne se mette d’accord sur une liste des « pays sûrs » dont les citoyens ne seraient pas admis à obtenir un droit d’asile dans l’Union européenne. Le débat est très sensible en Allemagne. En 2014, le pays a jugé que trois Etats des Balkans (Serbie, Macédoine et Bosnie-Herzégovine) étaient « sûrs ». La CDU voudrait également classer le Monténégro, le Kosovo et l’Albanie dans cette catégorie mais les Verts, dont l’accord est indispensable, s’y refusent pour l’instant.Angela Merkel a également dit vouloir parler des réfugiés avec François Hollande. Depuis, le calendrier s’est précisé. Après avoir rencontré Theresa May, son homologue britannique, jeudi, pour traiter de la situation des réfugiés à Calais, Bernard Cazeneuve, ministre français de l’intérieur, se rendra à Berlin le soir. Surtout, le président français devrait évoquer ce sujet lundi 24 août avec la chancelière en marge d’un déplacement à Berlin essentiellement consacré à la situation en Ukraine.Un plan franco-allemandLe ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, a indiqué mardi quatre sujets qui pourraient constituer les grands axes d’un plan franco-allemand. Il s’agirait tout d’abord de créer des « points d’enregistrement » (hot spots) là où les réfugiés arrivent. Certains pays comme l’Italie ou la Hongrie sont soupçonnés de ne pas tout mettre en œuvre pour accomplir ces formalités. De son côté, la Grèce semble réellement incapable de faire face à cette responsabilité.Deuxièmement, des procédures accélérées devraient être mises en place afin que ceux qui n’obtiennent pas l’asile repartent effectivement et rapidement. En Allemagne, Mme Merkel a reconnu qu’on ne pouvait plus travailler en « mode normal ». Le pays rappelle des retraités ou fait appel à des fonctionnaires d’autres administrations pour venir en aide aux services d’immigration. Troisième axe : aider les pays de transit sur la route de l’UE à lutter contre les filières clandestines. La France pense surtout à la Libye et au Niger, l’Allemagne aux Balkans. Quatrième axe : à plus long terme, aider au développement des pays de départ afin de tarir le flux à la source.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.08.2015 à 13h15 • Mis à jour le18.08.2015 à 17h01 Entre le 8 et le 14 août, 20 843 migrants sont arrivés en Grèce, a annoncé, mardi 18 août, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Ce nombre représente près de 50 % des arrivées de migrants par la mer en Grèce au cours de toute l’année 2014. Pour le seul mois de juillet, il y en a eu 50 242, soit plus que les 43 500 personnes arrivées sur toute l’année 2014.Concernant les migrants arrivés la semaine dernière, la grande majorité venait de Syrie (82 %) ; 14 % sont des Afghans, 3 % sont des Irakiens. Le HCR relève que le « rythme des arrivées ne fait qu’augmenter ces dernières semaines » et qu’une « grande majorité de ces arrivants devraient recevoir le statut de réfugiés ».Profitant de bonnes conditions estivales, les personnes qui tentent de traverser la mer Egée en direction des rives européennes sont de plus en plus nombreuses. Entre Bodrum, ville balnéaire turque, et l’île de Kos, elles payent plus de 1 000 dollars (900 euros) pour emprunter l’un des plus courts passages entre la Turquie et l’Europe sur des petites embarcations ou des canots pneumatiques. La Turquie avait, de son côté, recensé près de 18 300 migrants secourus en mer Egée entre le 17 juillet et le 17 août.Depuis des mois, le HCR a lancé des avertissements concernant la crise grandissante des réfugiés sur les îles grecques. Il demande ainsi d’urgence le renforcement des structures d’accueil sur les îles et dans le reste du pays. Il « recommande aux autorités grecques de mettre en place une structure unique chargée de coordonner la réponse d’urgence » à cette crise et de « mettre en place un mécanisme d’assistance humanitaire adéquat ». L’île de Kos au centre des trajets L’île de Kos, située à environ 20 kilomètres des côtes turques, est la principale destination de ces réfugiés venus du Moyen-Orient ou de l’Extrême-Orient. D’une superficie de 287 kilomètres carrés, elle compte 33 000 habitants et des touristes estivaux, mais manque de structures d’accueil.Les réfugiés y dorment dans des tentes ou des abris de fortune dans les parcs, les rues, sur les quais et les plages. Plusieurs jours, voire parfois plusieurs semaines, sont nécessaires pour qu’ils puissent s’enregistrer auprès de la police grecque afin d’obtenir le laissez-passer leur permettant de poursuivre leur voyage vers Athènes et d’autres pays européens.Environ 2 000 personnes demeurent dans des conditions extrêmement précaires, selon l’ONG Médecins sans frontières (MSF), la seule présente sur l’île. Parmi elles, « de nombreuses familles avec des bébés et de jeunes enfants, faisant la queue sous un soleil de plomb, par 32 °C (…) sans aucune installation sanitaire, sans ombre et sans abri », contraintes d’« escalader des grillages pour acheter de l’eau ».Selon les statistiques de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), près de 250 000 personnes ont traversé la Méditerranée cette année pour gagner l’Europe. Ils sont plus de 2 000 hommes, femmes et enfants à avoir perdu la vie en mer depuis janvier.L’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures (Frontex) a pour sa part publié des chiffres impressionnants. Pour le seul mois de juillet, 107 500 migrants ont été recensés aux frontières européennes, soit trois fois plus que lors du même mois l’an passé. C’est la première fois depuis 2008, année où Frontex a commencé à établir ces relevés, que la barre de 100 000 migrants en un mois est dépassée.La Commission européenne a approuvé, au début d’août, le déblocage d’une aide de 2,4 milliards d’euros sur six ans pour aider les pays européens à faire face à l’arrivée croissante de migrants sur leur territoire. La Grèce a obtenu une aide de 474 millions d’euros.Lire le reportage :En Grèce, l’île de Kos débordée par les migrants 17.08.2015 à 18h15 Les combats dans l’est de l’Ukraine redoublent de violence, six mois après la trêve signée entre les autorités ukrainiennes et les séparatistes prorusses. Dix personnes, dont huit civils, ont été tuées en vingt-quatre heures dans la zone de conflit, selon un bilan établi lundi 17 août par l’AFP, une semaine après une précédente offensive meurtrière.Lire aussi :Ukraine : violents affrontements dans le DonbassLes autorités ukrainiennes ont annoncé la mort de trois civils et deux soldats dans la zone qu’elles contrôlent. Un couple a notamment succombé à des tirs de rebelles à Sartana, près de Marioupol, ville portuaire stratégique tenue par Kiev et convoitée ouvertement par les séparatistes. Ces derniers ont fait état de cinq morts dans deux localités sous contrôle des prorusses.La Russie accuse Kiev de préparer une « action militaire »La trêve signée le 12 février sous l’égide de la France, de l’Allemagne et de la Russie n’a jamais permis de faire cesser totalement les combats, qui ont fait plus de 6 800 morts depuis le début du conflit il y a seize mois. Les affrontements se sont toutefois intensifiés ces derniers jours.La Russie, par la voix de son ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov, a accusé lundi l’armée ukrainienne de préparer une offensive dans l’est de l’Ukraine :« Nous sommes inquiets du cours qu’ont pris les événements ces derniers jours, qui ressemblent très fortement à la préparation d’une action militaire. »Kiev craint au contraire une nouvelle offensive séparatiste autour du 24 août, jour anniversaire de l’indépendance de l’Ukraine, et dénonce la provocation du président Vladimir Poutine, qui s’est déplacé lundi en Crimée pour faire la promotion du tourisme dans ce territoire annexé par la Russie en mars 2014.L’Allemagne juge la situation « explosive »De son côté, l’Union européenne a « condamné la récente escalade des affrontements ». « Le plus important est que les deux parties respectent pleinement le cessez-le-feu et prennent toutes les mesures appropriées pour protéger les civils », a déclaré la porte-parole de la Commission européenne Catherine Ray.Les négociations de paix qui se poursuivent à Minsk avec la médiation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ne semblent pas avancer. Le ministre allemand des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a déclaré dimanche dans Bild que la situation était « explosive » et que « si les deux parties ne reviennent pas au processus de paix, une nouvelle escalade militaire [pouvait] se déclencher à tout moment ». 25.08.2015 à 12h46 • Mis à jour le25.08.2015 à 13h42 « Si vous êtes ici illégalement, nous prendrons des mesures pour vous empêcher de travailler, de louer un appartement, d’ouvrir un compte en banque ou de conduire une voiture. » James Brokenshire, secrétaire d’Etat à l’immigration en Grande-Bretagne, a lancé une nouvelle charge contre les sans-papiers installés sur le territoire britannique, mardi 25 août.Le ministre continuait de présenter les mesures qui figureront dans le projet de loi sur l’immigration, prévu pour l’automne et destiné à durcir la répression de l’immigration illégale, l’une des principales préoccupations du gouvernement de David Cameron.Lire aussi :Des policiers britanniques déployés à Calais pour lutter contre les passeursSaisie des salairesAprès avoir annoncé un renforcement de la surveillance des frontières, des mesures de répression des propriétaires louant un logement à des clandestins ou encore une facilitation de l’expulsion de ces derniers de leur logement, M. Brokenshire a cette fois détaillé les mesures visant les travailleurs clandestins, non seulement les sans-papiers mais aussi ceux qui les emploient.Les travailleurs illégaux pourraient, si le texte est adopté en l’état, s’exposer à une peine de six mois de prison et à une amende illimitée. Le gouvernement avait également annoncé que les salaires perçus dans le cadre d’une activité illégale pourraient être saisis.« Cela signifie qu’au lieu d’être conduits dans des centres de rétention, les migrants illégaux iront devant la justice, puis en prison », indique le Telegraph.Lire aussi :Comment fonctionne la politique migratoire entre le Royaume-Uni et la France ?Les patrons également menacésPoursuivant son entreprise de dissuasion des citoyens britanniques de traiter avec des clandestins, le secrétaire d’Etat à l’immigration a également annoncé des mesures sévères visant les employeurs qui auraient recours à de la main-d’œuvre illégale. Certaines entreprises telles que les pubs, les commerces et les restaurants de vente à emporter qui emploieraient des travailleurs sans papiers s’exposeront ainsi au retrait de leur licence. « Toute entreprise qui emploierait régulièrement des migrants illégaux sera sujette à une fermeture de quarante-huit heures pendant que la police des frontières enquêtera », ajoute encore le Financial Times.Selon la BBC, la législation pour d’autres types d’entreprises devrait aussi changer. « Ils ne pourront plus prétendre qu’ils ne savaient pas que l’un de leurs employés n’était pas autorisé à travailler, car ils devront fournir la preuve qu’ils avaient bien effectué les vérifications qui s’imposent avant de les engager », explique le site britannique. Il ajoute que la peine maximale pour les employeurs ayant recours à de la main-d’œuvre illégale pourrait passer « de deux à cinq ans de prison, en plus des amendes déjà en vigueur ». Ces mesures visant à créer un « environnement hostile » pour les sans-papiers en Grande-Bretagne sont dévoilées alors que Londres s’apprête à découvrir « une nouvelle série de chiffres embarrassants sur l’immigration, qui doivent être rendus publics jeudi », note le Guardian.En 2014, le solde migratoire s’est établi à 318 000 personnes, soit 50 % de plus qu’en 2013, alors que David Cameron avait promis en 2010 de limiter le nombre net d’immigrants légaux à quelques dizaines de milliers par an.Lire aussi :Dans le Kent, les services sociaux sous pression face à l’afflux de migrants 25.08.2015 à 10h35 • Mis à jour le25.08.2015 à 14h47 « Wikipédia a commencé à être bloqué en Russie. Savoir quoi faire avant qu’il ne soit trop tard. » Sur la page d’accueil de la version russe de Wikipédia, les internautes étaient accueillis, ces 24 et 25 août, par ce bandeau, qui renvoie vers une liste de ressources pour naviguer anonymement et contourner les systèmes de censure, comme le logiciel Tor.Le régulateur russe du Web, le Roskomnadzor, avait annoncé qu’en raison de la présence d’une page donnant, selon elle, des indications sur la manière de préparer une drogue à base de cannabis, elle avait demandé aux fournisseurs d’accès à Internet du pays de bloquer cette page. Mais Wikipédia utilisant le protocole de sécurisation https sur toutes ses pages, le régulateur affirme ne pas avoir d’autre choix que de bloquer l’ensemble du site si la page n’est pas retirée – ce que Wikipédia s’est refusé à faire, arguant que son contenu n’était pas contraire à la loi.Le régulateur russe a finalement fait marche arrière, après de vives protestations en Russie. Mardi midi, Wikipédia a été retirée de la liste des sites sujet à un blocage. Selon les constatations du Monde, cette volte-face est intervenue avant que le blocage soit effectif.Dans un premier temps, Wikipédia avait renommé la page visée par la censure russe, et édité en partie son texte pour préciser que la consommation de drogues est dangereuse pour la santé et interdite en Russie. Des modifications suffisantes, a jugé le Roskomnadzor, pour lever la menace de blocage.Menaces régulières contre WikipédiaLe responsable de la fondation Wikimedia en Russie, Stanislav Kozlovskiy, avait estimé que le blocage serait rapidement mis en place. « Mais nous n’allons pas cesser d’utiliser le protocole https pour faciliter le travail de censure du Roskomnadzor », a-t-il déclaré au Washington Post.Les autorités russes ont menacé à plusieurs reprises de bloquer l’accès à tout ou partie de l’encyclopédie en ligne depuis 2012 et l’entrée en vigueur d’une loi donnant au Roskomnadzor de larges pouvoirs de censure administrative – c’est-à-dire sans décision judiciaire. Mais c’est la première fois que l’ordre est envoyé aux fournisseurs d’accès à Internet de bloquer Wikipédia.A la mi-août, les autorités russes avaient bloqué temporairement l’accès au forum Reddit. Le Roskomnadzor accusait le site d’héberger une page en russe donnant un mode d’emploi pour la culture de champignons hallucinogènes. La page, vieille de plus de deux ans, avait finalement été supprimée de Reddit.Lire aussi :La Russie bloque puis débloque le site Reddit 25.08.2015 à 06h56 • Mis à jour le25.08.2015 à 09h11 Un millier de migrants ont poursuivi leur marche vers l’Europe occidentale en entrant en Hongrie, lundi 24 août dans la soirée. Au moins un millier de personnes venant de Serbie, parmi lesquelles de nombreux Syriens fuyant les combats dans leur pays, ont franchi la frontière hongroise en longeant une voie ferrée transfrontalière, près du village hongrois de Röszke. Cette arrivée intervient quelques jours avant l’achèvement de l’installation de la barrière destinée à empêcher l’entrée des migrants, annoncé pour le 31 août 2015 par le gouvernement hongrois.Lire aussi :Migrants et réfugiés : Europe, réveille-toi !Le groupe de migrants est arrivé à un passage de la frontière qui n’était pas encore clôturé. Ils ont été accueillis par la police hongroise, qui les a escortés vers un centre d’enregistrement proche, selon l’agence officielle MTI. Ces migrants font partie des milliers de personnes passées par la Grèce puis la Macédoine. Ce dernier a vainement tenté en fin de semaine dernière de les endiguer.Lire aussi :La Macédoine, débordée, ouvre sa frontièreTandis que Budapest prévoit de voter une loi en septembre destinée à criminaliser les passages illégaux de la frontière et toute tentative de franchir la clôture, le ministre de l’intérieur hongrois a donné son feu vert, lundi 24 août, au déploiement d’unités spéciales de police ayant pour mission d’intercepter les migrants. La barrière destinée à endiguer le flux de réfugiés construite par la Hongrie est haute de quatre mètres et prévue sur les 175 km de la frontière avec la Serbie.Hollande et Merkel appellent à « une réponse unifiée »Au même moment, à Berlin, le président François Hollande et la chancelière Angela Merkel plaidaient pour une réponse « unifiée » de l’Union européenne à l’afflux sans précédent de réfugiés sur le continent. « Nous devons mettre en œuvre un système unifié de droit d’asile », a lancé le chef de l’Etat français devant la presse aux côtés de la chancelière, soulignant qu’il s’agissait d’une « situation exceptionnelle qui [allait] durer ». Mme Merkel a quant à elle relevé que si l’Union européenne a « de manière globale un même droit d’asile », tous les pays européens doivent le mettre en application « le plus rapidement possible ».Après sa réunion avec Mme Merkel, François Hollande a qualifié d’« indispensable » l’« accélération de la mise en place de centres d’accueil en Italie et en Grèce ». Il a également demandé à ce que soit faite une « distinction entre les personnes qui viennent en tant que demandeurs d’asile et celles qui viennent en migration ».En dehors des Balkans, les garde-côtes italiens ont coordonné le sauvetage de 4 400 migrants en Méditerranée pour la seule journée de samedi, tandis que les autorités grecques se montrent complètement débordées par l’afflux de réfugiés syriens sur l’île touristique de Kos.Opposition violente en AllemagneEn Allemagne, un nombre record de 800 000 demandes d’asile est attendu pour cette année, si bien que le pays peine à assurer l’accueil de tous. Le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, voyant dans cette arrivée sans précédent de migrants « le plus grand défi de l’Allemagne depuis la réunification » du pays, s’est montré virulent dimanche à l’encontre du manque de réaction des pays européens. « L’Europe est d’une certaine façon dans un sommeil profond », a-t-il déclaré à la télévision publique, considérant comme une « énorme honte » le fait que « la majorité des Etats membres dise que “cela ne nous concerne en rien” ».Vendredi à Heidenau, dans la Saxe, alors qu’une ancienne grande surface reconvertie en foyer d’accueil devait recevoir ses premiers réfugiés, plusieurs centaines de personnes ont répondu à l’appel du parti néonazi NPD et tenté de s’opposer à cette ouverture, s’en prenant parfois violemment aux forces de l’ordre.Angela Merkel, critiquée pour son silence face à ce type de heurts, a dénoncé ces « abjectes » violences d’extrême droite. La chancelière ne tolère pas que les réfugiés soient accueillis en Allemagne par des « slogans haineux et des braillards ivres », a rapporté son porte-parole, Stefan Seibert. 24.08.2015 à 22h55 La Russie doit indemniser les Pays-Bas pour les dommages subis à la suite de l’arraisonnement en 2013 du navire de Greenpeace Arctic Sunrise, battant pavillon néerlandais, pour une action ciblant une plateforme pétrolière, a estimé lundi 24 août la Cour permanente d’arbitrage (CPA), juridiction internationale tranchant des différends entre Etats, personnes privées et ONG.« Le tribunal a conclu que les Pays-Bas ont droit à des dommages et intérêts en réparation des préjudices matériels subis par l’Arctic Sunrise et des préjudices matériels et immatériels subis par les 30 membres d’équipage », a indiqué la CPA dans un communiqué.La procédure d’arbitrage avait été initiée par les Pays-Bas, mais la Russie avait pour sa part indiqué ne pas vouloir y participer. Le montant de l’indemnisation sera déterminé plus tard, a précisé la cour, publiant un jugement qui avait déjà été rendu le 14 août. La CPA a soutenu que Moscou n’avait pas respecté la Convention de l’ONU sur le droit de la mer :« En arraisonnant, perquisitionnant, inspectant, arrêtant, saisissant et immobilisant l’“Arctic Sunrise” sans le consentement préalable des Pays-Bas, et en arrêtant, détenant et engageant une procédure judiciaire à l’encontre des 30 membres d’équipage, la Russie a manqué à ses obligations envers les Pays-Bas. »Accusés de piraterie, de vandalisme avant d’être libérésLes 30 membres d’équipage de l’Arctic Sunrise, parmi lesquels 26 étrangers, avaient été arrêtés en septembre 2013 après une action ciblant une plateforme pétrolière du russe Gazprom dans la mer de Barents. Accusés de piraterie puis de vandalisme, ces activistes protestant contre l’exploitation des hydrocarbures dans la zone fragile de l’Arctique avaient finalement été libérés et amnistiés.Lire les portraits (édition abonnés) : Les "30", un équipage aux 18 nationalités et aux motivations multiplesL’Arctic Sunrise est quant à lui resté bloqué près d’un an à Mourmansk (au nord-ouest de la Russie) avant de pouvoir rentrer aux Pays-Bas. La plateforme visée par Greenpeace se trouvait dans la zone économique exclusive de la Russie, et non dans ses eaux territoriales.Le ministre des affaires étrangères néerlandais, Bert Koenders, a salué le jugement, soutenant que la décision « implique que l’arraisonnement du bateau était injuste et que l’arrestation de l’équipage était injuste ».Les relations entre les Pays-Bas et la Russie ont été émaillées par plusieurs événements ces deux dernières années. Parmi eux, l’arraisonnement de l’Arctic Sunrise, mais aussi le crash d’un Boeing 777 abattu en plein vol en juillet 2014 avec 298 personnes à bord, dont deux tiers de Néerlandais, alors qu’il survolait une zone tenue par des séparatistes prorusses en Ukraine. 24.08.2015 à 15h46 • Mis à jour le24.08.2015 à 15h49 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne a proposé ses services aux Etats membres afin de travailler sur une uniformisation des règles de sûreté dans les trains, après la probable tentative d’attentat dans le Thalys Amsterdam-Paris, vendredi 21 août. « Nous avons mis en place en 2012 un groupe de travail sur le sujet dans les transports terrestres, qui pourrait plancher avant le conseil des ministres des transports, en octobre prochain », a déclaré Jakub Adamowicz, porte-parole de la Commission, lundi 24 août.Une réunion informelle des ministres des transports doit en effet se tenir le 8 octobre à Luxembourg. Au menu, l’état d’avancement du « quatrième paquet ferroviaire » (libéralisation poussée du secteur du rail), mais aussi, assurément, la sécurité dans les trains.Lire aussi :Attaque dans le Thalys : la sécurité dans les gares en questionCe groupe de travail de la Commission européenne, le Landsec (pour Land Transport Security), est composé de représentants des vingt-huit Etats membres de l’Union et de membres de l’industrie, qui se rassemblent environ quatre fois par an, la dernière réunion ayant eu lieu le 1er juillet dernier. On y parle surtout harmonisation des procédures en matière de sécurité (du matériel roulant) et de sûreté (des passagers), « mais jusqu’à présent, ce groupe de travail n’avait pas suscité l’enthousiasme des Etats membres », a reconnu M. Adamowicz, lundi.« Le train reste une prérogative nationale »Les principaux Etats concernés par les risques d’attentat dans les réseaux à grande vitesse (France, Espagne, Italie, Allemagne), seront-ils plus assidus dans les semaines qui viennent ? « Il y a une culture particulière de la sécurité dans le secteur du rail. Dans l’aérien, tout est harmonisé au niveau mondial, surtout depuis les attentats du 11 septembre 2001. Le train reste considéré par beaucoup d’Etats membres comme une prérogative nationale », relève une source bruxelloise.La Commission assure en tout cas qu’elle ne plaidera pas pour la mise en place d’un modèle tout sécuritaire, du type Eurostar, avec scanner systématique des bagages et contrôle d’identité des passagers. « Le cas des Eurostar est très spécifique. Il y a évidemment le fait que l’on sort de l’espace Schengen [de libre circulation des personnes] en traversant la Manche, mais des raisons de sécurité spécifiques liées au passage dans le tunnel », explique une source européenne.Non pas qu’il soit interdit de pratiquer, dans l’espace Schengen, des contrôles systématiques ou aléatoires des identités à l’entrée dans les trains, mais la Commission met en avant un principe de « proportionnalité ». « En Russie ou en Chine, les autorités ont mis en place des contrôles un peu comme dans les aéroports, mais ces installations et ces trains sont récents. En Europe, les trains à grande vitesse sont intégrés dans les gares. Pour les sécuriser de manière spécifique, il faudrait réaliser de gros investissements, et aussi, obliger les passagers à arriver en avance, c’est toute une logistique. Et si on sécurise à outrance les TGV, les terroristes se mettront à cibler les trains roulant à moins de 160 km/h… », relève une source européenne.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Mirel Bran (Bucarest, correspondant) Le Parlement roumain va décider, lundi 24 août, s’il valide une réforme fiscale qui devrait changer radicalement le paysage économique du pays. Le nouveau projet de code des prélèvements prévoit une baisse de la TVA qui la ferait passer de 24 % à 20 % et une réduction massive des taxes et impôts.L’objectif est de relancer la consommation et de rendre la Roumanie plus attractive pour les investisseurs étrangers. Début juin, Bucarest a déjà baissé la TVA sur les produits alimentaires et les services touristiques de quinze points, la ramenant à 9 %. « Le plus important est de donner un message fondamental pour l’économie et la société, avait déclaré le premier ministre socialiste, Victor Ponta, le 19 juillet. Si on prend en compte la réduction pour les aliments, la TVA s’élèvera en moyenne à 16 %. »Le geste du gouvernement, destiné à bénéficier à la croissance, ne fait pas l’unanimité. Une première tentative pour faire passer ce code fiscal a déjà eu lieu le 24 juin. Le Parlement avait donné son feu vert. Mais le 17 juillet, le président libéral, Klaus Iohannis, a refusé de le promulguer loi et l’a renvoyé devant les députés. « Nous devons faire preuve d’une attitude équilibrée et rationnelle afin d’éviter des dysfonctionnements qu’il nous faudrait corriger par la suite, a justifié le chef de l’Etat.Le FMI sceptiqueM. Iohannis, qui doit gérer une cohabitation difficile avec son premier ministre socialiste depuis sa victoire à l’élection présidentielle de novembre 2014, n’est pas le seul à critiquer cette réforme. Le Fonds monétaire international (FMI) a conseillé à la Roumanie de revoir ses projets, « pour préserver des progrès durement acquis en matière de stabilité économique », a ainsi affirmé la représentation du Fonds dans le pays dans un communiqué rendu public le 4 août. Il n’est pas évident qu’un nouveau coup de pouce à la consommation financé par la dette soit souhaitable. La Roumanie a besoin de mesures qui favorisent l’investissement et d’une meilleure gestion des dépenses publiques et de l’utilisation des fonds de développement européens. »Sur le budget pour la période allant de 2007 à 2013, Bucarest a reçu 32 milliards d’euros de fonds de la Commission européenne. Mais, en l’absence de projets fiables pour utiliser cette manne, le pays n’a dépensé qu’un tiers de ce budget. Sur le budget 2014-2020, la Roumanie devrait bénéficier de 44 milliards d’euros de l’Union européenne (UE), mais le gouvernement a accumulé beaucoup de retard pour déposer à Bruxelles les projets attendus.Au-delà des défis économiques liés à la réforme fiscale se profile la bataille politique dans la perspective des élections législatives qui auront lieu en novembre 2016. D’une part, le premier ministre socialiste tente de relancer l’économie pour gagner du capital politique, d’autre part, le président libéral ne veut pas que le prochain gouvernement paie la note d’un relâchement fiscal controversé.Le pays sur des rails depuis 2000Souvent montrée du doigt comme le mouton noir de l’Europe en raison d’une corruption endémique, la Roumanie a réussi une performance économique. Après la chute de la dictature communiste en 1989 et la transition chaotique des années 1990, le pays s’est remis sur les rails à partir de 2000 lorsque Bucarest a entamé les négociations d’adhésion à l’UE. Mais la crise qui a touché l’économie mondiale en 2008 a interrompu cet élan.Confronté à un scénario à la grecque, le président de centre droit de l’époque – Traian Basescu – avait demandé à son gouvernement de mettre en œuvre une politique d’austérité. En 2010, du jour au lendemain, les fonctionnaires avaient vu leur traitement diminuer d’un quart et la TVA était passée de 19 % à 24 %, ce qui avait pénalisé la consommation. Plus de 200 000 emplois avaient été supprimés dans la fonction publique.« Une croissance économique exagérée et basée sur la consommation est vouée à s’effondrer, a rappelé l’ancien président Basescu le 16 août à propos de la réforme fiscale. Si le nouveau code passe, nous serons confrontés, en 2017, à la crise que nous avons déjà connu en 2010. » Lundi 24 août, le Parlement roumain décidera de la direction que prendront les finances du pays.Mirel Bran (Bucarest, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.08.2015 à 09h16 • Mis à jour le24.08.2015 à 20h52 François Hollande et Angela Merkel ont appelé lundi 24 août à une réponse « unifiée » de l’Europe face à la crise des migrants et réfugiés. « Nous devons mettre en œuvre un système unifié de droit d’asile », a lancé le chef de l’Etat français devant la presse aux côtés de la chancelière, soulignant qu’il s’agissait d’une « situation exceptionnelle qui [allait] durer ». Mme Merkel a quant à elle relevé que si l’Union européenne a « de manière globale un même droit d’asile », tous les pays européens doivent le mettre en application « le plus rapidement possible ».La chancelière allemande recevait le président français à Berlin pour, dans un premier temps, discuter de l’afflux de migrants en Europe et des initiatives à prendre pour faire face à ce qui est considéré comme le pire exode de populations depuis la seconde guerre mondiale. Les deux chefs d’Etat ont ensuite rencontré le président ukrainien pour discuter de « la situation en Ukraine ainsi que la mise en application des mesures des accords de Minsk ».340 000 arrivants en UE depuis janvierSelon les chiffres de l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures (Frontex), 340 000 personnes ont traversé les frontières de l’Union sur les sept premiers mois de l’année : le chiffre total d’entrées en 2014 (280 000) est d’ores et déjà dépassé. Pour la seule journée de samedi, les gardes-côtes italiens ont coordonné le sauvetage de 4 400 migrants en mer Méditerranée. Durant le week-end, ce sont pas moins de 7 000 personnes qui sont entrées en Serbie en direction de l’Europe occidentale, auxquelles se sont ajoutées 2 000 autres qui ont franchi la frontière dans la nuit de dimanche à lundi.Ces personnes sont passées par la Macédoine, qui a vu plus de 42 000 réfugiés en provenance de Grèce traverser son territoire depuis le mois de juin. Les autorités grecques se montrent, elles, complètement débordées par l’afflux de réfugiés syriens sur l’île touristique de Kos. Au début du mois d’août, l’Organisation internationale pour les migrations diffusait un autre triste record : plus de 2 000 hommes, femmes et enfants sont morts en mer en tentant de gagner les côtes européennes depuis le début de l’année.Après sa réunion avec Mme Merkel, François Hollande a qualifié d’« indispensable » l’« accélération de la mise en place de centres d’accueil en Italie et en Grèce ». Il a également demandé à ce que soit faite une « distinction entre les personnes qui viennent en tant que demandeurs d’asile et celles qui viennent en migration ».Lire le reportage :A Kos, le flux de réfugiés ne tarit pasL’Europe dans un « sommeil profond »Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55db689103974'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 10\r\n \r\n \r\nDes migrants en provenance de Gr\u00e8ce sont stopp\u00e9s \u00e0 la fronti\u00e8re mac\u00e9donienne par la police, vendredi 21 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des migrants en provenance de Gr\u00e8ce sont stopp\u00e9s \u00e0 la fronti\u00e8re mac\u00e9donienne par la police, vendredi 21 ao\u00fbt.","source":"ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS","index":0,"position":1,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 10\r\n \r\n \r\nUne femme collecte du petit bois pour faire du feu pr\u00e8s d'Idomeni, \u00e0 la fronti\u00e8re entre la Gr\u00e8ce et la Mac\u00e9doine o\u00f9 des incidents ont eu lieu entre les migrants et la police, le 21 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : Darko Vojinovic \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une femme collecte du petit bois pour faire du feu pr\u00e8s d'Idomeni, \u00e0 la fronti\u00e8re entre la Gr\u00e8ce et la Mac\u00e9doine o\u00f9 des incidents ont eu lieu entre les migrants et la police, le 21 ao\u00fbt.","source":"Darko Vojinovic \/ AP","index":1,"position":2,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 10\r\n \r\n \r\nUne fillette pr\u00e8s de la fronti\u00e8re entre la Gr\u00e8ce et la Mac\u00e9doine, mercredi 19 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : Darko Vojinovic \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une fillette pr\u00e8s de la fronti\u00e8re entre la Gr\u00e8ce et la Mac\u00e9doine, mercredi 19 ao\u00fbt.","source":"Darko Vojinovic \/ AP","index":2,"position":3,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 10\r\n \r\n \r\nDes incidents ont eu lieu tout au long de la matin\u00e9e du vendredi 21 ao\u00fbt.\r\nCr\u00e9dits : Darko Vojinovic \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des incidents ont eu lieu tout au long de la matin\u00e9e du vendredi 21 ao\u00fbt.","source":"Darko Vojinovic \/ AP","index":3,"position":4,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 10\r\n \r\n \r\nUn homme tient son enfant bless\u00e9.\r\nCr\u00e9dits : Darko Vojinovic \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un homme tient son enfant bless\u00e9.","source":"Darko Vojinovic \/ AP","index":4,"position":5,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"ALEXANDROS AVRAMIDIS \/ REUTERS","index":5,"position":6,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : SAKIS MITROLIDIS \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"SAKIS MITROLIDIS \/ AFP","index":6,"position":7,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : SAKIS MITROLIDIS \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"SAKIS MITROLIDIS \/ AFP","index":7,"position":8,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : ROBERT ATANASOVSKI \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"ROBERT ATANASOVSKI \/ AFP","index":8,"position":9,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 10\r\n \r\n \r\n\r\nCr\u00e9dits : ROBERT ATANASOVSKI \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"","source":"ROBERT ATANASOVSKI \/ AFP","index":9,"position":10,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/08\/21\/en-images-des-milliers-de-migrants-coinces-entre-la-grece-et-la-macedoine_4732668_3214_9.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, voyant dans cette arrivée sans précédent de migrants « le plus grand défi de l’Allemagne depuis la réunification » du pays, s’est montré virulent dimanche à l’encontre du manque de réaction des pays européens. « L’Europe est d’une certaine façon dans un sommeil profond », a-t-il déclaré à la télévision publique, considérant comme une « énorme honte » le fait que « la majorité des Etats membres dise que “cela ne nous concerne en rien” ».En Allemagne, le nombre record de 800 000 demandes d’asile est attendu pour cette année. Le pays peine à assurer l’accueil de tous, et parallèlement des actes de violence, généralement imputés à l’extrême droite, se font de plus en plus fréquents. Vendredi à Heidenau, au sud de Dresde, alors qu’une ancienne grande surface reconvertie en foyer d’accueil devait recevoir ses premiers réfugiés, plusieurs centaines de personnes ont répondu à l’appel du parti néonazi NPD et tenté de s’opposer à cette ouverture, s’en prenant parfois violemment aux forces de l’ordre.Angela Merkel, critiquée pour son silence face à ce type de heurts, a dénoncé ces « abjectes » violences d’extrême droite. La chancelière ne tolère pas que les réfugiés soient accueillis en Allemagne par des « slogans haineux et des braillards ivres », a rapporté son porte-parole, Stefan Seibert.« La chancelière et l’ensemble du gouvernement condamnent le plus fermement possible les violents troubles et l’atmosphère xénophobe [du week-end]. (…) La manière dont des extrémistes de droite et des néonazis cherchent à diffuser leur message creux de haine est abjecte. » 22.08.2015 à 13h48 • Mis à jour le22.08.2015 à 14h59 Une opération était en cours, samedi 22 août, pour venir en aide à près de trois mille migrants bloqués sur des embarcations au large des côtes libyennes. Les garde-côtes italiens ont précisé avoir reçu des appels à l’aide de dix-huit bateaux, dont quatorze pneumatiques. Au moins sept bâtiments – six italiens et un norvégien – participaient à cette vaste opération de secours.Plus de cent quatre mille migrants d’Afrique, du Proche-Orient et d’Asie du Sud ont atteint les ports d’Italie méridionale depuis le début de cette année après avoir été secourus en Méditerranée. Quelque cent trente-cinq mille autres sont arrivés en Grèce et plus de deux mille trois cents sont morts en mer après avoir tenté de rallier l’Europe par l’entremise de passeurs.Lire aussi :L’Europe se déchire sur le sort des migrantsLa police de Palerme, en Sicile, a annoncé samedi avoir arrêté six Egyptiens soupçonnés d’avoir été les passeurs de migrants retrouvés à bord d’un bateau surchargé et à la dérive le 19 août.Lire : Méditerranée : chiffres et carte pour comprendre la tragédie 15.08.2015 à 12h32 • Mis à jour le15.08.2015 à 13h23 Odessa, le grand port ukrainien de la mer Noire, ne verra finalement pas descendre la Gay Pride dans ses rues, samedi 15 août. Les organisateurs avaient décidé de maintenir cette marche malgré son interdiction, jeudi, par la justice, dénonçant une « violation de [leur] droit constitutionnel de rassemblement ». Ils ont fini par se rendre aux arguments du conseil municipal, qui disait craindre des violences.En juin à Kiev, la deuxième Gay Pride de l’histoire de l’Ukraine avait été attaquée par des ultranationalistes : une dizaine de personnes avaient été blessées, et 25 arrêtées. Le projet avait été mal accueilli à Odessa, notamment par le mouvement ultranationaliste Pravy Sektor, qui avait attaqué le défilé de Kiev. Ce groupe avait été très actif durant la contestation proeuropéenne de Maïdan, notamment au côté de mouvements homosexuels, que les circonstances avaient transformés en alliés. Il participe actuellement aux combats contre la rébellion séparatiste dans l’est du pays.Lire aussi :Une Gay Pride dans la violence à KievLes milices nationalistes ont pris une importance particulière à Odessa, ville où les séparatistes prorusses ont été actifs l’an dernier durant la période postrévolutionnaire. L’Etat n’avait alors que peu de prise sur Odessa, et des heurts avaient éclaté entre militants prorusses et pro-Kiev, qui avaient culminé dans l’incendie de la Maison des syndicats, le 2 mai, où 42 prorusses encerclés par la foule avaient trouvé la mort. Ce drame avait provoqué une onde de choc dans le Donbass, dans l’est du pays, déjà en partie coupé de l’Ukraine sous la pression séparatiste prorusse.Timide effort gouvernemental« Nous n’allons pas battre les gays, mais la marche n’aura pas lieu », a déclaré cette semaine Sergui Sternenko, le chef de file de Pravy Sektor à Odessa, cité par Interfax. L’administration régionale d’Odessa, dirigée par l’ex-président géorgien Mikheïl Saakachvili, a pris ses distances par rapport à l’interdiction du défilé, renvoyant la responsabilité sur la mairie.Une simple réception pour des minorités sexuelles et une discussion publique sur l’histoire de l’homosexualité auront lieu dans la journée en ville, a fait savoir le mouvement Odessa Pride.Lire aussi :Odessa, un an après le drame du 2 maiL’homosexualité, qui était punie par la loi en URSS, reste très stigmatisée en Ukraine, une ex-république soviétique où l’Eglise orthodoxe a une forte influence. Plusieurs tentatives d’adopter une loi homophobe interdisant « la propagande homosexuelle », similaire à celle qui existe en Russie voisine, avaient cependant échoué au Parlement ukrainien en 2012.La première Gay Pride dans l’histoire de l’Ukraine indépendante avait eu lieu en 2013, réunissant près de cent personnes à Kiev. En 2014, la « marche de l’égalité » avait été annulée, la police ayant refusé d’en assurer la sécurité. En 2015, le président pro-occidental Petro Porochenko a exprimé son soutien à cette marche, ajoutant toutefois qu’il ne souhaitait pas y participer. 14.08.2015 à 21h15 • Mis à jour le14.08.2015 à 22h24 Le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, souhaite le vote d’une nouvelle Constitution pour étendre les pouvoirs du chef de l’Etat. Il l’a dit avec insistance vendredi 14 août lors d’un discours dans la région de Rize (nord-est de la Turquie), au bord de la mer Noire : « que vous soyez d’accord ou non, le régime turc a changé », et « maintenant il faut donner un cadre légal » à la fonction de chef de l’Etat, a-t-il déclaré.Alors que la Turquie se dirige vers de nouvelles élections, après l’échec des discussions pour former un gouvernement de coalition, le premier président du pays à avoir été élu au suffrage universel direct se dit « prêt » pour une nouvelle élection présidentielle, si nécessaire.Lire aussi :Faute de coalition, la Turquie se dirige vers de nouvelles élections législativesAccusé par ses détracteurs d’outrepasser régulièrement les fonctions dévolues à sa tâche, l’homme fort du pays, qui fut premier ministre de 2003 à 2014, réagit : « Je suis désolé, mais je ne serai pas le type de président qu’ils veulent. »« On ne te laissera pas devenir à nouveau président »Une ambition mise à mal par le résultat des dernières élections. Le Parti de la justice et du développement (AKP, parti islamo-conservateur au pouvoir), qui régnait depuis 2002 sans partage, a subi un sérieux revers lors du scrutin législatif du 7 juin, qui ne lui a pas permis d’obtenir la majorité absolue et de former seul un gouvernement.A l’issue d’ultimes négociations infructueuses entre l’AKP et les sociaux-démocrates du Parti républicain du peuple (CHP), Ahmet Davutoglu, le premier ministre, avait estimé jeudi que « la seule option » qui s’offrait au pays était d’organiser de nouvelles élections. Les récents sondages donnent à l’AKP entre 42 % et 43 % des intentions de votes, ce qui permettrait au parti islamo-conservateur de former seul un gouvernement.Le Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde), dont le score de 13 % au dernier scrutin, a largement contribué à faire échouer l’ambition de M. Erdogan, et s’est empressé de le railler sur le réseau social Twitter avec le mot-dièse #SeniYineBaskanYaptirmayacagiz (« On ne te laissera pas devenir à nouveau président »). 14.08.2015 à 16h56 Le réacteur nucléaire inopinément arrêté jeudi en Belgique le restera jusqu’au 28 août, selon son exploitant, Electrabel (groupe Engie, ex-GDF Suez), vendredi 14 août. L’incident sur le troisième réacteur de la centrale de Tihange, près de Liège (sud-est de la Belgique), est intervenu à la suite d’une opération de maintenance sur le système d’alimentation électrique de contrôle, « un incident technique qui n’a rien d’exceptionnel », selon l’Autorité fédérale de contrôle nucléaire (AFCN).Electrabel devait relancer le réacteur dans la nuit de vendredi à samedi, mais a finalement décidé de repousser le redémarrage à la fin du mois pour « anticiper des travaux planifiés en octobre ». « Cette opération permettra à la capacité de Tihange 3 d’être disponible en début d’automne contrairement à ce qui avait été annoncé », précise la société dans un communiqué.Un parc nucléaire en travauxLa mise à l’arrêt de Tihange 3 est un nouveau coup dur pour le parc nucléaire belge géré par Electrabel, dont seuls deux des sept réacteurs tournent encore. Deux d’entre eux sont éteints depuis plus de quinze mois afin de réaliser des tests supplémentaires sur leurs cuves, endommagées par des milliers de fissures. Leur redémarrage n’est pas prévu avant novembre, et seulement si l’AFCN donne son accord après avoir consulté des experts indépendants.Deux autres, qui ont atteint la limite d’âge de quarante ans, ont été déconnectés du réseau, même si le gouvernement de droite a décidé de prolonger leur durée de vie de dix ans. Là aussi, l’AFCN doit encore donner son aval.Lire aussi :La Belgique prolonge de dix ans ses vieux réacteurs nucléaires 14.08.2015 à 12h04 • Mis à jour le14.08.2015 à 12h25 La croissance française n’est pas la seule à décevoir au deuxième trimestre 2015. Les premières estimations publiées vendredi 14 août par l’institut Eurostat font état d’une croissance de 0,3 % dans la zone euro d’avril à juin, qui correspond à un rythme annuel de 1,2 %.Les économistes interrogés par les agences Reuters et Bloomberg prévoyaient en moyenne une croissance de 0,4 % d’un trimestre sur l’autre et de 1,3 % sur un an.L’Allemagne, première économie de la région, a connu au deuxième trimestre une croissance de 0,4 %, un peu moins soutenue qu’anticipé, tandis que la France voyait son PIB stagner au deuxième trimestre, alors que les économistes tablaient en moyenne sur une hausse de 0,2 %. Une déception que l’on retrouve en Italie (+ 0,2 %), aux Pays-Bas (+ 0,1 %) et en Finlande (- 0,4 %). A l’inverse, l’Espagne (1 %) et la Grèce (0,8 %) enregistrent une croissance solide.Dans l’ensemble de l’Union européenne, la croissance s’établit à 0,4 % (1,6 % en rythme annuel). #container_14395455140{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14395455140{ height:600px; } #container_14395455140 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14395455140 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14395455140 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14395455140 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La croissance au deuxième trimestre 2015 dans l'UEEvolution du PIB en volume, corrigée des variations saisonnièresSource : Eurostat(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14395455140", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Finlande","France","Danemark","Malte","Slovénie","Irlande","Luxembourg","Croatie","Roumanie","Pays-Bas","Autriche","Italie","Zone euro","Union européenne","Belgique","Portugal","Allemagne","Bulgarie","Chypre","Hongrie","Lituanie","Royaume-Uni","Grèce","Estonie","Slovaquie","Pologne","République tchèque","Espagne","Suède","Lettonie"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Croissance au deuxième trimestre", "color": "#0386c3", "keys":["name","y","color"], "data": [ [ "", -0.4 ], [ "", 0 ], [ "", 0 ], [ "", 0 ], [ "", 0 ], [ "", 0 ], [ "", 0 ], [ "", 0 ], [ "", 0.1 ], [ "", 0.1 ], [ "", 0.1 ], [ "", 0.2 ], [ "", 0.3, "#28beaa" ], [ "", 0.4, "#28beaa" ], [ "", 0.4 ], [ "", 0.4 ], [ "", 0.4 ], [ "", 0.4 ], [ "", 0.5 ], [ "", 0.5 ], [ "", 0.6 ], [ "", 0.7 ], [ "", 0.8 ], [ "", 0.8 ], [ "", 0.8 ], [ "", 0.9 ], [ "", 0.9 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1.2 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 1 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Lire aussi :Consommation, exportations, croissance... le coup d’arrêt de l’économie en graphiquesInflation stableL’inflation est quant à elle restée stable en juillet par rapport à juin, à 0,2 % – bien en deça de l’objectif de la Banque centrale européenne, qui a pourtant lancé en mars un vaste programme d’achat d’actifs pour tenter de retrouver à moyen terme le niveau de 2 %, considéré comme idéal.C’est le secteur de l’énergie qui pèse le plus sur l’inflation, avec un taux négatif de 5,6 %. L’inflation sous-jacente, calculée hors énergie, produits alimentaires, boissons alcoolisées et tabac, qui est considérée comme la plus révélatrice de la tendance, est de 1 %.Lire sur Les Décodeurs :Croissance : comment le gouvernement réduit progressivement ses prévisions 14.08.2015 à 09h02 • Mis à jour le14.08.2015 à 12h07 A la différence de la France, qui vient de voir sa croissance stagner au deuxième trimestre, l’Allemagne confirme son titre de première économie européenne. Berlin a en effet vu sa croissance accélérer modestement avec une progression du produit intérieur brut (PIB) de 0,4 %.C’est légèrement moins qu’escompté par les analystes interrogés par le fournisseur de services financiers Factset, qui tablaient sur une croissance allemande de 0,5 % au deuxième trimestre.Lors du trimestre écoulé, l’économie allemande a surtout été tirée par le commerce extérieur, souligne l’office fédéral des statistiques Destatis dans un communiqué. « Selon les chiffres préliminaires, les exportations ont augmenté beaucoup plus que les importations, grâce à l’euro faible », indique l’office.Si l’on compare sur un an, l’Allemagne a connu une croissance de 1,6 % de son PIB entre avril et juin, contre 1,2 % au premier trimestre, précise Destatis. Marie Charrel Un ultime Eurogroupe pour sauver la Grèce ? Vendredi 14 août, les ministres des finances de la zone euro se réunissent pour valider, ou non, le troisième programme d’assistance à Athènes, de près de 85 milliards sur trois ans. L’enjeu est de taille. Et le calendrier serré : le 20 août, le pays doit en effet rembourser 3,5 milliards d’euros à la Banque centrale européenne (BCE). Sans nouvelle aide, il risque de faire défaut.En théorie, l’Eurogroupe devrait donner son feu vert sans difficulté. Mardi 11, le gouvernement d’Alexis Tsipras et ses créanciers, la BCE, le Fonds monétaire international (FMI), le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Commission européenne, ont en effet conclu un accord « technique » sur le plan. Les négociations se sont déroulées dans une ambiance étonnamment cordiale.Lire aussi :La course contre la montre d’Alexis TsiprasUne longue série de réformesEn échange d’une nouvelle aide, Athènes s’est engagé à adopter une longue série de réformes, que les parlementaires Grecs ont voté vendredi matin. Et ce, en dépit de la révolte de l’aile gauche de Syriza, le parti de M. Tspiras, au bord de la scission.Dans ces conditions, l’Eurogroupe n’a aucune raison de ne pas valider l’accord. Seulement voilà : l’Allemagne hésite. Wolfgang Schäuble, son ministre des finances, a fait savoir qu’il soulèverait de nombreuses « questions » lors de la réunion. Il s’inquiète de la soutenabilité de la dette grecque et veut s’assurer que le FMI, silencieux ces derniers jours, restera impliqué dans le pays. La chancelière Angela Merkel est dans une situation délicate. Une partie des députés allemands sont réticents à aider encore Athènes. Pour les calmer, elle aurait préféré que la Grèce bénéficie d’un prêt-relais pour passer l’échéance du 20 août. Et que les négociations se prolongent.Les hésitations allemandes peuvent-elles faire échouer l’Eurogroupe ? Possible. Mais peu probable. Berlin ne prendrait en effet pas le risque d’être la seule capitale de la zone euro à s’opposer à l’accord. La Finlande, l’autre pays méfiant à l’égard du gouvernement Tsipras, a en effet déjà fait savoir qu’elle le soutenait.Si la journée de vendredi se déroule sans encombre, plusieurs parlements nationaux, notamment en Allemagne, au Pays-Bas et en Espagne, devront encore donner leur blanc-seing, en début de semaine prochaine, pour qu’Athènes puisse toucher une première tranche d’aide avant le 20 août. M. Tsipras pourra alors souffler. Mais pas pour longtemps : il devra, dès lors, gérer la fronde au sein de son propre parti…Lire aussi :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciersLa Commission confiante, Schäuble aussiLa Commission européenne s’est dite confiante dans l’approbation par les ministres des finances de l’Eurogroupe du plan d’aide, trouvant « encourageant le vote sans appel ce matin par le Parlement grec ».Le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, s’est quant à lui montré plus réservé, se refusant à « spéculer » sur l’issue de la réunion. Il a estimé que la question de la « confiance politique » avec la Grèce était « encore sur la table ».Enfin, le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, a assuré vendredi 14 août après-midi qu’il était « confiant dans le fait que nous allons aboutir à un résultat aujourd’hui ». « Si nous ne trouvons pas de solution aujourd’hui, nous devrions mettre en place un prêt-relais », a-t-il toutefois ajouté.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.08.2015 à 18h46 • Mis à jour le14.08.2015 à 10h37 Vingt-neuf pages, seize actions prioritaires et cinquante-deux « réalisations clés » : le protocole d’accord négocié en moins de quatre semaines entre la Grèce et ses créanciers – Commission européenne, Banque centrale européenne, Mécanisme européen de stabilité et Fonds monétaire international (FMI) –, qui doit être avalisé par les ministres de l’Eurogroupe vendredi 14 août, va bien au-delà d’une simple feuille de route en contrepartie d’un troisième plan d’aide. Un plan évalué entre 82 et 86 milliards d’euros.Lire aussi :Grèce : un nouvel accord, et maintenant ?Si le document n’est que la traduction « technique » de la déclaration des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro du 13 juillet, le protocole n’en fixe pas moins un agenda législatif extrêmement serré et intrusif.Toutes les décisions ayant un impact budgétaire devront avoir été négociées au préalable avec les créanciers. A charge pour le gouvernement et le Parlement grecs, d’exécuter cet agenda sans tarder, c’est-à-dire dès la fin du mois d’août pour les aspects bancaires les plus urgents et entre fin 2015 et mi-2016 pour les réformes structurelles les plus lourdes.Au-delà des précautions diplomatiques rappelant que ce plan de relance prend en compte « le besoin de justice sociale et d’équité » et que sa mise en œuvre devra être partagée « par tous les segments de la société », le régime imposé à Athènes pour les trois prochaines années s’annonce douloureux.Les quatre priorités retenues résument l’ampleur du chantier. A commencer par les mesures destinées à stabiliser le budget grec à l’heure où les déficits repartent à la hausse. Pour faire entrer l’argent dans les caisses de l’Etat, le code des impôts sera profondément révisé, la chasse aux fraudeurs renforcée, la rationalisation des dépenses de santé y sera déterminante. Sans parler du nouveau Fonds de privatisation (qui pourrait drainer jusqu’à 50 milliards d’euros même si ce montant paraît toujours très ambitieux) : l’organisme chargé de sa gestion devra être installé dès le mois d’octobre.Les objectifs sont clairement définis : les procédures de libéralisation des ports du Pirée et de Thessalonique devront entrer dans une phase active avant la fin du mois d’octobre et des mesures « irréversibles » devront être adoptées concernant la vente des aéroports régionaux. Les bénéfices liés à ces privatisations devront à la fois permettre le remboursement de la dette grecque et favoriser les investissements publics dont la Grèce a cruellement besoin.Seconde priorité identifiée : le rétablissement de la stabilité financière en Grèce, qui reste loin d’être acquise, et qui fera l’objet d’un accompagnement d’urgence après l’instauration durant plusieurs semaines du contrôle des capitaux.Le protocole détaille également les mesures destinées à soutenir la croissance et la compétitivité du pays : réforme du marché du travail (retraite à 67 ans), libéralisation du marché de l’énergie, des services…Enfin, le protocole annonce une dernière priorité : la mise en place d’une « administration moderne » signe supplémentaire de la défiance des créanciers.Lire aussi :Six ans de crise en Grèce, neuf plans d’austérité, trois plans d’aide...Des questions à réglerLe gouvernement grec pourra toutefois compter sur l’appui des fonds européens classiques : 38 milliards d’euros réservés à la Grèce pour la période 2007-2013 restent disponibles et 35 milliards sont encore prévus d’ici à 2020. La Banque européenne d’investissement continuera, de son côté, à financer les grands projets de développement.Reste un point d’interrogation dans ce protocole : si la question de la dette grecque (177 % d’endettement, fin 2014) y est naturellement évoquée à vingt-sept reprises, son éventuelle restructuration n’est en revanche jamais mentionnée. Les pays du Nord de l’Europe s’y opposent toujours farouchement. La déclaration des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro le rappelait sans détour en juillet dernier tout en soulignant les « doutes sérieux » planant sur la soutenabilité de la dette hellène.C’est d’ailleurs l’un des enjeux majeurs de ce protocole. Pour le FMI, qui a participé à sa rédaction, la question de l’allégement de la dette devrait être envisagée parallèlement, dans une seconde étape. Etape dont les modalités ne sont pas prévues par le protocole d’accord.A Bruxelles, Christophe Garach 12.08.2015 à 17h19 • Mis à jour le13.08.2015 à 09h17 Toutes les nuits, depuis des mois, des canots pneumatiques chargés de familles qui ont payé plusieurs milliers d’euros la courte traversée à partir des côtes turques accostent sur les plages de Kos, une petite île grecque. Porte d’entrée de l’Europe en mer Egée, ce confetti de terre de 287 kilomètres carrés est désormais moins connu pour ses paysages de carte postale que pour ses difficultés à gérer l’afflux de migrants, venant pour la plupart de l’Afghanistan et de la Syrie en guerre, par la Turquie voisine.Sur l’île de quelque 33 000 habitants, la situation, très tendue depuis plusieurs mois, est au bord de l’explosion. Faute de structure d’accueil, les réfugiés dorment dans des tentes ou des hébergements de fortune dans les parcs, les rues, sur les quais et les plages de ce port très prisé des touristes. Plusieurs jours, voire parfois plusieurs semaines, sont nécessaires pour qu’ils puissent s’enregistrer auprès de la police grecque afin d’obtenir le laissez-passer leur permettant de poursuivre leur voyage vers Athènes et d’autres pays européens. Parqués dans un stadeLundi 10 août, un premier débordement a embrasé l’île. Un policier local a été suspendu pour avoir été filmé giflant un migrant qui s’approchait plus près que toléré du poste de police local. Le lendemain, la municipalité a tenté d’organiser le transfert d’une partie des 7 000 migrants en attente d’un enregistrement vers un stade et un gymnase, afin de faciliter les démarches administratives. Or, selon l’Agence France-Presse (AFP), plusieurs centaines de migrants ont tenté au cours de cette opération d’entrer en même temps dans le bureau prévu pour les enregistrements. Les policiers , débordés, ont alors frappé les migrants avec des matraques et vidé des extincteurs sur la foule. Le maire de Kos en a appelé à l’Etat, affirmant que « le sang risquait de couler et la situation de dégénérer » face au nombre croissant d’arrivées de migrants sur l’île – plus de 500 personnes chaque jour, selon l’édile.Voir aussi notre reportage : Sur la route deAprès cet appel à l’aide, quarante policiers des forces antiémeute grecques sont arrivés sur l’île. « Des renforts vont également être envoyés sur les autres îles de l’est de la mer Egée », a fait savoir à l’AFP un porte-parole de police. La presse grecque évoque un total de 250 hommes supplémentaires pour assister les forces locales sur les îles en première ligne des flux croissants de migrants arrivant de la Turquie voisine, comme Lesbos, Chios, Leros, Kalymnos ou Samos.« Escalader des grillages pour acheter de l’eau »« Nous espérons que d’ici à vendredi la plupart des migrants en attente auront pu être enregistrés et pourront quitter l’île », a expliqué mercredi le maire de Kos. Mais la situation reste encore très précaire dans le stade de Kos, où environ 2 000 personnes demeurent dans des conditions extrêmement précaires, selon l’ONG Médecins sans frontières (MSF), la seule présente sur l’île. Parmi elles, « de nombreuses familles avec des bébés et de jeunes enfants, faisant la queue sous un soleil de plomb, par 32 degrés (…) sans aucune installation sanitaire, sans ombre et sans abri », contraintes « d’escalader des grillages pour acheter de l’eau ».Le quotidien britannique The Guardian fait part de « malaises » et d’un migrant qui a fait une « crise d’épilepsie ». Julia Kourafa, porte-parole de MSF citée par le quotidien britannique, témoigne :« C’est la première fois qu’on voit, en Grèce, des gens enfermés dans un stade et contrôlés par les forces de police antiémeute. Il y a des mères avec de jeunes enfants et des personnes âgées. Ils ont été enfermés là pendant des heures sous le soleil. » Plus généralement, les équipes de MSF ont été témoins du harcèlement des réfugiés dans les espaces publics. Selon Brice de La Vigne, le directeur des opérations de l’ONG, « auparavant, on assistait à l’inaction de l’Etat. Désormais, ce sont les abus de l’Etat, avec la police usant de plus en plus de la force contre ces personnes vulnérables ».« C’est l’Union européenne et c’est absolument honteux » Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), sur 224 000 réfugiés arrivés par la Méditerranée depuis janvier, près de 124 000 sont entrés par la Grèce, un chiffre multiplié par sept par rapport à 2014. « En trente ans d’expérience humanitaire, je n’ai jamais vu une situation pareille (…). C’est l’Union européenne et c’est absolument honteux », a déclaré Vincent Cochetel le directeur pour l’Europe du HCR, de retour d’un déplacement dans plusieurs îles grecques, dont Kos, la semaine dernière.En juillet déjà, le HCR avait déploré le manque d’organisation et de coordination des pouvoirs publics grecs pour gérer l’arrivée des migrants. Il a notamment demandé au gouvernement de « désigner d’urgence une seule autorité pour coordonner » ses actions. Au début d’août, Alexis Tsipras, le premier ministre de la Grèce, a promis des mesures pour améliorer les structures et les procédures d’accueil. « Ce problème nous dépasse. La Grèce est un pays qui subit une crise économique et fait face à une crise humanitaire dans la crise », a-t-il aussi affirmé, demandant la « solidarité européenne ».La Commission européenne a approuvé lundi le déblocage d’une aide de 2,4 milliards d’euros sur six ans pour aider les pays européens à faire face à l’arrivée croissante de migrants, dont 473 millions d’euros pour la Grèce. 14.08.2015 à 16h56 Le réacteur nucléaire inopinément arrêté jeudi en Belgique le restera jusqu’au 28 août, selon son exploitant, Electrabel (groupe Engie, ex-GDF Suez), vendredi 14 août. L’incident sur le troisième réacteur de la centrale de Tihange, près de Liège (sud-est de la Belgique), est intervenu à la suite d’une opération de maintenance sur le système d’alimentation électrique de contrôle, « un incident technique qui n’a rien d’exceptionnel », selon l’Autorité fédérale de contrôle nucléaire (AFCN).Electrabel devait relancer le réacteur dans la nuit de vendredi à samedi, mais a finalement décidé de repousser le redémarrage à la fin du mois pour « anticiper des travaux planifiés en octobre ». « Cette opération permettra à la capacité de Tihange 3 d’être disponible en début d’automne contrairement à ce qui avait été annoncé », précise la société dans un communiqué.Un parc nucléaire en travauxLa mise à l’arrêt de Tihange 3 est un nouveau coup dur pour le parc nucléaire belge géré par Electrabel, dont seuls deux des sept réacteurs tournent encore. Deux d’entre eux sont éteints depuis plus de quinze mois afin de réaliser des tests supplémentaires sur leurs cuves, endommagées par des milliers de fissures. Leur redémarrage n’est pas prévu avant novembre, et seulement si l’AFCN donne son accord après avoir consulté des experts indépendants.Deux autres, qui ont atteint la limite d’âge de quarante ans, ont été déconnectés du réseau, même si le gouvernement de droite a décidé de prolonger leur durée de vie de dix ans. Là aussi, l’AFCN doit encore donner son aval.Lire aussi :La Belgique prolonge de dix ans ses vieux réacteurs nucléaires 14.08.2015 à 12h04 • Mis à jour le14.08.2015 à 12h25 La croissance française n’est pas la seule à décevoir au deuxième trimestre 2015. Les premières estimations publiées vendredi 14 août par l’institut Eurostat font état d’une croissance de 0,3 % dans la zone euro d’avril à juin, qui correspond à un rythme annuel de 1,2 %.Les économistes interrogés par les agences Reuters et Bloomberg prévoyaient en moyenne une croissance de 0,4 % d’un trimestre sur l’autre et de 1,3 % sur un an.L’Allemagne, première économie de la région, a connu au deuxième trimestre une croissance de 0,4 %, un peu moins soutenue qu’anticipé, tandis que la France voyait son PIB stagner au deuxième trimestre, alors que les économistes tablaient en moyenne sur une hausse de 0,2 %. Une déception que l’on retrouve en Italie (+ 0,2 %), aux Pays-Bas (+ 0,1 %) et en Finlande (- 0,4 %). A l’inverse, l’Espagne (1 %) et la Grèce (0,8 %) enregistrent une croissance solide.Dans l’ensemble de l’Union européenne, la croissance s’établit à 0,4 % (1,6 % en rythme annuel). #container_14395455140{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14395455140{ height:600px; } #container_14395455140 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14395455140 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14395455140 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14395455140 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La croissance au deuxième trimestre 2015 dans l'UEEvolution du PIB en volume, corrigée des variations saisonnièresSource : Eurostat(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14395455140", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Finlande","France","Danemark","Malte","Slovénie","Irlande","Luxembourg","Croatie","Roumanie","Pays-Bas","Autriche","Italie","Zone euro","Union européenne","Belgique","Portugal","Allemagne","Bulgarie","Chypre","Hongrie","Lituanie","Royaume-Uni","Grèce","Estonie","Slovaquie","Pologne","République tchèque","Espagne","Suède","Lettonie"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Croissance au deuxième trimestre", "color": "#0386c3", "keys":["name","y","color"], "data": [ [ "", -0.4 ], [ "", 0 ], [ "", 0 ], [ "", 0 ], [ "", 0 ], [ "", 0 ], [ "", 0 ], [ "", 0 ], [ "", 0.1 ], [ "", 0.1 ], [ "", 0.1 ], [ "", 0.2 ], [ "", 0.3, "#28beaa" ], [ "", 0.4, "#28beaa" ], [ "", 0.4 ], [ "", 0.4 ], [ "", 0.4 ], [ "", 0.4 ], [ "", 0.5 ], [ "", 0.5 ], [ "", 0.6 ], [ "", 0.7 ], [ "", 0.8 ], [ "", 0.8 ], [ "", 0.8 ], [ "", 0.9 ], [ "", 0.9 ], [ "", 1 ], [ "", 1 ], [ "", 1.2 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 1 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 1, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Lire aussi :Consommation, exportations, croissance... le coup d’arrêt de l’économie en graphiquesInflation stableL’inflation est quant à elle restée stable en juillet par rapport à juin, à 0,2 % – bien en deça de l’objectif de la Banque centrale européenne, qui a pourtant lancé en mars un vaste programme d’achat d’actifs pour tenter de retrouver à moyen terme le niveau de 2 %, considéré comme idéal.C’est le secteur de l’énergie qui pèse le plus sur l’inflation, avec un taux négatif de 5,6 %. L’inflation sous-jacente, calculée hors énergie, produits alimentaires, boissons alcoolisées et tabac, qui est considérée comme la plus révélatrice de la tendance, est de 1 %.Lire sur Les Décodeurs :Croissance : comment le gouvernement réduit progressivement ses prévisions 14.08.2015 à 09h02 • Mis à jour le14.08.2015 à 12h07 A la différence de la France, qui vient de voir sa croissance stagner au deuxième trimestre, l’Allemagne confirme son titre de première économie européenne. Berlin a en effet vu sa croissance accélérer modestement avec une progression du produit intérieur brut (PIB) de 0,4 %.C’est légèrement moins qu’escompté par les analystes interrogés par le fournisseur de services financiers Factset, qui tablaient sur une croissance allemande de 0,5 % au deuxième trimestre.Lors du trimestre écoulé, l’économie allemande a surtout été tirée par le commerce extérieur, souligne l’office fédéral des statistiques Destatis dans un communiqué. « Selon les chiffres préliminaires, les exportations ont augmenté beaucoup plus que les importations, grâce à l’euro faible », indique l’office.Si l’on compare sur un an, l’Allemagne a connu une croissance de 1,6 % de son PIB entre avril et juin, contre 1,2 % au premier trimestre, précise Destatis. Marie Charrel Un ultime Eurogroupe pour sauver la Grèce ? Vendredi 14 août, les ministres des finances de la zone euro se réunissent pour valider, ou non, le troisième programme d’assistance à Athènes, de près de 85 milliards sur trois ans. L’enjeu est de taille. Et le calendrier serré : le 20 août, le pays doit en effet rembourser 3,5 milliards d’euros à la Banque centrale européenne (BCE). Sans nouvelle aide, il risque de faire défaut.En théorie, l’Eurogroupe devrait donner son feu vert sans difficulté. Mardi 11, le gouvernement d’Alexis Tsipras et ses créanciers, la BCE, le Fonds monétaire international (FMI), le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Commission européenne, ont en effet conclu un accord « technique » sur le plan. Les négociations se sont déroulées dans une ambiance étonnamment cordiale.Lire aussi :La course contre la montre d’Alexis TsiprasUne longue série de réformesEn échange d’une nouvelle aide, Athènes s’est engagé à adopter une longue série de réformes, que les parlementaires Grecs ont voté vendredi matin. Et ce, en dépit de la révolte de l’aile gauche de Syriza, le parti de M. Tspiras, au bord de la scission.Dans ces conditions, l’Eurogroupe n’a aucune raison de ne pas valider l’accord. Seulement voilà : l’Allemagne hésite. Wolfgang Schäuble, son ministre des finances, a fait savoir qu’il soulèverait de nombreuses « questions » lors de la réunion. Il s’inquiète de la soutenabilité de la dette grecque et veut s’assurer que le FMI, silencieux ces derniers jours, restera impliqué dans le pays. La chancelière Angela Merkel est dans une situation délicate. Une partie des députés allemands sont réticents à aider encore Athènes. Pour les calmer, elle aurait préféré que la Grèce bénéficie d’un prêt-relais pour passer l’échéance du 20 août. Et que les négociations se prolongent.Les hésitations allemandes peuvent-elles faire échouer l’Eurogroupe ? Possible. Mais peu probable. Berlin ne prendrait en effet pas le risque d’être la seule capitale de la zone euro à s’opposer à l’accord. La Finlande, l’autre pays méfiant à l’égard du gouvernement Tsipras, a en effet déjà fait savoir qu’elle le soutenait.Si la journée de vendredi se déroule sans encombre, plusieurs parlements nationaux, notamment en Allemagne, au Pays-Bas et en Espagne, devront encore donner leur blanc-seing, en début de semaine prochaine, pour qu’Athènes puisse toucher une première tranche d’aide avant le 20 août. M. Tsipras pourra alors souffler. Mais pas pour longtemps : il devra, dès lors, gérer la fronde au sein de son propre parti…Lire aussi :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciersLa Commission confiante, Schäuble aussiLa Commission européenne s’est dite confiante dans l’approbation par les ministres des finances de l’Eurogroupe du plan d’aide, trouvant « encourageant le vote sans appel ce matin par le Parlement grec ».Le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, s’est quant à lui montré plus réservé, se refusant à « spéculer » sur l’issue de la réunion. Il a estimé que la question de la « confiance politique » avec la Grèce était « encore sur la table ».Enfin, le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, a assuré vendredi 14 août après-midi qu’il était « confiant dans le fait que nous allons aboutir à un résultat aujourd’hui ». « Si nous ne trouvons pas de solution aujourd’hui, nous devrions mettre en place un prêt-relais », a-t-il toutefois ajouté.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.08.2015 à 18h46 • Mis à jour le14.08.2015 à 10h37 Vingt-neuf pages, seize actions prioritaires et cinquante-deux « réalisations clés » : le protocole d’accord négocié en moins de quatre semaines entre la Grèce et ses créanciers – Commission européenne, Banque centrale européenne, Mécanisme européen de stabilité et Fonds monétaire international (FMI) –, qui doit être avalisé par les ministres de l’Eurogroupe vendredi 14 août, va bien au-delà d’une simple feuille de route en contrepartie d’un troisième plan d’aide. Un plan évalué entre 82 et 86 milliards d’euros.Lire aussi :Grèce : un nouvel accord, et maintenant ?Si le document n’est que la traduction « technique » de la déclaration des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro du 13 juillet, le protocole n’en fixe pas moins un agenda législatif extrêmement serré et intrusif.Toutes les décisions ayant un impact budgétaire devront avoir été négociées au préalable avec les créanciers. A charge pour le gouvernement et le Parlement grecs, d’exécuter cet agenda sans tarder, c’est-à-dire dès la fin du mois d’août pour les aspects bancaires les plus urgents et entre fin 2015 et mi-2016 pour les réformes structurelles les plus lourdes.Au-delà des précautions diplomatiques rappelant que ce plan de relance prend en compte « le besoin de justice sociale et d’équité » et que sa mise en œuvre devra être partagée « par tous les segments de la société », le régime imposé à Athènes pour les trois prochaines années s’annonce douloureux.Les quatre priorités retenues résument l’ampleur du chantier. A commencer par les mesures destinées à stabiliser le budget grec à l’heure où les déficits repartent à la hausse. Pour faire entrer l’argent dans les caisses de l’Etat, le code des impôts sera profondément révisé, la chasse aux fraudeurs renforcée, la rationalisation des dépenses de santé y sera déterminante. Sans parler du nouveau Fonds de privatisation (qui pourrait drainer jusqu’à 50 milliards d’euros même si ce montant paraît toujours très ambitieux) : l’organisme chargé de sa gestion devra être installé dès le mois d’octobre.Les objectifs sont clairement définis : les procédures de libéralisation des ports du Pirée et de Thessalonique devront entrer dans une phase active avant la fin du mois d’octobre et des mesures « irréversibles » devront être adoptées concernant la vente des aéroports régionaux. Les bénéfices liés à ces privatisations devront à la fois permettre le remboursement de la dette grecque et favoriser les investissements publics dont la Grèce a cruellement besoin.Seconde priorité identifiée : le rétablissement de la stabilité financière en Grèce, qui reste loin d’être acquise, et qui fera l’objet d’un accompagnement d’urgence après l’instauration durant plusieurs semaines du contrôle des capitaux.Le protocole détaille également les mesures destinées à soutenir la croissance et la compétitivité du pays : réforme du marché du travail (retraite à 67 ans), libéralisation du marché de l’énergie, des services…Enfin, le protocole annonce une dernière priorité : la mise en place d’une « administration moderne » signe supplémentaire de la défiance des créanciers.Lire aussi :Six ans de crise en Grèce, neuf plans d’austérité, trois plans d’aide...Des questions à réglerLe gouvernement grec pourra toutefois compter sur l’appui des fonds européens classiques : 38 milliards d’euros réservés à la Grèce pour la période 2007-2013 restent disponibles et 35 milliards sont encore prévus d’ici à 2020. La Banque européenne d’investissement continuera, de son côté, à financer les grands projets de développement.Reste un point d’interrogation dans ce protocole : si la question de la dette grecque (177 % d’endettement, fin 2014) y est naturellement évoquée à vingt-sept reprises, son éventuelle restructuration n’est en revanche jamais mentionnée. Les pays du Nord de l’Europe s’y opposent toujours farouchement. La déclaration des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro le rappelait sans détour en juillet dernier tout en soulignant les « doutes sérieux » planant sur la soutenabilité de la dette hellène.C’est d’ailleurs l’un des enjeux majeurs de ce protocole. Pour le FMI, qui a participé à sa rédaction, la question de l’allégement de la dette devrait être envisagée parallèlement, dans une seconde étape. Etape dont les modalités ne sont pas prévues par le protocole d’accord.A Bruxelles, Christophe Garach 12.08.2015 à 17h19 • Mis à jour le13.08.2015 à 09h17 Toutes les nuits, depuis des mois, des canots pneumatiques chargés de familles qui ont payé plusieurs milliers d’euros la courte traversée à partir des côtes turques accostent sur les plages de Kos, une petite île grecque. Porte d’entrée de l’Europe en mer Egée, ce confetti de terre de 287 kilomètres carrés est désormais moins connu pour ses paysages de carte postale que pour ses difficultés à gérer l’afflux de migrants, venant pour la plupart de l’Afghanistan et de la Syrie en guerre, par la Turquie voisine.Sur l’île de quelque 33 000 habitants, la situation, très tendue depuis plusieurs mois, est au bord de l’explosion. Faute de structure d’accueil, les réfugiés dorment dans des tentes ou des hébergements de fortune dans les parcs, les rues, sur les quais et les plages de ce port très prisé des touristes. Plusieurs jours, voire parfois plusieurs semaines, sont nécessaires pour qu’ils puissent s’enregistrer auprès de la police grecque afin d’obtenir le laissez-passer leur permettant de poursuivre leur voyage vers Athènes et d’autres pays européens. Parqués dans un stadeLundi 10 août, un premier débordement a embrasé l’île. Un policier local a été suspendu pour avoir été filmé giflant un migrant qui s’approchait plus près que toléré du poste de police local. Le lendemain, la municipalité a tenté d’organiser le transfert d’une partie des 7 000 migrants en attente d’un enregistrement vers un stade et un gymnase, afin de faciliter les démarches administratives. Or, selon l’Agence France-Presse (AFP), plusieurs centaines de migrants ont tenté au cours de cette opération d’entrer en même temps dans le bureau prévu pour les enregistrements. Les policiers , débordés, ont alors frappé les migrants avec des matraques et vidé des extincteurs sur la foule. Le maire de Kos en a appelé à l’Etat, affirmant que « le sang risquait de couler et la situation de dégénérer » face au nombre croissant d’arrivées de migrants sur l’île – plus de 500 personnes chaque jour, selon l’édile.Voir aussi notre reportage : Sur la route deAprès cet appel à l’aide, quarante policiers des forces antiémeute grecques sont arrivés sur l’île. « Des renforts vont également être envoyés sur les autres îles de l’est de la mer Egée », a fait savoir à l’AFP un porte-parole de police. La presse grecque évoque un total de 250 hommes supplémentaires pour assister les forces locales sur les îles en première ligne des flux croissants de migrants arrivant de la Turquie voisine, comme Lesbos, Chios, Leros, Kalymnos ou Samos.« Escalader des grillages pour acheter de l’eau »« Nous espérons que d’ici à vendredi la plupart des migrants en attente auront pu être enregistrés et pourront quitter l’île », a expliqué mercredi le maire de Kos. Mais la situation reste encore très précaire dans le stade de Kos, où environ 2 000 personnes demeurent dans des conditions extrêmement précaires, selon l’ONG Médecins sans frontières (MSF), la seule présente sur l’île. Parmi elles, « de nombreuses familles avec des bébés et de jeunes enfants, faisant la queue sous un soleil de plomb, par 32 degrés (…) sans aucune installation sanitaire, sans ombre et sans abri », contraintes « d’escalader des grillages pour acheter de l’eau ».Le quotidien britannique The Guardian fait part de « malaises » et d’un migrant qui a fait une « crise d’épilepsie ». Julia Kourafa, porte-parole de MSF citée par le quotidien britannique, témoigne :« C’est la première fois qu’on voit, en Grèce, des gens enfermés dans un stade et contrôlés par les forces de police antiémeute. Il y a des mères avec de jeunes enfants et des personnes âgées. Ils ont été enfermés là pendant des heures sous le soleil. » Plus généralement, les équipes de MSF ont été témoins du harcèlement des réfugiés dans les espaces publics. Selon Brice de La Vigne, le directeur des opérations de l’ONG, « auparavant, on assistait à l’inaction de l’Etat. Désormais, ce sont les abus de l’Etat, avec la police usant de plus en plus de la force contre ces personnes vulnérables ».« C’est l’Union européenne et c’est absolument honteux » Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), sur 224 000 réfugiés arrivés par la Méditerranée depuis janvier, près de 124 000 sont entrés par la Grèce, un chiffre multiplié par sept par rapport à 2014. « En trente ans d’expérience humanitaire, je n’ai jamais vu une situation pareille (…). C’est l’Union européenne et c’est absolument honteux », a déclaré Vincent Cochetel le directeur pour l’Europe du HCR, de retour d’un déplacement dans plusieurs îles grecques, dont Kos, la semaine dernière.En juillet déjà, le HCR avait déploré le manque d’organisation et de coordination des pouvoirs publics grecs pour gérer l’arrivée des migrants. Il a notamment demandé au gouvernement de « désigner d’urgence une seule autorité pour coordonner » ses actions. Au début d’août, Alexis Tsipras, le premier ministre de la Grèce, a promis des mesures pour améliorer les structures et les procédures d’accueil. « Ce problème nous dépasse. La Grèce est un pays qui subit une crise économique et fait face à une crise humanitaire dans la crise », a-t-il aussi affirmé, demandant la « solidarité européenne ».La Commission européenne a approuvé lundi le déblocage d’une aide de 2,4 milliards d’euros sur six ans pour aider les pays européens à faire face à l’arrivée croissante de migrants, dont 473 millions d’euros pour la Grèce. 12.08.2015 à 12h25 • Mis à jour le12.08.2015 à 12h27 En proie depuis plusieurs semaines à une escalade de la violence, la Turquie multiplie les arrestations dans les milieux djihadistes. Selon l’agence de presse progouvernementale Anatolie, les autorités ont en effet arrêté, mercredi 12 août à l’aube, au moins une dizaine de djihadistes présumés appartenant à l’organisation Etat islamique (EI) dans plusieurs villes du pays.Cette nouvelle opération d’envergure a été menée à Ankara, à Istanbul, à Hatay (province proche de la Syrie) et à Kirikkale, dans le centre du pays. Quatre autres militants présumés de l’EI étaient encore recherchés par la police à la mi-journée. Les autorités ont également annoncé l’arrestation de vingt-trois étrangers, dont des femmes et des enfants, qui tentaient de traverser la frontière syrienne pour rejoindre la Syrie. Parmi ces étrangers se trouvent des Chinois, des Indonésiens, des Russes et des Ukrainiens, précise l’agence Anatolie. Au total, près de 1 300 suspects ont été arrêtés en un mois lors d’opérations policières menées contre des organisations terroristes à travers le pays. Toutefois, la grande majorité de ces arrestations concerne des membres présumés du PKK.Lire aussi :Erdogan met le processus de paix avec le PKK « au frigo »« Guerre contre le terrorisme »Ankara a lancé le 24 juillet une « guerre contre le terrorisme » visant simultanément le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et les combattants du groupe EI, le long de sa frontière avec la Syrie et l’Irak. Mais les dizaines de raids aériens se sont concentrées sur la guérilla kurde.Le président Recep Tayyip Erdogan a affiché son intention de poursuivre les raids contre les rebelles kurdes « jusqu’à ce qu’il ne reste plus aucun terroriste ». Réticente auparavant à lutter contre les djihadistes de l’EI, Ankara a multiplié les bombardements aériens le long de la frontière depuis un attentat à la frontière syrienne, le 20 juillet, qui a tué trente-deux civils.Lire aussi :La Turquie, sans gouvernement, s’enfonce peu à peu dans la violence Cécile Boutelet (Berlin, correspondance), Alain Salles et Marie Charrel (envoyée spéciale à Athènes) Un grand pas a été fait, mais la route est encore longue. Si Athènes et les représentants des créanciers sont parvenus, mardi 11 août, à un accord technique sur le troisième plan d’aide au pays, les discussions vont désormais entrer dans une séquence plus politique. Après les experts, ce sont désormais le Parlement grec, certains parlements nationaux et surtout les ministres des finances de la zone euro (l’Eurogroupe) qui devront valider le nouveau programme d’aide, de 86 milliards d’euros sur trois ans.Une phase qui s’annonce délicate, même si Athènes se comporte comme si tout était déjà réglé. De fait, mardi 11 août, les réactions des partenaires du pays étaient aussi prudentes que mesurées. Certains se sont même gardés de trop se prononcer.C’est le cas de l’Allemagne, qui n’a jamais caché ses réticences face à la signature d’un accord rapide. « Le ministère des finances va prendre le temps d’examiner l’accord en profondeur », déclarait ainsi mardi matin Jens Spahn, le secrétaire parlementaire au ministère des finances. Tout en louant la détermination d’Athènes dans les négociations, il a précisé que l’important, pour Berlin, est que « le programme soit en mesure de remettre la Grèce sur le chemin de la croissance ».Lire nos explications :Grèce : un nouvel accord, et maintenant ?Pas encore de réaction officielle de ParisSelon une source proche du gouvernement allemand, une première réaction de celui-ci sur le détail du plan pourrait n’intervenir que jeudi. Il faut dire que le calendrier est délicat. La chancelière Angela Merkel, qui devrait apporter son soutien au texte, doit en effet faire revenir les parlementaires de vacances pour qu’ils puissent voter la semaine prochaine, alors qu’une partie d’entre eux a voté contre l’accord du 13 juillet qui scellait les grandes lignes du programme.Si le processus prenait du retard, Athènes pourrait toucher un prêt relais, comme en juillet, pour rembourser les 3,5 milliards d’euros qu’elle devait à la Banque centrale européenne (BCE) le 20 juillet. Une option que Berlin favorise depuis le début, soulignant qu’un accord « exhaustif » est plus souhaitable qu’un propos « rapide ». Une option que défendait encore Mme Merkel auprès du premier ministre grec Alexis Tsipras lundi soir, au téléphone. A Paris, où il n’y a pas encore eu de réaction officielle, on salue un programme plus orienté vers les réformes que vers les économies budgétaires. « Les Grecs ont répondu dans les délais et avec le niveau de précision décidé en juillet », indique-t-on du côté de l’Elysée. Paris rappelle que si le calendrier est respecté, un nouvel allégement de la dette publique grecque pourra être discuté à l’automne.Lire sur Les Décodeurs :Six ans de crise en Grèce, neuf plans d’austérité, trois plans d’aide...« Nous avons besoin d’un accord politique »Les institutions partenaires d’Athènes – la BCE, le Fonds monétaire international (FMI), le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Commission européenne – se sont quant à elles montrées très discrètes.Seule la Commission s’est prononcée officiellement. « Ce que nous avons à ce stade, c’est un accord technique. Nous n’avons pas pour l’instant d’accord au niveau politique et c’est ce dont nous avons besoin », a ainsi déclaré une porte-parole, Annika Breidthardt. Plusieurs sources bruxelloises et européennes confirment avec insistance que sans feu vert politique, le compromis technique ne vaut rien.De son côté, M. Tsipras a déposé l’accord, sous la forme d’un texte de loi de près de 400 pages, à la Vouli, le Parlement grec, dans la nuit du mardi 11 au mercredi 12 août. Son examen en commission devrait intervenir mercredi ou jeudi, avec un vote en plénière dans la nuit. S’exprimant pour la première fois depuis la fin des négociations mercredi, le premier ministre grec s’est dit « confiant » dans la conclusion définitive de cet accord. Tout en prédisant l’échec de ceux qui voudraient « réaménager la zone euro en se servant de la Grèce ».« Comme lors des deux derniers rounds de mesures d’austérité, le projet devrait être adopté grâce au soutien de l’opposition », explique Blanka Kolenikova, analyste au cabinet IHS. L’aile gauche de Syriza est en effet très réticente à l’adoption du nouveau plan. Selon les observateurs, Alexis Tsipras sera probablement contraint d’appeler à des législatives anticipées après le résultat du vote, s’il veut rassembler ses troupes.Lire le récit :Entre la Grèce et ses créanciers, des négociations… dans le calme« Affiner les détails »Dans tous les cas, les ministres des finances de la zone euro tiendront une téléconférence vendredi 14 août pour évoquer l’accord, a annoncé mardi 11 août Mariano Rajoy, le président du gouvernement espagnol, en précisant que son Parlement pourrait se prononcer sur le plan la semaine prochaine.L’Eurogroupe peut-il rejeter le texte ? Certains pays, notamment les Pays-Bas, l’Espagne et la Finlande, sont réticents. « Parler d’un accord est un bien grand mot, il reste du travail à accomplir pour affiner les détails », assénait ainsi mardi 11 août le ministre finlandais des finances Alexander Stubb.Mais tout porte à croire qu’après les négociations apaisées de ces derniers jours, l’Eurogroupe donnera son feu vert. Cela permettra à certains parlements nationaux – comme en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Finlande –, de se prononcer à leur tour, la semaine prochaine.Christophe Garach (Bruxelles, correspondance)Marie Charrel (envoyée spéciale à Athènes)Journaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterCécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au MondeAlain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Isabelle Rey-Lefebvre (Vintimille (Italie) - envoyée spéciale) Léo, Alexis et Coralie, trois jeunes militants français du mouvement No Border, sont accueillis en héros, lundi 10 août, par la cinquantaine de migrants qui, depuis début juin, campent à Vintimille, en Italie, à vingt mètres de la frontière française. Ces activistes viennent de passer quinze heures en garde à vue et ont été relâchés sans suite. Leur tort : avoir manifesté leur solidarité avec les migrants qui, cette nuit-là, tentaient de passer la frontière. Une centaine de Soudanais et d’Erythréens étaient montés dans le dernier train express régional venant d’Italie, espérant rallier Nice et la France, et ont refusé d’en descendre lorsque, à la petite gare de Menton-Garavan, les policiers leur en ont intimé l’ordre. La police française a finalement, comme c’est devenu un rituel, reconduit 106 des 108 personnes appréhendées jusqu’au centre de la Croix-Rouge italienne de Vintimille.« Nous appliquons le droit avec humanité : ces procédures de réadmission dans le pays d’arrivée, ici l’Italie, sont prévues par les accords sur l’espace de Schengen et les traités de Dublin et de Chambéry de 1997 », argumente François-Xavier Lauch, sous-préfet et directeur de cabinet du préfet des Alpes-Maritimes.Reste que la tension monte à la frontière franco-italienne, où migrants, militants associatifs et forces de l’ordre se livrent une guerre d’usure. Depuis début juin, la frontière est bouclée. Pas question de laisser des flux de migrants alimenter à nouveau les campements parisiens et la « jungle » de Calais, où les tentatives de passage en Angleterre mettent déjà les autorités françaises et britanniques sous pression.Toutes les voitures et tous les trains sont désormais contrôlés, les identités des personnes à peau noire vérifiées… « C’est un contrôle au faciès », dénoncent les associations présentes, par la voix de Martine Landry et Cathie Lipszyc, d’Amnesty International. Quatre associations, dont le Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti), avaient contesté la légalité de ces contrôles devant le Conseil d’Etat, en vain puisque son ordonnance du 29 juin les valide.« Nous ne nous en irons pas »Les migrants ainsi bloqués se sont d’abord installés sur les rochers, entre route et mer, puis sur un parking en retrait, plus accueillant, à l’ombre d’un viaduc et de pins parasol. La vie y est très organisée, avec sanitaires, machine à laver, cuisine de plein air, four à pizzas, espace de prière et un bureau de campagne où l’on peut trouver, outre des prises électriques pour recharger les nombreux portables et ordinateurs, des plans de la région et de Paris, les horaires de bus et de trains et de quoi organiser un voyage en France.Chaque soir, vers 17 heures, un petit groupe de migrants manifeste près du panneau « France » et de la pancarte « Bienvenue à Menton, perle de la Côte d’Azur », en tapant sur des casseroles et en déployant des banderoles « We are not going back » (« Nous ne nous en irons pas »), sous le regard éberlué des touristes et vacanciers, venus à la plage avec bouée et épuisette.Un marché du passage clandestinLe verrouillage de la frontière franco-italienne ouvre un marché du passage clandestin, avec ses filières et ses prix : entre 20 et 100 euros par personne. Certains migrants ayant pris la précaution d’ouvrir un compte qu’ils peuvent débiter dans n’importe quelle agence Western Union du monde, ils disposent ainsi de ressources convoitées par les trafiquants. « Nous menons une lutte sans merci contre les passeurs qui exploitent la misère humaine et en avons encore arrêté deux ce mardi 11 juin, au péage de la Turbie, sur l’autoroute A8, soit 112 depuis le début de l’année 2015, contre 84 en 2014 », se félicite Philippe Duporge, coordinateur de la Police aux frontières, chargé de la lutte contre l’immigration illégale. « L’enquête sur des filières organisées est en cours », se borne-t-il à révéler. Ce lundi 10 août, un de ces passeurs, Adel Ouaka, peintre en bâtiment de nationalité française, s’est vu condamné, en comparution immédiate au tribunal de Nice, à 18 mois de prison ferme pour avoir tenté de faire passer la frontière à dix migrants, moyennant 50 à 100 euros chacun, à bord de son véhicule.Malgré les renforts de compagnies de CRS, la frontière reste poreuse et tous les moyens sont bons pour essayer et réessayer de passer : à pied, par la montagne, en bus, voire en voiture avec des passeurs. « On en trouve chaque jour en gare de Nice », confirme Hubert Jourdan, militant d’Habitat et Citoyenneté, qui n’hésite pas à leur ouvrir sa maison. « Les migrants ne souhaitent pas du tout rester dans les Alpes-Maritimes, où seuls dix d’entre eux ont déposé une demande d’asile, affirme Yann Lapeyre, de Forum Réfugiés, et l’on voit bien que les règles internationales sont inapplicables, absurdes. »Lire aussi :A la frontière franco-italienne, l’incessant va-et-vient des migrants refoulésHubert Jourdan liste les stratagèmes qu’utilisent les pouvoirs publics pour dissuader les migrants de venir en France : les empêcher d’acheter des tickets de train, condamner les toilettes de la gare de Nice, limiter, comme le fait la municipalité de Nice, à quelques nuits l’accueil dans les rares centres d’hébergement qui ont pourtant des places disponibles… « Et quand la dissuasion ne fonctionne pas, c’est la répression », souligne-t-il, en référence à une militante de Réseau éducation sans frontière (RESF), arrêtée et menottée le 13 juillet, et qui attend son jugement, prévu en décembre. Des membres de l’association d’obédience musulmane Au Cœur de l’espoir, qui fournissaient des repas, se sont vu, le 10 août, interdire de le faire par les autorités italiennes sous peine de contraventions de 200 euros chacun.Lire aussi :Migrants à Vintimille : tensions entre la France et l’ItalieLes migrants ne comprennent pas le rejet dont ils font l’objet : « Nous ne sommes pas des criminels et nous cherchons la sécurité, confie Moussa Sidon, comptable de 33 ans, arrivé du Soudan qui, dans une terrible traversée de la Méditerranée, a perdu sa mère et sa fiancée. On nous donne de la nourriture, des vêtements, des soins, mais pas d’explication sur pourquoi le gouvernement refuse de nous laisser passer. Nous avions rêvé de l’Europe. Maintenant je ne sais plus où aller. »Les chiffres835 migrantsSelon la préfecture des Alpes-Maritimes, 835 migrants ont été contrôlées à la frontière de Vintimille entre le 3 et le 9 août. Après un pic de 1 548 migrants la première semaine de juin, le nombre de contrôles oscille entre 450 et 720 personnes par semaine. Deux tiers de ces migrants font l’objet d’une réadmission en Italie.95 408 arrivées par la mer en ItalieL’Italie a recensé 95 408 personnes arrivées par la mer entre le 1er janvier et le 4 août 2015, soit 4% de plus que pendant la même période en 2014.Isabelle Rey-Lefebvre (Vintimille (Italie) - envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Charrel « En six ans de crise, on n’avait jamais vu ça », s’étonne encore une source européenne. Depuis le samedi 8 août, lorsque les négociations entre Athènes et ses créanciers ont accéléré pour aboutir à un accord technique mardi 11 août, les deux parties donnent le même son de cloche. « Les discussions se sont faites en bonne entente », dit-on côté grec. « Nous avons travaillé dans une ambiance apaisée pour conclure un compromis au plus vite », déclare-t-on du côté des « institutions », à savoir la Commission européenne, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE) et le Mécanisme européen de stabilité (MES).Depuis le 20 juillet, les représentants des créanciers, le ministre grec des finances Euclide Tsakalotos et celui de l’économie, George Stathakis, se sont régulièrement rencontrés dans l’Hôtel Hilton, au centre d’Athènes, où logeaient les premiers. Ensemble, ils ont négocié des dizaines de mesures que la Grèce devra appliquer en contrepartie de l’aide. « Des discussions aussi techniques auraient pu s’étaler pendant des mois », s’étonne Nick Kounis, économiste chez ABN Amro.En échange d’une nouvelle aide de 86 milliards d’euros sur trois ans, la Grèce s’est ainsi engagée à déréguler le marché du gaz naturel, à créer un fonds de privatisation, à supprimer les exemptions fiscales des agriculteurs, à mettre fin aux pré-retraites...Lire la synthèse :Grèce : un nouvel accord, et maintenant ?« Virage à 180 degrés » « C’est à peine croyable : il y a tout juste trois mois, Tsipras n’aurait jamais accepté un tel programme », souligne un proche des négociateurs. Et pour cause : le premier ministre, leader de la gauche radicale de Syriza, a fait campagne sur le rejet de la rigueur et des deux premiers plans d’aide. Pendant six mois, les psychodrames et coups d’éclat étaient alors la règle. Les maladresses de l’ex-ministre des finances, le trublion Yannis Varoufakis, dont les chemises à fleurs laissaient pantois à Bruxelles, faisaient craindre le pire. Les tensions ont culminé le 5 juillet, lorsque M. Tsipras a organisé un référendum pour ou contre l’austérité, en appelant les Grecs à voter contre…Que s’est-il passé depuis ? « Tsipras a opéré un virage à 180 degrés », explique Yannis Koutsomitis, analyste indépendant. « Tout a changé après l’accord européen du 13 juillet, lorsque les dirigeants de la zone euro se sont entendus pour négocier un troisième plan d’aide », confirme M. Kounis.D’un coup, Alexis Tsipras s’est résolu à accepter l’essentiel des demandes de ses partenaires, à l’exception de quelques lignes rouges. Varoufakis a été remplacé par le discret Euclide Tsakalotos. Celui-ci a mené les négociations en compagnie de Georges Chouliarakis, le négociateur grec, bon connaisseur des institutions européennes. Tous les deux étaient sur la même longueur d’ondes : conclure un accord au plus vite, quitte à céder sur plus de points que prévu. Et ce, pour au moins deux raisons.La première est que la conjoncture économique grecque s’est dégradée bien plus vite que le gouvernement ne l’imaginait. Les banques, sous contrôle des capitaux depuis le 29 juin, sont au bord de l’effondrement. L’économie a replongé en récession. Le leader grec a compris qu’il n’avait plus une minute à perdre pour éviter un nouveau naufrage financier à son pays.Sa seconde motivation est politique. En concluant les négociations au plus vite, Tspiras espère couper l’herbe sous le pied à l’aile gauche de Syriza, vigoureusement opposée au troisième plan d’aide. Et qui pourrait fait scission. Selon les observateurs, c’est d’ailleurs pour empêcher ses détracteurs de monter un parti parallèle qu’il aurait annoncé, le 29 juillet, envisager des élections législatives anticipées.D’autres estiment qu’en déclenchant des élections au plus vite, il pourra encore compter sur sa popularité auprès des Grecs. Pour l’instant, beaucoup ne mesurent en effet pas la portée des mesures du nouveau programme. « Certains pourraient se sentir trahis », confie une source européenne. « La plupart seront problement résignés : après six ans de crise, ils ont malheureusement l’habitude ». Lire sur Les Décodeurs :Six ans de crise en Grèce, neuf plans d’austérité, trois plans d’aide...Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 19.08.2015 à 12h09 • Mis à jour le19.08.2015 à 16h02 Un membre de la Kaitsepolitsei, l’agence de sécurité estonienne chargée du contre-espionnage, de la lutte contre le terrorisme et des gros dossiers de corruption, du nom d’Eston Kohver a été condamné par un tribunal russe, mercredi 19 août, à quinze ans de prison pour espionnage, selon son avocat Evgueni Aksionov.Eston Kohver avait été arrêté en Russie après avoir été, selon Tallinn, enlevé en Estonie par les services secrets russes en 2014. Il a été reconnu « coupable d’espionnage, de possession illégale d’armes et de traversée illégale de la frontière russe » au terme d’un procès tenu à huis clos, a précisé son avocat. Il devrait maintenant décider s’il fera appel « après consultation avec des représentants de l’ambassade d’Estonie ».Les services spéciaux russes (FSB) avaient affirmé en septembre 2014 avoir arrêté Eston Kohver près de la frontière estonienne, alors qu’il tentait d’effectuer une opération de renseignement. Selon le FSB, il a été trouvé en possession d’un pistolet Taurus, de munitions, de 5 000 euros en liquide et d’« équipement spécial pour des enregistrements illégaux », ainsi que « de matériel apparemment destiné à une mission d’espionnage ».Le parquet estonien a une autre version : il assure que son ressortissant a été « capturé par des inconnus venus de Russie, alors qu’il était de service sur le territoire estonien, (…) enlevé de force, à main armée ».L’UE réclame sa libération « immédiate »La diplomatie estonienne a immédiatement condamné cette décision de justice, tout comme la « détention illégale » en Russie d’Eston Kohver. Elle a appelé à sa libération immédiate et a dénoncé une « violation criante de la loi internationale ».Federica Mogherini, la chef de la diplomatie européenne, a aussi fermement réclamé à la Russie de revoir son jugement :« L’Union européenne continue d’appeler la Fédération de Russie à agir en accord avec ses obligations internationales, à libérer immédiatement M. Kohver et garantir son retour en toute sécurité en Estonie. »David Lidington, le ministre des affaires européennes du Royaume-Uni, lui a fait écho en se disant « profondément préoccupé » par cette condamnation, qui a lieu sur fond de tensions sans précédent entre Moscou et les Occidentaux.Sous la coupe de l’URSS jusqu’à son effondrement, en 1991, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie sont particulièrement préoccupées par l’engagement présumé de Moscou dans la rébellion séparatiste ukrainienne et le rattachement de la péninsule ukrainienne de Crimée à la Russie en mars 2014. Dans le même temps, les affaires d’espionnage se sont multipliées ces derniers mois, plusieurs citoyens russes ayant été inculpés pour haute trahison ou divulgation de secrets d’Etat.A la fin de juillet, un tribunal moscovite avait commencé à juger Guennadi Kravtsov, un ancien ingénieur militaire russe accusé d’avoir livré des secrets d’Etat à une entreprise suédoise dans une lettre de demande d’embauche. En juin, Evgueni Mataïtis, un homme possédant la double nationalité russe et lituanienne, avait été arrêté en Russie et mis en cause pour espionnage dans une affaire classée secrète par les autorités. Et en mai, les services de sécurité avaient annoncé détenir pour espionnage un autre citoyen lituanien, Arstidas Tamosaitis, affirmant qu’il avait été « pris la main dans le sac » en train de transmettre des documents internes d’entreprises russes.Lire : En pleine crise ukrainienne, Moscou nargue l’OTAN en enlevant un agent estonien Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Pour remercier la chancelière de l’accueil que lui avait réservé l’Allemagne en janvier, une Ghanéenne a décidé de prénommer sa petite dernière, née en février, Angelamerkel. Une initiative acceptée par les services sociaux de la ville d’Hanovre où la famille est hébergée. Il n’est pas certain que la chancelière apprécie cet hommage et la publicité qui lui est ainsi faite. Son pays a en effet de plus en plus de mal à gérer les demandes d’asile dont l’augmentation est spectaculaire.Après avoir dû faire face à plus de 200 000 demandes d’asile en 2014 – un record depuis 1993 –, l’Allemagne s’attendait initialement à un doublement de ce nombre cette année. En fait, selon de nouvelles estimations fournies mercredi 19 août par le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, ces prévisions seront très largement dépassées. Il évalue à 800 000 le nombre de migrants qui pourraient cette année tenter leur chance en Allemagne. Si un grand nombre vient de Syrie, d’Irak ou d’Afghanistan, une part importante – plus de 80 000 au premier semestre – vient des Balkans.Lire aussi :Le centre de la Havel, havre menacé dans les bois berlinoisLes Etats-régions, qui doivent accueillir ces réfugiés selon une clé de répartition élaborée il y a plusieurs décennies, sont débordés. « Chaque jour, 500 réfugiés arrivent dans le Bade-Wurtemberg. Nous devons chaque jour construire un immeuble pour les héberger », résume Bilkay Öney, la ministre (sociale-démocrate) chargée de l’intégration dans ce Land du sud-ouest du pays. Après avoir reconverti certaines casernes, les Etats-régions multiplient les acquisitions de containers spécialement aménagés mais peuvent de moins en moins éviter d’héberger des réfugiés dans de simples tentes.Liste de « pays sûrs »Thomas de Maizière a provoqué une polémique en proposant que les réfugiés venant de pays sûrs qui, durant un trimestre, perçoivent 143 euros d’« argent de poche » par mois, reçoivent désormais des prestations en nature, moins incitatives. Une suggestion contre laquelle s’est insurgée sa collègue sociale-démocrate chargée de la famille, Manuela Schwesig. Dimanche 16 août, dans son interview de rentrée accordée à la chaîne ZDF, Mme Merkel a jugé que l’afflux des réfugiés et les questions humanitaires, mais aussi diplomatiques et géostratégiques qu’il soulève « vont nous occuper bien davantage que la question de la Grèce et celle de la stabilité de l’euro ». A ses yeux, « le thème de l’asile pourrait être le prochain grand projet européen ». Jugeant la situation actuelle « absolument non satisfaisante », la chancelière a dit en avoir parlé à Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne.Lire aussi :Royaume-Uni : après Calais, le soulagement puis l’attenteEn juillet, les Européens se sont mis d’accord pour réinstaller 22 500 réfugiés syriens vivant actuellement dans des pays du Proche-Orient (Liban, Jordanie). Ils ne sont, également, parvenus à s’entendre que sur la répartition volontaire de 32 256 demandeurs d’asile arrivés en Grèce et en Italie, deux pays qui n’arrivent plus à faire face à la situation. Un chiffre dérisoire face à l’ampleur des arrivées. La chancelière voudrait qu’au moins l’Union européenne se mette d’accord sur une liste des « pays sûrs » dont les citoyens ne seraient pas admis à obtenir un droit d’asile dans l’Union européenne. Le débat est très sensible en Allemagne. En 2014, le pays a jugé que trois Etats des Balkans (Serbie, Macédoine et Bosnie-Herzégovine) étaient « sûrs ». La CDU voudrait également classer le Monténégro, le Kosovo et l’Albanie dans cette catégorie mais les Verts, dont l’accord est indispensable, s’y refusent pour l’instant.Angela Merkel a également dit vouloir parler des réfugiés avec François Hollande. Depuis, le calendrier s’est précisé. Après avoir rencontré Theresa May, son homologue britannique, jeudi, pour traiter de la situation des réfugiés à Calais, Bernard Cazeneuve, ministre français de l’intérieur, se rendra à Berlin le soir. Surtout, le président français devrait évoquer ce sujet lundi 24 août avec la chancelière en marge d’un déplacement à Berlin essentiellement consacré à la situation en Ukraine.Un plan franco-allemandLe ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, a indiqué mardi quatre sujets qui pourraient constituer les grands axes d’un plan franco-allemand. Il s’agirait tout d’abord de créer des « points d’enregistrement » (hot spots) là où les réfugiés arrivent. Certains pays comme l’Italie ou la Hongrie sont soupçonnés de ne pas tout mettre en œuvre pour accomplir ces formalités. De son côté, la Grèce semble réellement incapable de faire face à cette responsabilité.Deuxièmement, des procédures accélérées devraient être mises en place afin que ceux qui n’obtiennent pas l’asile repartent effectivement et rapidement. En Allemagne, Mme Merkel a reconnu qu’on ne pouvait plus travailler en « mode normal ». Le pays rappelle des retraités ou fait appel à des fonctionnaires d’autres administrations pour venir en aide aux services d’immigration. Troisième axe : aider les pays de transit sur la route de l’UE à lutter contre les filières clandestines. La France pense surtout à la Libye et au Niger, l’Allemagne aux Balkans. Quatrième axe : à plus long terme, aider au développement des pays de départ afin de tarir le flux à la source.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.08.2015 à 13h15 • Mis à jour le18.08.2015 à 17h01 Entre le 8 et le 14 août, 20 843 migrants sont arrivés en Grèce, a annoncé, mardi 18 août, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Ce nombre représente près de 50 % des arrivées de migrants par la mer en Grèce au cours de toute l’année 2014. Pour le seul mois de juillet, il y en a eu 50 242, soit plus que les 43 500 personnes arrivées sur toute l’année 2014.Concernant les migrants arrivés la semaine dernière, la grande majorité venait de Syrie (82 %) ; 14 % sont des Afghans, 3 % sont des Irakiens. Le HCR relève que le « rythme des arrivées ne fait qu’augmenter ces dernières semaines » et qu’une « grande majorité de ces arrivants devraient recevoir le statut de réfugiés ».Profitant de bonnes conditions estivales, les personnes qui tentent de traverser la mer Egée en direction des rives européennes sont de plus en plus nombreuses. Entre Bodrum, ville balnéaire turque, et l’île de Kos, elles payent plus de 1 000 dollars (900 euros) pour emprunter l’un des plus courts passages entre la Turquie et l’Europe sur des petites embarcations ou des canots pneumatiques. La Turquie avait, de son côté, recensé près de 18 300 migrants secourus en mer Egée entre le 17 juillet et le 17 août.Depuis des mois, le HCR a lancé des avertissements concernant la crise grandissante des réfugiés sur les îles grecques. Il demande ainsi d’urgence le renforcement des structures d’accueil sur les îles et dans le reste du pays. Il « recommande aux autorités grecques de mettre en place une structure unique chargée de coordonner la réponse d’urgence » à cette crise et de « mettre en place un mécanisme d’assistance humanitaire adéquat ». L’île de Kos au centre des trajets L’île de Kos, située à environ 20 kilomètres des côtes turques, est la principale destination de ces réfugiés venus du Moyen-Orient ou de l’Extrême-Orient. D’une superficie de 287 kilomètres carrés, elle compte 33 000 habitants et des touristes estivaux, mais manque de structures d’accueil.Les réfugiés y dorment dans des tentes ou des abris de fortune dans les parcs, les rues, sur les quais et les plages. Plusieurs jours, voire parfois plusieurs semaines, sont nécessaires pour qu’ils puissent s’enregistrer auprès de la police grecque afin d’obtenir le laissez-passer leur permettant de poursuivre leur voyage vers Athènes et d’autres pays européens.Environ 2 000 personnes demeurent dans des conditions extrêmement précaires, selon l’ONG Médecins sans frontières (MSF), la seule présente sur l’île. Parmi elles, « de nombreuses familles avec des bébés et de jeunes enfants, faisant la queue sous un soleil de plomb, par 32 °C (…) sans aucune installation sanitaire, sans ombre et sans abri », contraintes d’« escalader des grillages pour acheter de l’eau ».Selon les statistiques de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), près de 250 000 personnes ont traversé la Méditerranée cette année pour gagner l’Europe. Ils sont plus de 2 000 hommes, femmes et enfants à avoir perdu la vie en mer depuis janvier.L’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures (Frontex) a pour sa part publié des chiffres impressionnants. Pour le seul mois de juillet, 107 500 migrants ont été recensés aux frontières européennes, soit trois fois plus que lors du même mois l’an passé. C’est la première fois depuis 2008, année où Frontex a commencé à établir ces relevés, que la barre de 100 000 migrants en un mois est dépassée.La Commission européenne a approuvé, au début d’août, le déblocage d’une aide de 2,4 milliards d’euros sur six ans pour aider les pays européens à faire face à l’arrivée croissante de migrants sur leur territoire. La Grèce a obtenu une aide de 474 millions d’euros.Lire le reportage :En Grèce, l’île de Kos débordée par les migrants 17.08.2015 à 18h15 Les combats dans l’est de l’Ukraine redoublent de violence, six mois après la trêve signée entre les autorités ukrainiennes et les séparatistes prorusses. Dix personnes, dont huit civils, ont été tuées en vingt-quatre heures dans la zone de conflit, selon un bilan établi lundi 17 août par l’AFP, une semaine après une précédente offensive meurtrière.Lire aussi :Ukraine : violents affrontements dans le DonbassLes autorités ukrainiennes ont annoncé la mort de trois civils et deux soldats dans la zone qu’elles contrôlent. Un couple a notamment succombé à des tirs de rebelles à Sartana, près de Marioupol, ville portuaire stratégique tenue par Kiev et convoitée ouvertement par les séparatistes. Ces derniers ont fait état de cinq morts dans deux localités sous contrôle des prorusses.La Russie accuse Kiev de préparer une « action militaire »La trêve signée le 12 février sous l’égide de la France, de l’Allemagne et de la Russie n’a jamais permis de faire cesser totalement les combats, qui ont fait plus de 6 800 morts depuis le début du conflit il y a seize mois. Les affrontements se sont toutefois intensifiés ces derniers jours.La Russie, par la voix de son ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov, a accusé lundi l’armée ukrainienne de préparer une offensive dans l’est de l’Ukraine :« Nous sommes inquiets du cours qu’ont pris les événements ces derniers jours, qui ressemblent très fortement à la préparation d’une action militaire. »Kiev craint au contraire une nouvelle offensive séparatiste autour du 24 août, jour anniversaire de l’indépendance de l’Ukraine, et dénonce la provocation du président Vladimir Poutine, qui s’est déplacé lundi en Crimée pour faire la promotion du tourisme dans ce territoire annexé par la Russie en mars 2014.L’Allemagne juge la situation « explosive »De son côté, l’Union européenne a « condamné la récente escalade des affrontements ». « Le plus important est que les deux parties respectent pleinement le cessez-le-feu et prennent toutes les mesures appropriées pour protéger les civils », a déclaré la porte-parole de la Commission européenne Catherine Ray.Les négociations de paix qui se poursuivent à Minsk avec la médiation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ne semblent pas avancer. Le ministre allemand des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a déclaré dimanche dans Bild que la situation était « explosive » et que « si les deux parties ne reviennent pas au processus de paix, une nouvelle escalade militaire [pouvait] se déclencher à tout moment ». Charlotte Bozonnet (Kos (Grèce), envoyé spéciale) Il est près de midi et le soleil tape fort sur le port de Kos en ce samedi de la mi-août. Les touristes ont troqué leur short pour le maillot de bain et le paréo. Face à la mer, devant le commissariat de police aux allures de château italien, un étrange attroupement dénote dans ce décor estival. Une centaine de migrants, pakistanais et afghans pour la plupart, sont massés devant le bâtiment. Ils attendent depuis des heures de se faire enregistrer. « On est là depuis sept jours », lâche Irfane, un Pakistanais d’une quarantaine d’années, assis sous un arbre. Soudain, quelques hommes s’approchent un peu trop près de l’entrée. Un policier en faction crie à ses collègues de sortir, casques et boucliers en main. Le face-à-face durera quelques minutes avant que la tension retombe et que chacun reprenne sa place.Kos, île de l’est de la mer Egée, vit une situation paradoxale. Depuis le début de l’année, le site, si prisé des touristes européens, est devenu une porte d’entrée vers l’Europe pour des dizaines de milliers de réfugiés, en grande partie syriens, venus en bateaux pneumatiques de Bodrum, en Turquie, situé à tout juste cinq kilomètres. « On en recevait 1 000 à 2 000 chaque année, 3 000 l’an dernier. Depuis janvier, 30 000 ont débarqué », souligne Andonis Kidonakis, président du syndicat des policiers de l’île, qui ne cache pas son inquiétude : « Il est clair que ça va continuer tout l’été. »La semaine dernière, la situation est devenue intenable, avec 7 000 migrants bloqués sur l’île, en attente du laissez-passer sans lequel ils ne peuvent gagner Athènes ni poursuivre leur voyage. Dépassées, les autorités ont décidé de les réunir dans un stade du centre-ville pour faciliter leur enregistrement, mais les heures d’attente sous le soleil, sans eau ni nourriture pour des familles épuisées par le voyage, ont vite tourné au drame. Et les images de réfugiés repoussés à coups de matraques et de gaz d’extincteurs par des policiers ont fait le tour du monde.Lire les derniers chiffres de Frontex :Plus de 100 000 migrants ont rejoint l’Europe en juilletInquiétudes locales Depuis, quelque 4 000 personnes auraient été transférées par bateau vers Athènes. Environ 2 500 resteraient sur l’île. Des policiers ont été envoyés en renfort, ainsi que du personnel des services d’immigration, pour accélérer les procédures. Un navire-hôtel, le Eleftherios Venizelos, pouvant accueillir 2 500 personnes, a même été envoyé par Athènes. Autant de mesures qui n’ont pas suffi à calmer les inquiétudes locales. « Le maire refuse de mettre à disposition un bâtiment pour servir de centre d’accueil, parce qu’il ne veut pas que ces gens s’installent, mais ce n’est pas tenable », prévient M. Kidonakis.Contrairement à l’île de Lesbos, plus au nord, confrontée au même afflux, Kos n’offre aucune structure d’accueil aux nouveaux arrivants qui s’installent où ils peuvent. Sur la promenade du bord de mer, à quelques mètres des restaurants et des bars bondés, des dizaines de tentes sont alignées au milieu des sacs à dos fatigués, des bouteilles d’eau et des couchages de fortune. Les familles s’installent sur chaque bout de pelouse, à la recherche d’un peu d’ombre. Les enfants sont lavés dans la mer, les gilets de sauvetage servent de matelas pour les plus petits, les hommes rechargent leurs téléphones portables dans les cafés.Hassan Al-Hammed est arrivé il y a deux jours avec ses deux frères et leur famille, dix personnes en tout avec les enfants dont le plus jeune, qui dort dans les bras de sa mère, a tout juste 4 mois. « On a un peu d’argent, alors on a essayé de louer une chambre d’hôtel, mais lorsqu’ils ont vu les enfants, ils ont refusé », explique-t-il. Originaire d’Idlib, en Syrie, ce médecin raconte avoir tout vendu pour venir ici. Il a payé 2 000 euros par tête pour le voyage, 20 000 au total. « C’est difficile de vivre comme ça », avoue-t-il avec pudeur en montrant leur tente.Elle leur a été distribuée par Médecins sans frontières (MSF), la seule ONG présente sur place. « Nous essayons de nous adapter à une situation qui évolue de jour en jour », souligne Julia Kourafa, sa responsable de la communication. Une équipe mobile avec un médecin, une infirmière et des traducteurs – en arabe et en farsi – sillonne la ville mais les 17 travailleurs humanitaires envoyés par MSF ont bien du mal à faire face.« On demande inlassablement aux autorités de prendre leurs responsabilités, d’offrir à ces gens des conditions d’accueil qui soient décentes. Au lieu de cela, ils les emmènent de place en place sans aucune logique ».Lire les derniers chiffres du HCR :En une semaine, plus de 20 000 migrants arrivent sur les côtes grecquesSolidarité d’habitants de l’îleA une quinzaine de minutes en voiture du centre-ville, au milieu de champs brûlés par le soleil, l’hôtel Captain Elias accueille plusieurs centaines de migrants dans un décor proche d’un camp de réfugiés. L’établissement, abandonné depuis des années, a été réquisitionné en avril. Difficile de savoir combien de personnes, hommes, femmes et enfants, s’entassent, livrés à eux-mêmes, sur ces trois niveaux, y compris le toit : 200, 300 ? L’ancienne réception est tapissée de matelas ; autour de la piscine vide, des tentes et des cabanes bricolées avec des feuilles de palmiers et des bouts de tissu ont été dressées. MSF a installé quelques douches, des latrines et des bonbonnes d’eau potable. Mais il n’y a toujours pas d’électricité, pas de policiers, pas de distribution de nourriture.Devant l’inertie des autorités, un groupe de solidarité a été monté par des habitants de l’île. « En mai, il y a eu un incendie au Captain Elias, on s’est dit que ça ne pouvait plus durer, qu’il fallait faire quelque chose », raconte Sotiris Palaskas, un jeune professeur de grec et de littérature, attablé dans un restaurant du port. Pendant deux mois, lui et plusieurs dizaines d’autres personnes vont récolter de la nourriture auprès des hôtels et des commerçants de la ville pour nourrir les réfugiés, leur offrir du savon, du lait…« Il y a deux semaines, nous avons dû arrêter. Nous ne pouvions plus faire face. C’était devenu un job à temps plein. On s’est aussi dit que tant que nous assurerions, les autorités pourraient continuer à s’en laver les mains. »Dans les rues de Kos, touristes et migrants vivent côte à côte. Sur l’une des avenues de bord de mer, un mètre seulement sépare les alignements de tentes de la piste cyclable empruntée par les vacanciers. Deux mondes qui se regardent, à distance, souvent incrédules. Devant la boutique qui vend des tickets de ferry, de jeunes Pakistanais se poussent du coude, mi-amusés mi-amers, devant les réclames qui proposent aux touristes des excursions vers Bodrum, en Turquie, en 20 minutes pour la modique somme de 15 euros. « On a vu ce qui se passait ici deux jours avant notre départ », souligne un couple de touristes belges venus de Bruxelles. S’avouant parfois « mal à l’aise », ils savent aussi que déserter une île de 33 000 habitants qui ne vit que du tourisme n’est pas la solution.Lire aussi :Sur l’île grecque de Kos, débordée par l’afflux de migrants, « le sang risque de couler »Défaillances de l’Etat Aucun incident n’a en tout cas été enregistré en ville. « Nous n’avons aucun problème. Ils viennent faire leurs achats comme tout le monde, souligne la propriétaire du Limnos, une épicerie qui vend aussi des articles de plage. Ce dont les habitants ont peur ici, c’est que l’image de l’île soit atteinte. » A côté du commissariat, Alexandro regarde les tables vides de son restaurant familial. « Nous sommes une petite île, ce n’est pas juste de devoir assumer tout ça », lâche-t-il.Municipalité, gouvernement : chacun se renvoie la balle. Le maire de Kos, George Kiritsis, a appelé à des « mesures extraordinaires », se retournant vers Athènes. Arrivé au pouvoir en février, le gouvernement de M. Tsipras avait annoncé vouloir assouplir une politique migratoire régulièrement dénoncée par les organisations humanitaires. Depuis, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a fustigé les défaillances de l’Etat grec en matière d’asile. Alexis Tsipras a promis des mesures pour améliorer l’accueil, tout en avertissant les autres Etats européens que la Grèce ne pouvait faire face seule à une vague d’arrivées estimée à 50 000 personnes rien que pour le mois de juillet, sur l’ensemble des îles de la mer Egée.La nuit est déjà bien avancée à Kos. Les familles de touristes qui mangeaient leur glace en profitant de la fraîcheur du soir ont laissé la place aux jeunes fêtards, britanniques et allemands, réunis dans des bars bruyants. Au port de Kos, à quelques centaines de mètres, une longue file de réfugiés s’est déjà formée. Le Venizelos doit ouvrir ses portes à minuit : les migrants pourront s’y faire enregistrer et être logés et nourris pendant un jour ou deux, avant leur départ pour Athènes. Mais après deux heures d’attente, un homme rappelle que seuls les Syriens pourront y entrer, car les autres ne sont pas considérés comme des réfugiés de guerre. « Je viens d’Irak, vous croyez que c’est mieux en Irak ? Des gens sont tués tous les jours », crie une mère de famille, au bord des larmes, avec son petit dernier dans les bras. Dans quelques heures, à la faveur de la nuit, plusieurs centaines de nouveaux migrants arriveront à Kos.Charlotte Bozonnet (Kos (Grèce), envoyé spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.08.2015 à 17h40 • Mis à jour le15.08.2015 à 17h57 Au moins 40 migrants ont été retrouvés morts d’asphyxie, samedi 15 août, dans la cale d’un bateau de pêche surchargé, près des côtes libyennes, au cours d’une opération de la marine italienne.Les personnes sont probablement mortes d’avoir inhalé des émanations de carburant. Une voie d’eau s’était déclarée dans la cale du bateau, a expliqué le capitaine du navire qui a porté secours aux naufragés.Le commandant Massimo Tozzi a aussi affirmé à l’Agenzia giornalistica italia (AGI) que 319 personnes étaient saines et sauves, dont quelques mineurs et une dizaine de femmes. Il a raconté avoir « assisté à une scène bouleversante » : « De nombreux cadavres flottaient à la surface de l’eau, ainsi que des excréments humains et du carburant. »Angelino Alfano, le ministre de l’intérieur de l’Italie, a prévenu que le bilan pourrait s’alourdir. Il a donné une conférence de presse, au cours de laquelle il a fait cette mise en garde :« Cette tragédie ne sera pas la dernière si la communauté internationale ne trouve pas une solution à la crise en Libye. »Lire l'entretien :« L’UE oblige les migrants à des traversées dangereuses pour obtenir un droit qu’elle leur reconnaît »Plus de 2 300 morts depuis janvierLes gardes-côtes italiens ont dit craindre de nouvelles traversées de la Méditerranée, favorisées par l’amélioration des conditions en mer ces dernières heures, après plusieurs jours de mauvais temps. Ils étaient d’ailleurs engagés à la mi-journée dans le sauvetage d’environ 650 personnes en difficulté à bord de deux canots pneumatiques et d’un bateau.Les migrants qui sont arrivés en Italie ont raconté que les passeurs opérant en Libye exigeaient entre 1 200 et 1 800 dollars par personne pour une place sur le pont d’un bateau. Le prix est divisé par deux pour ceux qui acceptent de faire le trajet entassés dans la cale – en général des migrants originaires d’Afrique subsaharienne. Piégées dans un espace si confiné, ces personnes courent le risque de mourir étouffés, asphyxiés par les émanations de carburant, ou encore noyés si le bateau prend l’eau.Lire aussi :Les négriers de la MéditerranéeMardi soir, une cinquantaine de migrants qui se trouvaient à bord d’un canot pneumatique ont été portés disparus en mer. Près de 2 000 personnes ont été secourues au cours de la semaine.Environ 200 migrants ont certainement péri la semaine passée lorsque leur embarcation a chaviré près des côtes libyennes.Selon le dernier bilan de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), établi vendredi, plus de 2 300 personnes ont perdu la vie dans la traversée de la Méditerranée depuis le début de l’année.Lire aussi :Plus de 2 000 hommes, femmes et enfants sont morts « aux portes de l’Europe » en 2015 14.08.2015 à 21h44 • Mis à jour le15.08.2015 à 10h41 Christophe Garach (Bruxelles, correspondance)Une bonne dose d’espoir, un paquet de milliards et un zeste d’arrière-pensées : au terme d’un énième marathon, l’Eurogroupe est finalement parvenu, vendredi 14 août, à valider un troisième plan d’aide à la Grèce. En espérant que, cette fois, ce soit « le bon », s’est exclamé Michel Sapin, le ministre des finances de la France. Signe que le consensus n’a pas été trop douloureux pour Berlin, Wolfgang Schäuble, l’inflexible ministre des finances de l’Allemagne, s’est déclaré lui aussi satisfait du résultat, avant de préciser qu’il fallait cependant « rester prudent, parce que, bien sûr, nous avons fourni une énorme somme d’argent ».Au total, le montant de « la solidarité européenne » ne devrait pas dépasser 86 milliards d’euros (25 milliards d’euros serviront de « tampon » pour venir en aide aux banques grecques en cas de besoin). Pour l’instant, cette aide sera cofinancée par les seuls Européens, sans le soutien du Fonds monétaire international (FMI), qui prendra sa décision en octobre. Ce nouveau programme d’assistance financière est censé aider la Grèce à sortir la tête de l’eau après deux mois d’intenses turbulences qui ont fait plonger son économie au plus bas : la Commission européenne table désormais sur une récession à hauteur de 2,5 % en 2015, fait savoir Valdis Dombrovskis, son vice-président.Lire le récit :Six ans de crise en Grèce, neuf plans d’austérité, trois plans d’aide...La méfiance reste de miseMême si tous les protagonistes ont expliqué que le retour de la confiance – côté grec surtout – avait largement contribué à finaliser cet accord, la méfiance reste de mise et le décaissement des 86 milliards d’euros se fera au compte-gouttes d’ici à 2018. A la veille de probables élections anticipées en Grèce, les faucons de l’Eurogroupe maintiennent la pression sur Alexis Tsípras, le premier ministre grec de la gauche radicale.Ainsi, dès le 20 août, lorsque les Parlements nationaux qui doivent encore se prononcer auront donné leur aval, et dès que le conseil des gouverneurs du Mécanisme européen de stabilité (MES) chargé de superviser l’aide à la Grèce aura délivré son autorisation, une première tranche sera alors versée. Sur le papier, 26 milliards d’euros sont prévus ; 10 seront affectés à la recapitalisation des banques grecques, mais ces milliards resteront dans les mains du MES, qui n’ouvrira les vannes que sous condition. Restent 16 milliards d’euros : seuls 13 milliards seront effectivement décaissés pour permettre à la Grèce d’honorer le remboursement de ses dettes à court terme (dont 3,4 milliards à verser à la Banque centrale européenne le 20 août).Lire aussi notre analyse :L’accord avec la Grèce à l’épreuve du politique Quant aux 3 derniers milliards, ils ne seront libérés que plus tard, probablement en septembre, voire en octobre, sans garantie sur le calendrier. Comme l’essentiel du programme, tout dépendra de la mise en œuvre effective du très large éventail de réformes que la Grèce s’est engagée à faire, avec l’accord préalable de ses créanciers.Un calendrier de réformes jugé « ambitieux » par Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe. Mais le qualificatif demeure en deçà de la réalité. Le protocole d’accord que la Grèce a négocié avec ses créanciers pour obtenir cette manne financière l’obligera à engager un insondable processus de mutation en trois ans seulement, avec à la clé des réductions budgétaires, une chasse à l’évasion fiscale, une libéralisation à marche forcée de son économie, une réorganisation de son mode d’organisation sociale, des privatisations de pans entiers de son secteur public jugé démesuré et défaillant…Dette toujours « insoutenable », selon le FMIM. Sapin évoque un plan de réformes qui aura une profonde incidence sur toute la société grecque. S’il convient que les efforts demandés sont considérables, le patron de Bercy juge cependant que ces derniers sont « très équilibrés » et que ce plan est malgré tout « destiné à réussir », parce que tout a été fait pour éviter les erreurs des deux premiers plans de sauvetage. Il est vrai qu’un programme d’investissement doit aussi accompagner cette métamorphose et qu’Athènes pourra également compter sur plusieurs dizaines de milliards d’euros puisés directement dans le budget de l’Union européenne.Ces milliards bénéficieront directement à l’économie hellène, promettent le président de l’Eurogroupe et Klaus Regling, le directeur général du MES. Euclide Tsakalotos, le nouveau ministre des finances de la Grèce, lui, croise les doigts. « Nous espérons que cela aidera la Grèce à aller de l’avant » ,mais « cela dépendra de la façon dont la société grecque réagira », a-t-il déclaré au sortir de la réunion.Quant aux conséquences de ce nouveau plan de sauvetage sur la dette grecque – qui risque de frôler les 200 % du produit intérieur brut d’ici peu –, le FMI a maintenu le cap lors de la réunion de l’Eurogroupe. En dépit d’une analyse fournie par la Commission européenne, Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, a souligné qu’elle restait persuadée que la dette grecque était « insoutenable » et qu’une restructuration était nécessaire et complémentaire.Le 13 juillet, les chefs d’Etat et de gouvernement ont évoqué cette hypothèse. Mais cette promesse demeure encore bien improbable vu l’hostilité de Berlin. Avec une certitude : une décote de la dette est déjà exclue. La question reviendra quoi qu’il en soit en octobre sur la table des ministres des finances.Lire aussi nos explications :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciers 28.08.2015 à 19h37 • Mis à jour le28.08.2015 à 21h01 Le gouvernement polonais est presque certain que le train découvert par deux chasseurs de trésor dans la région de Walbrzych est bien un train allemand, dont la rumeur dit qu’il aurait été enseveli par les nazis avec un chargement d’armes et de bijoux. Piotr Zuchowski, vice-ministre de la culture, s’est dit sûr « à quatre-vingt-dix-neuf pour cent » de son existence, sur la foi de photographies prises par un radar à imagerie souterraine montrant un train de plus de 100 mètres de long. Il parle d’une découverte « exceptionnelle ».C’est la première fois qu’un responsable polonais confirme l’existence de ce train. M. Zuchowski a toutefois précisé que « les informations sur son contenu [restaient] invérifiables pour le moment ».« Le fait que ce soit un train blindé suggère qu’à l’intérieur il peut y avoir des objets de valeur, des objets précieux, des œuvres d’art, voire des archives dont nous avons connu l’existence, sans les découvrir. »Des « matériaux dangereux »Les autorités polonaises avaient commencé à chercher activement ce train après avoir été alertées par les avocats d’un Allemand et d’un Polonais qui affirmaient l’avoir localisé dans la région de Walbrzych, à l’époque sous le contrôle des nazis.M. Zuchowski a confirmé que les deux hommes pourraient légitimement demander 10 % de la valeur de leur trouvaille. Le Congrès juif mondial pense, en revanche, que ce qui sera retrouvé dans ce train devrait être restitué à ses propriétaires légitimes « dans la mesure où certains des objets retrouvés en Pologne pourraient avoir été volés à des juifs avant qu’il ne furent envoyés à la mort ».M. Zuchowski a aussi mis en garde d’autres potentiels chercheurs de trésor qui formeraient le projet de s’aventurer dans la région, car le train pourrait contenir aussi des « matériaux dangereux ».« Les opérations de déterrement devront être menées par des services spécialisés, dont des artificiers, du fait du risque que le train soit miné. »La région de Walbrzych est connue pour abriter un énorme chantier nazi de constructions souterraines, connues sous le nom de code de Riese (« Géant »). Ces galeries secrètes auraient été creusées par des prisonniers de camps de concentration et abriteraient des trésors du IIIe Reich abandonnés par les nazis en 1945. Une partie de ces galeries souterraines est aujourd’hui ouverte aux touristes, et certains espèrent encore en trouver d’autres. 28.08.2015 à 16h31 • Mis à jour le28.08.2015 à 19h45 Les autorités allemandes ont annoncé, vendredi 28 août, l’envoi de renforts policiers à Heidenau, en Saxe, par crainte de nouveaux débordements de militants d’extrême droite visant des centres d’accueil de réfugiés.Des affrontements avaient eu lieu la semaine dernière à Heidenau. A l’appel de la formation d’extrême droite NPD, un millier de manifestants s’étaient rassemblés pour protester contre l’ouverture d’un centre d’accueil pour réfugiés. Angela Merkel y a également été huée et insultée lors d’une visite mercredi.La chancelière a souligné que l’Etat fédéral avait « donné son accord, par la voie du ministère de l’intérieur, pour vérifier comment soutenir la police » de la Saxe. Le ministère de l’intérieur n’a pas été en mesure de chiffrer les renforts envoyés sur place.L’interdiction de manifester maintenue en appelCette décision fait suite à l’annulation par la justice, dans un premier temps, de l’interdiction de manifester à Heidenau. Les autorités locales avaient décidé d’y interdire des manifestations le temps du week-end, car elles estimaient qu’elles n’avaient pas les effectifs policiers nécessaires pour assurer la sécurité. Le tribunal administratif de Dresde avait jugé cette mesure « illégale », mais l’interdiction a finalement été rétablie en appel.Dresde, la capitale régionale, est le bastion du mouvement islamophobe Pegida, qui a réussi à rassembler en début d’année jusqu’à vingt-cinq mille personnes.L’Allemagne, qui attend un nombre record de 800 000 demandes d’asile en 2015, soit quatre fois plus que l’année précédente, est devenue le premier pays d’accueil d’Europe, alors que le continent est confronté à une grave crise migratoire. Une hausse des actes racistes a parallèlement été enregistrée. Salvatore Aloïse (Rome, correspondance) Jusqu’ici, ils n’étaient connus qu’à travers un chiffre et une date : les 49 cadavres du 15 août. Un parmi les nombreux naufrages de cet été, le long de la route des migrants, dans le canal de Sicile. Mais ce chiffre commence à « parler » : on sait à présent comment certains de ces hommes, enfermés dans la cale de l’embarcation qui devait les mener vers l’Italie, ont passé les derniers moments de leur vie.L’un écrivait une chanson de rap, un autre écoutait de la musique sur son iPod, avec ses écouteurs. Il y avait celui qui avait apporté avec lui un sachet d’aspirine.Parmi les objets retrouvés, en vrac : des dinars libyens, un téléphone portable de fabrication chinoise, un collier en cuir, un porte-monnaie vide… La Repubblica a publié, jeudi 27 août, les photos des pièces à conviction à la disposition de la police criminelle de Catane, en Sicile, qui mène l’enquête pour « homicides ».Ces hommes venaient du Bangladesh, du Pakistan, de la Côte d’Ivoire… Grâce aux témoignages des survivants, les policiers savent désormais qu’ils ont tenté de remonter à l’air libre pour échapper aux fumées rejetées par le moteur. Mais ils ont été roués de coups à chaque tentative de sortir de cette soute de six mètres sur quatre, d’une hauteur d’à peine 1,2 m, où l’on ne pouvait tenir qu’allongé. Parmi les pièces à conviction, un policier qui, avant, enquêtait sur les morts le long des rues de Catane, et qui aujourd’hui s’occupe des cadavres trouvés en mer, a toujours entre les mains la n° 15, racontent les deux journalistes du quotidien romain. Il s’agit de paroles de rap, dédiés à « Gazelle », le titre de la chanson. « C’est l’histoire tragique d’une jeune fille qui s’appelle Gazelle », écrit-il d’emblée. Sur le second feuillet, l’écriture devient presque incompréhensible.D’une « beauté sublime », Gazelle « aime la vie malgré l’enfer où elle est tombée » – une histoire d’hommes qui ont abusé d’elle et l’ont abandonnée. L’agent ne cesse de retourner à la cellule frigorifiée du navire où se trouvent les dépouilles des 49 morts du 15 août. Mais il n’a pas encore réussi à trouver celui qui, parmi eux, était le rappeur probablement amoureux, comme « Gazelle », de la vie.Salvatore Aloïse (Rome, correspondance)Journaliste au Monde 27.08.2015 à 22h44 • Mis à jour le28.08.2015 à 20h41 Plusieurs opérations de sauvetage pour venir en aide à des embarcations ayant fait naufrage au large de la Libye font craindre qu’un nouveau drame de taille se soit produit en mer Méditerranée, vendredi 28 août.Selon un bilan diffusé par l’antenne libyenne du Croissant-Rouge, qui participe aux opérations, au moins 105 cadavres ont été récupérés et une centaine de personnes ont pu être sauvées. Les autorités libyennes parlent de 198 survivants. Les deux bateaux, qui ont coulé au large de la ville libyenne de Zouara, transportaient entre 300 et 500 hommes, femmes et enfants, selon le témoignages de survivants.A Genève, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) craint un bilan bien plus lourd, car, selon son décompte, près de 200 personnes, au total, seraient encore portées disparues. « Il y a toujours des disparus, des dizaines, mais on ne connaît pas leur nombre », a résumé un porte-parole du Croissant-Rouge, Mohammed Al-Masrati.« Nous essayons de parler aux survivants, mais la plupart sont trop traumatisés pour parler de ce qu’il s’est passé. Certains recherchent encore leurs amis ».« Nous avons passé neuf heures dans l’eau » Faute de moyens, les secours ont réquisitionné des bateaux de pêche et des canots pneumatiques pour tenter de retrouver des survivants et de ramener les corps sur la terre ferme. Les corps des victimes, des personnes venant d’Afrique subsaharienne, du Pakistan, de Syrie, du Maroc et du Bangladesh, étaient ramenés sur la terre libyenne et comptés. La plupart se sont noyées dans la cale des bateaux alors qu’ils coulaient.Shefaz Hamza, un jeune Pakistanais de 17 ans interrogé par l’AFP, a raconté ce qu’il a vécu après le naufrage du bateau qui transportait sa famille :« J’ai vu mon frère éloigner un homme d’un coup de pied parce qu’il essayait de lui arracher son gilet de sauvetage. Quant à ma petite soeur, la dernière fois que je l’ai aperçue, une personne tentait de s’accrocher à ses épaules, la poussant vers le bas, avant qu’elle ne disparaisse sous l’eau. Nous avons passé neuf heures dans l’eau, ma mère et moi, accrochés à un morceau de bois. Je n’ai pas cessé de lui dire que tout allait s’arranger mais elle n’a pas tenu le coup et a coulé à peine un quart d’heure avant que les secours n’arrivent »Seddik Said, qui dirige les opérations de secours pour le Croissant-Rouge, explique la difficulté à laquelle font face les sauveteurs :« C’est difficile d’avoir les chiffres exacts, même celui des morts. On peut seulement fournir le nombre de personnes que nous avons retrouvées mortes. Nous menons des missions similaires chaque semaine désormais. Des dizaines de personnes meurent au large de cette plage chaque semaine. »300 000 arrivées de l’Afrique et du Maghreb en 2015Ce nouveau drame, comme celui qui a eu lieu en Autriche, vient alourdir les tristes statistiques humaines dévoilées un peu plus tôt par le HCR. Depuis le début de l’année, plus de 2 500 personnes ont péri en tentant de traverser la Méditerranée pour rallier l’Europe. Plus de 300 000 personnes ont réussi à rejoindre les côtes grecques ou italiennes en traversant la mer sur des embarcations souvent à peine navigables.Sur les 1 770 kilomètres de côtes libyennes, les départs de clandestins n’ont cessé de s’intensifier depuis la chute, en 2011, du régime de Mouammar Kadhafi, qui a entraîné le pays dans le chaos. Minée par les violences, la Libye compte deux gouvernements rivaux, une situation qui facilite le travail des passeurs.La Libye n’est située qu’à un peu plus de 300 kilomètres de l’île italienne de Lampedusa, que des centaines de migrants venus d’Afrique, de Syrie ou d’autres zones de conflit tentent chaque semaine d’atteindre. Mercredi, une cinquantaine de personnes mortes avaient été découvertes dans la cale d’un bateau dans le cadre d’un sauvetage massif d’une dizaine d’embarcations en route pour l’Europe. Par ailleurs, un navire des gardes-côtes suédois a accosté en Sicile jeudi soir avec 52 cadavres de migrants récupérés mercredi près une longue dérive.Lire la synthèse :Crise des migrants : les drames se succèdent, sans réponse politique commune 27.08.2015 à 16h44 • Mis à jour le27.08.2015 à 17h00 Vassiliki Thanou-Christophilou est devenue, jeudi 27 août, la première femme à prendre la tête d’un gouvernement grec. Jusque-là présidente de la Cour suprême, elle vient d’être nommée à la tête du gouvernement intérimaire chargé de gérer les affaires courantes d’ici aux élections législatives anticipées convoquées après la démission d’Alexis Tsipras.Mme Thanou-Christophilou prêtera serment jeudi en début de soirée avant de prendre ses fonctions et de nommer son gouvernement vendredi. La magistrate, âgée de 65 ans, officiera pour un mandat à la durée encore indéterminée : la date officielle des élections n’a pas encore été arrêtée, mais elles pourraient toutefois se tenir le 20 ou le 27 septembre.Lire sur Les Décodeurs :En Grèce, neuf plans d’austérité, trois plans d’aide et une démissionTsipras veut la majorité absolueSa nomination intervient une semaine tout juste après la démission de M. Tsipras, qui a quitté son poste en espérant consolider sa majorité au Parlement.Il a pris cette décision après la scission de son parti, Syriza, qui s’est déchiré sur le nouvel accord conclu entre la Grèce et l’Union européenne au sujet du nouveau prêt accordé à ce pays endetté, en contrepartie d’une poursuite de l’austérité.Après l’échec des partis d’opposition dans leurs tentatives de former un gouvernement de coalition ces derniers jours, le président a décidé de nommer un gouvernement par intérim pour organiser des élections, comme le prévoit la Constitution. Alexis Tsipras a exclu mercredi de former un gouvernement d’unité nationale avec les partis de droite ou de gauche s’il n’obtient pas la majorité absolue, dans un entretien, le premier depuis sa démission la semaine dernière, avec la chaîne de télévision Alpha. « Je ne vais pas devenir un premier ministre qui coopère avec la Nouvelle Démocratie (droite) », le Pasok (socialistes) ou To Potami (centre gauche), a-t-il souligné, appelant les Grecs à donner la majorité absolue à son parti.Lire le reportage :Le blues des militants de Syriza avant les élections 27.08.2015 à 14h08 • Mis à jour le27.08.2015 à 14h55 « Le défaut de paiement tant attendu par nos ennemis n’a pas eu lieu. » C’est avec cette assertion fanfaronnante que le premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, a ouvert le conseil des ministres, jeudi 27 août. Après des mois d’incertitude, un accord sur la restructuration de la dette a été trouvé entre Kiev et ses créanciers, et devrait donc permettre d’éviter le défaut de paiement. « Aucun pays qui ne s’est pas déclaré en défaut de paiement n’a obtenu de telles conditions », a renchéri le premier ministre, en précisant que le niveau moyen d’effacement pour ces pays était de « 10 % ».Après des négociations fleuves, l’Ukraine a obtenu :un effacement de 20 % de sa dette, soit environ 3,6 milliards de dollars (3,2 milliards d’euros).un allongement de quatre ans de la période de remboursement.une légère hausse du taux d’intérêt, 7,75 % contre une moyenne de 7,2 % actuellement.La Russie pas partie prenante de l’accordLa négociation d’un allégement de sa dette était indispensable pour un , ravagée par une grave crise économique et par un conflit armé meurtrier avec les rebelles prorusses. Le pays devait à tout prix respecter les conditions posées par le Fonds monétaire international pour obtenir la poursuite de son aide financière.Depuis le 12 mars, Kiev avait donc engagé des négociations avec ses bailleurs privés et publics avec pour objectif de dégager 15 milliards de dollars (14 milliards d’euros) d’allégements dans le cadre d’un plan d’aide international de 40 milliards de dollars (environ 37 milliards d’euros) sur quatre ans. Cet accord devrait permettre à Kiev d’économiser 11,1 milliards de dollars sur quatre ans.La semaine dernière, le fonds Franklin Templeton et trois autres institutions financières – qui détiennent 8,9 milliards de dollars de la dette publique du pays – avaient rejeté la proposition de Kiev d’un effacement de 40 % de sa dette. Ils ne proposaient en échange qu’un allégement de 5 % à 10 % soumis à de strictes conditions.A Moscou, le ministre des finances russe, Anton Silouanov, a déclaré que son pays n’était pas partie prenante de l’accord. L’Ukraine doit à la Russie 3 milliards de dollars en obligations (2,8 milliards d’euros), qui doivent être intégralement remboursés en décembre. 27.08.2015 à 04h47 • Mis à jour le27.08.2015 à 12h01 Responsables européens et dirigeants des Balkans de l’Ouest se réunissent à Vienne, jeudi 27 août, à l’occasion d’un sommet consacré à la crise des migrants. La chancelière allemande, Angela Merkel, et la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, participeront également à cette réunion, qui devrait permettre d’avancer sur les questions de répartition des demandeurs d’asile dans les pays européens, alors que des milliers de Syriens et d’Irakiens fuient les guerres dans leur pays, et que des Albanais, des Kosovars ou des Serbes viennent en Europe occidentale chercher une vie meilleure.La Serbie et la Macédoine ont d’ores et déjà appelé l’Union européenne à agir lors de ce sommet. « A moins d’avoir une réponse européenne à cette crise [...], personne ne doit nourrir l’illusion que cela peut être réglé », a déclaré le ministre macédonien des affaires étrangères, Nikola Poposki. Son homologue serbe, Ivica Dacic, a quant à lui réclamé un « plan d’action » européen, avant d’ajouter : « Je vais être très direct, nous sommes en train de supporter le poids du problème. » De nombreux pays ont déjà dû prendre des mesures d’urgence pour faire face à cet afflux de migrants de grande ampleur.La GrèceLe pays est la première destination européenne pour les migrants qui transitent par la Turquie, et passent sur des embarcations de fortune la mer Egée. Venus du Moyen-Orient ou de l’Extrême-Orient, les migrants, en majorité Syriens, cherchent à gagner l’île de Kos, à 20 kilomètres des côtes turques, où ils attendent d’obtenir un laisser-passer, pour ensuite rejoindre Athènes et les autres pays européens.Désorganisée et faisant face à un nombre grandissant d’arrivées – plus de 20 000 en une semaine au mois d’août – la Grèce a obtenu une aide de 474 millions d’euros de la Commission européenne pour faire face à la situation, qui a provoqué des mouvements de violence sur l’île de Kos. Depuis le début de l’année, quelque 124 000 migrants sont arrivés dans les îles grecques depuis la Turquie, selon des chiffres du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR).La MacédoineAprès leur arrivée en Grèce, les migrants progressent vers l’Europe de l’Ouest, en passant notamment par la Macédoine. Le pays a décrété l’état d’urgence, jeudi 20 août, dans le sud et le nord du pays. L’armée a été déployée sur place pour aider les autorités locales, ce qui s’est parfois traduit par des incidents entre migrants et militaires. La frontière avec la Grèce, d’abord partiellement fermée, a finalement été ouverte pour laisser passer des milliers de migrants, dimanche 23 août.La SerbieAlors que le premier ministre serbe, Aleksandar Vucic, a affirmé sa volonté d’accueillir et de gérer avec dignité l’arrivée des migrants en Serbie, la situation est beaucoup plus critique. Pays hors de l’espace Schengen et de l’UE, la Serbie sert de porte d’entrée dans l’UE, via Subotica, dernière ville serbe avant la frontière hongroise. Là s’y est développée une « jungle », où les conditions de vie sont déplorables, sans eau, sans sanitaires, sans électricité.Lire aussi le reportage :Dans « la jungle » serbe de Subotica, contrôlée par les trafiquantsLa HongrieAlors que la police hongroise a annoncé jeudi qu’un nombre record de 3 241 migrants étaient arrivés mercredi, le pays a déjà pris des mesures drastiques. A partir du 5 septembre, la Hongrie enverra plus de 2 000 policiers en renfort à la frontière avec la Serbie. Mille policiers travaillent déjà régulièrement dans cette zone pour contrôler l’afflux des migrants.D’ici à la fin du mois d’août, le pays achèvera surtout la construction d’une barrière anti-migrants – un grillage métallique de 4 mètres de haut – le long de la frontière avec la Serbie, soit 175 kilomètres. Depuis le début de l’année, la Hongrie a connu plus de 140 000 arrivées sur son territoire, soit plus du double du total de l’année 2014. 15.08.2015 à 17h40 • Mis à jour le15.08.2015 à 17h57 Au moins 40 migrants ont été retrouvés morts d’asphyxie, samedi 15 août, dans la cale d’un bateau de pêche surchargé, près des côtes libyennes, au cours d’une opération de la marine italienne.Les personnes sont probablement mortes d’avoir inhalé des émanations de carburant. Une voie d’eau s’était déclarée dans la cale du bateau, a expliqué le capitaine du navire qui a porté secours aux naufragés.Le commandant Massimo Tozzi a aussi affirmé à l’Agenzia giornalistica italia (AGI) que 319 personnes étaient saines et sauves, dont quelques mineurs et une dizaine de femmes. Il a raconté avoir « assisté à une scène bouleversante » : « De nombreux cadavres flottaient à la surface de l’eau, ainsi que des excréments humains et du carburant. »Angelino Alfano, le ministre de l’intérieur de l’Italie, a prévenu que le bilan pourrait s’alourdir. Il a donné une conférence de presse, au cours de laquelle il a fait cette mise en garde :« Cette tragédie ne sera pas la dernière si la communauté internationale ne trouve pas une solution à la crise en Libye. »Lire l'entretien :« L’UE oblige les migrants à des traversées dangereuses pour obtenir un droit qu’elle leur reconnaît »Plus de 2 300 morts depuis janvierLes gardes-côtes italiens ont dit craindre de nouvelles traversées de la Méditerranée, favorisées par l’amélioration des conditions en mer ces dernières heures, après plusieurs jours de mauvais temps. Ils étaient d’ailleurs engagés à la mi-journée dans le sauvetage d’environ 650 personnes en difficulté à bord de deux canots pneumatiques et d’un bateau.Les migrants qui sont arrivés en Italie ont raconté que les passeurs opérant en Libye exigeaient entre 1 200 et 1 800 dollars par personne pour une place sur le pont d’un bateau. Le prix est divisé par deux pour ceux qui acceptent de faire le trajet entassés dans la cale – en général des migrants originaires d’Afrique subsaharienne. Piégées dans un espace si confiné, ces personnes courent le risque de mourir étouffés, asphyxiés par les émanations de carburant, ou encore noyés si le bateau prend l’eau.Lire aussi :Les négriers de la MéditerranéeMardi soir, une cinquantaine de migrants qui se trouvaient à bord d’un canot pneumatique ont été portés disparus en mer. Près de 2 000 personnes ont été secourues au cours de la semaine.Environ 200 migrants ont certainement péri la semaine passée lorsque leur embarcation a chaviré près des côtes libyennes.Selon le dernier bilan de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), établi vendredi, plus de 2 300 personnes ont perdu la vie dans la traversée de la Méditerranée depuis le début de l’année.Lire aussi :Plus de 2 000 hommes, femmes et enfants sont morts « aux portes de l’Europe » en 2015 14.08.2015 à 21h44 • Mis à jour le15.08.2015 à 10h41 Christophe Garach (Bruxelles, correspondance)Une bonne dose d’espoir, un paquet de milliards et un zeste d’arrière-pensées : au terme d’un énième marathon, l’Eurogroupe est finalement parvenu, vendredi 14 août, à valider un troisième plan d’aide à la Grèce. En espérant que, cette fois, ce soit « le bon », s’est exclamé Michel Sapin, le ministre des finances de la France. Signe que le consensus n’a pas été trop douloureux pour Berlin, Wolfgang Schäuble, l’inflexible ministre des finances de l’Allemagne, s’est déclaré lui aussi satisfait du résultat, avant de préciser qu’il fallait cependant « rester prudent, parce que, bien sûr, nous avons fourni une énorme somme d’argent ».Au total, le montant de « la solidarité européenne » ne devrait pas dépasser 86 milliards d’euros (25 milliards d’euros serviront de « tampon » pour venir en aide aux banques grecques en cas de besoin). Pour l’instant, cette aide sera cofinancée par les seuls Européens, sans le soutien du Fonds monétaire international (FMI), qui prendra sa décision en octobre. Ce nouveau programme d’assistance financière est censé aider la Grèce à sortir la tête de l’eau après deux mois d’intenses turbulences qui ont fait plonger son économie au plus bas : la Commission européenne table désormais sur une récession à hauteur de 2,5 % en 2015, fait savoir Valdis Dombrovskis, son vice-président.Lire le récit :Six ans de crise en Grèce, neuf plans d’austérité, trois plans d’aide...La méfiance reste de miseMême si tous les protagonistes ont expliqué que le retour de la confiance – côté grec surtout – avait largement contribué à finaliser cet accord, la méfiance reste de mise et le décaissement des 86 milliards d’euros se fera au compte-gouttes d’ici à 2018. A la veille de probables élections anticipées en Grèce, les faucons de l’Eurogroupe maintiennent la pression sur Alexis Tsípras, le premier ministre grec de la gauche radicale.Ainsi, dès le 20 août, lorsque les Parlements nationaux qui doivent encore se prononcer auront donné leur aval, et dès que le conseil des gouverneurs du Mécanisme européen de stabilité (MES) chargé de superviser l’aide à la Grèce aura délivré son autorisation, une première tranche sera alors versée. Sur le papier, 26 milliards d’euros sont prévus ; 10 seront affectés à la recapitalisation des banques grecques, mais ces milliards resteront dans les mains du MES, qui n’ouvrira les vannes que sous condition. Restent 16 milliards d’euros : seuls 13 milliards seront effectivement décaissés pour permettre à la Grèce d’honorer le remboursement de ses dettes à court terme (dont 3,4 milliards à verser à la Banque centrale européenne le 20 août).Lire aussi notre analyse :L’accord avec la Grèce à l’épreuve du politique Quant aux 3 derniers milliards, ils ne seront libérés que plus tard, probablement en septembre, voire en octobre, sans garantie sur le calendrier. Comme l’essentiel du programme, tout dépendra de la mise en œuvre effective du très large éventail de réformes que la Grèce s’est engagée à faire, avec l’accord préalable de ses créanciers.Un calendrier de réformes jugé « ambitieux » par Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe. Mais le qualificatif demeure en deçà de la réalité. Le protocole d’accord que la Grèce a négocié avec ses créanciers pour obtenir cette manne financière l’obligera à engager un insondable processus de mutation en trois ans seulement, avec à la clé des réductions budgétaires, une chasse à l’évasion fiscale, une libéralisation à marche forcée de son économie, une réorganisation de son mode d’organisation sociale, des privatisations de pans entiers de son secteur public jugé démesuré et défaillant…Dette toujours « insoutenable », selon le FMIM. Sapin évoque un plan de réformes qui aura une profonde incidence sur toute la société grecque. S’il convient que les efforts demandés sont considérables, le patron de Bercy juge cependant que ces derniers sont « très équilibrés » et que ce plan est malgré tout « destiné à réussir », parce que tout a été fait pour éviter les erreurs des deux premiers plans de sauvetage. Il est vrai qu’un programme d’investissement doit aussi accompagner cette métamorphose et qu’Athènes pourra également compter sur plusieurs dizaines de milliards d’euros puisés directement dans le budget de l’Union européenne.Ces milliards bénéficieront directement à l’économie hellène, promettent le président de l’Eurogroupe et Klaus Regling, le directeur général du MES. Euclide Tsakalotos, le nouveau ministre des finances de la Grèce, lui, croise les doigts. « Nous espérons que cela aidera la Grèce à aller de l’avant » ,mais « cela dépendra de la façon dont la société grecque réagira », a-t-il déclaré au sortir de la réunion.Quant aux conséquences de ce nouveau plan de sauvetage sur la dette grecque – qui risque de frôler les 200 % du produit intérieur brut d’ici peu –, le FMI a maintenu le cap lors de la réunion de l’Eurogroupe. En dépit d’une analyse fournie par la Commission européenne, Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, a souligné qu’elle restait persuadée que la dette grecque était « insoutenable » et qu’une restructuration était nécessaire et complémentaire.Le 13 juillet, les chefs d’Etat et de gouvernement ont évoqué cette hypothèse. Mais cette promesse demeure encore bien improbable vu l’hostilité de Berlin. Avec une certitude : une décote de la dette est déjà exclue. La question reviendra quoi qu’il en soit en octobre sur la table des ministres des finances.Lire aussi nos explications :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciers 14.08.2015 à 17h22 • Mis à jour le14.08.2015 à 20h52 Les ministres des finances de la zone euro ont commencé leur réunion dans une ambiance relativement optimiste, vendredi 14 août, pour valider, ou non, le troisième programme d’assistance à Athènes, de près de 85 milliards d’euros sur trois ans. Juste avant l’ouverture de leur rencontre, prévue pour 15 heures, dans les bâtiments du Conseil de l’Union à Bruxelles, plusieurs d’entre eux se sont déclarés confiants quant à l’adoption du troisième programme d’aide à la Grèce.« Les choses vont dans le bon sens »L’inflexible ministre des finances de l’Allemagne, Wolfgang Schäuble, a donné le ton : « Je suis confiant dans le fait que nous allons aboutir à un résultat aujourd’hui », a-t-il déclaré à son arrivée. Prudent, il s’est toutefois empressé de rappeler qu’en cas de blocage des négociations une autre solution restait sur la table : celle d’un prêt-relais que l’Union européenne pourrait accorder à la Grèce en attendant un accord global.La Commission confiante, Schäuble aussiLa Commission européenne s’est dite confiante dans l’approbation par les ministres des finances de l’Eurogroupe du plan d’aide, trouvant « encourageant le vote sans appel ce matin par le Parlement grec ».Le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, s’est quant à lui montré plus réservé, se refusant à « spéculer » sur l’issue de la réunion. Il a estimé que la question de la « confiance politique » avec la Grèce était « encore sur la table ».Enfin, le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, a assuré vendredi 14 août après-midi qu’il était « confiant dans le fait que nous allons aboutir à un résultat aujourd’hui ». « Si nous ne trouvons pas de solution aujourd’hui, nous devrions mettre en place un prêt-relais », a-t-il toutefois ajouté.Peu avant, Alexander Stubb, son homologue finlandais, dont le pays fait également partie des plus méfiants à l’endroit de la Grèce, a souligné que « les choses allaient dans le bon sens », tout en ironisant sur le fait que la saga grecque n’allait pas durer « deux ans » mais plutôt « dix ans ».Lire aussi :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciersManifestement plus déterminé à faire aboutir les discussions dans la journée, Michel Sapin, le ministre des finances de la France, a annoncé à son arrivée que cette réunion était faite « pour décider », tout en reconnaissant qu’il y aurait d’abord des points à clarifier durant la réunion. Pierre Gramegna, son homologue luxembourgeois, était sur la même longueur d’onde : « La Grèce a fait plus de progrès en un mois que ces six derniers mois », a-t-il dit avec insistance, alors que le Parlement grec vient d’adopter un nouveau paquet de réformes, traduction anticipée du troisième plan d’aide que les ministres de l’Eurogroupe doivent précisément approuver.Christine Lagarde attendueLa validation du troisième plan d’aide à la Grèce par l’Eurogroupe, pourrait, si elle se confirmait, s’accompagner d’une première tranche d’aides comprise entre 23 et 26 milliards d’euros (sur près de 85 milliards d’euros au total), selon une source grecque. Mais, signe des tractations en cours, rien n’était encore arrêté en début de soirée.Cette première tranche servirait essentiellement à rembourser des échéances cruciales de la Grèce. Dans l’hypothèse d’un premier versement de 23 milliards, 10 milliards seraient affectés au soutien du système bancaire grec et 13 milliards seraient débloqués dans le cadre du remboursement de la dette grecque (dont 3,4 milliards à payer pour le 20 août à la Banque centrale européenne).Au-delà de l’adoption du programme d’aide à la Grèce, c’est l’attitude du Fonds monétaire international (FMI) qui sera observée de près. A leur arrivée à Bruxelles, de nombreux ministres ont exhorté le FMI à participer au fonds. Le Fonds a fait savoir à plusieurs reprises que son soutien dépendrait notamment d’un examen approfondi de la soutenabilité de la dette grecque. Selon nos informations, c’est Christine Lagarde, la directrice du FMI, qui devait s’exprimer en visioconférence durant la réunion des ministres de l’Eurogroupe.Lire aussi :Six ans de crise en Grèce, neuf plans d’austérité, trois plans d’aide...« Retrouver de l’oxygène »Même si la question de la soutenabilité de la dette grecque n’est formellement pas à l’ordre du jour de la réunion des ministres de l’Eurogroupe, la question a été abordée à plusieurs reprises juste avant la rencontre ministérielle. M. Sapin a ouvert le bal en rappelant que les ministres rediscuteront « en octobre » la question du « reprofilage de la dette grecque » afin que l’économie hellène puisse « retrouver de l’oxygène ».Plus direct, M. Gramegna a souligné que « la restructuration de la dette n’est pas exclue, elle est prévue formellement dans le compromis » scellé en juillet par les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro. Si la déclaration finale du 13 juillet dernier évoque à nouveau effectivement l’hypothèse d’« un allongement éventuel des périodes de grâce et des délais de remboursement », celle-ci demeure toutefois étroitement corsetée par une série de conditions assez rédhibitoires. Ce projet sera « envisagé si nécessaire ». Ces mesures seront en outre « subordonnées à la mise en œuvre intégrale des mesures à convenir dans le cadre d’un nouveau programme éventuel et seront envisagées après le premier réexamen qui aura abouti à un résultat concluant », précise la déclaration du 13 juillet. Enfin, et pour que les choses soient extrêmement claires, les chefs d’Etat et de gouvernement avaient dit que « le sommet de la zone euro souligne que l’on ne peut pas opérer de décote nominale sur la dette ».Christophe Garach 14.08.2015 à 12h32 • Mis à jour le14.08.2015 à 12h59 Ravagée par le conflit qui l’oppose aux rebelles prorusses dans l’est du pays, l’économie ukrainienne s’est effondrée de 14,7 % sur un an au deuxième trimestre 2015 , selon les chiffres publiés vendredi 14 août par le service national de la statistique. La richesse nationale avait déjà chuté de 17,2 % de janvier à mars.La situation est bien pire que l’an dernier, quand, malgré la crise avec la Russie et l’annexion par celle-ci de la Crimée, le PIB n’avait cédé « que » 4,5 % au deuxième trimestre.La banque centrale ukrainienne prévoit une contraction de 9,5 % du produit intérieur brut (PIB) sur l’ensemble de 2015 après - 6,8 % en 2014.Négociation pour restructurer la detteCes résultats catastrophiques tombent alors que Kiev négocie depuis trois jours pour restructurer sa dette afin d’éviter le défaut de paiement, qui pourrait avoir lieu dès le 2 septembre. La ministre des finances, Natalie Jaresko, s’est déplacée à San Francisco pour négocier avec les principaux créanciers de l’Ukraine, des institutions financières américaines.L’ancienne république soviétique a obtenu un plan d’aide de 40 milliards de dollars de ses alliés occidentaux, Fonds monétaire international (FMI) en tête, mais ce programme comprend un effort de 15,3 milliards de dollars auquel doivent consentir les créanciers privés de Kiev. Or, ces derniers rejettent depuis des semaines les conditions de la restructuration proposées par les autorités ukrainiennes.Lire aussi :L’Ukraine s’enfonce dans la crise financière 14.08.2015 à 11h38 • Mis à jour le14.08.2015 à 11h48 Combien coûtera l’annulation de la vente de deux navires de guerre Mistral à la Russie ? Le Canard enchaîné, qui avait calculé une facture totale de 2 milliards d’euros, a vu ses chiffres démentis, vendredi 14 août, par le ministre des finances, Michel Sapin. « C’est inexact, ça arrive d’ailleurs au Canard de dire des choses inexactes » a-t-il déclaré sur France Inter. « Ce sont des chiffres inférieurs à un milliard », a-t-il précisé.« Tous les chiffres seront donnés, ils seront totalement transparents », a encore promis M. Sapin, qui a confirmé que le Parlement serait saisi de ce dossier à la rentrée, mi-septembre. « Vous aurez tous les chiffres qui seront donnés aux parlementaires lorsque le traité [l’accord entre Paris et Moscou pour résoudre la question des Mistal] sera adopté », a-t-il assuré, précisant que ce texte sera d’abord « adopté en conseil des ministres d’ici à la fin août ».« C’est une décision politique qui était indispensable, nous ne pouvions pas livrer du matériel militaire à un pays qui aujourd’hui viole les règles internationales en occupant une partie de l’Ukraine, en annexant des territoires d’un autre pays. »Remboursé « intégralement »Paris et Moscou sont parvenus la semaine dernière à un accord sur l’épineux dossier des navires Mistral, dont la livraison à la Russie avait été suspendue en raison de la crise ukrainienne : Paris en récupérera la « pleine propriété » après avoir « intégralement » remboursé Moscou.Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, avait déjà indiqué que le montant exact de la somme versée par la France à la Russie serait inférieur au prix d’achat initial de 1,2 milliard d’euros. Le président François Hollande avait confirmé que « le Parlement français serait saisi d’un projet de loi pour ratifier cet accord » et que « les chiffres très précis seraient dans le document parlementaire ».Cette semaine, le Canard enchaîné a affirmé que la facture grimperait à deux milliards en ajoutant au remboursement du prix des deux navires une série de coûts annexes, dont le paiement par l’Etat de la marge du chantier naval DCNS, les frais d’adaptation et de gardiennage des navires, ou encore l’annulation du contrat de maintenance passé avec la Russie. 14.08.2015 à 06h45 • Mis à jour le14.08.2015 à 15h36 | Marie Charrel Un ultime Eurogroupe pour sauver la Grèce ? Vendredi 14 août, les ministres des finances de la zone euro se réunissent pour valider, ou non, le troisième programme d’assistance à Athènes, de près de 85 milliards sur trois ans. L’enjeu est de taille. Et le calendrier serré : le 20 août, le pays doit en effet rembourser 3,5 milliards d’euros à la Banque centrale européenne (BCE). Sans nouvelle aide, il risque de faire défaut.En théorie, l’Eurogroupe devrait donner son feu vert sans difficulté. Mardi 11, le gouvernement d’Alexis Tsipras et ses créanciers, la BCE, le Fonds monétaire international (FMI), le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Commission européenne, ont en effet conclu un accord « technique » sur le plan. Les négociations se sont déroulées dans une ambiance étonnamment cordiale.Lire aussi :La course contre la montre d’Alexis TsiprasUne longue série de réformesEn échange d’une nouvelle aide, Athènes s’est engagé à adopter une longue série de réformes, que les parlementaires Grecs ont voté vendredi matin. Et ce, en dépit de la révolte de l’aile gauche de Syriza, le parti de M. Tspiras, au bord de la scission.Dans ces conditions, l’Eurogroupe n’a aucune raison de ne pas valider l’accord. Seulement voilà : l’Allemagne hésite. Wolfgang Schäuble, son ministre des finances, a fait savoir qu’il soulèverait de nombreuses « questions » lors de la réunion. Il s’inquiète de la soutenabilité de la dette grecque et veut s’assurer que le FMI, silencieux ces derniers jours, restera impliqué dans le pays. La chancelière Angela Merkel est dans une situation délicate. Une partie des députés allemands sont réticents à aider encore Athènes. Pour les calmer, elle aurait préféré que la Grèce bénéficie d’un prêt-relais pour passer l’échéance du 20 août. Et que les négociations se prolongent.Les hésitations allemandes peuvent-elles faire échouer l’Eurogroupe ? Possible. Mais peu probable. Berlin ne prendrait en effet pas le risque d’être la seule capitale de la zone euro à s’opposer à l’accord. La Finlande, l’autre pays méfiant à l’égard du gouvernement Tsipras, a en effet déjà fait savoir qu’elle le soutenait.Si la journée de vendredi se déroule sans encombre, plusieurs parlements nationaux, notamment en Allemagne, au Pays-Bas et en Espagne, devront encore donner leur blanc-seing, en début de semaine prochaine, pour qu’Athènes puisse toucher une première tranche d’aide avant le 20 août. M. Tsipras pourra alors souffler. Mais pas pour longtemps : il devra, dès lors, gérer la fronde au sein de son propre parti…Lire aussi :Tout savoir sur l’accord trouvé entre la Grèce et ses créanciersLa Commission confiante, Schäuble aussiLa Commission européenne s’est dite confiante dans l’approbation par les ministres des finances de l’Eurogroupe du plan d’aide, trouvant « encourageant le vote sans appel ce matin par le Parlement grec ».Le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, s’est quant à lui montré plus réservé, se refusant à « spéculer » sur l’issue de la réunion. Il a estimé que la question de la « confiance politique » avec la Grèce était « encore sur la table ».Enfin, le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, a assuré vendredi 14 août après-midi qu’il était « confiant dans le fait que nous allons aboutir à un résultat aujourd’hui ». « Si nous ne trouvons pas de solution aujourd’hui, nous devrions mettre en place un prêt-relais », a-t-il toutefois ajouté.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.08.2015 à 18h46 • Mis à jour le14.08.2015 à 10h37 Vingt-neuf pages, seize actions prioritaires et cinquante-deux « réalisations clés » : le protocole d’accord négocié en moins de quatre semaines entre la Grèce et ses créanciers – Commission européenne, Banque centrale européenne, Mécanisme européen de stabilité et Fonds monétaire international (FMI) –, qui doit être avalisé par les ministres de l’Eurogroupe vendredi 14 août, va bien au-delà d’une simple feuille de route en contrepartie d’un troisième plan d’aide. Un plan évalué entre 82 et 86 milliards d’euros.Lire aussi :Grèce : un nouvel accord, et maintenant ?Si le document n’est que la traduction « technique » de la déclaration des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro du 13 juillet, le protocole n’en fixe pas moins un agenda législatif extrêmement serré et intrusif.Toutes les décisions ayant un impact budgétaire devront avoir été négociées au préalable avec les créanciers. A charge pour le gouvernement et le Parlement grecs, d’exécuter cet agenda sans tarder, c’est-à-dire dès la fin du mois d’août pour les aspects bancaires les plus urgents et entre fin 2015 et mi-2016 pour les réformes structurelles les plus lourdes.Au-delà des précautions diplomatiques rappelant que ce plan de relance prend en compte « le besoin de justice sociale et d’équité » et que sa mise en œuvre devra être partagée « par tous les segments de la société », le régime imposé à Athènes pour les trois prochaines années s’annonce douloureux.Les quatre priorités retenues résument l’ampleur du chantier. A commencer par les mesures destinées à stabiliser le budget grec à l’heure où les déficits repartent à la hausse. Pour faire entrer l’argent dans les caisses de l’Etat, le code des impôts sera profondément révisé, la chasse aux fraudeurs renforcée, la rationalisation des dépenses de santé y sera déterminante. Sans parler du nouveau Fonds de privatisation (qui pourrait drainer jusqu’à 50 milliards d’euros même si ce montant paraît toujours très ambitieux) : l’organisme chargé de sa gestion devra être installé dès le mois d’octobre.Les objectifs sont clairement définis : les procédures de libéralisation des ports du Pirée et de Thessalonique devront entrer dans une phase active avant la fin du mois d’octobre et des mesures « irréversibles » devront être adoptées concernant la vente des aéroports régionaux. Les bénéfices liés à ces privatisations devront à la fois permettre le remboursement de la dette grecque et favoriser les investissements publics dont la Grèce a cruellement besoin.Seconde priorité identifiée : le rétablissement de la stabilité financière en Grèce, qui reste loin d’être acquise, et qui fera l’objet d’un accompagnement d’urgence après l’instauration durant plusieurs semaines du contrôle des capitaux.Le protocole détaille également les mesures destinées à soutenir la croissance et la compétitivité du pays : réforme du marché du travail (retraite à 67 ans), libéralisation du marché de l’énergie, des services…Enfin, le protocole annonce une dernière priorité : la mise en place d’une « administration moderne » signe supplémentaire de la défiance des créanciers.Lire aussi :Six ans de crise en Grèce, neuf plans d’austérité, trois plans d’aide...Des questions à réglerLe gouvernement grec pourra toutefois compter sur l’appui des fonds européens classiques : 38 milliards d’euros réservés à la Grèce pour la période 2007-2013 restent disponibles et 35 milliards sont encore prévus d’ici à 2020. La Banque européenne d’investissement continuera, de son côté, à financer les grands projets de développement.Reste un point d’interrogation dans ce protocole : si la question de la dette grecque (177 % d’endettement, fin 2014) y est naturellement évoquée à vingt-sept reprises, son éventuelle restructuration n’est en revanche jamais mentionnée. Les pays du Nord de l’Europe s’y opposent toujours farouchement. La déclaration des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro le rappelait sans détour en juillet dernier tout en soulignant les « doutes sérieux » planant sur la soutenabilité de la dette hellène.C’est d’ailleurs l’un des enjeux majeurs de ce protocole. Pour le FMI, qui a participé à sa rédaction, la question de l’allégement de la dette devrait être envisagée parallèlement, dans une seconde étape. Etape dont les modalités ne sont pas prévues par le protocole d’accord.A Bruxelles, Christophe Garach 12.08.2015 à 17h19 • Mis à jour le13.08.2015 à 09h17 Toutes les nuits, depuis des mois, des canots pneumatiques chargés de familles qui ont payé plusieurs milliers d’euros la courte traversée à partir des côtes turques accostent sur les plages de Kos, une petite île grecque. Porte d’entrée de l’Europe en mer Egée, ce confetti de terre de 287 kilomètres carrés est désormais moins connu pour ses paysages de carte postale que pour ses difficultés à gérer l’afflux de migrants, venant pour la plupart de l’Afghanistan et de la Syrie en guerre, par la Turquie voisine.Sur l’île de quelque 33 000 habitants, la situation, très tendue depuis plusieurs mois, est au bord de l’explosion. Faute de structure d’accueil, les réfugiés dorment dans des tentes ou des hébergements de fortune dans les parcs, les rues, sur les quais et les plages de ce port très prisé des touristes. Plusieurs jours, voire parfois plusieurs semaines, sont nécessaires pour qu’ils puissent s’enregistrer auprès de la police grecque afin d’obtenir le laissez-passer leur permettant de poursuivre leur voyage vers Athènes et d’autres pays européens. Parqués dans un stadeLundi 10 août, un premier débordement a embrasé l’île. Un policier local a été suspendu pour avoir été filmé giflant un migrant qui s’approchait plus près que toléré du poste de police local. Le lendemain, la municipalité a tenté d’organiser le transfert d’une partie des 7 000 migrants en attente d’un enregistrement vers un stade et un gymnase, afin de faciliter les démarches administratives. Or, selon l’Agence France-Presse (AFP), plusieurs centaines de migrants ont tenté au cours de cette opération d’entrer en même temps dans le bureau prévu pour les enregistrements. Les policiers , débordés, ont alors frappé les migrants avec des matraques et vidé des extincteurs sur la foule. Le maire de Kos en a appelé à l’Etat, affirmant que « le sang risquait de couler et la situation de dégénérer » face au nombre croissant d’arrivées de migrants sur l’île – plus de 500 personnes chaque jour, selon l’édile.Voir aussi notre reportage : Sur la route deAprès cet appel à l’aide, quarante policiers des forces antiémeute grecques sont arrivés sur l’île. « Des renforts vont également être envoyés sur les autres îles de l’est de la mer Egée », a fait savoir à l’AFP un porte-parole de police. La presse grecque évoque un total de 250 hommes supplémentaires pour assister les forces locales sur les îles en première ligne des flux croissants de migrants arrivant de la Turquie voisine, comme Lesbos, Chios, Leros, Kalymnos ou Samos.« Escalader des grillages pour acheter de l’eau »« Nous espérons que d’ici à vendredi la plupart des migrants en attente auront pu être enregistrés et pourront quitter l’île », a expliqué mercredi le maire de Kos. Mais la situation reste encore très précaire dans le stade de Kos, où environ 2 000 personnes demeurent dans des conditions extrêmement précaires, selon l’ONG Médecins sans frontières (MSF), la seule présente sur l’île. Parmi elles, « de nombreuses familles avec des bébés et de jeunes enfants, faisant la queue sous un soleil de plomb, par 32 degrés (…) sans aucune installation sanitaire, sans ombre et sans abri », contraintes « d’escalader des grillages pour acheter de l’eau ».Le quotidien britannique The Guardian fait part de « malaises » et d’un migrant qui a fait une « crise d’épilepsie ». Julia Kourafa, porte-parole de MSF citée par le quotidien britannique, témoigne :« C’est la première fois qu’on voit, en Grèce, des gens enfermés dans un stade et contrôlés par les forces de police antiémeute. Il y a des mères avec de jeunes enfants et des personnes âgées. Ils ont été enfermés là pendant des heures sous le soleil. » Plus généralement, les équipes de MSF ont été témoins du harcèlement des réfugiés dans les espaces publics. Selon Brice de La Vigne, le directeur des opérations de l’ONG, « auparavant, on assistait à l’inaction de l’Etat. Désormais, ce sont les abus de l’Etat, avec la police usant de plus en plus de la force contre ces personnes vulnérables ».« C’est l’Union européenne et c’est absolument honteux » Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), sur 224 000 réfugiés arrivés par la Méditerranée depuis janvier, près de 124 000 sont entrés par la Grèce, un chiffre multiplié par sept par rapport à 2014. « En trente ans d’expérience humanitaire, je n’ai jamais vu une situation pareille (…). C’est l’Union européenne et c’est absolument honteux », a déclaré Vincent Cochetel le directeur pour l’Europe du HCR, de retour d’un déplacement dans plusieurs îles grecques, dont Kos, la semaine dernière.En juillet déjà, le HCR avait déploré le manque d’organisation et de coordination des pouvoirs publics grecs pour gérer l’arrivée des migrants. Il a notamment demandé au gouvernement de « désigner d’urgence une seule autorité pour coordonner » ses actions. Au début d’août, Alexis Tsipras, le premier ministre de la Grèce, a promis des mesures pour améliorer les structures et les procédures d’accueil. « Ce problème nous dépasse. La Grèce est un pays qui subit une crise économique et fait face à une crise humanitaire dans la crise », a-t-il aussi affirmé, demandant la « solidarité européenne ».La Commission européenne a approuvé lundi le déblocage d’une aide de 2,4 milliards d’euros sur six ans pour aider les pays européens à faire face à l’arrivée croissante de migrants, dont 473 millions d’euros pour la Grèce. 03.08.2015 à 10h28 • Mis à jour le03.08.2015 à 10h37 Des centaines de migrants ont à nouveau tenté d’entrer dans le tunnel sous la Manche dans la nuit de dimanche à lundi, pour entrer au Royaume-Uni. Une source policière citée par l’AFP a décompté 1 700 tentatives d’intrusion aux abords et à l’intérieur du site, un chiffre plus élevé que les jours qui ont suivi l’annonce de l’arrivée de 120 policiers supplémentaires, faite mercredi par le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve.Paris et Londres tentent de faire front commun face à la crise des migrants. Dimanche, M. Cazeneuve et son homologue britannique Theresa May ont publié une tribune commune, parue dans le Journal du dimanche pour afficher leur solidarité et demander une coordination entre pays européens.« Pour la France comme pour le Royaume-Uni, les choses sont claires : mettre fin à cette situation est une priorité absolue. Nos deux gouvernements sont déterminés à y parvenir, et à y parvenir ensemble ».Lire le reportage :« J’essaie tous les jours de passer en Angleterre »« Il faut que les Anglais prennent leur part du fardeau »La situation des migrants qui vivent à Calais dans l’espoir de rejoindre la Grande-Bretagne prend un tour politique des deux côtés de la Manche et ravive des tensions entre le Royaume-Uni et la France.« Il faut que les Anglais prennent leur part du fardeau », a lancé lundi matin, Henri Guaino, député Les Républicains des Yvelines, sur France Info.« Il n’y a aucune raison que ces gens qui veulent aller en Angleterre soient stockés – si j’ose dire, parce que c’est presque ça – en France. Ça ne peut pas continuer comme ça. »M. Guaino est allé dans le sens de son collègue Xavier Bertrand, qui a agité dimanche la menace de « laisser partir les migrants » au Royaume-Uni. « C’est sans doute une façon de faire pression sur l’Angleterre », a estimé M. Guaino qui ne croit toutefois pas qu’« on puisse régler nos problèmes à l’avenir de cette façon ».Côté britannique, la dirigeante par intérim du Parti travailliste a demandé à la France de verser des compensations financières aux routiers et aux vacanciers britanniques qui se sont retrouvés bloqués des heures, voire des jours, aux abords du tunnel. La presse accuse également Paris de se défausser sur Londres et multiplie les appels à une intervention de l’armée pour sécuriser les frontières.Lire aussi :Immigration : les esprits s’échauffent autour de Calais Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La Bourse d’Athènes a clôturé lundi 3 août sur une chute historique, avec une baisse de 16,23 % de l’Athex, l’indice principal, qui a fini à 668,06 points. Il faut remonter à décembre 1987 pour trouver trace d’une telle baisse. A l’époque, les pertes s’étaient élevées à 15,3 % sur la séance.La Bourse d’Athènes avait rouvert ce matin après cinq longues semaines de fermeture. Dès les premières transactions, l’Athex avait perdu 22 % avant de se stabiliser autour des 16 % à la mi-journée. Les banques, qui représentent environ 20 % de l’indice boursier grec, ont particulièrement souffert : elles plongeaient en moyenne, à l’ouverture, de près de 30 %.Selon le quotidien grec Avgi, proche du gouvernement d’Alexis Tsipras, Athènes recherche environ 10 milliards d’euros ce mois-ci pour recapitaliser les établissements financiers hellènes, fragilisés par la fuite des capitaux. D’après l’association des banques grecques, près de 40 milliards d’euros auraient été retirés par les déposants depuis décembre 2014. Les opérations boursières ont repris normalement pour les investisseurs étrangers, mais elles restent plus encadrées pour les investisseurs locaux.Ces derniers ne peuvent pas financer l’achat de titres en retirant de l’argent sur leurs comptes bancaires en Grèce, car le contrôle des capitaux, instauré le 29 juin, est toujours en vigueur dans le pays. Ils peuvent en revanche se servir de comptes à l’étranger ou effectuer des transactions en liquide.La réouverture de la Bourse d’Athènes intervient sur fonds d’incertitudes multiples. La Commission européenne prévoit en effet le retour à la récession dès cette année alors que 2014 avait été marquée par une légère reprise. Par ailleurs, les rumeurs continues d’élections anticipées liées aux divisions qui agitent la majorité parlementaire, le parti de la gauche radicale Syriza, rendent les investisseurs particulièrement prudents.Lire nos explications :Grèce : à quoi sert le contrôle des capitaux ? « Notre objectif reste de pouvoir soulager les plus vulnérables »Surtout, les négociations avec les créanciers d’Athènes (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne, Mécanisme européen de stabilité et Commission européenne) sur un troisième plan d’aide de plus de 80 milliards d’euros pour les trois prochaines années ne sont toujours pas finalisées.Aussi bien le gouvernement grec que le quartet des représentants des créanciers, présents à Athènes depuis quelques jours, affirment que les discussions avancent « plutôt bien ». Mais plusieurs désaccords sont déjà apparus autour de la réforme du régime des retraites anticipées ou sur certaines mesures fiscales. Les créanciers exigent notamment que l’impôt sur la solidarité soit ramené de 8 % à 6 % maximum pour les revenus supérieurs à 500 000 euros. Car, selon eux, le taux actuel encouragerait l’évasion fiscale.Le gouvernement grec estime qu’il lui appartient de choisir comment répartir l’effort de l’impôt. « Notre objectif a toujours été et reste, dans le cadre qui nous est imposé, de pouvoir soulager les plus vulnérables. Et là, on voudrait de nouveau épargner les plus riches », s’indignait, vendredi, une source Syriza.La question épineuse de la création d’un nouveau fonds de privatisation devant récolter près de 50 milliards d’euros d’actifs grecs dans les trente prochaines années doit aussi être discutée dans les prochains jours. Bref, il y a encore beaucoup de points à éclaircir. Pas sûr, dans ce contexte, que le calendrier extrêmement serré qu’Athènes espère encore pouvoir suivre soit tenable. « Nous avons rempli notre part du contrat »Le 13 juillet au petit matin Alexis Tsipras acceptait lors d’un sommet exceptionnel des chefs d’Etats de la zone euro un accord-cadre qui sert aujourd’hui de feuille de route aux négociations. Le gouvernement grec espère conclure d’ici au 11 août un accord global sur la base de ce qui avait alors été évoqué afin d’obtenir dans la foulée une validation en Eurogroupe (réunion des 19 ministres des finances de l’eurozone).Ce texte devra ensuite être validé par plusieurs Parlements européens, dont le grec, avant le 18 août, et permettre de libérer une première tranche de prêts avant le 20 août, date à laquelle Athènes doit rembourser près de 3,2 milliards d’euros à la BCE. Argent qu’elle ne possède pas à ce jour.Mais les créanciers européens et le FMI semblent poser sur la table de nouvelles exigences et demanderaient notamment que soient adoptées très rapidement de nouvelles mesures en préalable à la signature de l’accord global.Afin de lancer ce cycle de négociations, Alexis Tsipras a pourtant déjà fait voter, les 15 et 22 juillet, de difficiles mesures au Parlement grec. Il ne souhaite pas aller plus loin à ce stade. « Nous nous y étions engagés lorsque nous avons accepté l’accord du 13 juillet, explique-t-on au gouvernement. Nous avons donc rempli notre part du contrat. Et maintenant on veut nous imposer de nouveaux préalables ? »Le vice-président du gouvernement, Yannis Dragasakis, a jugé dimanche 2 août qu’un « changement des procédures de négociations telles qu’elles ont été convenues lors du sommet du 13 juillet dernier pourrait ouvrir la boîte de Pandore ».Le gouvernement grec pourrait solliciter auprès de ses créanciers internationaux le versement mi-août d’une première tranche d’aide de 24 milliards d’euros pour faire face à ses besoins financiers immédiats soit 3,2 milliards d’euros pour la BCE, 10 milliards d’euros pour la recapitalisation des banques et 1,2 milliard pour le FMI en septembre.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.08.2015 à 17h00 « Arrêtons les morts du tunnel, les gens avant les bénéfices dans le tunnel ». Telles étaient les inscriptions, scandées tels des slogans, qu’on pouvait lire sur les pancartes de la vingtaine de manifestants venus défendre un traitement humain des migrants, devant l’entrée de service du terminal Eurotunnel à Folkestone, dans le sud-est de l’Angleterre, samedi 1er août.« Nous sommes ici pour dire clairement aux migrants que beaucoup de gens ici sont prêts à les accueillir et que nous n’approuvons pas la façon dont ils sont traités », a dit à l’AFP Bridget Chapman, l’organisatrice du rassemblement qui a débuté à 12 heures (heure française) et s’est achevé dans le calme à 14 heures.Une trentaine de membres issus du parti d’extrême droite la Ligue de défense anglaise (English Defense League, EDL) et du parti politique Britain First, créé en 2011 par d’anciens membres de l’EDL, sont venus pour dénoncer cette manifestation de soutien.« Envoyer l’armée pour stopper cette marée humaine » Au son de l’hymne britannique, ces derniers arboraient de larges drapeaux britanniques et des drapeaux de l’Angleterre avec une croix rouge sur fond blanc et criaient « l’Angleterre d’abord, récupérons notre pays », « A qui sont les rues, à nous ! » ou encore « Traîtres de gauchistes ». Le chef du parti Britain First, Paul Goding, a déclaré :« Nous sommes ici pour nous opposer à ces manifestants gauchistes. Le peuple britannique ne veut pas de l’immigration. Nous sommes une petite île surpeuplée. Nous n’avons déjà pas assez de place pour nos concitoyens sans compter une immigration de masse dans ce pays. »Interrogé sur ce qui pouvait être fait pour régler la situation des migrants qui se rassemblent par centaines chaque soir à Calais pour tenter de rejoindre le Royaume-Uni, il a répondu : « Nous pouvons envoyer l’armée pour stopper cette marée humaine. »Lire aussi notre reportage :« J’essaie tous les jours de passer en Angleterre »Intrusions en baisse la nuit dernièreDans la nuit de vendredi à samedi, quelque 300 tentatives d’intrusion de migrants ont été constatées par la police sur le site d’Eurotunnel près de Calais – une zone de 650 hectares –, un chiffre en forte baisse par rapport aux nuits précédentes : depuis près de deux mois, 1 500 à 2 000 tentatives d’intrusion sont constatées quotidiennement.Pour aider la France à faire face à la situation, Londres s’est dit prêt, vendredi, à envoyer des moyens supplémentaires. « Nous sommes prêts à aider davantage et à travailler main dans la main avec nos homologues français pour faire baisser la tension des deux côtés de la frontière », a déclaré le premier ministre britannique, David Cameron, en annonçant l’envoi de nouvelles clôtures et de chiens renifleurs supplémentaires.Lire aussi notre analyse (abonnés) :A Calais, la France est « le bras policier » de Londres 31.07.2015 à 15h57 Par Jean Bizet, Sénateur (LR, Basse-Normandie)Le calme revient dans les campagnes mais pour combien de temps ? Déjà, en 2009, les éleveurs déversaient du lait devant le Mont Saint-Michel. Une récurrence autant qu’un découragement. Des barrages ? Ce sont plutôt des blocages de la profession tant tout paraît noué. Ce n’est pas 4 centimes de plus par litre qui changeront les choses. Car il est certain que tout recommencera, demain, ici ou ailleurs. La faute est collective mais elle est d’abord interne, tant il y a d’arguments éculés, d’attentes vaines et de méthodes à bannir.Lire aussi :Après la crise de la viande, celle du laitQue dire du sempiternel discours sur la fin des quotas laitiers depuis avril 2015 ? En France, tout se passe comme si les éleveurs n’avaient jamais vraiment cru que cela arriverait. La faute aux distorsions de concurrence ? L’ancien Commissaire Dacian Ciolos racontait que lorsqu’il fit le tour de l’Union, chaque État lui avait fait part de récriminations contre les autres. Les Français évoquent la main-d’œuvre étrangère employée en Allemagne. Mais ils ne voient pas qu’ils ont un foncier dix fois moins onéreux qu’outre Rhin et que beaucoup ont encore recours aux services quasi gratuits de leurs vieux parents. Même si cela ne durera qu’un temps.L’augmentation du prix, une désillusionLes éleveurs français réclament une régulation de substitution. Tel fut l’objet des règlements européens du paquet lait de 2012, pris à l’initiative de la France, qui prévoyaient des contrats de livraison négociés par des organisations professionnelles, les OP. Mais les syndicats rechignent à leur confier le soin de signer des contrats. Les éleveurs attendent plutôt la hausse du prix d’intervention, afin de permettre à la Commission de racheter du beurre et de la poudre de lait à des prix moins humiliants que les 22 centimes le litre d’aujourd’hui. C’est l’ordre du jour du Conseil agricole du 7 septembre. Mais on peut craindre que, même s’il augmente, le prix d’intervention ne couvrira jamais les coûts. Autant de désillusion en perspectives.Lire aussi :Au revoir les quotas laitiers, bienvenue aux lois du marchéAujourd’hui, les éleveurs font la chasse aux importations alimentaires. Il y a vingt ans, les agriculteurs avaient arrêté les camions de fraises espagnoles. Dans un arrêt de 1997, la Cour de Justice avait condamné la France - pas les paysans, non, l’État pour entrave à la libre circulation et manquement aux obligations des traités. Passons sur la question juridique, mais un peu de bon sens : alors que la France est parvenue à réunir un Conseil agricole début septembre, les éleveurs commencent à arrêter les camions des autres États. Comment les indisposer davantage ?Les éleveurs font face à des partenaires engagés, au premier rang desquels figurent les acheteurs, les industriels et la distribution. Les prix des produits laitiers sont un jeu à trois. Mais tout se fait par paire, en face à face, et à aucun moment les trois ne sont présents en même temps. C’est très bien d’avoir pu arracher un accord avec la grande distribution sur 34 centimes le litre, mais cela ne concerne que les marques de distributeurs, et, sitôt l’accord signé, les industriels ont indiqué qu’ils ne pouvaient rien garantir. Dès lors que 60 % de leurs ventes sont à l’export, ils ne peuvent s’engager sur un prix du lait supérieur à celui des concurrents. Les industriels ont été absents dans cette phase du conflit. N’ont-ils rien à proposer ? Mettre les coûts de production dans les formules de prix dans les prochains contrats de livraison par exemple. Voilà qui aurait été une belle annonce. Qu’ont-ils à cacher ? Se désintéressent-ils à ce point du marché français pour disparaître ? Ce fut une erreur.Repenser la PACDeuxième partenaire : les médias, aussi volatiles que le prix du lait. Les médias, d’ordinaire si prompts à dénoncer les agriculteurs pollueurs et les conditions d’élevage, ont tu leurs critiques et n’ont pas ressorti leur ritournelle sur les vertus des circuits courts et du bio, qui sont de vraies pistes individuelles mais une fausse solution collective.L’Union européenne a fait le choix du libre marché et de la compétitivité. Soit. Il faut repenser la Politique agricole commune (PAC), cesser les aides aux revenus, injustifiées lorsque les prix sont élevés, réfléchir à un système assurantiel, remettre de la solidarité au cœur de la PAC, réinventer l’intervention non plus pour stocker en attendant des jours meilleurs mais pour assurer une redistribution alimentaire lorsque les besoins se font sentir, comme c’est le cas en ce moment.Lire aussi :Prix du lait : en Allemagne, « nous avons les mêmes difficultés que les agriculteurs français »Enfin, l’Etat. 24 mesures d’urgence, avec l’étalement des dettes, l’allégement des charges, la fiscalité, un logo promotionnel, etc. Alors, pourquoi cette déception ? Parce que l’État ne fait que présenter un catalogue alors que les éleveurs attendent une stratégie. Avec la fin des quotas, le paysage laitier européen va changer. Il y a des pays à potentiel et à ambition (Allemagne, Pays Bas, Irlande) et des pays qui n’avaient gardé une capacité laitière que grâce aux quotas nationaux. La France est, sur ce plan, l’Europe en plus petit. Il y a des ambiances laitières différentes, des régions en dynamiques laitières et d’autres en déprise. Que fait-on maintenant ? Il y a des choix industriels et des choix politiques à faire. La question des grandes fermes se pose. Elles permettent de maintenir une masse critique de collecte et peut-être utile aux régions qui risquent de perdre leur production laitière. Sur un plan politique, ou l’État joue la compétitivité de la filière en acceptant des concentrations régionales et de taille, ou il fait le choix de garder des fermes et des laiteries partout en France. Dans ce cas, il faut un soutien massif des régions, autres grandes absentes de cette nouvelle crise laitière. Le Sénat, représentant des territoires, prendra sa place dans cette réflexion.La fin des quotas laitiers est un défi pour la France mais tout semble bloqué. Ce n’est pas une révolte qui apporte 4 centimes par litre qui changera les choses, il faudrait aux éleveurs une révolution qui leur donnerait une espérance.Lire aussi :La crise du lait n’épargne pas les producteurs allemands 31.07.2015 à 14h38 • Mis à jour le01.08.2015 à 05h22 Après de nouvelles tentatives d’intrusion de migrants sur le site d’Eurotunnel la nuit dernière, Londres s’est dit prêt à envoyer des moyens supplémentaires pour aider la France à faire face à la situation, vendredi 31 juillet.« Nous sommes prêts à aider davantage et à travailler main dans la main avec nos homologues français pour faire baisser la tension des deux côtés de la frontière », a déclaré le premier ministre britannique David Cameron, en annonçant l’envoi de nouvelles clôtures et de chiens renifleurs supplémentaires.Une image prise dans la nuit du 30 au 31 juillet révélerait que certains migrants sont parvenus à échapper cette semaine aux contrôles mis en place à Calais, et ce malgré le déploiement de 120 policiers supplémentaires, depuis jeudi. C’est en effet la première image montrant des personnes présentées comme des migrants ayant réussi la traversée. Sur le cliché, on distingue quelques camions passant au-dessus des voies ferrées à l’arrivée du terminal de Folkstone, au Royaume-Uni, à quelques centaines de mètres de la sortie du tunnel qui permet à de nombreux poids lourds de traverser la Manche. Et sur le toit de l’un d’eux, deux silhouettes : il s’agirait de deux migrants qui auraient réussi à entrer au Royaume-Uni, couchés sur le poids lourd.« Si quelqu’un veut aller quelque part, rien ne l’en empêchera »« C’est la première fois que je vois des migrants à la sortie du tunnel », rapporte au Monde Justin Tallis, photojournaliste de l’AFP, qui a réalisé le cliché, en précisant cependant qu’il n’avait pas vu précisément les migrants sortir du tunnel sur le toit du camion.A une trentaine de kilomètres de Folkstone, côté français, 3 000 clandestins patientent actuellement espérant passer la frontière : depuis près de deux mois, 1 500 à 2 000 tentatives d’intrusion sont constatées quotidiennement sur le site d’Eurotunnel, une zone de 650 hectares.Les mêmes migrants, désireux de rejoindre l’Angleterre, tentent leur chance plusieurs fois par nuit, par groupe d’une dizaine, voire d’une centaine de personnes.Les tentatives ont été plus nombreuses encore ces derniers jours, des migrants cherchant à s’introduire sur le site d’Eurotunnel à Calais, essayant de monter sur des navettes pour rejoindre l’Angleterre. Dans la nuit de mercredi à jeudi, la police a procédé à environ 300 interceptions et comptabilisé entre 800 et 1 000 migrants aux alentours du site. Malgré tout, des migrants font toujours l’impossible pour s’introduire sur le site, en passant à travers champs ou en escaladant les grilles. « Si quelqu’un veut aller quelque part, si c’est son objectif, rien ne l’en empêchera », témoigne l’un d’entre eux.« Aucune leçon à recevoir » pour CazeneuveAlors que plus de mille tentatives d’intrusion ont encore été recensées par la police dans la nuit de jeudi à vendredi, le premier ministre britannique, David Cameron, a annoncé que de nouvelles clôtures et des chiens renifleurs supplémentaires allaient être envoyés pour sécuriser le site à Calais.« La situation est inacceptable. Des gens essaient d’entrer illégalement dans notre pays et ici les routiers et vacanciers font face à des perturbations. Nous allons envoyer des clôtures, des chiens renifleurs et des moyens supplémentaires. »M. Cameron a ajouté qu’il allait « parler au président Hollande plus tard dans la journée » (ce qu’a confirmé ce dernier, vendredi après-midi), pour le « remercier d’avoir mobilisé des policiers supplémentaires, ce qui a déjà produit des effets ». Il a également déclaré que Londres était prêt « à aider davantage et à travailler main dans la main avec [ses] homologues français pour faire baisser la tension des deux côtés de la frontière ».Une tension palpable également dans les propos tenus par la presse britannique jeudi. Des propos que Bernard Cazeneuve a vivement critiqués à la sortie du conseil des ministres.« Nous n’avons aucune leçon à recevoir d’aucune sorte quant à la mobilisation des moyens mis en œuvre par le gouvernement français (…)  les outrances, les excès, les insultes n’ont jamais réglé aucun problème de dimension humanitaire. »Dans un entretien avec son homologue britannique, Theresa May, M. Cazeneuve a rappelé, dans la nuit de jeudi à vendredi, la « détermination » de la France à « l’effort conjoint de solidarité » et de « mobilisation », insistant sur le fait que cet effort « doit être davantage partagé ». Un appel visiblement entendu par David Cameron.Lire le reportage :« J’essaie tous les jours de passer en Angleterre » 30.07.2015 à 10h25 • Mis à jour le30.07.2015 à 16h11 Des centaines de migrants se sont de nouveau introduits sur le site d’Eurotunnel à Calais dans la nuit de mercredi à jeudi pour tenter de monter sur des navettes et rejoindre ainsi l’Angleterre, selon des sources policières citées par l’AFP.La police a procédé à environ 300 interceptions et comptabilisé entre 800 et 1 000 migrants aux alentours du site. Eurotunnel n’a pas encore confirmé ces chiffres, mais a déclaré que la sécurisation du site avait été « très bien coordonnée avec les nouvelles équipes arrivées dès [mercredi] soir ».Mercredi, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, avait annoncé le déploiement de 120 policiers supplémentaires sur le site afin de sécuriser les abords du tunnel sous la Manche. Malgré tout, des migrants ont tenté de s’introduire sur le site par tous les moyens possibles, en passant à travers champs ou en escaladant les grilles. A chaque fois, la plupart ont été refoulés, sans violence ni animosité de la part des forces de l’ordre. D’autres ont organisé un sit-in devant les sorties des navettes.Eurotunnel a déclaré que le trafic à l’intérieur du tunnel avait été « un peu perturbé », mais ce matin aucun retard n’était à signaler, ni côté anglais ni côté français. 1 500 à 2 000 tentatives chaque nuitEnviron 3 000 clandestins sont actuellement présents dans la ville de Calais. Depuis près de deux mois, 1 500 à 2 000 tentatives d’intrusion sont constatées quotidiennement sur le site, une zone de 650 hectares. Les mêmes migrants, désireux de rejoindre l’Angleterre, tentent leur chance plusieurs fois par nuit, par groupe d’une dizaine, voire d’une centaine de personnes.Dans la nuit de mardi à mercredi, un migrant d’origine soudanaise et âgé d’une trentaine d’années a été retrouvé mort dans l’allée centrale de l’accès fret du site. La victime aurait été percutée par un camion descendant d’une navette alors qu’elle tentait de monter dessus. Ce drame porte à neuf le nombre de migrants ayant perdu la vie depuis le début du mois de juin à l’intérieur du site ou en tentant d’y pénétrer.En début d’après-midi mercredi, un jeune Egyptien a lui été électrocuté à la gare du Nord de Paris alors qu’il tentait de prendre clandestinement un Eurostar à destination de l’Angleterre. Jeudi matin, il était toujours dans un état critique. Adèle Humbert Les opérations s’enchaînent et passent presque inaperçues : chaque jour, les autorités italiennes annoncent le sauvetage de migrants repêchés en Méditerranée. Des centaines de vie ont été sauvées depuis le renforcement, lors du Conseil européen du 23 avril, des moyens de la mission « Triton », après la disparition dramatique de centaines de personnes dans les premiers mois de l’année. A l’époque, le Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations unies n’hésitait pas à qualifier la Méditerranée de « route la plus meurtrière du monde ».Le danger reste très important pour les migrants acheminés depuis la Libye par les passeurs dans des conditions souvent sordides. Mais le nombre de morts est en net recul, à en croire un rapport publié le 1er juillet par l’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) : si ce flux ne cesse de croître – 150 000 personnes sont arrivées sur les côtes européennes par la Méditerranée depuis le début de l’année, dont la moitié en Italie –, le nombre d’individus décédés ou portés disparus a diminué de manière spectaculaire. 12 victimes ont été identifiées au mois de juin, contre plus de 1 750 entre janvier et avril 2015.Lire aussi :Migrants : l’échec des Européens, pas de l’Europe« Impact immédiat » des opérations de sauvetageComment expliquer une telle amélioration ? Les conditions météorologiques, meilleures en été, et la réduction du nombre de naufrages fournissent une partie de la réponse, tout comme le changement d’approche des Européens dans la Méditerranée. « Les opérations de recherche et de sauvetage menées par les Européens depuis mai ont eu un impact immédiat et positif », note le HCR.Pour Ewa Moncure, porte-parole de l’agence européenne de protection des frontières, Frontex, la baisse du nombre de morts en Méditerranée serait, en effet, directement liée à l’augmentation significative des moyens humains et logistiques de l’opération « Triton » entre avril et mai, dans la foulée du Conseil européen du 23 avril. La zone d’intervention de la mission a alors été élargie pour se rapprocher des côtes libyennes, et son budget, revu à la hausse. Plusieurs Etats se sont de surcroît engagés à fournir à Frontex des moyens matériels plus importants – navires, avions ou hélicoptères.Tandis que la mission « Triton » a d’abord été conçue pour surveiller les côtes européennes afin d’endiguer le flux des migrants, il s’agissait à l’époque d’essayer de faire aussi bien que la mission de sauvetage « Mare Nostrum », déployée puis suspendue par l’Italie en novembre 2014, faute de moyens. Mais sans le dire officiellement. « Techniquement, Frontex est une agence de protection des frontières mais dans la pratique nous sauvons des individus et les ramenons en Italie, donc notre action ne diffère en rien de celle de “Mare Nostrum” », reconnaît Ewa Moncure. Résultat : depuis le renforcement de la mission, 1 migrant sur 427 embarqués en Méditerranée a perdu la vie en mer contre 1 sur 16 en début d’année.Lire aussi :Naufrages en Méditerranée : Frontex et sa mission « Triton » mises en causeAmbiguïté de la mission de « Triton »Pour Jean-François Dubost, responsable du programme « personnes déracinées » pour Amnesty International, cette ambiguïté sur le caractère de la mission est liée à « l’appréhension des dirigeants européens » vis-à-vis de l’opinion publique : « C’est une mission humanitaire qui ne dit pas son nom » affirme le juriste : « Lorsque Donald Tusk et Jean-Claude Juncker [respectivement président du Conseil européen et président de la Commission européenne] ont présenté les conclusions du sommet des vingt-huit, le 23 avril, ils sont restés flous, c’est seulement dans la mise en œuvre opérationnelle qu’on se rend compte que “Triton” est devenue une mission humanitaire. »Cependant, Jean-François Dubost redoute une éventuelle opération d’intervention contre les bateaux de passeurs au large de la Libye, comme esquissée par les chefs d’Etat et de gouvernement européens, fin avril : « Certains des navires qui effectuent les missions de sauvetage actuellement sont des navires militaires, dit le militant d’Amnesty International. Si la mission de destruction est validée, il est possible que les navires qui effectuent les missions de sauvetage actuellement soient réaffectés. Nous redoutons que les moyens soient détournés à d’autres fins et que cela entrave l’efficacité des secours. » Même prudence du côté du HCR. Pour l’organisation, « les mois les plus intenses restent à venir » en matière migratoire, et de nouveaux naufrages ne sont jamais à exclure.Lire aussi :Face aux naufrages, les Vingt-Huit cherchent une parade à la crise migratoireAdèle HumbertJournaliste au Monde Philippe Jacqué Les efforts finissent par payer. C’est ce qui ressort des résultats financiers du premier semestre 2015. Et les performances de Renault, qui a présenté ses résultats jeudi 30 juillet, n’y dérogent pas (chiffre d’affaires en croissance de 12% sur six mois, à 22,1 milliards d’euros).Que ce soit PSA Peugeot Citroën, General Motors, Ford ou Renault, tous ces constructeurs, particulièrement affaiblis pendant la crise, sont en train de voir le bout du tunnel grâce à une reprise solide du marché européen.Lire aussi :Après trois ans de pertes, PSA renoue avec les bénéficesAu premier semestre, les immatriculations y ont progressé de 8,2 %. Et sur le seul mois de juin, elles ont bondi de 14,6 %. Pour autant, le marché est encore loin de ses sommets de 2006, quand il se vendait 15,5 millions de voitures sur le Vieux Continent. Si la dynamique se poursuit cette année, il devrait s’écouler 13 millions d’unités.Retour aux bénéficesC’est désormais assez pour que les constructeurs gagnent de l’argent. En 2012, tous les groupes automobiles ont engagé d’importantes restructurations, en fermant une demi-douzaine d’usines qu’ils étaient incapables de rentabiliser. Outre le site PSA d’Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, des sites d’Opel (General Motors) ou de Ford ont par exemple été arrêtés en Allemagne, au Royaume-Uni et en Belgique.Moins nombreuses, les usines ont vu leur volume de production progresser d’autant plus vite que le marché reprenait. Parallèlement, la multiplication des accords de compétitivité avec les syndicats, pour assurer la pérennité des sites restants, a permis de faire baisser les coûts.Ces trois effets ont assuré la rentabilité de l’essentiel des sites ouest-européens. Et cela se voit dans les comptes. Le groupe Renault a quasiment doublé son bénéfice net au premier semestre, le faisant passer de 749 millions à 1,39 milliard d’euros.Au deuxième trimestre, l’américain Fordaffiche encore un déficit de 14 millions de dollars, mais, il avait perdu 185 millions de dollars au premier trimestre. General Motors, lui, a limité à 41 millions de dollars sa perte au second trimestre, contre 1,4 milliard en 2014.Lire aussi :Ford affiche ses plus gros profits trimestriels depuis 15 ansLe retournement financier le plus spectaculaire revient cependant à PSA. Le groupe a affiché 571 millions d’euros de bénéfices au premier semestre, contre une perte de 114 millions sur la même période de 2014. La branche automobile de PSA (qui compte aussi l’équipementier Faurecia) est aujourd’hui de nouveau rentable, avec une marge opérationnelle de 5 %, deux fois celle de la marque Volkswagen !phjacque@lemonde.fr@PhjacquePhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Séverin Graveleau « La pression qui s’exerce maintenant chaque nuit dépasse ce qu’un concessionnaire peut raisonnablement faire. » C’est par ces mots que le groupe Eurotunnel a une nouvelle fois appelé, mercredi 29 juillet, l’Etat français à prendre ses responsabilités. Alors que le tunnel sous la Manche fait face depuis plusieurs semaines à une explosion des tentatives d’intrusion de migrants cherchant à gagner le Royaume-Uni, le concessionnaire affirme avoir intercepté « plus de 37 000 migrants » depuis le 1er janvier et avoir investi « au-delà de ses obligations contractuelles » dans la protection du terminal d’embarquement.Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve et le premier ministre Manuel Valls ont répondu en appelant aussi le groupe à « assumer ses responsabilités ». Déjà dans une lettre adressée le 23 juillet à Jacques Gounon, PDG du groupe, M. Cazeneuve avait reproché à Eurotunnel d’avoir « divisé par trois les moyens humains qu’il consacre à la sécurisation du site ». Il répondait ainsi à la demande de l’exploitant d’une indemnisation de 9,7 millions d’euros aux Etats français et britannique pour compenser les pertes liées à l’afflux des clandestins.Lire aussi :Nouvelles intrusions de migrants sur le site d’Eurotunnel à CalaisObligation valable qu’à l’intérieur de l’enceinteAu centre du débat autour des attributions des uns et des autres, le traité de concession dit « Liaison fixe transmanche », signé en 1986 par chacun des acteurs, et depuis amendé à plusieurs reprises. S’il précise bien que le concessionnaire « doit mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour permettre […] la circulation dans de bonnes conditions de sécurité et de commodité », cette obligation n’est valable qu’à l’intérieur de ses murs et pour l’exercice de son activité. Il n’impose pas à Eurotunnel de garantir à lui seul le périmètre extérieur du site de Coquelles contre les incursions – « ce qui nécessiterait des pouvoirs de police qu’il ne possède pas », précisait même en 2007 une sentence du tribunal arbitral international de La Haye, sur laquelle Eurotunnel compte s’appuyer.A la suite des perturbations causées à son exploitation par les intrusions de migrants en provenance du centre d’accueil de Sangatte – fermé en 2002 – l’entreprise avait demandé réparation et obtenu 24 millions d’euros d’indemnisation. La responsabilité de la France et du Royaume-Uni était engagée dans la mesure où il leur incombait de « maintenir des conditions normales de sûreté et d’ordre public dans le terminal de Coquelles et autour de celui-ci » précisait la sentence.Lire aussi :Les migrants de Calais mettent Français et Britanniques au bord de la crise diplomatique L’emprise du tunnel, « un espace privé »Le ministère de l’intérieur comme l’entreprise privée dénoncent deux choses différentes. « C’est bien la sécurité “aux abords” du site que nous réclamons, et de façon pérenne », confirme un porte-parole d’Eurotunnel. « L’emprise du tunnel en tant que tel est un espace privé, la sécurité de celui-ci incombe à l’entreprise », précise-t-on place Beauvau en indiquant qu’« il n’y a aucune volonté de décharger l’Etat de sa mission de contrôle des frontières ».Quid de la responsabilité du Royaume-Uni, dont le refus de signer les accords de Schengen impose de fait ces contrôles à la frontière française ? Dans un avis rendu le 2 juillet, la Commission nationale consultative des droits de l’homme, instance indépendante, recommandait la « dénonciation » de certains traités bilatéraux franco-britanniques qui conduisent selon elle la France à être « le bras policier de la politique migratoire britannique ». Une option qui « n’est pas à l’ordre du jour », indique le ministère de l’intérieur.Jeudi matin, l’entreprise et le ministère de l’Intérieur jouaient enfin l’apaisement. Dans un communiqué la place Beauveau indique que Bernard Cazeneuve et Jacques Gounon « s’accordent sur la necessité de renforcer encore la sécurisation du site dans un esprit de responsabilité partagé ». Eurotunnel se félicite de son côté que son appel ait « été entendu avec une réponse immédiate et oppérationnelle des deux gouvernements ». La société fait référence aux deux unités supplémentaires de CRS et gendarmes mobiles envoyées dès jeudi soir sur le site, portant à près de 500 le nombre de CRS et de gendarmes mobilisés. Mais aussi aux 10 millions d’euros supplémentaires promis par le Royaume-Uni pour renforcer la sécurité du terminal français. Une première réunion à ce sujet doit se réunir ce jeudi pour « identifier les aménagements nécessaires ».Selon les informations recueuillies par « Le Monde », le dispositif renforcé a déjà permiImage précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55ba30b928732'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 10\r\n \r\n \r\nDes migrants tentent d'atteindre le tunnel sous la Manche, pr\u00e8s de Frethun (Pas-de-Calais), le 28 juillet.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des migrants tentent d'atteindre le tunnel sous la Manche, pr\u00e8s de Frethun (Pas-de-Calais), le 28 juillet.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":0,"position":1,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 10\r\n \r\n \r\nApr\u00e8s de nombreuses tentatives d\u2019intrusion dans la nuit de lundi \u00e0 mardi, le site d\u2019Eurotunnel \u00e0 Calais a de nouveau \u00e9t\u00e9 l\u2019objet d\u2019au moins \u00ab 1 500 \u00bb tentatives d\u2019intrusions de la part de migrants dans la nuit de mardi \u00e0 mercredi, a indiqu\u00e9 \u00e0 l\u2019AFP une source polici\u00e8re. L\u2019un d\u2019entre eux a trouv\u00e9 la mort.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Apr\u00e8s de nombreuses tentatives d\u2019intrusion dans la nuit de lundi \u00e0 mardi, le site d\u2019Eurotunnel \u00e0 Calais a de nouveau \u00e9t\u00e9 l\u2019objet d\u2019au moins \u00ab 1 500 \u00bb tentatives d\u2019intrusions de la part de migrants dans la nuit de mardi \u00e0 mercredi, a indiqu\u00e9 \u00e0 l\u2019AFP une source polici\u00e8re. L\u2019un d\u2019entre eux a trouv\u00e9 la mort.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":1,"position":2,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 10\r\n \r\n \r\nSur les rails du terminal d'Eurotunnel, le 28 juillet. La veille, l\u2019entreprise avait annonc\u00e9 avoir recens\u00e9 environ 2 000 tentatives de migrants pour \u00ab rentrer \u00bb sur le site du tunnel sous la Manche \u00e0 Calais, dans la nuit de lundi \u00e0 mardi, soit le nombre de tentatives le plus important depuis plus d\u2019un mois et demi, selon un porte-parole.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Sur les rails du terminal d'Eurotunnel, le 28 juillet. La veille, l\u2019entreprise avait annonc\u00e9 avoir recens\u00e9 environ 2 000 tentatives de migrants pour \u00ab rentrer \u00bb sur le site du tunnel sous la Manche \u00e0 Calais, dans la nuit de lundi \u00e0 mardi, soit le nombre de tentatives le plus important depuis plus d\u2019un mois et demi, selon un porte-parole.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":2,"position":3,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 10\r\n \r\n \r\nEurotunnel avait pr\u00e9venu ses usagers, mardi peu avant 11 heures, que des retards avaient lieu au d\u00e9part de l\u2019Angleterre en raison de perturbations dues \u00e0 \u00ab la pr\u00e9sence de migrants dans la nuit \u00bb, sans donner davantage de pr\u00e9cisions.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Eurotunnel avait pr\u00e9venu ses usagers, mardi peu avant 11 heures, que des retards avaient lieu au d\u00e9part de l\u2019Angleterre en raison de perturbations dues \u00e0 \u00ab la pr\u00e9sence de migrants dans la nuit \u00bb, sans donner davantage de pr\u00e9cisions.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":3,"position":4,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 10\r\n \r\n \r\nEurotunnel a insist\u00e9 sur le fait qu\u2019aucun migrant n\u2019est entr\u00e9 physiquement dans le tunnel.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Eurotunnel a insist\u00e9 sur le fait qu\u2019aucun migrant n\u2019est entr\u00e9 physiquement dans le tunnel.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":4,"position":5,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 10\r\n \r\n \r\n\u00ab Ils ont \u00e9t\u00e9 intercept\u00e9s aux barri\u00e8res ou sur le terminal, mais en aucun cas dans le tunnel \u00bb, a pr\u00e9cis\u00e9 la soci\u00e9t\u00e9 au \"T\u00e9l\u00e9gramme\". Pourtant, des m\u00e9dias reprenant l\u2019information publi\u00e9e par \"Le Figaro\", dont \"Valeurs actuelles\" ou \"La Libre Belgique\", n\u2019ont pas h\u00e9sit\u00e9 \u00e0 affirmer que ces migrants avaient \u00ab envahi \u00bb le tunnel.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab Ils ont \u00e9t\u00e9 intercept\u00e9s aux barri\u00e8res ou sur le terminal, mais en aucun cas dans le tunnel \u00bb, a pr\u00e9cis\u00e9 la soci\u00e9t\u00e9 au \"T\u00e9l\u00e9gramme\". Pourtant, des m\u00e9dias reprenant l\u2019information publi\u00e9e par \"Le Figaro\", dont \"Valeurs actuelles\" ou \"La Libre Belgique\", n\u2019ont pas h\u00e9sit\u00e9 \u00e0 affirmer que ces migrants avaient \u00ab envahi \u00bb le tunnel.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":5,"position":6,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 10\r\n \r\n \r\nLes migrants auraient, en fait, profit\u00e9 de la paralysie du trafic d\u00fb au conflit social entre la compagnie maritime MyFerryLink et le groupe Eurotunnel pour monter dans les camions \u00e0 l\u2019arr\u00eat \u00e0 Calais.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Les migrants auraient, en fait, profit\u00e9 de la paralysie du trafic d\u00fb au conflit social entre la compagnie maritime MyFerryLink et le groupe Eurotunnel pour monter dans les camions \u00e0 l\u2019arr\u00eat \u00e0 Calais.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":6,"position":7,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 10\r\n \r\n \r\nA l\u2019issue d\u2019une r\u00e9union sur la question migratoire entre le ministre de l\u2019int\u00e9rieur, Bernard Cazeneuve, et son homologue britannique, Theresa May, cette derni\u00e8re a annonc\u00e9 une rallonge de 7 millions de livres (10 millions d\u2019euros) pour renforcer la s\u00e9curit\u00e9 du terminal d\u2019embarquement d\u2019Eurotunnel \u00e0 Coquelles.\r\nCr\u00e9dits : Thibault Camus \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"A l\u2019issue d\u2019une r\u00e9union sur la question migratoire entre le ministre de l\u2019int\u00e9rieur, Bernard Cazeneuve, et son homologue britannique, Theresa May, cette derni\u00e8re a annonc\u00e9 une rallonge de 7 millions de livres (10 millions d\u2019euros) pour renforcer la s\u00e9curit\u00e9 du terminal d\u2019embarquement d\u2019Eurotunnel \u00e0 Coquelles.","source":"Thibault Camus \/ AP","index":7,"position":8,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 10\r\n \r\n \r\nLe ministre de l'int\u00e9rieur a annonc\u00e9 mercredi l'envoi de deux unit\u00e9s mobiles de CRS suppl\u00e9mentaires pour s\u00e9curiser la zone.\r\nCr\u00e9dits : Thibault Camus \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Le ministre de l'int\u00e9rieur a annonc\u00e9 mercredi l'envoi de deux unit\u00e9s mobiles de CRS suppl\u00e9mentaires pour s\u00e9curiser la zone.","source":"Thibault Camus \/ AP","index":8,"position":9,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 10\r\n \r\n \r\nDe con c\u00f4t\u00e9, le groupe Eurotunnel a demand\u00e9 une indemnisation de 9,7 millions d\u2019euros aux gouvernements fran\u00e7ais et britannique, pour compenser ses d\u00e9penses et pertes d\u2019exploitation li\u00e9es \u00e0 l\u2019afflux de migrants depuis le 1er janvier.\r\nCr\u00e9dits : Thibault Camus \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"De con c\u00f4t\u00e9, le groupe Eurotunnel a demand\u00e9 une indemnisation de 9,7 millions d\u2019euros aux gouvernements fran\u00e7ais et britannique, pour compenser ses d\u00e9penses et pertes d\u2019exploitation li\u00e9es \u00e0 l\u2019afflux de migrants depuis le 1er janvier.","source":"Thibault Camus \/ AP","index":9,"position":10,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_9.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Séverin GraveleauJournaliste au Monde Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance) Le veto des Russes était attendu. Mais il a consterné les onze membres du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) qui avaient voté favorablement au projet de résolution prévoyant la création d’un tribunal international pour juger les responsables du crash du vol MH17, abattu au-dessus de l’Ukraine, le 17 juillet 2014.Après une minute de silence en hommage aux 298 victimes du crash du Boeing malaisien, le Conseil de sécurité a mis au vote le projet de résolution qui aurait obligé tous les pays à coopérer avec le tribunal sous peine de sanctions. La Russie s’y est donc opposée. La Chine, l’Angola et le Venezuela se sont abstenus.Le ministre des transports malaisien Dato Sri Liow Tiong Lai avait prévenu à l’ouverture de la séance que ce projet de résolution était « un appel à la justice » pour soulager les familles des victimes. « Le Conseil de sécurité doit envoyer un message clair aux acteurs non étatiques. Car tous ceux qui voyageront en avion courront dorénavant un risque » a t-il averti.Face à l’ampleur de la catastrophe, qui a plongé dans le deuil près de 18 pays, le Conseil de sécurité aurait voulu offrir une figure d’unité et prouver sa volonté de poursuivre la résolution 2166 qui demandait à tous les états de coopérer pleinement à l’enquête qui devait être « exhaustive, minutieuse et indépendante ».La Russie plaide sa bonne foiUn an plus tard, où en est-on ? « L’enquête indépendante a été effectuée » affirme le ministre des transports malaisien et le rapport devrait être remis courant octobre 2015. « Nous voulions créer ce tribunal international très en amont des résultats de l’enquête pour dépolitiser l’enjeu » assure Albert Koenders, le ministre des affaires étrangères néerlandais. « Quels qu’en soient les auteurs, nous voulons qu’ils soient jugés. »D’après les premiers éléments de l’enquête, le missile qui a détruit le Boeing 777 de Malaysia Airlines a « probablement » été tiré d’une zone à l’est de l’Ukraine, contrôlée par les séparatistes prorusses. Le représentant russe aux Nations unies, Vitali Tchourkine, a plaidé la bonne foi de son pays qui a fourni « des données satellites » aux Néerlandais et qui aurait été le premier à évoquer la possibilité que l’avion ait été abattu par un missile sol-air Buk de fabrication soviétique. Ce missile ne serait plus utilisé par l’armée russe, mais Moscou affirme que les Ukrainiens en disposeraient dans leur arsenal.L’ambassadeur russe a assuré « vouloir que les responsabilités du crash soient établies » mais que la création d’un tribunal ne devait pas être « du ressort du Conseil de sécurité » en l’absence de conclusions claires sur l’accident.Julie Bishop, ministre des affaires étrangères d’Australie, pays qui a perdu 59 ressortissants dans la catastrophe, s’est montrée la plus virulente contre son homologue russe. « Ce veto est un affront à la mémoire des victimes. » a-t-elle lancé, rageuse. « Le veto ne devrait jamais être autorisé quand il empêche la justice. La Russie s’est moquée de son engagement à être un partenaire responsable… »Ce veto « qui marque un grave échec pour le Conseil » selon François Delattre, le représentant français « ne doit pas nous faire baisser les bras ». Faute de tribunal pénal international, la commission d’enquête menée par les Pays-Bas, l’Australie, l’Ukraine, la Malaisie et la Belgique a promis « de faire tout ce qui est en son pouvoir pour mener les responsables devant la justice ».Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance)Journaliste au Monde 07.08.2015 à 13h02 • Mis à jour le07.08.2015 à 13h17 Le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) des Nations unies exhorte la France à présenter un plan d’urgence « global » pour traiter la crise des migrants à Calais avec les moyens mobilisés lors des catastrophes naturelles. « Le HCR réitère son appel de l’été 2014 pour une réponse urgente, globale et durable en premier lieu par les autorités françaises », souligne le communiqué diffusé à Genève vendredi 7 août, rappelant à la France ses devoirs en termes de droits de l’homme face à quelque 3 000 migrants qui cherchent depuis Calais à se rendre en Angleterre. 07.08.2015 à 00h03 • Mis à jour le07.08.2015 à 09h12 La Grèce a remboursé, jeudi 6 août, 186,3 millions d’euros au Fonds monétaire international (FMI) et évité ainsi un nouveau défaut de paiement auprès de l’institution, dans un contexte de négociations sur un troisième plan d’aide au pays.« La Grèce a payé les intérêts qui étaient dus au FMI aujourd’hui », a déclaré un porte-parole du fonds dans un communiqué. C’est la première fois depuis le début de juin que la Grèce, en grande difficulté financière, honore un remboursement vis-à-vis du FMI dans les délais impartis.L’ultimatum du FMIAprès avoir demandé un sursis, le pays avait fini, le 30 juin, par faire défaut sur sa dette vis-à-vis du fonds, l’un de ses créanciers internationaux depuis 2010 aux côtés des Européens. Une nouvelle échéance avait été manquée par Athènes à la mi-juillet, portant les arriérés de paiement du pays vis-à-vis du FMI à 2 milliards d’euros.Un prêt d’urgence des Européens avait toutefois permis à Athènes d’apurer sa dette vis-à-vis du FMI le 20 juillet et de pouvoir à nouveau prétendre à l’aide financière de l’institution. Des représentants du FMI, de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne (BCE) sont à Athènes depuis une semaine pour mettre sur pied un plan d’aide de plus de 80 milliards d’euros, qui doit être bouclé avant le 20 août.Le fonds a toutefois prévenu qu’il ne renflouerait pas le pays tant qu’Athènes n’aura pas accepté un plan de réformes complet et que les Européens n’auront pas consenti à alléger la dette grecque, qui avoisine les 320 milliards d’euros.Lire :Grèce : l’ultimatum du FMIAprès ce paiement, Athènes doit encore au total rembourser au FMI quelque 22 milliards d’euros, selon le site de l’institution. Le prochain paiement, de quelque 306 millions d’euros, est prévu pour le 1er septembre. 06.08.2015 à 13h40 • Mis à jour le06.08.2015 à 16h25 Les recherches de survivants ont duré toute la nuit et se poursuivaient, jeudi 6 août, au large des côtes libyennes. La veille, un bateau de pêche transportant entre 600 et 700 hommes, femmes et enfants a fait naufrage dans la Méditerranée. Les secouristes n’ont pu sauver que 370 personnes grâce à une vaste opération impliquant sept navires, des hélicoptères et un drone.Les survivants sont arrivés, jeudi en milieu d’après-midi, au port de Palerme, en Sicile, à bord du Niamh, un navire de la marine irlandaise , qui fait partie du dispositif communautaire Triton et qui a participé aux opérations de sauvetage.Mercredi matin, des migrants, en majorité des Syriens fuyant la guerre civile, avaient lancé un appel au secours : leur embarcation partie surchargée de Libye prenait l’eau, la salle des machines était inondée et l’embarcation était bloquée à 15 milles au nord de la ville libyenne de Zouara.Mobilisé par les gardes-côtes italiens, le Niamh a mis à l’eau deux canots pour s’approcher du bateau surchargé, qui s’est alors retourné, probablement sous l’effet d’un mouvement de foule. Selon les gardes-côtes italiens, les bateaux dépêchés sur place, notamment des navires des marines italienne et irlandaise et Dignity 1, de Médecins sans frontières (MSF), ont repêché 25 corps peu après le naufrage.Juan Matias, coordinateur de projet sur le Dignity 1, a parlé d’une « vision horrible ».« Des gens s’agrippaient désespérément à des gilets de sauvetage, à des bateaux, à tout ce qu’ils pouvaient trouver pour lutter pour leur vie, au milieu de personnes en train de couler et de ceux qui étaient déjà morts. »"People were clinging to life rafts, fighting for their lives" #MSF's Juan Matias from the #Dignity1 http://t.co/VYItrsEDDa— MSF_Sea (@MSF Sea)require(["twitter/widgets"]);Lire l'enquête :La Libye, bombe migratoire au sud de l’Europe« Cimetière des migrants »Depuis plusieurs années, la Méditerranée a hérité du surnom de « cimetière des migrants ». Venus pour l’essentiel de Libye, du Soudan, d’Erythrée, de Syrie ou d’Afghanistan, ils sont plus de 2 000 hommes, femmes et enfants à avoir perdu la vie en mer en tentant de rejoindre les côtes italiennes ou grecques depuis janvier, selon l’Organisation internationale pour les migrants.En avril, un naufrage avait coûté la vie à quelque 800 personnes et conduit l’Union européenne à augmenter les moyens alloués à son dispositif de surveillance et de sauvetage maritimes. Au grand dam des ONG, cette opération, dénommée « Triton », n’a pas pour priorité de sauver les migrants mais de surveiller les frontières. Son budget est trois fois inférieur à celui de l’opération italienne « Mare Nostrum », et son équipement, bien plus modeste.Dans la même période en 2014, l’OIM comptabilisait 1 607 migrants morts en tentant de rejoindre les côtes européennes, soit une augmentation de 20 % en un an. En revanche, l’OIM note une constante : la majorité des noyades a lieu dans le canal de Sicile, qui relie la Libye à l’Italie. Là, les passeurs fournissent aux migrants des embarcations de fortune qui ne supportent pas la traversée.Au total, 188 000 personnes sont arrivées illégalement depuis janvier en Europe, via la Méditerranée. Le Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO) a estimé que le nombre de demandeurs d’asile dans les pays de l’Union européenne avait fait un bond de 68 % au cours des cinq premiers mois.Lire aussi notre reportage multimédia : La Sicile terre d’immigration désemparée face à l’afflux des clandestins 06.08.2015 à 06h25 • Mis à jour le06.08.2015 à 11h23 | Benoît Vitkine Le feuilleton de la vente avortée par la France de deux navires Mistral à la Russie touche à sa fin. L’épilogue de cette affaire qui a empoisonné pendant de longs mois les relations entre Paris et Moscou est intervenu mercredi 5 août.Dans la soirée, un communiqué de la présidence française indique que « la France et la Russie sont parvenues à un accord pour mettre un terme au contrat signé en 2011 qui prévoyait la livraison de deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral ». Peu après, la partie russe confirme, dans un communiqué distinct, que « Moscou considère l’affaire des Mistral comme complètement réglée ».Le calendrier s’est donc accéléré, puisque le premier ministre, Manuel Valls, assurait il y a quelques jours encore que « des décisions importantes seraient prises à la fin de l’été ». Les présidents français et russe ont apparemment finalisé les derniers détails de l’accord lors d’une conversation téléphonique, mercredi après-midi.Pour comprendre le contexte :Mistral : entre la France et la Russie, les navires de la discordeAucun chiffre officielLe communiqué de l’Elysée – tout comme celui du Kremlin – ne mentionne aucun chiffre, mais il précise que « la Fédération de Russie est exclusivement et intégralement remboursée des sommes avancées » au titre de ce contrat estimé à quelque 1,2 milliard d’euros.Depuis novembre 2014 et la décision de Paris de reporter « jusqu’à nouvel ordre » la livraison du premier des deux navires, le Vladivostok, décision motivée par l’annexion russe de la Crimée puis le rôle joué par Moscou dans la guerre dans l’est de l’Ukraine, les discussions entre les deux parties achoppaient principalement sur le montant du remboursement. Les autorités russes jugeaient insuffisante la proposition française de rembourser 785 millions d’euros d’avances déjà perçues et chiffraient le préjudice subi à près de 1,163 milliard d’euros.Pour expliquer cette différence, Moscou mettait en avant les sommes dépensées pour la formation des 400 marins qui devaient constituer l’équipage des Mistral, la construction d’infrastructures spéciales à Vladivostok, où devait être basé le premier Mistral, et la fabrication de quatre hélicoptères de combat. Or, le communiqué français précise bien que le remboursement concerne « exclusivement » « les sommes avancées au titre du contrat » et que « les équipements russes qui ont été installés sur les bâtiments seront restitués », une formulation qui laisse penser que les arguments français l’ont emporté, d’autant que l’agence de presse russe Tass indiquait dès mardi que des experts allaient être envoyés en France en septembre pour démanteler et récupérer les équipements de communication à bord des deux navires.Jeudi matin, le quotidien russe Kommersant assurait pourtant, en citant des sources au sein du lobby militaro-industriel russe, que le montant du remboursement s’élevait à « plus de 1,1 milliard d’euros ». Selon le journal, l’argent a d’ores et déjà été transféré, en secret, sur le compte d’une banque russe, pour éviter qu’il ne soit gelé par la justice dans le cadre de l’affaire Ioukos, qui a vu la Russie condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme à rembourser 50 milliards de dollars aux anciens actionnaires du groupe pétrolier.« Le montant exact sera communiqué au Parlement parce qu’il y aura une loi de ratification et le Parlement va être saisi très rapidement et du montant et du dispositif », a réagi sur RTL, jeudi, le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, précisant seulement que la somme était inférieure à 1,2 milliard.Lire les réactions :Pour la droite, la non-livraison des Mistral à la Russie est une « faute absolue »« Un certain nombre de pays ont fait connaître leur intérêt »Dernier point de l’accord rendu public par les deux parties, « la France aura la pleine propriété et la libre disposition des deux bâtiments ». Cela signifie que Paris a désormais la possibilité de revendre ces navires de haute technologie à qui elle le souhaite, même si les pistes paraissent encore minces. La partie n’était pas gagnée, Moscou mettant en avant lors des négociations la clause de « non-réexportation » contenue dans le contrat.« Un certain nombre de pays, ils sont nombreux, ont fait connaître leur intérêt pour ces bateaux », a assuré M. Le Drian.« Il est souhaitable de le faire le plus rapidement possible. On ne pouvait pas le faire tant que le contentieux n’était pas réglé avec la Russie. »La fin de ce feuilleton constitue une bonne nouvelle pour la présidence Hollande. L’affaire n’a pas empêché la diplomatie française de jouer les premiers rôles dans le conflit ukrainien, mais elle n’a jamais cessé de compliquer ses relations avec la Russie et d’irriter certains de ses partenaires européens.La livraison à Moscou de ces navires de guerre polyvalents pouvant transporter des hélicoptères, des chars et accueillir un état-major embarqué ou un hôpital n’a jamais été de soi à Paris. Dès le début des discussions, en 2009, soit un an après la guerre de 2008 entre la Russie et la Géorgie, une partie de l’état-major français s’est fermement opposée à une telle vente.Au nom des bonnes relations entre la France et la Russie, mais aussi en soutien aux chantiers navals de Saint-Nazaire, la ligne défendue par le premier ministre, François Fillon, et le ministre de la défense, Hervé Morin, allait finalement l’emporter, sur un ultime arbitrage du président de l’époque, Nicolas Sarkozy.Lire aussi :210 jours avec le Mistral, le récit d’un marin russe dépitéBenoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.08.2015 à 20h25 • Mis à jour le06.08.2015 à 06h53 Le feuilleton de la vente de deux navires de guerre Mistral qui empoisonne depuis plusieurs mois les relations entre la France et la Russie semble enfin connaître son épilogue. Le président François Hollande et son homologue russe Vladimir Poutine sont en effet parvenus à un accord sur la non-livraison des navires Mistral.L’Elysée a ainsi annoncé, mercredi 5 août en début de soirée, que la France aura « la pleine propriété et la libre disposition » des deux bâtiments, actuellement stationnés dans le port français de Saint-Nazaire. Pour sa part, la Russie sera « exclusivement et intégralement remboursée des sommes avancées au titre du contrat », dont le montant total atteignait les 1,2 milliard d’euros.Les équipements russes qui ont été installés sur les bâtiments seront notamment restitués. La Russie a fait savoir que les 800 millions d’euros d’avances qu’elle avait versés avait déjà été remboursés par la France.En guise de réconciliation entre les deux pays, François Hollande et Vladimir Poutine « se sont félicités du climat de partenariat amical et ouvert qui a marqué les négociations » et « se sont accordés sur le fait que, désormais, ce dossier était clos », conclut le communiqué de l'Elysée. Le Kremlin a dit considérer l’affaire des Mistral comme « totalement réglée ». Aucun des deux communiqués n’a fait état d’éventuels dédommagements.Lire aussi :Mistral : entre la France et la Russie, les navires de la discordeLa fin d’un conflit de huit moisCet accord clôt huit mois d’intenses négociations entre Paris et Moscou, qui avaient placé la présidence française dans une situation inconfortable, tiraillée entre les intérêts économiques en jeu et sa volonté de pousser la Russie à infléchir sa position dans la crise ukrainienne.La France avait suspendu en novembre 2014, et ce pour une durée indéterminée, la livraison de deux navires construits à Saint-Nazaire. Les Occidentaux accusaient alors la Russie de soutenir les rebelles armés prorusses qui tiennent une partie de l’est de l’Ukraine, la soupçonnant même d’avoir engagé des éléments armés sur le terrain, ce que Moscou continue de démentir malgré la publication de nombreux éléments étayant ces soupçons.Construits au chantier STX, ces navires de guerre polyvalents peuvent transporter des hélicoptères, des chars ou des chalands de débarquement et accueillir un état-major embarqué ou un hôpital. Le constructeur des Mistral, DCNS, filiale à 35 % de l’équipementier Thales, avait estimé en juillet à au moins un million d’euros par mois le coup d’entretien des deux porte-hélicoptères, dans l’attente d’une décision de la France et de la Russie.L’adaptation des Mistral pour un client de remplacement coûterait de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de millions d’euros selon ses besoins, avait déclaré le PDG de DCNS, Hervé Guillou. Le Canada et Singapour, tout comme l’Egypte, qui vient d’acquérir une frégate multimissions Fremm et quatre corvettes Gowind, sont cités comme clients potentiels, mais DCNS s’est refusé à tout commentaire sur ce point.Lire aussi :210 jours avec le Mistral, le récit d’un marin russe dépité Martin Untersinger Le site Netzpolitik est, depuis plusieurs jours, au cœur d’un scandale retentissant en Allemagne. En cause, une enquête pour « trahison » ouverte à la suite de deux de ses articles, publiés en février et en avril.1. Netzpolitik, c’est quoi ?Netzpolitik est un site d’information fondé en Allemagne par Markus Beckedahl et qui va fêter son onzième anniversaire à l’automne. Comme son nom l’indique, il s’intéresse aux questions de politique numérique, notamment « la protection des données, les cultures numériques, la neutralité du Net, les questions de copyright et la surveillance ».Ses journalistes, qui se présentent comme engagés, veulent promouvoir les « libertés numériques et leur implémentation politique ». Actuellement animé par quatre personnes, Netzpolitik compte aussi de nombreux collaborateurs indépendants.Ce site dont l’audience reste relativement modeste – il revendique environ 40 000 visiteurs par jour – peut cependant, dans un pays où la question des libertés numériques a le vent en poupe, se targuer d’une très solide réputation.Dès 2005, il a été récompensé par Reporters sans frontières pour sa défense de la liberté d’expression sur Internet. Très bien informés, notamment sur les questions de surveillance, ses animateurs sont même devenus le véritable poil à gratter du gouvernement allemand : la chancellerie s’était même plainte de leur travail auprès des députés formant la commission d’enquête sur les activités de la NSA dans le pays. « Nous avons une place centrale dans les débats sur la politique numérique », se réjouissait d’ailleurs, sans fausse modestie, l’un des journalistes actuellement poursuivis, Andre Meister, dans une vidéo récente.Netzpolitik fait figure de précurseur, à l’échelle allemande comme européenne sur les questions numériques. « Lorsque nous nous sommes lancés, nous étions contents si, une fois par mois, Internet était abordé dans l’agenda politique. Aujourd’hui, on a davantage peur au début de chaque semaine en regardant le nombre de fois où la politique numérique va être abordée », s’amusait il y a peu son fondateur, M. Beckedahl.2. Que racontent les articles pour lesquels le site est poursuivi ?Deux articles ont fortement déplu au Bundesamt für Verfassungsschutz (BfV, Office fédéral de protection de la Constitution), le service de renseignement intérieur allemand. Ces articles racontaient comment ce service prévoyait davantage de moyens, notamment pour mettre en place une cellule de surveillance des réseaux sociaux pour lutter contre le terrorisme.Dans un premier article, publié le 25 février, le site a d’abord révélé des extraits détaillés du projet de budget du BfV. Les détails des comptes de ce service de renseignement sont, comme dans la plupart des pays, secrets. On connaît la totalité de l’enveloppe consacrée au fonctionnement des services, pas leur répartition exacte.Sur la base d’un document, Netzpolitik raconte donc que le BfV va se doter de moyens informatiques pour « analyser massivement des données Internet », notamment sur les réseaux sociaux, grâce à une enveloppe de 2,75 millions d’euros. Le but est de pouvoir « déterminer des relations, jusqu’ici invisibles, entre des individus ou des groupes sur Internet », une tâche « impossible à réaliser manuellement ».Dans un second article, mis en ligne le 15 avril, le site apporte davantage de précisons sur les projets des services allemands grâce à de nouveaux documents qu’ils s’est procuré. Le BfV va compter dans ses rangs une unité appelée Erweiterte Fachunterstützung Internet (EFI, support internet étendu spécialisé), composée de 75 agents. Ils se concentreront notamment sur les conversations en ligne et sur les données présentes sur Facebook.Netzpolitik rappelle alors que cette volonté de traiter des données de manière massive semble contrevenir à la législation allemande qui encadre les activités du BfV, puisque ce dernier ne doit enquêter que de manière ciblée.Le site évoque également le programme Perseus, un outil utilisé par les services pour traiter les données brutes récoltées, notamment les métadonnées. Enfin, il évoque la volonté du BfV de se doter de capacité « de collecte d’information clandestine », c’est-à-dire pour aller au-delà des informations publiquement disponibles.Comme le rappelle Netzpolitik dans ses deux articles, ces informations avaient déjà fuité dans de nombreux journaux allemands. Mais le site spécialisé apporte des précisions et des détails inédits. Ce qui n’a pas plu au BfV.3. Où en est-on de la procédure ?Après les deux articles de Netzpolitik, le BfV a porté plainte. Ce sont ensuite les services du procureur fédéral, Harald Range, qui ont mené l’enquête. Dans leur viseur, deux journalistes de Netzpolitik – l’auteur des articles, Andre Meister, et le responsable du site Markus Beckedahl – ainsi qu’une personne « inconnue », leur source. L’affaire est rendue publique le 30 juillet, lorsque les deux journalistes reçoivent un courrier des services du procureur les informant qu’ils sont accusés de trahison. Un chef d’accusation qui n’a pas été utilisé depuis 1962.Le procureur a ensuite ordonné une expertise juridique afin de savoir si les informations rendues publiques par Netzpolitik relevaient du secret d’Etat, et en attendant les résultats, a suspendu l’enquête. Les conclusions de l’expertise ont été connues lundi 3 août : oui, les journalistes ont publié des informations secrètes. Le gouvernement, qui avait déjà publiquement pris ses distances avec le procureur, aurait ensuite, selon ce dernier, fait pression pour que les conclusions de l’expertise soient ignorées. Harald Range a ensuite, fait très inhabituel, dénoncé les pressions exercées par le gouvernement. En réponse, le ministre de la justice Heiko Maas a mis le procureur à la retraite d’office. Il sera remplacé par l’actuel procureur fédéral de Munich Peter Frank.Lire aussi :En Allemagne, le ministre de la justice limoge le procureur généralAujourd’hui, l’enquête est toujours ouverte et la plainte déposée par le service de renseignement allemande n’a pas été retirée.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 05.08.2015 à 10h56 • Mis à jour le05.08.2015 à 16h15 | Jean-Baptiste de Montvalon Géographe, ancien ambassadeur, Michel Foucher est titulaire de la chaire de géopolitique appliquée au Collège d’études mondiales. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels L’Obsession des frontières (éd. Tempus Perrin, 2012).Face à la crise des migrants à Calais, un député du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) a suggéré que l’Angleterre reprenne la ville, tandis que des élus français ont souhaité que les contrôles à l’entrée du Royaume-Uni soient déplacés à Douvres… Que vous inspire cette « bataille » autour d’une frontière intra-européenne ?Si une « bataille » s’annonçait, les « bourgeois de Calais » sauraient cette fois résister à un siège… Nos capacités stratégiques ont progressé depuis la guerre de Cent Ans ! Que ce scénario de reconquête soit énoncé par un député eurosceptique est amusant et a le mérite, si l’on peut dire, d’exhumer une vieille carte mentale : la Manche fut, jusqu’au XIXe siècle, une mer pour deux royaumes, donc une aire d’affrontement. Devenue mer intérieure européenne, c’est la seule dotée d’un double toponyme sur les cartes officielles : Manche et English Channel. Dans la tradition militaire anglaise, la mer sépare et fait frontière ; en France, c’est la côte fortifiée.Lire le reportage :« J’essaie tous les jours de passer en Angleterre »Où est la frontière franco-britannique ? Elle se situe là où s’effectuent les contrôles de douane et de police : à la gare du Nord et à Saint-Pancras, à Roissy et Heathrow, à Douvres, Calais, comme dans une douzaine d’autres ports. La frontière juridique est maritime, à mi-distance des côtes des Etats riverains, et terrestre, au milieu du tunnel sous la Manche selon le traité signé à la cathédrale de Canterbury en février 1986, en présence de la reine Elisabeth et du président Mitterrand. Ces limites fixent l’aire d’extension de la convention de Schengen, que Londres a refusée tout en ouvrant ses portes aux migrants des Etats ayant adhéré à l’Union européenne en 2004, surtout Polonais et Baltes.Que recouvre sur notre continent la notion de frontière ?Les limites de la souveraineté et de l’identité nationales demeurent. En passant de Strasbourg à Kehl, en Allemagne, sur le pont de l’Europe, l’absence de contrôle douanier n’efface en rien les traits propres aux deux nations. L’espace de l’Europe instituée est plus fluide. La liberté de circulation est saluée par les opinions européennes, quand elle s’applique à elles-mêmes.Mais la mise en commun d’attributs de souveraineté suppose de bâtir à chaque instant des accords collectifs, comme on l’a vu lors de la crise grecque. L’Etat-nation, doté de son enveloppe frontalière – limite, pas barrière – est le noyau de base mais, dans le monde tel qu’il a l’inconvénient d’être, il doit se développer de concert avec les autres pour peser.Le coût humain et financier des migrations va-t-il engendrer un renforcement des frontières ou les remettre en cause ?Le calcul du coût suppose une typologie fine, selon les trajectoires migratoires. De qui parle-t-on ? Des Français de Londres ? Des Kurdes de Berlin ? Des Maliens d’Ile-de-France ? Des Syriens de Stockholm ? Les études sérieuses montrent que les bénéfices, individuels et collectifs, sont nettement supérieurs aux coûts : travail fourni, compétences importées et acquises, envoi de salaires aux familles des lieux d’origine. A l’âge global, chacun, dans l’ancien tiers-monde comme en Moldavie, sait qu’ailleurs l’herbe est plus verte. Les migrations sont irrépressibles. La prospérité et la sécurité de l’Europe la rendent attractive. Il faut renforcer la concertation dans la gestion des régimes frontaliers, au-delà des circonstances exceptionnelles.Après les drames autour des Canaries, Madrid a réalisé qu’il était aussi important d’aider la Mauritanie ou le Sénégal que les pays andins hispanophones. L’accès légal à l’espace européen pour étudier ou exercer une activité suppose une démarche cogérée avec les pays de départ. La convention de Schengen n’avait qu’un objectif interne, de libre circulation réservée aux ressortissants des pays signataires. Les crises et drames actuels posent la question d’une action à l’extérieur de l’Union européenne : aide ciblée au développement, programmes cogérés de migration circulaire et surtout de mobilité dans les zones d’interaction migratoire et, parfois, interventions dans les zones de crise.Lire le compte-rendu :Plus de 2 000 hommes, femmes et enfants sont morts « aux portes de l’Europe » en 2015Des chercheurs étudient les conséquences d’une éventuelle ouverture de toutes les frontières. Que vous inspire cette piste de travail ? L’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme affirme en effet le droit à quitter son pays. Cette liberté n’est pas encore acquise partout. Mais le droit d’émigrer ne trouve pas son corollaire dans celui d’immigrer. La disparité dans le régime des visas est grande : il est plus facile à un Danois d’aller en Indonésie que l’inverse. Les visas pour entrer dans l’espace Schengen sont exigés dans 134 Etats. Il n’est pas certain que l’asymétrie de traitement soit durable, au nom de l’égalité des droits des Etats. Le Sénégal a rétabli les visas pour les Français, et se rendre en Algérie n’est pas simple – message de réciprocité, en quelque sorte. Toutes les pistes méritent d’être expérimentées, d’abord celles traitant de la mobilité, depuis et vers l’Europe instituée.Lire sur Les Décodeurs :Comment fonctionne la politique migratoire entre le Royaume-Uni et la France ?Quel jugement portez-vous sur la façon dont les politiques français abordent cette question des frontières et des migrations ?La frontière civilisée est une interface et une ressource. Sa fonction de barrière ne s’impose qu’en cas de menace directe sur notre sécurité. Un changement de discours politique sur ces questions serait salutaire, avec la reconnaissance publique de la réalité durable des mobilités et la nécessaire construction de dispositifs les encadrant : visas de travail de longue durée, cogestion des mobilités entre pays de départ et pays d’arrivée, mise en place de règles pour détruire le régime illégal des passeurs…Ce qui est en jeu est également notre choix d’un rapport au monde. L’image positive du Royaume-Uni, projetée au loin par le message des Jeux olympiques de Londres, en 2012, cette image d’un pays moderne et multiculturel, ouvert et globalisé, nourrit une attraction irrésistible, même au fin fond du Soudan. D’où l’afflux vers Calais. Les Français – opinion et dirigeants –, qui candidatent pour des JO en 2024 et une Exposition universelle en 2025, seraient bien inspirés d’y réfléchir et d’assumer enfin toutes les composantes d’une politique d’ouverture, dans un monde de communication instantanée, loin d’un illusoire repli sur soi.Jean-Baptiste de MontvalonJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Eric Albert (Londres, correspondance) Comme dans un cauchemar, les affaires de pédophilie n’en finissent pas de s’accumuler au Royaume-Uni, plus sordides les unes que les autres. La dernière accusation en date concerne l’ancien premier ministre Edward Heath. Au pouvoir entre 1970 et 1974, mort en 2005, l’ancien dirigeant conservateur est sous le coup de cinq enquêtes différentes. Les polices de Londres, du Wiltshire, du Kent, de l’Hampshire et de l’île Anglo-Normande de Jersey mènent chacune des investigations pour établir les faits.L’affaire est devenue publique lundi 3 août quand la police des polices (Independent Police Complaints Commission, IPCC) a annoncé avoir ouvert une enquête sur la gestion des investigations par la police du Wiltshire. Il s’agissait de comprendre pourquoi celle-ci avait classé sans suite une plainte déposée dans les années 1990 contre M. Heath. C’est un ancien policier à la retraite, qui n’avait jamais accepté le traitement de ce dossier, qui a décidé de ressortir l’affaire, en allant témoigner auprès de l’IPCC.Mardi, les médias britanniques ont affirmé que plusieurs forces de police avaient déjà ouvert ces derniers mois une enquête sur l’ancien premier ministre, à chaque fois pour des accusations de pédophilie.L’affaire semble sérieuse. Au cœur du scandale se trouve la tenancière d’une maison de passe du Wiltshire. Selon plusieurs médias britanniques, Myra Ling-Ling Forde, d’origine philippine, dirigeait au début des années 1990 l’Oriental Massage Parlour, à Salisbury, où habitait M. Heath. L’établissement exploitait comme prostituées de nombreuses jeunes filles mineures.« Politiciens et stars »Quand la tenancière a fait l’objet d’une première enquête, elle a nommé l’ancien premier ministre comme l’un de ses clients. Plusieurs officiers haut gradés seraient alors intervenus pour faire classer l’affaire. Néanmoins, en 1995, Mme Ling-Ling Forde a finalement été condamnée pour proxénétisme, sans que le nom de M. Heath n’apparaisse. Pendant le procès, le cas d’une jeune fille de 13 ans, qui allait directement de l’école à la maison de passe, a été cité. Une autre adolescente de 15 ans apparaissait également dans le dossier.En 2009, Mme Ling-Ling Forde a été une nouvelle fois condamnée pour proxénétisme. Interrogée par le Daily Telegraph, sa sœur, Mia Pablico, affirme que l’établissement du Wiltshire était fréquenté par du beau monde : « Je sais ce qu’elle a fait à Salisbury. Elle connaissait plein de politiciens et de stars à cause de cela. »Par ailleurs, M. Heath est accusé d’avoir violé un jeune garçon de 12 ans en 1961, selon une information du Daily Mirror. D’après la victime, celui qui était alors simple député l’aurait pris en auto-stop et emmené dans son appartement du centre de Londres. A l’époque, l’adolescent est allé se plaindre, mais la police l’aurait traité d’affabulateur. Et ce n’est que quatre ans plus tard qu’il aurait découvert l’identité de M. Heath, en le voyant sur des affiches électorales.L’ancien premier ministre, qui reste comme l’homme politique qui a fait entrer le Royaume-Uni dans la Communauté économique européenne en 1973, était un homme très discret. Jamais marié, son inclination sexuelle a souvent fait l’objet de spéculations, mais généralement pour laisser entendre qu’il était homosexuel, à une époque où cela était encore tabou.Les accusations contre M. Heath éclatent au grand jour dans un contexte de grand ménage sur les affaires de pédophilie. Le Royaume-Uni a été traumatisé en 2012 par la découverte que l’une de ses stars préférées du petit écran, Jimmy Savile, avait été un pédophile multirécidiviste. L’ampleur du scandale, dévoilé peu après sa mort, a sidéré le pays et semble avoir libéré la parole. Face aux nombreuses plaintes pour des affaires vieilles de plusieurs décennies, la police a lancé une vaste enquête pour faire toute la lumière sur ces dossiers d’abus sexuels historiques, l’opération « Hydrant ».« Tact et respect »Elle est d’une ampleur colossale. En mai, la police révélait que plus de 1 400 suspects faisaient l’objet d’une enquête. Parmi eux se trouvent 261 personnes « au profil public », y compris 76 responsables politiques. Et le nombre de plaintes ne cesse d’augmenter, avec une hausse de 165 % en trois ans pour les cas de pédophilie dans des affaires anciennes. « De nombreuses victimes ont désormais trouvé l’assurance nécessaire pour témoigner de ces abus, sachant que nous les traiterons avec tact et respect, et que nous les prendrons au sérieux », estimait, en mai, Simon Bailey, le policier qui supervise « Hydrant ».Parmi les nombreuses enquêtes menées en parallèle par la police, on trouve également l’opération « Midland ». Celle-ci se concentre sur un réseau pédophile, qui regroupait des députés, des ministres, des avocats, des juges, des militaires, des membres des services secrets… Les faits restent nébuleux, mais les accusations sont d’une extrême gravité : ces hommes auraient violé et agressé des jeunes garçons dans les années 1970 et 1980.Face à l’ampleur du scandale, il semble extraordinaire que ces faits n’aient pas été connus plus tôt. Il avait fallu attendre que le député Tom Watson ose, en octobre 2012, publiquement les évoquer à la Chambre des communes. Les témoignages se sont multipliés. Au moins trois maisons où se déroulaient les viols en groupe ont été identifiées : une guesthouse dans le sud de Londres, un centre pour orphelins, et Dolphin Square, des appartements de luxe près de Westminster, que louaient nombre de députés.Les enquêtes de police continuent. Mais face à la gravité des faits, sous pression des anciennes victimes, la ministre de l’intérieur Theresa May a parallèlement ouvert une enquête publique. Objectif : comprendre comment ces différentes affaires ont ainsi pu être étouffées durant toutes ces années.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Matthieu Goar Au cœur de la trêve estivale, la crise des migrants à Calais et à Paris a offert une fenêtre de tir à la droite pour critiquer l’exécutif. En première ligne, le député de l’Aisne du parti Les Républicains (LR), Xavier Bertrand, a d’abord proposé dans le JDD de « laisser partir les migrants » en Angleterre avant de mettre la pression sur la majorité socialiste. « Je demande à Bernard Cazeneuve et Manuel Valls d’être plus fermes, plus offensifs à l’égard du gouvernement anglais », a-t-il répété, mardi 4 août sur RTL, en agitant la peur de voir des « barbelés tout le long du littoral. » « Pas question de laisser dénaturer la Côte d’Opale pour faire plaisir aux Anglais. » A Paris, l’occupation d’un lycée professionnel désaffecté du 19e arrondissement a entraîné une salve de communiqués. Claude Goasguen, député de Paris, a dénoncé un « précédent qui constitue un attrait toujours plus important des migrants », et Nadine Morano, députée européenne, a pris la même ligne, évoquant un « appel d’air considérable à l’immigration illégale », tout en dénonçant dans le même texte la saleté des rues de Paris « envahies de SDF, de matelas sur les trottoirs. Une honte pour l’image de la France ».Lire sur Les Décodeurs :Comment fonctionne la politique migratoire entre le Royaume-Uni et la France ?Un bilan comparableDepuis des semaines, la droite affiche sa fermeté en réclamant une stricte application de la loi, notamment en matière de reconduite à la frontière des demandeurs d’asile déboutés. Mardi, Eric Ciotti, secrétaire général adjoint de LR, a ainsi enjoint au gouvernement de mettre en place « une politique responsable, cohérente et lucide, se traduisant par une application ferme et résolue de la politique de reconduite des étrangers en situation irrégulière ». « A Calais comme à Paris, nous sommes en train de créer des abcès de fixation qui profitent aux passeurs et nuisent aux vrais demandeurs d’asile à la dérive », explique au Monde Roger Karoutchi, rapporteur spécial de la mission « Immigration, asile et intégration » au Sénat : « Il faut reconduire à la frontière ceux qui n’ont pas de raison de demander l’asile, sinon à quoi cela sert que nous votions des lois ? »Le Front national s’est engouffré dans la brèche mercredi et a accusé Nicolas Sarkozy de porter une « responsabilité historique » dans « l’aggravation des flux d’immigration clandestine dans notre pays ». « C’est lui qui a déstabilisé la Libye avec le soutien de François Hollande », a lancé sur RTL la présidente du parti, Marine Le Pen, assénant : « La classe politique française passe sa vie à essayer d’aller chercher des responsabilités ailleurs, alors que c’est eux les responsables de la situation. »Si la droite accuse la gauche de laxisme, les deux camps ont pourtant un bilan comparable en matière de reconduites à la frontière. En 2014, le ministère de l’intérieur a ainsi procédé à 27 606 « éloignements » d’immigrés illégaux (27 081 en 2013). Cette baisse par rapport au pic de 2012 (36 822 expulsions) est à relativiser, puisque le nombre d’expulsions en 2014 correspond environ à celui de 2010, à l’époque de la présidence de Nicolas Sarkozy (28 126). Mais la droite estime que la pression migratoire a augmenté et que la gauche n’est pas assez montée en puissance. Le nombre de demandes d’asile progresse en effet continuellement depuis 2007 (29 937 cette année-là contre 50 952 en 2014). « La situation migratoire de 2015 n’a rien à voir avec celle de 2003 », justifie M. Karoutchi, alors que Xavier Bertrand s’en est pris aux accords du Touquet, signés le 4 février 2003 par Nicolas Sarkozy, à l’époque ministre de l’intérieur.Lire aussi :Plus de 2 000 hommes, femmes et enfants sont morts « aux portes de l’Europe » en 2015Opposition frontaleAu niveau législatif, les parlementaires LR continuent également à s’opposer frontalement. Ils ont voté contre la réforme du droit d’asile, adoptée définitivement le 15 juillet, qui vise notamment à réduire la durée moyenne de traitement des demandes.Une semaine plus tard, les députés LR ont également voté contre le projet de loi sur le droit des étrangers, dont certains articles facilitent les reconduites à la frontière. Depuis son retour à la vie politique, Nicolas Sarkozy prône, lui, une refonte totale du droit migratoire européen avec la mise en place d’un Schengen 2, où tous les pays signataires se mettraient d’accord sur des conditions d’asile communes.Son principal rival à droite, Alain Juppé, s’y oppose en réclamant un renforcement des moyens de Frontex dans le cadre de Schengen. Divisés sur ce sujet, les dirigeants de la droite sont en tout cas d’accord sur une chose : à quelques mois des élections régionales, ils ne peuvent pas laisser le terrain de l’immigration au FN. Cela explique l’activisme de Xavier Bertrand, candidat dans la région Nord–Pas-Calais–Picardie, où il affrontera Marine Le Pen.Matthieu GoarJournaliste au Monde 26.04.2015 à 17h13 • Mis à jour le26.04.2015 à 17h15 Le dirigeant du Labour Party (Parti travailliste britannique), Ed Miliband, a répété dimanche 26 avril qu'il excluait de gouverner avec le Scottish National Party (SNP, Parti national écossais) s'il remportait les législatives du 7 mai.Interrogé, sur la chaîne BBC One, sur la possibilité d'un arrangement avec les nationalistes écossais pour obtenir leur soutien à un gouvernement de coalition, le chef du Labour a répondu :« Cela ne m'intéresse pas de passer des accords [avec le SNP], non. Je veux être clair à ce sujet. Pas de coalition, pas de rapprochement. Je ne passerai pas d'accord avec le SNP (…) Je ne suis pas d'accord [avec eux] sur l'indépendance de l'Ecosse, sur la défense, sur le déficit. »Auparavant, Ed Miliband avait seulement clairement écarté une coalition formelle avec le SNP, et assuré que son gouvernement ne comprendrait « jamais » de ministres issus de cette formation.Lire aussi (édition abonnés) : L’Ecosse, talon d’Achille et espoir du Labour« Ed Miliband changera son fusil d'épaule »La dirigeante du SNP, Nicola Sturgeon, a cependant déclaré à plusieurs reprises qu'elle était prête à soutenir le Labour pour « chasser David Cameron », l'actuel premier ministre (conservateur) du 10 Downing Street.Mme Sturgeon a réagi aux propos de M. Miliband sur Sky News, prédisant un changement d'attitude de sa part le 7 mai :« Je soupçonne qu'Ed Miliband changera son fusil d'épaule une fois que les votes seront comptés. Si Ed Miliband n'a pas de majorité, il va bien devoir travailler avec les autres partis ».Nicola Sturgeon espère décrocher entre 40 et 50 sièges de députés sur les 59 dévolus à l'Ecosse – contre 6 actuellement – aux dépens du Labour, qui en compte actuellement 41.Lire le portrait (édition abonnés) : Nicola Sturgeon, « dame de fer » d’EcosseLes conservateurs prédisent une « crise constitutionnelle »La perspective d'une alliance entre le Labour et le SNP (plus à gauche que les travaillistes, et surtout pro-indépendance) ne cesse d'être agitée comme un chiffon rouge par les conservateurs dans cette dernière ligne droite avant le 7 mai.La ministre de l'intérieur, Theresa May, a notamment jugé dimanche que cela constituerait la « plus importante crise constitutionnelle depuis l'abdication » d'Edouard VIII, en 1936, dans une interview au Mail on Sunday. « Si vous voulez une alternative non socialiste aux nationalistes qui veulent briser [le Royaume-Uni], seuls les conservateurs peuvent la fournir », a de son côté répété David Cameron, dimanche dans une interview sur Sky News.Aucun des deux principaux partis (conservateur et travailliste) ne semble en mesure d'arracher une majorité le 7 mai. Ils devront donc très probablement s'entendre avec les petites formations politiques pour mettre sur pied un gouvernement. 25.04.2015 à 21h55 • Mis à jour le27.04.2015 à 11h29 | Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) Tournant dans l'histoire de Volkswagen (VW). Ferdinand Piëch, figure centrale du groupe automobile depuis vingt-deux ans, a démissionné, samedi 25 avril, de tous ses mandats de président du conseil de surveillance qu'il exerçait au sein de l'entreprise. Cette décision constitue un nouveau coup de théâtre dans la guerre des chefs qui déchire le constructeur depuis deux semaines. Elle marque aussi la fin d'une ère qui a porté VW au sommet de l'industrie automobile mondiale.Samedi, dans l'après-midi, le groupe a publié un communiqué de presse annonçant que « les membres du présidium du conseil de surveillance [avaient] constaté que, au vu des événements de ces dernières semaines, la confiance réciproque nécessaire à une bonne collaboration n'[était] plus là » et que, prenant acte de ce fait, M. Piëch « démissionnait de tous ses mandats au sein des conseils de surveillance du groupe Volkswagen avec effet immédiat ».Sa femme, Ursula Piëch, membre du conseil de surveillance, a également démissionné. L'intérim à la direction du conseil doit être assuré par Berthold Huber, vice-président de l'instance et ancien chef du syndicat IG Metall, qui présidera notamment la prochaine assemblée générale du groupe prévue le 5 mai.La victoire des représentants du personnelChef incontesté du groupe automobile il y a encore deux semaines, Ferdinand Piëch, 78 ans, a finalement perdu la bataille qu'il avait lui-même lancée. Vendredi 10 avril, dans une interview donnée au magazine Der Spiegel, il avait déclaré « avoir pris ses distances » avec le président du directoire, Martin Winterkorn. Ces quelques mots avaient déclenché au sein du groupe un véritable tremblement de terre, dont les répliques ont marqué l'actualité ces deux dernières semaines.M. Piëch, déçu des performances de son ancien protégé qu'il souhaitait voir remplacer, s'est finalement mis à dos l'ensemble des membres du présidium du conseil de surveillance. Jusqu'au bout, Ferdinand Piëch aura essayé d'imposer ses vues.Désavoué le 16 avril par les représentants du personnel, majoritaires au sein du présidium du conseil de surveillance, il a tenté la semaine dernière de convaincre sa famille, actionnaire majoritaire du groupe automobile, de se rallier à son point de vue. En vain.Qurelle famialeSon départ complique encore la tâche de VW qui doit renouveler, dans les prochains mois, les postes de président du directoire et de président du conseil de surveillance qui arrivent à échéance au plus tard dans deux ans. Pis, cette violente bataille à la tête de VW va laisser des traces profondes : elle jette le doute sur les capacités de Martin Winterkorn, jusqu'ici considéré comme l'un des meilleurs managers de l'histoire de VW, à diriger le groupe, tout en jetant une lumière crue sur les faiblesses du constructeur et sur les conflits au sommet de l'entreprise et à l'intérieur de la famille Porsche-Piëch.Jusqu'ici, Ferdinand Piëch avait exercé son pouvoir sans partage et influencé la plupart des décisions stratégiques. Lui vaincu, c'est le représentant du personnel Bernd Osterloh et son allié Stephan Weil (SPD), ministre-président du Land de Basse-Saxe, actionnaire à 20 % de VW, qui apparaissent comme les grands gagnants du bras de fer à la tête de VW. Or, le groupe Volkswagen va devoir faire face à d'importants défis ces prochaines années s'il veut rester compétitif.Lire aussi (édition abonnés) : Ferdinand Piëch, l’inflexible chef de la « maison Volkswagen »Pour Ferdinand Piëch, visionnaire mais aussi critique du groupe, l'entreprise a accumulé deux problèmes principaux : un échec aux Etats-Unis et surtout une marge trop faible sur la marque Volkswagen, qui représente 50 % des véhicules du groupe. Un spécialiste de la baisse des coûts a d'ailleurs été nommé récemment à la tête de la marque VW pour y mettre bon ordre.Restructuration difficileHerbert Diess, jusqu'ici soutenu par M. Piëch, doit désormais assumer la tâche difficile de restructurer VW dans un contexte où les représentants du personnel ont démontré leur influence. Dans ces conditions, il pourrait être difficile de prendre la décision de fermer une usine non rentable ou de supprimer des emplois.Par ailleurs, le degré d'intégration chez VW étant très élevé – le groupe fabrique lui-même une grande partie de ses pièces détachées –, il est plus compliqué d'y réduire les coûts que chez des constructeurs travaillant avec des sous-traitants. C'est parce que M. Piëch avait constaté depuis des mois l'incapacité du management à traiter ce problème qu'il a décidé de le porter sur la place publique. Mais le plan de restructuration du groupe, annoncé par Martin Winterkorn durant l'été 2014, a largement échoué. En partie à cause de l'opposition du président du comité d'entreprise. Une situation qui inquiète. Pour l'expert automobile Ferdinand Dudenhöffer, « il semble plus incertain que jamais que le groupe VW, ses actionnaires et ses salariés restent à long terme du côté des gagnants. »Lire aussi : Volkswagen, miroir de l’AllemagneCécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au Monde 25.04.2015 à 14h31 • Mis à jour le25.04.2015 à 14h44 | Marie Jégo (envoyée spéciale à Diyarbakir) Dans le petit salon de thé attenant à Surp-Giragos (Saint-Guiragos), la grande église arménienne de Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, Rahime Karakas, 54 ans, raconte comment sa vie a basculé un jour de mai 1985 : « Mon père est mort, je suis allée à l’Etat civil pour les formalités. Là, sur le registre, j’ai vu le prénom Sarkis, barré d’un trait, et le prénom Husseïn écrit par-dessus. Cela se voyait très nettement. J’étais en état de choc. Depuis, j’essaie de recoller les morceaux. » Jusque-là, Rahime pensait qu’elle était kurde, « je faisais partie d’une organisation féministe kurde, j’ai même fait de la prison à cause de cela ». Son père ne lui avait jamais rien dit de son passé mais elle avait des soupçons. Sur le fait, par exemple, qu’il était enfant unique et sans famille, autant dire une sérieuse anomalie au regard des critères kurdes. Et puis il y avait cette étrange invective – « Moskov » (Russe) – proférée par sa mère lorsque le couple se disputait. Il s’agissait d’une allusion à son origine cachée, car beaucoup d’Arméniens se rangèrent en 1915 aux côtés de la Russie, alors l’ennemie numéro un de la Sublime porte.Difficile de recoller les morceaux. Rahime a eu beau chercher, se rendre dans la ville d’origine de son père, à Harput, elle n’a jamais réussi à tirer le moindre fil. « Pour finir, j’ai mis une petite annonce dans Agos (le journal en turc et en arménien de la communauté arménienne de Turquie), mais ça n’a rien donné, j’avais trop peu d’indices, juste le prénom et la ville. »Elle s’est habituée à vivre avec les taches d’ombre de son passé. Elle a pris des cours d’arménien, s’est rendue à Erevan, a adopté la foi chrétienne en 2014 à Etchmiadzine (le saint-siège du patriarcat en Arménie). Une partie de sa famille n’a pas apprécié. Elle ne regrette rien : « Je suis devenue chrétienne à cause de ce qui a été fait à mon père. C’est une démarche politique, l’expression de mon opposition. »« Affronter notre passé dans les yeux »Sa nouvelle famille est désormais à Saint-Guiragos, la plus vaste église arménienne du Moyen-Orient, restaurée de pied en cap en 2011 grâce aux fonds de la diaspora, de la communauté arménienne de Turquie et de la mairie de Diyarbakir, tenue par le Parti démocratique des régions (DBP, pro-kurde).Chaque mois, les Arméniens – musulmans et chrétiens – s’y retrouvent pour un petit déjeuner festif dans le salon de thé. Et puis il y a les concerts, les baptêmes, les messes dans l’église. « Dans la région, beaucoup d’Arméniens ont été islamisés sous la contrainte il y a cent ans. Depuis la restauration de l’église, ils viennent. Tous ne se sont pas redevenus chrétiens, mais ils aiment retrouver un peu de leurs racines », explique Ergün Ayik, qui dirige la fondation propriétaire du lieu.Le clocher s’élève haut dans le ciel de la vieille ville de Diyarbakir en signe du réveil de la communauté. Située dans une petite ruelle de la vieille ville, l’église de basalte en a vu de toutes les couleurs depuis sa construction, en 1376. Le coup de grâce est venu en 1915, non pas à cause du coup de canon tiré sur le frêle clocher parce qu’il s’élevait plus haut que les minarets alentour, mais parce que la population qui remplissait l’église les jours de fête a disparu. « Autrefois, la moitié de la population de la ville était arménienne, aujourd’hui nous sommes une poignée », rappelle Ergün. L’isolement n’est plus de mise depuis que ceux de la diaspora sont de plus en plus nombreux à venir pour visiter l’église.Saint-Guiragos était en ruine, à ciel ouvert, lorsque Ergün Ayik, Gafur Turkay et quelques autres se sont mis en tête de trouver des fonds pour la restaurer. Pour cela, ils ont organisé des dîners de donateurs. Rien n’aurait été possible sans l’aide de la mairie de Diyarbakir, qui a financé les travaux à hauteur de 20 %. « Nos grands-pères, incités par d’autres, ont commis des crimes mais nous ne les imiterons pas », avait dit Abdullah Demirbas, à l’époque maire du quartier de la vieille ville, aux Arméniens venus lui demander de l’aide. « Revenez ! », tel est aujourd’hui le message des Kurdes aux Arméniens.En 1915, les Kurdes ont été les principaux exécutants des massacres. Incités par le pouvoir Jeune Turc, les clans kurdes les plus éminents y ont pris part, avec tous les bénéfices matériels qui allaient avec, saisie de terres, de maisons, de richesses. L’écrivain kurde de langue turque Seyhmus Diken rappelle que, dix ans plus tard, « les Kurdes se sont fait massacrer au moment de la révolte de cheikh Saïd » – un chef religieux kurde rebelle pendu sur la place centrale de Diyarbakir en 1925 avec 46 autres meneurs, par les armées de Mustafa Kemal. « Nous devons affronter notre passé dans les yeux, demander pardon et envisager des réparations », assure l’écrivain, signataire de « l’appel au pardon », une pétition en ligne lancée par des intellectuels turcs.Marie Jégo (envoyée spéciale à Diyarbakir)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 25.04.2015 à 01h07 • Mis à jour le25.04.2015 à 12h52 Le Parlement grec a voté vendredi 24 avril au soir un décret controversé obligeant les organismes publics à transférer leurs réserves de fonds à la Banque centrale du pays pour faire face aux difficultés financières de l'Etat.L'acte a été adopté par la seule majorité gouvernementale des députés de la coalition de la gauche Syriza et du petit parti nationaliste Anel, soit 156 voix contre 104. Lors d'une séance houleuse, les partis d'opposition, surtout de droite et socialiste ont qualifié le décret d'« anticonstitutionnel » et ont accusé le gouvernement de traîner dans les négociations avec les créanciers, UE et FMI, ce qui risque d'amener les caisses de l'Etat « dans l'impasse ».Mille quatre cents organismesLa mesure adoptée vise à couvrir « les besoins d'urgence de l'Etat, qui s'élèvent à 3 milliards d'euros pour les quinze prochains jours », stipule le décret. Ce transfert obligatoire des réserves financières de quelque 1 400 organismes publics (hôpitaux, universités, etc.) et collectivités locales devrait s'élever à 1,5 milliard d'euros, selon les estimations du gouvernement, mais le quotidien libéral Kathimerini a indiqué vendredi qu'il ne s'agirait que de 400 millions d'euros.L'annonce de cette mesure en début de semaine a provoqué l'ire de l'opposition et des représentants des organismes concernés, surtout des autorités locales, qui ont accusé le gouvernement d'intervenir dans la gestion de leurs fonds alors que la Constitution garantit leur indépendance. Georges Patoulis, président de l'Union des maires de Grèce et maire de Maroussi, banlieue nord d'Athènes, a demandé au gouvernement « d'éclairer combien de temps va durer ce transfert et avec quel mécanisme va être assuré le financement des administrations publiques ».Ecoles et hôpitaux concernés« Le placement de cet argent est absolument sûr et il n'y a aucune raison que les maires, les conseillers régionaux ou les universités n'effectuent pas ces transferts vers la Banque de Grèce », a répliqué le ministre adjoint des finances Dimitris Mardas. Kostas Agorastos, président de l'Union grecque des régions et ancien député du principal parti conservateur d'opposition, Nouvelle Démocratie s'inquiétait mercredi que cette mesure puisse « stopper la construction en cours de routes, d'hôpitaux et d'écoles ».Le syndicat des médecins d'Athènes a dénoncé également cette décision « qui arrive à un moment où les finances des hôpitaux ont touché le fond ».La Grèce est à court d'argent en raison de la stagnation des négociations avec ses créanciers, UE et FMI, et du retard pris dans le paiement de la dernière tranche de 7,2 milliards d'euros des prêts.Aucun accord n'a été trouvé vendredi à Riga lors de la réunion des ministres des finances la zone euro (Eurogroupe), après deux longs mois de négociations. Vendredi le gouvernement Tsipras a réalisé sa première privatisation, trois mois après son arrivée au pouvoir.Lire : L'Eurogroupe incapable de sortir de l’impasse grecque 12.04.2015 à 00h36 • Mis à jour le12.04.2015 à 10h52 Les médecins de la Lufthansa avaient recommandé un suivi psychologique après la dépression en 2009 du copilote Andreas Lubitz, soupçonné d'avoir volontairement provoqué le crash d'un Airbus A320 de Germanwings dans les Alpes françaises, selon un journal allemand.L'Autorité allemande de supervision du transport aérien (LBA) a découvert une remarque dans un dossier de la Lufthansa, maison mère de Germanwings, concernant M. Lubitz, rapporte dimanche 12 avril le Bild am Sonntag, l'édition dominicale du quotidien populaire Bild.« Lubitz devait continuer à être suivi psychologiquement »Les médecins de la compagnie aérienne ont écrit « que Lubitz devait continuer à être suivi psychologiquement, malgré l'aptitude à voler accordée » par un expert indépendant en 2009, après que le pilote eut traversé un épisode dépressif grave, explique le journal.Il ne précise pas en revanche si M. Lubitz a effectivement bénéficié d'un suivi psychologique après avoir repris sa formation de pilote. Interrogé par le journal, un porte-parole de Lufthansa a refusé de s'exprimer sur le sujet, pour « ne pas perturber l'enquête » en cours en Allemagne.Les premiers éléments dévoilés par la justice française suggèrent que M. Lubitz a volontairement précipité l'A320 de Germanwings contre un flanc de montagne des Alpes du sud en France, tuant ainsi les 150 personnes présentes à son bord.Ce scénario a provoqué un immense émoi en Allemagne, où les révélations se succèdent dans la presse depuis le crash. La LBA a ainsi expliqué ne jamais avoir eu accès au dossier médical de M. Lubitz. La compagnie aérienne, elle, a estimé ne pas avoir eu tort en gardant le silence sur le cas de son salarié.Dossier consulté trois jours après le crashLe gendarme du transport aérien ne l'a consulté au centre médical de la Lufthansa que le 27 mars, soit trois jours après le crash, et a alors découvert sa dépression. M. Lubitz avait interrompu pendant des mois sa formation de pilote à l'école d'aviation de la Lufthansa, à cause de cet « épisode dépressif grave », avant de la reprendre en 2009, rappelle le Bild am Sonntag.Le parquet de Düsseldorf avait dévoilé il y a deux semaines que M. Lubitz avait « été en traitement psychothérapeutique pour des tendances suicidaires il y a de nombreuses années », avant l'obtention de son brevet de pilote. Il avait également effectué des recherches sur Internet sur le suicide et les portes blindées des cockpits quelques jours avant le crash.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2lf4de"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2lf4de", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 11.04.2015 à 12h45 • Mis à jour le11.04.2015 à 13h13 Quatre soldats turcs ont été blessés, samedi 11 avril, lors d'affrontements dans le sud-est du pays avec des militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), interdit en Turquie, a annoncé l'armée. Des hélicoptères, des avions de reconnaissance et une unité de commando ont été envoyés dans la région d'Agri, frontalière avec l'Iran, où les affrontements se poursuivaient.Lire aussi (édition abonnés) : En Turquie, le président Erdogan rattrapé par la question kurdeSelon l'armée turque, les soldats s'étaient rendus sur place, dans le district de Diaydin, après avoir appris qu'un « festival » y était prévu avec pour objectif de promouvoir « l'organisation séparatiste terroriste », termes utilisés par la Turquie pour désigner le PKK. Des rebelles du PKK ont tiré sur des soldats, qui ont répliqué, selon le communiqué de l'armée publié sur son site Internet et qui fait état de quatre soldats blessés.Le Sud-Est anatolien est le théâtre depuis 1984 d'une rébellion armée séparatiste lancée par le PKK, qui a fait quarante mille morts. Mais les violences se font plus rares depuis qu'Ankara a engagé, en 2012, des négociations avec le chef emprisonné du PKK, Abdullah Ocalan, afin de mettre fin au conflit. A la fin de mars, Abdullah Ocalan a réitéré sa volonté de déposer les armes. Le PKK ne réclame plus l'indépendance, mais une large autonomie pour les 15 millions de Kurdes de Turquie (20 % de la population).Lire aussi (édition abonnés) : Assassinat de militantes kurdes à Paris : une enquête met en cause les services secrets turcs Gaëlle Picut Selon une note de la Commission européenne publiée début avril, les pays les plus riches auront du mal à retrouver le rythme de croissance économique qu’ils ont connu avant la crise financière de 2008, du fait du vieillissement démographique et donc de la baisse de la population en âge de travailler.Les auteurs rappellent que le début du XXIe siècle s’est caractérisé par un ralentissement mondial de la population en âge de travailler (celle qui a entre 15 et 64 ans). Selon les prévisions de l’ONU, elle devrait augmenter de 20 % entre 2010 et 2030, alors qu’elle a augmenté de 40 % entre 1990 et 2010.L’analyse par région du monde révèle de grandes disparités. La plupart des régions les plus développées sont déjà entrées dans une longue phase de vieillissement démographique, tandis que d’autres pays, y compris les régions les plus pauvres, continueront de voir leur population en âge de travailler augmenter pendant de nombreuses décennies.Hausse de 77% en Afrique subsaharienneAinsi, entre 2010 et 2030, la population en âge de travailler devrait augmenter de 77 % en Afrique subsaharienne, contre 11 % en Amérique du Nord. Celle de l’Amérique du Sud, de l’Amérique latine et de l’Asie devrait augmenter de l’ordre de 20 %.Dans ces régions, le déclin devrait commencer seulement après 2040. L’Europe, de son côté, devra faire face à une baisse de 9 % de sa population en âge de travailler (le maximum ayant été atteint en 2009, avec 333 millions de personnes âgées entre 15 et 64 ans).Ce déclin démographique devrait durer au moins cinq décennies, selon Eurostat. Les Etats-Unis sont à part du fait d’un taux de fécondité relativement élevé et de flux migratoires positifs soutenus. A partir de ces données démographiques, il est possible d’évaluer combien de temps chaque région pourra soutenir le niveau de croissance de l’emploi observé pendant la période précédant la crise économique (2000-2008), qui a été en moyenne de 1,1 %.Dans les pays les plus développés, ce niveau de croissance de l’emploi ne sera possible qu’environ dix ans. Cette durée variera notamment en fonction de la participation ou non au marché du travail de personnes qui pour le moment restent faiblement représentées (principalement les femmes, les migrants, les jeunes et les travailleurs découragés).Ainsi la décroissance de la main-d’œuvre européenne impacte l’emploi futur.Elle impose de nouvelles contraintes pour espérer atteindre un certain niveau de croissance économique (entre 2000 et 2008, la croissance du produit intérieur brut a été en moyenne de 2,1 % dans l’Union européenne).L’analyse conclut que la croissance de la productivité au sein de l’Union européenne et de plusieurs autres régions industrialisées deviendra progressivement la seule façon de soutenir la croissance économique. Cela nécessite de l’innovation continue, une meilleure organisation, un investissement accru dans l’éducation et les compétences pour avoir une main-d’œuvre très qualifiée et enfin la capacité à attirer des investissements physiques et en ressources humaines.À l’inverse, les économies émergentes pourraient obtenir des gains de productivité significatifs en réorientant des personnes qui occupent des activités faiblement productives (principalement dans le secteur agricole) vers des emplois à forte productivité dans les secteurs industriels ou de services.Gaëlle PicutJournaliste au Monde 09.04.2015 à 21h51 • Mis à jour le09.04.2015 à 21h52 Le nombre de migrants arrivés clandestinement sur les côtes grecques a triplé au premier trimestre 2015, s'élevant à 10 445, contre 2 863 durant la même période de l'année précédente, selon les gardes-côtes grecs.Durant le mois de mars, 6 493 migrants sont passés par les différentes îles, essentiellement celles de l'est de la Grèce, proches des côtes turques, principal point d'embarquement des navires des passeurs.A la différence des traversées vers l'Italie, plus longues, les passages vers la Grèce se font généralement sur de petites embarcations de quelques dizaines de migrants. Les accidents et les noyades sont fréquents.Lire aussi : HRW accuse la Grèce de coups de filet « abusifs » contre les migrantsEn visite mercredi 8 avril à Athènes, le commissaire européen chargé des migrations, Dimitris Avramopoulos, a assuré que l'Union européenne était « préoccupée » par son système d'asile et « consciente que quelque chose doit changer » dans le règlement.La directive Dublin II charge en effet le premier pays d'accueil d'un migrant d'enregistrer sa demande, un système que les pays frontaliers de l'Union européenne jugent inéquitable, en dépit des aides financières versées. 09.04.2015 à 09h13 • Mis à jour le09.04.2015 à 12h28 Amnesty international a accusé jeudi 9 avril les séparatistes prorusses de s'être livrées à des « exécutions sommaires » de soldats ukrainiens capturés dans l'Est. L'ONG, qui exige une enquête « rapide et impartiale », rappelle que de tels actes s'apparentent à des crimes de guerre. Elle cite notamment dans un communiqué le cas du soldat Igor Branovytski qui avait combattu à l'aéroport de Donetsk. « Une vidéo postée sur Youtube montre qu'il avait été frappé au visage. Il est resté en captivité jusqu'à sa mort », a indiqué Amnesty. Le militaire aurait été tué à bout portant par un chef rebelle. Les services de sécurité ukrainiens ont ouvert une enquête.Le responsable pourrait être Arseniy Pavlov, surnommé « Motorola ». Ce « commandant » russe à la tête d'une unité séparatiste, le bataillon Sparta, a raconté dans un entretien téléphonique avec le Kiev Post avoir personnellement abattu 15 soldats ukrainiens capturés par ses troupes.Amnesty affirme avoir vu des images des corps d'au moins trois autres militaires envoyés par Kiev exécutés selon l'ONG d'une balle dans la tête. Tous avaient avaient été faits prisonniers entre le 12 et le 18 février par les combattants prorusses à Debaltseve, nœud stratégique passé sous contrôle des rebelles en février après des combats acharnés en dépit de la trêve signée le 15 février. Interrogée sur les accusations d'Amnesty, une responsable séparatiste a « démenti les rumeurs selon lesquelles des prisonniers de guerre ont été tués dans la DNR », la république autoproclamée de Donetsk. « De tels faits n'ont pas eu lieu », a déclaré Daria Morozova, en charge des droits de l'homme dans la république séparatistes.Les forces ukrainiennes combattent depuis un an une rébellion séparatiste prorusse dans l'Est, armée et soutenue par la Russie, selon Kiev et les Occidentaux, ce que Moscou dément. Depuis son début en avril 2014, le conflit a fait plus de 6 000 morts. Mirel Bran Comment 1 milliard de dollars ont-ils pu disparaître des banques moldaves ? Les autorités de Chisinau paieraient cher pour le savoir. Pour le petit pays de 4 millions d'habitants, enclavé entre l'Ukraine et la Roumanie, une telle somme représente pas moins de 12,5 % de produit intérieur brut.C'est la Banque centrale de Moldavie (BNM) qui a découvert la fuite en réalisant que trois établissements bancaires avaient accordé des crédits pour un montant total d'1 milliard de dollars (927 millions d'euros). La transaction a été bouclée en l'espace de quelques jours, juste avant les élections législatives du 30 novembre 2014, remportées de peu par les partis pro-européens face à l'opposition prorusse. Les destinataires de ces crédits n'ont pas été identifiés. A croire que l'argent s'est purement et simplement évaporé.  « Je ne peux pas expliquer comment on peut voler une somme aussi importante dans un pays aussi petit ! », a réagi le représentant de l'Union européenne en Moldavie, Pirkka Tapiola. Les députés se sont saisis de l'affaire. Selon un rapport d'une commission parlementaire discuté à huis-clos, mais qui a filtré dans la presse, une partie de l'argent aurait été transférée dans quatre banques russes.Le parquet général a ouvert une enquête. Les procureurs anticorruption, épaulés par des détectives financiers américains, travaillent sur cette enquête depuis plusieurs semaines et ont multiplié les descentes et les perquisitions. Jusqu'ici deux personnes, dont l'identité est gardée secrète, ont été placées en détention provisoire et les biens de plusieurs autres, mis sous séquestre. ENQUÊTE OUVERTELe leader de l'opposition socialiste, Igor Dodon, assure quant à lui que ces fonds auraient fini dans les comptes de plusieurs compagnies offshore, « où l'on a perdu leur trace ». « Des crédits ont été octroyés tout en sachant qu'ils ne seront jamais remboursés », affirme-t-il. Le vice-premier ministre et ministre de l'économie, le Français Stéphane Bridé, ancien expert financier nouvellement nommé, parle lui prudemment de « transactions suspectes » massives.Début mars, les principaux partenaires financiers de la Moldavie – la Banque mondiale, l’UE et les Etats-Unis – ont exhorté les autorités moldaves à rendre public le montant des pertes subies par l’Etat dans cette affaire. Sous la pression internationale, le gouvernement de Chisinau a fait appel à la compagnie d’audit américaine Kroll pour démêler cette affaire fâcheuse.Pour éviter leur faillite, qui aurait provoqué un vent de panique dans l'ensemble du système bancaire, la BNM a placé sous sa gestion directe la Banque d'économies, l'Unibank et la Banque sociale, qui représentent environ un tiers des actifs bancaires du pays. « Je suis convaincu que la somme ne sera pas remboursée intégralement et que la différence sera transformée en dette publique », a affirmé Dumitur Ursu, président de la Ligue des banquiers.Depuis l’éclatement de cette affaire, le leu moldave a perdu 42 % de sa valeur. Le coup est rude pour les Moldaves, qui doivent se contenter d’un salaire moyen de 200 euros, d’autant qu’il intervient dans un contexte politique pour le moins compliqué.Affaire politiqueEn effet, trois partis proeuropéens étaient sortis victorieux des législatives de novembre : le Parti libéral-démocrate de Moldavie (PLDM), le Parti démocrate de Moldavie (PDM) et le Parti libéral (PL), ce dernier étant l’avocat le plus fervent de l’avancée des réformes sur la voie européenne. Elles disposaient de 54 députés face aux 47 députés communistes et socialistes pro-russes, une majorité suffisante pour mettre en place un gouvernement proeuropéen.Mais le PLDM et le PDM n’ont pas apprécié la pression mise sur le pays par la Commission européenne, principal bailleur de fonds de la Moldavie, pour réformer la justice. Ils ont donc préféré faire appel au soutien des communistes pour mettre en place, le 18 février, un gouvernement minoritaire. L’affaire financière est donc rapidement devenue politique.Le pays est historiquement très dépendant de la Russie. Or, Moscou a imposé un embargo sur les produits agroalimentaires après la signature d'un partenariat avec l'UE et a aussi entravé les transferts de fonds des travailleurs moldaves en Russie, qui correspondent au quart du PIB. Cet embargo pourrait faire plonger l'économie moldave en 2015 dans une récession de 1 % après une croissance de 4,6 % en 2014.Lire (en édition abonnés) : La Moldavie s’éloigne de l’EuropeMirel BranJournaliste au Monde 08.04.2015 à 12h35 • Mis à jour le08.04.2015 à 17h24 | Anne Eveno Présent depuis 2004 dans l’Hexagone, Google France lance, mercredi 8 avril, sa toute première campagne de publicité institutionnelle. D’un coût de 1,5 million d’euros, la première vague de cette opération, qui se déroulera jusqu’au 23 mai, veut mettre en avant des succès français incarnés par cinq ambassadeurs venant du monde des associations, des start-up ou des PME et qui ont réussi grâce à Internet et aux technologies Google.« Jusqu’ici, nous n’avions communiqué que sur les produits et jamais sur notre rôle dans l’écosystème du numérique français », souligne Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce, directrice de la communication de Google France. Cette campagne, baptisée « Moteur de réussites françaises » - et à laquelle l’entreprise travaille depuis 18 mois - intervient à un moment où le poids de Google, que ce soit en, France ou aux États-Unis, soulève de nombreuses critiques.Le groupe, qui détient sur le marché de la recherche sur Internet une part ultra-dominante (77 % aux États-Unis et plus de 90 % en Europe), est visé par plusieurs procédures.De l’autre côté de l’Atlantique, un sénateur américain a annoncé vouloir entendre l’agence fédérale américaine chargée de faire respecter le droit de la consommation (FTC) sur l’abandon d’une enquête pour anticoncurrence, qui visait Google en 2012.Lire aussi :Le Sénat américain va enquêter sur GoogleEncadrer les pratiquesEn Europe, Bruxelles serait sur le point de clore son enquête – ouverte il y a cinq ans – sur les pratiques anticoncurrentielles de Google. Et en France, des sénateurs ont déposé, jeudi 2 avril, un amendement au projet de loi Macron car ils estiment urgent de se donner les moyens d’encadrer les pratiques des moteurs de recherche : « Cet objectif passe par la mise en place d’une régulation ex ante [au préalable] », expliquent-ils dans l’exposé des motifs de l’amendement.Lire aussi :Un nouveau front s’ouvre contre Google en FranceNick Leeder, directeur général de Google France, interrogé par Le Monde, a refusé de commenter cette initiative sénatoriale. Le dirigeant insiste sur la place prise par la filiale française du géant américain auprès des entrepreneurs français et des acteurs du web.« Depuis notre installation à Paris en 2004, nos effectifs sont passés d’une petite quinzaine de personnes à 600 salariés dont une centaine d’ingénieurs » précise-t-il. M. Leeder souligne également le rôle joué par Google pour améliorer leur visibilité sur internet.Avec le programme Google pour les pros, lancé il y a trois ans, les équipes de Google ont rencontré 50 000 TPE et PME et la moitié d’entre elles ont désormais une présence en ligne. « D’ici fin 2015, nous voulons rencontrer 200 000 PME » annonce M. Leeder, « ce qui nécessitera l’emploi de 200 coaches, issus notamment des juniors entreprises, des universités et des écoles de commerce ».Le groupe insiste également sur son rôle auprès des associations en indiquant avoir offert, ces deux dernières années, 35 millions d’euros de publicité gratuite via les Google Ad Grants.Aide à l’internationalisationLe dernier axe d’action vanté pas Google est son soutien aux entrepreneurs, et particulièrement aux start-up. Depuis 2011, l’entreprise verse annuellement 1 million d’euros au Numa, emblématique lieu de l’innovation à Paris. Et Google France va lancer une nouvelle initiative, intitulée « Scale-up ».Ce soutien s’adresse aux start-up qui ont déjà réussi une première levée de fonds et a pour objectif de les aider à s’internationaliser, pour faire naître de futurs Blablacar par exemple.D’ores et déjà, dix start-up ont été sélectionnées et sont accompagnées par une équipe de dix personnes au sein de Google France.Lire aussi :Quand Google cherche le prochain GoogleAvec cette campagne, dans un moment difficile en termes d’image pour Google, la filiale française du moteur de recherche entend prouver sa « contribution certaine, incontournable et dans la durée » à l’économie française, affirme Mme Dauba-Pantanacce.Une volonté de clarté qui se heurte encore à une certaine culture de la confidentialité, puisque, aujourd’hui encore, Google France ne fournit pas le montant total de ses investissements en France.Anne EvenoJournaliste au Monde Claire Guélaud L’aide publique au développement (APD), en hausse de 66 % depuis l’an 2000, est restée globalement stable en 2014 dans les 28 pays membres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Elle a atteint 135,2 milliards de dollars (environ 124,1 milliards d’euros), représentant en moyenne 0,29 % de leur revenu national brut, a annoncé, mercredi 8 avril, l’OCDE.Cette stabilité recouvre des situations très différentes, puisque l’aide bilatérale a diminué de 16 % dans les pays les moins avancés, à 25 milliards de dollars (près de 23 milliards d’euros), du fait de moindres annulations de dettes, et de 5 %, à 28 milliards de dollars (environ 26 milliards d’euros), en Afrique.En volume d’aide, la France figure parmi les plus grands pays donateurs aux côtés des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et du Japon. Les crédits de l’APD – 10,7 milliards de dollars en 2014 (près de 9,8 milliards d’euros) – y ont toutefois diminué pour la quatrième année consécutive. Ils représentent 0,36 % de son revenu national brut, loin de l’objectif de 0,70 % fixé par l’ONU et respecté par seulement cinq pays (Danemark, Luxembourg, Norvège, Suède, Royaume-Uni).La France affiche même la cinquième plus forte baisse (- 9,2 %) des 19 pays européens membres du CAD de l’OCDE.Lire aussi :Aide publique au développement, le recul françaisEn 2014, précise l’organisation internationale, l’aide pays programmable (APP), quelle qu’en soit la source (pays membres et non membres du CAD, agences multilatérales), a chuté de 7 % en raison d’une forte baisse des crédits octroyés à l’Afghanistan, au Kenya, au Myanmar et à la Tanzanie.À partir de 2015, toutefois, les montants de l’APP devraient se redresser et bénéficier davantage, conformément aux décisions arrêtées en décembre 2014, aux pays les moins avancés (PMA).Année « cruciale »En France, les organisations non gouvernementales (ONG), regroupées au sein de Coordination Sud, demandent que les pays développés prennent l’engagement de consacrer au moins la moitié de leur APD aux pays les plus pauvres.Elles souhaitent aussi, à l’instar d’Oxfam, maintenir une certaine pression sur le Parlement pour obtenir un redressement de l’APD une fois la reprise économique assurée, comme François Hollande l’avait laissé entendre en 2013.L’année 2015 s’annonce comme une période « cruciale » avec la conférence des Nations Unies à Addis Abeba en juillet sur le financement du développement durable, avec la redéfinition en septembre, lors d’une autre conférence de l’ONU, des objectifs du développement pour l’après-2015 (17 objectifs de développement durable sont en cours de négociations) et enfin avec la COP21 (21e conférence des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) de décembre à Paris sur le réchauffement climatique.Autant d’occasions pour Oxfam et Coordination Sud de réitérer leur volonté de voir la France faire mieux en matière de financement du développement. Lire également : Emmanuel Faber : « Le modèle d'aide publique au développement est à bout de souffle »Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Leila Marchand Le pape François a prononcé publiquement, le 12 avril, le terme de « génocide » pour qualifier les massacres des Arméniens, une première pour le Vatican. Ces massacres, considérés comme l'un des tout premiers génocides du XXe siècle, ont eu lieu entre 1915 et 1923.Cent ans après, le bilan des victimes et des déportations reste un sujet controversé : les Arméniens estiment qu'environ 1,5 million des leurs ont été tués. Pour sa part, la Turquie considère qu'il s'agissait d'une guerre civile qui a fait 300 000 à 800 000 morts, autant du côté turc qu'arménien.Plus que les chiffres, c'est la reconnaissance d'un génocide qui cristallise les tensions. Cette reconnaissance est devenue l'objet d'un conflit diplomatique et a notamment été un des points de friction lors des négociations entre la Turquie et l'Union européenne, en vue d'une adhésion éventuelle à celle-ci.Les Nations unies définissent le terme de « génocide » ainsi :« (...) l'un quelconque des actes ci-après, commis dans l'intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux : meurtre de membres du groupe, atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe, soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle, mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe, transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe »Le premier pays à reconnaître officiellement le massacre arménien est l'Uruguay, le 20 avril 1965. Le dernier en date est la Syrie, en mars 2015. Au total, seuls 23 pays l'ont reconnu.Il existe des différences entre ces reconnaissances. Dans la plupart des cas, il s'agit d'un projet de résolution soumis ou adopté par le Parlement. Aux Etats-Unis, par exemple, des résolutions sont plusieurs fois passées à la Chambre des représentants (1984) et à sa commission des affaires étrangères (2007), contre l'avis de Georges W. Bush, sans que ces textes ne deviennent force de loi.A l'inverse, la France a reconnu publiquement le génocide arménien dans la loi dans la loi du 29 janvier 2001. De même, en Uruguay comme en Argentine et à Chypre, une loi y a été adoptée afin d'établir une journée nationale d'hommage aux victimes du massacre le 24 avril.Des mots tabousMême avec une résolution ou une loi affichées dans le sens de la reconnaissance du génocide, tous les pays ne s'engagent pas au même niveau. Un degré d'engagement qui se reflète dans le vocabulaire choisi. L'Uruguay, par exemple, ne parle pas de « génocide » mais de « martyr ». C’est le cas aussi de l'Allemagne, qui admet seulement « des déportations et des massacres ».La Turquie n'est pas toujours désignée explicitement comme ayant une responsabilité dans les faits. Soit le texte ignore tout à fait de mentionner un auteur, comme celui du Vatican ou de la France par exemple, soit il reste assez flou et préfère citer « l'Empire ottoman », comme le Chili, la Syrie, la Suisse, l'Italie, le Liban ou la Belgique.Effectivement, « ce génocide a été commis dans l'Empire ottoman, la Turquie ne fut constituée comme Etat qu'en 1923 », rappelle l'historien Yves Ternon, mais « elle se présente comme l'héritière de l'Empire ottoman, donc de son histoire ».Stratégie diplomatiqueLe choix de la reconnaissance ou non du génocide arménien est en tout cas toujours lié à une stratégie diplomatique. Cela explique pourquoi les Etats-Unis ont tellement de mal à avancer sur ce point, en dépit de son importante diaspora arménienne : la Turquie est une alliée de longue date de l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord) et joue un rôle stratégique dans les intérêts américains au Moyen-Orient, comme l'explique cette étude de l'Iris.Au Royaume-Uni, la question reste également très sensible, voire taboue. Ses diplomates ne parlent pas de « génocide » mais de « ce qui s'est passé entre 1915 et 1923 ». Le pays compte beaucoup de ressortissants turcs et tient à préserver de bonnes relations avec la Turquie. Ce qui n'a pas empêché les Parlements écossais et irlandais du Nord à voter une motion générale reconnaissant le génocide en janvier 2010.Leila MarchandJournaliste au Monde Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) L’hommage de Lech Walesa n’a pas tardé. Quelques heures après l’annonce de la mort de Günter Grass, le Prix Nobel de la paix et ancien président polonais a salué la mémoire d’« un grand intellectuel qui aimait Gdansk, comme moi ».« Nous avons eu une vision similaire du monde, de l'Europe, de la Pologne. Nous avons vu l'avenir plutôt en rose, en tirant des leçons d'un mauvais passé entre Allemands et Polonais », a-t-il déclaré.« Nous avions beaucoup de choses en commun et peu de choses nous divisaient. Il savait que mon père était mort à cause de la guerre. Il savait que la conception allemande erronée avait coûté très cher au monde entier, et en particulier à la Pologne », a ajouté Lech Walesa, 71 ans, chef historique du syndicat Solidarité.Les premiers hommages en AllemagneComme on pouvait s’y attendre, la première réaction officielle au décès de Günter Grass est venue du Parti social-démocrate allemand (SPD), ce parti dont l’écrivain fut longtemps adhérent et dont il était resté un compagnon de route, parfois encombrant mais toujours fidèle. La longue déclaration faite par Sigmar Gabriel reflète cette relation : « Il a changé notre pays, l’a éclairé au meilleur sens du terme. Ses prises de parole souvent contestables et ses interventions dans différents domaines ont donné plus de couleurs, ont enrichi la culture politique allemande et ont modifié les relations entre la politique et la culture », note le président du SPD qui revient sur la « légendaire amitié [de l’écrivain] avec le chancelier Willy Brandt [1969-1974] » et le rôle actif pris par l’auteur du Tambour dans les campagnes de 1969 et 1972.Encore en février, Günter Grass avait pris part dans sa ville de Lübeck à une rencontre avec de jeunes auteurs. En 2013, il avait fait campagne en faveur de Peer Steinbrück, le candidat du SPD contre Angela Merkel.A la CDU, c'est Peter Tauber, le secrétaire général – et non Angela Merkel, la présidente, qui a réagi. Günter Grass était une « personnalité marquante de la République », note M. Tauber qui ajoute : « Il prenait parti, combattait pour ses positions et, de ce fait, n'était pas incontesté ». Néanmoins « avec sa mort, une voix critique, passionnée et provocante dans les débats de société s'est tue ».« Fier et obstiné »En avril 2012, Günter Grass avait publié dans la Süddeutsche Zeitung un poème « Ce qui doit être dit » dans lequel il accusait Israël de menacer l’Iran et du coup la paix dans le monde. Il critiquait les ventes d’armes allemandes, notamment des sous-marins, à Israël. Critiqué par la plupart des responsables politiques allemands, l’auteur avait fait en partie marche arrière, s’en prenant non plus à Israël mais à son gouvernement.Mais le soutien qu’il a alors reçu d’une partie de l’opinion avait conduit le SPD à modérer à son tour les critiques à son égard. Sigmar Gabriel avait affirmé dans un entretien au Spiegel, le 16 avril, que Günter Grass n'était pas « antisémite ». Il disait lire le poème incriminé comme « un appel à l'aide » de quelqu'un qui redoute une guerre au Proche-Orient et jugeait les critiques contre Günter Grass « exagérées et en partie hystériques ».Ce lundi, le journal conservateur Die Welt, qualifie « notre poète national » de citoyen « fier et obstiné ». Qu’ils l’aient aimé ou non, les Allemands semblent déjà regretter cet « esprit querelleur » (Süddeutsche Zeitung), ce « fauteur de troubles » (la chaîne 3 Sat) qui détonnait dans une Allemagne plus portée au consensus que jamais.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.04.2015 à 13h15 • Mis à jour le13.04.2015 à 13h27 Entre vendredi et dimanche, les garde-côtes italiens se sont portés au secours de 5 629 migrants clandestins partis des côtes méditerranéennes d'Afrique du Nord. Une embarcation surchargée a ainsi chaviré dimanche 12 avril au nord de la Libye, neuf de ses passages se sont noyés, 144 autres ont pu être sauvés. Au total, les autorités maritimes ont secouru des passagers de vingt-deux embarcations différentes.Des navires de la garde-côte et de la marine italienne, de même qu'un patrouilleur islandais assigné à la mission européenne Triton et des navires de commerce ont participé aux secours, précisent les autorités italiennes. Au cours du premier trimestre, quelque 480 migrants sont morts en Méditerranée, contre moins de 50 au premier trimestre 2014, d'après l'Organisation internationale des migrations.Lire : « Clandestino », l'immigration clandestine dans une BD docu-fictionSur l'ensemble de l'année 2014, on estime que 3 500 personnes se sont noyées en tentant la traversée de la Méditerranée et que plus de 170 000 autres ont réussi à atteindre les côtes italiennes. 13.04.2015 à 10h56 • Mis à jour le13.04.2015 à 11h05 Un homme de 46 ans a été arrêté dimanche soir dans le quartier londonien de Brent dans le cadre de l'enquête sur le meurtre d'Abdulhadi Arwani, un ex-imam syrien, a annoncé la police londonienne lundi matin. L'enquête est dirigée par des membres du contre-terrorisme (SO15) en raison de la dimension internationale de l'affaire, a indiqué la police dans un communiqué.L'homme, dont le nom n'a pas été dévoilé, est actuellement en garde à vue dans un poste de police du centre de Londres, a précisé Scotland Yard.Mort par balleAbdulhadi Arwani, ancien imam de la mosquée An Noor dans le quartier d'Acton et opposant à Bachar Al-Assad, a été retrouvé mort dans sa voiture mardi dans le nord-ouest de Londres. L'autopsie a montré qu'il avait succombé à des blessures par balle.Abdulhadi Arwani était une « figure très appréciée de l'ouest de Londres », a assuré l'un de ses six enfants, son fils Murhaf Arwani, dans un communiqué. « Mon père était activement engagé dans la lutte contre l'extrémisme, faisant campagne pour la paix et plaidant pour l'importance de la démocratie et de la liberté », a-t-il ajouté. « C'était l'homme le plus paisible que vous auriez pu rencontrer. Il aimait simplement aider les gens », a dit Murhaf Arwani, indiquant que sa famille avait reçu « des centaines » de messages après son meurtre. 13.04.2015 à 06h28 • Mis à jour le13.04.2015 à 06h34 La justice turque ouvre lundi 13 avril le dossier de la catastrophe industrielle la plus meurtrière de l'histoire du pays, qui a coûté la vie à 301 mineurs il y a un an et terni l'image du régime islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan.Quarante-cinq personnes sont poursuivies dans ce procès, dont les huit plus hauts cadres de la société exploitante de la mine pour avoir délibérément négligé la sécurité de leurs ouvriers au nom d'une course effrénée à la rentabilité. En conclusion de son enquête, le procureur a requis contre ces huit responsables, exceptionnellement inculpés de « meurtres », des peines d'une extrême sévérité allant jusqu'à vingt-cinq ans de prison pour chacune des victimes de l'accident.Selon l'agence de presse DHA, ces accusés ne seront pas présents à la barre mais témoigneront pour des raisons de sécurité par vidéoconférence depuis la prison d'Izmir où ils sont détenus. Les débats doivent débuter lundi matin dans la ville d'Akhisar, à une quarantaine de kilomètres des lieux du drame.Policiers antiémeuteDes centaines de policiers antiémeute y ont été dépêchés en renfort afin d'assurer la sécurité du centre culturel transformé en tribunal, alors que plusieurs syndicats ont appelé à des rassemblements de solidarité avec les familles des victimes.Un an après la fronde antigouvernementale de juin 2013, l'accident de Soma avait réveillé la contestation contre le premier ministre Erdogan, aujourd'hui chef de l'Etat, accusé d'avoir négligé l'ampleur du drame et couvert les fautes des dirigeants de l'entreprise exploitante, présentés comme proches du pouvoir.Lire l'analyse sur les conséquences politiques de cette catastrophe : Turquie : la colère monte contre ErdoganLe drame s'est noué le 13 mai 2014 en début d'après-midi, lorsqu'un incendie a éclaté dans un des puits de la mine de charbon du groupe Soma Kömür, prenant au piège les quelque 800 mineurs qui travaillaient à plusieurs centaines de mètres sous terre. Selon l'enquête menée par la justice, l'incendie s'est rapidement propagé à plusieurs galeries, envahies par les flammes et les émanations mortelles de monoxyde de carbone. De nombreux mineurs sont morts très rapidement, brûlés ou intoxiqués.Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-552b479ab33fd'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 11\r\n \r\n \r\nSelon les premiers t\u00e9moignages, une explosion a eu lieu vers 14\u00a0h\u00a030. Elle a touch\u00e9 un transformateur \u00e9lectrique et provoqu\u00e9 un effondrement, bloquant les mineurs dans les galeries.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/BULENT KILIC\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Selon les premiers t\u00e9moignages, une explosion a eu lieu vers 14\u00a0h\u00a030. Elle a touch\u00e9 un transformateur \u00e9lectrique et provoqu\u00e9 un effondrement, bloquant les mineurs dans les galeries.","source":"AFP\/BULENT KILIC","index":0,"position":1,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2014\/05\/14\/les-espoirs-de-retrouver-des-survivants-s-amenuisent_4416320_3214.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 11\r\n \r\n \r\nL'explosion a entra\u00een\u00e9 une coupure de courant, qui a mis les ascenseurs hors d'usage et pi\u00e9g\u00e9 les ouvriers \u00e0 environ 2 kilom\u00e8tres sous terre.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/BULENT KILIC\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"L'explosion a entra\u00een\u00e9 une coupure de courant, qui a mis les ascenseurs hors d'usage et pi\u00e9g\u00e9 les ouvriers \u00e0 environ 2 kilom\u00e8tres sous terre.","source":"AFP\/BULENT KILIC","index":1,"position":2,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2014\/05\/14\/les-espoirs-de-retrouver-des-survivants-s-amenuisent_4416320_3214_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 11\r\n \r\n \r\nDes mineurs attendent des nouvelles de leurs camarades devant l'entr\u00e9e de la mine de Soma.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/BULENT KILIC\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des mineurs attendent des nouvelles de leurs camarades devant l'entr\u00e9e de la mine de Soma.","source":"AFP\/BULENT KILIC","index":2,"position":3,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2014\/05\/14\/les-espoirs-de-retrouver-des-survivants-s-amenuisent_4416320_3214_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 11\r\n \r\n \r\nLe ministre de l'\u00e9nergie turc a annonc\u00e9 que 787\u00a0mineurs se trouvaient dans la mine au moment de l'explosion. Plus de 200\u00a0corps ont depuis \u00e9t\u00e9 r\u00e9cup\u00e9r\u00e9s ainsi que 80 bless\u00e9s. Trois cent soixante-trois mineurs ont \u00e9t\u00e9 sauv\u00e9s, a ajout\u00e9 le ministre.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/BULENT KILIC\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Le ministre de l'\u00e9nergie turc a annonc\u00e9 que 787\u00a0mineurs se trouvaient dans la mine au moment de l'explosion. Plus de 200\u00a0corps ont depuis \u00e9t\u00e9 r\u00e9cup\u00e9r\u00e9s ainsi que 80 bless\u00e9s. Trois cent soixante-trois mineurs ont \u00e9t\u00e9 sauv\u00e9s, a ajout\u00e9 le ministre.","source":"AFP\/BULENT KILIC","index":3,"position":4,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2014\/05\/14\/les-espoirs-de-retrouver-des-survivants-s-amenuisent_4416320_3214_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 11\r\n \r\n \r\nUn bless\u00e9 est accompagn\u00e9 vers une ambulance par ses camarades.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/BULENT KILIC\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un bless\u00e9 est accompagn\u00e9 vers une ambulance par ses camarades.","source":"AFP\/BULENT KILIC","index":4,"position":5,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2014\/05\/14\/les-espoirs-de-retrouver-des-survivants-s-amenuisent_4416320_3214_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 11\r\n \r\n \r\nLes secours injectent depuis mardi de l'oxyg\u00e8ne dans les boyaux de la mine pour conserver une chance de retrouver d'autres survivants. \u00ab\u00a0Il y a un risque d'empoisonnement au dioxyde et au monoxyde de carbone, a d\u00e9clar\u00e9 le ministre de l'\u00e9nergie. Il faut qu'on les sorte rapidement de l\u00e0 ! \u00bb\r\nCr\u00e9dits : AFP\/BULENT KILIC\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Les secours injectent depuis mardi de l'oxyg\u00e8ne dans les boyaux de la mine pour conserver une chance de retrouver d'autres survivants. \u00ab\u00a0Il y a un risque d'empoisonnement au dioxyde et au monoxyde de carbone, a d\u00e9clar\u00e9 le ministre de l'\u00e9nergie. Il faut qu'on les sorte rapidement de l\u00e0 ! \u00bb","source":"AFP\/BULENT KILIC","index":5,"position":6,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2014\/05\/14\/les-espoirs-de-retrouver-des-survivants-s-amenuisent_4416320_3214_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 11\r\n \r\n \r\n\u00ab\u00a0Les espoirs de retrouver des survivants s'amenuisent\u00a0\u00bb, a d\u00e9plor\u00e9 le ministre de l'\u00e9nergie et des ressources naturelles, Taner Yildiz, ajoutant qu'\u00ab\u00a0un incendie continue\u00a0\u00bb dans le puits.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/BULENT KILIC\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab\u00a0Les espoirs de retrouver des survivants s'amenuisent\u00a0\u00bb, a d\u00e9plor\u00e9 le ministre de l'\u00e9nergie et des ressources naturelles, Taner Yildiz, ajoutant qu'\u00ab\u00a0un incendie continue\u00a0\u00bb dans le puits.","source":"AFP\/BULENT KILIC","index":6,"position":7,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2014\/05\/14\/les-espoirs-de-retrouver-des-survivants-s-amenuisent_4416320_3214_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 11\r\n \r\n \r\nPlusieurs milliers de proches ou de coll\u00e8gues des mineurs pi\u00e9g\u00e9s se sont rassembl\u00e9s devant l'h\u00f4pital de la ville, d'o\u00f9 les m\u00e9decins sortent r\u00e9guli\u00e8rement pour lire les noms des rescap\u00e9s.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/BULENT KILIC\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Plusieurs milliers de proches ou de coll\u00e8gues des mineurs pi\u00e9g\u00e9s se sont rassembl\u00e9s devant l'h\u00f4pital de la ville, d'o\u00f9 les m\u00e9decins sortent r\u00e9guli\u00e8rement pour lire les noms des rescap\u00e9s.","source":"AFP\/BULENT KILIC","index":7,"position":8,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2014\/05\/14\/les-espoirs-de-retrouver-des-survivants-s-amenuisent_4416320_3214_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 11\r\n \r\n \r\n\u00ab\u00a0Il n'y a aucune s\u00e9curit\u00e9 dans cette mine. Les syndicats ne sont que des pantins et la direction ne pense qu'\u00e0 l'argent\u00a0\u00bb, a affirm\u00e9 un mineur. \u00ab\u00a0Il y a des gens qui sont en train de mourir l\u00e0-dedans, des bless\u00e9s, et tout \u00e7a pour des histoires de pognon\u00a0\u00bb, a rench\u00e9ri un de ses coll\u00e8gues en col\u00e8re.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/BULENT KILIC\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab\u00a0Il n'y a aucune s\u00e9curit\u00e9 dans cette mine. Les syndicats ne sont que des pantins et la direction ne pense qu'\u00e0 l'argent\u00a0\u00bb, a affirm\u00e9 un mineur. \u00ab\u00a0Il y a des gens qui sont en train de mourir l\u00e0-dedans, des bless\u00e9s, et tout \u00e7a pour des histoires de pognon\u00a0\u00bb, a rench\u00e9ri un de ses coll\u00e8gues en col\u00e8re.","source":"AFP\/BULENT KILIC","index":8,"position":9,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2014\/05\/14\/les-espoirs-de-retrouver-des-survivants-s-amenuisent_4416320_3214_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 11\r\n \r\n \r\nD'apr\u00e8s la compagnie mini\u00e8re Soma Komur, \u00ab l'accident est survenu malgr\u00e9 un maximum de mesures de s\u00e9curit\u00e9 et des inspections mais nous avons r\u00e9ussi \u00e0 intervenir rapidement\u00a0\u00bb.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/BULENT KILIC\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"D'apr\u00e8s la compagnie mini\u00e8re Soma Komur, \u00ab l'accident est survenu malgr\u00e9 un maximum de mesures de s\u00e9curit\u00e9 et des inspections mais nous avons r\u00e9ussi \u00e0 intervenir rapidement\u00a0\u00bb.","source":"AFP\/BULENT KILIC","index":9,"position":10,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2014\/05\/14\/les-espoirs-de-retrouver-des-survivants-s-amenuisent_4416320_3214_9.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 11 \/ 11\r\n \r\n \r\nLe premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, est attendu en milieu de journ\u00e9e dans la zone sinistr\u00e9e pour v\u00e9rifier les efforts de sauvetage. Il pourrait \u00e0 cette occasion proclamer un deuil national. Les explosions dans les mines sont fr\u00e9quentes en Turquie en particulier dans celles du secteur priv\u00e9 o\u00f9, souvent, les consignes de s\u00e9curit\u00e9 ne sont pas respect\u00e9es. L'accident le plus grave est survenu en 1992 quand 263 mineurs ont \u00e9t\u00e9 tu\u00e9s dans une explosion de gaz \u00e0 Zonguldak.\r\nCr\u00e9dits : AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Le premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, est attendu en milieu de journ\u00e9e dans la zone sinistr\u00e9e pour v\u00e9rifier les efforts de sauvetage. Il pourrait \u00e0 cette occasion proclamer un deuil national. Les explosions dans les mines sont fr\u00e9quentes en Turquie en particulier dans celles du secteur priv\u00e9 o\u00f9, souvent, les consignes de s\u00e9curit\u00e9 ne sont pas respect\u00e9es. L'accident le plus grave est survenu en 1992 quand 263 mineurs ont \u00e9t\u00e9 tu\u00e9s dans une explosion de gaz \u00e0 Zonguldak.","source":"AP","index":10,"position":11,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2014\/05\/14\/les-espoirs-de-retrouver-des-survivants-s-amenuisent_4416320_3214_10.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);}); 12.04.2015 à 00h36 • Mis à jour le12.04.2015 à 10h52 Les médecins de la Lufthansa avaient recommandé un suivi psychologique après la dépression en 2009 du copilote Andreas Lubitz, soupçonné d'avoir volontairement provoqué le crash d'un Airbus A320 de Germanwings dans les Alpes françaises, selon un journal allemand.L'Autorité allemande de supervision du transport aérien (LBA) a découvert une remarque dans un dossier de la Lufthansa, maison mère de Germanwings, concernant M. Lubitz, rapporte dimanche 12 avril le Bild am Sonntag, l'édition dominicale du quotidien populaire Bild.« Lubitz devait continuer à être suivi psychologiquement »Les médecins de la compagnie aérienne ont écrit « que Lubitz devait continuer à être suivi psychologiquement, malgré l'aptitude à voler accordée » par un expert indépendant en 2009, après que le pilote eut traversé un épisode dépressif grave, explique le journal.Il ne précise pas en revanche si M. Lubitz a effectivement bénéficié d'un suivi psychologique après avoir repris sa formation de pilote. Interrogé par le journal, un porte-parole de Lufthansa a refusé de s'exprimer sur le sujet, pour « ne pas perturber l'enquête » en cours en Allemagne.Les premiers éléments dévoilés par la justice française suggèrent que M. Lubitz a volontairement précipité l'A320 de Germanwings contre un flanc de montagne des Alpes du sud en France, tuant ainsi les 150 personnes présentes à son bord.Ce scénario a provoqué un immense émoi en Allemagne, où les révélations se succèdent dans la presse depuis le crash. La LBA a ainsi expliqué ne jamais avoir eu accès au dossier médical de M. Lubitz. La compagnie aérienne, elle, a estimé ne pas avoir eu tort en gardant le silence sur le cas de son salarié.Dossier consulté trois jours après le crashLe gendarme du transport aérien ne l'a consulté au centre médical de la Lufthansa que le 27 mars, soit trois jours après le crash, et a alors découvert sa dépression. M. Lubitz avait interrompu pendant des mois sa formation de pilote à l'école d'aviation de la Lufthansa, à cause de cet « épisode dépressif grave », avant de la reprendre en 2009, rappelle le Bild am Sonntag.Le parquet de Düsseldorf avait dévoilé il y a deux semaines que M. Lubitz avait « été en traitement psychothérapeutique pour des tendances suicidaires il y a de nombreuses années », avant l'obtention de son brevet de pilote. Il avait également effectué des recherches sur Internet sur le suicide et les portes blindées des cockpits quelques jours avant le crash.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2lf4de"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2lf4de", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 11.04.2015 à 12h45 • Mis à jour le11.04.2015 à 13h13 Quatre soldats turcs ont été blessés, samedi 11 avril, lors d'affrontements dans le sud-est du pays avec des militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), interdit en Turquie, a annoncé l'armée. Des hélicoptères, des avions de reconnaissance et une unité de commando ont été envoyés dans la région d'Agri, frontalière avec l'Iran, où les affrontements se poursuivaient.Lire aussi (édition abonnés) : En Turquie, le président Erdogan rattrapé par la question kurdeSelon l'armée turque, les soldats s'étaient rendus sur place, dans le district de Diaydin, après avoir appris qu'un « festival » y était prévu avec pour objectif de promouvoir « l'organisation séparatiste terroriste », termes utilisés par la Turquie pour désigner le PKK. Des rebelles du PKK ont tiré sur des soldats, qui ont répliqué, selon le communiqué de l'armée publié sur son site Internet et qui fait état de quatre soldats blessés.Le Sud-Est anatolien est le théâtre depuis 1984 d'une rébellion armée séparatiste lancée par le PKK, qui a fait quarante mille morts. Mais les violences se font plus rares depuis qu'Ankara a engagé, en 2012, des négociations avec le chef emprisonné du PKK, Abdullah Ocalan, afin de mettre fin au conflit. A la fin de mars, Abdullah Ocalan a réitéré sa volonté de déposer les armes. Le PKK ne réclame plus l'indépendance, mais une large autonomie pour les 15 millions de Kurdes de Turquie (20 % de la population).Lire aussi (édition abonnés) : Assassinat de militantes kurdes à Paris : une enquête met en cause les services secrets turcs Gaëlle Picut Selon une note de la Commission européenne publiée début avril, les pays les plus riches auront du mal à retrouver le rythme de croissance économique qu’ils ont connu avant la crise financière de 2008, du fait du vieillissement démographique et donc de la baisse de la population en âge de travailler.Les auteurs rappellent que le début du XXIe siècle s’est caractérisé par un ralentissement mondial de la population en âge de travailler (celle qui a entre 15 et 64 ans). Selon les prévisions de l’ONU, elle devrait augmenter de 20 % entre 2010 et 2030, alors qu’elle a augmenté de 40 % entre 1990 et 2010.L’analyse par région du monde révèle de grandes disparités. La plupart des régions les plus développées sont déjà entrées dans une longue phase de vieillissement démographique, tandis que d’autres pays, y compris les régions les plus pauvres, continueront de voir leur population en âge de travailler augmenter pendant de nombreuses décennies.Hausse de 77% en Afrique subsaharienneAinsi, entre 2010 et 2030, la population en âge de travailler devrait augmenter de 77 % en Afrique subsaharienne, contre 11 % en Amérique du Nord. Celle de l’Amérique du Sud, de l’Amérique latine et de l’Asie devrait augmenter de l’ordre de 20 %.Dans ces régions, le déclin devrait commencer seulement après 2040. L’Europe, de son côté, devra faire face à une baisse de 9 % de sa population en âge de travailler (le maximum ayant été atteint en 2009, avec 333 millions de personnes âgées entre 15 et 64 ans).Ce déclin démographique devrait durer au moins cinq décennies, selon Eurostat. Les Etats-Unis sont à part du fait d’un taux de fécondité relativement élevé et de flux migratoires positifs soutenus. A partir de ces données démographiques, il est possible d’évaluer combien de temps chaque région pourra soutenir le niveau de croissance de l’emploi observé pendant la période précédant la crise économique (2000-2008), qui a été en moyenne de 1,1 %.Dans les pays les plus développés, ce niveau de croissance de l’emploi ne sera possible qu’environ dix ans. Cette durée variera notamment en fonction de la participation ou non au marché du travail de personnes qui pour le moment restent faiblement représentées (principalement les femmes, les migrants, les jeunes et les travailleurs découragés).Ainsi la décroissance de la main-d’œuvre européenne impacte l’emploi futur.Elle impose de nouvelles contraintes pour espérer atteindre un certain niveau de croissance économique (entre 2000 et 2008, la croissance du produit intérieur brut a été en moyenne de 2,1 % dans l’Union européenne).L’analyse conclut que la croissance de la productivité au sein de l’Union européenne et de plusieurs autres régions industrialisées deviendra progressivement la seule façon de soutenir la croissance économique. Cela nécessite de l’innovation continue, une meilleure organisation, un investissement accru dans l’éducation et les compétences pour avoir une main-d’œuvre très qualifiée et enfin la capacité à attirer des investissements physiques et en ressources humaines.À l’inverse, les économies émergentes pourraient obtenir des gains de productivité significatifs en réorientant des personnes qui occupent des activités faiblement productives (principalement dans le secteur agricole) vers des emplois à forte productivité dans les secteurs industriels ou de services.Gaëlle PicutJournaliste au Monde 09.04.2015 à 21h51 • Mis à jour le09.04.2015 à 21h52 Le nombre de migrants arrivés clandestinement sur les côtes grecques a triplé au premier trimestre 2015, s'élevant à 10 445, contre 2 863 durant la même période de l'année précédente, selon les gardes-côtes grecs.Durant le mois de mars, 6 493 migrants sont passés par les différentes îles, essentiellement celles de l'est de la Grèce, proches des côtes turques, principal point d'embarquement des navires des passeurs.A la différence des traversées vers l'Italie, plus longues, les passages vers la Grèce se font généralement sur de petites embarcations de quelques dizaines de migrants. Les accidents et les noyades sont fréquents.Lire aussi : HRW accuse la Grèce de coups de filet « abusifs » contre les migrantsEn visite mercredi 8 avril à Athènes, le commissaire européen chargé des migrations, Dimitris Avramopoulos, a assuré que l'Union européenne était « préoccupée » par son système d'asile et « consciente que quelque chose doit changer » dans le règlement.La directive Dublin II charge en effet le premier pays d'accueil d'un migrant d'enregistrer sa demande, un système que les pays frontaliers de l'Union européenne jugent inéquitable, en dépit des aides financières versées. 23.04.2015 à 11h36 • Mis à jour le23.04.2015 à 11h52 | Maryline Baumard et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Réunis à Bruxelles en sommet extraordinaire jeudi 23 avril après-midi, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne se fixent quatre objectifs pour tenter à la fois d’éviter d’autres drames de l’immigration en Méditerranée et trouver, entre eux, davantage de solidarité pour l’accueil des réfugiés. Un projet de conclusions lu, jeudi matin, par Le Monde reprend, dans les grandes lignes, une liste de 10 objectifs élaborée au début de la semaine par la Commission européenne, lors d’une réunion conjointe des ministres de l’intérieur et des affaires étrangères.Evoquant la nécessité de répondre à « la tragédie » des derniers jours, le texte souligne d’abord la volonté d’accroître « rapidement » les moyens des opérations menées sous l’égide de l’agence Frontex en Méditerranée. Missions de surveillance, « Triton » et « Poséidon », devraient voir « leurs possibilités de recherche ET de sauvetage » accrues « dans le cadre du mandat de Frontex ». Cela suppose une adaptation de ce mandat et une extension de la zone d’intervention de l’agence des frontières, dont les embarcations sont cantonnées jusqu’ici à 30 miles nautiques des côtes italiennes. Il faudra également déterminer les moyens matériels à mettre en œuvre et les trouver auprès des différents Etats membres disposant de forces navales. La France, l’Espagne, la Belgique formulent des promesses d’engagement supplémentaire mais attendent de voir quel sera l’effort accompli par d’autres pays.Accueil de 5 000 réfugiésAu plan financier, le projet de conclusions évoque « au moins un doublement, en 2015 et 2016 ». Certaines capitales soulignent la nécessité d’agir très vite et massivement, espérant convaincre tous leurs partenaires. Un autre test concerne l’accueil – « sur une base volontaire » a dû préciser la Commission – de 5 000 réfugiés, identifiés comme tels par les Nations unies et séjournant actuellement dans des camps au Liban, en Jordanie ou en Turquie. La question n’était pas réglée avant le démarrage des discussions. L’Allemagne, qui a déjà accueilli 30 000 Syriens (pour 10 000 au total dans les autres Etats membres) se dit prête à un nouvel effort. Un moyen, surtout, de forcer ses partenaires à l’imiter. La France, pour sa part, a promis d’accueillir 1000 Syriens identifiés par le HCR, auxquels s’ajoute l’attribution de 500 visas.En ce qui concerne l’éventualité d’un programme d’urgence dit de « réinstallation » de réfugiés au sein de différents Etats membres, les conclusions se limitent à évoquer « la prise en considération des options ». Une directive européenne a été adoptée en 2001, évoquant une protection temporaire lors de crises graves. Elle n’a jamais été appliquée, notamment parce qu’elle suppose une répartition des personnes au sein de toute l’Union.Le dernier chapitre, le plus controversé et le plus flou à ce stade, concerne la lutte contre les réseaux de trafiquants. Il s’agit de démanteler les réseaux, « d’identifier, capturer et détruire » les embarcations des passeursEntre opinions hostiles, mouvements populistes et réticences en leur propre sein, certains gouvernements ne feront rien pour favoriser une évolution. Pas plus que pour modifier les règles de « Dublin II », qui prévoient que c’est le pays par lequel entre un migrant ou un candidat réfugié qui doit examiner sa demande, lui fournir un abri et, le cas échéant, le renvoyer. On promettra, au mieux, à l’Italie et à la Grèce de leur fournir des fonctionnaires et des matériels supplémentaires pour les aider à affronter d’autres situations critiques. Au nom du « renforcement de la solidarité » entre les pays.Démantèlement des réseauxD’autres promesses seront par ailleurs adressées à cinq pays tiers (l’Égypte, la Tunisie, le Soudan, le Niger et le Mali). Pour éviter d’autres exils massifs, ils devraient recevoir des aides financières ainsi qu’un soutien pour la surveillance de leurs frontières. En échange, l’Union espère les convaincre d’accepter davantage d’accords de réadmission pour les « immigrés économiques », qui se verront refuser l’asile en Europe.Le dernier chapitre, le plus controversé et le plus flou à ce stade, concerne la lutte contre les réseaux de trafiquants. Il s’agit de démanteler les réseaux, « d’identifier, capturer et détruire » les embarcations des passeurs. Dans le cadre d’une mission européenne de sécurité et de défense commune (PSDC), « en accord avec les lois internationales ». Opération policière, militaire, appuyée le cas échéant par les Nations unies ? La question reste ouverte. Le projet pourrait impliquer Europol, Eurojust, Frontex et les services de renseignement – européens et étrangers – mais ne sera, à l’évidence, pas simple à concrétiser.Avant même que le rendez-vous n’ait eu lieu, Amnesty International France ne cache pas sa déception : « Après les révélations par le “Guardian” des conclusions provisoires du sommet, “Triton” reste la norme, le budget serait au moins doublé, toujours inferieur à “Mare Nostrum”, davantage de navires sont attendus. L'aire de déploiement resterait la même. L'UE s'apprête peut-être à adopter l’un des pires scénarios possibles, très loin de notre appel pressant à la mise en place d'une opération de sauvetage de grande envergure », souligne l’ONG.Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Baptiste Jacquin Du jamais-vu depuis dix ans ! Les résultats financiers des grandes entreprises françaises affichent, sur le premier trimestre 2015, des croissances à deux chiffres de leur chiffre d’affaires : plus 16 % pour LVMH, 14 % pour L’Oréal, 25 % pour Essilor et 31 % chez Publicis. Tout cela exhale un parfum puissant de reprise économique.Du moins pour les entreprises françaises qui sont suffisamment importantes pour vendre en dehors de la zone euro. Ces envolées spectaculaires sont largement dues à la baisse de la monnaie européenne face au dollar, au yuan ou à la livre sterling. Les taux de change ont ainsi dopé de 13 % les chiffres trimestriels de LVMH, Essilor ou Publicis, de 9,5 % celui de L’Oréal.Même les groupes de taille plus modeste en profitent. Bic (stylos-billes, briquets, etc.) a annoncé, mercredi 22 avril, une hausse de 18 % de son chiffre d’affaires au premier trimestre et un bond de 55 % de son bénéfice net. Plus de la moitié de sa croissance est à mettre sur le compte du billet vert. Jeudi matin, l’éditeur de logiciels Dassault Systèmes a dévoilé une croissance de 30 % de son activité, à 652 millions d’euros. Sans le jeu des monnaies, ses ventes n’auraient progressé « que » de 17 %. Dans un tout autre domaine, celui des spiritueux, les deux tiers des 19 % de hausse du chiffre d’affaires de Pernod Ricard sont dus aux changes.Rachat d’actifsAlors que la saison des chiffres trimestriels des sociétés cotées bat son plein, on mesure en direct l’impact de la politique agressive de la Banque centrale européenne (BCE), qui, par sa politique massive de rachat d’actifs, a fait chuter l’euro de près du quart de sa valeur. Le 31 mars, l’euro valait 1,07425 dollar, soit 22 % de moins qu’un an auparavant. Donc, toute vente en billets verts rapporte, toutes choses égales par ailleurs, 22 % de plus qu’il y a un an.Mais attention, ceux qui produisent en dollars, dans des usines aux Etats-Unis, au Mexique ou ailleurs, voient leurs coûts augmenter dans les mêmes proportions. Pis, les importateurs, notamment de produits électroniques, ne voient eux que leurs coûts augmenter. Ce sont donc les exportateurs qui vont pouvoir traduire ces hausses de chiffre d’affaires par des gains de part de marché, puisqu’ils pourront baisser les prix, et par une belle amélioration des marges. Pour que la fête soit complète, encore faut-il que les groupes tricolores profitent de cette remontée des marges pour augmenter leurs investissements, et notamment, pour la première fois depuis longtemps, en Europe.Jean-Baptiste JacquinChroniqueur économiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.04.2015 à 06h10 • Mis à jour le23.04.2015 à 17h34 Les dirigeants de l'Union européenne se réunissent jeudi 23 avril à Bruxelles pour un conseil européen extraordinaire consacré à la crise des migrants en Méditerranée à la suite du naufrage qui a coûté la vie à près de 800 migrants, dimanche.Chefs d'Etat et de gouvernement devraient réviser l'opération « Triton », une mission de surveillance navale des frontières qui avait succédé à la fin de l'année dernière à l'opération « Mare Nostrum » conduite par la marine italienne. Les Vingt-Huit examineront également un projet pilote consistant à accueillir 5 000 Syriens, répartis de façon équitable dans l'ensemble des pays membres.Lire : Frontex et sa mission « Triton » mises en cause« Réparer les erreurs du passé »A son arrivée au sommet européen extraordinaire, le premier ministre britannique, David Cameron, a proposé de fournir des navires militaires et des hélicoptères pour aider les Européens à contenir le flux de migrants. « Je vais offrir aujourd'hui le HMS Bulwark », l'un des plus grands navires de guerre britannique, « trois hélicoptères et deux autres navires patrouilleurs », a-t-il annoncé. Mais, « cela implique que les gens que nous repêcherons ou avec lesquels nous aurons affaire seront emmenés vers le pays sûr le plus proche, le plus probablement l'Italie, et qu'ils ne pourront demander immédiatement l'asile au Royaume-Uni », a-t-il aussitôt prévenu.Mercredi, la Belgique s'était également dite prête à détacher son navire de commandement et de soutien logistique Godetia pour contribuer à « Triton ».Lire aussi : Naufrages de migrants : qui est responsable ?Le président français, François Hollande, a quant à lui affirmé que la France contribuerait, mais sans donner de détails sur les moyens. Il a estimé en revanche que pour mettre fin au drame des migrants en Méditerranée, il fallait notamment « réparer les erreurs du passé » en Libye, visant implicitement son prédécesseur, Nicolas Sarkozy :« Si le monde reste indifférent à ce qui se passe en Libye, alors, même si on met davantage de moyens, davantage de surveillance, davantage de présence en mer, davantage de coopération, davantage de lutte contre les terroristes, il y aura toujours cette cause terrible, qui est le fait que ce pays n'est plus dirigé, n'est même plus gouverné, il est dans le chaos. »Lire le reportage : La Libye, un ancien eldorado transformé en chaosL'Union européenne critiquéeDepuis le début de l'année, l'ONU estime que 35 000 migrants ont tenté de traverser la mer Méditerranée pour fuir la pauvreté, la misère, les violences et les guerres. La plupart sont partis des côtes libyennes.Après la tragédie du week-end dernier, quand le naufrage d'un chalutier a fait jusqu'à 900 morts, ils seraient désormais près de 1 800 à avoir péri lors de leur traversée depuis le début de l'année. Au 21 avril 2014, le bilan était plus de trente fois inférieur, à 56 morts selon l'Organisation internationale des migrations (OIM).Un demi-million de migrants pourraient tenter cette année la dangereuse traversée si rien n'est fait pour lutter ceux qui organisent ces trafics d'êtres humains, estime l'Organisation maritime internationale (OMI), une institution de l'ONU.Lire aussi : Méditerranée : chiffres et carte pour comprendre la tragédieLe drame de dimanche a suscité l'émoi et l'indignation. Il a également placé l'Union européenne sous le feu des critiques : des ONG mais aussi le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al-Hussein, ont fustigé les politiques migratoires « cyniques » qui transforment la Méditerranée en un immense cimetière maritime. « Il aura fallu attendre les 3 400 morts de l'année dernière, les 1 000 morts de cette semaine pour qu'enfin, un véritable sommet soit convoqué à Bruxelles », a déclaré mercredi à Paris la présidente d'Amnesty International France, Geneviève Garrigos.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2nbdc3"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2nbdc3", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 23.04.2015 à 02h24 • Mis à jour le23.04.2015 à 07h11 La Turquie a annoncé mercredi 22 avril au soir avoir rappelé son ambassadeur en Autriche pour protester contre la reconnaissance symbolique par le Parlement viennois du génocide des Arméniens perpétré par l'Empire ottoman pendant la première guerre mondiale.« La déclaration du Parlement autrichien a créé des cicatrices permanentes dans l'amitié et les relations entre la Turquie et l'Autriche. (...) La Turquie a décidé de rappeler son ambassadeur Hasan Gögüs en consultation », a indiqué le ministère turc des affaires étrangères.A deux jours des 100 ans des massacres de 1915, le Parlement autrichien a observé mercredi une minute de silence en mémoire du génocide des Arméniens, une première dans ce pays autrefois allié à l'Empire ottoman et où ce terme n'avait jamais été utilisé officiellement.« Injure contraire aux faits »Dans son communiqué, la Turquie a rejeté le « comportement historiquement tendancieux » des députés viennois et leur approche « discriminatoire », dénonçant une « injure au peuple turc contraire aux faits ». La Turquie nie catégoriquement que l'Empire ottoman ait organisé le massacre systématique de sa population arménienne pendant la première guerre mondiale et récuse le terme de « génocide » repris par l'Arménie, de nombreux historiens et une vingtaine de pays, dont la France, l'Italie et la Russie.Lire les explications des Décodeurs : Génocide arménien : une si lente reconnaissanceCes derniers jours, la Turquie, héritière de l'Empire ottoman depuis 1923, a été rendue furieuse par les déclarations du pape François, qui a parlé pour la première fois du « génocide » des Arméniens, et du Parlement européen qui l'a priée de le reconnaître. En réaction, Ankara avait déjà rappelé son ambassadeur auprès du Vatican.Lire aussi sur Big Browser : En Turquie, une nouvelle génération moins hostile au terme de « génocide » des Arméniens 22.04.2015 à 15h08 Grant Shapps sera-t-il privé de Wikipédia ? Le président du Parti conservateur britannique – ou quelqu'un de son entourage – est soupçonné d'avoir modifié la page qui lui est consacrée sur l'encyclopédie en ligne. Le site a été contraint de bloquer le compte contributeur incriminé.L'encyclopédie en ligne avait été alertée par le quotidien The Guardian qui a mené sa propre enquête. Selon le quotidien paru mercredi 22 avril, le compte, baptisé « Contribsx », aurait été utilisé par Grant Shapps, le président des tories, ou « quelqu'un agissant en son nom », pour alimenter sa propre page et notamment supprimer les mentions qui lui étaient désagréables. Il aurait aussi été utilisé pour faire des contributions négatives sur les fiches Wikipédia des concurrents politiques de M. Shapps au sein de son propre parti, ajoute le Guardian.M. Shapps a vivement démenti ces informations, qu'il a qualifiées de « catégoriquement fausses et diffamatoires ». « Tout cela a certainement été imaginé par le service de presse du Parti travailliste », a-t-il attaqué en retour alors que tories et Labour sont au coude-à-coude dans les intentions de vote pour les élections législatives du 7 mai.« L'enquête [ayant abouti à la clôture du compte] a été menée en toute indépendance par le Guardian et aucune information confidentielle n'a été partagée avec eux à aucun moment », a souligné l'enquêteur volontaire de Wikipédia sur la page créée pour montrer les étapes de son travail de recherche. Adéa Guillot (Athènes, correspondance) C’est une véritable tempête que soulève en Grèce l’arrestation surprise, mercredi 22 avril au matin, de Léonidas Bobolas, fils de Georges Bobolas, l’un des principaux oligarques grecs. Accusé d’avoir fait sortir 4 millions d’euros du pays – ce qu’il contesterait –, l’homme d’affaires a été conduit au tribunal d’Athènes en procédure de flagrant délit. Après quelques heures, il a finalement accepté de verser les 1,8 milions d'impôts réclamés par la justice - ce qu'il avait selon des sources judiciaires refusé de faire hier de son plein gré- et a donc été libéré.Son nom et celui de son frère Fotis Bobolas apparaissent sur la liste Lagarde, que Christine Lagarde, alors ministre française des finances, avait remise en 2010 à son homologue grec de l’époque, Georges Papaconstantinou, contenant les noms de centaines de résidents grecs ayant transféré des fonds en Suisse, sur des comptes de la banque HSBC.Selon les premières informations, c’est dans le cadre de l’enquête sur cette liste, mais aussi sur d’autres listes de mouvements suspects de capitaux vers l’étranger, qu’une procédure pénale pour délit de violation des règles fiscales a été ouverte hier soir. Un mandat a été délivré aux forces de la police économique, conduisant à l’arrestation de ce matin. Une fois M. Bobolas entendu par la justice, l'action devrait logiquement s'éteindre puisque il a payé l'ensemble du montant réclamé.Offensive inéditeC’est la première fois en Grèce qu’un membre de l’une de ces quelque 50 grandes familles qui dirigent les entreprises les plus puissantes du pays est inquiété. Le premier ministre Alexis Tsipras en avait d’ailleurs fait l’un des thèmes centraux de sa campagne électorale, promettant de « s’attaquer aux oligarques » et notamment « les magnats qui contrôlent les médias et pervertissent le débat politique ».La famille Bobolas est à la tête d’un empire de construction, mais possède en effet aussi des parts importantes dans le quotidien Ethnos et surtout dans la principale chaîne de télévision privée du pays, Méga, ennemie déclarée d’Alexis Tsipras lorsque celui était encore dans l’opposition avant de gagner avec son parti Syriza les élections du 25 janvier. Cette offensive inédite est plutôt bien accueillie par la population grecque, mais devrait aussi plaire à Bruxelles et au FMI, qui accusent depuis cinq ans ces « 50 familles » de bloquer les réformes.Engagé dans de difficiles négociations avec ses créanciers, le gouvernement entend donner ainsi les gages de sa volonté à s’attaquer véritablement à la fraude et l’évasion fiscale. Et faire entrer au passage quelques millions d'euros d'argent frais alors que les caisses de l'état sont toujours au plus bas. Après avoir annoncé ce matin qu'il manquait toujours 400 millions d'euros pour payer les salaires et les retraites le 27 avril prochain, le gouvernement a finalement précisé en début d'après midi que la somme avait été trouvée. Les caisses sociales auraient volontairement prêté la somme à l'état.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) A son tour le gouvernement allemand a relevé ses prévisions de croissance pour 2015. Sigmar Gabriel, ministre de l’économie et de l’énergie, a annoncé, mercredi 22 avril, s’attendre désormais à une croissance de 1,8 %, contre 1,5 % précédemment. Idem pour 2016.Ce regain d’optimisme ne constitue pas une surprise : fin mars, les cinq économistes qui conseillent le gouvernement avaient relevé leurs prévisions pour 2015 à 2 %. La semaine dernière, quatre grands instituts de conjoncture avaient même porté les leurs à 2,1 %.Comme les années précédentes, le gouvernement se montre donc relativement prudent : ce qui lui permet d’avoir des recettes fiscales plus élevées qu’annoncé et donc de disposer d’une petite cagnotte, tout en étant respectueux des grands équilibres. Car ceux-ci sont plus que jamais à l’ordre du jour. La dette publique devrait baisser de 71,5 % du Produit intérieur brut (PIB) en 2015 à 61,5 % en 2019.Cercle vertueuxSelon les instituts de conjoncture, l’ensemble des comptes publics devraient afficher un excédent de 20,7 milliards d’euros en 2015 (0,7 % du PIB) et de 25,6 milliards (0,8 % du PIB) en 2016.De même, le chômage, qui est actuellement de 6,4 %, pourrait même passer sous la barre des 6 %, l’emploi salarié franchissant, à la hausse, celle des 43 millions de postes de travail. Du coup, un cercle vertueux s’enclenche avec des augmentations de salaire qui relancent la consommation au moment où la demande internationale fléchit.Lire aussi :L’Allemagne découvre les effets du salaire minimumAinsi, les commandes à l’industrie ont diminué en février de – 0,9 % en glissement mensuel, en raison d’une baisse des commandes étrangères (– 1,6 %), notamment de la zone euro (– 2,1 %).« La prospérité allemande ne va pas de soi »L’optimisme du gouvernement et des économistes – que la Bundesbank cherche à tempérer – s’explique davantage par la faiblesse de l’euro et la baisse du prix du pétrole que par les mesures prises par l’actuelle équipe au pouvoir. C’est pourquoi, si les chefs d’entreprise sont également optimistes, ils ne sont pas pour autant satisfaits de la grande coalition CDU/CSU-SPD au pouvoir.Le patronat s’offre ces jours-ci d’impressionnantes pages de publicité dans les journaux dans lesquelles il juge que « la prospérité allemande ne va pas de soi ». « Nous exigeons du gouvernement qu’il lève les freins à l’investissement et mène enfin à nouveau une politique favorable à la croissance », écrivent huit dirigeants patronaux.Parmi eux, Ulrich Grillo (président du BDI, le Medef allemand) et Ingo Kramer (président du BDA, la confédération des employeurs allemands). Ils reprochent notamment au gouvernement un excès de bureaucratie, l’introduction d’un salaire minimum légal, l’absence d’investissements publics dans un certain nombre de secteurs jugés stratégiques et une réforme annoncée des droits de succession qui va rendre plus coûteuse la transmission d’entreprises familiales à la génération suivante.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.04.2015 à 16h55 • Mis à jour le10.04.2015 à 17h22 | Gaëlle Picut Selon une note de la Commission européenne publiée début avril, les pays les plus riches auront du mal à retrouver le rythme de croissance économique qu’ils ont connu avant la crise financière de 2008, du fait du vieillissement démographique et donc de la baisse de la population en âge de travailler.Les auteurs rappellent que le début du XXIe siècle s’est caractérisé par un ralentissement mondial de la population en âge de travailler (celle qui a entre 15 et 64 ans). Selon les prévisions de l’ONU, elle devrait augmenter de 20 % entre 2010 et 2030, alors qu’elle a augmenté de 40 % entre 1990 et 2010.L’analyse par région du monde révèle de grandes disparités. La plupart des régions les plus développées sont déjà entrées dans une longue phase de vieillissement démographique, tandis que d’autres pays, y compris les régions les plus pauvres, continueront de voir leur population en âge de travailler augmenter pendant de nombreuses décennies.Hausse de 77% en Afrique subsaharienneAinsi, entre 2010 et 2030, la population en âge de travailler devrait augmenter de 77 % en Afrique subsaharienne, contre 11 % en Amérique du Nord. Celle de l’Amérique du Sud, de l’Amérique latine et de l’Asie devrait augmenter de l’ordre de 20 %.Dans ces régions, le déclin devrait commencer seulement après 2040. L’Europe, de son côté, devra faire face à une baisse de 9 % de sa population en âge de travailler (le maximum ayant été atteint en 2009, avec 333 millions de personnes âgées entre 15 et 64 ans).Ce déclin démographique devrait durer au moins cinq décennies, selon Eurostat. Les Etats-Unis sont à part du fait d’un taux de fécondité relativement élevé et de flux migratoires positifs soutenus. A partir de ces données démographiques, il est possible d’évaluer combien de temps chaque région pourra soutenir le niveau de croissance de l’emploi observé pendant la période précédant la crise économique (2000-2008), qui a été en moyenne de 1,1 %.Dans les pays les plus développés, ce niveau de croissance de l’emploi ne sera possible qu’environ dix ans. Cette durée variera notamment en fonction de la participation ou non au marché du travail de personnes qui pour le moment restent faiblement représentées (principalement les femmes, les migrants, les jeunes et les travailleurs découragés).Ainsi la décroissance de la main-d’œuvre européenne impacte l’emploi futur.Elle impose de nouvelles contraintes pour espérer atteindre un certain niveau de croissance économique (entre 2000 et 2008, la croissance du produit intérieur brut a été en moyenne de 2,1 % dans l’Union européenne).L’analyse conclut que la croissance de la productivité au sein de l’Union européenne et de plusieurs autres régions industrialisées deviendra progressivement la seule façon de soutenir la croissance économique. Cela nécessite de l’innovation continue, une meilleure organisation, un investissement accru dans l’éducation et les compétences pour avoir une main-d’œuvre très qualifiée et enfin la capacité à attirer des investissements physiques et en ressources humaines.À l’inverse, les économies émergentes pourraient obtenir des gains de productivité significatifs en réorientant des personnes qui occupent des activités faiblement productives (principalement dans le secteur agricole) vers des emplois à forte productivité dans les secteurs industriels ou de services.Gaëlle PicutJournaliste au Monde 09.04.2015 à 21h51 • Mis à jour le09.04.2015 à 21h52 Le nombre de migrants arrivés clandestinement sur les côtes grecques a triplé au premier trimestre 2015, s'élevant à 10 445, contre 2 863 durant la même période de l'année précédente, selon les gardes-côtes grecs.Durant le mois de mars, 6 493 migrants sont passés par les différentes îles, essentiellement celles de l'est de la Grèce, proches des côtes turques, principal point d'embarquement des navires des passeurs.A la différence des traversées vers l'Italie, plus longues, les passages vers la Grèce se font généralement sur de petites embarcations de quelques dizaines de migrants. Les accidents et les noyades sont fréquents.Lire aussi : HRW accuse la Grèce de coups de filet « abusifs » contre les migrantsEn visite mercredi 8 avril à Athènes, le commissaire européen chargé des migrations, Dimitris Avramopoulos, a assuré que l'Union européenne était « préoccupée » par son système d'asile et « consciente que quelque chose doit changer » dans le règlement.La directive Dublin II charge en effet le premier pays d'accueil d'un migrant d'enregistrer sa demande, un système que les pays frontaliers de l'Union européenne jugent inéquitable, en dépit des aides financières versées. 09.04.2015 à 09h13 • Mis à jour le09.04.2015 à 12h28 Amnesty international a accusé jeudi 9 avril les séparatistes prorusses de s'être livrées à des « exécutions sommaires » de soldats ukrainiens capturés dans l'Est. L'ONG, qui exige une enquête « rapide et impartiale », rappelle que de tels actes s'apparentent à des crimes de guerre. Elle cite notamment dans un communiqué le cas du soldat Igor Branovytski qui avait combattu à l'aéroport de Donetsk. « Une vidéo postée sur Youtube montre qu'il avait été frappé au visage. Il est resté en captivité jusqu'à sa mort », a indiqué Amnesty. Le militaire aurait été tué à bout portant par un chef rebelle. Les services de sécurité ukrainiens ont ouvert une enquête.Le responsable pourrait être Arseniy Pavlov, surnommé « Motorola ». Ce « commandant » russe à la tête d'une unité séparatiste, le bataillon Sparta, a raconté dans un entretien téléphonique avec le Kiev Post avoir personnellement abattu 15 soldats ukrainiens capturés par ses troupes.Amnesty affirme avoir vu des images des corps d'au moins trois autres militaires envoyés par Kiev exécutés selon l'ONG d'une balle dans la tête. Tous avaient avaient été faits prisonniers entre le 12 et le 18 février par les combattants prorusses à Debaltseve, nœud stratégique passé sous contrôle des rebelles en février après des combats acharnés en dépit de la trêve signée le 15 février. Interrogée sur les accusations d'Amnesty, une responsable séparatiste a « démenti les rumeurs selon lesquelles des prisonniers de guerre ont été tués dans la DNR », la république autoproclamée de Donetsk. « De tels faits n'ont pas eu lieu », a déclaré Daria Morozova, en charge des droits de l'homme dans la république séparatistes.Les forces ukrainiennes combattent depuis un an une rébellion séparatiste prorusse dans l'Est, armée et soutenue par la Russie, selon Kiev et les Occidentaux, ce que Moscou dément. Depuis son début en avril 2014, le conflit a fait plus de 6 000 morts. Mirel Bran Comment 1 milliard de dollars ont-ils pu disparaître des banques moldaves ? Les autorités de Chisinau paieraient cher pour le savoir. Pour le petit pays de 4 millions d'habitants, enclavé entre l'Ukraine et la Roumanie, une telle somme représente pas moins de 12,5 % de produit intérieur brut.C'est la Banque centrale de Moldavie (BNM) qui a découvert la fuite en réalisant que trois établissements bancaires avaient accordé des crédits pour un montant total d'1 milliard de dollars (927 millions d'euros). La transaction a été bouclée en l'espace de quelques jours, juste avant les élections législatives du 30 novembre 2014, remportées de peu par les partis pro-européens face à l'opposition prorusse. Les destinataires de ces crédits n'ont pas été identifiés. A croire que l'argent s'est purement et simplement évaporé.  « Je ne peux pas expliquer comment on peut voler une somme aussi importante dans un pays aussi petit ! », a réagi le représentant de l'Union européenne en Moldavie, Pirkka Tapiola. Les députés se sont saisis de l'affaire. Selon un rapport d'une commission parlementaire discuté à huis-clos, mais qui a filtré dans la presse, une partie de l'argent aurait été transférée dans quatre banques russes.Le parquet général a ouvert une enquête. Les procureurs anticorruption, épaulés par des détectives financiers américains, travaillent sur cette enquête depuis plusieurs semaines et ont multiplié les descentes et les perquisitions. Jusqu'ici deux personnes, dont l'identité est gardée secrète, ont été placées en détention provisoire et les biens de plusieurs autres, mis sous séquestre. ENQUÊTE OUVERTELe leader de l'opposition socialiste, Igor Dodon, assure quant à lui que ces fonds auraient fini dans les comptes de plusieurs compagnies offshore, « où l'on a perdu leur trace ». « Des crédits ont été octroyés tout en sachant qu'ils ne seront jamais remboursés », affirme-t-il. Le vice-premier ministre et ministre de l'économie, le Français Stéphane Bridé, ancien expert financier nouvellement nommé, parle lui prudemment de « transactions suspectes » massives.Début mars, les principaux partenaires financiers de la Moldavie – la Banque mondiale, l’UE et les Etats-Unis – ont exhorté les autorités moldaves à rendre public le montant des pertes subies par l’Etat dans cette affaire. Sous la pression internationale, le gouvernement de Chisinau a fait appel à la compagnie d’audit américaine Kroll pour démêler cette affaire fâcheuse.Pour éviter leur faillite, qui aurait provoqué un vent de panique dans l'ensemble du système bancaire, la BNM a placé sous sa gestion directe la Banque d'économies, l'Unibank et la Banque sociale, qui représentent environ un tiers des actifs bancaires du pays. « Je suis convaincu que la somme ne sera pas remboursée intégralement et que la différence sera transformée en dette publique », a affirmé Dumitur Ursu, président de la Ligue des banquiers.Depuis l’éclatement de cette affaire, le leu moldave a perdu 42 % de sa valeur. Le coup est rude pour les Moldaves, qui doivent se contenter d’un salaire moyen de 200 euros, d’autant qu’il intervient dans un contexte politique pour le moins compliqué.Affaire politiqueEn effet, trois partis proeuropéens étaient sortis victorieux des législatives de novembre : le Parti libéral-démocrate de Moldavie (PLDM), le Parti démocrate de Moldavie (PDM) et le Parti libéral (PL), ce dernier étant l’avocat le plus fervent de l’avancée des réformes sur la voie européenne. Elles disposaient de 54 députés face aux 47 députés communistes et socialistes pro-russes, une majorité suffisante pour mettre en place un gouvernement proeuropéen.Mais le PLDM et le PDM n’ont pas apprécié la pression mise sur le pays par la Commission européenne, principal bailleur de fonds de la Moldavie, pour réformer la justice. Ils ont donc préféré faire appel au soutien des communistes pour mettre en place, le 18 février, un gouvernement minoritaire. L’affaire financière est donc rapidement devenue politique.Le pays est historiquement très dépendant de la Russie. Or, Moscou a imposé un embargo sur les produits agroalimentaires après la signature d'un partenariat avec l'UE et a aussi entravé les transferts de fonds des travailleurs moldaves en Russie, qui correspondent au quart du PIB. Cet embargo pourrait faire plonger l'économie moldave en 2015 dans une récession de 1 % après une croissance de 4,6 % en 2014.Lire (en édition abonnés) : La Moldavie s’éloigne de l’EuropeMirel BranJournaliste au Monde 08.04.2015 à 12h35 • Mis à jour le08.04.2015 à 17h24 | Anne Eveno Présent depuis 2004 dans l’Hexagone, Google France lance, mercredi 8 avril, sa toute première campagne de publicité institutionnelle. D’un coût de 1,5 million d’euros, la première vague de cette opération, qui se déroulera jusqu’au 23 mai, veut mettre en avant des succès français incarnés par cinq ambassadeurs venant du monde des associations, des start-up ou des PME et qui ont réussi grâce à Internet et aux technologies Google.« Jusqu’ici, nous n’avions communiqué que sur les produits et jamais sur notre rôle dans l’écosystème du numérique français », souligne Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce, directrice de la communication de Google France. Cette campagne, baptisée « Moteur de réussites françaises » - et à laquelle l’entreprise travaille depuis 18 mois - intervient à un moment où le poids de Google, que ce soit en, France ou aux États-Unis, soulève de nombreuses critiques.Le groupe, qui détient sur le marché de la recherche sur Internet une part ultra-dominante (77 % aux États-Unis et plus de 90 % en Europe), est visé par plusieurs procédures.De l’autre côté de l’Atlantique, un sénateur américain a annoncé vouloir entendre l’agence fédérale américaine chargée de faire respecter le droit de la consommation (FTC) sur l’abandon d’une enquête pour anticoncurrence, qui visait Google en 2012.Lire aussi :Le Sénat américain va enquêter sur GoogleEncadrer les pratiquesEn Europe, Bruxelles serait sur le point de clore son enquête – ouverte il y a cinq ans – sur les pratiques anticoncurrentielles de Google. Et en France, des sénateurs ont déposé, jeudi 2 avril, un amendement au projet de loi Macron car ils estiment urgent de se donner les moyens d’encadrer les pratiques des moteurs de recherche : « Cet objectif passe par la mise en place d’une régulation ex ante [au préalable] », expliquent-ils dans l’exposé des motifs de l’amendement.Lire aussi :Un nouveau front s’ouvre contre Google en FranceNick Leeder, directeur général de Google France, interrogé par Le Monde, a refusé de commenter cette initiative sénatoriale. Le dirigeant insiste sur la place prise par la filiale française du géant américain auprès des entrepreneurs français et des acteurs du web.« Depuis notre installation à Paris en 2004, nos effectifs sont passés d’une petite quinzaine de personnes à 600 salariés dont une centaine d’ingénieurs » précise-t-il. M. Leeder souligne également le rôle joué par Google pour améliorer leur visibilité sur internet.Avec le programme Google pour les pros, lancé il y a trois ans, les équipes de Google ont rencontré 50 000 TPE et PME et la moitié d’entre elles ont désormais une présence en ligne. « D’ici fin 2015, nous voulons rencontrer 200 000 PME » annonce M. Leeder, « ce qui nécessitera l’emploi de 200 coaches, issus notamment des juniors entreprises, des universités et des écoles de commerce ».Le groupe insiste également sur son rôle auprès des associations en indiquant avoir offert, ces deux dernières années, 35 millions d’euros de publicité gratuite via les Google Ad Grants.Aide à l’internationalisationLe dernier axe d’action vanté pas Google est son soutien aux entrepreneurs, et particulièrement aux start-up. Depuis 2011, l’entreprise verse annuellement 1 million d’euros au Numa, emblématique lieu de l’innovation à Paris. Et Google France va lancer une nouvelle initiative, intitulée « Scale-up ».Ce soutien s’adresse aux start-up qui ont déjà réussi une première levée de fonds et a pour objectif de les aider à s’internationaliser, pour faire naître de futurs Blablacar par exemple.D’ores et déjà, dix start-up ont été sélectionnées et sont accompagnées par une équipe de dix personnes au sein de Google France.Lire aussi :Quand Google cherche le prochain GoogleAvec cette campagne, dans un moment difficile en termes d’image pour Google, la filiale française du moteur de recherche entend prouver sa « contribution certaine, incontournable et dans la durée » à l’économie française, affirme Mme Dauba-Pantanacce.Une volonté de clarté qui se heurte encore à une certaine culture de la confidentialité, puisque, aujourd’hui encore, Google France ne fournit pas le montant total de ses investissements en France.Anne EvenoJournaliste au Monde Claire Guélaud L’aide publique au développement (APD), en hausse de 66 % depuis l’an 2000, est restée globalement stable en 2014 dans les 28 pays membres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Elle a atteint 135,2 milliards de dollars (environ 124,1 milliards d’euros), représentant en moyenne 0,29 % de leur revenu national brut, a annoncé, mercredi 8 avril, l’OCDE.Cette stabilité recouvre des situations très différentes, puisque l’aide bilatérale a diminué de 16 % dans les pays les moins avancés, à 25 milliards de dollars (près de 23 milliards d’euros), du fait de moindres annulations de dettes, et de 5 %, à 28 milliards de dollars (environ 26 milliards d’euros), en Afrique.En volume d’aide, la France figure parmi les plus grands pays donateurs aux côtés des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et du Japon. Les crédits de l’APD – 10,7 milliards de dollars en 2014 (près de 9,8 milliards d’euros) – y ont toutefois diminué pour la quatrième année consécutive. Ils représentent 0,36 % de son revenu national brut, loin de l’objectif de 0,70 % fixé par l’ONU et respecté par seulement cinq pays (Danemark, Luxembourg, Norvège, Suède, Royaume-Uni).La France affiche même la cinquième plus forte baisse (- 9,2 %) des 19 pays européens membres du CAD de l’OCDE.Lire aussi :Aide publique au développement, le recul françaisEn 2014, précise l’organisation internationale, l’aide pays programmable (APP), quelle qu’en soit la source (pays membres et non membres du CAD, agences multilatérales), a chuté de 7 % en raison d’une forte baisse des crédits octroyés à l’Afghanistan, au Kenya, au Myanmar et à la Tanzanie.À partir de 2015, toutefois, les montants de l’APP devraient se redresser et bénéficier davantage, conformément aux décisions arrêtées en décembre 2014, aux pays les moins avancés (PMA).Année « cruciale »En France, les organisations non gouvernementales (ONG), regroupées au sein de Coordination Sud, demandent que les pays développés prennent l’engagement de consacrer au moins la moitié de leur APD aux pays les plus pauvres.Elles souhaitent aussi, à l’instar d’Oxfam, maintenir une certaine pression sur le Parlement pour obtenir un redressement de l’APD une fois la reprise économique assurée, comme François Hollande l’avait laissé entendre en 2013.L’année 2015 s’annonce comme une période « cruciale » avec la conférence des Nations Unies à Addis Abeba en juillet sur le financement du développement durable, avec la redéfinition en septembre, lors d’une autre conférence de l’ONU, des objectifs du développement pour l’après-2015 (17 objectifs de développement durable sont en cours de négociations) et enfin avec la COP21 (21e conférence des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) de décembre à Paris sur le réchauffement climatique.Autant d’occasions pour Oxfam et Coordination Sud de réitérer leur volonté de voir la France faire mieux en matière de financement du développement. Lire également : Emmanuel Faber : « Le modèle d'aide publique au développement est à bout de souffle »Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) Les élections législatives porteront aussi sur un ­sujet qui ne figure pas parmi les premières préoccupations des électeurs britanniques : l’appartenance à l’Union européenne, loin derrière la santé, l’emploi et l’immigration dans les sondages.Tandis que le premier ministre conservateur, David Cameron, promet d’organiser un référendum d’ici à 2017 sur une éventuelle sortie de l’UE (le « Brexit », pour British exit), son adversaire travailliste, Ed Miliband, exclut pareille consultation et qualifie de « désastre » une rupture avec l’Europe. En optant pour l’un ou l’autre, les Britanniques vont donc décider, non pas d’un « Brexit », mais de l’éventualité d’un référendum. A l’exception du Labour, tous les partis en lice défendent le principe de la consultation popu­laire, avec des objectifs divergents. Tandis que le UKIP, dont le « Brexit » est la première revendication, milite pour un référendum dès 2016, les lib-dem, les Verts et les nationalistes écossais du SNP, tous pro-européens, estiment que les électeurs doivent être consultés.« Je crois passionnément que quitter l’Europe diminuerait l’influence du Royaume-Uni dans le monde »Chef de file du SNP, Nicola Sturgeon juge le référendum « inévitable ». Elle compte s’appuyer sur un résultat contradictoire en ­Angleterre et en Ecosse pour réclamer un nouveau référendum, cette fois sur l’indépendance de l’Ecosse elle-même. « Quoi qu’en disent les responsables politiques, [les chefs de parti] ont transformé les élections de mai en un vote sur le fait de tenir ou non un... 08.04.2015 à 09h35 • Mis à jour le08.04.2015 à 13h26 Un Syrien vivant en Grande-Bretagne, ancien imam et militant opposé au président Bachar Al-Assad, a été trouvé mort dans le nord-ouest de Londres, tué par balle, rapporte la BBC mercredi 8 avril. Le Guardian rappelle que dans un de ses prêches, en mai 2014, il avait déclarait que le régime était « pire qu'un criminel et moins qu'un animal ». Certains lui reprochent d'avoir parlé devant une assemblée de partisans de la Jamaat-e-Islami, parti islamiste accusé de crime de guerre au Pakistan, et d'avoir été un prêcheur de la mosquée radicale An Noor. « La police a été appelée par les services médicaux d'urgence après qu'un homme, la quarantaine, a été trouvé mort par ce qui semblait être des blessures par balle dans la poitrine », affirme la BBC qui identifie la victime comme « Abdul Hadi Arwani, un ancien imam d'une mosquée de Londres. »La police londonienne n'a pas confirmé l'identité de la victime, mais a expliqué qu'une enquête pour meurtre était en cours après qu'un homme, la quarantaine avancée, avait été trouvé mort dans une voiture mardi à Wembley. « Les enquêteurs pensent connaître l'identité de la personne morte, mais une identification formelle est attendue », affirme la police de Londres dans un communiqué. « Une autopsie sera ordonnée le moment venu », est-il ajouté.Des amis et partisans de l'ancien imam lui ont rendu hommage sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, le militant et ancien prisonnier de Guantanamo Moazzam Begg, a écrit : « Qu'Allah ait pitié de lui. » 30.04.2015 à 15h33 • Mis à jour le30.04.2015 à 16h01 L'enquête sur un vaste trafic de viande de cheval en Europe se poursuit : huit personnes ont été mises en examen jeudi 30 avril à Marseille, pour « faux et usage de faux, tromperie sur la marchandise, abus de confiance et escroquerie en bande organisée  », a annoncé une source judiciaire citée par l'Agence France-Presse.  Cinq ont été incarcérées et trois placées sous contrôle judiciaire, a précisé la source, sans révéler la nationalité des personnes. Trois autres personnes devaient encore être déférées jeudi devant la juge d'instruction Annaïck Le Goff chargée de l'enquête, ouverte en juillet 2013 au pôle santé du tribunal de grande instance de Marseille.« Réseau criminel organisé »En tout, vingt-six personnes ont été arrêtées en Europe vendredi, lors d'une opération d'envergure, à laquelle sept pays européens – parmi lesquels la Belgique, d'où est originaire le chef présumé du réseau ; l'Allemagne ; les Pays-Bas et la Grande-Bretagne – ont participé.Le réseau est accusé d'avoir falsifié les documents des chevaux et d'avoir ainsi fait « entrer, de manière frauduleuse, de la viande impropre à la consommation dans la chaîne alimentaire européenne », selon l'organe européen de coopération judiciaire Eurojust.Lire l'analyse complète : L’Europe de nouveau confrontée à une fraude sur la viande de chevalDeux Belges comme principaux suspectsSelon les estimations des autorités françaises, quelque 4 700 chevaux ne disposant pas des certificats nécessaires auraient été abattus puis commercialisés entre 2010 et 2013. Ils étaient acheminés depuis plusieurs pays européens vers des abattoirs du sud de la France. En France, « quatre cents passeports de chevaux présentant des anomalies ont été détectés », selon Eurojust.Deux Belges considérés comme les principaux suspects, notamment le dirigeant du réseau originaire des Ardennes belges, avaient été interpellés la semaine dernière, avec deux hommes de main, alors qu'ils étaient en route pour le sud de la France, selon une source judiciaire belge.Des suspects ont aussi été interpellés en Allemagne et aux Pays-Bas, où trois personnes ont été arrêtées lors d'une quinzaine de perquisitions. En France, dix interpellations ont eu lieu le 24 avril dans le département des Ardennes. Marie Charrel C’est une bonne nouvelle. En avril, les prix à la consommation sont restés inchangés (0 %), après quatre mois consécutifs de recul, selon les données officielles publiées jeudi 30 avril par Eurostat.Dans le détail, les prix de l’énergie ont baissé de 5,8 % sur un an, tirés par la chute des cours de l’or noir. En revanche, l’inflation hors énergie s’est établie à 0,7 %.Voilà de quoi éloigner le spectre déflationniste planant depuis des mois sur la zone euro. Si tous les économistes ne s’entendent pas sur sa définition, la déflation correspond selon l’Insee à une baisse généralisée, durable et auto-entretenue des prix. Ce phénomène s’est clairement manifesté en Espagne et en Grèce, mais la zone euro dans son ensemble a pour l’instant été épargnée.L’objectif de 2 % d’inflationPour la Banque centrale européenne (BCE), qui cible une inflation à long terme de 2 %, ce chiffre est une bonne nouvelle. D’autant que d’après les statistiques publiées mercredi 29 avril par ses services, le crédit au secteur privé est enfin reparti à la hausse en mars (+0,1 %) après des mois de repli.De fait, la zone euro semble enfin engagée sur la voie de la reprise. Grâce à la baisse des cours du pétrole, d’abord, qui soutiennent efficacement la consommation des ménages.Grâce, aussi, à la politique ultra-accommodante de la BCE : le 9 mars dernier, celle-ci a lancé une politique de rachat massif de dettes publiques, à hauteur de 60 milliards d’euros par mois. Un programme ambitieux qui a déjà permis de faire chuter l’euro (– 25 % face au dollar sur un an) et de tirer l’ensemble des taux d’intérêts de la zone euro à la baisse.Une telle baisse des taux contribue au redressement du crédit, notamment dans les pays du sud de la zone euro, mais assure également des coûts de financement durablement bas aux États.Selon les économistes, il faudra néanmoins des mois encore avant l’inflation ne se rapproche de la cible de 2%.Lire aussi :La BCE poursuit ses mesures de soutien massif à l’économieMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.04.2015 à 00h29 • Mis à jour le30.04.2015 à 07h36 L'agence de notation Moody's a abaissé la note de la Grèce, mercredi 29 avril, en raison notamment des incertitudes pesant sur un accord avec ses créanciers qui lui permettrait de faire face à ses obligations sur sa dette.Lire (édition abonnés) : Les discussions entre Athènes et ses créanciers dans l’impasseCette note est désormais de Caa2, soit encore plus bas dans la catégorie des obligations présentant un très fort risque de crédit mais encore au-dessus de ce qui constituerait une situation de défaut.« Environnement politique national fragile »Cette décision fait suite à un examen qui avait débuté en février dernier après l'accession au pouvoir du parti de gauche radicale Syriza. Depuis, les négociations entre la Grèce et le FMI, la BCE et l'Union européenne sur un programme de réformes se sont enlisées.Moody's a invoqué « les risques élevés qui pèsent sur le point de savoir si le gouvernement grec parviendra à un accord avec ses créanciers officiels en temps voulu pour faire face à ses remboursements sur sa dette ».L'agence new-yorkaise invoque également les risques qui subsisteraient en cas d'accord sur les perspectives financières du pays en raison « de l'affaiblissement de l'économie et de l'environnement politique national fragile ».La note pourrait encore baisserLa Grèce négocie actuellement un programme de réformes qui lui permettrait d'obtenir la dernière tranche d'aide de 7,2 milliards d'euros sur le programme que lui ont accordé ses partenaires européens et internationaux.Mais les discussions sont difficiles et les tergiversations grecques provoquent leur impatience. La perspective accordée par Moody's à la note reste négative c'est-à-dire qu'elle pourrait la baisser encore davantage si la situation ne n'évoluait pas.Lire aussi la tribune du ministre des finances : « Un New Deal pour la Grèce », par Yanis Varoufakis 29.04.2015 à 15h10 • Mis à jour le29.04.2015 à 15h24 | Jean-Baptiste Chastand (Strasbourg, envoyé spécial) La charge la plus sérieuse est venue du président de la Commission européenne lui-même. En français et en allemand, Jean-Claude Juncker a étrillé mercredi 29 avril devant le Parlement européen réuni à Strasbourg les décisions prises par les chefs d’Etat et de gouvernement, jeudi 23 avril, en réponse au terrible naufrage en Méditerranée, qui avait fait plus de 800 morts le dimanche précédent. « La réponse a été immédiate mais pas suffisante », a expliqué M. Juncker devant les eurodéputés à Strasbourg, lors d’une séance extraordinaire très attendue.« Il ne suffit pas de combattre les symptômes de la crise. J’en ai assez des poètes, c’est bien de se montrer ému, mais il faut aller bien au-delà », a déclaré M. Juncker, sous les applaudissements.Lire aussi :Juncker : « Le sommet européen sur l’immigration m’a déçu »Auparavant, Donald Tusk, le président du Conseil européen, qui regroupe les chefs d’Etat et de gouvernement, avait pris la défense des solutions adoptées le 23 avril lors du sommet extraordinaire. « Nous allons tripler les fonds et augmenter la capacité opérationnelle de Triton [la mission de sauvetage européenne] », a vanté M. Tusk, sans toutefois beaucoup de conviction. « Nous n’avons pas d’illusion, l’été sera sans doute difficile », a convenu l’homme politique polonais, en pointant le problème de l’absence de gouvernement stable en Libye.« Grave erreur »Triton devrait uniquement retrouver les moyens qui étaient ceux de la mission Mare Nostrum, financée par l’Italie et arrêtée en octobre 2014, soit 9 millions d’euros par mois, contre moins de trois actuellement. « Ce fut une grave erreur que de mettre un terme à la mission Mare Nostrum, elle a coûté des vies humaines », a fustigé M. Juncker.Lire aussi :Naufrages en Méditerranée : Frontex et sa mission « Triton » mises en causeLe président de la Commission a plaidé pour la « mise en place d’un système de quotas » pour répartir la charge des demandes d’asile en fonction des pays, mais également pour ouvrir le débat de la facilitation de l’immigration légale. « Il faut ouvrir les portes pour éviter que les gens entrent par les fenêtres », a avancé M. Juncker. La Commission doit présenter le 13 mai ses propositions précises sur l’immigration.Mais ces solutions sont toutes très sensibles pour les chefs d’Etat et de gouvernement. Ceux-ci n’ont en effet même pas réussi à s’entendre pour faire venir 5 000 demandeurs d’asile à répartir entre les différents pays de l’Union européenne, alors que cette solution avait été évoquée avant le conseil européen du 23 avril.M. Tusk a seulement promis qu’« un projet pilote pour la réinstallation des migrants dans l’Union européenne » devrait bien voir le jour, mais ses détails ne seront probablement présentés qu’en juin, en même temps que le calendrier des renforcements des moyens de Triton.La plupart des groupes du Parlement européen ont voté une résolution reprenant la majorité des idées avancées par la Commission. Celle-ci a toutefois fait l’objet de longues et difficiles tractations entre groupes et entre nationalités. Les eurodéputés du Parti populaire européen (PPE, droite) français n’ont par exemple pas caché leurs critiques sur certains des propos de M. Juncker, pourtant issu du même parti. « Sa formule sur les portes fermées est très séduisante, mais totalement non opératoire. Nous sommes contre un système de quotas centralisé par la Commission », explique l’UMP Arnaud Danjean.Divergences profondesDerrière l’unanimité à dénoncer la timidité de la réponse des gouvernements européens, les divergences sont donc profondes sur les solutions à apporter. Tout en demandant la mise en place de quotas contraignants, Manfred Weber, le président du groupe PPE, a par exemple défendu que « quiconque affirme que nous allons ouvrir les portes à l’immigration légale se leurre ». Selon lui, « si nous ouvrons l’immigration légale, nous allons créer un appel d’air ». Au nom de l’Alliance des libéraux et des démocrates pour l’Europe (centristes), la néerlandaise Sophia in’t Veld a, elle, défendu l’inverse : « Nous avons besoin d’immigration pour notre prospérité. »L’idée de créer des quotas contraignants a suscité de grandes réticences de la part des parlementaires polonais, un pays qui accueille très peu de migrants, et dont les eurodéputés PPE ne devraient pas voter la résolution. Mais également au sein des sociaux-démocrates, dont certains estiment que les quotas ne sont pas respectueux du droit des migrants à choisir leur lieu d’installation.La résolution ne parle pas non plus d’une éventuelle réforme du traité de Dublin, qui impose au premier pays d’accueil européen de traiter la demande d’asile. L’Italie demande depuis longtemps que cette règle soit revue, sans jusqu’ici avoir réussi à convaincre une majorité des autres pays européens. De leur côté, les représentants des partis populistes n’ont eu de cesse de demander que l’Europe s’inspire des solutions appliquées en Australie pour empêcher les migrants de mettre les pieds dans le pays en refoulant les bateaux.Lire aussi :Immigration : les limites du modèle australienJean-Baptiste Chastand (Strasbourg, envoyé spécial)Journaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.04.2015 à 11h04 • Mis à jour le29.04.2015 à 11h08 Des militants anarchistes s'en sont pris mardi 28 avril au ministre des finances grec Yanis Varoufakis dans un restaurant d'Athènes, a annoncé l'intéressé, soulignant que son épouse l'avait protégé de jets d'objets en verre.Le couple venait de finir de dîner avec des amis dans le quartier d'Exarchia, théâtre de fréquentes manifestations d'extrême gauche, quand le groupe a fait irruption dans la cour du restaurant et lui a demandé de quitter « leur secteur ». Le ministre raconte dans un communiqué :« Ils m'ont visé pendant quelques secondes sans m'atteindre. J'ai entamé un dialogue avec eux, disant que je voulais entendre ce qu'ils avaient à dire, au risque d'être touché. Après quinze minutes de discussion tendue mais non violente, les esprits se sont calmés. »Ecarté de l'équipe de négociationsLes positions affichées par Yanis Varoufakis contre les mesures d'austérité imposées par les créanciers internationaux d'Athènes lui valent la sympathie de nombreux Grecs, mais sa franchise et son style ne font pas l'unanimité. Il y a quelques semaines, une série de photos posées dans l'hebdomadaire français Paris Match lui avait valu de nombreuses critiques dans son pays.Le premier ministre Alexis Tsipras a écarté son ministre des finances de l'équipe chargée des négociations avec l'Union européenne et le Fonds monétaire international. Ce que le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, a salué comme un « bon signal ».Lire (édition abonnés) : Yanis Varoufakis écarté des négociations avec l’Europe 29.04.2015 à 02h12 • Mis à jour le29.04.2015 à 06h54 Le nouveau gouvernement en avait fait un symbole. Le Parlement grec a voté, dans la nuit du mardi au mercredi 29 avril, le rétablissement de la radio-télévision publique Ellinikí Radiofonía Tileórasi (ERT, Radio télévision hellénique), fermée brutalement il y a deux ans par le précédent gouvernement de coalition droite-socialistes dans le cadre de la politique d'austérité.Le rétablissement de la ERT, qui remplace son ersatz Nerit, instauré un an après la fermeture de la ERT, était l'une de promesses électorales du nouveau gouvernement de la gauche radicale Syriza, au pouvoir depuis trois mois. La fermeture de la ERT, le 11 juin 2013, avait provoqué un choc dans le pays et un émoi international.Lire (en édition abonnés) : Grèce : l’audiovisuel public en passe de renaître de ses cendresRéintégration des 1 550 anciens employésLe projet de loi intitulé « Règles pour l'organisme public de radio-télévision (ERT), société anonyme » a été voté surtout par la majorité du gouvernement de coalition de gauche radicale et des Grecs Indépendants. Certains articles ont été votés par les socialistes Pasok et la Rivière (centre-gauche). Le principal parti d'opposition de droite Nouvelle-Démocratie a voté contre le projet de loi.Outre le remplacement du titre de Nerit par le titre historique ERT, la nouvelle loi prévoit la réintégration des 1 550 anciens employés de la ERT qui le souhaitent. Au total ERT comptait plus de 2 600 salariés mais des centaines sont partis à la retraite après sa fermeture tandis que d'autres avaient été embauchés par la Nerit. 2 300 personnes formeraient la nouvelle ERT, selon la presse. La loi stipule que « le coût de la ERT s'élève à 60 millions d'euros par an et qu'il sera couvert par la redevance qui a été fixé à 3 euros par mois ».Critiquée dans le passé pour ses gaspillagesFermée dans le cadre des mesures de rigueur imposées par les créanciers du pays, UE et FMI, la ERT avait été remplacée un an plus tard par Nerit, un organisme à budget réduit qui ne comprenait que 500 employés. Le premier ministre Alexis Tsipras s'était engagé à rouvrir ERT, critiquée dans le passé pour ses gaspillages et sa pléthore d'employés.Le gouvernement a assuré qu'il ne se contentait pas de retourner à l'ancien cadre qui régissait ERT mais qu'il allait faire face aux problèmes de l'ancienne ERT mais « sans les initiatives inadmissibles du précédent gouvernement comme d'imposer un écran noir ».La fermeture de ERT en juin 2013 avait provoqué de nombreuses manifestations, soutenues à l'époque par Syriza, qui était alors le principal parti d'opposition, tandis que l'organisme des radio-télévisions européennes UER avait condamné cette fermeture.La présidente du Parlement Zoe Konstantopoulou a qualifié la fermeture de la ERT « d'acte le plus autoritaire du précédent gouvernement ». Le ministre en charge de la télévision publique Nikos Pappas a de son côté assuré que « la ERT serait un organisme fiable, qui rétablira le sentiment de justice ». 28.04.2015 à 16h40 • Mis à jour le28.04.2015 à 16h48 | Eric Albert (Londres, correspondance) L’économie du Royaume-Uni, la plus dynamique des pays du G8 en 2014, a connu un ralentissement surprise au premier trimestre de cette année. La croissance du produit intérieur brut (PIB) n’a été que de + 0,3 %, selon les données du Bureau national des statistiques, publiées mardi 28 avril. C’est moitié moins qu’au trimestre précédent et c’est aussi la plus faible performance de l’économie britannique depuis la fin de 2012. La croissance sur douze mois (de avril 2014 à mars 2015) s’élève néanmoins à + 2,4 %.A neuf jours des élections législatives – elles doivent se tenir outre-Manche, le 7 mai – il s’agit d’une mauvaise nouvelle pour le premier ministre, David Cameron, et son gouvernement de coalition composé de conservateurs et de libéraux-démocrates. « Le pays a peut-être connu un taux de croissance inférieur à celui de la zone euro, pour lequel nous prévoyons + 0,4 % », souligne Elizabeth Martins, économiste à HSBC« Nous sommes à un moment critique, reconnaît George Osborne, le chancelier de l’Echiquier. Nous devons nous rappeler que nous ne pouvons pas considérer la croissance comme une évidence. » Sous-entendu : il serait dangereux de confier les clés aux travaillistes alors que la reprise demeure fragile. Le Labour réplique, lui, que « l’économie n’est pas encore réparée ».Baisse de l’activité dans le BTPLe ralentissement de la croissance outre-Manche est essentiellement une conséquence de la baisse de l’activité dans le secteur de la construction (– 1,6 % au premier trimestre). L’agriculture et la production industrielle ont aussi affiché un repli, mais plus modeste, respectivement de – 0,2 % et de – 0,1 %. Quant au secteur des services, qui représente la grande majorité de l’économie, il est désormais un peu moins dynamique avec une progression de 0,5 %, contre 0,9 % au trimestre précédent.Les chiffres des exportations ne sont pas encore disponibles, mais de nombreux économistes estiment que le renchérissement de la livre sterling face à l’euro a dû avoir un impact négatif.Depuis le début de l’année 2014, la croissance du pays s’est avérée un peu moins dynamique à chaque trimestre : + 0,9 % au premier trimestre de 2014, puis + 0,8 %, + 0,6 %, +0,6 % et désormais + 0,3 %.Il faut néanmoins prendre ces nouvelles statistiques avec prudence. Il ne s’agit que de la première estimation du PIB, réalisée avec un peu moins de la moitié des données utilisées pour le calcul final. De plus, les chiffres de la construction sont particulièrement volatils et sont régulièrement révisés à la hausse ou à la baisse dans un deuxième temps.La confiance des ménages reste élevéeD’ailleurs, aucun économiste ne s’alarme. « Nous prévoyons + 2,4 % de croissance pour 2015. Ce sera en baisse par rapport aux 2,8 % de 2014, mais cela reste à un niveau historiquement élevé », estime Alicia Higson, économiste au Centre for Economics and Business Research. Elle souligne que la confiance des ménages reste élevée et que la consommation devrait donc continuer à soutenir l’économie.Elle s’inquiète cependant pour le moyen terme. Un retour de l’inflation, qui a disparu suite à la chute des prix du pétrole, pourrait de nouveau réduire le pouvoir d’achat des ménages. Les exportations pourraient aussi continuer à souffrir de la hausse de la livre face à l’euro. Enfin, les nouvelles coupes budgétaires promises par le futur gouvernement – qu’il soit conservateur ou travailliste – devraient également avoir un impact. Si l’économie britannique demeure solide, sa croissance parait soudain moins spectaculaire.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Mathilde Damgé 140 %de hausse des signalements, par les institutions financières suisses, de soupçons de fraudes en dix ans ; un quart d'augmentation sur la seule année 2014 par rapport à l'année précédente : ce sont les chiffres transmis mardi 28 avril par le Bureau de communication en matière de blanchiment d'argent en Suisse (Money Laundering Reporting Office Switzerland, MROS).Ces soupçons (signalés par des banques, mais aussi des gérants de fortune, des casinos, des négociants de métaux précieux ou des courtiers immobiliers) portent majoritairement sur le blanchiment. Ils concernent aussi de plus en plus des escroqueries (notamment sous forme de phishing, via l'utilisation frauduleuse de messages électroniques), des abus de confiance, de la corruption, des manipulations de cours boursiers ou des financements d'organisation criminelle. #container_1430211933946{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1430211933946{ height:500px; } #container_1430211933946 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1430211933946 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1430211933946 .subtitre{ display:block; }Le nombre de signalements à son plus haut niveau historique(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1430211933946", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "https://www.fedpol.admin.ch/fedpol/fr/home/aktuell/news/2015/2015-04-28.html", "_blank" ); } } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"Office fédéral de la police", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"datetime", categories:null, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value:%Y}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:" signalements", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "%Y" }, legend:{ enabled:false, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de signalements", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 1104537600000, 729 ], [ 1136073600000, 619 ], [ 1167609600000, 795 ], [ 1199145600000, 851 ], [ 1230768000000, 896 ], [ 1262304000000, 1159 ], [ 1293840000000, 1625 ], [ 1325376000000, 1585 ], [ 1356998400000, 1411 ], [ 1388534400000, 1753 ] ], "color": "#0386c3" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);L'organisme chargé de transmettre ensuite ces signalements aux autorités de poursuite pénale de Suisse et des pays concernés, explique ce bond des dénonciations par une « sensibilisation croissante et permanente des intermédiaires financiers ».Lexique : le blanchiment consiste à dissimuler l'origine d'argent acquis de manière illégale et à le réinvestir dans des activités légales. A l'origine des opérations de blanchiment, il y a donc des infractions, listées par le Groupe d'action financière (Gafi). Il y a de nombreuses façons de blanchir de l'argent : en faisant appel à un complice dans une banque, en achetant des biens de grande valeur mis au nom de quelqu'un d'autre, en achetant des jetons dans un casino puis en les encaissant sous forme de chèque... La France en 3e position« Ce chiffre record n'était pas prévisible pour 2014, car aucun événement particulier n'a été enregistré comme cela avait été le cas en 2011 ("printemps arabes") ou en 2012 (un cas de grande envergure) », explique toutefois le MROS – le cas de 2012 fait référence au démantèlement du réseau franco-suisse des frères Elmaleh dans lequel avait été impliquée une élue verte de Paris. Une vingtaine de personnes, soupçonnées d'avoir blanchi près de 12 millions d'euros en Suisse, avaient été mises en examen cette année-là. Deux des frères seront condamnés à des peines de prison.Dans le cadre de la lutte internationale contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, l'échange d'informations doit permettre de remonter rapidement aux responsables : les statistiques élaborées par le MROS, grâce à sa coopération avec ses homologues étrangers, montrent que la France est en 3e position parmi les pays demandeurs d'informations. #container_1430216009883{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1430216009883{ height:500px; } #container_1430216009883 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1430216009883 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1430216009883 .subtitre{ display:block; }La France très demandeuse d'informations à la Suisse(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1430216009883", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "https://www.fedpol.admin.ch/fedpol/fr/home/aktuell/news/2015/2015-04-28.html", "_blank" ); } } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"Office fédéral de la police", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"Nombre de demandes étrangères d'informations" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"linear", categories:["divers","Etats-Unis","Liechtenstein","France","Autriche","Italie","Luxembourg","Espagne","Grande-Bretagne"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "" }, legend:{ enabled:false, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "personnes concernées", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 1339 ], [ "", 399 ], [ "", 282 ], [ "", 194 ], [ "", 185 ], [ "", 171 ], [ "", 135 ], [ "", 117 ], [ "", 107 ] ], "color": "#0386c3" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Les sommes impliquées ont augmenté de 12 % durant l'année sous revue, pour atteindre 3,3 milliards de francs suisses, soit environ 3,2 milliards d'euros. En 2014, une dénonciation a dépassé le seuil des 200 millions de francs, tandis que six autres concernaient des montants dépassant les 75 millions de francs. A elles seules, ces sept communications ont contribué à presque un tiers du chiffre total des valeurs patrimoniales annoncées.Lexique : il ne faut pas confondre la fraude fiscale avec l'évasion (ou l'optimisation/soustraction) fiscale, qui peut être légale si elle est déclarée. L'évasion fiscale, contre laquelle luttent férocement les Etats depuis trois ans, n'est pas au centre du rapport du MROS dans la mesure où cette catégorie d'infraction n'a été intégrée dans le périmètre de l'organisme qu'en 2015. Comment la Suisse a renoncé au secret bancaireMathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Christophe Ayad Enquête sur ces armes qui, l’exemple syrien le prouve, demeurent une lourde menace pour la sécurité (mardi 28 avril, à 20 h 50, sur Arte).Ce n’est pas par coïncidence que l’on célèbre, en ce mois d’avril 2015, le centenaire du génocide des Arméniens et celui de la toute première attaque à l’arme chimique. Le 22 avril 1915, deux jours avant le début du premier massacre de masse planifié de l’histoire contemporaine, l’armée allemande utilisait des gaz de combat sur le front d’Ypres, en Belgique.Pas de hasard dans l’apparition concomitante de l’arme chimique et de la logique génocidaire. La combinaison des deux culminera moins de trente ans plus tard avec l’horreur des camps d’extermination et l’utilisation du Zyklon B dans le cadre de la « solution finale » par les nazis contre les juifs d’Europe. Dans les années 1930-1940, le Japon fit un usage massif d’armes chimiques lors de son invasion de la Chine.Malgré la Shoah, les grandes puissances, poussées par le lobby industriel chimique, ont continué à accumuler des arsenaux colossaux. Et à en vendre à des pays comme la Syrie ou l’Irak.Démantèlement et contrôleCe n’est qu’en janvier 1993, après la fin de la guerre froide, que les Etats-Unis et la Russie décidèrent de prohiber les armes chimiques. Plus pour des raisons de coût de production, de stockage et d’élimination que par humanisme. La Convention pour l’interdiction des armes chimiques, de 1993 – et ratifiée par 191 pays, sauf l’Egypte, Israël, le Soudan du Sud et la Corée du Nord – est unique : la seule à prévoir un démantèlement d’un type d’armes et un mécanisme de contrôle permanent. Des dispositions appliqués par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, récipiendaire du prix Nobel de la paix en 2013.Sans l’attaque chimique de la Ghouta (banlieue de Damas), le 21 août 2013, qui fit 1 500 morts, le grand public n’aurait jamais entendu parler de cette organisation, qui supervisa le désarmement chimique du régime syrien. Malgré cette avancée, obtenue sous la pression internationale, Damas continue de bombarder des civils à l’aide de chlore à l’état gazeux, une substance non prohibée par la Convention. L’exemple syrien, la prolifération de groupes terroristes et les dégâts créés par ces substances, même périmées, rappellent que les armes chimiques sont loin d’appartenir au passé, comme le souligne ce documentaire.Le Souffle de la guerre chimique de Fabienne Lips-Dumas (Fr.-Can.-Bel., 2015, 85 min). Mardi 28 avril, à 20 h 50, sur Arte.Christophe AyadRédacteur en chef InternationalSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.04.2015 à 16h55 • Mis à jour le27.04.2015 à 17h09 Le 23 avril, l’Union européenne a annoncé qu’elle renforcerait la surveillance en Méditerrannée. Mais en visant les passeurs, n’oublie-t-on pas le devoir d’assistance aux migrants, après le naufrage au large de la Libye, d’un bateau qui a fait près de 800 morts, ce drame intervenant quelques jours après deux autres naufrages de migrants qui ont fait quelque 450 disparus?- Non à l’égoïsme face à l’exil, par Yves Pascouau (Directeur du programme « Migration and Diversity », European Policy Centre, Bruxelles). En 2015, près d’un demi-million de réfugiés vont affluer vers l’Europe, en l’absence de la moindre volonté politique de les accueillir.- Retrouvons de la compassion pour les damnés de la mer, propos recueillis par Marc-Olivier Bherer. L’historien Benjamin Stora, également président du conseil d’orientation du Musée de l’immigration, déplore l’absence d’une plus grande mobilisation citoyenne en faveur des migrants clandestins. La solidarité recule avec la montée du néonationalisme en Europe.- Des rescapés qui n’accusent pas que les passeurs, par Hélène Crouzillat et Laetitia Tura, réalisatrices du documentaire Les Messagers, qui recueille la parole de migrants qui ont tenté le voyage vers l’Europe depuis l’Afrique. Ce film est actuellement en salle). L’insistance européenne à vouloir refouler les migrants mène certains d’entre eux à la mort. Des exactions sont commises sans que ces faits soient portés à l’attention du public. Quand le naufrage survient, le passeur fait figure de coupable idéal. Or, cette culpabilité, limpide et objectivement impossible à contredire, permet de dissoudre les causes. En outre, les passeurs ont bien compris qu’ils peuvent désormais faire commerce de l’humain – à une échelle industrielle –, quand persiste à tous niveaux un déni de la violence à l’œuvre dans les frontières.- L’Union européenne cesser d'être hostile à l’accueil des réfugiés, par Olivier Clochard, chercheur au CNRS au sein du laboratoire Migrinter de l’université de Poitiers et président du réseau Migreurop. Une guerre, qui ne dit pas son nom, mais multiplie les victimes dans les eaux de la Méditerranée, est entretenue par la politique d’immigration désastreuse de l’Europe. L’Union européenne doit d’urgence changer de position.- Les réponses de l'Italie garantissent que de nouvelles tragédies se produiront en Méditerranée, par Sara Prestianni (photographe et spécialiste des migrations).- « Pas de commerçants de mort, s'il vous plaît, mais plutôt des commerçants de vie », par Giampaolo Musumeci (journaliste, coauteur avec Andrea di Nicola de Trafiquant d’hommes (Liana Levi). 27.04.2015 à 16h22 • Mis à jour le27.04.2015 à 16h22 Quatre jours après le sommet « extraordinaire » de l'Union européenne lors duquel les Vingt-Huit ont décidé de tripler le budget mensuel de l'opération « Triton », le secrétaire général de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) a fait valoir que le drame des migrants en Méditerranée exigeait une « réponse globale » à laquelle l'Alliance atlantique contribue en aidant à « stabiliser les pays de la région ». Lire notre analyse (abonnés) : Migrants : des moyens, mais pas de stratégie pour l’UE« Nous devons être unis pour affronter cette crise. Il s'agit d'un énorme défi international qui demande une réponse globale », a déclaré Jens Stoltenberg au cours d'une visite à Lisbonne. « Ce que l'OTAN fait afin de stabiliser l'Afghanistan est un élément d'une réponse élargie au problème des réfugiés en Méditerranée », a-t-il ajouté, citant également la coopération militaire avec la Jordanie et l'Irak.« Nous sommes prêts à aussi coopérer avec la Libye, dès que la situation sécuritaire le permettra », a-t-il souligné à l'issue d'une rencontre avec le ministre des affaires étrangères portugais Rui Machete.Lire notre reportage : La Libye, un ancien eldorado transformé en chaosChaque institution joue « un rôle différent »Saluant les mesures prises par l'Union européenne (UE) « afin d'augmenter sa présence en mer pour aider les personnes en détresse et aussi pour lutter davantage contre le trafic d'êtres humains », M. Stoltenberg a rappelé que chaque institution jouait « un rôle différent » : « L'UE travaille au niveau du contrôle des frontières et des politiques d'immigration. L'OTAN aide à stabiliser les pays de la région [...] cette question ne concerne pas uniquement l'Afrique du Nord, car nous savons que ces migrants viennent d'aussi loin que l'Asie, l'Afghanistan ou le Moyen-Orient. »Lire aussi (abonnés) : Le petit pas de l’UE contre les drames de l’immigrationLe secrétaire général de l'OTAN s'exprimait huit jours après la plus grave tragédie concernant des migrants en Méditerranée, quand un chalutier avec quelque 750 personnes à son bord a fait naufrage, provoquant la mort de 24 personnes, 700 autres étant portées disparues.Voir aussi notre grand format : La Sicile, terre d’immigration désemparée face à l’afflux des clandestins 26.04.2015 à 20h37 L'opposant Mustafa Akinci, un modéré classé à gauche, a facilement remporté dimanche 26 avril le second tour de l'élection présidentielle dans la République turque de Chypre du nord (RTCN).Mustafa Akinci, 67 ans, qui entend relancer le processus de paix dans l'île divisée depuis 1974, a obtenu 60,3 % des voix, loin devant le président sortant, Dervi Erolu.Environ 64 % des 176 000 inscrits ont participé au scrutin dans ce petit bout de territoire non reconnu par la communauté internationale, qui occupe le tiers nord de Chypre. La RTCN, créée en 1983 et sous le coup de sanctions internationales, est uniquement reconnue par Ankara, qui contribue à un tiers de son budget, et finance l'immense majorité de ses infrastructures.Reprise des pourparlers de paix attendue en maiNicos Anastasiades, le président de la République de Chypre, dont l'autorité de s'étend que sur la partie sud de l'île, a dans un tweet salué la victoire de M. Akinci, un choix « prometteur pour le développement de notre patrie commune ».The selection of @MustafaAkinci_1 is a hopeful development for our common homeland. I look forward to have a meeting with him #Cyprus— Nicos Anastasiades (@AnastasiadesCY)require(["twitter/widgets"]);MM. Anastasiades et Akinci devraient se rencontrer très rapidement à l'occasion de la reprise des pourparlers de paix, attendue pour mai.Les difficiles pourparlers en vue de la réunification entre les deux parties de Chypre, la République de Chypre, membre de l'Union européenne, et la République turque de Chypre du nord, reconnue seulement par Ankara, sont bloqués depuis six mois.Lire aussi : La Turquie veut-elle vraiment sortir de l'impasse diplomatique à Chypre ? 26.04.2015 à 02h21 • Mis à jour le26.04.2015 à 06h09 La marine britannique a saisi jeudi plus de deux tonnes de cocaïne à bord d'un remorqueur arraisonné à l'Est de l'Ecosse sur la base de renseignement fournis par la France, a annoncé dimanche 26 avril la douane française.La direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED) « a transmis un renseignement précis permettant à deux navires de la Royal Navy et des garde-côtes britanniques d'arraisonner un remorqueur à 100 km à l'est de l'Ecosse transportant une quantité très importante de cocaïne, supérieure à deux tonnes », affirme la douane dans un communiqué.Route suspecteLa drogue a été découverte à bord du Hamal, un remorqueur de 35 mètres immatriculé aux Iles Marshall et appartenant à une société ukrainienne. Le navire, repéré par la DNRED, remontait des Canaries, quittés mi-avril, vers le nord de l'Europe. Son trajet, qui contournait les îles britanniques par l'ouest, à l'écart des routes maritimes habituelles, « faisait craindre qu'un chargement de cocaïne en provenance d'Amérique du Sud était intervenu au large des Iles Canaries », précise la douane française.Jeudi, la frégate britannique HMS Somerset et le patrouilleur des garde-côte Valiant ont intercepté le Hamal à l'est d'Aberdeen (Ecosse). Les neuf membres turcs de l'équipage, âgés de 26 à 63 ans, sont en garde à vue et doivent être présentés lundi à un tribunal d'Aberdeen pour être poursuivis pour trafic de drogue, selon la NCA. Cette saisie intervient dix jours après celle de 2,25 tonnes de cocaïne au large de la Martinique à bord d'un voilier, la plus importante jamais réalisée par la douane française. Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) Tournant dans l'histoire de Volkswagen (VW). Ferdinand Piëch, figure centrale du groupe automobile depuis vingt-deux ans, a démissionné, samedi 25 avril, de tous ses mandats de président du conseil de surveillance qu'il exerçait au sein de l'entreprise. Cette décision constitue un nouveau coup de théâtre dans la guerre des chefs qui déchire le constructeur depuis deux semaines. Elle marque aussi la fin d'une ère qui a porté VW au sommet de l'industrie automobile mondiale.Samedi, dans l'après-midi, le groupe a publié un communiqué de presse annonçant que « les membres du présidium du conseil de surveillance [avaient] constaté que, au vu des événements de ces dernières semaines, la confiance réciproque nécessaire à une bonne collaboration n'[était] plus là » et que, prenant acte de ce fait, M. Piëch « démissionnait de tous ses mandats au sein des conseils de surveillance du groupe Volkswagen avec effet immédiat ».Sa femme, Ursula Piëch, membre du conseil de surveillance, a également démissionné. L'intérim à la direction du conseil doit être assuré par Berthold Huber, vice-président de l'instance et ancien chef du syndicat IG Metall, qui présidera notamment la prochaine assemblée générale du groupe prévue le 5 mai.La victoire des représentants du personnelChef incontesté du groupe automobile il y a encore deux semaines, Ferdinand Piëch, 78 ans, a finalement perdu la bataille qu'il avait lui-même lancée. Vendredi 10 avril, dans une interview donnée au magazine Der Spiegel, il avait déclaré « avoir pris ses distances » avec le président du directoire, Martin Winterkorn. Ces quelques mots avaient déclenché au sein du groupe un véritable tremblement de terre, dont les répliques ont marqué l'actualité ces deux dernières semaines.M. Piëch, déçu des performances de son ancien protégé qu'il souhaitait voir remplacer, s'est finalement mis à dos l'ensemble des membres du présidium du conseil de surveillance. Jusqu'au bout, Ferdinand Piëch aura essayé d'imposer ses vues.Désavoué le 16 avril par les représentants du personnel, majoritaires au sein du présidium du conseil de surveillance, il a tenté la semaine dernière de convaincre sa famille, actionnaire majoritaire du groupe automobile, de se rallier à son point de vue. En vain.Qurelle familialeSon départ complique encore la tâche de VW qui doit renouveler, dans les prochains mois, les postes de président du directoire et de président du conseil de surveillance qui arrivent à échéance au plus tard dans deux ans. Pis, cette violente bataille à la tête de VW va laisser des traces profondes : elle jette le doute sur les capacités de Martin Winterkorn, jusqu'ici considéré comme l'un des meilleurs managers de l'histoire de VW, à diriger le groupe, tout en jetant une lumière crue sur les faiblesses du constructeur et sur les conflits au sommet de l'entreprise et à l'intérieur de la famille Porsche-Piëch.Jusqu'ici, Ferdinand Piëch avait exercé son pouvoir sans partage et influencé la plupart des décisions stratégiques. Lui vaincu, c'est le représentant du personnel Bernd Osterloh et son allié Stephan Weil (SPD), ministre-président du Land de Basse-Saxe, actionnaire à 20 % de VW, qui apparaissent comme les grands gagnants du bras de fer à la tête de VW. Or, le groupe Volkswagen va devoir faire face à d'importants défis ces prochaines années s'il veut rester compétitif.Lire aussi (édition abonnés) : Ferdinand Piëch, l’inflexible chef de la « maison Volkswagen »Pour Ferdinand Piëch, visionnaire mais aussi critique du groupe, l'entreprise a accumulé deux problèmes principaux : un échec aux Etats-Unis et surtout une marge trop faible sur la marque Volkswagen, qui représente 50 % des véhicules du groupe. Un spécialiste de la baisse des coûts a d'ailleurs été nommé récemment à la tête de la marque VW pour y mettre bon ordre.Restructuration difficileHerbert Diess, jusqu'ici soutenu par M. Piëch, doit désormais assumer la tâche difficile de restructurer VW dans un contexte où les représentants du personnel ont démontré leur influence. Dans ces conditions, il pourrait être difficile de prendre la décision de fermer une usine non rentable ou de supprimer des emplois.Par ailleurs, le degré d'intégration chez VW étant très élevé – le groupe fabrique lui-même une grande partie de ses pièces détachées –, il est plus compliqué d'y réduire les coûts que chez des constructeurs travaillant avec des sous-traitants. C'est parce que M. Piëch avait constaté depuis des mois l'incapacité du management à traiter ce problème qu'il a décidé de le porter sur la place publique. Mais le plan de restructuration du groupe, annoncé par Martin Winterkorn durant l'été 2014, a largement échoué. En partie à cause de l'opposition du président du comité d'entreprise. Une situation qui inquiète. Pour l'expert automobile Ferdinand Dudenhöffer, « il semble plus incertain que jamais que le groupe VW, ses actionnaires et ses salariés restent à long terme du côté des gagnants. »Lire aussi : Volkswagen, miroir de l’AllemagneCécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au Monde 25.04.2015 à 14h31 • Mis à jour le25.04.2015 à 14h44 | Marie Jégo (envoyée spéciale à Diyarbakir) Dans le petit salon de thé attenant à Surp-Giragos (Saint-Guiragos), la grande église arménienne de Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, Rahime Karakas, 54 ans, raconte comment sa vie a basculé un jour de mai 1985 : « Mon père est mort, je suis allée à l’Etat civil pour les formalités. Là, sur le registre, j’ai vu le prénom Sarkis, barré d’un trait, et le prénom Husseïn écrit par-dessus. Cela se voyait très nettement. J’étais en état de choc. Depuis, j’essaie de recoller les morceaux. » Jusque-là, Rahime pensait qu’elle était kurde, « je faisais partie d’une organisation féministe kurde, j’ai même fait de la prison à cause de cela ». Son père ne lui avait jamais rien dit de son passé mais elle avait des soupçons. Sur le fait, par exemple, qu’il était enfant unique et sans famille, autant dire une sérieuse anomalie au regard des critères kurdes. Et puis il y avait cette étrange invective – « Moskov » (Russe) – proférée par sa mère lorsque le couple se disputait. Il s’agissait d’une allusion à son origine cachée, car beaucoup d’Arméniens se rangèrent en 1915 aux côtés de la Russie, alors l’ennemie numéro un de la Sublime porte.Difficile de recoller les morceaux. Rahime a eu beau chercher, se rendre dans la ville d’origine de son père, à Harput, elle n’a jamais réussi à tirer le moindre fil. « Pour finir, j’ai mis une petite annonce dans Agos (le journal en turc et en arménien de la communauté arménienne de Turquie), mais ça n’a rien donné, j’avais trop peu d’indices, juste le prénom et la ville. »Elle s’est habituée à vivre avec les taches d’ombre de son passé. Elle a pris des cours d’arménien, s’est rendue à Erevan, a adopté la foi chrétienne en 2014 à Etchmiadzine (le saint-siège du patriarcat en Arménie). Une partie de sa famille n’a pas apprécié. Elle ne regrette rien : « Je suis devenue chrétienne à cause de ce qui a été fait à mon père. C’est une démarche politique, l’expression de mon opposition. »« Affronter notre passé dans les yeux »Sa nouvelle famille est désormais à Saint-Guiragos, la plus vaste église arménienne du Moyen-Orient, restaurée de pied en cap en 2011 grâce aux fonds de la diaspora, de la communauté arménienne de Turquie et de la mairie de Diyarbakir, tenue par le Parti démocratique des régions (DBP, pro-kurde).Chaque mois, les Arméniens – musulmans et chrétiens – s’y retrouvent pour un petit déjeuner festif dans le salon de thé. Et puis il y a les concerts, les baptêmes, les messes dans l’église. « Dans la région, beaucoup d’Arméniens ont été islamisés sous la contrainte il y a cent ans. Depuis la restauration de l’église, ils viennent. Tous ne se sont pas redevenus chrétiens, mais ils aiment retrouver un peu de leurs racines », explique Ergün Ayik, qui dirige la fondation propriétaire du lieu.Le clocher s’élève haut dans le ciel de la vieille ville de Diyarbakir en signe du réveil de la communauté. Située dans une petite ruelle de la vieille ville, l’église de basalte en a vu de toutes les couleurs depuis sa construction, en 1376. Le coup de grâce est venu en 1915, non pas à cause du coup de canon tiré sur le frêle clocher parce qu’il s’élevait plus haut que les minarets alentour, mais parce que la population qui remplissait l’église les jours de fête a disparu. « Autrefois, la moitié de la population de la ville était arménienne, aujourd’hui nous sommes une poignée », rappelle Ergün. L’isolement n’est plus de mise depuis que ceux de la diaspora sont de plus en plus nombreux à venir pour visiter l’église.Saint-Guiragos était en ruine, à ciel ouvert, lorsque Ergün Ayik, Gafur Turkay et quelques autres se sont mis en tête de trouver des fonds pour la restaurer. Pour cela, ils ont organisé des dîners de donateurs. Rien n’aurait été possible sans l’aide de la mairie de Diyarbakir, qui a financé les travaux à hauteur de 20 %. « Nos grands-pères, incités par d’autres, ont commis des crimes mais nous ne les imiterons pas », avait dit Abdullah Demirbas, à l’époque maire du quartier de la vieille ville, aux Arméniens venus lui demander de l’aide. « Revenez ! », tel est aujourd’hui le message des Kurdes aux Arméniens.En 1915, les Kurdes ont été les principaux exécutants des massacres. Incités par le pouvoir Jeune Turc, les clans kurdes les plus éminents y ont pris part, avec tous les bénéfices matériels qui allaient avec, saisie de terres, de maisons, de richesses. L’écrivain kurde de langue turque Seyhmus Diken rappelle que, dix ans plus tard, « les Kurdes se sont fait massacrer au moment de la révolte de cheikh Saïd » – un chef religieux kurde rebelle pendu sur la place centrale de Diyarbakir en 1925 avec 46 autres meneurs, par les armées de Mustafa Kemal. « Nous devons affronter notre passé dans les yeux, demander pardon et envisager des réparations », assure l’écrivain, signataire de « l’appel au pardon », une pétition en ligne lancée par des intellectuels turcs.Marie Jégo (envoyée spéciale à Diyarbakir)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.04.2015 à 09h13 • Mis à jour le09.04.2015 à 12h28 Amnesty international a accusé jeudi 9 avril les séparatistes prorusses de s'être livrées à des « exécutions sommaires » de soldats ukrainiens capturés dans l'Est. L'ONG, qui exige une enquête « rapide et impartiale », rappelle que de tels actes s'apparentent à des crimes de guerre. Elle cite notamment dans un communiqué le cas du soldat Igor Branovytski qui avait combattu à l'aéroport de Donetsk. « Une vidéo postée sur Youtube montre qu'il avait été frappé au visage. Il est resté en captivité jusqu'à sa mort », a indiqué Amnesty. Le militaire aurait été tué à bout portant par un chef rebelle. Les services de sécurité ukrainiens ont ouvert une enquête.Le responsable pourrait être Arseniy Pavlov, surnommé « Motorola ». Ce « commandant » russe à la tête d'une unité séparatiste, le bataillon Sparta, a raconté dans un entretien téléphonique avec le Kiev Post avoir personnellement abattu 15 soldats ukrainiens capturés par ses troupes.Amnesty affirme avoir vu des images des corps d'au moins trois autres militaires envoyés par Kiev exécutés selon l'ONG d'une balle dans la tête. Tous avaient avaient été faits prisonniers entre le 12 et le 18 février par les combattants prorusses à Debaltseve, nœud stratégique passé sous contrôle des rebelles en février après des combats acharnés en dépit de la trêve signée le 15 février. Interrogée sur les accusations d'Amnesty, une responsable séparatiste a « démenti les rumeurs selon lesquelles des prisonniers de guerre ont été tués dans la DNR », la république autoproclamée de Donetsk. « De tels faits n'ont pas eu lieu », a déclaré Daria Morozova, en charge des droits de l'homme dans la république séparatistes.Les forces ukrainiennes combattent depuis un an une rébellion séparatiste prorusse dans l'Est, armée et soutenue par la Russie, selon Kiev et les Occidentaux, ce que Moscou dément. Depuis son début en avril 2014, le conflit a fait plus de 6 000 morts. Mirel Bran Comment 1 milliard de dollars ont-ils pu disparaître des banques moldaves ? Les autorités de Chisinau paieraient cher pour le savoir. Pour le petit pays de 4 millions d'habitants, enclavé entre l'Ukraine et la Roumanie, une telle somme représente pas moins de 12,5 % de produit intérieur brut.C'est la Banque centrale de Moldavie (BNM) qui a découvert la fuite en réalisant que trois établissements bancaires avaient accordé des crédits pour un montant total d'1 milliard de dollars (927 millions d'euros). La transaction a été bouclée en l'espace de quelques jours, juste avant les élections législatives du 30 novembre 2014, remportées de peu par les partis pro-européens face à l'opposition prorusse. Les destinataires de ces crédits n'ont pas été identifiés. A croire que l'argent s'est purement et simplement évaporé.  « Je ne peux pas expliquer comment on peut voler une somme aussi importante dans un pays aussi petit ! », a réagi le représentant de l'Union européenne en Moldavie, Pirkka Tapiola. Les députés se sont saisis de l'affaire. Selon un rapport d'une commission parlementaire discuté à huis-clos, mais qui a filtré dans la presse, une partie de l'argent aurait été transférée dans quatre banques russes.Le parquet général a ouvert une enquête. Les procureurs anticorruption, épaulés par des détectives financiers américains, travaillent sur cette enquête depuis plusieurs semaines et ont multiplié les descentes et les perquisitions. Jusqu'ici deux personnes, dont l'identité est gardée secrète, ont été placées en détention provisoire et les biens de plusieurs autres, mis sous séquestre. ENQUÊTE OUVERTELe leader de l'opposition socialiste, Igor Dodon, assure quant à lui que ces fonds auraient fini dans les comptes de plusieurs compagnies offshore, « où l'on a perdu leur trace ». « Des crédits ont été octroyés tout en sachant qu'ils ne seront jamais remboursés », affirme-t-il. Le vice-premier ministre et ministre de l'économie, le Français Stéphane Bridé, ancien expert financier nouvellement nommé, parle lui prudemment de « transactions suspectes » massives.Début mars, les principaux partenaires financiers de la Moldavie – la Banque mondiale, l’UE et les Etats-Unis – ont exhorté les autorités moldaves à rendre public le montant des pertes subies par l’Etat dans cette affaire. Sous la pression internationale, le gouvernement de Chisinau a fait appel à la compagnie d’audit américaine Kroll pour démêler cette affaire fâcheuse.Pour éviter leur faillite, qui aurait provoqué un vent de panique dans l'ensemble du système bancaire, la BNM a placé sous sa gestion directe la Banque d'économies, l'Unibank et la Banque sociale, qui représentent environ un tiers des actifs bancaires du pays. « Je suis convaincu que la somme ne sera pas remboursée intégralement et que la différence sera transformée en dette publique », a affirmé Dumitur Ursu, président de la Ligue des banquiers.Depuis l’éclatement de cette affaire, le leu moldave a perdu 42 % de sa valeur. Le coup est rude pour les Moldaves, qui doivent se contenter d’un salaire moyen de 200 euros, d’autant qu’il intervient dans un contexte politique pour le moins compliqué.Affaire politiqueEn effet, trois partis proeuropéens étaient sortis victorieux des législatives de novembre : le Parti libéral-démocrate de Moldavie (PLDM), le Parti démocrate de Moldavie (PDM) et le Parti libéral (PL), ce dernier étant l’avocat le plus fervent de l’avancée des réformes sur la voie européenne. Elles disposaient de 54 députés face aux 47 députés communistes et socialistes pro-russes, une majorité suffisante pour mettre en place un gouvernement proeuropéen.Mais le PLDM et le PDM n’ont pas apprécié la pression mise sur le pays par la Commission européenne, principal bailleur de fonds de la Moldavie, pour réformer la justice. Ils ont donc préféré faire appel au soutien des communistes pour mettre en place, le 18 février, un gouvernement minoritaire. L’affaire financière est donc rapidement devenue politique.Le pays est historiquement très dépendant de la Russie. Or, Moscou a imposé un embargo sur les produits agroalimentaires après la signature d'un partenariat avec l'UE et a aussi entravé les transferts de fonds des travailleurs moldaves en Russie, qui correspondent au quart du PIB. Cet embargo pourrait faire plonger l'économie moldave en 2015 dans une récession de 1 % après une croissance de 4,6 % en 2014.Lire (en édition abonnés) : La Moldavie s’éloigne de l’EuropeMirel BranJournaliste au Monde 08.04.2015 à 12h35 • Mis à jour le08.04.2015 à 17h24 | Anne Eveno Présent depuis 2004 dans l’Hexagone, Google France lance, mercredi 8 avril, sa toute première campagne de publicité institutionnelle. D’un coût de 1,5 million d’euros, la première vague de cette opération, qui se déroulera jusqu’au 23 mai, veut mettre en avant des succès français incarnés par cinq ambassadeurs venant du monde des associations, des start-up ou des PME et qui ont réussi grâce à Internet et aux technologies Google.« Jusqu’ici, nous n’avions communiqué que sur les produits et jamais sur notre rôle dans l’écosystème du numérique français », souligne Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce, directrice de la communication de Google France. Cette campagne, baptisée « Moteur de réussites françaises » - et à laquelle l’entreprise travaille depuis 18 mois - intervient à un moment où le poids de Google, que ce soit en, France ou aux États-Unis, soulève de nombreuses critiques.Le groupe, qui détient sur le marché de la recherche sur Internet une part ultra-dominante (77 % aux États-Unis et plus de 90 % en Europe), est visé par plusieurs procédures.De l’autre côté de l’Atlantique, un sénateur américain a annoncé vouloir entendre l’agence fédérale américaine chargée de faire respecter le droit de la consommation (FTC) sur l’abandon d’une enquête pour anticoncurrence, qui visait Google en 2012.Lire aussi :Le Sénat américain va enquêter sur GoogleEncadrer les pratiquesEn Europe, Bruxelles serait sur le point de clore son enquête – ouverte il y a cinq ans – sur les pratiques anticoncurrentielles de Google. Et en France, des sénateurs ont déposé, jeudi 2 avril, un amendement au projet de loi Macron car ils estiment urgent de se donner les moyens d’encadrer les pratiques des moteurs de recherche : « Cet objectif passe par la mise en place d’une régulation ex ante [au préalable] », expliquent-ils dans l’exposé des motifs de l’amendement.Lire aussi :Un nouveau front s’ouvre contre Google en FranceNick Leeder, directeur général de Google France, interrogé par Le Monde, a refusé de commenter cette initiative sénatoriale. Le dirigeant insiste sur la place prise par la filiale française du géant américain auprès des entrepreneurs français et des acteurs du web.« Depuis notre installation à Paris en 2004, nos effectifs sont passés d’une petite quinzaine de personnes à 600 salariés dont une centaine d’ingénieurs » précise-t-il. M. Leeder souligne également le rôle joué par Google pour améliorer leur visibilité sur internet.Avec le programme Google pour les pros, lancé il y a trois ans, les équipes de Google ont rencontré 50 000 TPE et PME et la moitié d’entre elles ont désormais une présence en ligne. « D’ici fin 2015, nous voulons rencontrer 200 000 PME » annonce M. Leeder, « ce qui nécessitera l’emploi de 200 coaches, issus notamment des juniors entreprises, des universités et des écoles de commerce ».Le groupe insiste également sur son rôle auprès des associations en indiquant avoir offert, ces deux dernières années, 35 millions d’euros de publicité gratuite via les Google Ad Grants.Aide à l’internationalisationLe dernier axe d’action vanté pas Google est son soutien aux entrepreneurs, et particulièrement aux start-up. Depuis 2011, l’entreprise verse annuellement 1 million d’euros au Numa, emblématique lieu de l’innovation à Paris. Et Google France va lancer une nouvelle initiative, intitulée « Scale-up ».Ce soutien s’adresse aux start-up qui ont déjà réussi une première levée de fonds et a pour objectif de les aider à s’internationaliser, pour faire naître de futurs Blablacar par exemple.D’ores et déjà, dix start-up ont été sélectionnées et sont accompagnées par une équipe de dix personnes au sein de Google France.Lire aussi :Quand Google cherche le prochain GoogleAvec cette campagne, dans un moment difficile en termes d’image pour Google, la filiale française du moteur de recherche entend prouver sa « contribution certaine, incontournable et dans la durée » à l’économie française, affirme Mme Dauba-Pantanacce.Une volonté de clarté qui se heurte encore à une certaine culture de la confidentialité, puisque, aujourd’hui encore, Google France ne fournit pas le montant total de ses investissements en France.Anne EvenoJournaliste au Monde Claire Guélaud L’aide publique au développement (APD), en hausse de 66 % depuis l’an 2000, est restée globalement stable en 2014 dans les 28 pays membres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Elle a atteint 135,2 milliards de dollars (environ 124,1 milliards d’euros), représentant en moyenne 0,29 % de leur revenu national brut, a annoncé, mercredi 8 avril, l’OCDE.Cette stabilité recouvre des situations très différentes, puisque l’aide bilatérale a diminué de 16 % dans les pays les moins avancés, à 25 milliards de dollars (près de 23 milliards d’euros), du fait de moindres annulations de dettes, et de 5 %, à 28 milliards de dollars (environ 26 milliards d’euros), en Afrique.En volume d’aide, la France figure parmi les plus grands pays donateurs aux côtés des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et du Japon. Les crédits de l’APD – 10,7 milliards de dollars en 2014 (près de 9,8 milliards d’euros) – y ont toutefois diminué pour la quatrième année consécutive. Ils représentent 0,36 % de son revenu national brut, loin de l’objectif de 0,70 % fixé par l’ONU et respecté par seulement cinq pays (Danemark, Luxembourg, Norvège, Suède, Royaume-Uni).La France affiche même la cinquième plus forte baisse (- 9,2 %) des 19 pays européens membres du CAD de l’OCDE.Lire aussi :Aide publique au développement, le recul françaisEn 2014, précise l’organisation internationale, l’aide pays programmable (APP), quelle qu’en soit la source (pays membres et non membres du CAD, agences multilatérales), a chuté de 7 % en raison d’une forte baisse des crédits octroyés à l’Afghanistan, au Kenya, au Myanmar et à la Tanzanie.À partir de 2015, toutefois, les montants de l’APP devraient se redresser et bénéficier davantage, conformément aux décisions arrêtées en décembre 2014, aux pays les moins avancés (PMA).Année « cruciale »En France, les organisations non gouvernementales (ONG), regroupées au sein de Coordination Sud, demandent que les pays développés prennent l’engagement de consacrer au moins la moitié de leur APD aux pays les plus pauvres.Elles souhaitent aussi, à l’instar d’Oxfam, maintenir une certaine pression sur le Parlement pour obtenir un redressement de l’APD une fois la reprise économique assurée, comme François Hollande l’avait laissé entendre en 2013.L’année 2015 s’annonce comme une période « cruciale » avec la conférence des Nations Unies à Addis Abeba en juillet sur le financement du développement durable, avec la redéfinition en septembre, lors d’une autre conférence de l’ONU, des objectifs du développement pour l’après-2015 (17 objectifs de développement durable sont en cours de négociations) et enfin avec la COP21 (21e conférence des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) de décembre à Paris sur le réchauffement climatique.Autant d’occasions pour Oxfam et Coordination Sud de réitérer leur volonté de voir la France faire mieux en matière de financement du développement. Lire également : Emmanuel Faber : « Le modèle d'aide publique au développement est à bout de souffle »Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) Les élections législatives porteront aussi sur un ­sujet qui ne figure pas parmi les premières préoccupations des électeurs britanniques : l’appartenance à l’Union européenne, loin derrière la santé, l’emploi et l’immigration dans les sondages.Tandis que le premier ministre conservateur, David Cameron, promet d’organiser un référendum d’ici à 2017 sur une éventuelle sortie de l’UE (le « Brexit », pour British exit), son adversaire travailliste, Ed Miliband, exclut pareille consultation et qualifie de « désastre » une rupture avec l’Europe. En optant pour l’un ou l’autre, les Britanniques vont donc décider, non pas d’un « Brexit », mais de l’éventualité d’un référendum. A l’exception du Labour, tous les partis en lice défendent le principe de la consultation popu­laire, avec des objectifs divergents. Tandis que le UKIP, dont le « Brexit » est la première revendication, milite pour un référendum dès 2016, les lib-dem, les Verts et les nationalistes écossais du SNP, tous pro-européens, estiment que les électeurs doivent être consultés.« Je crois passionnément que quitter l’Europe diminuerait l’influence du Royaume-Uni dans le monde »Chef de file du SNP, Nicola Sturgeon juge le référendum « inévitable ». Elle compte s’appuyer sur un résultat contradictoire en ­Angleterre et en Ecosse pour réclamer un nouveau référendum, cette fois sur l’indépendance de l’Ecosse elle-même. « Quoi qu’en disent les responsables politiques, [les chefs de parti] ont transformé les élections de mai en un vote sur le fait de tenir ou non un... 08.04.2015 à 09h35 • Mis à jour le08.04.2015 à 13h26 Un Syrien vivant en Grande-Bretagne, ancien imam et militant opposé au président Bachar Al-Assad, a été trouvé mort dans le nord-ouest de Londres, tué par balle, rapporte la BBC mercredi 8 avril. Le Guardian rappelle que dans un de ses prêches, en mai 2014, il avait déclarait que le régime était « pire qu'un criminel et moins qu'un animal ». Certains lui reprochent d'avoir parlé devant une assemblée de partisans de la Jamaat-e-Islami, parti islamiste accusé de crime de guerre au Pakistan, et d'avoir été un prêcheur de la mosquée radicale An Noor. « La police a été appelée par les services médicaux d'urgence après qu'un homme, la quarantaine, a été trouvé mort par ce qui semblait être des blessures par balle dans la poitrine », affirme la BBC qui identifie la victime comme « Abdul Hadi Arwani, un ancien imam d'une mosquée de Londres. »La police londonienne n'a pas confirmé l'identité de la victime, mais a expliqué qu'une enquête pour meurtre était en cours après qu'un homme, la quarantaine avancée, avait été trouvé mort dans une voiture mardi à Wembley. « Les enquêteurs pensent connaître l'identité de la personne morte, mais une identification formelle est attendue », affirme la police de Londres dans un communiqué. « Une autopsie sera ordonnée le moment venu », est-il ajouté.Des amis et partisans de l'ancien imam lui ont rendu hommage sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, le militant et ancien prisonnier de Guantanamo Moazzam Begg, a écrit : « Qu'Allah ait pitié de lui. » 07.04.2015 à 19h44 • Mis à jour le08.04.2015 à 08h39 Il aura fallu attendre quatorze ans pour obtenir une condamnation. Ce sera finalement celle d'un pays. La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné, mardi 7 janvier, l'Italie pour n'avoir jamais poursuivi en justice, ni même identifié, les auteurs de violences policières contre des militants altermondialistes, en marge du sommet du G8 à Gênes en 2001. Des mauvais traitements pourtant assimilables à des « actes de torture » selon la CEDH. La scène s'était produite dans la nuit du 22 au 23 juillet, en marge du sommet international qui s'était tenu en 2001 dans la ville de Gênes. Le requérant, âgé de 62 ans au moment des faits, avait été frappé par des policiers masqués lors d'un assaut nocturne dans l'école Diaz qui servait de dortoir à 300 militants. L'homme avait subi plusieurs fractures, dont il porte encore aujourd'hui les séquelles, alors que 93 personnes furent arrêtées, puis emmenées dans une caserne où ils subirent d'autres sévices. Des violences « infligées de manière totalement gratuite », selon la CEDH.« Une vraie boucherie »A la suite de ces violences, plusieurs responsables policiers avaient été condamnés devant les tribunaux italiens. En juin 2007, Michelangelo Fournier, fonctionnaire de police, avait raconté lors de son procès :« C'est vrai, j'ai vu des policiers s'acharner sur des personnes sans défense, cela ressemblait à une vraie boucherie. Dans l'obscurité, j'ai vu quatre agents, deux en uniformes et deux en civil, matraquer une jeune fille, je leur ai crié d'arrêter, ils ont continué, j'ai dû les bousculer, ils m'ont insulté. Je suis resté tétanisé quand j'ai vu la fille avec le crâne fendu, dans une mare de sang (...). J'ai cru qu'elle était en train de mourir. »« Pourquoi parler si tard ? », lui avait demandé le juge. « Je n'en ai pas parlé par esprit de corps et amour de la patrie, avait répondu le fonctionnaire avant d'ajouter : Cette nuit-là, je l'ai portée comme une croix pendant six ans. »« Problème structurel »Mardi, les juges européens ont estimé que, « compte tenu de la gravité des faits », l'attitude des autorités n'avait pas constitué une « réaction adéquate ». Seuls des membres de la hiérarchie policière avaient été condamnés à des peines de prison relativement légères. Les policiers qui avaient pris part aux violences, eux, avaient échappé aux poursuites. La CEDH a ainsi « regretté que la police italienne ait pu refuser impunément d'apporter aux autorités compétentes » son concours pour identifier les auteurs des coups.Lire aussi notre analyse (en abonnés) : Les blessures de GênesSur la base de ces constats, la Cour européenne a donc estimé qu'un « problème structurel » existait dans la législation italienne, et a exigé des modifications en conséquence. Les juges européens ont par ailleurs ordonné aux autorités italiennes de verser 45 000 euros au requérant pour dommage moral. Rome a trois mois pour contester ce jugement.« Page noire » du paysPrenant acte du jugement européen, la présidente de la Chambre des députés, Laura Boldrini, a estimé que l'épisode marquait une « page noire » du pays. « Avec l'introduction du délit de torture dans le code pénal », qui doit être discutée à partir de jeudi à l'Assemblée, « le Parlement s'apprête finalement à combler un vide que les juges européens tout comme les citoyens italiens considèrent intolérable », a déclaré Mme Boldrini.La nouvelle loi devrait « servir à aligner l'Italie à l'Europe des droits de l'homme, qui n'est pas moins importante que l'Europe des paramètres économiques », a-t-elle promis.Voir aussi : Gênes 2001, récit d'une tragédieMort de Carlo GiulaniLes manifestations contre le sommet du G8 à Gênes avaient été marquées par de nombreuses violences. Celles-ci avaient culminé avec la mort d'un jeune contestataire, Carlo Giuliani, tué par un carabinier. Lire aussi (en abonnés) : « Le carabinier a tiré deux coups de feu sur le jeune »Cette affaire, qui avait suscité une vive émotion internationale et des critiques contre le gouvernement de Silvio Berlusconi, a fait l'objet d'un classement sans suite par la justice italienne en 2003. La Cour européenne des droits de l'homme avait condamné en 2009 l'Italie pour des manquements dans l'enquête sur la mort du jeune militant.Lire aussi : « Diaz, un crime d'Etat » : une tache indélébile sur la démocratie Morgane TualLes internautes turcs commencent à y être habitués : lundi 6 avril, YouTube, Twitter et Facebook ont été bloqués quelques heures par les autorités de leur pays. En cause, la diffusion de photographies présentant, un revolver sur la tempe, Mehmet Selim Kiraz, le procureur tué le 31 mars à l'issue d'une prise d'otage au tribunal d'Istanbul. Le blocage a été levé au bout de quelques heures, après que les sites concernés ont accepté de supprimer ces images et les comptes qui les avaient diffusées.Cette décision coup de poing, aussi brutale qu'éphémère, est représentative de la politique menée par le président turc Recep Tayyip Erdogan à l'encontre des réseaux sociaux, régulièrement censurés… Et aussitôt réactivés. Un peu plus tôt, le 13 mars, trois personnes avaient été arrêtées pour avoir insulté Erdogan sur Twitter.Une politique clairement hostile à Internet et aux réseaux sociaux. Et pourtant, parallèlement, Erdogan semble se les approprier. Le 9 février, le président turc a fait ses débuts sur Twitter en publiant son premier message, consacré à la lutte contre le tabac :Bugün 9 Şubat Dünya Sigarayı Bırakma Günü. Bu zehre karşı sen de iradene sahip ol ve #SigarayaTeslimOlma RTE— Recep Tayyip Erdoğan (@RT_Erdogan)require(["twitter/widgets"]);(« Faites preuve de volonté contre ce poison et #NeCédezPasALaCigarette – RTE »)Si son compte existait déjà depuis août 2009, il était uniquement utilisé par ses partisans et Erdogan n'y avait jamais publié le moindre tweet signé. Son apparition sur ce réseau social a laissé perplexe les internautes turcs, plutôt habitués à ses diatribes anti-Twitter. Une ambivalence qui s'explique par le « paradoxe » de l'AKP, le parti islamo-conservateur d'Erdogan. Selon Dorothée Schmid, responsable du programme Turquie à l'Institut français des relations internationales (Ifri) :« Il fait accéder la Turquie à la croissance économique, aux outils modernes, mais en même temps s'en méfie. (...) Erdogan considère les réseaux sociaux comme un outil politique au service de l'Etat, pas de la société civile. »En guerre contre ces « fauteurs de troubles dans nos sociétés actuelles », comme il les décrit, le président turc n'a pourtant jamais pris la décision de bannir les réseaux sociaux sur le long terme, tiraillé entre une volonté de contrôle et l'image de modernité qu'il souhaite insuffler à son pays.Lire (édition abonnés) : En Turquie, Erdogan tient les réseaux sociaux à l’œil« La menace s'appelle Twitter »Mais le contrôle de l'information qui s'opère dans les médias turcs s'applique bien entendu sur Internet. Même si les réseaux sociaux sont moins faciles à contrôler, les autorités se sont assurées assez tôt que des sites incontournables, comme Facebook, fassent respecter certaines règles. En février 2012, on apprenait que la Turquie disposait de règles de modération particulières sur le réseau de Mark Zuckerberg, où les cartes du Kurdistan, les photos de drapeaux turcs en feu ou les attaques contre Atatürk doivent être signalées. YouTube avait ainsi déjà été censuré à plusieurs reprises, notamment en 2007 et en 2010, pour « insultes envers Atatürk » – une particularité du droit qui protège l'image du fondateur de la république de Turquie.Mais c'est en juin 2013 que la politique d'Erdogan envers Internet, et plus particulièrement les réseaux sociaux, a pris un véritable tournant. Dans une interview télévisée diffusée le 2 juin, celui qui était alors premier ministre s'emporte :« La menace, aujourd'hui, s'appelle Twitter. C'est là que se répandent les plus gros mensonges. Les réseaux sociaux sont la pire menace pour la société. »Cet entretient intervient alors que des manifestants occupent la place Taksim et que le mouvement de protestation s'étend à travers tout le pays. Grâce aux réseaux sociaux, et notamment Twitter, les opposants au régime contournent la censure médiatique pour s'informer et s'organiser. Les dirigeants « ont eu extrêmement peur », analyse Dorothée Schmid :« Avant, pour eux, les réseaux sociaux étaient de l'ordre de la distraction. Ils ne s'étaient pas rendu compte que ça pouvait être un outil politique, notamment pour l'opposition. Jusqu'ici, le gouvernement avait réussi à l'empêcher de créer une alternative politique crédible. Au moment de [l'occupation du parc] Gezi, ils ont vu que des gens semblaient pouvoir organiser une alternative. »Résultat : des dizaines d'arrestations pour « incitation à l'émeute » tenues sur Twitter, mais aussi des tentatives de blocage des réseaux sociaux rapportées par plusieurs sources à l'époque. Le site TechCrunch affirmait par exemple le 1er juin que l'accès à Facebook et à Twitter était « quasiment impossible depuis Istanbul, et dans d'autres parties de la Turquie ». Une armée de pro-Erdogan sur TwitterEn septembre, alors que de nouvelles manifestations ont lieu à Istanbul, l'AKP décide de mettre en place une nouvelle stratégie. Au lieu d'interdire les réseaux sociaux, il préfère les investir. Le parti lève alors une petite armée d'utilisateurs, composée de 6 000 de ses adhérents, chargés de faire entendre la parole officielle, mais aussi de surveiller les discussions qui s'y déroulent. « Nous cherchons à développer un langage politique positif, que nous enseignons à nos volontaires. Et quand le camp opposé répand de la désinformation à propos du parti, nous la corrigeons par des informations valides », précisait alors un responsable du parti au Wall Street Journal.Cet usage « positif » des réseaux sociaux ne va pas durer : en mars 2014, le premier ministre Erdogan frappe un grand coup en faisant bloquer Twitter et YouTube, à quelques jours des élections municipales. Il refuse la diffusion d'enregistrements de conversations téléphoniques le mettant en cause dans des affaires de corruption. « Cela n'a rien à voir avec les libertés. La liberté n'autorise pas l'intrusion dans la vie privée de qui que ce soit », avait-il alors argué. « Je me moque de ce que pourra dire la communauté internationale. » Ce blocage avait en effet suscité une vague d'indignation au sein du pays mais aussi hors de ses frontières. Jusqu'au président de la république de l'époque, Abdullah Gül, qui avait lui aussi dénoncé ce « blocage total des réseaux sociaux »… sur son compte Twitter.Quelques jours plus tard, un tribunal turc a donné tort à Recep Erdogan et ordonné la levée du blocage. Celui-ci avait, de toute manière, été largement contourné par les internautes. Pire, pour le premier ministre, il a même eu l'effet inverse de celui escompté : le nombre de tweets publiés a considérablement augmenté durant le blocage.Démonstration d'autoritéPas à une contradiction près, le gouvernement a parallèlement demandé à Twitter d'ouvrir un bureau en Turquie, ce qui lui aurait permis d'exiger des taxes à l'entreprise américaine, qu'Erdogan accusait d'évasion fiscale. Une proposition déclinée par Twitter, jugeant le « climat » défavorable.Pour Dorothée Schmid, cette politique relève d'une démonstration d'autorité de la part d'Erdogan :« Il veut montrer que c'est lui le patron, mais il ne veut pas trop déplaire à l'électorat. Il est aussi conscient que les blocages sont très mauvais pour l'image de la Turquie. Il veut démontrer la puissance de l'Etat, imposer l'idée qu'il contrôle les réseaux sociaux et pour cela, de temps en temps, il faut frapper. Puis, généreusement, rendre la liberté. »Une liberté de plus en plus surveillée. La Turquie est désormais le pays qui exige le plus d'informations à Twitter sur ses usagers, après les Etats-Unis. Selon le rapport de transparence de Twitter sur la deuxième moitié de l'année 2014, la Turquie a effectué 356 demandes de ce type, contre 24 lors des six mois précédents. Mais, Twitter l'assure, aucune de ces demandes n'a donné lieu à une transmission d'information.Lire : Contourner la censure, un jeu d'enfant pour les internautes turcs //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444463', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Morgane TualJournaliste au Monde Enora Ollivier Robert Clarck est un homme qui en impose. Un bon mètre quatre-vingt-dix, des tatouages bigarrés qui courent le long de ses bras, une voix de stentor qu'il déroule dans une parole rapide et gouailleuse. Pourtant, ce mercredi frisquet d'avril, Robert Clarck n'en mène pas large. C'est la deuxième fois qu'il se rend dans la food bank de son quartier, terme que l'on traduirait littéralement par « banque alimentaire » si l'expression reflétait vraiment l'esprit du lieu. La « banque » en question se tient dans le réfectoire d'une petite église du quartier de Southwark, dans le sud-est de Londres, où un meuble de cuisine sur lequel est disposé du café, de l'eau prête à bouillir pour les amateurs de thé, des parts de cheesecake maison et des petits gâteaux secs fait office de guichet.Si Robert Clarck est là, calé dans un fauteuil en similicuir, c'est pour se procurer de la nourriture. Cet ancien conducteur de bus londonien de 60 ans a arrêté de travailler il y a quatre ans : à l'époque, il devait s'occuper de son épouse, gravement malade, qui est morte à l'été 2013. Puis il a rencontré lui-même de sérieux problèmes de santé.Aujourd'hui guéri d'un cancer mais souffrant tellement du dos et du pied qu'il peine à se déplacer, l'homme vit quasiment sans le sou. Il reçoit 40 livres (environ 55 euros) d'allocations par semaine, garde parfois des enfants après l'école pour 15 livres (environ 21 euros) hebdomadaires et se fait surtout aider par ses deux filles qui habitent non loin. « Il y a des erreurs dans le calcul de mes allocations, plaide-t-il. En attendant que les autorités les corrigent, je suis obligé de venir ici. »« Sans revenus du jour au lendemain »M. Clarck n'est pas le seul dans ce cas, loin de là. « Quand les gens tombent malades, perdent leur emploi ou subissent de quelque manière que ce soit une baisse d'activité, l'administration met un délai ahurissant à prendre en compte le changement de situation », raconte Sue Ferret, qui s'occupe de la food bank accueillant M. Clarck. Entre-temps, « beaucoup se retrouvent sans revenus du jour au lendemain et ont des difficultés pour se nourrir ».L'aide alimentaire d'urgence fournie par les organisations caritatives prévoit de la nourriture pour trois jours : des pâtes ou du riz, des conserves de viande et de légumes, des céréales, du lait, du thé et du sucre. En théorie, les bénéficiaires ne peuvent en profiter que trois fois en six mois, en échange d'un bon établi par un travailleur social ou un médecin et après un entretien personnalisé destiné à accompagner la personne dans la réalisation des démarches administratives qu'elle doit réaliser. En réalité, « face aux situations de détresse, on est parfois plus flexibles », concède Mme Ferret.Dans le quartier de la gare de Waterloo, à quelques kilomètres de là, une autre food bank reçoit des victimes urbaines de la faim. La plupart de ceux qui y viennent travaillent, mais ne gagnent pas assez pour vivre correctement. Ce jour-là verra passer Jenna [les prénoms ont été modifiés] qui se débat pour faire vivre, sur son maigre salaire, son jeune fils handicapé et elle. Patrick, lui, a bénéficié de l'aide prodiguée par la banque alimentaire il y a six mois, et revient donner des coups de main. Ce jeune homme qui travaille dans la grande distribution a signé un « contrat zéro heure », qui impose une flexibilité extrême au salarié : l'entreprise décide du nombre d'heures que doit travailler le salarié, et seules les heures effectuées sont rémunérées. Certains mois, Patrick n'a rien touché. Alors la banque alimentaire est devenue une nécessité.Lire aussi, en édition abonnés : La Grande-Bretagne, royaume des travailleurs pauvresAu moins 2 millions de Britanniques mal nourrisCes exemples ne sont ni des cas isolés ni des erreurs statistiques. L'association caritative chrétienne Trussel Trust a fait les comptes : au Royaume-Uni, le nombre de personnes s'étant tournées vers son réseau pour obtenir de la nourriture d'urgence est passé de 61 648 entre 2010 et 2011 à 913 138 entre 2013 et 2014, soit un nombre multiplié par 15 en trois ans. Et encore, souligne-t-on à l'association, cette donnée, aussi élevée soit-elle, ne reflète qu'une partie de la réalité. #container_1428152705576{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1428152705576{ height:500px; } #container_1428152705576 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1428152705576 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1428152705576 .subtitre{ display:block; }Fréquentation de banques alimentaires au Royaume-Uni(gérées par l'association catholique Trussel Trust)(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1428152705576", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://www.trusselltrust.org/foodbank-figures-top-900000", "_blank" ); } } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"Trussel Trust", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"linear", categories:["2010-2011","2011-2012","2012-2013","2013-2014"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 2, xDateFormat: "" }, legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de personnes ayant fréquenté une banque alimentaire", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 61468 ], [ "", 128697 ], [ "", 346992 ], [ "", 913138 ] ], "color": "#0386c3" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Aux 420 établissements gérés par l'association, il faut en effet ajouter au moins autant de banques alimentaires indépendantes, mais aussi compter les personnes vivant dans des endroits où une telle aide n'existe pas ou encore celles qui ne se rendent pas en ces lieux par peur du regard d'autrui. En 2013, l'ONG Oxfam estimait que 2 millions de Britanniques étaient mal nourris, et qu'un parent sur six se privait de nourriture pour mieux subvenir aux besoins de sa famille. Aucune région n'est épargnée, pas même la riche ville de Londres, qui compte à elle seule quelque 90 banques alimentaires.Mais pourquoi le Royaume-Uni se tord-il ainsi de faim ? Comment ce pays qui affiche une insolente reprise économique dans une Europe n'en finissant pas d'être affectée par la crise peut-il porter en son sein des habitants qui ont de plus en plus de mal à se nourrir ?Fin 2013, un rapport sur la faim et l'insécurité alimentaire au Royaume-Uni, mené par des parlementaires de tous bords, a mis en lumière la forte augmentation des prix des denrées alimentaires et du fioul domestique, à un rythme plus rapide que celui de la hausse des salaires et que celui de l'inflation.Une politique « punitive » dirigée « contre les pauvres »Mais l'invraisemblable augmentation de la pauvreté outre-Manche depuis quelques mois trouve aussi ses origines dans le « Welfare Reform Act 2012 », la réforme d'ampleur de la protection sociale initiée par le gouvernement conservateur de David Cameron. Le journaliste et économiste Stewart Lansley, coauteur d'un essai intitulé Breadline Britain: the Rise of Mass Poverty (« La Grande-Bretagne sous le seuil de pauvreté : la montée de la pauvreté de masse ») évoque une politique « punitive » dirigée « contre les pauvres, et non contre la pauvreté » :« D'abord, le montant de certaines allocations a été considérablement réduit. Ensuite, et surtout, le gouvernement a introduit un régime de sanctions en 2013 : dans les faits, cela signifie que des chômeurs se voient refuser le versement d'allocations si leur jobcentre [équivalent britannique de Pôle emploi] estime qu'ils ne cherchent pas suffisamment de travail. »L'application de cette réforme a été faite « de façon très injuste », insiste l'auteur, qui cite l'exemple de personnes temporairement radiées du système d'allocations pour ne pas s'être rendues à un rendez-vous du jobcentre pour cause… d'entretien d'embauche. Les effets de ce régime sont considérables : selon les calculs de M. Lansley, un million de personnes ont déjà été victimes d'interruptions du versement de leurs allocations – des sanctions qui durent au minimum quatre semaines et peuvent aller jusqu'à trois ans.Engagements des travaillistesA quelques semaines d'élections législatives qui pourraient déboucher, le 7 mai, sur un changement de majorité, le sujet de la pauvreté au Royaume-Uni est revenu sur le devant de la scène.Le 26 mars, interrogé lors d'un débat télévisé sur le nombre de banques alimentaires dans son pays, M. Cameron a eu du mal à répondre, avant d'admettre que le recours à l'aide alimentaire avait augmenté depuis son arrivée au 10, Downing Street. S'ils restent au pouvoir, les tories entendent encore économiser 12 milliards de livres (16,4 milliards d'euros) en rabotant dans le régime de protection sociale. Les travaillistes, emmenés par Ed Miliband, se sont engagés quant à eux, en cas de victoire, à enrayer l'augmentation du nombre de banques alimentaires : ils promettent d'abolir le régime de sanctions, de réduire les retards de versements d'allocations, ou encore d'augmenter le salaire minimum.Lire aussi : Les enjeux des législatives britanniques du 7 maiDes propositions qui n'attaquent le problème qu'à la marge, estime M. Lansley : « Avec les travaillistes, le montant des allocations ne va pas être augmenté, et le salaire minimum ne sera pas beaucoup amélioré. » Et de pronostiquer : « La pauvreté va continuer de croître ces cinq prochaines années, lentement si les travaillistes l'emportent, rapidement si ce sont les conservateurs. »Epiceries sociales géantesFace à une situation qui pourrait durer, d'autres initiatives éclosent. En décembre, une épicerie sociale géante, appelée Community Shop, s'est ouverte au sud-ouest de Londres. Deuxième du genre au Royaume-Uni – un premier magasin avait ouvert en 2013 à Goldthorpe, dans le nord de l'Angleterre – elle permet à ses membres d'acheter des produits jusqu'à 70 % moins cher que dans les supermarchés, sous certaines conditions : les personnes doivent habiter à proximité, bénéficier d'aides sociales et s'engager à suivre un « programme de développement professionnel personnalisé » qui doit les amener à gagner confiance en elles pour trouver un travail.« Nous ne sommes ni une banque alimentaire, ni une association caritative et nous donnons bien plus que de la nourriture », défend un de ses représentants, se lançant dans une démonstration contemporaine du proverbe « si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour, si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours ». Les 750 personnes qui fréquentent le magasin londonien reçoivent ainsi des conseils pour gérer leur budget et leurs dettes, apprennent à cuisiner sainement avec peu d'argent, et sont entraînées à passer des entretiens d'embauche.L'initiative se veut « plus positive » et « moins stigmatisante » que les food banks. Signe que la détresse alimentaire n'est pas en voie de résorption, 20 community shops de ce genre devraient ouvrir ces prochains mois dans tout le pays.Enora OllivierJournaliste au Monde Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne a confirmé, mardi 7 avril, qu’elle avait « demandé des informations » à quatre pays du sud de la zone euro – l’Italie, l’Espagne, la Grèce et le Portugal – en vue du déclenchement éventuel d’une enquête pour aides d’Etat illégales au secteur bancaire.Bruxelles, comme l’avait indiqué le matin même le Financial Times, s’interroge sur la qualité d’actifs pris en compte dans les fonds. propres d’une série d’établissements, mis en difficulté lors de la crise financière de 2007.À ce stade, la procédure, déclenchée notamment à la demande de certains eurodéputés, est très technique et porte essentiellement sur les DTA ( deferred tax assets ou actifs d’impôt différé). Il s’agit de la différence entre le résultat comptable et le résultat fiscal d’une entreprise, soit des montants d’impôt recouvrables au cours de futurs exercices.Les quatre pays concernés sont les seuls de la zone euro à totaliser ces DTA dans les fonds propres et à fournir aux banques une garantie sur cette base.Lire également : Comment les banques ont profité de la crise grâce aux garanties d'EtatLa réglementation n’est pas claireLes « lettres administratives » envoyées dans les différentes capitales concernées visent à récolter les explications des autorités nationales.Selon la Commission européenne, la réglementation en vigueur en Europe interdit a priori de considérer ces actifs d’impôt différé comme des fonds propres « d’ici à 2019 », indique une porte-parole, à Bruxelles.Il reste à savoir si la pratique des États concernés peut être considérée comme une aide d’Etat.Ni les directives européennes ni la réglementation dite « Bâle III », adoptée pour renforcer le système financier après la crise de 2007, ne permettent apparemment de trancher clairement cette question.Les accords de Bâle visent notamment à assurer un niveau minimum de capitaux propres pour stabiliser des banques.Lire aussi :La BCE assure que « les contribuables ne payeront plus pour les banques »Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.04.2015 à 12h48 • Mis à jour le06.04.2015 à 13h07 Le chef de Pravy Sektor, groupe ultranationaliste paramilitaire dont des membres combattent aux côtés de l'armée ukrainienne dans l'Est séparatiste prorusse, a été nommé lundi 6 avril conseiller au ministère de la défense.Dmytro Iaroch, 43 ans, ennemi juré du Kremlin, élu député du Parlement ukrainien en octobre, est devenu conseiller du chef de l'état-major de l'armée Viktor Moujenko, dans un effort des autorités de Kiev d'encadrer les bataillons de volontaires devenus trop autonomes, comme l'a souligné un porte-parole de l'armée, Oleksii Mazepa :« Dmytro Iaroch jouera le rôle de médiateur entre les bataillons de volontaires et l'état-major. Nous voulons être unis face à l'ennemi et notre objectif est la coopération et l'intégration des bataillons de volontaires au sein des forces armées. »« Nationaliste mais pas fasciste »Les combattants de Pravy Sektor, connus pour leur discipline de fer et leur tolérance zéro pour la consommation d'alcool, sont présents dans des points chauds du conflit notamment autour des ruines de l'aéroport de Donetsk. Dmytro Iaroch avait été blessé en janvier dans des combats pour l'aéroport, passé peu après sous contrôle des rebelles, à la suite de plusieurs mois de lutte acharnée.Lire aussi : La chute de l’aéroport de Donetsk, tournant symbolique de la guerre en UkraineUn porte-parole de M. Iaroch a expliqué que Pravy Sektor resterait une structure « autonome » mais serait désormais « financé par le ministère de la défense » : « Nos combattants seront désormais bien armés. Jusqu'à présent, c'était des volontaires qui nous fournissaient des équipements. »Le mouvement Pravy Sektor composé d'une branche politique et de bataillons militaires, décrit par M. Iaroch dans un entretien avec l'Agence France-Presse en octobre comme « nationaliste, mais pas fasciste », avait acquis une grande popularité auprès des manifestants lors de Maïdan à Kiev en s'illustrant pendant les violents affrontements entre contestataires et forces de l'ordre, faisant pleuvoir pavés et cocktails molotov sur les policiers. Il revendique l'héritage controversé des nationalistes ukrainiens de la Seconde Guerre mondiale.Dmytro Iaroch est poursuivi en Russie pour « incitation au terrorisme », et Moscou a émis un mandat d'arrêt international contre lui. 06.04.2015 à 03h27 • Mis à jour le06.04.2015 à 09h19 La Grèce s'est engagée à verser les 460 millions d'euros dus au Fonds monétaire international (FMI) le 9 avril, a annoncé dimanche Christine Lagarde, la directrice de l'institution, à l'issue d'une rencontre à Washington avec le ministre des finances grec, Yanis Varoufakis.Nous « avons convenu que l'incertitude n'est pas dans l'intérêt de la Grèce et je salue la confirmation du ministre que le versement dû au fonds sera effectué le 9 avril », déclare Mme Lagarde dans un communiqué.Rumeurs de défautDepuis trois semaines, une rumeur – alimentée par une lettre alarmiste du premier ministre grec, Alexis Tsipras, à la chancelière allemande, Angela Merkel, le 15 mars, prévenant que le pays pourrait ne pas honorer ses prochains remboursements — laissait entendre qu'Athènes ne serait pas en mesure d'honorer l'échéance du 9 avril.Lire aussi, en édition abonnés : Grèce : il y a urgence pour trouver un compromisOr un défaut aurait des conséquences difficilement calculables, selon les économistes. La Grèce est actuellement en négociation difficile avec ses partenaires de l'Union européenne. En conséquence, le pays semble chercher d'autres appuis : après Mme Lagarde, Yanis Varoufakis doit rencontrer lundi des responsables du Trésor américain, dont Nathan Sheets, sous-secrétaire chargé des affaires internationales. Il s'entretiendra aussi avec Caroline Atkinson, la conseillère de Barack Obama pour les affaires économiques internationales.La Grèce attend de l'UE le versement d'une dernière tranche d'aide de 7,2 milliards d'euros, dans le cadre des plans d'aide de 240 milliards d'euros accordés par l'Europe et le FMI depuis 2010. Le nouveau gouvernement de gauche radicale doit présenter d'ici à la fin avril à l'Eurogroupe une liste de réformes suffisamment convaincantes pour obtenir le reliquat d'aide. Le FMI, lui, a des versements prévus à la Grèce jusqu'en 2016.Lire : Grèce : un accord possible fin avril, selon les EuropéensLe FMI est souvent apparu plus compréhensif que certains créanciers européens comme l'Allemagne. Quant au gouvernement américain, il souligne à toute occasion le rôle « stabilisateur » précieux de la Grèce à l'est de l'Europe. 05.04.2015 à 13h59 • Mis à jour le06.04.2015 à 09h12 Le pape François a appelé, dimanche 5 avril, à l'occasion de Pâques, à la fin des tragédies et des persécutions au nom de la religion en Afrique et au Moyen-Orient. Le pape François s'adressait au monde entier depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre, avant d'impartir sa traditionnelle bénédiction « à la ville et à l'univers » (« urbi et orbi »). Devant des dizaines de milliers de fidèles rassemblés sous la pluie, le chef de l'Eglise catholique a lancé :« A Jésus victorieux, demandons d'alléger les souffrances de tant de nos frères persécutés à cause de son nom, comme aussi de tous ceux qui pâtissent injustement des conséquences des conflits et des violences actuels. Il y en a tant ! »« Qu'une prière incessante monte de tous les hommes de bonne volonté pour ceux qui ont perdu la vie – je pense en particulier aux jeunes qui ont été tués jeudi à l'université de Garissa au Kenya – , pour tous ceux qui ont été enlevés », a affirmé François au sujet du massacre de près de 150 étudiants, majoritairement chrétiens, par un commando d'islamistes chabab.« Implorons le don de la paix pour le Nigeria, pour le Soudan du Sud et pour différentes régions du Soudan et de la République démocratique du Congo ! », a-t-il ajouté.La persécution des chrétiens d'Orient Le pape argentin a exhorté la communauté internationale à « ne pas rester inerte face à l'immense tragédie humanitaire en Syrie et en Irak », et ses « nombreux réfugiés »: « Que cesse le fracas des armes et que se rétablisse la bonne cohabitation entre les différents groupes qui composent ces pays bien-aimés. »Sans évoquer les persécutions des groupes djihadistes contre les chrétiens, le pape a demandé au Christ « d'alléger les souffrances de tant de nos frères persécutés à cause de son nom ».François a parlé d'« espérance » pour qualifier l'accord-cadre conclu le 2 avril à Lausanne entre l'Iran et les grandes puissances sur son programme nucléaire. Il a souhaité que cet accord « soit un pas définitif vers un monde plus sûr et fraternel ».Il a appelé à la fin des violences en Libye, où en février dernier les djihadistes de l'Etat islamique ont décapité 22 chrétiens coptes égyptiens. Une « volonté commune de pacification » a été aussi préconisée par François pour le Yémen, tout comme « la reprise du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens », et « l'engagement de toutes les parties intéressées à la paix en Ukraine ».Le pape n'a pas évoqué l'Asie ni l'Amérique latine, mais il a demandé « paix et liberté pour les victimes de trafiquants de drogue », en observant qu'ils « sont souvent liés aux pouvoirs qui devraient défendre la paix et l'harmonie ». De même, il a fustigé « les trafiquants d'armes, qui s'enrichissent avec le sang des hommes et des femmes », et toutes « les nouvelles et anciennes formes d'esclavage ». Philippe Ridet (Rome, correspondant) Un record est en train de tomber. Mais, le changement de parti n’étant pas encore reconnu comme un sport olympique, l’Italie se voit privée de la médaille d’or. Depuis février 2013, début de la XVIe législature, 196 parlementaires (sur 945) ont quitté la formation avec laquelle ils ont été élus pour trouver refuge dans une autre. En tout, et compte tenu du fait que certains élus ont changé plusieurs fois de casaque, le nombre de transferts atteint 250, presque autant qu’entre 2008 et 2013 (261). Soit une moyenne de 10,17 par mois !Un exemple : Barbara Saltamartini, 43 ans, native de Rome. Après une jeunesse militante au sein du mouvement postfasciste Azione Giovani, elle est élue députée de Sicile en 2008 avec le Peuple de la liberté (PDL) de Silvio Berlusconi. Réélue avec le Cavaliere, elle choisit d’adhérer au Nouveau Centre droit (NCD) d’Angelino Alfano en novembre 2013, qu’elle quitte ensuite pour un court passage chez les non-inscrits de la Chambre, avant de rejoindre la Ligue du Nord. C’est tout pour l’instant.Pour le site Internet Openpolis, qui tient le comptage détaillé de ces mouvements, ils sont le reflet de l’instabilité et de la recomposition de la vie politique italienne. Ces deux dernières années ont été marquées par l’irruption du Mouvement 5 étoiles, de la scission du PDL, la disparition de la formation de Mario Monti et l’attractivité croissante du Parti démocrate (PD) de Matteo Renzi sur la gauche. Ainsi, une quarantaine de grillini, exclus ou partis d’eux-mêmes, se sont éparpillés, une trentaine de parlementaires autrefois berlusconiens ont anticipé le déclin programmé de l’ex-président du Conseil pour se ranger sous les couleurs du centre et une bonne dizaine d’élus de la gauche radicale ont adhéré au PD.Seuls pour l’instant les « frondeurs » du PD qui menacent chaque jour M. Renzi de l’abandonner n’ont pas encore mis leur menace à exécution. Paradoxalement, cette situation fait les affaires du premier ministre, qui pourrait pallier d’éventuelles défections grâce à l’apport de nouveaux convertis.Mais le retournement de veste n’est pas une garantie de survie politique. A décevoir ses amis, on n’en conquiert pas forcément de nouveaux. Openpolis a calculé que, sur 180 parlementaires qui ont changé d’étiquette au cours de la précédente législature, seuls 48 % d’entre eux ont été « candidatés » par leur nouvelle formation. Et 12,75 % – une misère – ont été réélus. La trahison ne paie plus.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.04.2015 à 07h45 • Mis à jour le06.04.2015 à 13h57 Le car de l'équipe de football turque de Fenerbahçe Istanbul (1re division turque) a été pris pour cible à la suite d'un match de championnat contre Rizespor. Le chauffeur du car a été transporté à l'hôpital après avoir été blessé par des tirs, survenus au moment où Fenerbahçe, champion de Turquie en titre, se rendait à Trabzon pour reprendre l'avion pours Istanbul. Aucun des joueurs de l'équipe, qui a gagné le match 5-1, n'a été blessé.Mahmut Uslu, responsable du club qui se trouvait dans le bus, a dénoncé devant les caméras une agression visant à « faire renverser le bus et tuer ainsi les joueurs. C'est incroyable ! Une telle attaque a pour seul objectif de commettre un meurtre ! », s'est-il exclamé sur les chaînes de télévision.Le gouverneur de Trabzon a noté que le car avait été attaqué par un homme armé. « D'après les derniers éléments, il semblerait qu'il se soit agi d'une arme à feu. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives, mais il semblerait que ce soit un type de balle tiré par un fusil », a-t-il souligné.La Fédération turque de football (TFF) a « dénoncé avec la plus grande fermeté » l'incident, réclamant dans un communiqué que les auteurs soient « immédiatement traduits devant la justice et punis », alors que la presse sportive était sous le choc de cette attaque sans précédent en Turquie, où les violences sont pourtant régulières dans le football, sport favori du pays.Le ministre des sports, Çagatay Kiliç, a dénoncé pour sa part l'attaque, mais affirmé que le championnat ne serait pas suspendu.Cette attaque survient alors que la Turquie a été frappée la semaine dernière par une flambée de violences politiques, à deux mois des élections législatives, le 7 juin, dans un pays divisé entre partisans et détracteurs du président Erdogan, qui souhaite renforcer ses pouvoirs à l'issue du scrutin. 05.04.2015 à 00h49 • Mis à jour le06.04.2015 à 10h26 Le bus de l'équipe de football Fenerbahçe Istanbul, qui évolue en première division en Turquie, a été la cible d'une attaque samedi 4 avril au soir dans la ville de Trabzon, au nord est du pays, blessant le chauffeur du véhicule.Plusieurs coups de fusil ont été tirés contre le car alors que celui-ci roulait sur une autoroute après un match remporté 5 buts à 1 contre Rizespor, une équipe de la ville du même nom située sur la mer Noire, a indiqué Mahmut Uslu, responsable du club qui se trouvait dans le bus.« Attaque armée »Le chauffeur, blessé notamment au visage, a réussi à faire difficilement arrêter le bus et a été immédiatement transporté à l'hôpital à bord d'une voiture de police qui escortait le véhicule, selon M. Uslu, qui a dénoncé une agression visant à « faire renverser le bus et tuer ainsi les joueurs ». « C'est incroyable », s'est-il exclamé sur les chaînes de télévision. Des images ont montré l'avant du bus percé de balles.Après avoir un temps pensé que des pierres avaient été jetés contre le véhicule, Abdil Celil Öz, le gouverneur de Trabzon, a confirmé que des coups de feu avaient été tirés : « La police scientifique arrivée sur les lieux a conclu à une attaque armée, » a-t-il dit sur la chaîne de télévision 360. Le pronostic des médecins en ce qui concerne le chauffeur est « pour l'heure » positif, aucun des joueurs n'a été blessé.La fédération turque de football (TFF) a « dénoncé avec la plus grande fermeté » l'incident, réclamant dans un communiqué que les auteurs soient « immédiatement traduits devant la justice ». Cette attaque est inédite en Turquie, où les violences sont régulières dans le football, sport favori du pays. 03.04.2015 à 18h57 • Mis à jour le05.04.2015 à 11h25 Un des trois spéléologues espagnols portés disparus durant plus de trois jours dans le massif de l'Atlas au Maroc est mort. Une opération de sauvetage se poursuivait samedi 4 avril au soir pour les deux autres, selon les autorités locales marocaines.Les spéléologues avaient été localisés, plus tôt dans la jounée, au niveau de la localité de Tarmest. Selon les autorités marocaines locales, les trois hommes, qui n'étaient « pas accompagnés d'un guide professionnel », sont « tombés d'une falaise haute de plusieurs centaines de mètres ».L'identité de la personne décédée n'a pas été divulguée. On ignore par ailleurs si les conditions météorologiques, mauvaises, permettraient l'évacuation, d'ici dimanche, des deux blessés et du corps de la victime de cette zone difficile d'accès et escarpée.Surpris par la montée des eaux ?Les Espagnols faisaient partie d'un groupe de neuf personnes qui s'est séparé en deux pour explorer différentes grottes et devait se retrouver « lundi ou mardi ». Ayant constaté qu'ils ne réapparaissaient pas, « le reste du groupe a donné l'alerte », selon une source diplomatique espagnole.Les spéléologues se trouvaient « à la frontière entre les provinces de Ouarzazate, Tinghir et Azilal », a précisé pour sa part le directeur du conseil provincial du tourisme de Ouarzazate à l'AFP. La zone en question se situe à environ 150-200 km à l'est de Marrakech, en plein massif du Haut-Atlas, dont les sommets dépassent 3 500 mètres.D'après les médias espagnols, les trois hommes sont originaires d'Andalousie, dans le sud de l'Espagne. Deux (Jose Antonio Martinez et Juan Bolivar) sont des policiers âgés de 41 ans, le dernier (Gustavo Virues) est un avocat de 26 ans. Julia Ordonez, l'épouse d'un des policiers, a expliqué sur la radio publique espagnole que les deux quadragénaires, « des amis de longue date », étaient « très expérimentés », « avec 25 années de pratique », dans les Alpes mais aussi dans la Cordillère des Andes.Le groupe aurait été surpris par une brusque montée des eaux, a affirmé à la télévision publique TVE le président de la Fédération andalouse des sports de haute montagne, Julio Perea, dont les trois spéléologues sont membres. Il a beaucoup neigé cet hiver dans l'Atlas, avant une brusque remontée des températures la semaine passée. Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Flamands et francophones belges se sont trouvé un nouveau motif de dispute depuis que le ministre-président de la Flandre a estimé que l’Etat fédéral devrait quitter l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Geert Bourgeois, un vieux défenseur de la cause indépendantiste, devenu président de sa région grâce au triomphe électoral de son parti, l’Alliance néoflamande (N-VA) de Bart De Wever, milite depuis quelques jours pour que la Belgique fédérale sorte de cette instance dont la sphère de compétence – la défense de la langue française – concerne l’une de ses parties seulement. Quand la Flandre a signé un traité culturel avec les Pays-Bas – la Nederlandse Taalunie – la Belgique ne s’en est pas mêlée, explique le ministre-président.L’OIF regroupe, quant à elle, 80 pays ou gouvernements, dont 54 membres de plein droit. Et milite aussi pour la démocratie, la diversité culturelle ou l’environnement. Des Etats multilingues, comme le Canada ou la Suisse, en font partie, ainsi que certaines de leurs composantes (le Québec, le Nouveau-Brunswick ou les cantons helvétiques). Ils y côtoient la Bulgarie, la Macédoine, le Qatar et – ô horreur aux yeux de M. Bourgeois – la Fédération Wallonie-Bruxelles.Celle-ci s’appelait auparavant « Communauté française de Belgique » mais préfère sa nouvelle dénomination, censée marquer la solidarité entre Wallons et francophones de Bruxelles. De quoi cabrer une bonne partie de la région flamande, qui a fait de la capitale européenne et belge sa capitale politique et ne manque jamais de souligner que, même si l’on y parle peu le néerlandais, elle est située en territoire flamand. Etrangement, cette même Flandre se présente cependant comme « Flanders » et non comme « Vlaanderen-Brussel » sur la scène internationale.« Pas question de se retirer »La fureur de la N-VA est partie du constat de l’un de ses députés : il a remarqué que le site de l’OIF affirmait qu’en Belgique, 72 % de la population est francophone. Or, Wallons et francophones de Bruxelles ne forment que quelque 40 % de la population. L’organisation évoque, en réalité, les « locuteurs francophones » en y incluant les (nombreux) Flamands qui maîtrisent la langue de Voltaire, l’un des trois idiomes officiels, avec… le flamand et l’allemand. M. Bourgeois en fait partie, comme M. De Wever et d’autres dirigeants de la N-VA.Le premier ministre (francophone), Charles Michel, et le ministre (francophone) des affaires étrangères, Didier Reynders, n’ont, cette fois, pas hésité à répliquer aux nationalistes flamands : « Pas question de se retirer de l’OIF », ont-ils immédiatement répondu. « Le rayonnement de l’organisation n’est pas seulement culturel, il est aussi diplomatique et économique », a expliqué le chef du gouvernement au journal Le Soir. En promettant qu’il allait, au contraire, renforcer le rôle de la Belgique au sein de la francophonie.Le PS Rudy Demotte, ministre-président PS de Wallonie-Bruxelles, estime lui que le nouveau combat de M. Bourgeois renvoie à son ADN nationaliste et « n’est rien qu’un combat de bac à sable, en maternelle ».Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.04.2015 à 04h21 • Mis à jour le03.04.2015 à 07h39 Les dirigeants des principaux partis britanniques — conservateur, libéraux-démocrates et travailliste — ont été attaqués, collectivement ou à tour de rôle, jeudi 2 avril par les chefs des petites formations d'opposition — Verts et Ukip — ou régionales — écossais et gallois — lors d'un débat à sept, cinq semaines avant les élections législatives au Royaume-Uni.Le premier ministre conservateur David Cameron, le chef de l'opposition travailliste Ed Miliband et celui des « lib-dem » Nick Clegg ont subi les critiques de Nathalie Bennett (Verts), de Nigel Farage (Ukip, populiste et europhobe), de Leanne Wood (du Plaid Cymru gallois) et de Nicola Sturgeon (SNP écossais).Lire : Les quatre « petits » candidats qui vont faire l’électionEt l'analyse (en édition abonnés) : Le Royaume-Uni découvre le multipartismeLe débat a porté pendant près de deux heures sur la gestion du déficit public, le système de santé publique (NHS), l'immigration et l'avenir réservé à la jeunesse. David Cameron, pour qui il s'agissait de l'unique débat auquel il a consenti de participer, s'est retrouvé seul contre tous, accusé d'avoir creusé les inégalités au sein du Royaume-Uni avec sa politique d'austérité. Y compris par Nick Clegg, qui a accusé son allié conservateur au sein du gouvernement de coalition de vouloir poursuivre les coupes budgétaires non par nécessité mais par goût.Le chef travailliste Ed Miliband a lui été critiqué pour l'héritage laissé par le Labour en 2010, qu'il s'agisse du déficit record consécutif à la crise financière, ou encore pour sa tolérance envers les contrats zéro heure qu'il promet aujourd'hui d'abolir s'il succède à David Cameron au 10, Downing street.Le Ukip seul contre tousLe chef du parti europhobe Ukip a quant à lui affirmé que ses six co-débatteurs étaient « tous semblables », se présentant comme le seul à incarner un véritable changement sur le thème du « patriotisme ». Il a fait face au front uni des six autres responsables qui ont dénoncé sa diabolisation systématique de l'immigration, et ont rappelé la contribution nette des immigrés à l'économie britannique. Il a également suscité une opposition unanime lorsqu'il a dénoncé la prise en charge de malades séropositifs non-britanniques au Royaume-Uni. « Vous devriez avoir honte », a réagi Leanne Wood, suscitant les applaudissements de l'assistance.Des applaudissements qui ont également salué cette tirade du chef du parti nationaliste écossais (SNP) Nicola Sturgeon : « Votre accès à l'éducation devrait reposer sur votre capacité à apprendre et jamais sur votre capacité à payer », a-t-elle dit pour défendre la gratuité de l'université en Ecosse introduite par le SNP.A l'image du paysage politique particulièrement morcelé dans cette élection, aucun des sept débatteurs n'est sorti clair vainqueur du débat. Un sondage a donné Ed Miliband victorieux quand un second voyait Nicola Sturgeon gagnante et un troisième plaçait en haut du podium David Cameron à égalité avec Nigel Farage. Le dernier sondage datant du 31 mars place conservateurs et travaillistes à égalité à 34 % d'intentions de vote devant Ukip (13 %), les Lib-Dem (8 %) et les Verts (5 %).Lire aussi : Au Royaume-Uni, début de campagne électorale au coude-à-coude 03.04.2015 à 18h57 • Mis à jour le04.04.2015 à 15h37 Les trois spéléologues espagnols portés disparus depuis trois jours au Maroc dans une zone montagneuse ont été localisés samedi 4 avril au matin, ont annoncé les autorités locales marocaines.Les spéléologues, âgés de 26 et 41 ans, se trouvent « au fond d'une falaise située dans la localité de Tarmest », selon ces sources, citées par l'agence de presse marocaine MAP. Des unités de la gendarmerie royale et de la protection civile mènent actuellement une opération pour les secourir.Les autorités n'ont pas donné de détails quant à l'état de santé des trois hommes. « Ce qu'on sait, c'est que l'un d'eux a besoin d'une assistance médicale car les deux autres s'agitaient en demandant de l'aide quand un hélicoptère les a survolés », a cependant précisé Julia Ordonez, l'épouse d'un des spéléologues, sur la chaîne publique espagnole TVE.Surpris par la montée des eaux ?Les Espagnols faisaient partie d'un groupe de neuf personnes qui s'est séparé en deux pour explorer différentes grottes et devait se retrouver « lundi ou mardi ». Ayant constaté qu'ils ne réapparaissaient pas, « le reste du groupe a donné l'alerte », selon une source diplomatique espagnole, qui a refusé de se prononcer sur les causes de cette disparition, accidentelle ou criminelle.Les spéléologues se trouvaient « à la frontière entre les provinces de Ouarzazate, Tinghir et Azilal », a précisé pour sa part le directeur du conseil provincial du tourisme de Ouarzazate à l'AFP. La zone en question se situe à environ 150-200 km à l'est de Marrakech, en plein massif du Haut-Atlas, dont les sommets dépassent 3 500 mètres.Selon un membre du groupe interrogé par la radio espagnole Canal Sur Radio, les trois hommes pourraient avoir été surpris par la montée des eaux dans un canyon à cause de la fonte des neiges. « Nous espérons qu'ils sont sur une plateforme, attendant que le niveau de l'eau baisse », a-t-il dit à la radio. Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Flamands et francophones belges se sont trouvé un nouveau motif de dispute depuis que le ministre-président de la Flandre a estimé que l’Etat fédéral devrait quitter l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Geert Bourgeois, un vieux défenseur de la cause indépendantiste, devenu président de sa région grâce au triomphe électoral de son parti, l’Alliance néoflamande (N-VA) de Bart De Wever, milite depuis quelques jours pour que la Belgique fédérale sorte de cette instance dont la sphère de compétence – la défense de la langue française – concerne l’une de ses parties seulement. Quand la Flandre a signé un traité culturel avec les Pays-Bas – la Nederlandse Taalunie – la Belgique ne s’en est pas mêlée, explique le ministre-président.L’OIF regroupe, quant à elle, 80 pays ou gouvernements, dont 54 membres de plein droit. Et milite aussi pour la démocratie, la diversité culturelle ou l’environnement. Des Etats multilingues, comme le Canada ou la Suisse, en font partie, ainsi que certaines de leurs composantes (le Québec, le Nouveau-Brunswick ou les cantons helvétiques). Ils y côtoient la Bulgarie, la Macédoine, le Qatar et – ô horreur aux yeux de M. Bourgeois – la Fédération Wallonie-Bruxelles.Celle-ci s’appelait auparavant « Communauté française de Belgique » mais préfère sa nouvelle dénomination, censée marquer la solidarité entre Wallons et francophones de Bruxelles. De quoi cabrer une bonne partie de la région flamande, qui a fait de la capitale européenne et belge sa capitale politique et ne manque jamais de souligner que, même si l’on y parle peu le néerlandais, elle est située en territoire flamand. Etrangement, cette même Flandre se présente cependant comme « Flanders » et non comme « Vlaanderen-Brussel » sur la scène internationale.« Pas question de se retirer »La fureur de la N-VA est partie du constat de l’un de ses députés : il a remarqué que le site de l’OIF affirmait qu’en Belgique, 72 % de la population est francophone. Or, Wallons et francophones de Bruxelles ne forment que quelque 40 % de la population. L’organisation évoque, en réalité, les « locuteurs francophones » en y incluant les (nombreux) Flamands qui maîtrisent la langue de Voltaire, l’un des trois idiomes officiels, avec… le flamand et l’allemand. M. Bourgeois en fait partie, comme M. De Wever et d’autres dirigeants de la N-VA.Le premier ministre (francophone), Charles Michel, et le ministre (francophone) des affaires étrangères, Didier Reynders, n’ont, cette fois, pas hésité à répliquer aux nationalistes flamands : « Pas question de se retirer de l’OIF », ont-ils immédiatement répondu. « Le rayonnement de l’organisation n’est pas seulement culturel, il est aussi diplomatique et économique », a expliqué le chef du gouvernement au journal Le Soir. En promettant qu’il allait, au contraire, renforcer le rôle de la Belgique au sein de la francophonie.Le PS Rudy Demotte, ministre-président PS de Wallonie-Bruxelles, estime lui que le nouveau combat de M. Bourgeois renvoie à son ADN nationaliste et « n’est rien qu’un combat de bac à sable, en maternelle ».Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.04.2015 à 04h21 • Mis à jour le03.04.2015 à 07h39 Les dirigeants des principaux partis britanniques — conservateur, libéraux-démocrates et travailliste — ont été attaqués, collectivement ou à tour de rôle, jeudi 2 avril par les chefs des petites formations d'opposition — Verts et Ukip — ou régionales — écossais et gallois — lors d'un débat à sept, cinq semaines avant les élections législatives au Royaume-Uni.Le premier ministre conservateur David Cameron, le chef de l'opposition travailliste Ed Miliband et celui des « lib-dem » Nick Clegg ont subi les critiques de Nathalie Bennett (Verts), de Nigel Farage (Ukip, populiste et europhobe), de Leanne Wood (du Plaid Cymru gallois) et de Nicola Sturgeon (SNP écossais).Lire : Les quatre « petits » candidats qui vont faire l’électionEt l'analyse (en édition abonnés) : Le Royaume-Uni découvre le multipartismeLe débat a porté pendant près de deux heures sur la gestion du déficit public, le système de santé publique (NHS), l'immigration et l'avenir réservé à la jeunesse. David Cameron, pour qui il s'agissait de l'unique débat auquel il a consenti de participer, s'est retrouvé seul contre tous, accusé d'avoir creusé les inégalités au sein du Royaume-Uni avec sa politique d'austérité. Y compris par Nick Clegg, qui a accusé son allié conservateur au sein du gouvernement de coalition de vouloir poursuivre les coupes budgétaires non par nécessité mais par goût.Le chef travailliste Ed Miliband a lui été critiqué pour l'héritage laissé par le Labour en 2010, qu'il s'agisse du déficit record consécutif à la crise financière, ou encore pour sa tolérance envers les contrats zéro heure qu'il promet aujourd'hui d'abolir s'il succède à David Cameron au 10, Downing street.Le Ukip seul contre tousLe chef du parti europhobe Ukip a quant à lui affirmé que ses six co-débatteurs étaient « tous semblables », se présentant comme le seul à incarner un véritable changement sur le thème du « patriotisme ». Il a fait face au front uni des six autres responsables qui ont dénoncé sa diabolisation systématique de l'immigration, et ont rappelé la contribution nette des immigrés à l'économie britannique. Il a également suscité une opposition unanime lorsqu'il a dénoncé la prise en charge de malades séropositifs non-britanniques au Royaume-Uni. « Vous devriez avoir honte », a réagi Leanne Wood, suscitant les applaudissements de l'assistance.Des applaudissements qui ont également salué cette tirade du chef du parti nationaliste écossais (SNP) Nicola Sturgeon : « Votre accès à l'éducation devrait reposer sur votre capacité à apprendre et jamais sur votre capacité à payer », a-t-elle dit pour défendre la gratuité de l'université en Ecosse introduite par le SNP.A l'image du paysage politique particulièrement morcelé dans cette élection, aucun des sept débatteurs n'est sorti clair vainqueur du débat. Un sondage a donné Ed Miliband victorieux quand un second voyait Nicola Sturgeon gagnante et un troisième plaçait en haut du podium David Cameron à égalité avec Nigel Farage. Le dernier sondage datant du 31 mars place conservateurs et travaillistes à égalité à 34 % d'intentions de vote devant Ukip (13 %), les Lib-Dem (8 %) et les Verts (5 %).Lire aussi : Au Royaume-Uni, début de campagne électorale au coude-à-coude Philippe Bernard (Londres, correspondant) Dix millions de téléspectateurs britanniques ont assisté, jeudi 2 avril au soir, au premier vrai débat de la campagne électorale pour les législatives du 7 mai. L’affiche était inédite dans un pays habitué au bipartisme depuis des siècles : à côté des deux dirigeants de la coalition gouvernementale sortante David Cameron (conservateur) et Nick Clegg (libéral-démocrate) et du chef de l’opposition travailliste Ed Miliband, se sont exprimés les leaders des trois partis qui s’apprêtent à jouer les trouble-fête, du fait de leur audience inédite dans l’histoire électorale britannique. A eux trois, le parti national écossais de Nicola Sturgeon (SNP, indépendantiste), le parti pour l’indépendance du Royaume-Uni de Nigel Farage (UKIP, xénophobe et anti-européen) et les Greens de Natalie Bennett (écologiste) devraient, selon les sondages, rallier les voix d’un électeur sur trois contre un sur cinq aux élections de 2010. Sans oublier la septième invitée du débat Leanne Wood, qui dirige le parti nationaliste gallois.Lire aussi :A la télévision britannique, David Cameron pris sous le feu nourri de ses six concurrentsCameron évite le duel avec MilibandInédit, singulier, le format du débat a été voulu par David Cameron qui a obstinément refusé tout tête à tête avec Ed Miliband, craignant que ce dernier, bon débatteur, ne profite de cette superbe exposition médiatique pour affirmer un profil de premier ministrable que la majorité des électeurs lui dénient. Le premier ministre comptait mettre à profit ce débat à sept, possiblement confus, pour illustrer son leitmotiv : « Si vous ne donnez pas une majorité suffisante aux Tories, ce sera le chaos. »Lire aussi :Le Royaume-Uni découvre le multipartismeLa cote d’Ed Miliband s’est relevée depuis la première grande émission électorale télévisée de jeudi dernier, où M. Cameron et lui-même ont été interrogés séparément. Mais ce jeudi soir, fait rare dans la vie politique britannique, le chef du Labour risquait d’être doublement attaqué sur sa gauche par les leaders des Greens et du SNP écossais. Ce dernier parti constitue un repoussoir pour bon nombre d’électeurs anglais, mais Ed Miliband en aura besoin en cas de victoire pour asseoir une majorité. Les sondages donnent Tories et Labour au coude-à-coude avec 33 % des voix chacun environ. Selon toute vraisemblance, aucun des deux grands partis ne devrait pouvoir gouverner sans une alliance, gouvernementale ou au moins parlementaire, avec l’un des trois « petits » partis.Lire aussi :Au Royaume-Uni, travaillistes et conservateurs au coude-à-coude avant le scrutinNatalie Bennett, l’écologiste Natalie Bennett, 49 ans, ancienne journaliste, dirige depuis 2012 les Greens britanniques qui ont une seule députée au parlement de Westminster, élue dans la circonscription de Brighton. Crédités de 5 à 6 % des voix, ils devraient peiner à en conquérir davantage du fait du système électoral à un tour qui proclame élu le candidat ayant remporté le plus de suffrages. Mais, en prenant des voix au Labour, ils pourraient favoriser l’élection de candidats conservateurs. Les Greens critiquent la poursuite de la politique d’austérité que défendent les travaillistes et prônent un nouvel impôt sur la fortune pour les 1 % les plus riches. Ils réclament la sortie progressive du nucléaire, la renationalisation des transports publics et l’augmentation à 10 livres sterling (13,65 euros) du salaire minimum. L’enjeu du débat à sept était élevé pour Mme Bennett, une quasi inconnue du grand public qui s’est illustrée en oubliant une partie de son programme sur le logement lors d’une récente prestation radio. Tout comme pour son parti, qui marque des points, notamment chez les jeunes et engrange des adhésions.Nigel Farage, le xénophobe Nigel Farage, 50 ans, ancien trader en matières premières à la City, a dirigé entre 2006 et 2009 puis depuis 2012 le UKIP qui revendique la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, accusée d’empêcher le pays d’exercer sa souveraineté, notamment en matière de contrôle de l’immigration. Député européen, il brigue en mai un siège au parlement de Westminster pour la circonscription de South Thanet (sud-est de l’Angleterre) où les sondages le donnent favori. Le UKIP a nettement renforcé ses positions, notamment depuis que David Cameron a accepté d’organiser un référendum sur la sortie de l’UE s’il est reconduit à Downing Street. Le parti europhobe et xénophobe a triomphé lors des élections européennes de 2014, en se plaçant en tête des partis britanniques avec 26,6 % des voix. A l’automne, le UKIP a réussi à débaucher deux députés conservateurs et à les faire élire sous sa bannière, accédant pour la première fois à Westminster. Crédité de 12 à 18 % des suffrages pour les législatives de mai, il pourrait conquérir deux ou trois sièges supplémentaires, mais surtout jouer les arbitres entre conservateurs et travaillistes, en puisant dans leur électorat. Le UKIP pourrait aussi peser sur la formation du gouvernement si les conservateurs arrivent en tête. Lors du débat, Nigel Farage a dû faire oublier que son parti est affaibli par les déclarations racistes et homophobes ainsi que par des malversations financières de certains de ses élus ou candidats. Et se poser en champion de la lutte contre l’immigration est-européenne, qu’il présente comme un facteur d’insécurité, de bas salaires et de dissolution de l’identité anglaise.Nicola Sturgeon, l’Ecossaise Nicola Sturgeon, 44 ans, a succédé à Alex Salmond à la tête du parti national écossais (SNP) au lendemain du référendum sur l’indépendance de l’Ecosse de septembre 2014. Les sondages la placent en position de force puisqu’ils prédisent la conquête par le SNP d’une quarantaine de sièges en Ecosse, fief traditionnel du Labour. Cette entrée en force au parlement de Westminster (où le SNP ne dispose que de six sièges aujourd’hui) ferait des indépendantistes écossais les alliés obligés du Labour si ces derniers sont en position de former un gouvernement. Or Mme Sturgeon critique la poursuite de l’austérité budgétaire prônée par les travaillistes, réclame le démantèlement des bases nucléaires britanniques situées en Ecosse ainsi que de nouveaux pouvoirs pour le Parlement d’Edimbourg. Le premier ministre David Cameron insiste sur le chaos et les risque d’éclatement du royaume que ferait courir selon lui une telle alliance SNP-Labour. Brillante débattrice, Nicola Sturgeon a dû se montrer habile équilibriste lors du débat de jeudi soir : se dissocier d’Ed Miliband puisqu’elle souhaite attirer les électeurs du Labour en Ecosse, tout en rendant crédible l’accord avec ce dernier qu’elle dit souhaiter. Avec pour horizon la perspective qui lui tient le plus à cœur : l’indépendance écossaise.Leanne Wood, la Galloise Leanne Wood, 43 ans, dirige depuis 2012 le parti nationaliste gallois Plaid Cymru qui tient trois sièges à Westminster. Plaid Cymru, opposé à la politique d’austérité et aux bases nucléaires militaires, n’est que le quatrième parti en popularité dans une région, le Pays de Galles qui ne représente que 5 % de la population du Royaume-Uni. Pour Mme Wood, totalement inconnue dans le reste du pays, le débat de jeudi était évidemment une occasion unique de faire connaître ses positions. Bien que minuscule, son parti pourrait servir de force d’appoint décisive au Labour.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.04.2015 à 16h31 • Mis à jour le03.04.2015 à 07h57 | Guy Dutheil Pour Air France l’heure est « à la reconquête du marché domestique face aux autres modes de transports », selon les mots d’Alexandre de Juniac, PDG d’Air France-KLM. C’est à Lyon, jeudi 2 avril qu’a démarré, selon le PDG, « la première étape du tour de France pour le déploiement de l’offre Hop! Air France ».Depuis deux ans, Hop! est la marque ombrelle qui regroupe les trois compagnies régionales du groupe (Airlinair, Brit Air et Regional). Désormais adossé à Air France, le nouvel ensemble Hop! Air France regroupe une force de frappe conséquente de près d’une petite centaine d’avions. Lionel Guérin, directeur général délégué de Hop! Air France, a fixé sa zone de chalandise aux « trajets domestiques de 300 à 1 000 kilomètres ». Uniquement des vols court-courrier en France et en Europe.En dessous de 300 kilomètres, le combat serait déjà perdu pour l’avion face au train, au TGV, à la voiture et bientôt à l’autocar. Hop! Air France est loin derrière ses deux principaux concurrents avec seulement 7 % de parts de marché contre 28 % pour le train et 65 % pour la voiture.Offre tarifaire simplifiéeToutefois, la nouvelle enseigne des vols domestiques du groupe Air France pèse lourd. En 2014, elle a enregistré un chiffre d’affaires de 1,7 milliard d’euros et fait voyager 13 millions de passagers via environ 600 vols par jours. Un de ses principaux atouts est de proposer à ses clients « le premier réseau européen en nombre de vols et en nombre de sièges offerts ». Au sein du groupe Air France-KLM, le nouvel ensemble Hop! Air France rassemble « tous les vols au départ ou à destination de tous les aéroports en France ou en Europe, sauf les deux hubs du groupe, Roissy et Amsterdam », pointe M. Guérin.Pour regagner des parts de marché, Hop! Air France mise sur une offre tarifaire simplifiée. Un modèle qui est en passe de gagner toutes les compagnies aériennes en Europe. Les low cost comme les compagnies traditionnelles. En pratique, les passagers pourront choisir parmi trois tarifs. Du « basic », le moins cher mais sans aucune option, en passant par les tarifs « smart », plus modulables, jusqu’aux prix « flex » qui comportent toutes les options, notamment le bagage en soute jusqu’à 23 kilos ou la possibilité de changer de destination, d’horaires, et même le nom du passager. Les tarifs « smart » et « flex » visent la clientèle d’affaires, le nerf de la guerre de Hop! Air France, puisqu’elle représente déjà « entre 40 et 50 % de son trafic et près de 60 % de son chiffre d’affaires », souligne Lionel Guérin.Comme les compagnies low cost, Hop! Air France « va faire des offres promotionnelles pour animer le marché », signale Hélène Abraham, directrice générale adjointe commerciale et marketing de la nouvelle compagnie domestique. Au moins 10 % des billets sur chaque vol seront mis en vente au tarif de base de 49 euros.Toutefois, « à certains moments de l’année  Hop! proposera des places sous les 49 euros », ajoute-t-elle. La direction refuse de préciser si elle était rentable sur tous ses paliers tarifaires. « Nous avons besoin de tous les tarifs pour gagner de l’argent », a juste précisé M. Guérin. Mais aussi pour remplir ses avions. Jusqu’à maintenant, le taux de remplissage est de 66 %. Hop! vise de 70 à 75 % sur ses avions de 100 places et de 75 à 80 % sur les Airbus.Une flotte variéeL’objectif de Lionel Guérin est « d’enrayer les pertes de parts de marché » face à ses concurrents de la route et du fer, notamment en « faisant de la diversité de la flotte de Hop! Air France une force ».Le directeur général semble sûr de son coup : « Nous pouvons piquer des gens au train et à la voiture. Sur un marché de 90 millions de passagers par an quand on en fait que 13 millions le marché n’est pas mort », veut-il croire.Hop! devra faire rapidement la preuve de son succès car ses échéances sont proches. Créée il y a deux ans, elle a déjà divisé ses pertes par deux. En 2014, elle a perdu 140 millions d’euros dont 120 millions d’euros pour Air France et 20 millions pour Hop!. En 2013, le trou était encore de 280 millions d’euros.Lire aussi : Alexandre de Juniac : « Air France reviendra dans le vert fin 2015 »Pour retrouver l’équilibre, MM. de Juniac et Guérin annoncent « des réductions de coûts ». Ils se sont refusés à préciser s’ils allaient de nouveau tailler dans les effectifs. Un plan de départs volontaires est déjà en cours chez Hop! Air France. « Pour l’avenir, tout dépendra des discussions avec les syndicats », prévient déjà la direction de Hop! Air France.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.04.2015 à 11h30 • Mis à jour le02.04.2015 à 18h04 | Yves-Michel Riols (Lausanne, Suisse, envoyé spécial) L'essentielLes négociations sur le nucléaire iranien, amorcées en 2003, ont repris dimanche 15 mars à Lausanne.Les pourparlers auraient dû s'achever mardi à minuit, avec l'expiration de la date butoir pour trouver un accord.L'optimisme affiché par les Russes et les Iraniens tranchent pour le moment avec les positions américaines. Bientôt la fin ? Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, est revenu à Lausanne, mercredi 1er avril peu avant minuit, moins de vingt-quatre heures après avoir ostensiblement quitté la table des négociations sur le nucléaire iranien qui se déroulent depuis une semaine dans une atmosphère fiévreuse dans un palace surplombant le lac Léman.Le retour inopiné de M. Fabius a aussitôt relancé les spéculations sur l’imminence d’un accord entre l’Iran et les grandes puissances sur l’encadrement du programme nucléaire iranien, alors que les protagonistes s’étaient séparés la veille dans une ambiance chaotique après avoir échoué à conclure un compromis avant la date butoir du 31 mars.Le cabinet de M. Fabius avait indiqué qu’il ne reviendrait en Suisse que « lorsque ce sera utile ». Du coup, le retour du ministre français des affaires étrangères à l’hôtel Beau Rivage était interprété par la presse comme le signe d’une percée, au terme d’une journée marquée par la multiplication de déclarations pessimistes de la part des Iraniens et des Occidentaux sur l’issue de ces négociations de plus en plus difficiles.Les enjeux de l'accord sur le nucléaire iranien par lemondefrLes propos de M. Fabius à son arrivée à Lausanne ont tranché avec la réserve qu’il affichait encore il y a quelques jours. « On est à quelques mètres de l’arrivée, quelques dizaines de mètres, mais on sait aussi que ce sont toujours les plus difficiles », a-t-il affirmé. « On va essayer de les franchir », a-t-il poursuivi, en soulignant l’enjeu majeur de ces négociations, dont les premiers pas remontent à 2003 : la lutte contre « la prolifération nucléaire » et « d’une certaine manière la réintégration de l’Iran dans la communauté internationale », tout en ajoutant que « ce n’est pas encore fait », « il y a des progrès à faire ». « Montagnes russes »L’intervention de Laurent Fabius semblait indiquer que les lignes avaient considérablement bougé au cours des dernières vingt-quatre heures. Jusqu’alors, ces tractations, qualifiées de « montagnes russes » par un négociateur expérimenté, paraissaient enlisées depuis l’interruption des discussions, dans la plus grande confusion, dans la nuit de mardi à mercredi. Rarement, le groupe du « P5 + 1 », rassemblant les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité (France, Etats-Unis, Russie, Chine et Royaume-Uni), plus l’Allemagne, qui négocient avec l’Iran, avait étalé ses divisions. Sans fournir d’explication commune, les chefs de la diplomatie russe, français et chinois étaient repartis chacun de leur côté, laissant sur place leurs collègues britannique, allemand et américain. Le tout, sur fond de déclarations contradictoires qui ont alimenté le pessimisme et la cacophonie.La grande difficulté de ces pourparlers, d’une complexité technique inouïe, est qu’il faut mener trois négociations de front« Personne ne peut dire ce que cela va donner maintenant », a reconnu, dans la journée de mercredi, un diplomate occidental. « Cela peut durer un ou deux jours, ou peut-être plus », a-t-il poursuivi, en relevant que les échanges avaient été « très difficiles toute la semaine », car « les Iraniens bougent très doucement ».Mais le retour inattendu de M. Fabius et la teneur confiante de ses déclarations, alors qu’il passe pour intransigeant sur ce dossier, laissent croire qu’il y a eu du mouvement sur les principales divergences qui grippent les négociations : la durée d’application d’un accord, le programme de recherche et de développement nucléaire iranien et la levée des multiples sanctions internationales qui frappent la République islamique.Complexité technique inouïeJusqu’à présent, ces blocages paraissaient insurmontables. Et l’hypothèse d’une nouvelle extension des pourparlers, qui ont déjà été prolongés à deux reprises, n’était guère envisageable tant la pression monte aux Etats-Unis, où le Congrès menace d’adopter de nouvelles sanctions contre l’Iran, à partir de la mi-avril, sans progrès réels dans les négociations. « Si les divergences entre l’Iran et les grandes puissances ne peuvent pas être réglées à Lausanne, il y a peu de chance qu’elles puissent l’être par la suite », estime Ali Vaez, spécialiste de l’Iran à l’International Crisis Group. « Un nouveau report ne changerait rien », dit-il.Dans la foulée de l’accord intérimaire, de novembre 2013, entre l’Iran et les Six, qui a ouvert la voie à un gel du programme nucléaire iranien et à une levée partielle des sanctions contre Téhéran, il était encore légitime de plaider la patience, en raison de l’innovation majeure que constituait la simple existence de ce dialogue avec l’Iran après tant d’années d’impasse. Mais aujourd’hui, après seize mois de consultations diplomatiques intenses, pendant lesquels tous les scénarios techniques ont été passés au crible, les prolongations s’apparentent davantage à un constat d’échec.La grande difficulté de ces pourparlers, d’une complexité technique inouïe, est qu’il faut, en fait, mener trois négociations de front. L’une entre les pays du « P5 + 1 », dont les priorités ne sont pas forcément concordantes. Une autre, encore plus difficile, entre l’administration Obama et un Congrès dominé par les républicains, particulièrement hostiles à l’Iran. Et une dernière, en Iran, entre les réformateurs, incarnés par le président Hassan Rohani, et l’aile dure du régime, qui redoute un affaiblissement de son influence en cas de règlement du conflit nucléaire qui entraînerait une ouverture vers l’Occident.La conclusion d’un accord politique à Lausanne entre l’Iran et les grandes puissances, qui permettrait de poursuivre les discussions sur les annexes techniques jusqu’à l’échéance finale du 30 juin, serait une étape fondamentale. Si même Laurent Fabius a l’air d’y croire, tous les espoirs sont permis…Yves-Michel Riols (Lausanne, Suisse, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Elisa Perrigueur Deux illustrateurs turcs ont été condamnés fin mars à une amende de 7 000 livres (environ 2 400 euros) après avoir caricaturé le président Recep Tayyip Erdogan, rapportent les médias locaux. Bahadir Baruter et Özer Aydogan étaient poursuivis pour un dessin paru en une du magazine satirique turc Penguen, en août. La caricature montrait un responsable saluant Erdogan en formant un cercle avec son pouce et son index, signe souvent employé en Turquie comme une insulte à l'adresse des homosexuels. Les dessinateurs ont d'abord été condamnés à 11 mois de prison avec sursis avant de voir leur peine commuée en amende, selon l'AFP et Reuters. Le cas des dessinateurs illustre une tendance judiciaire appliquée de façon de plus en plus récurrente en Turquie.Ces derniers mois, plusieurs personnes ont été en effet interpellées par la justice turque, accusées d'avoir « insulté » le président Erdogan. Parmi elles, on compte par exemple : Un lycéen de 16 ans, membre d'un mouvement de gauche, accusé d'avoir qualifié le chef de l'Etat de « chef des voleurs » dans un discours prononcé en décembre 2013, à Konya. Interpellé puis remis en liberté en décembre 2014, son procès aura lieu le 3 avril.Trois personnes après avoir twitté « contre » le président, ont été interpellées le 13 mars à Istanbul et Fethiye (sud-ouest), selon l'agence de presse Anatolie.105 Au total, d'après le ministère de la justice, qui répondait dans une lettre datée du 17 mars 2015 à une question écrite de Melda Onur, députée du Parti républicain du peuple (CHP), laïc et kémaliste – (en ligne sur son site Internet), 236 demandes de poursuites pour « insulte au président » – 77 en 2014 et 159 en 2015 – ont été réclamées depuis le début officiel du mandat du président Recep Tayyip Erdogan, le 28 août 2014. 105 ont été jugées recevables par la justice turque. 8 personnes ont été placées en détention provisoire. Selon Ahmet Kiraz, avocat au barreau d'Istanbul, la tendance aux poursuites pour « insulte au chef de l'Etat » n'est pas nouvelle en Turquie, mais le nouveau président y fait davantage recours que son prédécesseur. « D'après les données du ministère de la justice, en sept ans de présidence sous Abdullah Gül, les procureurs ont réclamé 1 359 autorisations d'engager des poursuites (à la justice), ils ne l'ont obtenu que 545 fois. » Ce qui est nouveau cependant, précise le magistrat, « c'est surtout la détention provisoire, qui n'était jamais survenue sous Abdullah Gül ». Il précise également qu'avant 2013, « ce sont surtout les militaires et les souverainistes ultranationalistes qui étaient dans le viseur des autorités. Mais désormais, c'est toute la société civile qui prise pour cible. Les uns après les autres, les syndicats, unions (barreaux, chambres professionnelles), organismes indépendants, associations ont perdu l'essentiel de leurs prérogatives ».Le mauvais polar de la vie politique turqueSur quel article de loi s'appuie le chef de l'Etat turc ?Pour la majorité de ces dossiers, Recep Tayyip Erdogan et ses avocats font appel à l'article 299 du code pénal turc, réformé en 2004. Sous le titre « Crimes et délits contre l'honneur des organes et représentant de la souveraineté de l'Etat », le texte indique que :Tout individu qui insulte le président de la République sera condamné à une peine de prison allant de un à quatre ans de prison.Si le délit est commis en public la peine pourra être majorée d'un sixième (modifié le 29/6/2005).Les poursuites pour ce délit ne peuvent être engagées que sur autorisation du ministre de la justice (actuellement M. Bekir Bozdağ).L'ancien code pénal turc, datant de 1926, prévoyait une peine de prison qui ne pouvait être inférieure à 3 ans de prison. A plusieurs reprises, l'opposition turque a réclamé l'abrogation de l'article 299 du code pénal, l'estimant « contraire » à la liberté d'expression. Le gouvernement turc défend toutefois ce texte : « Tout le monde doit respecter la fonction du président », a récemment argumenté le chef du gouvernement, Ahmet Davutoglu.Ce motif est également repris dans plusieurs Etats du monde, où les injures à l'encontre du chef d'Etat sont sanctionnées. En France, par exemple, le « délit d'offense au chef de l'Etat », qui datait de 1881, n'a été abrogé qu'en mai 2013 à la suite de la condamnation de la France par la CEDH pour « violation de la liberté d'expression ». Paris avait condamné Hervé Eon, coupable d'avoir porté une pancarte devant Nicolas Sarkozy où était écrite la phrase « Casse-toi pov'con » en 2008.La « nouvelle Turquie » de Recep Tayyip Erdogan« Dérive »D'après l'avocat Ahmet Kiraz, plusieurs événements politiques ont contribué au développement d'une sorte de «paranoïa » chez Recep Tayyip Erdogan : Les manifestations de « Gezi », en juin 2013. Les gigantesques mobilisations avaient entraîné environ 3,6 millions de personnes dans la rue. Désormais, les autorités veulent éviter que ne se réveille « l'esprit Gezi ».Les poursuites pour corruption engagées par des procureurs contre les proches d'Erdogan, en décembre 2013. La justice turque avait toutefois livré, en octobre 2014, un non-lieu contre cinquante-trois personnes mises en cause.En septembre 2014, l'ONG Human Rights Watch (HRW) avait dénoncé un « recul inquiétant » en matière de respect des libertés, menaçant surtout l'indépendance de la justice et de la presse en Turquie dans un rapport intitulé « la dérive autoritaire menace les droits humains ». Voir : Quelles sont les dernières atteintes à la laïcité en Turquie ?Elisa PerrigueurJournaliste au Monde 01.04.2015 à 21h22 • Mis à jour le02.04.2015 à 09h24 Une prise d'otage meurtrière, une attaque armée contre un bureau local du Parti de la justice et du développement (AKP) du président Recep Tayyip Erdogan, une fusillade devant la direction de la sécurité d'Istanbul et deux quartiers populaires en ébullition... En un peu plus de vingt-quatre heures, Istanbul a connu une flambée de violences politiques, à deux mois des élections législatives du 7 juin prochain.En fin d'après-midi, mercredi 1er avril, une fusillade a éclaté devant le siège de la police de la métropole turque, dans le quartier de Fatih, sur la rive européenne. Le gouverneur de la région d'Istanbul, Vasip Sahin, a annoncé en début de soirée qu'un homme et une femme étaient impliqués dans cette attaque.La femme, qui portait sur elle des explosifs, a été tuée par les policiers, tandis que l'homme, blessé, a réussi à prendre la fuite. Des médias turcs ont annoncé par la suite que celui-ci avait également été rattrapé par les forces de l'ordre. Au moins un policier a été légèrement blessé dans l'échange de coups de feu, selon les premières informations.VIDEO: Two assailants shot in attack on #Istanbul police HQ— Hurriyet Daily News (@HDNER)require(["twitter/widgets"]);« Vengeance de la mort de BeRkin »Les médias pro-gouvernementaux ont rapidement imputé l'attaque au mouvement marxiste DHKP-C (Front révolutionnaire de libération du peuple), classé comme groupuscule terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne.La fusillade survient au lendemain de la prise en otage, dans un tribunal d'Istanbul, d'un procureur par deux militants du DHKP-C. L'assaut donné par les policiers en soirée, mardi 31 mars, s'est conclu par la mort des deux preneurs d'otage. Le magistrat, Mehmet Selim Kiraz, est également décédé après avoir été grièvement blessé lors de l'intervention policière.Il était en charge de l'enquête sur la mort du jeune Berkin Elvan, tué par une grenade lacrymogène reçue en pleine tête lors des émeutes de Gezi, en juin 2013. Les militants de ce mouvement d'extrême gauche, qui a pris fait et cause pour la « vengeance de la mort de Berkin », menaçaient d'exécuter leur otage si des « excuses publiques » n'étaient pas faites par les policiers, dont aucun n'a été reconnu responsable du décès de l'adolescent. Lire : Un magistrat turc meurt dans une prise d’otage à IstanbulCe mercredi matin, les policiers ont procédé à une vague d'arrestations de militants supposés du DHKP-C à Antalya, Izmir et Istanbul, notamment dans certaines universités stambouliotes. Une quarantaine de personnes auraient été placées en garde à vue. Deux hommes ont également été arrêtés après avoir fait irruption, armés, dans un bureau local de l'AKP du quartier de Kartal, à l'est d'Istanbul. Les médias turcs ont publié une séquence vidéo montrant un homme accrochant à la fenêtre de l'édifice un drapeau turc frappé d'une épée.Two armed men break into ruling AKP building in Istanbul http://t.co/wz1mzWGxTE http://t.co/taTOEq1wnd— Hurriyet Daily News (@HDNER)require(["twitter/widgets"]);échéances électoralesCe sursaut de violences intervient à deux mois des élections législatives, alors que la société turque est particulièrement polarisée entre partisans et adversaires du président – et ancien premier ministre – Recep Tayyip Erdogan, qui entend profiter du prochain scrutin pour obtenir une majorité qualifiée lui permettant de transformer la Turquie en régime présidentiel.Les attaques des dernières heures pourraient également permettre au gouvernement de justifier l'adoption d'un « paquet de lois sécuritaires », contestées, qui accordent davantage de pouvoirs aux forces de l'ordre.Mercredi soir, des affrontements avaient lieu entre policiers et manifestants dans deux quartiers de la mégalopole turque, à Okmeydani, quartier d'origine du jeune Berkin Elvan, un fief du DHKP-C, ainsi qu'à Gazi, un quartier majoritairement alévi (une branche du chiisme, minoritaire en Turquie), d'où étaient originaires les deux preneurs d'otage tués par les policiers mardi soir. Sur les réseaux sociaux, des partisans du parti au pouvoir ont appelé à se rendre dans ces quartiers pour en découdre avec les manifestants.Istanbul's Gazi neighbourhood seeing clashes as DHKP-C militant killed in hostage operation funeral not allowed in. http://t.co/foeu0rHcrH— Has Avrat (@hasavrat)require(["twitter/widgets"]); Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Les autorités judiciaires néerlandaises viennent de publier, au début de la semaine, une série de documents émanant du groupe d’enquête international constitué pour enquêter sur les causes du crash du vol MH-17 de la compagnie Malaysia Airlines. L’avion de ligne parti d’Amsterdam s’était écrasé dans l’est de l’Ukraine le 17 juillet 2014, faisant 298 victimes, dont 196 Néerlandais.Selon certains de ces documents, vus par Le Monde et fondés notamment sur des enregistrements, l’hypothèse de l’implication de séparatistes prorusses et de la Russie se trouve renforcée. Le ministère public des Pays-Bas, chargé de l’enquête criminelle, refuse néanmoins, à ce stade, de se prononcer sur les causes exactes de la catastrophe. Il a toutefois lancé un appel à témoins afin d’obtenir des détails sur le lancement d’un missile sol-air Buk, issu d’un système de défense antiaérienne de moyenne portée utilisé par l’armée russe.S’agit-il pour les enquêteurs d’une tentative désespérée d’obtenir des preuves, comme le pensent des juristes ? Ou d’une manière d’indiquer qu’ils progressent vers une possible implication des autorités russes ? Le parquet ne donne pas d’indication, sauf qu’il n’est pas proche d’une éventuelle mise en examen.Transport d’une « beauté » venant de Russie par camionDans les éléments récoltés par l’équipe d’enquête (Joint Investigation Team, JIT) dirigée par les Pays-Bas et qui comprend aussi des responsables de Malaisie, d’Australie, d’Ukraine et de Belgique, figurent des enregistrements de conversations plus que troublants. Usant d’un langage en partie codé, des personnes, membres d’un groupe dit « Bibliotekar » évoquent, le matin même de l’accident, le transport d’une « beauté » venant de Russie par camion et parvenue à Donestk. Le véhicule blanc, de marque Volvo, se serait ensuite rendu près de Snejnoe, d’où le missile aurait été tiré. « C’est bien ce que je pense, quelque chose avec un M ? », interroge l’un des interlocuteurs du chauffeur. « Oui, oui, oui », répond celui-ci. En russe, le système de missiles est appelé « Buk M ».Juste avant et juste après la catastrophe, des photos d’un camion Volvo transportant un tracteur-lanceur ont été réalisées en divers endroits de l’est ukrainien. Sur l’une d’entre elles, prise le 18, au lendemain de l’accident, il manque l’un des quatre missiles habituellement présents sur ce type de lanceur. « La voiture est en Russie », dit, quelques heures plus tard, l’un des séparatistes. Qui annonce aussi l’arrivée prochaine d’une autre « voiture ».Au moment du crash, le chef militaire des séparatistes, Igor Strelkov, avait publié sur les réseaux sociaux un message félicitant ses troupes d’avoir abattu un avion de chasse ukrainien dans la zone de Snejnoe. Une publication effacée lorsqu’a été connue la nouvelle du crash d’un avion civil.Eléments métalliquesAutre élément nouveau : un journaliste néerlandais de la chaîne RTL qui a inspecté le lieu de l’accident a retrouvé des éléments métalliques dont certains peuvent, semble-t-il, provenir d’un missile Buk.L’équipe internationale a, quant à elle, déjà abouti à l’identification de 296 passagers et procédé à une reconstitution partielle de l’appareil à partir des débris retrouvés dans la zone du crash. La carcasse se trouve dans un hangar d’une base militaire des Pays-Bas, à Gilze-Rijen, où ont pu se rendre les familles des victimes qui le désiraient.Une instance officielle néerlandaise a conclu, le 9 septembre dernier, que l’avion s’était désintégré après avoir été frappé à très grande vitesse par un grand nombre d’objets avant de s’écraser. Les Etats-Unis ont rapidement affirmé qu’ils disposaient de preuves qu’il s’agissait d’un missile tiré à partir du territoire contrôlé par les séparatistes prorusses. Moscou évoque, de son côté, la possibilité que l’appareil ait été abattu par un avion de chasse ukrainien. Des membres du JIT vont se rendre prochainement en Russie pour y récolter une version officielle.Si les autorités néerlandaises se montrent prudentes et refusent encore toute conclusion, c’est également parce que les détails les plus probants qui ont été récoltés jusqu’ici – les enregistrements de conversations – proviennent des services de renseignement ukrainiens, SBU. « Une organisation qui fut au service de l’ancien régime et semble s’être mise au service du nouveau en conservant les mêmes méthodes », commente un diplomate à La Haye. Ces services ont publié leur propre version des faits – incriminant Moscou – à partir d’une photo falsifiée et ils ont évoqué, en novembre 2014, un projet d’attentat de séparatistes contre le ministre des affaires étrangères néerlandais, Bart Koenders. Une affirmation douteuse.Les pays concernés par l’enquête – y compris les Pays-Bas – estiment cependant que le matériel audio dont ils disposent à propos du crash est fiable. Fred Westerbeke, qui dirige l’enquête, a indiqué que les vérifications qui ont été opérées permettent de conclure que ces enregistrements sont authentiques.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Anne Eveno Présent depuis 2004 dans l’Hexagone, Google France lance, mercredi 8 avril, sa toute première campagne de publicité institutionnelle. D’un coût de 1,5 million d’euros, la première vague de cette opération, qui se déroulera jusqu’au 23 mai, veut mettre en avant des succès français incarnés par cinq ambassadeurs venant du monde des associations, des start-up ou des PME et qui ont réussi grâce à Internet et aux technologies Google.« Jusqu’ici, nous n’avions communiqué que sur les produits et jamais sur notre rôle dans l’écosystème du numérique français », souligne Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce, directrice de la communication de Google France. Cette campagne, baptisée « Moteur de réussites françaises » - et à laquelle l’entreprise travaille depuis 18 mois - intervient à un moment où le poids de Google, que ce soit en, France ou aux États-Unis, soulève de nombreuses critiques.Le groupe, qui détient sur le marché de la recherche sur Internet une part ultra-dominante (77 % aux États-Unis et plus de 90 % en Europe), est visé par plusieurs procédures.De l’autre côté de l’Atlantique, un sénateur américain a annoncé vouloir entendre l’agence fédérale américaine chargée de faire respecter le droit de la consommation (FTC) sur l’abandon d’une enquête pour anticoncurrence, qui visait Google en 2012.Lire aussi :Le Sénat américain va enquêter sur GoogleEncadrer les pratiquesEn Europe, Bruxelles serait sur le point de clore son enquête – ouverte il y a cinq ans – sur les pratiques anticoncurrentielles de Google. Et en France, des sénateurs ont déposé, jeudi 2 avril, un amendement au projet de loi Macron car ils estiment urgent de se donner les moyens d’encadrer les pratiques des moteurs de recherche : « Cet objectif passe par la mise en place d’une régulation ex ante [au préalable] », expliquent-ils dans l’exposé des motifs de l’amendement.Lire aussi :Un nouveau front s’ouvre contre Google en FranceNick Leeder, directeur général de Google France, interrogé par Le Monde, a refusé de commenter cette initiative sénatoriale. Le dirigeant insiste sur la place prise par la filiale française du géant américain auprès des entrepreneurs français et des acteurs du web.« Depuis notre installation à Paris en 2004, nos effectifs sont passés d’une petite quinzaine de personnes à 600 salariés dont une centaine d’ingénieurs » précise-t-il. M. Leeder souligne également le rôle joué par Google pour améliorer leur visibilité sur internet.Avec le programme Google pour les pros, lancé il y a trois ans, les équipes de Google ont rencontré 50 000 TPE et PME et la moitié d’entre elles ont désormais une présence en ligne. « D’ici fin 2015, nous voulons rencontrer 200 000 PME » annonce M. Leeder, « ce qui nécessitera l’emploi de 200 coaches, issus notamment des juniors entreprises, des universités et des écoles de commerce ».Le groupe insiste également sur son rôle auprès des associations en indiquant avoir offert, ces deux dernières années, 35 millions d’euros de publicité gratuite via les Google Ad Grants.Aide à l’internationalisationLe dernier axe d’action vanté pas Google est son soutien aux entrepreneurs, et particulièrement aux start-up. Depuis 2011, l’entreprise verse annuellement 1 million d’euros au Numa, emblématique lieu de l’innovation à Paris. Et Google France va lancer une nouvelle initiative, intitulée « Scale-up ».Ce soutien s’adresse aux start-up qui ont déjà réussi une première levée de fonds et a pour objectif de les aider à s’internationaliser, pour faire naître de futurs Blablacar par exemple.D’ores et déjà, dix start-up ont été sélectionnées et sont accompagnées par une équipe de dix personnes au sein de Google France.Lire aussi :Quand Google cherche le prochain GoogleAvec cette campagne, dans un moment difficile en termes d’image pour Google, la filiale française du moteur de recherche entend prouver sa « contribution certaine, incontournable et dans la durée » à l’économie française, affirme Mme Dauba-Pantanacce.Une volonté de clarté qui se heurte encore à une certaine culture de la confidentialité, puisque, aujourd’hui encore, Google France ne fournit pas le montant total de ses investissements en France.Anne EvenoJournaliste au Monde Claire Guélaud L’aide publique au développement (APD), en hausse de 66 % depuis l’an 2000, est restée globalement stable en 2014 dans les 28 pays membres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Elle a atteint 135,2 milliards de dollars (environ 124,1 milliards d’euros), représentant en moyenne 0,29 % de leur revenu national brut, a annoncé, mercredi 8 avril, l’OCDE.Cette stabilité recouvre des situations très différentes, puisque l’aide bilatérale a diminué de 16 % dans les pays les moins avancés, à 25 milliards de dollars (près de 23 milliards d’euros), du fait de moindres annulations de dettes, et de 5 %, à 28 milliards de dollars (environ 26 milliards d’euros), en Afrique.En volume d’aide, la France figure parmi les plus grands pays donateurs aux côtés des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et du Japon. Les crédits de l’APD – 10,7 milliards de dollars en 2014 (près de 9,8 milliards d’euros) – y ont toutefois diminué pour la quatrième année consécutive. Ils représentent 0,36 % de son revenu national brut, loin de l’objectif de 0,70 % fixé par l’ONU et respecté par seulement cinq pays (Danemark, Luxembourg, Norvège, Suède, Royaume-Uni).La France affiche même la cinquième plus forte baisse (- 9,2 %) des 19 pays européens membres du CAD de l’OCDE.Lire aussi :Aide publique au développement, le recul françaisEn 2014, précise l’organisation internationale, l’aide pays programmable (APP), quelle qu’en soit la source (pays membres et non membres du CAD, agences multilatérales), a chuté de 7 % en raison d’une forte baisse des crédits octroyés à l’Afghanistan, au Kenya, au Myanmar et à la Tanzanie.À partir de 2015, toutefois, les montants de l’APP devraient se redresser et bénéficier davantage, conformément aux décisions arrêtées en décembre 2014, aux pays les moins avancés (PMA).Année « cruciale »En France, les organisations non gouvernementales (ONG), regroupées au sein de Coordination Sud, demandent que les pays développés prennent l’engagement de consacrer au moins la moitié de leur APD aux pays les plus pauvres.Elles souhaitent aussi, à l’instar d’Oxfam, maintenir une certaine pression sur le Parlement pour obtenir un redressement de l’APD une fois la reprise économique assurée, comme François Hollande l’avait laissé entendre en 2013.L’année 2015 s’annonce comme une période « cruciale » avec la conférence des Nations Unies à Addis Abeba en juillet sur le financement du développement durable, avec la redéfinition en septembre, lors d’une autre conférence de l’ONU, des objectifs du développement pour l’après-2015 (17 objectifs de développement durable sont en cours de négociations) et enfin avec la COP21 (21e conférence des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) de décembre à Paris sur le réchauffement climatique.Autant d’occasions pour Oxfam et Coordination Sud de réitérer leur volonté de voir la France faire mieux en matière de financement du développement. Lire également : Emmanuel Faber : « Le modèle d'aide publique au développement est à bout de souffle »Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) Les élections législatives porteront aussi sur un ­sujet qui ne figure pas parmi les premières préoccupations des électeurs britanniques : l’appartenance à l’Union européenne, loin derrière la santé, l’emploi et l’immigration dans les sondages.Tandis que le premier ministre conservateur, David Cameron, promet d’organiser un référendum d’ici à 2017 sur une éventuelle sortie de l’UE (le « Brexit », pour British exit), son adversaire travailliste, Ed Miliband, exclut pareille consultation et qualifie de « désastre » une rupture avec l’Europe. En optant pour l’un ou l’autre, les Britanniques vont donc décider, non pas d’un « Brexit », mais de l’éventualité d’un référendum. A l’exception du Labour, tous les partis en lice défendent le principe de la consultation popu­laire, avec des objectifs divergents. Tandis que le UKIP, dont le « Brexit » est la première revendication, milite pour un référendum dès 2016, les lib-dem, les Verts et les nationalistes écossais du SNP, tous pro-européens, estiment que les électeurs doivent être consultés.« Je crois passionnément que quitter l’Europe diminuerait l’influence du Royaume-Uni dans le monde »Chef de file du SNP, Nicola Sturgeon juge le référendum « inévitable ». Elle compte s’appuyer sur un résultat contradictoire en ­Angleterre et en Ecosse pour réclamer un nouveau référendum, cette fois sur l’indépendance de l’Ecosse elle-même. « Quoi qu’en disent les responsables politiques, [les chefs de parti] ont transformé les élections de mai en un vote sur le fait de tenir ou non un... 08.04.2015 à 09h35 • Mis à jour le08.04.2015 à 13h26 Un Syrien vivant en Grande-Bretagne, ancien imam et militant opposé au président Bachar Al-Assad, a été trouvé mort dans le nord-ouest de Londres, tué par balle, rapporte la BBC mercredi 8 avril. Le Guardian rappelle que dans un de ses prêches, en mai 2014, il avait déclarait que le régime était « pire qu'un criminel et moins qu'un animal ». Certains lui reprochent d'avoir parlé devant une assemblée de partisans de la Jamaat-e-Islami, parti islamiste accusé de crime de guerre au Pakistan, et d'avoir été un prêcheur de la mosquée radicale An Noor. « La police a été appelée par les services médicaux d'urgence après qu'un homme, la quarantaine, a été trouvé mort par ce qui semblait être des blessures par balle dans la poitrine », affirme la BBC qui identifie la victime comme « Abdul Hadi Arwani, un ancien imam d'une mosquée de Londres. »La police londonienne n'a pas confirmé l'identité de la victime, mais a expliqué qu'une enquête pour meurtre était en cours après qu'un homme, la quarantaine avancée, avait été trouvé mort dans une voiture mardi à Wembley. « Les enquêteurs pensent connaître l'identité de la personne morte, mais une identification formelle est attendue », affirme la police de Londres dans un communiqué. « Une autopsie sera ordonnée le moment venu », est-il ajouté.Des amis et partisans de l'ancien imam lui ont rendu hommage sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, le militant et ancien prisonnier de Guantanamo Moazzam Begg, a écrit : « Qu'Allah ait pitié de lui. » 07.04.2015 à 19h44 • Mis à jour le08.04.2015 à 08h39 Il aura fallu attendre quatorze ans pour obtenir une condamnation. Ce sera finalement celle d'un pays. La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné, mardi 7 janvier, l'Italie pour n'avoir jamais poursuivi en justice, ni même identifié, les auteurs de violences policières contre des militants altermondialistes, en marge du sommet du G8 à Gênes en 2001. Des mauvais traitements pourtant assimilables à des « actes de torture » selon la CEDH. La scène s'était produite dans la nuit du 22 au 23 juillet, en marge du sommet international qui s'était tenu en 2001 dans la ville de Gênes. Le requérant, âgé de 62 ans au moment des faits, avait été frappé par des policiers masqués lors d'un assaut nocturne dans l'école Diaz qui servait de dortoir à 300 militants. L'homme avait subi plusieurs fractures, dont il porte encore aujourd'hui les séquelles, alors que 93 personnes furent arrêtées, puis emmenées dans une caserne où ils subirent d'autres sévices. Des violences « infligées de manière totalement gratuite », selon la CEDH.« Une vraie boucherie »A la suite de ces violences, plusieurs responsables policiers avaient été condamnés devant les tribunaux italiens. En juin 2007, Michelangelo Fournier, fonctionnaire de police, avait raconté lors de son procès :« C'est vrai, j'ai vu des policiers s'acharner sur des personnes sans défense, cela ressemblait à une vraie boucherie. Dans l'obscurité, j'ai vu quatre agents, deux en uniformes et deux en civil, matraquer une jeune fille, je leur ai crié d'arrêter, ils ont continué, j'ai dû les bousculer, ils m'ont insulté. Je suis resté tétanisé quand j'ai vu la fille avec le crâne fendu, dans une mare de sang (...). J'ai cru qu'elle était en train de mourir. »« Pourquoi parler si tard ? », lui avait demandé le juge. « Je n'en ai pas parlé par esprit de corps et amour de la patrie, avait répondu le fonctionnaire avant d'ajouter : Cette nuit-là, je l'ai portée comme une croix pendant six ans. »« Problème structurel »Mardi, les juges européens ont estimé que, « compte tenu de la gravité des faits », l'attitude des autorités n'avait pas constitué une « réaction adéquate ». Seuls des membres de la hiérarchie policière avaient été condamnés à des peines de prison relativement légères. Les policiers qui avaient pris part aux violences, eux, avaient échappé aux poursuites. La CEDH a ainsi « regretté que la police italienne ait pu refuser impunément d'apporter aux autorités compétentes » son concours pour identifier les auteurs des coups.Lire aussi notre analyse (en abonnés) : Les blessures de GênesSur la base de ces constats, la Cour européenne a donc estimé qu'un « problème structurel » existait dans la législation italienne, et a exigé des modifications en conséquence. Les juges européens ont par ailleurs ordonné aux autorités italiennes de verser 45 000 euros au requérant pour dommage moral. Rome a trois mois pour contester ce jugement.« Page noire » du paysPrenant acte du jugement européen, la présidente de la Chambre des députés, Laura Boldrini, a estimé que l'épisode marquait une « page noire » du pays. « Avec l'introduction du délit de torture dans le code pénal », qui doit être discutée à partir de jeudi à l'Assemblée, « le Parlement s'apprête finalement à combler un vide que les juges européens tout comme les citoyens italiens considèrent intolérable », a déclaré Mme Boldrini.La nouvelle loi devrait « servir à aligner l'Italie à l'Europe des droits de l'homme, qui n'est pas moins importante que l'Europe des paramètres économiques », a-t-elle promis.Voir aussi : Gênes 2001, récit d'une tragédieMort de Carlo GiulaniLes manifestations contre le sommet du G8 à Gênes avaient été marquées par de nombreuses violences. Celles-ci avaient culminé avec la mort d'un jeune contestataire, Carlo Giuliani, tué par un carabinier. Lire aussi (en abonnés) : « Le carabinier a tiré deux coups de feu sur le jeune »Cette affaire, qui avait suscité une vive émotion internationale et des critiques contre le gouvernement de Silvio Berlusconi, a fait l'objet d'un classement sans suite par la justice italienne en 2003. La Cour européenne des droits de l'homme avait condamné en 2009 l'Italie pour des manquements dans l'enquête sur la mort du jeune militant.Lire aussi : « Diaz, un crime d'Etat » : une tache indélébile sur la démocratie Morgane TualLes internautes turcs commencent à y être habitués : lundi 6 avril, YouTube, Twitter et Facebook ont été bloqués quelques heures par les autorités de leur pays. En cause, la diffusion de photographies présentant, un revolver sur la tempe, Mehmet Selim Kiraz, le procureur tué le 31 mars à l'issue d'une prise d'otage au tribunal d'Istanbul. Le blocage a été levé au bout de quelques heures, après que les sites concernés ont accepté de supprimer ces images et les comptes qui les avaient diffusées.Cette décision coup de poing, aussi brutale qu'éphémère, est représentative de la politique menée par le président turc Recep Tayyip Erdogan à l'encontre des réseaux sociaux, régulièrement censurés… Et aussitôt réactivés. Un peu plus tôt, le 13 mars, trois personnes avaient été arrêtées pour avoir insulté Erdogan sur Twitter.Une politique clairement hostile à Internet et aux réseaux sociaux. Et pourtant, parallèlement, Erdogan semble se les approprier. Le 9 février, le président turc a fait ses débuts sur Twitter en publiant son premier message, consacré à la lutte contre le tabac :Bugün 9 Şubat Dünya Sigarayı Bırakma Günü. Bu zehre karşı sen de iradene sahip ol ve #SigarayaTeslimOlma RTE— Recep Tayyip Erdoğan (@RT_Erdogan)require(["twitter/widgets"]);(« Faites preuve de volonté contre ce poison et #NeCédezPasALaCigarette – RTE »)Si son compte existait déjà depuis août 2009, il était uniquement utilisé par ses partisans et Erdogan n'y avait jamais publié le moindre tweet signé. Son apparition sur ce réseau social a laissé perplexe les internautes turcs, plutôt habitués à ses diatribes anti-Twitter. Une ambivalence qui s'explique par le « paradoxe » de l'AKP, le parti islamo-conservateur d'Erdogan. Selon Dorothée Schmid, responsable du programme Turquie à l'Institut français des relations internationales (Ifri) :« Il fait accéder la Turquie à la croissance économique, aux outils modernes, mais en même temps s'en méfie. (...) Erdogan considère les réseaux sociaux comme un outil politique au service de l'Etat, pas de la société civile. »En guerre contre ces « fauteurs de troubles dans nos sociétés actuelles », comme il les décrit, le président turc n'a pourtant jamais pris la décision de bannir les réseaux sociaux sur le long terme, tiraillé entre une volonté de contrôle et l'image de modernité qu'il souhaite insuffler à son pays.Lire (édition abonnés) : En Turquie, Erdogan tient les réseaux sociaux à l’œil« La menace s'appelle Twitter »Mais le contrôle de l'information qui s'opère dans les médias turcs s'applique bien entendu sur Internet. Même si les réseaux sociaux sont moins faciles à contrôler, les autorités se sont assurées assez tôt que des sites incontournables, comme Facebook, fassent respecter certaines règles. En février 2012, on apprenait que la Turquie disposait de règles de modération particulières sur le réseau de Mark Zuckerberg, où les cartes du Kurdistan, les photos de drapeaux turcs en feu ou les attaques contre Atatürk doivent être signalées. YouTube avait ainsi déjà été censuré à plusieurs reprises, notamment en 2007 et en 2010, pour « insultes envers Atatürk » – une particularité du droit qui protège l'image du fondateur de la république de Turquie.Mais c'est en juin 2013 que la politique d'Erdogan envers Internet, et plus particulièrement les réseaux sociaux, a pris un véritable tournant. Dans une interview télévisée diffusée le 2 juin, celui qui était alors premier ministre s'emporte :« La menace, aujourd'hui, s'appelle Twitter. C'est là que se répandent les plus gros mensonges. Les réseaux sociaux sont la pire menace pour la société. »Cet entretient intervient alors que des manifestants occupent la place Taksim et que le mouvement de protestation s'étend à travers tout le pays. Grâce aux réseaux sociaux, et notamment Twitter, les opposants au régime contournent la censure médiatique pour s'informer et s'organiser. Les dirigeants « ont eu extrêmement peur », analyse Dorothée Schmid :« Avant, pour eux, les réseaux sociaux étaient de l'ordre de la distraction. Ils ne s'étaient pas rendu compte que ça pouvait être un outil politique, notamment pour l'opposition. Jusqu'ici, le gouvernement avait réussi à l'empêcher de créer une alternative politique crédible. Au moment de [l'occupation du parc] Gezi, ils ont vu que des gens semblaient pouvoir organiser une alternative. »Résultat : des dizaines d'arrestations pour « incitation à l'émeute » tenues sur Twitter, mais aussi des tentatives de blocage des réseaux sociaux rapportées par plusieurs sources à l'époque. Le site TechCrunch affirmait par exemple le 1er juin que l'accès à Facebook et à Twitter était « quasiment impossible depuis Istanbul, et dans d'autres parties de la Turquie ». Une armée de pro-Erdogan sur TwitterEn septembre, alors que de nouvelles manifestations ont lieu à Istanbul, l'AKP décide de mettre en place une nouvelle stratégie. Au lieu d'interdire les réseaux sociaux, il préfère les investir. Le parti lève alors une petite armée d'utilisateurs, composée de 6 000 de ses adhérents, chargés de faire entendre la parole officielle, mais aussi de surveiller les discussions qui s'y déroulent. « Nous cherchons à développer un langage politique positif, que nous enseignons à nos volontaires. Et quand le camp opposé répand de la désinformation à propos du parti, nous la corrigeons par des informations valides », précisait alors un responsable du parti au Wall Street Journal.Cet usage « positif » des réseaux sociaux ne va pas durer : en mars 2014, le premier ministre Erdogan frappe un grand coup en faisant bloquer Twitter et YouTube, à quelques jours des élections municipales. Il refuse la diffusion d'enregistrements de conversations téléphoniques le mettant en cause dans des affaires de corruption. « Cela n'a rien à voir avec les libertés. La liberté n'autorise pas l'intrusion dans la vie privée de qui que ce soit », avait-il alors argué. « Je me moque de ce que pourra dire la communauté internationale. » Ce blocage avait en effet suscité une vague d'indignation au sein du pays mais aussi hors de ses frontières. Jusqu'au président de la république de l'époque, Abdullah Gül, qui avait lui aussi dénoncé ce « blocage total des réseaux sociaux »… sur son compte Twitter.Quelques jours plus tard, un tribunal turc a donné tort à Recep Erdogan et ordonné la levée du blocage. Celui-ci avait, de toute manière, été largement contourné par les internautes. Pire, pour le premier ministre, il a même eu l'effet inverse de celui escompté : le nombre de tweets publiés a considérablement augmenté durant le blocage.Démonstration d'autoritéPas à une contradiction près, le gouvernement a parallèlement demandé à Twitter d'ouvrir un bureau en Turquie, ce qui lui aurait permis d'exiger des taxes à l'entreprise américaine, qu'Erdogan accusait d'évasion fiscale. Une proposition déclinée par Twitter, jugeant le « climat » défavorable.Pour Dorothée Schmid, cette politique relève d'une démonstration d'autorité de la part d'Erdogan :« Il veut montrer que c'est lui le patron, mais il ne veut pas trop déplaire à l'électorat. Il est aussi conscient que les blocages sont très mauvais pour l'image de la Turquie. Il veut démontrer la puissance de l'Etat, imposer l'idée qu'il contrôle les réseaux sociaux et pour cela, de temps en temps, il faut frapper. Puis, généreusement, rendre la liberté. »Une liberté de plus en plus surveillée. La Turquie est désormais le pays qui exige le plus d'informations à Twitter sur ses usagers, après les Etats-Unis. Selon le rapport de transparence de Twitter sur la deuxième moitié de l'année 2014, la Turquie a effectué 356 demandes de ce type, contre 24 lors des six mois précédents. Mais, Twitter l'assure, aucune de ces demandes n'a donné lieu à une transmission d'information.Lire : Contourner la censure, un jeu d'enfant pour les internautes turcs //sas_manager.render(25258); ADVERT_AD(['50270/444463', 25258, '', 'parallax', '']); require(["lmd/core/ux/longform"], function (advertLongform) { advertLongform.moveAdvert('[data-adformat=parallax]', '#articleBody'); });Morgane TualJournaliste au Monde Enora Ollivier Robert Clarck est un homme qui en impose. Un bon mètre quatre-vingt-dix, des tatouages bigarrés qui courent le long de ses bras, une voix de stentor qu'il déroule dans une parole rapide et gouailleuse. Pourtant, ce mercredi frisquet d'avril, Robert Clarck n'en mène pas large. C'est la deuxième fois qu'il se rend dans la food bank de son quartier, terme que l'on traduirait littéralement par « banque alimentaire » si l'expression reflétait vraiment l'esprit du lieu. La « banque » en question se tient dans le réfectoire d'une petite église du quartier de Southwark, dans le sud-est de Londres, où un meuble de cuisine sur lequel est disposé du café, de l'eau prête à bouillir pour les amateurs de thé, des parts de cheesecake maison et des petits gâteaux secs fait office de guichet.Si Robert Clarck est là, calé dans un fauteuil en similicuir, c'est pour se procurer de la nourriture. Cet ancien conducteur de bus londonien de 60 ans a arrêté de travailler il y a quatre ans : à l'époque, il devait s'occuper de son épouse, gravement malade, qui est morte à l'été 2013. Puis il a rencontré lui-même de sérieux problèmes de santé.Aujourd'hui guéri d'un cancer mais souffrant tellement du dos et du pied qu'il peine à se déplacer, l'homme vit quasiment sans le sou. Il reçoit 40 livres (environ 55 euros) d'allocations par semaine, garde parfois des enfants après l'école pour 15 livres (environ 21 euros) hebdomadaires et se fait surtout aider par ses deux filles qui habitent non loin. « Il y a des erreurs dans le calcul de mes allocations, plaide-t-il. En attendant que les autorités les corrigent, je suis obligé de venir ici. »« Sans revenus du jour au lendemain »M. Clarck n'est pas le seul dans ce cas, loin de là. « Quand les gens tombent malades, perdent leur emploi ou subissent de quelque manière que ce soit une baisse d'activité, l'administration met un délai ahurissant à prendre en compte le changement de situation », raconte Sue Ferret, qui s'occupe de la food bank accueillant M. Clarck. Entre-temps, « beaucoup se retrouvent sans revenus du jour au lendemain et ont des difficultés pour se nourrir ».L'aide alimentaire d'urgence fournie par les organisations caritatives prévoit de la nourriture pour trois jours : des pâtes ou du riz, des conserves de viande et de légumes, des céréales, du lait, du thé et du sucre. En théorie, les bénéficiaires ne peuvent en profiter que trois fois en six mois, en échange d'un bon établi par un travailleur social ou un médecin et après un entretien personnalisé destiné à accompagner la personne dans la réalisation des démarches administratives qu'elle doit réaliser. En réalité, « face aux situations de détresse, on est parfois plus flexibles », concède Mme Ferret.Dans le quartier de la gare de Waterloo, à quelques kilomètres de là, une autre food bank reçoit des victimes urbaines de la faim. La plupart de ceux qui y viennent travaillent, mais ne gagnent pas assez pour vivre correctement. Ce jour-là verra passer Jenna [les prénoms ont été modifiés] qui se débat pour faire vivre, sur son maigre salaire, son jeune fils handicapé et elle. Patrick, lui, a bénéficié de l'aide prodiguée par la banque alimentaire il y a six mois, et revient donner des coups de main. Ce jeune homme qui travaille dans la grande distribution a signé un « contrat zéro heure », qui impose une flexibilité extrême au salarié : l'entreprise décide du nombre d'heures que doit travailler le salarié, et seules les heures effectuées sont rémunérées. Certains mois, Patrick n'a rien touché. Alors la banque alimentaire est devenue une nécessité.Lire aussi, en édition abonnés : La Grande-Bretagne, royaume des travailleurs pauvresAu moins 2 millions de Britanniques mal nourrisCes exemples ne sont ni des cas isolés ni des erreurs statistiques. L'association caritative chrétienne Trussel Trust a fait les comptes : au Royaume-Uni, le nombre de personnes s'étant tournées vers son réseau pour obtenir de la nourriture d'urgence est passé de 61 648 entre 2010 et 2011 à 913 138 entre 2013 et 2014, soit un nombre multiplié par 15 en trois ans. Et encore, souligne-t-on à l'association, cette donnée, aussi élevée soit-elle, ne reflète qu'une partie de la réalité. #container_1428152705576{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1428152705576{ height:500px; } #container_1428152705576 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1428152705576 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1428152705576 .subtitre{ display:block; }Fréquentation de banques alimentaires au Royaume-Uni(gérées par l'association catholique Trussel Trust)(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1428152705576", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://www.trusselltrust.org/foodbank-figures-top-900000", "_blank" ); } } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"Trussel Trust", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"linear", categories:["2010-2011","2011-2012","2012-2013","2013-2014"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 2, xDateFormat: "" }, legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de personnes ayant fréquenté une banque alimentaire", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 61468 ], [ "", 128697 ], [ "", 346992 ], [ "", 913138 ] ], "color": "#0386c3" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Aux 420 établissements gérés par l'association, il faut en effet ajouter au moins autant de banques alimentaires indépendantes, mais aussi compter les personnes vivant dans des endroits où une telle aide n'existe pas ou encore celles qui ne se rendent pas en ces lieux par peur du regard d'autrui. En 2013, l'ONG Oxfam estimait que 2 millions de Britanniques étaient mal nourris, et qu'un parent sur six se privait de nourriture pour mieux subvenir aux besoins de sa famille. Aucune région n'est épargnée, pas même la riche ville de Londres, qui compte à elle seule quelque 90 banques alimentaires.Mais pourquoi le Royaume-Uni se tord-il ainsi de faim ? Comment ce pays qui affiche une insolente reprise économique dans une Europe n'en finissant pas d'être affectée par la crise peut-il porter en son sein des habitants qui ont de plus en plus de mal à se nourrir ?Fin 2013, un rapport sur la faim et l'insécurité alimentaire au Royaume-Uni, mené par des parlementaires de tous bords, a mis en lumière la forte augmentation des prix des denrées alimentaires et du fioul domestique, à un rythme plus rapide que celui de la hausse des salaires et que celui de l'inflation.Une politique « punitive » dirigée « contre les pauvres »Mais l'invraisemblable augmentation de la pauvreté outre-Manche depuis quelques mois trouve aussi ses origines dans le « Welfare Reform Act 2012 », la réforme d'ampleur de la protection sociale initiée par le gouvernement conservateur de David Cameron. Le journaliste et économiste Stewart Lansley, coauteur d'un essai intitulé Breadline Britain: the Rise of Mass Poverty (« La Grande-Bretagne sous le seuil de pauvreté : la montée de la pauvreté de masse ») évoque une politique « punitive » dirigée « contre les pauvres, et non contre la pauvreté » :« D'abord, le montant de certaines allocations a été considérablement réduit. Ensuite, et surtout, le gouvernement a introduit un régime de sanctions en 2013 : dans les faits, cela signifie que des chômeurs se voient refuser le versement d'allocations si leur jobcentre [équivalent britannique de Pôle emploi] estime qu'ils ne cherchent pas suffisamment de travail. »L'application de cette réforme a été faite « de façon très injuste », insiste l'auteur, qui cite l'exemple de personnes temporairement radiées du système d'allocations pour ne pas s'être rendues à un rendez-vous du jobcentre pour cause… d'entretien d'embauche. Les effets de ce régime sont considérables : selon les calculs de M. Lansley, un million de personnes ont déjà été victimes d'interruptions du versement de leurs allocations – des sanctions qui durent au minimum quatre semaines et peuvent aller jusqu'à trois ans.Engagements des travaillistesA quelques semaines d'élections législatives qui pourraient déboucher, le 7 mai, sur un changement de majorité, le sujet de la pauvreté au Royaume-Uni est revenu sur le devant de la scène.Le 26 mars, interrogé lors d'un débat télévisé sur le nombre de banques alimentaires dans son pays, M. Cameron a eu du mal à répondre, avant d'admettre que le recours à l'aide alimentaire avait augmenté depuis son arrivée au 10, Downing Street. S'ils restent au pouvoir, les tories entendent encore économiser 12 milliards de livres (16,4 milliards d'euros) en rabotant dans le régime de protection sociale. Les travaillistes, emmenés par Ed Miliband, se sont engagés quant à eux, en cas de victoire, à enrayer l'augmentation du nombre de banques alimentaires : ils promettent d'abolir le régime de sanctions, de réduire les retards de versements d'allocations, ou encore d'augmenter le salaire minimum.Lire aussi : Les enjeux des législatives britanniques du 7 maiDes propositions qui n'attaquent le problème qu'à la marge, estime M. Lansley : « Avec les travaillistes, le montant des allocations ne va pas être augmenté, et le salaire minimum ne sera pas beaucoup amélioré. » Et de pronostiquer : « La pauvreté va continuer de croître ces cinq prochaines années, lentement si les travaillistes l'emportent, rapidement si ce sont les conservateurs. »Epiceries sociales géantesFace à une situation qui pourrait durer, d'autres initiatives éclosent. En décembre, une épicerie sociale géante, appelée Community Shop, s'est ouverte au sud-ouest de Londres. Deuxième du genre au Royaume-Uni – un premier magasin avait ouvert en 2013 à Goldthorpe, dans le nord de l'Angleterre – elle permet à ses membres d'acheter des produits jusqu'à 70 % moins cher que dans les supermarchés, sous certaines conditions : les personnes doivent habiter à proximité, bénéficier d'aides sociales et s'engager à suivre un « programme de développement professionnel personnalisé » qui doit les amener à gagner confiance en elles pour trouver un travail.« Nous ne sommes ni une banque alimentaire, ni une association caritative et nous donnons bien plus que de la nourriture », défend un de ses représentants, se lançant dans une démonstration contemporaine du proverbe « si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour, si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours ». Les 750 personnes qui fréquentent le magasin londonien reçoivent ainsi des conseils pour gérer leur budget et leurs dettes, apprennent à cuisiner sainement avec peu d'argent, et sont entraînées à passer des entretiens d'embauche.L'initiative se veut « plus positive » et « moins stigmatisante » que les food banks. Signe que la détresse alimentaire n'est pas en voie de résorption, 20 community shops de ce genre devraient ouvrir ces prochains mois dans tout le pays.Enora OllivierJournaliste au Monde Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne a confirmé, mardi 7 avril, qu’elle avait « demandé des informations » à quatre pays du sud de la zone euro – l’Italie, l’Espagne, la Grèce et le Portugal – en vue du déclenchement éventuel d’une enquête pour aides d’Etat illégales au secteur bancaire.Bruxelles, comme l’avait indiqué le matin même le Financial Times, s’interroge sur la qualité d’actifs pris en compte dans les fonds. propres d’une série d’établissements, mis en difficulté lors de la crise financière de 2007.À ce stade, la procédure, déclenchée notamment à la demande de certains eurodéputés, est très technique et porte essentiellement sur les DTA ( deferred tax assets ou actifs d’impôt différé). Il s’agit de la différence entre le résultat comptable et le résultat fiscal d’une entreprise, soit des montants d’impôt recouvrables au cours de futurs exercices.Les quatre pays concernés sont les seuls de la zone euro à totaliser ces DTA dans les fonds propres et à fournir aux banques une garantie sur cette base.Lire également : Comment les banques ont profité de la crise grâce aux garanties d'EtatLa réglementation n’est pas claireLes « lettres administratives » envoyées dans les différentes capitales concernées visent à récolter les explications des autorités nationales.Selon la Commission européenne, la réglementation en vigueur en Europe interdit a priori de considérer ces actifs d’impôt différé comme des fonds propres « d’ici à 2019 », indique une porte-parole, à Bruxelles.Il reste à savoir si la pratique des États concernés peut être considérée comme une aide d’Etat.Ni les directives européennes ni la réglementation dite « Bâle III », adoptée pour renforcer le système financier après la crise de 2007, ne permettent apparemment de trancher clairement cette question.Les accords de Bâle visent notamment à assurer un niveau minimum de capitaux propres pour stabiliser des banques.Lire aussi :La BCE assure que « les contribuables ne payeront plus pour les banques »Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.04.2015 à 14h40 • Mis à jour le08.04.2015 à 15h20 | Martin Untersinger Cela devient une habitude : sitôt les mesures de blocage de certains sites Internet et réseaux sociaux mises en place Turquie, les internautes du pays se sont repliés sur des outils pour contourner cette censure.YouTube, Facebook et Twitter ont été bloqués dans le pays suite à une décision de justice interdisant la publication des photographies d'un procureur pris en otage par un militant d'extrême-gauche. L'accès à ces sites, qui ont retiré les contenus demandés, a depuis été rétabli.Lire : Levée du blocage de YouTube et des réseaux sociaux en TurquiePeu de données sont actuellement disponibles pour savoir dans quelle mesure le blocage de ces mastodontes du Web a affecté les internautes turcs. Près de trois millions de tweets ont été postés malgré la censure du réseau social, avance cependant le site du quotidien Hürriyet.Alexandre Cebeillac – doctorant au centre de sciences humaines de New Delhi et au CNRS – a fourni au Monde certaines données sur l'utilisation de Twitter pendant la censure. Si ces données sont « quasiment brutes (certains utilisateurs tweetent plus que d'autres et il y a des robots) », explique-t-il, elles permettent de voir que la censure n'a pas entraîné un arrêt complet du réseau social.En marge de ses recherches, pour lesquelles il utilise des données issues de Twitter, le chercheur a commencé, le 31 mars, à collecter un grand nombre de tweets géolocalisés à Istanbul. Sur le graphique ci-dessous, on voit nettement que le nombre de tweets postés dans la ville diminue pendant la journée du 6 avril, avant de retrouver un niveau normal en début de soirée, après que le blocage a été levé. #container_1428499199534{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1428499199534{ height:500px; } #container_1428499199534 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1428499199534 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1428499199534 .subtitre{ display:block; }L'impact de la censure de Twitter à Istanbul(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1428499199534", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'default' } this.credits.element.onclick = function(){} } } }, colors:["#c9c9c9","#06b586","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"linear", categories:["0","1","2","3","4","5","6","7","8","9","10","11","12","13","14","15","16","17","18","19","20","21","22","23"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 2, xDateFormat: "" }, legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de tweets du 31 mars au 5 avril (en moyenne, base 100)", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 83.2573145 ], [ "", 52.31532985 ], [ "", 29.43597731 ], [ "", 13.80715319 ], [ "", 6.972410724 ], [ "", 4.71826677 ], [ "", 7.603737902 ], [ "", 16.43814662 ], [ "", 27.33618868 ], [ "", 34.66180888 ], [ "", 39.51774391 ], [ "", 48.1866726 ], [ "", 52.13733452 ], [ "", 53.52236066 ], [ "", 54.01601958 ], [ "", 55.51507398 ], [ "", 59.90933363 ], [ "", 62.80871065 ], [ "", 66.3074313 ], [ "", 77.26944043 ], [ "", 83.68561575 ], [ "", 84.7925242 ], [ "", 93.08182223 ], [ "", 100 ] ], "color": "#c9c9c9" }, { "name": "Nombre de tweets le 6 avril (base 100)", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 77.95360997 ], [ "", 44.97997553 ], [ "", 21.81833352 ], [ "", 11.22204917 ], [ "", 6.991878963 ], [ "", 3.454221827 ], [ "", 7.801201468 ], [ "", 19.71576371 ], [ "", 32.37290021 ], [ "", 34.69240182 ], [ "", 34.75915007 ], [ "", 36.36110802 ], [ "", 37.68772945 ], [ "", 30.92112582 ], [ "", 27.36678162 ], [ "", 27.99254645 ], [ "", 28.93536545 ], [ "", 29.3275114 ], [ "", 31.63032595 ], [ "", 49.86928468 ], [ "", 69.63510958 ], [ "", 81.35777061 ], [ "", 87.59873178 ], [ "", 79.92268328 ] ], "color": "#06b586" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Dès l'annonce du blocage, les réseaux sociaux se faisaient en tout cas largement l'écho des moyens de continuer à accéder aux sites bloqués. Même Hürriyet a publié un article listant l'ensemble de ces techniques.VPNLa solution la plus populaire pour contourner la censure est l'utilisation des VPN (l'acronyme de réseaux virtuels privés en anglais). En utilisant cet outil, l'internaute situé en Turquie accède au site bloqué via un ordinateur tiers (celui du fournisseur de VPN). Pour les censeurs turcs, impossible de savoir que l'internaute se connecte en fait à un site censuré.Les entreprises qui proposent des services de VPN ont flairé l'aubaine. PureVPN dispose d'une version en turc de son site et offre des comptes gratuits à ses utilisateurs turcs. Tunnel Bear a, lui, augmenté sa puissance pour ses utilisateurs turcs. C'est sans compter les nombreuses autres entreprises qui ont utilisé les réseaux sociaux pour inciter les Turcs à utiliser leurs services.DNSUne autre possibilité pour contourner la censure consiste à modifier les réglages DNS de sa connexion, une opération un peu plus compliquée à réaliser techniquement.Les DNS sont en quelque sorte les postes d'aiguillage d'Internet. Lorsqu'un internaute demande à se rendre sur twitter.com, du point de vue technique, il interroge les serveurs DNS de son fournisseur d'accès, qui lui indique le chemin à suivre pour parvenir sur le site du réseau social. Les fournisseurs turcs d'accès à Internet ayant reçu l'ordre de la justice de bloquer les sites, ils avaient cessé d'orienter les internautes qui leur faisaient parvenir cette requête, rendant l'accès au site impossible.En changeant manuellement le serveur DNS, les internautes pouvaient contourner cette restriction. Le serveur DNS de Google, gratuit et non concerné par la censure, pouvait être utilisé. Lors du dernier épisode de blocage, en 2014, une photographie de son adresse IP taguée sur un mur avait largement circulé sur les réseaux sociaux.Changer son serveur DNS peut ne pas suffire : en 2014, la Turquie avait fini par empêcher les internautes turcs d'y accéder.TorLes internautes peuvent également utiliser Tor. Ce navigateur Internet (qui se connecte à un réseau du même nom) permet d'accéder à des sites censurés. Lorsqu'ils utilisent Tor, la connexion des internautes turcs chemine à travers trois ordinateurs-relais. Comme dans le cas des VPN, il est impossible de savoir à quel site se connecte l'internaute utilisant Tor, rendant la censure impraticable.L'utilisation de ce logiciel avait connu un net regain de popularité lors de la précédente censure, ce qui ne semble pas encore être le cas actuellement.    #container_1428423310790{        padding:5px 5px 0px 10px;        width:100%;        background-color:#f8f9fb;        border:1px solid #d2d6db!important;    }    #graphe_1428423310790{        height:500px;    }    #container_1428423310790 .titre{        position:relative;        z-index:5    }    #container_1428423310790 .titre:before{        font-size:13px;        content:"▶ ";        vertical-align: middle;    }    #container_1428423310790 .subtitre{        display:block;    }    L'impact de la censure de Twitter à Istanbul        (function(window){    var async = function async(u, c){        var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0];    o.src = u;    if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);}    s.parentNode.insertBefore(o, s);    },initCharts = function(){    //FONCTIONS GLOBALES    Highcharts.setOptions({        lang: {            decimalPoint: ',',            thousandsSep: ' ',            months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin',  'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'],            shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'],            weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'],            noData: 'Pas de données à afficher',             numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E']        }    });//GRAPHE      var chart = new Highcharts.Chart({    chart:{        renderTo:"graphe_1428423310790",        backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)',        borderRadius: 0,        alignTicks:false,        type: "line",        events:{            load:function(){                this.credits.element.onmouseenter = function(){                    this.style.cursor = 'default'                }                this.credits.element.onclick = function(){}            }        }    },    colors:["#c9c9c9","#06b586","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"],    credits:{        enabled:true,        text:"",        position: {            align: "right",            x: -15,            y: -5        },    },    title: {        text: ""    },    subtitle: {        text: ""},    plotOptions: {        series: {            connectNulls:true,            stacking:"normal",            marker:{                symbol:"circle",                fillColor:"#FFF",                lineWidth: 2,                radius:3,                lineColor:null            }        },        pie:{            dataLabels:{                enabled:false            },            showInLegend:true        }    },    yAxis:[{        id:"gauche",        title:{            text:""        },        showEmpty:false,        labels:{            format: "{value} "        },        min:null,        max:null,        endOnTick:false,        startOnTick:false,        reversed:false,        plotBands:[{            color:"#2f5ea1",            from:"",            to:"",            label:{                useHTML:true,                text:"",                align:"center",                verticalAlign:"middle",                textAlign:"center"            }        }]    }, {        id:'droit',         reversed:false,        opposite:true,         showEmpty:false,        title:{            text:""        },        labels:{            format:'{value}'        }    }],    xAxis:{        type:"linear",        categories:["0","1","2","3","4","5","6","7","8","9","10","11","12","13","14","15","16","17","18","19","20","21","22","23"],        title:{            text:""        },        labels:{            format:'{value}',            step:"",            staggerLines:"",            rotation:0        },        plotBands:[{            color:"#2f5ea1",            from:"",            to:"",            label:{                useHTML:true,                text:"",                align: "center",                verticalAlign: "middle",                textAlign:"center"            }        }]    },    tooltip:{        useHTML:true,        valueSuffix:"",        shared:false,        backgroundColor:{            linearGradient: [0, 0, 0, 60],            stops: [                [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']            ]        },        borderWidth: 1,        borderColor: '#AAA',        valueDecimals: 2,        xDateFormat: ""    },    legend:{        enabled:true,        layout:"horizontal",         verticalAlign:"bottom",         align:"center",        y:-10    },//SERIES    series:[  {    "name": "Nombre de tweets du 31 mars au 5 avril (en moyenne, base 100)",    "type": "column",    "data": [      [        "",        83.2573145      ],      [        "",        52.31532985      ],      [        "",        29.43597731      ],      [        "",        13.80715319      ],      [        "",        6.972410724      ],      [        "",        4.71826677      ],      [        "",        7.603737902      ],      [        "",        16.43814662      ],      [        "",        27.33618868      ],      [        "",        34.66180888      ],      [        "",        39.51774391      ],      [        "",        48.1866726      ],      [        "",        52.13733452      ],      [        "",        53.52236066      ],      [        "",        54.01601958      ],      [        "",        55.51507398      ],      [        "",        59.90933363      ],      [        "",        62.80871065      ],      [        "",        66.3074313      ],      [        "",        77.26944043      ],      [        "",        83.68561575      ],      [        "",        84.7925242      ],      [        "",        93.08182223      ],      [        "",        100      ]    ],    "color": "#c9c9c9"  },  {    "name": "Nombre de tweets le 6 avril (base 100)",    "type": "line",    "data": [      [        "",        77.95360997      ],      [        "",        44.97997553      ],      [        "",        21.81833352      ],      [        "",        11.22204917      ],      [        "",        6.991878963      ],      [        "",        3.454221827      ],      [        "",        7.801201468      ],      [        "",        19.71576371      ],      [        "",        32.37290021      ],      [        "",        34.69240182      ],      [        "",        34.75915007      ],      [        "",        36.36110802      ],      [        "",        37.68772945      ],      [        "",        30.92112582      ],      [        "",        27.36678162      ],      [        "",        27.99254645      ],      [        "",        28.93536545      ],      [        "",        29.3275114      ],      [        "",        31.63032595      ],      [        "",        49.86928468      ],      [        "",        69.63510958      ],      [        "",        81.35777061      ],      [        "",        87.59873178      ],      [        "",        79.92268328      ]    ],    "color": "#06b586"  }]        })    };     if (!window.Highcharts) {         async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js',         function() {            async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() {                initCharts();            });        });    } else {        initCharts();    }})(window);Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Des notables belges collectent des fonds déguisés en rois africains d'opérette. Une coutume qu'a osé critiquer le correspondant local de France 2, qui s'est attiré les foudres de ses confrères belges. Un ministre belge des affaires étrangères grimé comme un « roi nègre » pour récolter des fonds en faveur d'une œuvre de charité : bonne ou mauvaise idée ? Pour le ministre ? Pour l'image de la Belgique ? Depuis quelques jours, une drôle de polémique agite la capitale belge.Selon certains de ses habitants, l'histoire des « Noirauds », une fête traditionnelle bruxelloise qui fut récemment racontée un matin sur France 2 par son correspondant local, François Beaudonnet, ne vaut pas qu'on s'y attarde, surtout sous le regard d'un journaliste français. Pour d'autres, il était au contraire bienvenu de souligner une telle incongruité : que le chef de la diplomatie d'un pays européen se balade dans les rues le visage noirci et portant haut-de-forme, habit et imposante médaille aux couleurs du royaume (noir, jaune et rouge) leur semblait totalement déplacé.La conquête colonialeLa congrégation bruxelloise des Noirauds est née à la fin du XIXe siècle pour sauver une école du quartier des Marolles, une zone très populaire de la capitale belge. L'époque est marquée par la conquête coloniale sous l'impulsion du très contesté roi ­Léopold II, qui va annexer, en son nom propre, l'Etat indépendant du Congo – aujourd'hui République démocratique du Congo – en 1885, avant de le céder plus tard à son pays. Vaste épopée à propos de laquelle les historiens n'ont pas fini de se disputer, les uns célébrant le « roi bâtisseur », les autres dénonçant un tyran dont la mégalomanie allait causer des milliers de morts.Toujours est-il que les bourgeois de l'époque aiment se grimer et s'habiller comme des personnages de carnaval pour lancer une collecte. Le noir charbon est très à la mode et leur permet, en outre, de ne pas être reconnus par leurs congénères qu'ils sollicitent dans les restaurants chics, les salles de spectacle et les clubs mondains. L'école des Marolles est sauvée, la ­tradition s'installe et, depuis 1876, les Noirauds sortent chaque deuxième samedi du mois de mars pour faire une quête destinée à payer les frais scolaires, les soins ou les voyages de gamins dans le besoin.Vieilles images d'amuseurs hilaresAujourd'hui, les Noirauds aident aussi de jeunes mères détenues. Cette noble tradition charitable doit-elle s'embarrasser pour autant d‘un cérémonial vieux de cent quarante ans ? Avocats, comédiens, patrons et hommes politiques ne pourraient-ils récolter suffisamment d'argent s'ils apparaissaient à visage découvert ? Et dans une ville aussi multiculturelle que Bruxelles – elle compte notamment une importante communauté congolaise –, que représente une tradition qui se voulait peut-être humoristique mais est désormais confrontée aux nouvelles réalités d'un monde où les Noirs ont réussi à se défaire de vieilles images d'amuseurs hilares ou de rois de pacotille ? Manifestement, les Belges ne souhaitaient pas se poser ce genre de questions. Mais qu'un journaliste français, qui est loin de détester son pays d'accueil, la pose, lui, et voilà qu'ils se sentent étrangement provoqués. Atteints, peut-être, dans leur honneur national.Depuis la diffusion de son reportage, les confrères belges de François Beaudonnet, pourtant guère avares de critiques sur le fonctionnement de leur pays en général, lui sont littéralement tombés dessus, souvent sans humour et avec condescendance. « Vous avez sali l'image de la Belgique », a tweeté un journaliste. « Ce n'est pas un sujet, les Noirauds ne sont pas racistes », a écrit un autre.C'est une autre coutume bien ancrée chez les sujets du roi Philippe que de détester le regard critique qu'un étranger, a fortiori s'il est français, peut porter sur eux et leurs habitudes. Mais ils savent désormais que leurs voisins du Sud ne sont pas les seuls à s'intéresser à leurs drôles de coutumes : un tweet de l'actrice Mia Farrow qualifiant le comportement du ministre des affaires étrangères de « choquant et embarrassant » a été relayé des dizaines de milliers de fois.Le reportage de France 2 sur les Noirauds, diffusé dans l'émission « Télématin ».Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Le gouvernement russe envisage de retirer la Grèce, mais aussi la Hongrie et Chypre, de la liste des pays frappés par un embargo sur les importations de produits agricoles, a déclaré le ministre russe de l'agriculture, Nikolaï Fiodorov, mardi 7 avril, à la veille de la visite à Moscou du premier ministre grec, Alexis Tsipras.Fraises, kiwis, pêches et brugnons grecs, massivement exportés en Russie depuis plus d’une décennie, sont aujourd’hui directement touchés par l’embargo décrété en août 2014 par le président russe, Vladimir Poutine, sur des dizaines de produits agricoles et alimentaires en réponse aux sanctions européennes à la suite de l’annexion de la Crimée.Sur le marché hebdomadaire du très chic quartier de Kolonaki au centre d’Athènes, Ilias Boudouris vend les oranges et citrons qu’il produit lui-même dans le Péloponnèse, à 200 kilomètres de la capitale grecque. « Bientôt, ce sera la saison des pêches et des brugnons, raconte-t-il. Normalement, près de 30 % de ma production partait en Russie mais l’été dernier, je suis restée avec mes camions sur les bras. Ils étaient déjà en route pour la Russie lorsque l’on a appris la nouvelle de l’embargo. On a bien essayé de vendre les fruits en route mais c’était à perte et ces variétés de table ne sont pas aux normes pour les conserves ou les confitures. Nous avons donné ou jeté. »Ce sujet, Alexis Tsipras ne manquera pas l’aborder lors de sa visite à Moscou mercredi 8 et jeudi 9 avril. Le premier ministre grec dira aussi ses inquiétudes de voir le tourisme russe baisser et évoquera le sujet de l’énergie.« Il est très difficile de trouver, en si peu de temps, un marché alternatif et je ne peux pas non plus arracher mes 3 000 arbres comme ça et me mettre à faire pousser autre chose », se désole Ilias Boudouris. Face aux pertes agricoles subies en 2014, l’Europe a débloqué des compensations. « Cela a représenté 1 % seulement des 50 000 euros que j’ai perdus. La seule solution pour moi serait une levée de cet embargo. »Lire également : Entre embargo russe et prix en baisse, une rentrée sous tension pour les agriculteurs (septembre 2014)Fruits, légumes, fourrures et tourismeEn Grèce, les deux secteurs les plus touchés sont ceux des fruits et légumes et des fourrures. Selon Nikolaos Archontis, de l’Association grecque des exportateurs, « plus de 50 millions d’euros d’exportations ont été perdus sur ces seuls segments en 2014 ». Pour le spécialiste en relations gréco-russes Konstantinos Filis, « le marché russe ne représente que 10 % de nos exportations, mais le risque est que d’autres pays, comme la Turquie, profitent de l’embargo pour se substituer aux fournisseurs grecs ».Sur l’artère touristique d’Adrianou, au pied de l’Acropole, Vasilis Dimakopoulos vend depuis plus de trente ans des fourrures préparées à Castoria, une ville du nord de la Grèce tout entière consacrée à cette industrie luxueuse. « Parce que les fourrures sont issues de peaux d’animaux, elles ont été placées sur la liste de l’embargo. Plusieurs ateliers ont fermé à Castoria car la Russie absorbait jusqu’à 70 % de la production », assure le commerçant.« Nous devons aussi faire face à la baisse des touristes russes, ici en Grèce. » Avec la chute du rouble ces derniers mois, le nombre de visiteurs russes est en baisse constante en Grèce – moins 20 % en 2014 et des prévisions à moins 30 % pour 2015 –, alors qu’il ne cessait de croître depuis 2010 et avait même dépassé le 1,2 million en 2013.Politique de diversificationMême si des sources gouvernementales affirment qu’Alexis Tsipras se rend à Moscou pour « discuter exclusivement tourisme, énergie et embargo, et en aucun cas la possibilité de prêts bilatéraux », l’on ne peut pas tout à fait exclure l’hypothèse qu’il pourrait aussi demander une aide directe à la Russie – sous la forme d’achats de bons du trésor grecs par les banques russes par exemple – face aux graves problèmes de liquidités que traverse le pays.A la veille de la visite de M. Tsipras, le ministre des finances, Yanis Varoufakis, a toutefois assuré que la crise grecque devait « se résoudre dans le cadre de la famille européenne », façon de signifier qu’Athènes ne cherche pas d'aide financière ailleurs.« La Grèce veut montrer aux Européens qu’elle a des choix complémentaires, pas alternatifs, mais complémentaires en ce qui concerne ses alliances », explique Konstantinos Filis. « Elle ne conteste pas ses alliances actuelles – l’Union européenne et l’OTAN – mais veut renforcer ses engagements bilatéraux avec des pays moins “traditionnels” comme la Russie ou la Chine. » Cette politique de diversification, déjà mise en place par les précédents gouvernements conservateurs en Grèce, surprend à Bruxelles.Martin Schultz met en garde AthènesDans une interview samedi au journal allemand Hannoversche Allgemeine Zeitung, le président du Parlement européen, Martin Schultz, a prévenu Alexis Tsipras qu’il jugerait « inacceptable » toute tentative d’Athènes « de revenir sur la politique européenne commune vis-à-vis de la Russie en échange d’une aide ». L’Europe craint en effet qu’en échange d’un coup de pouce économique la Russie ne demande à la Grèce de la soutenir en s’opposant au sein des institutions européennes aux sanctions imposées depuis un an.Lire aussi :Le rapprochement entre Athènes et Moscou inquiète l’Union européenne« Il ne serait pas sage, de notre part, de mélanger la Russie dans les négociations en cours avec nos associés européens », estime le professeur Konstantinos Filis. « La Russie ne peut pas du tout remplacer l’Europe. Et d’ailleurs la Russie ne s’intéresse à la Grèce que parce qu’elle appartient à l’eurozone. Si la Grèce se retrouve isolée en Europe, la Russie cessera instantanément de s’intéresser à elle. »Lire aussi :Poutine joue la Grèce contre l’Europe Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.04.2015 à 05h36 • Mis à jour le07.04.2015 à 09h46 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ks21y"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ks21y", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});La Lufthansa a affirmé lundi 6 avril qu'elle n'était pas tenue d'informer l'autorité allemande du transport de la dépression dont Andreas Lubitz, le copilote de l'A320 qui s'est crashé dans les Alpes le 24 mars, avait souffert avant de devenir pilote de ligne. Le copilote est soupçonné d'avoir volontairement provoqué la chute de l'appareil dans un acte suicidaire, causant la mort des 150 personnes à bord de l'appareil.La compagnie aérienne a confirmé que le copilote avait bien informé ses formateurs, à son retour d'une pause de plusieurs mois en 2009, qu'il avait connu un épisode de « dépression sévère », ajoutant qu'il avait ensuite passé avec succès ses examens de pilote ainsi que tous les examens médicaux à l'issue de sa formation.Cas de « non-conformité » aux règlementsLa Lufthansa a ajouté qu'un règlement plus strict était entré en vigueur en avril 2013, mais qu'il ne remettait pas pour autant en cause les certificats d'aptitude déjà délivrés ou les certificats médicaux remis par des médecins agréés.L'Autorité allemande de supervision du transport aérien, qui délivre les brevets de vol aux pilotes, avait indiqué dimanche ne pas avoir été informée de la dépression d'Andreas Lubitz, après que l'Agence européenne de sécurité aérienne avait relevé en Allemagne des cas de « non-conformité » aux « règlements européens en matière de sécurité aérienne, en particulier dans le domaine du suivi médical ». Carsten Spohr, le patron de la Lufthansa – maison mère de Germanwings –, avait alors assuré que M. Lubitz était « à 100 % capable de piloter » un avion. 01.04.2015 à 16h21 Les caisses dégarnies de l'Etat grec viennent d'être quelque peu renflouées par une première vague d'arriérés d'impôts d'un montant de 147 millions d'euros, versée par les contribuables, à la faveur d'un plan de règlement des impayés adopté par le gouvernement, a annoncé mercredi 1er avril le ministère des finances.Plus de 150 000 contribuables ont participé au programme de « règlement express », proposé durant une semaine par le gouvernement, pour améliorer ses rentrées fiscales. Les impayés remontaient parfois aux années 1970.Le ministère ajoute que le versement de dettes si anciennes est en temps normal « proche de zéro ». Pour tenter de convaincre les contribuables, une mesure d'effacement des majorations et d'étalement des versements en 100 tranches a été adoptée.Lire aussi (abonnés) : De la difficulté de collecter l’impôt en GrècePlus de 76 milliards d'impôtsD'autres phases du plan de règlement seront déployées dans les prochaines semaines. Le gouvernement précédent avait également mis en œuvre, peu avant d'être battu aux législatives de fin janvier, un plan pour essayer de collecter les sommes dues, mais il avait été jugé moins favorable.Les montants en jeu sont importants : plus de 76 milliards d'impôts et de cotisations sociales impayés se sont accumulés en Grèce au fil des ans, avec une accélération durant les six années de récession traversées par le pays.Mais le nouveau gouvernement Syriza a estimé ne pouvoir récupérer que 9 milliards d'euros, au mieux. Cette somme apporterait un bol d'air aux finances du pays sous perfusion des prêts internationaux de l'UE et du FMI en raison de son incapacité à emprunter sur les marchés à moyen et long terme, du fait de taux prohibitifs.Le versement d'une tranche d'aide de 7,2 milliards est suspendu depuis plusieurs mois par les créanciers du pays et soumis à l'exécution par le gouvernement de gauche radicale d'une liste de réformes, dont le contenu est âprement débattu depuis l'élection du nouveau gouvernement.Lire aussi : Grèce : un accord possible fin avril, selon les Européens 01.04.2015 à 12h04 • Mis à jour le01.04.2015 à 12h46 La police turque a neutralisé et interpellé un homme qui avait pris d'assaut un local de l'Adalet ve Kalkınma Partisi (AKP – le Parti pour la justice et le développement) au pouvoir, à Istanbul, mercredi 1er avril, au lendemain d'une prise d'otage meurtrière dans cette ville.Selon l'agence de presse turque Dogan, l'assaillant, dont les motivations sont inconnues, a pénétré dans le bureau du parti, du quartier de Kartal, situé sur la rive asiatique de la mégapole. Agé d'une trentaine d'années, l'homme a cassé des vitres et déployé un drapeau turc frappé d'une épée Zülfikar, une arme utilisée par le gendre du prophète Mahomet, Ali, symbole des alevis – minorité religieuse de Turquie –, selon les images diffusés par l'agence. Il a été rapidement maîtrisé par les forces de l'ordre et conduit pour interrogatoire à la division antiterroriste de la police.Un peu plus tôt, le Daily Sabah avait fait état de l'assaud de deux individus armés dans le local de l'AKP.Kartal'da ki AKP binasına saldırı. Başarılı bir operasyon daha kapıda.— Dindar Örkmez (@Briareuss)require(["twitter/widgets"]);L'un des deux avait accroché à la fenêtre un drapeau turc avec une épée symbolique des Alévis et des chiites. #Turquie— Guillaume Perrier (@Aufildubosphore)require(["twitter/widgets"]);Il n'est pas encore établi que cet incident ait un lien quelconque avec la prise d'otage au palais de justice d'Istanbul – qui a fait trois morts –, mardi, et qui a donné lieu à des heurts dans certains quartiers de la ville dans la nuit.  Philippe Jacqué Oublié la morosité et la prudence ? Le marché automobile français affiche des résultats inattendus en ce début d’année. Sur les trois premiers mois, les immatriculations ont progressé de 6,9 % par rapport au premier trimestre 2014, selon les données du Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA), publiées mercredi 1er avril.C’est un rythme bien plus rapide que la croissance de 1 %, qui était attendue par le CCFA. Du coup, le représentant des marques françaises a revu à la hausse sa prévision pour l’année, en espérant désormais 2 % de croissance sur les douze mois.Sur le seul mois de mars, les immatriculations se sont envolées de 9,3 % par rapport au même mois de 2014. Et tous les constructeurs et les marques participent à la fête surprise.Lire aussi :Automobile : le réveil de l’EuropeCôté acteurs français, la progression, en mars, est de 8,1 % pour Renault et de 7,9 % pour PSA. Et celle qui rit est bien, cette année, la marque au losange : sa croissance a été de 13 %. La marque à bas coût, Dacia, est, elle, plus à la peine. Ses immatriculations chutent après un très bon démarrage en 2014.Dans le groupe PSA, c’est toujours Peugeot qui tire le constructeur. Ses ventes ont encore progressé de 12,3 % en mars, grâce à ses 308, 208 et autres 2008. Celles de Citroën progressent de 5 %, quand celles de DS dévissent – encore – de 14,8 %, faute notamment de nouveaux produits.Forte hausse des immatriculations « tactiques »Côté constructeurs étrangers, dont les ventes globales progressent de 11,1 % en mars et de 10,9 % sur trois mois, les groupes Ford (18,7 % en mars), Nissan (10,6 %), Toyota (17,9 %), BMW (23,9 %), Mercedes (39,3 %) et Hyundai (31,4 %) affichent des chiffres vertigineux.Est-ce à dire que la crise est bel et bien derrière nous ? Il est encore trop tôt pour se réjouir. On reste encore loin des niveaux de vente d’avant crise. De même, l’étude du détail des résultats des deux premiers mois de l’année appelle à la méfiance sur la réalité du marché.Les immatriculations « tactiques » (ventes aux loueurs de courte durée, immatriculations par les réseaux et les constructeurs) sont en forte hausse, tandis que les ventes aux particuliers, les plus rentables, sont en baisse. Les ventes aux entreprises progressent pour leur part plus faiblement que le marché.En mars, des opérations portes ouvertes ont pu permettre aux constructeurs d’écouler leurs stocks plus rapidement.Seul l’examen des données sur l’ensemble du premier trimestre devrait éclairer sur la robustesse retrouvée, ou pas, du marché français.Philippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.04.2015 à 08h24 • Mis à jour le01.04.2015 à 15h29 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) La Grèce sera encore au « menu » européen, mercredi 1er avril. Mais, compte tenu des blocages, qui persistent dans les négociations entre le gouvernement grec et ses créanciers internationaux, il faudra très certainement attendre fin avril pour que celles-ci puissent se concrétiser par un accord et déclencher le début du versement d’une aide financière à la Grèce.Une réunion téléphonique de l’« Euroworking group » – les directeurs du Trésor des différents pays de la zone euro – aura lieu mercredi à 15 heures. Mais il s’agira essentiellement de faire un point sur l’état d’avancement des discussions entre Athènes et le « groupe de Bruxelles », composé de représentants du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Commission européenne (l’ex- « troïka »), ainsi que du Mécanisme européen de stabilité.Si les discussions techniques, menées entre samedi 28 mars et lundi 30 mars par les experts grecs et ceux des créanciers, se sont déroulées dans un bon climat, selon les Grecs, cela n’a pas été suffisant pour qu’un accord soit trouvé. Des blocages persistent. Notamment parce que les créanciers mettent en avant des réformes, comme celle des retraites, ou du marché du travail, qui constituent des « lignes rouges » aux yeux du gouvernement d’Alexis Tsipras – et qui avaient déjà entraîné la fin du précédent gouvernement grec, d’Antonis Samaras.Lire aussi :Grèce : les points de blocage des négociationsMais, les négociations entre Athènes et Bruxelles vont continuer après l’« Euroworking group ». Et, de source européenne, on considère que les choses pourraient évoluer dans les prochains jours, de telle sorte qu’un accord puisse être trouvé, sur les réformes à mettre en œuvre en Grèce, lors de la réunion de l’Eurogroupe (ministres des finances de la zone euro), programmée les 24 et 25 avril, à Riga (Lettonie).Les deux parties « ont convenu d’intensifier le processus d’évaluation des comptes grecs à Athènes », selon le gouvernement grec. Un « accord interviendra durant la semaine pascale [grecque orthodoxe] », c’est-à-dire la semaine prochaine, a déclaré le ministre grec de l'économie, Georges Stathakis, mercredi sur la chaîne Skai TV.« J’espère que nous pourrons parvenir à un accord d’ici à fin avril, cela me paraît possible », avait déclaré, mardi lors d’une visite à Madrid, le président du Conseil européen, Donald Tusk, excluant une issue avant Pâques.Privatisation partielle pour le port du PiréeLe gouvernement grec doit rembourser 820 millions d’euros en créances diverses en avril (dont 460 millions au FMI) et renouveler 2,4 milliards d’euros de bons du Trésor.M. Stathakis a par ailleurs indiqué que le gouvernement grec n'a pas l'intention de vendre sa part majoritaire de 67 % dans le plus grand port du pays, Le Pirée.En visite en Chine le week-end dernier, le vice-premier ministre grec, Yannis Dragasakis, cité par l’agence de presse Chine nouvelle, avait déclaré qu’Athènes entendait, finalement, procéder à la vente des parts que l’Etat détient dans l’Autorité du Port d’Athènes (OLP), l’entreprise publique chargée de l’exploitation commerciale d’une partie de ce port.Cette annonce, contraire aux engagements de campagne du gouvernement Tsipras, avait provoqué la colère des dockers.« Nous nous efforçons de trouver une forme de coentreprise », dans laquelle l'Etat grec conserverait une part importante, a précisé M. Stathakis.Lire aussi :Port du Pirée : les dockers ne veulent pas entendre parler de privatisationCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.03.2015 à 19h56 • Mis à jour le31.03.2015 à 20h43 La Lufthansa affirme mardi 31 mars qu'Andreas Lubitz, le copilote de l'A320 de Germanwings soupçonné d'avoir provoqué le crash qui a fait 150 morts dans les Alpes françaises la semaine dernière, avait informé en 2009 son centre de formation qu'il avait connnu un « épisode dépressif sévère ».Dans un communiqué, la maison-mère de Germanwings explique avoir trouvé cette information dans les mails qu'Andreas Lubitz a envoyés à l'école de pilotage quand il a repris sa formation après une interruption. Il avait malgré tout obtenu ensuite un certificat médical d'aptitude au vol. Lufthansa explique avoir transmis les documents au parquet de Düsseldorf, chargé de l'enquête allemande sur les causes du crash du 24 mars.  Andreas Lubitz était le moins expérimenté des deux pilotes de l'A320 de Germanwings. Il avait commencé sa formation en 2006, dans l'école de la Lufthansa à Brême. Après une interruption et une nouvelle formation, il avait commencé à piloter. Il était devenu premier officier en septembre 2013 chez Germanwings, et comptait 630 heures de vol sur l'A320. Il avait obtenu une certification à la FAA (Federal Aviation Administration), l'autorité aéronautique américaine.Identification des victimes« Il n'y a plus de corps sur la zone du crash », a déclaré mardi soir à l'AFP le lieutenant-colonel Jean-Marc Ménichini en ajoutant que « 20militaires chasseurs alpins » allaient récupérer mercredi les effets personnels. Le lieutenant-colonel a par ailleurs indiqué que les experts enquêteurs étaient toujours à la recherche de la deuxième boîte noire de l'appareil.L'analyse de la première boîte noire retrouvée après le drame a montré que le crash avait eu lieu à la suite d'une décision délibérée du copilote ayant pris les commandes de l'avion. C'est une société civile payée par la Lufthansa qui procédera à la dépollution du site du crash, a précisé le lieutenant-colonel.Les enquêteurs et gendarmes peuvent désormais y accéder par une piste aménagée depuis dimanche, ce qui a contribué à accélérer la récupération des corps des victimes. Le PDG de la Lufthansa, Carsten Spohr, et celui de Germanwings, se rendront mercredi à proximité du lieu du drame pour se recueillir et rendre hommage aux équipes qui travaillent sur place.Un peu plus tôt dans la journée, le président français, François Hollande, a promis à Berlin une identification rapide des restes des 150 victimes du crash. Citant le ministre français de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, il a déclaré que d'« ici la fin de la semaine, il sera possible d'identifier toutes les victimes grâce aux prélèvements ADN faits », lors d'une conférence de presse commune avec Angela Merkel, après le 17e conseil des ministres franco-allemand.Interrogé par l'AFP, le ministre de l'intérieur a néanmoins précisé qu'on pouvait « espérer que d'ici la fin de la semaine on aura récupéré les ADN de toutes les victimes », sans en avoir la certitude. 75 Allemands figurent parmi les victimes. Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) Le groupe allemand Bertelsmann, un des plus grands groupes médias du monde, voit dans la formation continue et le e-learning (apprentissage sur Internet) de fortes perspectives de croissance ces prochaines années. Le groupe multiplie actuellement les investissements dans ce secteur et espère engranger, grâce à ce nouveau segment d’activité, un chiffre d’affaires à long terme d’un milliard d’euros. Bertelsmann ambitionne, entre autres, de devenir un grand acteur mondial du e-learning, a annoncé le groupe, mardi 31 mars, lors de sa conférence de presse annuelle.« Partout dans le monde, on voit émerger un énorme besoin d’offre de formations de qualité. Grâce au numérique, la formation va devenir plus accessible, moins chère et plus individuelle », a expliqué Thomas Rabe, PDG de Bertelsmann mardi.Le groupe se concentre sur trois segments du marché, jugés particulièrement attractifs : le e-learning, ou la formation continue pour les entreprises et les utilisateurs finaux, la formation supérieure et les services liés à la formation, en lien avec les universités les plus prestigieuses du monde dans le domaine de la santé.Réseau mondial d’établissements d’enseignement« Ces trois segments promettent de forts taux de croissance. Ils sont fragmentés, avec de nombreuses petites et moyennes entreprises qui veulent croître et ont donc besoin de partenaires internationaux et financièrement solides comme Bertelsmann », a poursuivi M. Rabe.Au service de cette stratégie, Bertelsmann a réalisé ces six derniers mois d’importants investissements. Il a d’abord racheté, fin octobre 2014, le groupe Relias Learning, un des plus gros prestataires de formation du marché américain, avec un portefeuille de plus de 4 000 entreprises clientes et 2 millions d’utilisateurs privés. C’est le plus gros investissement du groupe allemand sur le marché américain depuis le rachat de Random House en 1998.Pour Bertelsmann, « Relias offre d’importantes perspectives de croissance parce qu’il est porté par cinq tendances de fond au plan mondial : la formation continue, la santé, la régulation, l’externalisation et la numérisation ».En février, le groupe allemand a annoncé la formation d’un réseau mondial d’établissements d’enseignement supérieur pour la médecine et les sciences humaines, nommé Arist. Mardi, Bertelsmann a annoncé en outre l’augmentation de sa participation dans Synergis Education, une entreprise américaine qui propose notamment aux universités des cursus entièrement en ligne.Les activités médias stagnent ou reculentLa formation doit devenir à long terme le troisième pilier d’activité du groupe, à côté des médias et de la prestation de services. Cette stratégie doit permettre à Bertelsmann de renforcer ses activités génératrices de croissance, alors que certaines de ses activités traditionnelles sont en stagnation ou en recul.C’est le cas de son groupe de presse Gruner + Jahr, qui enregistre une baisse de son chiffre d’affaires de 13,3 % sur un an, à 1,7 milliards d’euros, dû à la vente de certains actifs et au recul des ventes de magazines et de la publicité.Le groupe RTL a, lui, vu son chiffre d’affaire stagner, à 5,8 milliards d’euros (– 0,3 %) notamment à cause de la légère baisse du chiffre d’affaires de ses filiales françaises, la chaine M6 et la radio RTL.La branche édition reste cependant très solide : la filiale Penguin Random House, depuis 2013 le premier éditeur d’ouvrages d’intérêt général du monde, a vu son chiffre d’affaires bondir de 25,2 % en un an, grâce à de nombreux best-sellers en langue anglaise.Bertelsmann a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires total de 16,7 milliards d’euros (+ 3,1 %), sa marge opérationnelle reste stable, à 14,2 %.Cécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au Monde Cédric Pietralunga (envoyé spécial à Berlin) Après la compétitivité, l’investissement. Persuadé que la croissance et donc l’emploi ne repartiront pas en France sans une reprise de l’investissement, malgré les concessions faites par le gouvernement aux entreprises pour rétablir leurs marges (CICE, pacte de compétitivité, etc.), Emmanuel Macron a décidé d’accélérer et de faire de ce thème sa feuille de route pour les prochains mois.Première illustration avec l’annonce par le ministre de l’économie, lors d’une visite à Berlin, mardi 31 mars, à l’occasion du 17e conseil des ministres franco-allemand, du lancement d’un programme commun d’investissement avec l’Allemagne.« Les investissements et l’innovation sont décisifs si nous voulons que nos entreprises soient productives et que nos citoyens bénéficient d’un niveau de vie élevé », ont déclaré M. Macron et Sigmar Gabriel, son homologue allemand, lors de cette visite.« L’Europe souffre d’un retard d’investissement accumulé au cours des dernières années », estiment les deux ministres, pour qui ce programme « s’attaque à l’une des causes profondes de la croissance lente que l’Europe connaît actuellement ».M. Macron estime que le niveau des investissements en France est inférieur de 40 milliards d’euros par rapport à la période d’avant crise.S’intégrer dans le « plan Juncker »Concrètement, ce programme d’investissement, qui a vocation à s’intégrer dans le « plan Juncker » en cours de définition, doit s’articuler autour de neuf projets, portant sur la transition énergétique, le numérique et les PME innovantes.Lire aussi :Plan Juncker : les Etats européens se font tirer l’oreilleParmi les dossiers les plus avancés, la création d’un fonds de capital-risque européen doit permettre de palier « le manque de financement des jeunes entreprises innovantes ».« L’Allemagne et la France proposent d’abonder de 2,5 à 5 milliards d’euros le Fonds européen d’investissement [FEI] pour lui permettre de financer davantage les entreprises européennes en phase de développement et qui ne trouvent souvent de l’argent qu’aux États-Unis », explique-t-on dans l’entourage de M. Macron.De même, les deux pays envisagent de lancer rapidement un programme de modernisation des réseaux européens transfrontaliers de transport de gaz et d’électricité et proposent de créer un fonds pour « soutenir les efforts [des entreprises] en matière d’efficacité et de transition énergétique. »Un projet de création d’une zone frontière franco-allemande dotée d’un réseau à très haut débit est également annoncé, avec comme objectif d’en faire une région pilote pour « accompagner la numérisation dans des secteurs essentiels tels que l’éducation, la santé, les transports, l’énergie et l’administration publique ».« Mais le choix de cette zone n’a pas encore été arrêté », précise-t-on au cabinet de M. Macron.Promouvoir l’« industrie 4.0 »Enfin, différents dispositifs sont à l’étude pour aider les PME et les ETI à accélérer leurs investissements dans de nouvelles méthodes de production et s’engager dans ce que les Allemands appellent « l’industrie 4.0 », c’est-à-dire l’utilisation de technologies numériques dans le processus de fabrication, un secteur où Siemens est particulièrement présent.Lire aussi :L’Allemagne cherche à marier vieille industrie et jeunes poussesLa Banque européenne d’investissement (BEI) pourrait notamment être mobilisée pour « permettre un meilleur accès aux financements pour les biens matériels et immatériels ».Reste à savoir si cette liste d’initiatives ira au delà des déclarations d’intention, la plupart de ces mesures ayant vocation à s’intégrer au plan Juncker.« Il s’agit de propositions que la France et l’Allemagne veulent porter auprès de leurs voisins européens, explique-t-on dans l’entourage de M. Macron. Mais il faudra attendre cet été voire l’automne pour savoir ce qui est retenu par la Commission européenne et connaître le montant d’investissement finalement débloqué. »Cédric Pietralunga (envoyé spécial à Berlin)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.03.2015 à 11h22 • Mis à jour le01.04.2015 à 15h36 | Marie Charrel C’est l’un des plus grands défis que devra relever la zone euro ces prochaines années. Selon les chiffres publiés, mardi 31 mars, par Eurostat, le taux de demandeurs d’emploi dans l’union monétaire s’est établi à 11,3 % en février, contre 11,4 % en janvier. Il s’agit de son niveau le plus faible depuis mai 2012. En mai 2013, il culminait à 12,1 %. « La bonne nouvelle, c’est que le chômage reflue enfin », commente Diego Iscaro, économiste Europe chez IHS Global Insight. La mauvaise, c’est qu’il reflue beaucoup trop lentement ».Dans le détail, la situation est très contrastée d’un État à l’autre. Alors que l’Allemagne est proche du plein-emploi avec un taux de demandeurs d’emplois à 4,8 %, l’Italie connaît une légère hausse de son chomâge à 12,7 %, la France restant stable à 10,6 %.En Espagne, 23,7 % des actifs sont sans emploi – même si ce taux devrait reculer à un rythme lent. La Grèce, elle, continue d'enregistrer le plus fort taux de chômage (26 % selon les dernières données disponibles, datant de décembre).En moyenne, la reprise de l’emploi européen est donc bien plus poussive qu’aux États-Unis, ou au Royaume-Uni, où le taux de chômage est respectivement tombé à 5,5 % à 5,7 %. « Ce n’est pas seulement parce que ces pays affichent un taux de croissance plus élevé : leur marché du travail est également plus dynamique », précise Maxime Sbaihi, économiste chez Bloomberg.Une reprise trop faibleLa zone euro est aujourd’hui dans une situation particulièrement complexe. La reprise y est trop faible pour permettre une véritable décrue du chômage. Et le maintien d’un taux de chômage élevé handicape la croissance. « Tant que le nombre de demandeurs d’emploi reste élevé, il n’y a pas de franche hausse de salaires et donc, pas de véritable redémarrage de la consommation », résume Jessica Hinds, chez Capital Economics.Lire aussi :La zone euro n’a pas retrouvé son PIB d’avant la criseSelon ses calculs, les salaires ne commenceront en moyenne à augmenter dans la zone euro que lorsque le chômage sera repassé sous la barre des 9 %. Ce qui n’arrivera pas avant… début 2019 au mieux, selon les prévisions du Fonds monétaire international. Pour rappel, en 2007, le taux de chômage de l’union monétaire était de 7,5 %.Par chance, la consommation européenne est aujourd’hui soutenue par une béquille bienvenue en ces circonstances : les pressions déflationnistes. D’après Eurostat, l’inflation en zone euro est ainsi restée négative en mars, avec un taux annuel à – 0,1 %, après – 0,6 % en janvier et – 0,3 % en février.Le coup de pouce du tassement des prix« Le tassement des prix, en particulier ceux de l’énergie, est un coup de pouce non négligeable au pouvoir d’achat, compensant la stagnation des salaires », commente Philippe Waechter, chez Natixis AM.Mieux : il regonfle également la confiance des ménages. Celle-ci a en effet retrouvé son niveau de 2007, selon la Commission.Toute la question est de savoir combien de temps ce coup de pouce durera. Et s’il permettra que la croissance devienne auto-entretenue, c’est-à-dire basée sur des fondamentaux suffisamment solides pour qu’elle puisse se passer des mesures de relance massive de la Banque centrale européenne.Si les prix de l’énergie recommencent à monter, alors que le cercle vertueux entre hausse des salaires et consommation n’est pas enclenché, la reprise européenne pourrait connaître un nouveau coup de mou.Le poids du chômage de longue duréeD’autant que le bol d’air offert par la désinflation ne résout en rien le problème du chômage de longue durée. « C’est l’une des plus graves séquelles laissées par la crise, et il faudra des années encore avant qu’elle ne s’estompe », explique M. Sbaihi.En France, 43 % des chômeurs sont ainsi sans emploi depuis plus d’un an, selon Pôle Emploi. Un niveau record. En 2009, ils n’étaient que 30 %. Et la durée d’inactivité complète ne cesse d’augmenter : elle est aujourd’hui de 538 jours en moyenne en France, contre 391 jours il y a six ans… Les chiffres sont tout aussi inquiétants en Espagne (50 %), en Italie (57 %), en Irlande (60 %) et en Grèce (73 %).L’ennui, c’est qu’une partie de ces chômeurs longue durée ne retrouveront jamais d’emploi. En conséquence, le taux de chômage structurel, celui qui ne diminue pas, même une fois la croissance revenue, ne cesse d’augmenter depuis le début de la crise. D’après l’OCDE, il se rapproche aujourd’hui de la barre des 9 % dans la zone euro.Des réformes lentes à produire leurs effetsLes États membres s’attaquent-ils au problème ? Pas vraiment. Certes, nombre d’entre eux ont entrepris des réformes visant à flexibiliser leur marché du travail. En Italie, le premier ministre Matteo Renzi, via le « Job act », a instauré un contrat de travail unique. En France, le Crédit impôt compétitivité emploi (CICE) contribuera également à la création de postes.Lire aussi : Les entreprises adoptent très progressivement le CICE« Malheureusement, ces réformes ne stimuleront l’emploi qu’après un certain temps », prévient Clemente De Lucia, chez BNP Paribas. Surtout, aucun gouvernement n’a vraiment prévu de renforcer les mesures spécifiquement dédiées aux chômeurs longue durée, comme les formations ou stages.Et pourtant : s’il ne se résorbe pas rapidement, ce phénomène rognera sensiblement la croissance future dans les pays les plus concernés. Lorsqu’ils se découragent, les chômeurs longue durée finissent en effet par quitter définitivement le marché du travail. La baisse de la population active, c’est-à-dire du nombre de personnes contribuant à la richesse nationale, produit alors des dégâts irrémédiables.« À terme, le risque est que l’écart entre l’Allemagne et le reste de la zone euro se creuse encore, au détriment la cohésion de l’union monétaire », prévient M. Iscaro. Avant de rappeler que la divergence des trajectoires économiques entre les pays membres est l’un des maux à l’origine de la crise de 2008.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 31.03.2015 à 10h42 • Mis à jour le31.03.2015 à 11h40 | Dominique Gallois et Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) La diplomatie devait être à l’honneur du 17e conseil des ministres franco-allemand à Berlin, mardi 31 mars. Ce n’est pas tous les ans que les participants à cet exercice quelque peu rituel peuvent se féliciter d’un accord de cessez-le-feu, si imparfait soit-il. L’accord de « Minsk 2 » conclu le 12 février entre la Russie, l’Ukraine, les séparatistes, l’Allemagne et la France a de bonnes chances d’être élevé au rang de mythe franco-allemand. Jamais on n’avait vu un président français et un chancelier allemand s’investir autant – au nom de l’Europe – pour parvenir à un accord entre deux pays tiers. Survenu un mois après la manifestation historique à Paris en faveur de la liberté d’expression après les attaques djihadistes, dont une des images les plus fortes reste la photo d’Angela Merkel posant amicalement sa tête sur l’épaule de François Hollande, cet accord a redonné un élan certain au « couple franco-allemand ».L’accord entre les deux dirigeants s’appuie sur le travail des deux ministres des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier et Laurent Fabius. Depuis son entrée en fonctions en décembre 2013, le ministre allemand n’a eu de cesse de chercher à davantage coopérer avec son homologue. A la fois par conviction et par intérêt. Travailler avec son collègue français permettait également à ce social-démocrate de peser davantage face à Mme Merkel. Alors que Paris et Berlin étaient rarement d’accord en 2013 et 2014 sur les questions économiques, l’accent mis sur la diplomatie était également un moyen pour les deux capitales de trouver un terrain d’entente. Coopération plus étroiteA l’occasion, notamment, de la crise en Ukraine, Frank-Walter Steinmeier et Laurent Fabius n’ont cessé d’être en contact et de se voir. Si le 20 février 2014, ils ont associé leur homologue polonais, Radoslaw Sikorski, à leur visite audacieuse à Kiev auprès du président Ianoukovitch, l’Allemand et le Français ont par la suite pris leurs distances avec M. Sikorski, jugé trop hostile à Moscou pour être un intermédiaire crédible. De plus, MM. Steinmeier et Fabius ont innové en effectuant ensemble des visites officielles à l’étranger. En avril, ils se sont rendus en Géorgie et en Moldavie (des pays où Berlin a plus d’influence que Paris), puis dans la foulée en Tunisie (plus proche de Paris). En octobre, les deux ministres sont allés au Nigeria. Lundi 30 mars, ils auraient dû coprésider à Astana (Kazakhstan) la première conférence régionale commune d’ambassadeurs français et allemands. Si, finalement, les deux ministres sont restés à Lausanne pour la conférence sur le nucléaire iranien, la rencontre entre ambassadeurs s’est bel et bien tenue.« Frank-Walter [Steinmeier] a dit à sa femme de ne pas s’inquiéter. Quand il n’était pas avec elle, il était avec moi », plaisante Laurent FabiusFrank-Walter Steinmeier a été le premier ministre allemand des affaires étrangères à participer à un conseil des ministres français (le 14 mai), et Laurent Fabius a eu droit au même honneur à Berlin, en novembre. Les deux ministres se voient si souvent qu’à l’issue de ce conseil M. Fabius a rapporté l’anecdote suivante : « Frank-Walter [Steinmeier] a dit à sa femme de ne pas s’inquiéter. Quand il n’était pas avec elle, il était avec moi. »Si la France continue de regretter à mi-mot que l’Allemagne ne prenne pas davantage de responsabilité en Afrique et si l’Allemagne juge toujours que la France s’engage un peu rapidement dans certaines missions à l’issue incertaine, la coopération entre les deux pays est incontestablement plus étroite qu’auparavant. D’ailleurs, ce conseil des ministres devrait être l’occasion d’annoncer un accord important dans un domaine connexe : la défense. L’Allemagne a finalement décidé de participer, à hauteur de 200 millions d’euros, à la construction du troisième satellite de la composante spatiale optique (CSO), un programme de satellite « espion » lancé par la France en 2010.Différend sur l’IranL’Allemagne, bien qu’apportant les deux tiers de l’investissement, bénéficiera de très peu de retombées industrielles. Tous les satellites CSO sont fabriqués à Toulouse, chez Airbus Defence and Space, Thales Alenia Space fournissant l’optique. En échange, Berlin sera le principal acteur industriel dans un autre domaine, celui des drones de surveillance Male (Moyenne altitude longue endurance). Soutenu par trois pays, l’Allemagne, la France et l’Italie, et leurs industriels, Airbus Group, Dassault Aviation et Finmeccanica, ce projet, s’il aboutit, devrait voir le jour à l’horizon 2025.Reste un point de différence entre la France et l’Allemagne : les négociations sur le nucléaire iranien, alors que les négociations devaient se terminer à Lausanne, le 31 mars. Même si l’Allemagne a tenu à taire ses divergences avec Paris depuis la relance des négociations, l’attitude jugée jusqu’au-boutiste de Laurent Fabius sur ce dossier a provoqué une réelle incompréhension teintée d’inquiétude chez son partenaire allemand.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteDominique GalloisJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.04.2015 à 13h59 • Mis à jour le05.04.2015 à 16h04 Le pape François a appelé, dimanche 5 avril, à l'occasion de Pâques, à la fin des tragédies et des persécutions au nom de la religion en Afrique et au Moyen-Orient. Le pape François s'adressait au monde entier depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre, avant d'impartir sa traditionnelle bénédiction « à la ville et à l'univers » (« urbi et orbi »). Devant des dizaines de milliers de fidèles rassemblés sous la pluie, le chef de l'Eglise catholique a lancé :« A Jésus victorieux, demandons d'alléger les souffrances de tant de nos frères persécutés à cause de son nom, comme aussi de tous ceux qui pâtissent injustement des conséquences des conflits et des violences actuels. Il y en a tant ! »« Qu'une prière incessante monte de tous les hommes de bonne volonté pour ceux qui ont perdu la vie – je pense en particulier aux jeunes qui ont été tués jeudi à l'université de Garissa au Kenya – , pour tous ceux qui ont été enlevés », a affirmé François au sujet du massacre de près de 150 étudiants, majoritairement chrétiens, par un commando d'islamistes chabab.« Implorons le don de la paix pour le Nigeria, pour le Soudan du Sud et pour différentes régions du Soudan et de la République démocratique du Congo ! », a-t-il ajouté.La persécution des chrétiens d'Orient Le pape argentin a exhorté la communauté internationale à « ne pas rester inerte face à l'immense tragédie humanitaire en Syrie et en Irak », et ses « nombreux réfugiés »: « Que cesse le fracas des armes et que se rétablisse la bonne cohabitation entre les différents groupes qui composent ces pays bien-aimés. »Sans évoquer les persécutions des groupes djihadistes contre les chrétiens, le pape a demandé au Christ « d'alléger les souffrances de tant de nos frères persécutés à cause de son nom ».François a parlé d'« espérance » pour qualifier l'accord-cadre conclu le 2 avril à Lausanne entre l'Iran et les grandes puissances sur son programme nucléaire. Il a souhaité que cet accord « soit un pas définitif vers un monde plus sûr et fraternel ».Il a appelé à la fin des violences en Libye, où en février dernier les djihadistes de l'Etat islamique ont décapité 22 chrétiens coptes égyptiens. Une « volonté commune de pacification » a été aussi préconisée par François pour le Yémen, tout comme « la reprise du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens », et « l'engagement de toutes les parties intéressées à la paix en Ukraine ».Le pape n'a pas évoqué l'Asie ni l'Amérique latine, mais il a demandé « paix et liberté pour les victimes de trafiquants de drogue », en observant qu'ils « sont souvent liés aux pouvoirs qui devraient défendre la paix et l'harmonie ». De même, il a fustigé « les trafiquants d'armes, qui s'enrichissent avec le sang des hommes et des femmes », et toutes « les nouvelles et anciennes formes d'esclavage ». Philippe Ridet (Rome, correspondant) Un record est en train de tomber. Mais, le changement de parti n’étant pas encore reconnu comme un sport olympique, l’Italie se voit privée de la médaille d’or. Depuis février 2013, début de la XVIe législature, 196 parlementaires (sur 945) ont quitté la formation avec laquelle ils ont été élus pour trouver refuge dans une autre. En tout, et compte tenu du fait que certains élus ont changé plusieurs fois de casaque, le nombre de transferts atteint 250, presque autant qu’entre 2008 et 2013 (261). Soit une moyenne de 10,17 par mois !Un exemple : Barbara Saltamartini, 43 ans, native de Rome. Après une jeunesse militante au sein du mouvement postfasciste Azione Giovani, elle est élue députée de Sicile en 2008 avec le Peuple de la liberté (PDL) de Silvio Berlusconi. Réélue avec le Cavaliere, elle choisit d’adhérer au Nouveau Centre droit (NCD) d’Angelino Alfano en novembre 2013, qu’elle quitte ensuite pour un court passage chez les non-inscrits de la Chambre, avant de rejoindre la Ligue du Nord. C’est tout pour l’instant.Pour le site Internet Openpolis, qui tient le comptage détaillé de ces mouvements, ils sont le reflet de l’instabilité et de la recomposition de la vie politique italienne. Ces deux dernières années ont été marquées par l’irruption du Mouvement 5 étoiles, de la scission du PDL, la disparition de la formation de Mario Monti et l’attractivité croissante du Parti démocrate (PD) de Matteo Renzi sur la gauche. Ainsi, une quarantaine de grillini, exclus ou partis d’eux-mêmes, se sont éparpillés, une trentaine de parlementaires autrefois berlusconiens ont anticipé le déclin programmé de l’ex-président du Conseil pour se ranger sous les couleurs du centre et une bonne dizaine d’élus de la gauche radicale ont adhéré au PD.Seuls pour l’instant les « frondeurs » du PD qui menacent chaque jour M. Renzi de l’abandonner n’ont pas encore mis leur menace à exécution. Paradoxalement, cette situation fait les affaires du premier ministre, qui pourrait pallier d’éventuelles défections grâce à l’apport de nouveaux convertis.Mais le retournement de veste n’est pas une garantie de survie politique. A décevoir ses amis, on n’en conquiert pas forcément de nouveaux. Openpolis a calculé que, sur 180 parlementaires qui ont changé d’étiquette au cours de la précédente législature, seuls 48 % d’entre eux ont été « candidatés » par leur nouvelle formation. Et 12,75 % – une misère – ont été réélus. La trahison ne paie plus.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.04.2015 à 07h45 • Mis à jour le05.04.2015 à 11h00 Le car de l'équipe de football turque de Fenerbahçe Istanbul (1re division turque) a été pris pour cible à la suite d'un match de championnat contre Rizespor. Le chauffeur du car a été transporté à l'hôpital après avoir été blessé par des tirs, survenus au moment où Fenerbahçe, champion de Turquie en titre, se rendait à Trabzon pour reprendre l'avion pours Istanbul. Aucun des joueurs de l'équipe, qui a gagné le match 5-1, n'a été blessé.Mahmut Uslu, responsable du club qui se trouvait dans le bus, a dénoncé devant les caméras une agression visant à « faire renverser le bus et tuer ainsi les joueurs. C'est incroyable ! Une telle attaque a pour seul objectif de commettre un meurtre ! », s'est-il exclamé sur les chaînes de télévision.Le gouverneur de Trabzon a noté que le car avait été attaqué par un homme armé. « D'après les derniers éléments, il semblerait qu'il se soit agi d'une arme à feu. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives, mais il semblerait que ce soit un type de balle tiré par un fusil », a-t-il souligné.La Fédération turque de football (TFF) a « dénoncé avec la plus grande fermeté » l'incident, réclamant dans un communiqué que les auteurs soient « immédiatement traduits devant la justice et punis », alors que la presse sportive était sous le choc de cette attaque sans précédent en Turquie, où les violences sont pourtant régulières dans le football, sport favori du pays.Le ministre des sports, Çagatay Kiliç, a dénoncé pour sa part l'attaque, mais affirmé que le championnat ne serait pas suspendu.Cette attaque survient alors que la Turquie a été frappée la semaine dernière par une flambée de violences politiques, à deux mois des élections législatives, le 7 juin, dans un pays divisé entre partisans et détracteurs du président Erdogan, qui souhaite renforcer ses pouvoirs à l'issue du scrutin. 04.04.2015 à 18h04 • Mis à jour le04.04.2015 à 18h33 Qu'a dit la première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, à l'ambassadrice de France, fin février ? Cette question suscite la polémique au Royaume-Uni, quelques semaines avant le début des élections législatives.Lire (édition abonnés) : Nicola Sturgeon, « dame de fer » d’EcosseLe quotidien conservateur Daily Telegraph a affirmé samedi, en une, que Mme Sturgeon – chef de file des nationalistes écossais – aurait confié à l'ambassadrice française, Sylvie Bermann, « voir plutôt » une victoire de David Cameron, le premier ministre britannique conservateur sortant, plutôt que d'Ed Miliband, le travailliste, qui serait selon elle dépourvu de « l'étoffe d'un premier ministre ».Plusieurs démentisLe quotidien appuie ses révélations sur une note de la diplomatie britannique. Cette dernière a été établie après le compte-rendu de la discussion entre les deux femmes fait, comme le veut l'usage, par un diplomate français aux autorités britanniques. Ce diplomate, le consul général de France en Ecosse, Pierre-Alain Coffinier, a démenti auprès de l'AFP avoir rapporté de tels propos.L'ambassade de France a aussi contredit les informations du quotidien conservateur, expliquant que « la question des préférences politiques personnelles de Mme Sturgeon n'a pas été évoquée » lors de leur rencontre . Enfin, la principale intéressée a également démenti avoir tenu ces propos, affirmant qu'ils étaient « catégoriquement et à 100 % faux ». Elle a appelé sur la chaîne Sky News à l'ouverture d'une enquête. Elle a été entendue puisque des investigations vont être menées pour déterminer comment ces informations ont pu fuiter dans le Daily Telegraph.Tensions avant les électionsLa question est brûlante, à un peu plus d'un mois des élections législatives qui se tiendront le 7 mai dans le pays : le parti nationaliste écossais (SNP) de Mme Sturgeon pourrait ravir une quarantaine de sièges au parti travailliste (Labour) d'Ed Miliband. Or, Mme Sturgeon, qui a répété au fil de la campagne vouloir « chasser les conservateurs » du pouvoir, est censée être politiquement proche des travaillistes. De son côté, Ed Miliband a exclu de former un gouvernement de coalition avec le SNP, mais envisage une alliance ou un soutien ponctuel.Lire : Les quatre « petits » candidats qui vont faire l’électionM. Miliband a donc réservé un accueil glacial à ces supposées déclarations. Selon lui, elles prouvent le double jeu du parti nationaliste écossais (SNP) : « En public, le SNP affirme ne pas vouloir d'un nouveau gouvernement conservateur, mais en privé, il dit en vouloir un », a-t-il déclaré, appelant les électeurs qui ne veulent plus des conservateurs au pouvoir « à voter Labour ».Nicola Sturgeon a été présentée par les sondages et les analystes comme l'une des vainqueurs du débat politique entre les sept chefs de parti qui a eu lieu jeudi soir. Samedi, le Times titrait que « le triomphe de Sturgeon avait placé le Labour dans la tourmente » quand le Daily Mail la présentait comme « la femme la plus dangereuse de Grande-Bretagne ».Lire : Débat télé au Royaume-Uni : les quatre « petits » candidats qui vont faire l’élection 03.04.2015 à 17h18 • Mis à jour le04.04.2015 à 16h02 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Flamands et francophones belges se sont trouvé un nouveau motif de dispute depuis que le ministre-président de la Flandre a estimé que l’Etat fédéral devrait quitter l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Geert Bourgeois, un vieux défenseur de la cause indépendantiste, devenu président de sa région grâce au triomphe électoral de son parti, l’Alliance néoflamande (N-VA) de Bart De Wever, milite depuis quelques jours pour que la Belgique fédérale sorte de cette instance dont la sphère de compétence – la défense de la langue française – concerne l’une de ses parties seulement. Quand la Flandre a signé un traité culturel avec les Pays-Bas – la Nederlandse Taalunie – la Belgique ne s’en est pas mêlée, explique le ministre-président.L’OIF regroupe, quant à elle, 80 pays ou gouvernements, dont 54 membres de plein droit. Et milite aussi pour la démocratie, la diversité culturelle ou l’environnement. Des Etats multilingues, comme le Canada ou la Suisse, en font partie, ainsi que certaines de leurs composantes (le Québec, le Nouveau-Brunswick ou les cantons helvétiques). Ils y côtoient la Bulgarie, la Macédoine, le Qatar et – ô horreur aux yeux de M. Bourgeois – la Fédération Wallonie-Bruxelles.Celle-ci s’appelait auparavant « Communauté française de Belgique » mais préfère sa nouvelle dénomination, censée marquer la solidarité entre Wallons et francophones de Bruxelles. De quoi cabrer une bonne partie de la région flamande, qui a fait de la capitale européenne et belge sa capitale politique et ne manque jamais de souligner que, même si l’on y parle peu le néerlandais, elle est située en territoire flamand. Etrangement, cette même Flandre se présente cependant comme « Flanders » et non comme « Vlaanderen-Brussel » sur la scène internationale.« Pas question de se retirer »La fureur de la N-VA est partie du constat de l’un de ses députés : il a remarqué que le site de l’OIF affirmait qu’en Belgique, 72 % de la population est francophone. Or, Wallons et francophones de Bruxelles ne forment que quelque 40 % de la population. L’organisation évoque, en réalité, les « locuteurs francophones » en y incluant les (nombreux) Flamands qui maîtrisent la langue de Voltaire, l’un des trois idiomes officiels, avec… le flamand et l’allemand. M. Bourgeois en fait partie, comme M. De Wever et d’autres dirigeants de la N-VA.Le premier ministre (francophone), Charles Michel, et le ministre (francophone) des affaires étrangères, Didier Reynders, n’ont, cette fois, pas hésité à répliquer aux nationalistes flamands : « Pas question de se retirer de l’OIF », ont-ils immédiatement répondu. « Le rayonnement de l’organisation n’est pas seulement culturel, il est aussi diplomatique et économique », a expliqué le chef du gouvernement au journal Le Soir. En promettant qu’il allait, au contraire, renforcer le rôle de la Belgique au sein de la francophonie.Le PS Rudy Demotte, ministre-président PS de Wallonie-Bruxelles, estime lui que le nouveau combat de M. Bourgeois renvoie à son ADN nationaliste et « n’est rien qu’un combat de bac à sable, en maternelle ».Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.04.2015 à 04h21 • Mis à jour le03.04.2015 à 07h39 Les dirigeants des principaux partis britanniques — conservateur, libéraux-démocrates et travailliste — ont été attaqués, collectivement ou à tour de rôle, jeudi 2 avril par les chefs des petites formations d'opposition — Verts et Ukip — ou régionales — écossais et gallois — lors d'un débat à sept, cinq semaines avant les élections législatives au Royaume-Uni.Le premier ministre conservateur David Cameron, le chef de l'opposition travailliste Ed Miliband et celui des « lib-dem » Nick Clegg ont subi les critiques de Nathalie Bennett (Verts), de Nigel Farage (Ukip, populiste et europhobe), de Leanne Wood (du Plaid Cymru gallois) et de Nicola Sturgeon (SNP écossais).Lire : Les quatre « petits » candidats qui vont faire l’électionEt l'analyse (en édition abonnés) : Le Royaume-Uni découvre le multipartismeLe débat a porté pendant près de deux heures sur la gestion du déficit public, le système de santé publique (NHS), l'immigration et l'avenir réservé à la jeunesse. David Cameron, pour qui il s'agissait de l'unique débat auquel il a consenti de participer, s'est retrouvé seul contre tous, accusé d'avoir creusé les inégalités au sein du Royaume-Uni avec sa politique d'austérité. Y compris par Nick Clegg, qui a accusé son allié conservateur au sein du gouvernement de coalition de vouloir poursuivre les coupes budgétaires non par nécessité mais par goût.Le chef travailliste Ed Miliband a lui été critiqué pour l'héritage laissé par le Labour en 2010, qu'il s'agisse du déficit record consécutif à la crise financière, ou encore pour sa tolérance envers les contrats zéro heure qu'il promet aujourd'hui d'abolir s'il succède à David Cameron au 10, Downing street.Le Ukip seul contre tousLe chef du parti europhobe Ukip a quant à lui affirmé que ses six co-débatteurs étaient « tous semblables », se présentant comme le seul à incarner un véritable changement sur le thème du « patriotisme ». Il a fait face au front uni des six autres responsables qui ont dénoncé sa diabolisation systématique de l'immigration, et ont rappelé la contribution nette des immigrés à l'économie britannique. Il a également suscité une opposition unanime lorsqu'il a dénoncé la prise en charge de malades séropositifs non-britanniques au Royaume-Uni. « Vous devriez avoir honte », a réagi Leanne Wood, suscitant les applaudissements de l'assistance.Des applaudissements qui ont également salué cette tirade du chef du parti nationaliste écossais (SNP) Nicola Sturgeon : « Votre accès à l'éducation devrait reposer sur votre capacité à apprendre et jamais sur votre capacité à payer », a-t-elle dit pour défendre la gratuité de l'université en Ecosse introduite par le SNP.A l'image du paysage politique particulièrement morcelé dans cette élection, aucun des sept débatteurs n'est sorti clair vainqueur du débat. Un sondage a donné Ed Miliband victorieux quand un second voyait Nicola Sturgeon gagnante et un troisième plaçait en haut du podium David Cameron à égalité avec Nigel Farage. Le dernier sondage datant du 31 mars place conservateurs et travaillistes à égalité à 34 % d'intentions de vote devant Ukip (13 %), les Lib-Dem (8 %) et les Verts (5 %).Lire aussi : Au Royaume-Uni, début de campagne électorale au coude-à-coude Philippe Bernard (Londres, correspondant) Dix millions de téléspectateurs britanniques ont assisté, jeudi 2 avril au soir, au premier vrai débat de la campagne électorale pour les législatives du 7 mai. L’affiche était inédite dans un pays habitué au bipartisme depuis des siècles : à côté des deux dirigeants de la coalition gouvernementale sortante David Cameron (conservateur) et Nick Clegg (libéral-démocrate) et du chef de l’opposition travailliste Ed Miliband, se sont exprimés les leaders des trois partis qui s’apprêtent à jouer les trouble-fête, du fait de leur audience inédite dans l’histoire électorale britannique. A eux trois, le parti national écossais de Nicola Sturgeon (SNP, indépendantiste), le parti pour l’indépendance du Royaume-Uni de Nigel Farage (UKIP, xénophobe et anti-européen) et les Greens de Natalie Bennett (écologiste) devraient, selon les sondages, rallier les voix d’un électeur sur trois contre un sur cinq aux élections de 2010. Sans oublier la septième invitée du débat Leanne Wood, qui dirige le parti nationaliste gallois.Lire aussi :A la télévision britannique, David Cameron pris sous le feu nourri de ses six concurrentsCameron évite le duel avec MilibandInédit, singulier, le format du débat a été voulu par David Cameron qui a obstinément refusé tout tête à tête avec Ed Miliband, craignant que ce dernier, bon débatteur, ne profite de cette superbe exposition médiatique pour affirmer un profil de premier ministrable que la majorité des électeurs lui dénient. Le premier ministre comptait mettre à profit ce débat à sept, possiblement confus, pour illustrer son leitmotiv : « Si vous ne donnez pas une majorité suffisante aux Tories, ce sera le chaos. »Lire aussi :Le Royaume-Uni découvre le multipartismeLa cote d’Ed Miliband s’est relevée depuis la première grande émission électorale télévisée de jeudi dernier, où M. Cameron et lui-même ont été interrogés séparément. Mais ce jeudi soir, fait rare dans la vie politique britannique, le chef du Labour risquait d’être doublement attaqué sur sa gauche par les leaders des Greens et du SNP écossais. Ce dernier parti constitue un repoussoir pour bon nombre d’électeurs anglais, mais Ed Miliband en aura besoin en cas de victoire pour asseoir une majorité. Les sondages donnent Tories et Labour au coude-à-coude avec 33 % des voix chacun environ. Selon toute vraisemblance, aucun des deux grands partis ne devrait pouvoir gouverner sans une alliance, gouvernementale ou au moins parlementaire, avec l’un des trois « petits » partis.Lire aussi :Au Royaume-Uni, travaillistes et conservateurs au coude-à-coude avant le scrutinNatalie Bennett, l’écologiste Natalie Bennett, 49 ans, ancienne journaliste, dirige depuis 2012 les Greens britanniques qui ont une seule députée au parlement de Westminster, élue dans la circonscription de Brighton. Crédités de 5 à 6 % des voix, ils devraient peiner à en conquérir davantage du fait du système électoral à un tour qui proclame élu le candidat ayant remporté le plus de suffrages. Mais, en prenant des voix au Labour, ils pourraient favoriser l’élection de candidats conservateurs. Les Greens critiquent la poursuite de la politique d’austérité que défendent les travaillistes et prônent un nouvel impôt sur la fortune pour les 1 % les plus riches. Ils réclament la sortie progressive du nucléaire, la renationalisation des transports publics et l’augmentation à 10 livres sterling (13,65 euros) du salaire minimum. L’enjeu du débat à sept était élevé pour Mme Bennett, une quasi inconnue du grand public qui s’est illustrée en oubliant une partie de son programme sur le logement lors d’une récente prestation radio. Tout comme pour son parti, qui marque des points, notamment chez les jeunes et engrange des adhésions.Nigel Farage, le xénophobe Nigel Farage, 50 ans, ancien trader en matières premières à la City, a dirigé entre 2006 et 2009 puis depuis 2012 le UKIP qui revendique la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, accusée d’empêcher le pays d’exercer sa souveraineté, notamment en matière de contrôle de l’immigration. Député européen, il brigue en mai un siège au parlement de Westminster pour la circonscription de South Thanet (sud-est de l’Angleterre) où les sondages le donnent favori. Le UKIP a nettement renforcé ses positions, notamment depuis que David Cameron a accepté d’organiser un référendum sur la sortie de l’UE s’il est reconduit à Downing Street. Le parti europhobe et xénophobe a triomphé lors des élections européennes de 2014, en se plaçant en tête des partis britanniques avec 26,6 % des voix. A l’automne, le UKIP a réussi à débaucher deux députés conservateurs et à les faire élire sous sa bannière, accédant pour la première fois à Westminster. Crédité de 12 à 18 % des suffrages pour les législatives de mai, il pourrait conquérir deux ou trois sièges supplémentaires, mais surtout jouer les arbitres entre conservateurs et travaillistes, en puisant dans leur électorat. Le UKIP pourrait aussi peser sur la formation du gouvernement si les conservateurs arrivent en tête. Lors du débat, Nigel Farage a dû faire oublier que son parti est affaibli par les déclarations racistes et homophobes ainsi que par des malversations financières de certains de ses élus ou candidats. Et se poser en champion de la lutte contre l’immigration est-européenne, qu’il présente comme un facteur d’insécurité, de bas salaires et de dissolution de l’identité anglaise.Nicola Sturgeon, l’Ecossaise Nicola Sturgeon, 44 ans, a succédé à Alex Salmond à la tête du parti national écossais (SNP) au lendemain du référendum sur l’indépendance de l’Ecosse de septembre 2014. Les sondages la placent en position de force puisqu’ils prédisent la conquête par le SNP d’une quarantaine de sièges en Ecosse, fief traditionnel du Labour. Cette entrée en force au parlement de Westminster (où le SNP ne dispose que de six sièges aujourd’hui) ferait des indépendantistes écossais les alliés obligés du Labour si ces derniers sont en position de former un gouvernement. Or Mme Sturgeon critique la poursuite de l’austérité budgétaire prônée par les travaillistes, réclame le démantèlement des bases nucléaires britanniques situées en Ecosse ainsi que de nouveaux pouvoirs pour le Parlement d’Edimbourg. Le premier ministre David Cameron insiste sur le chaos et les risque d’éclatement du royaume que ferait courir selon lui une telle alliance SNP-Labour. Brillante débattrice, Nicola Sturgeon a dû se montrer habile équilibriste lors du débat de jeudi soir : se dissocier d’Ed Miliband puisqu’elle souhaite attirer les électeurs du Labour en Ecosse, tout en rendant crédible l’accord avec ce dernier qu’elle dit souhaiter. Avec pour horizon la perspective qui lui tient le plus à cœur : l’indépendance écossaise.Leanne Wood, la Galloise Leanne Wood, 43 ans, dirige depuis 2012 le parti nationaliste gallois Plaid Cymru qui tient trois sièges à Westminster. Plaid Cymru, opposé à la politique d’austérité et aux bases nucléaires militaires, n’est que le quatrième parti en popularité dans une région, le Pays de Galles qui ne représente que 5 % de la population du Royaume-Uni. Pour Mme Wood, totalement inconnue dans le reste du pays, le débat de jeudi était évidemment une occasion unique de faire connaître ses positions. Bien que minuscule, son parti pourrait servir de force d’appoint décisive au Labour.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.04.2015 à 16h31 • Mis à jour le03.04.2015 à 07h57 | Guy Dutheil Pour Air France l’heure est « à la reconquête du marché domestique face aux autres modes de transports », selon les mots d’Alexandre de Juniac, PDG d’Air France-KLM. C’est à Lyon, jeudi 2 avril qu’a démarré, selon le PDG, « la première étape du tour de France pour le déploiement de l’offre Hop! Air France ».Depuis deux ans, Hop! est la marque ombrelle qui regroupe les trois compagnies régionales du groupe (Airlinair, Brit Air et Regional). Désormais adossé à Air France, le nouvel ensemble Hop! Air France regroupe une force de frappe conséquente de près d’une petite centaine d’avions. Lionel Guérin, directeur général délégué de Hop! Air France, a fixé sa zone de chalandise aux « trajets domestiques de 300 à 1 000 kilomètres ». Uniquement des vols court-courrier en France et en Europe.En dessous de 300 kilomètres, le combat serait déjà perdu pour l’avion face au train, au TGV, à la voiture et bientôt à l’autocar. Hop! Air France est loin derrière ses deux principaux concurrents avec seulement 7 % de parts de marché contre 28 % pour le train et 65 % pour la voiture.Offre tarifaire simplifiéeToutefois, la nouvelle enseigne des vols domestiques du groupe Air France pèse lourd. En 2014, elle a enregistré un chiffre d’affaires de 1,7 milliard d’euros et fait voyager 13 millions de passagers via environ 600 vols par jours. Un de ses principaux atouts est de proposer à ses clients « le premier réseau européen en nombre de vols et en nombre de sièges offerts ». Au sein du groupe Air France-KLM, le nouvel ensemble Hop! Air France rassemble « tous les vols au départ ou à destination de tous les aéroports en France ou en Europe, sauf les deux hubs du groupe, Roissy et Amsterdam », pointe M. Guérin.Pour regagner des parts de marché, Hop! Air France mise sur une offre tarifaire simplifiée. Un modèle qui est en passe de gagner toutes les compagnies aériennes en Europe. Les low cost comme les compagnies traditionnelles. En pratique, les passagers pourront choisir parmi trois tarifs. Du « basic », le moins cher mais sans aucune option, en passant par les tarifs « smart », plus modulables, jusqu’aux prix « flex » qui comportent toutes les options, notamment le bagage en soute jusqu’à 23 kilos ou la possibilité de changer de destination, d’horaires, et même le nom du passager. Les tarifs « smart » et « flex » visent la clientèle d’affaires, le nerf de la guerre de Hop! Air France, puisqu’elle représente déjà « entre 40 et 50 % de son trafic et près de 60 % de son chiffre d’affaires », souligne Lionel Guérin.Comme les compagnies low cost, Hop! Air France « va faire des offres promotionnelles pour animer le marché », signale Hélène Abraham, directrice générale adjointe commerciale et marketing de la nouvelle compagnie domestique. Au moins 10 % des billets sur chaque vol seront mis en vente au tarif de base de 49 euros.Toutefois, « à certains moments de l’année  Hop! proposera des places sous les 49 euros », ajoute-t-elle. La direction refuse de préciser si elle était rentable sur tous ses paliers tarifaires. « Nous avons besoin de tous les tarifs pour gagner de l’argent », a juste précisé M. Guérin. Mais aussi pour remplir ses avions. Jusqu’à maintenant, le taux de remplissage est de 66 %. Hop! vise de 70 à 75 % sur ses avions de 100 places et de 75 à 80 % sur les Airbus.Une flotte variéeL’objectif de Lionel Guérin est « d’enrayer les pertes de parts de marché » face à ses concurrents de la route et du fer, notamment en « faisant de la diversité de la flotte de Hop! Air France une force ».Le directeur général semble sûr de son coup : « Nous pouvons piquer des gens au train et à la voiture. Sur un marché de 90 millions de passagers par an quand on en fait que 13 millions le marché n’est pas mort », veut-il croire.Hop! devra faire rapidement la preuve de son succès car ses échéances sont proches. Créée il y a deux ans, elle a déjà divisé ses pertes par deux. En 2014, elle a perdu 140 millions d’euros dont 120 millions d’euros pour Air France et 20 millions pour Hop!. En 2013, le trou était encore de 280 millions d’euros.Lire aussi : Alexandre de Juniac : « Air France reviendra dans le vert fin 2015 »Pour retrouver l’équilibre, MM. de Juniac et Guérin annoncent « des réductions de coûts ». Ils se sont refusés à préciser s’ils allaient de nouveau tailler dans les effectifs. Un plan de départs volontaires est déjà en cours chez Hop! Air France. « Pour l’avenir, tout dépendra des discussions avec les syndicats », prévient déjà la direction de Hop! Air France.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Ridet (Rome, correspondant) Un article, trois démentis. Ugo Magri, journaliste au quotidien La Stampa et berlusconologue informé et ironique, aurait pu se couvrir la tête de cendres en voyant, après la publication, mercredi 15 avril, de son article « Les ennemis de droite de Berlusconi », s’amonceler sur son bureau les réactions outrées de l’ancien président du conseil et de son entourage.En une cinquantaine de lignes précises comme un scalpel, il s’attache à faire revivre l’atmosphère crépusculaire qui règne autour de l’ex-Cavaliere dans sa résidence d’Arcore (Lombardie), les règlements de comptes entre les vieux fidèles et les nouveaux convertis. Extraits : « Berlusconi est une antiquité qui ne fait plus peur à personne », l’accable l’un. « C’est facile d’avoir été à ses côtés quand tout allait bien, quand le soleil resplendissait mais beaucoup moins lorsque tombe le soir », le défend un autre en mettant en avant « sa fidélité humaine et politique » au service du vieux leader de Forza Italia.« Cerveau en compote »Mais c’est à la fin du papier que Magri se fait le plus corrosif. Il raconte comment, un jour que le magnat des médias était assis à sa table de travail, l’un de ses deux chiens – des caniches baptisés Dudu pour le mâle et Dudina pour la femelle – a sauté sur sa table de travail, faisant s’envoler les documents sur lesquels il travaillait : « Je n’en peux plus de ces bestioles !, a explosé Berlusconi. Ce n’est pas vrai que j’aime les animaux. En fait je ne les ai jamais aimés. »« Le président aime toujours ses chiens qui font partie de sa famille »Cette citation, et seulement celle-ci, a déclenché la fureur de Silvio Berlusconi, de sa jeune compagne Francesca Pascale et d’une parlementaire défenseuse de la cause des animaux. Dans un démenti de quelques lignes publiées par la Stampa jeudi, l’ancien premier ministre dénonce « une citation inventée » et s’interroge sur « la déontologie professionnelle des journalistes ». Francesca Pascale assure que « le président aime toujours ses chiens qui font partie de sa famille ». Ce que confirme la parlementaire dans un autre communiqué.Ugo Magri, lui, se marre. Il tient l’anecdote d’une très bonne source. « C’est incroyable, nous raconte-t-il. Berlusconi est muet depuis quinze jours, son parti prend eau de toutes parts, et sa première déclaration officielle est d’assurer Dudu et Dudina de son affection. Quest’uomo é bollito del cervello », conclut-il. Ce qui peut se traduire par : « Cet homme a cerveau en compote. »Une explication peut être : lors de ses multiples entreprises de retour au premier plan depuis qu’il a été chassé du Parlement à la suite de sa condamnation définitive pour fraude fiscale, il avait imaginé séduire de nouveau les Italiens et notamment les plus vieux d’entre eux par un programme aussi inattendu que généreux : gratuité des soins dentaires pour les personnes âgées et des visites vétérinaires pour leurs compagnons à quatre pattes. Son démenti prouve au moins qu’il n’a pas renoncé à ce projet. Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.04.2015 à 10h41 • Mis à jour le17.04.2015 à 17h47 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) Quinze immigrés, dont un mineur de 17 ans à peine débarqués en Sicile, ont été arrêtés, jeudi 16 avril, par les carabiniers et conduits en prison sous l’accusation d’« homicides multiples aggravés par la haine religieuse ». Selon les témoignages des passagers de cette nouvelle odyssée, ces quinze hommes – mais il pourrait y en avoir d’autres – auraient jeté à la mer douze de leurs compagnons d’infortune à la suite d’une dispute survenue à bord. Les agresseurs sont de confession musulmane, originaires du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal ; leurs victimes étaient de foi chrétienne, venues du Ghana et du Niger.Eplorés, les survivants ont raconté aux associations humanitaires et aux enquêteurs la peur et la tension qui régnaient sur un canot pneumatique à moitié dégonflé contenant 105 passagers partis dimanche 16 avril d’une plage de Tripoli. Et chacun de prier son Dieu. « Ici, on n’implore qu’Allah ! », aurait lancé un migrant en français. « J’ai vu de mes yeux neuf Ghanéens et trois Nigériens être jetés à l’eau, raconte ainsi Yeboah. J’ai survécu parce qu’avec mes compagnons, nous nous sommes agrippés les uns aux autres pour résister à nos agresseurs pendant une heure. Puis un navire est arrivé pour nous secourir. »« Je me souviens que les musulmans disaient expressément qu’ils ne toléraient pas la présence de chrétiens nigériens et ghanéens à bord »« Je me souviens, a expliqué Lambert, que les musulmans disaient expressément qu’ils ne toléraient pas la présence de chrétiens nigériens et ghanéens à bord. » L’enquête coordonnée par le parquet de Palerme devra faire la lumière sur cette tragédie inédite dans le canal de Sicile. S’agissant d’homicides commis dans les eaux internationales, le ministre italien de la justice a accordé les autorisations nécessaires.Depuis près de dix jours, les arrivées massives de migrants en provenance de Libye se succèdent sans discontinuer sur toutes les côtes du sud de l’Italie, charriant leur lot de d’histoires misérables. Dimanche, des témoins ont raconté que leur embarcation se serait renversée, entraînant la mort de près de 400 passagers. Lundi, un capitaine de navire de secours racontait comment des passeurs se présentant comme des « gardes-côtes libyens » ont pu récupérer leur embarcation sous la menace d’armes. Les récits des rescapés confinent à l’horreur. Des immigrés racontent les mauvais traitements qu’ils ont subis avant d’embarquer, entassés dans des hangars par les passeurs. Certains disent avoir été portés de force à bord d’un chalutier hors d’âge ou d’un canot pneumatique rapiécé. On apprend qu’une femme est morte en accouchant sur le bateau qui l’avait récupérée. Un miracle, aussi, parfois : une autre a donné naissance à son enfant à peine arrivée sur la terre ferme.Problème européenJeudi 16 avril, autre drame : 41 personnes sont mortes noyées, selon quatre naufragés survivants repérés en pleine mer par hélicoptère et sauvés par un navire de la marine italienne. Venus d’Afrique subsaharienne et partis de la région de Tripoli, leur embarcation a dérivé pendant quatre jours avant de sombrer, ont-ils raconté à l’Organisation internationale pour les migrations. Depuis le 1er janvier, ils seraient désormais plus de 900 à être morts en Méditerranée contre près de 22 000 (dont 10 000 au cours de la dernière semaine) qui sont venus à bout, sains et saufs, de leur traversée.Plusieurs organisations internationales et humanitaires somment l’Union européenne de réagir et d’en faire plus pour éviter de nouveaux drames. Mais celle-ci est impuissante. La situation qui pourrait empirer « dans les prochaines semaines et les prochains mois en raison de l’amélioration des conditions climatiques et de l’instabilité durable dans les pays voisins », a déclaré Natasha Bertaud, porte-parole de la Commission européenne. « La Commission ne peut pas tout faire toute seule, a-t-elle poursuivi. Elle n’a pas la panacée qui permettrait de résoudre tous les problèmes d’un seul coup. Nous n’avons pas les financements ni le soutien politique pour créer un système européen de gardes-frontières. »Paolo Gentiloni, ministre italien des affaires étrangères, a demandé, de son côté, un « renforcement de l’opération “Triton” ». « Le problème est européen, analyse-t-il, mais le remède est italien. La surveillance et les secours en mer pèsent à 90 % sur nous. » L’ONU, elle, reconnaît que l’Italie « porte sur ses épaules un problème énorme pour le compte de l’Union européenne ».lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x1trpe6"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x1trpe6", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) Les absents ont toujours tort. En choisissant de ne pas participer au débat télévisé organisé par la BBC, jeudi 16 avril, le premier ministre britannique pensait faire mentir le dicton. Sur les conseils de Lynton Crosby, le stratège australien de la communication politique qui dirige sa campagne, David Cameron souhaitait se hausser au-dessus de la mêlée, mais aussi mettre en lumière la « coalition du chaos » qui, à gauche, prétend le chasser de Downing Street. A trois semaines des élections législatives du 7 mai, unanimement décrites comme les plus serrées depuis trente ans, David Cameron a fait un choix risqué, en permettant par son absence à son rival du Labour, Ed Miliband, d’apparaître comme premier ministrable, ce dont les électeurs britanniques doutaient fortement jusqu’à présent.« David Cameron, si vous pensez que le sujet de cette élection est la capacité à diriger [ce pays], venez débattre avec moi et laissez le peuple décider ! », a défié le chef des travaillistes, au terme de quatre-vingt-dix minutes d’un débat qui ne réunissait que les chefs des partis d’opposition.Lire aussi :Débat télé au Royaume-Uni : les quatre « petits » candidats qui vont faire l’électionSi les sondages disent vrai, ni les conservateurs ni les travaillistes, au coude-à-coude, ne devraient disposer seuls d’une majorité au Parlement de Westminster. Et même si les tories remportaient légèrement plus de sièges que le Labour, ce dernier a plus de chances de pouvoir gouverner, car il possède davantage d’alliés : précisément, les partis invités au débat de jeudi : les Verts, les nationalistes gallois et surtout le Parti national écossais (SNP).Instabilité potentielleMême si Nigel Farage, le chef de file du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP, xénophobe), était, lui aussi, sur le plateau, l’émission a pris les allures d’une prénégociation publique entre le travailliste Ed Miliband et les autres composantes de la gauche. Un spectacle rare dans ce pays où le centre de gravité de la vie politique se situe nettement plus à droite qu’en France. Alors que le spectacle attendu par le premier ministre était « Ed Miliband seul contre tous », c’est plutôt M. Farage qui est apparu isolé.« Arrêtez de désigner les immigrés comme responsables de tous les maux de ce pays ! », a lancé Nicola Sturgeon, la charismatique chef de file du SNP, lorsque M. Farage a promis d’exclure les étrangers du système de santé gratuit. « Vous exploitez les peurs des gens. Notre diversité est une force », a répliqué de son côté Ed Miliband tandis que Natalie Bennett (Verts) se félicitait aussi de « la contribution qu’apportent les migrants à la Grande-Bretagne ».Lire aussi :Le Royaume-Uni découvre le multipartismeMais le débat a aussi illustré l’instabilité potentielle de l’alliance qui pourrait se nouer à gauche au lendemain du scrutin du 7 mai. Si le Labour, lâché par beaucoup de ses électeurs écossais au profit du SNP, aura impérieusement besoin de ce dernier, il ne peut paraître donner des gages à ce parti dont le premier objectif est l’indépendance, hantise des électeurs anglais (84 % du corps électoral). « Vous voulez démanteler notre pays, ce serait un désastre pour les travailleurs. Je ne ferai pas de coalition avec le SNP », a promis Ed Miliband à l’adresse Mme Sturgeon. Cette dernière, accusée de faire le jeu des conservateurs, a juré ses grands dieux que « jamais elle ne passerait un accord » avec eux.« Vous n’êtes pas assez forts »Mais, pour débaucher les électeurs du Labour, Mme Sturgeon doit se présenter à la fois comme plus à gauche et comme indispensable. Elle a donc promis de peser pour alléger la politique d’austérité « plus juste » défendue par le Labour et pour en faire un parti « plus audacieux ». « La vérité est que vous n’êtes pas assez forts » pour gouverner seuls, a-t-elle insisté tout en faisant assaut de politesse à l’égard de M. Miliband. « Telle est ma proposition à Ed Miliband : s’il est prêt à être meilleur que les tories, alors je suis prête à travailler avec lui. »Lire aussi :L’Ecosse, arbitre des élections britanniquesEn signe de solidarité, elle a qualifié de « honteuse » la récente attaque du ministre de la défense, Michael Fallon, contre M. Miliband, accusé d’être « prêt à poignarder dans le dos le Royaume-Uni [en s’alliant avec le SNP, qui réclame le démantèlement de l’armement nucléaire] pour devenir premier ministre, tout comme il a poignardé son frère pour devenir le chef du Labour [Ed Miliband a battu son frère David en 2010 lors de l’élection interne au Parti travailliste] ».Que pouvait bien faire David Cameron pendant que ses cinq opposants se partageaient l’audience de la BBC ? Sur Twitter, les photomontages ont rivalisé d’humour pour l’imaginer. L’un d’eux figure le premier ministre vautré sur un canapé, regardant la télévision aux côtés de son adjoint libéral-démocrate Nick Clegg, en caleçon et tee-shirt, bras et jambes couverts de tatouages. « Assieds-toi, Nick, ça commence ! », lance M. Cameron. Sur la commode, un portrait de Margaret Thatcher veille sur le couple gouvernemental.Lire aussi :Au Royaume-Uni, Ed Miliband met le cap à gauche contre les « super-riches »Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.04.2015 à 09h08 • Mis à jour le17.04.2015 à 16h01 | Marie Charrel Les chiffres sont impressionnants. Depuis début mars, le rouble a bondi de près de 40 % face au dollar et à l’euro. Vendredi 17 avril, au matin, un dollar valait ainsi 48,89 roubles, après avoir franchi dans la nuit de mercredi le seuil psychologique des 50 roubles, pour la première fois depuis novembre. Au plus fort de la crise de mi-décembre, il avait culminé à 80 roubles.La devise russe a ainsi retrouvé son niveau d’avant son violent effondrement de décembre 2014. Pénalisé par les sanctions occidentales, le pays avait alors plongé en récession, tandis que les Russes étaient durement affectés par l’inflation galopante.Jeudi 16 avril, lors d’une séance de questions-réponses télévisée, Vladimir Poutine a longuement commenté le sujet. Tout en reconnaissant les difficultés traversées par la population russe, il a insisté sur la résistance de l’économie. « Nous avons passé le pic des problèmes », a assuré le président russe, tout en convenant que la levée des sanctions occidentales est peu probable. « La monnaie nationale s’est corrigée et il n’y a pas eu de catastrophe ». La stabilisation des prix du pétrole rassureÀ première vue, le rebondissement du rouble a de quoi dérouter : sur l’année 2014, 150 milliards de dollars de capitaux ont fui le pays, et l’économie russe reste mal en point.Mais la perception des investisseurs, elle, a changé. « Cela tient d’abord aux prix du pétrole, qui se sont stabilisés après la forte baisse enregistrée ces derniers mois : du coup, la visibilité sur l’économie russe est meilleure », explique Frédéric Rollin, chez Pictet & Cie.Le constat vaut également pour l’Ukraine. Même si la situation est loin d’être réglée, les tensions semblent, là aussi, se stabiliser.S’ajoutent à cela les effets des mesures prises par la banque centrale russe : depuis mi 2014, elle est massivement intervenue sur le marché des changes pour soutenir le rouble, et a relevé son taux directeur à plusieurs reprises, jusqu’à 17 %, pour freiner les sorties de capitaux.Il n’y a plus d’urgence à rapatrier les liquidités aux Etats-UnisPlus étonnamment, les orientations de la politique monétaire américaine ont également joué. Lors de sa réunion du 18 mars, la Réserve Fédérale (Fed) a en effet donné le sentiment qu’elle ne relèvera pas ses taux en juin, mais plus probablement en septembre.« Cela a joué en faveur de l’ensemble des pays émergents, y compris de la Russie, car il y a moins d’urgence à rapatrier les liquidités aux États-Unis », explique Guillaume Tresca, économiste spécialiste des pays émergents au Crédit Agricole CIB.Résultat : les investisseurs russes, puis les étrangers qui ont fui la Russie en décembre 2014, commencent à revenir. « Les gros fonds américains s’intéressent de nouveau à Moscou, nous conseillons à nos clients d’y retourner aussi », confie un gérant de fonds parisien.Signe que la méfiance des investisseurs reflue, les taux des obligations souveraines russes ont baissé. Le taux des emprunts à trois mois est ainsi passé de 29,93 % en décembre à moins de 18 % aujourd’hui.Le 16 avril, l’Etat russe a également réussi à emprunter 15 milliards de roubles sur huit ans. Pour ce, il a reçu une demande trois fois plus élevée que le nombre d’obligations disponibles…Mais les perspectives restent sombres pour l’économie russeEst-ce une bonne nouvelle pour l’économie russe ? Oui, du moins pour l’instant. L’appréciation du rouble contribue en effet à réduire l’inflation, qui culminait à 17 % sur un an en février. Un soulagement pour le pouvoir d’achat des Russes, laminé par l’envolée des prix.De fait, la banque centrale russe devrait encore réduire ces prochaines semaines son principal taux directeur, déjà ramené de 17 % à 14 % depuis janvier. M. Tresca estime ainsi qu’il devrait s’établir à 9 % d’ici la fin de l’année. Résultat : les coûts des crédits aux ménages et entreprises baisseront eux aussi.Encore faut-il que le rouble se stabilise. « S’il continue de s’apprécier trop, et surtout trop vite, la banque centrale russe sera vite mal à l’aise », juge M. Tresca. Et l’économie russe pourrait en pâtir, car la chute du rouble avait au moins un avantage : elle avait regonflé la compétitivité à l’export des produits russes non liés aux hydrocarbures.Dans tous les cas, les perspectives restent sombres pour le pays de Vladimir Poutine. Cette année, il devrait enregistrer une récession de 3,8%, selon le Fonds monétaire international. Très dépendante du pétrole, son économie reste peu diversifiée, tandis que le milieu des affaires est gangrené par la corruption.Lire aussi :Avec la crise, les Russes consomment autrementMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sandrine Morel (Madrid, correspondance) L’ex-président de la banque Bankia (de 2010 à 2012) et ex-directeur général du Fonds monétaire international (FMI), entre 2004 et 2007, pilier du Parti populaire (PP) au pouvoir, Rodrigo Rato, a été arrêté pour être entendu par la police espagnole, jeudi 16 avril, après plus de trois heures de perquisition à son domicile madrilène. Il a été relâché dans la nuit. Le parquet le soupçonne notamment de fraude fiscale et de blanchiment de capitaux.Deux jours plus tôt, la presse espagnole avait révélé qu’il avait eu recours à la loi d’amnistie fiscale, approuvée en 2012 par le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy, pour régulariser la fortune qu’il détenait de manière irrégulière à l’étranger.L’amnistie fiscale avait permis à 31 000 personnes de rapatrier 40 milliards d’euros en ne payant que 3 % de taxe. Le gouvernement du Parti populaire (PP, droite) avait récolté 1,2 milliard grâce à cette mesure, l’une des plus polémiques du mandat de M. Rajoy, considérée comme un cadeau aux fraudeurs par l’opposition.Or, non seulement M. Rato, ancien ministre de l’économie et des finances (1996-2004) sous les gouvernements de José Maria Aznar (PP) a saisi l’occasion offerte par l’actuel ministre des finances, Cristobal Montoro, qui fut son secrétaire d’Etat à l’économie, de rapatrier sa fortune, mais, il fait en outre partie des 705 contribuables qui sont soupçonnés d’avoir profité de cette amnistie pour blanchir des fonds. Ils sont visés par une enquête du Service exécutif de prévention du blanchiment de capitaux (Sepblac).Plusieurs affairesM. Rato, qui défendait auparavant la lutte contre la fraude fiscale, se trouve au centre de plusieurs enquêtes judiciaires. Ancien président de Bankia, avant que l’Etat ne doive injecter 24 milliards d’euros dans cette banque pour la sauver de la faillite, en 2012, il fut l’instigateur de son entrée en bourse, en 2011.Entachée d’irrégularités présumées, celle-ci fait l’objet d’une enquête afin de déterminer si les responsables de Bankia ont maquillé les comptes de l’établissement. M. Rato est inculpé pour « escroquerie » et « faux et usage de faux ».M. Rato est aussi au centre de l’affaire des cartes de crédits « black ». Ces cartes bancaires de complaisance permettaient aux conseillers de Bankia de sortir des fonds sans aucun contrôle de Bankia. Pour avoir « consenti, favorisé et accepter » l’usage de ces cartes, M. Rato est mis en examen pour « détournement de fonds et délit sociétaire. »Lire aussi :La bataille des actionnaires floués de BankiaLa justice s’intéresse également aux 6,2 millions d’euros que lui a versés la banque d’investissement Lazard en 2011, alors qu’il en était conseiller trois ans plus tôt.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.04.2015 à 17h17 • Mis à jour le17.04.2015 à 12h42 | Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ks21y"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ks21y", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Vendredi 17 avril, le président allemand, Joachim Gauck, et la chancelière, Angela Merkel, ont rendu hommage, devant 1 400 personnes, aux victimes de l’Airbus de Germanwings, qui s’est écrasé dans les Alpes le 24 mars avec 150 personnes à bord à la suite de l’acte volontaire du copilote Andreas Lubitz. Si la cérémonie organisée dans la cathédrale de Cologne devait être œcuménique et consensuelle, une question divise le pays : faut-il remettre partiellement en cause le secret médical ?L’enquête a en effet révélé qu’Andreas Lubitz avait été gravement dépressif, qu’il consultait médecins et psychothérapeutes, et qu’il était en arrêt maladie sans en avoir informé son employeur – probablement par peur de perdre sa ­licence de vol. D’où la réforme du texte qui encadre le secret médical que réclament certains députés. « Les pilotes doivent aller voir des médecins qui dépendent de leur employeur, et ces médecins doivent être délivrés du ­secret médical vis-à-vis de l’employeur comme de l’administration de l’aviation civile », affirme le conservateur Dirk Fischer. « Quand la vie d’autrui est menacée, le médecin est obligé d’informer l’employeur de l’incapacité de travail d’un collaborateur. Cela vaut particulièrement en cas de maladie psychique et d’un possible risque de suicide », renchérit le social-démocrate Karl Lauterbach, par ailleurs médecin. Dans ce pays où les débats sur la protection des données personnelles passionnent l’opinion, le sujet est explosif. Juridiquement contestableTrès rapidement, les représentants des pilotes, et plus encore les syndicats de médecins, se sont opposés à la levée – même partielle – du secret médical. « Une atteinte grave au droit fondamental des patients », juge Frank-Ulrich Mont­gomery, président de la chambre fédérale des médecins. Certains remarquent d’ailleurs que cette confidentialité ne ­s’arrête pas avec le décès du patient, et que les perquisitions menées chez les médecins qui ont suivi Andreas Lubitz sont juridiquement contestables. Pour d’autres, le remède pourrait être pire que le mal. « Le nombre annuel de suicides en Allemagne est passé de 18 000 à 10 000 en trente ans, précise Ulrich Hegerl, ­directeur de la clinique universitaire de Leipzig spécialisée en psychiatrie et psychothérapie, dans l’hebdomadaire DerSpiegel du 4 avril. La raison principale est sans doute que des personnes souffrant de maladies psychiques, notamment de dépressions, demandent à être aidées, et que ces maladies sont aujourd’hui mieux connues et mieux traitées. De nouvelles lois, des tests psychologiques plus fréquents, des interdictions professionnelles, tout ce dont on discute renforcerait à ­nouveau la stigmatisation. A la fin, nous déplorerions encore plus de morts. »D’ailleurs, le lien entre la dépression d’Andreas Lubitz et son acte fatal est-il seulement certain ? Les personnes qui souffrent de dépression commettent « nettement moins de délits que la moyenne de la population », tempère, dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung du 13 avril, le psychiatre Rainer M. Holm-Hadulla, pour qui le pilote souffrait surtout de troubles narcissiques de la personnalité. Ce que la catastrophe du vol 4U9525 montre surtout, c’est que le cerveau demeure un mystère, et que les spécialistes doivent rester ­modestes. « Le problème, ce n’est pas le secret médical, c’est la connaissance du danger pour autrui. Et, pour cela, il n’y a pas de méthode fiable », reconnaît Rainer ­Richter, président de la chambre fédérale des psychothérapeutes.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Clément Melki Les catastrophes se suivent dans l’indifférence quasi générale : 400 personnes seraient mortes dimanche 12 avril sur les quelque 550 que transportait une embarcation de fortune partie des côtes libyennes. Ce nouveau naufrage en Méditerranée, sur l’une des routes les plus meurtrières du monde, illustre la situation alarmante des migrants installés en Libye, et, plus encore, de ceux qui ne font que transiter par ce pays en plein chaos.Lire aussi :Nouveau naufrage mortel en Méditerranée Un nombre compliqué à estimerLe nombre de migrants en Libye est très difficile à estimer, les ONG et les ambassades ayant quasiment toutes déserté le pays en raison des affrontements entre les différentes factions qui luttent pour le pouvoir depuis la chute Mouammar Kadhafi, en 2011. En août 2014, l’UNHCR (Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés) dénombrait 37 000 personnes enregistrées à Tripoli et Benghazi, se disant « gravement préoccupé » pour leur sécurité. « Ce ne sont pas des données structurelles, les chiffres varient beaucoup avec les mouvements migratoires », explique Delphine Perrin, juriste et chercheuse à l’université d’Aix-Marseille, qui rappelle qu’« avant d’être un pays de transit, la Libye est d’abord un pays d’arrivée. Il y a toujours eu des étrangers qui se rendent sur place pour travailler ».Des déplacements inscrits dans l’histoireS’ils ont été accentués par le conflit libyen et les révolutions arabes, les mouvements migratoires sont profondément ancrés dans l’histoire du pays. En raison de son positionnement géographique, la Libye a vu les populations nomades sahariennes transiter sur son territoire depuis des siècles. À la fin des années 1990, Mouammar Kadhafi avait de surcroît encouragé les migrations de travailleurs vers la Libye, attirés par ses ressources, notamment pétrolières. Le guide de la révolution libyenne avait alors « mis en place une stratégie d’ouverture des portes qui s’inscrivait dans un projet panafricain, afin de gagner du crédit auprès des leaders de la région », explique Ferruccio Pastore, directeur du FIERI (Forum for International and European Research on Immigration). Cette orientation politique a provoqué un afflux massif de migrants, en provenance de l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, du Nigeria, du Mali, du Sénégal, dont la situation s’est détériorée, surtout à partir des années 2000. L’impact de la guerreLa guerre civile qui a suivi la chute du régime de Kadhafi en octobre 2011 a encore aggravé la situation des migrants, désormais confrontés aux affrontements entre deux gouvernements rivaux et à la relative fermeture des pays européens. À ce chaos s’ajoute la menace de l’organisation Etat islamique, désireuse de consolider sa présence dans la région. Dans ce contexte, marqué par l’absence de tout cadre juridique ou humanitaire, les migrants sont devenus la proie des milices locales. « Tout le monde est autorisé à faire ce qu’il veut des immigrés. Cela donne lieu à une exploitation brutale, marquée par une multiplication des kidnappings », résume Ferruccio Pastore.Venus essentiellement de la corne de l’Afrique (Somalie, Ethiopie, Erythrée), les migrants sont le plus souvent exploités dans des conditions de vie dégradantes, dénoncées par la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) : arrestations arbitraires, violences physiques et psychologiques, travail forcé… Les Africains subsahariens doivent faire face au racisme d’une partie de la population, d’autant plus fort qu’ils sont associés au souvenir de la politique migratoire de Kadhafi. Et les passeurs se montrent de plus en plus violents pour optimiser leurs bénéfices.Lire aussi :Naufrage en Méditerranée : des passeurs de plus en plus violents Vers l’Europe…Pour échapper aux affrontements entre milices armées, les migrants de passage en Libye sont de plus en plus tentés de traverser la Méditerranée. Une très large partie d’entre eux quitte les côtes libyennes pour rejoindre l’Italie : selon le HCR, plus de 110 000 personnes seraient arrivées de cette manière sur les côtes italiennes en 2014, dont la moitié originaire de Syrie et d’Erythrée. « Depuis le 1er janvier, 29 000 personnes ont déjà emprunté cette route », indique Ewa Moncure, une des portes-parole de Frontex, l’agence européenne chargée de la surveillance des frontières, qui craint de voir augmenter encore ces fluxs cet été, à la faveur d’une météo plus clémente.Cet afflux massif a pris de cours les Européens, notamment les dirigeants italiens, qui ont demandé à leurs partenaires du continent de prendre en charge une partie des réfugiés, ou de cofinancer leur accueil. Face à l’afflux, le gouvernement de Matteo Renzi a décidé à l’automne 2014 de renoncer à l’opération Mare Nostrum, menée par la marine italienne afin d’éviter le naufrage des convois de migrants. Lancées après le drame de Lampedusa en octobre 2013 qui avait fait 366 morts, ces interventions auraient permis de sauver quelque 100 000 personnes, selon l’ONG Human Rights Watch. Elles ont été remplacées par Triton, une opération de surveillance des frontières maritimes et non plus de sauvetage, placée sous l’égide de Frontex.Lire aussi :L’UE impuissante face aux drames de l’immigration… et l’Afrique du NordOutre l’Europe, de plus en plus de migrants en provenance de Libye se rendent en Tunisie pays avec lequel la Libye partage une frontière de 460 km. Depuis 2011, près de 2 millions d’entre eux y ont trouvé refuge. Un afflux qui risque de fragiliser un Etat lui-même engagé dans une délicate transition démocratique, et qui n’arrive plus à faire face à cette arrivée massive, en particulier au niveau sanitaire. D’autres choisissent de transiter par la Tunisie pour rejoindre ensuite l’Europe.Lire aussi :Passeurs et mafieuxClément MelkiJournaliste au Monde 16.04.2015 à 14h07 • Mis à jour le16.04.2015 à 17h43 Oles Bouzina, un journaliste ukrainien connu pour les positions prorusses, a été tué par balle, jeudi 16 avril à Kiev, devant chez lui. C'est le deuxième meurtre d'une personnalité prorusse dans la capitale ukrainienne en vingt-quatre heures, après l'assassinat, mercredi, du député Oleg Kalachnikov dans des circonstances similaires.« Il est évident que ces deux crimes sont du même genre. Leur nature et sens politique sont clairs − c'est une provocation délibérée qui apporte de l'eau au moulin de nos ennemis, déstabilise la situation en Ukraine », a déclaré le président ukrainien, Petro Porochenko, en appelant à une enquête « transparente ». Le président russe Vladimir Poutine a, lui, très vite dénoncé « un assassinat politique, le dernier en date en Ukraine » en accusant Kiev de ne rien faire pour élucider ces meurtres. « Un seul et unique peuple »Fils d'un lieutenant-colonel du KGB, Oles Bouzina écrivait sur son propre site que Russes, Ukrainiens et Bélarusses sont « un seul et unique peuple » et accusait les Ukrainiens de « vouloir détruire la culture russe ». Il se disait partisan de la « fédéralisation » de l'Ukraine prônée par la Russie et fondateur d'une communauté de « Chevtchenko-phobes », qui disaient détester le poète et héros national de l'Ukraine, Taras Chevtchenko.Le journaliste animait également une émission de télévision et commentait souvent la crise ukrainienne. Oles Bouzina était rédacteur en chef du quotidien Segodnia, poste qu'il avait récemment quitté en dénonçant la « censure ». Ce journal est financé par l'homme le plus riche du pays, Rinat Akhmetov, qui fut également le principal sponsor du Parti des régions, ex-formation du président prorusse Viktor Ianoukovitch destitué en février 2014.Mort de plusieurs personnalités pro-russesL'ancien député Oleg Kalachnikov, 52 ans, était connu pour avoir œuvré à la mobilisation de « gros bras », soupçonnés d'être payés par les autorités pour participer à des manifestations pro-Ianoukovitch et persécuter les militants pro-européens pendant le mouvement de contestation pro-européen sur le Maïdan à Kiev fin 2013-début 2014.La mort de M. Kalachnikov faisait suite à celle d'Olexandre Peklouchenko, un ex-gouverneur et membre du Parti des régions, qui se serait suicidé à la mi-mars dans sa maison dans le sud de l'Ukraine.Peu avant, Stanislav Melnik, un autre ex-député du Parti des régions, avait été retrouvé mort dans sa maison dans la région de Kiev à la suite d'un apparent suicide. A la fin de février, c'est Mikhaïlo Tchetchetov, également un ancien haut responsable parlementaire du Parti des régions, qui s'était défenestré du 17e étage d'un immeuble à Kiev.Lire : En Ukraine, une trêve de plus en plus fragile 16.04.2015 à 09h23 • Mis à jour le16.04.2015 à 16h53 | Jean-Michel Bezat Patrick Pouyanné, directeur général de Total, a annoncé, jeudi 16 avril, au cours d’un comité central d’entreprise extraordinaire, une importante restructuration de l’activité de raffinage du groupe en France, qui subit depuis des années une forte baisse de ses marges. Ces mesures s’accompagneront d’un investissement de 600 millions d’euros dans ses deux raffineries déficitaires de La Mède (Bouches-du-Rhône) et de Donges (Loire-Atlantique). Les trois autres sites français ne sont pas concernés : Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime), Feyzin (Rhône) et Grandpuits (Seine-et-Marne).Total poursuit ainsi la politique inaugurée en 2010 avec la fermeture de la raffinerie des Flandres, à Dunkerque (Nord). « Le plan apporte des solutions durables et vient redonner un futur à ces deux sites industriels, a souligné M. Pouyanné. Total conduira cette transformation sans aucun licenciement ni mobilité géographique contrainte pour les salariés non cadres. »Le groupe arrêtera toute son activité de raffinage de pétrole brut à La Mède d’ici à la fin de 2016, un site qui perd environ 150 millions d’euros par an depuis 2011. Il a décidé d’y investir 200 millions d’euros pour créer « la première bioraffinerie de France » et « l’une des plus grandes d’Europe » afin de répondre à une demande croissante, tout en maintenant certaines activités de raffinage « rentables ».Total y développera aussi une plate-forme logistique (négoce de produits raffinés) et implantera une ferme solaire photovoltaïque d’une capacité de 8 mégawatts (MW) pour fournir 50 % des besoins du site. Elle sera équipée des panneaux produits par sa filiale américaine, SunPower.Ces choix permettront le maintien de 250 des 430 emplois du site, la réduction des effectifs se faisant par des départs anticipés à la retraite, la mobilité pour les non-cadres et des mutations pour les cadres. La CGT de la raffinerie de La Mède juge « inacceptables » les suppressions de poste annoncées jeudi par le groupe et a commencé une grève sur le site, bloquant la sortie de la production. Une assemblée générale sera organisée par le syndicat vendredi.En milieu de journée, un représentant du syndicat, Julien Granato, a indiqué qu'il y avait « 80 % de grévistes sur l'ensemble des personnels qui opèrent sur la raffinerie », soulignant que « la production [n'était] pas livrée mais [était] stockée ».Lire aussi :« A La Mède, il y a Total et rien d’autre »Engagement à ne pas licencierPar ailleurs, Total investira 400 millions d’euros à Donges — moins déficitaire que La Mède — pour en moderniser les installations. La raffinerie produira des carburants moins soufrés et conformes aux nouvelles normes européennes, alors qu’elle est actuellement contrainte d’en exporter une part importante, sa production ne répondant plus à ces normes très contraignantes, ce qui pénalise son équilibre économique.Mais ce site est classé « Seveso seuil haut », et il est traversé par la ligne de chemin de fer reliant Nantes au Croisic. Total demande donc à l’Etat, aux collectivités locales et à la SNCF de la détourner, et s’est engagé à financer un tiers des travaux dans le cadre d’une infrastructure publique.Ce partage de l’effort est prévu dans les plans de prévention des risques technologiques, rappelle-t-on chez Total, où l’on espère conclure un accord avant la fin de l’année.La restructuration de l’outil de raffinage de Total se fera donc sans fermeture de site ni licenciement parmi les 3 900 salariés travaillant dans les cinq raffineries françaises de la compagnie. Christophe de Margerie, PDG de Total, s’y était engagé avant sa mort accidentelle, en octobre 2014. Un engagement repris par M. Pouyanné dès sa nomination, qui répète que Total doit être « responsable » sur le plan économique et « exemplaire » sur le plan social. La fédération chimie-énergie de la CFDT a accueilli « favorablement » un projet de reconversion industrielle qu’elle juge « durable », tout en prévenant qu’« elle ne cautionnera[it] aucune perte d’emplois ».Surcapacités en EuropeLa restructuration commencée en France il y a plus de vingt ans s’est accélérée ces cinq dernières années, avec quatre fermetures successives : la raffinerie de Dunkerque, (Nord) exploitée par Total, en 2010 ; celles de Reichstett (Bas-Rhin) en 2011 et de Petit-Couronne (Seine-Maritime) en 2012, opérées par le suisse Petroplus ; et celle de Berre (Bouches-du-Rhône), mise sous cocon par l’américain Lyondellbasell.La Mède, qui a perdu 150 millions d’euros par an depuis 2011, sera la cinquième, même si elle n’est pas totalement fermée mais reconvertie dans la production de biocarburants, avec moins d’emplois. Les syndicats s’inquiètent des conditions de reclassement d’une partie de ses 430 employés.En France, les raffineries produisent trop d’essence et pas assez de gazole, alors que ce dernier bénéficie d’une fiscalité avantageuse et représente plus de 80 % des volumes écoulés dans les stations-service.Lire aussi :Total veut s’adapter à la baisse du prix du pétroleMais le mal est européen. De nombreuses raffineries du Vieux Continent sont moins compétitives que leurs concurrentes américaines, moyen-orientales et asiatiques. Le secteur souffre depuis plusieurs années de surcapacités dans une région du monde où la consommation de carburant stagne sous le double effet de la crise économique et de véhicules moins gourmands en essence et en gazole.Le taux d’utilisation des raffineries y est tombé de 89 % en 2005 à 79 % en 2013, indique l’Union française des industries pétrolières. Son président, Francis Duseux, estime qu’« on devrait avoir une restructuration d’environ 25 % voire 30 % du raffinage à l’horizon 2035-2040 ». Ce qui annonce la fermeture de 20 à 30 raffineries sur les 79 actuellement en activité dans l’Union européenne.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Jacqué La reprise du marché automobile européen est bel et bien là. C’est désormais indéniable. En mars, les immatriculations européennes ont encore augmenté de 10,6 % par rapport à mars 2014, et dépasser le seuil des 1,6 million d’unités, selon les données publiées, jeudi 16 avril, par l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA).C’est une croissance bien plus rapide que depuis le début de l’année. « Nous constatons enfin un vrai rebond du marché après des années de difficultés », assure Jonathon Poskitt, de la société LMC Automotive. Selon ce cabinet d’études, le rythme de croissance permettrait d’atteindre, en année pleine, 13,15 millions de véhicules immatriculés, contre 12,5 millions enregistrés pendant l’année 2014.Reste que le mois de mars comptait un jour ouvré de plus qu’en 2014. Et, de manière générale, ce mois est l’un des meilleurs mois de ventes de l’année. Au premier trimestre, la croissance s’établit à 8,6 %, un rythme un peu moins rapide. Sur l’année 2015 entière, la croissance devrait s’étalonner entre 5 % et 8 %.Premier pas vers un retour à la normaleLMC Automotive estime que le marché devrait atteindre sur l’année 12,8 millions de véhicules vendus en Europe de l’Ouest. Chez un autre cabinet d’études de marché, IHS, Carlos Da Silva assure que « la zone Europe (qui inclut une trentaine de pays, dont l’Europe centrale) atteindra environ 13,5 millions d’unités sur l’année. »C’est un million de véhicules de plus qu’en 2014, le point bas des immatriculations, pour mémoire, ayant été enregistré en 2013, à 11,8 millions d’unités. Il faudra attendre 2020 pour retrouver le seuil de 15 millions d’immatriculations, un niveau connu pour la dernière fois en 2007.L’année 2015 est pour l’instant considérée par les professionnels comme un premier pas vers un retour à la normale. « La reprise actuelle n’a rien à voir avec ce que l’on pouvait vivre il y a encore douze ou dix-huit mois, souligne un responsable du commerce du groupe PSA. Désormais, tous les pays contribuent à la reprise du marché. L’Europe du Nord, comme l’Europe du Sud, la plus marquée par la crise. »En mars, l’Espagne et le Portugal ont affiché une croissance de plus de 40 %, quand l’Irlande dépassait les 30 %, l’Italie, 15 %, l’Allemagne et la France 9 %.Le Royaume-Uni est un cas à part. Avec 6 % de croissance en mars, il a connu le 37e mois consécutif de progression des immatriculations. Et, surtout, le pays a connu, avec 492 774 véhicules vendus, « le meilleur mois de mars depuis le début du siècle », assure Mike Hawes, le directeur général de l’Association britannique des constructeurs et des vendeurs d’automobiles. Le Royaume-Uni profite à la fois des nouveaux modèles et de conditions de financement très abordables.L’année 2014 qui avait été très basse« La plupart des marchés sont en train de rebondir, car les bases étaient extrêmement basses en 2014, rappelle Carlos Da Silva. C’est notamment le cas des pays du Sud (Espagne, Italie, Portugal, etc.), ceux qui, en taux de progression, affichent les performances les plus marquantes. Comme ces pays ont beaucoup souffert pendant la crise, on assiste à un rééquilibrage par le remplacement d’un parc vieillissant de véhicules. » En Irlande, l’un des pays les plus éprouvés par la crise financière, il s’est ainsi vendu, au premier trimestre, 65 000 véhicules, soit plus que les 58 000 écoulés pendant toute l’année 2009. Les ventes de voitures neuves sont d’autant plus importantes que le nombre de voitures d’occasion récentes sont rares et chères.Outre le rebond des pays laminés par la crise, le fait marquant le plus positif pour le marché automobile européen est la reprise des ventes aux entreprises, en raison de l’amélioration des perspectives économiques. En France et en Allemagne, ces ventes ont largement porté le marché.« Avec la crise, les sociétés ont eu tendance à baisser la voilure, en prolongeant le cycle d’utilisation de leurs véhicules, et doivent maintenant revenir sur le marché et renouveler leurs flottes », indique Carlos Da Silva, d’IHS.Mais la reprise du marché automobile ne sera complète que si les particuliers reviennent de manière plus importante dans les concessions. Et, sur ce front, il faut encore transformer l’essai. « En mars, nous commençons à voir un frémissement sur ce front, précise l’expert. Si cela se confirme dans les mois qui viennent alors on pourra devenir franchement plus optimiste. »Le poids des ventes « tactiques »Pour l’instant, outre les entreprises, ce sont les ventes dites « tactiques » qui permettent aux constructeurs d’afficher de bons chiffres. En Allemagne, en France, en Italie ou en Espagne, les ventes aux loueurs de courte durée, aux garages ou aux concessions restent très importantes, faussant un peu la compréhension du marché. A long terme, cela risque d’affecter la rentabilité des constructeurs, déjà ébranlés pendant la crise.« Le poids des ventes tactiques n’est pas plus important que pendant la crise, juge-t-on cependant chez un constructeur. De manière générale, tout le monde essaie de se discipliner pour améliorer les revenus et donc favoriser les ventes aux particuliers, de loin les plus rentables. »De fait, estime Carlos Da Silva, sur l’année, si le taux de croissance devrait se stabiliser autour de 8 %, les sources de cette croissance devraient se rééquilibrer : « La part des ventes aux particuliers devrait progresser et les ventes tactiques baisser. » Philippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 22.04.2015 à 15h08 Grant Shapps sera-t-il privé de Wikipédia ? Le président du Parti conservateur britannique – ou quelqu'un de son entourage – est soupçonné d'avoir modifié la page qui lui est consacrée sur l'encyclopédie en ligne. Le site a été contraint de bloquer le compte contributeur incriminé.L'encyclopédie en ligne avait été alertée par le quotidien The Guardian qui a mené sa propre enquête. Selon le quotidien paru mercredi 22 avril, le compte, baptisé « Contribsx », aurait été utilisé par Grant Shapps, le président des tories, ou « quelqu'un agissant en son nom », pour alimenter sa propre page et notamment supprimer les mentions qui lui étaient désagréables. Il aurait aussi été utilisé pour faire des contributions négatives sur les fiches Wikipédia des concurrents politiques de M. Shapps au sein de son propre parti, ajoute le Guardian.M. Shapps a vivement démenti ces informations, qu'il a qualifiées de « catégoriquement fausses et diffamatoires ». « Tout cela a certainement été imaginé par le service de presse du Parti travailliste », a-t-il attaqué en retour alors que tories et Labour sont au coude-à-coude dans les intentions de vote pour les élections législatives du 7 mai.« L'enquête [ayant abouti à la clôture du compte] a été menée en toute indépendance par le Guardian et aucune information confidentielle n'a été partagée avec eux à aucun moment », a souligné l'enquêteur volontaire de Wikipédia sur la page créée pour montrer les étapes de son travail de recherche. Adéa Guillot (Athènes, correspondance) C’est une véritable tempête que soulève en Grèce l’arrestation surprise, mercredi 22 avril au matin, de Léonidas Bobolas, fils de Georges Bobolas, l’un des principaux oligarques grecs. Accusé d’avoir fait sortir 4 millions d’euros du pays – ce qu’il contesterait –, l’homme d’affaires a été conduit au tribunal d’Athènes en procédure de flagrant délit. Après quelques heures, il a finalement accepté de verser les 1,8 milions d'impôts réclamés par la justice - ce qu'il avait selon des sources judiciaires refusé de faire hier de son plein gré- et a donc été libéré.Son nom et celui de son frère Fotis Bobolas apparaissent sur la liste Lagarde, que Christine Lagarde, alors ministre française des finances, avait remise en 2010 à son homologue grec de l’époque, Georges Papaconstantinou, contenant les noms de centaines de résidents grecs ayant transféré des fonds en Suisse, sur des comptes de la banque HSBC.Selon les premières informations, c’est dans le cadre de l’enquête sur cette liste, mais aussi sur d’autres listes de mouvements suspects de capitaux vers l’étranger, qu’une procédure pénale pour délit de violation des règles fiscales a été ouverte hier soir. Un mandat a été délivré aux forces de la police économique, conduisant à l’arrestation de ce matin. Une fois M. Bobolas entendu par la justice, l'action devrait logiquement s'éteindre puisque il a payé l'ensemble du montant réclamé.Offensive inéditeC’est la première fois en Grèce qu’un membre de l’une de ces quelque 50 grandes familles qui dirigent les entreprises les plus puissantes du pays est inquiété. Le premier ministre Alexis Tsipras en avait d’ailleurs fait l’un des thèmes centraux de sa campagne électorale, promettant de « s’attaquer aux oligarques » et notamment « les magnats qui contrôlent les médias et pervertissent le débat politique ».La famille Bobolas est à la tête d’un empire de construction, mais possède en effet aussi des parts importantes dans le quotidien Ethnos et surtout dans la principale chaîne de télévision privée du pays, Méga, ennemie déclarée d’Alexis Tsipras lorsque celui était encore dans l’opposition avant de gagner avec son parti Syriza les élections du 25 janvier. Cette offensive inédite est plutôt bien accueillie par la population grecque, mais devrait aussi plaire à Bruxelles et au FMI, qui accusent depuis cinq ans ces « 50 familles » de bloquer les réformes.Engagé dans de difficiles négociations avec ses créanciers, le gouvernement entend donner ainsi les gages de sa volonté à s’attaquer véritablement à la fraude et l’évasion fiscale. Et faire entrer au passage quelques millions d'euros d'argent frais alors que les caisses de l'état sont toujours au plus bas. Après avoir annoncé ce matin qu'il manquait toujours 400 millions d'euros pour payer les salaires et les retraites le 27 avril prochain, le gouvernement a finalement précisé en début d'après midi que la somme avait été trouvée. Les caisses sociales auraient volontairement prêté la somme à l'état.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) A son tour le gouvernement allemand a relevé ses prévisions de croissance pour 2015. Sigmar Gabriel, ministre de l’économie et de l’énergie, a annoncé, mercredi 22 avril, s’attendre désormais à une croissance de 1,8 %, contre 1,5 % précédemment. Idem pour 2016.Ce regain d’optimisme ne constitue pas une surprise : fin mars, les cinq économistes qui conseillent le gouvernement avaient relevé leurs prévisions pour 2015 à 2 %. La semaine dernière, quatre grands instituts de conjoncture avaient même porté les leurs à 2,1 %.Comme les années précédentes, le gouvernement se montre donc relativement prudent : ce qui lui permet d’avoir des recettes fiscales plus élevées qu’annoncé et donc de disposer d’une petite cagnotte, tout en étant respectueux des grands équilibres. Car ceux-ci sont plus que jamais à l’ordre du jour. La dette publique devrait baisser de 71,5 % du Produit intérieur brut (PIB) en 2015 à 61,5 % en 2019.Cercle vertueuxSelon les instituts de conjoncture, l’ensemble des comptes publics devraient afficher un excédent de 20,7 milliards d’euros en 2015 (0,7 % du PIB) et de 25,6 milliards (0,8 % du PIB) en 2016.De même, le chômage, qui est actuellement de 6,4 %, pourrait même passer sous la barre des 6 %, l’emploi salarié franchissant, à la hausse, celle des 43 millions de postes de travail. Du coup, un cercle vertueux s’enclenche avec des augmentations de salaire qui relancent la consommation au moment où la demande internationale fléchit.Lire aussi :L’Allemagne découvre les effets du salaire minimumAinsi, les commandes à l’industrie ont diminué en février de – 0,9 % en glissement mensuel, en raison d’une baisse des commandes étrangères (– 1,6 %), notamment de la zone euro (– 2,1 %).« La prospérité allemande ne va pas de soi »L’optimisme du gouvernement et des économistes – que la Bundesbank cherche à tempérer – s’explique davantage par la faiblesse de l’euro et la baisse du prix du pétrole que par les mesures prises par l’actuelle équipe au pouvoir. C’est pourquoi, si les chefs d’entreprise sont également optimistes, ils ne sont pas pour autant satisfaits de la grande coalition CDU/CSU-SPD au pouvoir.Le patronat s’offre ces jours-ci d’impressionnantes pages de publicité dans les journaux dans lesquelles il juge que « la prospérité allemande ne va pas de soi ». « Nous exigeons du gouvernement qu’il lève les freins à l’investissement et mène enfin à nouveau une politique favorable à la croissance », écrivent huit dirigeants patronaux.Parmi eux, Ulrich Grillo (président du BDI, le Medef allemand) et Ingo Kramer (président du BDA, la confédération des employeurs allemands). Ils reprochent notamment au gouvernement un excès de bureaucratie, l’introduction d’un salaire minimum légal, l’absence d’investissements publics dans un certain nombre de secteurs jugés stratégiques et une réforme annoncée des droits de succession qui va rendre plus coûteuse la transmission d’entreprises familiales à la génération suivante.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Après Google le mercredi 15 avril, il y a une semaine, Bruxelles s’en prend maintenant à un autre géant, russe, cette fois : Gazprom. La commissaire à la concurrence Margrethe Vestager a confirmé, mercredi 22 avril, à midi, que ses services allaient envoyer, dans la journée, une notification des griefs, c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme, pour violation de la loi antitrust, au groupe gazier.Les charges retenues contre Gazprom sont lourdes : la Commission estime que l’entreprise entrave la concurrence sur le marché européen du gaz dans huit Etats membres (Bulgarie, République tchèque, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne et Slovaquie).Gazprom y impose en particulier « des restrictions territoriales dans ses accords de fourniture avec les grossistes et avec certains clients industriels […]. Ces restrictions consistent en des interdictions d’exportation et des clauses prévoyant l’utilisation du gaz acheté sur un territoire spécifique (clauses relatives à la destination) », précise le communiqué de Bruxelles.Dans cinq pays en particulier (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne), ces restrictions territoriales, poursuit la Commission, « peuvent provoquer une hausse des prix du gaz et permettre à Gazprom de mener une politique de prix déloyale dans cinq Etats membres (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne), facturant aux grossistes des prix beaucoup plus élevés que ses propres coûts ou les prix de référence. »Des « obstacles artificiels » à l’acheminement du gazEnfin, dans deux pays, Pologne et Bulgarie, Gazprom pourrait tirer profit de sa position dominante en subordonnant ses livraisons de gaz à l’obtention d’engagements distincts de la part des grossistes concernant les infrastructures de transport gazier. « Par exemple, les livraisons de gaz ont été subordonnées à des investissements dans un projet de gazoduc promu par Gazprom ou à l’obligation d’accepter que Gazprom renforce son contrôle sur un gazoduc », explique encore Bruxelles.« Le gaz est un bien essentiel pour notre vie quotidienne : il chauffe nos maisons et nous l’utilisons pour la cuisine et pour produire de l’électricité. Le maintien d’une concurrence équitable sur les marchés européens du gaz est par conséquent de la plus haute importance », a souligné Margrethe Vestager, mercredi. « Toutes les entreprises opérant sur le marché européen – qu’elles soient européennes ou non– doivent respecter les règles de l’UE. Selon nous, [Gazprom] pourrait avoir érigé des obstacles artificiels empêchant l’acheminement du gaz de certains pays d’Europe centrale et orientale vers d’autres, entravant ainsi la concurrence transfrontière. Le cloisonnement des marchés nationaux du gaz a aussi permis à Gazprom de facturer des prix que nous jugeons, à ce stade, inéquitables. Si nos préoccupations venaient à se confirmer, Gazprom devrait assumer les conséquences juridiques de son comportement », a ajouté la commissaire.Lire aussi :Gaz : les négociations entre la Russie, l’Ukraine et l’Union européenne reprennentLe géant russe a réagi, dans un communiqué, en jugeant les accusations de la Commission européennes « infondées ». « Gazprom adhère strictement à toutes les normes des lois internationales et des législations nationales des pays où il fait des affaires. Les pratiques de Gazprom sur le marché européen, y compris les principes de fixation des prix, sont en conformité totale avec les standards observés par les autres producteurs et exportateurs de gaz naturel », poursuit le groupe. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a lui dénoncé des pratiques « inadmissibles » de l’UE.Conséquences diplomatiquesCet acte d’accusation est totalement dénué d’arrière-pensées politiques, précise t-on à Bruxelles – la notification des griefs doit être fondée sur des preuves suffisamment étayées d’un point de vue juridique pour « tenir » si elle est contestée devant la Cour de justice de l’Union à Luxembourg.Il risque néanmoins de provoquer des conséquences diplomatiques. « Toute charge de ce type contre Gazprom risque d’être perçue comme des sanctions supplémentaires de l’Union européenne contre la Russie », avait prévenu, lundi 20 avril, une source proche du groupe d’Etat russe. Et cela à un moment où Moscou fait semblant de vouloir respecter une paix fragile dans l’est de l’Ukraine, conclue sous l’égide de Berlin et de Paris (les accords dits « Minsk 2 »).Une chose est sûre, Mme Vestager, ex-leader du Parti social libéral danois, arrivée à Bruxelles en novembre 2014, est décidée à « réveiller » la politique antitrust européenne. Mercredi 15 avril, elle a lancé le même type de charge – un acte d’accusation en bonne et due forme – contre l’américain Google.Lire aussi :Bruxelles renoue avec une ligne dure en matière de concurrenceLa Commission de Bruxelles avait ouvert en septembre 2012 une enquête formelle sur des pratiques supposées anticoncurrentielles de Gazprom, à la suite notamment d’un dépôt de plainte de la Lituanie. Elle avait alors mené des enquêtes dans huit pays européens : outre la Lituanie, l’Estonie, la Bulgarie, la République tchèque, la Hongrie, la Lettonie, la Slovaquie et la Pologne. Après des discussions sur un possible accord à l’amiable avec Gazprom, à la fin 2013, Bruxelles avait poursuivi son travail d’enquête au début 2014.Mesures correctivesA l’automne 2014, la « notification de griefs » était déjà rédigée et Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager, prêt à l’envoyer. Mais il n’avait pas reçu le feu vert du président de la Commission de l’époque, José Manuel Barroso, soucieux de ne pas envenimer des relations très tendues avec la Russie – un deuxième volet de sanctions, économiques, avait été voté par l’Union européenne (UE) durant l’été.« Mme Vestager a reçu, elle, le feu vert de M. Juncker [l’actuel président de la Commission] », croit savoir un proche du dossier. Une information non confirmée, mardi 21 avril au matin.Lire aussi :Bruxelles s’est trouvé une nouvelle héroïnePour Gazprom et Bruxelles, la bataille ne fait que commencer. Le groupe russe va maintenant pouvoir avoir accès aux « charges » réunies contre lui par la Commission, et peaufiner en conséquence sa défense. Il a douze semaines pour se faire, à compter de l’envoi de la notification de griefs. À tout moment, une procédure de conciliation peut intervenir. C’est ce que souhaiteraient les dirigeants de Gazprom et Moscou, suggère une source proche des autorités russes. « Pour les premières et troisièmes séries d’accusation [les restrictions territoriales et les liens entre contrat de fourniture et investissements dans les infrastructures], un accord peut très facilement être trouvé », juge t-elle.En revanche, ajoute cette source, Gazprom va porter le fer sur la question des prix jugés déloyaux par les services de la Commission, et pourrait contester les « benchmarks » (références) utilisés pour juger s’ils sont trop élevés ou pas.Si la Commission n’est pas convaincue par les arguments de l’entreprise, elle peut lui imposer des mesures correctives, l’obliger à changer ses pratiques, et (ou) lui infliger une amende allant jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Au premier jour de son procès, mardi 21 avril, à Lunebourg (Basse-Saxe), Oskar Gröning, surnommé « le comptable d’Auschwitz », est longuement revenu sur son rôle dans le camp de concentration et d’extermination. « Je demande pardon, a déclaré l’accusé de 93 ans aux parties civiles, il ne fait pour moi aucun doute que je suis moralement coupable. » Avant d’indiquer aux juges : « Sur la question de la responsabilité pénale, c’est à vous de décider. »Entré dans la salle du tribunal avec un déambulateur et avec l’aide de ses avocats, Oskar Gröning, à qui il est reproché d’avoir participé à « au moins 300 000 crimes », est revenu sur son parcours d’employé de caisse d’épargne, enrôlé volontairement dans la Waffen-SS puis envoyé en 1942 à Auschwitz. Son rôle : débarrasser les effets personnels dont devaient se défaire les déportés dès leur arrivée sur la rampe de sélection puis récupérer leur argent, le compter et l’envoyer à Berlin. Comme il l’avait fait au cours de plusieurs interviews données il y a une dizaine d’années, Oskar Gröning s’est décrit comme un petit rouage administratif au service d’un vaste système. « Je ne savais rien d’Auschwitz, ni des autres camps de concentration, avant d’y avoir travaillé », a-t-il répété. Un épisode en particulier continue à le hanter aujourd’hui. En novembre 1942, il a vu un gardien tuer un bébé laissé seul, en pleurs, sur la rampe d’arrivée, en le saisissant par les pieds pour écraser sa tête contre le flanc d’un wagon. « Ça m’est resté sur le cœur. Ce que celui-là a fait là, je ne trouvais pas ça bien », dit-il.Entre trois et quinze ans de prisonIl demande alors sa mutation, mais celle-ci lui est refusée à deux reprises et Oskar Gröning ne quittera Auschwitz qu’à l’automne 1944. Entre-temps, du 16 mai au 11 juillet 1944, 137 convois sont arrivés en provenance de Hongrie. Sur les 425 000 personnes qui y avaient été enfermées, au moins 300 000 ont été immédiatement gazées. C’est cet « épisode » que le procureur a retenu dans l’acte d’accusation.Jusqu’en 2011, la justice allemande ne jugeait que les personnes qui avaient elles-mêmes commis un acte pénalement répréhensible contre les déportés. Depuis le procès de John Demjanjuk, gardien du camp de Sobibor, la justice estime qu’il n’est plus nécessaire de prouver qu’une personne a tué elle-même des déportés pour la condamner. La « participation » à « l’entreprise de mort » suffit. D’où le procès d’Oskar Gröning qui doit se poursuivre jusque fin juillet. Il encourt une peine comprise entre trois et quinze ans de prison.Eva Mozes Kor, 81 ans, survivante de la Shoah, qui a vu sa famille « partir en une demi-heure » et qui est venue des Etats-Unis pour se constituer partie civile, a jugé « qu’il aurait pu comme des milliers d’autres nazis se cacher dans l’ombre. Peu ont le courage de se mettre en avant. On ne peut pas changer le passé mais on peut prendre ses responsabilités », a-t-elle dit. En marge de l’audience, celle-ci a déclaré : « Le fait de le voir en face me fait réaliser qu’il fait de son mieux avec son corps et son esprit, car il a beaucoup de difficultés physiques et certainement émotionnelles. »Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 22.04.2015 à 00h20 • Mis à jour le22.04.2015 à 08h23 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Pas de trains nationaux, quelques rares Thalys et Eurostar ; transports urbains, écoles, poste, prisons et ministères au ralenti, grève du zèle de la police assortie d’une suspension des amendes : la Belgique devait connaître, mercredi 22 avril, une nouvelle paralysie en raison de mouvement de grève décrété par le syndicat socialiste.L’organisation chrétienne n’a pas appelé ses affiliés à rejoindre le mouvement mais ne désavouera pas ceux qui débraieraient. Six mois après son installation, le gouvernement fédéral dirigé par le libéral francophone Charles Michel entre dans une nouvelle zone de turbulences mais ne compte pas renoncer à ses principaux objectifs.Des revendications diversesLes syndicats, soutenus par le PS et les autres partis de gauche, continuent de dénoncer pêle-mêle une série de réformes : l’âge de la retraite porté, à terme, à 67 ans ; une réforme en profondeur des retraites du secteur public ; des économies dans le secteur de la santé mais, surtout, le « saut d’index », à savoir la suspension temporaire du système d’adaptation automatique des salaires à l’augmentation du coût de la vie.Un tabou pour la gauche, qui parle d’une mesure « antisociale et antiéconomique » tandis que le gouvernement entend, par ce biais, restaurer la compétitivité des entreprises belges face à leurs concurrentes étrangères. Un leader de la gauche radicale a déposé plainte pour vol dans un commissariat, mardi 21 avril : il estime que chaque travailleur perdra 34 000 euros sur l’ensemble de sa carrière en raison du saut d’index.Au sein du gouvernement Michel, le puissant parti nationaliste Alliance néoflamande (NVA) exige la plus grande fermeté face aux syndicats, dont il entend réduire la marge d’action. Il prône également la suspension complète du système d’indexation automatique des salaires.D’autres partis de la coalition se veulent plus prudents. Le Mouvement réformateur (MR) du premier ministre rappelle qu’il défend un « libéralisme social ». Et les chrétiens-démocrates flamands (CD & V) sont mal à l’aise, eux qui comptent une composante syndicale.« Système belge »À la recherche d’une forme de compensation pour les revenus modestes et moyens, le CD & V réclame une réforme fiscale, avec un glissement du système actuel, qui pénalise lourdement le travail, vers une formule qui viserait également les détenteurs de capitaux, les spéculateurs et les pollueurs.La NVA évoque plutôt une augmentation de la TVA pour alléger les charges sur le travail. Les libéraux flamands de l’Open VLD s’opposent à toute augmentation des impôts, afin de ne pas handicaper la relance.Davantage menacé par les divisions de sa coalition que par la grogne sociale, M. Michel ne peut se réjouir que d’une seule chose : il est parvenu, jusqu’ici, à tempérer les ardeurs de Bart De Wever, le leader de la NVA.Ce dernier sait toutefois que seule une relance des thèmes institutionnels avec, à la clé, la répartition de l’argent entre les Régions, pourra garantir d’autres succès électoraux à son parti. Il devra donc démontrer à son électorat que sa première participation à une coalition fédérale ne l’aura pas transformé en défenseur d’un « système belge » dont il se voulait, auparavant, le grand pourfendeur.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 21.04.2015 à 18h11 • Mis à jour le21.04.2015 à 18h40 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Il y a eu fin février. Puis mi-mars, fin mars, fin avril… Plus récemment, l’échéance pour finaliser un accord entre le gouvernement grec et ses créanciers internationaux (les pays de l’Union, la Banque centrale européenne, le Fonds monétaire international) a été déplacée au 11 mai, date d’une nouvelle réunion des ministres des finances de la zone euro (l’Eurogroupe).Mais, aujourd’hui, si aucun terrain d’entente n’était trouvé mi-mai sur le programme de réformes qu’Athènes doit faire valider pour obtenir les 7,2 milliards d’euros de prêts restant à verser dans le cadre du deuxième plan d’aide au pays, il est possible que les Européens passent directement à… la négociation d’un troisième plan de soutien.L’idée fait aujourd’hui son chemin. Ce plan serait effectif à partir de juillet 2015, pour permettre au pays de surmonter notamment l’échéance de remboursements d’emprunts à court terme auprès d de la banque centrale européenne (BCE), le 20 juillet.« La seule vraie date butoir, maintenant, c’est fin juin, la fin du deuxième plan d’aide », reconnaît un officiel européen. Si aucun accord n’est trouvé à cette date, le deuxième plan de soutien à la Grèce, qui a été prolongé deux fois (de fin 2014 à fin février 2015, puis de fin février à fin juin 2015), s’éteindra de lui-même. Et les Grecs ne toucheront pas leur prêt de 7,2 milliards d’euros.« Pas de données concrètes »En tout cas, une chose est sûre : plus personne ne croit qu’il sortira quelque chose de « conclusif » de la réunion des ministres des finances de la zone euro, l’Eurogroupe, du 24 avril, à Riga, consacré en grande partie à la Grèce. Ce sera surtout l’occasion de faire le point sur les discussions entre Athènes et ses créanciers.Lire aussi :La Grèce sommée d’agir par les pays du G20Plus personne, ou presque, ne croit plus, non plus, qu’un accord sur les réformes puisse être trouvé pour fin avril, qui était pourtant la « deadline » avancée par l’Eurogroupe, fin février, quand un accord censé être décisif (actant la prolongation du deuxième plan d’aide à fin juin) avait été signé. « L’échéance de fin avril, c’est nous, l’Eurogroupe, qui l’avons créée », reconnaît le ministre français des finances, Michel Sapin, de passage à Bruxelles, mardi 21 avril.Pourquoi les discussions bloquent-elles ? « Il faut boucler un accord sur le plan technique, plus le faire valider sur le plan politique, cela ne peut pas se faire en quelques jours seulement », relève un officiel européen. Sur le fond, tous les Européens disent pourtant la même chose : « il n’y a pas de blocage politique, le cadre du deuxième plan d’aide offre suffisamment de flexibilités pour s’entendre sur des réformes à faire et d’autres à éliminer de la liste », comme l’explique un autre officiel européen.Mais les questions techniques à résoudre sont complexes. Et les données manquent. « Mais nous ne disposons toujours pas suffisamment de chiffres, de données concrètes, sur les impacts macrobudgétaires de telle ou telle réforme proposée », insiste Michel Sapin.Par ailleurs, les échéances de remboursement de la Grèce ne sont plus si importantes, ce qui a aussi diminué la pression sur les parties en négociation. Le pays doit rembourser un peu moins de 500 millions d’euros au FMI le 12 mai. Et sa capacité à honorer cette dette inquiète peu de monde à Bruxelles. La vraie échéance, sur laquelle la Grèce pourrait faire défaut, est un remboursement de 3,5 milliards d’euros à la BCE, le 20 juillet.Lire aussi :Les collectivités grecques dénoncent le siphonnage des organismes publicsCommencer à discuter d’une renégociation de la detteEn tout cas, les Européens semblent vouloir abandonner une de leur principale arme de négociation, les « deadlines », qui n’ont pas permis, à ce stade, d’accélérer les choses. Mais, renoncer aux discussions pour boucler le deuxième plan d’aide et passer à la négociation de la mise en œuvre d’un troisième plan s’annonce tout, sauf simple.Cela voudrait dire qu’Européens et Grecs devraient à la fois terminer la discussion sur le programme de réformes, mais aussi commencer à discuter d’une renégociation de la dette grecque dans les années à venir. « Ce ne serait pas facile du tout, vu les difficultés que l’on rencontre déjà avec la liste des réformes », lâche un familier du dossier.Par ailleurs, ce saut du deuxième plan à un troisième n’enchante pas trop les Européens : ce serait reconnaître, en partie, les arguments du gouvernement d’Alexis Tsipras, qui plaide pour un tel scénario quasiment depuis son arrivée au pouvoir, fin janvier 2015. Il lui est en effet, depuis le début, difficile d’assumer, d’un point de vue politique, la poursuite des négociations avec les créanciers là où celles-ci s’étaient arrêtées avec son prédécesseur, le premier ministre de centre droit Antonis Samaras.Si on devait se diriger vers ce scénario du saut à un troisième plan d’aide, « les Européens seraient peut-être dans une position de négociation moins favorable », suggère une source européenne.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Leila Marchand L'Europe fait face à une série noire de naufrages d'embarcations de migrants en Méditerranée. De son côté, l'Australie est citée en exemple par certains : Canberra se vante qu'aucun migrant n'a péri en mer en 2014 et en 2015, attribuant ce changement au tour de vis migratoire adopté par le gouvernement conservateur de Tony Abbott.#Méditerranée / #Australie : Quelle solution est la plus humaine ? #Immigration — Euryanthe)) ن (@Rede_Freiheit)require(["twitter/widgets"]);Peut-on pour autant s'inspirer de l'exemple australien ?« Zéro mort » en mer depuis 15 mois« Pas question, vous ne serez pas chez vous en Australie ». Le message imprimé en gros caractères rouges sur les affiches publiées par le gouvernement australien est destiné à décourager les candidats à l'immigration. Réfugié politique ou non, absolument aucun ne sera admis sur le territoire sans un visa. C'est le premier ministre, Tony Abbott, qui a mis en place cette opération appelée « Frontières souveraines » à son arrivée au pouvoir en septembre 2013. Plus aucun boat people, bateau portant à son bord des migrants – la plupart originaire du Sri Lanka, d'Iran, d'Irak, d'Afghanistan ou du Vietnam –, n'est désormais accepté dans les eaux territoriales. Une politique très stricte assurée par l'aide musclée de l'armée, que l'Australie revendique elle-même comme « la plus dure jamais mise en place en matière de protection des frontières ».A méthode radicale, résultat radical : zéro arrivée maritime illégale enregistrée sur le sol australien ces derniers mois, selon les chiffres publiés par le gouvernement en janvier, février et mars 2015.Après 18 mois d'application de cette politique, le ministre de l'immigration, Peter Dutton, compare son bilan avec celui des 18 derniers mois du gouvernement travailliste précédent : « Seul un boat people est arrivé en Australie, tous les autres ont échoué » alors que « 534 entrées illégales de bateaux avec à leur bord 35 000 arrivants » avaient été enregistrées précédemment.Et, surtout, le ministre souligne qu'aucun mort en mer n'est à déplorer depuis 15 mois. A titre de comparaison, en juin 2013, le département de l'immigration australien du précédent gouvernement estimait qu'environ 1 000 personnes avaient trouvé la mort dans les eaux australiennes depuis 2001, soit environ deux morts par mois.Mais ce qui se passe précisément dans ces eaux est difficilement vérifiable : Tony Abbott compare son combat contre les arrivées illégales à une situation de guerre et les informations concernant l'opération sont classées « secret défense ».Zéro mort mais pas zéro migrantSi aucun bateau n'a débarqué, cela ne veut pas dire qu'aucun ne l'a tenté. Toujours selon les statistiques publiées par le gouvernement, 908 bateaux ont été reconduits hors des frontières ces quinze derniers mois. Ces décomptes ne précisent pas combien de personnes étaient à leur bord à chaque fois.Les migrants arrêtés en mer ont le choix entre retourner dans leur pays d'origine ou être transférés en centre de détention offshore, c'est-à-dire hors du territoire dans des pays partenaires. Là, ils sont retenus indéfiniment le temps que leur dossier de demande d'asile soit étudié. Mais même en cas d'autorisation, ils ne fouleront pas le sol australien. Ils seront au mieux autorisés à s'installer dans ce pays « partenaire ».L'Australie a passé des accords avec différents territoires.L''île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, abrite un centre qui accueillait près de 1 000 migrants en mars 2015. Créé en 2001 sous un autre gouvernement conservateur, il a été rouvert en 2012 après avoir été fermé par les travaillistes en 2007.  Le premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée a expliqué avoir accepté cet arrangement moyennant l'octroi par l'Australie de centaines de millions de dollars destinés à des projets d'infrastructure.La petite île de Nauru a également accepté d'accueillir les migrants clandestins australiens en août 2013 en échange d'une contrepartie financière. Elle abrite depuis 2001 un centre de détention, qui a lui aussi rouvert en 2012, où on comptait 718 migrants en mars 2015.Après des mois de négociation, le Cambodge a accepté en 2014 que les réfugiés de l'île de Nauru puissent s'installer sur son territoire en échange d'une somme totale de 40 millions de dollars (30 millions d'euros). Les réfugiés volontaires pourraient notamment y profiter d'une allocation pendant douze mois. Cette décision a fait réagir les organisations humanitaires, qui estiment que le Cambodge, un des pays les plus pauvres d'Asie du Sud-Est, n'a pas les capacités nécessaires pour accueillir ce millier de réfugiés.Le nombre de personnes recensées en centre de détention à Manus et Nauru permet de se faire une idée des vagues de migrants arrivant en Australie : ils étaient 1 627 au total en septembre 2013, 1 707 en mars 2015 avec un pic à 2 453 en mars 2014.Des droits de l'homme bafouésL'Australie est signataire de la convention des Nations unies sur le statut de réfugié de 1951. Pourtant, en refoulant les migrants à sa frontière, elle manque à ses obligations et décharge sa responsabilité sur d'autres, estime Amnesty International.Fin 2013, Amnesty dénonce également les conditions « inhumaines » dans lesquelles sont détenus les migrants. Placés en détention illimitée « sans évaluation au cas par cas », seuls « 55 demandeurs d'asile sur plus d'un millier ont pu entamer des démarches pour demander le statut de réfugiés ». Les conditions de vie y sont « effroyables et humiliantes » : surpopulation, violences verbales et physiques, abus sexuels, services de santé et de communication insuffisants.La protection des enfants n'est pas non plus assurée. Une fillette de 6 ans est devenue en septembre 2014 le visage de cet enfer des camps. « Ce système (...) vise délibérément à pousser les gens à repartir vers la situation désespérée qu'ils ont fuie », dénonce Claire Mallinson, directrice nationale d'Amnesty International Australie.Dans un rapport qui doit être soumis au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, le rapporteur spécial sur la torture des Nations unies a effectivement estimé que l'Australie violait la Convention contre la torture.Face à ces attaques, Canberra réagit violemment et met en avant sa volonté de mettre fin au trafic des passeurs. L'opposition travailliste en revanche se fait plus silencieuse : alors qu'elle était encore au pouvoir en 2012, elle s'était elle-même résignée à rouvrir ces camps de détention utilisés entre 2001 et 2007 par le précédent gouvernement conservateur. Des millions dépensésL'absence d'information publique sur les ressources exactes déployées pour l'opération « Frontières souveraines » rend difficile l'estimation exacte de son coût financier, mais il s'agit dans tous les cas d'une entreprise coûteuse.Un think tank australien estimait en juillet 2013, donc avant même que les opérations de protection des frontières s'intensifient, que la part du budget de la défense qui leur était attribuée s'élevait à 262 millions de dollars par an. Le budget des douanes, public lui, permet aussi de se faire une idée : 342 millions ont été alloués à la surveillance des frontières pour 2013-2014.La campagne de communication assurée par le gouvernement pour décourager les migrants a explosé son budget : en octobre 2014, elle avait déjà coûté 20 millions de dollars en un an, soit le budget initialement prévu pour quatre ans.Il faut ajouter à cela les accords avec les pays sous-traitants. En plus de l'accord à 40 millions de dollars signé avec le Cambodge, l'Australie s'est engagée en juillet 2013 à prendre en charge les coûts liés à la mise aux normes des centres de Papouasie et au déplacement des migrants. Une politique inapplicable à l'Union européenneCoûteuse, vraisemblablement contraire aux droits de l'homme et finalement impuissante à apporter une réponse sur le long terme au flux de migrants qui se lancent au péril de leur vie dans la traversée des mers, la fermeture totale des frontières aux immigrations illégales est définitivement inapplicable à l'Union européenne.En outre, aucun pays voisin à l'UE n'est prêt à accepter un accord impliquant de garder sur son territoire des migrants contre une aide financière, à l'image de la Papouasie ou du Cambodge.Leila MarchandJournaliste au Monde Clément Melki « Il faut une opération “Mare Nostrum” européenne. » La phrase, émanant du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), illustre à elle seule l’étendue du débat qui se joue à l’échelle communautaire. La politique migratoire de l’Union européenne cristallise en effet les critiques après le naufrage d’un chalutier chargé de migrants au large de la Libye dimanche 19 avril, faisant craindre la mort de 800 personnes. Chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Huit doivent tenter, jeudi 23 avril à Bruxelles, de mieux coordonner leur réponse à cette crise humanitaire, qui risque de s’aggraver d’ici à l’été. Sans attendre ce sommet, plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer l’inadaptation et l’inefficacité de l’opération « Triton », lancée le 1er novembre 2014. « L’UE reste les bras croisés alors que des centaines de personnes meurent au large de ses côtes, dénonce Judith Sunderland, directrice adjointe de la division Europe et Asie centrale de Human Rights Watch. Ces morts auraient tout à fait pu être évitées si l’UE avait lancé une véritable opération de recherche et de sauvetage. »Des catastrophes prévisiblesDès le lancement de la mission « Triton », Amnesty International a jugé qu’elle serait « vouée à l’échec », car elle « se trompait d’objectif ». Le 12 février, le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterres, dénonçait lui aussi le manque de moyens en affirmant que « l’opération européenne “Triton” s’avère nettement insuffisante par rapport à l’opération italienne “Mare Nostrum” ». Cette dernière a été mise en place par Rome après la catastrophe de Lampedusa – qui avait fait 366 morts en octobre 2013 – afin de secourir les migrants, même au-delà des eaux territoriales européennes. Elle aurait permis de sauver 150 000 vies. Depuis son abandon, les catastrophes sont de plus en plus meurtrières. Selon le HCR, 1 600 personnes seraient mortes dans la Méditerranée depuis le début de l’année 2015, contre 90 à la même période l’an dernier. Un bilan désastreux pour les défenseurs des droits de l’homme, qui mettent en cause la responsabilité de l’opération européenne.Gérée par Frontex, l’agence de protection des frontières, « Triton » n’a pas pour priorité de sauver les migrants mais de surveiller les frontières, au grand dam du HCR et des ONG. Son budget est trois fois inférieur à celui de « Mare Nostrum », et son équipement, bien plus modeste. « Beaucoup de navires privés ont dû porter secours à des embarcations de fortune, or ils n’ont pas les moyens techniques ni humains de le faire », dénonce Jean-François Dubost, responsable des questions migration au sein d’Amnesty International France. Conséquence, plusieurs responsables tel William Lacy Swing, directeur de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), appellent à rétablir l’opération « Mare Nostrum ».Lire :L’Europe démunie face aux naufrages en Méditerranée Une critique générale sur la violation des droits de l’hommePlus largement, Frontex fait l’objet, depuis 2013, de vives critiques de la part d’une campagne, Frontexit, lancée par réseau Migreurop. L’initiative regroupe une vingtaine d’associations humanitaires européennes, qui reprochent à l’agence basée à Varsovie de violer les droits fondamentaux et militent pour l’interruption de ses activités. « Frontex est accusée d’empêcher les migrants d’arriver sur le territoire européen en les interceptant et en les refoulant, afin qu’ils ne soient pas soumis au droit d’asile, imposé à tous les membres de l’UE », explique Claire Rodier, juriste et cofondatrice du réseau Migreurop.La campagne s’insurge aussi contre le manque de transparence de l’agence, pointant des « zones d’ombre ». Dès 2010, Europe Ecologie-Les Verts mettait en lumière dans un rapport un cadre juridique favorisant la dilution des responsabilités. Malgré une révision de la charte de Frontex, exigée par le Parlement européen en 2010, Migreurop continue de démontrer son incompatibilité avec le respect des droits humains des migrants.Contrer la théorie de l’« appel d’air »Les ONG sont d’autant plus remontées qu’elles contestent l’argument de l’« appel d’air », régulièrement avancé par les pays européens – dont l’Allemagne et la France – selon laquelle le sauvetage des migrants en haute mer encouragerait les traversées clandestines, et profiterait donc aux passeurs.« En se barricadant, l’UE alimente le trafic de migrants contre lequel elle s’échine », estime Jean-François Dubost, responsable des questions migration au sein d’Amnesty International France« Cette stratégie est de dire : ne faisons rien qui donne envie de venir. Or, la moitié des personnes qui s’engagent dans la traversée n’ont pas d’autre choix. Elles sont bloquées car les frontières terrestres sont fermées et les voies légales trop difficiles d’accès, dénonce Jean-François Dubost. En se barricadant, l’UE alimente le trafic de migrants contre lequel elle s’échine. » En effet, le nombre des candidats à l’exil n’aurait pas diminué depuis la fin de l’opération « Mare Nostrum », en raison des conflits dans le pourtour de la Méditerranée, en Syrie et en Libye en particulier. Frontex se défendDe son côté, l’agence Frontex met en avant le respect de la mission qui lui est attribuée, tout en reconnaissant son insuffisance face à l’étendue des flux de migrants. « Le contrôle des frontières n’est pas une solution en soi, elle n’est qu’une pièce du puzzle », assure sa porte-parole, Izabella Cooper‏, qui rappelle qu’il est « impossible d’avoir une vue sur toute la Méditerranée, qui s’étend sur 2,5 millions de km²». Pour l’agence, la réponse passe aussi par la diplomatie. « Il faut une approche plus générale de la part de l’Europe, incluant l’ouverture de routes légales et une coopération avec les autres Etats, ce qui est rendu impossible en Libye en raison de la situation. »Lire aussi l'entretien :Naufrage de Lampedusa : « Frontex a fourni des moyens supplémentaires à l’opération de secours »Par ailleurs, Mme Cooper souligne la nécessité de s’attaquer au problème des passeurs. « Ils font des milliards d’euros de business en obligeant des hommes et des femmes à embarquer sur de minuscules embarcations, sans gilet de sauvetage », dénonce-t-elle.Lire aussi :Naufrage en Méditerranée : des passeurs de plus en plus violentsUne réponse embryonnaire du côté de l’UEFace à des critiques de plus en plus pressantes, l’Union européenne apparaît désormais dos au mur. « Nous n’avons plus d’alibi », reconnaît la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. Première réaction aux drames de ces derniers jours, la Commission européenne a présenté, lundi 20 avril, dix priorités pour cadrer les débats de jeudi. Il s’agirait de renforcer les moyens financiers et matériels de Frontex, mais aussi de s’attaquer directement aux passeurs en ciblant leurs positions et en détruisant leurs embarcations. Reste à savoir si les Européens seront capables de s’organiser pour construire une politique migratoire plus soucieuse du sort des milliers de migrants qui frappent à leur porte. Face à l’urgence, le conseil européen de jeudi « ne peut pas prendre de décisions ordinaires », a plaidé François Hollande, mardi matin.Lire aussi :En Italie, un nouveau drame de l’immigration montre les failles de l’opération « Triton »Clément MelkiJournaliste au Monde 25.04.2015 à 21h55 | Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) Est-ce la fin de la guerre des chefs chez Volkswagen ? Ferdinand Piëch, figure centrale groupe automobile depuis 22 ans, a démissionné, samedi 25 avril, de tous les mandats de président de conseil de surveillance qu'il exerçait au sein de l'entreprise.Lire aussi (édition abonnés) : Ferdinand Piëch, l’inflexible chef de la « maison Volkswagen »L'information a été donnée par le groupe lui-même, dans un communiqué de presse publié samedi en fin d'après-midi. Son épouse Ursula Piëch, membre du conseil de surveillance de Volkswagen, a également démissionné.Cette information intervient au terme de deux semaines de lutte pour le pouvoir à la tête du premier constructeur automobile européen. Ferdinand Piëch avait lui-même provoqué la crise le vendredi 10 avril, en déclarant au magazine Der Spiegel « avoir pris ses distances avec (M.) Winterkorn », président du directoire depuis 2007. Ce dernier ambitionnait de prendre la succession de M. Piëch au conseil de surveillance, après des années de collaboration étroite qui a fait de Volkswagen le second groupe automobile du monde. M. Piëch, apparemment déçu des performances de son ancien protégé, souhaitait son départ du groupe.La fin d'une èreMais Martin Winterkorn, soutenu par plusieurs membres influents du conseil de surveillance, a obtenu, jeudi 16 avril, son maintien à son poste de directeur opérationnel du groupe, infligeant à Ferdinand Piëch un cuisant revers. Ce dernier, après avoir tenté d'imposer sa volonté par d'autres voies ces derniers jours, a apparemment reconnu sa défaite. Le conflit ne pouvait plus s'éterniser : le 5 mai se tient l'assemblée générale des actionnaires, où les deux hommes en conflit auraient dû siéger côte à côte à la tribune.Selon le magazine Der Spiegel, plusieurs membres du conseil de surveillance ont déclaré vendredi que le maintien de M. Piëch au poste de président de l'instance n'était plus possible, après que ce dernier a poursuivi ses tentatives pour destituer M. Winterkorn.Sa démission marque la fin d'une ère chez Volkswagen : petit-fils du créateur de la Coccinelle Ferdinand Porsche, à l'origine du groupe, M. Piëch y avait fait toute sa carrière, de simple ingénieur à président du conseil de surveillance.Le groupe automobile aux 12 marques doit décider dans les prochains mois qui occupera les sièges de président du conseil de surveillance et président du directoire, qui seront vacants au plus tard en avril 2017.Cécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au Monde 25.04.2015 à 14h31 • Mis à jour le25.04.2015 à 14h44 | Marie Jégo (envoyée spéciale à Diyarbakir) Dans le petit salon de thé attenant à Surp-Giragos (Saint-Guiragos), la grande église arménienne de Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, Rahime Karakas, 54 ans, raconte comment sa vie a basculé un jour de mai 1985 : « Mon père est mort, je suis allée à l’Etat civil pour les formalités. Là, sur le registre, j’ai vu le prénom Sarkis, barré d’un trait, et le prénom Husseïn écrit par-dessus. Cela se voyait très nettement. J’étais en état de choc. Depuis, j’essaie de recoller les morceaux. » Jusque-là, Rahime pensait qu’elle était kurde, « je faisais partie d’une organisation féministe kurde, j’ai même fait de la prison à cause de cela ». Son père ne lui avait jamais rien dit de son passé mais elle avait des soupçons. Sur le fait, par exemple, qu’il était enfant unique et sans famille, autant dire une sérieuse anomalie au regard des critères kurdes. Et puis il y avait cette étrange invective – « Moskov » (Russe) – proférée par sa mère lorsque le couple se disputait. Il s’agissait d’une allusion à son origine cachée, car beaucoup d’Arméniens se rangèrent en 1915 aux côtés de la Russie, alors l’ennemie numéro un de la Sublime porte.Difficile de recoller les morceaux. Rahime a eu beau chercher, se rendre dans la ville d’origine de son père, à Harput, elle n’a jamais réussi à tirer le moindre fil. « Pour finir, j’ai mis une petite annonce dans Agos (le journal en turc et en arménien de la communauté arménienne de Turquie), mais ça n’a rien donné, j’avais trop peu d’indices, juste le prénom et la ville. »Elle s’est habituée à vivre avec les taches d’ombre de son passé. Elle a pris des cours d’arménien, s’est rendue à Erevan, a adopté la foi chrétienne en 2014 à Etchmiadzine (le saint-siège du patriarcat en Arménie). Une partie de sa famille n’a pas apprécié. Elle ne regrette rien : « Je suis devenue chrétienne à cause de ce qui a été fait à mon père. C’est une démarche politique, l’expression de mon opposition. »« Affronter notre passé dans les yeux »Sa nouvelle famille est désormais à Saint-Guiragos, la plus vaste église arménienne du Moyen-Orient, restaurée de pied en cap en 2011 grâce aux fonds de la diaspora, de la communauté arménienne de Turquie et de la mairie de Diyarbakir, tenue par le Parti démocratique des régions (DBP, pro-kurde).Chaque mois, les Arméniens – musulmans et chrétiens – s’y retrouvent pour un petit déjeuner festif dans le salon de thé. Et puis il y a les concerts, les baptêmes, les messes dans l’église. « Dans la région, beaucoup d’Arméniens ont été islamisés sous la contrainte il y a cent ans. Depuis la restauration de l’église, ils viennent. Tous ne se sont pas redevenus chrétiens, mais ils aiment retrouver un peu de leurs racines », explique Ergün Ayik, qui dirige la fondation propriétaire du lieu.Le clocher s’élève haut dans le ciel de la vieille ville de Diyarbakir en signe du réveil de la communauté. Située dans une petite ruelle de la vieille ville, l’église de basalte en a vu de toutes les couleurs depuis sa construction, en 1376. Le coup de grâce est venu en 1915, non pas à cause du coup de canon tiré sur le frêle clocher parce qu’il s’élevait plus haut que les minarets alentour, mais parce que la population qui remplissait l’église les jours de fête a disparu. « Autrefois, la moitié de la population de la ville était arménienne, aujourd’hui nous sommes une poignée », rappelle Ergün. L’isolement n’est plus de mise depuis que ceux de la diaspora sont de plus en plus nombreux à venir pour visiter l’église.Saint-Guiragos était en ruine, à ciel ouvert, lorsque Ergün Ayik, Gafur Turkay et quelques autres se sont mis en tête de trouver des fonds pour la restaurer. Pour cela, ils ont organisé des dîners de donateurs. Rien n’aurait été possible sans l’aide de la mairie de Diyarbakir, qui a financé les travaux à hauteur de 20 %. « Nos grands-pères, incités par d’autres, ont commis des crimes mais nous ne les imiterons pas », avait dit Abdullah Demirbas, à l’époque maire du quartier de la vieille ville, aux Arméniens venus lui demander de l’aide. « Revenez ! », tel est aujourd’hui le message des Kurdes aux Arméniens.En 1915, les Kurdes ont été les principaux exécutants des massacres. Incités par le pouvoir Jeune Turc, les clans kurdes les plus éminents y ont pris part, avec tous les bénéfices matériels qui allaient avec, saisie de terres, de maisons, de richesses. L’écrivain kurde de langue turque Seyhmus Diken rappelle que, dix ans plus tard, « les Kurdes se sont fait massacrer au moment de la révolte de cheikh Saïd » – un chef religieux kurde rebelle pendu sur la place centrale de Diyarbakir en 1925 avec 46 autres meneurs, par les armées de Mustafa Kemal. « Nous devons affronter notre passé dans les yeux, demander pardon et envisager des réparations », assure l’écrivain, signataire de « l’appel au pardon », une pétition en ligne lancée par des intellectuels turcs.Marie Jégo (envoyée spéciale à Diyarbakir)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 25.04.2015 à 01h07 • Mis à jour le25.04.2015 à 12h52 Le Parlement grec a voté vendredi 24 avril au soir un décret controversé obligeant les organismes publics à transférer leurs réserves de fonds à la Banque centrale du pays pour faire face aux difficultés financières de l'Etat.L'acte a été adopté par la seule majorité gouvernementale des députés de la coalition de la gauche Syriza et du petit parti nationaliste Anel, soit 156 voix contre 104. Lors d'une séance houleuse, les partis d'opposition, surtout de droite et socialiste ont qualifié le décret d'« anticonstitutionnel » et ont accusé le gouvernement de traîner dans les négociations avec les créanciers, UE et FMI, ce qui risque d'amener les caisses de l'Etat « dans l'impasse ».Mille quatre cents organismesLa mesure adoptée vise à couvrir « les besoins d'urgence de l'Etat, qui s'élèvent à 3 milliards d'euros pour les quinze prochains jours », stipule le décret. Ce transfert obligatoire des réserves financières de quelque 1 400 organismes publics (hôpitaux, universités, etc.) et collectivités locales devrait s'élever à 1,5 milliard d'euros, selon les estimations du gouvernement, mais le quotidien libéral Kathimerini a indiqué vendredi qu'il ne s'agirait que de 400 millions d'euros.L'annonce de cette mesure en début de semaine a provoqué l'ire de l'opposition et des représentants des organismes concernés, surtout des autorités locales, qui ont accusé le gouvernement d'intervenir dans la gestion de leurs fonds alors que la Constitution garantit leur indépendance. Georges Patoulis, président de l'Union des maires de Grèce et maire de Maroussi, banlieue nord d'Athènes, a demandé au gouvernement « d'éclairer combien de temps va durer ce transfert et avec quel mécanisme va être assuré le financement des administrations publiques ».Ecoles et hôpitaux concernés« Le placement de cet argent est absolument sûr et il n'y a aucune raison que les maires, les conseillers régionaux ou les universités n'effectuent pas ces transferts vers la Banque de Grèce », a répliqué le ministre adjoint des finances Dimitris Mardas. Kostas Agorastos, président de l'Union grecque des régions et ancien député du principal parti conservateur d'opposition, Nouvelle Démocratie s'inquiétait mercredi que cette mesure puisse « stopper la construction en cours de routes, d'hôpitaux et d'écoles ».Le syndicat des médecins d'Athènes a dénoncé également cette décision « qui arrive à un moment où les finances des hôpitaux ont touché le fond ».La Grèce est à court d'argent en raison de la stagnation des négociations avec ses créanciers, UE et FMI, et du retard pris dans le paiement de la dernière tranche de 7,2 milliards d'euros des prêts.Aucun accord n'a été trouvé vendredi à Riga lors de la réunion des ministres des finances la zone euro (Eurogroupe), après deux longs mois de négociations. Vendredi le gouvernement Tsipras a réalisé sa première privatisation, trois mois après son arrivée au pouvoir.Lire : L'Eurogroupe incapable de sortir de l’impasse grecque 24.04.2015 à 11h41 • Mis à jour le24.04.2015 à 13h32 Editorial du « Monde ». On connaît les chiffres : ces dix derniers jours, pas moins de 1 200 « boat people » venus d’Afrique, du Moyen-Orient et du Maghreb se sont noyés en Méditerranée. On connaît les images : ces milliers de malheureux fuyant la guerre et la misère entassés sur des « bateaux de la mort » et dérivant au large de l’« eldorado européen ». On sait ce qui nous attend : un million de migrants potentiels, venus de Libye, de Syrie, d’Irak, d’Afrique subsaharienne et de la Corne de l’Afrique et désireux de rejoindre l’UE. On ne se fait pas d’illusions : il n’est dans le pouvoir de l’Europe ni de pacifier le monde arabe, ni de ramener la paix en Libye, ni d’aider substantiellement à la prospérité de la Somalie, de l’Erythrée ou des pays du Sahel.On en tire une conclusion, qui est aussi une certitude : pour les dix ans à venir, les pays de l’UE vont être confrontés à une gigantesque question migratoire. A l’aune d’un tel défi, les décisions annoncées jeudi 23 avril, au sommet européen réuni à Bruxelles, sont, bien sûr, décevantes. Les Ving-Huit triplent le budget de l’opération de sauvetage et de surveillance « Triton », qui passe de 2,9 à 9 millions d’euros mensuels. On revient au niveau de l’opération conduite en 2013, puis arrêtée en octobre 2014 par absence de solidarité financière à l’égard de l’Italie.Lire l'interview :Pour le maire de Catane, « l’immigration n’est pas une urgence du moment mais une question de fond »Rien qui ressemble là à un sursaut à la mesure du drame humanitaire en cours ; rien qui paraisse amorcer la vraie politique d’immigration dont l’UE a besoin. Mais faut-il incriminer l’Europe, l’UE ? Faut-il, de manière incantatoire, continuer à dénoncer les carences de l’Europe face à une tragédie qui s’annonce durable ? L’opinion se trompe en mettant en cause l’Europe. Dans cette affaire, les institutions européennes sont largement impuissantes pour une bonne raison : l’essentiel des questions migratoires ne fait pas partie du domaine communautaire.Aucun des Vingt-Huit ne veut mettre assez d’argent pour faire de l’agence Frontex le vrai bras armé de l’Europe en matière de surveillance de ses frontières : depuis son siège de Varsovie (idéal pour une affaire avant tout méditerranéenne…), Frontex fonctionne avec un millième du budget de l’UE… pour affronter une – sinon « la » – question-clé des années à venir.Les Vingt-Huit ne veulent pas décider d’une politique de droit d’asile communautaire : il n’y a pas de politique commune de visa. De même, les Vingt-Huit ne sont pas d’accord sur la question de la « solidarité », celle d’une répartition des immigrants dans l’ensemble de l’UE, en fonction des besoins et des capacités d’absorption. Enfin, il n’y a pas de politique commune en direction des pays de départ ou des pays de transit de l’immigration.Lire le décryptage : Méditerrannée : Chiffres et cartespour comprendre la tragédieTout cela reste du seul domaine des Etats, du chacun pour soi, et non pas des missions déléguées à l’UE. Pourquoi ? Pour des raisons essentiellement idéologiques : les Etats se refusent à céder leurs compétences en la matière.En plein accord, le plus souvent, avec l’opinion majoritaire des électeurs, ils se refusent à la moindre délégation de souveraineté dans ces domaines. Là où seul un début de communautarisation des moyens pourrait être efficace et à la mesure du problème – sans tout régler, bien sûr –, les Etats agissent en ordre dispersé. Ce n’est pas l’UE qui échoue lamentablement dans cette affaire. Ce sont les nations européennes, gouvernants et électeurs. 24.04.2015 à 11h27 • Mis à jour le24.04.2015 à 12h27 Depuis quelques jours déjà la banque britannique HSBC laisse planer le doute sur ses intentions concernant son siège londonien. Le géant bancaire a lancé une revue stratégique pour savoir notamment si elle maintiendra son siège au Royaume-Uni, où la régulation du secteur devient plus stricte, a annoncé vendredi 24 avril son président, Douglas Flint.« Dans le cadre d'une revue stratégique plus large, le conseil d'administration a demandé à la direction de commencer à travailler pour savoir quel est le meilleur endroit pour le siège de HSBC dans ce nouvel environnement », a-t-il déclaré lors de l'assemblée générale des actionnaires. « La question est complexe et il est trop tôt pour dire combien de temps cela prendra ou quelle sera la conclusion, mais le travail est en cours », ajoute dans son discours M. Flint.Lire aussi (édition abonnés) : HSBC, la banque de tous les excèsLa première banque britannique a son siège à Londres mais possède aussi d'importantes activités à Hongkong, d'où elle est originaire. Le géant bancaire, dont la filiale suisse a récemment été accusée d'avoir encouragé l'évasion fiscale à grande échelle, est implanté dans 73 pays à travers le monde.Scandales en sérieLe Royaume-Uni a pris des mesures pour encadrer plus strictement le secteur bancaire à la suite de la crise financière. Les banques vont notamment être contraintes de séparer strictement leurs activités de banque de détail et celles d'investissement. Confrontées à une série de poursuites judiciaires, des autorités de régulation et même de clients s'estimant lésés par des annonces mensongères, les grandes banques britanniques ont dû provisionner des milliards de livres de pertes dans leurs comptes 2014, publiés au début de mars.L'une des affaires les plus retentissantes concerne justement HSBC, accusée par une vaste enquête médiatique internationale d'avoir fait transiter quelque 180 milliards d'euros de riches clients entre novembre 2006 et mars 2007 sur des comptes en Suisse, afin de leur éviter d'avoir à payer des impôts dans leur pays respectif.Retrouvez tous nos articles sur l'affaire SwissLeaks Anne-Aël Durand (Catane (Italie)) et Karim El Hadj (Catane (Italie)) Enzo Bianco est le maire de Catane, deuxième ville de Sicile, où ont été inhumés jeudi 23 avril 28 migrants morts dans le naufrage de samedi. Cet élu du Parti démocrate italien (PRI), ministre de l’intérieur entre 1999 et 2001, exerce son quatrième mandat à la tête de la ville. Il demande à l’Europe de repenser en profondeur sa politique d’immigration en Méditerranée.Lire aussi :L’UE se contente d’un compromis minimal en réponse à la dramatique crise migratoireCatane et la Sicile voient chaque jour débarquer de nouveaux migrants. Comment la ville et la région gèrent-elles cette situation ?L’attitude de ma ville et des Siciliens est extraordinaire. Nous sommes une des régions les plus pauvres de l’Europe, avec un chômage dramatique. A Catane, 50 % des jeunes sont sans emploi, et plus de 60 % parmi les jeunes femmes. Malgré la crise économique qui a frappé très fortement la ville, la population a très bien supporté l’arrivée des migrants, mieux que dans des régions plus riches, comme la Lombardie ou ailleurs en Europe. Après le naufrage, des gens ont appelé la mairie pour apporter à manger ou proposer leur aide.Jusqu’à il y a trente ans, la Sicile était une terre d’émigration vers les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, l’Australie… Il y a dans le code génétique des Siciliens un respect pour ceux qui souffrent de la pauvreté et partent pour un autre pays chercher une vie meilleure. Ailleurs en Europe, il y a une certaine partie de la population qui a peur et qui est xénophobe. En Italie aussi. Mais ici, en Sicile, ce sentiment n’est pas très fort.Quels problèmes pose cet afflux de migrants à Catane ?L’avenir de l’Europe, de l’Italie, sera déterminé par leur capacité à affronter la question de l’immigration. Quelle que soit l’attitude du gouvernement, la pression démographique sera immense sur l’Europe et il n’y a aucune chance d’empêcher ces migrations.J’étais ministre de l’intérieur lors de la crise albanaise, quand des bateaux débarquaient sur les côtes orientales de l’Italie. La situation était affreuse. Mais on peut agir. Ici, à la mairie, j’ai une conseillère qui a été élue par les migrants. J’ai aussi créé un registre de citoyenneté pour les enfants, où ils sont inscrits comme « Catanais de naissance ». Ces enfants parlent italien et même le dialecte catanais, mais ne peuvent acquérir la nationalité qu’à 18 ans. C’est une manière de favoriser l’intégration.Dans la ville, il y a environ 10 % d’immigrés légaux et illégaux, et jusqu’à 25 % dans certains quartiers. Je sais qu’il y a des problèmes : du trafic de contrefaçon, beaucoup de prostitution. Catane essaie d’affronter ces questions par la prévention et la médiation plutôt que par la répression, sauf quand c’est nécessaire.Avez-vous les moyens de faire face à l’arrivée des migrants ?Non, bien sûr. Je reviens de Rome où j’ai assisté à une réunion entre l’Etat et les villes, pour demander de l’aide du gouvernement italien mais aussi de l’Union européenne. J’ai fait quatre propositions.D’abord, avoir un centre de premier accueil, parce que aujourd’hui les migrants sont logés dans des gymnases. Parfois 300 ou 400 personnes s’y entassent avec des matelas par terre et seulement 18 toilettes. Ce centre, qui pourrait être installé dans d’anciennes casernes militaires, ne devra pas arborer le drapeau de Catane ou de l’Italie, mais celui de l’Union européenne, car c’est l’Europe qui accueille ces personnes. J’ai parlé avec des Syriens et des Erythréens. Leur eldorado, ce n’est pas l’Italie, mais la Norvège et la Scandinavie, à cause des aides financières allouées aux demandeurs d’asile.Ensuite vient la question de Frontex, la police européenne des frontières, que j’ai contribué à lancer en 2001. Aujourd’hui, la siège de cette agence européenne se trouve à Varsovie, en Pologne, pour des raisons politiques. Est-ce là le couloir d’entrée principal de l’Europe ? J’aimerais que le bureau exécutif soit ici. Je suis prêt à mettre à disposition gratuitement des locaux pour que les fonctionnaires européens voient et comprennent ce phénomène.Il faudrait aussi durcir les lois pénales sur le trafic d’êtres humains et créer un poste de procureur européen dévolu à ces questions, comme cela a été fait pour lutter contre le terrorisme.Enfin, on pourrait créer des corridors humanitaires pour les demandeurs d’asile. Avec l’aide de l’Egypte, l’Europe ouvrirait un bureau au Caire pour les Syriens. Aujourd’hui, ceux-ci passent par la Libye, y vivent trois ou quatre mois dans des conditions terribles. Les faire venir par bateau ou avion coûterait moins cher que les opérations actuelles de secours en mer. Ce système faciliterait le tri entre demandeurs d’asile et clandestins. Concernant ces derniers on pourrait signer des accords avec leur pays d’origine pour les reconduire chez eux. J’ai évoqué cette question au comité des régions à Bruxelles la semaine dernière et j’espère déposer une proposition de résolution lors de la prochaine session plénière.L’immigration n’est pas une urgence du moment mais une question de fond. Il y a deux semaines, nous avons accueilli 11 500 migrants en Sicile, mais peut-être qu’en juin il y en aura 20 000 par semaine. Aujourd’hui, en Libye, entre 500 000 et un million de personnes aspirent à venir en Europe. Avec la croissance démographique de 7 % ou 8  % en Afrique, contre un peu plus de 1 % ici, la pression migratoire est mécanique.Lire le décryptage : Méditerranée : chiffres et carte pour comprendre la tragédieAnne-Aël Durand (Catane (Italie))Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteKarim El Hadj (Catane (Italie))JournalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.04.2015 à 16h31 • Mis à jour le02.04.2015 à 18h13 | Guy Dutheil L’heure est « à la reconquête du marché domestique face aux autres modes de transports », s’est écrié, jeudi 2 avril, Alexandre de Juniac, PDG d’Air France-KLM. C’est à Lyon qu’a démarré, selon le PDG, « la première étape du tour de France pour le déploiement de l’offre Hop! Air France ».Depuis deux ans, Hop! est la marque ombrelle qui regroupe les trois compagnies régionales du groupe (Airlinair, Britair et Regional). Désormais adossé à Air France, le nouvel ensemble Hop! Air France regroupe une force de frappe conséquente de près d’une petite centaine d’avions. Lionel Guérin, directeur général délégué de Hop! Air France, a fixé sa zône de chalandise aux « trajets domestiques de 300 à 1 000 kilomètres ». Uniquement des vols court-courrier en France et en Europe.En dessous de 300 kilomètres, le combat serait déjà, perdu pour l’avion face au train, au TGV, à la voiture et bientôt à l’autocar. Avant de repartir à l’attaque, Hop ! Air France est loin derrière ses deux principaux concurrents avec seulement 7 % de parts de marché contre 28 % pour le train et 65 % à la voiture.Offre tarifaire simplifiéeToutefois, la nouvelle enseigne des vols domestiques du groupe Air France pèse lourd. En 2014, elle a enregistré un chiffre d’affaires de 1,7 milliard d’euros et fait voyager 13 millions de passagers via environ 600 vols par jours. Un de ses principaux atouts est de proposer à ses clients « le premier réseau européen en nombre de vols et en nombre de sièges offerts ». Au sein du groupe Air France-KLM, le nouvel ensemble Hop! Air France rassemble « tous les vols au départ ou à destination de tous les aéroports en France ou en Europe, sauf les deux hubs du groupe, Roissy et Amsterdam », pointe M. Guérin.Pour regagner des parts de marché, Hop! Air France mise sur offre tarifaire simplifiée. Un modèle qui est en passe de gagner toutes les compagnies aériennes en Europe. Les low cost comme les legacys.En pratique, les passagers pourront opter pour des prix étagés sur trois niveaux. Du « basic », le moins cher mais sans aucune option, en passant par les tarifs « smart », plus modulables, jusqu’aux prix « flex » qui comportent toutes les options, notamment le bagage en soute jusqu’à 23 kilos ou la possibilité de changer de destination, d’horaire, et même de passager. Les tarifs « smart » et « flex » visent la clientèle affaire, le nerf de la guerre de Hop! Air France, puisqu’elle représente déjà « entre 40 et 50 % de son trafic et près de 60 % de son chiffre d’affaires », souligne Lionel Guérin.Comme les compagnies low cost, Hop! Air France « va faire des offres promotionnelles pour animer le marché », signale Hélène Abraham, directrice générale adjointe commerciale et marketing de la nouvelle compagnie domestique. Au moins 10 % des billets sur chaque vol seront mis en vente au tarif de base de 49 euros.Toutefois, « à certains moments de l’année  Hop! proposera des places sous les 49 euros », ajoute-t-elle. La direction de Hop! a refusé de préciser si elle était rentable sur tous ses paliers tarifaires. « Nous avons besoin de tous les tarifs pour gagner de l’argent », a juste précisé M. Guérin. Mais aussi pour remplir ses avions. Jusqu’à maintenant, le taux de remplissage est de 66 %. Hop! vise de 70 à 75 % sur ses avions de 100 places et de 75 à 80 % sur les Airbus.Une flotte variéeL’objectif de Lionel Guérin est « d’enrayer les pertes de parts de marché » face à ses concurrents de la route et du fer, notamment en « faisant de la diversité de la flotte de Hop! Air France une force ».Contrairement aux low cost qui ne mettent en service qu’un seul type d’avion, des A320 pour easyJet, Hop! fait se cotoyer des Airbus A320, des Embraers et aussi des Bombardier ou des ATR. Des appareils qui peuvent transporter de 50 à plus de 200 passagers. Sur certaines destinations, M. Guérin pourrait faire varier les types d’avions en fonction des taux de remplissage. Des A320 aux heures de fortes affluences et des Bombardier aux heures creuses.Le directeur général semble sûr de son coup : « Nous pouvons piquer des gens au train et à la voiture. Sur un marché de 90 millions de passagers par an quand on en fait que 13 millions le marché n’est pas mort », veut-il croire.Hop! devra faire rapidement la preuve de son succès car ses échéances sont proches. Alexandre de Juniac a rappelé que la spécialiste de vols domestiques devrait être redevenue « rentable et bénéficiaire en 2017 ». Elle semble en bonne voie.Créée il y a deux ans, elle a déjà divisé ses pertes par deux. En 2014, elle a perdu 140 millions d’euros dont 120 millions d’euros pour Air France et 20 millions pour Hop!. En 2013, le trou était encore de 280 millions d’euros. Un retour aux bénéfices permettra « de croître à nouveau et d’acheter des avions », a prévu M. de Juniac.Lire aussi : Alexandre de Juniac : « Air France reviendra dans le vert fin 2015 »Pour retrouver l’équilibre, MM. de Juniac et Guérin annoncent « des réductions de coûts ». Ils se sont refusés à préciser s’ils allaient de nouveau tailler dans les effectifs. Un plan de départs volontaires est déjà en cours chez Hop! Air France. Une queue de comète du plan Transform 2015 qui prévoit 500 suppressions de postes chez les personnels navigants commerciaux, les hôtesses et stewards, et 300 parmi les personnels au sol. Mais le futur proche reste menacant pour le salariés. « Pour l’avenir, tout dépendra des discussions avec les syndicats », prévient déjà la direction de Hop! Air France.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.04.2015 à 11h30 • Mis à jour le02.04.2015 à 18h04 | Yves-Michel Riols (Lausanne, Suisse, envoyé spécial) L'essentielLes négociations sur le nucléaire iranien, amorcées en 2003, ont repris dimanche 15 mars à Lausanne.Les pourparlers auraient dû s'achever mardi à minuit, avec l'expiration de la date butoir pour trouver un accord.L'optimisme affiché par les Russes et les Iraniens tranchent pour le moment avec les positions américaines. Bientôt la fin ? Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, est revenu à Lausanne, mercredi 1er avril peu avant minuit, moins de vingt-quatre heures après avoir ostensiblement quitté la table des négociations sur le nucléaire iranien qui se déroulent depuis une semaine dans une atmosphère fiévreuse dans un palace surplombant le lac Léman.Le retour inopiné de M. Fabius a aussitôt relancé les spéculations sur l’imminence d’un accord entre l’Iran et les grandes puissances sur l’encadrement du programme nucléaire iranien, alors que les protagonistes s’étaient séparés la veille dans une ambiance chaotique après avoir échoué à conclure un compromis avant la date butoir du 31 mars.Le cabinet de M. Fabius avait indiqué qu’il ne reviendrait en Suisse que « lorsque ce sera utile ». Du coup, le retour du ministre français des affaires étrangères à l’hôtel Beau Rivage était interprété par la presse comme le signe d’une percée, au terme d’une journée marquée par la multiplication de déclarations pessimistes de la part des Iraniens et des Occidentaux sur l’issue de ces négociations de plus en plus difficiles.Les enjeux de l'accord sur le nucléaire iranien par lemondefrLes propos de M. Fabius à son arrivée à Lausanne ont tranché avec la réserve qu’il affichait encore il y a quelques jours. « On est à quelques mètres de l’arrivée, quelques dizaines de mètres, mais on sait aussi que ce sont toujours les plus difficiles », a-t-il affirmé. « On va essayer de les franchir », a-t-il poursuivi, en soulignant l’enjeu majeur de ces négociations, dont les premiers pas remontent à 2003 : la lutte contre « la prolifération nucléaire » et « d’une certaine manière la réintégration de l’Iran dans la communauté internationale », tout en ajoutant que « ce n’est pas encore fait », « il y a des progrès à faire ». « Montagnes russes »L’intervention de Laurent Fabius semblait indiquer que les lignes avaient considérablement bougé au cours des dernières vingt-quatre heures. Jusqu’alors, ces tractations, qualifiées de « montagnes russes » par un négociateur expérimenté, paraissaient enlisées depuis l’interruption des discussions, dans la plus grande confusion, dans la nuit de mardi à mercredi. Rarement, le groupe du « P5 + 1 », rassemblant les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité (France, Etats-Unis, Russie, Chine et Royaume-Uni), plus l’Allemagne, qui négocient avec l’Iran, avait étalé ses divisions. Sans fournir d’explication commune, les chefs de la diplomatie russe, français et chinois étaient repartis chacun de leur côté, laissant sur place leurs collègues britannique, allemand et américain. Le tout, sur fond de déclarations contradictoires qui ont alimenté le pessimisme et la cacophonie.La grande difficulté de ces pourparlers, d’une complexité technique inouïe, est qu’il faut mener trois négociations de front« Personne ne peut dire ce que cela va donner maintenant », a reconnu, dans la journée de mercredi, un diplomate occidental. « Cela peut durer un ou deux jours, ou peut-être plus », a-t-il poursuivi, en relevant que les échanges avaient été « très difficiles toute la semaine », car « les Iraniens bougent très doucement ».Mais le retour inattendu de M. Fabius et la teneur confiante de ses déclarations, alors qu’il passe pour intransigeant sur ce dossier, laissent croire qu’il y a eu du mouvement sur les principales divergences qui grippent les négociations : la durée d’application d’un accord, le programme de recherche et de développement nucléaire iranien et la levée des multiples sanctions internationales qui frappent la République islamique.Complexité technique inouïeJusqu’à présent, ces blocages paraissaient insurmontables. Et l’hypothèse d’une nouvelle extension des pourparlers, qui ont déjà été prolongés à deux reprises, n’était guère envisageable tant la pression monte aux Etats-Unis, où le Congrès menace d’adopter de nouvelles sanctions contre l’Iran, à partir de la mi-avril, sans progrès réels dans les négociations. « Si les divergences entre l’Iran et les grandes puissances ne peuvent pas être réglées à Lausanne, il y a peu de chance qu’elles puissent l’être par la suite », estime Ali Vaez, spécialiste de l’Iran à l’International Crisis Group. « Un nouveau report ne changerait rien », dit-il.Dans la foulée de l’accord intérimaire, de novembre 2013, entre l’Iran et les Six, qui a ouvert la voie à un gel du programme nucléaire iranien et à une levée partielle des sanctions contre Téhéran, il était encore légitime de plaider la patience, en raison de l’innovation majeure que constituait la simple existence de ce dialogue avec l’Iran après tant d’années d’impasse. Mais aujourd’hui, après seize mois de consultations diplomatiques intenses, pendant lesquels tous les scénarios techniques ont été passés au crible, les prolongations s’apparentent davantage à un constat d’échec.La grande difficulté de ces pourparlers, d’une complexité technique inouïe, est qu’il faut, en fait, mener trois négociations de front. L’une entre les pays du « P5 + 1 », dont les priorités ne sont pas forcément concordantes. Une autre, encore plus difficile, entre l’administration Obama et un Congrès dominé par les républicains, particulièrement hostiles à l’Iran. Et une dernière, en Iran, entre les réformateurs, incarnés par le président Hassan Rohani, et l’aile dure du régime, qui redoute un affaiblissement de son influence en cas de règlement du conflit nucléaire qui entraînerait une ouverture vers l’Occident.La conclusion d’un accord politique à Lausanne entre l’Iran et les grandes puissances, qui permettrait de poursuivre les discussions sur les annexes techniques jusqu’à l’échéance finale du 30 juin, serait une étape fondamentale. Si même Laurent Fabius a l’air d’y croire, tous les espoirs sont permis…Yves-Michel Riols (Lausanne, Suisse, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Elisa Perrigueur Deux illustrateurs turcs ont été condamnés fin mars à une amende de 7 000 livres (environ 2 400 euros) après avoir caricaturé le président Recep Tayyip Erdogan, rapportent les médias locaux. Bahadir Baruter et Özer Aydogan étaient poursuivis pour un dessin paru en une du magazine satirique turc Penguen, en août. La caricature montrait un responsable saluant Erdogan en formant un cercle avec son pouce et son index, signe souvent employé en Turquie comme une insulte à l'adresse des homosexuels. Les dessinateurs ont d'abord été condamnés à 11 mois de prison avec sursis avant de voir leur peine commuée en amende, selon l'AFP et Reuters. Le cas des dessinateurs illustre une tendance judiciaire appliquée de façon de plus en plus récurrente en Turquie.Ces derniers mois, plusieurs personnes ont été en effet interpellées par la justice turque, accusées d'avoir « insulté » le président Erdogan. Parmi elles, on compte par exemple : Un lycéen de 16 ans, membre d'un mouvement de gauche, accusé d'avoir qualifié le chef de l'Etat de « chef des voleurs » dans un discours prononcé en décembre 2013, à Konya. Interpellé puis remis en liberté en décembre 2014, son procès aura lieu le 3 avril.Trois personnes après avoir twitté « contre » le président, ont été interpellées le 13 mars à Istanbul et Fethiye (sud-ouest), selon l'agence de presse Anatolie.105 Au total, d'après le ministère de la justice, qui répondait dans une lettre datée du 17 mars 2015 à une question écrite de Melda Onur, députée du Parti républicain du peuple (CHP), laïc et kémaliste – (en ligne sur son site Internet), 236 demandes de poursuites pour « insulte au président » – 77 en 2014 et 159 en 2015 – ont été réclamées depuis le début officiel du mandat du président Recep Tayyip Erdogan, le 28 août 2014. 105 ont été jugées recevables par la justice turque. 8 personnes ont été placées en détention provisoire. Selon Ahmet Kiraz, avocat au barreau d'Istanbul, la tendance aux poursuites pour « insulte au chef de l'Etat » n'est pas nouvelle en Turquie, mais le nouveau président y fait davantage recours que son prédécesseur. « D'après les données du ministère de la justice, en sept ans de présidence sous Abdullah Gül, les procureurs ont réclamé 1 359 autorisations d'engager des poursuites (à la justice), ils ne l'ont obtenu que 545 fois. » Ce qui est nouveau cependant, précise le magistrat, « c'est surtout la détention provisoire, qui n'était jamais survenue sous Abdullah Gül ». Il précise également qu'avant 2013, « ce sont surtout les militaires et les souverainistes ultranationalistes qui étaient dans le viseur des autorités. Mais désormais, c'est toute la société civile qui prise pour cible. Les uns après les autres, les syndicats, unions (barreaux, chambres professionnelles), organismes indépendants, associations ont perdu l'essentiel de leurs prérogatives ».Le mauvais polar de la vie politique turqueSur quel article de loi s'appuie le chef de l'Etat turc ?Pour la majorité de ces dossiers, Recep Tayyip Erdogan et ses avocats font appel à l'article 299 du code pénal turc, réformé en 2004. Sous le titre « Crimes et délits contre l'honneur des organes et représentant de la souveraineté de l'Etat », le texte indique que :Tout individu qui insulte le président de la République sera condamné à une peine de prison allant de un à quatre ans de prison.Si le délit est commis en public la peine pourra être majorée d'un sixième (modifié le 29/6/2005).Les poursuites pour ce délit ne peuvent être engagées que sur autorisation du ministre de la justice (actuellement M. Bekir Bozdağ).L'ancien code pénal turc, datant de 1926, prévoyait une peine de prison qui ne pouvait être inférieure à 3 ans de prison. A plusieurs reprises, l'opposition turque a réclamé l'abrogation de l'article 299 du code pénal, l'estimant « contraire » à la liberté d'expression. Le gouvernement turc défend toutefois ce texte : « Tout le monde doit respecter la fonction du président », a récemment argumenté le chef du gouvernement, Ahmet Davutoglu.Ce motif est également repris dans plusieurs Etats du monde, où les injures à l'encontre du chef d'Etat sont sanctionnées. En France, par exemple, le « délit d'offense au chef de l'Etat », qui datait de 1881, n'a été abrogé qu'en mai 2013 à la suite de la condamnation de la France par la CEDH pour « violation de la liberté d'expression ». Paris avait condamné Hervé Eon, coupable d'avoir porté une pancarte devant Nicolas Sarkozy où était écrite la phrase « Casse-toi pov'con » en 2008.La « nouvelle Turquie » de Recep Tayyip Erdogan« Dérive »D'après l'avocat Ahmet Kiraz, plusieurs événements politiques ont contribué au développement d'une sorte de «paranoïa » chez Recep Tayyip Erdogan : Les manifestations de « Gezi », en juin 2013. Les gigantesques mobilisations avaient entraîné environ 3,6 millions de personnes dans la rue. Désormais, les autorités veulent éviter que ne se réveille « l'esprit Gezi ».Les poursuites pour corruption engagées par des procureurs contre les proches d'Erdogan, en décembre 2013. La justice turque avait toutefois livré, en octobre 2014, un non-lieu contre cinquante-trois personnes mises en cause.En septembre 2014, l'ONG Human Rights Watch (HRW) avait dénoncé un « recul inquiétant » en matière de respect des libertés, menaçant surtout l'indépendance de la justice et de la presse en Turquie dans un rapport intitulé « la dérive autoritaire menace les droits humains ». Voir : Quelles sont les dernières atteintes à la laïcité en Turquie ?Elisa PerrigueurJournaliste au Monde 01.04.2015 à 21h22 • Mis à jour le02.04.2015 à 09h24 Une prise d'otage meurtrière, une attaque armée contre un bureau local du Parti de la justice et du développement (AKP) du président Recep Tayyip Erdogan, une fusillade devant la direction de la sécurité d'Istanbul et deux quartiers populaires en ébullition... En un peu plus de vingt-quatre heures, Istanbul a connu une flambée de violences politiques, à deux mois des élections législatives du 7 juin prochain.En fin d'après-midi, mercredi 1er avril, une fusillade a éclaté devant le siège de la police de la métropole turque, dans le quartier de Fatih, sur la rive européenne. Le gouverneur de la région d'Istanbul, Vasip Sahin, a annoncé en début de soirée qu'un homme et une femme étaient impliqués dans cette attaque.La femme, qui portait sur elle des explosifs, a été tuée par les policiers, tandis que l'homme, blessé, a réussi à prendre la fuite. Des médias turcs ont annoncé par la suite que celui-ci avait également été rattrapé par les forces de l'ordre. Au moins un policier a été légèrement blessé dans l'échange de coups de feu, selon les premières informations.VIDEO: Two assailants shot in attack on #Istanbul police HQ— Hurriyet Daily News (@HDNER)require(["twitter/widgets"]);« Vengeance de la mort de BeRkin »Les médias pro-gouvernementaux ont rapidement imputé l'attaque au mouvement marxiste DHKP-C (Front révolutionnaire de libération du peuple), classé comme groupuscule terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne.La fusillade survient au lendemain de la prise en otage, dans un tribunal d'Istanbul, d'un procureur par deux militants du DHKP-C. L'assaut donné par les policiers en soirée, mardi 31 mars, s'est conclu par la mort des deux preneurs d'otage. Le magistrat, Mehmet Selim Kiraz, est également décédé après avoir été grièvement blessé lors de l'intervention policière.Il était en charge de l'enquête sur la mort du jeune Berkin Elvan, tué par une grenade lacrymogène reçue en pleine tête lors des émeutes de Gezi, en juin 2013. Les militants de ce mouvement d'extrême gauche, qui a pris fait et cause pour la « vengeance de la mort de Berkin », menaçaient d'exécuter leur otage si des « excuses publiques » n'étaient pas faites par les policiers, dont aucun n'a été reconnu responsable du décès de l'adolescent. Lire : Un magistrat turc meurt dans une prise d’otage à IstanbulCe mercredi matin, les policiers ont procédé à une vague d'arrestations de militants supposés du DHKP-C à Antalya, Izmir et Istanbul, notamment dans certaines universités stambouliotes. Une quarantaine de personnes auraient été placées en garde à vue. Deux hommes ont également été arrêtés après avoir fait irruption, armés, dans un bureau local de l'AKP du quartier de Kartal, à l'est d'Istanbul. Les médias turcs ont publié une séquence vidéo montrant un homme accrochant à la fenêtre de l'édifice un drapeau turc frappé d'une épée.Two armed men break into ruling AKP building in Istanbul http://t.co/wz1mzWGxTE http://t.co/taTOEq1wnd— Hurriyet Daily News (@HDNER)require(["twitter/widgets"]);échéances électoralesCe sursaut de violences intervient à deux mois des élections législatives, alors que la société turque est particulièrement polarisée entre partisans et adversaires du président – et ancien premier ministre – Recep Tayyip Erdogan, qui entend profiter du prochain scrutin pour obtenir une majorité qualifiée lui permettant de transformer la Turquie en régime présidentiel.Les attaques des dernières heures pourraient également permettre au gouvernement de justifier l'adoption d'un « paquet de lois sécuritaires », contestées, qui accordent davantage de pouvoirs aux forces de l'ordre.Mercredi soir, des affrontements avaient lieu entre policiers et manifestants dans deux quartiers de la mégalopole turque, à Okmeydani, quartier d'origine du jeune Berkin Elvan, un fief du DHKP-C, ainsi qu'à Gazi, un quartier majoritairement alévi (une branche du chiisme, minoritaire en Turquie), d'où étaient originaires les deux preneurs d'otage tués par les policiers mardi soir. Sur les réseaux sociaux, des partisans du parti au pouvoir ont appelé à se rendre dans ces quartiers pour en découdre avec les manifestants.Istanbul's Gazi neighbourhood seeing clashes as DHKP-C militant killed in hostage operation funeral not allowed in. http://t.co/foeu0rHcrH— Has Avrat (@hasavrat)require(["twitter/widgets"]); Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Les autorités judiciaires néerlandaises viennent de publier, au début de la semaine, une série de documents émanant du groupe d’enquête international constitué pour enquêter sur les causes du crash du vol MH-17 de la compagnie Malaysia Airlines. L’avion de ligne parti d’Amsterdam s’était écrasé dans l’est de l’Ukraine le 17 juillet 2014, faisant 298 victimes, dont 196 Néerlandais.Selon certains de ces documents, vus par Le Monde et fondés notamment sur des enregistrements, l’hypothèse de l’implication de séparatistes prorusses et de la Russie se trouve renforcée. Le ministère public des Pays-Bas, chargé de l’enquête criminelle, refuse néanmoins, à ce stade, de se prononcer sur les causes exactes de la catastrophe. Il a toutefois lancé un appel à témoins afin d’obtenir des détails sur le lancement d’un missile sol-air Buk, issu d’un système de défense antiaérienne de moyenne portée utilisé par l’armée russe.S’agit-il pour les enquêteurs d’une tentative désespérée d’obtenir des preuves, comme le pensent des juristes ? Ou d’une manière d’indiquer qu’ils progressent vers une possible implication des autorités russes ? Le parquet ne donne pas d’indication, sauf qu’il n’est pas proche d’une éventuelle mise en examen.Transport d’une « beauté » venant de Russie par camionDans les éléments récoltés par l’équipe d’enquête (Joint Investigation Team, JIT) dirigée par les Pays-Bas et qui comprend aussi des responsables de Malaisie, d’Australie, d’Ukraine et de Belgique, figurent des enregistrements de conversations plus que troublants. Usant d’un langage en partie codé, des personnes, membres d’un groupe dit « Bibliotekar » évoquent, le matin même de l’accident, le transport d’une « beauté » venant de Russie par camion et parvenue à Donestk. Le véhicule blanc, de marque Volvo, se serait ensuite rendu près de Snejnoe, d’où le missile aurait été tiré. « C’est bien ce que je pense, quelque chose avec un M ? », interroge l’un des interlocuteurs du chauffeur. « Oui, oui, oui », répond celui-ci. En russe, le système de missiles est appelé « Buk M ».Juste avant et juste après la catastrophe, des photos d’un camion Volvo transportant un tracteur-lanceur ont été réalisées en divers endroits de l’est ukrainien. Sur l’une d’entre elles, prise le 18, au lendemain de l’accident, il manque l’un des quatre missiles habituellement présents sur ce type de lanceur. « La voiture est en Russie », dit, quelques heures plus tard, l’un des séparatistes. Qui annonce aussi l’arrivée prochaine d’une autre « voiture ».Au moment du crash, le chef militaire des séparatistes, Igor Strelkov, avait publié sur les réseaux sociaux un message félicitant ses troupes d’avoir abattu un avion de chasse ukrainien dans la zone de Snejnoe. Une publication effacée lorsqu’a été connue la nouvelle du crash d’un avion civil.Eléments métalliquesAutre élément nouveau : un journaliste néerlandais de la chaîne RTL qui a inspecté le lieu de l’accident a retrouvé des éléments métalliques dont certains peuvent, semble-t-il, provenir d’un missile Buk.L’équipe internationale a, quant à elle, déjà abouti à l’identification de 296 passagers et procédé à une reconstitution partielle de l’appareil à partir des débris retrouvés dans la zone du crash. La carcasse se trouve dans un hangar d’une base militaire des Pays-Bas, à Gilze-Rijen, où ont pu se rendre les familles des victimes qui le désiraient.Une instance officielle néerlandaise a conclu, le 9 septembre dernier, que l’avion s’était désintégré après avoir été frappé à très grande vitesse par un grand nombre d’objets avant de s’écraser. Les Etats-Unis ont rapidement affirmé qu’ils disposaient de preuves qu’il s’agissait d’un missile tiré à partir du territoire contrôlé par les séparatistes prorusses. Moscou évoque, de son côté, la possibilité que l’appareil ait été abattu par un avion de chasse ukrainien. Des membres du JIT vont se rendre prochainement en Russie pour y récolter une version officielle.Si les autorités néerlandaises se montrent prudentes et refusent encore toute conclusion, c’est également parce que les détails les plus probants qui ont été récoltés jusqu’ici – les enregistrements de conversations – proviennent des services de renseignement ukrainiens, SBU. « Une organisation qui fut au service de l’ancien régime et semble s’être mise au service du nouveau en conservant les mêmes méthodes », commente un diplomate à La Haye. Ces services ont publié leur propre version des faits – incriminant Moscou – à partir d’une photo falsifiée et ils ont évoqué, en novembre 2014, un projet d’attentat de séparatistes contre le ministre des affaires étrangères néerlandais, Bart Koenders. Une affirmation douteuse.Les pays concernés par l’enquête – y compris les Pays-Bas – estiment cependant que le matériel audio dont ils disposent à propos du crash est fiable. Fred Westerbeke, qui dirige l’enquête, a indiqué que les vérifications qui ont été opérées permettent de conclure que ces enregistrements sont authentiques.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.04.2015 à 19h37 • Mis à jour le01.04.2015 à 20h15 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La lutte contre l’évasion fiscale est l’une des priorités affichées par le gouvernement grec pour faire entrer de l’argent frais dans les caisses de l’Etat. Après la visite d’une délégation suisse la semaine dernière, c’est ce mercredi 1er avril l’eurodéputée Eva Joly (Europe Ecologie - Les Verts) qui est venue apporter son soutien sans équivoque au premier ministre grec, Alexis Tsipras. Sans toutefois qu’aucune rencontre officielle n’ait eu lieu entre eux.Lire aussi :Evasion fiscale : la Suisse va coopérer avec la Grèce« Je crois que M. Tsipras plus que tous ses prédécesseurs peut s’attaquer à la fraude fiscale. Ce n’est donc pas un hasard si nous sommes venus présenter à Athènes notre rapport sur les réseaux de l’évasion fiscale via les Pays-Bas, explique Mme Joly, car il y a une grande hypocrisie de l’Europe. Le ministre des finances hollandais, Jeroen Dijsselbloem, tape sur Tsipras en tant que président de l’Eurogroupe, alors qu’il est le chef d’un paradis fiscal en plein cœur de l’Europe ! ».Neufs groupes visésVice-présidente de la commission spéciale sur les rescrits fiscaux, créée par le Parlement européen le 12 février 2014 afin d’enquêter sur les politiques fiscales de certains pays, Mme Joly est venue à Athènes soutenir le rapport de l’organisation non gouvernementale (ONG) hollandaise SOMO, qui dénonce les pratiques financières des Pays-Bas.« Le régime de construction de holding des Pays-Bas est le plus populaire au monde avec un environnement fiscal très avantageux – 0 % de taxes ! – et une très grande flexibilité du droit fiscal », stipule ce rapport. « En Grèce, les plus grosses entreprises ont souvent recours à des montages compliqués pour éviter la taxation », explique Eva Joly.Le rapport pointe ainsi du doigt neuf grands groupes grecs dont les noms ont été rendus publics dans le cadre de la vaste enquête LuxLeaks publiée en novembre 2014 et qui a révélé les manœuvres de milliers d’entreprises engagées dans des accords avec le Luxembourg leur permettant de réduire leur fiscalité. « C’est le même type de services que fournissent les Pays-Bas », précise Katrin McGauran de l’ONG SOMO.Un « évitement fiscal immoral à défaut d’être encore illégal »Afin d’illustrer concrètement comment se passe cet « évitement fiscal immoral, à défaut d’être encore illégal », comme le décrit Eva Joly, l’ONG s’est attardée sur le cas de l’entreprise d’exploitation minière canadienne Eldorado Gold.Engagée dans l’exploitation de mines d’or et de cuivre au nord de la Grèce depuis plusieurs années, l’entreprise est accusée par le rapport d’avoir mis en place un montage financier impliquant les Pays-Bas et la Barbade et lui permettant de soustraire au fisc grec plus de 1,7 million d’euros d’impôts sur les sociétés en cinq ans et 700 000 euros de cotisations sociales à la source en deux ans. « Les trois filiales grecques de la compagnie utilisent douze entreprises boîtes aux lettres en Hollande qui ne produisent aucun service tout en ayant des millions d’actifs », souligne Katrin Mc Gauran. Eldorado Gold nie l’ensemble de ses allégations. « Leur avocat nous a envoyé un courrier nous indiquant qu’il se réservait le droit de nous poursuivre mais je suis tout à fait confiante sur la solidité de notre enquête », conclut-elle.« On me dit que ce n’est pas illégal mais moi je réponds que ça ne l’est pas tant que l’on ne change pas la loi ! », soutient Eva Joly. « Ce type de procédé aide certainement l’économie hollandaise et luxembourgeoise, mais détruit les revenus fiscaux des autres pays européens. Comment exiger des Grecs qu’ils augmentent leurs recettes fiscales d’un côté, tout en offrant une palette de services financiers permettant aux gros acteurs économiques grecs de s’affranchir de leur devoir de payer leurs impôts en Grèce ? ».Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.04.2015 à 16h21 Les caisses dégarnies de l'Etat grec viennent d'être quelque peu renflouées par une première vague d'arriérés d'impôts d'un montant de 147 millions d'euros, versée par les contribuables, à la faveur d'un plan de règlement des impayés adopté par le gouvernement, a annoncé mercredi 1er avril le ministère des finances.Plus de 150 000 contribuables ont participé au programme de « règlement express », proposé durant une semaine par le gouvernement, pour améliorer ses rentrées fiscales. Les impayés remontaient parfois aux années 1970.Le ministère ajoute que le versement de dettes si anciennes est en temps normal « proche de zéro ». Pour tenter de convaincre les contribuables, une mesure d'effacement des majorations et d'étalement des versements en 100 tranches a été adoptée.Lire aussi (abonnés) : De la difficulté de collecter l’impôt en GrècePlus de 76 milliards d'impôtsD'autres phases du plan de règlement seront déployées dans les prochaines semaines. Le gouvernement précédent avait également mis en œuvre, peu avant d'être battu aux législatives de fin janvier, un plan pour essayer de collecter les sommes dues, mais il avait été jugé moins favorable.Les montants en jeu sont importants : plus de 76 milliards d'impôts et de cotisations sociales impayés se sont accumulés en Grèce au fil des ans, avec une accélération durant les six années de récession traversées par le pays.Mais le nouveau gouvernement Syriza a estimé ne pouvoir récupérer que 9 milliards d'euros, au mieux. Cette somme apporterait un bol d'air aux finances du pays sous perfusion des prêts internationaux de l'UE et du FMI en raison de son incapacité à emprunter sur les marchés à moyen et long terme, du fait de taux prohibitifs.Le versement d'une tranche d'aide de 7,2 milliards est suspendu depuis plusieurs mois par les créanciers du pays et soumis à l'exécution par le gouvernement de gauche radicale d'une liste de réformes, dont le contenu est âprement débattu depuis l'élection du nouveau gouvernement.Lire aussi : Grèce : un accord possible fin avril, selon les Européens 01.04.2015 à 12h04 • Mis à jour le01.04.2015 à 12h46 La police turque a neutralisé et interpellé un homme qui avait pris d'assaut un local de l'Adalet ve Kalkınma Partisi (AKP – le Parti pour la justice et le développement) au pouvoir, à Istanbul, mercredi 1er avril, au lendemain d'une prise d'otage meurtrière dans cette ville.Selon l'agence de presse turque Dogan, l'assaillant, dont les motivations sont inconnues, a pénétré dans le bureau du parti, du quartier de Kartal, situé sur la rive asiatique de la mégapole. Agé d'une trentaine d'années, l'homme a cassé des vitres et déployé un drapeau turc frappé d'une épée Zülfikar, une arme utilisée par le gendre du prophète Mahomet, Ali, symbole des alevis – minorité religieuse de Turquie –, selon les images diffusés par l'agence. Il a été rapidement maîtrisé par les forces de l'ordre et conduit pour interrogatoire à la division antiterroriste de la police.Un peu plus tôt, le Daily Sabah avait fait état de l'assaud de deux individus armés dans le local de l'AKP.Kartal'da ki AKP binasına saldırı. Başarılı bir operasyon daha kapıda.— Dindar Örkmez (@Briareuss)require(["twitter/widgets"]);L'un des deux avait accroché à la fenêtre un drapeau turc avec une épée symbolique des Alévis et des chiites. #Turquie— Guillaume Perrier (@Aufildubosphore)require(["twitter/widgets"]);Il n'est pas encore établi que cet incident ait un lien quelconque avec la prise d'otage au palais de justice d'Istanbul – qui a fait trois morts –, mardi, et qui a donné lieu à des heurts dans certains quartiers de la ville dans la nuit.  24.04.2015 à 11h41 • Mis à jour le24.04.2015 à 13h32 Editorial du « Monde ». On connaît les chiffres : ces dix derniers jours, pas moins de 1 200 « boat people » venus d’Afrique, du Moyen-Orient et du Maghreb se sont noyés en Méditerranée. On connaît les images : ces milliers de malheureux fuyant la guerre et la misère entassés sur des « bateaux de la mort » et dérivant au large de l’« eldorado européen ». On sait ce qui nous attend : un million de migrants potentiels, venus de Libye, de Syrie, d’Irak, d’Afrique subsaharienne et de la Corne de l’Afrique et désireux de rejoindre l’UE. On ne se fait pas d’illusions : il n’est dans le pouvoir de l’Europe ni de pacifier le monde arabe, ni de ramener la paix en Libye, ni d’aider substantiellement à la prospérité de la Somalie, de l’Erythrée ou des pays du Sahel.On en tire une conclusion, qui est aussi une certitude : pour les dix ans à venir, les pays de l’UE vont être confrontés à une gigantesque question migratoire. A l’aune d’un tel défi, les décisions annoncées jeudi 23 avril, au sommet européen réuni à Bruxelles, sont, bien sûr, décevantes. Les Ving-Huit triplent le budget de l’opération de sauvetage et de surveillance « Triton », qui passe de 2,9 à 9 millions d’euros mensuels. On revient au niveau de l’opération conduite en 2013, puis arrêtée en octobre 2014 par absence de solidarité financière à l’égard de l’Italie.Lire l'interview :Pour le maire de Catane, « l’immigration n’est pas une urgence du moment mais une question de fond »Rien qui ressemble là à un sursaut à la mesure du drame humanitaire en cours ; rien qui paraisse amorcer la vraie politique d’immigration dont l’UE a besoin. Mais faut-il incriminer l’Europe, l’UE ? Faut-il, de manière incantatoire, continuer à dénoncer les carences de l’Europe face à une tragédie qui s’annonce durable ? L’opinion se trompe en mettant en cause l’Europe. Dans cette affaire, les institutions européennes sont largement impuissantes pour une bonne raison : l’essentiel des questions migratoires ne fait pas partie du domaine communautaire.Aucun des Vingt-Huit ne veut mettre assez d’argent pour faire de l’agence Frontex le vrai bras armé de l’Europe en matière de surveillance de ses frontières : depuis son siège de Varsovie (idéal pour une affaire avant tout méditerranéenne…), Frontex fonctionne avec un millième du budget de l’UE… pour affronter une – sinon « la » – question-clé des années à venir.Les Vingt-Huit ne veulent pas décider d’une politique de droit d’asile communautaire : il n’y a pas de politique commune de visa. De même, les Vingt-Huit ne sont pas d’accord sur la question de la « solidarité », celle d’une répartition des immigrants dans l’ensemble de l’UE, en fonction des besoins et des capacités d’absorption. Enfin, il n’y a pas de politique commune en direction des pays de départ ou des pays de transit de l’immigration.Lire le décryptage : Méditerrannée : Chiffres et cartespour comprendre la tragédieTout cela reste du seul domaine des Etats, du chacun pour soi, et non pas des missions déléguées à l’UE. Pourquoi ? Pour des raisons essentiellement idéologiques : les Etats se refusent à céder leurs compétences en la matière.En plein accord, le plus souvent, avec l’opinion majoritaire des électeurs, ils se refusent à la moindre délégation de souveraineté dans ces domaines. Là où seul un début de communautarisation des moyens pourrait être efficace et à la mesure du problème – sans tout régler, bien sûr –, les Etats agissent en ordre dispersé. Ce n’est pas l’UE qui échoue lamentablement dans cette affaire. Ce sont les nations européennes, gouvernants et électeurs. 24.04.2015 à 11h27 • Mis à jour le24.04.2015 à 12h27 Depuis quelques jours déjà la banque britannique HSBC laisse planer le doute sur ses intentions concernant son siège londonien. Le géant bancaire a lancé une revue stratégique pour savoir notamment si elle maintiendra son siège au Royaume-Uni, où la régulation du secteur devient plus stricte, a annoncé vendredi 24 avril son président, Douglas Flint.« Dans le cadre d'une revue stratégique plus large, le conseil d'administration a demandé à la direction de commencer à travailler pour savoir quel est le meilleur endroit pour le siège de HSBC dans ce nouvel environnement », a-t-il déclaré lors de l'assemblée générale des actionnaires. « La question est complexe et il est trop tôt pour dire combien de temps cela prendra ou quelle sera la conclusion, mais le travail est en cours », ajoute dans son discours M. Flint.Lire aussi (édition abonnés) : HSBC, la banque de tous les excèsLa première banque britannique a son siège à Londres mais possède aussi d'importantes activités à Hongkong, d'où elle est originaire. Le géant bancaire, dont la filiale suisse a récemment été accusée d'avoir encouragé l'évasion fiscale à grande échelle, est implanté dans 73 pays à travers le monde.Scandales en sérieLe Royaume-Uni a pris des mesures pour encadrer plus strictement le secteur bancaire à la suite de la crise financière. Les banques vont notamment être contraintes de séparer strictement leurs activités de banque de détail et celles d'investissement. Confrontées à une série de poursuites judiciaires, des autorités de régulation et même de clients s'estimant lésés par des annonces mensongères, les grandes banques britanniques ont dû provisionner des milliards de livres de pertes dans leurs comptes 2014, publiés au début de mars.L'une des affaires les plus retentissantes concerne justement HSBC, accusée par une vaste enquête médiatique internationale d'avoir fait transiter quelque 180 milliards d'euros de riches clients entre novembre 2006 et mars 2007 sur des comptes en Suisse, afin de leur éviter d'avoir à payer des impôts dans leur pays respectif.Retrouvez tous nos articles sur l'affaire SwissLeaks Anne-Aël Durand (Catane (Italie)) et Karim El Hadj (Catane (Italie)) Enzo Bianco est le maire de Catane, deuxième ville de Sicile, où ont été inhumés jeudi 23 avril 28 migrants morts dans le naufrage de samedi. Cet élu du Parti démocrate italien (PRI), ministre de l’intérieur entre 1999 et 2001, exerce son quatrième mandat à la tête de la ville. Il demande à l’Europe de repenser en profondeur sa politique d’immigration en Méditerranée.Lire aussi :L’UE se contente d’un compromis minimal en réponse à la dramatique crise migratoireCatane et la Sicile voient chaque jour débarquer de nouveaux migrants. Comment la ville et la région gèrent-elles cette situation ?L’attitude de ma ville et des Siciliens est extraordinaire. Nous sommes une des régions les plus pauvres de l’Europe, avec un chômage dramatique. A Catane, 50 % des jeunes sont sans emploi, et plus de 60 % parmi les jeunes femmes. Malgré la crise économique qui a frappé très fortement la ville, la population a très bien supporté l’arrivée des migrants, mieux que dans des régions plus riches, comme la Lombardie ou ailleurs en Europe. Après le naufrage, des gens ont appelé la mairie pour apporter à manger ou proposer leur aide.Jusqu’à il y a trente ans, la Sicile était une terre d’émigration vers les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, l’Australie… Il y a dans le code génétique des Siciliens un respect pour ceux qui souffrent de la pauvreté et partent pour un autre pays chercher une vie meilleure. Ailleurs en Europe, il y a une certaine partie de la population qui a peur et qui est xénophobe. En Italie aussi. Mais ici, en Sicile, ce sentiment n’est pas très fort.Quels problèmes pose cet afflux de migrants à Catane ?L’avenir de l’Europe, de l’Italie, sera déterminé par leur capacité à affronter la question de l’immigration. Quelle que soit l’attitude du gouvernement, la pression démographique sera immense sur l’Europe et il n’y a aucune chance d’empêcher ces migrations.J’étais ministre de l’intérieur lors de la crise albanaise, quand des bateaux débarquaient sur les côtes orientales de l’Italie. La situation était affreuse. Mais on peut agir. Ici, à la mairie, j’ai une conseillère qui a été élue par les migrants. J’ai aussi créé un registre de citoyenneté pour les enfants, où ils sont inscrits comme « Catanais de naissance ». Ces enfants parlent italien et même le dialecte catanais, mais ne peuvent acquérir la nationalité qu’à 18 ans. C’est une manière de favoriser l’intégration.Dans la ville, il y a environ 10 % d’immigrés légaux et illégaux, et jusqu’à 25 % dans certains quartiers. Je sais qu’il y a des problèmes : du trafic de contrefaçon, beaucoup de prostitution. Catane essaie d’affronter ces questions par la prévention et la médiation plutôt que par la répression, sauf quand c’est nécessaire.Avez-vous les moyens de faire face à l’arrivée des migrants ?Non, bien sûr. Je reviens de Rome où j’ai assisté à une réunion entre l’Etat et les villes, pour demander de l’aide du gouvernement italien mais aussi de l’Union européenne. J’ai fait quatre propositions.D’abord, avoir un centre de premier accueil, parce que aujourd’hui les migrants sont logés dans des gymnases. Parfois 300 ou 400 personnes s’y entassent avec des matelas par terre et seulement 18 toilettes. Ce centre, qui pourrait être installé dans d’anciennes casernes militaires, ne devra pas arborer le drapeau de Catane ou de l’Italie, mais celui de l’Union européenne, car c’est l’Europe qui accueille ces personnes. J’ai parlé avec des Syriens et des Erythréens. Leur eldorado, ce n’est pas l’Italie, mais la Norvège et la Scandinavie, à cause des aides financières allouées aux demandeurs d’asile.Ensuite vient la question de Frontex, la police européenne des frontières, que j’ai contribué à lancer en 2001. Aujourd’hui, la siège de cette agence européenne se trouve à Varsovie, en Pologne, pour des raisons politiques. Est-ce là le couloir d’entrée principal de l’Europe ? J’aimerais que le bureau exécutif soit ici. Je suis prêt à mettre à disposition gratuitement des locaux pour que les fonctionnaires européens voient et comprennent ce phénomène.Il faudrait aussi durcir les lois pénales sur le trafic d’êtres humains et créer un poste de procureur européen dévolu à ces questions, comme cela a été fait pour lutter contre le terrorisme.Enfin, on pourrait créer des corridors humanitaires pour les demandeurs d’asile. Avec l’aide de l’Egypte, l’Europe ouvrirait un bureau au Caire pour les Syriens. Aujourd’hui, ceux-ci passent par la Libye, y vivent trois ou quatre mois dans des conditions terribles. Les faire venir par bateau ou avion coûterait moins cher que les opérations actuelles de secours en mer. Ce système faciliterait le tri entre demandeurs d’asile et clandestins. Concernant ces derniers on pourrait signer des accords avec leur pays d’origine pour les reconduire chez eux. J’ai évoqué cette question au comité des régions à Bruxelles la semaine dernière et j’espère déposer une proposition de résolution lors de la prochaine session plénière.L’immigration n’est pas une urgence du moment mais une question de fond. Il y a deux semaines, nous avons accueilli 11 500 migrants en Sicile, mais peut-être qu’en juin il y en aura 20 000 par semaine. Aujourd’hui, en Libye, entre 500 000 et un million de personnes aspirent à venir en Europe. Avec la croissance démographique de 7 % ou 8  % en Afrique, contre un peu plus de 1 % ici, la pression migratoire est mécanique.Lire le décryptage : Méditerranée : chiffres et carte pour comprendre la tragédieAnne-Aël Durand (Catane (Italie))Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteKarim El Hadj (Catane (Italie))JournalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Les services secrets allemands ont, ces dernières années, espionné, pour le compte des Etats-Unis, des entreprises européennes – dont EADS –, mais aussi des responsables politiques et des hauts fonctionnaires européens, notamment français. L’information, révélée par le Spiegel Online, jeudi 23 avril, aurait été confirmée par de très proches collaborateurs de la chancelière Angela Merkel, notamment son bras droit, Peter Altmaier, devant quelques députés, en fin de journée.Le porte-parole d’Angela Merkel a publié un communiqué indiquant que « la chancellerie a identifié des faiblesses techniques et d’organisation au sein du BND [les services de renseignement extérieur] » et qu’elle « a ordonné que cela soit corrigé sans retard ». La suite du communiqué est aussi elliptique : « Il n’y a toujours aucune preuve d’une surveillance de masse des citoyens allemands et européens », ce qui laisse entendre qu’il y a bien eu des écoutes ciblées.Selon l’hebdomadaire « Der Spiegel », les Américains ont utilisé le BND comme un sous-traitantAprès les attentats du 11-Septembre, les services de renseignement allemands ont renforcé leur coopération avec leurs homologues américains. Mais il est de plus en plus évident que cette coopération ne s’est pas limitée pas à la lutte contre le terrorisme. Selon l’hebdomadaire Der Spiegel, les Américains ont utilisé le BND comme un sous-traitant. Ils lui donnaient les adresses IP et les numéros de téléphone à espionner. En principe, les services allemands devaient vérifier que les demandes des Américains étaient pertinentes, et les responsables politiques étaient informés.« Trahison »Mais, au fil des années, les Américains ont fait des demandes de plus en plus nombreuses – « des centaines de milliers voire des millions », affirme le quotidien Süddeutsche Zeitung – au point de « noyer » les services secrets, qui ont de moins en moins pris la peine d’en vérifier la pertinence. Surtout, il n’est pas évident que cette pratique ait été connue de la chancellerie avant le mois dernier.Signe de la défiance qui s’est installée entre le BND et les députés chargés de contrôler son activité : lorsqu’ils ont appris l’information du Spiegel Online, les membres de la commission parlementaire qui enquête sur les écoutes de la NSA américaine ont immédiatement mis fin à l’audition du président du BND, Gerhard Schindler, qu’ils étaient justement en train d’interroger et ont demandé que la chancellerie envoie un collaborateur d’Angela Merkel.Considérant que « le BND était, des années durant, une sorte de succursale des services secrets américains », Bernd Riexinger, un dirigeant de Die Linke (gauche radicale), le principal parti d’opposition, a demandé que la justice ouvre une enquête pour « trahison » à l’encontre des services secrets. Les autres partis ont refusé, mais cette affaire risque de renforcer la défiance des Allemands envers Washington.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.04.2015 à 09h57 • Mis à jour le24.04.2015 à 15h13 La police italienne a annoncé vendredi 24 avril avoir démantelé un réseau islamiste en Sardaigne et ordonné l'arrestation de dix-huit personnes.Mauro Mura, le procureur de Cagliari, a déclaré au cours d'une conférence que ce réseau était suspecté de préparer un attentat contre le Vatican.« Nous n'avons pas de preuve, nous avons une forte suspicion », a précisé Mario Carta, des services de lutte contre le terrorisme.  Dans les écoutes téléphoniques pratiquées par les enquêteurs, on entend des suspects dire qu'ils vont lancer un « grand djihad en Italie ». D'autres conversations interceptées laissent à penser que le Vatican était peut-être ciblé par le groupe, a-t-il précisé.Selon le mandat d'arrêt lancé contre elles, les personnes arrêtées sont accusées d'appartenance à « une organisation aux activités criminelles transnationales, s'inspirant d'Al-Qaida et d'autres organisations radicales prônant la lutte armée contre l'Occident et l'insurrection contre l'actuel gouvernement du Pakistan ».Armes en abondanceParmi les personnes arrêtées se trouvent deux anciens gardes du corps d'Oussama Ben Laden, l'ancien chef d'Al-Qaida, tué en 2011 au Pakistan. L'organisation aurait eu comme chef un imam du mouvement Tabligh Eddawa (« les porteurs du message »), installé en Lombardie, dans le nord de l'Italie, qui usait de son autorité religieuse et de son prestige pour récolter des fonds.Certains des individus arrêtés seraient responsables ou auraient participé à des actes terroristes au Pakistan, dont l'attentat sur le marché Meena Bazar, à Peshawar, en octobre 2009, qui avait fait plus de cent morts. Ils sont aussi accusés d'être impliqués dans un trafic de migrants clandestins et auraient fait passer illégalement, dans certains cas, des Afghans et des Pakistanais de l'Italie vers des pays d'Europe du Nord.Ce réseau, selon les enquêteurs, disposait « d'armes en abondance » et « de nombreux affiliés prêts à perpétrer des actes terroristes au Pakistan et en Afghanistan, avant de se replier ensuite en Italie ». 24.04.2015 à 08h07 • Mis à jour le24.04.2015 à 10h26 Le gouvernement grec a proposé vendredi 24 avril une série de concessions sur des réformes réclamées par les créanciers internationaux du pays en échange de nouveaux financements. Mais la Commission européenne a écarté la possibilité de parvenir à un accord lors de la réunion de l'Eurogroupe qui se tient vendredi en Lettonie, estimant que le pays n'avait pas fait assez de progrès dans le cadre de ses négociations avec ses créanciers.Dans une note de blog publiée à quelques heures de la tenue, à Riga, la capitale lettonne, d'une nouvelle réunion avec ses collègues de l'Eurogroupe, le ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, se dit d'accord avec certaines conditions demandées par les créanciers d'Athènes. « Les désaccords actuels avec nos partenaires ne sont pas insurmontables », écrit-il :« Notre gouvernement a hâte de rationaliser le système de retraite [en limitant par exemple les départs anticipés à la retraite], poursuivre la privatisation partielle d'actifs publics, s'attaquer aux prêts douteux qui obstruent les circuits du crédit de l'économie, créer une commission des impôts pleinement indépendante et pousser l'entreprenariat. Les différences qui demeurent concernent notre compréhension des relations entre ces réformes diverses et l'environnement macro[économique]. »« Grand sentiment d'urgence »Selon Valdis Dombrovskis, le vice-président de la commission chargé de l'euro, « les progrès dans les négociations techniques ne sont pas suffisants pour parvenir à un accord durant cet Eurogroupe à Riga », « les discussions techniques doivent se poursuivre ».« Le message est “accélérons”. Nous n'avons pas encore les moyens d'avancer vers une conclusion », a renchéri Pierre Moscovici, le commissaire européen chargé des affaires économiques. Lire : La BCE prête à durcir le ton envers la GrèceA court d'argent, la Grèce peine à trouver un compromis avec ses créanciers sur les réformes que ces derniers réclament avant de lui verser la dernière tranche de prêts de 7,2 milliards d'euros de son plan de sauvetage financier. Athènes devait présenter une liste de réformes et la faire approuver par ses créanciers d'ici à la fin d'avril pour obtenir le versement de la somme.« Le mois d'avril n'est pas encore fini », a souligné Jeroen Dijsselbloem, le patron de l'Eurogroupe, estimant toutefois qu'il « y a[vait] un grand sentiment d'urgence ». « Je vais écouter les institutions [créancières de la Grèce] en premier lieu aujourd'hui. J'ai eu vent de nouvelles positives la semaine dernière, mais je dois en savoir plus », a-t-il indiqué.Les responsables européens mettent de plus en plus en avant l'idée que la seule date importante est désormais la fin juin, quand le deuxième programme d'assistance financière pour la Grèce prendra fin. « C'est la date butoir », a même souligné vendredi le ministre slovaque des finances, Peter Kazimir.Lire aussi (édition abonnés) : Grèce : l’idée de passer directement à la négociation d’un troisième plan d’aide fait son chemin Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Un sommet « extraordinaire » ponctué par une formule de Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne : « J’aurais voulu que nous soyons déjà plus ambitieux. » Juncker faisait allusion au manque de solidarité entre Européens, en partie confirmé au cours de cette rencontre tenue à Bruxelles et qui devait apporter une réponse forte aux drames survenus récemment en Méditerranée. L’Union s’est, comme souvent, contentée d’un compromis minimal.Les Vingt-Huit s’en tirent au moins avec un résultat concret : le budget de l’opération Triton est triplé, passant de 2,9 à 9 millions d’euros mensuels. Soit un retour aux moyens consacrés antérieurement par l’Italie à Mare Nostrum, l’opération de sauvetage arrêtée en octobre 2014 parce qu’elle aurait, selon certaines capitales, facilité la tâche des passeurs en recueillant des milliers de personnes…Lire le décryptage : Méditerranée : chiffres et carte pour comprendre la tragédiePlus de ressources pour FrontexPour l’avenir, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Belgique et la France ont déjà annoncé une participation accrue aux opérations conduites par l’agence Frontex. Paris enverra un navire patrouilleur, un remorqueur en haute mer et doublera le nombre de ses experts engagés, a indiqué le président François Hollande. Jusqu’ici, la France avait mobilisé deux bateaux et un avion dans Triton. Le mandat de l’opération n’est pas modifié mais ses possibilités d’intervention dans les sauvetages se trouvent étendues, affirment les conclusions du sommet : il fallait fixer un objectif humanitaire sans offrir aux trafiquants la certitude que les occupants de leurs bateaux seraient à chaque fois sauvés. À noter que les navires du Royaume-Uni — qui n’est pas membre de Frontex — se déplaceront où ils l’entendent dans la zone entre les côtes libyennes et italiennes.Un autre objectif proposé par la Commission européenne était la saisie et la destruction des embarcations utilisées par les réseaux criminels. Il se heurte, comme prévu, aux contraintes du droit international : les Européens veulent obtenir l’aval du Conseil de sécurité des Nations unies. François Hollande doit évoquer, ce vendredi, la question avec Vladimir Poutine — la Russie est l’un des membres permanents de ce Conseil — et semble convaincu qu’il peut le convaincre de ne pas opposer son veto, « à condition que nous soyons très clairs sur nos objectifs et les moyens utilisés ». Dans l’intervalle, la Haute représentante Federica Mogherini doit présenter les options pratiques d’une telle intervention.Il reste le volet de la solidarité et, sur ce plan, on a assisté à un recul par rapport au projet de conclusions qui circulait avant le sommet. La réforme de « Dublin II », qui force l’Etat dans lequel arrive le migrant à traiter seul son dossier du début à la fin ? « Une perspective, nous allons y travailler », explique le président Hollande. Le « projet pilote » visant à accueillir 5 000 réfugiés syriens supplémentaires, répartis dans toute l’Union ? Le chiffre est oublié et une répartition ne se fera que sur une base volontaire, comme l’a exigé le premier ministre britannique David Cameron. Oubliée l’idée de « quotas » obligatoires, évoquée par l’Allemagne. François Hollande a indiqué jeudi que la France accueillerait entre « 500 à 700 » personnes. Manque d’ambitionLe Parlement européen attendait, à l’évidence, une action plus ambitieuse. « J’ai été surpris, ce matin, par leur sentiment dominant lors d’une réunion des présidents de groupe. C’était celui de la colère », expliquait le président de l’assemblée, Martin Schulz. Habituellement modéré, le groupe conservateur du PPE lance : « Assez de mots, pas de simple séance photo, il faut des réponses concrètes. » Le groupe en appelle à une politique d’asile commune aux Vingt-Huit et à l’instauration d’un système de quotas contraignant pour répartir les réfugiés entre tous les pays.« Ce qui se déroule aujourd’hui n’est rien d’autre que la conséquence de ce que l’Europe n’a pas voulu faire », enchaîne le chef du groupe libéral et démocrate, Guy Verhofstadt. À savoir, selon lui, « appuyer une mission onusienne de stabilisation en Libye, aider l’opposition démocratique syrienne, faire de Frontex une véritable agence de protection des frontières avec une contribution obligatoire des États, développer un système de visas humanitaires qui n’obligerait pas les gens à s’en remettre à des réseaux criminels ». L’ancien premier ministre belge conclut : « Comme l’Europe a refusé d’intervenir dans son voisinage, elle affronte aujourd’hui le problème du djihadisme et celui des réfugiés. Si elle persiste, elle devra affronter d’autres drames. »Fallait-il, en réalité, convoquer ce sommet extraordinaire, sans être certain qu’il pourrait formuler une réponse qui soit vraiment à la hauteur de l’enjeu ? « La tenue du sommet ne pouvait être la réponse en soi. Nous attendons maintenant le plan pour l’immigration que la Commission annonce pour la mi-mai », explique M. Schulz.Attendu à Strasbourg, mercredi 29 avril, le président du Conseil, Donald Tusk doit redouter un accueil peu chaleureux.Lire :Naufrages en Méditerranée : Frontex et sa mission « Triton » mises en causeJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Gaëlle Picut Selon une note de la Commission européenne publiée début avril, les pays les plus riches auront du mal à retrouver le rythme de croissance économique qu’ils ont connu avant la crise financière de 2008, du fait du vieillissement démographique et donc de la baisse de la population en âge de travailler.Les auteurs rappellent que le début du XXIe siècle s’est caractérisé par un ralentissement mondial de la population en âge de travailler (celle qui a entre 15 et 64 ans). Selon les prévisions de l’ONU, elle devrait augmenter de 20 % entre 2010 et 2030, alors qu’elle a augmenté de 40 % entre 1990 et 2010.L’analyse par région du monde révèle de grandes disparités. La plupart des régions les plus développées sont déjà entrées dans une longue phase de vieillissement démographique, tandis que d’autres pays, y compris les régions les plus pauvres, continueront de voir leur population en âge de travailler augmenter pendant de nombreuses décennies.Hausse de 77% en Afrique subsaharienneAinsi, entre 2010 et 2030, la population en âge de travailler devrait augmenter de 77 % en Afrique subsaharienne, contre 11 % en Amérique du Nord. Celle de l’Amérique du Sud, de l’Amérique latine et de l’Asie devrait augmenter de l’ordre de 20 %.Dans ces régions, le déclin devrait commencer seulement après 2040. L’Europe, de son côté, devra faire face à une baisse de 9 % de sa population en âge de travailler (le maximum ayant été atteint en 2009, avec 333 millions de personnes âgées entre 15 et 64 ans).Ce déclin démographique devrait durer au moins cinq décennies, selon Eurostat. Les Etats-Unis sont à part du fait d’un taux de fécondité relativement élevé et de flux migratoires positifs soutenus. A partir de ces données démographiques, il est possible d’évaluer combien de temps chaque région pourra soutenir le niveau de croissance de l’emploi observé pendant la période précédant la crise économique (2000-2008), qui a été en moyenne de 1,1 %.Dans les pays les plus développés, ce niveau de croissance de l’emploi ne sera possible qu’environ dix ans. Cette durée variera notamment en fonction de la participation ou non au marché du travail de personnes qui pour le moment restent faiblement représentées (principalement les femmes, les migrants, les jeunes et les travailleurs découragés).Ainsi la décroissance de la main-d’œuvre européenne impacte l’emploi futur.Elle impose de nouvelles contraintes pour espérer atteindre un certain niveau de croissance économique (entre 2000 et 2008, la croissance du produit intérieur brut a été en moyenne de 2,1 % dans l’Union européenne).L’analyse conclut que la croissance de la productivité au sein de l’Union européenne et de plusieurs autres régions industrialisées deviendra progressivement la seule façon de soutenir la croissance économique. Cela nécessite de l’innovation continue, une meilleure organisation, un investissement accru dans l’éducation et les compétences pour avoir une main-d’œuvre très qualifiée et enfin la capacité à attirer des investissements physiques et en ressources humaines.À l’inverse, les économies émergentes pourraient obtenir des gains de productivité significatifs en réorientant des personnes qui occupent des activités faiblement productives (principalement dans le secteur agricole) vers des emplois à forte productivité dans les secteurs industriels ou de services.Gaëlle PicutJournaliste au Monde 09.04.2015 à 21h51 • Mis à jour le09.04.2015 à 21h52 Le nombre de migrants arrivés clandestinement sur les côtes grecques a triplé au premier trimestre 2015, s'élevant à 10 445, contre 2 863 durant la même période de l'année précédente, selon les gardes-côtes grecs.Durant le mois de mars, 6 493 migrants sont passés par les différentes îles, essentiellement celles de l'est de la Grèce, proches des côtes turques, principal point d'embarquement des navires des passeurs.A la différence des traversées vers l'Italie, plus longues, les passages vers la Grèce se font généralement sur de petites embarcations de quelques dizaines de migrants. Les accidents et les noyades sont fréquents.Lire aussi : HRW accuse la Grèce de coups de filet « abusifs » contre les migrantsEn visite mercredi 8 avril à Athènes, le commissaire européen chargé des migrations, Dimitris Avramopoulos, a assuré que l'Union européenne était « préoccupée » par son système d'asile et « consciente que quelque chose doit changer » dans le règlement.La directive Dublin II charge en effet le premier pays d'accueil d'un migrant d'enregistrer sa demande, un système que les pays frontaliers de l'Union européenne jugent inéquitable, en dépit des aides financières versées. 09.04.2015 à 09h13 • Mis à jour le09.04.2015 à 12h28 Amnesty international a accusé jeudi 9 avril les séparatistes prorusses de s'être livrées à des « exécutions sommaires » de soldats ukrainiens capturés dans l'Est. L'ONG, qui exige une enquête « rapide et impartiale », rappelle que de tels actes s'apparentent à des crimes de guerre. Elle cite notamment dans un communiqué le cas du soldat Igor Branovytski qui avait combattu à l'aéroport de Donetsk. « Une vidéo postée sur Youtube montre qu'il avait été frappé au visage. Il est resté en captivité jusqu'à sa mort », a indiqué Amnesty. Le militaire aurait été tué à bout portant par un chef rebelle. Les services de sécurité ukrainiens ont ouvert une enquête.Le responsable pourrait être Arseniy Pavlov, surnommé « Motorola ». Ce « commandant » russe à la tête d'une unité séparatiste, le bataillon Sparta, a raconté dans un entretien téléphonique avec le Kiev Post avoir personnellement abattu 15 soldats ukrainiens capturés par ses troupes.Amnesty affirme avoir vu des images des corps d'au moins trois autres militaires envoyés par Kiev exécutés selon l'ONG d'une balle dans la tête. Tous avaient avaient été faits prisonniers entre le 12 et le 18 février par les combattants prorusses à Debaltseve, nœud stratégique passé sous contrôle des rebelles en février après des combats acharnés en dépit de la trêve signée le 15 février. Interrogée sur les accusations d'Amnesty, une responsable séparatiste a « démenti les rumeurs selon lesquelles des prisonniers de guerre ont été tués dans la DNR », la république autoproclamée de Donetsk. « De tels faits n'ont pas eu lieu », a déclaré Daria Morozova, en charge des droits de l'homme dans la république séparatistes.Les forces ukrainiennes combattent depuis un an une rébellion séparatiste prorusse dans l'Est, armée et soutenue par la Russie, selon Kiev et les Occidentaux, ce que Moscou dément. Depuis son début en avril 2014, le conflit a fait plus de 6 000 morts. Mirel Bran Comment 1 milliard de dollars ont-ils pu disparaître des banques moldaves ? Les autorités de Chisinau paieraient cher pour le savoir. Pour le petit pays de 4 millions d'habitants, enclavé entre l'Ukraine et la Roumanie, une telle somme représente pas moins de 12,5 % de produit intérieur brut.C'est la Banque centrale de Moldavie (BNM) qui a découvert la fuite en réalisant que trois établissements bancaires avaient accordé des crédits pour un montant total d'1 milliard de dollars (927 millions d'euros). La transaction a été bouclée en l'espace de quelques jours, juste avant les élections législatives du 30 novembre 2014, remportées de peu par les partis pro-européens face à l'opposition prorusse. Les destinataires de ces crédits n'ont pas été identifiés. A croire que l'argent s'est purement et simplement évaporé.  « Je ne peux pas expliquer comment on peut voler une somme aussi importante dans un pays aussi petit ! », a réagi le représentant de l'Union européenne en Moldavie, Pirkka Tapiola. Les députés se sont saisis de l'affaire. Selon un rapport d'une commission parlementaire discuté à huis-clos, mais qui a filtré dans la presse, une partie de l'argent aurait été transférée dans quatre banques russes.Le parquet général a ouvert une enquête. Les procureurs anticorruption, épaulés par des détectives financiers américains, travaillent sur cette enquête depuis plusieurs semaines et ont multiplié les descentes et les perquisitions. Jusqu'ici deux personnes, dont l'identité est gardée secrète, ont été placées en détention provisoire et les biens de plusieurs autres, mis sous séquestre. ENQUÊTE OUVERTELe leader de l'opposition socialiste, Igor Dodon, assure quant à lui que ces fonds auraient fini dans les comptes de plusieurs compagnies offshore, « où l'on a perdu leur trace ». « Des crédits ont été octroyés tout en sachant qu'ils ne seront jamais remboursés », affirme-t-il. Le vice-premier ministre et ministre de l'économie, le Français Stéphane Bridé, ancien expert financier nouvellement nommé, parle lui prudemment de « transactions suspectes » massives.Début mars, les principaux partenaires financiers de la Moldavie – la Banque mondiale, l’UE et les Etats-Unis – ont exhorté les autorités moldaves à rendre public le montant des pertes subies par l’Etat dans cette affaire. Sous la pression internationale, le gouvernement de Chisinau a fait appel à la compagnie d’audit américaine Kroll pour démêler cette affaire fâcheuse.Pour éviter leur faillite, qui aurait provoqué un vent de panique dans l'ensemble du système bancaire, la BNM a placé sous sa gestion directe la Banque d'économies, l'Unibank et la Banque sociale, qui représentent environ un tiers des actifs bancaires du pays. « Je suis convaincu que la somme ne sera pas remboursée intégralement et que la différence sera transformée en dette publique », a affirmé Dumitur Ursu, président de la Ligue des banquiers.Depuis l’éclatement de cette affaire, le leu moldave a perdu 42 % de sa valeur. Le coup est rude pour les Moldaves, qui doivent se contenter d’un salaire moyen de 200 euros, d’autant qu’il intervient dans un contexte politique pour le moins compliqué.Affaire politiqueEn effet, trois partis proeuropéens étaient sortis victorieux des législatives de novembre : le Parti libéral-démocrate de Moldavie (PLDM), le Parti démocrate de Moldavie (PDM) et le Parti libéral (PL), ce dernier étant l’avocat le plus fervent de l’avancée des réformes sur la voie européenne. Elles disposaient de 54 députés face aux 47 députés communistes et socialistes pro-russes, une majorité suffisante pour mettre en place un gouvernement proeuropéen.Mais le PLDM et le PDM n’ont pas apprécié la pression mise sur le pays par la Commission européenne, principal bailleur de fonds de la Moldavie, pour réformer la justice. Ils ont donc préféré faire appel au soutien des communistes pour mettre en place, le 18 février, un gouvernement minoritaire. L’affaire financière est donc rapidement devenue politique.Le pays est historiquement très dépendant de la Russie. Or, Moscou a imposé un embargo sur les produits agroalimentaires après la signature d'un partenariat avec l'UE et a aussi entravé les transferts de fonds des travailleurs moldaves en Russie, qui correspondent au quart du PIB. Cet embargo pourrait faire plonger l'économie moldave en 2015 dans une récession de 1 % après une croissance de 4,6 % en 2014.Lire (en édition abonnés) : La Moldavie s’éloigne de l’EuropeMirel BranJournaliste au Monde 08.04.2015 à 12h35 • Mis à jour le08.04.2015 à 17h24 | Anne Eveno Présent depuis 2004 dans l’Hexagone, Google France lance, mercredi 8 avril, sa toute première campagne de publicité institutionnelle. D’un coût de 1,5 million d’euros, la première vague de cette opération, qui se déroulera jusqu’au 23 mai, veut mettre en avant des succès français incarnés par cinq ambassadeurs venant du monde des associations, des start-up ou des PME et qui ont réussi grâce à Internet et aux technologies Google.« Jusqu’ici, nous n’avions communiqué que sur les produits et jamais sur notre rôle dans l’écosystème du numérique français », souligne Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce, directrice de la communication de Google France. Cette campagne, baptisée « Moteur de réussites françaises » - et à laquelle l’entreprise travaille depuis 18 mois - intervient à un moment où le poids de Google, que ce soit en, France ou aux États-Unis, soulève de nombreuses critiques.Le groupe, qui détient sur le marché de la recherche sur Internet une part ultra-dominante (77 % aux États-Unis et plus de 90 % en Europe), est visé par plusieurs procédures.De l’autre côté de l’Atlantique, un sénateur américain a annoncé vouloir entendre l’agence fédérale américaine chargée de faire respecter le droit de la consommation (FTC) sur l’abandon d’une enquête pour anticoncurrence, qui visait Google en 2012.Lire aussi :Le Sénat américain va enquêter sur GoogleEncadrer les pratiquesEn Europe, Bruxelles serait sur le point de clore son enquête – ouverte il y a cinq ans – sur les pratiques anticoncurrentielles de Google. Et en France, des sénateurs ont déposé, jeudi 2 avril, un amendement au projet de loi Macron car ils estiment urgent de se donner les moyens d’encadrer les pratiques des moteurs de recherche : « Cet objectif passe par la mise en place d’une régulation ex ante [au préalable] », expliquent-ils dans l’exposé des motifs de l’amendement.Lire aussi :Un nouveau front s’ouvre contre Google en FranceNick Leeder, directeur général de Google France, interrogé par Le Monde, a refusé de commenter cette initiative sénatoriale. Le dirigeant insiste sur la place prise par la filiale française du géant américain auprès des entrepreneurs français et des acteurs du web.« Depuis notre installation à Paris en 2004, nos effectifs sont passés d’une petite quinzaine de personnes à 600 salariés dont une centaine d’ingénieurs » précise-t-il. M. Leeder souligne également le rôle joué par Google pour améliorer leur visibilité sur internet.Avec le programme Google pour les pros, lancé il y a trois ans, les équipes de Google ont rencontré 50 000 TPE et PME et la moitié d’entre elles ont désormais une présence en ligne. « D’ici fin 2015, nous voulons rencontrer 200 000 PME » annonce M. Leeder, « ce qui nécessitera l’emploi de 200 coaches, issus notamment des juniors entreprises, des universités et des écoles de commerce ».Le groupe insiste également sur son rôle auprès des associations en indiquant avoir offert, ces deux dernières années, 35 millions d’euros de publicité gratuite via les Google Ad Grants.Aide à l’internationalisationLe dernier axe d’action vanté pas Google est son soutien aux entrepreneurs, et particulièrement aux start-up. Depuis 2011, l’entreprise verse annuellement 1 million d’euros au Numa, emblématique lieu de l’innovation à Paris. Et Google France va lancer une nouvelle initiative, intitulée « Scale-up ».Ce soutien s’adresse aux start-up qui ont déjà réussi une première levée de fonds et a pour objectif de les aider à s’internationaliser, pour faire naître de futurs Blablacar par exemple.D’ores et déjà, dix start-up ont été sélectionnées et sont accompagnées par une équipe de dix personnes au sein de Google France.Lire aussi :Quand Google cherche le prochain GoogleAvec cette campagne, dans un moment difficile en termes d’image pour Google, la filiale française du moteur de recherche entend prouver sa « contribution certaine, incontournable et dans la durée » à l’économie française, affirme Mme Dauba-Pantanacce.Une volonté de clarté qui se heurte encore à une certaine culture de la confidentialité, puisque, aujourd’hui encore, Google France ne fournit pas le montant total de ses investissements en France.Anne EvenoJournaliste au Monde Claire Guélaud L’aide publique au développement (APD), en hausse de 66 % depuis l’an 2000, est restée globalement stable en 2014 dans les 28 pays membres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Elle a atteint 135,2 milliards de dollars (environ 124,1 milliards d’euros), représentant en moyenne 0,29 % de leur revenu national brut, a annoncé, mercredi 8 avril, l’OCDE.Cette stabilité recouvre des situations très différentes, puisque l’aide bilatérale a diminué de 16 % dans les pays les moins avancés, à 25 milliards de dollars (près de 23 milliards d’euros), du fait de moindres annulations de dettes, et de 5 %, à 28 milliards de dollars (environ 26 milliards d’euros), en Afrique.En volume d’aide, la France figure parmi les plus grands pays donateurs aux côtés des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et du Japon. Les crédits de l’APD – 10,7 milliards de dollars en 2014 (près de 9,8 milliards d’euros) – y ont toutefois diminué pour la quatrième année consécutive. Ils représentent 0,36 % de son revenu national brut, loin de l’objectif de 0,70 % fixé par l’ONU et respecté par seulement cinq pays (Danemark, Luxembourg, Norvège, Suède, Royaume-Uni).La France affiche même la cinquième plus forte baisse (- 9,2 %) des 19 pays européens membres du CAD de l’OCDE.Lire aussi :Aide publique au développement, le recul françaisEn 2014, précise l’organisation internationale, l’aide pays programmable (APP), quelle qu’en soit la source (pays membres et non membres du CAD, agences multilatérales), a chuté de 7 % en raison d’une forte baisse des crédits octroyés à l’Afghanistan, au Kenya, au Myanmar et à la Tanzanie.À partir de 2015, toutefois, les montants de l’APP devraient se redresser et bénéficier davantage, conformément aux décisions arrêtées en décembre 2014, aux pays les moins avancés (PMA).Année « cruciale »En France, les organisations non gouvernementales (ONG), regroupées au sein de Coordination Sud, demandent que les pays développés prennent l’engagement de consacrer au moins la moitié de leur APD aux pays les plus pauvres.Elles souhaitent aussi, à l’instar d’Oxfam, maintenir une certaine pression sur le Parlement pour obtenir un redressement de l’APD une fois la reprise économique assurée, comme François Hollande l’avait laissé entendre en 2013.L’année 2015 s’annonce comme une période « cruciale » avec la conférence des Nations Unies à Addis Abeba en juillet sur le financement du développement durable, avec la redéfinition en septembre, lors d’une autre conférence de l’ONU, des objectifs du développement pour l’après-2015 (17 objectifs de développement durable sont en cours de négociations) et enfin avec la COP21 (21e conférence des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) de décembre à Paris sur le réchauffement climatique.Autant d’occasions pour Oxfam et Coordination Sud de réitérer leur volonté de voir la France faire mieux en matière de financement du développement. Lire également : Emmanuel Faber : « Le modèle d'aide publique au développement est à bout de souffle »Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) Les élections législatives porteront aussi sur un ­sujet qui ne figure pas parmi les premières préoccupations des électeurs britanniques : l’appartenance à l’Union européenne, loin derrière la santé, l’emploi et l’immigration dans les sondages.Tandis que le premier ministre conservateur, David Cameron, promet d’organiser un référendum d’ici à 2017 sur une éventuelle sortie de l’UE (le « Brexit », pour British exit), son adversaire travailliste, Ed Miliband, exclut pareille consultation et qualifie de « désastre » une rupture avec l’Europe. En optant pour l’un ou l’autre, les Britanniques vont donc décider, non pas d’un « Brexit », mais de l’éventualité d’un référendum. A l’exception du Labour, tous les partis en lice défendent le principe de la consultation popu­laire, avec des objectifs divergents. Tandis que le UKIP, dont le « Brexit » est la première revendication, milite pour un référendum dès 2016, les lib-dem, les Verts et les nationalistes écossais du SNP, tous pro-européens, estiment que les électeurs doivent être consultés.« Je crois passionnément que quitter l’Europe diminuerait l’influence du Royaume-Uni dans le monde »Chef de file du SNP, Nicola Sturgeon juge le référendum « inévitable ». Elle compte s’appuyer sur un résultat contradictoire en ­Angleterre et en Ecosse pour réclamer un nouveau référendum, cette fois sur l’indépendance de l’Ecosse elle-même. « Quoi qu’en disent les responsables politiques, [les chefs de parti] ont transformé les élections de mai en un vote sur le fait de tenir ou non un... 08.04.2015 à 09h35 • Mis à jour le08.04.2015 à 13h26 Un Syrien vivant en Grande-Bretagne, ancien imam et militant opposé au président Bachar Al-Assad, a été trouvé mort dans le nord-ouest de Londres, tué par balle, rapporte la BBC mercredi 8 avril. Le Guardian rappelle que dans un de ses prêches, en mai 2014, il avait déclarait que le régime était « pire qu'un criminel et moins qu'un animal ». Certains lui reprochent d'avoir parlé devant une assemblée de partisans de la Jamaat-e-Islami, parti islamiste accusé de crime de guerre au Pakistan, et d'avoir été un prêcheur de la mosquée radicale An Noor. « La police a été appelée par les services médicaux d'urgence après qu'un homme, la quarantaine, a été trouvé mort par ce qui semblait être des blessures par balle dans la poitrine », affirme la BBC qui identifie la victime comme « Abdul Hadi Arwani, un ancien imam d'une mosquée de Londres. »La police londonienne n'a pas confirmé l'identité de la victime, mais a expliqué qu'une enquête pour meurtre était en cours après qu'un homme, la quarantaine avancée, avait été trouvé mort dans une voiture mardi à Wembley. « Les enquêteurs pensent connaître l'identité de la personne morte, mais une identification formelle est attendue », affirme la police de Londres dans un communiqué. « Une autopsie sera ordonnée le moment venu », est-il ajouté.Des amis et partisans de l'ancien imam lui ont rendu hommage sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, le militant et ancien prisonnier de Guantanamo Moazzam Begg, a écrit : « Qu'Allah ait pitié de lui. » 21.04.2015 à 01h30 • Mis à jour le21.04.2015 à 12h33 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2nefwi"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2nefwi", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});La « pire hécatombe jamais vue en Méditerranée » semble se confirmer. Le naufrage de dimanche au large des côtes libyennes a fait 800 morts, ont annoncé mardi 21 avril à Catane, en Sicile, des représentants du Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) et de l'Organisation internationale pour les migrations (IOM) après avoir parlé aux survivants. « On peut dire que 800 personnes sont mortes », a déclaré Carlotta Sami, porte-parole du HCR en Italie, avant que le porte-parole de l'OIM, Flavio Di Giacomo, ne vienne confirmer cette estimation.Selon le parquet de Catane, les fausses manœuvres du capitaine et la surcharge du chalutier ont provoqué la naufrage. Le parquet a expliqué que le chalutier avait chaviré après une collision avec le cargo portugais venu le secourir, mais que ce dernier n'était pas responsable du naufrage.Lire notre décryptage : En 2015, un migrant meurt toutes les deux heures en moyenne en Méditerranée Le chalutier a chaviré sous l'effet d'un mouvement de fouleDes représentants du HCR et de l'OIM ont pu interroger la plupart des 27 survivants arrivés dans le port de Catane vers minuit. Ces migrants ont débarqué environ deux heures plus tard du bateau.« Nous avons confronté les témoignages, il y avait un peu plus de 800 personnes à bord, dont des enfants de 10, 12 ans. Il y avait des Syriens, environ 150 Erythréens, des Somaliens... Ils étaient partis samedi à 8 heures de Tripoli », en Libye, a expliqué Mme Sami.« Les survivants viennent du Mali, de Gambie, du Sénégal, de Somalie, d'Erythrée et du Bangladesh », a ajouté M. Di Giacomo, précisant qu'il y avait parmi eux quatre mineurs. Tous ont été conduits dans des centres d'accueil de la région.Selon le récit des survivants, le chalutier qui les transportait a chaviré sous l'effet d'un mouvement de foule alors qu'approchait un cargo portugais appelé à son secours.24 corps repêchésLes garde-côtes italiens ont annoncé avoir repêché 24 corps, débarqués lundi matin à Malte, et n'ont pas confirmé le bilan évoqué par les survivants.La police italienne a annoncé dans la nuit que deux des survivants, un Tunisien et un Syrien soupçonnés d'avoir été le capitaine et un membre d'équipage du chalutier, avaient été arrêtés à bord du bateau des garde-côtes.L'Union européenne a décidé de tenir jeudi un sommet extraordinaire pour répondre en urgence au drame des migrants en Méditerranée, après une série noire de naufrages qui ont fait plus de 1 600 morts ou disparus depuis le début de l'année selon le HCR.Lire : Face aux naufrages en Méditerranée, les Vingt-Huit convoquent un sommet extraordinairelmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2nbdc3"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2nbdc3", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Plus de 1 750 migrants ont péri en Méditerranée depuis le début de l'année, soit plus de 30 fois plus que durant la même période de 2014, a indiqué mardil'Organisation internationale des migrations (OIM). "Avec le dernier décompte, l'OIM a calculé que le nombre de morts depuis le début de l'année 2015 est à présent plus de 30 fois supérieur à ce qu'il était en 2014 à cette même date (...), lorsqu'il y avait juste 56 décès de migrants répertoriés en Méditerranée", a déclaré le porte-parole de l'OIM Joel Millman à la presse à Genève. "L'OIM craint à présent que le total de 3 279 décès de migrants de 2014 soit dépassé cette année d'ici quelques semaines, et puisse atteindre 30 000 à la fin de l'année, si l'on se base sur le bilan actuel", a-t-il ajouté. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Plusieurs sources convergentes assuraient, lundi 20 avril, que la commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, devrait annoncer dès mercredi 22 avril l’envoi d’une notification des griefs au géant énergétique russe Gazprom. Une décision lourde de conséquences d’un point de vue diplomatique. « Toute charge de ce type contre Gazprom serait vue comme des sanctions supplémentaires de l’Union européenne contre la Russie », prévenait lundi 20 avril une source proche du groupe d’Etat russe. Et cela à un moment où Moscou fait mine de vouloir respecter une paix fragile dans l’est de l’Ukraine, conclue sous l’égide de Berlin et de Paris (les accords dits « Minsk 2 »).La Commission européenne n’a pas souhaité confirmer l’information, se contentant de souligner que Mme Vestager, actuellement en tournée aux Etats-Unis, serait de retour à Bruxelles mercredi.« Réveil » de la politique antitrust européenneUne chose est sûre, Mme Vestager, ex-leader du Parti social-libéral danois, arrivée à Bruxelles en novembre 2014, est décidée à « réveiller » la politique antitrust européenne. Mercredi 15 avril, elle a lancé le même type de charge – un acte d’accusation en bonne et due forme – contre l’américain Google.Lire aussi :Bruxelles accuse Google d’abus de position dominanteLa Commission de Bruxelles avait ouvert en septembre 2012 une enquête formelle sur des pratiques supposées anticoncurrentielles de Gazprom, à la suite notamment d’un dépôt de plainte de la Lituanie. Elle avait alors mené des enquêtes dans huit pays européens au total : outre la Lituanie, l’Estonie, la Bulgarie, la République tchèque, la Hongrie, la Lettonie, la Slovaquie et la Pologne. Après des discussions sur un possible accord à l’amiable avec Gazprom, à la fin 2013, Bruxelles avait poursuivi son travail d’enquête au début 2014.A l’automne 2014, la « notification de griefs » était déjà rédigée et Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager, prêt à l’envoyer. Mais il n’avait pas reçu le feu vert du président de la Commission de l’époque, José Manuel Barroso, soucieux de ne pas envenimer des relations très tendues avec la Russie – un deuxième volet de sanctions, économiques, avait été voté par l’Union européenne (UE) durant l’été. « Mme Vestager a reçu, elle, le feu vert de M. Juncker [l’actuel président de la Commission] », croit savoir un proche du dossier. Une information non confirmée, mardi 21 avril au matin.Lire aussi :Margrethe Vestager, la commissaire qui s’attaque à GoogleQuelles charges Bruxelles pourrait-elle retenir contre Gazprom ? Le groupe russe est soupçonné de signer des accords trop contraignants avec ses clients européens, leur interdisant, par exemple, de revendre à des tiers les volumes surnuméraires qu’ils ont achetés auprès du conglomérat russe. On lui reproche aussi d’obliger ses clients à signer des contrats d’une trop longue durée. Ou encore, d’indexer le prix du gaz sur celui, très volatil, du pétrole : les plaignants plaident pour une indexation sur les prix du charbon.Mesures correctivesA compter de l’envoi de la notification de griefs, Gazprom aura environ deux mois pour peaufiner sa défense, puis les audiences contradictoires débuteront. A tout moment, une procédure de conciliation peut intervenir. La compagnie aurait d’ailleurs introduit une demande en ce sens, la semaine dernière. Elle aurait été balayée.Si la Commission n’est pas convaincue par les arguments de l’entreprise, elle peut aller jusqu’à lui imposer des mesures correctives, l’obliger à changer ses pratiques, et (ou) lui infliger une amende allant jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial.Est-ce que parce que la notification risque de faire des vagues, qu’elle a « fuité » deux jours avant sa publication ? Peut-être. Mais Mme Vestager, comme tous les commissaires à la concurrence, n’est pas obligée de passer par le collège de la Commission pour valider sa décision. Pour certains experts des dossiers de concurrence, le timing politique est en tout cas très habile. « C’est le meilleur moyen de prouver qu’elle n’a pas une gestion politique des dossiers. En attaquant le russe Gazprom après l’américain Google, elle prouve que c’est la loi européenne en matière de concurrence, et uniquement elle, qu’elle applique », relève une source diplomatique.« La gestion d‎u temps par Mme Vestager force l’admiration, pour Jacques Lafitte, du cabinet d’avocats Avisa. La commissaire savait qu’elle allait être taxée d’anti-américanisme après son offensive sur Google, du coup elle sort les griefs contre Gazprom une semaine plus tard. L’histoire pourrait retenir avril 2015 comme le mois où les deux cas les plus édifiants de l’histoire de l’antitrust européen ont franchi une étape cruciale. »Reste à savoir quelle sera la réaction du Kremlin à une possible annonce de Bruxelles. Début 2014, le président Vladimir Poutine avait exprimé sa colère en décidant d’abandonner le gazoduc South Stream, destiné à contourner l’Ukraine. La Commission avait évoqué de possibles entorses à la concurrence et le président russe, dénonçant la pression exercée sur la Bulgarie pour qu’elle s’oppose au passage du réseau sur son territoire, avait menacé de réduire les livraisons de gaz aux Européens.Actuellement, Bruxelles poursuit avec Moscou et Kiev de difficiles négociations destinées à sécuriser l’approvisionnement de l’Ukraine et celui de l’Union – dont 15 % du gaz transite par le territoire ukrainien. L’UE achète annuellement 130 milliards de mètres cubes à Gazprom, mais veut réduire sa dépendance avec son projet d’union énergétique. Loin d’être concrétisé, celui-ci ne résoudra pas, à court terme, les problèmes de plusieurs pays de l’Est, qui continuent de dépendre à 80 % du gaz russe, voire de l’Italie ou de la Grèce, qui en dépendent à hauteur de 30 %.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.04.2015 à 18h21 • Mis à jour le21.04.2015 à 09h38 | Camille Bordenet Jusqu'au printemps 2015, le drame de Lampedusa d'octobre 2013 – au cours duquel 366 migrants avaient trouvé la mort –, demeurait la plus grande tragédie migratoire de la Méditerranée de ce début du XXIe siècle.La disparition d'au moins 700 personnes lors du naufrage d'un chalutier, ce week-end, à laquelle s'ajoute celle d'au moins 400 migrants lors d'un autre naufrage le 12 avril, fait craindre une tragédie bien pire encore : « une hécatombe jamais vue en Méditerranée », selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Les chiffres, cinglants, lui donnent raison.Lire : « On ne peut pas faire comme si chaque tragédie allait être la dernière »1 600C'est le nombre de migrants portés disparus en mer Méditerranée depuis le 1er janvier 2015, sur les 35 000 arrivés par bateau dans le sud de l'Europe, selon les estimations du HCR.1600, c'est donc aussi le nombre de morts qui pourrait avoir été atteint en l'espace de seulement quatre mois – déjà 900 morts recensés depuis le début de l'année, auxquels pourraient s'ajouter les quelque 700 disparus du naufrage de ce week-end –, contre à peu près 90 lors de la même période de l'année dernière. Soit environ, depuis le 1er janvier 2015, 400 morts par mois et, en moyenne, un mort toutes les deux heures si ce bilan se confirme.« Si les chiffres sont confirmés, cela porterait à plus de 1 500 le nombre de migrants qui se sont noyés dans les eaux entre la Libye et l'Italie depuis le début de l'année », note, elle aussi, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Un « chiffre par défaut » qui devrait encore s'alourdir en fonction de l'évolution des bilans, pour lesquels les estimations sont très difficiles à établir  – pour l'heure, le bilan officiel du naufrage du 19 avril est de 24 morts et 28 rescapés, selon les gardes-côtes italiens.Au tiers de l'année 2015, c'est donc presque la moitié du nombre de morts recensés sur l'ensemble de l'année 2014 – 3 500 morts sur les 219 000 réfugiés et migrants ayant traversé la Méditerranée, selon le HCR –, qui pourrait avoir été atteinte. En 2014, on parlait déjà d'un nombre record de migrants morts en Méditerranée : c'était alors déjà quatre fois plus qu'en 2013, six fois plus qu'en 2012, et le double de 2011 – l'année des « printemps arabes ». 22 000 C'est le nombre de migrants qui seraient morts en tentant de gagner l'Europe depuis 2000, principalement en traversant la Méditerranée, selon les estimations d'un rapport de l'OIM sur les mouvements de migration dans le monde, soit une moyenne de 1 500 morts par an, comme le note le site d'information Slate.21 191 C'est le nombre de migrants arrivés sur les côtes italiennes depuis le 1er janvier 2015, d'après les estimations de l'OIM au 17 avril – un bilan qui ne prend pas en compte les arrivées qui pourraient faire suite au naufrage du 19 avril.A titre de comparaison, au 30 avril 2014, le nombre total d'arrivées s'élevait à 26 644, d'après les données fournies par le ministère de l'intérieur italien. Quant au nombre d'arrivées sur toute l'année 2014, il est estimé à 170 000. Chaque jour, entre 500 et 1 000 personnes sont récupérées par les garde-côtes italiens ou des navires marchands.150 000 C'est, au moins, le nombre de personnes qu'a permis de secourir l'opération « Mare Nostrum » entre octobre 2013 et octobre 2014, selon la marine italienne, soit plus de 400 personnes par jour en moyenne. L'opération militaro-humanitaire lancée par l'Italie pour surveiller vingt-quatre heures sur vingt-quatre la Méditerranée a aussi permis d'arrêter 351 passeurs.3 millions C'est le budget mensuel, en euros, de l'opération « Triton », lancée le 1er novembre 2014 après la fin de « Mare Nostrum ». La durée de l'opération, qui n'a pas été définie, dépend essentiellement du budget alloué à l'Agence de contrôle des frontières extérieures de l'Europe (Frontex) en 2015 : à hauteur de 114 millions d'euros (soit environ 9,5 millions d'euros par mois, l'équivalent du budget mensuel alloué à la seule opération « Mare Nostrum », de 9 millions d'euros par mois), il demeure modeste. 2 510 000 C'est la superficie en kilomètres carrés de la mer Méditerranée. « Nous ne pouvons pas oublier que la Méditerranée est immense [...], on ne peut pas contrôler et surveiller absolument toutes les zones où l'on peut éventuellement avoir des migrants et tenter d'éviter des tragédies », a déclaré lundi 20 avril le directeur adjoint de Frontex, Gil Arias.Au rang des solutions pour éviter les naufrages de migrants, ce dernier a dit envisager l'ouverture de « nouvelles voies d'immigration légale » pour les personnes fuyant les conflits.5 C'est le nombre d'Etats de l'Union européenne – l'Italie, l'Allemagne, la France, la Suède et le Royaume-Uni –, sur vingt-huit, qui acceptent d'accorder l'asile politique aux migrants.« Cinq sur vingt-huit… Le fardeau doit être mieux réparti. En Italie, nous sommes submergés, et il n'y a même plus de place dans les cimetières de Sicile pour ensevelir les morts », a déclaré au Monde le secrétaire aux affaires européennes, Sandro Gozi.Lire l'analyse (en édition abonnés) : L’Europe démunie face aux naufrages en MéditerranéeCamille BordenetJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Luxembourg, envoyé spécial) Un sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement aura lieu jeudi 23 avril, à Bruxelles, pour étudier une réponse aux drames à répétition qui se sont déroulés ces derniers jours en Méditerranée. Au moment de cette annonce, les ministres des affaires étrangères et de l’intérieur s’étaient réunis en urgence au Luxembourg pour débattre de ces tragédies et des éventuels moyens de les empêcher.Face à une situation qui empire, avec 35 000 personnes qui ont traversé la Méditerranée depuis le début de l’année et au moins 1 600 victimes – selon le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU –, les responsables européens devraient mettre fin à dix ans de tergiversations. C’est un « devoir moral », a déclaré, lundi matin, la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. Elle évoquait la nécessité d’une plus grande présence des Européens en mer ainsi qu’un partage des responsabilités pour l’accueil des migrants et des réfugiés.Lire aussi : En 2015, un migrant meurt toutes les deux heures en moyenne en Méditerranée« Les événements nous ont dépassés »Outre les éventuelles « actions ciblées » contre les trafiquants évoquées par les dirigeants italiens, les Vingt-Huit ont débattu lundi de diverses options. Elles devraient se retrouver, à des degrés divers, dans les conclusions du sommet de Bruxelles, qui ne pourra pas se conclure seulement sur l’affirmation d’un nouvel ensemble de bonnes intentions. Un plan en 10 points anticipe également la « stratégie » que devait présenter, à la mi-mai, la Commission de Bruxelles. « Les événements nous ont dépassés », a avoué le commissaire à l’immigration, Dimitris Avramopoulos.Le renforcement de l’opération « Triton » de surveillance des frontières est à l’ordre du jour, avec un doublement des moyens alloués à l’agence Frontex et une possible extension de sa zone d’intervention.Lire aussi : Qu’est-ce que l’opération « Triton » ?La capture et la destruction des bateaux des trafiquants sont également évoquées, ainsi qu’un projet pilote avec la répartition, entre les Vingt-Huit agissant sur une base volontaire, de 5 000 réfugiés. Les responsables s’engageraient également à « renforcer les mécanismes de demandes d’asile » et à accélérer les renvois des personnes dont les demandes d’asile sont rejetées. Le renforcement de la coopération avec une série de pays, dont la Libye et le Niger, est également mentionné.Une bonne partie de ces idées, avancées antérieurement par la Commission de Bruxelles, avaient reçu jusqu’ici un accueil glacial de la part d’une majorité de pays membres.Jean-Pierre Stroobants (Luxembourg, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 20.04.2015 à 17h06 • Mis à jour le20.04.2015 à 17h15 Les opérations de ramassage des débris de l'Airbus A320 de Germanwings, qui s'est écrasé le 24 mars dans les Alpes-de-Haute-Provence avec cent cinquante personnes à son bord, sont terminées, a annoncé lundi 20 avril de la gendarmerie.Les débris ont été stockés dans un hangar à Seyne, à proximité du lieu du crash, a précisé la même source. Les opérations de dépollution du site doivent à présent débuter.Lire notre reportage (édition abonnés) : Des débris épars sur la montagne couleur de cendreLa compagnie allemande, qui n'a donné aucune prévision du coût de ces opérations, a estimé à environ 4 tonnes le poids du kérosène à bord de l'avion au moment du crash et à 95 litres le volume d'huile et autres lubrifiants. En revanche, l'avion ne transportait pas de fret, et donc aucun autre produit dangereux.« Créer un lieu de mémoire »« Il y a des techniques pour nettoyer la terre, la flore ou l'eau, mais il nous faut des informations pour prendre les bonnes mesures », a expliqué Carsten Hernig, chargé de ces opérations à la Lufthansa, maison mère de Germanwings, le 15 avril lors d'une conférence de presse à Digne-les-Bains.Evoquant l'avenir du site, il a souligné qu'aucune décision n'avait encore été prise : « Notre intérêt commun est de créer un lieu de mémoire et de respect pour les victimes et leurs familles. »lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ks21y"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ks21y", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 20.04.2015 à 14h58 • Mis à jour le20.04.2015 à 16h18 En intervenant pendant près de deux heures dans l’émission « Le Supplément », sur Canal +, dimanche 19 avril, François Hollande voulait défendre ses trois premières années de quinquennat et distiller quelques annonces. Ce faisant, il s’est exposé à de nombreuses critiques venues de la droite et de l’extrême droite. Florilège.Sur la loi renseignementC’est sans doute la principale annonce faite par le chef de l’Etat sur le plateau du « Supplément » : il saisira le Conseil constitutionnel au sujet de la loi sur le renseignement dont l’Assemblée nationale a terminé l’examen le 16 avril, une façon pour le président de reprendre la main sur un texte qui inquiète. Dans un communiqué, François Fillon, candidat à la primaire à droite en 2016, s’est « félicité » d’une telle saisine, car « il est nécessaire, sur une loi aussi sensible sur les libertés individuelles, que puisse s’exprimer le gardien des libertés publiques qu’est le Conseil constitutionnel ».Henri Guaino, député UMP des Yvelines, a au contraire déploré lundi, sur Radio Classique et LCI, le double rôle que se donne l’exécutif sur ce point : « C’est de la petite astuce politicienne, je suis à la fois le rédacteur et le censeur de la loi. C’est incompréhensible. »Lire aussi :Renseignement : « le champ de la loi est beaucoup trop étendu » pour Henri GuainoQuant à la loi renseignement elle-même, l’exposé parfois brouillon du chef de l’Etat a fait dire à Florian Philippot, vice-président du FN, qu’il était en « grande difficulté » sur ce sujet : « C’est le moment de l’émission où était le plus en difficulté car il n’arrive pas à se dépêtrer de cette loi de flicage généralisé qui ne sert à rien, si ce n’est à mettre sous surveillance l’opposition politique et les Français, à restreindre leur vie privée comme jamais, pour en plus aucun résultat en termes de sécurité car rien n’est fait contre la menace djihadiste », a déclaré le député européen lundi sur i-Télé. Sur Twitter, Marion Maréchal-Le Pen a également jugé le président « totalement dépassé » sur la loi renseignement.#Hollande mis en difficulté par des lycéens et totalement dépassé par la loi renseignement. Naufrage présidentiel dans #LeSupplement.— Marion Le Pen (@Marion_M_Le_Pen) 19 Avril 2015 Sur l’économie et l’emploiDe l’UDI au FN, les propos de François Hollande sur l’emploi n’ont pas convaincu. Le chef de l’Etat a proposé que des dispositions de la loi Macron imposent aux conseils de prud’hommes un délai de « trois mois, six mois maximum » pour trancher les contentieux portant sur des licenciements, ainsi qu’un « barème » encadrant les indemnités versées. « Il faut faire en sorte que les CDD deviennent plus rapidement des CDI et que ceux-ci ne soient pas vus comme un risque, que le coût de la rupture soit connu », a-t-il ajouté. Alors, « à quand le contrat unique ? », a demandé sur Twitter Chantal Jouanno, la candidate de l’UDI aux régionales en Ile-de-France.#LeSupplément : le Pdt reconnaît que le coût du travail et le CDI peuvent être freins à l'embauche ....À quand le contrat unique ? @UDI_off— Chantal Jouanno (@Chantal_Jouanno) 19 Avril 2015 Ces propos ont aussi rencontré le scepticisme de Pierre-Yves Bournazel, vice-président délégué du groupe UMP au Conseil de Paris et secrétaire national du parti, qui appelle plutôt à un allégement des contraintes à l’embauche pesant sur les employeurs :Ce n'est pas M. #Hollande qui peut créer des emplois, il doit surtout donner les moyens aux entrepreneurs de pouvoir le faire #LeSupplement— PierreYves Bournazel (@pybournazel) 19 Avril 2015 Sur i-Télé, le frontiste Florian Philippot est pour sa part monté au créneau sur l’annonce de l’extension de la prime d’activité aux moins de 25 ans : « Ce n’est pas ce que j’appelle une annonce forte, il aurait fallu des annonces sur comment on récrée un tissu industriel de PME, de PMI, comment on aide les jeunes entrepreneurs. »L’eurodéputée UMP Nadine Morano a enfin commenté avec amertume la promotion de l’apprentissage par François Hollande, qui a annoncé dimanche des suppressions de charges pour les entreprises qui embauchent des apprentis mineurs, trois ans après qu’il a supprimé le ministère qu’elle occupait dans le gouvernement Fillon.Hollande supprime le ministère de l'apprentissage et maintenant nous fait la promo de l'apprentissage... 3 ans pour rien #supplement— Nadine Morano (@nadine__morano) 19 Avril 2015 Sur la prestation télévisuelleAu-delà des sujets de fond, le chef de l’Etat a fait l’objet d’un flot de critiques plus générales sur sa prestation télévisée. Christian Estrosi, député UMP des Alpes-Maritimes, l’a ainsi jugé « confus » :Une @fhollande confus sur sujets importants, qui esquive questions cruciales ou alors réponds « on verra » pour ses projets #LeSupplement— Christian Estrosi (@cestrosi) 19 Avril 2015 Bruno Le Maire, le député UMP de l’Eure, a confié sur Europe 1, lundi, ne pas avoir « regardé l'émission jusqu'à la fin parce que je l'ai trouvée très longue ». « J'ai vu François Hollande dans son avion, j'ai vu François Hollande dans une réunion, j'ai vu François Hollande à une séance de cinéma. Mais je n'ai jamais vu un président de la République qui décidait, qui proposait une vision pour le pays. François Hollande, c'est l'homme qui subit », a taclé l’ ex-candidat à la présidence de l’UMP.Florian Philippot l’a trouvé « assez soporifique car il n’avait rien à annoncer, ni sur l’emploi, ni sur le pouvoir d’achat, ni sur la sécurité », et a considéré qu’il finirait « par se prendre les pieds dans le tapis de sa communication » après avoir comparé le discours de Marine Le Pen à un « tract du Parti communiste des années 1970 », une phrase qui a scandalisé le PCF.Lire aussi :Roger Martelli : « L’amalgame PCF-FN est une infamie »Pour Isabelle Le Callennec, porte-parole de l’UMP, « au terme de deux heures d’échanges avec François Hollande, il y a fort à parier qu’il n’aura pas convaincu les 80 % de Français mécontents, à tout le moins ceux qui auront fait l’effort de le regarder et l’écouter ». « Le président “Y’a qu’à faut qu’on” aura une nouvelle fois manié la méthode Coué et pratiqué l’esquive avec ce qu’il est de mise d’appeler “humour”, mais qui ne fait plus rire que lui-même ou ses inféodés », a-t-elle écrit dans un communiqué.Le député UMP des Français de l’étranger Thierry Mariani a quant à lui fait part de sa déception après une « émission vide et ennuyeuse à l’image » du chef de l’Etat.#Hollande: 2heures pour justifier 3ans d'échec! Emission ennuyeuse et vide à l'image d'un Pdt qui n'a plus d'idées et qui attend un miracle!— Thierry MARIANI ن (@ThierryMARIANI) 19 Avril 2015 L’UMP avait par ailleurs prévu sa riposte à l’intervention présidentielle, avec le site Internet hollandebilan.fr. Faisant écho au nom de l’émission de Canal +, il dresse la liste des « suppléments » – de chômeurs, d’impôts… – imputables, selon l’UMP, au quinquennat en cours. 20.04.2015 à 13h42 • Mis à jour le20.04.2015 à 18h32 L'essentielDeux bateaux avec 400 à 450 migrants à leur bord ont été signalés en difficulté à une cinquantaine de kilomètres des côtes libyennes lundi. L'Italie et Malte se sont portées à leur secours.L'alerte a été donnée après le chavirage d'un navire qui pourrait avoir fait jusqu'à 700 morts dans la nuit de samedi à dimanche.Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a décidé de convoquer un sommet européen extraordinaire, jeudi 23 avril, à Bruxelles. Après le chavirage d'un chalutier transportant plusieurs centaines de migrants dans la nuit de samedi à dimanche, deux autres bateaux se trouvent, lundi 20 avril, en grande difficulté en Méditerranée. Malte et l'Italie se sont portées au secours de ces embarcations, a annoncé Matteo Renzi, le président du conseil italien.L'un de ces navires est un canot gonflable qui se trouve à une cinquantaine de kilomètres des côtes libyennes avec 100 à 150 personnes à bord. L'autre est une embarcation plus vaste avec environ 300 personnes à bord, a précisé le dirigeant italien.Plus tôt, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) avait déclaré avoir reçu un appel à l'aide d'une personne présente sur un bateau en train de sombrer en Méditerranée avec 300 personnes à bord. Ce témoin a dit à l'OIM qu'au moins 20 personnes étaient déjà mortes.Lire aussi, en édition abonnés : L’Europe démunie face aux naufrages en MéditerranéeL'organisation internationale, basée à Genève, avait précisé que trois bateaux de migrants se trouvaient côte à côte en Méditerranée – dont ceux en difficulté. L'OIM se disait toutefois incapable de déterminer leur position exacte, mais affirmait avoir contacté des gardes-côtes. Selon l'organisation, ces derniers n'auraient cependant « pas les moyens de les secourir maintenant », car ils manquent de ressources en raison du naufrage de dimanche.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2nargu"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2nargu", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});35 000 migrants en 2015L'Union européenne a convoqué en urgence une réunion des ministres de l'intérieur et des affaires étrangères lundi après-midi à Luxembourg. Un sommet européen extraordinaire sur le drame des migrants en Méditerranée a également été programmé jeudi à Bruxelles. Le bilan officiel du naufrage de la nuit de samedi à dimanche au large de la Libye est de 24 morts et 28 rescapés, mais il risque d'être beaucoup plus lourd, des survivants ayant fait état de la présence de quelque 700 personnes à bord du bateau.Joseph Muscat, le premier ministre de Malte, qui s'exprimait lundi au côté de Matteo Renzi, a dit redouter que le bilan du naufrage atteigne 900 morts. Chaque jour, entre 500 et 1 000 personnes sont récupérées par les gardes-côtes italiens ou des navires marchands. Plus de 11 000 l'ont été en une semaine. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, 35 000 migrants sont arrivés par bateau dans le sud de l'Europe depuis le début de l'année, et 1 600 sont portés disparus.Lire aussi (en abonnés) : La Libye, un ancien eldorado transformé en chaoslmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x1trpe6"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x1trpe6", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 17.04.2015 à 16h01 • Mis à jour le17.04.2015 à 16h04 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) Un article, trois démentis. Ugo Magri, journaliste au quotidien La Stampa et berlusconologue informé et ironique, aurait pu se couvrir la tête de cendres en voyant, après la publication, mercredi 15 avril, de son article « Les ennemis de droite de Berlusconi », s’amonceler sur son bureau les réactions outrées de l’ancien président du conseil et de son entourage.En une cinquantaine de lignes précises comme un scalpel, il s’attache à faire revivre l’atmosphère crépusculaire qui règne autour de l’ex-Cavaliere dans sa résidence d’Arcore (Lombardie), les règlements de comptes entre les vieux fidèles et les nouveaux convertis. Extraits : « Berlusconi est une antiquité qui ne fait plus peur à personne », l’accable l’un. « C’est facile d’avoir été à ses côtés quand tout allait bien, quand le soleil resplendissait mais beaucoup moins lorsque tombe le soir », le défend un autre en mettant en avant « sa fidélité humaine et politique » au service du vieux leader de Forza Italia.« Cerveau en compote »Mais c’est à la fin du papier que Magri se fait le plus corrosif. Il raconte comment, un jour que le magnat des médias était assis à sa table de travail, l’un de ses deux chiens – des caniches baptisés Dudu pour le mâle et Dudina pour la femelle – a sauté sur sa table de travail, faisant s’envoler les documents sur lesquels il travaillait : « Je n’en peux plus de ces bestioles !, a explosé Berlusconi. Ce n’est pas vrai que j’aime les animaux. En fait je ne les ai jamais aimés. »« Le président aime toujours ses chiens qui font partie de sa famille »Cette citation, et seulement celle-ci, a déclenché la fureur de Silvio Berlusconi, de sa jeune compagne Francesca Pascale et d’une parlementaire défenseuse de la cause des animaux. Dans un démenti de quelques lignes publiées par la Stampa jeudi, l’ancien premier ministre dénonce « une citation inventée » et s’interroge sur « la déontologie professionnelle des journalistes ». Francesca Pascale assure que « le président aime toujours ses chiens qui font partie de sa famille ». Ce que confirme la parlementaire dans un autre communiqué.Ugo Magri, lui, se marre. Il tient l’anecdote d’une très bonne source. « C’est incroyable, nous raconte-t-il. Berlusconi est muet depuis quinze jours, son parti prend eau de toutes parts, et sa première déclaration officielle est d’assurer Dudu et Dudina de son affection. Quest’uomo é bollito del cervello », conclut-il. Ce qui peut se traduire par : « Cet homme a cerveau en compote. »Une explication peut être : lors de ses multiples entreprises de retour au premier plan depuis qu’il a été chassé du Parlement à la suite de sa condamnation définitive pour fraude fiscale, il avait imaginé séduire de nouveau les Italiens et notamment les plus vieux d’entre eux par un programme aussi inattendu que généreux : gratuité des soins dentaires pour les personnes âgées et des visites vétérinaires pour leurs compagnons à quatre pattes. Son démenti prouve au moins qu’il n’a pas renoncé à ce projet. Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.04.2015 à 10h41 • Mis à jour le17.04.2015 à 17h47 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) Quinze immigrés, dont un mineur de 17 ans à peine débarqués en Sicile, ont été arrêtés, jeudi 16 avril, par les carabiniers et conduits en prison sous l’accusation d’« homicides multiples aggravés par la haine religieuse ». Selon les témoignages des passagers de cette nouvelle odyssée, ces quinze hommes – mais il pourrait y en avoir d’autres – auraient jeté à la mer douze de leurs compagnons d’infortune à la suite d’une dispute survenue à bord. Les agresseurs sont de confession musulmane, originaires du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal ; leurs victimes étaient de foi chrétienne, venues du Ghana et du Niger.Eplorés, les survivants ont raconté aux associations humanitaires et aux enquêteurs la peur et la tension qui régnaient sur un canot pneumatique à moitié dégonflé contenant 105 passagers partis dimanche 16 avril d’une plage de Tripoli. Et chacun de prier son Dieu. « Ici, on n’implore qu’Allah ! », aurait lancé un migrant en français. « J’ai vu de mes yeux neuf Ghanéens et trois Nigériens être jetés à l’eau, raconte ainsi Yeboah. J’ai survécu parce qu’avec mes compagnons, nous nous sommes agrippés les uns aux autres pour résister à nos agresseurs pendant une heure. Puis un navire est arrivé pour nous secourir. »« Je me souviens que les musulmans disaient expressément qu’ils ne toléraient pas la présence de chrétiens nigériens et ghanéens à bord »« Je me souviens, a expliqué Lambert, que les musulmans disaient expressément qu’ils ne toléraient pas la présence de chrétiens nigériens et ghanéens à bord. » L’enquête coordonnée par le parquet de Palerme devra faire la lumière sur cette tragédie inédite dans le canal de Sicile. S’agissant d’homicides commis dans les eaux internationales, le ministre italien de la justice a accordé les autorisations nécessaires.Depuis près de dix jours, les arrivées massives de migrants en provenance de Libye se succèdent sans discontinuer sur toutes les côtes du sud de l’Italie, charriant leur lot de d’histoires misérables. Dimanche, des témoins ont raconté que leur embarcation se serait renversée, entraînant la mort de près de 400 passagers. Lundi, un capitaine de navire de secours racontait comment des passeurs se présentant comme des « gardes-côtes libyens » ont pu récupérer leur embarcation sous la menace d’armes. Les récits des rescapés confinent à l’horreur. Des immigrés racontent les mauvais traitements qu’ils ont subis avant d’embarquer, entassés dans des hangars par les passeurs. Certains disent avoir été portés de force à bord d’un chalutier hors d’âge ou d’un canot pneumatique rapiécé. On apprend qu’une femme est morte en accouchant sur le bateau qui l’avait récupérée. Un miracle, aussi, parfois : une autre a donné naissance à son enfant à peine arrivée sur la terre ferme.Problème européenJeudi 16 avril, autre drame : 41 personnes sont mortes noyées, selon quatre naufragés survivants repérés en pleine mer par hélicoptère et sauvés par un navire de la marine italienne. Venus d’Afrique subsaharienne et partis de la région de Tripoli, leur embarcation a dérivé pendant quatre jours avant de sombrer, ont-ils raconté à l’Organisation internationale pour les migrations. Depuis le 1er janvier, ils seraient désormais plus de 900 à être morts en Méditerranée contre près de 22 000 (dont 10 000 au cours de la dernière semaine) qui sont venus à bout, sains et saufs, de leur traversée.Plusieurs organisations internationales et humanitaires somment l’Union européenne de réagir et d’en faire plus pour éviter de nouveaux drames. Mais celle-ci est impuissante. La situation qui pourrait empirer « dans les prochaines semaines et les prochains mois en raison de l’amélioration des conditions climatiques et de l’instabilité durable dans les pays voisins », a déclaré Natasha Bertaud, porte-parole de la Commission européenne. « La Commission ne peut pas tout faire toute seule, a-t-elle poursuivi. Elle n’a pas la panacée qui permettrait de résoudre tous les problèmes d’un seul coup. Nous n’avons pas les financements ni le soutien politique pour créer un système européen de gardes-frontières. »Paolo Gentiloni, ministre italien des affaires étrangères, a demandé, de son côté, un « renforcement de l’opération “Triton” ». « Le problème est européen, analyse-t-il, mais le remède est italien. La surveillance et les secours en mer pèsent à 90 % sur nous. » L’ONU, elle, reconnaît que l’Italie « porte sur ses épaules un problème énorme pour le compte de l’Union européenne ».lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x1trpe6"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x1trpe6", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) Les absents ont toujours tort. En choisissant de ne pas participer au débat télévisé organisé par la BBC, jeudi 16 avril, le premier ministre britannique pensait faire mentir le dicton. Sur les conseils de Lynton Crosby, le stratège australien de la communication politique qui dirige sa campagne, David Cameron souhaitait se hausser au-dessus de la mêlée, mais aussi mettre en lumière la « coalition du chaos » qui, à gauche, prétend le chasser de Downing Street. A trois semaines des élections législatives du 7 mai, unanimement décrites comme les plus serrées depuis trente ans, David Cameron a fait un choix risqué, en permettant par son absence à son rival du Labour, Ed Miliband, d’apparaître comme premier ministrable, ce dont les électeurs britanniques doutaient fortement jusqu’à présent.« David Cameron, si vous pensez que le sujet de cette élection est la capacité à diriger [ce pays], venez débattre avec moi et laissez le peuple décider ! », a défié le chef des travaillistes, au terme de quatre-vingt-dix minutes d’un débat qui ne réunissait que les chefs des partis d’opposition.Lire aussi :Débat télé au Royaume-Uni : les quatre « petits » candidats qui vont faire l’électionSi les sondages disent vrai, ni les conservateurs ni les travaillistes, au coude-à-coude, ne devraient disposer seuls d’une majorité au Parlement de Westminster. Et même si les tories remportaient légèrement plus de sièges que le Labour, ce dernier a plus de chances de pouvoir gouverner, car il possède davantage d’alliés : précisément, les partis invités au débat de jeudi : les Verts, les nationalistes gallois et surtout le Parti national écossais (SNP).Instabilité potentielleMême si Nigel Farage, le chef de file du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP, xénophobe), était, lui aussi, sur le plateau, l’émission a pris les allures d’une prénégociation publique entre le travailliste Ed Miliband et les autres composantes de la gauche. Un spectacle rare dans ce pays où le centre de gravité de la vie politique se situe nettement plus à droite qu’en France. Alors que le spectacle attendu par le premier ministre était « Ed Miliband seul contre tous », c’est plutôt M. Farage qui est apparu isolé.« Arrêtez de désigner les immigrés comme responsables de tous les maux de ce pays ! », a lancé Nicola Sturgeon, la charismatique chef de file du SNP, lorsque M. Farage a promis d’exclure les étrangers du système de santé gratuit. « Vous exploitez les peurs des gens. Notre diversité est une force », a répliqué de son côté Ed Miliband tandis que Natalie Bennett (Verts) se félicitait aussi de « la contribution qu’apportent les migrants à la Grande-Bretagne ».Lire aussi :Le Royaume-Uni découvre le multipartismeMais le débat a aussi illustré l’instabilité potentielle de l’alliance qui pourrait se nouer à gauche au lendemain du scrutin du 7 mai. Si le Labour, lâché par beaucoup de ses électeurs écossais au profit du SNP, aura impérieusement besoin de ce dernier, il ne peut paraître donner des gages à ce parti dont le premier objectif est l’indépendance, hantise des électeurs anglais (84 % du corps électoral). « Vous voulez démanteler notre pays, ce serait un désastre pour les travailleurs. Je ne ferai pas de coalition avec le SNP », a promis Ed Miliband à l’adresse Mme Sturgeon. Cette dernière, accusée de faire le jeu des conservateurs, a juré ses grands dieux que « jamais elle ne passerait un accord » avec eux.« Vous n’êtes pas assez forts »Mais, pour débaucher les électeurs du Labour, Mme Sturgeon doit se présenter à la fois comme plus à gauche et comme indispensable. Elle a donc promis de peser pour alléger la politique d’austérité « plus juste » défendue par le Labour et pour en faire un parti « plus audacieux ». « La vérité est que vous n’êtes pas assez forts » pour gouverner seuls, a-t-elle insisté tout en faisant assaut de politesse à l’égard de M. Miliband. « Telle est ma proposition à Ed Miliband : s’il est prêt à être meilleur que les tories, alors je suis prête à travailler avec lui. »Lire aussi :L’Ecosse, arbitre des élections britanniquesEn signe de solidarité, elle a qualifié de « honteuse » la récente attaque du ministre de la défense, Michael Fallon, contre M. Miliband, accusé d’être « prêt à poignarder dans le dos le Royaume-Uni [en s’alliant avec le SNP, qui réclame le démantèlement de l’armement nucléaire] pour devenir premier ministre, tout comme il a poignardé son frère pour devenir le chef du Labour [Ed Miliband a battu son frère David en 2010 lors de l’élection interne au Parti travailliste] ».Que pouvait bien faire David Cameron pendant que ses cinq opposants se partageaient l’audience de la BBC ? Sur Twitter, les photomontages ont rivalisé d’humour pour l’imaginer. L’un d’eux figure le premier ministre vautré sur un canapé, regardant la télévision aux côtés de son adjoint libéral-démocrate Nick Clegg, en caleçon et tee-shirt, bras et jambes couverts de tatouages. « Assieds-toi, Nick, ça commence ! », lance M. Cameron. Sur la commode, un portrait de Margaret Thatcher veille sur le couple gouvernemental.Lire aussi :Au Royaume-Uni, Ed Miliband met le cap à gauche contre les « super-riches »Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.04.2015 à 09h08 • Mis à jour le17.04.2015 à 16h01 | Marie Charrel Les chiffres sont impressionnants. Depuis début mars, le rouble a bondi de près de 40 % face au dollar et à l’euro. Vendredi 17 avril, au matin, un dollar valait ainsi 48,89 roubles, après avoir franchi dans la nuit de mercredi le seuil psychologique des 50 roubles, pour la première fois depuis novembre. Au plus fort de la crise de mi-décembre, il avait culminé à 80 roubles.La devise russe a ainsi retrouvé son niveau d’avant son violent effondrement de décembre 2014. Pénalisé par les sanctions occidentales, le pays avait alors plongé en récession, tandis que les Russes étaient durement affectés par l’inflation galopante.Jeudi 16 avril, lors d’une séance de questions-réponses télévisée, Vladimir Poutine a longuement commenté le sujet. Tout en reconnaissant les difficultés traversées par la population russe, il a insisté sur la résistance de l’économie. « Nous avons passé le pic des problèmes », a assuré le président russe, tout en convenant que la levée des sanctions occidentales est peu probable. « La monnaie nationale s’est corrigée et il n’y a pas eu de catastrophe ». La stabilisation des prix du pétrole rassureÀ première vue, le rebondissement du rouble a de quoi dérouter : sur l’année 2014, 150 milliards de dollars de capitaux ont fui le pays, et l’économie russe reste mal en point.Mais la perception des investisseurs, elle, a changé. « Cela tient d’abord aux prix du pétrole, qui se sont stabilisés après la forte baisse enregistrée ces derniers mois : du coup, la visibilité sur l’économie russe est meilleure », explique Frédéric Rollin, chez Pictet & Cie.Le constat vaut également pour l’Ukraine. Même si la situation est loin d’être réglée, les tensions semblent, là aussi, se stabiliser.S’ajoutent à cela les effets des mesures prises par la banque centrale russe : depuis mi 2014, elle est massivement intervenue sur le marché des changes pour soutenir le rouble, et a relevé son taux directeur à plusieurs reprises, jusqu’à 17 %, pour freiner les sorties de capitaux.Il n’y a plus d’urgence à rapatrier les liquidités aux Etats-UnisPlus étonnamment, les orientations de la politique monétaire américaine ont également joué. Lors de sa réunion du 18 mars, la Réserve Fédérale (Fed) a en effet donné le sentiment qu’elle ne relèvera pas ses taux en juin, mais plus probablement en septembre.« Cela a joué en faveur de l’ensemble des pays émergents, y compris de la Russie, car il y a moins d’urgence à rapatrier les liquidités aux États-Unis », explique Guillaume Tresca, économiste spécialiste des pays émergents au Crédit Agricole CIB.Résultat : les investisseurs russes, puis les étrangers qui ont fui la Russie en décembre 2014, commencent à revenir. « Les gros fonds américains s’intéressent de nouveau à Moscou, nous conseillons à nos clients d’y retourner aussi », confie un gérant de fonds parisien.Signe que la méfiance des investisseurs reflue, les taux des obligations souveraines russes ont baissé. Le taux des emprunts à trois mois est ainsi passé de 29,93 % en décembre à moins de 18 % aujourd’hui.Le 16 avril, l’Etat russe a également réussi à emprunter 15 milliards de roubles sur huit ans. Pour ce, il a reçu une demande trois fois plus élevée que le nombre d’obligations disponibles…Mais les perspectives restent sombres pour l’économie russeEst-ce une bonne nouvelle pour l’économie russe ? Oui, du moins pour l’instant. L’appréciation du rouble contribue en effet à réduire l’inflation, qui culminait à 17 % sur un an en février. Un soulagement pour le pouvoir d’achat des Russes, laminé par l’envolée des prix.De fait, la banque centrale russe devrait encore réduire ces prochaines semaines son principal taux directeur, déjà ramené de 17 % à 14 % depuis janvier. M. Tresca estime ainsi qu’il devrait s’établir à 9 % d’ici la fin de l’année. Résultat : les coûts des crédits aux ménages et entreprises baisseront eux aussi.Encore faut-il que le rouble se stabilise. « S’il continue de s’apprécier trop, et surtout trop vite, la banque centrale russe sera vite mal à l’aise », juge M. Tresca. Et l’économie russe pourrait en pâtir, car la chute du rouble avait au moins un avantage : elle avait regonflé la compétitivité à l’export des produits russes non liés aux hydrocarbures.Dans tous les cas, les perspectives restent sombres pour le pays de Vladimir Poutine. Cette année, il devrait enregistrer une récession de 3,8%, selon le Fonds monétaire international. Très dépendante du pétrole, son économie reste peu diversifiée, tandis que le milieu des affaires est gangrené par la corruption.Lire aussi :Avec la crise, les Russes consomment autrementMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sandrine Morel (Madrid, correspondance) L’ex-président de la banque Bankia (de 2010 à 2012) et ex-directeur général du Fonds monétaire international (FMI), entre 2004 et 2007, pilier du Parti populaire (PP) au pouvoir, Rodrigo Rato, a été arrêté pour être entendu par la police espagnole, jeudi 16 avril, après plus de trois heures de perquisition à son domicile madrilène. Il a été relâché dans la nuit. Le parquet le soupçonne notamment de fraude fiscale et de blanchiment de capitaux.Deux jours plus tôt, la presse espagnole avait révélé qu’il avait eu recours à la loi d’amnistie fiscale, approuvée en 2012 par le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy, pour régulariser la fortune qu’il détenait de manière irrégulière à l’étranger.L’amnistie fiscale avait permis à 31 000 personnes de rapatrier 40 milliards d’euros en ne payant que 3 % de taxe. Le gouvernement du Parti populaire (PP, droite) avait récolté 1,2 milliard grâce à cette mesure, l’une des plus polémiques du mandat de M. Rajoy, considérée comme un cadeau aux fraudeurs par l’opposition.Or, non seulement M. Rato, ancien ministre de l’économie et des finances (1996-2004) sous les gouvernements de José Maria Aznar (PP) a saisi l’occasion offerte par l’actuel ministre des finances, Cristobal Montoro, qui fut son secrétaire d’Etat à l’économie, de rapatrier sa fortune, mais, il fait en outre partie des 705 contribuables qui sont soupçonnés d’avoir profité de cette amnistie pour blanchir des fonds. Ils sont visés par une enquête du Service exécutif de prévention du blanchiment de capitaux (Sepblac).Plusieurs affairesM. Rato, qui défendait auparavant la lutte contre la fraude fiscale, se trouve au centre de plusieurs enquêtes judiciaires. Ancien président de Bankia, avant que l’Etat ne doive injecter 24 milliards d’euros dans cette banque pour la sauver de la faillite, en 2012, il fut l’instigateur de son entrée en bourse, en 2011.Entachée d’irrégularités présumées, celle-ci fait l’objet d’une enquête afin de déterminer si les responsables de Bankia ont maquillé les comptes de l’établissement. M. Rato est inculpé pour « escroquerie » et « faux et usage de faux ».M. Rato est aussi au centre de l’affaire des cartes de crédits « black ». Ces cartes bancaires de complaisance permettaient aux conseillers de Bankia de sortir des fonds sans aucun contrôle de Bankia. Pour avoir « consenti, favorisé et accepter » l’usage de ces cartes, M. Rato est mis en examen pour « détournement de fonds et délit sociétaire. »Lire aussi :La bataille des actionnaires floués de BankiaLa justice s’intéresse également aux 6,2 millions d’euros que lui a versés la banque d’investissement Lazard en 2011, alors qu’il en était conseiller trois ans plus tôt.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.04.2015 à 17h17 • Mis à jour le17.04.2015 à 12h42 | Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ks21y"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ks21y", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Vendredi 17 avril, le président allemand, Joachim Gauck, et la chancelière, Angela Merkel, ont rendu hommage, devant 1 400 personnes, aux victimes de l’Airbus de Germanwings, qui s’est écrasé dans les Alpes le 24 mars avec 150 personnes à bord à la suite de l’acte volontaire du copilote Andreas Lubitz. Si la cérémonie organisée dans la cathédrale de Cologne devait être œcuménique et consensuelle, une question divise le pays : faut-il remettre partiellement en cause le secret médical ?L’enquête a en effet révélé qu’Andreas Lubitz avait été gravement dépressif, qu’il consultait médecins et psychothérapeutes, et qu’il était en arrêt maladie sans en avoir informé son employeur – probablement par peur de perdre sa ­licence de vol. D’où la réforme du texte qui encadre le secret médical que réclament certains députés. « Les pilotes doivent aller voir des médecins qui dépendent de leur employeur, et ces médecins doivent être délivrés du ­secret médical vis-à-vis de l’employeur comme de l’administration de l’aviation civile », affirme le conservateur Dirk Fischer. « Quand la vie d’autrui est menacée, le médecin est obligé d’informer l’employeur de l’incapacité de travail d’un collaborateur. Cela vaut particulièrement en cas de maladie psychique et d’un possible risque de suicide », renchérit le social-démocrate Karl Lauterbach, par ailleurs médecin. Dans ce pays où les débats sur la protection des données personnelles passionnent l’opinion, le sujet est explosif. Juridiquement contestableTrès rapidement, les représentants des pilotes, et plus encore les syndicats de médecins, se sont opposés à la levée – même partielle – du secret médical. « Une atteinte grave au droit fondamental des patients », juge Frank-Ulrich Mont­gomery, président de la chambre fédérale des médecins. Certains remarquent d’ailleurs que cette confidentialité ne ­s’arrête pas avec le décès du patient, et que les perquisitions menées chez les médecins qui ont suivi Andreas Lubitz sont juridiquement contestables. Pour d’autres, le remède pourrait être pire que le mal. « Le nombre annuel de suicides en Allemagne est passé de 18 000 à 10 000 en trente ans, précise Ulrich Hegerl, ­directeur de la clinique universitaire de Leipzig spécialisée en psychiatrie et psychothérapie, dans l’hebdomadaire DerSpiegel du 4 avril. La raison principale est sans doute que des personnes souffrant de maladies psychiques, notamment de dépressions, demandent à être aidées, et que ces maladies sont aujourd’hui mieux connues et mieux traitées. De nouvelles lois, des tests psychologiques plus fréquents, des interdictions professionnelles, tout ce dont on discute renforcerait à ­nouveau la stigmatisation. A la fin, nous déplorerions encore plus de morts. »D’ailleurs, le lien entre la dépression d’Andreas Lubitz et son acte fatal est-il seulement certain ? Les personnes qui souffrent de dépression commettent « nettement moins de délits que la moyenne de la population », tempère, dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung du 13 avril, le psychiatre Rainer M. Holm-Hadulla, pour qui le pilote souffrait surtout de troubles narcissiques de la personnalité. Ce que la catastrophe du vol 4U9525 montre surtout, c’est que le cerveau demeure un mystère, et que les spécialistes doivent rester ­modestes. « Le problème, ce n’est pas le secret médical, c’est la connaissance du danger pour autrui. Et, pour cela, il n’y a pas de méthode fiable », reconnaît Rainer ­Richter, président de la chambre fédérale des psychothérapeutes.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Clément Melki Les catastrophes se suivent dans l’indifférence quasi générale : 400 personnes seraient mortes dimanche 12 avril sur les quelque 550 que transportait une embarcation de fortune partie des côtes libyennes. Ce nouveau naufrage en Méditerranée, sur l’une des routes les plus meurtrières du monde, illustre la situation alarmante des migrants installés en Libye, et, plus encore, de ceux qui ne font que transiter par ce pays en plein chaos.Lire aussi :Nouveau naufrage mortel en Méditerranée Un nombre compliqué à estimerLe nombre de migrants en Libye est très difficile à estimer, les ONG et les ambassades ayant quasiment toutes déserté le pays en raison des affrontements entre les différentes factions qui luttent pour le pouvoir depuis la chute Mouammar Kadhafi, en 2011. En août 2014, l’UNHCR (Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés) dénombrait 37 000 personnes enregistrées à Tripoli et Benghazi, se disant « gravement préoccupé » pour leur sécurité. « Ce ne sont pas des données structurelles, les chiffres varient beaucoup avec les mouvements migratoires », explique Delphine Perrin, juriste et chercheuse à l’université d’Aix-Marseille, qui rappelle qu’« avant d’être un pays de transit, la Libye est d’abord un pays d’arrivée. Il y a toujours eu des étrangers qui se rendent sur place pour travailler ».Des déplacements inscrits dans l’histoireS’ils ont été accentués par le conflit libyen et les révolutions arabes, les mouvements migratoires sont profondément ancrés dans l’histoire du pays. En raison de son positionnement géographique, la Libye a vu les populations nomades sahariennes transiter sur son territoire depuis des siècles. À la fin des années 1990, Mouammar Kadhafi avait de surcroît encouragé les migrations de travailleurs vers la Libye, attirés par ses ressources, notamment pétrolières. Le guide de la révolution libyenne avait alors « mis en place une stratégie d’ouverture des portes qui s’inscrivait dans un projet panafricain, afin de gagner du crédit auprès des leaders de la région », explique Ferruccio Pastore, directeur du FIERI (Forum for International and European Research on Immigration). Cette orientation politique a provoqué un afflux massif de migrants, en provenance de l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, du Nigeria, du Mali, du Sénégal, dont la situation s’est détériorée, surtout à partir des années 2000. L’impact de la guerreLa guerre civile qui a suivi la chute du régime de Kadhafi en octobre 2011 a encore aggravé la situation des migrants, désormais confrontés aux affrontements entre deux gouvernements rivaux et à la relative fermeture des pays européens. À ce chaos s’ajoute la menace de l’organisation Etat islamique, désireuse de consolider sa présence dans la région. Dans ce contexte, marqué par l’absence de tout cadre juridique ou humanitaire, les migrants sont devenus la proie des milices locales. « Tout le monde est autorisé à faire ce qu’il veut des immigrés. Cela donne lieu à une exploitation brutale, marquée par une multiplication des kidnappings », résume Ferruccio Pastore.Venus essentiellement de la corne de l’Afrique (Somalie, Ethiopie, Erythrée), les migrants sont le plus souvent exploités dans des conditions de vie dégradantes, dénoncées par la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) : arrestations arbitraires, violences physiques et psychologiques, travail forcé… Les Africains subsahariens doivent faire face au racisme d’une partie de la population, d’autant plus fort qu’ils sont associés au souvenir de la politique migratoire de Kadhafi. Et les passeurs se montrent de plus en plus violents pour optimiser leurs bénéfices.Lire aussi :Naufrage en Méditerranée : des passeurs de plus en plus violents Vers l’Europe…Pour échapper aux affrontements entre milices armées, les migrants de passage en Libye sont de plus en plus tentés de traverser la Méditerranée. Une très large partie d’entre eux quitte les côtes libyennes pour rejoindre l’Italie : selon le HCR, plus de 110 000 personnes seraient arrivées de cette manière sur les côtes italiennes en 2014, dont la moitié originaire de Syrie et d’Erythrée. « Depuis le 1er janvier, 29 000 personnes ont déjà emprunté cette route », indique Ewa Moncure, une des portes-parole de Frontex, l’agence européenne chargée de la surveillance des frontières, qui craint de voir augmenter encore ces fluxs cet été, à la faveur d’une météo plus clémente.Cet afflux massif a pris de cours les Européens, notamment les dirigeants italiens, qui ont demandé à leurs partenaires du continent de prendre en charge une partie des réfugiés, ou de cofinancer leur accueil. Face à l’afflux, le gouvernement de Matteo Renzi a décidé à l’automne 2014 de renoncer à l’opération Mare Nostrum, menée par la marine italienne afin d’éviter le naufrage des convois de migrants. Lancées après le drame de Lampedusa en octobre 2013 qui avait fait 366 morts, ces interventions auraient permis de sauver quelque 100 000 personnes, selon l’ONG Human Rights Watch. Elles ont été remplacées par Triton, une opération de surveillance des frontières maritimes et non plus de sauvetage, placée sous l’égide de Frontex.Lire aussi :L’UE impuissante face aux drames de l’immigration… et l’Afrique du NordOutre l’Europe, de plus en plus de migrants en provenance de Libye se rendent en Tunisie pays avec lequel la Libye partage une frontière de 460 km. Depuis 2011, près de 2 millions d’entre eux y ont trouvé refuge. Un afflux qui risque de fragiliser un Etat lui-même engagé dans une délicate transition démocratique, et qui n’arrive plus à faire face à cette arrivée massive, en particulier au niveau sanitaire. D’autres choisissent de transiter par la Tunisie pour rejoindre ensuite l’Europe.Lire aussi :Passeurs et mafieuxClément MelkiJournaliste au Monde 16.04.2015 à 14h07 • Mis à jour le16.04.2015 à 17h43 Oles Bouzina, un journaliste ukrainien connu pour les positions prorusses, a été tué par balle, jeudi 16 avril à Kiev, devant chez lui. C'est le deuxième meurtre d'une personnalité prorusse dans la capitale ukrainienne en vingt-quatre heures, après l'assassinat, mercredi, du député Oleg Kalachnikov dans des circonstances similaires.« Il est évident que ces deux crimes sont du même genre. Leur nature et sens politique sont clairs − c'est une provocation délibérée qui apporte de l'eau au moulin de nos ennemis, déstabilise la situation en Ukraine », a déclaré le président ukrainien, Petro Porochenko, en appelant à une enquête « transparente ». Le président russe Vladimir Poutine a, lui, très vite dénoncé « un assassinat politique, le dernier en date en Ukraine » en accusant Kiev de ne rien faire pour élucider ces meurtres. « Un seul et unique peuple »Fils d'un lieutenant-colonel du KGB, Oles Bouzina écrivait sur son propre site que Russes, Ukrainiens et Bélarusses sont « un seul et unique peuple » et accusait les Ukrainiens de « vouloir détruire la culture russe ». Il se disait partisan de la « fédéralisation » de l'Ukraine prônée par la Russie et fondateur d'une communauté de « Chevtchenko-phobes », qui disaient détester le poète et héros national de l'Ukraine, Taras Chevtchenko.Le journaliste animait également une émission de télévision et commentait souvent la crise ukrainienne. Oles Bouzina était rédacteur en chef du quotidien Segodnia, poste qu'il avait récemment quitté en dénonçant la « censure ». Ce journal est financé par l'homme le plus riche du pays, Rinat Akhmetov, qui fut également le principal sponsor du Parti des régions, ex-formation du président prorusse Viktor Ianoukovitch destitué en février 2014.Mort de plusieurs personnalités pro-russesL'ancien député Oleg Kalachnikov, 52 ans, était connu pour avoir œuvré à la mobilisation de « gros bras », soupçonnés d'être payés par les autorités pour participer à des manifestations pro-Ianoukovitch et persécuter les militants pro-européens pendant le mouvement de contestation pro-européen sur le Maïdan à Kiev fin 2013-début 2014.La mort de M. Kalachnikov faisait suite à celle d'Olexandre Peklouchenko, un ex-gouverneur et membre du Parti des régions, qui se serait suicidé à la mi-mars dans sa maison dans le sud de l'Ukraine.Peu avant, Stanislav Melnik, un autre ex-député du Parti des régions, avait été retrouvé mort dans sa maison dans la région de Kiev à la suite d'un apparent suicide. A la fin de février, c'est Mikhaïlo Tchetchetov, également un ancien haut responsable parlementaire du Parti des régions, qui s'était défenestré du 17e étage d'un immeuble à Kiev.Lire : En Ukraine, une trêve de plus en plus fragile 16.04.2015 à 09h23 • Mis à jour le16.04.2015 à 16h53 | Jean-Michel Bezat Patrick Pouyanné, directeur général de Total, a annoncé, jeudi 16 avril, au cours d’un comité central d’entreprise extraordinaire, une importante restructuration de l’activité de raffinage du groupe en France, qui subit depuis des années une forte baisse de ses marges. Ces mesures s’accompagneront d’un investissement de 600 millions d’euros dans ses deux raffineries déficitaires de La Mède (Bouches-du-Rhône) et de Donges (Loire-Atlantique). Les trois autres sites français ne sont pas concernés : Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime), Feyzin (Rhône) et Grandpuits (Seine-et-Marne).Total poursuit ainsi la politique inaugurée en 2010 avec la fermeture de la raffinerie des Flandres, à Dunkerque (Nord). « Le plan apporte des solutions durables et vient redonner un futur à ces deux sites industriels, a souligné M. Pouyanné. Total conduira cette transformation sans aucun licenciement ni mobilité géographique contrainte pour les salariés non cadres. »Le groupe arrêtera toute son activité de raffinage de pétrole brut à La Mède d’ici à la fin de 2016, un site qui perd environ 150 millions d’euros par an depuis 2011. Il a décidé d’y investir 200 millions d’euros pour créer « la première bioraffinerie de France » et « l’une des plus grandes d’Europe » afin de répondre à une demande croissante, tout en maintenant certaines activités de raffinage « rentables ».Total y développera aussi une plate-forme logistique (négoce de produits raffinés) et implantera une ferme solaire photovoltaïque d’une capacité de 8 mégawatts (MW) pour fournir 50 % des besoins du site. Elle sera équipée des panneaux produits par sa filiale américaine, SunPower.Ces choix permettront le maintien de 250 des 430 emplois du site, la réduction des effectifs se faisant par des départs anticipés à la retraite, la mobilité pour les non-cadres et des mutations pour les cadres. La CGT de la raffinerie de La Mède juge « inacceptables » les suppressions de poste annoncées jeudi par le groupe et a commencé une grève sur le site, bloquant la sortie de la production. Une assemblée générale sera organisée par le syndicat vendredi.En milieu de journée, un représentant du syndicat, Julien Granato, a indiqué qu'il y avait « 80 % de grévistes sur l'ensemble des personnels qui opèrent sur la raffinerie », soulignant que « la production [n'était] pas livrée mais [était] stockée ».Lire aussi :« A La Mède, il y a Total et rien d’autre »Engagement à ne pas licencierPar ailleurs, Total investira 400 millions d’euros à Donges — moins déficitaire que La Mède — pour en moderniser les installations. La raffinerie produira des carburants moins soufrés et conformes aux nouvelles normes européennes, alors qu’elle est actuellement contrainte d’en exporter une part importante, sa production ne répondant plus à ces normes très contraignantes, ce qui pénalise son équilibre économique.Mais ce site est classé « Seveso seuil haut », et il est traversé par la ligne de chemin de fer reliant Nantes au Croisic. Total demande donc à l’Etat, aux collectivités locales et à la SNCF de la détourner, et s’est engagé à financer un tiers des travaux dans le cadre d’une infrastructure publique.Ce partage de l’effort est prévu dans les plans de prévention des risques technologiques, rappelle-t-on chez Total, où l’on espère conclure un accord avant la fin de l’année.La restructuration de l’outil de raffinage de Total se fera donc sans fermeture de site ni licenciement parmi les 3 900 salariés travaillant dans les cinq raffineries françaises de la compagnie. Christophe de Margerie, PDG de Total, s’y était engagé avant sa mort accidentelle, en octobre 2014. Un engagement repris par M. Pouyanné dès sa nomination, qui répète que Total doit être « responsable » sur le plan économique et « exemplaire » sur le plan social. La fédération chimie-énergie de la CFDT a accueilli « favorablement » un projet de reconversion industrielle qu’elle juge « durable », tout en prévenant qu’« elle ne cautionnera[it] aucune perte d’emplois ».Surcapacités en EuropeLa restructuration commencée en France il y a plus de vingt ans s’est accélérée ces cinq dernières années, avec quatre fermetures successives : la raffinerie de Dunkerque, (Nord) exploitée par Total, en 2010 ; celles de Reichstett (Bas-Rhin) en 2011 et de Petit-Couronne (Seine-Maritime) en 2012, opérées par le suisse Petroplus ; et celle de Berre (Bouches-du-Rhône), mise sous cocon par l’américain Lyondellbasell.La Mède, qui a perdu 150 millions d’euros par an depuis 2011, sera la cinquième, même si elle n’est pas totalement fermée mais reconvertie dans la production de biocarburants, avec moins d’emplois. Les syndicats s’inquiètent des conditions de reclassement d’une partie de ses 430 employés.En France, les raffineries produisent trop d’essence et pas assez de gazole, alors que ce dernier bénéficie d’une fiscalité avantageuse et représente plus de 80 % des volumes écoulés dans les stations-service.Lire aussi :Total veut s’adapter à la baisse du prix du pétroleMais le mal est européen. De nombreuses raffineries du Vieux Continent sont moins compétitives que leurs concurrentes américaines, moyen-orientales et asiatiques. Le secteur souffre depuis plusieurs années de surcapacités dans une région du monde où la consommation de carburant stagne sous le double effet de la crise économique et de véhicules moins gourmands en essence et en gazole.Le taux d’utilisation des raffineries y est tombé de 89 % en 2005 à 79 % en 2013, indique l’Union française des industries pétrolières. Son président, Francis Duseux, estime qu’« on devrait avoir une restructuration d’environ 25 % voire 30 % du raffinage à l’horizon 2035-2040 ». Ce qui annonce la fermeture de 20 à 30 raffineries sur les 79 actuellement en activité dans l’Union européenne.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.04.2015 à 15h57 • Mis à jour le15.04.2015 à 16h21 | Claire Guélaud Les risques financiers se sont accrus depuis le mois d’octobre 2014 et ils se sont déplacés vers des parties du système financier où ils sont plus difficiles à évaluer et à aborder, estime le Fonds monétaire international (FMI) dans son nouveau rapport sur la stabilité financière, rendu public mercredi 15 avril.« La croissance et des politiques monétaires divergentes ont accru les tensions sur les marchés financiers et sont à l’origine de mouvements de change et de taux d’intérêt rapides et volatiles », a résumé, mercredi 15 avril, José Viñals, directeur du département monétaire et des marchés de capitaux du Fonds et conseiller financier de Christine Lagarde, la directrice générale.Soulignant que « cette situation n’est qu’en partie le fruit d’un héritage du passé », il a souligné que les risques « ont migré des banques vers le secteur non bancaire (gestion d’actifs et shadow banking –  « la banque de l’ombre ») » et « des économies avancées vers les émergentes. »Lire aussi : La BCE s'inquiète de l'hypercroissance de la finance parallèle  Discrétion sur les risques potentiels liés aux politiques monétaires À propos des politiques monétaires, et même s’il est un partisan résolu de politiques non conventionnelles, comme les rachats massifs d’actifs (Quantitative easing) pour soutenir la croissance, auxquels procède par exemple actuellement la Banque centrale européenne (BCE), le FMI, probablement peu désireux de jouer les pompiers pyromanes, ne s’attarde pas sur les risques de bulles qui peuvent aller de pair avec de tels dispositifs.Tout juste M. Viñals observe-t-il que la prise de risques financiers et la quête du rendement « continuent de pousser la valorisation de certains actifs ». Lire aussi :Le « bazooka » de Mario Draghi n’est pas sans risqueEn revanche, qualifiant de « courageuses », les politiques monétaires non conventionnelles mises en place par la Banque centrale centrale (BCE) ou la Banque du Japon, le conseiller financier de la directrice générale du FMI insiste sur la nécessité d’amplifier l’impact de ces politiques en les complétant par d’autres mesures.« Dans la zone euro, a insisté M. Viñals, il est nécessaire de s’attaquer aux créances douteuses pour dégager les circuits du crédit. Pourquoi est-ce si important ? Parce que des banques chargées de créances douteuses prêtent moins, or ces créances douteuses représentent plus de 900 milliards d’euros dans la zone euro. »Le Fonds estime que sans mesures correctrices, la capacité de prêt des banques pourrait se limiter à un faible niveau de 1 % à 3 % par an. Au Japon, ajoute-t-il, le succès des Abenomics passe par la mise en place non seulement de politiques monétaires des plus accommodantes mais aussi par la mise en place des réformes budgétaires et structurelles (participation accrue des femmes au marché du travail etc.).Mise en garde sur les effets des taux d’intérêt très basLe FMI estime par ailleurs qu’il convient de limiter les excès financiers et les effets négatifs d’une période prolongée de bas taux d’intérêt.Dans la zone euro, où près d’un tiers des obligations souveraines à court et long terme présentent des rendements négatifs, la persistance de faible taux d’intérêts mettrait ainsi en danger un grand nombre d’établissements financiers, et notamment 24 % des assureurs-vie européens de taille moyenne.Or le secteur compte un portefeuille de 4 400 milliards d’euros d’actifs dans l’Union européenne et il est de plus en plus connecté avec l’ensemble du système financier. D’où un risque évident de contagion.Identification d’un « risque évident » avec le relèvement des taux américainsTout en saluant la politique suivie par la présidente de la Réserve fédérale américaine (Fed), Janet Yellen, le Fonds n’en signale pas moins le « risque évident » lié au relèvement annoncé des taux d’intérêt aux États-Unis.Deux scénarios lui semblent envisageables : « une sortie graduelle bien annoncée », ou, « en dépit de signaux clairs, un parcours accidenté », susceptible de conduire à une volatilité nettement plus forte.Aux États-Unis et dans d’autres pays, où le système non bancaire joue un rôle important, le Fonds recommande de maîtriser les risques d’illiquidité en renforçant les structures des marchés.Il faut, ajoute-t-il, améliorer la supervision du secteur de la gestion d’actifs qui porte sur 76 000 milliards de dollars (une année de PIB mondial et 40 % des actifs financiers mondiaux).Appel à mieux encadrer le secteur non bancaireDu côté des pays émergents, éprouvés par les brusques variations des cours des matières premières et de leurs taux de change, l’urgence est de renforcer la surveillance des secteurs vulnérables.Il s’agit, par exemple, de réduire la partie la plus risquée du shadow banking chinois, de ralentir la progression du crédit en Chine et d’y assurer une restructuration en bon ordre de la dette des entreprises. Mais aussi, plus généralement, de suivre de près et régulièrement le levier financier des entreprises et leurs engagements en devises.Le FMI juge « impératif de mettre rapidement en place une réglementation qui permette de transformer le secteur bancaire parallèle en pourvoyeur stable de financement par le biais des marchés ». Il recommande de « renforcer les politiques microprudentielles et macroprudentielles applicables aux établissements non bancaires » et de renforcer, autant qu’il est possible, la liquidité du marché après la crise financière de 2008 marquée par plusieurs épisodes d’illiquidité et des risques de contagion plus élevés. Rapport sur la stabilité financière mondiale, publié le15 avril 2015Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Après une trêve liée aux mauvaises conditions climatiques hivernales, les arrivées de migrants par la mer ont repris en force en Grèce ces dernières semaines. Depuis le début de l’année, 10 507 personnes ont été officiellement recensées par les garde-côtes. « Nous avons de notre coté comptabilisé 12 642 arrivées par la mer », précise une source au ministère chargé de l’immigration. Quel que soit le chiffre réel, il est en tout cas en forte hausse par rapport à 2014 puisque sur l’ensemble de l’année dernière 43 518 migrants étaient arrivés par la mer. « Si l’on continue au rythme actuel nous dépasserons les 100 000 d’ici à décembre, ce qui nous ramènera aux niveaux des années 2010-2011 », affirme un responsable de la police portuaire.Lire aussi :Nouveau naufrage mortel en MéditerranéeDe tels mouvements, en regard des centaines de milliers de réfugiés qu’accueillent le Liban, et la Turquie peuvent paraître modestes mais la Grèce est bel et bien débordée car elle ne possède aucune structure d’accueil. « Il y a une véritable situation d’urgence, confirme Ketty Kehayoglou, du Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR), il faut absolument et vite, héberger ces milliers d’arrivants le temps de leur identification et les protéger à la fois des éléments mais aussi des trafiquants et des passeurs. »Pour trouver une parade, le premier ministre, Alexis Tsipras, qui promet dans ce domaine aussi d’être en rupture avec son prédécesseur conservateur, a donc réuni à deux reprises cette semaine les ministres, sous-ministres et responsables policiers chargés du dossier. Sans tarder, le gouvernement a ordonné la réquisition de centres désaffectés de l’armée ou de bâtiments publics. « Nous avons déjà mis en place un centre d’accueil des mineurs à Athènes et ouvert des lieux d’accueil temporaire dans les îles de Kos et de Léros », indique notre source ministérielle sans pour autant en préciser le nombre de places. Selon elle, « il n’existait jusqu’à notre arrivée que 4 500 places en centre de rétention, de véritables prisons que nous avons décidé de transformer en centre ouvert. Il n’y a qu’un seul centre d’accueil d’une capacité de 200 places à Evros et environ 1 000 places dans des centres sociaux ».Conditions très duresLe gouvernement grec a aussi demandé via le HCR la relocalisation de réfugiés syriens dans d’autres pays européens et réclame à la Commission européenne des fonds pour mettre en place un navire qui serait chargé de transporter les migrants depuis les îles jusqu’aux centres d’accueil sur le continent grec. « Notre objectif est de soulager les îles le plus rapidement possible. Elles ne sont pas du tout équipées pour faire face à de tels flux alors que la saison touristique, dont elles dépendent largement économiquement, commence », ajoute-t-on au gouvernement.Sur le continent justement, et surtout à Athènes, l’inquiétude est elle aussi montée d’un cran. Lors d’un entretien la semaine dernière au quotidien conservateur Kathimerini, le maire de la capitale, Georges Kaminis, a déclaré qu’il ne serait pas possible à la municipalité de « revenir au passé ». C’est-à-dire aux années 2008-­2011 qui ont vu les places des quartiers populaires d’Athènes occupées par des familles de migrants faute d’hébergements disponibles. La solution du gouvernement conservateur d’alors avait été de créer des centres de rétentions aux conditions très dures ou d’enfermer dans les commissariats les sans-papiers arrêtés dans la rue dans le cadre d’une vaste opération policière de contrôle d’identité. Appelée Xenos Zeus, celle-ci avait duré jusqu’à l’arrivée de la gauche radicale au pouvoir.« Solutions inhumaines »« Nous ne pouvons pas revenir à ces solutions inhumaines mais nous devons absolument avoir l’aide de l’Europe pour gérer dans le respect des droits de l’homme cette situation qui nous dépasse largement. Le conflit syrien n’est pas le fait de la Grèce ! La solidarité est urgente », conclut-on au gouvernement. « Près de 90 % des arrivants sont des réfugiés politiques potentiels, explique Ketty Kehayoglou. Et 60 % au moins sont des Syriens. Le problème dépasse largement la Grèce car nous observons une hausse des réfugiés syriens partout. » Plus d’1,7 million de Syriens seraient aujourd’hui exilés en Turquie. Près d’1,2 million au Liban. Dépassés par ce flux sans cesse grandissant, ces pays n’arrivent plus à faire face. « Les espoirs de retour se sont réduits à mesure que dure la guerre et désormais ces réfugiés recherchent à l’ouest une solution permanente pour survivre », ajoute Mme Kehayoglou.Pour le porte-parole du parti d’opposition Nouvelle Démocratie, Kostas Karagounis, l’arrivée massive de ces dernières semaines serait liée avant tout à la politique migratoire trop généreuse du nouveau gouvernement. « Ils ont ouvert les centres de rétention et rempli les rues d’Athènes de clandestins. Ils ont ouvert les frontières et rempli les îles d’immigrés en pleine période touristique », a-t-il déclaré. Une nouvelle réunion d’urgence sur ce dossier redevenu brûlant devait avoir lieu mercredi 15 avril sous l’égide du premier ministre Alexis Tsipras.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.04.2015 à 12h16 • Mis à jour le15.04.2015 à 14h46 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Elle était déjà considérée comme l’une des personnalités les plus fortes et intéressantes du collège de la Commission européenne. Avec sa décision, mercredi 15 avril, d’accuser Google de violation de la loi antitrust européenne avec son moteur de recherche, la commissaire Margrethe Vestager entre vraiment dans la cour des « grands » de Bruxelles.La Danoise de 47 ans, qui a pris son poste début novembre 2014, avait la lourde responsabilité de boucler – si possible – le plus vite possible l’enquête contre le groupe américain. Une enquête extrêmement sensible, politiquement et économiquement, mais qui n’en finissait plus, puisqu’elle a été lancée par la Commission européenne il y a près de cinq ans, en novembre 2010.Et surtout, on attendait de la commissaire qu’elle reparte sur des bases moins controversées, alors que la stratégie de son prédécesseur, l’Espagnol Joaquin Almunia, avait suscité beaucoup de critiques en Europe. De la part des plaignants, bien sûr, mais aussi des politiques, notamment français et allemands. M. Almunia s’était vu reprocher d’avoir cherché, en vain, à trois reprises, un compromis avec le groupe américain, sans jamais aller jusqu’à l’acte d’accusation.« Souci du consommateur »Margrethe Vestager, ex-leader du parti social libéral à Copenhague, qui aurait servi de modèle à la série danoise à succès Borgen, a donc choisi la manière forte contre Google. Sans pour autant « jeter à la poubelle » tout le travail d’enquête mené par la puissante Direction générale de la concurrence (la « DG Comp ») de la Commission, entre 2009 et 2O14.Mais, dès décembre 2014, un mois après son arrivée à Bruxelles, elle a pris soin de rencontrer les plaignants (ils sont environ une trentaine à avoir déposé plainte contre Google). « Elle a pris le temps, et elle l’a fait avant de voir Eric Schmidt [le président exécutif de Google], ce qui a été apprécié », souligne l’un des plaignants souhaitant conserver l’anonymat.Tous ceux qui, à Bruxelles, ont eu récemment à faire avec elle soulignent son pragmatisme, son écoute, « son souci constant du consommateur », souligne une source européenne, et sa maîtrise rapide des dossiers.Discrète dans les médias, elle a su néanmoins s’imposer au sein du collège des commissaires présidé par Jean-Claude Juncker. Avec cinq ou six autres personnalités (Frans Timmermans, Günther Oettinger, Andrus Ansip, Pierre Moscovici, Cecilia Malmström, Federica Mogherini), elle fait partie des poids lourds de l’exécutif européen.Enquêtes sur les accords fiscauxDifficile de faire sans elle, par exemple, pour définir la future stratégie concernant le « marché unique digital » promise par la Commission Juncker. Preuve de sa détermination à investir le secteur du numérique, elle a aussi décidé de lancer une enquête formelle sur des possibles violations de la loi antitrust concernant Android, le système d’exploitation mobile ultra-dominant de Google.Et Mme Vestager a validé récemment la création d’un « desk » e-commerce, une équipe dédiée au sein de la DG Comp, pour enquêter, pour l’instant de manière informelle, sur les barrières au commerce en ligne au sein de l’Union européenne. Notamment sur le fait qu’il est parfois difficile, voire impossible, d’acheter sur un site en ligne si l’on ne se trouve pas dans le même pays à ce moment-là (le « geoblocking »), selon une source européenne.Entre autres dossiers brûlants, Mme Vestager doit aussi boucler les enquêtes, ouvertes en 2014, sur de possibles aides d’État illégales concernant Starbucks aux Pays-Bas, Amazon et Fiat au Luxembourg et Apple en Irlande. Une décision devrait tomber avant cet été.Lire aussi :Bruxelles veut mieux détecter les pratiques fiscales abusivesLà, il s’agit de savoir si les « rulings » (les accords fiscaux préalables) consentis à ces sociétés par ces États sont conformes ou non à la loi européenne en matière concurrentielle. Là aussi, la commissaire est attendue au tournant.Si elle décide d’accuser le Luxembourg, la polémique « Luxleaks » risque de repartir. D’autant plus que M. Juncker a été premier ministre du Grand-Duché pendant plus de quinze ans…Lire aussi :LuxLeaks : M. Juncker de nouveau accuséCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Hélène Bekmezian A l’automne 2014, Transparency International avait déjà épinglé la France pour sa mauvaise conduite en matière de lobbying, en lui accordant une note de 2,7 sur 10. Dans son nouveau rapport, publié mercredi 15 avril, l’organisation non gouvernementale de lutte contre la corruption s’attaque cette fois à l’Europe et dresse un bilan qui n’est guère plus glorieux dans 19 pays du continent.Selon ses critères, les résultats des enquêtes menées concomitamment par ses différentes antennes nationales sont « préoccupants et indiquent que les efforts entrepris à ce jour manquent de cohérence et d’efficacité ». Financé par la Commission européenne, le projet s’est aussi interessé aux institutions européennes, qui ne sont pas plus en avance. Partout, « les risques d’influence excessive restent élevés et se soldent ponctuellement par de graves conséquences pour l’économie, l’environnement, la cohésion sociale, la sécurité publique et les droits de l’homme », estime Transparency pour qui « les pratiques de lobbying inéquitables et opaques constituent l’un des principaux risques de corruption pesant sur l’Europe ».Meilleure note pour la SlovénieDans l’examen en 100 critères soumis par l’organisation, les dix-neufs pays examinés obtiennent une note moyenne de 31 sur 100, soit à peine mieux que la France, qui se classe treizième du classement – loin derrière le Royaume-Uni mais devant l’Allemagne. Avec la meilleure note (55/100), la Slovénie arrive en tête grâce à une loi adoptée en 2010 mais que Transparency ne juge pas encore satisfaisante en pratique. Chypre et la Hongrie finissent derniers avec 14 sur 100 et ni les pays nordiques ni la Grèce n’ont participé à l’enquête. Les institutions européennes obtiennent à elles seules une note un peu plus honorable de 36 sur 100, mais au prix de grosses différences entre la Commission, numéro 2 avec 53/100, le Parlement (37/100) et le Conseil, antépénultième avec 19/100.Pour attribuer ces notes, l’organisation a posé trois jalons, loin d’être atteint par les pays examinés : la transparence des interactions entre les acteurs (traçabilité), l’existence de règles d’éthiques claires et contraignantes (intégrité) et l’ouverture de la décision publique au plus grand nombre (équité d’accès).Concernant la traçabilité, Transparency milite pour une transparence totale des processus de décision et pour la mise en place d’une « empreinte législative » pour savoir quelles actions ont influé sur le processus de prise de décision. Cela passerait entre autres par la publication de la liste des représentants d’intérêts rencontrés par les décideurs, de l’agenda des rencontres voire du compte-rendu des réunions, autant de contraintes qui hérissent encore les responsables publics.Risques de conflits d’intérêtsMême quand l’accès à l’information est en théorie garantie, « des obstacles pratiques s’opposent aux demandes d’information des citoyens, des médias ou d’autres groupes d’intérêts », affirme l’ONG qui note à 26/100 la traçabilité des décisions publiques en Europe. Les registres mis en place dans certaines institutions pour contrôler les allées et venues des lobbyistes ne suffisent pas pour contrôler tous les lieux et acteurs.Pour leur intégrité, les 19 pays observés reçoivent une note de 33 sur 100 due à l’absence de « règles éthiques claires et efficaces ». Les codes de conduite, quand ils existent, « sont souvent lacunaires et ne fournissent pas de recommandations suffisantes », sans compter qu’ils ne protègent en rien contre le « pantouflage », soit le passage des responsables entre secteur public et secteur privé. Ni la France ni l’Espagne ni le Portugal n’interdisent l’exercice d’activités de conseil ou de lobbying pendant un mandat de parlementaire, rappelle Transparency qui souligne les risques de conflits d’intérêts sur le processus de prise de décision. Pour y remédier, elle préconise l’instauration d’un délai de carence minimum entre la fin d’une fonction ou d’un mandat public et l’exercice d’une activité de lobbying susceptible de créer des conflits d’intérêts.« Accès privilégié à la décision publique »Enfin, l’équité d’accès à la décision publique n’est pas non plus garantie, selon l’ONG qui attribue là aussi une note de 33 sur 100 aux pays européens, avec ce commentaire : « La participation du public n’est pas garantie correctement et certains groupes jouissent d’un accès privilégié à la décision publique ». « Des processus de consultations existent mais ils ne sont pas toujours équilibrés, explique Myriam Savy, responsable du plaidoyer en France. Lors des consultations publiques, il n’y a par exemple aucune garantie sur le fait que les contributions seront bien prises en compte. »A l’heure où la défiance des peuples envers leurs élus est de plus en plus grande, l’opacité demeure alors qu’il faudrait au contraire « permettre aux citoyens de mieux comprendre les décision pour mieux les accepter et avoir confiance dans le processus législatif », poursuit-elle. Dans l’ensemble, même si elle s’efforce de pointer quelques progrès, en France ou à la Commission européenne, force est de constater que le chemin est encore long.Hélène BekmezianJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Pour Google, c’est un coup dur. Après près de cinq ans d’enquête sur un éventuel abus de position dominante, la Commission européenne a finalement décidé, mercredi 15 avril, d’envoyer au groupe Internet américain ce que l’on appelle dans le jargon bruxellois une « communication de griefs », c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme. Est tout particulièrement visé le service « Google shopping » et le fait que Google privilégie systématiquement ce service par rapport aux autres services/comparateurs de prix en ligne« Je crains que l'entreprise n'ait injustement avantagé son propre service de comparaison de prix, en violation des règles de l'Union européenne en matière d'ententes et d'abus de position dominante », a déclaré, mercredi à mi-journée, la commissaire européenne en charge de la concurrence, la Danoise Margrete Vestager.La Commission craint que les utilisateurs de Google « ne voient pas nécessairement les résultats les plus pertinents en réponse à leurs requêtes ».La direction de Google a déclaré qu’elle a « hâte de discuter avec la Commission européenne ».Si cette décision ne préjuge pas d’une sanction ultérieure contre Google, c’est la première fois dans son histoire que le groupe américain est reconnu coupable d’avoir enfreint la loi antitrust. De quoi écorner un peu l’image de ce géant, fondé en 1998, dont la domination, sur la recherche en ligne, le mobile, le traitement des données personnelles de manière générale inquiète de plus en plus, surtout en Europe.Aux Etats-Unis, la Federal Trade Commission (FTC), responsable des questions de concurrence et de protection du consommateur, avait finalement blanchi Google d’abus de position dominante, en 2013.Lire aussi :Le Sénat américain va enquêter sur GooglePar ailleurs, Bruxelles a aussi annoncé, mercredi, avoir décidé de lancer une enquête formelle sur d’éventuelles infractions à la loi antitrust concernant Android, le système d’exploitation du groupe américain. Une enquête informelle était en cours depuis des dépôts de plainte, en 2013.Deux mois pour se défendreLa trentaine de plaignants (dont Microsoft) qui accusent la multinationale de mettre davantage en avant ses services que les leurs dans les résultats de recherche des internautes sur son moteur et réclamaient depuis longtemps la « manière forte » contre Google se réjouit, logiquement, de cette décision.« Cette notification des griefs représente un pas significatif pour faire stopper les pratiques anticoncurrentielles de Google, qui ont nui à l’innovation et au choix des consommateurs », avaient d’ailleurs réagi, par avance, mardi 14 avril, une des associations de plaignants, FairSearch Europe, dans l’attente de la confirmation de la décision de Bruxelles.A dater de l’envoi de cette notification, Google dispose de deux mois (pouvant être prolongés d’un mois) pour préparer sa défense. Puis pourrait suivre une audition organisée par la Commission. Cette dernière ne rendra sa décision qu’à l’issue de ces étapes, c’est-à-dire au plus tôt fin 2015.Un accord négocié n’est pas à exclureLe géant de l’Internet risque une amende pouvant aller jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial (soit plus de 6 milliards d’euros). Mais ce ne serait pas le pire pour un groupe aussi riche (66 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2014, soit 62 milliards d’euros, pour 14 milliards de dollars de profits).La Commission pourrait surtout lui imposer des actions « correctives » de nature à transformer son modèle économique. « Peut-être une séparation radicale, dans le résultat des recherches, entre les liens sponsorisés et les autres résultats de recherche », suggère un bon connaisseur bruxellois du dossier.Bruxelles ira-t-elle jusqu’à recommander un démantèlement du géant américain, comme l’ont demandé les eurodéputés, qui ont voté, symboliquement, en novembre 2014, en faveur d’une scission entre le moteur de recherche et les autres services commerciaux du groupe ? C’est très peu probable, estime une source proche du dossier.Mais il n’est pas non plus exclu que, malgré l’envoi de la notification de griefs, Google et la Commission parviennent quand même à un accord négocié, dans les mois qui viennent, sans sanction ni imposition d’actions correctives, Google s’engageant à prendre des mesures de son propre chef. Le groupe américain étant très soucieux de préserver sa réputation en Europe, cette voie est tout à fait possible.Lire aussi :Un nouveau front s’ouvre contre Google en FranceDavid Wood, l’avocat d’Icomp, un syndicat de sociétés Web regroupant des plaignants contre Google (dont la britannique Foundem et Microsoft), reconnaît que cette option est plausible. Mais, estime-t-il, « le fait d’envoyer une notification de griefs à Google donne quand même à la Commission une bien meilleure position de négociation pour parvenir à un accord sur des mesures correctives ».Rupture dans l’approche européenneLa décision prise par Mme Vestager et les services de la puissante « direction générale à la concurrence » de la Commission européenne marque une rupture complète avec la politique suivie ces quatre dernières années par Bruxelles vis-à-vis de Google.Depuis l’ouverture formelle de l’enquête, en novembre 2010, à la suite de trois plaintes initiales de petites sociétés (l’allemande Ciao, la britannique Foundem et la française Ejustice.fr), Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager, n’a jamais voulu en arriver à un acte d’accusation et a cherché, par trois fois, la voie de la conciliation.Mais il a fini par renoncer à cette stratégie, sous la pression des plaignants, de quelques politiques (notamment le ministre de l’économie allemand Sigmar Gabriel et son homologue français Arnaud Montebourg, montés en première ligne mi-2014) et d’autres commissaires au sein de la précédente Commission Manuel Barroso (dont l’allemand Gunther Oettinger, actuel commissaire chargé du numérique, très remonté alors contre Google).Tous estimaient que les améliorations proposées par le géant de l’Internet à la Commission ne corrigeraient qu’à la marge, voire, au contraire, aggraveraient la situation dominante de son moteur sur le Web. Aujourd’hui, en Europe, plus de 80 % des recherches en ligne sont toujours effectuées en utilisant Google.Lire aussi :Opération séduction de Google FranceLa décision de Bruxelles concernant Google est sans précédent, depuis les jugements européens concernant Microsoft, au début des années 2000, qui a dû au total verser plus de 2 milliards d’euros d’amendes. Cela va donner de l’eau au moulin de ceux qui disent que l’Europe « en veut » à Google et plus généralement au high-tech américain.L’acte d’accusation de la Commission s’ajoute en effet à une série, ces dernières années, de réactions des Européens contre de nouveaux « modèles économiques » : interdiction d’Uber dans certains pays, instauration de taxes « anti-Google » en Allemagne et en Espagne, enquêtes européennes sur des aides d’Etat illégales qui auraient bénéficié à Apple (en Irlande) ou à Facebook (au Luxembourg)…Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.04.2015 à 22h58 • Mis à jour le15.04.2015 à 10h33 | Maryline Baumard C’est un drame de l’ampleur de la tragédie de Lampedusa d’octobre 2013 qui se serait produit ce week-end au large de Reggio Calabria, à la pointe sud de la botte italienne. Quelque 400 migrants auraient disparu dans le naufrage d’une embarcation de fortune, dimanche 12 avril, aux dires des 150 survivants, débarqués mardi matin en Italie et interrogés par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’ONG Save the Children. « Selon les témoignages recueillis ces dernières heures parmi les 150 survivants débarqués à Reggio Calabria, il y aurait environ 400 victimes dans ce naufrage qui intervenu vingt-quatre heures après le départ des côtes libyennes », a annoncé Save the Children dans un communiqué.Sur l’échelle de l’horreur, cet accident se situerait donc au-dessus des 366 noyés de Lampedusa, qui était à ce jour la plus grande tragédie de la Méditerranée en ce début de XXIe siècle.Lire : Lampedusa, seule au mondeDepuis ce week-end, et l’amélioration des conditions météorologiques, les passages entre la Libye ou la Tunisie et les côtes italiennes se multiplient. Le week-end a été très chargé, puisque les gardes-côtes italiens auraient porté secours à 42 bateaux chargés au total de plus de 6 500 migrants dimanche et lundi. Lundi, ils annonçaient avoir sauvé 144 personnes et récupéré neuf corps après le naufrage de l’une des embarcations. Les informations sont encore insuffisantes pour comprendre si ces neuf corps sont une partie des 400 noyés ou sont issus d’un autre accident.« Nous sommes encore en train d’enquêter pour comprendre la dynamique du naufrage » qui a touché l’embarcation chargée de plus de 500 Africains, dont beaucoup de garçons mineurs, a expliqué à l’AFP Flavio Di Giacomo, le porte-parole de l’OIM. Les premiers éléments laissent penser que le bateau a chaviré sous l’effet du mouvement des passagers lorsqu’ils ont aperçu les secours. Ils étaient confinés depuis plus de vingt heures dans cette embarcation de fortune, et les conditions dans lesquelles ils ont pris la mer ne sont pas encore connues. Lors d’autres passages, certains Africains relatent en effet avoir passé du temps en captivité, peu nourris, avant d’être jetés dans les canots. Tirs de trafiquantsParallèlement à ce drame, deux navires engagés dans l’opération européenne « Triton » en Méditerranée, opération de surveillance des frontières de l’espace Schengen, ont essuyé les tirs de trafiquants décidés à récupérer une barque après un sauvetage. L’information a été annoncée mardi en soirée par Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières. Le navire des gardes-côtes islandais Tyr était en train d’aider un remorqueur italien après avoir secouru 250 migrants à environ 60 milles nautiques des côtes libyennes quand un hors-bord s’est approché.« Les passeurs ont tiré plusieurs coups de feu en l’air pour récupérer l’embarcation en bois à bord de laquelle se trouvaient les migrants », explique Frontex dans un communiqué. Ils sont repartis avec leur barque vide. En février déjà, des passeurs armés de kalachnikovs avaient obligé des gardes-côtes italiens à leur rendre un bateau. « Cela signifie que les trafiquants en Libye commencent à être à court d’embarcations et qu’ils sont davantage disposés à utiliser des armes pour récupérer celles ayant déjà servi », estime Fabrice Leggeri, le directeur de Frontex. Cette violence n’augure rien de bon pour les prochains mois.Si le naufrage de ce week-end se confirme, ce sont 900 personnes qui auront péri sur cette route la plus meurtrière du monde en deux mois et demi, selon les comptages de l’OIM. A la même époque en 2014, 47 migrants y avaient perdu la vie. La fin de l’opération « Mare Nostrum » – un vaste programme de sauvetage pris en charge par les Italiens – et son remplacement par une patrouille de surveillance européenne des frontières, qui n’a pas mission première de sauver mais de surveiller, expliquent en partie cette hécatombe.Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sandrine Morel (Madrid, correspondance) La polémique suscitée par le projet de loi de l’ancien ministre de la justice Alberto Ruiz-Gallardon, qui prévoyait de revenir sur le droit à l’interruption volontaire de grossesse, a provoqué son retrait pur et simple en septembre dernier. Pas assez de consensus, avait expliqué le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, qui au passage s’était défait dudit ministre.Mais à la veille des élections locales et régionales du 24 mai et des législatives de l’automne, le Parti populaire (PP, droite, au pouvoir), qui dispose de la majorité absolue, a décidé de ressortir de ses tiroirs le projet de réforme de la loi d’avortement approuvée en 2010 par le précédent gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero. Une réforme light, pour contenter en partie l’aile conservatrice du PP sans provoquer de grandes manifestations, et pour tenir sa parole vis-à-vis des électeurs. Ces derniers avaient pu lire en 2011 dans le programme électoral qui a porté M. Rajoy au pouvoir son engagement à « changer le modèle de l’actuelle régulation sur l’avortement pour renforcer la protection du droit à la vie ».Présente dans le projet de loi déposé mardi 14 avril, cette formulation pour le moins ambiguë se résumera, dans les faits, à obliger les mineures de plus de 16 ans à obtenir, pour avorter, le consentement de leurs parents. La loi de M. Zapatero prévoyait au contraire que les « parents devaient être informés (…) à moins que cela suppose un conflit grave », et précisait que « pour les femmes de 16 et 17 ans, le consentement pour avorter leur appartient exclusivement ».« Calcul électoral »Dans les rangs du PP, certains trouvent que cette réforme n’est pas suffisante et l’ont fait savoir. Trois députés et cinq sénateurs ont ainsi distribué une lettre au reste des députés pour expliquer leur refus de soutenir une loi qui entérinera le droit à avorter librement durant les quatorze premières semaines de grossesse. Face à ce malaise, le PP entend ajouter des amendements dialectiques pour que personne ne puisse considérer qu’il existe « un droit à l’avortement » mais qu’il ne s’agit que d’une possibilité…Pour le Parti socialiste ouvrier espagnol, cette nouvelle volonté de réformer la loi sur l’avortement est un « calcul électoral » qui va affecter seulement « 0,4 % des avortements » mais des cas « extrêmement graves ».Lire aussi :En Espagne, la droite en pleine crise de douteLa Fédération de la planification familiale espagnole (FPFE) s’est elle-même inquiétée dans un communiqué de ce retour en arrière, qu’elle qualifie de « menace pour la santé des jeunes, qui peuvent se voir amenées à la pratique d’avortements clandestins et dangereux ». Et de signaler que « cette modification de la loi affecte un groupe particulièrement vulnérable, celui des mineures ayant de graves problèmes familiaux ».Selon la FPFE en 2014, sur les quelque 108 000 avortements pratiqués en 2014, moins de 4 000 l’ont été sur des mineures de plus de 16 ans, et moins de 500 n’avaient pas le consentement de leurs parents.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Benoît Vitkine Le cessez-le-feu fragile qui prévalait dans l’est de l’Ukraine depuis le 12 février est-il en train de voler en éclats ? A l’issue d’une réunion « très longue, très intense et très conflictuelle », lundi 13 avril à Berlin, les ministres des affaires étrangères des quatre Etats signataires (Allemagne, France, Russie et Ukraine) des accords de paix négociés à Minsk il y a deux mois entre Kiev et les séparatistes du Donbass n’ont pas éludé cette possibilité, faisant part de leur « vive inquiétude » quant aux violations répétées de la trêve.Celle-ci n’a jamais suffi à faire cesser totalement les combats, mais ces derniers jours ont vu une très forte recrudescence des combats en plusieurs points de la région. Lors de la seule journée de dimanche, les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont enregistré 1 166 explosions, provoquées principalement par des tirs d’artillerie et de mortier. Un soldat ukrainien aurait été tué et six autres blessés, selon les bilans fournis par Kiev, tandis que les autorités séparatistes faisaient état de la mort d’un « journaliste local », qui n’a pu être confirmée, et de quatre civils blessés dans les zones sous leur contrôle.Exécutions sommaires de prisonniersNon seulement le cessez-le-feu n’est pas respecté autour de plusieurs points chauds, notamment les abords du port de Marioupol que les rebelles convoitent, mais encore les armes lourdes n’ont pas été retirées du front, contrairement à ce que prévoyaient les accords de Minsk. Les quatre ministres appellent à rendre ce retrait effectif et ils l’élargissent aux armes d’un calibre inférieur à 100 mm, qui n’étaient pas concernées par l’accord précédent. Ils plaident aussi pour la constitution rapide des « groupes de travail » censés lancer le processus de discussions politiques.Les inquiétudes vont au-delà des seules violations du cessez-le-feu. Kiev et l’OTAN assurent que Moscou continue à alimenter massivement en hommes et en matériel la machine de guerre séparatiste. Nombre d’experts craignent une reprise rapide des hostilités à grande échelle. Le conflit, qui a débuté il y a exactement un an, a fait plus de 6 000 morts, selon les bilans les plus optimistes. Le niveau de confiance déjà faible entre les deux camps a été encore amoindri par les accusations d’Amnesty International faisant état d’exécutions sommaires de prisonniers ukrainiens par les rebelles.« La question n’est pas celle du passage des armes par la frontière russo-ukrainienne, commente une source diplomatique française. S’il y avait 5 000 chars dans le Donbass mais une volonté de paix, ça irait quand même. » Selon cette source, « on a pour le moment intérêt des deux côtés à ce que la situation reste stable ». Malgré cela, « personne ne fait le moindre effort », assure-t-elle, citant l’exemple des échanges de prisonniers prévus eux aussi par Minsk. « Chacun fait du formalisme sur des points mineurs au lieu de montrer des signes de confiance. »Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Charrel Applaudi par les uns, critiqué par les autres. S’il est difficile de faire consensus en matière de politique monétaire, Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), en sait quelque chose. Son institution, qui se réunit mercredi 15 avril, a lancé le 9 mars une politique de rachats massifs de dette publique (60 milliards d’euros par mois), dans l’espoir de relancer l’économie de la zone euro.Certains économistes, notamment en France, estiment que ce programme d’assouplissement quantitatif (quantitative easing, en anglais, ou QE), tombe à point nommé. D’autres, en particulier en Allemagne, jugent à l’inverse qu’il représente un risque considérable pour la stabilité financière. Le 26 mars, le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, a indiqué que l’environnement de taux très bas instauré par la BCE « provoque d’énormes problèmes en Allemagne », tels que des « risques de bulles » sur certains actifs, comme l’immobilier. Cette inquiétude est partagée par la Bundesbank. Ou encore par la Banque des règlements internationaux (BRI), qui tire régulièrement la sonnette d’alarme en la matière.« La BCE a cassé le baromètre du risque »En faisant tourner la planche à billets, la BCE sème-t-elle vraiment les graines de la prochaine crise financière, comme l’assurent ses détracteurs ? Ou bien les effets positifs de son arme de relance monétaire massive, parfois surnommée « bazooka », l’emporteront-ils ? « C’est la question à 1 milliard d’euros », résume Bruno Colmant, économiste à l’université catholique de Louvain. « En vérité, personne n’est capable d’y répondre, car jamais les banques centrales ne sont allées aussi loin dans les politiques monétaires non conventionnelles », ajoute Eric Bourguignon, spécialiste du sujet chez Swiss Life AM.De fait, le QE n’a pas seulement provoqué la dépréciation de l’euro, dopant ainsi les exportations européennes. En rachetant massivement des obligations souveraines, la BCE a aussi poussé les investisseurs à se tourner vers des actifs plus rentables, et donc plus risqués et plus favorables au financement de l’économie, comme les actions ou les obligations d’entreprises. Au premier trimestre, le CAC 40 a ainsi grimpé de 20 %. « C’était précisément l’effet recherché », rappelle Grégory Claeys, économiste au think tank bruxellois Bruegel. « Peut-être, mais ce faisant, la BCE a cassé le baromètre du risque et fabriqué une machine à bulles », juge de son côté M. Bourguignon.Autre effet du QE : la baisse des taux. Depuis que les marchés ont commencé à anticiper sa mise en place, les taux d’emprunt des Etats de la zone euro – sauf ceux de la Grèce – ont spectaculairement chuté. Certains sont même tombés en territoire négatif. Sur le marché secondaire, où s’échangent les obligations déjà émises, les taux allemands à cinq ans sont passés de 0,27 % en septembre 2014 à – 0,13 % aujourd’hui, et les taux espagnols à dix ans, de 2,3 % à 1,25 %.De quoi assurer des coûts de financement très bas aux Etats du sud de l’union monétaire. Et les aider à régler plus vite leurs problèmes de dette publique. « A condition qu’ils n’en profitent pas pour relâcher leurs efforts », nuance tout de même M. Colmant.Menace déflationnisteMais la baisse des taux fait aussi des perdants. A savoir les banques et les assureurs, qui investissent une grande partie de leurs fonds sur les obligations d’Etat. La baisse des rendements de ces dernières rogne mécaniquement leurs marges. Au point que leur solvabilité soit menacée, comme l’agitent les assureurs allemands ? « Les craintes sont légitimes, mais quand même pas : d’autres produits financiers leur permettent de compenser », estime M. Claeys.Selon lui, comme pour la majorité des économistes, ces risques pèsent en vérité peu de chose face à l’impact positif du QE attendu sur l’économie. « Si la BCE ne s’était pas décidée à agir, la menace déflationniste aurait été bien plus dure à contrer », explique Christophe Boucher, économiste à l’université de Lorraine.De plus, l’action de la BCE a déclenché une baisse de plus de 20 % de l’euro face au dollar, grâce à laquelle la zone euro gagnera au moins un demi-point de croissance en 2015. « Si l’on ajoute à cela le coup de pouce de la baisse des prix du pétrole à la consommation, tout est en place pour que la zone euro sorte enfin de l’ornière », espère Julien Pinter, de BSI Economics, un think tank de jeunes économistes.Dans ce scénario idéal, il sera toujours temps, une fois la croissance revenue, de s’attaquer aux risques pour la stabilité financière. « Mais la politique monétaire ne sera pas forcément le moyen idéal pour traiter ce problème », prévient Ben Bernanke, l’ancien patron de la Réserve fédérale américaine, sur son blog.Comme lui, nombre d’économistes soulignent que l’on en attend parfois trop des banques centrales. Pour limiter l’emballement des prix d’un actif financier, mieux vaut utiliser des outils plus fins et ciblés (on les qualifie de « macroprudentiels ») que les armes monétaires. Comme l’instauration de limites à l’endettement immobilier des ménages dans les pays où l’envolée des prix des logements laisse craindre la formation une bulle.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.04.2015 à 18h21 • Mis à jour le13.04.2015 à 20h01 | Leila Marchand Le pape François a prononcé publiquement, le 12 avril, le terme de « génocide » pour qualifier les massacres des Arméniens, une première pour le Vatican. Ces massacres, considérés comme l'un des tout premiers génocides du XXe siècle, ont eu lieu entre 1915 et 1923.Cent ans après, le bilan des victimes et des déportations reste un sujet controversé : les Arméniens estiment qu'environ 1,5 million des leurs ont été tués. Pour sa part, la Turquie considère qu'il s'agissait d'une guerre civile qui a fait 300 000 à 800 000 morts, autant du côté turc qu'arménien.Plus que les chiffres, c'est la reconnaissance d'un génocide qui cristallise les tensions. Cette reconnaissance est devenue l'objet d'un conflit diplomatique et a notamment été un des points de friction lors des négociations entre la Turquie et l'Union européenne, en vue d'une adhésion éventuelle à celle-ci.Les Nations unies définissent le terme de « génocide » ainsi :« (...) l'un quelconque des actes ci-après, commis dans l'intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux : meurtre de membres du groupe, atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe, soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle, mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe, transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe »Le premier pays à reconnaître officiellement le massacre arménien est l'Uruguay, le 20 avril 1965. Le dernier en date est la Syrie, en mars 2015. Au total, seuls 23 pays l'ont reconnu.Il existe des différences entre ces reconnaissances. Dans la plupart des cas, il s'agit d'un projet de résolution soumis ou adopté par le Parlement. Aux Etats-Unis, par exemple, des résolutions sont plusieurs fois passées à la Chambre des représentants (1984) et à sa commission des affaires étrangères (2007), contre l'avis de Georges W. Bush, sans que ces textes ne deviennent force de loi.A l'inverse, la France a reconnu publiquement le génocide arménien dans la loi dans la loi du 29 janvier 2001. De même, en Uruguay comme en Argentine et à Chypre, une loi y a été adoptée afin d'établir une journée nationale d'hommage aux victimes du massacre le 24 avril.Des mots tabousMême avec une résolution ou une loi affichées dans le sens de la reconnaissance du génocide, tous les pays ne s'engagent pas au même niveau. Un degré d'engagement qui se reflète dans le vocabulaire choisi. L'Uruguay, par exemple, ne parle pas de « génocide » mais de « martyr ». C’est le cas aussi de l'Allemagne, qui admet seulement « des déportations et des massacres ».La Turquie n'est pas toujours désignée explicitement comme ayant une responsabilité dans les faits. Soit le texte ignore tout à fait de mentionner un auteur, comme celui du Vatican ou de la France par exemple, soit il reste assez flou et préfère citer « l'Empire ottoman », comme le Chili, la Syrie, la Suisse, l'Italie, le Liban ou la Belgique.Effectivement, « ce génocide a été commis dans l'Empire ottoman, la Turquie ne fut constituée comme Etat qu'en 1923 », rappelle l'historien Yves Ternon, mais « elle se présente comme l'héritière de l'Empire ottoman, donc de son histoire ».Stratégie diplomatiqueLe choix de la reconnaissance ou non du génocide arménien est en tout cas toujours lié à une stratégie diplomatique. Cela explique pourquoi les Etats-Unis ont tellement de mal à avancer sur ce point, en dépit de son importante diaspora arménienne : la Turquie est une alliée de longue date de l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord) et joue un rôle stratégique dans les intérêts américains au Moyen-Orient, comme l'explique cette étude de l'Iris.Au Royaume-Uni, la question reste également très sensible, voire taboue. Ses diplomates ne parlent pas de « génocide » mais de « ce qui s'est passé entre 1915 et 1923 ». Le pays compte beaucoup de ressortissants turcs et tient à préserver de bonnes relations avec la Turquie. Ce qui n'a pas empêché les Parlements écossais et irlandais du Nord à voter une motion générale reconnaissant le génocide en janvier 2010.Leila MarchandJournaliste au Monde Benoît Vitkine Le cessez-le-feu fragile qui prévalait dans l’est de l’Ukraine depuis le 12 février est-il en train de voler en éclats ? A l’issue d’une réunion « très longue, très intense et très conflictuelle », lundi 13 avril à Berlin, les ministres des affaires étrangères des quatre Etats signataires (Allemagne, France, Russie et Ukraine) des accords de paix négociés à Minsk il y a deux mois entre Kiev et les séparatistes du Donbass n’ont pas éludé cette possibilité, faisant part de leur « vive inquiétude » quant aux violations répétées de la trêve.Celle-ci n’a jamais suffi à faire cesser totalement les combats, mais ces derniers jours ont vu une très forte recrudescence des combats en plusieurs points de la région. Lors de la seule journée de dimanche, les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont enregistré 1 166 explosions, provoquées principalement par des tirs d’artillerie et de mortier. Un soldat ukrainien aurait été tué et six autres blessés, selon les bilans fournis par Kiev, tandis que les autorités séparatistes faisaient état de la mort d’un « journaliste local », qui n’a pu être confirmée, et de quatre civils blessés dans les zones sous leur contrôle.Exécutions sommaires de prisonniersNon seulement le cessez-le-feu n’est pas respecté autour de plusieurs points chauds, notamment les abords du port de Marioupol que les rebelles convoitent, mais encore les armes lourdes n’ont pas été retirées du front, contrairement à ce que prévoyaient les accords de Minsk. Les quatre ministres appellent à rendre ce retrait effectif et ils l’élargissent aux armes d’un calibre inférieur à 100 mm, qui n’étaient pas concernées par l’accord précédent. Ils plaident aussi pour la constitution rapide des « groupes de travail » censés lancer le processus de discussions politiques.Les inquiétudes vont au-delà des seules violations du cessez-le-feu. Kiev et l’OTAN assurent que Moscou continue à alimenter massivement en hommes et en matériel la machine de guerre séparatiste. Nombre d’experts craignent une reprise rapide des hostilités à grande échelle. Le conflit, qui a débuté il y a exactement un an, a fait plus de 6 000 morts, selon les bilans les plus optimistes. Le niveau de confiance déjà faible entre les deux camps a été encore amoindri par les accusations d’Amnesty International faisant état d’exécutions sommaires de prisonniers ukrainiens par les rebelles.« La question n’est pas celle du passage des armes par la frontière russo-ukrainienne, commente une source diplomatique française. S’il y avait 5 000 chars dans le Donbass mais une volonté de paix, ça irait quand même. » Selon cette source, « on a pour le moment intérêt des deux côtés à ce que la situation reste stable ». Malgré cela, « personne ne fait le moindre effort », assure-t-elle, citant l’exemple des échanges de prisonniers prévus eux aussi par Minsk. « Chacun fait du formalisme sur des points mineurs au lieu de montrer des signes de confiance. »Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.04.2015 à 18h21 • Mis à jour le13.04.2015 à 20h01 | Leila Marchand Le pape François a prononcé publiquement, le 12 avril, le terme de « génocide » pour qualifier les massacres des Arméniens, une première pour le Vatican. Ces massacres, considérés comme l'un des tout premiers génocides du XXe siècle, ont eu lieu entre 1915 et 1923.Cent ans après, le bilan des victimes et des déportations reste un sujet controversé : les Arméniens estiment qu'environ 1,5 million des leurs ont été tués. Pour sa part, la Turquie considère qu'il s'agissait d'une guerre civile qui a fait 300 000 à 800 000 morts, autant du côté turc qu'arménien.Plus que les chiffres, c'est la reconnaissance d'un génocide qui cristallise les tensions. Cette reconnaissance est devenue l'objet d'un conflit diplomatique et a notamment été un des points de friction lors des négociations entre la Turquie et l'Union européenne, en vue d'une adhésion éventuelle à celle-ci.Les Nations unies définissent le terme de « génocide » ainsi :« (...) l'un quelconque des actes ci-après, commis dans l'intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux : meurtre de membres du groupe, atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe, soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle, mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe, transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe »Le premier pays à reconnaître officiellement le massacre arménien est l'Uruguay, le 20 avril 1965. Le dernier en date est la Syrie, en mars 2015. Au total, seuls 23 pays l'ont reconnu.Il existe des différences entre ces reconnaissances. Dans la plupart des cas, il s'agit d'un projet de résolution soumis ou adopté par le Parlement. Aux Etats-Unis, par exemple, des résolutions sont plusieurs fois passées à la Chambre des représentants (1984) et à sa commission des affaires étrangères (2007), contre l'avis de Georges W. Bush, sans que ces textes ne deviennent force de loi.A l'inverse, la France a reconnu publiquement le génocide arménien dans la loi dans la loi du 29 janvier 2001. De même, en Uruguay comme en Argentine et à Chypre, une loi y a été adoptée afin d'établir une journée nationale d'hommage aux victimes du massacre le 24 avril.Des mots tabousMême avec une résolution ou une loi affichées dans le sens de la reconnaissance du génocide, tous les pays ne s'engagent pas au même niveau. Un degré d'engagement qui se reflète dans le vocabulaire choisi. L'Uruguay, par exemple, ne parle pas de « génocide » mais de « martyr ». C’est le cas aussi de l'Allemagne, qui admet seulement « des déportations et des massacres ».La Turquie n'est pas toujours désignée explicitement comme ayant une responsabilité dans les faits. Soit le texte ignore tout à fait de mentionner un auteur, comme celui du Vatican ou de la France par exemple, soit il reste assez flou et préfère citer « l'Empire ottoman », comme le Chili, la Syrie, la Suisse, l'Italie, le Liban ou la Belgique.Effectivement, « ce génocide a été commis dans l'Empire ottoman, la Turquie ne fut constituée comme Etat qu'en 1923 », rappelle l'historien Yves Ternon, mais « elle se présente comme l'héritière de l'Empire ottoman, donc de son histoire ».Stratégie diplomatiqueLe choix de la reconnaissance ou non du génocide arménien est en tout cas toujours lié à une stratégie diplomatique. Cela explique pourquoi les Etats-Unis ont tellement de mal à avancer sur ce point, en dépit de son importante diaspora arménienne : la Turquie est une alliée de longue date de l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord) et joue un rôle stratégique dans les intérêts américains au Moyen-Orient, comme l'explique cette étude de l'Iris.Au Royaume-Uni, la question reste également très sensible, voire taboue. Ses diplomates ne parlent pas de « génocide » mais de « ce qui s'est passé entre 1915 et 1923 ». Le pays compte beaucoup de ressortissants turcs et tient à préserver de bonnes relations avec la Turquie. Ce qui n'a pas empêché les Parlements écossais et irlandais du Nord à voter une motion générale reconnaissant le génocide en janvier 2010.Leila MarchandJournaliste au Monde Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) L’hommage de Lech Walesa n’a pas tardé. Quelques heures après l’annonce de la mort de Günter Grass, le Prix Nobel de la paix et ancien président polonais a salué la mémoire d’« un grand intellectuel qui aimait Gdansk, comme moi ».« Nous avons eu une vision similaire du monde, de l'Europe, de la Pologne. Nous avons vu l'avenir plutôt en rose, en tirant des leçons d'un mauvais passé entre Allemands et Polonais », a-t-il déclaré.« Nous avions beaucoup de choses en commun et peu de choses nous divisaient. Il savait que mon père était mort à cause de la guerre. Il savait que la conception allemande erronée avait coûté très cher au monde entier, et en particulier à la Pologne », a ajouté Lech Walesa, 71 ans, chef historique du syndicat Solidarité.Les premiers hommages en AllemagneComme on pouvait s’y attendre, la première réaction officielle au décès de Günter Grass est venue du Parti social-démocrate allemand (SPD), ce parti dont l’écrivain fut longtemps adhérent et dont il était resté un compagnon de route, parfois encombrant mais toujours fidèle. La longue déclaration faite par Sigmar Gabriel reflète cette relation : « Il a changé notre pays, l’a éclairé au meilleur sens du terme. Ses prises de parole souvent contestables et ses interventions dans différents domaines ont donné plus de couleurs, ont enrichi la culture politique allemande et ont modifié les relations entre la politique et la culture », note le président du SPD qui revient sur la « légendaire amitié [de l’écrivain] avec le chancelier Willy Brandt [1969-1974] » et le rôle actif pris par l’auteur du Tambour dans les campagnes de 1969 et 1972.Encore en février, Günter Grass avait pris part dans sa ville de Lübeck à une rencontre avec de jeunes auteurs. En 2013, il avait fait campagne en faveur de Peer Steinbrück, le candidat du SPD contre Angela Merkel.A la CDU, c'est Peter Tauber, le secrétaire général – et non Angela Merkel, la présidente, qui a réagi. Günter Grass était une « personnalité marquante de la République », note M. Tauber qui ajoute : « Il prenait parti, combattait pour ses positions et, de ce fait, n'était pas incontesté ». Néanmoins « avec sa mort, une voix critique, passionnée et provocante dans les débats de société s'est tue ».« Fier et obstiné »En avril 2012, Günter Grass avait publié dans la Süddeutsche Zeitung un poème « Ce qui doit être dit » dans lequel il accusait Israël de menacer l’Iran et du coup la paix dans le monde. Il critiquait les ventes d’armes allemandes, notamment des sous-marins, à Israël. Critiqué par la plupart des responsables politiques allemands, l’auteur avait fait en partie marche arrière, s’en prenant non plus à Israël mais à son gouvernement.Mais le soutien qu’il a alors reçu d’une partie de l’opinion avait conduit le SPD à modérer à son tour les critiques à son égard. Sigmar Gabriel avait affirmé dans un entretien au Spiegel, le 16 avril, que Günter Grass n'était pas « antisémite ». Il disait lire le poème incriminé comme « un appel à l'aide » de quelqu'un qui redoute une guerre au Proche-Orient et jugeait les critiques contre Günter Grass « exagérées et en partie hystériques ».Ce lundi, le journal conservateur Die Welt, qualifie « notre poète national » de citoyen « fier et obstiné ». Qu’ils l’aient aimé ou non, les Allemands semblent déjà regretter cet « esprit querelleur » (Süddeutsche Zeitung), ce « fauteur de troubles » (la chaîne 3 Sat) qui détonnait dans une Allemagne plus portée au consensus que jamais.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.04.2015 à 13h15 • Mis à jour le13.04.2015 à 13h27 Entre vendredi et dimanche, les garde-côtes italiens se sont portés au secours de 5 629 migrants clandestins partis des côtes méditerranéennes d'Afrique du Nord. Une embarcation surchargée a ainsi chaviré dimanche 12 avril au nord de la Libye, neuf de ses passages se sont noyés, 144 autres ont pu être sauvés. Au total, les autorités maritimes ont secouru des passagers de vingt-deux embarcations différentes.Des navires de la garde-côte et de la marine italienne, de même qu'un patrouilleur islandais assigné à la mission européenne Triton et des navires de commerce ont participé aux secours, précisent les autorités italiennes. Au cours du premier trimestre, quelque 480 migrants sont morts en Méditerranée, contre moins de 50 au premier trimestre 2014, d'après l'Organisation internationale des migrations.Lire : « Clandestino », l'immigration clandestine dans une BD docu-fictionSur l'ensemble de l'année 2014, on estime que 3 500 personnes se sont noyées en tentant la traversée de la Méditerranée et que plus de 170 000 autres ont réussi à atteindre les côtes italiennes. 13.04.2015 à 10h56 • Mis à jour le13.04.2015 à 11h05 Un homme de 46 ans a été arrêté dimanche soir dans le quartier londonien de Brent dans le cadre de l'enquête sur le meurtre d'Abdulhadi Arwani, un ex-imam syrien, a annoncé la police londonienne lundi matin. L'enquête est dirigée par des membres du contre-terrorisme (SO15) en raison de la dimension internationale de l'affaire, a indiqué la police dans un communiqué.L'homme, dont le nom n'a pas été dévoilé, est actuellement en garde à vue dans un poste de police du centre de Londres, a précisé Scotland Yard.Mort par balleAbdulhadi Arwani, ancien imam de la mosquée An Noor dans le quartier d'Acton et opposant à Bachar Al-Assad, a été retrouvé mort dans sa voiture mardi dans le nord-ouest de Londres. L'autopsie a montré qu'il avait succombé à des blessures par balle.Abdulhadi Arwani était une « figure très appréciée de l'ouest de Londres », a assuré l'un de ses six enfants, son fils Murhaf Arwani, dans un communiqué. « Mon père était activement engagé dans la lutte contre l'extrémisme, faisant campagne pour la paix et plaidant pour l'importance de la démocratie et de la liberté », a-t-il ajouté. « C'était l'homme le plus paisible que vous auriez pu rencontrer. Il aimait simplement aider les gens », a dit Murhaf Arwani, indiquant que sa famille avait reçu « des centaines » de messages après son meurtre. 13.04.2015 à 06h28 • Mis à jour le13.04.2015 à 06h34 La justice turque ouvre lundi 13 avril le dossier de la catastrophe industrielle la plus meurtrière de l'histoire du pays, qui a coûté la vie à 301 mineurs il y a un an et terni l'image du régime islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan.Quarante-cinq personnes sont poursuivies dans ce procès, dont les huit plus hauts cadres de la société exploitante de la mine pour avoir délibérément négligé la sécurité de leurs ouvriers au nom d'une course effrénée à la rentabilité. En conclusion de son enquête, le procureur a requis contre ces huit responsables, exceptionnellement inculpés de « meurtres », des peines d'une extrême sévérité allant jusqu'à vingt-cinq ans de prison pour chacune des victimes de l'accident.Selon l'agence de presse DHA, ces accusés ne seront pas présents à la barre mais témoigneront pour des raisons de sécurité par vidéoconférence depuis la prison d'Izmir où ils sont détenus. Les débats doivent débuter lundi matin dans la ville d'Akhisar, à une quarantaine de kilomètres des lieux du drame.Policiers antiémeuteDes centaines de policiers antiémeute y ont été dépêchés en renfort afin d'assurer la sécurité du centre culturel transformé en tribunal, alors que plusieurs syndicats ont appelé à des rassemblements de solidarité avec les familles des victimes.Un an après la fronde antigouvernementale de juin 2013, l'accident de Soma avait réveillé la contestation contre le premier ministre Erdogan, aujourd'hui chef de l'Etat, accusé d'avoir négligé l'ampleur du drame et couvert les fautes des dirigeants de l'entreprise exploitante, présentés comme proches du pouvoir.Lire l'analyse sur les conséquences politiques de cette catastrophe : Turquie : la colère monte contre ErdoganLe drame s'est noué le 13 mai 2014 en début d'après-midi, lorsqu'un incendie a éclaté dans un des puits de la mine de charbon du groupe Soma Kömür, prenant au piège les quelque 800 mineurs qui travaillaient à plusieurs centaines de mètres sous terre. Selon l'enquête menée par la justice, l'incendie s'est rapidement propagé à plusieurs galeries, envahies par les flammes et les émanations mortelles de monoxyde de carbone. De nombreux mineurs sont morts très rapidement, brûlés ou intoxiqués.Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-552b479ab33fd'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 11\r\n \r\n \r\nSelon les premiers t\u00e9moignages, une explosion a eu lieu vers 14\u00a0h\u00a030. Elle a touch\u00e9 un transformateur \u00e9lectrique et provoqu\u00e9 un effondrement, bloquant les mineurs dans les galeries.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/BULENT KILIC\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Selon les premiers t\u00e9moignages, une explosion a eu lieu vers 14\u00a0h\u00a030. Elle a touch\u00e9 un transformateur \u00e9lectrique et provoqu\u00e9 un effondrement, bloquant les mineurs dans les galeries.","source":"AFP\/BULENT KILIC","index":0,"position":1,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2014\/05\/14\/les-espoirs-de-retrouver-des-survivants-s-amenuisent_4416320_3214.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 11\r\n \r\n \r\nL'explosion a entra\u00een\u00e9 une coupure de courant, qui a mis les ascenseurs hors d'usage et pi\u00e9g\u00e9 les ouvriers \u00e0 environ 2 kilom\u00e8tres sous terre.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/BULENT KILIC\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"L'explosion a entra\u00een\u00e9 une coupure de courant, qui a mis les ascenseurs hors d'usage et pi\u00e9g\u00e9 les ouvriers \u00e0 environ 2 kilom\u00e8tres sous terre.","source":"AFP\/BULENT KILIC","index":1,"position":2,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2014\/05\/14\/les-espoirs-de-retrouver-des-survivants-s-amenuisent_4416320_3214_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 11\r\n \r\n \r\nDes mineurs attendent des nouvelles de leurs camarades devant l'entr\u00e9e de la mine de Soma.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/BULENT KILIC\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des mineurs attendent des nouvelles de leurs camarades devant l'entr\u00e9e de la mine de Soma.","source":"AFP\/BULENT KILIC","index":2,"position":3,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2014\/05\/14\/les-espoirs-de-retrouver-des-survivants-s-amenuisent_4416320_3214_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 11\r\n \r\n \r\nLe ministre de l'\u00e9nergie turc a annonc\u00e9 que 787\u00a0mineurs se trouvaient dans la mine au moment de l'explosion. Plus de 200\u00a0corps ont depuis \u00e9t\u00e9 r\u00e9cup\u00e9r\u00e9s ainsi que 80 bless\u00e9s. Trois cent soixante-trois mineurs ont \u00e9t\u00e9 sauv\u00e9s, a ajout\u00e9 le ministre.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/BULENT KILIC\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Le ministre de l'\u00e9nergie turc a annonc\u00e9 que 787\u00a0mineurs se trouvaient dans la mine au moment de l'explosion. Plus de 200\u00a0corps ont depuis \u00e9t\u00e9 r\u00e9cup\u00e9r\u00e9s ainsi que 80 bless\u00e9s. Trois cent soixante-trois mineurs ont \u00e9t\u00e9 sauv\u00e9s, a ajout\u00e9 le ministre.","source":"AFP\/BULENT KILIC","index":3,"position":4,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2014\/05\/14\/les-espoirs-de-retrouver-des-survivants-s-amenuisent_4416320_3214_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 11\r\n \r\n \r\nUn bless\u00e9 est accompagn\u00e9 vers une ambulance par ses camarades.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/BULENT KILIC\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un bless\u00e9 est accompagn\u00e9 vers une ambulance par ses camarades.","source":"AFP\/BULENT KILIC","index":4,"position":5,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2014\/05\/14\/les-espoirs-de-retrouver-des-survivants-s-amenuisent_4416320_3214_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 11\r\n \r\n \r\nLes secours injectent depuis mardi de l'oxyg\u00e8ne dans les boyaux de la mine pour conserver une chance de retrouver d'autres survivants. \u00ab\u00a0Il y a un risque d'empoisonnement au dioxyde et au monoxyde de carbone, a d\u00e9clar\u00e9 le ministre de l'\u00e9nergie. Il faut qu'on les sorte rapidement de l\u00e0 ! \u00bb\r\nCr\u00e9dits : AFP\/BULENT KILIC\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Les secours injectent depuis mardi de l'oxyg\u00e8ne dans les boyaux de la mine pour conserver une chance de retrouver d'autres survivants. \u00ab\u00a0Il y a un risque d'empoisonnement au dioxyde et au monoxyde de carbone, a d\u00e9clar\u00e9 le ministre de l'\u00e9nergie. Il faut qu'on les sorte rapidement de l\u00e0 ! \u00bb","source":"AFP\/BULENT KILIC","index":5,"position":6,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2014\/05\/14\/les-espoirs-de-retrouver-des-survivants-s-amenuisent_4416320_3214_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 11\r\n \r\n \r\n\u00ab\u00a0Les espoirs de retrouver des survivants s'amenuisent\u00a0\u00bb, a d\u00e9plor\u00e9 le ministre de l'\u00e9nergie et des ressources naturelles, Taner Yildiz, ajoutant qu'\u00ab\u00a0un incendie continue\u00a0\u00bb dans le puits.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/BULENT KILIC\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab\u00a0Les espoirs de retrouver des survivants s'amenuisent\u00a0\u00bb, a d\u00e9plor\u00e9 le ministre de l'\u00e9nergie et des ressources naturelles, Taner Yildiz, ajoutant qu'\u00ab\u00a0un incendie continue\u00a0\u00bb dans le puits.","source":"AFP\/BULENT KILIC","index":6,"position":7,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2014\/05\/14\/les-espoirs-de-retrouver-des-survivants-s-amenuisent_4416320_3214_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 11\r\n \r\n \r\nPlusieurs milliers de proches ou de coll\u00e8gues des mineurs pi\u00e9g\u00e9s se sont rassembl\u00e9s devant l'h\u00f4pital de la ville, d'o\u00f9 les m\u00e9decins sortent r\u00e9guli\u00e8rement pour lire les noms des rescap\u00e9s.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/BULENT KILIC\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Plusieurs milliers de proches ou de coll\u00e8gues des mineurs pi\u00e9g\u00e9s se sont rassembl\u00e9s devant l'h\u00f4pital de la ville, d'o\u00f9 les m\u00e9decins sortent r\u00e9guli\u00e8rement pour lire les noms des rescap\u00e9s.","source":"AFP\/BULENT KILIC","index":7,"position":8,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2014\/05\/14\/les-espoirs-de-retrouver-des-survivants-s-amenuisent_4416320_3214_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 11\r\n \r\n \r\n\u00ab\u00a0Il n'y a aucune s\u00e9curit\u00e9 dans cette mine. Les syndicats ne sont que des pantins et la direction ne pense qu'\u00e0 l'argent\u00a0\u00bb, a affirm\u00e9 un mineur. \u00ab\u00a0Il y a des gens qui sont en train de mourir l\u00e0-dedans, des bless\u00e9s, et tout \u00e7a pour des histoires de pognon\u00a0\u00bb, a rench\u00e9ri un de ses coll\u00e8gues en col\u00e8re.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/BULENT KILIC\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab\u00a0Il n'y a aucune s\u00e9curit\u00e9 dans cette mine. Les syndicats ne sont que des pantins et la direction ne pense qu'\u00e0 l'argent\u00a0\u00bb, a affirm\u00e9 un mineur. \u00ab\u00a0Il y a des gens qui sont en train de mourir l\u00e0-dedans, des bless\u00e9s, et tout \u00e7a pour des histoires de pognon\u00a0\u00bb, a rench\u00e9ri un de ses coll\u00e8gues en col\u00e8re.","source":"AFP\/BULENT KILIC","index":8,"position":9,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2014\/05\/14\/les-espoirs-de-retrouver-des-survivants-s-amenuisent_4416320_3214_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 11\r\n \r\n \r\nD'apr\u00e8s la compagnie mini\u00e8re Soma Komur, \u00ab l'accident est survenu malgr\u00e9 un maximum de mesures de s\u00e9curit\u00e9 et des inspections mais nous avons r\u00e9ussi \u00e0 intervenir rapidement\u00a0\u00bb.\r\nCr\u00e9dits : AFP\/BULENT KILIC\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"D'apr\u00e8s la compagnie mini\u00e8re Soma Komur, \u00ab l'accident est survenu malgr\u00e9 un maximum de mesures de s\u00e9curit\u00e9 et des inspections mais nous avons r\u00e9ussi \u00e0 intervenir rapidement\u00a0\u00bb.","source":"AFP\/BULENT KILIC","index":9,"position":10,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2014\/05\/14\/les-espoirs-de-retrouver-des-survivants-s-amenuisent_4416320_3214_9.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 11 \/ 11\r\n \r\n \r\nLe premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, est attendu en milieu de journ\u00e9e dans la zone sinistr\u00e9e pour v\u00e9rifier les efforts de sauvetage. Il pourrait \u00e0 cette occasion proclamer un deuil national. Les explosions dans les mines sont fr\u00e9quentes en Turquie en particulier dans celles du secteur priv\u00e9 o\u00f9, souvent, les consignes de s\u00e9curit\u00e9 ne sont pas respect\u00e9es. L'accident le plus grave est survenu en 1992 quand 263 mineurs ont \u00e9t\u00e9 tu\u00e9s dans une explosion de gaz \u00e0 Zonguldak.\r\nCr\u00e9dits : AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Le premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, est attendu en milieu de journ\u00e9e dans la zone sinistr\u00e9e pour v\u00e9rifier les efforts de sauvetage. Il pourrait \u00e0 cette occasion proclamer un deuil national. Les explosions dans les mines sont fr\u00e9quentes en Turquie en particulier dans celles du secteur priv\u00e9 o\u00f9, souvent, les consignes de s\u00e9curit\u00e9 ne sont pas respect\u00e9es. L'accident le plus grave est survenu en 1992 quand 263 mineurs ont \u00e9t\u00e9 tu\u00e9s dans une explosion de gaz \u00e0 Zonguldak.","source":"AP","index":10,"position":11,"total_count":11,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2014\/05\/14\/les-espoirs-de-retrouver-des-survivants-s-amenuisent_4416320_3214_10.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);}); 12.04.2015 à 00h36 • Mis à jour le12.04.2015 à 10h52 Les médecins de la Lufthansa avaient recommandé un suivi psychologique après la dépression en 2009 du copilote Andreas Lubitz, soupçonné d'avoir volontairement provoqué le crash d'un Airbus A320 de Germanwings dans les Alpes françaises, selon un journal allemand.L'Autorité allemande de supervision du transport aérien (LBA) a découvert une remarque dans un dossier de la Lufthansa, maison mère de Germanwings, concernant M. Lubitz, rapporte dimanche 12 avril le Bild am Sonntag, l'édition dominicale du quotidien populaire Bild.« Lubitz devait continuer à être suivi psychologiquement »Les médecins de la compagnie aérienne ont écrit « que Lubitz devait continuer à être suivi psychologiquement, malgré l'aptitude à voler accordée » par un expert indépendant en 2009, après que le pilote eut traversé un épisode dépressif grave, explique le journal.Il ne précise pas en revanche si M. Lubitz a effectivement bénéficié d'un suivi psychologique après avoir repris sa formation de pilote. Interrogé par le journal, un porte-parole de Lufthansa a refusé de s'exprimer sur le sujet, pour « ne pas perturber l'enquête » en cours en Allemagne.Les premiers éléments dévoilés par la justice française suggèrent que M. Lubitz a volontairement précipité l'A320 de Germanwings contre un flanc de montagne des Alpes du sud en France, tuant ainsi les 150 personnes présentes à son bord.Ce scénario a provoqué un immense émoi en Allemagne, où les révélations se succèdent dans la presse depuis le crash. La LBA a ainsi expliqué ne jamais avoir eu accès au dossier médical de M. Lubitz. La compagnie aérienne, elle, a estimé ne pas avoir eu tort en gardant le silence sur le cas de son salarié.Dossier consulté trois jours après le crashLe gendarme du transport aérien ne l'a consulté au centre médical de la Lufthansa que le 27 mars, soit trois jours après le crash, et a alors découvert sa dépression. M. Lubitz avait interrompu pendant des mois sa formation de pilote à l'école d'aviation de la Lufthansa, à cause de cet « épisode dépressif grave », avant de la reprendre en 2009, rappelle le Bild am Sonntag.Le parquet de Düsseldorf avait dévoilé il y a deux semaines que M. Lubitz avait « été en traitement psychothérapeutique pour des tendances suicidaires il y a de nombreuses années », avant l'obtention de son brevet de pilote. Il avait également effectué des recherches sur Internet sur le suicide et les portes blindées des cockpits quelques jours avant le crash.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2lf4de"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2lf4de", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Elisa Perrigueur C'est un procès historique qui s'ouvre lundi 20 avril entre les murs de la prison Korydallos, à l'ouest d'Athènes. Plusieurs dizaines de membres et sympathisants du parti néonazi Aube dorée font face à la justice grecque, jugés pour appartenance à une « organisation criminelle ». Au terme de ce procès-fleuve qui devrait durer plusieurs mois, la justice devra évaluer si Aube dorée répond aux critères d'une formation « criminelle ». Un verdict qui menace l'existence de ce parti, troisième force politique du pays.Près de 70 personnes sur le banc des accusés69 prévenus, membres, sympathisants ou représentants d'Aube dorée sont renvoyés devant le tribunal. Parmi eux, les 18 députés néonazis élus aux législatives de juin 2012 (dont 13 sont toujours parlementaires aujourd'hui) dont le chef du parti Nikolaos Michaloliakos, l'ancien porte-parole Elias Kassidiaris ou encore le parlementaire Christos Pappas. La plupart de ces députés avaient été interpellés lors d'un vaste coup de filet, en septembre 2013. Neuf d'entre eux ont été placés en détention provisoire, d'une durée légale de 18 mois en Grèce.Lire aussi : La chute de Nikolaos Michaloliakos, « le petit Führer grec »Ces responsables seront jugés pour « constitution et appartenance à une organisation criminelle ». A leurs côtés des membres ou sympathisants du parti seront eux jugés pour « appartenance à une organisation criminelle ». Sur son site internet, Aube dorée qualifie ce procès de « vaste complot politique et judiciaire» contre le parti. Violences et meurtreL'offensive judiciaire a été lancée par le ministère public après l'assassinat, le 18 septembre 2013, du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas, par un membre d'Aube dorée. L'investigation, qui a duré près de quinze mois a été supervisée par le procureur Isidoros Dogiakos. Ce dernier a remis à la justice un rapport de 698 pages en octobre. Création de milices d'assaut, entraînements paramilitaires, détentions illégales d'armes... L'enquête a mis au jour les zones d'ombres du parti. De nombreuses pièces à convictions, conversations enregistrées, images sont venues étayer cette vaste enquête.Aussi, des accusés devront ainsi répondre sur plusieurs dossiers venus alimenter la procédure, entre-autres de : Tentative de meurtre contre des pêcheurs égyptiens en juin 2012.Violences contre des membres du syndicat communiste PAME en septembre 2013.Meurtre du rappeur Pavlos Fyssas en septembre 2013.Côté partie civile, plus d'une centaine de témoins seront appelés à la barre pour témoigner des violences, agressions reprochées à l'Aube dorée. Crépuscule de l'Aube dorée ?Vantant une « Grèce aux Grecs », Aube dorée a prospéré dans le sillage de la crise économique et surfé sur un discours anti-immigration. Peu connu avant son entrée au parlement, aux législatives de juin 2012, le mouvement est resté stable aux dernières élections de janvier 2015, conservant 17 députés, confortant ainsi sa place de troisième force politique incontournable.« Il y a un grand intérêt de la population pour ce procès car pour la première fois un parti politique agit comme une organisation criminelle. Et dans le même temps, on prend conscience que c'est un vrai scandale qu'une organisation nazie ait pris la forme d'un parti politique « normal » en Grèce», explique Dimitri Psarras, journaliste et auteur de l'ouvrage « Aube dorée, le livre noir sur le parti nazi-fasciste grec ». Au terme de ce procès, la justice décidera si oui ou non, le parti peut être qualifié d'« organisation criminelle », ce qui pourra entraîner une interdiction du parti. Certains accusés risquent par ailleurs jusqu'à 20 ans de prison. >> Voir aussi (édition abonnés) : La Grèce sous le choc de la violence d’Aube doréeL'expert Dimitri Psarras est confiant : « la justice a rassemblé mille preuves irréfutables pour les activités criminelles de l'organisation et la culpabilité des responsables ». Toutefois, pour ce dernier : « Si le procès se termine en fiasco, l'organisation en sortira certainement plus forte. Dans le cas - peu probable - que la direction de l'organisation soit acquittée, les bataillons d'assaut nazi devraient également se regrouper. Ce serait une tragédie pour la société grecque ».Elisa PerrigueurJournaliste au Monde 19.04.2015 à 08h31 • Mis à jour le19.04.2015 à 14h09 Un million de personnes ont déjà réservé leur place pour le voir : à partir de dimanche 19 avril, le saint suaire, un linceul qui aurait enveloppé le corps du Christ, est présenté à Turin, en Italie. La dernière ostension de cet objet remonte à 2010. Il sera exposé, comme il y a cinq ans, dans la cathédrale de la capitale du Piémont, pendant plus de deux mois.« L'ostension du saint suaire est un grand événement de nature religieuse et civile », a déclaré Piero Fassino, le maire de Turin, qui a dit attendre « à bras ouverts » les centaines de milliers de pèlerins attendus pendant ces soixante-sept jours.La pièce de lin de 4,36 m sur 1,10 m sur laquelle, selon la tradition, se serait imprimée l'empreinte du corps du Christ supplicié, et en particulier son visage, a été découverte au milieu du XIVe siècle dans la collégiale Notre-Dame à Lirey, près de Troyes, en France.Bataille scientifiqueLe Vatican, propriétaire du saint suaire depuis qu'il lui a été offert, en 1983, par la famille de Savoie, ne s'est jamais prononcé sur son authenticité. « Ce qui compte le plus, c'est que cette toile (…) reflète de manière aussi claire et précise ce que l'Evangile décrit dans la passion et la mort de Jésus », a déclaré samedi Mgr Cesare Nosiglia, archevêque de Turin. « Ce n'est évidemment pas un discours de foi, car ce n'est pas un objet de foi ni de dévotion, mais cela peut aider la foi », a-t-il ajouté.En 2010, son exposition en public pendant quarante-trois jours avait attiré deux millions de personnes, dont le pape Benoît XVI, qui avait décrit une « icône extraordinaire » correspondant « totalement » au récit de la mort du Christ dans les Evangiles.Le pape François se rendra lui aussi à Turin les 20 et 21 juin. Ce suaire est depuis longtemps l'objet d'une bataille entre les scientifiques qui croient à son authenticité et ceux qui en doutent. Des historiens, s'appuyant notamment sur une datation au carbone 14 faite en 1988, ont établi que la fabrication de ce linceul remontait au Moyen-Age, entre 1260 et 1390, mais cette datation est elle-même contestée.Lire (édition abonnés) : Le suaire, le séisme et la science Jean-Baptiste Chastand Dimanche 19 avril, près de 4,5 millions de Finlandais sont appelés aux urnes pour élire leurs députés, qui devront ensuite désigner un nouveau gouvernement. La Finlande partage 1 300 kilomètres de frontières avec la Russie, affronte une crise économique très similaire à celle de la France. Et pourrait voir le mouvement eurosceptique et populiste des Vrais Finlandais, en alliance avec les centristes en tête dans les sondages, parvenir au pouvoir. Autant de raisons qui poussent à suivre de près ce scrutin.Lire aussi :Législatives en Finlande : la crise fragilise les conservateursUne campagne marquée par la criseL’emploi et la crise économique ont été les principaux thèmes de la campagne, qui a été rythmée par des annonces de plans sociaux. Si l’annonce du rachat d’Alcatel-Lucent par Nokia, l’ancien géant finlandais des télécoms, a d’abord donné un peu de baume au cœur des Finlandais à quelques jours du scrutin, mercredi 15 avril, les inquiétudes sont vite réapparues. Les syndicats et le parti social-démocrate (historiquement liés) ont demandé que cette fusion ne se traduise pas par des suppressions de poste en Finlande, en s’inquiétant ouvertement de la garantie apportée à la France qu’il n’y en aurait pas pendant deux ans chez Alcatel-Lucent.Vendredi 17 avril, la première entreprise agroalimentaire du pays, Valio, a de son côté annoncé qu’elle allait supprimer 320 emplois (sur 4600) en raison de la chute de ses ventes en Russie due à l’embargo sur les produits européens. La crise du rouble s’est en plus traduite par un plongeon du tourisme russe, qui était crucial pour l’économie de l’Est du pays. Tout cela alors que la Finlande, ex-modèle économique européen, a déjà vécu trois années de récession.Le chômage atteint des niveaux particulièrement élevés pour le pays (9,1 % selon Eurostat) et les déficits publics ont dérapé au-delà des 3 % du PIB en 2014. 2015 ne devrait pas être bien meilleure, le ministère de l’économie ne prévoyant que 0,5 % de croissance. Cette crise qui n’en finit plus est la principale raison du désamour des Finlandais pour leur actuel premier ministre conservateur, Alexander Stubb, qui gouverne en alliance avec les sociaux-démocrates. Une coalition jugée peu efficace. Les économistes estiment que le pays traverse une crise similaire à la France, avec un coût du travail trop élevé et des dépenses publiques qui battent des records. L’ensemble des quatre principaux partis (conservateurs, centristes, sociaux-démocrates et populistes) ont un programme relativement similaire, fait de réduction des dépenses publiques et de modération salariale, une dévaluation n’étant plus possible avec l’euro.« Il y a un grand attachement des Finlandais à la discipline budgétaire », rappelle Sixten Korkman, économiste à l’université d’Aalto. Seule l’ampleur des efforts varie, le conservateur Alexander Stubb allant jusqu’à promettre six milliards d’euros de baisse des dépenses, tandis que les sociaux-démocrates évoquent plutôt un milliard associé à des hausses d’impôt. Mais sur le fond « on a l’impression qu’ils sont tous d’accord quand on les entend débattre », sourit une chef d’entreprise.La Russie en menaceLes Finlandais suivent de très près les événements en Ukraine, la Russie partageant 1 300 kilomètres de frontières avec le pays. Si le pays avait prudemment choisi la neutralité et entretenait des relations cordiales avec l’URSS pendant la guerre froide, la question de l’adhésion à l’OTAN est revenue en force pendant la campagne. Alexander Stubb, favorable à l’adhésion, a proposé de mettre en place un « groupe de sages » pour étudier la question.Son ministre de la défense a également signé une tribune commune avec ses homologues des autres pays nordiques, pour dénoncer « la façon d’agir » de la Russie et appeler à renforcer leur coopération militaire. Cette tribune a immédiatement été critiquée par Moscou, qui a rappelé qu’elle était fermement opposée à une adhésion de la Finlande à l’OTAN.La plupart des autres partis, nettement moins favorables à une adhésion à l’OTAN, ont également critiqué cette initiative. « Juha Sipila [le leader du parti du Centre] ne veut pas rejoindre l’OTAN, mais tout en se gardant cette possibilité si besoin » explique Timo Laaninen, le secrétaire général du parti. Si l’on en croit les sondages, les Finlandais favorables à l’adhésion restent très minoritaires (27 %), mais ils n’ont jamais été aussi nombreux depuis 2002.Les Vrais Finlandais aux portes du pouvoirC’est la véritable inconnue du scrutin. Après avoir fait une percée surprise aux précédentes législatives de 2011, les populistes du parti des Vrais Finlandais, menés par le truculent Timo Soini, assurent qu’ils veulent cette fois-ci rentrer au pouvoir. Alors qu’ils avaient obtenu 19 % des voix et 39 sièges (sur 200) en 2011, les sondages leur donnent cette fois-ci un score un peu plus faible. Mais cela n’empêche pas M. Soini de prétendre, dans l’ordre de préférence, à trois postes, « premier ministre, ministre des finances et ministre des affaires étrangères ». Tout dépendra de son score de dimanche et des négociations avec les autres partis, qui peuvent durer plusieurs semaines. Conformément à la tradition de consensus politique de la Finlande, aucun des trois autres partis principaux n’a exclu de gouverner avec M. Soini.Créé en 1995, le parti des Vrais finlandais a percé en 2011 grâce à son discours anti-immigration (dans un pays où elle est pourtant très faible) et eurosceptique. Les Finlandais ont toujours fait parti du camp le plus réticent aux demandes de financement venues d’Athènes. Si M. Soini a policé son discours pendant la campagne pour construire son image de ministrable, ce n’est pas le cas de tous les membres de son parti, dont certains sont toujours accusés de dérives racistes.Lire aussi :En Finlande, scène de racisme ordinaire à Lieksa« Nous avons une tradition pragmatique : chaque parti qui a une position forte au Parlement a le droit de gouverner. Les Vrais Finlandais ne sont pas le même type de parti que le Front national », défend pour autant le centriste Timo Laaninen. En cas d’alliance de ces deux partis, tous deux nettement moins europhiles que les conservateurs actuellement au pouvoir, la Finlande pourrait encore durcir sa position sur la dette grecque. Tout cela alors les négociations avec Athènes sont censées aboutir dans les prochaines semaines. « Nous sommes tous d’accord pour dire qu’il n’est pas possible d’accroître la responsabilité de la Finlande pour la Grèce », prévient déjà M. Laaninen.Jean-Baptiste ChastandJournaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.04.2015 à 20h48 • Mis à jour le18.04.2015 à 20h48 Signe d'une tension accrue dans le pays à l'approche des élections législatives, le 7 juin, des inconnus ont ouvert le feu, samedi 18 avril au matin, sur le siège de la principale formation kurde de Turquie à Ankara, sans faire de victimes, a annoncé un responsable du Parti démocratique du peuple (HDP) qui n'a pas voulu être identifié.« Les assaillants ont tiré depuis une voiture sur le siège du parti à 4 heures du matin ». Les gardes assurant la sécurité de l'immeuble ont riposté aux coups de feu et les assaillants ont pris la fuite, selon lui.Sur son compte Twitter, Sirri Sureyya Onder, un député du HDP, a publié une image des impacts de balles à l'entrée de l'immeuble et a qualifié l'attaque de « provocation ». Ajoutant qu'il s'agissait d'une tentative de discréditer le HDP pour l'empêcher d'atteindre la barre des 10 % aux élections, un score indispensable pour garantir sa représentation au Parlement.Genel merkezimiz sabaha karşı silahlı saldırıya uğradı. Provokasyon devam ediyor. Yılmayacağız http://t.co/HlBXADrDIX— sirrisureyyaonder (@sirsureyya)require(["twitter/widgets"]);S'il réussit à passer cette barre, le HDP privera le parti islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan de sa majorité qualifiée et pourra ainsi l'empêcher de changer la Constitution pour imposer un système présidentiel.Lire (en édition abonnés) : En Turquie, M. Erdogan veut un Parlement sous contrôleArrivé troisième de la présidentielle de 2014 avec un peu moins de 10 % des voix, le HDP mise sur l'électorat kurde de Turquie – une communauté estimée à 15 millions de personnes soit 20 % de la population –, jusque-là largement acquis au Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir depuis 2002. L'AKP détient aujourd'hui 312 sièges sur 550 au Parlement, et veut en obtenir 400.Lire (en édition abonnés) : En Turquie, le président Erdogan rattrapé par la question kurdeDe son côté, le HDP espère réduire « à néant » les « calculs de certains partis », avait déclaré l'un des présidents du parti, Selahattin Demirtas, dans un entretien à l'AFP. M. Demirtas accuse le président turc de vouloir « mettre en place une dictature ».Le gouvernement turc a  condamné cette attaque, le premier ministre Ahmet Davutoglu assurant que tout serait fait « pour capturer les responsables ». « Il est évident que cette attaque, comme les précédentes, vise notre démocratie et notre stabilité », a déclaré M. Davutoglu sur Twitter. « J'appelle tous les partis (politiques) à dénoncer la violence, où qu'elle soit en Turquie. »  17.04.2015 à 16h01 • Mis à jour le17.04.2015 à 16h04 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) Un article, trois démentis. Ugo Magri, journaliste au quotidien La Stampa et berlusconologue informé et ironique, aurait pu se couvrir la tête de cendres en voyant, après la publication, mercredi 15 avril, de son article « Les ennemis de droite de Berlusconi », s’amonceler sur son bureau les réactions outrées de l’ancien président du conseil et de son entourage.En une cinquantaine de lignes précises comme un scalpel, il s’attache à faire revivre l’atmosphère crépusculaire qui règne autour de l’ex-Cavaliere dans sa résidence d’Arcore (Lombardie), les règlements de comptes entre les vieux fidèles et les nouveaux convertis. Extraits : « Berlusconi est une antiquité qui ne fait plus peur à personne », l’accable l’un. « C’est facile d’avoir été à ses côtés quand tout allait bien, quand le soleil resplendissait mais beaucoup moins lorsque tombe le soir », le défend un autre en mettant en avant « sa fidélité humaine et politique » au service du vieux leader de Forza Italia.« Cerveau en compote »Mais c’est à la fin du papier que Magri se fait le plus corrosif. Il raconte comment, un jour que le magnat des médias était assis à sa table de travail, l’un de ses deux chiens – des caniches baptisés Dudu pour le mâle et Dudina pour la femelle – a sauté sur sa table de travail, faisant s’envoler les documents sur lesquels il travaillait : « Je n’en peux plus de ces bestioles !, a explosé Berlusconi. Ce n’est pas vrai que j’aime les animaux. En fait je ne les ai jamais aimés. »« Le président aime toujours ses chiens qui font partie de sa famille »Cette citation, et seulement celle-ci, a déclenché la fureur de Silvio Berlusconi, de sa jeune compagne Francesca Pascale et d’une parlementaire défenseuse de la cause des animaux. Dans un démenti de quelques lignes publiées par la Stampa jeudi, l’ancien premier ministre dénonce « une citation inventée » et s’interroge sur « la déontologie professionnelle des journalistes ». Francesca Pascale assure que « le président aime toujours ses chiens qui font partie de sa famille ». Ce que confirme la parlementaire dans un autre communiqué.Ugo Magri, lui, se marre. Il tient l’anecdote d’une très bonne source. « C’est incroyable, nous raconte-t-il. Berlusconi est muet depuis quinze jours, son parti prend eau de toutes parts, et sa première déclaration officielle est d’assurer Dudu et Dudina de son affection. Quest’uomo é bollito del cervello », conclut-il. Ce qui peut se traduire par : « Cet homme a cerveau en compote. »Une explication peut être : lors de ses multiples entreprises de retour au premier plan depuis qu’il a été chassé du Parlement à la suite de sa condamnation définitive pour fraude fiscale, il avait imaginé séduire de nouveau les Italiens et notamment les plus vieux d’entre eux par un programme aussi inattendu que généreux : gratuité des soins dentaires pour les personnes âgées et des visites vétérinaires pour leurs compagnons à quatre pattes. Son démenti prouve au moins qu’il n’a pas renoncé à ce projet. Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 17.04.2015 à 10h41 • Mis à jour le17.04.2015 à 17h47 | Philippe Ridet (Rome, correspondant) Quinze immigrés, dont un mineur de 17 ans à peine débarqués en Sicile, ont été arrêtés, jeudi 16 avril, par les carabiniers et conduits en prison sous l’accusation d’« homicides multiples aggravés par la haine religieuse ». Selon les témoignages des passagers de cette nouvelle odyssée, ces quinze hommes – mais il pourrait y en avoir d’autres – auraient jeté à la mer douze de leurs compagnons d’infortune à la suite d’une dispute survenue à bord. Les agresseurs sont de confession musulmane, originaires du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal ; leurs victimes étaient de foi chrétienne, venues du Ghana et du Niger.Eplorés, les survivants ont raconté aux associations humanitaires et aux enquêteurs la peur et la tension qui régnaient sur un canot pneumatique à moitié dégonflé contenant 105 passagers partis dimanche 16 avril d’une plage de Tripoli. Et chacun de prier son Dieu. « Ici, on n’implore qu’Allah ! », aurait lancé un migrant en français. « J’ai vu de mes yeux neuf Ghanéens et trois Nigériens être jetés à l’eau, raconte ainsi Yeboah. J’ai survécu parce qu’avec mes compagnons, nous nous sommes agrippés les uns aux autres pour résister à nos agresseurs pendant une heure. Puis un navire est arrivé pour nous secourir. »« Je me souviens que les musulmans disaient expressément qu’ils ne toléraient pas la présence de chrétiens nigériens et ghanéens à bord »« Je me souviens, a expliqué Lambert, que les musulmans disaient expressément qu’ils ne toléraient pas la présence de chrétiens nigériens et ghanéens à bord. » L’enquête coordonnée par le parquet de Palerme devra faire la lumière sur cette tragédie inédite dans le canal de Sicile. S’agissant d’homicides commis dans les eaux internationales, le ministre italien de la justice a accordé les autorisations nécessaires.Depuis près de dix jours, les arrivées massives de migrants en provenance de Libye se succèdent sans discontinuer sur toutes les côtes du sud de l’Italie, charriant leur lot de d’histoires misérables. Dimanche, des témoins ont raconté que leur embarcation se serait renversée, entraînant la mort de près de 400 passagers. Lundi, un capitaine de navire de secours racontait comment des passeurs se présentant comme des « gardes-côtes libyens » ont pu récupérer leur embarcation sous la menace d’armes. Les récits des rescapés confinent à l’horreur. Des immigrés racontent les mauvais traitements qu’ils ont subis avant d’embarquer, entassés dans des hangars par les passeurs. Certains disent avoir été portés de force à bord d’un chalutier hors d’âge ou d’un canot pneumatique rapiécé. On apprend qu’une femme est morte en accouchant sur le bateau qui l’avait récupérée. Un miracle, aussi, parfois : une autre a donné naissance à son enfant à peine arrivée sur la terre ferme.Problème européenJeudi 16 avril, autre drame : 41 personnes sont mortes noyées, selon quatre naufragés survivants repérés en pleine mer par hélicoptère et sauvés par un navire de la marine italienne. Venus d’Afrique subsaharienne et partis de la région de Tripoli, leur embarcation a dérivé pendant quatre jours avant de sombrer, ont-ils raconté à l’Organisation internationale pour les migrations. Depuis le 1er janvier, ils seraient désormais plus de 900 à être morts en Méditerranée contre près de 22 000 (dont 10 000 au cours de la dernière semaine) qui sont venus à bout, sains et saufs, de leur traversée.Plusieurs organisations internationales et humanitaires somment l’Union européenne de réagir et d’en faire plus pour éviter de nouveaux drames. Mais celle-ci est impuissante. La situation qui pourrait empirer « dans les prochaines semaines et les prochains mois en raison de l’amélioration des conditions climatiques et de l’instabilité durable dans les pays voisins », a déclaré Natasha Bertaud, porte-parole de la Commission européenne. « La Commission ne peut pas tout faire toute seule, a-t-elle poursuivi. Elle n’a pas la panacée qui permettrait de résoudre tous les problèmes d’un seul coup. Nous n’avons pas les financements ni le soutien politique pour créer un système européen de gardes-frontières. »Paolo Gentiloni, ministre italien des affaires étrangères, a demandé, de son côté, un « renforcement de l’opération “Triton” ». « Le problème est européen, analyse-t-il, mais le remède est italien. La surveillance et les secours en mer pèsent à 90 % sur nous. » L’ONU, elle, reconnaît que l’Italie « porte sur ses épaules un problème énorme pour le compte de l’Union européenne ».lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x1trpe6"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x1trpe6", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) Les absents ont toujours tort. En choisissant de ne pas participer au débat télévisé organisé par la BBC, jeudi 16 avril, le premier ministre britannique pensait faire mentir le dicton. Sur les conseils de Lynton Crosby, le stratège australien de la communication politique qui dirige sa campagne, David Cameron souhaitait se hausser au-dessus de la mêlée, mais aussi mettre en lumière la « coalition du chaos » qui, à gauche, prétend le chasser de Downing Street. A trois semaines des élections législatives du 7 mai, unanimement décrites comme les plus serrées depuis trente ans, David Cameron a fait un choix risqué, en permettant par son absence à son rival du Labour, Ed Miliband, d’apparaître comme premier ministrable, ce dont les électeurs britanniques doutaient fortement jusqu’à présent.« David Cameron, si vous pensez que le sujet de cette élection est la capacité à diriger [ce pays], venez débattre avec moi et laissez le peuple décider ! », a défié le chef des travaillistes, au terme de quatre-vingt-dix minutes d’un débat qui ne réunissait que les chefs des partis d’opposition.Lire aussi :Débat télé au Royaume-Uni : les quatre « petits » candidats qui vont faire l’électionSi les sondages disent vrai, ni les conservateurs ni les travaillistes, au coude-à-coude, ne devraient disposer seuls d’une majorité au Parlement de Westminster. Et même si les tories remportaient légèrement plus de sièges que le Labour, ce dernier a plus de chances de pouvoir gouverner, car il possède davantage d’alliés : précisément, les partis invités au débat de jeudi : les Verts, les nationalistes gallois et surtout le Parti national écossais (SNP).Instabilité potentielleMême si Nigel Farage, le chef de file du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP, xénophobe), était, lui aussi, sur le plateau, l’émission a pris les allures d’une prénégociation publique entre le travailliste Ed Miliband et les autres composantes de la gauche. Un spectacle rare dans ce pays où le centre de gravité de la vie politique se situe nettement plus à droite qu’en France. Alors que le spectacle attendu par le premier ministre était « Ed Miliband seul contre tous », c’est plutôt M. Farage qui est apparu isolé.« Arrêtez de désigner les immigrés comme responsables de tous les maux de ce pays ! », a lancé Nicola Sturgeon, la charismatique chef de file du SNP, lorsque M. Farage a promis d’exclure les étrangers du système de santé gratuit. « Vous exploitez les peurs des gens. Notre diversité est une force », a répliqué de son côté Ed Miliband tandis que Natalie Bennett (Verts) se félicitait aussi de « la contribution qu’apportent les migrants à la Grande-Bretagne ».Lire aussi :Le Royaume-Uni découvre le multipartismeMais le débat a aussi illustré l’instabilité potentielle de l’alliance qui pourrait se nouer à gauche au lendemain du scrutin du 7 mai. Si le Labour, lâché par beaucoup de ses électeurs écossais au profit du SNP, aura impérieusement besoin de ce dernier, il ne peut paraître donner des gages à ce parti dont le premier objectif est l’indépendance, hantise des électeurs anglais (84 % du corps électoral). « Vous voulez démanteler notre pays, ce serait un désastre pour les travailleurs. Je ne ferai pas de coalition avec le SNP », a promis Ed Miliband à l’adresse Mme Sturgeon. Cette dernière, accusée de faire le jeu des conservateurs, a juré ses grands dieux que « jamais elle ne passerait un accord » avec eux.« Vous n’êtes pas assez forts »Mais, pour débaucher les électeurs du Labour, Mme Sturgeon doit se présenter à la fois comme plus à gauche et comme indispensable. Elle a donc promis de peser pour alléger la politique d’austérité « plus juste » défendue par le Labour et pour en faire un parti « plus audacieux ». « La vérité est que vous n’êtes pas assez forts » pour gouverner seuls, a-t-elle insisté tout en faisant assaut de politesse à l’égard de M. Miliband. « Telle est ma proposition à Ed Miliband : s’il est prêt à être meilleur que les tories, alors je suis prête à travailler avec lui. »Lire aussi :L’Ecosse, arbitre des élections britanniquesEn signe de solidarité, elle a qualifié de « honteuse » la récente attaque du ministre de la défense, Michael Fallon, contre M. Miliband, accusé d’être « prêt à poignarder dans le dos le Royaume-Uni [en s’alliant avec le SNP, qui réclame le démantèlement de l’armement nucléaire] pour devenir premier ministre, tout comme il a poignardé son frère pour devenir le chef du Labour [Ed Miliband a battu son frère David en 2010 lors de l’élection interne au Parti travailliste] ».Que pouvait bien faire David Cameron pendant que ses cinq opposants se partageaient l’audience de la BBC ? Sur Twitter, les photomontages ont rivalisé d’humour pour l’imaginer. L’un d’eux figure le premier ministre vautré sur un canapé, regardant la télévision aux côtés de son adjoint libéral-démocrate Nick Clegg, en caleçon et tee-shirt, bras et jambes couverts de tatouages. « Assieds-toi, Nick, ça commence ! », lance M. Cameron. Sur la commode, un portrait de Margaret Thatcher veille sur le couple gouvernemental.Lire aussi :Au Royaume-Uni, Ed Miliband met le cap à gauche contre les « super-riches »Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 17.04.2015 à 09h08 • Mis à jour le17.04.2015 à 16h01 | Marie Charrel Les chiffres sont impressionnants. Depuis début mars, le rouble a bondi de près de 40 % face au dollar et à l’euro. Vendredi 17 avril, au matin, un dollar valait ainsi 48,89 roubles, après avoir franchi dans la nuit de mercredi le seuil psychologique des 50 roubles, pour la première fois depuis novembre. Au plus fort de la crise de mi-décembre, il avait culminé à 80 roubles.La devise russe a ainsi retrouvé son niveau d’avant son violent effondrement de décembre 2014. Pénalisé par les sanctions occidentales, le pays avait alors plongé en récession, tandis que les Russes étaient durement affectés par l’inflation galopante.Jeudi 16 avril, lors d’une séance de questions-réponses télévisée, Vladimir Poutine a longuement commenté le sujet. Tout en reconnaissant les difficultés traversées par la population russe, il a insisté sur la résistance de l’économie. « Nous avons passé le pic des problèmes », a assuré le président russe, tout en convenant que la levée des sanctions occidentales est peu probable. « La monnaie nationale s’est corrigée et il n’y a pas eu de catastrophe ». La stabilisation des prix du pétrole rassureÀ première vue, le rebondissement du rouble a de quoi dérouter : sur l’année 2014, 150 milliards de dollars de capitaux ont fui le pays, et l’économie russe reste mal en point.Mais la perception des investisseurs, elle, a changé. « Cela tient d’abord aux prix du pétrole, qui se sont stabilisés après la forte baisse enregistrée ces derniers mois : du coup, la visibilité sur l’économie russe est meilleure », explique Frédéric Rollin, chez Pictet & Cie.Le constat vaut également pour l’Ukraine. Même si la situation est loin d’être réglée, les tensions semblent, là aussi, se stabiliser.S’ajoutent à cela les effets des mesures prises par la banque centrale russe : depuis mi 2014, elle est massivement intervenue sur le marché des changes pour soutenir le rouble, et a relevé son taux directeur à plusieurs reprises, jusqu’à 17 %, pour freiner les sorties de capitaux.Il n’y a plus d’urgence à rapatrier les liquidités aux Etats-UnisPlus étonnamment, les orientations de la politique monétaire américaine ont également joué. Lors de sa réunion du 18 mars, la Réserve Fédérale (Fed) a en effet donné le sentiment qu’elle ne relèvera pas ses taux en juin, mais plus probablement en septembre.« Cela a joué en faveur de l’ensemble des pays émergents, y compris de la Russie, car il y a moins d’urgence à rapatrier les liquidités aux États-Unis », explique Guillaume Tresca, économiste spécialiste des pays émergents au Crédit Agricole CIB.Résultat : les investisseurs russes, puis les étrangers qui ont fui la Russie en décembre 2014, commencent à revenir. « Les gros fonds américains s’intéressent de nouveau à Moscou, nous conseillons à nos clients d’y retourner aussi », confie un gérant de fonds parisien.Signe que la méfiance des investisseurs reflue, les taux des obligations souveraines russes ont baissé. Le taux des emprunts à trois mois est ainsi passé de 29,93 % en décembre à moins de 18 % aujourd’hui.Le 16 avril, l’Etat russe a également réussi à emprunter 15 milliards de roubles sur huit ans. Pour ce, il a reçu une demande trois fois plus élevée que le nombre d’obligations disponibles…Mais les perspectives restent sombres pour l’économie russeEst-ce une bonne nouvelle pour l’économie russe ? Oui, du moins pour l’instant. L’appréciation du rouble contribue en effet à réduire l’inflation, qui culminait à 17 % sur un an en février. Un soulagement pour le pouvoir d’achat des Russes, laminé par l’envolée des prix.De fait, la banque centrale russe devrait encore réduire ces prochaines semaines son principal taux directeur, déjà ramené de 17 % à 14 % depuis janvier. M. Tresca estime ainsi qu’il devrait s’établir à 9 % d’ici la fin de l’année. Résultat : les coûts des crédits aux ménages et entreprises baisseront eux aussi.Encore faut-il que le rouble se stabilise. « S’il continue de s’apprécier trop, et surtout trop vite, la banque centrale russe sera vite mal à l’aise », juge M. Tresca. Et l’économie russe pourrait en pâtir, car la chute du rouble avait au moins un avantage : elle avait regonflé la compétitivité à l’export des produits russes non liés aux hydrocarbures.Dans tous les cas, les perspectives restent sombres pour le pays de Vladimir Poutine. Cette année, il devrait enregistrer une récession de 3,8%, selon le Fonds monétaire international. Très dépendante du pétrole, son économie reste peu diversifiée, tandis que le milieu des affaires est gangrené par la corruption.Lire aussi :Avec la crise, les Russes consomment autrementMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sandrine Morel (Madrid, correspondance) L’ex-président de la banque Bankia (de 2010 à 2012) et ex-directeur général du Fonds monétaire international (FMI), entre 2004 et 2007, pilier du Parti populaire (PP) au pouvoir, Rodrigo Rato, a été arrêté pour être entendu par la police espagnole, jeudi 16 avril, après plus de trois heures de perquisition à son domicile madrilène. Il a été relâché dans la nuit. Le parquet le soupçonne notamment de fraude fiscale et de blanchiment de capitaux.Deux jours plus tôt, la presse espagnole avait révélé qu’il avait eu recours à la loi d’amnistie fiscale, approuvée en 2012 par le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy, pour régulariser la fortune qu’il détenait de manière irrégulière à l’étranger.L’amnistie fiscale avait permis à 31 000 personnes de rapatrier 40 milliards d’euros en ne payant que 3 % de taxe. Le gouvernement du Parti populaire (PP, droite) avait récolté 1,2 milliard grâce à cette mesure, l’une des plus polémiques du mandat de M. Rajoy, considérée comme un cadeau aux fraudeurs par l’opposition.Or, non seulement M. Rato, ancien ministre de l’économie et des finances (1996-2004) sous les gouvernements de José Maria Aznar (PP) a saisi l’occasion offerte par l’actuel ministre des finances, Cristobal Montoro, qui fut son secrétaire d’Etat à l’économie, de rapatrier sa fortune, mais, il fait en outre partie des 705 contribuables qui sont soupçonnés d’avoir profité de cette amnistie pour blanchir des fonds. Ils sont visés par une enquête du Service exécutif de prévention du blanchiment de capitaux (Sepblac).Plusieurs affairesM. Rato, qui défendait auparavant la lutte contre la fraude fiscale, se trouve au centre de plusieurs enquêtes judiciaires. Ancien président de Bankia, avant que l’Etat ne doive injecter 24 milliards d’euros dans cette banque pour la sauver de la faillite, en 2012, il fut l’instigateur de son entrée en bourse, en 2011.Entachée d’irrégularités présumées, celle-ci fait l’objet d’une enquête afin de déterminer si les responsables de Bankia ont maquillé les comptes de l’établissement. M. Rato est inculpé pour « escroquerie » et « faux et usage de faux ».M. Rato est aussi au centre de l’affaire des cartes de crédits « black ». Ces cartes bancaires de complaisance permettaient aux conseillers de Bankia de sortir des fonds sans aucun contrôle de Bankia. Pour avoir « consenti, favorisé et accepter » l’usage de ces cartes, M. Rato est mis en examen pour « détournement de fonds et délit sociétaire. »Lire aussi :La bataille des actionnaires floués de BankiaLa justice s’intéresse également aux 6,2 millions d’euros que lui a versés la banque d’investissement Lazard en 2011, alors qu’il en était conseiller trois ans plus tôt.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.04.2015 à 17h17 • Mis à jour le17.04.2015 à 12h42 | Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ks21y"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ks21y", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Vendredi 17 avril, le président allemand, Joachim Gauck, et la chancelière, Angela Merkel, ont rendu hommage, devant 1 400 personnes, aux victimes de l’Airbus de Germanwings, qui s’est écrasé dans les Alpes le 24 mars avec 150 personnes à bord à la suite de l’acte volontaire du copilote Andreas Lubitz. Si la cérémonie organisée dans la cathédrale de Cologne devait être œcuménique et consensuelle, une question divise le pays : faut-il remettre partiellement en cause le secret médical ?L’enquête a en effet révélé qu’Andreas Lubitz avait été gravement dépressif, qu’il consultait médecins et psychothérapeutes, et qu’il était en arrêt maladie sans en avoir informé son employeur – probablement par peur de perdre sa ­licence de vol. D’où la réforme du texte qui encadre le secret médical que réclament certains députés. « Les pilotes doivent aller voir des médecins qui dépendent de leur employeur, et ces médecins doivent être délivrés du ­secret médical vis-à-vis de l’employeur comme de l’administration de l’aviation civile », affirme le conservateur Dirk Fischer. « Quand la vie d’autrui est menacée, le médecin est obligé d’informer l’employeur de l’incapacité de travail d’un collaborateur. Cela vaut particulièrement en cas de maladie psychique et d’un possible risque de suicide », renchérit le social-démocrate Karl Lauterbach, par ailleurs médecin. Dans ce pays où les débats sur la protection des données personnelles passionnent l’opinion, le sujet est explosif. Juridiquement contestableTrès rapidement, les représentants des pilotes, et plus encore les syndicats de médecins, se sont opposés à la levée – même partielle – du secret médical. « Une atteinte grave au droit fondamental des patients », juge Frank-Ulrich Mont­gomery, président de la chambre fédérale des médecins. Certains remarquent d’ailleurs que cette confidentialité ne ­s’arrête pas avec le décès du patient, et que les perquisitions menées chez les médecins qui ont suivi Andreas Lubitz sont juridiquement contestables. Pour d’autres, le remède pourrait être pire que le mal. « Le nombre annuel de suicides en Allemagne est passé de 18 000 à 10 000 en trente ans, précise Ulrich Hegerl, ­directeur de la clinique universitaire de Leipzig spécialisée en psychiatrie et psychothérapie, dans l’hebdomadaire DerSpiegel du 4 avril. La raison principale est sans doute que des personnes souffrant de maladies psychiques, notamment de dépressions, demandent à être aidées, et que ces maladies sont aujourd’hui mieux connues et mieux traitées. De nouvelles lois, des tests psychologiques plus fréquents, des interdictions professionnelles, tout ce dont on discute renforcerait à ­nouveau la stigmatisation. A la fin, nous déplorerions encore plus de morts. »D’ailleurs, le lien entre la dépression d’Andreas Lubitz et son acte fatal est-il seulement certain ? Les personnes qui souffrent de dépression commettent « nettement moins de délits que la moyenne de la population », tempère, dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung du 13 avril, le psychiatre Rainer M. Holm-Hadulla, pour qui le pilote souffrait surtout de troubles narcissiques de la personnalité. Ce que la catastrophe du vol 4U9525 montre surtout, c’est que le cerveau demeure un mystère, et que les spécialistes doivent rester ­modestes. « Le problème, ce n’est pas le secret médical, c’est la connaissance du danger pour autrui. Et, pour cela, il n’y a pas de méthode fiable », reconnaît Rainer ­Richter, président de la chambre fédérale des psychothérapeutes.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.04.2015 à 15h10 • Mis à jour le29.04.2015 à 15h24 | Jean-Baptiste Chastand (Strasbourg, envoyé spécial) La charge la plus sérieuse est venue du président de la Commission européenne lui-même. En français et en allemand, Jean-Claude Juncker a étrillé mercredi 29 avril devant le Parlement européen réuni à Strasbourg les décisions prises par les chefs d’Etat et de gouvernement, jeudi 23 avril, en réponse au terrible naufrage en Méditerranée, qui avait fait plus de 800 morts le dimanche précédent. « La réponse a été immédiate mais pas suffisante », a expliqué M. Juncker devant les eurodéputés à Strasbourg, lors d’une séance extraordinaire très attendue.« Il ne suffit pas de combattre les symptômes de la crise. J’en ai assez des poètes, c’est bien de se montrer ému, mais il faut aller bien au-delà », a déclaré M. Juncker, sous les applaudissements.Lire aussi :Juncker : « Le sommet européen sur l’immigration m’a déçu »Auparavant, Donald Tusk, le président du Conseil européen, qui regroupe les chefs d’Etat et de gouvernement, avait pris la défense des solutions adoptées le 23 avril lors du sommet extraordinaire. « Nous allons tripler les fonds et augmenter la capacité opérationnelle de Triton [la mission de sauvetage européenne] », a vanté M. Tusk, sans toutefois beaucoup de conviction. « Nous n’avons pas d’illusion, l’été sera sans doute difficile », a convenu l’homme politique polonais, en pointant le problème de l’absence de gouvernement stable en Libye.« Grave erreur »Triton devrait uniquement retrouver les moyens qui étaient ceux de la mission Mare Nostrum, financée par l’Italie et arrêtée en octobre 2014, soit 9 millions d’euros par mois, contre moins de trois actuellement. « Ce fut une grave erreur que de mettre un terme à la mission Mare Nostrum, elle a coûté des vies humaines », a fustigé M. Juncker.Lire aussi :Naufrages en Méditerranée : Frontex et sa mission « Triton » mises en causeLe président de la Commission a plaidé pour la « mise en place d’un système de quotas » pour répartir la charge des demandes d’asile en fonction des pays, mais également pour ouvrir le débat de la facilitation de l’immigration légale. « Il faut ouvrir les portes pour éviter que les gens entrent par les fenêtres », a avancé M. Juncker. La Commission doit présenter le 13 mai ses propositions précises sur l’immigration.Mais ces solutions sont toutes très sensibles pour les chefs d’Etat et de gouvernement. Ceux-ci n’ont en effet même pas réussi à s’entendre pour faire venir 5 000 demandeurs d’asile à répartir entre les différents pays de l’Union européenne, alors que cette solution avait été évoquée avant le conseil européen du 23 avril.M. Tusk a seulement promis qu’« un projet pilote pour la réinstallation des migrants dans l’Union européenne » devrait bien voir le jour, mais ses détails ne seront probablement présentés qu’en juin, en même temps que le calendrier des renforcements des moyens de Triton.La plupart des groupes du Parlement européen ont voté une résolution reprenant la majorité des idées avancées par la Commission. Celle-ci a toutefois fait l’objet de longues et difficiles tractations entre groupes et entre nationalités. Les eurodéputés du Parti populaire européen (PPE, droite) français n’ont par exemple pas caché leurs critiques sur certains des propos de M. Juncker, pourtant issu du même parti. « Sa formule sur les portes fermées est très séduisante, mais totalement non opératoire. Nous sommes contre un système de quotas centralisé par la Commission », explique l’UMP Arnaud Danjean.Divergences profondesDerrière l’unanimité à dénoncer la timidité de la réponse des gouvernements européens, les divergences sont donc profondes sur les solutions à apporter. Tout en demandant la mise en place de quotas contraignants, Manfred Weber, le président du groupe PPE, a par exemple défendu que « quiconque affirme que nous allons ouvrir les portes à l’immigration légale se leurre ». Selon lui, « si nous ouvrons l’immigration légale, nous allons créer un appel d’air ». Au nom de l’Alliance des libéraux et des démocrates pour l’Europe (centristes), la néerlandaise Sophia in’t Veld a, elle, défendu l’inverse : « Nous avons besoin d’immigration pour notre prospérité. »L’idée de créer des quotas contraignants a suscité de grandes réticences de la part des parlementaires polonais, un pays qui accueille très peu de migrants, et dont les eurodéputés PPE ne devraient pas voter la résolution. Mais également au sein des sociaux-démocrates, dont certains estiment que les quotas ne sont pas respectueux du droit des migrants à choisir leur lieu d’installation.La résolution ne parle pas non plus d’une éventuelle réforme du traité de Dublin, qui impose au premier pays d’accueil européen de traiter la demande d’asile. L’Italie demande depuis longtemps que cette règle soit revue, sans jusqu’ici avoir réussi à convaincre une majorité des autres pays européens. De leur côté, les représentants des partis populistes n’ont eu de cesse de demander que l’Europe s’inspire des solutions appliquées en Australie pour empêcher les migrants de mettre les pieds dans le pays en refoulant les bateaux.Lire aussi :Immigration : les limites du modèle australienJean-Baptiste Chastand (Strasbourg, envoyé spécial)Journaliste au desk EuropeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.04.2015 à 11h04 • Mis à jour le29.04.2015 à 11h08 Des militants anarchistes s'en sont pris mardi 28 avril au ministre des finances grec Yanis Varoufakis dans un restaurant d'Athènes, a annoncé l'intéressé, soulignant que son épouse l'avait protégé de jets d'objets en verre.Le couple venait de finir de dîner avec des amis dans le quartier d'Exarchia, théâtre de fréquentes manifestations d'extrême gauche, quand le groupe a fait irruption dans la cour du restaurant et lui a demandé de quitter « leur secteur ». Le ministre raconte dans un communiqué :« Ils m'ont visé pendant quelques secondes sans m'atteindre. J'ai entamé un dialogue avec eux, disant que je voulais entendre ce qu'ils avaient à dire, au risque d'être touché. Après quinze minutes de discussion tendue mais non violente, les esprits se sont calmés. »Ecarté de l'équipe de négociationsLes positions affichées par Yanis Varoufakis contre les mesures d'austérité imposées par les créanciers internationaux d'Athènes lui valent la sympathie de nombreux Grecs, mais sa franchise et son style ne font pas l'unanimité. Il y a quelques semaines, une série de photos posées dans l'hebdomadaire français Paris Match lui avait valu de nombreuses critiques dans son pays.Le premier ministre Alexis Tsipras a écarté son ministre des finances de l'équipe chargée des négociations avec l'Union européenne et le Fonds monétaire international. Ce que le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, a salué comme un « bon signal ».Lire (édition abonnés) : Yanis Varoufakis écarté des négociations avec l’Europe 29.04.2015 à 02h12 • Mis à jour le29.04.2015 à 06h54 Le nouveau gouvernement en avait fait un symbole. Le Parlement grec a voté, dans la nuit du mardi au mercredi 29 avril, le rétablissement de la radio-télévision publique Ellinikí Radiofonía Tileórasi (ERT, Radio télévision hellénique), fermée brutalement il y a deux ans par le précédent gouvernement de coalition droite-socialistes dans le cadre de la politique d'austérité.Le rétablissement de la ERT, qui remplace son ersatz Nerit, instauré un an après la fermeture de la ERT, était l'une de promesses électorales du nouveau gouvernement de la gauche radicale Syriza, au pouvoir depuis trois mois. La fermeture de la ERT, le 11 juin 2013, avait provoqué un choc dans le pays et un émoi international.Lire (en édition abonnés) : Grèce : l’audiovisuel public en passe de renaître de ses cendresRéintégration des 1 550 anciens employésLe projet de loi intitulé « Règles pour l'organisme public de radio-télévision (ERT), société anonyme » a été voté surtout par la majorité du gouvernement de coalition de gauche radicale et des Grecs Indépendants. Certains articles ont été votés par les socialistes Pasok et la Rivière (centre-gauche). Le principal parti d'opposition de droite Nouvelle-Démocratie a voté contre le projet de loi.Outre le remplacement du titre de Nerit par le titre historique ERT, la nouvelle loi prévoit la réintégration des 1 550 anciens employés de la ERT qui le souhaitent. Au total ERT comptait plus de 2 600 salariés mais des centaines sont partis à la retraite après sa fermeture tandis que d'autres avaient été embauchés par la Nerit. 2 300 personnes formeraient la nouvelle ERT, selon la presse. La loi stipule que « le coût de la ERT s'élève à 60 millions d'euros par an et qu'il sera couvert par la redevance qui a été fixé à 3 euros par mois ».Critiquée dans le passé pour ses gaspillagesFermée dans le cadre des mesures de rigueur imposées par les créanciers du pays, UE et FMI, la ERT avait été remplacée un an plus tard par Nerit, un organisme à budget réduit qui ne comprenait que 500 employés. Le premier ministre Alexis Tsipras s'était engagé à rouvrir ERT, critiquée dans le passé pour ses gaspillages et sa pléthore d'employés.Le gouvernement a assuré qu'il ne se contentait pas de retourner à l'ancien cadre qui régissait ERT mais qu'il allait faire face aux problèmes de l'ancienne ERT mais « sans les initiatives inadmissibles du précédent gouvernement comme d'imposer un écran noir ».La fermeture de ERT en juin 2013 avait provoqué de nombreuses manifestations, soutenues à l'époque par Syriza, qui était alors le principal parti d'opposition, tandis que l'organisme des radio-télévisions européennes UER avait condamné cette fermeture.La présidente du Parlement Zoe Konstantopoulou a qualifié la fermeture de la ERT « d'acte le plus autoritaire du précédent gouvernement ». Le ministre en charge de la télévision publique Nikos Pappas a de son côté assuré que « la ERT serait un organisme fiable, qui rétablira le sentiment de justice ». 28.04.2015 à 20h41 • Mis à jour le28.04.2015 à 20h45 L'ancien inspecteur de police portugais chargé de l'enquête sur la disparition en 2007 de la fillette britannique Madeleine McCann, Gonçalo Amaral, a été condamné à payer 500 000 euros aux parents à l'issue d'un procès en diffamation, selon le jugement rendu public mardi 28 avril. Cette somme est assortie d'intérêts s'élevant à 106 000 euros, a précisé Isabel Duarte, l'avocate du couple britannique commentant la décision du tribunal civil de Lisbonne.Kate et Gerry McCann poursuivaient en justice l'ancien responsable de l'enquête pour avoir publié en 2008 un livre nommé Maddie, l'Enquête interdite, dans lequel il accuse le couple d'avoir dissimulé le cadavre de sa fille morte accidentellement. Le tribunal condamne en outre M. Amaral et ses éditeurs à retirer les exemplaires en circulation et leur interdit toute réédition du livre, de même que toute nouvelle diffusion d'un documentaire basé sur ces mêmes thèses.Au cours du procès, les McCann ont cherché à démontrer que le livre de M. Amaral avait nui aux recherches de leur fille. La famille britannique réclamait 1,2 million d'euros en réparation du préjudice subi.Enquête controverséeMaddie a disparu de sa chambre le 3 mai 2007, à quelques jours de son quatrième anniversaire, dans la petite station balnéaire de Praia da Luz, dans le sud du Portugal, où elle séjournait en vacances avec sa famille. Après quatorze mois d'investigations controversées, marquées notamment par la mise en examen des parents de la fillette et le limogeage de M. Amaral, la police portugaise avait classé l'affaire en 2008 avant de rouvrir le dossier cinq ans plus tard.La police britannique a ouvert sa propre enquête en juillet 2013 et a effectué depuis plusieurs déplacements au Portugal. Des fouilles menées l'été dernier n'avaient révélé « aucun indice », selon Scotland Yard, mais quatre personnes avaient été mises en examen en juillet. Le couple s'est toujours dit convaincu que Madeleine avait été enlevée et pourrait être encore en vie. 28.04.2015 à 18h22 • Mis à jour le29.04.2015 à 15h19 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2of0su"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2of0su", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});En raison d'un important incendie, quelque 170 passagers d'un ferry reliant Palma de Majorque à Valence, dans l'est de l'Espagne, ont été évacués, a annoncé mardi 28 avril après-midi l'autorité portuaire des îles Baléares, faisant état de trois blessés légers.Le ferry de Transmediterranea « est en feu et tout le monde a été évacué », a confirmé à l'Agence France-Presse le service d'informations à la clientèle de la compagnie.Les causes encore inconnuesSelon le compte Twitter de l'autorité portuaire des Baléares, « 170 passagers ont été évacués » par d'autres navires, qui croisaient non loin du ferry vers le port de Palma, et y sont attendus vers 18 heures. « Les causes de l'incendie sont pour le moment inconnues », précise l'autorité portuaire :Imagen del #Sorrento. Las causas del incendio se desconocen por el momento. pic.twitter.com/fmCZCKuXol— Ports de Balears (@PortsdeBalears) 28 Avril 2015« Des premières informations font état de trois blessés légers qui seront évacués en hélicoptère », ajoute-t-elle, précisant qu'il s'agit de membres de l'équipage.Des images diffusées par un quotidien local, le Diario de Mallorca, sur son site Internet, montraient une très importante colonne de fumée noire s'échappant du ferry. Selon le quotidien, le bateau avait quitté peu avant midi Palma et l'incendie, qui serait parti de la salle des moteurs, s'est déclenché deux heures plus tard. Eric Albert (Londres, correspondance) L’économie du Royaume-Uni, la plus dynamique des pays du G8 en 2014, a connu un ralentissement surprise au premier trimestre. Le produit intérieur brut (PIB) n’a progressé que de 0,3 %, selon les données du Bureau national des statistiques, publiées mardi 28 avril. C’est moitié moins qu’au trimestre précédent et c’est aussi la plus faible performance depuis la fin de 2012. La croissance sur douze mois (d’avril 2014 à mars 2015) s’élève néanmoins à 2,4 %.A neuf jours des élections législatives du 7 mai, il s’agit d’une mauvaise nouvelle pour le premier ministre, David Cameron. « Le pays a peut-être connu un taux de croissance inférieur à celui de la zone euro, pour lequel nous prévoyons + 0,4 % », souligne Elizabeth Martins, économiste à HSBC.« Nous sommes à un moment critique, reconnaît George Osborne, le chancelier de l’Echiquier. Nous devons nous rappeler que nous ne pouvons pas considérer la croissance comme une évidence. » Sous-entendu : il serait dangereux de confier les clés aux travaillistes alors que la reprise demeure fragile. Le Labour réplique, lui, que « l’économie n’est pas encore réparée ».Baisse de l’activité dans le BTPLe ralentissement de la croissance outre-Manche... Mathilde Damgé 140 %de hausse des signalements, par les institutions financières suisses, de soupçons de fraudes en dix ans ; un quart d'augmentation sur la seule année 2014 par rapport à l'année précédente : ce sont les chiffres transmis mardi 28 avril par le Bureau de communication en matière de blanchiment d'argent en Suisse (Money Laundering Reporting Office Switzerland, MROS).Ces soupçons (signalés par des banques, mais aussi des gérants de fortune, des casinos, des négociants de métaux précieux ou des courtiers immobiliers) portent majoritairement sur le blanchiment. Ils concernent aussi de plus en plus des escroqueries (notamment sous forme de phishing, via l'utilisation frauduleuse de messages électroniques), des abus de confiance, de la corruption, des manipulations de cours boursiers ou des financements d'organisation criminelle. #container_1430211933946{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1430211933946{ height:500px; } #container_1430211933946 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1430211933946 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1430211933946 .subtitre{ display:block; }Le nombre de signalements à son plus haut niveau historique(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1430211933946", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "https://www.fedpol.admin.ch/fedpol/fr/home/aktuell/news/2015/2015-04-28.html", "_blank" ); } } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"Office fédéral de la police", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"datetime", categories:null, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value:%Y}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:" signalements", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "%Y" }, legend:{ enabled:false, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de signalements", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ 1104537600000, 729 ], [ 1136073600000, 619 ], [ 1167609600000, 795 ], [ 1199145600000, 851 ], [ 1230768000000, 896 ], [ 1262304000000, 1159 ], [ 1293840000000, 1625 ], [ 1325376000000, 1585 ], [ 1356998400000, 1411 ], [ 1388534400000, 1753 ] ], "color": "#0386c3" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);L'organisme chargé de transmettre ensuite ces signalements aux autorités de poursuite pénale de Suisse et des pays concernés, explique ce bond des dénonciations par une « sensibilisation croissante et permanente des intermédiaires financiers ».Lexique : le blanchiment consiste à dissimuler l'origine d'argent acquis de manière illégale et à le réinvestir dans des activités légales. A l'origine des opérations de blanchiment, il y a donc des infractions, listées par le Groupe d'action financière (Gafi). Il y a de nombreuses façons de blanchir de l'argent : en faisant appel à un complice dans une banque, en achetant des biens de grande valeur mis au nom de quelqu'un d'autre, en achetant des jetons dans un casino puis en les encaissant sous forme de chèque... La France en 3e position« Ce chiffre record n'était pas prévisible pour 2014, car aucun événement particulier n'a été enregistré comme cela avait été le cas en 2011 ("printemps arabes") ou en 2012 (un cas de grande envergure) », explique toutefois le MROS – le cas de 2012 fait référence au démantèlement du réseau franco-suisse des frères Elmaleh dans lequel avait été impliquée une élue verte de Paris. Une vingtaine de personnes, soupçonnées d'avoir blanchi près de 12 millions d'euros en Suisse, avaient été mises en examen cette année-là. Deux des frères seront condamnés à des peines de prison.Dans le cadre de la lutte internationale contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, l'échange d'informations doit permettre de remonter rapidement aux responsables : les statistiques élaborées par le MROS, grâce à sa coopération avec ses homologues étrangers, montrent que la France est en 3e position parmi les pays demandeurs d'informations. #container_1430216009883{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1430216009883{ height:500px; } #container_1430216009883 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1430216009883 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1430216009883 .subtitre{ display:block; }La France très demandeuse d'informations à la Suisse(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1430216009883", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "https://www.fedpol.admin.ch/fedpol/fr/home/aktuell/news/2015/2015-04-28.html", "_blank" ); } } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"Office fédéral de la police", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"Nombre de demandes étrangères d'informations" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"linear", categories:["divers","Etats-Unis","Liechtenstein","France","Autriche","Italie","Luxembourg","Espagne","Grande-Bretagne"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "" }, legend:{ enabled:false, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "personnes concernées", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 1339 ], [ "", 399 ], [ "", 282 ], [ "", 194 ], [ "", 185 ], [ "", 171 ], [ "", 135 ], [ "", 117 ], [ "", 107 ] ], "color": "#0386c3" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Les sommes impliquées ont augmenté de 12 % durant l'année sous revue, pour atteindre 3,3 milliards de francs suisses, soit environ 3,2 milliards d'euros. En 2014, une dénonciation a dépassé le seuil des 200 millions de francs, tandis que six autres concernaient des montants dépassant les 75 millions de francs. A elles seules, ces sept communications ont contribué à presque un tiers du chiffre total des valeurs patrimoniales annoncées.Lexique : il ne faut pas confondre la fraude fiscale avec l'évasion (ou l'optimisation/soustraction) fiscale, qui peut être légale si elle est déclarée. L'évasion fiscale, contre laquelle luttent férocement les Etats depuis trois ans, n'est pas au centre du rapport du MROS dans la mesure où cette catégorie d'infraction n'a été intégrée dans le périmètre de l'organisme qu'en 2015. Comment la Suisse a renoncé au secret bancaireMathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marion Van Renterghem (Londres, envoyée spéciale) Le blairiste est un animal tenace et plus robuste qu’il n’y paraît. A Londres, à Paris, on l’a cru mort plusieurs fois. Certains l’envient sans oser prononcer son nom. D’autres se vantent d’avoir eu sa peau et enragent de le voir ressurgir. « Tony Blair » et « New Labour », synonymes de « social-libéralisme » et de guerre d’Irak, sont devenus des gros mots pour la droite du centre droit et la gauche du centre gauche, des deux côtés de la Manche. Qui se souvient que la première socialiste française à préfacer un ouvrage de Tony Blair (La Nouvelle Grande-Bretagne, Edition de l’Aube) en 1997 n’était autre que Martine Aubry, l’une de ses plus féroces critiques aujourd’hui ?Dans la tribu des blairistes, Alastair Campbell est une bête à part. La plus bruyante, la plus exposée, la plus inusable. L’homme lige de Tony Blair, stratège, « spin doctor », penseur et combattant de la « troisième voie » à la réputation de pitbull, est le seul de l’équipe rapprochée de l’ancien premier ministre britannique (1997-2007) à être resté un militant inconditionnel du Labour, bien que celui-ci soit redevenu plus « Old » que « New » et plus gauche que centre. A 57 ans, dans la campagne pour les élections générales du 7 mai, il est même un proche conseiller – bénévole – du candidat travailliste, Ed Miliband, lequel s’est pourtant forgé une posture anti-blairiste et qui n’a jamais été sa tasse de thé.Inextinguibles volontés de pouvoirD’un naturel addictif, Campbell ne sait rien faire sans acharnement. Quand il commence le jogging, il court le marathon de Londres. Quand il boit, il tombe dans l’alcoolisme. Quand il décide d’arrêter, il devient un modèle d’abstinence. Quand il ne va pas bien, il sombre dans une vraie dépression, la raconte dans des livres et se dévoue à une œuvre caritative pour la reconnaissance des maladies mentales. Quand il découvre Twitter, il tweete de façon compulsive. Quand il écoute Brel, il lui consacre un documentaire et collectionne ses moindres morceaux perdus. Et quand il soutient son équipe de foot de Burnley (comté de Lancashire), c’est à la vie à la mort. Il peut enquiller des heures de route chaque semaine dans le nord pour assister à un malheureux match.« Je ne sais pas si ce que j’aime le plus, c’est gagner ou ne pas perdre »Il a six principales obsessions : le football, le Labour, la dépression, Jacques Brel, Twitter et son autopromotion. Leur rang varie selon l’humeur, mais une septième englobe et surpasse chez lui toutes les autres : l’inexpugnable volonté de gagner. « Je ne sais pas si ce que j’aime le plus, c’est gagner ou ne pas perdre », confie-t-il dans un rare moment d’abandon. Son dernier livre, Winners (Hutchinson, non traduit), synthétise ses réflexions sur « l’esprit gagnant » et la « stratégie » – « la stratégie est Dieu », prophétise-t-il – à partir de champions-modèles dans le sport, les affaires, la politique, la culture. Ses admirations, ses fascinations, ses lignes de mire. Bien sûr, il avait décidé que ce serait un best-seller. C’en est un.Sa formule magique ? Tony Blair semble l’avoir gardée, lui qui reste à 61 ans le premier ministre le plus souriant de la planète, et sur qui l’après-pouvoir, autant que le pouvoir, a un effet bizarrement rajeunissant. Dans son bureau de Mayfair, à Londres, il nous raconte avec un peu de nostalgie cet ami obsessionnel dont les manies, conjuguées à celles de Peter Mandelson, Jonathan Powell et quelques autres de l’équipe rapprochée, lui ont valu trois victoires consécutives. Aussi bien que Margaret Thatcher. Du jamais-vu au Labour.« C’était très excitant de travailler avec Alastair, dit Tony Blair. Il savait gérer les médias et obligeait à recentrer le message, à traduire une stratégie clairement et en peu de mots, à donner un sens au récit. Il me poussait à oser ce que je n’osais pas faire, et ça, ce n’est pas seulement de la communication, c’est de la stratégie. » Dès le début, le nouveau leader travailliste avait la volonté de forger le New Labour, de changer la charte du Parti travailliste, d’enlever les clauses socialistes comme la mise en commun des moyens de production, mais il se heurtait aux résistances internes. Et il tergiversait. « J’étais inquiet. C’est Alastair qui nous a fait assumer nos idées. Il m’a dit : “Puisque c’est ce que tu veux, affiche-le, et en grand !” Il a fait mettre une immense bannière pour l’ouverture de la conférence du parti en 1994 : “New Labour, New Britain”. C’était révolutionnaire. Un très grand moment. »« Un homme de parti et de terrain »Blair et Campbell : deux fois 1,85 m, deux immigrés écossais à Londres, deux amateurs de foot, de rock et du sud de la France, deux grands chaleureux capables du plus cinglant. Deux inextinguibles volontés de pouvoir. Ils se sont trouvés à la fin des années 1980, quand Blair était membre du cabinet fantôme du leader travailliste Neil Kinnock, et Alastair Campbell journaliste au Daily Mirror, un tabloïd dévoué à la cause. Campbell, qui écrit des romans érotiques sous pseudo, a, déjà, une obsession : faire enfin gagner le Labour. Au QG, les articles militants de cet « esprit stratégique » sont épluchés à la loupe. Tony Blair, en génial meneur d’équipe, voit vite en lui ce qui lui manque : « Alastair est plus à gauche que moi. Il est aussi plus tribal que moi, c’est un homme de parti et de terrain. Peter [Mandelson] théorisait la pensée idéologique sur des années, Jonathan [Powell] avait la précision technique. Alastair, c’était : “Voilà ce qu’on doit faire, là, maintenant.” »Le film de Stephen Frears, « The Queen », montre un Tony Blair un brin niais face à un Alastair Campbell espiègle et inventif, jusqu’à lui souffler, à la mort de Diana, la fameuse formule « Princesse du peuple » qui fera le tour du mondePour gagner Downing Street en 1997 et après, Tony le veut absolument à ses côtés. A l’été 1994, tout juste élu à la tête du parti, il va voir son ami en vacances en Provence pour achever de le convaincre. Campbell est hésitant, il parle de son tempérament dépressif, un handicap lourd. « Ça m’est égal », balaie Tony Blair. L’aventure commence. Blair ne voit pas Campbell déprimer mais plutôt monter en puissance au point d’être de plus en plus critiqué pour sa mainmise sur le gouvernement et les médias. En 2006, le film de Stephen Frears, The Queen, montre un Tony Blair un brin niais face à un Alastair Campbell espiègle et inventif, jusqu’à lui souffler, à la mort de Diana, la fameuse formule « Princesse du peuple » qui fera le tour du monde. « Princesse du peuple », c’est Campbell ? demande-t-on à Tony Blair. « Non, cette formule, c’est moi seul », répond l’ex-premier ministre, un peu moins souriant, affirmant n’avoir pas vu le film. « Princesse du peuple », c’est Blair ? demande-t-on à Alastair Campbell. « Non, je crois bien que c’est moi », dit le stratège de son air le plus modeste.Entre gros ego, on n’évite pas les chipotages mais ce duo-là résiste à tout. A l’ascension comme à la chute. La guerre d’Irak leur vaut l’opprobre de l’opinion publique : Blair, « le caniche de George W. Bush ». Campbell, « le spin doctor » qui aurait manipulé la communication en gonflant la menace des armes de destruction massive. Alastair Campbell démissionne de Downing Street en août 2003, mais participe à la campagne pour la troisième victoire en 2005. Sans lui, Tony Blair trouve la vie au gouvernement ennuyeuse : « C’était plus calme et moins amusant après Alastair. Mais quand le type chargé de la presse devient lui-même le sujet de l’histoire, il est temps pour lui de partir. » Campbell lui a bien sûr dédicacé Winners : « Laisse les haineux haïr, le monde sait que tu es un vainqueur. »Teigneux flegmatiqueBill Clinton est leur modèle commun en stratégie politique. Jamie Rubin, porte-parole du département d’Etat, avait droit aux mêmes conseils qu’eux : « Clinton nous répétait toujours : “Ne sois pas le premier à attaquer mais ne reste jamais sans te défendre. Ne laisse rien passer, réplique à tout. Si on t’attaque, absorbe le coup et renvoie-le encore plus fort.” » Alastair Campbell a outrepassé la leçon du maître. Il attaque le premier. C’est un débatteur-né qui ne lâche jamais. Un bad boy à la John McEnroe, qui monte à la volée, mégote sur chaque point, casse sa raquette, agresse l’arbitre, sauf qu’à la différence du tennisman américain, Campbell attaque en mode calme. Un teigneux flegmatique. Un match Björn Borg-John McEnroe à lui tout seul. Il sourit en cognant. Il n’envoie plus son poing à la figure d’un journaliste, comme il le fit jadis avec un confrère du Guardian, mais sur Twitter il y va en « Pipe off », « jerk », « tosser », « wanker » (« Ferme-la », « con », « enfoiré », « branleur », etc.). « Tit » (« téton ») est son insulte la plus fréquente. A le croire, il y a énormément de tétons en Angleterre.Il s’est déguisé en David Cameron pour aiguiser les arguments du candidat travaillisteAuprès d’Ed Miliband, Alastair est d’abord l’homme de la préparation des débats télévisés. Il s’est déguisé en David Cameron pour aiguiser les arguments du candidat travailliste et, là encore, c’est plus fort que lui, il ne peut s’empêcher de gagner. « Il était bien meilleur et plus convaincant que Cameron en conservateur », s’amuse un de ses coéquipiers. Lors du premier débat fictif, Miliband est sorti vaincu. Campbell-Cameron a eu sa peau. A l’époque, le candidat travailliste avait des progrès à faire, lui qui avait réussi à « oublier » le chapitre sur le déficit budgétaire dans son discours de la conférence du parti, en septembre 2014. Au deuxième débat fictif, c’est le candidat qui a gagné contre le spin doctor. Un hiérarque du Labour reconnaît l’apport décisif de Campbell : « Il a donné à Ed la confiance en lui en l’incitant à attaquer et en le ramenant au cœur des arguments. »En des temps pas si anciens, un certain Manuel Valls traversait la Manche pour déjeuner avec Tony Blair et Alastair Campbell, vedettes européennes du moment. C’était à la fin des années 1990, la social-démocratie triomphait en Europe, les régimes communistes s’effondraient, l’attrait des idées libérales tirait la gauche vers le centre. Après la conversion idéologique du New Labour, le chancelier Gerhard Schröder faisait de même avec le Parti social-démocrate allemand. Le premier ministre français Lionel Jospin résistait comme il pouvait à cette agaçante mode blairiste, beaucoup trop libérale pour un socialiste français. Des deux conseillers qui l’accompagnaient, l’un était sur sa ligne, Aquilino Morelle. L’autre, Manuel Valls, mûrissait son évolution vers le social-libéralisme dont il allait faire sa marque – en prenant soin de ne jamais prononcer l’expression de « troisième voie » ni le nom de Tony Blair.Déjà, le blairisme divisait. Il continue de cliver, alors que se prépare le congrès du Parti socialiste, prévu les 5, 6 et 7 juin. Pour ne fâcher personne, et en particulier Martine Aubry, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, a préféré ne pas mentionner Blair ni Schröder dans le texte de motion, comme le voulait le maire de Lyon, Gérard Collomb. Il en va de même au Royaume-Uni : Ed Miliband joue sur l’ambiguïté, rejetant officiellement le New Labour, tout en s’octroyant le soutien discret de Blair et de ses fidèles.A la question de savoir ce qu’il conseillerait au président Hollande, celui qui partage maintenant sa vie entre l’écriture, les conférences, quelques fondations caritatives et le conseil en stratégie répond par une autre question : « Pourquoi vos présidents se font-ils toujours élire sur un programme qu’ils n’appliquent pas ? » Le président de la République française ne compte pas parmi ses winners. Un oubli, sans doute.Marion Van Renterghem (Londres, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Christophe Ayad Enquête sur ces armes qui, l’exemple syrien le prouve, demeurent une lourde menace pour la sécurité (mardi 28 avril, à 20 h 50, sur Arte).Ce n’est pas par coïncidence que l’on célèbre, en ce mois d’avril 2015, le centenaire du génocide des Arméniens et celui de la toute première attaque à l’arme chimique. Le 22 avril 1915, deux jours avant le début du premier massacre de masse planifié de l’histoire contemporaine, l’armée allemande utilisait des gaz de combat sur le front d’Ypres, en Belgique.Pas de hasard dans l’apparition concomitante de l’arme chimique et de la logique génocidaire. La combinaison des deux culminera moins de trente ans plus tard avec l’horreur des camps d’extermination et l’utilisation du Zyklon B dans le cadre de la « solution finale » par les nazis contre les juifs d’Europe. Dans les années 1930-1940, le Japon fit un usage massif d’armes chimiques lors de son invasion de la Chine.Malgré la Shoah, les grandes puissances, poussées par le lobby industriel chimique, ont continué à accumuler des arsenaux colossaux. Et à en vendre à des pays comme la Syrie ou l’Irak.Démantèlement et contrôleCe n’est qu’en janvier 1993, après la fin de la guerre froide, que les Etats-Unis et la Russie décidèrent de prohiber les armes chimiques. Plus pour des raisons de coût de production, de stockage et d’élimination que par humanisme. La Convention pour l’interdiction des armes chimiques, de 1993 – et ratifiée par 191 pays, sauf l’Egypte, Israël, le Soudan du Sud et la Corée du Nord – est unique : la seule à prévoir un démantèlement d’un type d’armes et un mécanisme de contrôle permanent. Des dispositions appliqués par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, récipiendaire du prix Nobel de la paix en 2013.Sans l’attaque chimique de la Ghouta (banlieue de Damas), le 21 août 2013, qui fit 1 500 morts, le grand public n’aurait jamais entendu parler de cette organisation, qui supervisa le désarmement chimique du régime syrien. Malgré cette avancée, obtenue sous la pression internationale, Damas continue de bombarder des civils à l’aide de chlore à l’état gazeux, une substance non prohibée par la Convention. L’exemple syrien, la prolifération de groupes terroristes et les dégâts créés par ces substances, même périmées, rappellent que les armes chimiques sont loin d’appartenir au passé, comme le souligne ce documentaire.Le Souffle de la guerre chimique de Fabienne Lips-Dumas (Fr.-Can.-Bel., 2015, 85 min). Mardi 28 avril, à 20 h 50, sur Arte.Christophe AyadRédacteur en chef InternationalSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.04.2015 à 16h55 • Mis à jour le27.04.2015 à 17h09 Le 23 avril, l’Union européenne a annoncé qu’elle renforcerait la surveillance en Méditerrannée. Mais en visant les passeurs, n’oublie-t-on pas le devoir d’assistance aux migrants, après le naufrage au large de la Libye, d’un bateau qui a fait près de 800 morts, ce drame intervenant quelques jours après deux autres naufrages de migrants qui ont fait quelque 450 disparus?- Non à l’égoïsme face à l’exil, par Yves Pascouau (Directeur du programme « Migration and Diversity », European Policy Centre, Bruxelles). En 2015, près d’un demi-million de réfugiés vont affluer vers l’Europe, en l’absence de la moindre volonté politique de les accueillir.- Retrouvons de la compassion pour les damnés de la mer, propos recueillis par Marc-Olivier Bherer. L’historien Benjamin Stora, également président du conseil d’orientation du Musée de l’immigration, déplore l’absence d’une plus grande mobilisation citoyenne en faveur des migrants clandestins. La solidarité recule avec la montée du néonationalisme en Europe.- Des rescapés qui n’accusent pas que les passeurs, par Hélène Crouzillat et Laetitia Tura, réalisatrices du documentaire Les Messagers, qui recueille la parole de migrants qui ont tenté le voyage vers l’Europe depuis l’Afrique. Ce film est actuellement en salle). L’insistance européenne à vouloir refouler les migrants mène certains d’entre eux à la mort. Des exactions sont commises sans que ces faits soient portés à l’attention du public. Quand le naufrage survient, le passeur fait figure de coupable idéal. Or, cette culpabilité, limpide et objectivement impossible à contredire, permet de dissoudre les causes. En outre, les passeurs ont bien compris qu’ils peuvent désormais faire commerce de l’humain – à une échelle industrielle –, quand persiste à tous niveaux un déni de la violence à l’œuvre dans les frontières.- L’Union européenne cesser d'être hostile à l’accueil des réfugiés, par Olivier Clochard, chercheur au CNRS au sein du laboratoire Migrinter de l’université de Poitiers et président du réseau Migreurop. Une guerre, qui ne dit pas son nom, mais multiplie les victimes dans les eaux de la Méditerranée, est entretenue par la politique d’immigration désastreuse de l’Europe. L’Union européenne doit d’urgence changer de position.- Les réponses de l'Italie garantissent que de nouvelles tragédies se produiront en Méditerranée, par Sara Prestianni (photographe et spécialiste des migrations).- « Pas de commerçants de mort, s'il vous plaît, mais plutôt des commerçants de vie », par Giampaolo Musumeci (journaliste, coauteur avec Andrea di Nicola de Trafiquant d’hommes (Liana Levi). Clément Melki Les catastrophes se suivent dans l’indifférence quasi générale : 400 personnes seraient mortes dimanche 12 avril sur les quelque 550 que transportait une embarcation de fortune partie des côtes libyennes. Ce nouveau naufrage en Méditerranée, sur l’une des routes les plus meurtrières du monde, illustre la situation alarmante des migrants installés en Libye, et, plus encore, de ceux qui ne font que transiter par ce pays en plein chaos.Lire aussi :Nouveau naufrage mortel en Méditerranée Un nombre compliqué à estimerLe nombre de migrants en Libye est très difficile à estimer, les ONG et les ambassades ayant quasiment toutes déserté le pays en raison des affrontements entre les différentes factions qui luttent pour le pouvoir depuis la chute Mouammar Kadhafi, en 2011. En août 2014, l’UNHCR (Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés) dénombrait 37 000 personnes enregistrées à Tripoli et Benghazi, se disant « gravement préoccupé » pour leur sécurité. « Ce ne sont pas des données structurelles, les chiffres varient beaucoup avec les mouvements migratoires », explique Delphine Perrin, juriste et chercheuse à l’université d’Aix-Marseille, qui rappelle qu’« avant d’être un pays de transit, la Libye est d’abord un pays d’arrivée. Il y a toujours eu des étrangers qui se rendent sur place pour travailler ».Des déplacements inscrits dans l’histoireS’ils ont été accentués par le conflit libyen et les révolutions arabes, les mouvements migratoires sont profondément ancrés dans l’histoire du pays. En raison de son positionnement géographique, la Libye a vu les populations nomades sahariennes transiter sur son territoire depuis des siècles. À la fin des années 1990, Mouammar Kadhafi avait de surcroît encouragé les migrations de travailleurs vers la Libye, attirés par ses ressources, notamment pétrolières. Le guide de la révolution libyenne avait alors « mis en place une stratégie d’ouverture des portes qui s’inscrivait dans un projet panafricain, afin de gagner du crédit auprès des leaders de la région », explique Ferruccio Pastore, directeur du FIERI (Forum for International and European Research on Immigration). Cette orientation politique a provoqué un afflux massif de migrants, en provenance de l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, du Nigeria, du Mali, du Sénégal, dont la situation s’est détériorée, surtout à partir des années 2000. L’impact de la guerreLa guerre civile qui a suivi la chute du régime de Kadhafi en octobre 2011 a encore aggravé la situation des migrants, désormais confrontés aux affrontements entre deux gouvernements rivaux et à la relative fermeture des pays européens. À ce chaos s’ajoute la menace de l’organisation Etat islamique, désireuse de consolider sa présence dans la région. Dans ce contexte, marqué par l’absence de tout cadre juridique ou humanitaire, les migrants sont devenus la proie des milices locales. « Tout le monde est autorisé à faire ce qu’il veut des immigrés. Cela donne lieu à une exploitation brutale, marquée par une multiplication des kidnappings », résume Ferruccio Pastore.Venus essentiellement de la corne de l’Afrique (Somalie, Ethiopie, Erythrée), les migrants sont le plus souvent exploités dans des conditions de vie dégradantes, dénoncées par la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) : arrestations arbitraires, violences physiques et psychologiques, travail forcé… Les Africains subsahariens doivent faire face au racisme d’une partie de la population, d’autant plus fort qu’ils sont associés au souvenir de la politique migratoire de Kadhafi. Et les passeurs se montrent de plus en plus violents pour optimiser leurs bénéfices.Lire aussi :Naufrage en Méditerranée : des passeurs de plus en plus violents Vers l’Europe…Pour échapper aux affrontements entre milices armées, les migrants de passage en Libye sont de plus en plus tentés de traverser la Méditerranée. Une très large partie d’entre eux quitte les côtes libyennes pour rejoindre l’Italie : selon le HCR, plus de 110 000 personnes seraient arrivées de cette manière sur les côtes italiennes en 2014, dont la moitié originaire de Syrie et d’Erythrée. « Depuis le 1er janvier, 29 000 personnes ont déjà emprunté cette route », indique Ewa Moncure, une des portes-parole de Frontex, l’agence européenne chargée de la surveillance des frontières, qui craint de voir augmenter encore ces fluxs cet été, à la faveur d’une météo plus clémente.Cet afflux massif a pris de cours les Européens, notamment les dirigeants italiens, qui ont demandé à leurs partenaires du continent de prendre en charge une partie des réfugiés, ou de cofinancer leur accueil. Face à l’afflux, le gouvernement de Matteo Renzi a décidé à l’automne 2014 de renoncer à l’opération Mare Nostrum, menée par la marine italienne afin d’éviter le naufrage des convois de migrants. Lancées après le drame de Lampedusa en octobre 2013 qui avait fait 366 morts, ces interventions auraient permis de sauver quelque 100 000 personnes, selon l’ONG Human Rights Watch. Elles ont été remplacées par Triton, une opération de surveillance des frontières maritimes et non plus de sauvetage, placée sous l’égide de Frontex.Lire aussi :L’UE impuissante face aux drames de l’immigration… et l’Afrique du NordOutre l’Europe, de plus en plus de migrants en provenance de Libye se rendent en Tunisie pays avec lequel la Libye partage une frontière de 460 km. Depuis 2011, près de 2 millions d’entre eux y ont trouvé refuge. Un afflux qui risque de fragiliser un Etat lui-même engagé dans une délicate transition démocratique, et qui n’arrive plus à faire face à cette arrivée massive, en particulier au niveau sanitaire. D’autres choisissent de transiter par la Tunisie pour rejoindre ensuite l’Europe.Lire aussi :Passeurs et mafieuxClément MelkiJournaliste au Monde 16.04.2015 à 14h07 • Mis à jour le16.04.2015 à 17h43 Oles Bouzina, un journaliste ukrainien connu pour les positions prorusses, a été tué par balle, jeudi 16 avril à Kiev, devant chez lui. C'est le deuxième meurtre d'une personnalité prorusse dans la capitale ukrainienne en vingt-quatre heures, après l'assassinat, mercredi, du député Oleg Kalachnikov dans des circonstances similaires.« Il est évident que ces deux crimes sont du même genre. Leur nature et sens politique sont clairs − c'est une provocation délibérée qui apporte de l'eau au moulin de nos ennemis, déstabilise la situation en Ukraine », a déclaré le président ukrainien, Petro Porochenko, en appelant à une enquête « transparente ». Le président russe Vladimir Poutine a, lui, très vite dénoncé « un assassinat politique, le dernier en date en Ukraine » en accusant Kiev de ne rien faire pour élucider ces meurtres. « Un seul et unique peuple »Fils d'un lieutenant-colonel du KGB, Oles Bouzina écrivait sur son propre site que Russes, Ukrainiens et Bélarusses sont « un seul et unique peuple » et accusait les Ukrainiens de « vouloir détruire la culture russe ». Il se disait partisan de la « fédéralisation » de l'Ukraine prônée par la Russie et fondateur d'une communauté de « Chevtchenko-phobes », qui disaient détester le poète et héros national de l'Ukraine, Taras Chevtchenko.Le journaliste animait également une émission de télévision et commentait souvent la crise ukrainienne. Oles Bouzina était rédacteur en chef du quotidien Segodnia, poste qu'il avait récemment quitté en dénonçant la « censure ». Ce journal est financé par l'homme le plus riche du pays, Rinat Akhmetov, qui fut également le principal sponsor du Parti des régions, ex-formation du président prorusse Viktor Ianoukovitch destitué en février 2014.Mort de plusieurs personnalités pro-russesL'ancien député Oleg Kalachnikov, 52 ans, était connu pour avoir œuvré à la mobilisation de « gros bras », soupçonnés d'être payés par les autorités pour participer à des manifestations pro-Ianoukovitch et persécuter les militants pro-européens pendant le mouvement de contestation pro-européen sur le Maïdan à Kiev fin 2013-début 2014.La mort de M. Kalachnikov faisait suite à celle d'Olexandre Peklouchenko, un ex-gouverneur et membre du Parti des régions, qui se serait suicidé à la mi-mars dans sa maison dans le sud de l'Ukraine.Peu avant, Stanislav Melnik, un autre ex-député du Parti des régions, avait été retrouvé mort dans sa maison dans la région de Kiev à la suite d'un apparent suicide. A la fin de février, c'est Mikhaïlo Tchetchetov, également un ancien haut responsable parlementaire du Parti des régions, qui s'était défenestré du 17e étage d'un immeuble à Kiev.Lire : En Ukraine, une trêve de plus en plus fragile 16.04.2015 à 09h23 • Mis à jour le16.04.2015 à 16h53 | Jean-Michel Bezat Patrick Pouyanné, directeur général de Total, a annoncé, jeudi 16 avril, au cours d’un comité central d’entreprise extraordinaire, une importante restructuration de l’activité de raffinage du groupe en France, qui subit depuis des années une forte baisse de ses marges. Ces mesures s’accompagneront d’un investissement de 600 millions d’euros dans ses deux raffineries déficitaires de La Mède (Bouches-du-Rhône) et de Donges (Loire-Atlantique). Les trois autres sites français ne sont pas concernés : Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime), Feyzin (Rhône) et Grandpuits (Seine-et-Marne).Total poursuit ainsi la politique inaugurée en 2010 avec la fermeture de la raffinerie des Flandres, à Dunkerque (Nord). « Le plan apporte des solutions durables et vient redonner un futur à ces deux sites industriels, a souligné M. Pouyanné. Total conduira cette transformation sans aucun licenciement ni mobilité géographique contrainte pour les salariés non cadres. »Le groupe arrêtera toute son activité de raffinage de pétrole brut à La Mède d’ici à la fin de 2016, un site qui perd environ 150 millions d’euros par an depuis 2011. Il a décidé d’y investir 200 millions d’euros pour créer « la première bioraffinerie de France » et « l’une des plus grandes d’Europe » afin de répondre à une demande croissante, tout en maintenant certaines activités de raffinage « rentables ».Total y développera aussi une plate-forme logistique (négoce de produits raffinés) et implantera une ferme solaire photovoltaïque d’une capacité de 8 mégawatts (MW) pour fournir 50 % des besoins du site. Elle sera équipée des panneaux produits par sa filiale américaine, SunPower.Ces choix permettront le maintien de 250 des 430 emplois du site, la réduction des effectifs se faisant par des départs anticipés à la retraite, la mobilité pour les non-cadres et des mutations pour les cadres. La CGT de la raffinerie de La Mède juge « inacceptables » les suppressions de poste annoncées jeudi par le groupe et a commencé une grève sur le site, bloquant la sortie de la production. Une assemblée générale sera organisée par le syndicat vendredi.En milieu de journée, un représentant du syndicat, Julien Granato, a indiqué qu'il y avait « 80 % de grévistes sur l'ensemble des personnels qui opèrent sur la raffinerie », soulignant que « la production [n'était] pas livrée mais [était] stockée ».Lire aussi :« A La Mède, il y a Total et rien d’autre »Engagement à ne pas licencierPar ailleurs, Total investira 400 millions d’euros à Donges — moins déficitaire que La Mède — pour en moderniser les installations. La raffinerie produira des carburants moins soufrés et conformes aux nouvelles normes européennes, alors qu’elle est actuellement contrainte d’en exporter une part importante, sa production ne répondant plus à ces normes très contraignantes, ce qui pénalise son équilibre économique.Mais ce site est classé « Seveso seuil haut », et il est traversé par la ligne de chemin de fer reliant Nantes au Croisic. Total demande donc à l’Etat, aux collectivités locales et à la SNCF de la détourner, et s’est engagé à financer un tiers des travaux dans le cadre d’une infrastructure publique.Ce partage de l’effort est prévu dans les plans de prévention des risques technologiques, rappelle-t-on chez Total, où l’on espère conclure un accord avant la fin de l’année.La restructuration de l’outil de raffinage de Total se fera donc sans fermeture de site ni licenciement parmi les 3 900 salariés travaillant dans les cinq raffineries françaises de la compagnie. Christophe de Margerie, PDG de Total, s’y était engagé avant sa mort accidentelle, en octobre 2014. Un engagement repris par M. Pouyanné dès sa nomination, qui répète que Total doit être « responsable » sur le plan économique et « exemplaire » sur le plan social. La fédération chimie-énergie de la CFDT a accueilli « favorablement » un projet de reconversion industrielle qu’elle juge « durable », tout en prévenant qu’« elle ne cautionnera[it] aucune perte d’emplois ».Surcapacités en EuropeLa restructuration commencée en France il y a plus de vingt ans s’est accélérée ces cinq dernières années, avec quatre fermetures successives : la raffinerie de Dunkerque, (Nord) exploitée par Total, en 2010 ; celles de Reichstett (Bas-Rhin) en 2011 et de Petit-Couronne (Seine-Maritime) en 2012, opérées par le suisse Petroplus ; et celle de Berre (Bouches-du-Rhône), mise sous cocon par l’américain Lyondellbasell.La Mède, qui a perdu 150 millions d’euros par an depuis 2011, sera la cinquième, même si elle n’est pas totalement fermée mais reconvertie dans la production de biocarburants, avec moins d’emplois. Les syndicats s’inquiètent des conditions de reclassement d’une partie de ses 430 employés.En France, les raffineries produisent trop d’essence et pas assez de gazole, alors que ce dernier bénéficie d’une fiscalité avantageuse et représente plus de 80 % des volumes écoulés dans les stations-service.Lire aussi :Total veut s’adapter à la baisse du prix du pétroleMais le mal est européen. De nombreuses raffineries du Vieux Continent sont moins compétitives que leurs concurrentes américaines, moyen-orientales et asiatiques. Le secteur souffre depuis plusieurs années de surcapacités dans une région du monde où la consommation de carburant stagne sous le double effet de la crise économique et de véhicules moins gourmands en essence et en gazole.Le taux d’utilisation des raffineries y est tombé de 89 % en 2005 à 79 % en 2013, indique l’Union française des industries pétrolières. Son président, Francis Duseux, estime qu’« on devrait avoir une restructuration d’environ 25 % voire 30 % du raffinage à l’horizon 2035-2040 ». Ce qui annonce la fermeture de 20 à 30 raffineries sur les 79 actuellement en activité dans l’Union européenne.Jean-Michel BezatJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Jacqué La reprise du marché automobile européen est bel et bien là. C’est désormais indéniable. En mars, les immatriculations européennes ont encore augmenté de 10,6 % par rapport à mars 2014, et dépasser le seuil des 1,6 million d’unités, selon les données publiées, jeudi 16 avril, par l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA).C’est une croissance bien plus rapide que depuis le début de l’année. « Nous constatons enfin un vrai rebond du marché après des années de difficultés », assure Jonathon Poskitt, de la société LMC Automotive. Selon ce cabinet d’études, le rythme de croissance permettrait d’atteindre, en année pleine, 13,15 millions de véhicules immatriculés, contre 12,5 millions enregistrés pendant l’année 2014.Reste que le mois de mars comptait un jour ouvré de plus qu’en 2014. Et, de manière générale, ce mois est l’un des meilleurs mois de ventes de l’année. Au premier trimestre, la croissance s’établit à 8,6 %, un rythme un peu moins rapide. Sur l’année 2015 entière, la croissance devrait s’étalonner entre 5 % et 8 %.Premier pas vers un retour à la normaleLMC Automotive estime que le marché devrait atteindre sur l’année 12,8 millions de véhicules vendus en Europe de l’Ouest. Chez un autre cabinet d’études de marché, IHS, Carlos Da Silva assure que « la zone Europe (qui inclut une trentaine de pays, dont l’Europe centrale) atteindra environ 13,5 millions d’unités sur l’année. »C’est un million de véhicules de plus qu’en 2014, le point bas des immatriculations, pour mémoire, ayant été enregistré en 2013, à 11,8 millions d’unités. Il faudra attendre 2020 pour retrouver le seuil de 15 millions d’immatriculations, un niveau connu pour la dernière fois en 2007.L’année 2015 est pour l’instant considérée par les professionnels comme un premier pas vers un retour à la normale. « La reprise actuelle n’a rien à voir avec ce que l’on pouvait vivre il y a encore douze ou dix-huit mois, souligne un responsable du commerce du groupe PSA. Désormais, tous les pays contribuent à la reprise du marché. L’Europe du Nord, comme l’Europe du Sud, la plus marquée par la crise. »En mars, l’Espagne et le Portugal ont affiché une croissance de plus de 40 %, quand l’Irlande dépassait les 30 %, l’Italie, 15 %, l’Allemagne et la France 9 %.Le Royaume-Uni est un cas à part. Avec 6 % de croissance en mars, il a connu le 37e mois consécutif de progression des immatriculations. Et, surtout, le pays a connu, avec 492 774 véhicules vendus, « le meilleur mois de mars depuis le début du siècle », assure Mike Hawes, le directeur général de l’Association britannique des constructeurs et des vendeurs d’automobiles. Le Royaume-Uni profite à la fois des nouveaux modèles et de conditions de financement très abordables.L’année 2014 qui avait été très basse« La plupart des marchés sont en train de rebondir, car les bases étaient extrêmement basses en 2014, rappelle Carlos Da Silva. C’est notamment le cas des pays du Sud (Espagne, Italie, Portugal, etc.), ceux qui, en taux de progression, affichent les performances les plus marquantes. Comme ces pays ont beaucoup souffert pendant la crise, on assiste à un rééquilibrage par le remplacement d’un parc vieillissant de véhicules. » En Irlande, l’un des pays les plus éprouvés par la crise financière, il s’est ainsi vendu, au premier trimestre, 65 000 véhicules, soit plus que les 58 000 écoulés pendant toute l’année 2009. Les ventes de voitures neuves sont d’autant plus importantes que le nombre de voitures d’occasion récentes sont rares et chères.Outre le rebond des pays laminés par la crise, le fait marquant le plus positif pour le marché automobile européen est la reprise des ventes aux entreprises, en raison de l’amélioration des perspectives économiques. En France et en Allemagne, ces ventes ont largement porté le marché.« Avec la crise, les sociétés ont eu tendance à baisser la voilure, en prolongeant le cycle d’utilisation de leurs véhicules, et doivent maintenant revenir sur le marché et renouveler leurs flottes », indique Carlos Da Silva, d’IHS.Mais la reprise du marché automobile ne sera complète que si les particuliers reviennent de manière plus importante dans les concessions. Et, sur ce front, il faut encore transformer l’essai. « En mars, nous commençons à voir un frémissement sur ce front, précise l’expert. Si cela se confirme dans les mois qui viennent alors on pourra devenir franchement plus optimiste. »Le poids des ventes « tactiques »Pour l’instant, outre les entreprises, ce sont les ventes dites « tactiques » qui permettent aux constructeurs d’afficher de bons chiffres. En Allemagne, en France, en Italie ou en Espagne, les ventes aux loueurs de courte durée, aux garages ou aux concessions restent très importantes, faussant un peu la compréhension du marché. A long terme, cela risque d’affecter la rentabilité des constructeurs, déjà ébranlés pendant la crise.« Le poids des ventes tactiques n’est pas plus important que pendant la crise, juge-t-on cependant chez un constructeur. De manière générale, tout le monde essaie de se discipliner pour améliorer les revenus et donc favoriser les ventes aux particuliers, de loin les plus rentables. »De fait, estime Carlos Da Silva, sur l’année, si le taux de croissance devrait se stabiliser autour de 8 %, les sources de cette croissance devraient se rééquilibrer : « La part des ventes aux particuliers devrait progresser et les ventes tactiques baisser. » Philippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.04.2015 à 15h57 • Mis à jour le15.04.2015 à 16h21 | Claire Guélaud Les risques financiers se sont accrus depuis le mois d’octobre 2014 et ils se sont déplacés vers des parties du système financier où ils sont plus difficiles à évaluer et à aborder, estime le Fonds monétaire international (FMI) dans son nouveau rapport sur la stabilité financière, rendu public mercredi 15 avril.« La croissance et des politiques monétaires divergentes ont accru les tensions sur les marchés financiers et sont à l’origine de mouvements de change et de taux d’intérêt rapides et volatiles », a résumé, mercredi 15 avril, José Viñals, directeur du département monétaire et des marchés de capitaux du Fonds et conseiller financier de Christine Lagarde, la directrice générale.Soulignant que « cette situation n’est qu’en partie le fruit d’un héritage du passé », il a souligné que les risques « ont migré des banques vers le secteur non bancaire (gestion d’actifs et shadow banking –  « la banque de l’ombre ») » et « des économies avancées vers les émergentes. »Lire aussi : La BCE s'inquiète de l'hypercroissance de la finance parallèle  Discrétion sur les risques potentiels liés aux politiques monétaires À propos des politiques monétaires, et même s’il est un partisan résolu de politiques non conventionnelles, comme les rachats massifs d’actifs (Quantitative easing) pour soutenir la croissance, auxquels procède par exemple actuellement la Banque centrale européenne (BCE), le FMI, probablement peu désireux de jouer les pompiers pyromanes, ne s’attarde pas sur les risques de bulles qui peuvent aller de pair avec de tels dispositifs.Tout juste M. Viñals observe-t-il que la prise de risques financiers et la quête du rendement « continuent de pousser la valorisation de certains actifs ». Lire aussi :Le « bazooka » de Mario Draghi n’est pas sans risqueEn revanche, qualifiant de « courageuses », les politiques monétaires non conventionnelles mises en place par la Banque centrale centrale (BCE) ou la Banque du Japon, le conseiller financier de la directrice générale du FMI insiste sur la nécessité d’amplifier l’impact de ces politiques en les complétant par d’autres mesures.« Dans la zone euro, a insisté M. Viñals, il est nécessaire de s’attaquer aux créances douteuses pour dégager les circuits du crédit. Pourquoi est-ce si important ? Parce que des banques chargées de créances douteuses prêtent moins, or ces créances douteuses représentent plus de 900 milliards d’euros dans la zone euro. »Le Fonds estime que sans mesures correctrices, la capacité de prêt des banques pourrait se limiter à un faible niveau de 1 % à 3 % par an. Au Japon, ajoute-t-il, le succès des Abenomics passe par la mise en place non seulement de politiques monétaires des plus accommodantes mais aussi par la mise en place des réformes budgétaires et structurelles (participation accrue des femmes au marché du travail etc.).Mise en garde sur les effets des taux d’intérêt très basLe FMI estime par ailleurs qu’il convient de limiter les excès financiers et les effets négatifs d’une période prolongée de bas taux d’intérêt.Dans la zone euro, où près d’un tiers des obligations souveraines à court et long terme présentent des rendements négatifs, la persistance de faible taux d’intérêts mettrait ainsi en danger un grand nombre d’établissements financiers, et notamment 24 % des assureurs-vie européens de taille moyenne.Or le secteur compte un portefeuille de 4 400 milliards d’euros d’actifs dans l’Union européenne et il est de plus en plus connecté avec l’ensemble du système financier. D’où un risque évident de contagion.Identification d’un « risque évident » avec le relèvement des taux américainsTout en saluant la politique suivie par la présidente de la Réserve fédérale américaine (Fed), Janet Yellen, le Fonds n’en signale pas moins le « risque évident » lié au relèvement annoncé des taux d’intérêt aux États-Unis.Deux scénarios lui semblent envisageables : « une sortie graduelle bien annoncée », ou, « en dépit de signaux clairs, un parcours accidenté », susceptible de conduire à une volatilité nettement plus forte.Aux États-Unis et dans d’autres pays, où le système non bancaire joue un rôle important, le Fonds recommande de maîtriser les risques d’illiquidité en renforçant les structures des marchés.Il faut, ajoute-t-il, améliorer la supervision du secteur de la gestion d’actifs qui porte sur 76 000 milliards de dollars (une année de PIB mondial et 40 % des actifs financiers mondiaux).Appel à mieux encadrer le secteur non bancaireDu côté des pays émergents, éprouvés par les brusques variations des cours des matières premières et de leurs taux de change, l’urgence est de renforcer la surveillance des secteurs vulnérables.Il s’agit, par exemple, de réduire la partie la plus risquée du shadow banking chinois, de ralentir la progression du crédit en Chine et d’y assurer une restructuration en bon ordre de la dette des entreprises. Mais aussi, plus généralement, de suivre de près et régulièrement le levier financier des entreprises et leurs engagements en devises.Le FMI juge « impératif de mettre rapidement en place une réglementation qui permette de transformer le secteur bancaire parallèle en pourvoyeur stable de financement par le biais des marchés ». Il recommande de « renforcer les politiques microprudentielles et macroprudentielles applicables aux établissements non bancaires » et de renforcer, autant qu’il est possible, la liquidité du marché après la crise financière de 2008 marquée par plusieurs épisodes d’illiquidité et des risques de contagion plus élevés. Rapport sur la stabilité financière mondiale, publié le15 avril 2015Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x1trpe6"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x1trpe6", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Après une trêve liée aux mauvaises conditions climatiques hivernales, les arrivées de migrants par la mer ont repris en force en Grèce ces dernières semaines. Depuis le début de l’année, 10 507 personnes ont été officiellement recensées par les garde-côtes. « Nous avons de notre coté comptabilisé 12 642 arrivées par la mer », précise une source au ministère chargé de l’immigration. Quel que soit le chiffre réel, il est en tout cas en forte hausse par rapport à 2014 puisque sur l’ensemble de l’année dernière 43 518 migrants étaient arrivés par la mer. « Si l’on continue au rythme actuel nous dépasserons les 100 000 d’ici à décembre, ce qui nous ramènera aux niveaux des années 2010-2011 », affirme un responsable de la police portuaire.Lire les dernières informations : Au moins 400 migrants disparus dans un naufrage en MéditerranéeDe tels mouvements, en regard des centaines de milliers de réfugiés qu’accueillent le Liban, et la Turquie peuvent paraître modestes mais la Grèce est bel et bien débordée car elle ne possède aucune structure d’accueil. « Il y a une véritable situation d’urgence, confirme Ketty Kehayoglou, du Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR), il faut absolument et vite, héberger ces milliers d’arrivants le temps de leur identification et les protéger à la fois des éléments mais aussi des trafiquants et des passeurs. »Pour trouver une parade, le premier ministre, Alexis Tsipras, qui promet dans ce domaine aussi d’être en rupture avec son prédécesseur conservateur, a donc réuni à deux reprises cette semaine les ministres, sous-ministres et responsables policiers chargés du dossier. Sans tarder, le gouvernement a ordonné la réquisition de centres désaffectés de l’armée ou de bâtiments publics. « Nous avons déjà mis en place un centre d’accueil des mineurs à Athènes et ouvert des lieux d’accueil temporaire dans les îles de Kos et de Léros », indique notre source ministérielle sans pour autant en préciser le nombre de places. Selon elle, « il n’existait jusqu’à notre arrivée que 4 500 places en centre de rétention, de véritables prisons que nous avons décidé de transformer en centre ouvert. Il n’y a qu’un seul centre d’accueil d’une capacité de 200 places à Evros et environ 1 000 places dans des centres sociaux ».Conditions très dures Le gouvernement grec a aussi demandé via le HCR la relocalisation de réfugiés syriens dans d’autres pays européens et réclame à la Commission européenne des fonds pour mettre en place un navire qui serait chargé de transporter les migrants depuis les îles jusqu’aux centres d’accueil sur le continent grec. « Notre objectif est de soulager les îles le plus rapidement possible. Elles ne sont pas du tout équipées pour faire face à de tels flux alors que la saison touristique, dont elles dépendent largement économiquement, commence », ajoute-t-on au gouvernement.Sur le continent justement, et surtout à Athènes, l’inquiétude est elle aussi montée d’un cran. Lors d’un entretien la semaine dernière au quotidien conservateur Kathimerini, le maire de la capitale, Georges Kaminis, a déclaré qu’il ne serait pas possible à la municipalité de « revenir au passé ». C’est-à-dire aux années 2008-­2011 qui ont vu les places des quartiers populaires d’Athènes occupées par des familles de migrants faute d’hébergements disponibles. La solution du gouvernement conservateur d’alors avait été de créer des centres de rétentions aux conditions très dures ou d’enfermer dans les commissariats les sans-papiers arrêtés dans la rue dans le cadre d’une vaste opération policière de contrôle d’identité. Appelée Xenos Zeus, celle-ci avait duré jusqu’à l’arrivée de la gauche radicale au pouvoir.« Solutions inhumaines »« Nous ne pouvons pas revenir à ces solutions inhumaines mais nous devons absolument avoir l’aide de l’Europe pour gérer dans le respect des droits de l’homme cette situation qui nous dépasse largement. Le conflit syrien n’est pas le fait de la Grèce ! La solidarité est urgente », conclut-on au gouvernement. « Près de 90 % des arrivants sont des réfugiés politiques potentiels, explique Ketty Kehayoglou. Et 60 % au moins sont des Syriens. Le problème dépasse largement la Grèce car nous observons une hausse des réfugiés syriens partout. » Plus d’1,7 million de Syriens seraient aujourd’hui exilés en Turquie. Près d’1,2 million au Liban. Dépassés par ce flux sans cesse grandissant, ces pays n’arrivent plus à faire face. « Les espoirs de retour se sont réduits à mesure que dure la guerre et désormais ces réfugiés recherchent à l’ouest une solution permanente pour survivre », ajoute Mme Kehayoglou.Pour le porte-parole du parti d’opposition Nouvelle Démocratie, Kostas Karagounis, l’arrivée massive de ces dernières semaines serait liée avant tout à la politique migratoire trop généreuse du nouveau gouvernement. « Ils ont ouvert les centres de rétention et rempli les rues d’Athènes de clandestins. Ils ont ouvert les frontières et rempli les îles d’immigrés en pleine période touristique », a-t-il déclaré. Une nouvelle réunion d’urgence sur ce dossier redevenu brûlant devait avoir lieu mercredi 15 avril sous l’égide du premier ministre Alexis Tsipras.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.04.2015 à 12h53 • Mis à jour le16.04.2015 à 15h49 | Marie Charrel Remise de la terrible crise financière de 2008, qui a vu son système bancaire s’effondrer, l’Islande mise aujourd’hui sur le développement des énergies renouvelables. Alors que jeudi 16 avril, Paris accueille le forum franco-islandais de la géothermie, Olafur Ragnar Grimsson, président de l’île depuis 1996, explique au Monde comment son pays compte exporter son modèle de développement en la matière. Mais aussi pourquoi l’Islande envisage aujourd’hui son futur du côté de l’Arctique plutôt qu’au sein de l’Union européenne.L’Islande a traversé une violente crise financière en 2008. La page est-elle tournée ?En grande partie, si l’on compare notre situation avec celle d’il y a cinq ans. Notre économie devrait croître de 3 % cette année, l’inflation est maîtrisée, le taux de chômage est de nouveau au plus bas : la sortie de crise islandaise est, par bien des aspects, un modèle. Lire aussi : Après la crise de 2008, le « printemps arctique » de l'Islande Le développement du tourisme et les énergies renouvelables, grâce auxquelles nous profitons d’une électricité bon marché, y ont contribué. Mais les défis sont encore nombreux. Le principal d’entre eux sera de lever le contrôle des capitaux, instauré en 2008 et toujours en place.L’industrie bancaire, balayée par la crise, n’est plus un pilier de votre économie. L’énergie, et en particulier la géothermie, l’a-t-elle remplacée, au côté du tourisme et de la pêche ?Indéniablement. Notre pays a fait de cette ressource l’un de ses atouts majeurs. Lorsque j’étais enfant, dans les années quarante, nous dépendions quasi exclusivement du charbon importé pour nous chauffer. Un nuage noir de pollution planait au-dessus de Reykjavik, la capitale. Aujourd’hui, 90 % de nos foyers sont chauffés grâce à la géothermie, qui nous offre également une électricité peu chère : sans cela, la vie sur notre île serait difficilement supportable.Outre le chauffage des habitations, elle nous offre les nombreuses piscines faisant partie de notre quotidien – un peu comme les cafés font partie du quotidien des Français – et nous permet d’alimenter des serres où nous cultivons des légumes, de développer la pisciculture… Qui aurait pu imaginer, il y a cinquante ans, que nous en serions là aujourd’hui ?L’Islande cherche également à exporter son expertise en matière géothermique. Mais tous les pays ne disposent pas de ressources naturelles aussi abondantes que votre île !Peut-être pas si l’on parle de géothermie « haute température » [au-delà de 150 °C], dont profite l’Islande grâce à l’activité volcanique intense. Mais aujourd’hui, n’importe quel pays peut développer la géothermie moyenne et basse température, qui ne nécessite pas de volcan à proximité !La preuve : à Paris, le chauffage urbain fonctionne à la géothermie. Nous avons aidé la ville chinoise de Xianyang à délaisser le chauffage au charbon pour développer un tel système. Le bénéfice en termes d’économies, de réduction des émissions de CO2 et de qualité de vie est inestimable.La géothermie représente un potentiel considérable : production d’électricité, chauffage, serres, mais aussi les nombreux produits dérivés, plus surprenants, tels que les cosmétiques. Nous sommes à l’aube d’une révolution : l’Islande, en la matière, peut être un guide et un modèle. De fait, l’Union africaine a sollicité notre aide pour développer cette ressource sur le continent.Lire aussi : Le Kenya mise sur la géothermie pour s’éclairer Le tourisme a aidé votre pays à sortir de la crise. Comment éviter que son incroyable explosion ne se fasse au détriment de l’environnement ?Il est vrai que la hausse du nombre de visiteurs sur notre île est exponentielle : cet hiver, nous avons reçu en six semaines autant de visiteurs que pendant toute l’année 2006 ! C’est un défi considérable, mais nous pouvons le relever. De nombreux sites naturels n’ont pas encore révélé leur potentiel : en le développant, tout en déployant les infrastructures nécessaires, nous pourrons mieux répartir le flux de visiteurs.Le futur de l’Islande est-il en Arctique ?Cette région du monde, qui intéresse depuis peu les pays du G20, a un potentiel énorme. D’abord, parce qu’entre le nord du Canada, l’Alaska, le Groenland, le nord de la Finlande et de la Russie, elle représente un territoire gigantesque. Ensuite, parce qu’elle est le lieu privilégié d’observation des effets du réchauffement climatique : les scientifiques de la planète entière ont beaucoup à y apprendre.Elle dispose également de ressources naturelles considérables. Enfin, la fonte des glaces va y ouvrir de nouvelles voies maritimes prometteuses. L’Islande, située à mi-chemin entre les continents américain et européen, bénéficie d’une position stratégique clé, qui influence déjà nos relations diplomatiques.L’Arctique représente par ailleurs un défi considérable pour les gouvernements concernés. Comment y construire un État moderne tous en respectant les droits des peuples autochtones, vivant là depuis des siècles ?L’Islande doit-elle intégrer l’Union européenne ?Cela ne servirait pas nos intérêts. En la matière, notre position est proche de celle de la Norvège. Nous avons notre propre régulation de l’industrie de la pêche, avec un système de quotas qui fonctionne bien. Remettre cette prérogative entre les mains de Bruxelles représente un trop gros risque.Lire aussi :Pourquoi l’Islande a tourné le dos à l’Union européenneCeci dit, nous faisons partie de l’espace Schengen et nourrissons une collaboration économique et culturelle rapprochée avec l’Union européenne.La question est donc bien plus complexe que celle de l’appartenance, ou non, à cet ensemble. Pendant la crise financière, certains pensaient que notre situation aurait été bien meilleure si nous avions fait partie de l’union monétaire. Mais, au regard de la bonne reprise de l’économie islandaise, cet argument n’est aujourd’hui plus valable.L’Islande a-t-elle besoin d’une nouvelle constitution, comme il en était question il y a quelques mois encore ?Si une bonne constitution est une constitution qui permet de traverser les crises, alors non, nous n’avons pas besoin d’en changer. La nôtre a fait preuve d’une bonne résilience tout au long du XXe siècle. Elle s’est adaptée, modernisée. Je ne crois pas que modifier un texte aussi fondamental en période de crise soit une bonne idée.Depuis l’effondrement des banques, la confiance des Islandais envers les partis traditionnels est entamée. Pour preuve, le parti pirate islandais est aujourd’hui la première formation en tête dans les sondages. L’Islande traverse-t-elle une crise politique ?L’émergence de nouveaux partis, tel le parti pirate, n’est pas un phénomène nouveau dans notre pays. Depuis les années 1970, de nouvelles formations politiques apparaissent régulièrement et ne restent que quelques années dans le paysage avant de disparaître. Cela n’a d’ailleurs rien de spécifique à l’Islande. L’usure des partis classiques s’observe aujourd’hui dans la plupart des pays européens.Quels défis votre pays devra-t-il relever dans les années à venir ?Il y a un siècle, nous étions l’un des États les plus pauvres d’Europe. Il était compliqué de convaincre les jeunes Islandais de rester pour fonder une famille ici plutôt que d’opter pour l’émigration. Aujourd’hui, nous affichons l’un des niveaux de vie les plus élevés au monde. Mais il est plus facile de voyager, et nous sommes un petit pays… Notre défi est donc de nous assurer que l’Islande restera aussi attractive et accueillante pour les générations à venir.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Elle était déjà considérée comme l’une des personnalités les plus fortes et intéressantes du collège de la Commission européenne. Avec sa décision, mercredi 15 avril, d’accuser Google de violation de la loi antitrust européenne avec son moteur de recherche, la commissaire Margrethe Vestager entre vraiment dans la cour des « grands » de Bruxelles.La Danoise de 47 ans, qui a pris son poste début novembre 2014, avait la lourde responsabilité de boucler – si possible – le plus vite possible l’enquête contre le groupe américain. Une enquête extrêmement sensible, politiquement et économiquement, mais qui n’en finissait plus, puisqu’elle a été lancée par la Commission européenne il y a près de cinq ans, en novembre 2010.Et surtout, on attendait de la commissaire qu’elle reparte sur des bases moins controversées, alors que la stratégie de son prédécesseur, l’Espagnol Joaquin Almunia, avait suscité beaucoup de critiques en Europe. De la part des plaignants, bien sûr, mais aussi des politiques, notamment français et allemands. M. Almunia s’était vu reprocher d’avoir cherché, en vain, à trois reprises, un compromis avec le groupe américain, sans jamais aller jusqu’à l’acte d’accusation.« Souci du consommateur »Margrethe Vestager, ex-leader du parti social libéral à Copenhague, qui aurait servi de modèle à la série danoise à succès Borgen, a donc choisi la manière forte contre Google. Sans pour autant « jeter à la poubelle » tout le travail d’enquête mené par la puissante Direction générale de la concurrence (la « DG Comp ») de la Commission, entre 2009 et 2O14.Mais, dès décembre 2014, un mois après son arrivée à Bruxelles, elle a pris soin de rencontrer les plaignants (ils sont environ une trentaine à avoir déposé plainte contre Google). « Elle a pris le temps, et elle l’a fait avant de voir Eric Schmidt [le président exécutif de Google], ce qui a été apprécié », souligne l’un des plaignants souhaitant conserver l’anonymat.Tous ceux qui, à Bruxelles, ont eu récemment à faire avec elle soulignent son pragmatisme, son écoute, « son souci constant du consommateur », souligne une source européenne, et sa maîtrise rapide des dossiers.Discrète dans les médias, elle a su néanmoins s’imposer au sein du collège des commissaires présidé par Jean-Claude Juncker. Avec cinq ou six autres personnalités (Frans Timmermans, Günther Oettinger, Andrus Ansip, Pierre Moscovici, Cecilia Malmström, Federica Mogherini), elle fait partie des poids lourds de l’exécutif européen.Enquêtes sur les accords fiscauxDifficile de faire sans elle, par exemple, pour définir la future stratégie concernant le « marché unique digital » promise par la Commission Juncker. Preuve de sa détermination à investir le secteur du numérique, elle a aussi décidé de lancer une enquête formelle sur des possibles violations de la loi antitrust concernant Android, le système d’exploitation mobile ultra-dominant de Google.Et Mme Vestager a validé récemment la création d’un « desk » e-commerce, une équipe dédiée au sein de la DG Comp, pour enquêter, pour l’instant de manière informelle, sur les barrières au commerce en ligne au sein de l’Union européenne. Notamment sur le fait qu’il est parfois difficile, voire impossible, d’acheter sur un site en ligne si l’on ne se trouve pas dans le même pays à ce moment-là (le « geoblocking »), selon une source européenne.Entre autres dossiers brûlants, Mme Vestager doit aussi boucler les enquêtes, ouvertes en 2014, sur de possibles aides d’État illégales concernant Starbucks aux Pays-Bas, Amazon et Fiat au Luxembourg et Apple en Irlande. Une décision devrait tomber avant cet été.Lire aussi :Bruxelles veut mieux détecter les pratiques fiscales abusivesLà, il s’agit de savoir si les « rulings » (les accords fiscaux préalables) consentis à ces sociétés par ces États sont conformes ou non à la loi européenne en matière concurrentielle. Là aussi, la commissaire est attendue au tournant.Si elle décide d’accuser le Luxembourg, la polémique « Luxleaks » risque de repartir. D’autant plus que M. Juncker a été premier ministre du Grand-Duché pendant plus de quinze ans…Lire aussi :LuxLeaks : M. Juncker de nouveau accuséCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Hélène Bekmezian A l’automne 2014, Transparency International avait déjà épinglé la France pour sa mauvaise conduite en matière de lobbying, en lui accordant une note de 2,7 sur 10. Dans son nouveau rapport, publié mercredi 15 avril, l’organisation non gouvernementale de lutte contre la corruption s’attaque cette fois à l’Europe et dresse un bilan qui n’est guère plus glorieux dans 19 pays du continent.Selon ses critères, les résultats des enquêtes menées concomitamment par ses différentes antennes nationales sont « préoccupants et indiquent que les efforts entrepris à ce jour manquent de cohérence et d’efficacité ». Financé par la Commission européenne, le projet s’est aussi interessé aux institutions européennes, qui ne sont pas plus en avance. Partout, « les risques d’influence excessive restent élevés et se soldent ponctuellement par de graves conséquences pour l’économie, l’environnement, la cohésion sociale, la sécurité publique et les droits de l’homme », estime Transparency pour qui « les pratiques de lobbying inéquitables et opaques constituent l’un des principaux risques de corruption pesant sur l’Europe ».Meilleure note pour la SlovénieDans l’examen en 100 critères soumis par l’organisation, les dix-neufs pays examinés obtiennent une note moyenne de 31 sur 100, soit à peine mieux que la France, qui se classe treizième du classement – loin derrière le Royaume-Uni mais devant l’Allemagne. Avec la meilleure note (55/100), la Slovénie arrive en tête grâce à une loi adoptée en 2010 mais que Transparency ne juge pas encore satisfaisante en pratique. Chypre et la Hongrie finissent derniers avec 14 sur 100 et ni les pays nordiques ni la Grèce n’ont participé à l’enquête. Les institutions européennes obtiennent à elles seules une note un peu plus honorable de 36 sur 100, mais au prix de grosses différences entre la Commission, numéro 2 avec 53/100, le Parlement (37/100) et le Conseil, antépénultième avec 19/100.Pour attribuer ces notes, l’organisation a posé trois jalons, loin d’être atteint par les pays examinés : la transparence des interactions entre les acteurs (traçabilité), l’existence de règles d’éthiques claires et contraignantes (intégrité) et l’ouverture de la décision publique au plus grand nombre (équité d’accès).Concernant la traçabilité, Transparency milite pour une transparence totale des processus de décision et pour la mise en place d’une « empreinte législative » pour savoir quelles actions ont influé sur le processus de prise de décision. Cela passerait entre autres par la publication de la liste des représentants d’intérêts rencontrés par les décideurs, de l’agenda des rencontres voire du compte-rendu des réunions, autant de contraintes qui hérissent encore les responsables publics.Risques de conflits d’intérêtsMême quand l’accès à l’information est en théorie garantie, « des obstacles pratiques s’opposent aux demandes d’information des citoyens, des médias ou d’autres groupes d’intérêts », affirme l’ONG qui note à 26/100 la traçabilité des décisions publiques en Europe. Les registres mis en place dans certaines institutions pour contrôler les allées et venues des lobbyistes ne suffisent pas pour contrôler tous les lieux et acteurs.Pour leur intégrité, les 19 pays observés reçoivent une note de 33 sur 100 due à l’absence de « règles éthiques claires et efficaces ». Les codes de conduite, quand ils existent, « sont souvent lacunaires et ne fournissent pas de recommandations suffisantes », sans compter qu’ils ne protègent en rien contre le « pantouflage », soit le passage des responsables entre secteur public et secteur privé. Ni la France ni l’Espagne ni le Portugal n’interdisent l’exercice d’activités de conseil ou de lobbying pendant un mandat de parlementaire, rappelle Transparency qui souligne les risques de conflits d’intérêts sur le processus de prise de décision. Pour y remédier, elle préconise l’instauration d’un délai de carence minimum entre la fin d’une fonction ou d’un mandat public et l’exercice d’une activité de lobbying susceptible de créer des conflits d’intérêts.« Accès privilégié à la décision publique »Enfin, l’équité d’accès à la décision publique n’est pas non plus garantie, selon l’ONG qui attribue là aussi une note de 33 sur 100 aux pays européens, avec ce commentaire : « La participation du public n’est pas garantie correctement et certains groupes jouissent d’un accès privilégié à la décision publique ». « Des processus de consultations existent mais ils ne sont pas toujours équilibrés, explique Myriam Savy, responsable du plaidoyer en France. Lors des consultations publiques, il n’y a par exemple aucune garantie sur le fait que les contributions seront bien prises en compte. »A l’heure où la défiance des peuples envers leurs élus est de plus en plus grande, l’opacité demeure alors qu’il faudrait au contraire « permettre aux citoyens de mieux comprendre les décision pour mieux les accepter et avoir confiance dans le processus législatif », poursuit-elle. Dans l’ensemble, même si elle s’efforce de pointer quelques progrès, en France ou à la Commission européenne, force est de constater que le chemin est encore long.Hélène BekmezianJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Pour Google, c’est un coup dur. Après près de cinq ans d’enquête sur un éventuel abus de position dominante, la Commission européenne a finalement décidé, mercredi 15 avril, d’envoyer au groupe Internet américain ce que l’on appelle dans le jargon bruxellois une « communication de griefs », c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme. Est tout particulièrement visé le service « Google shopping » et le fait que Google privilégie systématiquement ce service par rapport aux autres services/comparateurs de prix en ligne« Je crains que l'entreprise n'ait injustement avantagé son propre service de comparaison de prix, en violation des règles de l'Union européenne en matière d'ententes et d'abus de position dominante », a déclaré, mercredi à mi-journée, la commissaire européenne en charge de la concurrence, la Danoise Margrete Vestager.La Commission craint que les utilisateurs de Google « ne voient pas nécessairement les résultats les plus pertinents en réponse à leurs requêtes ».La direction de Google a déclaré qu’elle a « hâte de discuter avec la Commission européenne ».Si cette décision ne préjuge pas d’une sanction ultérieure contre Google, c’est la première fois dans son histoire que le groupe américain est reconnu coupable d’avoir enfreint la loi antitrust. De quoi écorner un peu l’image de ce géant, fondé en 1998, dont la domination, sur la recherche en ligne, le mobile, le traitement des données personnelles de manière générale inquiète de plus en plus, surtout en Europe.Aux Etats-Unis, la Federal Trade Commission (FTC), responsable des questions de concurrence et de protection du consommateur, avait finalement blanchi Google d’abus de position dominante, en 2013.Lire aussi :Le Sénat américain va enquêter sur GooglePar ailleurs, Bruxelles a aussi annoncé, mercredi, avoir décidé de lancer une enquête formelle sur d’éventuelles infractions à la loi antitrust concernant Android, le système d’exploitation du groupe américain. Une enquête informelle était en cours depuis des dépôts de plainte, en 2013.Deux mois pour se défendreLa trentaine de plaignants (dont Microsoft) qui accusent la multinationale de mettre davantage en avant ses services que les leurs dans les résultats de recherche des internautes sur son moteur et réclamaient depuis longtemps la « manière forte » contre Google se réjouit, logiquement, de cette décision.« Cette notification des griefs représente un pas significatif pour faire stopper les pratiques anticoncurrentielles de Google, qui ont nui à l’innovation et au choix des consommateurs », avaient d’ailleurs réagi, par avance, mardi 14 avril, une des associations de plaignants, FairSearch Europe, dans l’attente de la confirmation de la décision de Bruxelles.A dater de l’envoi de cette notification, Google dispose de deux mois (pouvant être prolongés d’un mois) pour préparer sa défense. Puis pourrait suivre une audition organisée par la Commission. Cette dernière ne rendra sa décision qu’à l’issue de ces étapes, c’est-à-dire au plus tôt fin 2015.Un accord négocié n’est pas à exclureLe géant de l’Internet risque une amende pouvant aller jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial (soit plus de 6 milliards d’euros). Mais ce ne serait pas le pire pour un groupe aussi riche (66 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2014, soit 62 milliards d’euros, pour 14 milliards de dollars de profits).La Commission pourrait surtout lui imposer des actions « correctives » de nature à transformer son modèle économique. « Peut-être une séparation radicale, dans le résultat des recherches, entre les liens sponsorisés et les autres résultats de recherche », suggère un bon connaisseur bruxellois du dossier.Bruxelles ira-t-elle jusqu’à recommander un démantèlement du géant américain, comme l’ont demandé les eurodéputés, qui ont voté, symboliquement, en novembre 2014, en faveur d’une scission entre le moteur de recherche et les autres services commerciaux du groupe ? C’est très peu probable, estime une source proche du dossier.Mais il n’est pas non plus exclu que, malgré l’envoi de la notification de griefs, Google et la Commission parviennent quand même à un accord négocié, dans les mois qui viennent, sans sanction ni imposition d’actions correctives, Google s’engageant à prendre des mesures de son propre chef. Le groupe américain étant très soucieux de préserver sa réputation en Europe, cette voie est tout à fait possible.Lire aussi :Un nouveau front s’ouvre contre Google en FranceDavid Wood, l’avocat d’Icomp, un syndicat de sociétés Web regroupant des plaignants contre Google (dont la britannique Foundem et Microsoft), reconnaît que cette option est plausible. Mais, estime-t-il, « le fait d’envoyer une notification de griefs à Google donne quand même à la Commission une bien meilleure position de négociation pour parvenir à un accord sur des mesures correctives ».Rupture dans l’approche européenneLa décision prise par Mme Vestager et les services de la puissante « direction générale à la concurrence » de la Commission européenne marque une rupture complète avec la politique suivie ces quatre dernières années par Bruxelles vis-à-vis de Google.Depuis l’ouverture formelle de l’enquête, en novembre 2010, à la suite de trois plaintes initiales de petites sociétés (l’allemande Ciao, la britannique Foundem et la française Ejustice.fr), Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager, n’a jamais voulu en arriver à un acte d’accusation et a cherché, par trois fois, la voie de la conciliation.Mais il a fini par renoncer à cette stratégie, sous la pression des plaignants, de quelques politiques (notamment le ministre de l’économie allemand Sigmar Gabriel et son homologue français Arnaud Montebourg, montés en première ligne mi-2014) et d’autres commissaires au sein de la précédente Commission Manuel Barroso (dont l’allemand Gunther Oettinger, actuel commissaire chargé du numérique, très remonté alors contre Google).Tous estimaient que les améliorations proposées par le géant de l’Internet à la Commission ne corrigeraient qu’à la marge, voire, au contraire, aggraveraient la situation dominante de son moteur sur le Web. Aujourd’hui, en Europe, plus de 80 % des recherches en ligne sont toujours effectuées en utilisant Google.Lire aussi :Opération séduction de Google FranceLa décision de Bruxelles concernant Google est sans précédent, depuis les jugements européens concernant Microsoft, au début des années 2000, qui a dû au total verser plus de 2 milliards d’euros d’amendes. Cela va donner de l’eau au moulin de ceux qui disent que l’Europe « en veut » à Google et plus généralement au high-tech américain.L’acte d’accusation de la Commission s’ajoute en effet à une série, ces dernières années, de réactions des Européens contre de nouveaux « modèles économiques » : interdiction d’Uber dans certains pays, instauration de taxes « anti-Google » en Allemagne et en Espagne, enquêtes européennes sur des aides d’Etat illégales qui auraient bénéficié à Apple (en Irlande) ou à Facebook (au Luxembourg)…Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.04.2015 à 22h58 • Mis à jour le15.04.2015 à 10h33 | Maryline Baumard C’est un drame de l’ampleur de la tragédie de Lampedusa d’octobre 2013 qui se serait produit ce week-end au large de Reggio Calabria, à la pointe sud de la botte italienne. Quelque 400 migrants auraient disparu dans le naufrage d’une embarcation de fortune, dimanche 12 avril, aux dires des 150 survivants, débarqués mardi matin en Italie et interrogés par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’ONG Save the Children. « Selon les témoignages recueillis ces dernières heures parmi les 150 survivants débarqués à Reggio Calabria, il y aurait environ 400 victimes dans ce naufrage qui intervenu vingt-quatre heures après le départ des côtes libyennes », a annoncé Save the Children dans un communiqué.Sur l’échelle de l’horreur, cet accident se situerait donc au-dessus des 366 noyés de Lampedusa, qui était à ce jour la plus grande tragédie de la Méditerranée en ce début de XXIe siècle.Lire : Lampedusa, seule au mondeDepuis ce week-end, et l’amélioration des conditions météorologiques, les passages entre la Libye ou la Tunisie et les côtes italiennes se multiplient. Le week-end a été très chargé, puisque les gardes-côtes italiens auraient porté secours à 42 bateaux chargés au total de plus de 6 500 migrants dimanche et lundi. Lundi, ils annonçaient avoir sauvé 144 personnes et récupéré neuf corps après le naufrage de l’une des embarcations. Les informations sont encore insuffisantes pour comprendre si ces neuf corps sont une partie des 400 noyés ou sont issus d’un autre accident.« Nous sommes encore en train d’enquêter pour comprendre la dynamique du naufrage » qui a touché l’embarcation chargée de plus de 500 Africains, dont beaucoup de garçons mineurs, a expliqué à l’AFP Flavio Di Giacomo, le porte-parole de l’OIM. Les premiers éléments laissent penser que le bateau a chaviré sous l’effet du mouvement des passagers lorsqu’ils ont aperçu les secours. Ils étaient confinés depuis plus de vingt heures dans cette embarcation de fortune, et les conditions dans lesquelles ils ont pris la mer ne sont pas encore connues. Lors d’autres passages, certains Africains relatent en effet avoir passé du temps en captivité, peu nourris, avant d’être jetés dans les canots. Tirs de trafiquantsParallèlement à ce drame, deux navires engagés dans l’opération européenne « Triton » en Méditerranée, opération de surveillance des frontières de l’espace Schengen, ont essuyé les tirs de trafiquants décidés à récupérer une barque après un sauvetage. L’information a été annoncée mardi en soirée par Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières. Le navire des gardes-côtes islandais Tyr était en train d’aider un remorqueur italien après avoir secouru 250 migrants à environ 60 milles nautiques des côtes libyennes quand un hors-bord s’est approché.« Les passeurs ont tiré plusieurs coups de feu en l’air pour récupérer l’embarcation en bois à bord de laquelle se trouvaient les migrants », explique Frontex dans un communiqué. Ils sont repartis avec leur barque vide. En février déjà, des passeurs armés de kalachnikovs avaient obligé des gardes-côtes italiens à leur rendre un bateau. « Cela signifie que les trafiquants en Libye commencent à être à court d’embarcations et qu’ils sont davantage disposés à utiliser des armes pour récupérer celles ayant déjà servi », estime Fabrice Leggeri, le directeur de Frontex. Cette violence n’augure rien de bon pour les prochains mois.Si le naufrage de ce week-end se confirme, ce sont 900 personnes qui auront péri sur cette route la plus meurtrière du monde en deux mois et demi, selon les comptages de l’OIM. A la même époque en 2014, 47 migrants y avaient perdu la vie. La fin de l’opération « Mare Nostrum » – un vaste programme de sauvetage pris en charge par les Italiens – et son remplacement par une patrouille de surveillance européenne des frontières, qui n’a pas mission première de sauver mais de surveiller, expliquent en partie cette hécatombe.Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Pedro Sanchez se serait bien passé de cette petite gaffe. Le chef du parti socialiste espagnol a dû s’excuser d’avoir voté, par erreur a-t-il affirmé, avec la majorité conservatrice une récente réforme controversée de la loi sur l’avortement. Le texte revient sur la possibilité pour les mineures de plus de 16 ans d’avorter sans le consentement de leurs parents. M. Sanchez avait clairement pris partie contre cet amendement, rappelle-t-il dans un tweet diffusé après le vote, mardi 14 avril.Mi compromiso con la defensa de las libertades d las mujeres menores d 18 años es firme.Lo he defendido siempre en público. Siento el error.— sanchezcastejon (@Pedro Sánchez)require(["twitter/widgets"]);(« Mon engagement pour la défense des libertés des jeunes femmes de moins de 18 ans est ferme. Je les ai toujours défendues publiquement. Désolé pour cette erreur »)La polémique suscitée par le projet de loi de l’ancien ministre de la justice Alberto Ruiz-Gallardon, qui prévoyait de revenir sur le droit à l’interruption volontaire de grossesse, a provoqué son retrait pur et simple en septembre dernier. Pas assez de consensus, avait expliqué le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, qui au passage s’était défait dudit ministre.Mais à la veille des élections locales et régionales du 24 mai et des législatives de l’automne, le Parti populaire (PP, droite, au pouvoir), qui dispose de la majorité absolue, a décidé de ressortir de ses tiroirs le projet de réforme de la loi d’avortement approuvée en 2010 par le précédent gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero. Une réforme light, pour contenter en partie l’aile conservatrice du PP sans provoquer de grandes manifestations, et pour tenir sa parole vis-à-vis des électeurs. Ces derniers avaient pu lire en 2011 dans le programme électoral qui a porté M. Rajoy au pouvoir son engagement à « changer le modèle de l’actuelle régulation sur l’avortement pour renforcer la protection du droit à la vie ».Présente dans le projet de loi déposé mardi 14 avril, cette formulation pour le moins ambiguë se résumera, dans les faits, à obliger les mineures de plus de 16 ans à obtenir, pour avorter, le consentement de leurs parents. La loi de M. Zapatero prévoyait au contraire que les « parents devaient être informés (…) à moins que cela suppose un conflit grave », et précisait que « pour les femmes de 16 et 17 ans, le consentement pour avorter leur appartient exclusivement ».« Calcul électoral »Dans les rangs du PP, certains trouvent que cette réforme n’est pas suffisante et l’ont fait savoir. Trois députés et cinq sénateurs ont ainsi distribué une lettre au reste des députés pour expliquer leur refus de soutenir une loi qui entérinera le droit à avorter librement durant les quatorze premières semaines de grossesse. Face à ce malaise, le PP entend ajouter des amendements dialectiques pour que personne ne puisse considérer qu’il existe « un droit à l’avortement » mais qu’il ne s’agit que d’une possibilité…Pour le Parti socialiste ouvrier espagnol, cette nouvelle volonté de réformer la loi sur l’avortement est un « calcul électoral » qui va affecter seulement « 0,4 % des avortements » mais des cas « extrêmement graves ».Lire aussi :En Espagne, la droite en pleine crise de douteLa Fédération de la planification familiale espagnole (FPFE) s’est elle-même inquiétée dans un communiqué de ce retour en arrière, qu’elle qualifie de « menace pour la santé des jeunes, qui peuvent se voir amenées à la pratique d’avortements clandestins et dangereux ». Et de signaler que « cette modification de la loi affecte un groupe particulièrement vulnérable, celui des mineures ayant de graves problèmes familiaux ».Selon la FPFE en 2014, sur les quelque 108 000 avortements pratiqués en 2014, moins de 4 000 l’ont été sur des mineures de plus de 16 ans, et moins de 500 n’avaient pas le consentement de leurs parents.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.04.2015 à 04h21 • Mis à jour le03.04.2015 à 07h39 Les dirigeants des principaux partis britanniques — conservateur, libéraux-démocrates et travailliste — ont été attaqués, collectivement ou à tour de rôle, jeudi 2 avril par les chefs des petites formations d'opposition — Verts et Ukip — ou régionales — écossais et gallois — lors d'un débat à sept, cinq semaines avant les élections législatives au Royaume-Uni.Le premier ministre conservateur David Cameron, le chef de l'opposition travailliste Ed Miliband et celui des « lib-dem » Nick Clegg ont subi les critiques de Nathalie Bennett (Verts), de Nigel Farage (Ukip, populiste et europhobe), de Leanne Wood (du Plaid Cymru gallois) et de Nicola Sturgeon (SNP écossais).Lire : Les quatre « petits » candidats qui vont faire l’électionEt l'analyse (en édition abonnés) : Le Royaume-Uni découvre le multipartismeLe débat a porté pendant près de deux heures sur la gestion du déficit public, le système de santé publique (NHS), l'immigration et l'avenir réservé à la jeunesse. David Cameron, pour qui il s'agissait de l'unique débat auquel il a consenti de participer, s'est retrouvé seul contre tous, accusé d'avoir creusé les inégalités au sein du Royaume-Uni avec sa politique d'austérité. Y compris par Nick Clegg, qui a accusé son allié conservateur au sein du gouvernement de coalition de vouloir poursuivre les coupes budgétaires non par nécessité mais par goût.Le chef travailliste Ed Miliband a lui été critiqué pour l'héritage laissé par le Labour en 2010, qu'il s'agisse du déficit record consécutif à la crise financière, ou encore pour sa tolérance envers les contrats zéro heure qu'il promet aujourd'hui d'abolir s'il succède à David Cameron au 10, Downing street.Le Ukip seul contre tousLe chef du parti europhobe Ukip a quant à lui affirmé que ses six co-débatteurs étaient « tous semblables », se présentant comme le seul à incarner un véritable changement sur le thème du « patriotisme ». Il a fait face au front uni des six autres responsables qui ont dénoncé sa diabolisation systématique de l'immigration, et ont rappelé la contribution nette des immigrés à l'économie britannique. Il a également suscité une opposition unanime lorsqu'il a dénoncé la prise en charge de malades séropositifs non-britanniques au Royaume-Uni. « Vous devriez avoir honte », a réagi Leanne Wood, suscitant les applaudissements de l'assistance.Des applaudissements qui ont également salué cette tirade du chef du parti nationaliste écossais (SNP) Nicola Sturgeon : « Votre accès à l'éducation devrait reposer sur votre capacité à apprendre et jamais sur votre capacité à payer », a-t-elle dit pour défendre la gratuité de l'université en Ecosse introduite par le SNP.A l'image du paysage politique particulièrement morcelé dans cette élection, aucun des sept débatteurs n'est sorti clair vainqueur du débat. Un sondage a donné Ed Miliband victorieux quand un second voyait Nicola Sturgeon gagnante et un troisième plaçait en haut du podium David Cameron à égalité avec Nigel Farage. Le dernier sondage datant du 31 mars place conservateurs et travaillistes à égalité à 34 % d'intentions de vote devant Ukip (13 %), les Lib-Dem (8 %) et les Verts (5 %).Lire aussi : Au Royaume-Uni, début de campagne électorale au coude-à-coude Philippe Bernard (Londres, correspondant) Dix millions de téléspectateurs britanniques ont assisté, jeudi 2 avril au soir, au premier vrai débat de la campagne électorale pour les législatives du 7 mai. L’affiche était inédite dans un pays habitué au bipartisme depuis des siècles : à côté des deux dirigeants de la coalition gouvernementale sortante David Cameron (conservateur) et Nick Clegg (libéral-démocrate) et du chef de l’opposition travailliste Ed Miliband, se sont exprimés les leaders des trois partis qui s’apprêtent à jouer les trouble-fête, du fait de leur audience inédite dans l’histoire électorale britannique. A eux trois, le parti national écossais de Nicola Sturgeon (SNP, indépendantiste), le parti pour l’indépendance du Royaume-Uni de Nigel Farage (UKIP, xénophobe et anti-européen) et les Greens de Natalie Bennett (écologiste) devraient, selon les sondages, rallier les voix d’un électeur sur trois contre un sur cinq aux élections de 2010. Sans oublier la septième invitée du débat Leanne Wood, qui dirige le parti nationaliste gallois.Lire aussi :A la télévision britannique, David Cameron pris sous le feu nourri de ses six concurrentsCameron évite le duel avec MilibandInédit, singulier, le format du débat a été voulu par David Cameron qui a obstinément refusé tout tête à tête avec Ed Miliband, craignant que ce dernier, bon débatteur, ne profite de cette superbe exposition médiatique pour affirmer un profil de premier ministrable que la majorité des électeurs lui dénient. Le premier ministre comptait mettre à profit ce débat à sept, possiblement confus, pour illustrer son leitmotiv : « Si vous ne donnez pas une majorité suffisante aux Tories, ce sera le chaos. »Lire aussi :Le Royaume-Uni découvre le multipartismeLa cote d’Ed Miliband s’est relevée depuis la première grande émission électorale télévisée de jeudi dernier, où M. Cameron et lui-même ont été interrogés séparément. Mais ce jeudi soir, fait rare dans la vie politique britannique, le chef du Labour risquait d’être doublement attaqué sur sa gauche par les leaders des Greens et du SNP écossais. Ce dernier parti constitue un repoussoir pour bon nombre d’électeurs anglais, mais Ed Miliband en aura besoin en cas de victoire pour asseoir une majorité. Les sondages donnent Tories et Labour au coude-à-coude avec 33 % des voix chacun environ. Selon toute vraisemblance, aucun des deux grands partis ne devrait pouvoir gouverner sans une alliance, gouvernementale ou au moins parlementaire, avec l’un des trois « petits » partis.Lire aussi :Au Royaume-Uni, travaillistes et conservateurs au coude-à-coude avant le scrutinNatalie Bennett, l’écologiste Natalie Bennett, 49 ans, ancienne journaliste, dirige depuis 2012 les Greens britanniques qui ont une seule députée au parlement de Westminster, élue dans la circonscription de Brighton. Crédités de 5 à 6 % des voix, ils devraient peiner à en conquérir davantage du fait du système électoral à un tour qui proclame élu le candidat ayant remporté le plus de suffrages. Mais, en prenant des voix au Labour, ils pourraient favoriser l’élection de candidats conservateurs. Les Greens critiquent la poursuite de la politique d’austérité que défendent les travaillistes et prônent un nouvel impôt sur la fortune pour les 1 % les plus riches. Ils réclament la sortie progressive du nucléaire, la renationalisation des transports publics et l’augmentation à 10 livres sterling (13,65 euros) du salaire minimum. L’enjeu du débat à sept était élevé pour Mme Bennett, une quasi inconnue du grand public qui s’est illustrée en oubliant une partie de son programme sur le logement lors d’une récente prestation radio. Tout comme pour son parti, qui marque des points, notamment chez les jeunes et engrange des adhésions.Nigel Farage, le xénophobe Nigel Farage, 50 ans, ancien trader en matières premières à la City, a dirigé entre 2006 et 2009 puis depuis 2012 le UKIP qui revendique la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, accusée d’empêcher le pays d’exercer sa souveraineté, notamment en matière de contrôle de l’immigration. Député européen, il brigue en mai un siège au parlement de Westminster pour la circonscription de South Thanet (sud-est de l’Angleterre) où les sondages le donnent favori. Le UKIP a nettement renforcé ses positions, notamment depuis que David Cameron a accepté d’organiser un référendum sur la sortie de l’UE s’il est reconduit à Downing Street. Le parti europhobe et xénophobe a triomphé lors des élections européennes de 2014, en se plaçant en tête des partis britanniques avec 26,6 % des voix. A l’automne, le UKIP a réussi à débaucher deux députés conservateurs et à les faire élire sous sa bannière, accédant pour la première fois à Westminster. Crédité de 12 à 18 % des suffrages pour les législatives de mai, il pourrait conquérir deux ou trois sièges supplémentaires, mais surtout jouer les arbitres entre conservateurs et travaillistes, en puisant dans leur électorat. Le UKIP pourrait aussi peser sur la formation du gouvernement si les conservateurs arrivent en tête. Lors du débat, Nigel Farage a dû faire oublier que son parti est affaibli par les déclarations racistes et homophobes ainsi que par des malversations financières de certains de ses élus ou candidats. Et se poser en champion de la lutte contre l’immigration est-européenne, qu’il présente comme un facteur d’insécurité, de bas salaires et de dissolution de l’identité anglaise.Nicola Sturgeon, l’Ecossaise Nicola Sturgeon, 44 ans, a succédé à Alex Salmond à la tête du parti national écossais (SNP) au lendemain du référendum sur l’indépendance de l’Ecosse de septembre 2014. Les sondages la placent en position de force puisqu’ils prédisent la conquête par le SNP d’une quarantaine de sièges en Ecosse, fief traditionnel du Labour. Cette entrée en force au parlement de Westminster (où le SNP ne dispose que de six sièges aujourd’hui) ferait des indépendantistes écossais les alliés obligés du Labour si ces derniers sont en position de former un gouvernement. Or Mme Sturgeon critique la poursuite de l’austérité budgétaire prônée par les travaillistes, réclame le démantèlement des bases nucléaires britanniques situées en Ecosse ainsi que de nouveaux pouvoirs pour le Parlement d’Edimbourg. Le premier ministre David Cameron insiste sur le chaos et les risque d’éclatement du royaume que ferait courir selon lui une telle alliance SNP-Labour. Brillante débattrice, Nicola Sturgeon a dû se montrer habile équilibriste lors du débat de jeudi soir : se dissocier d’Ed Miliband puisqu’elle souhaite attirer les électeurs du Labour en Ecosse, tout en rendant crédible l’accord avec ce dernier qu’elle dit souhaiter. Avec pour horizon la perspective qui lui tient le plus à cœur : l’indépendance écossaise.Leanne Wood, la Galloise Leanne Wood, 43 ans, dirige depuis 2012 le parti nationaliste gallois Plaid Cymru qui tient trois sièges à Westminster. Plaid Cymru, opposé à la politique d’austérité et aux bases nucléaires militaires, n’est que le quatrième parti en popularité dans une région, le Pays de Galles qui ne représente que 5 % de la population du Royaume-Uni. Pour Mme Wood, totalement inconnue dans le reste du pays, le débat de jeudi était évidemment une occasion unique de faire connaître ses positions. Bien que minuscule, son parti pourrait servir de force d’appoint décisive au Labour.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.04.2015 à 16h31 • Mis à jour le03.04.2015 à 07h57 | Guy Dutheil Pour Air France l’heure est « à la reconquête du marché domestique face aux autres modes de transports », selon les mots d’Alexandre de Juniac, PDG d’Air France-KLM. C’est à Lyon, jeudi 2 avril qu’a démarré, selon le PDG, « la première étape du tour de France pour le déploiement de l’offre Hop! Air France ».Depuis deux ans, Hop! est la marque ombrelle qui regroupe les trois compagnies régionales du groupe (Airlinair, Brit Air et Regional). Désormais adossé à Air France, le nouvel ensemble Hop! Air France regroupe une force de frappe conséquente de près d’une petite centaine d’avions. Lionel Guérin, directeur général délégué de Hop! Air France, a fixé sa zone de chalandise aux « trajets domestiques de 300 à 1 000 kilomètres ». Uniquement des vols court-courrier en France et en Europe.En dessous de 300 kilomètres, le combat serait déjà perdu pour l’avion face au train, au TGV, à la voiture et bientôt à l’autocar. Hop! Air France est loin derrière ses deux principaux concurrents avec seulement 7 % de parts de marché contre 28 % pour le train et 65 % pour la voiture.Offre tarifaire simplifiéeToutefois, la nouvelle enseigne des vols domestiques du groupe Air France pèse lourd. En 2014, elle a enregistré un chiffre d’affaires de 1,7 milliard d’euros et fait voyager 13 millions de passagers via environ 600 vols par jours. Un de ses principaux atouts est de proposer à ses clients « le premier réseau européen en nombre de vols et en nombre de sièges offerts ». Au sein du groupe Air France-KLM, le nouvel ensemble Hop! Air France rassemble « tous les vols au départ ou à destination de tous les aéroports en France ou en Europe, sauf les deux hubs du groupe, Roissy et Amsterdam », pointe M. Guérin.Pour regagner des parts de marché, Hop! Air France mise sur une offre tarifaire simplifiée. Un modèle qui est en passe de gagner toutes les compagnies aériennes en Europe. Les low cost comme les compagnies traditionnelles. En pratique, les passagers pourront choisir parmi trois tarifs. Du « basic », le moins cher mais sans aucune option, en passant par les tarifs « smart », plus modulables, jusqu’aux prix « flex » qui comportent toutes les options, notamment le bagage en soute jusqu’à 23 kilos ou la possibilité de changer de destination, d’horaires, et même le nom du passager. Les tarifs « smart » et « flex » visent la clientèle d’affaires, le nerf de la guerre de Hop! Air France, puisqu’elle représente déjà « entre 40 et 50 % de son trafic et près de 60 % de son chiffre d’affaires », souligne Lionel Guérin.Comme les compagnies low cost, Hop! Air France « va faire des offres promotionnelles pour animer le marché », signale Hélène Abraham, directrice générale adjointe commerciale et marketing de la nouvelle compagnie domestique. Au moins 10 % des billets sur chaque vol seront mis en vente au tarif de base de 49 euros.Toutefois, « à certains moments de l’année  Hop! proposera des places sous les 49 euros », ajoute-t-elle. La direction refuse de préciser si elle était rentable sur tous ses paliers tarifaires. « Nous avons besoin de tous les tarifs pour gagner de l’argent », a juste précisé M. Guérin. Mais aussi pour remplir ses avions. Jusqu’à maintenant, le taux de remplissage est de 66 %. Hop! vise de 70 à 75 % sur ses avions de 100 places et de 75 à 80 % sur les Airbus.Une flotte variéeL’objectif de Lionel Guérin est « d’enrayer les pertes de parts de marché » face à ses concurrents de la route et du fer, notamment en « faisant de la diversité de la flotte de Hop! Air France une force ».Le directeur général semble sûr de son coup : « Nous pouvons piquer des gens au train et à la voiture. Sur un marché de 90 millions de passagers par an quand on en fait que 13 millions le marché n’est pas mort », veut-il croire.Hop! devra faire rapidement la preuve de son succès car ses échéances sont proches. Créée il y a deux ans, elle a déjà divisé ses pertes par deux. En 2014, elle a perdu 140 millions d’euros dont 120 millions d’euros pour Air France et 20 millions pour Hop!. En 2013, le trou était encore de 280 millions d’euros.Lire aussi : Alexandre de Juniac : « Air France reviendra dans le vert fin 2015 »Pour retrouver l’équilibre, MM. de Juniac et Guérin annoncent « des réductions de coûts ». Ils se sont refusés à préciser s’ils allaient de nouveau tailler dans les effectifs. Un plan de départs volontaires est déjà en cours chez Hop! Air France. « Pour l’avenir, tout dépendra des discussions avec les syndicats », prévient déjà la direction de Hop! Air France.Guy DutheilJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.04.2015 à 11h30 • Mis à jour le02.04.2015 à 18h04 | Yves-Michel Riols (Lausanne, Suisse, envoyé spécial) L'essentielLes négociations sur le nucléaire iranien, amorcées en 2003, ont repris dimanche 15 mars à Lausanne.Les pourparlers auraient dû s'achever mardi à minuit, avec l'expiration de la date butoir pour trouver un accord.L'optimisme affiché par les Russes et les Iraniens tranchent pour le moment avec les positions américaines. Bientôt la fin ? Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, est revenu à Lausanne, mercredi 1er avril peu avant minuit, moins de vingt-quatre heures après avoir ostensiblement quitté la table des négociations sur le nucléaire iranien qui se déroulent depuis une semaine dans une atmosphère fiévreuse dans un palace surplombant le lac Léman.Le retour inopiné de M. Fabius a aussitôt relancé les spéculations sur l’imminence d’un accord entre l’Iran et les grandes puissances sur l’encadrement du programme nucléaire iranien, alors que les protagonistes s’étaient séparés la veille dans une ambiance chaotique après avoir échoué à conclure un compromis avant la date butoir du 31 mars.Le cabinet de M. Fabius avait indiqué qu’il ne reviendrait en Suisse que « lorsque ce sera utile ». Du coup, le retour du ministre français des affaires étrangères à l’hôtel Beau Rivage était interprété par la presse comme le signe d’une percée, au terme d’une journée marquée par la multiplication de déclarations pessimistes de la part des Iraniens et des Occidentaux sur l’issue de ces négociations de plus en plus difficiles.Les enjeux de l'accord sur le nucléaire iranien par lemondefrLes propos de M. Fabius à son arrivée à Lausanne ont tranché avec la réserve qu’il affichait encore il y a quelques jours. « On est à quelques mètres de l’arrivée, quelques dizaines de mètres, mais on sait aussi que ce sont toujours les plus difficiles », a-t-il affirmé. « On va essayer de les franchir », a-t-il poursuivi, en soulignant l’enjeu majeur de ces négociations, dont les premiers pas remontent à 2003 : la lutte contre « la prolifération nucléaire » et « d’une certaine manière la réintégration de l’Iran dans la communauté internationale », tout en ajoutant que « ce n’est pas encore fait », « il y a des progrès à faire ». « Montagnes russes »L’intervention de Laurent Fabius semblait indiquer que les lignes avaient considérablement bougé au cours des dernières vingt-quatre heures. Jusqu’alors, ces tractations, qualifiées de « montagnes russes » par un négociateur expérimenté, paraissaient enlisées depuis l’interruption des discussions, dans la plus grande confusion, dans la nuit de mardi à mercredi. Rarement, le groupe du « P5 + 1 », rassemblant les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité (France, Etats-Unis, Russie, Chine et Royaume-Uni), plus l’Allemagne, qui négocient avec l’Iran, avait étalé ses divisions. Sans fournir d’explication commune, les chefs de la diplomatie russe, français et chinois étaient repartis chacun de leur côté, laissant sur place leurs collègues britannique, allemand et américain. Le tout, sur fond de déclarations contradictoires qui ont alimenté le pessimisme et la cacophonie.La grande difficulté de ces pourparlers, d’une complexité technique inouïe, est qu’il faut mener trois négociations de front« Personne ne peut dire ce que cela va donner maintenant », a reconnu, dans la journée de mercredi, un diplomate occidental. « Cela peut durer un ou deux jours, ou peut-être plus », a-t-il poursuivi, en relevant que les échanges avaient été « très difficiles toute la semaine », car « les Iraniens bougent très doucement ».Mais le retour inattendu de M. Fabius et la teneur confiante de ses déclarations, alors qu’il passe pour intransigeant sur ce dossier, laissent croire qu’il y a eu du mouvement sur les principales divergences qui grippent les négociations : la durée d’application d’un accord, le programme de recherche et de développement nucléaire iranien et la levée des multiples sanctions internationales qui frappent la République islamique.Complexité technique inouïeJusqu’à présent, ces blocages paraissaient insurmontables. Et l’hypothèse d’une nouvelle extension des pourparlers, qui ont déjà été prolongés à deux reprises, n’était guère envisageable tant la pression monte aux Etats-Unis, où le Congrès menace d’adopter de nouvelles sanctions contre l’Iran, à partir de la mi-avril, sans progrès réels dans les négociations. « Si les divergences entre l’Iran et les grandes puissances ne peuvent pas être réglées à Lausanne, il y a peu de chance qu’elles puissent l’être par la suite », estime Ali Vaez, spécialiste de l’Iran à l’International Crisis Group. « Un nouveau report ne changerait rien », dit-il.Dans la foulée de l’accord intérimaire, de novembre 2013, entre l’Iran et les Six, qui a ouvert la voie à un gel du programme nucléaire iranien et à une levée partielle des sanctions contre Téhéran, il était encore légitime de plaider la patience, en raison de l’innovation majeure que constituait la simple existence de ce dialogue avec l’Iran après tant d’années d’impasse. Mais aujourd’hui, après seize mois de consultations diplomatiques intenses, pendant lesquels tous les scénarios techniques ont été passés au crible, les prolongations s’apparentent davantage à un constat d’échec.La grande difficulté de ces pourparlers, d’une complexité technique inouïe, est qu’il faut, en fait, mener trois négociations de front. L’une entre les pays du « P5 + 1 », dont les priorités ne sont pas forcément concordantes. Une autre, encore plus difficile, entre l’administration Obama et un Congrès dominé par les républicains, particulièrement hostiles à l’Iran. Et une dernière, en Iran, entre les réformateurs, incarnés par le président Hassan Rohani, et l’aile dure du régime, qui redoute un affaiblissement de son influence en cas de règlement du conflit nucléaire qui entraînerait une ouverture vers l’Occident.La conclusion d’un accord politique à Lausanne entre l’Iran et les grandes puissances, qui permettrait de poursuivre les discussions sur les annexes techniques jusqu’à l’échéance finale du 30 juin, serait une étape fondamentale. Si même Laurent Fabius a l’air d’y croire, tous les espoirs sont permis…Yves-Michel Riols (Lausanne, Suisse, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Elisa Perrigueur Deux illustrateurs turcs ont été condamnés fin mars à une amende de 7 000 livres (environ 2 400 euros) après avoir caricaturé le président Recep Tayyip Erdogan, rapportent les médias locaux. Bahadir Baruter et Özer Aydogan étaient poursuivis pour un dessin paru en une du magazine satirique turc Penguen, en août. La caricature montrait un responsable saluant Erdogan en formant un cercle avec son pouce et son index, signe souvent employé en Turquie comme une insulte à l'adresse des homosexuels. Les dessinateurs ont d'abord été condamnés à 11 mois de prison avec sursis avant de voir leur peine commuée en amende, selon l'AFP et Reuters. Le cas des dessinateurs illustre une tendance judiciaire appliquée de façon de plus en plus récurrente en Turquie.Ces derniers mois, plusieurs personnes ont été en effet interpellées par la justice turque, accusées d'avoir « insulté » le président Erdogan. Parmi elles, on compte par exemple : Un lycéen de 16 ans, membre d'un mouvement de gauche, accusé d'avoir qualifié le chef de l'Etat de « chef des voleurs » dans un discours prononcé en décembre 2013, à Konya. Interpellé puis remis en liberté en décembre 2014, son procès aura lieu le 3 avril.Trois personnes après avoir twitté « contre » le président, ont été interpellées le 13 mars à Istanbul et Fethiye (sud-ouest), selon l'agence de presse Anatolie.105 Au total, d'après le ministère de la justice, qui répondait dans une lettre datée du 17 mars 2015 à une question écrite de Melda Onur, députée du Parti républicain du peuple (CHP), laïc et kémaliste – (en ligne sur son site Internet), 236 demandes de poursuites pour « insulte au président » – 77 en 2014 et 159 en 2015 – ont été réclamées depuis le début officiel du mandat du président Recep Tayyip Erdogan, le 28 août 2014. 105 ont été jugées recevables par la justice turque. 8 personnes ont été placées en détention provisoire. Selon Ahmet Kiraz, avocat au barreau d'Istanbul, la tendance aux poursuites pour « insulte au chef de l'Etat » n'est pas nouvelle en Turquie, mais le nouveau président y fait davantage recours que son prédécesseur. « D'après les données du ministère de la justice, en sept ans de présidence sous Abdullah Gül, les procureurs ont réclamé 1 359 autorisations d'engager des poursuites (à la justice), ils ne l'ont obtenu que 545 fois. » Ce qui est nouveau cependant, précise le magistrat, « c'est surtout la détention provisoire, qui n'était jamais survenue sous Abdullah Gül ». Il précise également qu'avant 2013, « ce sont surtout les militaires et les souverainistes ultranationalistes qui étaient dans le viseur des autorités. Mais désormais, c'est toute la société civile qui prise pour cible. Les uns après les autres, les syndicats, unions (barreaux, chambres professionnelles), organismes indépendants, associations ont perdu l'essentiel de leurs prérogatives ».Le mauvais polar de la vie politique turqueSur quel article de loi s'appuie le chef de l'Etat turc ?Pour la majorité de ces dossiers, Recep Tayyip Erdogan et ses avocats font appel à l'article 299 du code pénal turc, réformé en 2004. Sous le titre « Crimes et délits contre l'honneur des organes et représentant de la souveraineté de l'Etat », le texte indique que :Tout individu qui insulte le président de la République sera condamné à une peine de prison allant de un à quatre ans de prison.Si le délit est commis en public la peine pourra être majorée d'un sixième (modifié le 29/6/2005).Les poursuites pour ce délit ne peuvent être engagées que sur autorisation du ministre de la justice (actuellement M. Bekir Bozdağ).L'ancien code pénal turc, datant de 1926, prévoyait une peine de prison qui ne pouvait être inférieure à 3 ans de prison. A plusieurs reprises, l'opposition turque a réclamé l'abrogation de l'article 299 du code pénal, l'estimant « contraire » à la liberté d'expression. Le gouvernement turc défend toutefois ce texte : « Tout le monde doit respecter la fonction du président », a récemment argumenté le chef du gouvernement, Ahmet Davutoglu.Ce motif est également repris dans plusieurs Etats du monde, où les injures à l'encontre du chef d'Etat sont sanctionnées. En France, par exemple, le « délit d'offense au chef de l'Etat », qui datait de 1881, n'a été abrogé qu'en mai 2013 à la suite de la condamnation de la France par la CEDH pour « violation de la liberté d'expression ». Paris avait condamné Hervé Eon, coupable d'avoir porté une pancarte devant Nicolas Sarkozy où était écrite la phrase « Casse-toi pov'con » en 2008.La « nouvelle Turquie » de Recep Tayyip Erdogan« Dérive »D'après l'avocat Ahmet Kiraz, plusieurs événements politiques ont contribué au développement d'une sorte de «paranoïa » chez Recep Tayyip Erdogan : Les manifestations de « Gezi », en juin 2013. Les gigantesques mobilisations avaient entraîné environ 3,6 millions de personnes dans la rue. Désormais, les autorités veulent éviter que ne se réveille « l'esprit Gezi ».Les poursuites pour corruption engagées par des procureurs contre les proches d'Erdogan, en décembre 2013. La justice turque avait toutefois livré, en octobre 2014, un non-lieu contre cinquante-trois personnes mises en cause.En septembre 2014, l'ONG Human Rights Watch (HRW) avait dénoncé un « recul inquiétant » en matière de respect des libertés, menaçant surtout l'indépendance de la justice et de la presse en Turquie dans un rapport intitulé « la dérive autoritaire menace les droits humains ». Voir : Quelles sont les dernières atteintes à la laïcité en Turquie ?Elisa PerrigueurJournaliste au Monde 01.04.2015 à 21h22 • Mis à jour le02.04.2015 à 09h24 Une prise d'otage meurtrière, une attaque armée contre un bureau local du Parti de la justice et du développement (AKP) du président Recep Tayyip Erdogan, une fusillade devant la direction de la sécurité d'Istanbul et deux quartiers populaires en ébullition... En un peu plus de vingt-quatre heures, Istanbul a connu une flambée de violences politiques, à deux mois des élections législatives du 7 juin prochain.En fin d'après-midi, mercredi 1er avril, une fusillade a éclaté devant le siège de la police de la métropole turque, dans le quartier de Fatih, sur la rive européenne. Le gouverneur de la région d'Istanbul, Vasip Sahin, a annoncé en début de soirée qu'un homme et une femme étaient impliqués dans cette attaque.La femme, qui portait sur elle des explosifs, a été tuée par les policiers, tandis que l'homme, blessé, a réussi à prendre la fuite. Des médias turcs ont annoncé par la suite que celui-ci avait également été rattrapé par les forces de l'ordre. Au moins un policier a été légèrement blessé dans l'échange de coups de feu, selon les premières informations.VIDEO: Two assailants shot in attack on #Istanbul police HQ— Hurriyet Daily News (@HDNER)require(["twitter/widgets"]);« Vengeance de la mort de BeRkin »Les médias pro-gouvernementaux ont rapidement imputé l'attaque au mouvement marxiste DHKP-C (Front révolutionnaire de libération du peuple), classé comme groupuscule terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne.La fusillade survient au lendemain de la prise en otage, dans un tribunal d'Istanbul, d'un procureur par deux militants du DHKP-C. L'assaut donné par les policiers en soirée, mardi 31 mars, s'est conclu par la mort des deux preneurs d'otage. Le magistrat, Mehmet Selim Kiraz, est également décédé après avoir été grièvement blessé lors de l'intervention policière.Il était en charge de l'enquête sur la mort du jeune Berkin Elvan, tué par une grenade lacrymogène reçue en pleine tête lors des émeutes de Gezi, en juin 2013. Les militants de ce mouvement d'extrême gauche, qui a pris fait et cause pour la « vengeance de la mort de Berkin », menaçaient d'exécuter leur otage si des « excuses publiques » n'étaient pas faites par les policiers, dont aucun n'a été reconnu responsable du décès de l'adolescent. Lire : Un magistrat turc meurt dans une prise d’otage à IstanbulCe mercredi matin, les policiers ont procédé à une vague d'arrestations de militants supposés du DHKP-C à Antalya, Izmir et Istanbul, notamment dans certaines universités stambouliotes. Une quarantaine de personnes auraient été placées en garde à vue. Deux hommes ont également été arrêtés après avoir fait irruption, armés, dans un bureau local de l'AKP du quartier de Kartal, à l'est d'Istanbul. Les médias turcs ont publié une séquence vidéo montrant un homme accrochant à la fenêtre de l'édifice un drapeau turc frappé d'une épée.Two armed men break into ruling AKP building in Istanbul http://t.co/wz1mzWGxTE http://t.co/taTOEq1wnd— Hurriyet Daily News (@HDNER)require(["twitter/widgets"]);échéances électoralesCe sursaut de violences intervient à deux mois des élections législatives, alors que la société turque est particulièrement polarisée entre partisans et adversaires du président – et ancien premier ministre – Recep Tayyip Erdogan, qui entend profiter du prochain scrutin pour obtenir une majorité qualifiée lui permettant de transformer la Turquie en régime présidentiel.Les attaques des dernières heures pourraient également permettre au gouvernement de justifier l'adoption d'un « paquet de lois sécuritaires », contestées, qui accordent davantage de pouvoirs aux forces de l'ordre.Mercredi soir, des affrontements avaient lieu entre policiers et manifestants dans deux quartiers de la mégalopole turque, à Okmeydani, quartier d'origine du jeune Berkin Elvan, un fief du DHKP-C, ainsi qu'à Gazi, un quartier majoritairement alévi (une branche du chiisme, minoritaire en Turquie), d'où étaient originaires les deux preneurs d'otage tués par les policiers mardi soir. Sur les réseaux sociaux, des partisans du parti au pouvoir ont appelé à se rendre dans ces quartiers pour en découdre avec les manifestants.Istanbul's Gazi neighbourhood seeing clashes as DHKP-C militant killed in hostage operation funeral not allowed in. http://t.co/foeu0rHcrH— Has Avrat (@hasavrat)require(["twitter/widgets"]); Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Les autorités judiciaires néerlandaises viennent de publier, au début de la semaine, une série de documents émanant du groupe d’enquête international constitué pour enquêter sur les causes du crash du vol MH-17 de la compagnie Malaysia Airlines. L’avion de ligne parti d’Amsterdam s’était écrasé dans l’est de l’Ukraine le 17 juillet 2014, faisant 298 victimes, dont 196 Néerlandais.Selon certains de ces documents, vus par Le Monde et fondés notamment sur des enregistrements, l’hypothèse de l’implication de séparatistes prorusses et de la Russie se trouve renforcée. Le ministère public des Pays-Bas, chargé de l’enquête criminelle, refuse néanmoins, à ce stade, de se prononcer sur les causes exactes de la catastrophe. Il a toutefois lancé un appel à témoins afin d’obtenir des détails sur le lancement d’un missile sol-air Buk, issu d’un système de défense antiaérienne de moyenne portée utilisé par l’armée russe.S’agit-il pour les enquêteurs d’une tentative désespérée d’obtenir des preuves, comme le pensent des juristes ? Ou d’une manière d’indiquer qu’ils progressent vers une possible implication des autorités russes ? Le parquet ne donne pas d’indication, sauf qu’il n’est pas proche d’une éventuelle mise en examen.Transport d’une « beauté » venant de Russie par camionDans les éléments récoltés par l’équipe d’enquête (Joint Investigation Team, JIT) dirigée par les Pays-Bas et qui comprend aussi des responsables de Malaisie, d’Australie, d’Ukraine et de Belgique, figurent des enregistrements de conversations plus que troublants. Usant d’un langage en partie codé, des personnes, membres d’un groupe dit « Bibliotekar » évoquent, le matin même de l’accident, le transport d’une « beauté » venant de Russie par camion et parvenue à Donestk. Le véhicule blanc, de marque Volvo, se serait ensuite rendu près de Snejnoe, d’où le missile aurait été tiré. « C’est bien ce que je pense, quelque chose avec un M ? », interroge l’un des interlocuteurs du chauffeur. « Oui, oui, oui », répond celui-ci. En russe, le système de missiles est appelé « Buk M ».Juste avant et juste après la catastrophe, des photos d’un camion Volvo transportant un tracteur-lanceur ont été réalisées en divers endroits de l’est ukrainien. Sur l’une d’entre elles, prise le 18, au lendemain de l’accident, il manque l’un des quatre missiles habituellement présents sur ce type de lanceur. « La voiture est en Russie », dit, quelques heures plus tard, l’un des séparatistes. Qui annonce aussi l’arrivée prochaine d’une autre « voiture ».Au moment du crash, le chef militaire des séparatistes, Igor Strelkov, avait publié sur les réseaux sociaux un message félicitant ses troupes d’avoir abattu un avion de chasse ukrainien dans la zone de Snejnoe. Une publication effacée lorsqu’a été connue la nouvelle du crash d’un avion civil.Eléments métalliquesAutre élément nouveau : un journaliste néerlandais de la chaîne RTL qui a inspecté le lieu de l’accident a retrouvé des éléments métalliques dont certains peuvent, semble-t-il, provenir d’un missile Buk.L’équipe internationale a, quant à elle, déjà abouti à l’identification de 296 passagers et procédé à une reconstitution partielle de l’appareil à partir des débris retrouvés dans la zone du crash. La carcasse se trouve dans un hangar d’une base militaire des Pays-Bas, à Gilze-Rijen, où ont pu se rendre les familles des victimes qui le désiraient.Une instance officielle néerlandaise a conclu, le 9 septembre dernier, que l’avion s’était désintégré après avoir été frappé à très grande vitesse par un grand nombre d’objets avant de s’écraser. Les Etats-Unis ont rapidement affirmé qu’ils disposaient de preuves qu’il s’agissait d’un missile tiré à partir du territoire contrôlé par les séparatistes prorusses. Moscou évoque, de son côté, la possibilité que l’appareil ait été abattu par un avion de chasse ukrainien. Des membres du JIT vont se rendre prochainement en Russie pour y récolter une version officielle.Si les autorités néerlandaises se montrent prudentes et refusent encore toute conclusion, c’est également parce que les détails les plus probants qui ont été récoltés jusqu’ici – les enregistrements de conversations – proviennent des services de renseignement ukrainiens, SBU. « Une organisation qui fut au service de l’ancien régime et semble s’être mise au service du nouveau en conservant les mêmes méthodes », commente un diplomate à La Haye. Ces services ont publié leur propre version des faits – incriminant Moscou – à partir d’une photo falsifiée et ils ont évoqué, en novembre 2014, un projet d’attentat de séparatistes contre le ministre des affaires étrangères néerlandais, Bart Koenders. Une affirmation douteuse.Les pays concernés par l’enquête – y compris les Pays-Bas – estiment cependant que le matériel audio dont ils disposent à propos du crash est fiable. Fred Westerbeke, qui dirige l’enquête, a indiqué que les vérifications qui ont été opérées permettent de conclure que ces enregistrements sont authentiques.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 01.04.2015 à 19h37 • Mis à jour le01.04.2015 à 20h15 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La lutte contre l’évasion fiscale est l’une des priorités affichées par le gouvernement grec pour faire entrer de l’argent frais dans les caisses de l’Etat. Après la visite d’une délégation suisse la semaine dernière, c’est ce mercredi 1er avril l’eurodéputée Eva Joly (Europe Ecologie - Les Verts) qui est venue apporter son soutien sans équivoque au premier ministre grec, Alexis Tsipras. Sans toutefois qu’aucune rencontre officielle n’ait eu lieu entre eux.Lire aussi :Evasion fiscale : la Suisse va coopérer avec la Grèce« Je crois que M. Tsipras plus que tous ses prédécesseurs peut s’attaquer à la fraude fiscale. Ce n’est donc pas un hasard si nous sommes venus présenter à Athènes notre rapport sur les réseaux de l’évasion fiscale via les Pays-Bas, explique Mme Joly, car il y a une grande hypocrisie de l’Europe. Le ministre des finances hollandais, Jeroen Dijsselbloem, tape sur Tsipras en tant que président de l’Eurogroupe, alors qu’il est le chef d’un paradis fiscal en plein cœur de l’Europe ! ».Neufs groupes visésVice-présidente de la commission spéciale sur les rescrits fiscaux, créée par le Parlement européen le 12 février 2014 afin d’enquêter sur les politiques fiscales de certains pays, Mme Joly est venue à Athènes soutenir le rapport de l’organisation non gouvernementale (ONG) hollandaise SOMO, qui dénonce les pratiques financières des Pays-Bas.« Le régime de construction de holding des Pays-Bas est le plus populaire au monde avec un environnement fiscal très avantageux – 0 % de taxes ! – et une très grande flexibilité du droit fiscal », stipule ce rapport. « En Grèce, les plus grosses entreprises ont souvent recours à des montages compliqués pour éviter la taxation », explique Eva Joly.Le rapport pointe ainsi du doigt neuf grands groupes grecs dont les noms ont été rendus publics dans le cadre de la vaste enquête LuxLeaks publiée en novembre 2014 et qui a révélé les manœuvres de milliers d’entreprises engagées dans des accords avec le Luxembourg leur permettant de réduire leur fiscalité. « C’est le même type de services que fournissent les Pays-Bas », précise Katrin McGauran de l’ONG SOMO.Un « évitement fiscal immoral à défaut d’être encore illégal »Afin d’illustrer concrètement comment se passe cet « évitement fiscal immoral, à défaut d’être encore illégal », comme le décrit Eva Joly, l’ONG s’est attardée sur le cas de l’entreprise d’exploitation minière canadienne Eldorado Gold.Engagée dans l’exploitation de mines d’or et de cuivre au nord de la Grèce depuis plusieurs années, l’entreprise est accusée par le rapport d’avoir mis en place un montage financier impliquant les Pays-Bas et la Barbade et lui permettant de soustraire au fisc grec plus de 1,7 million d’euros d’impôts sur les sociétés en cinq ans et 700 000 euros de cotisations sociales à la source en deux ans. « Les trois filiales grecques de la compagnie utilisent douze entreprises boîtes aux lettres en Hollande qui ne produisent aucun service tout en ayant des millions d’actifs », souligne Katrin Mc Gauran. Eldorado Gold nie l’ensemble de ses allégations. « Leur avocat nous a envoyé un courrier nous indiquant qu’il se réservait le droit de nous poursuivre mais je suis tout à fait confiante sur la solidité de notre enquête », conclut-elle.« On me dit que ce n’est pas illégal mais moi je réponds que ça ne l’est pas tant que l’on ne change pas la loi ! », soutient Eva Joly. « Ce type de procédé aide certainement l’économie hollandaise et luxembourgeoise, mais détruit les revenus fiscaux des autres pays européens. Comment exiger des Grecs qu’ils augmentent leurs recettes fiscales d’un côté, tout en offrant une palette de services financiers permettant aux gros acteurs économiques grecs de s’affranchir de leur devoir de payer leurs impôts en Grèce ? ».Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Enora Ollivier Robert Clarck est un homme qui en impose. Un bon mètre 90, des tatouages bigarrés qui courent le long de ses bras, une voix de stentor qu'il déroule dans une parole rapide et gouailleuse. Pourtant, ce mercredi frisquet d'avril, Robert Clarck n'en mène pas large. C'est la deuxième fois qu'il se rend dans la food bank de son quartier, terme que l'on traduirait littéralement par « banque alimentaire » si l'expression reflétait vraiment l'esprit du lieu. La « banque » en question se tient dans le réfectoire d'une petite église du quartier de Southwark, dans le sud-est de Londres, où un meuble de cuisine sur lequel est disposé du café, de l'eau prête à bouillir pour les amateurs de thé, des parts de cheesecake maison et des petits gâteaux secs fait office de guichet.Si Robert Clarck est là, calé dans un fauteuil en similicuir, c'est pour se procurer de la nourriture. Cet ancien conducteur de bus londonien de 60 ans a arrêté de travailler il y a quatre ans : à l'époque, il devait s'occuper de son épouse, gravement malade, qui est morte à l'été 2013. Puis il a rencontré lui-même de sérieux problèmes de santé.Aujourd'hui guéri d'un cancer mais souffrant tellement du dos et du pied qu'il peine à se déplacer, l'homme vit quasiment sans le sou. Il reçoit 40 livres (environ 55 euros) d'allocation par semaine, garde parfois des enfants après l'école pour 15 livres (environ 21 euros) hebdomadaires et se fait surtout aider par ses deux filles qui habitent non loin. « Il y a des erreurs dans le calcul de mes allocations, plaide-t-il. En attendant que les autorités les corrigent, je suis obligé de venir ici. »« Sans revenus du jour au lendemain »M. Clarck n'est pas le seul dans ce cas, loin de là. « Quand les gens tombent malade, perdent leur emploi ou subissent de quelque manière que ce soit une baisse d'activité, l'administration met un délai ahurissant à prendre en compte le changement de situation », raconte Sue Ferret, qui s'occupe de la food bank accueillant M. Clarck. Entre-temps, « beaucoup se retrouvent sans revenu du jour au lendemain et ont des difficultés pour se nourrir ».L'aide alimentaire d'urgence fournie par les organisations caritatives prévoit de la nourriture pour trois jours : des pâtes ou du riz, des conserves de viande et de légumes, des céréales, du lait, du thé, et du sucre. En théorie, les bénéficiaires ne peuvent en profiter que trois fois en six mois, en échange d'un bon établi par un travailleur social ou un médecin et après un entretien personnalisé destiné à accompagner la personne dans la réalisation des démarches administratives qu'elle doit réaliser. En réalité, « face aux situations de détresse, on est parfois plus flexibles », concède Mme Ferret.Dans le quartier de la gare de Waterloo, à quelques kilomètres de là, une autre food bank reçoit des victimes urbaines de la faim. La plupart de ceux qui y viennent travaillent, mais ne gagnent pas assez pour vivre correctement. Ce jour-là verra passer Jenna [les prénoms ont été modifiés] qui se débat pour faire vivre, sur son maigre salaire, son jeune fils handicapé et elle. Patrick, lui, a bénéficié de l'aide prodiguée par la banque alimentaire il y a six mois, et revient donner des coups de main. Ce jeune homme qui travaille dans la grande distribution a signé un « zero hours contrat», qui impose une flexibilité extrême au salarié : l'entreprise décide du nombre d'heures que doit travailler le salarié, et seules les heures effectuées sont rémunérées. Certains mois, Patrick n'a rien touché. Alors la banque alimentaire est devenue une nécessité.Lire aussi, en édition abonnés : La Grande-Bretagne, royaume des travailleurs pauvres Au moins 2 millions de Britanniques mal nourrisCes exemples ne sont ni des cas isolés ni des erreurs statistiques. L'association caritative chrétienne Trussel Trust a fait les comptes : au Royaume-Uni, le nombre de personnes s'étant tournées vers son réseau pour obtenir de la nourriture d'urgence est passé de 61 648 entre 2010 et 2011 à 913 138 entre 2013 et 2014, soit un nombre multiplié par 15 en trois ans. Et encore, souligne-t-on chez l'association, cette donnée, aussi élevée soit-elle, ne reflète qu'une partie de la réalité. #container_1428152705576{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1428152705576{ height:500px; } #container_1428152705576 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1428152705576 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1428152705576 .subtitre{ display:block; }Fréquentation de banques alimentaires au Royaume-Uni(gérées par l'association catholique Trussel Trust)(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1428152705576", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'pointer' } this.credits.element.onclick = function(){ window.open( "http://www.trusselltrust.org/foodbank-figures-top-900000", "_blank" ); } } } }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400"], credits:{ enabled:true, text:"Trussel Trust", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false }, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"linear", categories:["2010-2011","2011-2012","2012-2013","2013-2014"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 2, xDateFormat: "" }, legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de personnes ayant fréquenté une banque alimentaire", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "", 61468 ], [ "", 128697 ], [ "", 346992 ], [ "", 913138 ] ], "color": "#0386c3" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);Aux 420 établissements gérés par l'association, il faut en effet ajouter au moins autant de banques alimentaires indépendantes, mais aussi compter les personnes vivant dans des endroits où une telle aide n'existe pas ou encore celles qui ne se rendent pas en ces lieux par peur du regard d'autrui. En 2013, l'ONG Oxfam estimait que 2 millions de Britanniques étaient malnourris, et qu'un parent sur six se privait de nourriture pour mieux subvenir aux besoins de sa famille. Aucune région n'est épargnée, pas même la riche ville de Londres, qui compte à elle seule quelque 90 banques alimentaires.Mais pourquoi le Royaume-Uni se tord-il ainsi de faim ? Comment ce pays qui affiche une insolente reprise économique dans une Europe n'en finissant pas d'être affectée par la crise peut-il porter en son sein des habitants qui ont de plus en plus de mal à se nourrir ?Fin 2013, un rapport sur la faim et l'insécurité alimentaire au Royaume-Uni, mené par des parlementaires de tous bords a pointé la forte augmentation des prix des denrées alimentaires et du fioul domestique, à un rythme plus rapide que celui de la hausse des salaires et que celui de l'inflation.Une politique « punitive » dirigée « contre les pauvres »Mais l'invraisemblable augmentation de la pauvreté outre-Manche depuis quelques mois trouve aussi ses origines dans le « Welfare Reform Act 2012 », la réforme d'ampleur de la protection sociale initiée par le gouvernement conservateur de David Cameron. Le journaliste et économiste Stewart Lansley, coauteur d'un essai intitulé Breadline Britain, the rise of mass poverty (« la Grande-Bretagne sous le seuil de pauvreté, la montée d'une pauvreté de masse ») évoque une politique « punitive » dirigée « contre les pauvres, et non contre la pauvreté » :« D'abord, le montant de certaines allocations a été considérablement réduit. Ensuite, et surtout, le gouvernement a introduit un régime de sanctions en 2013 : dans les faits, cela signifie que des chômeurs se voient refuser le versement d'allocations si leur Jobcentre [équivalent britannique de Pôle emploi] estime qu'ils ne cherchent pas suffisamment de travail. »L'application de cette réforme a été faite « de façon très injuste », insiste l'auteur qui cite l'exemple de personnes temporairement radiées du système d'allocations pour ne pas s'être rendu à un rendez-vous du Jobcentre pour cause… d'entretien d'embauche. Les effets de ce régime sont considérables : selon les calculs de M. Lansley, un million de personnes ont déjà été victimes d'interruption du versement de leurs allocations – des sanctions qui durent au minimum quatre semaines et peuvent aller jusqu'à 3 ans.Engagements des travaillistesA quelques semaines d'élections législatives qui pourraient déboucher, le 7 mai 2015, sur un changement de majorité, le sujet de la pauvreté au Royaume-Uni est revenu sur le devant de la scène.Le 26 mars, interrogé lors d'un débat télévisé sur le nombre de banques alimentaires dans son pays, M. Cameron a eu du mal à répondre, avant d'admettre que le recours à l'aide alimentaire avait augmenté depuis son arrivée au 10, Downing Street.  S'ils restent au pouvoir, les tories entendent encore économiser 12 milliards de livres (16,4 milliards d'euros) en rabotant dans le régime de protection sociale. Les travaillistes, emmenés par Ed Miliband, se sont engagés quant à eux, en cas de victoire, à enrayer l'augmentation du nombre de banques alimentaires : ils promettent d'abolir le régime de sanctions, de réduire les retards de versements d'allocations, ou encore d'augmenter le salaire minimum.Lire aussi : Les enjeux des législatives britanniques du 7 maiDes propositions qui n'attaquent le problème qu'à la marge, estime M. Lansley. « Avec les travaillistes, le montant des allocations ne va pas être augmenté, et le salaire minimum ne sera pas beaucoup amélioré. » Et de pronostiquer : « La pauvreté va continuer de croître ces cinq prochaines années, lentement si les travaillistes l'emportent, rapidement si ce sont les conservateurs. »Epiceries sociales géantesFace à une situation qui pourrait durer, d'autres initiatives éclosent. En décembre 2014, une épicerie sociale géante, appelée Community Shop, s'est ouverte au sud-ouest de Londres. Deuxième du genre au Royaume-Uni – un premier magasin avait ouvert en 2013 à Goldthorpe, dans le nord de l'Angleterre – elle permet à ses membres d'acheter des produits jusqu'à 70 % moins cher que dans les supermarchés, selon certaines conditions : les personnes doivent habiter à proximité, bénéficier d'aides sociales et s'engager à suivre un « programme de développement professionnel personnalisé » qui doit les amener à gagner confiance en elles pour trouver un travail.« Nous ne sommes ni une banque alimentaire, ni une association caritative et nous donnons bien plus que de la nourriture », défend un de ses représentants, se lançant dans une démonstration contemporaine du proverbe « si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour, si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours ». Les 750 personnes qui fréquentent le magasin londonien reçoivent ainsi des conseils pour gérer leur budget et leurs dettes, apprennent à cuisiner sainement avec peu d'argent, et sont entraînées à passer des entretiens d'embauche.L'initiative se veut « plus positive » et « moins stigmatisante » que les food banks. Signe que la détresse alimentaire n'est pas en voie de résorption, 20 Community shop de ce genre devraient ouvrir ces prochains mois dans tout le pays.Enora OllivierJournaliste au Monde Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne a confirmé, mardi 7 avril, qu’elle avait « demandé des informations » à quatre pays du sud de la zone euro – l’Italie, l’Espagne, la Grèce et le Portugal – en vue du déclenchement éventuel d’une enquête pour aides d’Etat illégales au secteur bancaire.Bruxelles, comme l’avait indiqué le matin même le Financial Times, s’interroge sur la qualité d’actifs pris en compte dans les fonds. propres d’une série d’établissements, mis en difficulté lors de la crise financière de 2007.À ce stade, la procédure, déclenchée notamment à la demande de certains eurodéputés, est très technique et porte essentiellement sur les DTA ( deferred tax assets ou actifs d’impôt différé). Il s’agit de la différence entre le résultat comptable et le résultat fiscal d’une entreprise, soit des montants d’impôt recouvrables au cours de futurs exercices.Les quatre pays concernés sont les seuls de la zone euro à totaliser ces DTA dans les fonds propres et à fournir aux banques une garantie sur cette base.Lire également : Comment les banques ont profité de la crise grâce aux garanties d'EtatLa réglementation n’est pas claireLes « lettres administratives » envoyées dans les différentes capitales concernées visent à récolter les explications des autorités nationales.Selon la Commission européenne, la réglementation en vigueur en Europe interdit a priori de considérer ces actifs d’impôt différé comme des fonds propres « d’ici à 2019 », indique une porte-parole, à Bruxelles.Il reste à savoir si la pratique des États concernés peut être considérée comme une aide d’Etat.Ni les directives européennes ni la réglementation dite « Bâle III », adoptée pour renforcer le système financier après la crise de 2007, ne permettent apparemment de trancher clairement cette question.Les accords de Bâle visent notamment à assurer un niveau minimum de capitaux propres pour stabiliser des banques.Lire aussi :La BCE assure que « les contribuables ne payeront plus pour les banques »Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.04.2015 à 14h40 | Martin Untersinger Cela devient une habitude : sitôt les mesures de blocage mises en place en Turquie, les internautes du pays se sont tournés vers des outils pour contourner cette censure et accéder aux sites Internet et aux réseaux sociaux interdits.Suite à une décision de justice interdisant la publication des photographies d'un procureur pris en otage par un militant d'extrême gauche, YouTube, Facebook et Twitter ont été bloqués dans le pays. L'accès à ces sites, qui ont retiré les contenus demandés, a depuis été rétabli.Lire : Levée du blocage de YouTube et des réseaux sociaux en TurquiePeu de données sont actuellement disponibles pour savoir dans quelle mesure le blocage de ces mastodontes du Web a affecté les internautes turcs. Près de trois millions de tweets ont été postés malgré la censure du réseau social, avance cependant le site du quotidien Hurriyet.Dès l'annonce du blocage, les réseaux sociaux mettaient en avant les moyens disponibles pour continuer à accéder aux sites bloqués. Même Hurriyet a publié un article listant l'ensemble de ces techniques.Passer par un VPNLa solution la plus populaire pour contourner la censure est l'utilisation des VPN (Virtual Private Networks, ou réseaux virtuels privés). En utilisant cet outil, l'internaute situé en Turquie accède aux sites bloqués via un ordinateur tiers, celui du fournisseur de VPN. Pour les censeurs turcs, impossible de savoir que l'internaute se connecte en fait à un site censuré.Les entreprises qui proposent des services de VPN ont flairé l'aubaine. PureVPN dispose d'une version en turc de son site et offre des comptes gratuits à ses utilisateurs turcs. TunnelBear a, lui, augmenté sa puissance pour ses utilisateurs turcs. De nombreuses autres entreprises ont utilisé les réseaux sociaux pour inciter les Turcs à utiliser leurs services.Modifier leurs réglages DNSUne autre possibilité pour contourner la censure consiste à modifier les réglages DNS de sa connexion, une opération un peu plus compliquée à réaliser.Les DNS sont, en quelque sorte, les postes d'aiguillage d'Internet. Par exemple, lorsqu'un internaute demande à se rendre sur twitter.com, du point de vue technique, il interroge les serveurs DNS de son fournisseur d'accès qui lui indiquent le chemin à suivre pour parvenir sur le site du réseau social. Les fournisseurs turcs d'accès à Internet ayant reçu l'ordre de la justice de bloquer les sites, ils avaient cessé d'orienter les internautes qui leur faisaient parvenir cette requête, rendant l'accès à plusieurs sites impossible.En changeant manuellement le serveur DNS, les internautes pouvaient toutefois contourner cette restriction. Le serveur DNS de Google, gratuit et non concerné par la censure, pouvait être utilisé. Lors du dernier épisode de blocage, en mars 2014, une photographie de son adresse IP taguée sur un mur avait largement circulé sur les réseaux sociaux.Changer son serveur DNS peut cependant ne pas suffire : en 2014, la Turquie avait fini par empêcher ses internautes d'y accéder.Utiliser TorLes internautes peuvent également utiliser Tor. Ce navigateur Internet, qui se connecte à un réseau du même nom, permet d'accéder à des sites censurés. Lorsqu'ils utilisent Tor, la connexion des internautes turcs chemine à travers trois ordinateurs relais. Comme dans le cas des VPN, il est impossible de savoir à quel site se connecte l'internaute utilisant Tor, rendant la censure impraticable.L'utilisation de ce logiciel avait connu un net regain de popularité lors de la précédente censure, ce qui ne semble pas encore être le cas actuellement.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Des notables belges collectent des fonds déguisés en rois africains d'opérette. Une coutume qu'a osé critiquer le correspondant local de France 2, qui s'est attiré les foudres de ses confrères belges. Un ministre belge des affaires étrangères grimé comme un « roi nègre » pour récolter des fonds en faveur d'une œuvre de charité : bonne ou mauvaise idée ? Pour le ministre ? Pour l'image de la Belgique ? Depuis quelques jours, une drôle de polémique agite la capitale belge.Selon certains de ses habitants, l'histoire des « Noirauds », une fête traditionnelle bruxelloise qui fut récemment racontée un matin sur France 2 par son correspondant local, François Beaudonnet, ne vaut pas qu'on s'y attarde, surtout sous le regard d'un journaliste français. Pour d'autres, il était au contraire bienvenu de souligner une telle incongruité : que le chef de la diplomatie d'un pays européen se balade dans les rues le visage noirci et portant haut-de-forme, habit et imposante médaille aux couleurs du royaume (noir, jaune et rouge) leur semblait totalement déplacé.La conquête colonialeLa congrégation bruxelloise des Noirauds est née à la fin du XIXe siècle pour sauver une école du quartier des Marolles, une zone très populaire de la capitale belge. L'époque est marquée par la conquête coloniale sous l'impulsion du très contesté roi ­Léopold II, qui va annexer, en son nom propre, l'Etat indépendant du Congo – aujourd'hui République démocratique du Congo – en 1885, avant de le céder plus tard à son pays. Vaste épopée à propos de laquelle les historiens n'ont pas fini de se disputer, les uns célébrant le « roi bâtisseur », les autres dénonçant un tyran dont la mégalomanie allait causer des milliers de morts.Toujours est-il que les bourgeois de l'époque aiment se grimer et s'habiller comme des personnages de carnaval pour lancer une collecte. Le noir charbon est très à la mode et leur permet, en outre, de ne pas être reconnus par leurs congénères qu'ils sollicitent dans les restaurants chics, les salles de spectacle et les clubs mondains. L'école des Marolles est sauvée, la ­tradition s'installe et, depuis 1876, les Noirauds sortent chaque deuxième samedi du mois de mars pour faire une quête destinée à payer les frais scolaires, les soins ou les voyages de gamins dans le besoin.Vieilles images d'amuseurs hilaresAujourd'hui, les Noirauds aident aussi de jeunes mères détenues. Cette noble tradition charitable doit-elle s'embarrasser pour autant d‘un cérémonial vieux de cent quarante ans ? Avocats, comédiens, patrons et hommes politiques ne pourraient-ils récolter suffisamment d'argent s'ils apparaissaient à visage découvert ? Et dans une ville aussi multiculturelle que Bruxelles – elle compte notamment une importante communauté congolaise –, que représente une tradition qui se voulait peut-être humoristique mais est désormais confrontée aux nouvelles réalités d'un monde où les Noirs ont réussi à se défaire de vieilles images d'amuseurs hilares ou de rois de pacotille ? Manifestement, les Belges ne souhaitaient pas se poser ce genre de questions. Mais qu'un journaliste français, qui est loin de détester son pays d'accueil, la pose, lui, et voilà qu'ils se sentent étrangement provoqués. Atteints, peut-être, dans leur honneur national.Depuis la diffusion de son reportage, les confrères belges de François Beaudonnet, pourtant guère avares de critiques sur le fonctionnement de leur pays en général, lui sont littéralement tombés dessus, souvent sans humour et avec condescendance. « Vous avez sali l'image de la Belgique », a tweeté un journaliste. « Ce n'est pas un sujet, les Noirauds ne sont pas racistes », a écrit un autre.C'est une autre coutume bien ancrée chez les sujets du roi Philippe que de détester le regard critique qu'un étranger, a fortiori s'il est français, peut porter sur eux et leurs habitudes. Mais ils savent désormais que leurs voisins du Sud ne sont pas les seuls à s'intéresser à leurs drôles de coutumes : un tweet de l'actrice Mia Farrow qualifiant le comportement du ministre des affaires étrangères de « choquant et embarrassant » a été relayé des dizaines de milliers de fois.Le reportage de France 2 sur les Noirauds, diffusé dans l'émission « Télématin ».Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.04.2015 à 05h36 • Mis à jour le07.04.2015 à 09h46 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ks21y"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ks21y", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});La Lufthansa a affirmé lundi 6 avril qu'elle n'était pas tenue d'informer l'autorité allemande du transport de la dépression dont Andreas Lubitz, le copilote de l'A320 qui s'est crashé dans les Alpes le 24 mars, avait souffert avant de devenir pilote de ligne. Le copilote est soupçonné d'avoir volontairement provoqué la chute de l'appareil dans un acte suicidaire, causant la mort des 150 personnes à bord de l'appareil.La compagnie aérienne a confirmé que le copilote avait bien informé ses formateurs, à son retour d'une pause de plusieurs mois en 2009, qu'il avait connu un épisode de « dépression sévère », ajoutant qu'il avait ensuite passé avec succès ses examens de pilote ainsi que tous les examens médicaux à l'issue de sa formation.Cas de « non-conformité » aux règlementsLa Lufthansa a ajouté qu'un règlement plus strict était entré en vigueur en avril 2013, mais qu'il ne remettait pas pour autant en cause les certificats d'aptitude déjà délivrés ou les certificats médicaux remis par des médecins agréés.L'Autorité allemande de supervision du transport aérien, qui délivre les brevets de vol aux pilotes, avait indiqué dimanche ne pas avoir été informée de la dépression d'Andreas Lubitz, après que l'Agence européenne de sécurité aérienne avait relevé en Allemagne des cas de « non-conformité » aux « règlements européens en matière de sécurité aérienne, en particulier dans le domaine du suivi médical ». Carsten Spohr, le patron de la Lufthansa – maison mère de Germanwings –, avait alors assuré que M. Lubitz était « à 100 % capable de piloter » un avion. 06.04.2015 à 12h48 • Mis à jour le06.04.2015 à 13h07 Le chef de Pravy Sektor, groupe ultranationaliste paramilitaire dont des membres combattent aux côtés de l'armée ukrainienne dans l'Est séparatiste prorusse, a été nommé lundi 6 avril conseiller au ministère de la défense.Dmytro Iaroch, 43 ans, ennemi juré du Kremlin, élu député du Parlement ukrainien en octobre, est devenu conseiller du chef de l'état-major de l'armée Viktor Moujenko, dans un effort des autorités de Kiev d'encadrer les bataillons de volontaires devenus trop autonomes, comme l'a souligné un porte-parole de l'armée, Oleksii Mazepa :« Dmytro Iaroch jouera le rôle de médiateur entre les bataillons de volontaires et l'état-major. Nous voulons être unis face à l'ennemi et notre objectif est la coopération et l'intégration des bataillons de volontaires au sein des forces armées. »« Nationaliste mais pas fasciste »Les combattants de Pravy Sektor, connus pour leur discipline de fer et leur tolérance zéro pour la consommation d'alcool, sont présents dans des points chauds du conflit notamment autour des ruines de l'aéroport de Donetsk. Dmytro Iaroch avait été blessé en janvier dans des combats pour l'aéroport, passé peu après sous contrôle des rebelles, à la suite de plusieurs mois de lutte acharnée.Lire aussi : La chute de l’aéroport de Donetsk, tournant symbolique de la guerre en UkraineUn porte-parole de M. Iaroch a expliqué que Pravy Sektor resterait une structure « autonome » mais serait désormais « financé par le ministère de la défense » : « Nos combattants seront désormais bien armés. Jusqu'à présent, c'était des volontaires qui nous fournissaient des équipements. »Le mouvement Pravy Sektor composé d'une branche politique et de bataillons militaires, décrit par M. Iaroch dans un entretien avec l'Agence France-Presse en octobre comme « nationaliste, mais pas fasciste », avait acquis une grande popularité auprès des manifestants lors de Maïdan à Kiev en s'illustrant pendant les violents affrontements entre contestataires et forces de l'ordre, faisant pleuvoir pavés et cocktails molotov sur les policiers. Il revendique l'héritage controversé des nationalistes ukrainiens de la Seconde Guerre mondiale.Dmytro Iaroch est poursuivi en Russie pour « incitation au terrorisme », et Moscou a émis un mandat d'arrêt international contre lui. 06.04.2015 à 03h27 • Mis à jour le06.04.2015 à 09h19 La Grèce s'est engagée à verser les 460 millions d'euros dus au Fonds monétaire international (FMI) le 9 avril, a annoncé dimanche Christine Lagarde, la directrice de l'institution, à l'issue d'une rencontre à Washington avec le ministre des finances grec, Yanis Varoufakis.Nous « avons convenu que l'incertitude n'est pas dans l'intérêt de la Grèce et je salue la confirmation du ministre que le versement dû au fonds sera effectué le 9 avril », déclare Mme Lagarde dans un communiqué.Rumeurs de défautDepuis trois semaines, une rumeur – alimentée par une lettre alarmiste du premier ministre grec, Alexis Tsipras, à la chancelière allemande, Angela Merkel, le 15 mars, prévenant que le pays pourrait ne pas honorer ses prochains remboursements — laissait entendre qu'Athènes ne serait pas en mesure d'honorer l'échéance du 9 avril.Lire aussi, en édition abonnés : Grèce : il y a urgence pour trouver un compromisOr un défaut aurait des conséquences difficilement calculables, selon les économistes. La Grèce est actuellement en négociation difficile avec ses partenaires de l'Union européenne. En conséquence, le pays semble chercher d'autres appuis : après Mme Lagarde, Yanis Varoufakis doit rencontrer lundi des responsables du Trésor américain, dont Nathan Sheets, sous-secrétaire chargé des affaires internationales. Il s'entretiendra aussi avec Caroline Atkinson, la conseillère de Barack Obama pour les affaires économiques internationales.La Grèce attend de l'UE le versement d'une dernière tranche d'aide de 7,2 milliards d'euros, dans le cadre des plans d'aide de 240 milliards d'euros accordés par l'Europe et le FMI depuis 2010. Le nouveau gouvernement de gauche radicale doit présenter d'ici à la fin avril à l'Eurogroupe une liste de réformes suffisamment convaincantes pour obtenir le reliquat d'aide. Le FMI, lui, a des versements prévus à la Grèce jusqu'en 2016.Lire : Grèce : un accord possible fin avril, selon les EuropéensLe FMI est souvent apparu plus compréhensif que certains créanciers européens comme l'Allemagne. Quant au gouvernement américain, il souligne à toute occasion le rôle « stabilisateur » précieux de la Grèce à l'est de l'Europe. 05.04.2015 à 13h59 • Mis à jour le06.04.2015 à 09h12 Le pape François a appelé, dimanche 5 avril, à l'occasion de Pâques, à la fin des tragédies et des persécutions au nom de la religion en Afrique et au Moyen-Orient. Le pape François s'adressait au monde entier depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre, avant d'impartir sa traditionnelle bénédiction « à la ville et à l'univers » (« urbi et orbi »). Devant des dizaines de milliers de fidèles rassemblés sous la pluie, le chef de l'Eglise catholique a lancé :« A Jésus victorieux, demandons d'alléger les souffrances de tant de nos frères persécutés à cause de son nom, comme aussi de tous ceux qui pâtissent injustement des conséquences des conflits et des violences actuels. Il y en a tant ! »« Qu'une prière incessante monte de tous les hommes de bonne volonté pour ceux qui ont perdu la vie – je pense en particulier aux jeunes qui ont été tués jeudi à l'université de Garissa au Kenya – , pour tous ceux qui ont été enlevés », a affirmé François au sujet du massacre de près de 150 étudiants, majoritairement chrétiens, par un commando d'islamistes chabab.« Implorons le don de la paix pour le Nigeria, pour le Soudan du Sud et pour différentes régions du Soudan et de la République démocratique du Congo ! », a-t-il ajouté.La persécution des chrétiens d'Orient Le pape argentin a exhorté la communauté internationale à « ne pas rester inerte face à l'immense tragédie humanitaire en Syrie et en Irak », et ses « nombreux réfugiés »: « Que cesse le fracas des armes et que se rétablisse la bonne cohabitation entre les différents groupes qui composent ces pays bien-aimés. »Sans évoquer les persécutions des groupes djihadistes contre les chrétiens, le pape a demandé au Christ « d'alléger les souffrances de tant de nos frères persécutés à cause de son nom ».François a parlé d'« espérance » pour qualifier l'accord-cadre conclu le 2 avril à Lausanne entre l'Iran et les grandes puissances sur son programme nucléaire. Il a souhaité que cet accord « soit un pas définitif vers un monde plus sûr et fraternel ».Il a appelé à la fin des violences en Libye, où en février dernier les djihadistes de l'Etat islamique ont décapité 22 chrétiens coptes égyptiens. Une « volonté commune de pacification » a été aussi préconisée par François pour le Yémen, tout comme « la reprise du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens », et « l'engagement de toutes les parties intéressées à la paix en Ukraine ».Le pape n'a pas évoqué l'Asie ni l'Amérique latine, mais il a demandé « paix et liberté pour les victimes de trafiquants de drogue », en observant qu'ils « sont souvent liés aux pouvoirs qui devraient défendre la paix et l'harmonie ». De même, il a fustigé « les trafiquants d'armes, qui s'enrichissent avec le sang des hommes et des femmes », et toutes « les nouvelles et anciennes formes d'esclavage ». Philippe Ridet (Rome, correspondant) Un record est en train de tomber. Mais, le changement de parti n’étant pas encore reconnu comme un sport olympique, l’Italie se voit privée de la médaille d’or. Depuis février 2013, début de la XVIe législature, 196 parlementaires (sur 945) ont quitté la formation avec laquelle ils ont été élus pour trouver refuge dans une autre. En tout, et compte tenu du fait que certains élus ont changé plusieurs fois de casaque, le nombre de transferts atteint 250, presque autant qu’entre 2008 et 2013 (261). Soit une moyenne de 10,17 par mois !Un exemple : Barbara Saltamartini, 43 ans, native de Rome. Après une jeunesse militante au sein du mouvement postfasciste Azione Giovani, elle est élue députée de Sicile en 2008 avec le Peuple de la liberté (PDL) de Silvio Berlusconi. Réélue avec le Cavaliere, elle choisit d’adhérer au Nouveau Centre droit (NCD) d’Angelino Alfano en novembre 2013, qu’elle quitte ensuite pour un court passage chez les non-inscrits de la Chambre, avant de rejoindre la Ligue du Nord. C’est tout pour l’instant.Pour le site Internet Openpolis, qui tient le comptage détaillé de ces mouvements, ils sont le reflet de l’instabilité et de la recomposition de la vie politique italienne. Ces deux dernières années ont été marquées par l’irruption du Mouvement 5 étoiles, de la scission du PDL, la disparition de la formation de Mario Monti et l’attractivité croissante du Parti démocrate (PD) de Matteo Renzi sur la gauche. Ainsi, une quarantaine de grillini, exclus ou partis d’eux-mêmes, se sont éparpillés, une trentaine de parlementaires autrefois berlusconiens ont anticipé le déclin programmé de l’ex-président du Conseil pour se ranger sous les couleurs du centre et une bonne dizaine d’élus de la gauche radicale ont adhéré au PD.Seuls pour l’instant les « frondeurs » du PD qui menacent chaque jour M. Renzi de l’abandonner n’ont pas encore mis leur menace à exécution. Paradoxalement, cette situation fait les affaires du premier ministre, qui pourrait pallier d’éventuelles défections grâce à l’apport de nouveaux convertis.Mais le retournement de veste n’est pas une garantie de survie politique. A décevoir ses amis, on n’en conquiert pas forcément de nouveaux. Openpolis a calculé que, sur 180 parlementaires qui ont changé d’étiquette au cours de la précédente législature, seuls 48 % d’entre eux ont été « candidatés » par leur nouvelle formation. Et 12,75 % – une misère – ont été réélus. La trahison ne paie plus.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.04.2015 à 07h45 • Mis à jour le06.04.2015 à 13h57 Le car de l'équipe de football turque de Fenerbahçe Istanbul (1re division turque) a été pris pour cible à la suite d'un match de championnat contre Rizespor. Le chauffeur du car a été transporté à l'hôpital après avoir été blessé par des tirs, survenus au moment où Fenerbahçe, champion de Turquie en titre, se rendait à Trabzon pour reprendre l'avion pours Istanbul. Aucun des joueurs de l'équipe, qui a gagné le match 5-1, n'a été blessé.Mahmut Uslu, responsable du club qui se trouvait dans le bus, a dénoncé devant les caméras une agression visant à « faire renverser le bus et tuer ainsi les joueurs. C'est incroyable ! Une telle attaque a pour seul objectif de commettre un meurtre ! », s'est-il exclamé sur les chaînes de télévision.Le gouverneur de Trabzon a noté que le car avait été attaqué par un homme armé. « D'après les derniers éléments, il semblerait qu'il se soit agi d'une arme à feu. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives, mais il semblerait que ce soit un type de balle tiré par un fusil », a-t-il souligné.La Fédération turque de football (TFF) a « dénoncé avec la plus grande fermeté » l'incident, réclamant dans un communiqué que les auteurs soient « immédiatement traduits devant la justice et punis », alors que la presse sportive était sous le choc de cette attaque sans précédent en Turquie, où les violences sont pourtant régulières dans le football, sport favori du pays.Le ministre des sports, Çagatay Kiliç, a dénoncé pour sa part l'attaque, mais affirmé que le championnat ne serait pas suspendu.Cette attaque survient alors que la Turquie a été frappée la semaine dernière par une flambée de violences politiques, à deux mois des élections législatives, le 7 juin, dans un pays divisé entre partisans et détracteurs du président Erdogan, qui souhaite renforcer ses pouvoirs à l'issue du scrutin. 05.04.2015 à 00h49 • Mis à jour le06.04.2015 à 10h26 Le bus de l'équipe de football Fenerbahçe Istanbul, qui évolue en première division en Turquie, a été la cible d'une attaque samedi 4 avril au soir dans la ville de Trabzon, au nord est du pays, blessant le chauffeur du véhicule.Plusieurs coups de fusil ont été tirés contre le car alors que celui-ci roulait sur une autoroute après un match remporté 5 buts à 1 contre Rizespor, une équipe de la ville du même nom située sur la mer Noire, a indiqué Mahmut Uslu, responsable du club qui se trouvait dans le bus.« Attaque armée »Le chauffeur, blessé notamment au visage, a réussi à faire difficilement arrêter le bus et a été immédiatement transporté à l'hôpital à bord d'une voiture de police qui escortait le véhicule, selon M. Uslu, qui a dénoncé une agression visant à « faire renverser le bus et tuer ainsi les joueurs ». « C'est incroyable », s'est-il exclamé sur les chaînes de télévision. Des images ont montré l'avant du bus percé de balles.Après avoir un temps pensé que des pierres avaient été jetés contre le véhicule, Abdil Celil Öz, le gouverneur de Trabzon, a confirmé que des coups de feu avaient été tirés : « La police scientifique arrivée sur les lieux a conclu à une attaque armée, » a-t-il dit sur la chaîne de télévision 360. Le pronostic des médecins en ce qui concerne le chauffeur est « pour l'heure » positif, aucun des joueurs n'a été blessé.La fédération turque de football (TFF) a « dénoncé avec la plus grande fermeté » l'incident, réclamant dans un communiqué que les auteurs soient « immédiatement traduits devant la justice ». Cette attaque est inédite en Turquie, où les violences sont régulières dans le football, sport favori du pays. 27.05.2015 à 17h10 • Mis à jour le27.05.2015 à 18h06 | Marie Charrel Les mots sont forts. Selon une information publiée mercredi 27 mai par le quotidien El Pais, le gouvernement espagnol a écrit aux institutions européennes pour réclamer une ambitieuse révision de la politique économique de l’union monétaire. Avec en ligne de mire la création d’un budget commun, l’émission d’euro-obligations ou encore, une liberté de circulation renforcée des travailleurs.Dans le document de huit pages cité par le quotidien espagnol, le gouvernement de Mariano Rajoy s’en prendrait surtout à la Banque centrale européenne (BCE). « L’orientation de la politique monétaire de la BCE s’est révélée inadéquate pour certains membres de la zone euro au cours des dernières années, générant des chocs asymétriques », peut-on y lire, d’après le journal. « Dans certains pays, la politique monétaire fut trop expansive et a créé les conditions financières qui ont conduit à un endettement excessif et à l’accumulation de déséquilibres ».Objectif d’inflationPour y remédier, Madrid suggère de revoir le mandat de l’institution. Aujourd’hui, celui-ci est en premier lieu de veiller à la stabilité des prix, avec un taux d’inflation convergeant vers l’objectif de 2 % dans la zone euro. En théorie, la mission secondaire de l’institut monétaire est d’apporter son soutien aux objectifs économiques de l’union monétaire, c’est-à-dire le maintien d’un niveau d’emploi élevé et l’encouragement d’une croissance non inflationniste.Mais dans les faits, la BCE s’est, depuis sa création, principalement concentrée sur le seul objectif de l’inflation. Ce n’est pas le cas de la Réserve fédérale américaine par exemple, pour qui l’emploi est tout aussi central. Et c’est bien ce que reproche Madrid à Francfort, jugeant que l’institution monétaire devrait non seulement veiller un peu plus à la croissance mais aussi s’assurer que les évolutions des prix entre Etats ne divergent pas. « La BCE regarde seulement l’inflation moyenne : il est vrai que cela a peu de sens et n’empêche pas les dérives en la matière », observe Bruno Colmant, économiste à l’université catholique de Louvain. « On l’a vu ces dernières années, quand l’Espagne et la Grèce s’enfonçaient dans la déflation tandis que les prix se stabilisaient en Allemagne ».Si ni la BCE, ni le gouvernement espagnol n’ont commenté ces informations, les critiques sur le mandat de l’institution ne sont pas nouvelles. C’est néanmoins la première fois qu’elles émanent aussi directement d’un Etat. Et elles soulèvent une question légitime : pourquoi la BCE s’est-elle concentrée à ce point sur la seule inflation ?Lire aussi :La BCE face au défi de l’investissementLe modèle de la BubaLa BCE a été construite à Francfort, sur le modèle de la Bundesbank allemande, la « Buba ». Du fait de l’hyperinflation des années 1920 puis de l’après-guerre, qui a laissé un souvenir douloureux outre-Rhin, la Buba, créée en 1957, s’est vite attaquée presque exclusivement à la maîtrise des prix. À sa création, en 1998, la BCE a donc naturellement adopté les préoccupations allemandes.Et ce, au prix d’une certaine myopie. De fait, si les prix des produits à la consommation étaient relativement stables entre 2000 et 2007, ceux de certains actifs financiers ont flambé. Comme par exemple ceux de l’immobilier espagnol.Mais ce n’est pas tout. Si la BCE s’est moins préoccupée d’emploi et croissance que son homologue américaine, c’est aussi parce qu’elle n’est pas outillée pour le faire. « En vérité, il s’agit là d’un problème institutionnel de la zone euro elle-même, qui dépasse le seul cadre de la BCE », commente Grégory Claeys, économiste à l’Institut Bruegel.De fait, alors que la Fed a en face d’elle un Trésor unique et un Etat unique, la BCE a pour pendant dix-neuf Trésors et dix-neuf Etats menant des politiques budgétaires différentes. Si la zone euro a bien développé des règles communes en matière de gestion des finances publiques, elle peine en revanche à coordonner les politiques économiques, de croissance, ou même de lutte contre le chômage. « De plus, les divergences de compétitivité entre les membres ne relèvent pas de la politique monétaire », rappelle M. Claeys.Lire aussi :« Si rien ne change, la monnaie unique court à sa destruction »Révision des traitésLa proposition de Madrid a-t-elle des chances de faire bouger les lignes ? Difficile à dire : le mandat de la BCE ne peut être changé que par une révision des traités. Un processus délicat, dans lequel aucun État membre n’a vraiment envie de se lancer. En particulier l’Allemagne.Les propositions du gouvernement espagnol ont au moins le mérite de relancer le débat sur la mission de la banque centrale. D’autant qu’en vérité, il n’est pas forcément nécessaire de modifier les traités pour que celle-ci évolue. On l’a constaté pendant la crise : sous l’impulsion de son président Mario Draghi, la BCE a élargi ses préoccupations à la stabilité financière. Et les mesures prises depuis 2012 sont bien plus favorables à la croissance. En témoigne la politique de rachats massifs de dette publique, lancée en mars dernier. La BCE de 2015 n’est plus celle de 2008, et son fonctionnement s’est, dans les faits, déjà beaucoup rapproché de celui de la Fed.Lire aussi :Zone euro : le spectre de la déflation s’éloigneMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Chaos dans les aéroports belges : une panne d’électricité a paralysé la société Belgocontrol, qui organise le trafic aérien, et entraîné du même coup l’annulation de quelque 130 vols, mercredi 27 mai. Une quarantaine d’autres devaient être déviés vers les pays voisins. Quelques appareils ont pu atterrir au début de la matinée mais l’espace aérien a ensuite été totalement fermé et devait apparemment le rester jusqu’à 17h30 au moins.L’aéroport de Bruxelles-National a été le plus affecté mais ceux de Liège, Ostende et Charleroi (connu aussi sous le nom de Brussels South) ont été également été touchés. Charleroi est l’un des « hubs » européens de la compagnie à bas coût Ryanair. Quelques avions seulement ont pu décoller à basse altitude d’Anvers : ils pouvaient être rapidement pris en charge par les autorités néerlandaises de l’aviation civile.À Bruxelles et ailleurs, des passagers qui avaient déjà enregistré leurs bagages ont été invités à les reprendre. Les différents aéroports et les compagnies ont mobilisé des personnels supplémentaires pour tenter d’endiguer le risque d’engorgement.Selon Belgocontrol, la panne électrique a été causée par une surcharge du réseau. Des générateurs de secours n’ont pas pu être enclenchés et des machines synchrones, censées prendre le relais dès qu’une perte de courant est décelée, semblent avoir été elles aussi défaillantes.Défaut de maintenanceC’est la première fois qu’une panne d’une telle ampleur survient en Belgique. A ce stade, les autorités soulignent que le plus urgent est d’y remédier. « Les causes de ce dysfonctionnement seront analysées plus tard », explique une porte-parole de la société Brussels Airport.Du côté syndical on avance toutefois que la panne est due à un plan d’économies appliqué depuis trois ans. Selon l’organisation ACV Transcom, un manque de personnel et une réduction des investissements peuvent expliquer un défaut d’entretien, à l’origine de la rupture. Le gouvernement fédéral préparait une prolongation de ce plan pour les cinq années à venir.Interrogé par La Libre Belgique, Damien Ernst, professeur de l’Université de Liège, évoque un défaut de prévoyance et de maintenance. Ce spécialiste des réseaux électriques met aussi en évidence les défauts des systèmes d’alimentation de secours.L’incident est survenu alors que la Belgique croyait avoir surmonté le pire, à savoir un risque de « black-out », en raison de l’arrêt d’une partie de son parc nucléaire, suite au constat de défauts techniques sur les cuves. Un vif débat oppose en ce moment le gouvernement et l’opposition sur la relance de certaines installations.Au cours d’enquêtes sur l’état du réseau, on avait constaté que les appareils de secours de certaines « installations critiques », comme des hôpitaux, risquaient de ne pas fonctionner en cas de panne.Lire aussi :La Belgique prolonge de dix ans ses vieux réacteurs nucléairesJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.05.2015 à 12h32 • Mis à jour le27.05.2015 à 14h45 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne persiste et signe : elle a présenté, mercredi 27 mai, son plan global sur l’immigration, en précisant les quotas de migrants à accueillir par pays. Malgré les réticences de certaines capitales et l’hostilité affichée d’autres, elle confirme sa volonté d’assurer une répartition de demandeurs d’asile qui séjournent actuellement en Italie et en Grèce. Elle ne parle toutefois plus de « quotas » par pays, mais d’une « clé » établie en tenant compte de divers critères qui ont fait l’objet d’une pondération : le nombre d’habitants, le produit intérieur, le taux de chômage, le nombre de demandes d’asile déjà reçues et le nombre de réfugiés déjà accueillis au titre de la protection internationale.Après avoir donné des premières estimations le 13 mai, Bruxelles propose la répartition, étalée sur deux ans, de 40 000 Syriens et Erythréens, dont 24 000 sont actuellement en Italie et 16 000 en Grèce. La France serait censée en accueillir 4 051 venant d’Italie et 2 701 venant de Grèce, l’Allemagne 5 258 et 3 505. Vingt et un autres Etats sont concernés : les traités européens octroient un opt-in (droit d’option) au Royaume-Uni et l’Irlande, qui peuvent décider de participer ou non à un tel projet, et le Danemark possède un opt-out, qui exclut sa participation.Les 40 000 personnes concernées représentent 40 % du total des migrants arrivés en Italie et en Grèce en 2014 et susceptibles de demander l’asile. Le projet de répartition (relocation), qui pourrait aussi concerner Malte à l’avenir, s’appuie sur un mécanisme d’urgence prévu dans le traité de l’Union (article 78.3) et qui n’a jamais été mis en œuvre.Cette disposition précise que, en cas de circonstances exceptionnelles comme un afflux soudain de migrants, une répartition peut être mise en œuvre au niveau de l’Union. C’est le nouveau pays d’accueil qui décidera, au final, de l’octroi, ou non, de l’asile. Il incombera, en revanche, à l’Italie et à la Grèce de relever les empreintes de tous les demandeurs : en principe obligatoire, cet enregistrement n’est pas toujours réalisé. A l’avenir, les pays concernés seront aidés par Europol et Frontex pour mener à bien cette tâche et évaluer rapidement le statut exact des personnes arrivées illégalement en Europe.Accueil en Europe de 20 000 réfugiésLe plan présenté mercredi comporte un autre volet « accueil » pour 20 000 réfugiés reconnus par les Nations unies, qui demandent pour eux une protection internationale. Ce projet de réinstallation (resettlement) concerne, cette fois, les Vingt-Huit. Même si, jusqu’ici, 15 Etats membres seulement ont accepté ce principe, dans des proportions très variables : la Suède a accueilli plus de 2 000 réfugiés en 2014, la Finlande, 1 100, et les Pays-Bas, 800 ; 450 ont été admis en France et 280 en Allemagne. On n’en compte, en revanche, aucun en Pologne, en Bulgarie ou en Slovénie.Selon les calculs de la Commission, la France devrait accueillir 2 375 réfugiés reconnus par l’ONU en deux ans, l’Allemagne, 3 086, la Pologne, 962, le Royaume-Uni, 2 309, etc. Un budget de 50 millions d’euros est prévu pour ce projet. En tout, la France devrait donc s’engager à recevoir 9 127 migrants sur les 60 000 accueillis sur l’ensemble de l’Europe.La Commission prévoit que, pour chaque demandeur d’asile accepté dans un pays, celui-ci recevra 6 000 euros provenant du Fonds européen pour l’asile (AMIF). De quoi vaincre les réticences ? Ce n’est pas certain. Outre le Royaume-Uni et la Hongrie, qui ont immédiatement critiqué le projet de quotas présenté à la fin avril par Jean-Claude Juncker, les Etats baltes, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie ont dit leur hostilité. Par la voix de Manuel Valls, puis de François Hollande, la France a également manifesté ses réticences, tout en prônant, de manière un peu confuse, une répartition « réfléchie, équitable, solidaire » à l’échelle européenne.M. Juncker et son équipe affirment d’ailleurs agir dans le fil des récentes directives du Conseil européen qui, après les dernières tragédies au large des côtes libyennes, avait prôné plus de solidarité entre les Etats membres. La proposition de la Commission n’est toutefois pas assurée, à ce stade, de passer le cap de ce Conseil, où elle devra être adoptée à la majorité qualifiée, après consultation du Parlement.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.05.2015 à 11h21 • Mis à jour le27.05.2015 à 11h41 Aucun avion n’était autorisé à se poser ou à décoller de l’aéroport de Bruxelles-National (ou aéroport de Zaventem), mercredi 27 mai, en raison d’une panne électrique affectant l’agence nationale de contrôle aérien, Belgocontrol.« Il n’est pas possible d’atterrir ou de décoller à Brussels Airport jusqu’à 14 heures » (12 heures GMT), a rapporté l’aéroport de Bruxelles dans un communiqué. « C’est un problème à l’échelle du pays », est-il précisé. La panne affecte Belgocontrol depuis 9 h 30, selon l’agence européenne Eurocontrol.Technical failure air traffic control: no landings or departures till 14.00h. This is a nationwide problem. http://t.co/6QfD8FRXvG— BrusselsAirport (@Brussels Airport)require(["twitter/widgets"]);Brussels FIR is closed, currently till 1200 UTC - electrical failure http://t.co/sf3iS2Qfpd— eurocontrol (@EUROCONTROL)require(["twitter/widgets"]);Un certain nombre de vols ont été déviés vers d’autres aéroports comme Paris et Francfort.UPDATE Other flights expected to arrive at Brussels are diverting to Frankfurt, Paris and other airports http://t.co/MArX7gYvy8 - NewsHazb— airlivenet (@AirLive.net)require(["twitter/widgets"]); 27.05.2015 à 01h02 • Mis à jour le27.05.2015 à 11h37 | Denis Cosnard Quand il vient en Europe, Nick Stanage n’arrive pas les mains vides. Jeudi 21 mai, le patron du groupe américain Hexcel a lancé officiellement à Roussillon (Isère), au cœur de la « vallée de la chimie », un des plus grands investissements étrangers en cours en France : la construction d’une usine de polyacrylonitrile, la matière première de la fibre de carbone. Ce chantier de 200 millions d’euros n’a pas démarré que le PDG en prévoit déjà la suite. Sur place, il a annoncé un nouvel investissement de 20 millions d’euros pour accroître les capacités de deux autres sites, en Isère et dans l’Ain. A la clé, une centaine d’embauches. Les élus locaux étaient aux anges.Une parfaite illustration de la reprise actuelle des investissements étrangers en Europe, y compris dans l’Hexagone. Les chiffres publiés mercredi 27 mai par le cabinet EY (ex-Ernst & Young) sont éloquents. En 2014, quelque 4 341 projets d’implantations et d’extensions de sites ont été annoncés dans l’Europe au sens large (y compris la Russie), soit 10 % de plus en un an, selon les pointages du groupe. Une hausse qui amplifie le rebond de 2013.Ces projets devraient aboutir à la création de plus de 185 500 emplois, « un niveau record », selon EY. Et encore, ce décompte n’intègre pas les projets purement immobiliers, ni ceux dans les hôtels, les restaurants et les commerces.« La tendance devrait se confirmer cette année », ajoute Marc Lhermitte, l’un des auteurs de cette étude. Le retour, même timide, de la croissance en Europe encourage en effet les groupes étrangers à s’y implanter. La baisse de l’euro, dont la valeur en dollars a fléchi de 19 % en un an, alimente aussi le mouvement : elle redonne de la compétitivité aux exportations européennes, et incite à produire davantage en zone euro.La force du Grand LondresLa Grande-Bretagne est la première à bénéficier de cette embellie. Avec 887 projets annoncés en 2014, le pays reste la terre d’accueil privilégiée des investissements étrangers sur le Vieux Continent. Un succès lié, selon EY, à la force du Grand Londres, à sa spécialisation dans la finance et les services aux entreprises, à son ouverture aux investisseurs étrangers ainsi qu’à « l’hyper-flexibilité de son marché du travail ».Le 18 mai, le groupe énergétique allemand E.ON a encore dévoilé un grand projet d’éoliennes en mer, au large de Brighton, pour un montant de 1,9 milliard d’euros. La Grande-Bretagne est déjà le premier pays au monde dans ce domaine. Un autre exemple ? Madame Tussauds. L’immeuble dans lequel est installé le célèbre musée de cire appartiendra sous peu à Fubon, un assureur de Taïwan. Celui-ci a annoncé le 22 mai son intention d’investir dans l’affaire 350 millions de livres, soit 492 millions d’euros.Avec 763 projets en 2014, l’Allemagne se situe toujours sur la deuxième marche du podium européen, et poursuit sa progression. « Elle attire en particulier les fonctions industrielles et les pays émergents asiatiques, qui en font une base d’expansion vers l’Europe de l’Est et la Russie », notent les experts d’EY.Succès en trompe-l’œilRavalée au troisième rang en 2011, la France profite aussi de la reprise. EY y a recensé 608 projets lancés par des groupes internationaux, soit 18 % de plus en un an. Sur ce critère, 2014 constitue l’un des meilleurs exercices enregistrés depuis une décennie. Tandis que Londres attire les sièges sociaux comme un aimant, la France demeure la première destination européenne pour les implantations industrielles.Mais il s’agit d’un succès en trompe-l’œil. Si l’investissement étranger reprend, il n’entraîne pas l’emploi. A peine 12 600 postes sont attendus des projets de 2014, soit 11 % de moins qu’en 2013. Une profonde déception, dans la mesure où les pouvoirs publics déroulent le tapis rouge aux patrons étrangers dans l’espoir, précisément, de résorber le chômage. Ces données confirment la tendance déjà relevée en mars par Business France, l’agence publique chargée de démarcher les investisseurs tout autour de la planète.Avec cinq ans de recul, le mouvement est très net. Entre 2009 et 2014, le nombre de projets étrangers a progressé de 15 % en France, une hausse deux fois plus faible que dans le reste de l’Europe. Les emplois prévus, eux, ont décliné de 6 % dans l’Hexagone, alors qu’ils ont bondi de 48 % en Europe. Cherchez l’erreur…Cap à l’est« Les entreprises à capitaux étrangers, investisseurs prudents, adaptent leurs implantations au contexte fiscal et social français, notamment à un coût du travail encore jugé comme prohibitif », analysent les responsables d’EY. Elles localisent en France des centres de recherche, agrandissent un peu leurs usines existantes. Mais quand il s’agit d’ouvrir un site majeur totalement nouveau, elles préfèrent souvent miser sur d’autres pays jugés moins coûteux et moins compliqués juridiquement.En Europe, cela signifie souvent mettre le cap à l’est, comme s’apprête à le faire Jaguar Land Rover. Le constructeur britannique, désormais filiale de l’indien Tata, hésite entre la Pologne, la Slovaquie, la République tchèque et la Hongrie pour construire sa nouvelle unité destinée à alimenter le marché européen, a révélé le Financial Times le 22 mai.En moyenne, une implantation internationale en France ne « produit » ainsi plus que 21 emplois. C’est un peu plus qu’en Allemagne (15), mais bien moins qu’au Royaume-Uni (35), en Pologne (117) ou surtout en Roumanie (175).Deux chiffres résument mieux que tout autre la situation. En 2014, EY a repéré en Europe 75 très grands projets internationaux, susceptibles de créer chacun plus de 500 emplois. Un seul – une extension de l’usine Toyota de Valenciennes – concernait la France.Denis CosnardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Ian Traynor (The Guardian) Le Monde et cinq quotidiens européens, El Pais, The Gardian, La Stampa, Gazeta Wyborcza et Süddeutsche Zeitung, réunis dans le réseau Europa, analysent les repercussions du « Brexit » sur l’Union.  Le mot le plus galvaudé à Bruxelles est « réforme ». Le problème, c’est qu’aucun dirigeant européen n’entend la même chose par « réforme ». Pour un dirigeant allemand, réformer signifie procéder à des changements structurels et équilibrer les budgets pour être plus compétitifs. Pour un Français ou un Italien, cela veut dire plus de dépenses publiques, des politiques orientées vers la création d’emplois. Et pour David Cameron, évidemment, réformer l’Union européenne (UE) passe par un nouveau contrat pour la Grande-Bretagne. La réforme, pour lui, cela veut dire la reconnaissance de l’exception britannique en Europe.Lire aussi :David Cameron contre le reste de l’EuropeDans la discussion sur la renégociation à venir, l’accent a été mis jusqu’ici sur l’éventualité de la modification des traités, les termes de l’adhésion de la Grande-Bretagne à l’UE et les conséquences juridiques d’un changement. Mais M. Cameron est resté volontairement vague, essayant plutôt de savoir ce que les autres – par les autres, il entend essentiellement Angela Merkel – sont prêts à céder. Il n’y aura pas de modification importante des traités. Cela prendra trop de temps. Et les dirigeants de la zone euro sont profondément irrités par le côté donneurs de leçons de David Cameron et George Osborne, son ministre des finances.Dans l’idéal, le premier ministre britannique voudrait obtenir un droit de veto pour la Chambre des communes sur la législation européenne. Il n’a aucune chance de l’obtenir : 27 autres parlements demanderaient la même chose et l’Union risquerait la paralysie. Il voudrait retirer du traité, ou tout au moins en exempter la Grande-Bretagne, la clause prônant « une union toujours plus étroite » – un manifeste fédéraliste, aux yeux des eurosceptiques.Liberté de circulationL’immigration et la liberté de circulation sont des revendications cruciales pour M. Cameron ; son gouvernement cherche un moyen légal de limiter les prestations sociales dont peuvent bénéficier les ressortissants de l’UE en Grande-Bretagne. Sur ce sujet-là, une évolution importante s’est produite. Jusqu’à novembre dernier, l’ancien président de la Commission José Manuel Barroso rejetait les arguments sur le « tourisme social ». Mais la petite musique qui émane ces temps-ci de Donald Tusk, le président du Conseil européen, et de Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission est que, certes, la liberté de circulation est sacro-sainte, mais qu’elle ne doit pas pour autant servir de prétexte à l’abus de services sociaux. Ce ne sont pas les faits qui ont changé. C’est la politique. Cameron peut donc arracher quelque chose ici, qui l’autorise à refuser les allocations-chômage aux migrants de l’UE ou les compensations pour les bas salaires. Ceci pour une période limitée : le premier ministre parle de quatre ans.Mais il va rencontrer de la résistance. Les ressortissants de l’UE sont censés être égaux : une telle mesure serait discriminatoire et créerait deux catégories de citoyens européens. En outre, il y aura un certain degré de réciprocité. Or quelque deux millions de Britanniques vivent ailleurs dans l’UE ; des dizaines de milliers d’entre eux bénéficient de prestations sociales dans leur pays d’accueil. L’objectif de M. Tusk dans cette négociation sera d’obtenir un accord d’ensemble qui, oui, « réforme » l’Union, en accordant à Londres quelques concessions que tout le monde considérera bénignes.Il y a actuellement une négociation en Europe de 18 contre 1, celle de la zone euro avec la Grèce. Elle se passe mal, avec une perspective de moins en moins irréaliste de sortie de l’euro pour la Grèce. Si M. Cameron finit par se retrouver seul face à 27, ce sera une mauvaise stratégie, préfigurant sans doute un mauvais dénouement. Et personne en Europe n’en a envie, car tout le monde sait que le « Brexit » sera bien pire que le « Grexit ».Lire aussi :« Brexit » : les arrière-pensées de la FranceIan Traynor (The Guardian) Philippe Bernard (Londres, correspondant) Le Monde et cinq quotidiens européens, El Pais, The Gardian, La Stampa, Gazeta Wyborcza et Süddeutsche Zeitung, réunis dans le réseau Europa, analysent les repercussions du « Brexit » sur l’Union.  Le sort en est jeté. Vingt-huit mois après avoir promis d’organiser un référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l’Union européenne (UE), David Cameron part cette semaine à l’offensive pour vendre aux dirigeants européens ce qui n’est plus seulement une pièce de sa stratégie de politique intérieure, mais un vote bien réel en forme de pari insensé : à ce stade, le premier ministre britannique dit ignorer dans quel sens il appellera à voter puisqu’il se fait fort, avant d’en décider, d’obtenir des « réformes » d’envergure de l’Europe, notamment en matière d’immigration et de protection de la City contre les conséquences d’une intégration progressive de la zone euro, dont le Royaume-Uni entend plus que jamais se tenir à l’écart.Lire aussi :Bruxelles cherche à contrer la menace du « Brexit »A Riga, vendredi 22 mai, il a répété qu’il n’excluait pas de prôner le « non » s’il n’obtenait pas satisfaction, perspective d’autant plus vague que M. Cameron s’est bien gardé jusqu’à présent de formuler des exigences précises.Cette perspective de « Brexit » (pour « British exit »), qu’il brandit comme une menace, le premier ministre britannique a commencé à l’agiter dès lundi 25 mai au soir en recevant à dîner le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à Chequers, sa résidence de campagne, cadre supposé plus propice à une entrée en matière moins formelle avec un homme dont M. Cameron a combattu la nomination, voici à peine un an. Dès mercredi 27 mai au soir, sitôt prononcé le traditionnel « discours de la reine » qui présente le programme de la nouvelle législature, le premier ministre s’envolera pour une tournée qui le conduira jeudi au Danemark, aux Pays-Bas puis à l’Elysée, où il dînera avec le président Hollande à l’invitation de ce dernier. Vendredi, il se rendra à Varsovie, puis à Berlin, où il rencontrera la chancelière allemande, Angela Merkel. Il a décidé de s’entretenir avec chaque chef d’Etat ou de gouvernement de ses 27 partenaires européens avant le Conseil européen des 25 et 26 juin.Lire aussi :Pour Bruxelles, le « Brexit » serait encore pire que le « Grexit »« Mandat clair »Ce marathon lui donnera un avant-goût de ce qui l’attend puisque, quelle que soit la forme juridique – modification de traité ou non – que revêtiront les réformes qu’il réclame, il devra convaincre les 27 Etats de leur bien-fondé. M. Cameron mettra en avant « le mandat clair » que lui ont confié les électeurs britanniques en donnant une majorité absolue au parti conservateur, dont le programme, contrairement à celui du Labour, promettait le référendum sur le « Brexit ».Lire aussi :« Brexit » : les arrière-pensées de la FranceLe projet de loi organisant le référendum devrait être déposé dès jeudi au Parlement. Downing Street a révélé lundi un point crucial du texte : les ressortissants des pays du Commonwealth résidant au Royaume-Uni pourront participer au référendum, mais pas les 1,5 million de ressortissants des pays de l’Union européenne. Ainsi, un Indien établi à Londres votera, tout comme un Maltais ou un Chypriote, mais pas un Allemand ou un Français. Avec cette mesure discriminatoire, M. Cameron adresse un signal de défiance aux Européens en même temps qu’un clin d’œil aux tories europhobes et aux xénophobes du parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP), qui craignaient que le vote des Européens ne soit trop favorable à un maintien dans l’UE. En parallèle, le premier ministre a enregistré avec satisfaction la volte-face du Labour, qui s’est rallié à son référendum.Vents contradictoiresPour avoir une chance de réussir, David Cameron devrait garder secrètes le plus longtemps possible ses deux principales armes : la date du référendum et la nature précise des réformes qu’il réclame. Tout en maintenant l’échéance officielle de 2017, il a laissé plusieurs de ses proches envisager un vote dès 2016. Il devra arbitrer entre des vents contradictoires : les milieux d’affaires britanniques font pression pour une date rapprochée car ils craignent une longue incertitude ; l’année 2017 coïnciderait avec les élections générales en France et en Allemagne, avec un risque que la présidente du Front national, Marine Le Pen, tire parti des négociations sur le « Brexit ».Lire aussi :En route pour le référendum sur la sortie de l’UE au Royaume-UniDavid Cameron pourrait donc choisir 2016, d’autant que les élections aux assemblées écossaise et galloise auront lieu en mai de cette année. Leur couplage avec le référendum pourrait favoriser la mobilisation des électeurs dans ces régions favorables au maintien dans l’UE.Mais à l’inverse, les europhobes de son parti craignent qu’une Blitzkrieg n’apporte que des changements cosmétiques alors qu’ils rêvent de ramener l’Union à l’ancienne communauté économique. Le premier ministre, qui ne dispose que d’une majorité de six sièges, peut difficilement se permettre de contrarier cette frange bruyante de ses amis politiques. Le souvenir de la guerre menée par les eurosceptiques à son prédécesseur, John Major, en 1992, devrait l’en dissuader.Soumise à tous ces aléas, y compris la popularité incertaine d’un gouvernement voué à l’austérité budgétaire, l’issue du référendum sur le « Brexit » apparaît hautement imprévisible. David Cameron a pris le risque d’une glissade inopinée hors de l’UE. Au moment où il lance les dés, seule la tirade de Macbeth rappelée par Andrew Rawnsley dans The Observer peut lui servir de viatique : « Si une fois fait c’était fini, il serait bon que ce fût vite fait. »Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.05.2015 à 15h55 • Mis à jour le25.05.2015 à 18h34 | service international Qui est Andrzej Duda, le futur président ultraconservateur de la Pologne, vainqueur surprise de l’élection de dimanche 24 mai avec 51,55 % des voix. L’homme, âgé de 43 ans, est un ancien professeur de droit, entré en politique en 2005 dans le parti Droit et justice (PiS), fondé par les frères jumeaux Kaczynski en 2001. M. Duda a été secrétaire d’Etat à la justice en 2005, dans le premier gouvernement dominé par le PiS. En 2008, il devient l’un des proches collaborateurs du président Lech Kaczynski, mort dans un accident d’avion en 2010. Il sera ensuite député, avant de devenir eurodéputé en mai 2014.Lire aussi :La revanche des conservateurs polonaisUne carrière jusqu’ici très discrète, qui explique pourquoi il n’était clairement pas favori dans cette élection face au président sortant, le libéral Bronislaw Komorowski, 62 ans. Mais M. Duda a réussi à s’imposer pendant la campagne, apportant un nouveau visage au parti alors que l’image de M. Kaczynski sert encore de repoussoir à une partie des Polonais. Il a fait campagne à l’américaine, sillonnant le pays à bord d’un bus à la rencontre des gens, pendant que le président restait dans son palais. Son côté « gendre idéal » a rassuré la Pologne profonde, fidèle aux préceptes de l’Eglise catholique.« Marionnette »Ayant commencé ses études en 1991, Andrzej Duda est le premier chef d’Etat du pays à ne pas être directement lié aux événements des années 1980 et à la lutte contre la mainmise soviétique. Les Polonais ont été également fatigués par le sempiternel duel entre Jaroslaw Kaczynski et l’ancien premier ministre de Plate-forme civique (PO, droite libérale, au pouvoir), Donald Tusk, aujourd’hui président du Conseil européen, à Bruxelles. M. Kaczynski est resté dans l’ombre pendant toute la campagne. « Duda est la marionnette de Kaczynski », assure cependant Radoslaw Markowski, professeur de sciences politiques à Varsovie.L’un des principaux thèmes de la campagne de M. Duda; qui prendra ses fonctions le 6 août, a été la lutte contre les entreprises étrangères qui ne paient pas d’impôts. Les enseignes de grande distribution – notamment françaises – sont dans le collimateur. Elles sont, de plus, accusées de faire de la concurrence aux petits commerçants. M. Duda a aussi promis de s’attaquer aux banques étrangères en Pologne. Autant d’annonces qui rappellent le programme appliqué par l’ultraconservateur Viktor Orban en Hongrie.Pendant sa campagne, Andrzej Duda a régulièrement attaqué le récent contrat passé avec Airbus pour l’achat de 50 hélicoptères par l’armée polonaise. Le PiS estime que cela se fait au détriment d’entreprises basées en Pologne. Il a également pu compter sur les voix des laissés-pour-compte de l’impressionnante croissance économique qu’a connue la Pologne ces dernières années. « Les dernières années ont peut-être été bonnes, mais seulement pour un groupe limité », a-t-il expliqué devant ses militants, vendredi, à Cracovie.Lire aussi :Andrzej Duda « l’inconnu », nouveau président polonaisservice internationalJournaliste au Monde Sandrine Morel (Madrid, correspondance) « Oui, c’est possible ! Oui, c’est possible ! » Sur les places publiques de Madrid et de Barcelone, des centaines de personnes dansaient de joie, dimanche 24 mai au soir. Les élections locales et dans treize régions d’Espagne font figure de véritable séisme politique dans les deux plus grandes villes du pays, où des candidats d’« unité populaire » pourraient prendre le contrôle de la mairie. Ces élections représentent un sérieux revers pour le bipartisme qui articule les institutions espagnoles depuis la transition démocratique (1975-1982) et annoncent la victoire d’une gauche fragmentée dans des fiefs conservateurs.Après quatre ans au pouvoir en Espagne, le Parti populaire (PP, droite, au pouvoir), affaibli par la politique d’austérité menée durant la crise et une succession de scandales de corruption, s’effondre. Avec 27 % des voix aux municipales, il perd 10 points par rapport aux élections de 2011. Cette chute permet au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, centre gauche) de remporter la victoire dans plusieurs régions et de nombreuses municipalités, malgré une nouvelle baisse de près de 3 points et à peine 25 % des voix. Le PSOE, également touché par plusieurs affaires, ne se remet pas des premières mesures de rigueur appliquée en 2010 par l’ancien chef du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero.L’entrée en force du parti de la gauche radicale Podemos, qui ne se présentait sous sa propre bannière que pour les élections régionales, ainsi que du parti de centre droit Ciudadanos (« citoyens »), qui remporte 6,5 % des voix aux municipales,... Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Deux mois et demi après l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov, tué par balles au pied du Kremlin le 27 février au soir, le rapport qu’il préparait sur l’implication du pouvoir russe dans le conflit en Ukraine a été publié à titre posthume, sous le titre « Poutine. La Guerre ». Bien que le matériel informatique de l’ancien vice-premier ministre de Boris Elstine a été saisi par les enquêteurs au lendemain de sa mort, une poignée de ses fidèles est parvenue, sur la base de notes écrites et de témoignages de familles, à reconstituer son travail. Présentant le document, mardi 12 mai, au siège du parti d’opposition RPR-Parnasse, l’un de ces proches, Ilia Iachine, a dénoncé « une aventure géopolitique, une guerre non déclarée, cynique, un crime contre la Russie ».Le rapport s’appuie sur les témoignages de familles de soldats russes envoyés en Ukraine après avoir été forcés de démissionner et qui y ont péri. Parmi eux, 70 parachutistes, dont 17 provenant de la région d’Ivanovo, auraient ainsi trouvé la mort en février dans la bataille de Debalstevo, une ville de l’est ukrainien conquise par les séparatistes au lendemain même des accords de Minsk signés dans la capitale biélorusse pour tenter d’imposer une trêve, sous le parrainage des dirigeants russe, ukrainien, français et allemand.« Tous les succès des séparatistes ont été menés avec le soutien militaire russe, affirme Ilia Iachine. Cela a été le cas en août 2014, lorsque l’offensive ukrainienne stoppée nette a obligé Petro Porochenko [le président ukrainien] à s’asseoir une première fois à la table de Minsk, puis à nouveau en février, lorsque l’armée ukrainienne a été arrêtée à Debalstevo. » Ces témoignages restent cependant anonymes. « Les familles ont peur. »220 militaires russes décédésParmi les confessions recensées, certaines avaient été déjà rendues publiques sur les réseaux sociaux ou dans des médias indépendants. En septembre 2014, l’histoire de Nicolas Kozlov, 21 ans, envoyé d’abord en Crimée puis dans le Donbass où il a perdu une jambe, avait ainsi été relatée par son oncle, Serguei Kozlov. Ces soldats, obligés de démissionner de l’armée, auraient reçu contre l’engagement de tenir secrète leur mission, l’assurance d’une indemnité financière pour leurs familles en cas de blessure ou de décès.Ces indemnités, évaluées à 3 millions de roubles (53 000 euros) selon les sources de Boris Nemtsov, n’auraient cependant plus été versées à partir de septembre 2014. Le rapport, qui ne prétend pas être exhaustif, recense quelque 220 militaires russes décédés dans les combats, ce qu’a toujours nié Moscou. « Nous avons tout vérifié, assure Ilia Iachine, et tout ce que nous n’avons pas pu vérifier, nous l’avons enlevé ».« Il y a aussi ceux que la propagande appelle des “volontaires” mais que nous appelons des mercenaires »« Il y a aussi ceux que la propagande appelle des “volontaires” mais que nous appelons, nous, des mercenaires car ils correspondent bien à cette qualification et ils reçoivent entre 60 000 et 90 000 roubles par mois », ajoute-t-il. Les combattants tchétchènes, recensés dans le bataillon « La Mort », en feraient partie. « Ils sont apparus en mai 2014, d’abord dans le bataillon séparatiste Vostock qui a participé à la prise de l’aéroport de Donetsk, puis à nouveau en août 2014. Ce sont d’anciens combattants [des guerres russo-tchétchènes] amnistiés par Kadyrov [chef de la république autonome de Tchétchénie], qui sont aujourd’hui considérés comme sa garde personnelle », affirme Ilia Iachine.« Catastrophe humanitaire »Soldats, mercenaires, matériel de guerre, blindés : l’aide financière de Moscou aux séparatistes prorusses du Donbass est ici évaluée à 53 milliards de roubles (environ 930 millions d’euros) en dix mois, auxquels il faut ajouter 80 milliards de roubles d’aide aux réfugiés de cette « catastrophe humanitaire ».Poutine s’est rendu compte du bénéfice qu’il pouvait tirer de l’annexion de la Crimée, alors que sa côte stagnait « entre 40 et 45 % »Selon le rapport, tout a commencé avec la Crimée lorsque Vladimir Poutine se serait rendu compte du bénéfice qu’il pouvait tirer sur le plan personnel de l’annexion de la péninsule ukrainienne, alors que sa côte de popularité stagnait « entre 40 et 45 % » malgré sa réélection, en 2012, à la tête de l’Etat. « L’envergure du scénario du retour de la Crimée en Russie est aujourd’hui évidente », écrivent les auteurs. Mais, ajoutent-ils, « l'histoire ne s’est pas arrêtée là et une vraie guerre a commencé dans les territoires de Donetsk et de Louhansk où les séparatistes ont été soutenus politiquement, économiquement et militairement ».« Poutine, insiste Ilia Iachine, veut diriger comme Staline et vivre comme Abramovitch [un milliardaire russe]. Il ment au peuple russe et au monde entier. » C’est pour les Russes, a-t-il insisté que ce rapport a été rédigé, « pas pour les Occidentaux qui n’ont pas besoin d’être convaincus ». Au lendemain du 70e anniversaire de la victoire sur le régime nazi célébré le 9 mai par le Kremlin avec faste, l’opposition prend soin de ne pas laisser le terrain du patriotisme au pouvoir : « Cette guerre que Poutine a commencée avec un pays proche menace les intérêts de la Russie. » Une collecte va être lancée dans le pays pour financer la sortie du rapport Nemtsov tiré seulement à 2 000 exemplaires dans un premier temps et qui doit faire face, selon ses promoteurs, aux réticences des imprimeurs.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.05.2015 à 09h08 Signe de la relation de plus en plus étroite entre les deux puissances, Pékin et Moscou lançaient, mardi 12 mai, des manœuvres navales conjointes inédites en Méditerranée. Ces exercices rassemblent neuf navires de guerre russes et chinois pour une durée prévue de onze jours, a rapporté le quotidien anglophone Global Times.Les deux pays n'ont encore jamais procédé à des exercices militaires communs dans cette partie du monde. « Cela montre clairement que les deux pays vont œuvrer ensemble au maintien de la paix et de l'ordre international de l'après-guerre », a commenté l'agence de presse Chine nouvelle, qui voit dans ce rapprochement la garantie d'une « contribution à un monde meilleur ». Membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, la Chine et la Russie se sont rapprochées ces dernières années, à mesure que se creusait le fossé entre Moscou et les nations occidentales et que Pékin inquiétait ses voisins en affirmant ses ambitions et sa puissance.Amitié affichéeCes manœuvres navales confirment, par ailleurs, la volonté de Pékin de peser militairement de plus en plus loin de son territoire. Le président djiboutien Ismaël Omar Guelleh a annoncé la semaine dernière qu'il était en « discussion » avec la Chine pour que cette dernière installe une base militaire dans ce petit pays stratégiquement situé dans la Corne de l'Afrique.Le 9 mai à Moscou, les présidents russe Vladimir Poutine et chinois Xi Jinping ont affiché leur amitié à l'occasion du 70e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne de Hitler. Et, lors de leurs nombreuses autres rencontres récentes, Xi Jinping et Vladimir Poutine se sont engagés à renforcer leur collaboration.Lire aussi (édition abonnés) : Russie et Chine, deux façons de contester l’ordre mondial Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Ceux qui croyaient encore qu’un accord pourrait être trouvé à l’Eurogroupe du lundi 11 mai, ouvrant la voie au versement d’une dernière tranche (7,2 milliards d’euros) à la Grèce, seront forcément déçus. Cette réunion n’a accouché que d’une déclaration très diplomatique des 19 ministres des finances de la zone euro, se « félicitant » des « progrès constatés » dans la négociation mais constatant que « davantage de temps et d’efforts sont nécessaires » pour s’entendre.Pour autant, cet Eurogroupe avait son utilité. Il a eu le mérite de montrer qu’un accord entre Athènes et ses créanciers internationaux (UE, BCE, FMI), est désormais envisageable. Cela n’avait rien d’évident il y a trois mois, quand les pourparlers ont commencé entre le gouvernement Tsipras, qui promettait à ses électeurs d’en finir avec l’austérité, et le reste de l’Eurogroupe, dominé par des dirigeants conservateurs et sociaux-démocrates, pas prêts à des concessions qui nourriraient leurs oppositions internes…Tsipras plus impliquéDe fait, les discussions avancent enfin plutôt bien. Finie la période — de début février à fin mars — durant laquelle Athènes et ses créanciers ont joué au chat et à la souris, chicanant sur des histoires de procédures. Qui devait représenter les créanciers à la table des discussions ? Où devaient se tenir ces pourparlers : à Athènes, à Paris ?Quand tout le monde est enfin entré dans le vif du sujet, début avril, les discussions ont patiné à cause d’une équipe grecque brouillonne et pas clairement motivée par la recherche d’un accord. Les équipes ont été remaniées, le ministre des finances, le controversé Yanis Varoufakis, marginalisé, le premier ministre Tsipras s’est en revanche impliqué de plus en plus directement. Au point qu’« aujourd’hui, nous avons un mode de fonctionnement qui n’est pas la panacée mais qui avance bien » soulignait lundi le commissaire européen à l’économie Pierre Moscovici.Lire (édition abonnés) :Yanis Varoufakis, la « rock star » qui agace à BruxellesL’Eurogroupe du 11 mai acte aussi le fait que le climat d’extrême animosité — très peu propice à un compromis — qui avait culminé lors du précédent Eurogroupe (le 24 avril, à Riga), a été surmonté. Lors de cette réunion, M. Varoufakis s’était retrouvé complètement isolé face à 18 autres ministres à bout de nerfs. Lundi soir, à Bruxelles, le grand argentier grec, volontiers donneur de leçons, s’est montré discret. « Il a juste tenté de modifier à la marge la déclaration qui avait été préparée à l’avance, mais il a été arrêté tout net par Wolfgang Schaüble » assure un proche des discussions.Le scénario d’un Grexit s’éloigneLa suggestion faite par le ministre allemand, juste avant d’entrer dans l’Eurogroupe, qu’un référendum sur les réformes en Grèce serait une bonne idée, n’a pas du tout été discutée avec ses pairs, toujours selon cette source. Ils n’avaient pas du tout envie en abordant ce sujet, de donner l’impression de s’immiscer dans les affaires d’Athènes.La déclaration de lundi, a aussi pour but de rassurer les marchés : le scénario d’un Grexit s’éloigne, d’autant que la Grèce a confirmé, lundi, qu’elle rembourserait bien le lendemain, mardi 12 mai, les 770 millions d’euros dus au FMI. Probable, aussi, que la BCE va continuer à relever le plafond des ELA (emergency liquidity assistance), ce financement d’urgence qu’elle fournit encore aux banques grecques.Quand l’accord interviendra t-il ? En l’absence de grosses échéances de remboursement avant juillet, Athènes et ses créanciers ont maintenant sept bonnes semaines devant eux. Ce n’est sans doute pas de trop pour rapprocher les points de vue, toujours très divergents, sur la liste de réformes que les Grecs doivent fournir.« Deux semaines » de liquiditésLe gouvernement Tsipras défend un projet de budget 2015 équilibré grâce à de plus grandes rentrées fiscales (avec notamment l’instauration d’une TVA sur les achats des touristes dans les îles grecques). Le FMI conteste le niveau de ces rentrées fiscales et exige la poursuite de la libéralisation du marché du travail et une réforme des retraites, le système actuel étant jugé encore trop coûteux. « Sur ces deux sujets, Tsipras n’aura pas d’accord s’il ne transige pas » estimait une source européenne proche des discussions, lundi.Le temps presse : plus Athènes tergiverse, plus sa situation économique se détériore, rendant encore plus délicate sa position de négociation… Pour 2015, la commission européenne prévoit désormais un déficit public de 2,1 % du PIB alors que la Grèce avait dégagé un léger excédent en 2014. « La Grèce risque d’être à court de liquidités d’ici deux semaines, tout le monde le sait, ce n’est pas la peine de tourner autour du pot » a déclaré pour sa part M. Varoufakis lundi.Une signature d’ici fin mai ? Pas impossible pour les plus optimistes des créanciers. Cela permettrait de disposer encore d’un gros mois - d’ici à fin juin, date d’expiration de l’actuel plan d’aide à la Grèce - pour négocier un nouveau plan de soutien (le troisième), et un allégement de la dette du pays (environ 340 milliards d’euros). Une discussion « pas taboue », comme l’a dit au « Monde » le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, jeudi 7 mai.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.05.2015 à 19h28 • Mis à jour le11.05.2015 à 20h17 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Nigel Farage l'avait promis : s'il était battu aux législatives, il démissionnerait de la tête du parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP). Quatre jours après avoir échoué à se faire élire dans la circonscription de South Thanet (Kent ; sud-est de l'Angleterre), le chef du parti xénophobe et anti-européen est revenu sur sa décision.Plus exactement, le comité exécutif du parti a rejeté à l'unanimité, lundi 11 mai après-midi, le départ de son leader. « M. Farage a retiré sa démission et va demeurer le dirigeant du UKIP », a indiqué le président du UKIP, Steve Crowther, dans un communiqué. Il relevait de « l'extrême évidence » que les adhérents du UKIP ne voulaient pas qu'il parte, a-t-il ajouté.Vendredi matin, au lendemain du scrutin, le visage bougon de M. Farage, ordinairement jovial, voire hilare, était apparu sur les écrans au moment de la proclamation des résultats à South Thanet. En réunissant 38,13 % des suffrages, son concurrent conservateur Craig Mackinlay, un ancien membre fondateur du UKIP, avait battu M. Farage, qui a rassemblé 32,44 % des voix.Lire aussi : Elections au Royaume-Uni : le UKIP, troisième parti du pays mais presque aucun siège« Si je perds (...) je devrai me retirer »Député européen, M. Farage comptait entrer au parlement de Westminster à l'occasion des législatives de jeudi. En annonçant vendredi sa démission, ce dernier avait expliqué qu'il était « un homme de parole », tout en laissant entendre qu'il pourrait briguer un nouveau mandat à la tête du parti en septembre.Pendant la campagne électorale, M. Farage a dit et répété qu'il quitterait ses fonctions s'il était battu. « Ça ne serait franchement juste pas crédible que je continue à diriger le parti sans un siège à Westminster, écrivait-il dans son autobiographie La révolution violette (la couleur du UKIP), publiée en mars. Si je perds à Thanet South, ce sera rideau pour moi. Je devrai me retirer ».Pression sur le référendum de sortie de l'UESi son chef de file a effectivement mordu la poussière, le UKIP a enregistré une impressionnante percée, passant de 3,1 % à 12,6 % des voix entre les élections de 2010 et 2015. Mais le système électoral britannique à un tour est sans pitié pour les petits partis dont les électeurs sont dispersés.Avec moins de 5 % des voix, le parti national écossais (SNP), concentré en Ecosse, a conquis 56 sièges tandis qu'avec 12,6 % des suffrages, le UKIP n'en a décroché qu'un seul, à Clacton-on-Sea (Essex).On peut compter sur M. Farage pour dénoncer ce résultat de fait aberrant (le UKIP aurait remporté 81 sièges dans un scrutin à la proportionnelle). Militant pour la sortie de l'Union européenne, il devrait aussi faire pression pour que le référendum promis par le premier ministre David Cameron pour 2017 soit organisé plus tôt, « avant Noël 2015 », réclame-t-il.Lire le décryptage : En route pour le référendum sur la sortie de l’UE au Royaume-UniPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Maryline Baumard Détruire les bateaux des passeurs… L’idée revient dans le débat politique depuis les grandes tragédies de la Méditerranée du mois d’avril. Visuelle et médiatique, elle risque pourtant fort de ne rien changer au business mondial du passage de frontières. Surtout si l’on en croit les auteurs de Trafiquants d’hommes, un essai qui sort en librairie le 13 mai (édition Liana Levi) qui révèle la structure tentaculaire du marché mondial de franchissement des zones interdites.Pendant que les politiques réfléchissent à ces remèdes, deux Italiens ont consacré deux ans à une enquête approfondie sur l’organisation souterraine du monde des passeurs. Ils s’appellent Andrea di Nicola et Giampaolo Musumeci. Ils sont respectivement professeur de criminologie à l’université de Trente, en Italie, et reporter. Tous deux arrivent à la conclusion sans appel que « murs, patrouilles, fermeture de routes ne peuvent rien contre le trafic illégal de migrants ».Selon eux, « derrière les dizaines de milliers de migrants qui arrivent chaque année en Europe se cache une industrie composée certes de petits délinquants parfois misérables, mais aussi et surtout de grands professionnels du crime ». Pour les deux spécialistes, la face visible du trafic n’est rien comparée à sa profondeur. Le capitaine du bateau que la justice des différents pays se félicite d’avoir arrêté est un insignifiant petit maillon dans le parcours, long, qui conduit les migrants aux frontières de l’Europe. C’est d’ailleurs « parfois un migrant qui paie son voyage avec de prétendus talents de skippeur », comme on l’a observé à la fin de 2014 avec les cargos venus de Turquie. Et si ce n’est pas le cas, le capitaine n’est le plus souvent qu’un « petit voyou » interchangeable, alors que le « big boss », le cerveau, lui, reste bien caché.Talents locauxLa chaîne des intervenants est pensée de manière telle que personne ne connaît l’organisation intégrale, ni ne sait vraiment qui la gère. Ainsi, les deux enquêteurs prennent-ils l’exemple de la route des Balkans, le troisième point d’entrée en Europe après les deux routes de la Méditerranée. Sur cette voie terrestre, qui arrive d’Afghanistan, « chaque cellule gère une étape et confie le migrant à la suivante », rappellent les auteurs de Trafiquants d’hommes. Ce qui n’empêche pas l’aspirant au départ d’avoir globalement payé un voyage pour l’Europe. La répartition des sommes dues à chacun se fait alors entre les chefs de cellules.Comme avec une agence de voyage classique, le prix à acquitter dépend du confort choisi, de la formule avec ou sans passeport. En avion ou non. Dans certaines formules, le migrant ne sera aidé que pour la traversée des frontières, dans d’autres cas de figure, il sera pris en charge d’un bout à l’autre de son chemin, avec des temps d’attente, dits « de regroupement », dans certaines zones. L’offre n’est d’ailleurs pas la même partout, puisque les responsables de cellules animent leur réseau en utilisant les talents locaux qu’ils vont recruter.Ici, ils feront travailler un propriétaire de société de location de voitures, là un homme qui possède un ou deux chalutiers, là encore un routier. Sans compter que les responsables locaux doivent aussi trouver des espaces pour loger discrètement les voyageurs entre deux étapes. Dans tous les cas de figure, la règle de base qui prévaut est qu’il faut un « local », quelqu’un né près de la frontière, qui connaît parfaitement les lieux et les autorités qui y officient. De nombreux métiers peuvent servir, de manière occasionnelle ou régulière, le trafic. Ce qui les rend plus difficiles à appréhender.Pour comprendre ces structures sous-jacentes du trafic d’hommes, Andrea di Nicola et Giampaolo Musumeci ont rencontré, pendant deux ans, des migrants qui leur ont raconté leur voyage. Les auteurs se sont aussi intéressés à d’autres maillons de la grande chaîne mondiale du passage de frontières.Leur thèse est simple : ces gens « opèrent selon un système réfractaire aux enquêtes les plus poussées et forment un réseau fluide, qui ne suit pas le modèle monolithique typique d’organisations telle que la Mafia ou la 'Ndrangheta ». Résultat, on peut toujours démanteler les filières, comme s’enorgueillit de le faire Bernard Cazeneuve, le ministre de l’intérieur, « quand une filière est découverte, une autre se met aussitôt en place », rappellent le criminologue et le journaliste.Stratagèmes sophistiquésDe ce livre ressortent deux figures : Josip Loncaric et Muammer Küçük, car tous deux ont marqué le monde du passage.Le premier est croate. Aujourd’hui il a passé la main et disparu des écrans. De toute sa carrière, il n’a été arrêté qu’une seule fois. C’était à Ljubljana, la capitale slovène, et il a d’ailleurs été relâché après une courte détention provisoire. Pourtant, il aurait commandité le passage de près de 90 % des Chinois entrés en Italie dans les années 1990, de 50 % des arrivants du Bangladesh, de 30 % des Philippins. Selon le procureur de Trieste, Jospi Loncaric, cité par les deux auteurs, il aurait même été « le plus important trafiquant d’hommes d’Europe ». Et bien que toujours caché derrière une structure préservant son anonymat, son organisation aurait fait entrer 35 000 clandestins en Italie chaque année pour un gain total de 70 millions d’euros pour lui.Muammer Küçük présente un tout autre profil. Ce Turc a été « imaginatif ». Il a écrasé toute la concurrence en autorisant le paiement une fois arrivé à domicile. Il a par ailleurs équipé ses passeurs de téléphones portables et mis en place un réseau de contacts partout sur la planète. Dans son système, certains n’assurent pas les voyages, mais sont caissiers ou banquiers. Leur existence rend le système plus fluide et plus indétectable. Ainsi, un Afghan qui vit à Rome et veut payer le départ de son frère dans son pays d’origine va chez un hawaladar (« banquier ») à Rome à qui il donne la somme en liquide et la commission pour le service. Le courtier romain a un correspondant en Afghanistan. Il lui fait savoir que la facture est réglée, mais l’argent ne circule pas entre eux. Ils sont liés par une reconnaissance de dette, avant que les comptes ne s’apurent naturellement à l’issue d’autres transactions, qui peuvent éventuellement porter sur d’autres marchandises.Si le trafic d’humains est très sophistiqué dans sa structuration, il le devient aussi en termes de stratagèmes. Au-delà des doubles fonds dans les camions, des loges aménagées sous les sièges des voitures, des fausses familles qui passent les frontières en camping-car ou des migrants qui débarquent d’un yacht de luxe d’ordinaire loué par les riches touristes, MM. Di Nicola et Musumeci ont observé que les banques de passeports de certains passeurs chinois, mais aussi les échanges de cartes d’embarquement en zone de transit avaient largement cours.Même si le livre est très fouilli, même si l’écriture aurait gagné à être davantage aboutie, cette enquête reste d’une richesse extraordinaire et mérite d’être lue, pour sortir du paysage un peu schématique que le monde politique aimerait faire passer.Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.05.2015 à 16h13 • Mis à jour le11.05.2015 à 20h54 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne va proposer, mercredi 13 mai, sa « stratégie pour l’immigration », l’une des grandes priorités affichées, lors de son entrée en fonction, à l’automne 2014, par le président Jean-Claude Juncker. Les nombreux drames survenus récemment en Méditerranée ont amené la Commission à anticiper son projet.Diverses sources affirment avoir consulté le document qui sera présenté mercredi mais, lundi midi, le porte-parole de l’exécutif bruxellois a invité à « la prudence » par rapport à ce qu’il a décrit comme « un festival de fuites ». « Je vous conseille de suivre tout cela avec distance », a indiqué Margaritis Schinas, affirmant que le travail n’était pas encore achevé.Les grandes lignes du projet sont toutefois connues, d’autant qu’elles ont été ébauchées par M. Juncker devant le Parlement européen. Il entend conforter le rôle de l’agence de surveillance des frontières Frontex, amplifier la lutte contre les passeurs, renforcer le système de protection pour les réfugiés, accélérer le retour des illégaux et ouvrir le dossier de la migration économique. Quitte, sur ce dernier point, à prendre le contre-pied d’une partie des membres de la Commission mais aussi d’une bonne partie du Parti populaire européen, la formation conservatrice à laquelle il appartient. Le texte pourrait préciser, dès lors, que la migration légale serait possible pour des personnes dotées de compétences recherchées en Europe, afin de palier certaines pénuries de main d’oeuvre.« Idée folle »Un autre point très sensible concerne l’instauration de quotas de réfugiés qui seraient imposés à chaque pays membre de l’Union, afin d’alléger la pression sur les pays riverains de la Méditerranée, dont l’Italie. C’est « un casus belli », a expliqué une source anonyme à l’AFP, dimanche 10 mai. M. Juncker entend toutefois s’en tenir à son idée, laquelle avait été appuyée notamment par l’Allemagne lors du récent sommet européen consacré à la situation en Méditerranée, à la fin avril. De nombreuses capitales refusent toutefois le principe et un premier ministre, le Hongrois Victor Orban, évoque même « une idée folle ». Une douzaine de pays refuse en réalité, à l’heure actuelle, d’accueillir des réfugiés et rejette implicitement le principe de solidarité européenne. En avril, les Vingt-Huit n’avaient pu approuver qu’un « test » pour l’accueil de 5 000 personnes, sur une base volontaire. Les Nations unies demandent à l’UE 20 000 places annuellement.Les chefs d’Etat et de gouvernement n’ont, jusqu’ici, pu se mettre d’accord sur un projet qui pourrait prendre en compte le produit intérieur, le taux de chômage, le nombre d’habitants et le nombre de réfugiés dans un pays pour fixer le nombre de personnes qu’il devrait accueillirLes chefs d’Etat et de gouvernement n’ont, jusqu’ici, pu se mettre d’accord sur un projet qui pourrait prendre en compte le produit intérieur, le taux de chômage, le nombre d’habitants et le nombre de réfugiés dans un pays pour fixer le nombre de personnes qu’il devrait accueillir. M. Juncker espère leur forcer la main et les placer devant leurs responsabilités lors du prochain sommet, qui aura lieu à Bruxelles à la fin du mois de juin. Il lui reste à régler, d’ici à mercredi, plusieurs questions, comme la base juridique de son projet et d’éventuelles exemptions (ou « opt out ») pour certains pays.L’opération de surveillance « Triton », dont les chefs d’Etat ont décidé de tripler les moyens attend encore, quant à elle, son véritable plan opérationnel. Et les Européens espèrent une décision rapide du Conseil de sécurité des Nations unies pour entériner un de leurs autres plans : des interventions, y compris armées, contre les trafiquants d’êtres humains qui opèrent à peu près impunément en Libye.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x1trpe6"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x1trpe6", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Dominique Gallois Pas d’interruption du programme d’essais en vol de l’A400M, et poursuite de l’assemblage de ces avions de transport militaire. Lundi 11 mai, dans une lettre aux salariés d’Airbus, le PDG d’Airbus, Tom Enders, est revenu sur le crash de l’A400M samedi 9 mai qui a fait quatre morts et deux blessés graves lors d’un vol d’essai à Séville, en Espagne. L’enquête officielle sur l’accident a débuté dimanche, et les boîtes noires ont été retrouvées. « Nous apportons toute l’aide nécessaire aux autorités chargées de l’enquête, comme toujours lorsqu’un tel événement se produit », explique Tom Enders et « nous espérons que la lumière sera faite au plus vite sur la cause du drame ». Lire aussi :L’accident d’un avion-cargo militaire ouvre une nouvelle crise pour Airbus« Confiance en cet excellent avion »Rendant hommage aux victimes, pour lesquelles une minute de silence a été observée lundi à midi dans tous les établissements du groupe aéronautique, et les drapeaux mis en berne pendant trois jours, Tom Enders a annoncé la poursuite des essais en vol. « Ces hommes qui sont décédés à Séville étaient de très grands professionnels. Jamais ils n’auraient voulu que nous arrêtions de voler », écrit le PDG d’Airbus. Et d’ajouter : « Nous voulons montrer à nos clients, les forces aériennes, que nous faisons pleinement confiance à cet excellent avion de transport. Nous sommes pleinement impliqués dans le programme, dans l’augmentation de la cadence des livraisons et des capacités de l’appareil ». Les vols d’essais reprendront dès mardi 12 mai à Toulouse et la fabrication en cours des vingt appareils continue. L’objectif reste d’en livrer quatorze cette année contre huit en 2014. Cette augmentation du rythme s’accompagne d’une réorganisation en profondeur de l’organisation de la logistique, son dysfonctionnement ayant concouru au retard de ce programme européen déjà mal engagé.Déboires dans l’organisationAinsi, l’an dernier, trois avions sur la douzaine prévue n’ont pas été fournis, et les livraisons ont parfois fait l’objet de sérieuses réserves de la part du client. Pour la réception de son premier avion de transport, l’armée de l’Air allemande avait décelé « 875 manquements », dont des gaines isolantes absentes sur certains câbles électriques. Ces déboires dans l’organisation ont aussi contraint le groupe à renoncer à son projet de porter la cadence annuelle de livraison à une vingtaine d’appareils cette année.Lire aussi :Crash de Séville : déboires et handicaps en série pour le cargo A400MDepuis le mois de janvier, deux A400M ont été livrés, ce qui porte à douze le nombre d’avions en vol livrés depuis 2013. La France est le premier client, avec six appareils, suivis par la Turquie (deux), l’Allemagne (deux), la Grande-Bretagne (un) et la Malaisie (un).Dominique GalloisJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.05.2015 à 10h22 • Mis à jour le11.05.2015 à 10h49 La Cour suprême de Suède a rejeté, lundi 11 mai, l’appel de Julian Assange, le fondateur du site WikiLeaks, qui réclamait l’annulation du mandat d’arrêt lancé contre lui pour viol et agression sexuelle présumés en Suède. « La Cour suprême note que les enquêteurs ont entamé des démarches pour interroger Julian Assange à Londres et ne trouve donc aucun argument pour lever le mandat d’arrêt », indique la juridiction suprême suédoise dans un communiqué.Le fondateur de WikiLeaks fait l’objet d’une enquête pour viol et agression sexuelle en Suède pour des faits remontant à août 2010. Il refuse de se soumettre au mandat d’arrêt européen lancé par la Suède en novembre 2010 et cherche à obtenir son annulation. En novembre, la cour d’appel de Stockholm avait déjà refusé la requête de Julian Assange d’annuler le mandat d’arrêt émis par le tribunal.Il nie les accusationsL’Australien de 43 ans estime qu’il risque, s’il se rend en Suède, d’être extradé vers les Etats-Unis pour la publication par WikiLeaks en 2010 de 500 000 documents classés secret-défense sur l’Irak et l’Afghanistan et de 250 000 communications diplomatiques.En mars, le parquet suédois avait annoncé son intention de l’entendre à Londres, une solution réclamée par la défense. Jusqu’à présent, la justice suédoise a considéré que si le mandat d’arrêt était levé, le risque de fuite de l’Australien de 43 ans serait « important », ce qui lui permettrait d’échapper à un procès.S’il tentait de quitter l’ambassade d’Equateur à Londres, M. Assange serait immédiatement arrêté et livré à la Suède. Il nie les accusations portées contre lui par deux Suédoises âgées d’une trentaine d’années et affirme que les relations sexuelles étaient consenties.Le site lanceur d’alertes a par ailleurs mis en ligne 30 287 documents de Sony Pictures Entertainment (SPE) et 173 132 e-mails et plus de 2 200 adresses de SPE qui, selon lui, relèvent « du domaine public ».Lire aussi : Malgré son aplomb, Julian Assange est toujours dans l'impasse 11.05.2015 à 05h59 • Mis à jour le11.05.2015 à 14h26 Environ 1 400 migrants originaires de Birmanie et du Bangladesh, en majorité membres de la minorité musulmane rohingya, sont arrivés lundi 11 mai en Malaisie et en Indonésie par la mer, a annoncé la police.Plus de 1 000 d’entre eux se trouvaient au large de l’île touristiques de Langakwi, en Malaisie. « Nous pensons qu’il y avait trois bateaux avec à bord 1 018 migrants, abandonnés par des passeurs dans des eaux peu profondes  », a déclaré le chef adjoint de la police locale.Lire : L'interminable persécution des Rohingya birmansLundi, un premier bateau transportant 400 migrants avait été secouru par les autorités indonésiennes au large d’Aceh, dans le nord-ouest du pays, au lendemain de l’arrivée par la mer de 600 autres personnes.Une des minorités les plus persécutées au monde« Notre équipe de secouristes a découvert un nouveau bateau transportant plus de 400 migrants, des Rohingya de Birmanie et des Bangladais, en train de dériver au large d’Aceh ce matin », a déclaré un responsable des secours provinciaux, lundi.D’autres bateaux transportant des migrants pourraient être sur le point de gagner les rives indonésiennes, a ajouté Budiawan, qui comme de nombreux Indonésiens n’a qu’un seul nom. Les pêcheurs aident les équipes de secours à patrouiller les eaux au large d’Aceh.Un millier de migrants sont désormais hébergés dans des centres, voire chez l’habitant, à travers la région. Ils reçoivent vivres et soins médicaux, a ajouté le responsable. Les autorités ont revu lundi à la hausse le nombre de migrants arrivés dimanche à Aceh, portant le chiffre de 469 à 573.Les Rohingya de Birmanie sont une minorité musulmane apatride, considérée par l’ONU comme l’une des plus persécutées au monde. Depuis les violences interethniques de 2012, plus de 100 000 d’entre eux ont fui la violence et la misère en Birmanie, où ils sont considérés comme des immigrants bangladais illégaux. La plupart se retrouvent par l’intermédiaire de passeurs en Thaïlande, où ils sont détenus dans des camps dans la jungle jusqu’au paiement de rançons.On estime que 25 000 Rohingya et Bangladais ont pris la mer clandestinement durant les trois premiers mois de l’année, soit deux fois plus qu’au premier trimestre 2014, selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés.Lire aussi :Les Rohingya de Birmanie condamnés à l’exil David Revault d'Allonnes (La Havane, envoyé spécial) Il a débarqué. Arrivant de Guadeloupe, François Hollande a atterri à La Havane, dimanche soir à 22 h 50 heure locale. « J’arrive ici, à Cuba, avec beaucoup d’émotion car c’est la première fois qu’un président de la République vient à Cuba. C’est aussi un symbole d’être le premier chef d’Etat occidental à participer à l’ouverture de Cuba et accompagner Cuba dans cette mutation », a déclaré le président, le pied à peine posé sur le tarmac de l’aéroport José-Marti.Lire :La gauche et Cuba, de l’utopie au businessEvoquant « des liens historiques, des liens profonds entre le peuple français et le peuple cubain » et un même « attachement à l’indépendance », il a souligné, pas peu fier, que sa visite « prend une signification particulière ».lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ps46z"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ps46z", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});« Je ne viens pas pour le Cuba d’hier »Au cours de sa visite de vingt-quatre heures à La Havane, M. Hollande a un programme chargé : rencontre avec le cardinal Jaime Ortega, puis avec des étudiants à l’université de La Havane ; inauguration du Palacio Gomez, nouveau site de l’Alliance française ; participation à un forum économique ; réception de la communauté française. Après quoi le chef de l’Etat sera accueilli au palais de la Révolution par Raul Castro, président du conseil d’Etat de la République cubaine, pour un entretien suivi d’un dîner officiel.« Je ne viens pas pour le Cuba d’hier », avait expliqué M. Hollande avant de s’envoler pour La Havane, visiblement désireux de rompre avec un demi-siècle d’une mythologie prisée par la gauche française. « Cuba veut passer à une autre phase, une autre période, un autre temps », avait-il estimé, désireux d’en faire profiter la France et en particulier ses entreprises. « Des entreprises m’accompagnent dans ce voyage. Ce serait important qu’elles investissent à Cuba. Certaines l’ont déjà fait », avait déclaré M. Hollande, qui moins que « le chiffre d’affaires » ou « le montant des commandes, des contrats », voit là une clé et « un moyen d’accéder à un certain nombre de marchés latino-américains ».Si le président ne devrait pas avoir d’expression publique sur la question des libertés fondamentales et des droits de l’homme, ce dossier devait être évoqué lors de son tête-à-tête avec Raul Castro. « On va parler de tout », avait-il assuré.Lire : François Hollande à Cuba, attendu au tournantDavid Revault d'Allonnes (La Havane, envoyé spécial)Grand reporter au service politique. En charge de l'ElyséeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sébastien Jean (Directeur au Centre d’études prospectives et d’informations internationales, Cepii) Le règlement des différends entre investisseurs et Etats (RDIE, ou ISDS selon le sigle anglais [pour Investor State Dispute Settlement]) est sans doute la question la plus épineuse dans la négociation en cours du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (en anglais, TTIP « Transatlantic Trade and Investment partnership »).Au-delà, c’est l’ensemble du cadre contentieux de l’investissement international qui est mis en cause dans le débat européen. En réponse, la Commission européenne a déjà fait des efforts louables pour réformer le système, en précisant son champ d’application et en proposant des garde-fous.Pourtant, les propositions formulées le 5 mai par la Commissaire européenne au Commerce extérieur, Cecilia Malmström, pour aller plus loin dans cette direction ont reçu un accueil plus que mitigé. On peut s’étonner de l’intensité de cette polémique alors que les traités bilatéraux d’investissement, sur lesquels s’appuie actuellement pour l’essentiel l’arbitrage des différends entre investisseurs et Etats, sont largement une création européenne.L’Allemagne en est parfois présentée comme la « mère », elle qui a signé le premier accord de ce type (avec le Pakistan, en 1959) et qui détient le record mondial du nombre d’accords en vigueur, 131. Avec 95 accords en vigueur, la France n’est guère en reste.Rarement utilisésDans ce contexte, l’opposition, voire l’indignation affichée par nombre de responsables politiques face à de tels accords vient un peu tard, à tout le moins. Elle n’est cependant pas nécessairement injustifiée, pour deux raisons.La première est que ces accords sont longtemps restés peu connus et les procédures d’arbitrages qu’ils prévoyaient, rarement utilisés.La seconde raison est que la nature de ces accords a changé. Originellement conçus pour sécuriser les investissements de pays avancés dans ce que l’on appelait alors le tiers-monde, puis prenant leur essor à la suite de la décolonisation, les accords bilatéraux d’investissement visaient essentiellement à lutter contre l’expropriation et à éviter les entraves au rapatriement des profits, face à des systèmes judiciaires qui n’inspiraient pas confiance.L’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA, dont le chapitre 11 concerne la protection de l’investissement) a ouvert une ère nouvelle, à la fois parce qu’il était signé notamment entre les Etats-Unis et le Canada, deux pays dont la légitimité du système judiciaire n’est pas douteuse, et parce qu’il définissait des obligations beaucoup plus extensives des Etats envers les investisseurs, qui ont été depuis reprises dans de nombreux autres accords.Contradiction et renoncementMême si les critiques formulées contre le système actuel sont souvent infondées voire caricaturales, le résultat est dans certains cas indéfendable, comme lorsque Philip Morris attaque le gouvernement australien pour sa législation sur le paquet de cigarette neutre (même s’il faut rappeler que ce cas n’est pas jugé), ou lorsque la Libye est condamnée à payer 930 millions de dollars (818 millions d’euros) d’amende à un investisseur koweïtien qui n’avait pourtant investi sur place que 5 millions.Refuser d’avancer dans la redéfinition des règles juridiques encadrant l’investissement international constituerait pourtant pour l’Union européenne (UE) une contradiction et un renoncement. Contradiction, parce que l’UE est le principal émetteur mondial d’investissement international. Autant dire que l’UE confie à d’autres pays des sommes colossales, et ses excédents courants actuels astronomiques suggèrent qu’elle n’est pas prête d’arrêter de le faire.Il est de ce fait légitime, pour ne pas dire nécessaire, de se préoccuper de leur protection. De fait, l’UE négocie actuellement avec la Chine un traité bilatéral d’investissement. Refuser d’avancer serait aussi pour l’UE un renoncement à montrer l’exemple dans la définition des règles communes, sur un phénomène dont l’ampleur est sans commune mesure avec ce qu’elle était : le stock des investissements directs à l’étranger représente aujourd’hui environ 35 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, contre 9 % seulement en 1990.Le statu quo n’est pas une solution satisfaisante, dans un contexte où les Etats membres ont une profusion d’accords en vigueur, représentant presque la moitié du total mondial. Y compris entre eux : la France compte actuellement onze traités bilatéraux d’investissement en vigueur avec d’autres Etats membres de l’UE ! Un comble, alors que l’investissement direct à l’étranger est depuis l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne une compétence communautaire.Système multilatéralDeux principes pourraient être suivis pour sortir de cette impasse.Le premier est celui d’une institution publique, constituée de juges choisis et rémunérés par les Etats. Cela éviterait les soupçons de conflits d’intérêt et prendrait acte du fait que les enjeux de l’investissement international sont désormais trop lourds pour être confiés à une justice privée, à l’assise institutionnelle trop étroite. Cela permettrait en outre de poser les jalons d’un tribunal international de l’investissement.Le second principe serait de focaliser la protection des investissements exclusivement sur le principe de non-discrimination. Le système actuel garantit notamment aux investisseurs un « traitement juste et équitable » et les protège contre l’expropriation indirecte. Mais qui peut dire où s’arrête le champ de ces garanties ? Faut-il offrir aux investisseurs étrangers des assurances dont les nationaux seraient privés ? Comment, d’ailleurs, appliquer ces règles dans un contexte où la nationalité de nombre de groupes est difficile à définir ?Ces garanties ne sont pas illégitimes dans leur principe, mais il revient à chaque système national de les fournir à tous les investisseurs, et non pas à des traités d’en octroyer le privilège aux investisseurs étrangers. En se limitant à assurer la non-discrimination, le règlement des différends se bornerait à vérifier que les investisseurs étrangers sont traités comme les locaux. Sans avoir son mot à dire sur les régulations nationales dès lors qu’elles sont appliquées de manière non discriminante.La non-discrimination est le principe central de l’organisation coopérative des relations économiques internationales, le seul à même de servir de fondement à un système multilatéral permettant enfin de résoudre les conflits relatifs à l’investissement international sur la base de règles partagées.Sébastien Jean (Directeur au Centre d’études prospectives et d’informations internationales, Cepii) Philippe Ridet (Rome, correspondant) De l’air ! L’Italie est sortie, mercredi 13 mai, de sa plus longue période de récession depuis l’après-guerre, dans laquelle elle était entrée au troisième trimestre 2011. Selon l’Institut national de la statistique (Istat), au cours des trois premiers mois de 2015, la croissance a enregistré un bond de 0,3 %, supérieur aux pronostics les plus optimistes des analystes.Déjà revue à la hausse, la prévision de croissance établie par le gouvernement porte désormais sur une progression du PIB de 0,7 % en 2015 et de 1,6 % en 2016. Ces chiffres ont été salués à la Bourse de Milan où l’indice principal progressait peu après l’ouverture.Effet Matteo Renzi ? Dans ses premiers éléments d’analyse, l’Istat pointe une reprise de la consommation intérieure. Une des premières mesures du premier ministre, arrivé au pouvoir en février 2014, fut de proposer une ristourne de 80 euros mensuels sur les impôts de 10 millions de contribuables les plus modestes.Estimée à 10 milliards d’euros par an pour l’Etat, cette mesure n’avait jusqu’alors provoqué aucun effet sur la consommation.Besoin « d’une relance de la production »Parallèlement la production industrielle s’améliore (+ 0,6 % en février), la confiance des ménages se renforce, de même que celle des entreprises, même si l’accès au crédit continue de reculer (- 0,3 % en février).Toutefois, le chômage reste élevé (13 %, 43,1 % chez les 15-24 ans). Mais la réforme du marché du travail (baptisé « job act ») commence à porter ses fruits. Les nouvelles dispositions, qui indexent les droits des travailleurs à leur ancienneté dans l’entreprise et font du CDI la norme, ont permis la signature de 470 000 nouveaux contrats et la création de 50 000 nouveaux postes de travail depuis son entrée en vigueur en début d’année.Pour le chef du gouvernement, qui avait cru pouvoir bénéficier dès son arrivée au pouvoir, en février 2014, d’un renversement de tendance, les chiffres de l’Istat constituent un succès personnel.Ses détracteurs ne veulent y voir que la conséquence de la baisse des prix du pétrole et de l’impact du « quantitative easing », ce programme de rachat massif de dettes publiques engagé par la Banque centrale européenne (BCE). Pour la banque d’Italie, le pays a maintenant besoin « d’une relance de la production et d’une augmentation durable de l’emploi ».Bombe budgétaireMais, passées les bonnes nouvelles, le gouvernement se trouve déjà confronté à un problème de taille. Une véritable bombe budgétaire : la Cour constitutionnelle a annulé, il y a deux semaines, la décision prise par le gouvernement de Mario Monti, en 2011, de désindexer de l’inflation les pensions supérieures à 1 400 euros par mois.Plus de 6 millions de retraités étaient concernés par cette mesure. Il faudra les rembourser. Selon les médias, l’estimation de cet effort varie de 5 à 13 milliards d’euros.« Il semble inévitable qu’il y aura un impact sur les finances publiques », s’est contenté de dire le ministre de l’économie, Pier Carlo Padoan, qui réfléchit à un « aménagement » des conséquences de la décision de la Cour.Celui-ci pourrait prendre la forme de remboursements pour les seuls retraités dont les pensions se situent entre 1 400 euros et 3 000 euros, soit 30 % des cas concernés. Cette opération, « techniquement faisable », selon les experts du Trésor, entraînerait une augmentation du déficit, difficilement négociable avec Bruxelles.Plombée par une dette de 2 140 milliards d’euros (138 % du PIB), l’Italie s’est engagée a ne pas dépasser un déficit équivalent à 2,6 % du PIB en 2015. D’ores et déjà, la « cagnotte » de 1,6 milliard d’euros sur laquelle le gouvernement comptait pour financer un plan « anti-pauvreté » est partie en fumée. « J’avais gardé ce petit trésor pour d’autres mesures, a reconnu le premier ministre, mardi 12 mai. J’ai dû le mettre de côté. Nous avons un peu d’amertume… ».Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Charrel Une fois n’est pas coutume, la zone euro a fait mieux que les États-Unis et que le Royaume-Uni. Au premier trimestre, son produit intérieur brut (PIB) a crû de 0,4 % par rapport au trimestre précédent, contre 0,1 % outre-atlantique et 0,3 % outre-manche. Dans l’Union européenne, le PIB a également progressé de 0,4 %.« La reprise se raffermit, elle a bénéficié ces derniers mois d’une conjonction d’éléments favorables », commente Xavier Timbeau, économiste à l’OFCE.Les taux de croissance convergent, la Grèce replonge en récession« Si l’on excepte la Grèce, les taux de croissance des pays membres convergent à nouveau, remarque Denis Ferrand, économiste chez Coe-Rexecode. En revanche, les moteurs sont différents d’un Etat à l’autre ».La croissance la plus forte a été enregistrée à Chypre (1,6 %), qui sort enfin de la récession, en Espagne (0,9 %) et en Slovaquie (0,8 %).La France (0,6 %) enregistre également une belle performance, mais le taux de croissance allemand est inférieur à la moyenne européenne (0,3 %), tout comme celui de l’Italie (0,3 %).Lire aussi :Les ambiguïtés de la reprise françaiseEn revanche, la Grèce a replongé en récession : son PIB a reculé de 0,2 %, après -0,4 % au trimestre précédent.Les incertitudes des négociations entamées par le gouvernement d’Alexis Tspiras avec les créanciers du pays pèsent sur l’activité. Athènes avait pourtant renoué avec la croissance en 2014, après six années de récession qui ont entamé son PIB d’un quart.Lire aussi :L’Eurogroupe se rapproche d’un accord avec la GrèceLa baisse des cours du pétrole et de l’euro ont soutenu l’activitéTrois facteurs ont soutenu la croissance de la zone euro au premier trimestre. D’abord, la réduction des efforts d’ajustement budgétaire des pays membres, qui a mécaniquement apporté un peu d’air à l’activité.Ensuite, la baisse des cours du pétrole enregistrée depuis mi-2014. Celle-ci a allégé la facture énergétique des ménages et des entreprises.Enfin, la dépréciation de l’euro, qui a baissé de plus de 20 % face au dollar depuis l’été dernier. « Elle a soutenu les exportateurs vendant hors de la zone euro », rappelle M. Ferrand.Doutes sur la reprise de l’investissementToute la question est de savoir si la conjonction de ces facteurs favorables se poursuivra ces prochains mois. Rien n’est moins sûr : tombé à 45 dollars le baril début janvier, les cours du pétrole ont entamé une remontée notoire la semaine dernière. Le baril de brent est ainsi repassé au-dessus de la barre des 60 dollars.Lire aussi :Le cours du pétrole remonteDe son côté, l’euro lui aussi s’est un peu ressaisi. « Le gros de l’ajustement à la baisse des prix du pétrole et de l’euro est sans doute derrière nous », juge Natacha Valla, économiste et directrice adjointe du Centre d'études prospectives et d'informations internationales (Cepii). Une bonne chose pour contrer le risque déflationniste, mais l’impulsion pour la croissance sera moindre.Lire aussi :Zone euro : le spectre de la déflation s’éloigneCe qui ne serait pas trop grave si dans le même temps, l’investissement repartait : il s’agit de l’ingrédient indispensable à une reprise pérenne.Or, si le crédit semble enfin redémarrer dans la zone euro, il est encore tôt pour dire si l’investissement suivra. « Il a beaucoup de mal à se ressaisir dans certains pays, comme le nôtre », prévient Mmme Valla.Il en est de même pour les créations d’emploi : le taux de chômage de l’union monétaire, aujourd’hui à 11,3 %, ne devrait pas refluer avant fin 2015.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Mathilde Damgé L’économie française a enregistré une croissance de 0,6 % au premier trimestre 2015, contre 0,4 % prévu, a indiqué l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), mercredi 13 mai. Le ministre des finances, Michel Sapin, s’en est immédiatement félicité :« Ce premier chiffre est très encourageant (...) Nos perspectives de croissance pour 2015 sont aujourd’hui clairement confortées. »Mais, il faut remettre cette hausse en perspective. La croissance a été révisée – dans la même publication – à zéro pour le dernier trimestre 2014, et la croissance tricolore ayant toujours du mal à se relever de la crise économique des années précédentes.Voici deux graphiques pour prendre du recul :Tout d’abord, il faut reconnaître que cette hausse du produit intérieur brut (PIB), c’est-à-dire de la richesse créée dans le pays, n’avait plus été vue depuis le 2e trimestre 2013, donc depuis deux ans. #container_14315089766{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14315089766{ height:500px; } #container_14315089766 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14315089766 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14315089766 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14315089766 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La croissance retrouve son niveau d'il y a deux ansEvolution du PIB par trimestre en %Source : Insee(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14315089766", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["mars 2013","juin 2013","septembre 2013","décembre 2013","mars 2014","juin 2014","septembre 2014","décembre 2014","mars 2015"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "croissance", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 0.1 ], [ "", 0.8 ], [ "", -0.1 ], [ "", 0.2 ], [ "", -0.2 ], [ "", -0.1 ], [ "", 0.2 ], [ "", 0 ], [ "", 0.6 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 2, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}C’est d’ailleurs la progression la plus forte (0,6 point) depuis ce printemps 2013 qui avait vu le PIB reprendre du poil de la bête grâce à un mouvement qualifié de « correction » par les économistes, c’est-à-dire un rebond mécanique après plusieurs trimestres de baisse mais ne reposant pas sur des facteurs de soutien de long terme.Cette correction s’était traduite par une hausse de 0,7 point de croissance... avant de décélérer de 0,9 point au trimestre suivant. Une rechute moins impressionnante que celle de 2011 mais dont le schéma semble se répéter depuis la crise de 2008 :  #container_14315089765{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14315089765{ height:500px; } #container_14315089765 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14315089765 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14315089765 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14315089765 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }2011 et 2013 : les reprises se transforment en rechutesSource : Insee(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14315089765", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"Evolution du PIB par trimestre en %" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["01/12/2008","01/03/2009","01/06/2009","01/09/2009","01/12/2009","01/03/2010","01/06/2010","01/09/2010","01/12/2010","01/03/2011","01/06/2011","01/09/2011","01/12/2011","01/03/2012","01/06/2012","01/09/2012","01/12/2012","01/03/2013","01/06/2013","01/09/2013","01/12/2013","01/03/2014","01/06/2014","01/09/2014","01/12/2014","01/03/2015"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "croissance", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", -1.6 ], [ "", -1.6 ], [ "", -0.1 ], [ "", 0.1 ], [ "", 0.7 ], [ "", 0.4 ], [ "", 0.6 ], [ "", 0.6 ], [ "", 0.5 ], [ "", 1.1 ], [ "", -0.1 ], [ "", 0.2 ], [ "", 0.2 ], [ "", 0 ], [ "", -0.3 ], [ "", 0.3 ], [ "", 0 ], [ "", 0.1 ], [ "", 0.8 ], [ "", -0.1 ], [ "", 0.2 ], [ "", -0.2 ], [ "", -0.1 ], [ "", 0.2 ], [ "", 0 ], [ "", 0.6 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 2, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Reste à savoir si la hausse du 1er trimestre s'inscrit dans un mouvement de plus long terme et non à l’heureuse conjonction d’un euro faible, d’un pétrole faible et de taux d’intérêts faibles.Ailleurs en Europe, la croissance se maintient mais elle évolue dans de moins fortes proportions ; l’Allemagne connaît une progression de son PIB moitié moindre par rapport à la France. Mathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Depuis le 1er janvier, quelque 1 800 migrants se sont noyés dans la Méditerranée, et ces tragédies ont mis en évidence les carences de la politique européenne, mais surtout la nécessité d’y remédier. Poussée par une partie de l’opinion et s’appuyant sur les conclusions du sommet européen du 23 avril, qui avait plaidé pour plus de solidarité entre les Etats, la Commission a anticipé la publication de son  « Agenda européen sur la migration ». Ce texte, présenté mercredi 13 mai, ambitionne de proposer une approche globale, mêlant mesures d’urgence et actions sur le long terme, aspects humanitaires et répressifs, surveillance renforcée des frontières – on va examiner en 2016 l’éventuelle création d’un corps européen de gardes – et ouverture des mêmes frontières à des travailleurs qualifiés.Lire aussi :L’Europe insensible aux migrants ?La proposition qui suscitera sans doute le plus de discussions, tant dans les Etats membres qu’au Parlement de Strasbourg, est l’instauration d’un système de quotas par pays pour l’accueil des réfugiés arrivés sur les rives européennes de la Méditerranée. Présentée comme une mesure d’urgence, elle vise au placement (relocation) de demandeurs d’asile qui doivent faire l’objet d’une protection internationale. Ces quotas seront calculés en fonction du produit intérieur brut, de la population, mais aussi du niveau de chômage des pays.Bruxelles songe également à un système de quotas pour la réinstallation (resettlement) de personnes persécutées ayant fui vers un pays tiers. Elles sont plus de 10 millions dans le monde, et les Nations unies, qui coordonnent un programme de réinstallation, aimeraient que l’UE accueille 20 000 personnes par an. Bruxelles propose de le faire en deux ans.Sévérité accrue envers ceux qui ne peuvent prétendre à l’asileLire aussi :« Contre le populisme, une politique juste mais stricte de l’immigration »Plus généralement, la Commission aimerait définir, dès la fin 2015, une clé permettant de répartir de manière permanente les réfugiés et demandeurs d’asile en cas d’afflux massif. Ce n’est pas la première tentative du genre, et celle-ci aussi pourrait susciter bien des réticences. Surtout dans la partie centrale et orientale de l’Union, où l’on ne manifeste aucune intention d’accueillir des réfugiés, alors que cinq Etats, dont la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, ont reçu 72 % des demandes en 2014.Afin d’assurer un meilleur équilibre, la Commission entend aussi évaluer, dès 2016, le système dit « Dublin », qui oblige l’Etat où est arrivé en premier lieu le demandeur d’asile à traiter sa demande et à subvenir à ses besoins. L’Italie ou la Grèce doivent ainsi gérer le flux de retour des migrants, renvoyés de France ou d’Allemagne. C’est un obstacle à la solidarité entre pays membres et, malgré les réticences, Bruxelles se dit prête à engager les discussions sur une révision du mécanisme. Pour aider les pays où accostent en grand nombre les migrants, le texte de la Commission évoque une approche d’urgence (« Hotspot »): le Bureau européen d’appui pour l’asile, l’agence de surveillance Frontex et Europol pourraient aider au traitement rapide des demandes d’asile. Et Frontex appuierait les opérations de retour forcé pour ceux dont les requêtes seraient rejetées.La Commission insiste sur le fait que l’ouverture des frontières à ceux qui ont réellement besoin d’une protection doit se doubler d’une sévérité accrue à l’encontre de ceux qui ne peuvent prétendre à l’asile. Selon Eurostat, sur les quelque 425 000 personnes dont les demandes ont été rejetées en 2013, 167 000 seulement ont quitté le sol européen.« Réduire les incitations à la migration illégale » Parallèlement, la Commission affirme la nécessité de « réduire les incitations à la migration illégale ». Elle compte notamment envoyer dans les délégations européennes auprès d’une série de pays (Egypte, Pakistan, Turquie, pays du Maghreb, Soudan, etc.) des officiers de liaison chargés des questions migratoires.Un sommet sera organisé prochainement, à Malte, avec les principaux pays tiers pour évoquer les causes profondes de l’immigration, la protection de certaines personnes ou le démantèlement des réseaux de trafiquants. La coopération avec les pays de transit est une autre idée évoquée depuis des années mais, promet la Commission, elle devrait, cette fois, trouver une véritable traduction. « Avec cet Agenda, nous confirmons et étendons notre coopération mais nous savons qu’une véritable réponse sur le long terme suppose de résoudre les causes profondes, de la pauvreté à l’instabilité causée par les guerres », explique la haute représentante Federica Mogherini.Lire aussi :Les négriers de la MéditerranéeLa Commission de Bruxelles affirme la nécessité de « réduire les incitations à la migration illégale »Il ne se trouvera pas grand monde pour contester cette déclaration de bonnes intentions. Un autre volet de la stratégie va, en revanche, entraîner d’âpres débats, que le président Jean-Claude Juncker a d’ailleurs déjà expérimentés. Il a pourtant tenu à ce que le projet dévoilé mercredi envisage également l’immigration légale, rendue nécessaire, souligne le document, par le déclin démographique de l’Europe et par le manque de main-d’œuvre dans certains secteurs (les technologies, les sciences, l’ingénierie, etc.).Un programme sur la mobilité de travail sera dévoilé avant la fin de l’année et une consultation publique lancée sur la nécessité d’attirer des personnes qualifiées. Un dialogue devrait aussi être engagé avec le patronat et les syndicats, dans le but de favoriser des « recrutements éthiques ».Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.05.2015 à 10h47 • Mis à jour le13.05.2015 à 12h11 | Claire Guélaud Ce n’est pas une divine surprise, mais c’est une bonne nouvelle : la croissance française a crû fortement au premier trimestre (+ 0,6 %, après + 0,0 % au quatrième trimestre 2014) portée par l’impact favorable de la baisse des prix du pétrole et de la dépréciation de l’euro. En avril, l’Institut national de la statistique et des études économiques avait déjà revu à la hausse de 0,3 % à 0,4 % sa prévision. Le chiffre publié mercredi 13 mai s’établit finalement à 0,6 %, soit la fourchette haute généralement retenue par les conjoncturistes et la plus forte progression du PIB depuis le deuxième trimestre 2013 (+ 0,8 %). Le ministre des finances, Michel Sapin, y a vu un premier chiffre « très encourageant. Nos perspectives de croissance pour 2015 [1 %] sont aujourd’hui clairement confortées ».Le rebond de la croissance française, deux fois plus forte ce trimestre que celle de l’Allemagne, s’explique par la nette accélération de la consommation des ménages. En revanche, l’investissement n’a toujours pas redémarré et l’emploi reste en berne. Au premier trimestre, 13 500 postes ont été supprimés dans les secteurs marchands non agricoles (dont 13 000 dans la seule construction) : c’est dix fois plus qu’au quatrième trimestre 2014.Lire aussi :Une reprise trop fragile pour sauver l’emploiL’amélioration du PIB au premier trimestre se situe dans le droit fil des derniers chiffres de la production industrielle et de la consommation des ménages en biens, qui étaient plutôt bons. Elle doit beaucoup à la forte hausse de la consommation des ménages (+ 0,8 % après + 0,1 % au quatrième trimestre 2014). Après un début d’hiver particulièrement doux, les dépenses d’énergie – portées par des prix en baisse – ont rebondi. À elle seule, leur augmentation explique un tiers de la progression du PIB. Elle pourrait, toutefois, n’être qu’un feu de paille.Accélération des importationsD’autres éléments d’accélération de la croissance en revanche, paraissent plus « durables », analyse Vladimir Passeron, chef du département de la conjoncture de l’Insee : le redressement de la confiance et du pouvoir d’achat des ménages ont incité ces derniers à consommer davantage de biens fabriqués (+ 1,4 % après + 0,5 %), les achats d’automobiles ayant le vent en poupe. Quant aux achats de biens durables, ils progressent à un rythme « assez élevé » en ligne avec le dynamisme de la production manufacturière (+ 0,8 %) qui bénéficie des effets favorables de la dépréciation de l’euro.En revanche, l’investissement n’est toujours pas reparti, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour l’économie française. Il recule même nettement chez les ménages (– 1,4 % après – 1,1 %), ce qui était attendu, compte tenu de la mauvaise santé du BTP, et il progresse à peine dans les entreprises (+ 0,2 % après – 0,1 %). Or, précise M. Passeron, « en phase d’accélération, l’investissement peut augmenter deux fois plus vite que le PIB ». Manifestement, on n’y est pas encore et l’investissement en France reste « suiveur » au lieu d’être « moteur ».Lire aussi :Investissements : pourquoi la France doit accélérerD’autres éléments sont plus difficiles à interpréter car ambivalents. Il en va ainsi de cette « petite surprise » qu’a constituée pour l’Insee « la forte accélération des importations (+ 2,3 %, après + 1,5 %) ». « On peut y voir une mauvaise nouvelle reflétant les difficultés de l’appareil productif français à répondre à la demande, mais aussi une bonne nouvelle liée à la hausse d’une consommation d’intrants reflétant la redynamisation des échanges industriels », explique M. Passeron. Il faudra attendre de prochains indicateurs pour savoir quelle interprétation est la bonne. Quoi qu’il en soit, au premier trimestre, le commerce extérieur a tiré l’activité vers le bas : – 0,5 point de PIB après + 0,2 point.Autre élément délicat à interpréter : les variations des stocks. Elles ont contribué favorablement à la croissance de l’activité au premier trimestre 2015 : + 0,5 point après – 0,3 au quatrième trimestre 2014. L’Insee souligne que les seuls matériels de transport contribuent pour + 0,4 point de PIB et font plus que compenser la contribution négative du solde commercial de ces biens (– 0,3 point). Pour l’économiste Jean-François Ouvrard (COE-Rexecode), « la forte contribution des stocks à la croissance n’est pas nécessairement négative. Elle peut aussi traduire le retour d’anticipations meilleures que prévu des chefs d’entreprise, en particulier des industriels ». Il faudra là aussi attendre quelques semaines avant de se prononcer.Par ailleurs, les comptes des administrations publiques, publiés mercredi 13 mai par l’Insee, montrent que les prélèvements obligatoires ont continué d’augmenter en 2014 pour s’établir à 44,9 % du PIB. Leur progression (+ 0,2 point) est certes moins forte qu’en 2013 (+ 0,9 point) ou qu’en 2012 (+ 1,2 point), mais, en part de PIB, on n’en atteint pas moins des niveaux inédits depuis la création des séries longues en 1959.Quant aux dépenses publiques, elles se sont accrues de 0,5 point, à 57,5 % du PIB. Voilà la France probablement confortée dans sa place de championne européenne de la dépense publique. La dette publique au sens de Maastricht a augmenté de 3,3 points à 95,6 % en 2014 et s’élève à 2 037,8 milliards d’euros, tandis que le déficit public, en baisse de 0,1 point, s’est établi à 4 % du PIB.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.05.2015 à 01h05 • Mis à jour le13.05.2015 à 08h17 Le pouvoir macédonien fait des concessions. Les ministres de l’intérieur et des transports, ainsi que le chef du renseignement, ont démissionné mardi 12 mai à la suite des violences qui ont opposé ce week-end les forces de l’ordre à un commando d’origine albanaise et ont fait 22 morts à Kumanovo.Le porte-parole du premier ministre Nikola Gruevski n’a pas précisé comment les deux ministres ont justifié leur démission, mais l’agence de presse officielle MIA a publié la lettre de démission du chef du renseignement, indiquant avoir pris cette décision « dans l’intérêt de la Macédoine afin d’aider à résoudre la crise politique (…) provoquée par l’opposition ».Corruption et mises sur écouteL’ex-république yougoslave de 2,1 millions d’habitants à majorité slave, dont un quart d’Albanais, fait face à une grave crise politique qui oppose depuis des mois les principales formations slaves. L’opposition de gauche accuse le pouvoir conservateur de corruption et de la mise sur écoute de 20 000 personnes, dont des hommes politiques, des journalistes et des chefs religieux. Un grand rassemblement de l’opposition est prévu le 17 mai.Lire :Tensions en Macédoine à la suite de la mort de 22 personnes dans des affrontementsDès lundi le commissaire européen à l’élargissement Johannes Hahn avait indiqué avoir demandé au gouvernement et à l’opposition de « commencer à résoudre » la crise politique. L’opposition réclame depuis des mois la démission de l’ensemble du gouvernement, les noms des ministres démissionnaires ainsi que du chef des services de renseignement sont ouvertement mentionnés dans le scandale des écoutes. A Skopje, le Parlement doit se réunir mercredi en début d’après-midi pour approuver les nominations des remplaçants des deux ministres.L’Union européenne inquièteLes affrontements meurtriers de Kumanovo ont vivement inquiété l’Otan et l’Union européenne, réveillant la crainte d’un conflit similaire à celui de 2001. Ce dernier avait opposé pendant six mois les forces armées macédoniennes aux rebelles albanais réclamant davantage de droits au sein de la société.La police a affirmé avoir « neutralisé un groupe terroriste », venu du Kosovo tout proche, et la presse macédonienne a relayé le discours des responsables politiques affirmant qu’ils avaient pour projet de s’attaquer aux institutions de l’Etat. Un communiqué rendu public samedi par la presse macédonienne de langue albanaise affirmait de son côté que les combats étaient menés par l’Armée nationale de libération (des Albanais de Macédoine, UCK, officiellement dissoute).Lire aussi :En Macédoine, des Kosovars accusés de « terrorisme »Les combats ont fait 22 morts, dont huit policiers et 14 insurgés. La justice macédonienne a inculpé de « terrorisme » 30 personnes d’origine albanaise, dont 18 Kosovars, arrêtés durant les affrontements.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2pwxka"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2pwxka", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 12.05.2015 à 19h26 Mark Colborne voulait tuer les gens aux « cheveux foncés ». Ce Britannique de 37 ans, qui se sentait « marginalisé » en raison de ses cheveux roux, a même projeté d'assassiner les princes Charles, premier dans l'ordre de succession au trône britannique, et William pour qu'Harry, roux comme lui, devienne roi un jour. Accusé de préparation d'actes terroristes, Colborne a comparu, mardi 12 mai, devant la justice britannique.Originaire de Southampton, sur la côte sud du Royaume-Uni, Mark Colborne avait été arrêté en juin 2014. La police avait retrouvé des notes dans lesquelles il avait déclaré :« Je veux des représailles massives, un attentat terroriste de masse qui attirera l'attention sur notre souffrance, pas seulement la mienne, mais celle de mes frères à travers le monde. » « Je suis plus comme Anders Breivik  »Selon la procureure Annabel Darlow, Colborne, qui a eu une « enfance difficile », se sentait « marginalisé et dénigré par la société parce qu'il est blanc et roux ».« Je veux que le monde assiste à ma métamorphose, d'un représentant de cette pauvre communauté rousse qui se fait marcher dessus constamment, à un terroriste militaire », avait expliqué Colborne. Et avait également exprimé sa volonté de « mettre une balle dans la tête de Charles », le fils aîné de la reine Elizabeth II.« Il est protégé mais pas trop. Je sacrifierais ma vie pour un tir. Tuer Charles et William pour que Harry devienne roi. Tuer les tyrans », avait-il dit, omettant de réaliser que William avait, à l'époque, un petit garçon précédant Harry dans l'ordre de succession. Depuis le 2 mai, William et son épouse Kate sont également les parents d'une petite fille, qui devance aussi Harry.« Je ne veux pas être un tueur en série. Je suis plus comme Anders Breivik [l'extrémiste de droite Anders Behring Breivik, qui avait tué 77 personnes en Norvège en 2011] », avait déclaré Colborne. Le Britannique, qui souffre d'agoraphobie, avait promis de cibler le prince dans « l'intérêt du peuple aryen ». Et écrit : « Je veux que mon héritage dise que je me suis battu contre le régime capitaliste. »« Pulvériser le poison mortel à des minorités ethniques »L'enquête a montré qu'il avait cherché sur Internet le moyen de fabriquer des bombes artisanales et qu'il s'était procuré des produits chimiques pour fabriquer du cyanure, de même que des masques de protection, des seringues et des gants en latex.Selon le Daily Mail, « il prévoyait de pulvériser le poison mortel à des minorités ethniques pour faire connaître ses convictions racistes à travers le monde ». Les plans de Colborne, qui clame son innocence, ont été déjoués après que son demi-frère a découvert des produits chimiques et des documents suspects dans une maison de la famille à Southampton. Ce dernier, qui savait que Colborbe avait acheté un exemplaire de Mein Kampf, mais ne connaissait pas ses idées racistes, a alors prévenu la police. Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Deux mois et demi après l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov, tué par balles au pied du Kremlin le 27 février au soir, le rapport qu’il préparait sur l’implication du pouvoir russe dans le conflit en Ukraine a été publié à titre posthume, sous le titre « Poutine. La Guerre ». Bien que le matériel informatique de l’ancien vice-premier ministre de Boris Elstine a été saisi par les enquêteurs au lendemain de sa mort, une poignée de ses fidèles est parvenue, sur la base de notes écrites et de témoignages de familles, à reconstituer son travail. Présentant le document, mardi 12 mai, au siège du parti d’opposition RPR-Parnasse, l’un de ces proches, Ilia Iachine, a dénoncé « une aventure géopolitique, une guerre non déclarée, cynique, un crime contre la Russie ».Le rapport s’appuie sur les témoignages de familles de soldats russes envoyés en Ukraine après avoir été forcés de démissionner et qui y ont péri. Parmi eux, 70 parachutistes, dont 17 provenant de la région d’Ivanovo, auraient ainsi trouvé la mort en février dans la bataille de Debalstevo, une ville de l’est ukrainien conquise par les séparatistes au lendemain même des accords de Minsk signés dans la capitale biélorusse pour tenter d’imposer une trêve, sous le parrainage des dirigeants russe, ukrainien, français et allemand.« Tous les succès des séparatistes ont été menés avec le soutien militaire russe, affirme Ilia Iachine. Cela a été le cas en août 2014, lorsque l’offensive ukrainienne stoppée nette a obligé Petro Porochenko [le président ukrainien] à s’asseoir une première fois à la table de Minsk, puis à nouveau en février, lorsque l’armée ukrainienne a été arrêtée à Debalstevo. » Ces témoignages restent cependant anonymes. « Les familles ont peur. »220 militaires russes décédésParmi les confessions recensées, certaines avaient été déjà rendues publiques sur les réseaux sociaux ou dans des médias indépendants. En septembre 2014, l’histoire de Nicolas Kozlov, 21 ans, envoyé d’abord en Crimée puis dans le Donbass où il a perdu une jambe, avait ainsi été relatée par son oncle, Serguei Kozlov. Ces soldats, obligés de démissionner de l’armée, auraient reçu contre l’engagement de tenir secrète leur mission, l’assurance d’une indemnité financière pour leurs familles en cas de blessure ou de décès.Ces indemnités, évaluées à 3 millions de roubles (53 000 euros) selon les sources de Boris Nemtsov, n’auraient cependant plus été versées à partir de septembre 2014. Le rapport, qui ne prétend pas être exhaustif, recense quelque 220 militaires russes décédés dans les combats, ce qu’a toujours nié Moscou. « Nous avons tout vérifié, assure Ilia Iachine, et tout ce que nous n’avons pas pu vérifier, nous l’avons enlevé ».« Il y a aussi ceux que la propagande appelle des “volontaires” mais que nous appelons des mercenaires »« Il y a aussi ceux que la propagande appelle des “volontaires” mais que nous appelons, nous, des mercenaires car ils correspondent bien à cette qualification et ils reçoivent entre 60 000 et 90 000 roubles par mois », ajoute-t-il. Les combattants tchétchènes, recensés dans le bataillon « La Mort », en feraient partie. « Ils sont apparus en mai 2014, d’abord dans le bataillon séparatiste Vostock qui a participé à la prise de l’aéroport de Donetsk, puis à nouveau en août 2014. Ce sont d’anciens combattants [des guerres russo-tchétchènes] amnistiés par Kadyrov [chef de la république autonome de Tchétchénie], qui sont aujourd’hui considérés comme sa garde personnelle », affirme Ilia Iachine.« Catastrophe humanitaire »Soldats, mercenaires, matériel de guerre, blindés : l’aide financière de Moscou aux séparatistes prorusses du Donbass est ici évaluée à 53 milliards de roubles (environ 930 millions d’euros) en dix mois, auxquels il faut ajouter 80 milliards de roubles d’aide aux réfugiés de cette « catastrophe humanitaire ».Poutine s’est rendu compte du bénéfice qu’il pouvait tirer de l’annexion de la Crimée, alors que sa côte stagnait « entre 40 et 45 % »Selon le rapport, tout a commencé avec la Crimée lorsque Vladimir Poutine se serait rendu compte du bénéfice qu’il pouvait tirer sur le plan personnel de l’annexion de la péninsule ukrainienne, alors que sa côte de popularité stagnait « entre 40 et 45 % » malgré sa réélection, en 2012, à la tête de l’Etat. « L’envergure du scénario du retour de la Crimée en Russie est aujourd’hui évidente », écrivent les auteurs. Mais, ajoutent-ils, « l'histoire ne s’est pas arrêtée là et une vraie guerre a commencé dans les territoires de Donetsk et de Louhansk où les séparatistes ont été soutenus politiquement, économiquement et militairement ».« Poutine, insiste Ilia Iachine, veut diriger comme Staline et vivre comme Abramovitch [un milliardaire russe]. Il ment au peuple russe et au monde entier. » C’est pour les Russes, a-t-il insisté que ce rapport a été rédigé, « pas pour les Occidentaux qui n’ont pas besoin d’être convaincus ». Au lendemain du 70e anniversaire de la victoire sur le régime nazi célébré le 9 mai par le Kremlin avec faste, l’opposition prend soin de ne pas laisser le terrain du patriotisme au pouvoir : « Cette guerre que Poutine a commencée avec un pays proche menace les intérêts de la Russie. » Une collecte va être lancée dans le pays pour financer la sortie du rapport Nemtsov tiré seulement à 2 000 exemplaires dans un premier temps et qui doit faire face, selon ses promoteurs, aux réticences des imprimeurs.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 12.05.2015 à 09h08 Signe de la relation de plus en plus étroite entre les deux puissances, Pékin et Moscou lançaient, mardi 12 mai, des manœuvres navales conjointes inédites en Méditerranée. Ces exercices rassemblent neuf navires de guerre russes et chinois pour une durée prévue de onze jours, a rapporté le quotidien anglophone Global Times.Les deux pays n'ont encore jamais procédé à des exercices militaires communs dans cette partie du monde. « Cela montre clairement que les deux pays vont œuvrer ensemble au maintien de la paix et de l'ordre international de l'après-guerre », a commenté l'agence de presse Chine nouvelle, qui voit dans ce rapprochement la garantie d'une « contribution à un monde meilleur ». Membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, la Chine et la Russie se sont rapprochées ces dernières années, à mesure que se creusait le fossé entre Moscou et les nations occidentales et que Pékin inquiétait ses voisins en affirmant ses ambitions et sa puissance.Amitié affichéeCes manœuvres navales confirment, par ailleurs, la volonté de Pékin de peser militairement de plus en plus loin de son territoire. Le président djiboutien Ismaël Omar Guelleh a annoncé la semaine dernière qu'il était en « discussion » avec la Chine pour que cette dernière installe une base militaire dans ce petit pays stratégiquement situé dans la Corne de l'Afrique.Le 9 mai à Moscou, les présidents russe Vladimir Poutine et chinois Xi Jinping ont affiché leur amitié à l'occasion du 70e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne de Hitler. Et, lors de leurs nombreuses autres rencontres récentes, Xi Jinping et Vladimir Poutine se sont engagés à renforcer leur collaboration.Lire aussi (édition abonnés) : Russie et Chine, deux façons de contester l’ordre mondial Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Ceux qui croyaient encore qu’un accord pourrait être trouvé à l’Eurogroupe du lundi 11 mai, ouvrant la voie au versement d’une dernière tranche (7,2 milliards d’euros) à la Grèce, seront forcément déçus. Cette réunion n’a accouché que d’une déclaration très diplomatique des 19 ministres des finances de la zone euro, se « félicitant » des « progrès constatés » dans la négociation mais constatant que « davantage de temps et d’efforts sont nécessaires » pour s’entendre.Pour autant, cet Eurogroupe avait son utilité. Il a eu le mérite de montrer qu’un accord entre Athènes et ses créanciers internationaux (UE, BCE, FMI), est désormais envisageable. Cela n’avait rien d’évident il y a trois mois, quand les pourparlers ont commencé entre le gouvernement Tsipras, qui promettait à ses électeurs d’en finir avec l’austérité, et le reste de l’Eurogroupe, dominé par des dirigeants conservateurs et sociaux-démocrates, pas prêts à des concessions qui nourriraient leurs oppositions internes…Tsipras plus impliquéDe fait, les discussions avancent enfin plutôt bien. Finie la période — de début février à fin mars — durant laquelle Athènes et ses créanciers ont joué au chat et à la souris, chicanant sur des histoires de procédures. Qui devait représenter les créanciers à la table des discussions ? Où devaient se tenir ces pourparlers : à Athènes, à Paris ?Quand tout le monde est enfin entré dans le vif du sujet, début avril, les discussions ont patiné à cause d’une équipe grecque brouillonne et pas clairement motivée par la recherche d’un accord. Les équipes ont été remaniées, le ministre des finances, le controversé Yanis Varoufakis, marginalisé, le premier ministre Tsipras s’est en revanche impliqué de plus en plus directement. Au point qu’« aujourd’hui, nous avons un mode de fonctionnement qui n’est pas la panacée mais qui avance bien » soulignait lundi le commissaire européen à l’économie Pierre Moscovici.Lire (édition abonnés) :Yanis Varoufakis, la « rock star » qui agace à BruxellesL’Eurogroupe du 11 mai acte aussi le fait que le climat d’extrême animosité — très peu propice à un compromis — qui avait culminé lors du précédent Eurogroupe (le 24 avril, à Riga), a été surmonté. Lors de cette réunion, M. Varoufakis s’était retrouvé complètement isolé face à 18 autres ministres à bout de nerfs. Lundi soir, à Bruxelles, le grand argentier grec, volontiers donneur de leçons, s’est montré discret. « Il a juste tenté de modifier à la marge la déclaration qui avait été préparée à l’avance, mais il a été arrêté tout net par Wolfgang Schaüble » assure un proche des discussions.Le scénario d’un Grexit s’éloigneLa suggestion faite par le ministre allemand, juste avant d’entrer dans l’Eurogroupe, qu’un référendum sur les réformes en Grèce serait une bonne idée, n’a pas du tout été discutée avec ses pairs, toujours selon cette source. Ils n’avaient pas du tout envie en abordant ce sujet, de donner l’impression de s’immiscer dans les affaires d’Athènes.La déclaration de lundi, a aussi pour but de rassurer les marchés : le scénario d’un Grexit s’éloigne, d’autant que la Grèce a confirmé, lundi, qu’elle rembourserait bien le lendemain, mardi 12 mai, les 770 millions d’euros dus au FMI. Probable, aussi, que la BCE va continuer à relever le plafond des ELA (emergency liquidity assistance), ce financement d’urgence qu’elle fournit encore aux banques grecques.Quand l’accord interviendra t-il ? En l’absence de grosses échéances de remboursement avant juillet, Athènes et ses créanciers ont maintenant sept bonnes semaines devant eux. Ce n’est sans doute pas de trop pour rapprocher les points de vue, toujours très divergents, sur la liste de réformes que les Grecs doivent fournir.« Deux semaines » de liquiditésLe gouvernement Tsipras défend un projet de budget 2015 équilibré grâce à de plus grandes rentrées fiscales (avec notamment l’instauration d’une TVA sur les achats des touristes dans les îles grecques). Le FMI conteste le niveau de ces rentrées fiscales et exige la poursuite de la libéralisation du marché du travail et une réforme des retraites, le système actuel étant jugé encore trop coûteux. « Sur ces deux sujets, Tsipras n’aura pas d’accord s’il ne transige pas » estimait une source européenne proche des discussions, lundi.Le temps presse : plus Athènes tergiverse, plus sa situation économique se détériore, rendant encore plus délicate sa position de négociation… Pour 2015, la commission européenne prévoit désormais un déficit public de 2,1 % du PIB alors que la Grèce avait dégagé un léger excédent en 2014. « La Grèce risque d’être à court de liquidités d’ici deux semaines, tout le monde le sait, ce n’est pas la peine de tourner autour du pot » a déclaré pour sa part M. Varoufakis lundi.Une signature d’ici fin mai ? Pas impossible pour les plus optimistes des créanciers. Cela permettrait de disposer encore d’un gros mois - d’ici à fin juin, date d’expiration de l’actuel plan d’aide à la Grèce - pour négocier un nouveau plan de soutien (le troisième), et un allégement de la dette du pays (environ 340 milliards d’euros). Une discussion « pas taboue », comme l’a dit au « Monde » le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, jeudi 7 mai.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.05.2015 à 19h28 • Mis à jour le11.05.2015 à 20h17 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Nigel Farage l'avait promis : s'il était battu aux législatives, il démissionnerait de la tête du parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP). Quatre jours après avoir échoué à se faire élire dans la circonscription de South Thanet (Kent ; sud-est de l'Angleterre), le chef du parti xénophobe et anti-européen est revenu sur sa décision.Plus exactement, le comité exécutif du parti a rejeté à l'unanimité, lundi 11 mai après-midi, le départ de son leader. « M. Farage a retiré sa démission et va demeurer le dirigeant du UKIP », a indiqué le président du UKIP, Steve Crowther, dans un communiqué. Il relevait de « l'extrême évidence » que les adhérents du UKIP ne voulaient pas qu'il parte, a-t-il ajouté.Vendredi matin, au lendemain du scrutin, le visage bougon de M. Farage, ordinairement jovial, voire hilare, était apparu sur les écrans au moment de la proclamation des résultats à South Thanet. En réunissant 38,13 % des suffrages, son concurrent conservateur Craig Mackinlay, un ancien membre fondateur du UKIP, avait battu M. Farage, qui a rassemblé 32,44 % des voix.Lire aussi : Elections au Royaume-Uni : le UKIP, troisième parti du pays mais presque aucun siège« Si je perds (...) je devrai me retirer »Député européen, M. Farage comptait entrer au parlement de Westminster à l'occasion des législatives de jeudi. En annonçant vendredi sa démission, ce dernier avait expliqué qu'il était « un homme de parole », tout en laissant entendre qu'il pourrait briguer un nouveau mandat à la tête du parti en septembre.Pendant la campagne électorale, M. Farage a dit et répété qu'il quitterait ses fonctions s'il était battu. « Ça ne serait franchement juste pas crédible que je continue à diriger le parti sans un siège à Westminster, écrivait-il dans son autobiographie La révolution violette (la couleur du UKIP), publiée en mars. Si je perds à Thanet South, ce sera rideau pour moi. Je devrai me retirer ».Pression sur le référendum de sortie de l'UESi son chef de file a effectivement mordu la poussière, le UKIP a enregistré une impressionnante percée, passant de 3,1 % à 12,6 % des voix entre les élections de 2010 et 2015. Mais le système électoral britannique à un tour est sans pitié pour les petits partis dont les électeurs sont dispersés.Avec moins de 5 % des voix, le parti national écossais (SNP), concentré en Ecosse, a conquis 56 sièges tandis qu'avec 12,6 % des suffrages, le UKIP n'en a décroché qu'un seul, à Clacton-on-Sea (Essex).On peut compter sur M. Farage pour dénoncer ce résultat de fait aberrant (le UKIP aurait remporté 81 sièges dans un scrutin à la proportionnelle). Militant pour la sortie de l'Union européenne, il devrait aussi faire pression pour que le référendum promis par le premier ministre David Cameron pour 2017 soit organisé plus tôt, « avant Noël 2015 », réclame-t-il.Lire le décryptage : En route pour le référendum sur la sortie de l’UE au Royaume-UniPhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 23.05.2015 à 11h47 • Mis à jour le23.05.2015 à 16h27 | Eric Albert (Londres, correspondance) Il y a vingt-deux ans seulement, en 1993, l'Irlande légalisait l'homosexualité. Vendredi 22 mai, le même pays a été le premier au monde à voter par référendum pour la légalisation du mariage homosexuel.Les résultats définitifs ne sont pas encore connus, et le dépouillement est en cours, mais le premier ministre, Enda Kenny, a affirmé dans la matinée de samedi que le oui semblait en passe d'être acquis. Plusieurs opposants ont également reconnu leur défaite. Les Irlandais ont voté en faveur de la phrase suivante : « Le mariage peut être contracté suivant la loi entre deux personnes sans distinction de sexe. » Pour M. Kenny, il s'agit d'un signal fort au reste du monde que les Irlandais peuvent être des pionniers, même en matière de mœurs.Forte participation  Le sujet a passionné l'Irlande ces derniers mois. Des affiches étaient accrochées à tous les lampadaires, et le taux de participation devrait dépasser les 60 %, plus élevé que la moyenne habituelle des référendums. Le camp des opposants n'a cependant pas mobilisé comme les manifestations contre le « mariage pour tous » en France ont pu le faire. En partie, l'explication est politique : tous les partis, au pouvoir comme dans l'opposition, ont fait campagne pour le mariage homosexuel.L'autre explication est le changement profond qu'a connu la société irlandaise en à peine deux décennies. Ce pays très catholique, où le clergé contrôle presque l'intégralité des écoles, a progressivement abandonné tous les tabous d'autrefois. En 1993, la contraception est libéralisée, la même année où les relations sexuelles entre personnes de même sexe sont légalisées. Le divorce est autorisé en 1995, et en 2010, le partenariat civil autorisé.Seul l'avortement demeure un sujet presque intouchable. La loi l'interdit encore, sauf en cas de « risque réel et substantiel » pour la vie de la femme. Un simple risque pour la santé n'est pas suffisant. Les cas de viol ou d'inceste sont également exclus.Lire sur Big Browser: Mariage homosexuel en Irlande : pourquoi un référendum ?Baisse d'influence de l'Eglise  En 2012, un vaste débat avait agité le pays quand une jeune femme était morte pendant une fausse couche, parce que le médecin refusait l'avortement. Mais les vives discussions qui s'étaient ensuivies avaient finalement débouché sur un statu quo, avec une simple clarification de la loi.Plus de quatre mille Irlandaises par an continuent d'aller se faire avorter au Royaume-Uni. A l'époque, les partisans d'une libéralisation de l'avortement avaient accusé l'institution catholique de l'Opus Dei d'avoir eu une influence disproportionnée sur les députés.La victoire contre l'avortement ressemble cependant à un chant du cygne. Le vote en faveur du mariage homosexuel rappelle la très forte baisse d'influence de l'Eglise. Si 84 % des Irlandais se définissent encore comme catholiques, les paroisses se vident de plus en plus. Les récents scandales de pédophilie ont profondément changé la donne.En 2009, un rapport dévastateur concluait que la hiérarchie catholique avait systématiquement étouffé les abus physiques et sexuels commis dans plusieurs dizaines d'écoles et d'institutions. L'omerta avait duré pendant une trentaine d'années, et avait continué jusqu'en 2003, avant que le clergé ne se décide à aider les victimes et à reconnaître les sévices subis.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 22.05.2015 à 15h18 • Mis à jour le22.05.2015 à 15h28 | Jean-Pierre Stroobants (Riga, envoyé spécial) Une longue séance de photos, d’innombrables poignées de main, et trois grandes questions non inscrites à l’ordre du jour et qui ont focalisé l’attention : c’est décidément un étrange sommet dit « du Partenariat oriental » qu’ont tenu, à Riga, l’Union européenne et six pays de l’ex-URSS, jeudi 21 et vendredi 22 mai. Six pays (Géorgie, Moldavie, Ukraine, Azerbaïdjan, Arménie et Biélorussie) que Bruxelles a tenté dès 2009 d’arrimer à son projet et qui devaient se retrouver pour un point d’étape sans enjeu.Il faut dire que le succès du partenariat est jusqu’ici très relatif : la Géorgie et la Moldavie sont les seules à rester vraiment intéressées, mais formulent des demandes d’intégration qui sont sèchement rejetées. « Le partenariat n’est pas un instrument pour l’élargissement, mais pour un rapprochement avec l’UE. Il ne faut pas susciter de fausses attentes, auxquelles nous ne serions pas en mesure de répondre », a indiqué la chancelière Angela Merkel. « Il faut être francs avec eux, quitte peut-être à ce qu’une partie de leur population se détourne du projet européen. Mais une autre partie garde un engouement pour le projet européen », assure le premier ministre belge Charles Michel.Lire aussi :Face à la Russie, le Partenariat oriental avec les ex-pays du bloc de l’Est marque le pasL’Ukraine, elle, espérait – comme la Géorgie – une libéralisation des visas, réservée jusqu’ici à la Moldavie. Mais elle compte surtout sur un nouvel engagement financier massif. Le montant de 1,8 milliard d’euros que lui a octroyé vendredi l’UE (sur une somme globale promise de 11 milliards) ne suffira pas à la rassurer sur le long terme.Apaiser le KremlinLes trois autres partenaires pressentis en 2009 – et présents à Riga – étaient l’Azerbaïdjan, l’Arménie et la Biélorussie. Le premier, assis sur ses richesses énergétiques, est en équilibre entre Moscou et Bruxelles. Les deux autres ont cédé aux pressions de Vladimir Poutine et rejoint son projet d’Union eurasienne. Leurs dirigeants ont donc fait pression pour que la déclaration finale de Riga ménage Moscou, qui a annexé la Crimée en mars 2014… Les Vingt-Huit n’ont pas insisté : ce sommet devait surtout viser à apaiser le Kremlin, à lui assurer que le partenariat, désormais à géométrie très variable, ne vise nullement à tenter d’encercler son pays. Et à espérer que Moscou répondra en faisant pression sur Bachar Al-Assad pour résoudre la crise syrienne et, du même coup, endiguer la progression de l’Etat islamique. Résultat : les esprits étaient ailleurs lors de ce sommet qui a rassemblé 25 chefs d’Etat et de gouvernement sur 28. Et plusieurs autres thème d’actualité au sein de l’Union se sont invités. Le premier ministre britannique David Cameron, auréolé de sa récente victoire électorale, a claironné qu’il était là pour commencer à « améliorer l’Union européenne », en la réformant et en modifiant sa relation avec le Royaume Uni.Les propositions de David Cameron« C’est très simple, il n’y a eu aucune discussion sur ce sujet, même en aparté, a répliqué le président François Hollande. Ce n’était pas le lieu et pas le moment. » M. Cameron sera reçu à l’Elysée le 28, à Berlin le 29, et il discutera ensuite avec la Commission. Il a rejeté l’idée allemande d’une anticipation à 2016 du référendum sur l’appartenance à l’Union. « M. Cameron viendra avec un certain nombre de propositions, nous verrons ensuite », commente-t-on de source élyséenne.Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, comptait, lui, sur Paris et Berlin pour accélérer le déblocage de nouveaux fonds, indispensables à son pays. Il a eu, jeudi soir, un long entretien avec Angela Merkel et François Hollande. « Chacun connaît les échéances. Il faut préparer d’autres étapes et déterminer des réponses pour libérer des fonds, a indiqué le président français. Mieux vaudrait qu’elles soient le plus solides possibles pour faciliter les discussions. Le gouvernement doit donner le plus d’informations possible sur ses réformes ».Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, convenait, lui, que Riga n’était pas le lieu pour engager une discussion sur le problème migratoire, mais que son pays ne pouvait être « laissé seul » face aux drames en Méditerranée. « Nous avons discuté avec lui de l’accueil, pas de la répartition », a indiqué à ce propos le président.Jean-Pierre Stroobants (Riga, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Aymeric Janier Quoi qu’il advienne, c’est un changement majeur de paradigme. Longtemps considérée comme un bastion du conservatisme social et religieux en Europe, l’Irlande, dont 84 % des habitants se disent d’obédience catholique et près de 50 % vont à la messe tous les dimanches, pourrait devenir le premier pays de la planète à avaliser par référendum le mariage homosexuel. Après plusieurs semaines d’échanges passionnés, près de 3,2 millions d’électeurs se prononcent, vendredi 22 mai, sur cette question, vingt-deux ans après la dépénalisation de l’homosexualité.Lire le reportage :Le « rêve fou » des gays irlandais à l’heure du voteJusqu’ici, dix-huit pays dans le monde ont approuvé les unions entre personnes de même sexe, mais cela s’est toujours fait par la voie législative ou devant les tribunaux, rappelle USA Today. Le fait même qu’une consultation populaire se tienne dans la verte Erin reflète un changement de regard significatif vis-à-vis de l’Eglise. Qu’ils soient ou non croyants, les citoyens dans leur grande majorité reconnaissent que le pouvoir excessif accordé aux prêtres pendant des décennies a eu des effets dévastateurs sur certains « groupes vulnérables » – les mères célibataires ou les enfants placés en institution, par exemple, souligne The Economist.De surcroît, les efforts déployés par le clergé pour étouffer les scandales de pédophilie mis au jour dans les années 1980-1990, qui ont fait des centaines, voire des milliers de victimes, ont bousculé les certitudes d’une population qui avait foi en son magistère moral. Celle-ci a dès lors pu se dire que les hiérarques catholiques se fourvoyaient aussi ailleurs, analyse The Globe and Mail. Un contexte sensible, qui explique que l’Eglise ait mené une opposition plutôt discrète au référendum, aux côtés de mouvements tels que Mothers and Fathers Matter (« Les mères et les pères comptent »).« AU NOM DE L’ÉGALITÉ »Dans un rare élan d’unité transcendant les clivages politiques traditionnels, de nombreuses personnalités – dont le premier ministre de centre droit, Enda Kenny, et l’ancienne présidente Mary McAleese (1997-2011), elle-même fervente catholique – ont affiché leur soutien au « oui » (Politico). Sur les 226 députés du Parlement, l’Oireachtas, seuls six ont affirmé qu’ils voteraient contre la mesure. Des célébrités issues du monde du sport, de la musique et du cinéma se sont invitées dans le débat, affichant leur volonté de rompre avec le statu quo. Pour le Parti travailliste, ce qui se joue est crucial et comparable à la question des droits civiques aux Etats-Unis, dans les années 1960.L’issue du référendum, qui, en cas de victoire du « oui », entraînerait de facto un amendement de l’article 41 de la Constitution de 1937, n’en demeure pas moins incertaine. En effet, observe The New York Times, elle repose sur le vote catholique porté, pour l’essentiel, par des personnes âgées vivant en zone rurale et attachées aux canons de l’Eglise. A cela s’ajoute la possibilité qu’une frange d’indécis plus ou moins large fasse pencher la balance en faveur du « non ». « Au nom de l’égalité », The Irish Times défend le changement. Son argument ? L’Irlande n’est plus un pays confit dans le conservatisme, mais, au contraire, « ouvert, tolérant et qui se garde de tout jugement catégorique de valeur ». Plus mesuré, et soucieux de ne pas apparaître trop partisan, The Irish Independent appelle surtout chacun à être « absolument certain » des raisons qui motivent son choix avant de glisser son bulletin dans l’urne.Lire aussi :Dans la très catholique Irlande, le mariage pour tous fait (presque) l’unanimitéAymeric JanierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Nicole Vulser L’appréciation du franc suisse, le 15 janvier, consécutive à la décision de la Banque nationale (BNS) de désarrimer la monnaie de l’euro, se traduit par des pertes de change extrêmement pénalisantes pour les groupes de luxe suisses. Richemont, le numéro deux mondial du secteur (qui détient Cartier, Jaeger-LeCoultre, Chloé, Lancel ou Vacheron Constantin), qui avait émis en avril un avertissement sur ses résultats, a ainsi confirmé, vendredi 22 mai, une chute de 35 % de son bénéfice net, à 1,33 milliard d’euros, pour l’exercice 2014-2015, clos le 31 mars 2015.Cette contre-performance s’explique, selon le président du conseil d’administration, Johann Rupert, par la forte réévaluation du franc suisse « qui s’est traduite par une perte de 686 millions d’euros enregistrée dans les frais financiers du compte de résultats ». Elle résulte essentiellement de « pertes comptables de change sur les dépôts et placements de trésorerie, principalement en euros », ajoute-t-il. Sans compter que les contrats de change à terme ont également perdu de leur valeur. Ces dépréciations n’ont toutefois quasiment aucun impact sur les liquidités nettes du groupe.L’horlogerie touchéeLes horlogers suisses sont particulièrement sensibles aux fluctuations de changes dans la mesure où les coûts de production sont assumés en franc suisse alors que le plus gros des ventes s’effectue à l’étranger.« Compte tenu de la taille de nos activités en Suisse [où Richemont emploie plus de 8 700 salariés], le renforcement du franc suisse va inévitablement se traduire par le renchérissement de nos coûts reportés en euros », affirme M. Rupert.Pour autant, il met les points sur les « i » : « Pour Richemont, quitter la Suisse n’est pas une option », affirme-t-il, en expliquant qu’en revanche, les prix au détail de produits fabriqués en Suisse (notamment les montres) seront à nouveau « ajustés » en fonction des taux de change.Après une hausse de 4 % des ventes, à 10,4 milliards d’euros, au cours de l’exercice 2014-2015, le chiffre d’affaires du groupe a progressé de 9 % à taux de changes réels en avril mais s’est inscrit en baisse de 8 % à taux constants. Pour autant, M. Rupert ne cache pas que l’Asie-Pacifique reste difficile, notamment Hong Kong et Macao.Burberry souffre aussiLe 5 février, le groupe Swatch avait lui aussi publié des résultats décevants, avec un bénéfice net en baisse de 26,6 % à 1,3 milliard d’euros, soit sa plus faible performance depuis 2009. Ce n’était pas tant l’effet des changes qui était en cause : la décision de la BNS avait été prise seulement quinze jours auparavant. Le groupe avait surtout été pénalisé par les investissements très conséquents consentis pour la marque Harry Winston (le diamantaire américain acquis en 2013), la mise au point d’un nouveau mouvement horloger pour Omega, l’ouverture de nouvelles boutiques ou encore les dépenses de marketing importantes pour les Jeux Olympiques de Sotchi.De nombreux analystes avaient alors revu à la baisse leurs prévisions sur Swatch Group, qui doit également traverser cette zone de turbulences monétaires.Si les gros acteurs du luxe en Suisse ont connu des jours meilleurs, leur confrère britannique Burberry souffre également de taux de changes moins favorables. Mercredi 20 mai, le groupe, connu pour ses imperméables chics et très chers, a abaissé de 40 millions de livres (55,9 millions d’euros) sa prévision de bénéfice 2015-2016.L’impact positif des variations de changes a en effet été ramené à 10 millions de livres contre 50 millions auparavant. Ce qui avait immédiatement fait chuter le titre en bourse de plus de 5 %.Nicole VulserJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Dublin, envoyé spécial) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2r1shg"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2r1shg", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Etonnante Irlande. Ce pays où la radio publique diffuse deux fois par jour l’Angélus et où l’Eglise catholique gère la plupart des écoles débat sereinement du mariage homosexuel. Loin de l’hystérie qui avait saisi la France en 2013, les électeurs irlandais s’expriment, vendredi 22 mai, par référendum, sur une réforme de la Constitution qui élargit la définition du mariage et donne aux couples de même sexe la même protection juridique que celle des époux hétérosexuels.Si les sondages disent vrai, le mariage gay devrait s’imposer et les rues de Dublin sont couvertes d’affiches largement favorables au « yes », à l’égalité. De son côté, l’Eglise ne fait pas campagne, laissant s’exprimer des associations qui défendent le droit des enfants à avoir un père et une mère et qui s’insurgent contre la désacralisation du mariage, destiné à la procréation.Le résultat du vote, attendu samedi, dépendra du taux de participation des jeunes. Les moins de 35 ans sont très largement favorables au mariage pour tous, tandis que les plus de 65 ans, qui votent davantage, y sont très hostiles. Mais la tranquillité de la campagne en dit long sur le chemin parcouru par un pays où, jusqu’en 1993, l’homosexualité était un crime et où, jusqu’en 1973, la loi interdisait que des femmes mariées soient fonctionnaires. Une Eglise qui a perdu son autoritéL’Eglise, dont la toute-puissance était notamment liée à son rôle dans la conquête de l’indépendance du pays, a longtemps été redoutée. Ses enseignements étaient considérés comme des injonctions irréfragables dont dépendait le Salut.Mais la révélation sur les enfants cachés par des prêtres dans les années 1990 et, plus récemment, des abus sexuels commis à grande échelle sur des mineurs et couverts par la hiérarchie, lui a fait perdre son autorité. Aujourd’hui, 84 % des Irlandais se disent catholiques, mais la plupart ne fréquentent plus les églises que pour les baptêmes, les mariages et les enterrements.Fait exceptionnel, tous les partis politiques irlandais, de gauche comme de droite, font campagne en faveur du mariage gay. Les rues de Dublin ou de Galway n’ont connu aucune « Manif pour tous ». Les grandes entreprises du Web implantées sur l’île comme Google et Twitter font activement campagne pour le « yes » et certains expliquent l’unanimisme des politiques par ces pressions économiques.Mais l’Irlande profonde pourrait se révéler moins enthousiaste que le spectacle très gay friendly de la rue dublinoise ne le suggère. Si le résultat était plus serré que prévu, la partie de la population ayant voté « no » pourrait se sentir en manque de représentation. L’Irlande n’est plus le pays pauvre et isolé d’autrefois, mais il garde ses spécificités. Le droit à l’avortement n’y est pas reconnu. Depuis 2013, l’interruption volontaire de grossesse n’est autorisée qu’en cas de « risque réel et substantiel » pour la vie de la femme. Les lesbiennes et les gays vont sans doute pouvoir se marier, mais les Irlandaises seront toujours contraintes de se rendre en Angleterre pour avorter. bernard@lemonde.fr@canalbernardPhilippe Bernard (Dublin, envoyé spécial)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.05.2015 à 15h12 • Mis à jour le21.05.2015 à 15h33 | Pierre Breteau Viktor Orban se verrait bien rétablir la peine de mort en Hongrie. Le premier ministre hongrois l'annonçait mardi 19 mai devant le Parlement européen, avant de se rétracter puis d'annoncer une consultation publique. « Tout n'est pas inscrit dans le marbre, on peut en débattre », déclarait même le dirigeant hongrois, « les traités [européens] ne sont pas des commandements divins », ajoutait-il.Des « commandements divins », sans doute pas, mais la question de la peine de mort est centrale dans l'Union, et sa réintroduction serait « contraire aux valeurs fondamentales de l'UE », a indiqué le vice-président chargé des droits fondamentaux, Frans Timmermans. Selon l'article 2 du traité sur l'Union européenne, la « violation grave par un Etat membre des valeurs [défendues par l'Union] » pousserait le Conseil européen – qui décide des priorités poltiques générales de l'Union – à « suspendre certains des droits découlant de l'application des traités à l'Etat membre en question », et donc son droit de vote au Conseil.Le Conseil de l'Europe opposé à tout rétablissementOutre les principes fondamentaux de l'UE, la Hongrie a ratifié la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales du Conseil de l'Europe (signée le 6 novembre 1990, ratifiée le 5 novembre 1992). Le texte, amendé depuis sa rédaction en 1950, est très clair dans sa version de 1982 : « La peine de mort est abolie. Nul ne peut être condamné à une telle peine, ni exécuté. » Dans ce sens, le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjørn Jagland, a rappelé que « la réintroduction de la peine de mort serait contraire aux obligations de la Hongrie liées à la Convention ».Le Conseil de l'Europe, institution créée en 1949 pour défendre les droits de l'homme et qui n'est pas lié à l'Union européenne, dispose de peu de moyens coercitifs. Son Assemblée parlementaire, composée de députés des 47 Etats membres et qui siège à Strasbourg, pourrait suspendre leur droit de vote aux sept représentants hongrois. Elle l'a fait en avril 2014 avec les 18 députés russes après l'annexion de la Crimée, et l'a renouvelé en janvier 2015.Dans les cas « les plus extrêmes », l'Assemblée peut recommander qu'un Etat soit exclu du Conseil de l'Europe, ce qui n'est jamais arrivé, indique le secrétariat général.La constitution hongroise rendrait le rétablissement difficileL'effondrement des républiques socialistes d'Europe centrale et orientale et leur rapprochement avec l'Ouest au tout début des années 1990 avait favorisé, sous le patronage du Conseil de l'Europe, l'inscription de l'abolition de la peine de mort dans les nouvelles Constitutions. La Hongrie, elle, avait aboli la peine capitale par une résolution de la Cour constitutionnelle d'octobre 1990 sur « l’inconstitutionnalité de la peine de mort ». La résolution se basait sur l'article 54 de la Constitution qui établit que « toute personne a le droit inhérent à la vie et à la dignité ; personne ne peut en être privé arbitrairement ».Même remaniée par Viktor Orban et les conservateurs dans un sens très nationaliste en 2012, la Constitution hongroise affirme que « que la dignité de l’homme repose sur la vie humaine » dès sa profession de foi.Aujourd'hui, sur le continent européen, seule la Biélorussie (qui n'est pas membre de l'UE ni même du Conseil de l'Europe) n'a pas aboli la peine capitale, une exécution y a eu lieu l'an dernier. Son grand voisin russe non plus, mais il n'applique plus la peine capitale depuis l'introduction d'un moratoire entré en vigueur en août 1996, année de l'adhésion de la Russie au Conseil de l'Europe.Pierre BreteauJournaliste au Monde 21.05.2015 à 10h39 • Mis à jour le22.05.2015 à 07h04 | Philippe Bernard (Dublin, envoyé spécial) Longtemps, David Norris, 70 ans, a cru qu’il était le seul homosexuel d’Irlande. Il commettait un crime si terrible que l’Eglise interdisait de le nommer et que la loi pénale, jusqu’en 1993, le punissait d’emprisonnement. Aujourd’hui, ce sénateur jovial s’apprête à savourer une conquête qu’il n’espérait pas voir de son vivant. Si les sondages disent vrai, la République d’Irlande devrait, vendredi 22 mai, être le premier pays du monde à approuver par référendum le mariage entre personnes de même sexe. « C’est un peu tard pour moi, rit-il sous sa barbe blanche. Mais je suis si heureux de voir tous ces jeunes gens qui vont pouvoir profiter de la vie sans les stigmates dont j’ai souffert tout au long de mon existence. » Sur la façade de sa demeure du XVIIIe siècle, au cœur de Dublin, le vieux professeur de littérature anglaise a hissé le drapeau arc-en-ciel. Voilà déjà presque un demi-siècle qu’il est sorti de la clandestinité pour faire ce que personne n’appelait alors un coming out. En 1973, il a créé le premier mouvement de défense des homosexuels irlandais avant de devenir, en 1984, le premier parlementaire ouvertement gay. Le spectacle qu’offre ces jours-ci la société irlandaise a de quoi sidérer cet homme qui a longtemps été la seule personnalité de son pays à vivre ouvertement son homosexualité.« Je n’ai jamais vu une campagne électorale aussi envahissante, aussi affective et aussi clivante »Depuis que le premier ministre, Enda Kenny, a décidé de soumettre à référendum une réforme de la Constitution destinée à donner aux couples de même sexe une protection juridique égale aux époux hétérosexuels, le pays s’offre un déballage public inédit : un ministre, une célèbre journaliste de télévision ont révélé leur secret intime, les médias diffusent des témoignages de quinquagénaires racontant leur vie de paria et leur espoir de changement. Dans les rues de Dublin, affiches et calicots géants en faveur de « l’égalité pour tous » foisonnent. « Je n’ai jamais vu une campagne électorale aussi envahissante, aussi affective et aussi clivante », objecte Michael Kelly, rédacteur en chef de l’Irish Catholic, hebdomadaire proche de l’épiscopat. Le politiquement correct a changé de camp : autrefois, l’Eglise imposait rigidement ses points de vue. Aujourd’hui, tout le monde a droit d’avoir un avis, sauf l’Eglise. » De fait, pour la première fois, tous les partis politiques appellent à approuver le mariage homosexuel. Catholique pratiquante, l’ancienne présidente de la République Mary McAleese estime que « des mariages gays heureux seront très bons pour la société » irlandaise. L’Eglise catholique, elle, ne fait pas campagne officiellement. Longtemps toute-puissante, elle a vu son influence décliner en matière de mœurs depuis les révélations sur les abus sexuels commis à grande échelle par des prêtres sur des enfants et couverts par la hiérarchie. « Le temps est révolu où les Irlandais craignaient la parole de l’Eglise, constate Tom Inglis, sociologue à la University College Dublin. Ils sont 84 % à se dire catholiques, vont à l’église pour les mariages et les enterrements, mais ne pensent plus que leur salut dépend du respect des règles prônées par les prêtres. »Curieusement, dans un pays où la radio publique continue de diffuser l’angélus deux fois par jour et où 90 % des écoles sont gérées par l’Eglise, cette dernière ne fait campagne que sous couvert d’associations issues de la société civile qui martèlent un message identique : nous n’avons rien contre les homosexuels, mais le mariage est une institution unique destinée à la procréation. En ouvrant aux homosexuels le mariage civil presque inconnu en Irlande, le référendum met en cause le quasi-monopole de l’Eglise sur les célébrations. « Il ne s’agit nullement d’une lutte entre l’Eglise et l’Etat, mais de la défense du bon sens », rétorque Ray Kinsella, président de la plate-forme Mothers and Fathers Matter (« Les mères et pères sont importants »). En plein centre de Dublin, un homme à l’air grave promène une pancarte qui proclame la même chose plus abruptement : « Dieu dit non ! La nature dit non ! » D’autres affiches présentent la photo d’une petite fille ainsi légendée : « Elle a besoin de sa maman pour la vie. Pas seulement pendant neuf mois. » Très médiatisée, l’implication dans la campagne pro-mariage gay des grandes firmes américaines du Web implantées en Irlande, comme Google et Twitter, est dénoncée comme une tentative de « colonisation idéologique » étrangère à la tradition irlandaise, mais soutenue par des politiques convaincus que la défense de l’emploi passe par le « gay friendly ».« Ce référendum est l’occasion de léguer aux enfants autre chose que des dettes : une liberté dont ils pourront être fiers »Ce mardi soir, l’église d’Adam et Eve, au bord de la Liffey, porte particulièrement bien son nom. L’officiant, Joe Walsh, appelle les paroissiens à « voter au nom de Jésus ». Bien que ne donnant pas de consigne explicite, il les enjoint à considérer que « le mariage est une question de principe qui dépasse les émotions personnelles ». Dans leur jolie maison des faubourgs de Dublin, Linda Cullin et Feargha Ni Bhroin ne voient aucune contradiction, au contraire, entre leur immense émotion et leur vote en faveur de l’égalité devant le mariage, elles qui vivent en couple depuis dix ans et élèvent deux petites jumelles. « Quand je leur ai révélé que j’étais lesbienne, mes parents m’ont plaint : j’allais vieillir seule, confie Feargha, 49 ans. Jamais dans mes rêves les plus fous je n’ai imaginé pouvoir un jour me marier. » Même si le résultat du vote dépend de la mobilisation des jeunes, massivement favorables à la réforme, contrairement aux personnes âgées, la liberté qui se dégage du débat procure déjà une immense fierté aux Irlandais.« Pour beaucoup d’Irlandais touchés par l’austérité et blessés par le renouveau de l’émigration des jeunes en raison du chômage, ce référendum est l’occasion de léguer aux enfants autre chose que des dettes : une liberté dont ils pourront être fiers, assure Ailbhe Smyth, miliante de la campagne « Oui à l’égalité ». Un espoir que le sarcastique sénateur Norris exprime à sa façon : « Les prêtres bénissent bien les bombes, les semis et les animaux domestiques. Pourquoi pas deux hommes ou deux femmes qui s’aiment ? »Philippe Bernard (Dublin, envoyé spécial)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.05.2015 à 18h37 • Mis à jour le21.05.2015 à 15h31 | Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) L’économiste français Thomas Piketty était à Berlin, mercredi 20 mai, pour recevoir le Prix du livre politique décerné par la fondation Friedrich Ebert, proche du parti social-démocrate. L’auteur du Capital au XXIe siècle était notamment invité à débattre avec Olaf Scholz, maire de Hambourg, un des piliers du SPD. Peut-être même son futur président.Plutôt que de parler une nouvelle fois de la montée des inégalités, l’économiste a axé son propos liminaire sur un thème bien plus sensible en Allemagne : les dettes publiques. Deux autres pays européens ont, par le passé, eu des dettes « plus élevées que la Grèce aujourd’hui », a-t-il rappelé : la Grande-Bretagne au XIXe siècle, après les guerres napoléoniennes, et l’Allemagne après 1945. Chacune à hauteur d’environ 200 % de leur produit intérieur brut.Comment les ont-elles remboursées ? La Grande-Bretagne en réalisant des excédents budgétaires de 3 % à 4 % par an. Comme il n’y avait pas d’inflation au XIXe siècle (en raison de l’étalon-or), Londres a mis un siècle pour y parvenir, de 1815 à 1914.L’Allemagne, elle, a vu ses dettes en grande partie effacées par les Alliés en 1953. « Une très bonne chose », selon Thomas Piketty : cela lui a permis de reconstruire le pays et de redevenir une grande puissance économique mondiale.Pourquoi ne fait-on pas la même chose avec la Grèce aujourd’hui, s’est interrogé l’économiste. « Les jeunes Grecs doivent-ils être davantage tenus responsables des erreurs commises dans le passé que les Allemands en 1953 ? Pourquoi leur refuser ce que l’on a accepté de la part des Allemands ? ».Et M. Piketty d’asséner : « Si la crise financière est née aux Etats-Unis en 2008, ceux-ci l’ont résolue rapidement mais elle est devenue une crise européenne car nous n’avons pas pris les bonnes décisions. On a voulu diminuer les déficits publics trop vite. C’est pour cela que le chômage est aujourd’hui si élevé. »Vers un Parlement de la zone euro ?Pour lui, il serait bien plus efficace de permettre à la Grèce d’investir dans son avenir et ce serait à un Parlement de la zone euro, « où chaque pays serait représenté en fonction de sa population, ce qui implique que l’Allemagne accepterait d’être mise en minorité », de décider du rythme de réduction des déficits publics.Tout cela était trop pour le très modéré Olaf Scholz. Il s’est dit « très sceptique » sur une nouvelle réforme des traités, même s’il reconnaît que davantage de décisions devraient être prises au niveau européen, notamment sur la fiscalité des entreprises.Pour lui, « on a contracté beaucoup trop de dettes en Europe ces dix dernières années » ce qui est une des causes de la crise. Quant à la Grèce, elle a déjà été beaucoup aidée y compris par des pays comme la Slovénie qui sont moins riches qu’elle.A ses yeux, tirer un trait sur la dette grecque serait non seulement injuste mais inutile. Ce qu’il faut, c’est qu’Athènes « trouve sa place sur les marchés mondiaux » et que le pays se réforme en profondeur, notamment en taxant les plus riches.Là non plus, M. Piketty n’est pas d’accord : « C’est de l’hypocrisie. On dit à Athènes de taxer les riches mais ceux-ci mettent leur argent dans des banques françaises ou allemandes qui refusent de fournir des informations aux autorités grecques sur leurs clients ».M. Piketty avait déjà tenté d’évoquer la dette publique lors d’un débat organisé le 7 novembre 2014 avec Sigmar Gabriel, ministre de l’économie et président du parti social-démocrate. Mais celui-ci avait esquivé la question et le cadre, trop solennel, avait empêché l’économiste de développer ses arguments.Mercredi, l’économiste entendait donc manifestement mettre « les pieds dans le plat ». A-t-il été entendu ? Ce n’est pas sûr. Mais ce prix, tout comme la discussion organisée par Sigmar Gabriel montrent qu’au moins le SPD n’esquive pas le débat.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) Longtemps enfoui dans la mémoire des victimes, voire couvert par les autorités, le phénomène des abus sexuels contre les mineurs prend au Royaume-Uni une ampleur exceptionnelle. Les révélations publiques encouragent en effet des dizaines, voire des centaines de milliers de victimes à porter plainte pour des faits aussi bien anciens que récents. Simon Bailey, le policier qui dirige l’opération « Hydrant » spécialisée dans les enquêtes sur les réseaux pédophiles a fait sensation, mercredi 20 mai en révélant que 1 400 hommes faisaient en ce moment l’objet d’enquêtes sur des abus sexuels remontant parfois à quelques décennies.Lire : La révélation de plusieurs scandales de pédophilie bouleverse le Royaume-UniSur ces 1 400 suspects, 216 sont décédés et 261 sont ou étaient des personnalités du monde de la politique, de l’industrie musicale, des médias et du sport, a précisé le directeur de l’unité qui supervise les multiples enquêtes ouvertes dans le pays. Des centaines de lieux, dont 154 écoles, 75 foyers de l’enfance et 40 institutions religieuses sont concernés, y compris des prisons, des centres sportifs et des casernes. Tout se passe comme si l’accumulation de scandales révélés par la presse, dont l’affaire Jimmy Savile, animateur de la BBC et prédateur sexuel pendant des décennies, et le réseau pédophile lié au Parlement de Westminster depuis les années 1980, avaient fait sortir de l’anonymat de nouvelles cohortes impressionnantes de plaignants.Lire aussi :Un rapport révèle les soixante abus sexuels de Jimmy Savile dans un hôpitalAu rythme actuel, le chef policier s’attend à ce qu’un total de 116 000 plaintes soient déposées en 2015, soit une augmentation de 71 % par rapport à 2012. Sur ces 116 000 victimes alléguées, 52 446 rapportent des faits remontant à des années, voire des décennies, soit une augmentation de 166 % sur la même période. Le nombre de victimes pourrait se chiffrer par centaines de milliers, a prévenu le commissaire Bailey qui a réclamé des moyens financiers supplémentaires. Ces chiffres ne sont qu’« un instantané de la situation, a-t-il prévenu. Ils augmentent quotidiennement ». Aux scandales de pédophilie du passé s’ajoute une recrudescence récente de ce type d’agissements lié à l’internet.Nouvelles méthodesLa diffusion en streaming sur les smartphones d’abus sexuels visant des enfants est le nouveau défi auquel doivent faire face les policiers, a précisé Simon Bailey. La nouvelle échelle du phénomène révélée mercredi suppose des méthodes et une organisation renouvelées. Le commissaire a annoncé la création d’une banque de données nationale pour éviter les ratages constatés dans le dossier Jimmy Saville. Certains rapports avaient été effacés du système, dans certains cas pour éviter les fuites, empêchant des recoupements. Le responsable policier a enjoint les professeurs, les médecins, les parents et l’ensemble de la société de se mobiliser pour repérer et signaler les cas d’abus sexuels.De fait, l’ampleur phénoménale prise par ces affaires crée un véritable problème de santé publique, ajoute l’association nationale de prévention des mauvais traitements aux enfants (NSPCC). Notre pays « n’aide pas suffisamment les enfants et les adultes victimes à se reconstruire. Tout cela a un coût économique, notamment en termes de soins psychiatriques », ajoute Jon Brown, chargé du dossier pour cette association. Quant à Tom Watson, le député travailliste qui a dénoncé en 2012 « un puissant réseau pédophile lié au Parlement et au n°10 [Downing Street] », obligeant Scotland Yard à ouvrir une enquête, il estime que l’ampleur des faits exige désormais rien moins que la création d’un service de police national dédié à leur élucidation.Lire aussi :Scotland Yard soupçonné d’avoir couvert un scandale pédophilePhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Maryline Baumard Détruire les bateaux des passeurs… L’idée revient dans le débat politique depuis les grandes tragédies de la Méditerranée du mois d’avril. Visuelle et médiatique, elle risque pourtant fort de ne rien changer au business mondial du passage de frontières. Surtout si l’on en croit les auteurs de Trafiquants d’hommes, un essai qui sort en librairie le 13 mai prochain (édition Liana Levi) qui révèle la structure tentaculaire du marché mondial de franchissement des zones interdites.Pendant que les politiques réfléchissent à ces remèdes, deux Italiens ont consacré deux ans de leur vie à une enquête approfondie sur l’organisation souterraine du monde des passeurs. Ils s’appellent Andrea di Nicola et Giampaolo Musumeci. Ils sont respectivement professeur de criminologie à l’université de Trente, en Italie, et reporter. Tous deux arrivent à la conclusion sans appel que « murs, patrouilles, fermeture de routes ne peuvent rien contre le trafic illégal de migrants ».Selon eux, « derrière les dizaines de milliers de migrants qui arrivent chaque année en Europe se cache une industrie composée certes de petits délinquants parfois misérables, mais aussi et surtout de grands professionnels du crime ». Pour les deux spécialistes, la face visible du trafic n’est rien comparée à sa profondeur. Le capitaine du bateau que la justice des différents pays se félicite d’avoir arrêté est un insignifiant petit maillon dans le parcours, long, qui conduit les migrants aux frontières de l’Europe. C’est d’ailleurs « parfois un migrant qui paie son voyage avec de prétendus talents de skippeur », comme on l’a observé à la fin de 2014 avec les cargos venus de Turquie. Et si ce n’est pas le cas, le capitaine n’est le plus souvent qu’un « petit voyou » interchangeable, alors que le « big boss », le cerveau, lui, reste bien caché. Anonyme.Talents locauxLa chaîne des intervenants est pensée de manière telle que personne ne connaît l’organisation intégrale, ni ne sait vraiment qui la gère. Ainsi, les deux enquêteurs prennent-ils l’exemple de la route des Balkans, le troisième point d’entrée en Europe après les deux routes de la Méditerranée. Sur cette voie terrestre, qui arrive d’Afghanistan, « chaque cellule gère une étape et confie le migrant à la suivante », rappellent les auteurs de Trafiquants d’hommes. Ce qui n’empêche pas l’aspirant au départ d’avoir globalement payé un voyage pour l’Europe. La répartition des sommes dues à chacun se fait alors entre les chefs de cellules.Comme avec une agence de voyage classique, le prix à acquitter dépend du confort choisi, de la formule avec ou sans passeport. En avion ou non. Dans certaines formules, le migrant ne sera aidé que pour la traversée des frontières, dans d’autres cas de figure, il sera pris en charge d’un bout à l’autre de son chemin, avec des temps d’attente, dit « de regroupement » dans certaines zones. L’offre n’est d’ailleurs pas la même partout, puisque les responsables de cellules animent leur réseau en utilisant les talents locaux qu’ils vont recruter.Ici, ils feront travailler un propriétaire de société de location de voitures, là un homme qui possède un ou deux chalutiers, là encore un routier. Sans compter que les responsables locaux doivent aussi trouver des espaces pour loger discrètement les voyageurs entre deux étapes. Dans tous les cas de figure, la règle de base qui prévaut est qu’il faut un « local », quelqu’un né près de la frontière, qui connaît parfaitement les lieux et les autorités qui y officient. De nombreux métiers peuvent servir, de manière occasionnelle ou régulière, le trafic. Ce qui les rend plus difficiles à appréhender.Pour comprendre ces structures sous-jacentes du trafic d’hommes, Andrea di Nicola et Giampaolo Musumeci ont rencontré, pendant deux ans, des migrants qui leur ont raconté leur voyage. Les auteurs se sont aussi intéressés à d’autres maillons de la grande chaîne mondiale du passage de frontières.Leur thèse est simple : ces gens « opèrent selon un système réfractaire aux enquêtes les plus poussées et forment un réseau fluide, qui ne suit pas le modèle monolithique typique d’organisations telle que la Mafia ou la 'Ndrangheta ». Résultat, on peut toujours démanteler les filières, comme s’enorgueillit de le faire Bernard Cazeneuve, le ministre de l’intérieur, « quand une filière est découverte, une autre se met aussitôt en place », rappellent le criminologue et le journaliste.Stratagèmes sophistiquésDe ce livre ressortent deux figures : Josip Loncaric et Muammer Küçük, car tous deux ont marqué le monde du passage.Le premier est croate. Aujourd’hui il a passé la main et disparu des écrans. De toute sa carrière, il n’a été arrêté qu’une seule fois. C’était à Ljubljana, la capitale slovène, et il a d’ailleurs été relâché après une courte détention provisoire. Pourtant, il aurait commandité le passage de près de 90 % des Chinois entrés en Italie dans les années 1990, de 50 % des arrivants du Bangladesh, de 30 % des Philippins. Selon le procureur de Trieste, Jospi Loncaric, cité par les deux auteurs, il aurait même été « le plus important trafiquant d’hommes d’Europe ». Et bien que toujours caché derrière une structure préservant son anonymat, son organisation aurait fait entrer 35 000 clandestins en Italie chaque année pour un gain total de 70 millions d’euros pour lui.Muammer Küçük, présente un tout autre profil. Ce Turc a été « imaginatif ». Il a écrasé toute la concurrence en autorisant le paiement une fois arrivé à domicile. Il a par ailleurs équipé ses passeurs de téléphones portables et mis en place un réseau de contacts partout sur la planète. Dans son système, certains n’assurent pas les voyages, mais sont caissiers ou banquiers. Leur existence rend le système plus fluide et plus indétectable. Ainsi, un Afghan qui vit à Rome et veut payer le départ de son frère dans son pays d’origine va chez un hawaladar (« banquier ») à Rome à qui il donne la somme en liquide et la commission pour le service. Le courtier romain a un correspondant en Afghanistan. Il lui fait savoir que la facture est réglée, mais l’argent ne circule pas entre eux. Ils sont liés par une reconnaissance de dette, avant que les comptes ne s’apurent naturellement à l’issue d’autres transactions, qui peuvent éventuellement porter sur d’autres marchandises.Si le trafic d’humains est très sophistiqué dans sa structuration, il le devient aussi en termes de stratagèmes. Au-delà les doubles fonds dans les camions, les loges aménagées sous les sièges des voitures, les fausses familles qui passent les frontières en camping-car ou les migrants qui débarquent d’un yacht de luxe d’ordinaire loué par les riches touristes, MM. Di Nicola et Musumeci ont observé les banques de passeports de certains passeurs chinois, mais aussi les échanges de cartes d’embarquement en zone de transit avaient largement cours.Même si le livre est très fouilli, même si l’écriture aurait gagné à être davantage aboutie, cette enquête reste d’une richesse extraordinaire et mérite d’être lue, pour sortir du paysage un peu schématique que le monde politique aimerait faire passer.Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.05.2015 à 16h13 • Mis à jour le11.05.2015 à 17h38 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne va proposer, mercredi 13 mai, sa « stratégie pour l’immigration », l’une des grandes priorités affichées, lors de son entrée en fonction, à l’automne 2014, par le président Jean-Claude Juncker. Les nombreux drames survenus récemment en Méditerranée ont amené la Commission à anticiper son projet.Diverses sources affirment avoir consulté le document qui sera présenté mercredi mais, lundi midi, le porte-parole de l’exécutif bruxellois a invité à « la prudence » par rapport à ce qu’il a décrit comme « un festival de fuites ». « Je vous conseille de suivre tout cela avec distance », a indiqué Margaritis Schinas, affirmant que le travail n’était pas encore achevé.Les grandes lignes du projet sont toutefois connues, d’autant qu’elles ont été ébauchées par M. Juncker devant le Parlement européen. Il entend conforter le rôle de l’agence de surveillance des frontières Frontex, amplifier la lutte contre les passeurs, renforcer le système de protection pour les réfugiés, accélérer le retour des illégaux et ouvrir le dossier de la migration économique. Quitte, sur ce dernier point, à prendre le contre-pied d’une partie des membres de la Commission mais aussi d’une bonne partie du Parti populaire européen, la formation conservatrice à laquelle il appartient. Le texte pourrait préciser, dès lors, que la migration légale serait possible pour des personnes dotées de compétences recherchées en Europe, afin de palier certaines pénuries de main d’oeuvre.« Idée folle »Un autre point très sensible concerne l’instauration de quotas de réfugiés qui seraient imposés à chaque pays membre de l’Union, afin d’alléger la pression sur les pays riverains de la Méditerranée, dont l’Italie. C’est « un casus belli », a expliqué une source anonyme à l’AFP, dimanche 10 mai. M. Juncker entend toutefois s’en tenir à son idée, laquelle avait été appuyée notamment par l’Allemagne lors du récent sommet européen consacré à la situation en Méditerranée, à la fin avril. De nombreuses capitales refusent toutefois le principe et un premier ministre, le Hongrois Victor Orban, évoque même « une idée folle ». Une douzaine de pays refuse en réalité, à l’heure actuelle, d’accueillir des réfugiés et rejette implicitement le principe de solidarité européenne. En avril, les Vingt-Huit n’avaient pu approuver qu’un « test » pour l’accueil de 5 000 personnes, sur une base volontaire. Les Nations unies demandent à l’UE 20 000 places annuellement.Les chefs d’Etat et de gouvernement n’ont, jusqu’ici, pu se mettre d’accord sur un projet qui pourrait prendre en compte le produit intérieur, le taux de chômage, le nombre d’habitants et le nombre de réfugiés dans un pays pour fixer le nombre de personnes qu’il devrait accueillirLes chefs d’Etat et de gouvernement n’ont, jusqu’ici, pu se mettre d’accord sur un projet qui pourrait prendre en compte le produit intérieur, le taux de chômage, le nombre d’habitants et le nombre de réfugiés dans un pays pour fixer le nombre de personnes qu’il devrait accueillir. M. Juncker espère leur forcer la main et les placer devant leurs responsabilités lors du prochain sommet, qui aura lieu à Bruxelles à la fin du mois de juin. Il lui reste à régler, d’ici à mercredi, plusieurs questions, comme la base juridique de son projet et d’éventuelles exemptions (ou « opt out ») pour certains pays.L’opération de surveillance « Triton », dont les chefs d’Etat ont décidé de tripler les moyens attend encore, quant à elle, son véritable plan opérationnel. Et les Européens espèrent une décision rapide du Conseil de sécurité des Nations unies pour entériner un de leurs autres plans : des interventions, y compris armées, contre les trafiquants d’êtres humains qui opèrent à peu près impunément en Libye.Lire aussi :Migrants en Méditerranée : la Libye opposée au plan de l’Union européenneJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Dominique Gallois Pas d’interruption du programme d’essais en vol de l’A400M, et poursuite de l’assemblage de ces avions de transport militaire. Lundi 11 mai, dans une lettre aux salariés d’Airbus que Le Monde s’est procuré, le PDG d’Airbus, Tom Enders, est revenu sur le crash de l’A400M samedi 9 mai qui a fait quatre morts et deux blessés graves lors d’un vol d’essai à Séville, en Espagne. L’enquête officielle sur l’accident a débuté dimanche, et les boîtes noires ont été retrouvées. « Nous apportons toute l’aide nécessaire aux autorités chargées de l’enquête, comme toujours lorsqu’un tel événement se produit », explique Tom Enders et « nous espérons que la lumière sera faite au plus vite sur la cause du drame ». Lire aussi :L’accident d’un avion-cargo militaire ouvre une nouvelle crise pour Airbus« Confiance en cet excellent avion »Rendant hommage aux victimes, pour lesquelles une minute de silence a été observée lundi à midi dans tous les établissements du groupe aéronautique, et les drapeaux mis en berne pendant trois jours, Tom Enders a annoncé la poursuite des essais en vol. « Ces hommes qui sont décédés à Séville étaient de très grands professionnels. Jamais ils n’auraient voulu que nous arrêtions de voler », écrit le PDG d’Airbus. Et d’ajouter : « Nous voulons montrer à nos clients, les forces aériennes, que nous faisons pleinement confiance à cet excellent avion de transport. Nous sommes pleinement impliqués dans le programme, dans l’augmentation de la cadence des livraisons et des capacités de l’appareil ». Les vols d’essais reprendront dès mardi 12 mai à Toulouse et la fabrication en cours des vingt appareils continue. L’objectif reste d’en livrer quatorze cette année contre huit en 2014. Cette augmentation du rythme s’accompagne d’une réorganisation en profondeur de l’organisation de la logistique, son dysfonctionnement ayant concouru au retard de ce programme européen déjà mal engagé.Déboires dans l’organisationAinsi, l’an dernier, trois avions sur la douzaine prévue n’ont pas été fournis, et les livraisons ont parfois fait l’objet de sérieuses réserves de la part du client. Pour la réception de son premier avion de transport, l’armée de l’Air allemande avait décelé « 875 manquements », dont des gaines isolantes absentes sur certains câbles électriques. Ces déboires dans l’organisation ont aussi contraint le groupe à renoncer à son projet de porter la cadence annuelle de livraison à une vingtaine d’appareils cette année.Lire aussi :Crash de Séville : déboires et handicaps en série pour le cargo A400MDepuis le mois de janvier, deux A400M ont été livrés, ce qui porte à douze le nombre d’avions en vol livrés depuis 2013. La France est le premier client, avec six appareils, suivis par l’Italie (deux), l’Allemagne (deux), la Grande-Bretagne (un) et la Malaisie (un).Dominique GalloisJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 11.05.2015 à 10h22 • Mis à jour le11.05.2015 à 10h49 La Cour suprême de Suède a rejeté, lundi 11 mai, l’appel de Julian Assange, le fondateur du site WikiLeaks, qui réclamait l’annulation du mandat d’arrêt lancé contre lui pour viol et agression sexuelle présumés en Suède. « La Cour suprême note que les enquêteurs ont entamé des démarches pour interroger Julian Assange à Londres et ne trouve donc aucun argument pour lever le mandat d’arrêt », indique la juridiction suprême suédoise dans un communiqué.Le fondateur de WikiLeaks fait l’objet d’une enquête pour viol et agression sexuelle en Suède pour des faits remontant à août 2010. Il refuse de se soumettre au mandat d’arrêt européen lancé par la Suède en novembre 2010 et cherche à obtenir son annulation. En novembre, la cour d’appel de Stockholm avait déjà refusé la requête de Julian Assange d’annuler le mandat d’arrêt émis par le tribunal.Il nie les accusationsL’Australien de 43 ans estime qu’il risque, s’il se rend en Suède, d’être extradé vers les Etats-Unis pour la publication par WikiLeaks en 2010 de 500 000 documents classés secret-défense sur l’Irak et l’Afghanistan et de 250 000 communications diplomatiques.En mars, le parquet suédois avait annoncé son intention de l’entendre à Londres, une solution réclamée par la défense. Jusqu’à présent, la justice suédoise a considéré que si le mandat d’arrêt était levé, le risque de fuite de l’Australien de 43 ans serait « important », ce qui lui permettrait d’échapper à un procès.S’il tentait de quitter l’ambassade d’Equateur à Londres, M. Assange serait immédiatement arrêté et livré à la Suède. Il nie les accusations portées contre lui par deux Suédoises âgées d’une trentaine d’années et affirme que les relations sexuelles étaient consenties.Le site lanceur d’alertes a par ailleurs mis en ligne 30 287 documents de Sony Pictures Entertainment (SPE) et 173 132 e-mails et plus de 2 200 adresses de SPE qui, selon lui, relèvent « du domaine public ».Lire aussi : Malgré son aplomb, Julian Assange est toujours dans l'impasse 11.05.2015 à 05h59 • Mis à jour le11.05.2015 à 14h26 Environ 1 400 migrants originaires de Birmanie et du Bangladesh, en majorité membres de la minorité musulmane rohingya, sont arrivés lundi 11 mai en Malaisie et en Indonésie par la mer, a annoncé la police.Plus de 1 000 d’entre eux se trouvaient au large de l’île touristiques de Langakwi, en Malaisie. « Nous pensons qu’il y avait trois bateaux avec à bord 1 018 migrants, abandonnés par des passeurs dans des eaux peu profondes  », a déclaré le chef adjoint de la police locale.Lire : L'interminable persécution des Rohingya birmansLundi, un premier bateau transportant 400 migrants avait été secouru par les autorités indonésiennes au large d’Aceh, dans le nord-ouest du pays, au lendemain de l’arrivée par la mer de 600 autres personnes.Une des minorités les plus persécutées au monde« Notre équipe de secouristes a découvert un nouveau bateau transportant plus de 400 migrants, des Rohingya de Birmanie et des Bangladais, en train de dériver au large d’Aceh ce matin », a déclaré un responsable des secours provinciaux, lundi.D’autres bateaux transportant des migrants pourraient être sur le point de gagner les rives indonésiennes, a ajouté Budiawan, qui comme de nombreux Indonésiens n’a qu’un seul nom. Les pêcheurs aident les équipes de secours à patrouiller les eaux au large d’Aceh.Un millier de migrants sont désormais hébergés dans des centres, voire chez l’habitant, à travers la région. Ils reçoivent vivres et soins médicaux, a ajouté le responsable. Les autorités ont revu lundi à la hausse le nombre de migrants arrivés dimanche à Aceh, portant le chiffre de 469 à 573.Les Rohingya de Birmanie sont une minorité musulmane apatride, considérée par l’ONU comme l’une des plus persécutées au monde. Depuis les violences interethniques de 2012, plus de 100 000 d’entre eux ont fui la violence et la misère en Birmanie, où ils sont considérés comme des immigrants bangladais illégaux. La plupart se retrouvent par l’intermédiaire de passeurs en Thaïlande, où ils sont détenus dans des camps dans la jungle jusqu’au paiement de rançons.On estime que 25 000 Rohingya et Bangladais ont pris la mer clandestinement durant les trois premiers mois de l’année, soit deux fois plus qu’au premier trimestre 2014, selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés.Lire aussi :Les Rohingya de Birmanie condamnés à l’exil David Revault d'Allonnes (La Havane, envoyé spécial) Il a débarqué. Arrivant de Guadeloupe, François Hollande a atterri à La Havane, dimanche soir à 22 h 50 heure locale. « J’arrive ici, à Cuba, avec beaucoup d’émotion car c’est la première fois qu’un président de la République vient à Cuba. C’est aussi un symbole d’être le premier chef d’Etat occidental à participer à l’ouverture de Cuba et accompagner Cuba dans cette mutation », a déclaré le président, le pied à peine posé sur le tarmac de l’aéroport José-Marti.Lire :La gauche et Cuba, de l’utopie au businessEvoquant « des liens historiques, des liens profonds entre le peuple français et le peuple cubain » et un même « attachement à l’indépendance », il a souligné, pas peu fier, que sa visite « prend une signification particulière ».lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ps46z"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ps46z", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});« Je ne viens pas pour le Cuba d’hier »Au cours de sa visite de vingt-quatre heures à La Havane, M. Hollande a un programme chargé : rencontre avec le cardinal Jaime Ortega, puis avec des étudiants à l’université de La Havane ; inauguration du Palacio Gomez, nouveau site de l’Alliance française ; participation à un forum économique ; réception de la communauté française. Après quoi le chef de l’Etat sera accueilli au palais de la Révolution par Raul Castro, président du conseil d’Etat de la République cubaine, pour un entretien suivi d’un dîner officiel.« Je ne viens pas pour le Cuba d’hier », avait expliqué M. Hollande avant de s’envoler pour La Havane, visiblement désireux de rompre avec un demi-siècle d’une mythologie prisée par la gauche française. « Cuba veut passer à une autre phase, une autre période, un autre temps », avait-il estimé, désireux d’en faire profiter la France et en particulier ses entreprises. « Des entreprises m’accompagnent dans ce voyage. Ce serait important qu’elles investissent à Cuba. Certaines l’ont déjà fait », avait déclaré M. Hollande, qui moins que « le chiffre d’affaires » ou « le montant des commandes, des contrats », voit là une clé et « un moyen d’accéder à un certain nombre de marchés latino-américains ».Si le président ne devrait pas avoir d’expression publique sur la question des libertés fondamentales et des droits de l’homme, ce dossier devait être évoqué lors de son tête-à-tête avec Raul Castro. « On va parler de tout », avait-il assuré.Lire : François Hollande à Cuba, attendu au tournantDavid Revault d'Allonnes (La Havane, envoyé spécial)Grand reporter au service politique. En charge de l'ElyséeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.05.2015 à 20h42 Plus de 22 000 personnes, dont une cinquantaine de survivants, ont marqué dimanche 10 mai le 70e anniversaire de la libération du camp de concentration de Mauthausen, en Autriche, où 100 000 prisonniers ont trouvé la mort pendant la Seconde guerre mondiale.« Au moment où l'intolérance et la discrimination redeviennent un problème en Autriche et dans le monde, il est important de se rappeler où cela nous a mené il y a soixante-dix ans », a déclaré le président du Comité autrichien de Mauthausen, Willi Mernyi.Le président et le premier ministre autrichiens, Heinz Fischer et Werner Faymann, ainsi que le premier ministre tchèque, Bohuslav Sobotka, figuraient parmi les participants à la cérémonie.Choisi pour une carrière alimentant autoroutes et bâtiments publics Le camp de Mauthausen, où sont passés quelque 200 000 prisonniers, était destiné aux « ennemis politiques incorrigibles » de l'ordre nazi. Parmi les 100 000 morts du camp figuraient de nombreux prisonniers de guerre, en particulier soviétiques et polonais, mais aussi, en moins grand nombre, des résistants, des détenus de droit commun, des homosexuels et des Juifs.Le site du nord de l'Autriche avait été choisi en 1938 pour sa proximité avec une carrière d'où le granit devait être extrait dans des conditions atroces et servir à construire des autoroutes, des bâtiments publics, voire les camps de concentration eux-mêmes. Le camp s'est étendu à tel point que les historiens parlent de « système Mauthausen » : 49 camps satellites en Autriche et en Allemagne, autant d'usines où l'on était exploité jusqu'à la mort par épuisement. Le camp de Mauthausen a été libéré le 5 mai 1945 par des troupes américaines.Son site internet a été l'objet d'un piratage à caractère pédo-pornographique vendredi, jour du 70e anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale. 10.05.2015 à 09h39 • Mis à jour le10.05.2015 à 15h07 Une fusillade a fait cinq morts à Würenlingen, dans le canton suisse d'Argovie (dans le nord du pays), samedi 9 mai, peu après 23 heures. Parmi les victimes se trouverait l’auteur des coups de feu, a précisé dimanche le commandant Michael Leutpold, chef de la police cantonale d'Argovie. L’enquête s’oriente vers le « drame relationnel », selon ce dernier.Plusieurs coups de feuDes voisins de la scène de crime, entendant plusieurs coups de feu, ont alerté la police peu après 23 heures. Un voisin cité par le journal 20 Minuten dit en avoir entendu trois. Arrivées sur place, dans une zone pavillonnaire de cette ville de moins de 5 000 habitants, les forces de l'ordre ont découvert plusieurs corps sans vie dans une habitation et à l'extérieur. Les secouristes n'ont pu que constater le décès des victimes, toutes des adultes.Le ministère public a ouvert une enquête et la police cantonale a déployé un important dispositif durant toute la nuit et lancé des recherches intensives.Le journal local Aargauer Zeitung rappelle que Würenlingen a déjà été le théâtre d'une fusillade mortelle dans le passé. Le 13 décembre 1985, un agent immobilier avait abattu trois personnes à seulement cent mètres de là où ont été tirés les coups de feu dans la nuit de samedi à dimanche. 10.05.2015 à 00h26 • Mis à jour le10.05.2015 à 11h23 L’accident qui s’est produit à Séville, samedi 9 mai, faisant au moins quatre morts et deux blessés, est un nouveau coup dur pour Airbus, et pour son A400M, le modèle phare de ses avions militaires. Il survient après une déjà longue liste de retards et de difficultés pour cet engin de transport.Cet avion européen ultra-moderne et polyvalent cumule les problèmes depuis plusieurs années. Avant même son lancement, les retards et surcoûts se sont accumulés, à tel point que les premières livraisons attendues en 2010 ont été décalées à 2013 et le programme a été majoré de 6,2 milliards d’euros partagés à l’époque entre Airbus et ses clients – soit 30 % de dépassement de budget.Le PDG d’Airbus présente ses excusesAu début de l’année, l’existence même du programme n’était pas remise en cause, mais avec 174 appareils commandés et 12 déjà livrés, le programme connaît toujours des difficultés. En janvier, le PDG d’Airbus avait présenté des excuses au Royaume-Uni pour les retards dans les livraisons, avant d’annoncer une réorganisation complète de sa filiale Airbus Defence and Space (Airbus DS).Lire aussi :Airbus remplace le patron de son activité avions militairesLe patron de la division militaire était poussé vers la sortie, remplacé par Fernando Alonso, qui était jusque-là responsable des essais en vol. Ce dernier était chargé de sortir de l’ornière le programme de l’A400M, qui n’avait pas engrangé suffisamment de commandes. Airbus DS s’est ensuite engagé à établir un nouveau calendrier de livraison, qui ne semble toujours pas bouclé. Cette fois-ci, « c’est le groupe qui doit payer ça », a affirmé le PDG du groupe, Tom Enders fin janvier. Et Airbus a dû passer une provision de 551 millions d’euros sur son exercice 2014, afin de prendre en compte les nouveaux retards enregistrés par l’A400M.Premier A400M livré avec quatre ans de retardL’A400M était au départ un projet franco-allemand à la fin des années 1980, puis il est devenu une coproduction internationale grâce à un accord signé en 2003 regroupant 7 pays-clients (Allemagne, Espagne, Royaume-Uni, Belgique, Luxembourg et Turquie et la France) qui se sont engagés à acheter 180 exemplaires. Mais cela a alourdi le cahier des charges. De plus, chaque pays a hérité d’une phase de fabrication, ce qui a encore compliqué les choses côté production. Le premier A400M livré à la France en septembre 2013 faisait donc déjà figure de miraculé, avec plus de 4 ans de retard.Lire aussi :Il faut encore sauver l’avion-cargo militaire A400MDepuis, onze autres appareils ont été livrés. La Turquie a reçu le sien en avril 2014, la Grande-Bretagne en novembre et l’Allemagne en décembre. Enfin, la Malaisie est devenue en mars dernier le premier client à l’exportation livré en dehors des pays du consortium et a reçu l’un des quatre avions commandés, selon le site d’Airbus Military.« 875 manquements » dans l’appareilL'A400M est un appareil avec une motorisation complexe et des demandes techniques divergentes selon les pays clients. Le groupe a subi de vives critiques de la part de ces derniers. Comme en Allemagne aussi, de la part de la ministre de la défense, Ursula von der Leyen, qui a souligné, fin janvier dans Der Spiegel, qu'il y avait « plus en jeu que la seule image d'une entreprise industrielle, il est question de la fiabilité de l'Allemagne dans ses alliances » militaires.D'après Der Spiegel, le contrôle par l'armée de l'appareil a décelé « 875 manquements », dont des gaines isolantes manquantes sur certains câbles électriques ou d'autres beaucoup plus anecdotiques comme des moisissures sur l'évier. Le quotidien El Pais revient sur le cas espagnol, dont le gouvernement s’était engagé à acheter 27 avions. La première livraison était prévue pour début 2016. Il s’agit de remplacer les anciens avions de transport américains Hercules C-130, utilisés par l’armée depuis 1973. L’avion qui s’est écrasé n’appartenait pas à l’Espagne mais était encore propriété de l’entreprise, note le journal.Un nouveau coup de massuePour autant c'est un « bijou technologique », assurait en 2013 le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian, lorsque la France a pris livraison de son premier A400M. L'A400M « va transformer la manière dont fonctionnent les opérations militaires », expliquait Ian Elliott, alors vice-président d'Airbus Military, car « pour la première fois, il permettra de livrer des équipements de combat directement sur place ».Équipé de quatre turbopropulseurs, l'A400M peut transporter jusqu'à 37 tonnes sur 3 300 kilomètres, se poser sur des terrains non préparés comme le sable, avec à son bord des blindés ou des hélicoptères. Le crash de Séville est un nouveau coup de massue pour Airbus et ses clients, dont certains, notamment l’Allemagne et la Grande-Bretagne, ont immobilisé leurs avions pendant l’enquête. 09.05.2015 à 15h16 • Mis à jour le10.05.2015 à 20h29 | Benoît Vitkine (Kiev, envoyé spécial) Kiev a connu cette année son premier 9-Mai sans parade militaire. Il s’agissait autant de se démarquer des démonstrations guerrières du défilé moscovite que d’éviter la répétition de l’erreur de l’année passée. Le 9 mai 2014, le gouvernement avait été sévèrement critiqué pour avoir fait défiler des tanks dans le centre de la capitale alors même que ceux-ci font cruellement défaut dans l’Est, où Kiev affronte une rébellion armée et l’armée russe.La guerre dans le Donbass n’en fut que plus omniprésente lors des deux jours de célébration de la victoire sur le nazisme. Deux jours car, en plus du traditionnel 9-Mai hérité de la période soviétique, le Parlement a voté l’instauration d’un « Jour de la mémoire et de la réconciliation », le 8 mai, comme dans le reste de l’Europe. Cette année, le pays ne célébrait pas la fin de la « grande guerre patriotique », terme utilisé en Union soviétique, mais la « seconde guerre mondiale ». Le ruban de Saint-Georges, devenu signe de ralliement des séparatistes du Donbass autant qu’un symbole du militarisme russe, a été abandonné au profit du coquelicot, qui s’arborait largement au revers des vestes.Lire aussi :Cérémonies du 9-Mai : Moscou aux couleurs militairesLes vétérans d’il y a soixante-dix ans ont été sans cesse associés, lors de cérémonies réduites à leur plus simple expression, aux soldats participant aux combats dans l’Est. Le Musée de la victoire a ouvert pour l’occasion une exposition consacrée aux combattants de l’aéroport de Donetsk, défaits en janvier après des mois de résistance acharnée.Vendredi, le président Petro Porochenko s’est adressé à un Parlement dont les bancs étaient garnis de combattants de ces deux guerres, l’ancienne et l’actuelle. Parmi eux se tenait Ivan Zaloujniy, un vétéran de 97 ans qui a perdu son petit-fils, engagé volontaire dans le Donbass, à l’été 2014. « Vous ne pouviez imaginer dans vos pires cauchemars qu’après soixante-dix ans de paix, la guerre réapparaîtrait en Ukraine », a lancé M. Porochenko.« Désoviétiser » l’histoire ukrainienneLe président ukrainien a expliqué que la « menace de long terme que représente la Russie et sa politique agressive » avait poussé l’Ukraine à chercher un rapprochement avec les Occidentaux, et notamment avec l’OTAN. Il a également profité de la présence du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, pour réclamer l’envoi d’une force d’interposition. Au cours du week-end, les combats ont repris avec violence aux alentours de Donetsk, malgré le cessez-le-feu signé le 12 février à Minsk. « L’Ukraine est à nouveau sous le feu, a conclu M. Porochenko, mais nous gagnerons et serons enfin délivrés de l’intoxication russo-soviétique. »L’idée de « désoviétiser » l’histoire ukrainienne, dans l’air depuis l’indépendance en 1991, s’est renforcée avec la guerre. Kiev, qui a payé un lourd tribut à la seconde guerre mondiale, avec environ 8 millions de tués, refuse de voir la Russie s’approprier à elle seule l’héritage de la victoire.Le 9 avril, le Parlement a adopté une série de lois mémorielles dites de « décommunisation », qui renvoient dos à dos les régimes « totalitaires et criminels » nazi et soviétique. Ces textes reconnaissent aussi comme « combattants pour l’indépendance » des groupes nationalistes controversés comme l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) et l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), accusés d’avoir commis des massacres de Polonais et de juifs. Pour la première fois cette année, les vétérans de ces groupes étaient associés aux commémorations.Lire aussi : En Ukraine, le 8-Mai réveille les fantômes de l’HistoireBenoît Vitkine (Kiev, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Ridet (Rome, correspondant) Tous divisés ou presque. À l’exception du Mouvement 5 Étoiles (M5S), la dernière née des formations politiques italiennes, les autres grands partis qui se présentent dimanche 31 mai aux suffrages de 20 millions d’électeurs dans plus de 1000 communes (dont Venise) et sept régions (Ligurie, Vénétie, Ombrie, Toscane, Marches, Campanie, Pouilles) sont divisés. C’est le cas au Parti Démocrate (PD centre gauche) dirigé par le Premier ministre Matteo Renzi, à Forza Italia (droite) propriété de Silvio Berlusconi ou à la Ligue du Nord (antieuropéen et anti-immigration). A chaque fois les leaders sont défiés par des « frondeurs », souligant comme l’explique le politologue Piero Ignazi « une forme de rebellion de la périphérie envers le centre du pouvoir ». Tour d’horizon.Les anti-Renzi se comptent en Ligurie. Le train des réformes guidé par le président du conseil et l’empreinte de plus en plus réformiste qu’il a donné au PD, ont laissé l’opposition interne déconfite. Elle n’a rien pu faire contre l’adoption de la réforme du code du travail qui libéralise le marché de l’emploi, rien contre celle du mode de scrutin aux élections législatives qui laisse entre les mains des chefs de partis le choix d’une bonne part des candidats, rien contre celle de l’instruction publique. Anciens communistes ou ex-compagnons de route de Matteo Renzi déçus par son virage libéral, ils rêvent de voir trébucher le premier ministre en Ligurie afin de le contraindre à gauchiser son programme. La candidate chois par le PD, Raffaela Païta, mise en examen pour avoir tardé à donner l’alarme lors des inondations de septembre 2014, est confrontée à la candidature du dissident Luca Pastorino, soutenu par Pipo Civati, autrefois ami de M. Renzi et Sergio Cofferati, ancien secrétaire général de la CGIL, le plus puissant et le plus à gauche des syndicats italiens. La dispersion des voix peut profiter à la candidate du M5S ou de Forza Italia et priver le chef gouvernement – qui espère triompher sur le score de 6 à 1 lors des régionales – d’une occasion de crier victoire.Lutte fratricide eau sein de la Ligue du Nord en Vénétie. A priori, c’est un combat générationnel que se livrent le Milanais Matteo Salvini, 42 ans leader de la Ligue, qui soutient le gouverneur sortant, Luca Zaia, et Flavio Tosi, maire de Vérone, 45 ans qui a décidé de se présenter également. Mais à y regarder de plus près, c’est l’éternel combat entre « les deux âmes de la Ligue » qui se joue. Depuis sa fondation, il y a plus de trente ans, le parti est la proie de tensions entre les Lombards, qui fournit les cadres, et les Vénètes qui remplissent les cars pour les meetings. Les uns et les autres se veulent l’expression de la « pureté » du parti. Mais M. Tosi a également d’autres idées sur l’évolution de la Ligue que M. Salvini a amarrée dans le sillage du Front national, avec lequel il est allié au Parlement européen. Le maire de Vérone aimerait se rapprocher de la droite traditionnelle dont le parti a toujours été un allié plus ou moins obéissant ; M. Salvini, souhaite au contraire faire de la Ligue qui, dans les sondages dépasse désormais Forza Italia, le pivot de toute alliance à venir. Si la région a peu de chances de passer à gauche, les scores obtenus respectivement par M. Zaia et M.Tosi permettront de jauger le rapport de force entre M. Salvini et son « frondeur ».Règlement de compte pour Forza Italia dans les Pouilles. Silvio Berlusconi a promis de se mettre « en retrait ». Il dit qu’il cherche un leader même s’il « n’en voit pas pour l’instant ». Mais à près de 79 ans, son déclin est déjà confirmé. Lassé d’attendre une éventuelle retraite du Caïman ou son adoubement comme héritier, le député européen Raffaele Fitto a décidé de mettre sur pied sa propre liste dans les Pouilles en débauchant purement et simplement le candidat de Forza Italia. Dans la foulée il a également annoncé son départ du parti et la création d’une fondation baptisée « Conservateurs et réformistes ». Le cadet, 46 ans, reproche à son aîné son opposition trop frileuse au gouvernement et sa navigation à vue. Se rêvant en David Cameron transalpin, il a décidé de faire des Pouilles, dont il est originaire, le lieu-clé de cette élection et le laboratoire de la « déberlusconisation » de la droite italienne. L’ancien Président du conseil lui promet de connaître le même sort que tous ceux qui se sont levés sur sa route et ont disparu des radars de la vie politique, comme Gianfranco Fini. « Forza Italia est désormais un chapitre clos », insiste le député européen. Mille fois pronostiquée, cette hypothèse est encore à vérifier.Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 31.05.2015 à 00h40 • Mis à jour le31.05.2015 à 00h43 Le ministre de l'économie, Emmanuel Macron, estime que « l'avant-garde de la zone euro doit aller vers plus de solidarité et d'intégration », dans une interview à paraître dimanche 31 mai dans le Journal du Dimanche. Il précise que cette intégration doit passer par « un budget commun, une capacité d'endettement commune et une convergence fiscale ».Emmanuel Macron défend également l'idée d'une harmonisation des régimes sociaux ainsi que la création d'une assurance-chômage commune. Il reprend également l'idée émise par son homologue allemand, Wolfgang Schäuble, de créer un parlement de la zone euro.Deux vitessesLe ministre prône par ailleurs une Europe à deux vitesses : « Il faut accepter l'idée que l'Europe se fasse à deux vitesses, qu'il y ait une union solidaire et différenciée. Il y a une histoire à 28 (les pays membres de l’UE) et une histoire à 19 (Les pays membres de la zone euro)  », explique-t-il. Et d'ajouter que « l'Europe à 28 doit être plus simple, plus claire, plus efficace et continuer à avancer sur le numérique et l'énergie ».Sur l'objectif de plus d'intégration dans la zone euro, lire :Le « no, thanks » de Merkel et Hollande à Cameron Jérémie Lamothe L’organisation indépendantiste basque ETA a refait parler d’elle, jeudi 28 mai. Une opération, menée par la police judiciaire de Bayonne, la sous-direction antiterroriste de la PJ et la direction générale de la sécurité intérieure, en collaboration avec la Guardia Civil espagnole, a permis de découvrir des dizaines d’armes et plusieurs kilos d’explosifs, appartenant à l’organisation, dans une villa cossue de Biarritz.A lire : Comment ETA s’est implantée en FranceCe coup de filet rappelle que l’organisation indépendantiste est encore présente sur le territoire français. Ce qui n’a pas surpris Jean Chalvidant, spécialiste de la question basque, et auteur de plusieurs livres sur l’organisation, dont Secrets d’ETA (Picollec, 2012) : « D’après mes informations, il y aurait près de 150-200 étarras [militants d’ETA] en France, dont seulement une vingtaine directement opérationnels. Et on estime leur arsenal à environ 200 pistolets et revolvers et 5 000 kg d’explosifs. » Un désarmement rejetéPour ce membre du département de recherche sur les menaces criminelles contemporaines, à l’université Paris-II, il est très compliqué aujourd’hui de reconnaître des militants qui se sont fondus dans la société : « Ils vivent au grand jour, payent leur loyer et envoient leurs enfants au collège. L’image d’un étarra planqué dans un grenier fait partie du passé. »Même si ETA a renoncé à son activité armée en 2011, les militants indépendantistes rejettent, jusqu’ici, tout plan de désarmement. Une faute de la part d’ETA et du gouvernement espagnol pour Gorka Landaburu, directeur du mensuel espagnol Cambio 16 : « Depuis 2011, l’organisation est en stand-by. Le premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, veut une dissolution de l’organisation avant toute discussion sur les armes alors qu’ETA souhaite parler des armes, avant d’évoquer une dissolution. C’est une situation surréaliste. » Le chercheur Jean Chalvidant a une explication à ce statu quo : « Si ETA ne rend pas les armes, c’est qu’elle ne veut pas qu’elles servent à expliquer 300 assassinats, expertises balistiques à la clé, qui pourraient impliquer plusieurs de ses membres. » Lire aussi :Les aveux d’un repenti de l’ETA« Mariano Rajoy attend que la situation pourrisse »Mais si l’opération menée à Biarritz rappelle que la question basque n’est pas réglée, ce n’est plus une priorité en Espagne, selon Gorka Landaburu : « Madrid ne considère plus ETA comme un problème ni comme une priorité. Rajoy attend que la situation pourrisse, alors qu’il avait la possibilité de mettre un point final à l’organisation. C’est une erreur. » Le journaliste estime que ce dernier coup de filet sert surtout le gouvernement espagnol qui « avait besoin de redorer son blason après les élections municipales du 24 mai [marquées par la percée du parti Podemos] ».Depuis les attentats de la gare d’Atocha à Madrid en 2004, la question des terroristes djihadistes a supplanté celle des terroristes basques, précise Jean Chalvidant : « ETA est en phase terminale. Ce qui a permis aux services français et espagnols de se redéployer sur des objectifs et des cibles plus urgents, les djihadistes. »Après avoir arrêté la lutte armée en 2011, ETA s’est lancé dans le combat politique au sein des partis Sortu et EH Bildu. Lors des dernières élections municipales, le parti des indépendantistes de gauche EH Bildu a rassemblé près de 24 % des électeurs du Pays basque. Pour le chercheur Jean Chalvidant, « c’est un résultat inférieur à celui de 2011 (25,94 %), qui ne lui a pas permis de conserver des fiefs comme Saint-Sébastien, Bergara, Tolosa… La faute à un trop grand sectarisme. » Un constat partagé par Gorka Landaburu : « Depuis quatre ans, ils sont passés des pancartes à la gestion. Et les Basques sont très critiques contre leur travail car ils ont gouverné pour eux-mêmes. »Pour le directeur de Cambio 16, le statu quo va se poursuivre au moins jusqu’aux prochaines législatives, en décembre 2015 : « Il peut y avoir des opérations policières ponctuelles, pour faire pression sur ETA et montrer aux Espagnols que la lutte continue. Mais maintenant il faut trouver une solution durable beaucoup plus politique. »Lire aussi :Secrets d’ETAJérémie LamotheJournaliste au Monde 30.05.2015 à 02h17 • Mis à jour le31.05.2015 à 15h20 Plus de 5 000 migrants ont été secourus en Méditerranée depuis vendredi, a indiqué dimanche 31 mai Frontex, l’agence européenne chargée des frontières extérieures de l’espace Schengen. Les gardes-côtes italiens ont aussi retrouvé dix-sept cadavres sur plusieurs embarcations de fortune.Le nombre total de personnes secourues en 24 heures est l’un des plus élevés de ces dernières années, mais les gardes-côtes n’étaient pas en mesure de préciser s’il s’agissait d’un record. Jusqu’à présent, les journées les plus chargées de cette année avaient vu le sauvetage de 3 791 migrants le 12 avril et 3 690 le 2 mai. « Cela fonctionne beaucoup par vagues. Il peut y avoir plusieurs jours sans rien, puis de nombreuses arrivées d’un coup », a expliqué à l’AFP Flavio di Giacomo, porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en Italie.Vingt-cinq embarcations différentesDepuis vendredi, les appels au secours sont venus de vingt-cinq bateaux différents partis de Libye, selon l’agence Frontex, qui indique que cinq autres opérations de sauvetage concernant 500 migrants sont en cours. Des bateaux britanniques, maltais, belges et italiens, ainsi que des avions islandais et finlandais ont été déployés dans le cadre de cette opération. Les cadavres ont été retrouvés dans trois canots pneumatiques différents, à bord desquels se trouvaient également plus de 300 migrants en vie. Les gardes-côtes insistent régulièrement sur les conditions « extrêmes » endurées par les migrants : déshydratation, alternance de chaleur et de froid, violences subies avant le départ ou pendant la traversée.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2qoq5x"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2qoq5x", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});De nombreux migrants meurent également asphyxiés par des émanations des moteurs quand ils voyagent dans la soute d’un bateau de pêche, mais cela n’arrive pas sur les canots. Les opérations de secours de vendredi ont impliqué au moins quatre bâtiments de la marine militaire italienne, des bateaux des gardes-côtes et de la police douanière, ainsi que des navires militaires irlandais et allemand, des navires étrangers engagés dans l’opération européenne Triton et des cargos déroutés.1 770 morts depuis le début de l’annéeDepuis le début de l’année, plus de 40 400 immigrés clandestins ont débarqué en Italie, mais environ 1 770 hommes, femmes et enfants sont morts ou disparus en tentant la traversée, selon le dernier bilan de l’OIM, qui ne prend pas encore en compte les personnes secourues vendredi.Lire notre enquête (en édition abonnés) :Les négriers de la MéditerranéeCes arrivées, même massives, restent du niveau de l’année dernière en Italie, où les autorités avaient enregistré 41 243 arrivées entre le 1er janvier et le 31 mai 2014. La différence se fait surtout sentir en Grèce, où quelque 37 000 arrivées ont été enregistrées depuis le début de l’année, soit déjà 3 000 de plus que sur l’ensemble de l’année 2014, selon M. di Giacomo.Mercredi, la Commission européenne a demandé aux Etats membres de l’UE de prendre en charge 40 000 demandeurs d’asile originaires de Syrie et d’Erythrée arrivés en Italie et Grèce, en signe de solidarité avec Rome et Athènes, mais la démarche suscite de très sérieuses réserves, en particulier en France.Lire le décryptage :Quels pays accueilleraient le plus de migrants, après la proposition de la Commission ?Samedi, le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, s’est une nouvelle fois engagé à renflouer le chalutier dans le naufrage duquel quelque 800 migrants sont morts en avril – le pire drame des dernières décennies en Méditerranée – afin de donner une sépulture aux victimes et d’empêcher l’Europe d’« enfouir sa conscience à 387 mètres de profondeur ». 29.05.2015 à 19h30 • Mis à jour le30.05.2015 à 12h02 | Pierre Breteau Il y a dix ans, le 29 mai, 54,67 % des citoyens français rejetaient le projet de traité constitutionnel européen, ouvrant une crise en France et à l’échelle de l’Europe.Sur les 36 678 communes recensées par le ministère de l’intérieur, seules 6 669 avaient voté oui. A Leménil-Mitry, en Meurthe-et-Moselle, le taux de 100 % en faveur de la Constitution européenne ne traduisait même pas une réelle unanimité : quatre des cinq électeurs de la localité avaient glissé un bulletin « oui », le cinquième un blanc ou nul.Côté « non », huit communes avaient apporté 100 % de leurs voix aux nonistes, dont l’unique électeur à s’être déplacé à Saint-Elie en Guyane. Les sept autres à avoir donné toutes leurs voix au « non » étaient Majastres (Alpes-de-Haute-Provence), Caychax (Ariège), La Bâtie-des-Fonds et Eyroles (Drôme), Molring (Moselle), Lassale (Hautes-Pyrénées) et Balignac (Tarn-et-Garonne).France des villes contre France des campagnesAprès le vote, le résultat a beaucoup été analysé sous l’angle de la fracture entre les centres développés et les périphéries délaissées. L’analyse de la carte des résultats du référendum a montré une opposition entre les zones urbaines plus riches, favorables au « oui », et une campagne plutôt « noniste ».A l’échelle hexagonale, la carte des départements les plus touchés par le chômage recouvre presque exactement celle du vote pour le « non ». Ainsi, ce sont les départements du nord de la France qui ont le plus voté contre le traité constitutionnel, avec ceux du pourtour méditerranéen. A l’inverse, les départements de l’ouest de la France, où le chômage était plus faible, se sont majoritairement prononcés pour le « oui », ainsi que les zones les plus aisées du bassin parisien.Le référendum sur le traité constitutionnel européen a aussi frappé par le vote protestataire des classes moyennes, marquant une rupture de celles-ci avec l’histoire de la construction européenne. Alors qu’elles n’avaient voté qu’à 53 % contre le traité de Maastricht en 1992, 62 % d’entre elles ont voté contre le traité constitutionnel le 29 mai 2005.Comment lire cette carte ?Cette carte de la France métropolitaine représente la proportion de votes « oui » et de votes « non » lors du référendum sur le traité constitutionnel européen organisé en France le 29 mai 2005.Plus le rouge est foncé, plus la commune en question a voté fortement pour le « non ». Plus le vert est foncé, plus le résultat est important en faveur du « oui ». Zoomer et dézoomer pour voir plus clairement, passer la souris sur les communes pour afficher le résultat en détail.Pierre BreteauJournaliste au Monde 29.05.2015 à 11h29 • Mis à jour le29.05.2015 à 18h51 #MİTtırları Dünya bu Görüntülerin peşindeydi... İşte Erdoğan'ın yok dediği silahlar — cumhuriyetgzt (@cumhuriyet.com.tr)require(["twitter/widgets"]);Le quotidien turc Cumhuriyet a publié, vendredi 29 mai, des photos et une vidéo qui accréditent l’hypothèse, jusque-là farouchement démentie par le gouvernement islamo-conservateur d’Ankara, de livraisons d’armes aux rebelles extrémistes syriens début 2014.Une semaine avant les élections législatives turques, le journal d’opposition diffuse dans son édition papier et sur son site des images d’obus de mortier dissimulés sous des médicaments dans des camions, officiellement affrétés par une organisation humanitaire, interceptés en janvier 2014 par la gendarmerie turque près de la frontière syrienne.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_youtube#vFGWY51_wow"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "youtube", id: "vFGWY51_wow", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Selon Cumhuriyet, les camions interceptés convoyaient un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades. De fabrication russe, ces matériels ont été fournis par des pays de l’ancien bloc soviétique, ajoute le journal.Black-out médiatique imposéCette opération a viré au scandale politique lorsque des documents officiels publiés sur Internet ont affirmé que les camions appartenaient aux services de renseignements turcs (MIT) et transportaient armes et munitions destinées aux rebelles islamistes syriens en guerre contre le président Bachar Al-Assad.Soupçonné par ses alliés occidentaux de soutenir ces combattants, dont l’organisation djihadiste Etat islamique (EI), le gouvernement turc, dont le régime de Damas est devenu la bête noire, a toujours démenti ces accusations.Lire : L'étrange soutien de la Turquie aux réseaux djihadistes de SyrieLe gouvernement a imposé un black-out médiatique, y compris sur les réseaux sociaux, sur l’affaire et ouvert une enquête qui a déjà abouti au placement en détention d’une cinquantaine de personnes, gendarmes, militaires ou magistrats.Une enquête pour « terrorisme » ouverte contre le quotidienQuelques heures après les révélations de Cumhuriyet, un procureur d’Istanbul a annoncé dans un communiqué avoir ouvert une enquête judiciaire pour des faits de « terrorisme » contre le quotidien. Il a également requis l’interdiction de la publication d’images qui, a-t-il dit, « sont contraires à la réalité ». Un juge de la plus grande ville de Turquie a accédé à cette demande en ordonnant leur retrait immédiat d’Internet, a rapporté la presse turque.Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a attribué la responsabilité de ce scandale à l’organisation de l’imam Fethullah Gülen, un de ses anciens alliés, qu’il accuse depuis l’hiver 2013 de vouloir renverser le gouvernement. Dans une rare référence publique à l’affaire, M. Erdogan a déclaré à la mi-mai que la fouille des camions constituait une « trahison ».Le gouvernement turc n’a pas officiellement réagi aux allégations de Cumhuriyet. Mais un proche conseiller de M. Erdogan, Yigit Bulut, a menacé sur son compte Twitter : « Ceux qui trahissent cette nation sentiront personnellement la force de l’Etat. » 28.05.2015 à 23h29 • Mis à jour le29.05.2015 à 09h24 | Frédéric Lemaître (Dresde, envoyé spécial) Promis, juré : les ministres des finances du G7 (Etats-Unis, Canada, Japon, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie), réunis a Dresde (Saxe) n’ont pas parlé de la Grèce jeudi 28 mai, lors de leur première journée de travail. Selon les Allemands, qui président la réunion, le sujet pourra être évoqué au cours de la réunion finale, vendredi matin, si un pays en fait la demande, au même titre que l’Ukraine ou l’aide au Népal.Lire aussi :Grèce : le compte à rebours a commencéPourtant, outre les sept ministres et leurs banquiers centraux, Christine Lagarde (Fonds monétaire international), Mario Draghi (Banque centrale européenne, BCE), Pierre Moscovici (Commission européenne) et Jens Dijsselbloem (Eurogroupe) sont à Dresde. Mais Wolfgang Schäuble, le ministre des finances allemand, tenait à ce que ce G7 soit l’occasion d’échanges informels sur la croissance mondiale. Il n’y aura d’ailleurs pas de communiqué final. Une façon implicite de reconnaître que le G7, en l’absence notamment de la Chine, ne regroupe plus – loin de là – les « maîtres du monde ».« Tour d’horizon » sur la croissanceDe plus, avoir l’air de vouloir trancher le sort de la Grèce sans représentant du pays concerné, pourrait avoir un effet dévastateur. L’Allemagne a donc innové en invitant sept économistes (Alberto Alesina, Nouriel Roubini, Jaime Caruana, Robert Schiller, Martin Hellwig, Larry Summers, Kenneth Rogoff) à débattre des grands sujets de l’heure avec les ministres : la croissance et la régulation de la finance. « Une discussion très intéressante mais pas forcément très productive », selon un participant. Sans surprise, les débats ont tourné sur la relation controversée qu’entretiennent dette et croissance, et sur la nécessité – ou non – de réguler davantage la finance, au risque, selon certains participants, de brider la croissance.Dans l’après-midi, Christine Lagarde et Mario Draghi ont fait un « tour d’horizon » sur la croissance. Si la situation s’améliore notamment en Europe, la directrice générale du FMI semble s’être interrogée sur la pérennité de celle-ci lorsque le prix des matières premières et les taux d’intérêt repartiront à la hausse. Mario Draghi, qui a confirmé que l’actuelle politique de la BCE (dite de « quantitative easing ») irait à son terme, a estimé que c’est maintenant que la situation s’améliore que les réformes structurelles devaient être mises en œuvre pour prendre le relais de la politique monétaire.La sortie d’Athènes de la zone euro, une « possibilité »Un point de vue partagé par l’ensemble des participants, notamment par Pierre Moscovici. Le commissaire européen juge que c’est en ce moment que les pays européens doivent réformer leur marché du travail, consolider leur système financier et moderniser leur protection sociale. Pour plusieurs participants, l’absence de réformes constitue le principal risque qui pèse sur la croissance. « Le seul danger est de se laisser griser par les bons chiffres » de la conjoncture, affirme un ministre. Si la Grèce n’a pas été abordée durant les sessions, Christine Lagarde a pour la première fois jugé, lors d’une discussion avec la Frankfurter Allgemeine Zeitung que la sortie d’Athènes de la zone euro était « une possibilité ». Les Européens reconnaissent que les Etats-Unis suivent de très près le dossier, redoutant une nouvelle crise en Europe qui, sur le plan géostratégique, ne pourrait que profiter à Vladimir Poutine.« Tout le monde doit mettre les bouchées doubles (…), et trouver une solution », a plaidé mercredi le secrétaire au Trésor américain, Jack Lew. A Washington, le FMI a fait savoir que la Grèce, qui attend le déblocage de 7,2 milliards d’euros de fonds en échange d’engagements de réformes, serait privée d’accès à ses fonds si elle n’honorait pas ses prochains remboursements. Elle doit procéder le 5 juin à un paiement au FMI, que certains ministres grecs ont menacé de ne pas effectuer. Le sujet sera sans doute également abordé en marge du G7 des chefs d’Etat et de gouvernement qui se réunit les 7 et 8 juin en Bavière.Lire aussi :Et si la Grèce ne remboursait pas le FMI ?Frédéric Lemaître (Dresde, envoyé spécial)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.05.2015 à 21h05 • Mis à jour le28.05.2015 à 23h02 Depuis sa création, en 1230, l’institution n’avait jamais franchi le pas. L’université d’Oxford a nommé, jeudi 28 mai, une femme à sa tête, en la personne de Louise Richardson, qui dirige actuellement l’université de Saint-Andrews, en Ecosse.Sa nomination doit encore être approuvée par la Congrégation (l’organe législatif de l’université). La nouvelle vice-chancelière d’Oxford, comme il sera désormais convenu de l’appeler, prendra alors la relève d’Andrew Hamilton au début de l’année prochaine pour un mandat de sept ans.Ravie d’être nommée à la tête d’une « des plus prestigieuses universités du monde », Louise Richardson, 56 ans, a confié se sentir « extrêmement privilégiée d’avoir la chance de diriger cette remarquable institution ».Une forte adhésion aux valeurs éducatives et universitairesLe chancelier de l’université, Lord Patten, un poste honorifique, a expliqué que le comité qui a procédé à sa nomination « a été très impressionné par la forte adhésion du professeur Richardson aux valeurs éducatives et universitaires chères à Oxford ».Née en Irlande, Mme Richardson a étudié l’histoire à Dublin et les sciences politiques en Californie, avant de faire un doctorat à l’université Harvard. Elle est notamment connue pour ses travaux sur le terrorisme et la sécurité.Lire aussi :Oxford prié de « verdir » ses investissements Dominique Gallois La piste d’une erreur d’assemblage à l’origine du crash de l’A400M en Espagne se renforce. Le 9 mai, l’accident avait fait quatre morts. Le logiciel de régulation de puissance des quatre moteurs à hélice aurait été mal téléchargé.« Les boîtes noires le confirment. Il n’y pas de défaut structurel, mais nous avons un sérieux problème de qualité dans l’assemblage final », a révélé Marwan Lahoud, directeur de la stratégie du groupe Airbus dans un entretien au quotidien allemand Handelsblatt, publié vendredi 29 mai. « Nous avons pris connaissance pour la première fois [mercredi] des résultats, ils confirment nos analyses internes », a précisé le numéro deux du groupe aéronautique.Parallèlement à l’enquête officielle menée par les autorités militaires espagnoles, Airbus a conduit ses propres investigations. Voici une dizaine de jours, le constructeur avait détecté une anomalie potentielle, un bug informatique, dans l’interface qui assure la commande et le contrôle des turbopropulseurs. Airbus Defence and Space (Airbus DS), la branche qui regroupe les activités militaires et espace de l’avionneur européen, avait alors adressé un AOT (Alert operating transmission, un message d’alerte) aux cinq pays exploitant ses avions de transport,- la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Turquie et la Malaisie.Avions cloués au solIl leur était demandé « d’effectuer des contrôles spécifiques et réguliers de l’ECU [Electronic control unit] sur chaque moteur de l’avion avant le vol et d’effectuer des contrôles supplémentaires après un éventuel remplacement de moteur ou de l’ECU ». Après ces contrôles, Airbus DS estime que les A400M en service « sont à 100 % protégés face à cette panne ». Mais, immédiatement après l’accident de Séville, les pays ont cloué leurs avions au sol, à l’exception de la France qui les utilise uniquement pour les urgences opérationnelles.Cet accident dramatique révèle un peu plus les dysfonctionnements de l’assemblage de l’A400M dénoncés avec force par le PDG du groupe Tom Enders. En janvier, le patron du groupe aéronautique était venu à Londres pour s’excuser des retards du programme de livraison et assurer qu’il en tirerait toutes les conséquences. Aussitôt dit, aussitôt fait : dans la foulée, il débarquait de ses fonctions Domingo Urena-Raso, le responsable du pôle avions militaires. À charge pour son successeur, Fernando Alonso, jusqu’alors responsable des essais en vol chez l’avionneur, de sortir de l’ornière ce programme, jugé dans un « état critique » par Bernhard Gerwert, le patron des activités défense du groupe.Les clients n’apprécient pas les retards et encore moins les défauts à la livraison de l’appareil. Ainsi le magazine allemand Der Spiegel, révélait début janvier que le contrôle de son avion par l’armée à sa réception a décelé « 875 manquements », dont des gaines isolantes absentes sur certains câbles électriques. « Il y a plus en jeu que la seule image d’une entreprise industrielle, il est question de la fiabilité de l’Allemagne dans ses alliances » militaires, déplorait, la ministre de la défense, Ursula von der Leyen.Difficultés industriellesA la complexité technologique de cet avion de transport se sont ajoutées des difficultés industrielles et logistiques. Celles-ci, bien que repérées, n’ont pas été corrigées depuis deux ans. Elles sont dues tant aux fournisseurs, les pièces n’arrivant pas à temps sur la chaîne d’assemblage, qu’aux exigences des acquéreurs. « Chaque pays veut son A400M, on peut tout intégrer mais cela demande du temps », raconte un familier du programme. En production et sur la chaîne d’assemblage, « ça coince », ajoute-t-il.Conséquence, le programme a pris du retard et les engagements ne sont pas tenus. Les premières livraisons attendues en 2010 ont été décalées à 2013. Douze avions ont été livrés à ce jour et seulement huit l’an dernier au lieu de la douzaine attendue. Devenu intenable, l’objectif de porter en 2015 la cadence à une vingtaine d’appareils a été abandonnée. L’avionneur vise quatorze livraisons dont deux ont déjà eu lieu.Des négociations vont débuter avec les sept acheteurs, regroupés dans l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement (Occar), pour établir un nouveau calendrier de livraison. Annoncé en début d’année, ce rendez-vous prochain prendra une autre tournure avec le crash de Séville. Des pays vont s’interroger sur la poursuite de leurs achats et certains pourraient même être tentés de réduire leur commande, et prendre ce prétexte pour réduire la voilure dans un environnement de fortes contraintes budgétaires.Poursuite des essais en volDu côté d’Airbus, tout est fait pour afficher la confiance dans ce programme. Au lendemain de l’accident, Tom Enders a annoncé la poursuite des essais en vol. « Ces hommes qui sont décédés à Séville étaient de très grands professionnels. Jamais ils n’auraient voulu que nous arrêtions de voler », écrivait le PDG d’Airbus, dans une lettre aux salariés, lundi 11 mai.« Nous voulons montrer à nos clients, les forces aériennes, que nous faisons pleinement confiance à cet excellent avion de transport. Nous sommes pleinement impliqués dans le programme, dans l’augmentation de la cadence des livraisons et des capacités de l’appareil ». Depuis l’avionneur a procédé à dix vols d’essais et la fabrication en cours des vingt appareils continue. Côté français, la confiance est aussi clairement affichée. Un A400M de l’armée française s’est posé jeudi 28 mai à Colmar, pour y être baptisé du nom de la ville, lors d’une cérémonie officielle sur le tarmac de l’aéroport.La succession de déboires qu’a connu ce programme européen depuis son lancement en 2003 a aussi pour conséquence de contraindre se fournir aux États-Unis. Pour répondre à ces besoins, la France envisage d’acheter rapidement quatre C130, des avions de transport militaire de l’américain Lockheed Martin. Cette acquisition « sur étagère » se ferait au détriment de l’avion européen, en raison de son incapacité, dans sa version actuelle, à larguer des parachutistes ou à effectuer du ravitaillement en vol. L’avionneur a alors réagi rappelant qu’il procède à des modifications pour répondre aux besoins. Des tests sont menés depuis un an, et un calendrier d’installation sera présenté au début de l’été. D’ici là la décision française est en attente.Lire aussi :L’accident d’un avion-cargo militaire ouvre une nouvelle crise pour AirbusDominique GalloisJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.05.2015 à 02h17 • Mis à jour le30.05.2015 à 15h34 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2qoq5x"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2qoq5x", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Quelque 4 200 migrants ont été secourus en Méditerranée vendredi, ont annoncé les gardes-côtes italiens qui coordonnent le sauvetage, tandis que 17 cadavres ont été retrouvés sur plusieurs embarcations de fortune.Le total des personnes secourues en 24 heures est l’un des plus élevés de ces dernières années, mais les gardes-côtes n’étaient pas en mesure de préciser s’il s’agissait d’un record. Jusqu’à présent, les journées les plus chargées de cette année avaient vu le sauvetage de 3 791 migrants le 12 avril et 3 690 le 2 mai. « Cela fonctionne beaucoup par vagues. Il peut y avoir plusieurs jours sans rien, puis de nombreuses arrivées d’un coup », a expliqué à l’AFP Flavio di Giacomo, porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en Italie.22 embarcations différentesLes appels au secours sont venus de 22 embarcations différentes, essentiellement au large de la Libye mais aussi au sud des côtes italiennes. Les cadavres ont été retrouvés dans trois canots pneumatiques différents, à bord desquels se trouvaient également plus de 300 migrants en vie. Les gardes-côtes insistent régulièrement sur les conditions « extrêmes » endurées par les migrants : déshydratation, alternance de chaleur et de froid, violences subies avant le départ ou pendant la traversée.Lire aussi notre enquête (en édition abonnés) :Les négriers de la MéditerranéeDe nombreux migrants meurent également asphyxiés par des émanations des moteurs quand ils voyagent dans la soute d’un bateau de pêche, mais cela n’arrive pas sur les canots. Les opérations de secours de vendredi ont impliqué au moins quatre bâtiments de la marine militaire italienne, des bateaux des gardes-côtes et de la police douanière, ainsi que des navires militaires irlandais et allemand, des navires étrangers engagés dans l’opération européenne Triton et des cargos déroutés.1 770 morts depuis le début de l’annéeDepuis le début de l’année, plus de 40 400 immigrés clandestins ont débarqué en Italie, mais environ 1 770 hommes, femmes et enfants sont morts ou disparus en tentant la traversée, selon le dernier bilan de l’OIM, qui ne prend pas encore en compte les personnes secourues vendredi.Ces arrivées, même massives, restent du niveau de l’année dernière en Italie, où les autorités avaient enregistré 41 243 arrivées entre le 1er janvier et le 31 mai 2014. La différence se fait surtout sentir en Grèce, où quelque 37 000 arrivées ont été enregistrées depuis le début de l’année, soit déjà 3 000 de plus que sur l’ensemble de l’année 2014, selon M. di Giacomo.Mercredi, la Commission européenne a demandé aux Etats membres de l’UE de prendre en charge 40 000 demandeurs d’asile originaires de Syrie et d’Erythrée arrivés en Italie et Grèce, en signe de solidarité avec Rome et Athènes, mais la démarche suscite de très sérieuses réserves, en particulier en France.Lire aussi notre décryptage :Quels pays accueilleraient le plus de migrants, après la proposition de la Commission ? 29.05.2015 à 19h30 • Mis à jour le30.05.2015 à 12h02 | Pierre Breteau Il y a dix ans, le 29 mai, 54,67 % des citoyens français rejetaient le projet de traité constitutionnel européen, ouvrant une crise en France et à l’échelle de l’Europe.Sur les 36 678 communes recensées par le ministère de l’intérieur, seules 6 669 avaient voté oui. A Leménil-Mitry, en Meurthe-et-Moselle, le taux de 100 % en faveur de la Constitution européenne ne traduisait même pas une réelle unanimité : quatre des cinq électeurs de la localité avaient glissé un bulletin « oui », le cinquième un blanc ou nul.Côté « non », huit communes avaient apporté 100 % de leurs voix aux nonistes, dont l’unique électeur à s’être déplacé à Saint-Elie en Guyane. Les sept autres à avoir donné toutes leurs voix au « non » étaient Majastres (Alpes-de-Haute-Provence), Caychax (Ariège), La Bâtie-des-Fonds et Eyroles (Drôme), Molring (Moselle), Lassale (Hautes-Pyrénées) et Balignac (Tarn-et-Garonne).France des villes contre France des campagnesAprès le vote, le résultat a beaucoup été analysé sous l’angle de la fracture entre les centres développés et les périphéries délaissées. L’analyse de la carte des résultats du référendum a montré une opposition entre les zones urbaines plus riches, favorables au « oui », et une campagne plutôt « noniste ».A l’échelle hexagonale, la carte des départements les plus touchés par le chômage recouvre presque exactement celle du vote pour le « non ». Ainsi, ce sont les départements du nord de la France qui ont le plus voté contre le traité constitutionnel, avec ceux du pourtour méditerranéen. A l’inverse, les départements de l’ouest de la France, où le chômage était plus faible, se sont majoritairement prononcés pour le « oui », ainsi que les zones les plus aisées du bassin parisien.Le référendum sur le traité constitutionnel européen a aussi frappé par le vote protestataire des classes moyennes, marquant une rupture de celles-ci avec l’histoire de la construction européenne. Alors qu’elles n’avaient voté qu’à 53 % contre le traité de Maastricht en 1992, 62 % d’entre elles ont voté contre le traité constitutionnel le 29 mai 2005.Comment lire cette carte ?Cette carte de la France métropolitaine représente la proportion de votes « oui » et de votes « non » lors du référendum sur le traité constitutionnel européen organisé en France le 29 mai 2005.Plus le rouge est foncé, plus la commune en question a voté fortement pour le « non ». Plus le vert est foncé, plus le résultat est important en faveur du « oui ». Zoomer et dézoomer pour voir plus clairement, passer la souris sur les communes pour afficher le résultat en détail.Pierre BreteauJournaliste au Monde 29.05.2015 à 11h29 • Mis à jour le29.05.2015 à 18h51 #MİTtırları Dünya bu Görüntülerin peşindeydi... İşte Erdoğan'ın yok dediği silahlar — cumhuriyetgzt (@cumhuriyet.com.tr)require(["twitter/widgets"]);Le quotidien turc Cumhuriyet a publié, vendredi 29 mai, des photos et une vidéo qui accréditent l’hypothèse, jusque-là farouchement démentie par le gouvernement islamo-conservateur d’Ankara, de livraisons d’armes aux rebelles extrémistes syriens début 2014.Une semaine avant les élections législatives turques, le journal d’opposition diffuse dans son édition papier et sur son site des images d’obus de mortier dissimulés sous des médicaments dans des camions, officiellement affrétés par une organisation humanitaire, interceptés en janvier 2014 par la gendarmerie turque près de la frontière syrienne.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_youtube#vFGWY51_wow"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "youtube", id: "vFGWY51_wow", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Selon Cumhuriyet, les camions interceptés convoyaient un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades. De fabrication russe, ces matériels ont été fournis par des pays de l’ancien bloc soviétique, ajoute le journal.Black-out médiatique imposéCette opération a viré au scandale politique lorsque des documents officiels publiés sur Internet ont affirmé que les camions appartenaient aux services de renseignements turcs (MIT) et transportaient armes et munitions destinées aux rebelles islamistes syriens en guerre contre le président Bachar Al-Assad.Soupçonné par ses alliés occidentaux de soutenir ces combattants, dont l’organisation djihadiste Etat islamique (EI), le gouvernement turc, dont le régime de Damas est devenu la bête noire, a toujours démenti ces accusations.Lire : L'étrange soutien de la Turquie aux réseaux djihadistes de SyrieLe gouvernement a imposé un black-out médiatique, y compris sur les réseaux sociaux, sur l’affaire et ouvert une enquête qui a déjà abouti au placement en détention d’une cinquantaine de personnes, gendarmes, militaires ou magistrats.Une enquête pour « terrorisme » ouverte contre le quotidienQuelques heures après les révélations de Cumhuriyet, un procureur d’Istanbul a annoncé dans un communiqué avoir ouvert une enquête judiciaire pour des faits de « terrorisme » contre le quotidien. Il a également requis l’interdiction de la publication d’images qui, a-t-il dit, « sont contraires à la réalité ». Un juge de la plus grande ville de Turquie a accédé à cette demande en ordonnant leur retrait immédiat d’Internet, a rapporté la presse turque.Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a attribué la responsabilité de ce scandale à l’organisation de l’imam Fethullah Gülen, un de ses anciens alliés, qu’il accuse depuis l’hiver 2013 de vouloir renverser le gouvernement. Dans une rare référence publique à l’affaire, M. Erdogan a déclaré à la mi-mai que la fouille des camions constituait une « trahison ».Le gouvernement turc n’a pas officiellement réagi aux allégations de Cumhuriyet. Mais un proche conseiller de M. Erdogan, Yigit Bulut, a menacé sur son compte Twitter : « Ceux qui trahissent cette nation sentiront personnellement la force de l’Etat. » 28.05.2015 à 23h29 • Mis à jour le29.05.2015 à 09h24 | Frédéric Lemaître (Dresde, envoyé spécial) Promis, juré : les ministres des finances du G7 (Etats-Unis, Canada, Japon, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie), réunis a Dresde (Saxe) n’ont pas parlé de la Grèce jeudi 28 mai, lors de leur première journée de travail. Selon les Allemands, qui président la réunion, le sujet pourra être évoqué au cours de la réunion finale, vendredi matin, si un pays en fait la demande, au même titre que l’Ukraine ou l’aide au Népal.Lire aussi :Grèce : le compte à rebours a commencéPourtant, outre les sept ministres et leurs banquiers centraux, Christine Lagarde (Fonds monétaire international), Mario Draghi (Banque centrale européenne, BCE), Pierre Moscovici (Commission européenne) et Jens Dijsselbloem (Eurogroupe) sont à Dresde. Mais Wolfgang Schäuble, le ministre des finances allemand, tenait à ce que ce G7 soit l’occasion d’échanges informels sur la croissance mondiale. Il n’y aura d’ailleurs pas de communiqué final. Une façon implicite de reconnaître que le G7, en l’absence notamment de la Chine, ne regroupe plus – loin de là – les « maîtres du monde ».« Tour d’horizon » sur la croissanceDe plus, avoir l’air de vouloir trancher le sort de la Grèce sans représentant du pays concerné, pourrait avoir un effet dévastateur. L’Allemagne a donc innové en invitant sept économistes (Alberto Alesina, Nouriel Roubini, Jaime Caruana, Robert Schiller, Martin Hellwig, Larry Summers, Kenneth Rogoff) à débattre des grands sujets de l’heure avec les ministres : la croissance et la régulation de la finance. « Une discussion très intéressante mais pas forcément très productive », selon un participant. Sans surprise, les débats ont tourné sur la relation controversée qu’entretiennent dette et croissance, et sur la nécessité – ou non – de réguler davantage la finance, au risque, selon certains participants, de brider la croissance.Dans l’après-midi, Christine Lagarde et Mario Draghi ont fait un « tour d’horizon » sur la croissance. Si la situation s’améliore notamment en Europe, la directrice générale du FMI semble s’être interrogée sur la pérennité de celle-ci lorsque le prix des matières premières et les taux d’intérêt repartiront à la hausse. Mario Draghi, qui a confirmé que l’actuelle politique de la BCE (dite de « quantitative easing ») irait à son terme, a estimé que c’est maintenant que la situation s’améliore que les réformes structurelles devaient être mises en œuvre pour prendre le relais de la politique monétaire.La sortie d’Athènes de la zone euro, une « possibilité »Un point de vue partagé par l’ensemble des participants, notamment par Pierre Moscovici. Le commissaire européen juge que c’est en ce moment que les pays européens doivent réformer leur marché du travail, consolider leur système financier et moderniser leur protection sociale. Pour plusieurs participants, l’absence de réformes constitue le principal risque qui pèse sur la croissance. « Le seul danger est de se laisser griser par les bons chiffres » de la conjoncture, affirme un ministre. Si la Grèce n’a pas été abordée durant les sessions, Christine Lagarde a pour la première fois jugé, lors d’une discussion avec la Frankfurter Allgemeine Zeitung que la sortie d’Athènes de la zone euro était « une possibilité ». Les Européens reconnaissent que les Etats-Unis suivent de très près le dossier, redoutant une nouvelle crise en Europe qui, sur le plan géostratégique, ne pourrait que profiter à Vladimir Poutine.« Tout le monde doit mettre les bouchées doubles (…), et trouver une solution », a plaidé mercredi le secrétaire au Trésor américain, Jack Lew. A Washington, le FMI a fait savoir que la Grèce, qui attend le déblocage de 7,2 milliards d’euros de fonds en échange d’engagements de réformes, serait privée d’accès à ses fonds si elle n’honorait pas ses prochains remboursements. Elle doit procéder le 5 juin à un paiement au FMI, que certains ministres grecs ont menacé de ne pas effectuer. Le sujet sera sans doute également abordé en marge du G7 des chefs d’Etat et de gouvernement qui se réunit les 7 et 8 juin en Bavière.Lire aussi :Et si la Grèce ne remboursait pas le FMI ?Frédéric Lemaître (Dresde, envoyé spécial)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.05.2015 à 21h05 • Mis à jour le28.05.2015 à 23h02 Depuis sa création, en 1230, l’institution n’avait jamais franchi le pas. L’université d’Oxford a nommé, jeudi 28 mai, une femme à sa tête, en la personne de Louise Richardson, qui dirige actuellement l’université de Saint-Andrews, en Ecosse.Sa nomination doit encore être approuvée par la Congrégation (l’organe législatif de l’université). La nouvelle vice-chancelière d’Oxford, comme il sera désormais convenu de l’appeler, prendra alors la relève d’Andrew Hamilton au début de l’année prochaine pour un mandat de sept ans.Ravie d’être nommée à la tête d’une « des plus prestigieuses universités du monde », Louise Richardson, 56 ans, a confié se sentir « extrêmement privilégiée d’avoir la chance de diriger cette remarquable institution ».Une forte adhésion aux valeurs éducatives et universitairesLe chancelier de l’université, Lord Patten, un poste honorifique, a expliqué que le comité qui a procédé à sa nomination « a été très impressionné par la forte adhésion du professeur Richardson aux valeurs éducatives et universitaires chères à Oxford ».Née en Irlande, Mme Richardson a étudié l’histoire à Dublin et les sciences politiques en Californie, avant de faire un doctorat à l’université Harvard. Elle est notamment connue pour ses travaux sur le terrorisme et la sécurité.Lire aussi :Oxford prié de « verdir » ses investissements Dominique Gallois La piste d’une erreur d’assemblage à l’origine du crash de l’A400M en Espagne se renforce. Le 9 mai, l’accident avait fait quatre morts. Le logiciel de régulation de puissance des quatre moteurs à hélice aurait été mal téléchargé.« Les boîtes noires le confirment. Il n’y pas de défaut structurel, mais nous avons un sérieux problème de qualité dans l’assemblage final », a révélé Marwan Lahoud, directeur de la stratégie du groupe Airbus dans un entretien au quotidien allemand Handelsblatt, publié vendredi 29 mai. « Nous avons pris connaissance pour la première fois [mercredi] des résultats, ils confirment nos analyses internes », a précisé le numéro deux du groupe aéronautique.Parallèlement à l’enquête officielle menée par les autorités militaires espagnoles, Airbus a conduit ses propres investigations. Voici une dizaine de jours, le constructeur avait détecté une anomalie potentielle, un bug informatique, dans l’interface qui assure la commande et le contrôle des turbopropulseurs. Airbus Defence and Space (Airbus DS), la branche qui regroupe les activités militaires et espace de l’avionneur européen, avait alors adressé un AOT (Alert operating transmission, un message d’alerte) aux cinq pays exploitant ses avions de transport,- la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Turquie et la Malaisie.Avions cloués au solIl leur était demandé « d’effectuer des contrôles spécifiques et réguliers de l’ECU [Electronic control unit] sur chaque moteur de l’avion avant le vol et d’effectuer des contrôles supplémentaires après un éventuel remplacement de moteur ou de l’ECU ». Après ces contrôles, Airbus DS estime que les A400M en service « sont à 100 % protégés face à cette panne ». Mais, immédiatement après l’accident de Séville, les pays ont cloué leurs avions au sol, à l’exception de la France qui les utilise uniquement pour les urgences opérationnelles.Cet accident dramatique révèle un peu plus les dysfonctionnements de l’assemblage de l’A400M dénoncés avec force par le PDG du groupe Tom Enders. En janvier, le patron du groupe aéronautique était venu à Londres pour s’excuser des retards du programme de livraison et assurer qu’il en tirerait toutes les conséquences. Aussitôt dit, aussitôt fait : dans la foulée, il débarquait de ses fonctions Domingo Urena-Raso, le responsable du pôle avions militaires. À charge pour son successeur, Fernando Alonso, jusqu’alors responsable des essais en vol chez l’avionneur, de sortir de l’ornière ce programme, jugé dans un « état critique » par Bernhard Gerwert, le patron des activités défense du groupe.Les clients n’apprécient pas les retards et encore moins les défauts à la livraison de l’appareil. Ainsi le magazine allemand Der Spiegel, révélait début janvier que le contrôle de son avion par l’armée à sa réception a décelé « 875 manquements », dont des gaines isolantes absentes sur certains câbles électriques. « Il y a plus en jeu que la seule image d’une entreprise industrielle, il est question de la fiabilité de l’Allemagne dans ses alliances » militaires, déplorait, la ministre de la défense, Ursula von der Leyen.Difficultés industriellesA la complexité technologique de cet avion de transport se sont ajoutées des difficultés industrielles et logistiques. Celles-ci, bien que repérées, n’ont pas été corrigées depuis deux ans. Elles sont dues tant aux fournisseurs, les pièces n’arrivant pas à temps sur la chaîne d’assemblage, qu’aux exigences des acquéreurs. « Chaque pays veut son A400M, on peut tout intégrer mais cela demande du temps », raconte un familier du programme. En production et sur la chaîne d’assemblage, « ça coince », ajoute-t-il.Conséquence, le programme a pris du retard et les engagements ne sont pas tenus. Les premières livraisons attendues en 2010 ont été décalées à 2013. Douze avions ont été livrés à ce jour et seulement huit l’an dernier au lieu de la douzaine attendue. Devenu intenable, l’objectif de porter en 2015 la cadence à une vingtaine d’appareils a été abandonnée. L’avionneur vise quatorze livraisons dont deux ont déjà eu lieu.Des négociations vont débuter avec les sept acheteurs, regroupés dans l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement (Occar), pour établir un nouveau calendrier de livraison. Annoncé en début d’année, ce rendez-vous prochain prendra une autre tournure avec le crash de Séville. Des pays vont s’interroger sur la poursuite de leurs achats et certains pourraient même être tentés de réduire leur commande, et prendre ce prétexte pour réduire la voilure dans un environnement de fortes contraintes budgétaires.Poursuite des essais en volDu côté d’Airbus, tout est fait pour afficher la confiance dans ce programme. Au lendemain de l’accident, Tom Enders a annoncé la poursuite des essais en vol. « Ces hommes qui sont décédés à Séville étaient de très grands professionnels. Jamais ils n’auraient voulu que nous arrêtions de voler », écrivait le PDG d’Airbus, dans une lettre aux salariés, lundi 11 mai.« Nous voulons montrer à nos clients, les forces aériennes, que nous faisons pleinement confiance à cet excellent avion de transport. Nous sommes pleinement impliqués dans le programme, dans l’augmentation de la cadence des livraisons et des capacités de l’appareil ». Depuis l’avionneur a procédé à dix vols d’essais et la fabrication en cours des vingt appareils continue. Côté français, la confiance est aussi clairement affichée. Un A400M de l’armée française s’est posé jeudi 28 mai à Colmar, pour y être baptisé du nom de la ville, lors d’une cérémonie officielle sur le tarmac de l’aéroport.La succession de déboires qu’a connu ce programme européen depuis son lancement en 2003 a aussi pour conséquence de contraindre se fournir aux États-Unis. Pour répondre à ces besoins, la France envisage d’acheter rapidement quatre C130, des avions de transport militaire de l’américain Lockheed Martin. Cette acquisition « sur étagère » se ferait au détriment de l’avion européen, en raison de son incapacité, dans sa version actuelle, à larguer des parachutistes ou à effectuer du ravitaillement en vol. L’avionneur a alors réagi rappelant qu’il procède à des modifications pour répondre aux besoins. Des tests sont menés depuis un an, et un calendrier d’installation sera présenté au début de l’été. D’ici là la décision française est en attente.Lire aussi :L’accident d’un avion-cargo militaire ouvre une nouvelle crise pour AirbusDominique GalloisJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.05.2015 à 15h56 • Mis à jour le28.05.2015 à 17h20 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Une étape importante a été franchie, jeudi 28 mai en fin de matinée, dans le processus, long et hasardeux, des négociations sur le traité transatlantique, entre les Etats-Unis et l’Europe (TTIP). Le Parlement européen a envoyé une forme de feu vert à la poursuite des discussions, validant notamment, dans le cadre de ce traité de libre-échange, la présence des très controversés tribunaux d’arbitrage, censés régler les différends entre les multinationales et les Etats.Les élus conservateurs – globalement « pro-TTIP » –, ont réussi à rallier à leur cause les sociaux-démocrates du Parlement pour voter un texte de compromis. Il s’agit d’une recommandation, n’ayant certes aucune valeur législative, et votée uniquement au sein d’une commission du Parlement (la commission INTA, en charge des questions commerciales). Cette recommandation devra encore être validée par un vote en plénière, probablement le 10 juin prochain, à Strasbourg.Lire aussi :Traités de libre-échange : le coup de frein des démocrates américainsMais si les élus en INTA avaient rejeté la résolution, jeudi, cela aurait rendu encore plus complexes des discussions déjà très laborieuses entre la Commission européenne et les Américains. Le Parlement européen a tout de même un droit de veto sur le texte final du traité…Très forte contestation populaireCes négociations ont débuté en juillet 2013, mais butent sur une très forte contestation populaire, notamment en Allemagne, et dans une moindre mesure en France, en Belgique ou en Autriche. Les Verts, l’extrême gauche et nombre de mouvements citoyens craignent qu’au prétexte de gagner quelques points de croissance, les Européens sacrifient leurs normes environnementales et sociales. Côté américain, le TTIP ne provoque pas non plus l’enthousiasme, la priorité de l’administration Obama allant clairement au bouclage des discussions sur l’accord de partenariat transpacifique (TPP).Jeudi, le groupe des conservateurs européens (PPE) s’est défendu, avec cette recommandation, d’avoir « bradé » les valeurs sociales et environnementales européennes : « Nous avons soutenu ce texte qui rappelle que le TTIP ne sera pas négocié à n’importe quel prix : nos choix de société comme le niveau de protection de la santé, de l’environnement et des consommateurs ne pourront être revus à la baisse et cette condition n’est pas négociable », ont déclaré les élus Tokia Saïfi et Franck Proust à l’issue du vote.Ils ont aussi souligné qu’ils seraient vigilants concernant la reconnaissance des indications géographiques dans les domaines agricoles et alimentaires, et l’accès des groupes européens aux marchés publics aux Etats-Unis.« Reniement »Concernant les tribunaux d’arbitrage, dénoncés comme pouvant devenir des menaces au droit souverain de légiférer des Etats, les conservateurs assurent qu’ils n’en accepteront le principe que si ces mécanismes de réglement des différends entre Etats et multinationales sont réformés. De manière à respecter « le droit des Etats à réguler, fonctionner de manière transparente, empêcher tout recours abusif ou encore intégrer un mécanisme d’appel. » « Ce nouveau mécanisme s’inscrira dans l’objectif de créer à moyen terme une Cour permanente internationale chargée du règlement de ces différends. » La Commission européenne s’est déjà engagée à proposer une évolution des tribunaux d’arbitrage dans ce sens.Yannick Jadot, élu Vert au Parlement et vice-président de la commission INTA, a déploré le « reniement » des sociaux-démocrates, notamment sur le sujet des mécanismes d’arbitrage. Un « arrangement » qui « prime une nouvelle fois sur la défense de la démocratie, des citoyens, des salariés et des consommateurs européens qui rejettent massivement ce mécanisme pensé par et pour les grandes firmes ». De fait, une consultation publique, initiée au printemps 2014 par la Commission européenne sur ce sujet des tribunaux d’arbitrage, avait reçu des dizaines de milliers de réponses, en très grande majorité négatives.Un dixième round de négociations entre Washington et Bruxelles est déjà programmé, à Bruxelles, dans le courant du mois de juillet prochain.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Pouchard Indifférente ou presque aux farouches critiques contre l’instauration de quotas de migrants dans les vingt-huit pays de l’Union européenne, la Commission a proposé mercredi 27 mai de répartir 40 000 demandeurs d’asile actuellement en Italie (24 000) et en Grèce (16 000), ainsi que de 20 000 réfugiés, entre les différents Etats de l’UE.Lire :La France invitée à accueillir 9 127 migrants en deux ansDésormais politiquement sensible, le mot « quota » ne figure pas dans la proposition de Bruxelles, qui a préféré le terme de « clé ». Le nombre de personnes à répartir a été calculé en fonction du nombre d’habitants du pays d’accueil, mais également du produit intérieur brut (PIB), du taux de chômage ou encore du nombre de demandes d’asile reçues dans le pays.23 Etats accueilleraient 40 000 demandeurs d’asile. Tous les pays d’Europe ne figurent pas sur cette liste : outre l’Italie et la Grèce, qui croulent déjà sous les demandes d’asile, certains Etat bénéficient de dispositions européennes leur permettant de s’exclure du dispositif (Royaume-Uni, Irlande, Danemark).28 Etats accueilleraient 20 000 réfugiés de l’ONU. L’ensemble des Vingt-Huit seraient concernés par un autre dispositif lié à l’ONU : quelque 20 000 réfugiés, au statut reconnu par les Nations unies, demandent une protection internationale et pourraient être dirigés vers un des pays européens.Ces deux volets ajoutés, l’Allemagne serait ainsi la première destination des demandeurs d’asile et des réfugiés, avec près de 12 000 personnes accueillies, devant la France (9 100 personnes).Une autre lecture de ces données est intéressante : rapporté à la seule population du pays, les Etats accueillant le plus de migrants ne sont plus du tout les mêmes. C’est ainsi des « petits » Etats comme le Luxembourg et Malte, qui recevraient proportionnellement le plus de demandeurs d’asile et de réfugiés, avec un taux (finalement modeste), de plus de 9 migrants pour 10 000 habitants.L’Allemagne et la France, elle, sont à un ratio respectif de 1,47 et 1,39 personne pour 10 000 habitants.Un contexte de nombreuses demandes d’asileIl faut toutefois rappeler que certains pays font face, depuis plusieurs années, à une très forte augmentation du nombre de demandes d’asile. C’est ce qui conduit, en France, l’UMP ou le Front national à qualifier de « folie » la proposition de Bruxelles.Paris n’est toutefois pas en première ligne sur ce terrain en Europe. Loin de sa réputation de terre d’accueil, la France n’était plus que quatrième en 2014, avec environ 64 300 demandes d’asile déposées. L’Allemagne fait face à une vague beaucoup plus massive (202 800), suivie de la Suède (81 000) et de l’Italie (64 600). #container_14328028155{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14328028155{ height:500px; } #container_14328028155 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14328028155 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14328028155 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14328028155 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }L'Allemagne, première terre d'accueil des migrants en EuropeNombre de demandes d'asiles déposées depuis 2012 dans les 10 principaux pays d'accueil.Source : Eurostat(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14328028155", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Allemagne","Suède","Italie","France","Hongrie","Royaume-Uni","Autriche","Pays-Bas","Belgique","Danemark"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": 2012, "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 77650 ], [ "", 43945 ], [ "", 17350 ], [ "", 61455 ], [ "", 2155 ], [ "", 28895 ], [ "", 17450 ], [ "", 13100 ], [ "", 28285 ], [ "", 6075 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": 2013, "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 126995 ], [ "", 54365 ], [ "", 26620 ], [ "", 66265 ], [ "", 18900 ], [ "", 30820 ], [ "", 17520 ], [ "", 13095 ], [ "", 21215 ], [ "", 7230 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": 2014, "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 202815 ], [ "", 81325 ], [ "", 64625 ], [ "", 64310 ], [ "", 42775 ], [ "", 31945 ], [ "", 28065 ], [ "", 24535 ], [ "", 22850 ], [ "", 14715 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " demandes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}En outre, ces demandes d’asile... ne sont que des demandes, et ne préjugent pas de la réponse qui y sera donnée. Sur ce point, la France se montre beaucoup moins généreuse que ses voisins, avec un taux de réponse positive d’environ 30 %, contre près de 50 % en Allemagne, 60 % en Italie et plus de 80 % en Suède, selon les chiffres d’Eurostat.Lire aussi :Réfugiés : les arguties déplorables du gouvernementAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.05.2015 à 11h27 • Mis à jour le28.05.2015 à 11h35 La police a découvert « des armes et des composants pouvant servir à la confection d'explosifs » dans une villa de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) lors d'une opération visant une cache d’Euskadi Ta Askatasuna (ETA – « Pays basque et liberté », en français), l'organisation séparatiste basque, jeudi 28 mai au matin.« L'inventaire est en cours », a rapporté une source proche de l’enquête, sans plus de précisions sur l'ampleur et la nature de l'armement mis au jour par les policiers. Dans le cadre de cette opération, menée par la police judiciaire de Bayonne en collaboration avec la garde civile espagnole sous l'autorité du parquet antiterroriste de Paris, ils ont placé en garde à vue une femme soupçonnée de collaboration avec ETA.Déclenchée jeudi à l'aube, l’intervention était centrée sur le garage d'une villa cossue de l'hypercentre de Biarritz. Soupçonnée de collaboration avec ETA, la propriétaire des lieux, ainsi que son mari, ont été placés en garde à vue.Processus unilatéral de désarmementEuskadi Ta Askatasuna, tenu pour responsable d'au moins 829 morts en quarante ans, avait annoncé le 20 octobre 2011 renoncer définitivement à la lutte armée, mais l’organisation n'a pas rendu ses armes et a toujours refusé de se dissoudre, comme l'exigent les gouvernements espagnol et français.ETA avait commencé début 2014 un processus unilatéral de désarmement et de mise hors d'usage de son arsenal, un premier pas vers le désarmement du groupe, très affaibli. La Commission internationale de vérification (CIV), organisme non reconnu par le gouvernement central de Madrid et censé se porter garant de ce désarmement, estimait à la fin de 2014 que le processus se poursuivait.Au début du mois de mai, ETA a encore rejeté un plan de désarmement présenté par le gouvernement régional basque espagnol et refusé de lui remettre ses armes. L’organisation a en revanche accueilli favorablement les propositions d'Euskal Herria Bildu (EH Bildu – « Réunir le Pays basque »), une coalition de partis indépendantistes qui lui sont proches. Ces propositions prévoient notamment la création d'une « commission indépendante de désarmement », avec des experts internationaux, pour recueillir et détruire les armes. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Une étape importante a été franchie, jeudi 28 mai en fin de matinée, dans le processus, long et hasardeux, des négociations sur le traité transatlantique, entre les Etats-Unis et l’Europe (TTIP). Le Parlement européen a envoyé une forme de feu vert à la poursuite des discussions, validant notamment, dans le cadre de ce traité de libre-échange, la présence des très controversés tribunaux d’arbitrage, censés régler les différends entre les multinationales et les Etats.Les élus conservateurs – globalement « pro-TTIP » –, ont réussi à rallier à leur cause les sociaux-démocrates du Parlement pour voter un texte de compromis. Il s’agit d’une recommandation, n’ayant certes aucune valeur législative, et votée uniquement au sein d’une commission du Parlement (la commission INTA, en charge des questions commerciales). Cette recommandation devra encore être validée par un vote en plénière, probablement le 10 juin prochain, à Strasbourg.Lire aussi :Traités de libre-échange : le coup de frein des démocrates américainsMais si les élus en INTA avaient rejeté la résolution, jeudi, cela aurait rendu encore plus complexes des discussions déjà très laborieuses entre la Commission européenne et les Américains. Le Parlement européen a tout de même un droit de veto sur le texte final du traité…Très forte contestation populaireCes négociations ont débuté en juillet 2013, mais butent sur une très forte contestation populaire, notamment en Allemagne, et dans une moindre mesure en France, en Belgique ou en Autriche. Les Verts, l’extrême gauche et nombre de mouvements citoyens craignent qu’au prétexte de gagner quelques points de croissance, les Européens sacrifient leurs normes environnementales et sociales. Côté américain, le TTIP ne provoque pas non plus l’enthousiasme, la priorité de l’administration Obama allant clairement au bouclage des discussions sur l’accord de partenariat transpacifique (TPP).Jeudi, le groupe des conservateurs européens (PPE) s’est défendu, avec cette recommandation, d’avoir « bradé » les valeurs sociales et environnementales européennes : « Nous avons soutenu ce texte qui rappelle que le TTIP ne sera pas négocié à n’importe quel prix : nos choix de société comme le niveau de protection de la santé, de l’environnement et des consommateurs ne pourront être revus à la baisse et cette condition n’est pas négociable », ont déclaré les élus Tokia Saïfi et Franck Proust à l’issue du vote.Ils ont aussi souligné qu’ils seraient vigilants concernant la reconnaissance des indications géographiques dans les domaines agricoles et alimentaires, et l’accès des groupes européens aux marchés publics aux Etats-Unis.« Reniement »Concernant les tribunaux d’arbitrage, dénoncés comme pouvant devenir des menaces au droit souverain de légiférer des Etats, les conservateurs assurent qu’ils n’en accepteront le principe que si ces mécanismes de réglement des différends entre Etats et multinationales sont réformés. De manière à respecter « le droit des Etats à réguler, fonctionner de manière transparente, empêcher tout recours abusif ou encore intégrer un mécanisme d’appel. » « Ce nouveau mécanisme s’inscrira dans l’objectif de créer à moyen terme une Cour permanente internationale chargée du règlement de ces différends. » La Commission européenne s’est déjà engagée à proposer une évolution des tribunaux d’arbitrage dans ce sens.Yannick Jadot, élu Vert au Parlement et vice-président de la commission INTA, a déploré le « reniement » des sociaux-démocrates, notamment sur le sujet des mécanismes d’arbitrage. Un « arrangement » qui « prime une nouvelle fois sur la défense de la démocratie, des citoyens, des salariés et des consommateurs européens qui rejettent massivement ce mécanisme pensé par et pour les grandes firmes ». De fait, une consultation publique, initiée au printemps 2014 par la Commission européenne sur ce sujet des tribunaux d’arbitrage, avait reçu des dizaines de milliers de réponses, en très grande majorité négatives.Un dixième round de négociations entre Washington et Bruxelles est déjà programmé, à Bruxelles, dans le courant du mois de juillet prochain.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Pouchard Indifférente ou presque aux farouches critiques contre l’instauration de quotas de migrants dans les vingt-huit pays de l’Union européenne, la Commission a proposé mercredi 27 mai de répartir 40 000 demandeurs d’asile actuellement en Italie (24 000) et en Grèce (16 000), ainsi que de 20 000 réfugiés, entre les différents Etats de l’UE.Lire :La France invitée à accueillir 9 127 migrants en deux ansDésormais politiquement sensible, le mot « quota » ne figure pas dans la proposition de Bruxelles, qui a préféré le terme de « clé ». Le nombre de personnes à répartir a été calculé en fonction du nombre d’habitants du pays d’accueil, mais également du produit intérieur brut (PIB), du taux de chômage ou encore du nombre de demandes d’asile reçues dans le pays.23 Etats accueilleraient 40 000 demandeurs d’asile. Tous les pays d’Europe ne figurent pas sur cette liste : outre l’Italie et la Grèce, qui croulent déjà sous les demandes d’asile, certains Etat bénéficient de dispositions européennes leur permettant de s’exclure du dispositif (Royaume-Uni, Irlande, Danemark).28 Etats accueilleraient 20 000 réfugiés de l’ONU. L’ensemble des Vingt-Huit seraient concernés par un autre dispositif lié à l’ONU : quelque 20 000 réfugiés, au statut reconnu par les Nations unies, demandent une protection internationale et pourraient être dirigés vers un des pays européens.Ces deux volets ajoutés, l’Allemagne serait ainsi la première destination des demandeurs d’asile et des réfugiés, avec près de 12 000 personnes accueillies, devant la France (9 100 personnes).Une autre lecture de ces données est intéressante : rapporté à la seule population du pays, les Etats accueillant le plus de migrants ne sont plus du tout les mêmes. C’est ainsi des « petits » Etats comme le Luxembourg et Malte, qui recevraient proportionnellement le plus de demandeurs d’asile et de réfugiés, avec un taux (finalement modeste), de plus de 9 migrants pour 10 000 habitants.L’Allemagne et la France, elle, sont à un ratio respectif de 1,47 et 1,39 personne pour 10 000 habitants.Un contexte de nombreuses demandes d’asileIl faut toutefois rappeler que certains pays font face, depuis plusieurs années, à une très forte augmentation du nombre de demandes d’asile. C’est ce qui conduit, en France, l’UMP ou le Front national à qualifier de « folie » la proposition de Bruxelles.Paris n’est toutefois pas en première ligne sur ce terrain en Europe. Loin de sa réputation de terre d’accueil, la France n’était plus que quatrième en 2014, avec environ 64 300 demandes d’asile déposées. L’Allemagne fait face à une vague beaucoup plus massive (202 800), suivie de la Suède (81 000) et de l’Italie (64 600). #container_14328028155{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14328028155{ height:500px; } #container_14328028155 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14328028155 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14328028155 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14328028155 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }L'Allemagne, première terre d'accueil des migrants en EuropeNombre de demandes d'asiles déposées depuis 2012 dans les 10 principaux pays d'accueil.Source : Eurostat(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14328028155", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Allemagne","Suède","Italie","France","Hongrie","Royaume-Uni","Autriche","Pays-Bas","Belgique","Danemark"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": 2012, "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 77650 ], [ "", 43945 ], [ "", 17350 ], [ "", 61455 ], [ "", 2155 ], [ "", 28895 ], [ "", 17450 ], [ "", 13100 ], [ "", 28285 ], [ "", 6075 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": 2013, "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 126995 ], [ "", 54365 ], [ "", 26620 ], [ "", 66265 ], [ "", 18900 ], [ "", 30820 ], [ "", 17520 ], [ "", 13095 ], [ "", 21215 ], [ "", 7230 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": 2014, "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 202815 ], [ "", 81325 ], [ "", 64625 ], [ "", 64310 ], [ "", 42775 ], [ "", 31945 ], [ "", 28065 ], [ "", 24535 ], [ "", 22850 ], [ "", 14715 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " demandes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}En outre, ces demandes d’asile... ne sont que des demandes, et ne préjugent pas de la réponse qui y sera donnée. Sur ce point, la France se montre beaucoup moins généreuse que ses voisins, avec un taux de réponse positive d’environ 30 %, contre près de 50 % en Allemagne, 60 % en Italie et plus de 80 % en Suède, selon les chiffres d’Eurostat.Lire aussi :Réfugiés : les arguties déplorables du gouvernementAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.05.2015 à 11h27 • Mis à jour le28.05.2015 à 11h35 La police a découvert « des armes et des composants pouvant servir à la confection d'explosifs » dans une villa de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) lors d'une opération visant une cache d’Euskadi Ta Askatasuna (ETA – « Pays basque et liberté », en français), l'organisation séparatiste basque, jeudi 28 mai au matin.« L'inventaire est en cours », a rapporté une source proche de l’enquête, sans plus de précisions sur l'ampleur et la nature de l'armement mis au jour par les policiers. Dans le cadre de cette opération, menée par la police judiciaire de Bayonne en collaboration avec la garde civile espagnole sous l'autorité du parquet antiterroriste de Paris, ils ont placé en garde à vue une femme soupçonnée de collaboration avec ETA.Déclenchée jeudi à l'aube, l’intervention était centrée sur le garage d'une villa cossue de l'hypercentre de Biarritz. Soupçonnée de collaboration avec ETA, la propriétaire des lieux, ainsi que son mari, ont été placés en garde à vue.Processus unilatéral de désarmementEuskadi Ta Askatasuna, tenu pour responsable d'au moins 829 morts en quarante ans, avait annoncé le 20 octobre 2011 renoncer définitivement à la lutte armée, mais l’organisation n'a pas rendu ses armes et a toujours refusé de se dissoudre, comme l'exigent les gouvernements espagnol et français.ETA avait commencé début 2014 un processus unilatéral de désarmement et de mise hors d'usage de son arsenal, un premier pas vers le désarmement du groupe, très affaibli. La Commission internationale de vérification (CIV), organisme non reconnu par le gouvernement central de Madrid et censé se porter garant de ce désarmement, estimait à la fin de 2014 que le processus se poursuivait.Au début du mois de mai, ETA a encore rejeté un plan de désarmement présenté par le gouvernement régional basque espagnol et refusé de lui remettre ses armes. L’organisation a en revanche accueilli favorablement les propositions d'Euskal Herria Bildu (EH Bildu – « Réunir le Pays basque »), une coalition de partis indépendantistes qui lui sont proches. Ces propositions prévoient notamment la création d'une « commission indépendante de désarmement », avec des experts internationaux, pour recueillir et détruire les armes. Marie Charrel Et si la Grèce ne remboursait pas les 1,6 milliard d’euros qu’elle doit au Fonds monétaire international (FMI) en juin ? « Tout le monde espère que ce scénario sera évité car nous plongerions dans l’inconnu », commente Michalis Massourakis, chef économiste de la Fédération hellénique des entreprises (SEV).Lire aussi :Grèce : le compte à rebours a commencéMercredi 27 au soir, le ton était à l’optimisme. Une source gouvernementale grecque indiquait qu’Athènes et ses créanciers du groupe de Bruxelles travaillaient à la rédaction d’une ébauche de compromis portant sur la réforme de la TVA, des retraites, la question de la dette et le niveau d’excédent budgétaire que le pays doit cibler.« Pas de mise en défaut immédiate du pays »Si ce projet de texte est confirmé jeudi 28 mai, un accord pourrait être signé dès mardi 2 juin – accord qui débloquerait la dernière tranche de 7,2 milliards d’euros du plan de sauvetage européen. La semaine prochaine sera donc décisive. Selon plusieurs sources, la Grèce a encore de quoi payer les 306 millions qu’elle doit rembourser le 5 juin au FMI. Le doute porte en revanche sur les échéances du 12, 16 et 19 juin. « Personne ne sait exactement combien il reste dans les caisses de l’Etat grec, et les points de désaccords entre le gouvernement Tsipras et ses créanciers restent nombreux », rappelle Eric Dor, économiste à l’Iéseg.Que se passerait-il si, en cas d’échec des négociation, Athènes manquait ces remboursements ? « Cela ne déclencherait pas la mise en défaut immédiate du pays, car le FMI est un créancier à part », explique Frederik Ducrozet, économiste au Crédit Agricole CIB. Selon les textes de l’institution, le pays retardataire dispose d’un mois avant que le directeur général du FMI, à savoir Christine Lagarde, ne notifie au conseil d’administration le défaut. Le Panama, le Zimbabwe ou encore le Pérou se sont déjà retrouvés dans ce cas.Entre temps, Athènes pourrait négocier la fusion des remboursements à effectuer en juin en un seul, calé à la fin du mois. De quoi gagner quelques semaines encore. Mardi 26 mai, des dirigeants de la zone euro laissaient entendre qu’une telle option était envisagée.Situation délicateEncore faut-il que le FMI donne son aval : le 16 avril, Mme Lagarde a déclaré qu’elle s’opposerait à tout report des remboursements. L’institution n’a en effet pas accordé une telle faveur à un pays depuis des années. « Déroger à la règle pour Athènes mettrait le FMI dans une situation délicate vis-à-vis des pays émergents, hostiles à l’égard de toute mansuétude accordée à la Grèce », analyse M. Dor.La question la plus sensible reste néanmoins la réaction des autres créanciers du pays. A commencer par le Fonds européen de stabilité financière (FESF), qui a prêté en tout 141,8 milliards d’euros à Athènes depuis 2010. Dans le cas où la Grèce ne remboursait pas à temps le FMI, celui-ci peut en théorie exiger le remboursement total ou partiel des prêts déjà accordés, voire annuler les suivants. « C’est une possibilité, mais il est peu probable que le FESF aille jusque-là », commente M. Dor.La Banque centrale européenne (BCE) serait elle aussi dans une situation délicate. Depuis le 4 février, elle révise toutes les semaines le plafond des liquidités d’urgence (ELA) qu’elle accorde aux banques grecques. Si le FMI déclare la Grèce en défaut, la BCE pourrait considérer que les garanties (les « collatéraux ») que les établissements hellènes lui apportent en échange de ces aides sont désormais de mauvaise qualité. Elle pourrait même, dans le plus extrême et peu probable des scénarios, suspendre les ELA, ce qui condamnerait les banques à l’asphyxie.Fuite des dépôtsDans les deux cas, nul doute que les Grecs se précipiteraient aux distributeurs pour retirer du liquide, accélérant la fuite des dépôts. « Le gouvernement serait probablement contraint de mettre en place le contrôle des capitaux, pour limiter l’hémorragie », analyse Holger Schmieding, économiste à la banque Berenberg. En instaurant par exemple des plafonds pour les retraits et virements à l’étranger.En théorie, défaut et contrôle des capitaux n’entraîneraient pas automatiquement une sortie de la zone euro, le « Grexit ». Seulement, pour pouvoir continuer à payer les fonctionnaires, l’Etat ou les municipalités pourraient être tentés d’imprimer des bons, comme l’a fait l’Argentine en 2002 après son défaut. L’utilisation des bons y avait alors été progressivement élargie et autorisées dans les commerces, jusqu’à devenir une monnaie parallèle. Un tel scénario en Grèce serait, de fait, une forme de Grexit.Lire aussi :La Grèce risque-t-elle le scénario argentin ?Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.05.2015 à 18h41 • Mis à jour le27.05.2015 à 18h52 La Suisse et l’Union européenne (UE) ont entériné, mercredi 27 mai, la fin du secret bancaire suisse à partir de 2018. Berne et Bruxelles ont officiellement signé un accord sur l’échange automatique d’informations fiscales concernant les ressortissants européens ne résidant pas en Suisse, après avoir donné un premier avis favorable en mars. Une étape majeure vers une plus grande transparence.Lire aussi :La Suisse fixe à 2018 la fin de son sacro-saint secret bancaireToutefois rien n’est encore acté. Le Parlement suisse doit encore ratifier cet accord, qui peut aussi être soumis à référendum. S’il passe ces étapes, la Suisse et les vingt-huit Etats membres de l’UE pourront collecter des données bancaires dès 2017 et les échanger à partir de 2018.Une avancée qui « permettra d’empêcher la dissimulation de revenus non déclarés sur des comptes en Suisse », a estimé la Commission européenne, qui a fait de la transparence fiscale un de ses chevaux de bataille.L’échange automatique de données fiscales est considéré comme l’arme la plus efficace contre la fraude, puisqu’il lève de facto le secret bancaire et met fin à l’arbitraire pouvant régner dans la coopération entre administrations fiscales.A lire également :Quand la Suisse choque en pratiquant la transparence fiscaleConcrètement, les banques helvétiques devront dans un premier temps livrer aux autorités fiscales suisses des données qu’elles auront collectées sur les contribuables d’un pays membre de l’UE. Le fisc suisse transmettra à son tour ces renseignements aux autorités fiscales du pays concerné.Les membres de l’UE auront les mêmes obligations à l’égard de Berne. Chaque année, les Etats membres recevront donc les noms, adresses, numéros d’identification fiscale et dates de naissance de leurs résidents possédant des comptes en Suisse, ainsi que d’autres informations sur les actifs financiers et le solde des comptes.« Un nouveau coup porté aux fraudeurs du fisc »Pour Pierre Moscovici, le commissaire européen chargé de la fiscalité, la victoire est double : « Il s’agit d’un nouveau coup porté aux fraudeurs du fisc et d’un pas supplémentaire vers une fiscalité plus juste en Europe. » « L’Union a montré la voie à suivre pour l’échange automatique d’informations, dans l’espoir que ses partenaires internationaux lui emboîteraient le pas », a-t-il ajouté.Lire aussi :Fiscalité : Hollande dit croire à l’aide suisseCar la Commission ne compte pas s’arrêter là. L’institution de Bruxelles est en train de conclure des négociations pour des accords similaires avec l’Andorre, le Liechtenstein, Monaco et Saint-Marin, qui devraient être signés avant la fin de l’année.Au cours des dernières années, les Européens ont renforcé leur arsenal pour mieux lutter contre la fraude et l’évasion fiscales, qui privent chaque année les budgets des Etats membres de plusieurs milliards d’euros. Ils ont notamment étendu le champ d’application de l’échange automatique d’informations entre les administrations fiscales concernant les particuliers.L’optimisation fiscale des entreprises dans le viseurDésormais, ce sont surtout les pratiques d’optimisation fiscale des entreprises, mises en lumière par le scandale « LuxLeaks », que Bruxelles a dans son viseur. Fin 2014, les révélations sur des centaines d’accords conclus au Luxembourg ont provoqué un sursaut contre l’évasion fiscale organisée en faveur des grandes sociétés.Lire aussi :LuxLeaks : 28 000 pages de documents secrets, 548 accords confidentielsAprès de premières propositions en mars, la Commission veut aller plus loin pour rendre la fiscalité des entreprises plus équitable au sein du marché unique. Elle présentera un nouveau paquet le 17 juin qui comprendra une proposition sur l’harmonisation au niveau européen de l’impôt sur les sociétés (Accis) afin de lutter contre l’évitement fiscal des entreprises. Un sujet gelé depuis des années.Sur ce dossier sensible, il faut être « ambitieux et réaliste », a estimé mercredi Valdis Dombrovskis, le vice-président de la Commission européenne. L’unanimité est requise pour les questions fiscales au sein de l’Union européenne. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Les membres du « groupe de Bruxelles » se sont à nouveau isolés, mercredi 27 mai après-midi, dans des bureaux discrets, à Bruxelles, pour tenter de sortir de l’impasse des négociations entre Athènes et ses créanciers (Commission et banque centrale européennes, FMI) qui durent maintenant depuis quatre mois. Les Grecs, qui espèrent un accord dans les tout prochains jours, sont arrivés à Bruxelles avec une ébauche d’accord d’une vingtaine de pages, et le premier ministre grec Alexis Tsipras, très impliqué dans les négociations, a fait savoir qu’il allait personnellement suivre la réunion, depuis Athènes.Tout le monde en est maintenant conscient, à Athènes, Paris, Berlin ou Washington : ces laborieuses discussions doivent se conclure très vite pour que le pire – un défaut de l’Etat grec, à court de liquidités – soit évité. Les « jours utiles » comme on dit à Bruxelles sont désormais comptés : une dizaine, tout au plus, estiment plusieurs sources proches des négociations. Quelles conditions doivent être réunies pour que le scénario « optimiste » ait encore une chance de se réaliser ?Le FMI sur une ligne dureIl faut qu’Athènes et ses créanciers s’entendent enfin sur un programme de réformes en Grèce. En échange, les créanciers verseront les prêts promis (environ 7,2 milliards d’euros). Or, aujourd’hui, les positions d’Athènes et des créanciers, surtout du FMI, toujours sur une ligne très dure, sont encore loin d’être convergentes.Athènes propose une réforme de la TVA, alors que le FMI et la BCE demandent davantage, pour maximiser les revenus fiscaux d’un pays dont l’équilibre budgétaire est ultra-fragilisé (au total, sur les quatre premiers mois de l’année, les rentrées fiscales ont diminué de près de 900 millions d’euros par rapport aux objectifs initiaux).Lire aussi :La Grèce en panne de recettes fiscalesLa réforme des retraites est aussi sur la table : le FMI exigerait des départs effectifs à la retraite à 67 ans, la Commission européenne plaide plutôt pour 65 ans, et les Grecs pour 62 ans… Il y a aussi un désaccord sur la question du surplus primaire, c’est-à-dire le surplus budgétaire grec avant le paiement des dettes.Le FMI plus exigeant que la CommissionConsciente de la situation économique délicate du pays, la Commission propose seulement 1 % du PIB du pays en 2015, 2 % en 2016 et 3 % en 2017. Le FMI est là encore, plus exigeant… Et réclame une libéralisation des marchés des biens et des services pour booster la croissance « potentielle » grecque.« Pour qu’un accord soit trouvé, il faut qu’Athènes fasse encore des efforts, mais aussi que le FMI cède du terrain » jugeait une source proche des négociations, mercredi. A Washington, le Fonds est dans son rôle de protecteur des intérêts de prêteurs à court terme (10 ans) et exige des réformes qui se traduisent rapidement par des rentrées d’argent public supplémentaires.Par ailleurs, un grand nombre de contributeurs au Fonds (les pays du Sud, les pays asiatiques) sont peu enclins à faire « des cadeaux » à Athènes, estimant que le FMI a déjà beaucoup trop prêté au pays (32 milliards en tout).Majorité politiqueA Athènes, Alexis Tsipras a obtenu, ces derniers jours, une majorité au sein de Syriza, son parti de la gauche radicale, pour poursuivre les négociations, mais il lui est impossible, politiquement, d’accepter toutes les réformes « d’austérité » exigées par Washington. Au milieu, la Commission européenne, plus conciliante, a cependant conscience qu’elle doit tenir compte de la position du FMI, parce que c’est aussi celle des Allemands, des Néerlandais ou des Finlandais…Pour éviter le pire – un défaut de l’Etat grec aux conséquences difficiles à anticiper (panique des épargnants, contrôle des capitaux, etc.) –, il faudrait idéalement qu’un Eurogroupe, seule instance où un accord entre Athènes et ses créanciers peut-être scellé, soit convoqué au plus tard autour du 5 juin. Idéalement, le 2 ou le 3 juin.Le 5 juin, la Grèce doit en effet rembourser 300 millions d’euros au FMI. D’après plusieurs sources proches des négociations, Athènes peut trouver l’argent. Mais la Grèce craint que si elle envoie ce chèque, sans assurance d’un accord avec Bruxelles dans la foulée, elle ne puisse pas assurer les remboursements suivants au Fonds (336 millions d’euros le 12 juin, 560 le 16 et 336 le 19 juin).La solution de l’EurogroupeL’Eurogroupe, en entérinant un accord, permettrait à la BCE de remettre en place le mode de financement de l’Etat grec qu’elle avait stoppé en février – ses achats de dette souveraine grecque –, ce qui soulagerait instantanément Athènes.Dans l’enveloppe de 7,2 milliards d’euros restant à verser à la Grèce, quelque 1,9 milliard correspondant aux profits réalisés depuis 2010 par la BCE suite aux rachats de dette publique grecque pourraient aussi être débloqués rapidement.Cependant, cet Eurogroupe n’avait pas été formellement convoqué, mercredi en fin d’après midi. Pour qu’il le soit, il faut que les derniers différends aient été aplanis avant au sein du groupe de Bruxelles, mercredi 27 mai et jeudi 28 mai dans la journée. Puis lors d’un Euroworking groupe, réunion préparatoire aux Eurogroupes, qui est prévu dans la foulée, jeudi dans l’après-midi.« On est tous dans un hôtel »Deux autres rendez-vous très importants, ceux-là au niveau politique, pourraient être l’occasion de lever les dernières réserves, notamment côté FMI. Il y a le G7 de la finance qui a commencé mercredi à Dresde, en Allemagne, et qui réunit une bonne partie des protagonistes du dossier grec : Mario Draghi, président de la BCE, Christine Lagarde, directrice générale du FMI, Jeroen Dijsselbloem, président de l’Eurogroupe, Wolfgang Schäuble, ministre des finances allemand… « On est tous dans un hôtel, on a plein d’occasions de se croiser et de discuter dans les couloirs, c’est un endroit parfait pour négocier » témoignait mercredi, une source arrivée sur place.Autre rendez-vous important : lundi 1er juin, le président Hollande retrouve la chancelière Merkel et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker à Berlin. Au menu : une rencontre avec des entrepreneurs européens des domaines de l’énergie, du digit…. Mais aussi, évidemment, la Grèce.Lire aussi :Qui sont les protagonistes de la crise de la dette grecque ?Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 27.05.2015 à 17h10 • Mis à jour le28.05.2015 à 11h43 | Marie Charrel Les mots sont forts. Selon une information publiée mercredi 27 mai par le quotidien El Pais, le gouvernement espagnol a écrit aux institutions européennes pour réclamer une ambitieuse révision de la politique économique de l’union monétaire. Avec en ligne de mire la création d’un budget commun, l’émission d’euro-obligations ou encore une liberté de circulation renforcée des travailleurs.Dans le document de huit pages cité par le quotidien espagnol, le gouvernement de Mariano Rajoy s’en prendrait surtout à la Banque centrale européenne (BCE). « Dans certains pays, la politique monétaire fut trop expansive et a créé les conditions financières qui ont conduit à un endettement excessif et à l’accumulation de déséquilibres », peut-on y lire, d’après le journal.Pour y remédier, Madrid suggère de revoir le mandat de l’institution. Aujourd’hui, celui-ci consiste en premier lieu à veiller à la stabilité des prix, avec un taux d’inflation convergeant vers l’objectif de 2 % dans la zone euro. En théorie, la mission secondaire de l’institut monétaire est d’apporter son soutien aux objectifs économiques de l’union monétaire, tel que le maintien d’un niveau d’emploi élevé.Question légitimeMais dans les faits, la BCE s’est, depuis sa création, surtout concentrée sur le seul objectif de l’inflation. Ce n’est pas le cas de la Réserve fédérale américaine (Fed) par exemple, pour qui l’emploi est tout aussi central. Et c’est bien ce que reproche Madrid à Francfort, jugeant que l’institution monétaire devrait non seulement veiller un peu plus à la croissance, mais aussi s’assurer que les évolutions des prix entre Etats ne divergent pas trop. « La BCE regarde seulement l’inflation moyenne : cela a peu de sens et n’empêche pas les dérives », observe Bruno Colmant, économiste à l’Université catholique de Louvain. « On l’a vu ces dernières années, quand l’Espagne et la Grèce s’enfonçaient dans la déflation tandis que les prix se stabilisaient en Allemagne. »Si ni la BCE ni le gouvernement espagnol n’ont commenté ces informations, les critiques sur le mandat de l’institution ne sont pas nouvelles. C’est néanmoins la première fois qu’elles émanent aussi formellement d’un Etat. Et elles soulèvent une question légitime : pourquoi la BCE s’est-elle concentrée à ce point sur la seule inflation ?L’explication la plus souvent avancée est que la BCE a été construite à Francfort, sur le modèle de la Bundesbank allemande, la « Buba ». Du fait de l’hyperinflation des années 1920 puis de l’après-guerre, qui a laissé un souvenir douloureux outre-Rhin, la « Buba », créée en 1957, s’est attaquée presque exclusivement à la maîtrise des prix. A sa création, en 1998, la BCE a donc naturellement adopté les préoccupations allemandes.« Problème institutionnel »Et ce au prix d’une certaine myopie. De fait, si les prix des produits à la consommation étaient relativement stables entre 2000 et 2007, ceux de certains actifs financiers, comme l’immobilier espagnol, ont flambé. Une bulle qui a violemment éclaté en 2008.Mais ce n’est pas tout. Si la BCE s’est moins préoccupée d’emploi et de croissance que son homologue américaine, c’est aussi parce qu’elle n’est pas outillée pour le faire. « En vérité, il s’agit là d’un problème institutionnel de la zone euro elle-même, qui dépasse le seul cadre de la BCE », commente Grégory Claeys, économiste à l’Institut Bruegel.De fait, alors que la Fed a en face d’elle un Trésor unique et un Etat unique, la BCE doit composer avec dix-neuf Etats menant des politiques budgétaires différentes. Si la zone euro a bien développé des règles communes en matière de gestion des finances publiques, elle peine en revanche à coordonner les politiques économiques, de croissance et de lutte contre le chômage. « De plus, le problème des divergences de compétitivité entre les membres ne relève pas de la politique monétaire », rappelle M. Claeys.Les propositions de Madrid ont-elles une chance de faire bouger les lignes ? Peut-être. S’il est peu probable que le mandat de la BCE évolue, puisqu’il exige une modification des traités délicate à obtenir, l’institution a déjà prouvé qu’elle était capable de se remettre en question. Sous l’impulsion de son président Mario Draghi, elle a ainsi élargi ses préoccupations à la stabilité financière pendant la crise. Et les mesures prises depuis 2012 sont bien plus favorables à la croissance. En témoigne la politique de rachats massifs de dette publique, lancée en mars dernier. La BCE de 2015 n’est plus celle de 2008, et son fonctionnement s’est, dans les faits, déjà beaucoup rapproché de celui de la Fed.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Des centaines de passagers ont passé la nuit de mercredi à jeudi sur des lits de fortune ou des banquettes de l’aéroport de Bruxelles-National, dans l’espoir, parfois vain, de pouvoir décoller quelques heures plus tard. Comme des milliers d’autres voyageurs, ils ont été victimes d’une gigantesque panne électrique qui a affecté Belgocontrol, l’entreprise publique qui gère le trafic aérien du pays.La panne est survenue mercredi matin, entraînant la paralysie totale du trafic à partir de 9 h 45, jusqu’à 17 heures environ. L’espace aérien a ensuite été progressivement rouvert mais, jeudi matin, on enregistrait encore des retards et des annulations, à Bruxelles comme dans les aéroports régionaux. La situation ne devait être totalement rétablie que vendredi ou samedi, alors qu’une grève partielle des chemins de fer, commencée jeudi matin, ne devait pas arranger les problèmes de certains voyageurs.Au total, quelque 200 vols ont été annulés ou fortement retardés. La compagnie Brussels Airlines, lointaine héritière de la défunte Sabena, a été particulièrement touchée, avec 150 vols annulés et des long-courriers décollant avec des heures de retard. En décembre, la compagnie avait perdu, selon ses estimations, 5 millions d’euros en raison d’une grève survenue chez Belgocontrol. D’autres compagnies se sont plaintes du manque de communication de l’entreprise. Un long silence a, en effet, précédé des explications nébuleuses, qui ont varié au fil des heures.« Une bonne blague sur les Belges »Les informations finalement avancées par l’opérateur ne manqueront pas d’étonner. Jeudi soir, un porte-parole a indiqué que la panne était survenue lors d’un test de vérification sur les générateurs de secours. La surcharge entraînée par cette opération a mis hors service, non seulement l’installation électrique opérationnelle mais l’élément qui devait déclencher des batteries, puis des générateurs en cas de défaillance. « Cela montre que nous entretenons très bien nos systèmes », a jugé utile d’indiquer le porte-parole. « Si vous cherchez une idée un peu abracadabrante de scénario ou une bonne blague sur les Belges à raconter à vos amis français, c’est par ici », répliquait, jeudi matin, l’éditorialiste de La Libre Belgique…La panne a, en tout cas, entraîné la paralysie immédiate du Centre national de contrôle aérien, qui gère le trafic jusqu’à 8 000 mètres d’altitude. Au-delà, le mouvement des appareils est géré par Eurocontrol. Les contrôleurs militaires ont prêté leur concours pour faciliter l’atterrissage d’une douzaine d’appareils et d’autres ont pu se poser « en visuel », sans l’assistance des radars. « Heureusement qu’il faisait beau. Avec du brouillard et du mauvais temps, on courait à la catastrophe », a indiqué un porte-parole de l’Association professionnelle des pilotes belges.Les tours de contrôle des autres aéroports du pays (Charleroi, Liège, Anvers, Ostende) continuaient de fonctionner, mais Belgocontrol a toutefois décrété la fermeture de l’espace aérien national, pour des raisons de sécurité.Une réunion d’urgence a été organisée jeudi soir. La ministre de la mobilité, Jacqueline Galant, a exigé « un rapport circonstancié, à remettre dans les meilleurs délais, sur les causes qui ont occasionné cet incident majeur ». Selon la ministre, « le gouvernement, Brussels Airport, les aéroports régionaux, les clients ont droit à des réponses ».Risque de black-out l’hiver dernierLes autorités politiques demandent un plan d’action qui éviterait la répétition d’un tel incident et une évaluation des procédures d’urgence. L’opposition socialiste se prépare à interpeller la ministre libérale. Elle se demande si les vérifications des systèmes de secours dans les secteurs sensibles ont été correctement effectuées à Belgocontrol et ailleurs.De telles mesures de surveillance avaient été promises en raison du risque de black-out électrique que courait le pays, l’hiver dernier. Une partie du parc nucléaire géré par Electrabel, filiale d’Engie, a, en effet, été mise à l’arrêt en raison de la détection de fissures dans les cuves de réacteurs, à Doel et Tihange.Du côté syndical, on pointe les dysfonctionnements de Belgocontrol et un plan d’économies appliqué depuis trois ans, avec à la clé une réduction du personnel. Selon l’organisation CSC Transcom, cela aurait entraîné des difficultés pour la maintenance.Déficit chroniqueL’entreprise chargée du contrôle aérien souffre, par ailleurs, d’un déficit chronique, que le gouvernement a tenté de résoudre en la forçant à se financer de manière autonome à l’avenir. Elle reçoit 24 millions d’euros par an de l’Etat et est financée à 75 % par les redevances des compagnies aériennes. Après l’incident de jeudi, celles-ci rechigneront sans doute à payer davantage. Tout comme Brussels Airport, dont la redevance n’a pourtant pas été réévaluée depuis plusieurs années.La Région wallonne, qui veille à la santé des aéroports de Charleroi et de Liège, estime quant à elle que les 6,8 millions d’euros qu’elle alloue chaque année à Belgocontrol pour ses missions de contrôle sont largement suffisants. Et elle disait, jeudi matin, avoir été injustement pénalisée, lest efforts pour permettre le retour à la normale ayant été concentrés prioritairement sur l’aéroport de Bruxelles, alors qu’une partie du trafic aurait pu être prise en charge par les installations wallonnes. La Région menaçait, dès lors, de déposer plainte contre Belgocontrol.Une polémique qui envenime, un peu plus, la situation, alors que le gouvernement fédéral tente de renégocier un nouveau contrat avec les régions. Il prévoit une augmentation de la redevance payée par la Wallonie.Lire aussi :La Belgique prolonge de dix ans ses vieux réacteurs nucléairesJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.05.2015 à 12h32 • Mis à jour le27.05.2015 à 14h45 | Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) La Commission européenne persiste et signe : elle a présenté, mercredi 27 mai, son plan global sur l’immigration, en précisant les quotas de migrants à accueillir par pays. Malgré les réticences de certaines capitales et l’hostilité affichée d’autres, elle confirme sa volonté d’assurer une répartition de demandeurs d’asile qui séjournent actuellement en Italie et en Grèce. Elle ne parle toutefois plus de « quotas » par pays, mais d’une « clé » établie en tenant compte de divers critères qui ont fait l’objet d’une pondération : le nombre d’habitants, le produit intérieur, le taux de chômage, le nombre de demandes d’asile déjà reçues et le nombre de réfugiés déjà accueillis au titre de la protection internationale.Après avoir donné des premières estimations le 13 mai, Bruxelles propose la répartition, étalée sur deux ans, de 40 000 Syriens et Erythréens, dont 24 000 sont actuellement en Italie et 16 000 en Grèce. La France serait censée en accueillir 4 051 venant d’Italie et 2 701 venant de Grèce, l’Allemagne 5 258 et 3 505. Vingt et un autres Etats sont concernés : les traités européens octroient un opt-in (droit d’option) au Royaume-Uni et l’Irlande, qui peuvent décider de participer ou non à un tel projet, et le Danemark possède un opt-out, qui exclut sa participation.Les 40 000 personnes concernées représentent 40 % du total des migrants arrivés en Italie et en Grèce en 2014 et susceptibles de demander l’asile. Le projet de répartition (relocation), qui pourrait aussi concerner Malte à l’avenir, s’appuie sur un mécanisme d’urgence prévu dans le traité de l’Union (article 78.3) et qui n’a jamais été mis en œuvre.Cette disposition précise que, en cas de circonstances exceptionnelles comme un afflux soudain de migrants, une répartition peut être mise en œuvre au niveau de l’Union. C’est le nouveau pays d’accueil qui décidera, au final, de l’octroi, ou non, de l’asile. Il incombera, en revanche, à l’Italie et à la Grèce de relever les empreintes de tous les demandeurs : en principe obligatoire, cet enregistrement n’est pas toujours réalisé. A l’avenir, les pays concernés seront aidés par Europol et Frontex pour mener à bien cette tâche et évaluer rapidement le statut exact des personnes arrivées illégalement en Europe.Accueil en Europe de 20 000 réfugiésLe plan présenté mercredi comporte un autre volet « accueil » pour 20 000 réfugiés reconnus par les Nations unies, qui demandent pour eux une protection internationale. Ce projet de réinstallation (resettlement) concerne, cette fois, les Vingt-Huit. Même si, jusqu’ici, 15 Etats membres seulement ont accepté ce principe, dans des proportions très variables : la Suède a accueilli plus de 2 000 réfugiés en 2014, la Finlande, 1 100, et les Pays-Bas, 800 ; 450 ont été admis en France et 280 en Allemagne. On n’en compte, en revanche, aucun en Pologne, en Bulgarie ou en Slovénie.Selon les calculs de la Commission, la France devrait accueillir 2 375 réfugiés reconnus par l’ONU en deux ans, l’Allemagne, 3 086, la Pologne, 962, le Royaume-Uni, 2 309, etc. Un budget de 50 millions d’euros est prévu pour ce projet. En tout, la France devrait donc s’engager à recevoir 9 127 migrants sur les 60 000 accueillis sur l’ensemble de l’Europe.La Commission prévoit que, pour chaque demandeur d’asile accepté dans un pays, celui-ci recevra 6 000 euros provenant du Fonds européen pour l’asile (AMIF). De quoi vaincre les réticences ? Ce n’est pas certain. Outre le Royaume-Uni et la Hongrie, qui ont immédiatement critiqué le projet de quotas présenté à la fin avril par Jean-Claude Juncker, les Etats baltes, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie ont dit leur hostilité. Par la voix de Manuel Valls, puis de François Hollande, la France a également manifesté ses réticences, tout en prônant, de manière un peu confuse, une répartition « réfléchie, équitable, solidaire » à l’échelle européenne.M. Juncker et son équipe affirment d’ailleurs agir dans le fil des récentes directives du Conseil européen qui, après les dernières tragédies au large des côtes libyennes, avait prôné plus de solidarité entre les Etats membres. La proposition de la Commission n’est toutefois pas assurée, à ce stade, de passer le cap de ce Conseil, où elle devra être adoptée à la majorité qualifiée, après consultation du Parlement.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 27.05.2015 à 11h21 • Mis à jour le27.05.2015 à 11h41 Aucun avion n’était autorisé à se poser ou à décoller de l’aéroport de Bruxelles-National (ou aéroport de Zaventem), mercredi 27 mai, en raison d’une panne électrique affectant l’agence nationale de contrôle aérien, Belgocontrol.« Il n’est pas possible d’atterrir ou de décoller à Brussels Airport jusqu’à 14 heures » (12 heures GMT), a rapporté l’aéroport de Bruxelles dans un communiqué. « C’est un problème à l’échelle du pays », est-il précisé. La panne affecte Belgocontrol depuis 9 h 30, selon l’agence européenne Eurocontrol.Technical failure air traffic control: no landings or departures till 14.00h. This is a nationwide problem. http://t.co/6QfD8FRXvG— BrusselsAirport (@Brussels Airport)require(["twitter/widgets"]);Brussels FIR is closed, currently till 1200 UTC - electrical failure http://t.co/sf3iS2Qfpd— eurocontrol (@EUROCONTROL)require(["twitter/widgets"]);Un certain nombre de vols ont été déviés vers d’autres aéroports comme Paris et Francfort.UPDATE Other flights expected to arrive at Brussels are diverting to Frankfurt, Paris and other airports http://t.co/MArX7gYvy8 - NewsHazb— airlivenet (@AirLive.net)require(["twitter/widgets"]); 27.05.2015 à 01h02 • Mis à jour le27.05.2015 à 11h37 | Denis Cosnard Quand il vient en Europe, Nick Stanage n’arrive pas les mains vides. Jeudi 21 mai, le patron du groupe américain Hexcel a lancé officiellement à Roussillon (Isère), au cœur de la « vallée de la chimie », un des plus grands investissements étrangers en cours en France : la construction d’une usine de polyacrylonitrile, la matière première de la fibre de carbone. Ce chantier de 200 millions d’euros n’a pas démarré que le PDG en prévoit déjà la suite. Sur place, il a annoncé un nouvel investissement de 20 millions d’euros pour accroître les capacités de deux autres sites, en Isère et dans l’Ain. A la clé, une centaine d’embauches. Les élus locaux étaient aux anges.Une parfaite illustration de la reprise actuelle des investissements étrangers en Europe, y compris dans l’Hexagone. Les chiffres publiés mercredi 27 mai par le cabinet EY (ex-Ernst & Young) sont éloquents. En 2014, quelque 4 341 projets d’implantations et d’extensions de sites ont été annoncés dans l’Europe au sens large (y compris la Russie), soit 10 % de plus en un an, selon les pointages du groupe. Une hausse qui amplifie le rebond de 2013.Ces projets devraient aboutir à la création de plus de 185 500 emplois, « un niveau record », selon EY. Et encore, ce décompte n’intègre pas les projets purement immobiliers, ni ceux dans les hôtels, les restaurants et les commerces.« La tendance devrait se confirmer cette année », ajoute Marc Lhermitte, l’un des auteurs de cette étude. Le retour, même timide, de la croissance en Europe encourage en effet les groupes étrangers à s’y implanter. La baisse de l’euro, dont la valeur en dollars a fléchi de 19 % en un an, alimente aussi le mouvement : elle redonne de la compétitivité aux exportations européennes, et incite à produire davantage en zone euro.La force du Grand LondresLa Grande-Bretagne est la première à bénéficier de cette embellie. Avec 887 projets annoncés en 2014, le pays reste la terre d’accueil privilégiée des investissements étrangers sur le Vieux Continent. Un succès lié, selon EY, à la force du Grand Londres, à sa spécialisation dans la finance et les services aux entreprises, à son ouverture aux investisseurs étrangers ainsi qu’à « l’hyper-flexibilité de son marché du travail ».Le 18 mai, le groupe énergétique allemand E.ON a encore dévoilé un grand projet d’éoliennes en mer, au large de Brighton, pour un montant de 1,9 milliard d’euros. La Grande-Bretagne est déjà le premier pays au monde dans ce domaine. Un autre exemple ? Madame Tussauds. L’immeuble dans lequel est installé le célèbre musée de cire appartiendra sous peu à Fubon, un assureur de Taïwan. Celui-ci a annoncé le 22 mai son intention d’investir dans l’affaire 350 millions de livres, soit 492 millions d’euros.Avec 763 projets en 2014, l’Allemagne se situe toujours sur la deuxième marche du podium européen, et poursuit sa progression. « Elle attire en particulier les fonctions industrielles et les pays émergents asiatiques, qui en font une base d’expansion vers l’Europe de l’Est et la Russie », notent les experts d’EY.Succès en trompe-l’œilRavalée au troisième rang en 2011, la France profite aussi de la reprise. EY y a recensé 608 projets lancés par des groupes internationaux, soit 18 % de plus en un an. Sur ce critère, 2014 constitue l’un des meilleurs exercices enregistrés depuis une décennie. Tandis que Londres attire les sièges sociaux comme un aimant, la France demeure la première destination européenne pour les implantations industrielles.Mais il s’agit d’un succès en trompe-l’œil. Si l’investissement étranger reprend, il n’entraîne pas l’emploi. A peine 12 600 postes sont attendus des projets de 2014, soit 11 % de moins qu’en 2013. Une profonde déception, dans la mesure où les pouvoirs publics déroulent le tapis rouge aux patrons étrangers dans l’espoir, précisément, de résorber le chômage. Ces données confirment la tendance déjà relevée en mars par Business France, l’agence publique chargée de démarcher les investisseurs tout autour de la planète.Avec cinq ans de recul, le mouvement est très net. Entre 2009 et 2014, le nombre de projets étrangers a progressé de 15 % en France, une hausse deux fois plus faible que dans le reste de l’Europe. Les emplois prévus, eux, ont décliné de 6 % dans l’Hexagone, alors qu’ils ont bondi de 48 % en Europe. Cherchez l’erreur…Cap à l’est« Les entreprises à capitaux étrangers, investisseurs prudents, adaptent leurs implantations au contexte fiscal et social français, notamment à un coût du travail encore jugé comme prohibitif », analysent les responsables d’EY. Elles localisent en France des centres de recherche, agrandissent un peu leurs usines existantes. Mais quand il s’agit d’ouvrir un site majeur totalement nouveau, elles préfèrent souvent miser sur d’autres pays jugés moins coûteux et moins compliqués juridiquement.En Europe, cela signifie souvent mettre le cap à l’est, comme s’apprête à le faire Jaguar Land Rover. Le constructeur britannique, désormais filiale de l’indien Tata, hésite entre la Pologne, la Slovaquie, la République tchèque et la Hongrie pour construire sa nouvelle unité destinée à alimenter le marché européen, a révélé le Financial Times le 22 mai.En moyenne, une implantation internationale en France ne « produit » ainsi plus que 21 emplois. C’est un peu plus qu’en Allemagne (15), mais bien moins qu’au Royaume-Uni (35), en Pologne (117) ou surtout en Roumanie (175).Deux chiffres résument mieux que tout autre la situation. En 2014, EY a repéré en Europe 75 très grands projets internationaux, susceptibles de créer chacun plus de 500 emplois. Un seul – une extension de l’usine Toyota de Valenciennes – concernait la France.Denis CosnardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Benoît Vitkine (Kiev, envoyé spécial) Kiev a connu cette année son premier 9-Mai sans parade militaire. Il s’agissait autant de se démarquer des démonstrations guerrières du défilé moscovite que d’éviter la répétition de l’erreur de l’année passée. Le 9 mai 2014, le gouvernement avait été sévèrement critiqué pour avoir fait défiler des tanks dans le centre de la capitale alors même que ceux-ci font cruellement défaut dans l’Est, où Kiev affronte une rébellion armée et l’armée russe.La guerre dans le Donbass n’en fut que plus omniprésente lors des deux jours de célébration de la victoire sur le nazisme. Deux jours car, en plus du traditionnel 9-Mai hérité de la période soviétique, le Parlement a voté l’instauration d’un « Jour de la mémoire et de la réconciliation », le 8 mai, comme dans le reste de l’Europe. Cette année, le pays ne célébrait pas la fin de la « grande guerre patriotique », terme utilisé en Union soviétique, mais la « seconde guerre mondiale ». Le ruban de Saint-Georges, devenu signe de ralliement des séparatistes du Donbass autant qu’un symbole du militarisme russe, a été abandonné au profit du coquelicot, qui s’arborait largement au revers des vestes.Lire aussi :Cérémonies du 9-Mai : Moscou aux couleurs militairesLes vétérans d’il y a soixante-dix ans ont été sans cesse associés, lors de cérémonies réduites à leur plus simple expression, aux soldats participant aux combats dans l’Est. Le Musée de la victoire a ouvert pour l’occasion une exposition consacrée aux combattants de l’aéroport de Donetsk, défaits en janvier après des mois de résistance acharnée.Vendredi, le président Petro Porochenko s’est adressé à un Parlement dont les bancs étaient garnis de combattants de ces deux guerres, l’ancienne et l’actuelle. Parmi eux se tenait Ivan Zaloujniy, un vétéran de 97 ans qui a perdu son petit-fils, engagé volontaire dans le Donbass, à l’été 2014. « Vous ne pouviez imaginer dans vos pires cauchemars qu’après soixante-dix ans de paix, la guerre réapparaîtrait en Ukraine », a lancé M. Porochenko.« Désoviétiser » l’histoire ukrainienneLe président ukrainien a expliqué que la « menace de long terme que représente la Russie et sa politique agressive » avait poussé l’Ukraine à chercher un rapprochement avec les Occidentaux, et notamment avec l’OTAN. Il a également profité de la présence du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, pour réclamer l’envoi d’une force d’interposition. Au cours du week-end, les combats ont repris avec violence aux alentours de Donetsk, malgré le cessez-le-feu signé le 12 février à Minsk. « L’Ukraine est à nouveau sous le feu, a conclu M. Porochenko, mais nous gagnerons et serons enfin délivrés de l’intoxication russo-soviétique. »L’idée de « désoviétiser » l’histoire ukrainienne, dans l’air depuis l’indépendance en 1991, s’est renforcée avec la guerre. Kiev, qui a payé un lourd tribut à la seconde guerre mondiale, avec environ 8 millions de tués, refuse de voir la Russie s’approprier à elle seule l’héritage de la victoire.Le 9 avril, le Parlement a adopté une série de lois mémorielles dites de « décommunisation », qui renvoient dos à dos les régimes « totalitaires et criminels » nazi et soviétique. Ces textes reconnaissent aussi comme « combattants pour l’indépendance » des groupes nationalistes controversés comme l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) et l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), accusés d’avoir commis des massacres de Polonais et de juifs. Pour la première fois cette année, les vétérans de ces groupes étaient associés aux commémorations.Lire aussi : En Ukraine, le 8-Mai réveille les fantômes de l’HistoireBenoît Vitkine (Kiev, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.05.2015 à 13h32 • Mis à jour le09.05.2015 à 16h29 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Chacune des quelque 5 000 personnes triées sur le volet et invitées à prendre place dans les tribunes de la place Rouge a reçu son petit paquetage kaki contenant une paire de jumelles, un guide, une écharpe aux couleurs noir et orange de Saint-Georges – emblème de la victoire devenu aussi marque de soutien aux séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine – et un calot militaire avec son étoile rouge.Puis, à dix heures précises, samedi 9 mai, la parade militaire pour le 70e anniversaire de la victoire sur le régime nazi a commencé à Moscou en présence de Vladimir Poutine et de plusieurs chefs d’Etat, dont le président chinois, Xi Jinping, l’Indien Pranab Mukherjee, l’Egyptien Abdel Fattah Al-Sissi, le Vénézuélien Nicolas Maduro, le Sud-Africain Jacob Zuma ou bien encore le Cubain Raul Castro.Poutine, en apparence pas rancunierAucun dirigeant occidental, en revanche, n’a fait le déplacement. Le conflit en Ukraine, dans lequel Moscou est accusé de soutenir et d’armer les insurgés du Donbass, n’est cependant pas parvenu à gâcher les cérémonies, que Vladimir Poutine a voulues d’une ampleur inédite.Prenant la parole quelques minutes en introduction, le président russe a rappelé :« C’est l’Armée rouge qui, au terme d’un assaut dévastateur sur Berlin, a mis un point final à la guerre contre l’Allemagne hitlérienne. L’Union soviétique a pris part aux batailles les plus sanglantes. »Avec plus de 25 millions de morts, la Russie a en effet payé un tribut terrible à la guerre. Puis, sans rancune en apparence envers les absents, le chef du Kremlin a poursuivi :« Nous sommes reconnaissants aux peuples de Grande-Bretagne, de France et des Etats-Unis pour leur contribution à la victoire. Nous sommes reconnaissants aux antifascistes de divers pays qui ont pris part aux combats dans les rangs de la résistance et de la clandestinité, y compris en Allemagne elle-même. »Tout juste a-t-il ajouté, avant de réclamer une minute de silence – une première – cette référence à l’actualité : « Soixante-dix ans plus tard, l’histoire nous appelle à être à nouveau vigilants. »Impressionnant déploiement militaireAu discours contenu de Vladimir Poutine a succédé une parade qui l’était beaucoup moins : 16 127 militaires, dont quelques contingents étrangers contre les grenadiers indiens ou les troupes d’élite serbes, ont défilé au pas saccadé et à un rythme effrayant ; 194 unités blindées dont le nouveau char Armata T-14, présenté comme le plus puissant au monde, ont pris le relais avec transport de missiles, notamment S-400.Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-554e3d0a413c2'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 17\r\n \r\n \r\nQuelque 25 avions militaires ont survol\u00e9 le ciel de Moscou, le 9 mai. Ici, au-dessus de la cath\u00e9drale du Christ-Saint-Sauveur.\r\nCr\u00e9dits : MAXIM ZMEYEV \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Quelque 25 avions militaires ont survol\u00e9 le ciel de Moscou, le 9 mai. Ici, au-dessus de la cath\u00e9drale du Christ-Saint-Sauveur.","source":"MAXIM ZMEYEV \/ REUTERS","index":0,"position":1,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 17\r\n \r\n \r\nDes soldats russes sur la place Rouge.\r\nCr\u00e9dits : KIRILL KUDRYAVTSEV \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des soldats russes sur la place Rouge.","source":"KIRILL KUDRYAVTSEV \/ AFP","index":1,"position":2,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 17\r\n \r\n \r\nPlusieurs chars T-90 faisaient partie du cort\u00e8ge. Ce char russe, aussi connu sous le nom de char T-90 \"Vladimir\", est le dernier entr\u00e9 en production dans les ann\u00e9es 1990\u00a0; il est une \u00e9volution des T-72 et T-80.\r\nCr\u00e9dits : GRIGORY DUKOR \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Plusieurs chars T-90 faisaient partie du cort\u00e8ge. Ce char russe, aussi connu sous le nom de char T-90 \"Vladimir\", est le dernier entr\u00e9 en production dans les ann\u00e9es 1990\u00a0; il est une \u00e9volution des T-72 et T-80.","source":"GRIGORY DUKOR \/ REUTERS","index":2,"position":3,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 17\r\n \r\n \r\nDes \"Bouk-M1-2\" (SA-17 Grizzly), syst\u00e8mes lance-missiles, d\u00e9filent sur la place Rouge.\r\nCr\u00e9dits : RIA NOVOSTI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des \"Bouk-M1-2\" (SA-17 Grizzly), syst\u00e8mes lance-missiles, d\u00e9filent sur la place Rouge.","source":"RIA NOVOSTI \/ REUTERS","index":3,"position":4,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 17\r\n \r\n \r\nDes avions russes Soukho\u00ef Su-25, projetant derri\u00e8re eux des fumig\u00e8nes aux couleurs de la Russie.\r\nCr\u00e9dits : RIA NOVOSTI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des avions russes Soukho\u00ef Su-25, projetant derri\u00e8re eux des fumig\u00e8nes aux couleurs de la Russie.","source":"RIA NOVOSTI \/ REUTERS","index":4,"position":5,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 17\r\n \r\n \r\nDes v\u00e9t\u00e9rans de la seconde guerre mondiale, devant une affiche repr\u00e9sentant un soldat, viennent admirer le spectacle.\r\nCr\u00e9dits : SERGEI KARPUKHIN \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des v\u00e9t\u00e9rans de la seconde guerre mondiale, devant une affiche repr\u00e9sentant un soldat, viennent admirer le spectacle.","source":"SERGEI KARPUKHIN \/ REUTERS","index":5,"position":6,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 17\r\n \r\n \r\nDes SU-27 et MIG-29, au-dessus de la Place Rouge.\r\nCr\u00e9dits : GRIGORY DUKOR \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des SU-27 et MIG-29, au-dessus de la Place Rouge.","source":"GRIGORY DUKOR \/ REUTERS","index":6,"position":7,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 17\r\n \r\n \r\nDes S-400 Triumph (ou SA-21), syst\u00e8me de d\u00e9fense antimissiles mobiles.\r\nCr\u00e9dits : RIA NOVOSTI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des S-400 Triumph (ou SA-21), syst\u00e8me de d\u00e9fense antimissiles mobiles.","source":"RIA NOVOSTI \/ REUTERS","index":7,"position":8,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 17\r\n \r\n \r\nCertains pays ont \u00e9t\u00e9 invit\u00e9s \u00e0 participer au d\u00e9fil\u00e9. Ici, des soldats azerba\u00efdjanais.\r\nCr\u00e9dits : RIA NOVOSTI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Certains pays ont \u00e9t\u00e9 invit\u00e9s \u00e0 participer au d\u00e9fil\u00e9. Ici, des soldats azerba\u00efdjanais.","source":"RIA NOVOSTI \/ REUTERS","index":8,"position":9,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 17\r\n \r\n \r\nDes repr\u00e9sentants de l'Arm\u00e9e populaire chinoise devant le Kremlin.\r\nCr\u00e9dits : SERGEI KARPUKHIN \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des repr\u00e9sentants de l'Arm\u00e9e populaire chinoise devant le Kremlin.","source":"SERGEI KARPUKHIN \/ REUTERS","index":9,"position":10,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_9.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 11 \/ 17\r\n \r\n \r\nDes MIG-29 et SU-25 survolent la place Rouge.\r\nCr\u00e9dits : GRIGORY DUKOR \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des MIG-29 et SU-25 survolent la place Rouge.","source":"GRIGORY DUKOR \/ REUTERS","index":10,"position":11,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_10.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 12 \/ 17\r\n \r\n \r\nDes v\u00e9hicules de combats russes BMD-4 (ou Bakkcha-U).\r\nCr\u00e9dits : RIA NOVOSTI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des v\u00e9hicules de combats russes BMD-4 (ou Bakkcha-U).","source":"RIA NOVOSTI \/ REUTERS","index":11,"position":12,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_11.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 13 \/ 17\r\n \r\n \r\nVladimir Poutine a prononc\u00e9 un discours \u00e0 l'occasion des c\u00e9l\u00e9brations. \"L'Union sovi\u00e9tique a pris part aux batailles les plus sanglantes. Ici, les nazis ont concentr\u00e9 leur puissance militaire\", a pr\u00e9cis\u00e9 le chef d'Etat, en r\u00e9f\u00e9rence aux quelque 25 millions de Sovi\u00e9tiques tu\u00e9s pendant la guerre.\r\nCr\u00e9dits : ALEXANDER ZEMLIANICHENKO \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Vladimir Poutine a prononc\u00e9 un discours \u00e0 l'occasion des c\u00e9l\u00e9brations. \"L'Union sovi\u00e9tique a pris part aux batailles les plus sanglantes. Ici, les nazis ont concentr\u00e9 leur puissance militaire\", a pr\u00e9cis\u00e9 le chef d'Etat, en r\u00e9f\u00e9rence aux quelque 25 millions de Sovi\u00e9tiques tu\u00e9s pendant la guerre.","source":"ALEXANDER ZEMLIANICHENKO \/ AFP","index":12,"position":13,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_12.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 14 \/ 17\r\n \r\n \r\nUn soldat russe fait le salut militaire.\r\nCr\u00e9dits : GRIGORY DUKOR \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un soldat russe fait le salut militaire.","source":"GRIGORY DUKOR \/ REUTERS","index":13,"position":14,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_13.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 15 \/ 17\r\n \r\n \r\nVue d'ensemble de la place Rouge, o\u00f9 des centaines de milliers de personnes se sont r\u00e9unies.\r\nCr\u00e9dits : RIA NOVOSTI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Vue d'ensemble de la place Rouge, o\u00f9 des centaines de milliers de personnes se sont r\u00e9unies.","source":"RIA NOVOSTI \/ REUTERS","index":14,"position":15,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_14.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 16 \/ 17\r\n \r\n \r\nDes femmes \u00e9l\u00e8ves officiers.\r\nCr\u00e9dits : KIRILL KUDRYAVTSEV \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des femmes \u00e9l\u00e8ves officiers.","source":"KIRILL KUDRYAVTSEV \/ AFP","index":15,"position":16,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_15.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 17 \/ 17\r\n \r\n \r\nPlus encore que d'habitude, le d\u00e9fil\u00e9 s'est voulu une impressionnante d\u00e9monstration de force.\r\nCr\u00e9dits : RIA NOVOSTI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Plus encore que d'habitude, le d\u00e9fil\u00e9 s'est voulu une impressionnante d\u00e9monstration de force.","source":"RIA NOVOSTI \/ REUTERS","index":16,"position":17,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_16.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Pour supporter le poids de toute cette armada, il a fallu étayer et renforcer les sous-sols de la place Rouge et de quelques stations de métro proches. Cent quarante-trois avions et hélicoptères ont ensuite fermé cette marche exceptionnelle conçue comme une démonstration de force impeccable. Moscou, comme 25 autres villes à travers tout le pays, s’est d’ailleurs paré de multiples symboles, d’affiches et d’étoiles rouges, et nombre de ses habitants ont arboré le calot militaire, revêtant parfois même la tenue soviétique de l’époque.Une nouvelle image « agressive »Cette image guerrière, « agressive » selon le mot d’un diplomate étranger, contraste avec les dernières grandes cérémonies du 60e anniversaire de la victoire de la « grande guerre patriotique », comme l’on nomme ici la seconde guerre mondiale. En 2005, le défilé n’avait rien de militaire : des centaines de vétérans, hommes et femmes, embarqués dans des camions découverts avaient défilé sous les applaudissements en agitant des œillets rouges.Aux côtés de Vladimir Poutine, qui avait pris la direction du pays cinq ans plus tôt, figuraient alors le président américain de l’époque, George W. Bush. Visiblement de fort bonne humeur, les deux chefs d’Etat plaisantaient entre eux, tandis que le Français Jacques Chirac, l’Allemand Gerhard Schröder ou l’Italien Silvio Berlusconi battaient des mains à tout rompre. La différence est saisissante avec l’image d’aujourd’hui : un pays quasiment sur le pied de guerre. Le ton a changé.Avant le gigantesque défilé des familles porteuses des portraits de leurs parents disparus pendant la guerre – le « régiment immortel » – prévu dans l’après-midi, puis un concert et de nombreux feux d’artifice, Vladimir Poutine a convié ses hôtes à déjeuner au Kremlin. C’est à ce moment-là que le ministre des affaires étrangères français, Laurent Fabius, dépêché par Paris pour représenter la France, a rejoint les rangs officiels, comme quelques autres chefs de gouvernement qui, bien que présents, ont choisi de ne pas assister à la parade militaire.La photo de « famille » des anciens alliés de 1945 a disparu, remplacée par une autre, nettement dominée par la présence de pays émergents. La chancelière allemande, Angela Merkel, elle, n’est pour sa part attendue à Moscou que demain, dimanche 10 mai.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.05.2015 à 16h37 | Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Le 8 mai n’est pas un jour férié en Allemagne. Pourtant, ce jour commémorant la fin de la seconde guerre mondiale est tout sauf un jour ordinaire. « Le 8 mai fut un jour de libération » : par cette formule prononcée le 8 mai 1985, Richard von Weizsäcker, alors président de la République, est entré dans l’histoire de son pays, transformant une date jusque-là honteuse, celle de la capitulation, en un événement libérateur. Cette année, la République allemande a commémoré ce « jour de libération ».Durant une heure, l’ensemble des parlementaires (les députés et les soixante membres du Bundesrat, le conseil fédéral) exceptionnellement réunis au sein du Bundestag, ont écouté l’un des plus célèbres historiens allemands, Heinrich August Winkler, expliquer la signification de cette journée. « Dans l’histoire allemande, il n’y a pas de césure plus profonde que ce jour », a-t-il dit. Sévère avec les élites allemandes qui, dans l’entre-deux-guerres, n’ont jamais vraiment accepté les valeurs démocratiques portées par la Révolution française de 1789, Heinrich August Winkler est longuement revenu sur les massacres commis par les nazis, citant au passage Oradour-sur-Glane mais aussi le village grec martyr de Distomo. « Sur une telle histoire, on ne peut pas tirer un trait », a-t-il expliqué, critiquant implicitement le gouvernement qui ne veut pas rouvrir le dossier des réparations.Au premier rang se trouvaient Joachim Gauck, le président de la République, Angela Merkel, la chancelière, Andreas Vosskuhle, président de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe et Volker Bouffier, actuel président du Bundesrat. Dans les tribunes, on notait la présence de plusieurs ambassadeurs, dont les représentants de la Pologne, de l’Ukraine et d’Israël. L’ambassadeur de Russie était, semble-t-il, absent. En revanche, l’ancien opposant Mihkaïl Khodorkovski était présent.Un jour du souvenir en débatNi Joachim Gauck ni Angela Merkel ne se sont exprimés. Mais le 6 mai, Joachim Gauck avait rendu hommage aux Soviétiques qui avaient libéré l’Allemagne. Celui-ci a notamment rappelé que « près de 5,3 millions de soldats soviétiques ont été faits prisonniers de guerre, dont plus de la moitié avaient trouvé la mort ». Angela Merkel se rendra, elle, à Moscou le 10 mai, le lendemain des commémorations officielles, pour déposer une couronne sur la tombe du soldat inconnu. Elle déjeunera ensuite avec Vladimir Poutine. La chancelière avait présidé le 3 mai la cérémonie commémorant la libération du camp de concentration de Dachau (Bavière).Outre ces cérémonies, l’Allemagne s’interroge : le 8 mai doit-il être un jour non pas férié mais un jour du souvenir ? C’est déjà le cas depuis 2002 dans le Mecklenbourg-Poméranie occidentale. Le Brandebourg en débat. Hambourg aussi. Tout comme la Thuringe. Berlin (qui, comme Hambourg, a le statut de ville-Etat) en a débattu jeudi. La gauche y est favorable mais pas la CDU. Elle fait valoir que le 27 janvier, jour de la libération du camp d’Auschwitz, est déjà un jour du souvenir. Surtout, pour la CDU, le 8 mai est certes un jour de libération mais pour toute la partie de l’Allemagne occupée par l’Armée rouge, cette liberté n’a été que très provisoire. Même si, précise immédiatement la CDU, on ne peut comparer le régime nazi à l’ex-Allemagne de l’Est. Le 8 mai a d’ailleurs été un jour férié en RDA de 1950 à 1966.Les 8 et 9 mai, plus d’une quinzaine de manifestations sont prévues pour commémorer la fin de la guerre à Berlin. Si, le 8 mai, les « Antifa » ont prévu de manifester, des organisations d’extrême droite annoncent, samedi, plusieurs dizaines de milliers de manifestants « pour l’Allemagne, pour la patrie, pour la paix et le maintien de la culture allemande ». Par ailleurs, quelques dizaines de vétérans de l’ex-Armée est-allemande devraient manifester en uniforme. Ils l’avaient déjà fait en 2013, provoquant une vigoureuse polémique. Enfin, une vingtaine de motards russes ultra-nationalistes et proches de Vladimir Poutine, les « loups de la nuit », devraient achever le 9 mai à Berlin, au pied d’un monument aux morts de l’Armée rouge, un parcours provocateur entamé le 25 avril à Moscou afin de célébrer la victoire des troupes soviétiques sur les troupes allemandes.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.05.2015 à 13h55 • Mis à jour le08.05.2015 à 17h04 | Eric Albert (Londres, correspondance) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2piaea"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2piaea", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Après des années d’impopularité, Ed Miliband avait connu une « bonne campagne » ces dernières semaines. Pendant les débats télévisés, il était apparu plus confiant que prévu, surprenant les Britanniques. Les sondages donnaient les travaillistes au coude-à-coude avec les conservateurs. Jeudi 7 mai encore, M. Miliband était confiant sur son avenir de premier ministre.Ce rebond aura été en trompe-l’œil. Le leader du parti travailliste a subi une humiliante défaite. Le Labour a obtenu presque cent sièges de moins que les conservateurs (232 contre 331). Il se retrouve à son plus bas niveau depuis 1987, quand Margaret Thatcher dominait la politique britannique. Vendredi, M. Miliband a annoncé sa démission.« Ce n’est pas le discours que j’aurais souhaité faire », a-t-il lancé aux fidèles de son parti. Avant d’ajouter : « le Labour a besoin d’un leader fort. Il a besoin de se reconstruire. »Bilan catastrophiqueLe bilan pour M. Miliband est catastrophique. En Ecosse, la défaite est historique. Dans ce traditionnel bastion, les travaillistes perdent 40 de leurs 41 sièges. Les indépendantistes du Scottish National Party (SNP) ont tout balayé sur leur passage. « C’est une calamité », estime Alistair Campbell, un ancien proche de Tony Blair, d’habitude peu prompt à l’introspection.En Angleterre, le résultat a également été médiocre. Les travaillistes progressent, mais ils ne gagnent qu’une quinzaine de sièges par rapport à 2010. A l’époque, Gordon Brown, le premier ministre travailliste, était particulièrement impopulaire, et l’économie était à genoux. Cette fois-ci, le Labour arrivait comme parti d’opposition face à une coalition qui a mené une politique d’austérité : il aurait dû rebondir.« Nous avons été rejetés non seulement d’Ecosse mais aussi d’endroits en Angleterre où nous pensions gagner confortablement », souligne M. Campbell. La défaite d’Ed Balls, le chancelier de l’Echiquier du gouvernement fantôme, qui a échoué à remporter sa circonscription, en est le plus fort symbole.De fait, M. Miliband n’a jamais vraiment convaincu. A commencer par son élection à la tête des travaillistes en 2010, quand il a remporté la bataille pour prendre la direction du Labour en battant son frère David, le favori. Il a obtenu cette victoire fratricide sans obtenir la majorité des députés travaillistes, ni même la majorité des membres du parti. Seuls les syndicats, qui ont le tiers des voix, ont fait la différence en le soutenant.Un message peu clairEd Miliband a immédiatement été étiqueté « Red Ed » par la presse de droite, pour être trop à gauche. Pourtant, il a longtemps hésité sur la politique à suivre, oscillant entre son instinct –un virage à gauche – et sa prudence naturelle, acquise pendant ses années en tant que conseiller auprès de Gordon Brown. Son message en était particulièrement peu clair.Lors de la campagne, ce compromis s’est traduit par une série de mesures pour taxer les hauts revenus, les banquiers et les riches étrangers… Mais dans le même temps, il promettait de continuer l’austérité, certes à un rythme moins soutenu que David Cameron, mais de la poursuivre malgré tout.Sa principale faiblesse a toujours concerné l’économie. Il a toujours refusé d’accepter la moindre responsabilité du gouvernement travailliste précédent (dont il était ministre) dans la crise financière. Tant que la récession continuait, ses attaques contre l’austérité excessive du gouvernement de coalition fonctionnaient bien. Mais avec le retour de la croissance, à 2,8 % l’an dernier, l’argument ne fonctionnait plus.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2phwbx"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2phwbx", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Mathilde Damgé En 1943, dans son discours de Zurich, Winston Churchill inaugurait l’expression des « Etats-Unis d’Europe ». Depuis, les relations du Royaume-Uni avec l’Union européenne restent tendues. Jusqu’à la promesse récente de David Cameron d’organiser un référendum sur la question de l’appartenance à l’Union européenne (UE).Retour sur trente ans de relations compliquées entre l’île et le continent.Quand les travaillistes voulaient sortir de l’Europe Le Royaume-Uni intègre la Communauté économique européenne (CEE), ancêtre de l’UE, en 1973, après un référendum approuvé par 67 % des Britanniques.Alors que les conservateurs soutiennent l’entrée dans l’UE, les travaillistes du Labour, alors dans l’opposition, et tout particulièrement la frange la plus à gauche, réprouvent cette décision. Dans le manifeste de 1983, Michael Foot, dirigeant du parti à l’époque, défend une sortie de la CEE. « Même si la géographie et l’histoire ont inscrit l’Angleterre en Europe, la CEE n’a pas été conçue pour nous et notre intégration, en tant que membre [de la CEE] a rendu plus difficile la lutte contre les problèmes économiques et industriels », affirme le Labour qui critique tout particulièrement la politique commerciale commune à laquelle doit se plier le Royaume-Uni.« En nous empêchant d’acheter la nourriture aux meilleures sources disponibles dans le monde, [les contraintes européennes] vont à l’encontre de nos plans pour contrôler les prix et l’inflation. »« Quand nous arriverons au pouvoir, nous ouvrirons des négociations préliminaires avec les autres Etats membres pour établir un calendrier de retrait [de la CEE] », déclarent les travaillistes d’alors. Une position qui provoquera la scission du parti et la naissance du mouvement social-démocrate, parti centriste et proeuropéen, prédécesseur des libéraux-démocrates actuels.« I want my money back »Si les travaillistes ne sont pas europhiles, les conservateurs ne portent pas non plus l’Europe dans leur cœur. Margaret Thatcher, arrivée au pouvoir en 1979, veut corriger ce qu’elle perçoit comme une injustice : la contribution britannique au budget européen, qui est supérieure à ce qu’elle reçoit. Les subventions agricoles européennes, notamment, bénéficient nettement plus à la France qu’au Royaume-Uni.Cette position britannique est incarnée par la célèbre phrase « I want my money back » (« Je veux récupérer mon argent ») de la Dame de fer. En 1984, elle obtient gain de cause : c’est le fameux rabais britannique (rebate), qui équivaut aux deux tiers de l’excédent versé à l’Union par rapport à ce que le Royaume-Uni perçoit.Lire l’article d’archives : Margaret Thatcher : « I want my money back »Dans son discours de Bruges en 1988, Margaret Thatcher réaffirme son opposition à une Europe fédérale et à l’idée que la Communauté européenne dispose de ressources propres. La dirigeante britannique refuse tout particulièrement la création d’une monnaie unique dans un discours devant la chambre des Lords en 1990.Les relations de Margaret Thatcher avec Jacques Delors, président de la Commission européenne à ce moment-là, sont exécrables. Elles sont relayées par les médias britanniques comme le Sun qui appelle ses lecteurs à faire part au Français de leur opinion sur le projet de monnaie commune : « Dites-lui où il peut mettre son ECU » (European currency unit). Des suites d’exemptionsEn 1992, la Grande-Bretagne parvient à obtenir une clause d’exemption (opt-out) concernant la « charte sociale » et le passage à l’euro dans le cadre du traité de Maastricht.Un conservateur, Lord Rees-Mogg, engage toute de même un recours contre le traité devant la Haute Cour de justice de Grande-Bretagne, le jugeant contraire à la constitution. Son recours sera rejeté et le premier ministre conservateur John Major le signe la même année.En 1993, les conservateurs tenteront à nouveau d’imposer un référendum sur le traité de Maastricht. Ce dernier est finalement approuvé par le parlement britannique, mais il a fallu pour cela que le premier ministre pose un ultimatum à son gouvernement et menace de démissionner en cas de vote négatif.Par la suite, les relations ne sont toujours pas idylliques avec l’UE : en 1994, John Major met son veto à la candidature du Belge Jean-Luc Dehaene à la tête de la Commission européenne, jugé trop « fédéraliste » par les Britanniques. Scénario qui se reproduira avec Tony Blair (qui refuse Guy Verhofstadt) et David Cameron (qui désapprouve le choix de Jean-Claude Juncker). En 1996, l’homme d’affaires Sir James Goldsmith lance le Referendum Party qui réunira 3 % des voix aux élections législatives de 1997. La même année, le parti travailliste affirme dans son manifeste de campagne qu’un référendum est une « précondition » à une adoption de la monnaie unique. En 1999, l’euro est lancé, le Royaume-Uni (et le Danemark) s’exclut de la zone euro.La marche arrière de Tony BlairEn complet déclin dans les années 1980, le Royaume-Uni devient dans les années 2000 l’un des pays les plus prospères du continent. A la proposition européenne de revoir le rabais octroyé aux Britanniques, Tony Blair, premier ministre travailliste répond que cette négociation est liée à une remise à plat de la Politique agricole commune (PAC).De son côté, le président français Jacques Chirac ferme la porte à toute renégociation de cet « accord unanime » conclu en octobre 2002, sanctuarisant les aides agricoles jusqu’en 2013.En avril 2004, Tony Blair annonce sa décision de soumettre à référendum la future constitution de l’Union élargie. Pour les observateurs de l’époque, le premier ministre britannique aurait cédé aux exigences des antieuropéens les plus tenaces, dont le magnat de la presse australo-américain Rupert Murdoch, propriétaire du Sun et du Times.Cette décision met Tony Blair dans une position d’autant plus inconfortable vis-à-vis de son propre camp qu’il avait demandé, quelques semaines plus tôt, aux travaillistes de voter contre le principe d’un référendum. Tony Blair ne jugeait pas utile de soumettre au peuple ce texte qui, selon lui, ne modifierait rien d’essentiel dans les rapports de souveraineté entre Londres et l’UE.En changeant son fusil d’épaule, Tony Blair veut ainsi priver l’opposition d’un argument de poids pendant les campagnes pour les élections européennes de juin et les législatives de 2005.« Que le peuple ait le dernier mot ! »Finalement, ce référendum n’aura jamais lieu et le ministre des finances Gordon Brown mettra entre parenthèses l’adoption de l’euro.Lire le chat avec le correspondant du "Monde" en 2004 : L'Europe de Tony BlairEn 2006, un nouveau parti antieuropéen est créé : Better Off Out Group. En 2008, le centriste Nick Clegg demande un référendum sur l’appartenance à l’UE. La même année, face à la grogne montant dans plusieurs pays européens, Bruxelles met sur la table le traité de Lisbonne. Traité que signera le premier ministre Gordon Brown, sans passer par un référendum. Le conservateur Bill Cash et l’homme d’affaires Stuart Wheeler engagent un recours contre la signature du traité qu’ils estiment illégale ; leur recours sera rejeté.Cameron face à la montée du UKIPAux élections européennes de 2009, le UK Independance Party (UKIP), qui demande un référendum sur l’appartenance à l’UE, arrive deuxième avec 16 % des voix. Le parti populiste a ensuite amélioré son score de près de 10 points lors des élections de 2014.Lire : Les succès du UKIP, un coup de tonnerre dans la vie politique britanniquePendant ce temps, David Cameron, étoile montante du parti conservateur, doit choisir son camp : de prime abord, il reconnaît qu’il ne pourra tenir un référendum sur le traité de Lisbonne, signé par tous les autres pays européens, mais il s’engage à limiter les transferts de pouvoir.Ainsi, en 2011, soucieux de protéger le secteur financier britannique, David Cameron dit « non » au nouveau traité européen visant à renforcer les règles budgétaires s’appliquant aux Etats membres.Mais, alors que de nouvelles élections s’approchent, David Cameron change de discours et affirme que, si les Conservateurs l’emportent au Parlement, il renégociera les relations entre le Royaume-Uni et l’Union. Il donne aussi une date pour un référendum sur le maintien dans l’UE : 2017.Lire en édition abonnés : David Cameron fait un geste en faveur des antieuropéensMathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.05.2015 à 16h52 • Mis à jour le06.05.2015 à 17h54 | Enora Ollivier Deux jours avant les élections législatives britanniques du 7 mai qui devraient bouleverser le paysage politique en Grande-Bretagne, le tonitruant convoi qui circule dans les rues de Motherwell et Wishaw, dans le sud-ouest de l’Ecosse, est impossible à manquer. Cinq voitures, tous drapeaux au vent, suivent un minivan surmonté d’un haut-parleur qui crache inlassablement le même message : « Votez SNP pour chasser les conservateurs de Downing Street, votez SNP pour faire cesser les coupes budgétaires, votez SNP pour une Ecosse plus forte au Parlement de Westminster ! »Les nationalistes du Scottish National Party (SNP) ne relâchent pas leurs efforts dans cette circonscription où ils sont en passe de l’emporter sur le seigneur des lieux, le Parti travailliste. Le Labour contrôle la zone depuis 1945 : lors des précédentes législatives, il avait emporté l’élection sans souffrir de concurrence, avec 61,1 % des voix.C’était il y a cinq ans, autant dire une éternité. Aujourd’hui, le candidat travailliste Frank Roy, élu sans discontinuer depuis 1997, est crédité de 39 % dans les études d’opinion, loin derrière les 50 % de la nationaliste Marion Fellows, celle-là même qui avait difficilement atteint 18 % en 2010. Le Labour occupe pour l’instant 40 des 59 sièges de députés dévolus à l’Ecosse. Jeudi, il pourrait tous les perdre, au profit du SNP : un sondage voit les nationalistes emporter chacune des élections, mais d’autres lui prédisent plus raisonnablement une quarantaine de députés – un score déjà important pour un parti qui ne compte aujourd’hui que six élus à Westminster.Lire aussi :L’Ecosse, talon d’Achille et espoir du LabourLe Labour « victime de son succès passé »« Je ne regarde pas les sondages. La dernière fois, ils nous ont joué un mauvais tour », clame Mme Fellows, faisant référence aux études qui avaient surestimé le vote en faveur de l’indépendance de l’Ecosse, en septembre dernier. Alors que le score était annoncé comme serré, le « non » était finalement arrivé largement en tête, avec 55,3 % des voix. Le North Lanarkshire, à l’est de Glasgow et dont Motherwell est la capitale, fait pourtant partie des quatre régions écossaises où le « oui » l’a emporté, et a galvanisé la population.Le SNP, qui comptait 120 adhérents dans la circonscription en septembre 2014, a vu ce chiffre multiplié par dix en huit mois. Malgré la défaite du « oui » à l’indépendance, le parti jouit d’une impressionnante popularité dans toute la nation : 100 000 personnes en sont aujourd’hui membres, soit un Ecossais sur cinquante. Un essor incarné par la charismatique Nicola Sturgeon, à la tête du parti depuis novembre 2014 seulement, et qui laisse derrière lui une victime : ce parti travailliste qui n’a rien vu venir. Lire aussi :Nicola Sturgeon, « dame de fer » d’Ecosse« Le recul du Labour et la montée du SNP ne sont que la manifestation écossaise de la crise que traversent tous les partis de social-démocratie en Europe », commente Gerry Hassan. Ce politologue, chercheur à l’Université de l’Ecosse de l’Ouest et auteur en 2012 de The Strange death of Labour Scotland (« L’étrange mort du Labour en Ecosse »), juge que le parti « est victime de son succès passé ». « Les travaillistes ont changé, en mieux, la société écossaise. Ils ont permis aux classes ouvrières d’accéder à la propriété, à l’éducation, aux services de santé ». Mais « en devenant incontournable, depuis les années 1960, la formation est aussi devenue une institution bureaucratique, une figure de l’establishment ».Pour M. Hassan, le référendum sur l’indépendance a fait figure de point de basculement. « En établissant une alliance avec les conservateurs pour le maintien de l’Ecosse au sein du Royaume-Uni, les travaillistes ont perdu une partie de leurs soutiens. » Aujourd’hui, « on ne sait plus très bien qui ils représentent ». En tout cas, pas les plus démunis, assure Mme Fellows, qui reproche à ses adversaires le tournant de 1997, quand Tony Blair est arrivé au pouvoir et « a droitisé la politique du Labour pour séduire un électorat plus large ».Un second référendum ?Une déambulation dans la circonscription de Motherwell et Wishaw témoigne de l’espoir suscité par le SNP qui promet de « porter la voix de l’Ecosse au Parlement de Westminster », mais aussi de veiller à une meilleure protection de l’enfance, d’assurer la pérennité de la protection sociale, de revaloriser les pensions de retraite, de mettre fin au coûteux dispositif nucléaire britannique ou encore d’assurer l’accès à l’université pour tous sans frais de scolarité... Un programme classé à gauche, en somme, et dans lequel les revendications indépendantistes n’apparaissent finalement pas prioritaires.Dans les rues, la caravane de voitures SNP reçoit des coups de klaxon de soutien, longe des maisons qui placardent des affiches jaunes, la couleur du parti, à leurs fenêtres. Au cours du porte-à-porte effectué mardi 5 mai, une habitante de Motherwell clamera toutefois qu’elle votera sans hésiter « Labour », accusant les nationalistes d’être « antidémocratiques » et de planifier un deuxième référendum sur l’indépendance dans les mois qui viennent, sans respecter le résultat du premier.Mais dépassés par la soudaine vague de sympathie suscitée par les indépendantistes, et incapables de mener une campagne compensant leur perte de terrain, les travaillistes semblent subir sans pouvoir renverser les tendances. Au point où des tensions internes ont éclaté. A Motherwell, l’équipe du candidat travailliste Frank Roy a évité de parler au Monde, promettant d’abord de répondre à nos sollicitations avant de filtrer consciencieusement nos appels et courriels.La semaine dernière, raconte le Herald of Scotland, les conseillers travaillistes de la région du North Lanarkshire ont refusé d’apporter le soutien financier qui aurait pu aider leurs quatre députés, dont la défaite est trop prévisible, dans la dernière ligne droite de la campagne.Lundi, le chef de la branche écossaise du parti travailliste, Jim Murphy, lui-même menacé de perdre le siège qu’il occupe depuis dix-huit ans dans l’East Renfrewshire, a annulé un meeting après avoir été pris à partie par des indépendantistes à Glasgow. Dans son dernier numéro, le bimensuel satirique Private Eye a résumé la situation en une illustration : on y voit M. Murphy demander à Ed Miliband, le leader du Labour, vêtu comme lui d’un gilet pare-balles, s’il est « prêt à a rencontrer les électeurs » écossais.M. Miliband, au coude-à-coude dans les sondages avec le parti conservateur, devra pourtant obligatoirement composer avec le SNP pour espérer former un gouvernement. Si les nationalistes ont exclu un accord formel de coalition et une entrée dans un gouvernement Miliband, ils pourraient soutenir au cas par cas le travailliste, pour contrer les conservateurs.Lire aussi :L’Ecosse, arbitre des élections britanniquesEnora OllivierJournaliste au Monde 06.05.2015 à 12h30 | Isabelle Rey-Lefebvre La Fédération européenne du logement social a publié, mardi 5 mai, son rapport annuel dans lequel elle détaille comment les 28 états membres ont, entre 2007 et 2013, traversé la crise.Forte baisse de la constructionCette crise s’est d’abord matérialisée par l’éclatement de la bulle immobilière dans les pays dits vulnérables (Grèce, Chypre, Slovénie), où les prix ont baissé. C’est aussi le cas en Irlande - mais ils sont déjà repartis à la hausse - et au Royaume-Uni.Mais la première conséquence de la crise est l’effondrement de la construction. L’un des exemples les plus frappants est l’Espagne, où elle a chuté dramatiquement, passant de 727 900 logements neufs en 2006, à 77 800 en 2011.Les banques qui finançaient les promoteurs ont récupéré en catastrophe près de 700 000 logements « mais refusé de les vendre aux bailleurs sociaux qui proposaient de les acheter », déplore Laurent Ghekiere, représentant, pour la France, de l’Union sociale de l’habitat auprès de cette fédération et président de son observatoire européen, créé en 2004.D’autres pays, comme la Belgique, la République Tchèque, la France, la Pologne, la Suède, mais aussi le Danemark, la Hongrie, l’Irlande et le Portugal ont également souffert d’une forte contraction de la construction.Pour autant, en France la construction de logements sociaux a relativement bien tenu durant la crise et joué son rôle contre cyclique, grâce aux prêts consentis par la Caisse des Dépôts dont les initiatives ne dépendent pas de la santé des banques.« Le problème de la France est qu’elle ne construit globalement pas assez, compte tenu de sa démographie dynamique, en particulier dans les grandes villes en développement », relève Laurent Ghekiere.Forte hausse de l’endettement des ménagesUn autre indicateur, d’ailleurs surveillé attentivement par la Commission européenne, est l’endettement des ménages, hérité des folles années de hausse des prix des logements et dopé par une politique accommodante, de la part des banques et des gouvernements, en faveur de l’accession à la propriété.Cet endettement est, en moyenne, passé de 43 % du PIB en 2004, à 52 % en 2014. Comparé au revenu disponible des ménages, son bond est plus spectaculaire encore, de 66,4 %, en 2004, à 81,8 %, en 2012.Les Hollandais sont les plus endettés (108,4 % du PIB) alors que c’est leur pays qui compte le plus de logements sociaux (33 %). « Cela vient de la politique du gouvernement qui a permis la déduction totale des intérêts d’emprunts pour acheter. La Commission européenne a donc demandé aux Pays-Bas de plafonner ou réduire cet avantage », souligne M. Ghekiere.Les Danois sont guère moins endettés (100,8 % du PIB), comme les Anglais (81 %), les Suédois (80,7 %), devant les Irlandais (77,5 %). Les Français figurent au milieu du tableau (43 %).Poids croissant du logement dans les budgetsEn dépit de baisses de prix survenues depuis 2007, le coût du logement devient de plus en plus insupportable à l’économie des ménages européens. Il capte, en moyenne, 22,2 % de leur revenu disponible. Mais 20 % des ménages modestes dépensent désormais 40 % de leurs revenus pour se loger.La Grèce est le pays où ce poids pèse le plus sensible (40 % des revenus consacrés au logement), suivi du Danemark et des Pays-Bas (30 %) et de l’Allemagne (28 %).Un contrecoup est que les jeunes générations ne parviennent pas à accéder à un logement autonome. Dans les pays du Sud, la proportion des 18/35 ans vivant encore chez leurs parents est, par exemple, de 66 % en Italie, de 58 % au Portugal et 55 % en Espagne. Et le phénomène s’étend désormais à l’Irlande (42 %), l’Allemagne (41 %), la Belgique (44 %).En France, la proportion des ménages devant consacrer plus de 40 % de leurs revenus au logement est de 5 %.Baisse des aides publiquesLa crise a également affecté les politiques du logement et provoqué la réduction des aides publiques, dont les auteurs estiment que le niveau moyen est passé, dans les pays de l’Union, de 1,1 % à 0,8 % du PIB.En Grèce, l’organisme de financement du logement social a, par exemple, sous la pression de la Troïka des créanciers du pays, été quasiment supprimé.Au Royaume-Uni, en Irlande, Espagne, Portugal, les aides au logement ont été fortement réduites et ciblées vers les catégories les plus modestes.Hausse du nombre des sans-abriLe nombre de sans-abri a beaucoup augmenté dans tous les pays européens, exceptée la Finlande : la France est très touchée, avec 50 % de hausse, entre 2001 et 2011, tandis que, entre 2011 et 2013, la Danemark enregistre une hausse de 16 %, l’Allemagne de 21 %, les Pays-Bas de 17 %, la Suède de 29 %, mais 45 % en République Tchèque, entre 2010 et 2014.Isabelle Rey-LefebvreJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Jean-Baptiste de Montvalon et Gérard Courtois Une France un peu moins pessimiste, un peu moins frileuse et repliée sur elle-même, un peu plus confiante dans l’avenir : tel est le visage du pays que reflète la troisième édition de notre enquête annuelle « Fractures françaises », réalisée du 22 au 27 avril par Ipsos/Sopra Steria en partenariat avec la Fondation Jean Jaurès et Sciences Po - auprès d’un échantillon de 1 000 personnes interrogées sur Internet. La dégradation de l’image du Front national – que 78 % qualifient de parti d’« extrême droite » – est l’un des autres enseignements majeurs de ce sondage, qui confirme toutefois que les idées du FN s’installent dans l’opinion : c’est désormais une majorité de Français (52 %) qui souhaite le rétablissement de la peine de mort ; un chiffre en hausse de sept points en un an. Un léger regain de confiance Si les crispations alarmantes enregistrées lors des deux précédentes vagues de cette enquête n’ont pas disparu, l’atmosphère s’est un peu détendue depuis un an. Ainsi la confiance dans toutes les institutions testées a progressé. C’est le cas en particulier des grandes entreprises (45 %, +7) et des banques (41 %, +6). La nostalgie est moindre qu’en 2014 : 70 % des sondés (en baisse de 8 points) assurent qu’ils s’inspirent de plus en plus des valeurs du passé. La mondialisation est considérée comme une opportunité par 44 % des personnes interrogées (+5 points). L’image de l’Europe s’améliore : 52 % (+7 points) estiment que l’appartenance de la France à l’Union européenne est une bonne chose et 75 % (+8) souhaitent que la France reste dans la zone euro.Lire aussi :Des Français moins pessimistesL’image du FN se dégrade…Réalisée quelques jours avant que la crise ouverte entre Marine Le Pen et son père atteigne son paroxysme, cette enquête montre que l’image du FN est mauvaise, et qu’elle s’est encore détériorée. Qualifié d’« extrême droite » – une appellation que réfute Mme Le Pen – par 78 % des sondés, le FN est jugé « xénophobe » (61 %). 60 % (neuf points de plus en un an) affirment que c’est « un parti dangereux pour la démocratie ». 69 % estiment qu’il n’est pas « capable de gouverner le pays ».Lire aussi :L’image du FN se dégrade mais ses idées s’installent… mais ses idées s’installentLa sortie de l’euro est le seul marqueur du FN qui est massivement rejeté dans cette enquête. La hausse la plus spectaculaire concerne le rétablissement de la peine de mort (52 %, +7). Les réponses aux questions sur l’immigration ne traduisent pas d’évolution notable. Autrement dit, le tableau reste aussi sombre qu’auparavant. Deux tiers des Français (67 %, +1) jugent qu’« il y a trop d’étrangers en France ». 71 % (+1) estiment qu’« il n’est pas normal que les cantines scolaires servent des plats différents selon les convictions religieuses des élèves ». Les fortes crispations suscitées par l’islam sont également en adéquation avec le discours du FN à ce sujet. 54 % (+3 points par rapport à janvier) jugent la religion musulmane « pas compatible avec les valeurs de la société française ».Lire aussi :La crispation sur l’islam s’accroît depuis janvierLes sympathisants socialistes se droitisentLibérale – au plan économique – et autoritaire : la ligne que défend et incarne Manuel Valls, longtemps marginalisé au sein de son parti, rencontre une adhésion croissante parmi les sympathisants socialistes. 34 % des personnes interrogées (+11 points) estiment que « pour relancer la croissance, il faut limiter au maximum le rôle de l’Etat dans l’économie française et donner aux entreprises le plus de liberté possible ». 49 % (+21) expriment leur confiance dans les grandes entreprises. Même tendance s’agissant des banques (44 %, +13). 58 % des sondés (+8) estiment que « la mondialisation est une opportunité pour la France ». Les sympathisants socialistes sont également plus nombreux à approuver des affirmations ou des mesures relatives à l’ordre et la sécurité. 78 % (+16) approuvent l’idée selon laquelle « on a besoin d’un vrai chef en France pour remettre de l’ordre ». 36 % (+15) se disent favorables au rétablissement de la peine de mort.Lire aussi :Les sympathisants socialistes se convertissent au libéralismeJean-Baptiste de MontvalonJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteGérard CourtoisJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Charrel Encore un sommet pour rien ? Après trois mois d’âpres négociations, de va-et-vient et de blocages, l’Eurogroupe, qui rassemble les ministres de la zone euro, doit de nouveau se réunir lundi 11 mai pour tenter de résoudre la crise grecque. Si, la semaine dernière, une légère brise d’espoir pouvait laisser croire à une avancée, les chances d’un accord rapide semblent de nouveau s’éloigner.Pour cause, mardi 5 mai, le ton est de nouveau monté entre Athènes et ses créanciers, désormais désignés comme le « groupe de Bruxelles » (l’ex-troïka : Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international). Tout au long de la journée, les autorités grecques ont soufflé le chaud et le froid, alternant avertissements et déclarations optimistes.De passage à Paris puis à Bruxelles, où il a rencontré le commissaire européen aux affaires économiques Pierre Moscovici, le ministre des finances grec Yanis Varoufakis a dit s’attendre « à de nouvelles avancées, dans la direction d’un accord définitif », évoquant la rencontre du 11 mai.Dans la foulée, une source gouvernementale grecque a déclaré que « les divergences sérieuses entre ses créanciers, Union européenne et FMI, entravent les négociations ». En raison de « cette impossibilité d’entente entre les institutions, il ne peut pas y avoir de compromis », a insisté Athènes, assurant que le blocage était « de la responsabilité exclusive » de l’ex-troïka. La nouvelle stratégie du gouvernement semble être de pointer les divisions entre créanciers afin d’obtenir quelques concessions.« Divergences de fond »Mais le premier ministre Alexis Tsipras est lui-même sous la pression du parti dont il est issu, Syriza. Réuni hier, le bureau politique de la formation de gauche radicale a rappelé que les lignes rouges du gouvernement sont celles du peuple, en évoquant, sans jamais prononcer le mot, la possibilité d’un référendum si la pression des créanciers est jugée trop dure. Une façon de convaincre M. Tsipras de ne pas céder sur trop de dossiers…« Malgré les concessions, des divergences de fond persistent », résume Eric Dor, économiste à l’école de management Iéseg. De son côté, le FMI insiste pour qu’Athènes mette en œuvre une réforme du régime des retraites. Une exigence qui agace Bruxelles, pour qui la priorité devrait plutôt être la mise en œuvre d’une réforme fiscale. « Ce désaccord bloque les négociations », confie un proche des discussions.Et ce n’est pas la seule pomme de discorde. Si les états européens, Allemagne en tête, refusent tout effacement de la dette publique grecque, qui culmine à 175 % du produit intérieur brut (PIB), le FMI, lui, s’y montre plutôt favorable. Sans pour autant pousser à un « allégement à grande échelle », a-t-il précisé mardi dans un communiqué, espérant éteindre le début de polémique sur le sujet.Pour arrondir les angles, Athènes avait remanié son équipe de négociateurs le 24 avril. M. Varoufakis, jugé trop arrogant par certaines capitales, a été écarté au profit d’hommes plus pragmatiques du premier ministre, comme les économistes Georges Chouliarakis et Euclide Tsakalotos.Il y a urgence. Les négociations doivent permettre au pays d’obtenir le versement avant fin juin de la dernière tranche de 7,2 milliards d’euros du deuxième plan de sauvetage. Or, les caisses de l’Etat grec sont vides.Lire aussi :Le gouvernement grec essaie d’obtenir « plus de liquidités »Mercredi 6 mai, Athènes a remboursé 200 millions d’euros au FMI. Il doit encore lui verser 765 millions d’euros le 12 mai. Puis 306 millions le 5 juin, 344 millions le 14 juin… « S’ajoutent à cela les déficits publics mensuels à financer », rappelle M. Dor. Ainsi que les salaires et les retraites des fonctionnaires, les factures des fournisseurs, etc.« Un troisième programme de prêts, c’est inévitable »A court d’argent, le gouvernement a publié lundi 20 avril un décret qui l’autorise à siphonner une partie des liquidités des collectivités locales, déclenchant l’ire de ces dernières. Mais les 2 milliards ainsi récoltés permettront seulement de gagner quelques semaines.Plus inquiétant : selon les prévisions de croissance de la Commission européenne publiées mardi 5 mai, la Grèce sera le seul pays de la zone euro à ne pas profiter de la reprise. Son PIB devrait croître de 0,5 % seulement cette année, contre 2,5 % estimé précédemment.Lire aussi :Pour Bruxelles, l’économie européenne va mieuxLes banques grecques, exsangues, ne tiennent que grâce aux liquidités d’urgence « ELA » de la BCE. « Cette aide ne peut pas durer indéfiniment », a prévenu mardi Christian Noyer, membre du conseil des gouverneurs de la BCE. Laquelle devait décider mercredi si elle maintient ces ELA, dont le plafond est aujourd’hui de 76,9 milliards d’euros.Quoi qu’il en soit, le programme d’aide à la Grèce prendra fin le 30 juin. « Même si le gouvernement grec reçoit les 7,2 milliards, ce ne sera pas suffisant pour assumer les échéances qui suivront, prévient M. Dor. Le pays aura besoin d’un troisième programme de prêts, c’est inévitable. »Les créanciers l’admettent, Athènes ne pourra pas tenir sans un soutien supplémentaire. Mais ils préfèrent parler « d’accompagnement » que de nouveau programme – en partie pour ne pas raviver les douloureux souvenirs du programme de la troïka. Cette aide sera-t-elle assortie de nouvelles conditions ? D’un allégement de la dette ? Une chose est sûre : la BCE, lasse, ne sera probablement plus de la partie.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.05.2015 à 08h27 • Mis à jour le06.05.2015 à 16h17 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2pagm0"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2pagm0", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Andreas Lubitz, le copilote de l’avion de Germanwings dont le crash a coûté la vie à 150 personnes le 24 mars aurait-il pu crasher son avion dans les Pyrénées, lors du vol aller entre Düsseldorf et Barcelone, plutôt que dans les Alpes au retour ?Ce que révèle le rapport préliminaire du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) publié mercredi 6 mai c’est qu’il a en tout cas effectué les mêmes gestes à l’aller qu’au vol, fatal, du retour. Le quotidien allemand Bild avait fait état de ces mêmes informations dans la nuit.Le directeur du BEA, Rémi Jouty, a expliqué que Lubitz avait, lors de ce vol, « déjà répété » sans « effet sensible » la descente finalement effectuée jusqu’à son épilogue dramatique lors du vol retour vers Düsseldorf, le 24 mars.Les enquêteurs ont en effet pu reconstituer la fin du vol aller entre Düsseldorf et Barcelone, dont une partie était encore enregistrée sur les boîtes noires retrouvées après le crash.A 8 h 20, lors de ce vol aller, le pilote avait quitté son poste, comme il le fit lors du funeste voyage retour. Le copilote régla alors le pilote automatique sur 100 pieds (environ 30 mètres) – bien loin des 35 000 puis 21 000 pieds (10,5 km puis 6,5 km) que lui réclamèrent successivement le contrôle aérien – et l’avion commença à descendre. Andreas Lubitz sembla cependant se raviser et régla à nouveau le pilote automatique sur une altitude normale juste avant que le pilote ne fît son retour dans la cabine.Lors du vol retour fatal, le copilote régla à nouveau le pilote automatique sur 100 pieds alors que le pilote s’était absenté, ce qui précipita l’avion au sol.L’hypothèse d’un crash volontaire confirméeLe BEA confirme également que le copilote s’est enfermé dans le cockpit pour précipiter « intentionnellement » l’avion sur les Alpes en utilisant le pilote automatique, sans que le commandant de bord puisse reprendre place dans le cockpit. Andreas Lubitz « n’a pas ouvert la porte du poste de pilotage pendant la descente, malgré la demande d’accès via le clavier numérique [à l’extérieur de la cabine], les appels depuis l’interphone de la cabine et les coups frappés à la porte », écrit le BEA.Pendant toute la durée de la descente, un bruit de respiration se fait entendre, de très légers mouvements sur le manche de l’appareil sont effectués et plusieurs actions sur le niveau de poussée des réacteurs sont réalisées, preuves supplémentaires que le copilote, Andreas Lubitz, avait bien pour intention de précipiter son avion sur les Alpes.Les suites de l’enquêteDans la deuxième phase de son enquête, le BEA va se pencher sur l’épineuse question des aptitudes psychologiques des pilotes, c’est-à-dire « expliquer comment et pourquoi [certains d’entre eux] peuvent se retrouver dans un poste de pilotage avec l’intention d’entraîner la perte de l’aéronef avec ses occupants », malgré les procédures de sécurité.Les enquêteurs vont aussi s’intéresser aux « compromis qui ont été faits entre les exigences de sûreté, notamment celles qui ont fait suite aux attentats du 11-Septembre, et les exigences de sécurité des vols ». Il est en effet impossible, depuis les attentats aux Etats-Unis, d’ouvrir la porte du cockpit depuis l’extérieur contre l’avis de celui ou celle qui s’y trouve ; ce qui a permis à Lubitz de s’y enfermer.Cent cinquante personnes, dont 72 Allemands, sont mortes le 24 mars dans le crash de l’avion lors du vol entre Barcelone et Düsseldorf. Selon l’enquête, Andreas Lubitz avait souffert dans le passé de troubles psychologiques. 05.05.2015 à 19h12 • Mis à jour le06.05.2015 à 07h42 Les élections législatives de jeudi 6 mai au Royaume-Uni s’annoncent comme les plus indécises depuis plus de quarante ans, aucune des deux grandes formations, le Parti conservateur et le Parti travailliste, ne paraissant en mesure de s’assurer une majorité à la Chambre des communes.Les sondages donnent le Labour d’Ed Miliband et les conservateurs du premier ministre David Cameron au coude-à-coude. Ni M. Cameron ni M. Miliband ne sont parvenus à générer un engouement significatif en leur faveur, dans un contexte général de défiance envers les politiques.Lire le décryptage : Comprendre les élections législatives britanniquesPerspective décevante pour le UKIP  Le dernier sondage en date sur les intentions de vote (PDF), mené par l’institut Populus, promet 13 % des voix jeudi au Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP), soit 2 points de moins que dans l’enquête précédente de l’institut, la semaine dernière, et 10 de moins que le score que lui promettait un autre institut en janvier. Une perspective décevante pour un mouvement arrivé en tête aux élections européennes l’an dernier, avec 27,5 % des suffrages et 24 sièges sur 70.Selon une autre récente enquête d’opinion, rendue publique par le tabloïd The Sun, les Tories comme le Labour obtiendraient 33 % des voix, un score peu ou prou identique à ceux prédits par les autres sondages effectués depuis le début de l’année.Sans majorité absolue au Parlement au lendemain du 7 mai, les chefs des deux principaux partis britanniques se retrouveraient devant l’obligation de nouer des alliances avec les petites formations politiques pour constituer un gouvernement.Lire tous les reportages, analyses et décryptages de nos correspondants et envoyés spéciaux Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Un tribunal de Bruxelles a jugé illégal, lundi 4 mai, le service de covoiturage Uber qui suscite, en Belgique comme en France, la colère du secteur des taxis. Le juge a déclaré coupable d’infraction à la législation sur le transport de personnes un conducteur qui utilisait l’application de la société américaine. Il bénéficie d’une mesure de clémence – pas d’inscription de la décision dans son casier judiciaire – mais sa voiture a été saisie.Lire aussi :Uber : « Les batailles juridiques seront sans fin »Uber a indiqué qu’elle soutiendrait son « partenaire » tout au long de la procédure : divers recours sont, en effet, encore possibles pour l’intéressé. Et le directeur d’Uber Brussels a indiqué que sa société poursuivrait ses activités, déplorant au passage une décision « construite sur un cadre juridique antérieur aux smartphones ».Le jugement était très attendu par les représentants du secteur, qui avaient organisé, il y a quelques semaines une grande manifestation à Bruxelles. Elle avait entraîné le blocage, durant plusieurs heures, du quartier européen. De nombreux taxis français faisaient partie de ce cortège.Des dizaines de plaintes ont été déposées en Belgique contre Uber, accusée de tromper le public et les propriétaires de voitures censées être mises à la disposition de la société pour un service de « covoiturage ». La justice rejette cette notion qui, souligne-t-elle, ne peut concerner qu’un même trajet « effectué ensemble et sans paiement ».Préparation d’un plan de transports pour BruxellesLa balle est désormais dans le camp des pouvoirs publics, à savoir la Région de Bruxelles, compétente pour la mobilité et les taxis. Le ministre Pascal Smet (socialiste flamand) prépare un plan de transports pour la capitale et a manifesté son intention d’«encadrer » des services comme Uber ou Djump.Après avoir déposé plainte contre Uber et tenté de faire fermer son site Internet, le ministre envisage un nouveau cadre légal pour les applications de covoiturage. S’appuyant sur la décision de la justice, il espère désormais convaincre la société de respecter les normes en vigueur pour les taxis (aptitudes et santé du conducteur, état et assurance du véhicule, etc.)Entrevoyant une possible issue au conflit qui les oppose aux pouvoirs publics, les dirigeants d’Uber Brussels avaient, il y a quelques semaines, manifesté leur intention, non pas de se soumettre au règlement pour les taxis, mais de ne pas se limiter à des services « de particulier à particulier ». Ils songeaient notamment à proposer des limousines.Le nouveau plan régional ne devrait pas voir le jour avant plusieurs mois mais il suscite déjà la colère du « Front commun » des taxis bruxellois. Ses responsables pensent qu’Uber ne se soumettra, en réalité, à aucun cadre légal mais multipliera les recours en justice pour tenter de s’imposer.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) Trains bondés, quais débordants de voyageurs prêts à tout pour monter dans une rame : ces images que les Allemands attribuaient volontiers au cliché de la France en grève vont émailler l’actualité allemande jusqu’au dimanche 10 mai. Les conducteurs de trains de la Deutsche Bahn ont entamé un mouvement de grève pour revendiquer une hausse de salaires. Depuis mardi 5 mai au matin, un tiers seulement des trains de voyageurs fonctionne. Sur le transport de marchandises, le mouvement a commencé lundi 4 dans l’après-midi.Lire aussi :Deutsche Bahn : la grève, signe de bonne santéDans un pays marqué par une profonde culture de cogestion, où les grèves sont l’ultime recours, ce mouvement inhabituellement long se heurte à une très large incompréhension. Il s’agit en effet du huitième arrêt de travail en quelques mois à la Deutsche Bahn.C’est du jamais vu en Allemagne. D’autant que l’offre de la compagnie du rail allemande semble raisonnable : elle propose 4,7 % d’augmentation de salaire, en deux étapes, plus 1 000 euros de versement immédiat. Mais le syndicat GDL n’entend pas céder sur sa revendication de 5 % d’augmentation de salaire associé d’une heure de travail en moins.Habituellement, syndicats et patronat arrivent toujours à un consensus. Le pays vient d’ailleurs d’enregistrer une large hausse des salaires (3,4 % au 1er  avril, plus une prime unique de 150 euros au 1er mars), portée notamment par le syndicat de la métallurgie, IG Metall, et la grève n’est restée qu’une menace jamais mise à exécution.« Difficile à comprendre de l’extérieur » « Pour les gens de l’extérieur, cette confrontation est difficile à comprendre », a déclaré le ministre de l’économie et vice-chancelier du SPD Sigmar Gabriel. La fédération des industriels allemands évalue à 100 millions d’euros par jour le manque à gagner pour l’économie.Pourquoi un tel blocage ? Dans cette affaire, il s’agit en réalité moins du montant de l’augmentation de salaire que d’une guerre entre deux syndicats concurrents : GDL et EVG.Le premier est le plus petit, il représente traditionnellement les conducteurs de train. Il compte 20 000 membres. Pour gagner des adhérents, il souhaite négocier, notamment sur les salaires, pour d’autres groupes de travailleurs à l’intérieur de la Deutsche Bahn : le personnel roulant, celui des wagons-bars et les salariés du triage.Lire aussi :Les divisions syndicales paralysent l’AllemagneIl se heurte à un syndicat concurrent, EVG, qui compte 140 000 membres et qui représentait ces métiers jusqu’ici. Lui non plus n’entend pas perdre les adhérents dont il a besoin pour exister à côté des grands syndicats – Verdi et IG Metall, qui comptent plusieurs millions de membres.Un accord sur la répartition des métiers entre les deux syndicats existe bien, mais il arrive à échéance en juin. Chaque syndicat a donc besoin d’une victoire pour conforter sa position. Les enchères montent, au désespoir de la direction de la Deutsche Bahn, qui craint de devoir conclure des accords séparés pour les différents métiers du groupe.« Au lieu de négocier avec des règnes équitables, ce sont les luttes de pouvoir entre les syndicats qui sont au centre de l’attention. Cela ne correspond pas à notre conception du partenariat social », a déclaré Ulrich Weber, directeur du personnel chez Deutsche Bahn.Concurrence autoriséeCette guerre des syndicats en Allemagne est un phénomène récent : elle tient à un arrêt du tribunal du travail de 2010, qui autorise la concurrence entre les syndicats à l’intérieur d’une même entreprise.Résultat, là où régnait auparavant l’« unité tarifaire », qui permettait au syndicat majoritaire dans une entreprise de mener les négociations pour l’ensemble des salariés, les petits syndicats se sont vu pousser des ailes au nom de la liberté de réunion. Au grand dam du patronat, des usagers et bien sûr du monde économique.Pour tenter d’y mettre bon ordre, Berlin a préparé un projet de loi sur l’« unité tarifaire », soutenu par la plupart des grands syndicats, et dont la lecture doit commencer ces jours prochains au Parlement.Mais certains experts jugent que ce texte pourrait être débouté devant la Cour constitutionnelle de Karlsruhe. Des aménagements du droit de grève, tels qu’il en existe déjà en France et en Italie, sont déjà évoqués.Cécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au Monde 04.05.2015 à 13h37  Deux soldats ukrainiens ont été tués en vingt-quatre heures dans l’Est rebelle prorusse de l’Ukraine, a annoncé lundi 4 mai l’armée ukrainienne. Les deux militaires ont été tués et trois autres blessés lorsque leur véhicule blindé a roulé sur une mine dans la région de Louhansk, a signalé un porte-parole militaire ukrainien. Deux autres militaires ont été blessés aux abords du village de Chirokiné, près du port stratégique de Marioupol, dernière grande ville de l’Est rebelle contrôlée par Kiev, selon la même source.Dimanche, les rebelles « ont considérablement augmenté le nombre de tirs, à une centaine en 24 heures », soit pratiquement le niveau observé avant la trêve actuelle instaurée à la mi-février après la signature des accords de paix Minsk 2, a accusé dans un communiqué le service de presse de l’opération militaire ukrainienne dans l’Est.Les points les plus chauds de la ligne du front restent le village divisé de Chirokiné ainsi que le village de Pisky et plusieurs autres localités situées à proximité de l’aéroport de Donetsk, fief séparatiste, selon Kiev.Les rebelles ont accusé pour leur part l’armée ukrainienne d’avoir effectué environ 70 irs, notamment contre Chirokiné et des quartiers de Donetsk proches de l’aéroport, sans faire état de victimes, selon l’agence séparatiste officielle DNA.Le chef de la diplomatie serbe Ivica Dacic, qui assure la présidence tournante de l’OSCE, a déploré dimanche dans un communiqué des « violations du cessez-le-feu » en Ukraine où une mission d’observation de cette organisation est déployée. Le conflit a fait plus de 6 100 morts en un an.Rencontre prévue à MinskUne rencontre du Groupe de contact trilatéral réunissant les représentants ukrainiens, russes et de l’OSCE avec la participation d’émissaires rebelles est attendue à Minsk mercredi, ont annoncé séparément Kiev et les séparatistes. La capitale biélorusse avait été à plusieurs reprises le théâtre de négociations internationales, dont la dernière grande session s’est déroulée en février avec la participation des présidents français, ukrainien et russe et celle de la chancelière allemande.Jeudi 30 avril, le commandant en chef des forces de l’OTAN, le général Philip Breedlove a estimé que les forces russes ont cherché récemment à se « repositionner » tout en confortant les gains obtenus sur le terrain. Il a estimé que les mouvements observés récemment correspondaient à « la préparation, l’entraînement et l’équipement pour avoir la capacité de lancer de nouveau une offensive ». 04.05.2015 à 11h02 • Mis à jour le04.05.2015 à 16h18 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Alice ? Charlotte ? Diana ? Olivia ? Victoria ? Elizabeth ? Le nom de la princesse née samedi 2 mai au matin à la maternité de l’hôpital St. Mary à Londres ne devrait pas être connu avant que, selon la tradition, la reine n’ait fait sa connaissance. Or, Elizabeth II séjourne actuellement dans sa résidence de Sandringham, dans le Norfolk (est de l’Angleterre) et la rencontre avec son cinquième arrière-petit-enfant pourrait attendre quelque peu. La foule des journalistes et photographes, massée depuis des heures devant la maternité, a été gratifiée, samedi, de l’arrivée à la maternité du petit prince George, 21 mois, dans les bras de son père William.L’enfant, dont c’était l’une des rares apparitions publiques, avait l’air légèrement terrifié par l’agitation que son apparition a déclenchée. Puis en fin d’après-midi, comme si l’accouchement avait été une formalité, Kate, 32 ans, et William, 33 ans, ont présenté leur deuxième enfant né quelques heures plus tôt. La mère, tenant le bébé d’une main tout en agitant royalement l’autre à l’adresse des caméras, a fait preuve d’un grand professionnalisme. Le bébé, paisiblement endormi dans un lange blanc, a lui aussi parfaitement joué son rôle, régalant les photographes de gros plans qui ont immédiatement fait le tour du monde.Les opinions personnelles de CharlesDeuxième petit-enfant du prince Charles, héritier de la couronne, la petite fille de 3,7 kilos née samedi à 8 h 34 dans une maternité à 5 215 livres (7 060 euros) la nuit, prend place au quatrième rang dans l’ordre de succession au trône, après son grand-père Charles, son père William et son frère, le petit George. Une loi de 2013 a modifié une règle vieille de plus de trois siècles selon laquelle la naissance d’un garçon délogeait les filles nées avant lui. La naissance éventuelle d’un petit frère ne changera donc rien. La nouveau-née n’a cependant une chance de devenir reine que si le prince George n’a pas d’enfant.La naissance de la princesse éclipse pour l’instant les complications en vue pour la succession de la reine Elizabeth II, qui a fêté ses 89 ans le 21 avril. La souveraine, qui manifeste quelques signes de fatigue, devait passer la main en douceur à son fils Charles, qui est l’héritier du trône ayant le plus attendu pour régner. Mais le prince de Galles refuse de cesser de manifester ses opinions personnelles sur l’environnement, l’architecture, les médecines douces ou l’éducation, au grand dam d’une partie de l’opinion britannique attachée à la neutralité de la famille royale. La Cour suprême britannique vient d’ailleurs d’ordonner la publication de vingt-sept des lettres qu’il a adressées à des ministres pour les influencer.Quant à la presse tabloïd, elle prend un malin plaisir à publier des sondages qui montrent qu’un grand nombre de Britanniques (40 % selon le Daily Mail) souhaiteraient qu’il passe son tour pour que William devienne roi. Comme si le peuple avait voix au chapitre pour désigner son roi préféré.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.05.2015 à 00h12 • Mis à jour le04.05.2015 à 07h35 Deux détenus pakistanais sont morts, et 18 autres ont été blessés dimanche 3 mai au soir lors d'affrontements entre prisonniers dans un centre de détention surpeuplé près d'Athènes, a indiqué le ministère de la justice. La situation était sous contrôle en début de nuit.Selon une source proche de l'enquête, alors que la situation était tendue depuis le début d'après-midi, deux groupes de prisonniers de nationalités différentes se sont affrontés avec des armes blanches improvisées dans la prison de Korydallos (à l'ouest d'Athènes) pour une raison inconnue, au moment de regagner leurs cellules respectives après le dîner. Cinq blessés sont dans un état grave, selon la même source.Prisons surpeupléesDans la soirée, les surveillants sont parvenus à faire réintégrer leurs cellules aux détenus, après les avoir fouillés. Sakis Totolidis, un policier travaillant dans l'établissement, a confirmé à l'AFP que « la situation semblait sous contrôle », et qu'une réunion était en cours entre responsables de la prison et du ministère de la justice.Le ministre Nikos Paraskevopoulos est arrivé en personne à la prison en fin de soirée, exprimant « sa tristesse pour les pertes humaines ». « Malheureusement, a-t-il ajouté, ces problèmes sont le résultat du surpeuplement des prisons et du manque de personnel. »Selon lui, il y a actuellement 2 000 détenus à Korydallos, pour une capacité de 600 prisonniers. 03.05.2015 à 06h51 • Mis à jour le03.05.2015 à 12h56 D'anciens déportés et Angela Merkel se retrouvent dimanche 3 mai à Dachau, dans le sud de l’Allemagne, pour une commémoration de la libération du camp nazi, qui en cette année du 70e anniversaire prend un relief particulier en raison de la participation exceptionnelle de la chancelière allemande.Durant ces douze mois de commémorations de la fin de la barbarie nazie, c'est la seule fois où la dirigeante allemande participera à une cérémonie dans un camp de concentration. En raison du grand âge des rescapés, ce sera également l'une des dernières occasions où la chancelière, en tant que représentante du gouvernement allemand, et les témoins encore en vie se retrouvent dans ce lieu de mémoire.Angela Merkel doit s'exprimer en milieu de journée après un hommage aux victimes devant l'un des deux fours crématoires de ce camp situé à 17 km au nord-ouest de Munich, le premier créé par le régime nazi, en 1933. Des dépôts de gerbes et une marche vers la Place d'appel du camp, où périrent plus de 43 000 personnes, sont également prévus.Un modèlePlus de 130 survivants et leurs proches devraient à nouveau franchir la porte d'entrée du camp en fer forgé sur laquelle est inscrite la sinistre devise des nazis « Arbeit macht frei » (« Le travail rend libre ») pour venir se recueillir sur les lieux de leur calvaire. Ce portail a été dérobé durant une nuit de novembre par des inconnus. Une copie a été inaugurée jeudi.Des responsables du Comité international de Dachau, qui rassemble les rescapés, et le dirigeant du Conseil central des juifs d'Allemagne, Josef Schuster, seront également présents.Ouvert initialement pour y interner les prisonniers politiques, Dachau a servi de modèle d'organisation pour les autres camps de la mort, de Treblinka à Buchenwald. Le 29 avril 1945, il avait été libéré par les Américains qui avaient alors découvert l'indicible horreur de la solution finale. Les images d'archives de l'époque montrant les corps enchevêtrés et les survivants hagards, malades et amaigris restent insoutenables.« Responsabilité particulière »A la veille de cette commémoration, Angela Merkel a insisté sur la « responsabilité particulière » de l'Allemagne, 70 ans après la fin de l'Holocauste, qui a vu six millions de Juifs exterminés dans la plus grande tentative d'élimination d'un peuple. « Nous, les Allemands, avons une responsabilité particulière, celle d'être attentifs, d'être sensibles et bien informés sur ce que nous avons perpétré sous le nazisme », a souligné dans son message vidéo hebdomadaire Mme Merkel, née en 1954, soit neuf ans après la fin de la seconde guerre mondiale.Dans la paisible cité verdoyante de Bavière, le camp, ouvert le 22 mars 1933 — soit moins de deux mois après l'arrivée d'Hitler au pouvoir — fut installé tout d'abord dans une usine de munitions à l'abandon avant la construction d'un grand complexe de bâtiments à partir de 1937. Il comprenait 34 baraques dont l'une réservée aux expériences médicales, sur la malaria ou la tuberculose par exemple.Plus de 206 000 prisonniers venus d'une trentaine de pays y ont été détenus dont l'ancien premier ministre français, Léon Blum, qui était juif. Plus de 41 000 d'entre eux y furent tués, ou moururent d'épuisement, de faim, de froid ou de maladie.Les commémorations internationales du 70e anniversaire de l'ouverture des camps ont débuté le 27 janvier à Auschwitz, en Pologne. 02.05.2015 à 16h50 • Mis à jour le03.05.2015 à 20h01 Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, a réagi samedi 2 mai aux violents incidents qui ont eu lieu en marge de l'inauguration à Milan de l'Exposition universelle la veille. Vendredi après-midi, quelques heures après l'inauguration officielle de l'événement dans le nord de la ville, plusieurs dizaines de manifestants portant capuches et masques à gaz ont fait parler la violence pendant une heure, incendiant des dizaines de magasins et de voitures.« Ils ont essayé de gâcher la fête, mais quatre casseurs fils à papa ne réussiront pas à gâcher l'Expo », a déclaré M. Renzi à la télévision publique italienne, tout en saluant le sérieux des forces de l'ordre, qui ont « évité les provocations ».Lire aussi : L’Exposition universelle de Milan, un chantier à l’italienne« Ceux qui ont cherché à alimenter un climat négatif d'inquiétude et de violence sur un rendez-vous qui respire la paix, le dialogue, la confrontation, la citoyenneté ont perdu », a également assuré le ministre de l'agriculture, Maurizio Martina. S'il a reconnu que « quelques ajustements » étaient encore nécessaires, il a insisté sur le succès de la manifestation :« L'Expo a remporté son défi initial, qui était de bien ouvrir et de faire comprendre tout de suite la puissance du récit que les visiteurs ici peuvent entendre. »Eviter « d'entacher l'Expo avec du sang »Le commissaire de l'Exposition universelle, Giuseppe Sala, a affirmé que 11 millions de billets d'entrée avaient déjà été vendus pour cet événement sur le thème de l'agriculture et de l'alimentation, qui va durer jusqu'au 31 octobre.Lire aussi : Nourrir la planète, le défi de l’Exposition universelleRevenant sur les violences de vendredi, le chef de la police italienne, Alessandro Pansa, a expliqué samedi à la radio que la consigne avait été de ne pas charger les casseurs, les autorités ayant préféré les laisser commettre des dégâts plutôt que de risquer d'« entacher l'Expo avec du sang ». Selon la police milanaise, aucun manifestant n'a été blessé vendredi, tandis que 11 membres des forces de l'ordre ont subi des contusions légères qui ont pu être traitées sur place.Le parquet de Milan a ouvert une enquête sur les violences et les destructions, et les autorités ont annoncé un fonds public de 1,5 million d'euros en faveur des sinistrés.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2one0k"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2one0k", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 02.05.2015 à 12h21 • Mis à jour le02.05.2015 à 12h21 Après quatre jours de lutte, les pompiers ont réussi, samedi 2 mai, a venir à bout du feu qui s'était déclaré dans la zone contaimnée située près de la centrale nucléaire accidentée de Tchernobyl, en Ukraine. Il a fait rage sur une superficie de près de 320 hectares. Les autorités n'excluent pas l'hypothèse d'un incendie d'origine criminel.Son foyer était distant de seulement une quinzaine de kilomètres du site, provoquant une vague de panique sur les réseaux sociaux. Le taux de radioactivité dépasse légèrement la norme à Tchernobyl – définitivement fermée en 2000. L'explosion, le 16 avril 1986, du réacteur numéro 4 de la centrale avait contaminé une bonne partie de l'Europe, mais surtout l'Ukraine, la Russie et la Biélorussie, alors républiques soviétiques. Les autorités de l'URSS ont longtemps minimisé son ampleur. Benoît Vitkine (Odessa, envoyé spécial) On n’avait pas vu depuis longtemps dans la paisible Odessa tel déploiement de force. Vendredi 1er mai, des dizaines de camions, véhicules blindés et hommes en armes ukrainiens paradaient sur la place Koulikovo, dans le centre de la cité portuaire, où se tient le bâtiment calciné de la Maison des syndicats.Il y a un an, le 2 mai 2014, 42 militants prorusses sont morts ici, en majorité brûlés dans l’incendie du bâtiment. Six autres avaient trouvé la mort un peu plus tôt ce jour-là dans des affrontements entre prorusses et pro-ukrainiens. Un an a passé, mais l'anniversaire du drame a réveillé les angoisses. Trois mille cinq cents hommes ont été mobilisés pour encadrer familles et soutiens que le dispositif n’aura pas effrayés, venus commémorer leurs morts.« Les prorusses n’ont pas les forces pour organiser un rassemblement massif. Mais beaucoup de gens en ville ont peur que le scénario de l’année dernière se répète, explique Alexeï Gontcharenko, jeune député de la ville. Il faut rassurer. »Odessa et son million d’habitants vivent encore dans le traumatisme du 2 mai 2014. En réalité, l’onde de choc de la tragédie a dépassé les limites de la ville, contribuant largement à tendre la situation dans l’est de l’Ukraine, où débutait le conflit armé. Les images des corps carbonisés diffusées à la télévision ont poussé des centaines de jeunes Russes à venir combattre dans le Donbass, dans l’est du pays.Lire aussi : Dans Odessa en deuil, le gouvernement ukrainien tente une reprise en mainEnquête judiciaire opaqueCe 2 mai, Elena Radzikovskaïa a perdu son fils Andreï, 26 ans. « Tombé par la fenêtre, ou peut-être poussé », selon l’avis officiel reçu par Mme Radzikovskaïa, 60 ans, professeure d’histoire à l’université. Mère et fils partageaient les mêmes idées : « Pas des idées séparatistes », dit-elle, mais une même méfiance vis-à-vis de la révolution de Maïdan et de ses promesses d’ouverture vers l’Europe. « Pour des idées comme celles-là, aujourd’hui, on peut aller en prison, assure Mme Radzikovskaïa, alors que ceux qui ont commencé ce génocide se promènent en toute liberté. » L’enquête judiciaire est opaque, la police ne communique pas. Un « groupe du 2-Mai » s’est formé pour mener ses propres investigations, composé principalement de journalistes, mais aussi d’experts en chimie ou en balistique, de toutes les opinions politiques. Leurs conclusions écartent l’hypothèse avancée par les médias russes du massacre délibéré. Elles dévoilent un tragique enchaînement, dans lequel la violence des uns a répondu à la violence des autres jusqu’à l’échange de cocktails Molotov qui a provoqué l’incendie. Les travaux du groupe sont aussi sévères pour la police, qui n’a pas su ou pas voulu empêcher les affrontements. Comme ailleurs dans le pays, les forces de sécurité, démoralisées, désorganisées ou attendant simplement de voir vers où soufflerait le vent, sont restées en retrait.« Le 2 mai, c’est notre victoire, clame Mark Gordienko, le chef de l’un des groupes “patriotiques” qui ont pris part aux affrontements. Une victoire sanglante, mais vitale. Sans elle, nous serions en guerre ici aussi, avec des milliers de morts, et pas seulement cinquante. » « Ces groupes ont joué un rôle essentiel, reconnaît Zoïa Kazandji, conseillère du gouverneur de la région. Mais aujourd’hui, alors que nous sommes encore une société post-traumatique, le niveau de haine continue à monter des deux côtés, et ils agissent en dehors de tout cadre. »« La justice contre la loi »L’« Assemblée de sécurité citoyenne » de M. Gordienko et les autres groupes d’autodéfense nés pendant Maïdan n’ont pas déposé les armes. Ils forment à Odessa comme un pouvoir parallèle, se méfiant presque autant des nouvelles autorités que des anciennes. A la légitimité des institutions, leurs membres opposent la légitimité populaire et celle acquise au combat. « La justice contre la loi », résume M. Gordienko, 46 ans, sorte de biker érudit qui dégaine aussi facilement son pistolet que le livre qu’il a écrit sur l’histoire d’Odessa.Les voies de la justice sont parfois impénétrables. Pour consolider la « victoire » du 2 mai, M. Gordienko a été jusqu’à réunir les chefs des huit groupes criminels les plus influents de la ville. « Ils m’ont dit qu’ils ne voulaient pas du “monde russe” ici, et nous avons réfléchi à comment nous pouvions travailler ensemble pour la ville. » Les chefs d’entreprise ont suivi le même chemin, assure-t-il, et décidé de financer les groupes patriotiques. Leurs actions sont multiples, du soutien à l’armée jusqu’à l’organisation de sessions d’entraînement militaire à destination des lycéens. Leurs 4 × 4 patrouillent aussi incessamment en ville, à la recherche de séparatistes ou de simples délinquants. Ce soir du 1er mai, aucun ennemi de ce calibre en vue. La patrouille se contentera de quelques bagarres, et seuls quatre organisateurs d’un bonneteau improvisé seront appréhendés, avant d’être menottés en pleine rue et amenés à des policiers perplexes.Une « cocotte-minute en ébullition »Les prorusses semblent bel et bien avoir déserté la rue, mais la situation est loin d’être apaisée. Depuis un an, un vingtaine d’explosions ont eu lieu dans la ville. Le plus souvent des bombes artisanales de faible puissance, déposées devant les locaux de groupes ou personnalités pro-ukrainiens. Le 28 avril, 18 personnes étaient arrêtées dans le cadre de l'enquête sur cette campagne terroriste. Certaines seraient liées à des organisations russes.« Odessa est comme une cocotte-minute en ébullition, assure Iouri Tkatchev, un journaliste considéré comme prorusse, lui aussi membre du “groupe du 2-Mai”. Les gens qui soutenaient les séparatistes étaient peut-être une minorité, mais ils ne se sont pas évaporés, même si beaucoup ont changé d'opinion après le déclenchement de la guerre dans l'Est. Et le pouvoir ne fait rien pour laisser s'échapper la pression. » Dans les rues de la ville, des affiches appellent à dénoncer les « séparatistes ordinaires ». Toute contestation est vue à travers le prisme du conflit, comme la manifestation organisée le 17 mars contre l'augmentation des prix des transports, bloquée par la police et les groupes nationalistes.Aux élections d'octobre, la participation en ville a été la plus basse du pays. Odessa la cosmopolite s'est toujours vue comme une ville à part en Ukraine. Si le climat se dégrade dans le pays, elle sera, à nouveau, l'une des premières à s'embraser.Que s’est-il passé le 2 mai 2014 ?L'enquête judiciaire sur le drame du 2 mai 2014, dans laquelle sont poursuivis un activiste pro-ukrainien, 20 prorusses et quatre policiers, n'est pas terminée. Le travail du « groupe du 2-Mai », largement considéré comme objectif et sérieux, permet d'éclaircir les faits survenus ce jour-là. Les heurts ont débuté avec l'attaque par les prorusses d'une manifestation pro-ukrainienne. Les deux premiers morts de la journée sont des activistes pro-ukrainiens tués par balle.Lorsque le rapport de force s'est inversé, les prorusses se sont réfugiés dans la Maison des syndicats. Là, les deux camps ont échangé des cocktails Molotov, provoquant l'incendie, ravageur du fait de la quantité de combustible stockée par les prorusses dans le bâtiment. Dans de très rares cas, des prorusses qui tentaient d'échapper aux flammes ont été battus. Les actvistes proukrainiens ont dans leur grande majorité essayé de sauver les personnes prises au piège.  Benoît Vitkine (Odessa, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) Lire aussi :Réparations de guerre : Athènes réclame 279 milliards d’euros à BerlinEst-ce un tournant dans le différend germano-grec sur la question très sensible des réparations liées aux crimes nazis pendant la seconde guerre mondiale ? Dans un entretien au quotidien Süddeutsche Zeitung du samedi 2 mai, le président de la République, Joachim Gauck, s’est pour la première fois prononcé en faveur d’une solution pour la résolution de ce litige qui empoisonne les relations entre les deux pays depuis plusieurs décennies et est revenu sur le devant de l’actualité avec l’arrivée au pouvoir d’Alexis Tsipras.« Nous sommes les descendants de ceux qui pendant la seconde guerre mondiale ont laissé un sillage de destruction derrière eux, entre autres en Grèce, ce que, à notre grande honte, nous n’avons pas su pendant longtemps », a déclaré le président Gauck. « Il est juste qu’un pays aussi conscient de son histoire que le nôtre évalue quelles possibilités de réparation il peut y avoir », a-t-il ajouté, sans s’avancer sur un montant.Ces déclarations marquent une rupture dans le débat sur les réparations vis-à-vis de la Grèce en Allemagne. Prononcées par le plus haut magistrat de la nation, dont les fonctions sont essentiellement honorifiques mais qui est très respecté en Allemagne notamment pour son travail sur le passé Est-allemand, elles donnent une légitimité forte aux revendications grecques jusqu’ici repoussées avec fermeté par Berlin. Athènes réclame la somme de 278,8 milliards d’euros de réparations, le sujet est devenu un point de discorde particulièrement brûlant entre les deux capitales.« C’est stupide »« La question des réparations est juridiquement et politiquement close », martèlent régulièrement les membres du gouvernement, dans un contexte de forte tension entre Athènes et Berlin sur la question de la dette grecque. « Une manœuvre de diversion bon marché », estime Gerda Hasselfeldt, de la CSU. « C’est stupide », a même lâché début avril le vice-chancelier, Sigmar Gabriel, pour qui on ne peut pas mêler la question des réparations et celle de la dette. Pour Berlin, la revendication des réparations a perdu sa légitimité au plus tard à la réunification, quand le traité de Moscou a réglé les affaires internationales de l’Allemagne unie.Lire aussi :Réparations de guerre : quand Athènes joue avec le feuMais plusieurs voix se sont élevées depuis mi-mars pour juger cette explication un peu courte. Des juristes du service scientifique du Bundestag interrogés par le Spiegel Online ont exprimé leurs doutes sur la solidité de l’argumentaire du gouvernement. Et plusieurs personnalités politiques ont appelé ouvertement à une réouverture du dossier. Annette Groth, députée du parti de gauche Die Linke qui soutient les revendications grecques depuis longtemps, défend ainsi le versement immédiat de 11 milliards d’euros à Athènes. « Je trouve juste la position du ministre des finances quand il propose que l’argent soit utilisé pour créer une banque d’investissement », a-t-elle déclaré.Surprise à AthènesAnton Hofreiter, chef du groupe parlementaire des Verts au Bundestag, juge pour sa part que « l’Allemagne ne peut pas se contenter de balayer d’un revers de main les revendications d’Athènes. Ce chapitre n’est conclu définitivement ni sur le plan moral ni sur le plan juridique ». Plusieurs membres du SPD estiment également nécessaire de faire un travail sur le passé. C’est l’opinion de Gesine Schwan, figure très respectée du parti et candidate deux fois à la présidence de la République, qui a déclaré mi-mars : « Psychologiquement, il est parfaitement compréhensible que la Grèce se demande aussi, dans la situation actuelle, si les Allemands se sont toujours comportés de façon loyale. »La question des réparations allemandes vis-à-vis de la Grèce comporte deux volets. Le premier porte sur un crédit forcé de 476 millions de reichsmarks que le régime d’Hitler a contracté auprès de la banque nationale grecque en 1942 et qui n’a jamais été remboursé. Selon les estimations, cette somme correspondrait aujourd’hui à 11 milliards d’euros. Le second volet concerne les réparations pour crimes de guerre. Le massacre de Distomo, équivalent d’Oradour-sur-Glane dans la mémoire grecque. Dans cette petite ville près de Delphes, 218 enfants, femmes et vieillards ont été tués en juin 1944.En Grèce, la déclaration du président allemand a fait la « une » de tous les sites d’information vendredi soir. La surprise est de taille. Personne ne s’attendait à un tel soutien à un tel niveau de l’Etat. Le parti au pouvoir Syriza y voit une nouvelle confirmation de la légitimité de la demande de réparations. Lors de sa visite du village grec martyr de Liguiades en mars 2014, Joachim Gauck avait très officiellement demandé « pardon » aux familles des victimes pour le massacre le 3 octobre 1943 par les nazis de 92 habitants du village dont 34 enfants. Mais il avait refusé d’aborder la question des réparations de guerre, affirmant à l’époque qu’il « ne pouvait pas prendre une autre position que la position légale de l’Allemagne sur la question ».Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au Monde 01.05.2015 à 18h34 • Mis à jour le01.05.2015 à 19h28 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Le premier ministre conservateur, David Cameron, a refusé tout face-à-face télévisé avec son adversaire travailliste Ed Miliband avant les élections législatives de jeudi 7 mai, mais la violence de sa confrontation avec un échantillon d’électeurs, jeudi 30 avril à la BBC, lui a peut-être fait regretter son choix. « Vous avez l’habitude de mentir : comment pourrais-je vous croire ? », lui a lancé une femme, furieuse du refus de M. Cameron d’indiquer où il trouverait les 12 milliards de livres (16,3 milliards d’euros) d’économies sur les dépenses sociales qu’il promet de réaliser pour réduire le déficit de l’Etat. Après une tirade du premier ministre vantant la reprise économique, la forte diminution du chômage et invitant les électeurs à lui laisser « terminer le travail », une autre électrice l’a interpellé : « Si votre bilan est si fantastique, pourquoi y a-t-il de plus en plus de banques alimentaires dans ce pays ? » Suant mais déployant une intense énergie, M. Cameron a répété que les élections de jeudi offraient un choix entre « remettre encore plus de gens au travail, construire une économie forte » et « revenir en arrière, au moment où les caisses étaient vides ». De sa poche, le premier ministre a alors brandi une note trouvée à son arrivée au pouvoir en 2010 et rédigée par un ministre travailliste indiquant : « Il ne reste plus d’argent. » Un sondage publié par The Guardian à la fin de l’émission donne M. Cameron vainqueur : 44 % des personnes interrogées estiment qu’il a été le meilleur, contre 38 % pour Ed Miliband.Défiance du publicLe « format » de l’émission alignait trois séances successives de « punching-ball » d’une demi-heure entre le public et les chefs des trois principaux partis politiques. L’ambiance n’était guère plus amène pour le vice-premier ministre, Nick Clegg (Libéral démocrate), à qui a été rappelée la « trahison » de sa promesse de défendre la gratuité des universités, comme prix de sa participation au gouvernement en 2010. Quand au travailliste Ed Miliband, il a été mitraillé sur le bilan du Labour entre 1997 et 2010 et accusé de vouloir tuer les entreprises en augmentant les impôts et en réglementant les contrats de travail à zéro heure. « Non, nous n’avons pas trop dépensé. Des écoles et des hôpitaux ont été reconstruits », a-t-il proclamé, s’attirant des réactions désapprobatrices. Alors que l’émission étalait au grand jour la défiance du public à l’égard des politiques, M. Miliband s’est présenté comme « le premier responsable politique qui promet moins et tient plus, au lieu de l’inverse ». M. Miliband s’est présenté comme « le premier responsable politique qui promet moins et tient plus, au lieu de l’inverse ». « Vous n’êtes pas honnête », a cependant estimé une dame dans l’assistance, reprochant à M. Miliband de refuser l’hypothèse, la plus probable, selon laquelle il aura besoin des députés nationalistes écossais du SNP (Scottish National Party) pour constituer une majorité. C’est pourtant sur ce point que l’émission de la BBC a été la plus éclairante. Le leader travailliste, qui avait déjà exclu tout accord formel avec le SNP (indépendantiste), a été plus loin : « Je ne ferai pas de gouvernement Labour si cela signifie un accord ou une coalition avec le SNP. Je ne sacrifierai pas l’avenir de notre pays, l’unité de notre pays. » Alors que tous les sondages indiquent que les voix du SNP lui seront nécessaires, M. Miliband cherche ainsi à rassurer les électeurs anglais et à ne pas désespérer les travaillistes écossais menacés par la vague nationaliste, à une semaine du vote. S’il arrive devant M. Cameron, M. Miliband s’abstiendra sans doute d’un accord formel avec le SNP, mais il demandera un vote de confiance destiné à obliger le SNP à le soutenir.Référendum sur l’EuropeLe débat a aussi abordé pour la première fois la question de l’Europe. M. Cameron, qui promet un référendum sur le « Brexit » (« British exit » ou sortie de l’UE) d’ici à 2017, a fait de ce référendum une « ligne rouge » pour toute coalition avec les Libdems (pro-européens). « Le peuple britannique, a-t-il dit, mérite vraiment un référendum sur la question de savoir si nous restons dans une UE réformée ou si nous la quittons. » Ed Miliband, qui exclut, lui, d’organiser un référendum, a affirmé qu’une telle consultation, qui agiterait le pays pendant des mois, serait « un désastre » pour l’emploi et l’économie.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.05.2015 à 16h37 | Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Le 8 mai n’est pas un jour férié en Allemagne. Pourtant, ce jour commémorant la fin de la seconde guerre mondiale est tout sauf un jour ordinaire. « Le 8 mai fut un jour de libération » : par cette formule prononcée le 8 mai 1985, Richard von Weizsäcker, alors président de la République, est entré dans l’histoire de son pays, transformant une date jusque-là honteuse, celle de la capitulation, en un événement libérateur. Cette année, la République allemande a commémoré ce « jour de libération ».Durant une heure, l’ensemble des parlementaires (les députés et les soixante membres du Bundesrat, le conseil fédéral) exceptionnellement réunis au sein du Bundestag, ont écouté l’un des plus célèbres historiens allemands, Heinrich August Winkler, expliquer la signification de cette journée. « Dans l’histoire allemande, il n’y a pas de césure plus profonde que ce jour », a-t-il dit. Sévère avec les élites allemandes qui, dans l’entre-deux-guerres, n’ont jamais vraiment accepté les valeurs démocratiques portées par la Révolution française de 1789, Heinrich August Winkler est longuement revenu sur les massacres commis par les nazis, citant au passage Oradour-sur-Glane mais aussi le village grec martyr de Distomo. « Sur une telle histoire, on ne peut pas tirer un trait », a-t-il expliqué, critiquant implicitement le gouvernement qui ne veut pas rouvrir le dossier des réparations.Au premier rang se trouvaient Joachim Gauck, le président de la République, Angela Merkel, la chancelière, Andreas Vosskuhle, président de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe et Volker Bouffier, actuel président du Bundesrat. Dans les tribunes, on notait la présence de plusieurs ambassadeurs, dont les représentants de la Pologne, de l’Ukraine et d’Israël. L’ambassadeur de Russie était, semble-t-il, absent. En revanche, l’ancien opposant Mihkaïl Khodorkovski était présent.Un jour du souvenir en débatNi Joachim Gauck ni Angela Merkel ne se sont exprimés. Mais le 6 mai, Joachim Gauck avait rendu hommage aux Soviétiques qui avaient libéré l’Allemagne. Celui-ci a notamment rappelé que « près de 5,3 millions de soldats soviétiques ont été faits prisonniers de guerre, dont plus de la moitié avaient trouvé la mort ». Angela Merkel se rendra, elle, à Moscou le 10 mai, le lendemain des commémorations officielles, pour déposer une couronne sur la tombe du soldat inconnu. Elle déjeunera ensuite avec Vladimir Poutine. La chancelière avait présidé le 3 mai la cérémonie commémorant la libération du camp de concentration de Dachau (Bavière).Outre ces cérémonies, l’Allemagne s’interroge : le 8 mai doit-il être un jour non pas férié mais un jour du souvenir ? C’est déjà le cas depuis 2002 dans le Mecklenbourg-Poméranie occidentale. Le Brandebourg en débat. Hambourg aussi. Tout comme la Thuringe. Berlin (qui, comme Hambourg, a le statut de ville-Etat) en a débattu jeudi. La gauche y est favorable mais pas la CDU. Elle fait valoir que le 27 janvier, jour de la libération du camp d’Auschwitz, est déjà un jour du souvenir. Surtout, pour la CDU, le 8 mai est certes un jour de libération mais pour toute la partie de l’Allemagne occupée par l’Armée rouge, cette liberté n’a été que très provisoire. Même si, précise immédiatement la CDU, on ne peut comparer le régime nazi à l’ex-Allemagne de l’Est. Le 8 mai a d’ailleurs été un jour férié en RDA de 1950 à 1966.Les 8 et 9 mai, plus d’une quinzaine de manifestations sont prévues pour commémorer la fin de la guerre à Berlin. Si, le 8 mai, les « Antifa » ont prévu de manifester, des organisations d’extrême droite annoncent, samedi, plusieurs dizaines de milliers de manifestants « pour l’Allemagne, pour la patrie, pour la paix et le maintien de la culture allemande ». Par ailleurs, quelques dizaines de vétérans de l’ex-Armée est-allemande devraient manifester en uniforme. Ils l’avaient déjà fait en 2013, provoquant une vigoureuse polémique. Enfin, une vingtaine de motards russes ultra-nationalistes et proches de Vladimir Poutine, les « loups de la nuit », devraient achever le 9 mai à Berlin, au pied d’un monument aux morts de l’Armée rouge, un parcours provocateur entamé le 25 avril à Moscou afin de célébrer la victoire des troupes soviétiques sur les troupes allemandes.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.05.2015 à 13h55 • Mis à jour le08.05.2015 à 17h04 | Eric Albert (Londres, correspondance) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2piaea"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2piaea", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Après des années d’impopularité, Ed Miliband avait connu une « bonne campagne » ces dernières semaines. Pendant les débats télévisés, il était apparu plus confiant que prévu, surprenant les Britanniques. Les sondages donnaient les travaillistes au coude-à-coude avec les conservateurs. Jeudi 7 mai encore, M. Miliband était confiant sur son avenir de premier ministre.Ce rebond aura été en trompe-l’œil. Le leader du parti travailliste a subi une humiliante défaite. Le Labour a obtenu presque cent sièges de moins que les conservateurs (232 contre 331). Il se retrouve à son plus bas niveau depuis 1987, quand Margaret Thatcher dominait la politique britannique. Vendredi, M. Miliband a annoncé sa démission.« Ce n’est pas le discours que j’aurais souhaité faire », a-t-il lancé aux fidèles de son parti. Avant d’ajouter : « le Labour a besoin d’un leader fort. Il a besoin de se reconstruire. »Bilan catastrophiqueLe bilan pour M. Miliband est catastrophique. En Ecosse, la défaite est historique. Dans ce traditionnel bastion, les travaillistes perdent 40 de leurs 41 sièges. Les indépendantistes du Scottish National Party (SNP) ont tout balayé sur leur passage. « C’est une calamité », estime Alistair Campbell, un ancien proche de Tony Blair, d’habitude peu prompt à l’introspection.En Angleterre, le résultat a également été médiocre. Les travaillistes progressent, mais ils ne gagnent qu’une quinzaine de sièges par rapport à 2010. A l’époque, Gordon Brown, le premier ministre travailliste, était particulièrement impopulaire, et l’économie était à genoux. Cette fois-ci, le Labour arrivait comme parti d’opposition face à une coalition qui a mené une politique d’austérité : il aurait dû rebondir.« Nous avons été rejetés non seulement d’Ecosse mais aussi d’endroits en Angleterre où nous pensions gagner confortablement », souligne M. Campbell. La défaite d’Ed Balls, le chancelier de l’Echiquier du gouvernement fantôme, qui a échoué à remporter sa circonscription, en est le plus fort symbole.De fait, M. Miliband n’a jamais vraiment convaincu. A commencer par son élection à la tête des travaillistes en 2010, quand il a remporté la bataille pour prendre la direction du Labour en battant son frère David, le favori. Il a obtenu cette victoire fratricide sans obtenir la majorité des députés travaillistes, ni même la majorité des membres du parti. Seuls les syndicats, qui ont le tiers des voix, ont fait la différence en le soutenant.Un message peu clairEd Miliband a immédiatement été étiqueté « Red Ed » par la presse de droite, pour être trop à gauche. Pourtant, il a longtemps hésité sur la politique à suivre, oscillant entre son instinct –un virage à gauche – et sa prudence naturelle, acquise pendant ses années en tant que conseiller auprès de Gordon Brown. Son message en était particulièrement peu clair.Lors de la campagne, ce compromis s’est traduit par une série de mesures pour taxer les hauts revenus, les banquiers et les riches étrangers… Mais dans le même temps, il promettait de continuer l’austérité, certes à un rythme moins soutenu que David Cameron, mais de la poursuivre malgré tout.Sa principale faiblesse a toujours concerné l’économie. Il a toujours refusé d’accepter la moindre responsabilité du gouvernement travailliste précédent (dont il était ministre) dans la crise financière. Tant que la récession continuait, ses attaques contre l’austérité excessive du gouvernement de coalition fonctionnaient bien. Mais avec le retour de la croissance, à 2,8 % l’an dernier, l’argument ne fonctionnait plus.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2phwbx"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2phwbx", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.05.2015 à 11h56 • Mis à jour le08.05.2015 à 16h51 | Benoît Vitkine (Lviv, Ukraine, envoyé spécial) De l’Union soviétique, Iouri Choukhevytch connaît une chose : les camps et les prisons. De sa première incarcération en 1946, à l’âge de 14 ans, à la dislocation de l’empire soviétique en 1991, il aura passé trente et une années enfermé, payant pour un crime unique : son nom. Le père de Iouri, Roman Choukhevytch (1907-1950), fut le chef de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) et le fondateur de son bras armé, l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA).Les deux groupes furent les bêtes noires du régime soviétique, qu’ils combattirent jusque dans les années 1950. Avant cela, ils n’avaient pas hésité à s’allier avec l’Allemagne nazie, qui leur promettait un Etat, et à intégrer des bataillons de l’armée allemande ou de la SS, avant de se retourner contre elle lorsque cette promesse s’évanouit.Durant cette période sanglante, les nationalistes ukrainiens ont commis d’importants massacres de Polonais, comme en Volhynie (80 000 civils tués), tout en contribuant largement au génocide des juifs.« Les crimes de Staline »« N’importe quel peuple privé de son indépendance aurait collaboré, peu importe avec qui », assure Iouri Choukhevytch, aujourd’hui âgé de 82 ans, dans la maison des environs de Lviv, en Ukraine occidentale, où son père fut tué, le 5 mars 1950. « En Occident, on parle beaucoup des crimes de Hitler, moins de ceux de Staline. »Cette vision de l’histoire est en passe de s’imposer en Ukraine. Le 9 avril, le Parlement a adopté une série de lois dites de « décommunisation ». La priorité était d’instaurer, en... Eric Albert (Londres, correspondance) Le système électoral britannique est cruel pour le UKIP (United Kingdom Independence Party). Avec 12 % des voix, le parti antieuropéen et anti-immigration est désormais le troisième du pays. Il a récolté plus de trois millions de voix. C’est au moins trois fois plus qu’en 2010, lors des dernières élections législatives. Mais le UKIP n’a pourtant remporté qu’un seul siège. Son leader, Nigel Farage, n’a pas gagné dans sa circonscription, où il se présentait. Il a donc présenté sa démission vendredi, sans exclure toutefois de se représenter à la direction du UKIP en septembre.Les résultats des élections législatives britanniquesContre toute attente, les conservateurs ont emporté haut la main les élections législatives au Royaume-Uni. Le parti du premier ministre David Cameron sera en mesure de gouverner seul avec les quelque 331 sièges qu’il a acquis. #container_1431068328996{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_1431068328996{ height:500px; } #container_1431068328996 .titre{ position:relative; z-index:5 } #container_1431068328996 .titre:before{ font-size:13px; content:"▶ "; vertical-align: middle; } #container_1431068328996 .subtitre{ display:block; }Résultats des élections législatives britanniquesSelon les résultats définitifs, le Parti conservateur du premier ministre David Cameron a emporté une nette victoire qui lui permettra de gouverner seul, tandis que les nationalistes du SNP emportent 56 des 59 sièges en jeu en Ecosse.(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } });//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_1431068328996", backgroundColor: 'rgba(255,255,255,0)', borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "pie", events:{ load:function(){ this.credits.element.onmouseenter = function(){ this.style.cursor = 'default' } this.credits.element.onclick = function(){} } } }, colors:["#0386c3","#F96996","#28beaa","#F19300","#821400","#28beaa","#285a82","#04103F ","#80B904","#A2A9AE"], credits:{ enabled:true, text:"", position: { align: "right", x: -15, y: -5 }, }, title: { text: "" }, subtitle: { text: ""}, plotOptions: { series: { connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null } }, pie:{ dataLabels:{ enabled:false },startAngle: -90,endAngle:90, showInLegend:true } }, yAxis:[{ id:"gauche", title:{ text:"" }, showEmpty:false, labels:{ format: "{value} " }, min:null, max:null, endOnTick:false, startOnTick:false, reversed:false, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align:"center", verticalAlign:"middle", textAlign:"center" } }] }, { id:'droit', reversed:false, opposite:true, showEmpty:false, title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}' } }], xAxis:{ type:"linear", categories:["Parti conservateur","Parti travailliste (Labour)","Parti national écossais (SNP)","Libéraux-démocrates","Parti du pays de Galles (Plaid Cymru)","UKIP","Verts","Autres"], title:{ text:"" }, labels:{ format:'{value}', step:"", staggerLines:"", rotation:0 }, plotBands:[{ color:"#2f5ea1", from:"", to:"", label:{ useHTML:true, text:"", align: "center", verticalAlign: "middle", textAlign:"center" } }] }, tooltip:{ useHTML:true, valueSuffix:"", shared:false, backgroundColor:{ linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [ [0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0'] ] }, borderWidth: 1, borderColor: '#AAA', valueDecimals: 0, xDateFormat: "" }, legend:{ enabled:true, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10, },//SERIES series:[ { "name": "Nombre de sièges", "type": "", "yAxis": 0, "stack": "", "data": [ [ "Parti conservateur", 331 ], [ "Parti travailliste (Labour)", 232 ], [ "Parti national écossais (SNP)", 56 ], [ "Libéraux-Démocrates", 8 ], [ "Parti du Pays de Galles (Plaid Cymru)", 3 ], [ "UKIP", 1 ], [ "Verts", 1 ], { "name": "Autres", "y": 17, "visible": true } ], "color": "#0386c3" }] }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);En comparaison, les indépendantistes écossais obtiennent 56 sièges, avec seulement 4 % des voix. Ce paradoxe était prévu. Le système électoral est un scrutin majoritaire à un tour. Dans chaque circonscription, seul le candidat qui a le plus de voix l’emporte. Arriver en deuxième position dans plus de 70 circonscriptions, comme c’est le cas du UKIP, ne sert à rien.« Il y a beaucoup de votes UKIP, et beaucoup d’électeurs vont être en colère et ne vont pas se sentir représentés, estimait Nigel Farage, leader du parti, vendredi matin. Notre système est biaisé. » Lui-même, battu à South Thanet, dans l’est de l’Angleterre, en a fait les frais.« Reprendre le contrôle des frontières »Il n’en reste pas moins que le UKIP aura en grande partie défini cette élection, faisant de l’Europe et de l’immigration deux des thèmes centraux de la campagne. Travaillistes et conservateurs ont tous les deux promis de réduire l’immigration. Ils s’alignent ainsi sur la position de M. Farage, qui dénonce sur tous les tons, depuis des années, la libre circulation des personnes au sein de l’Union européenne (UE). Pour lui, la seule façon de « reprendre le contrôle des frontières » est de sortir de l’UE, afin d’enrayer le grand nombre de migrants européens qui s’installent au Royaume-Uni depuis une décennie.En réaction, David Cameron a proposé de réduire l’accès aux aides sociales des immigrés, pour rendre le pays moins attractif. Il veut aussi tenter de renégocier avec Bruxelles quelques limites au principe de la libre circulation, notamment pour les nouveaux pays adhérents.RéférendumMais la plus grande concession faite par M. Cameron concerne l’Europe. Il a promis un référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’UE ou sa sortie, promesse qu’il est désormais certain de tenir. La consultation populaire pourrait avoir lieu dès l’année prochaine, ou au plus tard d’ici à la fin de 2017.Quand il a concédé ce référendum, en janvier 2013, M. Cameron l’a fait sous la pression du UKIP (et de l’aile droite de son parti). L’objectif était d’enrayer sa montée, qui lui prenait des voix sur la droite. A l’époque déjà, personne n’imaginait que le parti antieuropéen puisse gagner de nombreux sièges à la Chambre des communes. Mais il pouvait en revanche en faire perdre aux conservateurs, et leur faire perdre les élections.Cette prédiction ne s’est finalement pas concrétisée. Malgré la percée du UKIP, David Cameron remporte un second mandat. Mais le Royaume-Uni entre dans une période de fortes incertitudes, qui pourraient mener à une sortie de l’UE. M. Cameron compte dans un premier temps ouvrir des négociations avec Bruxelles, pour rapatrier un certain nombre de pouvoirs, avant de soumettre le nouvel accord au vote. Son résultat est extrêmement incertain, même si les sondages indiquent qu’une légère majorité des Britanniques veut rester dans l’UE. Tout ça pour faire face à un parti qui sera à peine présent à la Chambre des communes.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) La falaise qui, de la plage, mène à la paisible campagne anglaise, est percée par un large escalator. « Pas de frontière pas de contrôle. L’Union européenne ouvre nos frontières a 4 000 personnes par semaine », tonne la légende qui barre cette affiche grand format du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) placardée dans les circonscriptions où le parti anti-immigrés et anti-Europe fait ses meilleurs scores, sur la côte sud-est et dans les faubourgs des grandes villes du nord de l’Angleterre.Suivre les résultats en direct : David Cameron vers un second mandat Le message a été entendu : cinq ans après avoir recueilli 3,1 % des voix et échoué à faire élire le moindre député, l’organisation a pris une autre dimension en ralliant 13 % des Britanniques et en faisant élire un député, désavantagé par le mode de scrutin. Il est encore trop tôt pour analyser... 01.05.2015 à 11h20 • Mis à jour le01.05.2015 à 17h09 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ooyxp"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ooyxp", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Comme c'est le cas depuis les grandes manifestations de 2013, le gouvernement turc a interdit tout rassemblement sur la place Taksim, dans le centre d'Istanbul, pour le 1er Mai.Officiellement, elle n'est « pas adaptée aux célébrations du 1er mai », selon le gouverneur. Mais le gouvernement cherche surtout à empêcher tout regroupement dans ce lieu symbolique, où la contestation du régime du président, Recep Tayyip Erdogan, a pris de l'ampleur il y a deux ans.« C'est inacceptable ! »Plusieurs centaines de personnes, en présence des deux principaux syndicats du pays, ont tout de même manifesté, vendredi, pour dénoncer cette interdiction, avant d'être dispersées par les canons à eau et le gaz lacrymogène des forces de l'ordre.« Le président de la République, cet homme qui s'arroge tous les droits, ne peut pas nous dire où nous devons fêter le 1er Mai, c'est inacceptable ! », a lancé Umar Karatepe, un dirigeant de la Confédération des syndicats des travailleurs révolutionnaires (DISK).En 2014, des incidents avaient eu lieu lors des défilés de la Fête du travail, se soldant par 90 blessés et 142 interpellations, selon le bilan officiel. Depuis, le Parlement turc a voté une loi de « sécurité intérieure » qui a renforcé les pouvoirs de la police contre les manifestants. 30.04.2015 à 21h26 • Mis à jour le30.04.2015 à 21h30 Invoquant des « tensions » au sein du parti, Juan Carlos Monedero, l'un des fondateurs et numéro 3 de Podemos, a annoncé jeudi 30 avril sa démission de la direction de la formation antilibérale espagnole, alliée de la Syriza, au pouvoir en Grèce. « J'ai présenté à mon ami Pablo ma démission de la direction » écrit-il sur son compte Twitter, faisant référence au chef de file de Podemos, Pablo Iglesias. « Mon amitié pour quelqu'un de si grand et mon engagement pour Podemos restent fermes », ajoute-t-il, soulignant que Podemos « est le parti le plus honnête » en Espagne.Pablo Iglesias a confirmé des divergences :« Depuis quelques mois, nous évoquons ensemble le fait que notre organisation est d'une certaine manière peut-être trop étroite pour lui. »Une ascension fulguranteAvant d'annoncer sa démission, Juan Carlos Monedero, 52 ans, ancien conseiller politique du président vénézuélien Hugo Chavez de 2004 jusqu'à sa mort, en 2013, a évoqué sa déception et reconnu des tensions internes, « et pas seulement à la direction ».Podemos a connu une ascension fulgurante depuis son lancement, au début de 2014, et est parvenu a remporter cinq sièges au Parlement européen en mai de l'année dernière. En janvier 2015, la formation est même passée en tête des intentions de vote pour les législatives de la fin de l'année, devant le Parti populaire (droite), au pouvoir, et devant le Parti socialiste, selon un sondage de l'institut MyWord. Elle a depuis perdu du terrain, mais reste à la troisième place.Voir notre grand format : En Espagne, Podemos à la croisée des cheminsConcurrence du parti CiudadanosLe parti fondé par des professeurs de sciences politiques très à gauche a modéré depuis ses propositions économiques et tente de se rapprocher du centre. Podemos est désormais talonné, voire dépassé par le parti centriste Ciudadanos, l'autre nouvelle formation qui a le vent en poupe en Espagne.Lire notre analyse (édition abonnés) : Ciudadanos, le nouveau parti qui attire l’électorat conservateur espagnolPilier de l'aile gauche du parti et l'un des plus expérimentés, Juan Carlos Monedero estime que « Podemos doit cesser de se regarder dans des miroirs qui ne sont pas les siens » :« Depuis qu'est né Podemos, il a deux âmes : l'âme d'où il vient, celle du 15 M [le mouvement des indignés lancé le 15 mai 2011 contre l'austérité] et la propre conversion en parti politique qui se situe dans une orbite institutionnelle avec une série de règles [...] Il y a toujours des gens plus modérés et des personnes qui veulent s'en tenir aux origines [de la création d'un parti]. »En février, M. Monedero avait nié tout financement illégal de Podemos et s'était expliqué sur ses revenus et notamment sur des versements d'un montant de 425 000 euros par le Venezuela, l'Equateur, la Bolivie et le Nicaragua en 2013. Il a affirmé que ces sommes avaient été versées à sa propre société.Lire aussi (édition abonnés) : Un dirigeant de Podemos accusé d’évasion fiscale 30.04.2015 à 15h33 • Mis à jour le30.04.2015 à 16h01 L'enquête sur un vaste trafic de viande de cheval en Europe se poursuit : huit personnes ont été mises en examen jeudi 30 avril à Marseille, pour « faux et usage de faux, tromperie sur la marchandise, abus de confiance et escroquerie en bande organisée  », a annoncé une source judiciaire citée par l'Agence France-Presse.  Cinq ont été incarcérées et trois placées sous contrôle judiciaire, a précisé la source, sans révéler la nationalité des personnes. Trois autres personnes devaient encore être déférées jeudi devant la juge d'instruction Annaïck Le Goff chargée de l'enquête, ouverte en juillet 2013 au pôle santé du tribunal de grande instance de Marseille.« Réseau criminel organisé »En tout, vingt-six personnes ont été arrêtées en Europe vendredi, lors d'une opération d'envergure, à laquelle sept pays européens – parmi lesquels la Belgique, d'où est originaire le chef présumé du réseau ; l'Allemagne ; les Pays-Bas et la Grande-Bretagne – ont participé.Le réseau est accusé d'avoir falsifié les documents des chevaux et d'avoir ainsi fait « entrer, de manière frauduleuse, de la viande impropre à la consommation dans la chaîne alimentaire européenne », selon l'organe européen de coopération judiciaire Eurojust.Lire l'analyse complète : L’Europe de nouveau confrontée à une fraude sur la viande de chevalDeux Belges comme principaux suspectsSelon les estimations des autorités françaises, quelque 4 700 chevaux ne disposant pas des certificats nécessaires auraient été abattus puis commercialisés entre 2010 et 2013. Ils étaient acheminés depuis plusieurs pays européens vers des abattoirs du sud de la France. En France, « quatre cents passeports de chevaux présentant des anomalies ont été détectés », selon Eurojust.Deux Belges considérés comme les principaux suspects, notamment le dirigeant du réseau originaire des Ardennes belges, avaient été interpellés la semaine dernière, avec deux hommes de main, alors qu'ils étaient en route pour le sud de la France, selon une source judiciaire belge.Des suspects ont aussi été interpellés en Allemagne et aux Pays-Bas, où trois personnes ont été arrêtées lors d'une quinzaine de perquisitions. En France, dix interpellations ont eu lieu le 24 avril dans le département des Ardennes. Marie Charrel C’est une bonne nouvelle. En avril, les prix à la consommation sont restés inchangés (0 %), après quatre mois consécutifs de recul, selon les données officielles publiées jeudi 30 avril par Eurostat.Dans le détail, les prix de l’énergie ont baissé de 5,8 % sur un an, tirés par la chute des cours de l’or noir. En revanche, l’inflation hors énergie s’est établie à 0,7 %.Voilà de quoi éloigner le spectre déflationniste planant depuis des mois sur la zone euro. Si tous les économistes ne s’entendent pas sur sa définition, la déflation correspond selon l’Insee à une baisse généralisée, durable et auto-entretenue des prix. Ce phénomène s’est clairement manifesté en Espagne et en Grèce, mais la zone euro dans son ensemble a pour l’instant été épargnée.L’objectif de 2 % d’inflationPour la Banque centrale européenne (BCE), qui cible une inflation à long terme de 2 %, ce chiffre est une bonne nouvelle. D’autant que d’après les statistiques publiées mercredi 29 avril par ses services, le crédit au secteur privé est enfin reparti à la hausse en mars (+0,1 %) après des mois de repli.De fait, la zone euro semble enfin engagée sur la voie de la reprise. Grâce à la baisse des cours du pétrole, d’abord, qui soutiennent efficacement la consommation des ménages.Grâce, aussi, à la politique ultra-accommodante de la BCE : le 9 mars dernier, celle-ci a lancé une politique de rachat massif de dettes publiques, à hauteur de 60 milliards d’euros par mois. Un programme ambitieux qui a déjà permis de faire chuter l’euro (– 25 % face au dollar sur un an) et de tirer l’ensemble des taux d’intérêts de la zone euro à la baisse.Une telle baisse des taux contribue au redressement du crédit, notamment dans les pays du sud de la zone euro, mais assure également des coûts de financement durablement bas aux États.Selon les économistes, il faudra néanmoins des mois encore avant l’inflation ne se rapproche de la cible de 2%.Lire aussi :La BCE poursuit ses mesures de soutien massif à l’économieMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.04.2015 à 00h29 • Mis à jour le30.04.2015 à 07h36 L'agence de notation Moody's a abaissé la note de la Grèce, mercredi 29 avril, en raison notamment des incertitudes pesant sur un accord avec ses créanciers qui lui permettrait de faire face à ses obligations sur sa dette.Lire (édition abonnés) : Les discussions entre Athènes et ses créanciers dans l’impasseCette note est désormais de Caa2, soit encore plus bas dans la catégorie des obligations présentant un très fort risque de crédit mais encore au-dessus de ce qui constituerait une situation de défaut.« Environnement politique national fragile »Cette décision fait suite à un examen qui avait débuté en février dernier après l'accession au pouvoir du parti de gauche radicale Syriza. Depuis, les négociations entre la Grèce et le FMI, la BCE et l'Union européenne sur un programme de réformes se sont enlisées.Moody's a invoqué « les risques élevés qui pèsent sur le point de savoir si le gouvernement grec parviendra à un accord avec ses créanciers officiels en temps voulu pour faire face à ses remboursements sur sa dette ».L'agence new-yorkaise invoque également les risques qui subsisteraient en cas d'accord sur les perspectives financières du pays en raison « de l'affaiblissement de l'économie et de l'environnement politique national fragile ».La note pourrait encore baisserLa Grèce négocie actuellement un programme de réformes qui lui permettrait d'obtenir la dernière tranche d'aide de 7,2 milliards d'euros sur le programme que lui ont accordé ses partenaires européens et internationaux.Mais les discussions sont difficiles et les tergiversations grecques provoquent leur impatience. La perspective accordée par Moody's à la note reste négative c'est-à-dire qu'elle pourrait la baisser encore davantage si la situation ne n'évoluait pas.Lire aussi la tribune du ministre des finances : « Un New Deal pour la Grèce », par Yanis Varoufakis Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant) Un tribunal de Bruxelles a jugé illégal, lundi 4 mai, le service de covoiturage Uber qui suscite, en Belgique comme en France, la colère du secteur des taxis. Le juge a déclaré coupable d’infraction à la législation sur le transport de personnes un conducteur qui utilisait l’application de la société américaine. Il bénéficie d’une mesure de clémence – pas d’inscription de la décision dans son casier judiciaire – mais sa voiture a été saisie.Lire aussi :Uber : « Les batailles juridiques seront sans fin »Uber a indiqué qu’elle soutiendrait son « partenaire » tout au long de la procédure : divers recours sont, en effet, encore possibles pour l’intéressé. Et le directeur d’Uber Brussels a indiqué que sa société poursuivrait ses activités, déplorant au passage une décision « construite sur un cadre juridique antérieur aux smartphones ».Le jugement était très attendu par les représentants du secteur, qui avaient organisé, il y a quelques semaines une grande manifestation à Bruxelles. Elle avait entraîné le blocage, durant plusieurs heures, du quartier européen. De nombreux taxis français faisaient partie de ce cortège.Des dizaines de plaintes ont été déposées en Belgique contre Uber, accusée de tromper le public et les propriétaires de voitures censées être mises à la disposition de la société pour un service de « covoiturage ». La justice rejette cette notion qui, souligne-t-elle, ne peut concerner qu’un même trajet « effectué ensemble et sans paiement ».Préparation d’un plan de transports pour BruxellesLa balle est désormais dans le camp des pouvoirs publics, à savoir la Région de Bruxelles, compétente pour la mobilité et les taxis. Le ministre Pascal Smet (socialiste flamand) prépare un plan de transports pour la capitale et a manifesté son intention d’«encadrer » des services comme Uber ou Djump.Après avoir déposé plainte contre Uber et tenté de faire fermer son site Internet, le ministre envisage un nouveau cadre légal pour les applications de covoiturage. S’appuyant sur la décision de la justice, il espère désormais convaincre la société de respecter les normes en vigueur pour les taxis (aptitudes et santé du conducteur, état et assurance du véhicule, etc.)Entrevoyant une possible issue au conflit qui les oppose aux pouvoirs publics, les dirigeants d’Uber Brussels avaient, il y a quelques semaines, manifesté leur intention, non pas de se soumettre au règlement pour les taxis, mais de ne pas se limiter à des services « de particulier à particulier ». Ils songeaient notamment à proposer des limousines.Le nouveau plan régional ne devrait pas voir le jour avant plusieurs mois mais il suscite déjà la colère du « Front commun » des taxis bruxellois. Ses responsables pensent qu’Uber ne se soumettra, en réalité, à aucun cadre légal mais multipliera les recours en justice pour tenter de s’imposer.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) Trains bondés, quais débordants de voyageurs prêts à tout pour monter dans une rame : ces images que les Allemands attribuaient volontiers au cliché de la France en grève vont émailler l’actualité allemande jusqu’au dimanche 10 mai. Les conducteurs de trains de la Deutsche Bahn ont entamé un mouvement de grève pour revendiquer une hausse de salaires. Depuis mardi 5 mai au matin, un tiers seulement des trains de voyageurs fonctionne. Sur le transport de marchandises, le mouvement a commencé lundi 4 dans l’après-midi.Lire aussi :Deutsche Bahn : la grève, signe de bonne santéDans un pays marqué par une profonde culture de cogestion, où les grèves sont l’ultime recours, ce mouvement inhabituellement long se heurte à une très large incompréhension. Il s’agit en effet du huitième arrêt de travail en quelques mois à la Deutsche Bahn.C’est du jamais vu en Allemagne. D’autant que l’offre de la compagnie du rail allemande semble raisonnable : elle propose 4,7 % d’augmentation de salaire, en deux étapes, plus 1 000 euros de versement immédiat. Mais le syndicat GDL n’entend pas céder sur sa revendication de 5 % d’augmentation de salaire associé d’une heure de travail en moins.Habituellement, syndicats et patronat arrivent toujours à un consensus. Le pays vient d’ailleurs d’enregistrer une large hausse des salaires (3,4 % au 1er  avril, plus une prime unique de 150 euros au 1er mars), portée notamment par le syndicat de la métallurgie, IG Metall, et la grève n’est restée qu’une menace jamais mise à exécution.« Difficile à comprendre de l’extérieur » « Pour les gens de l’extérieur, cette confrontation est difficile à comprendre », a déclaré le ministre de l’économie et vice-chancelier du SPD Sigmar Gabriel. La fédération des industriels allemands évalue à 100 millions d’euros par jour le manque à gagner pour l’économie.Pourquoi un tel blocage ? Dans cette affaire, il s’agit en réalité moins du montant de l’augmentation de salaire que d’une guerre entre deux syndicats concurrents : GDL et EVG.Le premier est le plus petit, il représente traditionnellement les conducteurs de train. Il compte 20 000 membres. Pour gagner des adhérents, il souhaite négocier, notamment sur les salaires, pour d’autres groupes de travailleurs à l’intérieur de la Deutsche Bahn : le personnel roulant, celui des wagons-bars et les salariés du triage.Lire aussi :Les divisions syndicales paralysent l’AllemagneIl se heurte à un syndicat concurrent, EVG, qui compte 140 000 membres et qui représentait ces métiers jusqu’ici. Lui non plus n’entend pas perdre les adhérents dont il a besoin pour exister à côté des grands syndicats – Verdi et IG Metall, qui comptent plusieurs millions de membres.Un accord sur la répartition des métiers entre les deux syndicats existe bien, mais il arrive à échéance en juin. Chaque syndicat a donc besoin d’une victoire pour conforter sa position. Les enchères montent, au désespoir de la direction de la Deutsche Bahn, qui craint de devoir conclure des accords séparés pour les différents métiers du groupe.« Au lieu de négocier avec des règnes équitables, ce sont les luttes de pouvoir entre les syndicats qui sont au centre de l’attention. Cela ne correspond pas à notre conception du partenariat social », a déclaré Ulrich Weber, directeur du personnel chez Deutsche Bahn.Concurrence autoriséeCette guerre des syndicats en Allemagne est un phénomène récent : elle tient à un arrêt du tribunal du travail de 2010, qui autorise la concurrence entre les syndicats à l’intérieur d’une même entreprise.Résultat, là où régnait auparavant l’« unité tarifaire », qui permettait au syndicat majoritaire dans une entreprise de mener les négociations pour l’ensemble des salariés, les petits syndicats se sont vu pousser des ailes au nom de la liberté de réunion. Au grand dam du patronat, des usagers et bien sûr du monde économique.Pour tenter d’y mettre bon ordre, Berlin a préparé un projet de loi sur l’« unité tarifaire », soutenu par la plupart des grands syndicats, et dont la lecture doit commencer ces jours prochains au Parlement.Mais certains experts jugent que ce texte pourrait être débouté devant la Cour constitutionnelle de Karlsruhe. Des aménagements du droit de grève, tels qu’il en existe déjà en France et en Italie, sont déjà évoqués.Cécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au Monde 05.05.2015 à 15h38 Les Britanniques sont appelés, jeudi 7 mai, à se rendre aux urnes pour les élections législatives (« general elections »). Ce vote, qui doit permettre de renouveler la Chambre des communes, permettra également de désigner le futur premier ministre.Quel est le mode de scrutin ?1. Le vote. Les 650 députés de la Chambre des communes sont élus tous les cinq ans au suffrage universel direct. Le mode de scrutin est uninominal majoritaire à un tour. Autrement dit, les électeurs votent dans leur circonscription pour un député qui représente un parti. Le candidat qui recueille le plus grand nombre de voix remporte le siège ; les autres n'ont rien.2. Former une majorité. Si un des partis obtient la majorité absolue (soit 326 sièges), il pourra gouverner « seul ». Dans le cas contraire, deux options s'offrent à lui : former une coalition avec au moins un autre parti, ou tenter de constituer un gouvernement minoritaire soutenu par un ou plusieurs petits partis, comme cela a été le cas pendant quelques mois en 1974 et en 1997. Le parti qui a obtenu le plus de sièges n'est pas formellement prioritaire pour former un gouvernement. Celui qui vient en second mais dispose de davantage d'alliés peut aussi tenter de constituer une équipe. Mais le premier ministre sortant reste en fonction jusqu'à ce qu'un nouveau gouvernement soit officialisé.Lors des dernières élections législatives, en 2010, le Parti conservateur, parti du premier ministre sortant, David Cameron, n'ont pas obtenu la majorité absolue : ils ont dû s'allier durant cinq ans aux Libéraux-démocrates de Nick Clegg, vice-premier ministre sortant. 3. Former un gouvernement. Dernière étape avant la formation du gouvernement : le chef du parti qui pense pouvoir constituer une équipe ministérielle la présente au Parlement, où il doit prononcer un « Queen's speech ». Pour les élections à venir, ce dernier est prévu le 27 mai. S'il obtient la majorité, son gouvernement est officialisé par la reine. S'il ne l'obtient pas, le premier ministre doit démissionner. Un nouveau gouvernement doit obtenir un vote de confiance dans les 14 jours. Sinon, de nouvelles élections sont organisées.Quel est le rôle du « prime minister » ? Et de la reine ?Constitutionnellement, le pouvoir exécutif appartient au monarque, en l'occurrence la reine Elizabeth II. Mais en pratique, il est exercé par le conseil du gouvernement de Sa Majesté, et donc par le premier ministre. Actuellement à la tête du gouvernement, David Cameron briguera jeudi un deuxième mandat.Le premier ministre et les membres de son gouvernement font tous partie du Parlement. Celui-ci comprend la reine, qui a le pouvoir de le dissoudre, et deux chambres :– la Chambre des communes (chambre basse) : elle est formée des députés élus au suffrage universel direct lors des élections législatives ;– la Chambre des Lords (chambre haute) : la plupart de ses membres sont nommés à vie par le monarque sur proposition du premier ministre ; d'autres héritent de cette fonction. En font également partie 26 archevêques et évêques de l'Eglise anglicane.La Chambre des communes dispose de l'essentiel des pouvoirs du Parlement : elle est à l'initiative des lois et approuve toute dépense ou impôt. De son côté, la Chambre des Lords a pour rôle principal l'examen et la modification des projets de lois ; en revanche, en cas de désaccord avec la Chambre des communes, c'est cette dernière qui a le dernier mot.Le Royaume-Uni va-t-il se mettre au multipartisme ?Le Royaume-Uni a pendant longtemps eu une tradition de bipartisme, avec d'un côté le Parti conservateur (Conservative party), au centre droit, et de l'autre le Parti travailliste (Labour party), au centre gauche. La perte de confiance envers ces deux piliers de la vie politique se manifeste par l'émergence de forces politiques plus petites. Et le système électoral, conçu pour le bipartisme, assure mal la représentation de ces dernières.Plus que jamais, les élections de jeudi devrait consacrer cette nouvelle configuration du paysage politique britannique. En effet, à une semaine du scrutin, les conservateurs et les travaillistes restent au coude-à-coude dans les sondages (environ 33 %). En revanche, les Lib Dems recueillent peu d'intentions de vote (environ 8 %). Le parti qui l'emportera devra selon toute vraisemblance s'allier à un ou plusieurs de ces partis d'opposition : le Scottish National Party (SNP, Parti national écossais, indépendantiste), le United Kingdom Independence Party (UKIP, parti xénophobe et anti-européen), le Plaid Cymru (parti du pays de Galles, indépendantiste) ou Les Verts (Greens, parti écologiste).Crédité de près de 13 % des intentions de vote dans les derniers sondages, l'UKIP est aujourd'hui la troisième force du pays, après être arrivé en tête dans le pays aux élections européennes de 2014. Mais le mode de scrutin risque de ne pas lui permettre de remporter plus de cinq sièges : seul le parti en tête d'une circonscription remporte un siège ; or, les partisans de l'UKIP sont dispersés à travers le Royaume-Uni et n'ont pas vraiment de régions où ils sont majoritaires.Cette situation pourrait à l'inverse profiter au SNP, grand favori du scrutin en Ecosse. Il pourrait conquérir la quasi-totalité des 59 sièges de la région, selon les dernières estimations, et ainsi devenir un allié de choix. Cependant, le leader travailliste, Ed Miliband, a assuré pour le moment exclure tout accord avec le SNP. Une éventualité agitée comme un chiffon rouge par le chef de file des conservateurs, qui n'hésite pas à affirmer que les nationalistes écossais veulent « briser » le Royaume-Uni.Le SNP, avec moins de 5 % des voix nationales, pourrait ainsi obtenir une soixantaine de sièges, tandis que l'UKIP, avec 13 % des voix, n'en aurait que quelques-uns. L'inadaptation du système électoral éclaterait alors au grand jour.Lire le récit : Le Royaume-Uni découvre le multipartisme 05.05.2015 à 13h47 • Mis à jour le05.05.2015 à 15h07 Gerard « Jock » Davison, un ancien responsable de l'IRA provisoire, a été abattu devant chez lui dans le quartier de Markets, à Belfast,  dans la matinée du mardi 5 mai. Il a reçu plusieurs balles dans le corps, précise The Irish Times. L'assassinat n'a pas été revendiqué.Le chef de file du Social Democratic and Labour Party, les sociaux-démocrates nord-irlandais, et représentant de la zone Belfast-Sud à l'Assemblée d'Irlande du Nord, Alasdair McDonnell, a lancé un appel à témoin, ajoutant : « Les gens d'ici veulent tourner la page de la violence du passé. Cette communauté rejette ceux qui apportent la mort et le chaos dans nos rues. Quiconque a des informations sur ce crime est invité à en faire par au plus vite. »De son côté, Gerry Adams, le leader du Sinn Fein – aile politique de l'IRA –, a affirmé : « Cet acte brutal doit être condamné par tous les gens sensés. (…) Il ne peut y avoir de place aujourd'hui pour de telles actions. »Bagarre de pubLa quarantaine bien tassée, la victime avait rejoint les rangs de l'organisation paramilitaire indépendantiste dans les années 1980, avant de monter dans la hiérarchie.M. Davison avait été accusé d'avoir ordonné le meurtre de Robert McCartney, poignardé le 30 janvier 2005 dans la capitale nord-irlandaise par des membres l'Armée républicaine irlandaise (IRA), alors qu'il venait en aide à un de ses amis, Brendan Devine, pris à partie dans un pub. Il était aussi soupçonné d'avoir fait nettoyer le bar pour y effacer toutes traces qui auraient permis aux enquêteurs de les confondre, ajoute The Irish Times.Ce meurtre gratuit et l'impunité de ses auteurs avaient indigné des millions d'Irlandais, au Nord comme au Sud. L'IRA s'était retrouvée en situation d'accusée – et avec elle le Sinn Fein – dans une communauté qu'elle est censée protéger.Briser l'omertaLes sœurs et la veuve de Robert McCartney avaient engagé une campagne pour briser l'omerta entourant les actions du groupe paramilitaire, se rendant même jusqu'à la Maison Blanche. L'organisation avait tenté de calmer la controverse en chassant M. Davison et deux autres membres de l'IRA, mais personne n'avait été inquiété pour le meurtre : Terry Davison étant relaxé des charges de meurtre, Jim McCormick et Joe Fitzpatrick pour avoir causé l'altercation ayant entraîné la mort de Robert McCartney.La plupart des membres de l'IRA observent une trêve en Irlande du Nord et soutiennent le processus de paix. Mais des groupes dissidents continuent à mener des actions violentes. La dernière remonte au mois d'avril 2014, lorsque Tommy Crossan, un ancien membre de l'Armée républicaine irlandaise de la continuité, avait été abattu à Belfast. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Patrick Roger Bruxelles confirme un constat partagé partout en Europe : la conjoncture économique s’améliore, lentement mais nettement. Pour ses « Prévisions économiques de printemps », publiées mardi 5 mai, la Commission européenne anticipe désormais une croissance moyenne du produit intérieur brut (PIB) de 1,5 % dans l’eurozone pour 2015 (contre 1,3 % il y a trois mois), et de 1,9 % pour 2016. Pour l’ensemble des 28 pays de l’Union, la hausse du PIB attendue est de 1,8 % en moyenne pour 2015 (et de 2,1 % en 2016).Le scénario de Bruxelles conforte par ailleurs les hypothèses du gouvernement français pour parvenir à une réduction du déficit public sous les 3 % du PIB en 2017. La deuxième économie de la zone euro devrait croître de 1,1 % en 2015, selon Bruxelles, à peine plus que la prévision – très prudente – sur laquelle s’est basé Bercy pour établir la prévision de budget 2015 (1 %).Cela devrait permettre à l’Hexagone de réduire son déficit public à 3,8 % de son PIB en 2015, selon Bruxelles, et à 3,5 % en 2016 (Bercy prévoit respectivement 3,8 % et 3,3 %). Quant à la courbe du chômage, elle pourrait enfin s’infléchir à partir de 2016 (10 %, contre 10,3 % en 2015).Lire aussi :L’économie française accélérerait au premier semestre 2015La France reste néanmoins loin derrière les économies les plus dynamiques de l’eurozone : le PIB allemand devrait croître de 1,9 % en 2015, celui de l’Espagne de 2,8 % et celui de l’Irlande de 3,6 %. Mais il y a pire : ainsi de la Finlande (+ 0,3 % de hausse du PIB en 2015) ou de l’Autriche (+ 0,8 %), qui font du surplace.Le cas grec est intéressant : la Commission ne prévoit plus qu’une croissance de 0,5 % cette année, contre 2,5 % de hausse lors de ses prévisions d’hiver, en février. Quant à la prévision de déficit public, elle est désormais de 2,1 % pour 2015, contre un surplus primaire de 1,1 %, lors des dernières évaluations…Bruxelles a tout simplement intégré l’aléa des négociations entre Athènes et ses créanciers. Ces discussions patinent depuis trois mois, et cette incertitude politique a déstabilisé le secteur financier et en partie paralysé l’activité économique des derniers mois en Grèce.Facteurs exogènesPour la Commission, qui, il y a encore à peine six mois, redoutait le spectre de la déflation, la croissance retrouvée est due à la baisse du prix du pétrole et au change euro/dollar, favorable aux exportations de l’Union. Sans oublier le « Quantitative easing » (QE), la politique de rachat massif de dettes souveraines lancée par la Banque centrale européenne (BCE) en mars, qui a pour effet d’abaisser les taux d’intérêt.Des facteurs en grande partie exogènes, donc. C’est la raison pour laquelle la Commission a insisté, mardi, sur la nécessité de poursuivre sur la voie des réformes de structure. « Nous devons faire en sorte que cette croissance soit soutenable, en continuant à faire les réformes structurelles, à investir et à maintenir la discipline budgétaire », a déclaré Valdis Dombrovskis, vice-président en charge de l’euro. « Il faut en faire davantage pour s’assurer que cette amélioration soit plus qu’un phénomène saisonnier », a ajouté son collègue Pierre Moscovici, commissaire en charge de l’économie. Un message directement à l’adresse de Paris. La Commission doit rendre un avis sur son « programme national de réformes » (PNR) le 13 mai, et n’a pas l’intention de prendre l’exercice à la légère. Certains estiment cependant à Bruxelles que le PNR reçu ces dernières semaines « est de meilleure qualité » que la liste de réformes déjà envoyée en février. Il serait plus détaillé, plus précis, avec un agenda plus clair. Mais Bruxelles aimerait que la France aille plus loin dans la réforme du travail et précise celle de l’Unedic.« L’économie française ne va pas assez bien »« Fondamentalement, l’économie française ne va pas assez bien », reste « impuissante à créer des emplois nécessaires à ses jeunes », et ce malgré « l'environnement monétaire et financier le plus favorable (...) depuis plusieurs décennies », a quant à lui déclaré, mardi matin, le gouverneur de la banque de France, Christian Noyer.Ce dernier a repris son argumentaire habituel sur les mesures que le gouvernement devrait mettre en œuvre. Il a ainsi appelé à un « redressement des finances publiques et à un réexamen de l'action publique ».Selon lui, la France reste, en raison de son haut niveau de dépenses, trop vulnérable face à une éventuelle remontée des taux d'intérêt, aujourd’hui historiquement bas dans toute la zone euro.La Commission doit, courant juin, se prononcer sur ces 4 milliards d’euros d’économies supplémentaires que Paris s’est engagé à trouver pour 2015. C’est la somme jugée nécessaire pour parvenir à un « effort structurel » (réduction du déficit hors effets de la conjoncture), de 0,5 point de pourcentage du PIB cette année.Paris a envoyé sa copie courant avril, et les fonctionnaires de la Commission sont en train de vérifier si ces 4 milliards sont tous qualifiés, pour s’assurer qu’il y a une mesure d’économie effective derrière chaque euro. À Bercy, on précise que les arbitrages récents de l’Elysée en faveur du budget militaire n’ont aucune incidence sur ces économies promises à Bruxelles.« On ne change rien à notre trajectoire »Mais les prévisions de printemps vont-elles contraindre Paris à réaliser plus que ces 4 milliards pour parvenir à l’effort structurel requis, cette somme ayant été établie sur la base des prévisions d’hiver, moins optimistes ? Oui, explique-t-on à la Commission.Du côté français, on se garde bien de tirer des plans sur la comète. « Ces prévisions de croissance sont un peu meilleures, tant mieux, on préfère cela que l’inverse », note le cabinet de Michel Sapin, ministre des finances. « Mais la croissance effective de 2015, on la verra en mars 2016. Là, on est dans la marge d’incertitude. Notre stratégie est cohérente, avec une croissance prévue à 1 %. On ne change rien à notre trajectoire. Les économies, on les fera : tous les 50 milliards [sur trois ans], mais pas plus que les 50 milliards. »Lire aussi :Michel Sapin annonce de nouvelles mesures d'économie pour dégager 4 milliards d'eurosMalgré ces notes discordantes, le climat à l’égard de la France à Bruxelles s’est nettement amélioré ces derniers mois. Et le risque d’une sanction s’éloigne considérablement. Le fait que l’exécution du budget 2014 ait été bien meilleure que prévu (le déficit public n’est plus que de 4 % contre une prévision initiale de 4,4 %), y est évidemment pour beaucoup.La perspective d’une France sous les 3 % de déficit public dans deux ans – du jamais vu depuis près de huit ans – lève pas mal de réserves en interne à la Commission.Le comportement du gouvernement y est aussi pour quelque chose. Les ministres des finances, Michel Sapin, et de l’économie, Emmanuel Macron, multiplient désormais les allers-retours à Bruxelles, pour rencontrer des commissaires – et pas seulement le Français Pierre Moscovici. La venue du premier ministre, Manuel Valls, à Bruxelles, en mars, a aussi été appréciée.Le but ? « Vendre » une image de la France qui sait se réformer, et désamorcer les tensions créées par l’octroi, en février, d’un délai supplémentaire de deux ans à Paris afin de revenir dans les clous du pacte de stabilité et de croissance. Une décision politique de la Commission qui avait été très mal vécue par nombre de petits pays de l’eurozone.Lire aussi :Déficits français : le délai de deux ans passe malPatrick RogerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Enora Ollivier En ce début de mois de mai, la côte ouest de la péninsule de Wirral ressemble à toutes les stations balnéaires hors saison : déserte, traversée par de rares marcheurs promenant leur chien et des joggeurs profitant du grand air, pleine de bâtisses offrant des chambres d’hôtes aux touristes qui ne sont pas encore arrivés. Ici, les maisons en brique rouge sont cossues, et les Liverpuldiens prennent volontiers leur voiture pour aller passer leur temps libre sur le green du Royal Golf Club. Nous sommes dans la banlieue chic de Liverpool, dans le nord-ouest de l’Angleterre, séparée de son imposante et industrielle voisine par la rivière Mersey.C’est dans ce paysage mélancolique que se joue une partie qui ne manque pas de sel, entre travaillistes (du parti Labour) et conservateurs (surnommés tories). La circonscription de Wirral West est la plus petite du Royaume-Uni en nombre d’électeurs (55 000), mais elle est aussi l’une des plus observées, car elle est considérée comme « kingmaker » (littéralement, « faiseuse de roi ») : le résultat local du vote pour les législatives du 7 mai sera, dit-on, un indicateur fiable de la tendance nationale.L’équation se pose en ces termes : si les tories ne peuvent même pas conserver ce territoire aisé et apparemment peu disposé à voir le travailliste Ed Miliband, surnommé Red Ed (« Ed le rouge »), devenir premier ministre, alors il leur sera difficile de prétendre garder le pouvoir. A l’inverse, si le Labour n’est pas capable de reprendre ce siège qui lui a appartenu de 1997 à 2010 – le seul dans toute la région dans les mains des conservateurs – et maintenant occupé par une députée loin de faire l’unanimité, mieux vaut ne pas espérer gouverner tout le pays.« Elle veut la mort des gens ordinaires »La députée sortante, candidate à sa succession, s’appelle Esther McVey. Elue en 2010 avec 2 400 voix d’avance sur son adversaire travailliste, cette ancienne présentatrice de télévision est aussi ministre de l’emploi du gouvernement Cameron. A 47 ans, c’est une étoile montante chez les tories. Autant dire qu’elle est, pour ses opposants, la personnification d’à peu près tous les maux que connaît la société britannique. « Elle fait partie d’un gouvernement qui a coupé les allocations sociales à 1,2 million de personnes dans le pays », s’étrangle ainsi Ross Quinn, le président du Wirral-TUC, la branche locale de la fédération des syndicats britanniques.Depuis presque un an, son organisation est à la tête d’un combat acharné qui se résume en une expression : « Sack Esther McVey » (« Virons Esther McVey »). Ces mots sont devenus un slogan dans la circonscription. On les trouve imprimés sur des tracts, sérigraphiés sur des tee-shirts, et même fredonnés dans une chanson composée pour l’occasion et qui appelle à mettre fin au mandat de « cette méchante sorcière du Wirral ». « Les politiques qu’elle soutient sont dangereuses », poursuit M. Quinn, selon qui Mme McVey « veut tout simplement la mort des gens ordinaires ». Une campagne violente ? « En tant que ministre, Esther McVey a directement contribué à appauvrir la population de son propre territoire », défend Alec McFadden. Figure locale, militant de gauche, antifasciste et également membre du Wirral-TUC, dont il est le secrétaire, il cite en pagaille la fermeture de l’usine employant des travailleurs handicapés, située dans une ville collée à la circonscription, qu’elle n’a jamais cherché à éviter, ou la réforme qu’elle a elle-même initiée, obligeant les chômeurs à accepter les très précaires « zéro hour contracts » sous peine de voir leurs allocations supprimées.Lire aussi, en édition abonnés :Au Royaume-Uni, les damnés des « zero hour contracts »Derrière la vitrine que présente le fastueux bord de mer, se cache une réalité plus sombre. L’est de la circonscription a été touché de plein fouet par les restrictions budgétaires de ces dernières années. La « bedroom tax », une mesure qui impose une baisse d’allocations aux locataires de logements sociaux possédant une ou plusieurs pièces inoccupées, a fait chuter les entrées d’argent des habitants de ces zones populaires. Signe de l’appauvrissement de la population, comme dans beaucoup d’endroits dans le pays, une banque alimentaire a ouvert ses portes il y a une dizaine de mois pour venir en aide à ceux qui n’arrivent plus à manger à leur faim par manque de moyens.Election serréeAlors à Woodchurch, où la mer n’est qu’à quelques kilomètres mais où les tours ont remplacé les maisons équipées de caméras de vidéosurveillance, les habitants riraient presque quand on leur demande s’ils vont voter Labour ou tory. « Je ne suis pas masochiste », s’amuse un quadragénaire qui ne veut pas donner son nom. « Je ne sais pas si Esther McVey aura le droit a des allocations quand elle perdra son emploi à Westminster », ironise une femme, en annonçant qu’elle votera travailliste, bien qu’elle ne sache pas qui se présente pour le parti dans la circonscription. La candidate du Labour est, il faut dire, très discrète. Margaret Greenwood, une ancienne enseignante, a fait campagne dans sa circonscription, sans fracas, sur les thèmes de la santé publique et de l’environnement.Evidemment, tout le monde n’est pas aussi sévère avec Esther McVey dans la péninsule. La ministre « est charismatique, sympathique, énergique, et a fait du bon travail pour la circonscription », assure, sans trop rentrer dans les détails, Janet, 65 ans, rencontrée devant la plage de sable de Hoylake, la grande ville de la zone. Mary, 51 ans, qui habite, elle, dans la ville voisine de West Kirby, annonce sans détour qu’elle votera à nouveau pour Mme McVey, surtout « depuis qu’elle a promis que les résidents de la péninsule seraient exemptés de payer le péage du tunnel », qui relie le Wirral à Liverpool. Un dossier pour lequel le ministre des finances George Osborne est lui-même intervenu – preuve, s’il en est, de l’importance accordée à la circonscription au niveau national.Mme McVey, d’ailleurs, vise plus haut que son siège de députée et son poste de ministre de l’emploi. Interrogée en février à la télévision sur ses ambitions, elle a confié qu’elle se verrait bien première ministre du Royaume-Uni. Mais encore faut-il pour cela gagner des élections, et celle-ci s’annonce serrée. Un dernier sondage a donné Margaret Greenwood en tête avec 46 % des voix, devant Mme McVey (43 %), trois autres candidats des partis UKIP (extrême droite), libéral-démocrate et indépendant se partageant le reste des voix.Dans des proportions différentes, les électeurs de Wirral West sont aussi indécis que le reste du pays, où Labour et tories sont au coude à coude, tout en subissant le grignottage des voix imposé par d’autres partis avec qui il faudra former des coalitions pour gouverner.A trois jours du scrutin, le spectre d’une paralysie politique, voire la perspective de la tenue d’un second vote, crainte par certains responsables politiques, afin de définir une majorité plus solide, secouent un royaume jusqu’ici plutôt habitué au bipartisme.Lire aussi :Le Royaume-Uni découvre le multipartisme*Sollicitées à plusieurs reprises, Esther McVey et Margaret Greenwood ont refusé de parler au Monde.Enora OllivierJournaliste au Monde Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Paris le matin, Bruxelles en début d’après-midi, Francfort en fin de journée… Le gouvernement grec devait multiplier, mardi 5 mai, les contacts directs avec ses créanciers, alors que les discussions devant aboutir au déblocage de la dernière tranche de 7,2 milliards d’euros du second plan d’aide financier, dont a bénéficé Athènes, n’ont toujours pas abouti. Et que la situation financière du pays est jugée critique, d’importants remboursements d’emprunts étant à l’agenda dans les semaines à venir.« Notre objectif est toujours et encore de sortir de cette situation d’étranglement financier et d’obtenir plus de liquidités », affirme une source ministérielle.Le ministre grec des finances, Yanis Varoufakis devait rencontrer son homologue français, Michel Sapin mardi matin à Paris, puis s’envoler ensuite vers Bruxelles, où un entretien avec Pierre Moscovici, le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, est programmé à 14 h 30.Ils devraient discuter des progrès des négociations en cours avec le « groupe de Bruxelles » (l’ex-Troïka des créanciers du pays) et des questions sur lesquelles achoppent toujours ces discussions.Le FMI hausse le tonCette question des « lignes rouges », qui bloquent de part et d’autre la situation, a aussi été abordée, lundi soir, par le premier ministre grec, Alexis Tsipras lors d’un entretien téléphonique avec la présidente du Fonds Monétaire International (FMI), Christine Lagarde.Si le gouvernement grec se dit prêt à effectuer des privatisations, contrairement à ses premières intenttions (vente d'aéroports régionaux à l'opérateur aéroportuaire allemand Fraport, réouverture du processus de cession du port du Pirée), M. Tsipras a rappelé que son gouvernement ne veut pas entendre parler d’une nouvelle baisse des retraites ou de nouvelles modifications du droit du travail.Or le FMI insiste et durcit même le ton. Dans un article du Financial Times, paru lundi 4 mai, des sources au sein de l’institution affirment qu’elle pourrait se retirer du plan d’aide encore en cours et donc suspendre le versement de sa participation. Soit 3,5 milliards d’euros.C’est que le FMI ne croit pas qu’Athènes soit en mesure d’atteindre ses objectifs budgétaires pour 2015 et annonce même, loin de l’excédent primaire attendu, un déficit s’établissant à 1,5 % du PIB.Lire aussi :Le feuilleton grec réserve encore des surprisesPour le FMI, le choix est donc le suivant : soit Athènes entreprend pour environ 5 milliards d’euros de nouvelles mesures d’économie, soit il faudra ouvrir le chapitre de la restructuration de la dette grecque. Un sujet encore tabou pour les créanciers européens.Les Grecs espèrent en tout cas encore une solution d’ici à l’Eurogroupe du 11 mai. C’est dans cette optique que s’inscrit le rendez-vous, mardi à 17 h 30 à Francfort, entre le vice-président du gouvernement, Yiannis Dragassakis, accompagné du nouveau coordinateur de l’équipe grecque de négociation, le vice-ministre aux affaires européennes, Euclide Tskalatos, et le président de la Banque Centrale Européenne (BCE), Mario Draghi.Le conseil des gouverneurs de la BCE se réunit mercredi 6 mai et la délégation grecque espère infléchir en amont de cette rencontre la fermeté jusqu’ici affichée de M. Draghi sur au moins trois points.Lire aussi :La BCE serait prête à durcir le ton envers la GrèceS’assurer de la solidité du soutien aux banques grecquesAthènes veut d’abord obtenir le relèvement du plafond d’achat de bons du trésor grec par les banques grecques, aujourd’hui fixé à 15 milliards d’euros. Cette demande est récurrente de la part du gouvernement d’Alexis Tsipras depuis sa prise de fonction.Les autorités grecques veulent aussi sécuriser le soutien au secteur bancaire grec en s’assurant du maintien du dispositif de financement d’urgence (ELA).Le plafond de l’ELA est révisé quasiment chaque semaine par la BCE et a été relevé, le 29 avril, de 1,4 milliard d’euros. Il s’établit désormais à 76,9 milliards.Auparavant, les banques pouvaient obtenir de l’argent en apportant en garantie les obligations de l’Etat grec qu’elles détiennent. Ces obligations n’ayant pas la qualité de crédit minimum qu’accepte normalement la BCE, celle-ci faisait donc bénéficier les banques grecques d’une exception.Mais cette exception a pris fin peu après l’arrivée au pouvoir fin janvier du gouvernement de gauche radicale Syriza d’Alexis Tsipras en raison de la volonté qu’il manifestait alors de s’affranchir du programme de sauvetage européen en cours.Enfin, Athènes veut s’assurer que le taux appliqué aux garanties grecques par la BCE ne sera pas relevé.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.05.2015 à 20h32 • Mis à jour le04.05.2015 à 20h38 Le Parlement italien a définitivement approuvé, lundi 4 mai, une nouvelle loi électorale, censée assurer une stabilité politique dans un pays miné depuis des décennies par la valse des gouvernements.La nouvelle loi a été votée en début de soirée par les 630 députés avec une majorité de 334 oui, 61 non et quatre abstentions. L'opposition avait choisi de ne pas participer au vote. « Engagement maintenu, promesse respectée. L'Italie a besoin de ceux qui ne disent pas toujours non. En avant avec humilité et courage », a aussitôt réagi le chef du gouvernement Matteo Renzi, ardent défenseur de cette loi.Le nouveau mode de scrutin garantit une majorité de près de 55 % des sièges (340 sur 630) de la chambre des députés au parti arrivé en tête, ce qui représente une véritable révolution culturelle dans un pays habitué aux coalitions hétéroclites et instables.Lire aussi (édition abonnés) : En Italie, les réformes pourraient regonfler la richesse par habitantTexte critiqué au sein même de la gauche au pouvoirCe texte a été vivement critiqué par une partie de l'opposition et au sein même du Parti démocrate (PD, gauche au pouvoir) de M. Renzi, qui en dénonçait la dérive antidémocratique.Pippo Civati, un des chefs de file de la minorité anti-Renzi au sein du PD, a jugé lundi devant le parlement que cette loi conduisait au gouvernement d'un homme seul, une des grandes craintes des détracteurs de l'énergique chef du gouvernement italien. A l'instar d'autres dissidents du PD, il a indiqué avoir voté non lundi soir.La nouvelle loi électorale, qui doit entrer en vigueur en 2016, prévoit d'assurer la majorité des sièges, soit 340 sur 630, au parti, et non plus à la coalition de partis, qui obtiendrait au moins 40 % des voix au premier tour des législatives.Si aucun parti ne franchit ce seuil, un second tour est prévu deux semaines plus tard entre les deux partis arrivés en tête, pour déterminer qui bénéficiera de la prime à la majorité. Le projet fixe à 3 % le seuil pour obtenir des sièges, assurant ainsi aux principaux petits partis la certitude d'être représentés tout en évitant qu'ils puissent mettre en péril la stabilité de la majorité gouvernementale. 04.05.2015 à 13h37  Deux soldats ukrainiens ont été tués en vingt-quatre heures dans l’Est rebelle prorusse de l’Ukraine, a annoncé lundi 4 mai l’armée ukrainienne. Les deux militaires ont été tués et trois autres blessés lorsque leur véhicule blindé a roulé sur une mine dans la région de Louhansk, a signalé un porte-parole militaire ukrainien. Deux autres militaires ont été blessés aux abords du village de Chirokiné, près du port stratégique de Marioupol, dernière grande ville de l’Est rebelle contrôlée par Kiev, selon la même source.Dimanche, les rebelles « ont considérablement augmenté le nombre de tirs, à une centaine en 24 heures », soit pratiquement le niveau observé avant la trêve actuelle instaurée à la mi-février après la signature des accords de paix Minsk 2, a accusé dans un communiqué le service de presse de l’opération militaire ukrainienne dans l’Est.Les points les plus chauds de la ligne du front restent le village divisé de Chirokiné ainsi que le village de Pisky et plusieurs autres localités situées à proximité de l’aéroport de Donetsk, fief séparatiste, selon Kiev.Les rebelles ont accusé pour leur part l’armée ukrainienne d’avoir effectué environ 70 irs, notamment contre Chirokiné et des quartiers de Donetsk proches de l’aéroport, sans faire état de victimes, selon l’agence séparatiste officielle DNA.Le chef de la diplomatie serbe Ivica Dacic, qui assure la présidence tournante de l’OSCE, a déploré dimanche dans un communiqué des « violations du cessez-le-feu » en Ukraine où une mission d’observation de cette organisation est déployée. Le conflit a fait plus de 6 100 morts en un an.Rencontre prévue à MinskUne rencontre du Groupe de contact trilatéral réunissant les représentants ukrainiens, russes et de l’OSCE avec la participation d’émissaires rebelles est attendue à Minsk mercredi, ont annoncé séparément Kiev et les séparatistes. La capitale biélorusse avait été à plusieurs reprises le théâtre de négociations internationales, dont la dernière grande session s’est déroulée en février avec la participation des présidents français, ukrainien et russe et celle de la chancelière allemande.Jeudi 30 avril, le commandant en chef des forces de l’OTAN, le général Philip Breedlove a estimé que les forces russes ont cherché récemment à se « repositionner » tout en confortant les gains obtenus sur le terrain. Il a estimé que les mouvements observés récemment correspondaient à « la préparation, l’entraînement et l’équipement pour avoir la capacité de lancer de nouveau une offensive ». 04.05.2015 à 11h02 • Mis à jour le04.05.2015 à 16h18 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Alice ? Charlotte ? Diana ? Olivia ? Victoria ? Elizabeth ? Le nom de la princesse née samedi 2 mai au matin à la maternité de l’hôpital St. Mary à Londres ne devrait pas être connu avant que, selon la tradition, la reine n’ait fait sa connaissance. Or, Elizabeth II séjourne actuellement dans sa résidence de Sandringham, dans le Norfolk (est de l’Angleterre) et la rencontre avec son cinquième arrière-petit-enfant pourrait attendre quelque peu. La foule des journalistes et photographes, massée depuis des heures devant la maternité, a été gratifiée, samedi, de l’arrivée à la maternité du petit prince George, 21 mois, dans les bras de son père William.L’enfant, dont c’était l’une des rares apparitions publiques, avait l’air légèrement terrifié par l’agitation que son apparition a déclenchée. Puis en fin d’après-midi, comme si l’accouchement avait été une formalité, Kate, 32 ans, et William, 33 ans, ont présenté leur deuxième enfant né quelques heures plus tôt. La mère, tenant le bébé d’une main tout en agitant royalement l’autre à l’adresse des caméras, a fait preuve d’un grand professionnalisme. Le bébé, paisiblement endormi dans un lange blanc, a lui aussi parfaitement joué son rôle, régalant les photographes de gros plans qui ont immédiatement fait le tour du monde.Les opinions personnelles de CharlesDeuxième petit-enfant du prince Charles, héritier de la couronne, la petite fille de 3,7 kilos née samedi à 8 h 34 dans une maternité à 5 215 livres (7 060 euros) la nuit, prend place au quatrième rang dans l’ordre de succession au trône, après son grand-père Charles, son père William et son frère, le petit George. Une loi de 2013 a modifié une règle vieille de plus de trois siècles selon laquelle la naissance d’un garçon délogeait les filles nées avant lui. La naissance éventuelle d’un petit frère ne changera donc rien. La nouveau-née n’a cependant une chance de devenir reine que si le prince George n’a pas d’enfant.La naissance de la princesse éclipse pour l’instant les complications en vue pour la succession de la reine Elizabeth II, qui a fêté ses 89 ans le 21 avril. La souveraine, qui manifeste quelques signes de fatigue, devait passer la main en douceur à son fils Charles, qui est l’héritier du trône ayant le plus attendu pour régner. Mais le prince de Galles refuse de cesser de manifester ses opinions personnelles sur l’environnement, l’architecture, les médecines douces ou l’éducation, au grand dam d’une partie de l’opinion britannique attachée à la neutralité de la famille royale. La Cour suprême britannique vient d’ailleurs d’ordonner la publication de vingt-sept des lettres qu’il a adressées à des ministres pour les influencer.Quant à la presse tabloïd, elle prend un malin plaisir à publier des sondages qui montrent qu’un grand nombre de Britanniques (40 % selon le Daily Mail) souhaiteraient qu’il passe son tour pour que William devienne roi. Comme si le peuple avait voix au chapitre pour désigner son roi préféré.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.05.2015 à 00h12 • Mis à jour le04.05.2015 à 07h35 Deux détenus pakistanais sont morts, et 18 autres ont été blessés dimanche 3 mai au soir lors d'affrontements entre prisonniers dans un centre de détention surpeuplé près d'Athènes, a indiqué le ministère de la justice. La situation était sous contrôle en début de nuit.Selon une source proche de l'enquête, alors que la situation était tendue depuis le début d'après-midi, deux groupes de prisonniers de nationalités différentes se sont affrontés avec des armes blanches improvisées dans la prison de Korydallos (à l'ouest d'Athènes) pour une raison inconnue, au moment de regagner leurs cellules respectives après le dîner. Cinq blessés sont dans un état grave, selon la même source.Prisons surpeupléesDans la soirée, les surveillants sont parvenus à faire réintégrer leurs cellules aux détenus, après les avoir fouillés. Sakis Totolidis, un policier travaillant dans l'établissement, a confirmé à l'AFP que « la situation semblait sous contrôle », et qu'une réunion était en cours entre responsables de la prison et du ministère de la justice.Le ministre Nikos Paraskevopoulos est arrivé en personne à la prison en fin de soirée, exprimant « sa tristesse pour les pertes humaines ». « Malheureusement, a-t-il ajouté, ces problèmes sont le résultat du surpeuplement des prisons et du manque de personnel. »Selon lui, il y a actuellement 2 000 détenus à Korydallos, pour une capacité de 600 prisonniers. 17.05.2015 à 12h58 • Mis à jour le17.05.2015 à 13h38 | Maryline Baumard La France est officiellement opposée à l’instauration de « quotas de migrants » au niveau européen, mais plaide pour une répartition « plus équitable » des réfugiés dans l’Union. C’est la position défendue par le premier ministre, Manuel Valls, samedi 16 mai, à deux jours de la reprise au Sénat de la discussion sur la loi asile.Cette dialectique est d’autant plus difficile à comprendre que l’Union européenne propose justement des quotas pour parvenir à une répartition équitable entre les pays.En matière d’accueil des réfugiés, deux données diffèrent largement. D’une part, le nombre de demandeurs, d’autre part le taux d’octroi de ce statut. Selon les statistiques 2014 du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), la France n’est que le 6e pays le plus demandé au monde. Son attrait s’est largement terni ces dernières années puisqu’elle a perdu trois places et est un des rares Etats à observer une décroissance (très légère) de ces demandes quand elles flambent partout ailleurs.Sur les 34 pays les plus industrialisés, l’Allemagne est devenue la destination la plus attrayante pour les personnes en quête d’une protection. Elle est suivie par les Etats-Unis, la Turquie, la Suède et l’Italie. De grands pays de l’Union europénne, comme la Pologne, ne prennent qu’une part très réduite de l’afflux migratoire.Lire la chronique :Quotas migratoires : l'Europe évoque enfin le principe de solidaritéTaux de refus en France élevéSi l’on s’intéresse cette fois au pourcentage de demandes qui reçoivent une réponse positive, la France n’est pas généreuse. Elle se classe même loin derrière la moyenne de l’Union européenne. Selon les données Eurostat, établies sur l’année 2014, 45 % des demandeurs obtiennent un statut de réfugié dans l’Union lors de leur demande initiale, contre un taux deux fois moins élevé en France (22 %).Inutile de préciser que ce large pourcentage de refus contribue à la perte d’attractivité du pays en la matière. Ainsi, les Erythréens qui sont refusés dans 85 % des cas par la France, trouvent ailleurs une reconnaissance de leur statut de personne persécutée. Les trois quarts des 14 600 Erythréens qui sont arrivés en Europe en 2014 ont été accueillis par la Suède (5 700), les Pays-Bas (3 600) et le Royaume-Uni (2 300). La France, elle, n’en a accepté que 183 et s’étonne ensuite qu’ils campent à Calais dans l’attente d’une traversée de la Manche.Ces données montrent bien que chaque pays de l’Union accueille comme il l’entend ses réfugiés. Ils sont logés ou laissés à la rue, ils perçoivent ou non une indemnité de survie durant l’instruction de leur dossier. Et, bien que les Etats se basent sur le même texte de la convention de Genève, ils ne l’interprètent pas de la même manière.La Commission propose une répartition chiffréeL’accueil des demandes individuelles est donc une prérogative étatique que Bruxelles n’a pas l’intention de toucher. En revanche, c’est en cas d’afflux massif d’arrivants que la Commission propose une répartition chiffrée « des personnes qui ont besoin d’une protection et non des migrants économiques », tient à préciser Philippe Leclerc, le correspond du HCR auprès de la France. Il ne s’agit évidemment pas d’obliger un Etat à accueillir de migrants économiques ; même si certains profitent de ce débat pour jeter le flou sur ce point crucial.Le 13 mai, la Commission européenne a avancé l’idée qu’une répartition pensée globalement obligerait la France à augmenter le nombre de ses propres demandeurs d’asile de 14 % ; l’Allemagne, de 18 % ; et l’Italie, de 11 %. « Il s’agit d’une mesure d’urgence, pour une situation précise [l’afflux en Méditerranée]. Je précise que chaque Etat pourra continuer à déterminer s’il accorde, ou non, l’asile à la personne concernée. Nous n’imposerons rien », a précisé au Monde le même jour le premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans.La mise en place d’un tel système nécessiterait à un premier accueil international permettant de définir qui au sein de ces arrivées massives a besoin de ce statut. « Nous sommes favorables à cette idée et en discuterons aussi bien avec les Etats qu’avec l’Europe afin d’être le plus efficace possible en matière de délivrance d’une protection internationale », ajoute Philippe Leclerc.Lire aussi :Bruxelles propose des quotas sur l’accueil des réfugiésGrande-Bretagne, Hongrie, Pologne et France opposés aux quotasLes quotas, auxquels s’opposent déjà la Grande-Bretagne, la Hongrie, la Pologne et désormais la France, s’appuient en même temps sur un autre levier. En effet, en parallèle à ces demandeurs qui déposent individuellement leur dossier, le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) a repéré des personnes nécessitant une sortie urgente des camps et une réinstallation dans un pays tiers. C’est une des missions du HCR.Les Syriens, dont on connaît la situation et qui ont sursaturé les pays voisins (Liban, Turquie, etc.), puisque près de 4 millions y sont installés, pourraient être plus largement accueillis sur le Vieux Continent, selon l’agence des Nations unies. En 2014 les Vingt-Huit en ont accueilli soixante-dix mille. Le HCR a donc demandé à l’Union européenne d’en accueillir 20 000 au cours des deux prochaines années. La clé de répartition établie par les instances européennes imposerait à la France d’en prendre en charge 2 375.Lorsque Manuel Valls rappelle samedi que « la France, déjà, a fait beaucoup : ainsi 5 000 réfugiés syriens et 4 500 Irakiens ont déjà été accueillis en France depuis 2012 », il additionne en fait les différents modes d’accueil, qu’ils soient individuels ou préconisés par le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés. En fait, la France a accueilli 500 réfugiés Syriens sélectionnés par le HCR en 2014. Elle est en train d’en accueillir 500 autres, et le chef de l’Etat, François Hollande, a annoncé en accepter encore quelques centaines (sans chiffrer) lors du dernier sommet européen, le 23 avril. A titre de comparaison, l’Allemagne a donné son accord pour 10 000 en 2014… et autant pour 2015.Quotas calculés en fonction du PIBLes quotas que souhaite mettre en œuvre l’Union seraient calculés en fonction du produit intérieur brut (PIB) du pays, de sa population, de son taux de chômage et du nombre de réfugiés déjà installés. Or quand le HCR recalcule le taux d’accueil des réfugiés en fonction du PIB de chaque pays, la France tombe de deux rangs en matière d’effort consenti, pour se placer au 8e rang des 34 pays industrialisés (contre une 6e place si l’on s’en tient à l’accueil en valeur absolue). Ce facteur intégré, la Turquie est le pays qui consacre le plus fort taux de son PIB sur ce poste, elle est suivie par l’Allemagne, les Etats-Unis et l’Italie.Si l’on fait bouger le curseur pour analyser le nombre de réfugiés accueillis non plus en fonction de la richesse du pays, mais par millier d’habitants, là encore la France ne se classe pas au rang des pays les plus généreux. C’est la Suède qui arrive en tête. Entre 2010 et 2014, le pays nordique a accepté 24,4 % de réfugiés par millier d’habitants, Malte le suit avec 17,5 % ; le Luxembourg avec 12,6 %… Avec ce mode de calcul la France ne figure même pas dans les dix premiers !Ces vérités statistiques ne trouvent que peu leur place dans un débat très politisé et instrumentalisé, où l’on confond volontiers migrant et demandeur d’asile. Demain 18 mai, le Sénat va reprendre les discussions sur la proposition de loi censée améliorer l’asile en France. Dans les semaines à venir et avant que le plan européen ne soit discuté par les ministres de l’intérieur, le 15 juin à Luxembourg, puis soumis aux dirigeants lors du sommet de Bruxelles du 30 juin, les discussions vont aller bon train. Les prises de positions de Manuel Valls montrent de façon précoce que le texte pourra arriver largement amendé en discussion.Lire l'éditorial :Quotas migratoires : un pas dans la bonne directionMaryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.05.2015 à 19h32 Ankara a affirmé avoir abattu un appareil syrien qui aurait violé son espace aérien, samedi 16 mai. « Un hélicoptère syrien, qui avait franchi la frontière pendant une période de cinq minutes dans un périmètre de onze kilomètres, a été abattu », a ainsi déclaré le ministre de la défense Ismet Yilmaz, cité par l'agence de presse Dogan. La Syrie a fermement démenti qu'il s'agissait d'un appareil avec pilote : « c'est un petit drone, qui volait dans la zone », a indiqué la télévision d'Etat syrienne, citant des sources militaires. L’appareil se serait écrasé du côté syrien de la frontière, en trois morceaux.  16.05.2015 à 11h17 • Mis à jour le16.05.2015 à 11h54 | Sylvie Kauffmann On voudrait les oublier, mais ils ne nous quittent pas. Le drame des damnés de la mer et leurs naufrages à répétition se maintiennent obstinément parmi les premiers sujets de l’actualité. Pire, ils se doublent à présent d’un drame parallèle, celui des Rohingya, minorité musulmane rejetée par la Birmanie, qui dérivent sur des rafiots d’un autre âge en mer d’Andaman. Ceux-là, au moins, ne visent pas l’Europe.Il y a trois semaines, dans une précédente chronique, je me suis interrogée sur les raisons de notre apparente indifférence à ces boat people des temps modernes, en comparaison avec la spectaculaire mobilisation qui avait abouti en France, en 1979, à l’opération Un bateau pour le Vietnam. Les réactions à cette interrogation ont été si vives et si instructives qu’elles méritent un retour sur le sujet.Disons-le tout de suite : à quelques sympathiques co-indignations près, beaucoup de ces réactions sont assez peu charitables – dans tous les sens du terme. C’est sans doute un signe, qui confirme à sa manière que 2015 n’est pas 1979. Plus intéressantes, évidemment, sont les explications avancées par les lecteurs. On peut les ranger dans plusieurs catégories, par ordre d’importance croissante.« C’est l’économie, idiot ! » En gros, il y a trente-six ans, nous sortions des « trente glorieuses », mais nous ne le savions pas encore. La vie était belle – du moins la voit-on ainsi à présent –, Valéry Giscard d’Estaing jouait de l’accordéon. En 2015, nous sommes dans l’ère de la mondialisation et nous ne le savons que trop : elle a bouleversé nos modèles et nos certitudes économiques. Une comparaison des taux de chômage en France éclaire ce sentiment d’insécurité : 3,3 % de la population active en 1975, 4,8 % en 1979, un chiffre qui allait augmenter chaque année jusqu’à atteindre 8,7 % en 1987. Il est aujourd’hui de 10 %. Nous étions forcément plus accueillants.La composition sociologique Exode surtout politique, le phénomène des boat people asiatiques apparaissait comme vraisemblablement limité dans le temps, alors que la pression démographique en Afrique, la complexité des conflits sur le continent, la guerre en Syrie, le djihad tous azimuts nous laissent imaginer une émigration de masse pendant plusieurs années. Autre argument avancé : Vietnamiens et Cambodgiens s’intégraient mieux dans les sociétés européennes que les réfugiés d’aujourd’hui, en grande partie musulmans. Ou encore : les boat people asiatiques étaient des réfugiés politiques, ceux d’aujourd’hui sont pour la plupart des « aventuriers économiques ». Ainsi, nous étions très solidaires de Solidarnosc avant la chute du rideau de fer, beaucoup moins lorsque, une fois libre, le plombier polonais a débarqué pour chercher du travail.Une dynamique idéologique Pour le sociologue Michel Wieviorka, qui faisait partie du comité Un bateau pour le Vietnam, c’était là la principale raison de notre emballement pour ces réfugiés qui fuyaient le communisme. « 1978-1980, dit-il maintenant, c’est le moment où la France dit adieu au communisme. » Les nouveaux philosophes défraient la chronique, Alain Geismar, ex-leader de Mai 68, sort du maoïsme. Le sauvetage des boat people, poursuit Wieviorka, « ce fut l’idée géniale d’articuler une cause humanitaire et une cause politique ». Et la conférence de presse conjointe de Jean-Paul Sartre et Raymond Aron, qui ne s’étaient pas parlé depuis vingt ans, « c’était la défaite de Sartre et le triomphe d’Aron ».Dans la même logique, certains lecteurs évoquent un sentiment de culpabilité des gens de gauche, en Europe, qui, s’étant fourvoyés dans l’admiration du marxisme, trouvaient dans la mobilisation pour les réfugiés d’Asie du Sud-Est une façon de se racheter.Pour autant, on pourrait retourner l’argument politique : pourquoi, face à ce nouveau totalitarisme que constitue l’islam radical, les esprits libres ne se mobilisent-ils pas davantage pour sauver ses victimes ? Il n’y a sans doute ici aucun sentiment de culpabilité, voire l’idée que l’Europe en est, elle aussi, une cible.Le rôle des intellectuels « Vous les connaissez, vous, les héritiers de Sartre et Aron ? », apostrophe un lecteur. « En 1979, on avait encore des figures respectées », relève un autre. C’est un vrai constat, qu’ils sont nombreux à faire : les intellectuels n’ont plus l’autorité ni le rôle qui étaient les leurs il y a trente-six ans.Cette semaine, dans l’hebdomadaire Le 1, Jean-Christophe Rufin, ex-humanitaire et écrivain, sonne « la fin du bernard-henri-lévisme » et de cet interventionnisme extérieur par lequel les politiques suivent béatement les intellectuels. Ce courant, écrit-il, « a été un moment éphémère de notre histoire, un moment pendant lequel nous avons pathétiquement voulu nous abstraire des contraintes de la réalité au profit d’une vision idéale et morale ».A vrai dire, aujourd’hui, il n’y a pas foule autour de Bernard-Henri Lévy. La figure de l’intellectuel est-elle dépassée ? « Non, nous répond BHL. Je la crois même plus actuelle, plus nécessaire, plus vitale que jamais. En revanche, les quelques-uns qui essaient encore d’y être fidèles ont à faire face, ici, en France, à un climat pestilentiel et qui, souvent, la met en échec. Souverainisme. Provincialisme. Débats franco-français désespérément nombrilistes – Todd versus Zemmour, quelle misère ! Recul, donc, du souci du monde. Offensive générale, aussi, contre cet universalisme qui est la condition de possibilité du fonctionnement de l’intellectuel et que l’on tente, à gauche comme à droite, de disqualifier sous le nom de “droit-de-l’hommisme”. Cynisme aussi. Epoque de ricanement généralisé et d’une philosophie du soupçon devenue folle. Voilà tout ce à quoi doivent s’affronter ceux qui n’ont pas oublié l’héritage d’Aron et de Sartre. » Où l’on comprend mieux pourquoi 2015 n’est pas 1979.Sylvie KauffmannJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.05.2015 à 00h02 • Mis à jour le16.05.2015 à 00h37 Le gouvernement canadien s'est engagé, vendredi 15 mai, à réduire de 30 % ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 par rapport à 2005 en annonçant ses objectifs pour la conférence de l'ONU sur le climat en décembre à Paris.Cet objectif, que le Canada devait fixer avant le sommet du G7 tout début juin, est « ambitieux », a déclaré lors d'une conférence de presse la ministre de l'Environnement Leona Aglukkaq, tandis que les défenseurs de l'environnement le jugeaient nettement insuffisant.Encadrer les émissions de méthane du secteur pétrolier et gazierLors de la conférence de Copenhague en 2009, le Canada s'était donné pour objectif de réduire de 17 % ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d'ici 2020 par rapport à 2005, mais celles-ci ont plutôt augmenté. Mi-avril, le ministère de l'environnement avait indiqué qu'elles avaient progressé de près de 20 % par rapport à l'objectif initial.Le Canada ne contribue que pour « environ 2 % » des émissions mondiales de GES, mais il « est l'un des plus grands émetteurs par habitant » au monde, selon le ministère. Pour réussir cette fois, Ottawa compte réguler les émissions des centrales électriques alimentées au gaz naturel ainsi que celles du secteur des produits chimiques et des engrais azotés.Le gouvernement va aussi encadrer les émissions de méthane du secteur pétrolier et gazier, qui n'est pour l'instant soumis à aucune autre restriction. Les émissions du secteur de l'énergie (10 % du PIB) représentaient 81 % des émissions totales de GES du pays en 2013. Ottawa, a poursuivi Mme Aglukkaq, compte également sur ses investissements dans « des technologies novatrices pour continuer d'améliorer la performance environnementale du secteur des sables bitumineux et d'autres secteurs en croissance ».Les provinces en première ligneLe gouvernement entend aussi, a-t-elle dit, « travailler de concert avec les provinces », dont certaines comme l'Ontario et le Québec sont en pointe en matière de réduction GES, dont le principal est le dioxyde de carbone (CO2).Lire notre enquête (en édition abonnés) :Climat : les provinces du Canada en première ligneLe ministre de l'environnement du Québec, David Heurtel, a cependant regretté que les objectifs annoncés par Ottawa n'aient pas été « constitués avec les provinces ou les territoires ». Selon lui, l'objectif fixé par le Canada correspond à une réduction de 14 % des émissions de GES par rapport à 1990, année de référence du protocole de Kyoto.C'est « l'un des plus faibles des pays industrialisés », a réagi sur Twitter Steven Guilbeault de l'organisation écologiste Equiterre. Première province à annoncer son objectif pour 2030, l'Ontario a indiqué jeudi qu'elle comptait réduire ses émissions de 37 % par rapport à 1990. Le Canada s'est retiré du protocole de Kyoto en 2011, jugeant ses objectifs irréalistes.Deuxième plus gros émetteur de GES derrière la Chine, les Etats-Unis se sont engagés en mars sur une réduction de 26 % à 28 % de leurs émissions d'ici 2025 par rapport à 2005. L'Union européenne prévoit une réduction de 40 % d'ici 2030 par rapport à 1990.La France a l'ambition à la conférence de Paris (COP 21), prévue du 30 novembre au 15 décembre, d'arriver à un accord entre près de 200 Etats permettant de limiter le réchauffement de la planète à 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle.Lire notre entretien avec le commissaire européen Miguel Arias Cañete (édition abonnés) : Le rendez-vous de Paris sur le climat sera crucial 15.05.2015 à 12h39 • Mis à jour le15.05.2015 à 13h00 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Rédigé par l’opposition, le rapport posthume de Boris Nemtsov, assassiné au pied du Kremlin le 27 février, sur l’implication militaire de la Russie en Ukraine, n’a pas encore franchi tous les obstacles pour sa diffusion. « Notre but est d’amener tous ceux qui, en Russie, n’utilisent pas Internet ou qui n’écoutent que la propagande à ouvrir les yeux, avait déclaré Ilia Iachine, membre du parti d’opposition RPR-Parnasse, en présentant le document à la presse le 12 mai. Nous n’avons pas besoin de convaincre les Occidentaux mais ceux qui regardent Perviy Kanal [première chaîne de télévision russe]. »Tiré à 2 000 exemplaires et intitulé « Poutine. La guerre », le rapport, qui dénonce l’envoi, toujours nié par Moscou, de soldats, de mercenaires et de matériel en soutien aux séparatistes prorusses du Donbass, reste cependant confidentiel. Au moins quatorze imprimeurs en Russie ont refusé de l’éditer.Dossiers sensiblesUne collecte d’argent a été lancée pour tenter néanmoins de publier le plus largement possible le document et de le distribuer en région. Les dons ont afflué. Mais, nouveau revers, le service de paiement en ligne PayPal a fait savoir, jeudi 14 mai, qu’il ne faudrait pas compter sur lui. Un compte avait été ouvert par Vsevolod Chagaev, un militant de Solidarnost (mouvement qui réunit plusieurs figures de l’opposition russe) chargé d’organiser la collecte de fonds. Ses espoirs ont été rapidement douchés.« Cher Monsieur, écrit la société basée en Californie dans un courrier rendu public sur le compte Twitter de l’intéressé. Merci pour les données présentées, mais votre compte ne peut pas être activé. A ce jour, PayPal ne permet pas d’utiliser son système pour des dons à un parti ou pour un but politique en Russie. »Ce n’est pas la première fois que PayPal refuse ses services dans des dossiers considérés comme sensibles. En 2010, l’entreprise avait ainsi essuyé des critiques pour avoir bloqué le compte de WikiLeaks, à la suite de la publication des câbles diplomatiques américains. Dépitée, l’opposition russe a annoncé qu’elle allait rendre l’argent aux donateurs et qu’elle persévérerait en se tournant cette fois vers Yandex, le célèbre moteur de recherche russe qui possède également un système de paiement en ligne.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.05.2015 à 10h20 • Mis à jour le15.05.2015 à 10h25 David Cameron, reconduit la semaine dernière à la tête du gouvernement britannique, se rend vendredi 15 mai en Ecosse pour des discussions sur le transfert de nouveaux pouvoirs aux autorités écossaises.Un texte donnant des pouvoirs supplémentaires à l'Ecosse doit figurer dans le programme législatif du nouveau gouvernement de M. Cameron, qui sera lu le 27 mai par Elizabeth II au cours du traditionnel discours de la reine.Ce discours, qui détaille le programme législatif du nouveau gouvernement pour les cinq prochaines années, est rédigé par le gouvernement mais lu par la reine devant le Parlement.Le premier ministre britannique a souligné dans un communiqué son engagement « envers notre Royaume-Uni et envers la place importante de l'Ecosse en son sein ». Il a assuré que son nouveau gouvernement allait donner à la nation le contrôle de 60 % de ses dépenses et qu'elle aurait « l'un des parlements bénéficiant des plus grands transferts de pouvoirs dans le monde ».Cameron exclut un nouveau référendumM. Cameron risque toutefois une confrontation avec Nicola Sturgeon, chef du SNP et première ministre du gouvernement d'Edimbourg, qui réclame pour l'Ecosse davantage de pouvoirs que ce qui est prévu par Londres.Mme Sturgeon considère que la progression de la popularité du SNP, reflétée par son fort succès lors des élections législatives – le parti a remporté 56 des 59 sièges écossais – justifie le transfert de « nouveaux pouvoirs substantiels », en particulier sur l'imposition des entreprises et sur le salaire minimum :« Comme je l'ai dit très clairement, le résultat des élections législatives de la semaine dernière, et le résultat écrasant obtenu par le SNP, signifie que l'attitude [de Londres] envers l'Ecosse ne peut absolument pas être “business as usual”. L'Ecosse s'attend à ce que ces pouvoirs soient transférés – et je m'attends à ce que le premier ministre et son gouvernement reconnaissent le mandat démocratique qui existe désormais pour qu'ils le soient. »Lire aussi : L’Ecosse en situation de sécession électoraleDans une de ses premières déclarations après la victoire surprise des conservateurs, M. Cameron a exclu la tenue d'un nouveau référendum sur l'indépendance de l'Ecosse. En septembre 2014, les électeurs écossais avaient rejeté cette possibilité par 55 % contre 45 %.Mme Sturgeon a, pour sa part, déclaré qu'il ne pourrait y avoir un nouveau référendum que si un parti soutenant sa tenue remportait les élections législatives au Parlement d'Ecosse, prévues en mai 2016. Or les nationalistes sont déjà actuellement majoritaires à Holyrood, où ils disposent de 64 sièges, alors que les travaillistes et les conservateurs, opposés à une sécession de l'Ecosse, n'en possèdent respectivement que 38 et 15.Mais les sources de discorde entre le SNP et le gouvernement britannique sont nombreuses. Les nationalistes écossais pourraient ainsi revendiquer un nouveau vote sur l'indépendance si le Royaume-Uni décide de sortir de l'Union européenne – David Cameron pourrait organiser un référendum à ce sujet dès l'année prochaine.Lire aussi : En route pour le référendum sur la sortie de l’UE au Royaume-Uni 15.05.2015 à 04h35 • Mis à jour le15.05.2015 à 09h35 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Fausse démission de son chef, bagarre au sommet et rumeur de putsch : le parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP, xénophobe et opposé à l’Europe) est secoué par des querelles internes, une semaine après son relatif succès aux élections législatives du 7 mai. Bien qu’ayant recueilli 12,6 %, soit 3,9 millions de voix (contre 3,1 % en 2005), le parti de Nigel Farage, défavorisé par le scrutin à un tour, n’a obtenu qu’un seul député.Lire aussi :Royaume-Uni : le UKIP, troisième force politique dans les urnes mais pas à WestminsterCes turbulences affectent l’organisation au moment où elle pourrait jouer un rôle crucial, à l’approche du référendum sur la sortie de l’Union européenne – la revendication phare du UKIP – que prépare le gouvernement Cameron 2.Volte-face de FarageTout a commencé avec la volte-face de Nigel Farage après l’échec de sa candidature aux législatives dans une circonscription du Kent. Alors qu’il avait promis de quitter la direction de l’organisation dans ce cas, il a changé d’avis, mettant en avant la volonté « unanime » de l’instance de direction pour le retenir. Le retour par la fenêtre de ce personnage charismatique et gouailleur ne plaît apparemment pas à tout son entourage.Cet homme « grossier, susceptible, agressif » a transformé le parti en une « monarchie absolue » fondée sur le « culte de la personnalité », a attaqué Patrick O’Flynn, son directeur de campagne dans le Times. M. O’Flynn s’en prend aussi à la garde rapprochée du patron du UKIP, constituée, selon lui, de conseillers « inexpérimentés », « agressifs » et influencés par une idéologie ultraconservatrice proche du Tea Party américain.Nigel Farage doit « dégager » ces personnes et envisager son « leadership de manière bien plus consultative et consensuelle », conclut-il en précisant qu’il ne demande pas la tête de M. Farage. « Je souhaite, dit-il, qu’il redevienne le Nigel Farage joyeux, drôle et accessible qui était pour [lui] une source d’inspiration. » Telle n’est pas la position d’un des grands donateurs du UKIP, l’homme d'affaires Stuart Wheeler, qui a appelé le chef du parti à se mettre en réserve et à affronter un vote. « Le temps est venu d'un leadership plus calme », a-t-il estimé à la BBC, estimant M. Farage trop agressif et porteur de divisions à l’approche de la campagne sur le référendum.Dissensions internesLa domination personnelle exercée par le chef du UKIP est aussi mise en cause par le trésorier du parti Hugh Williams. Pour lui, Nigel Farage est « le meilleur acteur sur la scène politique britannique », mais « il existe un grand danger que le UKIP devienne le parti de Nigel Farage ». Comme si cela ne suffisait pas, l’unique député du UKIP, Douglas Carswell, rue, lui aussi, dans les brancards. Sommé d’utiliser les 650 000 livres (900 000 euros) allouées au parti après son élection pour recruter 15 personnes, M. Carswell a refusé, jugeant « inapproprié » cet usage de l’argent public. « Je doute fortement qu’Ed Miliband [l’ex-chef du parti travailliste qui a démissionné après les législatives], quand il était chef de l’opposition, ait eu besoin de 15 assistants », a-t-il raillé.Cette mauvaise humeur pourrait préfigurer l’expression d’une ambition personnelle. Transfuge du parti conservateur, premier et unique représentant du UKIP à Westminster, M. Carswell, élu à Clacton-on-sea (Essex) présente une forte personnalité et un profil « libertarien » (adepte du pur libéralisme non seulement en économie, mais aussi en matière de société et même d’immigration) nettement plus structuré que le populisme purement démagogique – il a défendu le système de santé d’Etat (NHS), très populaire chez les Britanniques pendant la campagne électorale après avoir pris fait et cause pour sa totale privatisation lors d’une conférence aux Etats-Unis – de Nigel Farage.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Riga, envoyé spécial) Une longue séance de photos, d’innombrables poignées de main, et trois grandes questions non inscrites à l’ordre du jour et qui ont focalisé l’attention : c’est décidément un étrange sommet dit « du Partenariat oriental » qu’ont tenu, à Riga, l’Union européenne et six pays de l’ex-URSS, jeudi 21 et vendredi 22 mai. Six pays (Géorgie, Moldavie, Ukraine, Azerbaïdjan, Arménie et Biélorussie) que Bruxelles a tenté dès 2009 d’arrimer à son projet et qui devaient se retrouver pour un point d’étape sans enjeu.Il faut dire que le succès du partenariat est jusqu’ici très relatif : la Géorgie et la Moldavie sont les seules à rester vraiment intéressées, mais formulent des demandes d’intégration qui sont sèchement rejetées. « Le partenariat n’est pas un instrument pour l’élargissement, mais pour un rapprochement avec l’UE. Il ne faut pas susciter de fausses attentes, auxquelles nous ne serions pas en mesure de répondre », a indiqué la chancelière Angela Merkel. « Il faut être francs avec eux, quitte peut-être à ce qu’une partie de leur population se détourne du projet européen. Mais une autre partie garde un engouement pour le projet européen », assure le premier ministre belge Charles Michel.Lire aussi :Face à la Russie, le Partenariat oriental avec les ex-pays du bloc de l’Est marque le pasL’Ukraine, elle, espérait – comme la Géorgie – une libéralisation des visas, réservée jusqu’ici à la Moldavie. Mais elle compte surtout sur un nouvel engagement financier massif. Le montant de 1,8 milliard d’euros que lui a octroyé vendredi l’UE (sur une somme globale promise de 11 milliards) ne suffira pas à la rassurer sur le long terme.Apaiser le KremlinLes trois autres partenaires pressentis en 2009 – et présents à Riga – étaient l’Azerbaïdjan, l’Arménie et la Biélorussie. Le premier, assis sur ses richesses énergétiques, est en équilibre entre Moscou et Bruxelles. Les deux autres ont cédé aux pressions de Vladimir Poutine et rejoint son projet d’Union eurasienne. Leurs dirigeants ont donc fait pression pour que la déclaration finale de Riga ménage Moscou, qui a annexé la Crimée en mars 2014… Les Vingt-Huit n’ont pas insisté : ce sommet devait surtout viser à apaiser le Kremlin, à lui assurer que le partenariat, désormais à géométrie très variable, ne vise nullement à tenter d’encercler son pays. Et à espérer que Moscou répondra en faisant pression sur Bachar Al-Assad pour résoudre la crise syrienne et, du même coup, endiguer la progression de l’Etat islamique. Résultat : les esprits étaient ailleurs lors de ce sommet qui a rassemblé 25 chefs d’Etat et de gouvernement sur 28. Et plusieurs autres thème d’actualité au sein de l’Union se sont invités. Le premier ministre britannique David Cameron, auréolé de sa récente victoire électorale, a claironné qu’il était là pour commencer à « améliorer l’Union européenne », en la réformant et en modifiant sa relation avec le Royaume Uni.Les propositions de David Cameron« C’est très simple, il n’y a eu aucune discussion sur ce sujet, même en aparté, a répliqué le président François Hollande. Ce n’était pas le lieu et pas le moment. » M. Cameron sera reçu à l’Elysée le 28, à Berlin le 29, et il discutera ensuite avec la Commission. Il a rejeté l’idée allemande d’une anticipation à 2016 du référendum sur l’appartenance à l’Union. « M. Cameron viendra avec un certain nombre de propositions, nous verrons ensuite », commente-t-on de source élyséenne.Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, comptait, lui, sur Paris et Berlin pour accélérer le déblocage de nouveaux fonds, indispensables à son pays. Il a eu, jeudi soir, un long entretien avec Angela Merkel et François Hollande. « Chacun connaît les échéances. Il faut préparer d’autres étapes et déterminer des réponses pour libérer des fonds, a indiqué le président français. Mieux vaudrait qu’elles soient le plus solides possibles pour faciliter les discussions. Le gouvernement doit donner le plus d’informations possible sur ses réformes ».Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, convenait, lui, que Riga n’était pas le lieu pour engager une discussion sur le problème migratoire, mais que son pays ne pouvait être « laissé seul » face aux drames en Méditerranée. « Nous avons discuté avec lui de l’accueil, pas de la répartition », a indiqué à ce propos le président.Jean-Pierre Stroobants (Riga, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Aymeric Janier Quoi qu’il advienne, c’est un changement majeur de paradigme. Longtemps considérée comme un bastion du conservatisme social et religieux en Europe, l’Irlande, dont 84 % des habitants se disent d’obédience catholique et près de 50 % vont à la messe tous les dimanches, pourrait devenir le premier pays de la planète à avaliser par référendum le mariage homosexuel. Après plusieurs semaines d’échanges passionnés, près de 3,2 millions d’électeurs se prononcent, vendredi 22 mai, sur cette question, vingt-deux ans après la dépénalisation de l’homosexualité.Lire le reportage :Le « rêve fou » des gays irlandais à l’heure du voteJusqu’ici, dix-huit pays dans le monde ont approuvé les unions entre personnes de même sexe, mais cela s’est toujours fait par la voie législative ou devant les tribunaux, rappelle USA Today. Le fait même qu’une consultation populaire se tienne dans la verte Erin reflète un changement de regard significatif vis-à-vis de l’Eglise. Qu’ils soient ou non croyants, les citoyens dans leur grande majorité reconnaissent que le pouvoir excessif accordé aux prêtres pendant des décennies a eu des effets dévastateurs sur certains « groupes vulnérables » – les mères célibataires ou les enfants placés en institution, par exemple, souligne The Economist.De surcroît, les efforts déployés par le clergé pour étouffer les scandales de pédophilie mis au jour dans les années 1980-1990, qui ont fait des centaines, voire des milliers de victimes, ont bousculé les certitudes d’une population qui avait foi en son magistère moral. Celle-ci a dès lors pu se dire que les hiérarques catholiques se fourvoyaient aussi ailleurs, analyse The Globe and Mail. Un contexte sensible, qui explique que l’Eglise ait mené une opposition plutôt discrète au référendum, aux côtés de mouvements tels que Mothers and Fathers Matter (« Les mères et les pères comptent »).« AU NOM DE L’ÉGALITÉ »Dans un rare élan d’unité transcendant les clivages politiques traditionnels, de nombreuses personnalités – dont le premier ministre de centre droit, Enda Kenny, et l’ancienne présidente Mary McAleese (1997-2011), elle-même fervente catholique – ont affiché leur soutien au « oui » (Politico). Sur les 226 députés du Parlement, l’Oireachtas, seuls six ont affirmé qu’ils voteraient contre la mesure. Des célébrités issues du monde du sport, de la musique et du cinéma se sont invitées dans le débat, affichant leur volonté de rompre avec le statu quo. Pour le Parti travailliste, ce qui se joue est crucial et comparable à la question des droits civiques aux Etats-Unis, dans les années 1960.L’issue du référendum, qui, en cas de victoire du « oui », entraînerait de facto un amendement de l’article 41 de la Constitution de 1937, n’en demeure pas moins incertaine. En effet, observe The New York Times, elle repose sur le vote catholique porté, pour l’essentiel, par des personnes âgées vivant en zone rurale et attachées aux canons de l’Eglise. A cela s’ajoute la possibilité qu’une frange d’indécis plus ou moins large fasse pencher la balance en faveur du « non ». « Au nom de l’égalité », The Irish Times défend le changement. Son argument ? L’Irlande n’est plus un pays confit dans le conservatisme, mais, au contraire, « ouvert, tolérant et qui se garde de tout jugement catégorique de valeur ». Plus mesuré, et soucieux de ne pas apparaître trop partisan, The Irish Independent appelle surtout chacun à être « absolument certain » des raisons qui motivent son choix avant de glisser son bulletin dans l’urne.Lire aussi :Dans la très catholique Irlande, le mariage pour tous fait (presque) l’unanimitéAymeric JanierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Nicole Vulser L’appréciation du franc suisse, le 15 janvier, consécutive à la décision de la Banque nationale (BNS) de désarrimer la monnaie de l’euro, se traduit par des pertes de change extrêmement pénalisantes pour les groupes de luxe suisses. Richemont, le numéro deux mondial du secteur (qui détient Cartier, Jaeger-LeCoultre, Chloé, Lancel ou Vacheron Constantin), qui avait émis en avril un avertissement sur ses résultats, a ainsi confirmé, vendredi 22 mai, une chute de 35 % de son bénéfice net, à 1,33 milliard d’euros, pour l’exercice 2014-2015, clos le 31 mars 2015.Cette contre-performance s’explique, selon le président du conseil d’administration, Johann Rupert, par la forte réévaluation du franc suisse « qui s’est traduite par une perte de 686 millions d’euros enregistrée dans les frais financiers du compte de résultats ». Elle résulte essentiellement de « pertes comptables de change sur les dépôts et placements de trésorerie, principalement en euros », ajoute-t-il. Sans compter que les contrats de change à terme ont également perdu de leur valeur. Ces dépréciations n’ont toutefois quasiment aucun impact sur les liquidités nettes du groupe.L’horlogerie touchéeLes horlogers suisses sont particulièrement sensibles aux fluctuations de changes dans la mesure où les coûts de production sont assumés en franc suisse alors que le plus gros des ventes s’effectue à l’étranger.« Compte tenu de la taille de nos activités en Suisse [où Richemont emploie plus de 8 700 salariés], le renforcement du franc suisse va inévitablement se traduire par le renchérissement de nos coûts reportés en euros », affirme M. Rupert.Pour autant, il met les points sur les « i » : « Pour Richemont, quitter la Suisse n’est pas une option », affirme-t-il, en expliquant qu’en revanche, les prix au détail de produits fabriqués en Suisse (notamment les montres) seront à nouveau « ajustés » en fonction des taux de change.Après une hausse de 4 % des ventes, à 10,4 milliards d’euros, au cours de l’exercice 2014-2015, le chiffre d’affaires du groupe a progressé de 9 % à taux de changes réels en avril mais s’est inscrit en baisse de 8 % à taux constants. Pour autant, M. Rupert ne cache pas que l’Asie-Pacifique reste difficile, notamment Hong Kong et Macao.Burberry souffre aussiLe 5 février, le groupe Swatch avait lui aussi publié des résultats décevants, avec un bénéfice net en baisse de 26,6 % à 1,3 milliard d’euros, soit sa plus faible performance depuis 2009. Ce n’était pas tant l’effet des changes qui était en cause : la décision de la BNS avait été prise seulement quinze jours auparavant. Le groupe avait surtout été pénalisé par les investissements très conséquents consentis pour la marque Harry Winston (le diamantaire américain acquis en 2013), la mise au point d’un nouveau mouvement horloger pour Omega, l’ouverture de nouvelles boutiques ou encore les dépenses de marketing importantes pour les Jeux Olympiques de Sotchi.De nombreux analystes avaient alors revu à la baisse leurs prévisions sur Swatch Group, qui doit également traverser cette zone de turbulences monétaires.Si les gros acteurs du luxe en Suisse ont connu des jours meilleurs, leur confrère britannique Burberry souffre également de taux de changes moins favorables. Mercredi 20 mai, le groupe, connu pour ses imperméables chics et très chers, a abaissé de 40 millions de livres (55,9 millions d’euros) sa prévision de bénéfice 2015-2016.L’impact positif des variations de changes a en effet été ramené à 10 millions de livres contre 50 millions auparavant. Ce qui avait immédiatement fait chuter le titre en bourse de plus de 5 %.Nicole VulserJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Dublin, envoyé spécial) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2r1shg"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2r1shg", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Etonnante Irlande. Ce pays où la radio publique diffuse deux fois par jour l’Angélus et où l’Eglise catholique gère la plupart des écoles débat sereinement du mariage homosexuel. Loin de l’hystérie qui avait saisi la France en 2013, les électeurs irlandais s’expriment, vendredi 22 mai, par référendum, sur une réforme de la Constitution qui élargit la définition du mariage et donne aux couples de même sexe la même protection juridique que celle des époux hétérosexuels.Si les sondages disent vrai, le mariage gay devrait s’imposer et les rues de Dublin sont couvertes d’affiches largement favorables au « yes », à l’égalité. De son côté, l’Eglise ne fait pas campagne, laissant s’exprimer des associations qui défendent le droit des enfants à avoir un père et une mère et qui s’insurgent contre la désacralisation du mariage, destiné à la procréation.Le résultat du vote, attendu samedi, dépendra du taux de participation des jeunes. Les moins de 35 ans sont très largement favorables au mariage pour tous, tandis que les plus de 65 ans, qui votent davantage, y sont très hostiles. Mais la tranquillité de la campagne en dit long sur le chemin parcouru par un pays où, jusqu’en 1993, l’homosexualité était un crime et où, jusqu’en 1973, la loi interdisait que des femmes mariées soient fonctionnaires. Une Eglise qui a perdu son autoritéL’Eglise, dont la toute-puissance était notamment liée à son rôle dans la conquête de l’indépendance du pays, a longtemps été redoutée. Ses enseignements étaient considérés comme des injonctions irréfragables dont dépendait le Salut.Mais la révélation sur les enfants cachés par des prêtres dans les années 1990 et, plus récemment, des abus sexuels commis à grande échelle sur des mineurs et couverts par la hiérarchie, lui a fait perdre son autorité. Aujourd’hui, 84 % des Irlandais se disent catholiques, mais la plupart ne fréquentent plus les églises que pour les baptêmes, les mariages et les enterrements.Fait exceptionnel, tous les partis politiques irlandais, de gauche comme de droite, font campagne en faveur du mariage gay. Les rues de Dublin ou de Galway n’ont connu aucune « Manif pour tous ». Les grandes entreprises du Web implantées sur l’île comme Google et Twitter font activement campagne pour le « yes » et certains expliquent l’unanimisme des politiques par ces pressions économiques.Mais l’Irlande profonde pourrait se révéler moins enthousiaste que le spectacle très gay friendly de la rue dublinoise ne le suggère. Si le résultat était plus serré que prévu, la partie de la population ayant voté « no » pourrait se sentir en manque de représentation. L’Irlande n’est plus le pays pauvre et isolé d’autrefois, mais il garde ses spécificités. Le droit à l’avortement n’y est pas reconnu. Depuis 2013, l’interruption volontaire de grossesse n’est autorisée qu’en cas de « risque réel et substantiel » pour la vie de la femme. Les lesbiennes et les gays vont sans doute pouvoir se marier, mais les Irlandaises seront toujours contraintes de se rendre en Angleterre pour avorter. bernard@lemonde.fr@canalbernardPhilippe Bernard (Dublin, envoyé spécial)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.05.2015 à 15h12 • Mis à jour le21.05.2015 à 15h33 | Pierre Breteau Viktor Orban se verrait bien rétablir la peine de mort en Hongrie. Le premier ministre hongrois l'annonçait mardi 19 mai devant le Parlement européen, avant de se rétracter puis d'annoncer une consultation publique. « Tout n'est pas inscrit dans le marbre, on peut en débattre », déclarait même le dirigeant hongrois, « les traités [européens] ne sont pas des commandements divins », ajoutait-il.Des « commandements divins », sans doute pas, mais la question de la peine de mort est centrale dans l'Union, et sa réintroduction serait « contraire aux valeurs fondamentales de l'UE », a indiqué le vice-président chargé des droits fondamentaux, Frans Timmermans. Selon l'article 2 du traité sur l'Union européenne, la « violation grave par un Etat membre des valeurs [défendues par l'Union] » pousserait le Conseil européen – qui décide des priorités poltiques générales de l'Union – à « suspendre certains des droits découlant de l'application des traités à l'Etat membre en question », et donc son droit de vote au Conseil.Le Conseil de l'Europe opposé à tout rétablissementOutre les principes fondamentaux de l'UE, la Hongrie a ratifié la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales du Conseil de l'Europe (signée le 6 novembre 1990, ratifiée le 5 novembre 1992). Le texte, amendé depuis sa rédaction en 1950, est très clair dans sa version de 1982 : « La peine de mort est abolie. Nul ne peut être condamné à une telle peine, ni exécuté. » Dans ce sens, le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjørn Jagland, a rappelé que « la réintroduction de la peine de mort serait contraire aux obligations de la Hongrie liées à la Convention ».Le Conseil de l'Europe, institution créée en 1949 pour défendre les droits de l'homme et qui n'est pas lié à l'Union européenne, dispose de peu de moyens coercitifs. Son Assemblée parlementaire, composée de députés des 47 Etats membres et qui siège à Strasbourg, pourrait suspendre leur droit de vote aux sept représentants hongrois. Elle l'a fait en avril 2014 avec les 18 députés russes après l'annexion de la Crimée, et l'a renouvelé en janvier 2015.Dans les cas « les plus extrêmes », l'Assemblée peut recommander qu'un Etat soit exclu du Conseil de l'Europe, ce qui n'est jamais arrivé, indique le secrétariat général.La constitution hongroise rendrait le rétablissement difficileL'effondrement des républiques socialistes d'Europe centrale et orientale et leur rapprochement avec l'Ouest au tout début des années 1990 avait favorisé, sous le patronage du Conseil de l'Europe, l'inscription de l'abolition de la peine de mort dans les nouvelles Constitutions. La Hongrie, elle, avait aboli la peine capitale par une résolution de la Cour constitutionnelle d'octobre 1990 sur « l’inconstitutionnalité de la peine de mort ». La résolution se basait sur l'article 54 de la Constitution qui établit que « toute personne a le droit inhérent à la vie et à la dignité ; personne ne peut en être privé arbitrairement ».Même remaniée par Viktor Orban et les conservateurs dans un sens très nationaliste en 2012, la Constitution hongroise affirme que « que la dignité de l’homme repose sur la vie humaine » dès sa profession de foi.Aujourd'hui, sur le continent européen, seule la Biélorussie (qui n'est pas membre de l'UE ni même du Conseil de l'Europe) n'a pas aboli la peine capitale, une exécution y a eu lieu l'an dernier. Son grand voisin russe non plus, mais il n'applique plus la peine capitale depuis l'introduction d'un moratoire entré en vigueur en août 1996, année de l'adhésion de la Russie au Conseil de l'Europe.Pierre BreteauJournaliste au Monde 21.05.2015 à 10h39 • Mis à jour le22.05.2015 à 07h04 | Philippe Bernard (Dublin, envoyé spécial) Longtemps, David Norris, 70 ans, a cru qu’il était le seul homosexuel d’Irlande. Il commettait un crime si terrible que l’Eglise interdisait de le nommer et que la loi pénale, jusqu’en 1993, le punissait d’emprisonnement. Aujourd’hui, ce sénateur jovial s’apprête à savourer une conquête qu’il n’espérait pas voir de son vivant. Si les sondages disent vrai, la République d’Irlande devrait, vendredi 22 mai, être le premier pays du monde à approuver par référendum le mariage entre personnes de même sexe. « C’est un peu tard pour moi, rit-il sous sa barbe blanche. Mais je suis si heureux de voir tous ces jeunes gens qui vont pouvoir profiter de la vie sans les stigmates dont j’ai souffert tout au long de mon existence. » Sur la façade de sa demeure du XVIIIe siècle, au cœur de Dublin, le vieux professeur de littérature anglaise a hissé le drapeau arc-en-ciel. Voilà déjà presque un demi-siècle qu’il est sorti de la clandestinité pour faire ce que personne n’appelait alors un coming out. En 1973, il a créé le premier mouvement de défense des homosexuels irlandais avant de devenir, en 1984, le premier parlementaire ouvertement gay. Le spectacle qu’offre ces jours-ci la société irlandaise a de quoi sidérer cet homme qui a longtemps été la seule personnalité de son pays à vivre ouvertement son homosexualité.« Je n’ai jamais vu une campagne électorale aussi envahissante, aussi affective et aussi clivante »Depuis que le premier ministre, Enda Kenny, a décidé de soumettre à référendum une réforme de la Constitution destinée à donner aux couples de même sexe une protection juridique égale aux époux hétérosexuels, le pays s’offre un déballage public inédit : un ministre, une célèbre journaliste de télévision ont révélé leur secret intime, les médias diffusent des témoignages de quinquagénaires racontant leur vie de paria et leur espoir de changement. Dans les rues de Dublin, affiches et calicots géants en faveur de « l’égalité pour tous » foisonnent. « Je n’ai jamais vu une campagne électorale aussi envahissante, aussi affective et aussi clivante », objecte Michael Kelly, rédacteur en chef de l’Irish Catholic, hebdomadaire proche de l’épiscopat. Le politiquement correct a changé de camp : autrefois, l’Eglise imposait rigidement ses points de vue. Aujourd’hui, tout le monde a droit d’avoir un avis, sauf l’Eglise. » De fait, pour la première fois, tous les partis politiques appellent à approuver le mariage homosexuel. Catholique pratiquante, l’ancienne présidente de la République Mary McAleese estime que « des mariages gays heureux seront très bons pour la société » irlandaise. L’Eglise catholique, elle, ne fait pas campagne officiellement. Longtemps toute-puissante, elle a vu son influence décliner en matière de mœurs depuis les révélations sur les abus sexuels commis à grande échelle par des prêtres sur des enfants et couverts par la hiérarchie. « Le temps est révolu où les Irlandais craignaient la parole de l’Eglise, constate Tom Inglis, sociologue à la University College Dublin. Ils sont 84 % à se dire catholiques, vont à l’église pour les mariages et les enterrements, mais ne pensent plus que leur salut dépend du respect des règles prônées par les prêtres. »Curieusement, dans un pays où la radio publique continue de diffuser l’angélus deux fois par jour et où 90 % des écoles sont gérées par l’Eglise, cette dernière ne fait campagne que sous couvert d’associations issues de la société civile qui martèlent un message identique : nous n’avons rien contre les homosexuels, mais le mariage est une institution unique destinée à la procréation. En ouvrant aux homosexuels le mariage civil presque inconnu en Irlande, le référendum met en cause le quasi-monopole de l’Eglise sur les célébrations. « Il ne s’agit nullement d’une lutte entre l’Eglise et l’Etat, mais de la défense du bon sens », rétorque Ray Kinsella, président de la plate-forme Mothers and Fathers Matter (« Les mères et pères sont importants »). En plein centre de Dublin, un homme à l’air grave promène une pancarte qui proclame la même chose plus abruptement : « Dieu dit non ! La nature dit non ! » D’autres affiches présentent la photo d’une petite fille ainsi légendée : « Elle a besoin de sa maman pour la vie. Pas seulement pendant neuf mois. » Très médiatisée, l’implication dans la campagne pro-mariage gay des grandes firmes américaines du Web implantées en Irlande, comme Google et Twitter, est dénoncée comme une tentative de « colonisation idéologique » étrangère à la tradition irlandaise, mais soutenue par des politiques convaincus que la défense de l’emploi passe par le « gay friendly ».« Ce référendum est l’occasion de léguer aux enfants autre chose que des dettes : une liberté dont ils pourront être fiers »Ce mardi soir, l’église d’Adam et Eve, au bord de la Liffey, porte particulièrement bien son nom. L’officiant, Joe Walsh, appelle les paroissiens à « voter au nom de Jésus ». Bien que ne donnant pas de consigne explicite, il les enjoint à considérer que « le mariage est une question de principe qui dépasse les émotions personnelles ». Dans leur jolie maison des faubourgs de Dublin, Linda Cullin et Feargha Ni Bhroin ne voient aucune contradiction, au contraire, entre leur immense émotion et leur vote en faveur de l’égalité devant le mariage, elles qui vivent en couple depuis dix ans et élèvent deux petites jumelles. « Quand je leur ai révélé que j’étais lesbienne, mes parents m’ont plaint : j’allais vieillir seule, confie Feargha, 49 ans. Jamais dans mes rêves les plus fous je n’ai imaginé pouvoir un jour me marier. » Même si le résultat du vote dépend de la mobilisation des jeunes, massivement favorables à la réforme, contrairement aux personnes âgées, la liberté qui se dégage du débat procure déjà une immense fierté aux Irlandais.« Pour beaucoup d’Irlandais touchés par l’austérité et blessés par le renouveau de l’émigration des jeunes en raison du chômage, ce référendum est l’occasion de léguer aux enfants autre chose que des dettes : une liberté dont ils pourront être fiers, assure Ailbhe Smyth, miliante de la campagne « Oui à l’égalité ». Un espoir que le sarcastique sénateur Norris exprime à sa façon : « Les prêtres bénissent bien les bombes, les semis et les animaux domestiques. Pourquoi pas deux hommes ou deux femmes qui s’aiment ? »Philippe Bernard (Dublin, envoyé spécial)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.05.2015 à 18h37 • Mis à jour le21.05.2015 à 15h31 | Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) L’économiste français Thomas Piketty était à Berlin, mercredi 20 mai, pour recevoir le Prix du livre politique décerné par la fondation Friedrich Ebert, proche du parti social-démocrate. L’auteur du Capital au XXIe siècle était notamment invité à débattre avec Olaf Scholz, maire de Hambourg, un des piliers du SPD. Peut-être même son futur président.Plutôt que de parler une nouvelle fois de la montée des inégalités, l’économiste a axé son propos liminaire sur un thème bien plus sensible en Allemagne : les dettes publiques. Deux autres pays européens ont, par le passé, eu des dettes « plus élevées que la Grèce aujourd’hui », a-t-il rappelé : la Grande-Bretagne au XIXe siècle, après les guerres napoléoniennes, et l’Allemagne après 1945. Chacune à hauteur d’environ 200 % de leur produit intérieur brut.Comment les ont-elles remboursées ? La Grande-Bretagne en réalisant des excédents budgétaires de 3 % à 4 % par an. Comme il n’y avait pas d’inflation au XIXe siècle (en raison de l’étalon-or), Londres a mis un siècle pour y parvenir, de 1815 à 1914.L’Allemagne, elle, a vu ses dettes en grande partie effacées par les Alliés en 1953. « Une très bonne chose », selon Thomas Piketty : cela lui a permis de reconstruire le pays et de redevenir une grande puissance économique mondiale.Pourquoi ne fait-on pas la même chose avec la Grèce aujourd’hui, s’est interrogé l’économiste. « Les jeunes Grecs doivent-ils être davantage tenus responsables des erreurs commises dans le passé que les Allemands en 1953 ? Pourquoi leur refuser ce que l’on a accepté de la part des Allemands ? ».Et M. Piketty d’asséner : « Si la crise financière est née aux Etats-Unis en 2008, ceux-ci l’ont résolue rapidement mais elle est devenue une crise européenne car nous n’avons pas pris les bonnes décisions. On a voulu diminuer les déficits publics trop vite. C’est pour cela que le chômage est aujourd’hui si élevé. »Vers un Parlement de la zone euro ?Pour lui, il serait bien plus efficace de permettre à la Grèce d’investir dans son avenir et ce serait à un Parlement de la zone euro, « où chaque pays serait représenté en fonction de sa population, ce qui implique que l’Allemagne accepterait d’être mise en minorité », de décider du rythme de réduction des déficits publics.Tout cela était trop pour le très modéré Olaf Scholz. Il s’est dit « très sceptique » sur une nouvelle réforme des traités, même s’il reconnaît que davantage de décisions devraient être prises au niveau européen, notamment sur la fiscalité des entreprises.Pour lui, « on a contracté beaucoup trop de dettes en Europe ces dix dernières années » ce qui est une des causes de la crise. Quant à la Grèce, elle a déjà été beaucoup aidée y compris par des pays comme la Slovénie qui sont moins riches qu’elle.A ses yeux, tirer un trait sur la dette grecque serait non seulement injuste mais inutile. Ce qu’il faut, c’est qu’Athènes « trouve sa place sur les marchés mondiaux » et que le pays se réforme en profondeur, notamment en taxant les plus riches.Là non plus, M. Piketty n’est pas d’accord : « C’est de l’hypocrisie. On dit à Athènes de taxer les riches mais ceux-ci mettent leur argent dans des banques françaises ou allemandes qui refusent de fournir des informations aux autorités grecques sur leurs clients ».M. Piketty avait déjà tenté d’évoquer la dette publique lors d’un débat organisé le 7 novembre 2014 avec Sigmar Gabriel, ministre de l’économie et président du parti social-démocrate. Mais celui-ci avait esquivé la question et le cadre, trop solennel, avait empêché l’économiste de développer ses arguments.Mercredi, l’économiste entendait donc manifestement mettre « les pieds dans le plat ». A-t-il été entendu ? Ce n’est pas sûr. Mais ce prix, tout comme la discussion organisée par Sigmar Gabriel montrent qu’au moins le SPD n’esquive pas le débat.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) Longtemps enfoui dans la mémoire des victimes, voire couvert par les autorités, le phénomène des abus sexuels contre les mineurs prend au Royaume-Uni une ampleur exceptionnelle. Les révélations publiques encouragent en effet des dizaines, voire des centaines de milliers de victimes à porter plainte pour des faits aussi bien anciens que récents. Simon Bailey, le policier qui dirige l’opération « Hydrant » spécialisée dans les enquêtes sur les réseaux pédophiles a fait sensation, mercredi 20 mai en révélant que 1 400 hommes faisaient en ce moment l’objet d’enquêtes sur des abus sexuels remontant parfois à quelques décennies.Lire : La révélation de plusieurs scandales de pédophilie bouleverse le Royaume-UniSur ces 1 400 suspects, 216 sont décédés et 261 sont ou étaient des personnalités du monde de la politique, de l’industrie musicale, des médias et du sport, a précisé le directeur de l’unité qui supervise les multiples enquêtes ouvertes dans le pays. Des centaines de lieux, dont 154 écoles, 75 foyers de l’enfance et 40 institutions religieuses sont concernés, y compris des prisons, des centres sportifs et des casernes. Tout se passe comme si l’accumulation de scandales révélés par la presse, dont l’affaire Jimmy Savile, animateur de la BBC et prédateur sexuel pendant des décennies, et le réseau pédophile lié au Parlement de Westminster depuis les années 1980, avaient fait sortir de l’anonymat de nouvelles cohortes impressionnantes de plaignants.Lire aussi :Un rapport révèle les soixante abus sexuels de Jimmy Savile dans un hôpitalAu rythme actuel, le chef policier s’attend à ce qu’un total de 116 000 plaintes soient déposées en 2015, soit une augmentation de 71 % par rapport à 2012. Sur ces 116 000 victimes alléguées, 52 446 rapportent des faits remontant à des années, voire des décennies, soit une augmentation de 166 % sur la même période. Le nombre de victimes pourrait se chiffrer par centaines de milliers, a prévenu le commissaire Bailey qui a réclamé des moyens financiers supplémentaires. Ces chiffres ne sont qu’« un instantané de la situation, a-t-il prévenu. Ils augmentent quotidiennement ». Aux scandales de pédophilie du passé s’ajoute une recrudescence récente de ce type d’agissements lié à l’internet.Nouvelles méthodesLa diffusion en streaming sur les smartphones d’abus sexuels visant des enfants est le nouveau défi auquel doivent faire face les policiers, a précisé Simon Bailey. La nouvelle échelle du phénomène révélée mercredi suppose des méthodes et une organisation renouvelées. Le commissaire a annoncé la création d’une banque de données nationale pour éviter les ratages constatés dans le dossier Jimmy Saville. Certains rapports avaient été effacés du système, dans certains cas pour éviter les fuites, empêchant des recoupements. Le responsable policier a enjoint les professeurs, les médecins, les parents et l’ensemble de la société de se mobiliser pour repérer et signaler les cas d’abus sexuels.De fait, l’ampleur phénoménale prise par ces affaires crée un véritable problème de santé publique, ajoute l’association nationale de prévention des mauvais traitements aux enfants (NSPCC). Notre pays « n’aide pas suffisamment les enfants et les adultes victimes à se reconstruire. Tout cela a un coût économique, notamment en termes de soins psychiatriques », ajoute Jon Brown, chargé du dossier pour cette association. Quant à Tom Watson, le député travailliste qui a dénoncé en 2012 « un puissant réseau pédophile lié au Parlement et au n°10 [Downing Street] », obligeant Scotland Yard à ouvrir une enquête, il estime que l’ampleur des faits exige désormais rien moins que la création d’un service de police national dédié à leur élucidation.Lire aussi :Scotland Yard soupçonné d’avoir couvert un scandale pédophilePhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.05.2015 à 06h59 • Mis à jour le20.05.2015 à 17h34 Des centaines de migrants abandonnés par leurs passeurs en mer d’Andaman ont été secourus, mercredi 20 mai, par des pêcheurs indonésiens au moment où, soumise à de fortes pressions internationales, la diplomatie régionale s’active pour tenter de résoudre la crise.Lire aussi :Des centaines de migrants à la dérive dans la nouvelle « Méditerranée d’Asie »Les ministres des affaires étrangères d’Indonésie, Malaisie et Thaïlande devaient s’entretenir dans la matinée près de Kuala Lumpur d’un afflux récent de migrants et de réfugiés fuyant les persécutions et la misère au Bangladesh et en Birmanie.426 personnes secourues par des pêcheursCes migrants tentaient traditionnellement de passer en Thaïlande pour ensuite rejoindre clandestinement par la route la Malaisie, pays à majorité musulmane parmi les plus prospères d’Asie du Sud-Est. Mais la Thaïlande a décidé de sévir contre les filières de la traite après la découverte de charniers dans des camps de transit de migrants, contraignant les passeurs à chercher de nouveaux itinéraires.Les bateaux chargés de migrants arrivent désormais le long des côtes malaisiennes et indonésiennes, après des semaines de navigation dans des conditions effroyables. Ils sont la plupart du temps abandonnés par les passeurs et les migrants à court d’eau et de nourriture n’ont d’autre choix que de sauter à l’eau pour gagner les rives à la nage, ou d’attendre d’improbables secours.L’Indonésie a annoncé que des pêcheurs avaient encore secouru 426 personnes au large de ses côtes dans la nuit de mardi à mercredi. Au total, environ 1 800 migrants se trouvent désormais dans le pays.Cent deux personnes ont d’abord été récupérées sur une première embarcation tandis que les autres se trouvaient à bord d’un bateau « à la dérive dont le moteur était mort », a indiqué un responsable local des services de secours. « Certains avaient l’air très malade et faible, certains étaient déshydratés, apparemment ils n’avaient pas beaucoup d’eau et de nourriture », a-t-il ajouté, précisant que se trouvaient à bord de nombreux enfants et nourrissons.La Birmanie offre « une assistance humanitaire »La Thaïlande, l’Indonésie et la Malaisie ont accueilli plus de 3 000 naufragés en quelques jours mais elles ont aussi refoulé plusieurs bateaux, s’attirant les critiques des Nations unies et d’organisations non gouvernementales. Des centaines seraient toujours à l’abandon dans le golfe du Bengale ou en mer d’Adaman. L’ONU estime qu’ils sont 2 000 pris au piège des passeurs depuis des semaines sur des embarcations au large de la Birmanie.Selon Vivian Tan, porte-parole à Bangkok du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies, les trafiquants exigent entre 180 et 270 dollars pour permettre aux migrants de débarquer et de retourner dans l’Etat Rakhine en Birmanie où vivent les Rohingyas. Les persécutions subies en Birmanie par les Rohingyas, communauté musulmane pauvre et marginalisée dans un pays largement bouddhiste, sont considérées comme l’une des causes profondes de l’augmentation du nombre de migrants qui risquent leur vie sur les mers en Asie du Sud-Est.La Birmanie, qui s’est peu exprimée depuis le début de la crise et avait fait savoir qu’elle ne participerait pas au sommet régional sur le sujet prévu le 29 mai à Bangkok, se montre nettement mieux disposée depuis le début de la semaine. Assurant « comprendre l’inquiétude internationale » concernant le sort des Rohingyas, Rangoun a finalement offert mercredi « une assistance humanitaire à tous ceux qui ont souffert dans la mer ».lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2qkhg0"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2qkhg0", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Ian Traynor (The Guardian) Le Monde et cinq quotidiens européens, El Pais, The Gardian, La Stampa, Gazeta Wyborcza et Süddeutsche Zeitung, réunis dans le réseau Europa, analysent les repercussions du « Brexit » sur l’Union.  Le mot le plus galvaudé à Bruxelles est « réforme ». Le problème, c’est qu’aucun dirigeant européen n’entend la même chose par « réforme ». Pour un dirigeant allemand, réformer signifie procéder à des changements structurels et équilibrer les budgets pour être plus compétitifs. Pour un Français ou un Italien, cela veut dire plus de dépenses publiques, des politiques orientées vers la création d’emplois. Et pour David Cameron, évidemment, réformer l’Union européenne (UE) passe par un nouveau contrat pour la Grande-Bretagne. La réforme, pour lui, cela veut dire la reconnaissance de l’exception britannique en Europe.Lire aussi :David Cameron contre le reste de l’EuropeDans la discussion sur la renégociation à venir, l’accent a été mis jusqu’ici sur l’éventualité de la modification des traités, les termes de l’adhésion de la Grande-Bretagne à l’UE et les conséquences juridiques d’un changement. Mais M. Cameron est resté volontairement vague, essayant plutôt de savoir ce que les autres – par les autres, il entend essentiellement Angela Merkel – sont prêts à céder. Il n’y aura pas de modification importante des traités. Cela prendra trop de temps. Et les dirigeants de la zone euro sont profondément irrités par le côté donneurs de leçons de David Cameron et George Osborne, son ministre des finances.Dans l’idéal, le premier ministre britannique voudrait obtenir un droit de veto pour la Chambre des communes sur la législation européenne. Il n’a aucune chance de l’obtenir : 27 autres parlements demanderaient la même chose et l’Union risquerait la paralysie. Il voudrait retirer du traité, ou tout au moins en exempter la Grande-Bretagne, la clause prônant « une union toujours plus étroite » – un manifeste fédéraliste, aux yeux des eurosceptiques.Liberté de circulationL’immigration et la liberté de circulation sont des revendications cruciales pour M. Cameron ; son gouvernement cherche un moyen légal de limiter les prestations sociales dont peuvent bénéficier les ressortissants de l’UE en Grande-Bretagne. Sur ce sujet-là, une évolution importante s’est produite. Jusqu’à novembre dernier, l’ancien président de la Commission José Manuel Barroso rejetait les arguments sur le « tourisme social ». Mais la petite musique qui émane ces temps-ci de Donald Tusk, le président du Conseil européen, et de Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission est que, certes, la liberté de circulation est sacro-sainte, mais qu’elle ne doit pas pour autant servir de prétexte à l’abus de services sociaux. Ce ne sont pas les faits qui ont changé. C’est la politique. Cameron peut donc arracher quelque chose ici, qui l’autorise à refuser les allocations-chômage aux migrants de l’UE ou les compensations pour les bas salaires. Ceci pour une période limitée : le premier ministre parle de quatre ans.Mais il va rencontrer de la résistance. Les ressortissants de l’UE sont censés être égaux : une telle mesure serait discriminatoire et créerait deux catégories de citoyens européens. En outre, il y aura un certain degré de réciprocité. Or quelque deux millions de Britanniques vivent ailleurs dans l’UE ; des dizaines de milliers d’entre eux bénéficient de prestations sociales dans leur pays d’accueil. L’objectif de M. Tusk dans cette négociation sera d’obtenir un accord d’ensemble qui, oui, « réforme » l’Union, en accordant à Londres quelques concessions que tout le monde considérera bénignes.Il y a actuellement une négociation en Europe de 18 contre 1, celle de la zone euro avec la Grèce. Elle se passe mal, avec une perspective de moins en moins irréaliste de sortie de l’euro pour la Grèce. Si M. Cameron finit par se retrouver seul face à 27, ce sera une mauvaise stratégie, préfigurant sans doute un mauvais dénouement. Et personne en Europe n’en a envie, car tout le monde sait que le « Brexit » sera bien pire que le « Grexit ».Lire aussi :« Brexit » : les arrière-pensées de la FranceIan Traynor (The Guardian) Philippe Bernard (Londres, correspondant) Le Monde et cinq quotidiens européens, El Pais, The Gardian, La Stampa, Gazeta Wyborcza et Süddeutsche Zeitung, réunis dans le réseau Europa, analysent les repercussions du « Brexit » sur l’Union.  Le sort en est jeté. Vingt-huit mois après avoir promis d’organiser un référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l’Union européenne (UE), David Cameron part cette semaine à l’offensive pour vendre aux dirigeants européens ce qui n’est plus seulement une pièce de sa stratégie de politique intérieure, mais un vote bien réel en forme de pari insensé : à ce stade, le premier ministre britannique dit ignorer dans quel sens il appellera à voter puisqu’il se fait fort, avant d’en décider, d’obtenir des « réformes » d’envergure de l’Europe, notamment en matière d’immigration et de protection de la City contre les conséquences d’une intégration progressive de la zone euro, dont le Royaume-Uni entend plus que jamais se tenir à l’écart.Lire aussi :Bruxelles cherche à contrer la menace du « Brexit »A Riga, vendredi 22 mai, il a répété qu’il n’excluait pas de prôner le « non » s’il n’obtenait pas satisfaction, perspective d’autant plus vague que M. Cameron s’est bien gardé jusqu’à présent de formuler des exigences précises.Cette perspective de « Brexit » (pour « British exit »), qu’il brandit comme une menace, le premier ministre britannique a commencé à l’agiter dès lundi 25 mai au soir en recevant à dîner le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à Chequers, sa résidence de campagne, cadre supposé plus propice à une entrée en matière moins formelle avec un homme dont M. Cameron a combattu la nomination, voici à peine un an. Dès mercredi 27 mai au soir, sitôt prononcé le traditionnel « discours de la reine » qui présente le programme de la nouvelle législature, le premier ministre s’envolera pour une tournée qui le conduira jeudi au Danemark, aux Pays-Bas puis à l’Elysée, où il dînera avec le président Hollande à l’invitation de ce dernier. Vendredi, il se rendra à Varsovie, puis à Berlin, où il rencontrera la chancelière allemande, Angela Merkel. Il a décidé de s’entretenir avec chaque chef d’Etat ou de gouvernement de ses 27 partenaires européens avant le Conseil européen des 25 et 26 juin.Lire aussi :Pour Bruxelles, le « Brexit » serait encore pire que le « Grexit »« Mandat clair »Ce marathon lui donnera un avant-goût de ce qui l’attend puisque, quelle que soit la forme juridique – modification de traité ou non – que revêtiront les réformes qu’il réclame, il devra convaincre les 27 Etats de leur bien-fondé. M. Cameron mettra en avant « le mandat clair » que lui ont confié les électeurs britanniques en donnant une majorité absolue au parti conservateur, dont le programme, contrairement à celui du Labour, promettait le référendum sur le « Brexit ».Lire aussi :« Brexit » : les arrière-pensées de la FranceLe projet de loi organisant le référendum devrait être déposé dès jeudi au Parlement. Downing Street a révélé lundi un point crucial du texte : les ressortissants des pays du Commonwealth résidant au Royaume-Uni pourront participer au référendum, mais pas les 1,5 million de ressortissants des pays de l’Union européenne. Ainsi, un Indien établi à Londres votera, tout comme un Maltais ou un Chypriote, mais pas un Allemand ou un Français. Avec cette mesure discriminatoire, M. Cameron adresse un signal de défiance aux Européens en même temps qu’un clin d’œil aux tories europhobes et aux xénophobes du parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP), qui craignaient que le vote des Européens ne soit trop favorable à un maintien dans l’UE. En parallèle, le premier ministre a enregistré avec satisfaction la volte-face du Labour, qui s’est rallié à son référendum.Vents contradictoiresPour avoir une chance de réussir, David Cameron devrait garder secrètes le plus longtemps possible ses deux principales armes : la date du référendum et la nature précise des réformes qu’il réclame. Tout en maintenant l’échéance officielle de 2017, il a laissé plusieurs de ses proches envisager un vote dès 2016. Il devra arbitrer entre des vents contradictoires : les milieux d’affaires britanniques font pression pour une date rapprochée car ils craignent une longue incertitude ; l’année 2017 coïnciderait avec les élections générales en France et en Allemagne, avec un risque que la présidente du Front national, Marine Le Pen, tire parti des négociations sur le « Brexit ».Lire aussi :En route pour le référendum sur la sortie de l’UE au Royaume-UniDavid Cameron pourrait donc choisir 2016, d’autant que les élections aux assemblées écossaise et galloise auront lieu en mai de cette année. Leur couplage avec le référendum pourrait favoriser la mobilisation des électeurs dans ces régions favorables au maintien dans l’UE.Mais à l’inverse, les europhobes de son parti craignent qu’une Blitzkrieg n’apporte que des changements cosmétiques alors qu’ils rêvent de ramener l’Union à l’ancienne communauté économique. Le premier ministre, qui ne dispose que d’une majorité de six sièges, peut difficilement se permettre de contrarier cette frange bruyante de ses amis politiques. Le souvenir de la guerre menée par les eurosceptiques à son prédécesseur, John Major, en 1992, devrait l’en dissuader.Soumise à tous ces aléas, y compris la popularité incertaine d’un gouvernement voué à l’austérité budgétaire, l’issue du référendum sur le « Brexit » apparaît hautement imprévisible. David Cameron a pris le risque d’une glissade inopinée hors de l’UE. Au moment où il lance les dés, seule la tirade de Macbeth rappelée par Andrew Rawnsley dans The Observer peut lui servir de viatique : « Si une fois fait c’était fini, il serait bon que ce fût vite fait. »Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.05.2015 à 15h55 • Mis à jour le25.05.2015 à 18h34 | service international Qui est Andrzej Duda, le futur président ultraconservateur de la Pologne, vainqueur surprise de l’élection de dimanche 24 mai avec 51,55 % des voix. L’homme, âgé de 43 ans, est un ancien professeur de droit, entré en politique en 2005 dans le parti Droit et justice (PiS), fondé par les frères jumeaux Kaczynski en 2001. M. Duda a été secrétaire d’Etat à la justice en 2005, dans le premier gouvernement dominé par le PiS. En 2008, il devient l’un des proches collaborateurs du président Lech Kaczynski, mort dans un accident d’avion en 2010. Il sera ensuite député, avant de devenir eurodéputé en mai 2014.Lire aussi :La revanche des conservateurs polonaisUne carrière jusqu’ici très discrète, qui explique pourquoi il n’était clairement pas favori dans cette élection face au président sortant, le libéral Bronislaw Komorowski, 62 ans. Mais M. Duda a réussi à s’imposer pendant la campagne, apportant un nouveau visage au parti alors que l’image de M. Kaczynski sert encore de repoussoir à une partie des Polonais. Il a fait campagne à l’américaine, sillonnant le pays à bord d’un bus à la rencontre des gens, pendant que le président restait dans son palais. Son côté « gendre idéal » a rassuré la Pologne profonde, fidèle aux préceptes de l’Eglise catholique.« Marionnette »Ayant commencé ses études en 1991, Andrzej Duda est le premier chef d’Etat du pays à ne pas être directement lié aux événements des années 1980 et à la lutte contre la mainmise soviétique. Les Polonais ont été également fatigués par le sempiternel duel entre Jaroslaw Kaczynski et l’ancien premier ministre de Plate-forme civique (PO, droite libérale, au pouvoir), Donald Tusk, aujourd’hui président du Conseil européen, à Bruxelles. M. Kaczynski est resté dans l’ombre pendant toute la campagne. « Duda est la marionnette de Kaczynski », assure cependant Radoslaw Markowski, professeur de sciences politiques à Varsovie.L’un des principaux thèmes de la campagne de M. Duda; qui prendra ses fonctions le 6 août, a été la lutte contre les entreprises étrangères qui ne paient pas d’impôts. Les enseignes de grande distribution – notamment françaises – sont dans le collimateur. Elles sont, de plus, accusées de faire de la concurrence aux petits commerçants. M. Duda a aussi promis de s’attaquer aux banques étrangères en Pologne. Autant d’annonces qui rappellent le programme appliqué par l’ultraconservateur Viktor Orban en Hongrie.Pendant sa campagne, Andrzej Duda a régulièrement attaqué le récent contrat passé avec Airbus pour l’achat de 50 hélicoptères par l’armée polonaise. Le PiS estime que cela se fait au détriment d’entreprises basées en Pologne. Il a également pu compter sur les voix des laissés-pour-compte de l’impressionnante croissance économique qu’a connue la Pologne ces dernières années. « Les dernières années ont peut-être été bonnes, mais seulement pour un groupe limité », a-t-il expliqué devant ses militants, vendredi, à Cracovie.Lire aussi :Andrzej Duda « l’inconnu », nouveau président polonaisservice internationalJournaliste au Monde Sandrine Morel (Madrid, correspondance) « Oui, c’est possible ! Oui, c’est possible ! » Sur les places publiques de Madrid et de Barcelone, des centaines de personnes dansaient de joie, dimanche 24 mai au soir. Les élections locales et dans treize régions d’Espagne font figure de véritable séisme politique dans les deux plus grandes villes du pays, où des candidats d’« unité populaire » pourraient prendre le contrôle de la mairie. Ces élections représentent un sérieux revers pour le bipartisme qui articule les institutions espagnoles depuis la transition démocratique (1975-1982) et annoncent la victoire d’une gauche fragmentée dans des fiefs conservateurs.Après quatre ans au pouvoir en Espagne, le Parti populaire (PP, droite, au pouvoir), affaibli par la politique d’austérité menée durant la crise et une succession de scandales de corruption, s’effondre. Avec 27 % des voix aux municipales, il perd 10 points par rapport aux élections de 2011. Cette chute permet au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, centre gauche) de remporter la victoire dans plusieurs régions et de nombreuses municipalités, malgré une nouvelle baisse de près de 3 points et à peine 25 % des voix. Le PSOE, également touché par plusieurs affaires, ne se remet pas des premières mesures de rigueur appliquée en 2010 par l’ancien chef du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero.L’entrée en force du parti de la gauche radicale Podemos, qui ne se présentait sous sa propre bannière que pour les élections régionales, ainsi que du parti de centre droit Ciudadanos (« citoyens »), qui remporte 6,5 % des voix aux municipales,... Marie Charrel Un matin ensoleillé de mai sur le Pirée, le port d’Athènes. Des flots de touristes se pressent vers la jetée. Certains font une pause-café frappé, d’autres dégainent leur appareil photo. A quelques centaines de mètres de là, loin de l’animation du front de mer, la rue d’Andreas Lymperopoulos est désespérément vide. Tout comme sa boutique, spécialisée en robinetterie. Il n’y a « plus de clients, plus d’argent, plus d’espoir », soupire ce quinquagénaire aux cheveux blancs. Traits tirés, le regard las, il préfère s’éloigner de ses employés – six en tout – avant de poursuivre. « Il y a quatre mois, je pensais que le gros de la crise était derrière nous, j’avais tort, confie-t-il. Quand notre économie cessera-t-elle de sombrer ? »Lire aussi :Grèce : « Notre économie présente un fort potentiel de croissance »Comme Andreas, les chefs d’entreprise grecs, quel que soit leur secteur d’activité, n’en peuvent plus et sont aujourd’hui minés par l’angoisse. « Depuis l’annonce des élections, fin 2014, tout est de nouveau gelé », résume Constantine Michalos, président de la chambre de commerce d’Athènes. « Les incertitudes autour des négociations entre le gouvernement Tsipras et les créanciers du pays, tout comme les nouvelles rumeurs de Grexit [sortie de la zone euro], ont des effets ravageurs sur les entreprises », confirme Georges Pagoulatos, économiste à l’université d’Athènes. Selon la Confédération nationale du commerce grec (ESEE), 5 340 commerces ont déjà mis la clé sous la porte depuis janvier. Et le secteur détruit plus de six cents emplois par jour.SacrificesLe désarroi des entreprises progresse chaque fois que le gouvernement souffle le chaud ou le froid sur les discussions. Dimanche 24 mai, le ministre de l’intérieur, Nikos Voutsis, a ainsi déclaré que le pays ne disposait pas des 1,6 milliard d’euros qu’il doit rembourser au cours du mois de juin au Fonds monétaire international (FMI). Sans nouvelle tranche d’aide d’ici là, le pays risque le défaut.Ce nouveau coup dur est d’autant plus désastreux que les entreprises helléniques, dont la grande majorité compte moins de dix salariés, se relèvent à peine de six ans d’une douloureuse récession. En moyenne, leur chiffre d’affaires a reculé de 25 %. Les plus fragiles ont mis la clé sous la porte. « Celles qui ont survécu ont entrepris des efforts considérables pour redresser leur compétitivité », commente Ana Boata, économiste chez Euler Hermes.Lire aussi :Grèce : M. Tsipras pris en tenaille entre ses créanciers et sa majoritéQuelques-unes se sont tournées vers l’export afin de compenser l’effondrement du marché intérieur. Et les salaires ont baissé de 25 %. « J’ai également réduit mes prix de 30 % et vendu mes biens personnels pour maintenir ma boutique de vêtements à flot », témoigne Pavlos Politakis, commerçant dans le sud de la ville.Ces sacrifices ont porté leurs fruits. Au printemps 2014, les indicateurs de confiance et l’activité ont commencé à se redresser. « Les banques se montraient plus conciliantes, les clients revenaient : l’optimisme était enfin permis », se rappelle Tasos Pantelakis, patron d’une TPE qui importe du matériel de packaging alimentaire.« Des situations ubuesques »Mais la dynamique s’est brisée dès octobre, à l’approche des élections législatives. Le PIB du pays a replongé de 0,4 % au dernier trimestre 2014, puis de 0,2 % début 2015. Le retour des incertitudes a, en grande partie, jeté à bas les efforts des patrons grecs. Y compris de ceux soutenant la gauche radicale de Syriza.Aucun n’imaginait que la situation se dégraderait de nouveau à ce point. A commencer sur le front des liquidités. Privées de l’un de leurs canaux de financement par la Banque centrale européenne (BCE) en février, les banques grecques ont fermé le robinet du crédit, déjà peu généreux. Désormais, elles rejettent 95 % des demandes de prêt des entreprises.« Cela aboutit à des situations ubuesques », témoigne Gregory Farmakis, créateur d’Agilis, une compagnie concevant des logiciels statistiques pour des organisations internationales comme Eurostat. Florissante, elle réalise 90 % de son chiffre d’affaires à l’étranger et emploie trente ingénieurs. Malgré la signature ferme de contrats, sa banque lui a refusé plusieurs avances de trésorerie. « J’ai été contraint de retarder le versement des salaires pour tenir », se désole M. Farmakis.Pour compliquer encore les choses, nombre de fournisseurs étrangers exigent désormais des paiements en avance aux PME grecques. Souvent à la demande de leur propre banque ou compagnie d’assurances, redoutant un défaut du pays. « Les plus durs sont nos fournisseurs espagnols et italiens, qui réclament 80 % à 100 % du paiement à l’avance, malgré des relations de confiance établies depuis des années », témoigne Vassilis Korkidis, président de l’ESEE. Son entreprise de douze salariés, qui fournit du matériel électrique à l’industrie maritime, est établie sur le Pirée depuis 1961.Extrême lassitudeCertaines PME peinent même à se faire livrer. En particulier dans le commerce. Dans le centre d’Athènes, plusieurs marques de cigarettes se font rares. « Les grossistes refusent de nous livrer si l’on ne paie pas cash à la commande », témoigne un kiosquier près de la place Syntagma, où se dresse le Parlement grec.Ce n’est pas mieux côté clients. Là encore, les entreprises tournées vers l’export – peu nombreuses – souffrent des rumeurs de « Grexit ». Dès décembre, explique M. Korkidis, certains acheteurs ont repoussé leurs commandes en attendant d’y voir plus clair. « Un client balte m’a demandé d’inclure une clause dans le contrat précisant qu’en cas retour à la drachme, la transaction se ferait bien en euros ! », témoigne de son côté M. Farmakis.Découragé, cet entrepreneur envisage de plier bagage pour installer son entreprise à Bruxelles. Il ne se sent pas l’énergie d’affronter une nouvelle récession. Nombreux sont ceux qui confient, comme lui, leur extrême lassitude. Tous ne souhaitent qu’une chose : un accord rapide entre le gouvernement Tsipras et ses créanciers, afin de retrouver des conditions de travail « normales ».« Dès qu’il sera signé, les problèmes de liquidités s’estomperont », promet le ministre de l’économie Georges Stathakis. Il en faudra probablement plus pour redonner le sourire aux patrons grecs, conscients que les séquelles de la crise ne s’effaceront pas avant des années.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.05.2015 à 08h05 • Mis à jour le25.05.2015 à 09h42 | Marie Charrel Le temps presse. Samedi 23 mai, le premier ministre Alexis Tsipras a martelé que son pays n’accepterait plus de « demandes irrationnelles » de ses créanciers. La Grèce sera d’ici peu à court des liquidités indispensables au remboursement de sa dette et au paiement des fonctionnaires. Dimanche, le ministre de l’intérieur, Nikos Voutsis, a déclaré que le pays ne disposait pas des 1,6 milliard d’euros qu’il doit rembourser au cours du mois de juin au Fonds monétaire international (FMI). Sans accord avec ses partenaires européens d’ici au 5 juin, et le versement de la tranche d’aide qui doit l’accompagner, le pays risque le défaut. Georges Stathakis, le ministre grec de l’économie, juge néanmoins que les discussions sont en bonne voie.Votre gouvernement trouvera-t-il à temps un accord avec ses créanciers ?Très probablement. Il existe encore des divergences de vue sur le montant de l’excédent budgétaire que notre pays doit cibler, la politique fiscale, la réforme des retraites et la question du marché du travail. Mais les négociations sont sur le point d’aboutir sur ces quatre dossiers. C’est une question de semaines.Les mesures d’austérité – douloureuses – mises en place depuis 2010 ont-elles permis de restaurer la compétitivité de l’économie ?Lorsque nous sommes entrés sous le programme d’assistance, la troïka a voulu résoudre notre problème de compétitivité en exigeant la dévaluation interne. De fait, les salaires ont baissé de plus de 25 % depuis 2009. Malgré cela, nos performances à l’export ne se sont pas améliorées. Cela prouve que les faiblesses de l’économie grecque ne provenaient pas du niveau trop élevé des salaires, mais de problèmes structurels que la troïka n’a ni identifié, ni traité. Comme par exemple, les relations entre l’Etat et certains intérêts privés.Quelles erreurs a, selon vous, commis la troïka ?Elle a exigé de la Grèce un ajustement budgétaire trop rapide et trop grand. Aucun pays occidental n’a jamais concédé autant d’efforts que le nôtre en la matière. Pour aggraver les choses, la troïka a sous-estimé l’ampleur de la récession que ces mesures ont engendrée. Rien n’a été fait pour atténuer leurs effets destructeurs sur la croissance. Il aurait fallu procéder à des coupes budgétaires plus ciblées, mieux pensées, et compensées par des soutiens à l’activité.La possibilité d’une sortie de la Grèce de la zone euro est à nouveau évoquée. Le pays s’en sortirait-il mieux ?Absolument pas. Notre pays a besoin de rester au sein de l’union monétaire, mais avec un programme d’aide mieux pensé. Il doit nous permettre d’atteindre un taux de croissance assurant la soutenabilité de nos finances publiques tout en étant socialement juste. Et la dette publique doit être restructurée via des remboursements indexés sur le taux de croissance.Les entreprises hellènes souffrent beaucoup des rumeurs de « Grexit ». Comment les aiderez-vous à compenser les pertes enregistrées depuis janvier ?La pénurie de liquidités bancaires se résorbera dès que nous aurons convenu d’un accord avec nos partenaires européens. La récession du premier trimestre, limitée, sera rapidement effacée car notre économie présente un fort potentiel de croissance. La saison touristique s’annonce très bonne, l’industrie du transport maritime est un moteur puissant, les hausses à venir de salaires soutiendront à la consommation.La corruption, toujours endémique, risque de limiter ce potentiel de croissance.C’est bien pour cela que la lutte contre ce fléau est l’une des priorités de Syriza. Nous sommes néanmoins conscients que changer la culture et les habitudes en la matière prendra du temps.Votre parti, Syriza, apparaît très divisé. N’est-ce pas un obstacle à la sérénité des négociations avec vos partenaires européens ?Notre mouvement est riche d’une grande diversité. Cela ne nous a pas empêchés d’accéder au pouvoir. C’est la démocratie et il n’y a pas de raison que cela change. D’autant que nous sommes tous d’accord sur l’essentiel : la nécessité de rester dans l’euro mais de changer l’orientation des politiques économiques européennes.Que faudrait-il revoir ?D’abord le rôle de la Banque centrale européenne (BCE) qui, contrairement à toutes les autres grandes banques centrales, ne remplit pas la mission de « prêteur en dernier ressort » : c’est un problème en temps de crise. Ensuite, le cadre de la politique budgétaire, qui n’est pas assez flexible. Enfin, la zone euro doit adopter des politiques bien plus favorables à la croissance.La crise a révélé les grandes différences de cultures, de conceptions des politiques économiques mais aussi de rythmes de croissance entre le nord et le sud de la zone euro. Dans ces conditions, l’union monétaire est-elle viable ?Bien sûr : les pays membres ont toujours été capables de se mettre autour de la table pour trouver un compromis. Mais il est important que malgré la crise et la hausse des inégalités observée pendant la récession, les peuples européens soient convaincus qu’il est possible de bâtir ensemble l’Europe de la croissance et de la cohésion sociale. À tout problème politique il y a une solution politique.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Ricard L’agenda d’Angela Merkel et de François Hollande pour la zone euro, résumé dans un document obtenu par Le Monde, risque de faire au moins un mécontent : David Cameron, attendu jeudi 28 mai à Paris, et vendredi 29 à Berlin. Après sa réélection, le premier ministre britannique espère cette semaine pousser son avantage afin d’obtenir des concessions de la part du président français et de la chancelière allemande et préparer au mieux le référendum qu’il promet d’ici à la fin 2017 sur le maintien ou non de son pays dans l’Union européenne. Il aura fort à faire dans la mesure où la France, mais aussi l’Allemagne, rejettent par avance, dans ce texte commun, l’une des revendications du chef de gouvernement de sa Majesté – la modification des traités européens – et suggèrent au contraire de renforcer, par petites touches, l’intégration du continent.Dans une contribution envoyée samedi 23 mai à Jean-Claude Juncker, le président de la commission – qui pilote d’ici à la fin juin la préparation d’un rapport sur l’approfondissement de l’Union monétaire –, la France et l’Allemagne proposent que la zone euro se dote d’un programme dans « quatre domaines d’action, qui devraient être développés dans le cadre des traités actuels dans les prochaines années » : la politique économique, la convergence économique, fiscale et sociale, la stabilité financière et les investissements, et la gouvernance de l’Union monétaire. Rien de moins.Refonte en profondeurAprès l’urgence du sauvetage de l’euro, ces dernières années, Mme Merkel et M. Hollande conviennent que des « étapes supplémentaires sont nécessaires », alors que M. Cameron appelle au contraire à rapatrier certaines compétences vers les capitales, afin que l’Union « toujours plus étroite » promise par ses fondateurs ne soit plus inscrite dans le marbre. Tandis que M. Cameron entend limiter la liberté de circulation, protéger la City des efforts de régulation continentaux, et faire cavalier seul, Paris et Berlin privilégient ce qu’ils considèrent désormais comme le noyau dur de la construction européenne, l’Union monétaire, dont l’existence a été ébranlée par l’interminable naufrage de la Grèce.Préparé dans la plus grande discrétion par leurs sherpas respectifs, le document a été finalisé par François Hollande et Angela Merkel, en marge du sommet du « partenariat oriental », avec six pays de l’ex-URSS, dont l’Ukraine, vendredi 22 mai, à Riga. Ce jour-là, David Cameron n’a pas exclu d’appeler à voter « non », s’il ne devait rien obtenir de ses partenaires européens avant de consulter les Britanniques.Leur « contribution sur l’Union monétaire » démontre que les dirigeants français et allemands ne partagent pas grand-chose en commun avec David Cameron. Dans leur document, le chef de l’Etat et la chancelière annoncent même vouloir proposer d’ici à la fin 2016, des « étapes supplémentaires (…) qui pourraient cette fois examiner le cadre politique et institutionnel, les instruments communs et les bases juridiques (…) pertinents à long terme ». Rien ne dit que cela ne débouchera pas alors sur une refonte en profondeur des traités. Mais ni dans le sens, ni selon le calendrier esquissé par David Cameron.Philippe RicardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 25.05.2015 à 05h46 • Mis à jour le26.05.2015 à 00h35 « Je ne te comprends pas, Esperanza… Qu’après nous avoir fait tant de mal, tu veuilles encore gouverner. » C’est ainsi que Manuela Carmena, une femme blonde de 71 ans au sourire en apparence doux, s’est adressée à l’une des plus redoutables femmes politiques espagnoles, la conservatrice Esperanza Aguirre, 63 ans, lors de la campagne pour les élections municipales à Madrid.Dimanche 24 mai, les Madrilènes ont donné vingt sièges à la liste de Manuela Carmena, candidate d’une plate-forme comprenant des « indignés » et le parti antilibéral Podemos, soit seulement un de moins qu’à celle d’Esperanza Aguirre. Si le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), qui a obtenu neuf sièges, la soutient, elle deviendra maire de la capitale de l’Espagne, gouvernée par la droite conservatrice depuis 1991.« Il est clair que c’est la force qui souhaite le changement qui l’a emporté. Et cette force n’est pas un parti politique, c’est vous », s’est-elle félicitée.«Es claro que ha ganado la fuerza que quiere cambio. Y no ha sido ningún partido político, habéis sido vosotros y vosotras». #Manuela24M— ManuelaCarmena (@Manuela Carmena)require(["twitter/widgets"]);FerveurEncore récemment, Manuela Carmena était inconnue du grand public et des médias, qui n’ont pas encore pu décortiquer son passé. Elle fait maintenant l’objet d’une véritable ferveur au sein de la gauche madrilène, y compris des sympathisants du PSOE. Issue d’une famille de commerçants madrilènes, elle est entrée en campagne en organisant des petites réunions de quartier au succès si fulgurant que les autres candidats de gauche ont rapidement disparu des radars des médias. Elle propose de lutter contre la corruption, de renforcer les transports en commun, d’aider les plus pauvres, d’ouvrir la gestion de la mairie aux citoyens et de diviser par deux son salaire, de 100 000 à 45 000 euros par an.Ex-militante communiste, membre d’un groupe de travail sur la détention arbitraire aux Nations unies, elle a été nommée magistrate en 1981 dans une Espagne encore très machiste et a gravi les échelons, jusqu’au Tribunal suprême.« Elle expliquait tellement bien les sentences aux délinquants que ceux-ci finissaient par demander pardon, a raconté au quotidien espagnol El Pais son ami de jeunesse Juan Puig de la Bellacasa. Son énergie produit de l’empathie. »Lire aussi :L’« indignée » Ada Colau, future maire de Barcelone ?Victoire quasi assuréeAprès avoir travaillé comme avocate et juge pendant quarante-cinq ans, Manuela Carmena n’avait pas l’intention de se présenter aux municipales. Mais alors qu’elle faisait la promotion de son livre Pourquoi les choses peuvent être différentes, l’idée a fait son chemin. « Des amis m’ont dit : “Allez, file un coup de main, il faut quelqu’un avec de l’expérience, qui amène beaucoup de propositions” », a-t-elle raconté.« Espe », sa rivale du Parti populaire (PP) – ex-ministre, ex-présidente du Sénat, présidente de la région de Madrid entre 2003 et 2012 et comtesse par mariage, entrée en politique il y a trente-deux ans – a une réputation d’indestructible en raison des nombreuses épreuves qu’elle a surmontées. Comme le cancer du sein qu’elle a vaincu, ou lorsqu’elle a échappé en chemise de nuit et pieds nus aux attentats de Bombay qui ont frappé son hôtel en 2008.Pablo Iglesias, le leader de Podemos, l’a par contre surnommée la « comtesse de la corruption », l’accusant, comme le fait Manuela Carmena, d’avoir protégé des responsables de son parti impliqués dans des affaires.Selon Sandrine Morel, correspondante du Monde à Madrid, il ne fait pas de doute que Manuela Carmena sera la prochaine maire de la capitale, grâce au soutien attendu du PSOE, qui a besoin de Podemos pour prendre le pouvoir dans de nombreuses régions.Lire son analyse :Séisme politique en Espagne Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Sur les places publiques de Madrid et de Barcelone, des centaines de personnes dansaient de joie dimanche 24 mai. Les élections municipales et régionales en Espagne font figure de véritable séisme politique. Elles marquent la fin du bipartisme qui articule les institutions espagnoles depuis la transition démocratique (1975-1982).Après quatre ans au pouvoir, le Parti populaire (PP, droite), marqué par la politique d’austérité menée durant la crise et par une succession de scandales de corruption, s’effondre. Il perd 40 % des voix par rapport à 2011, permettant au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de remporter la victoire dans de nombreuses régions et mairies, malgré une nouvelle chute de 12,5 % des voix. L’entrée en force du parti de la gauche radicale Podemos, qui ne se présentait sous ce nom que pour les élections régionales, et du parti de centre droit Ciudadanos, va obliger les deux grands partis à sceller des accords avec ces nouvelles formations s’ils veulent gouverner.Les clefs de Barcelone aux IndignésA Barcelone, la liste citoyenne emmenée par Ada Colau, figure de la plate-forme de lutte contre les expulsions immobilières (PAH) et du mouvement des Indignés, qui regroupe Podemos, les écologistes catalans et des activistes de gauche, a remporté la mairie avec une courte majorité de vingt et un conseillers municipaux, devant les nationalistes de droite de Convergence et Union (CIU, vingt conseillers). Les Indignés devraient obtenir, grâce à l’abstention probable des autres forces politiques, les clefs de la capitale catalane, avec un programme centré sur la lutte contre les inégalités sociales et la corruption. « Sans pouvoir médiatique, économique, judiciaire, nous avons démontré que l’on peut faire les choses autrement et (…) que le rêve et l’espoir peuvent l’emporter, » a déclaré, émue, Ada Colau, en séchant des larmes de joie devant une foule de sympathisants. La mobilisation des abstentionnistes à Barcelone, où la participation a augmenté de huit points par rapport aux dernières élections, a été la clef du scrutin.Très forte hausse de la participation dans les quartiers populaires de Madrid et Barcelone... Tremblement de terre politique en vue en Esp.— sandrinemorel (@Sandrine Morel)require(["twitter/widgets"]);Avec des moyens réduits, mais beaucoup d’enthousiasme et une imagination débordante, la plate-forme Ahora Madrid, emmenée par l’ancienne juge de 71 ans Manuela Carmena, soutenue par Podemos, par les écologistes d’Equo et par des membres critiques du parti des écolo-communistes de la Gauche unie, est parvenue à se hisser à la seconde position dans la capitale, à un siège du Parti populaire, qui gouvernait Madrid avec une majorité absolue depuis 1991. Il ne fait pas de doute qu’elle sera la prochaine maire de la capitale, grâce au soutien attendu du PSOE, qui a besoin de Podemos pour prendre le pouvoir dans de nombreuses régions. C’est donc en vainqueur que Manuela Carmena s’est présentée devant une foule déchaînée qui scandait son nom.« Le plus singulier, spécial et extraordinaire de cette campagne est que notre unique monnaie pour la faire a été l’imagination, la joie et la créativité, » a-t-elle déclaré, en référence aux multiples initiatives nées en dehors de la plate-forme autour de sa candidature. Des graphistes ont créé bénévolement des centaines de logos à partir de son image et les ont diffusés sur les réseaux sociaux ; des artistes ont composé des chansons, écrit des poèmes, créé des tee-shirts et des autocollants, que des chauffeurs de taxi de la capitale arboraient sur leurs véhicules. « Cette victoire est la vôtre, » a-t-elle conclu, la voix couverte par les cris de joie de ses sympathisants, réunis devant le musée Reina Sofia.Changement « irréversible »La mine déconfite, Esperanza Aguirre, la candidate du Parti populaire, n’a pas vraiment cherché à démentir la victoire que s’est attribuée Manuela Carmena, se contentant de rappeler sans conviction qu’« en tant que parti qui a reçu le plus de voix, nous devrions avoir la mairie si les autres partis ne scellaient pas d’accord ».Aguirre (PP) fait une tête d'enterrement, c'est bon pour Manuela Carmena, ancienne juge de 71 ans indépendante qui va avec Podemos, verts...— sandrinemorel (@Sandrine Morel)require(["twitter/widgets"]);L’ampleur de la débâcle du PP se mesurera plus clairement durant les prochains jours ou semaines. Bien qu’il soit le parti qui a recueilli le plus de suffrages en Espagne, avec 27 % des voix, il perd les majorités absolues qu’il avait arrachées en 2011, et ses principaux barons devraient se retrouver dans l’opposition. C’est d’autant plus dramatique pour le PP que les régions espagnoles disposent d’un fort degré d’autonomie et contrôlent par exemple les dépenses en matière d’éducation et de santé.En tête dans la région de Valence, en Aragon ou en Castille-La Manche, le PP ne devrait pas pouvoir gouverner si Podemos soutient l’investiture des socialistes, comme tout porte à le croire. Dans la région de Madrid, où il gouverne depuis 1995, c’est Ciudadanos qui jouera les arbitres, comme en Murcie, dans La Rioja ou en Castille-Léon.Pour Pablo Iglesias, le chef de file de Podemos, il ne fait guère de doute que la victoire de la gauche dans les grandes villes augure une défaite du PP lors des élections générales de cet automne. « Nous aurions aimé que l’usure des vieux partis soit plus rapide, » a déclaré Pablo Iglesias, tout en soulignant que « les grandes villes sont le moteur du changement politique » et que ce changement est « irréversible ».Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alain Salles (Varsovie, envoyé spécial) Andrzej Duda, le candidat du parti conservateur Droit et justice (PiS), a remporté l’élection présidentielle polonaise, dimanche 24 mai, avec 52 % des voix. Le président sortant, Bronislaw Komorowski, a aussitôt félicité son concurrent.#Duda nouveau président #Pologne. Sondage sorties des urnes 53% http://t.co/e3pwyuWmA4— sallesleMonde (@AlainSalles)require(["twitter/widgets"]);Entre la sécurité représentée par le président Komorowski, homme politique expérimenté, ancien de la génération Solidarité, et la jeunesse et le changement incarnés par le candidat de la droite conservatrice, les Polonais ont finalement penché vers la seconde option. Pour Komorowski, crédité de plus de 60 % des intentions de vote il y a encore quelques semaines, le scénario est totalement inattendu. Le résultat est inquiétant pour le parti au pouvoir, Plateforme civique (PO, droite libérale), à quelques mois d’élections législatives durant lesquelles le PiS va partir à la conquête du gouvernement, les pouvoirs du président étant limités.Ceci n'est pas une affiche mais un gâteau QG #Komorowski. "Merci pour vos voix". Y'en aura-t-il assez pr le déguster? http://t.co/UM3z2f4FDg— sallesleMonde (@AlainSalles)require(["twitter/widgets"]);Campagne à l’américaineLors du premier tour de l’élection présidentielle, M. Komorowski était déjà arrivé deuxième derrière M. Duda, qui était un complet inconnu pour la majorité des Polonais. La plupart des partis, sûrs de la réélection annoncée de M. Komorowski, ont d’ailleurs présenté des seconds couteaux comme candidats. C’est le choix qu’a fait Jaroslaw Kaczynski, l’ancien premier ministre et maître tout puissant de PiS.Mais M. Duda a réussi à s’imposer pendant la campagne, apportant un nouveau visage au parti alors que l’image de M. Kaczynski sert encore de repoussoir à une partie des Polonais. Il a fait campagne à l’américaine, sillonnant le pays à bord d’un bus, à la rencontre des Polonais, pendant que le président restait dans son palais. Son côté « gendre idéal » a rassuré la Pologne profonde, fidèle aux leçons de l’Eglise catholique.Agé de 43 ans, professeur de droit, il a été vice-ministre de la justice, en 2005, dans le premier gouvernement dominé par le PiS. En 2008, il devient l’un des proches collaborateurs du président Lech Kaczynski, tué lors d’un accident d’avion survenu à Smolensk en 2010. Il est ensuite un député sans éclat avant de devenir eurodéputé en mai 2014.RevancheLe fait qu’il soit peu connu l’a finalement favorisé auprès de Polonais fatigués par le sempiternel duel entre Jaroslaw Kaczynski et l’ancien premier ministre de PO Donald Tusk, aujourd’hui président du Conseil européen.L’ambiance était survoltée parmi les partisans de PiS venus acclamer dimanche leur candidat après l’annonce de sa victoire, qui constitue une revanche après la défaite présidentielle de 2010. M. Duda semble avoir séduit les électeurs du troisième homme du premier tour, le chanteur Pawel Kukiz. « J’ai voté Duda parce que c’est le temps du changement. J’ai l’impression qu’il va se battre pour ne pas vendre ce qui reste dans le pays », explique Anna Lenk, qui travaille dans une entreprise de télécommunications.Alain Salles (Varsovie, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 02.05.2015 à 12h39 • Mis à jour le02.05.2015 à 13h34 « C'est une fille ! » Le feuilleton qui animait les conversations de comptoir et les bookmakers outre-Manche a pris fin samedi 2 mai, avec l'annonce par le palais de Kensington de la naissance du deuxième enfant du prince William et de son épouse Kate en fin de matinée. L'enfant, une fille née à 8 h 34, sera en quatrième position dans l'ordre de succession au trône.Her Royal Highness The Duchess of Cambridge was safely delivered of a daughter at 8.34am.— Kensington Palace (@KensingtonRoyal)require(["twitter/widgets"]);La duchesse de Cambridge avait été admise dans la matinée dans l'aile privée du St Mary's Hospital, dans l'ouest de Londres. C'est dans le même établissement qu'elle avait donné naissance, en juillet 2013, à son premier enfant, George, et qu'est né son père en 1982.Lire : Un deuxième bébé royal… capable de retenir l’Ecosse ?On ignore pour l'instant le prénom de la « royal princess », fille de Kate et William, mais les bookmakers britanniques estiment que les plus probables sont, dans l'ordre, Alice, Elizabeth, Charlotte et Victoria.Lire : Les Windsor, ou l'art de se réinventer 02.05.2015 à 11h15 • Mis à jour le02.05.2015 à 12h05 | Benoît Vitkine (Odessa, envoyé spécial) On n’avait pas vu depuis longtemps dans la paisible Odessa tel déploiement de force. Vendredi 1er mai, des dizaines de camions, véhicules blindés et hommes en armes ukrainiens paradaient sur la place Koulikovo, dans le centre de la cité portuaire, où se tient le bâtiment calciné de la Maison des syndicats.Il y a un an, le 2 mai 2014, 42 militants prorusses sont morts ici, en majorité brûlés dans l’incendie du bâtiment. Six autres avaient trouvé la mort un peu plus tôt ce jour-là dans des affrontements entre prorusses et pro-ukrainiens. Un an a passé, mais l'anniversaire du drame a réveillé les angoisses. Trois mille cinq cents hommes ont été mobilisés pour encadrer familles et soutiens que le dispositif n’aura pas effrayés, venus commémorer leurs morts.« Les prorusses n’ont pas les forces pour organiser un rassemblement massif. Mais beaucoup de gens en ville ont peur que le scénario de l’année dernière se répète, explique Alexeï Gontcharenko, jeune député de la ville. Il faut rassurer. »Odessa et son million d’habitants vivent encore dans le traumatisme du 2 mai 2014. En réalité, l’onde de choc de la tragédie a dépassé les limites de la ville, contribuant largement à tendre la situation dans l’est de l’Ukraine, où débutait le conflit armé. Les images des corps carbonisés diffusées à la télévision ont poussé des centaines de jeunes Russes à venir combattre dans le Donbass, dans l’est du pays.Lire aussi : Dans Odessa en deuil, le gouvernement ukrainien tente une reprise en mainEnquête judiciaire opaqueCe 2 mai, Elena Radzikovskaïa a perdu son fils Andreï, 26 ans. « Tombé par la fenêtre, ou peut-être poussé », selon l’avis officiel reçu par Mme Radzikovskaïa, 60 ans, professeure d’histoire à l’université. Mère et fils partageaient les mêmes idées : « Pas des idées séparatistes », dit-elle, mais une même méfiance vis-à-vis de la révolution de Maïdan et de ses promesses d’ouverture vers l’Europe. « Pour des idées comme celles-là, aujourd’hui, on peut aller en prison, assure Mme Radzikovskaïa, alors que ceux qui ont commencé ce génocide se promènent en toute liberté. » L’enquête judiciaire est opaque, la police ne communique pas. Un « groupe du 2-Mai » s’est formé pour mener ses propres investigations, composé principalement de journalistes, mais aussi d’experts en chimie ou en balistique, de toutes les opinions politiques. Leurs conclusions écartent l’hypothèse avancée par les médias russes du massacre délibéré. Elles dévoilent un tragique enchaînement, dans lequel la violence des uns a répondu à la violence des autres jusqu’à l’échange de cocktails Molotov qui a provoqué l’incendie. Les travaux du groupe sont aussi sévères pour la police, qui n’a pas su ou pas voulu empêcher les affrontements. Comme ailleurs dans le pays, les forces de sécurité, démoralisées, désorganisées ou attendant simplement de voir vers où soufflerait le vent, sont restées en retrait.« Le 2 mai, c’est notre victoire, clame Mark Gordienko, le chef de l’un des groupes “patriotiques” qui ont pris part aux affrontements. Une victoire sanglante, mais vitale. Sans elle, nous serions en guerre ici aussi, avec des milliers de morts, et pas seulement cinquante. » « Ces groupes ont joué un rôle essentiel, reconnaît Zoïa Kazandji, conseillère du gouverneur de la région. Mais aujourd’hui, alors que nous sommes encore une société post-traumatique, le niveau de haine continue à monter des deux côtés, et ils agissent en dehors de tout cadre. »« La justice contre la loi »L’« Assemblée de sécurité citoyenne » de M. Gordienko et les autres groupes d’autodéfense nés pendant Maïdan n’ont pas déposé les armes. Ils forment à Odessa comme un pouvoir parallèle, se méfiant presque autant des nouvelles autorités que des anciennes. A la légitimité des institutions, leurs membres opposent la légitimité populaire et celle acquise au combat. « La justice contre la loi », résume M. Gordienko, 46 ans, sorte de biker érudit qui dégaine aussi facilement son pistolet que le livre qu’il a écrit sur l’histoire d’Odessa.Les voies de la justice sont parfois impénétrables. Pour consolider la « victoire » du 2 mai, M. Gordienko a été jusqu’à réunir les chefs des huit groupes criminels les plus influents de la ville. « Ils m’ont dit qu’ils ne voulaient pas du “monde russe” ici, et nous avons réfléchi à comment nous pouvions travailler ensemble pour la ville. » Les chefs d’entreprise ont suivi le même chemin, assure-t-il, et décidé de financer les groupes patriotiques. Leurs actions sont multiples, du soutien à l’armée jusqu’à l’organisation de sessions d’entraînement militaire à destination des lycéens. Leurs 4 × 4 patrouillent aussi incessamment en ville, à la recherche de séparatistes ou de simples délinquants. Ce soir du 1er mai, aucun ennemi de ce calibre en vue. La patrouille se contentera de quelques bagarres, et seuls quatre organisateurs d’un bonneteau improvisé seront appréhendés, avant d’être menottés en pleine rue et amenés à des policiers perplexes.Une « cocotte-minute en ébullition »Les prorusses semblent bel et bien avoir déserté la rue, mais la situation est loin d’être apaisée. Depuis un an, un vingtaine d’explosions ont eu lieu dans la ville. Le plus souvent des bombes artisanales de faible puissance, déposées devant les locaux de groupes ou personnalités pro-ukrainiens. Le 28 avril, 18 personnes étaient arrêtées dans le cadre de l'enquête sur cette campagne terroriste. Certaines seraient liées à des organisations russes.« Odessa est comme une cocotte-minute en ébullition, assure Iouri Tkatchev, un journaliste considéré comme prorusse, lui aussi membre du “groupe du 2-Mai”. Les gens qui soutenaient les séparatistes étaient peut-être une minorité, mais ils ne se sont pas évaporés, même si beaucoup ont changé d'opinion après le déclenchement de la guerre dans l'Est. Et le pouvoir ne fait rien pour laisser s'échapper la pression. » Dans les rues de la ville, des affiches appellent à dénoncer les « séparatistes ordinaires ». Toute contestation est vue à travers le prisme du conflit, comme la manifestation organisée le 17 mars contre l'augmentation des prix des transports, bloquée par la police et les groupes nationalistes.Aux élections d'octobre, la participation en ville a été la plus basse du pays. Odessa la cosmopolite s'est toujours vue comme une ville à part en Ukraine. Si le climat se dégrade dans le pays, elle sera, à nouveau, l'une des premières à s'embraser.Que s’est-il passé le 2 mai 2014 ?L'enquête judiciaire sur le drame du 2 mai 2014, dans laquelle sont poursuivis un activiste pro-ukrainien, 20 prorusses et quatre policiers, n'est pas terminée. Le travail du « groupe du 2-Mai », largement considéré comme objectif et sérieux, permet d'éclaircir les faits survenus ce jour-là. Les heurts ont débuté avec l'attaque par les prorusses d'une manifestation pro-ukrainienne. Les deux premiers morts de la journée sont des activistes pro-ukrainiens tués par balle.Lorsque le rapport de force s'est inversé, les prorusses se sont réfugiés dans la Maison des syndicats. Là, les deux camps ont échangé des cocktails Molotov, provoquant l'incendie, ravageur du fait de la quantité de combustible stockée par les prorusses dans le bâtiment. Dans de très rares cas, des prorusses qui tentaient d'échapper aux flammes ont été battus. Les actvistes proukrainiens ont dans leur grande majorité essayé de sauver les personnes prises au piège.  Benoît Vitkine (Odessa, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) Lire aussi :Réparations de guerre : Athènes réclame 279 milliards d’euros à BerlinEst-ce un tournant dans le différend germano-grec sur la question très sensible des réparations liées aux crimes nazis pendant la seconde guerre mondiale ? Dans un entretien au quotidien Süddeutsche Zeitung du samedi 2 mai, le président de la République, Joachim Gauck, s’est pour la première fois prononcé en faveur d’une solution pour la résolution de ce litige qui empoisonne les relations entre les deux pays depuis plusieurs décennies et est revenu sur le devant de l’actualité avec l’arrivée au pouvoir d’Alexis Tsipras.« Nous sommes les descendants de ceux qui pendant la seconde guerre mondiale ont laissé un sillage de destruction derrière eux, entre autres en Grèce, ce que, à notre grande honte, nous n’avons pas su pendant longtemps », a déclaré le président Gauck. « Il est juste qu’un pays aussi conscient de son histoire que le nôtre évalue quelles possibilités de réparation il peut y avoir », a-t-il ajouté, sans s’avancer sur un montant.Ces déclarations marquent une rupture dans le débat sur les réparations vis-à-vis de la Grèce en Allemagne. Prononcées par le plus haut magistrat de la nation, dont les fonctions sont essentiellement honorifiques mais qui est très respecté en Allemagne notamment pour son travail sur le passé Est-allemand, elles donnent une légitimité forte aux revendications grecques jusqu’ici repoussées avec fermeté par Berlin. Athènes réclame la somme de 278,8 milliards d’euros de réparations, le sujet est devenu un point de discorde particulièrement brûlant entre les deux capitales.« C’est stupide »« La question des réparations est juridiquement et politiquement close », martèlent régulièrement les membres du gouvernement, dans un contexte de forte tension entre Athènes et Berlin sur la question de la dette grecque. « Une manœuvre de diversion bon marché », estime Gerda Hasselfeldt, de la CSU. « C’est stupide », a même lâché début avril le vice-chancelier, Sigmar Gabriel, pour qui on ne peut pas mêler la question des réparations et celle de la dette. Pour Berlin, la revendication des réparations a perdu sa légitimité au plus tard à la réunification, quand le traité de Moscou a réglé les affaires internationales de l’Allemagne unie.Lire aussi :Réparations de guerre : quand Athènes joue avec le feuMais plusieurs voix se sont élevées depuis mi-mars pour juger cette explication un peu courte. Des juristes du service scientifique du Bundestag interrogés par le Spiegel Online ont exprimé leurs doutes sur la solidité de l’argumentaire du gouvernement. Et plusieurs personnalités politiques ont appelé ouvertement à une réouverture du dossier. Annette Groth, députée du parti de gauche Die Linke qui soutient les revendications grecques depuis longtemps, défend ainsi le versement immédiat de 11 milliards d’euros à Athènes. « Je trouve juste la position du ministre des finances quand il propose que l’argent soit utilisé pour créer une banque d’investissement », a-t-elle déclaré.Surprise à AthènesAnton Hofreiter, chef du groupe parlementaire des Verts au Bundestag, juge pour sa part que « l’Allemagne ne peut pas se contenter de balayer d’un revers de main les revendications d’Athènes. Ce chapitre n’est conclu définitivement ni sur le plan moral ni sur le plan juridique ». Plusieurs membres du SPD estiment également nécessaire de faire un travail sur le passé. C’est l’opinion de Gesine Schwan, figure très respectée du parti et candidate deux fois à la présidence de la République, qui a déclaré mi-mars : « Psychologiquement, il est parfaitement compréhensible que la Grèce se demande aussi, dans la situation actuelle, si les Allemands se sont toujours comportés de façon loyale. »La question des réparations allemandes vis-à-vis de la Grèce comporte deux volets. Le premier porte sur un crédit forcé de 476 millions de reichsmarks que le régime d’Hitler a contracté auprès de la banque nationale grecque en 1942 et qui n’a jamais été remboursé. Selon les estimations, cette somme correspondrait aujourd’hui à 11 milliards d’euros. Le second volet concerne les réparations pour crimes de guerre. Le massacre de Distomo, équivalent d’Oradour-sur-Glane dans la mémoire grecque. Dans cette petite ville près de Delphes, 218 enfants, femmes et vieillards ont été tués en juin 1944.En Grèce, la déclaration du président allemand a fait la « une » de tous les sites d’information vendredi soir. La surprise est de taille. Personne ne s’attendait à un tel soutien à un tel niveau de l’Etat. Le parti au pouvoir Syriza y voit une nouvelle confirmation de la légitimité de la demande de réparations. Lors de sa visite du village grec martyr de Liguiades en mars 2014, Joachim Gauck avait très officiellement demandé « pardon » aux familles des victimes pour le massacre le 3 octobre 1943 par les nazis de 92 habitants du village dont 34 enfants. Mais il avait refusé d’aborder la question des réparations de guerre, affirmant à l’époque qu’il « ne pouvait pas prendre une autre position que la position légale de l’Allemagne sur la question ».Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au Monde 01.05.2015 à 18h34 • Mis à jour le01.05.2015 à 19h28 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Le premier ministre conservateur, David Cameron, a refusé tout face-à-face télévisé avec son adversaire travailliste Ed Miliband avant les élections législatives de jeudi 7 mai, mais la violence de sa confrontation avec un échantillon d’électeurs, jeudi 30 avril à la BBC, lui a peut-être fait regretter son choix. « Vous avez l’habitude de mentir : comment pourrais-je vous croire ? », lui a lancé une femme, furieuse du refus de M. Cameron d’indiquer où il trouverait les 12 milliards de livres (16,3 milliards d’euros) d’économies sur les dépenses sociales qu’il promet de réaliser pour réduire le déficit de l’Etat. Après une tirade du premier ministre vantant la reprise économique, la forte diminution du chômage et invitant les électeurs à lui laisser « terminer le travail », une autre électrice l’a interpellé : « Si votre bilan est si fantastique, pourquoi y a-t-il de plus en plus de banques alimentaires dans ce pays ? » Suant mais déployant une intense énergie, M. Cameron a répété que les élections de jeudi offraient un choix entre « remettre encore plus de gens au travail, construire une économie forte » et « revenir en arrière, au moment où les caisses étaient vides ». De sa poche, le premier ministre a alors brandi une note trouvée à son arrivée au pouvoir en 2010 et rédigée par un ministre travailliste indiquant : « Il ne reste plus d’argent. » Un sondage publié par The Guardian à la fin de l’émission donne M. Cameron vainqueur : 44 % des personnes interrogées estiment qu’il a été le meilleur, contre 38 % pour Ed Miliband.Défiance du publicLe « format » de l’émission alignait trois séances successives de « punching-ball » d’une demi-heure entre le public et les chefs des trois principaux partis politiques. L’ambiance n’était guère plus amène pour le vice-premier ministre, Nick Clegg (Libéral démocrate), à qui a été rappelée la « trahison » de sa promesse de défendre la gratuité des universités, comme prix de sa participation au gouvernement en 2010. Quand au travailliste Ed Miliband, il a été mitraillé sur le bilan du Labour entre 1997 et 2010 et accusé de vouloir tuer les entreprises en augmentant les impôts et en réglementant les contrats de travail à zéro heure. « Non, nous n’avons pas trop dépensé. Des écoles et des hôpitaux ont été reconstruits », a-t-il proclamé, s’attirant des réactions désapprobatrices. Alors que l’émission étalait au grand jour la défiance du public à l’égard des politiques, M. Miliband s’est présenté comme « le premier responsable politique qui promet moins et tient plus, au lieu de l’inverse ». M. Miliband s’est présenté comme « le premier responsable politique qui promet moins et tient plus, au lieu de l’inverse ». « Vous n’êtes pas honnête », a cependant estimé une dame dans l’assistance, reprochant à M. Miliband de refuser l’hypothèse, la plus probable, selon laquelle il aura besoin des députés nationalistes écossais du SNP (Scottish National Party) pour constituer une majorité. C’est pourtant sur ce point que l’émission de la BBC a été la plus éclairante. Le leader travailliste, qui avait déjà exclu tout accord formel avec le SNP (indépendantiste), a été plus loin : « Je ne ferai pas de gouvernement Labour si cela signifie un accord ou une coalition avec le SNP. Je ne sacrifierai pas l’avenir de notre pays, l’unité de notre pays. » Alors que tous les sondages indiquent que les voix du SNP lui seront nécessaires, M. Miliband cherche ainsi à rassurer les électeurs anglais et à ne pas désespérer les travaillistes écossais menacés par la vague nationaliste, à une semaine du vote. S’il arrive devant M. Cameron, M. Miliband s’abstiendra sans doute d’un accord formel avec le SNP, mais il demandera un vote de confiance destiné à obliger le SNP à le soutenir.Référendum sur l’EuropeLe débat a aussi abordé pour la première fois la question de l’Europe. M. Cameron, qui promet un référendum sur le « Brexit » (« British exit » ou sortie de l’UE) d’ici à 2017, a fait de ce référendum une « ligne rouge » pour toute coalition avec les Libdems (pro-européens). « Le peuple britannique, a-t-il dit, mérite vraiment un référendum sur la question de savoir si nous restons dans une UE réformée ou si nous la quittons. » Ed Miliband, qui exclut, lui, d’organiser un référendum, a affirmé qu’une telle consultation, qui agiterait le pays pendant des mois, serait « un désastre » pour l’emploi et l’économie.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.05.2015 à 11h20 • Mis à jour le01.05.2015 à 17h09 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ooyxp"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ooyxp", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Comme c'est le cas depuis les grandes manifestations de 2013, le gouvernement turc a interdit tout rassemblement sur la place Taksim, dans le centre d'Istanbul, pour le 1er Mai.Officiellement, elle n'est « pas adaptée aux célébrations du 1er mai », selon le gouverneur. Mais le gouvernement cherche surtout à empêcher tout regroupement dans ce lieu symbolique, où la contestation du régime du président, Recep Tayyip Erdogan, a pris de l'ampleur il y a deux ans.« C'est inacceptable ! »Plusieurs centaines de personnes, en présence des deux principaux syndicats du pays, ont tout de même manifesté, vendredi, pour dénoncer cette interdiction, avant d'être dispersées par les canons à eau et le gaz lacrymogène des forces de l'ordre.« Le président de la République, cet homme qui s'arroge tous les droits, ne peut pas nous dire où nous devons fêter le 1er Mai, c'est inacceptable ! », a lancé Umar Karatepe, un dirigeant de la Confédération des syndicats des travailleurs révolutionnaires (DISK).En 2014, des incidents avaient eu lieu lors des défilés de la Fête du travail, se soldant par 90 blessés et 142 interpellations, selon le bilan officiel. Depuis, le Parlement turc a voté une loi de « sécurité intérieure » qui a renforcé les pouvoirs de la police contre les manifestants. 30.04.2015 à 21h26 • Mis à jour le30.04.2015 à 21h30 Invoquant des « tensions » au sein du parti, Juan Carlos Monedero, l'un des fondateurs et numéro 3 de Podemos, a annoncé jeudi 30 avril sa démission de la direction de la formation antilibérale espagnole, alliée de la Syriza, au pouvoir en Grèce. « J'ai présenté à mon ami Pablo ma démission de la direction » écrit-il sur son compte Twitter, faisant référence au chef de file de Podemos, Pablo Iglesias. « Mon amitié pour quelqu'un de si grand et mon engagement pour Podemos restent fermes », ajoute-t-il, soulignant que Podemos « est le parti le plus honnête » en Espagne.Pablo Iglesias a confirmé des divergences :« Depuis quelques mois, nous évoquons ensemble le fait que notre organisation est d'une certaine manière peut-être trop étroite pour lui. »Une ascension fulguranteAvant d'annoncer sa démission, Juan Carlos Monedero, 52 ans, ancien conseiller politique du président vénézuélien Hugo Chavez de 2004 jusqu'à sa mort, en 2013, a évoqué sa déception et reconnu des tensions internes, « et pas seulement à la direction ».Podemos a connu une ascension fulgurante depuis son lancement, au début de 2014, et est parvenu a remporter cinq sièges au Parlement européen en mai de l'année dernière. En janvier 2015, la formation est même passée en tête des intentions de vote pour les législatives de la fin de l'année, devant le Parti populaire (droite), au pouvoir, et devant le Parti socialiste, selon un sondage de l'institut MyWord. Elle a depuis perdu du terrain, mais reste à la troisième place.Voir notre grand format : En Espagne, Podemos à la croisée des cheminsConcurrence du parti CiudadanosLe parti fondé par des professeurs de sciences politiques très à gauche a modéré depuis ses propositions économiques et tente de se rapprocher du centre. Podemos est désormais talonné, voire dépassé par le parti centriste Ciudadanos, l'autre nouvelle formation qui a le vent en poupe en Espagne.Lire notre analyse (édition abonnés) : Ciudadanos, le nouveau parti qui attire l’électorat conservateur espagnolPilier de l'aile gauche du parti et l'un des plus expérimentés, Juan Carlos Monedero estime que « Podemos doit cesser de se regarder dans des miroirs qui ne sont pas les siens » :« Depuis qu'est né Podemos, il a deux âmes : l'âme d'où il vient, celle du 15 M [le mouvement des indignés lancé le 15 mai 2011 contre l'austérité] et la propre conversion en parti politique qui se situe dans une orbite institutionnelle avec une série de règles [...] Il y a toujours des gens plus modérés et des personnes qui veulent s'en tenir aux origines [de la création d'un parti]. »En février, M. Monedero avait nié tout financement illégal de Podemos et s'était expliqué sur ses revenus et notamment sur des versements d'un montant de 425 000 euros par le Venezuela, l'Equateur, la Bolivie et le Nicaragua en 2013. Il a affirmé que ces sommes avaient été versées à sa propre société.Lire aussi (édition abonnés) : Un dirigeant de Podemos accusé d’évasion fiscale 30.04.2015 à 15h33 • Mis à jour le30.04.2015 à 16h01 L'enquête sur un vaste trafic de viande de cheval en Europe se poursuit : huit personnes ont été mises en examen jeudi 30 avril à Marseille, pour « faux et usage de faux, tromperie sur la marchandise, abus de confiance et escroquerie en bande organisée  », a annoncé une source judiciaire citée par l'Agence France-Presse.  Cinq ont été incarcérées et trois placées sous contrôle judiciaire, a précisé la source, sans révéler la nationalité des personnes. Trois autres personnes devaient encore être déférées jeudi devant la juge d'instruction Annaïck Le Goff chargée de l'enquête, ouverte en juillet 2013 au pôle santé du tribunal de grande instance de Marseille.« Réseau criminel organisé »En tout, vingt-six personnes ont été arrêtées en Europe vendredi, lors d'une opération d'envergure, à laquelle sept pays européens – parmi lesquels la Belgique, d'où est originaire le chef présumé du réseau ; l'Allemagne ; les Pays-Bas et la Grande-Bretagne – ont participé.Le réseau est accusé d'avoir falsifié les documents des chevaux et d'avoir ainsi fait « entrer, de manière frauduleuse, de la viande impropre à la consommation dans la chaîne alimentaire européenne », selon l'organe européen de coopération judiciaire Eurojust.Lire l'analyse complète : L’Europe de nouveau confrontée à une fraude sur la viande de chevalDeux Belges comme principaux suspectsSelon les estimations des autorités françaises, quelque 4 700 chevaux ne disposant pas des certificats nécessaires auraient été abattus puis commercialisés entre 2010 et 2013. Ils étaient acheminés depuis plusieurs pays européens vers des abattoirs du sud de la France. En France, « quatre cents passeports de chevaux présentant des anomalies ont été détectés », selon Eurojust.Deux Belges considérés comme les principaux suspects, notamment le dirigeant du réseau originaire des Ardennes belges, avaient été interpellés la semaine dernière, avec deux hommes de main, alors qu'ils étaient en route pour le sud de la France, selon une source judiciaire belge.Des suspects ont aussi été interpellés en Allemagne et aux Pays-Bas, où trois personnes ont été arrêtées lors d'une quinzaine de perquisitions. En France, dix interpellations ont eu lieu le 24 avril dans le département des Ardennes. 24.05.2015 à 13h52 • Mis à jour le24.05.2015 à 16h22 Nikos Voutsis, le ministre de l’intérieur de la Grèce, a déclaré à la chaîne de télévision Mega, dimanche 24 mai, que la Grèce n’avait pas d’argent pour payer le Fonds monétaire international (FMI) en juin.« Les remboursements au FMI en juin sont de 1,6 milliard d’euros. Ils ne seront pas faits, et d’ailleurs il n’y a pas d’argent pour le faire. »Aucun porte-parole d’Alexis Tsipras, le premier ministre, n’a commenté ces propos. Sur la BBC, Yanis Varoufakis, le ministre des finances, a uniquement souligné que la Grèce avait fait « un pas énorme » dans la négociation d’un accord avec ses créanciers internationaux pour éviter la faillite. Il a qualifié de « catastrophique » pour son pays l’idée de quitter la zone euro. « C’est maintenant aux institutions de faire leur part. Nous les avons rejointes aux trois quarts du chemin, elles doivent nous rejoindre sur un quart du chemin », a déclaré le ministre.M. Varoufakis a aussi dit au New York Times cette semaine :« Je ne vais pas payer le FMI et ne pas payer les retraites et salaires dans les semaines à venir. »Lire aussi :Qui sont les protagonistes de la crise de la dette grecque ?Le spectre de caisses entièrement videsLa posture officielle du gouvernement de gauche radicale est en effet d’annoncer qu’on servira d’abord les pensions et les retraites, puis les créanciers. Ce n’est pas la première fois que des personnalités très à gauche, comme M. Voutsis, mais pas en lien direct avec les décisions économiques, brandissent, peut-être à des fins stratégiques, le spectre de caisses entièrement vides. M. Voutsis lui-même a reconnu dimanche s’exprimer avec « l’optimisme prudent qu’il y aura un accord solide ».Vendredi, néanmoins, tout en soulignant l’énorme problème de liquidités que traverse le pays, Gabriel Sakellaridis, le principal porte-parole d’Alexis Tsipras, avait déclaré :« Le gouvernement grec a l’intention d’honorer toutes ses obligations, avec une priorité aux obligations domestiques avant celles envers les créanciers. Il a l’intention de satisfaire toutes les demandes, ce qu’il a démontré avec beaucoup d’efforts et dans des conditions extrêmement difficiles récemment. Et c’est ce que nous ferons en juin. »Lire le décryptage :Pourquoi les négociations avec la Grèce traînent en longueur 24.05.2015 à 04h42 • Mis à jour le24.05.2015 à 17h07 Le président russe Vladimir Poutine a promulgué samedi 23 mai une loi, dénoncée par les défenseurs des droits de l'Homme, qui permet aux autorités d'interdire les organisations étrangères installées en Russie considérées comme « indésirables » par l'État.L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) avait demandé au chef de l'Etat de mettre son veto à ce texte qui, pour plusieurs ONG, constitue une forme de répression contre les voix critiques du pouvoir, moins de trois ans après une autre loi controversée sur les « agents de l'étranger ».Interdiction de territoireVoté par les deux chambres du Parlement et promulgué en moins d'une semaine, le texte est présenté comme suit :« L'activité d'une organisation non gouvernementale étrangère ou internationale, représentant une menace aux fondements constitutionnels de la Fédération de Russie, la capacité de défense du pays ou la sécurité du gouvernement, p[eut] être reconnue indésirable. »Il donne aux autorités la possibilité d'interdire les ONG étrangères concernées et de poursuivre leurs employés, qui risqueront jusqu'à six ans de prison ou pourront se voir interdire d'entrée sur le territoire russe. Elle permet aussi de bloquer les comptes bancaires des structures visées ainsi que leur accès aux médias, tandis que les organisations russes recevant des fonds d'organisations jugées indésirables devront « rendre compte » de leurs actes.« Mesure préventive »La loi a été présentée par ses défenseurs par une « mesure préventive » nécessaire après la mise en place de sanctions sans précédent contre la Russie l'année dernière par les Occidentaux en raison de la crise ukrainienne.Lire (édition abonnés) : Moscou accuse l’Occident d’« hystérie antirusse »Les députés ont invoqué le besoin d'arrêter « les organisations destructrices » travaillant en Russie, où elles peuvent menacer « les valeurs de l'Etat russe » et fomenter des « révolutions de couleur », du nom donné aux mouvements pro-occidentaux ayant secoué plusieurs ex-républiques soviétiques au cours des dernières années.L'OSCE s'est inquiétée d'une « formulation vague et imprécise » qui « impose des restrictions sérieuses sur un large éventail de droits démocratiques importants, dont la liberté d'expression et la liberté de la presse ». Pour ses détracteurs, ce manque de précision permet en outre aux autorités d'également cibler les entreprises étrangères. Le Parquet pourra en outre imposer le qualificatif d'« indésirable » à une organisation sans avoir besoin d'une décision de justice.« Répression sans précédent »Les organisations de défense des droits de l'Homme ont largement condamné ce projet de loi, qualifié par Amnesty International de « dernier chapitre dans la répression sans précédent contre les organisations non-gouvernementales ». Le texte vient compléter une loi déjà votée en 2012 qui oblige les ONG qui reçoivent un financement étranger et ont une « activité politique » à s'enregistrer en tant qu'« agent de l'étranger ».Il entre « indéniablement dans la tendance du Kremlin à la répression contre les voix indépendantes en la portant à un nouveau niveau », a estimé Human Rights Watch dans un communiqué. « Les cibles de cette nouvelle loi (...) sont en réalité les militants et organisations russes » en les « coupant de leurs partenaires internationaux, les isolant », a ajouté l'ONG.L'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme avait également indiqué « s'opposer fermement » au texte et « appeler la communauté internationale à (le) condamner », y voyant « un outil de persécution des organisation sans but lucratif (...) isolant encore la Russie et encourageant la xénophobie et le nationalisme ».Une loi « préoccupante » pour l'UESamedi, les Etats-Unis se sont dits « profondément troublés » par la promulgation du texte. Dimanche, c'est l'Union européenne qui a exprimé son inquiétude : la loi est selon elle une nouvelle « étape préoccupante dans une série de restrictions sur la société civile, l'indépendance des médias et l'opposition politique ».« C'est une mesure préventive et personne n'a envie de devoir l'appliquer », s'est défendu cette semaine le député Alexandre Tarnavski, rapporteur de la loi, qui assure que son adoption était nécessaire. « Cette loi est une mesure de dissuasion pour que les entreprises qui sont là pour faire des affaires ne fassent que des affaires, et ne se mêlent pas de politique », a-t-il indiqué à l'AFP. 23.05.2015 à 11h47 • Mis à jour le23.05.2015 à 20h26 | Eric Albert (Londres, correspondance) Il y a vingt-deux ans seulement, en 1993, l'Irlande légalisait l'homosexualité. Vendredi 22 mai, le même pays a été le premier au monde à voter par référendum pour la légalisation du mariage homosexuel.Le « oui » au mariage homosexuel a été approuvé par 62,1 % des votants, selon les résultats définitifs révélés samedi en début de soirée. Les Irlandais ont voté en faveur de la phrase suivante : « Le mariage peut être contracté suivant la loi entre deux personnes sans distinction de sexe. » Pour Enda Kenny, le premier ministre irlandais, il s'agit d'un signal fort au reste du monde que les Irlandais peuvent être des pionniers, même en matière de mœurs.Forte participation Le sujet a passionné l'Irlande ces derniers mois. Des affiches étaient accrochées à tous les lampadaires, et le taux de participation a dépassé les 60 %, plus élevé que la moyenne habituelle des référendums. Le camp des opposants n'a cependant pas mobilisé comme les manifestations contre le « mariage pour tous » en France ont pu le faire. L'explication est, en partie, politique : tous les partis, au pouvoir comme dans l'opposition, ont fait campagne pour le mariage homosexuel.L'autre explication est le changement profond qu'a connu la société irlandaise en à peine deux décennies. Ce pays très catholique, où le clergé contrôle presque l'intégralité des écoles, a progressivement abandonné tous les tabous d'autrefois. En 1993, la contraception est libéralisée, la même année où les relations sexuelles entre personnes de même sexe sont légalisées. Le divorce est autorisé en 1995, et en 2010, le partenariat civil autorisé.Seul l'avortement demeure un sujet presque intouchable. La loi l'interdit encore, sauf en cas de « risque réel et substantiel » pour la vie de la femme. Un simple risque pour la santé n'est pas suffisant. Les cas de viol ou d'inceste sont également exclus.Lire sur Big Browser: Mariage homosexuel en Irlande : pourquoi un référendum ?Baisse d'influence de l'Eglise En 2012, un vaste débat avait agité le pays quand une jeune femme était morte pendant une fausse couche, parce que le médecin refusait l'avortement. Mais les vives discussions qui s'étaient ensuivies avaient finalement débouché sur un statu quo, avec une simple clarification de la loi.Plus de quatre mille Irlandaises par an continuent d'aller se faire avorter au Royaume-Uni. A l'époque, les partisans d'une libéralisation de l'avortement avaient accusé l'institution catholique de l'Opus Dei d'avoir eu une influence disproportionnée sur les députés.La victoire contre l'avortement ressemble cependant à un chant du cygne. Le vote en faveur du mariage homosexuel rappelle la très forte baisse d'influence de l'Eglise. Si 84 % des Irlandais se définissent encore comme catholiques, les paroisses se vident de plus en plus. Les récents scandales de pédophilie ont profondément changé la donne.En 2009, un rapport dévastateur concluait que la hiérarchie catholique avait systématiquement étouffé les abus physiques et sexuels commis dans plusieurs dizaines d'écoles et d'institutions. L'omerta avait duré pendant une trentaine d'années, et avait continué jusqu'en 2003, avant que le clergé ne se décide à aider les victimes et à reconnaître les sévices subis.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 22.05.2015 à 15h18 • Mis à jour le22.05.2015 à 15h28 | Jean-Pierre Stroobants (Riga, envoyé spécial) Une longue séance de photos, d’innombrables poignées de main, et trois grandes questions non inscrites à l’ordre du jour et qui ont focalisé l’attention : c’est décidément un étrange sommet dit « du Partenariat oriental » qu’ont tenu, à Riga, l’Union européenne et six pays de l’ex-URSS, jeudi 21 et vendredi 22 mai. Six pays (Géorgie, Moldavie, Ukraine, Azerbaïdjan, Arménie et Biélorussie) que Bruxelles a tenté dès 2009 d’arrimer à son projet et qui devaient se retrouver pour un point d’étape sans enjeu.Il faut dire que le succès du partenariat est jusqu’ici très relatif : la Géorgie et la Moldavie sont les seules à rester vraiment intéressées, mais formulent des demandes d’intégration qui sont sèchement rejetées. « Le partenariat n’est pas un instrument pour l’élargissement, mais pour un rapprochement avec l’UE. Il ne faut pas susciter de fausses attentes, auxquelles nous ne serions pas en mesure de répondre », a indiqué la chancelière Angela Merkel. « Il faut être francs avec eux, quitte peut-être à ce qu’une partie de leur population se détourne du projet européen. Mais une autre partie garde un engouement pour le projet européen », assure le premier ministre belge Charles Michel.Lire aussi :Face à la Russie, le Partenariat oriental avec les ex-pays du bloc de l’Est marque le pasL’Ukraine, elle, espérait – comme la Géorgie – une libéralisation des visas, réservée jusqu’ici à la Moldavie. Mais elle compte surtout sur un nouvel engagement financier massif. Le montant de 1,8 milliard d’euros que lui a octroyé vendredi l’UE (sur une somme globale promise de 11 milliards) ne suffira pas à la rassurer sur le long terme.Apaiser le KremlinLes trois autres partenaires pressentis en 2009 – et présents à Riga – étaient l’Azerbaïdjan, l’Arménie et la Biélorussie. Le premier, assis sur ses richesses énergétiques, est en équilibre entre Moscou et Bruxelles. Les deux autres ont cédé aux pressions de Vladimir Poutine et rejoint son projet d’Union eurasienne. Leurs dirigeants ont donc fait pression pour que la déclaration finale de Riga ménage Moscou, qui a annexé la Crimée en mars 2014… Les Vingt-Huit n’ont pas insisté : ce sommet devait surtout viser à apaiser le Kremlin, à lui assurer que le partenariat, désormais à géométrie très variable, ne vise nullement à tenter d’encercler son pays. Et à espérer que Moscou répondra en faisant pression sur Bachar Al-Assad pour résoudre la crise syrienne et, du même coup, endiguer la progression de l’Etat islamique. Résultat : les esprits étaient ailleurs lors de ce sommet qui a rassemblé 25 chefs d’Etat et de gouvernement sur 28. Et plusieurs autres thème d’actualité au sein de l’Union se sont invités. Le premier ministre britannique David Cameron, auréolé de sa récente victoire électorale, a claironné qu’il était là pour commencer à « améliorer l’Union européenne », en la réformant et en modifiant sa relation avec le Royaume Uni.Les propositions de David Cameron« C’est très simple, il n’y a eu aucune discussion sur ce sujet, même en aparté, a répliqué le président François Hollande. Ce n’était pas le lieu et pas le moment. » M. Cameron sera reçu à l’Elysée le 28, à Berlin le 29, et il discutera ensuite avec la Commission. Il a rejeté l’idée allemande d’une anticipation à 2016 du référendum sur l’appartenance à l’Union. « M. Cameron viendra avec un certain nombre de propositions, nous verrons ensuite », commente-t-on de source élyséenne.Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, comptait, lui, sur Paris et Berlin pour accélérer le déblocage de nouveaux fonds, indispensables à son pays. Il a eu, jeudi soir, un long entretien avec Angela Merkel et François Hollande. « Chacun connaît les échéances. Il faut préparer d’autres étapes et déterminer des réponses pour libérer des fonds, a indiqué le président français. Mieux vaudrait qu’elles soient le plus solides possibles pour faciliter les discussions. Le gouvernement doit donner le plus d’informations possible sur ses réformes ».Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, convenait, lui, que Riga n’était pas le lieu pour engager une discussion sur le problème migratoire, mais que son pays ne pouvait être « laissé seul » face aux drames en Méditerranée. « Nous avons discuté avec lui de l’accueil, pas de la répartition », a indiqué à ce propos le président.Jean-Pierre Stroobants (Riga, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Aymeric Janier Quoi qu’il advienne, c’est un changement majeur de paradigme. Longtemps considérée comme un bastion du conservatisme social et religieux en Europe, l’Irlande, dont 84 % des habitants se disent d’obédience catholique et près de 50 % vont à la messe tous les dimanches, pourrait devenir le premier pays de la planète à avaliser par référendum le mariage homosexuel. Après plusieurs semaines d’échanges passionnés, près de 3,2 millions d’électeurs se prononcent, vendredi 22 mai, sur cette question, vingt-deux ans après la dépénalisation de l’homosexualité.Lire le reportage :Le « rêve fou » des gays irlandais à l’heure du voteJusqu’ici, dix-huit pays dans le monde ont approuvé les unions entre personnes de même sexe, mais cela s’est toujours fait par la voie législative ou devant les tribunaux, rappelle USA Today. Le fait même qu’une consultation populaire se tienne dans la verte Erin reflète un changement de regard significatif vis-à-vis de l’Eglise. Qu’ils soient ou non croyants, les citoyens dans leur grande majorité reconnaissent que le pouvoir excessif accordé aux prêtres pendant des décennies a eu des effets dévastateurs sur certains « groupes vulnérables » – les mères célibataires ou les enfants placés en institution, par exemple, souligne The Economist.De surcroît, les efforts déployés par le clergé pour étouffer les scandales de pédophilie mis au jour dans les années 1980-1990, qui ont fait des centaines, voire des milliers de victimes, ont bousculé les certitudes d’une population qui avait foi en son magistère moral. Celle-ci a dès lors pu se dire que les hiérarques catholiques se fourvoyaient aussi ailleurs, analyse The Globe and Mail. Un contexte sensible, qui explique que l’Eglise ait mené une opposition plutôt discrète au référendum, aux côtés de mouvements tels que Mothers and Fathers Matter (« Les mères et les pères comptent »).« AU NOM DE L’ÉGALITÉ »Dans un rare élan d’unité transcendant les clivages politiques traditionnels, de nombreuses personnalités – dont le premier ministre de centre droit, Enda Kenny, et l’ancienne présidente Mary McAleese (1997-2011), elle-même fervente catholique – ont affiché leur soutien au « oui » (Politico). Sur les 226 députés du Parlement, l’Oireachtas, seuls six ont affirmé qu’ils voteraient contre la mesure. Des célébrités issues du monde du sport, de la musique et du cinéma se sont invitées dans le débat, affichant leur volonté de rompre avec le statu quo. Pour le Parti travailliste, ce qui se joue est crucial et comparable à la question des droits civiques aux Etats-Unis, dans les années 1960.L’issue du référendum, qui, en cas de victoire du « oui », entraînerait de facto un amendement de l’article 41 de la Constitution de 1937, n’en demeure pas moins incertaine. En effet, observe The New York Times, elle repose sur le vote catholique porté, pour l’essentiel, par des personnes âgées vivant en zone rurale et attachées aux canons de l’Eglise. A cela s’ajoute la possibilité qu’une frange d’indécis plus ou moins large fasse pencher la balance en faveur du « non ». « Au nom de l’égalité », The Irish Times défend le changement. Son argument ? L’Irlande n’est plus un pays confit dans le conservatisme, mais, au contraire, « ouvert, tolérant et qui se garde de tout jugement catégorique de valeur ». Plus mesuré, et soucieux de ne pas apparaître trop partisan, The Irish Independent appelle surtout chacun à être « absolument certain » des raisons qui motivent son choix avant de glisser son bulletin dans l’urne.Lire aussi :Dans la très catholique Irlande, le mariage pour tous fait (presque) l’unanimitéAymeric JanierJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Nicole Vulser L’appréciation du franc suisse, le 15 janvier, consécutive à la décision de la Banque nationale (BNS) de désarrimer la monnaie de l’euro, se traduit par des pertes de change extrêmement pénalisantes pour les groupes de luxe suisses. Richemont, le numéro deux mondial du secteur (qui détient Cartier, Jaeger-LeCoultre, Chloé, Lancel ou Vacheron Constantin), qui avait émis en avril un avertissement sur ses résultats, a ainsi confirmé, vendredi 22 mai, une chute de 35 % de son bénéfice net, à 1,33 milliard d’euros, pour l’exercice 2014-2015, clos le 31 mars 2015.Cette contre-performance s’explique, selon le président du conseil d’administration, Johann Rupert, par la forte réévaluation du franc suisse « qui s’est traduite par une perte de 686 millions d’euros enregistrée dans les frais financiers du compte de résultats ». Elle résulte essentiellement de « pertes comptables de change sur les dépôts et placements de trésorerie, principalement en euros », ajoute-t-il. Sans compter que les contrats de change à terme ont également perdu de leur valeur. Ces dépréciations n’ont toutefois quasiment aucun impact sur les liquidités nettes du groupe.L’horlogerie touchéeLes horlogers suisses sont particulièrement sensibles aux fluctuations de changes dans la mesure où les coûts de production sont assumés en franc suisse alors que le plus gros des ventes s’effectue à l’étranger.« Compte tenu de la taille de nos activités en Suisse [où Richemont emploie plus de 8 700 salariés], le renforcement du franc suisse va inévitablement se traduire par le renchérissement de nos coûts reportés en euros », affirme M. Rupert.Pour autant, il met les points sur les « i » : « Pour Richemont, quitter la Suisse n’est pas une option », affirme-t-il, en expliquant qu’en revanche, les prix au détail de produits fabriqués en Suisse (notamment les montres) seront à nouveau « ajustés » en fonction des taux de change.Après une hausse de 4 % des ventes, à 10,4 milliards d’euros, au cours de l’exercice 2014-2015, le chiffre d’affaires du groupe a progressé de 9 % à taux de changes réels en avril mais s’est inscrit en baisse de 8 % à taux constants. Pour autant, M. Rupert ne cache pas que l’Asie-Pacifique reste difficile, notamment Hong Kong et Macao.Burberry souffre aussiLe 5 février, le groupe Swatch avait lui aussi publié des résultats décevants, avec un bénéfice net en baisse de 26,6 % à 1,3 milliard d’euros, soit sa plus faible performance depuis 2009. Ce n’était pas tant l’effet des changes qui était en cause : la décision de la BNS avait été prise seulement quinze jours auparavant. Le groupe avait surtout été pénalisé par les investissements très conséquents consentis pour la marque Harry Winston (le diamantaire américain acquis en 2013), la mise au point d’un nouveau mouvement horloger pour Omega, l’ouverture de nouvelles boutiques ou encore les dépenses de marketing importantes pour les Jeux Olympiques de Sotchi.De nombreux analystes avaient alors revu à la baisse leurs prévisions sur Swatch Group, qui doit également traverser cette zone de turbulences monétaires.Si les gros acteurs du luxe en Suisse ont connu des jours meilleurs, leur confrère britannique Burberry souffre également de taux de changes moins favorables. Mercredi 20 mai, le groupe, connu pour ses imperméables chics et très chers, a abaissé de 40 millions de livres (55,9 millions d’euros) sa prévision de bénéfice 2015-2016.L’impact positif des variations de changes a en effet été ramené à 10 millions de livres contre 50 millions auparavant. Ce qui avait immédiatement fait chuter le titre en bourse de plus de 5 %.Nicole VulserJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Dublin, envoyé spécial) lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2r1shg"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2r1shg", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Etonnante Irlande. Ce pays où la radio publique diffuse deux fois par jour l’Angélus et où l’Eglise catholique gère la plupart des écoles débat sereinement du mariage homosexuel. Loin de l’hystérie qui avait saisi la France en 2013, les électeurs irlandais s’expriment, vendredi 22 mai, par référendum, sur une réforme de la Constitution qui élargit la définition du mariage et donne aux couples de même sexe la même protection juridique que celle des époux hétérosexuels.Si les sondages disent vrai, le mariage gay devrait s’imposer et les rues de Dublin sont couvertes d’affiches largement favorables au « yes », à l’égalité. De son côté, l’Eglise ne fait pas campagne, laissant s’exprimer des associations qui défendent le droit des enfants à avoir un père et une mère et qui s’insurgent contre la désacralisation du mariage, destiné à la procréation.Le résultat du vote, attendu samedi, dépendra du taux de participation des jeunes. Les moins de 35 ans sont très largement favorables au mariage pour tous, tandis que les plus de 65 ans, qui votent davantage, y sont très hostiles. Mais la tranquillité de la campagne en dit long sur le chemin parcouru par un pays où, jusqu’en 1993, l’homosexualité était un crime et où, jusqu’en 1973, la loi interdisait que des femmes mariées soient fonctionnaires. Une Eglise qui a perdu son autoritéL’Eglise, dont la toute-puissance était notamment liée à son rôle dans la conquête de l’indépendance du pays, a longtemps été redoutée. Ses enseignements étaient considérés comme des injonctions irréfragables dont dépendait le Salut.Mais la révélation sur les enfants cachés par des prêtres dans les années 1990 et, plus récemment, des abus sexuels commis à grande échelle sur des mineurs et couverts par la hiérarchie, lui a fait perdre son autorité. Aujourd’hui, 84 % des Irlandais se disent catholiques, mais la plupart ne fréquentent plus les églises que pour les baptêmes, les mariages et les enterrements.Fait exceptionnel, tous les partis politiques irlandais, de gauche comme de droite, font campagne en faveur du mariage gay. Les rues de Dublin ou de Galway n’ont connu aucune « Manif pour tous ». Les grandes entreprises du Web implantées sur l’île comme Google et Twitter font activement campagne pour le « yes » et certains expliquent l’unanimisme des politiques par ces pressions économiques.Mais l’Irlande profonde pourrait se révéler moins enthousiaste que le spectacle très gay friendly de la rue dublinoise ne le suggère. Si le résultat était plus serré que prévu, la partie de la population ayant voté « no » pourrait se sentir en manque de représentation. L’Irlande n’est plus le pays pauvre et isolé d’autrefois, mais il garde ses spécificités. Le droit à l’avortement n’y est pas reconnu. Depuis 2013, l’interruption volontaire de grossesse n’est autorisée qu’en cas de « risque réel et substantiel » pour la vie de la femme. Les lesbiennes et les gays vont sans doute pouvoir se marier, mais les Irlandaises seront toujours contraintes de se rendre en Angleterre pour avorter. bernard@lemonde.fr@canalbernardPhilippe Bernard (Dublin, envoyé spécial)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 21.05.2015 à 15h12 • Mis à jour le21.05.2015 à 15h33 | Pierre Breteau Viktor Orban se verrait bien rétablir la peine de mort en Hongrie. Le premier ministre hongrois l'annonçait mardi 19 mai devant le Parlement européen, avant de se rétracter puis d'annoncer une consultation publique. « Tout n'est pas inscrit dans le marbre, on peut en débattre », déclarait même le dirigeant hongrois, « les traités [européens] ne sont pas des commandements divins », ajoutait-il.Des « commandements divins », sans doute pas, mais la question de la peine de mort est centrale dans l'Union, et sa réintroduction serait « contraire aux valeurs fondamentales de l'UE », a indiqué le vice-président chargé des droits fondamentaux, Frans Timmermans. Selon l'article 2 du traité sur l'Union européenne, la « violation grave par un Etat membre des valeurs [défendues par l'Union] » pousserait le Conseil européen – qui décide des priorités poltiques générales de l'Union – à « suspendre certains des droits découlant de l'application des traités à l'Etat membre en question », et donc son droit de vote au Conseil.Le Conseil de l'Europe opposé à tout rétablissementOutre les principes fondamentaux de l'UE, la Hongrie a ratifié la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales du Conseil de l'Europe (signée le 6 novembre 1990, ratifiée le 5 novembre 1992). Le texte, amendé depuis sa rédaction en 1950, est très clair dans sa version de 1982 : « La peine de mort est abolie. Nul ne peut être condamné à une telle peine, ni exécuté. » Dans ce sens, le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjørn Jagland, a rappelé que « la réintroduction de la peine de mort serait contraire aux obligations de la Hongrie liées à la Convention ».Le Conseil de l'Europe, institution créée en 1949 pour défendre les droits de l'homme et qui n'est pas lié à l'Union européenne, dispose de peu de moyens coercitifs. Son Assemblée parlementaire, composée de députés des 47 Etats membres et qui siège à Strasbourg, pourrait suspendre leur droit de vote aux sept représentants hongrois. Elle l'a fait en avril 2014 avec les 18 députés russes après l'annexion de la Crimée, et l'a renouvelé en janvier 2015.Dans les cas « les plus extrêmes », l'Assemblée peut recommander qu'un Etat soit exclu du Conseil de l'Europe, ce qui n'est jamais arrivé, indique le secrétariat général.La constitution hongroise rendrait le rétablissement difficileL'effondrement des républiques socialistes d'Europe centrale et orientale et leur rapprochement avec l'Ouest au tout début des années 1990 avait favorisé, sous le patronage du Conseil de l'Europe, l'inscription de l'abolition de la peine de mort dans les nouvelles Constitutions. La Hongrie, elle, avait aboli la peine capitale par une résolution de la Cour constitutionnelle d'octobre 1990 sur « l’inconstitutionnalité de la peine de mort ». La résolution se basait sur l'article 54 de la Constitution qui établit que « toute personne a le droit inhérent à la vie et à la dignité ; personne ne peut en être privé arbitrairement ».Même remaniée par Viktor Orban et les conservateurs dans un sens très nationaliste en 2012, la Constitution hongroise affirme que « que la dignité de l’homme repose sur la vie humaine » dès sa profession de foi.Aujourd'hui, sur le continent européen, seule la Biélorussie (qui n'est pas membre de l'UE ni même du Conseil de l'Europe) n'a pas aboli la peine capitale, une exécution y a eu lieu l'an dernier. Son grand voisin russe non plus, mais il n'applique plus la peine capitale depuis l'introduction d'un moratoire entré en vigueur en août 1996, année de l'adhésion de la Russie au Conseil de l'Europe.Pierre BreteauJournaliste au Monde 21.05.2015 à 11h31 • Mis à jour le24.05.2015 à 18h53 | Sandrine Morel (Madrid, correspondance) « Des vampires. » « Des suceurs de sang », qui exigeaient des cadeaux sous peine de ne pas le payer. C’est ainsi qu’Alvaro Perez, dit « la moustache », numéro trois du réseau de corruption Gürtel, une vaste affaire de financement illégal du Parti populaire (PP, droite, au pouvoir) décrit les hommes politiques. Celui qui fut chargé de l’organisation des meetings du PP à Valence et à Madrid durant les années 2000 a vidé son sac le 25 avril, dans le journal El Mundo.Le 1er mai, la radio Cadena SER dévoilait, cette fois, un enregistrement sonore limpide. « Mille. Deux mille. (…) Douze mille euros. » La voix qui compte une liasse de billets appartiendrait au président de la province de Valence, Alfonso Rus (PP), selon le parti des écolo-communistes de la Gauche unie (IU), qui a porté plainte. Et l’argent proviendrait d’une commission illégale versée par un constructeur en échange de l’attribution de la licence de construction de logements sociaux. Pour couper court au scandale, M. Rus a été suspendu du PP et a renoncé à la présidence de la province. Le 18 mai, on apprenait que l’ancien président des Baléares, Jaume Matas (PP), tout juste sorti de prison pour trafic d’influence, se trouvait de nouveau visé par une enquête judiciaire pour fraude et usage de faux. Il est soupçonné d’avoir exigé des pots-de-vin aux candidats à l’appel d’offres du plus grand hôpital de l’archipel.Lire la synthèse :Espagne : élections à risque pour les partis traditionnels« Mafias institutionnalisées »L’éditorial du journal de droite El Mundo, qui a dévoilé l’affaire, témoigne d’un ras-le-bol généralisé. « Durant l’actuelle législature ont été découverts tellement de cas de corruption politique qu’il devient impossible de ne pas tomber dans la tristesse en pensant que la démocratie a été durant des années aux mains de mafias institutionnalisées », peut-on lire. Ces péripéties ne sont en effet que les dernières d’un déballage devenu quasi quotidien en Espagne. Jamais la corruption n’aura occupé autant de place lors d’une campagne électorale, alors que, ce dimanche 24 mai, les Espagnols sont appelés aux urnes pour élire leurs représentants municipaux et ceux de treize régions autonomes.L’exaspération face aux dizaines d’affaires qui nourrissent les pages de la presse n’est pas étrangère au succès annoncé de deux nouvelles forces politiques, le parti de la gauche radicale Podemos et le parti du centre-droit Ciudadanos. Selon le Centre de recherche sociologique, la corruption est la deuxième préoccupation des Espagnols derrière le chômage. « A la fin du dernier mandat du chef du gouvernement socialiste Felipe Gonzalez [1982-1996], alors que les affaires de corruption assaillaient son parti et qu’une crise économique frappait le pays, les Espagnols mentionnaient également la corruption politique comme l’une de leurs principales préoccupations, rappelle cependant José Pablo Ferrandiz, chercheur à l’institut de sondage Metroscopia. Quand la crise s’est terminée, elle a cessé de l’être. La corruption était alors considérée comme un délit sans victimes. Tout le monde y trouvait son compte : les constructeurs, les politiques et les Espagnols qui trouvaient leur ville plus belle. »« Une décentralisation des dépenses a ouvert les voies d’une corruption structurelle »Pour comprendre l’origine d’une corruption quasi institutionnalisée, il faut revenir aux origines de la jeune démocratie espagnole. « La crise du régime politique est liée à la manière dont a été construite l’Espagne après la transition démocratique [1975-1982], estime ainsi le politologue Josep Ramoneda. Pour garantir la stabilité du pays, l’Espagne a créé un régime fermé avec des partis politiques très hiérarchisés et une hégémonie du pouvoir exécutif. Ce régime s’est consolidé comme un bipartisme institutionnalisé et très puissant. Le système des autonomies [régions autonomes], avec une décentralisation des dépenses, a ouvert les voies d’une corruption structurelle dans un système quasi oligarchique. »Absence de contre-pouvoirsColonne vertébrale du système politique espagnol, les partis n’ont pas pu – ou pas voulu – mettre en place les contre-pouvoirs permettant de contrôler efficacement leurs responsables. Ainsi, les membres de la Cour des comptes chargée de l’examen des financements des partis, sont nommés directement ces derniers. La corruption s’est avant tout développée dans les institutions locales, souvent autour de la spéculation immobilière et de l’attribution de marchés publics. Les maires disposaient de la clef de la requalification de terrains, après être parvenus à supprimer le contrôle des fonctionnaires chargés de la vérification des plans d’urbanisme. Ils ont profité de la loi de libéralisation du sol de l’ancien chef du gouvernement conservateur José Maria Aznar (1996-2004), qui a été décisive dans la création de la bulle immobilière en rendant tout sol constructible, sauf mention contraire. « Il existe peut-être des failles dans le système politique, mais celui-ci s’est surtout brisé du fait de la gestion qu’en ont fait les hommes politiques, rappelle M. Ferrandiz. Un sentiment d’impunité s’est étendu. »« Le manque de contrôle de l’action publique est la clef pour comprendre l’éclosion de la corruption, » estime Nicolas Rodriguez, docteur en droit et directeur du master en corruption et Etat de droit à l’université de Salamanque. « La corruption n’a pas d’idéologie. La dérive a eu lieu là où le pouvoir et les affaires se côtoient sans contrôle », tranche-t-il. L’économiste Jesus Lizcano, président de Transparency International en Espagne, se veut confiant. « La récente loi de transparence, l’augmentation des mécanismes de contrôle, le renforcement des sanctions pénales en cas de corruption, la présence de juges plus belligérants, va limiter la corruption », assure-t-il. Pour M. Ramoneda, au contraire, « si le système ne s’attaque pas une réforme constitutionnelle sérieuse visant à une redistribution des pouvoirs, cela va générer une frustration immense aux conséquences imprévisibles ». Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.05.2015 à 02h59 • Mis à jour le10.05.2015 à 17h43 Samedi 9 et dimanche 10 mai, des accrochages armés ont eu lieu à la frontière de la Macédoine avec le Kosovo, au nord, au cours desquels vingt-deux personnes, dont huit policiers, sont mortes. Les quatorze autres victimes sont des assaillants présumés albanais. Trente-sept individus ont également été blessés.Ces incidents inquiètent l'ensemble des Balkans. L'Union européenne s'est également déclarée « profondément préoccupée » par ces violences, qui réveillent la crainte d'un conflit similaire à celui de 2001, qui avait opposé les rebelles albanais aux autorités.Kumanovo en état de siègeDimanche 10 mai, les affrontements se sont poursuivis dans l’ex-république yougoslave de 2,1 millions d'habitants, à majorité slave orthodoxe. Les forces de l'ordre traquaient à Kumanovo, ville du Nord à majorité albanaise musulmane, un « groupe armé venu d'un pays voisin » pour perpétrer une « attaque terroriste contre les institutions de l'Etat, en bénéficiant d'un soutien sur place ». Des troupes d'élite, des transports de troupes blindés, des policiers casqués et portant des gilets pare-balles avaient bouclé la localité, où étaient retranchés les membres du groupe. Des hélicoptères des forces de l'ordre survolaient la ville.  Un porte-parole de la police a annoncé dimanche après-midi que l'opération contre le groupe armé était sur le point de s'achever. Ce dernier a signalé que plus d'une trentaine de personnes au total avaient participé à l'attaque, pour la plupart des citoyens de Macédoine, mais aussi cinq du Kosovo et un d'Albanie, tous présumés d'origine albanaise.Les autorités ont appelé la population au calme et proclamé dimanche deux jours de deuil national.La Serbie renforce ses troupes à la frontièreLa Serbie, elle aussi voisine du nord de la Macédoine, a aussitôt annoncé qu'elle renforçait ses troupes à cette frontière. Belgrade a eu son propre conflit (1998-1999) avec les Albanais de l'UCK, l'armée de libération du Kosovo, et entretient toujours des relations délicates avec son ancienne province. Au printemps 1999, la répression par Belgrade de la guérilla indépendantiste et de la population civile avait été suivie d'une opération de l'OTAN, qui avait entraîné, à l'issue de soixante-dix-huit jours de frappes aériennes, le retrait des forces serbes du Kosovo. En 2008, avec l'appui des Etats-Unis et de la majorité des pays membres de l'Union européenne, le Kosovo proclamait son indépendance, un statut que la Serbie refuse toujours de reconnaître.Le spectre du conflit de 2001Pour sa part, la Macédoine, a également connu en 2001 un conflit avec ses propres rebelles albanais, qui réclamaient davantage de droits. Ces derniers étaient soutenus en hommes et en armes par l'ancienne guérilla kosovare. Sous la pression occidentale, les accords d'Ohrid (Macédoine) mirent alors fin à six mois de conflit. Ces accords ont apporté aux Albanais, en majorité de confession musulmane, et qui représentent environ 25 % des 2,1 millions d'habitants en Macédoine, davantage de droits au sein de la société.Lire aussi : La hantise d'un conflit à la bosniaque plane à SkopjeCandidate à l'adhésion à l'UE depuis dix ans, la Macédoine est par ailleurs en proie à une grave crise politique qui oppose depuis des mois les principales formations slaves, l'opposition de gauche accusant le pouvoir conservateur de corruption et d'avoir mis sur écoute 20 000 personnes, dont des hommes politiques, des journalistes et des chefs religieux. 09.05.2015 à 23h13 • Mis à jour le10.05.2015 à 15h07 L'ancien président turc Kenan Evren, qui avait pris le pouvoir en 1980 lors d'un coup d'Etat avant de le diriger d'une main de fer pendant plus de neuf ans, est mort samedi 9 mai dans un hôpital d'Ankara à l'âge de 97 ans, annonce l'agence de presse officielle Anatolia.Lire : Procès historique en Turquie des généraux auteurs du putsch de 1980Premier putschiste jugé pour « crimes contre l'Etat » et condamné en 2014 à la prison à vie, il était soigné à l'hôpital militaire de GATA depuis 2012. Son état s'était récemment détérioré et il avait été placé sous respiration artificielle.Un putsch sanglantSon putsch fut de loin le plus sanglant : des centaines de milliers de personnes arrêtées, environ 250 000 inculpées, 50 détenus exécutés, des dizaines d'autres morts en prison sous la torture et des dizaines de milliers de Turcs exilés.Il avait sèchement répondu aux défenseurs des droits de l'Homme qui dénonçaient la pendaison d'un jeune homme de 17 ans, reconnu coupable d'avoir tué un soldat lors des affrontements qui avaient suivi le coup d'Etat : « Si vous ne pendez pas ceux qui le méritent, ils se propagent comme un virus ».Plus de trente ans après, rattrapé par la justice, Kenan Evren a servi la même absence de regrets à ses juges. « Si c'était à refaire, nous répéterions exactement la même opération », avait affirmé le vieil officier en novembre 2013 lors d'une audience où il témoignait, couché sur son lit d'hôpital. « Je n'ai aucun remords ».De l'armée à la peintureNé à Alasehir le 17 juillet 1917 dans une famille d'immigrés turcs des Balkans, éduqué dans des institutions militaires, il entre dans l'armée en 1938, l'année de la mort du fondateur de la République, Mustafa Kemal Atatürk.Après un passage en Corée pendant la guerre qui coupe le pays en deux en 1953, l'officier décroche sa première étoile de général en 1964. C'est l'époque où l'armée s'érige en gardienne de l'héritage laïque et autoritaire du kémalisme et pèse de tout son poids sur la vie politique du pays.Sitôt nommé à la tête de l'armée en 1978, Kenan Evren adresse une première mise en garde au premier ministre de l'époque, Süleyman Demirel, qu'il juge incompétent. Deux ans plus tard, il prend le pouvoir.Dans la foulée du coup d'État, il fait voter une Constitution autoritaire, qui reste encore en vigueur en dépit de nombreux amendements. Après les législatives de 1983, le général se fait nommer président de la République, un poste qu'il occupe jusqu'en 1989 avant de se retirer de la vie politique pour se consacrer à la peinture dans sa villa de la station balnéaire cossue de Marmaris.Le « Pinochet turc »Celui qui fut surnommé le « Pinochet turc », se mue en artiste branché, spécialisé dans le nu féminin. Une entreprise turque dépensera 240 000 dollars (214 000 euros) pour une de ses huiles. « Ils ne l'ont même pas regardée », minaude-t-il en 1993.Rien ne semble alors devoir menacer sa retraite paisible. C'est sans compter avec le nouveau maître du pays, le premier ministre Recep Tayyip Erdogan, décidé à faire rentrer l'armée dans le rang.Après une réforme constitutionnelle en 2010, Kenan Evren perd son immunité et devient en avril 2012, avec l'ex-chef d'état-major de l'armée de l'air Tahsin Sahinkaya, le premier putschiste jugé pour « crimes contre l'Etat ». « Je préfère me suicider plutôt que d'être jugé », avait péroré le retraité avant son inculpation en 2011. Il n'aura jamais mis sa menace à exécution. Benoît Vitkine (Kiev, envoyé spécial) Kiev a connu cette année son premier 9-Mai sans parade militaire. Il s’agissait autant de se démarquer des démonstrations guerrières du défilé moscovite que d’éviter la répétition de l’erreur de l’année passée. Le 9 mai 2014, le gouvernement avait été sévèrement critiqué pour avoir fait défiler des tanks dans le centre de la capitale alors même que ceux-ci font cruellement défaut dans l’Est, où Kiev affronte une rébellion armée et l’armée russe.La guerre dans le Donbass n’en fut que plus omniprésente lors des deux jours de célébration de la victoire sur le nazisme. Deux jours car, en plus du traditionnel 9-Mai hérité de la période soviétique, le Parlement a voté l’instauration d’un « Jour de la mémoire et de la réconciliation », le 8 mai, comme dans le reste de l’Europe. Cette année, le pays ne célébrait pas la fin de la « grande guerre patriotique », terme utilisé en Union soviétique, mais la « seconde guerre mondiale ». Le ruban de Saint-Georges, devenu signe de ralliement des séparatistes du Donbass autant qu’un symbole du militarisme russe, a été abandonné au profit du coquelicot, qui s’arborait largement au revers des vestes.Lire aussi :Cérémonies du 9-Mai : Moscou aux couleurs militairesLes vétérans d’il y a soixante-dix ans ont été sans cesse associés, lors de cérémonies réduites à leur plus simple expression, aux soldats participant aux combats dans l’Est. Le Musée de la victoire a ouvert pour l’occasion une exposition consacrée aux combattants de l’aéroport de Donetsk, défaits en janvier après des mois de résistance acharnée.Vendredi, le président Petro Porochenko s’est adressé à un Parlement dont les bancs étaient garnis de combattants de ces deux guerres, l’ancienne et l’actuelle. Parmi eux se tenait Ivan Zaloujniy, un vétéran de 97 ans qui a perdu son petit-fils, engagé volontaire dans le Donbass, à l’été 2014. « Vous ne pouviez imaginer dans vos pires cauchemars qu’après soixante-dix ans de paix, la guerre réapparaîtrait en Ukraine », a lancé M. Porochenko.« Désoviétiser » l’histoire ukrainienneLe président ukrainien a expliqué que la « menace de long terme que représente la Russie et sa politique agressive » avait poussé l’Ukraine à chercher un rapprochement avec les Occidentaux, et notamment avec l’OTAN. Il a également profité de la présence du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, pour réclamer l’envoi d’une force d’interposition. Au cours du week-end, les combats ont repris avec violence aux alentours de Donetsk, malgré le cessez-le-feu signé le 12 février à Minsk. « L’Ukraine est à nouveau sous le feu, a conclu M. Porochenko, mais nous gagnerons et serons enfin délivrés de l’intoxication russo-soviétique. »L’idée de « désoviétiser » l’histoire ukrainienne, dans l’air depuis l’indépendance en 1991, s’est renforcée avec la guerre. Kiev, qui a payé un lourd tribut à la seconde guerre mondiale, avec environ 8 millions de tués, refuse de voir la Russie s’approprier à elle seule l’héritage de la victoire.Le 9 avril, le Parlement a adopté une série de lois mémorielles dites de « décommunisation », qui renvoient dos à dos les régimes « totalitaires et criminels » nazi et soviétique. Ces textes reconnaissent aussi comme « combattants pour l’indépendance » des groupes nationalistes controversés comme l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) et l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), accusés d’avoir commis des massacres de Polonais et de juifs. Pour la première fois cette année, les vétérans de ces groupes étaient associés aux commémorations.Lire aussi : En Ukraine, le 8-Mai réveille les fantômes de l’HistoireBenoît Vitkine (Kiev, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.05.2015 à 13h32 • Mis à jour le09.05.2015 à 16h29 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Chacune des quelque 5 000 personnes triées sur le volet et invitées à prendre place dans les tribunes de la place Rouge a reçu son petit paquetage kaki contenant une paire de jumelles, un guide, une écharpe aux couleurs noir et orange de Saint-Georges – emblème de la victoire devenu aussi marque de soutien aux séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine – et un calot militaire avec son étoile rouge.Puis, à dix heures précises, samedi 9 mai, la parade militaire pour le 70e anniversaire de la victoire sur le régime nazi a commencé à Moscou en présence de Vladimir Poutine et de plusieurs chefs d’Etat, dont le président chinois, Xi Jinping, l’Indien Pranab Mukherjee, l’Egyptien Abdel Fattah Al-Sissi, le Vénézuélien Nicolas Maduro, le Sud-Africain Jacob Zuma ou bien encore le Cubain Raul Castro.Poutine, en apparence pas rancunierAucun dirigeant occidental, en revanche, n’a fait le déplacement. Le conflit en Ukraine, dans lequel Moscou est accusé de soutenir et d’armer les insurgés du Donbass, n’est cependant pas parvenu à gâcher les cérémonies, que Vladimir Poutine a voulues d’une ampleur inédite.Prenant la parole quelques minutes en introduction, le président russe a rappelé :« C’est l’Armée rouge qui, au terme d’un assaut dévastateur sur Berlin, a mis un point final à la guerre contre l’Allemagne hitlérienne. L’Union soviétique a pris part aux batailles les plus sanglantes. »Avec plus de 25 millions de morts, la Russie a en effet payé un tribut terrible à la guerre. Puis, sans rancune en apparence envers les absents, le chef du Kremlin a poursuivi :« Nous sommes reconnaissants aux peuples de Grande-Bretagne, de France et des Etats-Unis pour leur contribution à la victoire. Nous sommes reconnaissants aux antifascistes de divers pays qui ont pris part aux combats dans les rangs de la résistance et de la clandestinité, y compris en Allemagne elle-même. »Tout juste a-t-il ajouté, avant de réclamer une minute de silence – une première – cette référence à l’actualité : « Soixante-dix ans plus tard, l’histoire nous appelle à être à nouveau vigilants. »Impressionnant déploiement militaireAu discours contenu de Vladimir Poutine a succédé une parade qui l’était beaucoup moins : 16 127 militaires, dont quelques contingents étrangers contre les grenadiers indiens ou les troupes d’élite serbes, ont défilé au pas saccadé et à un rythme effrayant ; 194 unités blindées dont le nouveau char Armata T-14, présenté comme le plus puissant au monde, ont pris le relais avec transport de missiles, notamment S-400.Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-554e3d0a413c2'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 17\r\n \r\n \r\nQuelque 25 avions militaires ont survol\u00e9 le ciel de Moscou, le 9 mai. Ici, au-dessus de la cath\u00e9drale du Christ-Saint-Sauveur.\r\nCr\u00e9dits : MAXIM ZMEYEV \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Quelque 25 avions militaires ont survol\u00e9 le ciel de Moscou, le 9 mai. Ici, au-dessus de la cath\u00e9drale du Christ-Saint-Sauveur.","source":"MAXIM ZMEYEV \/ REUTERS","index":0,"position":1,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 17\r\n \r\n \r\nDes soldats russes sur la place Rouge.\r\nCr\u00e9dits : KIRILL KUDRYAVTSEV \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des soldats russes sur la place Rouge.","source":"KIRILL KUDRYAVTSEV \/ AFP","index":1,"position":2,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 17\r\n \r\n \r\nPlusieurs chars T-90 faisaient partie du cort\u00e8ge. Ce char russe, aussi connu sous le nom de char T-90 \"Vladimir\", est le dernier entr\u00e9 en production dans les ann\u00e9es 1990\u00a0; il est une \u00e9volution des T-72 et T-80.\r\nCr\u00e9dits : GRIGORY DUKOR \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Plusieurs chars T-90 faisaient partie du cort\u00e8ge. Ce char russe, aussi connu sous le nom de char T-90 \"Vladimir\", est le dernier entr\u00e9 en production dans les ann\u00e9es 1990\u00a0; il est une \u00e9volution des T-72 et T-80.","source":"GRIGORY DUKOR \/ REUTERS","index":2,"position":3,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 17\r\n \r\n \r\nDes \"Bouk-M1-2\" (SA-17 Grizzly), syst\u00e8mes lance-missiles, d\u00e9filent sur la place Rouge.\r\nCr\u00e9dits : RIA NOVOSTI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des \"Bouk-M1-2\" (SA-17 Grizzly), syst\u00e8mes lance-missiles, d\u00e9filent sur la place Rouge.","source":"RIA NOVOSTI \/ REUTERS","index":3,"position":4,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 17\r\n \r\n \r\nDes avions russes Soukho\u00ef Su-25, projetant derri\u00e8re eux des fumig\u00e8nes aux couleurs de la Russie.\r\nCr\u00e9dits : RIA NOVOSTI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des avions russes Soukho\u00ef Su-25, projetant derri\u00e8re eux des fumig\u00e8nes aux couleurs de la Russie.","source":"RIA NOVOSTI \/ REUTERS","index":4,"position":5,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 17\r\n \r\n \r\nDes v\u00e9t\u00e9rans de la seconde guerre mondiale, devant une affiche repr\u00e9sentant un soldat, viennent admirer le spectacle.\r\nCr\u00e9dits : SERGEI KARPUKHIN \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des v\u00e9t\u00e9rans de la seconde guerre mondiale, devant une affiche repr\u00e9sentant un soldat, viennent admirer le spectacle.","source":"SERGEI KARPUKHIN \/ REUTERS","index":5,"position":6,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 17\r\n \r\n \r\nDes SU-27 et MIG-29, au-dessus de la Place Rouge.\r\nCr\u00e9dits : GRIGORY DUKOR \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des SU-27 et MIG-29, au-dessus de la Place Rouge.","source":"GRIGORY DUKOR \/ REUTERS","index":6,"position":7,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 17\r\n \r\n \r\nDes S-400 Triumph (ou SA-21), syst\u00e8me de d\u00e9fense antimissiles mobiles.\r\nCr\u00e9dits : RIA NOVOSTI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des S-400 Triumph (ou SA-21), syst\u00e8me de d\u00e9fense antimissiles mobiles.","source":"RIA NOVOSTI \/ REUTERS","index":7,"position":8,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 17\r\n \r\n \r\nCertains pays ont \u00e9t\u00e9 invit\u00e9s \u00e0 participer au d\u00e9fil\u00e9. Ici, des soldats azerba\u00efdjanais.\r\nCr\u00e9dits : RIA NOVOSTI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Certains pays ont \u00e9t\u00e9 invit\u00e9s \u00e0 participer au d\u00e9fil\u00e9. Ici, des soldats azerba\u00efdjanais.","source":"RIA NOVOSTI \/ REUTERS","index":8,"position":9,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 17\r\n \r\n \r\nDes repr\u00e9sentants de l'Arm\u00e9e populaire chinoise devant le Kremlin.\r\nCr\u00e9dits : SERGEI KARPUKHIN \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des repr\u00e9sentants de l'Arm\u00e9e populaire chinoise devant le Kremlin.","source":"SERGEI KARPUKHIN \/ REUTERS","index":9,"position":10,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_9.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 11 \/ 17\r\n \r\n \r\nDes MIG-29 et SU-25 survolent la place Rouge.\r\nCr\u00e9dits : GRIGORY DUKOR \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des MIG-29 et SU-25 survolent la place Rouge.","source":"GRIGORY DUKOR \/ REUTERS","index":10,"position":11,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_10.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 12 \/ 17\r\n \r\n \r\nDes v\u00e9hicules de combats russes BMD-4 (ou Bakkcha-U).\r\nCr\u00e9dits : RIA NOVOSTI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des v\u00e9hicules de combats russes BMD-4 (ou Bakkcha-U).","source":"RIA NOVOSTI \/ REUTERS","index":11,"position":12,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_11.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 13 \/ 17\r\n \r\n \r\nVladimir Poutine a prononc\u00e9 un discours \u00e0 l'occasion des c\u00e9l\u00e9brations. \"L'Union sovi\u00e9tique a pris part aux batailles les plus sanglantes. Ici, les nazis ont concentr\u00e9 leur puissance militaire\", a pr\u00e9cis\u00e9 le chef d'Etat, en r\u00e9f\u00e9rence aux quelque 25 millions de Sovi\u00e9tiques tu\u00e9s pendant la guerre.\r\nCr\u00e9dits : ALEXANDER ZEMLIANICHENKO \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Vladimir Poutine a prononc\u00e9 un discours \u00e0 l'occasion des c\u00e9l\u00e9brations. \"L'Union sovi\u00e9tique a pris part aux batailles les plus sanglantes. Ici, les nazis ont concentr\u00e9 leur puissance militaire\", a pr\u00e9cis\u00e9 le chef d'Etat, en r\u00e9f\u00e9rence aux quelque 25 millions de Sovi\u00e9tiques tu\u00e9s pendant la guerre.","source":"ALEXANDER ZEMLIANICHENKO \/ AFP","index":12,"position":13,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_12.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 14 \/ 17\r\n \r\n \r\nUn soldat russe fait le salut militaire.\r\nCr\u00e9dits : GRIGORY DUKOR \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Un soldat russe fait le salut militaire.","source":"GRIGORY DUKOR \/ REUTERS","index":13,"position":14,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_13.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 15 \/ 17\r\n \r\n \r\nVue d'ensemble de la place Rouge, o\u00f9 des centaines de milliers de personnes se sont r\u00e9unies.\r\nCr\u00e9dits : RIA NOVOSTI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Vue d'ensemble de la place Rouge, o\u00f9 des centaines de milliers de personnes se sont r\u00e9unies.","source":"RIA NOVOSTI \/ REUTERS","index":14,"position":15,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_14.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 16 \/ 17\r\n \r\n \r\nDes femmes \u00e9l\u00e8ves officiers.\r\nCr\u00e9dits : KIRILL KUDRYAVTSEV \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des femmes \u00e9l\u00e8ves officiers.","source":"KIRILL KUDRYAVTSEV \/ AFP","index":15,"position":16,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_15.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 17 \/ 17\r\n \r\n \r\nPlus encore que d'habitude, le d\u00e9fil\u00e9 s'est voulu une impressionnante d\u00e9monstration de force.\r\nCr\u00e9dits : RIA NOVOSTI \/ REUTERS\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Plus encore que d'habitude, le d\u00e9fil\u00e9 s'est voulu une impressionnante d\u00e9monstration de force.","source":"RIA NOVOSTI \/ REUTERS","index":16,"position":17,"total_count":17,"item_lie":null,"link":"\/international\/portfolio\/2015\/05\/09\/russie-un-9-mai-sous-le-signe-de-la-grandeur_4630560_3210_16.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Pour supporter le poids de toute cette armada, il a fallu étayer et renforcer les sous-sols de la place Rouge et de quelques stations de métro proches. Cent quarante-trois avions et hélicoptères ont ensuite fermé cette marche exceptionnelle conçue comme une démonstration de force impeccable. Moscou, comme 25 autres villes à travers tout le pays, s’est d’ailleurs paré de multiples symboles, d’affiches et d’étoiles rouges, et nombre de ses habitants ont arboré le calot militaire, revêtant parfois même la tenue soviétique de l’époque.Une nouvelle image « agressive »Cette image guerrière, « agressive » selon le mot d’un diplomate étranger, contraste avec les dernières grandes cérémonies du 60e anniversaire de la victoire de la « grande guerre patriotique », comme l’on nomme ici la seconde guerre mondiale. En 2005, le défilé n’avait rien de militaire : des centaines de vétérans, hommes et femmes, embarqués dans des camions découverts avaient défilé sous les applaudissements en agitant des œillets rouges.Aux côtés de Vladimir Poutine, qui avait pris la direction du pays cinq ans plus tôt, figuraient alors le président américain de l’époque, George W. Bush. Visiblement de fort bonne humeur, les deux chefs d’Etat plaisantaient entre eux, tandis que le Français Jacques Chirac, l’Allemand Gerhard Schröder ou l’Italien Silvio Berlusconi battaient des mains à tout rompre. La différence est saisissante avec l’image d’aujourd’hui : un pays quasiment sur le pied de guerre. Le ton a changé.Avant le gigantesque défilé des familles porteuses des portraits de leurs parents disparus pendant la guerre – le « régiment immortel » – prévu dans l’après-midi, puis un concert et de nombreux feux d’artifice, Vladimir Poutine a convié ses hôtes à déjeuner au Kremlin. C’est à ce moment-là que le ministre des affaires étrangères français, Laurent Fabius, dépêché par Paris pour représenter la France, a rejoint les rangs officiels, comme quelques autres chefs de gouvernement qui, bien que présents, ont choisi de ne pas assister à la parade militaire.La photo de « famille » des anciens alliés de 1945 a disparu, remplacée par une autre, nettement dominée par la présence de pays émergents. La chancelière allemande, Angela Merkel, elle, n’est pour sa part attendue à Moscou que demain, dimanche 10 mai.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.05.2015 à 16h37 | Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Le 8 mai n’est pas un jour férié en Allemagne. Pourtant, ce jour commémorant la fin de la seconde guerre mondiale est tout sauf un jour ordinaire. « Le 8 mai fut un jour de libération » : par cette formule prononcée le 8 mai 1985, Richard von Weizsäcker, alors président de la République, est entré dans l’histoire de son pays, transformant une date jusque-là honteuse, celle de la capitulation, en un événement libérateur. Cette année, la République allemande a commémoré ce « jour de libération ».Durant une heure, l’ensemble des parlementaires (les députés et les soixante membres du Bundesrat, le conseil fédéral) exceptionnellement réunis au sein du Bundestag, ont écouté l’un des plus célèbres historiens allemands, Heinrich August Winkler, expliquer la signification de cette journée. « Dans l’histoire allemande, il n’y a pas de césure plus profonde que ce jour », a-t-il dit. Sévère avec les élites allemandes qui, dans l’entre-deux-guerres, n’ont jamais vraiment accepté les valeurs démocratiques portées par la Révolution française de 1789, Heinrich August Winkler est longuement revenu sur les massacres commis par les nazis, citant au passage Oradour-sur-Glane mais aussi le village grec martyr de Distomo. « Sur une telle histoire, on ne peut pas tirer un trait », a-t-il expliqué, critiquant implicitement le gouvernement qui ne veut pas rouvrir le dossier des réparations.Au premier rang se trouvaient Joachim Gauck, le président de la République, Angela Merkel, la chancelière, Andreas Vosskuhle, président de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe et Volker Bouffier, actuel président du Bundesrat. Dans les tribunes, on notait la présence de plusieurs ambassadeurs, dont les représentants de la Pologne, de l’Ukraine et d’Israël. L’ambassadeur de Russie était, semble-t-il, absent. En revanche, l’ancien opposant Mihkaïl Khodorkovski était présent.Un jour du souvenir en débatNi Joachim Gauck ni Angela Merkel ne se sont exprimés. Mais le 6 mai, Joachim Gauck avait rendu hommage aux Soviétiques qui avaient libéré l’Allemagne. Celui-ci a notamment rappelé que « près de 5,3 millions de soldats soviétiques ont été faits prisonniers de guerre, dont plus de la moitié avaient trouvé la mort ». Angela Merkel se rendra, elle, à Moscou le 10 mai, le lendemain des commémorations officielles, pour déposer une couronne sur la tombe du soldat inconnu. Elle déjeunera ensuite avec Vladimir Poutine. La chancelière avait présidé le 3 mai la cérémonie commémorant la libération du camp de concentration de Dachau (Bavière).Outre ces cérémonies, l’Allemagne s’interroge : le 8 mai doit-il être un jour non pas férié mais un jour du souvenir ? C’est déjà le cas depuis 2002 dans le Mecklenbourg-Poméranie occidentale. Le Brandebourg en débat. Hambourg aussi. Tout comme la Thuringe. Berlin (qui, comme Hambourg, a le statut de ville-Etat) en a débattu jeudi. La gauche y est favorable mais pas la CDU. Elle fait valoir que le 27 janvier, jour de la libération du camp d’Auschwitz, est déjà un jour du souvenir. Surtout, pour la CDU, le 8 mai est certes un jour de libération mais pour toute la partie de l’Allemagne occupée par l’Armée rouge, cette liberté n’a été que très provisoire. Même si, précise immédiatement la CDU, on ne peut comparer le régime nazi à l’ex-Allemagne de l’Est. Le 8 mai a d’ailleurs été un jour férié en RDA de 1950 à 1966.Les 8 et 9 mai, plus d’une quinzaine de manifestations sont prévues pour commémorer la fin de la guerre à Berlin. Si, le 8 mai, les « Antifa » ont prévu de manifester, des organisations d’extrême droite annoncent, samedi, plusieurs dizaines de milliers de manifestants « pour l’Allemagne, pour la patrie, pour la paix et le maintien de la culture allemande ». Par ailleurs, quelques dizaines de vétérans de l’ex-Armée est-allemande devraient manifester en uniforme. Ils l’avaient déjà fait en 2013, provoquant une vigoureuse polémique. Enfin, une vingtaine de motards russes ultra-nationalistes et proches de Vladimir Poutine, les « loups de la nuit », devraient achever le 9 mai à Berlin, au pied d’un monument aux morts de l’Armée rouge, un parcours provocateur entamé le 25 avril à Moscou afin de célébrer la victoire des troupes soviétiques sur les troupes allemandes.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Pierre Breteau Viktor Orban se verrait bien rétablir la peine de mort en Hongrie. Le premier ministre hongrois l'annonçait mardi 19 mai devant le Parlement européen, avant de se rétracter puis d'annoncer une consultation publique. « Tout n'est pas inscrit dans le marbre, on peut en débattre », déclarait même le dirigeant hongrois, « les traités [européens] ne sont pas des commandements divins », ajoutait-il.Des « commandements divins », sans doute pas, mais la question de la peine de mort est centrale dans l'Union, et sa réintroduction serait « contraire aux valeurs fondamentales de l'UE », a indiqué le vice-président chargé des droits fondamentaux, Frans Timmermans. Selon l'article 2 du traité sur l'Union européenne, la « violation grave par un Etat membre des valeurs [défendues par l'Union] » pousserait le Conseil européen – qui décide des priorités poltiques générales de l'Union – à « suspendre certains des droits découlant de l'application des traités à l'Etat membre en question », et donc son droit de vote au Conseil.Le Conseil de l'Europe opposé à tout rétablissementOutre les principes fondamentaux de l'UE, la Hongrie a ratifié la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales du Conseil de l'Europe (signée le 6 novembre 1990, ratifiée le 5 novembre 1992). Le texte, amendé depuis sa rédaction en 1950, est très clair dans sa version de 1982 : « La peine de mort est abolie. Nul ne peut être condamné à une telle peine, ni exécuté. » Dans ce sens, le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjørn Jagland, a rappelé que « la réintroduction de la peine de mort serait contraire aux obligations de la Hongrie liées à la Convention ».Le Conseil de l'Europe, institution créée en 1949 pour défendre les droits de l'homme et qui n'est pas lié à l'Union européenne, dispose de peu de moyens coercitifs. Son Assemblée parlementaire, composée de députés des 47 Etats membres et qui siège à Strasbourg, pourrait suspendre leur droit de vote aux sept représentants hongrois. Elle l'a fait en avril 2014 avec les 18 députés russes après l'annexion de la Crimée, et l'a renouvelé en janvier 2015.Dans les cas « les plus extrêmes », l'Assemblée peut recommander qu'un Etat soit exclu du Conseil de l'Europe, ce qui n'est jamais arrivé, indique le secrétariat général.La constitution hongroise rendrait le rétablissement difficileL'effondrement des républiques socialistes d'Europe centrale et orientale et leur rapprochement avec l'Ouest au tout début des années 1990 avait favorisé, sous le patronage du Conseil de l'Europe, l'inscription de l'abolition de la peine de mort dans les nouvelles Constitutions. La Hongrie, elle, avait aboli la peine capitale par une résolution de la Cour constitutionnelle d'octobre 1990 sur « l’inconstitutionnalité de la peine de mort ». La résolution se basait sur l'article 54 de la Constitution qui établit que « toute personne a le droit inhérent à la vie et à la dignité ; personne ne peut en être privé arbitrairement ».Même remaniée par Viktor Orban et les conservateurs dans un sens très nationaliste en 2012, la Constitution hongroise affirme que « que la dignité de l’homme repose sur la vie humaine » dès sa profession de foi.Aujourd'hui, sur le continent européen, seule la Biélorussie (qui n'est pas membre de l'UE ni même du Conseil de l'Europe) n'a pas aboli la peine capitale, une exécution y a eu lieu l'an dernier. Son grand voisin russe non plus, mais il n'applique plus la peine capitale depuis l'introduction d'un moratoire entré en vigueur en août 1996, année de l'adhésion de la Russie au Conseil de l'Europe.Pierre BreteauJournaliste au Monde 20.05.2015 à 20h08 • Mis à jour le20.05.2015 à 20h18 Un navire de pêche d’une vingtaine de mètres duquel des centaines de migrants descendent pour rejoindre les côtes italiennes : l’image est presque devenue banale. Ces 297 rescapés viennent d’être sauvés, à 300 kilomètres au sud-est de l’Italie, par un patrouilleur de la marine nationale française.Engagé dans le cadre de l’opération « Triton » mise en place par l’Union européenne en Méditerranée, le Commandant Birot les a recueillis à son bord. Parmi les 297 naufragés : 51 femmes et enfants, aucun passeur identifié dans l’immédiat, aucun blessé grave. Des soins ont tout de même été prodigués à 16 d’entre eux et tous ont reçu de l’eau et de la nourriture.18 millions d’euros pour « Triton »Lire aussi :L’Europe à l’offensive contre les passeursLe navire de pêche « supposé en détresse », baptisé Afandina, avait été repéré par un avion italien lui aussi engagé dans l’opération « Triton » avant d’être approché par le Commandant Birot. Le 2 mai dernier, ce navire français avait déjà secouru 217 naufragés près des côtes libyennes.L’opération « Triton », coordonnée par Frontex, l’agence européenne pour la surveillance des frontières, a été lancée en novembre 2014 pour aider l’Italie à contrôler ses frontières maritimes et récupérer les migrants sur des embarcations en perdition. La Commission européenne a annoncé le 23 avril la décision de prolonger l’opération jusqu’à la fin 2015, en lui allouant un budget de 18 millions d’euros.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2qp3yv"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2qp3yv", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) L’économiste français Thomas Piketty était à Berlin, mercredi 20 mai, pour recevoir le Prix du livre politique décerné par la fondation Friedrich Ebert, proche du parti social-démocrate. L’auteur du Capital au XXIe siècle était notamment invité à débattre avec Olaf Scholz, maire de Hambourg, un des piliers du SPD. Peut-être même son futur président.Plutôt que de parler une nouvelle fois de la montée des inégalités, l’économiste a axé son propos liminaire sur un thème bien plus sensible en Allemagne : les dettes publiques. Deux autres pays européens ont, par le passé, eu des dettes « plus élevées que la Grèce aujourd’hui », a-t-il rappelé : la Grande-Bretagne au XIXe siècle, après les guerres napoléoniennes, et l’Allemagne après 1945. Chacune à hauteur d’environ 200 % de leur produit intérieur brut.Comment les ont-elles remboursées ? La Grande-Bretagne en réalisant des excédents budgétaires de 3 % à 4 % par an. Comme il n’y avait pas d’inflation au XIXe siècle (en raison de l’étalon-or), Londres a mis un siècle pour y parvenir, de 1815 à 1914.L’Allemagne, elle, a vu ses dettes en grande partie effacées par les Alliés en 1953. « Une très bonne chose », selon Thomas Piketty : cela lui a permis de reconstruire le pays et de redevenir une grande puissance économique mondiale.Pourquoi ne fait-on pas la même chose avec la Grèce aujourd’hui, s’est interrogé l’économiste. « Les jeunes Grecs doivent-ils être davantage tenus responsables des erreurs commises dans le passé que les Allemands en 1953 ? Pourquoi leur refuser ce que l’on a accepté de la part des Allemands ? ».Et M. Piketty d’asséner : « Si la crise financière est née aux Etats-Unis en 2008, ceux-ci l’ont résolue rapidement mais elle est devenue une crise européenne car nous n’avons pas pris les bonnes décisions. On a voulu diminuer les déficits publics trop vite. C’est pour cela que le chômage est aujourd’hui si élevé. »Vers un Parlement de la zone euro ?Pour lui, il serait bien plus efficace de permettre à la Grèce d’investir dans son avenir et ce serait à un Parlement de la zone euro, « où chaque pays serait représenté en fonction de sa population, ce qui implique que l’Allemagne accepterait d’être mise en minorité », de décider du rythme de réduction des déficits publics.Tout cela était trop pour le très modéré Olaf Scholz. Il s’est dit « très sceptique » sur une nouvelle réforme des traités, même s’il reconnaît que davantage de décisions devraient être prises au niveau européen, notamment sur la fiscalité des entreprises.Pour lui, « on a contracté beaucoup trop de dettes en Europe ces dix dernières années » ce qui est une des causes de la crise. Quant à la Grèce, elle a déjà été beaucoup aidée y compris par des pays comme la Slovénie qui sont moins riches qu’elle.A ses yeux, tirer un trait sur la dette grecque serait non seulement injuste mais inutile. Ce qu’il faut, c’est qu’Athènes « trouve sa place sur les marchés mondiaux » et que le pays se réforme en profondeur, notamment en taxant les plus riches.Là non plus, M. Piketty n’est pas d’accord : « C’est de l’hypocrisie. On dit à Athènes de taxer les riches mais ceux-ci mettent leur argent dans des banques françaises ou allemandes qui refusent de fournir des informations aux autorités grecques sur leurs clients ».M. Piketty avait déjà tenté d’évoquer la dette publique lors d’un débat organisé le 7 novembre 2014 avec Sigmar Gabriel, ministre de l’économie et président du parti social-démocrate. Mais celui-ci avait esquivé la question et le cadre, trop solennel, avait empêché l’économiste de développer ses arguments.Mercredi, l’économiste entendait donc manifestement mettre « les pieds dans le plat ». A-t-il été entendu ? Ce n’est pas sûr. Mais ce prix, tout comme la discussion organisée par Sigmar Gabriel montrent qu’au moins le SPD n’esquive pas le débat.Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) Longtemps enfoui dans la mémoire des victimes, voire couvert par les autorités, le phénomène des abus sexuels contre les mineurs prend au Royaume-Uni une ampleur exceptionnelle. Les révélations publiques encouragent en effet des dizaines, voire des centaines de milliers de victimes à porter plainte pour des faits aussi bien anciens que récents. Simon Bailey, le policier qui dirige l’opération « Hydrant » spécialisée dans les enquêtes sur les réseaux pédophiles a fait sensation, mercredi 20 mai en révélant que 1 400 hommes faisaient en ce moment l’objet d’enquêtes sur des abus sexuels remontant parfois à quelques décennies.Lire : La révélation de plusieurs scandales de pédophilie bouleverse le Royaume-UniSur ces 1 400 suspects, 216 sont décédés et 261 sont ou étaient des personnalités du monde de la politique, de l’industrie musicale, des médias et du sport, a précisé le directeur de l’unité qui supervise les multiples enquêtes ouvertes dans le pays. Des centaines de lieux, dont 154 écoles, 75 foyers de l’enfance et 40 institutions religieuses sont concernés, y compris des prisons, des centres sportifs et des casernes. Tout se passe comme si l’accumulation de scandales révélés par la presse, dont l’affaire Jimmy Savile, animateur de la BBC et prédateur sexuel pendant des décennies, et le réseau pédophile lié au Parlement de Westminster depuis les années 1980, avaient fait sortir de l’anonymat de nouvelles cohortes impressionnantes de plaignants.Lire aussi :Un rapport révèle les soixante abus sexuels de Jimmy Savile dans un hôpitalAu rythme actuel, le chef policier s’attend à ce qu’un total de 116 000 plaintes soient déposées en 2015, soit une augmentation de 71 % par rapport à 2012. Sur ces 116 000 victimes alléguées, 52 446 rapportent des faits remontant à des années, voire des décennies, soit une augmentation de 166 % sur la même période. Le nombre de victimes pourrait se chiffrer par centaines de milliers, a prévenu le commissaire Bailey qui a réclamé des moyens financiers supplémentaires. Ces chiffres ne sont qu’« un instantané de la situation, a-t-il prévenu. Ils augmentent quotidiennement ». Aux scandales de pédophilie du passé s’ajoute une recrudescence récente de ce type d’agissements lié à l’internet.Nouvelles méthodesLa diffusion en streaming sur les smartphones d’abus sexuels visant des enfants est le nouveau défi auquel doivent faire face les policiers, a précisé Simon Bailey. La nouvelle échelle du phénomène révélée mercredi suppose des méthodes et une organisation renouvelées. Le commissaire a annoncé la création d’une banque de données nationale pour éviter les ratages constatés dans le dossier Jimmy Saville. Certains rapports avaient été effacés du système, dans certains cas pour éviter les fuites, empêchant des recoupements. Le responsable policier a enjoint les professeurs, les médecins, les parents et l’ensemble de la société de se mobiliser pour repérer et signaler les cas d’abus sexuels.De fait, l’ampleur phénoménale prise par ces affaires crée un véritable problème de santé publique, ajoute l’association nationale de prévention des mauvais traitements aux enfants (NSPCC). Notre pays « n’aide pas suffisamment les enfants et les adultes victimes à se reconstruire. Tout cela a un coût économique, notamment en termes de soins psychiatriques », ajoute Jon Brown, chargé du dossier pour cette association. Quant à Tom Watson, le député travailliste qui a dénoncé en 2012 « un puissant réseau pédophile lié au Parlement et au n°10 [Downing Street] », obligeant Scotland Yard à ouvrir une enquête, il estime que l’ampleur des faits exige désormais rien moins que la création d’un service de police national dédié à leur élucidation.Lire aussi :Scotland Yard soupçonné d’avoir couvert un scandale pédophilePhilippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.05.2015 à 06h59 • Mis à jour le20.05.2015 à 17h34 Des centaines de migrants abandonnés par leurs passeurs en mer d’Andaman ont été secourus, mercredi 20 mai, par des pêcheurs indonésiens au moment où, soumise à de fortes pressions internationales, la diplomatie régionale s’active pour tenter de résoudre la crise.Lire aussi :Des centaines de migrants à la dérive dans la nouvelle « Méditerranée d’Asie »Les ministres des affaires étrangères d’Indonésie, Malaisie et Thaïlande devaient s’entretenir dans la matinée près de Kuala Lumpur d’un afflux récent de migrants et de réfugiés fuyant les persécutions et la misère au Bangladesh et en Birmanie.426 personnes secourues par des pêcheursCes migrants tentaient traditionnellement de passer en Thaïlande pour ensuite rejoindre clandestinement par la route la Malaisie, pays à majorité musulmane parmi les plus prospères d’Asie du Sud-Est. Mais la Thaïlande a décidé de sévir contre les filières de la traite après la découverte de charniers dans des camps de transit de migrants, contraignant les passeurs à chercher de nouveaux itinéraires.Les bateaux chargés de migrants arrivent désormais le long des côtes malaisiennes et indonésiennes, après des semaines de navigation dans des conditions effroyables. Ils sont la plupart du temps abandonnés par les passeurs et les migrants à court d’eau et de nourriture n’ont d’autre choix que de sauter à l’eau pour gagner les rives à la nage, ou d’attendre d’improbables secours.L’Indonésie a annoncé que des pêcheurs avaient encore secouru 426 personnes au large de ses côtes dans la nuit de mardi à mercredi. Au total, environ 1 800 migrants se trouvent désormais dans le pays.Cent deux personnes ont d’abord été récupérées sur une première embarcation tandis que les autres se trouvaient à bord d’un bateau « à la dérive dont le moteur était mort », a indiqué un responsable local des services de secours. « Certains avaient l’air très malade et faible, certains étaient déshydratés, apparemment ils n’avaient pas beaucoup d’eau et de nourriture », a-t-il ajouté, précisant que se trouvaient à bord de nombreux enfants et nourrissons.La Birmanie offre « une assistance humanitaire »La Thaïlande, l’Indonésie et la Malaisie ont accueilli plus de 3 000 naufragés en quelques jours mais elles ont aussi refoulé plusieurs bateaux, s’attirant les critiques des Nations unies et d’organisations non gouvernementales. Des centaines seraient toujours à l’abandon dans le golfe du Bengale ou en mer d’Adaman. L’ONU estime qu’ils sont 2 000 pris au piège des passeurs depuis des semaines sur des embarcations au large de la Birmanie.Selon Vivian Tan, porte-parole à Bangkok du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies, les trafiquants exigent entre 180 et 270 dollars pour permettre aux migrants de débarquer et de retourner dans l’Etat Rakhine en Birmanie où vivent les Rohingyas. Les persécutions subies en Birmanie par les Rohingyas, communauté musulmane pauvre et marginalisée dans un pays largement bouddhiste, sont considérées comme l’une des causes profondes de l’augmentation du nombre de migrants qui risquent leur vie sur les mers en Asie du Sud-Est.La Birmanie, qui s’est peu exprimée depuis le début de la crise et avait fait savoir qu’elle ne participerait pas au sommet régional sur le sujet prévu le 29 mai à Bangkok, se montre nettement mieux disposée depuis le début de la semaine. Assurant « comprendre l’inquiétude internationale » concernant le sort des Rohingyas, Rangoun a finalement offert mercredi « une assistance humanitaire à tous ceux qui ont souffert dans la mer ».lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2qkhg0"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2qkhg0", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 20.05.2015 à 03h24 • Mis à jour le20.05.2015 à 07h36 Le président de la principale organisation patronale britannique appelle les entreprises à se faire entendre pour garantir le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne (UE), qui doit être soumis à référendum.Lire :En route pour le référendum sur la sortie de l’UE au Royaume-UniLe débat s'est intensifié au Royaume-Uni sur le maintien du pays ou non au sein de l'UE depuis la victoire du premier ministre conservateur, David Cameron, aux élections législatives du 7 mai et sa promesse réitérée de tenir un référendum sur la question d'ici à la fin 2017. Il pourrait être tenté de l'avancer à 2016 afin d'abréger l'incertitude, bête noire des marchés.« Dans notre intérêt national »« Les entreprises doivent être claires sur le fait que rester État membre (de l'UE) est dans notre intérêt national », devait souligner Mike Rake, le président de la Confédération des industries britanniques (CBI), lors du dîner annuel de cette influente organisation qui affirme parler au nom de 190 000 entreprises de tout le pays.« L'Union européenne est essentielle à notre prospérité nationale. Elle nous permet de définir un programme commercial, d'être partie du plus vaste accord de libre-échange jamais négocié (le TTIP, en cours de négociation avec les États-Unis, ndlr) et d'être capable de concurrencer les géants mondiaux comme la Chine et l'Inde », a-t-il énuméré.Lire aussi notre éditorial :Londres et le piège du « Brexit »Les milieux d'affaires britanniques sont globalement favorables à un maintien britannique dans l'Union européenne, même si beaucoup d'acteurs plaident pour une réforme de ses institutions. « Les entreprises parlent de plus en plus de cette question cruciale et le temps est venu maintenant d'élever le volume », a insisté M. Rake, jugeant que les Britanniques allaient devoir choisir « entre l'ouverture et l'isolement », « entre dessiner l'avenir ou retourner vers le passé ».Le « Brexit », un risque pour la CityA la City de Londres, première place financière européenne, des voix affirment qu'un « Brexit » (sortie britannique de l'UE) risquerait de pousser un certain nombre d'institutions financières hors du Royaume-Uni. La première banque privée allemande, Deutsche Bank, qui emploie près de 9 000 salariés au Royaume-Uni, a annoncé mardi étudier les conséquences du « Brexit » et réfléchir au rapatriement en zone euro de certaines activités dans un tel scénario.Lire aussi :La City salue la victoire des conservateurs, malgré les risques de « Brexit»Quelques voix discordantes se font entendre aussi toutefois : lundi, les dirigeants du plus important fabricant britannique d'engins de chantier, JCB, ont appelé le pays à quitter l'UE si cette dernière ne se réformait pas. Son directeur général a souligné que l'opposition au « Brexit » était « beaucoup trop alarmiste quant aux conséquences, par exemple sur l'emploi » d'une rupture de Londres avec Bruxelles. 19.05.2015 à 13h59 • Mis à jour le19.05.2015 à 15h04 | Eric Albert (Londres, correspondance) Le Royaume-Uni est officiellement entré en déflation. L’indice des prix, publié par le Bureau national des statistiques mardi 19 mai, est en recul de 0,1 % sur les douze mois de mai 2014 à avril 2015. Pourtant, les économistes britanniques, y compris à la Banque d’Angleterre (BoE), affichent une évidente décontraction face à ce phénomène. Pour eux, il s’agit uniquement d’un phénomène temporaire, lié à la baisse du pétrole et des prix agroalimentaires, et un rebond des prix est attendu à court terme.La baisse de l’indice des prix est pourtant historique. Il faut remonter à mars 1960 pour retrouver un tel phénomène au Royaume-Uni. Ce n’est pour autant pas une surprise. En février et mars, l’inflation avait déjà été nulle.L’explication vient essentiellement de facteurs extérieurs : la chute du baril de pétrole a provoqué une baisse des prix à la pompe de 12,3 % sur un an, tandis que les prix de l’alimentaire reculaient de 3 %. La hausse de la livre sterling, particulièrement face à l’euro, a également fait baisser le coût des importations.Les ménages ne diffèrent pas leurs dépensesMark Carney, le gouverneur de la banque d’Angleterre, s’était d’ailleurs voulu rassurant mercredi 13 mai lors de la présentation de son rapport trimestriel. Pour lui, la croissance britannique demeure solide, et il n’y a pas de risque d’une spirale déflationniste.Théoriquement, le danger de la chute des prix est que les ménages diffèrent leurs dépenses, attendant que les biens de consommation soient encore moins chers, ce qui ralentirait la croissance. « Il n’y a aucun signe que c’est ce qu’il se produit actuellement, estime M. Carney. Les gens ne diffèrent pas leurs dépenses. »La consommation demeure effectivement solide au Royaume-Uni. La forte baisse du chômage, désormais à 5,6 %, a permis aux Britanniques de renouer avec la confiance.Lire aussi :Les ambiguïtés de la reprise britanniqueÀ court terme, la baisse des prix présente même un avantage pour l’économie britannique. Longtemps, la croissance des salaires est restée très limitée tandis que l’inflation était forte, atteignant deux pics à 5 % en 2008 et en 2011. Le pouvoir d’achat des ménages en a longtemps souffert.Mais depuis six mois, les deux courbes se sont croisées. Les salaires ne progressent certes qu’à un rythme modéré (+1,9 %), mais nettement plus que l’inflation. « Au final, nous ne sommes pas inquiets par un seul mois de déflation », juge Azad Zangana, économiste à Schroders, une société de gestion.La remontée des taux pourrait attendre un peuSelon lui, le phénomène devrait disparaître dans les mois qui viennent, maintenant que le prix du baril de pétrole a rebondi.Pour la banque d’Angleterre, la déflation, si elle reste temporaire, présente également un avantage. Maintenant que la reprise est là, l’institution envisage d’augmenter son taux d’intérêt, qui est à son plus bas historique de 0,5 % depuis bientôt sept ans.Avec des prix actuellement en baisse, elle peut toutefois se permettre d’attendre plus longtemps : son mandat est de contenir l’inflation autour de 2 %, ce qui est loin d’être le cas actuellement. Les marchés ne tablent donc sur une première hausse des taux que fin 2015 ou début 2016.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.05.2015 à 10h30 • Mis à jour le18.05.2015 à 11h17 Une centaine de sympathisants de l’opposition macédonienne, répondant à l’appel de leur chef Zoran Zaev, ont passé la nuit devant le siège du gouvernement après la manifestation qui a réuni 20 000 personnes dimanche à Skopje selon l’AFP. Les protestataires exigent la démission du premier ministre, Nikola Gruevski, impliqué dans un vaste scandale d’écoutes illégales.Le pouvoir a de son côté annoncé pour lundi soir une manifestation d’ampleur devant le siège du Parlement en soutien au chef du gouvernement conservateur au pouvoir depuis neuf ans. La présence d’un grand nombre de sympathisants du pouvoir alors que l’opposition manifeste encore fait craindre de possibles incidents.Grave crise politiqueLes journaux macédoniens proches de l’opposition décrivaient la manifestation de dimanche comme un « rassemblement grandiose » tandis que les médias progouvernementaux critiquaient une manifestation organisée par ceux qui veulent « déstabiliser » la Macédoine.L’ex-république yougoslave de 2,1 millions d’habitants, dont un quart d’Albanais, est en proie depuis le début de l’année à une grave crise politique opposant les principales formations slaves. Le pouvoir accuse l’opposition d’« espionnage » et de « volonté de déstabiliser le pays ».Le gouvernement du nationaliste Nikola Gruevski, à la tête du VMRO-DPMNE, accusé de longue date de dérive autoritaire et de corruption, affronte depuis janvier les suites des révélations d’un scandale d’écoutes illégales massives. Selon l’opposition, 20 000 personnes, dont des hommes politiques, des journalistes et des chefs religieux, auraient été écoutées. Lors des législatives anticipées en avril, M. Gruevski a été reconduit au pouvoir pour un mandat de quatre ans. 17.05.2015 à 15h08 • Mis à jour le17.05.2015 à 21h07 A l’appel de l’opposition, plusieurs milliers de personnes se sont réunies dimanche 17 mai devant le siège du gouvernement à Skopje, la capitale macédonienne, pour réclamer la démission du premier ministre conservateur, Nikola Gruevski, impliqué dans un vaste scandale d’écoutes illégales.Zoran Zaev, leader de l’opposition de gauche, a enjoint aux manifestants de rester dans la rue jusqu’à la démission du chef du gouvernement. Un appel suivi par une centaine de personnes, dimache soir.« Nous allons rester ici devant le gouvernement ! Nikola Gruevski doit démissionner. Tant qu'il n'est pas parti, nous n'allons pas quitter les lieux », a lancé M. Zaev à ses militants. « Gruevski ! Tes jours sont comptés ! Va-t-en ! », a-t-il exigé en affirmant parler « au nom de tous, Macédoniens, Albanais, Serbes et toutes les communautés ethniques de Macédoine ».Les manifestants, au nombre de 20 000 selon une estimation de journalistes de l’Agence France-Presse,avaient, dans l’après-midi, brandi des drapeaux macédoniens et albanais en signe d'unité communautaire contre le pouvoir.Depuis des semaines, la capitale est le théâtre de rassemblements d’opposants qui dénoncent la corruption du régime.Affrontements meurtriers dans le nord du paysSamedi, le premier ministre a prévenu qu’il n’avait aucune intention de quitter le pouvoir. En revanche, trois de ses proches collaborateurs, les ministres de l’intérieur et des transports ainsi que le chef des renseignements, également éclaboussés par le scandale, ont déjà présenté leur démission.La Macédoine, ex-république yougoslave de 2,1 millions d’habitants, est secouée par une grave crise politique. Elle a été le théâtre il y a une semaine d’affrontements meurtriers entre les forces de l’ordre et un commando d’origine albanaise, qui ont fait 18 morts dont huit policiers à Kumanovo, dans le nord du pays.Lire aussi :Violents affrontements en MacédoineLe gouvernement du nationaliste Nikola Gruevski, à la tête du VMRO-DPMNE, accusé de longue date de dérive autoritaire et de corruption, affronte depuis janvier les suites des révélations d’un scandale d’écoutes illégales massives. Selon l’opposition, 20 000 personnes, dont des hommes politiques, des journalistes et des chefs religieux, auraient été écoutées.Lors des législatives anticipées d’avril dernier, M. Gruevski a été reconduit au pouvoir pour un mandat de quatre ans. Néanmoins, depuis, l’opposition refuse de participer aux travaux du Parlement et dénonce des « fraudes » commises durant le scrutin ainsi que les dérives autoritaires de M. Gruevski. Maryline Baumard La France est officiellement opposée à l’instauration de « quotas de migrants » au niveau européen, mais plaide pour une répartition « plus équitable » des réfugiés dans l’Union. C’est la position défendue par le premier ministre, Manuel Valls, samedi 16 mai, à deux jours de la reprise au Sénat de la discussion sur la loi asile.Cette dialectique est d’autant plus difficile à comprendre que l’Union européenne propose justement des quotas pour parvenir à une répartition équitable entre les pays.En matière d’accueil des réfugiés, deux données diffèrent largement. D’une part, le nombre de demandeurs, d’autre part le taux d’octroi de ce statut. Selon les statistiques 2014 du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), la France n’est que le 6e pays le plus demandé au monde. Son attrait s’est largement terni ces dernières années puisqu’elle a perdu trois places et est un des rares Etats à observer une décroissance (très légère) de ces demandes quand elles flambent partout ailleurs.Sur les 34 pays les plus industrialisés, l’Allemagne est devenue la destination la plus attrayante pour les personnes en quête d’une protection. Elle est suivie par les Etats-Unis, la Turquie, la Suède et l’Italie. De grands pays de l’Union europénne, comme la Pologne, ne prennent qu’une part très réduite de l’afflux migratoire.Lire la chronique :Quotas migratoires : l'Europe évoque enfin le principe de solidaritéTaux de refus en France élevéSi l’on s’intéresse cette fois au pourcentage de demandes qui reçoivent une réponse positive, la France n’est pas généreuse. Elle se classe même loin derrière la moyenne de l’Union européenne. Selon les données Eurostat, établies sur l’année 2014, 45 % des demandeurs obtiennent un statut de réfugié dans l’Union lors de leur demande initiale, contre un taux deux fois moins élevé en France (22 %).Inutile de préciser que ce large pourcentage de refus contribue à la perte d’attractivité du pays en la matière. Ainsi, les Erythréens qui sont refusés dans 85 % des cas par la France, trouvent ailleurs une reconnaissance de leur statut de personne persécutée. Les trois quarts des 14 600 Erythréens qui sont arrivés en Europe en 2014 ont été accueillis par la Suède (5 700), les Pays-Bas (3 600) et le Royaume-Uni (2 300). La France, elle, n’en a accepté que 183 et s’étonne ensuite qu’ils campent à Calais dans l’attente d’une traversée de la Manche.Ces données montrent bien que chaque pays de l’Union accueille comme il l’entend ses réfugiés. Ils sont logés ou laissés à la rue, ils perçoivent ou non une indemnité de survie durant l’instruction de leur dossier. Et, bien que les Etats se basent sur le même texte de la convention de Genève, ils ne l’interprètent pas de la même manière.La Commission propose une répartition chiffréeL’accueil des demandes individuelles est donc une prérogative étatique que Bruxelles n’a pas l’intention de toucher. En revanche, c’est en cas d’afflux massif d’arrivants que la Commission propose une répartition chiffrée « des personnes qui ont besoin d’une protection et non des migrants économiques », tient à préciser Philippe Leclerc, le correspond du HCR auprès de la France. Il ne s’agit évidemment pas d’obliger un Etat à accueillir de migrants économiques ; même si certains profitent de ce débat pour jeter le flou sur ce point crucial.Le 13 mai, la Commission européenne a avancé l’idée qu’une répartition pensée globalement obligerait la France à augmenter le nombre de ses propres demandeurs d’asile de 14 % ; l’Allemagne, de 18 % ; et l’Italie, de 11 %. « Il s’agit d’une mesure d’urgence, pour une situation précise [l’afflux en Méditerranée]. Je précise que chaque Etat pourra continuer à déterminer s’il accorde, ou non, l’asile à la personne concernée. Nous n’imposerons rien », a précisé au Monde le même jour le premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans.La mise en place d’un tel système nécessiterait à un premier accueil international permettant de définir qui au sein de ces arrivées massives a besoin de ce statut. « Nous sommes favorables à cette idée et en discuterons aussi bien avec les Etats qu’avec l’Europe afin d’être le plus efficace possible en matière de délivrance d’une protection internationale », ajoute Philippe Leclerc.Lire aussi :Bruxelles propose des quotas sur l’accueil des réfugiésGrande-Bretagne, Hongrie, Pologne et France opposés aux quotasLes quotas, auxquels s’opposent déjà la Grande-Bretagne, la Hongrie, la Pologne et désormais la France, s’appuient en même temps sur un autre levier. En effet, en parallèle à ces demandeurs qui déposent individuellement leur dossier, le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) a repéré des personnes nécessitant une sortie urgente des camps et une réinstallation dans un pays tiers. C’est une des missions du HCR.Les Syriens, dont on connaît la situation et qui ont sursaturé les pays voisins (Liban, Turquie, etc.), puisque près de 4 millions y sont installés, pourraient être plus largement accueillis sur le Vieux Continent, selon l’agence des Nations unies. En 2014 les Vingt-Huit en ont accueilli soixante-dix mille. Le HCR a donc demandé à l’Union européenne d’en accueillir 20 000 au cours des deux prochaines années. La clé de répartition établie par les instances européennes imposerait à la France d’en prendre en charge 2 375.Lorsque Manuel Valls rappelle samedi que « la France, déjà, a fait beaucoup : ainsi 5 000 réfugiés syriens et 4 500 Irakiens ont déjà été accueillis en France depuis 2012 », il additionne en fait les différents modes d’accueil, qu’ils soient individuels ou préconisés par le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés. En fait, la France a accueilli 500 réfugiés Syriens sélectionnés par le HCR en 2014. Elle est en train d’en accueillir 500 autres, et le chef de l’Etat, François Hollande, a annoncé en accepter encore quelques centaines (sans chiffrer) lors du dernier sommet européen, le 23 avril. A titre de comparaison, l’Allemagne a donné son accord pour 10 000 en 2014… et autant pour 2015.Quotas calculés en fonction du PIBLes quotas que souhaite mettre en œuvre l’Union seraient calculés en fonction du produit intérieur brut (PIB) du pays, de sa population, de son taux de chômage et du nombre de réfugiés déjà installés. Or quand le HCR recalcule le taux d’accueil des réfugiés en fonction du PIB de chaque pays, la France tombe de deux rangs en matière d’effort consenti, pour se placer au 8e rang des 34 pays industrialisés (contre une 6e place si l’on s’en tient à l’accueil en valeur absolue). Ce facteur intégré, la Turquie est le pays qui consacre le plus fort taux de son PIB sur ce poste, elle est suivie par l’Allemagne, les Etats-Unis et l’Italie.Si l’on fait bouger le curseur pour analyser le nombre de réfugiés accueillis non plus en fonction de la richesse du pays, mais par millier d’habitants, là encore la France ne se classe pas au rang des pays les plus généreux. C’est la Suède qui arrive en tête. Entre 2010 et 2014, le pays nordique a accepté 24,4 % de réfugiés par millier d’habitants, Malte le suit avec 17,5 % ; le Luxembourg avec 12,6 %… Avec ce mode de calcul la France ne figure même pas dans les dix premiers !Ces vérités statistiques ne trouvent que peu leur place dans un débat très politisé et instrumentalisé, où l’on confond volontiers migrant et demandeur d’asile. Demain 18 mai, le Sénat va reprendre les discussions sur la proposition de loi censée améliorer l’asile en France. Dans les semaines à venir et avant que le plan européen ne soit discuté par les ministres de l’intérieur, le 15 juin à Luxembourg, puis soumis aux dirigeants lors du sommet de Bruxelles du 30 juin, les discussions vont aller bon train. Les prises de positions de Manuel Valls montrent de façon précoce que le texte pourra arriver largement amendé en discussion.Lire l'éditorial :Quotas migratoires : un pas dans la bonne directionMaryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.05.2015 à 19h32 Ankara a affirmé avoir abattu un appareil syrien qui aurait violé son espace aérien, samedi 16 mai. « Un hélicoptère syrien, qui avait franchi la frontière pendant une période de cinq minutes dans un périmètre de onze kilomètres, a été abattu », a ainsi déclaré le ministre de la défense Ismet Yilmaz, cité par l'agence de presse Dogan. La Syrie a fermement démenti qu'il s'agissait d'un appareil avec pilote : « c'est un petit drone, qui volait dans la zone », a indiqué la télévision d'Etat syrienne, citant des sources militaires. L’appareil se serait écrasé du côté syrien de la frontière, en trois morceaux.  16.05.2015 à 11h17 • Mis à jour le16.05.2015 à 11h54 | Sylvie Kauffmann On voudrait les oublier, mais ils ne nous quittent pas. Le drame des damnés de la mer et leurs naufrages à répétition se maintiennent obstinément parmi les premiers sujets de l’actualité. Pire, ils se doublent à présent d’un drame parallèle, celui des Rohingya, minorité musulmane rejetée par la Birmanie, qui dérivent sur des rafiots d’un autre âge en mer d’Andaman. Ceux-là, au moins, ne visent pas l’Europe.Il y a trois semaines, dans une précédente chronique, je me suis interrogée sur les raisons de notre apparente indifférence à ces boat people des temps modernes, en comparaison avec la spectaculaire mobilisation qui avait abouti en France, en 1979, à l’opération Un bateau pour le Vietnam. Les réactions à cette interrogation ont été si vives et si instructives qu’elles méritent un retour sur le sujet.Disons-le tout de suite : à quelques sympathiques co-indignations près, beaucoup de ces réactions sont assez peu charitables – dans tous les sens du terme. C’est sans doute un signe, qui confirme à sa manière que 2015 n’est pas 1979. Plus intéressantes, évidemment, sont les explications avancées par les lecteurs. On peut les ranger dans plusieurs catégories, par ordre d’importance croissante.« C’est l’économie, idiot ! » En gros, il y a trente-six ans, nous sortions des « trente glorieuses », mais nous ne le savions pas encore. La vie était belle – du moins la voit-on ainsi à présent –, Valéry Giscard d’Estaing jouait de l’accordéon. En 2015, nous sommes dans l’ère de la mondialisation et nous ne le savons que trop : elle a bouleversé nos modèles et nos certitudes économiques. Une comparaison des taux de chômage en France éclaire ce sentiment d’insécurité : 3,3 % de la population active en 1975, 4,8 % en 1979, un chiffre qui allait augmenter chaque année jusqu’à atteindre 8,7 % en 1987. Il est aujourd’hui de 10 %. Nous étions forcément plus accueillants.La composition sociologique Exode surtout politique, le phénomène des boat people asiatiques apparaissait comme vraisemblablement limité dans le temps, alors que la pression démographique en Afrique, la complexité des conflits sur le continent, la guerre en Syrie, le djihad tous azimuts nous laissent imaginer une émigration de masse pendant plusieurs années. Autre argument avancé : Vietnamiens et Cambodgiens s’intégraient mieux dans les sociétés européennes que les réfugiés d’aujourd’hui, en grande partie musulmans. Ou encore : les boat people asiatiques étaient des réfugiés politiques, ceux d’aujourd’hui sont pour la plupart des « aventuriers économiques ». Ainsi, nous étions très solidaires de Solidarnosc avant la chute du rideau de fer, beaucoup moins lorsque, une fois libre, le plombier polonais a débarqué pour chercher du travail.Une dynamique idéologique Pour le sociologue Michel Wieviorka, qui faisait partie du comité Un bateau pour le Vietnam, c’était là la principale raison de notre emballement pour ces réfugiés qui fuyaient le communisme. « 1978-1980, dit-il maintenant, c’est le moment où la France dit adieu au communisme. » Les nouveaux philosophes défraient la chronique, Alain Geismar, ex-leader de Mai 68, sort du maoïsme. Le sauvetage des boat people, poursuit Wieviorka, « ce fut l’idée géniale d’articuler une cause humanitaire et une cause politique ». Et la conférence de presse conjointe de Jean-Paul Sartre et Raymond Aron, qui ne s’étaient pas parlé depuis vingt ans, « c’était la défaite de Sartre et le triomphe d’Aron ».Dans la même logique, certains lecteurs évoquent un sentiment de culpabilité des gens de gauche, en Europe, qui, s’étant fourvoyés dans l’admiration du marxisme, trouvaient dans la mobilisation pour les réfugiés d’Asie du Sud-Est une façon de se racheter.Pour autant, on pourrait retourner l’argument politique : pourquoi, face à ce nouveau totalitarisme que constitue l’islam radical, les esprits libres ne se mobilisent-ils pas davantage pour sauver ses victimes ? Il n’y a sans doute ici aucun sentiment de culpabilité, voire l’idée que l’Europe en est, elle aussi, une cible.Le rôle des intellectuels « Vous les connaissez, vous, les héritiers de Sartre et Aron ? », apostrophe un lecteur. « En 1979, on avait encore des figures respectées », relève un autre. C’est un vrai constat, qu’ils sont nombreux à faire : les intellectuels n’ont plus l’autorité ni le rôle qui étaient les leurs il y a trente-six ans.Cette semaine, dans l’hebdomadaire Le 1, Jean-Christophe Rufin, ex-humanitaire et écrivain, sonne « la fin du bernard-henri-lévisme » et de cet interventionnisme extérieur par lequel les politiques suivent béatement les intellectuels. Ce courant, écrit-il, « a été un moment éphémère de notre histoire, un moment pendant lequel nous avons pathétiquement voulu nous abstraire des contraintes de la réalité au profit d’une vision idéale et morale ».A vrai dire, aujourd’hui, il n’y a pas foule autour de Bernard-Henri Lévy. La figure de l’intellectuel est-elle dépassée ? « Non, nous répond BHL. Je la crois même plus actuelle, plus nécessaire, plus vitale que jamais. En revanche, les quelques-uns qui essaient encore d’y être fidèles ont à faire face, ici, en France, à un climat pestilentiel et qui, souvent, la met en échec. Souverainisme. Provincialisme. Débats franco-français désespérément nombrilistes – Todd versus Zemmour, quelle misère ! Recul, donc, du souci du monde. Offensive générale, aussi, contre cet universalisme qui est la condition de possibilité du fonctionnement de l’intellectuel et que l’on tente, à gauche comme à droite, de disqualifier sous le nom de “droit-de-l’hommisme”. Cynisme aussi. Epoque de ricanement généralisé et d’une philosophie du soupçon devenue folle. Voilà tout ce à quoi doivent s’affronter ceux qui n’ont pas oublié l’héritage d’Aron et de Sartre. » Où l’on comprend mieux pourquoi 2015 n’est pas 1979.Sylvie KauffmannJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.05.2015 à 00h02 • Mis à jour le16.05.2015 à 00h37 Le gouvernement canadien s'est engagé, vendredi 15 mai, à réduire de 30 % ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 par rapport à 2005 en annonçant ses objectifs pour la conférence de l'ONU sur le climat en décembre à Paris.Cet objectif, que le Canada devait fixer avant le sommet du G7 tout début juin, est « ambitieux », a déclaré lors d'une conférence de presse la ministre de l'Environnement Leona Aglukkaq, tandis que les défenseurs de l'environnement le jugeaient nettement insuffisant.Encadrer les émissions de méthane du secteur pétrolier et gazierLors de la conférence de Copenhague en 2009, le Canada s'était donné pour objectif de réduire de 17 % ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d'ici 2020 par rapport à 2005, mais celles-ci ont plutôt augmenté. Mi-avril, le ministère de l'environnement avait indiqué qu'elles avaient progressé de près de 20 % par rapport à l'objectif initial.Le Canada ne contribue que pour « environ 2 % » des émissions mondiales de GES, mais il « est l'un des plus grands émetteurs par habitant » au monde, selon le ministère. Pour réussir cette fois, Ottawa compte réguler les émissions des centrales électriques alimentées au gaz naturel ainsi que celles du secteur des produits chimiques et des engrais azotés.Le gouvernement va aussi encadrer les émissions de méthane du secteur pétrolier et gazier, qui n'est pour l'instant soumis à aucune autre restriction. Les émissions du secteur de l'énergie (10 % du PIB) représentaient 81 % des émissions totales de GES du pays en 2013. Ottawa, a poursuivi Mme Aglukkaq, compte également sur ses investissements dans « des technologies novatrices pour continuer d'améliorer la performance environnementale du secteur des sables bitumineux et d'autres secteurs en croissance ».Les provinces en première ligneLe gouvernement entend aussi, a-t-elle dit, « travailler de concert avec les provinces », dont certaines comme l'Ontario et le Québec sont en pointe en matière de réduction GES, dont le principal est le dioxyde de carbone (CO2).Lire notre enquête (en édition abonnés) :Climat : les provinces du Canada en première ligneLe ministre de l'environnement du Québec, David Heurtel, a cependant regretté que les objectifs annoncés par Ottawa n'aient pas été « constitués avec les provinces ou les territoires ». Selon lui, l'objectif fixé par le Canada correspond à une réduction de 14 % des émissions de GES par rapport à 1990, année de référence du protocole de Kyoto.C'est « l'un des plus faibles des pays industrialisés », a réagi sur Twitter Steven Guilbeault de l'organisation écologiste Equiterre. Première province à annoncer son objectif pour 2030, l'Ontario a indiqué jeudi qu'elle comptait réduire ses émissions de 37 % par rapport à 1990. Le Canada s'est retiré du protocole de Kyoto en 2011, jugeant ses objectifs irréalistes.Deuxième plus gros émetteur de GES derrière la Chine, les Etats-Unis se sont engagés en mars sur une réduction de 26 % à 28 % de leurs émissions d'ici 2025 par rapport à 2005. L'Union européenne prévoit une réduction de 40 % d'ici 2030 par rapport à 1990.La France a l'ambition à la conférence de Paris (COP 21), prévue du 30 novembre au 15 décembre, d'arriver à un accord entre près de 200 Etats permettant de limiter le réchauffement de la planète à 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle.Lire notre entretien avec le commissaire européen Miguel Arias Cañete (édition abonnés) : Le rendez-vous de Paris sur le climat sera crucial 15.05.2015 à 12h39 • Mis à jour le15.05.2015 à 13h00 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Rédigé par l’opposition, le rapport posthume de Boris Nemtsov, assassiné au pied du Kremlin le 27 février, sur l’implication militaire de la Russie en Ukraine, n’a pas encore franchi tous les obstacles pour sa diffusion. « Notre but est d’amener tous ceux qui, en Russie, n’utilisent pas Internet ou qui n’écoutent que la propagande à ouvrir les yeux, avait déclaré Ilia Iachine, membre du parti d’opposition RPR-Parnasse, en présentant le document à la presse le 12 mai. Nous n’avons pas besoin de convaincre les Occidentaux mais ceux qui regardent Perviy Kanal [première chaîne de télévision russe]. »Tiré à 2 000 exemplaires et intitulé « Poutine. La guerre », le rapport, qui dénonce l’envoi, toujours nié par Moscou, de soldats, de mercenaires et de matériel en soutien aux séparatistes prorusses du Donbass, reste cependant confidentiel. Au moins quatorze imprimeurs en Russie ont refusé de l’éditer.Dossiers sensiblesUne collecte d’argent a été lancée pour tenter néanmoins de publier le plus largement possible le document et de le distribuer en région. Les dons ont afflué. Mais, nouveau revers, le service de paiement en ligne PayPal a fait savoir, jeudi 14 mai, qu’il ne faudrait pas compter sur lui. Un compte avait été ouvert par Vsevolod Chagaev, un militant de Solidarnost (mouvement qui réunit plusieurs figures de l’opposition russe) chargé d’organiser la collecte de fonds. Ses espoirs ont été rapidement douchés.« Cher Monsieur, écrit la société basée en Californie dans un courrier rendu public sur le compte Twitter de l’intéressé. Merci pour les données présentées, mais votre compte ne peut pas être activé. A ce jour, PayPal ne permet pas d’utiliser son système pour des dons à un parti ou pour un but politique en Russie. »Ce n’est pas la première fois que PayPal refuse ses services dans des dossiers considérés comme sensibles. En 2010, l’entreprise avait ainsi essuyé des critiques pour avoir bloqué le compte de WikiLeaks, à la suite de la publication des câbles diplomatiques américains. Dépitée, l’opposition russe a annoncé qu’elle allait rendre l’argent aux donateurs et qu’elle persévérerait en se tournant cette fois vers Yandex, le célèbre moteur de recherche russe qui possède également un système de paiement en ligne.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 20.05.2015 à 13h46 • Mis à jour le20.05.2015 à 15h39 Après l’optimisme, la menace, à nouveau. En début de semaine, le gouvernement grec déclarait qu’il pressentait la conclusion d’un accord d’ici à quelques jours avec ses créanciers, qui permettrait de débloquer au moins une partie de l’aide financière prévue (7,2 milliards d’euros) dans le cadre du plan d’aide dont bénéfice le pays. Mercredi 20 mai, Athènes a brandi, à nouveau, comme cela avait déjà été le cas mi-mai, la menace de ne pas rembourser, le 5 juin, un emprunt auprès du Fonds monétaire international (FMI) si aucun accord n’est conclu d’ici là.Ce n’est pas le gouvernement lui-même qui a exprimé cette intention, mais le porte-parole au Parlement de Syriza, le parti au pouvoir, Nikos Filis. « Nous sommes arrivés au moment où les négociations doivent aboutir. C’est désormais le moment de vérité, le 5 juin, a déclaré M. Filis à l’antenne de la chaîne de télévision ANT1. S’il n’y a pas d’accord d’ici là qui règle le problème actuel de financement, ils n’auront pas d’argent. » Il a ajouté que le gouvernement s’assurerait de disposer des fonds nécessaires pour payer les traitements des fonctionnaires et les retraites avant de rembourser le FMI.La Grèce doit effectuer plusieurs remboursements au FMI en juin, pour un montant global d’environ 1,5 milliard d’euros. Mais le gouvernement indique depuis plusieurs jours maintenant qu’il est confronté à un manque de liquidités. Le ministre des finances Yanis Varoufakis avait ainsi estimé, le 11 mai, qu’il ne restait que deux semaines de liquidités à son pays.Selon le quotidien grec Kathimerini, le premier ministre, Alexis Tsipras aurait même écrit à la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, pour l’avertir que son pays ne pourrait honorer un engagement vis-à-vis du Fonds le 12 mai, si la Banque centrale européenne (BCE) ne l’autorisait pas à émettre des obligations à court terme. Finalement, Athènes avait bien remboursé 750 millions d’euros dus au FMI, mais avait dû recourir à une procédure d’urgence et puiser dans la réserve dont la Grèce dispose auprès du Fonds.« Le temps presse »Ce sentiment d’urgence semble partagé par l’Union européenne, engagée dans les discussions avec Athènes aux côtés du FMI et de la Banque centrale européenne (BCE). Mardi, à Berlin, au côté d’Angela Merkel, le président français a indiqué que « le temps presse ».La presse grecque avait fait état, le week-end dernier, d’un document attribué à la Commission Junker jugé plutôt favorable à Athènes et qui était présenté comme un moyen d’aboutir vite à un accord : les objectifs d’excédent primaire pour le budget de l’Etat grec (hors charge de la dette) y auraient été moins forts que prévu et, en échange, Athènes se serait engagé à revoir son système de TVA ou encore à maintenir l’impôt sur la propriété immobilière, mis en place par le précédent gouvernement.Lire aussi :La Grèce prête à un accordMais, de source européenne, ce document de travail n’avait pas encore été soumis officiellement au gouvernement d’Alexis Tsipras et devait d’abord faire l’objet d’un accord entre les créanciers. Or, les réformes prônées par la Commission pourraient être considérées comme insuffisantes par le FMI, qui estime le système des retraites grec encore non soutenable, malgré les réformes dont il a déjà fait l’objet ces quatre dernières années. Dans un document interne, en date du 14 mai, qui a lui aussi « fuité » le week-end dernier, le FMI notait d’ailleurs qu’il n’accepterait pas d’accord « bâclé » (« quick and dirty »).Pour tenir les objectifs budgétaires, le gouvernement grec aurait par ailleurs proposé à l’Union européenne et au FMI l’instauration d’une taxe de 0,1 % à 0,2 % sur les transactions bancaires avec un objectif de recettes de 300 à 600 millions d’euros par an, selon le quotidien Kathimerini.« Il n’y a aucune décision définitive pour l’instant mais c’est en discussion », a confirmé à l’agence Reuters un responsable gouvernemental, précisant que « la proposition ne vise absolument pas la totalité des transactions bancaires. » 20.05.2015 à 06h19 D’accord pour une « répartition réfléchie et équitable » du nombre de migrants accueillis dans les pays de l’Union européenne ; mais pas question de « quotas ». Rappelant la position qu’il avait exprimée samedi 16 mai, le premier ministre, Manuel Valls, a même qualifié, mardi, lors de la séance des questions à l’Assemblée nationale, de « faute morale et éthique » le recours proposé par Bruxelles aux quotas pour les demandeurs d’asile en Méditerranée, au motif que la demande d’asile est un droit reconnu ou non suivant des critères légaux.Un peu plus tôt dans la journée, le chef de l’Etat, en visite à Berlin avait aussi affirmé : « Il n’est pas question qu’il y ait des quotas d’immigrés, parce que nous avons des règles » sur « le contrôle des frontières et des politiques de maîtrise de l’immigration ». Dans une tribune publiée par le journal La Croix, mercredi, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, précise : « La France est favorable à la mise en place d’un mécanisme de répartition solidaire, à l’échelle européenne. » Mais il met en garde contre le risque de « confusion », induit par « la notion de quotas ». « Elle laisse entendre que tous les migrants qui parviennent en Europe ont vocation à y être accueillis et ce, indépendamment des raisons de leur présence ». M. Valls a également répété l’opposition de la France à toute idée de quotas concernant l’immigration économique illégale.Sans employer le mot de « quota », le plan d’action pour l’immigration et l’asile présenté mercredi par la Commission européenne prévoit en fait des clés de répartition pour assurer une distribution équitable de certains réfugiés et, en cas de crise, un transfert des demandeurs d’asile entre les États de l’UE. Bruxelles entend alléger le fardeau de pays comme l’Italie et la Grèce qui ont accueilli les dizaines de milliers de personnes ayant traversé la Méditerranée et obtenu le statut de réfugié.Le principe des quotas « très fraîchement accueilli »Le gouvernement français tente de défendre depuis ce week-end sa position, jugée floue et peu lisible. L’exécutif européen, qui présentera le 27 mai un projet de législation détaillant ses propositions « devra prendre en compte » ces positions, a toutefois indiqué à l’AFP une source européenne. La Commission « a présenté une première idée », « beaucoup de détails restent à finaliser, nous travaillons de concert avec les États membres, pas dans le vide », a reconnu la porte-parole chargée de l’immigration, Natasha Bertaud, lors d’un point de presse, mardi.Le tour de table des ministres des Affaires européennes mardi à Bruxelles a confirmé que « le principe des quotas » avancé la semaine dernière par la Commission « est très fraîchement accueilli », a rapporté une source européenne à l’AFP. D’emblée, Londres et Budapest, avaient marqué leur opposition aux propositions de la Commission, vite rejointes par les États baltes, Varsovie, Bratislava et Prague. La réunion des ministres européens de l’intérieur sur ce sujet est prévue pour le 16 juin prochain.La Matinale avec AFP 19.05.2015 à 18h51 • Mis à jour le19.05.2015 à 20h03 Plus d’un mois après la découverte du casse spectaculaire, la police britannique a annoncé, mardi 19 mai, avoir procédé à neuf arrestations et récupéré une bonne partie du butin du cambriolage d'un établissement du quartier des joailliers de Londres au début du mois d’avril.A 11 h 30, mardi, « plus de 200 officiers » de la Flying Squad, l'unité de Scotland Yard spécialisée dans les cambriolages, « ont fait une descente à 12 adresses dans le nord de Londres et dans le Kent [sud-est de l'Angleterre] », a indiqué la police britannique dans un communiqué.Sept hommes, âgés de 48 à 76 ans, ont été arrêtés au cours de ce raid. Ils sont suspectés d'avoir participé au cambriolage mené au début du mois d’avril et considéré comme l'un des plus importants de l'histoire britannique en termes de butin. Deux autres hommes, âgés de 43 et 58 ans, ont été arrêtés plus tard dans la journée.Lire aussi : Les diamants de Londres, cet autre casse du siècleLa police n'a jamais donné d'évaluation du butin raflé pendant ce vol au cours duquel 72 coffres-forts de l'établissement Hatton Garden Safe Deposit Limited ont été ouverts. Selon les médias britanniques, il approcherait les 275 millions d'euros.Digne d’un film« Un certain nombre de grands sacs contenant des quantités significatives de biens de grande valeur ont été retrouvés à l'une des adresses. Les officiers estiment qu'il s'agit d'objets volés pendant le cambriolage », a précisé Scotland Yard.La police de Londres a, par ailleurs, confirmé un accroc dans la procédure de réponse à l'alarme qui s'était déclenchée à Hatton Garden tôt vendredi 3 avril, qui était un jour férié :« La procédure normale aurait dû aboutir à une intervention de la police, et nous présentons nos excuses, car cela n'a pas été le cas. »Le braquage, dont le scénario est digne d'un film, n'avait été découvert que mardi 7 avril, après le long week-end de Pâques. Les cambrioleurs s'étaient cachés dans le bâtiment puis étaient passés par la cage d'ascenseur pour descendre jusqu'à la salle des coffres, située au sous-sol, dont ils avaient forcé l'un des murs en béton armé avec de l'outillage lourd. Eric Albert (Londres, correspondance) Le Royaume-Uni est officiellement entré en déflation. L’indice des prix, publié par le Bureau national des statistiques mardi 19 mai, est en recul de 0,1 % sur les douze mois de mai 2014 à avril 2015. Pourtant, les économistes britanniques, y compris à la Banque d’Angleterre (BoE), affichent une évidente décontraction face à ce phénomène. Pour eux, il s’agit uniquement d’un phénomène temporaire, lié à la baisse du pétrole et des prix agroalimentaires, et un rebond des prix est attendu à court terme.La baisse de l’indice des prix est pourtant historique. Il faut remonter à mars 1960 pour retrouver un tel phénomène au Royaume-Uni. Ce n’est pour autant pas une surprise. En février et mars, l’inflation avait déjà été nulle.L’explication vient essentiellement de facteurs extérieurs : la chute du baril de pétrole a provoqué une baisse des prix à la pompe de 12,3 % sur un an, tandis que les prix de l’alimentaire reculaient de 3 %. La hausse de la livre sterling, particulièrement face à l’euro, a également fait baisser le coût des importations.Les ménages ne diffèrent pas leurs dépensesMark Carney, le gouverneur de la banque d’Angleterre, s’était d’ailleurs voulu rassurant mercredi 13 mai lors de la présentation de son rapport trimestriel. Pour lui, la croissance britannique demeure solide, et il n’y a pas de risque d’une spirale déflationniste.Théoriquement, le danger de la chute des prix est que les ménages diffèrent leurs dépenses, attendant que les biens de consommation soient encore moins chers, ce qui ralentirait la croissance. « Il n’y a aucun signe que c’est ce qu’il se produit actuellement, estime M. Carney. Les gens ne diffèrent pas leurs dépenses. »La consommation demeure effectivement solide au Royaume-Uni. La forte baisse du chômage, désormais à 5,6 %, a permis aux Britanniques de renouer avec la confiance.Lire aussi :Les ambiguïtés de la reprise britanniqueÀ court terme, la baisse des prix présente même un avantage pour l’économie britannique. Longtemps, la croissance des salaires est restée très limitée tandis que l’inflation était forte, atteignant deux pics à 5 % en 2008 et en 2011. Le pouvoir d’achat des ménages en a longtemps souffert.Mais depuis six mois, les deux courbes se sont croisées. Les salaires ne progressent certes qu’à un rythme modéré (+1,9 %), mais nettement plus que l’inflation. « Au final, nous ne sommes pas inquiets par un seul mois de déflation », juge Azad Zangana, économiste à Schroders, une société de gestion.La remontée des taux pourrait attendre un peuSelon lui, le phénomène devrait disparaître dans les mois qui viennent, maintenant que le prix du baril de pétrole a rebondi.Pour la banque d’Angleterre, la déflation, si elle reste temporaire, présente également un avantage. Maintenant que la reprise est là, l’institution envisage d’augmenter son taux d’intérêt, qui est à son plus bas historique de 0,5 % depuis bientôt sept ans.Avec des prix actuellement en baisse, elle peut toutefois se permettre d’attendre plus longtemps : son mandat est de contenir l’inflation autour de 2 %, ce qui est loin d’être le cas actuellement. Les marchés ne tablent donc sur une première hausse des taux que fin 2015 ou début 2016.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.05.2015 à 10h08 • Mis à jour le19.05.2015 à 10h48 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Est-ce un nouveau coup de bluff pour rassurer et freiner les sorties de capitaux du pays, ou les négociations entre Athènes et ses créanciers – Fonds monétaire international (FMI), Banque centrale européenne (BCE) et Union européenne – sont-elles enfin, cette fois, entrées dans leur dernière phase ?Lundi 18 mai au soir, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, et son ministre des finances, Yanis Varoufakis, ont tous deux promis la conclusion d’un accord dans les prochains jours. « D’ici à la fin de la semaine », a précisé Yanis Varoufakis lors d’une très longue interview tardive sur la chaîne de télévision privée Star.Devant la puissante association des entrepreneurs et industriels de Grèce (SEV), le premier ministre avait, lui, confirmé quelques heures auparavant « être dans la dernière ligne droite » et présenté les pistes de compromis. « Les objectifs d’excédent primaire pour cette année et l’année prochaine vont être revus à la baisse (…) et l’accord ne prévoira aucune nouvelle coupe dans les salaires et les retraites », a t-il déclaré.En contrepartie, le gouvernement grec a fait parvenir lundi à ses créanciers une proposition sur un système unifié de TVA prévoyant deux TVA possibles (au lieu de trois aujourd’hui). La première fixée à 18 % pour tous les biens et services en dehors de la restauration, des médicaments et des livres, taxés, eux, à 9,5 %.Déblocage de 5 milliards d’euros d’ici à juinCes déclarations interviennent alors qu’un peu plus tôt dans la journée un document, attribué à la Commission Junker, avait fuité dans la presse grecque. Selon ce plan, jugé plutôt favorable à Athènes, les créanciers de la Grèce proposent de débloquer d’ici à juin 5 milliards d’euros sur les 7,2 milliards de prêts encore disponibles dans le cadre du plan d’aide en cours.Les objectifs d’excédent primaire y sont fixés à 0,75 % du PIB pour 2015, 2 % pour 2016 et 3,5 % pour 2017 et 2018.En échange, Athènes s’engagerait justement à revoir son système de TVA ou encore à maintenir l’impôt sur la propriété immobilière mis en place par le précédent gouvernement.Les questions qui fâchent, chères au FMI, comme une nouvelle baisse des retraites ou la réforme du droit du travail, et notamment du cadre des licenciements collectifs, seraient repoussées à l’automne.L’ensemble de la presse grecque accueillait plutôt positivement cette tentative de Bruxelles de débloquer les négociations, alors que la Grèce sera bientôt à court de liquidités.Pas d’accord « bâclé »Un plan circule bien entre Bruxelles et Athènes, mais c’est encore un document de travail. Il n’a pas encore été soumis officiellement au gouvernement Tsipras et doit d’abord faire l’objet d’un accord entre les créanciers, assure une source européenne, lundi.Ce n’est pas gagné : les réformes prônées par la Commission pourraient bien être considérées comme insuffisantes par le FMI, qui estime le système des retraites grec encore non soutenable, malgré les réformes dont il a déjà fait l’objet ces quatre dernières années.Dans un document interne, en date du 14 mai, qui a lui aussi « fuité » le week-end dernier, le FMI notait qu’il n’accepterait pas d’accord « bâclé » (« quick and dirty »).Les 5 milliards que la Commission propose de verser à Athènes dans son dernier document correspondent de fait à l’aide que l’Europe s’était engagée à verser à la Grèce dans le deuxième plan d’aide (1,8 milliard). Pour le reste, il s’agit des profits faits par la BCE sur les obligations souveraines grecques rachetées depuis 2010.Un bras de fer entre le FMI et la Commission va t-il s’instaurer ? Pas impossible. Jusqu’ici, beaucoup répétaient à Bruxelles « qu’il y a beaucoup plus de distance entre Athènes et ses créanciers qu’entre ses créanciers entre eux ».Musique différenteMais la Commission, depuis le début des plans de sauvetage pour la Grèce, fait entendre régulièrement une musique différente de celle du FMI. Et pour cause : elle négocie au nom des 19 pays de la zone euro, dont les prêts à la Grèce ont une maturité moyenne de trente-deux ans.Avec un tel horizon de temps, ces prêteurs préfèrent imposer des réformes de long terme plutôt que d’exiger des mesures assurant un remboursement rapide de leurs créances. Au contraire du FMI, qui prête à beaucoup plus court terme – 10 ans – et exige donc des réformes susceptibles de faire rentrer au plus vite de l’argent dans les caisses du pays auquel il prête.Plus généralement, la Commission, depuis le début des laborieuses négociations avec la Grèce, fait tout pour qu’un accord soit possible entre le gouvernement Tsipras et les créanciers internationaux – le président Juncker est lui-même très impliqué, assurent des proches.Ses responsables, Jean-Claude Juncker ou le commissaire à l’économie, le socialiste Pierre Moscovici, le martèlent depuis des semaines : « il n’y a pas de plan B », « la place de la Grèce est dans la zone euro », ou encore : « un accord est possible ». Ils sont conscients de l’urgence de la situation, et veulent tout faire pour éviter « un Grexit ».Ligne dureMais la Commission devra aussi convaincre la BCE et les Etats membres les plus réticents à l’égard d’Athènes : car si elle négocie au nom des pays de l’eurozone qui ont prêté à la Grèce, c’est en Eurogroupe (réunion des 19 ministres de la zone euro) que sera prise la décision politique d’un accord avec Alexis Tsipras.Et, dans cette affaire, tous les pays ne sont pas alignés sur la Commission. Certains, comme l’Allemagne, sont plutôt sur la ligne dure du FMI. « Et aucun accord ne se fera sans le FMI », assure une source européenne proche des négociations.Yanis Varoufakis a rappelé que, si « la rupture n’avait jamais été à l’agenda des discussions », l’incapacité à trouver un accord très rapidement pourrait conduire la Grèce à ne pas pouvoir payer en juin à la fois les salaires des fonctionnaires, les retraites et les échéances de remboursement au FMI (près de 1,5 milliard d’euros pour le seul mois de juin).« Je préférerais faire défaut devant le FMI que devant les retraités », a répété le ministre des finances lundi soir.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 19.05.2015 à 09h13 • Mis à jour le19.05.2015 à 12h00 | Claire Guélaud L’économie portugaise n’a pas l’allant de sa voisine espagnole, qui joue les locomotives de la zone euro, mais elle se porte mieux. Après une décennie de croissance très faible (+ 1 % par an en moyenne entre 2000 et 2010) et trois années terribles de récession (- 1,8 % en 2011, - 3,3 % en 2012 et - 1,4 % en 2013), la progression du produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre 2015 (+ 0,4 %) confirme la rupture salutaire intervenue en 2014 : le retour de la croissance.Après le modeste + 0,9 % enregistré sur l’année 2014, le gouvernement de centre-droit prévoit de faire nettement mieux en 2015 (+ 1,6 %). Mais, à cinq mois des élections législatives, rien ne dit que l’embellie actuelle lui permettra de conserver le pouvoir : l’austérité a fait des ravages et le premier ministre, Pedro Passos Coelho est accusé par la gauche d’être « plus Allemand que la chancelière Angela Merkel » dans son obsession de réduction des déficits budgétaires.Les critiques de l’opposition n’ont pas empêché le chef du gouvernement de redire, samedi 16 mai, tout le bien qu’il pensait de sa politique : « plus que jamais je suis convaincu que la voie que nous avons empruntée est celle qui doit être poursuivie », a-t-il déclaré.Le premier ministre peut se targuer d’avoir délivré son pays de la tutelle de cette « Troïka » honnie des Grecs - Union européenne, Fonds monétaire international (FMI) et Banque centrale européenne (BCE) – et d’avoir remboursé par anticipation au FMI près d’un quart de sa dette de 29,6 milliards d’euros.Contraint d’emprunter 78 milliards d’euros en 2011 pour éviter la faillite, le Portugal peut à nouveau se financer normalement : « Il a regagné un accès au marché des capitaux même s’il reste dans le viseur des investisseurs », analyse Jesus Castillo, économiste chez Natixis.Exportations dynamiquesAu terme d’une mission sur place, le FMI a souligné, lundi 18 mai, le chemin accompli par Lisbonne et celui qui reste à parcourir : les déficits jumeaux – courant et budgétaire – ont été réduits et, « pour la première fois depuis des décennies », le Portugal a affiché un excédent de son compte courant. Mais ce fut au prix d’une demande intérieure faible.« La reprise n’a pas été assez forte pour ramener la production et l’emploi à leurs niveaux d’avant la crise », observe le Fonds.Dans la colonne des plus, l’économiste Thibault Mercier (BNP Paribas) note que l’économie portugaise est « plus équilibrée » et « fondamentalement plus forte ». Tous les agents économiques (ménages, entreprises, administrations publiques) ont réduit leurs dépenses pour se désendetter.« Contrairement à ce que l’on pouvait craindre, la restauration de l’équilibre extérieur n’a pas été qu’une conséquence de la contraction de la demande intérieure et des importations, analyse-t-il. Les exportations (notamment de services) se sont révélées très dynamiques, malgré un environnement extérieur particulièrement défavorable. »Les efforts draconiens de modération salariale - les coûts salariaux unitaires ont diminué de 6,5 % entre 2010 et 2013 - ont permis aux entreprises qui avaient survécu à la crise de trouver des relais de croissance hors de leur pays et souvent hors de la zone euro. « Les entreprises portugaises, mal préparées à la mondialisation, sont désormais plus solides, plus compétitives », observe M. Mercier.Près d’un Portugais sur cinq vit avec moins de 411 euros par moisLe crédit redémarre, la confiance des consommateurs se raffermit et la baisse du chômage, après un pic à plus de 17 %, se confirme, même si elle a récemment ralenti. « L’austérité s’est un peu réduite. Il y a eu des allégements d’impôts et l’investissement productif repart », pointe aussi M. Castillo.Dans la colonne des moins, figurent toutefois encore le chômage des jeunes, qui frappe un tiers des moins de 25 ans, l’extension de la pauvreté (près d’un Portugais sur cinq vit avec moins de 411 euros par mois) mais aussi l’état des finances publiques (la dette publique représente 130, 2 % du PIB) et la fragilité du secteur bancaire.Le FMI presse Lisbonne de profiter des vents favorables soufflant sur l’économie européenne (euro faible, prix du pétrole relativement bas, politique monétaire non conventionnelle de la BCE) pour poursuivre ses réformes, notamment dans le domaine du marché du travail.Reste à savoir si les Portugais peuvent encore les supporter…Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 25.05.2015 à 15h55 • Mis à jour le25.05.2015 à 18h34 | service international Qui est Andrzej Duda, le futur président ultraconservateur de la Pologne, vainqueur surprise de l’élection de dimanche 24 mai avec 51,55 % des voix. L’homme, âgé de 43 ans, est un ancien professeur de droit, entré en politique en 2005 dans le parti Droit et justice (PiS), fondé par les frères jumeaux Kaczynski en 2001. M. Duda a été secrétaire d’Etat à la justice en 2005, dans le premier gouvernement dominé par le PiS. En 2008, il devient l’un des proches collaborateurs du président Lech Kaczynski, mort dans un accident d’avion en 2010. Il sera ensuite député, avant de devenir eurodéputé en mai 2014.Lire aussi :La revanche des conservateurs polonaisUne carrière jusqu’ici très discrète, qui explique pourquoi il n’était clairement pas favori dans cette élection face au président sortant, le libéral Bronislaw Komorowski, 62 ans. Mais M. Duda a réussi à s’imposer pendant la campagne, apportant un nouveau visage au parti alors que l’image de M. Kaczynski sert encore de repoussoir à une partie des Polonais. Il a fait campagne à l’américaine, sillonnant le pays à bord d’un bus à la rencontre des gens, pendant que le président restait dans son palais. Son côté « gendre idéal » a rassuré la Pologne profonde, fidèle aux préceptes de l’Eglise catholique.« Marionnette »Ayant commencé ses études en 1991, Andrzej Duda est le premier chef d’Etat du pays à ne pas être directement lié aux événements des années 1980 et à la lutte contre la mainmise soviétique. Les Polonais ont été également fatigués par le sempiternel duel entre Jaroslaw Kaczynski et l’ancien premier ministre de Plate-forme civique (PO, droite libérale, au pouvoir), Donald Tusk, aujourd’hui président du Conseil européen, à Bruxelles. M. Kaczynski est resté dans l’ombre pendant toute la campagne. « Duda est la marionnette de Kaczynski », assure cependant Radoslaw Markowski, professeur de sciences politiques à Varsovie.L’un des principaux thèmes de la campagne de M. Duda; qui prendra ses fonctions le 6 août, a été la lutte contre les entreprises étrangères qui ne paient pas d’impôts. Les enseignes de grande distribution – notamment françaises – sont dans le collimateur. Elles sont, de plus, accusées de faire de la concurrence aux petits commerçants. M. Duda a aussi promis de s’attaquer aux banques étrangères en Pologne. Autant d’annonces qui rappellent le programme appliqué par l’ultraconservateur Viktor Orban en Hongrie.Pendant sa campagne, Andrzej Duda a régulièrement attaqué le récent contrat passé avec Airbus pour l’achat de 50 hélicoptères par l’armée polonaise. Le PiS estime que cela se fait au détriment d’entreprises basées en Pologne. Il a également pu compter sur les voix des laissés-pour-compte de l’impressionnante croissance économique qu’a connue la Pologne ces dernières années. « Les dernières années ont peut-être été bonnes, mais seulement pour un groupe limité », a-t-il expliqué devant ses militants, vendredi, à Cracovie.Lire aussi :Andrzej Duda « l’inconnu », nouveau président polonaisservice internationalJournaliste au Monde Sandrine Morel (Madrid, correspondance) « Oui, c’est possible ! Oui, c’est possible ! » Sur les places publiques de Madrid et de Barcelone, des centaines de personnes dansaient de joie, dimanche 24 mai au soir. Les élections locales et dans treize régions d’Espagne font figure de véritable séisme politique dans les deux plus grandes villes du pays, où des candidats d’« unité populaire » pourraient prendre le contrôle de la mairie. Ces élections représentent un sérieux revers pour le bipartisme qui articule les institutions espagnoles depuis la transition démocratique (1975-1982) et annoncent la victoire d’une gauche fragmentée dans des fiefs conservateurs.Après quatre ans au pouvoir en Espagne, le Parti populaire (PP, droite, au pouvoir), affaibli par la politique d’austérité menée durant la crise et une succession de scandales de corruption, s’effondre. Avec 27 % des voix aux municipales, il perd 10 points par rapport aux élections de 2011. Cette chute permet au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, centre gauche) de remporter la victoire dans plusieurs régions et de nombreuses municipalités, malgré une nouvelle baisse de près de 3 points et à peine 25 % des voix. Le PSOE, également touché par plusieurs affaires, ne se remet pas des premières mesures de rigueur appliquée en 2010 par l’ancien chef du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero.L’entrée en force du parti de la gauche radicale Podemos, qui ne se présentait sous sa propre bannière que pour les élections régionales, ainsi que du parti de centre droit Ciudadanos (« citoyens »), qui remporte 6,5 % des voix aux municipales,... Marie Charrel Un matin ensoleillé de mai sur le Pirée, le port d’Athènes. Des flots de touristes se pressent vers la jetée. Certains font une pause-café frappé, d’autres dégainent leur appareil photo. A quelques centaines de mètres de là, loin de l’animation du front de mer, la rue d’Andreas Lymperopoulos est désespérément vide. Tout comme sa boutique, spécialisée en robinetterie. Il n’y a « plus de clients, plus d’argent, plus d’espoir », soupire ce quinquagénaire aux cheveux blancs. Traits tirés, le regard las, il préfère s’éloigner de ses employés – six en tout – avant de poursuivre. « Il y a quatre mois, je pensais que le gros de la crise était derrière nous, j’avais tort, confie-t-il. Quand notre économie cessera-t-elle de sombrer ? »Lire aussi :Grèce : « Notre économie présente un fort potentiel de croissance »Comme Andreas, les chefs d’entreprise grecs, quel que soit leur secteur d’activité, n’en peuvent plus et sont aujourd’hui minés par l’angoisse. « Depuis l’annonce des élections, fin 2014, tout est de nouveau gelé », résume Constantine Michalos, président de la chambre de commerce d’Athènes. « Les incertitudes autour des négociations entre le gouvernement Tsipras et les créanciers du pays, tout comme les nouvelles rumeurs de Grexit [sortie de la zone euro], ont des effets ravageurs sur les entreprises », confirme Georges Pagoulatos, économiste à l’université d’Athènes. Selon la Confédération nationale du commerce grec (ESEE), 5 340 commerces ont déjà mis la clé sous la porte depuis janvier. Et le secteur détruit plus de six cents emplois par jour.SacrificesLe désarroi des entreprises progresse chaque fois que le gouvernement souffle le chaud ou le froid sur les discussions. Dimanche 24 mai, le ministre de l’intérieur, Nikos Voutsis, a ainsi déclaré que le pays ne disposait pas des 1,6 milliard d’euros qu’il doit rembourser au cours du mois de juin au Fonds monétaire international (FMI). Sans nouvelle tranche d’aide d’ici là, le pays risque le défaut.Ce nouveau coup dur est d’autant plus désastreux que les entreprises helléniques, dont la grande majorité compte moins de dix salariés, se relèvent à peine de six ans d’une douloureuse récession. En moyenne, leur chiffre d’affaires a reculé de 25 %. Les plus fragiles ont mis la clé sous la porte. « Celles qui ont survécu ont entrepris des efforts considérables pour redresser leur compétitivité », commente Ana Boata, économiste chez Euler Hermes.Lire aussi :Grèce : M. Tsipras pris en tenaille entre ses créanciers et sa majoritéQuelques-unes se sont tournées vers l’export afin de compenser l’effondrement du marché intérieur. Et les salaires ont baissé de 25 %. « J’ai également réduit mes prix de 30 % et vendu mes biens personnels pour maintenir ma boutique de vêtements à flot », témoigne Pavlos Politakis, commerçant dans le sud de la ville.Ces sacrifices ont porté leurs fruits. Au printemps 2014, les indicateurs de confiance et l’activité ont commencé à se redresser. « Les banques se montraient plus conciliantes, les clients revenaient : l’optimisme était enfin permis », se rappelle Tasos Pantelakis, patron d’une TPE qui importe du matériel de packaging alimentaire.« Des situations ubuesques »Mais la dynamique s’est brisée dès octobre, à l’approche des élections législatives. Le PIB du pays a replongé de 0,4 % au dernier trimestre 2014, puis de 0,2 % début 2015. Le retour des incertitudes a, en grande partie, jeté à bas les efforts des patrons grecs. Y compris de ceux soutenant la gauche radicale de Syriza.Aucun n’imaginait que la situation se dégraderait de nouveau à ce point. A commencer sur le front des liquidités. Privées de l’un de leurs canaux de financement par la Banque centrale européenne (BCE) en février, les banques grecques ont fermé le robinet du crédit, déjà peu généreux. Désormais, elles rejettent 95 % des demandes de prêt des entreprises.« Cela aboutit à des situations ubuesques », témoigne Gregory Farmakis, créateur d’Agilis, une compagnie concevant des logiciels statistiques pour des organisations internationales comme Eurostat. Florissante, elle réalise 90 % de son chiffre d’affaires à l’étranger et emploie trente ingénieurs. Malgré la signature ferme de contrats, sa banque lui a refusé plusieurs avances de trésorerie. « J’ai été contraint de retarder le versement des salaires pour tenir », se désole M. Farmakis.Pour compliquer encore les choses, nombre de fournisseurs étrangers exigent désormais des paiements en avance aux PME grecques. Souvent à la demande de leur propre banque ou compagnie d’assurances, redoutant un défaut du pays. « Les plus durs sont nos fournisseurs espagnols et italiens, qui réclament 80 % à 100 % du paiement à l’avance, malgré des relations de confiance établies depuis des années », témoigne Vassilis Korkidis, président de l’ESEE. Son entreprise de douze salariés, qui fournit du matériel électrique à l’industrie maritime, est établie sur le Pirée depuis 1961.Extrême lassitudeCertaines PME peinent même à se faire livrer. En particulier dans le commerce. Dans le centre d’Athènes, plusieurs marques de cigarettes se font rares. « Les grossistes refusent de nous livrer si l’on ne paie pas cash à la commande », témoigne un kiosquier près de la place Syntagma, où se dresse le Parlement grec.Ce n’est pas mieux côté clients. Là encore, les entreprises tournées vers l’export – peu nombreuses – souffrent des rumeurs de « Grexit ». Dès décembre, explique M. Korkidis, certains acheteurs ont repoussé leurs commandes en attendant d’y voir plus clair. « Un client balte m’a demandé d’inclure une clause dans le contrat précisant qu’en cas retour à la drachme, la transaction se ferait bien en euros ! », témoigne de son côté M. Farmakis.Découragé, cet entrepreneur envisage de plier bagage pour installer son entreprise à Bruxelles. Il ne se sent pas l’énergie d’affronter une nouvelle récession. Nombreux sont ceux qui confient, comme lui, leur extrême lassitude. Tous ne souhaitent qu’une chose : un accord rapide entre le gouvernement Tsipras et ses créanciers, afin de retrouver des conditions de travail « normales ».« Dès qu’il sera signé, les problèmes de liquidités s’estomperont », promet le ministre de l’économie Georges Stathakis. Il en faudra probablement plus pour redonner le sourire aux patrons grecs, conscients que les séquelles de la crise ne s’effaceront pas avant des années.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 25.05.2015 à 08h05 • Mis à jour le25.05.2015 à 09h42 | Marie Charrel Le temps presse. Samedi 23 mai, le premier ministre Alexis Tsipras a martelé que son pays n’accepterait plus de « demandes irrationnelles » de ses créanciers. La Grèce sera d’ici peu à court des liquidités indispensables au remboursement de sa dette et au paiement des fonctionnaires. Dimanche, le ministre de l’intérieur, Nikos Voutsis, a déclaré que le pays ne disposait pas des 1,6 milliard d’euros qu’il doit rembourser au cours du mois de juin au Fonds monétaire international (FMI). Sans accord avec ses partenaires européens d’ici au 5 juin, et le versement de la tranche d’aide qui doit l’accompagner, le pays risque le défaut. Georges Stathakis, le ministre grec de l’économie, juge néanmoins que les discussions sont en bonne voie.Votre gouvernement trouvera-t-il à temps un accord avec ses créanciers ?Très probablement. Il existe encore des divergences de vue sur le montant de l’excédent budgétaire que notre pays doit cibler, la politique fiscale, la réforme des retraites et la question du marché du travail. Mais les négociations sont sur le point d’aboutir sur ces quatre dossiers. C’est une question de semaines.Les mesures d’austérité – douloureuses – mises en place depuis 2010 ont-elles permis de restaurer la compétitivité de l’économie ?Lorsque nous sommes entrés sous le programme d’assistance, la troïka a voulu résoudre notre problème de compétitivité en exigeant la dévaluation interne. De fait, les salaires ont baissé de plus de 25 % depuis 2009. Malgré cela, nos performances à l’export ne se sont pas améliorées. Cela prouve que les faiblesses de l’économie grecque ne provenaient pas du niveau trop élevé des salaires, mais de problèmes structurels que la troïka n’a ni identifié, ni traité. Comme par exemple, les relations entre l’Etat et certains intérêts privés.Quelles erreurs a, selon vous, commis la troïka ?Elle a exigé de la Grèce un ajustement budgétaire trop rapide et trop grand. Aucun pays occidental n’a jamais concédé autant d’efforts que le nôtre en la matière. Pour aggraver les choses, la troïka a sous-estimé l’ampleur de la récession que ces mesures ont engendrée. Rien n’a été fait pour atténuer leurs effets destructeurs sur la croissance. Il aurait fallu procéder à des coupes budgétaires plus ciblées, mieux pensées, et compensées par des soutiens à l’activité.La possibilité d’une sortie de la Grèce de la zone euro est à nouveau évoquée. Le pays s’en sortirait-il mieux ?Absolument pas. Notre pays a besoin de rester au sein de l’union monétaire, mais avec un programme d’aide mieux pensé. Il doit nous permettre d’atteindre un taux de croissance assurant la soutenabilité de nos finances publiques tout en étant socialement juste. Et la dette publique doit être restructurée via des remboursements indexés sur le taux de croissance.Les entreprises hellènes souffrent beaucoup des rumeurs de « Grexit ». Comment les aiderez-vous à compenser les pertes enregistrées depuis janvier ?La pénurie de liquidités bancaires se résorbera dès que nous aurons convenu d’un accord avec nos partenaires européens. La récession du premier trimestre, limitée, sera rapidement effacée car notre économie présente un fort potentiel de croissance. La saison touristique s’annonce très bonne, l’industrie du transport maritime est un moteur puissant, les hausses à venir de salaires soutiendront à la consommation.La corruption, toujours endémique, risque de limiter ce potentiel de croissance.C’est bien pour cela que la lutte contre ce fléau est l’une des priorités de Syriza. Nous sommes néanmoins conscients que changer la culture et les habitudes en la matière prendra du temps.Votre parti, Syriza, apparaît très divisé. N’est-ce pas un obstacle à la sérénité des négociations avec vos partenaires européens ?Notre mouvement est riche d’une grande diversité. Cela ne nous a pas empêchés d’accéder au pouvoir. C’est la démocratie et il n’y a pas de raison que cela change. D’autant que nous sommes tous d’accord sur l’essentiel : la nécessité de rester dans l’euro mais de changer l’orientation des politiques économiques européennes.Que faudrait-il revoir ?D’abord le rôle de la Banque centrale européenne (BCE) qui, contrairement à toutes les autres grandes banques centrales, ne remplit pas la mission de « prêteur en dernier ressort » : c’est un problème en temps de crise. Ensuite, le cadre de la politique budgétaire, qui n’est pas assez flexible. Enfin, la zone euro doit adopter des politiques bien plus favorables à la croissance.La crise a révélé les grandes différences de cultures, de conceptions des politiques économiques mais aussi de rythmes de croissance entre le nord et le sud de la zone euro. Dans ces conditions, l’union monétaire est-elle viable ?Bien sûr : les pays membres ont toujours été capables de se mettre autour de la table pour trouver un compromis. Mais il est important que malgré la crise et la hausse des inégalités observée pendant la récession, les peuples européens soient convaincus qu’il est possible de bâtir ensemble l’Europe de la croissance et de la cohésion sociale. À tout problème politique il y a une solution politique.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Philippe Ricard L’agenda d’Angela Merkel et de François Hollande pour la zone euro, résumé dans un document obtenu par Le Monde, risque de faire au moins un mécontent : David Cameron, attendu jeudi 28 mai à Paris, et vendredi 29 à Berlin. Après sa réélection, le premier ministre britannique espère cette semaine pousser son avantage afin d’obtenir des concessions de la part du président français et de la chancelière allemande et préparer au mieux le référendum qu’il promet d’ici à la fin 2017 sur le maintien ou non de son pays dans l’Union européenne. Il aura fort à faire dans la mesure où la France, mais aussi l’Allemagne, rejettent par avance, dans ce texte commun, l’une des revendications du chef de gouvernement de sa Majesté – la modification des traités européens – et suggèrent au contraire de renforcer, par petites touches, l’intégration du continent.Dans une contribution envoyée samedi 23 mai à Jean-Claude Juncker, le président de la commission – qui pilote d’ici à la fin juin la préparation d’un rapport sur l’approfondissement de l’Union monétaire –, la France et l’Allemagne proposent que la zone euro se dote d’un programme dans « quatre domaines d’action, qui devraient être développés dans le cadre des traités actuels dans les prochaines années » : la politique économique, la convergence économique, fiscale et sociale, la stabilité financière et les investissements, et la gouvernance de l’Union monétaire. Rien de moins.Refonte en profondeurAprès l’urgence du sauvetage de l’euro, ces dernières années, Mme Merkel et M. Hollande conviennent que des « étapes supplémentaires sont nécessaires », alors que M. Cameron appelle au contraire à rapatrier certaines compétences vers les capitales, afin que l’Union « toujours plus étroite » promise par ses fondateurs ne soit plus inscrite dans le marbre. Tandis que M. Cameron entend limiter la liberté de circulation, protéger la City des efforts de régulation continentaux, et faire cavalier seul, Paris et Berlin privilégient ce qu’ils considèrent désormais comme le noyau dur de la construction européenne, l’Union monétaire, dont l’existence a été ébranlée par l’interminable naufrage de la Grèce.Préparé dans la plus grande discrétion par leurs sherpas respectifs, le document a été finalisé par François Hollande et Angela Merkel, en marge du sommet du « partenariat oriental », avec six pays de l’ex-URSS, dont l’Ukraine, vendredi 22 mai, à Riga. Ce jour-là, David Cameron n’a pas exclu d’appeler à voter « non », s’il ne devait rien obtenir de ses partenaires européens avant de consulter les Britanniques.Leur « contribution sur l’Union monétaire » démontre que les dirigeants français et allemands ne partagent pas grand-chose en commun avec David Cameron. Dans leur document, le chef de l’Etat et la chancelière annoncent même vouloir proposer d’ici à la fin 2016, des « étapes supplémentaires (…) qui pourraient cette fois examiner le cadre politique et institutionnel, les instruments communs et les bases juridiques (…) pertinents à long terme ». Rien ne dit que cela ne débouchera pas alors sur une refonte en profondeur des traités. Mais ni dans le sens, ni selon le calendrier esquissé par David Cameron.Philippe RicardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 25.05.2015 à 05h46 • Mis à jour le25.05.2015 à 14h48 Lire aussi :En Espagne, percée inédite de Podemos« Je ne te comprends pas, Esperanza… Qu’après nous avoir fait tant de mal, tu veuilles encore gouverner. » C’est ainsi que Manuela Carmena, une femme blonde de 71 ans au sourire en apparence doux, s’est adressée à l’une des plus redoutables femmes politiques espagnoles, la conservatrice Esperanza Aguirre, 63 ans, lors de la campagne pour les élections municipales à Madrid.Dimanche 24 mai, les Madrilènes ont donné vingt sièges à la liste de Manuela Carmena, candidate d’une plate-forme comprenant des « indignés » et le parti antilibéral Podemos, soit seulement un de moins qu’à celle d’Esperanza Aguirre. Si le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), qui a obtenu neuf sièges, la soutient, elle deviendra maire de la capitale de l’Espagne, gouvernée par la droite conservatrice depuis 1991.« Il est clair que c’est la force qui souhaite le changement qui l’a emporté. Et cette force n’est pas un parti politique, c’est vous », s’est-elle félicitée.«Es claro que ha ganado la fuerza que quiere cambio. Y no ha sido ningún partido político, habéis sido vosotros y vosotras». #Manuela24M— ManuelaCarmena (@Manuela Carmena)require(["twitter/widgets"]);FerveurEncore récemment, Manuela Carmena était inconnue du grand public et des médias, qui n’ont pas encore pu décortiquer son passé. Elle fait maintenant l’objet d’une véritable ferveur au sein de la gauche madrilène, y compris des sympathisants du PSOE. Issue d’une famille de commerçants madrilènes, elle est entrée en campagne en organisant des petites réunions de quartier au succès si fulgurant que les autres candidats de gauche ont rapidement disparu des radars des médias. Elle propose de lutter contre la corruption, de renforcer les transports en commun, d’aider les plus pauvres, d’ouvrir la gestion de la mairie aux citoyens et de diviser par deux son salaire, de 100 000 à 45 000 euros par an.Ex-militante communiste, membre d’un groupe de travail sur la détention arbitraire aux Nations unies, elle a été nommée magistrate en 1981 dans une Espagne encore très machiste et a gravi les échelons, jusqu’au Tribunal suprême.« Elle expliquait tellement bien les sentences aux délinquants que ceux-ci finissaient par demander pardon, a raconté au quotidien espagnol El Pais son ami de jeunesse Juan Puig de la Bellacasa. Son énergie produit de l’empathie. »Lire aussi :L’« indignée » Ada Colau, future maire de Barcelone ?Victoire quasi assuréeAprès avoir travaillé comme avocate et juge pendant quarante-cinq ans, Manuela Carmena n’avait pas l’intention de se présenter aux municipales. Mais alors qu’elle faisait la promotion de son livre Pourquoi les choses peuvent être différentes, l’idée a fait son chemin. « Des amis m’ont dit : “Allez, file un coup de main, il faut quelqu’un avec de l’expérience, qui amène beaucoup de propositions” », a-t-elle raconté.« Espe », sa rivale du Parti populaire (PP) – ex-ministre, ex-présidente du Sénat, présidente de la région de Madrid entre 2003 et 2012 et comtesse par mariage, entrée en politique il y a trente-deux ans – a une réputation d’indestructible en raison des nombreuses épreuves qu’elle a surmontées. Comme le cancer du sein qu’elle a vaincu, ou lorsqu’elle a échappé en chemise de nuit et pieds nus aux attentats de Bombay qui ont frappé son hôtel en 2008.Pablo Iglesias, le leader de Podemos, l’a par contre surnommée la « comtesse de la corruption », l’accusant, comme le fait Manuela Carmena, d’avoir protégé des responsables de son parti impliqués dans des affaires.Selon Sandrine Morel, correspondante du Monde à Madrid, il ne fait pas de doute que Manuela Carmena sera la prochaine maire de la capitale, grâce au soutien attendu du PSOE, qui a besoin de Podemos pour prendre le pouvoir dans de nombreuses régions.Lire son analyse :Séisme politique en Espagne Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Sur les places publiques de Madrid et de Barcelone, des centaines de personnes dansaient de joie dimanche 24 mai. Les élections municipales et régionales en Espagne font figure de véritable séisme politique. Elles marquent la fin du bipartisme qui articule les institutions espagnoles depuis la transition démocratique (1975-1982).Après quatre ans au pouvoir, le Parti populaire (PP, droite), marqué par la politique d’austérité menée durant la crise et par une succession de scandales de corruption, s’effondre. Il perd 40 % des voix par rapport à 2011, permettant au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de remporter la victoire dans de nombreuses régions et mairies, malgré une nouvelle chute de 12,5 % des voix. L’entrée en force du parti de la gauche radicale Podemos, qui ne se présentait sous ce nom que pour les élections régionales, et du parti de centre droit Ciudadanos, va obliger les deux grands partis à sceller des accords avec ces nouvelles formations s’ils veulent gouverner.Les clefs de Barcelone aux IndignésA Barcelone, la liste citoyenne emmenée par Ada Colau, figure de la plate-forme de lutte contre les expulsions immobilières (PAH) et du mouvement des Indignés, qui regroupe Podemos, les écologistes catalans et des activistes de gauche, a remporté la mairie avec une courte majorité de vingt et un conseillers municipaux, devant les nationalistes de droite de Convergence et Union (CIU, vingt conseillers). Les Indignés devraient obtenir, grâce à l’abstention probable des autres forces politiques, les clefs de la capitale catalane, avec un programme centré sur la lutte contre les inégalités sociales et la corruption. « Sans pouvoir médiatique, économique, judiciaire, nous avons démontré que l’on peut faire les choses autrement et (…) que le rêve et l’espoir peuvent l’emporter, » a déclaré, émue, Ada Colau, en séchant des larmes de joie devant une foule de sympathisants. La mobilisation des abstentionnistes à Barcelone, où la participation a augmenté de huit points par rapport aux dernières élections, a été la clef du scrutin.Très forte hausse de la participation dans les quartiers populaires de Madrid et Barcelone... Tremblement de terre politique en vue en Esp.— sandrinemorel (@Sandrine Morel)require(["twitter/widgets"]);Avec des moyens réduits, mais beaucoup d’enthousiasme et une imagination débordante, la plate-forme Ahora Madrid, emmenée par l’ancienne juge de 71 ans Manuela Carmena, soutenue par Podemos, par les écologistes d’Equo et par des membres critiques du parti des écolo-communistes de la Gauche unie, est parvenue à se hisser à la seconde position dans la capitale, à un siège du Parti populaire, qui gouvernait Madrid avec une majorité absolue depuis 1991. Il ne fait pas de doute qu’elle sera la prochaine maire de la capitale, grâce au soutien attendu du PSOE, qui a besoin de Podemos pour prendre le pouvoir dans de nombreuses régions. C’est donc en vainqueur que Manuela Carmena s’est présentée devant une foule déchaînée qui scandait son nom.« Le plus singulier, spécial et extraordinaire de cette campagne est que notre unique monnaie pour la faire a été l’imagination, la joie et la créativité, » a-t-elle déclaré, en référence aux multiples initiatives nées en dehors de la plate-forme autour de sa candidature. Des graphistes ont créé bénévolement des centaines de logos à partir de son image et les ont diffusés sur les réseaux sociaux ; des artistes ont composé des chansons, écrit des poèmes, créé des tee-shirts et des autocollants, que des chauffeurs de taxi de la capitale arboraient sur leurs véhicules. « Cette victoire est la vôtre, » a-t-elle conclu, la voix couverte par les cris de joie de ses sympathisants, réunis devant le musée Reina Sofia.Changement « irréversible »La mine déconfite, Esperanza Aguirre, la candidate du Parti populaire, n’a pas vraiment cherché à démentir la victoire que s’est attribuée Manuela Carmena, se contentant de rappeler sans conviction qu’« en tant que parti qui a reçu le plus de voix, nous devrions avoir la mairie si les autres partis ne scellaient pas d’accord ».Aguirre (PP) fait une tête d'enterrement, c'est bon pour Manuela Carmena, ancienne juge de 71 ans indépendante qui va avec Podemos, verts...— sandrinemorel (@Sandrine Morel)require(["twitter/widgets"]);L’ampleur de la débâcle du PP se mesurera plus clairement durant les prochains jours ou semaines. Bien qu’il soit le parti qui a recueilli le plus de suffrages en Espagne, avec 27 % des voix, il perd les majorités absolues qu’il avait arrachées en 2011, et ses principaux barons devraient se retrouver dans l’opposition. C’est d’autant plus dramatique pour le PP que les régions espagnoles disposent d’un fort degré d’autonomie et contrôlent par exemple les dépenses en matière d’éducation et de santé.En tête dans la région de Valence, en Aragon ou en Castille-La Manche, le PP ne devrait pas pouvoir gouverner si Podemos soutient l’investiture des socialistes, comme tout porte à le croire. Dans la région de Madrid, où il gouverne depuis 1995, c’est Ciudadanos qui jouera les arbitres, comme en Murcie, dans La Rioja ou en Castille-Léon.Pour Pablo Iglesias, le chef de file de Podemos, il ne fait guère de doute que la victoire de la gauche dans les grandes villes augure une défaite du PP lors des élections générales de cet automne. « Nous aurions aimé que l’usure des vieux partis soit plus rapide, » a déclaré Pablo Iglesias, tout en soulignant que « les grandes villes sont le moteur du changement politique » et que ce changement est « irréversible ».Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Alain Salles (Varsovie, envoyé spécial) Andrzej Duda, le candidat du parti conservateur Droit et justice (PiS), a remporté l’élection présidentielle polonaise, dimanche 24 mai, avec 52 % des voix. Le président sortant, Bronislaw Komorowski, a aussitôt félicité son concurrent.#Duda nouveau président #Pologne. Sondage sorties des urnes 53% http://t.co/e3pwyuWmA4— sallesleMonde (@AlainSalles)require(["twitter/widgets"]);Entre la sécurité représentée par le président Komorowski, homme politique expérimenté, ancien de la génération Solidarité, et la jeunesse et le changement incarnés par le candidat de la droite conservatrice, les Polonais ont finalement penché vers la seconde option. Pour Komorowski, crédité de plus de 60 % des intentions de vote il y a encore quelques semaines, le scénario est totalement inattendu. Le résultat est inquiétant pour le parti au pouvoir, Plateforme civique (PO, droite libérale), à quelques mois d’élections législatives durant lesquelles le PiS va partir à la conquête du gouvernement, les pouvoirs du président étant limités.Ceci n'est pas une affiche mais un gâteau QG #Komorowski. "Merci pour vos voix". Y'en aura-t-il assez pr le déguster? http://t.co/UM3z2f4FDg— sallesleMonde (@AlainSalles)require(["twitter/widgets"]);Campagne à l’américaineLors du premier tour de l’élection présidentielle, M. Komorowski était déjà arrivé deuxième derrière M. Duda, qui était un complet inconnu pour la majorité des Polonais. La plupart des partis, sûrs de la réélection annoncée de M. Komorowski, ont d’ailleurs présenté des seconds couteaux comme candidats. C’est le choix qu’a fait Jaroslaw Kaczynski, l’ancien premier ministre et maître tout puissant de PiS.Mais M. Duda a réussi à s’imposer pendant la campagne, apportant un nouveau visage au parti alors que l’image de M. Kaczynski sert encore de repoussoir à une partie des Polonais. Il a fait campagne à l’américaine, sillonnant le pays à bord d’un bus, à la rencontre des Polonais, pendant que le président restait dans son palais. Son côté « gendre idéal » a rassuré la Pologne profonde, fidèle aux leçons de l’Eglise catholique.Agé de 43 ans, professeur de droit, il a été vice-ministre de la justice, en 2005, dans le premier gouvernement dominé par le PiS. En 2008, il devient l’un des proches collaborateurs du président Lech Kaczynski, tué lors d’un accident d’avion survenu à Smolensk en 2010. Il est ensuite un député sans éclat avant de devenir eurodéputé en mai 2014.RevancheLe fait qu’il soit peu connu l’a finalement favorisé auprès de Polonais fatigués par le sempiternel duel entre Jaroslaw Kaczynski et l’ancien premier ministre de PO Donald Tusk, aujourd’hui président du Conseil européen.L’ambiance était survoltée parmi les partisans de PiS venus acclamer dimanche leur candidat après l’annonce de sa victoire, qui constitue une revanche après la défaite présidentielle de 2010. M. Duda semble avoir séduit les électeurs du troisième homme du premier tour, le chanteur Pawel Kukiz. « J’ai voté Duda parce que c’est le temps du changement. J’ai l’impression qu’il va se battre pour ne pas vendre ce qui reste dans le pays », explique Anna Lenk, qui travaille dans une entreprise de télécommunications.Alain Salles (Varsovie, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 24.05.2015 à 18h25 • Mis à jour le24.05.2015 à 22h53 Au lendemain de l’écrasante victoire du « oui » au référendum sur le mariage homosexuel, dimanche 24 mai était jour de messe pour une société qui, même si elle reste parmi les plus catholiques d’Europe, doit faire son examen de conscience.L’attitude des partisans du « non », qui n’avaient pas beaucoup mobilisé pendant la campagne, est sensiblement la même après les résultats : la défaite est acceptée. Côté politique, l’explication est plutôt simple : tous les partis, au pouvoir comme dans l’opposition, ont fait campagne en faveur du mariage homosexuel.La campagne du « non » était en partie incarnée par l’Institut Iona, un groupe défendant les intérêts de la communauté catholique. Avant même la publication des résultats, le directeur de l’Institut, David Quinn, beau joueur, a concédé la défaite de son camp. « C’est une claire victoire pour le camp du “oui” », a-t-il déclaré, allant jusqu’à adresser ses « félicitations » aux partisans du mariage homosexuel.Congratulations to the Yes side. Well done. #MarRef— DavQuinn (@David Quinn)require(["twitter/widgets"]);Lire aussi :« Oui » au mariage gay : la société irlandaise en pleine évolution« Nous devons féliciter le camp du “oui” »Cité par le quotidien Irish Examiner, l’élu indépendant Mattie McGrath, l’un des seuls parlementaires ouvertement opposés au mariage homosexuel, a estimé que « le peuple a parlé » :« C’est très bien d’avoir un bon taux de participation. Nous devons féliciter le camp du “oui” pour leur victoire et espérer que les promesses faites par les membres du gouvernement vont être tenues. »L’archevêque de Dublin, Diarmuid Martin, est allé jusqu’à dire que l’Eglise devait désormais « ouvrir les yeux ». Il s’est « réjoui » du bonheur « que les gays et les lesbiennes doivent ressentir en ce jour » et a fait un mea culpa au nom de son institution : « Peut-être que les membres de l’Eglise n’ont pas compris » les implications du mariage homosexuel.« C’est une révolution culturelle qui est en marche (…). La plupart des jeunes gens qui ont voté “oui” sont le produit de notre système scolaire catholique. [Il faut] trouver la manière de faire passer notre message, voilà désormais l’immense défi qui nous attend. »Lire aussi :Dans la très catholique Irlande, le mariage pour tous fait (presque) l’unanimitéMme Boutin espère l’« abrogation » de la loi en FranceDes réactions qui jurent avec celles qu’a connues la France en 2013 après la promulgation par le gouvernement de la loi dite du « mariage pour tous », et sa validation par le Conseil constitutionnel.Ainsi, le 17 mai 2013, Frigide Barjot, la tête de file des opposants de La Manif pour tous, estimait qu’il s’agissait d’une « provocation » et que la France changeait de « civilisation ». « C’est une révolution institutionnelle », déclarait-elle, et elle ajoutait qu’elle « dout[ait] sérieusement de l’indépendance des juges du Conseil constitutionnel ». Elle appelait alors tous les opposants à se mobiliser fortement pour une manifestation le 26 mai 2013, où près de 150 000 manifestants s’étaient retrouvés à Paris, selon la préfecture de police, un des plus importants rassemblements des dernières décennies.Farouche opposante au projet de loi, Christine Boutin avait déclaré que « l’avis du Conseil constitutionnel est un avis politique et non fondé en droit. La France va entrer en résistance ». Elle allait jusqu’à prédire « le commencement de la lutte contre le changement de civilisation ».Loi #mariagegay promulguée #hollande croit que c'est fini ! Non! C'est le commencement de la lutte contre le changement de civilisation— christineboutin (@christine Boutinن)require(["twitter/widgets"]);La comparaison avec la situation irlandaise est certes limitée, puisque les Français n’avaient été appelés aux urnes pour que la loi soit adoptée. Samedi, lors de la victoire du référendum irlandais, Mme Boutin en a d’ailleurs profité pour faire réapparaître son idée d’une consultation populaire en France sur la question, espérant une « abrogation » de la loi :L'Irlande à voté oui #MariagePourTous par Référendum ! Chez nous pas de consultation du peuple donc #Abrogation toujours possible #ONLR— christineboutin (@christine Boutinن)require(["twitter/widgets"]); 15.05.2015 à 12h39 • Mis à jour le15.05.2015 à 13h00 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Rédigé par l’opposition, le rapport posthume de Boris Nemtsov, assassiné au pied du Kremlin le 27 février, sur l’implication militaire de la Russie en Ukraine, n’a pas encore franchi tous les obstacles pour sa diffusion. « Notre but est d’amener tous ceux qui, en Russie, n’utilisent pas Internet ou qui n’écoutent que la propagande à ouvrir les yeux, avait déclaré Ilia Iachine, membre du parti d’opposition RPR-Parnasse, en présentant le document à la presse le 12 mai. Nous n’avons pas besoin de convaincre les Occidentaux mais ceux qui regardent Perviy Kanal [première chaîne de télévision russe]. »Tiré à 2 000 exemplaires et intitulé « Poutine. La guerre », le rapport, qui dénonce l’envoi, toujours nié par Moscou, de soldats, de mercenaires et de matériel en soutien aux séparatistes prorusses du Donbass, reste cependant confidentiel. Au moins quatorze imprimeurs en Russie ont refusé de l’éditer.Dossiers sensiblesUne collecte d’argent a été lancée pour tenter néanmoins de publier le plus largement possible le document et de le distribuer en région. Les dons ont afflué. Mais, nouveau revers, le service de paiement en ligne PayPal a fait savoir, jeudi 14 mai, qu’il ne faudrait pas compter sur lui. Un compte avait été ouvert par Vsevolod Chagaev, un militant de Solidarnost (mouvement qui réunit plusieurs figures de l’opposition russe) chargé d’organiser la collecte de fonds. Ses espoirs ont été rapidement douchés.« Cher Monsieur, écrit la société basée en Californie dans un courrier rendu public sur le compte Twitter de l’intéressé. Merci pour les données présentées, mais votre compte ne peut pas être activé. A ce jour, PayPal ne permet pas d’utiliser son système pour des dons à un parti ou pour un but politique en Russie. »Ce n’est pas la première fois que PayPal refuse ses services dans des dossiers considérés comme sensibles. En 2010, l’entreprise avait ainsi essuyé des critiques pour avoir bloqué le compte de WikiLeaks, à la suite de la publication des câbles diplomatiques américains. Dépitée, l’opposition russe a annoncé qu’elle allait rendre l’argent aux donateurs et qu’elle persévérerait en se tournant cette fois vers Yandex, le célèbre moteur de recherche russe qui possède également un système de paiement en ligne.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.05.2015 à 10h20 • Mis à jour le15.05.2015 à 10h25 David Cameron, reconduit la semaine dernière à la tête du gouvernement britannique, se rend vendredi 15 mai en Ecosse pour des discussions sur le transfert de nouveaux pouvoirs aux autorités écossaises.Un texte donnant des pouvoirs supplémentaires à l'Ecosse doit figurer dans le programme législatif du nouveau gouvernement de M. Cameron, qui sera lu le 27 mai par Elizabeth II au cours du traditionnel discours de la reine.Ce discours, qui détaille le programme législatif du nouveau gouvernement pour les cinq prochaines années, est rédigé par le gouvernement mais lu par la reine devant le Parlement.Le premier ministre britannique a souligné dans un communiqué son engagement « envers notre Royaume-Uni et envers la place importante de l'Ecosse en son sein ». Il a assuré que son nouveau gouvernement allait donner à la nation le contrôle de 60 % de ses dépenses et qu'elle aurait « l'un des parlements bénéficiant des plus grands transferts de pouvoirs dans le monde ».Cameron exclut un nouveau référendumM. Cameron risque toutefois une confrontation avec Nicola Sturgeon, chef du SNP et première ministre du gouvernement d'Edimbourg, qui réclame pour l'Ecosse davantage de pouvoirs que ce qui est prévu par Londres.Mme Sturgeon considère que la progression de la popularité du SNP, reflétée par son fort succès lors des élections législatives – le parti a remporté 56 des 59 sièges écossais – justifie le transfert de « nouveaux pouvoirs substantiels », en particulier sur l'imposition des entreprises et sur le salaire minimum :« Comme je l'ai dit très clairement, le résultat des élections législatives de la semaine dernière, et le résultat écrasant obtenu par le SNP, signifie que l'attitude [de Londres] envers l'Ecosse ne peut absolument pas être “business as usual”. L'Ecosse s'attend à ce que ces pouvoirs soient transférés – et je m'attends à ce que le premier ministre et son gouvernement reconnaissent le mandat démocratique qui existe désormais pour qu'ils le soient. »Lire aussi : L’Ecosse en situation de sécession électoraleDans une de ses premières déclarations après la victoire surprise des conservateurs, M. Cameron a exclu la tenue d'un nouveau référendum sur l'indépendance de l'Ecosse. En septembre 2014, les électeurs écossais avaient rejeté cette possibilité par 55 % contre 45 %.Mme Sturgeon a, pour sa part, déclaré qu'il ne pourrait y avoir un nouveau référendum que si un parti soutenant sa tenue remportait les élections législatives au Parlement d'Ecosse, prévues en mai 2016. Or les nationalistes sont déjà actuellement majoritaires à Holyrood, où ils disposent de 64 sièges, alors que les travaillistes et les conservateurs, opposés à une sécession de l'Ecosse, n'en possèdent respectivement que 38 et 15.Mais les sources de discorde entre le SNP et le gouvernement britannique sont nombreuses. Les nationalistes écossais pourraient ainsi revendiquer un nouveau vote sur l'indépendance si le Royaume-Uni décide de sortir de l'Union européenne – David Cameron pourrait organiser un référendum à ce sujet dès l'année prochaine.Lire aussi : En route pour le référendum sur la sortie de l’UE au Royaume-Uni 15.05.2015 à 04h35 • Mis à jour le15.05.2015 à 09h35 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Fausse démission de son chef, bagarre au sommet et rumeur de putsch : le parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP, xénophobe et opposé à l’Europe) est secoué par des querelles internes, une semaine après son relatif succès aux élections législatives du 7 mai. Bien qu’ayant recueilli 12,6 %, soit 3,9 millions de voix (contre 3,1 % en 2005), le parti de Nigel Farage, défavorisé par le scrutin à un tour, n’a obtenu qu’un seul député.Lire aussi :Royaume-Uni : le UKIP, troisième force politique dans les urnes mais pas à WestminsterCes turbulences affectent l’organisation au moment où elle pourrait jouer un rôle crucial, à l’approche du référendum sur la sortie de l’Union européenne – la revendication phare du UKIP – que prépare le gouvernement Cameron 2.Volte-face de FarageTout a commencé avec la volte-face de Nigel Farage après l’échec de sa candidature aux législatives dans une circonscription du Kent. Alors qu’il avait promis de quitter la direction de l’organisation dans ce cas, il a changé d’avis, mettant en avant la volonté « unanime » de l’instance de direction pour le retenir. Le retour par la fenêtre de ce personnage charismatique et gouailleur ne plaît apparemment pas à tout son entourage.Cet homme « grossier, susceptible, agressif » a transformé le parti en une « monarchie absolue » fondée sur le « culte de la personnalité », a attaqué Patrick O’Flynn, son directeur de campagne dans le Times. M. O’Flynn s’en prend aussi à la garde rapprochée du patron du UKIP, constituée, selon lui, de conseillers « inexpérimentés », « agressifs » et influencés par une idéologie ultraconservatrice proche du Tea Party américain.Nigel Farage doit « dégager » ces personnes et envisager son « leadership de manière bien plus consultative et consensuelle », conclut-il en précisant qu’il ne demande pas la tête de M. Farage. « Je souhaite, dit-il, qu’il redevienne le Nigel Farage joyeux, drôle et accessible qui était pour [lui] une source d’inspiration. » Telle n’est pas la position d’un des grands donateurs du UKIP, l’homme d'affaires Stuart Wheeler, qui a appelé le chef du parti à se mettre en réserve et à affronter un vote. « Le temps est venu d'un leadership plus calme », a-t-il estimé à la BBC, estimant M. Farage trop agressif et porteur de divisions à l’approche de la campagne sur le référendum.Dissensions internesLa domination personnelle exercée par le chef du UKIP est aussi mise en cause par le trésorier du parti Hugh Williams. Pour lui, Nigel Farage est « le meilleur acteur sur la scène politique britannique », mais « il existe un grand danger que le UKIP devienne le parti de Nigel Farage ». Comme si cela ne suffisait pas, l’unique député du UKIP, Douglas Carswell, rue, lui aussi, dans les brancards. Sommé d’utiliser les 650 000 livres (900 000 euros) allouées au parti après son élection pour recruter 15 personnes, M. Carswell a refusé, jugeant « inapproprié » cet usage de l’argent public. « Je doute fortement qu’Ed Miliband [l’ex-chef du parti travailliste qui a démissionné après les législatives], quand il était chef de l’opposition, ait eu besoin de 15 assistants », a-t-il raillé.Cette mauvaise humeur pourrait préfigurer l’expression d’une ambition personnelle. Transfuge du parti conservateur, premier et unique représentant du UKIP à Westminster, M. Carswell, élu à Clacton-on-sea (Essex) présente une forte personnalité et un profil « libertarien » (adepte du pur libéralisme non seulement en économie, mais aussi en matière de société et même d’immigration) nettement plus structuré que le populisme purement démagogique – il a défendu le système de santé d’Etat (NHS), très populaire chez les Britanniques pendant la campagne électorale après avoir pris fait et cause pour sa totale privatisation lors d’une conférence aux Etats-Unis – de Nigel Farage.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.05.2015 à 16h15 Après un bref entretien avec son homologue ukrainien, François Hollande a mis en garde jeudi 14 mai contre le risque d'un nouvel « embrasement » en Ukraine, ou des violations  « inacceptables » du cessez-le-feu sont survenues dans l'est du pays, malgré l'accord de paix signé en février à Minsk.« Des groupes ont intérêt à ce que ce conflit perdure, et ces groupes-là nous les identifions facilement », a répondu le président français sans donner davantage de précisions, après une rencontre à Aix-la-Chapelle avec Petro Porochenko en marge de la remise du prix Charlemagne au président du Parlement européen, Martin Schulz.Les deux présidents ont évoqué « la mise en œuvre de l'accord » de paix de Minsk et tout particulièrement les groupes de travail prévus par cet accord.L'Ukraine doit « avoir des facilités » mais doit aussi « respecter un certain nombre de conditions et je les ai rappelées au président Porochenko », a affirmé François Hollande.Lire (édition abonnés) : Les zones d’ombre de l’accord de MinskRencontre prochaine à Riga« Nous travaillons pour que Minsk, tout Minsk, rien que Minsk, soit mis en place », a réaffirmé M. Hollande, notant que des discussions ont aussi eu lieu avec le président russe, Vladimir Poutine.La France a été « partie prenante » de l'accord de Minsk, et « nous voulons qu'il soit pleinement appliqué », a-t-il insisté, à une semaine d'une rencontre « très importante » à Riga.Lire aussi : A Moscou, Angela Merkel dénonce l'absence de trêve en Ukraine Sylvie Kauffmann Chronique. Ce n’est pas encore tout à fait ça, mais on avance. Après un an de politique de l’autruche, et après le piteux sommet européen du 23 avril, à l’issue duquel les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Huit avaient répondu au drame des migrants en Méditerranée par le triplement du budget du dispositif de protection de nos côtes, les propositions formulées mercredi 13 mai par la Commission de Bruxelles apportent un changement bienvenu à l’approche européenne de la crise migratoire. On pourrait même assister, si ces propositions sont adoptées par les Etats-membres, à la naissance d’une politique européenne face au défi de l’immigration clandestine.Il ne s’agit plus seulement maintenant de repousser les migrants, mais bien d’amener les Etats membres à porter chacun sa part du fardeau, selon le principe de solidarité qui est l’un des marqueurs de l’Europe mais qui, jusqu’ici, n’a pas été appliqué au problème de l’afflux massif de boat people en Italie, à Malte et en Grèce.La mesure proposée la plus concrète est celle de l’accueil par l’UE de 20 000 réfugiés, au sens où l’entendent les Nations Unies, c’est-à-dire des personnes déplacées par un conflit, et leur répartition par pays de l’Union, selon des critères mêlant le PIB, le taux de chômage, la population et le nombre de demandes d’asile. A ce titre, la France devrait en accueillir 2 375. Sur une population de 66 millions d’habitants, cela paraît gérable.L’autre proposition, déjà controversée, vise à instituer des quotas d’accueil par pays en cas d’afflux massif de migrants, comme c’est le cas actuellement. A ce titre, l’Allemagne devrait en accueillir 18,42%, la France 14,17%. La Grande-Bretagne s’est immédiatement déclarée contre un tel projet : elle veut se concentrer, elle, sur la lutte contre les trafiquants d’être humains. Mais l’un n’empêche pas l’autre. Face à une crise d’une telle ampleur, il faut saluer la volonté de la Commission de prendre enfin le problème à bras-le-corps.kauffmann@lemonde.fr@SylvieKauffmannSylvie KauffmannJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’extermination des blaireaux, la défense des albatros de Patagonie et celle du bœuf britannique, l’architecture urbaine et le régime alimentaire des écoliers du Gloucestershire du Sud… cet inventaire à la Prévert donne une idée des préoccupations hétéroclites du prince Charles révélées par les lettres qu’il a adressées à des membres du gouvernement en 2004 et 2005.Ces courriers privés, qui ont été rendus publics mercredi 13 mai sur ordre de la Cour suprême du Royaume-Uni, vont nourrir le débat : un prince qui cherche à faire pression sur le gouvernement peut-il devenir roi d’Angleterre ?En obtenant en justice cette publication en vertu de la loi sur la liberté de l’information, le quotidien The Guardian souhaitait informer l’opinion britannique de l’ampleur du lobbying opéré par le prince de Galles, en contradiction avec la neutralité qu’il est censé observer. Les lettres confirment les marottes du prince, comme l’environnement, l’architecture et l’agriculture.Lire :Les lettres qui révèlent l’excès de zèle du prince CharlesTerrains hautement délicatsMais la correspondance avec sept ministres montre aussi que Charles, qui est appelé à succéder à sa mère, la reine Elizabeth, âgée de 89 ans, n’hésite pas à s’aventurer sur d’autres terrains hautement délicats, comme la guerre en Irak et l’armée. Dans une lettre adressée en septembre 2004 au premier ministre d’alors, Tony Blair, le prince qu’il est préoccupé par les « piètres performances » de l’hélicoptère Lynx dans la forte chaleur des combats en Irak et des incertitudes quant à son remplacement faute de « moyens nécessaires ».Défenseur des médecines douces, Charles fait aussi part à Tony Blair de son inquiétude quant à l’« effet délétère » sur ce secteur d’une directive européenne sur les plantes médicinales. Le premier ministre le remercie, approuve, et lui promet d’agir dans son sens.Au ministre de la pêche, le prince écrit en espérant que la lutte contre la pêche illégale de la légine (poisson à dents) de Patagonie qui compromet la survie des albatros, « figurera parmi [ses] priorités ». « Si ce commerce n’est pas stoppé, il restera peu d’espoir pour ce pauvre vieil albatros, pour lequel je continuerai à mener campagne », se désole le prince de Galles en se demandant si la Royal Navy ne peut pas faire quelque chose. A Tony Blair à nouveau, Charles parle du sort des éleveurs bovins affectés par la tuberculose bovine et plaide pour la chasse aux blaireaux qui en sont des vecteurs. Objet d’une vigoureuse controverse au Royaume-Uni, l’abattage des blaireaux s’est révélé plus tard inefficace. « Je souhaite que davantage soit fait pour encourager les gens à acheter [les produits de l’agriculture] britannique » en dépit des « règles européennes qui empêchent de promouvoir les seuls produits britanniques », conseille encore le prince.Insistance à faire passer ses idéesLes 27 lettres dont The Guardian a obtenu la publication après dix années de bataille judiciaire décevront les graphologues, car elles sont pour l’essentiel dactylographiées, contrairement à d’autres missives du prince surnommées « courriers de l’araignée noire » en raison de leur graphie très épaisse, foncée et criblée de points d’exclamation. Mais leur ton amical, voire enjoué, reflète de façon éclairante la proximité avec le pouvoir politique que souhaite entretenir le prince, et son insistance à faire passer ses idées.« Cher premier ministre, écrit-il par exemple à M. Blair, j’ai eu grand plaisir à vous recevoir tous les deux à Birkhall [l’une des quatre résidences du prince] pour le thé le week-end dernier et à discuter de différents sujets. J’ai pensé qu’il pourrait être utile que, comme d’habitude, je les couche sur le papier. »Les services du prince de Galles ont regretté que la justice n’ait pas fait prévaloir le « principe d’intimité » et le gouvernement Cameron prépare un renforcement de la loi, votée depuis la procédure engagée par The Guardian, qui permet d’empêcher la publication du moindre courrier adressé au gouvernement par la reine ou l’un des héritiers du trône.Selon l’entourage du prince de Galles, la correspondance publiée mardi montre seulement que l’héritier de la couronne « se soucie profondément de son pays » et qu’« il essaie de se servir de sa position unique pour aider autrui ».Mais une vidéo mise en ligne par Channel Four montre, derrière ces phrases policées, la nervosité qui agite l’entourage du prince Charles. On y voit Kristina Kyriacou, secrétaire du prince chargée de la communication, arracher le micro de Michael Crick, journaliste de la chaîne, qui tente de poser une question au prince à sa sortie de voiture lors d’un événement public. « Etes-vous inquiet de la publication de ces lettres ? », lance le reporter tandis que Charles passe devant lui sans le voir.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.05.2015 à 20h13 • Mis à jour le14.05.2015 à 06h55 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) « Vous y comprenez encore quelque chose, vous ? Moi, plus rien, et je suis bien incapable de répondre précisément aux nombreuses questions qu’on me pose sur le sujet », assure Sylvie Goulard, eurodéputée libérale (groupe Alde). C’est pour que les élus soient tenus au courant des difficiles et très opaques négociations entre Athènes et ses créanciers internationaux que l’élue a pris l’initiative, avec Guy Verhofstad, le chef du groupe libéral au Parlement européen (troisième formation politique à Bruxelles derrière les conservateurs et les sociaux-démocrates), de demander l’audition publique des principaux protagonistes du dossier grec.Ils ont eu en partie gain de cause : la « conférence des présidents », qui réunit les chefs des groupes politiques du Parlement, a tranché, mercredi 13 mai, en faveur d’une audition, « le plus vite possible », du premier ministre grec, Alexis Tsipras, du président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem et de celui de la Banque centrale européenne, Mario Draghi.« Trop compliqué. Notamment avec le FMI »Mme Goulard voulait une audition publique, mais n’a pas obtenu formellement gain de cause sur ce point. Elle espérait aussi inviter davantage de protagonistes de la négociation grecque - des membres de la Commission européenne (Pierre Moscovici, Valdis Dombrovskis ?), ou les représentants des créanciers directement impliqués dans les discussions avec Athènes, mais « c’était trop compliqué. Notamment avec le FMI », explique l’eurodéputée.« Nous avons le droit d’être tenus informés de ces négociations complètement opaques mais aux conséquences potentiellement très graves pour l’Eurozone », ajoute Mme Goulard. « Vous vous imaginez, si mes enfants me demandaient dans quelques années : qu’est-ce que tu as fait au Parlement européen pour empêcher un Grexit ? »Les eurodéputés avaient déjà demandé, en 2011-2012, à être tenus informés des négociations sur le sauvetage de la Grèce, en pleine crise financière. Et avaient adopté des rapports d’initiative, début 2014, particulièrement critiques sur le rôle de la Troïka, les représentants des créanciers d’Athènes.Difficile de savoir qui dit vraiDe fait, depuis trois mois qu’ont démarré les négociations entre la Grèce et ses principaux créanciers (FMI, BCE, UE), afin d’obtenir le déblocage d’un dernier prêt de 7,2 milliards d’euros en échange de réformes, difficile de savoir qui dit vrai, de quelles réformes on discute, et si un accord est en vue, ou pas.Aujourd’hui, par exemple, les plus optimistes, à Bruxelles, affirment qu’un accord est possible, même si M. Tsipras a fait des promesses anti-austérité à ses électeurs, et que ses créanciers veulent lui imposer de nouvelles mesures d’économies.D’autres laissent entendre que les concessions que le premier ministre grec devrait faire (concernant une réforme des retraites notamment), pour obtenir son chèque, sont politiquement impossibles à vendre à Athènes. Et qu’il devrait en passer par un référendum pour obtenir un mandat populaire clair.Caisses videsCôté grec, cela fait des semaines qu’on crie au loup en disant que les caisses sont vides, que l’Etat grec est menacé de défaut de paiement imminent, mais le FMI est pour l’instant remboursé en temps et en heure. Lundi 11 mai au soir d’un énième Eurogroupe sur la Grèce, le ministre des finances, Yanis Varoufakis a assuré qu’il ne restait plus que deux semaines de liquidités…« Cette demande de transparence dans les négociations, c’est très difficile à accepter pour les négociateurs. Pour discuter, et finalement trouver un accord, il faut qu’un rapport de confiance s’instaure autour de la table. Quand on laisse fuiter le contenu des négociations, cela n’aide pas », explique cependant une source diplomatique, habituée aux négociations de ce type.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sébastien Jean (Directeur au Centre d’études prospectives et d’informations internationales, Cepii) Le règlement des différends entre investisseurs et Etats (RDIE, ou ISDS selon le sigle anglais [pour Investor State Dispute Settlement]) est sans doute la question la plus épineuse dans la négociation en cours du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (en anglais, TTIP « Transatlantic Trade and Investment partnership »).Au-delà, c’est l’ensemble du cadre contentieux de l’investissement international qui est mis en cause dans le débat européen. En réponse, la Commission européenne a déjà fait des efforts louables pour réformer le système, en précisant son champ d’application et en proposant des garde-fous.Pourtant, les propositions formulées le 5 mai par la Commissaire européenne au Commerce extérieur, Cecilia Malmström, pour aller plus loin dans cette direction ont reçu un accueil plus que mitigé. On peut s’étonner de l’intensité de cette polémique alors que les traités bilatéraux d’investissement, sur lesquels s’appuie actuellement pour l’essentiel l’arbitrage des différends entre investisseurs et Etats, sont largement une création européenne.L’Allemagne en est parfois présentée comme la « mère », elle qui a signé le premier accord de ce type (avec le Pakistan, en 1959) et qui détient le record mondial du nombre d’accords en vigueur, 131. Avec 95 accords en vigueur, la France n’est guère en reste.Rarement utilisésDans ce contexte, l’opposition, voire l’indignation affichée par nombre de responsables politiques face à de tels accords vient un peu tard, à tout le moins. Elle n’est cependant pas nécessairement injustifiée, pour deux raisons.La première est que ces accords sont longtemps restés peu connus et les procédures d’arbitrages qu’ils prévoyaient, rarement utilisés.La seconde raison est que la nature de ces accords a changé. Originellement conçus pour sécuriser les investissements de pays avancés dans ce que l’on appelait alors le tiers-monde, puis prenant leur essor à la suite de la décolonisation, les accords bilatéraux d’investissement visaient essentiellement à lutter contre l’expropriation et à éviter les entraves au rapatriement des profits, face à des systèmes judiciaires qui n’inspiraient pas confiance.L’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA, dont le chapitre 11 concerne la protection de l’investissement) a ouvert une ère nouvelle, à la fois parce qu’il était signé notamment entre les Etats-Unis et le Canada, deux pays dont la légitimité du système judiciaire n’est pas douteuse, et parce qu’il définissait des obligations beaucoup plus extensives des Etats envers les investisseurs, qui ont été depuis reprises dans de nombreux autres accords.Contradiction et renoncementMême si les critiques formulées contre le système actuel sont souvent infondées voire caricaturales, le résultat est dans certains cas indéfendable, comme lorsque Philip Morris attaque le gouvernement australien pour sa législation sur le paquet de cigarette neutre (même s’il faut rappeler que ce cas n’est pas jugé), ou lorsque la Libye est condamnée à payer 930 millions de dollars (818 millions d’euros) d’amende à un investisseur koweïtien qui n’avait pourtant investi sur place que 5 millions.Refuser d’avancer dans la redéfinition des règles juridiques encadrant l’investissement international constituerait pourtant pour l’Union européenne (UE) une contradiction et un renoncement. Contradiction, parce que l’UE est le principal émetteur mondial d’investissement international. Autant dire que l’UE confie à d’autres pays des sommes colossales, et ses excédents courants actuels astronomiques suggèrent qu’elle n’est pas prête d’arrêter de le faire.Il est de ce fait légitime, pour ne pas dire nécessaire, de se préoccuper de leur protection. De fait, l’UE négocie actuellement avec la Chine un traité bilatéral d’investissement. Refuser d’avancer serait aussi pour l’UE un renoncement à montrer l’exemple dans la définition des règles communes, sur un phénomène dont l’ampleur est sans commune mesure avec ce qu’elle était : le stock des investissements directs à l’étranger représente aujourd’hui environ 35 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, contre 9 % seulement en 1990.Le statu quo n’est pas une solution satisfaisante, dans un contexte où les Etats membres ont une profusion d’accords en vigueur, représentant presque la moitié du total mondial. Y compris entre eux : la France compte actuellement onze traités bilatéraux d’investissement en vigueur avec d’autres Etats membres de l’UE ! Un comble, alors que l’investissement direct à l’étranger est depuis l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne une compétence communautaire.Système multilatéralDeux principes pourraient être suivis pour sortir de cette impasse.Le premier est celui d’une institution publique, constituée de juges choisis et rémunérés par les Etats. Cela éviterait les soupçons de conflits d’intérêt et prendrait acte du fait que les enjeux de l’investissement international sont désormais trop lourds pour être confiés à une justice privée, à l’assise institutionnelle trop étroite. Cela permettrait en outre de poser les jalons d’un tribunal international de l’investissement.Le second principe serait de focaliser la protection des investissements exclusivement sur le principe de non-discrimination. Le système actuel garantit notamment aux investisseurs un « traitement juste et équitable » et les protège contre l’expropriation indirecte. Mais qui peut dire où s’arrête le champ de ces garanties ? Faut-il offrir aux investisseurs étrangers des assurances dont les nationaux seraient privés ? Comment, d’ailleurs, appliquer ces règles dans un contexte où la nationalité de nombre de groupes est difficile à définir ?Ces garanties ne sont pas illégitimes dans leur principe, mais il revient à chaque système national de les fournir à tous les investisseurs, et non pas à des traités d’en octroyer le privilège aux investisseurs étrangers. En se limitant à assurer la non-discrimination, le règlement des différends se bornerait à vérifier que les investisseurs étrangers sont traités comme les locaux. Sans avoir son mot à dire sur les régulations nationales dès lors qu’elles sont appliquées de manière non discriminante.La non-discrimination est le principe central de l’organisation coopérative des relations économiques internationales, le seul à même de servir de fondement à un système multilatéral permettant enfin de résoudre les conflits relatifs à l’investissement international sur la base de règles partagées.Sébastien Jean (Directeur au Centre d’études prospectives et d’informations internationales, Cepii) Philippe Ridet (Rome, correspondant) De l’air ! L’Italie est sortie, mercredi 13 mai, de sa plus longue période de récession depuis l’après-guerre, dans laquelle elle était entrée au troisième trimestre 2011. Selon l’Institut national de la statistique (Istat), au cours des trois premiers mois de 2015, la croissance a enregistré un bond de 0,3 %, supérieur aux pronostics les plus optimistes des analystes.Déjà revue à la hausse, la prévision de croissance établie par le gouvernement porte désormais sur une progression du PIB de 0,7 % en 2015 et de 1,6 % en 2016. Ces chiffres ont été salués à la Bourse de Milan où l’indice principal progressait peu après l’ouverture.Effet Matteo Renzi ? Dans ses premiers éléments d’analyse, l’Istat pointe une reprise de la consommation intérieure. Une des premières mesures du premier ministre, arrivé au pouvoir en février 2014, fut de proposer une ristourne de 80 euros mensuels sur les impôts de 10 millions de contribuables les plus modestes.Estimée à 10 milliards d’euros par an pour l’Etat, cette mesure n’avait jusqu’alors provoqué aucun effet sur la consommation.Besoin « d’une relance de la production »Parallèlement la production industrielle s’améliore (+ 0,6 % en février), la confiance des ménages se renforce, de même que celle des entreprises, même si l’accès au crédit continue de reculer (- 0,3 % en février).Toutefois, le chômage reste élevé (13 %, 43,1 % chez les 15-24 ans). Mais la réforme du marché du travail (baptisé « job act ») commence à porter ses fruits. Les nouvelles dispositions, qui indexent les droits des travailleurs à leur ancienneté dans l’entreprise et font du CDI la norme, ont permis la signature de 470 000 nouveaux contrats et la création de 50 000 nouveaux postes de travail depuis son entrée en vigueur en début d’année.Pour le chef du gouvernement, qui avait cru pouvoir bénéficier dès son arrivée au pouvoir, en février 2014, d’un renversement de tendance, les chiffres de l’Istat constituent un succès personnel.Ses détracteurs ne veulent y voir que la conséquence de la baisse des prix du pétrole et de l’impact du « quantitative easing », ce programme de rachat massif de dettes publiques engagé par la Banque centrale européenne (BCE). Pour la banque d’Italie, le pays a maintenant besoin « d’une relance de la production et d’une augmentation durable de l’emploi ».Bombe budgétaireMais, passées les bonnes nouvelles, le gouvernement se trouve déjà confronté à un problème de taille. Une véritable bombe budgétaire : la Cour constitutionnelle a annulé, il y a deux semaines, la décision prise par le gouvernement de Mario Monti, en 2011, de désindexer de l’inflation les pensions supérieures à 1 400 euros par mois.Plus de 6 millions de retraités étaient concernés par cette mesure. Il faudra les rembourser. Selon les médias, l’estimation de cet effort varie de 5 à 13 milliards d’euros.« Il semble inévitable qu’il y aura un impact sur les finances publiques », s’est contenté de dire le ministre de l’économie, Pier Carlo Padoan, qui réfléchit à un « aménagement » des conséquences de la décision de la Cour.Celui-ci pourrait prendre la forme de remboursements pour les seuls retraités dont les pensions se situent entre 1 400 euros et 3 000 euros, soit 30 % des cas concernés. Cette opération, « techniquement faisable », selon les experts du Trésor, entraînerait une augmentation du déficit, difficilement négociable avec Bruxelles.Plombée par une dette de 2 140 milliards d’euros (138 % du PIB), l’Italie s’est engagée a ne pas dépasser un déficit équivalent à 2,6 % du PIB en 2015. D’ores et déjà, la « cagnotte » de 1,6 milliard d’euros sur laquelle le gouvernement comptait pour financer un plan « anti-pauvreté » est partie en fumée. « J’avais gardé ce petit trésor pour d’autres mesures, a reconnu le premier ministre, mardi 12 mai. J’ai dû le mettre de côté. Nous avons un peu d’amertume… ».Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Charrel Une fois n’est pas coutume, la zone euro a fait mieux que les Etats-Unis et que le Royaume-Uni. Au premier trimestre, son produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,4 % par rapport au trimestre précédent, contre 0,1 % outre-Atlantique et 0,3 % outre-Manche. « Cela ne s’était pas produit depuis le premier trimestre 2011 », souligne Jonathan Loynes, chez Capital Economics.Il s’agit surtout du plus fort taux de croissance enregistré depuis le deuxième trimestre 2013. « C’est une bonne nouvelle, la reprise européenne se raffermit », commente Xavier Timbeau, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). « Elle profite, depuis quelques mois, d’une conjonction d’éléments très favorables. »Lire aussi :Les ambiguïtés de la reprise françaiseDans le détail, la plupart des grands pays de la zone euro ont vu leurs performances économiques s’améliorer – à l’exception de l’Allemagne, dont la progression du PIB s’est établie à 0,3 %, contre 0,7 % au quatrième trimestre 2014. L’Espagne, elle, a enregistré la plus forte croissance (0,9 %) depuis fin 2007 et la France a engrangé une progression au plus haut depuis quatre ans (0,6 %). Soulagement aussi du côté de l’Italie (0,3 %), dont le PIB n’avait pas crû depuis le deuxième trimestre 2011.En revanche, la Finlande (– 0,1 %) a replongé en récession. Tout comme la Grèce : son PIB a reculé de 0,2 %, après – 0,4 % au trimestre précédent. L’incertitude des négociations entre le gouvernement d’Alexis Tsipras et les créanciers du pays pèse sur l’activité. Athènes avait pourtant renoué avec la croissance en 2014, après six douloureuses années de récession. « Si l’on excepte la Grèce, les taux de croissance convergent à nouveau en zone euro, même si les moteurs sont différents d’un pays à l’autre », remarque Denis Ferrand, économiste chez Coe-Rexecode.Lire aussi :L’Eurogroupe se rapproche d’un accord avec la GrèceSi les différentes composantes du PIB ne sont pas encore connues, la consommation des ménages a sans aucun doute été le principal moteur de l’activité. En revanche, le commerce extérieur devrait se révéler décevant. Motif : la demande mondiale s’essouffle, tirant moins qu’on aurait pu l’espérer les exportations.Vents porteurs pour l’activitéReste que si le point de vue des pessimistes dominait il y a quelques mois encore, les optimistes tiennent désormais le haut de l’affiche. De fait, le risque déflationniste, qui planait encore sur la zone euro en début d’année, semble désormais écarté : en avril, l’inflation s’est établie à 0 % après quatre mois de recul, selon Eurostat. Et elle devrait continuer à se redresser.Il faut dire que, depuis le début de l’année, l’union monétaire profite de vents extrêmement porteurs. Le premier d’entre eux est, bien sûr, la baisse des cours du pétrole, entamée mi-2014. En réduisant la facture énergétique des entreprises et surtout des ménages, celle-ci a permis de regonfler un peu le pouvoir d’achat des Européens et donc, la consommation.Lire aussi :Le cours du pétrole remonteLa dépréciation de l’euro, qui a reculé de près de 20 % face au dollar depuis mi-2014, a également favorisé la compétitivité des entreprises européennes exportant hors de la zone euro. « S’ajoute à cela la réduction des efforts d’ajustement budgétaire des pays membres, qui a mécaniquement apporté un peu d’air à l’activité », ajoute Pierre-Olivier Beffy, économiste chez Exane-BNP Paribas. Enfin, la baisse généralisée des taux d’intérêt souverains a permis aux Etats-membres de se financer à moindre coût.Lire aussi :Zone euro : le spectre de la déflation s’éloigneToute la question est de savoir si ces moteurs externes continueront à tourner ces prochains mois. Et, surtout, si les moteurs internes de la croissance européenne prendront le relais. « Le risque est que cela ne se produise pas », redoute Natacha Valla, économiste et directrice générale du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii).Le chômage élevé, ombre au tableauDe fait, après être tombé sous le seuil des 45 dollars le baril en début d’année, le cours du brent est repassé au-dessus des 60 dollars ces derniers jours. De même, après avoir frôlé la parité en mars, l’euro évolue de nouveau autour du 1,13 dollar. « Le gros de l’ajustement à la baisse des prix du pétrole et de l’euro est sans doute derrière nous », juge Mme Valla.Reste à savoir si l’investissement repartira : sans lui, pas de croissance soutenable possible dans l’avenir. Sur le sujet, les économistes oscillent entre optimisme et prudence. D’un côté, le crédit aux entreprises donne des signes de redémarrage, en partie grâce à la politique monétaire ultra-accommodante de la Banque centrale européenne (BCE). De plus, les enquêtes de confiance sont encourageantes : les patrons de PME recommencent à voir l’avenir en rose.Hélas, si l’investissement est bien reparti en Allemagne ou aux Pays-Bas, ce n’est pas le cas dans tous les pays membres. En particulier en France. L’investissement des entreprises a stagné au premier trimestre (+ 0,2 % après – 0,1 %), tandis que celui des ménages a nettement reculé (– 1,4 % après – 1,1 %).Autres ombres au tableau : la persistance d’un taux de chômage élevé (11,3 %) et les incertitudes entourant les négociations entre Athènes et ses partenaires européens. Si les discussions semblent avoir progressé ces derniers jours, le scénario d’un défaut grec, voire d’une sortie du pays de la zone euro, n’est pas encore exclu. « Ce serait une catastrophe pour tout le monde », prévient M. Timbeau.Malgré ces doutes, la zone euro devrait néanmoins enregistrer une croissance de 1,5 % en 2015 après 0,9 %, selon le Fonds monétaire international. Les économistes de Natixis misent même sur 1,7 %, pariant que l’investissement va se raffermir. « Cette fois, la croissance européenne a décollé pour de bon », assurent-ils.  Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.05.2015 à 16h15 Après un bref entretien avec son homologue ukrainien, François Hollande a mis en garde jeudi 14 mai contre le risque d'un nouvel « embrasement » en Ukraine, ou des violations  « inacceptables » du cessez-le-feu sont survenues dans l'est du pays, malgré l'accord de paix signé en février à Minsk.« Des groupes ont intérêt à ce que ce conflit perdure, et ces groupes-là nous les identifions facilement », a répondu le président français sans donner davantage de précisions, après une rencontre à Aix-la-Chapelle avec Petro Porochenko en marge de la remise du prix Charlemagne au président du Parlement européen, Martin Schulz.Les deux présidents ont évoqué « la mise en œuvre de l'accord » de paix de Minsk et tout particulièrement les groupes de travail prévus par cet accord.L'Ukraine doit « avoir des facilités » mais doit aussi « respecter un certain nombre de conditions et je les ai rappelées au président Porochenko », a affirmé François Hollande.Lire (édition abonnés) : Les zones d’ombre de l’accord de MinskRencontre prochaine à Riga« Nous travaillons pour que Minsk, tout Minsk, rien que Minsk, soit mis en place », a réaffirmé M. Hollande, notant que des discussions ont aussi eu lieu avec le président russe, Vladimir Poutine.La France a été « partie prenante » de l'accord de Minsk, et « nous voulons qu'il soit pleinement appliqué », a-t-il insisté, à une semaine d'une rencontre « très importante » à Riga.Lire aussi : A Moscou, Angela Merkel dénonce l'absence de trêve en Ukraine Sylvie Kauffmann Chronique. Ce n’est pas encore tout à fait ça, mais on avance. Après un an de politique de l’autruche, et après le piteux sommet européen du 23 avril, à l’issue duquel les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Huit avaient répondu au drame des migrants en Méditerranée par le triplement du budget du dispositif de protection de nos côtes, les propositions formulées mercredi 13 mai par la Commission de Bruxelles apportent un changement bienvenu à l’approche européenne de la crise migratoire. On pourrait même assister, si ces propositions sont adoptées par les Etats-membres, à la naissance d’une politique européenne face au défi de l’immigration clandestine.Il ne s’agit plus seulement maintenant de repousser les migrants, mais bien d’amener les Etats membres à porter chacun sa part du fardeau, selon le principe de solidarité qui est l’un des marqueurs de l’Europe mais qui, jusqu’ici, n’a pas été appliqué au problème de l’afflux massif de boat people en Italie, à Malte et en Grèce.La mesure proposée la plus concrète est celle de l’accueil par l’UE de 20 000 réfugiés, au sens où l’entendent les Nations Unies, c’est-à-dire des personnes déplacées par un conflit, et leur répartition par pays de l’Union, selon des critères mêlant le PIB, le taux de chômage, la population et le nombre de demandes d’asile. A ce titre, la France devrait en accueillir 2 375. Sur une population de 66 millions d’habitants, cela paraît gérable.L’autre proposition, déjà controversée, vise à instituer des quotas d’accueil par pays en cas d’afflux massif de migrants, comme c’est le cas actuellement. A ce titre, l’Allemagne devrait en accueillir 18,42%, la France 14,17%. La Grande-Bretagne s’est immédiatement déclarée contre un tel projet : elle veut se concentrer, elle, sur la lutte contre les trafiquants d’être humains. Mais l’un n’empêche pas l’autre. Face à une crise d’une telle ampleur, il faut saluer la volonté de la Commission de prendre enfin le problème à bras-le-corps.kauffmann@lemonde.fr@SylvieKauffmannSylvie KauffmannJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’extermination des blaireaux, la défense des albatros de Patagonie et celle du bœuf britannique, l’architecture urbaine et le régime alimentaire des écoliers du Gloucestershire du Sud… cet inventaire à la Prévert donne une idée des préoccupations hétéroclites du prince Charles révélées par les lettres qu’il a adressées à des membres du gouvernement en 2004 et 2005.Ces courriers privés, qui ont été rendus publics mercredi 13 mai sur ordre de la Cour suprême du Royaume-Uni, vont nourrir le débat : un prince qui cherche à faire pression sur le gouvernement peut-il devenir roi d’Angleterre ?En obtenant en justice cette publication en vertu de la loi sur la liberté de l’information, le quotidien The Guardian souhaitait informer l’opinion britannique de l’ampleur du lobbying opéré par le prince de Galles, en contradiction avec la neutralité qu’il est censé observer. Les lettres confirment les marottes du prince, comme l’environnement, l’architecture et l’agriculture.Lire :Les lettres qui révèlent l’excès de zèle du prince CharlesTerrains hautement délicatsMais la correspondance avec sept ministres montre aussi que Charles, qui est appelé à succéder à sa mère, la reine Elizabeth, âgée de 89 ans, n’hésite pas à s’aventurer sur d’autres terrains hautement délicats, comme la guerre en Irak et l’armée. Dans une lettre adressée en septembre 2004 au premier ministre d’alors, Tony Blair, le prince qu’il est préoccupé par les « piètres performances » de l’hélicoptère Lynx dans la forte chaleur des combats en Irak et des incertitudes quant à son remplacement faute de « moyens nécessaires ».Défenseur des médecines douces, Charles fait aussi part à Tony Blair de son inquiétude quant à l’« effet délétère » sur ce secteur d’une directive européenne sur les plantes médicinales. Le premier ministre le remercie, approuve, et lui promet d’agir dans son sens.Au ministre de la pêche, le prince écrit en espérant que la lutte contre la pêche illégale de la légine (poisson à dents) de Patagonie qui compromet la survie des albatros, « figurera parmi [ses] priorités ». « Si ce commerce n’est pas stoppé, il restera peu d’espoir pour ce pauvre vieil albatros, pour lequel je continuerai à mener campagne », se désole le prince de Galles en se demandant si la Royal Navy ne peut pas faire quelque chose. A Tony Blair à nouveau, Charles parle du sort des éleveurs bovins affectés par la tuberculose bovine et plaide pour la chasse aux blaireaux qui en sont des vecteurs. Objet d’une vigoureuse controverse au Royaume-Uni, l’abattage des blaireaux s’est révélé plus tard inefficace. « Je souhaite que davantage soit fait pour encourager les gens à acheter [les produits de l’agriculture] britannique » en dépit des « règles européennes qui empêchent de promouvoir les seuls produits britanniques », conseille encore le prince.Insistance à faire passer ses idéesLes 27 lettres dont The Guardian a obtenu la publication après dix années de bataille judiciaire décevront les graphologues, car elles sont pour l’essentiel dactylographiées, contrairement à d’autres missives du prince surnommées « courriers de l’araignée noire » en raison de leur graphie très épaisse, foncée et criblée de points d’exclamation. Mais leur ton amical, voire enjoué, reflète de façon éclairante la proximité avec le pouvoir politique que souhaite entretenir le prince, et son insistance à faire passer ses idées.« Cher premier ministre, écrit-il par exemple à M. Blair, j’ai eu grand plaisir à vous recevoir tous les deux à Birkhall [l’une des quatre résidences du prince] pour le thé le week-end dernier et à discuter de différents sujets. J’ai pensé qu’il pourrait être utile que, comme d’habitude, je les couche sur le papier. »Les services du prince de Galles ont regretté que la justice n’ait pas fait prévaloir le « principe d’intimité » et le gouvernement Cameron prépare un renforcement de la loi, votée depuis la procédure engagée par The Guardian, qui permet d’empêcher la publication du moindre courrier adressé au gouvernement par la reine ou l’un des héritiers du trône.Selon l’entourage du prince de Galles, la correspondance publiée mardi montre seulement que l’héritier de la couronne « se soucie profondément de son pays » et qu’« il essaie de se servir de sa position unique pour aider autrui ».Mais une vidéo mise en ligne par Channel Four montre, derrière ces phrases policées, la nervosité qui agite l’entourage du prince Charles. On y voit Kristina Kyriacou, secrétaire du prince chargée de la communication, arracher le micro de Michael Crick, journaliste de la chaîne, qui tente de poser une question au prince à sa sortie de voiture lors d’un événement public. « Etes-vous inquiet de la publication de ces lettres ? », lance le reporter tandis que Charles passe devant lui sans le voir.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.05.2015 à 20h13 • Mis à jour le14.05.2015 à 06h55 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) « Vous y comprenez encore quelque chose, vous ? Moi, plus rien, et je suis bien incapable de répondre précisément aux nombreuses questions qu’on me pose sur le sujet », assure Sylvie Goulard, eurodéputée libérale (groupe Alde). C’est pour que les élus soient tenus au courant des difficiles et très opaques négociations entre Athènes et ses créanciers internationaux que l’élue a pris l’initiative, avec Guy Verhofstad, le chef du groupe libéral au Parlement européen (troisième formation politique à Bruxelles derrière les conservateurs et les sociaux-démocrates), de demander l’audition publique des principaux protagonistes du dossier grec.Ils ont eu en partie gain de cause : la « conférence des présidents », qui réunit les chefs des groupes politiques du Parlement, a tranché, mercredi 13 mai, en faveur d’une audition, « le plus vite possible », du premier ministre grec, Alexis Tsipras, du président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem et de celui de la Banque centrale européenne, Mario Draghi.« Trop compliqué. Notamment avec le FMI »Mme Goulard voulait une audition publique, mais n’a pas obtenu formellement gain de cause sur ce point. Elle espérait aussi inviter davantage de protagonistes de la négociation grecque - des membres de la Commission européenne (Pierre Moscovici, Valdis Dombrovskis ?), ou les représentants des créanciers directement impliqués dans les discussions avec Athènes, mais « c’était trop compliqué. Notamment avec le FMI », explique l’eurodéputée.« Nous avons le droit d’être tenus informés de ces négociations complètement opaques mais aux conséquences potentiellement très graves pour l’Eurozone », ajoute Mme Goulard. « Vous vous imaginez, si mes enfants me demandaient dans quelques années : qu’est-ce que tu as fait au Parlement européen pour empêcher un Grexit ? »Les eurodéputés avaient déjà demandé, en 2011-2012, à être tenus informés des négociations sur le sauvetage de la Grèce, en pleine crise financière. Et avaient adopté des rapports d’initiative, début 2014, particulièrement critiques sur le rôle de la Troïka, les représentants des créanciers d’Athènes.Difficile de savoir qui dit vraiDe fait, depuis trois mois qu’ont démarré les négociations entre la Grèce et ses principaux créanciers (FMI, BCE, UE), afin d’obtenir le déblocage d’un dernier prêt de 7,2 milliards d’euros en échange de réformes, difficile de savoir qui dit vrai, de quelles réformes on discute, et si un accord est en vue, ou pas.Aujourd’hui, par exemple, les plus optimistes, à Bruxelles, affirment qu’un accord est possible, même si M. Tsipras a fait des promesses anti-austérité à ses électeurs, et que ses créanciers veulent lui imposer de nouvelles mesures d’économies.D’autres laissent entendre que les concessions que le premier ministre grec devrait faire (concernant une réforme des retraites notamment), pour obtenir son chèque, sont politiquement impossibles à vendre à Athènes. Et qu’il devrait en passer par un référendum pour obtenir un mandat populaire clair.Caisses videsCôté grec, cela fait des semaines qu’on crie au loup en disant que les caisses sont vides, que l’Etat grec est menacé de défaut de paiement imminent, mais le FMI est pour l’instant remboursé en temps et en heure. Lundi 11 mai au soir d’un énième Eurogroupe sur la Grèce, le ministre des finances, Yanis Varoufakis a assuré qu’il ne restait plus que deux semaines de liquidités…« Cette demande de transparence dans les négociations, c’est très difficile à accepter pour les négociateurs. Pour discuter, et finalement trouver un accord, il faut qu’un rapport de confiance s’instaure autour de la table. Quand on laisse fuiter le contenu des négociations, cela n’aide pas », explique cependant une source diplomatique, habituée aux négociations de ce type.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Sébastien Jean (Directeur au Centre d’études prospectives et d’informations internationales, Cepii) Le règlement des différends entre investisseurs et Etats (RDIE, ou ISDS selon le sigle anglais [pour Investor State Dispute Settlement]) est sans doute la question la plus épineuse dans la négociation en cours du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (en anglais, TTIP « Transatlantic Trade and Investment partnership »).Au-delà, c’est l’ensemble du cadre contentieux de l’investissement international qui est mis en cause dans le débat européen. En réponse, la Commission européenne a déjà fait des efforts louables pour réformer le système, en précisant son champ d’application et en proposant des garde-fous.Pourtant, les propositions formulées le 5 mai par la Commissaire européenne au Commerce extérieur, Cecilia Malmström, pour aller plus loin dans cette direction ont reçu un accueil plus que mitigé. On peut s’étonner de l’intensité de cette polémique alors que les traités bilatéraux d’investissement, sur lesquels s’appuie actuellement pour l’essentiel l’arbitrage des différends entre investisseurs et Etats, sont largement une création européenne.L’Allemagne en est parfois présentée comme la « mère », elle qui a signé le premier accord de ce type (avec le Pakistan, en 1959) et qui détient le record mondial du nombre d’accords en vigueur, 131. Avec 95 accords en vigueur, la France n’est guère en reste.Rarement utilisésDans ce contexte, l’opposition, voire l’indignation affichée par nombre de responsables politiques face à de tels accords vient un peu tard, à tout le moins. Elle n’est cependant pas nécessairement injustifiée, pour deux raisons.La première est que ces accords sont longtemps restés peu connus et les procédures d’arbitrages qu’ils prévoyaient, rarement utilisés.La seconde raison est que la nature de ces accords a changé. Originellement conçus pour sécuriser les investissements de pays avancés dans ce que l’on appelait alors le tiers-monde, puis prenant leur essor à la suite de la décolonisation, les accords bilatéraux d’investissement visaient essentiellement à lutter contre l’expropriation et à éviter les entraves au rapatriement des profits, face à des systèmes judiciaires qui n’inspiraient pas confiance.L’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA, dont le chapitre 11 concerne la protection de l’investissement) a ouvert une ère nouvelle, à la fois parce qu’il était signé notamment entre les Etats-Unis et le Canada, deux pays dont la légitimité du système judiciaire n’est pas douteuse, et parce qu’il définissait des obligations beaucoup plus extensives des Etats envers les investisseurs, qui ont été depuis reprises dans de nombreux autres accords.Contradiction et renoncementMême si les critiques formulées contre le système actuel sont souvent infondées voire caricaturales, le résultat est dans certains cas indéfendable, comme lorsque Philip Morris attaque le gouvernement australien pour sa législation sur le paquet de cigarette neutre (même s’il faut rappeler que ce cas n’est pas jugé), ou lorsque la Libye est condamnée à payer 930 millions de dollars (818 millions d’euros) d’amende à un investisseur koweïtien qui n’avait pourtant investi sur place que 5 millions.Refuser d’avancer dans la redéfinition des règles juridiques encadrant l’investissement international constituerait pourtant pour l’Union européenne (UE) une contradiction et un renoncement. Contradiction, parce que l’UE est le principal émetteur mondial d’investissement international. Autant dire que l’UE confie à d’autres pays des sommes colossales, et ses excédents courants actuels astronomiques suggèrent qu’elle n’est pas prête d’arrêter de le faire.Il est de ce fait légitime, pour ne pas dire nécessaire, de se préoccuper de leur protection. De fait, l’UE négocie actuellement avec la Chine un traité bilatéral d’investissement. Refuser d’avancer serait aussi pour l’UE un renoncement à montrer l’exemple dans la définition des règles communes, sur un phénomène dont l’ampleur est sans commune mesure avec ce qu’elle était : le stock des investissements directs à l’étranger représente aujourd’hui environ 35 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, contre 9 % seulement en 1990.Le statu quo n’est pas une solution satisfaisante, dans un contexte où les Etats membres ont une profusion d’accords en vigueur, représentant presque la moitié du total mondial. Y compris entre eux : la France compte actuellement onze traités bilatéraux d’investissement en vigueur avec d’autres Etats membres de l’UE ! Un comble, alors que l’investissement direct à l’étranger est depuis l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne une compétence communautaire.Système multilatéralDeux principes pourraient être suivis pour sortir de cette impasse.Le premier est celui d’une institution publique, constituée de juges choisis et rémunérés par les Etats. Cela éviterait les soupçons de conflits d’intérêt et prendrait acte du fait que les enjeux de l’investissement international sont désormais trop lourds pour être confiés à une justice privée, à l’assise institutionnelle trop étroite. Cela permettrait en outre de poser les jalons d’un tribunal international de l’investissement.Le second principe serait de focaliser la protection des investissements exclusivement sur le principe de non-discrimination. Le système actuel garantit notamment aux investisseurs un « traitement juste et équitable » et les protège contre l’expropriation indirecte. Mais qui peut dire où s’arrête le champ de ces garanties ? Faut-il offrir aux investisseurs étrangers des assurances dont les nationaux seraient privés ? Comment, d’ailleurs, appliquer ces règles dans un contexte où la nationalité de nombre de groupes est difficile à définir ?Ces garanties ne sont pas illégitimes dans leur principe, mais il revient à chaque système national de les fournir à tous les investisseurs, et non pas à des traités d’en octroyer le privilège aux investisseurs étrangers. En se limitant à assurer la non-discrimination, le règlement des différends se bornerait à vérifier que les investisseurs étrangers sont traités comme les locaux. Sans avoir son mot à dire sur les régulations nationales dès lors qu’elles sont appliquées de manière non discriminante.La non-discrimination est le principe central de l’organisation coopérative des relations économiques internationales, le seul à même de servir de fondement à un système multilatéral permettant enfin de résoudre les conflits relatifs à l’investissement international sur la base de règles partagées.Sébastien Jean (Directeur au Centre d’études prospectives et d’informations internationales, Cepii) Philippe Ridet (Rome, correspondant) De l’air ! L’Italie est sortie, mercredi 13 mai, de sa plus longue période de récession depuis l’après-guerre, dans laquelle elle était entrée au troisième trimestre 2011. Selon l’Institut national de la statistique (Istat), au cours des trois premiers mois de 2015, la croissance a enregistré un bond de 0,3 %, supérieur aux pronostics les plus optimistes des analystes.Déjà revue à la hausse, la prévision de croissance établie par le gouvernement porte désormais sur une progression du PIB de 0,7 % en 2015 et de 1,6 % en 2016. Ces chiffres ont été salués à la Bourse de Milan où l’indice principal progressait peu après l’ouverture.Effet Matteo Renzi ? Dans ses premiers éléments d’analyse, l’Istat pointe une reprise de la consommation intérieure. Une des premières mesures du premier ministre, arrivé au pouvoir en février 2014, fut de proposer une ristourne de 80 euros mensuels sur les impôts de 10 millions de contribuables les plus modestes.Estimée à 10 milliards d’euros par an pour l’Etat, cette mesure n’avait jusqu’alors provoqué aucun effet sur la consommation.Besoin « d’une relance de la production »Parallèlement la production industrielle s’améliore (+ 0,6 % en février), la confiance des ménages se renforce, de même que celle des entreprises, même si l’accès au crédit continue de reculer (- 0,3 % en février).Toutefois, le chômage reste élevé (13 %, 43,1 % chez les 15-24 ans). Mais la réforme du marché du travail (baptisé « job act ») commence à porter ses fruits. Les nouvelles dispositions, qui indexent les droits des travailleurs à leur ancienneté dans l’entreprise et font du CDI la norme, ont permis la signature de 470 000 nouveaux contrats et la création de 50 000 nouveaux postes de travail depuis son entrée en vigueur en début d’année.Pour le chef du gouvernement, qui avait cru pouvoir bénéficier dès son arrivée au pouvoir, en février 2014, d’un renversement de tendance, les chiffres de l’Istat constituent un succès personnel.Ses détracteurs ne veulent y voir que la conséquence de la baisse des prix du pétrole et de l’impact du « quantitative easing », ce programme de rachat massif de dettes publiques engagé par la Banque centrale européenne (BCE). Pour la banque d’Italie, le pays a maintenant besoin « d’une relance de la production et d’une augmentation durable de l’emploi ».Bombe budgétaireMais, passées les bonnes nouvelles, le gouvernement se trouve déjà confronté à un problème de taille. Une véritable bombe budgétaire : la Cour constitutionnelle a annulé, il y a deux semaines, la décision prise par le gouvernement de Mario Monti, en 2011, de désindexer de l’inflation les pensions supérieures à 1 400 euros par mois.Plus de 6 millions de retraités étaient concernés par cette mesure. Il faudra les rembourser. Selon les médias, l’estimation de cet effort varie de 5 à 13 milliards d’euros.« Il semble inévitable qu’il y aura un impact sur les finances publiques », s’est contenté de dire le ministre de l’économie, Pier Carlo Padoan, qui réfléchit à un « aménagement » des conséquences de la décision de la Cour.Celui-ci pourrait prendre la forme de remboursements pour les seuls retraités dont les pensions se situent entre 1 400 euros et 3 000 euros, soit 30 % des cas concernés. Cette opération, « techniquement faisable », selon les experts du Trésor, entraînerait une augmentation du déficit, difficilement négociable avec Bruxelles.Plombée par une dette de 2 140 milliards d’euros (138 % du PIB), l’Italie s’est engagée a ne pas dépasser un déficit équivalent à 2,6 % du PIB en 2015. D’ores et déjà, la « cagnotte » de 1,6 milliard d’euros sur laquelle le gouvernement comptait pour financer un plan « anti-pauvreté » est partie en fumée. « J’avais gardé ce petit trésor pour d’autres mesures, a reconnu le premier ministre, mardi 12 mai. J’ai dû le mettre de côté. Nous avons un peu d’amertume… ».Philippe Ridet (Rome, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Charrel Une fois n’est pas coutume, la zone euro a fait mieux que les Etats-Unis et que le Royaume-Uni. Au premier trimestre, son produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,4 % par rapport au trimestre précédent, contre 0,1 % outre-Atlantique et 0,3 % outre-Manche. « Cela ne s’était pas produit depuis le premier trimestre 2011 », souligne Jonathan Loynes, chez Capital Economics.Il s’agit surtout du plus fort taux de croissance enregistré depuis le deuxième trimestre 2013. « C’est une bonne nouvelle, la reprise européenne se raffermit », commente Xavier Timbeau, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). « Elle profite, depuis quelques mois, d’une conjonction d’éléments très favorables. »Lire aussi :Les ambiguïtés de la reprise françaiseDans le détail, la plupart des grands pays de la zone euro ont vu leurs performances économiques s’améliorer – à l’exception de l’Allemagne, dont la progression du PIB s’est établie à 0,3 %, contre 0,7 % au quatrième trimestre 2014. L’Espagne, elle, a enregistré la plus forte croissance (0,9 %) depuis fin 2007 et la France a engrangé une progression au plus haut depuis quatre ans (0,6 %). Soulagement aussi du côté de l’Italie (0,3 %), dont le PIB n’avait pas crû depuis le deuxième trimestre 2011.En revanche, la Finlande (– 0,1 %) a replongé en récession. Tout comme la Grèce : son PIB a reculé de 0,2 %, après – 0,4 % au trimestre précédent. L’incertitude des négociations entre le gouvernement d’Alexis Tsipras et les créanciers du pays pèse sur l’activité. Athènes avait pourtant renoué avec la croissance en 2014, après six douloureuses années de récession. « Si l’on excepte la Grèce, les taux de croissance convergent à nouveau en zone euro, même si les moteurs sont différents d’un pays à l’autre », remarque Denis Ferrand, économiste chez Coe-Rexecode.Lire aussi :L’Eurogroupe se rapproche d’un accord avec la GrèceSi les différentes composantes du PIB ne sont pas encore connues, la consommation des ménages a sans aucun doute été le principal moteur de l’activité. En revanche, le commerce extérieur devrait se révéler décevant. Motif : la demande mondiale s’essouffle, tirant moins qu’on aurait pu l’espérer les exportations.Vents porteurs pour l’activitéReste que si le point de vue des pessimistes dominait il y a quelques mois encore, les optimistes tiennent désormais le haut de l’affiche. De fait, le risque déflationniste, qui planait encore sur la zone euro en début d’année, semble désormais écarté : en avril, l’inflation s’est établie à 0 % après quatre mois de recul, selon Eurostat. Et elle devrait continuer à se redresser.Il faut dire que, depuis le début de l’année, l’union monétaire profite de vents extrêmement porteurs. Le premier d’entre eux est, bien sûr, la baisse des cours du pétrole, entamée mi-2014. En réduisant la facture énergétique des entreprises et surtout des ménages, celle-ci a permis de regonfler un peu le pouvoir d’achat des Européens et donc, la consommation.Lire aussi :Le cours du pétrole remonteLa dépréciation de l’euro, qui a reculé de près de 20 % face au dollar depuis mi-2014, a également favorisé la compétitivité des entreprises européennes exportant hors de la zone euro. « S’ajoute à cela la réduction des efforts d’ajustement budgétaire des pays membres, qui a mécaniquement apporté un peu d’air à l’activité », ajoute Pierre-Olivier Beffy, économiste chez Exane-BNP Paribas. Enfin, la baisse généralisée des taux d’intérêt souverains a permis aux Etats-membres de se financer à moindre coût.Lire aussi :Zone euro : le spectre de la déflation s’éloigneToute la question est de savoir si ces moteurs externes continueront à tourner ces prochains mois. Et, surtout, si les moteurs internes de la croissance européenne prendront le relais. « Le risque est que cela ne se produise pas », redoute Natacha Valla, économiste et directrice générale du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii).Le chômage élevé, ombre au tableauDe fait, après être tombé sous le seuil des 45 dollars le baril en début d’année, le cours du brent est repassé au-dessus des 60 dollars ces derniers jours. De même, après avoir frôlé la parité en mars, l’euro évolue de nouveau autour du 1,13 dollar. « Le gros de l’ajustement à la baisse des prix du pétrole et de l’euro est sans doute derrière nous », juge Mme Valla.Reste à savoir si l’investissement repartira : sans lui, pas de croissance soutenable possible dans l’avenir. Sur le sujet, les économistes oscillent entre optimisme et prudence. D’un côté, le crédit aux entreprises donne des signes de redémarrage, en partie grâce à la politique monétaire ultra-accommodante de la Banque centrale européenne (BCE). De plus, les enquêtes de confiance sont encourageantes : les patrons de PME recommencent à voir l’avenir en rose.Hélas, si l’investissement est bien reparti en Allemagne ou aux Pays-Bas, ce n’est pas le cas dans tous les pays membres. En particulier en France. L’investissement des entreprises a stagné au premier trimestre (+ 0,2 % après – 0,1 %), tandis que celui des ménages a nettement reculé (– 1,4 % après – 1,1 %).Autres ombres au tableau : la persistance d’un taux de chômage élevé (11,3 %) et les incertitudes entourant les négociations entre Athènes et ses partenaires européens. Si les discussions semblent avoir progressé ces derniers jours, le scénario d’un défaut grec, voire d’une sortie du pays de la zone euro, n’est pas encore exclu. « Ce serait une catastrophe pour tout le monde », prévient M. Timbeau.Malgré ces doutes, la zone euro devrait néanmoins enregistrer une croissance de 1,5 % en 2015 après 0,9 %, selon le Fonds monétaire international. Les économistes de Natixis misent même sur 1,7 %, pariant que l’investissement va se raffermir. « Cette fois, la croissance européenne a décollé pour de bon », assurent-ils.  Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Mathilde Damgé L’économie française a enregistré une croissance de 0,6 % au premier trimestre 2015, contre 0,4 % prévu, a indiqué l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), mercredi 13 mai. Le ministre des finances, Michel Sapin, s’en est immédiatement félicité :« Ce premier chiffre est très encourageant (...) Nos perspectives de croissance pour 2015 sont aujourd’hui clairement confortées. »Mais, il faut remettre cette hausse en perspective. La croissance a été révisée – dans la même publication – à zéro pour le dernier trimestre 2014, et la croissance tricolore ayant toujours du mal à se relever de la crise économique des années précédentes.Voici deux graphiques pour prendre du recul :Tout d’abord, il faut reconnaître que cette hausse du produit intérieur brut (PIB), c’est-à-dire de la richesse créée dans le pays, n’avait plus été vue depuis le 2e trimestre 2013, donc depuis deux ans. #container_14315089766{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14315089766{ height:500px; } #container_14315089766 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14315089766 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14315089766 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14315089766 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La croissance retrouve son niveau d'il y a deux ansEvolution du PIB par trimestre en %Source : Insee(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14315089766", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["mars 2013","juin 2013","septembre 2013","décembre 2013","mars 2014","juin 2014","septembre 2014","décembre 2014","mars 2015"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "croissance", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 0.1 ], [ "", 0.8 ], [ "", -0.1 ], [ "", 0.2 ], [ "", -0.2 ], [ "", -0.1 ], [ "", 0.2 ], [ "", 0 ], [ "", 0.6 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 2, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}C’est d’ailleurs la progression la plus forte (0,6 point) depuis ce printemps 2013 qui avait vu le PIB reprendre du poil de la bête grâce à un mouvement qualifié de « correction » par les économistes, c’est-à-dire un rebond mécanique après plusieurs trimestres de baisse mais ne reposant pas sur des facteurs de soutien de long terme.Cette correction s’était traduite par une hausse de 0,7 point de croissance... avant de décélérer de 0,9 point au trimestre suivant. Une rechute moins impressionnante que celle de 2011 mais dont le schéma semble se répéter depuis la crise de 2008 :  #container_14315089765{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14315089765{ height:500px; } #container_14315089765 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14315089765 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14315089765 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14315089765 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }2011 et 2013 : les reprises se transforment en rechutesSource : Insee(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14315089765", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "line", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"Evolution du PIB par trimestre en %" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["01/12/2008","01/03/2009","01/06/2009","01/09/2009","01/12/2009","01/03/2010","01/06/2010","01/09/2010","01/12/2010","01/03/2011","01/06/2011","01/09/2011","01/12/2011","01/03/2012","01/06/2012","01/09/2012","01/12/2012","01/03/2013","01/06/2013","01/09/2013","01/12/2013","01/03/2014","01/06/2014","01/09/2014","01/12/2014","01/03/2015"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:"", layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "croissance", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", -1.6 ], [ "", -1.6 ], [ "", -0.1 ], [ "", 0.1 ], [ "", 0.7 ], [ "", 0.4 ], [ "", 0.6 ], [ "", 0.6 ], [ "", 0.5 ], [ "", 1.1 ], [ "", -0.1 ], [ "", 0.2 ], [ "", 0.2 ], [ "", 0 ], [ "", -0.3 ], [ "", 0.3 ], [ "", 0 ], [ "", 0.1 ], [ "", 0.8 ], [ "", -0.1 ], [ "", 0.2 ], [ "", -0.2 ], [ "", -0.1 ], [ "", 0.2 ], [ "", 0 ], [ "", 0.6 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 2, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Reste à savoir si la hausse du 1er trimestre s'inscrit dans un mouvement de plus long terme et non à l’heureuse conjonction d’un euro faible, d’un pétrole faible et de taux d’intérêts faibles.Ailleurs en Europe, la croissance se maintient mais elle évolue dans de moins fortes proportions ; l’Allemagne connaît une progression de son PIB moitié moindre par rapport à la France. Mathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Depuis le 1er janvier, quelque 1 800 migrants se sont noyés dans la Méditerranée, et ces tragédies ont mis en évidence les carences de la politique européenne, mais surtout la nécessité d’y remédier. Poussée par une partie de l’opinion et s’appuyant sur les conclusions du sommet européen du 23 avril, qui avait plaidé pour plus de solidarité entre les Etats, la Commission a anticipé la publication de son  « Agenda européen sur la migration ». Ce texte, présenté mercredi 13 mai, ambitionne de proposer une approche globale, mêlant mesures d’urgence et actions sur le long terme, aspects humanitaires et répressifs, surveillance renforcée des frontières – on va examiner en 2016 l’éventuelle création d’un corps européen de gardes – et ouverture des mêmes frontières à des travailleurs qualifiés.Lire aussi :L’Europe insensible aux migrants ?La proposition qui suscitera sans doute le plus de discussions, tant dans les Etats membres qu’au Parlement de Strasbourg, est l’instauration d’un système de quotas par pays pour l’accueil des réfugiés arrivés sur les rives européennes de la Méditerranée. Présentée comme une mesure d’urgence, elle vise au placement (relocation) de demandeurs d’asile qui doivent faire l’objet d’une protection internationale. Ces quotas seront calculés en fonction du produit intérieur brut, de la population, mais aussi du niveau de chômage des pays.Bruxelles songe également à un système de quotas pour la réinstallation (resettlement) de personnes persécutées ayant fui vers un pays tiers. Elles sont plus de 10 millions dans le monde, et les Nations unies, qui coordonnent un programme de réinstallation, aimeraient que l’UE accueille 20 000 personnes par an. Bruxelles propose de le faire en deux ans.Sévérité accrue envers ceux qui ne peuvent prétendre à l’asileLire aussi :« Contre le populisme, une politique juste mais stricte de l’immigration »Plus généralement, la Commission aimerait définir, dès la fin 2015, une clé permettant de répartir de manière permanente les réfugiés et demandeurs d’asile en cas d’afflux massif. Ce n’est pas la première tentative du genre, et celle-ci aussi pourrait susciter bien des réticences. Surtout dans la partie centrale et orientale de l’Union, où l’on ne manifeste aucune intention d’accueillir des réfugiés, alors que cinq Etats, dont la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, ont reçu 72 % des demandes en 2014.Afin d’assurer un meilleur équilibre, la Commission entend aussi évaluer, dès 2016, le système dit « Dublin », qui oblige l’Etat où est arrivé en premier lieu le demandeur d’asile à traiter sa demande et à subvenir à ses besoins. L’Italie ou la Grèce doivent ainsi gérer le flux de retour des migrants, renvoyés de France ou d’Allemagne. C’est un obstacle à la solidarité entre pays membres et, malgré les réticences, Bruxelles se dit prête à engager les discussions sur une révision du mécanisme. Pour aider les pays où accostent en grand nombre les migrants, le texte de la Commission évoque une approche d’urgence (« Hotspot »): le Bureau européen d’appui pour l’asile, l’agence de surveillance Frontex et Europol pourraient aider au traitement rapide des demandes d’asile. Et Frontex appuierait les opérations de retour forcé pour ceux dont les requêtes seraient rejetées.La Commission insiste sur le fait que l’ouverture des frontières à ceux qui ont réellement besoin d’une protection doit se doubler d’une sévérité accrue à l’encontre de ceux qui ne peuvent prétendre à l’asile. Selon Eurostat, sur les quelque 425 000 personnes dont les demandes ont été rejetées en 2013, 167 000 seulement ont quitté le sol européen.« Réduire les incitations à la migration illégale » Parallèlement, la Commission affirme la nécessité de « réduire les incitations à la migration illégale ». Elle compte notamment envoyer dans les délégations européennes auprès d’une série de pays (Egypte, Pakistan, Turquie, pays du Maghreb, Soudan, etc.) des officiers de liaison chargés des questions migratoires.Un sommet sera organisé prochainement, à Malte, avec les principaux pays tiers pour évoquer les causes profondes de l’immigration, la protection de certaines personnes ou le démantèlement des réseaux de trafiquants. La coopération avec les pays de transit est une autre idée évoquée depuis des années mais, promet la Commission, elle devrait, cette fois, trouver une véritable traduction. « Avec cet Agenda, nous confirmons et étendons notre coopération mais nous savons qu’une véritable réponse sur le long terme suppose de résoudre les causes profondes, de la pauvreté à l’instabilité causée par les guerres », explique la haute représentante Federica Mogherini.Lire aussi :Les négriers de la MéditerranéeLa Commission de Bruxelles affirme la nécessité de « réduire les incitations à la migration illégale »Il ne se trouvera pas grand monde pour contester cette déclaration de bonnes intentions. Un autre volet de la stratégie va, en revanche, entraîner d’âpres débats, que le président Jean-Claude Juncker a d’ailleurs déjà expérimentés. Il a pourtant tenu à ce que le projet dévoilé mercredi envisage également l’immigration légale, rendue nécessaire, souligne le document, par le déclin démographique de l’Europe et par le manque de main-d’œuvre dans certains secteurs (les technologies, les sciences, l’ingénierie, etc.).Un programme sur la mobilité de travail sera dévoilé avant la fin de l’année et une consultation publique lancée sur la nécessité d’attirer des personnes qualifiées. Un dialogue devrait aussi être engagé avec le patronat et les syndicats, dans le but de favoriser des « recrutements éthiques ».Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.05.2015 à 10h47 • Mis à jour le13.05.2015 à 12h11 | Claire Guélaud Ce n’est pas une divine surprise, mais c’est une bonne nouvelle : la croissance française a crû fortement au premier trimestre (+ 0,6 %, après + 0,0 % au quatrième trimestre 2014) portée par l’impact favorable de la baisse des prix du pétrole et de la dépréciation de l’euro. En avril, l’Institut national de la statistique et des études économiques avait déjà revu à la hausse de 0,3 % à 0,4 % sa prévision. Le chiffre publié mercredi 13 mai s’établit finalement à 0,6 %, soit la fourchette haute généralement retenue par les conjoncturistes et la plus forte progression du PIB depuis le deuxième trimestre 2013 (+ 0,8 %). Le ministre des finances, Michel Sapin, y a vu un premier chiffre « très encourageant. Nos perspectives de croissance pour 2015 [1 %] sont aujourd’hui clairement confortées ».Le rebond de la croissance française, deux fois plus forte ce trimestre que celle de l’Allemagne, s’explique par la nette accélération de la consommation des ménages. En revanche, l’investissement n’a toujours pas redémarré et l’emploi reste en berne. Au premier trimestre, 13 500 postes ont été supprimés dans les secteurs marchands non agricoles (dont 13 000 dans la seule construction) : c’est dix fois plus qu’au quatrième trimestre 2014.Lire aussi :Une reprise trop fragile pour sauver l’emploiL’amélioration du PIB au premier trimestre se situe dans le droit fil des derniers chiffres de la production industrielle et de la consommation des ménages en biens, qui étaient plutôt bons. Elle doit beaucoup à la forte hausse de la consommation des ménages (+ 0,8 % après + 0,1 % au quatrième trimestre 2014). Après un début d’hiver particulièrement doux, les dépenses d’énergie – portées par des prix en baisse – ont rebondi. À elle seule, leur augmentation explique un tiers de la progression du PIB. Elle pourrait, toutefois, n’être qu’un feu de paille.Accélération des importationsD’autres éléments d’accélération de la croissance en revanche, paraissent plus « durables », analyse Vladimir Passeron, chef du département de la conjoncture de l’Insee : le redressement de la confiance et du pouvoir d’achat des ménages ont incité ces derniers à consommer davantage de biens fabriqués (+ 1,4 % après + 0,5 %), les achats d’automobiles ayant le vent en poupe. Quant aux achats de biens durables, ils progressent à un rythme « assez élevé » en ligne avec le dynamisme de la production manufacturière (+ 0,8 %) qui bénéficie des effets favorables de la dépréciation de l’euro.En revanche, l’investissement n’est toujours pas reparti, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour l’économie française. Il recule même nettement chez les ménages (– 1,4 % après – 1,1 %), ce qui était attendu, compte tenu de la mauvaise santé du BTP, et il progresse à peine dans les entreprises (+ 0,2 % après – 0,1 %). Or, précise M. Passeron, « en phase d’accélération, l’investissement peut augmenter deux fois plus vite que le PIB ». Manifestement, on n’y est pas encore et l’investissement en France reste « suiveur » au lieu d’être « moteur ».Lire aussi :Investissements : pourquoi la France doit accélérerD’autres éléments sont plus difficiles à interpréter car ambivalents. Il en va ainsi de cette « petite surprise » qu’a constituée pour l’Insee « la forte accélération des importations (+ 2,3 %, après + 1,5 %) ». « On peut y voir une mauvaise nouvelle reflétant les difficultés de l’appareil productif français à répondre à la demande, mais aussi une bonne nouvelle liée à la hausse d’une consommation d’intrants reflétant la redynamisation des échanges industriels », explique M. Passeron. Il faudra attendre de prochains indicateurs pour savoir quelle interprétation est la bonne. Quoi qu’il en soit, au premier trimestre, le commerce extérieur a tiré l’activité vers le bas : – 0,5 point de PIB après + 0,2 point.Autre élément délicat à interpréter : les variations des stocks. Elles ont contribué favorablement à la croissance de l’activité au premier trimestre 2015 : + 0,5 point après – 0,3 au quatrième trimestre 2014. L’Insee souligne que les seuls matériels de transport contribuent pour + 0,4 point de PIB et font plus que compenser la contribution négative du solde commercial de ces biens (– 0,3 point). Pour l’économiste Jean-François Ouvrard (COE-Rexecode), « la forte contribution des stocks à la croissance n’est pas nécessairement négative. Elle peut aussi traduire le retour d’anticipations meilleures que prévu des chefs d’entreprise, en particulier des industriels ». Il faudra là aussi attendre quelques semaines avant de se prononcer.Par ailleurs, les comptes des administrations publiques, publiés mercredi 13 mai par l’Insee, montrent que les prélèvements obligatoires ont continué d’augmenter en 2014 pour s’établir à 44,9 % du PIB. Leur progression (+ 0,2 point) est certes moins forte qu’en 2013 (+ 0,9 point) ou qu’en 2012 (+ 1,2 point), mais, en part de PIB, on n’en atteint pas moins des niveaux inédits depuis la création des séries longues en 1959.Quant aux dépenses publiques, elles se sont accrues de 0,5 point, à 57,5 % du PIB. Voilà la France probablement confortée dans sa place de championne européenne de la dépense publique. La dette publique au sens de Maastricht a augmenté de 3,3 points à 95,6 % en 2014 et s’élève à 2 037,8 milliards d’euros, tandis que le déficit public, en baisse de 0,1 point, s’est établi à 4 % du PIB.Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.05.2015 à 06h33 • Mis à jour le14.05.2015 à 14h55 | Hubert Védrine (Ancien ministre des affaires étrangères) Voir la Méditerranée transformée en cimetière marin pour tant de ceux qui cherchent la terre d’asile, ou de cocagne, européenne, est un tel choc qu’il va – peut-être – sortir l’Europe de sa longue léthargie stratégique et de ses abstractions généreuses mais éthérées et largement stériles sur l’humanité. En surmontant ses contradictions, l’Europe se métamorphoserait et se grandirait.Que faire pour cela ? Il n’y a pas « une » mesure miracle, mais un ensemble d’actions à définir, à expliquer et à mener. Chacune nécessite de trancher entre pays européens ou entre institutions européennes, ou entre opinions et gouvernements, ou entre bureaucraties, et donc du courage politique. L’ensemble constituerait la politique européenne de l’asile et de l’immigration, crédible, assumée et durable, qui fait défaut.Lire aussi :« Le système de l’asile a cessé de fonctionner »D’abord prendre la juste mesure du phénomène. Distinguer asile et immigration. Ne pas oublier que c’est un phénomène mondial (Nigeria, Afrique du Sud, Australie, Rio Grande, etc.), et pas seulement européen ; 80 % à 90 % des déplacés, dans le monde, le sont dans les pays du « Sud ». C’est le Pakistan qui accueille le plus grand nombre de réfugiés au monde. Les chiffres de l’immigration dans l’Union européenne (UE), depuis l’extérieur de l’UE, restent limités : autour d’1,7 million, pas plus que de migrants au sein de l’Union. On en comptait, en 2012, 327 000 pour la France (contre 592 000 pour l’Allemagne et 498 000 pour le Royaume-Uni).Il n’y a évidemment pas de solution militaire d’ensemble mais ne rêvons pas : un recours à la force sera à un moment ou à un autre inévitableLes « stocks » d’étrangers déjà présents dans un pays de l’UE sont d’une trentaine de millions, dont une vingtaine seulement venus de pays extérieurs à Bruxelles. Il y a 500 millions d’Européens : sur un plan quantitatif, ces flux sont donc gérables. Ils sont économiquement précieux pour pourvoir les emplois non qualifiés vacants, et des emplois très spécialisés. Mais c’est politiquement et psychologiquement explosif dans nos sociétés démocratiques fébriles (information continue, hystérisation, exploitation des émotions) dans une Europe inquiète, sur la défensive et qui se sent, à tort ou à raison, menacée dans son identité et son mode de vie par une mondialisation sauvage (flux financiers, humains, économie casino, extrémisme islamiste, compte à rebours idéologique, etc.).En urgence, arrêter les noyadesComment concilier tout cela ? Les peuples d’Europe attendent de leurs dirigeants qu’ils mettent de l’ordre dans cette mêlée mondiale confuse, où il leur semble que personne ne maîtrise plus rien, ce qui alimente fureur et votes protestataires.D’abord, en urgence, arrêter les noyades. Par quels moyens ? Accroître les moyens maritimes de repêchage. Empêcher les départs par un contrôle accru des navires (opération « Triton » multipliée par 3), voire un blocus maritime des ports de départ (pourquoi pas par la VIe flotte américaine), ou une coalition maritime ad hoc, et une destruction des rafiots repérés. Il n’y a évidemment pas de solution militaire d’ensemble mais ne rêvons pas : un recours à la force sera à un moment ou à un autre inévitable.Lire aussi :Les négriers de la MéditerranéeEnsuite re-responsabiliser les gouvernements des pays de transit de la rive sud, ou de l’est de l’Europe. C’est déjà le cas de la plupart d’entre eux : le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, l’Egypte, la Turquie. Le problème majeur, c’est la Libye. La France, qui fait déjà tant, n’a pas à être en première ligne. Mais elle peut appuyer plus le médiateur de l’ONU, Bernardino Léon, qui travaille à un accord entre les deux gouvernements, et les tribus. La cohésion et la pression conjointe des pays voisins – Italie, Egypte, Algérie, Niger, Tchad, Tunisie, France et Etats-Unis, via leur VIe flotte – comme les menaces militaires égyptiennes peuvent inciter les protagonistes au compromis politique et permettre finalement la réapparition en Libye d’un partenaire responsable.Il faut en parallèle démanteler systématiquement les réseaux, en remontant pour cela toute la chaîne, des pays d’arrivée jusqu’aux pays de recrutement. Mais tout cela ne marchera, avec le temps, qu’à condition que soient prises deux grandes initiatives.Harmoniser les règles d’asileD’abord sur l’asile. Les pays de l’UE, et d’abord de Schengen (après qu’on ait testé leur capacité à contrôler leurs propres frontières), devraient harmoniser les règles de l’asile en Europe et les faire connaître et les gérer en amont, dans des « portes légales d’entrée » dans les pays de premier asile. Qu’est-ce qui nous empêche ? Aucune divergence de fond !Par ailleurs, sur l’immigration économique, entamer au sommet une grande concertation qui existe déjà au niveau fonctionnaires entre des pays de départ, de transit et d’arrivée. Pour décider ensemble, annuellement, une fois passés les inévitables reproches et procès d’intention, des quotas par métiers, indexés sur les besoins économiques et la capacité d’accueil ; les politiques de visas ; à certains moments, des régularisations raisonnables.Il est nécessaire de mettre fin à la politique de l’autruche sur le danger islamiste, auquel nos opinions sont à juste titre hypersensiblesPar exemple en France il y a environ 300 000 à 400 000 personnes devenues irrégulières à l’expiration de leur titre de séjour légal, mais qui sont en majorité insérées et très utiles à l’économie. On éviterait l’appel d’air du fait de la restriction simultanée de l’accès automatique aux avantages sociaux et médicaux, et de la lutte contre les filières.Qu’attend-on ? Tout cela nécessite une pédagogie politique intense, franche et crédible, pour faire reculer dans les opinions les approches binaires et manichéennes et décrédibiliser ceux qui exploitent les peurs liées à ce sujet. Exemple : l’immigration n’est en soi ni une chance ni une catastrophe, elle peut être l’une ou l’autre selon la façon dont elle est gérée et expliquée. L’asile devrait pouvoir être plus généreux (que l’on pense aux Syriens, aux chrétiens d’Orient), et assumé comme tel, mais il ne doit pas être détourné à des fins économiques, sinon il sera rejeté par les opinions...Il faut aller plus loin, c’est notre intérêtIl est en même temps nécessaire, car cela est malheureusement lié, de mettre fin à la politique de l’autruche sur le danger islamiste, auquel nos opinions sont à juste titre hypersensibles. C’est important que cette lutte soit clairement assumée depuis janvier 2015, sinon nous risquons un rejet de l’Islam tout entier. Et que soit pris un double engagement clair : de l’Europe en faveur des modernistes musulmans ; et de la part de ces derniers, une affirmation plus franche de leurs positions.On parle toujours de plan Marshall au bénéfice de l’Afrique, d’où proviennent encore tant de candidats à l’immigration, jeunes et courageux, prêts à tous les risques ! Mais il y en a eu plusieurs depuis les années 1960 ! Surtout on semble oublier les perspectives économiques africaines, extrêmement prometteuses. L’Afrique ne demande presque plus d’aide au développement, mais des accès au marché européen et des investissements. Le nombre de migrants africains devrait diminuer avec le temps.Déchirée entre une horreur sincère, une générosité spontanée mais qui ne peut être sans limites, le refus depuis des années d’admettre la brutalité du monde, elle qui croit tant à la « communauté » internationale, et l’obligation de ne pas faire vaciller la démocratie chez elle, l’Europe devrait saisir par les cheveux du drame l’occasion de se métamorphoser, de se montrer forte et généreuse, généreuse parce qu’enfin réaliste et forte. Comme le demande à juste titre Jean-Claude Juncker, il faut aller beaucoup plus loin que les petits pas positifs du Conseil européen du 23 avril. C’est notre mission, et c’est notre intérêt. Il est possible d’en convaincre les peuples d’Europe.Hubert Védrine (Ancien ministre des affaires étrangères) 12.05.2015 à 20h07 • Mis à jour le13.05.2015 à 09h34 Face à face dans un bureau de la résidence d’été de la présidence russe : pour la première fois depuis le début de la crise ukrainienne, de hauts dirigeants américains et russes se sont rencontrés mardi 12 mai, à Sotchi en Russie. John Kerry, secrétaire d’Etat américain, rendait visite à Vladimir Poutine pour évoquer « la mise en place des prochaines étapes » du cessez-le-feu en vigueur dans l’est de l’Ukraine depuis février.A l’issue de quatre heures d’échanges, un vent d’apaisement semblait souffler sur les relations houleuses entre les deux pays depuis mars 2014 et l’invasion de la Crimée par la Russie. « Cette rencontre nous a permis de mieux nous comprendre », a affirmé Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, tandis que, sur Twitter, M. Kerry avait évoqué une discussion « franche » sans en dire davantage sur les sujets évoqués. « Il est important de garder des lignes de communication ouvertes entre les Etats-Unis et la Russie alors que nous sommes confrontés à de plus en plus de pressions sur certains dossiers internationaux », a-t-il ajouté.Had frank discussions with President #Putin & FM #Lavrov on key issues including #IranTalks, #Syria, #Ukraine. pic.twitter.com/KDHrXgB0oH— John Kerry (@JohnKerry) 12 Mai 2015Important to keep lines of communication between the U.S. and #Russia open as we address pressing global issues.— John Kerry (@JohnKerry) 12 Mai 2015Levée des sanctions si la trêve dure ?Le chef de la diplomatie américaine a souligné le « besoin urgent » pour les deux pays de trouver une position commune sur les grands dossiers mondiaux. Deux sujets devaient notamment être évoqués, en plus de l’Ukraine : le nucléaire iranien et la Syrie, sur laquelle Washington espère que Moscou, soutien du régime de Bachar Al-Assad, infléchira sa position après les récents revers rencontrés par l’armée.Sur l’Ukraine, M. Kerry a assuré que si la trêve en vigueur dans l’est du pays était respectée, les sanctions américaines et européennes prises contre la Russie pourraient être levées.Moscou a toutefois affiché sa détermination à ne pas se laisser dicter une conduite par Washington. Dans un communiqué, le ministère des affaires étrangères a prévenu que « la Russie [était] prête à une coopération constructive avec les Etats-Unis (…) cependant, cette coopération n’est possible que sur une base juste et équitable, sans tentative de diktat ou de contrainte ». « La Russie n’a jamais été à l’origine du refroidissement des relations », a insisté le porte-parole du Kremlin.Regarder le visuel interactif : De la fuite de Ianoukovitch aux accords de Minsk 2, un an de crise en Ukrainelmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2j7k1l"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2j7k1l", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Eric Albert (Londres, correspondance) Le Royaume-Uni est officiellement entré en déflation. L’indice des prix, publié par le Bureau national des statistiques mardi 19 mai, est en recul de 0,1 % sur les douze mois de mai 2014 à avril 2015. Pourtant, les économistes britanniques, y compris à la Banque d’Angleterre (BoE), affichent une évidente décontraction face à ce phénomène. Pour eux, il s’agit uniquement d’un phénomène temporaire, lié à la baisse du pétrole et des prix agroalimentaires, et un rebond des prix est attendu à court terme.La baisse de l’indice des prix est pourtant historique. Il faut remonter à mars 1960 pour retrouver un tel phénomène au Royaume-Uni. Ce n’est pour autant pas une surprise. En février et mars, l’inflation avait déjà été nulle.L’explication vient essentiellement de facteurs extérieurs : la chute du baril de pétrole a provoqué une baisse des prix à la pompe de 12,3 % sur un an, tandis que les prix de l’alimentaire reculaient de 3 %. La hausse de la livre sterling, particulièrement face à l’euro, a également fait baisser le coût des importations.Les ménages ne diffèrent pas leurs dépensesMark Carney, le gouverneur de la banque d’Angleterre, s’était d’ailleurs voulu rassurant mercredi 13 mai lors de la présentation de son rapport trimestriel. Pour lui, la croissance britannique demeure solide, et il n’y a pas de risque d’une spirale déflationniste.Théoriquement, le danger de la chute des prix est que les ménages diffèrent leurs dépenses, attendant que les biens de consommation soient encore moins chers, ce qui ralentirait la croissance. « Il n’y a aucun signe que c’est ce qu’il se produit actuellement, estime M. Carney. Les gens ne diffèrent pas leurs dépenses. »La consommation demeure effectivement solide au Royaume-Uni. La forte baisse du chômage, désormais à 5,6 %, a permis aux Britanniques de renouer avec la confiance.Lire aussi :Les ambiguïtés de la reprise britanniqueÀ court terme, la baisse des prix présente même un avantage pour l’économie britannique. Longtemps, la croissance des salaires est restée très limitée tandis que l’inflation était forte, atteignant deux pics à 5 % en 2008 et en 2011. Le pouvoir d’achat des ménages en a longtemps souffert.Mais depuis six mois, les deux courbes se sont croisées. Les salaires ne progressent certes qu’à un rythme modéré (+1,9 %), mais nettement plus que l’inflation. « Au final, nous ne sommes pas inquiets par un seul mois de déflation », juge Azad Zangana, économiste à Schroders, une société de gestion.La remontée des taux pourrait attendre un peuSelon lui, le phénomène devrait disparaître dans les mois qui viennent, maintenant que le prix du baril de pétrole a rebondi.Pour la banque d’Angleterre, la déflation, si elle reste temporaire, présente également un avantage. Maintenant que la reprise est là, l’institution envisage d’augmenter son taux d’intérêt, qui est à son plus bas historique de 0,5 % depuis bientôt sept ans.Avec des prix actuellement en baisse, elle peut toutefois se permettre d’attendre plus longtemps : son mandat est de contenir l’inflation autour de 2 %, ce qui est loin d’être le cas actuellement. Les marchés ne tablent donc sur une première hausse des taux que fin 2015 ou début 2016.Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 19.05.2015 à 10h08 • Mis à jour le19.05.2015 à 10h48 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Est-ce un nouveau coup de bluff pour rassurer et freiner les sorties de capitaux du pays, ou les négociations entre Athènes et ses créanciers – Fonds monétaire international (FMI), Banque centrale européenne (BCE) et Union européenne – sont-elles enfin, cette fois, entrées dans leur dernière phase ?Lundi 18 mai au soir, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, et son ministre des finances, Yanis Varoufakis, ont tous deux promis la conclusion d’un accord dans les prochains jours. « D’ici à la fin de la semaine », a précisé Yanis Varoufakis lors d’une très longue interview tardive sur la chaîne de télévision privée Star.Devant la puissante association des entrepreneurs et industriels de Grèce (SEV), le premier ministre avait, lui, confirmé quelques heures auparavant « être dans la dernière ligne droite » et présenté les pistes de compromis. « Les objectifs d’excédent primaire pour cette année et l’année prochaine vont être revus à la baisse (…) et l’accord ne prévoira aucune nouvelle coupe dans les salaires et les retraites », a t-il déclaré.En contrepartie, le gouvernement grec a fait parvenir lundi à ses créanciers une proposition sur un système unifié de TVA prévoyant deux TVA possibles (au lieu de trois aujourd’hui). La première fixée à 18 % pour tous les biens et services en dehors de la restauration, des médicaments et des livres, taxés, eux, à 9,5 %.Déblocage de 5 milliards d’euros d’ici à juinCes déclarations interviennent alors qu’un peu plus tôt dans la journée un document, attribué à la Commission Junker, avait fuité dans la presse grecque. Selon ce plan, jugé plutôt favorable à Athènes, les créanciers de la Grèce proposent de débloquer d’ici à juin 5 milliards d’euros sur les 7,2 milliards de prêts encore disponibles dans le cadre du plan d’aide en cours.Les objectifs d’excédent primaire y sont fixés à 0,75 % du PIB pour 2015, 2 % pour 2016 et 3,5 % pour 2017 et 2018.En échange, Athènes s’engagerait justement à revoir son système de TVA ou encore à maintenir l’impôt sur la propriété immobilière mis en place par le précédent gouvernement.Les questions qui fâchent, chères au FMI, comme une nouvelle baisse des retraites ou la réforme du droit du travail, et notamment du cadre des licenciements collectifs, seraient repoussées à l’automne.L’ensemble de la presse grecque accueillait plutôt positivement cette tentative de Bruxelles de débloquer les négociations, alors que la Grèce sera bientôt à court de liquidités.Pas d’accord « bâclé »Un plan circule bien entre Bruxelles et Athènes, mais c’est encore un document de travail. Il n’a pas encore été soumis officiellement au gouvernement Tsipras et doit d’abord faire l’objet d’un accord entre les créanciers, assure une source européenne, lundi.Ce n’est pas gagné : les réformes prônées par la Commission pourraient bien être considérées comme insuffisantes par le FMI, qui estime le système des retraites grec encore non soutenable, malgré les réformes dont il a déjà fait l’objet ces quatre dernières années.Dans un document interne, en date du 14 mai, qui a lui aussi « fuité » le week-end dernier, le FMI notait qu’il n’accepterait pas d’accord « bâclé » (« quick and dirty »).Les 5 milliards que la Commission propose de verser à Athènes dans son dernier document correspondent de fait à l’aide que l’Europe s’était engagée à verser à la Grèce dans le deuxième plan d’aide (1,8 milliard). Pour le reste, il s’agit des profits faits par la BCE sur les obligations souveraines grecques rachetées depuis 2010.Un bras de fer entre le FMI et la Commission va t-il s’instaurer ? Pas impossible. Jusqu’ici, beaucoup répétaient à Bruxelles « qu’il y a beaucoup plus de distance entre Athènes et ses créanciers qu’entre ses créanciers entre eux ».Musique différenteMais la Commission, depuis le début des plans de sauvetage pour la Grèce, fait entendre régulièrement une musique différente de celle du FMI. Et pour cause : elle négocie au nom des 19 pays de la zone euro, dont les prêts à la Grèce ont une maturité moyenne de trente-deux ans.Avec un tel horizon de temps, ces prêteurs préfèrent imposer des réformes de long terme plutôt que d’exiger des mesures assurant un remboursement rapide de leurs créances. Au contraire du FMI, qui prête à beaucoup plus court terme – 10 ans – et exige donc des réformes susceptibles de faire rentrer au plus vite de l’argent dans les caisses du pays auquel il prête.Plus généralement, la Commission, depuis le début des laborieuses négociations avec la Grèce, fait tout pour qu’un accord soit possible entre le gouvernement Tsipras et les créanciers internationaux – le président Juncker est lui-même très impliqué, assurent des proches.Ses responsables, Jean-Claude Juncker ou le commissaire à l’économie, le socialiste Pierre Moscovici, le martèlent depuis des semaines : « il n’y a pas de plan B », « la place de la Grèce est dans la zone euro », ou encore : « un accord est possible ». Ils sont conscients de l’urgence de la situation, et veulent tout faire pour éviter « un Grexit ».Ligne dureMais la Commission devra aussi convaincre la BCE et les Etats membres les plus réticents à l’égard d’Athènes : car si elle négocie au nom des pays de l’eurozone qui ont prêté à la Grèce, c’est en Eurogroupe (réunion des 19 ministres de la zone euro) que sera prise la décision politique d’un accord avec Alexis Tsipras.Et, dans cette affaire, tous les pays ne sont pas alignés sur la Commission. Certains, comme l’Allemagne, sont plutôt sur la ligne dure du FMI. « Et aucun accord ne se fera sans le FMI », assure une source européenne proche des négociations.Yanis Varoufakis a rappelé que, si « la rupture n’avait jamais été à l’agenda des discussions », l’incapacité à trouver un accord très rapidement pourrait conduire la Grèce à ne pas pouvoir payer en juin à la fois les salaires des fonctionnaires, les retraites et les échéances de remboursement au FMI (près de 1,5 milliard d’euros pour le seul mois de juin).« Je préférerais faire défaut devant le FMI que devant les retraités », a répété le ministre des finances lundi soir.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 19.05.2015 à 09h13 • Mis à jour le19.05.2015 à 12h00 | Claire Guélaud L’économie portugaise n’a pas l’allant de sa voisine espagnole, qui joue les locomotives de la zone euro, mais elle se porte mieux. Après une décennie de croissance très faible (+ 1 % par an en moyenne entre 2000 et 2010) et trois années terribles de récession (- 1,8 % en 2011, - 3,3 % en 2012 et - 1,4 % en 2013), la progression du produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre 2015 (+ 0,4 %) confirme la rupture salutaire intervenue en 2014 : le retour de la croissance.Après le modeste + 0,9 % enregistré sur l’année 2014, le gouvernement de centre-droit prévoit de faire nettement mieux en 2015 (+ 1,6 %). Mais, à cinq mois des élections législatives, rien ne dit que l’embellie actuelle lui permettra de conserver le pouvoir : l’austérité a fait des ravages et le premier ministre, Pedro Passos Coelho est accusé par la gauche d’être « plus Allemand que la chancelière Angela Merkel » dans son obsession de réduction des déficits budgétaires.Les critiques de l’opposition n’ont pas empêché le chef du gouvernement de redire, samedi 16 mai, tout le bien qu’il pensait de sa politique : « plus que jamais je suis convaincu que la voie que nous avons empruntée est celle qui doit être poursuivie », a-t-il déclaré.Le premier ministre peut se targuer d’avoir délivré son pays de la tutelle de cette « Troïka » honnie des Grecs - Union européenne, Fonds monétaire international (FMI) et Banque centrale européenne (BCE) – et d’avoir remboursé par anticipation au FMI près d’un quart de sa dette de 29,6 milliards d’euros.Contraint d’emprunter 78 milliards d’euros en 2011 pour éviter la faillite, le Portugal peut à nouveau se financer normalement : « Il a regagné un accès au marché des capitaux même s’il reste dans le viseur des investisseurs », analyse Jesus Castillo, économiste chez Natixis.Exportations dynamiquesAu terme d’une mission sur place, le FMI a souligné, lundi 18 mai, le chemin accompli par Lisbonne et celui qui reste à parcourir : les déficits jumeaux – courant et budgétaire – ont été réduits et, « pour la première fois depuis des décennies », le Portugal a affiché un excédent de son compte courant. Mais ce fut au prix d’une demande intérieure faible.« La reprise n’a pas été assez forte pour ramener la production et l’emploi à leurs niveaux d’avant la crise », observe le Fonds.Dans la colonne des plus, l’économiste Thibault Mercier (BNP Paribas) note que l’économie portugaise est « plus équilibrée » et « fondamentalement plus forte ». Tous les agents économiques (ménages, entreprises, administrations publiques) ont réduit leurs dépenses pour se désendetter.« Contrairement à ce que l’on pouvait craindre, la restauration de l’équilibre extérieur n’a pas été qu’une conséquence de la contraction de la demande intérieure et des importations, analyse-t-il. Les exportations (notamment de services) se sont révélées très dynamiques, malgré un environnement extérieur particulièrement défavorable. »Les efforts draconiens de modération salariale - les coûts salariaux unitaires ont diminué de 6,5 % entre 2010 et 2013 - ont permis aux entreprises qui avaient survécu à la crise de trouver des relais de croissance hors de leur pays et souvent hors de la zone euro. « Les entreprises portugaises, mal préparées à la mondialisation, sont désormais plus solides, plus compétitives », observe M. Mercier.Près d’un Portugais sur cinq vit avec moins de 411 euros par moisLe crédit redémarre, la confiance des consommateurs se raffermit et la baisse du chômage, après un pic à plus de 17 %, se confirme, même si elle a récemment ralenti. « L’austérité s’est un peu réduite. Il y a eu des allégements d’impôts et l’investissement productif repart », pointe aussi M. Castillo.Dans la colonne des moins, figurent toutefois encore le chômage des jeunes, qui frappe un tiers des moins de 25 ans, l’extension de la pauvreté (près d’un Portugais sur cinq vit avec moins de 411 euros par mois) mais aussi l’état des finances publiques (la dette publique représente 130, 2 % du PIB) et la fragilité du secteur bancaire.Le FMI presse Lisbonne de profiter des vents favorables soufflant sur l’économie européenne (euro faible, prix du pétrole relativement bas, politique monétaire non conventionnelle de la BCE) pour poursuivre ses réformes, notamment dans le domaine du marché du travail.Reste à savoir si les Portugais peuvent encore les supporter…Claire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 18.05.2015 à 22h26 La démonstration de force a gagné les rues de Skopje. Environ 30 000 manifestants se sont rassemblés lundi 18 mai dans la capitale macédonienne pour soutenir le premier ministre conservateur, Nikola Gruevski, dont l'opposition réclame la démission. Ils ont afflué vers l'esplanade du Parlement, où un rassemblement était organisé dans la soirée. Dans le même temps, un millier de supporteurs de l'opposition de gauche campaient à deux kilomètres de là, devant le siège de l'exécutif, exigeant le départ du chef du gouvernement au pouvoir depuis neuf ans dans cette ex-république yougoslave.Les oppposants l'accusent de corruption et d'écoutes illégales à grande échelle. M. Gruevski a tenté d'endiguer la contestation croissante en procédant récemment au limogeage de sa ministre de l'intérieur et du chef des services de contre-espionnage.Fomenter une révolutionLes 9 et 10 mai, des affrontements entre forces de l'ordre et un groupe armé dans un faubourg albanophone de Koumanovo ont fait huit morts et 37 blessés parmi les policiers. Quatorze « terroristes » auraient été tués lors de ces incidents survenus à une quarantaine de kilomètres au nord de la capitale.Nikola Gruevski a affirmé que la police avait déjoué un complot, mais l'Albanie et certains observateurs estiment qu'il s'agirait d'une tentative de diversion organisée par le gouvernement. Le ministère russe des affaires étrangères a accusé « des organisateurs occidentaux » d'essayer de fomenter une révolution contre un gouvernement qui a refusé de participer aux sanctions contre la Russie à propos de l'Ukraine. 18.05.2015 à 11h39 • Mis à jour le19.05.2015 à 10h02 | Isabelle Mandraud (Grozny, envoyée spéciale) Selon des témoins de la cérémonie, il aura fallu lui poser à trois reprises la question pour que la jeune fille réponde, tête baissée, un « oui » à peine audible. Célébré samedi 16 mai à Grozny, la capitale tchétchène, le mariage entre Louisa Goïlabieva et Najoud Goutchigov a suscité une vague de réactions sans précédent sur les réseaux sociaux russes. La différence d’âge entre Louisa, qui vient à peine de fêter ses 17 ans, et son époux, de 30 ans son aîné, n’est pas seule en cause. Déjà marié, l’homme, chef régional de la police de la région de Noja-Yourt, a signifié qu’il n’avait pas l’intention de se séparer de sa première femme. Or, la polygamie est contraire à la Constitution russe dont dépend cette petite république autonome musulmane.Rien n’a pourtant ébranlé la détermination de Najoud Goutchigov, qui est allé jusqu’à menacer d’enlever la belle Louisa. Le responsable policier n’avait d’ailleurs aucune raison de s’inquiéter. Il a reçu le soutien personnel du président tchétchène, Ramzan Kadyrov, qui a dépêché dans la famille de la mineure un émissaire personnel, avant de donner, comme à son habitude, son opinion sur l’affaire sur son compte Instagram : « Ils sont heureux ! » Entre la fidélité à son clan et les lois fédérales, le redouté dirigeant tchétchène, installé au pouvoir par Vladimir Poutine en 2007 et qui avait lui-même interdit le mariage des mineurs en 2012, a choisi.« Une situation ignoble et inacceptable »Fustigeant les médias russes qui ont relayé la polémique sur ce mariage controversé, il ajoutait : « On verra plus tard qui précisément a payé tout cela, dans l’intérêt de qui et pour quel bénéfice a été créée cette tempête dans un verre d’eau. » Et pour que les choses soient bien claires, c’est au bras de Magomed Daoudov, le chef du gouvernement, que Louisa est arrivée dans la salle de l’état-civil de la mairie. « C’est une situation ignoble et inacceptable, mais elle est soutenue par les autorités car le marié est l’un des leurs, a réagi dimanche, avec tristesse, une défenseuse des droits de l’homme à Grozny. La jeune fille ne voulait pas de cette union mais pour la faire changer d’avis, il y a beaucoup de méthodes. C’est cela, aujourd’hui, la Tchétchénie. »« Ce n’est certes pas le seul cas mais c’est la première fois que cela devient autant public », poursuit cette femme, qui préfère conserver l’anonymat pour des raisons de sécurité. Et ce ne sont pas les déclarations du défenseur du droit des enfants auprès du Kremlin qui auraient pu décourager Najoud Goutchigov : « Dans le Caucase, la puberté est précoce. Ne soyons pas hypocrites : il y a des régions où, à 27 ans, les femmes sont déjà toutes ridées comme les nôtres le sont à 50 ans », a déclaré Pavel Asthakov à la télévision russe. Devant le tollé provoqué, le médiateur a présenté ses excuses, tout en réaffirmant : « Aucun crime n’a été commis. »Isabelle Mandraud (Grozny, envoyée spéciale)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 18.05.2015 à 06h26 • Mis à jour le18.05.2015 à 18h26 Un mois après un naufrage dramatique, l’Union européenne a mis sur pied lundi 18 mai une opération navale pour « casser » l’activité des trafiquants qui exploitent la détresse des migrants prêts à tout pour traverser la Méditerranée à destination de l’Europe. « La décision établissant une opération navale de l'UE afin de casser le "business model" des réseaux de passeurs et trafiquants en Méditerranée vient d'être prise », a confirmé dans la soirée la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.Cette mission sans précédent va impliquer le déploiement de bâtiments de guerre et d’avions de surveillance des armées européennes au large de la Libye, devenu la plate-forme majeure du trafic. Elle requiert un accord des Nations unies et ne sera véritablement lancée qu’en juin.Navires, avions de surveillance et hélicoptèresL’UE, accusée de passivité voire d’indifférence, était sous pression alors que les drames de l’immigration se succèdent en Méditerranée. Réunis en urgence le 23 avril, les dirigeants de l’UE ont demandé une opération pour « capturer et détruire les embarcations » des passeurs venant de Libye avant qu’elles ne soient utilisées. Ils ont également décidé de renforcer les moyens de « Triton » et « Poséidon », deux missions de surveillance et de sauvetage en Méditerranée confiées à Frontex, l’agence chargée des frontières extérieures. La mission navale est unanimement dénoncée par les ONG. Selon ses détracteurs, elle va seulement déplacer les routes empruntées par les passeurs.Lire aussi :Les négriers de la MéditerranéeL’opération, pour l’heure intitulée « EU Navfor Med », aura son quartier général à Rome et son commandant devrait être l’amiral italien Enrico Credendino, a expliqué un diplomate européen. La France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne ont déjà promis de fournir des navires. La Pologne et la Slovénie engageraient des avions de surveillance ou des hélicoptères, selon des sources diplomatiques.Pas question cependant d’opérations militaires en territoire libyen, a assuré Federica Mogherini, la chef de la diplomatie européenne. La mission consiste à traquer les bateaux utilisés par les passeurs armés pour tracter jusqu’en haute mer les embarcations de fortune chargées de centaines de migrants, ensuite laissées à la dérive.Appui de l’ONUSoucieux du « respect du droit international », les Européens demandent l’appui d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. Et le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, s’est montré optimiste sur l’obtention de ce feu vert. D’abord réticente, la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, semble prête à soutenir un texte ne mentionnant pas spécifiquement la destruction des navires. Il ne devrait toutefois pas être adopté avant la fin de la semaine.Lundi, les ministres devraient demander au service diplomatique de l’UE et au comité militaire de préparer sans attendre l’opération. La surveillance accrue des côtes et réseaux de trafiquants et l’arraisonnement de navires sans pavillon dans les eaux internationales peuvent en effet commencer sans base juridique internationale. Mais plusieurs problèmes difficiles restent à régler, notamment la désignation du pays d’accueil des migrants que les marins engagés dans l’opération seront immanquablement amenés à secourir.Lire aussi :Ce qui se cache derrière les quotas européens de réfugiés 17.05.2015 à 12h58 • Mis à jour le17.05.2015 à 13h38 | Maryline Baumard La France est officiellement opposée à l’instauration de « quotas de migrants » au niveau européen, mais plaide pour une répartition « plus équitable » des réfugiés dans l’Union. C’est la position défendue par le premier ministre, Manuel Valls, samedi 16 mai, à deux jours de la reprise au Sénat de la discussion sur la loi asile.Cette dialectique est d’autant plus difficile à comprendre que l’Union européenne propose justement des quotas pour parvenir à une répartition équitable entre les pays.En matière d’accueil des réfugiés, deux données diffèrent largement. D’une part, le nombre de demandeurs, d’autre part le taux d’octroi de ce statut. Selon les statistiques 2014 du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), la France n’est que le 6e pays le plus demandé au monde. Son attrait s’est largement terni ces dernières années puisqu’elle a perdu trois places et est un des rares Etats à observer une décroissance (très légère) de ces demandes quand elles flambent partout ailleurs.Sur les 34 pays les plus industrialisés, l’Allemagne est devenue la destination la plus attrayante pour les personnes en quête d’une protection. Elle est suivie par les Etats-Unis, la Turquie, la Suède et l’Italie. De grands pays de l’Union europénne, comme la Pologne, ne prennent qu’une part très réduite de l’afflux migratoire.Lire la chronique :Quotas migratoires : l'Europe évoque enfin le principe de solidaritéTaux de refus en France élevéSi l’on s’intéresse cette fois au pourcentage de demandes qui reçoivent une réponse positive, la France n’est pas généreuse. Elle se classe même loin derrière la moyenne de l’Union européenne. Selon les données Eurostat, établies sur l’année 2014, 45 % des demandeurs obtiennent un statut de réfugié dans l’Union lors de leur demande initiale, contre un taux deux fois moins élevé en France (22 %).Inutile de préciser que ce large pourcentage de refus contribue à la perte d’attractivité du pays en la matière. Ainsi, les Erythréens qui sont refusés dans 85 % des cas par la France, trouvent ailleurs une reconnaissance de leur statut de personne persécutée. Les trois quarts des 14 600 Erythréens qui sont arrivés en Europe en 2014 ont été accueillis par la Suède (5 700), les Pays-Bas (3 600) et le Royaume-Uni (2 300). La France, elle, n’en a accepté que 183 et s’étonne ensuite qu’ils campent à Calais dans l’attente d’une traversée de la Manche.Ces données montrent bien que chaque pays de l’Union accueille comme il l’entend ses réfugiés. Ils sont logés ou laissés à la rue, ils perçoivent ou non une indemnité de survie durant l’instruction de leur dossier. Et, bien que les Etats se basent sur le même texte de la convention de Genève, ils ne l’interprètent pas de la même manière.La Commission propose une répartition chiffréeL’accueil des demandes individuelles est donc une prérogative étatique que Bruxelles n’a pas l’intention de toucher. En revanche, c’est en cas d’afflux massif d’arrivants que la Commission propose une répartition chiffrée « des personnes qui ont besoin d’une protection et non des migrants économiques », tient à préciser Philippe Leclerc, le correspond du HCR auprès de la France. Il ne s’agit évidemment pas d’obliger un Etat à accueillir de migrants économiques ; même si certains profitent de ce débat pour jeter le flou sur ce point crucial.Le 13 mai, la Commission européenne a avancé l’idée qu’une répartition pensée globalement obligerait la France à augmenter le nombre de ses propres demandeurs d’asile de 14 % ; l’Allemagne, de 18 % ; et l’Italie, de 11 %. « Il s’agit d’une mesure d’urgence, pour une situation précise [l’afflux en Méditerranée]. Je précise que chaque Etat pourra continuer à déterminer s’il accorde, ou non, l’asile à la personne concernée. Nous n’imposerons rien », a précisé au Monde le même jour le premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans.La mise en place d’un tel système nécessiterait à un premier accueil international permettant de définir qui au sein de ces arrivées massives a besoin de ce statut. « Nous sommes favorables à cette idée et en discuterons aussi bien avec les Etats qu’avec l’Europe afin d’être le plus efficace possible en matière de délivrance d’une protection internationale », ajoute Philippe Leclerc.Lire aussi :Bruxelles propose des quotas sur l’accueil des réfugiésGrande-Bretagne, Hongrie, Pologne et France opposés aux quotasLes quotas, auxquels s’opposent déjà la Grande-Bretagne, la Hongrie, la Pologne et désormais la France, s’appuient en même temps sur un autre levier. En effet, en parallèle à ces demandeurs qui déposent individuellement leur dossier, le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) a repéré des personnes nécessitant une sortie urgente des camps et une réinstallation dans un pays tiers. C’est une des missions du HCR.Les Syriens, dont on connaît la situation et qui ont sursaturé les pays voisins (Liban, Turquie, etc.), puisque près de 4 millions y sont installés, pourraient être plus largement accueillis sur le Vieux Continent, selon l’agence des Nations unies. En 2014 les Vingt-Huit en ont accueilli soixante-dix mille. Le HCR a donc demandé à l’Union européenne d’en accueillir 20 000 au cours des deux prochaines années. La clé de répartition établie par les instances européennes imposerait à la France d’en prendre en charge 2 375.Lorsque Manuel Valls rappelle samedi que « la France, déjà, a fait beaucoup : ainsi 5 000 réfugiés syriens et 4 500 Irakiens ont déjà été accueillis en France depuis 2012 », il additionne en fait les différents modes d’accueil, qu’ils soient individuels ou préconisés par le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés. En fait, la France a accueilli 500 réfugiés Syriens sélectionnés par le HCR en 2014. Elle est en train d’en accueillir 500 autres, et le chef de l’Etat, François Hollande, a annoncé en accepter encore quelques centaines (sans chiffrer) lors du dernier sommet européen, le 23 avril. A titre de comparaison, l’Allemagne a donné son accord pour 10 000 en 2014… et autant pour 2015.Quotas calculés en fonction du PIBLes quotas que souhaite mettre en œuvre l’Union seraient calculés en fonction du produit intérieur brut (PIB) du pays, de sa population, de son taux de chômage et du nombre de réfugiés déjà installés. Or quand le HCR recalcule le taux d’accueil des réfugiés en fonction du PIB de chaque pays, la France tombe de deux rangs en matière d’effort consenti, pour se placer au 8e rang des 34 pays industrialisés (contre une 6e place si l’on s’en tient à l’accueil en valeur absolue). Ce facteur intégré, la Turquie est le pays qui consacre le plus fort taux de son PIB sur ce poste, elle est suivie par l’Allemagne, les Etats-Unis et l’Italie.Si l’on fait bouger le curseur pour analyser le nombre de réfugiés accueillis non plus en fonction de la richesse du pays, mais par millier d’habitants, là encore la France ne se classe pas au rang des pays les plus généreux. C’est la Suède qui arrive en tête. Entre 2010 et 2014, le pays nordique a accepté 24,4 % de réfugiés par millier d’habitants, Malte le suit avec 17,5 % ; le Luxembourg avec 12,6 %… Avec ce mode de calcul la France ne figure même pas dans les dix premiers !Ces vérités statistiques ne trouvent que peu leur place dans un débat très politisé et instrumentalisé, où l’on confond volontiers migrant et demandeur d’asile. Demain 18 mai, le Sénat va reprendre les discussions sur la proposition de loi censée améliorer l’asile en France. Dans les semaines à venir et avant que le plan européen ne soit discuté par les ministres de l’intérieur, le 15 juin à Luxembourg, puis soumis aux dirigeants lors du sommet de Bruxelles du 30 juin, les discussions vont aller bon train. Les prises de positions de Manuel Valls montrent de façon précoce que le texte pourra arriver largement amendé en discussion.Lire l'éditorial :Quotas migratoires : un pas dans la bonne directionMaryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 29.05.2015 à 19h30 | Pierre Breteau Il y a dix ans, le 29 mai, 54,67 % des citoyens français rejetaient le projet de traité constitutionnel européen, ouvrant une crise en France et à l’échelle de l’Europe.Sur les 36 678 communes recensées par le ministère de l’intérieur, seules 6 669 avaient voté oui. A Leménil-Mitry, en Meurthe-et-Moselle, le taux de 100 % en faveur de la Constitution européenne ne traduisait même pas une réelle unanimité : quatre des cinq électeurs de la localité avaient glissé un bulletin « oui », le cinquième un blanc ou nul.Côté « non », huit communes avaient apporté 100 % de leurs voix aux nonistes, dont l’unique électeur à s’être déplacé à Saint-Elie en Guyane. Les sept autres à avoir donné toutes leurs voix au « non » étaient Majastres (Alpes-de-Haute-Provence), Caychax (Ariège), La Bâtie-des-Fonds et Eyroles (Drôme), Molring (Moselle), Lassale (Hautes-Pyrénées) et Balignac (Tarn-et-Garonne).France des villes contre France des campagnesAprès le vote, le résultat a beaucoup été analysé sous l’angle de la fracture entre les centres développés et les périphéries délaissées. L’analyse de la carte des résultats du référendum a montré une opposition entre les zones urbaines plus riches, favorables au « oui », et une campagne plutôt « noniste ».A l’échelle hexagonale, la carte des départements les plus touchés par le chômage recouvre presque exactement celle du vote pour le « non ». Ainsi, ce sont les départements du nord de la France qui ont le plus voté contre le traité constitutionnel, avec ceux du pourtour méditerranéen. A l’inverse, les départements de l’ouest de la France, où le chômage était plus faible, se sont majoritairement prononcés pour le « oui », ainsi que les zones les plus aisées du bassin parisien.Le référendum sur le traité constitutionnel européen a aussi frappé par le vote protestataire des classes moyennes, marquant une rupture de celles-ci avec l’histoire de la construction européenne. Alors qu’elles n’avaient voté qu’à 53 % contre le traité de Maastricht en 1992, 62 % d’entre elles ont voté contre le traité constitutionnel le 29 mai 2005.Comment lire cette carte ?Cette carte de la France métropolitaine représente la proportion de votes « oui » et de votes « non » lors du référendum sur le traité constitutionnel européen organisé en France le 29 mai 2005.Plus le rouge est foncé, plus la commune en question a voté fortement pour le « non ». Plus le vert est foncé, plus le résultat est important en faveur du « oui ». Zoomer et dézoomer pour voir plus clairement, passer la souris sur les communes pour afficher le résultat en détail.Pierre BreteauJournaliste au Monde 29.05.2015 à 11h29 • Mis à jour le29.05.2015 à 18h51 #MİTtırları Dünya bu Görüntülerin peşindeydi... İşte Erdoğan'ın yok dediği silahlar — cumhuriyetgzt (@cumhuriyet.com.tr)require(["twitter/widgets"]);Le quotidien turc Cumhuriyet a publié, vendredi 29 mai, des photos et une vidéo qui accréditent l’hypothèse, jusque-là farouchement démentie par le gouvernement islamo-conservateur d’Ankara, de livraisons d’armes aux rebelles extrémistes syriens début 2014.Une semaine avant les élections législatives turques, le journal d’opposition diffuse dans son édition papier et sur son site des images d’obus de mortier dissimulés sous des médicaments dans des camions, officiellement affrétés par une organisation humanitaire, interceptés en janvier 2014 par la gendarmerie turque près de la frontière syrienne.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_youtube#vFGWY51_wow"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "youtube", id: "vFGWY51_wow", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Selon Cumhuriyet, les camions interceptés convoyaient un millier d’obus de mortier, 80 000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades. De fabrication russe, ces matériels ont été fournis par des pays de l’ancien bloc soviétique, ajoute le journal.Black-out médiatique imposéCette opération a viré au scandale politique lorsque des documents officiels publiés sur Internet ont affirmé que les camions appartenaient aux services de renseignements turcs (MIT) et transportaient armes et munitions destinées aux rebelles islamistes syriens en guerre contre le président Bachar Al-Assad.Soupçonné par ses alliés occidentaux de soutenir ces combattants, dont l’organisation djihadiste Etat islamique (EI), le gouvernement turc, dont le régime de Damas est devenu la bête noire, a toujours démenti ces accusations.Lire : L'étrange soutien de la Turquie aux réseaux djihadistes de SyrieLe gouvernement a imposé un black-out médiatique, y compris sur les réseaux sociaux, sur l’affaire et ouvert une enquête qui a déjà abouti au placement en détention d’une cinquantaine de personnes, gendarmes, militaires ou magistrats.Une enquête pour « terrorisme » ouverte contre le quotidienQuelques heures après les révélations de Cumhuriyet, un procureur d’Istanbul a annoncé dans un communiqué avoir ouvert une enquête judiciaire pour des faits de « terrorisme » contre le quotidien. Il a également requis l’interdiction de la publication d’images qui, a-t-il dit, « sont contraires à la réalité ». Un juge de la plus grande ville de Turquie a accédé à cette demande en ordonnant leur retrait immédiat d’Internet, a rapporté la presse turque.Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a attribué la responsabilité de ce scandale à l’organisation de l’imam Fethullah Gülen, un de ses anciens alliés, qu’il accuse depuis l’hiver 2013 de vouloir renverser le gouvernement. Dans une rare référence publique à l’affaire, M. Erdogan a déclaré à la mi-mai que la fouille des camions constituait une « trahison ».Le gouvernement turc n’a pas officiellement réagi aux allégations de Cumhuriyet. Mais un proche conseiller de M. Erdogan, Yigit Bulut, a menacé sur son compte Twitter : « Ceux qui trahissent cette nation sentiront personnellement la force de l’Etat. » 28.05.2015 à 23h29 • Mis à jour le29.05.2015 à 09h24 | Frédéric Lemaître (Dresde, envoyé spécial) Promis, juré : les ministres des finances du G7 (Etats-Unis, Canada, Japon, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie), réunis a Dresde (Saxe) n’ont pas parlé de la Grèce jeudi 28 mai, lors de leur première journée de travail. Selon les Allemands, qui président la réunion, le sujet pourra être évoqué au cours de la réunion finale, vendredi matin, si un pays en fait la demande, au même titre que l’Ukraine ou l’aide au Népal.Lire aussi :Grèce : le compte à rebours a commencéPourtant, outre les sept ministres et leurs banquiers centraux, Christine Lagarde (Fonds monétaire international), Mario Draghi (Banque centrale européenne, BCE), Pierre Moscovici (Commission européenne) et Jens Dijsselbloem (Eurogroupe) sont à Dresde. Mais Wolfgang Schäuble, le ministre des finances allemand, tenait à ce que ce G7 soit l’occasion d’échanges informels sur la croissance mondiale. Il n’y aura d’ailleurs pas de communiqué final. Une façon implicite de reconnaître que le G7, en l’absence notamment de la Chine, ne regroupe plus – loin de là – les « maîtres du monde ».« Tour d’horizon » sur la croissanceDe plus, avoir l’air de vouloir trancher le sort de la Grèce sans représentant du pays concerné, pourrait avoir un effet dévastateur. L’Allemagne a donc innové en invitant sept économistes (Alberto Alesina, Nouriel Roubini, Jaime Caruana, Robert Schiller, Martin Hellwig, Larry Summers, Kenneth Rogoff) à débattre des grands sujets de l’heure avec les ministres : la croissance et la régulation de la finance. « Une discussion très intéressante mais pas forcément très productive », selon un participant. Sans surprise, les débats ont tourné sur la relation controversée qu’entretiennent dette et croissance, et sur la nécessité – ou non – de réguler davantage la finance, au risque, selon certains participants, de brider la croissance.Dans l’après-midi, Christine Lagarde et Mario Draghi ont fait un « tour d’horizon » sur la croissance. Si la situation s’améliore notamment en Europe, la directrice générale du FMI semble s’être interrogée sur la pérennité de celle-ci lorsque le prix des matières premières et les taux d’intérêt repartiront à la hausse. Mario Draghi, qui a confirmé que l’actuelle politique de la BCE (dite de « quantitative easing ») irait à son terme, a estimé que c’est maintenant que la situation s’améliore que les réformes structurelles devaient être mises en œuvre pour prendre le relais de la politique monétaire.La sortie d’Athènes de la zone euro, une « possibilité »Un point de vue partagé par l’ensemble des participants, notamment par Pierre Moscovici. Le commissaire européen juge que c’est en ce moment que les pays européens doivent réformer leur marché du travail, consolider leur système financier et moderniser leur protection sociale. Pour plusieurs participants, l’absence de réformes constitue le principal risque qui pèse sur la croissance. « Le seul danger est de se laisser griser par les bons chiffres » de la conjoncture, affirme un ministre. Si la Grèce n’a pas été abordée durant les sessions, Christine Lagarde a pour la première fois jugé, lors d’une discussion avec la Frankfurter Allgemeine Zeitung que la sortie d’Athènes de la zone euro était « une possibilité ». Les Européens reconnaissent que les Etats-Unis suivent de très près le dossier, redoutant une nouvelle crise en Europe qui, sur le plan géostratégique, ne pourrait que profiter à Vladimir Poutine.« Tout le monde doit mettre les bouchées doubles (…), et trouver une solution », a plaidé mercredi le secrétaire au Trésor américain, Jack Lew. A Washington, le FMI a fait savoir que la Grèce, qui attend le déblocage de 7,2 milliards d’euros de fonds en échange d’engagements de réformes, serait privée d’accès à ses fonds si elle n’honorait pas ses prochains remboursements. Elle doit procéder le 5 juin à un paiement au FMI, que certains ministres grecs ont menacé de ne pas effectuer. Le sujet sera sans doute également abordé en marge du G7 des chefs d’Etat et de gouvernement qui se réunit les 7 et 8 juin en Bavière.Lire aussi :Et si la Grèce ne remboursait pas le FMI ?Frédéric Lemaître (Dresde, envoyé spécial)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.05.2015 à 21h05 • Mis à jour le28.05.2015 à 23h02 Depuis sa création, en 1230, l’institution n’avait jamais franchi le pas. L’université d’Oxford a nommé, jeudi 28 mai, une femme à sa tête, en la personne de Louise Richardson, qui dirige actuellement l’université de Saint-Andrews, en Ecosse.Sa nomination doit encore être approuvée par la Congrégation (l’organe législatif de l’université). La nouvelle vice-chancelière d’Oxford, comme il sera désormais convenu de l’appeler, prendra alors la relève d’Andrew Hamilton au début de l’année prochaine pour un mandat de sept ans.Ravie d’être nommée à la tête d’une « des plus prestigieuses universités du monde », Louise Richardson, 56 ans, a confié se sentir « extrêmement privilégiée d’avoir la chance de diriger cette remarquable institution ».Une forte adhésion aux valeurs éducatives et universitairesLe chancelier de l’université, Lord Patten, un poste honorifique, a expliqué que le comité qui a procédé à sa nomination « a été très impressionné par la forte adhésion du professeur Richardson aux valeurs éducatives et universitaires chères à Oxford ».Née en Irlande, Mme Richardson a étudié l’histoire à Dublin et les sciences politiques en Californie, avant de faire un doctorat à l’université Harvard. Elle est notamment connue pour ses travaux sur le terrorisme et la sécurité.Lire aussi :Oxford prié de « verdir » ses investissements Dominique Gallois La piste d’une erreur d’assemblage à l’origine du crash de l’A400M en Espagne se renforce. Le 9 mai, l’accident avait fait quatre morts. Le logiciel de régulation de puissance des quatre moteurs à hélice aurait été mal téléchargé.« Les boîtes noires le confirment. Il n’y pas de défaut structurel, mais nous avons un sérieux problème de qualité dans l’assemblage final », a révélé Marwan Lahoud, directeur de la stratégie du groupe Airbus dans un entretien au quotidien allemand Handelsblatt, publié vendredi 29 mai. « Nous avons pris connaissance pour la première fois [mercredi] des résultats, ils confirment nos analyses internes », a précisé le numéro deux du groupe aéronautique.Parallèlement à l’enquête officielle menée par les autorités militaires espagnoles, Airbus a conduit ses propres investigations. Voici une dizaine de jours, le constructeur avait détecté une anomalie potentielle, un bug informatique, dans l’interface qui assure la commande et le contrôle des turbopropulseurs. Airbus Defence and Space (Airbus DS), la branche qui regroupe les activités militaires et espace de l’avionneur européen, avait alors adressé un AOT (Alert operating transmission, un message d’alerte) aux cinq pays exploitant ses avions de transport,- la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Turquie et la Malaisie.Avions cloués au solIl leur était demandé « d’effectuer des contrôles spécifiques et réguliers de l’ECU [Electronic control unit] sur chaque moteur de l’avion avant le vol et d’effectuer des contrôles supplémentaires après un éventuel remplacement de moteur ou de l’ECU ». Après ces contrôles, Airbus DS estime que les A400M en service « sont à 100 % protégés face à cette panne ». Mais, immédiatement après l’accident de Séville, les pays ont cloué leurs avions au sol, à l’exception de la France qui les utilise uniquement pour les urgences opérationnelles.Cet accident dramatique révèle un peu plus les dysfonctionnements de l’assemblage de l’A400M dénoncés avec force par le PDG du groupe Tom Enders. En janvier, le patron du groupe aéronautique était venu à Londres pour s’excuser des retards du programme de livraison et assurer qu’il en tirerait toutes les conséquences. Aussitôt dit, aussitôt fait : dans la foulée, il débarquait de ses fonctions Domingo Urena-Raso, le responsable du pôle avions militaires. À charge pour son successeur, Fernando Alonso, jusqu’alors responsable des essais en vol chez l’avionneur, de sortir de l’ornière ce programme, jugé dans un « état critique » par Bernhard Gerwert, le patron des activités défense du groupe.Les clients n’apprécient pas les retards et encore moins les défauts à la livraison de l’appareil. Ainsi le magazine allemand Der Spiegel, révélait début janvier que le contrôle de son avion par l’armée à sa réception a décelé « 875 manquements », dont des gaines isolantes absentes sur certains câbles électriques. « Il y a plus en jeu que la seule image d’une entreprise industrielle, il est question de la fiabilité de l’Allemagne dans ses alliances » militaires, déplorait, la ministre de la défense, Ursula von der Leyen.Difficultés industriellesA la complexité technologique de cet avion de transport se sont ajoutées des difficultés industrielles et logistiques. Celles-ci, bien que repérées, n’ont pas été corrigées depuis deux ans. Elles sont dues tant aux fournisseurs, les pièces n’arrivant pas à temps sur la chaîne d’assemblage, qu’aux exigences des acquéreurs. « Chaque pays veut son A400M, on peut tout intégrer mais cela demande du temps », raconte un familier du programme. En production et sur la chaîne d’assemblage, « ça coince », ajoute-t-il.Conséquence, le programme a pris du retard et les engagements ne sont pas tenus. Les premières livraisons attendues en 2010 ont été décalées à 2013. Douze avions ont été livrés à ce jour et seulement huit l’an dernier au lieu de la douzaine attendue. Devenu intenable, l’objectif de porter en 2015 la cadence à une vingtaine d’appareils a été abandonnée. L’avionneur vise quatorze livraisons dont deux ont déjà eu lieu.Des négociations vont débuter avec les sept acheteurs, regroupés dans l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement (Occar), pour établir un nouveau calendrier de livraison. Annoncé en début d’année, ce rendez-vous prochain prendra une autre tournure avec le crash de Séville. Des pays vont s’interroger sur la poursuite de leurs achats et certains pourraient même être tentés de réduire leur commande, et prendre ce prétexte pour réduire la voilure dans un environnement de fortes contraintes budgétaires.Poursuite des essais en volDu côté d’Airbus, tout est fait pour afficher la confiance dans ce programme. Au lendemain de l’accident, Tom Enders a annoncé la poursuite des essais en vol. « Ces hommes qui sont décédés à Séville étaient de très grands professionnels. Jamais ils n’auraient voulu que nous arrêtions de voler », écrivait le PDG d’Airbus, dans une lettre aux salariés, lundi 11 mai.« Nous voulons montrer à nos clients, les forces aériennes, que nous faisons pleinement confiance à cet excellent avion de transport. Nous sommes pleinement impliqués dans le programme, dans l’augmentation de la cadence des livraisons et des capacités de l’appareil ». Depuis l’avionneur a procédé à dix vols d’essais et la fabrication en cours des vingt appareils continue. Côté français, la confiance est aussi clairement affichée. Un A400M de l’armée française s’est posé jeudi 28 mai à Colmar, pour y être baptisé du nom de la ville, lors d’une cérémonie officielle sur le tarmac de l’aéroport.La succession de déboires qu’a connu ce programme européen depuis son lancement en 2003 a aussi pour conséquence de contraindre se fournir aux États-Unis. Pour répondre à ces besoins, la France envisage d’acheter rapidement quatre C130, des avions de transport militaire de l’américain Lockheed Martin. Cette acquisition « sur étagère » se ferait au détriment de l’avion européen, en raison de son incapacité, dans sa version actuelle, à larguer des parachutistes ou à effectuer du ravitaillement en vol. L’avionneur a alors réagi rappelant qu’il procède à des modifications pour répondre aux besoins. Des tests sont menés depuis un an, et un calendrier d’installation sera présenté au début de l’été. D’ici là la décision française est en attente.Lire aussi :L’accident d’un avion-cargo militaire ouvre une nouvelle crise pour AirbusDominique GalloisJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 28.05.2015 à 15h56 • Mis à jour le28.05.2015 à 17h20 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Une étape importante a été franchie, jeudi 28 mai en fin de matinée, dans le processus, long et hasardeux, des négociations sur le traité transatlantique, entre les Etats-Unis et l’Europe (TTIP). Le Parlement européen a envoyé une forme de feu vert à la poursuite des discussions, validant notamment, dans le cadre de ce traité de libre-échange, la présence des très controversés tribunaux d’arbitrage, censés régler les différends entre les multinationales et les Etats.Les élus conservateurs – globalement « pro-TTIP » –, ont réussi à rallier à leur cause les sociaux-démocrates du Parlement pour voter un texte de compromis. Il s’agit d’une recommandation, n’ayant certes aucune valeur législative, et votée uniquement au sein d’une commission du Parlement (la commission INTA, en charge des questions commerciales). Cette recommandation devra encore être validée par un vote en plénière, probablement le 10 juin prochain, à Strasbourg.Lire aussi :Traités de libre-échange : le coup de frein des démocrates américainsMais si les élus en INTA avaient rejeté la résolution, jeudi, cela aurait rendu encore plus complexes des discussions déjà très laborieuses entre la Commission européenne et les Américains. Le Parlement européen a tout de même un droit de veto sur le texte final du traité…Très forte contestation populaireCes négociations ont débuté en juillet 2013, mais butent sur une très forte contestation populaire, notamment en Allemagne, et dans une moindre mesure en France, en Belgique ou en Autriche. Les Verts, l’extrême gauche et nombre de mouvements citoyens craignent qu’au prétexte de gagner quelques points de croissance, les Européens sacrifient leurs normes environnementales et sociales. Côté américain, le TTIP ne provoque pas non plus l’enthousiasme, la priorité de l’administration Obama allant clairement au bouclage des discussions sur l’accord de partenariat transpacifique (TPP).Jeudi, le groupe des conservateurs européens (PPE) s’est défendu, avec cette recommandation, d’avoir « bradé » les valeurs sociales et environnementales européennes : « Nous avons soutenu ce texte qui rappelle que le TTIP ne sera pas négocié à n’importe quel prix : nos choix de société comme le niveau de protection de la santé, de l’environnement et des consommateurs ne pourront être revus à la baisse et cette condition n’est pas négociable », ont déclaré les élus Tokia Saïfi et Franck Proust à l’issue du vote.Ils ont aussi souligné qu’ils seraient vigilants concernant la reconnaissance des indications géographiques dans les domaines agricoles et alimentaires, et l’accès des groupes européens aux marchés publics aux Etats-Unis.« Reniement »Concernant les tribunaux d’arbitrage, dénoncés comme pouvant devenir des menaces au droit souverain de légiférer des Etats, les conservateurs assurent qu’ils n’en accepteront le principe que si ces mécanismes de réglement des différends entre Etats et multinationales sont réformés. De manière à respecter « le droit des Etats à réguler, fonctionner de manière transparente, empêcher tout recours abusif ou encore intégrer un mécanisme d’appel. » « Ce nouveau mécanisme s’inscrira dans l’objectif de créer à moyen terme une Cour permanente internationale chargée du règlement de ces différends. » La Commission européenne s’est déjà engagée à proposer une évolution des tribunaux d’arbitrage dans ce sens.Yannick Jadot, élu Vert au Parlement et vice-président de la commission INTA, a déploré le « reniement » des sociaux-démocrates, notamment sur le sujet des mécanismes d’arbitrage. Un « arrangement » qui « prime une nouvelle fois sur la défense de la démocratie, des citoyens, des salariés et des consommateurs européens qui rejettent massivement ce mécanisme pensé par et pour les grandes firmes ». De fait, une consultation publique, initiée au printemps 2014 par la Commission européenne sur ce sujet des tribunaux d’arbitrage, avait reçu des dizaines de milliers de réponses, en très grande majorité négatives.Un dixième round de négociations entre Washington et Bruxelles est déjà programmé, à Bruxelles, dans le courant du mois de juillet prochain.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Alexandre Pouchard Indifférente ou presque aux farouches critiques contre l’instauration de quotas de migrants dans les vingt-huit pays de l’Union européenne, la Commission a proposé mercredi 27 mai de répartir 40 000 demandeurs d’asile actuellement en Italie (24 000) et en Grèce (16 000), ainsi que de 20 000 réfugiés, entre les différents Etats de l’UE.Lire :La France invitée à accueillir 9 127 migrants en deux ansDésormais politiquement sensible, le mot « quota » ne figure pas dans la proposition de Bruxelles, qui a préféré le terme de « clé ». Le nombre de personnes à répartir a été calculé en fonction du nombre d’habitants du pays d’accueil, mais également du produit intérieur brut (PIB), du taux de chômage ou encore du nombre de demandes d’asile reçues dans le pays.23 Etats accueilleraient 40 000 demandeurs d’asile. Tous les pays d’Europe ne figurent pas sur cette liste : outre l’Italie et la Grèce, qui croulent déjà sous les demandes d’asile, certains Etat bénéficient de dispositions européennes leur permettant de s’exclure du dispositif (Royaume-Uni, Irlande, Danemark).28 Etats accueilleraient 20 000 réfugiés de l’ONU. L’ensemble des Vingt-Huit seraient concernés par un autre dispositif lié à l’ONU : quelque 20 000 réfugiés, au statut reconnu par les Nations unies, demandent une protection internationale et pourraient être dirigés vers un des pays européens.Ces deux volets ajoutés, l’Allemagne serait ainsi la première destination des demandeurs d’asile et des réfugiés, avec près de 12 000 personnes accueillies, devant la France (9 100 personnes).Une autre lecture de ces données est intéressante : rapporté à la seule population du pays, les Etats accueillant le plus de migrants ne sont plus du tout les mêmes. C’est ainsi des « petits » Etats comme le Luxembourg et Malte, qui recevraient proportionnellement le plus de demandeurs d’asile et de réfugiés, avec un taux (finalement modeste), de plus de 9 migrants pour 10 000 habitants.L’Allemagne et la France, elle, sont à un ratio respectif de 1,47 et 1,39 personne pour 10 000 habitants.Un contexte de nombreuses demandes d’asileIl faut toutefois rappeler que certains pays font face, depuis plusieurs années, à une très forte augmentation du nombre de demandes d’asile. C’est ce qui conduit, en France, l’UMP ou le Front national à qualifier de « folie » la proposition de Bruxelles.Paris n’est toutefois pas en première ligne sur ce terrain en Europe. Loin de sa réputation de terre d’accueil, la France n’était plus que quatrième en 2014, avec environ 64 300 demandes d’asile déposées. L’Allemagne fait face à une vague beaucoup plus massive (202 800), suivie de la Suède (81 000) et de l’Italie (64 600). #container_14328028155{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14328028155{ height:500px; } #container_14328028155 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14328028155 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14328028155 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14328028155 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }L'Allemagne, première terre d'accueil des migrants en EuropeNombre de demandes d'asiles déposées depuis 2012 dans les 10 principaux pays d'accueil.Source : Eurostat(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14328028155", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Allemagne","Suède","Italie","France","Hongrie","Royaume-Uni","Autriche","Pays-Bas","Belgique","Danemark"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": 2012, "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 77650 ], [ "", 43945 ], [ "", 17350 ], [ "", 61455 ], [ "", 2155 ], [ "", 28895 ], [ "", 17450 ], [ "", 13100 ], [ "", 28285 ], [ "", 6075 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": 2013, "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 126995 ], [ "", 54365 ], [ "", 26620 ], [ "", 66265 ], [ "", 18900 ], [ "", 30820 ], [ "", 17520 ], [ "", 13095 ], [ "", 21215 ], [ "", 7230 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": 2014, "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 202815 ], [ "", 81325 ], [ "", 64625 ], [ "", 64310 ], [ "", 42775 ], [ "", 31945 ], [ "", 28065 ], [ "", 24535 ], [ "", 22850 ], [ "", 14715 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 0, valuePrefix: "", valueSuffix: " demandes", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}En outre, ces demandes d’asile... ne sont que des demandes, et ne préjugent pas de la réponse qui y sera donnée. Sur ce point, la France se montre beaucoup moins généreuse que ses voisins, avec un taux de réponse positive d’environ 30 %, contre près de 50 % en Allemagne, 60 % en Italie et plus de 80 % en Suède, selon les chiffres d’Eurostat.Lire aussi :Réfugiés : les arguties déplorables du gouvernementAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 28.05.2015 à 11h27 • Mis à jour le28.05.2015 à 11h35 La police a découvert « des armes et des composants pouvant servir à la confection d'explosifs » dans une villa de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) lors d'une opération visant une cache d’Euskadi Ta Askatasuna (ETA – « Pays basque et liberté », en français), l'organisation séparatiste basque, jeudi 28 mai au matin.« L'inventaire est en cours », a rapporté une source proche de l’enquête, sans plus de précisions sur l'ampleur et la nature de l'armement mis au jour par les policiers. Dans le cadre de cette opération, menée par la police judiciaire de Bayonne en collaboration avec la garde civile espagnole sous l'autorité du parquet antiterroriste de Paris, ils ont placé en garde à vue une femme soupçonnée de collaboration avec ETA.Déclenchée jeudi à l'aube, l’intervention était centrée sur le garage d'une villa cossue de l'hypercentre de Biarritz. Soupçonnée de collaboration avec ETA, la propriétaire des lieux, ainsi que son mari, ont été placés en garde à vue.Processus unilatéral de désarmementEuskadi Ta Askatasuna, tenu pour responsable d'au moins 829 morts en quarante ans, avait annoncé le 20 octobre 2011 renoncer définitivement à la lutte armée, mais l’organisation n'a pas rendu ses armes et a toujours refusé de se dissoudre, comme l'exigent les gouvernements espagnol et français.ETA avait commencé début 2014 un processus unilatéral de désarmement et de mise hors d'usage de son arsenal, un premier pas vers le désarmement du groupe, très affaibli. La Commission internationale de vérification (CIV), organisme non reconnu par le gouvernement central de Madrid et censé se porter garant de ce désarmement, estimait à la fin de 2014 que le processus se poursuivait.Au début du mois de mai, ETA a encore rejeté un plan de désarmement présenté par le gouvernement régional basque espagnol et refusé de lui remettre ses armes. L’organisation a en revanche accueilli favorablement les propositions d'Euskal Herria Bildu (EH Bildu – « Réunir le Pays basque »), une coalition de partis indépendantistes qui lui sont proches. Ces propositions prévoient notamment la création d'une « commission indépendante de désarmement », avec des experts internationaux, pour recueillir et détruire les armes. Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen), Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen), Alain Salles et Philippe Ricard D’un référendum, l’autre… Jeudi 28 mai, le premier ministre britannique David Cameron s’est lancé dans une tournée de deux jours, de Paris à Varsovie en passant par Berlin, pour défendre le référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne, qu’il doit organiser d’ici à la fin 2017. La question posée est claire : « Le Royaume-Uni doit-il rester membre de l’UE ? » Le « Brexit » inquiète Bruxelles et les capitales européennes, où l’échec, dix ans auparavant, du référendum français sur la Constitution reste un souvenir traumatisant.Le 29 mai 2005, les Français votaient non au référendum à 54,68 %. Le 1er juin, dans un autre pays fondateur de l’UE, les Néerlandais leur emboîtaient le pas, dans une proportion plus forte encore (61 % de non). « Le choc a été énorme », témoignent tous ceux qui travaillaient à l’époque dans les institutions communautaires. Pas plus qu’à Paris, ce non français à la Constitution européenne, les fonctionnaires européens ne l’avaient vu venir.En dix ans, l’Union européenne ne s’est jamais vraiment remise du choc, mais elle a profondément changé, même sans Constitution. Le non a stoppé net l’élan fédéraliste. Les électeurs français et néerlandais ont aussi rejeté la poursuite de l’élargissement : même si cela n’a pas empêché l’entrée de la Bulgarie, de la Roumanie et de la Croatie, le vote a contribué à bloquer les négociations avec la Turquie. La diplomatie européenne promise par la défunte Constitution est encore balbutiante, tant chacun des grands Etats reste jaloux de ses prérogatives en la matière. L’ancien secrétaire général du Service européen d’action extérieure, Pierre Vimont, estime que le non a été un « révélateur » et qu’il a ouvert « une longue phase de crise pour l’Europe » : « Il a mis en évidence l’euroscepticisme d’une fraction importante de l’opinion. Plus importante que beaucoup ne le pensaient. » Les élections espagnole et polonaise du 24 mai viennent encore d’en témoigner. « Après le référendum, j’ai passé beaucoup de temps à écouter les gens qui avaient voté non. C’est important, de les écouter. Ce n’est pas du tout à prendre à la légère, tout comme le référendum réclamé par Cameron », insiste Michel Barnier, commissaire européen au marché intérieur et aux services entre 2009 et 2014.L’épreuve n’est pas terminéeTrès vite, les principaux éléments du traité constitutionnel ont pourtant été repris, sans les symboles, dans un texte un peu plus ramassé. Mais, surtout, la crise financière, puis le naufrage de la Grèce et le sauvetage in extremis de la monnaie unique sont passés par là. A peine entré en vigueur, fin 2009, l’héritier de la Constitution a montré qu’il n’était pas conçu pour une telle tempête.Lire aussi :Dix ans après, que sont les nonistes devenus ?L’épreuve n’est pas terminée, mais elle accélère la mise en place d’une Europe à plusieurs vitesses, où cohabitent, par la force des choses, deux visions, au moins jusqu’au référendum promis par M. Cameron à ses électeurs : celle des pays de l’euro, qui ont compris sur le tard que l’existence de la monnaie unique les oblige à une Union toujours plus étroite, et celle des Britanniques, qui se contentent d’optimiser leur accès au marché unique.Désormais, et M. Cameron le constate à chaque Conseil européen, l’UE vit au rythme de la zone euro en criseDésormais, et David Cameron le constate à chaque Conseil européen à Bruxelles, l’UE vit au rythme de la zone euro en crise. Dans l’urgence, des fonds de secours ont été mis en place, une Union bancaire est en train d’être bâtie, sous la tutelle de la Banque centrale européenne, devenue l’institution – la seule vraiment fédérale – la plus puissante d’Europe. La gouvernance budgétaire est, elle aussi, plus contraignante : pas question, vu de Berlin ou de Bruxelles, de laisser un pays dériver comme la Grèce, au risque de remettre en péril l’ensemble de l’édifice. Le tout, sans modification de traité.Lire aussi :David Cameron pris entre sa majorité et ses voisins européensEn réponse à David Cameron, Angela Merkel et François Hollande viennent d’esquisser une feuille de route qui, si elle écarte toute révision des traités à court terme, prend en compte la réalité de l’Europe du moment : celle d’une union à plusieurs vitesses. Le noyau dur des pays de l’euro est promis à davantage d’intégration, même si celle-ci se fait par petites touches, tandis que les Vingt-Huit sont recentrés sur le marché unique, le développement du numérique, le droit de la concurrence, l’encadrement de la mobilité des travailleurs ou la libéralisation des échanges. « Ces derniers projets sont du ressort des Vingt-Huit, ce qui, au passage, pourrait inciter David Cameron à appeler à voter oui », décrypte un haut diplomate.L’affrontement entre les deux Europe avait dominé les débats constitutionnels, lors de la Convention présidée par Valéry Giscard d’Estaing, en 2002 et 2003. Le rejet du projet constitutionnel, puis la crise, ont modifié les rapports de force entre Européens. Au lendemain du double non, ce fut la stupeur et l’inaction. Les fonctionnaires et les décideurs bruxellois étaient sonnés. Mais aussi désarçonnés, car les deux votes étaient contradictoires. Alors que les Français, eux, avaient voté soit pour sanctionner leur président, Jacques Chirac, soit par peur des dérives libérales de Bruxelles, les Néerlandais, eux, au contraire, marquaient leur volonté de moins d’ingérence, moins de transferts de souveraineté : ils voulaient une Europe avec un marché intérieur encore plus libéralisé… « On ne savait pas trop comment s’adapter, décrypter ce message, on était un peu perdus », témoigne une source européenne.Lire aussi :François Hollande a dû composer avec le « non »« La France et les Pays-Bas ont fait la construction européenne, explique Yves Bertoncini, directeur de l’institut Notre-Europe. Ils ont un lien ontologique avec l’UE, alors que le Royaume-Uni est dans une logique d’optimisation. La France est dans une logique de projection d’une Europe puissance, contrariée par le libéralisme et par l’élargissement. Ces deux hantises françaises se sont incarnées dans le projet de directive Bolkestein et la polémique sur le plombier polonais » – en 2005, ce texte prévoyait la libéralisation des services sur le marché intérieur.Perte d’influencePour la France, le non a amorcé une nette perte d’influence à Bruxelles. « Elle avait toujours été au cœur de la construction européenne, c’est elle qui amenait toutes les nouvelles idées », rappelle Jean-Claude Piris, ancien directeur des services juridique du conseil. Il y eut aussi une vraie rupture de la confiance avec les Allemands, qui ne comprenaient pas qu’on puisse rejeter le marché unique et la concurrence. « La Constitution avait été faite par Giscard. Elle était d’inspiration française. C’était compliqué d’expliquer à Berlin que le peuple français n’en voulait pas. Mais ce qui a affaibli la situation de la France, ce sont d’abord les mauvais résultats de son économie et le découplage avec une Allemagne en croissance et avec un faible niveau de chômage », souligne Yves Bertoncini.Les deux pays ont dû faire des concessions pour sauver l’euro. « La crise et la politique de la “troïka” [la Banque centrale européenne, la Commission européenne et le Fonds monétaire international] ont donné l’image désastreuse d’une Europe-FMI qui fait du mal. Mais cela a permis des avancées inimaginables et qui correspondent aux idées françaises », explique Yves Bertoncini. De la politique volontariste de Mario Draghi, qui demande en contrepartie d’approfondir encore la zone euro, au renflouement des Etats en faillite, en passant par le soutien aux investissements (le plan Juncker), ces avancées réalisées dans la douleur sont en contradiction avec un certain nombre de dogmes économiques allemands.Aujourd’hui, une modification des traités reste taboue, à Paris ou à Berlin, dans le cadre des revendications britanniques, comme dans celui de la réflexion, initiée par le Conseil européen de décembre 2014, d’un approfondissement de l’Union économique et monétaire. Alors que le sentiment eurosceptique continue de se développer aux quatre coins du continent, les responsables politiques ont peur de se lancer dans un exercice à haut risque : celui d’être obligés de consulter leur peuple sur une question liée à l’Union. C’est pourquoi François Hollande, Angela Merkel et leurs homologues redoutent tant le pari tenté par David Cameron.Lire aussi :Face aux états d’âme de ses voisins, Mme Merkel est plus que jamais en position de forceJean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteAlain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalistePhilippe RicardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Marie Charrel Et si la Grèce ne remboursait pas les 1,6 milliard d’euros qu’elle doit au Fonds monétaire international (FMI) en juin ? « Tout le monde espère que ce scénario sera évité car nous plongerions dans l’inconnu », commente Michalis Massourakis, chef économiste de la Fédération hellénique des entreprises (SEV).Lire aussi :Grèce : le compte à rebours a commencéMercredi 27 au soir, le ton était à l’optimisme. Une source gouvernementale grecque indiquait qu’Athènes et ses créanciers du groupe de Bruxelles travaillaient à la rédaction d’une ébauche de compromis portant sur la réforme de la TVA, des retraites, la question de la dette et le niveau d’excédent budgétaire que le pays doit cibler.« Pas de mise en défaut immédiate du pays »Si ce projet de texte est confirmé jeudi 28 mai, un accord pourrait être signé dès mardi 2 juin – accord qui débloquerait la dernière tranche de 7,2 milliards d’euros du plan de sauvetage européen. La semaine prochaine sera donc décisive. Selon plusieurs sources, la Grèce a encore de quoi payer les 306 millions qu’elle doit rembourser le 5 juin au FMI. Le doute porte en revanche sur les échéances du 12, 16 et 19 juin. « Personne ne sait exactement combien il reste dans les caisses de l’Etat grec, et les points de désaccords entre le gouvernement Tsipras et ses créanciers restent nombreux », rappelle Eric Dor, économiste à l’Iéseg.Que se passerait-il si, en cas d’échec des négociation, Athènes manquait ces remboursements ? « Cela ne déclencherait pas la mise en défaut immédiate du pays, car le FMI est un créancier à part », explique Frederik Ducrozet, économiste au Crédit Agricole CIB. Selon les textes de l’institution, le pays retardataire dispose d’un mois avant que le directeur général du FMI, à savoir Christine Lagarde, ne notifie au conseil d’administration le défaut. Le Panama, le Zimbabwe ou encore le Pérou se sont déjà retrouvés dans ce cas.Entre temps, Athènes pourrait négocier la fusion des remboursements à effectuer en juin en un seul, calé à la fin du mois. De quoi gagner quelques semaines encore. Mardi 26 mai, des dirigeants de la zone euro laissaient entendre qu’une telle option était envisagée.Situation délicateEncore faut-il que le FMI donne son aval : le 16 avril, Mme Lagarde a déclaré qu’elle s’opposerait à tout report des remboursements. L’institution n’a en effet pas accordé une telle faveur à un pays depuis des années. « Déroger à la règle pour Athènes mettrait le FMI dans une situation délicate vis-à-vis des pays émergents, hostiles à l’égard de toute mansuétude accordée à la Grèce », analyse M. Dor.La question la plus sensible reste néanmoins la réaction des autres créanciers du pays. A commencer par le Fonds européen de stabilité financière (FESF), qui a prêté en tout 141,8 milliards d’euros à Athènes depuis 2010. Dans le cas où la Grèce ne remboursait pas à temps le FMI, celui-ci peut en théorie exiger le remboursement total ou partiel des prêts déjà accordés, voire annuler les suivants. « C’est une possibilité, mais il est peu probable que le FESF aille jusque-là », commente M. Dor.La Banque centrale européenne (BCE) serait elle aussi dans une situation délicate. Depuis le 4 février, elle révise toutes les semaines le plafond des liquidités d’urgence (ELA) qu’elle accorde aux banques grecques. Si le FMI déclare la Grèce en défaut, la BCE pourrait considérer que les garanties (les « collatéraux ») que les établissements hellènes lui apportent en échange de ces aides sont désormais de mauvaise qualité. Elle pourrait même, dans le plus extrême et peu probable des scénarios, suspendre les ELA, ce qui condamnerait les banques à l’asphyxie.Fuite des dépôtsDans les deux cas, nul doute que les Grecs se précipiteraient aux distributeurs pour retirer du liquide, accélérant la fuite des dépôts. « Le gouvernement serait probablement contraint de mettre en place le contrôle des capitaux, pour limiter l’hémorragie », analyse Holger Schmieding, économiste à la banque Berenberg. En instaurant par exemple des plafonds pour les retraits et virements à l’étranger.En théorie, défaut et contrôle des capitaux n’entraîneraient pas automatiquement une sortie de la zone euro, le « Grexit ». Seulement, pour pouvoir continuer à payer les fonctionnaires, l’Etat ou les municipalités pourraient être tentés d’imprimer des bons, comme l’a fait l’Argentine en 2002 après son défaut. L’utilisation des bons y avait alors été progressivement élargie et autorisées dans les commerces, jusqu’à devenir une monnaie parallèle. Un tel scénario en Grèce serait, de fait, une forme de Grexit.Lire aussi :La Grèce risque-t-elle le scénario argentin ?Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 16.05.2015 à 11h17 • Mis à jour le16.05.2015 à 11h54 | Sylvie Kauffmann On voudrait les oublier, mais ils ne nous quittent pas. Le drame des damnés de la mer et leurs naufrages à répétition se maintiennent obstinément parmi les premiers sujets de l’actualité. Pire, ils se doublent à présent d’un drame parallèle, celui des Rohingya, minorité musulmane rejetée par la Birmanie, qui dérivent sur des rafiots d’un autre âge en mer d’Andaman. Ceux-là, au moins, ne visent pas l’Europe.Il y a trois semaines, dans une précédente chronique, je me suis interrogée sur les raisons de notre apparente indifférence à ces boat people des temps modernes, en comparaison avec la spectaculaire mobilisation qui avait abouti en France, en 1979, à l’opération Un bateau pour le Vietnam. Les réactions à cette interrogation ont été si vives et si instructives qu’elles méritent un retour sur le sujet.Disons-le tout de suite : à quelques sympathiques co-indignations près, beaucoup de ces réactions sont assez peu charitables – dans tous les sens du terme. C’est sans doute un signe, qui confirme à sa manière que 2015 n’est pas 1979. Plus intéressantes, évidemment, sont les explications avancées par les lecteurs. On peut les ranger dans plusieurs catégories, par ordre d’importance croissante.« C’est l’économie, idiot ! » En gros, il y a trente-six ans, nous sortions des « trente glorieuses », mais nous ne le savions pas encore. La vie était belle – du moins la voit-on ainsi à présent –, Valéry Giscard d’Estaing jouait de l’accordéon. En 2015, nous sommes dans l’ère de la mondialisation et nous ne le savons que trop : elle a bouleversé nos modèles et nos certitudes économiques. Une comparaison des taux de chômage en France éclaire ce sentiment d’insécurité : 3,3 % de la population active en 1975, 4,8 % en 1979, un chiffre qui allait augmenter chaque année jusqu’à atteindre 8,7 % en 1987. Il est aujourd’hui de 10 %. Nous étions forcément plus accueillants.La composition sociologique Exode surtout politique, le phénomène des boat people asiatiques apparaissait comme vraisemblablement limité dans le temps, alors que la pression démographique en Afrique, la complexité des conflits sur le continent, la guerre en Syrie, le djihad tous azimuts nous laissent imaginer une émigration de masse pendant plusieurs années. Autre argument avancé : Vietnamiens et Cambodgiens s’intégraient mieux dans les sociétés européennes que les réfugiés d’aujourd’hui, en grande partie musulmans. Ou encore : les boat people asiatiques étaient des réfugiés politiques, ceux d’aujourd’hui sont pour la plupart des « aventuriers économiques ». Ainsi, nous étions très solidaires de Solidarnosc avant la chute du rideau de fer, beaucoup moins lorsque, une fois libre, le plombier polonais a débarqué pour chercher du travail.Une dynamique idéologique Pour le sociologue Michel Wieviorka, qui faisait partie du comité Un bateau pour le Vietnam, c’était là la principale raison de notre emballement pour ces réfugiés qui fuyaient le communisme. « 1978-1980, dit-il maintenant, c’est le moment où la France dit adieu au communisme. » Les nouveaux philosophes défraient la chronique, Alain Geismar, ex-leader de Mai 68, sort du maoïsme. Le sauvetage des boat people, poursuit Wieviorka, « ce fut l’idée géniale d’articuler une cause humanitaire et une cause politique ». Et la conférence de presse conjointe de Jean-Paul Sartre et Raymond Aron, qui ne s’étaient pas parlé depuis vingt ans, « c’était la défaite de Sartre et le triomphe d’Aron ».Dans la même logique, certains lecteurs évoquent un sentiment de culpabilité des gens de gauche, en Europe, qui, s’étant fourvoyés dans l’admiration du marxisme, trouvaient dans la mobilisation pour les réfugiés d’Asie du Sud-Est une façon de se racheter.Pour autant, on pourrait retourner l’argument politique : pourquoi, face à ce nouveau totalitarisme que constitue l’islam radical, les esprits libres ne se mobilisent-ils pas davantage pour sauver ses victimes ? Il n’y a sans doute ici aucun sentiment de culpabilité, voire l’idée que l’Europe en est, elle aussi, une cible.Le rôle des intellectuels « Vous les connaissez, vous, les héritiers de Sartre et Aron ? », apostrophe un lecteur. « En 1979, on avait encore des figures respectées », relève un autre. C’est un vrai constat, qu’ils sont nombreux à faire : les intellectuels n’ont plus l’autorité ni le rôle qui étaient les leurs il y a trente-six ans.Cette semaine, dans l’hebdomadaire Le 1, Jean-Christophe Rufin, ex-humanitaire et écrivain, sonne « la fin du bernard-henri-lévisme » et de cet interventionnisme extérieur par lequel les politiques suivent béatement les intellectuels. Ce courant, écrit-il, « a été un moment éphémère de notre histoire, un moment pendant lequel nous avons pathétiquement voulu nous abstraire des contraintes de la réalité au profit d’une vision idéale et morale ».A vrai dire, aujourd’hui, il n’y a pas foule autour de Bernard-Henri Lévy. La figure de l’intellectuel est-elle dépassée ? « Non, nous répond BHL. Je la crois même plus actuelle, plus nécessaire, plus vitale que jamais. En revanche, les quelques-uns qui essaient encore d’y être fidèles ont à faire face, ici, en France, à un climat pestilentiel et qui, souvent, la met en échec. Souverainisme. Provincialisme. Débats franco-français désespérément nombrilistes – Todd versus Zemmour, quelle misère ! Recul, donc, du souci du monde. Offensive générale, aussi, contre cet universalisme qui est la condition de possibilité du fonctionnement de l’intellectuel et que l’on tente, à gauche comme à droite, de disqualifier sous le nom de “droit-de-l’hommisme”. Cynisme aussi. Epoque de ricanement généralisé et d’une philosophie du soupçon devenue folle. Voilà tout ce à quoi doivent s’affronter ceux qui n’ont pas oublié l’héritage d’Aron et de Sartre. » Où l’on comprend mieux pourquoi 2015 n’est pas 1979.Sylvie KauffmannJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 16.05.2015 à 00h02 • Mis à jour le16.05.2015 à 00h37 Le gouvernement canadien s'est engagé, vendredi 15 mai, à réduire de 30 % ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 par rapport à 2005 en annonçant ses objectifs pour la conférence de l'ONU sur le climat en décembre à Paris.Cet objectif, que le Canada devait fixer avant le sommet du G7 tout début juin, est « ambitieux », a déclaré lors d'une conférence de presse la ministre de l'Environnement Leona Aglukkaq, tandis que les défenseurs de l'environnement le jugeaient nettement insuffisant.Encadrer les émissions de méthane du secteur pétrolier et gazierLors de la conférence de Copenhague en 2009, le Canada s'était donné pour objectif de réduire de 17 % ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d'ici 2020 par rapport à 2005, mais celles-ci ont plutôt augmenté. Mi-avril, le ministère de l'environnement avait indiqué qu'elles avaient progressé de près de 20 % par rapport à l'objectif initial.Le Canada ne contribue que pour « environ 2 % » des émissions mondiales de GES, mais il « est l'un des plus grands émetteurs par habitant » au monde, selon le ministère. Pour réussir cette fois, Ottawa compte réguler les émissions des centrales électriques alimentées au gaz naturel ainsi que celles du secteur des produits chimiques et des engrais azotés.Le gouvernement va aussi encadrer les émissions de méthane du secteur pétrolier et gazier, qui n'est pour l'instant soumis à aucune autre restriction. Les émissions du secteur de l'énergie (10 % du PIB) représentaient 81 % des émissions totales de GES du pays en 2013. Ottawa, a poursuivi Mme Aglukkaq, compte également sur ses investissements dans « des technologies novatrices pour continuer d'améliorer la performance environnementale du secteur des sables bitumineux et d'autres secteurs en croissance ».Les provinces en première ligneLe gouvernement entend aussi, a-t-elle dit, « travailler de concert avec les provinces », dont certaines comme l'Ontario et le Québec sont en pointe en matière de réduction GES, dont le principal est le dioxyde de carbone (CO2).Lire notre enquête (en édition abonnés) :Climat : les provinces du Canada en première ligneLe ministre de l'environnement du Québec, David Heurtel, a cependant regretté que les objectifs annoncés par Ottawa n'aient pas été « constitués avec les provinces ou les territoires ». Selon lui, l'objectif fixé par le Canada correspond à une réduction de 14 % des émissions de GES par rapport à 1990, année de référence du protocole de Kyoto.C'est « l'un des plus faibles des pays industrialisés », a réagi sur Twitter Steven Guilbeault de l'organisation écologiste Equiterre. Première province à annoncer son objectif pour 2030, l'Ontario a indiqué jeudi qu'elle comptait réduire ses émissions de 37 % par rapport à 1990. Le Canada s'est retiré du protocole de Kyoto en 2011, jugeant ses objectifs irréalistes.Deuxième plus gros émetteur de GES derrière la Chine, les Etats-Unis se sont engagés en mars sur une réduction de 26 % à 28 % de leurs émissions d'ici 2025 par rapport à 2005. L'Union européenne prévoit une réduction de 40 % d'ici 2030 par rapport à 1990.La France a l'ambition à la conférence de Paris (COP 21), prévue du 30 novembre au 15 décembre, d'arriver à un accord entre près de 200 Etats permettant de limiter le réchauffement de la planète à 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle.Lire notre entretien avec le commissaire européen Miguel Arias Cañete (édition abonnés) : Le rendez-vous de Paris sur le climat sera crucial 15.05.2015 à 12h39 • Mis à jour le15.05.2015 à 13h00 | Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante) Rédigé par l’opposition, le rapport posthume de Boris Nemtsov, assassiné au pied du Kremlin le 27 février, sur l’implication militaire de la Russie en Ukraine, n’a pas encore franchi tous les obstacles pour sa diffusion. « Notre but est d’amener tous ceux qui, en Russie, n’utilisent pas Internet ou qui n’écoutent que la propagande à ouvrir les yeux, avait déclaré Ilia Iachine, membre du parti d’opposition RPR-Parnasse, en présentant le document à la presse le 12 mai. Nous n’avons pas besoin de convaincre les Occidentaux mais ceux qui regardent Perviy Kanal [première chaîne de télévision russe]. »Tiré à 2 000 exemplaires et intitulé « Poutine. La guerre », le rapport, qui dénonce l’envoi, toujours nié par Moscou, de soldats, de mercenaires et de matériel en soutien aux séparatistes prorusses du Donbass, reste cependant confidentiel. Au moins quatorze imprimeurs en Russie ont refusé de l’éditer.Dossiers sensiblesUne collecte d’argent a été lancée pour tenter néanmoins de publier le plus largement possible le document et de le distribuer en région. Les dons ont afflué. Mais, nouveau revers, le service de paiement en ligne PayPal a fait savoir, jeudi 14 mai, qu’il ne faudrait pas compter sur lui. Un compte avait été ouvert par Vsevolod Chagaev, un militant de Solidarnost (mouvement qui réunit plusieurs figures de l’opposition russe) chargé d’organiser la collecte de fonds. Ses espoirs ont été rapidement douchés.« Cher Monsieur, écrit la société basée en Californie dans un courrier rendu public sur le compte Twitter de l’intéressé. Merci pour les données présentées, mais votre compte ne peut pas être activé. A ce jour, PayPal ne permet pas d’utiliser son système pour des dons à un parti ou pour un but politique en Russie. »Ce n’est pas la première fois que PayPal refuse ses services dans des dossiers considérés comme sensibles. En 2010, l’entreprise avait ainsi essuyé des critiques pour avoir bloqué le compte de WikiLeaks, à la suite de la publication des câbles diplomatiques américains. Dépitée, l’opposition russe a annoncé qu’elle allait rendre l’argent aux donateurs et qu’elle persévérerait en se tournant cette fois vers Yandex, le célèbre moteur de recherche russe qui possède également un système de paiement en ligne.Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)Correspondante à MoscouSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.05.2015 à 10h20 • Mis à jour le15.05.2015 à 10h25 David Cameron, reconduit la semaine dernière à la tête du gouvernement britannique, se rend vendredi 15 mai en Ecosse pour des discussions sur le transfert de nouveaux pouvoirs aux autorités écossaises.Un texte donnant des pouvoirs supplémentaires à l'Ecosse doit figurer dans le programme législatif du nouveau gouvernement de M. Cameron, qui sera lu le 27 mai par Elizabeth II au cours du traditionnel discours de la reine.Ce discours, qui détaille le programme législatif du nouveau gouvernement pour les cinq prochaines années, est rédigé par le gouvernement mais lu par la reine devant le Parlement.Le premier ministre britannique a souligné dans un communiqué son engagement « envers notre Royaume-Uni et envers la place importante de l'Ecosse en son sein ». Il a assuré que son nouveau gouvernement allait donner à la nation le contrôle de 60 % de ses dépenses et qu'elle aurait « l'un des parlements bénéficiant des plus grands transferts de pouvoirs dans le monde ».Cameron exclut un nouveau référendumM. Cameron risque toutefois une confrontation avec Nicola Sturgeon, chef du SNP et première ministre du gouvernement d'Edimbourg, qui réclame pour l'Ecosse davantage de pouvoirs que ce qui est prévu par Londres.Mme Sturgeon considère que la progression de la popularité du SNP, reflétée par son fort succès lors des élections législatives – le parti a remporté 56 des 59 sièges écossais – justifie le transfert de « nouveaux pouvoirs substantiels », en particulier sur l'imposition des entreprises et sur le salaire minimum :« Comme je l'ai dit très clairement, le résultat des élections législatives de la semaine dernière, et le résultat écrasant obtenu par le SNP, signifie que l'attitude [de Londres] envers l'Ecosse ne peut absolument pas être “business as usual”. L'Ecosse s'attend à ce que ces pouvoirs soient transférés – et je m'attends à ce que le premier ministre et son gouvernement reconnaissent le mandat démocratique qui existe désormais pour qu'ils le soient. »Lire aussi : L’Ecosse en situation de sécession électoraleDans une de ses premières déclarations après la victoire surprise des conservateurs, M. Cameron a exclu la tenue d'un nouveau référendum sur l'indépendance de l'Ecosse. En septembre 2014, les électeurs écossais avaient rejeté cette possibilité par 55 % contre 45 %.Mme Sturgeon a, pour sa part, déclaré qu'il ne pourrait y avoir un nouveau référendum que si un parti soutenant sa tenue remportait les élections législatives au Parlement d'Ecosse, prévues en mai 2016. Or les nationalistes sont déjà actuellement majoritaires à Holyrood, où ils disposent de 64 sièges, alors que les travaillistes et les conservateurs, opposés à une sécession de l'Ecosse, n'en possèdent respectivement que 38 et 15.Mais les sources de discorde entre le SNP et le gouvernement britannique sont nombreuses. Les nationalistes écossais pourraient ainsi revendiquer un nouveau vote sur l'indépendance si le Royaume-Uni décide de sortir de l'Union européenne – David Cameron pourrait organiser un référendum à ce sujet dès l'année prochaine.Lire aussi : En route pour le référendum sur la sortie de l’UE au Royaume-Uni 15.05.2015 à 04h35 • Mis à jour le15.05.2015 à 09h35 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Fausse démission de son chef, bagarre au sommet et rumeur de putsch : le parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP, xénophobe et opposé à l’Europe) est secoué par des querelles internes, une semaine après son relatif succès aux élections législatives du 7 mai. Bien qu’ayant recueilli 12,6 %, soit 3,9 millions de voix (contre 3,1 % en 2005), le parti de Nigel Farage, défavorisé par le scrutin à un tour, n’a obtenu qu’un seul député.Lire aussi :Royaume-Uni : le UKIP, troisième force politique dans les urnes mais pas à WestminsterCes turbulences affectent l’organisation au moment où elle pourrait jouer un rôle crucial, à l’approche du référendum sur la sortie de l’Union européenne – la revendication phare du UKIP – que prépare le gouvernement Cameron 2.Volte-face de FarageTout a commencé avec la volte-face de Nigel Farage après l’échec de sa candidature aux législatives dans une circonscription du Kent. Alors qu’il avait promis de quitter la direction de l’organisation dans ce cas, il a changé d’avis, mettant en avant la volonté « unanime » de l’instance de direction pour le retenir. Le retour par la fenêtre de ce personnage charismatique et gouailleur ne plaît apparemment pas à tout son entourage.Cet homme « grossier, susceptible, agressif » a transformé le parti en une « monarchie absolue » fondée sur le « culte de la personnalité », a attaqué Patrick O’Flynn, son directeur de campagne dans le Times. M. O’Flynn s’en prend aussi à la garde rapprochée du patron du UKIP, constituée, selon lui, de conseillers « inexpérimentés », « agressifs » et influencés par une idéologie ultraconservatrice proche du Tea Party américain.Nigel Farage doit « dégager » ces personnes et envisager son « leadership de manière bien plus consultative et consensuelle », conclut-il en précisant qu’il ne demande pas la tête de M. Farage. « Je souhaite, dit-il, qu’il redevienne le Nigel Farage joyeux, drôle et accessible qui était pour [lui] une source d’inspiration. » Telle n’est pas la position d’un des grands donateurs du UKIP, l’homme d'affaires Stuart Wheeler, qui a appelé le chef du parti à se mettre en réserve et à affronter un vote. « Le temps est venu d'un leadership plus calme », a-t-il estimé à la BBC, estimant M. Farage trop agressif et porteur de divisions à l’approche de la campagne sur le référendum.Dissensions internesLa domination personnelle exercée par le chef du UKIP est aussi mise en cause par le trésorier du parti Hugh Williams. Pour lui, Nigel Farage est « le meilleur acteur sur la scène politique britannique », mais « il existe un grand danger que le UKIP devienne le parti de Nigel Farage ». Comme si cela ne suffisait pas, l’unique député du UKIP, Douglas Carswell, rue, lui aussi, dans les brancards. Sommé d’utiliser les 650 000 livres (900 000 euros) allouées au parti après son élection pour recruter 15 personnes, M. Carswell a refusé, jugeant « inapproprié » cet usage de l’argent public. « Je doute fortement qu’Ed Miliband [l’ex-chef du parti travailliste qui a démissionné après les législatives], quand il était chef de l’opposition, ait eu besoin de 15 assistants », a-t-il raillé.Cette mauvaise humeur pourrait préfigurer l’expression d’une ambition personnelle. Transfuge du parti conservateur, premier et unique représentant du UKIP à Westminster, M. Carswell, élu à Clacton-on-sea (Essex) présente une forte personnalité et un profil « libertarien » (adepte du pur libéralisme non seulement en économie, mais aussi en matière de société et même d’immigration) nettement plus structuré que le populisme purement démagogique – il a défendu le système de santé d’Etat (NHS), très populaire chez les Britanniques pendant la campagne électorale après avoir pris fait et cause pour sa totale privatisation lors d’une conférence aux Etats-Unis – de Nigel Farage.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 14.05.2015 à 16h15 Après un bref entretien avec son homologue ukrainien, François Hollande a mis en garde jeudi 14 mai contre le risque d'un nouvel « embrasement » en Ukraine, ou des violations  « inacceptables » du cessez-le-feu sont survenues dans l'est du pays, malgré l'accord de paix signé en février à Minsk.« Des groupes ont intérêt à ce que ce conflit perdure, et ces groupes-là nous les identifions facilement », a répondu le président français sans donner davantage de précisions, après une rencontre à Aix-la-Chapelle avec Petro Porochenko en marge de la remise du prix Charlemagne au président du Parlement européen, Martin Schulz.Les deux présidents ont évoqué « la mise en œuvre de l'accord » de paix de Minsk et tout particulièrement les groupes de travail prévus par cet accord.L'Ukraine doit « avoir des facilités » mais doit aussi « respecter un certain nombre de conditions et je les ai rappelées au président Porochenko », a affirmé François Hollande.Lire (édition abonnés) : Les zones d’ombre de l’accord de MinskRencontre prochaine à Riga« Nous travaillons pour que Minsk, tout Minsk, rien que Minsk, soit mis en place », a réaffirmé M. Hollande, notant que des discussions ont aussi eu lieu avec le président russe, Vladimir Poutine.La France a été « partie prenante » de l'accord de Minsk, et « nous voulons qu'il soit pleinement appliqué », a-t-il insisté, à une semaine d'une rencontre « très importante » à Riga.Lire aussi : A Moscou, Angela Merkel dénonce l'absence de trêve en Ukraine 14.05.2015 à 06h37 • Mis à jour le14.05.2015 à 10h00 | Sylvie Kauffmann Chronique. Ce n’est pas encore tout à fait ça, mais on avance. Après un an de politique de l’autruche, et après le piteux sommet européen du 23 avril, à l’issue duquel les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Huit avaient répondu au drame des migrants en Méditerranée par le triplement du budget du dispositif de protection de nos côtes, les propositions formulées mercredi 13 mai par la Commission de Bruxelles apportent un changement bienvenu à l’approche européenne de la crise migratoire. On pourrait même assister, si ces propositions sont adoptées par les Etats-membres, à la naissance d’une politique européenne face au défi de l’immigration clandestine.Il ne s’agit plus seulement maintenant de repousser les migrants, mais bien d’amener les Etats membres à porter chacun sa part du fardeau, selon le principe de solidarité qui est l’un des marqueurs de l’Europe mais qui, jusqu’ici, n’a pas été appliqué au problème de l’afflux massif de boat people en Italie, à Malte et en Grèce.La mesure proposée la plus concrète est celle de l’accueil par l’UE de 20 000 réfugiés, au sens où l’entendent les Nations Unies, c’est-à-dire des personnes déplacées par un conflit, et leur répartition par pays de l’Union, selon des critères mêlant le PIB, le taux de chômage, la population et le nombre de demandes d’asile. A ce titre, la France devrait en accueillir 2 375. Sur une population de 66 millions d’habitants, cela paraît gérable.L’autre proposition, déjà controversée, vise à instituer des quotas d’accueil par pays en cas d’afflux massif de migrants, comme c’est le cas actuellement. A ce titre, l’Allemagne devrait en accueillir 18,42%, la France 14,17%. La Grande-Bretagne s’est immédiatement déclarée contre un tel projet : elle veut se concentrer, elle, sur la lutte contre les trafiquants d’être humains. Mais l’un n’empêche pas l’autre. Face à une crise d’une telle ampleur, il faut saluer la volonté de la Commission de prendre enfin le problème à bras-le-corps.kauffmann@lemonde.fr@SylvieKauffmannSylvie KauffmannJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.05.2015 à 06h51 • Mis à jour le03.05.2015 à 12h56 D'anciens déportés et Angela Merkel se retrouvent dimanche 3 mai à Dachau, dans le sud de l’Allemagne, pour une commémoration de la libération du camp nazi, qui en cette année du 70e anniversaire prend un relief particulier en raison de la participation exceptionnelle de la chancelière allemande.Durant ces douze mois de commémorations de la fin de la barbarie nazie, c'est la seule fois où la dirigeante allemande participera à une cérémonie dans un camp de concentration. En raison du grand âge des rescapés, ce sera également l'une des dernières occasions où la chancelière, en tant que représentante du gouvernement allemand, et les témoins encore en vie se retrouvent dans ce lieu de mémoire.Angela Merkel doit s'exprimer en milieu de journée après un hommage aux victimes devant l'un des deux fours crématoires de ce camp situé à 17 km au nord-ouest de Munich, le premier créé par le régime nazi, en 1933. Des dépôts de gerbes et une marche vers la Place d'appel du camp, où périrent plus de 43 000 personnes, sont également prévus.Un modèlePlus de 130 survivants et leurs proches devraient à nouveau franchir la porte d'entrée du camp en fer forgé sur laquelle est inscrite la sinistre devise des nazis « Arbeit macht frei » (« Le travail rend libre ») pour venir se recueillir sur les lieux de leur calvaire. Ce portail a été dérobé durant une nuit de novembre par des inconnus. Une copie a été inaugurée jeudi.Des responsables du Comité international de Dachau, qui rassemble les rescapés, et le dirigeant du Conseil central des juifs d'Allemagne, Josef Schuster, seront également présents.Ouvert initialement pour y interner les prisonniers politiques, Dachau a servi de modèle d'organisation pour les autres camps de la mort, de Treblinka à Buchenwald. Le 29 avril 1945, il avait été libéré par les Américains qui avaient alors découvert l'indicible horreur de la solution finale. Les images d'archives de l'époque montrant les corps enchevêtrés et les survivants hagards, malades et amaigris restent insoutenables.« Responsabilité particulière »A la veille de cette commémoration, Angela Merkel a insisté sur la « responsabilité particulière » de l'Allemagne, 70 ans après la fin de l'Holocauste, qui a vu six millions de Juifs exterminés dans la plus grande tentative d'élimination d'un peuple. « Nous, les Allemands, avons une responsabilité particulière, celle d'être attentifs, d'être sensibles et bien informés sur ce que nous avons perpétré sous le nazisme », a souligné dans son message vidéo hebdomadaire Mme Merkel, née en 1954, soit neuf ans après la fin de la seconde guerre mondiale.Dans la paisible cité verdoyante de Bavière, le camp, ouvert le 22 mars 1933 — soit moins de deux mois après l'arrivée d'Hitler au pouvoir — fut installé tout d'abord dans une usine de munitions à l'abandon avant la construction d'un grand complexe de bâtiments à partir de 1937. Il comprenait 34 baraques dont l'une réservée aux expériences médicales, sur la malaria ou la tuberculose par exemple.Plus de 206 000 prisonniers venus d'une trentaine de pays y ont été détenus dont l'ancien premier ministre français, Léon Blum, qui était juif. Plus de 41 000 d'entre eux y furent tués, ou moururent d'épuisement, de faim, de froid ou de maladie.Les commémorations internationales du 70e anniversaire de l'ouverture des camps ont débuté le 27 janvier à Auschwitz, en Pologne. 02.05.2015 à 16h50 Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, a réagi samedi 2 mai aux violents incidents qui ont eu lieu en marge de l'inauguration à Milan de l'Exposition universelle la veille. Vendredi après-midi, quelques heures après l'inauguration officielle de l'événement dans le nord de la ville, plusieurs dizaines de manifestants portant capuches et masques à gaz ont fait parler la violence pendant une heure, incendiant des dizaines de magasins et de voitures.« Ils ont essayé de gâcher la fête, mais quatre casseurs fils à papa ne réussiront pas à gâcher l'Expo », a déclaré M. Renzi à la télévision publique italienne, tout en saluant le sérieux des forces de l'ordre, qui ont « évité les provocations ».Lire aussi : L’Exposition universelle de Milan, un chantier à l’italienne« Ceux qui ont cherché à alimenter un climat négatif d'inquiétude et de violence sur un rendez-vous qui respire la paix, le dialogue, la confrontation, la citoyenneté ont perdu », a également assuré le ministre de l'agriculture, Maurizio Martina. S'il a reconnu que « quelques ajustements » étaient encore nécessaires, il a insisté sur le succès de la manifestation :« L'Expo a remporté son défi initial, qui était de bien ouvrir et de faire comprendre tout de suite la puissance du récit que les visiteurs ici peuvent entendre. »Eviter « d'entacher l'Expo avec du sang »Le commissaire de l'Exposition universelle, Giuseppe Sala, a affirmé que 11 millions de billets d'entrée avaient déjà été vendus pour cet événement sur le thème de l'agriculture et de l'alimentation, qui va durer jusqu'au 31 octobre.Lire aussi : Nourrir la planète, le défi de l’Exposition universelleRevenant sur les violences de vendredi, le chef de la police italienne, Alessandro Pansa, a expliqué samedi à la radio que la consigne avait été de ne pas charger les casseurs, les autorités ayant préféré les laisser commettre des dégâts plutôt que de risquer d'« entacher l'Expo avec du sang ». Selon la police milanaise, aucun manifestant n'a été blessé vendredi, tandis que 11 membres des forces de l'ordre ont subi des contusions légères qui ont pu être traitées sur place.Le parquet de Milan a ouvert une enquête sur les violences et les destructions, et les autorités ont annoncé un fonds public de 1,5 million d'euros en faveur des sinistrés.lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2one0k"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2one0k", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); 02.05.2015 à 12h21 • Mis à jour le02.05.2015 à 12h21 Après quatre jours de lutte, les pompiers ont réussi, samedi 2 mai, a venir à bout du feu qui s'était déclaré dans la zone contaimnée située près de la centrale nucléaire accidentée de Tchernobyl, en Ukraine. Il a fait rage sur une superficie de près de 320 hectares. Les autorités n'excluent pas l'hypothèse d'un incendie d'origine criminel.Son foyer était distant de seulement une quinzaine de kilomètres du site, provoquant une vague de panique sur les réseaux sociaux. Le taux de radioactivité dépasse légèrement la norme à Tchernobyl – définitivement fermée en 2000. L'explosion, le 16 avril 1986, du réacteur numéro 4 de la centrale avait contaminé une bonne partie de l'Europe, mais surtout l'Ukraine, la Russie et la Biélorussie, alors républiques soviétiques. Les autorités de l'URSS ont longtemps minimisé son ampleur. Benoît Vitkine (Odessa, envoyé spécial) On n’avait pas vu depuis longtemps dans la paisible Odessa tel déploiement de force. Vendredi 1er mai, des dizaines de camions, véhicules blindés et hommes en armes ukrainiens paradaient sur la place Koulikovo, dans le centre de la cité portuaire, où se tient le bâtiment calciné de la Maison des syndicats.Il y a un an, le 2 mai 2014, 42 militants prorusses sont morts ici, en majorité brûlés dans l’incendie du bâtiment. Six autres avaient trouvé la mort un peu plus tôt ce jour-là dans des affrontements entre prorusses et pro-ukrainiens. Un an a passé, mais l'anniversaire du drame a réveillé les angoisses. Trois mille cinq cents hommes ont été mobilisés pour encadrer familles et soutiens que le dispositif n’aura pas effrayés, venus commémorer leurs morts.« Les prorusses n’ont pas les forces pour organiser un rassemblement massif. Mais beaucoup de gens en ville ont peur que le scénario de l’année dernière se répète, explique Alexeï Gontcharenko, jeune député de la ville. Il faut rassurer. »Odessa et son million d’habitants vivent encore dans le traumatisme du 2 mai 2014. En réalité, l’onde de choc de la tragédie a dépassé les limites de la ville, contribuant largement à tendre la situation dans l’est de l’Ukraine, où débutait le conflit armé. Les images des corps carbonisés diffusées à la télévision ont poussé des centaines de jeunes Russes à venir combattre dans le Donbass, dans l’est du pays.Lire aussi : Dans Odessa en deuil, le gouvernement ukrainien tente une reprise en mainEnquête judiciaire opaqueCe 2 mai, Elena Radzikovskaïa a perdu son fils Andreï, 26 ans. « Tombé par la fenêtre, ou peut-être poussé », selon l’avis officiel reçu par Mme Radzikovskaïa, 60 ans, professeure d’histoire à l’université. Mère et fils partageaient les mêmes idées : « Pas des idées séparatistes », dit-elle, mais une même méfiance vis-à-vis de la révolution de Maïdan et de ses promesses d’ouverture vers l’Europe. « Pour des idées comme celles-là, aujourd’hui, on peut aller en prison, assure Mme Radzikovskaïa, alors que ceux qui ont commencé ce génocide se promènent en toute liberté. » L’enquête judiciaire est opaque, la police ne communique pas. Un « groupe du 2-Mai » s’est formé pour mener ses propres investigations, composé principalement de journalistes, mais aussi d’experts en chimie ou en balistique, de toutes les opinions politiques. Leurs conclusions écartent l’hypothèse avancée par les médias russes du massacre délibéré. Elles dévoilent un tragique enchaînement, dans lequel la violence des uns a répondu à la violence des autres jusqu’à l’échange de cocktails Molotov qui a provoqué l’incendie. Les travaux du groupe sont aussi sévères pour la police, qui n’a pas su ou pas voulu empêcher les affrontements. Comme ailleurs dans le pays, les forces de sécurité, démoralisées, désorganisées ou attendant simplement de voir vers où soufflerait le vent, sont restées en retrait.« Le 2 mai, c’est notre victoire, clame Mark Gordienko, le chef de l’un des groupes “patriotiques” qui ont pris part aux affrontements. Une victoire sanglante, mais vitale. Sans elle, nous serions en guerre ici aussi, avec des milliers de morts, et pas seulement cinquante. » « Ces groupes ont joué un rôle essentiel, reconnaît Zoïa Kazandji, conseillère du gouverneur de la région. Mais aujourd’hui, alors que nous sommes encore une société post-traumatique, le niveau de haine continue à monter des deux côtés, et ils agissent en dehors de tout cadre. »« La justice contre la loi »L’« Assemblée de sécurité citoyenne » de M. Gordienko et les autres groupes d’autodéfense nés pendant Maïdan n’ont pas déposé les armes. Ils forment à Odessa comme un pouvoir parallèle, se méfiant presque autant des nouvelles autorités que des anciennes. A la légitimité des institutions, leurs membres opposent la légitimité populaire et celle acquise au combat. « La justice contre la loi », résume M. Gordienko, 46 ans, sorte de biker érudit qui dégaine aussi facilement son pistolet que le livre qu’il a écrit sur l’histoire d’Odessa.Les voies de la justice sont parfois impénétrables. Pour consolider la « victoire » du 2 mai, M. Gordienko a été jusqu’à réunir les chefs des huit groupes criminels les plus influents de la ville. « Ils m’ont dit qu’ils ne voulaient pas du “monde russe” ici, et nous avons réfléchi à comment nous pouvions travailler ensemble pour la ville. » Les chefs d’entreprise ont suivi le même chemin, assure-t-il, et décidé de financer les groupes patriotiques. Leurs actions sont multiples, du soutien à l’armée jusqu’à l’organisation de sessions d’entraînement militaire à destination des lycéens. Leurs 4 × 4 patrouillent aussi incessamment en ville, à la recherche de séparatistes ou de simples délinquants. Ce soir du 1er mai, aucun ennemi de ce calibre en vue. La patrouille se contentera de quelques bagarres, et seuls quatre organisateurs d’un bonneteau improvisé seront appréhendés, avant d’être menottés en pleine rue et amenés à des policiers perplexes.Une « cocotte-minute en ébullition »Les prorusses semblent bel et bien avoir déserté la rue, mais la situation est loin d’être apaisée. Depuis un an, un vingtaine d’explosions ont eu lieu dans la ville. Le plus souvent des bombes artisanales de faible puissance, déposées devant les locaux de groupes ou personnalités pro-ukrainiens. Le 28 avril, 18 personnes étaient arrêtées dans le cadre de l'enquête sur cette campagne terroriste. Certaines seraient liées à des organisations russes.« Odessa est comme une cocotte-minute en ébullition, assure Iouri Tkatchev, un journaliste considéré comme prorusse, lui aussi membre du “groupe du 2-Mai”. Les gens qui soutenaient les séparatistes étaient peut-être une minorité, mais ils ne se sont pas évaporés, même si beaucoup ont changé d'opinion après le déclenchement de la guerre dans l'Est. Et le pouvoir ne fait rien pour laisser s'échapper la pression. » Dans les rues de la ville, des affiches appellent à dénoncer les « séparatistes ordinaires ». Toute contestation est vue à travers le prisme du conflit, comme la manifestation organisée le 17 mars contre l'augmentation des prix des transports, bloquée par la police et les groupes nationalistes.Aux élections d'octobre, la participation en ville a été la plus basse du pays. Odessa la cosmopolite s'est toujours vue comme une ville à part en Ukraine. Si le climat se dégrade dans le pays, elle sera, à nouveau, l'une des premières à s'embraser.Que s’est-il passé le 2 mai 2014 ?L'enquête judiciaire sur le drame du 2 mai 2014, dans laquelle sont poursuivis un activiste pro-ukrainien, 20 prorusses et quatre policiers, n'est pas terminée. Le travail du « groupe du 2-Mai », largement considéré comme objectif et sérieux, permet d'éclaircir les faits survenus ce jour-là. Les heurts ont débuté avec l'attaque par les prorusses d'une manifestation pro-ukrainienne. Les deux premiers morts de la journée sont des activistes pro-ukrainiens tués par balle.Lorsque le rapport de force s'est inversé, les prorusses se sont réfugiés dans la Maison des syndicats. Là, les deux camps ont échangé des cocktails Molotov, provoquant l'incendie, ravageur du fait de la quantité de combustible stockée par les prorusses dans le bâtiment. Dans de très rares cas, des prorusses qui tentaient d'échapper aux flammes ont été battus. Les actvistes proukrainiens ont dans leur grande majorité essayé de sauver les personnes prises au piège.  Benoît Vitkine (Odessa, envoyé spécial)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) Lire aussi :Réparations de guerre : Athènes réclame 279 milliards d’euros à BerlinEst-ce un tournant dans le différend germano-grec sur la question très sensible des réparations liées aux crimes nazis pendant la seconde guerre mondiale ? Dans un entretien au quotidien Süddeutsche Zeitung du samedi 2 mai, le président de la République, Joachim Gauck, s’est pour la première fois prononcé en faveur d’une solution pour la résolution de ce litige qui empoisonne les relations entre les deux pays depuis plusieurs décennies et est revenu sur le devant de l’actualité avec l’arrivée au pouvoir d’Alexis Tsipras.« Nous sommes les descendants de ceux qui pendant la seconde guerre mondiale ont laissé un sillage de destruction derrière eux, entre autres en Grèce, ce que, à notre grande honte, nous n’avons pas su pendant longtemps », a déclaré le président Gauck. « Il est juste qu’un pays aussi conscient de son histoire que le nôtre évalue quelles possibilités de réparation il peut y avoir », a-t-il ajouté, sans s’avancer sur un montant.Ces déclarations marquent une rupture dans le débat sur les réparations vis-à-vis de la Grèce en Allemagne. Prononcées par le plus haut magistrat de la nation, dont les fonctions sont essentiellement honorifiques mais qui est très respecté en Allemagne notamment pour son travail sur le passé Est-allemand, elles donnent une légitimité forte aux revendications grecques jusqu’ici repoussées avec fermeté par Berlin. Athènes réclame la somme de 278,8 milliards d’euros de réparations, le sujet est devenu un point de discorde particulièrement brûlant entre les deux capitales.« C’est stupide »« La question des réparations est juridiquement et politiquement close », martèlent régulièrement les membres du gouvernement, dans un contexte de forte tension entre Athènes et Berlin sur la question de la dette grecque. « Une manœuvre de diversion bon marché », estime Gerda Hasselfeldt, de la CSU. « C’est stupide », a même lâché début avril le vice-chancelier, Sigmar Gabriel, pour qui on ne peut pas mêler la question des réparations et celle de la dette. Pour Berlin, la revendication des réparations a perdu sa légitimité au plus tard à la réunification, quand le traité de Moscou a réglé les affaires internationales de l’Allemagne unie.Lire aussi :Réparations de guerre : quand Athènes joue avec le feuMais plusieurs voix se sont élevées depuis mi-mars pour juger cette explication un peu courte. Des juristes du service scientifique du Bundestag interrogés par le Spiegel Online ont exprimé leurs doutes sur la solidité de l’argumentaire du gouvernement. Et plusieurs personnalités politiques ont appelé ouvertement à une réouverture du dossier. Annette Groth, députée du parti de gauche Die Linke qui soutient les revendications grecques depuis longtemps, défend ainsi le versement immédiat de 11 milliards d’euros à Athènes. « Je trouve juste la position du ministre des finances quand il propose que l’argent soit utilisé pour créer une banque d’investissement », a-t-elle déclaré.Surprise à AthènesAnton Hofreiter, chef du groupe parlementaire des Verts au Bundestag, juge pour sa part que « l’Allemagne ne peut pas se contenter de balayer d’un revers de main les revendications d’Athènes. Ce chapitre n’est conclu définitivement ni sur le plan moral ni sur le plan juridique ». Plusieurs membres du SPD estiment également nécessaire de faire un travail sur le passé. C’est l’opinion de Gesine Schwan, figure très respectée du parti et candidate deux fois à la présidence de la République, qui a déclaré mi-mars : « Psychologiquement, il est parfaitement compréhensible que la Grèce se demande aussi, dans la situation actuelle, si les Allemands se sont toujours comportés de façon loyale. »La question des réparations allemandes vis-à-vis de la Grèce comporte deux volets. Le premier porte sur un crédit forcé de 476 millions de reichsmarks que le régime d’Hitler a contracté auprès de la banque nationale grecque en 1942 et qui n’a jamais été remboursé. Selon les estimations, cette somme correspondrait aujourd’hui à 11 milliards d’euros. Le second volet concerne les réparations pour crimes de guerre. Le massacre de Distomo, équivalent d’Oradour-sur-Glane dans la mémoire grecque. Dans cette petite ville près de Delphes, 218 enfants, femmes et vieillards ont été tués en juin 1944.En Grèce, la déclaration du président allemand a fait la « une » de tous les sites d’information vendredi soir. La surprise est de taille. Personne ne s’attendait à un tel soutien à un tel niveau de l’Etat. Le parti au pouvoir Syriza y voit une nouvelle confirmation de la légitimité de la demande de réparations. Lors de sa visite du village grec martyr de Liguiades en mars 2014, Joachim Gauck avait très officiellement demandé « pardon » aux familles des victimes pour le massacre le 3 octobre 1943 par les nazis de 92 habitants du village dont 34 enfants. Mais il avait refusé d’aborder la question des réparations de guerre, affirmant à l’époque qu’il « ne pouvait pas prendre une autre position que la position légale de l’Allemagne sur la question ».Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Boutelet (Berlin, correspondance)Journaliste au Monde 01.05.2015 à 18h34 • Mis à jour le01.05.2015 à 19h28 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Le premier ministre conservateur, David Cameron, a refusé tout face-à-face télévisé avec son adversaire travailliste Ed Miliband avant les élections législatives de jeudi 7 mai, mais la violence de sa confrontation avec un échantillon d’électeurs, jeudi 30 avril à la BBC, lui a peut-être fait regretter son choix. « Vous avez l’habitude de mentir : comment pourrais-je vous croire ? », lui a lancé une femme, furieuse du refus de M. Cameron d’indiquer où il trouverait les 12 milliards de livres (16,3 milliards d’euros) d’économies sur les dépenses sociales qu’il promet de réaliser pour réduire le déficit de l’Etat. Après une tirade du premier ministre vantant la reprise économique, la forte diminution du chômage et invitant les électeurs à lui laisser « terminer le travail », une autre électrice l’a interpellé : « Si votre bilan est si fantastique, pourquoi y a-t-il de plus en plus de banques alimentaires dans ce pays ? » Suant mais déployant une intense énergie, M. Cameron a répété que les élections de jeudi offraient un choix entre « remettre encore plus de gens au travail, construire une économie forte » et « revenir en arrière, au moment où les caisses étaient vides ». De sa poche, le premier ministre a alors brandi une note trouvée à son arrivée au pouvoir en 2010 et rédigée par un ministre travailliste indiquant : « Il ne reste plus d’argent. » Un sondage publié par The Guardian à la fin de l’émission donne M. Cameron vainqueur : 44 % des personnes interrogées estiment qu’il a été le meilleur, contre 38 % pour Ed Miliband.Défiance du publicLe « format » de l’émission alignait trois séances successives de « punching-ball » d’une demi-heure entre le public et les chefs des trois principaux partis politiques. L’ambiance n’était guère plus amène pour le vice-premier ministre, Nick Clegg (Libéral démocrate), à qui a été rappelée la « trahison » de sa promesse de défendre la gratuité des universités, comme prix de sa participation au gouvernement en 2010. Quand au travailliste Ed Miliband, il a été mitraillé sur le bilan du Labour entre 1997 et 2010 et accusé de vouloir tuer les entreprises en augmentant les impôts et en réglementant les contrats de travail à zéro heure. « Non, nous n’avons pas trop dépensé. Des écoles et des hôpitaux ont été reconstruits », a-t-il proclamé, s’attirant des réactions désapprobatrices. Alors que l’émission étalait au grand jour la défiance du public à l’égard des politiques, M. Miliband s’est présenté comme « le premier responsable politique qui promet moins et tient plus, au lieu de l’inverse ». M. Miliband s’est présenté comme « le premier responsable politique qui promet moins et tient plus, au lieu de l’inverse ». « Vous n’êtes pas honnête », a cependant estimé une dame dans l’assistance, reprochant à M. Miliband de refuser l’hypothèse, la plus probable, selon laquelle il aura besoin des députés nationalistes écossais du SNP (Scottish National Party) pour constituer une majorité. C’est pourtant sur ce point que l’émission de la BBC a été la plus éclairante. Le leader travailliste, qui avait déjà exclu tout accord formel avec le SNP (indépendantiste), a été plus loin : « Je ne ferai pas de gouvernement Labour si cela signifie un accord ou une coalition avec le SNP. Je ne sacrifierai pas l’avenir de notre pays, l’unité de notre pays. » Alors que tous les sondages indiquent que les voix du SNP lui seront nécessaires, M. Miliband cherche ainsi à rassurer les électeurs anglais et à ne pas désespérer les travaillistes écossais menacés par la vague nationaliste, à une semaine du vote. S’il arrive devant M. Cameron, M. Miliband s’abstiendra sans doute d’un accord formel avec le SNP, mais il demandera un vote de confiance destiné à obliger le SNP à le soutenir.Référendum sur l’EuropeLe débat a aussi abordé pour la première fois la question de l’Europe. M. Cameron, qui promet un référendum sur le « Brexit » (« British exit » ou sortie de l’UE) d’ici à 2017, a fait de ce référendum une « ligne rouge » pour toute coalition avec les Libdems (pro-européens). « Le peuple britannique, a-t-il dit, mérite vraiment un référendum sur la question de savoir si nous restons dans une UE réformée ou si nous la quittons. » Ed Miliband, qui exclut, lui, d’organiser un référendum, a affirmé qu’une telle consultation, qui agiterait le pays pendant des mois, serait « un désastre » pour l’emploi et l’économie.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.05.2015 à 11h20 • Mis à jour le01.05.2015 à 17h09 lmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2ooyxp"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2ooyxp", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });});Comme c'est le cas depuis les grandes manifestations de 2013, le gouvernement turc a interdit tout rassemblement sur la place Taksim, dans le centre d'Istanbul, pour le 1er Mai.Officiellement, elle n'est « pas adaptée aux célébrations du 1er mai », selon le gouverneur. Mais le gouvernement cherche surtout à empêcher tout regroupement dans ce lieu symbolique, où la contestation du régime du président, Recep Tayyip Erdogan, a pris de l'ampleur il y a deux ans.« C'est inacceptable ! »Plusieurs centaines de personnes, en présence des deux principaux syndicats du pays, ont tout de même manifesté, vendredi, pour dénoncer cette interdiction, avant d'être dispersées par les canons à eau et le gaz lacrymogène des forces de l'ordre.« Le président de la République, cet homme qui s'arroge tous les droits, ne peut pas nous dire où nous devons fêter le 1er Mai, c'est inacceptable ! », a lancé Umar Karatepe, un dirigeant de la Confédération des syndicats des travailleurs révolutionnaires (DISK).En 2014, des incidents avaient eu lieu lors des défilés de la Fête du travail, se soldant par 90 blessés et 142 interpellations, selon le bilan officiel. Depuis, le Parlement turc a voté une loi de « sécurité intérieure » qui a renforcé les pouvoirs de la police contre les manifestants. 30.04.2015 à 21h26 • Mis à jour le30.04.2015 à 21h30 Invoquant des « tensions » au sein du parti, Juan Carlos Monedero, l'un des fondateurs et numéro 3 de Podemos, a annoncé jeudi 30 avril sa démission de la direction de la formation antilibérale espagnole, alliée de la Syriza, au pouvoir en Grèce. « J'ai présenté à mon ami Pablo ma démission de la direction » écrit-il sur son compte Twitter, faisant référence au chef de file de Podemos, Pablo Iglesias. « Mon amitié pour quelqu'un de si grand et mon engagement pour Podemos restent fermes », ajoute-t-il, soulignant que Podemos « est le parti le plus honnête » en Espagne.Pablo Iglesias a confirmé des divergences :« Depuis quelques mois, nous évoquons ensemble le fait que notre organisation est d'une certaine manière peut-être trop étroite pour lui. »Une ascension fulguranteAvant d'annoncer sa démission, Juan Carlos Monedero, 52 ans, ancien conseiller politique du président vénézuélien Hugo Chavez de 2004 jusqu'à sa mort, en 2013, a évoqué sa déception et reconnu des tensions internes, « et pas seulement à la direction ».Podemos a connu une ascension fulgurante depuis son lancement, au début de 2014, et est parvenu a remporter cinq sièges au Parlement européen en mai de l'année dernière. En janvier 2015, la formation est même passée en tête des intentions de vote pour les législatives de la fin de l'année, devant le Parti populaire (droite), au pouvoir, et devant le Parti socialiste, selon un sondage de l'institut MyWord. Elle a depuis perdu du terrain, mais reste à la troisième place.Voir notre grand format : En Espagne, Podemos à la croisée des cheminsConcurrence du parti CiudadanosLe parti fondé par des professeurs de sciences politiques très à gauche a modéré depuis ses propositions économiques et tente de se rapprocher du centre. Podemos est désormais talonné, voire dépassé par le parti centriste Ciudadanos, l'autre nouvelle formation qui a le vent en poupe en Espagne.Lire notre analyse (édition abonnés) : Ciudadanos, le nouveau parti qui attire l’électorat conservateur espagnolPilier de l'aile gauche du parti et l'un des plus expérimentés, Juan Carlos Monedero estime que « Podemos doit cesser de se regarder dans des miroirs qui ne sont pas les siens » :« Depuis qu'est né Podemos, il a deux âmes : l'âme d'où il vient, celle du 15 M [le mouvement des indignés lancé le 15 mai 2011 contre l'austérité] et la propre conversion en parti politique qui se situe dans une orbite institutionnelle avec une série de règles [...] Il y a toujours des gens plus modérés et des personnes qui veulent s'en tenir aux origines [de la création d'un parti]. »En février, M. Monedero avait nié tout financement illégal de Podemos et s'était expliqué sur ses revenus et notamment sur des versements d'un montant de 425 000 euros par le Venezuela, l'Equateur, la Bolivie et le Nicaragua en 2013. Il a affirmé que ces sommes avaient été versées à sa propre société.Lire aussi (édition abonnés) : Un dirigeant de Podemos accusé d’évasion fiscale Damien Leloup Quel que soit le vainqueur du scrutin particulièrement serré auquel participent les électeurs du Royaume-Uni ce jeudi 7 mai, une chose est sûre : aucune réforme en profondeur des outils de surveillance du Web utilisés par les services secrets de sa Majesté n’est à l’ordre du jour.Deux ans après le début des révélations d’Edward Snowden, dont les documents ont notamment montré que le GCHQ (Government Communications Headquarters, le service de renseignement électronique du gouvernement britannique) était le plus actif partenaire de la NSA américaine dans son vaste système de surveillance du Web, les deux principaux partis du Royaume-Uni sont globalement d’accord sur la nécessité de continuer à collecter massivement les métadonnées des internautes du monde entier.Le GCHQ est également accusé d’avoir participé à des opérations d’espionnage électronique majeures contre des alliés du Royaume-Uni, dont la France. L’entreprise franco-néerlandaise Gemalto a ainsi été la cible d’un important vol de clés de chiffrement, mené par les services américains et britanniques, comme l’ont montré les documents Snowden.Les deux principaux partis favorables au maintien des pouvoirs de surveillanceLes conservateurs de David Cameron, le premier ministre sortant, prévoient sans surprise de poursuivre la politique menée ces dernières années et de conforter les pouvoirs du GCHQ. « Nous continuerons à mettre à jour les capacités de la police et des services de sécurité à accéder aux données de communication – “qui, où, quand, comment” –, mais pas à leur contenu », prévoit le programme des conservateurs, qui mentionne cependant un « renforcement du contrôle de l’utilisation des pouvoirs » des services de sécurité.La position des travaillistes est assez proche. Début 2014, pourtant, leur chef de file Ed Miliband appelait de ses vœux une « réforme totale » des pratiques des services de renseignement. Mais le programme du principal parti de gauche se borne à mentionner qu’il faut « renforcer à la fois les pouvoirs (de surveillance du Web des agences et de la police) et les mécanismes de contrôle du respect de la vie privée ». La gauche britannique compte notamment s’appuyer sur les conclusions d’une enquête indépendante en cours sur les pratiques des services de renseignement, menée par David Anderson. Ses conclusions devraient être publiées peu après les élections.La voix dissonante des Lib-DemsLes libéraux-démocrates (centristes), alliés des conservateurs, constituent le seul parti qui envisage une « réforme globale » des services de surveillance. Le parti dit vouloir « saisir toutes les occasions de contrôler les abus de pouvoir de l’Etat, et s’assurer qu’à une époque où la surveillance est plus facile que jamais, le droit à la liberté d’expression et à la vie privée soit préservé ». Alors que David Cameron avait affirmé début 2015 vouloir obtenir accès aux clés de déchiffrement de toutes les communications échangées au Royaume-Uni – une idée techniquement et politiquement irréaliste – ses alliés souhaitent que « toute demande d’accès au contenu de conversations privées chiffrées soit ciblée et proportionnée ».Enfin, les deux autres partis dont le score sera scruté avec attention ce jeudi soir, les indépendantistes écossais du SNP et les populistes eurosceptiques du UKIP, n’ont pas pris de position officielle sur les questions de surveillance du Web. Le SNP se borne à mentionner un renforcement de la lutte contre la cybercriminalité, et le UKIP un renforcement des « capacités des agences de renseignement ».Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) A quoi joue Athènes ? Mardi 5 mai, dans une note offensive, le bureau du premier ministre grec, Alexis Tsipras, impute le blocage actuel des discussions aux « graves désaccords entre le Fonds monétaire international (FMI) et l’Union européenne (UE) » qui font peser « de grands risques sur les négociations ». Très remonté, le gouvernement assure que « dans ce contexte, il ne peut pas y avoir de compromis. La responsabilité en incombe uniquement aux institutions et à leur coordination déficiente. » Lire aussi :La Grèce joue sur les divisions de ses créanciersLe lendemain, mercredi, changement de ton radical. Alexis Tsipras calme le jeu en multipliant les échanges téléphoniques. Avec le président français, François Hollande, mais aussi avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Junker.A l’issue de ce dernier entretien est ressortie « la volonté commune d’une solution mutuellement bénéfique », selon un communiqué commun. L’accent est mis justement sur la réglementation du marché du travail et du système de retraite, ces deux sujets si chers au FMI et pierre d’achoppement depuis des semaines…« Réalisme de négociation »Athènes persiste ainsi à souffler alternativement le chaud et le froid dans les négociations. Cette tactique du gouvernement grec étonne, et épuise, à Bruxelles mais pas vraiment à Athènes. Alexis Tsipras doit rassurer, en Grèce, ceux qui redoutent – notamment dans ses propres rangs – que cette dernière ligne droite des négociations n’aboutisse à des concessions trop éloignées du programme sur lequel son parti de la gauche radicale Syriza a conquis le pouvoir. En pointant du doigt les divisions de ses créanciers, le gouvernement s’adresse donc avant tout à son opinion publique et espère peut-être au passage obtenir quelques concessions.Lire aussi :La Grèce ne doit pas sortir de la zone euroSur le fond, les négociations continuent sur la même ligne. Côté grec, le changement au sein de l’équipe en charge des discussions, opéré au lendemain du turbulent Eurogroupe du 24 avril dernier, n’a rien révolutionné. Pour le politologue Elias Nikolakopoulos, la nomination d’Euclide Tsakalotos à la fonction de coordinateur de cette équipe « a été un pas vers un réalisme de négociation car elle a répondu au rejet par les Européens du ministre des finances Yanis Varoufakis, mais pour autant le projet grec reste le même ».L’ensemble du programme économique du gouvernement a été élaboré ces deux dernières années sous l’égide de l’économiste et actuel vice-président du gouvernement Yannis Dragasakis. Un membre historique du parti communiste grec, passé en 1991 dans les rangs du Synaspismos, devenu depuis Syriza. Yannis Dragasakis est à la fois proche d’Alexis Tsipras tout en ayant la confiance des éléments plus radicaux du parti.Discret, voire taiseux, Euclide Tsakalotos, professeur d’économie diplômé d’Oxford est à l’opposé du style flamboyant de VaroufakisC’est lui qui, à l’abri des caméras, pilote la stratégie de négociation avec les créanciers du pays. « En première ligne, pour incarner la Grèce et prendre les coups, le premier ministre a placé dans un premier temps Yanis Varoufakis, qui, avec son aura d’économiste-star et cosmopolite, a réussi à replacer le problème grec au centre de l’attention mondiale, explique Elias Nikolakopoulos. Désormais c’est au tour de Tsakalotos de reprendre le flambeau. »Discret, voire taiseux, ce professeur d’économie diplômé d’Oxford est à l’opposé du style flamboyant de Varoufakis et cadre a priori plus souplement avec l’atmosphère feutrée de Bruxelles. C’est en fait, lui aussi, un marxiste revendiqué. Et même un cadre du comité directeur de Syriza, là où Varoufakis a toujours précieusement cultivé son indépendance en ne s’attachant au parti que lors des dernières élections.Il défend les mêmes positions, rappelle, lorsqu’il est interrogé par la presse, qu’un gouvernement de gauche est tenu de réguler le marché du travail, qu’il est hors de question de baisser les retraites ou d’augmenter la TVA et n’hésiterait pas à s’en remettre au peuple – c’est-à-dire à recourir au référendum – en cas d’échec des négociations.Au final, qu’elles soient portées par Varoufakis ou Tsakalotos, ce sont toujours les mêmes idées de Dragasakis qui cheminent à Bruxelles. Ce trio a toute la confiance d’Alexis Tsipras.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.05.2015 à 00h31 • Mis à jour le07.05.2015 à 06h43 Le député néerlandais d’extrême droite Geert Wilders souhaite exposer au Parlement des Pays-Bas les dessins représentant le prophète Mahomet montrés dimanche au Texas lors du concours de caricatures qui a été la cible d’une attaque revendiquée par l’Etat islamique (EI).Geert Wilders avait lui-même prononcé un discours à l’occasion de ce concours, organisé par une association islamophobe, et il avait quitté les lieux peu de temps avant l’attaque.Lire : Comment s'est déroulée la fusillade de dimanche au Texas« Je vais demander au Parlement d’exposer les mêmes caricatures que celles exposées à Garland », a déclaré Geert Wilders dans un entretien à l’Agence France-Presse, mentionnant le quartier de la grande banlieue de Dallas où a eu lieu la fusillade. « Je veux dire que si on utilise la violence pour supprimer la liberté d’expression, le seul effet que cela va avoir est que nous l’utiliserons encore plus », a-t-il poursuivi. « Nous devons montrer que nous ne serons pas intimidés », a-t-il ajouté.« Incitation à la haine »L’attaque a été perpétrée dimanche soir par deux hommes lourdement armés, dont l’un était connu du FBI. Ils ont blessé un agent de sécurité avant d’être abattus par un policier. L’EI a revendiqué l’attaque, sa première sur le sol américain, mais la Maison Blanche s’est montrée prudente mardi sur un éventuel lien entre les assaillants du Texas et l’EI.Geert Wilders, dont le parti dispose de 12 sièges sur 150 au Parlement des Pays-Bas veut faire interdire le Coran, qu’il compare à Mein Kampf, le manifeste politique d’Adolf Hitler, et souhaite mettre un terme à l’immigration en provenance des pays musulmans. Le député est actuellement poursuivi pour incitation à la haine pour avoir, lors d’un meeting électoral en 2014, promis à ses partisans qu’il y aurait « moins de Marocains » aux Pays-Bas.Lire (en abonnés) :Pamela Geller, organisatrice décriée du concours de caricatures de Mahometlmd.onload(function(){ require(["jquery", "lmd/module/video/autoplay", "lib/jquery/plugin/jquery.waypoint"], function($, a) { var i = $(".js_dailymotion#x2p12wy"); i.waypoint( function() { a.init({ type: "dailymotion", id: "x2p12wy", width: "534", height: "320" }); }, { offset : "100%", triggerOnce : true } ); });}); Mathilde Damgé En 1946, dans son discours de Zurich, Winston Churchill employait l’expression des « Etats-Unis d’Europe ». Depuis, les relations du Royaume-Uni avec l’Union européenne restent tendues. Jusqu’à la promesse récente de David Cameron d’organiser un référendum sur la question de l’appartenance à l’Union européenne (UE).Retour sur trente ans de relations compliquées entre l’île et le continent.Quand les travaillistes voulaient sortir de l’Europe Le Royaume-Uni intègre la Communauté économique européenne (CEE), ancêtre de l’UE, en 1973, après un référendum approuvé par 67 % des Britanniques.Alors que les conservateurs soutiennent l’entrée dans l’UE, les travaillistes du Labour, alors dans l’opposition, et tout particulièrement la frange la plus à gauche, réprouvent cette décision. Dans le manifeste de 1983, Michael Foot, dirigeant du parti à l’époque, défend une sortie de la CEE. « Même si la géographie et l’histoire ont inscrit l’Angleterre en Europe, la CEE n’a pas été conçue pour nous et notre intégration, en tant que membre [de la CEE] a rendu plus difficile la lutte contre les problèmes économiques et industriels », affirme le Labour qui critique tout particulièrement la politique commerciale commune à laquelle doit se plier le Royaume-Uni.« En nous empêchant d’acheter la nourriture aux meilleures sources disponibles dans le monde, [les contraintes européennes] vont à l’encontre de nos plans pour contrôler les prix et l’inflation. »« Quand nous arriverons au pouvoir, nous ouvrirons des négociations préliminaires avec les autres Etats membres pour établir un calendrier de retrait [de la CEE] », déclarent les travaillistes d’alors. Une position qui provoquera la scission du parti et la naissance du mouvement social-démocrate, parti centriste et proeuropéen, prédécesseur des libéraux-démocrates actuels.« I want my money back »Si les travaillistes ne sont pas europhiles, les conservateurs ne portent pas non plus l’Europe dans leur cœur. Margaret Thatcher, arrivée au pouvoir en 1979, veut corriger ce qu’elle perçoit comme une injustice : la contribution britannique au budget européen, qui est supérieure à ce qu’elle reçoit. Les subventions agricoles européennes, notamment, bénéficient nettement plus à la France qu’au Royaume-Uni.Cette position britannique est incarnée par la célèbre phrase « I want my money back » (« Je veux récupérer mon argent ») de la Dame de fer. En 1984, elle obtient gain de cause : c’est le fameux rabais britannique (rebate), qui équivaut aux deux tiers de l’excédent versé à l’Union par rapport à ce que le Royaume-Uni perçoit.Lire l’article d’archives : Margaret Thatcher : « I want my money back »Dans son discours de Bruges en 1988, Margaret Thatcher réaffirme son opposition à une Europe fédérale et à l’idée que la Communauté européenne dispose de ressources propres. La dirigeante britannique refuse tout particulièrement la création d’une monnaie unique dans un discours devant la chambre des Lords en 1990.Les relations de Margaret Thatcher avec Jacques Delors, président de la Commission européenne à ce moment-là, sont exécrables. Elles sont relayées par les médias britanniques comme le Sun qui appelle ses lecteurs à faire part au Français de leur opinion sur le projet de monnaie commune : « Dites-lui où il peut mettre son ECU » (European currency unit). Des suites d’exemptionsEn 1992, la Grande-Bretagne parvient à obtenir une clause d’exemption (opt-out) concernant la « charte sociale » et le passage à l’euro dans le cadre du traité de Maastricht.Un conservateur, Lord Rees-Mogg, engage toute de même un recours contre le traité devant la Haute Cour de justice de Grande-Bretagne, le jugeant contraire à la constitution. Son recours sera rejeté et le premier ministre conservateur John Major le signe la même année.En 1993, les conservateurs tenteront à nouveau d’imposer un référendum sur le traité de Maastricht. Ce dernier est finalement approuvé par le parlement britannique, mais il a fallu pour cela que le premier ministre pose un ultimatum à son gouvernement et menace de démissionner en cas de vote négatif.Par la suite, les relations ne sont toujours pas idylliques avec l’UE : en 1994, John Major met son veto à la candidature du Belge Jean-Luc Dehaene à la tête de la Commission européenne, jugé trop « fédéraliste » par les Britanniques. Scénario qui se reproduira avec Tony Blair (qui refuse Guy Verhofstadt) et David Cameron (qui désapprouve le choix de Jean-Claude Juncker). En 1996, l’homme d’affaires Sir James Goldsmith lance le Referendum Party qui réunira 3 % des voix aux élections législatives de 1997. La même année, le parti travailliste affirme dans son manifeste de campagne qu’un référendum est une « précondition » à une adoption de la monnaie unique. En 1999, l’euro est lancé, le Royaume-Uni (et le Danemark) s’exclut de la zone euro.La marche arrière de Tony BlairEn complet déclin dans les années 1980, le Royaume-Uni devient dans les années 2000 l’un des pays les plus prospères du continent. A la proposition européenne de revoir le rabais octroyé aux Britanniques, Tony Blair, premier ministre travailliste répond que cette négociation est liée à une remise à plat de la Politique agricole commune (PAC).De son côté, le président français Jacques Chirac ferme la porte à toute renégociation de cet « accord unanime » conclu en octobre 2002, sanctuarisant les aides agricoles jusqu’en 2013.En avril 2004, Tony Blair annonce sa décision de soumettre à référendum la future constitution de l’Union élargie. Pour les observateurs de l’époque, le premier ministre britannique aurait cédé aux exigences des antieuropéens les plus tenaces, dont le magnat de la presse australo-américain Rupert Murdoch, propriétaire du Sun et du Times.Cette décision met Tony Blair dans une position d’autant plus inconfortable vis-à-vis de son propre camp qu’il avait demandé, quelques semaines plus tôt, aux travaillistes de voter contre le principe d’un référendum. Tony Blair ne jugeait pas utile de soumettre au peuple ce texte qui, selon lui, ne modifierait rien d’essentiel dans les rapports de souveraineté entre Londres et l’UE.En changeant son fusil d’épaule, Tony Blair veut ainsi priver l’opposition d’un argument de poids pendant les campagnes pour les élections européennes de juin et les législatives de 2005.« Que le peuple ait le dernier mot ! »Finalement, ce référendum n’aura jamais lieu et le ministre des finances Gordon Brown mettra entre parenthèses l’adoption de l’euro.Lire le chat avec le correspondant du "Monde" en 2004 : L'Europe de Tony BlairEn 2006, un nouveau parti antieuropéen est créé : Better Off Out Group. En 2008, le centriste Nick Clegg demande un référendum sur l’appartenance à l’UE. La même année, face à la grogne montant dans plusieurs pays européens, Bruxelles met sur la table le traité de Lisbonne. Traité que signera le premier ministre Gordon Brown, sans passer par un référendum. Le conservateur Bill Cash et l’homme d’affaires Stuart Wheeler engagent un recours contre la signature du traité qu’ils estiment illégale ; leur recours sera rejeté.Cameron face à la montée du UKIPAux élections européennes de 2009, le UK Independance Party (UKIP), qui demande un référendum sur l’appartenance à l’UE, arrive deuxième avec 16 % des voix. Le parti populiste a ensuite amélioré son score de près de 10 points lors des élections de 2014.Lire : Les succès du UKIP, un coup de tonnerre dans la vie politique britanniquePendant ce temps, David Cameron, étoile montante du parti conservateur, doit choisir son camp : de prime abord, il reconnaît qu’il ne pourra tenir un référendum sur le traité de Lisbonne, signé par tous les autres pays européens, mais il s’engage à limiter les transferts de pouvoir.Ainsi, en 2011, soucieux de protéger le secteur financier britannique, David Cameron dit « non » au nouveau traité européen visant à renforcer les règles budgétaires s’appliquant aux Etats membres.Mais, alors que de nouvelles élections s’approchent, David Cameron change de discours et affirme que, si les Conservateurs l’emportent au Parlement, il renégociera les relations entre le Royaume-Uni et l’Union. Il donne aussi une date pour un référendum sur le maintien dans l’UE : 2017.Lire en édition abonnés : David Cameron fait un geste en faveur des antieuropéensMathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.05.2015 à 16h52 • Mis à jour le06.05.2015 à 17h54 | Enora Ollivier Deux jours avant les élections législatives britanniques du 7 mai qui devraient bouleverser le paysage politique en Grande-Bretagne, le tonitruant convoi qui circule dans les rues de Motherwell et Wishaw, dans le sud-ouest de l’Ecosse, est impossible à manquer. Cinq voitures, tous drapeaux au vent, suivent un minivan surmonté d’un haut-parleur qui crache inlassablement le même message : « Votez SNP pour chasser les conservateurs de Downing Street, votez SNP pour faire cesser les coupes budgétaires, votez SNP pour une Ecosse plus forte au Parlement de Westminster ! »Les nationalistes du Scottish National Party (SNP) ne relâchent pas leurs efforts dans cette circonscription où ils sont en passe de l’emporter sur le seigneur des lieux, le Parti travailliste. Le Labour contrôle la zone depuis 1945 : lors des précédentes législatives, il avait emporté l’élection sans souffrir de concurrence, avec 61,1 % des voix.C’était il y a cinq ans, autant dire une éternité. Aujourd’hui, le candidat travailliste Frank Roy, élu sans discontinuer depuis 1997, est crédité de 39 % dans les études d’opinion, loin derrière les 50 % de la nationaliste Marion Fellows, celle-là même qui avait difficilement atteint 18 % en 2010. Le Labour occupe pour l’instant 40 des 59 sièges de députés dévolus à l’Ecosse. Jeudi, il pourrait tous les perdre, au profit du SNP : un sondage voit les nationalistes emporter chacune des élections, mais d’autres lui prédisent plus raisonnablement une quarantaine de députés – un score déjà important pour un parti qui ne compte aujourd’hui que six élus à Westminster.Lire aussi :L’Ecosse, talon d’Achille et espoir du LabourLe Labour « victime de son succès passé »« Je ne regarde pas les sondages. La dernière fois, ils nous ont joué un mauvais tour », clame Mme Fellows, faisant référence aux études qui avaient surestimé le vote en faveur de l’indépendance de l’Ecosse, en septembre dernier. Alors que le score était annoncé comme serré, le « non » était finalement arrivé largement en tête, avec 55,3 % des voix. Le North Lanarkshire, à l’est de Glasgow et dont Motherwell est la capitale, fait pourtant partie des quatre régions écossaises où le « oui » l’a emporté, et a galvanisé la population.Le SNP, qui comptait 120 adhérents dans la circonscription en septembre 2014, a vu ce chiffre multiplié par dix en huit mois. Malgré la défaite du « oui » à l’indépendance, le parti jouit d’une impressionnante popularité dans toute la nation : 100 000 personnes en sont aujourd’hui membres, soit un Ecossais sur cinquante. Un essor incarné par la charismatique Nicola Sturgeon, à la tête du parti depuis novembre 2014 seulement, et qui laisse derrière lui une victime : ce parti travailliste qui n’a rien vu venir. Lire aussi :Nicola Sturgeon, « dame de fer » d’Ecosse« Le recul du Labour et la montée du SNP ne sont que la manifestation écossaise de la crise que traversent tous les partis de social-démocratie en Europe », commente Gerry Hassan. Ce politologue, chercheur à l’Université de l’Ecosse de l’Ouest et auteur en 2012 de The Strange death of Labour Scotland (« L’étrange mort du Labour en Ecosse »), juge que le parti « est victime de son succès passé ». « Les travaillistes ont changé, en mieux, la société écossaise. Ils ont permis aux classes ouvrières d’accéder à la propriété, à l’éducation, aux services de santé ». Mais « en devenant incontournable, depuis les années 1960, la formation est aussi devenue une institution bureaucratique, une figure de l’establishment ».Pour M. Hassan, le référendum sur l’indépendance a fait figure de point de basculement. « En établissant une alliance avec les conservateurs pour le maintien de l’Ecosse au sein du Royaume-Uni, les travaillistes ont perdu une partie de leurs soutiens. » Aujourd’hui, « on ne sait plus très bien qui ils représentent ». En tout cas, pas les plus démunis, assure Mme Fellows, qui reproche à ses adversaires le tournant de 1997, quand Tony Blair est arrivé au pouvoir et « a droitisé la politique du Labour pour séduire un électorat plus large ».Un second référendum ?Une déambulation dans la circonscription de Motherwell et Wishaw témoigne de l’espoir suscité par le SNP qui promet de « porter la voix de l’Ecosse au Parlement de Westminster », mais aussi de veiller à une meilleure protection de l’enfance, d’assurer la pérennité de la protection sociale, de revaloriser les pensions de retraite, de mettre fin au coûteux dispositif nucléaire britannique ou encore d’assurer l’accès à l’université pour tous sans frais de scolarité... Un programme classé à gauche, en somme, et dans lequel les revendications indépendantistes n’apparaissent finalement pas prioritaires.Dans les rues, la caravane de voitures SNP reçoit des coups de klaxon de soutien, longe des maisons qui placardent des affiches jaunes, la couleur du parti, à leurs fenêtres. Au cours du porte-à-porte effectué mardi 5 mai, une habitante de Motherwell clamera toutefois qu’elle votera sans hésiter « Labour », accusant les nationalistes d’être « antidémocratiques » et de planifier un deuxième référendum sur l’indépendance dans les mois qui viennent, sans respecter le résultat du premier.Mais dépassés par la soudaine vague de sympathie suscitée par les indépendantistes, et incapables de mener une campagne compensant leur perte de terrain, les travaillistes semblent subir sans pouvoir renverser les tendances. Au point où des tensions internes ont éclaté. A Motherwell, l’équipe du candidat travailliste Frank Roy a évité de parler au Monde, promettant d’abord de répondre à nos sollicitations avant de filtrer consciencieusement nos appels et courriels.La semaine dernière, raconte le Herald of Scotland, les conseillers travaillistes de la région du North Lanarkshire ont refusé d’apporter le soutien financier qui aurait pu aider leurs quatre députés, dont la défaite est trop prévisible, dans la dernière ligne droite de la campagne.Lundi, le chef de la branche écossaise du parti travailliste, Jim Murphy, lui-même menacé de perdre le siège qu’il occupe depuis dix-huit ans dans l’East Renfrewshire, a annulé un meeting après avoir été pris à partie par des indépendantistes à Glasgow. Dans son dernier numéro, le bimensuel satirique Private Eye a résumé la situation en une illustration : on y voit M. Murphy demander à Ed Miliband, le leader du Labour, vêtu comme lui d’un gilet pare-balles, s’il est « prêt à a rencontrer les électeurs » écossais.M. Miliband, au coude-à-coude dans les sondages avec le parti conservateur, devra pourtant obligatoirement composer avec le SNP pour espérer former un gouvernement. Si les nationalistes ont exclu un accord formel de coalition et une entrée dans un gouvernement Miliband, ils pourraient soutenir au cas par cas le travailliste, pour contrer les conservateurs.Lire aussi :L’Ecosse, arbitre des élections britanniquesEnora OllivierJournaliste au Monde 06.05.2015 à 12h30 | Isabelle Rey-Lefebvre La Fédération européenne du logement social a publié, mardi 5 mai, son rapport annuel dans lequel elle détaille comment les 28 états membres ont, entre 2007 et 2013, traversé la crise.Forte baisse de la constructionCette crise s’est d’abord matérialisée par l’éclatement de la bulle immobilière dans les pays dits vulnérables (Grèce, Chypre, Slovénie), où les prix ont baissé. C’est aussi le cas en Irlande - mais ils sont déjà repartis à la hausse - et au Royaume-Uni.Mais la première conséquence de la crise est l’effondrement de la construction. L’un des exemples les plus frappants est l’Espagne, où elle a chuté dramatiquement, passant de 727 900 logements neufs en 2006, à 77 800 en 2011.Les banques qui finançaient les promoteurs ont récupéré en catastrophe près de 700 000 logements « mais refusé de les vendre aux bailleurs sociaux qui proposaient de les acheter », déplore Laurent Ghekiere, représentant, pour la France, de l’Union sociale de l’habitat auprès de cette fédération et président de son observatoire européen, créé en 2004.D’autres pays, comme la Belgique, la République Tchèque, la France, la Pologne, la Suède, mais aussi le Danemark, la Hongrie, l’Irlande et le Portugal ont également souffert d’une forte contraction de la construction.Pour autant, en France la construction de logements sociaux a relativement bien tenu durant la crise et joué son rôle contre cyclique, grâce aux prêts consentis par la Caisse des Dépôts dont les initiatives ne dépendent pas de la santé des banques.« Le problème de la France est qu’elle ne construit globalement pas assez, compte tenu de sa démographie dynamique, en particulier dans les grandes villes en développement », relève Laurent Ghekiere.Forte hausse de l’endettement des ménagesUn autre indicateur, d’ailleurs surveillé attentivement par la Commission européenne, est l’endettement des ménages, hérité des folles années de hausse des prix des logements et dopé par une politique accommodante, de la part des banques et des gouvernements, en faveur de l’accession à la propriété.Cet endettement est, en moyenne, passé de 43 % du PIB en 2004, à 52 % en 2014. Comparé au revenu disponible des ménages, son bond est plus spectaculaire encore, de 66,4 %, en 2004, à 81,8 %, en 2012.Les Hollandais sont les plus endettés (108,4 % du PIB) alors que c’est leur pays qui compte le plus de logements sociaux (33 %). « Cela vient de la politique du gouvernement qui a permis la déduction totale des intérêts d’emprunts pour acheter. La Commission européenne a donc demandé aux Pays-Bas de plafonner ou réduire cet avantage », souligne M. Ghekiere.Les Danois sont guère moins endettés (100,8 % du PIB), comme les Anglais (81 %), les Suédois (80,7 %), devant les Irlandais (77,5 %). Les Français figurent au milieu du tableau (43 %).Poids croissant du logement dans les budgetsEn dépit de baisses de prix survenues depuis 2007, le coût du logement devient de plus en plus insupportable à l’économie des ménages européens. Il capte, en moyenne, 22,2 % de leur revenu disponible. Mais 20 % des ménages modestes dépensent désormais 40 % de leurs revenus pour se loger.La Grèce est le pays où ce poids pèse le plus sensible (40 % des revenus consacrés au logement), suivi du Danemark et des Pays-Bas (30 %) et de l’Allemagne (28 %).Un contrecoup est que les jeunes générations ne parviennent pas à accéder à un logement autonome. Dans les pays du Sud, la proportion des 18/35 ans vivant encore chez leurs parents est, par exemple, de 66 % en Italie, de 58 % au Portugal et 55 % en Espagne. Et le phénomène s’étend désormais à l’Irlande (42 %), l’Allemagne (41 %), la Belgique (44 %).En France, la proportion des ménages devant consacrer plus de 40 % de leurs revenus au logement est de 5 %.Baisse des aides publiquesLa crise a également affecté les politiques du logement et provoqué la réduction des aides publiques, dont les auteurs estiment que le niveau moyen est passé, dans les pays de l’Union, de 1,1 % à 0,8 % du PIB.En Grèce, l’organisme de financement du logement social a, par exemple, sous la pression de la Troïka des créanciers du pays, été quasiment supprimé.Au Royaume-Uni, en Irlande, Espagne, Portugal, les aides au logement ont été fortement réduites et ciblées vers les catégories les plus modestes.Hausse du nombre des sans-abriLe nombre de sans-abri a beaucoup augmenté dans tous les pays européens, exceptée la Finlande : la France est très touchée, avec 50 % de hausse, entre 2001 et 2011, tandis que, entre 2011 et 2013, la Danemark enregistre une hausse de 16 %, l’Allemagne de 21 %, les Pays-Bas de 17 %, la Suède de 29 %, mais 45 % en République Tchèque, entre 2010 et 2014.Isabelle Rey-LefebvreJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 12.07.2015 à 14h37 • Mis à jour le12.07.2015 à 16h28 | Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Quelle que soit l’issue de la crise grecque, celle-ci a déjà fait une victime en Allemagne : le parti social-démocrate. Coincé entre la solidarité gouvernementale et une gauche européenne plutôt encline à soutenir les Grecs, le SPD n’a plus de boussole, et son président, Sigmar Gabriel, multiplie les sorties de route.> Suivez aussi l’évolution de la situation en directCela a commencé dès l’annonce du référendum en Grèce. Après un week-end de flottement, Sigmar Gabriel décide le lundi 29 juin d’adopter une position encore plus dure qu’Angela Merkel. La vraie question du référendum à venir, explique-t-il, c’est, pour les Grecs, de dire s’ils sont « pour ou contre le maintien de la Grèce dans la zone euro ». Voilà les Grecs prévenus. Au passage, Sigmar Gabriel accuse Alexis Tsipras de vouloir en fait détruire la zone euro en s’affranchissant des principes fondateurs de la monnaie unique.Le soir du référendum, même tonalité. Alors que les dirigeants du SPD sont priés de ne pas s’exprimer, Sigmar Gabriel s’affranchit du principe qu’il a lui-même édicté. Tsipras a « rompu tous les ponts avec l’Europe ». Dans ces conditions, une nouvelle aide à la Grèce est « difficilement envisageable », explique-t-il au Tagesspiegel.Réunion houleuse avec les dirigeants du partiLe président du SPD préconise donc une sortie de la Grèce de la zone euro. Les camarades n’en reviennent pas. Le lundi, à l’issue d’une réunion houleuse des dirigeants du parti, Sigmar Gabriel est plus nuancé. Il faut maintenant reconstruire des ponts avec la Grèce ! Vendredi matin, alors que le gouvernement allemand refuse de se prononcer sur les dernières propositions d’Athènes, qualifiées de « sérieuses et constructives » par François Hollande, le SPD se positionne sur la même ligne que la France et se félicite qu’Athènes fasse, enfin, un pas vers ses créanciers.Lire aussi (abonnés) :Refuser le compromis ou ébranler sa majorité : le dilemme d’Angela MerkelSamedi 11 dans la soirée, fuite la proposition du ministre des finances allemand de contraindre la Grèce à « sortir temporairement » de la zone euro. Dans un premier temps, Carsten Schneider, numéro deux du groupe social-démocrate au Bundestag, explique sur Twitter que cette proposition n’est pas sérieuse et menace la zone euro. Michael Roth (SPD), secrétaire d’Etat aux affaires européennes – et donc théoriquement au cœur de la machine gouvernementale – retweete même le message.Dépassé par la situationSeul problème : Sigmar Gabriel était au courant. Peu avant minuit, celui-ci publie la déclaration suivante sur Facebook : « Le but du SPD est et reste de maintenir la Grèce dans la zone euro si les conditions nécessaires sont réunies. C’est aussi le but de tout le gouvernement. Et c’est ce dont il est question à Bruxelles. Le SPD attache une importance particulière à une démarche commune et concertée avec la France. Le SPD connaît naturellement la proposition du ministre des finances Wolfgang Schäuble d’une sortie temporaire de la Grèce de la zone euro. Dans cette situation difficile, chaque proposition concevable doit être étudiée de manière impartiale. Mais cette proposition ne serait réalisable que si le gouvernement grec la tenait, lui aussi, pour la meilleure solution possible. »Lire aussi :Crise grecque : quelle est la position de l’Allemagne ?Dimanche, le SPD tente de limiter la casse en expliquant qu’il était au courant de la proposition Schäuble, mais qu’il ne l’approuve pas. Ce qui ne saute pas aux yeux. Le communiqué de Sigmar Gabriel dit à peu près tout et son contraire puisqu’il fait comme si la France n’était pas contre le « Grexit » et que le gouvernement grec n’avait pas lui aussi rejeté la proposition de Wolfgang Schäuble.La crise grecque va manifestement laisser des traces au sein du SPD car, pour la première fois qu’il est vice-chancelier, Sigmar Gabriel semble dépassé par la situation et est remis en cause par une partie du SPD qui le taxe de populisme. Seul espoir pour les sociaux-démocrates : qu’Angela Merkel approuve un accord pour aider une nouvelle fois la Grèce et, ce faisant, provoque une division de la CDU encore bien plus profonde qu’un « Grexit » ne diviserait le SPD.Jean-Christophe Cambadélis en appelle au SPDUn communiqué publié dimanche 12 juillet sur le site du PS indique que « Jean-Christophe Cambadélis s’est adressé à Sigmar Gabriel, président du SPD, pour qu’il agisse auprès de Madame Merkel : “Les peuples d’Europe ne comprennent pas la surenchère allemande. On ne peut pas valider un accord avant le référendum et ne plus le trouver valable après” ». Le texte précise également que le premier secrétaire a également demandé au Parti socialiste européen de lancer un appel solennel « à vite conclure un accord viable et durable ».Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L’Eurogroupe du samedi 11 juillet, une nouvelle fois crucial pour l’avenir de la Grèce dans la zone euro, s’éternisait alors que les ministres des finances de l’Eurozone examinaient la demande d’un troisième plan d’aide pour la Grèce. Certaines sources proches des discussions doutaient qu’un accord soit trouvé, et qu’il faille reconvoquer une réunion extraordinaire le lendemain, juste avant le sommet de la zone euro, convoqué à Bruxelles, lui aussi pour statuer sur la Grèce.Suivez la situation en direct sur notre live.De fait, le document établi vendredi 10 juillet par la Commission européenne, en collaboration avec la BCE, précisément pour évaluer les besoins d’aide de la Grèce, dressait un tableau assez déprimant de la situation économique et financière du pays, alors que l’Eurozone doit décider si oui ou non, elle accorde un nouveau plan d’aide d’ampleur au pays, de près de 74 milliards d’euros, après déjà près de 240 milliards d’euros consacrés au pays depuis 2010.Aggravation de la fragilité des banquesLe secteur bancaire par exemple. La commission rappelle qu’il a été recapitalisé deux fois, en 2013 et en 2014. Et fin 2014, il affichait des ratios de solvabilité corrects. Mais depuis leur situation s’est très sérieusement détériorée. Leur liquidité est maintenant « à un niveau critique » juge la commission. A la fin mai, 30 milliards d’euros avaient quitté les banques grecques depuis le début de l’année. Et la dépendance, pour se refinancer aux liquidités d’urgence de la BCE est passée de 0 fin 2014 à un plafond de 78 milliards fin mai. Avec le contrôle des capitaux qui a été introduit fin juin pour contenir les fuites des capitaux, la fragilité des banques s’est aggravée. Elles auront besoin d’être recapitalisées, à hauteur de 25 milliards d’euros, conclut la Commission, pour éviter des faillites en série.Lire aussi :En Grèce, la grande défiance envers les banquesPar ailleurs, même si l’économie grecque ne pèse que 1,77 % du total du PIB de la zone euro, Bruxelles prévient qu’une faillite généralisée des banques grecques aurait quand même des conséquences pour toute la zone euro. Même si, depuis la crise, un certain nombre de mécanismes, à commencer par le Mécanisme européen de stabilité et l’Union bancaire ont été mis en place. Les banques grecques disposent en effet de filiales à Chypre, en Bulgarie, en Roumanie, au Royaume-Uni, en Albanie, en Serbie, en Turquie. « Dans certains états membres, les filiales des banques grecques pèsent entre 15 % et 25 % du système bancaire local » assure la commission.La situation de la dette empireLa dette ? Sa soutenabilité s’est considérablement détériorée comparée à la soutenabilité publiée dans un rapport d’avril 2014. A l’époque, le ratio dette sur PIB était évalué à 125 % en 2020, 112 % en 2022, et la dette considérée comme soutenable.Mais depuis le début de cette année, le fait que l’ancien gouvernement, celui du conservateur Antonis Samaras, et le nouveau, d’Alexis Tsipras, aient stoppé le programme de réformes, a considérablement pesé sur ces chiffres. Fin juin, juste avant l’annonce du référendum en Grèce, les créanciers d’Athènes estimaient que le ratio dette/PIB risquait de grimper à 150 % en 2020.Mais avec le défaut de paiement vis-à-vis du FMI, le 30 juin, la fin du deuxième plan d’aide faute d’accord avec les créanciers, le même jour, le contrôle des capitaux instauré fin juin, et un environnement totalement rédhibitoire pour les investissements, les perspectives de croissance se sont effondrées. Le PIB pourrait reculer de 2 % à 4 % en 2015, comparé à une prévision de 0,5 % de croissance, début 2015. Il risque aussi de reculer de 0,5 % à 1,75 % en 2016, même si un accord est trouvé avant, selon la Commission… Du coup, le ratio dette sur PIB grimpe encore : il pourrait rester encore à 165 % en 2020, à 150 % en 2022, et à 111 % en 2030…Lire aussi :Crise grecque : la dette, sujet tabou mais incontournable74 milliards d’euros à trouverCe constat fait, la Commission en conclut que la Grèce a donc besoin d’une aide financière supplémentaire. Où trouver l’argent ? Bruxelles suggère que l’on pourrait utiliser les profits réalisés par la BCE sur ses achats d’obligations grecques. Pour 2014 et 2015, ces profits avoisinent 3,3 milliards d’euros. Ils pourraient être utilisés par Athènes pour rembourser l’institut de Francfort à qui le pays doit envoyer un chèque de 3,5 milliards d’euros le 20 juillet. Les profits de la BCE sur les obligations grecques pour 2016, 2017 et 2018 pourraient aussi, par avance, être versés à Athènes.Mais tout cela sera largement insuffisant pour couvrir les 53,5 milliards d’euros que la Grèce doit rembourser dans les trois ans à ses créanciers… Au total, ce sont 74 milliards d’euros qui devraient être trouvés, donc, d’ici fin 2018. Le FMI considère même qu’il faudrait une rallonge de 4 milliards… Mais ne sera pas en mesure de participer tant qu’Athènes n’aura pas remboursé son arriéré d’environ 1,6 milliard d’euros, suite au nom paiement du Fonds, le 30 juin dernier.Lire aussi :Grèce : la cure d’austérité, la plus longue que la zone euro ait connueCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.07.2015 à 09h53 • Mis à jour le11.07.2015 à 11h42 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Un long et crucial week-end de négociations à Bruxelles, après une longue nuit de vote à Athènes. Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a vécu vendredi 10 juillet une interminable journée de tractations. Sur le front intérieur cette fois. Car quel que soit l’accord qu’Alexis Tsipras espère rapporter, il lui faudra le faire adopter au Parlement dans un délai très rapide.Il a donc demandé vendredi aux 300 députés de la Vouli (le Parlement grec) de lui accorder une sorte de procuration, pour aller défendre en leur nom à tous ses propositions à l’Eurogroupe de samedi et au sommet de dimanche. L’objectif : montrer un front uni, pro-euro, et rassurer Bruxelles sur la capacité du gouvernement à faire adopter, en temps venu, un éventuel accord.Lire aussi :Le point sur le dossier grec avant la réunion de l’EurogroupeAprès plus de 12 heures de débats, parfois très intenses, une large majorité de députés (251 sur 300) a voté en faveur de cette procuration. Bien au-delà donc des 151 voix requises pour faire adopter un texte au Parlement. C’est un nouveau paysage politique qui peut en sortir. Les principaux partis d’opposition, les conservateurs de Nouvelle Démocratie (ND), les socialistes du Pasok ou les centristes de To Potami, ont voté en faveur de cette procuration. « Nous demandons ainsi au premier ministre de négocier avant tout pour le maintien de la Grèce dans la zone euro », a déclaré Stavros Theodorakis, le leader de To Potami à la tribune.Si, sans surprise, les députés du parti néonazi Aube dorée et du Parti communiste KKE ont voté contre, c’est cependant du côté même du parti de la gauche radicale Syriza, la famille politique d’Alexis Tsipras, que les résultats sont les plus contrastés. Et préfigurent des ajustements politiques qui ne manqueront pas de se mettre en place dans les prochains jours. « Chaque chose en son temps. En terminer avec la négociation est la priorité », a affirmé à la fin du vote Alexis Tsipras, refusant de commenter les rumeurs de remaniement ministériel ou d’élections anticipées qui circulent en Grèce.« Aggraver la récession »Mais il ne pourra longtemps ignorer le message de dissidence envoyé par 17 de ses députés. Deux d’entre eux ont voté non à la procuration, 8 se sont abstenus et 7 n’ont pas pris part au vote, dont l’ancien ministre des finances, Yanis Varoufakis, qui a prétexté des obligations familiales.Au total, 17 députés donc ont marqué leur désaccord avec les propositions envoyées jeudi soir par le premier ministre à Bruxelles. « Je ne peux pas soutenir un nouveau plan de mesures néolibérales et de privatisations (…) qui ne peut qu’aggraver la récession », a précisé après le vote le ministre du redressement productif, Panayiotis Lafazanis.Au vu de ce qui vient de se passer au Parlement grec vendredi, Alexis Tsipras serait certes en mesure de faire adopter un éventuel accord mais en force, avec les voix de l’opposition et en perdant sa propre majorité. « Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, estimait cependant samedi matin une source gouvernementale. Tout va dépendre tout de même de ce que l’on va obtenir en échange de ce nouveau plan. »Il est vrai que les propositions formulées jeudi par Athènes se rapprochent de celles qui étaient exigées par les créanciers. Pourquoi Alexis Tsipras a-t-il organisé un référendum pour finalement accepter des conditions similaires à celles qu’il refusait avant ? Les Grecs ayant voté majoritairement (à 62 %) non à toute nouvelle mesure d’austérité pourraient eux aussi se sentir trahis. Quelques milliers de personnes – très peu au final – étaient venues manifester vendredi soir devant le Parlement pour dire en substance : « Attention, ne nous trahis pas ! »Lire aussi :« Je pensais qu’on allait claquer la porte de l’Europe »Renégociation de la detteIl y a pourtant une différence majeure entre ce que proposaient les créanciers avant et après le référendum. Pas sur les mesures mais sur la question de la renégociation de la dette. Avant le référendum, l’Europe et notamment l’Allemagne, l’Espagne ou le Portugal étaient sur une ligne très dure, refusant l’idée d’ouvrir le chapitre d’une renégociation de la dette publique grecque (177 % du PIB) à courte échéance.Au lendemain du référendum pourtant, la France, les Etats-Unis mais aussi le FMI se sont prononcés en faveur d’une renégociation de la dette, pourquoi pas dès octobre prochain. Voilà la contrepartie que Tsipras espère obtenir ce week-end. S’il revient avec dans ses poches une renégociation de la dette, il est convaincu qu’il pourra faire accepter un nouveau plan, même dur, à sa population, à son Parlement et même aux ultras de son parti. Dans un nouveau sondage paru vendredi, les Grecs se prononçaient à 75 % pour la conclusion d’un accord et à 84 % pour le maintien dans la zone euro. C’est cette voix-là et non pas celle des radicaux de son parti qu’Alexis Tsipras entend aujourd’hui incarner.Avec ce plan, il accepte un nouveau train difficile de nouvelles économies, mais en échange d’un nouveau prêt sur trois ans de 53 milliards d’euros et d’une enveloppe pour la croissance de 35 milliards, ce qui permettra de donner un peu de répit à une économie grecque exsangue. En cas d’accord à Bruxelles, dimanche, il devrait aussi au passage obtenir que soient revus à la baisse les objectifs d’excédent primaire imposés au précédent gouvernement et surtout que la renégociation de la dette soit enfin ouverte. Il devrait réussir à trouver les bons mots pour vendre ce bilan à son peuple et à ses députés. Mais avec quelle majorité ?Lire aussi :Refuser le compromis ou ébranler sa majorité : le dilemme d’Angela MerkelAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.07.2015 à 23h07 • Mis à jour le10.07.2015 à 23h45 | Elisa Perrigueur (à Athènes, correspondance) Il y a trois semaines, Myrto Kalogeropoulou défilait avec engouement, place Syntagma dans le centre d’Athènes, pour soutenir son gouvernement. Il y a deux semaines, la jeune femme de 31 ans manifestait avec fierté pour appeler à voter oxi (« non ») au référendum du 5 juillet. Vendredi 10 juillet au soir, toutefois, au milieu de la grande foule, place de la Constitution, cette électrice de Syriza avait perdu son enthousiasme.Comme Myrto, ils étaient environ 7 000 à s’être réunis au pied du Parlement grec pour rappeler leur volonté de dire non aux mesures de rigueur pour la Grèce. Tous n’ont pas caché leur colère contre le « nouveau mémorandum », qu’ils jugent trop austère. La veille, le premier ministre, Alexis Tsipras, a rendu aux créanciers ses propositions de réformes pour le pays. Parmi elles, la hausse de la TVA ou de l’âge de départ à la retraite. « Ces mesures relèvent d’une trahison, lâche Myrto Kalogeropoulou, pourtant membre de la force politique Syriza depuis 2004. C’est la mort de notre parti. »Lire aussi :Ce que propose Athènes à ses créanciers« Nous nous battrons »Elle l’assure : « Nous allons vers des divisions au sein de notre force politique. Les mesures d’austérité ont détruit le pays. Les nouvelles propositions de Tsipras détruisent l’espoir né ces dernières semaines. » La jeune femme estime toutefois que cette période « de lutte » n’a pas été vaine. « Le référendum nous a rendus exigeants, il y a eu une effervescence politique, maintenant, nous allons nous battre jusqu’au bout, avance-t-elle. Nous allons continuer à protester pour que cet accord ne passe pas. » A quelques mètres d’elle, dans la foule, Angelos, 24 ans, est aussi déçu. « Nous nous sommes battus, on pensait que ce vote avait une valeur ! Je suis surpris, nous n’avons pas reculé mais Tsipras si, explique cet électeur de la gauche radicale. »Christos Ioannidis partage ce sentiment de colère, en observant ce rassemblement au goût amer. Il arbore sur sa poitrine, un badge « Oxi ». Cet adhérent Syriza de 58 ans affirme toutefois qu’il n’est pas là pour « dénoncer » son gouvernement qui « n’a pas eu le choix ». Il veut « rappeler [son] opposition à l’austérité pour laquelle nous avons voté. Aujourd’hui c’est comme si notre voix ne comptait pas. Nous le disons haut et fort, on a voté non, au risque d’aller à la lutte contre l’Europe ». Ce chômeur se dit en revanche plus « pessimiste » sur la suite des tractations : « Bien sûr que ces propositions passeront dimanche, ce sont les suggestions de Jean-Claude Juncker [président de la Commission européenne], pourquoi les créanciers refuseraient-ils ? » Christos prédit toutefois « des conséquences, ici dans la rue ».Front commun des partis d’extrême gaucheAu-dessus de la foule, des drapeaux du PAME flottent en masse. Venus en grand nombre, les partisans du syndicat du Parti communiste ont crié leur colère. Fait rare, les communistes, les trotskistes léninistes d’Antarsya et quelques petits groupes d’extrême gauche, forces politiques d’ordinaire divisées, ont manifesté aux côtés de Syriza vendredi soir. « L’actualité veut cela, c’est une coïncidence », insiste Giorgia Taztaz, retraitée communiste. « Syriza est fini ! », renchérit à quelques mètres Charalambos Tsavimos, un retraité de 60 ans, remonté. « Du jour au lendemain, Tsipras a décrété que les mesures d’austérité étaient viables, s’emballe le communiste, pendant des semaines on nous a fait croire à une résistance ! Tout retombera dimanche. »Elisa Perrigueur (à Athènes, correspondance)Journaliste au Monde 10.07.2015 à 16h56 • Mis à jour le10.07.2015 à 20h44 Le Danemark a appelé, vendredi 10 juillet, ses ressortissants à quitter la Tunisie dès que possible en raison du risque « élevé » d’un nouvel attentat, au lendemain d’une recommandation semblable de la Grande-Bretagne. « Si vous vous trouvez en Tunisie et n’avez pas de raison essentielle d’y rester, il vous est recommandé de partir avec l’aide d’un voyagiste ou via un vol commercial », a indiqué le ministère des affaires étrangères danois sur son site Internet.Pour ceux qui « ont des raisons essentielles de se rendre en Tunisie », le ministère leur recommande « d’observer des précautions particulières dans les lieux visités par de nombreux étrangers, y compris les bars et les hôtels ». Selon le ministère, « presque tous les voyagistes charter danois ou nordiques ont provisoirement suspendu leurs départs vers la Tunisie prévus au second semestre ». Dans tous les cas, le ministère déconseille formellement à ses ressortissants d’aller dans les régions frontalières de l’Algérie et de la Libye.De même, le ministère des affaires étrangères irlandais a annoncé dans un communiqué encourager « tous les touristes irlandais en Tunisie à évaluer si leur présence dans ce pays est essentielle et, si ce n’est pas le cas, nous leur conseillons de partir ». Le ministère « déconseille tout voyage non essentiel ».La Finlande a également amendé vendredi ses conseils à ses ressortissants. « Troubles politiques intérieurs. Risque élevé de nouvel attentat contre des touristes. Les autorités n’assurent pas la sécurité des zones touristiques de manière adéquate. Les voyages vers les régions frontalières sont interdits », écrit l’ambassade de Finlande à Tunis sur son site.Demande de « vigilance » côté françaisCes recommandations interviennent au lendemain de la décision similaire du ministère des affaires étrangères du Royaume-Uni. Le 26 juin, un attentat commis par un homme armé d’une kalachnikov sur une plage à Port El-Kantaoui a coûté la vie à 38 personnes, dont 30 Britanniques. La Tunisie a proclamé l’état d’urgence le 4 juillet, et ce pour trente jours, en raison de la crainte de nouvelles attaques.Le ministre tunisien Kamel Jendoubi, chargé de la communication du gouvernement sur les mesures prises après l’attentat, a dit vendredi que « le défi aujourd’hui est de protéger la démocratie tunisienne naissante ». « Et (…) les données disponibles chez le ministère de la défense et de l’intérieur ne contiennent pas de nouvelles informations sur un vrai danger », a-t-il dit à la presse. Mais dans la nuit de jeudi à vendredi, le premier ministre, Habib Essid, avait admis que la situation sécuritaire dans le pays restait « fragile » et que « les menaces terroristes existent ». Et le ministère de l’intérieur a annoncé vendredi que cinq « éléments terroristes » non identifiés avaient été tués dans la région de Gafsa, dans le centre du pays.Lire aussi :La Grande-Bretagne déconseille la Tunisie comme destination touristiqueLe ministère des affaires étrangères français rappelle de son côté qu’après les attentats de Sousse, « la recommandation faite aux ressortissants français d’être particulièrement vigilants est renouvelée ». Le tourisme est un secteur vital pour l’économie tunisienne, représentant 400 000 emplois directs et indirects et une source importante de devises. 10.07.2015 à 12h04 • Mis à jour le10.07.2015 à 14h21 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La Grèce a remis ses propositions de réformes à ses créanciers, jeudi 9 juillet 2015, dans le temps imparti. Mais il reste un défi de taille pour le premier ministre, Alexis Tsipras : faire accepter à sa majorité et au Parlement ce nouveau paquet de réformes dures qui prévoit 13 milliards d’euros d’économies sur trois ans, dans l’espoir d’obtenir en contrepartie un financement de 53,5 milliards d’euros pour couvrir les obligations liées à la dette grecque jusqu’en 2018 ainsi qu’« un paquet de 35 milliards » pour relancer la croissance.Lire le détail du plan :Ce que propose Athènes à ses créanciersDès vendredi matin 8 heures, Alexis Tsipras a convoqué au Parlement dans une réunion conjointe son groupe parlementaire (149 députés) et le bureau politique du parti de la gauche radicale Syriza. « Nous allons discuter collectivement, et je suis sûr que tout ira bien », a déclaré le ministre de l’intérieur, Nikos Voutsis, avant d’entrer dans la salle. « Nous allons donner au premier ministre une procuration pour négocier en notre nom. Tout ira bien », ajoutait un autre député du parti.Les membres et les députés de Syriza affichaient donc leur unité avant d’ouvrir la consultation, mais au fond, une fois les portes closes, les débats ne devraient pas manquer d’être musclés. Au cours des cinq derniers mois, à chaque fois qu’Alexis Tsipras s’est expliqué devant sa majorité parlementaire, il lui a fallu faire preuve d’énormément de force de conviction pour contenir les dissidences.Déjà tard jeudi soir, le ministre de la restructuration de la production, Panayotis Lafazanis s’est exprimé lors d’un congrès sur l’énergie. « Le non du peuple grec au référendum ne peut pas se transformer en un humiliant oui et déboucher sur un nouveau mémorandum [plan d’austérité] », a déclaré le ministre, par ailleurs leader de la plate-forme de gauche, un courant situé à l’aile gauche de Syriza. Selon M. Lafazanis la Grèce aurait « d’autres choix » que celui d’un accord « trahissant » le peuple grec.Risque de blocageLors du conseil des ministres quelques heures plus tôt M. Lafazanis s’était déjà montré très critique à l’encontre des propositions mises sur la table. Sur le projet de loi déposé un peu plus tard au Parlement on ne retrouve d’ailleurs pas sa signature. Avec une petite vingtaine de députés environ, la plate-forme de gauche dispose d’un potentiel de blocage bien réel. Si M. Lafazanis incitait ses troupes à rejeter l’accord, Alexis Tsipras devrait passer en force en ralliant des voix de l’opposition : il pourrait alors se tourner vers le parti centriste Potami, une partie des socialistes du Pasok, ou les conservateurs de Nouvelle Démocratie.Pour autant, Alexis Tsipras est convaincu que s’il arrive à obtenir une renégociation de la dette il réussira à faire accepter ce nouveau plan d’austérité à sa population, à son parti et à son Parlement. Lors de son discours d’introduction devant son groupe parlementaire, Alexis Tsipras a réaffirmé qu’il n’avait pas reçu comme mandat de sortir la Grèce de la zone euro. Une façon de faire pression sur les plus radicaux pour leur rappeler qu’un compromis entre la ligne antiaustérité et la volonté des Grecs de rester dans l’euro était nécessaire. « Soit nous continuons tous ensemble, soit nous tombons tous ensemble », a ajouté le premier ministre.Lire aussi :Crise grecque : la dette, sujet tabou mais incontournablePour l’instant, les députés ne sont pas appelés à se prononcer sur les réformes elles-mêmes : ils ne le seront que si l’accord est effectivement conclu à Bruxelles. Pour l’instant, Alexis Tsipras demande aux députés une sorte de procuration pour aller défendre ce texte à l’Eurogroupe et au sommet de dimanche. Un nouvel appel à l’unité grecque pour sortir de l’impasse.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.07.2015 à 10h49 • Mis à jour le11.07.2015 à 10h21 | Stéphanie Maupas (La Haye, correspondance) Le témoin protégé « RM313 » avait 7 ans lors du massacre de Srebrenica. Appelé à déposer à la barre du tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye, dans le procès de l’ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic, il montre aux juges ses trois cicatrices, au genou, au bras et au visage. Des blessures enfouies, ancrées en lui, il ne pourra, en revanche, souffler un seul mot. Pas plus qu’il ne se souvient d’où se trouvait son père lorsque le peloton d’exécution bosno-serbe a tiré.C’était il y a vingt ans jour pour jour, en Bosnie-Herzégovine, dans les enclaves de Srebrenica et de Zepa (une seconde enclavé censée être protégée par les Nations unies). Comme le père de « RM313 », près de 8 000 hommes, Musulmans de Bosnie, y furent massacrés alors qu’ils étaient censés être sous la protection des Nations unies. Les procès des chefs politiques et militaires bosno-serbe, Radovan Karadzic et Ratko Mladic sont toujours en cours et le verdict ne sera pas connu avant 2017. A ce jour, quatorze autres responsables ont été condamnés par le tribunal pour le massacre de Srebrenica. 6 930 corps ont été identifiés et les exhumations se poursuivent.« RM247 », autre témoin sous pseudonyme, détient une partie de l’histoire de « RM313 ». Et il l’a racontée au cours de l’un des six procès du TPIY portant sur les crimes de Srebrenica. Chauffeur dans l’armée bosno-serbe, « RM247 » se rend sur le site d’Orahovac. Ce 14 juillet 1995, se rappelle-t-il, 25 à 30 prisonniers sont débarqués d’un camion, bandeaux sur les yeux, poignets liés. « Ils les ont obligés à se mettre en ligne » et ils ont tiré. Puis « il y a eu quelque chose d’absolument terrible, quelque chose que je n’ai jamais pu oublier… », souffle-t-il aux trois juges. Le témoin évoque « ce tas de corps morts, qui ne ressemblaient même plus à rien. Puis il y a eu un être humain qui en a émergé, c’était un garçon de 5 ou 6 ans, c’était incroyable. (…) Il a commencé à se diriger vers le chemin, le chemin où il y avait ces hommes avec des mitraillettes et cet enfant marchait vers eux. Tout d’un coup, ils ont baissé leurs armes et tous, jusqu’au tout dernier, restaient pétrifiés sur place face à cet enfant. Il était couvert de morceaux de corps, d’intestins des autres personnes. » L’officier de service ordonne d’exécuter l’enfant. Mais les soldats désobéissent. Alors « RM247 » le conduit secrètement à l’hôpital. L’émotion l’étreint au point qu’on saisit mal ses mots. « J’étais un homme fort, à l’origine, j’avais la réputation d’être quelqu’un de solide. Mais la façon dont ceci vous saisit… »Le drame de Srebrenica a commencé avec la directive n° 7, signée en mars 1995 par Radovan Karadzic, qui ordonnait aux soldats bosno-serbes de « créer une situation insupportable d’insécurité totale sans aucun espoir de survie ou de vie pour les habitants de Srebrenica ». A ses juges, l’accusé de génocide assure avoir signé sans lire ce document devenu une pièce à conviction de l’accusation.Quant à Ratko Mladic, il affirme que l’ordre de M. Karadzic était illégal et qu’il ne l’a jamais fait exécuter. Pourtant… Début juillet, l’opération militaire « Krivaja 95«  était lancée. L’enclave, pourtant déclarée « zone protégée » par les Nations unies, tombait en quelques jours aux mains des forces bosno-serbes, sous le regard de casques bleus néerlandais impuissants.« Tout est teinté par la mort »Malgré les procès, l’histoire n’a toujours pas livré tous ses secrets. Dans un entretien au quotidien néerlandais De Telegraaf, publié fin mai, le général à la retraite Bart Wagenaar a assuré que le gouvernement néerlandais a trahi le bataillon de casques bleus de Srebrenica, ordonnant que cessent les frappes aériennes contre les troupes bosno-serbes. Dans un ouvrage intitulé Le Sang de la Realpolitik (Don Quichotte, 288 pages, 9,99 €), l’ancienne porte-parole de la procureure du TPIY et ex-journaliste du Monde, Florence Hartmann, assure qu’Américains, Français et Britanniques ont abandonné Srebrenica aux mains des Bosno-Serbes en connaissance de cause, pour convaincre le président serbe Slobodan Milosevic de signer l’accord de paix de Dayton, conclu six mois plus tard. « Les trois puissances ont négocié l’abandon de Srebrenica », écrit-elle, et « par ce marché de dupes, sont devenues les facilitateurs du dernier génocide du XXe siècle ». Slobodan Milosevic aurait dû répondre des crimes de Srebrenica à La Haye, mais il est mort dans sa cellule en 2006.Lire aussi :Vingt ans après le massacre de Srebrenica, le chemin de la réconciliation est encore longLors du procès du général Mladic, la psychothérapeute Teufika Ibrahimefendic a témoigné du « syndrome de Srebrenica » dont souffrent les familles des disparus. « Ils sont encore capables de rire de temps en temps, avait-elle expliqué, mais d’une certaine manière, tout est teinté par la mort. » Ce massacre, le plus terrifiant commis sur le territoire européen depuis la seconde guerre mondiale, a été qualifié de génocide par le TPIY puis la Cour internationale de justice (CIJ). Mais tandis qu’à New York, en Bosnie et ailleurs, on commémore le drame, Milorad Dodik, devenu président de la Republika Srpska, l’entité des Serbes de Bosnie, dénonce un mensonge. « Ils nous disent : vous ne devez pas nier. Comment ne pas nier un mensonge ? C’est vous qui ne dites pas la vérité. », déclarait-il le 5 juillet. Mercredi, aux Nations unies, la Russie a mis son veto à une résolution britannique qualifiant les massacres de génocide.Stéphanie Maupas (La Haye, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Mathilde Damgé et Samuel Laurent Le coût supposé de la dette grecque pour notre pays atteindrait 600 à 700 euros par Français… Voici le chiffre anxiogène que l’on peut entendre ou lire ça et là, en cette période de crise grecque aiguë.En réalité, cela ne signifie pas que les contribuables Français vont être mis à contribution pour rembourser chacun ces 600 euros de leur poche. En fait, ces 600 euros représentent une exposition : ils mesurent le risque que la France a pris en prêtant à l’Etat grec. Tâchons d’y voir plus clair.Deux types de detteIl faut tout d’abord comprendre qu’une dette, pour un Etat, n’est pas la même chose qu’une dette contractée par un particulier. La plupart des Etats sont endettés, parfois à des niveaux supérieurs à celui de la Grèce. Mais un Etat n’est pas une entreprise ni un individu : il ne va pas mourir ni risquer de fermer, et il génère forcément des richesses chaque année.Une dette d’Etat ne se rembourse en général jamais totalement : à mesure que des emprunts arrivent à échéance, ils sont remplacés par d’autres, et ainsi de suite. En effet, les Etats émettent des bons du Trésor d’une échéance allant généralement de trois mois à dix ou quinze ans. Il leur faut donc émettre de manière permanente une proportion importante de leur dette et ce même s’ils ne sont plus en déficit budgétaire.En pratique, la dette, ce sont des emprunts que l’Etat contracte auprès de divers acteurs, avec un taux d’intérêt plus ou moins élevé selon le risque que le prêteur estime prendre. Le risque de ne pas être remboursé, en totalité ou en partie est donc intégré ; c’est ce qu’on appelle un défaut.La France est engagée auprès de la Grèce de deux manières :du fait de son engagement au sein du Fonds européen de solidarité financière (FESF). Ce fonds mutualisé européen, qui a financé Athènes après que le secteur financier lui a imposé des taux d’intérêt très élevés, rendant de facto impossible pour la Grèce d’emprunter sur les marchés ;du fait de prêts bilatéraux consentis par la France à Athènes (et donc empruntés par la France auprès des marchés financiers).Les banques françaises, qui ont acheté beaucoup de dette grecque en début de crise, s’en sont désormais débarrassé en grande partie.Que se passe-t-il en cas de défaut ? Un emprunt d’Etat peut être de différents types : obligations, le plus souvent dans sa propre monnaie – négociables ensuite sur les marchés financiers –, mais aussi aides exceptionnelles du FMI ou d’autres organismes internationaux, généralement assorties d’un calendrier prévoyant les échéances de remboursement.Faire défaut, pour un Etat, c’est donc ne pas honorer ses obligations, partiellement ou en totalité. La Grèce s’est en effet engagée, à chaque nouveau prêt des institutions internationales, à verser ses échéances selon un calendrier précis ; calendrier qu’elle a du mal à respecter. La Grèce a ainsi fait défaut mardi d’un remboursement dû au Fonds monétaire international (FMI).Un pays ne peut pas se déclarer en faillite et liquider ses actifs, encore moins fermer, ou être saisi par une sorte d’huissier mondial (même s’il devra vendre son patrimoine national, ou nationaliser de façon unilatérale des biens qu’il avait privatisés). Ce qu’il risque, en réalité, c’est la perte de confiance des investisseurs. Tout emprunt futur pour se financer sera rendu extrêmement délicat.Néanmoins, nombre de pays ont connu des défauts, partiels ou totaux : citons le Mexique au début des années 1980, la Russie en 1998, l’Argentine en 2001… Et s’en sont en général relevés.En réalité, le risque majeur est encouru par la Grèce elle-même : elle a fait défaut d’un paiement de 1,5 milliard d’euros destiné au FMI, ce qui en théorie la prive des aides futures du Fonds. A terme, si elle se lançait dans un défaut total et ne pouvait plus emprunter ni auprès des marchés, ni auprès des institutions internationales, elle serait contrainte de se financer sur ses seuls revenus nationaux, ce qui ne suffirait pas.Voir notre infographie :La Grèce, dernier exemple d’une longue histoire de défauts souverainsDans quels cas le contribuable français serait-il sollicité ?Ici encore, il est difficile d’être affirmatif : le chiffre le plus souvent cité, environ 42 milliards d’euros engagés par la France pour la Grèce, est, on l’a vu, un agrégat de deux types d’engagements bien différents.Selon une note émise par le Sénat mercredi 9 juillet, le principal risque pour la France concerne le prêt bilatéral, qui n’a pas de garanties spécifiques. Si la Grèce faisait totalement défaut, ou sortait de l’euro, notre pays risquerait d’y perdre 11,4 milliards d’euros sur ses comptes 2015. Si l’on veut faire le fameux calcul, cela représente 175 euros par Français auxquels Il faudrait ajouter ensuite le non-remboursement des intérêts, qui représente des sommes moindres.Le Sénat évoque aussi le risque, plus ténu, d’un défaut grec sur le FESF. Celui-ci représente une sorte d’union des pays européens pour paraître plus crédibles face aux marchés financiers : noté « triple A », il peut emprunter à des taux très bas.C’est lui qui détient le plus de dette grecque : 130,9 milliards d’euros sur 312 milliards au total, soit plus de 40 %. Un défaut total du pays pourrait-il rendre le fonds moins attractif auprès des marchés, et donc affecter sa puissance d’action ? Difficile de le dire pour l’instant, mais le risque existe. Or, la France est engagée financièrement dans le FESF.Dans les deux cas, un déficit exceptionnel dû à un défaut Grec n’entraînera pas automatiquement une hausse de la fiscalité des particuliers français. L’Etat dispose de divers moyens de combler ce trou dans ses comptes : baisses de crédits sur d’autres postes, fiscalité des entreprises, etc.Les autres conséquences d’un défautFaire défaut, pour un pays, signifie qu’il n’est plus en état d’honorer ses obligations. Donc, en général, qu’il subit une grave crise. Cette crise a évidemment des conséquences induites. Par exemple, les entreprises françaises et leurs investissements en Grèce seraient victimes d’un ralentissement encore plus fort de l’économie hellène.C’est là un des paradoxes de cette crise : pour rassurer les marchés et s’assurer que la Grèce ne plombe pas toute la zone euro, les dirigeants européens et le FMI exigent d’elle des réformes et des coupes budgétaires souvent douloureuses. Or, ces politiques d’austérité pèsent sur l’économie, et donc sur les rentrées fiscales de l’Etat Grec, qui a d’autant plus de mal à honorer ses obligations.La plupart des économistes estiment d’ailleurs qu’un « Grexit » (une sortie de la Grèce de l’euro et un retour à la monnaie nationale, la drachme) coûterait environ deux fois plus cher à la zone euro qu’un nouvel allégement de la dette grecque : les Etats y perdraient les sommes prêtées de manière bilatérale, et le FESF des milliards d’euros.Lire aussi :Un « Grexit » coûterait plus cher à la zone euro qu’un allègement de la detteLa France bien plus exposée à l’Italie qu’à la GrèceDans une étude de 2012, la banque japonaise Nomura a calculé ce qu’il en coûterait à la France de sortir de l’euro. Selon elle, la France était exposée au risque grec, au total, à hauteur de 55 milliards d’euros, bien peu par rapport au risque italien ou espagnol. #container_14364283792{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14364283792{ height:500px; } #container_14364283792 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14364283792 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14364283792 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14364283792 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }L'exposition française 7 fois plus importante vis-à-vis de l'Italie que de la GrèceSource : Nomura(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14364283792", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Grèce","Irlande","Portugal","Espagne","Italie"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Public", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 10.7 ], [ "", 2.9 ], [ "", 6.2 ], [ "", 30.5 ], [ "", 106.8 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Privé", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 1.6 ], [ "", 9.8 ], [ "", 6.2 ], [ "", 38.6 ], [ "", 44.7 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Privé non bancaire (entreprises)", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 43.5 ], [ "", 19.3 ], [ "", 13.3 ], [ "", 81.8 ], [ "", 265 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 2, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Dans une version mise à jour, le 2 juillet, de son étude, Nomura estime qu’un « Grexit » provoquerait une dépréciation de la nouvelle monnaie nationale d’environ 40 %, ce qui impliquerait une hausse du coût des biens importés pour les Grecs.Autre effet mécanique le poids de la dette publique, qui est libellée en euros (c’est dans cette monnaie que l’essentiel de l’emprunt grec a été émis), augmenterait, rendant un défaut d’Athènes plus probable encore. Les créanciers seraient alors plus ou moins contraints à accepter que leurs obligations soient converties en drachmes. Ce dont les créanciers ont conscience et qui fait qu’ils n’ont pas intérêt au « Grexit » : ils seraient remboursés en « monnaie de singe ».Mathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.07.2015 à 23h43 • Mis à jour le10.07.2015 à 08h14 Douze migrants ont trouvé la mort, jeudi 9 juillet, dans le naufrage d’un bateau pneumatique surchargé au large de la Libye et 500 autres candidats à la traversée vers l’Europe ont été secourus, rapportent les gardes-côtes italiens.Les corps des victimes ont été découverts à une soixantaine de kilomètres de la côte libyenne par l’équipage du Dattilo, qui a pu sauver 106 autres passagers, a précisé un porte-parole.Le même équipage, qui a mené au total quatre opérations de sauvetage ce jeudi, a récupéré en tout 393 migrants, et 106 autres ont été secourus par deux frégates au large de Lampedusa, a-t-il ajouté.Lire aussi :L’Europe confrontée à un afflux inédit de migrants traversant la Méditerranée, selon l’ONU Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) C’est un peu l’inconnu qui a percé à l’occasion de la crise grecque. Le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, a été réélu, lundi 13 juillet, président de l’Eurogroupe, en marge d’une nouvelle rencontre de cette instance qui regroupe les ministres des finances de la zone euro consacrée à la Grèce. Lors d’un vote, il a obtenu la majorité, puis l’Eurogroupe s'est entendu pour lui accorder unanimement son soutien. Il continuera donc de cumuler cette fonction stratégique avec celle de ministre des finances des Pays-Bas pendant deux ans et demi, comme le prévoient les textes.A 49 ans, ce social-démocrate à l’allure de discret et poli technocrate a bénéficié de son expérience acquise au cours des dernières semaines, où il a été au cœur des négociations qui ont abouti à un accord avec la Grèce, lundi 13 juillet au matin. Elu un peu par hasard en janvier 2013 à ce poste, où il a succédé à Jean-Claude Juncker, devenu depuis président de la Commission européenne, il avait connu des débuts difficiles, s’exprimant notamment de manière impréparée durant la crise chypriote.« L’Allemand en sabots »Mais M. Dijsselbloem a réussi à rattraper son image en faisant figure de faucon dans la crise grecque, se rangeant au fil des mois au camp allemand, personnifié par Wolfgang Schäuble, le redoutable ministre des finances d’Angela Merkel. M. Schäuble, lui vouerait, dit-on, une amitié et une admiration paternelles. Baptisé « l’Allemand en sabots » par des médias grecs et néerlandais, Jeroen Dijsselbloem a en effet eu dès janvier des relations très difficiles avec Yanis Varoufakis, l’ex-ministre des finances grec, que M. Schäuble déteste.Officiellement, le social-démocrate a toujours voulu se montrer solidaire à l’égard de la Grèce. Mais s’il se dit toujours de gauche, il a expliqué récemment au magazine néerlandais Vrij Nederland, qu’il était hostile aux « discours idéologiques » qui, estime-t-il, ne mènent à rien. Cette évidente antipathie pour Varoufakis a, en tout cas, achevé de le transformer en épouvantail pour une partie du peuple grec et de la gauche européenne, qui lui reproche de bafouer les valeurs de solidarité et de se focaliser sur le coût, pour les Néerlandais et les autres, de ce qui a déjà été octroyé, et devra sans doute l’être, à Athènes.« Le petit chien de compagnie de l’Allemagne », ironisait récemment un journaliste néerlandais se demandant si son compatriote n’en rajoutait pas pour s’assurer le soutien de Berlin dans la course pour sa réélection contre le ministre espagnol Luis de Guindos. Ce dernier avait publiquement fait acte de candidature, et avait reçu le soutien d’Angela Merkel, au nom de leur affiliation commune au Parti populaire européen (PPE, conservateur). Mais M. Dijsselbloem a réussi à montrer qu’il pouvait être tout aussi strict sur les finances publiques malgré son affiliation.Quitte à peiner ceux qui, à Paris ou ailleurs, croyaient que son affiliation au Parti socialiste néerlandais ferait de lui l’homme des compromis. Cela n’a toutefois pas empêché la France de soutenir sa reconduction, au nom, là aussi, de l’affiliation politique commune aux sociaux-démocrates européens. Et de l’accord obtenu à l’arraché lundi matin, qu’il serait dommage de gâcher par une nouvelle crise de gouvernance européenne.Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 13.07.2015 à 17h50 • Mis à jour le13.07.2015 à 18h22 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) « Nous n’avions pas le choix, reconnaît Maria Rouzi, une commerçante du quartier chic de Kolonaki au centre d’Athènes. J’ai trois salariés dans ma pâtisserie et mon revenu fait vivre toute ma famille, mais avec tant d’incertitude, tout était au point mort ». Maria a bien conscience que les mesures qui s’annoncent seront difficiles. « Mais tout est mieux que l’inconnu d’une sortie de la zone euro où nous n’avions aucune idée de ce qui nous attendait. Je suis extrêmement soulagée ».Lire aussi :La nuit où l’Allemagne a fait plier TsiprasQuelques mètres plus loin, le très digne M. Dermitzakis, qui refusera de nous donner son prénom,­ attend en vain le client, dans sa bijouterie désertée. « J’ai perdu 60 % de mon chiffre d’affaires ces cinq dernières années. Ces derniers jours, avec la fermeture des banques, ce taux a même atteint 95 % ». Le vieil homme est visiblement partagé. « Je sais que revenir à la drachme aurait été une catastrophe pour les gros entrepreneurs mais pour nous, les petits commerçants, les nouvelles hausses d’impôts, de la TVA et les coupes dans les retraites, c’est une très mauvaise nouvelle car les gens n’auront plus les moyens de consommer quoi que ce soit d’autre que le strict nécessaire. »Lire aussi :A Athènes, « plus on avance, moins on comprend »Hausse des impôtsEn cinq ans d’austérité continue, le niveau de vie des Grecs a chuté dramatiquement. Baisse des salaires, des retraites, hausse de la pression fiscale… leurs revenus ont diminué en moyenne de 35 % entre 2010 et 2015. « Pour notre réseau de PME, très dépendant de la consommation intérieure cela a été très dur, explique le président de la fédération des commerçants Vassilis Korkidis. Mais là il fallait absolument éviter la faillite. »Selon M. Korkidis, les mesures à venir devraient entraîner pour les trois prochaines années une hausse de 375 millions d’euros par mois d’impôts et de cotisations pour l’ensemble des contribuables Grecs. « Nous venons de réaliser ces calculs ce matin sur la base du document paru dans la presse, précise-t-il. Ce sera un nouveau coup dur, mais l’urgence, désormais, c’est que les banques rouvrent et que nous puissions recommencer à payer nos fournisseurs étrangers par virements électroniques afin d’éviter toute rupture des stocks. »Au kiosque de journaux de ce quartier pourtant très privilégié de Kolonaki, la discussion est animée. « Je me sens totalement humilié », avoue, amer et blessé, Vangélis Papadopoulos. Cet ingénieur civil n’arrive pas à digérer cette « trahison » de M. Tsipras et encore moins « cette Europe vidée de tous ses idéaux, cette coquille vide ». A l’inverse, Erasmia Papadopoulos estime qu’il faut « plus que jamais soutenir Alexis Tsipras pour éviter que le pays ne tombe aux mains de technocrates qui n’essaieront même pas de se battre pour [les Grecs] ».Pressions pour un remaniementCar les scénarios de recomposition politique vont bon train aujourd’hui en Grèce. Les créanciers mais aussi les partis d’opposition font pression sur Alexis Tsipras pour qu’il opère dès les prochains jours un remaniement ministériel pour se débarrasser de ses ministres dissidents, qui se sont prononcés contre tout nouveau programme d’austérité.Lire aussi :Malgré l’accord, la Grèce aura du mal à faire face à ses prochains remboursementsQue fera Alexis Tsipras ? Va-t-il tenter de garder la main sur son gouvernement quitte à contenir la dissidence par un petit remaniement ministériel ? Va-t-il choisir de se retirer tout en coopérant à un gouvernement d’union nationale mené par un autre premier ministre ? Va-t-il appeler à de nouvelles élections à l’automne prochain ?Toutes ces options sont sur la table aujourd’hui à Athènes. Une seule certitude, des changements politiques devraient suivre l’adoption, d’ici au mercredi 15 juillet, d’un premier paquet de mesures au Parlement.Gouvernement d’union nationalePour Haris Theoharis, le porte-parole du parti centriste To Potami, Alexis Tsipras n’aura pas d’autre choix : « Nous pensons qu’il faut mettre en place un gouvernement d’union nationale avec des personnalités à la fois capable d’être très techniques mais avec aussi un sentiment politique ».Coïncidence ? C’est exactement le profil de cet homme qui fut un bref secrétaire général des recettes fiscales entre 2012 et 2014 et qui est devenu, ces derniers mois, l’un des principaux atouts de Potami.Quand on lui demande si on lui a déjà parlé du poste de ministre des finances dans un éventuel gouvernement d’union nationale, il répond d’une pirouette, en souriant, « qu’il n’est pas temps de faire ce type de scénario ».Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Ce lundi matin, c’est l’Europe qui a gagné. Pas l’Allemagne. Tel est le message que les principaux responsables politiques de la majorité allemande font passer depuis l’annonce d’un accord entre la zone euro et la Grèce en vue de négocier un troisième plan d’aide.Lire aussi :Ce que la Grèce a accepté en contrepartie de l’aide financière« L’Europe a gagné. De façon impressionnante et ferme. L’Allemagne a fait partie de la solution du début à la fin. C’est bon pour la Grèce et pour l’euro », a tweeté Peter Altmaier, ministre à la chancellerie, l’équivalent du directeur de cabinet d’Angela Merkel.Soumis au vote du BundestagLe parti social-démocrate aussi se félicite du « bon résultat » des négociations qui, grâce notamment au travail du couple franco-allemand, a permis d’« éviter que l’Europe ne se divise ». Au passage, le SPD en profite pour critiquer à nouveau le projet du ministre des finances, Wolfgang Schäuble, d’organiser un « Grexit » temporaire, auquel le SPD n’aurait pas été associé.Lire aussi :Les propositions « explosives » de Wolfgang SchäubleIl ne fait pas de doute que le Bundestag votera à une large majorité le troisième plan d’aide à Athènes, vraisemblablement dès vendredi 17 juillet. Toute la question est de savoir combien de députés conservateurs s’apprêtent à voter contre. Sur 311 députés CDU-CSU, 29 avaient voté contre le deuxième plan d’aide, mais 119 avaient indiqué qu’ils l’approuvaient à contrecœur.Dans l’opposition, les réactions sont évidemment différentes. Les Verts estiment, à l’instar du député européen Sven Giegold, que « l’unité de l’Europe est certes maintenue, mais ses valeurs sont sérieusement mises à mal ». De son côté, Sahra Wagenknecht, une des dirigeants de Die Linke, le parti de la gauche radicale, juge que « le chantage du gouvernement allemand a marché. La Grèce se voit imposer de nouvelles économies et le contribuable allemand de nouveaux risques de plusieurs milliards d’euros. »« Une honte »Si le gouvernement allemand se garde de tout triomphalisme, c’est aussi parce qu’il sait qu’Alexis Tsipras n’est pas encore au bout de ses peines : « Avant de parler de succès, attendons de voir ce que vote le Parlement grec », reconnaît un proche de la chancelière, en référence aux différentes réformes qui doivent être approuvées à Athènes du 15 au 22 juillet, avant toute négociation concrète du plan d’aide. Si on admet, en off, que le plan est sévère, on en attribue la faute à Athènes. « En mars, Tsipras n’aurait pas eu besoin de plus de 80 milliards d’euros », fait-on remarquer.Si personne à Berlin ne dit vouloir « humilier » les Grecs, comme on l’entend beaucoup en Europe, Angela Merkel a reconnu explicitement qu’elle ne faisait plus confiance au gouvernement grec. Ce qui, à ses yeux, justifie les conditions très strictes du suivi des décisions prises par Athènes. Comme le résume l’éditorialiste Wolfgang Münchau dans le Spiegelonline : « La Grèce a capitulé et l’Allemagne a gagné. C’est le triste bilan du week-end. »Les économistes aussi sont divisés. Hans-Werner Sinn, président de l’Ifo, l'institut de conjoncture de Munich, et partisan d’un Grexit, juge que « les Grecs ne redeviendront jamais compétitifs ». Henrik Enderlein, président du centre Jacques-Delors de Berlin, est sévère. « C’est une honte », écrit-il. « Tous les participants doivent se demander comment une telle escalade au cœur de l’Europe a pu être possible. »Pour lui, « le fonds de privatisation est la marque d’une méfiance institutionnalisée, conséquence du comportement du gouvernement grec », explique ce social-démocrate pour qui « la façon dont le Grexit a été évité n’est certainement pas la bonne ». De son côté, Marcel Fratzscher, président du centre pour la recherche économique (DIW) de Berlin, juge qu’« il est prématuré de voir l’accord comme un succès. C’est seulement un premier pas pour mettre fin à la spirale récessive que subit l’économie grecque. »Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.07.2015 à 16h20 • Mis à jour le13.07.2015 à 16h28 | Elisa Perrigueur (envoyée spéciale) On les voit plus rarement sur la place Syntagma exprimer leurs inquiétudes. Une partie des retraités grecs, silencieux, dissimulent toutefois une colère sourde. Les seniors ont vécu le déclassement de leur pays comme une situation brutale et inédite. Ils observent, amers, les nouvelles générations frappées par le chômage et la désillusion.Charalambos Tsavimos Les dernières semaines ont été un « choc » pour Charalambos Tsavimos. L’homme de 60 ans a observé avec angoisse les files d’attente devant les distributeurs de billets. « En 1974, après la dictature, les banques avaient fermé, se souvient-il, mais c’était quelques jours seulement ». Charalambos connaît bien le système bancaire grec. De ses 18 à 56 ans, il a travaillé au sein d’Ethniki Bank. Chaque jour depuis le 28 juin, ce retraité retire ses 60 euros. « Ou plus souvent cinquante, car maintenant, beaucoup de distributeurs manquent de billets de dix ». L’argent sert, « pour acheter des médicaments pour ma mère de 89 ans, aider ses enfants, acheter de la nourriture ». Il parle d’un ton las et ferme longuement ses paupières.Tout calculer, chaque jourSur le papier, Charalambos a un profil aisé. Sa pension de retraite est « confortable » : 1 800 euros par mois. Avant 2012, elle s’élevait à 2 500 euros. Mais chaque mois, il opère un contrôle méticuleux des dépenses. « Nous vivons à cinq sur cette pension », explique-t-il. Sa femme ne touche plus de retraite. Deux de ses enfants de 22 et 25 ans vivent à son domicile, dans le quartier de Patissia, au nord d’Athènes. L’un est étudiant, l’autre ne travaille pas. Un autre de ses enfants, diplômé, est parti vivre avec sa copine, il est au chômage. Le père essaye de les aider, environ 200 euros par mois. Seul un de ses enfants travaille : il s’est exilé à Londres.Charalambos constate qu’il n’y a pas vraiment de solution. « On vivait bien, j’ai une épargne de côté, mais maintenant, comment rebondir ? Il n’y a plus de travail pour [la jeune] génération ». Au regard de cette crise, le Grec dit regretter les années « d’autosuffisance » du pays : « Nous n’avions pas énormément d’argent sous la dictature, notre vie s’est améliorée en 1981 [avec l’entrée dans l’Union européenne], mais parallèlement, nous avons commencé à perdre notre production agricole (près d’un tiers de la population vivait de l’agriculture). Maintenant on importe des produits qu’on cultivait ! C’est un problème. »« Le non était une illusion »Charalambos Tsavimos a voté non au référendum du 5 juillet 2015. Pourtant, rien n’a changé, ce non aux réformes était une « illusion », peste-t-il. Celui qui vote aujourd’hui KKE (communiste) après avoir voté successivement pour les conservateurs de la Nouvelle Démocratie, puis les socialistes du Pasok n’a « pas confiance en Syriza pour faire face à la situation avec les créanciers ». Aujourd’hui, « les masques tombent. Ce nouveau mémorandum (issu de l’accord conclu à Bruxelles, lundi 13 juillet) n’est pas une surprise. Ce sera encore un cercle vicieux, il faudra rembourser cette dette insoutenable. Dans dix ans, nous en serons toujours au même point ».Diniosis Baltsavia Dans son appartement situé dans le quartier de Victoria, à Athènes, les souvenirs de toute une vie sont soigneusement exposés. Sur la table, des komboloi (chapelets), des bijoux, des bibelots d’une autre époque. Au mur, un arbre généalogique et d’innombrables photos de famille. « Il y a un dicton en Grèce : “La patrie, la religion, la famille.” Cette dernière est ce qui nous sauve. » Pour Diniosis Baltsavias, 75 ans, à la retraite depuis 10 ans, ce « ciment » a permis de mieux traverser la « sale période ». Le vieil homme est très proche de son petit-fils de 18 ans, venu vivre chez lui il y a deux ans pour des raisons financières. L’ancien styliste, qui porte une chaîne en or et de grosses bagues, soupire beaucoup lorsqu’il évoque ces dernières années. Il s’est habitué à voir « les hôpitaux en sous-effectifs, la fermeture des pharmacies, la détérioration du système d’éducation ». Désormais, Diniosis a peur de la pénurie. « En Grèce, nous n’avons pas toujours été riches, notre système n’a pas toujours été stable, mais nous n’avions pas de manques. »Amertume à l’égard de l’AllemagneAvec son petit-fils, ils vivent sur sa pension de retraite de 732 euros mensuels. « Heureusement que les personnes âgées aident les jeunes, je connais plusieurs familles où ils vivent sur la pension d’une seule personne. » La subvention part « dans la nourriture, les vêtements, les études et les cigarettes », que le septuagénaire consomme en masse. Son petit-fils vient d’obtenir ses panellinies, l’examen qui lui ouvre les portes vers des études supérieures. Mais Dionisis est pessimiste. « Il y aura une génération perdue. Pour moi, cela n’a plus d’importance, mais que puis-je espérer pour mon petit-fils ? » Il ajoute : « Je ne veux pas qu’il parte de Grèce. Nous n’avons que peu de maisons de retraite. »Un sentiment d’amertume a grandi chez ce retraité ces dernières années, à l’égard de l’Allemagne. Il insiste sur la dette de guerre datant de la seconde guerre mondiale – « ils nous doivent 162 milliards d’euros » –, et tire volontiers des liens entre présent en passé « L’occupation allemande [entre 1941 et 1944] a déjà été très violente, aujourd’hui, je ressens comme une autre pression de l’Allemagne, dans les discours, dans les ordres, sur les commentaires de notre dette. On nous humilie. » Pour lui, « dans cette Europe, l’Allemagne est au-dessus de tous, de la France, de l’Italie… ». Dionisis, qui votait pour le Pasok puis des petits partis centristes avant les années 2000, se dit séduit par Syriza et Alexis Tsipras, « un très bon homme politique qui veut changer les choses ». Il a voté non au référendum, « contre l’austérité et pour un retour à la drachme », assume-t-il. L’ancien styliste se souvient que lorsque le pays est entré dans l’Union européenne, il était déjà « sceptique ». « On nous a expliqué que cela allait être le paradis. » Aujourd’hui ? « J’ai perdu mon optimisme, je veux qu’on parte, pas de l’Europe mais de la zone euro. Cela nous a fait trop de mal sur ce long terme, économiquement et mentalement. On veut respirer. »Elissavet Mitarachi Chaque samedi, Elissavet Mitarachi se rend au somptueux café Peros, sur la place du quartier chic de Kolonaki. Apprêtée, soigneusement maquillée, elle sirote son café frappé dans son grand siège blanc. Sous son air serein, cette femme d’un milieu aisé est rongée par l’angoisse. Cette ancienne salariée d’une maison d’édition, cligne ses yeux fardés, parle d’une voix rauque et lente et évoque régulièrement « la crise ». « D’un seul coup la vie de tout le monde a changé. C’est comme une guerre, on ne sait pas ce dont les lendemains seront faits. »Elle parle des « besoins en nourriture », des petites cagnottes qui se multiplient sur les comptoirs des caissières des supermarchés, de « la mairie [et des] églises qui fabriquent des milliers de repas par jour ». Elle qui a connu des périodes douloureuses comme la dictature des colonels, de 1967 à 1974, se souvient qu’à l’époque : « Il y avait de la pauvreté, mais aujourd’hui c’est de la misère qu’on voit en Grèce. »« Je suis née en Grèce, je suis Européenne »Elissavet reste aussi marquée par le « déclassement » et « les injustices » : « Injuste, tous ces gens renvoyés ; injuste, les pensions qui baissent pour les retraités… » Elissavet touche une petite pension (dont elle ne mentionne pas le montant), mais vit surtout de ses rentes. Elle n’ose pas se comparer aux plus démunis, mais explique comment ses actions ont perdu de la valeur, comment son local de bureau en banlieue d’Athènes, qu’elle louait auparavant avec succès, cherche preneur depuis deux ans.Elissavet s’est réjouie en 1981 lorsque le pays est entré dans l’Union européenne, puis en 2001 quand l’euro a remplacé l’ancienne monnaie, la drachme. « L’Europe nous a transformés et renforcés, elle nous a prêté beaucoup d’argent ce qui a permis un développement régional ». Elle se souvient quand les Grecs étaient les « réfugiés économiques », lorsqu’elle voyageait à Londres par exemple. « Durant les dernières décennies nous sommes nous-même devenus une destination économique pour les Albanais par exemple ». Lorsque le parti Syriza a proposé un référendum sur les propositions des créanciers, l’angoisse de celle qui vote à droite est montée. A l’approche du référendum Elissavet s’est rendue dans les manifestations pro-euro, d’un genre nouveau, place Syntagma à Athènes. Elle aurait vécu la sortie de la zone euro comme « un abandon » : « Je suis née en Grèce. Je suis Européenne ». Et de regretter cette épreuve de force avec les partenaires du pays : « Ces six derniers mois de négociations avec les créanciers ont joué contre la Grèce, l’attente a empiré la situation. Si on avait fait un accord dès le début cela aurait été mieux. »2,6 millions de retraités et de préretraitésSur une population d’à peine 11 millions de personnes, les retraités sont 2,6 millions dans le pays en comptant les préretraites. Le budget des retraites, colossal, représente 15 % du PIB selon l’Organisation de coopération et de développement économiques et pèse lourd dans les finances publiques. Si la pension moyenne est actuellement de 960 euros, elle a baissé de 20 % depuis 2010. Selon les nouvelles propositions du premier ministre Alexis Tsipras pour un accord avec les créanciers, l’âge du départ à la retraite sera relevé de 62 à 67 ans d’ici à 2022. L’allocation de solidarité EKAS, une prime basée sur les revenus et destinée aux petites retraites inférieures à 700 euros, pourrait également disparaître.Elisa Perrigueur (envoyée spéciale)Journaliste au Monde Rémi Barroux Comment financer le Lyon-Turin ? Le projet de nouveau tunnel ferroviaire de 57 kilomètres, destiné à franchir les Alpes, de Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie) à Suse (Piémont italien), et à permettre de soulager les vallées de l’important trafic de fret routier, un engagement conjoint de l’Italie et de la France, reste d’abord conditionné à son financement. Le 30 décembre 2014, le premier ministre avait chargé Michel Destot, député (PS) de l’Isère et Michel Bouvard, sénateur (Les Républicains) de Savoie, d’examiner de « nouvelles sources de financement pour les travaux de la section transfrontalière ». « Il est essentiel de stabiliser le plan de financement de cette opération, dans un contexte budgétaire tendu », écrivait alors Manuel Valls. Le rapport des deux parlementaires lui a été remis lundi 13 juillet.Les deux parlementaires jugent le projet « cohérent » et « nécessaire »Dans leurs propositions, les deux auteurs, qui soutiennent le projet, le jugeant « cohérent » et « nécessaire », défendent le principe de majoration des péages pour les poids lourds « sur le réseau autoroutier concédé en zone de montagne ». Un retour à une écotaxe régionale, d’une certaine manière – un tel dispositif avait été abandonné par le gouvernement en octobre 2014 –, qui permettrait de « dégager une recette nette de 40 millions d’euros par an », sur une durée pouvant aller jusqu’à cinquante ans. Ce dispositif se ferait dans le cadre de l’Eurovignette, créé en 1993 – plusieurs versions de l’Eurovignette ont depuis été adoptées. « La majoration “montagne” de la directive Eurovignette vise parfaitement le financement du tunnel de base du Lyon-Turin, ouvrage prioritaire et transfrontalier du réseau transeuropéen », écrivent les rapporteurs.« Y aller progressivement pour éviter un rejet »Cette majoration des péages pour les poids lourds atteindrait 10 % sur les autoroutes des Alpes du Nord et 15 % sur les axes des Alpes du Sud « pour tenir compte de niveaux de péage moins élevés dans le secteur » et serait progressive à raison de + 2 à + 3 % par an sur cinq ans. « Il faut y aller progressivement pour éviter un rejet du greffon, pour que ce soit politiquement acceptable », a expliqué au Monde Michel Destot, soucieux de ne pas susciter l’hostilité des transporteurs, qui ont déjà obtenu gain de cause contre l’écotaxe.Le projet de TGV Lyon-Turin, jugé « inutile » et d’un coût « faramineux » par ses opposants, a été évalué par la Cour des comptes, en août 2012, à un montant total de quelque 26 milliards d’euros. Pour la seule partie internationale – le « tunnel de base », sur le financement duquel se sont penchés MM. Destot et Bouvard –, il s’élève à 8,2 milliards d’euros (valeur 2012), somme qui a servi de base aux deux rapporteurs. Dans son courrier de décembre 2014, Matignon chiffrait les travaux de la section transfrontalière à environ 8,5 milliards d’euros. L’Europe doit en financer 40 %, le reste se répartissant entre la France, à hauteur de 25,3 % (soit quelque 2 milliards d’euros), et l’Italie pour les 34,7 % restant.Lire aussi :Les promoteurs de la future ligne de TGV Lyon-Turin tendent la main à leurs opposants« Le temps des réalisations »Convaincus de la nécessité du report modal de la route vers le rail pour les marchandises, et soucieux d’assurer la pérennité de cet axe ferroviaire, l’un des neuf « corridors » du réseau européen, qui permettra de relier le sud de l’Espagne à l’Europe centrale, les auteurs peuvent se prévaloir de la décision favorable de l’Europe à son financement. Les Etats membres ont approuvé, le 10 juillet, « le plan d’investissement dans les transports » proposé par la Commission, d’un montant de 13,1 milliards d’euros. Sur cette somme, outre le canal Seine Nord qui bénéficiera des subsides européens à hauteur de 980 millions d’euros, le Lyon-Turin recevra quelque 814 millions d’euros.Cette décision européenne a été saluée par le secrétaire d’Etat chargé des transports, Alain Vidalies, qui s’est félicité de « cette excellente nouvelle pour notre économie, le secteur du BTP et celui de l’ingénierie ». « Le temps des réalisations est désormais venu », a-t-il déclaré le 29 juin. Satisfaction aussi de Jean-Jack Queyranne, président (PS) de la région Rhône-Alpes, qui souligne « le volontarisme européen de soutien à la relance économique dans les grandes infrastructures de transports ». Enfin, la société en charge du tunnel, Tunnel euralpin Lyon Turin (TELT), détenue à part égale par la France et l’Italie, ex-LTF (Lyon Turin Ferroviaire), s’est aussi félicitée de ce « résultat extraordinaire qui confirme l’importance stratégique du Lyon-Turin pour l’Europe ».« S’il n’y a plus de camion qui roule, il n’y a plus de financement du projet »Mais pour les opposants, le compte n’y est pas. « La commission a revu à la baisse le montant des travaux éligibles d’ici 2020, soit quelque 2 milliards et non 3,2 milliards. La somme versée par l’Europe est loin des 1,2 milliard attendu par la France et l’Italie, estime ainsi la députée européenne Europe Ecologie-Les Verts, Karima Delli, qui critique le fait que les deux projets français « raflent les deux tiers de la manne financière européenne pour la période 2016-2010 ».La critique principale des opposants porte aussi sur le fond du dispositif. « Si on comprend bien la proposition du rapport, le financement repose sur une “écotaxe” basée sur le trafic des poids lourds pendant cinquante ans, avance Daniel Ibanez, économiste et porte-parole de l’opposition. Il faut donc garder beaucoup de camions sur les routes pendant tout ce temps, alors que le Lyon-Turin devait permettre et encourager un report de la route vers le rail. S’il n’y a plus de camion qui roule, il n’y a plus de financement du projet. »Concurrence avec le BrennerOutre le problème du tunnel de base, il reste le financement des accès français (et italiens) au nouvel axe ferroviaire. « Nous ne sommes pas obligés de faire les accès en même temps que le tunnel de base, que l’on peut commencer rapidement, avance Michel Destot. Le Lyon-Turin, ce n’est pas seulement pour relier les deux villes, mais pour assurer un axe qui irait de Londres à l’Italie, de l’Espagne aux Balkans. Le problème est d’assurer le franchissement des obstacles naturels, comme les Alpes, et il y a une course de vitesse entre le Lyon-Turin et le tunnel du Brenner. »La concurrence est en effet vive, notamment avec le tunnel du Brenner (55 kilomètres) qui doit relier l’Italie et l’Autriche, en passant aussi sous les Alpes. L’Autriche a déjà mis en œuvre les dispositions de la directive Eurovignette, autorisant la majoration de péages pour les transports de marchandise, avancent les rapporteurs, soulignant le bien-fondé de leur proposition. Pour les opposants, la solution reste de moderniser la voie déjà existante, « déjà rénovée à raison d’un milliard d’euros », explique Daniel Ibanez. « L’enquête publique de 2012 a établi que cette voie avait une capacité de 120 trains par jour, or il en passe une vingtaine actuellement, dit-il. On pourrait en mettre 100 de plus, soit à raison de vingt camions par train, 2 000 par jour et quelque 700 000 par an. »L’ambition du futur Lyon-Turin est de réduire de près de 40 % la part du transport routier de marchandises. « L’objectif, avec cette première autoroute ferroviaire à travers les Alpes du Nord est de transporter, à terme, 100 000 poids lourds par an », expliquait la société en charge du tunnel dans son dossier de présentation.Rémi BarrouxJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 13.07.2015 à 11h44 • Mis à jour le13.07.2015 à 17h05 | Francesca Fattori et Véronique Malécot Après un marathon de tractations, les dix-neuf chefs d’Etat de la zone euro ont trouvé un accord qui doit permettre de nouvelles négociations pour un troisième programme d’aide à la Grèce. En contrepartie, le gouvernement Tsipras doit s'engager à mener des « réformes sérieuses ». Avant de pouvoir lancer officiellement les négociations, l’accord doit d'abord être validé par certains Parlements de la zone euro. Tour d'horizon des positions des Etats et des forces en présence dans les Parlements amenés à s'exprimer. Véronique MalécotJournaliste-cartographe au service Infographie. SuivreAller sur la page de ce journalisteFrancesca FattoriJournaliste au Monde David Revault d'Allonnes, Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Il est 9 heures et c’est un matin blafard à Bruxelles. L’Europe se lève, la Grèce est encore dans la zone euro, mais tout le monde a un peu la gueule de bois. Un accord pour un plan de sauvetage financier de la Grèce a finalement été trouvé, à l’arraché, au bout d’un marathon de dix-sept heures de négociations. Elles ont en fait commencé samedi midi, avec la réunion de l’Eurogroupe (les ministres des finances de la zone euro), qui s’est terminée dimanche midi, juste avant celle des chefs d’Etat et de gouvernement des dix-neuf pays de l’union monétaire. Un accord ? En fait, quelque chose qui ressemble davantage à une reddition complète pour le premier ministre grec, Alexis Tsipras.En échange de la promesse conditionnée – Athènes devra faire passer trois ou quatre réformes majeures d’ici au mercredi 15 juillet – d’un troisième plan d’aide pour son pays (82 à 86 milliards d’euros), le leader de la gauche radicale, épuisé, humilié, a dû accepter une liste de réformes d’une dureté qui heurte mêmes les fonctionnaires européens – ils évoquent une mise sous tutelle de la Grèce.« Le catalogue des horreurs »« C’est le catalogue des horreurs », écrit le magazine allemand Der Spiegel. Le tout imposé à un chef de gouvernement élu sur un programme anti-austérité, anti-Troïka – Commission de Bruxelles, Banque centrale européenne (BCE), Fonds monétaire international (FMI) – anti « diktat de Bruxelles ».M. Tsipras va donc revenir à Athènes avec… la promesse que les négociations sur ce plan d’aide vont démarrer. Et c’est à peu près tout. Il a dû... Alain Salles L'essentiel Accord trouvé Après une nuit de tractations, les dix-neuf dirigeants de la zone euro se sont mis d'accord pour négocier un troisième programme d'aide à la Grèce. Contreparties En contrepartie de ce soutien financier, la Grèce doit s'engager à mener des "réformes sérieuses", a annoncé le président du Conseil européen, Donald Tusk. Zone euro Cet accord permet à la Grèce de rester dans la zone euro, "c'était l'objectif", selon François Hollande. Athènes va devoir mettre en place un fonds de privatisation dont l’objectif sera d’engranger 50 milliards d’euros : 25 milliards d’euros serviront à restructurer les banques et les 25 autres iront au service de la dette et aux investissements.Jusqu’au bout, Alexis Tsipras a lutté pour éviter le transfert vers le Luxembourg de l’organisme chargé de gérer les privatisations à réaliser en Grèce, allant contre le plan du ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble. Celui-ci avait été repris dans les propositions de l’Eurogroupe, adressées dimanche 12 juillet aux chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro.Compagnie de chemin de fer et les portsLe chiffre de 50 milliards avait déjà été avancé il y a un peu plus de quatre ans. Lors du premier mémorandum, signé entre le gouvernement de Georges Papandréou en mai 2010 et la Troïka des créanciers de la Grèce (Fonds monétaire international, Banque centrale et Commission européennes), l’objectif affiché au chapitre des privatisations avait été mince : 3,5 milliards d’euros.Mais, moins d’un an plus tard, en février 2011, les membres de la Troïka avaient annoncé, avant le gouvernement grec, que les objectifs étaient désormais portés à 50 milliards : 15 milliards d’ici à 2013 et 35 d’ici à 2015.Aujourd’hui, on est loin de ces 50 milliards d’euros, puisque le fonds chargé des privatisations affiche un montant total de transactions de 7,7 milliards, dont seulement 3,1 milliards ont été effectivement perçus. Dans ses prévisions, le Fonds de développement des biens de la République hellénique (Taiped) envisage d’atteindre 9,6 milliards en 2016.Après la victoire de Syriza en janvier, plusieurs ministres avaient annoncé l’arrêt de certaines privatisations, notamment celle du Port du Pirée au grand dam des Chinois qui gèrent déjà l’un des ports de marchandises. Mais Alexis Tsipras a tranché en faveur des privatisations, à l’exclusion de celles concernant les sociétés de l’eau ou de l’énergie.Les principales privatisations en cours sont celles de la compagnie de chemin de fer, Trainose, des ports du Pirée et de Salonique, ainsi que plusieurs marinas.Une vingtaine d’opérations depuis 2011Depuis 2011, Taiped a mené à bien une vingtaine d’opérations. La plus importante est celle de la concession de quatorze aéroports régionaux accordée en novembre 2014 à une entreprise allemande, Fraport, associée à une société grecque, pour un montant total de 1,2 milliard d’euros. C’est la plus grosse privatisation réalisée à ce jour.La vente du site de l’ancien aéroport d’Athènes, Hellenikon, un immense terrain laissé à l’abandon depuis 2004, en bord de mer, a été confié à l’une des principales grandes familles grecques, les Latsis, associée à un fonds chinois et un fonds d’Abou Dhabi, pour 900 millions d’euros. L’affaire a suscité des polémiques car le bien avait été évalué à plus de 3 milliards d’euros.La société de jeux, l’OPAP, a été cédée à un consortium gréco-tchèque, Emma Delta. Le partenaire grec, Dimitris Melissanidis, est un magnat du pétrole. La Troïka avait exigé la création d’« une agence de la privatisation professionnelle et indépendante », Taiped en l’occurrence, pour gérer les privatisations, afin d’éviter « des interférences politiques quotidiennes ». Le résultat semble insuffisant puisque Berlin voulait externaliser le Fonds de privatisation au Luxembourg, à l’Institution pour la croissance, un organisme créé en 2012 et chargé d’accorder des prêts aux petites et moyennes entreprises grecques, en lien avec la Banque européenne d’investissements et la Banque pour la reconstruction (KfW), l’équivalent de la caisse des dépôts allemande.« Ce fonds serait géré par les autorités grecques sous la supervision des institutions européennes », précise la note de l’Eurogroupe.Le résultat semble insuffisant, au point que Berlin a - en vain - cherché à externaliser le Fonds de privatisation au Luxembourg, à l’Institution pour la croissance, un organisme créé en 2012 et chargé d’accorder des prêts aux petites et moyennes entreprises grecques.Mais le gouvernement grec a résisté à cette délocalisation, qui aurait abouti à une perte de souveraineté, qui a finalement été abandonnée.Alain SallesJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Charrel L'essentiel Après une nuit de tractations, les dix-neuf dirigeants de la zone euro se sont mis d'accord pour négocier un troisième programme d'aide à la Grèce . En contrepartie de ce soutien financier, la Grèce doit s'engager à mener des "réformes sérieuses", a annoncé le président du Conseil européen, Donald Tusk. Cet accord permet à la Grèce de rester dans la zone euro : "c'était l'objectif", selon François Hollande. Chaque jour rapproche un peu plus Athènes de l’asphyxie financière. Malgré l’accord conclu lundi 13 juillet au matin entre le gouvernement d’Alexis Tsipras et ses partenaires européens, après plus de 15 heures d’âpres négociations, l’urgence est bien là.Le financement transitoire pour permettre à la Grèce de faire face à ses besoins immédiats de fonds, dans l'attente de ce troisième plan d'aide international, n'a pas été trouvé car il est « très complexe » à mettre en place, a déclaré lundi le patron de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. « Nous n'avons pas encore trouvé la clé », a commenté M. Dijsselbloem, évoquant des difficultés financières, techniques, budgétaires et politiques. Un groupe de travail a été mis sur pied pour réfléchir à des solutions, alors qu’il faudra plusieurs jours avant que le pays ne puisse toucher la nouvelle aide de 82 à 86 milliards d’euros envisagée. Les échéanges sont pourtant nombreuses.Suivez l’évolution de la situation en directPlusieurs feux verts à obtenir avant le versement d’une aide Le Parlement grec devra notamment approuver les pistes de réforme évoquées, comme la hausse de la TVA, avant le 15 juillet. Le plan devra ensuite être validé par différents Parlements des pays membres de la zone euro.Les députés allemands devraient se prononcer vendredi 17 juillet dans la matinée sur le principe d'un troisième plan d'aide international à la Grèce, a annoncé le président du Bundestag, Norbert Lammmert.Lire aussi :Ce que la Grèce a accepté en contrepartie de l’aide financièreIl faudra, enfin, que le Mécanisme européen de stabilité (MES) débloque le nouveau prêt envisagé. Pour cela, son conseil des gouverneurs, qui rassemble les dix-neuf ministres des finances de la zone euro, devra tomber d’accord à l’unanimité. « Il n’est pas impossible qu’une procédure d’urgence soit enclenchée afin de libérer au moins une partie des fonds plus rapidement », confie une source européenne.Un remboursement à haut risque à surmonter le 14 juilletCar il y a urgence : les caisses d’Athènes sont vides. Et le pays doit faire face à plusieurs remboursements dans les jours à venir. Le 14 juillet, le pays doit rembourser l’équivalent de 20 milliards de yen (146 millions d’euros) d’obligations « samouraï ». Il s’agit de titres de dette émis par l’Etat grec en 1995 dans la monnaie nippone, et vendus à des investisseurs privés. La somme est peu importante au regard du montant total de la dette publique grecque (315 milliards d’euros, soit 177 % du produit intérieur brut).Seulement voilà : le 30 juin, Athènes a déjà échoué à rembourser le 1,6 milliard d’euros qu’elle devait au Fonds monétaire international (FMI). Et les analystes s’interrogent sur la capacité du pays à rembourser également les obligations samouraï. « Un défaut auprès de créanciers privés serait grave, car il priverait la Grèce d’un accès aux marchés financiers pendant des années encore, confie un banquier parisien. Le gouvernement Tsipras a néanmoins laissé entendre qu’il ferait son possible pour honorer cette échéance. »Ce n’est pas la seule. Le 20 juillet, le pays devra également rembourser 3,5 milliards d’euros à la Banque centrale européenne (BCE). Or, les caisses de l’Etat sont vides.Lire aussi :L’objectif de 50 milliards d’euros de privatisations à nouveau imposé aux GrecsLa nécessité de soutenir au plus vite les banquesFermées depuis le 29 juin et soumises à un strict contrôle des capitaux (les retraits sont limités à 60 euros par jour et par personne), les banques sont au bord de l’asphyxie. Lundi, le ministère des finances a annoncé la prolongation de leur fermeture. Pour une durée « probablement de deux jours », a indiqué à l'AFP une source du ministère des finances.Malgré ces mesures radicales, les banques grecques ne survivent aujourd’hui que grâce à l’aide d’urgence ELA fournie par la BCE, via la banque de Grèce, jusqu’ici plafonnée à 89 milliards d’euros. Lundi, un porte-parole de la BCE a annoncé que ce plafond était maintenu inchangé.Lire aussi :Des Grecs dépensiers ou malhonnêtes… le tour des idées reçuesSelon les calculs de Natixis, ce plafond ne sera pourtant plus suffisant dès cette semaine. S’il n’est pas relevé, les banques hellènes seront rapidement en manque de liquidités, puis insolvables. « Il faudrait alors recapitaliser les établissements au plus vite, mais le gouvernement ne dispose d’aucune réserve », expliquent les économistes de Natixis dans une note sur le sujet. Un scénario catastrophe qui, faute d’accord rapide, précipiterait le pays vers une sortie de l’euro.Un scénario catastrophe qui devrait être évité si, comme cela semble se profiler, la nouvelle aide au pays sera en partie utilisée pour recapitaliser les banques, à hauteur de 25 milliards d’euros.Le sort de la Grèce repose donc, en partie, sur les épaules de la BCE. Son conseil des gouverneurs, réuni lundi 13 juillet, a maintenu inchangé le plafond de son mécanisme de fourniture de liquidités d'urgence (ELA) aux banques grecques, a indiqué un porte-parole de l’institution.L’institution se retrouve dans une position particulièrement délicate. D’un côté, elle réserve en théorie ses aides d’urgence aux établissements solvables – or certains de ses membres, en particulier le gouverneur de la banque centrale allemande, Jens Weidmann, jugent que ce n’est plus le cas des banques hellènes. Et d’un autre côté, la BCE ne veut pas être celle qui « appuie sur la gâchette » et précipite la Grèce hors de la zone euroLire aussi :L’inquiétant tableau de la situation économique et financière grecque La BCE maintient ses financement d’urgenceMaintenant qu’Athènes et ses partenaires européens sont parvenus à un accord, il est probable que la BCE maintiendra sa perfusion d’urgence aux banques grecques. Toute la question est de savoir si elle augmentera le plafond des ELA avant le 20 juillet, date à laquelle la Grèce doit rembourser 3,5 milliards d’euros à l’institution. Pour l’heure, elle a seulement maintenu le plafond inchangé, malgré les demandes répétées d’Athènes.Mais là encore, tout porte à croire qu’elle le fera. Mais plusieurs options sont possibles. La première serait que la banque de Grèce demande aux autres États de la zone euro d’apporter leur garantie au relèvement des ELA. Mais il faudrait pour cela que l’Allemagne donne son accord, ce qui est toujours délicat.Une autre option, évoquée par des analystes mais beaucoup plus incertaine, serait que la Banque centrale européenne repousse de quelques jours le remboursement du 20 juillet, afin de s’assurer qu’Athènes bénéficiera de l’aide financière nécessaire d’ici là.Si le pays passe cette échéance sans encombre, le gouvernement Tsipras pourra souffler. Du moins jusqu’au 20 août. Ce jour-là, le pays devra débourser 4,3 milliards d’euros, dont 1 milliard d’obligations d’Etat arrivant à échéance, 3,2 milliards dus à la BCE et 182 millions au FMI.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 11.07.2015 à 09h53 • Mis à jour le11.07.2015 à 11h42 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Un long et crucial week-end de négociations à Bruxelles, après une longue nuit de vote à Athènes. Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a vécu vendredi 10 juillet une interminable journée de tractations. Sur le front intérieur cette fois. Car quel que soit l’accord qu’Alexis Tsipras espère rapporter, il lui faudra le faire adopter au Parlement dans un délai très rapide.Il a donc demandé vendredi aux 300 députés de la Vouli (le Parlement grec) de lui accorder une sorte de procuration, pour aller défendre en leur nom à tous ses propositions à l’Eurogroupe de samedi et au sommet de dimanche. L’objectif : montrer un front uni, pro-euro, et rassurer Bruxelles sur la capacité du gouvernement à faire adopter, en temps venu, un éventuel accord.Lire aussi :Le point sur le dossier grec avant la réunion de l’EurogroupeAprès plus de 12 heures de débats, parfois très intenses, une large majorité de députés (251 sur 300) a voté en faveur de cette procuration. Bien au-delà donc des 151 voix requises pour faire adopter un texte au Parlement. C’est un nouveau paysage politique qui peut en sortir. Les principaux partis d’opposition, les conservateurs de Nouvelle Démocratie (ND), les socialistes du Pasok ou les centristes de To Potami, ont voté en faveur de cette procuration. « Nous demandons ainsi au premier ministre de négocier avant tout pour le maintien de la Grèce dans la zone euro », a déclaré Stavros Theodorakis, le leader de To Potami à la tribune.Si, sans surprise, les députés du parti néonazi Aube dorée et du Parti communiste KKE ont voté contre, c’est cependant du côté même du parti de la gauche radicale Syriza, la famille politique d’Alexis Tsipras, que les résultats sont les plus contrastés. Et préfigurent des ajustements politiques qui ne manqueront pas de se mettre en place dans les prochains jours. « Chaque chose en son temps. En terminer avec la négociation est la priorité », a affirmé à la fin du vote Alexis Tsipras, refusant de commenter les rumeurs de remaniement ministériel ou d’élections anticipées qui circulent en Grèce.« Aggraver la récession »Mais il ne pourra longtemps ignorer le message de dissidence envoyé par 17 de ses députés. Deux d’entre eux ont voté non à la procuration, 8 se sont abstenus et 7 n’ont pas pris part au vote, dont l’ancien ministre des finances, Yanis Varoufakis, qui a prétexté des obligations familiales.Au total, 17 députés donc ont marqué leur désaccord avec les propositions envoyées jeudi soir par le premier ministre à Bruxelles. « Je ne peux pas soutenir un nouveau plan de mesures néolibérales et de privatisations (…) qui ne peut qu’aggraver la récession », a précisé après le vote le ministre du redressement productif, Panayiotis Lafazanis.Au vu de ce qui vient de se passer au Parlement grec vendredi, Alexis Tsipras serait certes en mesure de faire adopter un éventuel accord mais en force, avec les voix de l’opposition et en perdant sa propre majorité. « Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, estimait cependant samedi matin une source gouvernementale. Tout va dépendre tout de même de ce que l’on va obtenir en échange de ce nouveau plan. »Il est vrai que les propositions formulées jeudi par Athènes se rapprochent de celles qui étaient exigées par les créanciers. Pourquoi Alexis Tsipras a-t-il organisé un référendum pour finalement accepter des conditions similaires à celles qu’il refusait avant ? Les Grecs ayant voté majoritairement (à 62 %) non à toute nouvelle mesure d’austérité pourraient eux aussi se sentir trahis. Quelques milliers de personnes – très peu au final – étaient venues manifester vendredi soir devant le Parlement pour dire en substance : « Attention, ne nous trahis pas ! »Lire aussi :« Je pensais qu’on allait claquer la porte de l’Europe »Renégociation de la detteIl y a pourtant une différence majeure entre ce que proposaient les créanciers avant et après le référendum. Pas sur les mesures mais sur la question de la renégociation de la dette. Avant le référendum, l’Europe et notamment l’Allemagne, l’Espagne ou le Portugal étaient sur une ligne très dure, refusant l’idée d’ouvrir le chapitre d’une renégociation de la dette publique grecque (177 % du PIB) à courte échéance.Au lendemain du référendum pourtant, la France, les Etats-Unis mais aussi le FMI se sont prononcés en faveur d’une renégociation de la dette, pourquoi pas dès octobre prochain. Voilà la contrepartie que Tsipras espère obtenir ce week-end. S’il revient avec dans ses poches une renégociation de la dette, il est convaincu qu’il pourra faire accepter un nouveau plan, même dur, à sa population, à son Parlement et même aux ultras de son parti. Dans un nouveau sondage paru vendredi, les Grecs se prononçaient à 75 % pour la conclusion d’un accord et à 84 % pour le maintien dans la zone euro. C’est cette voix-là et non pas celle des radicaux de son parti qu’Alexis Tsipras entend aujourd’hui incarner.Avec ce plan, il accepte un nouveau train difficile de nouvelles économies, mais en échange d’un nouveau prêt sur trois ans de 53 milliards d’euros et d’une enveloppe pour la croissance de 35 milliards, ce qui permettra de donner un peu de répit à une économie grecque exsangue. En cas d’accord à Bruxelles, dimanche, il devrait aussi au passage obtenir que soient revus à la baisse les objectifs d’excédent primaire imposés au précédent gouvernement et surtout que la renégociation de la dette soit enfin ouverte. Il devrait réussir à trouver les bons mots pour vendre ce bilan à son peuple et à ses députés. Mais avec quelle majorité ?Lire aussi :Refuser le compromis ou ébranler sa majorité : le dilemme d’Angela MerkelAdéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.07.2015 à 23h07 • Mis à jour le10.07.2015 à 23h45 | Elisa Perrigueur (à Athènes, correspondance) Il y a trois semaines, Myrto Kalogeropoulou défilait avec engouement, place Syntagma dans le centre d’Athènes, pour soutenir son gouvernement. Il y a deux semaines, la jeune femme de 31 ans manifestait avec fierté pour appeler à voter oxi (« non ») au référendum du 5 juillet. Vendredi 10 juillet au soir, toutefois, au milieu de la grande foule, place de la Constitution, cette électrice de Syriza avait perdu son enthousiasme.Comme Myrto, ils étaient environ 7 000 à s’être réunis au pied du Parlement grec pour rappeler leur volonté de dire non aux mesures de rigueur pour la Grèce. Tous n’ont pas caché leur colère contre le « nouveau mémorandum », qu’ils jugent trop austère. La veille, le premier ministre, Alexis Tsipras, a rendu aux créanciers ses propositions de réformes pour le pays. Parmi elles, la hausse de la TVA ou de l’âge de départ à la retraite. « Ces mesures relèvent d’une trahison, lâche Myrto Kalogeropoulou, pourtant membre de la force politique Syriza depuis 2004. C’est la mort de notre parti. »Lire aussi :Ce que propose Athènes à ses créanciers« Nous nous battrons »Elle l’assure : « Nous allons vers des divisions au sein de notre force politique. Les mesures d’austérité ont détruit le pays. Les nouvelles propositions de Tsipras détruisent l’espoir né ces dernières semaines. » La jeune femme estime toutefois que cette période « de lutte » n’a pas été vaine. « Le référendum nous a rendus exigeants, il y a eu une effervescence politique, maintenant, nous allons nous battre jusqu’au bout, avance-t-elle. Nous allons continuer à protester pour que cet accord ne passe pas. » A quelques mètres d’elle, dans la foule, Angelos, 24 ans, est aussi déçu. « Nous nous sommes battus, on pensait que ce vote avait une valeur ! Je suis surpris, nous n’avons pas reculé mais Tsipras si, explique cet électeur de la gauche radicale. »Christos Ioannidis partage ce sentiment de colère, en observant ce rassemblement au goût amer. Il arbore sur sa poitrine, un badge « Oxi ». Cet adhérent Syriza de 58 ans affirme toutefois qu’il n’est pas là pour « dénoncer » son gouvernement qui « n’a pas eu le choix ». Il veut « rappeler [son] opposition à l’austérité pour laquelle nous avons voté. Aujourd’hui c’est comme si notre voix ne comptait pas. Nous le disons haut et fort, on a voté non, au risque d’aller à la lutte contre l’Europe ». Ce chômeur se dit en revanche plus « pessimiste » sur la suite des tractations : « Bien sûr que ces propositions passeront dimanche, ce sont les suggestions de Jean-Claude Juncker [président de la Commission européenne], pourquoi les créanciers refuseraient-ils ? » Christos prédit toutefois « des conséquences, ici dans la rue ».Front commun des partis d’extrême gaucheAu-dessus de la foule, des drapeaux du PAME flottent en masse. Venus en grand nombre, les partisans du syndicat du Parti communiste ont crié leur colère. Fait rare, les communistes, les trotskistes léninistes d’Antarsya et quelques petits groupes d’extrême gauche, forces politiques d’ordinaire divisées, ont manifesté aux côtés de Syriza vendredi soir. « L’actualité veut cela, c’est une coïncidence », insiste Giorgia Taztaz, retraitée communiste. « Syriza est fini ! », renchérit à quelques mètres Charalambos Tsavimos, un retraité de 60 ans, remonté. « Du jour au lendemain, Tsipras a décrété que les mesures d’austérité étaient viables, s’emballe le communiste, pendant des semaines on nous a fait croire à une résistance ! Tout retombera dimanche. »Elisa Perrigueur (à Athènes, correspondance)Journaliste au Monde 10.07.2015 à 16h56 • Mis à jour le10.07.2015 à 20h44 Le Danemark a appelé, vendredi 10 juillet, ses ressortissants à quitter la Tunisie dès que possible en raison du risque « élevé » d’un nouvel attentat, au lendemain d’une recommandation semblable de la Grande-Bretagne. « Si vous vous trouvez en Tunisie et n’avez pas de raison essentielle d’y rester, il vous est recommandé de partir avec l’aide d’un voyagiste ou via un vol commercial », a indiqué le ministère des affaires étrangères danois sur son site Internet.Pour ceux qui « ont des raisons essentielles de se rendre en Tunisie », le ministère leur recommande « d’observer des précautions particulières dans les lieux visités par de nombreux étrangers, y compris les bars et les hôtels ». Selon le ministère, « presque tous les voyagistes charter danois ou nordiques ont provisoirement suspendu leurs départs vers la Tunisie prévus au second semestre ». Dans tous les cas, le ministère déconseille formellement à ses ressortissants d’aller dans les régions frontalières de l’Algérie et de la Libye.De même, le ministère des affaires étrangères irlandais a annoncé dans un communiqué encourager « tous les touristes irlandais en Tunisie à évaluer si leur présence dans ce pays est essentielle et, si ce n’est pas le cas, nous leur conseillons de partir ». Le ministère « déconseille tout voyage non essentiel ».La Finlande a également amendé vendredi ses conseils à ses ressortissants. « Troubles politiques intérieurs. Risque élevé de nouvel attentat contre des touristes. Les autorités n’assurent pas la sécurité des zones touristiques de manière adéquate. Les voyages vers les régions frontalières sont interdits », écrit l’ambassade de Finlande à Tunis sur son site.Demande de « vigilance » côté françaisCes recommandations interviennent au lendemain de la décision similaire du ministère des affaires étrangères du Royaume-Uni. Le 26 juin, un attentat commis par un homme armé d’une kalachnikov sur une plage à Port El-Kantaoui a coûté la vie à 38 personnes, dont 30 Britanniques. La Tunisie a proclamé l’état d’urgence le 4 juillet, et ce pour trente jours, en raison de la crainte de nouvelles attaques.Le ministre tunisien Kamel Jendoubi, chargé de la communication du gouvernement sur les mesures prises après l’attentat, a dit vendredi que « le défi aujourd’hui est de protéger la démocratie tunisienne naissante ». « Et (…) les données disponibles chez le ministère de la défense et de l’intérieur ne contiennent pas de nouvelles informations sur un vrai danger », a-t-il dit à la presse. Mais dans la nuit de jeudi à vendredi, le premier ministre, Habib Essid, avait admis que la situation sécuritaire dans le pays restait « fragile » et que « les menaces terroristes existent ». Et le ministère de l’intérieur a annoncé vendredi que cinq « éléments terroristes » non identifiés avaient été tués dans la région de Gafsa, dans le centre du pays.Lire aussi :La Grande-Bretagne déconseille la Tunisie comme destination touristiqueLe ministère des affaires étrangères français rappelle de son côté qu’après les attentats de Sousse, « la recommandation faite aux ressortissants français d’être particulièrement vigilants est renouvelée ». Le tourisme est un secteur vital pour l’économie tunisienne, représentant 400 000 emplois directs et indirects et une source importante de devises. 10.07.2015 à 12h04 • Mis à jour le10.07.2015 à 14h21 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La Grèce a remis ses propositions de réformes à ses créanciers, jeudi 9 juillet 2015, dans le temps imparti. Mais il reste un défi de taille pour le premier ministre, Alexis Tsipras : faire accepter à sa majorité et au Parlement ce nouveau paquet de réformes dures qui prévoit 13 milliards d’euros d’économies sur trois ans, dans l’espoir d’obtenir en contrepartie un financement de 53,5 milliards d’euros pour couvrir les obligations liées à la dette grecque jusqu’en 2018 ainsi qu’« un paquet de 35 milliards » pour relancer la croissance.Lire le détail du plan :Ce que propose Athènes à ses créanciersDès vendredi matin 8 heures, Alexis Tsipras a convoqué au Parlement dans une réunion conjointe son groupe parlementaire (149 députés) et le bureau politique du parti de la gauche radicale Syriza. « Nous allons discuter collectivement, et je suis sûr que tout ira bien », a déclaré le ministre de l’intérieur, Nikos Voutsis, avant d’entrer dans la salle. « Nous allons donner au premier ministre une procuration pour négocier en notre nom. Tout ira bien », ajoutait un autre député du parti.Les membres et les députés de Syriza affichaient donc leur unité avant d’ouvrir la consultation, mais au fond, une fois les portes closes, les débats ne devraient pas manquer d’être musclés. Au cours des cinq derniers mois, à chaque fois qu’Alexis Tsipras s’est expliqué devant sa majorité parlementaire, il lui a fallu faire preuve d’énormément de force de conviction pour contenir les dissidences.Déjà tard jeudi soir, le ministre de la restructuration de la production, Panayotis Lafazanis s’est exprimé lors d’un congrès sur l’énergie. « Le non du peuple grec au référendum ne peut pas se transformer en un humiliant oui et déboucher sur un nouveau mémorandum [plan d’austérité] », a déclaré le ministre, par ailleurs leader de la plate-forme de gauche, un courant situé à l’aile gauche de Syriza. Selon M. Lafazanis la Grèce aurait « d’autres choix » que celui d’un accord « trahissant » le peuple grec.Risque de blocageLors du conseil des ministres quelques heures plus tôt M. Lafazanis s’était déjà montré très critique à l’encontre des propositions mises sur la table. Sur le projet de loi déposé un peu plus tard au Parlement on ne retrouve d’ailleurs pas sa signature. Avec une petite vingtaine de députés environ, la plate-forme de gauche dispose d’un potentiel de blocage bien réel. Si M. Lafazanis incitait ses troupes à rejeter l’accord, Alexis Tsipras devrait passer en force en ralliant des voix de l’opposition : il pourrait alors se tourner vers le parti centriste Potami, une partie des socialistes du Pasok, ou les conservateurs de Nouvelle Démocratie.Pour autant, Alexis Tsipras est convaincu que s’il arrive à obtenir une renégociation de la dette il réussira à faire accepter ce nouveau plan d’austérité à sa population, à son parti et à son Parlement. Lors de son discours d’introduction devant son groupe parlementaire, Alexis Tsipras a réaffirmé qu’il n’avait pas reçu comme mandat de sortir la Grèce de la zone euro. Une façon de faire pression sur les plus radicaux pour leur rappeler qu’un compromis entre la ligne antiaustérité et la volonté des Grecs de rester dans l’euro était nécessaire. « Soit nous continuons tous ensemble, soit nous tombons tous ensemble », a ajouté le premier ministre.Lire aussi :Crise grecque : la dette, sujet tabou mais incontournablePour l’instant, les députés ne sont pas appelés à se prononcer sur les réformes elles-mêmes : ils ne le seront que si l’accord est effectivement conclu à Bruxelles. Pour l’instant, Alexis Tsipras demande aux députés une sorte de procuration pour aller défendre ce texte à l’Eurogroupe et au sommet de dimanche. Un nouvel appel à l’unité grecque pour sortir de l’impasse.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.07.2015 à 10h49 • Mis à jour le11.07.2015 à 10h21 | Stéphanie Maupas (La Haye, correspondance) Le témoin protégé « RM313 » avait 7 ans lors du massacre de Srebrenica. Appelé à déposer à la barre du tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye, dans le procès de l’ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic, il montre aux juges ses trois cicatrices, au genou, au bras et au visage. Des blessures enfouies, ancrées en lui, il ne pourra, en revanche, souffler un seul mot. Pas plus qu’il ne se souvient d’où se trouvait son père lorsque le peloton d’exécution bosno-serbe a tiré.C’était il y a vingt ans jour pour jour, en Bosnie-Herzégovine, dans les enclaves de Srebrenica et de Zepa (une seconde enclavé censée être protégée par les Nations unies). Comme le père de « RM313 », près de 8 000 hommes, Musulmans de Bosnie, y furent massacrés alors qu’ils étaient censés être sous la protection des Nations unies. Les procès des chefs politiques et militaires bosno-serbe, Radovan Karadzic et Ratko Mladic sont toujours en cours et le verdict ne sera pas connu avant 2017. A ce jour, quatorze autres responsables ont été condamnés par le tribunal pour le massacre de Srebrenica. 6 930 corps ont été identifiés et les exhumations se poursuivent.« RM247 », autre témoin sous pseudonyme, détient une partie de l’histoire de « RM313 ». Et il l’a racontée au cours de l’un des six procès du TPIY portant sur les crimes de Srebrenica. Chauffeur dans l’armée bosno-serbe, « RM247 » se rend sur le site d’Orahovac. Ce 14 juillet 1995, se rappelle-t-il, 25 à 30 prisonniers sont débarqués d’un camion, bandeaux sur les yeux, poignets liés. « Ils les ont obligés à se mettre en ligne » et ils ont tiré. Puis « il y a eu quelque chose d’absolument terrible, quelque chose que je n’ai jamais pu oublier… », souffle-t-il aux trois juges. Le témoin évoque « ce tas de corps morts, qui ne ressemblaient même plus à rien. Puis il y a eu un être humain qui en a émergé, c’était un garçon de 5 ou 6 ans, c’était incroyable. (…) Il a commencé à se diriger vers le chemin, le chemin où il y avait ces hommes avec des mitraillettes et cet enfant marchait vers eux. Tout d’un coup, ils ont baissé leurs armes et tous, jusqu’au tout dernier, restaient pétrifiés sur place face à cet enfant. Il était couvert de morceaux de corps, d’intestins des autres personnes. » L’officier de service ordonne d’exécuter l’enfant. Mais les soldats désobéissent. Alors « RM247 » le conduit secrètement à l’hôpital. L’émotion l’étreint au point qu’on saisit mal ses mots. « J’étais un homme fort, à l’origine, j’avais la réputation d’être quelqu’un de solide. Mais la façon dont ceci vous saisit… »Le drame de Srebrenica a commencé avec la directive n° 7, signée en mars 1995 par Radovan Karadzic, qui ordonnait aux soldats bosno-serbes de « créer une situation insupportable d’insécurité totale sans aucun espoir de survie ou de vie pour les habitants de Srebrenica ». A ses juges, l’accusé de génocide assure avoir signé sans lire ce document devenu une pièce à conviction de l’accusation.Quant à Ratko Mladic, il affirme que l’ordre de M. Karadzic était illégal et qu’il ne l’a jamais fait exécuter. Pourtant… Début juillet, l’opération militaire « Krivaja 95«  était lancée. L’enclave, pourtant déclarée « zone protégée » par les Nations unies, tombait en quelques jours aux mains des forces bosno-serbes, sous le regard de casques bleus néerlandais impuissants.« Tout est teinté par la mort »Malgré les procès, l’histoire n’a toujours pas livré tous ses secrets. Dans un entretien au quotidien néerlandais De Telegraaf, publié fin mai, le général à la retraite Bart Wagenaar a assuré que le gouvernement néerlandais a trahi le bataillon de casques bleus de Srebrenica, ordonnant que cessent les frappes aériennes contre les troupes bosno-serbes. Dans un ouvrage intitulé Le Sang de la Realpolitik (Don Quichotte, 288 pages, 9,99 €), l’ancienne porte-parole de la procureure du TPIY et ex-journaliste du Monde, Florence Hartmann, assure qu’Américains, Français et Britanniques ont abandonné Srebrenica aux mains des Bosno-Serbes en connaissance de cause, pour convaincre le président serbe Slobodan Milosevic de signer l’accord de paix de Dayton, conclu six mois plus tard. « Les trois puissances ont négocié l’abandon de Srebrenica », écrit-elle, et « par ce marché de dupes, sont devenues les facilitateurs du dernier génocide du XXe siècle ». Slobodan Milosevic aurait dû répondre des crimes de Srebrenica à La Haye, mais il est mort dans sa cellule en 2006.Lire aussi :Vingt ans après le massacre de Srebrenica, le chemin de la réconciliation est encore longLors du procès du général Mladic, la psychothérapeute Teufika Ibrahimefendic a témoigné du « syndrome de Srebrenica » dont souffrent les familles des disparus. « Ils sont encore capables de rire de temps en temps, avait-elle expliqué, mais d’une certaine manière, tout est teinté par la mort. » Ce massacre, le plus terrifiant commis sur le territoire européen depuis la seconde guerre mondiale, a été qualifié de génocide par le TPIY puis la Cour internationale de justice (CIJ). Mais tandis qu’à New York, en Bosnie et ailleurs, on commémore le drame, Milorad Dodik, devenu président de la Republika Srpska, l’entité des Serbes de Bosnie, dénonce un mensonge. « Ils nous disent : vous ne devez pas nier. Comment ne pas nier un mensonge ? C’est vous qui ne dites pas la vérité. », déclarait-il le 5 juillet. Mercredi, aux Nations unies, la Russie a mis son veto à une résolution britannique qualifiant les massacres de génocide.Stéphanie Maupas (La Haye, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Mathilde Damgé et Samuel Laurent Le coût supposé de la dette grecque pour notre pays atteindrait 600 à 700 euros par Français… Voici le chiffre anxiogène que l’on peut entendre ou lire ça et là, en cette période de crise grecque aiguë.En réalité, cela ne signifie pas que les contribuables Français vont être mis à contribution pour rembourser chacun ces 600 euros de leur poche. En fait, ces 600 euros représentent une exposition : ils mesurent le risque que la France a pris en prêtant à l’Etat grec. Tâchons d’y voir plus clair.Deux types de detteIl faut tout d’abord comprendre qu’une dette, pour un Etat, n’est pas la même chose qu’une dette contractée par un particulier. La plupart des Etats sont endettés, parfois à des niveaux supérieurs à celui de la Grèce. Mais un Etat n’est pas une entreprise ni un individu : il ne va pas mourir ni risquer de fermer, et il génère forcément des richesses chaque année.Une dette d’Etat ne se rembourse en général jamais totalement : à mesure que des emprunts arrivent à échéance, ils sont remplacés par d’autres, et ainsi de suite. En effet, les Etats émettent des bons du Trésor d’une échéance allant généralement de trois mois à dix ou quinze ans. Il leur faut donc émettre de manière permanente une proportion importante de leur dette et ce même s’ils ne sont plus en déficit budgétaire.En pratique, la dette, ce sont des emprunts que l’Etat contracte auprès de divers acteurs, avec un taux d’intérêt plus ou moins élevé selon le risque que le prêteur estime prendre. Le risque de ne pas être remboursé, en totalité ou en partie est donc intégré ; c’est ce qu’on appelle un défaut.La France est engagée auprès de la Grèce de deux manières :du fait de son engagement au sein du Fonds européen de solidarité financière (FESF). Ce fonds mutualisé européen, qui a financé Athènes après que le secteur financier lui a imposé des taux d’intérêt très élevés, rendant de facto impossible pour la Grèce d’emprunter sur les marchés ;du fait de prêts bilatéraux consentis par la France à Athènes (et donc empruntés par la France auprès des marchés financiers).Les banques françaises, qui ont acheté beaucoup de dette grecque en début de crise, s’en sont désormais débarrassé en grande partie.Que se passe-t-il en cas de défaut ? Un emprunt d’Etat peut être de différents types : obligations, le plus souvent dans sa propre monnaie – négociables ensuite sur les marchés financiers –, mais aussi aides exceptionnelles du FMI ou d’autres organismes internationaux, généralement assorties d’un calendrier prévoyant les échéances de remboursement.Faire défaut, pour un Etat, c’est donc ne pas honorer ses obligations, partiellement ou en totalité. La Grèce s’est en effet engagée, à chaque nouveau prêt des institutions internationales, à verser ses échéances selon un calendrier précis ; calendrier qu’elle a du mal à respecter. La Grèce a ainsi fait défaut mardi d’un remboursement dû au Fonds monétaire international (FMI).Un pays ne peut pas se déclarer en faillite et liquider ses actifs, encore moins fermer, ou être saisi par une sorte d’huissier mondial (même s’il devra vendre son patrimoine national, ou nationaliser de façon unilatérale des biens qu’il avait privatisés). Ce qu’il risque, en réalité, c’est la perte de confiance des investisseurs. Tout emprunt futur pour se financer sera rendu extrêmement délicat.Néanmoins, nombre de pays ont connu des défauts, partiels ou totaux : citons le Mexique au début des années 1980, la Russie en 1998, l’Argentine en 2001… Et s’en sont en général relevés.En réalité, le risque majeur est encouru par la Grèce elle-même : elle a fait défaut d’un paiement de 1,5 milliard d’euros destiné au FMI, ce qui en théorie la prive des aides futures du Fonds. A terme, si elle se lançait dans un défaut total et ne pouvait plus emprunter ni auprès des marchés, ni auprès des institutions internationales, elle serait contrainte de se financer sur ses seuls revenus nationaux, ce qui ne suffirait pas.Voir notre infographie :La Grèce, dernier exemple d’une longue histoire de défauts souverainsDans quels cas le contribuable français serait-il sollicité ?Ici encore, il est difficile d’être affirmatif : le chiffre le plus souvent cité, environ 42 milliards d’euros engagés par la France pour la Grèce, est, on l’a vu, un agrégat de deux types d’engagements bien différents.Selon une note émise par le Sénat mercredi 9 juillet, le principal risque pour la France concerne le prêt bilatéral, qui n’a pas de garanties spécifiques. Si la Grèce faisait totalement défaut, ou sortait de l’euro, notre pays risquerait d’y perdre 11,4 milliards d’euros sur ses comptes 2015. Si l’on veut faire le fameux calcul, cela représente 175 euros par Français auxquels Il faudrait ajouter ensuite le non-remboursement des intérêts, qui représente des sommes moindres.Le Sénat évoque aussi le risque, plus ténu, d’un défaut grec sur le FESF. Celui-ci représente une sorte d’union des pays européens pour paraître plus crédibles face aux marchés financiers : noté « triple A », il peut emprunter à des taux très bas.C’est lui qui détient le plus de dette grecque : 130,9 milliards d’euros sur 312 milliards au total, soit plus de 40 %. Un défaut total du pays pourrait-il rendre le fonds moins attractif auprès des marchés, et donc affecter sa puissance d’action ? Difficile de le dire pour l’instant, mais le risque existe. Or, la France est engagée financièrement dans le FESF.Dans les deux cas, un déficit exceptionnel dû à un défaut Grec n’entraînera pas automatiquement une hausse de la fiscalité des particuliers français. L’Etat dispose de divers moyens de combler ce trou dans ses comptes : baisses de crédits sur d’autres postes, fiscalité des entreprises, etc.Les autres conséquences d’un défautFaire défaut, pour un pays, signifie qu’il n’est plus en état d’honorer ses obligations. Donc, en général, qu’il subit une grave crise. Cette crise a évidemment des conséquences induites. Par exemple, les entreprises françaises et leurs investissements en Grèce seraient victimes d’un ralentissement encore plus fort de l’économie hellène.C’est là un des paradoxes de cette crise : pour rassurer les marchés et s’assurer que la Grèce ne plombe pas toute la zone euro, les dirigeants européens et le FMI exigent d’elle des réformes et des coupes budgétaires souvent douloureuses. Or, ces politiques d’austérité pèsent sur l’économie, et donc sur les rentrées fiscales de l’Etat Grec, qui a d’autant plus de mal à honorer ses obligations.La plupart des économistes estiment d’ailleurs qu’un « Grexit » (une sortie de la Grèce de l’euro et un retour à la monnaie nationale, la drachme) coûterait environ deux fois plus cher à la zone euro qu’un nouvel allégement de la dette grecque : les Etats y perdraient les sommes prêtées de manière bilatérale, et le FESF des milliards d’euros.Lire aussi :Un « Grexit » coûterait plus cher à la zone euro qu’un allègement de la detteLa France bien plus exposée à l’Italie qu’à la GrèceDans une étude de 2012, la banque japonaise Nomura a calculé ce qu’il en coûterait à la France de sortir de l’euro. Selon elle, la France était exposée au risque grec, au total, à hauteur de 55 milliards d’euros, bien peu par rapport au risque italien ou espagnol. #container_14364283792{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14364283792{ height:500px; } #container_14364283792 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14364283792 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14364283792 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14364283792 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }L'exposition française 7 fois plus importante vis-à-vis de l'Italie que de la GrèceSource : Nomura(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14364283792", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Grèce","Irlande","Portugal","Espagne","Italie"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Public", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 10.7 ], [ "", 2.9 ], [ "", 6.2 ], [ "", 30.5 ], [ "", 106.8 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Privé", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 1.6 ], [ "", 9.8 ], [ "", 6.2 ], [ "", 38.6 ], [ "", 44.7 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Privé non bancaire (entreprises)", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 43.5 ], [ "", 19.3 ], [ "", 13.3 ], [ "", 81.8 ], [ "", 265 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 2, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Dans une version mise à jour, le 2 juillet, de son étude, Nomura estime qu’un « Grexit » provoquerait une dépréciation de la nouvelle monnaie nationale d’environ 40 %, ce qui impliquerait une hausse du coût des biens importés pour les Grecs.Autre effet mécanique le poids de la dette publique, qui est libellée en euros (c’est dans cette monnaie que l’essentiel de l’emprunt grec a été émis), augmenterait, rendant un défaut d’Athènes plus probable encore. Les créanciers seraient alors plus ou moins contraints à accepter que leurs obligations soient converties en drachmes. Ce dont les créanciers ont conscience et qui fait qu’ils n’ont pas intérêt au « Grexit » : ils seraient remboursés en « monnaie de singe ».Mathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.07.2015 à 23h43 • Mis à jour le10.07.2015 à 08h14 Douze migrants ont trouvé la mort, jeudi 9 juillet, dans le naufrage d’un bateau pneumatique surchargé au large de la Libye et 500 autres candidats à la traversée vers l’Europe ont été secourus, rapportent les gardes-côtes italiens.Les corps des victimes ont été découverts à une soixantaine de kilomètres de la côte libyenne par l’équipage du Dattilo, qui a pu sauver 106 autres passagers, a précisé un porte-parole.Le même équipage, qui a mené au total quatre opérations de sauvetage ce jeudi, a récupéré en tout 393 migrants, et 106 autres ont été secourus par deux frégates au large de Lampedusa, a-t-il ajouté.Lire aussi :L’Europe confrontée à un afflux inédit de migrants traversant la Méditerranée, selon l’ONU 09.07.2015 à 21h21 • Mis à jour le10.07.2015 à 12h00 | Frédéric Bobin (Tunis, correspondant) La mesure est un camouflet pour la Tunisie. Le gouvernement britannique a annoncé, jeudi 9 juillet, qu’il déconseillait désormais la Tunisie à ses ressortissants pour tout voyage « non essentiel ».La décision a été prise deux semaines après l’attentat djihadiste dans une station balnéaire à El-Kantaoui, près de Sousse, où trente-huit touristes étrangers ont trouvé la mort. Avec trente citoyens britanniques tués, le Royaume-Uni est le pays qui a payé le plus lourd tribut à cette nouvelle forme de terrorisme, qui avait déjà frappé le 18 mars le Musée du Bardo, à Tunis (vingt-deux morts, vingt et un touristes étrangers et un policier).« Le tableau de la menace a considérablement évolué »Dès le lendemain de l’attentat de Sousse, le gouvernement tunisien avait adopté un train de mesures sécuritaires afin de rétablir un semblant de confiance dans la destination tunisienne. Le 4 juillet, le président Béji Caid Essebsi avait même décrété l’état d’urgence face à un « danger imminent ». Une mesure d’exception que la Tunisie avait déjà connue de janvier 2011 à mars 2014, durant les turbulences de sa transition post-révolutionnaire.Ce nouveau dispositif n’a toutefois pas suffi à convaincre pleinement le gouvernement britannique. « Depuis l’attaque de Sousse, met en garde à Londres le secrétaire aux affaires étrangères, Philip Hammond, le tableau de la menace a considérablement évolué, nous conduisant à penser qu’une nouvelle attaque est hautement probable. »M. Hammond adresse une critique voilée aux mesures prises par les Tunisiens en estimant que « davantage de travail est requis pour protéger effectivement les touristes de la menace terroriste ».Lire aussi :Au Royaume-Uni, un mémorial pour les victimes de l’attentat de Sousse« C'est une perte de crédibilité pour la Tunisie »L’avis négatif émis par Londres risque de fragiliser davantage un secteur touristique déjà déstabilisé par les attaques du Bardo et de Sousse. « C'est très fâcheux, c'est extrêmement inquiétant, la saison est sacrifiée, a confié au Monde Ahmed Smaoui, professionnel du tourisme, ancien président de Tunisair et ex-ministre du tourisme et des transports. C'est une perte de crédibilité pour la Tunisie car on avait fourni des assurances aux tours opérateurs britanniques. Le gouvernement a déployé des mesures de sécurité mais elles n'ont pas été jugées convaincantes à Londres ».Le coup est d'autant plus dur que la clientèle britannique avait connu 10 % de progression annuelle depuis la révolution de 2011, à rebours des autres clientèles européennes. Avec 500 000 visiteurs par an, les Britanniques s'étaient hissés à la deuxième place derrière les Français (900 000). Jusqu’aux récentes secousses, l’industrie du tourisme contribuait pour 7,3 % au produit intérieur brut du pays et fournissait 470 000 emplois directs ou indirects, soit près de 14 % de la population active.Après l’attentat du Bardo, le gouvernement tunisien s’était lancé dans une campagne de relations publiques afin de réparer les dégâts infligés à l’image de la Tunisie. Il avait trouvé des oreilles attentives auprès de nombreuses capitales européennes décidées à soutenir politiquement un pays dont la transition démocratique était louée comme « exemplaire ». De nombreuses personnalités françaises s’étaient ainsi associées à la campagne « La Tunisie, j’y vais ». C’est cette solidarité politique qui est aujourd’hui en jeu avec la décision de Londres, dont la « priorité » est désormais « la sécurité de [ses] citoyens ».Paris devrait durcir son avisLa question est maintenant de savoir quelle va être l'attitude de la France. Dans l'avis aux voyageurs diffusé sur le site du quai d'Orsay dans la foulée de l'attaque de Sousse, Paris se contente de « renouveler » sa « recommandation » d'être « particulièrement vigilants ». Cet avis « déconseille formellement » les zones frontalières avec la Libye à l'Est et avec l'Algérie au Sud-Ouest, l'extrême-sud saharien ainsi que les monts Chaambi, Semmama et Selloum dans le Centre-Ouest. La bande méridionale qui se déploie en arc au sud de Ben Gerdane, Borj-Bourguiba et Bir Rjim Maatoug est, elle, « déconseillée sauf raison impérative » tout comme la frontière du Nord-Ouest avec l'Algérie au sud de Tabarka. Quant au reste du pays, il est considéré comme requérant une « vigilance renforcée ».C'est cette cartographie du risque que Paris va devoir redéfinir au vu des dernières informations sur l'implantation de cellules djihadistes et des mesures prises par Tunis pour les contrer. Tout indique que l'avis de Paris sera « durci ». Le déploiement des forces tunisiennes supplémentaires dans les zones touristiques est loin de faire l'unanimité chez les diplomates européens en poste à Tunis.« Comment les Tunisiens vont-ils prendre en compte ces menaces dans la durée ? », interroge un diplomate qui avoue, un brin sceptique: « On voit déjà les mauvaises habitudes qui reprennent ». Tunis, de son côté, ne cesse de souligner qu'il n'a pas, seul, les moyens de faire face au vu de ses moyens budgétaires limités.Frédéric Bobin (Tunis, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 31.07.2015 à 15h57 Par Jean Bizet, Sénateur (LR, Basse-Normandie)Le calme revient dans les campagnes mais pour combien de temps ? Déjà, en 2009, les éleveurs déversaient du lait devant le Mont Saint-Michel. Une récurrence autant qu’un découragement. Des barrages ? Ce sont plutôt des blocages de la profession tant tout paraît noué. Ce n’est pas 4 centimes de plus par litre qui changeront les choses. Car il est certain que tout recommencera, demain, ici ou ailleurs. La faute est collective mais elle est d’abord interne, tant il y a d’arguments éculés, d’attentes vaines et de méthodes à bannir.Lire aussi :Après la crise de la viande, celle du laitQue dire du sempiternel discours sur la fin des quotas laitiers depuis avril 2015 ? En France, tout se passe comme si les éleveurs n’avaient jamais vraiment cru que cela arriverait. La faute aux distorsions de concurrence ? L’ancien Commissaire Dacian Ciolos racontait que lorsqu’il fit le tour de l’Union, chaque État lui avait fait part de récriminations contre les autres. Les Français évoquent la main-d’œuvre étrangère employée en Allemagne. Mais ils ne voient pas qu’ils ont un foncier dix fois moins onéreux qu’outre Rhin et que beaucoup ont encore recours aux services quasi gratuits de leurs vieux parents. Même si cela ne durera qu’un temps.L’augmentation du prix, une désillusionLes éleveurs français réclament une régulation de substitution. Tel fut l’objet des règlements européens du paquet lait de 2012, pris à l’initiative de la France, qui prévoyaient des contrats de livraison négociés par des organisations professionnelles, les OP. Mais les syndicats rechignent à leur confier le soin de signer des contrats. Les éleveurs attendent plutôt la hausse du prix d’intervention, afin de permettre à la Commission de racheter du beurre et de la poudre de lait à des prix moins humiliants que les 22 centimes le litre d’aujourd’hui. C’est l’ordre du jour du Conseil agricole du 7 septembre. Mais on peut craindre que, même s’il augmente, le prix d’intervention ne couvrira jamais les coûts. Autant de désillusion en perspectives.Lire aussi :Au revoir les quotas laitiers, bienvenue aux lois du marchéAujourd’hui, les éleveurs font la chasse aux importations alimentaires. Il y a vingt ans, les agriculteurs avaient arrêté les camions de fraises espagnoles. Dans un arrêt de 1997, la Cour de Justice avait condamné la France - pas les paysans, non, l’État pour entrave à la libre circulation et manquement aux obligations des traités. Passons sur la question juridique, mais un peu de bon sens : alors que la France est parvenue à réunir un Conseil agricole début septembre, les éleveurs commencent à arrêter les camions des autres États. Comment les indisposer davantage ?Les éleveurs font face à des partenaires engagés, au premier rang desquels figurent les acheteurs, les industriels et la distribution. Les prix des produits laitiers sont un jeu à trois. Mais tout se fait par paire, en face à face, et à aucun moment les trois ne sont présents en même temps. C’est très bien d’avoir pu arracher un accord avec la grande distribution sur 34 centimes le litre, mais cela ne concerne que les marques de distributeurs, et, sitôt l’accord signé, les industriels ont indiqué qu’ils ne pouvaient rien garantir. Dès lors que 60 % de leurs ventes sont à l’export, ils ne peuvent s’engager sur un prix du lait supérieur à celui des concurrents. Les industriels ont été absents dans cette phase du conflit. N’ont-ils rien à proposer ? Mettre les coûts de production dans les formules de prix dans les prochains contrats de livraison par exemple. Voilà qui aurait été une belle annonce. Qu’ont-ils à cacher ? Se désintéressent-ils à ce point du marché français pour disparaître ? Ce fut une erreur.Repenser la PACDeuxième partenaire : les médias, aussi volatiles que le prix du lait. Les médias, d’ordinaire si prompts à dénoncer les agriculteurs pollueurs et les conditions d’élevage, ont tu leurs critiques et n’ont pas ressorti leur ritournelle sur les vertus des circuits courts et du bio, qui sont de vraies pistes individuelles mais une fausse solution collective.L’Union européenne a fait le choix du libre marché et de la compétitivité. Soit. Il faut repenser la Politique agricole commune (PAC), cesser les aides aux revenus, injustifiées lorsque les prix sont élevés, réfléchir à un système assurantiel, remettre de la solidarité au cœur de la PAC, réinventer l’intervention non plus pour stocker en attendant des jours meilleurs mais pour assurer une redistribution alimentaire lorsque les besoins se font sentir, comme c’est le cas en ce moment.Lire aussi :Prix du lait : en Allemagne, « nous avons les mêmes difficultés que les agriculteurs français »Enfin, l’Etat. 24 mesures d’urgence, avec l’étalement des dettes, l’allégement des charges, la fiscalité, un logo promotionnel, etc. Alors, pourquoi cette déception ? Parce que l’État ne fait que présenter un catalogue alors que les éleveurs attendent une stratégie. Avec la fin des quotas, le paysage laitier européen va changer. Il y a des pays à potentiel et à ambition (Allemagne, Pays Bas, Irlande) et des pays qui n’avaient gardé une capacité laitière que grâce aux quotas nationaux. La France est, sur ce plan, l’Europe en plus petit. Il y a des ambiances laitières différentes, des régions en dynamiques laitières et d’autres en déprise. Que fait-on maintenant ? Il y a des choix industriels et des choix politiques à faire. La question des grandes fermes se pose. Elles permettent de maintenir une masse critique de collecte et peut-être utile aux régions qui risquent de perdre leur production laitière. Sur un plan politique, ou l’État joue la compétitivité de la filière en acceptant des concentrations régionales et de taille, ou il fait le choix de garder des fermes et des laiteries partout en France. Dans ce cas, il faut un soutien massif des régions, autres grandes absentes de cette nouvelle crise laitière. Le Sénat, représentant des territoires, prendra sa place dans cette réflexion.La fin des quotas laitiers est un défi pour la France mais tout semble bloqué. Ce n’est pas une révolte qui apporte 4 centimes par litre qui changera les choses, il faudrait aux éleveurs une révolution qui leur donnerait une espérance.Lire aussi :La crise du lait n’épargne pas les producteurs allemands 31.07.2015 à 14h38 • Mis à jour le31.07.2015 à 16h46 L’image a été prise dans la nuit du 30 au 31 juillet. On distingue quelques camions passant au-dessus des voies ferrées à l’arrivée du terminal de Folkstone, au Royaume-Uni, à quelques centaines de mètres de la sortie du tunnel qui permet à de nombreux poids lourds de traverser la Manche.Et sur le toit de l’un d’eux, deux silhouettes : il s’agirait de deux migrants qui auraient réussi à entrer au Royaume-Uni, couchés sur le poids lourd.« C’est la première fois que je vois des migrants à la sortie du tunnel », rapporte au Monde Justin Tallis, photojournaliste de l’AFP, qui a réalisé le cliché, en précisant cependant qu’il n’avait pas vu précisément les migrants sortir du tunnel sur le toit du camion.« Si quelqu’un veut aller quelque part, rien ne l’en empêchera » Cette image révélerait que certains migrants sont parvenus à échapper cette semaine aux contrôles mis en place à l’autre bout du tunnel, à Calais, et ce malgré le déploiement de 120 policiers supplémentaires, depuis jeudi. C’est en effet la première image montrant des personnes présentées comme des migrants ayant réussi la traversée.Car à une trentaine de kilomètres de Folkstone, côté français, 3 000 clandestins patientent actuellement espérant passer la frontière : depuis près de deux mois, 1 500 à 2 000 tentatives d’intrusion sont constatées quotidiennement sur le site d’Eurotunnel, une zone de 650 hectares.Les mêmes migrants, désireux de rejoindre l’Angleterre, tentent leur chance plusieurs fois par nuit, par groupe d’une dizaine, voire d’une centaine de personnes.Les tentatives ont été plus nombreuses encore ces derniers jours, des migrants cherchant à s’introduire sur le site d’Eurotunnel à Calais, essayant de monter sur des navettes pour rejoindre l’Angleterre. Dans la nuit de mercredi à jeudi, la police a procédé à environ 300 interceptions et comptabilisé entre 800 et 1 000 migrants aux alentours du site. Malgré tout, des migrants font toujours l’impossible pour s’introduire sur le site, en passant à travers champs ou en escaladant les grilles. « Si quelqu’un veut aller quelque part, si c’est son objectif, rien ne l’en empêchera », témoigne l’un d’entre eux.« Aucune leçon à recevoir » pour CazeneuveAlors que plus de mille tentatives d’intrusion ont encore été recensées par la police dans la nuit de jeudi à vendredi, le premier ministre britannique, David Cameron, a annoncé que de nouvelles clôtures et des chiens renifleurs supplémentaires allaient être envoyés pour sécuriser le site à Calais.« La situation est inacceptable. Des gens essaient d’entrer illégalement dans notre pays et ici les routiers et vacanciers font face à des perturbations. Nous allons envoyer des clôtures, des chiens renifleurs et des moyens supplémentaires. »M. Cameron a ajouté qu’il allait « parler au président Hollande plus tard dans la journée » pour le « remercier d’avoir mobilisé des policiers supplémentaires, ce qui a déjà produit des effets ». Il a également déclaré que Londres était prêt « à aider davantage et à travailler main dans la main avec [ses] homologues français pour faire baisser la tension des deux côtés de la frontière ».Une tension palpable également dans les propos tenus par la presse britannique jeudi. Des propos que Bernard Cazeneuve a vivement critiqués à la sortie du conseil des ministres.« Nous n’avons aucune leçon à recevoir d’aucune sorte quant à la mobilisation des moyens mis en œuvre par le gouvernement français (...)  les outrances, les excès, les insultes n’ont jamais réglé aucun problème de dimension humanitaire ».Dans un entretien avec son homologue britannique, Theresa May, M. Cazeneuve a rappelé la « détermination » de la France à « l’effort conjoint de solidarité » et de « mobilisation », insistant sur le fait que cet effort « doit être davantage partagé ». Un appel visiblement entendu par David Cameron.Lire le reportage :« J’essaie tous les jours de passer en Angleterre » 30.07.2015 à 10h25 • Mis à jour le30.07.2015 à 16h11 Des centaines de migrants se sont de nouveau introduits sur le site d’Eurotunnel à Calais dans la nuit de mercredi à jeudi pour tenter de monter sur des navettes et rejoindre ainsi l’Angleterre, selon des sources policières citées par l’AFP.La police a procédé à environ 300 interceptions et comptabilisé entre 800 et 1 000 migrants aux alentours du site. Eurotunnel n’a pas encore confirmé ces chiffres, mais a déclaré que la sécurisation du site avait été « très bien coordonnée avec les nouvelles équipes arrivées dès [mercredi] soir ».Mercredi, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, avait annoncé le déploiement de 120 policiers supplémentaires sur le site afin de sécuriser les abords du tunnel sous la Manche. Malgré tout, des migrants ont tenté de s’introduire sur le site par tous les moyens possibles, en passant à travers champs ou en escaladant les grilles. A chaque fois, la plupart ont été refoulés, sans violence ni animosité de la part des forces de l’ordre. D’autres ont organisé un sit-in devant les sorties des navettes.Eurotunnel a déclaré que le trafic à l’intérieur du tunnel avait été « un peu perturbé », mais ce matin aucun retard n’était à signaler, ni côté anglais ni côté français. 1 500 à 2 000 tentatives chaque nuitEnviron 3 000 clandestins sont actuellement présents dans la ville de Calais. Depuis près de deux mois, 1 500 à 2 000 tentatives d’intrusion sont constatées quotidiennement sur le site, une zone de 650 hectares. Les mêmes migrants, désireux de rejoindre l’Angleterre, tentent leur chance plusieurs fois par nuit, par groupe d’une dizaine, voire d’une centaine de personnes.Dans la nuit de mardi à mercredi, un migrant d’origine soudanaise et âgé d’une trentaine d’années a été retrouvé mort dans l’allée centrale de l’accès fret du site. La victime aurait été percutée par un camion descendant d’une navette alors qu’elle tentait de monter dessus. Ce drame porte à neuf le nombre de migrants ayant perdu la vie depuis le début du mois de juin à l’intérieur du site ou en tentant d’y pénétrer.En début d’après-midi mercredi, un jeune Egyptien a lui été électrocuté à la gare du Nord de Paris alors qu’il tentait de prendre clandestinement un Eurostar à destination de l’Angleterre. Jeudi matin, il était toujours dans un état critique. Adèle Humbert Les opérations s’enchaînent et passent presque inaperçues : chaque jour, les autorités italiennes annoncent le sauvetage de migrants repêchés en Méditerranée. Des centaines de vie ont été sauvées depuis le renforcement, lors du Conseil européen du 23 avril, des moyens de la mission « Triton », après la disparition dramatique de centaines de personnes dans les premiers mois de l’année. A l’époque, le Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations unies n’hésitait pas à qualifier la Méditerranée de « route la plus meurtrière du monde ».Le danger reste très important pour les migrants acheminés depuis la Libye par les passeurs dans des conditions souvent sordides. Mais le nombre de morts est en net recul, à en croire un rapport publié le 1er juillet par l’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) : si ce flux ne cesse de croître – 150 000 personnes sont arrivées sur les côtes européennes par la Méditerranée depuis le début de l’année, dont la moitié en Italie –, le nombre d’individus décédés ou portés disparus a diminué de manière spectaculaire. 12 victimes ont été identifiées au mois de juin, contre plus de 1 750 entre janvier et avril 2015.Lire aussi :Migrants : l’échec des Européens, pas de l’Europe« Impact immédiat » des opérations de sauvetageComment expliquer une telle amélioration ? Les conditions météorologiques, meilleures en été, et la réduction du nombre de naufrages fournissent une partie de la réponse, tout comme le changement d’approche des Européens dans la Méditerranée. « Les opérations de recherche et de sauvetage menées par les Européens depuis mai ont eu un impact immédiat et positif », note le HCR.Pour Ewa Moncure, porte-parole de l’agence européenne de protection des frontières, Frontex, la baisse du nombre de morts en Méditerranée serait, en effet, directement liée à l’augmentation significative des moyens humains et logistiques de l’opération « Triton » entre avril et mai, dans la foulée du Conseil européen du 23 avril. La zone d’intervention de la mission a alors été élargie pour se rapprocher des côtes libyennes, et son budget, revu à la hausse. Plusieurs Etats se sont de surcroît engagés à fournir à Frontex des moyens matériels plus importants – navires, avions ou hélicoptères.Tandis que la mission « Triton » a d’abord été conçue pour surveiller les côtes européennes afin d’endiguer le flux des migrants, il s’agissait à l’époque d’essayer de faire aussi bien que la mission de sauvetage « Mare Nostrum », déployée puis suspendue par l’Italie en novembre 2014, faute de moyens. Mais sans le dire officiellement. « Techniquement, Frontex est une agence de protection des frontières mais dans la pratique nous sauvons des individus et les ramenons en Italie, donc notre action ne diffère en rien de celle de “Mare Nostrum” », reconnaît Ewa Moncure. Résultat : depuis le renforcement de la mission, 1 migrant sur 427 embarqués en Méditerranée a perdu la vie en mer contre 1 sur 16 en début d’année.Lire aussi :Naufrages en Méditerranée : Frontex et sa mission « Triton » mises en causeAmbiguïté de la mission de « Triton »Pour Jean-François Dubost, responsable du programme « personnes déracinées » pour Amnesty International, cette ambiguïté sur le caractère de la mission est liée à « l’appréhension des dirigeants européens » vis-à-vis de l’opinion publique : « C’est une mission humanitaire qui ne dit pas son nom » affirme le juriste : « Lorsque Donald Tusk et Jean-Claude Juncker [respectivement président du Conseil européen et président de la Commission européenne] ont présenté les conclusions du sommet des vingt-huit, le 23 avril, ils sont restés flous, c’est seulement dans la mise en œuvre opérationnelle qu’on se rend compte que “Triton” est devenue une mission humanitaire. »Cependant, Jean-François Dubost redoute une éventuelle opération d’intervention contre les bateaux de passeurs au large de la Libye, comme esquissée par les chefs d’Etat et de gouvernement européens, fin avril : « Certains des navires qui effectuent les missions de sauvetage actuellement sont des navires militaires, dit le militant d’Amnesty International. Si la mission de destruction est validée, il est possible que les navires qui effectuent les missions de sauvetage actuellement soient réaffectés. Nous redoutons que les moyens soient détournés à d’autres fins et que cela entrave l’efficacité des secours. » Même prudence du côté du HCR. Pour l’organisation, « les mois les plus intenses restent à venir » en matière migratoire, et de nouveaux naufrages ne sont jamais à exclure.Lire aussi :Face aux naufrages, les Vingt-Huit cherchent une parade à la crise migratoireAdèle HumbertJournaliste au Monde Philippe Jacqué Les efforts finissent par payer. C’est ce qui ressort des résultats financiers du premier semestre 2015. Et les performances de Renault, qui a présenté ses résultats jeudi 30 juillet, n’y dérogent pas (chiffre d’affaires en croissance de 12% sur six mois, à 22,1 milliards d’euros).Que ce soit PSA Peugeot Citroën, General Motors, Ford ou Renault, tous ces constructeurs, particulièrement affaiblis pendant la crise, sont en train de voir le bout du tunnel grâce à une reprise solide du marché européen.Lire aussi :Après trois ans de pertes, PSA renoue avec les bénéficesAu premier semestre, les immatriculations y ont progressé de 8,2 %. Et sur le seul mois de juin, elles ont bondi de 14,6 %. Pour autant, le marché est encore loin de ses sommets de 2006, quand il se vendait 15,5 millions de voitures sur le Vieux Continent. Si la dynamique se poursuit cette année, il devrait s’écouler 13 millions d’unités.Retour aux bénéficesC’est désormais assez pour que les constructeurs gagnent de l’argent. En 2012, tous les groupes automobiles ont engagé d’importantes restructurations, en fermant une demi-douzaine d’usines qu’ils étaient incapables de rentabiliser. Outre le site PSA d’Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, des sites d’Opel (General Motors) ou de Ford ont par exemple été arrêtés en Allemagne, au Royaume-Uni et en Belgique.Moins nombreuses, les usines ont vu leur volume de production progresser d’autant plus vite que le marché reprenait. Parallèlement, la multiplication des accords de compétitivité avec les syndicats, pour assurer la pérennité des sites restants, a permis de faire baisser les coûts.Ces trois effets ont assuré la rentabilité de l’essentiel des sites ouest-européens. Et cela se voit dans les comptes. Le groupe Renault a quasiment doublé son bénéfice net au premier semestre, le faisant passer de 749 millions à 1,39 milliard d’euros.Au deuxième trimestre, l’américain Fordaffiche encore un déficit de 14 millions de dollars, mais, il avait perdu 185 millions de dollars au premier trimestre. General Motors, lui, a limité à 41 millions de dollars sa perte au second trimestre, contre 1,4 milliard en 2014.Lire aussi :Ford affiche ses plus gros profits trimestriels depuis 15 ansLe retournement financier le plus spectaculaire revient cependant à PSA. Le groupe a affiché 571 millions d’euros de bénéfices au premier semestre, contre une perte de 114 millions sur la même période de 2014. La branche automobile de PSA (qui compte aussi l’équipementier Faurecia) est aujourd’hui de nouveau rentable, avec une marge opérationnelle de 5 %, deux fois celle de la marque Volkswagen !phjacque@lemonde.fr@PhjacquePhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Séverin Graveleau « La pression qui s’exerce maintenant chaque nuit dépasse ce qu’un concessionnaire peut raisonnablement faire. » C’est par ces mots que le groupe Eurotunnel a une nouvelle fois appelé, mercredi 29 juillet, l’Etat français à prendre ses responsabilités. Alors que le tunnel sous la Manche fait face depuis plusieurs semaines à une explosion des tentatives d’intrusion de migrants cherchant à gagner le Royaume-Uni, le concessionnaire affirme avoir intercepté « plus de 37 000 migrants » depuis le 1er janvier et avoir investi « au-delà de ses obligations contractuelles » dans la protection du terminal d’embarquement.Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve et le premier ministre Manuel Valls ont répondu en appelant aussi le groupe à « assumer ses responsabilités ». Déjà dans une lettre adressée le 23 juillet à Jacques Gounon, PDG du groupe, M. Cazeneuve avait reproché à Eurotunnel d’avoir « divisé par trois les moyens humains qu’il consacre à la sécurisation du site ». Il répondait ainsi à la demande de l’exploitant d’une indemnisation de 9,7 millions d’euros aux Etats français et britannique pour compenser les pertes liées à l’afflux des clandestins.Lire aussi :Nouvelles intrusions de migrants sur le site d’Eurotunnel à CalaisObligation valable qu’à l’intérieur de l’enceinteAu centre du débat autour des attributions des uns et des autres, le traité de concession dit « Liaison fixe transmanche », signé en 1986 par chacun des acteurs, et depuis amendé à plusieurs reprises. S’il précise bien que le concessionnaire « doit mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour permettre […] la circulation dans de bonnes conditions de sécurité et de commodité », cette obligation n’est valable qu’à l’intérieur de ses murs et pour l’exercice de son activité. Il n’impose pas à Eurotunnel de garantir à lui seul le périmètre extérieur du site de Coquelles contre les incursions – « ce qui nécessiterait des pouvoirs de police qu’il ne possède pas », précisait même en 2007 une sentence du tribunal arbitral international de La Haye, sur laquelle Eurotunnel compte s’appuyer.A la suite des perturbations causées à son exploitation par les intrusions de migrants en provenance du centre d’accueil de Sangatte – fermé en 2002 – l’entreprise avait demandé réparation et obtenu 24 millions d’euros d’indemnisation. La responsabilité de la France et du Royaume-Uni était engagée dans la mesure où il leur incombait de « maintenir des conditions normales de sûreté et d’ordre public dans le terminal de Coquelles et autour de celui-ci » précisait la sentence.Lire aussi :Les migrants de Calais mettent Français et Britanniques au bord de la crise diplomatique L’emprise du tunnel, « un espace privé »Le ministère de l’intérieur comme l’entreprise privée dénoncent deux choses différentes. « C’est bien la sécurité “aux abords” du site que nous réclamons, et de façon pérenne », confirme un porte-parole d’Eurotunnel. « L’emprise du tunnel en tant que tel est un espace privé, la sécurité de celui-ci incombe à l’entreprise », précise-t-on place Beauvau en indiquant qu’« il n’y a aucune volonté de décharger l’Etat de sa mission de contrôle des frontières ».Quid de la responsabilité du Royaume-Uni, dont le refus de signer les accords de Schengen impose de fait ces contrôles à la frontière française ? Dans un avis rendu le 2 juillet, la Commission nationale consultative des droits de l’homme, instance indépendante, recommandait la « dénonciation » de certains traités bilatéraux franco-britanniques qui conduisent selon elle la France à être « le bras policier de la politique migratoire britannique ». Une option qui « n’est pas à l’ordre du jour », indique le ministère de l’intérieur.Jeudi matin, l’entreprise et le ministère de l’Intérieur jouaient enfin l’apaisement. Dans un communiqué la place Beauveau indique que Bernard Cazeneuve et Jacques Gounon « s’accordent sur la necessité de renforcer encore la sécurisation du site dans un esprit de responsabilité partagé ». Eurotunnel se félicite de son côté que son appel ait « été entendu avec une réponse immédiate et oppérationnelle des deux gouvernements ». La société fait référence aux deux unités supplémentaires de CRS et gendarmes mobiles envoyées dès jeudi soir sur le site, portant à près de 500 le nombre de CRS et de gendarmes mobilisés. Mais aussi aux 10 millions d’euros supplémentaires promis par le Royaume-Uni pour renforcer la sécurité du terminal français. Une première réunion à ce sujet doit se réunir ce jeudi pour « identifier les aménagements nécessaires ».Selon les informations recueuillies par « Le Monde », le dispositif renforcé a déjà permiImage précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55ba30b928732'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 10\r\n \r\n \r\nDes migrants tentent d'atteindre le tunnel sous la Manche, pr\u00e8s de Frethun (Pas-de-Calais), le 28 juillet.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des migrants tentent d'atteindre le tunnel sous la Manche, pr\u00e8s de Frethun (Pas-de-Calais), le 28 juillet.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":0,"position":1,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 10\r\n \r\n \r\nApr\u00e8s de nombreuses tentatives d\u2019intrusion dans la nuit de lundi \u00e0 mardi, le site d\u2019Eurotunnel \u00e0 Calais a de nouveau \u00e9t\u00e9 l\u2019objet d\u2019au moins \u00ab 1 500 \u00bb tentatives d\u2019intrusions de la part de migrants dans la nuit de mardi \u00e0 mercredi, a indiqu\u00e9 \u00e0 l\u2019AFP une source polici\u00e8re. L\u2019un d\u2019entre eux a trouv\u00e9 la mort.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Apr\u00e8s de nombreuses tentatives d\u2019intrusion dans la nuit de lundi \u00e0 mardi, le site d\u2019Eurotunnel \u00e0 Calais a de nouveau \u00e9t\u00e9 l\u2019objet d\u2019au moins \u00ab 1 500 \u00bb tentatives d\u2019intrusions de la part de migrants dans la nuit de mardi \u00e0 mercredi, a indiqu\u00e9 \u00e0 l\u2019AFP une source polici\u00e8re. L\u2019un d\u2019entre eux a trouv\u00e9 la mort.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":1,"position":2,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 10\r\n \r\n \r\nSur les rails du terminal d'Eurotunnel, le 28 juillet. La veille, l\u2019entreprise avait annonc\u00e9 avoir recens\u00e9 environ 2 000 tentatives de migrants pour \u00ab rentrer \u00bb sur le site du tunnel sous la Manche \u00e0 Calais, dans la nuit de lundi \u00e0 mardi, soit le nombre de tentatives le plus important depuis plus d\u2019un mois et demi, selon un porte-parole.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Sur les rails du terminal d'Eurotunnel, le 28 juillet. La veille, l\u2019entreprise avait annonc\u00e9 avoir recens\u00e9 environ 2 000 tentatives de migrants pour \u00ab rentrer \u00bb sur le site du tunnel sous la Manche \u00e0 Calais, dans la nuit de lundi \u00e0 mardi, soit le nombre de tentatives le plus important depuis plus d\u2019un mois et demi, selon un porte-parole.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":2,"position":3,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 10\r\n \r\n \r\nEurotunnel avait pr\u00e9venu ses usagers, mardi peu avant 11 heures, que des retards avaient lieu au d\u00e9part de l\u2019Angleterre en raison de perturbations dues \u00e0 \u00ab la pr\u00e9sence de migrants dans la nuit \u00bb, sans donner davantage de pr\u00e9cisions.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Eurotunnel avait pr\u00e9venu ses usagers, mardi peu avant 11 heures, que des retards avaient lieu au d\u00e9part de l\u2019Angleterre en raison de perturbations dues \u00e0 \u00ab la pr\u00e9sence de migrants dans la nuit \u00bb, sans donner davantage de pr\u00e9cisions.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":3,"position":4,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 10\r\n \r\n \r\nEurotunnel a insist\u00e9 sur le fait qu\u2019aucun migrant n\u2019est entr\u00e9 physiquement dans le tunnel.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Eurotunnel a insist\u00e9 sur le fait qu\u2019aucun migrant n\u2019est entr\u00e9 physiquement dans le tunnel.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":4,"position":5,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 10\r\n \r\n \r\n\u00ab Ils ont \u00e9t\u00e9 intercept\u00e9s aux barri\u00e8res ou sur le terminal, mais en aucun cas dans le tunnel \u00bb, a pr\u00e9cis\u00e9 la soci\u00e9t\u00e9 au \"T\u00e9l\u00e9gramme\". Pourtant, des m\u00e9dias reprenant l\u2019information publi\u00e9e par \"Le Figaro\", dont \"Valeurs actuelles\" ou \"La Libre Belgique\", n\u2019ont pas h\u00e9sit\u00e9 \u00e0 affirmer que ces migrants avaient \u00ab envahi \u00bb le tunnel.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab Ils ont \u00e9t\u00e9 intercept\u00e9s aux barri\u00e8res ou sur le terminal, mais en aucun cas dans le tunnel \u00bb, a pr\u00e9cis\u00e9 la soci\u00e9t\u00e9 au \"T\u00e9l\u00e9gramme\". Pourtant, des m\u00e9dias reprenant l\u2019information publi\u00e9e par \"Le Figaro\", dont \"Valeurs actuelles\" ou \"La Libre Belgique\", n\u2019ont pas h\u00e9sit\u00e9 \u00e0 affirmer que ces migrants avaient \u00ab envahi \u00bb le tunnel.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":5,"position":6,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 10\r\n \r\n \r\nLes migrants auraient, en fait, profit\u00e9 de la paralysie du trafic d\u00fb au conflit social entre la compagnie maritime MyFerryLink et le groupe Eurotunnel pour monter dans les camions \u00e0 l\u2019arr\u00eat \u00e0 Calais.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Les migrants auraient, en fait, profit\u00e9 de la paralysie du trafic d\u00fb au conflit social entre la compagnie maritime MyFerryLink et le groupe Eurotunnel pour monter dans les camions \u00e0 l\u2019arr\u00eat \u00e0 Calais.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":6,"position":7,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 10\r\n \r\n \r\nA l\u2019issue d\u2019une r\u00e9union sur la question migratoire entre le ministre de l\u2019int\u00e9rieur, Bernard Cazeneuve, et son homologue britannique, Theresa May, cette derni\u00e8re a annonc\u00e9 une rallonge de 7 millions de livres (10 millions d\u2019euros) pour renforcer la s\u00e9curit\u00e9 du terminal d\u2019embarquement d\u2019Eurotunnel \u00e0 Coquelles.\r\nCr\u00e9dits : Thibault Camus \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"A l\u2019issue d\u2019une r\u00e9union sur la question migratoire entre le ministre de l\u2019int\u00e9rieur, Bernard Cazeneuve, et son homologue britannique, Theresa May, cette derni\u00e8re a annonc\u00e9 une rallonge de 7 millions de livres (10 millions d\u2019euros) pour renforcer la s\u00e9curit\u00e9 du terminal d\u2019embarquement d\u2019Eurotunnel \u00e0 Coquelles.","source":"Thibault Camus \/ AP","index":7,"position":8,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 10\r\n \r\n \r\nLe ministre de l'int\u00e9rieur a annonc\u00e9 mercredi l'envoi de deux unit\u00e9s mobiles de CRS suppl\u00e9mentaires pour s\u00e9curiser la zone.\r\nCr\u00e9dits : Thibault Camus \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Le ministre de l'int\u00e9rieur a annonc\u00e9 mercredi l'envoi de deux unit\u00e9s mobiles de CRS suppl\u00e9mentaires pour s\u00e9curiser la zone.","source":"Thibault Camus \/ AP","index":8,"position":9,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 10\r\n \r\n \r\nDe con c\u00f4t\u00e9, le groupe Eurotunnel a demand\u00e9 une indemnisation de 9,7 millions d\u2019euros aux gouvernements fran\u00e7ais et britannique, pour compenser ses d\u00e9penses et pertes d\u2019exploitation li\u00e9es \u00e0 l\u2019afflux de migrants depuis le 1er janvier.\r\nCr\u00e9dits : Thibault Camus \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"De con c\u00f4t\u00e9, le groupe Eurotunnel a demand\u00e9 une indemnisation de 9,7 millions d\u2019euros aux gouvernements fran\u00e7ais et britannique, pour compenser ses d\u00e9penses et pertes d\u2019exploitation li\u00e9es \u00e0 l\u2019afflux de migrants depuis le 1er janvier.","source":"Thibault Camus \/ AP","index":9,"position":10,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_9.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Séverin GraveleauJournaliste au Monde Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance) Le veto des Russes était attendu. Mais il a consterné les onze membres du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) qui avaient voté favorablement au projet de résolution prévoyant la création d’un tribunal international pour juger les responsables du crash du vol MH17, abattu au-dessus de l’Ukraine, le 17 juillet 2014.Après une minute de silence en hommage aux 298 victimes du crash du Boeing malaisien, le Conseil de sécurité a mis au vote le projet de résolution qui aurait obligé tous les pays à coopérer avec le tribunal sous peine de sanctions. La Russie s’y est donc opposée. La Chine, l’Angola et le Venezuela se sont abstenus.Le ministre des transports malaisien Dato Sri Liow Tiong Lai avait prévenu à l’ouverture de la séance que ce projet de résolution était « un appel à la justice » pour soulager les familles des victimes. « Le Conseil de sécurité doit envoyer un message clair aux acteurs non étatiques. Car tous ceux qui voyageront en avion courront dorénavant un risque » a t-il averti.Face à l’ampleur de la catastrophe, qui a plongé dans le deuil près de 18 pays, le Conseil de sécurité aurait voulu offrir une figure d’unité et prouver sa volonté de poursuivre la résolution 2166 qui demandait à tous les états de coopérer pleinement à l’enquête qui devait être « exhaustive, minutieuse et indépendante ».La Russie plaide sa bonne foiUn an plus tard, où en est-on ? « L’enquête indépendante a été effectuée » affirme le ministre des transports malaisien et le rapport devrait être remis courant octobre 2015. « Nous voulions créer ce tribunal international très en amont des résultats de l’enquête pour dépolitiser l’enjeu » assure Albert Koenders, le ministre des affaires étrangères néerlandais. « Quels qu’en soient les auteurs, nous voulons qu’ils soient jugés. »D’après les premiers éléments de l’enquête, le missile qui a détruit le Boeing 777 de Malaysia Airlines a « probablement » été tiré d’une zone à l’est de l’Ukraine, contrôlée par les séparatistes prorusses. Le représentant russe aux Nations unies, Vitali Tchourkine, a plaidé la bonne foi de son pays qui a fourni « des données satellites » aux Néerlandais et qui aurait été le premier à évoquer la possibilité que l’avion ait été abattu par un missile sol-air Buk de fabrication soviétique. Ce missile ne serait plus utilisé par l’armée russe, mais Moscou affirme que les Ukrainiens en disposeraient dans leur arsenal.L’ambassadeur russe a assuré « vouloir que les responsabilités du crash soient établies » mais que la création d’un tribunal ne devait pas être « du ressort du Conseil de sécurité » en l’absence de conclusions claires sur l’accident.Julie Bishop, ministre des affaires étrangères d’Australie, pays qui a perdu 59 ressortissants dans la catastrophe, s’est montrée la plus virulente contre son homologue russe. « Ce veto est un affront à la mémoire des victimes. » a-t-elle lancé, rageuse. « Le veto ne devrait jamais être autorisé quand il empêche la justice. La Russie s’est moquée de son engagement à être un partenaire responsable… »Ce veto « qui marque un grave échec pour le Conseil » selon François Delattre, le représentant français « ne doit pas nous faire baisser les bras ». Faute de tribunal pénal international, la commission d’enquête menée par les Pays-Bas, l’Australie, l’Ukraine, la Malaisie et la Belgique a promis « de faire tout ce qui est en son pouvoir pour mener les responsables devant la justice ».Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance)Journaliste au Monde 29.07.2015 à 14h45 • Mis à jour le29.07.2015 à 20h32 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Dans une très longue interview de plus de deux heures, mercredi 29 juillet, à la radio Kokkino, très proche du parti de la gauche radicale Syriza, le premier ministre Alexis Tsipras est longuement revenu sur les divisions qui déchirent aujourd’hui son parti. « Je suis le dernier à vouloir des élections, a-t-il notamment déclaré, mais si je n’ai plus de majorité parlementaire alors je n’aurai pas d’autre choix que de convoquer ces élections. » Le premier ministre grec fait en effet face à une fronde grandissante au sein de son propre parti, dont une frange lui reproche d’avoir signé le 13 juillet dernier un accord amenant en Grèce de nouvelles mesures d’austérité, alors que l’ensemble de la campagne de Syriza s’était concentrée sur la lutte contre l’austérité. Lors des votes de premiers trains de mesures les 15 et 22 juillet, près d’une quarantaine de députés s’étaient désolidarisés du gouvernement, faisant tomber la majorité parlementaire en dessous des 151 voix requises pour faire adopter un texte. Ces mesures n’étaient finalement passées qu’avec les voix de l’opposition.Deux camps, un congrès exceptionnelDepuis, la fronde s’organise et Syriza est véritablement divisé aujourd’hui en deux camps. Le grand test sera l’adoption dans les prochaines semaines du nouveau plan de plus de 80 milliards d’euros de prêt sur trois ans, actuellement en cours de négociation, et qui devrait être présenté au parlement d’ici au 20 août.Si moins de 120 députés du groupe parlementaire Syriza soutiennent ce texte, alors Alexis Tsipras n’aura en effet pas d’autre choix que de recourir à des élections, car il deviendra intenable de ne faire adopter des lois qu’avec le soutien de l’opposition. Une clarification sera nécessaire.Il a confirmé lors de son interview de mercredi matin qu’il souhaiterait que se réunisse avant cela, peut-être début septembre, « un congrès exceptionnel pour demander aux 30 000 membres de Syriza de se prononcer sur la ligne que devra suivre le parti ». Pour décider aussi des candidats qui seront inscrits sur les listes électorales.Selon ce scénario, le calendrier idéal de M. Tsipras serait donc : conclusion de l’accord, adoption au parlement puis congrès Syriza avant des élections fin septembre ou début octobre.Bousculer les équilibres internesMais les dissidents de Syriza exigent, eux, que les choses aillent plus vite, faisant pression sur le gouvernement et le parti pour que les organes internes se réunissent avant la conclusion de l’accord avec les créanciers. Ils espèrent ainsi bousculer les équilibres internes et renverser la « ligne présidentielle », menée par Alexis Tsipras, qui reste à ce jour la ligne majoritaire au sein de Syriza.Derrière cette bataille, deux conceptions s’opposent : d’un coté, celle de M. Tsipras, qui vise à continuer à négocier avec les créanciers, pour avant tout rester dans la zone euro, et de l’autre, la vision défendue notamment, et de plus en plus fort, par Panayiotis Lafazanis, le chef du courant dissident de la plateforme de gauche, appelant, lui, à la rupture et à la sortie de la zone euro. « Le peuple grec ne nous a jamais demandé de sortir le pays de la zone euro, a précisé M. Tsipras, sur Kokkino. L’heure est arrivée pour la gauche de se montrer responsable. Quand un parti prend la décision de gouverner, il doit gouverner et pouvoir compter sur sa majorité parlementaire. »La première bataille de cette guerre des tranchées aura lieu jeudi 30 juillet. Le comité central doit se réunir et répondre à une question : les consultations internes au parti auront-elles lieu avant ou après la conclusion de l’accord ?Sans surprise, l’opposition comme les créanciers aimeraient que cela se produise après. Une fois le nouveau plan adopté au parlement.En cas d’élection, selon tous les sondages de ces dernières semaines, Syriza arriverait toujours en tête, avec même la possibilité de dégager une majorité absolue de 151 députés (sur les 300 sièges que compte le parlement). Ce qu’il n’avait pas réussi à faire le 25 janvier dernier.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 30.07.2015 à 09h33 • Mis à jour le30.07.2015 à 14h22 | Adèle Humbert Les opérations s’enchaînent et passent presque inaperçues : chaque jour, les autorités italiennes annoncent le sauvetage de migrants repêchés en Méditerranée. Des centaines de vie ont été sauvées depuis le renforcement, lors du Conseil européen du 23 avril, des moyens de la mission « Triton », après la disparition dramatique de centaines de personnes dans les premiers mois de l’année. A l’époque, le Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations unies n’hésitait pas à qualifier la Méditerranée de « route la plus meurtrière du monde ».Le danger reste très important pour les migrants acheminés depuis la Libye par les passeurs dans des conditions souvent sordides. Mais le nombre de morts est en net recul, à en croire un rapport publié le 1er juillet par l’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) : si ce flux ne cesse de croître – 150 000 personnes sont arrivées sur les côtes européennes par la Méditerranée depuis le début de l’année, dont la moitié en Italie –, le nombre d’individus décédés ou portés disparus a diminué de manière spectaculaire. 12 victimes ont été identifiées au mois de juin, contre plus de 1 750 entre janvier et avril 2015.Lire aussi :Migrants : l’échec des Européens, pas de l’Europe« Impact immédiat » des opérations de sauvetageComment expliquer une telle amélioration ? Les conditions météorologiques, meilleures en été, et la réduction du nombre de naufrages fournissent une partie de la réponse, tout comme le changement d’approche des Européens dans la Méditerranée. « Les opérations de recherche et de sauvetage menées par les Européens depuis mai ont eu un impact immédiat et positif », note le HCR.Pour Ewa Moncure, porte-parole de l’agence européenne de protection des frontières, Frontex, la baisse du nombre de morts en Méditerranée serait, en effet, directement liée à l’augmentation significative des moyens humains et logistiques de l’opération « Triton » entre avril et mai, dans la foulée du Conseil européen du 23 avril. La zone d’intervention de la mission a alors été élargie pour se rapprocher des côtes libyennes, et son budget, revu à la hausse. Plusieurs Etats se sont de surcroît engagés à fournir à Frontex des moyens matériels plus importants – navires, avions ou hélicoptères.Tandis que la mission « Triton » a d’abord été conçue pour surveiller les côtes européennes afin d’endiguer le flux des migrants, il s’agissait à l’époque d’essayer de faire aussi bien que la mission de sauvetage « Mare Nostrum », déployée puis suspendue par l’Italie en novembre 2014, faute de moyens. Mais sans le dire officiellement. « Techniquement, Frontex est une agence de protection des frontières mais dans la pratique nous sauvons des individus et les ramenons en Italie, donc notre action ne diffère en rien de celle de “Mare Nostrum” », reconnaît Ewa Moncure. Résultat : depuis le renforcement de la mission, 1 migrant sur 427 embarqués en Méditerranée a perdu la vie en mer contre 1 sur 16 en début d’année.Lire aussi :Naufrages en Méditerranée : Frontex et sa mission « Triton » mises en causeAmbiguïté de la mission de « Triton »Pour Jean-François Dubost, responsable du programme « personnes déracinées » pour Amnesty International, cette ambiguïté sur le caractère de la mission est liée à « l’appréhension des dirigeants européens » vis-à-vis de l’opinion publique : « C’est une mission humanitaire qui ne dit pas son nom » affirme le juriste : « Lorsque Donald Tusk et Jean-Claude Juncker [respectivement président du Conseil européen et président de la Commission européenne] ont présenté les conclusions du sommet des vingt-huit, le 23 avril, ils sont restés flous, c’est seulement dans la mise en œuvre opérationnelle qu’on se rend compte que “Triton” est devenue une mission humanitaire. »Cependant, Jean-François Dubost redoute une éventuelle opération d’intervention contre les bateaux de passeurs au large de la Libye, comme esquissée par les chefs d’Etat et de gouvernement européens, fin avril : « Certains des navires qui effectuent les missions de sauvetage actuellement sont des navires militaires, dit le militant d’Amnesty International. Si la mission de destruction est validée, il est possible que les navires qui effectuent les missions de sauvetage actuellement soient réaffectés. Nous redoutons que les moyens soient détournés à d’autres fins et que cela entrave l’efficacité des secours. » Même prudence du côté du HCR. Pour l’organisation, « les mois les plus intenses restent à venir » en matière migratoire, et de nouveaux naufrages ne sont jamais à exclure.Lire aussi :Face aux naufrages, les Vingt-Huit cherchent une parade à la crise migratoireAdèle HumbertJournaliste au Monde Philippe Jacqué Les efforts finissent par payer. C’est ce qui ressort des résultats financiers du premier semestre 2015. Et les performances de Renault, qui a présenté ses résultats jeudi 30 juillet, n’y dérogent pas (chiffre d’affaires en croissance de 12% sur six mois, à 22,1 milliards d’euros).Que ce soit PSA Peugeot Citroën, General Motors, Ford ou Renault, tous ces constructeurs, particulièrement affaiblis pendant la crise, sont en train de voir le bout du tunnel grâce à une reprise solide du marché européen.Lire aussi :Après trois ans de pertes, PSA renoue avec les bénéficesAu premier semestre, les immatriculations y ont progressé de 8,2 %. Et sur le seul mois de juin, elles ont bondi de 14,6 %. Pour autant, le marché est encore loin de ses sommets de 2006, quand il se vendait 15,5 millions de voitures sur le Vieux Continent. Si la dynamique se poursuit cette année, il devrait s’écouler 13 millions d’unités.Retour aux bénéficesC’est désormais assez pour que les constructeurs gagnent de l’argent. En 2012, tous les groupes automobiles ont engagé d’importantes restructurations, en fermant une demi-douzaine d’usines qu’ils étaient incapables de rentabiliser. Outre le site PSA d’Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, des sites d’Opel (General Motors) ou de Ford ont par exemple été arrêtés en Allemagne, au Royaume-Uni et en Belgique.Moins nombreuses, les usines ont vu leur volume de production progresser d’autant plus vite que le marché reprenait. Parallèlement, la multiplication des accords de compétitivité avec les syndicats, pour assurer la pérennité des sites restants, a permis de faire baisser les coûts.Ces trois effets ont assuré la rentabilité de l’essentiel des sites ouest-européens. Et cela se voit dans les comptes. Le groupe Renault a quasiment doublé son bénéfice net au premier semestre, le faisant passer de 749 millions à 1,39 milliard d’euros.Au deuxième trimestre, l’américain Fordaffiche encore un déficit de 14 millions de dollars, mais, il avait perdu 185 millions de dollars au premier trimestre. General Motors, lui, a limité à 41 millions de dollars sa perte au second trimestre, contre 1,4 milliard en 2014.Lire aussi :Ford affiche ses plus gros profits trimestriels depuis 15 ansLe retournement financier le plus spectaculaire revient cependant à PSA. Le groupe a affiché 571 millions d’euros de bénéfices au premier semestre, contre une perte de 114 millions sur la même période de 2014. La branche automobile de PSA (qui compte aussi l’équipementier Faurecia) est aujourd’hui de nouveau rentable, avec une marge opérationnelle de 5 %, deux fois celle de la marque Volkswagen !phjacque@lemonde.fr@PhjacquePhilippe JacquéRédacteur au service économie (automobile et transport)SuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Séverin Graveleau « La pression qui s’exerce maintenant chaque nuit dépasse ce qu’un concessionnaire peut raisonnablement faire. » C’est par ces mots que le groupe Eurotunnel a une nouvelle fois appelé, mercredi 29 juillet, l’Etat français à prendre ses responsabilités. Alors que le tunnel sous la Manche fait face depuis plusieurs semaines à une explosion des tentatives d’intrusion de migrants cherchant à gagner le Royaume-Uni, le concessionnaire affirme avoir intercepté « plus de 37 000 migrants » depuis le 1er janvier et avoir investi « au-delà de ses obligations contractuelles » dans la protection du terminal d’embarquement.Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve et le premier ministre Manuel Valls ont répondu en appelant aussi le groupe à « assumer ses responsabilités ». Déjà dans une lettre adressée le 23 juillet à Jacques Gounon, PDG du groupe, M. Cazeneuve avait reproché à Eurotunnel d’avoir « divisé par trois les moyens humains qu’il consacre à la sécurisation du site ». Il répondait ainsi à la demande de l’exploitant d’une indemnisation de 9,7 millions d’euros aux Etats français et britannique pour compenser les pertes liées à l’afflux des clandestins.Lire aussi :Nouvelles intrusions de migrants sur le site d’Eurotunnel à CalaisObligation valable qu’à l’intérieur de l’enceinteAu centre du débat autour des attributions des uns et des autres, le traité de concession dit « Liaison fixe transmanche », signé en 1986 par chacun des acteurs, et depuis amendé à plusieurs reprises. S’il précise bien que le concessionnaire « doit mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour permettre […] la circulation dans de bonnes conditions de sécurité et de commodité », cette obligation n’est valable qu’à l’intérieur de ses murs et pour l’exercice de son activité. Il n’impose pas à Eurotunnel de garantir à lui seul le périmètre extérieur du site de Coquelles contre les incursions – « ce qui nécessiterait des pouvoirs de police qu’il ne possède pas », précisait même en 2007 une sentence du tribunal arbitral international de La Haye, sur laquelle Eurotunnel compte s’appuyer.A la suite des perturbations causées à son exploitation par les intrusions de migrants en provenance du centre d’accueil de Sangatte – fermé en 2002 – l’entreprise avait demandé réparation et obtenu 24 millions d’euros d’indemnisation. La responsabilité de la France et du Royaume-Uni était engagée dans la mesure où il leur incombait de « maintenir des conditions normales de sûreté et d’ordre public dans le terminal de Coquelles et autour de celui-ci » précisait la sentence.Lire aussi :Les migrants de Calais mettent Français et Britanniques au bord de la crise diplomatique L’emprise du tunnel, « un espace privé »Le ministère de l’intérieur comme l’entreprise privée dénoncent deux choses différentes. « C’est bien la sécurité “aux abords” du site que nous réclamons, et de façon pérenne », confirme un porte-parole d’Eurotunnel. « L’emprise du tunnel en tant que tel est un espace privé, la sécurité de celui-ci incombe à l’entreprise », précise-t-on place Beauvau en indiquant qu’« il n’y a aucune volonté de décharger l’Etat de sa mission de contrôle des frontières ».Quid de la responsabilité du Royaume-Uni, dont le refus de signer les accords de Schengen impose de fait ces contrôles à la frontière française ? Dans un avis rendu le 2 juillet, la Commission nationale consultative des droits de l’homme, instance indépendante, recommandait la « dénonciation » de certains traités bilatéraux franco-britanniques qui conduisent selon elle la France à être « le bras policier de la politique migratoire britannique ». Une option qui « n’est pas à l’ordre du jour », indique le ministère de l’intérieur.Jeudi matin, l’entreprise et le ministère de l’Intérieur jouaient enfin l’apaisement. Dans un communiqué la place Beauveau indique que Bernard Cazeneuve et Jacques Gounon « s’accordent sur la necessité de renforcer encore la sécurisation du site dans un esprit de responsabilité partagé ». Eurotunnel se félicite de son côté que son appel ait « été entendu avec une réponse immédiate et oppérationnelle des deux gouvernements ». La société fait référence aux deux unités supplémentaires de CRS et gendarmes mobiles envoyées dès jeudi soir sur le site, portant à près de 500 le nombre de CRS et de gendarmes mobilisés. Mais aussi aux 10 millions d’euros supplémentaires promis par le Royaume-Uni pour renforcer la sécurité du terminal français. Une première réunion à ce sujet doit se réunir ce jeudi pour « identifier les aménagements nécessaires ».Selon les informations recueuillies par « Le Monde », le dispositif renforcé a déjà permiImage précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-55ba30b928732'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 10\r\n \r\n \r\nDes migrants tentent d'atteindre le tunnel sous la Manche, pr\u00e8s de Frethun (Pas-de-Calais), le 28 juillet.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Des migrants tentent d'atteindre le tunnel sous la Manche, pr\u00e8s de Frethun (Pas-de-Calais), le 28 juillet.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":0,"position":1,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 10\r\n \r\n \r\nApr\u00e8s de nombreuses tentatives d\u2019intrusion dans la nuit de lundi \u00e0 mardi, le site d\u2019Eurotunnel \u00e0 Calais a de nouveau \u00e9t\u00e9 l\u2019objet d\u2019au moins \u00ab 1 500 \u00bb tentatives d\u2019intrusions de la part de migrants dans la nuit de mardi \u00e0 mercredi, a indiqu\u00e9 \u00e0 l\u2019AFP une source polici\u00e8re. L\u2019un d\u2019entre eux a trouv\u00e9 la mort.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Apr\u00e8s de nombreuses tentatives d\u2019intrusion dans la nuit de lundi \u00e0 mardi, le site d\u2019Eurotunnel \u00e0 Calais a de nouveau \u00e9t\u00e9 l\u2019objet d\u2019au moins \u00ab 1 500 \u00bb tentatives d\u2019intrusions de la part de migrants dans la nuit de mardi \u00e0 mercredi, a indiqu\u00e9 \u00e0 l\u2019AFP une source polici\u00e8re. L\u2019un d\u2019entre eux a trouv\u00e9 la mort.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":1,"position":2,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 10\r\n \r\n \r\nSur les rails du terminal d'Eurotunnel, le 28 juillet. La veille, l\u2019entreprise avait annonc\u00e9 avoir recens\u00e9 environ 2 000 tentatives de migrants pour \u00ab rentrer \u00bb sur le site du tunnel sous la Manche \u00e0 Calais, dans la nuit de lundi \u00e0 mardi, soit le nombre de tentatives le plus important depuis plus d\u2019un mois et demi, selon un porte-parole.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Sur les rails du terminal d'Eurotunnel, le 28 juillet. La veille, l\u2019entreprise avait annonc\u00e9 avoir recens\u00e9 environ 2 000 tentatives de migrants pour \u00ab rentrer \u00bb sur le site du tunnel sous la Manche \u00e0 Calais, dans la nuit de lundi \u00e0 mardi, soit le nombre de tentatives le plus important depuis plus d\u2019un mois et demi, selon un porte-parole.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":2,"position":3,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 10\r\n \r\n \r\nEurotunnel avait pr\u00e9venu ses usagers, mardi peu avant 11 heures, que des retards avaient lieu au d\u00e9part de l\u2019Angleterre en raison de perturbations dues \u00e0 \u00ab la pr\u00e9sence de migrants dans la nuit \u00bb, sans donner davantage de pr\u00e9cisions.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Eurotunnel avait pr\u00e9venu ses usagers, mardi peu avant 11 heures, que des retards avaient lieu au d\u00e9part de l\u2019Angleterre en raison de perturbations dues \u00e0 \u00ab la pr\u00e9sence de migrants dans la nuit \u00bb, sans donner davantage de pr\u00e9cisions.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":3,"position":4,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 10\r\n \r\n \r\nEurotunnel a insist\u00e9 sur le fait qu\u2019aucun migrant n\u2019est entr\u00e9 physiquement dans le tunnel.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Eurotunnel a insist\u00e9 sur le fait qu\u2019aucun migrant n\u2019est entr\u00e9 physiquement dans le tunnel.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":4,"position":5,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 10\r\n \r\n \r\n\u00ab Ils ont \u00e9t\u00e9 intercept\u00e9s aux barri\u00e8res ou sur le terminal, mais en aucun cas dans le tunnel \u00bb, a pr\u00e9cis\u00e9 la soci\u00e9t\u00e9 au \"T\u00e9l\u00e9gramme\". Pourtant, des m\u00e9dias reprenant l\u2019information publi\u00e9e par \"Le Figaro\", dont \"Valeurs actuelles\" ou \"La Libre Belgique\", n\u2019ont pas h\u00e9sit\u00e9 \u00e0 affirmer que ces migrants avaient \u00ab envahi \u00bb le tunnel.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab Ils ont \u00e9t\u00e9 intercept\u00e9s aux barri\u00e8res ou sur le terminal, mais en aucun cas dans le tunnel \u00bb, a pr\u00e9cis\u00e9 la soci\u00e9t\u00e9 au \"T\u00e9l\u00e9gramme\". Pourtant, des m\u00e9dias reprenant l\u2019information publi\u00e9e par \"Le Figaro\", dont \"Valeurs actuelles\" ou \"La Libre Belgique\", n\u2019ont pas h\u00e9sit\u00e9 \u00e0 affirmer que ces migrants avaient \u00ab envahi \u00bb le tunnel.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":5,"position":6,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 10\r\n \r\n \r\nLes migrants auraient, en fait, profit\u00e9 de la paralysie du trafic d\u00fb au conflit social entre la compagnie maritime MyFerryLink et le groupe Eurotunnel pour monter dans les camions \u00e0 l\u2019arr\u00eat \u00e0 Calais.\r\nCr\u00e9dits : PHILIPPE HUGUEN \/ AFP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Les migrants auraient, en fait, profit\u00e9 de la paralysie du trafic d\u00fb au conflit social entre la compagnie maritime MyFerryLink et le groupe Eurotunnel pour monter dans les camions \u00e0 l\u2019arr\u00eat \u00e0 Calais.","source":"PHILIPPE HUGUEN \/ AFP","index":6,"position":7,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 10\r\n \r\n \r\nA l\u2019issue d\u2019une r\u00e9union sur la question migratoire entre le ministre de l\u2019int\u00e9rieur, Bernard Cazeneuve, et son homologue britannique, Theresa May, cette derni\u00e8re a annonc\u00e9 une rallonge de 7 millions de livres (10 millions d\u2019euros) pour renforcer la s\u00e9curit\u00e9 du terminal d\u2019embarquement d\u2019Eurotunnel \u00e0 Coquelles.\r\nCr\u00e9dits : Thibault Camus \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"A l\u2019issue d\u2019une r\u00e9union sur la question migratoire entre le ministre de l\u2019int\u00e9rieur, Bernard Cazeneuve, et son homologue britannique, Theresa May, cette derni\u00e8re a annonc\u00e9 une rallonge de 7 millions de livres (10 millions d\u2019euros) pour renforcer la s\u00e9curit\u00e9 du terminal d\u2019embarquement d\u2019Eurotunnel \u00e0 Coquelles.","source":"Thibault Camus \/ AP","index":7,"position":8,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 10\r\n \r\n \r\nLe ministre de l'int\u00e9rieur a annonc\u00e9 mercredi l'envoi de deux unit\u00e9s mobiles de CRS suppl\u00e9mentaires pour s\u00e9curiser la zone.\r\nCr\u00e9dits : Thibault Camus \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Le ministre de l'int\u00e9rieur a annonc\u00e9 mercredi l'envoi de deux unit\u00e9s mobiles de CRS suppl\u00e9mentaires pour s\u00e9curiser la zone.","source":"Thibault Camus \/ AP","index":8,"position":9,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 10\r\n \r\n \r\nDe con c\u00f4t\u00e9, le groupe Eurotunnel a demand\u00e9 une indemnisation de 9,7 millions d\u2019euros aux gouvernements fran\u00e7ais et britannique, pour compenser ses d\u00e9penses et pertes d\u2019exploitation li\u00e9es \u00e0 l\u2019afflux de migrants depuis le 1er janvier.\r\nCr\u00e9dits : Thibault Camus \/ AP\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"De con c\u00f4t\u00e9, le groupe Eurotunnel a demand\u00e9 une indemnisation de 9,7 millions d\u2019euros aux gouvernements fran\u00e7ais et britannique, pour compenser ses d\u00e9penses et pertes d\u2019exploitation li\u00e9es \u00e0 l\u2019afflux de migrants depuis le 1er janvier.","source":"Thibault Camus \/ AP","index":9,"position":10,"total_count":10,"item_lie":null,"link":"\/europe\/portfolio\/2015\/07\/29\/des-centaines-de-migrants-sur-le-site-d-eurotunnel_4703479_3214_9.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);});Séverin GraveleauJournaliste au Monde Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance) Le veto des Russes était attendu. Mais il a consterné les onze membres du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) qui avaient voté favorablement au projet de résolution prévoyant la création d’un tribunal international pour juger les responsables du crash du vol MH17, abattu au-dessus de l’Ukraine, le 17 juillet 2014.Après une minute de silence en hommage aux 298 victimes du crash du Boeing malaisien, le Conseil de sécurité a mis au vote le projet de résolution qui aurait obligé tous les pays à coopérer avec le tribunal sous peine de sanctions. La Russie s’y est donc opposée. La Chine, l’Angola et le Venezuela se sont abstenus.Le ministre des transports malaisien Dato Sri Liow Tiong Lai avait prévenu à l’ouverture de la séance que ce projet de résolution était « un appel à la justice » pour soulager les familles des victimes. « Le Conseil de sécurité doit envoyer un message clair aux acteurs non étatiques. Car tous ceux qui voyageront en avion courront dorénavant un risque » a t-il averti.Face à l’ampleur de la catastrophe, qui a plongé dans le deuil près de 18 pays, le Conseil de sécurité aurait voulu offrir une figure d’unité et prouver sa volonté de poursuivre la résolution 2166 qui demandait à tous les états de coopérer pleinement à l’enquête qui devait être « exhaustive, minutieuse et indépendante ».La Russie plaide sa bonne foiUn an plus tard, où en est-on ? « L’enquête indépendante a été effectuée » affirme le ministre des transports malaisien et le rapport devrait être remis courant octobre 2015. « Nous voulions créer ce tribunal international très en amont des résultats de l’enquête pour dépolitiser l’enjeu » assure Albert Koenders, le ministre des affaires étrangères néerlandais. « Quels qu’en soient les auteurs, nous voulons qu’ils soient jugés. »D’après les premiers éléments de l’enquête, le missile qui a détruit le Boeing 777 de Malaysia Airlines a « probablement » été tiré d’une zone à l’est de l’Ukraine, contrôlée par les séparatistes prorusses. Le représentant russe aux Nations unies, Vitali Tchourkine, a plaidé la bonne foi de son pays qui a fourni « des données satellites » aux Néerlandais et qui aurait été le premier à évoquer la possibilité que l’avion ait été abattu par un missile sol-air Buk de fabrication soviétique. Ce missile ne serait plus utilisé par l’armée russe, mais Moscou affirme que les Ukrainiens en disposeraient dans leur arsenal.L’ambassadeur russe a assuré « vouloir que les responsabilités du crash soient établies » mais que la création d’un tribunal ne devait pas être « du ressort du Conseil de sécurité » en l’absence de conclusions claires sur l’accident.Julie Bishop, ministre des affaires étrangères d’Australie, pays qui a perdu 59 ressortissants dans la catastrophe, s’est montrée la plus virulente contre son homologue russe. « Ce veto est un affront à la mémoire des victimes. » a-t-elle lancé, rageuse. « Le veto ne devrait jamais être autorisé quand il empêche la justice. La Russie s’est moquée de son engagement à être un partenaire responsable… »Ce veto « qui marque un grave échec pour le Conseil » selon François Delattre, le représentant français « ne doit pas nous faire baisser les bras ». Faute de tribunal pénal international, la commission d’enquête menée par les Pays-Bas, l’Australie, l’Ukraine, la Malaisie et la Belgique a promis « de faire tout ce qui est en son pouvoir pour mener les responsables devant la justice ».Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance)Journaliste au Monde 29.07.2015 à 14h45 • Mis à jour le29.07.2015 à 20h32 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Dans une très longue interview de plus de deux heures, mercredi 29 juillet, à la radio Kokkino, très proche du parti de la gauche radicale Syriza, le premier ministre Alexis Tsipras est longuement revenu sur les divisions qui déchirent aujourd’hui son parti. « Je suis le dernier à vouloir des élections, a-t-il notamment déclaré, mais si je n’ai plus de majorité parlementaire alors je n’aurai pas d’autre choix que de convoquer ces élections. » Le premier ministre grec fait en effet face à une fronde grandissante au sein de son propre parti, dont une frange lui reproche d’avoir signé le 13 juillet dernier un accord amenant en Grèce de nouvelles mesures d’austérité, alors que l’ensemble de la campagne de Syriza s’était concentrée sur la lutte contre l’austérité. Lors des votes de premiers trains de mesures les 15 et 22 juillet, près d’une quarantaine de députés s’étaient désolidarisés du gouvernement, faisant tomber la majorité parlementaire en dessous des 151 voix requises pour faire adopter un texte. Ces mesures n’étaient finalement passées qu’avec les voix de l’opposition.Deux camps, un congrès exceptionnelDepuis, la fronde s’organise et Syriza est véritablement divisé aujourd’hui en deux camps. Le grand test sera l’adoption dans les prochaines semaines du nouveau plan de plus de 80 milliards d’euros de prêt sur trois ans, actuellement en cours de négociation, et qui devrait être présenté au parlement d’ici au 20 août.Si moins de 120 députés du groupe parlementaire Syriza soutiennent ce texte, alors Alexis Tsipras n’aura en effet pas d’autre choix que de recourir à des élections, car il deviendra intenable de ne faire adopter des lois qu’avec le soutien de l’opposition. Une clarification sera nécessaire.Il a confirmé lors de son interview de mercredi matin qu’il souhaiterait que se réunisse avant cela, peut-être début septembre, « un congrès exceptionnel pour demander aux 30 000 membres de Syriza de se prononcer sur la ligne que devra suivre le parti ». Pour décider aussi des candidats qui seront inscrits sur les listes électorales.Selon ce scénario, le calendrier idéal de M. Tsipras serait donc : conclusion de l’accord, adoption au parlement puis congrès Syriza avant des élections fin septembre ou début octobre.Bousculer les équilibres internesMais les dissidents de Syriza exigent, eux, que les choses aillent plus vite, faisant pression sur le gouvernement et le parti pour que les organes internes se réunissent avant la conclusion de l’accord avec les créanciers. Ils espèrent ainsi bousculer les équilibres internes et renverser la « ligne présidentielle », menée par Alexis Tsipras, qui reste à ce jour la ligne majoritaire au sein de Syriza.Derrière cette bataille, deux conceptions s’opposent : d’un coté, celle de M. Tsipras, qui vise à continuer à négocier avec les créanciers, pour avant tout rester dans la zone euro, et de l’autre, la vision défendue notamment, et de plus en plus fort, par Panayiotis Lafazanis, le chef du courant dissident de la plateforme de gauche, appelant, lui, à la rupture et à la sortie de la zone euro. « Le peuple grec ne nous a jamais demandé de sortir le pays de la zone euro, a précisé M. Tsipras, sur Kokkino. L’heure est arrivée pour la gauche de se montrer responsable. Quand un parti prend la décision de gouverner, il doit gouverner et pouvoir compter sur sa majorité parlementaire. »La première bataille de cette guerre des tranchées aura lieu jeudi 30 juillet. Le comité central doit se réunir et répondre à une question : les consultations internes au parti auront-elles lieu avant ou après la conclusion de l’accord ?Sans surprise, l’opposition comme les créanciers aimeraient que cela se produise après. Une fois le nouveau plan adopté au parlement.En cas d’élection, selon tous les sondages de ces dernières semaines, Syriza arriverait toujours en tête, avec même la possibilité de dégager une majorité absolue de 151 députés (sur les 300 sièges que compte le parlement). Ce qu’il n’avait pas réussi à faire le 25 janvier dernier.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 29.07.2015 à 11h23 • Mis à jour le29.07.2015 à 11h34 La Cour suprême grecque a transmis au Parlement deux plaintes déposées contre Yanis Varoufakis, l’ancien ministre des finances, a indiqué mardi 28 juillet le quotidien conservateur Kathimerini.Ce même journal avait révélé dimanche dernier que M. Varoufakis avait réfléchi un plan d’action pour instaurer un système bancaire parallèle et une nouvelle monnaie avant son départ, pour anticiper une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro.Deux poursuites ont été déposées, l’une par le maire de Stylida, Apostolos Gletsos, également chef de file du parti Teleia, l’autre par un avocat, Panagiotis Giannopoulos. La première accuse Varoufakis d’avoir exposé la Grèce à des représailles, la seconde l’accuse de trahison.Une troisième plainte pourrait être déposée par un groupe de cinq avocats s’il s’avère que des personnalités non politiques ont participé au projet. Elles seraient alors poursuivies pour violation de données privées, manquement à une obligation, appartenance à une organisation criminelle et violation des lois.Le Parlement va maintenant devoir décider s’il lève ou non l’immunité parlementaire de Yanis Varoufakis. En cas de refus, le député Syriza ne pourra pas être poursuivi en justice.Un « plan B » rocambolesqueM. Varoufakis, qui travaillait en secret depuis décembre, avait dévoilé les contours de son « plan B » lors d’une conférence téléphonique réunissant, le 16 juillet, des responsables de fonds spéculatifs. Organisée par le Forum officiel des institutions financières et monétaires (OMFIF), elle a été en grande partie enregistrée.« Nous envisagions de créer clandestinement des comptes secrets reliés au numéro fiscal de chaque contribuable grec », avait expliqué l’ex-ministre lors de la conférence. Les contribuables auraient ainsi pu utiliser ce « système de paiement parallèle » pour régler « ce qu’ils doivent ou pour payer leurs impôts à l’Etat ». Libellé en euro, ce système de paiement « aurait pu à tout moment être converti en une nouvelle drachme » en cas de « Grexit », une sortie de la Grèce de la zone euro.Lire aussi :Le rocambolesque « plan B » de M. VaroufakisLors de cette même conférence téléphonique, Yanis Varoufakis avait déclaré avoir recruté un ami d’enfance, professeur en technologie de l’information à l’université Columbia de New York, et l’avait chargé de pirater le logiciel du ministère des finances.Si l’ancien ministre ne le citait pas nommément, il pourrait toutefois s’agir de Michalis Hatzitheodorou, secrétaire général des systèmes informatiques. Ce dernier a formellement démenti ces accusations mardi dans un communiqué. 28.07.2015 à 20h38 • Mis à jour le30.07.2015 à 09h53 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’énorme scandale provoqué par les images de Lord John Sewel, sniffant de la poudre blanche en compagnie de deux prostituées, n’a pas suffi. David Cameron ne réformera pas la Chambre des lords, non élue, souvent perçue comme une survivance aristocratique.Le premier ministre, tout en se félicitant de la décision du baron Sewel de démissionner de la chambre haute du Parlement britannique, a été catégorique : « Il n’est pas question » de se relancer dans une refonte institutionnelle, a-t-il déclaré mardi 28 juillet, depuis Singapour où il est en visite officielle.En 2012, les libéraux-démocrates, qui gouvernaient alors en coalition avec les conservateurs, avaient réussi à introduire un projet de loi visant à faire élire 80 % des Lords. La violente rébellion d’une centaine de députés conservateurs avait mis fin à pareille audace. Cet échec en rase campagne avait accrédité le discours des mauvaises langues selon lequel la chambre sert, entre autres, de maison de retraite aux députés et de récompense honorifique pour les amis du pouvoir.Echaudé, mais disposant aujourd’hui d’une majorité homogène, M. Cameron veut pousser l’avantage en sens contraire : il veut nommer une cinquantaine de nouveaux Lords, afin de rééquilibrer en sa faveur une chambre où les conservateurs n’ont pas la majorité. Sur les 783 membres de l’actuelle Chambre des lords – la plus grande Assemblée du monde après le Congrès national du peuple chinois – les tories ne sont que 226 et le premier ministre craint d’y être mis en difficulté, notamment lors de l’examen de son projet de référendum sur le maintien ou non dans l’Union européenne.Manchettes sordides du SunIl existe « de très bonnes et justes raisons » de modifier l’équilibre chez les Lords, a ajouté M. Cameron, se référant aux élections législatives de mai qui ont donné la majorité absolue aux conservateurs et oubliant sa promesse de « réduire le coût » du système politique. Pour cela, il s’apprête à réduire de 650 à 600 le nombre de députés, moyennant un redécoupage favorable à son propre parti.Mais la bronca suscitée par le scandale Sewel permettra-t-elle au premier ministre de mener à bien son projet d’extension de la Chambre des lords ? Il a fallu plus de 48 heures, trois manchettes sordides du Sun et une perquisition de Scotland Yard avec chiens renifleurs à son domicile londonien, pour décider Lord John Sewel à démissionner. Pendant deux jours, l’ancien ministre de Tony Blair, âgé de 69 ans, a tenté de s’accrocher à son privilège d’inamovibilité (la plupart des Lords sont nommés à vie par la reine sur proposition du premier ministre), et ce délai a accru l’indignation. « J’espère que ma décision limitera et aidera à réparer les dommages que j’ai causés à une institution qui m’est chère, écrit-il dans sa lettre de démission. Je souhaite présenter mes excuses pour la souffrance et l’embarras que j’ai provoqués. »Nu comme un verMardi matin, pour le troisième jour d’affilée, le tabloïd The Sun, le quotidien le plus lu du pays (1,8 million d’exemplaires), a fait sa manchette avec de nouvelles « révélations » sur l’affaire. Nu comme un ver, ventru, le Lord est photographié en train de remettre un chèque de 200 livres à l’une des prostituées.Dans l’enregistrement probablement réalisé par la professionnelle pour le compte du journal, le baron Sewel se vante d’avoir eu treize aventures extra-maritales, dont une avec une présentatrice connue de la BBC qu’il dit avoir conquise « dans un grenier ». Le journal raconte aussi qu’il a demandé à retourner la photo de sa femme trônant dans l’appartement où il recevait les deux prostituées. Les précédentes livraisons du Sun l’avaient successivement montré sniffant une poudre blanche présentée comme de la cocaïne sur la poitrine de l’une de ses invitées, puis portant un soutien-gorge orange, injuriant au passage plusieurs hommes politiques du Royaume-Uni.Le journal populaire a pris la tête d’une campagne contre la Chambre des lords, très vite reprise par de nombreux médias de toutes sensibilités. « Maintenant, débarrassons-nous-en ! », titre le Daily Mirror, tabloïd proche du Parti travailliste, sous une photo de l’assemblée des Lords en robe rouge et hermine.Conservateur, le Times estime, lui, qu’« une chambre non élue caractérisée par un fonctionnement ésotérique et un âge moyen de 70 ans ne peut se permettre de se rappeler au bon souvenir de l’opinion uniquement quand l’un de ses membres est compromis dans un scandale ». Les exemples de Lords totalement absents des débats, de ceux condamnés par la justice mais restant en place, et le montant appréciable de leurs émoluments (300 livres, soit 427 euros par jour) font désormais la « une » de tous les médias. Ils soulignent notamment que le baron Sewel, s’il a démissionné de la Chambre, conserve à vie le titre de Lord que seule la reine pourrait lui retirer.Le souffle du scandale est tel qu’il ne laisse aucune place aux interrogations sur les méthodes employées par le Sun pour fabriquer son scoop. En mars, il est vrai, quatre journalistes du quotidien, dont deux rédacteurs en chef, ont été relaxés par un tribunal à Londres après avoir été poursuivis pour avoir rémunéré leurs sources. Le jugement faisait primer l’« intérêt de l’opinion » pour les informations qu’ils avaient révélées.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (OTAN, correspondant) Une brève réunion, une brève déclaration : la session d’urgence du Conseil de l’Atlantique nord demandée par la Turquie, a débouché sur un soutien appuyé à Ankara de la part des ambassadeurs auprès de l’OTAN, mercredi 28 juillet.Le communiqué publié après la rencontre condamne fermement les récentes attaques menées à Suruç (32 morts, attribués à l’Etat islamique), puis les meurtres de policiers et de militaires turcs (revendiqués par le Parti des travailleurs du Kurdistan). « Le terrorisme, sous toutes ses formes, ne peut jamais être toléré ou justifié », affirme l’OTAN, en manifestant sa « forte solidarité » avec la Turquie et annonçant une poursuite de sa « surveillance étroite » des développements sur sa frontière sud-est, avec la Syrie, et l’Irak. « L’accord est total, unanime, sans faille », a indiqué le secrétaire général, Jens Stoltenberg.« Ankara voulait un geste de solidarité, de réassurance et l’a obtenu », résume une source diplomatique européenne. Les autorités turques s’appuyaient sur l’article 4 du traité de l’Atlantique nord, qui prévoit des consultations entre les alliés dès que l’une d’eux juge que son intégrité, sa sécurité ou son indépendance sont menacées.Lire aussi :L’engagement des forces turques ne rassure pas les rebelles syriensPKK et EI sur le même planLe communiqué est volontairement vague et n’évoque pas la double offensive menée actuellement par l’armée turque, qui cible, et met sur le même plan, l’organisation djihadiste Etat islamique (EI) et les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Le texte de l’OTAN n’évoque ni l’une, ni l’autre de ces organisations. Certaines délégations ont toutefois invité leur allié turc à une « réponse proportionnée », afin d’éviter une remise en cause du processus de paix avec les autorités kurdes, même s’il convient de condamner les récentes attaques.La délégation turque aurait fourni quelques assurances à cet égard, même si le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a estimé, mardi, qu’il était « impossible » de poursuivre ce processus tant que le PKK continueraient à « menacer l’unité nationale » par des attaques meurtrières contre les forces de sécurité turques. Lundi, il avait déjà affirmé que la Turquie poursuivrait son offensive militaire contre le PKK en Irak jusqu’à ce que les rebelles kurdes déposent les armes. Le chef de l’Etat a également répété qu’il ne céderait pas face à la « menace terroriste » du PKK et de l’EI. « Il est hors de question de reculer. C’est un long processus, et ce processus se poursuivra avec la même détermination », a-t-il déclaré, mettant une nouvelle fois sur le même plan les deux organisations, alors que les Occidentaux comptent sur les Kurdes de Syrie, des alliés du PKK, pour les aider sur le terrain dans la lutte contre l’EI.« Mettons ces propos sur le compte des manœuvres préélectorales, puisque la rumeur d’élections anticipées court en Turquie. C’est peut-être aussi une tentative d’Erdogan pour s’assurer le soutien des conservateurs dans son camp alors qu’il lance l’offensive contre l’EI », commentait mardi un expert de l’OTAN.Lire aussi :L’offensive turque peut « changer l’équilibre » en Syrie et en IrakZone de sécurité et réfugiésLa discussion au sein de l’Alliance a évité, d’autre part, la question de la zone de sécurité, ou zone tampon, que la Turquie voudrait créer dans le nord de la Syrie, avec le soutien des Etats-Unis, en contrepartie de la mise à disposition de la coalition contre l’EI de ses bases aériennes. « C’est une question bilatérale dans laquelle l’Otan n’est pas impliquée », a déclaré M. Stoltenberg. L’ambassadeur américain ne s’est pas davantage exprimé sur ce dossier. M. Erdogan a évoqué, pour sa part, le nécessaire « nettoyage » des régions concernées pour permettre le retour dans leur pays des réfugiés syriens installés dans des camps en Turquie. Ils sont 1,8 million à l’heure actuelle.Un responsable militaire américain a évoqué l’obligation d’assurer « la sécurité et la stabilité » le long de la frontière turco-syrienne. Selon les accords conclus entre Ankara et Washington, la base militaire turque d’Inçirlik pourra désormais servir de point de départ pour des avions de la coalition internationale qui bombarde les positions de l’EI.Pourrait-il être question, à terme, d’une extension de l’implication de l’OTAN ? « Nous sommes déjà très impliqués », affirme M. Stoltenberg, qui évoque le soutien (entraînement, formation, interopérabilité) à des pays qui combattent le terrorisme, comme la Jordanie, la Tunisie, l’Irak et l’Afghanistan. Par ailleurs, explique-t-il, tous les pays membres contribuent déjà à la lutte contre l’EI et l’Alliance « projette de la stabilité » avec un déploiement minimal de forces combattantes. Le secrétaire général souligne enfin que l’armée turque (la deuxième de l’OTAN) ne formule, à ce stade, aucune demande de ce type.Jean-Pierre Stroobants (OTAN, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adèle Humbert « L’adoption et la mise en œuvre récente de plusieurs lois en Russie ont rendu quasiment impossible le soutien efficace de la société civile par les organisations internationales », a déclaré Julia Statsch, présidente de la fondation MacArthur, après avoir annoncé la fermeture du bureau de Moscou, le 21 juillet. En renonçant à ses activités en Russie, l’ONG souhaite anticiper la décision du parquet général. Le 8 juillet, une liste « patriotique » comprenant douze organisations jugées « indésirables » a été adoptée par le Conseil de la Fédération de Russie et envoyée au parquet qui pourrait effectivement ordonner leur fermeture.Le Kremlin resserre ainsi son étau sur ces organisations internationales qu’il juge « menaçantes pour l’ordre constitutionnel, la défense et la sécurité nationale ». « Ce texte s’inscrit dans la lignée des nombreuses lois liberticides récemment promulguées par Poutine », affirme Nicolas Krameyer, responsable du programme Liberté d’expression à Amnesty International.Loi sur les « agents étrangers »Déjà en 2012, le Kremlin avait annoncé la couleur avec la loi sur les « agents étrangers » dont l’adoption avait été suivie d’une vague de répression contre les associations en Russie. « On distingue deux catégories parmi la douzaine d’organisations visées récemment : celles, telles que Freedom House, impliquées dans des missions de terrain en Crimée ; et celles, comme MacArthur, qui financent des projets de défense des droits de l’homme », analyse le défenseur des droits humains.Il dénonce cette « épée de Damoclès » qui pèse sur la société civile : brider les ONG, c’est étouffer toute velléité d’émancipation des citoyens russes. Etablie en Russie depuis 1992, la fondation avait investi plus de 173 millions de dollars dans des programmes d’éducation, de défense des droits de l’homme et de limitation de la prolifération des armes nucléaires en Russie.Critères obscursSur le plan juridique, les critères pour déterminer le caractère « indésirable » de l’organisation demeurent obscurs : « Ils ne sont pas édictés de façon explicite dans la loi. Je crois que le texte a été adopté parce que le gouvernement s’est rendu compte que certaines organisations menaient des activités qu’il jugeait subversives », analyse Maître Sidorova, avocate au barreau de Paris et présidente de l’Association des avocats et juristes franco-russes : « En revanche, la loi précise les sanctions. Parmi les mesures prises contre ces organisations figurent notamment l’interdiction faite à tout organisme financier de réaliser les opérations demandées par les ONG, ainsi que l’interdiction, pour l’organisation, d’utiliser les médias et Internet pour diffuser des informations. »Une fois jugée « indésirable », l’organisation est sous la menace d’un éventail de sanctions : de la simple amende aux peines de prison en cas de récidive, tout est fait pour encourager les volontaires à cesser leurs missions sur le terrain. Dans son rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde, Amnesty International pointait même le harcèlement auquel sont soumises certaines ONG à travers des campagnes de dénigrement. MacArthur a justifié sa décision, affirmant que « les organisations civiles russes bénéficiant de [leurs] financements destinés aux citoyens russes étaient désormais menacées ».Adèle HumbertJournaliste au Monde Jean-Pierre Stroobants (OTAN, correspondant) Une brève réunion, une brève déclaration : la session d’urgence du Conseil de l’Atlantique nord demandée par la Turquie, a débouché sur un soutien appuyé à Ankara de la part des ambassadeurs auprès de l’OTAN, mercredi 28 juillet.Le communiqué publié après la rencontre condamne fermement les récentes attaques menées à Suruç (32 morts, attribués à l’Etat islamique), puis les meurtres de policiers et de militaires turcs (revendiqués par le Parti des travailleurs du Kurdistan). « Le terrorisme, sous toutes ses formes, ne peut jamais être toléré ou justifié », affirme l’OTAN, en manifestant sa « forte solidarité » avec la Turquie et annonçant une poursuite de sa « surveillance étroite » des développements sur sa frontière sud-est, avec la Syrie, et l’Irak. « L’accord est total, unanime, sans faille », a indiqué le secrétaire général, Jens Stoltenberg.« Ankara voulait un geste de solidarité, de réassurance et l’a obtenu », résume une source diplomatique européenne. Les autorités turques s’appuyaient sur l’article 4 du traité de l’Atlantique nord, qui prévoit des consultations entre les alliés dès que l’une d’eux juge que son intégrité, sa sécurité ou son indépendance sont menacées.Lire aussi :L’engagement des forces turques ne rassure pas les rebelles syriensPKK et EI sur le même planLe communiqué est volontairement vague et n’évoque pas la double offensive menée actuellement par l’armée turque, qui cible, et met sur le même plan, l’organisation djihadiste Etat islamique (EI) et les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Le texte de l’OTAN n’évoque ni l’une, ni l’autre de ces organisations. Certaines délégations ont toutefois invité leur allié turc à une « réponse proportionnée », afin d’éviter une remise en cause du processus de paix avec les autorités kurdes, même s’il convient de condamner les récentes attaques.La délégation turque aurait fourni quelques assurances à cet égard, même si le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a estimé, mardi, qu’il était « impossible » de poursuivre ce processus tant que le PKK continueraient à « menacer l’unité nationale » par des attaques meurtrières contre les forces de sécurité turques. Lundi, il avait déjà affirmé que la Turquie poursuivrait son offensive militaire contre le PKK en Irak jusqu’à ce que les rebelles kurdes déposent les armes. Le chef de l’Etat a également répété qu’il ne céderait pas face à la « menace terroriste » du PKK et de l’EI. « Il est hors de question de reculer. C’est un long processus, et ce processus se poursuivra avec la même détermination », a-t-il déclaré, mettant une nouvelle fois sur le même plan les deux organisations, alors que les Occidentaux comptent sur les Kurdes de Syrie, des alliés du PKK, pour les aider sur le terrain dans la lutte contre l’EI.« Mettons ces propos sur le compte des manœuvres préélectorales, puisque la rumeur d’élections anticipées court en Turquie. C’est peut-être aussi une tentative d’Erdogan pour s’assurer le soutien des conservateurs dans son camp alors qu’il lance l’offensive contre l’EI », commentait mardi un expert de l’OTAN.Lire aussi :L’offensive turque peut « changer l’équilibre » en Syrie et en IrakZone de sécurité et réfugiésLa discussion au sein de l’Alliance a évité, d’autre part, la question de la zone de sécurité, ou zone tampon, que la Turquie voudrait créer dans le nord de la Syrie, avec le soutien des Etats-Unis, en contrepartie de la mise à disposition de la coalition contre l’EI de ses bases aériennes. « C’est une question bilatérale dans laquelle l’Otan n’est pas impliquée », a déclaré M. Stoltenberg. L’ambassadeur américain ne s’est pas davantage exprimé sur ce dossier. M. Erdogan a évoqué, pour sa part, le nécessaire « nettoyage » des régions concernées pour permettre le retour dans leur pays des réfugiés syriens installés dans des camps en Turquie. Ils sont 1,8 million à l’heure actuelle.Un responsable militaire américain a évoqué l’obligation d’assurer « la sécurité et la stabilité » le long de la frontière turco-syrienne. Selon les accords conclus entre Ankara et Washington, la base militaire turque d’Inçirlik pourra désormais servir de point de départ pour des avions de la coalition internationale qui bombarde les positions de l’EI.Pourrait-il être question, à terme, d’une extension de l’implication de l’OTAN ? « Nous sommes déjà très impliqués », affirme M. Stoltenberg, qui évoque le soutien (entraînement, formation, interopérabilité) à des pays qui combattent le terrorisme, comme la Jordanie, la Tunisie, l’Irak et l’Afghanistan. Par ailleurs, explique-t-il, tous les pays membres contribuent déjà à la lutte contre l’EI et l’Alliance « projette de la stabilité » avec un déploiement minimal de forces combattantes. Le secrétaire général souligne enfin que l’armée turque (la deuxième de l’OTAN) ne formule, à ce stade, aucune demande de ce type.Jean-Pierre Stroobants (OTAN, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adèle Humbert « L’adoption et la mise en œuvre récente de plusieurs lois en Russie ont rendu quasiment impossible le soutien efficace de la société civile par les organisations internationales », a déclaré Julia Statsch, présidente de la fondation MacArthur, après avoir annoncé la fermeture du bureau de Moscou, le 21 juillet. En renonçant à ses activités en Russie, l’ONG souhaite anticiper la décision du parquet général. Le 8 juillet, une liste « patriotique » comprenant douze organisations jugées « indésirables » a été adoptée par le Conseil de la Fédération de Russie et envoyée au parquet qui pourrait effectivement ordonner leur fermeture.Le Kremlin resserre ainsi son étau sur ces organisations internationales qu’il juge « menaçantes pour l’ordre constitutionnel, la défense et la sécurité nationale ». « Ce texte s’inscrit dans la lignée des nombreuses lois liberticides récemment promulguées par Poutine », affirme Nicolas Krameyer, responsable du programme Liberté d’expression à Amnesty International.Loi sur les « agents étrangers »Déjà en 2012, le Kremlin avait annoncé la couleur avec la loi sur les « agents étrangers » dont l’adoption avait été suivie d’une vague de répression contre les associations en Russie. « On distingue deux catégories parmi la douzaine d’organisations visées récemment : celles, telles que Freedom House, impliquées dans des missions de terrain en Crimée ; et celles, comme MacArthur, qui financent des projets de défense des droits de l’homme », analyse le défenseur des droits humains.Il dénonce cette « épée de Damoclès » qui pèse sur la société civile : brider les ONG, c’est étouffer toute velléité d’émancipation des citoyens russes. Etablie en Russie depuis 1992, la fondation avait investi plus de 173 millions de dollars dans des programmes d’éducation, de défense des droits de l’homme et de limitation de la prolifération des armes nucléaires en Russie.Critères obscursSur le plan juridique, les critères pour déterminer le caractère « indésirable » de l’organisation demeurent obscurs : « Ils ne sont pas édictés de façon explicite dans la loi. Je crois que le texte a été adopté parce que le gouvernement s’est rendu compte que certaines organisations menaient des activités qu’il jugeait subversives », analyse Maître Sidorova, avocate au barreau de Paris et présidente de l’Association des avocats et juristes franco-russes : « En revanche, la loi précise les sanctions. Parmi les mesures prises contre ces organisations figurent notamment l’interdiction faite à tout organisme financier de réaliser les opérations demandées par les ONG, ainsi que l’interdiction, pour l’organisation, d’utiliser les médias et Internet pour diffuser des informations. »Une fois jugée « indésirable », l’organisation est sous la menace d’un éventail de sanctions : de la simple amende aux peines de prison en cas de récidive, tout est fait pour encourager les volontaires à cesser leurs missions sur le terrain. Dans son rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde, Amnesty International pointait même le harcèlement auquel sont soumises certaines ONG à travers des campagnes de dénigrement. MacArthur a justifié sa décision, affirmant que « les organisations civiles russes bénéficiant de [leurs] financements destinés aux citoyens russes étaient désormais menacées ».Adèle HumbertJournaliste au Monde 27.07.2015 à 23h25 • Mis à jour le28.07.2015 à 08h12  Un militaire a été tué par balle lundi 27 juillet au soir lors d’une attaque menée par des hommes armés dans la province de Mus, dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, a-t-on appris de sources hospitalières.L’officier, commandant de la gendarmerie du district de Malazgirt, a été intercepté sur la route alors qu’il circulait dans sa voiture privée avec son épouse, ont rapporté les médias locaux. Grièvement blessé, il est mort à l’hôpital.Un gazoduc sabotéUne explosion d’origine criminelle a en outre endommagé dans la nuit de lundi à mardi le gazoduc qui relie l’Iran à la Turquie dans la province frontalière d’Agri, dans l’est de la Turquie, a annoncé le ministre turc de l’énergie Taner Yildiz.« L’explosion a causé un incendie. Mais nous avons réussi à l’éteindre rapidement. L’acheminement du gaz reprendra dès que le gazoduc sera réparé », a déclaré M. Yildiz dans un communiqué cité par l’agence de presse progouvernementale Anatolie.Les médias turcs ont attribué le sabotage — qui, comme l’attaque, n’a pas été immédiatement revendiqué —, aux rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), auxquels des sabotages similaires ont déjà été attribués.Fin de la trêveLa Turquie a lancé vendredi soir une série de raids aériens contre les bases arrière du PKK dans le nord de l’Irak, en riposte aux attaques meurtrières attribuées au mouvement kurde qui ont visé des membres des forces de sécurité ces derniers jours. Le PKK a en retour rompu la trêve qu’il respectait depuis 2013 et assassiné deux soldats samedi soir.Le premier ministre turc Ahmet Davutoglu a promis lundi soir la poursuite de l’offensive militaire contre le mouvement kurde jusqu’à ce qu’il dépose les armes. « C’est soit les armes, soit la démocratie, les deux ne sont pas compatibles », a-t-il dit lors d’un entretien télévisé.Lire aussi :L’offensive turque peut « changer l’équilibre » en Syrie et en Irak 27.07.2015 à 16h58 | Adrien Morcuende La crise grecque, un tournant pour l’avenir de la zone euro ? C’est ce que pense Elisabeth Guigou, présidente socialiste de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Dans un entretien publié dimanche 26 juillet par le quotidien espagnol El Pais, l’ancienne ministre déléguée aux affaires européennes de François Mitterrand (1990-1993), qui parcourut la France en vacances à l’été 1992 pour mener la campagne du « oui » au traité de Maastricht, estime que « la crise grecque nous a offert une opportunité ». Avant d’affirmer : « Le débat européen s’est converti en un débat public et, pour la première fois depuis longtemps, n’est pas mené par les eurosceptiques, les détracteurs de l’euro ou encore les partis populistes. »La député PS de Seine-Saint-Denis, européiste convaincue, appelle de ses vœux les pays de la zone euro à passer à l’action. « C’est le moment de se montrer actif en termes de propositions », explique M. Guigou, en écho à la proposition de François Hollande, lors de son interview télévisée du 14-Juillet puis dans une tribune au Journal du dimanche cinq jours plus tard, de créer un gouvernement économique européen doté d’un « budget spécifique », afin de prévenir de nouvelles crises comme celle que connaît la Grèce.« Une union fiscale, sociale et politique »Pour parvenir à une union monétaire « fédérale par nature » mais actuellement « déséquilibrée », Mme Guigou souhaite que la France, « attendue depuis longtemps », prenne les choses en main aux côtés de « tous ceux qui sont favorables à une meilleure intégration de la zone euro », Allemagne, Italie et Espagne notamment. Sur l’idée renouvelée par le président de la République d’un gouvernement économique de la zone euro, la position de l’ancienne ministre de la justice est claire. Ce dernier ne pourrait voir le jour sans la création d’un parlement de la zone euro, une institution « qui ne soit pas coupée du Parlement Européen mais qui en soit plutôt une partie intégrante : une chambre composée de parlementaires des dix-neuf pays de la monnaie unique ».S’agissant des mesures à mettre en œuvre, Mme Guigou cite l’harmonisation fiscale dans l’ensemble des pays membres, avec notamment un impôt commun sur les sociétés, la sécurité de l’emploi minimum ou encore des mécanismes pour favoriser la mobilité des travailleurs, des pistes à suivre si l’on veut faire avancer la cause européenne. « Nous avons besoin de mettre en marche des projets mobilisateurs, comme l’Europe de l’énergie, mais il faut avant pouvoir intégrer une zone euro dotée d’une union fiscale, sociale et politique. »Enfin, la députée conclut en abordant la question sensible de la dette. Selon elle, « il faudra au final une mutualisation » des dettes publiques, « bien que cela ne puisse se faire qu’après une véritable adoption des règles par tous et avec une croissance soutenable et stable ».Adrien Morcuende 27.07.2015 à 12h59 • Mis à jour le27.07.2015 à 14h28 La Commission européenne a traduit la France devant la Cour européenne de justice pour ne pas avoir récupéré près de 10 millions d’euros d’aides, jugées incompatibles avec les règles de concurrence, dont ont bénéficié Ryanair et Transavia pour s’installer dans plusieurs aéroports français.« Grâce à divers arrangements contractuels et commerciaux, ces compagnies aériennes payaient des montants inférieurs aux surcoûts liés à leur présence dans l’aéroport et bénéficiaient de ce fait d’un avantage économique injustifié, qui doit être récupéré ».Ryanair et sa filiale Airport Marketing Services (AMS) ont bénéficié de ces avantages sur les aéroports de Pau, de Nîmes et d’Angoulême, et Transavia, filiale à bas coût du groupe Air France-KLM, à l’aéroport de Pau. En juillet 2014, la Commission européenne avait demandé à Ryanair de rembourser 9,6 millions d’euros d’aides publiques touchées en France. Transavia Pays-Bas avait de son côté été sommée de rembourser 400 000 euros.La Commission explique que la France n’a pas totalement récupéré ces aides, incompatibles avec le marché intérieur, dans le délai de quatre mois qui lui était imparti. « Les autorités françaises ont envoyé les ordres de récupération mais n’ont pas été en mesure de les exécuter en droit interne, car ils ont été attaqués en justice par les bénéficiaires », explique-t-elle dans son communiqué. Ryanair a en effet introduit un recours en justice, ce qui a suspendu la procédure.Le gendarme de la concurrence européen attend désormais la pleine mise en œuvre des décisions prises il y a un an. Adéa Guillot (Athènes, correspondance) C’est une polémique dont le premier ministre grec, Alexis Tsipras se serait bien passé et qu’il tente d’ignorer, mais qui défraie la chronique en Grèce depuis 48 heures. Le quotidien conservateur Kathimerini a révélé, ce week-end, que l’ancien ministre des finances, Yanis Varoufakis avait, avant les élections de janvier et avec l’accord de M. Tsipras, mis en place une cellule d’environ cinq personnes pour mettre sur pied un plan B en cas de faillite du pays. Ce plan prévoyait notamment de pirater la plate-forme de l’administration fiscale du pays, afin de créer un système bancaire parallèle.M. Varoufakis a parlé, le 16 juillet, de ces projets lors d’une téléconférence réunissant des responsables de fonds spéculatifs (« hedge funds »), notamment asiatiques, organisée par le Forum officiel des institutions financières et monétaires (OMFIF). L’idée de M. Varoufakis était de transférer des fonds directement des contribuables vers les organisations ou entreprises créancières de l’Etat, si les fonds venaient à manquer ou si les banques devaient fermer durablement.« Cela aurait créé un système bancaire parallèle au moment où les banques étaient fermées à cause de l’action agressive de la Banque centrale européenne (BCE) visant à nous étrangler », aurait expliqué l’ex-ministre. Ce système initialement libellé en euro aurait même pu rapidement s’adapter aux nouvelles « drachmes », en cas de « Grexit » effectif (sortie de la zone euro).Lire aussi :La nuit où la zone euro a évité le « Grexit »« C’était là le prix de la liberté »M. Varoufakis a choisi, lundi 27 juillet, de répondre à la polémique dans le quotidien britannique The Telegraph. S’il ne nie pas le contenu de cet entretien avec l’OMFIF, il affirme que la presse grecque a dénaturé le sens de son propos. Il confirme toutefois avoir réfléchi aux moyens de créer de la liquidité en Grèce pour contourner l’étranglement financier de la BCE.Ce système bancaire parallèle à l’étude était « bien conçu », a-t-il expliqué, « rapidement il aurait été possible de l’étendre, en utilisant des applis sur smartphone, et il serait devenu un système parallèle opérationnel. Bien entendu, il aurait été émis en euros mais convertible en nouvelles drachmes ».« J’ai par contre toujours été opposé aux plans de démantèlement de l’euro car nous ne savons pas quelles forces occultes cela pourrait déchaîner en Europe », a-t-il toutefois également déclaré au Telegraph.Statement by Yanis Varoufakis on the FinMin’s Plan B Working Group & the parallel payment system http://t.co/9JTWNyq8JK— yanisvaroufakis (@Yanis Varoufakis)require(["twitter/widgets"]);M. Varoufakis se tenait prêt à déclencher ce Plan B dès le « feu vert » du premier ministre. Ce qui n’est jamais arrivé. « J’ai toujours dit à Alexis Tsipras que ce serait difficile à mettre en œuvre mais que c’était là le prix de la liberté, a dit l’ex-ministre au Telegraph. Mais le moment venu il a décidé que c’était trop compliqué. Je ne sais pas quand il est arrivé à cette conclusion. Je ne l’ai explicitement compris que le soir du référendum et c’est ce qui a motivé ma démission. »Depuis son départ, au lendemain du référendum du 5 juillet sur les réformes demandées par les créanciers du pays, M. Varoufakis va de révélation en révélation sur ces fameux plans B auxquels réfléchissait le gouvernement grec du parti de la gauche radicale Syriza. Ces plans avaient été élaborés avant et durant les cinq longs mois de négociations qui ont précédé l’accord du 13 juillet à Bruxelles sur la mise en place d’un nouveau plan d’aide.Lire aussi :Alexis Tsipras triomphe tandis que le pays compte ses lignes de faillesRéquisition des liquidités de la Banque centraleDans un entretien à la télévision grecque le 14 juillet, Alexis Tsipras a reconnu que des alternatives avaient été étudiées, tout en affirmant fermement qu’il n’en avait retenu aucune car elles n’étaient pas des hypothèses « sérieuses ». En choisissant, le 13 juillet, de dire oui à un accord très difficile à faire accepter à sa propre majorité parlementaire, Alexis Tsipras a balayé de la main tous les projets de plan B dont il aurait eu, ou non connaissance. Il a, ce jour-là, fait le choix du maintien de son pays dans la zone euro, ignorant les appels à la fermeté de M. Varoufakis et les appels à la sortie de la zone euro de la frange la plus radicale de son parti Syriza.Car, de ce côté-là aussi, les projets de plans B sont légion. Dès le début de la crise, en 2010, environ 30 % de Syriza s’est prononcé pour une sortie de la zone euro, estimant que c’est seulement en retrouvant une indépendance monétaire que la Grèce pourrait sortir du marasme dans lequel elle continue de s’enfoncer depuis cinq ans. Mais la ligne présidentielle, majoritaire, menée par Alexis Tsipras, a toujours choisi la voie européenne.Il y a deux petites semaines encore, l’ancien ministre du redressement productif, Panayiotis Lafazanis – par ailleurs chef de la plate-forme de gauche, un courant dissident situé à l’aile gauche de Syriza – a exposé à ses troupes, dans un hôtel d’Athènes, son plan de réquisition des liquidités détenues par la Banque centrale grecque, en cas de « Grexit ».Ce plan évoquait aussi le limogeage express du gouverneur, Yannis Stournaras – M. Lafazanis a nié une affirmation du Financial Times selon laquelle il envisageait même d’arrêter M. Stournaras – et la nationalisation des banques.« Un plan perché sur les nuages », répondait-on alors dans l’entourage du premier ministre. M. Lafazanis fait parti des ministres qui ont été « remerciés » lors du remaniement du 17 juillet.M. Varoufakis nie vouloir se positionner en challenger de M. TsiprasAujourd’hui, le ministre délégué aux finances, Dimitris Mardas, affirme que le plan de M. Varoufakis n’a « jamais été discuté au niveau gouvernemental » et ressemble « à un joli conte ».M. Tsipras savait-il ? A-t-il encouragé l’examen de mesures alternatives, comme le répète à longueur d’interviews M. Varoufakis ? « Evidemment, et je dirais même que c’était de sa responsabilité d’avoir toutes les options en main alors même que les créanciers communiquaient depuis des mois sur leur propre plan B visant à expulser la Grèce de la zone euro, reconnaît une source au sein de Syriza. L’important, c’est qu’une fois toutes les informations en main, il a fait le choix le plus judicieux pour le pays et écarté tous ces plans fumeux de retour à la drachme ».Lire aussi :Le Parlement grec valide le second train de mesures réclamé par les créanciersEt cette source de s’interroger sur ce qui peut motiver M. Varoufakis à ainsi ressasser des « plans qui appartiennent au passé alors que nous sommes au cœur de la finalisation d’un accord, certes difficile, mais pouvant garantir notre destin européen ». M. Varoufakis, nouveau venu sur la scène politique grecque, souhaite-t-il se positionner en challenger possible de M. Tsipras au sein de Syriza ? Réfléchit-il à créer un nouveau parti ? L’intéressé nie en bloc.« Je pense, moi, qu’il cherche d’abord à redorer son blason auprès de cette communauté d’économistes stars dans le monde mais cela ne nous aide pas, nous, à gouverner », affirme, tranchant, notre source. Officiellement, au gouvernement comme à Syriza, la réponse à la polémique Varoufakis est : « pas de commentaires ».Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Jégo (Istanbul, correspondante) La Turquie va poursuivre son offensive militaire contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Irak jusqu’à ce que les rebelles kurdes déposent les armes, a annoncé à la télévision, lundi 27 juillet, le premier ministre Ahmet Davutoglu. « C’est soit les armes, soit la démocratie, les deux ne sont pas compatibles. »Des chasseurs bombardiers turcs ont mené, dans la nuit de dimanche à lundi, un nouveau raid aérien sur les positions des rebelles du PKK dans le nord de l’Irak. Positionnée à Semdinli (dans la région de Hakkari), l’artillerie turque a visé plusieurs heures durant, dimanche, des bases du PKK situées de l’autre côté de la frontière. Dans le même temps, des chars turcs bombardaient d’autres positions kurdes, en Syrie cette fois, dans le village de Zur Maghar.Lire aussi :La Turquie joue son propre jeu dans la coalition contre l’Etat islamique1 000 personnes arrêtéesCes frappes sont intervenues après l’explosion d’une voiture piégée, dans la nuit de samedi à dimanche, au passage d’un véhicule militaire sur une route près de Diyarbakir, la grande ville kurde du sud-est de la Turquie. L’attentat, qui a causé la mort de deux soldats, a été revendiqué par les Forces de défense du peuple (HPG), le bras armé des rebelles kurdes.La Turquie est confrontée à une flambée de violence depuis l’attentat, attribué à un kamikaze turc d’origine kurde ayant effectué des séjours en Syrie, qui a fait 32 morts lundi 20 juillet à Suruç (sud-est), non loin de la frontière avec la Syrie. Deux jours plus tard, le PKK se vengeait en assassinant deux policiers, complices selon lui de complaisance envers les djihadistes, à Ceylanpinar (sud-est).Les régions kurdes sont sous tension, des commissariats ont été mitraillés à Diyarbakir, Siirt, Mardin, des voitures ont été brûlées à Kars, sans faire de victimes. Violence aussi à Istanbul, où un policier a été abattu, dimanche 26 juillet, dans le quartier de Gazi, lors de heurts survenus pendant l’enterrement d’une militante d’extrême gauche, tuée quelques jours auparavant lors d’un coup de filet de la police.Quelque 1 000 personnes – islamistes radicaux, sympathisants du PKK, militants du DHKP-C (gauche radicale) – ont été arrêtées dans 22 régions du pays. Lundi 27 juillet à l’aube, une opération a été lancée dans le quartier de Hacibayram à Ankara, réputé pour ses réseaux de recrutement de djihadistes vers la Syrie. Un climat d’état d’urgence règne, plusieurs sites prokurdes ont été bloqués le 25 juillet tandis qu’une manifestation pour la paix, prévue dimanche 26 à l’appel d’associations de gauche, a été interdite par le préfet d’Istanbul.Bombardement contre l’EI L’armée turque est sur les dents. L’état-major a fait annuler les vacances des officiers qui servent dans les « zones critiques ». « Les opérations vont continuer jusqu’à ce que les centres de commandements d’où sont programmées les attaques contre la Turquie et les dépôts d’armes soient détruits », a annoncé le premier ministre Ahmet Davutoglu.Ces tensions surgissent au moment où le gouvernement turc a effectué un virage à 180 degrés dans la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI), lançant son aviation contre les positions des djihadistes au nord de la Syrie. Ankara a également offert l’usage de bases aériennes aux forces de la coalition anti-EI, un tournant par rapport aux réticences formulées jadis pour rejoindre la coalition.« La Turquie n’a pas l’intention d’envoyer des troupes au sol en Syrie mais elle pense, comme les Etats-Unis, qu’il faut apporter un appui aérien aux rebelles syriens modérés », a expliqué M. Davutoglu dans un entretien accordé à plusieurs journaux turcs. Les bombardements turcs sur la Syrie se déroulent au nord d’Alep où des combats font rage entre l’EI et l’Armée syrienne libre.C’est précisément sur cette bande de terre que les Turcs ont obtenu des Américains la création d’une « zone tampon », réclamée de longue date par le président Recep Tayyip Erdogan. « Une fois que l’EI sera chassé de cet endroit, des zones sécurisées apparaîtront naturellement, constituant un abri pour les déplacés », a expliqué samedi le ministre des affaires étrangères Mevlut Cavusoglu. Blanc-seing de la Maison BlancheAnkara a apparemment obtenu un blanc-seing sur les raids de l’aviation contre le PKK au nord de l’Irak. La Maison Blanche a reconnu dimanche le droit des Turcs à « mener des actions contre des cibles terroristes », selon le conseiller adjoint du président Barack Obama à la sécurité nationale, Ben Rhodes. Plus mesurée, la chancelière allemande Angela Merkel a invité son homologue turc, Ahmet Davutoglu, dimanche par téléphone, à plus de modération en lui rappelant « le principe de proportionnalité » dans la riposte. En quête de soutien, la diplomatie turque a demandé une réunion extraordinaire du conseil de l’OTAN, qui aura lieu mardi.Deux raisons ont poussé les Turcs à s’entendre avec les Etats-Unis : le risque des infiltrations de djihadistes en Turquie, souligné à l’envi par les services ces derniers mois et aussi la perspective d’un retour de l’Iran sur la scène régionale suite à l’accord trouvé sur le dossier nucléaire. L’engagement turc « change la donne régionale », a fait valoir ­Ahmet Davutoglu.« Le cessez-le-feu n’a plus aucune signification après les raids intensifs de l’armée turque d’occupation »Négocié pied à pied ces dernières semaines avec Washington, l’accord, salué par les alliés de l’OTAN, s’est assorti de l’ouverture d’un second front contre le PKK en Irak, qui a fait voler en éclat le processus de réconciliation avec les rebelles kurdes, engagé en 2012. « Le cessez-le-feu n’a plus aucune signification après les raids intensifs de l’armée turque d’occupation », affirme le PKK dans un communiqué.Les deux parties semblent déterminées à brûler tous les ponts, au risque de revenir aux terribles affrontements de la fin des années 1990, quand le sud-est du pays était ravagé par la guerre entre l’armée turque et le PKK, au prix de dizaines de milliers de morts et de millions de déplacés. Cette escalade aura un coût politique et économique au moment où la Turquie a besoin de plus de croissance et d’investissements.Nouvelles élections Ce changement de cap survient au moment où le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur), privé de sa majorité parlementaire depuis les législatives du 7 juin, tente péniblement de former un gouvernement de coalition. S’il n’y parvient pas avant la fin du mois d’août, il y aura de nouvelles élections.Selon les analystes, l’AKP entre en guerre contre l’EI et le PKK dans l’espoir de récupérer les voix perdues lors du dernier scrutin. Cette soudaine perte de popularité a été vécue comme une claque pour ce parti, vainqueur haut la main de toutes les élections depuis 2002.Le Parti républicain du peuple (CHP, kémaliste) joue lui aussi la carte préélectorale en annonçant sa bonne disposition à former un gouvernement avec l’AKP « pour le salut du pays ». Le grand perdant de la nouvelle donne est le Parti de la démocratie des peuples (HDP, gauche, prokurde), jusqu’ici en première ligne pour négocier l’accord de paix entre le PKK et le gouvernement.Les dirigeants du HDP se retrouvent désormais entre le marteau et l’enclume, marginalisés par les autorités pour leurs liens avec le PKK, contourné par la direction militaire du mouvement rebelle, moins encline que jamais à rendre les armes.Marie Jégo (Istanbul, correspondante)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Philippe Bernard (Londres, correspondant) « Les scandales font de bonnes manchettes de journaux », avait récemment remarqué John Sewel, membre de la Chambre des lords, en se félicitant d’avoir contribué à une nouvelle législation destinée à améliorer l’image du Parlement en sanctionnant ceux de ses pairs qui s’écarteraient du code de bonne conduite. Il ne croyait pas si bien dire. Dimanche 26 juillet, une photo de lui sniffant via un billet de 5 livres sterling roulé, une poudre blanche présentée comme de la cocaïne, a fait la « une » du Sun on Sunday, barrée du titre « Lord coke ». Un autre cliché le montre nu cherchant du nez la poudre blanche sur la poitrine d’une prostituée dans son appartement de fonction, non loin de Westminster. Le journal publie aussi le fac-similé du chèque de 200 livres qu’il a remis à l’une des deux professionnelles dont il avait loué les services, selon le Sun, et qui lui promet « le grand jeu ».Une vidéo publiée sur son site montre John Sewel, lord depuis 1996, se plaindre de la modicité de son indemnité parlementaire : précisément 200 livres par jour. « Les femmes asiatiques ont l’air innocentes mais ce sont des putes », affirme-t-il élégamment au passage.« Les membres de la Chambre des lords sont de vrais voleurs »Le scandale provoqué par ces images est d’autant plus vif que l’ancien ministre de Tony Blair, âgé de 69 ans, vice-président de la Chambre des lords, préside la commission de l’immunité et de la tenue (« privileges and conduct committee »). Le rôle de cette instance consiste à édicter et mettre en œuvre les règles de bonne conduite, à prévenir les conflits d’intérêt et à vérifier le bon usage des indemnités parlementaires.Pour sa part, il perçoit une indemnité parlementaire annuelle de 84 525 livres, à laquelle s’ajoutent 36 000 livres non imposables de frais de voyage, soit un total de 170 000 euros annuel.Dimanche, John Sewel a dû démissionner de ses fonctions de vice-président de la chambre haute après que sa présidente, la baronne D’Souza eût décrit son comportement supposé comme « choquant et inacceptable » et saisi Scotland Yard. Mais il demeure membre de la Chambre, en attendant le jugement de ses pairs. « La Chambre des lords [dont les membres ne sont pas élus] continuera à faire respecter des normes en matière de vie publique », a assuré Frances D’Souza. Longtemps membre du Parti travailliste, Lord Sewel n’y est plus affilié depuis qu’il a été nommé à la vice-présidence.Un passage de la vidéo va certainement intéresser particulièrement ses collègues chargés d’enquêter et de statuer sur son cas. Faisant allusion aux nouvelles règles de contrôle des dépenses qu’il a lui-même élaborées, il explique à ses compagnes que les contrôles ont dû être renforcés parce que « les gens faisaient de fausses déclarations [de frais] ». Et de justifier : « les membres de la Chambre des lords sont de vrais voleurs, des voyous, des salauds par moments. Quels gens merveilleux ! ». Le journal affirme que les deux femmes ont pris elles-mêmes les photos et la vidéo à scandale qu’il publie. Le seul détail que le tabloïd ne fournit pas à ses lecteurs concerne les moyens qu’il a employés pour les obtenir.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 26.07.2015 à 12h51 Le premier référendum lui a coûté son poste de premier ministre d’Ecosse, mais il croit encore à l’indépendance de son pays. Alex Salmond, redevenu simple député du Scottish National Party (SNP) après le non des Ecossais à la sortie du Royaume-Uni le 18 septembre 2014, a jugé « inévitable » l’organisation d’une nouvelle consultation dans une interview accordée à la BBC. « La question n’est pas l’inévitabilité, mais le timing », qui est, selon lui, entre les mains de sa successeure, Nicola Sturgeon.L’ancien premier ministre cite trois raisons pour lesquelles un nouveau référendum d’autodétermination est nécessaire :« Le refus à ce jour » du gouvernement de David Cameron de tenir sa promesse, faite dans la dernière ligne droite avant le référendum, de transférer tout un catalogue de nouveaux pouvoirs à l’Ecosse, une mesure appelée « devo max » ;La perspective du référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne voulu par M. Cameron, qui pourrait faire sortir l’Ecosse (majoritairement pro-européenne) de l’UE contre son gré dès le mois de juin 2016.La volonté du gouvernement de David Cameron de poursuivre sa politique d’austérité, marquée par de nouvelles coupes dans les aides sociales. « Au lieu d’avoir la devo max, nous avons droit à l’austérité max », a-t-il déploré.Malgré le résultat, le score inédit du oui à l’indépendance (44,7 %) et la passion qui a accompagné le référendum de l’automne 2014 ont été vécus comme une vraie victoire pour le SNP. Le parti nationaliste a ensuite transformé l’essai en raflant 56 des 59 sièges de députés dévolus à l’Ecosse lors des élections législatives du 7 mai dernier, soit 50 de plus qu’en 2010.La question d’une nouvelle consultation a commencé à faire son apparition au cours des dernières semaines, par l’intermédiaire de questions parlementaires de députés écossais adressées au gouvernement britannique. 26.07.2015 à 04h22 • Mis à jour le26.07.2015 à 10h05 Le premier ministre britannique David Cameron a l’intention de fixer à juin 2016 le référendum qu’il s’est engagé à convoquer sur l’appartenance de la Grande-Bretagne à l’Union européenne, affirme le journal Independent on Sunday.Lire aussi :David Cameron contre le reste de l’EuropeUne porte-parole de Downing Street, les services du premier ministre, a refusé de commenter l’article de l’Independent. Le journal assure que le chef du gouvernement compte annoncer la date du référendum pendant la conférence annuelle de son Parti conservateur en octobre. Il n’a pas été possible d’obtenir immédiatement une réaction du Parti conservateur.Le ministre des finances à ParisM. Cameron a promis aux Britanniques de renégocier les termes de l’appartenance de la Grande-Bretagne à l’UE avant de convoquer un référendum sur le sujet d’ici à la fin de 2017. Le ministre britannique des finances George Osborne commence une visite à Paris pour tenter d’obtenir un soutien français aux propositions de réformes de l’UE avancées par Londres.Lire aussi :« Brexit » : les arrière-pensées de la FranceLe gouvernement conservateur de M. Cameron a annoncé qu’il ferait campagne pour la poursuite de l’appartenance de la Grande-Bretagne à l’Union européenne, mais il réclame des réformes portant notamment sur la capacité des citoyens d’autres pays de l’UE à obtenir des aides sociales en Grande-Bretagne, sur des pouvoirs accrus de Londres et sur la possibilité de s’exempter d’une plus grande intégration politique éventuelle.Une « opportunité » pour « l’ensemble de l’UE »« Le référendum en Grande-Bretagne est une opportunité pour la cause des réformes dans l’ensemble de l’UE », doit déclarer M. Osborne dans un discours prévu à cette occasion, dont des extraits ont été diffusés à l’avance. M. Osborne souhaite que l’UE devienne « plus compétitive et plus dynamique afin de faire en sorte qu’elle fournisse prospérité et sécurité à tous ».Selon l’Independent on Sunday, l’actuelle crise grecque et la possibilité que la Grèce quitte la zone euro ont joué un rôle dans la décision de M. Cameron de convoquer le référendum britannique plus tôt que prévu. Les premières dispositions législatives préalables à la convocation du référendum ont été prises en juin, mais elles doivent encore être approuvées par la Chambre des lords. 25.07.2015 à 14h31 • Mis à jour le25.07.2015 à 15h02 Même s’il s’y est engagé face à ses créanciers, le gouvernement grec aimerait éviter de privatiser Admie, l’opérateur de son réseau électrique. Le nouveau ministre de l’énergie, Panos Skourletis, a indiqué dans un entretien à l’hebdomadaire Agora publié samedi 25 juillet qu’il allait explorer des alternatives : « Nous allons suivre le chemin de mesures alternatives, équivalentes, comme cela a été le cas dans d’autres pays européens. »Le train de mesures qu’Athènes a récemment accepté de mettre en œuvre pour ouvrir la voie à un troisième plan d’aide international pour Athènes prévoit la cession d’Admie, à moins que des solutions de remplacement permettant aussi d’ouvrir le marché à la concurrence puissent être trouvées.Le gouvernement d’Alexis Tsipras, qui a interrompu la privatisation de l’entreprise publique lors de son arrivée aux affaires, en janvier, estime que l’importance stratégique du réseau de transport de l’électricité nécessitait qu’il demeure sous contrôle public. « Nous devrions réaliser que le rôle de PPC [la compagnie publique d’électricité] et de ses actifs gérés par Admie est inestimable », a déclaré Panos Skourletis, ajoutant qu’il était aussi opposé à la cession de PPC, entamée par le précédent gouvernement de droite.Les représentants des créanciers doivent arriver « d’ici dimanche soir » à Athènes pour entamer les discussions techniques en vue de finaliser le nouveau prêt sur trois ans au pays de plus de 82 milliards d’euros convenu le 13 juillet. Elisa Perrigueur (Athènes, correspondance) A la tombée de la nuit, dimanche 5 juillet 2015, ils ont déferlé en masse sur la place Syntagma. Face au Parlement grec, ils ont célébré leur première victoire sur la rigueur. Les jeunes Grecs ont très majoritairement voté non à l’austérité, lors du référendum sur les propositions des créanciers. Selon un sondage pour la chaîne grecque Antenna, 67 % des bulletins de refus appartenaient des électeurs âgés de 18 à 34 ans.Pour en arriver à ce « non » massif de la jeunesse du pays, il aura fallu six ans de récession. Une période sombre pendant laquelle les jeunes actifs ont vécu au rythme des manifestations, des mesures drastiques et des désillusions politiques. Aujourd’hui, ils galèrent dans une économie paralysée. Portrait de cette génération forgée par la crise.Elisabeth Xidaki : « On est une génération perdue »Pavlos Pantavopoulos : « La Grèce, ce n’était pas cette tristesse ! »Katerina Skia : « C’est rabaissant de ne pas avancer » Elisabeth Xidaki, 27 ans : « On est une génération perdue » Ces dernières années, un mot revient plus que les autres dans le vocabulaire d’Elisabeth Xidaki. La « peur ». Cette Grecque de 27 ans en a honte. « J’ai peur d’un embargo, qu’on manque de produits alimentaires, de médicaments, s’angoisse-t-elle. J’ai peur des manifestations violentes, comme celles de Syntagma en 2011, de la division, de la guerre. On subit une guerre économique… » Cette petite brune, toute vêtue de noir, parle vite, très vite, car elle a beaucoup à raconter.Son sentiment de crainte est né d’un « premier coup dur » en 2011 : son premier licenciement « inattendu ». Après des études d’informatique sur l’île de Lesbos, Elisabeth est embauchée comme designer graphiste dans une petite boîte. La stabilité ne dure que cinq mois. Depuis, Elisabeth se trouve dans la même spirale que de nombreux jeunes Grecs, celle d’une alternance chômage-petits boulots. La sensation d’inutilité, les inscriptions répétées au centre OAED (organisme du chômage grec), l’attente vaine d’une fin de la récession. « A chaque rejet, on se dit qu’on n’aura pas la force mentale de recommencer à chercher du travail, et puis finalement, on s’habitue. » Elle tortille ses cheveux, réfléchit, et soupire : « Je sais qu’on est une génération perdue. » Elisabeth vit chez ses parents, « c’est plus sûr », à Kaisariani, à l’est d’Athènes. Un quartier « où les commerces familiaux ont été remplacés par les grandes chaînes de fast-food ». Ses parents lui donnent de l’argent chaque mois.Elisabeth se souvient de l’insouciance, avant le début de la crise, en 2009 : « On pouvait rêver imaginer être indépendants, quitter un jour le domicile des parents. » Aujourd’hui, cela ne lui vient plus à l’esprit. Les projets aussi sont figés. Il y a « les vacances entre amis supprimées, les sorties qu’il faut limiter ». La maison de campagne familiale, qui aurait pu être un havre de paix, n’a pas pu être terminée faute d’argent. C’était un « beau » projet selon Elisabeth, qui ferme les paupières en pensant à cette « belle demeure sur les hauteurs de l’île d’Eubée avec vue sur la mer ». Pour le moment, il n’y a qu’un étage, le deuxième attendra.« On s’est moqués de nous »En 2009, elle ne « connaissait rien » à la politique. La jeune femme s’est tournée vers les réseaux sociaux, pour trouver des articles et comprendre les mécanismes économiques qui détruisent son entourage. Depuis, ses conversations sont désormais truffées de noms qui sont devenus familiers des Grecs, celui de la chancelière allemande Angela Merkel, du ministre allemand des finances Wolfgang Schäuble, et du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. « Ils jouent avec la Grèce. Je reconnais que nous avons fait des erreurs dans les gouvernements que nous avons élu, mais eux nous parlent de “famille” quand ils évoquent l’Europe, alors qu’ils nous font la guerre. » Elle s’énerve : « Ils promeuvent sans arrêt les plans de rigueur, mais rien ne marche. Aujourd’hui, on n’a plus rien à perdre. On a déjà tout perdu, on s’est moqués de nous en nous disant que l’austérité marcherait. Ils haïssent notre gouvernement, ils haïssent Tsipras. »Elle apprécie son premier ministre, dont elle a voté pour le parti en janvier. Mais elle lui en a voulu pour ce référendum. « Je n’ai pas aimé le concept, c’est comme si Alexis Tsipras rejetait la patate chaude au peuple parce que lui n’y arrivait pas. » Puis il y eut cette « peur », encore, que le oui passe, que la rigueur continue. C’est cette crainte qui a poussé Elisabeth Xidaki à voter non. « Je veux espérer, mais je suis pessimiste, je ne crois pas à un accord. » Elle décroche enfin un sourire : « Peu importe ce qui se passe, tant que c’est quelque chose de nouveau. »Pavlos Pantazopoulos, 25 ans : « La Grèce, ce n’était pas cette tristesse ! » Pavlos Pantazopoulos n’oubliera jamais ce jour de printemps 2011, place Syntagma, à Athènes. « Comme dans un film d’action. » Exalté, il raconte avec de grands gestes : « Un nuage blanc de lacrymos est arrivé sur nous. La foule énorme est allée dans le même sens. La charge des policiers a été longue et violente ». Sous son air de garçon sage, barbe soignée, yeux clairs et voix posée, Pavlos est un révolté. A 25 ans, il a participé à plus de manifestations que ses parents. Il a pleuré après avoir respiré les gaz chimiques, a tenu tête aux MAT (la police antiémeute) et a couru aux côtés du célèbre chien Loukanikos. Pavlos « se devait » de participer à ces rassemblements qui ont embrasé Athènes entre 2010 et 2013. D’abord, il fallait « dénoncer » l’arrivée de la troïka, en 2010, « illégale, anticonstitutionnelle, qui nous a ôté notre souveraineté ». Puis il fallait crier contre le traitement médiatique « humiliant » de son pays. Il se souvient avec colère de la « une » du journal allemand Focus, montrant en 2010 la Vénus de Milo faisant un bras d’honneur.Σοκαρισμένοι οι Γερμανοί από την χειρονομία Βαρουφάκη. http://t.co/5JFsVsggzH— LSaklabanis (@Λεωνίδας Σακλαμπάνης)require(["twitter/widgets"]);Aujourd’hui, Pavlos Pantazopoulos évoque avec nostalgie ces rassemblements. « On était sur le point de changer quelque chose, on était unis. Avec la répression, tout ça s’est finalement éteint, en 2013. »La souffrance des prochesPavlos est diplômé en information et communication de l’université d’Athènes. A sa sortie d’études, en 2012, il n’a trouvé que la porte de l’OEAD. Alors, comme près de 200 000 Grecs, il a opté pour l’étranger en 2013. Direction Munich, en Allemagne, où il a recommencé des études d’art. « J’ai beaucoup d’amis grecs là-bas, il y a une grande diaspora. »En revenant en Grèce, au printemps 2015, il retrouve un pays « en décrépitude ». La souffrance chez ses proches le frappe. Pavlos a vu « grandir l’inquiétude » chez son père, propriétaire d’une entreprise de publicité. « Il a déprimé, perdu son image de figure paternelle. Physiquement, il s’est affaissé », décrit le jeune homme. Au domicile familial à Glyfada, banlieue cossue d’Athènes où il vit toujours, les disputes avec sa mère, retraitée, se sont multipliées. Dans la rue aussi, les stigmates « trop » visibles l’ont saisi, comme les sans-abri qui mendient dans le métro. « Ma ligne de bus s’est remplie au fil des mois, les Athéniens ne prennent plus leur voiture », note-t-il. De ces trajets, Pavlos retient surtout « les visages fermés ». « La Grèce, ce n’était pas ça, cette tristesse ! »Pavlos Pantazopoulos a voté non au référendum, dimanche 5 juillet. « La Grèce n’a pas les moyens de continuer à s’aligner telle quelle à l’Eurozone et à ses critères taillés pour l’Allemagne. » Il analyse : « Si les fondements de l’Eurozone ne peuvent pas changer, alors pourquoi pas envisager d’en sortir. Il faut que ça change, que nous puissions envisager de ne plus être pauvres. » Katerina Skia, 32 ans : « C’est rabaissant de ne pas avancer » Lorsque Katerina Skia déambule dans le centre d’Athènes, elle observe abattue les vestiges de la crise économique. Trottoirs abîmés, immeubles à l’abandon, façades délabrées. Pour cette brune longiligne, l’érosion de la capitale grecque, ces dernières années, est « douloureuse ». Architecte de formation, la femme de 32 ans aurait voulu que l’effervescente Athènes conserve ses superbes maisons anciennes et lance de nouveaux chantiers. Elle aurait voulu participer à de beaux projets. La crise a coupé court aux ambitions. Le secteur de la construction est l’un des premiers à souffrir. « Après mes études, j’ai travaillé dans un bureau d’architecture avant d’être licenciée en 2011. Depuis j’essaye de trouver des missions. C’est paralysé. » Dans l’attente, cette jeune fille originaire de Chalkida, sur l’île d’Eubée, a repris, en 2013, un master spécialisé, toujours en architecture. Ses parents, retraités et anciens gérants d’une station-service, lui donnent de l’argent chaque mois. Elle se réjouit de louer son propre appartement, mais se dit tout de même « humiliée en tant que trentenaire ». « C’est rabaissant de ne pas avancer, de ne pas pouvoir fonder une famille, de ne pas pouvoir se marier », lâche-t-elle, tirant nerveusement sur sa cigarette roulée. « La vie confortable que nous connaissions n’existe plus. » Katerina songe à l’étranger où bon nombre de ses amis sont déjà partis. Elle n’en a pas envie. Mais en dernier recours, elle opterait pour Vienne, en Autriche.Rancœur face à la « vieille classe politique » Dans le bouillonnant quartier d’Exarchia, au centre d’Athènes, où elle vit, Katerina a trouvé une « âme politique ». « Avec la crise, on est obligé de s’intéresser à la politique, c’est une arme pour nous. » Autour d’elle, la jeune architecte a vu « de plus en plus de jeunes » participer aux nouvelles discussions politiques dans les cafés et conférences. « La politique a une incidence directe sur nos vies. Il faut faire attention aux fausses promesses des dirigeants politiques ». Elle ne cache pas d’ailleurs sa rancœur face à l’ancienne « vieille classe politique » comme les socialistes du Pasok ou la Nouvelle Démocratie (deux partis anciennement au pouvoir). Plusieurs événements politiques l’ont laissée amère : « le jour où Georges Papandréou [ex-premier ministre] a fait appel au Fonds monétaire international sans nous consulter [en avril 2010], l’imposition de la troïka, une institution externe créée spécialement pour nous, qui appliquait des lois chez nous, sans nous. »En janvier, ses grands yeux noirs ont brillé lorsque Syriza a remporté les législatives. Le « quadra » Alexis Tsipras est pour elle « un homme décidé et convaincant ». « Il a réussi à prouver que la dette grecque n’était pas viable. Qu’elle était payée par les plus pauvres et les jeunes générations qui commencent leur vie active. Une partie des Grecs pensaient que cette crise n’était que de leur faute, Tsipras les a déculpabilisés. » Le vendredi 26 juin, l’annonce d’un référendum l’a « soulagée ». « Enfin on nous demandait notre avis. C’était de la démocratie directe », exulte t-elle. Katerina Skia n’a pas hésité à dire « non » à l’austérité. « Je ne veux pas du tout d’un “Grexit” , je crois en l’euro et en l’Europe. Mais les Européens doivent nous entendre : la rigueur n’a donné aucun résultat ici. » Etonnée que tant de gens, surtout des jeunes, aient voté non, elle se félicite de ce score qui démontre « que tout peut encore changer ». Katerina a désormais « l’espoir de pouvoir vivre ici, sans devoir aller à l’étranger pour se trouver un avenir. »Elisa Perrigueur (Athènes, correspondance)Journaliste au Monde 09.07.2015 à 11h53 • Mis à jour le09.07.2015 à 17h10 | Marie Charrel La dette n’est pas la seule pomme de discorde entre Athènes et les autres pays européens. Il y a aussi l’austérité. Celle que les Grecs ont rejetée lors du référendum du 5 juillet. Celle, surtout, que le pays a appliquée depuis 2010. « Mon pays est devenu un laboratoire de l’austérité et l’expérience a échoué », a déclaré mercredi 8 juillet Alexis Tsipras, le premier ministre grec, devant le Parlement européen.Du côté des pays baltes, l’argument passe mal. L’Estonie, la Lettonie et la Lituanie se sont infligé une violente cure de rigueur avant d’entrer dans l’euro, respectivement en 2011, 2014 et 2015. Pourquoi Athènes refuserait-elle de fournir les mêmes efforts ? Sans parler de l’Irlande et du Portugal, également passés sous assistance européenne, et de l’Espagne, agacés à l’idée que le pays de Tsipras se voie accorder des faveurs auxquelles ils n’ont pas eu droit…Qui a fait le plus de sacrifices ? La réponse est moins simple qu’il n’y paraît. Elle exige de passer en revue une multitude de critères parfois très subjectifs. Ceux-ci dressent un tableau bien plus nuancé que les jugements à l’emporte-pièce énoncés sur le sujet ne le laissent croire. « Ajustement colossal »Tous ces pays ont en commun d’avoir enregistré une terrible récession pendant la crise : le produit intérieur brut (PIB) des pays baltes a reculé de 15 % en 2009, celui de l’Irlande de 6,4 %, de l’Espagne de 3,6 %, du Portugal de 3 %, tandis que celui de la Grèce a plongé de 8,9 % en 2010. Ils ont ensuite entamé des cures de rigueur pour redresser leurs finances publiques. « Les mesures qu’ils ont appliquées ont beaucoup d’éléments en commun », souligne Céline Antonin, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). A savoir baisse des salaires, coupes dans les dépenses, recul de l’âge de départ en retraite…Résultat : entre 2009 et 2014, le déficit public grec est passé de − 15,2 % à − 2,7 %, ce qui représente un effort de 12,5 points de PIB. « Il s’agit d’un ajustement colossal », commente Ludovic Subran, chef économiste d’Euler Hermes. Sur la même période, l’Espagne a concédé un effort de 5,1 points, la Lituanie de 8,6 points, la Lettonie de 6,1 points et l’Estonie, de 2,3 points. Si l’on s’intéresse au seul déficit structurel, c’est-à-dire en éliminant les effets de la conjoncture, la Grèce a là aussi procédé à l’ajustement le plus brutal.Lire aussi :Des Grecs dépensiers ou malhonnêtes… le tour des idées reçuesBaisse de 47 milliards d’euros des dépenses publiques L’analyse se révèle plus délicate en matière de dépenses publiques. A première vue, le pays qui s’est le plus serré la ceinture est l’Irlande, en ramenant les siennes de 47,6 % du PIB en 2009 à 36,1 % aujourd’hui, soit 11,5 points d’effort. Mais la Grèce suit de près avec 9,7 points d’ajustement (− 53,9 % à 44,2 %), comme la Lituanie (43,7 % à 34,1 %, soit 9,6 points), puis la Lettonie (43,4 % à 36,4 %, soit 7 points).« Mais attention : ces chiffres ne reflètent pas les véritables efforts de la Grèce, car sur la même période, son PIB a baissé de 25 %, un triste record », prévient M. Subran. En valeur, la Grèce a en effet réduit ses dépenses publiques de… 47 milliards d’euros, contre 10 milliards en Irlande et 12,8 milliards en Lituanie.Après le choc de 2009, les pays baltes ont tranché net dans les salaires et la fonction publique. En Lettonie, le nombre d’agents publics a fondu de 20 % et leurs salaires de 25 %, tout comme en Lituanie. Le traitement des fonctionnaires espagnols a baissé de 5 % en 2010 avant d’être gelé, comme au Portugal, qui a supprimé le treizième mois. La Grèce est le seul pays européen à avoir baissé son salaire minimum (de 680 à 586 euros). Et les rémunérations ont chuté de près de 25 % dans le privé. « La Grèce est également l’un des pays qui a le plus assoupli son marché de l’emploi », commente Mme Antonin. Entre 2009 et 2014, les coûts du travail unitaire réel, corrigé de l’inflation, ont ainsi baissé de 9 % en Grèce, selon M. Subran. C’est moins qu’en Lituanie (− 10 %), mais plus qu’en Irlande et Portugal (− 8 %), Espagne (− 7 %), Lettonie (− 6 %) et Estonie (− 3 %).Lire aussi :Un « Grexit » coûterait plus cher à la zone euro qu’un allègement de la detteBrutale saignéeAthènes fait bien partie des pays qui ont le plus fait de sacrifices depuis 2009. Comment expliquer, dès lors, l’agacement des Lituaniens ou des Espagnols ? Cela tient peut-être au calendrier. « La Grèce est en austérité permanente depuis 2009 alors que les autres ont levé le pied plus vite, en particulier les pays baltes, et surtout, ont renoué avec la croissance », souligne M. Subran. « Nous avons fait autant d’efforts que les Grecs, mais concentrés en une seule année », constate Zygimantas Mauricas, économiste à la banque Nordea, à Vilnius. D’où le sentiment que l’austérité y a été plus profonde.« La leçon à en tirer est que la Grèce n’a pas besoin de plus d’austérité : cela ne fonctionne pas. » Patrick Artus, chef économiste de Natixis.Après une brutale saignée, les économies baltes ont retrouvé une croissance solide. Le PIB estonien a ainsi rebondi de 8,3 % en 2011, et le Lituanien, de 6,1 %. L’Irlande elle aussi a renoué avec la croissance en 2014 (4,8 %), comme l’Espagne (+ 1,4 %) et le Portugal (+ 0,9 %). Après une timide éclaircie mi-2014, la Grèce a quant à elle replongé en récession. « On touche ici à la spécificité grecque : l’austérité n’a produit aucun effet positif sur l’économie, alors qu’ailleurs, elle a permis aux exportations de rebondir », résume Patrick Artus, chef économiste de Natixis.Délabré et asphyxié par le manque de liquidité, le tissu industriel grec n’a pas profité de la baisse des coûts du travail pour augmenter ses ventes à l’étranger. « La leçon à en tirer est que la Grèce n’a pas besoin de plus d’austérité : cela ne fonctionne pas », ajoute M. Artus. Comme nombre d’économistes, il juge que la priorité devrait être les réformes structurelles susceptibles de renforcer l’économie, comme la lutte contre les rentes et les mesures favorisant l’investissement.Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.07.2015 à 01h08 • Mis à jour le09.07.2015 à 09h14 | Maryline Baumard Vincent Cochetel est le directeur Europe du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Les 25 et 26 juin, les chefs d’Etat et de gouvernement n’ont pas abouti à un accord sur la relocalisation de 40 000 réfugiés arrivés en Europe. Le sujet est à nouveau entre les mains des ministres de l’intérieur jeudi 9 juillet au Luxembourg. Qu’attendez-vous de cette réunion ?J’attends d’abord qu’on revienne à la raison. Que se réinstaure une plus grande confiance entre les Etats dans leur capacité à respecter leurs obligations. L’Europe doit aujourd’hui faire face à une arrivée importante de demandeurs d’asile, certes, mais en aucun cas massive. Aujourd’hui, 86 % des personnes déplacées sur la planète vivent dans des pays en développement. Et en 2014, ce sont 42 500 personnes qui ont été déplacées quotidiennement par les guerres et violations des droits de l’homme. Réinstaller 20 000 réfugiés et relocaliser à partir de la Grèce et de l’Italie 40 000 personnes en deux ans sur un continent de 500 millions d’habitants me semble de l’ordre du possible.D’accord mais les flux se sont encore intensifiés depuis 2014…Quelque 219 000 personnes sont arrivées en bateau l’an dernier sur les côtes européennes. La moitié n’avaient pas vocation à obtenir l’asile. En 2015, nous comptabilisons 130 000 arrivées sur les six premiers mois : 78 000 sur les côtes grecques et le reste sur les côtes italiennes. Sur les flux arrivant en Grèce, 85 % nous semblent pouvoir prétendre au statut de réfugié compte tenu de leur origine. Ceux qui entrent aujourd’hui par l’Italie semblent être majoritairement des migrants économiques.La mauvaise nouvelle dans ce que vous nous dites là, c’est que la Grèce est devenue la première terre d’entrée en Europe. Etant donné sa situation aujourd’hui dans l’Europe, êtes-vous inquiet ?C’est effectivement une très mauvaise nouvelle, puisque le système de réception des demandeurs d’asile dans ce pays est quasi inexistant. La plupart des îles ont arrêté la prise d’empreintes digitales, l’enregistrement des demandes, et elles n’offrent pas d’hébergement. D’ailleurs, la capacité totale de premier accueil dans tout le pays est de l’ordre de 1 100 places ; ce qui n’a rien à voir avec les besoins. Pour comprendre, il suffit de mettre en lien cette donnée avec les 1 600 arrivées sur la seule île de Lesbos le week-end dernier !Lire aussi :Lesbos, l’île au bord du naufrageJusqu’à il y a quelques semaines, la Grèce prenait et enregistrait les empreintes digitales de chaque personne arrivée sur ses côtes, contrairement à la pratique en Italie. C’était même nécessaire pour avoir son laissez-passer et quitter les îles.Aujourd’hui, ils ne le font plus. Mais l’Europe se doit de les aider à remettre en place un contrôle systématique, conformément aux obligations de tout pays européen. Aujourd’hui, ces entrées non contrôlées ont des répercutions en cascade sur tous les pays voisins. En quittant Athènes, les réfugiés et les migrants passent en Macédoine, puis en Serbie, et de là passent en Hongrie. Cette route des Balkans est devenue très dangereuse, un lieu de trafic humain et de violence. Et le Parlement hongrois a redit hier sa volonté de construire une barrière entre la Serbie et son territoire. Or nous l’avons vu entre la Grèce et la Bulgarie, les barrières et barbelés ne sont pas des solutions. Le lieu de passage se déplacera. C’est triste de penser qu’en 1956 le mur empêchait les citoyens hongrois persécutés de quitter leur pays en masse ; demain le nouveau « mur » empêchera d’autres réfugiés de trouver la sécurité sur leur territoire…Si la Turquie contrôlait mieux ses frontières, l’Europe serait-elle moins sous pression ? D’ailleurs, elle a fait des efforts sur les cargos. Il n’y a plus eu de départ depuis Noël de cargos chargés de migrants à destination de l’Italie. Ne jetons pas la pierre à la Turquie. Avec 1,8 million de réfugiés sur son territoire, c’est le premier pays du monde pour l’accueil des réfugiés. Quand nous ferons autant qu’elle, nous pourrons critiquer ! Mais je reconnais que s’ils ont jugulé les départs de gros bateaux, ils ne semblent pas pouvoir contrôler aussi bien les plus petites embarcations…Si l’on écoute notre ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, les Italiens ne respectent pas le droit européen en matière de gestion des flux de migrants. Etes-vous d’accord avec cette analyse ?Beaucoup de choses doivent êtres améliorées en Italie, par exemple l’identification systématique de toute personne sauvée en mer, des meilleures conditions de réception dans un système simplifié, un traitement plus efficace et accéléré des demandes d’asile. Mais surtout, l’Italie ne renvoie pratiquement aucun débouté du droit d’asile. C’est un vrai problème, car il ne peut nulle part y avoir de procédure d’asile qui fonctionne véritablement sans politique efficace de renvoi de ceux qui n’ont pas droit à cette protection. Et l’Italie n’est malheureusement pas une exception. Sans politique de renvoi efficace, les opinions publiques dans de nombreux pays européens ont du mal à faire la différence entre un réfugié et quelqu’un qui n’a pas besoin de protection internationale.Voir aussi notre grand format: En dix ans, la CMU a réduit les inégalités dans l'accès à la santéCompte tenu de cet état des lieux, que faut-il pour que les discussions entre ministres de l’intérieur avancent jeudi ?Il faut que la confiance se réinstalle entre les Etats européens. On parle de l’Italie, mais le blocage des migrants et demandeurs d’asile à Vintimille a eu lieu parce que la France n’a pas confiance totale dans la gestion italienne des arrivées à leur frontière maritime…Tout comme Calais et les 3 000 migrants qui y stationnent sont le fruit de l’absence de confiance des Britanniques dans la politique migratoire menée par la France…On peut effectivement voir des points communs entre ces deux situations. De nombreux pays européens pensent que les meilleures solutions sont dans les pays voisins… Plusieurs pays du sud de l’Europe demandent de la solidarité avant qu’on leur parle de responsabilité, compte tenu de leur position géographique. Les quelques pays du Nord qui sont les pays de réception de la majorité des demandeurs d’asile en Europe inversent la proposition. Il faut mettre fin à ce dialogue de sourds à travers une coopération pratique en mettant en œuvre toutes les composantes de l’agenda européen pour la migration.C’est déjà cette impasse qui a empêché un accord sur la répartition obligatoire des 40 000 réfugiés. Comment en sort-on ? D’une manière simple. On impose que chacun des 28 pays prenne sa part. Ce chiffre de 40 000 est un début très modeste. On attend les propositions de chaque Etat demain. Si on n’arrive pas à relocaliser les 40 000 réfugiés sur deux ans à partir de l’Italie et de la Grece, on a deux solutions. Soit on refait un tour de table et on commence d’une manière pratique avec les offres actuelles. Soit on demande à ceux qui ne veulent pas participer ou en prennent moins que ce que proposait la clé de répartition établie par la Commission européenne d’aider financièrement d’autres pays à accueillir à leur place, pour une période intérimaire leur permettant de se préparer à participer à ce programme commun de solidarité. Un tel système fut envisagé par l’Autriche en 1956, quand elle fut confrontée à l’arrivée de 200 000 réfugiés hongrois sur son territoire.La France n’a pas été un modèle depuis que cette discussion s’est ouverte en mai, au lendemain du naufrage d’un bateau transportant 800 personnes. Que pensez-vous du cafouillage de la France avec ses quotas et sa discussion sur les paramètres de la clé de répartition ? Je pense qu’il y a effectivement eu un peu de cafouillage en matière de communication, mais que la France essaie de tenir une position d’équilibre, se refusant à signer un chèque en blanc aux pays du Sud, mais indiquant sa volonté de participer aux efforts communs.Quel serait le rôle du HCR au sein des dispositifs de premier accueil (« hotspots ») que l’Europe rêve de mettre en place dans les pays d’arrivée, où serait fait le tri entre migrants économiques à renvoyer tout de suite et demandeurs d’asile ?En tant que HCR, nous sommes prêts à aider dans la mise en œuvre de ce projet et par exemple aider à gérer l’identification des cas plus vulnérables avec des besoins spécifiques. Par ailleurs, nous pourrions trouver des solutions autres que l’Europe pour des réfugiés ayant de la famille sur d’autres continents.Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.07.2015 à 21h00 • Mis à jour le08.07.2015 à 22h03 L’ancien chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a été condamné mercredi 8 juillet par la justice italienne à une peine de trois ans de prison pour avoir acheté en 2006 la voix d’un sénateur afin de faire tomber le gouvernement de centre gauche, alors dirigé par Romano Prodi. Le parquet avait requis cinq ans de prison.Lire aussi :Cinq ans de prison requis contre Berlusconi pour corruptionLe « Cavaliere », qui se dit innocent, n’aura toutefois pas à effectuer cette peine, puisque les faits qui lui sont reprochés seront prescrits avant un futur jugement en appel. Le tribunal de Naples, qui jugeait cette affaire, lui a également interdit d’occuper des fonctions officielles pour une durée de cinq ans.3 millions d’euros pour débaucher un sénateurL’affaire remonte aux élections législatives de 2006, remportées de justesse par la coalition hétéroclite de gauche dirigée par Romano Prodi, qui ne disposait que d’une très courte majorité au Sénat. Quelques mois à peine après ces élections, Sergio De Gregorio, sénateur élu d’un des partis de la coalition majoritaire avait rejoint Silvio Berlusconi.Cette décision avait rendu encore plus fragile l’exécutif, et accéléré la chute du gouvernement de gauche, qui avait jeté l’éponge en 2008, moins de deux ans après le scrutin. Selon le parquet, le Cavaliere a versé 3 millions d’euros, dont deux en espèces, à Sergio De Gregorio pour le débaucher. Des faits reconnus par ce dernier devant des magistrats et dans la presse.Le magnat des médias italien n’avait jusqu’ici été condamné qu’une seule fois, pour fraude fiscale, malgré les nombreux procès qu’il a dû affronter. En vertu de ce jugement, Silvio Berlusconi avait été contraint d’effectuer des travaux d’intérêt général dans un centre social spécialisé dans l’accueil de personnes âgées à Milan entre mai 2014 et mars 2015.Lire : Berlusconi, vingt ans de procès Eric Albert (Londres, correspondance) Avec sa coupe de cheveux à la César et son régime qui l’a aminci, George Osborne est un homme transformé. Détesté il y a quelques années pour avoir été l’homme qui a imposé les coupes budgétaires au Royaume-Uni, le chancelier de l’Echiquier britannique triomphe aujourd’hui. La réélection surprise des conservateurs aux élections législatives de mai a donné raison à sa stratégie. Mercredi 8 juillet, il ne cachait pas son plaisir en présentant le premier budget 100 % conservateur du pays depuis 1996, « libéré » de la coalition avec les libéraux-démocrates.Lire aussi :David Cameron, les ambiguïtés d’une victoire surpriseA l’écouter, il faut continuer les coupes budgétaires mais aussi transformer l’économie britannique. Objectif : « Passer d’une économie où les salaires sont faibles, les impôts élevés et les allocations sociales fortes, à un pays où les salaires sont élevés, les impôts bas et les allocations sociales faibles. »Pour cela, M. Osborne continue sa politique d’austérité. « Nous allons réduire le déficit à la même vitesse que (pendant les cinq dernières années). Nous ne devons ni aller plus vite ni moins vite. » Il vise un déficit de 4 % du produit intérieur brut pour l’année 2015-2016, avant de dégager un premier surplus budgétaire de 0,4 % en 2019-2020 et 0,5 % en 2020-2021. De fait, M. Osborne a légèrement revu à la baisse ses ambitions : avant les élections de mai, les conservateurs avaient promis de réduire le déficit encore plus rapidement qu’aujourd’hui.Baisse des allocationsAu-delà de l’austérité, le chancelier britannique cherche, dit-il, à rééquilibrer l’économie, pour forcer les entreprises à revoir les salaires à la hausse. Pour sa part, il augmente fortement le salaire minimum. Celui-ci va progresser dès l’année prochaine de 7,5 %, à 7,20 livres sterling de l’heure (10,50 euros). L’objectif est de le faire passer à 9 livres d’ici 2020, ce qui représenterait une hausse de 13 % en valeur réelle et le rapprocherait pour la première fois du niveau français. L’annonce est une surprise, et elle prend à contre-pied l’opposition travailliste, qui a créé le salaire minimum en 1997.Mais, dans le même temps, M. Osborne va couper à la hache les allocations sociales et sabrer dans l’Etat-providence : il entend y réaliser 12 milliards de livres (16,6 milliards d’euros) d’économies d’ici 2020. Il vise en particulier les aides aux ménages qui ont un emploi mais de faibles revenus. Les retraites sont épargnées ainsi que l’éducation et le système de santé public britannique.Le chancelier entend ainsi redresser un déséquilibre qui s’est accéléré ces dernières années. Les crédits d’impôt ont été fortement développés pour les ménages modestes au début des années 2000 par le gouvernement travailliste de Tony Blair, qui voulait ainsi encourager les personnes qui avaient un emploi mal payé à le conserver, en augmentant leurs revenus, plutôt que de les voir devenir chômeurs et vivre d’allocations sociales.Conséquence, la facture des crédits d’impôt s’est envolée. Si bien que M. Osborne estime que le système est désormais détourné : « C’est une subvention (…) aux entreprises qui paient des bas salaires. » Selon lui, c’est à ces dernières d’augmenter les salaires, pas à l’Etat de les aider.M. Osborne compte donc faire d’une pierre deux coups : réduire les allocations sociales et rééquilibrer le système. Le niveau des aides sociales pour les personnes en âge de travailler va être gelé pendant quatre ans. « Cela va permettre aux salaires de progresser plus vite que les allocations », affirme M. Osborne.Des critiques de toutes partsUn enchaînement vertueux auquel les travaillistes, qui n’ont plus de leader depuis leur défaite aux élections, ne croient pas. « Le chancelier de l’Echiquier met la charrue avant les bœufs, attaque Harriet Harman, la numéro deux du Labour. Il dit qu’il va baisser les aides sociales et que les salaires vont augmenter comme par magie. »Le Scottish National Party (SNP), le troisième parti le plus important à la Chambre des communes, abonde dans le même sens. « Toute hausse du salaire minimum est bien sûr la bienvenue, mais la réalité est que ce progrès sera détruit par les coupes budgétaires qui touchent les revenus de ceux qui peuvent le moins se le permettre », attaque Stewart Hosie, du SNP.Outre les attaques venant de gauche, les tories sont aussi la cible des critiques des entreprises. « Légiférer pour augmenter les salaires ne reflète pas la capacité des entreprises à payer, s’inquiète John Cridland, le directeur général du CBI, le principal groupe patronal. C’est un énorme pari que de penser que le marché du travail peut absorber une hausse annuelle de 6 % du salaire en moyenne. »L’impôt sur les sociétés allégéLe gouvernement rétorque que le risque est faible. D’autant que M. Osborne allège de nouveau l’impôt sur les sociétés. Celui-ci, qui est déjà passé de 28 % en 2010 à 20 % aujourd’hui, va encore être réduit à 18 % d’ici 2020. Des réductions d’impôt sur les investissements sont également accordées.« L’objectif est de transférer l’activité vers le secteur privé et de l’éloigner du soutien public, estime Lucy O’Carroll, économiste à Aberdeen Asset Management. C’est une approche classique pour les conservateurs. Ce budget est autant une question d’idéologie que d’économie. »Eric Albert (Londres, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 08.07.2015 à 18h44 • Mis à jour le08.07.2015 à 18h48 | Nicolas Chapuis L’exercice était attendu, mais fastidieux. Les députés ont débattu pendant plus de deux heures, mercredi 8 juillet, de la crise grecque et d’une éventuelle sortie du pays de la zone euro. Une discussion de près de deux heures où l’idée européenne aura rarement été sublimée à travers des interventions assez plates, devant un Hémicycle peu rempli, particulièrement à droite.C’était surtout l’occasion pour Manuel Valls de réaffirmer l’opposition de l’exécutif à un éventuel « Grexit ». « La France refuse que la Grèce sorte de la zone euro », a dit avec force le premier ministre, au cœur d’un discours où il a beaucoup insisté sur le rôle historique de la civilisation hellène, et sur la nécessaire cohésion de l’Union européenne. « C’est le destin de l’Europe comme construction politique qui se joue », a-t-il lancé. Alors que certains dans sa majorité regrettaient que le débat ne soit pas suivi d’un vote pour valider la position de la France dans les négociations, Manuel Valls a annoncé que si un accord était trouvé d’ici à dimanche avec la Grèce, les parlementaires seraient consultés.Critiques sur « l’inertie de François Hollande »Le premier ministre a surtout mis l’accent dans son intervention sur les prises de position de François Hollande dans les négociations : « Le président de la République assume pleinement son rôle avec méthode, détermination et sens de l’histoire. » Selon lui, la réunion avec la chancelière allemande à Paris lundi soir a rouvert la voie aux négociations : « C’est à l’Elysée que François Hollande et Angela Merkel ont permis de faire avancer les choses. »Car la droite avait moins l’intention de débattre de l’hypothèse d’un « Grexit » – sur lequel tout le monde ne s’accorde pas en son sein – que de faire le procès de l’inaction du chef de l’Etat. Pierre Lequiller, l’orateur du parti Les Républicains, a vanté dès le début de son discours les mérites d’Angela Merkel, pour mieux critiquer le président français : « Quel contraste avec l’inertie de François Hollande ! », s’est-il exclamé, avant de regretter l’affaiblissement du couple franco-allemand. « Le président a pris le risque d’étaler au grand jour les divergences entre les deux pays, de manière inutile et nocive », a-t-il expliqué en référence aux différences de vues sur la reprise des négociations avec le gouvernement grec, avant le référendum.Lire aussi :L’incertitude grecque met à l’épreuve le couple franco-allemandAlors que le chef de l’Etat ne cesse de répéter qu’une sortie de la Grèce de la zone euro ne provoquerait pas de crise en France, la droite émet des doutes sur la solidité de notre système. « François Hollande pratique la politique de l’autruche en disant qu’il n'y a pas de risque pour l’économie française, a estimé M. Lequiller. Comment peut-il dire ça alors qu’il mène une politique à contre-courant de ce que font tous les pays européens ? »Lire aussi :Grèce : François Hollande à la recherche d’un impossible consensusFace aux attaques de la droite, le Parti socialiste et les écologistes ont fait bloc derrière François Hollande. Pour les socialistes, il est crucial de mettre la question de la dette d’Athènes au cœur des débats. Ce que n’a pas manqué de faire M. Valls dans son intervention : « Il est essentiel d’établir une trajectoire soutenable de la dette grecque dans les années à venir. » Pas question cependant de donner un blanc-seing à Syriza et au premier ministre grec, Alexis Tsipras. Manuel Valls a affirmé que la France était prête à soutenir la Grèce, « mais il faut que le gouvernement grec veuille s’aider lui-même ». Malgré cette mise en garde, le premier ministre a maintenu qu’« un accord est à portée de main ». Soit peu ou prou ce que la France répétait avant la rupture des négociations.Lire aussi :La voie très étroite pour éviter le « Grexit »Nicolas ChapuisJournaliste au service PolitiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 06.07.2015 à 16h50 • Mis à jour le06.07.2015 à 18h03 | Pierre Breteau, Mathilde Damgé et Alexandre Pouchard Les Grecs ont dit « oxi », « non ». Appelés à se prononcer sur le nouveau plan d’aide proposé par les créanciers internationaux, ils l’ont rejeté dimanche 5 juillet à 61,3 %.Victorieux, le premier ministre, Alexis Tsipras, a assuré que les représentants d’Athènes voyaient ainsi leur « pouvoir de négociation renforcé » avant une nouvelle réunion de l’Eurogroupe avec les ministres des finances des autres Etats de la zone euro.Quelle était la question ?Pourquoi les Grecs ont-ils voté « oxi » ?Pourquoi Varoufakis a-t-il démissionné ?Quels sont les scénarios possibles maintenant ?Si la Grèce sort de l’euro et que la crise s’aggrave, qui sera touché en Europe ? Quelle était la question ?Contrairement à ce qui a pu être dit ici ou là, le référendum n’appelait pas les Grecs à se prononcer pour ou contre leur maintien dans la zone euro, ni pour ou contre l’Union européenne. Il s’agissait d’avaliser ou non le plan d’aide proposé par les créanciers du pays (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international), et ses conséquences. Voici la question posée aux électeurs grecs :« Faut-il accepter le plan d’accord soumis par la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) lors de l’Eurogroupe du 25 juin, qui est composé de deux parties : “Reforms for the completion of the current program and beyond” [“Réformes pour l’achèvement du programme en cours et au-delà”, en anglais dans le texte sur les bulletins] et “Preliminary debt sustainability analysis” [“Analyse préliminaire de la soutenabilité de la dette”, en anglais dans le texte sur les bulletins] ? »Ce projet d’accord comportait de nouvelles mesures d’austérité (voir le document, en anglais), érigées en conditions pour le déblocage d’une nouvelle aide financière à Athènes :une réforme fiscale, avec notamment une « simplification majeure » de la TVA, jugée « très fragmentée » ;une nouvelle réforme des retraites, avec un âge légal de départ à la retraite fixé à 67 ans, ou à 62 ans pour celles et ceux ayant quarante années de cotisation, ainsi que l’augmentation des cotisations de santé pour les retraités et le gel des pensions au moins jusqu’en 2021 ;un renforcement de la lutte contre la fraude fiscale et la contrebande de carburant.Le gouvernement avait d’abord refusé ces mesures en annonçant le référendum le 27 juin, puis a accepté la majorité d’entre elles dans une lettre d’Alexis Tsipras le 1er juillet, mais l’Eurogroupe (réunion des ministres des finances de la zone euro) a suspendu les négociations dans l’attente du référendum. Pourquoi les Grecs ont-ils voté « oxi » ?La Grèce est en crise financière gravissime depuis 2009 et la découverte, par le premier ministre socialiste nouvellement élu, Georges Papandréou, de comptes publics maquillés par la droite au cours des années précédentes. Pour redresser les comptes puis obtenir de l’aide financière internationale, les gouvernements successifs ont mis en place au moins huit plans d’austérité. Les réformes fiscales du système de retraite, l’alourdissement des taxes, les coupes budgétaires et les suppressions d’emplois publics ont peu à peu étranglé les ménages grecs.Lire notre synthèse :En Grèce, 8 plans d’austérité depuis 2009, 4 gouvernements, 2 plans d’aideLe référendum a ainsi été l’occasion, pour une majorité de la population, de rejeter un nouveau cycle d’austérité. Elle a été poussée dans ce sens par le parti du premier ministre, Alexis Tsipras, la coalition de gauche radicale Syriza, mais aussi par la droite souverainiste ANEL, ainsi que par les néonazis d’Aube dorée. Le gouvernement a assuré que son objectif était, grâce à ce non, de renforcer « le pouvoir de négociation » d’Athènes vis-à-vis des créanciers et de conclure « un meilleur accord » avec eux dans « le cadre de la zone euro ».Reportage auprès des partisans du "oxi" :« On a décidé de mourir comme on l’entend » Pourquoi Varoufakis a-t-il démissionné ?Le ministre de l’économie avait prévenu qu’il démissionnerait en cas de victoire… du oui. Mais, dès le lendemain de la victoire du non, il a annoncé sa démission. Dans une note sur son blog, Yanis Varoufakis explique que ses homologues « membres de l’Eurogroupe » préféraient son « absence des réunions ». Il a commenté en expliquant que c’était une « idée que le premier ministre a jugée potentiellement utile à l’obtention d’un accord ».Depuis ses débuts au ministère de l’économie, Yanis Varoufakis — économiste reconnu — s’est autant mis à dos ses homologues de la zone euro qu’il a acquis de popularité dans une partie de l’opinion internationale. On lui a reproché ses traits de caractère, il est notamment jugé arrogant, là où Bruxelles est plus une habituée des réunions feutrées. En le poussant à la démission, Alexis Tsipras fait ainsi un geste pour se rapprocher des créanciers.Lire aussi :Crise grecque : Yanis Varoufakis, bête noire de Bruxelles, poussé à la démission Quels sont les scénarios possibles maintenant ?Trois scénarios sont envisageables en somme : la négociation d’un nouvel accord ; un départ (de la zone euro, pas de l’Union européenne) à l’amiable ; et une sortie désordonnée, sans concertation et dans l’urgence.Lire :Crise grecque : trois scénarios après le non au référendum3,5 milliards d’eurosDans tous les cas, le temps presse : en défaut de paiement vis-à-vis du FMI depuis le 1er juillet, date à laquelle le pays devait rembourser 1,5 milliard d’euros à l’institution, une autre échéance se profile : la Grèce doit 3,5 milliards d’euros à la BCE d’ici au 20 juillet.Les Européens se réuniront mardi (François Hollande et Angela Merkel se verront dès lundi soir) pour discuter des issues possibles ; côté grec, un nouveau ministre de l’économie devrait être nommé bientôt, et le gouvernement revenir à la table des négociations avec les créanciers et les dirigeants européens.Dans les deux derniers scénarios, la sortie de l’euro favoriserait les exportations (rendues plus compétitives par une monnaie dévaluée), même si celles-ci pèsent peu dans la balance commerciale par rapport aux importations.La sortie de l’euro pénaliserait certes les Grecs (qui paieraient plus cher les biens importés), mais, selon les analystes de Natixis, l’arrêt du remboursement des intérêts de la dette apporterait une bouffée d’air à l’ensemble de l’économie hellène. Si la Grèce sort de l’euro et que la crise s’aggrave, qui sera touché en Europe ?Un « Grexit » a peu de risque d’entraîner une panique financière comme pendant la « crise des dettes » de la zone euro, en 2012, car depuis cette date, les banques européennes ont réduit leur exposition à la Grèce. Seules les banques allemandes ont gardé dans leurs comptes beaucoup de créances bancaires sur la Grèce (environ 42 % du total des créances du pays, selon les calculs de Natixis).Cependant, les banques grecques sont présentes dans les pays d’Europe orientale, où elles détiennent des encours importants, un risque pour ces pays si les banques grecques devaient définitivement mettre la clé sous la porte. Par rapport à la taille de leur économie, les pays les plus exposés au secteur bancaire grec sont : Chypre (46 % du PIB) ; la Bulgarie (19 % du PIB) ; la Macédoine (17 % du PIB) ; l’Albanie (14 % du PIB) ; la Serbie (11,5 % du PIB) ; la Roumanie (7,6 % du PIB).Quant aux Etats, ils sont exposés à la dette grecque par les prêts bilatéraux qu’ils ont accordés à Athènes et par les garanties qu’ils ont apportées au Fonds européen de stabilité financière : le FESF a prêté 142 milliards d’euros à la Grèce. Enfin, un « Grexit » aurait des conséquences pour tout le continent sur la confiance des investisseurs étrangers et sur le moral des ménages en Europe.Lire aussi :Les risques géopolitiques d’un « Grexit »Pierre BreteauJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterMathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Avant de rencontrer François Hollande à l’Elysée, lundi à 18 heures, la chancelière allemande Angela Merkel a laissé son porte-parole, Steffen Seibert, indiquer en quelques mots comment elle voyait la situation après le référendum en Grèce.Formellement, « la porte est toujours ouverte » à un accord avec Athènes, a dit M. Seibert, reprenant une phrase prononcée par la chancelière au Bundestag mercredi 1er juillet. Contrairement à son vice-chancelier, le président du Parti social-démocrate Sigmar Gabriel, la chancelière ne pense donc pas que la Grèce « a rompu les ponts » avec l’Europe.Suivez la situation en direct sur notre liveNéanmoins, il est clair qu’elle n’est absolument pas prête à faire la moindre concession. « Compte tenu de la décision d'hier des citoyens grecs, les conditions pour des négociations sur un nouveau programme d'aide ne sont pas réunies », a déclaré M. Seibert. Selon lui, le vote de dimanche « est un rejet du principe qui a guidé les aides aux pays [européens en difficulté], le principe selon lequel la solidarité et les efforts sont indissociables », a poursuivi M. Seibert. Or, « le gouvernement allemand reste fidèle à ce principe » qui, selon lui, a fonctionné dans les autres pays qui y ont eu recours.Angela Merkel attend donc désormais ce qu’Alexis Tsipras a à dire aux Européens. Mais, pour elle, il ne saurait être question de négocier un troisième programme d’aide et encore moins de rediscuter de la dette. Un allègement de la dette « n'est pas un sujet pour nous », a indiqué le porte-parole du ministère des finances, Martin Jäger. « Je ne vois pas de raison de nous lancer à nouveau dans cette discussion », a-t-il ajouté.Lire nos explications :Crise grecque : trois scénarios après le non au référendumSauver l’EuropeTout se passe donc comme si l’Allemagne se préparait désormais à une sortie de la Grèce de la zone euro. Certes, ce n’est pas Berlin qui la provoquera, mais celle-ci deviendra inévitable au fur et à mesure qu’Athènes se révèlera, faute d’accord avec ses créanciers, incapable d’honorer ses remboursements et que la Banque centrale européenne cessera d’assurer le financement de son économie.Une sortie de la Grèce de la zone euro serait-il un échec pour Angela Merkel ? Evidemment, celle-ci ne le voit pas ainsi. Du moins ne le reconnaît-elle pas. Mercredi, au Bundestag, la chancelière a donné sa définition de ce qu’est un bon Européen.« Je le dis clairement : un bon Européen n’est pas celui qui recherche l’unité à tout prix. Un bon Européen est celui qui respecte les traités européens ainsi que le droit national et qui, de cette façon, contribue à ce que la stabilité de la zone euro ne se détériore pas. »Contrairement à la plupart des autres pays de la zone euro, dont la France, l’Allemagne – conservateurs et sociaux-démocrates confondus – est désormais convaincue qu’une zone euro sans la Grèce serait plus stable qu’une zone euro dont les principes seraient bafoués par un de ses membres. Dans cette logique, ne pas sauver la Grèce, c’est , d’une certaine façon, sauver l’Europe. De plus, même si Angela Merkel se garde bien de le dire, les retombées négatives devraient être telles pour la population grecque que cela servira sans doute de leçons aux autres pays.Lire les dernières informations :Démission, propositions, divisions : le jour d’après le non de la GrèceFrédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.07.2015 à 11h29 • Mis à jour le06.07.2015 à 12h05 Editorial du « Monde ». Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a au moins remporté, dimanche 5 juillet, un succès sur la scène politique intérieure grecque. Il a soumis à référendum les propositions des créanciers de son pays pour une nouvelle aide financière à Athènes. Il préconisait le non. Les électeurs grecs l’ont massivement suivi, à 61,31 %. Cinq mois après son élection, le chef de la gauche radicale empoche une belle victoire politique.La question est de savoir ce qu’il va en faire. Le premier ministre a promis à ses concitoyens que le refus desdites propositions (qui étaient encore en cours de négociation quand M. Tsipras a annoncé son référendum) ne serait en rien un début de sortie du pays de la zone euro – ce dont une forte majorité de Grecs ne veut pas. M. Tsipras interprète le vote de dimanche comme lui conférant un mandat renforcé pour obtenir de meilleures conditions de la part des créanciers de la Grèce : la Banque centrale européenne (BCE), la Commission (représentant l’Union européenne) et le Fonds... 06.07.2015 à 10h55 • Mis à jour le06.07.2015 à 17h08 | Marie Charrel C’est l’heure de vérité. Celle où l’arbitre doit, malgré lui, siffler, ou non, la fin de la partie. La Banque centrale européenne (BCE) tient aujourd’hui le sort des banques hellènes entre ses mains. Et par extension, celui de la Grèce. « Désormais, tous les yeux sont tournés vers elle », analyse Diego Iscaro, économiste chez IHS Global Insight.Lundi 6 juillet, les 25 membres du conseil des gouverneurs se réunissent pour faire le point sur le dossier grec. Auparavant, le président de la BCE Mario Draghi se sera entretenu avec le président de la Commission Jean-Claude Junker, le président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem et l’actuel président du Conseil européen Donald Tusk. Il a également discuté avec le premier ministre grec Alexis Tsipras. Sur la table, une question clé : alors que le peuple grec a rejeté l’austérité et que la perspective d’un accord rapide entre Athènes et ses créanciers s’éloigne, faut-il maintenir les financements d’urgence ELA (« Emergency liquidity assistance ») accordés aux banques du pays ?Une question déterminante, car aujourd’hui, ces établissements survivent uniquement grâce à la perfusion de l’institut monétaire.Lire aussi :Les banques grecques au bord du gouffreSelon nos informations, les banques seront à court de liquidités dès mardi 7 juillet, jour où elles sont censées rouvrir leurs portes au public. Inquiète, la Banque de Grèce a d’ailleurs demandé à l’institut de Francfort, dimanche 5 juillet, d’augmenter encore ses ELA, aujourd’hui plafonnées à 89 milliards d’euros…« Crédibilité en péril »L’ennui, c’est qu’en théorie, la BCE réserve ses aides d’urgence aux banques solvables. « Cela la place face à un choix cornélien, décrypte un fin connaisseur de l’institution. Elle ne veut pas être celle qui expulse la Grèce hors de la zone euro, mais elle ne peut pas mettre sa crédibilité en péril en soutenant le pays outre mesure. »L’institution refuse de prendre une décision qui doit incomber, selon elle, aux responsables politiques. Mais dans ses murs, la révolte gronde. Le gouverneur de la banque centrale allemande, Jens Weidmann, juge que le soutien apporté à la Grèce est à la limite du mandat de l’institution, et souhaite qu’il prenne fin.Malgré ces pressions, la BCE pourrait attendre le sommet de la zone euro de mardi 7 juillet avant de se décider. Et peut-être même le 20 juillet, date à laquelle la Grèce doit lui rembourser 3,5 milliards d’euros. Si Athènes échoue, la banque centrale ne pourrait guère maintenir ses aides longtemps encore. Elle commencerait probablement par augmenter la décote sur les collatéraux – c’est-à-dire sur les titres qu’elle demande en garantie en échange des ELA. « Cela intensifierait la crise de liquidité bancaire », jugent les analystes de RBS.Lire aussi :La semaine folle où l’Eurozone est passée du plan A au plan BLa suspension des ELA, qui ne tarderait pas à suivre, précipiterait le pays en terres inconnues. A court d’argent, il en serait réduit à imprimer des reconnaissances de dette (les « IOU » en anglais, pour « I Owe You ») afin de payer les fonctionnaires et retraités. Ces IOU finiraient par être utilisés dans les commerces, et formeraient de fait une monnaie parallèle. Sans accord rapide, le pays pourrait glisser vers une sortie de la zone euro, le « Grexit ».Insuffisances institutionnellesAutant dire que dans ce dossier, la BCE se retrouve confrontée à deux problèmes de fond. Le premier est que, du fait des insuffisances institutionnelles de l’union monétaire, elle se retrouve en première ligne alors qu’elle devrait rester en coulisse.Second problème : la victoire du non la contraint à un choix délicat. En juillet 2012, en plein cœur de la crise des dettes souveraines, son président Mario Draghi avait déclaré qu’il était « prêt à tout » (« whatever it takes », en anglais) pour sauver l’euro et l’union monétaire. Mais sauver l’euro implique-t-il d’y garder la Grèce à tout prix ?Il y a dix jours encore, cela ne faisait aucun doute. Jusqu’à ce que Benoît Cœuré, membre du directoire de la BCE, déclare dans Les Echos du 30 juin : « La sortie de la Grèce de la zone euro, qui était un objet théorique, ne peut malheureusement plus être exclue. » Est-ce à dire que l’institution envisage, elle aussi, un « Grexit » ?Lire aussi :Grèce : le non au référendum, une défaite pour Angela MerkelEviter une éventuelle contagionDifficile à dire. Mais une chose est sûre : elle se prépare au pire. « Nous utiliserons nos instruments pour faire plus si nécessaire », a ainsi déclaré M. Cœuré, dimanche 5 juillet, aux rencontres économiques d’Aix-en-Provence.De fait, elle a déjà élargi son plan d’assouplissement quantitatif, le 2 juillet, aux achats d’obligations de sociétés publiques européennes comme la SNCF. Un outil de plus pour augmenter sa puissance de frappe. Et éteindre une éventuelle contagion aux autres pays de la zone euro, en particulier l’Espagne et le Portugal.Reste une question clé : combien un défaut grec coûterait-il ? Dans « Target 2 », le système assurant le règlement des opérations des banques centrales nationales de la zone euro, et par lequel transitent aussi les paiements entre banques commerciales, la banque centrale grecque affiche un solde débiteur de 110 milliards d’euros. Qu’elle pourrait avoir du mal à rembourser si la crise s’aggrave. « Mais cela n’aurait pas de conséquences dramatiques : les simulations montrent que la BCE a la capacité d’absorber un défaut grec », juge Christophe Boucher, économiste à l’université de Lorraine. Sa crédibilité, elle, serait en revanche durement affectée. Tout ce qu’elle redoute…Le FMI attend la réaction des EuropéensLe Fonds monétaire international (FMI) s’est refusé à commenter le non massif des Grecs au référendum du dimanche 5 juillet. « La situation est trop mouvante et trop sensible », expliquait lundi matin une source proche de la direction. Le Fonds avait fait savoir samedi qu’il laisserait les Européens, les premiers concernés par ce casse-tête politique, s’exprimer d’abord. « Nous attendrons de voir ce qui se passe dans l’Union européenne avant de nous exprimer », commentait-on de même source. Contrairement à une partie des autres créanciers d’Athènes, le Fonds est acquis à un allégement de la dette grecque mais à la condition – c’est tout le problème – que les autorités engagent effectivement des réformes. data-tym-playerid="tym-player-x2wus2v" data-tym-title="Michel Sapin : « Au gouvernement grec de faire des propositions »" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/crise-de-l-euro/video/2015/07/06/michel-sapin-au-gouvernement-grec-de-faire-des-propositions_4672343_1656955.html" data-tym-categories="crise-de-l-euro,crise-grecque,grece,union-europeenne,economie,politique,actualite,videos,international" data-tym-tags="crise-de-l-euro,crise-grecque,grece,union-europeenne,economie,politique,actualite,videos,international" data-tym-providerreference="x2wus2v" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Adéa Guillot (Athènes, correspondance) A la fête dimanche 5 juillet au soir, Yanis Varoufakis quitte pourtant le navire dès lundi matin. C’est d’un tweet laconique « Minister no more ! » (Je ne suis plus ministre) que le ministre grec des finances a annoncé sa démission.« Peu de temps après l’annonce des résultats du référendum, on m’a informé d’une certaine préférence de plusieurs membres de l’Eurogroupe et de “partenaires” associés (…) pour mon “absence” des réunions ; une idée que le premier ministre [Alexis Tsipras] a jugé potentiellement utile à l’obtention d’un accord. Pour cette raison, je quitte le ministère des finances aujourd’hui », écrit Yanis Varoufakis dans un court article publié sur son blog personnel lundi 6 juillet au matin. Lire aussi :Yanis Varoufakis, la « rock star » qui agace à BruxellesLe message est clair : les créanciers auraient demandé et obtenu sa tête. Et voilà Varoufakis qui se pose en héros et victime de la machine européenne. Selon le politologue Elias Nikolakopoulos, les choses sont cependant un petit peu plus compliquées.« Tsipras et Varoufakis ont négocié pour trouver ce compromis et permettre à Varoufakis de faire cette déclaration qui sauve son honneur, mais, au fond, Tsipras était furieux de ce que le ministre des finances a fait hier soir », affirme M. Nikolakopoulos.Les noms d’Euclide Tsakalotos, l’actuel chef de l’équipe de négociation à Bruxelles, ou encore de Georges Stathakis, ministre de l’économie, circulaient lundi matin comme successeurs potentiels de M. VaroufakisAu mépris de l’usage politique grec, Yanis Varoufakis a pris la parole avant son premier ministre. « Il a parlé sur un ton donneur de leçon et triomphaliste alors que le premier ministre attendait patiemment son tour pour lancer un message mesuré et d’appel à l’union nationale. Ça ne se fait pas ! », ajoute l’analyste.« Pour autant, outre cela, Alexis Tsipras savait en effet qu’il ne pouvait pas retourner à Bruxelles avec Varoufakis, détesté par tous les partenaires, poursuit M. Nikolakopoulos. Simplement, il lui était difficile de s’en défaire, car l’économiste est très populaire en Grèce. Ce manquement à l’étiquette a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. »Il va falloir aller viteTôt lundi matin, Alexis Tsipras a réuni sa garde rapprochée et s’est notamment longuement entrenu avec le vice-président du gouvernement, Yannis Dragassakis, l’homme qui a dessiné la stratégie économique de Syriza ces deux dernières années. Les noms d’Euclide Tsakalotos, l’actuel chef de l’équipe de négociation à Bruxelles, ou encore de Georges Stathakis, ministre de l’économie et de la croissance, ou même de Dragassakis lui-même, circulaient lundi matin comme successeurs potentiels de Yanis Varoufakis. Tous des hommes proches d’Alexis Tsipras et déjà associés au processus de négociation depuis le début. Car il va falloir aller vite. Le premier ministre a promis aux Grecs de ramener un accord dans les quarante-huit heures. Un Eurogroupe, auquel la Grèce devra envoyer un ministre des finances, est programmé pour le mardi 7 juillet.Depuis fin janvier, le style nonchalant de Varoufakis, crâne rasé, sac au dos et col de chemise ouverte, détone à BruxellesEn cinq longs et laborieux mois de négociations, Yanis Varoufakis n’aura jamais réussi à se glisser dans le moule bruxellois. « Trop étroit pour lui depuis le début », réagissait lundi matin l’une de ses connaissances. « Il a choqué, déplu par sa franchise et son opiniâtreté à dire que la voie du tout-austérité était une impasse. Et pourtant, il a raison ! Regardez ce qui se passe aux Etats-Unis : ils ont retrouvé 10 points de PIB depuis la crise financière de 2008 et nous, en Europe, on stagne. Quelle suffisance et dogmatisme de la part des Européens de ne pas avoir voulu utiliser Yanis. »Pourquoi cet économiste de 54 ans, réputé sérieux, cosmopolite, s’est-il mis à dos tous ses pairs de l’Eurogroupe ? Dès ses débuts dans le nouveau gouvernement de la gauche radicale grecque, fin janvier, le style nonchalant de Varoufakis, crâne rasé, sac au dos et col de chemise ouverte, détone à Bruxelles. C’est surtout son attitude qui exaspère. Jugée arrogante, déplacée. « Un donneur de leçons insupportable », dénonce-t-on assez rapidement dans les couloirs de la Commission européenne.Un économiste très doué, pour Joseph StiglitzQuand il est nommé, Varoufakis a une mission claire : plaider pour une rupture radicale avec la politique d’austérité menée depuis cinq ans en Europe. Il a la confiance et même l’admiration d’Alexis Tsipras. Il n’a certes aucune expérience de gouvernement, mais une forte légitimité – il est le mieux élu des députés Syriza, lors du scrutin législatif du 25 janvier. Et une forte reconnaissance en temps que « théoricien » de la crise grecque.Depuis des années, il décrypte, de conférences en plateaux de télévision, les erreurs commises en Grèce par la « troïka », l’ancien nom des créanciers. Conseiller, entre 2004 et 2006, de l’ex-premier ministre socialiste Georges Papandréou, il critique dès le début la réponse européenne à la crise financière, qui a consisté à endetter la Grèce au-delà du raisonnable.Le fort ego de M. Varoufakis aura finalement joué contre luiIl enfonce le clou, en 2010, dans son livre Modeste Proposition pour résoudre la crise de la zone euro. Une version de cet ouvrage réactualisée (édition Les Petits Matins), avec des ajouts de l’économiste James K. Galbraith, en 2014, propose de relancer l’investissement en Europe par l’intermédiaire de la Banque européenne d’investissement, une idée qui a fait son chemin et est, en partie, reprise par l’actuel président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. « Peu de ministres des finances sont aussi doués en économie que lui », estime le Prix Nobel, Joseph Stiglitz. « Personne n’a travaillé comme Varoufakis pour résoudre la crise en Europe », ajoute M. Galbraith.« Que pouvais-je faire d’autre que faire la leçon ? »Devenu ministre, Yanis Varoufakis veut bousculer ces règles. Sortir du strict cadre du respect d’un programme de réformes qui, selon lui, a conduit la Grèce à la ruine. Et commencer très vite une discussion sur une restructuration de la dette du pays. « Mon homologue allemand Wolfgang Schäuble n’a jamais accepté de parler de ce sujet », confiait-il au Monde il y a quelques mois. « Pour lui, les règles ont un caractère divin. Il ne cesse de nous renvoyer au respect du programme au lieu de discuter du fonds du problème. »Mais être ministre des finances, c’est faire de la politique. Et manifestement, M. Varoufakis refusait de jouer le jeu. « Que pouvais-je faire d’autre que faire la leçon ? », se défendait déjà l’intéressé à l’époque « Il fallait bien que je marque mon désaccord avec la façon dont l’Europe a géré la crise. Devrais-je jouer au lobotomisé parce que l’on ne veut pas m’entendre ? »Le fort ego de M. Varoufakis aura finalement joué contre lui. « Beaucoup pensaient au parti que Tsipras l’aurait gardé au moins jusqu’à la conclusion d’un accord », affirmait lundi une source au parti de la gauche radicale Syriza.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 06.07.2015 à 07h01 • Mis à jour le06.07.2015 à 17h05 | Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le sujet de la dette grecque avait jusqu’à présent été soigneusement évité par les pays de la zone euro et par les principaux créanciers d’Athènes – à l’exception notable de la France. Après la victoire du non au référendum du dimanche 5 juillet, il va forcément venir à la table des discussions en cas de nouvelles négociations.Une renégociation de cette dette est en effet une priorité du premier ministre grec, Alexis Tsipras, et de son gouvernement. Surtout, elle fait sens alors que de plus en plus d’économistes, mais aussi le Fonds monétaire international (FMI), estiment déraisonnable de penser que la Grèce parviendra un jour à rembourser un montant colossal de 322 milliards d’euros (soit 177 % du produit intérieur brut du pays) tout en renouant avec la croissance.Lire le décryptage :Pourquoi la dette grecque n’est pas soutenableDurant les cinq interminables mois de pourparlers avec Athènes, les créanciers du pays – la Banque centrale européenne (BCE), la Commission de Bruxelles et le FMI – ont refusé de mener de front une discussion sur un nouveau train de réformes à mettre en place en Grèce en échange de nouvelles tranches d’aides et une négociation sur l’allégement de ses conditions de refinancement. Ils voulaient d’abord les réformes. Et après la dette.Ils doutaient de la volonté d’Athènes de réellement réformer son économie, d’équilibrer un système de retraites pesant 16 % du PIB (intenable, selon eux), de mettre enfin en place un système efficace de collecte de l’impôt, de lutter contre le clientélisme dans les administrations…Dialogue de sourdsLes blocages étaient aussi politiques. En Allemagne, l’opinion publique est globalement très remontée contre l’idée de donner un euro de plus à la Grèce, alors qu’en 2012 plus de la moitié de l’ardoise avait déjà été effacée (environ 107 milliards d’euros). A l’époque, ce sont les bailleurs de fonds privés du pays qui avaient accepté une décote de 50 % et de 75 % de la valeur faciale de leurs créances.Aujourd’hui, la dette grecque est essentiellement détenue par des créanciers « publics » : à plus de 75 % par le FMI, la BCE, le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et les autres pays membres de la zone euro. Le but serait de revenir à un ratio dette-PIB de 120 % environ.Lire aussi :En Grèce, 8 plans d’austérité depuis 2009, 4 gouvernements, 2 plans d’aideEn Espagne, en Irlande, au Portugal, les chefs d’Etat et de gouvernement assuraient ces derniers mois qu’accepter une renégociation de la dette grecque était impossible. Tous ont été sous « programme d’aide » financière pendant la crise, tous se sont vu imposer de très dures politiques d’austérité ; aucun n’a bénéficié d’une renégociation de sa dette.L’attitude de M. Tsipras et de son impétueux ministre des finances, Yanis Varoufakis – ce dernier a démissionné, lundi, au lendemain du référendum –, n’a pas aidé à arrondir les angles. Dès février, ils ont réclamé un effacement de la valeur nominale de la dette, un tabou complet pour leurs créanciers pourtant prêts à rallonger les maturités de cet endettement et à en abaisser encore un peu les taux. Mais d’Eurogroupe en inutiles sommets de la zone euro, les discussions ont viré au dialogue de sourds.Le « nein » de l’AllemagneSeule la France – et dans une certaine mesure la Commission européenne – militait pour qu’on « laisse un espoir » à M. Tsipras, selon l’expression de plusieurs sources européennes à Athènes. Et qu’on inscrive noir sur blanc, dans l’« accord global » qu’était censée signer la Grèce avec ses créanciers, fin juin, un engagement à ouvrir une discussion sur la dette dans les mois qui viennent. Paris avait même préparé un modèle d’accord, et le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, avait proposé le mois d’octobre pour commencer à négocier. Mais leurs tentatives se sont heurtées au nein de Berlin.Si le dialogue est renoué, Athènes pourra, cette fois, utiliser l’argument du FMI pour forcer la main de ses partenaires. Le FMI, à qui la Grèce doit encore 21,2 milliards d’euros, a jeté un pavé dans la mare, le 2 juillet, en publiant une note « faisant la vérité » sur les besoins financiers de la Grèce dans les années à venir et assurant que le pays avait besoin de 50 milliards d’euros d’aides supplémentaires d’ici à 2018 et d’un « allégement de sa dette de grande ampleur ».La Grèce en passe de retomber en récessionCette position, le FMI la défendait depuis des semaines dans le huis clos des négociations, mais jusqu’à présent n’avait – selon plusieurs sources – pas tapé du poing sur la table pour exiger des Européens qu’ils acceptent de parler de la dette. Il avait continué, selon nos informations, à exiger des réformes structurelles exigeantes pour la Grèce (retraites, taux de TVA). Selon l’agence Reuters, des responsables européens ont fait pression sur le FMI pour qu’il ne publie pas cette note. Une source européenne a confirmé au Monde, vendredi, que les créanciers européens avaient fait savoir leur mécontentement à Washington, estimant que cette note du FMI pourrait perturber le vote grec.De plus en plus d’économistes et d’observateurs le disent : la donne a changé en Grèce ces derniers mois. Début 2015, le FMI et l’Union européenne prévoyaient encore un taux de croissance du PIB de 2,5 %. A ce rythme, l’énorme dette paraissait « soutenable ».Mais l’incertitude politique actuelle a gelé les investissements et la reprise économique. Et les remboursements au FMI ont vidé les caisses de l’Etat. Aujourd’hui, l’économie grecque est en passe de retomber en récession. « Il faut une restructuration de la dette aujourd’hui, pour prévenir le besoin, plus tard, d’une restructuration plus importante encore. C’est autant dans l’intérêt des créanciers que d’Athènes », relève l’économiste Ashoka Mody, du think tank bruxellois Bruegel, dans un billet posté le 4 juillet.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Aude Lasjaunias (Athènes, envoyée spéciale) Ils attendaient cette date, certains avec fébrilité, d’autres avec ferveur, tous avec impatience. Neuf jours après la décision surprise du premier ministre Alexis Tsipras de soumettre à une consultation populaire le plan de réformes proposé par les créanciers du pays, les bureaux de vote, installés dans les écoles primaires du pays, ont ouvert leurs portes dimanche 5 juillet dès 7 heures du matin.Devant le bureau de Kypséli, un quartier du nord de la capitale grecque, c’est l’effervescence. Vers 10 h 30, Alexis Tsipras est venu déposer son bulletin dans l’urne sous les applaudissements et les cris de la foule. « Oxi, oxi, oxi [non] ! », scandaient les quelques Grecs présents, noyés parmi la foule de journalistes internationaux venus couvrir l’événement. Les électeurs appelés à se rendre dans la salle 661, la même que le premier ministre, ont été aveuglés par les flashs des photographes. « Personne ne peut ignorer la détermination d’un peuple à prendre son destin entre ses mains », a réaffirmé M. Tsipras à la sortie de l’isoloir.A la mi-journée, les rues d’Athènes la bouillonnante semblaient bien silencieuses. Installé sur une terrasse proche, un groupe de retraités sirotent doucement leurs cafés. Quelques tables plus loin, Christa, 43 ans, est avec des amis. Elle ne veut pas dire quelle case elle a cochée. Elle avait voté Syriza lors des élections générales de janvier. « On est payé 3 euros de l’heure. Si l’on travaille quatre heures par jour, ça nous fait 12 euros. On... Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) Dimanche 5 juillet, les Grecs ont dit non à la dernière proposition de réformes formulée par les créanciers du pays. Conseiller spécial à la Fondation pour la recherche stratégique, François Heisbourg analyse les conséquences géopolitiques de ce vote.Quelles seront, d’après vous, les leçons et les conséquences du vote grec sur le plan stratégique ?Il y aura des effets régionaux et d’autres concernant la « grande géopolitique ». Je crois que l’on peut désormais estimer à 50 % le risque d’une sortie de la Grèce de la zone euro, alors même que les traités ne le prévoient pas, que l’Etat concerné ne semble pas désireux d’abandonner la monnaie unique et qu’il semble très compliqué, sur le plan juridique du moins, de l’y forcer. Or, une sortie de la zone euro poserait très clairement la question de l’appartenance à l’Union. Dès lors qu’une telle question est posée, c’est en fait tout l’équilibre géopolitique de l’après-guerre froide qui est potentiellement remis en cause, et notamment les élargissements successifs de l’Union aux frontières de la Russie, une puissance qui ne porte pas l’Union dans son cœur…Tout cela est virtuel, « potentiel » dites-vous, mais le simple fait que l’on en parle change-t-il la donne géopolitique ?Absolument. Et c’est peut-être l’effet le plus grave de ce qui s’est déroulé dimanche. A fortiori si l’on devait en arriver à la conclusion que MM. Tsipras et Varoufakis n’ont pas négocié de bonne foi avec l’Union.Comment jugez-vous l’attitude de l’Union et du FMI ?Je crois que le fait de ne pas être entré dans une logique d’effacement de la dette était une erreur. L’origine de cette dette est partagée. Elle résulte pour moitié de l’imprudence de la Grèce durant la première décennie de son appartenance à l’Union et, pour l’autre moitié, de l’imprudence, non moins folle, des banquiers, allemands et français notamment, qui ont déversé sans hésitation des dizaines de milliards, transférés ensuite à la charge des contribuables. Tout cela posé, je ne crois pas que Syriza ait voulu négocier correctement. Or, ce sont les mêmes responsables qui manifestent l’intention de revenir à la table, ce qui renforce mon inquiétude.La Grèce pourrait-elle continuer d’appartenir à l’Union mais cesser en même temps d’être un partenaire fiable ?Oui, et elle pourrait, par exemple, ne plus remplir correctement ses obligations dans le cadre de l’espace Schengen, sachant qu’elle a déjà le plus grand mal à gérer les 60 000 personnes, dont beaucoup viennent de Syrie, qui sont arrivées sur ses côtes. Je ne crois pas, à ce propos, qu’on lui ait accordé autant d’attention qu’à l’Italie, même si cette attention-là est, elle aussi, insuffisante.La Grèce est, par ailleurs, décrite comme un facteur d’équilibre dans les Balkans…Ni en Macédoine, ni au Kosovo, ni en Bosnie, l’Europe et l’OTAN n’ont su jeter les bases d’un règlement définitif. La situation d’une Grèce qui, dans le meilleur des cas, sera en déroute sur le plan économique n’arrangera rien.Les dirigeants grecs ont-ils pris en compte tous ces facteurs pour exercer une pression, voire un chantage, sur leurs partenaires ?S’il s’agissait de cela, je ne serais pas rassuré, mais au moins aurais-je le sentiment d’une certaine rationalité. Autrement dit, ils tenteraient de décrocher, par ce biais, l’accord le plus favorable possible. J’ai toutefois le sentiment qu’au sein de Syriza certains ne veulent pas rester dans l’euro et dans l’OTAN.Vladimir Poutine peut-il se réjouir de ce qui se déroule ?Les voyages en Russie de M. Tsipras, et notamment au Forum économique de Saint-Pétersbourg, où il était le seul dirigeant européen, n’ont débouché sur aucun résultat concret. Mais, pour M. Poutine, il y a l’opportunité d’assister au spectacle de la dégradation progressive des relations entre la Grèce et l’Union. Dès lors, pourquoi se fatiguerait-il, puisque le fruit pourrait tomber tout seul ? La Russie n’a pas joué la provocation jusqu’à présent et n’a pas fait de promesses, d’autant qu’elle sait que la Grèce n’est pas un cadeau sur le plan économique. Elle restera prudente et jouera sur la fragilisation des équilibres actuels : la Grèce peut fournir la démonstration que les élargissements sont réversibles. Et n’oublions pas que les Etats baltes ne sont entrés dans l’Union que depuis 2004…Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 05.07.2015 à 22h22 • Mis à jour le06.07.2015 à 04h29 | Aude Lasjaunias (envoyée spéciale à Athènes (Grèce)) Les soirs d’élections, le choix du lieu de rassemblement d’un camp est essentiel. Dans l’attente des résultats du référendum sur le plan de réformes proposé par les créanciers de la Grèce, au verdict incertain, les partisans de la coalition de gauche radicale Syriza, qui appelaient à voter « oxi » (non) s’étaient donné rendez-vous dimanche 5 juillet dès 19 heures place Klafthmonos, la place des « gens qui pleurent ». Maro Tzivraili, 51 ans, a toujours soutenu Alexis Tsipras. Malgré des sondages favorables, elle reste prudente : « Dites juste aux Français qu’on reste unis, que tout se déroule dans le calme, avec respect et sans affrontement. »Ce sont finalement des larmes de joie qui ont coulé sur ses joues et celles des personnes présentes à ses côtés, lorsque, aux environs de 21 h 30, les estimations tirées du dépouillement de la moitié des bulletins créditaient le non de près de 60 % des voix.Suivez la situation en direct sur notre live« Esprit de résistance »C’est la fierté retrouvée qui a rempli les yeux de Panos. Ce vieil homme de 78 ans n’a pas pu contenir son émotion. « Notre esprit de résistance renaît enfin », lâche-t-il, la voix entrecoupée de quelques sanglots. Il a choisi de célébrer ce moment « historique » au pied de la Vouli, le parlement grec, place Syntagma, comme quelques centaines de milliers de personnes. Personnes âgées, jeunes, familles, la foule est intergénérationnelle, comme elle l’était deux jours plus tôt lors du dernier rassemblement en faveur du non. Les Adonaki sont venues en famille : Vassiliki, 67 ans, ses deux filles, Evagelia, 44 ans, Tatiana, 41 ans, et ses deux petits-fils Vassilis, 14 ans et Yanis, 7 ans. « On n’en pouvait plus », insiste la mère. « Oui, on a fait des erreurs et on le reconnaît. Mais on veut aller de l’avant, changer les choses. Bref, on veut un meilleur avenir pour nos enfants », explique Tatiana.Au son du bouzouki, le luth grec, et sur des airs révolutionnaires, la place s’emplit peu à peu. « Si on avait dit oui, ils nous tuaient. En choisissant, le non on se suicide. On a décidé de mourir comme on l’entend », scande le mégaphone. Aggelos, 34 ans, accueille les résultats avec « soulagement » : « Ce soir m’a redonné de l’espoir. »La président de la province de l’Attique, Rena Dourou, reconnaît être épuisée au terme de cette semaine. « Je suis optimiste, je pense que ce vote va amorcer un changement de cap en Europe, et je vous parle réellement en pro-européenne convaincue. Ce que les Grecs ont fait aujourd’hui est un moment décisif pour le continent, mais aussi à l’échelle de la planète. »L’heure est à la fête, même si de nombreux Grecs sont conscients que l’issue de ce vote ne marque pas la fin de leurs ennuis. « On peut et on doit être fiers de notre choix. Mais, restons modestes, ne paradons pas. On sait que ce qui nous attend n’est pas tout rose, avance Irene, 22 ans. Si ce dimanche a été historique, n’oublions pas demain. » Vers minuit, les gens quittent peu à peu la place Syntagma alors que raisonne une chanson, aux paroles de circonstance : « On va vivre, même si on est pauvres. »Lire notre décryptage :Les risques géopolitiques d’un « Grexit »Aude Lasjaunias (envoyée spéciale à Athènes (Grèce))Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Charrel On le dit fatigué. Inquiet, surtout. Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), ne dort pas beaucoup depuis quelques mois. A chaque apparition, ses traits sont un peu plus tirés. Il faut dire que la survie des banques hellènes repose sur ses épaules. Et que les décisions que prendra son institution ces prochains jours joueront un rôle décisif pour l’avenir de la Grèce dans la zone euro. Ou bien à l’extérieur.Lire aussi :Christine Lagarde, inflexible face à AthènesDepuis leur arrivée au pouvoir, fin janvier, le premier ministre, Alexis Tsipras, et son ministre des finances, Yanis Varoufakis, ne cessent d’accabler la BCE. Comme le Fonds monétaire international (FMI), ils l’accusent de « dictature financière ». Selon eux, Mario Draghi comme Christine Lagarde, la patronne du Fonds, auraient pour seul objectif de mettre leur pays à genoux en lui imposant l’austérité et en le privant de financements.S’il est vrai que la BCE est aujourd’hui en première ligne, l’Italien de 67 ans a pris soin de se tenir à l’écart des violentes passes d’armes entre Athènes et ses créanciers. Plus que tout, il cherche à éviter que les politiques européens, hésitants et divisés, ne se défaussent sur lui pour trancher le destin de la Grèce.En février, la BCE avait ainsi suspendu l’un des robinets de financements aux banques hellènes dans l’espoir mettre les partenaires d’Athènes face à leurs responsabilités. Mais pour ne pas être accusée de pousser le pays hors de la zone euro, elle a maintenu ses liquidités d’urgence (les « ELA », « emergency liquidity assistance ») aux banques hellènes. Et ce, malgré les fortes réticences de la banque centrale allemande. Habile tacticien, M. Draghi a jusqu’ici réussi à convaincre la majorité des 25 gouverneurs de l’institution de continuer à aider Athènes. Ce qui fait dire à un diplomate : « Il se montre bien plus patient avec la Grèce qu’il ne l’avait été avec Chypre. Mais M. Tsipras ne pourra jamais l’admettre. » Messages-clé au bon momentSi ce n’est leurs origines méditerranéennes, le premier ministre grec et le banquier central n’ont, il faut le dire, pas grand-chose en commun. Diplômé du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT), passé par la Banque mondiale et le Trésor italien, M. Draghi a rejoint, en 2002, la direction européenne de Goldman Sachs, la banque américaine incarnant l’arrogance de Wall Street. Un crime de lèse-majesté pour la gauche radicale de Syriza. D’autant que Goldman Sachs est accusée d’avoir aidé la Grèce à maquiller ses déficits budgétaires au début des années 2000…Lire aussi :Jean-Claude Juncker, l’Européen blesséLorsqu’il remplace Jean-Claude Trichet à la tête de la BCE, en novembre 2011, la zone euro est en pleine tourmente. Il affronte la tempête avec « courage et sang-froid », disent ceux qui le connaissent. A l’été 2012, il se déclare prêt à faire « tout ce qu’il faudra » (« whatever it takes », en anglais) pour sauver l’euro. Quelques mots qui suffisent à rétablir la confiance sur les marchés et éteindre la flambée des taux souverains. L’Europe découvre alors la « touche Draghi », cette capacité à distiller les messages-clés au bon moment, à l’aide de quelques propos bien sentis.Question difficileSauver l’euro : les années suivantes, « super Mario », comme on le surnomme parfois, poursuit sa tâche en œuvrant à la création de l’union bancaire. Puis en lançant, en janvier 2015, un vaste programme de rachat de dettes publiques, destiné à soutenir la croissance. Auparavant, il lui a là aussi fallu vaincre les réticences allemandes…Lundi 6 juillet, au lendemain du référendum grec, lui qui passe nombre de ses week-ends à Rome auprès de sa famille, réunira le conseil des gouverneurs à Francfort. Ensemble, ils devront décider s’ils maintiennent ou non leurs financements d’urgence aux banques hellènes. En cas de victoire du oui, l’Italien n’aura pas trop de mal à les convaincre de poursuivre les aides. Si le non l’emporte… Le « dottore » Draghi devra alors répondre à la question la plus difficile de sa carrière : sauver l’euro implique-t-il de garder à tout prix la Grèce dans la monnaie unique, ou au contraire de l’en exclure ?Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 04.07.2015 à 01h16 • Mis à jour le04.07.2015 à 02h01 Le trafic dans le tunnel sous la Manche a été très perturbé pendant au moins deux heures vendredi 3 juillet au soir, en raison de nombreuses tentatives d’intrusions de migrants sur le site sécurisé du tunnel, a-t-on appris de sources concordantes.« Depuis 22 h 30, environ 150 migrants ont tenté de s’introduire sur les quais d’embarquement », a déclaré à l’AFP un porte-parole de la préfecture du Pas-de-Calais, qui a indiqué qu’il y avait eu une interruption du trafic. Le trafic a repris vers 0 h 45, a constaté un correspondant de l’AFP.« On doit vérifier, on regarde chaque wagon, chaque navette », avait déclaré auparavant le porte-parole de la préfecture, expliquant que cela pouvait prendre du temps. « Les migrants présents dans le Calaisis en ce moment cherchent par tous les moyens à traverser la Manche. Nous subissons des tentatives d’intrusion tous les soirs », a déclaré à l’AFP un porte-parole d’Eurotunnel. « Nous adaptons notre système de transport pour assurer le meilleur niveau de sécurité et faire tourner nos trains », a-t-il ajouté.Silence impressionnantAlors que des dizaines de voitures et de camping-cars stationnés en file indienne derrière les barrières de sécurité se préparaient à rejoindre les navettes qui repartaient, de nombreux groupes de migrants étaient visibles autour du site sécurisé. Dans un silence impressionnant, ces groupes, très jeunes, composé d’hommes et de femmes, essentiellement des Africains, convergeaient vers les abords du site, pour tenter de s’introduire et de rejoindre les quais afin de rallier la Grande-Bretagne.Le 26 juin, un migrant originaire d’Érythrée a trouvé la mort aux abords du tunnel sous la Manche, en tentant de monter dans une navette dans l’espoir de gagner la Grande-Bretagne. Les pompiers du Pas-de-Calais ont indiqué que l’homme, qui essayait de monter sur un train en marche, a été projeté sur un pylône en béton. Selon le dernier décompte de la préfecture, environ 3 000 migrants, essentiellement Érythréens, Éthiopiens, Soudanais et Afghans, sont recensés dans le Calaisis.Image précédenteImage suivanteLire le diaporamaMettre en pauseRejouerAccédez au portfoliorequire(["jquery","lmd/ui/portfolio", "lib/slidify/effects/slide"], function($, Portfolio, Slide){ var portfolio = new Portfolio({ root: $('#portfolio-atome-559723021fe25'),\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 1 \/ 12\r\n \r\n \r\nL\u2019ouverture d'une petite cabane de bois clair, au milieu du bidonville situ\u00e9 \u00e0 la p\u00e9riph\u00e9rie de Calais, a donn\u00e9 le coup d\u2019envoi d\u2019une op\u00e9ration in\u00e9dite en France.\nMardi 30 juin, cinq camions charg\u00e9s chacun de 20 m\u00e8tres cubes de colis alimentaires ont d\u00e9barqu\u00e9 au milieu de l\u2019ancienne d\u00e9charge devenue campement.\r\nCr\u00e9dits : OLIVIER PAPEGNIES \/ COLLECTIF HUMA POUR "LE MONDE"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"L\u2019ouverture d'une petite cabane de bois clair, au milieu du bidonville situ\u00e9 \u00e0 la p\u00e9riph\u00e9rie de Calais, a donn\u00e9 le coup d\u2019envoi d\u2019une op\u00e9ration in\u00e9dite en France.\nMardi 30 juin, cinq camions charg\u00e9s chacun de 20 m\u00e8tres cubes de colis alimentaires ont d\u00e9barqu\u00e9 au milieu de l\u2019ancienne d\u00e9charge devenue campement.","source":"OLIVIER PAPEGNIES \/ COLLECTIF HUMA POUR \"LE MONDE\"","index":0,"position":1,"total_count":12,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/06\/30\/a-calais-les-ong-au-secours-des-migrants_4664778_1654200.html","isCurrent":true},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 2 \/ 12\r\n \r\n \r\nL\u2019urgence pour toutes ces ONG est de \u00ab r\u00e9pondre aux besoins vitaux qui ne sont pas satisfaits ici \u00bb, rappelle Antoine Osbert, responsable des missions sociales en France pour le Secours islamique. Et d'expliquer : \u00ab Il ne s\u2019agit pas de se substituer aux autorit\u00e9s sur le long terme, mais de les rappeler \u00e0 leurs devoirs. \u00bb\r\nCr\u00e9dits : OLIVIER PAPEGNIES \/COLLECTIF HUMA POUR "LE MONDE"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"L\u2019urgence pour toutes ces ONG est de \u00ab r\u00e9pondre aux besoins vitaux qui ne sont pas satisfaits ici \u00bb, rappelle Antoine Osbert, responsable des missions sociales en France pour le Secours islamique. Et d'expliquer : \u00ab Il ne s\u2019agit pas de se substituer aux autorit\u00e9s sur le long terme, mais de les rappeler \u00e0 leurs devoirs. \u00bb","source":"OLIVIER PAPEGNIES \/COLLECTIF HUMA POUR \"LE MONDE\"","index":1,"position":2,"total_count":12,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/06\/30\/a-calais-les-ong-au-secours-des-migrants_4664778_1654200_1.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 3 \/ 12\r\n \r\n \r\n\u00ab Lorsque les migrants \u00e9taient dans des petites structures, les associations locales pouvaient intervenir. Des individuels pouvaient apporter une aide. Ce n\u2019est plus possible dans un espace qui regroupe 3 000 personnes \u00bb, regrette le sp\u00e9cialiste des camps, Michel Agier, anthropologue et ethnologue.\r\nCr\u00e9dits : OLIVIER PAPEGNIES \/ COLLECTIF HUMA POUR "LE MONDE"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab Lorsque les migrants \u00e9taient dans des petites structures, les associations locales pouvaient intervenir. Des individuels pouvaient apporter une aide. Ce n\u2019est plus possible dans un espace qui regroupe 3 000 personnes \u00bb, regrette le sp\u00e9cialiste des camps, Michel Agier, anthropologue et ethnologue.","source":"OLIVIER PAPEGNIES \/ COLLECTIF HUMA POUR \"LE MONDE\"","index":2,"position":3,"total_count":12,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/06\/30\/a-calais-les-ong-au-secours-des-migrants_4664778_1654200_2.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 4 \/ 12\r\n \r\n \r\nUne majorit\u00e9 de patients souffre de douleurs gastriques li\u00e9es au stress des conditions de vie, \u00e0 l\u2019inqui\u00e9tude des lendemains, mais aussi \u00e0 la faim que ressentent ces jeunes hommes qui n\u2019ont qu\u2019un repas par jour.\r\nCr\u00e9dits : OLIVIER PAPEGNIES \/ COLLECTIF HUMA POUR "LE MONDE"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Une majorit\u00e9 de patients souffre de douleurs gastriques li\u00e9es au stress des conditions de vie, \u00e0 l\u2019inqui\u00e9tude des lendemains, mais aussi \u00e0 la faim que ressentent ces jeunes hommes qui n\u2019ont qu\u2019un repas par jour.","source":"OLIVIER PAPEGNIES \/ COLLECTIF HUMA POUR \"LE MONDE\"","index":3,"position":4,"total_count":12,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/06\/30\/a-calais-les-ong-au-secours-des-migrants_4664778_1654200_3.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 5 \/ 12\r\n \r\n \r\n\u00ab A Calais, il est difficile de se nourrir, de se soigner, de se laver et d\u2019avoir acc\u00e8s \u00e0 l\u2019eau potable \u00bb, r\u00e9sume Jean-Francois Corty, le responsable des op\u00e9rations France de M\u00e9decins du monde.\r\nCr\u00e9dits : OLIVIER PAPEGNIES \/ COLLECTIF HUMA POUR "LE MONDE"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab A Calais, il est difficile de se nourrir, de se soigner, de se laver et d\u2019avoir acc\u00e8s \u00e0 l\u2019eau potable \u00bb, r\u00e9sume Jean-Francois Corty, le responsable des op\u00e9rations France de M\u00e9decins du monde.","source":"OLIVIER PAPEGNIES \/ COLLECTIF HUMA POUR \"LE MONDE\"","index":4,"position":5,"total_count":12,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/06\/30\/a-calais-les-ong-au-secours-des-migrants_4664778_1654200_4.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 6 \/ 12\r\n \r\n \r\nLes migrants ont \u00e9rig\u00e9 un lieu de culte fabriqu\u00e9 de bric et de broc.\r\nCr\u00e9dits : OLIVIER PAPEGNIES \/ COLLECTIF HUMA POUR "LE MONDE"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Les migrants ont \u00e9rig\u00e9 un lieu de culte fabriqu\u00e9 de bric et de broc.","source":"OLIVIER PAPEGNIES \/ COLLECTIF HUMA POUR \"LE MONDE\"","index":5,"position":6,"total_count":12,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/06\/30\/a-calais-les-ong-au-secours-des-migrants_4664778_1654200_5.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 7 \/ 12\r\n \r\n \r\nA travers la pri\u00e8re, les migrants essaient de se recr\u00e9er un quotidien.\r\nCr\u00e9dits : OLIVIER PAPEGNIES \/ COLLECTIF HUMA POUR "LE MONDE"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"A travers la pri\u00e8re, les migrants essaient de se recr\u00e9er un quotidien.","source":"OLIVIER PAPEGNIES \/ COLLECTIF HUMA POUR \"LE MONDE\"","index":6,"position":7,"total_count":12,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/06\/30\/a-calais-les-ong-au-secours-des-migrants_4664778_1654200_6.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 8 \/ 12\r\n \r\n \r\nA Calais, le nombre de migrants a cr\u00fb depuis l\u2019\u00e9vacuation, d\u00e9but juin, du camp de La Chapelle \u00e0 Paris et les soubresauts qui ont suivi.\r\nCr\u00e9dits : OLIVIER PAPEGNIES \/ COLLECTIF HUMA POUR "LE MONDE"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"A Calais, le nombre de migrants a cr\u00fb depuis l\u2019\u00e9vacuation, d\u00e9but juin, du camp de La Chapelle \u00e0 Paris et les soubresauts qui ont suivi.","source":"OLIVIER PAPEGNIES \/ COLLECTIF HUMA POUR \"LE MONDE\"","index":7,"position":8,"total_count":12,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/06\/30\/a-calais-les-ong-au-secours-des-migrants_4664778_1654200_7.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 9 \/ 12\r\n \r\n \r\nSur le camp, les migrants souffrent de probl\u00e8mes dermatologiques li\u00e9s au manque d\u2019hygi\u00e8ne et d'infections qui d\u00e9g\u00e9n\u00e8rent parce qu\u2019elles ne sont pas soign\u00e9es.\r\nCr\u00e9dits : OLIVIER PAPEGNIES \/ COLLECTIF HUMA POUR "LE MONDE"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Sur le camp, les migrants souffrent de probl\u00e8mes dermatologiques li\u00e9s au manque d\u2019hygi\u00e8ne et d'infections qui d\u00e9g\u00e9n\u00e8rent parce qu\u2019elles ne sont pas soign\u00e9es.","source":"OLIVIER PAPEGNIES \/ COLLECTIF HUMA POUR \"LE MONDE\"","index":8,"position":9,"total_count":12,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/06\/30\/a-calais-les-ong-au-secours-des-migrants_4664778_1654200_8.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 10 \/ 12\r\n \r\n \r\nLes migrants disposent de trois points d\u2019eau pour 3 000 personnes, alors que les instances internationales demandent un point d\u2019eau pour 250 personnes en zone de crise.\r\nCr\u00e9dits : OLIVIER PAPEGNIES \/ COLLECTIF HUMA POUR "LE MONDE"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"Les migrants disposent de trois points d\u2019eau pour 3 000 personnes, alors que les instances internationales demandent un point d\u2019eau pour 250 personnes en zone de crise.","source":"OLIVIER PAPEGNIES \/ COLLECTIF HUMA POUR \"LE MONDE\"","index":9,"position":10,"total_count":12,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/06\/30\/a-calais-les-ong-au-secours-des-migrants_4664778_1654200_9.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 11 \/ 12\r\n \r\n \r\n\u00ab A Calais, on fait sans les autorit\u00e9s. Les migrants ne sont pas enregistr\u00e9s et la population fluctue d\u2019un jour sur l\u2019autre \u00bb, observe C\u00e9line Morin, humanitaire du Secours islamique.\r\nCr\u00e9dits : OLIVIER PAPEGNIES \/ COLLECTIF HUMA POUR "LE MONDE"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab A Calais, on fait sans les autorit\u00e9s. Les migrants ne sont pas enregistr\u00e9s et la population fluctue d\u2019un jour sur l\u2019autre \u00bb, observe C\u00e9line Morin, humanitaire du Secours islamique.","source":"OLIVIER PAPEGNIES \/ COLLECTIF HUMA POUR \"LE MONDE\"","index":10,"position":11,"total_count":12,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/06\/30\/a-calais-les-ong-au-secours-des-migrants_4664778_1654200_10.html","isCurrent":false},{"html":"\r\n\r\n\r\n\r\n \r\n \r\n 12 \/ 12\r\n \r\n \r\n\u00ab Il ne s\u2019agit pas de se substituer aux autorit\u00e9s sur le long terme, mais de les rappeler \u00e0 leurs devoirs \u00bb, indique Antoine Osbert, responsable des missions sociales en France pour le Secours islamique.\r\nCr\u00e9dits : OLIVIER PAPEGNIES \/ COLLECTIF HUMA POUR "LE MONDE"\r\n \r\n facebook\r\n twitter\r\n google +\r\n linkedin\r\n pinterest\r\n \r\n \r\n\r\n \r\n \r\n \r\n\r\n","titre":null,"legende":"\u00ab Il ne s\u2019agit pas de se substituer aux autorit\u00e9s sur le long terme, mais de les rappeler \u00e0 leurs devoirs \u00bb, indique Antoine Osbert, responsable des missions sociales en France pour le Secours islamique.","source":"OLIVIER PAPEGNIES \/ COLLECTIF HUMA POUR \"LE MONDE\"","index":11,"position":12,"total_count":12,"item_lie":null,"link":"\/immigration-et-diversite\/portfolio\/2015\/06\/30\/a-calais-les-ong-au-secours-des-migrants_4664778_1654200_11.html","isCurrent":false}], currentIndex: 0, effect: new Slide({slideWidth: 400}), buffer: 2, hidden: false }); var exclude = "keyboard touch adsReload resize xtmed thumbnails thumbnailsLightbox fullscreen"; portfolio.init(exclude);}); Aude Lasjaunias (Athènes, envoyée spéciale) « N’écoutez pas la voix de la peur », a lancé le premier ministre grec Alexis Tsipras devant quelque 25 000 partisans du « non » au référendum sur le plan de réformes des créanciers réunis, vendredi 3 juillet, place Syntagma au pied du Parlement grec, à Athènes. Tout au long de la soirée, le message a été le même : ne pas céder aux cassandres qui s’affolent de l’issue de la consultation populaire du 5 juillet. « Dimanche, nous ne déciderons pas uniquement de rester dans l’Europe, nous saurons si nous voulons vivre dignement dans l’Europe », a fait valoir, devant une foule galvanisée et intergénérationnelle, le chef de l’exécutif.Toutes les générations sont représentées : "Non à la peur" #Grèce #Oxi http://t.co/8AjIE2RlpE— AudeLjs (@Aude Lasjaunias)require(["twitter/widgets"]);« Mon mari et moi sommes venus à toutes les manifestations, raconte Maria, quinquagénaire souriante. Celle de ce soir a une saveur particulière. Il nous était impensable de ne pas être présents. » A 48 heures du scrutin ce rassemblement était hautement symbolique : au même moment, 22 000 personnes soutenant le camp adverse étaient réunies au stade panathénaïque — où ont eu lieu les premiers jeux Olympiques modernes en 1896 — à seulement quelques mètres de la Vouli (le Parlement grec). Plus tôt dans la journée, le journal centriste Ethnos publiait un sondage créditant le oui de 44,8 %, contre 43,4 % pour le non, et chiffrant surtout à 11,8 % la proportion d’indécis.Lire :« Oxi » ou « Nai » ? A deux jours du référendum en Grèce, les deux camps se font entendreTémoignages de solidaritéC’est sans doute à ces derniers que tous les intervenants qui se sont succédés sur l’estrade de la place Syntagma s’adressaient avant tout. Plusieurs artistes, majoritairement grecs, sont venus plaider la cause du non à grand renfort de slogans, « nous ne voulons plus vivre comme des esclaves », de citations de grandes figures de la lutte contre l’oppression comme Nelson Mandela, et de chansons révolutionnaires.#Syntagma #Grèce #Oxi : Chanson révolutionnaire grecque sous la dictature des colonels http://t.co/cYx4sz7Mge— AudeLjs (@Aude Lasjaunias)require(["twitter/widgets"]);Des membres de Podemos, de Die Linke, ou encore le député socialiste Pascal Cherki, des représentants de mouvements comme Blockupy Germany ont également pris la parole pour témoigner d’une solidarité transnationale que de nombreux Grecs n’espéraient plus. « Je suis touchée qu’ils soient là ce soir, pour nous montrer que l’on n’est pas seuls. Ces derniers jours, on avait vraiment le sentiment d’être les moutons noirs de l’UE. Là, on réalise vraiment qu’on partage cette volonté d’avoir une Europe démocratique, libre et unie », raconte Evgenia, âgée d’une quarantaine d’années.« Ce référendum est la meilleure chose que le gouvernement de Tsipras pouvait faire. La parole est enfin au peuple. C’est pour pouvoir nous exprimer que l’on a voté pour Syriza », argue Maria. La soirée s’est déroulée sans incidents une ambiance festive ponctuée de « oxi » (non en grec), d’applaudissements, mais aussi de sifflets à la mention des noms de la présidente du Fonds monétaire international Christine Lagarde, de la chancelière allemande Angela Merkel, de son ministre des finances Wolfgang Schäuble ou encore de journalistes grecs accusés de propagande.Alors que le risque de division est le motif principal de l’angoisse de la société grecque aujourd’hui, Alexis Tsipras l’a promis : « On a déjà gagné en envoyant ce message de dignité. Quelle que soit l’issue du vote de samedi, nous devons rester et nous resterons unis. » data-tym-playerid="tym-player-x2w1tc5" data-tym-title="Grèce : quels sont les scénarios possibles ?" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/economie/video/2015/06/30/grece-quels-sont-les-scenarios-possibles_4664784_3234.html" data-tym-categories="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-tags="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-providerreference="x2w1tc5" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Aude Lasjaunias (Athènes, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.07.2015 à 15h14 • Mis à jour le03.07.2015 à 18h40 data-tym-playerid="tym-player-x2w1tc5" data-tym-title="Grèce : quels sont les scénarios possibles ?" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/economie/video/2015/06/30/grece-quels-sont-les-scenarios-possibles_4664784_3234.html" data-tym-categories="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-tags="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-providerreference="x2w1tc5" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"A deux jours du référendum pour décider si les Grecs acceptent ou non les conditions économiques de leurs créanciers, le Fonds européen de stabilité financière (FESF) a officiellement déclaré la Grèce en « défaut » de paiement, après le non-remboursement de 1,5 milliard d’euros au Fonds monétaire international (FMI). Pour le président du Fonds, Klaus Regling :« Ce défaut est une cause de grave inquiétude. Cela rompt l’engagement pris par la Grèce d’honorer ses obligations financières et ouvre la voie à de sévères conséquences pour l’économie et le peuple grec. »Le Fonds, le plus gros créancier du pays avec des prêts totalisant 144,6 milliards d’euros, dit pourtant « garder toutes les options ouvertes » en fonction des évolutions en Grèce. Le Fonds « suivra en permanence la situation et évaluera régulièrement sa position ». En attendant, il se réserve le droit d’agir ultérieurement, « sans réclamer de remboursement immédiat » à Athènes. L'Union des banques grecques a indiqué que les banques avaient « des liquidités suffisantes jusqu’à leur réouverture prévue mardi ». Les banques sont fermées depuis le 28 juin et les retraits aux guichets automatiques limités à 60 euros par jour.Lire sur Les Décodeurs :Réformes ou sortie de l’euro : comprendre la situation de la GrèceTsipras s’appuie sur le FMIDans le même temps, le gouvernement grec et les « institutions » continuent de se parler par médias interposés. A l’occasion d’une allocution télévisée, le premier ministre Alexis Tsipras a souhaité « une décote de 30 % de la dette grecque et une période de grâce de vingt ans » pour assurer « la viabilité de la dette » de son pays.Alors qu’un rapport du FMI publié jeudi évoque la possibilité d’un effacement de la dette à hauteur de 30 % pour atteindre les objectifs fixés en 2012 lors du deuxième plan de sauvetage (124 % du PIB en 2020 contre 176 % aujourd’hui), %. Tsipras a regretté que la position du Fonds « n’ait jamais été présentée par les créanciers pendant les cinq mois de négociation ».Dans son rapport, le FMI évoque aussi la nécessité de trouver 50 milliards d’euros de financements supplémentaires pour la Grèce sur une période allant d’octobre 2015 à fin 2018. Selon le FMI, l’Union européenne et la Banque centrale européenne devraient apporter une contribution de 36 milliards d’euros.Les négociations continuent-elles ? Yanis Varoufakis, le ministre des finances grec, a répété qu’un accord avec les créanciers était à portée de main, que les discussions avec les institutions continuaient en coulisse et que « nous pourrions trouver un accord demain matin [samedi]. »« Si c’est non, je peux vous affirmer que durant cette semaine d’impasse nous avons eu des propositions tout à fait convenables provenant de l’Europe, en confidentialité, et un accord est plus ou moins scellé. »Pour le ministre, la seule divergence qui subsiste entre la Grèce et ses créanciers concerne « l’allégement de la dette ». Pour la politique budgétaire et la liste des réformes, le gouvernement grec et les institutions seraient, selon lui, « très très proches » d’un accord.Ce qui n’est visiblement pas l’avis de Jean-Claude Juncker. Le président de la Commission européenne a démenti dans la foulée la poursuite des discussions lors d’une conférence de presse à Luxembourg.« Aucune négociation n’est en cours. Si les Grecs votent non, la position grecque sera considérablement affaiblie. »Cette possibilité a également été écartée par le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, qui dit dans Bild que d’éventuelles négociations prendraient « un moment », même en cas de victoire du oui au référendum. Malgré la position du gouvernement d’Alexis Tsipras, qui incite les 10 millions de Grecs à voter non, le oui était légèrement en tête (à 44,8 % contre 43,4 %) dans un sondage publié le 3 juillet par le journal Ethnos. Un autre sondage, réalisé pour Bloomberg par l'Université de Macédoine, montre un pays partagé, avec 43 % pour le non, contre 42,5 % pour le oui. Les deux camps comptents manifester ce soir dans les rues d’Athènes. data-tym-playerid="tym-player-x2wb9u3" data-tym-title="Thomas Piketty : ceux qui cherchent le Grexit « sont de dangereux apprentis-sorciers »" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/festival/video/2015/07/02/thomas-piketty-ceux-qui-cherchent-le-grexit-sont-de-dangereux-apprentis-sorciers_4668064_4415198.html" data-tym-categories="festival,crise-grecque,international,grece,economie,europe,emissions,union-europeenne" data-tym-tags="festival,crise-grecque,international,grece,economie,europe,emissions,union-europeenne" data-tym-providerreference="x2wb9u3" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion" Bastien Vachon   Dans une interview publiée dans Le Monde daté du jeudi 2 juillet, Nicolas Sarkozy évoque l’actualité internationale de ces dernières années. Sur la crise ukrainienne, certaines informations de l’ex-président sont fausses.Hollande a-t-il attendu un an avant de discuter avec Poutine ?Ce que Sarkozy dit :« Je m’interroge toujours sur la question de savoir pourquoi il a fallu attendre un an pour discuter avec M. Poutine. »Pourquoi c’est faux :La crise ukrainienne remonte au 21 novembre 2013, date à laquelle le gouvernement ukrainien de Viktor Ianoukovitch refuse de signer l’accord d’association avec l’Union européenne. Cette décision est le point de départ de la révolution ukrainienne, qui débouche sur le renversement du président, le 21 février 2014.Dans la foulée, Moscou annexe la Crimée, et alimente de plus en plus ouvertement les tensions dans l’est du pays, qui ne tarderont pas à se transformer en conflit armé.Trois mois plus tard, François Hollande dîne à l’Elysée avec Vladimir Poutine afin d’évoquer la situation en Ukraine. En juin, c’est lui qui réunira en Normandie, à l’occasion des commémorations des 70 ans du Débarquement, les présidents russe et ukrainien.A-t-on retiré au russe son statut de langue officielle ?Ce que Sarkozy dit :« Il fallait […] empêcher le gouvernement ukrainien de retirer le statut de langue officielle au russe dans un pays où 30 % de la population est russophone. »Pourquoi c’est exagéré :En 2012, Viktor Ianoukovitch, alors président de l’Ukraine, fait voter une loi élargissant les droits d’utilisation de certaines langues minoritaires au niveau régional. Le russe devient langue régionale dans les territoires où les russophones représentent plus de 10 % de la population, soit dans 13 subdivisions administratives sur 27. Cette initiative est dénoncée à l’époque par l’opposition. Viktor Ianoukovitch la promulgue tout de même, le 8 juillet de la même année.Lorsque son régime est renversé, le 21 février 2014, le Parlement ukrainien vote une loi abrogeant ce statut de langue régionale (c’est à cet épisode que fait référence Nicolas Sarkozy). Les protestations sont immédiates ; cette loi ne sera jamais promulguée et encore moins appliquée. L’initiative du Parlement aura malgré tout un effet désastreux dans l’Est russophone du pays, contribuant à envenimer le conflit.La question linguistique a toujours eu en Ukraine une connotation politique. Le régime tsariste avait interdit l’usage de l’ukrainien. En Ukraine soviétique, russe et ukrainien (deux langues proches) sont toutes deux langues officielles du pays. Les intellectuels ukrainiens seront malgré tout des cibles de choix de la répression, particulièrement pendant les années Staline.Par ailleurs, l’affirmation selon laquelle « 30 % de la population est russophone » méconnaît une réalité : l’Ukraine est un pays bilingue. L’immense majorité de ses habitants parlent les deux langues ; celles-ci peuvent être utilisées alternativement à la télévision sans que personne ne s’en émeuve. Et des villes russophones comme Kharkiv ou Dnipropetrovsk se sont découverts à l’occasion de la guerre une identité ukrainienne forte, fournissant notamment de nombreux volontaires aux forces armées du pays.Bastien Vachon 03.07.2015 à 11h48 • Mis à jour le03.07.2015 à 15h55 | Marie Charrel Aucune statistique ne peut restituer l’ampleur des sacrifices concédés par les Grecs depuis six ans. Certains chiffres aident néanmoins à la mesurer. En 1999, le produit intérieur brut (PIB) par habitant de la Grèce, en parité de pouvoir d’achat, s’élevait ainsi à 24 429 dollars (22 020 euros), selon les calculs de l’institut de conjoncture Coe-Rexecode.En 2007, il est monté jusqu’à 33 018 dollars (29 765 euros), avant de retomber à 24 564 dollars (22 145 euros) en 2014. « Cela signifie que depuis la crise, les Grecs ont reperdu toute la richesse qu’ils avaient gagnée depuis l’entrée dans l’euro », résume Charles-Henri Colombier, de Coe-Rexecode.Sur la même période, le PIB par tête de la zone euro est passé de 33 562 dollars (30 257 euros) en 1999 à 37 141 dollars (33 483 euros) aujourd’hui, avec un pic à 38 483 dollars (34 693 euros) en 2007. Malgré la crise, les pays de l’union monétaire affichent donc en moyenne une richesse par tête supérieure à celle de 1999. Seule la Grèce fait figure d’exception, avec l’Italie. « Si l’on regarde froidement les chiffres, c’est un complet retour quinze ans en arrière », se désole Patrick Artus, économiste chez Natixis.Lire aussi :La Grèce officiellement déclarée en défaut de paiementUne production en baisse de 20 %Le constat est tout aussi alarmant si l’on se penche sur l’industrie hellène. Depuis 1999, la production industrielle, hors bâtiment, s’est contractée de 20 %, tandis que l’investissement en volume s’est effondré de 47 %. Le PIB, lui, est toujours inférieur de plus de 25 % à son niveau de 2009. Cet effondrement de l’économie grecque est-il le seul fruit des politiques de rigueur exigées à la Grèce depuis 2009 ? Ou s’agit-il d’un retour « progressif et ordonné à l’équilibre », comme l’a froidement diagnostiqué Jean-Claude Trichet, l’ancien président de la Banque centrale européenne, le 23 juin, sur BFM Business.Pour comprendre de quoi il retourne, il convient de remonter à la création de l’euro. A son introduction, la monnaie unique a eu un impact très différent selon les pays membres. « Dans les Etats périphériques, elle a déclenché une forte baisse des taux d’intérêt et des coûts du crédit, qui se sont rapprochés des niveaux allemands », rappelle Charles Wyplosz, économiste à l’Institut des hautes études internationales de Genève. Une formidable opportunité. Qui s’est transformée en bombe à retardement lorsqu’elle n’a pas été utilisée à bon escient. Baisse des coûts de l’empruntC’est ce qui s’est passé dans le cas grec. « La baisse des coûts d’emprunt a alimenté l’augmentation des dépenses publiques, tandis que la consommation a été soutenue par une hausse des salaires supérieure à celle des gains de productivité », ajoute M. Wyplosz.Quand la crise a frappé, Athènes s’est donc retrouvée dans une situation particulièrement délicate. Non seulement son économie était structurellement affaiblie, mais en plus, ses importants déficits public et extérieur (15 % du PIB), la laissaient sans munition pour faire face à la crise.Un cocktail que les politiques de rigueur demandées par la « troïka » (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne et Commission), mal calibrées, a rendu explosif. « La récession qu’a traversée la Grèce est l’une des plus violente enregistrée depuis le XIXe siècle, et l’ampleur de l’assainissement budgétaire opéré depuis est sans précédent », explique Nina Delhomme, économiste au Crédit agricole. Le déficit public est ainsi passé de 15,2 % à 2,7 % du PIB en cinq ans seulement. Le déficit extérieur a été effacé. Et les salaires ont chuté de 20 % à 30 %.Lire sur Les Décodeurs :La Grèce, dernier exemple d’une longue histoire de défauts souverainsDouloureux sacrificesMalgré ces douloureux sacrifices, les exportations n’ont pourtant pas rebondi comme espéré, contrairement à ce que l’on a observé en Espagne ou en Irlande. Motif : les entreprises grecques tournées vers l’export sont à la fois trop petites et trop peu nombreuses. Mais surtout, les réformes de la « troïka » n’ont pas traité certains des maux-clés dont souffre l’économie grecque. En particulier la question des rentes maintenant des prix trop élevés dans certains secteurs, la corruption endémique, les défaillances de l’administration…C’est là que l’exemple grec diffère de celui de l’Espagne. Comme Athènes, Madrid est tombé dans le piège des taux d’intérêt trop bas : ils ont alimenté une monstrueuse bulle immobilière, qui a explosé avec la crise de 2007. « Mais ils ont aussi permis d’accumuler du capital productif, c’est-à-dire de renforcer l’industrie, explique M. Artus. Voilà pourquoi le pays s’en sort aujourd’hui mieux ».Dans le cas de la Grèce, qui faut-il blâmer ? Les gouvernements grecs successifs, d’abord, qui n’ont rien fait pour lutter contre le népotisme, l’économie noire, la déliquescence de l’industrie. Les institutions de la zone euro, aussi. L’impact de l’entrée dans la monnaie unique sur les pays périphériques était déjà identifié en 1999. Mais rien a été fait pour les aider à éviter le piège du crédit à bas coût. « Tout le monde s’est voilé la face, confesse une source européenne. Pire, la flambée de l’immobilier espagnole était vantée comme un succès, alors qu’elle reposait sur un château de sable ! »Selon les économistes, il faudra au bas mot une décennie pour que le pays retrouve son niveau de vie de 2007. Que les mesures d’austérité se poursuivent ou non, que le gouvernement d’Alexis Tspiras reste au pouvoir ou non, les prochaines années seront extrêmement douloureuses pour les Grecs.Lire aussi :Le défaut de paiement de la Grèce, comme celui de l’Argentine en 2001 ?Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Maryline Baumard Et s’il était urgent de dénoncer les accords franco-britanniques régissant Calais (Pas-de-Calais) et ses migrants ? C’est ce que propose la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), dans un avis rendu le 2 juillet. Cette autorité administrative indépendante, qui assure un rôle de conseil et de proposition en matière de droits de l’homme, est arrivée à cette conclusion à l’issue d’une auto-saisine sur la situation calaisienne, où 3 000 migrants sont bloqués et maintenus dans des conditions jugées « infra-humaines » par la commission.La proposition de la CNCDH pourrait bien faire avaler le thé de travers outre-Manche. La presse populaire est en effet déjà à fleur de peau sur le sujet car les grèves successives de MyFerryLink, avec blocage du trafic sous le Tunnel, ont permis à de nombreux migrants de profiter du désordre pour franchir la frontière fin juin. Et aujourd’hui la même cause risque de produire les mêmes effets.Après des auditions et une visite de terrain dont la délégation est revenue « extrêmement choquée », la Commission dénonce entre autres « les coûts multiples induits par la retenue sur le territoire français des migrants qui voulaient rejoindre la Grande-Bretagne ». Alors, sans plus de détour, « la CNCDH recommande instamment la dénonciation des traités et accords dits du Touquet et de Sangatte ». La France et le Royaume-Uni ont conclu plusieurs traités et accords administratifs bilatéraux, afin de délocaliser les contrôles frontaliers britanniques dans les zones portuaires et ferroviaires françaises et de renforcer les dispositifs de sécurité dans ces dernières. Or ces textes conduiraient « à faire de la France le “bras policier” de la politique migratoire britannique » selon l’instance consultative.Lire le reportage :Le bidonville de Calais, « Sangatte sans toit »Atteinte au droit d’asileJeudi, à l’heure où la CNCDH peaufinait encore son avis très peu diplomatique, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, recevait à déjeuner son homologue britannique, Theresa May. Officiellement, les deux ministres se sont félicités de ces accords conjoints. Plus officieusement, la ministre britannique a aussi rappelé son souhait que la France fasse un peu mieux en matière d’offre d’asile à Calais, afin que les traversées de la Manche soient moins nombreuses. Une exigence britannique à laquelle Paris se plie déjà avec zèle depuis quelques mois.Or ce sujet des réfugiés est aussi abordé par la CNCDH qui déplore que la France empêche les réfugiés de déposer une demande d’asile de l’autre côté de la Manche, en leur interdisant de quitter l’Hexagone. « La CNCDH y voit une atteinte à la substance même du droit d’asile », rappelle l’avis, qui estime ni plus ni moins que les accords signés sont « incompatibles avec les dispositions du règlement Dublin III » qui sont la référence en matière de gestion de l’asile en Europe. Les 70 à 80 Syriens qui réclament chaque jour de discuter avec les autorités des deux pays à ce sujet reçoivent, en guise de réponse, des évacuations par les CRS de la place d’Armes de Calais. Si leur droit de réfugié est bafoué, leur liberté de quitter la France aussi. La Commission juge plus largement, en effet, que « l’application des accords bilatéraux est [aussi] une atteinte disproportionnée au droit fondamental de quitter n’importe quel pays, énoncé dans la Convention européenne des droits de l’homme ».L’aspect financier des accords ne compenserait même pas ces graves atteintes au droit. La CNCDH estime par ailleurs ces accords inéquitables car très à l’avantage de Londres. « Si l’arrangement de septembre 2014 prévoit le versement sur trois ans de 15 millions d’euros par le Royaume-Uni à la France, cette somme apparaît tout à fait dérisoire au regard du coût engendré par l’accueil des migrants en France », précise encore l’avis, qui rappelle que le seul centre d’accueil de jour Jules-Ferry a coûté 6 millions à la France (et 4 millions à l’Europe).Lire aussi (édition abonnés) :A Calais, une opération humanitaire inéditeOutre cet aspect diplomatique auquel peu d’instances osent toucher, la CNCDH demande aux pouvoirs publics « de prévoir des financements pour renforcer la capacité d’accueil des dispositifs d’hébergement d’urgence, afin de mettre définitivement un terme aux conditions de vie inhumaines et indignes des migrants présents sur la lande ». Aujourd’hui 100 personnes y disposent d’un vrai lit. Soit 3 % des exilés… Un rapport remis la veille au ministre de l’intérieur évoquait cette nécessité d’héberger les migrants. Mais sans en faire un préalable.Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.07.2015 à 20h19 • Mis à jour le03.07.2015 à 15h52 | Aude Lasjaunias (Athènes, envoyée spéciale) Neuf jours. C’est le laps de temps qui sépare l’annonce surprise d’Alexis Tspiras, dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 juin, de soumettre au vote des Grecs le plan de réformes proposé par les créanciers du pays, de la tenue de cette consultation populaire, le 5 juillet. Un délai trop court pour le Conseil de l’Europe : « Il n’y a pas de possibilité d’avoir une observation internationale », a avancé le porte-parole du secrétaire général de l’institution.« Les questions d’un référendum doivent être très claires et compréhensibles », a par ailleurs argué Daniel Höltgen, estimant que ce n’était pas le cas à ce stade. Réponse stoïque d’Athènes : les électeurs sont appelés à se prononcer sur un texte précis, qui, de toute manière, a d’ores et déjà été inscrit au Journal officiel après son adoption par le Parlement, samedi.Lire :Grèce : le Conseil de l’Europe juge que le référendum « pose problème »Qu’importe si, dans les faits, l’enjeu réel du référendum de dimanche semble bien confus dans la tête des Grecs : oui ou non à la monnaie unique ? Oui ou non au maintien du pays dans l’Union européenne ? Oui ou non au gouvernement actuel ? Le scrutin aura bien lieu, a réaffirmé mercredi 1er juillet lors d’une allocution télévisée le premier ministre. Sur l’ensemble du pays, 9 855 029 électeurs se rendront ainsi dans un des 19 243 centres ouverts.Le pouvoir judiciaire chargé du bon déroulement« Le calendrier est serré et tout a été un peu précipité », reconnaît George Psichogios, membre de Syriza et député de la région de Corinthe dans le nord du Péloponnèse. Grâce à la récente tenue des élections générales, le mécanisme est toutefois bien rôdé. En Grèce, c’est le pouvoir judiciaire qui est chargé du bon déroulement d’un vote, les élus locaux n’étant sollicités que pour la variable logistique, notamment s’assurer que les établissements scolaires sont disponibles à la date requise, et fournir les listes électorales. Juges, avocats ou juristes avaient pu se porter candidats pour chapeauter le scrutin du 25 janvier. Le registre des volontaires alors établi a servi de base pour le référendum.Vasileios Frantzis fait partie des quelque 13 000 conseils, sur les 21 000 que compte Athènes, à avoir manifesté son envie de participer à la procédure de ce début d’année. Le 5 juillet, comme il y a cinq mois, il sera « remplaçant ». « Les personnes directement mobilisées peuvent être envoyées n’importe où à travers le pays, explique-t-il. Elles peuvent cependant émettre des préférences, honorées en fonction des besoins. » Si le vote ne se tient que dimanche, il leur faudra se présenter dès la veille à la cour d’appel la plus proche de leur lieu d’affectation. « C’est indispensable que tout soit près pour l’ouverture de la consultation populaire à 7 heures du matin », précise l’avocat. Chaque magistrat ou juriste travaillera par tranches de quatre heures. Pour ne pas avoir à gérer seul la tenue du bureau de vote, il peut faire appel aux services d’un secrétaire ou espérer la venue d’un « comité de citoyens », composé généralement de trois à cinq électeurs de la localité. « Dans certains cas, le représentant de la justice ne reçoit aucune aide. Ce qui n’est pas très étonnant car lui est payé pour cette tâche, alors que les autres apportent leur soutien bénévolement », ajoute le conseil.Dans la région d’Athènes, un titulaire touche 75 euros par jour pour sa participation, un remplaçant gagne la moitié. L’indemnité s’élève à 90 euros dans le cas de personnes mobilisées dans d’autres régions du pays. « L’Etat considère que l’on va être réquisitionné au moins trois jours. Cela peut monter jusqu’à neuf jours dans le cas de personnes envoyées à l’autre bout du pays. Mais, même sans la dimension financière, de nombreux individus veulent prendre part à ce genre d’événement. C’est extrêmement grisant. » De leur côté, les membres des partis politiques pourront venir s’assurer du bon déroulement du scrutin, sans toutefois être autorisés à prendre part à son organisation tant que le bureau de vote est ouvert. « Si le magistrat réquisitionné a besoin d’aide pour le décompte des bulletins, il peut toutefois nous solliciter, mais dans le respect de l’intégrité de la procédure », ajoute George Psichogios.Des bureaux de vote dans les consulatsContrairement aux élections générales du 25 janvier, les expatriés en Europe et aux Etats-Unis devaient pouvoir prendre part au vote. Les bureaux étant alors installés dans les consultats et les personnels diplomatiques prenaient en charge la logistique du scrutin. Le délai organisationnel a eu raison de ce projet.En revanche, comme il y a cinq mois, les militaires, les policiers ou les magistrats mobilisés hors de la localité sur laquelle ils sont inscrits comme électeurs sont autorisés à voter sur le lieu de leur affectation. Des urnes vont aussi être mises en place sur les bateaux pour le personnel naval. Il n’existe en revanche pas en Grèce de système de procuration. « Chaque électeur est tenu de se rendre en personne », souligne M. Psichogios.Pour cette consultation populaire, le corps électoral comptera par ailleurs 108 371 nouveaux votants : les Grecs ayant fêté leurs 18 ans. Dans le pays, ces derniers n’ont pas besoin de faire de démarche particulière pour être inscrits sur les listes. Ils sont automatiquement enregistrés dans la localité dans laquelle leurs parents les ont déclarés à l’état civil.Fraîchement majeure, Elektra se moque des 120 kilomètres et quelque trois heures de trajet aller-retour qui séparent Athènes de Xylokastro, petite ville du nord du pays où vivent ses proches. La jeune fille anticipe déjà les alternatives pour mener à bien son périple du jour : bus, covoiturage, train… Le 5 juillet, elle ira voter non. Bien consciente de la portée historique que pourrait avoir le premier bulletin qu’elle glissera dans l’urne.Lire aussi :Grèce : 5 jours d’épuisantes tractations et maintenant l’attente data-tym-playerid="tym-player-x2w1tc5" data-tym-title="Grèce : quels sont les scénarios possibles ?" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/economie/video/2015/06/30/grece-quels-sont-les-scenarios-possibles_4664784_3234.html" data-tym-categories="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-tags="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-providerreference="x2w1tc5" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Aude Lasjaunias (Athènes, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Plus de 80 actions dans une soixantaine de villes espagnoles ont eu lieu ces derniers jours contre la loi « de sécurité citoyenne », aussi appelée « loi bâillon », entrée en vigueur mercredi 1er juillet. Des militants de Greenpeace ont déployé une bannière géante au-dessus du Congrès des députés et bâillonnés les statues de lions qui en gardent l’accès. Des activistes des Femen ont escaladé la fontaine de la Place de Cibeles, face à la mairie de Madrid. Et des milliers de personnes ont protesté, malgré la canicule, dans plusieurs villes, en promettant de ne pas abandonner le combat contre une loi qui entrave, selon eux, le droit de manifester.Bien que l’Espagne n’ait guère connu d’explosion de violence durant la crise et que le ministère de l’intérieur se vante régulièrement que plus de 99 % des manifestations sont pacifiques, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a adopté une loi qui vise à « faire taire les protestations sociales, limiter le droit à manifester et la liberté d’expression », dénonce Joaquim Bosch, porte-parole de l’association Juges pour la démocratie. Elle donne aux policiers le pouvoir d’imposer de lourdes amendes pour des infractions liées aux nouvelles formes de mobilisations sociales que les juges n’avaient pas cru bon de qualifier comme délits.Rédaction vague et impréciseEmpêcher une expulsion immobilière en opposant une résistance pacifique aux forces de l’ordre et aux huissiers, comme le font depuis 2009 les militants de la Plateforme des victimes des crédits immobiliers (PAH), cofondée par l’actuelle marie de Barcelone, la militante Ada Colau, est aujourd’hui passible de 600 à 30 000 euros d’amende. Camper sur les places publiques, comme les « Indignés » en 2011, leur en coûterait aujourd’hui de 100 à 600 euros. Tout comme grimper sur des bâtiments publics, comme les activistes de Greenpeace.Plus ambiguë est l’interdiction de « perturber la sécurité citoyenne » devant le Parlement, ce qui semble faire référence au mouvement « Rodea el Congreso » (« Entoure le Congrès ») de 2012, ou celle de diffuser des images des policiers qui « mettent en danger sa sécurité personnelle et familiale » et risque d’entraver le droit à l’information, selon Amnesty International.Car un autre point polémique est que la rédaction des infractions, souvent vague et imprécise, laisse une grande marge d’interprétation aux agents. « La loi abuse de concepts juridiques indéterminés, explique Joaquim Bosch. Ils doivent être concrétisés car le citoyen ne sait pas ce que l’autorité entend punir. Ils peuvent donc couvrir de possibles abus policiers. »Consensus contre la loiRarement une loi n’aura suscité un consensus aussi ample à son encontre. Depuis un an et demi, les mobilisations n’ont cessé en Espagne. La plateforme Nous ne sommes pas un délit, qui regroupe une centaine d’associations, a été jusqu’à organiser en avril une manifestation d’hologrammes pour dénoncer l’atteinte à la liberté d’expression qu’elle suppose.L’association Caritas a dénoncé une criminalisation de la pauvreté, du fait des amendes infligées aux gens qui campent. SOS Racisme a critiqué le cadre légal qu’elle donne au refoulement des migrants à la frontière de Ceuta et Melilla, et qui suppose une violation des droits de l’homme. Un groupe de rapporteurs spéciaux des Nations unies a estimé qu’elle « menace de violer les droits et libertés fondamentales des individus ». La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) s’est inquiétée d’une loi qui cherche à « dissuader les citoyens d’exprimer leurs opinions au travers d’actes publics ».L’opposition en bloc s’est positionnée contre la loi bâillon. Tout en ayant saisi le Tribunal constitutionnel, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) s’est engagé à abroger la loi s’il remporte les élections législatives de l’automne.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Charrel et Claire Guélaud La présidente argentine Cristina Kirchner a comparé, mercredi 1er juillet, la crise grecque au défaut de son pays en 2001, qui fut l’un des plus importants de l’histoire financière, tout en insistant sur les conséquences « terribles » des politiques d’austérité.Son ministre de l’économie, Axel Kicillof, a surenchéri en assurant que les réformes exigées par les créanciers d’Athènes sont « contre-productives et aggravent encore davantage la crise ». « Je peux dire aux Grecs que les remèdes du Fonds monétaire international ne fonctionneront pas », a-t-il prévenu. « Ce que vit le peuple grec correspond exactement à ce que nous, Argentins, avons vécu en 2001 : les conséquences de politiques terribles, néolibérales, d’ajustements permanents qui entraînent vers la misère, la faim et le chômage », a déclaré Mme Kirchner à la télévision publique argentine.« Aujourd’hui, 60 % des jeunes Grecs n’ont pas de travail, 30 % des citoyens grecs s’éclairent à la bougie, pour économiser sur le coût de l’électricité, aujourd’hui il y a des gens dans les rues dont les pensions et les retraites ont été réduites », a ajouté la chef de l’Etat en faisant remarquer que le FMI n’avait jamais demandé à l’Argentine de réduire ses dépenses militaires.S’il est vrai que les défauts grec et argentin présentent des similitudes, fait-il sens de comparer les deux pays ? Rien n’est moins sûr.Lire les dernières informations :Grèce : 5 jours d’épuisantes tractations et maintenant l’attenteL’Argentine dispose de matières premières agricoles, la Grèce mise sur le tourismeLa troisième économie d’Amérique latine, qui avait l’un des niveaux de vie les plus élevés du monde avant la première guerre mondiale, semble à première vue plus solide que l’économie hellène, ne serait-ce que parce qu’elle dispose de matières premières agricoles. Mais elle subit toujours les conséquences du krach de 2001. Le pays, dont la structure productive est duale – un secteur agricole exportateur, une industrie en manque d’investissements –, a accumulé entre 1991 et 2001 de forts déficits courants, qui ont abouti en juin 2011 à la fin de la convertibilité peso-dollar.Jusqu’à la crise de 2009, les principaux moteurs de la croissance grecque étaient les dépenses publiques et la consommation des ménages, cette dernière reposant beaucoup sur une hausse des salaires supérieure aux gains de compétitivité et sur le crédit à bas coût.Depuis la crise, le pays peine à reconstruire son modèle de croissance. Le seul secteur dynamique est le tourisme. Les PME, pénalisées par l’assèchement des liquidités bancaires, sont trop petites pour se tourner vers l’export. Enfin, nombre de secteurs sont paralysés par des rentes maintenant des prix artificiellement haut, au détriment des Grecs. Contrairement à Buenos Aires, Athènes ne peut donc pas compter sur les matières premières ou un secteur agricole fort pour ses recettes fiscales.De fait, Buenos Aires a profité l’envolée des cours des matières premières entre 2003 et 2009, qui a tiré sa croissance ces années-là (9 % par an), pour accumuler un excédent commercial et des réserves de change record, qui lui ont permis de se financer sans faire appel aux marchés.Lire aussi :Pourquoi la dette grecque n’est pas soutenableLes défauts grec et argentin ne sont pas comparablesLe 23 décembre 2001, Buenos Aires annonce un moratoire sur sa dette publique extérieure occasionnant en janvier 2002 le défaut souverain le plus important à cette date, tant par son montant (94 milliards de dollars, soit 84 milliards d’euros) que par le nombre de ses créanciers (plus de 700 000). Les fuites de capitaux et les retraits de dépôts qui s’en sont suivis, doublés de mesures économiques impopulaires, conduisent à la démission du gouvernement et à la dévaluation de la monnaie argentine.Le pays s’engage en 2002 dans un long processus de restructuration de sa dette, qui comporte plusieurs étapes (2005, 2010, 2014). L’importance de la décote proposée en 2010 – environ 70 %, selon une note de la direction générale du Trésor de septembre 2014 – conduit certains créanciers à garder leurs obligations de 2005 à hauteur de 19,5 milliards de dollars par la suite et à refuser l’offre d’échange qui leur est faite.Un quart de ces obligations était détenu par des créanciers « procéduriers » – les  fonds vautours  – qui rachètent « à bas prix des titres obligataires de pays surendettés pour en obtenir par la suite le remboursement complet devant les tribunaux ».Ces derniers n’ont pas tardé à se lancer dans une bataille juridique de longue haleine, qui a abouti, en juillet 2014, à un nouveau défaut partiel de l’Argentine, le gouvernement de Cristina Kirchner ayant refusé de rembourser les fonds vautours. C’est toujours le cas depuis.La Grèce, elle, a vu sa dette publique restructurée en 2012 : les créanciers privés ont accepté une décote de 50 à 75 % sur les obligations hellènes qu’ils détenaient. Le niveau de la dette a été ramené de 175 à 157 % du PIB. Elle est depuis remontée à 177 % du PIB, mais elle appartient désormais pour plus de 75 % à des créanciers publics : FMI, banque centrale européenne, fonds européen de stabilité financière (FESF) et autres pays membres de la zone euro.C’est une différence majeure avec l’Argentine. Les créanciers publics de la Grèce conserveront leurs obligations grecques jusqu’à ce qu’elles arrivent à échéance.Buenos Aires a remboursé le FMI en avance, Athènes a échoué à le rembourser à tempsLe 30 juin, la Grèce a échoué à rembourser les 1,6 milliard d’euros qu’elle devait au FMI. Il s’agit du premier pays industrialisé entré en « incident de paiement » auprès du fonds depuis sa création, en 1944. A ce jour, le Zimbabwe, la Somalie et le Soudan sont ainsi toujours en retard de paiement. Par le passé, le Liberia, l’Irak et la République démocratique du Congo l’ont été. De son côté, Athènes a officiellement demandé un report du remboursement – une requête que le conseil d’administration du FMI étudie.L’Argentine, elle, a remboursé par anticipation, en décembre 2005, les dix milliards de dollars (9 milliards d’euros) qu’elle devait encore au FMI. Un remboursement là aussi effectué en puisant dans les réserves en devises du pays, estimées à l’époque à plus de 21,64 milliards d’euros. L’échéance du remboursement était initialement fixée à 2008.Près de quinze ans après, l’économie argentine subit néanmoins toujours les conséquences de son défaut souverain. Notamment parce que le pays est toujours en conflit avec les fonds vautours. Résultat : il n’a toujours pas accès aux marchés de capitaux, l’accord trouvé avec le Club de Paris (le groupe informel de pays qui lui a prêté de l’argent) en mai 2014 pour le remboursement de la dette aux créanciers publics n’ayant pas été jugé suffisant compte tenu du « défaut partiel » de juillet 2014.Depuis, l’Etat fait donc marcher la planche à billets, ce qui nourrit une inflation persistante : + 37,6 % en 2014 selon les analystes privés et + 21,3 % selon l’organisme argentin des statistiques, l’INDEC.Lire aussi :Le système bancaire européen à l’abri des turbulences grecquesL’Argentine fait face à d’importants défis structurelsMalgré les immenses ressources naturelles dont elle dispose, l’économie argentine est aujourd’hui en difficulté. « Le pays n’a pas profité de la forte croissance enregistrée entre 2003 et 2009 pour diversifier son industrie et renforcer sa compétitivité », explique Christine Rifflart, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques.Depuis que la croissance mondiale ralentit, ses exportations de matières premières et ses réserves de change diminuent. Malgré une baisse de 11,4 % des importations à 65 milliards de dollars, son excédent commercial (6,8 milliards d’euros) a chuté pour la deuxième année consécutive : - 20,8 % en 2013 et - 16,5 % en 2014. Le contrôle des capitaux mis en place, fin 2011, est par ailleurs à l’origine d’un marché parallèle des devises et d’un phénomène de course au dollar.De l’avis du consensus des analystes privés plus crédible que les statistiques publiques, le pays a vu son produit intérieur brut (PIB) se contracter de 2 % en 2014 et resterait en récession en 2015 (- 0,9 %). Les autorités, pour leur part, ont retenu une croissance de 0,5 % en 2014 et de 2,8 % en 2015.Au début de l’année dernière, le peso argentin a été dévalué et les taux d’intérêt ont été relevés provoquant une baisse du pouvoir d’achat des Argentins, pour la première fois depuis dix ans. Pas de chance à l’orée d’une année électorale ! La présidente péroniste est en effet à la fin de son mandat et ne peut se représenter. L’élection présidentielle aura lieu le 25 octobre. data-tym-playerid="tym-player-kXsXJu6xMKjMcLbR95F" data-tym-title="Thomas Piketty : ceux qui cherchent le « Grexit » « sont de dangereux apprentis sorciers »" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/economie/video/2015/07/02/thomas-piketty-ceux-qui-cherchent-le-grexit-sont-de-dangereux-apprentis-sorciers_4668028_3234.html" data-tym-categories="crise-grecque,economie,international,grece,europe,emissions,videos,festival" data-tym-tags="crise-grecque,economie,international,grece,europe,emissions,videos,festival" data-tym-providerreference="kXsXJu6xMKjMcLbR95F" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterClaire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L’urgence, dans le « dossier grec », est désormais à l’attente. A laisser s’écouler, sans rien faire, les trois jours qui nous séparent du référendum du dimanche 5 juillet, programmé par Athènes pour demander aux Grecs s’ils approuvent ou non le projet d’accord avancé par les créanciers du pays.Car la porte, qui s’était légèrement entrouverte en début de semaine entre le gouvernement grec et ses créanciers – Fonds monétaire international (FMI), Banque centrale européenne (BCE), Commission européenne –, s’est brutalement refermée, mercredi 1er juillet.La chancelière allemande, Angela Merkel a décrété : pas de négociation, pas d’accord avant la tenue du référendum. Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a de nouveau appelé à voter non au référendum sur l’accord « réformes contre argent frais ». Et l’Eurogroupe (réunion des ministres des finances de la zone euro), prenant acte de ce double non, a refermé la porte à double tour.Pourtant, une fois passé l’effet de surprise de l’annonce (le 26 juin dans la nuit) du référendum, un certain nombre d’acteurs du dossier avaient cherché à rapprocher les parties et à aboutir à un accord.Lundi, mardi et encore mercredi matin, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, le président français, François Hollande, et le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem ont ainsi été à la manœuvre.Au risque d’être critiqués par ceux qui, en Allemagne ou parmi les ministres des finances de la zone euro, avaient déjà pris leur décision, considérant qu’il n’était plus temps, ni utile, de discuter avec Athènes avant d’avoir le résultat du vote populaire grec, dimanche.Récit de ces cinq jours.Vendredi 26 juin, l’annonce surprise d’un référendum Les négociations avaient repris entre Athènes et ses créanciers depuis le début de la semaine, afin de trouver un terrain d’accord sur les réformes à mettre en place en Grèce qui permettraient de débloquer 7,2 milliards d’euros d’aides.Entre le lundi 22 et le vendredi 26 juin, trois réunions des ministres des finances de la zone euro (Eurogroupe), un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro et un conseil européen se sont succédé. Vendredi, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker passe 14 heures à négocier avec le premier ministre grec, Alexis Tsipras.Mais, en pleine nuit, Alexis Tsipras annonce un référendum pour le 5 juillet sur le plan proposé par les créanciers. La décision est prise après le retour précipité de Bruxelles d’Alexis Tsipras, qui consulte pendant cinq longues heures son conseil des ministres – et obtient son soutien quasi unanime.L’effet de surprise est total. L’Elysée et la chancellerie berlinoise sont prévenus vendredi soir, alors qu’Alexis Tsipras a eu, le matin, une réunion trilatérale avec François Hollande et Angela Merkel, en marge du conseil européen. Jean-Claude Juncker n’appris la nouvelle qu’à son réveil, samedi matin, assure son entourage.En réalité, l’idée du référendum était discutée par Alexis Tsipras et ses proches collaborateurs depuis déjà quelques jours. « Lorsque nous avons compris, mardi 23 juin, que les créanciers ne nous donneraient rien, nous avons été très déçus et nous avons pensé au référendum », explique-t-on au gouvernement grec.Lire aussi :A Athènes, la querelle face à « ce référendum qui va nous diviser »Samedi 27 juin, la fin du plan d’aideL’Eurogroupe, réuni à Bruxelles dans l’après-midi, rejette une demande grecque d’une prolongation du plan d’aide dont bénéficie Athènes. L’accord d’assistance financière en cours avec la Grèce expirera donc le 30 juin.Dimanche 28 juin, l’instauration du contrôle des capitaux Alexis Tsipras annonce avoir reformulé la demande d’une extension du programme d’aide au pays. La requête a été adressée au président du Conseil européen et aux 18 dirigeants des Etats membres de la zone euro, ainsi qu’au président de la BCE, de la Commission et du Parlement européen.Dans l’après-midi, la Banque centrale européenne décide de maintenir sa ligne de financement d’urgence (dite ELA) aux banques grecques, mais elle n’en relève pas le plafond.Alexis Tsipras s’enferme avec son cabinet, rencontre le gouverneur de la Banque centrale grecque et confirme dans la soirée la mise en place dès le lendemain de mesures de contrôles des capitaux, ainsi qu’une fermeture des banques jusqu’au 7 juillet.Les Grecs se précipitent aux guichets des banques qui ferment les uns après les autres.Lire le décryptage :Grèce : à quoi sert le contrôle des capitaux ?Lundi 29 juin, l’appel au non d’Alexis Tsipras Jean-Claude Juncker prononce un discours musclé en milieu de journée. Il se dit trahi par Alexis Tsipras et appelle les Grecs à voter oui au référendum. Il a prévenu auparavant François Hollande de la teneur de ses propos.Plus tard, le soir, Jean-Claude Juncker appelle Alexis Tsipras lui enjoignant d’appeler à voter oui au référendum et d’envoyer de nouvelles propositions à l’Eurogroupe. Le premier ministre grec dit qu’il va réfléchir.Mais, un peu plus tard, dans un entretien à la télévision, Alexis Tsipras appelle à un non massif, faisant valoir que cela permettra à son gouvernement d’être en position de force pour négocier. Il assure aussi que si le oui l’emporte, il ne restera pas premier ministre à tout prix.Jean-Claude Juncker lui envoie un texto pour lui offrir une porte de sortie : accepter les conditions des créanciers ; demander une prolongation du programme d’aide avant minuit lundi ; demander une déclaration de l’Eurogroupe qui promettra de revoir la dette grecque en octobre 2015.Mardi 30 juin, les deux lettres du gouvernement grec Nouvelle série d’entretiens entre Alexis Tsipras et Jean-Claude Juncker, le président du Parlement européen Martin Schulz et enfin Paris. A l’issue de ces discussions, Alexis Tsipras envoie deux lettres aux créanciers, dont l’une après 22h30.Dans un premier document, il détaille les « prior actions », c’est-à-dire la liste des réformes à mettre en œuvre en Grèce et les dates de mise en œuvre. Cette liste, à quelques aménagements près, est proche des conditions fixées par les créanciers la semaine précédente.Dans le second document, le premier ministre grec demande aux créanciers la mise en place d’un troisième plan d’aide d’environ 30 milliards d’euros sur deux ans, ainsi qu’une renégociation de la dette.Jean-Claude Juncker réussit à convaincre Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, de convoquer une réunion d’urgence des ministres des finances de la zone euro. Celle-ci a lieu à 17 heures, par téléphone. Jean-Claude Juncker et Jeroen Dijsselbloem espèrent qu’Alexis Tsipras va, cette fois, appeler à voter oui, ou retirer son référendum.Ce dernier reprend les négociations. Lorsque l’opposition accuse le gouvernement de ne plus savoir où il en est, Alexis Tsipras déclare à la télévision publique grecque que le « référendum n’est qu’un pas de plus sur la voie de la négociation ».A ce moment-là, au sein de son cabinet, c’est la ligne modérée du vice-président Yannis Dragassakis qui a le vent en poupe : il faut profiter du choc provoqué par l’annonce du référendum pour tenter d’arracher d’ici à la fin de la semaine un accord de la dernière chance. Quitte à annuler ensuite le référendum.Mercredi 1er juillet, le non de Mme Merkel à tout accord avant le vote La Grèce n’a pas remboursé leS 1,6 milliard d’euros qu’elle devait au Fonds monétaire international (FMI) avant minuit le 30 juin.Jean-Claude Juncker appelle François Hollande au téléphone. Le président français pousse pour un accord, parle de la dette. La France, depuis des semaines, pousse pour un accord global avec Athènes, abordant aussi la question d’une renégociation des conditions de remboursement de la dette, une demande grecque insistante. Jean-Claude Juncker est lui aussi d’accord pour parler de la dette.A la mi-journée, François Hollande fait valoir officiellement sa position : « Il faut être clair, l’accord, c’est tout de suite ! », déclare-t-il.En fin de matinée, Alexis Tsipras prévient qu’il va de nouveau s’adresser à la nation. Mais son allocution se fait attendre. En fait, le premier ministre grec attend que la chancelière allemande parle à Berlin devant le Bundestag. « Nous ne saurons jamais ce que Tsipras s’apprêtait à dire avant, mais il a ajusté son texte en fonction de ce qu’a dit Merkel », croit savoir une source gouvernementale.En l’occurrence, la chancelière allemande annonce catégoriquement qu’il n’y aura aucune discussion et aucun accord avant la fin du processus de référendum.Lire le récit :La crise grecque met le tandem franco-allemand à l’épreuveEn fin d’après-midi, sonné par la fermeté d’Angela Merkel, le premier ministre grec choisit d’insister sur le « non » en repoussant, lui aussi à l’après référendum la conclusion d’un éventuel accord.Un peu plus tard, l’Eurogroupe, qui devait examiner la demande grecque d’ouverture d’un troisième plan d’aide, rejette cette dernière, au motif que le gouvernement grec, qui fait campagne pour le non à l’accord proposé, ne peut en même temps continuer à négocier.C’est la fin de l’espoir d’un accord de dernière minute. Dans l’entourage d’Alexis Tsipras, la ligne dure, qui ne croit pas au « compromis à tout prix », reprend la main.Le ministre des finances, Yanis Varoufakis et le ministre d’Etat, Nikos Pappas montent au créneau et expliquent aux Grecs pourquoi il est plus nécessaire que jamais de voter non au référendum.L’objectif pour le gouvernement grec est désormais d’obtenir le score le plus important possible dimanche pour affermir sa légitimité face à Bruxelles. Pour l’instant les sondages placent le non en tête. Pour la première fois, un sondage réalisé mardi, avant la dernière allocution d’Alexis Tsipras mercredi 1er juillet, donnait l’avantage au oui. data-tym-playerid="tym-player-x2w1tc5" data-tym-title="Grèce : quels sont les scénarios possibles ?" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/economie/video/2015/06/30/grece-quels-sont-les-scenarios-possibles_4664784_3234.html" data-tym-categories="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-tags="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-providerreference="x2w1tc5" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martin Untersinger Une erreur, ça peut arriver à tout le monde, même à la justice britannique. Amnesty International en a fait l’expérience en recevant récemment un courriel du président de l’Investigatory Powers Tribunal (IPT), la cour chargée des services de renseignement britanniques. Dans son message d’excuses, ce dernier expliquait que dans un jugement récent, le tribunal avait confondu Amnesty avec une organisation non gouvernementale (ONG) égyptienne de défense des droits de l’homme.Lire aussi :Les dérives des espions britanniquesLe tribunal avait reconnu, le 22 juin, que le Government Communications Headquarters (GCHQ — littéralement le « Quartier général des communications du gouvernement »), la puissante agence de renseignement chargée des écoutes, avait mis sur écoute Amnesty international ; une surveillance théoriquement légale, mais dans laquelle plusieurs règles de procédure n’ont pas été respectées. En raison d’une confusion dans la nomenclature utilisée pour désigner les plaignants, c’est l’organisation égyptienne qui a été présentée initialement comme victime.Eric King, le président de l’ONG Privacy International, qui ferraille depuis des années contre le GCHQ, a estimé que cette confusion était « grotesque » :« Cela met bien en évidence le problème avec les tribunaux secrets, où seule une partie peut examiner les preuves. Cinq juges expérimentés ont inspecté des preuves secrètes, vraisemblablement sans les comprendre, et ont rendu un jugement qui s’est révélé faux. Nous devons comprendre pourquoi et comment cela a été possible. »Sur le fond, Salil Shetty, le secrétaire général de l’ONG a vivement réagi, dans un communiqué :« C’est scandaleux que ce qui a été souvent présenté comme les pratiques des dirigeants despotiques ait lieu sur le territoire britannique, par son propre gouvernement ! Comment pouvons-nous espérer mener notre travail crucial dans le monde entier si la correspondance que nous avons avec les défenseurs des droits de l’homme et les victimes d’abus peuvent finir entre les mains du gouvernement ?! »C’est en effet sur des points de détail que le tribunal a jugé la surveillance menée par le GCHQ illégale, et rendu du même coup ladite surveillance publique. Les juges ont estimé que l’espionnage de l’une des plus grandes ONG de défense des droits de l’homme par une grande démocratie occidentale était parfaitement légal.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 08.07.2015 à 11h37 • Mis à jour le08.07.2015 à 12h26 Trois jours après le non du référendum grec et à quelques jours de « la date butoir finale » fixée par l’Europe pour trouver une solution à la crise, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a affirmé, mercredi 8 juillet au matin devant le Parlement européen, que son gouvernement est prêt « à prendre [sa] responsabilité historique ».« Nous voulons trouver un compromis honorable pour éviter une rupture avec la tradition européenne. (...) Je suis convaincu que dans deux ou trois jours, nous serons capables d’honorer nos obligations. » Le premier ministre grec a salué « un choix courageux » du peuple grec qui a voté non au référendum. Mais il a aussitôt affirmé que ce choix n’est pas celui « de la rupture avec l’Europe, mais un rappel des principes fondateurs de la démocrartie, du respect mutuel et de l’égalité ».« Nous avons reçu mandat de nous efforcer de trouver une solution durable et juste à la question grecque, sans l'austérité extrême qui condamne l'économie à un cercle vicieux avec une récession forte. (...) Ne laissons pas l’Europe se diviser. Nous portons tous une responsabilité historique. » Un « lieu d’expérimentation de l’austérité »M. Tsipras a déploré la situation actuelle et les réformes passées, qui « n’ont pas amélioré le bien commun », faisant de son pays un « lieu d’expérimentation de l’austérité, [qui] a échoué ». Il a cependant voulu préciser que « tous les maux du pays [ne] sont [pas] à mettre sur le dos des vilains étrangers ».« Si la Grèce est dans cette situation, c'est parce que pendant des décennies, les gouvernements ont gouverné de façon clientéliste, en soutenant la corruption, sans contrôler la fraude fiscale des plus riches. Au plus fort de l'austérité, les 10 % les plus riches ont été épargnés. »Alexis Tsipras a donc évoqué des réformes permettant « une juste répartition [du] fardeau et le moins de risques de récession possible », la lutte contre l'oligarchie et les cartels, la modernisation de l'Etat et la lutte contre l'évasion fiscale.Selon nos informations, le gouvernement d’Alexis Tsipras travaille en effet depuis mars à un projet visant à rapatrier, dans des conditions avantageuses, plusieurs dizaines de milliards d’euros de fonds placés sur des comptes en Suisse, à Londres et dans d’autres places financières offshore.Lire aussi :La Grèce tente de faire revenir ses évadés fiscaux« Ce sont nos priorités, et nous attendons l'accord de nos partenaires sur ces priorités. Nous voulons nous en prendre aux mentalités qui ont enfoncé la Grèce et l'Europe. » Chaude Ambiance au parlement europeen..les NO/OCHI supportent Tsipras et conspuent le leader du parti populaire europeen qui attaque Tsipras— Adea_Guillot (@adea guillot)require(["twitter/widgets"]);Les prochaines échéances Jeudi : La Grèce doit envoyer la liste des réformes qu'elle s'engage à mener un échange d'un nouveau plan d'aide. Samedi : Réunion des ministres des finances de la zone euro pour discuter de la proposition grecque. Dimanche : Sommet avec les 28 dirigeants de l'Union européenne pour décider d'un nouveau plan d'aide ou d'un Grexit. 08.07.2015 à 08h58 • Mis à jour le08.07.2015 à 09h02  La Grèce a obtenu un sursis pour présenter un plan de réformes et déposer une demande officielle d'aide au Mécanisme européen de stabilité (MES).En contrepartie, la Grèce devra proposer d'ici jeudi une amélioration des propositions du 30 juin.Un nouveau sommet réunissant les 28 dirigeants de la zone euro se tiendra dimanche.Un scénario détaillé prévoyant une sortie grecque de la zone euro a été préparé, selon le président de la Commission européenne. Pierre Moscovici pense qu’une issue à la crise grecque peut être trouvée dimanche 12 juillet, lors du nouveau sommet réunissant les 28 dirigeants européens. « D’ici à dimanche, une solution doit être trouvée, je crois qu’elle peut l’être », a déclaré le commissaire européen aux affaires économiques et financières, mercredi matin sur France 2.« Je pense qu’on est plus proche d’un accord qu’on ne l’était dimanche dernier ou la semaine dernière. »Trois jours après le non du référendum grec, l’Europe a fixé une « date butoir finale » pour résoudre la crise. « J’espère que cela sera notre dernière rencontre sur la Grèce. J’espère que nous pourrons trouver une conclusion heureuse », a expliqué mardi le président du conseil italien, Matteo Renzi, à la sortie du dîner des dirigeants de la zone euro.Oui un accord est possible, indispensable. Nous devons éviter le #Grexit. La balle est dans le camp de la #Grèce— pierremoscovici (@Pierre Moscovici)require(["twitter/widgets"]);« La balle est clairement dans le camp des autorités grecques […], a ajouté M. Moscovici, ancien ministre de l’économie français. Nous attendons dans les heures qui viennent une demande d’assistance financière. » Athènes devrait, en effet, solliciter un troisième plan d’aide en échange de contreparties dont on ne connaît pas encore le contour exact. Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a dit mardi soir espérer une « sortie finale de la crise », en trouvant « un accord socialement juste et économiquement viable ».Lire aussi :L’Europe se fixe une « ultime date butoir » pour décider du sort de la GrèceLa France et l’Allemagne – auxquelles le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a présenté dès mardi après-midi une note contenant les propositions d’Athènes – ont une approche commune sur la crise grecque, malgré des « différences de sensibilité », a assuré Pierre Moscovici. Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Annick Cojean La tourmente bancaire a, dans la vie quotidienne des Grecs, des conséquences inattendues. Vasso et Kostas se marient samedi 11 juillet dans un petit village perdu dans les montagnes du Pélion. Un coin de Grèce qui se méfie autant des chèques que des terminaux de carte bancaire et où la moindre transaction ne se conçoit qu’avec des espèces sonnantes et trébuchantes. Le financement du mariage avec ses deux temps forts – une cérémonie religieuse et une fête à la taverne du village – est donc devenu un sujet de tracas.« C’est à moi, en tant que témoin, qu’il appartient de verser de l’argent au prêtre, explique Fenia, une jeune femme d’Athènes. 200 euros, ce n’est pas excessif. Mais quand on ne peut retirer que 60 euros par jour à la banque, cela se planifie ! » Comme elle aide de surcroît ses deux parents qui ont perdu leur entreprise dans la crise et sont au chômage, elle retire donc 60 euros un jour pour son propre compte, 60 euros le lendemain pour ses parents. « Collecter les 200 euros pour le prêtre risque de prendre du temps ! Il me sera impossible de participer aussi aux frais du repas. »Débrouillardise et solidaritéLe restaurateur a été très clair : pas question de faire crédit pour une noce de 200 personnes. Le marié s’est donc résolu à faire, par Internet, un virement de 60 euros à chacun des invités, lesquels devront en retour retirer 60 euros à un distributeur et les lui remettre samedi pour payer la taverne.Débrouillardise et solidarité : voilà comment de nombreux Grecs répondent à la fermeture de leurs banques et au contrôle des capitaux qui s’est abattu sur eux le 29 juin. En soit, vivre avec 60 euros par jour ne pose aucun problème : cela représente 1 800 euros par mois alors qu’ils sont nombreux à ne toucher que 800 euros de salaire. Mais dans un pays où l’argent liquide règne en maître, la mobilisation soudaine d’une grosse somme pour payer son loyer ou une opération médicale est un casse-tête.Certes, le gouvernement a tenté d’alléger la pression en accordant un délai pour acquitter des factures d’eau et d’électricité, ainsi que toute dette à l’égard de l’administration (impôts, cotisations sociales, timbres fiscaux, frais de justice, amendes…). Il a également proclamé que chaque commerçant devait accepter le paiement par carte. Mais c’est très loin d’être le cas. Nombreux sont les restaurateurs ou prestataires de services qui préviennent d’emblée qu’ils n’acceptent que du liquide, tous les Grecs sont à la recherche de cash et l’attente devant un distributeur de billets fait désormais partie des rituels quotidiens.L’idéal, pour un salarié, est donc d’être payé en espèces. La chaîne de supermarchés Sklavenitis en a pris l’initiative pour rémunérer l’ensemble de son personnel dès le 30 juin. De petits commerçants et artisans ont fait de même. Comme la pharmacienne Maria Sakopoulou, qui, disposant d’argent liquide versé par ses clients, a pu payer sans problème ses neuf employés. « Cela leur évite de perdre des heures aux distributeurs. » Les autres prennent leur mal en patience, différant tous les achats conséquents ou non nécessaires (vêtements, ameublement, voitures) pour se concentrer sur les urgences quotidiennes (nourriture, médicaments, essence).« Le contrôle bancaire est le coup de pied qui va les pousser du haut de la falaise », Vasilis KorkidisQuitte à faire des provisions par crainte d’une pénurie qui n’existe pas encore mais que la difficulté de certains détaillants à régler leurs fournisseurs et l’interdiction de transactions avec l’étranger pourrait rapidement provoquer. Quand on fait le plein d’essence, on remplit en plus un jerrican. Quand on va au supermarché, on triple ses achats de nourriture non périssable : riz, pâtes, lait pasteurisé… On court chez son médecin pour avoir une ordonnance et à la pharmacie on achète en double des médicaments – les diabétiques, notamment, sont inquiets de manquer d’insuline. « La semaine dernière, c’était la folie, la pharmacie ne désemplissait pas, raconte Maria Sakopoulou. Il n’y a pourtant pas de raison de s’inquiéter des stocks à court terme. Sauf pour quelques médicaments uniquement fabriqués à l’étranger. »Evidemment, ces nouveaux comportements ont eu un impact immédiat sur l’économie. La Confédération nationale du commerce hellénique, qui représente 650 000 petites entreprises et 2,5 millions de salariés, publie mercredi 8 juillet un rapport pointant une baisse de 70 % de la consommation entre le 27 juin et le 7 juillet et une perte, pour l’économie grecque, de 1,2 milliard d’euros. « C’est dramatique, déplore Vasilis Korkidis, le président de la Confédération. Avant le contrôle bancaire, beaucoup de petites entreprises étaient déjà fragilisées par la crise. Cinquante-neuf d’entre elles fermaient la porte chaque jour et 613 emplois étaient supprimés. La décision gouvernementale est le coup de pied qui va les pousser du haut de la falaise. »Or et diamantsIl y a l’étranglement dû à l’arrêt total des achats dans certains secteurs (les magasins de vêtements, à Athènes, sont quasiment vides). Et celui dû à l’intransigeance de fournisseurs et partenaires à l’étranger qui stoppent toute livraison faute de paiement immédiat. Or, la Grèce importe 52 % de ses produits d’alimentation, une grande partie de médicaments et la majorité des nourritures animales, ce qui peut avoir un effet à court terme sur la production d’œufs, de fromage, de viande, etc.Enfin, les exportateurs grecs sont également pénalisés, incapables de payer transport et stockage de leurs produits à l’étranger, et leurs banques ne pouvant fournir les garanties exigées par leurs partenaires. « Nous voici coupés du monde sur le plan bancaire », résume Vasilis Korkidis. Les entrepreneurs ont donc demandé instamment au gouvernement de lever l’interdiction de transactions à l’étranger, au moins pour des produits prioritaires, et avec un plafond de 12 500 euros. « Il faut un accord avec les créanciers européens au plus vite, insiste M. Korkidis. Ce sont les entrepreneurs les plus vertueux, qui ont gardé leurs capitaux en Grèce, qui sont les plus pénalisés. Ce n’est pas juste ! »Reste l’angoisse des particuliers à l’idée d’une possible saisie de l’Etat sur leurs avoirs bancaires (comme à Chypre, en 2013) ou d’une brusque conversion de leurs euros en drachmes. Certains s’empressent de payer toutes leurs dettes, pour n’être pas pris à la gorge en cas de chute soudaine de ressources. D’autres s’empressent de vider eux-mêmes leurs comptes en… consommant du luxe. Les joailliers du centre d’Athènes ont tous noté le phénomène. Or, valeur refuge ; diamants, valeur éternelle. Ainsi ce couple de Grecs qui, mardi, dans une bijouterie de la rue Panepistimiou, achetait une bague précieuse. Pas pour madame, mais pour leur fille. Pour le jour, peut-être très lointain avouaient-ils, où elle se marierait.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteAnnick CojeanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 07.07.2015 à 17h17 • Mis à jour le07.07.2015 à 18h43 | Samuel Laurent « Le Front national (…) est, toutes choses égales par ailleurs, une forme de Syriza à la française, d’extrême droite. Mais, d’ailleurs, vous voyez cette coagulation des contraires se faire : qui adore Syriza chez nous ? Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Avec qui s’allie Alexis Tsipras en Grèce ? Avec son extrême droite souverainiste. »Cette phrase du ministre de l’économie, Emmanuel Macron, qui comparaît, lundi 6 juillet, le parti au pouvoir en Grèce au Front national français, a beaucoup agacé au Parti socialiste et à gauche. Pourtant, cet amalgame assimilant Syriza et FN est assez répandu, notamment à droite. « Il y a deux personnes qui se sont réjouies de l’arrivée de ce gouvernement invraisemblable en Grèce – invraisemblable ! – c’est M. Mélenchon et Mme Le Pen », avait lancé Nicolas Sarkozy en mars. Depuis, il ne perd pas une occasion d’évoquer en Syriza « les amis de Mme Le Pen ». Qu’en est-il réellement ?1. Syriza est-il de gauche ou d’extrême gauche ?« Syriza » est un acronyme qui signifie « coalition de la gauche radicale ». Treize partis la composent, qui vont des écologistes aux maoïstes en passant par des communistes, des trotskistes… Sa principale composante, Synaspismós, dont Alexis Tsipras était le président, est un parti qui coalisait déjà socialistes, écologistes et communistes.On peut donc classer le parti (la coalition de départ a changé son statut pour en devenir un) à la gauche du Pasok – l’équivalent grec du Parti socialiste français –, dans la catégorie « gauche radicale » ou « extrême gauche ». Mais sa naissance et sa croissance sont étroitement liées à l’histoire de la crise économique et des mesures d’austérité imposées à Athènes.L’ascension de Syriza date de la crise : encore très minoritaire en 2009, la coalition doit attendre 2012 pour passer devant le Pasok. Toujours en 2012, face à Syriza, une coalition réunissant deux partis de gauche (Pasok et Gauche démocrate) se forme pour défendre le respect des accords avec l’Union européenne et le Fonds monétaire international.Syriza incarne alors le parti « anti-austérité », et son programme est résolument orienté en ce sens, et n’est sans doute pas pour rien dans sa victoire de janvier. Néanmoins, et contrairement à ce qu’on peut entendre ou lire, Syriza n’est plus favorable à une sortie de la Grèce de la zone euro – même si l’âpreté des négociations avec les créanciers du pays a ravivé les voix discordantes dans le parti.2. Le parti grec est-il allié à l’extrême droite ?En 2015, Syriza arrive en tête aux législatives, mais à deux sièges de la majorité absolue. Le parti doit donc composer une coalition pour gouverner.Or, il n’est pas aisé de trouver une autre formation anti-austérité : du Pasok à Nouvelle Démocratie (droite) en passant par To Potami (centre), la plupart des formations sont contre le programme de Syriza.Alexis Tsipras choisit donc une alliance « contre nature » : il va chercher le parti des Grecs indépendants (ANEL), dirigé par Panos Kammenos, transfuge de Nouvelle Démocratie, connu pour ses discours très populistes, voire conspirationnistes, et pour quelques scandales financiers. Volontiers outrancier, il affirmait en décembre 2014 que « les bouddhistes, les juifs et les musulmans ne payaient pas d’impôt », contrairement à l’Eglise orthodoxe, qui « risquait de perdre ses monastères ». Lui aussi hostile à la politique d’austérité, il a multiplié les discours agressifs contre la « troïka » UE-BCE-FMI.Peut-on qualifier l’ANEL de parti d’extrême droite ? Sur le plan social, le parti est résolument conservateur : très favorable à l’Eglise orthodoxe et à son influence sur la société, il tient des discours fortement anti-immigration, et ne perd jamais une occasion d’exalter le nationalisme grec.Néanmoins, il n’est pas allié au Front national français, mais à… Nicolas Dupont-Aignan et à son parti, Debout la France (DLF). Libération citait un historien grec, Nikolas Bloudanis, qui estimait que, transposé à la France, « il regrouperait la droite de l’UMP et la gauche du FN ». En Grèce, il existe un parti d’extrême droite bien plus virulent (et qui connaît un meilleur succès) : Aube dorée, qu’on peut qualifier de « néonazi ».3. Peut-on dire que Syriza a les mêmes idées que le FN ?Cette alliance entre gauche radicale et droite dure peut sembler contre nature. Mais, comme Ilias Nicolacopoulos, professeur de sciences politiques, l’expliquait dans Le Figaro, « les électorats d’ANEL et de Syriza ne sont sociologiquement pas si éloignés que cela. Des couches populaires de droite ont voté pour Syriza ». En réalité, dans la Grèce de 2015, la ligne de démarcation politique principale se construit avant toute chose autour du soutien ou non aux mesures d’austérité. Et si l’ANEL et Syriza sont alliés, le pouvoir est du côté de Syriza, pas du parti de Kammenos, qui n’a obtenu qu’un ministère, certes d’importance (la défense).Au-delà de cette alliance, rien dans le programme de Syriza ne permet de qualifier ce parti d’extrême droite : il est favorable à l’immigration ; défend des aides pour les plus pauvres et un Etat providence augmenté ; veut créer de l’emploi public, rétablir un salaire minimal… Surtout, Syriza veut faciliter les naturalisations et le regroupement familial, aux antipodes de la politique migratoire du FN français.Emmanuel Macron a tenté de rectifier lui-même le tir, sur Twitter : assimiler Syriza et le FN n’a pas grand sens.Aucune confusion possible entre le FN et Syriza, issu de la gauche grecque qui s’est construite dans la résistance face au nazisme 3/4— EmmanuelMacron (@Emmanuel Macron)require(["twitter/widgets"]);D’ailleurs, si le FN n’a de cesse de tresser des couronnes à Syriza, la formation grecque, elle, le refuse fermement. Dans un communiqué retransmis par le Parti communiste en France, Syriza explique que ses succès électoraux sont au contraire « un bastion contre la montée de l’extrême droite que représente Marine Le Pen, mais aussi un message pour la défense de la démocratie contre ses ennemis. Nos partenaires et nos soutiens français sont divers et ils s’élargissent. Ils sont de gauche ».Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Annick Cojean L’heure du bouclage de son journal étant avancée à 22 heures le vendredi, soit deux heures plus tôt que les autres jours, Dimitri Psarras avait décidé, ce 26 juin, d’aller rejoindre quelques collègues et amis pour fêter l’anniversaire de son épouse, également journaliste à Efimerida Ton Syntackton, « Le journal des rédacteurs », proche de Syriza.Tignasse et barbe blanches, yeux doux et trogne sympathique, Psarras est une figure du journalisme d’investigation en Grèce et presque un mythe pour de nombreux reporters qui vénèrent ses enquêtes implacables sur les militants néonazis d’Aube Dorée, le parti d’extrême droite.La fête battait son plein, dans la douceur de la nuit athénienne, quand soudain, sur le coup de 1h20 du matin, le visage du premier ministre Alexis Tsipras apparut sur la télévision. Tous les convives se ruèrent vers l’écran et Psarras, regardant instinctivement sa montre, pensa immédiatement : « Vite, stopper les rotatives, bouleverser la Une du journal de samedi ». L’annonce du référendum était un énorme coup de théâtre.C’était hélas trop tard. Un autre journal était déjà sous presse. Un quotidien conservateur – Kathimerini – avec un tirage de 25 000 exemplaires, le double de celui de Psarras, et propriété du groupe possédant l’imprimerie. Impossible donc de négocier.La nuit fut courte. Blogs, tweets, postes sur Facebook, et téléphone : toute la médiasphère s’enflamma. L’équipe de 80 personnes du Journal des Rédacteurs, créé en 2012 sous forme de coopérative (tous les journalistes sont payés 1 000 euros) et sur les ruines d’un journal brusquement fermé, était sur le pont. Et le lendemain, décision était prise de faire pour dimanche une édition spéciale avec pour manchette le mot « Dignité ».Sophistiquer un débat s’annonçant sans nuances« Il fallait aller vite, raconte le journaliste, donner le ton, soutenir l’initiative du premier ministre qui, franchement, n’avait pas d’autre choix que ce référendum, et contrer le rouleau compresseur des médias qui, dans leur quasi-totalité, allaient sonner l’alerte générale, torpiller Tsipras, transformer sa question en un « Pour ou contre l’Europe » et appeler à une déferlante de “oui”. » L’édito, non signé, fut titré : « Le “non” est pour l’Europe » et tentait de sophistiquer un débat qui s’annonçait sans nuances. « C’est une sacrée responsabilité d’aller contre la vague et d’appeler au vote “non”, affirme Dimitri Psarras dans les locaux étroits de sa rédaction. Car personne ne peut prédire les conséquences du “non”. On bute sur la question du lendemain, on fonce vers l’inconnu. J’ai encore l’espoir d’un compromis avant samedi. Mais je crains que cette crise soit pour l’Europe l’opportunité de se débarrasser de ce gouvernement qui ose remettre en cause son idéologie et qu’elle abhorre. » L’important, dit-il, est de donner aux lecteurs la possibilité de se faire une opinion en ouvrant tous les champs de réflexion possibles, « ce que s’interdisent 90 % des médias, tous entre les mains d’oligarques. » Une gageure dans le délai si court d’une semaine. « Mais ce n’est pas plus mal, relativise le journaliste. Quand on voit la propagande en cours, les rumeurs et les tentatives d’intoxication, je me dis que deux ou trois semaines de campagne auraient été dévastatrices. »« On improvise, conscients de vivre l’Histoire »Peut-être. Mais là, à quelques jours du scrutin, les médias grecs roulent à tombeau ouvert, excités, affolés, frénétiques, transformant les antennes de télévision en flux constant de débats et de flashs d’information aux allures de thriller, ou multipliant les manchettes et Unes fracassantes.« En 31 ans de journalisme et la couverture de 27 élections, je n’avais encore jamais vécu un référendum », explique l’éditorialiste conservateur Yannis Pretenderis, qui officie à la fois dans la presse écrite – en signant un éditorial chaque jour dans Les Nouvelles, le dimanche dans La Tribune – et qui intervient chaque soir au journal télévisé de la télévision privée Mega.« Alors on improvise, conscients de vivre l’Histoire ! On ne connaît pas les règles à suivre, les instituts de réglementation sont dépassés. Pour des élections parlementaires, on sait faire. Tout est structuré par les partis. Mais là, ça part dans tous les sens et les cartes sont brouillées. »Il n’empêche. Il est partisan du vote « oui », le clame sur les antennes comme un vote d’évidence et de raison, et à la question : « Avez-vous de l’influence ? », s’exclame en riant : « J’espère bien ! » Car il est urgent, dit-il, d’expliquer aux électeurs que la vraie question est « la drachme ou l’euro ? » « C’est ainsi que tous les leaders politiques européens résument la question posée pendant que le pauvre type qui nous gouverne s’obstine à nous dire : acceptez-vous la proposition 27 du texte de X pages des créditeurs ? Quelle inconséquence ! », tempête-t-il.Acteurs, mais très vulnérablesObservateurs, les médias ? Voyons ! se récrie le professeur George Pleios, directeur du laboratoire de recherches sociales sur les médias d’Athènes. « Ce sont plutôt des acteurs. Et encore plus dans une Grèce en crise, où ils sont devenus eux-mêmes très vulnérables économiquement, et prêts à troquer soutien politique contre aides financières. »Attention, prévient-il, le système, autrefois très simple, s’est complexifié. Les médias privés grecs appartiennent tous à des grandes familles ou des groupes travaillant dans la construction, la banque ou l’armement maritime. Longtemps, ces derniers ont beaucoup travaillé avec l’Etat, bénéficiant de ses commandes (routes, bâtiments publics, ensembles olympiques), de ses relations et intercessions, et de ses achats de publicité.Mais la crise a bouleversé la donne. L’Etat n’ayant plus d’argent, les groupes sont devenus dépendants des banques, lesquelles ont été renflouées par les institutions internationales qui attendent, en échange, une coopération disciplinée du gouvernement grec soutenu normalement par les médias.« Ce système est si connu qu’il a un nom : “Diaploki” qui signifie imbrication. Autrement dit : liaisons incestueuses entre industrie, finances, politique… et médias, analyse M. Pleios. C’est une constante grecque. Et cela explique que tous les grands médias privés soient alignés comme un seul homme derrière les leaders européens. Leur vie en dépend. » Et c’est notamment pour ça, insiste le professeur, que Syriza et ses ruades remettant en cause le système sont, depuis la première heure, la bête noire des médias.Consensus pour ne pas rompre avec l’EuropeLe journaliste Pavlos Tsimas, réputé pour sa modération et qui travaille à la fois pour le quotidien Kathimerini et la radio Skaï – qui appartiennent à la famille Alafouzos, des armateurs de Santorin –, apporte un autre éclairage : « Depuis les années 1970, l’élite politique, économique et intellectuelle de ce pays a fait le choix de l’Europe, convaincue que ce petit coin de la planète, entre Turquie et Balkans ne serait en sécurité que sous l’ombrelle de l’Europe. C’est donc aussi un choix existentiel ». Et puis il y a l’angoisse de ce qui suivra, en cas de divorce. « L’establishment a beaucoup à perdre et s’inquiète déjà de la nouvelle élite qui émergera : des mafieux dont l’argent est obscur et ne participe pas à l’économie de la Grèce. » Tout cela, dit-il, explique ce consensus des gens de médias pour ne pas rompre avec l’Europe. « Les rédactions ne sont pas monocolores mais c’est très difficile de rester mesuré. Le débat est si binaire et le public si méfiant qu’un journaliste trop balancé et trop subtile est tout de suite accusé d’être hypocrite, propagandiste caché, et donc discrédité ! »« Nous, on donne la parole aux fantômes »Reste ERT, le service public de la radio-télévision grecque réouvert le 11 juin. On l’attend au tournant bien sûr, en se demandant s’il trouvera le ton d’une indépendance politique qui lui a si longtemps manqué.Lire aussi :Grèce : le groupe audiovisuel public ERT a repris l’antenneMais Nikos Tsimpidas, le patron de l’information de la radio est confiant. « Notre différence ? Faire entendre la société, donner la parole aux gens, à la Grèce qui subit et qui souffre, pas qu’à celle qui décide et commente, revendique-t-il. Les autres médias font débattre les partis. Nous, on donne la parole aux fantômes des médias privés. »Ils ont évoqué largement les files d’attente aux distributeurs, dit-il, mais ils n’ont jamais raconté les queues devant les distributions de nourriture ou l’angoisse des chômeurs devant le bureau de l’emploi. « Eh bien, c’est notre rôle ! Il y aura les médias du système. Et puis nous, qui ne sommes pas la voix de Syriza. C’est David contre Goliath. » Et puis il y a Internet. Il suffit d’aller à une manifestation place Syntagma pour que tous les jeunes vous disent bouder la télévision et le bal des « talking heads » pour s’informer sur des sites dont ils s’échangent l’adresse sur les réseaux sociaux. Et dans cet espace, Syriza, pour une fois, a une longueur d’avance. A tel point que Yannis Pretenderis parle de « l’armée électronique de Syriza ». Une longue exclusion des médias traditionnels a en effet obligé le mouvement à investir Twitter et la blogosphère. Oui, pour prendre le pouls de ce pays aux cent médias mais sans boussole, Internet est désormais crucial.Annick CojeanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Benoît Vitkine Moscou souffle le chaud et le froid avec ses voisins baltes. Le 25 mai, le président du Parlement russe, Sergueï Narychkine, assurait dans un entretien à la télévision lettone vouloir des « relations normales avec les Etats baltes ». Précision importante, tant l’annexion de la Crimée par la Russie et sa politique agressive envers l’Ukraine ont inquiété son voisinage, M. Narychkine indiquait qu’il considérait les trois pays baltes – Estonie, Lettonie, Lituanie – comme « des pays indépendants et souverains ».Un mois plus tard, c’est un signal bien différent qui est envoyé par Moscou. Mardi 30 juin, le parquet général russe a indiqué avoir ouvert une enquête visant à vérifier la légalité de la décision des autorités soviétiques de reconnaître, en 1991, l’indépendance des trois pays baltes qui faisaient auparavant partie de l’URSS.Deux députés du parti au pouvoir Russie unie avaient annoncé mi-juin avoir adressé une demande en ce sens au procureur général de Russie, Iouri Tchaïka. Selon Evgueni Fiodorov et Anton Romanov, le Conseil d’Etat de l’URSS a reconnu, le 6 septembre 1991, l’indépendance proclamée par la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie un an auparavant, sans toutefois apporter à la Constitution de l’Union soviétique les amendements nécessaires. Les deux élus font en outre valoir que ce Conseil d’Etat de l’URSS, formé notamment par le président de l’Union soviétique et les présidents de toutes les Républiques de l’Union, était lui-même un organe inconstitutionnel.Le rattachement de la Crimée à l’Ukraine jugé illégalL’affaire sonne d’autant moins comme une blague que ce même parquet général avait jugé illégal, la semaine passée, le rattachement administratif de la Crimée à l’Ukraine en 1954. Le parquet, qui estimait pour arriver à cette conclusion qu’« en vertu de la Constitution de l’URSS, le Conseil suprême de l’Union soviétique n’avait pas le pouvoir de modifier le territoire des Républiques soviétiques », précisait toutefois qu’il n’était pas en mesure de saisir la justice pour réclamer la validation juridique de cette constatation, car il se serait agi de « contester une loi de l’URSS », un pays qui n’existe plus.L’annonce du parquet russe a d’ores et déjà provoqué des réactions courroucées de la Lituanie, qui l’a qualifiée de « provocation ». « Notre indépendance a été obtenue par le sang et avec les sacrifices du peuple lituanien. Personne n’a le droit de la menacer », a souligné la présidente lituanienne, Dalia Grybauskaite, dans un communiqué. Sur un ton plus léger, le père de l’indépendance du pays, Vytautas Landsbergis, a estimé que Vilnius disposait d’éléments questionnant la légalité de l’Etat russe. « Qu’est-ce que c’est que cet Etat qui a détrôné son tsar et l’a tué, ainsi que ses enfants ? » a ironisé M. Landsbergis.Incidents frontaliersLe chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a pour sa part indiqué ne pas être au courant de cette nouvelle procédure. « Je n’ai pas entendu parler d’une telle demande, a-t-il déclaré à des journalistes à Vienne. Je ne sais qu’une chose, c’est que nous avons des relations diplomatiques avec les pays baltes. »Depuis plusieurs mois, et malgré de fréquents incidents frontaliers, Moscou semble soucieux de rassurer ses voisins baltes sur ses intentions. Il n’est pas à exclure que la démarche initiée par les députés Fiodorov et Romanov l’ait été sans validation du Kremlin. Même si elle est devenue, sous la présidence de Vladimir Poutine, une simple chambre d’enregistrement, la Douma est souvent utilisée pour présenter toutes sortes de propositions, reflétant souvent la ligne la plus dure du régime russe.Mais l’initiative met surtout en évidence la vague révisionniste qui s’est abattue sur la Russie. En novembre 2014, Vladimir Poutine s’interrogeait à haute voix sur « ce qu’on peut bien reprocher » au pacte Molotov-Ribbentrop, cet accord signé en 1939 entre l’URSS et l’Allemagne nazie et dont un protocole secret ouvrait la voie à l’invasion par Staline d’une partie de l’Europe orientale, pays baltes y compris.Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Nicolas Chapuis François Hollande et Angela Merkel n’avaient jamais affiché aussi clairement leur différence de vues sur la question du sauvetage de la Grèce. En marge d’une visite à Lyon, mercredi 1er juillet, le chef de l’Etat a pris le contre-pied de la chancelière allemande, qui avait rejeté toute idée de reprise des négociations avant le référendum qui doit se dérouler en Grèce, dimanche 5 juillet. « Il faut être clair : l’accord, c’est tout de suite, il ne peut pas être différé, il faut qu’il vienne », a déclaré M. Hollande.Pas question, selon lui, d’attendre le vote des Grecs :« Je veux qu’on puisse trouver un accord en fonction des règles européennes. Il doit être trouvé avant le référendum, ça n’aura plus grand sens après la consultation. S’il ne peut pas être trouvé, alors le référendum aura lieu avec les conséquences que l’on sait. »Lire les dernières informations dans notre direct consacré à la situation en Grèce« Affirmations péremptoires »Ces déclarations sont faites alors qu’Alexis Tsipras, le premier ministre de la Grèce, a formulé de nouvelles propositions de réformes, mardi 30 juin dans la soirée. Le contenu de sa lettre se rapproche des demandes des créanciers, selon un proche des négociations.Mais cela n’a visiblement pas satisfait Angela Merkel et son ministre des finances, Wolfgang Schäuble, qui refusent pour le moment de retourner à la table des négociations.Visiblement agacé par la tournure des événements, François Hollande, qui s’est entretenu mercredi matin au téléphone avec Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, a mis en garde contre « les affirmations péremptoires » et « les ruptures brutales » :« Je pense que nous devons toujours rechercher l’accord, la négociation, la raison, encore faut-il que tout le monde en soit convaincu. (…) La France, elle, se bat, elle n’est pas dans le veto, elle n’est pas dans la brutalité. »A l’Elysée, on minimisait mercredi la portée de ces déclarations : « Le président a redit, de façon plus incisive, ce qu’il ne cesse de répéter depuis plusieurs jours : oui, un accord est possible, mais pour cela il faut négocier », explique l’un de ses conseillers, qui précise que les propos s’adressent autant à Angela Merkel qu’à Alexis Tsipras.Lire le décryptage :Grèce : la stratégie de Tsipras fait voler en éclats le couple franco-allemand« Sauver l’Europe »En France, la pression politique se fait de plus en plus forte sur la réouverture des négociations avec Athènes. Une quarantaine de personnalités de tous bords ont signé, mercredi 1er juillet, une tribune dans Marianne au titre explicite : « Sauver la Grèce, c’est sauver l’Europe ».Parmi les signataires, on retrouve le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, le patron du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, l’ancien ministre de l’économie Arnaud Montebourg, les députés frondeurs Benoît Hamon et Christian Paul, des élues écologistes, comme Cécile Duflot et Emmanuelle Cosse, le secrétaire national du Parti communiste français, Pierre Laurent, des députés de droite, comme Henri Guaino, Rama Yade ou Nicolas Dupont-Aignan, et des économistes, comme Thomas Piketty ou Michel Aglietta.Si l’Europe échoue à reprendre langue avec Athènes, le texte prévient qu’« il faudra ramasser deux cadavres : celui de la Grèce et celui de l’idée européenne ».Nicolas ChapuisJournaliste au service PolitiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.07.2015 à 09h54 • Mis à jour le01.07.2015 à 14h35 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Vaut-il mieux agrandir l’aéroport londonien d’Heathrow ou celui de Gatwick ? C’est l’un des plus vieux serpents de mer britannique et l’un des sujets les plus sensibles, aussi bien économiquement que politiquement.La commission chargée par le gouvernement d’éclairer son choix a rendu public son verdict très attendu, mercredi 1er juillet au matin : en recommandant la construction d’une troisième piste à Heathrow, l’aéroport le plus fréquenté du pays, elle relance une intense bataille politique et environnementale.Selon le rapport rédigé par l’économiste Howard Davies, l’extension générerait 147 milliards de livres (207,3 milliards d’euros) et permettrait la création de 70 000 emplois à l’horizon 2050.Trois hypothèsesLa commission avait à arbitrer entre trois hypothèses : une deuxième piste à Gatwick, l’extension d’une piste d’Heathrow ou la création d’une troisième piste au nord-ouest de cet aéroport situé à 25 km à l’ouest du centre de Londres, le premier d’Europe en nombre de passagers.Elle a choisi cette dernière option, la plus onéreuse (17,6 milliards de livres, contre 7 milliards de livres pour Gatwick) et la plus controversée.Tout en jugeant l’option Gatwick « crédible », Sir Howard Davies estime qu’Heathrow « est mieux placé pour fournir le type de capacité qui est requise le plus urgemment : les destinations lointaines vers les nouveaux marchés ». L’extension prônée serait financée par des capitaux privés et permettrait d’ouvrir le Royaume-Uni vers 40 nouvelles destinations, ajoute-t-il.L’avis « clair et unanime » rendu mercredi n’est que consultatif et l’arbitrage gouvernemental n’est attendu qu’à l’automne.Le premier ministre David Cameron avait promis, pendant la campagne électorale de 2010, qu’il n’y aurait pas de troisième piste à Heathrow. « Il n’y aura pas de “si ”, pas de “mais” », avait-il juré. Une fois au pouvoir, il avait annulé le projet d’extension d’Heathrow.Des poids lourds conservateurs dans le corridorAujourd’hui, l’affaire n’est pas plus simple politiquement car de hauts responsables du parti conservateur sont élus dans des circonscriptions situées dans le corridor d’extension prévu. Le ministre des affaires étrangères Philip Hammond – un eurosceptique dont M. Cameron a besoin pendant la campagne du référendum sur le « Brexit » – et le maire de Londres Boris Johnson – en embuscade pour succéder au premier ministre – sont ainsi des opposants acharnés de la troisième piste d’Heathrow.Lire aussi :L’aéroport de Dubaï détrône HeathrowSes travaux nécessiteraient la démolition de 783 maisons, incluant l’essentiel du village de Harmondsworth et sa mise en service générerait 750 000 vols supplémentaires par an. Aussi la commission a-t-elle pris quelques précautions : pour limiter l’impact sur les riverains et l’environnement, les vols de nuit seraient interdits entre 23 h 30 et 6 heures du matin, une limite aux nuisances sonores serait fixée par la loi, les indemnités aux habitants touchés seraient relevées et une instance indépendante d’arbitrage en matière de bruit serait créée.« Le gouvernement aura le dernier mot »Les milieux d’affaires et la plupart des compagnies aériennes sont favorables à Heathrow, estimant que seul l’extension d’un « hub » permettrait les connections vers les marchés émergents, propices aux échanges commerciaux et aux investissements.Mais les défis environnementaux et politiques posés par ce choix font dire à John Stewart, responsable de l’association Hacan opposée à la troisième piste qu' « on est loin de la fin de l’histoire car c’est le gouvernement qui aura le dernier mot ».John Sauven, directeur de Greenpeace au Royaume-Uni, estime quant à lui que l’option Heathrow « compromettrait les objectifs du Royaume-Uni en matière de climat ». Sans compter le « guêpier » où se mettrait David Cameron en l’avalisant.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.06.2015 à 20h26 • Mis à jour le01.07.2015 à 12h08 | Aude Lasjaunias (Athènes, envoyée spéciale) « Trois drapeaux grecs achetés, un drapeau européen offert. » A l’unité, l’étendard national est deux euros moins cher que celui de l’UE : tout un symbole. Ce mardi 30 juin, dès la fin d’après-midi, Kostas a installé son étal sur la place Syntagma à Athènes, comme la veille.Mais, cette fois, il a troqué ses bannières fendues d’un « non » en lettres capitales contre les bleues aux douze étoiles jaunes. Cet électeur de Syriza, âgé de 65 ans et hostile à de nouvelles mesures d’austérité, s’adapte à sa clientèle. « Je ne parle pas politique avec mes consommateurs, je ne veux pas de conflit. » Le bulletin qu’il glissera dans l’urne, le 5 juillet, sera assurément différent de celui des quelque 20 000 personnes – selon la police − réunies au pied de la Vouli, le Parlement.Voir les derniers développements :Crise grecque : dans les coulisses d’âpres négociationsUn référendum « honteux »Plusieurs d’entre elles admettent être venues manifester pour la première fois de leur vie. C’est le cas de Michael, 28 ans, employé d’une banque d’investissement.« Ça fait six mois que je travaille plus vraiment. Tous nos projets ont été suspendus à cause du climat de peur qu’a créé ce gouvernement. »Le 25 janvier, il a voté pour To Potami (centre), comme la plupart de ses amis également présents. « On est une cinquantaine à s’être donné rendez-vous. » Salariée d’un cabinet d’avocats, Alexandra, 26 ans, souligne son attachement à l’Europe et à la monnaie unique. Dire oui dimanche est un moyen, selon elle, de maintenir les liens avec l’Union.#Syntagma #Nai #Grèce http://t.co/czFlf30KXQ— AudeLjs (@Aude Lasjaunias)require(["twitter/widgets"]);De nombreuses personnes âgées et familles composent le cortège. Comme Argie, bijoutière de 35 ans, venue avec son mari, Petros, et leur fils de 4 ans, Dimitri. Affectés par les récentes mesures de contrôle des capitaux, ces habitants d’une banlieue cossue de la capitale craignent une paralysie complète du pays si le non l’emporte le 5 juillet. Les maires d’Athènes, Giorgos Kaminis, et de Thessalonique, Yiannis Boutaris, se succèdent à la tribune pour dénoncer un référendum « honteux ».Malgré les assauts de la pluie, la foule entonne l’hymne national, siffle les hommes politiques qui apparaissent sur le perron du Parlement et scande d’une seule voix : « Tsipras démission ».Faire tomber le gouvernement, c’est l’objectif d’Alex, 20 ans, membre du mouvement étudiant « Les jeunes votent pour l’Europe ». « Je n’ai pas participé aux précédentes élections, ne pouvant pas me rendre dans ma ville natale. Cette fois, j’y serai dimanche et j’y resterai jusqu’au nouveau scrutin général, même s’il faut patienter des mois », assure-t-il, confiant en la victoire de son camp.Une énième réunion des ministres des finances de la zone euro s’est tenue pendant ce temps sans toutefois permettre de trouver une nouvelle solution à la crise. Les négociations doivent reprendre le 1er juillet au matin. Athènes dit avoir formulé des « propositions » qui vont être examinées tout au long de la nuit. Lire aussi :Grexit et défaut de paiement : vos questions sur la dette grecqueAude Lasjaunias (Athènes, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Qui comprend encore quelque chose au dossier grec ? Le 28 juin, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, tenait des propos très durs contre le premier ministre grec Alexis Tsipras, accusé de tromper son peuple, et se lançait explicitement dans la campagne du oui au référendum qui doit avoir lieu le 5 juillet.A peine 24 heures plus tard, on se croirait dans un autre film. Jeroen Dijsselbloem, président de l’Eurogroupe, annonce la tenue d’un nouvel Eurogroupe dans la journée de mardi. Et M. Juncker, mystérieux, glisse à l’occasion d’une réception à Bruxelles, que « des événements importants se passent à Bruxelles, qui vont produire des résultats ». La Grèce a fait défaut mardi sur sa dette vis-à-vis du Fonds monétaire international en n’honorant pas un remboursement de 1,5 milliard d’euros qui lui était dû, a annoncé l’institution de Washington, mardi 30 juin. Elle devrait perdre ainsi accès au plan de sauvetage européen, en vigueur depuis 2012. Et si aucun accord n’a été trouvé pour maintenir Athènes à flot, le dialogue n’est pas rompu.Lire l’article des Décodeurs :En Grèce, 8 plans d’austérité depuis 2009, 4 gouvernements, 2 plans d’aideUn troisième plan d’aide rejeté par l’EurogroupeDe fait, dans l’après-midi, après un intense ballet diplomatique, en partie orchestré par M. Juncker et Martin Schulz, le président du Parlement, les Grecs ont « bougé ». M. Tsipras a fait une nouvelle proposition d’accord à ses créanciers. Avec trois demandes.La première et la deuxième consistent en une extension, très courte, du deuxième plan d’aide à la Grèce, ainsi que d’un prêt de deux ans d’un montant total de 29,1 milliards d’euros auprès du Mécanisme européen de stabilité (MES) afin de payer ses dettes envers ses créanciers dans l’intervalle.Cette demande, qui revient en fait à créer un troisième plan d’aide, a été rejetée au motif qu’elle doit d’abord être validée par des Parlements nationaux et que le temps est précieux. Selon toute vraisemblance, le plan de sauvetage en cours depuis 2012 va donc expirer, pour sa partie européenne, et la Grèce perdra l’accès à 16 milliards euros d’aides en tout genre.La troisième demande est une restructuration de la dette du pays auprès du Fonds européen de stabilité financière (FESF), pour un montant d’environ 130 milliards d’euros.Concernant la dette de 1,5 milliard d’euros au FMI, le vice-premier ministre grec Ioannis Dragasakis a officiellement demandé, mardi, le report de son remboursement « au mois de novembre ». Le FMI, qui n’a pas réagi, peut en théorie « reporter » la date d’un remboursement dans la limite de 3 à 5 ans à la demande d’un « Etat membre », selon sa charte.« Tsipras doit d’abord dire s’il fait campagne pour le oui » Selon nos informations, Athènes a aussi fait parvenir, mardi en début de soirée, une liste de réformes qu’elle compte mettre en place en échange des prêts internationaux demandés. Cette liste serait très proche de celle exigée depuis des mois par les créanciers du pays, et qui était en cours de finalisation quand M. Tsipras a sorti l’idée du référendum. « A première vue, elles sont plus proches de la position des institutions, mais il faut les examiner plus attentivement » explique une source diplomatique. C’est précisément ce à quoi va être consacrée la réunion de l’Eurogroupe, mercredi à 11 h 30, le 13e Eurogroupe « spécial Grèce » depuis février.Mais pour que les discussions se poursuivent, ajoute une autre source diplomatique, « Tsipras doit d’abord dire s’il fait campagne pour le oui, ou s’il annule le référendum. Parce que s’il continue à appeler au non, il n’y a pas de base pour une discussion ».« Ce mouvement d’Athènes, c’est le résultat des efforts conjugués de Juncker et de Schulz. Le fait que les sondages sur le référendum font apparaître que le oui est en train de rattraper le non-compte aussi ».Lire le reportage :A Athènes, le camp du oui mobilise 20 000 personnesCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.06.2015 à 18h10 • Mis à jour le30.06.2015 à 18h22 L’expiration du programme d’aide européen à la Grèce le 30 juin et l’organisation d’un référendum dans ce pays le 5 juillet ont un point commun : celui d’ouvrir la perspective d’une fin de « l’Europe-FMI » instituée sous la pression de la crise et dont il est nécessaire de sortir par le haut, à un triple titre.Adopter des mesures nationales et européennes permettra à la Grèce de revenir sur les marchés financiers.Sortir de l’« Europe-FMI », c’est tout d’abord revenir se financer sur les marchés à des taux acceptables, comme ont déjà pu le faire l’Irlande et le Portugal, et comme aspirent à le faire la Grèce et Chypre.L’Europe n’avait pas vocation à agir comme et avec le Fonds monétaire international en finançant des plans de sauvetage destinés à quatre « pays sous programme », après avoir modifié ses traités. Elle l’a fait de manière temporaire, en leur demandant en contrepartie de procéder à des ajustements douloureux ayant pour but de rétablir leur solvabilité financière et de renforcer leur compétitivité économique, leur cohésion sociale et l’efficacité de leur Etat.Quel que soit le verdict du référendum, les Grecs ne peuvent échapper à la réalité financière, qui doit les conduire à dégager un excédent budgétaire primaire modéré : d’une part pour convaincre leurs actuels créanciers publics que leur aide, appelée à se poursuivre, n’est pas déversée dans un « tonneau des Danaïdes » sans fond ni forme ; d’autre part et surtout pour inciter les acteurs privés à recommencer à financer à terme l’Etat et les entreprises de leurs pays.Tous ces efforts ne produiront pas des résultats immédiats, surtout s’ils se limitaient à des ajustements structurels : il appartient donc aussi à l’Union européenne (UE) de leur adjoindre une stratégie de soutien à la croissance grecque incluant des investissements publics massifs. Fonds structurels et de cohésion, prêts de la BEI, contributions du « plan Juncker »…: autant d’outils à la disposition d’une « UE - Banque Mondiale » agissant dans la durée, alors que « l’Europe-FMI » ne pouvait être qu’une parenthèse.Sortir de relations fondées sur la conditionnalité comptable permettra de renouer avec la coopération politique.Sortir de l’« Europe-FMI » doit aussi permettre d’en revenir à des relations entre États membres de l’UE fondée sur la coopération politique plutôt que sur la conditionnalité comptable.Quand bien même tel ou tel économiste ou ministre semble parfois en rêver, la conditionnalité intrusive mise en place vis-à-vis des 4 pays sous programme ne saurait devenir la norme au sein de la « Fédération européenne d’États nations » : il en va de la souveraineté des pays de l’UE autant que de la légitimité des réformes qu’ils adoptent.Une telle conditionnalité doit être exercée avec doigté, sous le contrôle direct des chefs d’Etat et de gouvernement, qui ne peuvent laisser le sort de l’euro entre les mains de ministres des finances ou de banquiers centraux, et pis encore de leurs administrations.Le problème n’est pas tant que ces acteurs-là fassent preuve d’une vision comptable et d’un zèle économiste propres à leurs fonctions, mais que les autorités suprêmes ne s’impliquent pas davantage dans des négociations et des choix qui ont une dimension proprement politique. Le maintien de l’aide à la Grèce et/ou sa sortie éventuelle de la zone euro sont, bien plus qu’une affaire d’aléa moral, des choix lourds de risques géopolitiques : aux dirigeants de l’UE d’agir en conséquence, avec la hauteur de vue nécessaire !Par contraste, la consultation référendaire d’Alexis Tsipras semble participer d’une démarche tactique éminemment politique, même si ses conditions d’organisation sont problématiques en termes de délais et de question posée, de même que la volonté de confrontation qui la sous-tend.Cet appel au peuple ne peut en tout état de cause masquer une évidence démocratique : n’en déplaise aux successeurs de Périclès, les chefs d’Etat et de gouvernement des autres pays de la zone euro sont eux aussi les détenteurs d’une légitimité incontestable, en même temps que les porte-parole de peuples qui méritent autant le respect que le peuple grec, et avec lesquels il s’agit de trouver un accord.Il se trouve que l’ensemble des peuples de l’UE souhaite majoritairement sortir de l’« Europe-FMI » : d’abord ceux qui, comme les Grecs, ont dû endurer des ajustements sociaux et budgétaires très douloureux ; mais aussi ceux qui ont dû les aider financièrement, souvent à contrecœur même si c’était dans leur intérêt, tout en se demandant s’ils viendront un jour à être remboursés, sinon remerciés. Il reste donc aux chefs d’Etat et de gouvernement à traduire dans les faits une telle convergence démocratique en adoptant le compromis permettant de sortir de la crise actuelle comme de l’Europe FMI.La Grèce doit solder ses comptes avec « l’Europe FMI » sur la base de responsabilités partagées.Si quatre pays de l’UE ont été conduits à appeler à l’aide l’« Europe-FMI », c’est d’abord parce que les mauvais choix de leurs dirigeants les avaient placés dans un état de « faillite virtuelle », pour des raisons diverses (dérives du secteur bancaire, bulle immobilière, Etat défaillant, etc.).Dans le cas de la Grèce, il devrait être aisé à Alexis Tsipras et à ses homologues de s’entendre pour souligner les responsabilités écrasantes des acteurs et partis qui ont gouverné la Grèce au cours des quarante dernières années. Cela suppose que les Grecs, citoyens comme autorités, acceptent de davantage considérer la dimension proprement nationale de leur tragédie (y compris en termes de corruption, de fraude fiscale et de népotisme), sans la réduire exclusivement à des causes extérieures.Les responsabilités des créanciers privés, qui ont financé de manière laxiste la Grèce entre 2002 et 2010, ont déjà été identifiées et assumées : ils en ont en partie payé le prix puisqu’ils ont dû renoncer en 2012 à la moitié de leurs créances (à hauteur d’un peu plus de 100 milliards d’euros).Les responsabilités des autorités de l’UE peuvent être évoquées s’agissant de la Grèce des 40 dernières années, au motif qu’elles ont longtemps toléré des manquements dont elles étaient conscientes. Elles peuvent être soulignées au regard de la mise en place d’un système monétaire créant une « solidarité de fait » sans mécanismes permettant de répartir le coût de cette solidarité entre autorités nationales.Elles doivent surtout être invoquées s’agissant de la gestion du programme d’aide à la Grèce de ces dernières années, puisqu’il a été fondé sur des hypothèses et objectifs en partie erronés, comme l’a reconnu le FMI.Il est donc logique que les créanciers publics de la Grèce assument eux aussi leurs responsabilités en « payant le prix » de leurs erreurs : d’une part en accordant à la Grèce un nouveau plan d’aide de plusieurs dizaines de milliards d’euros afin d’accompagner ses efforts de redressement économique et social ; d’autre part en soutenant massivement l’investissement public en Grèce et donc le retour à la croissance dans ce pays, qui allégera de lui-même son ratio dette/PIB ; enfin en organisant dans un cadre européen l’examen de l’éventuelle réduction du poids de la dette grecque et des dettes des autres « pays sous-programme », si les engagements de réformes pris sont tenus.La tragédie grecque pourrait devenir un drame national si les Grecs faisaient le choix de faire défaut sur leurs dettes, voire de sortir de l’euro. Elle deviendrait alors la tragédie d’une Union européenne incapable de refermer comme il se doit la parenthèse de « l’Europe-FMI » et de se montrer fidèle aux principes de coopération et de solidarité qui la fonde.Yves Bertoncini (Directeur de l’Institut Jacques Delors) Pierre Breteau, Alexandre Pouchard et Maxime Vaudano Une crise dans la crise. L’annonce faite le 27 juin par le premier ministre grec, Alexis Tsipras, de recourir à un référendum, le 5 juillet, pour demander aux Grecs s’ils acceptent ou non les propositions des créanciers a provoqué la rupture des négociations avec l’Eurogroupe, à quelques jours d’une échéance capitale pour Athènes. Le non-paiement de 1,5 milliard d’euros au Fonds monétaire international (FMI) le 1er juillet, puis de 3,5 milliards d’euros à la Banque centrale européenne (BCE), le 20 juillet, pourrait entraîner une faillite du pays et son éventuelle sortie de la zone euro.Lire tous nos articles sur la Grèce dans notre séquence spécialeDe la découverte, en 2009, par Georges Papandréou des comptes publics maquillés au référendum convoqué par Alexis Tsipras en passant par les huit plans d’austérité, tout comprendre avec notre chronologie interactive.Pour afficher le détail, cliquer sur les flèches dirigées vers le bas ou simplement sur les titres.Pierre BreteauJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterMaxime VaudanoJournaliste au Monde.frSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Olivier Faye Un déplacement de Marine Le Pen sur un marché suscite bien souvent un engouement peu commun, surtout en cette période de défiance envers la classe politique : « selfies », compliments, bousculades pour venir toucher la présidente du Front national comme si elle était une star de la chanson… Dans le Nord - Pas-de-Calais, ce phénomène est amplifié. Quand elle se rend à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), le fief où elle est implantée depuis huit ans, Mme Le Pen n’en finit plus de serrer les mains et d’embrasser les joues qu’on lui tend. C’est dire si la candidature qu’elle a annoncée, mardi 30 juin à Arras, comme tête de liste du FN pour les élections régionales de décembre en Nord - Pas-de-Calais – Picardie – la grande région issue de la nouvelle carte des territoires promulguée en janvier –, était attendue.Lire :A la veille des régionales, Marine Le Pen mène une double campagnePour la présidente du Front national, l’enjeu est de taille. La députée européenne sait qu’une défaite dans cette bataille risque de l’affaiblir à la veille de partir à la conquête de l’Elysée en 2017, son véritable objectif. Elle sait aussi qu’une éventuelle victoire serait difficile à gérer, compte tenu de la fusion des deux régions, qui s’annonce comme un véritable calvaire administratif, et de la proximité dans le temps avec la présidentielle, une fois encore. Mais cette région est aussi la plus à même de tomber dans l’escarcelle du Front national. Aux élections européennes de 2014, puis aux élections départementales de 2015, le parti d’extrême droite a largement surclassé ses adversaires en Nord - Pas-de-Calais et en Picardie. Avec 34,2 % des voix, puis 36,2 %, il a devancé Les Républicains de plus de dix points (24 % aux européennes et 25,8 % aux départementales) et le Parti socialiste de plus de quinze points (18,03 % et 23,5 %). Enfin, un sondage OpinionWay pour LCI et Le Figaro, publié mardi 30 juin, donne Mme Le Pen en tête des intentions de vote au premier tour, avec 33 % des suffrages, contre 26 % pour Xavier Bertrand, candidat Les Républicains, et 23 % pour Pierre de Saintignon, candidat PS, en cas d’alliance avec Europe Ecologie-Les Verts. Dès lors, pourquoi se priver de sa meilleure locomotive ?Télescopage d’ambitionsLa présidente du FN va devoir affronter les critiques de ses adversaires sur le télescopage de ses différentes ambitions, régionale et présidentielle. Selon son entourage, la riposte est déjà prête. « Si elle est élue, elle pourrait se mettre en retrait de sa fonction pour pouvoir mener les derniers mois de la campagne présidentielle, sans doute à partir de janvier 2017 », explique un de ses proches. Marine Le Pen pourrait désigner au cours de la campagne régionale le nom de la personne qui lui succéderait à la tête de l’exécutif le temps de sa course à l’Elysée. Et son entourage de reprendre un des arguments les plus classiques des cumulards en campagne pour l’échelon supérieur : « Si elle gagne la présidentielle, elle en fera profiter les habitants de la région. Tout le monde comprend qu’elle a un destin présidentiel. Ses adversaires vont utiliser cet angle d’attaque, mais pendant ce temps-là, elle parlera de concret. » Cette candidature représente en tout cas un nouvel épisode de l’ancrage de Mme Le Pen dans la région, qui date de près de vingt ans. Avant de prendre pied à Hénin-Beaumont, la fille de Jean-Marie Le Pen s’était déjà présentée une première fois aux élections régionales dans le Nord - Pas-de-Calais, en 1998. A l’époque, elle émargeait sur les listes du Nord, et avait été élue. En 2002, aux législatives, elle traverse la frontière départementale et se présente à Lens. Mais c’est surtout à compter de 2007 que la cadette des filles Le Pen s’impose dans la région.Immigration et sécurité ne suffisent pasCette année-là, à la suite du revers cuisant essuyé par son père lors de l’élection présidentielle, Marine Le Pen est la seule candidate du FN à se qualifier pour le second tour des élections législatives. Le binôme qu’elle forme avec son suppléant Steeve Briois ne l’emporte pas, mais la défaite est alors considérée comme un événement fondateur. Pour elle, c’est même « un signal de la direction que le FN doit prendre à l’avenir. (…) Loin de vouloir se positionner sur l’échiquier politique, le Front doit rester un parti ni droite-ni gauche capable de rassembler ». Pour la future présidente du Front, une partie de sa ligne politique, en gestation depuis quelques années, se forge définitivement. « Le FN est un parti national, populaire et social. Il a vocation à attirer les électeurs déçus par le PS et le PC, qui s’occupent davantage des sans-papiers que de la défense des travailleurs », théorise à l’époque Mme Le Pen.Avec la réforme des collectivités "il y aura des perdants, des oubliés, des sacrifiés. Ils ont besoin d’un défenseur", plaide Marine Le Pen— Olivier Faye (@olivierfaye) 30 Juin 2015Bien avant la dominante souverainiste impulsée par Florian Philippot, Marine Le Pen s’est laissé convaincre, aux côtés des Héninois Steeve Briois et Bruno Bilde, que la fermeté sur l’immigration et la sécurité ne suffisait pas à convaincre les électeurs, et qu’il fallait parler « social ». Pour l’avocate, élevée dans le confort du manoir de Montretout dans les Hauts-de-Seine, le Nord - Pas-de-Calais fait office d’apprentissage accéléré de la réalité du terrain. « Parler avec ceux qui n’arrivent pas à boucler les fins de mois, ni à boucler le début d’ailleurs, je ne l’avais pas vu avant, reconnaissait-elle pendant la campagne présidentielle de 2012. J’ai vécu à Saint-Cloud, la pauvreté comme ça, la souffrance comme ça, la précarité comme ça, non, je ne l’avais jamais vue. » Aujourd’hui, c’est un terreau sur lequel elle prospère.Olivier Faye 29.06.2015 à 20h49 • Mis à jour le29.06.2015 à 20h54 Plus de 17 000 personnes, dont la plupart étaient des sympathisants de la Syriza, le parti du premier ministre, Alexis Tsipras, ont manifesté à Athènes et à Thessalonique en faveur du non au référendum, lundi 29 juin. Il s'agit de la deuxième manifestation de soutien à la politique du gouvernement depuis l'annonce de l'organisation d'un référendum sur l'acceptation ou non des mesures d'austérité imposées par les créanciers de la Grèce. L’exécutif grec a ouvertement appelé à voter non.Pas mal de monde http://t.co/Ycc64RBQtl— Adea_Guillot (@adea guillot)require(["twitter/widgets"]);#Grece manif pour le NON a l accord commence a Athenes http://t.co/mwWIVFD2ME— Adea_Guillot (@adea guillot)require(["twitter/widgets"]);Quelques heures auparavant, plusieurs dirigeants européens avaient mis les Grecs en garde, les appelant à voter oui, et insistant, à l’instar de Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, sur le fait qu'un non signifierait  « non à l'Europe ».Retrouvez dernières informations et le reportage sur la crise grecque par les journalistes du Monde :Tweets from https://twitter.com/lemondelive/lists/crise-grecque!function(d,s,id){var js,fjs=d.getElementsByTagName(s)[0],p=/^http:/.test(d.location)?'http':'https';if(!d.getElementById(id)){js=d.createElement(s);js.id=id;js.src=p+"://platform.twitter.com/widgets.js";fjs.parentNode.insertBefore(js,fjs);}}(document,"script","twitter-wjs"); Annick Cojean (envoyée spéciale en Grèce) A une heure et demie d’Athènes en bateau, Hydra, l’une des îles les plus ravissantes de Grèce, attend, alanguie et anxieuse, le résultat du référendum. Il n’y a guère de voitures, des ânes offrent aux touristes et à leurs bagages encombrants une monture appréciable pour rejoindre les hôtels et maisons d’hôtes sur les hauteurs de la ville, qui plonge sur la mer turquoise. Des caïques, bateaux traditionnels en bois, les amènent ensuite sur les plages. Tout est en place pour une saison parfaite et un bel été grec. Tout, sauf la certitude du lendemain. Et la famille qui tient en face du port le petit hôtel Sofia – le premier de l’île –depuis cinq générations ne masque pas sa colère devant ce référendum.Lire aussi :Pourquoi ? Qui appelle à voter quoi ? Les enjeux du référendum en Grèce« Tsipras assassine la Grèce »« Mais quelle idée ! Quelle triste idée !, regrette la jeune Dorothée Minopetrou devant sa mère Vassiliki, dont elle paraît la miniature. La question n’est pas claire, et le timing est terrible, en plein cœur de la saison touristique. Tsispras assassine la Grèce avec cette décision ! » Elle secoue la tête, sincèrement désolée. Et anxieuse. « Nos clients sont sympas et fidèles. Ils nous proposent gentiment de nous payer en cash, ce qu’on ne leur demande pas. Et ils montrent leur soutien. Les habitués sont revenus. Mais les autres… Ceux qui improvisaient leurs vacances au dernier moment et surgissaient, confiants, ceux-là ne sont pas venus. Quant aux Grecs d’Athènes, c’est simple : ils ne font plus de réservations. » Ils sont fauchés, dit-elle. Ou incapables de prévoir s’ils disposeront après lundi de leurs économies en banque.« La saison 2014 avait battu des records, poursuit Vassiliki, attachée à son hôtel tenu avec sa sœur, et où elle a même fait un petit musée en l’hommage à l’ancêtre qui avait vu, dès 1934, le potentiel touristique de l’île. Cet hiver, tous les hôteliers de l’île prévoyaient un été 2015 encore meilleur. Personne ne s’attendait alors au coup bas de Tsipras. Organiser un référendum en juillet alors qu’il pouvait le faire en mars puisque, déjà, les négociations bloquaient ! Faut-il qu’il soit inconséquent ou ne pense qu’à sa pomme ! » La famille votera oui. Sans hésitation. Un oui à l’Europe, insistent les deux femmes, en espérant toutefois que le projet de TVA à 23 % sur restaurants et hôtellerie ne voie jamais le jour. Sinon, « les clients déserteraient, l’hôtel fermerait ; ce serait le coup de grâce. » Vassiliki en est convaincue : « Il faudrait être imbécile, si on est dans l’hôtellerie, pour tourner le dos à l’Europe. » Mais voyons, Alexis Tsipras ne proclame-t-il pas son souhait de rester en Europe ? « N’importe quoi ! Il dit aussi qu’il obtiendra un accord en 48 heures, alors qu’il n’a pas réussi en cinq mois ! » Lire aussi :Les forces économiques grecques appellent à voter oui au référendum« Je vote oui malgré la propagande »Au restaurant Sunset, qui tire son prestige de sa vue sur la mer au soleil couchant, Krissoula Rabia se veut optimiste. « Les médias grecs font tout ce qu’ils peuvent pour terroriser les gens. Un vrai lavage de cerveau ! » Elle, se refuse à regarder la télévision. « Je vote oui, malgré cette propagande, car j’ai trois jeunes enfants que je veux européens. Mais quand je vois cette beauté à perte de vue, je me dis que le tourisme en Grèce ne périclitera jamais. Quoi qu’il se passe. » Pour la maison d’hôtes qu’elle tient un peu plus loin, elle a pris la précaution d’envoyer aux clients qui avaient réservé dès l’hiver – « nos invités » corrige-t-elle – un petit courrier encourageant et chaleureux pour prévenir tout désistement et leur dire que, plus que jamais, ils seraient les bienvenus. Et que l’incertitude politique n’affecterait en rien leur séjour. Elle ne craint pas des dysfonctionnements de ferries livrant dans l’île nourriture et marchandises. Le restaurant a son propre bateau qui, tous les deux jours, lui apporte les produits frais du Péloponèse.Petros et Maria Kladakis, propriétaires du bel hôtel Orloff, qui a tant de caractère, sont eux aussi pour le oui. A fond. Comme un vrai credo en l’Europe. Une défiance également envers un premier ministre « dangereux » qui fait des moulinets avec ses bras, des discours « d’une démagogie folle », et qui « s’est montré arrogant et incompétent pour discuter sérieusement avec l’Europe ». Ce référendum, dit Maria, présidente de l’association des hôteliers de l’île, « c’est perdant-perdant ». « Un politicien aimant la Grèce ne pouvait pas faire ça. » Car c’est de toute façon « tête basse » qu’il va falloir revenir frapper à la porte de l’Europe. Et négocier. « Des réformes ont été faites en cinq ans, même s’il reste encore bien trop de fonctionnaires. Le peuple grec a fait beaucoup de sacrifices. Il faut maintenant lui laisser un peu d’oxygène, un minimum d’espoir. » Les caïques rentrent au port. Une mariée venue du continent prend la pose devant le front de mer. L’été grec est bien là. Mais hôteliers, restaurateurs et commerçants retiennent leur souffle.Annick Cojean (envoyée spéciale en Grèce)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Charrel On le dit fatigué. Inquiet, surtout. Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), ne dort pas beaucoup depuis quelques mois. A chaque apparition, ses traits sont un peu plus tirés. Il faut dire que la survie des banques hellènes repose sur ses épaules. Et que les décisions que prendra son institution ces prochains jours joueront un rôle décisif pour l’avenir de la Grèce dans la zone euro. Ou bien à l’extérieur.Lire aussi :Christine Lagarde, inflexible face à AthènesDepuis leur arrivée au pouvoir, fin janvier, le premier ministre, Alexis Tsipras, et son ministre des finances, Yanis Varoufakis, ne cessent d’accabler la BCE. Comme le Fonds monétaire international (FMI), ils l’accusent de « dictature financière ». Selon eux, Mario Draghi comme Christine Lagarde, la patronne du Fonds, auraient pour seul objectif de mettre leur pays à genoux en lui imposant l’austérité et en le privant de financements.S’il est vrai que la BCE est aujourd’hui en première ligne, l’Italien de 67 ans a pris soin de se tenir à l’écart des violentes passes d’armes entre Athènes et ses créanciers. Plus que tout, il cherche à éviter que les politiques européens, hésitants et divisés, ne se défaussent sur lui pour trancher le destin de la Grèce.En février, la BCE avait ainsi suspendu l’un des robinets de financements aux banques hellènes dans l’espoir mettre les partenaires d’Athènes face à leurs responsabilités. Mais pour ne pas être accusée de pousser le pays hors de la zone euro, elle a maintenu ses liquidités d’urgence (les « ELA », « emergency liquidity assistance ») aux banques hellènes. Et ce, malgré les fortes réticences de la banque centrale allemande. Habile tacticien, M. Draghi a jusqu’ici réussi à convaincre la majorité des 25 gouverneurs de l’institution de continuer à aider Athènes. Ce qui fait dire à un diplomate : « Il se montre bien plus patient avec la Grèce qu’il ne l’avait été avec Chypre. Mais M. Tsipras ne pourra jamais l’admettre. » Messages-clé au bon momentSi ce n’est leurs origines méditerranéennes, le premier ministre grec et le banquier central n’ont, il faut le dire, pas grand-chose en commun. Diplômé du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT), passé par la Banque mondiale et le Trésor italien, M. Draghi a rejoint, en 2002, la direction européenne de Goldman Sachs, la banque américaine incarnant l’arrogance de Wall Street. Un crime de lèse-majesté pour la gauche radicale de Syriza. D’autant que Goldman Sachs est accusée d’avoir aidé la Grèce à maquiller ses déficits budgétaires au début des années 2000…Lire aussi :Jean-Claude Juncker, l’Européen blesséLorsqu’il remplace Jean-Claude Trichet à la tête de la BCE, en novembre 2011, la zone euro est en pleine tourmente. Il affronte la tempête avec « courage et sang-froid », disent ceux qui le connaissent. A l’été 2012, il se déclare prêt à faire « tout ce qu’il faudra » (« whatever it takes », en anglais) pour sauver l’euro. Quelques mots qui suffisent à rétablir la confiance sur les marchés et éteindre la flambée des taux souverains. L’Europe découvre alors la « touche Draghi », cette capacité à distiller les messages-clés au bon moment, à l’aide de quelques propos bien sentis.Question difficileSauver l’euro : les années suivantes, « super Mario », comme on le surnomme parfois, poursuit sa tâche en œuvrant à la création de l’union bancaire. Puis en lançant, en janvier 2015, un vaste programme de rachat de dettes publiques, destiné à soutenir la croissance. Auparavant, il lui a là aussi fallu vaincre les réticences allemandes…Lundi 6 juillet, au lendemain du référendum grec, lui qui passe nombre de ses week-ends à Rome auprès de sa famille, réunira le conseil des gouverneurs à Francfort. Ensemble, ils devront décider s’ils maintiennent ou non leurs financements d’urgence aux banques hellènes. En cas de victoire du oui, l’Italien n’aura pas trop de mal à les convaincre de poursuivre les aides. Si le non l’emporte… Le « dottore » Draghi devra alors répondre à la question la plus difficile de sa carrière : sauver l’euro implique-t-il de garder à tout prix la Grèce dans la monnaie unique, ou au contraire de l’en exclure ?Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Aude Lasjaunias (Athènes, envoyée spéciale) « Tout le monde à Athènes a, au moins une fois dans sa vie, travaillé au noir », déclare, bravache, Xenofontas. Ce jeune homme filiforme de 32 ans, qui préfère garder l’anonymat, est salarié dans un magasin de disques du centre de la capitale grecque. En 2014, pendant six mois, il a également enseigné la musique dans une école privée. Sans être déclaré. « Je bénéficiais de l’assurance-maladie et cotisais pour ma retraite à la boutique. Cette activité complémentaire me permettait de toucher plus d’argent. » D’après un sondage publié en 2014 par la Commission européenne, plus de 30 % des employeurs du pays avaient rémunéré un de leurs subordonnés au noir l’année précédente.Lire aussi :En Grèce, le désarroi des « nouveaux pauvres »« Les mesures d’austérité prises par les créanciers du pays depuis le début de la crise n’ont fait qu’accentuer un phénomène qui s’était déjà imposé comme un pilier de notre économie, explique-t-on à la Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE). Il faut cependant prendre un peu de distance avec les données. » Même son de cloche à l’organisme national de l’Inspection du travail : « C’est presque impossible à quantifier. Les chiffres dont on peut disposer au sein de notre organisme sont ceux des entreprises effectivement sanctionnées, ce qui n’est que la partie émergée de l’iceberg. »Apostolos Kapsalis, le secrétaire général de cette instance de contrôle, explique que le précédent gouvernement, celui d’Antonis Samaras, a augmenté considérablement, il y a deux ans, le montant de l’amende pour les sociétés prises en faute. Entre 2013 et 2015, explique-t-il, la proportion d’entreprises pénalisées est passée de 40,2 % à 5 %. Mais, pour lui, ces données ne reflètent pas pour autant une baisse du travail au noir. En effet, le nombre d’inspections et d’inspecteurs a probablement lui aussi chuté.«  En cas de contrôle, je devais dire que c’était la boutique de mes parents et que je venais leur donner un coup de main »« Hors des régions d’Athènes et de Thessalonique, on a de grandes difficultés à mener notre mission. Un inspecteur peut se retrouver avec une très grande zone géographique à couvrir seul », précise M. Kapsalis. La question migratoire est aussi un élément-clé de la donne. Beaucoup de réfugiés sont sollicités dans des secteurs d’activités comme la construction, la pêche ou l’agriculture. « Dans ce dernier cas, il y a un vide juridique qui nous empêche de procéder aux vérifications. Si un bâtiment est construit sur le terrain, l’exploitant peut avancer qu’il s’agit d’une propriété privée. »Lire aussi :Le système politique grec miné par le clientélisme et la corruptionD’habiles combinesIl y a surtout les habiles combines des fraudeurs. Maria, 23 ans, a travaillé plusieurs saisons dans un magasin de souvenirs de Rhodes. « En cas de contrôle, je devais dire que c’était la boutique de mes parents et que je venais leur donner un coup de main », raconte la jeune fille. Issue d’un milieu modeste, elle avait besoin d’argent pour financer ses études à l’université. Lors de son entretien d’embauche, le discours de son employeur a été des plus clairs : « Il m’a proposé un contrat de dix heures par jour, cinq jours par semaine, pour 500 euros mensuels. Si je renonçais à l’assurance-maladie, il doublait mon salaire. » Maria a choisi la seconde option, satisfaisante pour elle, jusqu’à ce qu’elle fasse un malaise et soit envoyée à l’hôpital. « Là, j’ai réalisé que je n’étais pas couverte. Quand on a besoin d’argent, on est prêt à renoncer à ses droits. Je me suis laissé avoir par l’appât du gain, je suis la première personne à blâmer. On ne m’y reprendra plus. »« Le travail au noir est devenu le meilleur moyen d’exister sur le marché de l’emploi »De son côté, Platon, 43 ans, a refusé le « chantage » de son patron. Pendant onze ans, il a été employé dans une entreprise d’installation d’antennes électriques dans le nord du Péloponnèse. « En 2012, mon supérieur hiérarchique a demandé à me voir. Au vu de la situation économique, m’avait-il expliqué, il ne pouvait pas continuer à me verser le même salaire. Si je voulais conserver mon travail, il fallait réduire le nombre officiel de mes heures. Mais les besoins étaient toujours les mêmes : j’allais donc être déclaré pour un mi-temps alors que j’occupais dans les faits un temps complet. » Ce père de deux enfants de 3 et 8 ans a donc perdu son emploi. Il est, depuis, toujours au chômage. Sa femme, collaboratrice d’une grande compagnie de cosmétiques, pourvoit aux besoins financiers de la famille. « Sa paie est correcte, mais pas extraordinaire. Du coup, on se bat au quotidien. »70 % à 80 % des salariés concernés« Le travail au noir est devenu le meilleur moyen d’exister sur le marché de l’emploi », déplore la Confédération générale des travailleurs grecs. L’augmentation des postes sous-déclarés ou mal déclarés, c’est le nouveau « fléau » auquel doit faire face le pays, souligne Apostolos Kapsalis. Ils concerneraient de 70 % à 80 % des salariés, selon les estimations de la centrale syndicale. Une situation rendue possible par une série de mesures mises en place en 2013, dans la foulée du mémorandum des créanciers du pays : « Un employeur peut unilatéralement imposer la semaine de six jours, à la condition de respecter la durée maximale de quarante heures hebdomadaires. Il peut aussi changer l’emploi du temps de ses subordonnés en augmentant par exemple leur service quotidien en échange de jours de repos. Dans les faits, ça se traduit par de fausses heures supplémentaires qui ne sont jamais rétribuées », précise la GSEE.« L’austérité a ancré le travail au noir dans l’esprit des Grecs. Toutes les conditions sont réunies pour qu’ils acceptent cette situation »Quand elle est sollicitée par un employé, la Confédération des travailleurs reconnaît avoir du mal à agir. Car, en Grèce, les petites et moyennes entreprises (PME) sont légion. Comment garantir, alors, l’anonymat de la personne dont les droits sont bafoués ? « Dans les librairies, par exemple, les salariés sont directement exposés en cas de contrôle [comme dans d’autres commerces où le nombre d’employés est réduit]. On essaie de les aider du mieux que l’on peut, en orientant habilement les inspections. » « Les moyens d’action contre ces nouvelles dérives sont très limités, reconnaît également le secrétaire général de l’Inspection du travail. De mon point de vue, la première étape est d’établir une définition précise et moderne de ce qu’est le travail au noir. »Depuis l’accession au pouvoir de Syriza fin janvier, cette problématique fait l’objet d’une commission tripartite composée de représentants du gouvernement, des organisations patronales et salariales. « C’est un signal fort et positif d’avoir renoué un dialogue rompu depuis des années. Il est important de trouver un cadre qui satisfasse toutes les parties », estime M. Kapsalis. Parmi les solutions avancées pour prévenir l’explosion du travail sous-déclaré figure l’établissement d’un « seuil de besoins humains et financiers » en fonction du type d’entreprise. « Quand un grand hôtel de luxe affirmera n’avoir recours qu’à six personnes, on pourra se dire qu’il y a un problème : entre la tenue de la réception, le besoin en personnel d’entretien, la gestion de l’administratif, etc. », précise la GSEE. L’objectif est d’arriver à un projet de loi d’ici à la fin de l’été.« L’austérité a ancré le travail au noir dans l’esprit des Grecs. Toutes les conditions sont réunies pour qu’ils acceptent cette situation », déplore M. Kapsalis. Comme le résume une cliente d’un salon de coiffure d’Athènes lorsqu’un débat politique dérive sur cette problématique : « Les créanciers et nos politiques ont créé un climat dans lequel on se sent coupable d’avoir un emploi et d’être payé pour le nombre d’heures réellement effectuées. Vous trouvez ça normal ? »Aude Lasjaunias (Athènes, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Ce n’est pas par amour de Platon et Aristote que le président américain Barack Obama, dès le début de la crise grecque, s’est inquiété d’un éventuel « Grexit », jugé dangereux non seulement pour la stabilité financière mondiale ou la cohésion de l’Union européenne, mais aussi – surtout ? – pour la sécurité du commandement militaire de l’OTAN en Méditerranée orientale.Certes, les bases américaines installées sur le sol grec du temps de la guerre froide ont été démantelées. Mais pas la plus importante : celle de Souda, en Crète, base de la VIe flotte américaine qui reste en pleine activité : située à quelques encablures des côtes de Syrie, de Jordanie, du Liban et d’Israël, les bâtiments et porte-avions américains qui peuvent s’y ravitailler sont à pied d’œuvre en cas de conflit. Lors de l’intervention en Libye visant à renverser le colonel Kadhafi, entre mars et octobre 2011, c’est de là que décollaient les F16 américains. Près de 400 marines, débarquant tout droit de Caroline du Nord, avaient alors investi le joli petit port touristique voisin de La Canée.Pas question pour le président américain de voir ce site stratégique menacé. Or, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, l’affirme : dans son intransigeance économique, l’Europe sous-estimerait le risque de déstabilisation régionale qu’entraînerait une sortie de la Grèce de la zone euro. « Le facteur géopolitique est en effet totalement absent du débat depuis le début de la crise », estime Georges Prévélakis, auteur du livre Géopolitique de la Grèce (Editions Complexe, 2005). « Garantir une Grèce stable politiquement et performante économiquement aide à stabiliser la région et à européaniser les Balkans. Aujourd’hui, c’est la Grèce qui se balkanise », déplore ce professeur à l’université Paris-I.Lire aussi :La tentation chimérique d’une alliance entre Athènes et MoscouSi des années 1970 aux années 1990, la Grèce s’est retrouvée dans une phase de rattrapage économique accélérée par rapport aux pays du nord de l’Europe, depuis vingt ans cependant, elle était devenue un acteur commercial important dans les Balkans, où ses banques, notamment, étaient très actives. L’évolution régionale est suivie avec inquiétude par la chancelière allemande Angela Merkel. Dans ces Etats souvent faibles, Moscou essaie d’avancer des pions en Serbie et dans la partie serbe de Bosnie-Herzégovine, tandis que les djihadistes recrutent dans les Balkans.« L’UE affirme depuis trente ans qu’elle veut aider à créer une zone périphérique tranquille et prospère mais nous observons qu’en réalité, notre voisinage est un voisinage de misère et d’instabilité complète et, aujourd’hui, voici venu le tour de la Grèce », soutient Sia Anagnostopoulou, à la fois députée de la gauche radicale Syriza et professeur d’histoire à l’université Pandeion d’Athènes.« Nous sommes le seul pays démocratique de culture et de principe européen dans un bassin menacé, au nord, par une montée des nationalismes dans les Balkans, au sud, par un recul démocratique des pays d’Afrique du Nord et, à l’est, par une Turquie en voie de radicalisation religieuse et un Proche-Orient à feu et à sang », explique cette universitaire.De fait, en mai, des troubles ont éclaté en Macédoine. Cinq policiers ont été tués le 9 mai dans des combats avec un « groupe armé venu d’un pays voisin », peut être le Kosovo. S’en sont suivis plusieurs jours de manifestations contre le gouvernement.Si la situation n’a finalement pas dégénéré, cela montre tout de même à quel point la situation reste tendue entre l’Albanie, le Kosovo, la Serbie ou laMacédoine depuis l’éclatement de la Yougoslavie. « La Grèce a été un partenaire essentiel au moment de ces crises balkaniques. Pendant la guerre du Kosovo en 1999, les forces de l’OTAN ont transité par le port de Salonique », rappelle M. Prévélakis. Poussées migratoiresLa Grèce a toujours été un lieu de passage. Les Anciens avaient à juste titre donné le nom de pontos, qui signifie passage, à la mer qui baigne les 15 000 kilomètres de côtes grecques. Une mer tachée d’îles comme une peau de léopard, disaient encore les Anciens… Des îles qu’on aborde facilement au départ de la côte turque. C’est ainsi que, depuis cinq ans, la Grèce est devenue l’une des principales portes d’entrée de migrants en Europe. Plus de 40 000 déjà sont arrivés depuis janvier sur les îles de Kos, Lesbos ou Chios.Aujourd’hui la Grèce, parce qu’elle appartient à la zone euro et à l’Europe, reçoit un soutien logistique et financier de l’agence Frontex, pour surveiller les frontières. Elle veille notamment à repérer dans le flux de réfugiés syriens, qui fuient par millions leur pays déchiré depuis quatre ans par la guerre civile, les éventuels djihadistes de l’Etat islamique. « On accuse Tsipras de brandir comme une menace le risque djihadiste, mais il est bien réel », affirme Mme Anagnostopoulou. « Coupée de la solidarité européenne, qui n’est déjà absolument pas à la hauteur de la tâche qui ­repose sur nos épaules ces derniers mois, la Grèce deviendra un simple couloir de passage. Nous serons, certes, les premiers à en subir les conséquences mais le reste de l’Europe aussi sera affecté. »« La difficile relation gréco-­turque ennuie depuis longtemps nos alliés américains, mais elle ne les inquiète pas vraiment », confirme une source européenne à l’OTAN. Et si le secrétaire­ général de cette organisation, Jens Stoltenberg, réclame, envers et contre tout, un maintien des dépenses militaires grecques, c’est pour d’autres raisons que l’apport déterminant d’Athènes. « Les forces armées grecques sont peu déployables, mal équipées et faiblement mobilisables pour nos opérations, car essentiellement orientées contre la Turquie », indique un diplomate au siège de l’Alliance. L’affaiblissement d’Athènes isolerait considérablement Chypre face à la Turquie, qui occupe depuis 1974 le nord de l’île.Rôle plus périphériqueEt la Chine ? Pourrait-elle tenter de profiter d’une situation chaotique en Grèce pour investir un pays européen tel un cheval de Troie ? Elle a fait de la Grèce une tête de pont de sa « nouvelle route de la soie », censée favoriser les échanges et les transports entre la Chine, l’Europe et l’Afrique. Depuis plus de six ans, le géant maritime chinois Cosco gère ainsi les principaux terminaux conteneurs du port du Pirée. Toutefois, « la Chine est davantage intéressée par la géoéconomie que par la géostratégie et, prudente, elle ne sera pas attirée par un pays en grande difficulté », indique François Heisbourg, conseiller ­spécial à la Fondation pour la recherche stratégique, à Paris.Une aggravation des difficultés de la Grèce avec, à la clé, un éventuel « Grexit » provoquerait-elle vraiment le séisme géostratégique annoncé par Alexis Tsipras ? Dimitar Bechev, de l’European Institute of the London School of Economics, est convaincu que le pays en serait simplement réduit à un rôle un peu plus périphérique, au plan économique, politique et stratégique.Konstantinos Filis, directeur de recherche à l’Institut grec de relations internationales, prévient, quand à lui, qu’utiliser l’argument géostratégique contre les partenaires européens aura d’abord un effet désastreux pour la Grèce. « Sortir de nos alliances traditionnelles avec l’Europe et les Etats-Unis pour nous tourner vers la Russie ou la Chine en croyant y trouver de nouveaux protecteurs serait une ­erreur majeure car ces pays ne sont intéressés que par une Grèce membre de la zone euro », diagnostique-t-il.Sia Anagnostopoulou rejette ces accusations d’instrumentalisation de la position géopolitique de la Grèce. « Dans un environnement dévoré par les nationalismes et les ­extrémismes religieux, la Grèce est, et doit ­rester, un rempart contre la barbarie et continuer à porter le modèle de la civilisation ­européenne. »Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.07.2015 à 10h12 • Mis à jour le05.07.2015 à 12h19 | Annick Cojean (Athènes, envoyée spéciale) Ils n’ont guère envie de raconter leur vie, les Athéniens qui font la queue pour entrer dans la salle à manger du centre Galini qui, dans quelques minutes – vers 13 heures –, ouvrira ses portes pour un troisième service. Ils ne sont pas très jeunes, ils ont l’air fatigués, habillés proprement et parfois très coquets. Les hommes ont un sac à dos, les femmes un cabas sous le bras. Et ils attendent. Un peu timides, un peu sauvages, stupéfaits, pour la plupart, de se retrouver là. Car il y a trois ans, ou deux, ou un, ils avaient un travail ou de quoi se nourrir par leurs propres moyens.Ils ne reconnaissent plus leur vie. Ils viennent à la soupe populaire. Comme des milliers d’Athéniens. Les statistiques ne sont pas précises, mais ils se pressent plus nombreux chaque mois, et les points de ravitaillement gratuit se comptent désormais par centaines. Comment s’en étonner ? 35 % des Grecs vivent aujourd’hui au-dessous du seuil de pauvreté.A l’intérieur, des bénévoles virevoltent entre les tables joliment dressées sous de larges icônes. Vite, poser devant chaque place une part de melon et une soupe de haricots nourrissante. La viande est de toute façon exclue le vendredi, le local appartient à l’Eglise orthodoxe. Comme dessert, il y aura un bâtonnet glacé. Un arrivage inattendu, un petit luxe, qui va ravir tout le monde. En quinze minutes, tout sera fini. Et on dressera les tables pour un quatrième service portant à 400 le nombre de repas quotidiens offerts dans ce centre. Quelques mamans se seront faufilées entre-temps vers la cuisine pour qu’on y remplisse leur casserole. Elles donneront ainsi à leur famille l’illusion d’avoir cuisiné elles-mêmes.Plus de 5 500 repas délivrés chaque jour« On ne réalise pas ce qui se passe dans ce pays, dit Xénia Papastavrou, une jeune mère de famille qui a abandonné le journalisme pour réfléchir à un moyen de mettre en œuvre des solidarités afin de nourrir les plus pauvres. La crise s’est aggravée, et des gens ont dégringolé d’un coup, ça peut aller très, très vite, vous savez ! » Des organisations existaient, comme la Banque alimentaire à laquelle elle a collaboré. Mais Xénia Papastavrou était obsédée par l’idée que trop de produits frais sont chaque jour jetés alors qu’ils feraient le bonheur de ceux qui ont faim. « Une boulangerie jette en moyenne 30 kg de pain non vendu en fin de journée. N’est-ce pas absurde, alors que quelqu’un s’est levé à 4 heures pour fabriquer le pain et que des familles en ont besoin à 4 minutes du magasin ? Les mettre en contact me semblait évident. »Elle a donc commencé à lancer un appel sur Internet, auquel ont répondu des artisans, des magasins de produits frais et des associations qui, elles, étaient en demande de nourriture. Puis elle s’est obstinée, sur Facebook et Twitter, expliquant que le temps était venu, en Grèce, de repenser les choses. Qu’on ne pouvait plus attendre des aides mirobolantes tombant du ciel et qu’il était temps de prendre conscience de ce que contenaient les poubelles. Elle a minutieusement choisi le nom de l’association qui devait porter son message : Boroume (« Nous pouvons »). Parce que c’est tout le peuple grec, dit-elle, qui doit vivre différemment. Le quotidien Kathimerini s’est intéressé à sa démarche et l’article a mis le feu aux poudres.« Les mentalités ont changé en Grèce, estime Xénia Papastavrou, fondatrice d’une association d’aide alimentaire. Même la classe moyenne se sent sur le fil. Tout gaspillage est indécent »De toutes parts ont afflué les offres de produits et les appels à l’aide. Une chaîne de supermarchés a réorganisé la gestion de ses stocks et rangé dans des réfrigérateurs particuliers ce qui pouvait chaque soir être distribué. Des artisans, des maraîchers, des restaurateurs, des traiteurs, des hôteliers, des chaînes de fast-food, les restaurants Ikea et les boulangeries Paul. Bref, toutes sortes de partenaires sont entrés dans la danse pour proposer leur aide. Tandis que des cantines, refuges, asiles, écoles, orphelinats, centres de personnes âgées, organisations religieuses et services municipaux pointaient timidement le nez pour exprimer des besoins. C’était exactement ce dont rêvait Xénia : faire le lien, être un pont. Et de plus en plus, jouer les chefs d’orchestre. Car en quatre ans, ce sont plus de mille partenaires qui se sont rassemblés et qui collaborent ensemble par l’entremise de Boroume, délivrant chaque jour, dans toute la Grèce, plus de 5 500 repas. Les premiers tiennent les produits à disposition, les seconds viennent les chercher. Il faut simplement veiller à leur proximité géographique et à une bonne adéquation entre l’offre et le besoin.« Les mentalités ont changé en Grèce, estime l’organisatrice. Même la classe moyenne se sent sur le fil. Tout gaspillage est indécent. » Les sociétés organisant congrès et séminaires ont le réflexe de demander à qui distribuer les restes des dîners et cocktails. Le Salon maritime international Posidonia, avec ses dizaines d’événements, a dégagé un surplus de nourriture à l’origine de plus de 2 000 repas. Des mères de famille appellent aussi pour offrir les restes d’un goûter d’anniversaire de leur enfant. Ou bien une fiancée, pour prévenir que sa fête de mariage, organisée dans l’île de Sifnos, donnera lieu à un excès de nourriture dont elle aimerait faire don. « A nous de prévenir la municipalité de l’île qui, chaque jour, aide déjà 40 personnes. Quarante repas sont peut-être à la clé. » De puissantes fondations, comme la Fondation Stavros Niarchos, tendent désormais la main, des amoureux de la Grèce, les Grecs de la diaspora.« Nouveaux pauvres sonnés et en colère »« Le nombre de pauvres n’ayant pas de quoi manger a été multiplié par 5 ou 6 en quatre ans, remarque Xénia. Des nouveaux pauvres sonnés et en colère. Qui aimeraient crier leur désarroi et punir quelqu’un. Mais comment faire ? Comment dire non à cette vie qui ne leur sourit pas ? L’occasion du référendum est pour eux une aubaine. » Ils voteront non, pense-t-elle.C’est le cas de Tasos Golemis, un bel homme de 46 ans au regard infiniment doux, que l’on rencontre au Centre de soutien familial de l’archevêché d’Athènes. Il a fait de bonnes études avant de trouver un emploi dans une multinationale qui fabriquait des meubles. Et puis un jour, son salaire n’a pas été versé. Ni le mois suivant. Ni celui d’après. L’entreprise a fermé et il s’est retrouvé au chômage, sa femme, infirmière, enceinte de leur premier enfant. Il ne doutait pas alors qu’il retrouverait du travail. Et il a emprunté 4 000 euros à la banque pour financer une opération chirurgicale et l’accouchement de son épouse pour lequel le médecin réclamait un fakelaki (bakchich) de 1 000 euros. Payée uniquement les 3/5e de son salaire pendant son congé de maternité, sa femme est retournée immédiatement au travail. Et le nouveau père, cherchant désespérément des petits boulots au noir, a essentiellement fait, dit-il, du baby-sitting.Un deuxième enfant est né, puis un troisième. Le grand-père, instituteur retraité, a mis l’essentiel de sa retraite de 800 euros à disposition du couple, dont le budget a encore diminué car les impôts l’ont soupçonné de dissimuler des ressources et lui ont réclamé 5 000 euros, tandis que le salaire de l’infirmière était réduit de moitié, atteignant à peine 750 euros. La mort dans l’âme, Tasos s’est résolu à aller demander de l’aide. De la nourriture. Puis des vêtements, des médicaments, des jouets. Il se tient droit mais il ne sait plus quoi attendre. Quoi, sérieusement, espérer. Il se dit que la vie passe, et qu’être un homme au foyer qui fait d’incroyables pirouettes pour nourrir ses enfants n’est pas ce dont il avait rêvé.Alors, puisque pour une fois on lui demande son avis, il votera non à ce référendum. Non à cette vie. Non à la crise. Non à tous les politiciens dont les promesses étaient vides. Ce n’est pas la question ? Qu’importe. Ce sera sa réponse.Annick Cojean (Athènes, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Annick Cojean et Adéa Guillot (Athènes, correspondance) En 1965, un film en noir et blanc connut en Grèce un succès fou. Il mettait en scène un ministre, Andreas Mavrogialouros, costaud, macho et vaniteux, qui s’étourdissait de gloire et de discours, sans s’apercevoir que son entourage n’était que corruption et sa réputation celle d’un politicien véreux. La vérité ne lui apparaissait qu’à la fin du film et le décidait à fuir la politique. Trop tard. Son nom allait entrer dans la légende du cinéma et dans le discours populaire. Mieux encore : dans le dictionnaire… mais sans la majuscule. Un mavroyalouros serait désormais pour les Grecs un politicien corrompu, voleur, vendu. Le symbole de la combine et du clientélisme. « Tous des mavroyalouros ! » entend-on dans les manifestations d’Athènes pour fustiger la classe politique.Lire aussi :Le modèle économique de la Grèce est à redéfinirOn a coutume de faire coïncider l’origine du clientélisme en Grèce avec l’arrivée du socialiste Andréas Papandréou à la tête du pays en 1981 et le déferlement de milliards d’euros de fonds européens après son adhésion à l’Union Européenne la même année. C’est en partie vrai. « L’Etat qui était jusqu’alors assez petit, peu dispendieux et avec des comptes équilibrés se met à grossir sous l’effet du recrutement de milliers de fonctionnaires, reconnaît le politologue Gerassimos Moschonas. Sa dette explose et les déficits se creusent. »« Sa dette explose »Mais ce réflexe clientéliste est plus ancien, il remonte à la fondation même du parlementarisme grec au XIXe siècle lorsque, rappelle M. Moschonas, « le député du village était, pour une Grèce encore largement rurale, le lien avec le pouvoir central, le pourvoyeur de postes et de faveurs ». Ce lien incestueux entre citoyen et politique serait-il inéluctable ?Lire aussi :Le système de santé grec à l’agonieL’inspecteur général de la fonction publique, Leandros Rakidzis sourit à la question et revient à cette information, qui le désole, parue le 2 juillet dans la presse grecque : « Les 230 licenciés du métro d’Athènes sont de retour. » Les 230 en question avaient été embauchés en contrats à durée déterminée en août 2009, avec le parrainage du parti conservateur Nouvelle Démocratie, deux mois avant les élections législatives. Rakidzis, dans un rapport, avait aussitôt dénoncé « l’inutilité » de ces embauches de même que « l’illégalité de la procédure », et réussi à obtenir que ces contrats ne soient pas renouvelés. La politique n’avait pas dit son dernier mot. Syndicats et partis ont fait de la réintégration de ces 230 employés un combat obstiné. Et les voilà qui, cinq ans plus tard, triomphent.« La crise que nous traversons est en partie due au clientélisme mais aussi à la corruption qui ont empéché notre Etat de se moderniser et empoisonnent la vie quotidienne des Grecs », explique l’analyste Georges Sefertzis. Le bakchich – en grec « fakelaki » – semble omniprésent. Les cas les plus choquants sont dans le domaine de la santé. Celui que narre Aspassi par exemple, dont la mère devait subir de toute urgence l’opération d’un anévrisme dans une hôpital privé. « D’accord pour bousculer mon agenda, a dit le neurochirurgien, très réputé, mais il me faudra 3 000 euros dans une enveloppe. » Paniquée, la jeune femme a appelé à la rescousse les membres de sa grande famille pour réunir la somme en l’espace de deux jours.Grèves du zéle« L’Etat a un intérêt à faire l’autruche et prétendre ignorer le phénomène car il paie très mal les docteurs dans le système hospitalier », affirme M. Prevelakis. La fakelaki comme complément de revenu face à des salaires trop bas ? L’argument revient souvent, y compris dans les services fiscaux où les agents ont durement résisté, à coups de grèves du zèle, aux baisses de salaires successives imposées depuis cinq ans dans le cadre des mesures d’austérité appliquées en échange de 240 milliards d’euros de prêts par les créanciers du pays.Lire aussi :Athènes reconnaît « un problème de liquidité » avant un sommet de crise européenPopi, 39 ans, qui est comptable dans le centre d’Athènes et travaille avec des particuliers et de petites entreprises, a dans sa besace des dizaines d’anecdotes qui laissent ses clients amers. Elle raconte ce moment, en 2012, lorsqu’un travailleur indépendant a dû cesser ses activités. A la clôture de ses comptes, il a découvert qu’il avait omis de remettre à l’administration fiscale la liste exhaustive de ses clients pour l’année 2009, omission passible d’une amende. « C’est 600 euros, lui a dit un employé du fisc. Mais donnez-moi 200 et j’antidate votre liste pour que l’amende ne soit que de 100 euros. Vous gagnez 300 ! » Et l’Etat a perdu 500.« En réalité, malgré la perception qu’en ont les Grecs, ces phénomène sont en recul ces dernières années », explique Costas Bacouris, président de l’antenne grecque de Transparency International, une organisation chargée de mesurer la corruption dans le monde. « Les gens ont de graves difficultés économiques et refusent de plus en plus de payer les fakelakis et, pour ce qui est de la fraude fiscale ou la corruption des agents, l’électronisation des procédures et quelques condamnations exemplaires d’agents fautifs ont commencé à faire bouger les lignes. »A qui la faute?Transparency International publie chaque année un indice de perception de la corruption (CPI). En 2014, sur un total de 174 pays, la Grèce est remontée à la 69e place. « Elle était au delà de la 80e place les années précedentes », précise M. Bacouris. Pour autant, les véritables réformes structurelles attendues et même réclamées par de nombreux Grecs pour limiter le clientélisme, favoriser la méritocratie ou moderniser l’administration n’ont toujours pas eu lieu.A qui la faute ? Au personnel politique grec comme on l’entend souvent, qui aurait résisté à tout esprit de réforme pour ne pas froisser sa clientéle électorale ? Aux créanciers qui auraient choisi d’insister seulement depuis cinq ans sur les mesures susceptibles de redresser drastiquement les comptes et de dégager de l’argent pour le remboursement de la dette ? Un peu des deux sans doute.Plus sévère, Gerassimos Moschonas reproche aux Européens leur logique comptable. « Ils avaient tellement de pouvoir à un moment qu’ils auraient pu imposer ces réformes et se comporter en partenaires intéressés à moderniser le pays. » N’est-il pas paradoxal d’attendre d’une puissance extérieure qu’elle torde le bras à cette élite politique corrompue pour l’obliger à changer ? De nombreux Grecs auraient en tout cas beaucoup pardonné aux créanciers s’ils avaient eu, dans le même temps qu’ils leur imposaient des sacrifices énormes, la volonté de les débarasser de ces maux qui continuent d’empoisonner leur vie quotidienne.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteAnnick CojeanJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 04.07.2015 à 00h23 • Mis à jour le04.07.2015 à 04h28 | Aude Lasjaunias (Athènes, envoyée spéciale) « N’écoutez pas la voix de la peur », a lancé le premier ministre grec Alexis Tsipras devant quelque 25 000 partisans du « non » au référendum sur le plan de réformes des créanciers réunis, vendredi 3 juillet, place Syntagma au pied du Parlement grec, à Athènes. Tout au long de la soirée, le message a été le même : ne pas céder aux cassandres qui s’affolent de l’issue de la consultation populaire du 5 juillet. « Dimanche, nous ne déciderons pas uniquement de rester dans l’Europe, nous saurons si nous voulons vivre dignement dans l’Europe », a fait valoir, devant une foule galvanisée et intergénérationnelle, le chef de l’exécutif.Toutes les générations sont représentées : "Non à la peur" #Grèce #Oxi http://t.co/8AjIE2RlpE— AudeLjs (@Aude Lasjaunias)require(["twitter/widgets"]);« Mon mari et moi sommes venus à toutes les manifestations, raconte Maria, quinquagénaire souriante. Celle de ce soir a une saveur particulière. Il nous était impensable de ne pas être présents. » A 48 heures du scrutin ce rassemblement était hautement symbolique : au même moment, 22 000 personnes soutenant le camp adverse étaient réunies au stade panathénaïque — où ont eu lieu les premiers jeux Olympiques modernes en 1896 — à seulement quelques mètres de la Vouli (le Parlement grec). Plus tôt dans la journée, le journal centriste Ethnos publiait un sondage créditant le oui de 44,8 %, contre 43,4 % pour le non, et chiffrant surtout à 11,8 % la proportion d’indécis.Lire :« Oxi » ou « Nai » ? A deux jours du référendum en Grèce, les deux camps se font entendreTémoignages de solidaritéC’est sans doute à ces derniers que tous les intervenants qui se sont succédés sur l’estrade de la place Syntagma s’adressaient avant tout. Plusieurs artistes, majoritairement grecs, sont venus plaider la cause du non à grand renfort de slogans, « nous ne voulons plus vivre comme des esclaves », de citations de grandes figures de la lutte contre l’oppression comme Nelson Mandela, et de chansons révolutionnaires.#Syntagma #Grèce #Oxi : Chanson révolutionnaire grecque sous la dictature des colonels http://t.co/cYx4sz7Mge— AudeLjs (@Aude Lasjaunias)require(["twitter/widgets"]);Des membres de Podemos, de Die Linke, ou encore le député socialiste Pascal Cherki, des représentants de mouvements comme Blockupy Germany ont également pris la parole pour témoigner d’une solidarité transnationale que de nombreux Grecs n’espéraient plus. « Je suis touchée qu’ils soient là ce soir, pour nous montrer que l’on n’est pas seuls. Ces derniers jours, on avait vraiment le sentiment d’être les moutons noirs de l’UE. Là, on réalise vraiment qu’on partage cette volonté d’avoir une Europe démocratique, libre et unie », raconte Evgenia, âgée d’une quarantaine d’années.« Ce référendum est la meilleure chose que le gouvernement de Tsipras pouvait faire. La parole est enfin au peuple. C’est pour pouvoir nous exprimer que l’on a voté pour Syriza », argue Maria. La soirée s’est déroulée sans incidents une ambiance festive ponctuée de « oxi » (non en grec), d’applaudissements, mais aussi de sifflets à la mention des noms de la présidente du Fonds monétaire international Christine Lagarde, de la chancelière allemande Angela Merkel, de son ministre des finances Wolfgang Schäuble ou encore de journalistes grecs accusés de propagande.Alors que le risque de division est le motif principal de l’angoisse de la société grecque aujourd’hui, Alexis Tsipras l’a promis : « On a déjà gagné en envoyant ce message de dignité. Quelle que soit l’issue du vote de samedi, nous devons rester et nous resterons unis. » data-tym-playerid="tym-player-x2w1tc5" data-tym-title="Grèce : quels sont les scénarios possibles ?" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/economie/video/2015/06/30/grece-quels-sont-les-scenarios-possibles_4664784_3234.html" data-tym-categories="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-tags="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-providerreference="x2w1tc5" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Aude Lasjaunias (Athènes, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 03.07.2015 à 15h14 • Mis à jour le03.07.2015 à 18h40 data-tym-playerid="tym-player-x2w1tc5" data-tym-title="Grèce : quels sont les scénarios possibles ?" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/economie/video/2015/06/30/grece-quels-sont-les-scenarios-possibles_4664784_3234.html" data-tym-categories="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-tags="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-providerreference="x2w1tc5" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"A deux jours du référendum pour décider si les Grecs acceptent ou non les conditions économiques de leurs créanciers, le Fonds européen de stabilité financière (FESF) a officiellement déclaré la Grèce en « défaut » de paiement, après le non-remboursement de 1,5 milliard d’euros au Fonds monétaire international (FMI). Pour le président du Fonds, Klaus Regling :« Ce défaut est une cause de grave inquiétude. Cela rompt l’engagement pris par la Grèce d’honorer ses obligations financières et ouvre la voie à de sévères conséquences pour l’économie et le peuple grec. »Le Fonds, le plus gros créancier du pays avec des prêts totalisant 144,6 milliards d’euros, dit pourtant « garder toutes les options ouvertes » en fonction des évolutions en Grèce. Le Fonds « suivra en permanence la situation et évaluera régulièrement sa position ». En attendant, il se réserve le droit d’agir ultérieurement, « sans réclamer de remboursement immédiat » à Athènes. L'Union des banques grecques a indiqué que les banques avaient « des liquidités suffisantes jusqu’à leur réouverture prévue mardi ». Les banques sont fermées depuis le 28 juin et les retraits aux guichets automatiques limités à 60 euros par jour.Lire sur Les Décodeurs :Réformes ou sortie de l’euro : comprendre la situation de la GrèceTsipras s’appuie sur le FMIDans le même temps, le gouvernement grec et les « institutions » continuent de se parler par médias interposés. A l’occasion d’une allocution télévisée, le premier ministre Alexis Tsipras a souhaité « une décote de 30 % de la dette grecque et une période de grâce de vingt ans » pour assurer « la viabilité de la dette » de son pays.Alors qu’un rapport du FMI publié jeudi évoque la possibilité d’un effacement de la dette à hauteur de 30 % pour atteindre les objectifs fixés en 2012 lors du deuxième plan de sauvetage (124 % du PIB en 2020 contre 176 % aujourd’hui), %. Tsipras a regretté que la position du Fonds « n’ait jamais été présentée par les créanciers pendant les cinq mois de négociation ».Dans son rapport, le FMI évoque aussi la nécessité de trouver 50 milliards d’euros de financements supplémentaires pour la Grèce sur une période allant d’octobre 2015 à fin 2018. Selon le FMI, l’Union européenne et la Banque centrale européenne devraient apporter une contribution de 36 milliards d’euros.Les négociations continuent-elles ? Yanis Varoufakis, le ministre des finances grec, a répété qu’un accord avec les créanciers était à portée de main, que les discussions avec les institutions continuaient en coulisse et que « nous pourrions trouver un accord demain matin [samedi]. »« Si c’est non, je peux vous affirmer que durant cette semaine d’impasse nous avons eu des propositions tout à fait convenables provenant de l’Europe, en confidentialité, et un accord est plus ou moins scellé. »Pour le ministre, la seule divergence qui subsiste entre la Grèce et ses créanciers concerne « l’allégement de la dette ». Pour la politique budgétaire et la liste des réformes, le gouvernement grec et les institutions seraient, selon lui, « très très proches » d’un accord.Ce qui n’est visiblement pas l’avis de Jean-Claude Juncker. Le président de la Commission européenne a démenti dans la foulée la poursuite des discussions lors d’une conférence de presse à Luxembourg.« Aucune négociation n’est en cours. Si les Grecs votent non, la position grecque sera considérablement affaiblie. »Cette possibilité a également été écartée par le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, qui dit dans Bild que d’éventuelles négociations prendraient « un moment », même en cas de victoire du oui au référendum. Malgré la position du gouvernement d’Alexis Tsipras, qui incite les 10 millions de Grecs à voter non, le oui était légèrement en tête (à 44,8 % contre 43,4 %) dans un sondage publié le 3 juillet par le journal Ethnos. Un autre sondage, réalisé pour Bloomberg par l'Université de Macédoine, montre un pays partagé, avec 43 % pour le non, contre 42,5 % pour le oui. Les deux camps comptents manifester ce soir dans les rues d’Athènes. data-tym-playerid="tym-player-x2wb9u3" data-tym-title="Thomas Piketty : ceux qui cherchent le Grexit « sont de dangereux apprentis-sorciers »" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/festival/video/2015/07/02/thomas-piketty-ceux-qui-cherchent-le-grexit-sont-de-dangereux-apprentis-sorciers_4668064_4415198.html" data-tym-categories="festival,crise-grecque,international,grece,economie,europe,emissions,union-europeenne" data-tym-tags="festival,crise-grecque,international,grece,economie,europe,emissions,union-europeenne" data-tym-providerreference="x2wb9u3" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion" Bastien Vachon   Dans une interview publiée dans Le Monde daté du jeudi 2 juillet, Nicolas Sarkozy évoque l’actualité internationale de ces dernières années. Sur la crise ukrainienne, certaines informations de l’ex-président sont fausses.Hollande a-t-il attendu un an avant de discuter avec Poutine ?Ce que Sarkozy dit :« Je m’interroge toujours sur la question de savoir pourquoi il a fallu attendre un an pour discuter avec M. Poutine. »Pourquoi c’est faux :La crise ukrainienne remonte au 21 novembre 2013, date à laquelle le gouvernement ukrainien de Viktor Ianoukovitch refuse de signer l’accord d’association avec l’Union européenne. Cette décision est le point de départ de la révolution ukrainienne, qui débouche sur le renversement du président, le 21 février 2014.Dans la foulée, Moscou annexe la Crimée, et alimente de plus en plus ouvertement les tensions dans l’est du pays, qui ne tarderont pas à se transformer en conflit armé.Trois mois plus tard, François Hollande dîne à l’Elysée avec Vladimir Poutine afin d’évoquer la situation en Ukraine. En juin, c’est lui qui réunira en Normandie, à l’occasion des commémorations des 70 ans du Débarquement, les présidents russe et ukrainien.A-t-on retiré au russe son statut de langue officielle ?Ce que Sarkozy dit :« Il fallait […] empêcher le gouvernement ukrainien de retirer le statut de langue officielle au russe dans un pays où 30 % de la population est russophone. »Pourquoi c’est exagéré :En 2012, Viktor Ianoukovitch, alors président de l’Ukraine, fait voter une loi élargissant les droits d’utilisation de certaines langues minoritaires au niveau régional. Le russe devient langue régionale dans les territoires où les russophones représentent plus de 10 % de la population, soit dans 13 subdivisions administratives sur 27. Cette initiative est dénoncée à l’époque par l’opposition. Viktor Ianoukovitch la promulgue tout de même, le 8 juillet de la même année.Lorsque son régime est renversé, le 21 février 2014, le Parlement ukrainien vote une loi abrogeant ce statut de langue régionale (c’est à cet épisode que fait référence Nicolas Sarkozy). Les protestations sont immédiates ; cette loi ne sera jamais promulguée et encore moins appliquée. L’initiative du Parlement aura malgré tout un effet désastreux dans l’Est russophone du pays, contribuant à envenimer le conflit.La question linguistique a toujours eu en Ukraine une connotation politique. Le régime tsariste avait interdit l’usage de l’ukrainien. En Ukraine soviétique, russe et ukrainien (deux langues proches) sont toutes deux langues officielles du pays. Les intellectuels ukrainiens seront malgré tout des cibles de choix de la répression, particulièrement pendant les années Staline.Par ailleurs, l’affirmation selon laquelle « 30 % de la population est russophone » méconnaît une réalité : l’Ukraine est un pays bilingue. L’immense majorité de ses habitants parlent les deux langues ; celles-ci peuvent être utilisées alternativement à la télévision sans que personne ne s’en émeuve. Et des villes russophones comme Kharkiv ou Dnipropetrovsk se sont découverts à l’occasion de la guerre une identité ukrainienne forte, fournissant notamment de nombreux volontaires aux forces armées du pays.Bastien Vachon 03.07.2015 à 11h48 • Mis à jour le03.07.2015 à 15h55 | Marie Charrel Aucune statistique ne peut restituer l’ampleur des sacrifices concédés par les Grecs depuis six ans. Certains chiffres aident néanmoins à la mesurer. En 1999, le produit intérieur brut (PIB) par habitant de la Grèce, en parité de pouvoir d’achat, s’élevait ainsi à 24 429 dollars (22 020 euros), selon les calculs de l’institut de conjoncture Coe-Rexecode.En 2007, il est monté jusqu’à 33 018 dollars (29 765 euros), avant de retomber à 24 564 dollars (22 145 euros) en 2014. « Cela signifie que depuis la crise, les Grecs ont reperdu toute la richesse qu’ils avaient gagnée depuis l’entrée dans l’euro », résume Charles-Henri Colombier, de Coe-Rexecode.Sur la même période, le PIB par tête de la zone euro est passé de 33 562 dollars (30 257 euros) en 1999 à 37 141 dollars (33 483 euros) aujourd’hui, avec un pic à 38 483 dollars (34 693 euros) en 2007. Malgré la crise, les pays de l’union monétaire affichent donc en moyenne une richesse par tête supérieure à celle de 1999. Seule la Grèce fait figure d’exception, avec l’Italie. « Si l’on regarde froidement les chiffres, c’est un complet retour quinze ans en arrière », se désole Patrick Artus, économiste chez Natixis.Lire aussi :La Grèce officiellement déclarée en défaut de paiementUne production en baisse de 20 %Le constat est tout aussi alarmant si l’on se penche sur l’industrie hellène. Depuis 1999, la production industrielle, hors bâtiment, s’est contractée de 20 %, tandis que l’investissement en volume s’est effondré de 47 %. Le PIB, lui, est toujours inférieur de plus de 25 % à son niveau de 2009. Cet effondrement de l’économie grecque est-il le seul fruit des politiques de rigueur exigées à la Grèce depuis 2009 ? Ou s’agit-il d’un retour « progressif et ordonné à l’équilibre », comme l’a froidement diagnostiqué Jean-Claude Trichet, l’ancien président de la Banque centrale européenne, le 23 juin, sur BFM Business.Pour comprendre de quoi il retourne, il convient de remonter à la création de l’euro. A son introduction, la monnaie unique a eu un impact très différent selon les pays membres. « Dans les Etats périphériques, elle a déclenché une forte baisse des taux d’intérêt et des coûts du crédit, qui se sont rapprochés des niveaux allemands », rappelle Charles Wyplosz, économiste à l’Institut des hautes études internationales de Genève. Une formidable opportunité. Qui s’est transformée en bombe à retardement lorsqu’elle n’a pas été utilisée à bon escient. Baisse des coûts de l’empruntC’est ce qui s’est passé dans le cas grec. « La baisse des coûts d’emprunt a alimenté l’augmentation des dépenses publiques, tandis que la consommation a été soutenue par une hausse des salaires supérieure à celle des gains de productivité », ajoute M. Wyplosz.Quand la crise a frappé, Athènes s’est donc retrouvée dans une situation particulièrement délicate. Non seulement son économie était structurellement affaiblie, mais en plus, ses importants déficits public et extérieur (15 % du PIB), la laissaient sans munition pour faire face à la crise.Un cocktail que les politiques de rigueur demandées par la « troïka » (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne et Commission), mal calibrées, a rendu explosif. « La récession qu’a traversée la Grèce est l’une des plus violente enregistrée depuis le XIXe siècle, et l’ampleur de l’assainissement budgétaire opéré depuis est sans précédent », explique Nina Delhomme, économiste au Crédit agricole. Le déficit public est ainsi passé de 15,2 % à 2,7 % du PIB en cinq ans seulement. Le déficit extérieur a été effacé. Et les salaires ont chuté de 20 % à 30 %.Lire sur Les Décodeurs :La Grèce, dernier exemple d’une longue histoire de défauts souverainsDouloureux sacrificesMalgré ces douloureux sacrifices, les exportations n’ont pourtant pas rebondi comme espéré, contrairement à ce que l’on a observé en Espagne ou en Irlande. Motif : les entreprises grecques tournées vers l’export sont à la fois trop petites et trop peu nombreuses. Mais surtout, les réformes de la « troïka » n’ont pas traité certains des maux-clés dont souffre l’économie grecque. En particulier la question des rentes maintenant des prix trop élevés dans certains secteurs, la corruption endémique, les défaillances de l’administration…C’est là que l’exemple grec diffère de celui de l’Espagne. Comme Athènes, Madrid est tombé dans le piège des taux d’intérêt trop bas : ils ont alimenté une monstrueuse bulle immobilière, qui a explosé avec la crise de 2007. « Mais ils ont aussi permis d’accumuler du capital productif, c’est-à-dire de renforcer l’industrie, explique M. Artus. Voilà pourquoi le pays s’en sort aujourd’hui mieux ».Dans le cas de la Grèce, qui faut-il blâmer ? Les gouvernements grecs successifs, d’abord, qui n’ont rien fait pour lutter contre le népotisme, l’économie noire, la déliquescence de l’industrie. Les institutions de la zone euro, aussi. L’impact de l’entrée dans la monnaie unique sur les pays périphériques était déjà identifié en 1999. Mais rien a été fait pour les aider à éviter le piège du crédit à bas coût. « Tout le monde s’est voilé la face, confesse une source européenne. Pire, la flambée de l’immobilier espagnole était vantée comme un succès, alors qu’elle reposait sur un château de sable ! »Selon les économistes, il faudra au bas mot une décennie pour que le pays retrouve son niveau de vie de 2007. Que les mesures d’austérité se poursuivent ou non, que le gouvernement d’Alexis Tspiras reste au pouvoir ou non, les prochaines années seront extrêmement douloureuses pour les Grecs.Lire aussi :Le défaut de paiement de la Grèce, comme celui de l’Argentine en 2001 ?Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Maryline Baumard Et s’il était urgent de dénoncer les accords franco-britanniques régissant Calais (Pas-de-Calais) et ses migrants ? C’est ce que propose la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), dans un avis rendu le 2 juillet. Cette autorité administrative indépendante, qui assure un rôle de conseil et de proposition en matière de droits de l’homme, est arrivée à cette conclusion à l’issue d’une auto-saisine sur la situation calaisienne, où 3 000 migrants sont bloqués et maintenus dans des conditions jugées « infra-humaines » par la commission.La proposition de la CNCDH pourrait bien faire avaler le thé de travers outre-Manche. La presse populaire est en effet déjà à fleur de peau sur le sujet car les grèves successives de MyFerryLink, avec blocage du trafic sous le Tunnel, ont permis à de nombreux migrants de profiter du désordre pour franchir la frontière fin juin. Et aujourd’hui la même cause risque de produire les mêmes effets.Après des auditions et une visite de terrain dont la délégation est revenue « extrêmement choquée », la Commission dénonce entre autres « les coûts multiples induits par la retenue sur le territoire français des migrants qui voulaient rejoindre la Grande-Bretagne ». Alors, sans plus de détour, « la CNCDH recommande instamment la dénonciation des traités et accords dits du Touquet et de Sangatte ». La France et le Royaume-Uni ont conclu plusieurs traités et accords administratifs bilatéraux, afin de délocaliser les contrôles frontaliers britanniques dans les zones portuaires et ferroviaires françaises et de renforcer les dispositifs de sécurité dans ces dernières. Or ces textes conduiraient « à faire de la France le “bras policier” de la politique migratoire britannique » selon l’instance consultative.Lire le reportage :Le bidonville de Calais, « Sangatte sans toit »Atteinte au droit d’asileJeudi, à l’heure où la CNCDH peaufinait encore son avis très peu diplomatique, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, recevait à déjeuner son homologue britannique, Theresa May. Officiellement, les deux ministres se sont félicités de ces accords conjoints. Plus officieusement, la ministre britannique a aussi rappelé son souhait que la France fasse un peu mieux en matière d’offre d’asile à Calais, afin que les traversées de la Manche soient moins nombreuses. Une exigence britannique à laquelle Paris se plie déjà avec zèle depuis quelques mois.Or ce sujet des réfugiés est aussi abordé par la CNCDH qui déplore que la France empêche les réfugiés de déposer une demande d’asile de l’autre côté de la Manche, en leur interdisant de quitter l’Hexagone. « La CNCDH y voit une atteinte à la substance même du droit d’asile », rappelle l’avis, qui estime ni plus ni moins que les accords signés sont « incompatibles avec les dispositions du règlement Dublin III » qui sont la référence en matière de gestion de l’asile en Europe. Les 70 à 80 Syriens qui réclament chaque jour de discuter avec les autorités des deux pays à ce sujet reçoivent, en guise de réponse, des évacuations par les CRS de la place d’Armes de Calais. Si leur droit de réfugié est bafoué, leur liberté de quitter la France aussi. La Commission juge plus largement, en effet, que « l’application des accords bilatéraux est [aussi] une atteinte disproportionnée au droit fondamental de quitter n’importe quel pays, énoncé dans la Convention européenne des droits de l’homme ».L’aspect financier des accords ne compenserait même pas ces graves atteintes au droit. La CNCDH estime par ailleurs ces accords inéquitables car très à l’avantage de Londres. « Si l’arrangement de septembre 2014 prévoit le versement sur trois ans de 15 millions d’euros par le Royaume-Uni à la France, cette somme apparaît tout à fait dérisoire au regard du coût engendré par l’accueil des migrants en France », précise encore l’avis, qui rappelle que le seul centre d’accueil de jour Jules-Ferry a coûté 6 millions à la France (et 4 millions à l’Europe).Lire aussi (édition abonnés) :A Calais, une opération humanitaire inéditeOutre cet aspect diplomatique auquel peu d’instances osent toucher, la CNCDH demande aux pouvoirs publics « de prévoir des financements pour renforcer la capacité d’accueil des dispositifs d’hébergement d’urgence, afin de mettre définitivement un terme aux conditions de vie inhumaines et indignes des migrants présents sur la lande ». Aujourd’hui 100 personnes y disposent d’un vrai lit. Soit 3 % des exilés… Un rapport remis la veille au ministre de l’intérieur évoquait cette nécessité d’héberger les migrants. Mais sans en faire un préalable.Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.07.2015 à 20h19 • Mis à jour le03.07.2015 à 15h52 | Aude Lasjaunias (Athènes, envoyée spéciale) Neuf jours. C’est le laps de temps qui sépare l’annonce surprise d’Alexis Tspiras, dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 juin, de soumettre au vote des Grecs le plan de réformes proposé par les créanciers du pays, de la tenue de cette consultation populaire, le 5 juillet. Un délai trop court pour le Conseil de l’Europe : « Il n’y a pas de possibilité d’avoir une observation internationale », a avancé le porte-parole du secrétaire général de l’institution.« Les questions d’un référendum doivent être très claires et compréhensibles », a par ailleurs argué Daniel Höltgen, estimant que ce n’était pas le cas à ce stade. Réponse stoïque d’Athènes : les électeurs sont appelés à se prononcer sur un texte précis, qui, de toute manière, a d’ores et déjà été inscrit au Journal officiel après son adoption par le Parlement, samedi.Lire :Grèce : le Conseil de l’Europe juge que le référendum « pose problème »Qu’importe si, dans les faits, l’enjeu réel du référendum de dimanche semble bien confus dans la tête des Grecs : oui ou non à la monnaie unique ? Oui ou non au maintien du pays dans l’Union européenne ? Oui ou non au gouvernement actuel ? Le scrutin aura bien lieu, a réaffirmé mercredi 1er juillet lors d’une allocution télévisée le premier ministre. Sur l’ensemble du pays, 9 855 029 électeurs se rendront ainsi dans un des 19 243 centres ouverts.Le pouvoir judiciaire chargé du bon déroulement« Le calendrier est serré et tout a été un peu précipité », reconnaît George Psichogios, membre de Syriza et député de la région de Corinthe dans le nord du Péloponnèse. Grâce à la récente tenue des élections générales, le mécanisme est toutefois bien rôdé. En Grèce, c’est le pouvoir judiciaire qui est chargé du bon déroulement d’un vote, les élus locaux n’étant sollicités que pour la variable logistique, notamment s’assurer que les établissements scolaires sont disponibles à la date requise, et fournir les listes électorales. Juges, avocats ou juristes avaient pu se porter candidats pour chapeauter le scrutin du 25 janvier. Le registre des volontaires alors établi a servi de base pour le référendum.Vasileios Frantzis fait partie des quelque 13 000 conseils, sur les 21 000 que compte Athènes, à avoir manifesté son envie de participer à la procédure de ce début d’année. Le 5 juillet, comme il y a cinq mois, il sera « remplaçant ». « Les personnes directement mobilisées peuvent être envoyées n’importe où à travers le pays, explique-t-il. Elles peuvent cependant émettre des préférences, honorées en fonction des besoins. » Si le vote ne se tient que dimanche, il leur faudra se présenter dès la veille à la cour d’appel la plus proche de leur lieu d’affectation. « C’est indispensable que tout soit près pour l’ouverture de la consultation populaire à 7 heures du matin », précise l’avocat. Chaque magistrat ou juriste travaillera par tranches de quatre heures. Pour ne pas avoir à gérer seul la tenue du bureau de vote, il peut faire appel aux services d’un secrétaire ou espérer la venue d’un « comité de citoyens », composé généralement de trois à cinq électeurs de la localité. « Dans certains cas, le représentant de la justice ne reçoit aucune aide. Ce qui n’est pas très étonnant car lui est payé pour cette tâche, alors que les autres apportent leur soutien bénévolement », ajoute le conseil.Dans la région d’Athènes, un titulaire touche 75 euros par jour pour sa participation, un remplaçant gagne la moitié. L’indemnité s’élève à 90 euros dans le cas de personnes mobilisées dans d’autres régions du pays. « L’Etat considère que l’on va être réquisitionné au moins trois jours. Cela peut monter jusqu’à neuf jours dans le cas de personnes envoyées à l’autre bout du pays. Mais, même sans la dimension financière, de nombreux individus veulent prendre part à ce genre d’événement. C’est extrêmement grisant. » De leur côté, les membres des partis politiques pourront venir s’assurer du bon déroulement du scrutin, sans toutefois être autorisés à prendre part à son organisation tant que le bureau de vote est ouvert. « Si le magistrat réquisitionné a besoin d’aide pour le décompte des bulletins, il peut toutefois nous solliciter, mais dans le respect de l’intégrité de la procédure », ajoute George Psichogios.Des bureaux de vote dans les consulatsContrairement aux élections générales du 25 janvier, les expatriés en Europe et aux Etats-Unis devaient pouvoir prendre part au vote. Les bureaux étant alors installés dans les consultats et les personnels diplomatiques prenaient en charge la logistique du scrutin. Le délai organisationnel a eu raison de ce projet.En revanche, comme il y a cinq mois, les militaires, les policiers ou les magistrats mobilisés hors de la localité sur laquelle ils sont inscrits comme électeurs sont autorisés à voter sur le lieu de leur affectation. Des urnes vont aussi être mises en place sur les bateaux pour le personnel naval. Il n’existe en revanche pas en Grèce de système de procuration. « Chaque électeur est tenu de se rendre en personne », souligne M. Psichogios.Pour cette consultation populaire, le corps électoral comptera par ailleurs 108 371 nouveaux votants : les Grecs ayant fêté leurs 18 ans. Dans le pays, ces derniers n’ont pas besoin de faire de démarche particulière pour être inscrits sur les listes. Ils sont automatiquement enregistrés dans la localité dans laquelle leurs parents les ont déclarés à l’état civil.Fraîchement majeure, Elektra se moque des 120 kilomètres et quelque trois heures de trajet aller-retour qui séparent Athènes de Xylokastro, petite ville du nord du pays où vivent ses proches. La jeune fille anticipe déjà les alternatives pour mener à bien son périple du jour : bus, covoiturage, train… Le 5 juillet, elle ira voter non. Bien consciente de la portée historique que pourrait avoir le premier bulletin qu’elle glissera dans l’urne.Lire aussi :Grèce : 5 jours d’épuisantes tractations et maintenant l’attente data-tym-playerid="tym-player-x2w1tc5" data-tym-title="Grèce : quels sont les scénarios possibles ?" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/economie/video/2015/06/30/grece-quels-sont-les-scenarios-possibles_4664784_3234.html" data-tym-categories="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-tags="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-providerreference="x2w1tc5" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Aude Lasjaunias (Athènes, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Plus de 80 actions dans une soixantaine de villes espagnoles ont eu lieu ces derniers jours contre la loi « de sécurité citoyenne », aussi appelée « loi bâillon », entrée en vigueur mercredi 1er juillet. Des militants de Greenpeace ont déployé une bannière géante au-dessus du Congrès des députés et bâillonnés les statues de lions qui en gardent l’accès. Des activistes des Femen ont escaladé la fontaine de la Place de Cibeles, face à la mairie de Madrid. Et des milliers de personnes ont protesté, malgré la canicule, dans plusieurs villes, en promettant de ne pas abandonner le combat contre une loi qui entrave, selon eux, le droit de manifester.Bien que l’Espagne n’ait guère connu d’explosion de violence durant la crise et que le ministère de l’intérieur se vante régulièrement que plus de 99 % des manifestations sont pacifiques, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a adopté une loi qui vise à « faire taire les protestations sociales, limiter le droit à manifester et la liberté d’expression », dénonce Joaquim Bosch, porte-parole de l’association Juges pour la démocratie. Elle donne aux policiers le pouvoir d’imposer de lourdes amendes pour des infractions liées aux nouvelles formes de mobilisations sociales que les juges n’avaient pas cru bon de qualifier comme délits.Rédaction vague et impréciseEmpêcher une expulsion immobilière en opposant une résistance pacifique aux forces de l’ordre et aux huissiers, comme le font depuis 2009 les militants de la Plateforme des victimes des crédits immobiliers (PAH), cofondée par l’actuelle marie de Barcelone, la militante Ada Colau, est aujourd’hui passible de 600 à 30 000 euros d’amende. Camper sur les places publiques, comme les « Indignés » en 2011, leur en coûterait aujourd’hui de 100 à 600 euros. Tout comme grimper sur des bâtiments publics, comme les activistes de Greenpeace.Plus ambiguë est l’interdiction de « perturber la sécurité citoyenne » devant le Parlement, ce qui semble faire référence au mouvement « Rodea el Congreso » (« Entoure le Congrès ») de 2012, ou celle de diffuser des images des policiers qui « mettent en danger sa sécurité personnelle et familiale » et risque d’entraver le droit à l’information, selon Amnesty International.Car un autre point polémique est que la rédaction des infractions, souvent vague et imprécise, laisse une grande marge d’interprétation aux agents. « La loi abuse de concepts juridiques indéterminés, explique Joaquim Bosch. Ils doivent être concrétisés car le citoyen ne sait pas ce que l’autorité entend punir. Ils peuvent donc couvrir de possibles abus policiers. »Consensus contre la loiRarement une loi n’aura suscité un consensus aussi ample à son encontre. Depuis un an et demi, les mobilisations n’ont cessé en Espagne. La plateforme Nous ne sommes pas un délit, qui regroupe une centaine d’associations, a été jusqu’à organiser en avril une manifestation d’hologrammes pour dénoncer l’atteinte à la liberté d’expression qu’elle suppose.L’association Caritas a dénoncé une criminalisation de la pauvreté, du fait des amendes infligées aux gens qui campent. SOS Racisme a critiqué le cadre légal qu’elle donne au refoulement des migrants à la frontière de Ceuta et Melilla, et qui suppose une violation des droits de l’homme. Un groupe de rapporteurs spéciaux des Nations unies a estimé qu’elle « menace de violer les droits et libertés fondamentales des individus ». La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) s’est inquiétée d’une loi qui cherche à « dissuader les citoyens d’exprimer leurs opinions au travers d’actes publics ».L’opposition en bloc s’est positionnée contre la loi bâillon. Tout en ayant saisi le Tribunal constitutionnel, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) s’est engagé à abroger la loi s’il remporte les élections législatives de l’automne.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Charrel et Claire Guélaud La présidente argentine Cristina Kirchner a comparé, mercredi 1er juillet, la crise grecque au défaut de son pays en 2001, qui fut l’un des plus importants de l’histoire financière, tout en insistant sur les conséquences « terribles » des politiques d’austérité.Son ministre de l’économie, Axel Kicillof, a surenchéri en assurant que les réformes exigées par les créanciers d’Athènes sont « contre-productives et aggravent encore davantage la crise ». « Je peux dire aux Grecs que les remèdes du Fonds monétaire international ne fonctionneront pas », a-t-il prévenu. « Ce que vit le peuple grec correspond exactement à ce que nous, Argentins, avons vécu en 2001 : les conséquences de politiques terribles, néolibérales, d’ajustements permanents qui entraînent vers la misère, la faim et le chômage », a déclaré Mme Kirchner à la télévision publique argentine.« Aujourd’hui, 60 % des jeunes Grecs n’ont pas de travail, 30 % des citoyens grecs s’éclairent à la bougie, pour économiser sur le coût de l’électricité, aujourd’hui il y a des gens dans les rues dont les pensions et les retraites ont été réduites », a ajouté la chef de l’Etat en faisant remarquer que le FMI n’avait jamais demandé à l’Argentine de réduire ses dépenses militaires.S’il est vrai que les défauts grec et argentin présentent des similitudes, fait-il sens de comparer les deux pays ? Rien n’est moins sûr.Lire les dernières informations :Grèce : 5 jours d’épuisantes tractations et maintenant l’attenteL’Argentine dispose de matières premières agricoles, la Grèce mise sur le tourismeLa troisième économie d’Amérique latine, qui avait l’un des niveaux de vie les plus élevés du monde avant la première guerre mondiale, semble à première vue plus solide que l’économie hellène, ne serait-ce que parce qu’elle dispose de matières premières agricoles. Mais elle subit toujours les conséquences du krach de 2001. Le pays, dont la structure productive est duale – un secteur agricole exportateur, une industrie en manque d’investissements –, a accumulé entre 1991 et 2001 de forts déficits courants, qui ont abouti en juin 2011 à la fin de la convertibilité peso-dollar.Jusqu’à la crise de 2009, les principaux moteurs de la croissance grecque étaient les dépenses publiques et la consommation des ménages, cette dernière reposant beaucoup sur une hausse des salaires supérieure aux gains de compétitivité et sur le crédit à bas coût.Depuis la crise, le pays peine à reconstruire son modèle de croissance. Le seul secteur dynamique est le tourisme. Les PME, pénalisées par l’assèchement des liquidités bancaires, sont trop petites pour se tourner vers l’export. Enfin, nombre de secteurs sont paralysés par des rentes maintenant des prix artificiellement haut, au détriment des Grecs. Contrairement à Buenos Aires, Athènes ne peut donc pas compter sur les matières premières ou un secteur agricole fort pour ses recettes fiscales.De fait, Buenos Aires a profité l’envolée des cours des matières premières entre 2003 et 2009, qui a tiré sa croissance ces années-là (9 % par an), pour accumuler un excédent commercial et des réserves de change record, qui lui ont permis de se financer sans faire appel aux marchés.Lire aussi :Pourquoi la dette grecque n’est pas soutenableLes défauts grec et argentin ne sont pas comparablesLe 23 décembre 2001, Buenos Aires annonce un moratoire sur sa dette publique extérieure occasionnant en janvier 2002 le défaut souverain le plus important à cette date, tant par son montant (94 milliards de dollars, soit 84 milliards d’euros) que par le nombre de ses créanciers (plus de 700 000). Les fuites de capitaux et les retraits de dépôts qui s’en sont suivis, doublés de mesures économiques impopulaires, conduisent à la démission du gouvernement et à la dévaluation de la monnaie argentine.Le pays s’engage en 2002 dans un long processus de restructuration de sa dette, qui comporte plusieurs étapes (2005, 2010, 2014). L’importance de la décote proposée en 2010 – environ 70 %, selon une note de la direction générale du Trésor de septembre 2014 – conduit certains créanciers à garder leurs obligations de 2005 à hauteur de 19,5 milliards de dollars par la suite et à refuser l’offre d’échange qui leur est faite.Un quart de ces obligations était détenu par des créanciers « procéduriers » – les  fonds vautours  – qui rachètent « à bas prix des titres obligataires de pays surendettés pour en obtenir par la suite le remboursement complet devant les tribunaux ».Ces derniers n’ont pas tardé à se lancer dans une bataille juridique de longue haleine, qui a abouti, en juillet 2014, à un nouveau défaut partiel de l’Argentine, le gouvernement de Cristina Kirchner ayant refusé de rembourser les fonds vautours. C’est toujours le cas depuis.La Grèce, elle, a vu sa dette publique restructurée en 2012 : les créanciers privés ont accepté une décote de 50 à 75 % sur les obligations hellènes qu’ils détenaient. Le niveau de la dette a été ramené de 175 à 157 % du PIB. Elle est depuis remontée à 177 % du PIB, mais elle appartient désormais pour plus de 75 % à des créanciers publics : FMI, banque centrale européenne, fonds européen de stabilité financière (FESF) et autres pays membres de la zone euro.C’est une différence majeure avec l’Argentine. Les créanciers publics de la Grèce conserveront leurs obligations grecques jusqu’à ce qu’elles arrivent à échéance.Buenos Aires a remboursé le FMI en avance, Athènes a échoué à le rembourser à tempsLe 30 juin, la Grèce a échoué à rembourser les 1,6 milliard d’euros qu’elle devait au FMI. Il s’agit du premier pays industrialisé entré en « incident de paiement » auprès du fonds depuis sa création, en 1944. A ce jour, le Zimbabwe, la Somalie et le Soudan sont ainsi toujours en retard de paiement. Par le passé, le Liberia, l’Irak et la République démocratique du Congo l’ont été. De son côté, Athènes a officiellement demandé un report du remboursement – une requête que le conseil d’administration du FMI étudie.L’Argentine, elle, a remboursé par anticipation, en décembre 2005, les dix milliards de dollars (9 milliards d’euros) qu’elle devait encore au FMI. Un remboursement là aussi effectué en puisant dans les réserves en devises du pays, estimées à l’époque à plus de 21,64 milliards d’euros. L’échéance du remboursement était initialement fixée à 2008.Près de quinze ans après, l’économie argentine subit néanmoins toujours les conséquences de son défaut souverain. Notamment parce que le pays est toujours en conflit avec les fonds vautours. Résultat : il n’a toujours pas accès aux marchés de capitaux, l’accord trouvé avec le Club de Paris (le groupe informel de pays qui lui a prêté de l’argent) en mai 2014 pour le remboursement de la dette aux créanciers publics n’ayant pas été jugé suffisant compte tenu du « défaut partiel » de juillet 2014.Depuis, l’Etat fait donc marcher la planche à billets, ce qui nourrit une inflation persistante : + 37,6 % en 2014 selon les analystes privés et + 21,3 % selon l’organisme argentin des statistiques, l’INDEC.Lire aussi :Le système bancaire européen à l’abri des turbulences grecquesL’Argentine fait face à d’importants défis structurelsMalgré les immenses ressources naturelles dont elle dispose, l’économie argentine est aujourd’hui en difficulté. « Le pays n’a pas profité de la forte croissance enregistrée entre 2003 et 2009 pour diversifier son industrie et renforcer sa compétitivité », explique Christine Rifflart, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques.Depuis que la croissance mondiale ralentit, ses exportations de matières premières et ses réserves de change diminuent. Malgré une baisse de 11,4 % des importations à 65 milliards de dollars, son excédent commercial (6,8 milliards d’euros) a chuté pour la deuxième année consécutive : - 20,8 % en 2013 et - 16,5 % en 2014. Le contrôle des capitaux mis en place, fin 2011, est par ailleurs à l’origine d’un marché parallèle des devises et d’un phénomène de course au dollar.De l’avis du consensus des analystes privés plus crédible que les statistiques publiques, le pays a vu son produit intérieur brut (PIB) se contracter de 2 % en 2014 et resterait en récession en 2015 (- 0,9 %). Les autorités, pour leur part, ont retenu une croissance de 0,5 % en 2014 et de 2,8 % en 2015.Au début de l’année dernière, le peso argentin a été dévalué et les taux d’intérêt ont été relevés provoquant une baisse du pouvoir d’achat des Argentins, pour la première fois depuis dix ans. Pas de chance à l’orée d’une année électorale ! La présidente péroniste est en effet à la fin de son mandat et ne peut se représenter. L’élection présidentielle aura lieu le 25 octobre. data-tym-playerid="tym-player-kXsXJu6xMKjMcLbR95F" data-tym-title="Thomas Piketty : ceux qui cherchent le « Grexit » « sont de dangereux apprentis sorciers »" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/economie/video/2015/07/02/thomas-piketty-ceux-qui-cherchent-le-grexit-sont-de-dangereux-apprentis-sorciers_4668028_3234.html" data-tym-categories="crise-grecque,economie,international,grece,europe,emissions,videos,festival" data-tym-tags="crise-grecque,economie,international,grece,europe,emissions,videos,festival" data-tym-providerreference="kXsXJu6xMKjMcLbR95F" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterClaire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L’urgence, dans le « dossier grec », est désormais à l’attente. A laisser s’écouler, sans rien faire, les trois jours qui nous séparent du référendum du dimanche 5 juillet, programmé par Athènes pour demander aux Grecs s’ils approuvent ou non le projet d’accord avancé par les créanciers du pays.Car la porte, qui s’était légèrement entrouverte en début de semaine entre le gouvernement grec et ses créanciers – Fonds monétaire international (FMI), Banque centrale européenne (BCE), Commission européenne –, s’est brutalement refermée, mercredi 1er juillet.La chancelière allemande, Angela Merkel a décrété : pas de négociation, pas d’accord avant la tenue du référendum. Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a de nouveau appelé à voter non au référendum sur l’accord « réformes contre argent frais ». Et l’Eurogroupe (réunion des ministres des finances de la zone euro), prenant acte de ce double non, a refermé la porte à double tour.Pourtant, une fois passé l’effet de surprise de l’annonce (le 26 juin dans la nuit) du référendum, un certain nombre d’acteurs du dossier avaient cherché à rapprocher les parties et à aboutir à un accord.Lundi, mardi et encore mercredi matin, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, le président français, François Hollande, et le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem ont ainsi été à la manœuvre.Au risque d’être critiqués par ceux qui, en Allemagne ou parmi les ministres des finances de la zone euro, avaient déjà pris leur décision, considérant qu’il n’était plus temps, ni utile, de discuter avec Athènes avant d’avoir le résultat du vote populaire grec, dimanche.Récit de ces cinq jours.Vendredi 26 juin, l’annonce surprise d’un référendum Les négociations avaient repris entre Athènes et ses créanciers depuis le début de la semaine, afin de trouver un terrain d’accord sur les réformes à mettre en place en Grèce qui permettraient de débloquer 7,2 milliards d’euros d’aides.Entre le lundi 22 et le vendredi 26 juin, trois réunions des ministres des finances de la zone euro (Eurogroupe), un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro et un conseil européen se sont succédé. Vendredi, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker passe 14 heures à négocier avec le premier ministre grec, Alexis Tsipras.Mais, en pleine nuit, Alexis Tsipras annonce un référendum pour le 5 juillet sur le plan proposé par les créanciers. La décision est prise après le retour précipité de Bruxelles d’Alexis Tsipras, qui consulte pendant cinq longues heures son conseil des ministres – et obtient son soutien quasi unanime.L’effet de surprise est total. L’Elysée et la chancellerie berlinoise sont prévenus vendredi soir, alors qu’Alexis Tsipras a eu, le matin, une réunion trilatérale avec François Hollande et Angela Merkel, en marge du conseil européen. Jean-Claude Juncker n’appris la nouvelle qu’à son réveil, samedi matin, assure son entourage.En réalité, l’idée du référendum était discutée par Alexis Tsipras et ses proches collaborateurs depuis déjà quelques jours. « Lorsque nous avons compris, mardi 23 juin, que les créanciers ne nous donneraient rien, nous avons été très déçus et nous avons pensé au référendum », explique-t-on au gouvernement grec.Lire aussi :A Athènes, la querelle face à « ce référendum qui va nous diviser »Samedi 27 juin, la fin du plan d’aideL’Eurogroupe, réuni à Bruxelles dans l’après-midi, rejette une demande grecque d’une prolongation du plan d’aide dont bénéficie Athènes. L’accord d’assistance financière en cours avec la Grèce expirera donc le 30 juin.Dimanche 28 juin, l’instauration du contrôle des capitaux Alexis Tsipras annonce avoir reformulé la demande d’une extension du programme d’aide au pays. La requête a été adressée au président du Conseil européen et aux 18 dirigeants des Etats membres de la zone euro, ainsi qu’au président de la BCE, de la Commission et du Parlement européen.Dans l’après-midi, la Banque centrale européenne décide de maintenir sa ligne de financement d’urgence (dite ELA) aux banques grecques, mais elle n’en relève pas le plafond.Alexis Tsipras s’enferme avec son cabinet, rencontre le gouverneur de la Banque centrale grecque et confirme dans la soirée la mise en place dès le lendemain de mesures de contrôles des capitaux, ainsi qu’une fermeture des banques jusqu’au 7 juillet.Les Grecs se précipitent aux guichets des banques qui ferment les uns après les autres.Lire le décryptage :Grèce : à quoi sert le contrôle des capitaux ?Lundi 29 juin, l’appel au non d’Alexis Tsipras Jean-Claude Juncker prononce un discours musclé en milieu de journée. Il se dit trahi par Alexis Tsipras et appelle les Grecs à voter oui au référendum. Il a prévenu auparavant François Hollande de la teneur de ses propos.Plus tard, le soir, Jean-Claude Juncker appelle Alexis Tsipras lui enjoignant d’appeler à voter oui au référendum et d’envoyer de nouvelles propositions à l’Eurogroupe. Le premier ministre grec dit qu’il va réfléchir.Mais, un peu plus tard, dans un entretien à la télévision, Alexis Tsipras appelle à un non massif, faisant valoir que cela permettra à son gouvernement d’être en position de force pour négocier. Il assure aussi que si le oui l’emporte, il ne restera pas premier ministre à tout prix.Jean-Claude Juncker lui envoie un texto pour lui offrir une porte de sortie : accepter les conditions des créanciers ; demander une prolongation du programme d’aide avant minuit lundi ; demander une déclaration de l’Eurogroupe qui promettra de revoir la dette grecque en octobre 2015.Mardi 30 juin, les deux lettres du gouvernement grec Nouvelle série d’entretiens entre Alexis Tsipras et Jean-Claude Juncker, le président du Parlement européen Martin Schulz et enfin Paris. A l’issue de ces discussions, Alexis Tsipras envoie deux lettres aux créanciers, dont l’une après 22h30.Dans un premier document, il détaille les « prior actions », c’est-à-dire la liste des réformes à mettre en œuvre en Grèce et les dates de mise en œuvre. Cette liste, à quelques aménagements près, est proche des conditions fixées par les créanciers la semaine précédente.Dans le second document, le premier ministre grec demande aux créanciers la mise en place d’un troisième plan d’aide d’environ 30 milliards d’euros sur deux ans, ainsi qu’une renégociation de la dette.Jean-Claude Juncker réussit à convaincre Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, de convoquer une réunion d’urgence des ministres des finances de la zone euro. Celle-ci a lieu à 17 heures, par téléphone. Jean-Claude Juncker et Jeroen Dijsselbloem espèrent qu’Alexis Tsipras va, cette fois, appeler à voter oui, ou retirer son référendum.Ce dernier reprend les négociations. Lorsque l’opposition accuse le gouvernement de ne plus savoir où il en est, Alexis Tsipras déclare à la télévision publique grecque que le « référendum n’est qu’un pas de plus sur la voie de la négociation ».A ce moment-là, au sein de son cabinet, c’est la ligne modérée du vice-président Yannis Dragassakis qui a le vent en poupe : il faut profiter du choc provoqué par l’annonce du référendum pour tenter d’arracher d’ici à la fin de la semaine un accord de la dernière chance. Quitte à annuler ensuite le référendum.Mercredi 1er juillet, le non de Mme Merkel à tout accord avant le vote La Grèce n’a pas remboursé leS 1,6 milliard d’euros qu’elle devait au Fonds monétaire international (FMI) avant minuit le 30 juin.Jean-Claude Juncker appelle François Hollande au téléphone. Le président français pousse pour un accord, parle de la dette. La France, depuis des semaines, pousse pour un accord global avec Athènes, abordant aussi la question d’une renégociation des conditions de remboursement de la dette, une demande grecque insistante. Jean-Claude Juncker est lui aussi d’accord pour parler de la dette.A la mi-journée, François Hollande fait valoir officiellement sa position : « Il faut être clair, l’accord, c’est tout de suite ! », déclare-t-il.En fin de matinée, Alexis Tsipras prévient qu’il va de nouveau s’adresser à la nation. Mais son allocution se fait attendre. En fait, le premier ministre grec attend que la chancelière allemande parle à Berlin devant le Bundestag. « Nous ne saurons jamais ce que Tsipras s’apprêtait à dire avant, mais il a ajusté son texte en fonction de ce qu’a dit Merkel », croit savoir une source gouvernementale.En l’occurrence, la chancelière allemande annonce catégoriquement qu’il n’y aura aucune discussion et aucun accord avant la fin du processus de référendum.Lire le récit :La crise grecque met le tandem franco-allemand à l’épreuveEn fin d’après-midi, sonné par la fermeté d’Angela Merkel, le premier ministre grec choisit d’insister sur le « non » en repoussant, lui aussi à l’après référendum la conclusion d’un éventuel accord.Un peu plus tard, l’Eurogroupe, qui devait examiner la demande grecque d’ouverture d’un troisième plan d’aide, rejette cette dernière, au motif que le gouvernement grec, qui fait campagne pour le non à l’accord proposé, ne peut en même temps continuer à négocier.C’est la fin de l’espoir d’un accord de dernière minute. Dans l’entourage d’Alexis Tsipras, la ligne dure, qui ne croit pas au « compromis à tout prix », reprend la main.Le ministre des finances, Yanis Varoufakis et le ministre d’Etat, Nikos Pappas montent au créneau et expliquent aux Grecs pourquoi il est plus nécessaire que jamais de voter non au référendum.L’objectif pour le gouvernement grec est désormais d’obtenir le score le plus important possible dimanche pour affermir sa légitimité face à Bruxelles. Pour l’instant les sondages placent le non en tête. Pour la première fois, un sondage réalisé mardi, avant la dernière allocution d’Alexis Tsipras mercredi 1er juillet, donnait l’avantage au oui. data-tym-playerid="tym-player-x2w1tc5" data-tym-title="Grèce : quels sont les scénarios possibles ?" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/economie/video/2015/06/30/grece-quels-sont-les-scenarios-possibles_4664784_3234.html" data-tym-categories="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-tags="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-providerreference="x2w1tc5" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martin Untersinger Une erreur, ça peut arriver à tout le monde, même à la justice britannique. Amnesty International en a fait l’expérience en recevant récemment un courriel du président de l’Investigatory Powers Tribunal (IPT), la cour chargée des services de renseignement britanniques. Dans son message d’excuses, ce dernier expliquait que dans un jugement récent, le tribunal avait confondu Amnesty avec une organisation non gouvernementale (ONG) égyptienne de défense des droits de l’homme.Lire aussi :Les dérives des espions britanniquesLe tribunal avait reconnu, le 22 juin, que le Government Communications Headquarters (GCHQ — littéralement le « Quartier général des communications du gouvernement »), la puissante agence de renseignement chargée des écoutes, avait mis sur écoute Amnesty international ; une surveillance théoriquement légale, mais dans laquelle plusieurs règles de procédure n’ont pas été respectées. En raison d’une confusion dans la nomenclature utilisée pour désigner les plaignants, c’est l’organisation égyptienne qui a été présentée initialement comme victime.Eric King, le président de l’ONG Privacy International, qui ferraille depuis des années contre le GCHQ, a estimé que cette confusion était « grotesque » :« Cela met bien en évidence le problème avec les tribunaux secrets, où seule une partie peut examiner les preuves. Cinq juges expérimentés ont inspecté des preuves secrètes, vraisemblablement sans les comprendre, et ont rendu un jugement qui s’est révélé faux. Nous devons comprendre pourquoi et comment cela a été possible. »Sur le fond, Salil Shetty, le secrétaire général de l’ONG a vivement réagi, dans un communiqué :« C’est scandaleux que ce qui a été souvent présenté comme les pratiques des dirigeants despotiques ait lieu sur le territoire britannique, par son propre gouvernement ! Comment pouvons-nous espérer mener notre travail crucial dans le monde entier si la correspondance que nous avons avec les défenseurs des droits de l’homme et les victimes d’abus peuvent finir entre les mains du gouvernement ?! »C’est en effet sur des points de détail que le tribunal a jugé la surveillance menée par le GCHQ illégale, et rendu du même coup ladite surveillance publique. Les juges ont estimé que l’espionnage de l’une des plus grandes ONG de défense des droits de l’homme par une grande démocratie occidentale était parfaitement légal.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Denis Cosnard Quatre ans après avoir choisi de sortir du nucléaire à la suite de la catastrophe de Fukushima, l’Allemagne vient de prendre une autre grande décision en matière énergétique. Pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, le pays va fermer une partie de ses centrales électriques brûlant du charbon. Telle est la mesure sur laquelle le gouvernement d’Angela Merkel s’est mis d’accord tard dans la nuit du mercredi 1er au jeudi 2 juillet.Lire aussi :Les milliards que coûte l’« addiction » au charbon des pays richesLa décision a été prise au terme de plus de quatre heures de discussions entre la chancelière chrétienne-démocrate et ses partenaires de la coalition, les sociaux-démocrates du SPD et l’Union chrétienne-sociale de la CSU.Le ministre (SPD) de l’économie, Sigmar Gabriel, avait initialement proposé une taxe qui aurait amené les compagnies électriques à débrancher une bonne partie de leurs installations les plus polluantes. Mais les industriels et les syndicats ont violemment protesté, en agitant le chiffre de 100 000 emplois menacés dans cette filière. Une autre option a été mise à l’étude : la fermeture concertée des centrales concernées, mais sans taxe.Lire aussi :Les énergéticiens allemands, plus gros pollueurs d’EuropeEnviron cinq centrales concernéesC’est cette deuxième solution qui a été retenue et officialisée par Berlin, jeudi 2 juillet. Selon ce projet, des centrales fonctionnant au charbon d’une puissance de 2 700 mégawatts vont être arrêtées d’ici à 2020 par leurs propriétaires, des groupes tels que l’allemand RWE ou le suédois Vattenfall.Lire aussi :L’Allemagne peine à sortir du charbon et à remplir ses objectifs climatiquesCela devrait concerner environ 5 centrales, selon Reuters. Elles ne seront plus autorisées à alimenter le réseau en temps normal, a précisé un porte-parole du ministère de l’économie. Ces unités seront placées « en réserve », et pourront être remises en service en cas d’urgence.Toutes les centrales fonctionnant au charbon ou au lignite, un mauvais charbon très humide dont l’Allemagne regorge, ne sont pas concernées, loin de là. Environ 40 % de l’électricité allemande est produite grâce à cette méthode, et les autres énergies (gaz, éolienne, solaire, etc.) ne paraissent pas en mesure de prendre le relais à très court terme.Réduire ses émissions de CO2 de 40 %Avec cette mesure, l’Allemagne espère parvenir à réduire ses émissions de CO2 de 40 % d’ici à 2020, par rapport à ce qu’elles étaient en 1990, comme elle s’y est engagée. La décision intervient cinq mois avant la conférence internationale prévue à Paris en décembre, où 195 Etats tenteront de trouver un accord contraignant pour lutter contre le changement climatique.Lire aussi :La Chine se fixe pour objectif d’« atteindre le pic de ses émissions de CO2 autour de 2030 »Les opérateurs des centrales ainsi mises à l’arrêt pour des raisons politiques vont-ils obtenir une indemnisation financière ? La réponse n’est pas connue à ce stade.La décision allemande constitue dans tous les cas un nouveau coup dur pour l’industrie du charbon, qui broie actuellement du noir. Soumise à une très forte pression de l’opinion et des pouvoirs publics dans de nombreux pays, la filière est aussi victime de la concurrence du gaz de schiste et du fléchissement de la consommation chinoise. Des deux côtés de l’Atlantique, les cours du charbon sont tombés ces dernières semaines à leur plus bas niveau depuis une dizaine d’années.Lire aussi :Charbon : noir c’est noirDenis CosnardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.07.2015 à 21h29 • Mis à jour le01.07.2015 à 21h50 | Damien Leloup Cibles similaires, même mode opératoire : de la même manière que les communications d’au moins trois présidents de la république française et de plusieurs ministres ont été surveillées par l’agence de renseignement américaine, la NSA, les conversations de la chancelière allemande Angela Merkel et de plusieurs ministères clés de la république allemande ont été espionnées. C’est ce que montrent plusieurs documents confidentiels publiés ce 1er juillet par WikiLeaks, en collaboration avec Mediapart, Libération,la Süddeutsche Zeitung, l’Espresso et Ethnos.L’un de ces documents, daté d’octobre 2011, relate, en détail, une conversation entre Mme Merkel et son assistant personnel, portant sur les solutions à apporter à la crise financière en Grèce. Qualifiant la chancelière « d’hésitante » sur ce dossier, le document note que la chancelière pense qu’un nouveau geste envers la Grèce serait insuffisant pour redresser la situation du pays.La mise sur écoute d’Angela Merkel n’est pas une nouveauté. Le Spiegel avait déjà révélé en 2013 que le téléphone portable de la chancelière figurait sur un document listant des cibles potentielles de la NSA. Mais l’enquête ouverte par la justice avait finalement classé ce dossier sans suite, le 12 juin dernier, faute de preuves. Les accusations « ne peuvent pas être prouvées légalement dans le cadre du droit pénal », avait estimé le parquet de Karlsruhe. Le document publié par WikiLeaks laisse peu de doute sur le fait que des écoutes aient bien eu lieu – reste à savoir si la justice allemande considérera ces nouveaux documents comme conformes aux règles de procédure, et rouvrira l’enquête.Ces révélations avaient provoqué un scandale politique et diplomatique en Allemagne. Les Etats-Unis avaient alors affirmé que la chancelière n’était « pas sous surveillance » – sans démentir formellement qu’elle avait pu l’être par le passé. Une réponse similaire a été donnée la semaine dernière à François Hollande par Barack Obama, après les révélations de l’existence d’écoutes visant les présidents français.Commission d’enquête parlementaireCes rapports devraient dans tous les cas intéresser au premier chef la commission d’enquête parlementaire allemande, qui travaille sur les écoutes de la NSA dans le pays depuis les révélations d’Edward Snowden. D’autant plus que les rapports publiés ce 1er juillet montrent que les communications d’autres responsables politiques allemands de premier plan, dont Nikolaus Meyer-Landrut, le responsable des affaires européennes, ont également été visées.Une longue liste de « sélecteurs » – des identifiants utilisés par la NSA pour cibler des communications ou leurs métadonnées (qui appelle qui, quand, où) – rendue publique par WIkiLeaks laisse entendre que de très nombreux téléphones dans les ministères allemands intéressaient la NSA. Et ce de manière prioritaire : le niveau de priorité affecté à ces lignes, 2, est le même que ceux des téléphones identifiés comme appartenant à Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande dans de précédents documents.Ironie du sort, ces nouveaux documents sont publiés alors que le Monde et le Spiegel ont révélé en avril et en mai que le BND, les services de renseignement allemands, et l’opérateur national Deutsche Telekom, avaient espionné des dirigeants français pour le compte des Etats-Unis. Pour surveiller l’Allemagne, la NSA a également fait appel à des alliés : les comptes-rendus des interceptions visant Nikolaus Meyer-Landrut proviennent du GCHQ, les services secrets britanniques. data-tym-playerid="tym-player-x2u0rj1" data-tym-title="Comment les métadonnées permettent de vous surveiller (expliqué en patates)" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/pixels/video/2015/06/15/comment-les-metadonnees-permettent-de-vous-surveiller-explique-en-patates_4654461_4408996.html" data-tym-categories="surveillance-numerique,vie-privee,l-actu-en-patates,videos,pixels" data-tym-tags="surveillance-numerique,vie-privee,l-actu-en-patates,videos,pixels" data-tym-providerreference="x2u0rj1" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Annick Cojean L’heure du bouclage de son journal étant avancée à 22 heures le vendredi, soit deux heures plus tôt que les autres jours, Dimitri Psarras avait décidé, ce 26 juin, d’aller rejoindre quelques collègues et amis pour fêter l’anniversaire de son épouse, également journaliste à Efimerida Ton Syntakton, « Le journal des rédacteurs », proche de Syriza.Tignasse et barbe blanches, yeux doux et trogne sympathique, Psarras est une figure du journalisme d’investigation en Grèce et presque un mythe pour de nombreux reporters qui vénèrent ses enquêtes implacables sur les militants néonazis d’Aube dorée, le parti d’extrême droite.La fête battait son plein, dans la douceur de la nuit athénienne, quand soudain, sur le coup de 1 h 20 du matin, le visage du premier ministre Alexis Tsipras apparut sur la télévision. Tous les convives se ruèrent vers l’écran et Psarras, regardant instinctivement sa montre, pensa immédiatement : « Vite, stopper les rotatives, bouleverser la Une du journal de samedi. » L’annonce du référendum était un énorme coup de théâtre.C’était hélas trop tard. Un autre journal était déjà sous presse. Un quotidien conservateur – Kathimerini – avec un tirage de 25 000 exemplaires, le double de celui de Psarras, et propriété du groupe possédant l’imprimerie. Impossible donc de négocier.La nuit fut courte. Blogs, tweets, postes sur Facebook, et téléphone : toute la médiasphère s’enflamma. L’équipe de 80 personnes du Journal des rédacteurs, créé en 2012 sous forme de coopérative (tous les journalistes sont... Benoît Vitkine Moscou souffle le chaud et le froid avec ses voisins baltes. Le 25 mai, le président du Parlement russe, Sergueï Narychkine, assurait dans un entretien à la télévision lettone vouloir des « relations normales avec les Etats baltes ». Précision importante, tant l’annexion de la Crimée par la Russie et sa politique agressive envers l’Ukraine ont inquiété son voisinage, M. Narychkine indiquait qu’il considérait les trois pays baltes – Estonie, Lettonie, Lituanie – comme « des pays indépendants et souverains ».Un mois plus tard, c’est un signal bien différent qui est envoyé par Moscou. Mardi 30 juin, le parquet général russe a indiqué avoir ouvert une enquête visant à vérifier la légalité de la décision des autorités soviétiques de reconnaître, en 1991, l’indépendance des trois pays baltes qui faisaient auparavant partie de l’URSS.Deux députés du parti au pouvoir Russie unie avaient annoncé mi-juin avoir adressé une demande en ce sens au procureur général de Russie, Iouri Tchaïka. Selon Evgueni Fiodorov et Anton Romanov, le Conseil d’Etat de l’URSS a reconnu, le 6 septembre 1991, l’indépendance proclamée par la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie un an auparavant, sans toutefois apporter à la Constitution de l’Union soviétique les amendements nécessaires. Les deux élus font en outre valoir que ce Conseil d’Etat de l’URSS, formé notamment par le président de l’Union soviétique et les présidents de toutes les Républiques de l’Union, était lui-même un organe inconstitutionnel.Le rattachement de la Crimée à l’Ukraine jugé illégalL’affaire sonne d’autant moins comme une blague que ce même parquet général avait jugé illégal, la semaine passée, le rattachement administratif de la Crimée à l’Ukraine en 1954. Le parquet, qui estimait pour arriver à cette conclusion qu’« en vertu de la Constitution de l’URSS, le Conseil suprême de l’Union soviétique n’avait pas le pouvoir de modifier le territoire des Républiques soviétiques », précisait toutefois qu’il n’était pas en mesure de saisir la justice pour réclamer la validation juridique de cette constatation, car il se serait agi de « contester une loi de l’URSS », un pays qui n’existe plus.L’annonce du parquet russe a d’ores et déjà provoqué des réactions courroucées de la Lituanie, qui l’a qualifiée de « provocation ». « Notre indépendance a été obtenue par le sang et avec les sacrifices du peuple lituanien. Personne n’a le droit de la menacer », a souligné la présidente lituanienne, Dalia Grybauskaite, dans un communiqué. Sur un ton plus léger, le père de l’indépendance du pays, Vytautas Landsbergis, a estimé que Vilnius disposait d’éléments questionnant la légalité de l’Etat russe. « Qu’est-ce que c’est que cet Etat qui a détrôné son tsar et l’a tué, ainsi que ses enfants ? » a ironisé M. Landsbergis.Incidents frontaliersLe chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a pour sa part indiqué ne pas être au courant de cette nouvelle procédure. « Je n’ai pas entendu parler d’une telle demande, a-t-il déclaré à des journalistes à Vienne. Je ne sais qu’une chose, c’est que nous avons des relations diplomatiques avec les pays baltes. »Depuis plusieurs mois, et malgré de fréquents incidents frontaliers, Moscou semble soucieux de rassurer ses voisins baltes sur ses intentions. Il n’est pas à exclure que la démarche initiée par les députés Fiodorov et Romanov l’ait été sans validation du Kremlin. Même si elle est devenue, sous la présidence de Vladimir Poutine, une simple chambre d’enregistrement, la Douma est souvent utilisée pour présenter toutes sortes de propositions, reflétant souvent la ligne la plus dure du régime russe.Mais l’initiative met surtout en évidence la vague révisionniste qui s’est abattue sur la Russie. En novembre 2014, Vladimir Poutine s’interrogeait à haute voix sur « ce qu’on peut bien reprocher » au pacte Molotov-Ribbentrop, cet accord signé en 1939 entre l’URSS et l’Allemagne nazie et dont un protocole secret ouvrait la voie à l’invasion par Staline d’une partie de l’Europe orientale, pays baltes y compris.Benoît VitkineJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Nicolas Chapuis François Hollande et Angela Merkel n’avaient jamais affiché aussi clairement leur différence de vues sur la question du sauvetage de la Grèce. En marge d’une visite à Lyon, mercredi 1er juillet, le chef de l’Etat a pris le contre-pied de la chancelière allemande, qui avait rejeté toute idée de reprise des négociations avant le référendum qui doit se dérouler en Grèce, dimanche 5 juillet. « Il faut être clair : l’accord, c’est tout de suite, il ne peut pas être différé, il faut qu’il vienne », a déclaré M. Hollande.Pas question, selon lui, d’attendre le vote des Grecs :« Je veux qu’on puisse trouver un accord en fonction des règles européennes. Il doit être trouvé avant le référendum, ça n’aura plus grand sens après la consultation. S’il ne peut pas être trouvé, alors le référendum aura lieu avec les conséquences que l’on sait. »Lire les dernières informations dans notre direct consacré à la situation en Grèce« Affirmations péremptoires »Ces déclarations sont faites alors qu’Alexis Tsipras, le premier ministre de la Grèce, a formulé de nouvelles propositions de réformes, mardi 30 juin dans la soirée. Le contenu de sa lettre se rapproche des demandes des créanciers, selon un proche des négociations.Mais cela n’a visiblement pas satisfait Angela Merkel et son ministre des finances, Wolfgang Schäuble, qui refusent pour le moment de retourner à la table des négociations.Visiblement agacé par la tournure des événements, François Hollande, qui s’est entretenu mercredi matin au téléphone avec Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, a mis en garde contre « les affirmations péremptoires » et « les ruptures brutales » :« Je pense que nous devons toujours rechercher l’accord, la négociation, la raison, encore faut-il que tout le monde en soit convaincu. (…) La France, elle, se bat, elle n’est pas dans le veto, elle n’est pas dans la brutalité. »A l’Elysée, on minimisait mercredi la portée de ces déclarations : « Le président a redit, de façon plus incisive, ce qu’il ne cesse de répéter depuis plusieurs jours : oui, un accord est possible, mais pour cela il faut négocier », explique l’un de ses conseillers, qui précise que les propos s’adressent autant à Angela Merkel qu’à Alexis Tsipras.Lire le décryptage :L’Eurogroupe ne veut plus rien négocier avant le référendum en Grèce« Sauver l’Europe »En France, la pression politique se fait de plus en plus forte sur la réouverture des négociations avec Athènes. Une quarantaine de personnalités de tous bords ont signé, mercredi 1er juillet, une tribune dans Marianne au titre explicite : « Sauver la Grèce, c’est sauver l’Europe ».Parmi les signataires, on retrouve le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, le patron du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, l’ancien ministre de l’économie Arnaud Montebourg, les députés frondeurs Benoît Hamon et Christian Paul, des élues écologistes, comme Cécile Duflot et Emmanuelle Cosse, le secrétaire national du Parti communiste français, Pierre Laurent, des députés de droite, comme Henri Guaino, Rama Yade ou Nicolas Dupont-Aignan, et des économistes, comme Thomas Piketty ou Michel Aglietta.Si l’Europe échoue à reprendre langue avec Athènes, le texte prévient qu’« il faudra ramasser deux cadavres : celui de la Grèce et celui de l’idée européenne ».Nicolas ChapuisJournaliste au service PolitiqueSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.07.2015 à 09h54 • Mis à jour le01.07.2015 à 14h35 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) Vaut-il mieux agrandir l’aéroport londonien d’Heathrow ou celui de Gatwick ? C’est l’un des plus vieux serpents de mer britannique et l’un des sujets les plus sensibles, aussi bien économiquement que politiquement.La commission chargée par le gouvernement d’éclairer son choix a rendu public son verdict très attendu, mercredi 1er juillet au matin : en recommandant la construction d’une troisième piste à Heathrow, l’aéroport le plus fréquenté du pays, elle relance une intense bataille politique et environnementale.Selon le rapport rédigé par l’économiste Howard Davies, l’extension générerait 147 milliards de livres (207,3 milliards d’euros) et permettrait la création de 70 000 emplois à l’horizon 2050.Trois hypothèsesLa commission avait à arbitrer entre trois hypothèses : une deuxième piste à Gatwick, l’extension d’une piste d’Heathrow ou la création d’une troisième piste au nord-ouest de cet aéroport situé à 25 km à l’ouest du centre de Londres, le premier d’Europe en nombre de passagers.Elle a choisi cette dernière option, la plus onéreuse (17,6 milliards de livres, contre 7 milliards de livres pour Gatwick) et la plus controversée.Tout en jugeant l’option Gatwick « crédible », Sir Howard Davies estime qu’Heathrow « est mieux placé pour fournir le type de capacité qui est requise le plus urgemment : les destinations lointaines vers les nouveaux marchés ». L’extension prônée serait financée par des capitaux privés et permettrait d’ouvrir le Royaume-Uni vers 40 nouvelles destinations, ajoute-t-il.L’avis « clair et unanime » rendu mercredi n’est que consultatif et l’arbitrage gouvernemental n’est attendu qu’à l’automne.Le premier ministre David Cameron avait promis, pendant la campagne électorale de 2010, qu’il n’y aurait pas de troisième piste à Heathrow. « Il n’y aura pas de “si ”, pas de “mais” », avait-il juré. Une fois au pouvoir, il avait annulé le projet d’extension d’Heathrow.Des poids lourds conservateurs dans le corridorAujourd’hui, l’affaire n’est pas plus simple politiquement car de hauts responsables du parti conservateur sont élus dans des circonscriptions situées dans le corridor d’extension prévu. Le ministre des affaires étrangères Philip Hammond – un eurosceptique dont M. Cameron a besoin pendant la campagne du référendum sur le « Brexit » – et le maire de Londres Boris Johnson – en embuscade pour succéder au premier ministre – sont ainsi des opposants acharnés de la troisième piste d’Heathrow.Lire aussi :L’aéroport de Dubaï détrône HeathrowSes travaux nécessiteraient la démolition de 783 maisons, incluant l’essentiel du village de Harmondsworth et sa mise en service générerait 750 000 vols supplémentaires par an. Aussi la commission a-t-elle pris quelques précautions : pour limiter l’impact sur les riverains et l’environnement, les vols de nuit seraient interdits entre 23 h 30 et 6 heures du matin, une limite aux nuisances sonores serait fixée par la loi, les indemnités aux habitants touchés seraient relevées et une instance indépendante d’arbitrage en matière de bruit serait créée.« Le gouvernement aura le dernier mot »Les milieux d’affaires et la plupart des compagnies aériennes sont favorables à Heathrow, estimant que seul l’extension d’un « hub » permettrait les connections vers les marchés émergents, propices aux échanges commerciaux et aux investissements.Mais les défis environnementaux et politiques posés par ce choix font dire à John Stewart, responsable de l’association Hacan opposée à la troisième piste qu' « on est loin de la fin de l’histoire car c’est le gouvernement qui aura le dernier mot ».John Sauven, directeur de Greenpeace au Royaume-Uni, estime quant à lui que l’option Heathrow « compromettrait les objectifs du Royaume-Uni en matière de climat ». Sans compter le « guêpier » où se mettrait David Cameron en l’avalisant.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 30.06.2015 à 20h26 • Mis à jour le01.07.2015 à 12h08 | Aude Lasjaunias (Athènes, envoyée spéciale) « Trois drapeaux grecs achetés, un drapeau européen offert. » A l’unité, l’étendard national est deux euros moins cher que celui de l’UE : tout un symbole. Ce mardi 30 juin, dès la fin d’après-midi, Kostas a installé son étal sur la place Syntagma à Athènes, comme la veille.Mais, cette fois, il a troqué ses bannières fendues d’un « non » en lettres capitales contre les bleues aux douze étoiles jaunes. Cet électeur de Syriza, âgé de 65 ans et hostile à de nouvelles mesures d’austérité, s’adapte à sa clientèle. « Je ne parle pas politique avec mes consommateurs, je ne veux pas de conflit. » Le bulletin qu’il glissera dans l’urne, le 5 juillet, sera assurément différent de celui des quelque 20 000 personnes – selon la police − réunies au pied de la Vouli, le Parlement.Voir les derniers développements :Crise grecque : dans les coulisses d’âpres négociationsUn référendum « honteux »Plusieurs d’entre elles admettent être venues manifester pour la première fois de leur vie. C’est le cas de Michael, 28 ans, employé d’une banque d’investissement.« Ça fait six mois que je travaille plus vraiment. Tous nos projets ont été suspendus à cause du climat de peur qu’a créé ce gouvernement. »Le 25 janvier, il a voté pour To Potami (centre), comme la plupart de ses amis également présents. « On est une cinquantaine à s’être donné rendez-vous. » Salariée d’un cabinet d’avocats, Alexandra, 26 ans, souligne son attachement à l’Europe et à la monnaie unique. Dire oui dimanche est un moyen, selon elle, de maintenir les liens avec l’Union.#Syntagma #Nai #Grèce http://t.co/czFlf30KXQ— AudeLjs (@Aude Lasjaunias)require(["twitter/widgets"]);De nombreuses personnes âgées et familles composent le cortège. Comme Argie, bijoutière de 35 ans, venue avec son mari, Petros, et leur fils de 4 ans, Dimitri. Affectés par les récentes mesures de contrôle des capitaux, ces habitants d’une banlieue cossue de la capitale craignent une paralysie complète du pays si le non l’emporte le 5 juillet. Les maires d’Athènes, Giorgos Kaminis, et de Thessalonique, Yiannis Boutaris, se succèdent à la tribune pour dénoncer un référendum « honteux ».Malgré les assauts de la pluie, la foule entonne l’hymne national, siffle les hommes politiques qui apparaissent sur le perron du Parlement et scande d’une seule voix : « Tsipras démission ».Faire tomber le gouvernement, c’est l’objectif d’Alex, 20 ans, membre du mouvement étudiant « Les jeunes votent pour l’Europe ». « Je n’ai pas participé aux précédentes élections, ne pouvant pas me rendre dans ma ville natale. Cette fois, j’y serai dimanche et j’y resterai jusqu’au nouveau scrutin général, même s’il faut patienter des mois », assure-t-il, confiant en la victoire de son camp.Une énième réunion des ministres des finances de la zone euro s’est tenue pendant ce temps sans toutefois permettre de trouver une nouvelle solution à la crise. Les négociations doivent reprendre le 1er juillet au matin. Athènes dit avoir formulé des « propositions » qui vont être examinées tout au long de la nuit. Lire aussi :Grexit et défaut de paiement : vos questions sur la dette grecqueAude Lasjaunias (Athènes, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.07.2015 à 16h56 • Mis à jour le10.07.2015 à 18h28 Le Danemark a appelé, vendredi 10 juillet, ses ressortissants à quitter la Tunisie dès que possible en raison du risque « élevé » d’un nouvel attentat, au lendemain d’une recommandation semblable de la Grande-Bretagne. « Si vous vous trouvez en Tunisie et n’avez pas de raison essentielle d’y rester, il vous est recommandé de partir avec l’aide d’un voyagiste ou via un vol commercial », a indiqué le ministère des affaires étrangères danois sur son site Internet.Pour ceux qui « ont des raisons essentielles de se rendre en Tunisie », le ministère leur recommande « d’observer des précautions particulières dans les lieux visités par de nombreux étrangers, y compris les bars et les hôtels ». Selon le ministère, « presque tous les voyagistes charter danois ou nordiques ont provisoirement suspendu leurs départs vers la Tunisie prévus au second semestre ». Dans tous les cas, le ministère déconseille formellement à ses ressortissants d’aller dans les régions frontalières de l’Algérie et de la Libye.De même, le ministère des affaires étrangères irlandais a annoncé dans un communiqué encourager « tous les touristes irlandais en Tunisie à évaluer si leur présence dans ce pays est essentielle et, si ce n’est pas le cas, nous leur conseillons de partir ». Le ministère « déconseille tout voyage non essentiel ».La Finlande a également amendé vendredi ses conseils à ses ressortissants. « Troubles politiques intérieurs. Risque élevé de nouvel attentat contre des touristes. Les autorités n’assurent pas la sécurité des zones touristiques de manière adéquate. Les voyages vers les régions frontalières sont interdits », écrit l’ambassade de Finlande à Tunis sur son site.Demande de « vigilance » côté françaisCes recommandations interviennent au lendemain de la décision similaire du ministère des affaires étrangères du Royaume-Uni. Le 26 juin, un attentat commis par un homme armé d’une kalachnikov sur une plage à Port El-Kantaoui a coûté la vie à 38 personnes, dont 30 Britanniques. La Tunisie a proclamé l’état d’urgence le 4 juillet, et ce pour trente jours, en raison de la crainte de nouvelles attaques.Lire aussi :La Grande-Bretagne déconseille la Tunisie comme destination touristiqueLe ministère des affaires étrangères français rappelle de son côté qu’après les attentats de Sousse, « la recommandation faite aux ressortissants français d’être particulièrement vigilants est renouvelée ». Le tourisme est un secteur vital pour l’économie tunisienne, représentant 400 000 emplois directs et indirects et une source importante de devises. 10.07.2015 à 12h04 • Mis à jour le10.07.2015 à 14h21 | Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La Grèce a remis ses propositions de réformes à ses créanciers, jeudi 9 juillet 2015, dans le temps imparti. Mais il reste un défi de taille pour le premier ministre, Alexis Tsipras : faire accepter à sa majorité et au Parlement ce nouveau paquet de réformes dures qui prévoit 13 milliards d’euros d’économies sur trois ans, dans l’espoir d’obtenir en contrepartie un financement de 53,5 milliards d’euros pour couvrir les obligations liées à la dette grecque jusqu’en 2018 ainsi qu’« un paquet de 35 milliards » pour relancer la croissance.Lire le détail du plan :Ce que propose Athènes à ses créanciersDès vendredi matin 8 heures, Alexis Tsipras a convoqué au Parlement dans une réunion conjointe son groupe parlementaire (149 députés) et le bureau politique du parti de la gauche radicale Syriza. « Nous allons discuter collectivement, et je suis sûr que tout ira bien », a déclaré le ministre de l’intérieur, Nikos Voutsis, avant d’entrer dans la salle. « Nous allons donner au premier ministre une procuration pour négocier en notre nom. Tout ira bien », ajoutait un autre député du parti.Les membres et les députés de Syriza affichaient donc leur unité avant d’ouvrir la consultation, mais au fond, une fois les portes closes, les débats ne devraient pas manquer d’être musclés. Au cours des cinq derniers mois, à chaque fois qu’Alexis Tsipras s’est expliqué devant sa majorité parlementaire, il lui a fallu faire preuve d’énormément de force de conviction pour contenir les dissidences.Déjà tard jeudi soir, le ministre de la restructuration de la production, Panayotis Lafazanis s’est exprimé lors d’un congrès sur l’énergie. « Le non du peuple grec au référendum ne peut pas se transformer en un humiliant oui et déboucher sur un nouveau mémorandum [plan d’austérité] », a déclaré le ministre, par ailleurs leader de la plate-forme de gauche, un courant situé à l’aile gauche de Syriza. Selon M. Lafazanis la Grèce aurait « d’autres choix » que celui d’un accord « trahissant » le peuple grec.Risque de blocageLors du conseil des ministres quelques heures plus tôt M. Lafazanis s’était déjà montré très critique à l’encontre des propositions mises sur la table. Sur le projet de loi déposé un peu plus tard au Parlement on ne retrouve d’ailleurs pas sa signature. Avec une petite vingtaine de députés environ, la plate-forme de gauche dispose d’un potentiel de blocage bien réel. Si M. Lafazanis incitait ses troupes à rejeter l’accord, Alexis Tsipras devrait passer en force en ralliant des voix de l’opposition : il pourrait alors se tourner vers le parti centriste Potami, une partie des socialistes du Pasok, ou les conservateurs de Nouvelle Démocratie.Pour autant, Alexis Tsipras est convaincu que s’il arrive à obtenir une renégociation de la dette il réussira à faire accepter ce nouveau plan d’austérité à sa population, à son parti et à son Parlement. Lors de son discours d’introduction devant son groupe parlementaire, Alexis Tsipras a réaffirmé qu’il n’avait pas reçu comme mandat de sortir la Grèce de la zone euro. Une façon de faire pression sur les plus radicaux pour leur rappeler qu’un compromis entre la ligne antiaustérité et la volonté des Grecs de rester dans l’euro était nécessaire. « Soit nous continuons tous ensemble, soit nous tombons tous ensemble », a ajouté le premier ministre.Lire aussi :Crise grecque : la dette, sujet tabou mais incontournablePour l’instant, les députés ne sont pas appelés à se prononcer sur les réformes elles-mêmes : ils ne le seront que si l’accord est effectivement conclu à Bruxelles. Pour l’instant, Alexis Tsipras demande aux députés une sorte de procuration pour aller défendre ce texte à l’Eurogroupe et au sommet de dimanche. Un nouvel appel à l’unité grecque pour sortir de l’impasse.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 10.07.2015 à 10h42 • Mis à jour le10.07.2015 à 18h12 | Mathilde Damgé et Samuel Laurent Le coût supposé de la dette grecque pour notre pays atteindrait 600 à 700 euros par Français… Voici le chiffre anxiogène que l’on peut entendre ou lire ça et là, en cette période de crise grecque aiguë.En réalité, cela ne signifie pas que les contribuables Français vont être mis à contribution pour rembourser chacun ces 600 euros de leur poche. En fait, ces 600 euros représentent une exposition : ils mesurent le risque que la France a pris en prêtant à l’Etat grec. Tâchons d’y voir plus clair.Deux types de detteIl faut tout d’abord comprendre qu’une dette, pour un Etat, n’est pas la même chose qu’une dette contractée par un particulier. La plupart des Etats sont endettés, parfois à des niveaux supérieurs à celui de la Grèce. Mais un Etat n’est pas une entreprise ni un individu : il ne va pas mourir ni risquer de fermer, et il génère forcément des richesses chaque année.Une dette d’Etat ne se rembourse en général jamais totalement : à mesure que des emprunts arrivent à échéance, ils sont remplacés par d’autres, et ainsi de suite. En effet, les Etats émettent des bons du Trésor d’une échéance allant généralement de trois mois à dix ou quinze ans. Il leur faut donc émettre de manière permanente une proportion importante de leur dette et ce même s’ils ne sont plus en déficit budgétaire.En pratique, la dette, ce sont des emprunts que l’Etat contracte auprès de divers acteurs, avec un taux d’intérêt plus ou moins élevé selon le risque que le prêteur estime prendre. Le risque de ne pas être remboursé, en totalité ou en partie est donc intégré ; c’est ce qu’on appelle un défaut.La France est engagée auprès de la Grèce de deux manières :du fait de son engagement au sein du Fonds européen de solidarité financière (FESF). Ce fonds mutualisé européen, qui a financé Athènes après que le secteur financier lui a imposé des taux d’intérêt très élevés, rendant de facto impossible pour la Grèce d’emprunter sur les marchés ;du fait de prêts bilatéraux consentis par la France à Athènes (et donc empruntés par la France auprès des marchés financiers).Les banques françaises, qui ont acheté beaucoup de dette grecque en début de crise, s’en sont désormais débarrassé en grande partie.Que se passe-t-il en cas de défaut ? Un emprunt d’Etat peut être de différents types : obligations, le plus souvent dans sa propre monnaie – négociables ensuite sur les marchés financiers –, mais aussi aides exceptionnelles du FMI ou d’autres organismes internationaux, généralement assorties d’un calendrier prévoyant les échéances de remboursement.Faire défaut, pour un Etat, c’est donc ne pas honorer ses obligations, partiellement ou en totalité. La Grèce s’est en effet engagée, à chaque nouveau prêt des institutions internationales, à verser ses échéances selon un calendrier précis ; calendrier qu’elle a du mal à respecter. La Grèce a ainsi fait défaut mardi d’un remboursement dû au Fonds monétaire international (FMI).Un pays ne peut pas se déclarer en faillite et liquider ses actifs, encore moins fermer, ou être saisi par une sorte d’huissier mondial (même s’il devra vendre son patrimoine national, ou nationaliser de façon unilatérale des biens qu’il avait privatisés). Ce qu’il risque, en réalité, c’est la perte de confiance des investisseurs. Tout emprunt futur pour se financer sera rendu extrêmement délicat.Néanmoins, nombre de pays ont connu des défauts, partiels ou totaux : citons le Mexique au début des années 1980, la Russie en 1998, l’Argentine en 2001… Et s’en sont en général relevés.En réalité, le risque majeur est encouru par la Grèce elle-même : elle a fait défaut d’un paiement de 1,5 milliard d’euros destiné au FMI, ce qui en théorie la prive des aides futures du Fonds. A terme, si elle se lançait dans un défaut total et ne pouvait plus emprunter ni auprès des marchés, ni auprès des institutions internationales, elle serait contrainte de se financer sur ses seuls revenus nationaux, ce qui ne suffirait pas.Voir notre infographie :La Grèce, dernier exemple d’une longue histoire de défauts souverainsDans quels cas le contribuable français serait-il sollicité ?Ici encore, il est difficile d’être affirmatif : le chiffre le plus souvent cité, environ 42 milliards d’euros engagés par la France pour la Grèce, est, on l’a vu, un agrégat de deux types d’engagements bien différents.Selon une note émise par le Sénat mercredi 9 juillet, le principal risque pour la France concerne le prêt bilatéral, qui n’a pas de garanties spécifiques. Si la Grèce faisait totalement défaut, ou sortait de l’euro, notre pays risquerait d’y perdre 11,4 milliards d’euros sur ses comptes 2015. Si l’on veut faire le fameux calcul, cela représente 175 euros par Français auxquels Il faudrait ajouter ensuite le non-remboursement des intérêts, qui représente des sommes moindres.Le Sénat évoque aussi le risque, plus ténu, d’un défaut grec sur le FESF. Celui-ci représente une sorte d’union des pays européens pour paraître plus crédibles face aux marchés financiers : noté « triple A », il peut emprunter à des taux très bas.C’est lui qui détient le plus de dette grecque : 130,9 milliards d’euros sur 312 milliards au total, soit plus de 40 %. Un défaut total du pays pourrait-il rendre le fonds moins attractif auprès des marchés, et donc affecter sa puissance d’action ? Difficile de le dire pour l’instant, mais le risque existe. Or, la France est engagée financièrement dans le FESF.Dans les deux cas, un déficit exceptionnel dû à un défaut Grec n’entraînera pas automatiquement une hausse de la fiscalité des particuliers français. L’Etat dispose de divers moyens de combler ce trou dans ses comptes : baisses de crédits sur d’autres postes, fiscalité des entreprises, etc.Les autres conséquences d’un défautFaire défaut, pour un pays, signifie qu’il n’est plus en état d’honorer ses obligations. Donc, en général, qu’il subit une grave crise. Cette crise a évidemment des conséquences induites. Par exemple, les entreprises françaises et leurs investissements en Grèce seraient victimes d’un ralentissement encore plus fort de l’économie hellène.C’est là un des paradoxes de cette crise : pour rassurer les marchés et s’assurer que la Grèce ne plombe pas toute la zone euro, les dirigeants européens et le FMI exigent d’elle des réformes et des coupes budgétaires souvent douloureuses. Or, ces politiques d’austérité pèsent sur l’économie, et donc sur les rentrées fiscales de l’Etat Grec, qui a d’autant plus de mal à honorer ses obligations.La plupart des économistes estiment d’ailleurs qu’un « Grexit » (une sortie de la Grèce de l’euro et un retour à la monnaie nationale, la drachme) coûterait environ deux fois plus cher à la zone euro qu’un nouvel allégement de la dette grecque : les Etats y perdraient les sommes prêtées de manière bilatérale, et le FESF des milliards d’euros.Lire aussi :Un « Grexit » coûterait plus cher à la zone euro qu’un allègement de la detteLa France bien plus exposée à l’Italie qu’à la GrèceDans une étude de 2012, la banque japonaise Nomura a calculé ce qu’il en coûterait à la France de sortir de l’euro. Selon elle, la France était exposée au risque grec, au total, à hauteur de 55 milliards d’euros, bien peu par rapport au risque italien ou espagnol. #container_14364283792{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14364283792{ height:500px; } #container_14364283792 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14364283792 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14364283792 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14364283792 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }L'exposition française 7 fois plus importante vis-à-vis de l'Italie que de la GrèceSource : Nomura(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14364283792", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "column", spacingBottom: 10 }, colors:["#0386c3","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:"normal", marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 2, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Grèce","Irlande","Portugal","Espagne","Italie"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:1, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Public", "color": "#0386c3", "data": [ [ "", 10.7 ], [ "", 2.9 ], [ "", 6.2 ], [ "", 30.5 ], [ "", 106.8 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Privé", "color": "#FFc832", "data": [ [ "", 1.6 ], [ "", 9.8 ], [ "", 6.2 ], [ "", 38.6 ], [ "", 44.7 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }, { "name": "Privé non bancaire (entreprises)", "color": "#ff3232", "data": [ [ "", 43.5 ], [ "", 19.3 ], [ "", 13.3 ], [ "", 81.8 ], [ "", 265 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 2, valuePrefix: "", valueSuffix: "", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Dans une version mise à jour, le 2 juillet, de son étude, Nomura estime qu’un « Grexit » provoquerait une dépréciation de la nouvelle monnaie nationale d’environ 40 %, ce qui impliquerait une hausse du coût des biens importés pour les Grecs.Autre effet mécanique le poids de la dette publique, qui est libellée en euros (c’est dans cette monnaie que l’essentiel de l’emprunt grec a été émis), augmenterait, rendant un défaut d’Athènes plus probable encore. Les créanciers seraient alors plus ou moins contraints à accepter que leurs obligations soient converties en drachmes. Ce dont les créanciers ont conscience et qui fait qu’ils n’ont pas intérêt au « Grexit » : ils seraient remboursés en « monnaie de singe ».Mathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterSamuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 09.07.2015 à 23h43 • Mis à jour le10.07.2015 à 08h14 Douze migrants ont trouvé la mort, jeudi 9 juillet, dans le naufrage d’un bateau pneumatique surchargé au large de la Libye et 500 autres candidats à la traversée vers l’Europe ont été secourus, rapportent les gardes-côtes italiens.Les corps des victimes ont été découverts à une soixantaine de kilomètres de la côte libyenne par l’équipage du Dattilo, qui a pu sauver 106 autres passagers, a précisé un porte-parole.Le même équipage, qui a mené au total quatre opérations de sauvetage ce jeudi, a récupéré en tout 393 migrants, et 106 autres ont été secourus par deux frégates au large de Lampedusa, a-t-il ajouté.Lire aussi :L’Europe confrontée à un afflux inédit de migrants traversant la Méditerranée, selon l’ONU 09.07.2015 à 21h21 • Mis à jour le10.07.2015 à 12h00 | Frédéric Bobin (Tunis, correspondant) La mesure est un camouflet pour la Tunisie. Le gouvernement britannique a annoncé, jeudi 9 juillet, qu’il déconseillait désormais la Tunisie à ses ressortissants pour tout voyage « non essentiel ».La décision a été prise deux semaines après l’attentat djihadiste dans une station balnéaire à El-Kantaoui, près de Sousse, où trente-huit touristes étrangers ont trouvé la mort. Avec trente citoyens britanniques tués, le Royaume-Uni est le pays qui a payé le plus lourd tribut à cette nouvelle forme de terrorisme, qui avait déjà frappé le 18 mars le Musée du Bardo, à Tunis (vingt-deux morts, vingt et un touristes étrangers et un policier).« Le tableau de la menace a considérablement évolué »Dès le lendemain de l’attentat de Sousse, le gouvernement tunisien avait adopté un train de mesures sécuritaires afin de rétablir un semblant de confiance dans la destination tunisienne. Le 4 juillet, le président Béji Caid Essebsi avait même décrété l’état d’urgence face à un « danger imminent ». Une mesure d’exception que la Tunisie avait déjà connue de janvier 2011 à mars 2014, durant les turbulences de sa transition post-révolutionnaire.Ce nouveau dispositif n’a toutefois pas suffi à convaincre pleinement le gouvernement britannique. « Depuis l’attaque de Sousse, met en garde à Londres le secrétaire aux affaires étrangères, Philip Hammond, le tableau de la menace a considérablement évolué, nous conduisant à penser qu’une nouvelle attaque est hautement probable. »M. Hammond adresse une critique voilée aux mesures prises par les Tunisiens en estimant que « davantage de travail est requis pour protéger effectivement les touristes de la menace terroriste ».Lire aussi :Au Royaume-Uni, un mémorial pour les victimes de l’attentat de Sousse« C'est une perte de crédibilité pour la Tunisie »L’avis négatif émis par Londres risque de fragiliser davantage un secteur touristique déjà déstabilisé par les attaques du Bardo et de Sousse. « C'est très fâcheux, c'est extrêmement inquiétant, la saison est sacrifiée, a confié au Monde Ahmed Smaoui, professionnel du tourisme, ancien président de Tunisair et ex-ministre du tourisme et des transports. C'est une perte de crédibilité pour la Tunisie car on avait fourni des assurances aux tours opérateurs britanniques. Le gouvernement a déployé des mesures de sécurité mais elles n'ont pas été jugées convaincantes à Londres ».Le coup est d'autant plus dur que la clientèle britannique avait connu 10 % de progression annuelle depuis la révolution de 2011, à rebours des autres clientèles européennes. Avec 500 000 visiteurs par an, les Britanniques s'étaient hissés à la deuxième place derrière les Français (900 000). Jusqu’aux récentes secousses, l’industrie du tourisme contribuait pour 7,3 % au produit intérieur brut du pays et fournissait 470 000 emplois directs ou indirects, soit près de 14 % de la population active.Après l’attentat du Bardo, le gouvernement tunisien s’était lancé dans une campagne de relations publiques afin de réparer les dégâts infligés à l’image de la Tunisie. Il avait trouvé des oreilles attentives auprès de nombreuses capitales européennes décidées à soutenir politiquement un pays dont la transition démocratique était louée comme « exemplaire ». De nombreuses personnalités françaises s’étaient ainsi associées à la campagne « La Tunisie, j’y vais ». C’est cette solidarité politique qui est aujourd’hui en jeu avec la décision de Londres, dont la « priorité » est désormais « la sécurité de [ses] citoyens ».Paris devrait durcir son avisLa question est maintenant de savoir quelle va être l'attitude de la France. Dans l'avis aux voyageurs diffusé sur le site du quai d'Orsay dans la foulée de l'attaque de Sousse, Paris se contente de « renouveler » sa « recommandation » d'être « particulièrement vigilants ». Cet avis « déconseille formellement » les zones frontalières avec la Libye à l'Est et avec l'Algérie au Sud-Ouest, l'extrême-sud saharien ainsi que les monts Chaambi, Semmama et Selloum dans le Centre-Ouest. La bande méridionale qui se déploie en arc au sud de Ben Gerdane, Borj-Bourguiba et Bir Rjim Maatoug est, elle, « déconseillée sauf raison impérative » tout comme la frontière du Nord-Ouest avec l'Algérie au sud de Tabarka. Quant au reste du pays, il est considéré comme requérant une « vigilance renforcée ».C'est cette cartographie du risque que Paris va devoir redéfinir au vu des dernières informations sur l'implantation de cellules djihadistes et des mesures prises par Tunis pour les contrer. Tout indique que l'avis de Paris sera « durci ». Le déploiement des forces tunisiennes supplémentaires dans les zones touristiques est loin de faire l'unanimité chez les diplomates européens en poste à Tunis.« Comment les Tunisiens vont-ils prendre en compte ces menaces dans la durée ? », interroge un diplomate qui avoue, un brin sceptique: « On voit déjà les mauvaises habitudes qui reprennent ». Tunis, de son côté, ne cesse de souligner qu'il n'a pas, seul, les moyens de faire face au vu de ses moyens budgétaires limités.Frédéric Bobin (Tunis, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 09.07.2015 à 17h45 • Mis à jour le10.07.2015 à 10h20 | Elisa Perrigueur A la tombée de la nuit, dimanche 5 juillet 2015, ils ont déferlé en masse sur la place Syntagma. Face au Parlement grec, ils ont célébré leur première victoire sur la rigueur. Les jeunes Grecs ont très majoritairement voté non à l’austérité, lors du référendum sur les propositions des créanciers. Selon un sondage pour la chaîne grecque Antenna, 67 % des bulletins de refus appartenaient des électeurs âgés de 18 à 34 ans.Pour en arriver à ce « non » massif de la jeunesse du pays, il aura fallu six ans de récession. Une période sombre pendant laquelle les jeunes actifs ont vécu au rythme des manifestations, des mesures drastiques et des désillusions politiques. Aujourd’hui, ils galèrent dans une économie paralysée. Portrait de cette génération forgée par la crise.Elisabeth Xidaki : « On est une génération perdue »Pavlos Pantavopoulos : « La Grèce, ce n’était pas cette tristesse ! »Katerina Skia : « C’est rabaissant de ne pas avancer » Elisabeth Xidaki, 27 ans : « On est une génération perdue » Ces dernières années, un mot revient plus que les autres dans le vocabulaire d’Elisabeth Xidaki. La « peur ». Cette Grecque de 27 ans en a honte. « J’ai peur d’un embargo, qu’on manque de produits alimentaires, de médicaments, s’angoisse-t-elle. J’ai peur des manifestations violentes, comme celles de Syntagma en 2011, de la division, de la guerre. On subit une guerre économique… » Cette petite brune, toute vêtue de noir, parle vite, très vite, car elle a beaucoup à raconter.Son sentiment de crainte est né d’un « premier coup dur » en 2011 : son premier licenciement « inattendu ». Après des études d’informatique sur l’île de Lesbos, Elisabeth est embauchée comme designer graphiste dans une petite boîte. La stabilité ne dure que cinq mois. Depuis, Elisabeth se trouve dans la même spirale que de nombreux jeunes Grecs, celle d’une alternance chômage-petits boulots. La sensation d’inutilité, les inscriptions répétées au centre OAED (organisme du chômage grec), l’attente vaine d’une fin de la récession. « A chaque rejet, on se dit qu’on n’aura pas la force mentale de recommencer à chercher du travail, et puis finalement, on s’habitue. » Elle tortille ses cheveux, réfléchit, et soupire : « Je sais qu’on est une génération perdue. » Elisabeth vit chez ses parents, « c’est plus sûr », à Kaisariani, à l’est d’Athènes. Un quartier « où les commerces familiaux ont été remplacés par les grandes chaînes de fast-food ». Ses parents lui donnent de l’argent chaque mois.Elisabeth se souvient de l’insouciance, avant le début de la crise, en 2009 : « On pouvait rêver imaginer être indépendants, quitter un jour le domicile des parents. » Aujourd’hui, cela ne lui vient plus à l’esprit. Les projets aussi sont figés. Il y a « les vacances entre amis supprimées, les sorties qu’il faut limiter ». La maison de campagne familiale, qui aurait pu être un havre de paix, n’a pas pu être terminée faute d’argent. C’était un « beau » projet selon Elisabeth, qui ferme les paupières en pensant à cette « belle demeure sur les hauteurs de l’île d’Eubée avec vue sur la mer ». Pour le moment, il n’y a qu’un étage, le deuxième attendra.« On s’est moqués de nous »En 2009, elle ne « connaissait rien » à la politique. La jeune femme s’est tournée vers les réseaux sociaux, pour trouver des articles et comprendre les mécanismes économiques qui détruisent son entourage. Depuis, ses conversations sont désormais truffées de noms qui sont devenus familiers des Grecs, celui de la chancelière allemande Angela Merkel, du ministre allemand des finances Wolfgang Schäuble, et du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. « Ils jouent avec la Grèce. Je reconnais que nous avons fait des erreurs dans les gouvernements que nous avons élu, mais eux nous parlent de “famille” quand ils évoquent l’Europe, alors qu’ils nous font la guerre. » Elle s’énerve : « Ils promeuvent sans arrêt les plans de rigueur, mais rien ne marche. Aujourd’hui, on n’a plus rien à perdre. On a déjà tout perdu, on s’est moqués de nous en nous disant que l’austérité marcherait. Ils haïssent notre gouvernement, ils haïssent Tsipras. »Elle apprécie son premier ministre, pour le parti duquel elle a voté en janvier. Mais elle lui en a voulu pour ce référendum. « Je n’ai pas aimé le concept, c’est comme si Alexis Tsipras rejetait la patate chaude au peuple parce que lui n’y arrivait pas. » Puis il y a eu cette « peur », encore, que le oui passe, que la rigueur continue. C’est cette crainte qui a poussé Elisabeth Xidaki à voter non. « Je veux espérer, mais je suis pessimiste, je ne crois pas à un accord. » Elle décroche enfin un sourire : « Peu importe ce qui se passe, tant que c’est quelque chose de nouveau. »Pavlos Pantazopoulos, 25 ans : « La Grèce, ce n’était pas cette tristesse ! » Pavlos Pantazopoulos n’oubliera jamais ce jour de printemps 2011, place Syntagma, à Athènes. « Comme dans un film d’action. » Exalté, il raconte avec de grands gestes : « Un nuage blanc de lacrymos est arrivé sur nous. La foule énorme est allée dans le même sens. La charge des policiers a été longue et violente ». Sous son air de garçon sage, barbe soignée, yeux clairs et voix posée, Pavlos est un révolté. A 25 ans, il a participé à plus de manifestations que ses parents. Il a pleuré après avoir respiré les gaz chimiques, a tenu tête aux MAT (la police antiémeute) et a couru aux côtés du célèbre chien Loukanikos. Pavlos « se devait » de participer à ces rassemblements qui ont embrasé Athènes entre 2010 et 2013. D’abord, il fallait « dénoncer » l’arrivée de la troïka, en 2010, « illégale, anticonstitutionnelle, qui nous a ôté notre souveraineté ». Puis il fallait crier contre le traitement médiatique « humiliant » de son pays. Il se souvient avec colère de la « une » du journal allemand Focus, montrant en 2010 la Vénus de Milo faisant un doigt d’honneur.Σοκαρισμένοι οι Γερμανοί από την χειρονομία Βαρουφάκη. http://t.co/5JFsVsggzH— LSaklabanis (@Λεωνίδας Σακλαμπάνης)require(["twitter/widgets"]);Aujourd’hui, Pavlos Pantazopoulos évoque avec nostalgie ces rassemblements. « On était sur le point de changer quelque chose, on était unis. Avec la répression, tout ça s’est finalement éteint, en 2013. »La souffrance des prochesPavlos est diplômé en information et communication de l’université d’Athènes. A sa sortie d’études, en 2012, il n’a trouvé que la porte de l’OEAD. Alors, comme près de 200 000 Grecs, il a opté pour l’étranger en 2013. Direction Munich, en Allemagne, où il a recommencé des études d’art. « J’ai beaucoup d’amis grecs là-bas, il y a une grande diaspora. »En revenant en Grèce, au printemps 2015, il retrouve un pays « en décrépitude ». La souffrance chez ses proches le frappe. Pavlos a vu « grandir l’inquiétude » chez son père, propriétaire d’une entreprise de publicité. « Il a déprimé, perdu son image de figure paternelle. Physiquement, il s’est affaissé », décrit le jeune homme. Au domicile familial à Glyfada, banlieue cossue d’Athènes où il vit toujours, les disputes avec sa mère, retraitée, se sont multipliées. Dans la rue aussi, les stigmates « trop » visibles l’ont saisi, comme les sans-abri qui mendient dans le métro. « Ma ligne de bus s’est remplie au fil des mois, les Athéniens ne prennent plus leur voiture », note-t-il. De ces trajets, Pavlos retient surtout « les visages fermés ». « La Grèce, ce n’était pas ça, cette tristesse ! »Pavlos Pantazopoulos a voté non au référendum, dimanche 5 juillet. « La Grèce n’a pas les moyens de continuer à s’aligner telle quelle à l’Eurozone et à ses critères taillés pour l’Allemagne. » Il analyse : « Si les fondements de l’Eurozone ne peuvent pas changer, alors pourquoi pas envisager d’en sortir. Il faut que ça change, que nous puissions envisager de ne plus être pauvres. » Katerina Skia, 32 ans : « C’est rabaissant de ne pas avancer » Lorsque Katerina Skia déambule dans le centre d’Athènes, elle observe abattue les vestiges de la crise économique. Trottoirs abîmés, immeubles à l’abandon, façades délabrées. Pour cette brune longiligne, l’érosion de la capitale grecque, ces dernières années, est « douloureuse ». Architecte de formation, la femme de 32 ans aurait voulu que l’effervescente Athènes conserve ses superbes maisons anciennes et lance de nouveaux chantiers. Elle aurait voulu participer à de beaux projets. La crise a coupé court aux ambitions. Le secteur de la construction est l’un des premiers à souffrir. « Après mes études, j’ai travaillé dans un bureau d’architecture avant d’être licenciée en 2011. Depuis j’essaye de trouver des missions. C’est paralysé. » Dans l’attente, cette jeune fille originaire de Chalkida, sur l’île d’Eubée, a repris, en 2013, un master spécialisé, toujours en architecture. Ses parents, retraités et anciens gérants d’une station-service, lui donnent de l’argent chaque mois. Elle se réjouit de louer son propre appartement, mais se dit tout de même « humiliée en tant que trentenaire ». « C’est rabaissant de ne pas avancer, de ne pas pouvoir fonder une famille, de ne pas pouvoir se marier », lâche-t-elle, tirant nerveusement sur sa cigarette roulée. « La vie confortable que nous connaissions n’existe plus. » Katerina songe à l’étranger où bon nombre de ses amis sont déjà partis. Elle n’en a pas envie. Mais en dernier recours, elle opterait pour Vienne, en Autriche.Rancœur face à la « vieille classe politique » Dans le bouillonnant quartier d’Exarchia, au centre d’Athènes, où elle vit, Katerina a trouvé une « âme politique ». « Avec la crise, on est obligé de s’intéresser à la politique, c’est une arme pour nous. » Autour d’elle, la jeune architecte a vu « de plus en plus de jeunes » participer aux nouvelles discussions politiques dans les cafés et conférences. « La politique a une incidence directe sur nos vies. Il faut faire attention aux fausses promesses des dirigeants politiques ». Elle ne cache pas d’ailleurs sa rancœur face à l’ancienne « vieille classe politique » comme les socialistes du Pasok ou la Nouvelle Démocratie (deux partis anciennement au pouvoir). Plusieurs événements politiques l’ont laissée amère : « le jour où Georges Papandréou [ex-premier ministre] a fait appel au Fonds monétaire international sans nous consulter [en avril 2010], l’imposition de la troïka, une institution externe créée spécialement pour nous, qui appliquait des lois chez nous, sans nous. »En janvier, ses grands yeux noirs ont brillé lorsque Syriza a remporté les législatives. Le « quadra » Alexis Tsipras est pour elle « un homme décidé et convaincant ». « Il a réussi à prouver que la dette grecque n’était pas viable. Qu’elle était payée par les plus pauvres et les jeunes générations qui commencent leur vie active. Une partie des Grecs pensaient que cette crise n’était que de leur faute, Tsipras les a déculpabilisés. » Le vendredi 26 juin, l’annonce d’un référendum l’a « soulagée ». « Enfin on nous demandait notre avis. C’était de la démocratie directe », exulte t-elle. Katerina Skia n’a pas hésité à dire « non » à l’austérité. « Je ne veux pas du tout d’un “Grexit” , je crois en l’euro et en l’Europe. Mais les Européens doivent nous entendre : la rigueur n’a donné aucun résultat ici. » Etonnée que tant de gens, surtout des jeunes, aient voté non, elle se félicite de ce score qui démontre « que tout peut encore changer ». Katerina a désormais « l’espoir de pouvoir vivre ici, sans devoir aller à l’étranger pour se trouver un avenir. »Elisa PerrigueurJournaliste au Monde 15.07.2015 à 15h20 • Mis à jour le15.07.2015 à 15h24 Plusieurs Parlements nationaux de la zone euro sont appelés à se prononcer sur le compromis trouvé lundi 13 juillet à Bruxelles entre Athènes et les dirigeants, préalable à l’ouverture des négociations sur un troisième plan d’aide.Or, que se passerait-il si l’un d’eux votait contre le texte ? Tout dépend du pays. En effet, les règles du Mécanisme européen de stabilité (MES) ont été faites pour éviter, en cas d’urgence, tout droit de veto. Un plan d’aide peut être validé si des pays représentant 85 % de son capital sont d’accord. #container_14369486672{ padding:5px 5px 0px 10px; width:100%; background-color:#f8f9fb; border:1px solid #d2d6db!important; } #graphe_14369486672{ height:500px; } #container_14369486672 .titre{ position:relative; z-index:5; } #container_14369486672 .titre:before{ font-size:13px; content:"► "; vertical-align: middle; } #container_14369486672 .subtitre{ display:block; } .highcharts-tooltip span { height: auto; min-width: 170px; z-index: 9998!important; overflow: auto; opacity: 1; white-space: normal !important; } .tooltiplarge { width: 230px; } #container_14369486672 .credits{ text-align: right; margin-right: 5px; padding-bottom: 5px; }La part des pays de la zone euro dans la contribution au MES en 2015En bleu, les pays qui ont prévu un vote ; en gris les autres.Source : Mécanisme européen de stabilité(function(window){ var async = function async(u, c){ var d = document, t = 'script', o = d.createElement(t), s = d.getElementsByTagName(t)[0]; o.src = u; if (c){o.addEventListener('load', function(e){c(null,e);},false);} s.parentNode.insertBefore(o, s); },initCharts = function(){ //FONCTIONS GLOBALES Highcharts.setOptions({ lang: { decimalPoint: ',', thousandsSep: ' ', months: ['Janvier', 'Février', 'Mars', 'Avril', 'Mai', 'Juin', 'Juillet', 'Août', 'Septembre', 'Octobre', 'Novembre', 'Décembre'], shortMonths: [ 'jan.' , 'fév.' , 'mars' , 'avr.' , 'mai' , 'juin' , 'juil.' , 'août' , 'sept.' , 'oct.' , 'nov.' , 'déc.'], weekdays: ['Dimanche', 'Lundi', 'Mardi', 'Mercredi', 'Jeudi', 'Vendredi', 'Samedi'], noData: 'Pas de données à afficher', numericSymbols: [null, 'M', 'G', 'T', 'P', 'E'] } }); var annotation_spe = []//GRAPHE var chart = new Highcharts.Chart({ chart:{ renderTo:"graphe_14369486672", backgroundColor: "rgba(255,255,255,0)", borderRadius: 0, alignTicks:false, type: "bar", spacingBottom: 10 }, colors:["#285a82","#FFc832","#ff3232","#F19300","#28beaa","#285a82","#821400","#191919"], credits:{ enabled:false}, title: { text: "" }, subtitle: { text: "" }, plotOptions: { series: { dataLabels: { inside: false, allowOverlap: true, format: "{y} ", style: { textShadow: 'none', color: '#333' } }, connectNulls:true, stacking:null, marker:{ symbol:"circle", fillColor:"#FFF", lineWidth: 1, radius:3, lineColor:null }, states:{ hover:{ lineWidthPlus : 0 } } }, pie:{ dataLabels:{ distance:30, softConnector:false } } }, yAxis:[{ id:"0", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "" , label: { useHTML: false, text:"", align: "left", x: -3 } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: -5 } }] },{ id:"1", allowDecimals:false, type:"linear", title: { text:"" }, labels: { useHTML: false, format: "{value} ", zIndex: -1 }, min: null, max: null, startOnTick: true, endOnTick:true, reversed:false, opposite:true }], xAxis: { type: "linear", categories:["Allemagne","France","Italie","Espagne","Pays-Bas","Belgique","Grèce","Autriche","Portugal","Finlande","Irlande","Slovaquie","Slovénie","Lituanie ","Lettonie","Luxembourg","Chypre","Estonie","Malte"], title: { text: "" }, labels: { useHTML: false, step: "", format: "{value}" }, plotLines: [{ color: "#ccc", width: "", value: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", verticalAlign: "top", x: 5, y: "" } }], plotBands: [{ color: "#ccc", from: "", to: "", label: { useHTML: false, text: "", textAlign: "", align: "left", verticalAlign: "top", x: "", y: 10 } }] }, legend:{ enabled:0, layout:"horizontal", verticalAlign:"bottom", align:"center", y:-10 },//SERIES series:[ { "name": "Part", "color": "#d6d9dc", "keys":["name","y","color"], "data": [ [ "", 26.9616, "#0386c3" ], [ "", 20.2471, "#0386c3" ], [ "", 17.7917 ], [ "", 11.8227 ], [ "", 5.6781 ], [ "", 3.4534 ], [ "", 2.7975, "#0386c3" ], [ "", 2.7644, "#0386c3" ], [ "", 2.4921 ], [ "", 1.7852, "#0386c3" ], [ "", 1.5814 ], [ "", 0.8184, "#0386c3" ], [ "", 0.4247 ], [ "", 0.4063 ], [ "", 0.2746, "#0386c3" ], [ "", 0.2487 ], [ "", 0.1949 ], [ "", 0.1847, "#0386c3" ], [ "", 0.0726 ] ], "type": "", "lineWidth": 2, "yAxis": 0, "stack": "null", "visible": true, "dataLabels": { "enabled": 0 } }], tooltip: { useHTML: true, shared: false, valueDecimals: 2, valuePrefix: "", valueSuffix: " %", backgroundColor: { linearGradient: [0, 0, 0, 60], stops: [[0, '#FFFFFF'],[1, '#E0E0E0']] }, dateTimeLabelFormats: { hour: "", }, hideDelay: 200, borderWidth: 1, borderColor: "#AAA", formatter: function(tooltip) { return tooltip.defaultFormatter.call(this, tooltip) }, } }) }; if (!window.Highcharts) { async('https://code.highcharts.com/adapters/standalone-framework.js', function() { async('https://code.highcharts.com/highcharts.js', function() { initCharts(); }); }); } else { initCharts(); }})(window);function findLength(str) { 100) { el = document.getElementsByClassName('highcharts-tooltip')[1].firstChild if (el.classList) {el.classList.add('tooltiplarge');} else {el.className += ' ' + 'tooltiplarge';} }}Par exemple, la Finlande, l’un des Etats les plus virulents, ne dispose que de 1,78 % des parts. Il lui faudra donc trouver des alliés si elle souhaite faire échouer l’accord. Si l’on regarde le rapport de force, cette éventualité n’est pas exclue.Lire aussi :Infographie : l’accord sur la Grèce reste soumis au vote des Parlements Elisa Perrigueur (envoyée spéciale) Depuis plusieurs semaines, Athènes, d’ordinaire effervescente, vit au ralenti, marquée par les blocages politiques. Mercredi 15 juillet, la capitale grecque est davantage paralysée. Des mairies, administrations, pharmacies sont fermées, tandis que les hôpitaux de la capitale grecque tournent avec des effectifs réduits. La puissante centrale Adedy, qui représente toutes les confédérations syndicales du service public, a appelé, lundi 13 juillet, à une grève de 24 heures pour protester contre le nouvel accord annoncé par le gouvernement avec les créanciers internationaux.Suivez les événements de la journée en direct sur Le Monde.frPetite marche au milieu de la circulation, manifestation #Adedy. Qq centaines de personnes #Grèce http://t.co/cBDYfuJecd— ElisaPerrigueur (@Elisa Perrigueur)require(["twitter/widgets"]);A 11 heures, place Klathmonos, dans le centre-ville, une petite camionnette se gare, diffuse Bella ciao. Grigoris Calomiris, casquette rouge Adedy sur la tête, s’époumone au micro « rassemblement ce soir, venez nombreux ». Autour de lui, plusieurs centaines de partisans ont bravé la chaleur étouffante. Des membres d’Adedy, mais aussi du Pame (syndicat du parti communiste), de solidarité ouvrière…Ce rendez-vous matinal est peu suivi mais il n’est qu’un « avant-goût », d’après Grigoris. La vraie mobilisation aura lieu mercredi soir place Syntagma, à 19 heures (une heure tardive en raison de la température élevée), face à la Vouli, le Parlement grec. Au même moment, les députés grecs doivent approuver les mesures de l’accord annoncé lundi.Lire aussi :Le comité central de Syriza rejette l’accord, renforçant la pression sur le Parlement grecMontrer leur déterminationGrigoris Calomiris, membre d’Adedy, est un habitué des grèves. Il a participé à toutes celles lancées par le syndicat du public : 45 au total depuis 2010, selon lui. Avant la crise de 2009, la Grèce comptait pas moins de 800 000 fonctionnaires, un nombre colossal. Dans le viseur des deux premiers « mémorandums », le secteur a été écrémé : on parle de 200 000 employés en moins.Lire aussi :Ce que la Grèce a accepté en contrepartie de l’aide financièreAujourd’hui, Grigoris est là pour « lutter contre l’application de ce nouveau mémorandum antipeuple qui affectera davantage le droit et la sécurité des travailleurs ». Il ne s’attendait pas à ce que son premier ministre, Alexis Tsipras, accepte cet accord dont il dénonce de nombreux points, « l’augmentation de l’âge du départ à la retraite, les privatisations… ». Et prédit : « A partir de septembre, on ressentira encore plus les effets. Les écoles, les hôpitaux seront en sous-effectifs en raison des départs en retraite non remplacés. » Grigoris Calomiris croit en une mobilisation, ce mercredi. « Les 61 % de non au référendum [du 5 juillet 2015, concernant les mesures des créanciers] m’ont redonné courage. » Sur les murs autour de la place Klathmonos, des affiches à moitié déchirées appelant à voter « oxi » (non) au référendum sont toujours placardées. Elles sont presque d’un autre temps. Dans la foule, les mobilisés veulent montrer leur détermination mais certains perdent espoir. Nikos Ktetsis avait voté non au référendum. Ce salarié d’une municipalité en banlieue d’Athènes s’est senti « trahi » par l’annonce de ce nouveau mémorandum. Cet électeur de Syriza se lasse de cette « continuité de la politique d’austérité depuis cinq ans ». Pour lui, cette grève du public est « importante et symbolique ». Il s’agit de la première grève du secteur sous le gouvernement Tsipras.Nikos manifeste depuis 5 ans. "c'est la première grève sous Tsipras, c'est symbolique" #Grève #Adedy #Grèce http://t.co/XpLTwROx8V— ElisaPerrigueur (@Elisa Perrigueur)require(["twitter/widgets"]);Un peu plus loin, Stamatina Tsoumea exprime aussi ses craintes : « J’ai été licenciée puis réintégrée sous le gouvernement Tsipras par décision de justice, en tant que gardienne dans une école. J’ai peur d’être de nouveau renvoyée. Nous allons voir chaque jour si nous pouvons reconduire cette grève. » Malgré son enthousiasme, Stamatina doute d’une forte mobilisation ce soir à 19 heures. « C’est l’été, il fait très chaud pour protester, les gens partent en vacances dans leurs villages ou sur leur île d’origine. Ils sont fatigués de la situation. »En tête du cortège, des « figures » du public sont également présentes. Les femmes de ménage du ministère des finances, licenciées sous le gouvernement Samaras (droite) puis réintégrées en avril sous le gouvernement Syriza. Pour Anna-Maria Zoumba, l’une des 595 personnes réintégrées, ce nouveau mémorandum est « mauvais pour le peuple », mais « il faut continuer à être solidaire du gouvernement ». Mardi, elle a regardé avec « compassion » le premier ministre à la télévision, lors de son allocution sur la chaîne ERT. « Alexis Tsipras est jeune, il ne savait pas sur qui il allait tomber, il a enduré beaucoup de difficultés. »Lire aussi :Alexis Tsipras : « J’assume la responsabilité d’un texte auquel je ne crois pas »Après le bruyant rassemblement de Klathmonos, les manifestants se sont lentement dirigés place Syntagma, dans une ambiance détendue. Les motivés se sont ensuite séparés pour se donner rendez-vous dans quelques heures, lors du vote crucial.« Nous sommes déjà figés depuis trois semaines »Dans le petit local aux couleurs bleues de l’Opap, à quelques mètres de la place Klathmonos, on observe ce rassemblement avec une forme de lassitude. L’Opap, la Française des jeux grecque, a elle-même été privatisée en 2013 sous l’ancien gouvernement dans le cadre du précédent mémorandum. « Je ne comprends pas cette grève. L’accord est passé c’est fini, cette grève n’apportera rien de nouveau », lâche Spyros, 36 ans, gérant de l’enseigne. « La privatisation n’a pas changé grand-chose pour nous, il n’y a pas eu de réductions de postes. Nos gains baissent, mais c’est parce que la clientèle n’est plus là. » Dans la boutique de tourisme voisine, le même discours. « Ils disent paralyser le pays avec cette grève, mais de toute façon, nous sommes déjà figés depuis trois semaines avec la fermeture des banques et le contrôle des capitaux. On ne peut plus faire de transactions. »Lire aussi :Le quotidien des Grecs dans un pays sans cashPendant ce temps-là, sur la place Klathmonos, des particuliers font la queue devant une agence Alpha Bank. C’est désormais un rituel, qui pourrait encore durer encore longtemps : « L'ouverture des banques dépend de l'approbation de l'accord, qui aura lieu dans un mois », a averti Alexis Tsipras mardi. Selon Nikolaos Georgikopoulos, économiste du centre de recherches grec Kepe, la fermeture des banques coûterait quelque 400 à 500 millions euros par mois à l’économie grecque.Elisa Perrigueur (envoyée spéciale)Journaliste au Monde Adéa Guillot (Athènes, correspondance) Personne en Grèce ne se réjouit de la perspective de s’engager pour encore trois longues années sur la voie de l’austérité. Mais beaucoup sont tout de même soulagés, après avoir senti le vent d’un éventuel « Grexit ». Et s’apprêtent à accepter de nouvelles limitations à la souveraineté nationale. Toutefois, sur un certain nombre de points, les discussions à venir s’annoncent serrées et ardues.Le passage obligé par un conseil fiscal« Avec le nouvel accord qui doit être finalisé dans les prochaines semaines, la bataille du premier ministre grec Alexis Tsipras pour que son pays retrouve un semblant d’indépendance budgétaire a été totalement perdue », explique la politologue Filippa Catzistavrou.Les créanciers ont notamment imposé au chef du gouvernement et à son équipe la mise en place d’un conseil fiscal chargé d’estimer l’impact budgétaire de toute mesure que voudra prendre Athènes. « Sauf que ce conseil ne sera pas du tout indépendant comme il l’est ailleurs en Europe, mais placé sous la tutelle directe des créanciers qui pourront donc refuser telle ou telle mesure voulue par la Grèce sous prétexte qu’elle a un impact sur le budget. Cela limite totalement l’action politique qui consiste tout de même, normalement, à décider de manière souveraine où un gouvernement souhaite affecter les recettes de l’Etat », se désole la chercheuse.Lire aussi :« Délirant », « mal dosé », « irréaliste »... Des économistes jugent le plan d’aide à la GrèceSon collègue, Georges Tzogopoulos, rappelle que cette mise sous tutelle remonte déjà au premier mémorandum de mai 2010. « La seule différence c’est que les précédents gouvernements élaboraient leur action législative directement avec les créanciers. Cela ne posait jamais ouvertement de problème puisque c’était consenti par avance. Là, Syriza veut légiférer différemment et va donc se heurter à de vrais obstacles. »La remise en cause des réembauches de fonctionnaires L’accord prévoit aussi que le gouvernement grec revienne sur les mesures déjà adoptées ces derniers mois comme par exemple la réembauche de 4 000 fonctionnaires – ceux-ci seront d’ailleurs en grève, mercredi, et ont prévu de manifester – ou la mise en place d’une loi fiscale permettant aux Grecs endettés d’étaler en cent mensualités leurs dettes à l’Etat (impôts, cotisations sociales, etc..).Lors d’un entretien, mardi 14 juillet, à la télévision publique grecque, M. Tsipras a réaffirmé que son gouvernement « ne reviendrait pas sur les lois déjà adoptées » mais ferait en sorte de pouvoir « les compenser » budgétairement.Pas question, par exemple, pour le premier ministre d’annuler la réouverture de l’audiovisuel public grec ERT, fermé brutalement en juin 2013 et rouvert le 11 juin avec à la clé la réembauche d’environ 2 000 employés. « ERT se finance par la redevance donc l’impact est neutre sur le budget, les créanciers ne peuvent pas exiger de nous qu’on la ferme de nouveau », ajoute une source ministérielle.L’équilibre des coupes dans les dépenses militairesDans le secteur des dépenses militaires aussi, les choses sont sensibles. Des économies à hauteur de 200 millions d’euros sont prévues pour 2015 et de 300 millions pour 2016. Les créanciers aimeraient que ces efforts portent surtout sur les coûts de fonctionnement (salaires et volume du personnel) et non sur les achats d’armes. Une position hautement intéressée, l’Allemagne et la France étant de gros fournisseurs en armement pour la Grèce.M. Tsipras et surtout son ministre de la défense, Panos Kaménos, préféreraient eux l’inverse. Et la question a son importance, car M. Kaménos est le leader du parti des Grecs Indépendants (ANEL), l’allié de coalition de M. Tsipras qui a plus que jamais besoin de ses treize voix au Parlement alors qu’il subit des défections dans ses propres rangs.« Nous avons toujours été un petit pays sous tutelle étrangère. Cessons de nous voir plus grand que nous le sommes et nous serons peut-être plus en paix avec nous-mêmes », ironisait, mardi soir, un écrivain grec parfaitement francophone devant un parterre d’officiels lors de la soirée annuelle du 14 juillet à l’ambassade de France à Athènes.Lire aussi :En Europe, une certaine gêne s’installe face à la « mise sous tutelle » d’AthènesRéponse, cinglante d’un autre invité : « c’est avec des raisonnements comme celui-ci que l’on se retrouve avec 30 % de sa population sous le seuil de pauvreté. L’abandon de souveraineté ne sera possible que lorsque nous serons arrivés à une Europe fédéraliste équilibrée. » Un débat qui dépasse largement le seul cadre grec et agite l’Europe entière.Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste 15.07.2015 à 09h43 • Mis à jour le15.07.2015 à 15h17 | Marie Charrel Punitif, bancal, risqué. Alors que sa version finale n’est pas encore adoptée, les économistes sont nombreux à s’interroger sur les chances de succès du compromis conclu entre Athènes et ses partenaires européens lundi 13 juillet. Et, en particulier, sur sa capacité à relancer vraiment la croissance grecque. « Certains volets sont prometteurs, mais je suis très pessimiste quant à l’impact réel qu’il aura sur l’économie grecque », analyse Gabriel Sterne, économiste chez Oxford Economics et ancien du Fonds monétaire international (FMI).En échange d’un troisième plan d’aide de 86 milliards d’euros, Athènes s’est engagée à adopter, mercredi 15 juillet, un ensemble de mesures draconiennes : réforme des retraites, hausse de la TVA, privatisations… Sous réserve que l’accord soit adopté par les autres pays membres de la zone euro, la Grèce devra également instaurer un mécanisme de coupes automatiques dans les dépenses publiques si les objectifs budgétaires ne sont pas tenus.Suivez les évènements de la journée en direct sur notre liveEnfin, les institutions partenaires (l’ex-« troïka », FMI, Banque centrale européenne, Commission européenne) auront un droit de regard sur les législations-clés votées par le pays. Une ingérence qu’une partie de Syriza et de la gauche européenne qualifie d’une intolérable « mise sous tutelle ».Un point de vue partagé par nombre d’experts. Pourtant, ce programme présente au moins deux avantages, jugent-ils. D’abord, il a écarté la menace imminente du « Grexit ». « Il comporte également nombre de réformes structurelles susceptibles de renforcer positivement l’économie grecque », ajoute Diego Iscaro, économiste chez IHS Global Insight. A l’exemple de l’ouverture des professions protégées ou de la lutte contre la corruption.Lire aussi :Grèce : les raisons derrière l’ultimatum du FMI sur la detteDes effets positifs, mais à long termeL’ennui, c’est que l’effet positif sur la croissance de telles réformes ne se ferait pas ressentir avant des années. Or, le plan comporte également des mesures qui, à court terme, auront un effet très négatif sur l’activité. Au total, les hausses de taxes et baisses de dépenses publiques représentent en effet une contraction budgétaire de plus de 6 milliards d’euros en 2015 et 2016, soit 3,4 % du produit intérieur brut (PIB). « Un objectif délirant, d’autant que la Grèce est retombée en récession fin 2014 », commente Eric Dor, économiste à l’Iéseg.Paradoxalement, ces mesures de rigueur contribueront donc, dans un premier temps, à augmenter le poids de la dette publique dans le PIB (177 % aujourd’hui), puisque ce dernier continue de se contracter. « Ce plan reproduit les mêmes erreurs que les précédents, avec une austérité très mal dosée : la “troïka” n’a rien appris », regrette M. Iscaro. En 2013, le FMI avait pourtant lui-même reconnu avoir sous-estimé l’impact récessif des mesures de rigueur demandées. « Mon angoisse est que ce plan prolonge l’agonie de l’économie grecque au lieu de l’écourter », assène M. Sterne.D’autant que celui-ci s’applique dans un contexte plus délicat encore qu’en 2010 ou 2012. « Les banques sont fermées et au bord de l’asphyxie, les PME n’ont plus accès à aucun financement, la méfiance des investisseurs envers la Grèce n’a jamais été aussi élevée », explique Ludovic Subran, chez Euler Hermes. Et le risque du « Grexit » occupe de nouveau tous les esprits.Lire aussi :En attendant le plan de sauvetage, la Grèce cherche d’urgence une bouéeUn objectif « irréaliste » pour les privatisationsLe doute des économistes porte également sur la création d’un fonds de privatisation. Selon l’Eurogroupe, son objectif sera d’engranger 50 milliards d’euros : 25 milliards serviront à restructurer les banques, tandis que les 25 autres iront au service de la dette et aux investissements. « Cette cible de 50 milliards d’euros est irréaliste et inatteignable, car les prix des actifs privatisables ont beaucoup chuté avec la récession », commente M. Iscaro. Une analyse partagée par le FMI lui-même. « Sans parler de la lenteur du système judiciaire et des fortes résistances, notamment des syndicats, qui freineront chaque projet de privatisation », ajoute M. Iscaro.Lenteur, résistances, opposition… L’application des réformes demandées par les institutions européennes se heurtera au même genre d’obstacles. Leur adoption par le Parlement grec ne suffira en effet pas à garantir leur mise en œuvre sur le terrain. « C’est l’un des problèmes les plus complexes à résoudre auquel est confrontée la Grèce », explique M. Sterne. Surtout : après six ans de douloureux sacrifices, la tolérance du peuple grec à accepter de nouveaux efforts est très affaiblie.Reste une question-clé : l’accord permettra-t-il, à terme, de restaurer la soutenabilité de la dette publique hellène ? L’Eurogroupe s’est engagé à envisager, si nécessaire, d’allonger la maturité des obligations détenues par les créanciers publics. Mais pas à réduire son montant. « Pas sûr que cela suffise », redoutent les analystes de RBS.Le FMI lui-même ne dit pas autre chose. Dans un document transmis samedi 11 juillet aux dirigeants européens, qui a fuité mardi 14 juillet dans la presse, le Fonds estime que la dette est « totalement non viable » et devrait frôler les 200 % du PIB d’ici deux ans. Dans tous les cas, une chose est sûre : l’économie grecque, exsangue, ne se relèvera pas avant de longs mois.Lire aussi :Trois futurs sujets de tension entre Athènes et ses créanciersMarie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) Le Fonds monétaire international (FMI) a posé, mardi 14 juillet, une sorte d’« ultimatum » aux Européens avant même le début des négociations sur le futur plan d’aide à la Grèce : celui-ci devra s’accompagner d’un allégement de la dette publique grecque pour permettre au pays de sortir de la crise. Le FMI en fait une condition à sa participation.Dans un rapport publié mardi mais dont les autorités européennes ont eu connaissance le 11 juillet, soit avant que l’accord qui conditionne un nouveau plan d’aide à Athènes ne soit signé, le FMI estime en effet que la dette grecque ne peut être viable qu’« avec des mesures d’allégement ».Suivez les évènements de la journée en direct sur notre livePourquoi le FMI a-t-il fait cette déclaration ?Le fait que le FMI prône un tel réaménagement n’est pas nouveau. Cela fait des mois que l’institution de Washington tient ce discours. Il s’agit d’ailleurs d’un des seuls points d’accord entre elle et le gouvernement grec.Mais, si le Fonds réinsiste aujourd’hui, c’est qu’il est pressenti pour participer au nouveau plan d’aide à la Grèce d’un montant avoisinant au minimum 80 milliards d’euros (ce sera le troisième plan depuis 2010, Athènes s’étant déjà vue prêter 240 milliards d’euros).Le Fonds pourrait amener les 16 milliards d’euros qui lui restent à verser dans le cadre de son propre programme d’aide à la Grèce (qui s’achève en mars 2016), plus quelques milliards (jusqu’à 10 milliards selon des sources bruxelloises).Or, pour que ces sommes soient versées par le FMI à Athènes, un certain nombre de conditions sont à remplir.Tout d’abord, le FMI ne peut pas prêter de l’argent à un pays qui lui en doit. Or, le gouvernement grec a échoué à lui rembourser 1,6 milliard d’euros le 30 juin, puis 456 millions le 13 juillet. Il va donc falloir que la Grèce paie ses arriérés.Par ailleurs, l’organisation ne peut prêter à un pays en difficulté financière que si la dette de ce dernier est soutenable et s’il est en mesure, à relativement court terme (une dizaine d’années), de la rembourser.Dans le document publié mardi 14 juillet, le Fonds assure que la dette grecque est « totalement non-viable » et prévoit qu’elle approchera les 200 % de son PIB dans « les deux prochaines années », contre environ 175 % actuellement.Lire aussi :Pourquoi la dette grecque n’est pas soutenableLe FMI peut-il refuser de participer à un nouveau plan d’aide ?« A Washington, la Grèce fait débat : beaucoup au sein du FMI, adoreraient en finir, ne plus participer à un prochain plan. Ils estiment avoir beaucoup trop prêté à un pays, si petit, ils ont d’autres priorités », explique une source européenne. Tout en ajoutant que le sujet est délicat : « Le FMI ne peut refuser comme cela d’aider un pays européen, principalement pour des raisons politiques. »En l’occurrence, si le FMI ne participait pas à ce nouveau plan d’aide, cela poserait un gros problème à un certain nombre de créanciers européens. A commencer par les Allemands, qui le disent sans ambiguïté depuis des mois : il n’est pas question pour eux de prêter à nouveau de l’argent aux Grecs si le FMI n’est pas partie prenante.A Berlin, la présence du Fonds dans le « club » des prêteurs est considérée comme un gage qu’Athènes sera véritablement surveillée, l’Allemagne ne faisant pas confiance à la Commission européenne pour remplir ce rôle d’intermédiaire entre la Grèce et ses créanciers.Va-t-on vers de nouvelles discussions sans fin sur la dette entre créanciers ? Sans doute… Pour l’instant, l’Allemagne, mais aussi l’Espagne, le Portugal, la Finlande, l’Autriche, la Slovaquie, la Slovénie, les pays baltes ne veulent pas entendre parler d’une restructuration de la dette grecque. La France, par la voix de son ministre des finances Michel Sapin, a répété qu’elle était sur la même ligne que le FMI.« Il [le FMI] dit la même chose que ce que nous disons. Il dit : “Il faut aider la Grèce, il faut de la solidarité, mais nous ne pourrons pas aider la Grèce si nous maintenons sur l’économie grecque le même poids de remboursement de la dette.” »Dans l’accord de lundi 13 juillet, il est spécifié que l’« on ne peut pas opérer de décote nominale de la dette ». Cependant, ce communiqué précise aussi que « de sérieux doutes planent sur le caractère soutenable de la dette grecque » et que « cela est dû au relâchement des politiques au cours des 12 derniers mois qui a entraîné la dégradation récente de l’environnement macroéconomique et financier du pays ».Cela laisse entendre qu’une discussion sur l’allongement des maturités et l’abaissement des taux d’intérêt pourrait se tenir dans les semaines qui viennent.Lire aussi :Alexis Tsipras a voulu « éviter un désastre »Les discussions promettent d’être d’autant plus intenses que certains, parmi les créanciers de la Grèce, estiment que les conditions faites à Athènes sur sa dette sont déjà particulièrement généreuses. La dette grecque affiche par exemple une « maturité » moyenne de 16 ans (contre 7 ans pour la dette française) et les Etats de la zone euro et le Fonds européen de stabilité financière (FESF) ont accepté que, d’ici à 2023, Athènes ne verse aucun intérêt et ne rembourse aucune des sommes empruntées.Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 15.07.2015 à 00h25 • Mis à jour le15.07.2015 à 09h23 La ministre de l’intérieur britannique Theresa May a annoncé mardi 14 juillet au Parlement la création d’une « nouvelle zone de sécurité au port [français] de Calais pour les camions allant au Royaume-Uni », afin d’empêcher l’intrusion d’immigrants clandestins dans les véhicules.« Cela doit transformer la protection des camions et de leurs chauffeurs en les retirant de la route, où ils peuvent être la cible de migrants », a précisé la ministre, ajoutant que cette zone d’attente pourra accueillir jusqu’à 230 véhicules.Un porte-parole du ministère britannique a précisé que cette zone serait créée dans le périmètre sécurisé du port de Calais, dans le nord ouest de la France. La préfecture française du Pas-de-Calais n’a ni confirmé ni infirmé cette annonce.Huit mille tentatives de traversées stoppées en un moisLa ministre a également affirmé que plus de 8 000 tentatives de migrants clandestins de rejoindre l’Angleterre ont été stoppées par les autorités françaises et britanniques en moins d’un mois, entre le 21 juin et le 11 juillet. Les chiffres officiels précédents, datant de janvier, dénombraient 30 000 tentatives sur les dix derniers mois.Theresa May est aussi revenue sur l’accord conclu en septembre 2014 entre la France et le Royaume-Uni sur la gestion de la pression migratoire à Calais, qui prévoyait notamment une contribution britannique de 15 millions d’euros sur trois ans pour sécuriser le port. « Depuis novembre 2014, nous nous sommes engagés à investir 12 millions de livres, dont 6 millions ont déjà été dépensés pour renforcer la sécurité des ports dans le nord de la France », a-t-elle dit.Lire :Migrants : « Chacun des 28 pays européens doit prendre sa part »« Eldorado » britanniqueCes déclarations ont été faites en parallèle à l’annonce de nouveaux chiffres selon lesquels les transporteurs routiers ont payé 6,6 millions de livres (9,3 millions d’euros) d’amendes au Royaume-Uni pour avoir transporté des migrants clandestins entre avril 2014 et avril 2015, une somme en hausse de 2,4 millions de livres sur un an.La proximité de la Grande-Bretagne attire depuis des années à Calais, son point d’accès le plus proche depuis le continent européen, les clandestins en quête de passage vers ce qu’ils voient comme l’eldorado britannique.A la fin de juin, Londres a également annoncé le renforcement du contrôle de l’immigration clandestine au port britannique de Douvres. Selon le dernier décompte de la préfecture du Pas-de-Calais, au début de juillet, environ 3 000 migrants, essentiellement des Erythréens, Ethiopiens, Soudanais et Afghans, ont été recensés dans la région de Calais.Lire aussi :Expulsions des migrants : les associations dénoncent une politique du « chiffre » 14.07.2015 à 18h25 • Mis à jour le15.07.2015 à 06h33 La Russie s’est officiellement réservé, mardi 14 juillet, le droit de ne pas appliquer les décisions de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), au cas où celles-ci contredisent la Constitution russe. Une étape qui devrait permettre à Moscou de refuser le versement d’un dédommagement record au groupe pétrolier Ioukos.Fin juillet 2014, la Cour européenne des droits de l'Homme avait condamné la Russie à verser près de 1,9 milliard d'euros aux ex-actionnaires du groupe de l'oligarque critique du Kremlin, Mikhaïl Khodorkovski, démantelé pour fraude fiscale au début des années 2000. Une centaine de députés russes avaient aussitôt saisi la Cour constitutionnelle pour demander si la Russie, qui avait signé en 1996 la Convention européenne des droits de l'Homme, était obligée d'appliquer toute décision de la CEDH, même celles qui « contredisent la Constitution russe ».Lire : Moscou condamné à verser 1,86 milliard d’euros aux ex-actionnaires de IoukosLa Cour constitutionnelle russe a souligné que la Constitution était « la force juridique suprême » dans le pays. Si une décision de la CEDH « contredit la Constitution russe, la Russie sera contrainte de refuser d’appliquer à la lettre » cette décision.« Les organes judiciaires suprêmes de pays européens comme l’Allemagne, l’Italie, l’Autriche ou la Grande-Bretagne respectent également le principe de la primauté de leurs lois fondamentales dans l’application des décisions de la CEDH. »Le principe de « la balance »Ancien numéro un du pétrole en Russie, le groupe Ioukos avait été vendu à la découpe en grande partie au groupe pétrolier public russe Rosneft, un acteur de taille modeste pour le secteur à l’époque, devenu depuis le principal producteur mondial parmi les sociétés cotées.Ex-patron de Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, 52 ans, a passé près de dix ans en prison à la suite de son arrestation en 2003 pour vol par escroquerie à grande échelle et évasion fiscale. Il a dénoncé sa détention comme une punition du Kremlin pour s’être opposé au président Vladimir Poutine.Lire : L'ombre de Khodorkovski plane à nouveau sur la Russie 14.07.2015 à 13h25 • Mis à jour le15.07.2015 à 05h16 Dans un discours qui a été retransmis en direct par la télévision iranienne, le président des Etats-Unis, Barack Obama, s’est réjoui de la signature d’un accord sur le nucléaire entre l’Iran et les pays du « P5 + 1 », mardi 14 juillet, et a affirmé que ce texte « démontre l’efficacité de la diplomatie ».M. Obama, qui souligne que cet accord sera fondé sur les vérifications et non pas « la confiance », a promis de mettre son veto si le Congrès s’opposait à cet accord. En vertu du dispositif qu’a été obligé de concéder M. Obama après la conclusion de l’accord-cadre du 2 avril avec Téhéran, les élus américains se sont réservé le droit de revoir le texte et de se prononcer par un vote. Mais le président a prévenu : « Pas d’accord signifie de plus grandes chances de guerres au Moyen-Orient. »Lire aussi (en édition abonnés) :Face au succès d’Obama, la défiance du CongrèsM. Obama a tenu à adresser un message au peuple iranien, déclarant qu’« il est possible de changer ». Enfin, il a dit que les Etats-Unis partageaient « les soucis exprimés par [leurs] amis de la région, notamment Israël, les Etats du Golfe ». Un responsable américain a affirmé dans l’après-midi que Barack Obama s’entretiendrait prochainement avec Benyamin Nétanyahou, le premier ministre d’Israël.« Une erreur historique », selon Benyamin NétanyahouCe dernier, qui critique violemment les négociations nucléaires depuis leur ouverture, il y a deux ans, a affirmé mardi que son pays n’était « pas lié à cet accord » conclu à Vienne et saurait « toujours se défendre » par lui-même. « L’accord sur le programme nucléaire iranien est une erreur grave aux conséquences d’ampleur historique », avait-il réagi peu après l’annonce de l’accord. M. Nétanyahou, dont les relations avec M. Obama sont au plus bas, entend désormais exercer son influence sur le Congrès américain pour obtenir un rejet du texte.Lire aussi :Nucléaire iranien : Benyamin Nétanyahou dénonce une « erreur historique »« Démanteler le mur de méfiance, brique par brique »Hassan Rohani, le président de l’Iran, a quant à lui déclaré que cet accord, fruit d’un « investissement constructif », ouvrait « de nouveaux horizons » et que l’Iran et les grandes puissances pouvaient désormais « se concentrer sur les défis communs », allusion à la lutte contre les djihadistes de l’Etat islamique (EI). Il s’agit d’« un point de départ » pour rétablir la confiance entre les deux pays, a-t-il ensuite ajouté, et « démanteler le mur de méfiance, brique par brique ». A la télévision iranienne, M. Rohani a également soutenu que l’Iran « ne cherchera jamais à avoir l’arme nucléaire ».This agreement goes both ways. The successful implements of #IranDeal can dismantle the wall of mistrust brick by brick. #RouhaniLive— HassanRouhani (@Hassan Rouhani)require(["twitter/widgets"]);Le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a salué dans la soirée « les honnêtes et durs efforts » de ses négociateurs, a annoncé son compte Twitter.#Iran's Leader praised& appreciated honest and hard endeavors and efforts made by nuclear negotiating team.— khamenei_ir (@Khamenei.ir)require(["twitter/widgets"]);Dans le sillage des présidents américain et iranien, tous les acteurs de cette intense négociation ont tenu à insister sur la portée internationale de cet accord. A l’occasion de la traditionnelle interview du 14 juillet, le président de la République François Hollande a évoqué un accord « très important », qui signifie que « le monde avance ».Dans un entretien accordé au Monde, Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères de la France, évoque « la ligne de fermeté constructive » adoptée par la France qui « a permis d’aboutir à un accord suffisamment robuste, en tout cas pour une période de plus de dix ans ». Pour lui, l’accord « peut être qualifié d’historique » car s’il est pleinement respecté, « il peut faciliter une normalisation des rapports internationaux de l’Iran ».Première monarchie arabe à réagir, les Emirats arabes unis – pays sunnite – ont également salué un accord qui peut ouvrir « une nouvelle page dans les relations entre les pays de la région du Golfe » à condition que l’Iran « révise sa politique et cesse ses ingérences dans les affaires intérieures de pays comme l’Irak, la Syrie, le Liban et le Yémen ».Mevlut Cavusoglu, le ministre des affaires étrangères de la Turquie, s’est également montré satisfait, estimant que « la levée des sanctions allait contribuer à l’économie régionale ». Plus de dix heures après l’annonce dans la matinée de cet accord, l’Arabie saoudite a dit espérer que l’accord lui permettrait de bâtir « de meilleures relations » avec son rival chiite. 29.07.2015 à 14h45 • Mis à jour le29.07.2015 à 15h07 Dans une très longue interview de plus de deux heures, mercredi 29 juillet, à la radio Kokkino, très proche du parti de la gauche radicale Syriza, le premier ministre Alexis Tsipras est longuement revenu sur les divisions qui déchirent aujourd’hui son parti. « Je suis le dernier à vouloir des élections, a-t-il notamment déclaré, mais si je n’ai plus de majorité parlementaire alors je n’aurai pas d’autre choix que de convoquer ces élections. » Le premier ministre grec fait en effet face à une fronde grandissante au sein de son propre parti, dont une frange lui reproche d’avoir signé le 13 juillet dernier un accord amenant en Grèce de nouvelles mesures d’austérité, alors que l’ensemble de la campagne de Syriza s’était concentrée sur la lutte contre l’austérité. Lors des votes de premiers trains de mesures les 15 et 22 juillet, près d’une quarantaine de députés s’étaient désolidarisés du gouvernement, faisant tomber la majorité parlementaire en dessous des 151 voix requises pour faire adopter un texte. Ces mesures n’étaient finalement passées qu’avec les voix de l’opposition.Deux camps, un congrès exceptionnelDepuis, la fronde s’organise et Syriza est véritablement divisé aujourd’hui en deux camps. Le grand test sera l’adoption dans les prochaines semaines du nouveau plan de plus de 80 milliards d’euros de prêt sur trois ans, actuellement en cours de négociation, et qui devrait être présenté au parlement d’ici au 20 août.Si moins de 120 députés du groupe parlementaire Syriza soutiennent ce texte, alors Alexis Tsipras n’aura en effet pas d’autre choix que de recourir à des élections, car il deviendra intenable de ne faire adopter des lois qu’avec le soutien de l’opposition. Une clarification sera nécessaire.Il a confirmé lors de son interview de mercredi matin qu’il souhaiterait que se réunisse avant cela, peut-être début septembre, « un congrès exceptionnel pour demander aux 30 000 membres de Syriza de se prononcer sur la ligne que devra suivre le parti ». Pour décider aussi des candidats qui seront inscrits sur les listes électorales.Selon ce scénario, le calendrier idéal de M. Tsipras serait donc : conclusion de l’accord, adoption au parlement puis congrès Syriza avant des élections fin septembre ou début octobre.Bousculer les équilibres internesMais les dissidents de Syriza exigent, eux, que les choses aillent plus vite, faisant pression sur le gouvernement et le parti pour que les organes internes se réunissent avant la conclusion de l’accord avec les créanciers. Ils espèrent ainsi bousculer les équilibres internes et renverser la « ligne présidentielle », menée par Alexis Tsipras, qui reste à ce jour la ligne majoritaire au sein de Syriza.Derrière cette bataille, deux conceptions s’opposent : d’un coté, celle de M. Tsipras, qui vise à continuer à négocier avec les créanciers, pour avant tout rester dans la zone euro, et de l’autre, la vision défendue notamment, et de plus en plus fort, par Panayiotis Lafazanis, le chef du courant dissident de la plateforme de gauche, appelant, lui, à la rupture et à la sortie de la zone euro. « Le peuple grec ne nous a jamais demandé de sortir le pays de la zone euro, a précisé M. Tsipras, sur Kokkino. L’heure est arrivée pour la gauche de se montrer responsable. Quand un parti prend la décision de gouverner, il doit gouverner et pouvoir compter sur sa majorité parlementaire. »La première bataille de cette guerre des tranchées aura lieu jeudi 30 juillet. Le comité central doit se réunir et répondre à une question : les consultations internes au parti auront-elles lieu avant ou après la conclusion de l’accord ?Sans surprise, l’opposition comme les créanciers aimeraient que cela se produise après. Une fois le nouveau plan adopté au parlement.En cas d’élection, selon tous les sondages de ces dernières semaines, Syriza arriverait toujours en tête, avec même la possibilité de dégager une majorité absolue de 151 députés (sur les 300 sièges que compte le parlement). Ce qu’il n’avait pas réussi à faire le 25 janvier dernier. 29.07.2015 à 11h23 • Mis à jour le29.07.2015 à 11h34 La Cour suprême grecque a transmis au Parlement deux plaintes déposées contre Yanis Varoufakis, l’ancien ministre des finances, a indiqué mardi 28 juillet le quotidien conservateur Kathimerini.Ce même journal avait révélé dimanche dernier que M. Varoufakis avait réfléchi un plan d’action pour instaurer un système bancaire parallèle et une nouvelle monnaie avant son départ, pour anticiper une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro.Deux poursuites ont été déposées, l’une par le maire de Stylida, Apostolos Gletsos, également chef de file du parti Teleia, l’autre par un avocat, Panagiotis Giannopoulos. La première accuse Varoufakis d’avoir exposé la Grèce à des représailles, la seconde l’accuse de trahison.Une troisième plainte pourrait être déposée par un groupe de cinq avocats s’il s’avère que des personnalités non politiques ont participé au projet. Elles seraient alors poursuivies pour violation de données privées, manquement à une obligation, appartenance à une organisation criminelle et violation des lois.Le Parlement va maintenant devoir décider s’il lève ou non l’immunité parlementaire de Yanis Varoufakis. En cas de refus, le député Syriza ne pourra pas être poursuivi en justice.Un « plan B » rocambolesqueM. Varoufakis, qui travaillait en secret depuis décembre, avait dévoilé les contours de son « plan B » lors d’une conférence téléphonique réunissant, le 16 juillet, des responsables de fonds spéculatifs. Organisée par le Forum officiel des institutions financières et monétaires (OMFIF), elle a été en grande partie enregistrée.« Nous envisagions de créer clandestinement des comptes secrets reliés au numéro fiscal de chaque contribuable grec », avait expliqué l’ex-ministre lors de la conférence. Les contribuables auraient ainsi pu utiliser ce « système de paiement parallèle » pour régler « ce qu’ils doivent ou pour payer leurs impôts à l’Etat ». Libellé en euro, ce système de paiement « aurait pu à tout moment être converti en une nouvelle drachme » en cas de « Grexit », une sortie de la Grèce de la zone euro.Lire aussi :Le rocambolesque « plan B » de M. VaroufakisLors de cette même conférence téléphonique, Yanis Varoufakis avait déclaré avoir recruté un ami d’enfance, professeur en technologie de l’information à l’université Columbia de New York, et l’avait chargé de pirater le logiciel du ministère des finances.Si l’ancien ministre ne le citait pas nommément, il pourrait toutefois s’agir de Michalis Hatzitheodorou, secrétaire général des systèmes informatiques. Ce dernier a formellement démenti ces accusations mardi dans un communiqué. 28.07.2015 à 20h38 • Mis à jour le29.07.2015 à 12h27 | Philippe Bernard (Londres, correspondant) L’énorme scandale provoqué par les images de Lord Sewel, sniffant de la poudre blanche en compagnie de deux prostituées, n’a pas suffi. David Cameron ne réformera pas la Chambre des lords, non élue, souvent perçue comme une survivance aristocratique.Le premier ministre, tout en se félicitant de la décision du baron John Sewel de démissionner de la chambre haute du Parlement britannique, a été catégorique : « Il n’est pas question » de se relancer dans une refonte institutionnelle, a-t-il déclaré mardi 28 juillet, depuis Singapour où il est en visite officielle.« Je souhaite présenter mes excuses pour la souffrance et l’embarras que j’ai provoqués »En 2012, les libéraux-démocrates, qui gouvernaient alors en coalition avec les conservateurs, avaient réussi à introduire un projet de loi visant à faire élire 80 % des Lords. La violente rébellion d’une centaine de députés conservateurs avait mis fin à pareille audace. Cet échec en rase campagne avait accrédité le discours des mauvaises langues selon lequel la chambre sert, entre autres, de maison de retraite aux députés et de récompense honorifique pour les amis du pouvoir.Échaudé, mais disposant aujourd’hui d’une majorité homogène, M. Cameron veut pousser l’avantage en sens contraire : il veut nommer une cinquantaine de nouveaux Lords, afin de rééquilibrer en sa faveur une chambre où les conservateurs n’ont pas la majorité.Sur les 783 membres de l’actuelle Chambre des lords – la plus grande Assemblée du monde après le Congrès national du peuple chinois – les tories ne sont que 226 et le premier ministre craint d’y être mis en difficulté, notamment lors de l’examen de son projet de référendum sur le maintien ou non dans l’Union européenne.Il existe « de très bonnes et justes raisons » de modifier l’équilibre chez les Lords, a ajouté M. Cameron, se référant aux élections législatives de mai qui ont donné la majorité absolue aux conservateurs et oubliant sa promesse de « réduire le coût » du système politique. Pour cela, il s’apprête à réduire de 650 à 600 le nombre de députés, moyennant un redécoupage favorable à son propre parti.Mais la bronca suscitée par le scandale Sewel permettra-t-elle au premier ministre de mener à bien son projet d’extension de la Chambre des lords ? Il a fallu plus de 48 heures, trois manchettes sordides du Sun et une perquisition de Scotland Yard avec chiens renifleurs à son domicile londonien, pour décider Lord Sewel à démissionner. Pendant deux jours, l’ancien ministre de Tony Blair, âgé de 69 ans, a tenté de s’accrocher à son privilège d’inamovibilité (la plupart des Lords sont nommés à vie par la reine sur proposition du premier ministre), et ce délai a accru l’indignation. « J’espère que ma décision limitera et aidera à réparer les dommages que j’ai causés à une institution qui m’est chère, écrit-il dans sa lettre de démission. Je souhaite présenter mes excuses pour la souffrance et l’embarras que j’ai provoqués. »Photos sordides dans « The Sun »Mardi matin, pour le troisième jour consécutif, le tabloïd The Sun, le quotidien le plus lu du pays (1,8 million d’exemplaires), a fait sa manchette avec de nouvelles « révélations » sur l’affaire. Nu comme un ver, ventru, le Lord est photographié en train de remettre un chèque de 200 livres à l’une des prostituées.Dans l’enregistrement probablement réalisé par la professionnelle pour le compte du journal, le baron Sewel se vante d’avoir eu treize aventures extramaritales, dont une avec une présentatrice connue de la BBC qu’il dit avoir conquise « dans un grenier ». Le journal raconte aussi qu’il a demandé à retourner la photo de sa femme trônant dans l’appartement où il recevait les deux prostituées. Les précédentes livraisons du Sun l’avaient successivement montré sniffant une poudre blanche présentée comme de la cocaïne sur la poitrine de l’une de ses invitées, puis portant un soutien-gorge orange, injuriant au passage plusieurs hommes politiques du Royaume-Uni.Le journal populaire a pris la tête d’une campagne contre la Chambre des lords, très vite reprise par de nombreux médias de toutes sensibilités. « Maintenant, débarrassons-nous-en ! », titre le Daily Mirror, tabloïd proche du Parti travailliste, sous une photo de l’assemblée des Lords en robe rouge et hermine.Conservateur, le Times estime, lui qu’« une chambre non élue caractérisée par un fonctionnement ésotérique et un âge moyen de 70 ans ne peut se permettre de se rappeler au bon souvenir de l’opinion uniquement quand l’un de ses membres est compromis dans un scandale ». Les exemples de Lords totalement absents des débats, de ceux condamnés par la justice mais restant en place, et le montant appréciable de leurs émoluments (300 livres soit 424 euros par jour) font désormais la « une » de tous les médias. Ils soulignent notamment que le baron Sewel, s’il a démissionné de la Chambre, conserve à vie le titre de Lord que seule la reine pourrait lui retirer.Le souffle du scandale est tel qu’il ne laisse aucune place aux interrogations sur les méthodes employées par le Sun pour fabriquer son scoop. En mars, il est vrai, quatre journalistes du quotidien, dont deux rédacteurs en chef, ont été relaxés par un tribunal à Londres après avoir été poursuivis pour avoir rémunéré leurs sources. Le jugement faisait primer l’ « intérêt de l’opinion » pour les informations qu’ils avaient révélées.Philippe Bernard (Londres, correspondant)Correspondant au Royaume-UniSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Jean-Pierre Stroobants (OTAN, correspondant) Une brève réunion, une brève déclaration : la session d’urgence du Conseil de l’Atlantique nord demandée par la Turquie, a débouché sur un soutien appuyé à Ankara de la part des ambassadeurs auprès de l’OTAN, mercredi 28 juillet.Le communiqué publié après la rencontre condamne fermement les récentes attaques menées à Suruç (32 morts, attribués à l’Etat islamique), puis les meurtres de policiers et de militaires turcs (revendiqués par le Parti des travailleurs du Kurdistan). « Le terrorisme, sous toutes ses formes, ne peut jamais être toléré ou justifié », affirme l’OTAN, en manifestant sa « forte solidarité » avec la Turquie et annonçant une poursuite de sa « surveillance étroite » des développements sur sa frontière sud-est, avec la Syrie, et l’Irak. « L’accord est total, unanime, sans faille », a indiqué le secrétaire général, Jens Stoltenberg.« Ankara voulait un geste de solidarité, de réassurance et l’a obtenu », résume une source diplomatique européenne. Les autorités turques s’appuyaient sur l’article 4 du traité de l’Atlantique nord, qui prévoit des consultations entre les alliés dès que l’une d’eux juge que son intégrité, sa sécurité ou son indépendance sont menacées.Lire aussi :L’engagement des forces turques ne rassure pas les rebelles syriensPKK et EI sur le même planLe communiqué est volontairement vague et n’évoque pas la double offensive menée actuellement par l’armée turque, qui cible, et met sur le même plan, l’organisation djihadiste Etat islamique (EI) et les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Le texte de l’OTAN n’évoque ni l’une, ni l’autre de ces organisations. Certaines délégations ont toutefois invité leur allié turc à une « réponse proportionnée », afin d’éviter une remise en cause du processus de paix avec les autorités kurdes, même s’il convient de condamner les récentes attaques.La délégation turque aurait fourni quelques assurances à cet égard, même si le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a estimé, mardi, qu’il était « impossible » de poursuivre ce processus tant que le PKK continueraient à « menacer l’unité nationale » par des attaques meurtrières contre les forces de sécurité turques. Lundi, il avait déjà affirmé que la Turquie poursuivrait son offensive militaire contre le PKK en Irak jusqu’à ce que les rebelles kurdes déposent les armes. Le chef de l’Etat a également répété qu’il ne céderait pas face à la « menace terroriste » du PKK et de l’EI. « Il est hors de question de reculer. C’est un long processus, et ce processus se poursuivra avec la même détermination », a-t-il déclaré, mettant une nouvelle fois sur le même plan les deux organisations, alors que les Occidentaux comptent sur les Kurdes de Syrie, des alliés du PKK, pour les aider sur le terrain dans la lutte contre l’EI.« Mettons ces propos sur le compte des manœuvres préélectorales, puisque la rumeur d’élections anticipées court en Turquie. C’est peut-être aussi une tentative d’Erdogan pour s’assurer le soutien des conservateurs dans son camp alors qu’il lance l’offensive contre l’EI », commentait mardi un expert de l’OTAN.Lire aussi :L’offensive turque peut « changer l’équilibre » en Syrie et en IrakZone de sécurité et réfugiésLa discussion au sein de l’Alliance a évité, d’autre part, la question de la zone de sécurité, ou zone tampon, que la Turquie voudrait créer dans le nord de la Syrie, avec le soutien des Etats-Unis, en contrepartie de la mise à disposition de la coalition contre l’EI de ses bases aériennes. « C’est une question bilatérale dans laquelle l’Otan n’est pas impliquée », a déclaré M. Stoltenberg. L’ambassadeur américain ne s’est pas davantage exprimé sur ce dossier. M. Erdogan a évoqué, pour sa part, le nécessaire « nettoyage » des régions concernées pour permettre le retour dans leur pays des réfugiés syriens installés dans des camps en Turquie. Ils sont 1,8 million à l’heure actuelle.Un responsable militaire américain a évoqué l’obligation d’assurer « la sécurité et la stabilité » le long de la frontière turco-syrienne. Selon les accords conclus entre Ankara et Washington, la base militaire turque d’Inçirlik pourra désormais servir de point de départ pour des avions de la coalition internationale qui bombarde les positions de l’EI.Pourrait-il être question, à terme, d’une extension de l’implication de l’OTAN ? « Nous sommes déjà très impliqués », affirme M. Stoltenberg, qui évoque le soutien (entraînement, formation, interopérabilité) à des pays qui combattent le terrorisme, comme la Jordanie, la Tunisie, l’Irak et l’Afghanistan. Par ailleurs, explique-t-il, tous les pays membres contribuent déjà à la lutte contre l’EI et l’Alliance « projette de la stabilité » avec un déploiement minimal de forces combattantes. Le secrétaire général souligne enfin que l’armée turque (la deuxième de l’OTAN) ne formule, à ce stade, aucune demande de ce type.Jean-Pierre Stroobants (OTAN, correspondant)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adèle Humbert « L’adoption et la mise en œuvre récente de plusieurs lois en Russie ont rendu quasiment impossible le soutien efficace de la société civile par les organisations internationales », a déclaré Julia Statsch, présidente de la fondation MacArthur, après avoir annoncé la fermeture du bureau de Moscou, le 21 juillet. En renonçant à ses activités en Russie, l’ONG souhaite anticiper la décision du parquet général. Le 8 juillet, une liste « patriotique » comprenant douze organisations jugées « indésirables » a été adoptée par le Conseil de la Fédération de Russie et envoyée au parquet qui pourrait effectivement ordonner leur fermeture.Le Kremlin resserre ainsi son étau sur ces organisations internationales qu’il juge « menaçantes pour l’ordre constitutionnel, la défense et la sécurité nationale ». « Ce texte s’inscrit dans la lignée des nombreuses lois liberticides récemment promulguées par Poutine », affirme Nicolas Krameyer, responsable du programme Liberté d’expression à Amnesty International.Loi sur les « agents étrangers »Déjà en 2012, le Kremlin avait annoncé la couleur avec la loi sur les « agents étrangers » dont l’adoption avait été suivie d’une vague de répression contre les associations en Russie. « On distingue deux catégories parmi la douzaine d’organisations visées récemment : celles, telles que Freedom House, impliquées dans des missions de terrain en Crimée ; et celles, comme MacArthur, qui financent des projets de défense des droits de l’homme », analyse le défenseur des droits humains.Il dénonce cette « épée de Damoclès » qui pèse sur la société civile : brider les ONG, c’est étouffer toute velléité d’émancipation des citoyens russes. Etablie en Russie depuis 1992, la fondation avait investi plus de 173 millions de dollars dans des programmes d’éducation, de défense des droits de l’homme et de limitation de la prolifération des armes nucléaires en Russie.Critères obscursSur le plan juridique, les critères pour déterminer le caractère « indésirable » de l’organisation demeurent obscurs : « Ils ne sont pas édictés de façon explicite dans la loi. Je crois que le texte a été adopté parce que le gouvernement s’est rendu compte que certaines organisations menaient des activités qu’il jugeait subversives », analyse Maître Sidorova, avocate au barreau de Paris et présidente de l’Association des avocats et juristes franco-russes : « En revanche, la loi précise les sanctions. Parmi les mesures prises contre ces organisations figurent notamment l’interdiction faite à tout organisme financier de réaliser les opérations demandées par les ONG, ainsi que l’interdiction, pour l’organisation, d’utiliser les médias et Internet pour diffuser des informations. »Une fois jugée « indésirable », l’organisation est sous la menace d’un éventail de sanctions : de la simple amende aux peines de prison en cas de récidive, tout est fait pour encourager les volontaires à cesser leurs missions sur le terrain. Dans son rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde, Amnesty International pointait même le harcèlement auquel sont soumises certaines ONG à travers des campagnes de dénigrement. MacArthur a justifié sa décision, affirmant que « les organisations civiles russes bénéficiant de [leurs] financements destinés aux citoyens russes étaient désormais menacées ».Adèle HumbertJournaliste au Monde 27.07.2015 à 23h25 • Mis à jour le28.07.2015 à 08h12  Un militaire a été tué par balle lundi 27 juillet au soir lors d’une attaque menée par des hommes armés dans la province de Mus, dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, a-t-on appris de sources hospitalières.L’officier, commandant de la gendarmerie du district de Malazgirt, a été intercepté sur la route alors qu’il circulait dans sa voiture privée avec son épouse, ont rapporté les médias locaux. Grièvement blessé, il est mort à l’hôpital.Un gazoduc sabotéUne explosion d’origine criminelle a en outre endommagé dans la nuit de lundi à mardi le gazoduc qui relie l’Iran à la Turquie dans la province frontalière d’Agri, dans l’est de la Turquie, a annoncé le ministre turc de l’énergie Taner Yildiz.« L’explosion a causé un incendie. Mais nous avons réussi à l’éteindre rapidement. L’acheminement du gaz reprendra dès que le gazoduc sera réparé », a déclaré M. Yildiz dans un communiqué cité par l’agence de presse progouvernementale Anatolie.Les médias turcs ont attribué le sabotage — qui, comme l’attaque, n’a pas été immédiatement revendiqué —, aux rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), auxquels des sabotages similaires ont déjà été attribués.Fin de la trêveLa Turquie a lancé vendredi soir une série de raids aériens contre les bases arrière du PKK dans le nord de l’Irak, en riposte aux attaques meurtrières attribuées au mouvement kurde qui ont visé des membres des forces de sécurité ces derniers jours. Le PKK a en retour rompu la trêve qu’il respectait depuis 2013 et assassiné deux soldats samedi soir.Le premier ministre turc Ahmet Davutoglu a promis lundi soir la poursuite de l’offensive militaire contre le mouvement kurde jusqu’à ce qu’il dépose les armes. « C’est soit les armes, soit la démocratie, les deux ne sont pas compatibles », a-t-il dit lors d’un entretien télévisé.Lire aussi :L’offensive turque peut « changer l’équilibre » en Syrie et en Irak 27.07.2015 à 16h58 | Adrien Morcuende La crise grecque, un tournant pour l’avenir de la zone euro ? C’est ce que pense Elisabeth Guigou, présidente socialiste de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Dans un entretien publié dimanche 26 juillet par le quotidien espagnol El Pais, l’ancienne ministre déléguée aux affaires européennes de François Mitterrand (1990-1993), qui parcourut la France en vacances à l’été 1992 pour mener la campagne du « oui » au traité de Maastricht, estime que « la crise grecque nous a offert une opportunité ». Avant d’affirmer : « Le débat européen s’est converti en un débat public et, pour la première fois depuis longtemps, n’est pas mené par les eurosceptiques, les détracteurs de l’euro ou encore les partis populistes. »La député PS de Seine-Saint-Denis, européiste convaincue, appelle de ses vœux les pays de la zone euro à passer à l’action. « C’est le moment de se montrer actif en termes de propositions », explique M. Guigou, en écho à la proposition de François Hollande, lors de son interview télévisée du 14-Juillet puis dans une tribune au Journal du dimanche cinq jours plus tard, de créer un gouvernement économique européen doté d’un « budget spécifique », afin de prévenir de nouvelles crises comme celle que connaît la Grèce.« Une union fiscale, sociale et politique »Pour parvenir à une union monétaire « fédérale par nature » mais actuellement « déséquilibrée », Mme Guigou souhaite que la France, « attendue depuis longtemps », prenne les choses en main aux côtés de « tous ceux qui sont favorables à une meilleure intégration de la zone euro », Allemagne, Italie et Espagne notamment. Sur l’idée renouvelée par le président de la République d’un gouvernement économique de la zone euro, la position de l’ancienne ministre de la justice est claire. Ce dernier ne pourrait voir le jour sans la création d’un parlement de la zone euro, une institution « qui ne soit pas coupée du Parlement Européen mais qui en soit plutôt une partie intégrante : une chambre composée de parlementaires des dix-neuf pays de la monnaie unique ».S’agissant des mesures à mettre en œuvre, Mme Guigou cite l’harmonisation fiscale dans l’ensemble des pays membres, avec notamment un impôt commun sur les sociétés, la sécurité de l’emploi minimum ou encore des mécanismes pour favoriser la mobilité des travailleurs, des pistes à suivre si l’on veut faire avancer la cause européenne. « Nous avons besoin de mettre en marche des projets mobilisateurs, comme l’Europe de l’énergie, mais il faut avant pouvoir intégrer une zone euro dotée d’une union fiscale, sociale et politique. »Enfin, la députée conclut en abordant la question sensible de la dette. Selon elle, « il faudra au final une mutualisation » des dettes publiques, « bien que cela ne puisse se faire qu’après une véritable adoption des règles par tous et avec une croissance soutenable et stable ».Adrien Morcuende 03.07.2015 à 15h04 • Mis à jour le03.07.2015 à 16h23 | Bastien Vachon   Dans une interview publiée dans Le Monde daté du jeudi 2 juillet, Nicolas Sarkozy évoque l’actualité internationale de ces dernières années. Sur la crise ukrainienne, certaines informations de l’ex-président sont fausses.Hollande a-t-il attendu un an avant de discuter avec Poutine ?Ce que Sarkozy dit :« Je m’interroge toujours sur la question de savoir pourquoi il a fallu attendre un an pour discuter avec M. Poutine. »Pourquoi c’est faux :La crise ukrainienne remonte au 21 novembre 2013, date à laquelle le gouvernement ukrainien de Viktor Ianoukovitch refuse de signer l’accord d’association avec l’Union européenne. Cette décision est le point de départ de la révolution ukrainienne, qui débouche sur le renversement du président, le 21 février 2014.Dans la foulée, Moscou annexe la Crimée, et alimente de plus en plus ouvertement les tensions dans l’est du pays, qui ne tarderont pas à se transformer en conflit armé.Trois mois plus tard, François Hollande dîne à l’Elysée avec Vladimir Poutine afin d’évoquer la situation en Ukraine. En juin, c’est lui qui réunira en Normandie, à l’occasion des commémorations des 70 ans du Débarquement, les présidents russe et ukrainien.A-t-on retiré au russe son statut de langue officielle ?Ce que Sarkozy dit :« Il fallait […] empêcher le gouvernement ukrainien de retirer le statut de langue officielle au russe dans un pays où 30 % de la population est russophone. »Pourquoi c’est exagéré :En 2012, Viktor Ianoukovitch, alors président de l’Ukraine, fait voter une loi élargissant les droits d’utilisation de certaines langues minoritaires au niveau régional. Le russe devient langue régionale dans les territoires où les russophones représentent plus de 10 % de la population, soit dans 13 subdivisions administratives sur 27. Cette initiative est dénoncée à l’époque par l’opposition. Viktor Ianoukovitch la promulgue tout de même, le 8 juillet de la même année.Lorsque son régime est renversé, le 21 février 2014, le Parlement ukrainien vote une loi abrogeant ce statut de langue régionale (c’est à cet épisode que fait référence Nicolas Sarkozy). Les protestations sont immédiates ; cette loi ne sera jamais promulguée et encore moins appliquée. L’initiative du Parlement aura malgré tout un effet désastreux dans l’Est russophone du pays, contribuant à envenimer le conflit.La question linguistique a toujours eu en Ukraine une connotation politique. Le régime tsariste avait interdit l’usage de l’ukrainien. En Ukraine soviétique, russe et ukrainien (deux langues proches) sont toutes deux langues officielles du pays. Les intellectuels ukrainiens seront malgré tout des cibles de choix de la répression, particulièrement pendant les années Staline.Par ailleurs, l’affirmation selon laquelle « 30 % de la population est russophone » méconnaît une réalité : l’Ukraine est un pays bilingue. L’immense majorité de ses habitants parlent les deux langues ; celles-ci peuvent être utilisées alternativement à la télévision sans que personne ne s’en émeuve. Et des villes russophones comme Kharkiv ou Dnipropetrovsk se sont découverts à l’occasion de la guerre une identité ukrainienne forte, fournissant notamment de nombreux volontaires aux forces armées du pays.Bastien Vachon 03.07.2015 à 11h48 • Mis à jour le03.07.2015 à 15h55 | Marie Charrel Aucune statistique ne peut restituer l’ampleur des sacrifices concédés par les Grecs depuis six ans. Certains chiffres aident néanmoins à la mesurer. En 1999, le produit intérieur brut (PIB) par habitant de la Grèce, en parité de pouvoir d’achat, s’élevait ainsi à 24 429 dollars (22 020 euros), selon les calculs de l’institut de conjoncture Coe-Rexecode.En 2007, il est monté jusqu’à 33 018 dollars (29 765 euros), avant de retomber à 24 564 dollars (22 145 euros) en 2014. « Cela signifie que depuis la crise, les Grecs ont reperdu toute la richesse qu’ils avaient gagnée depuis l’entrée dans l’euro », résume Charles-Henri Colombier, de Coe-Rexecode.Sur la même période, le PIB par tête de la zone euro est passé de 33 562 dollars (30 257 euros) en 1999 à 37 141 dollars (33 483 euros) aujourd’hui, avec un pic à 38 483 dollars (34 693 euros) en 2007. Malgré la crise, les pays de l’union monétaire affichent donc en moyenne une richesse par tête supérieure à celle de 1999. Seule la Grèce fait figure d’exception, avec l’Italie. « Si l’on regarde froidement les chiffres, c’est un complet retour quinze ans en arrière », se désole Patrick Artus, économiste chez Natixis.Lire aussi :La Grèce officiellement déclarée en défaut de paiementUne production en baisse de 20 %Le constat est tout aussi alarmant si l’on se penche sur l’industrie hellène. Depuis 1999, la production industrielle, hors bâtiment, s’est contractée de 20 %, tandis que l’investissement en volume s’est effondré de 47 %. Le PIB, lui, est toujours inférieur de plus de 25 % à son niveau de 2009. Cet effondrement de l’économie grecque est-il le seul fruit des politiques de rigueur exigées à la Grèce depuis 2009 ? Ou s’agit-il d’un retour « progressif et ordonné à l’équilibre », comme l’a froidement diagnostiqué Jean-Claude Trichet, l’ancien président de la Banque centrale européenne, le 23 juin, sur BFM Business.Pour comprendre de quoi il retourne, il convient de remonter à la création de l’euro. A son introduction, la monnaie unique a eu un impact très différent selon les pays membres. « Dans les Etats périphériques, elle a déclenché une forte baisse des taux d’intérêt et des coûts du crédit, qui se sont rapprochés des niveaux allemands », rappelle Charles Wyplosz, économiste à l’Institut des hautes études internationales de Genève. Une formidable opportunité. Qui s’est transformée en bombe à retardement lorsqu’elle n’a pas été utilisée à bon escient. Baisse des coûts de l’empruntC’est ce qui s’est passé dans le cas grec. « La baisse des coûts d’emprunt a alimenté l’augmentation des dépenses publiques, tandis que la consommation a été soutenue par une hausse des salaires supérieure à celle des gains de productivité », ajoute M. Wyplosz.Quand la crise a frappé, Athènes s’est donc retrouvée dans une situation particulièrement délicate. Non seulement son économie était structurellement affaiblie, mais en plus, ses importants déficits public et extérieur (15 % du PIB), la laissaient sans munition pour faire face à la crise.Un cocktail que les politiques de rigueur demandées par la « troïka » (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne et Commission), mal calibrées, a rendu explosif. « La récession qu’a traversée la Grèce est l’une des plus violente enregistrée depuis le XIXe siècle, et l’ampleur de l’assainissement budgétaire opéré depuis est sans précédent », explique Nina Delhomme, économiste au Crédit agricole. Le déficit public est ainsi passé de 15,2 % à 2,7 % du PIB en cinq ans seulement. Le déficit extérieur a été effacé. Et les salaires ont chuté de 20 % à 30 %.Lire sur Les Décodeurs :La Grèce, dernier exemple d’une longue histoire de défauts souverainsDouloureux sacrificesMalgré ces douloureux sacrifices, les exportations n’ont pourtant pas rebondi comme espéré, contrairement à ce que l’on a observé en Espagne ou en Irlande. Motif : les entreprises grecques tournées vers l’export sont à la fois trop petites et trop peu nombreuses. Mais surtout, les réformes de la « troïka » n’ont pas traité certains des maux-clés dont souffre l’économie grecque. En particulier la question des rentes maintenant des prix trop élevés dans certains secteurs, la corruption endémique, les défaillances de l’administration…C’est là que l’exemple grec diffère de celui de l’Espagne. Comme Athènes, Madrid est tombé dans le piège des taux d’intérêt trop bas : ils ont alimenté une monstrueuse bulle immobilière, qui a explosé avec la crise de 2007. « Mais ils ont aussi permis d’accumuler du capital productif, c’est-à-dire de renforcer l’industrie, explique M. Artus. Voilà pourquoi le pays s’en sort aujourd’hui mieux ».Dans le cas de la Grèce, qui faut-il blâmer ? Les gouvernements grecs successifs, d’abord, qui n’ont rien fait pour lutter contre le népotisme, l’économie noire, la déliquescence de l’industrie. Les institutions de la zone euro, aussi. L’impact de l’entrée dans la monnaie unique sur les pays périphériques était déjà identifié en 1999. Mais rien a été fait pour les aider à éviter le piège du crédit à bas coût. « Tout le monde s’est voilé la face, confesse une source européenne. Pire, la flambée de l’immobilier espagnole était vantée comme un succès, alors qu’elle reposait sur un château de sable ! »Selon les économistes, il faudra au bas mot une décennie pour que le pays retrouve son niveau de vie de 2007. Que les mesures d’austérité se poursuivent ou non, que le gouvernement d’Alexis Tspiras reste au pouvoir ou non, les prochaines années seront extrêmement douloureuses pour les Grecs.Lire aussi :Le défaut de paiement de la Grèce, comme celui de l’Argentine en 2001 ?Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Maryline Baumard Et s’il était urgent de dénoncer les accords franco-britanniques régissant Calais (Pas-de-Calais) et ses migrants ? C’est ce que propose la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), dans un avis rendu le 2 juillet. Cette autorité administrative indépendante, qui assure un rôle de conseil et de proposition en matière de droits de l’homme, est arrivée à cette conclusion à l’issue d’une auto-saisine sur la situation calaisienne, où 3 000 migrants sont bloqués et maintenus dans des conditions jugées « infra-humaines » par la commission.La proposition de la CNCDH pourrait bien faire avaler le thé de travers outre-Manche. La presse populaire est en effet déjà à fleur de peau sur le sujet car les grèves successives de MyFerryLink, avec blocage du trafic sous le Tunnel, ont permis à de nombreux migrants de profiter du désordre pour franchir la frontière fin juin. Et aujourd’hui la même cause risque de produire les mêmes effets.Après des auditions et une visite de terrain dont la délégation est revenue « extrêmement choquée », la Commission dénonce entre autres « les coûts multiples induits par la retenue sur le territoire français des migrants qui voulaient rejoindre la Grande-Bretagne ». Alors, sans plus de détour, « la CNCDH recommande instamment la dénonciation des traités et accords dits du Touquet et de Sangatte ». La France et le Royaume-Uni ont conclu plusieurs traités et accords administratifs bilatéraux, afin de délocaliser les contrôles frontaliers britanniques dans les zones portuaires et ferroviaires françaises et de renforcer les dispositifs de sécurité dans ces dernières. Or ces textes conduiraient « à faire de la France le “bras policier” de la politique migratoire britannique » selon l’instance consultative.Lire le reportage :Le bidonville de Calais, « Sangatte sans toit »Atteinte au droit d’asileJeudi, à l’heure où la CNCDH peaufinait encore son avis très peu diplomatique, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, recevait à déjeuner son homologue britannique, Theresa May. Officiellement, les deux ministres se sont félicités de ces accords conjoints. Plus officieusement, la ministre britannique a aussi rappelé son souhait que la France fasse un peu mieux en matière d’offre d’asile à Calais, afin que les traversées de la Manche soient moins nombreuses. Une exigence britannique à laquelle Paris se plie déjà avec zèle depuis quelques mois.Or ce sujet des réfugiés est aussi abordé par la CNCDH qui déplore que la France empêche les réfugiés de déposer une demande d’asile de l’autre côté de la Manche, en leur interdisant de quitter l’Hexagone. « La CNCDH y voit une atteinte à la substance même du droit d’asile », rappelle l’avis, qui estime ni plus ni moins que les accords signés sont « incompatibles avec les dispositions du règlement Dublin III » qui sont la référence en matière de gestion de l’asile en Europe. Les 70 à 80 Syriens qui réclament chaque jour de discuter avec les autorités des deux pays à ce sujet reçoivent, en guise de réponse, des évacuations par les CRS de la place d’Armes de Calais. Si leur droit de réfugié est bafoué, leur liberté de quitter la France aussi. La Commission juge plus largement, en effet, que « l’application des accords bilatéraux est [aussi] une atteinte disproportionnée au droit fondamental de quitter n’importe quel pays, énoncé dans la Convention européenne des droits de l’homme ».L’aspect financier des accords ne compenserait même pas ces graves atteintes au droit. La CNCDH estime par ailleurs ces accords inéquitables car très à l’avantage de Londres. « Si l’arrangement de septembre 2014 prévoit le versement sur trois ans de 15 millions d’euros par le Royaume-Uni à la France, cette somme apparaît tout à fait dérisoire au regard du coût engendré par l’accueil des migrants en France », précise encore l’avis, qui rappelle que le seul centre d’accueil de jour Jules-Ferry a coûté 6 millions à la France (et 4 millions à l’Europe).Lire aussi (édition abonnés) :A Calais, une opération humanitaire inéditeOutre cet aspect diplomatique auquel peu d’instances osent toucher, la CNCDH demande aux pouvoirs publics « de prévoir des financements pour renforcer la capacité d’accueil des dispositifs d’hébergement d’urgence, afin de mettre définitivement un terme aux conditions de vie inhumaines et indignes des migrants présents sur la lande ». Aujourd’hui 100 personnes y disposent d’un vrai lit. Soit 3 % des exilés… Un rapport remis la veille au ministre de l’intérieur évoquait cette nécessité d’héberger les migrants. Mais sans en faire un préalable.Maryline BaumardJournalisteSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 02.07.2015 à 20h19 • Mis à jour le03.07.2015 à 15h52 | Aude Lasjaunias (Athènes, envoyée spéciale) Neuf jours. C’est le laps de temps qui sépare l’annonce surprise d’Alexis Tspiras, dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 juin, de soumettre au vote des Grecs le plan de réformes proposé par les créanciers du pays, de la tenue de cette consultation populaire, le 5 juillet. Un délai trop court pour le Conseil de l’Europe : « Il n’y a pas de possibilité d’avoir une observation internationale », a avancé le porte-parole du secrétaire général de l’institution.« Les questions d’un référendum doivent être très claires et compréhensibles », a par ailleurs argué Daniel Höltgen, estimant que ce n’était pas le cas à ce stade. Réponse stoïque d’Athènes : les électeurs sont appelés à se prononcer sur un texte précis, qui, de toute manière, a d’ores et déjà été inscrit au Journal officiel après son adoption par le Parlement, samedi.Lire :Grèce : le Conseil de l’Europe juge que le référendum « pose problème »Qu’importe si, dans les faits, l’enjeu réel du référendum de dimanche semble bien confus dans la tête des Grecs : oui ou non à la monnaie unique ? Oui ou non au maintien du pays dans l’Union européenne ? Oui ou non au gouvernement actuel ? Le scrutin aura bien lieu, a réaffirmé mercredi 1er juillet lors d’une allocution télévisée le premier ministre. Sur l’ensemble du pays, 9 855 029 électeurs se rendront ainsi dans un des 19 243 centres ouverts.Le pouvoir judiciaire chargé du bon déroulement« Le calendrier est serré et tout a été un peu précipité », reconnaît George Psichogios, membre de Syriza et député de la région de Corinthe dans le nord du Péloponnèse. Grâce à la récente tenue des élections générales, le mécanisme est toutefois bien rôdé. En Grèce, c’est le pouvoir judiciaire qui est chargé du bon déroulement d’un vote, les élus locaux n’étant sollicités que pour la variable logistique, notamment s’assurer que les établissements scolaires sont disponibles à la date requise, et fournir les listes électorales. Juges, avocats ou juristes avaient pu se porter candidats pour chapeauter le scrutin du 25 janvier. Le registre des volontaires alors établi a servi de base pour le référendum.Vasileios Frantzis fait partie des quelque 13 000 conseils, sur les 21 000 que compte Athènes, à avoir manifesté son envie de participer à la procédure de ce début d’année. Le 5 juillet, comme il y a cinq mois, il sera « remplaçant ». « Les personnes directement mobilisées peuvent être envoyées n’importe où à travers le pays, explique-t-il. Elles peuvent cependant émettre des préférences, honorées en fonction des besoins. » Si le vote ne se tient que dimanche, il leur faudra se présenter dès la veille à la cour d’appel la plus proche de leur lieu d’affectation. « C’est indispensable que tout soit près pour l’ouverture de la consultation populaire à 7 heures du matin », précise l’avocat. Chaque magistrat ou juriste travaillera par tranches de quatre heures. Pour ne pas avoir à gérer seul la tenue du bureau de vote, il peut faire appel aux services d’un secrétaire ou espérer la venue d’un « comité de citoyens », composé généralement de trois à cinq électeurs de la localité. « Dans certains cas, le représentant de la justice ne reçoit aucune aide. Ce qui n’est pas très étonnant car lui est payé pour cette tâche, alors que les autres apportent leur soutien bénévolement », ajoute le conseil.Dans la région d’Athènes, un titulaire touche 75 euros par jour pour sa participation, un remplaçant gagne la moitié. L’indemnité s’élève à 90 euros dans le cas de personnes mobilisées dans d’autres régions du pays. « L’Etat considère que l’on va être réquisitionné au moins trois jours. Cela peut monter jusqu’à neuf jours dans le cas de personnes envoyées à l’autre bout du pays. Mais, même sans la dimension financière, de nombreux individus veulent prendre part à ce genre d’événement. C’est extrêmement grisant. » De leur côté, les membres des partis politiques pourront venir s’assurer du bon déroulement du scrutin, sans toutefois être autorisés à prendre part à son organisation tant que le bureau de vote est ouvert. « Si le magistrat réquisitionné a besoin d’aide pour le décompte des bulletins, il peut toutefois nous solliciter, mais dans le respect de l’intégrité de la procédure », ajoute George Psichogios.Des bureaux de vote dans les consulatsContrairement aux élections générales du 25 janvier, les expatriés en Europe et aux Etats-Unis devaient pouvoir prendre part au vote. Les bureaux étant alors installés dans les consultats et les personnels diplomatiques prenaient en charge la logistique du scrutin. Le délai organisationnel a eu raison de ce projet.En revanche, comme il y a cinq mois, les militaires, les policiers ou les magistrats mobilisés hors de la localité sur laquelle ils sont inscrits comme électeurs sont autorisés à voter sur le lieu de leur affectation. Des urnes vont aussi être mises en place sur les bateaux pour le personnel naval. Il n’existe en revanche pas en Grèce de système de procuration. « Chaque électeur est tenu de se rendre en personne », souligne M. Psichogios.Pour cette consultation populaire, le corps électoral comptera par ailleurs 108 371 nouveaux votants : les Grecs ayant fêté leurs 18 ans. Dans le pays, ces derniers n’ont pas besoin de faire de démarche particulière pour être inscrits sur les listes. Ils sont automatiquement enregistrés dans la localité dans laquelle leurs parents les ont déclarés à l’état civil.Fraîchement majeure, Elektra se moque des 120 kilomètres et quelque trois heures de trajet aller-retour qui séparent Athènes de Xylokastro, petite ville du nord du pays où vivent ses proches. La jeune fille anticipe déjà les alternatives pour mener à bien son périple du jour : bus, covoiturage, train… Le 5 juillet, elle ira voter non. Bien consciente de la portée historique que pourrait avoir le premier bulletin qu’elle glissera dans l’urne.Lire aussi :Grèce : 5 jours d’épuisantes tractations et maintenant l’attente data-tym-playerid="tym-player-x2w1tc5" data-tym-title="Grèce : quels sont les scénarios possibles ?" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/economie/video/2015/06/30/grece-quels-sont-les-scenarios-possibles_4664784_3234.html" data-tym-categories="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-tags="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-providerreference="x2w1tc5" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Aude Lasjaunias (Athènes, envoyée spéciale)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Sandrine Morel (Madrid, correspondance) Plus de 80 actions dans une soixantaine de villes espagnoles ont eu lieu ces derniers jours contre la loi « de sécurité citoyenne », aussi appelée « loi bâillon », entrée en vigueur mercredi 1er juillet. Des militants de Greenpeace ont déployé une bannière géante au-dessus du Congrès des députés et bâillonnés les statues de lions qui en gardent l’accès. Des activistes des Femen ont escaladé la fontaine de la Place de Cibeles, face à la mairie de Madrid. Et des milliers de personnes ont protesté, malgré la canicule, dans plusieurs villes, en promettant de ne pas abandonner le combat contre une loi qui entrave, selon eux, le droit de manifester.Bien que l’Espagne n’ait guère connu d’explosion de violence durant la crise et que le ministère de l’intérieur se vante régulièrement que plus de 99 % des manifestations sont pacifiques, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a adopté une loi qui vise à « faire taire les protestations sociales, limiter le droit à manifester et la liberté d’expression », dénonce Joaquim Bosch, porte-parole de l’association Juges pour la démocratie. Elle donne aux policiers le pouvoir d’imposer de lourdes amendes pour des infractions liées aux nouvelles formes de mobilisations sociales que les juges n’avaient pas cru bon de qualifier comme délits.Rédaction vague et impréciseEmpêcher une expulsion immobilière en opposant une résistance pacifique aux forces de l’ordre et aux huissiers, comme le font depuis 2009 les militants de la Plateforme des victimes des crédits immobiliers (PAH), cofondée par l’actuelle marie de Barcelone, la militante Ada Colau, est aujourd’hui passible de 600 à 30 000 euros d’amende. Camper sur les places publiques, comme les « Indignés » en 2011, leur en coûterait aujourd’hui de 100 à 600 euros. Tout comme grimper sur des bâtiments publics, comme les activistes de Greenpeace.Plus ambiguë est l’interdiction de « perturber la sécurité citoyenne » devant le Parlement, ce qui semble faire référence au mouvement « Rodea el Congreso » (« Entoure le Congrès ») de 2012, ou celle de diffuser des images des policiers qui « mettent en danger sa sécurité personnelle et familiale » et risque d’entraver le droit à l’information, selon Amnesty International.Car un autre point polémique est que la rédaction des infractions, souvent vague et imprécise, laisse une grande marge d’interprétation aux agents. « La loi abuse de concepts juridiques indéterminés, explique Joaquim Bosch. Ils doivent être concrétisés car le citoyen ne sait pas ce que l’autorité entend punir. Ils peuvent donc couvrir de possibles abus policiers. »Consensus contre la loiRarement une loi n’aura suscité un consensus aussi ample à son encontre. Depuis un an et demi, les mobilisations n’ont cessé en Espagne. La plateforme Nous ne sommes pas un délit, qui regroupe une centaine d’associations, a été jusqu’à organiser en avril une manifestation d’hologrammes pour dénoncer l’atteinte à la liberté d’expression qu’elle suppose.L’association Caritas a dénoncé une criminalisation de la pauvreté, du fait des amendes infligées aux gens qui campent. SOS Racisme a critiqué le cadre légal qu’elle donne au refoulement des migrants à la frontière de Ceuta et Melilla, et qui suppose une violation des droits de l’homme. Un groupe de rapporteurs spéciaux des Nations unies a estimé qu’elle « menace de violer les droits et libertés fondamentales des individus ». La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) s’est inquiétée d’une loi qui cherche à « dissuader les citoyens d’exprimer leurs opinions au travers d’actes publics ».L’opposition en bloc s’est positionnée contre la loi bâillon. Tout en ayant saisi le Tribunal constitutionnel, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) s’est engagé à abroger la loi s’il remporte les élections législatives de l’automne.Sandrine Morel (Madrid, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Marie Charrel et Claire Guélaud La présidente argentine Cristina Kirchner a comparé, mercredi 1er juillet, la crise grecque au défaut de son pays en 2001, qui fut l’un des plus importants de l’histoire financière, tout en insistant sur les conséquences « terribles » des politiques d’austérité.Son ministre de l’économie, Axel Kicillof, a surenchéri en assurant que les réformes exigées par les créanciers d’Athènes sont « contre-productives et aggravent encore davantage la crise ». « Je peux dire aux Grecs que les remèdes du Fonds monétaire international ne fonctionneront pas », a-t-il prévenu. « Ce que vit le peuple grec correspond exactement à ce que nous, Argentins, avons vécu en 2001 : les conséquences de politiques terribles, néolibérales, d’ajustements permanents qui entraînent vers la misère, la faim et le chômage », a déclaré Mme Kirchner à la télévision publique argentine.« Aujourd’hui, 60 % des jeunes Grecs n’ont pas de travail, 30 % des citoyens grecs s’éclairent à la bougie, pour économiser sur le coût de l’électricité, aujourd’hui il y a des gens dans les rues dont les pensions et les retraites ont été réduites », a ajouté la chef de l’Etat en faisant remarquer que le FMI n’avait jamais demandé à l’Argentine de réduire ses dépenses militaires.S’il est vrai que les défauts grec et argentin présentent des similitudes, fait-il sens de comparer les deux pays ? Rien n’est moins sûr.Lire les dernières informations :Grèce : 5 jours d’épuisantes tractations et maintenant l’attenteL’Argentine dispose de matières premières agricoles, la Grèce mise sur le tourismeLa troisième économie d’Amérique latine, qui avait l’un des niveaux de vie les plus élevés du monde avant la première guerre mondiale, semble à première vue plus solide que l’économie hellène, ne serait-ce que parce qu’elle dispose de matières premières agricoles. Mais elle subit toujours les conséquences du krach de 2001. Le pays, dont la structure productive est duale – un secteur agricole exportateur, une industrie en manque d’investissements –, a accumulé entre 1991 et 2001 de forts déficits courants, qui ont abouti en juin 2011 à la fin de la convertibilité peso-dollar.Jusqu’à la crise de 2009, les principaux moteurs de la croissance grecque étaient les dépenses publiques et la consommation des ménages, cette dernière reposant beaucoup sur une hausse des salaires supérieure aux gains de compétitivité et sur le crédit à bas coût.Depuis la crise, le pays peine à reconstruire son modèle de croissance. Le seul secteur dynamique est le tourisme. Les PME, pénalisées par l’assèchement des liquidités bancaires, sont trop petites pour se tourner vers l’export. Enfin, nombre de secteurs sont paralysés par des rentes maintenant des prix artificiellement haut, au détriment des Grecs. Contrairement à Buenos Aires, Athènes ne peut donc pas compter sur les matières premières ou un secteur agricole fort pour ses recettes fiscales.De fait, Buenos Aires a profité l’envolée des cours des matières premières entre 2003 et 2009, qui a tiré sa croissance ces années-là (9 % par an), pour accumuler un excédent commercial et des réserves de change record, qui lui ont permis de se financer sans faire appel aux marchés.Lire aussi :Pourquoi la dette grecque n’est pas soutenableLes défauts grec et argentin ne sont pas comparablesLe 23 décembre 2001, Buenos Aires annonce un moratoire sur sa dette publique extérieure occasionnant en janvier 2002 le défaut souverain le plus important à cette date, tant par son montant (94 milliards de dollars, soit 84 milliards d’euros) que par le nombre de ses créanciers (plus de 700 000). Les fuites de capitaux et les retraits de dépôts qui s’en sont suivis, doublés de mesures économiques impopulaires, conduisent à la démission du gouvernement et à la dévaluation de la monnaie argentine.Le pays s’engage en 2002 dans un long processus de restructuration de sa dette, qui comporte plusieurs étapes (2005, 2010, 2014). L’importance de la décote proposée en 2010 – environ 70 %, selon une note de la direction générale du Trésor de septembre 2014 – conduit certains créanciers à garder leurs obligations de 2005 à hauteur de 19,5 milliards de dollars par la suite et à refuser l’offre d’échange qui leur est faite.Un quart de ces obligations était détenu par des créanciers « procéduriers » – les  fonds vautours  – qui rachètent « à bas prix des titres obligataires de pays surendettés pour en obtenir par la suite le remboursement complet devant les tribunaux ».Ces derniers n’ont pas tardé à se lancer dans une bataille juridique de longue haleine, qui a abouti, en juillet 2014, à un nouveau défaut partiel de l’Argentine, le gouvernement de Cristina Kirchner ayant refusé de rembourser les fonds vautours. C’est toujours le cas depuis.La Grèce, elle, a vu sa dette publique restructurée en 2012 : les créanciers privés ont accepté une décote de 50 à 75 % sur les obligations hellènes qu’ils détenaient. Le niveau de la dette a été ramené de 175 à 157 % du PIB. Elle est depuis remontée à 177 % du PIB, mais elle appartient désormais pour plus de 75 % à des créanciers publics : FMI, banque centrale européenne, fonds européen de stabilité financière (FESF) et autres pays membres de la zone euro.C’est une différence majeure avec l’Argentine. Les créanciers publics de la Grèce conserveront leurs obligations grecques jusqu’à ce qu’elles arrivent à échéance.Buenos Aires a remboursé le FMI en avance, Athènes a échoué à le rembourser à tempsLe 30 juin, la Grèce a échoué à rembourser les 1,6 milliard d’euros qu’elle devait au FMI. Il s’agit du premier pays industrialisé entré en « incident de paiement » auprès du fonds depuis sa création, en 1944. A ce jour, le Zimbabwe, la Somalie et le Soudan sont ainsi toujours en retard de paiement. Par le passé, le Liberia, l’Irak et la République démocratique du Congo l’ont été. De son côté, Athènes a officiellement demandé un report du remboursement – une requête que le conseil d’administration du FMI étudie.L’Argentine, elle, a remboursé par anticipation, en décembre 2005, les dix milliards de dollars (9 milliards d’euros) qu’elle devait encore au FMI. Un remboursement là aussi effectué en puisant dans les réserves en devises du pays, estimées à l’époque à plus de 21,64 milliards d’euros. L’échéance du remboursement était initialement fixée à 2008.Près de quinze ans après, l’économie argentine subit néanmoins toujours les conséquences de son défaut souverain. Notamment parce que le pays est toujours en conflit avec les fonds vautours. Résultat : il n’a toujours pas accès aux marchés de capitaux, l’accord trouvé avec le Club de Paris (le groupe informel de pays qui lui a prêté de l’argent) en mai 2014 pour le remboursement de la dette aux créanciers publics n’ayant pas été jugé suffisant compte tenu du « défaut partiel » de juillet 2014.Depuis, l’Etat fait donc marcher la planche à billets, ce qui nourrit une inflation persistante : + 37,6 % en 2014 selon les analystes privés et + 21,3 % selon l’organisme argentin des statistiques, l’INDEC.Lire aussi :Le système bancaire européen à l’abri des turbulences grecquesL’Argentine fait face à d’importants défis structurelsMalgré les immenses ressources naturelles dont elle dispose, l’économie argentine est aujourd’hui en difficulté. « Le pays n’a pas profité de la forte croissance enregistrée entre 2003 et 2009 pour diversifier son industrie et renforcer sa compétitivité », explique Christine Rifflart, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques.Depuis que la croissance mondiale ralentit, ses exportations de matières premières et ses réserves de change diminuent. Malgré une baisse de 11,4 % des importations à 65 milliards de dollars, son excédent commercial (6,8 milliards d’euros) a chuté pour la deuxième année consécutive : - 20,8 % en 2013 et - 16,5 % en 2014. Le contrôle des capitaux mis en place, fin 2011, est par ailleurs à l’origine d’un marché parallèle des devises et d’un phénomène de course au dollar.De l’avis du consensus des analystes privés plus crédible que les statistiques publiques, le pays a vu son produit intérieur brut (PIB) se contracter de 2 % en 2014 et resterait en récession en 2015 (- 0,9 %). Les autorités, pour leur part, ont retenu une croissance de 0,5 % en 2014 et de 2,8 % en 2015.Au début de l’année dernière, le peso argentin a été dévalué et les taux d’intérêt ont été relevés provoquant une baisse du pouvoir d’achat des Argentins, pour la première fois depuis dix ans. Pas de chance à l’orée d’une année électorale ! La présidente péroniste est en effet à la fin de son mandat et ne peut se représenter. L’élection présidentielle aura lieu le 25 octobre. data-tym-playerid="tym-player-kXsXJu6xMKjMcLbR95F" data-tym-title="Thomas Piketty : ceux qui cherchent le « Grexit » « sont de dangereux apprentis sorciers »" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/economie/video/2015/07/02/thomas-piketty-ceux-qui-cherchent-le-grexit-sont-de-dangereux-apprentis-sorciers_4668028_3234.html" data-tym-categories="crise-grecque,economie,international,grece,europe,emissions,videos,festival" data-tym-tags="crise-grecque,economie,international,grece,europe,emissions,videos,festival" data-tym-providerreference="kXsXJu6xMKjMcLbR95F" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Marie CharrelJournaliste macroéconomie / politique monétaireSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterClaire GuélaudJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Adéa Guillot (Athènes, correspondance) et Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen) L’urgence, dans le « dossier grec », est désormais à l’attente. A laisser s’écouler, sans rien faire, les trois jours qui nous séparent du référendum du dimanche 5 juillet, programmé par Athènes pour demander aux Grecs s’ils approuvent ou non le projet d’accord avancé par les créanciers du pays.Car la porte, qui s’était légèrement entrouverte en début de semaine entre le gouvernement grec et ses créanciers – Fonds monétaire international (FMI), Banque centrale européenne (BCE), Commission européenne –, s’est brutalement refermée, mercredi 1er juillet.La chancelière allemande, Angela Merkel a décrété : pas de négociation, pas d’accord avant la tenue du référendum. Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a de nouveau appelé à voter non au référendum sur l’accord « réformes contre argent frais ». Et l’Eurogroupe (réunion des ministres des finances de la zone euro), prenant acte de ce double non, a refermé la porte à double tour.Pourtant, une fois passé l’effet de surprise de l’annonce (le 26 juin dans la nuit) du référendum, un certain nombre d’acteurs du dossier avaient cherché à rapprocher les parties et à aboutir à un accord.Lundi, mardi et encore mercredi matin, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, le président français, François Hollande, et le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem ont ainsi été à la manœuvre.Au risque d’être critiqués par ceux qui, en Allemagne ou parmi les ministres des finances de la zone euro, avaient déjà pris leur décision, considérant qu’il n’était plus temps, ni utile, de discuter avec Athènes avant d’avoir le résultat du vote populaire grec, dimanche.Récit de ces cinq jours.Vendredi 26 juin, l’annonce surprise d’un référendum Les négociations avaient repris entre Athènes et ses créanciers depuis le début de la semaine, afin de trouver un terrain d’accord sur les réformes à mettre en place en Grèce qui permettraient de débloquer 7,2 milliards d’euros d’aides.Entre le lundi 22 et le vendredi 26 juin, trois réunions des ministres des finances de la zone euro (Eurogroupe), un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro et un conseil européen se sont succédé. Vendredi, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker passe 14 heures à négocier avec le premier ministre grec, Alexis Tsipras.Mais, en pleine nuit, Alexis Tsipras annonce un référendum pour le 5 juillet sur le plan proposé par les créanciers. La décision est prise après le retour précipité de Bruxelles d’Alexis Tsipras, qui consulte pendant cinq longues heures son conseil des ministres – et obtient son soutien quasi unanime.L’effet de surprise est total. L’Elysée et la chancellerie berlinoise sont prévenus vendredi soir, alors qu’Alexis Tsipras a eu, le matin, une réunion trilatérale avec François Hollande et Angela Merkel, en marge du conseil européen. Jean-Claude Juncker n’appris la nouvelle qu’à son réveil, samedi matin, assure son entourage.En réalité, l’idée du référendum était discutée par Alexis Tsipras et ses proches collaborateurs depuis déjà quelques jours. « Lorsque nous avons compris, mardi 23 juin, que les créanciers ne nous donneraient rien, nous avons été très déçus et nous avons pensé au référendum », explique-t-on au gouvernement grec.Lire aussi :A Athènes, la querelle face à « ce référendum qui va nous diviser »Samedi 27 juin, la fin du plan d’aideL’Eurogroupe, réuni à Bruxelles dans l’après-midi, rejette une demande grecque d’une prolongation du plan d’aide dont bénéficie Athènes. L’accord d’assistance financière en cours avec la Grèce expirera donc le 30 juin.Dimanche 28 juin, l’instauration du contrôle des capitaux Alexis Tsipras annonce avoir reformulé la demande d’une extension du programme d’aide au pays. La requête a été adressée au président du Conseil européen et aux 18 dirigeants des Etats membres de la zone euro, ainsi qu’au président de la BCE, de la Commission et du Parlement européen.Dans l’après-midi, la Banque centrale européenne décide de maintenir sa ligne de financement d’urgence (dite ELA) aux banques grecques, mais elle n’en relève pas le plafond.Alexis Tsipras s’enferme avec son cabinet, rencontre le gouverneur de la Banque centrale grecque et confirme dans la soirée la mise en place dès le lendemain de mesures de contrôles des capitaux, ainsi qu’une fermeture des banques jusqu’au 7 juillet.Les Grecs se précipitent aux guichets des banques qui ferment les uns après les autres.Lire le décryptage :Grèce : à quoi sert le contrôle des capitaux ?Lundi 29 juin, l’appel au non d’Alexis Tsipras Jean-Claude Juncker prononce un discours musclé en milieu de journée. Il se dit trahi par Alexis Tsipras et appelle les Grecs à voter oui au référendum. Il a prévenu auparavant François Hollande de la teneur de ses propos.Plus tard, le soir, Jean-Claude Juncker appelle Alexis Tsipras lui enjoignant d’appeler à voter oui au référendum et d’envoyer de nouvelles propositions à l’Eurogroupe. Le premier ministre grec dit qu’il va réfléchir.Mais, un peu plus tard, dans un entretien à la télévision, Alexis Tsipras appelle à un non massif, faisant valoir que cela permettra à son gouvernement d’être en position de force pour négocier. Il assure aussi que si le oui l’emporte, il ne restera pas premier ministre à tout prix.Jean-Claude Juncker lui envoie un texto pour lui offrir une porte de sortie : accepter les conditions des créanciers ; demander une prolongation du programme d’aide avant minuit lundi ; demander une déclaration de l’Eurogroupe qui promettra de revoir la dette grecque en octobre 2015.Mardi 30 juin, les deux lettres du gouvernement grec Nouvelle série d’entretiens entre Alexis Tsipras et Jean-Claude Juncker, le président du Parlement européen Martin Schulz et enfin Paris. A l’issue de ces discussions, Alexis Tsipras envoie deux lettres aux créanciers, dont l’une après 22h30.Dans un premier document, il détaille les « prior actions », c’est-à-dire la liste des réformes à mettre en œuvre en Grèce et les dates de mise en œuvre. Cette liste, à quelques aménagements près, est proche des conditions fixées par les créanciers la semaine précédente.Dans le second document, le premier ministre grec demande aux créanciers la mise en place d’un troisième plan d’aide d’environ 30 milliards d’euros sur deux ans, ainsi qu’une renégociation de la dette.Jean-Claude Juncker réussit à convaincre Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, de convoquer une réunion d’urgence des ministres des finances de la zone euro. Celle-ci a lieu à 17 heures, par téléphone. Jean-Claude Juncker et Jeroen Dijsselbloem espèrent qu’Alexis Tsipras va, cette fois, appeler à voter oui, ou retirer son référendum.Ce dernier reprend les négociations. Lorsque l’opposition accuse le gouvernement de ne plus savoir où il en est, Alexis Tsipras déclare à la télévision publique grecque que le « référendum n’est qu’un pas de plus sur la voie de la négociation ».A ce moment-là, au sein de son cabinet, c’est la ligne modérée du vice-président Yannis Dragassakis qui a le vent en poupe : il faut profiter du choc provoqué par l’annonce du référendum pour tenter d’arracher d’ici à la fin de la semaine un accord de la dernière chance. Quitte à annuler ensuite le référendum.Mercredi 1er juillet, le non de Mme Merkel à tout accord avant le vote La Grèce n’a pas remboursé leS 1,6 milliard d’euros qu’elle devait au Fonds monétaire international (FMI) avant minuit le 30 juin.Jean-Claude Juncker appelle François Hollande au téléphone. Le président français pousse pour un accord, parle de la dette. La France, depuis des semaines, pousse pour un accord global avec Athènes, abordant aussi la question d’une renégociation des conditions de remboursement de la dette, une demande grecque insistante. Jean-Claude Juncker est lui aussi d’accord pour parler de la dette.A la mi-journée, François Hollande fait valoir officiellement sa position : « Il faut être clair, l’accord, c’est tout de suite ! », déclare-t-il.En fin de matinée, Alexis Tsipras prévient qu’il va de nouveau s’adresser à la nation. Mais son allocution se fait attendre. En fait, le premier ministre grec attend que la chancelière allemande parle à Berlin devant le Bundestag. « Nous ne saurons jamais ce que Tsipras s’apprêtait à dire avant, mais il a ajusté son texte en fonction de ce qu’a dit Merkel », croit savoir une source gouvernementale.En l’occurrence, la chancelière allemande annonce catégoriquement qu’il n’y aura aucune discussion et aucun accord avant la fin du processus de référendum.Lire le récit :La crise grecque met le tandem franco-allemand à l’épreuveEn fin d’après-midi, sonné par la fermeté d’Angela Merkel, le premier ministre grec choisit d’insister sur le « non » en repoussant, lui aussi à l’après référendum la conclusion d’un éventuel accord.Un peu plus tard, l’Eurogroupe, qui devait examiner la demande grecque d’ouverture d’un troisième plan d’aide, rejette cette dernière, au motif que le gouvernement grec, qui fait campagne pour le non à l’accord proposé, ne peut en même temps continuer à négocier.C’est la fin de l’espoir d’un accord de dernière minute. Dans l’entourage d’Alexis Tsipras, la ligne dure, qui ne croit pas au « compromis à tout prix », reprend la main.Le ministre des finances, Yanis Varoufakis et le ministre d’Etat, Nikos Pappas montent au créneau et expliquent aux Grecs pourquoi il est plus nécessaire que jamais de voter non au référendum.L’objectif pour le gouvernement grec est désormais d’obtenir le score le plus important possible dimanche pour affermir sa légitimité face à Bruxelles. Pour l’instant les sondages placent le non en tête. Pour la première fois, un sondage réalisé mardi, avant la dernière allocution d’Alexis Tsipras mercredi 1er juillet, donnait l’avantage au oui. data-tym-playerid="tym-player-x2w1tc5" data-tym-title="Grèce : quels sont les scénarios possibles ?" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/economie/video/2015/06/30/grece-quels-sont-les-scenarios-possibles_4664784_3234.html" data-tym-categories="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-tags="crise-grecque,union-europeenne,europe,grece,international,economie,eclairages,videos" data-tym-providerreference="x2w1tc5" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Adéa Guillot (Athènes, correspondance)Journaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteCécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)Correspondante à BruxellesSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Martin Untersinger Une erreur, ça peut arriver à tout le monde, même à la justice britannique. Amnesty International en a fait l’expérience en recevant récemment un courriel du président de l’Investigatory Powers Tribunal (IPT), la cour chargée des services de renseignement britanniques. Dans son message d’excuses, ce dernier expliquait que dans un jugement récent, le tribunal avait confondu Amnesty avec une organisation non gouvernementale (ONG) égyptienne de défense des droits de l’homme.Lire aussi :Les dérives des espions britanniquesLe tribunal avait reconnu, le 22 juin, que le Government Communications Headquarters (GCHQ — littéralement le « Quartier général des communications du gouvernement »), la puissante agence de renseignement chargée des écoutes, avait mis sur écoute Amnesty international ; une surveillance théoriquement légale, mais dans laquelle plusieurs règles de procédure n’ont pas été respectées. En raison d’une confusion dans la nomenclature utilisée pour désigner les plaignants, c’est l’organisation égyptienne qui a été présentée initialement comme victime.Eric King, le président de l’ONG Privacy International, qui ferraille depuis des années contre le GCHQ, a estimé que cette confusion était « grotesque » :« Cela met bien en évidence le problème avec les tribunaux secrets, où seule une partie peut examiner les preuves. Cinq juges expérimentés ont inspecté des preuves secrètes, vraisemblablement sans les comprendre, et ont rendu un jugement qui s’est révélé faux. Nous devons comprendre pourquoi et comment cela a été possible. »Sur le fond, Salil Shetty, le secrétaire général de l’ONG a vivement réagi, dans un communiqué :« C’est scandaleux que ce qui a été souvent présenté comme les pratiques des dirigeants despotiques ait lieu sur le territoire britannique, par son propre gouvernement ! Comment pouvons-nous espérer mener notre travail crucial dans le monde entier si la correspondance que nous avons avec les défenseurs des droits de l’homme et les victimes d’abus peuvent finir entre les mains du gouvernement ?! »C’est en effet sur des points de détail que le tribunal a jugé la surveillance menée par le GCHQ illégale, et rendu du même coup ladite surveillance publique. Les juges ont estimé que l’espionnage de l’une des plus grandes ONG de défense des droits de l’homme par une grande démocratie occidentale était parfaitement légal.Martin UntersingerJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Denis Cosnard Quatre ans après avoir choisi de sortir du nucléaire à la suite de la catastrophe de Fukushima, l’Allemagne vient de prendre une autre grande décision en matière énergétique. Pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, le pays va fermer une partie de ses centrales électriques brûlant du charbon. Telle est la mesure sur laquelle le gouvernement d’Angela Merkel s’est mis d’accord tard dans la nuit du mercredi 1er au jeudi 2 juillet.Lire aussi :Les milliards que coûte l’« addiction » au charbon des pays richesLa décision a été prise au terme de plus de quatre heures de discussions entre la chancelière chrétienne-démocrate et ses partenaires de la coalition, les sociaux-démocrates du SPD et l’Union chrétienne-sociale de la CSU.Le ministre (SPD) de l’économie, Sigmar Gabriel, avait initialement proposé une taxe qui aurait amené les compagnies électriques à débrancher une bonne partie de leurs installations les plus polluantes. Mais les industriels et les syndicats ont violemment protesté, en agitant le chiffre de 100 000 emplois menacés dans cette filière. Une autre option a été mise à l’étude : la fermeture concertée des centrales concernées, mais sans taxe.Lire aussi :Les énergéticiens allemands, plus gros pollueurs d’EuropeEnviron cinq centrales concernéesC’est cette deuxième solution qui a été retenue et officialisée par Berlin, jeudi 2 juillet. Selon ce projet, des centrales fonctionnant au charbon d’une puissance de 2 700 mégawatts vont être arrêtées d’ici à 2020 par leurs propriétaires, des groupes tels que l’allemand RWE ou le suédois Vattenfall.Lire aussi :L’Allemagne peine à sortir du charbon et à remplir ses objectifs climatiquesCela devrait concerner environ 5 centrales, selon Reuters. Elles ne seront plus autorisées à alimenter le réseau en temps normal, a précisé un porte-parole du ministère de l’économie. Ces unités seront placées « en réserve », et pourront être remises en service en cas d’urgence.Toutes les centrales fonctionnant au charbon ou au lignite, un mauvais charbon très humide dont l’Allemagne regorge, ne sont pas concernées, loin de là. Environ 40 % de l’électricité allemande est produite grâce à cette méthode, et les autres énergies (gaz, éolienne, solaire, etc.) ne paraissent pas en mesure de prendre le relais à très court terme.Réduire ses émissions de CO2 de 40 %Avec cette mesure, l’Allemagne espère parvenir à réduire ses émissions de CO2 de 40 % d’ici à 2020, par rapport à ce qu’elles étaient en 1990, comme elle s’y est engagée. La décision intervient cinq mois avant la conférence internationale prévue à Paris en décembre, où 195 Etats tenteront de trouver un accord contraignant pour lutter contre le changement climatique.Lire aussi :La Chine se fixe pour objectif d’« atteindre le pic de ses émissions de CO2 autour de 2030 »Les opérateurs des centrales ainsi mises à l’arrêt pour des raisons politiques vont-ils obtenir une indemnisation financière ? La réponse n’est pas connue à ce stade.La décision allemande constitue dans tous les cas un nouveau coup dur pour l’industrie du charbon, qui broie actuellement du noir. Soumise à une très forte pression de l’opinion et des pouvoirs publics dans de nombreux pays, la filière est aussi victime de la concurrence du gaz de schiste et du fléchissement de la consommation chinoise. Des deux côtés de l’Atlantique, les cours du charbon sont tombés ces dernières semaines à leur plus bas niveau depuis une dizaine d’années.Lire aussi :Charbon : noir c’est noirDenis CosnardJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 01.07.2015 à 21h29 • Mis à jour le01.07.2015 à 21h50 | Damien Leloup Cibles similaires, même mode opératoire : de la même manière que les communications d’au moins trois présidents de la république française et de plusieurs ministres ont été surveillées par l’agence de renseignement américaine, la NSA, les conversations de la chancelière allemande Angela Merkel et de plusieurs ministères clés de la république allemande ont été espionnées. C’est ce que montrent plusieurs documents confidentiels publiés ce 1er juillet par WikiLeaks, en collaboration avec Mediapart, Libération,la Süddeutsche Zeitung, l’Espresso et Ethnos.L’un de ces documents, daté d’octobre 2011, relate, en détail, une conversation entre Mme Merkel et son assistant personnel, portant sur les solutions à apporter à la crise financière en Grèce. Qualifiant la chancelière « d’hésitante » sur ce dossier, le document note que la chancelière pense qu’un nouveau geste envers la Grèce serait insuffisant pour redresser la situation du pays.La mise sur écoute d’Angela Merkel n’est pas une nouveauté. Le Spiegel avait déjà révélé en 2013 que le téléphone portable de la chancelière figurait sur un document listant des cibles potentielles de la NSA. Mais l’enquête ouverte par la justice avait finalement classé ce dossier sans suite, le 12 juin dernier, faute de preuves. Les accusations « ne peuvent pas être prouvées légalement dans le cadre du droit pénal », avait estimé le parquet de Karlsruhe. Le document publié par WikiLeaks laisse peu de doute sur le fait que des écoutes aient bien eu lieu – reste à savoir si la justice allemande considérera ces nouveaux documents comme conformes aux règles de procédure, et rouvrira l’enquête.Ces révélations avaient provoqué un scandale politique et diplomatique en Allemagne. Les Etats-Unis avaient alors affirmé que la chancelière n’était « pas sous surveillance » – sans démentir formellement qu’elle avait pu l’être par le passé. Une réponse similaire a été donnée la semaine dernière à François Hollande par Barack Obama, après les révélations de l’existence d’écoutes visant les présidents français.Commission d’enquête parlementaireCes rapports devraient dans tous les cas intéresser au premier chef la commission d’enquête parlementaire allemande, qui travaille sur les écoutes de la NSA dans le pays depuis les révélations d’Edward Snowden. D’autant plus que les rapports publiés ce 1er juillet montrent que les communications d’autres responsables politiques allemands de premier plan, dont Nikolaus Meyer-Landrut, le responsable des affaires européennes, ont également été visées.Une longue liste de « sélecteurs » – des identifiants utilisés par la NSA pour cibler des communications ou leurs métadonnées (qui appelle qui, quand, où) – rendue publique par WIkiLeaks laisse entendre que de très nombreux téléphones dans les ministères allemands intéressaient la NSA. Et ce de manière prioritaire : le niveau de priorité affecté à ces lignes, 2, est le même que ceux des téléphones identifiés comme appartenant à Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande dans de précédents documents.Ironie du sort, ces nouveaux documents sont publiés alors que le Monde et le Spiegel ont révélé en avril et en mai que le BND, les services de renseignement allemands, et l’opérateur national Deutsche Telekom, avaient espionné des dirigeants français pour le compte des Etats-Unis. Pour surveiller l’Allemagne, la NSA a également fait appel à des alliés : les comptes-rendus des interceptions visant Nikolaus Meyer-Landrut proviennent du GCHQ, les services secrets britanniques. data-tym-playerid="tym-player-x2u0rj1" data-tym-title="Comment les métadonnées permettent de vous surveiller (expliqué en patates)" data-tym-permalink="http://www.lemonde.fr/pixels/video/2015/06/15/comment-les-metadonnees-permettent-de-vous-surveiller-explique-en-patates_4654461_4408996.html" data-tym-categories="surveillance-numerique,vie-privee,l-actu-en-patates,videos,pixels" data-tym-tags="surveillance-numerique,vie-privee,l-actu-en-patates,videos,pixels" data-tym-providerreference="x2u0rj1" data-tym-userid="c65c6f24-33a6-4b3b-b557-62f78984f216" data-tym-providername="dailymotion"Damien LeloupJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journaliste Annick Cojean (Athènes, envoyée spéciale) L’heure du bouclage de son journal étant avancée à 22 heures le vendredi, soit deux heures plus tôt que les autres jours, Dimitri Psarras avait décidé, ce 26 juin, d’aller rejoindre quelques collègues et amis pour fêter l’anniversaire de son épouse, également journaliste à Efimerida Ton Syntakton, « Le journal des rédacteurs », proche de Syriza.Tignasse et barbe blanches, yeux doux et trogne sympathique, Psarras est une figure du journalisme d’investigation en Grèce et presque un mythe pour de nombreux reporters qui vénèrent ses enquêtes implacables sur les militants néonazis d’Aube dorée, le parti d’extrême droite.La fête battait son plein, dans la douceur de la nuit athénienne, quand soudain, sur le coup de 1 h 20 du matin, le visage du premier ministre, Alexis Tsipras, apparut à la télévision. Tous les convives se ruèrent vers l’écran et Psarras, regardant instinctivement sa montre, pensa immédiatement : « Vite, stopper les rotatives, bouleverser la “une” du journal de samedi. » L’annonce du référendum était un énorme coup de théâtre.C’était hélas trop tard. Un autre journal était déjà sous presse. Un quotidien conservateur – Kathimerini – avec un tirage de 25 000 exemplaires, le double de celui de Psarras, et propriété du groupe possédant l’imprimerie. Impossible donc de négocier.La nuit fut courte. Blogs, tweets, postes sur Facebook, et téléphone : toute la médiasphère s’enflamma. L’équipe de 80 personnes du Journal des rédacteurs, créé en 2012 sous forme de coopérative (tous les journalistes sont payés... Samuel Laurent « Le Front national (…) est, toutes choses égales par ailleurs, une forme de Syriza à la française, d’extrême droite. Mais, d’ailleurs, vous voyez cette coagulation des contraires se faire : qui adore Syriza chez nous ? Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Avec qui s’allie Alexis Tsipras en Grèce ? Avec son extrême droite souverainiste. »Cette phrase du ministre de l’économie, Emmanuel Macron, qui comparaît, lundi 6 juillet, le parti au pouvoir en Grèce au Front national français, a beaucoup agacé au Parti socialiste et à gauche. Pourtant, cet amalgame assimilant Syriza et FN est assez répandu, notamment à droite. « Il y a deux personnes qui se sont réjouies de l’arrivée de ce gouvernement invraisemblable en Grèce – invraisemblable ! – c’est M. Mélenchon et Mme Le Pen », avait lancé Nicolas Sarkozy en mars. Depuis, il ne perd pas une occasion d’évoquer en Syriza « les amis de Mme Le Pen ». Qu’en est-il réellement ?1. Syriza est-il de gauche ou d’extrême gauche ?« Syriza » est un acronyme qui signifie « coalition de la gauche radicale ». Treize partis la composent, qui vont des écologistes aux maoïstes en passant par des communistes, des trotskistes… Sa principale composante, Synaspismós, dont Alexis Tsipras était le président, est un parti qui coalisait déjà socialistes, écologistes et communistes.On peut donc classer le parti (la coalition de départ a changé son statut pour en devenir un) à la gauche du Pasok – l’équivalent grec du Parti socialiste français –, dans la catégorie « gauche radicale » ou « extrême gauche ». Mais sa naissance et sa croissance sont étroitement liées à l’histoire de la crise économique et des mesures d’austérité imposées à Athènes.L’ascension de Syriza date de la crise : encore très minoritaire en 2009, la coalition doit attendre 2012 pour passer devant le Pasok. Toujours en 2012, face à Syriza, une coalition réunissant deux partis de gauche (Pasok et Gauche démocrate) se forme pour défendre le respect des accords avec l’Union européenne et le Fonds monétaire international.Syriza incarne alors le parti « anti-austérité », et son programme est résolument orienté en ce sens, et n’est sans doute pas pour rien dans sa victoire de janvier. Néanmoins, et contrairement à ce qu’on peut entendre ou lire, Syriza n’est plus favorable à une sortie de la Grèce de la zone euro – même si l’âpreté des négociations avec les créanciers du pays a ravivé les voix discordantes dans le parti.2. Le parti grec est-il allié à l’extrême droite ?En 2015, Syriza arrive en tête aux législatives, mais à deux sièges de la majorité absolue. Le parti doit donc composer une coalition pour gouverner.Or, il n’est pas aisé de trouver une autre formation anti-austérité : du Pasok à Nouvelle Démocratie (droite) en passant par To Potami (centre), la plupart des formations sont contre le programme de Syriza.Alexis Tsipras choisit donc une alliance « contre nature » : il va chercher le parti des Grecs indépendants (ANEL), dirigé par Panos Kammenos, transfuge de Nouvelle Démocratie, connu pour ses discours très populistes, voire conspirationnistes, et pour quelques scandales financiers. Volontiers outrancier, il affirmait en décembre 2014 que « les bouddhistes, les juifs et les musulmans ne payaient pas d’impôt », contrairement à l’Eglise orthodoxe, qui « risquait de perdre ses monastères ». Lui aussi hostile à la politique d’austérité, il a multiplié les discours agressifs contre la « troïka » UE-BCE-FMI.Peut-on qualifier l’ANEL de parti d’extrême droite ? Sur le plan social, le parti est résolument conservateur : très favorable à l’Eglise orthodoxe et à son influence sur la société, il tient des discours fortement anti-immigration, et ne perd jamais une occasion d’exalter le nationalisme grec.Néanmoins, il n’est pas allié au Front national français, mais à… Nicolas Dupont-Aignan et à son parti, Debout la France (DLF). Libération citait un historien grec, Nikolas Bloudanis, qui estimait que, transposé à la France, « il regrouperait la droite de l’UMP et la gauche du FN ». En Grèce, il existe un parti d’extrême droite bien plus virulent (et qui connaît un meilleur succès) : Aube dorée, qu’on peut qualifier de « néonazi ».3. Peut-on dire que Syriza a les mêmes idées que le FN ?Cette alliance entre gauche radicale et droite dure peut sembler contre nature. Mais, comme Ilias Nicolacopoulos, professeur de sciences politiques, l’expliquait dans Le Figaro, « les électorats d’ANEL et de Syriza ne sont sociologiquement pas si éloignés que cela. Des couches populaires de droite ont voté pour Syriza ». En réalité, dans la Grèce de 2015, la ligne de démarcation politique principale se construit avant toute chose autour du soutien ou non aux mesures d’austérité. Et si l’ANEL et Syriza sont alliés, le pouvoir est du côté de Syriza, pas du parti de Kammenos, qui n’a obtenu qu’un ministère, certes d’importance (la défense).Au-delà de cette alliance, rien dans le programme de Syriza ne permet de qualifier ce parti d’extrême droite : il est favorable à l’immigration ; défend des aides pour les plus pauvres et un Etat providence augmenté ; veut créer de l’emploi public, rétablir un salaire minimal… Surtout, Syriza veut faciliter les naturalisations et le regroupement familial, aux antipodes de la politique migratoire du FN français.Emmanuel Macron a tenté de rectifier lui-même le tir, sur Twitter : assimiler Syriza et le FN n’a pas grand sens.Aucune confusion possible entre le FN et Syriza, issu de la gauche grecque qui s’est construite dans la résistance face au nazisme 3/4— EmmanuelMacron (@Emmanuel Macron)require(["twitter/widgets"]);D’ailleurs, si le FN n’a de cesse de tresser des couronnes à Syriza, la formation grecque, elle, le refuse fermement. Dans un communiqué retransmis par le Parti communiste en France, Syriza explique que ses succès électoraux sont au contraire « un bastion contre la montée de l’extrême droite que représente Marine Le Pen, mais aussi un message pour la défense de la démocratie contre ses ennemis. Nos partenaires et nos soutiens français sont divers et ils s’élargissent. Ils sont de gauche ».Samuel LaurentJournaliste au MondeSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter 07.07.2015 à 09h13 • Mis à jour le07.07.2015 à 11h23 Deux jours après le scrutin qui a vu le non des Grecs l’emporter au référendum sur le plan de réformes des créanciers et à quelques heures de la réunion de l’Eurogroupe, le premier ministre Manuels Valls s’est montré optimiste et exigeant, mardi 7 juillet, sur la radio RTL. Une issue à la crise grecque est possible, selon lui, à la condition qu’Alexis Tsipras prenne « ses responsabilités » et fasse des « propositions qui permettent de sortir de cette crise ».Manuel Valls s’est dit « convaincu » que « les bases d’un accord [pour le sauvetage financier de la Grèce] existent ». Cet accord est « d’abord nécessaire pour la Grèce […], et c’est nécessaire aussi pour la cohésion, pour la cohérence de la zone euro, et donc de l’Europe ».M. Valls a dit ne pas écarter l’hypothèse d’un rééchelonnement de la dette grecque.« Il n’y a pas de sujet tabou sur la dette, sur le rééchelonnement, sur le fait qu’on reprofile, qu’on retravaille sur la dette. »Il estime cependant qu’Alexis Tsipras doit prendre « ses responsabilités aujourd’hui à l’Eurogroupe » et qu’il engage « la Grèce sur la voie des réformes ».« Solidarité et responsabilité vont de pair, et chacun aujourd’hui doit être à la hauteur des responsabilités, du moment historique. »Lire aussi :Crise grecque : la dette, sujet tabou mais incontournablePas de sortie de la Grèce de l’euroLe premier ministre a, par ailleurs, déclaré que la France ferait tout pour que la Grèce reste dans la zone euro, appelant à écouter le « message de dignité » lancé par le peuple grec à l’occasion du référendum de dimanche.On ne peut « pas prendre le risque d’une sortie de la Grèce de l’euro », a-t-il expliqué. Cela représenterait « un risque pour la croissance et l’économie mondiales ».« La zone euro doit rester cohérente et fiable. La sortie de la Grèce représente un risque économique et politique. »Manuel Valls s’est dit favorable à la tenue d’un débat à l’Assemblée nationale, « si possible dès demain », sur la situation grecque. Ce débat portera « sur la situation du moment, sur la position bien sûr de la France ». « Parce que je crois que, dans ce moment-là, il faut informer les parlementaires et, à travers eux, […] les Français. Il faut faire preuve de responsabilité et aussi d’unité et de rassemblement », a-t-il encore indiqué. Le président de la République, François Hollande, et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont eux aussi rappelé, lundi soir lors d’une conférence de presse commune, la « solidarité » de l’Europe et disent attendre des propositions « sérieuses, précises et crédibles » de la part du gouvernement grec.Lire aussi :Crise grecque : Hollande et Merkel attendent « des propositions précises et crédibles » 07.07.2015 à 04h36 • Mis à jour le07.07.2015 à 16h04 L'essentiel Les négociateurs au pied du mur Depuis onze jours, l'Iran et le groupe 5 + 1 (Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France, Allemagne) sont réunis à Vienne pour fixer les termes d'un accord sur le programme nucléaire iranien. Des blocages qui persistent Les Etats continuent de buter sur les mêmes points, notamment, le rythme de la levée des sanctions qui pèsent sur l'Iran, corollaire d'un éventuel accord. C’est un nouveau délai dans un dossier qui en compte déjà beaucoup. Les négociations sur le nucléaire iranien entre les pays du groupe 5 + 1 (« P5 + 1 » : Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France, Allemagne) et l’Iran vont continuer dans « les prochains jours », a déclaré, mardi 7 juillet, la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini à la presse. Elle a précisé que des questions difficiles n’avaient toujours pas été réglées entre les deux parties. La porte-parole du département d’Etat américain, Marie Harf, a évoqué un nouveau délai, fixé au 10 juillet.Après onze jours à Vienne, la capitale autrichienne, les représentants des grandes puissances et de l’Iran se trouvaient pourtant dos au mur, au dernier jour théorique des pourparlers pour trouver un accord. La Maison Blanche, tout comme l’Iran, avait cependant déjà laissé prévoir cette issue déceptive, n’écartant à aucun moment l’éventualité que les négociations se prolongent une nouvelle fois.Lire le récit :Nucléaire iranien : quatre jours et des embûches« Un échec ne peut être exclu »Initialement fixée au 30 juin, la date butoir d’un commun accord entre l’Iran et les P5 + 1 avait été repoussée au mardi 7 juillet. Ce nouveau report a nécessité de prolonger mardi une nouvelle fois le plan d’action conjoint, l’accord intérimaire qui sert de cadre aux négociations depuis novembre 2013, et qui prévoit une suspension partielle des sanctions frappant l’Iran ainsi que le gel d’une partie de ses activités nucléaires. « Pour permettre d’avoir plus de temps pour négocier, nous avons pris les mesures techniques nécessaires pour que le plan d’action conjoint reste en place jusqu’au 10 juillet », a précisé Marie Harf, la porte-parole du département d’Etat américain.Lire aussi :Nucléaire : les derniers choix difficiles de TéhéranL’accord recherché vise à s’assurer que le programme nucléaire de Téhéran ne peut avoir de débouchés militaires, en échange d’une levée des sanctions internationales qui étouffent l’économie du pays depuis des années. La République islamique a toujours nié avoir poursuivi ou poursuivre des objectifs nucléaires militaires. Mais Téhéran revendique son droit à exploiter une filière nucléaire civile complète, y compris à enrichir de l’uranium.L’un des points de crispation qui demeure repose sur la question de la levée de l’embargo sur les armes, « problème majeur » sur lequel les parties doivent encore se mettre d’accord, a fait savoir, mardi après-midi, Sergueï Lavrov, le ministre des affaires étrangères de la Russie. Téhéran en veut une levée substantielle et rapide des sanctions, notamment de celles prises par le Conseil de sécurité des Nations unies à partir de 2006. Le P5 + 1 insiste, lui, sur un processus progressif et réversible, au cas où Téhéran ne tiendrait pas ses engagements.L’Iran et les grandes puissances ont exprimé leur volonté que les négociations aboutissent, tout en refusant de souscrire à un « mauvais accord ». « Nous n’y sommes pas encore. Nous ne devrions pas sous-estimer le fait que d’importantes questions ne sont pas réglées. S’il n’y a pas de mouvement concernant ces questions décisives, un échec ne peut être exclu », a déclaré une source allemande.Pas de « percée »Lundi, tous les ministres des pays parties prenantes au dossier s’étaient pourtant retrouvés en réunions plénières pour la première fois de ce cycle final de négociations. Sans toutefois pouvoir annoncer la « percée » espérée. Malgré la conclusion d’un accord-cadre à Lausanne (Suisse) en avril, le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, et son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, qui n’ont guère quitté la table des négociations ces derniers jours, ne sont pas parvenus à aplanir tous les différends.Lire aussi notre décryptage :Nucléaire iranien : les points de blocageLe calendrier était pourtant très serré. Le 9 juillet, le Congrès américain devait en effet mettre en œuvre son « droit de regard » sur l’éventuel accord trouvé. Au-delà de cette date, le début de la mise en œuvre d’un accord prendrait au minimum deux mois. Elisa Perrigueur Lire aussi :En Grèce, le désarroi des « nouveaux pauvres »A Kifissia, les terrasses bondées sont bruyantes, les femmes apprêtées arpentent les magasins de luxe, et les voitures rutilantes sillonnent les allées arborées, lundi 6 juillet. La nonchalance semble caractériser la ville bourgeoise de 70 000 habitants, située au nord d’Athènes, qui a voté à contre-courant du pays, dimanche, optant à 64,59 % pour le oui au plan d’aide présenté par les créanciers, alors que le non l’a emporté à 61,3 % sur l’ensemble de la Grèce. C’est en réalité une colère sourde qui règne dans la banlieue cossue. Majoritairement « surpris » par le résultat de ce scrutin, les résidents restent désormais silencieux.Lire aussi :Les Grecs disent « non » au plan d’aide des créanciersParmi eux, Ioanna (qui ne souhaite pas donner son nom) marche d’un pas pressé dans les allées bordées de bougainvilliers du centre-ville. La femme d’âge mûr a le visage fermé derrière ses grosses lunettes de soleil. Méfiante, elle hésite, puis finit par déverser sa colère. « Ce référendum est une catastrophe. J’ai peur de ce que peut faire le premier ministre Alexis Tsipras. Maintenant, soit on va vers de nouvelles élections, soit vers une sorte de dictature communiste. » Ioanna déplore « l’image renvoyée » aux autres pays d’Europe à l’issue de ce référendum. « Nous, les Grecs, sommes désormais comme des parias de l’eurozone. En cinq mois, Alexis Tsipras nous aura fait détester de toute l’Europe. » Elle imagine désormais plusieurs scénarios noirs : retour à la drachme, faillite, pénuries dans les magasins… Sur le trottoir d’en face, une file d’attente s’agglutine devant une Alpha Bank. Elle ne diminue pas depuis la mise en place d’un contrôle des capitaux, le 28 juin. « On ne sait plus où on va », déplore Ioanna.« Les jeunes et ceux qui ont tout perdu »Quelques mètres plus loin, posté devant un magasin de montres de luxe, Dimostenis Kordakis, 45 ans, partage la même rancœur. L’électeur de droite accuse « Syriza et M. Tsipras » d’avoir été à l’origine d’un référendum « populiste ». « Ils se moquent du peuple. Car tout ce qu’ils vont faire au final, c’est retourner à la table des négociations [avec les créanciers], reformuler un nouveau mémorandum avec des mesures encore plus drastiques. Nous verrons en septembre ou octobre », prédit-il. Dimostenis se dit désormais prêt à partir du pays, comme « d’autres de ses amis l’ont déjà fait ». Sa destination ? « Probablement les Etats-Unis. » Dimostenis y pensait depuis un an déjà, « mais là, ça se concrétise ». L’homme tient une épicerie fine et voulait installer une franchise au centre d’Athènes. « A cause des soubresauts politiques, je n’ai pas pu mener à bien mon projet, à cause d’autorisations refusées au dernier moment. »Plus calme, Panaiotis, attablé devant un café frappé, essaye d’analyser ce scrutin. Pour ce retraité à l’allure élégante, chemise et pantalon clairs, c’est avant tout « un vote de colère ». « Les mesures proposées par les créanciers sont très dures et nous avons fait un référendum au moment où le pays allait économiquement très mal, avec 2 millions de chômeurs. » Aussi, d’après cet ancien banquier, « ceux qui ont voté oui sont les 60 ans et plus qui, comme moi, ont des enfants et petits-enfants. Pour ceux qui ont voté non, c’est un vote réactionnaire. Ce sont les jeunes et les personnes qui ont tout perdu, les chômeurs longue durée qui ont refusé en bloc ces mesures ». Panaiotis dit qu’il ne peut « que les comprendre ». L’homme alerte cependant : « Ils vont vite se rendre compte de leur erreur : le pire viendra après. »Notre analyse (édition abonnés) :L’audace récompensée d’Alexis TsiprasD’après un sondage pour la chaîne Antenna publié dimanche soir, 67 % des 18-34 ans ont en effet opté pour le non à ce référendum. Nicolas, 30 ans, fait partie de cette jeunesse désenchantée qui a beaucoup perdu lors de ces dernières années de récession. Ce jeune serveur aux cheveux en bataille et au regard lassé constate que beaucoup de jeunes Grecs, y compris dans son entourage, ont voté non. Lui a voté « oui », mais surtout « par peur et avec de grandes hésitations, nuance-t-il. Les partisans du non sont souvent les jeunes diplômés, avec de grandes études derrière eux qui ne trouvent pas de travail à hauteur de leurs qualifications. » Depuis octobre, Nicolas cumule deux jobs, l’un dans un café lounge, l’autre dans un restaurant de bouzouki, pour arrondir ses fins de mois. Des heures fatigantes pour environ 500 euros mensuels. « J’ai peur qu’Alexis Tsipras ne s’occupe désormais que des personnes du service public [la tradition du service public est enracinée en Grèce]. Mais moi aussi mon salaire a baissé », se défend-t-il. Nicolas est pour « des réformes dans ce pays, mais pas celles proposées, comme la hausse de la TVA sur les produits alimentaires ou restauration. Trop difficiles pour nous en ce moment. »Sur le plan politique, Syriza a gagnéAssis sur un banc à proximité de la station de métro, Elias, 59 ans, constate que ce vote est un « choc pour le pays ». « Je pensais que le oui passerait facilement, mais il faut se faire une raison. Sur le plan politique, Syriza a largement gagné. Si on prend les pourcentages de janvier, le parti de gauche radicale a été élu à 36 %. Hier, ce sont 61 % des Grecs – parmi les 60 % qui ont voté – qui ont validé le gouvernement, décrypte cet ingénieur à l’allure soignée. « C’est cela la surprise au fond. Le gouvernement a gardé sa base, mais élargi son électorat. » Après une semaine de vaste campagne anxiogène pour le oui ou le non à ce référendum, cet ingénieur refuse aujourd’hui de parler de « camps divisés ». « Il n’y a pas une Grèce du oui et une Grèce du non, pas de stigmatisations, nous nous comprenons, affirme l’homme. Mon fils, par exemple, est très fan de Yanis Varoufakis [ancien ministre des finances qui a démissionné lundi matin]. Il a opté pour le non, mais nous en parlons. En Grèce, nous discutons politique sereinement, même si nous ne sommes pas d’accord. »Lire aussi :A Athènes, le camp du non se rassemble contre la peurElisa PerrigueurJournaliste au Monde 06.07.2015 à 20h34 • Mis à jour le06.07.2015 à 20h39 La Banque centrale européenne (BCE) s’est accordé un délai, lundi 6 juillet. Les 25 membres du conseil des gouverneurs ont décidé de maintenir le mécanisme de fourniture de liquidité d'urgence (ELA) au bénéfice des banques grecques au niveau actuel, à savoir 89 milliards d’euros. Une décision qui sauve ainsi – pour le moment du moins – les établissements bancaires d’une rupture de liquidités, qui serait intervenue dès mardi 7 juillet sans cette prolongation.Mais signe des pressions qui pèsent sur l’institut de Francfort, le conseil des gouverneurs a également décidé de durcir les conditions d'octroi à l'avenir, en augmentant la décote pratiquée sur les titres mis en garantie par les banques grecques pour avoir accès à l'ELA – appelés « collatéraux ».Lire sur Les Décodeurs :Crise grecque : le référendum et ses conséquences en cinq questionsLa révolte grondeLe message est donc clair : si le Conseil des gouverneurs est « résolu à employer tous les instruments disponibles dans le cadre de son mandat » et n’entend pas, pour l’heure, abandonner la Grèce, la BCE ne veut pas non plus payer les pots cassés. La BCE a d’ailleurs refusé de suivre la demande des Grecs d’augmenter le montant du mécanisme d’urgence.Car au siège de l’institution, la révolte gronde. En théorie, la BCE réserve ses aides d’urgence aux banques solvable. Le gouverneur de la banque centrale allemande, Jens Weidmann, juge ainsi que le soutien apporté à la Grèce est à la limite du mandat de l’institution, et souhaite qu’il prenne fin.Lire le décryptage :Crise grecque : la BCE à l’heure des choixL’avenir du programme de liquidités d’urgence pourra donc se déterminer après le sommet de la zone euro de mardi 7 juillet, oùle premier ministre grec, Alexis Tsipras, doit venir avec de nouvelles propositions. Si Athènes échoue, la banque centrale ne pourrait guère maintenir ses aides longtemps encore alors que les banques grecques resteront fermées jusqu’au mercredi 8 juillet.La suspension des ELA précipiterait le pays en terres inconnues. A court d’argent, il en serait réduit à imprimer des reconnaissances de dette (les « IOU » en anglais, pour « I Owe You ») afin de payer les fonctionnaires et retraités. Ces IOU finiraient par être utilisés dans les commerces, et formeraient de fait une monnaie parallèle. Sans accord rapide, le pays pourrait glisser vers une sortie de la zone euro, le « Grexit ».Lire nos explications :Crise grecque : trois scénarios après le non au référendum 06.07.2015 à 16h50 • Mis à jour le06.07.2015 à 20h06 | Pierre Breteau, Mathilde Damgé et Alexandre Pouchard Les Grecs ont dit « oxi », « non ». Appelés à se prononcer sur le nouveau plan d’aide proposé par les créanciers internationaux, ils l’ont rejeté dimanche 5 juillet à 61,3 %.Victorieux, le premier ministre, Alexis Tsipras, a assuré que les représentants d’Athènes voyaient ainsi leur « pouvoir de négociation renforcé » avant une nouvelle réunion de l’Eurogroupe avec les ministres des finances des autres Etats de la zone euro.Quelle était la question ?Pourquoi les Grecs ont-ils voté « oxi » ?Pourquoi Varoufakis a-t-il démissionné ?Quels sont les scénarios possibles maintenant ?Si la Grèce sort de l’euro et que la crise s’aggrave, qui sera touché en Europe ? Quelle était la question ?Contrairement à ce qui a pu être dit ici ou là, le référendum n’appelait pas les Grecs à se prononcer pour ou contre leur maintien dans la zone euro, ni pour ou contre l’Union européenne. Il s’agissait d’avaliser ou non le plan d’aide proposé par les créanciers du pays (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international), et ses conséquences. Voici la question posée aux électeurs grecs :« Faut-il accepter le plan d’accord soumis par la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) lors de l’Eurogroupe du 25 juin, qui est composé de deux parties : “Reforms for the completion of the current program and beyond” [“Réformes pour l’achèvement du programme en cours et au-delà”, en anglais dans le texte sur les bulletins] et “Preliminary debt sustainability analysis” [“Analyse préliminaire de la soutenabilité de la dette”, en anglais dans le texte sur les bulletins] ? »Ce projet d’accord comportait de nouvelles mesures d’austérité (voir le document, en anglais), érigées en conditions pour le déblocage d’une nouvelle aide financière à Athènes :une réforme fiscale, avec notamment une « simplification majeure » de la TVA, jugée « très fragmentée » ;une nouvelle réforme des retraites, avec un âge légal de départ à la retraite fixé à 67 ans, ou à 62 ans pour celles et ceux ayant quarante années de cotisation, ainsi que l’augmentation des cotisations de santé pour les retraités et le gel des pensions au moins jusqu’en 2021 ;un renforcement de la lutte contre la fraude fiscale et la contrebande de carburant.Le gouvernement avait d’abord refusé ces mesures en annonçant le référendum le 27 juin, puis a accepté la majorité d’entre elles dans une lettre d’Alexis Tsipras le 1er juillet, mais l’Eurogroupe (réunion des ministres des finances de la zone euro) a suspendu les négociations dans l’attente du référendum. Pourquoi les Grecs ont-ils voté « oxi » ?La Grèce est en crise financière gravissime depuis 2009 et la découverte, par le premier ministre socialiste nouvellement élu, Georges Papandréou, de comptes publics maquillés par la droite au cours des années précédentes. Pour redresser les comptes puis obtenir de l’aide financière internationale, les gouvernements successifs ont mis en place au moins huit plans d’austérité. Les réformes fiscales du système de retraite, l’alourdissement des taxes, les coupes budgétaires et les suppressions d’emplois publics ont peu à peu étranglé les ménages grecs.Lire notre synthèse :Comment la Grèce en est-elle arrivée là ?Le référendum a ainsi été l’occasion, pour une majorité de la population, de rejeter un nouveau cycle d’austérité. Elle a été poussée dans ce sens par le parti du premier ministre, Alexis Tsipras, la coalition de gauche radicale Syriza, mais aussi par la droite souverainiste ANEL, ainsi que par les néonazis d’Aube dorée. Le gouvernement a assuré que son objectif était, grâce à ce non, de renforcer « le pouvoir de négociation » d’Athènes vis-à-vis des créanciers et de conclure « un meilleur accord » avec eux dans « le cadre de la zone euro ».Reportage auprès des partisans du "oxi" :« On a décidé de mourir comme on l’entend » Pourquoi Varoufakis a-t-il démissionné ?Le ministre de l’économie avait prévenu qu’il démissionnerait en cas de victoire… du oui. Mais, dès le lendemain de la victoire du non, il a annoncé sa démission. Dans une note sur son blog, Yanis Varoufakis explique que ses homologues « membres de l’Eurogroupe » préféraient son « absence des réunions ». Il a commenté en expliquant que c’était une « idée que le premier ministre a jugée potentiellement utile à l’obtention d’un accord ».Depuis ses débuts au ministère de l’économie, Yanis Varoufakis — économiste reconnu — s’est autant mis à dos ses homologues de la zone euro qu’il a acquis de popularité dans une partie de l’opinion internationale. On lui a reproché ses traits de caractère, il est notamment jugé arrogant, là où Bruxelles est plus une habituée des réunions feutrées. En le poussant à la démission, Alexis Tsipras fait ainsi un geste pour se rapprocher des créanciers.Lire aussi :Crise grecque : Yanis Varoufakis, bête noire de Bruxelles, poussé à la démission Quels sont les scénarios possibles maintenant ?Trois scénarios sont envisageables en somme : la négociation d’un nouvel accord ; un départ (de la zone euro, pas de l’Union européenne) à l’amiable ; et une sortie désordonnée, sans concertation et dans l’urgence.Lire :Crise grecque : trois scénarios après le non au référendum3,5 milliards d’eurosDans tous les cas, le temps presse : en défaut de paiement vis-à-vis du FMI depuis le 1er juillet, date à laquelle le pays devait rembourser 1,5 milliard d’euros à l’institution, une autre échéance se profile : la Grèce doit 3,5 milliards d’euros à la BCE d’ici au 20 juillet.Les Européens se réuniront mardi (François Hollande et Angela Merkel se verront dès lundi soir) pour discuter des issues possibles ; côté grec, un nouveau ministre de l’économie devrait être nommé bientôt, et le gouvernement revenir à la table des négociations avec les créanciers et les dirigeants européens.Dans les deux derniers scénarios, la sortie de l’euro favoriserait les exportations (rendues plus compétitives par une monnaie dévaluée), même si celles-ci pèsent peu dans la balance commerciale par rapport aux importations.La sortie de l’euro pénaliserait certes les Grecs (qui paieraient plus cher les biens importés), mais, selon les analystes de Natixis, l’arrêt du remboursement des intérêts de la dette apporterait une bouffée d’air à l’ensemble de l’économie hellène. Si la Grèce sort de l’euro et que la crise s’aggrave, qui sera touché en Europe ?Un « Grexit » a peu de risque d’entraîner une panique financière comme pendant la « crise des dettes » de la zone euro, en 2012, car depuis cette date, les banques européennes ont réduit leur exposition à la Grèce. Seules les banques allemandes ont gardé dans leurs comptes beaucoup de créances bancaires sur la Grèce (environ 42 % du total des créances du pays, selon les calculs de Natixis).Cependant, les banques grecques sont présentes dans les pays d’Europe orientale, où elles détiennent des encours importants, un risque pour ces pays si les banques grecques devaient définitivement mettre la clé sous la porte. Par rapport à la taille de leur économie, les pays les plus exposés au secteur bancaire grec sont : Chypre (46 % du PIB) ; la Bulgarie (19 % du PIB) ; la Macédoine (17 % du PIB) ; l’Albanie (14 % du PIB) ; la Serbie (11,5 % du PIB) ; la Roumanie (7,6 % du PIB).Quant aux Etats, ils sont exposés à la dette grecque par les prêts bilatéraux qu’ils ont accordés à Athènes et par les garanties qu’ils ont apportées au Fonds européen de stabilité financière : le FESF a prêté 142 milliards d’euros à la Grèce. Enfin, un « Grexit » aurait des conséquences pour tout le continent sur la confiance des investisseurs étrangers et sur le moral des ménages en Europe.Lire aussi :Les risques géopolitiques d’un « Grexit »Pierre BreteauJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterMathilde DamgéDe l'éco, du décryptage et une pincée de dataSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitterAlexandre PouchardJournaliste aux DécodeursSuivreAller sur la page de ce journalisteSuivre ce journaliste sur twitter Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant) Avant de rencontrer François Hollande à l’Elysée, lundi à 18 heures, la chancelière allemande Angela Merkel a laissé son porte-parole, Steffen Seibert, indiquer en quelques mots comment elle voyait la situation après le référendum en Grèce.Formellement, « la porte est toujours ouverte » à un accord avec Athènes, a dit M. Seibert, reprenant une phrase prononcée par la chancelière au Bundestag mercredi 1er juillet. Contrairement à son vice-chancelier, le président du Parti social-démocrate Sigmar Gabriel, la chancelière ne pense donc pas que la Grèce « a rompu les ponts » avec l’Europe.Suivez la situation en direct sur notre liveNéanmoins, il est clair qu’elle n’est absolument pas prête à faire la moindre concession. « Compte tenu de la décision d'hier des citoyens grecs, les conditions pour des négociations sur un nouveau programme d'aide ne sont pas réunies », a déclaré M. Seibert. Selon lui, le vote de dimanche « est un rejet du principe qui a guidé les aides aux pays [européens en difficulté], le principe selon lequel la solidarité et les efforts sont indissociables », a poursuivi M. Seibert. Or, « le gouvernement allemand reste fidèle à ce principe » qui, selon lui, a fonctionné dans les autres pays qui y ont eu recours.Angela Merkel attend donc désormais ce qu’Alexis Tsipras a à dire aux Européens. Mais, pour elle, il ne saurait être question de négocier un troisième programme d’aide et encore moins de rediscuter de la dette. Un allègement de la dette « n'est pas un sujet pour nous », a indiqué le porte-parole du ministère des finances, Martin Jäger. « Je ne vois pas de raison de nous lancer à nouveau dans cette discussion », a-t-il ajouté.Lire nos explications :Crise grecque : trois scénarios après le non au référendumSauver l’EuropeTout se passe donc comme si l’Allemagne se préparait désormais à une sortie de la Grèce de la zone euro. Certes, ce n’est pas Berlin qui la provoquera, mais celle-ci deviendra inévitable au fur et à mesure qu’Athènes se révèlera, faute d’accord avec ses créanciers, incapable d’honorer ses remboursements et que la Banque centrale européenne cessera d’assurer le financement de son économie.Une sortie de la Grèce de la zone euro serait-il un échec pour Angela Merkel ? Evidemment, celle-ci ne le voit pas ainsi. Du moins ne le reconnaît-elle pas. Mercredi, au Bundestag, la chancelière a donné sa définition de ce qu’est un bon Européen.« Je le dis clairement : un bon Européen n’est pas celui qui recherche l’unité à tout prix. Un bon Européen est celui qui respecte les traités européens ainsi que le droit national et qui, de cette façon, contribue à ce que la stabilité de la zone euro ne se détériore pas. »Contrairement à la plupart des autres pays de la zone euro, dont la France, l’Allemagne – conservateurs et sociaux-démocrates confondus – est désormais convaincue qu’une zone euro sans la Grèce serait plus stable qu’une zone euro dont les principes seraient bafoués par un de ses membres. Dans cette logique, ne pas sauver la Grèce, c’est , d’une certaine façon, sauver l’Europe. De plus, même si Angela Merkel se garde bien de le dire, les retombées négatives devraient être telles pour la population grecque que cela servira sans doute de leçons aux autres pays.Lire les dernières informations :Crise grecque : Hollande et Merkel attendent « des propositions précises et crédibles »Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant)journalisteSuivreAller sur la page de ce journaliste